^2 -c COR ETUDIES \n EDUCATION UBRARY
ai mum mouiuiE for siuuit^
o
LU
o
oo
in
o
=
o
i^
O
= -oS
in
_J
£3
o
o
a>0
o
s
c
o
tl'
te
O
03 CQ
^5
r»
—
a
*o_icc
Si 7
Collard
La me'thode directe dans
l'enseignement des langues
vivantes
V...
^
407
C697IV\
THE LIBRARY
The Ontario Institute
for Studies in Education
Toronto, Canada
THE ONTARIO INSTITUTE FOR STubiE?. IN EDUCATION - LIBÏÏARY
LA
MÉTHODE DIRECTE
DANS
'ENSEIGNEMENT DES LANGUES VIVANTES
PAR
Professeur à l'Université de Louvain
TROISIÈME ÉDITION
BRUXELLES
MAISON D'ÉDITION ALFRED CASTAIGNE
28, Rue de Berlaimont, 28
1004
L J B R A R Y I
NOV 1 2 1969
THE ONTASIO IN5TITUTE
FOR STUDIES in EDUCATION
MÉTHODE DIRECTE
DANS
L'ENSEIGNEMENT DES LANGUES VIVANTES
LA
MÉTHODE DIRECTE
DANS
L'ENSEIGNEMENT DES LANGUES VIVANTES
PAR
Professeur à l'Université de Louvain
TROISIEME EDITION
BRUXELLES
MAISON D'ÉDITION ALFRED CASTAIGNE
28, Rue de Bcibimont, 28
190 1
TOUS DROITS RESERVES.
Tous les exemplaires sont revêtus de la signature
de VauteuP.
UN MOT AL LECTEUR
Notre troisième édition n'est pas une simple reproduction des deux
précédentes : nous nous sommes attaché à donner à notre étude un
caractère essentiellement pratique, et nous avons tenu compte avec
soin de toutes les publications parues depuis 1901.
Louvain, décembre 1903.
F. COLLARD.
Digitized by the Internet Archive
in 2010 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/lametliodedirecteOOcoll
La Méthode directe
dans l'Enseignement des langues uiuantes ^'^
§ 1. —But.
But pratique et littéraire. — Le but do l'étude des langues
vivantes est double : pratique et littéraire, ou utilitaire et désintéressé.
En d'autres termes, on apprend l'allemand et l'anglais pour les parler,
les écrire et les lire, tandis qu'on apprend les langues anciennes
seulement pour les lire. Cette formule précise nettement la diversité
des buts, tels qu'ils sont réclamés par les besoins de la société actuelle :
fl) H. Breymaun, Die neusprachllche Reform-Literatur : a) von 1876-1893, Leipzig-, 1893 ;
n; von 1891-1899, id., 1900, Eine bibliographisch-hrUische Uebersicht, fait un relevé de tous les
ouvrages qui exposent lu métliode. On trouve aussi un bon choix de travaux dans
AV. Muencli, Franzoesisch (1902 , et dans F. GUuining-, Englisch 1903), deux monot'rapliies qui
forment la seconde parUe du 3*' tome du Hxndbuch dfr Erzichungs-und Unlenichislehre fuer
hoeiieve Sckulen de Baumeister. Je recommande particulièrement la lecture de : Hartmann,
Die Anscliauiing im neuspracltlulicn î/zi/enic/it, Wien, 1895; Le même, Reiseelndriudie und
BeohachtwKjen elnes deuts lien Neupfidoligen in der Schweiz und in Frankreich, Leipzig,
1897 ; J. HubSCher, De l'enseignement des langue!; virantes, Lausanne, 1897 ; R. Horner, L'ensei-
gnement des langues vivantes dans les collèges, 2c édition, Friboary, 1901 ; J. ]\Ie'.on, Li mi'thode
intuitive dins l'enseignement des langues vivantes, l. Historique. II. Avantages de la méthode).
Tournai, 1900; Les langues vivai.tcs en Hollande, dans la Revue des Humanités, ô^ année, p. 305;
Le principe de la suppression des traductions dans l'enseignement scolaire des langues vivantes,
Bruges, 1903 ; Sigwalt, La n'forme de l'enseignement des langues vivantes, dans la Revue
internationale de l'enseignement, 1931, t. 2, p. OCO ; W. Vietor, Die Methodili des neu^prachlichen
Vnterrichts, Leipzig, 1902 ; F. Baumann, Reform und Anlirefonn im neusprachlichen
Unterriclit, Berlin, 1002 ; O. Tliiergen, Methodik des neuphilologischen Unterrichts, Leipzig,
1902; J. Firmcry, La première période de l'enseignement des Langues vivantes, d'après les nou-
veaux programmes, dans la Revue universitaire, 1902, 2, p. 329 et suiv., et Quelques mots sur la
deuxième période dans l'enseignement des langues vivantes, ibidem, p. 41() ; La méthode directe et
son application, dans la Revue de l'enseignement des langues vivantes, 1902, p. 385v reproduction
du premier art:clc de la Revue universitaire : Schweitzer, La méthodologie des langues virantes
dans la Revue universitaire, 1903, 1, p. 462 ; 2, p. 1 et s., et p. 105 et suiv. ; I-ichtenberger, Du but
et de la milhodc de l'enseignement des langues vivantes, Godart, La lecture directe, et Cnmer-
I.vnck, Des devoirs, dans la Revue de l'enseignement des langues vivantes, 1903, )). 4(35 et suiv. ;
H. Alnien, Lx mjlhode directe dans l'enseignement des langues vivantes, programme d'Ecliter-
nach, Luxembourg, l'.lOj. — La Revue pratique de l'enseignement à l'usage des établissements
à'édu:ation du diocèse de Bruges, t. 2, p. 177, donne la traduction dun article de Sclimidt, Les
premières leçons de françxis en Allemagne, publié dans les Lehrproben und Lehrgaenge, 25.
On lit, dans la même revue, f . 4, p. 3, l'exposé de la méthode Carré, fait par M. Rommel : La
manière d'enseigner une première langue étrangère à de jeunes en funts. — J"ai moi-même exposé
l'enseignement des langues vivantes dans le Bulletin bibliographique et pédagogique du Musée
belge, 1900, p. 93 et suiv ; 1901, p. 23 et suiv. Mon exposé de la méthode directe est ijrécédé d'une
esquisse des principales méthodes suivies dans renseignement des langues vivantes ; une
seconde édition de ce travail, publiée chez Castaigne (190i;, ne contient pas cet ai)erçu.
» Nous ne sommes pas exposés, dit M. Bréal ('), à rencontrer des
contemporains de l'empereur Auguste, au lieu que nous coudoyons
tous les jours des Allemands et des Anglais. N'avons-nous pas des
expositions, des congrès, des conférences internationales ? Vous dites
que l'occasion de parler se présentera rarement ; mais si nous voulons
que le Français sorte de son pays, il faut le munir pour le voyage.
Quelle envie voulez-vous qu'il ait d'aller au loin si, après dix ans
d'étude, il ne sait seulement pas prendre son billot de chemin de fer ? "
Loin de moi, en poursuivant ce but pratique, la pensée de viser
trop haut et de songer à obtenir de nos élèves qu'ils parlent et lisent
une des deux langues étrangères connne leur langue maternelle : le
régime de l'enseignement collectif et l'insuffisance des heures de classe
s'y opposent. Ainsi, en ce qui concerne l'art de parler, on devra se
déclarer satisfait, si l'élève peut s'entretenir couramment avec des
étrangers sur les principales nécessités de la vie.
§ 2. — Exposé général de la méthode directe ou intuitive.
Acquisition de la langue par l'oreille. — De la différence des
buts résultent les difïerences de méthodes. Pour le latin et le grec,
lacquisition de la langue se fait surtout par les yeux; pour les langues
vivantes, par ïoreille. p]n conséquence, d'un côté, la lecture des œuvres
littéraires vient en première ligne ; de l'autre, elle est rejotée à la fin,
pour faire place d'abord à l'étude de la langue usuelle.
Ainsi pense aussi M. Bréal (-). Il divise l'enseignement d'une langue
vivante en trois périodes, selon l'objet qui doit dominer dans chacune
d'elles. « Durant la première, le professeur donnera sa principale
attention à la prononciation. Pendant la seconde, il s'attachera surtout
à la grammaire et au vocabulaire. La littérature formera l'occupation
principale de la troisième. Il est clair que celte division a quelque
chose d'artificiel, puisqu'on ne saurait montrer la prononciation sans
faire connaître en même temps des mots, et puisque la littérature ne
met évidemment pas fin à l'étude de la langue. Mais, selon le degré
d'avancement de l'élève, l'un ou l'autre point de vue l'emportera. Les
trois choses nous paraissent également nécessaires : si toutefois il
fallait en sacrifier une, ce serait la troisième qui pourrait, avec le
moins de dommage, être retranchée ; car il serait toujours loisible à
l'étudiant devenu honmie de compléter son savoir, au lieu que pour
les premières — une expérience fréquente le prouve — les omissions
et les erreurs ne se laissent guère réparer. »
(n M. Bréal, De l'ensfignemeiU des langues vicanles, Paris;, 1803, p. ID.
(2) Ouvrage cité, p. ?5 et suiv.
— 9 —
Autrefois, on abordait le plus vile possible la litlératiire ; on
s'empressait de lire Schiller et Goethe, qu'on traduisait à coups de
dictionnaire, et l'on pensait qu'il serait aisé de passer de la langue
écrite à celle de la conversation. " Le passage est cependant difficile,
dit M. Bréal ('), et d'autant plus difficile que vous aurez tardé plus
longtemps. On peut vous citer des hommes qui ont écrit des livres de
critique sur Chaucer et Miltoi], qui n'auraient pas su demander leur
chem.in à un policeman de Londres ; encore moins auraient-ils
soutenu en anglais une discussion dans une société littéraire ou
politique. // leur fallait voir les mois écrits pour les comprendre.
Quant à leurs propres idées, l'habitude leur manquait pour trouver à
l'instant l'expression convenable. Celui qui lit les auteurs, est dans
la situation d'un homme que les mots et les tours de la langue
viennent trouver, sans qu'il ait d'autre peine que de les reconnaitre :
celui qui parle doit tirer de lui-même ces tours et ces mots. II y a
contradiction à attendre passivement l'éclosion d'une faculté active. »
'• Au lieu de passer de la langue écrite à la langue parlée (chose,
comme nous venons de le voii-, diflicile et problématique), la marche
indiquée par la nature est de passer de la langue parlée à la langue
écrite. » - N'est-ce pas, dit ailleurs encore M. Bréal (-), la marche
que nous avons tous suivie ? N'ous avons conversé avec nos parents,
i;os frères et sœurs, nos amis et nos camarades, avant de lire Bossuet
et Racine. »
Di^:FINITION DE LA METHODE DIRECTE OU MATERNELLE. — On le
voit. A l'heure actuelle, on veut que les élèves apprennent une
langue par Yoreille, qu'ils la parlent et l'entendent parler dès la
première heure {^), au lieu d'en lire ou plutôt d'en ànonner des textes.
Cette méthode qu'on préconise, c'est la méibodc directe, ou maternelle,
ou intuitive, qui, pour enseigner une langue, se sert de cette langue
(1) Ouvrage cité, p 19.
i2) M. Uréal, Comment on ap2^mid Ux htngves étrangères, dans la lîevve internationale de
l'enseignement , 1880, t. 1, p. 2j7.
(3) « Pour parler — je veux dire i)ar là, pour exprimer ses besoins et ses impressions les
plus immédiates, pour exprimer ce qui est proprement du domaine de la conversation
usuelle — pour parler, il n'est besoin que d'un vocabulaire extrêmement restreint. L'ouvrier,
sans culture, au bout de quelques semaines passées dans un pays étranger, en parle la
langue. Oh ! ce parler a des limites étroites, mais c'est parler, on s'est beaucoup raillé de
nous en disant que c'est ce parler-I;'i, ce qu'on a appelé le parler de bonnes, l'allemaitd ou
l'anglais de garçons- d'iiôtel, que nous voulions désormais donner comme but à notre
enseignement. Non 1 loin d'en être le couronnement, i! en sera la base et le début; but de
l'enseignement pendant les premiers temps, il en deviendra le moyen, et, tout en s'enri-
cliissant et en se perfectionnant lui-même, il contribuera à donner is. tout ce que nous
enseignerons, ce caractère de vie dont l'absence s'est troj) fait sentir jusqu'ici.
A vrai dire, dès ce début même, parler n'est pas le vrai but que nous cherchons à
atteindre; le but, c'est de transporter tout de suite l'enfant dans une sorte d'atmosphère
artificielle et comme en jiays étranger ; le but, c'est, en l'exerçant k parler, de lui donner des
facultés et des habitudes, la faculté de saisir exactement les sons prononcés et la faculté de
prononcer lui-même ces sous correctement et sans elTorî, rhabilude de saisir directement
— 10 —
mémo, habitue l'enfant dès le début à se passer du français et
à comprendre directement. On renonce donc à la méthode indirecte,
qui exerce l'clèvc à la version et au thème, et l'on emploie la méthode
orale, basée sur l'intuition (^1.
La méthode dii'ectc ou intuitive, imitant en cela la mère ou la
nourrice, montre les objets dans la nature ou par reproduction, en dit
les noms et les fait répéter par les élèves jusrpi'à complète assimilation.
Bien qu'on donne à cette méthode l'épithète de maternelle (2), on ne
peut oublier que rélève n'est plus le petit enfant assis sur les genoux
de sa mère. La situation est bien changée. D'abord, l'élève possède
déjà un langage, c'est-à-dire un vocabulaire, une grammaire, dos
manières de s'exprimer ; c'est donc une seconde langue qu'il veut
apprendre, et qui fréquemment viendra se glisser entre l'objet montré
et sa désignation en un nouvel idiome ; ensuite, il n'a plus au même
degré que l'enfant, la faculté d'imitation irrélléchie ; enfin, il ne
consacre dans ses classes qu'un petit nombre d'heures à l'étude d'une
langue étrangère, et il n'est pas seul en tète à tête avec son maitre,
qui, partant, doit partager ses questions entre toute la classe. Ce sont
là des conditions défavorables pour notre collégien ('). Mais il en est
d'autres, propices : son intelligence s'est développée; sa mémoire s'est
fortifiée ; il a acquis un certain nombre de notions, et il sait faire un
elTort de volonté.
Avantages de la méthode directe. — Quoi qu'on puisse objecter
contre la méthode directe (''), il est certain qu'elle présente des
et sur-Ie champ le sens tics mots et des phrases ainsi prononcés, et l'habitude d'exprimer sa
pensée dans la langue élranj,^ère directement, sans laide ou plutôt sans l'obstacle d'une
traduction. Kn un mot, au début, il s'ayit plus encore de donner à l'enfant une éducation
qu'un enseignement iiropremeiit dit. - .J. Firmery, La prcmin-e i^crlode de l'eitsi-iijnnnevt des
langues vivantes, d'apivs les nouveaux iirof/ranunes, dans la Revue universitaire, 1902, 2, p. 332.)
'D lion coup d'œil général dans M. Walter, Die Reform des neusprachlichen rnterrichti auf
Schule nnd Universitaet , Marburg. 1901.
(2) Veyssier, De la méthode pour l'enseignement scolaire des langues viva)ilcs. Paris, 18.8, p. 51
etsuiv. ; Passy, mémoire du concours de 1898, De la méthode directe dans rcmeigunncnl des
langues virantes, Paris, 18^9, p. 30 ; Delobel, mémoire du même concours.
(3, Laudenbach, mémoire du même concours, p. 7, et Passy, mémoire cité, p. 37.
(4) Notons, par exemple, la boutade suivante : «« Les maîtres de langues vivantes ne sont
pas des professeurs de conversation ou des " nourrices sèches » ; nous n'avons pas pour
mission de former des garçons d'hôtel pol.xglottes. " ;Mieille, Enquête sur les nœthodes dans
l'enseignement des langues vivantes, àims la Revue universitaire, \9(J0, l,p. 57!. — "Il peut sembler
au premier abord, dit M. Sclnveitzer, Méthode directe de renseignement de l'alloinund, Paris,
19Û0, p. V, que, faisant surtout appel aux sens, la méthode directe soit incapable d'exjiliquer
les mots abstraits. Mais l'enfant qui apprend sa langue maternelle acquiert-il donc les idées
abstraites autrement que par des impressions sensibles ? Les divisions du temps, notions
essentiellement abstraites, ne sont-elles j)as marquées par les alternatives de la lumière et
de l'obscurité, par le retour périodique des transformations de la nature ? La joie et la
tristesse ne se manifestent-elles pas par des signes extérieurs ? Entln les mots exprimant les
qualités morales du bon élève, tels que la politesse, l'obéissance, l'ai)plication, l'exactitude,
ne contiennent-ils pas la synthèse d'une série d'actes purement matériels ? Toute locution
abstraite est donc au bout d'une série de phénomènes sensibles : c esi à la méthode de nouer
les anneaux de la chaîne qui y conduit. " — M. Firmery fait la même observation, p. 335.
— 11 —
avantages tels qu'on ne peut hésiter à l'adopter : elle assouplit les
organes de la voix ; elle forme l'ouïe ; elle empêche l'élève de penser
en sa langue maternelle ; elle vainc la timidité, naturelle chez
l'enfant, de s'exprimer en une langue étrangère; elle grave mieux les
vocables dans la niémoire, parce qu'on les apprend en voyant les objets
qu'ils représentent, ou en écoutant les explications qui font découvrir
le sens des mots employés ; elle fait gagner beaucoup de temps,
puisqu'on se sert toujoui's de la langue vivante, et que sur les
60 minutes d'une leçon, on n'en gaspille pas 40 en parlant français;
enfin elle intéresse beaucoup les élèves (M, elle éveille chez eux
un vif désir d'apprendre, concentre toute leur attention et les
fait participer activement tous à la leçon.
Que cette méthode soit insuffisante pour toutes les classes, qu'elle
ne puisse pas être appliquée sans certains ménagements, qu'elle soit
d'autant plus efficace que les élèves sont moins nombreux et de force
sensiblement égale, qu'elle cause aux maîtres un surcroit de travail,
c'est chose certaine. " Elle exige d'eux, dit Zbinden, dans sa préface
du manuel de Lcscaze (^), une activité plus personnelle que par le
passé ; ils doivent se dépenser davantage et ne plus s'en tenir à la
lettre du livre. Ils doivent obtenir qu'on leur fournisse une collection
d'objets et de tableaux, faire un choix parmi les morceaux de lecture,
les chants et les poésies, mais ils ont aussi plus d'initiative et de
liberté. »
Principes. — Les principes de la méthode sont très simples ; l'en-
seignement sera surtout oral ; on se servira le moins possible de la
langue maternelle (^), et l'on recourra, du moins au début, à l'intuition,
non pas qu'il s'agisse de faire connaître les choses aux élèves, mais
parce qu'il importe de leur faire appliquer immédiatement aux choses
les noms allemands ou anglais, et parce que c'est le mode le
{V, " L'enfant jjrend, dit un pédagogue suédois, un intérêt bien plus vif à la langue parlée
QU'ù la langue écrite, de même que les animaux vivants des ménag-eries lui plaisent tout
autrement que les animaux emiKiillés de nos musées. " Th. Cart, Be remeignement des
langttes vivantes dans les écoles secondaires de la Suéde, dans la Revue universitaire, 1892, 2. p. 442 .
;2' Zbinden, jjréface de l'ouvrage de I.escaze, Lehrbvch ftter den Unlerricht in der dcutschen
Sx-vache auf G rnndlage der Anschaianuj, Genève, 1698, p. X.
(3; " On se sert, d'abord, de la langue maternelle toutes les fois quelle aide à gagner du
temps, en particulier pour expliquer les règles de grammaire un peu délicates. On a aussi
recours à elle pour les élèves moins intelligents, quand il est bien avéré qu'ils ne saisissent
pas une explication importante, c'est par elle également qu'on fait comprendre le sens des
termes abstraits, que la mélliode lîerlitz a voulu primitivement essayer de rendre clairs au
moyen de mots concrets déj 'i connus, jjrocédé qui exige beaucouj) de temps et qui, neuf fois
sur dix, est ineflicace. D'atitre part, la langue maternelle est un moyen de contrôle ; elle
permet de s'assurer que les élèves ont bien saisi une ex])llcation ou comi)ris le sens d'un
mot ou d'un passage : voilà pourquoi j'ai vu souvent le maitre, quand un élevé se tromi)ait
sur l'acception d'un mot, en faire domier la traduction allemande et jiourquoi j'ai entendu
plus d'une fois un morceau français récité en allemand. " ;iioniecque, L'enseignement des
langues ancienties et modernes dans l'enseignement secondaire des garçons en Allemagne, Paris,
1902, p. 42.) ;
— 12 —
plus cûinmode de conduire dans les commencements une conver-
sation qui ne soit pas languissante. Au fond donc, comment procède-
t-on ? On suit la recommandation des Instructions françaises (*).
« Pour apprendre une langue, il faut commencer par l'isoler, il faut
n'avoir affaire qu'à elle. Si, sachant le français, vous voulez apprendre
l'allemand, oubliez pour un moment le français. » Et j'ajouterai :
ne perdez pas de vue que celle langue n'est pas une langue seulement
écrite, couchée uniquement sur le papier, morte, en un mot, mais
bien une langue qu'on parle, qu'on entend parler, qui vit.
Intuition. — L'intuition est directe, indirecte ou mentale.
a) L'intuition directe prend comme objet d'exercices de conversation
ce qui se trouve dans le milieu immédiat de l'élève : personnes,
animaux et choses. On passe donc successivement en revue : 1° la
classe avec tout ce qu'elle renferme ; 2° l'enfant lui-même, son corps
et ses vêtements ; 3° les alentours de l'école ; 4° tout ce qui tombe
directement sous les yeux, par exemple une habitation, quelques
détails des divers règnes, animal, végétal, minéral.
Notons avec Hubscher (*) que « ce ne sont pas seulement les choses
qui peuvent servir d'objets à l'intuition directe : l'élève peut
apprendre, par exemple, les adjectifs de couleur en voyant les
couleurs des différents objets ; par exemple « noir " par rapport à
l'encre, « vert " par rapport à la couverture d'un livre ou d'un cahier
et des feuilles de l'arbre qu'il voit à travers les fenêtres de sa classe,
etc. Il nous parait incontestable que l'élève retient bien plus facilement
ces vocables que lorsqu'il doit apprendre : noir = schwarz, vei't ==
gruen, etc. La gradation des adjectifs s'apprend aussi plus facilement
quand on montre à l'élève deux ou plusieurs objets de grandeur
différente et qu'on fait la comparaison en langue étrangère. Les noms
de nombre ont probablement toujours servi de matériaux à une leçon
d'intuition. On peut faire apprendre de même les pronoms pei'sonnels,
démonstratifs et possessifs sans qu'on rencontre les difficultés que
nous connaissons tous, lorsqu'il s'agit de les rendre familiers à l'élève
au moyen de la traduction et des règles de grammaire. Les prépositions
offrent également un champ favorable à ce genre d'exercices. Il suffit,
par exemple, de placer un élève devant, derrière, à côté de, sur le banc;
de faire prendre une plume hors de l'étui, de la faire remettre dans
la boîte ; de rapprocher deux élèves et d'appeler l'attention de la classe
sur les rapports exprimés par les prépositions relatives. Le verbe, enfin,
donnera lieu à la formation de propositions, sans qu'on ait besoin
d'avoir recours à la langue maternelle. On n'a qu'à traduire par
(i; Enseùjnemenl des langues vivantes, p. lôG.
(2) Brochure citée, p. 12.
— ];i —
le verbe de la langue élraiigère le geste on le mouvement qu'on
exécute ou qu'on fait exécuter pour avoir une base solide pour
apprendre les verbes, du moins ceux qui expriment des actes concrets.-'
b) L'intuition directe doit être complétée par l'intuition indirecte :
elle ne peut, en eflet, à elle seule, suflîre, et l'on se voit forcé de
recourir aux images. Il va sans dire qu'on peut souvent alterner
l'intuition indirecte avec l'intuition directe, et que plusieurs exercices
que je viens d'indiquer avec Hubsclier, trouvent aussi leur place
dans l'intuition indirecte.
11 est d'usage de se servir de tableaux pour étudier les saisons.
A cet effet, on a à sa disposition des collections telles que celles de
Wilke, de Struebing, de Ka^'ser, de lloelze], de Colin et de Hachette.
Les tableaux de "Wilke (') sont d'un petit format (38 cent, x 48) et
manquent d'exécution artistique.
Les tableaux de Struebing (^), qui ont paru chez Winkelmann, à
Berlin, sont plus grands (71 x84}, mais laissent à désirer. Les voici :
L Friielili)ig, Mensck lunl Ilaustiere. 2. Wald. 3, Sommer- Eru le.
4. Herbst-Ernte. 5. Winler. 6. MeuscJteuverkehr. 7. Garten. 8. Ge-
hirgsgegend.
Ceux de la librairie Kaj'ser ont servi de base à Lescazo, et ceux de
la librairie Colin, qui ne se bornent pas aux saisons, sont utilisés par
Schweitzer. Quant aux tableaux muraux encyclopédiques de la maison
Hachette, qui sont au nombre de sept (les quatre saisons, la ferme,
la ville et la montagne), ils sont accompagnés de deux commentaires,
l'un en allemand, l'autre en anglais.
les tableaux de Hoelzel (L-10 x 92) sont surtout en faveur depuis
que Alge les a pris comme base de son manuel (^). Pour les répétitions
;1 Willic's Bildi'VtafeJn fucr ilen Ansrhaunnt/.^uoilerrtrlil. lutch jxiedoff. Voysclildri/en von
I.. Heiiiemanu ncu gezcichnct r. A. Toller, lU Tafclii. - Texte : Heinemanii, Handbuch fucr
den Ansrhmii'nf/stinierricht iind die Hcimatsliiinde.
(2; Winkelmann, yeue BiJdcv fuer dru Anschainmgs-uKd Sprachunlerriclil. — Ouvrages
SU'ueljiny, S2}r(ichstoir, 4 cuhiers ; imdix, Denli-xind Spvctchtiebungen, 2 cahiers ; lîormann,
Leben in Stadl vnd Land, FcJd vnd Wald ; Treiige, Der AnxchatciingsiiHterriclit im Ausclih'gs
an die WinJielmannschen Bildeytafeln. Les tableaux de Strasbourg donnent les quatre
saisons : .Ç/iYf.s.'i&îf !•(/«• Biidcr fucr dm Anschanunysimterricht, Vicv JaJircszcitm, — Manuel :
Text und Anlcitinig zirr Bchandlinu/ der Bildei; 4 calliers.
(3) HodzeU Waudbildcr fitcr den Ansr.haitumjs-und Spvachvntervicht. Ces tableaux sont
reproduits en réduction et réunis dans HnclzeU Bilderbvch fuer Schidc vnd Hai's
(les quatre saisons) et dans Huudaxsgahe von Hoelzels Wandbildcrn 8 images;. Manuels :
Jordan, Materialicn fi'er den Anachaunnf/sunterricht in der Elementarklasse, 4 caliiers
vienne, Hoelzel ; Wallenstein, Die vier Jahrcszeilen fiier die deittsche Sj^rechstunde, Giessea
Rotli, et du même auteur. Die Stadt, dev Wald, dax Hncht/ebirge, der Banernhof, id. ;
"Winter, Hoelzels Wandbilder fuer den Anschainingsnnterricht in ilirer prahlisehen Vericendiing
beim Spraclniiilerric/ite, A'ieane, Hoelzel. — En français : Eochtel, L'enseignement par les yeva\
Vienne, Hoelzel; L. Génin et J. Schanianek, Conversations fran'.riites sur les tahleatcrd' Hoelzel.
9 cahiers, y compris le supplément, ibid. — Ponr l'anglais : Towers-CIark, The foiirseasons
fur lessons in english eonrersal ion . Oiessen, Kotli ; le même, Cilg. Foresl, Memnlain-liange,
— M -
à domicile, les ("lèves ont ;ï leur disposition des images en réduction,
soit détachées, soit réunies en un caliiei- (').
Quand on a épuisé les tableaux de Hoelzel, qui, outre les saisons,
représentent encore une ferme, une montagne, une forêt, une ville,
Paris, Londres, Vienne, une habitation, on peut se servir de cartes
géographiques, surtout de celles de l'Allemagne ou de l'Angleterre, de
plans de villes, de vues photographiques de certains sites ou de
certains monuments, de tableaux représentant des scènes de l'histoire
de l'Allemagne ou de l'Angleterre, de portraits historiques, d'images
tirées de journaux illustrés allemands ou anglais qui s'occupent
d'événements contemporains, etc.
Les livres avec gravures sont à condamner, parce qu'ils constituent
une source de distractions ; ce qu'il faut, ce sont de grands tableaux
muraux, de préférence coloriés, avec des personnages agissants (-).
c) « Si précieuses que soient ses ressources pour l'étude de la langue
Fann-Varil ; le lllôaie : EnijUah Cfanirnav (iitrl Vorahula,-;/ ; Boweil .'lud Schliell, A Vk'lO
ùf Lonâon ; les mrmcs, The Bivclliii;/ ; Kroil, TJialiii/ixche Bi'xpverlunig Hoclichrher Wdudblldcr
in oujlisflu-r Sprachr, yincnchen-GlinUrdch, ]S'X}\Wil\\.e.Anscliauim!j!<i(nicrricht im Eiuilhchen,
LeiiD/Jy, IbOS ; Fick, Zur 3h'tliode rfcs cnr/lisrhen Anfcmgsinitcrrirlits aiif Grinid dcr vLr
JcOnvsz-eiten, llaiiibiiry, 1S'J4 ; \V. Kiisten, Erlcieittcmn;/ do- HcelzcUclicn Blldcr .. Die
Wohnvng ^ imd <• Vteic of Lcndon » in enr/lisrher Sj.ruche, Iliniiiover, 1S09 ; Fabritius,
Quelques obxerratioi^s basces .tur des e.rpérienee.t personnelles à j:ro2)os des tableaux de Hoelzel,
dans la Revue des Hitnianiles, n, p. 184 et suiv. — Kcssicr a iniblié cii namaïul des cause-
ries ayant trait aux saisons : De rier Jaar;/elijden rcnr nederlandsclte spreehfiefvninge'n naar
Hoelzel's 2}l'iien 'Giessen, riotli'. Melon vient de; faire paraître à Tournai, cliez Decallonne-
Ijagre : Mé/lmde ditreie ptiin- l'ens:i<ine)neul du nécrlandiiix. partie de l'élève iKirlie du
mailrc.
(1) A citer encore : Kafeniann, Xexe Bildev fuev den Ansehauunffsunterviehl : Fntehling,
Sommer, Herbsl nnd Winter (98 X 141), et l'ouvrage de Schneider qui s'y rapiiorte : Malerialien
zv.r Erteihmg des Anscliaininr/smUirriehls.l.ix maison J.lî. Wolters. à Groningue, vient de
publier une collection de tableaux fort appréciée. Elle comin-end deux séries, l"une de
20 tableaux, l'autre de ir>. Deux manuels donnent en lianiand l'explication des diirérents
sujets.
(2; I.elong'. Enr/uéte. dans la K'enie imirersiidire. UKJO, 1, ]i. L"). II ajoute " Tout est bon, qui est
clair: les Hugo d'Alesi qui illustrent les gares, les tableaux d'iilstolre, jusqu'aux cartes
postales et aux images d'Épinal. " Cependant, l'exécution artistique ne devrait pas trop
laisser à désirer ; de plus, M. I.ecoq, L'enseif/nement virant des lang-Kes vivantes, Paris. 1903,
a raison de faire observer, p. 75, qu'il est très désirable de se servir de préférence de
tableaux faits à l'étranger, ou du moins imités de ceux faits à l'étranger, représentant
des scènes de la vie étrangère, des paysages étrangers. " J'entends bien qu'il y a beaucoup de
choses qui nous sont communes avec les pays nous environnant, que les grands spectacles
de la nature se ressemblent partout. Mais à côté de ce qu'il y a de commun et de semblable,
que de choses difTèrent qui frappent l'œil de l'enfant ! Chaque pays a sa physionomie
propre : une rue de Londres ou de lierlin n'est pas une rue de Paris ou de Rome ; la
nature elle-même a dans chaque contrée un aspect particulier. Tout cela l'enfant
le découvrira : et la nouveauté, l'étrangeté même l'attireront, l'intéresseront, si vous
couvrez les murs où ses yeux vont errer aux minutes de distraction, de choses étrangères,
d'atUches allemandes, de réclames anglaises, de photographies, de rejiroductions de la vie
réelle, tout ce qu'il voit, de même que tout ce qu'il entend, lui apportera cette sensation que
les heures qu'il vit dans cette salle sont des heures passées en pays étranger : il y aura une
conspiration de tous les sens pour l'abuser ; il cessera peu à peu de penser en français,
parce que rien ne lui rappellera plus la langue maternelle, et que sa vue s'arrêtera sur des
objets qui n'évoqueront dans sa mémoire que des mots étrangers. '■
— ITj —
descriptive, l'ininge n'a qu'une portée assez limitée. Ne pouvant
représenter qu'un acte à la fois, qui reste pour ainsi dire figé (^), la
langue de l'action lui échappe en partie. C"est alors qu'intervient la
troisième forme de l'intuition, f)U intuition mentale, par laquelle
l'imagination, partant d'une action figurée, se représente la série des
actes successifs qui la précèdent ou la suivent immédiatement. Tous
ces actes forment comme les anneaux d'une même chaîne. Dès que
nous tenons le premici", les autres suivent naturellement. On sait
qu'un professeur français, M. Gouin (-), a attaché son nom à cette
forme spéciale de l'intuition. Il en a fait la base de sa méthode des
séries. "
Marche. — La marche à suivre ne présente aucune difj^culté. Le
maître montre un objet ou une personne, prononce en allemand le
mot ou la phrase, le fait répéter suflîsamment par plusieurs élèves,
et finalement l'écrit au tableau. Ici, une double précaution est cà
prendre : d'une part, n'écrivez pas trop vite; ce n'est qu'une fois le
vocable acquis par l'oreille, que vous le noterez par l'écriture au
tableau ; d'autre part, n'attendez pas des semaines : les yeux viennent
aussi, a-t-on dit, en aide à l'oreille; les personnes qui ne veulent rien
perdre au concert ou au théâtre, suivent avec la partition ou avec
le libretto ('•).
Quelques recommandations pratiques me paraissent nécessaires (^).
On procédera avec une sage lenteur. La qualité qu'on doit
s'elï'orcer de donner avant tout au savoir de l'enfant, c'est la sûreté,
et la sûreté ne peut s'acquérir que grâce à cette lenteur. On fera donc
(i; - On rend lu mobilité à ces niouvemenls ttgûs, eu se servuiit tlu geste. S'iiyit-il, i)ar
exem])le, de rendre sensible Ui cliute des feuilles d'automne, nous laisserons tomber
quelques bouts de papier. Faut-il donner la sensation de l'éloiynement d"abord, puis du
retour des liirondelles, nous enverrons un élève à la porte pour le rappeler ensuite : ainsi
s'ex]jlIqueront parle mouvement les mots fort et zvrnecli, que l'Immobilité du dessin est
impuissante à rendre, ^■eux-.je dire que l'été est passé : clcr Soumicr ht vorhci, mon cadran
(outil indispensable dans toute classe de langues; m'y aidera :je mettrai lesaiguilles d'abord
sur midi, et je dirai ; ex ht iKodf; je ferai avancer la grande aiguille, et je dirai : m i.it zivoelf
vorhei. Cela suppose bien entendu que nos élèves seront d'avance familiarisés avec la manière
de dire l'heure. » (Schweitzer, Méthode directe, p. \\l\). Dernièrement, dans ses conférences
sur la méthodologie des langues vi^ antes, le savant professeur a fort bien montré, par un
exemple, comment l'action, l'action vivante et continue jieut se dégager de l'image, en
d'autres termes, comment tel geste, telle attitude, forcément Immobilisée par le dessin, peut
se prolonger dans le passé et dtins l'avenir. (Revue Kniver.^ilair,', 1903, 2, p. 109).
(2) Gouin, L'art d'emeigner et d'étudier les tcniçjue^, Paris, 2'' édition, ISOl ; Kron, Die Méthode
Gouin Oder dus Serieti-Si/stem in Théorie nnd Praxis, Marburg, Elwert, 1900. Sans adopter le
système Gouin, nous pouvons, dans certains cas, y recourir avantageusement, comme le
fait remarquer M. Simonnot, Comment les lanr/ues vivantes sont enseiynées à l'étraui/er, dans
la Hevue pédagogique, l.j juillet 1901, p. 21. •' I,e grand tort de Gouin a été de se montrer
trop exclusif, en proscrivant d'une façon absolue les autres modes de l'enseignement
intuitif. Mais on peut tirer un excellent parti de son système. »
(3) F. Glauning, Englisch, j). 13, dans le Handbuch de Baumeister.
(4) V0nR0den,I>iV Vern-endung von Bildern :ii franz-oesischen vndcnglisclien Sprcrhuebungen.
Marburg, 1890.
— ic. —
force exercices sur les mêmes choses, force répélilioiis ; mais on
prendra garde que cette lenteur ne devienne un piétinement sur place.
Tout en marchant lentement, on avancera : on fera chaque fois un
pas en avant (').
Les commandements se font toujours dans la langue étrangère :
Buecher auf, Biiecher zu, etc.
C'est tout un plaisir pour les élèves de trouver par eux-mêmes le
sens d'un mot et ils y arrivent, plus vite qu'on ne pense,
grâce à l'intuition et au contexte. Par exception, le maître, après
avoir donné des explications suttîsantes, peut, comme contrcMe et
rien qu'en passant, demander la traduction (-). Il n'est pas difficile
d'empêcher que les élèves ne répondent machinalement ou ne répètent
des mots qu'ils ne comprennent pas. Ainsi, on ne se conlenle pas de leur
apprendre les mots : weiss, scJiwar:-, blciii, griicii, en leur montrant sur
le tableau des objets de ces difïerentcs couleurs ; on leur demande
encore quelle est la couleur de tel ou tel objet déterminé, si tel objet
qu'on montre est blanc ou noir ; on fait opposer dans des phrases les
couleurs, etc. Bref, il est aisé, pour un maître quelque peu habile,
de bien faire saisir le sens de la plupart des mots qu'il emploie, et
de contrôler immédiatement si les élèves en ont une notion nette et
précise.
La méthode directe rejette les détails peu connus, les termes
techniques, tous les mots qui ne rentrent pas dans la langue usuelle.
Il est fort important de bien choisir les mots, de ne prendre que ceux
qui sont usités dans la conversation ou qu'on trouve dans les œuvres
littéraires. Certains maîtres n'observeiit aucune mesure et ne font
grâce d'aucun terme. Ne les imitez pas quand, au lieu de se contenter
de faire dénommer le mât, la voile, le pont, la boussole, ils veulent
encore la cale, les vergues, la hune et le banc de quart (^).
L'ordre est triplement nécessaire.
■ 1° Les tableaux dont on se sert, ne peuvent pas être quelconques ;
1 v. Firmery, p. 319.
(2; " Les élèves ont peut-être compris autre chose. C'est un accident qui se produit
quelquefois, si l'on a des doutes, il ne faut jias hésiter à prononcer le mot français ou à
demander en français aux élèves ce qu"ils ont compris eux-mêmes. Do temjjs à autre, quand
on se sent impuissant à se faire comprendre en langue étrangère ou simplement quand on
veut aller i)lus vite, on peut parler français, mais à nue condition essentielle, c'est que
l'on ne mêlera jamais les deux lang-uês, l'étrangère et la maternelle. C'est là une observation
dont l'importance apparaîtra vite aux professeurs après quelques semaines d'expérience.
Dans la classe où Ton parle continuellement la langue étrangère, on fait vivre l'enfant dans
une sorte datmosplière artificielle. Il faut l'y maintenir tant qu'on pourra. Mais quand on
l'en sort, il faut l'en sortir franchement. Quelque court que soit l'instant où l'on parle
français, il est en deliors de la classe et l'élève doit en avoir la sensation. On rentre ensuite
dans cette très ])etitc Allemagne ou Angleterre, où l'enfant doit s'imaginer vivre, et le
vocable français, qui a servi à faire comprendre un mot étrang'er, ne doit plus reparaître. •'
(Firrnery, p. 33.").;
;.">; Veyssier, ouv. cité. \^. G].
ils doivent embrasser dans une suite logique et graduée toute
l'encj-clopédie des connaissances usuelles (/).
2° Dans l'étude d'un tableau, on procédera d'ordinaire comme suit.
On commencera par les personnes (-) ; on les nommera d'après leur
qualité ou leur profession ; on leur donnera des noms déterminés,
comme le fait Algo. On prendra ensuite les animaux, puis les lieux,
c'est-à-dire les différentes parties qu'on peut distinguer dans le
tableau, par exemple, pour le printemps, le jardin, la prairie, la
campagne, etc. On terminera par les actions.
En s'occupant de chacun de ces points, on établira aussi des
groupes, des unités méthodiques, qui permettent au professeur
d'enseigner aisément de tête, sans suivre des j'eux son livre ou ses
notes, et aux élèves de mieux retenir les mots, parce qu'ils ne sont
pas isolés. De plus, dés qu'on aura appris une douzaine de mots et
qu'on les aura exercés dans des questions et des réponses, on les
répétera en les groupant de différentes façons ou en les faisant grouper
par les élèves.
3'^ On ne passera à la description des détails, par exemple d'une
maison, d'un arbre, des vêtements, que quand l'élève aura une idée
générale de l'ensemble du tableau.
Au début, l'élève ne peut évidemment que répéter les phrases du
professeur. Il est néanmoins préférable de se servir de la forme
interrogative. Au lieu de dire, en le montrant : c'est un moulin, ou
se demande : qu'est-ce que ceci ? et l'on répond soi-même : c'est un
moulin. On interroge ensuite un élève de la même façon. Il convient
de faire répéter, du moins au commencement, la question avant
d'exiger la réponse. On aura soin, surtout au début, de faire répéter
la réponse par un ou plusieurs élèves.
Quand l'élève est un peu plus avancé et qu'il n'a plus à reproduire
purement et simplement ce qu'il vient d'entendre, la question doit
être faite de façon qu'il trouve la réponse sans trop de difficultés; s'il
hésite ou s'il va se fourvoyer, on lui vient en aide, on lui donne la
réponse exacte, et on la lui fait répéter immédiatement. En effet,
pour assurer le succès des exercices de conversation, on doit chercher,
autant que possible, à éviter les réponses mauvaises, à n'obtenir
que des réponses exactes.
Que toute réponse doive être donnée en une phrase complète,
c'est évident. Le maître qui n'y tient pas rigoureusement, compromet
tout le succès de son enseignement.
l) Sclnveitzer, EnqiKHe. etc., dans la Rwue vniversituive, 1900, p. 261.
;-2) von Roden veut aiion commence par un examen d'ensemble : Que représeate le
tableau i Qu'y a-til au fond du tableau ? etc.
«
— 18 —
Évitez aussi que la réponse soit hachée : elle doit être donnée
sans hésitation.
« Autant que possible, habituez l'élève à joindre le geste à la parole.
Lui demandez-vous le nom d'un objet qui se trouve dans la classe,
d'une figure représentée sur une image? Qu'il ne reste pas les bras
croisés à chercher ce nom dans sa mémoire. Qu'il montre l'objet d'un
geste franc, naturel. De même lorsqu'il racontera une histoire, qu'il
récitera une leçon, qu'iTfasse des gestes, qu'au besoin vous lui aurez
appris. C'est là encore un de ces détails en apparence insignifiants,
mais qui, avec une foule d'autres, contribuent à donner la vie à ce
que l'on enseigne à l'enfant ('). ''
Il n'est pas k craindre, je pense, que l'élève chorclie à formuler
la réponse mentalement dans sa langue maternelle, pour la traduire
ensuite de vive voix. En elTet, nos questions, mises à sa portée et
menées vivement, ne lui permettent guère de contracter cette
mauvaise habitude. Eût-on des soupçons, voulût-on l'entrainer,
comme on dit, on pourrait faire en allemand ou en anglais, de temps
à autre, de petites opérations de calcul (^).
11 ne sufïît pas d'exercer nos élèves à répondre ; il faut aussi qu'ils
sachent interroger ; car une vraie conversation se compose et de
questions et de réponses. Aussi ferons-nous venir deux élèves devant
l'image : ils s'interrogeront et répondront à tour de rôle. Plus tard,
nous exercerons la classe à l'interrogation indirecte. Nous dirons,
par exemple, à un élève : Demandez à votre voisin ce qu'il voit sous
l'arbre. L'élève désigné fera la question : Que voyez-vous sous
l'arbre? Le maître poursuivra en demandant à un autre : Dites-moi
ce que X. a demandé à votre voisin. L'élève devra, pour répondre,
faire usage de l'interrogation indirecte.
Ce n'est pas tout. De temps à autre, nous appellerons un élève au
tableau, et nous lui ferons donner, la baguette en main, la description
de l'une ou de l'autre partie. Il suffira d'un peu d'exercice pour
obtenir des élèves un exposé suivi, simple et naturel.
Peu à peu, nous rattacherons à l'étude des tableaux la lecture
de morceaux en texte suivi, comme le fait Lescaze. Peu à peu aussi,
nous pourrons nous tenir moins rigoureusement aux tableaux : ainsi,
dans une leçon de répétition sur l'été avec le tableau de Hoelzel,
(1) Firmery, p. 33G.
(2) " Quand renfant sera parvenu à faire ces opéraUons avec une certaine raiiidité et
comme mécaniquement, non seulement il parlera réellement en se servant de ce petit
vocabulaire aritlimétique, mais il aura de plus celte précieuse sensation qu'il peut quelque
chose dans la langue étranjfère. Je ne parle pas de l'avantage qu'il y a de le familiariser
avec certains mots abstraits (ajouter, retrancher, diviser, partager, etc ). " Firmery, p. 340.
— 19 —
nous verrons dans la jeune fille le petit Chaperon rouge, et nous
narrerons en allemand ce conte, qui ne manquera pas d'intéresser
nos élèves ; ou bien, nous verrons dans le promeneur un collégien qui
revient de la ville passer les vacances dans la maison paternelle ; ou
bien encore nous replacerons lu description dans le passé : quelqu'un
décrira, d'après ses souvenirs, la campagne où il est né, ou
bien, s'il s'agit do l'automne, un voyageur racontera ce qu'il a vu
étant sur le bateau à vapeur. Ainsi, soit en recourant k un livre de
lecture, soit en imaginant l'un ou l'autre thème, nous introduirons
de la variété dans l'étude des tableaux, et nous montrerons à l'élève
les progrès qu"il aura faits. Dés lors, on ne pourra reprocher à la
méthode intuitive l'uniformité que présentent le genre et la forme de
ses questions.
Il me reste une question difficile à résoudre. Les partisans do la
méthode directe recommandent vivement les exercices d'ensemble. La
reprise par toute la classe des réponses corrigées par le professeur leur
paraît une nécessité. C'est, disent-ils, un moyen précieux et pratique
d'obtenir des élèves plus fréquemment une participation active à la
leçon, d'occuper souvent toute la classe, d'entrainer, bon gré, mal gré,
les faibles, les timides et les paresseux, qui, s'ils étaient livrés à
eux-mêmes, resteraient sur la réserve, inactifs et silencieux (*).
Cette manière de voir a cependant ses adversaires. Ceux-ci recon-
naissent que la participation active à la leçon sera plus fréquente et
plus générale ; mais, ripostent-ils, n'exagérez-vous pas les avantages
des réponses collectives, et n'oubliez-vous pas les inconvénients
qu'elles présentent ? Certes, un professeur dont l'ouïe est très fine,
peut entendre les fautes de prononciation et de grammaire ; mais ne
devez-vous pas avouer que c'est très difficile, plus difficile que pour
le maître de musique ? En tout cas, n'avez-vous pas remarqué que
les élèves prononcent avec moins de vigueur, avec plus de noncha-
lance, et qu'ils prennent vite le ton chanteur, cette plaie de nos
écoles ? Enfin, ne craignez-vous pas que la discipline ne reçoive
souvent un accroc ?
Sur ce point, je ne crois pas devoir imposer une règle. Tel
professeur peut réussir là où tel autre échouera ; telle classe peut se
prêter avec entrain à ces réponses collectives, tandis que telle autre,
blessée d'être ravalée au rôle d'élèves d'écoles primaires, les verra de
mauvais œil et sera toujours prête à faire l'une ou l'autre gaminerie.
N'essayons les réponses collectives qu'à coup sur ; car l'autorité du
(1, Voir Lescaze, Manuel, p. xiv et xv
— 20 —
maître une fois compromise, la discipline une fois en péril, il devient
bien difficile d'avoir l'ordre (').
Pendant combien de temps éUidiera-t-on les tableaux des quatre
saisons ? Je ne puis indiquer un nombre d'heures fixe et invariable :
cela dépend du temps que le programme accorde aux langues
vivantes, et des progrès des élèves. Hartmann (-), qui ne prend les
tableaux que si les élèves possèdent déjà 400 mots vus dans Bocrner (^),
consacre 11 heures au printemps, 14 à l'été, 15 à l'automne et 15 aussi
à l'hiver. L'étude des saisons exige ainsi 55 heures sur les 200 que
comporte chez lui le cours d'une année, et apprend à l'élève environ
7()0 mots.
Ce premier enseignement durera, selon les circonstances, une
année ou deux. 11 exerce les élèves à une bonne prononciation, il les
familiarise avec le vocabulaire, leur apprend l'orthographe d'un
certain nombi-e de mots et les habitue au maniement des formes
élémentaires. Quelques remarques sur chacun de ces points spéciaux
ne seront pas déplacées, ce me semble ; elles mettront en lumière
certains détails qui peuvent encore paraître obscurs.
Prononciation. — La prononciation laisse souvent à désirer
dans les classes (^) ; l'accent est mal placé ; des syllabes longues
deviennent brèves et vice-versa ; l'/t initiale est supprimée là où elle
existe (die And, das Aus) et ajoutée là où elle n'a que faire (der
Hanfang, das Heis) (•').
(1) Voyez un très bon article de J. I.oos, Chorxprcchen, dans VEnci/hlopaeclisches HantVntch
ilcr Pacâurjo'iik de Kein, 1. 1, 2, p. 5l0 et siiiv. — lîoriiecque (L'enseignement des langvex
anciennes et modernes dans l'eiiseig. sec. j). (îG; recommande » de ne pas répugner à l'emploi
du chœur, qui jiermet une revision rapide et complète des matières dont on veut s'assurer
que toute la classe les possède, et qui, employé modérément et à propos, ne causera aucun
désordre, jusqu'à la cinquième inclusivement, surtout si le professeur a soin de placer sous
ses yeux les mauvais élèves qui ne i)articij)eraient pas au chœur ou y verraient une occasion
de désordre : d'ailleurs, en Allemagne, les meilleurs élèves sont généralement au fond de
la classe ". — Firmery (p. 312) préconise aussi le chœur " ou parlé simultané " 1" afin de
faire répéter à tout le monde un vocable nouveau, une phrase nouvelle ; 2» lorsqu'il s'agit
de rectifier une prononciation défectueuse ou une faute de grammaire ; 3» pour pré-
parer la leçon et la faire réciter.— Godart, Zn lecture directe, dans la Revue de l'enseigne-
ment des langues vieatites, 11103, p. l'ô, fait Observer que la lecture en chœur a l'incontestable
avantage d'exercer H la fois tous les élèves, mais elle n'est pas sans dang'ers. " Elle rend,
dit-il, très difficile, sinon impossible, la constatation des erreurs individuelles de ])ronon-
ciation. Elle permet bien de distinguer les fautes énormes, mais non de saisir les nuances.
De plus, elle a le grave inconvénient de proposer un débit incolore et sans vie, une mélopée
d'un rythme monotone, où l'accent des mots nuit à l'accent de la phrase. Un élève,
individuellement, donne bien à une phrase lue sa mélodie propre; mais il est bien difficile
d'obtenir ce nuancement d'un débit simultané. Nécessaire dans les classes nombreuses, la
lecture en chœur s'impo.se donc moins régulièrement dans les classes réduites, où le petit
nombre des élèves iiermet d'obtenir de la lecture individuelle une correction plus
délicate. »
(2; Die Anschauung, etc., p. 21.
(3) lioerner est l'auteur de manuels pour l'enseignement du français (])Ubliés chez
(Teubner).
(»; Hartmann l'a constaté dans ses visites des lycées français.
(5j M. Bréal, ouv. cité, p. 28.
— 21 —
Yûilà la situation. Et quelle en est la cause ? Nous ne faisons pas
assez de cas do la prononciation : nous la croyons chose facile ou
secondaire. Nous avons tort. La prononciation est, îiu contraire,
importante et diflîcile. '• En tête de toute méthode pour apprendre une
langue vivante, il faut écrire, disent les Instructions françaises (*), le
mot « prononciation ". Ce qui veut dire que, quand l'enfant saura
prononcer les sons de la langue étrangère, la tâche du professeur
sera loin d"êtie terminée. " L'élève peut, dit M. Firmeiy (-), pro-
noncer. Mais tant que ses organes vocaux n'auront pas été assouplis
par de longs et fréquents exercices, il lui faudra, pour le faire,
un effort. Or, si vous l'abandonnez désormais à lui-même, il évitera
ou diminuera cet effort, et finira par adopter cette prononciation
bâtarde, sorte de compromis entre le français et la langue étrangère,
qu'on entend trop souvent dans les classes ».
Comme conditions générales de succès, on doit exiger du mailre
qu'il ait l'ouïe fine et qu'il soit inexorable, et de l'élève qu'il développe
son ouïe et exerce, lui aussi, un contrôle sur la prononciation de ses
condisciples.
Précisons. Que fera le maitre ? Dès la première heure et jusqu'à la
fin des études, il portera son attention sur ce point ; il prêchera
d'exemple, il aura une prononciation irréprochable, il parlera ou il
lira avec tout le soin désirable, il se gardera de répéter une pronon-
ciation fautive, et il corrigera impitoyablement toutes les fautes.
« Jamais, dit M. Firmery (^), on n'entendra une prononciation
défectueuse, sans la faire rectifier et non seulement par l'élève qui l'a
fait entendre, mais par d'autres encore, par toute la classe au besoin.
En procédant'ainsi le maitre se sauvera lui-mèm.) d'un sérieux danger.
On sait combien la pureté de la prononciation est chose délicate
et combien elle se perd facilement. Le professeur négligent finit par
prendre, sans s'en douter, la prononciation de ses élèves. »
Si la classe compte des élèves plus avancés que d'autres, ces élèves,
déjà habitués à saisir les sons prononcés, serviront d'intermédiaires.
Ils prononceront après le maitre, les faibles prononceront après eux.
C'est une observation (-^j que l'on peut faire chaque jour, que les
enfants apprennent plus rapidement les mots d'une langue de la
bouche de leurs camarades que de celle de leur professeur ^^.
Le maitre renoncera à certains exercices : telles sont les déclinai-
sons ou les conjugaisons dans lesquelles on fait alterner l'allemand et
le françiiis, par exemple : ich sclilafe, je dors, du schlaefst, tu dors.
;ij Page m.
(2) Puye 2M.
(3: Paye 331.
(4) Firmery, p. 3J8.
ou das schoene Ilaiis, la belle maison, des schoenen Emises, de la
belle maison ; telle est encore la traduction dite littérale ou le mot à
211 ot.
Comme moyens spéciaux, on recommande de faire réciter les vers
ou mieux encore de les chanter (') ; cai-, dit M. Bréal (^j, la prosodie
germanique, qui repose en grande partie sur l'alternance des syllabes
accentuées et des syllabes atones, peut servir à mettre dans la
mémoire les mots comme ils doivent être prononcés.
«On s'est demandé, dit encore M. Bréal (^\s'il n'y aurait pas avantao'e
a faire d'abord abstraction de l'orthographe traditionnelle et à repré-
senter les mots exactement comme ils s'articulent. De cette manière
l'ouie et la vue, étant d'accord, se fortifieraient mutuellement Des
hommes justement considérés, MM. Sweet en Angleterre, Jespersen en
Danemark, Storm en Norwège, Vietor en Allemagne, ont arrêté les
bases d'un système de notation phonétique dont M. Paul Passy en
France s'est fait le zélé propagateur (^). On ne doit pas confondre ce
mouvement avec celui de la réforme orthogrnpliique, avec lequel il
n a qu un rapport hidirect et nullement nécessaire. Il s'agit ici d'une
notation toute provisoire, à laquelle l'élève renoncera au bout de
quelques semaines ou de quelques mois, quand, une fois en possession
des mots, Il sera sur de ne pas se laisser dérouter par les signes écrits
Une société s est fondée pour la propngmion de ce sj-stème : c'est la
société Quousque tandem, ainsi nommée d'après le litre d'une brochure
(le Vielor (").
.. Nos professeurs auraient (ort de iic pas prendre connaissinpe
d une ,„e.hode qui intéresse de si prés leur lâche ,uo idi^^ M
"éZCi;™:'! ■'""'■ ^"■™ ^"- -- ^ ^--OM'^
Voilà ce que pense M. Bréal. Les T„sm,clio,„ ,„;mie,mes de 189-
. a m Ua,ent pas non plus la transcription phonitique. parce qu'cli;
n fes° er,„ ^'^l^J- """'' ''' """"'"'"^ rn.,(aise. s'expri,nent
termes . L eleve a qu, vous presejitoz un mot écrit, et, à côté,
(1) Taveniier et Adam 'C/ioi r rn-mhir ,if i
Paris, coliii) font remarquer rimportaiice àn'X^'!^ f''»"['dcs avec ,>n,strjuc et rocahnlaire.
Chant est. disent-ils. rauxiliaire ind s ,«,^. , ^ v ' ^'T ' ^'^"'^''^'^ '«"«"«.s vivantes : . i.é
'(?S'bS??'^"'''''""""'^''^''-^'^^^^^ ''"'"'"'"• ^'""""^ '^'"'^•^
'3) M. Bréal, p. 37.
'\-^] Le Maître phonétique G'it rnrn-..„d„ r.
Vietor et Franke. Die pra, s^^sZ^T ^""'"''" '"'"""' ««^'^'-omi, Ire édi.ion, mi
I.eipzi,^1800,sont]esvérUablesto oteu ;u:;;:;t '" ''"'°" '-"'^ "«'• ■'espèrsen;
ioteui s du g 1 and mouvement réformiste en Allemagne.
le même mot en prononciation figurée, ne voit bientôt plus que ce
dernier, et il a désormais trois choses à apprendre : l'orlhographe, la
figuration et la prononciation. C'est sur la bouche du maitre que l'élève
doit lire le mot ; c'est de la bouche du maitre qu'il doit recevoir les
sons de la langue étrangère, laquelle, peu à peu et parce seul moyen,
cessera d'être étrangère pour lui. » Que conclure ? On ne se servira
pas d'une façon systématique de la notation phonétique (*) ; tout au
plus pourra-t-on y recourir occasionnellement pour les explications
au tableau noir ; « rien ne s'oppose même à ce qu'on pratique modé-
rément des exercices d'épellation sur des tableaux muraux présentant
une synthèse s^'stématique de tous les sons de la langue étrangère [-).
Ces exercices d'assouplissement sont à la langue ce que sont les
gammes à la musique (^). »
« Quelques notions de phonétique plu'siologique ne seront pas non
plus inutiles au professeur, fait observer encore M. Bréal (*). Ainsi
qu'on l'a dit avec raison, elles seront pour lui ce que des notions
d'anatomie sont pour le professeur de gymnastique. Corriger une
fausse prononciation n'est pas chose facile : il faut avoir quelque
(i; "SV. Mueucli, Frfntzocstsril, dans le Haiulhuch de lîaumeisler, j). 32. — « Faut-il aller,
se demande Hubsdier, )). (m, jusqu'à se servir de l'alphabet iihoaéiique ou plutôt d'un
des nombreux aii)liabets plionétiques qui existent î Xon, répond-il. » Si nous croyons,
ajoute-t-il, pouvoir nous dispenser de lempîoi systématique de l'écriture phonétique
pour l'allemand, il est vivement à désirer que le maitre d'allemand se familiarise avec
les résultats de la i)lu)nétique et qu'il sache tirer profit de ce qui ))eut être utile à son ensei-
gnement. L'étude des phénomènes phonétiques rend attentif à des nuances qui échappent
souvent à l'oreille la mieux exercée, voire même à celui qui croit posséder à fond sa langue
maternelle. -^ — - i,a question de l'usage de lu phonétique dans l'enseignement des langues
vivantes est l'une des plus discutées actuellement en Allemagne. Miss lîrebner f Tll^ Mciliod
ofTeaching Modem Lanr/iiar/es in Gi'niunv/, London, 1899) ne doute pas que la prononciation
des élèves ne bénéficie grandement de l'emploi des traiisc-iptions phonétiques ; mais elle
reconnaît que l'enseignement basé sur la ])honétique est (lilficilc et arcb', spécialement dans
des classes nombreuses et peuplées de jeunes élèves. Pour ces classes, elle rejette les
transcriptions dans les cahiers de notes des élèves, mais elle en recommande l'emploi par
le professeur au tableau. Parmi les causes qui tendent à empêcher l'enseignement â base
phonétique de se populariser. Miss Hrebner cite, et avec raison, la diversité des alphabets
utilisés. Celui du Maitre phonétique gagne cependant de plus en jV.us d'adhérents. "J. Melon,
Choses d'Angh'tenv et d'Allemagne, dans la Reime des Humanités en Belgique, t. .5, )). 223. Voyez :
Vietor, Elemcnte der Phonetik iind Oi-thoepie des Deutschen, L')iglischen imd Franzoeshche^i
mit Ruecltsicht auf die Bedueff7iisse der Lehrpraxis, Leipzig, Reisland ; le même en abrégé ;
Trautmann, Die Sprachlaute im Allgemeinen und dis Ladite des Englischen, Franzoesischen und
Deutschen îjh i?t'sr)«rfecrti. Leipzig, 1S81-80 ; Guex, J*('.s" recherches phonétiques et de leur appli-
calion à l'enseignement des langues vivantes, Zurich ; H. Sweet, Elementarljuch des gesprochenen
Englisch (Grammatik, Texte v.nd Glossar), Oxford, 1887; Cl. H. lîreymann, Die phonetische
Literatur von 187C-189.J, Leipzig, 1897.
(2) Vietor a imaginé des tableaux qui portent, imprimés en couleurs différentes, des lettres
ou des signes qui représentent les sons. L'emploi des couleurs est très judicieux : elles
servent à distinguer nettement, par exemple, les sons que ne i)Ossède pas l'allemand, et,
par suite, à mettre tout de suite les élèves en garde contre certaines prononciations
vicieuses. Dès lors ou fait d'abord prononcer les sons isolés par un élève ou par toute une
classe, ou bien on demande à un enfant de montrer sur le tableau un son prononcé par le
maitre ou un camarade. ;i!ornecque, p. -14).
;3) E. Simonnot, Comment les langues vivantes sont enseignées à l'étranger, dans la Revue
pédagogique, 1901,2, p. 20.
{•1)M. Bréal, p. 30.
— 24 —
idée des organes mis en jeu. Il ne suJïit pas de répéter, ni même de
crier les mots : en vain vous élevez la voix, votre écolier, habitué
comme il est, les entend non comme vous les prononcez, mais comme
il les prononce lui-même ('). "
Comment donc apprendra-t-on aux élèves à prononcer? Se servira-
1-on immédiatement d'un livre de lecture ? Kxpliquera-t-on d'abord
les dilTérents sons, em])loicra-t-on ensuite des mots modèles, et
passera-t-on enfin à la lecture de textes suivis ? Nullement ; l'enseigne-
ment de la prononciation se fera dans les leçons d'intuition au fur et
à mesure que les mots se présenteront. Dès que le professeur
emploiera un mot nouveau, il le répétera plusieurs fois, s'il est
ditîicile, puis le fera prononcer par un ou plusieurs élèves (^).
Vocabulaire. — Cette étude se confond avec la leçon d'intuition.
En répétant, on groupera les mots de différentes façons par matière,
ou bien on les opposera les uns aux autres. Le plus possible, on les
enchâssera dans des propositions. " Ces propositions, qui encadrent
le mot, sont, dit M. Bréal {^), le meilleur secours pour la mémoire :
elles servent à l'enserrer et à le maintenir, connne le composteur
maintient les lettres d'imprimerie. " On se gardera bien do faire
réciter les mots accompagnés de leur traduction française : ce serait
pécher contre les principes de la méthode.
Orthographe. — Les intransigeants ont peur du mot écrit : ils se
contentent pendant longtemps d'un enseignement oral. Je ne partage
pas leurs craintes, et je n'hésite pas à écrire au tableau des mots dont
la prononciation est bien acquise par les élèves. Je vais même plus
loin. A la fin d'une leçon, je dicte quelques phrases, que je corrige
immédiatement à l'aide du tableau mobile.
Gr.oimaire. — L'étude grammaticale de la langue doit marcher
de pair avec les exercices d'intuition. Gardons-nous de faire fi de la
grammaire pendant tout un temps ; car, remarquons-le bien, nos collé-
giens ne sont plus des enfants qui passent toute la journée avec leur
mère : ils ont déjà appris deux ou trois grammaires; ils n'ont que peu
d'heures d'allemand ou d'anglais et sont exposés à oublier d'une leçon
à l'autre; enfin, ils n'ont l'occasion de parler que relativement peu en
une heiue de classe ; en tout cas, ils ne répéteront pas et ils n'enten-
dront pas répéter des centaines de fois les mêmes mots ou les mêmes
tournures. Dès lors, pourquoi leur refuser le " régulateur nécessaire »,
(11 Voyez ]!. Eggort. Phonclhclic inul mcthoiUsche StitAien iii Paris zirr Pra.vis des ncuapraclill
chen Unlerrichls, Leijizig, l'JÛO.
(2) Mueiich est partisan clun cours préparatoire qui durerait un mois. Uubsclier, p. CO,
recommaiulc aussi un enseignement ea: jn-ofcsso de la prononciation.
3) M. liréal, p. CO.
— 25 —
qui les guidera, viendra en aide à leur mémoire et les empêchera de
contracter de mauvaises habitudes ? J'ai vu des enfants qui avaient
appris l'allemand à raison d'une demi-heure par jour pendant une
année et qui se trompaient constamment dans la déclinaison, parce
que jamais ils n'avaient appris la déclinaison complète d'un substantif
seul ou accompagné d'un adjectif. Par contre, j'ai constaté qu'en
systématisant soigneusement les faits grammaticaux, les enfants
s'expriment correctement. Il en est de la correction grammaticale en
allemand, comme de la prononciation : il est plus malaisé de corriger
sans cesse des fautes que de faire prendre dés le début l'habitude
d'emplo3'er des formes correctes.
Je reviendrai sur ce point, quand je m'occuperai plus spécialement
de la grammaire. Pour le moment, je me borne à une remarque
que M. Firmer}' (^) a soin de faire : il faut prendre garde d'exercer
exclusivement l'élève sur le présent de l'indicatif. C'est un inconvénient
de renseignement par questions et par réponses (quV^f ceci?... Que
voyez-\ous là?... Que fait ce personnage sur notre tableau?... etc.). Le
professeur averti se préoccupera d'introduire journellement dans la
conversation les autres temps du verbe et les fera emplo.yer de
préférence dans les devoirs. M. Firmery recommando en outre aux
professeurs d'allemand de tutoyer leurs élèves. C'est, en effet, le moyen
le plus efficace pour les familiariser avec une des formes les plus
difficiles de la conjugaison, et qui, chez nos voisins, est continuelle-
ment employée. Je ne sais pas cependant s'il n'y a pas d'inconvénient
à tutoyer dans la classe d'allemand lorsqu'on ne le fait pas dans les
autres (-). Le professeur en jugera.
Un manuel, garantissant un plan uniforme et méthodique, me
parait nécessaire : il sera avant tout un aide-mémoire pour l'élève
qui, rentré chez lui, reverra sa leçon. En classe, on ne l'ouvrira que
pour lire ce qui a été exposé de vive voix \^}. Il va sans dire que le
manuel formule les règles daiis la langue étrangère : c'est, d'ailleurs,
celle dont le mailre s'est servi pour les exposer de vive voix.
En cela, pas de difficulté. L'élève comprend directement des questions
comme : do quel genre est ce substantif ? à quelle personne ou à quel
temps est ceverbe?ctc., et directement y répond. Il est, en otFct, familier
avec le langage grammatical, dont les termes techniques sont à peu
près les mêmes dans toutes les langues (■*).
(1) Firmery, p. 339.
(2) '■ Si les élèves, dit M. Firmery, p. 339, se montrent iieut-étre peu sensibles ;'il;i raison de
pédafe'Ogie grammuticale, ils se rendront à une autre ; c'est qu'en Allemagne le i)rofcsseur
tutoie ses élèves. Et c'est là encore un petit fait qui contribuera à maintenir dans nos classes
cette atmosphère artiflcielle que je ne saurais trop recommander. "
(3) Firmery, p. 340.
(i; Les bons manuels ne manquent pas : I.. Poiry, Méthode directe et intiiitire de la Imigne
allemande, Bruxelles, 1902. — Alye, Leitfaden fiievden evsten Unterricht im Deutscheit, SI. Gall( n.
— 26 —
Conversation. — Au bout d'un ou de deux ans, selon le cas, le rôle
exclusif de la méthode intuitive est fini. Cependant cette méthode se
retrouve encore directement ou indirectement dans les conversations.
a) Ainsi, on fait des exercices comprenant les locutions ou les
formules qui ont trait aux sujets de conversation les plus courants,
tels que l'état de santé ou de maladie, les propos de civilité, les
phénomènes atmosphériques, le chaufïage et l'éclairage, l'heure, les
positions ou mouvements, si du moins l'étude de certains tableaux n'a
pas déjà amené ce genre de sujets.
b) On entame un vrai dialogue en questions et en réponses faites,
d'une part, sur Tàge, le lieu de naissance, le diner, le coucher de l'élève
interpellé ; de l'autre, sur quelque événement saillant du jour; car tous
les incidents de la classe, ordinaires ou extraordinaires, doivent faire
l'objet d'une conversation. On y consacre une dizaine de minutes.
Hartmann (*) rapporte plusieurs conversations de ce genre qu'il a
entendues dans ses visites scolaires. Ainsi, au Lycée Racine, à Paris,
la maîtresse de quatrième demandait à une de ses élèves : War Ihre
Aufgabe schwer ? — 0 ja. — Warum Avar sie denn schwer? — Wohl
weil gewisse Regeln anzuwenden waren. — Wie lange Zeit haben Sie
auf Ihre Aufgabe verwandt? — Dreiviertel Stunden, etc. — A une
autre élève : Haben Sie den Festzug gesehen ? — Ja. — Hatten Sie ein
gutes Fenster? — Ja. — An welchem Tage haben Sie den Oclisen (=
den P'aschingsochsen) gesehen? — Am Sonntag. — Yormittags? —
Nein, Nachmittags. — Wie lange dauerte denn der Zug ? — Eine
Yiertelstunde. — Wie haben Sie die Wagen gefunden ? — Nicht
sehr intéressant, aber die Menge war intéressant. — Ja, das Volk
freute sich. Aber die Maedchen in den Blumen, das war docli ein
guter Einfall. ^^
cj On fait rouler la conversation sur une question d'histoire, de
géographie, de littérature, en un mot, sur tout ce qui, entre gens
instruits, précise et nourrit un entretien. Ici, on pourra parfois faire
usage de tableaux, de gravures, de photographies.
cl) On fait une conversation sur un morceau expliqué. Eggert (-)
2 parties ;1899 et 1003;. — Sclnveilzcr et Simoiniot, Mvihodc directe imvr Vensciuuement âe
l'allemand, Paris, 19C0, Ire série et 2« série ; deux parties, ruiie pour l'élève, l'autre pour
Je maître ; Deutschcs Lesehuch mil Spirchuebi'nr/en fiter Seo-ta (partie de l'élève et partie du
maître;, fi'er Qvinta, fuer Qvarla vnd Terlia, Paris, 1903. — Hamburger, L'iif/lish Lessons after
S. Alye's Metiiod for the fîrsl inxtniclion in forcign lanfjiiages icilh E. Iloelzel's piclurcs. St. Gall,
19C0. — Schmidt, Lehrbuch der cnglischen Sprache ai'f'Grnndlaf/eder Anschauung, Leipzig, 1899.
— Les professeurs trouveront d'excellents conseils dans M. Walter, Enf/lisek nnch de»i.
FmnJifin-ter Refonnplan, Marburg, HX)3. — Pour le flamand, abstraction faite de l'ouvrage
de Melon, cité plus haut, nous avons : P>aratto en Rijmers, Vlaamsch taalboeJi, Bruxelles,
K02-1903, et Duqué, Hct Vlaamsch door de aanschoun-inysmethode, Bruxelles, 19Û3.
(1) Hartmann, Beisecindn'eche, p. 58.
[2) Eggert, p. 95 et suiv.
donne un exemple d'une bonne répétition sur la fable du Loup et du
Renard qu'il a entendue à Paris. LeJirer : Wir wollon heute ueber
die schoeno Gescliichte spreclien voni Wolf und dein Fuchs. Was
fuer Tiere sind der Wolf und der Fuchs? — Schuelej- : Der Wolf und
der Fuchs sind wilde Tiere. — L. : Hast du schon wilde Tiere
gesehen? — S. : Ja, ich habe schon wilde Tiere gesehen. — L. :
Wo hast du wMq Tiere gesehen ? — S. : In einem zoologischen
Garten. — L. : Was verlangte der Wolf von dem Fuchs? — S. : Der
Fuchs sollte ailes thun, was der Wolf wollte. — L. : Warum sollte
der Fuchs ailes thun ? — .S. : Weil er der schwaechste war. — L. :
War der Fuchs gern bel dem Wolfe ? — S. : Nein, er war nicht
gern bei dem Wolfe ? — L. : Der Wolf und der Fuchs kamen an
einen Wald. Wasistein AVald? — S. : ... — L. : So sage mir wenig-
stens, was sieht man in einem Walde? — S. : In einem Walde sieht
man viele Baeume. — L. : Was sagte der Wolf zu dem Fuchs ? —
S. : Der Wolf sagte : Schaffe mir etwas zu essen, oder ich frcsse
dicli auf. — L. : Warum sagte er nicht « ich esse " ? —S. : Die
Tiere essen nicht, sondern sie fressen. — L. : Was heisst « son-
DERN ? " etc., etc. Voilà une leçon pleine de vie et d'entrain, que
je regrette de devoir écourter ici; mais le peu que j'en ai cité, suffit
pour juger de l'intérêt qu'elle présente.
ej On imagine aussi un vo3'ageou une excursion. Ainsi, M. Schweitzer
prend comme livre de lecture « Paris et ses environs ^ de Baedeker,
en allemand, bien entendu ; je dis " livre de lecture " ; il serait
plus juste de dire : " sujets d'entretiens " ; car on ne se sert pas de ce
livre comme texte de traduction ; les élèves préparent leur texte chez
eux et, au cours, la page devient un sujet de conversation, le livre
restant fermé. Sous la direction de leur guide, M. Schweitzer et ses
élèves, semblables à une caravane de l'agence Cooke, font leur
tour à travers Paris. En débarquant du train, ils écoutent les conseils
de leur cicérone sur les formalités de douane et d'octroi, sur le
choix d'un hôtel ou d'un restaurant, sur le système monétaire français
comparé à l'argent étranger, sur les moyens de communication de la
capitale, sur le service des postes et télégraphes. Puis, ils se mettent
en marche... « En parcourant les rues de Paris en tous sens,
à pied, en tramway, en fiacre, en automobile, en bateau-mouche,
en allant de la gare à l'hôtel, au restaurant, au café, en nous
entretenant avec les gens de service, en faisant nos emplettes aux
grands magasins du Eouvre et du Bon Marché, en recevant et en
expédiant notre courrier, en assistant le soir à une représentation
de l'Opéra ou du Théâtre français, après avoir employé notre journée
à admirer les monuments et la splendeur de la grand'ville, à toute
heure nous vivons, dit M. Scln\'eitzor, de la vie moderne, de la vie
— 28 —
présente, au milieu de Féclosioii continuelle des industries et des
inventions. Et dans l'entraînement de cette vie multiple et diverse,
nous nous approprions une langue qui, elle aussi, est diverse,
étendue et nmltiplo ; mais c'est surtout une langue vivante, n'aj^ant
rien d'abstrait ni de livresque, une langue tout imprégnée de sensa-
tions et de visions immédiates, une langue apprise sur le vif, une
la)]gue vécue ('). '• Que les professeurs belges imitent M. Scliweitzer en
prenant pour guide Baedeker " La Belgique ?î en allemand.
f) Il est encore une série d'exercices qui tiennent de la conversation
•et préparent plus particulièrement à l'élocution. Les voici.
On lit un morceau dont on a expliqué au préalable les mots qui
pourraient n'être pas compris. On invite ensuite les élèves à répéter
■ce qu'ils ont retenu. On demande aussi de reproduire librement soit
un passage préparé à domicile, soit un passage qui n'a pas été
étudié, mais qui vient d'être lu par le maitre. Ou mieux encore :
on raconte sui-même, on questionne ensuite les élèves pour obtenir
les grandes divisions du récit ; enfin, on invite les élèves à développer
à tour de rôle chaque point.
On joue une charade, un proverbe. Hartmann (-) rend compte
d'un exercice de ce genre qu'il a vu au Lycée Janson-de-Sailly à
Passy, en 4°. Tandis qu'un des meilleurs élèves quitte la classe, le
maître s'entend avec ses condisciples sur le choix d'un proverbe. On
prend : Wlien llie cat's away, the mice k'HI plny, et les neuf mots
sont partagés entre neuf élèves ; chacun d'eux doit faire entrer le mot
qui lui est échu, dans sa réponse à la question de celui qui doit deviner
le proverbe en conîbinant les diverses réponses. Les élèves ont fait
preuve, dit Hartmann, de beaucoup d'habileté et de tact. C'était avec
un vif intéi'èt qu'on suivait les questions et les réponses.
Autre exercice. On met en action un récit qu'on a lu. En cinquième
du Petit Lycée Condorcet, Hartmann (^) a assisté à un exercice de
ce genre. Le professeur, — c'était M. Meneau, l'auteur d'un bon
■cours de langue allemande, — a fait lire le morceau, Der Ratten-
faenger ; il a posé ensuite à ses élèves une série de questioiis sur les
points principaux du récit ; enfin, il a exprimé le désir de voir deux
«lèves représenter devant leurs condisciples l'un le bourgmestre,
l'autre le preneur de rats. Des mains en grand nombre se sont levées
aussitôt, et le professeur ayant fait un choix, les deux élèves ont
•engagé sur l'estrade la conversation suivante : Guten Tag, Herr
Buergermeister. — Guten Tag ! giebt es etwas Neues ? — Ach, es
(11 Claudine Boucluicourt, if's levons de choses dans rcnseijjnemenl des la>if/ircs rivantes, dîms
lu Jievue vniversitaire, 189;', t. 2, p. 42ir4Tï.
(2 Hartmmiu, p. ô7.
(3. Hartmaiiii, p. 03.
— 29 —
sind viele Ratten iiiid Maeuse in der Siadt, und sie machen vici
Scliaden. Icli moeclite gerii dieStadt befreieii. — Ich kann die Stadt
von allen Ratlen und Maeusen befreien. — Ist es wahr ? Wenn es
wahr waere, so wuerden Sio mir einon grossen^Dienst leisten. — Ich
werde Ihnen den Dienst leisten. — Wann woUen sie es lliun ? — Uni
Mitternacht. — Welclie Siimme verlangen Sie ? Ich wuerde Ihnen
hundert Tlialer geben. — Ich will gern dièse Bedingung annehmen.
Ce dialogue, que la classe écoutait avec le plus vif intérêt, n'avait pas-
été appris par cœur (').
Pour les élèves plus avancés, un exercice très utile et très inté-
i^essant, ce sont les discussiojis préparées d'avance sur des sujets qui
s'y prêtent tout particulièrement. Ainsi, le professeur peut ouvrir des-
débats sur les qualités et les défauts des principaux peuples de-
l'Europe. Les élèves viennent exposer, à tour de rôle, ce qu'ils pensent
des Anglais, des Allemands, des Italiens, des Français et des Russes.
Hartmann a vu à Genève un exercice de ce genre (-).
Les exercices de conversation et d'élocution peuvent donc être-
très variés ; il est aisé de les multiplier et de les approprier aux
différentes classes ; mais, chose importante, « il faut, comme le dit
M. Bréal (''), que dès les premiers moments les élèves parlent. Le-
mot bien connu de Démosthène sur V action, première et dernière-
qualité de l'orateur, se vérifie dans l'étude du langage. Plus vous
attendrez, plus votre élève aura de peine à partir. L'augmentation
même de ses connaissances deviendra un obstacle. Quand, pour
exprimer une idée, il aura l'option entre deux ou trois tournures,
il passera à choisir entre elles le temps qu'il fallait parler. Joignez-y
une cause d'ordre psychologique. Tous les professeurs savent que la
timidité grandit avec les années : nous nous rendons mieux compte-
des difficultés, nous avons plus d'égards pour l'oreille de nos inter-
locuteurs, notre amour-propre aussi est devenu plus sensible, et nous-
demeurons muets pour ne pas être au-dessous de la bonne opinioii
que nous voudrions donner de nous-mêmes. "
§ 3. — L'enseignement grammaticaL
NÉCESSITÉ DE CET ENSEIGNEMENT. — Je l'ai déjà fait entendre : bon
nombre de réformateurs vont trop loin dans leur réaction contre-
:i) M. I.ocombe recommande, lui aussi, de faire de petits récits, d'expliquer de petites
fables, qu'on mettra eusuite en action ; ces petits drames, joués par les élèves, les amuseront
beaucoup, i Enquête, dans la Kecve xrniversitairc, l^JO, t. 1, p. 254.)
[2) Hartmann, p. 15 et 10.
.:]) Hréal, p. .53. si vous n'organisez pas, dit Hartmann, DU' Auscliauung, p. 23, des exercices-
de conversation dès le premier degré, n'essayez pas de les faire plus tard ; c'est peine
inutile ; le meilleur professeur de rhétorique n'y réussira pas.
— 30 —
la grammaire. S'il est exact de dire que pendant longtemps on a fait
à la grammaire la part trop grande, qu'on l'a enseignée d'une façon
abstraite et a priori, qu'on s'est perdu dans des détails inutiles,
il n'est pas moins vrai qu'on s'expose maintenant à faii-e fausse route,
en prétendant retarder le plus possible cet enseignement, en ne l'ad-
mettant qu'occasionnellement et en le réduisant à la portion congrue.
J'ai montré plus haut la source de cette erreur : l'assimilation complète
du collégien avec le petit enfant vivant auprès de sa mère.
L'enseignement de la grammaire est absolument nécessaire. Vouloir
s'en passer, c'est une illusion étrange, que dis-je ? c'est une erreur
grossière, c'est une faute qu'on paiera cher ! " La grammaire, a dit
M. Mieille ('), est la lanterne qui éclairera notre route ; sans elle,
nous nous casserions le cou ".
Caractère. — Cet enseignement sera au début occasionnel, plus
tard sj^sténiatique ; mais alors même qu'il sera occasionnel ou, plus
clairement encore, qu'il se grelFera sur nos premiers exercices
d'intuition, il conviendra de procéder dans un ordre déterminé et de
synthétiser régulièrement. Gardez-vous de suivre certains l'éformateurs
qui vont à l'aventure et émiettent les faits grammaticaux. Vous seriez
tout étonné de constater que vos élèves retiennent à la vérité un bon
nombre de mots, mais n'ont aucune correction grammaticale. Vous
compromettriez ainsi toute la valeur de votre méthode.
Marche a suivre. — Partir d'exemples bien choisis, conclure à la
règle, la faire appliquer, telle est la marche.
Importance. — Quelle sera l'importance de l'enseignement gramma-
tical? Réduit d'abord, il s'étendra et se développera plus tard, à mesure
qu'on avancera ; mais il restera toujours pondéré : un enseignement
approfondi, remontant dans le passé, n'a que faire ici. Les élèves n'ont
besoin que des règles essentielles ou ordinaires. Arrière donc les
recherches de pure érudition ! Ne perdez pas votre temps à insister
sur des exceptions qui se rencontrent rarement, sur des formes qu'on
ne devra jamais employer, sur des explications scientifiques qui
surchargent la mémoire sans profit. Ne vous arrêtez pas, par exemple,
à des impératifs comme " nais ", werde geboren ! « naissons », lasset
uns geboren iverden ! ! " naissez » werdet geboren ! ! ! Un élève
intelligent pourrait vous déconcerter par une réflexion piquante,
comme le fit un paysan répondant à un dialectologue suédois (-). Ce
savant qui étudiait l'extension de la forme forte dog (passé de doe,
mourir), lui avait demandé : « Est-ce que vous dites maintenant, par
<\) Enquête, dans la Revue iinirersilaire, 1903, t. I, p. ÎÔS.
(2; rassy, mémoire cité, p. 51.
— 31 —
ici, jag dog ou. jag cloede (je mourus; comme qui dirait icli s ta rb ou.
ich sterbte) ? n — Le paj'san n'était pas grammairien ; il répondit
raisonnablement : « Mais, nous autres, une fois morts, nous ne disons
généralement plus rien du tout. "
Intérêt. — Il n'est pas difficile de rendre souvent les leçons de
grammaire intéressantes. L'ouvrage de Hartmann fournit à ce sujet de
nombreux exemples. Il me suffira d'en rappeler un('). C'est une leçon sur
les particules herein et hinein. Le professeur, M. Girard, écrit tout
d'abord au tableau noir : lier = par ici ; hin = par là. Il fait suivre
le premier mot de l'exemple : komni lier ; le second de geh hin. Après
des explications suffisantes, il écrit d'une part, herein, et, de l'autre,
hinein. Il prend alors des exemples bien choisis :", il rappelle les
saltimbanques qui, sur le champ de foire, crient au public : Immer
herein ! le gendarme qui coffre un vagabond en lui disant : hinein ;
le maître d'études, qui, conduisant les élèves jusqu'à la porte de la
classe, leur dit : geht hinein, tandis que le professeur qui se trouve
dans la classe, leur dit : kommt herein. M. Girard n'oublie pas
d'indiquer les gestes que l'on fait de la main soit avec hinein, soit
avec herein. Il cite aussi le cri des sentinelles : 'raiis ! et les
expressions : heraus mit der Sprache ! heraus mit dem Degen ! et le
contraire Jiinaus ! Il recourt ensuite à l'intuition. Deux élèves sont
désignés : l'un doit ouvrir la porte et sortir ; l'autre, resté en classe,
appelle son condisciple : herein ! et quand celui-ci est entré, on lui dit :
hinaus. Ensuite deux élèves vont se placer devant la porte et entrent
l'un derrière l'autre ; le second dit au premier : hinein ! Enfin le
maître fait lui-même sortir et entrer des élèves en disant : hinaus !
herein ! — Une leçon du même genre peut se donner à l'aide d'un
tableau et amener, comme le montrent Meneau et Wolfromm (-),
des développements semblables à celui-ci (Herbstbild) : Karl sitzt auf
dem Apfelbaume, und pflueckt Aepfel ab. Seine Schwester steht unter
dem Baume und haelt die Schuerze auf. Karl spricht : « Gib acht !
Ich werfe dir einen Apfel hinab. Blicke zu mir heraiif, dass du den
Apfel, wenn er hinabiaeWi, auffaengst ! « Anna erwidert : » Wirf nur
einen Apfel nach dem andern herab, ich werde aufmerksam liinauf-
sehen, wenn du einen herabwirfst. » L'étude des principales prépo-
sitions, assez fastidieuse et aride dans une grammaire, devient ainsi,
au contraire, des plus intéressantes et des plus faciles, dès que des
exemples peuvent être mis sous les yeux des élèves.
De même les exercices de conjugaison sont pleins de vie, si le
maître se sert de l'intuition et s'il distribue les personnes entre
(1) Hartmann, licisecindruecTie, p. G4. •
(V) Meneau et AVolfromm, deuxième livre de Jcctuirs allemandes, Paris, 1898, p. li.
— 32 —
différents élèves ('). Ainsi, tout en exécutant les mouvements, il dit :
Icli stehe auf, ich verlasse meincn Platz, ich gehe an die Thuere, ich
mâche die Thuere auf, ich mâche die Thuere wieder zu, ich drehe
mich um, ich gehe an die Tafel, ich nehme die Kreide, ich schreibe
meinen Namen an die Wandtafel, ich gehe an meinen Platz zurueck,
ich setze mich, ich sitze. Un élève répète les différents mouvements
ainsi que les paroles. Un second reprend les mouvements, et un
troisième lui dit : Du stehst auf, du verlaesst deinen Platz, etc. Un
quatrième exécute à son tour ces diverses actions et un cinquième se
sert, en parlant, de la troisième personne. Deux élèves sont ensuite
désignés pour faire également toute la série des mouvements, et l'un
d'eux dit : Wir stehen auf, wir verlassen unsern Platz, etc.
§ 4. — Les exercices écrits ("-).
Le thème. — La méthode dite naturelle fait la guerre au thème et
à la version. Requiescant in pace ! disent les réformateurs.
Pourquoi repoussent-ils le thème ? Parce qu'il faut, dès le début, se
proposer comme un but à atteindre aussi vite ((uc possible, d'amener
les élèves à penser dans la langue étrangère, c'est-à-dire à rattacher
directement les expressions de la langue aux idées qu'elles représen-
tent. « Nous croyons, disent MM. Passy et Rambeau (^), que la
traduction et surtout le thème est le meilleur moyen d'empêcher de
pénétrer dans la pensée étrangère. Pour y arriver, il faut s'émanciper
de la langue maternelle, véhicule et forme de la pensée nationale, à
laquelle le thème nous enchaîne. Félix Franke a très bien miontré
comment la traduction introduit dans l'opération de la parole des
coi;)})lications inutiles qui la ralentissent et l'empêchent. Si, en effet,
dans notre langue maternelle, nous parlons d'une chaise, nous passons
directement de l'idée au mot. C'est là qu'il faut en arriver aussi dans
la langue étrangère ; c'est au concept de l'objet et non au mot de notre
langue qu'il faut rattacher le mot étranger. Mais que fait la méthode
des traductions ? C'est le mot chaise qu'elle associe au mot étranger,
chair ou Stuhl ; de sorte que l'opération peut se figurer comme suit :
1° idée de chaise ; 2° mot chaise ; 3° mot chair ; au lieu de l'opération
beaucoup plus simple et tout à fait parallèle à l'opération qui a lieu
pour la langue maternelle : P une idée de chaise ; 2° mot cliair.
Ceci n'est rien, parce que le mot chaise représente une idée simple
et matérielle, identique en toutes langues ou à peu près. Mais si nous
(1) Hartmann, Reisecindrucclu; y. 75.
(2 Hubscher, p. IS, et Cumerlynclc, Les devoirs dans la méthode directe, dans la pcrue de
Venseiijnement des Unigues rivantes, 1903, p. 486 et suiv.
(3 J. Passy et A. Rambeau, Chreslomathic française, Paris.. 1897, p. VIII.
— 33 —
envisageons des mots représentant des concepts compliqués, plus ou
moins différents dans chaque pays, la difficulté augmente.
La traduction — précieuse ici pour des linguistes déjà forts, parce
qu'elle leur apprend à rendre conscientes ces différences, à les
analyser et à s'exercer dans l'art si difficile des équivalences de
phrases, qui est tout l'art du traducteur — est une. véritable trahison
au début de l'enseignement, parce qu'elle fausse le sens du mot
étranger en paraissant établir une identité qui n'existe pas. w
« Aussi, quand on prend l'habitude de traduire sa propre langue en
parlant la langue étrangère, on ne parvient presque jamais, comme le
dit M. Passy ('), à s'exprimer d'une manière idiomatique. Les fautes
que font les étrangers en parlant français, proviennent le plus souvent
de traductions. Souvent ils arrivent ainsi à dire tout autre chose que
ce qu'ils veulent. — Une Norwégienne à qui on avait rendu quelque
service, écrit pour remercier, et ajoute : « Je regrette de vous avoir
fait tant de peine " (gjort Dem saa megetbnjderi), pour " de vous avoir
donné tant de peine » — Un jeune Anglais en séjour chez un Français,
quand il voyait un enfant pleurer, s'écriait régulièrement : « Oh !
quelle est la matière avec vous ? » {whaCs tite matter witli you ?) —
Un autre, s'installant dans une pension, demande à la maîtresse de
maison de faire mettre dans sa chambre •' une poitrine de caleçons »
(a cliest of drawers). — Un prédicateur anglais, parlant à un auditoire
français sur un texte de l'Apocalypse, répétait avec conviction :
« Buvez de l'eau de vie, mes frères ; buvez l'eau de vie librement ! »
(drink the water of Life freelij).
« Pour éviter des bévues de cette sorte, pour habituer les élèves à
sentir instinctivement ce qui est juste et ce qui ne l'est pas ?•, pour
les amener, en un mot, à penser dans la langue étrangère, on condamne
le thème. Sans aller jusqu'à l'exclure complètement, je crois qu'il
faut y renoncer au début et ne l'admettre plus tard qu'exception-
nellement. Dans l'enseignement des langues vivantes tel que je
le comprends, non seulement il nuit au succès de la méthode,
mais encore il est inutile, parce que, en tant qu'application dos
règles et des mots, il est avantageusement remplacé par des
exercices oraux et écrits (-). En résumé, à mon avis, dirai-jo avec
(1) Passy, mémoire cité, p. 42.
(2) " Quand nos élèves seront en état de causer facilement c:i langue étrangère, et de lire
sans peine, non seulement la littérature courante, mais quelques-uns des chefs-d'œuvre
des prosateurs et des jioètes, alors ils pourront chercher à faire passer dans leur langue
maternelle, la pensée et même quelque chose de la tjeauté de forme de ces chefs-dœuvre.
Quand ils seront plus forts encore et pourront écrire couramment la langue étrangère, ils
pourront s'essayer à cet exercice difficile entre tous, le thème — non pas l'inepte thème
d'application, mais le thème littéraire. Ils ne réussiront peut-être pas toujours très bien ;
mais en tout cas, ils s'habitueront à comparer les deux langues, à pénétrer le génie de l'une
3
— 34 —
M. Passy (*), le thème doit venir moijis tôt, moins souvent et être
conçu .autrement.
La version. — On a fait à la version les mêmes objections qu'au
thème (-). Aussi, dans la mélhodologie moderne, change-t-elle de rôle
et devient-elle moins fréquente. Qu'est-elle donc dans la méthode
directe ?
P Elle n'est plus un moyen d'apprendre une langue dont on ne
sait encore que peu de chose ; c'est avant tout une sorte de pis-aller
auquel on a recours pour gagner du temps, se faire comprendre d'un
inattentif, ou indiquer une nuance délicate, et c'est un moyen de
contrôle ou de veriflcation dont on se sert, après d'autres, pour
constater si les élèves ont tout saisi. Ainsi, au début, après certaines
explications, on donne ou Ion demande la signification d'un mot,
rien qu'en passant : plus tard, quand on aborde des morceaux dont
l'ensemble ou seulement un passage présente des difficultés, on peut,
après une bonne interprétation, faire traduire lestement, de vive voix,
l'une ou l'autre phrase ou le tout. On voit alors jusqu'à quel point
l'élève a compris des tournures et des termes diflîciles.
2° La version est ensuite un exercice de style, qui se fait de temps à
autre et surtout à la fin des études. On a, par exemple, expliqué dans
la langue même un passage d'un auteur allemand : il s'agit maintenant
de mettre en présence les deux langues.
Exercices écrits. — La méthode directe, qui repousse donc autant
et de l'autre ; ce sera tout profit, et pour lu langue élniiigùre. et surtout pour lu langue
maternelle. Ce sera le couronnement de leurs études. Muis commencer par là, ce seruit uu
non-sens. " Pussy, mémoire cité, p. 5(5.
il; Mémoire cité, p. 50. Cf. von Roden, p. 39-40. — •' Le thème me puraît, dit M. Lecoq, ]). 8:J,
devoir être condamné sans api)cl, i)urce qu'il est en complète contradiciiou avec l'esiirit
de la méthode nouvelle. Ce ne serait vraiment ])as lu peine, a mon avis, d'essayer pendunt
plusieurs années de ))roduire une connaissance immédiate et directe de la langue pour
neutraliser les efTorts laborieusement accom]ilis jiur un exercice qui en est lu contre-i)artie,
exercice suranné d'ailleurs et sans intérêt, dont on peut se disjienser entièrement. "
'2) Voici les raisons que Berlitz, — dont les manuels pour l'enseignement de l'anglids et de
l'allemand sont publiés à Berlin, chez Siegfried Crombach.— donne pour condamner l'emploi
de toute traduction. « 1" Dans les méthodes qui font usage de la traduction, lu iilus grande
partie du temps les neuf dixièmes; est employée à donner des explications dans la langue
maternelle de, lé ève : i)ar conséquent, peu de mots sont prononcés dans la langue qu'il
apiM'end. 2" ceux qui étudient ])ar la traduction ne peuvent saisir comi)lèlement l'espi'it de
la langue éli'angère, ni ai)prendre à penser dans cette langue ; au contraire, ils s'habituent
à baser tout ce qu'ils disent sur ce qu'ils diraient dans leur langue maternelle ; ])ar
conséquent, ils corrompent Texpression étrangère tant par le choix des mots que par
les formes des phrases. 3" I.a connaissance d'une langue étrangère acquise jiai la traduction,
est défectueuse et incom])lète; car bien des mots d'une phrase n'ont jias d'équivalent précis
dans une autre. Chaque langue a ses exjiressions propres, ses figures, ses idiotismes et
même ses constructions de jilirases qu'il n'est ])us possible de rendre entièrement dans
nue autre langue. Ces raisons déznontrent clairement, pense Berlitz, la défectuosité des
méthodes employant la traduction. Elle est aussi confirmée, ajoute-t-il, par le fait bien
connu qu'un voyageur, en pays étranger, api'ès un séjour relativement court, et sans
yrands efforts, possède suffisamment la langue pour tenir une conversation, tandis que
l'élève passera de longues et laborieuses années à faire de la traduction sans pouvoii'
arriver uu même résultat. ^
que possible le thème et la version, veut des exercices dans la langue
même. Enuméroiis-Ies rapidement.
1. On dicte un texte qui reproduit un exercice fait au tableau, ou
bien un morceau qu'on a lu et interprété dans la clirestomathie, ou
bien encore un texte légèrement modifié, ou bien enfin un morceau
qu'on n'a pas lu, mais qui est composé de mots connus,
2. L'élève copie ou écrit de mémoire un texte étudié.
3. Il fait des transformations do. nombre, de personnes, de temps,
de modes et de voix ; il met un discours direct en discours indirect,
et vice-versa.
4. Il forme des propositions avec des termes qui lui sont connus et
d'après des analogies données.
5. 11 répond dans la langue étrangère à des questions faites dans
cette langue. Il pose aussi lui-même des questions et y répond.
0. Il décrit soit tout un tableau étudié, soit seulement une partie.
7. Il résume de petits morceaux qu'il a lus où qu'on lui a racontés.
8. 11 présente sous une autre forme un morceau qu'il a lu,
substituant, par cxemi)lc, la narration à la description.
0. Il écrit des lettres et de petites compositions pour lesquelles on
lui donne les mots nécessaires et qui ont été préalablement, du moins
dans le début, préparées en classe. On commence par faire imiter un
morceau qui a été lu, mais dont on soustrait le texte aux regards des
élèves ; on prend ensuite un sujet qu'on lit une ou deux fois, et
qu'on fait reproduire de vive voix par un élève. L'important, c'est de
ménager les forces des élèves, de les amener peu à peu, de difficulté
en difficulté, à écrire dans la langue étrangère.
Ce qui est surtout à cultiver pendant toute la durée de l'enseigne-
ment, c'est la composition de lettres. Par lettres, il faut entendre des
lettres véritables, du genre de celles que les élèves pourront être
appelés à faire dans la vie pratique.
On fait également décrire des événements de la vie de tous les jours,
par exemple, l'horaire d'un jour donné, les différents repas, les actions
quotidiennes, telles que le lever, etc., des faits particuliers, tels que
promenades, excursions, etc (^).
On peut aussi donner des travaux se rattachant à la lecture d'une
poésie ou d'un drame ; par exemple l'analj'se des dillerentes parties
d'une tragédie, la marche de l'action, le nœud, un résumé, l'un ou
l'autre caractère.
On peut encore tirer des sujets de l'histoire, de la géographie ou
(Ij voix- J. Me'.on, Cliows d'Anylctcri-e cl cVAlh;mar/ne, art. cité, p.
— so-
cles sciences naturelles, ou donner à développer une sentence, un
proverbe, une pensée d'expérience, etc. (').
La correction portera non seulement sur la grammaire, mais aussi
sur le style.
§ 5. — La lecture d'une chrestomathie et des auteurs.
RÔLE ET BUT. — Quand l'intuition exclusive prend fin, la lecture
devient le centre do l'enseignement (-). « C'est, dit M. Godart ('), de la
réalité ambiante, matérielle ou figurée, que l'élève tirait jusqu'ici les
matériaux de son langage ; c'est du livre qu'il va désormais les extraire.
L'observation des objets ou de leur représentation, la vue des gestes
accomplis devant lui ou des actes des personnages figurés, suffisait
jusqu'à présent à créer tout son vocabulaire. C'est dans les textes
imprimés qu'il va maintenant le puiser. A Y Anschamuujsmethode se
substitue ainsi une Lesebiuhmelliode, mieux appropriée à son degré
d'intelligence. »
" Quel est donc le but que la méthode directe assigne à la lecture ?
C'est d'être elle-même une lecture directe. L'idéal est d'amener l'élève
à comprendre un texte en langue étrangère, directement, c'est-à-dire
sans le secours de la langue maternelle, n
Chrestomathie. — Que lira-t-on ? Une chrestomathie et des œuvres
littéraires.
La chrestomathie comprendra au moins deux volumes, destinés l'un
aux classes inférieures, l'autre aux classes supérieures.
Le premier volume se composera principalement de morceaux écrits
en prose moderne, qui initieront l'élève aux mœurs et coutumes du
peuple étranger, à sa vie politique, économique et industrielle, à son
génie national (*).
(1) Muench, p. 7i'..
(2) " Excellente pour la transmission du vocabulaire concret, la méthode intuitive devient
insuffisante pour la langue abstraite. Mais là où s'arrête l'intuition commence la lecture.
Certains réformateurs ont même fait de celle-ci le centre de la méthode directe. Il est plus
juste, sans l'exclure au début, d'en faire le terme d'arrivée de l'enseignement des langues
vivantes. C'est par la lecture qu on achèvera de prendre possession du vocabulaire qui
échappe à l'intuition. Les mots concrets déjà connus des élèves formeront l'assise solide sur
laquelle repose la langue abstraite. Par un emploi habile des exemples, de la définition, de
la comparaison, de l'antithèse, de létymologie, des familles de mots, de la paraphrase et
des synonymes, on ])0urra expliquer le sens de presque tous les mots nouveaux, sans
recourir à la traduction. Tout le temps dispensé à l'étude des langues vivantes sera ainsi
consacré à des exercices faits directement dans l'idiome enseigné. I.e mot étranger restera
associé étroitement à l'idée qu'il exprime, et ])ar là même l'élève arrivera plus vite à penser
dans la largue étudiée. " (Simonnot, art. cité, p. 21). Le savant professeur du Collège Chaptal
observe en outre : " En Allemagne, en particulier, les ])artisans de V Anschawngsmethcde et
de la icsc&î^c/DHefAorfe ont formé longtemjis deux camps bien tranchés. Mais c'est en vain
qu'on chercherait à établir un antagonisme entre les deux méthodes. ''
(3; Godart, La lectiirc directe, dans la Revue de V enseignement des langues vivantes, 1903, p. -171.
(1 M. Lecoq, p. 91, donne d'excellents conseils sur l'étude méthodique des pays étrangers
par l'enseignement des langues modernes.
Le second volume permettra d'étudier les grandes époques de
l'histoire du peuple étranger, son histoire contemporaine, la géogra-
pliie du pays, la topographie de la capitale et des villes principales (*).
Une certaine part sera faite à la poésie : on choisira des morceaux
classiques, caractérisant heureusement les différents genres et
permettant de saisir, d'une façon élémentaire, le développement de
la littérature étrangère.
Tous ces morceaux choisis devront convenir à l'âge des élèves, les
instruire et les divertir tout à la fois. Ne leur donnez donc pas des
textes qui ne peuvent intéresser que des élèves de cinq ou de six ans.
Je ne me contenterais pas d'une chreslomathie, quelque bonne
qu'elle fût. Je tâcherais de faire lire par les élèves, de temps en
temps, un journal allemand ou anglais composé à leur usage ; ils y
apprendraient les nouvelles du jour dans la langue vivante qu'ils
étudient, et le maître y trouverait une nouvelle source d'entretiens
actuels et intéressants.
Œuvres littéraires. — Toutefois le caractère éminemment
pratique de cet enseignement n'exclura pas la lecture d'une ou de
deux œuvres littéraires par an.
Choix. — Le choix de ces œuvres n'est pas aisé. On ne peut, ce me
semble, rompre complètement, sans raisons sufïisantes, avec la
tradition qui a accordé sa faveur à certains écrivains ; on doit aussi,
je pense, tenir compte des avantages que présentent les œuvres soit
au point de vue moral ou simplement récréatif, soit au point de vue
de la concentration de l'enseignement, de la science proprement dite,
de l'histoire littéraire ou de la langue actuelle, soit au point de vue
ethnographique, c'est-à-dire au point de vue du profit que l'on peut
retirer de la lecture d'une œuvre pour connaître un peuple étranger.
<^e sont là les différentes considérations qui doivent peser dans la
balance et déterminer le choix. Le problème est donc complexe et
ardu (^).
Interprétation. — V interprétation est chose aussi importante
que le canon des auteurs (^).
(1) Ce sont là les thèses de Wendt votées au Congrès néopliilologique de l.eiinig de 1900.
(Revue vitirersitaire, lOoO, 2, p. 153-l.jl). Deux cents professeurs allemands travaillent à la
composition d'un tel livre de lecture pour l'anglais. On voit que les Allemands attachent
une grande Importance aux ReaUeu. I.e Katalog der englischen Realien de Wendt, Hambourg,
1870, est très jjrécieux.
(2) Muench, p. 81 et suiv.
':]) H. I.audenbach. Élude û'ini tccle de Unu/i'e vh-antc dans, les claxsex de grammaire, dans la
Rer.ie universitaire, 190?, 2, p. 1-17 et suiv., et A. Godart, article cité. ]). -171 et suiv.
— 38 —
On adopte généralement la marche suivante ('). 1. Le maître lit un
passage formant un tout. Cette lecture, aussi nettement articulée que
possible, indique à l'élève la façon dont il doit lire et lui permet de se
faire une idée de l'ensemble.
2. Le professeur interprète le texte, a) Il explique les mots inconnus,
en recourant, tour à tour, à la définition, à la synonymie, à l'intuition
directe, à l'intuition mentale, à la transposition de l'abstrait dans le
domaine du concret. Pour que ces explications soient comprises de
l'élève, il importe naturellement qu'il y soit activement associé. —
b) Le maître donne les explications grammaticales et réelles néces-
saires. — c) 11 fait faire la synthèse du contenu : ici encore, il
procède par questions; il obtient, au moyen des réponses reçues, un
petit résumé qu'il force l'élève de resserrer de plus en plus jusqu'à le
réduire, par approches successives, à une phrase unique. — d) S'il le
juge nécessaire, il fait traduire lestement le passage. — e) Il le fait
relire par les élèves.
3. A la leçon suivante, il revoit le morceau interprété : a) A l'aide
de questions bien choisies, il fait reconstituer le texte. — b) Il fait
écrire par un élève au tableau les mots essentiels, qui seront pour lui
autant de points de repère, et le travail de la classe consistera à relier
ces jalons. — c) Au lieu de ces mots générateurs, Slich-Woerter, il
ne propose plus que des titres très généraux, des formules synthé-
tiques, au moyen desquels il fait reproduire librement tout le texte.
— d) Il fait, si le passage s'y prête, d'utiles exercices de style ou de
grammaire.
On conservera dans les différentes classes celte méthode. Le texte
sera toujours préparé en classe; mais pour la revision, on supprimera
progressivement le système des questions et des réponses pour faire
parler l'élève le plus possible sans l'intervention du professeur, et
dans l'interprétation, on s'attachera, de plus en plus au contenu.
On remettra aux élèves des éditions annotées en allemand ou en
anglais. Au lieu des dictionnaires bilingues, ils se serviront de lexiques
en langue étrangère.
Reprenons quelques points pour les éclaircir. kjoz soin de
commencer voire leçon d'une façon intéressante et de la rattacher
convenablement à la leçon précédente.
Lisez vous-même le texte. Ferez-vous fermer les livres pendant
;ii J'ai suivi M. Godart dans le plan des leçons d'interprétation ; mais je renonce à la
lecture mécanique qu'il fait faire par les élèves immédiatement ai)rès l:i lecture du
professeur, parce que je jiense qu'on détourne ainçi l'attention des élèves du contenu
général du passaj^^e : je n'admets i)as non plus qu'on questionne sur le fond, avant qu'on se
soit assuré que les élèves connaissent tous les mots.
— 39 —
votre lecture ? Oui, si le texte a été déjà interprété en classe ou s'il
est très facile. Vous formez ainsi l'oreille des élèves.
Quant aux élèves, ils ne peuvent lire que les textes qu'ils compren-
nent. Si vous leur demandez de le faire, qu'ils se lèvent. Ne leur
permettez jamais do lire quand ils sont assis, la tète baissée, souvent
même appuyée sur le coude, et la poitrine écrasée. ^ Pendant qu'un
élève lit isolément, il importe que le reste de la classe surveille atten-
tivement sa lecture et s'attache à découvrir ses moindres erreurs de
prononciation. La faute, aussitôt commise, doit être signalée et
corrigée par un camarade, qui se contente d'indiquer la prononciation
exacte. En général, les jeunes élèves apportent à ce contrôle, qui met
en jeu leur amour-propre, une sévérité impitoyable. C'est tout profit
pour l'éducation de leur oreille et tout repos pour nous (*). » Ne faites
pas lire le iiième texte consécutivement par trois ou quatre élèves ;
reprenez-en plutôt la lecture vous-même après chaque élève.
En expliquant, observez une sage mesure : pns trop de grammaire,
surtout de la grnnnnaire historique, pas trop d'étymologies savantes;
pas trop non i)lus de realia, ni de notices biogrîiphiques. Déflez-vous
d'un commentaire étendu qui étoutïe la pensée de l'écrivain ; allez au
fond, au cœur même du sujet.
Les explications seront données en allcmainl ou en anglais, comme
cela ressort sullisamment de tous mes conseils ; mais sous prétexte de
maintenir haut et ferme le principe, on ne faussera pas le caractère
do cet enseignement en le rendant superficiel. Ainsi, pour déterminer
la valeur exacte do synonymes, pour expliciuer des faits gramma-
ticaux difficiles, pour faire saisir aisément certaines nuances délicates,
il peut êti'o avantageux de se servir de la langue maternelle. Ce sont
là des exceptions qui confirment la règle (-}.
Tout en conseillant de lire de la sorte un auteur, c'est-à-dire
d'expliquer dans la langue ménie un morceau allemand ou anglais, et
de s'assurer si les élèves l'ont compris dans son ensemble, je ne puis
me résoudre à renoncer à toute traduction. Certes, le professeur
rencontre des passages pour lesquels il peut se dire, sans la moindre
hésitation, que la traduction est inutile ; mais pour d'autres, pour
beaucoup d'autres, il est nécessaire de traduire ; car il est de ces
nuances, de ces détails que l'élève, même de bonne foi, croit com-
prendre, alors qu'il se trompe grossièrement. La traduction permettra
au professeur d'avancer sans laisser rien d'obscur.
Cette traduction, je la demande orale : elle ne vient qu'en dernier
lieu, après les explications, tout à fait accessoirement ; elle n'a
(Ij Goclart, p. 475.
(2, Muencli, p. 43.
— 40 —
qu'une valeur de contrôle. Il suffît qu'elle soit exacte ; peu importe
qu'elle soit médiocrement élégante. L'essentiel est que l'élève
s'habitue, quand il traduit, à le faire d'un trait (*).
Inutile de dire, ce me semble, que je condamne sans pitié le mot à
mot. Je le repousse, parce qu'il nuit à Vélociilion et à la prononciation,
en habituant les élèves à s'exprimer en phrases coupées, hachées, et
en les forçant à prononcer alternativement le français et l'allemand
ou l'anglais (^).
C'est aussi pour éviter le passage continuel d'une langue à l'autre
et le perpétuel arrangement des organes de la voix qu'on ne lira
pas le texte en traduisant (^).
Quant aux exercices oraux et écrits qui peuvent se rattacher à la
lecture des auteurs, je les ai déjà indiqués : ce sont tour à tour des
exercices de grammaire, de vocabulaire, de sjaionymie, de stylistique,
de conversation et de rédaction.
MÉMOIRE, — Il convient de faire apprendre par cœur quelques
pages bien choisies, que le professeur a expliquées et qu'il a fait
lire par les élèves en tâchant d'obtenir non seulement une bonne
prononciation, mais une intonation juste. Pour la récitation, il faut
exiger un débit intelligent, presque déclamé ; il convient d'associer
le geste à la parole. « Quand le texte s'y prêtera, on en distribuera
les différentes parties à différents élèves, et la récitation deviendra
un dialogue. S'il y a une partie narrative, elle peut être confiée à un
chœur, qui est le reste de la classe. Mais que les élèves qui dialo-
guent, se regardent et n'aient pas les yeux fixés sui- le maitre, qu'ils
parlent réellement (*). » Ce qui a été ainsi appris de mémoire, doit
être répété en classe de temps à autre : c'est un excellent exercice
de prononciation. Au commencement d'une nouvelle année, on fera
revoir tous les morceaux appris dans la précédente.
(1) Godart, p. 4S0.
(2) " I.e mot à mot formaliste est un massacre en régie des deux langues, celle de l'original
et celle de la traduction ; il nécessite une nouvelle explication en bon français gui fait perdre
le texte de vue et oblige ainsi à parler français pendant les deux tiers de l'explication,
comme s'il ne s'agissait pas avant tout d'apprendre une langue étrangère. Il est excessi-
vement nuisible à la bonne prononciation de l'allemand. Les finales allemandes ont une
tonalité jilus basse que les syllabes radicales et accentuées ; au contraire, les Anales du
français ont une tonalité à la fois plus forte et plus élevée, comme dans le mot à mot on
entremêle constamment les deux langues, c'est forcément la modulation de la langue
maternelle qui, dans la prononciation, rejîrendra le dessus ; d'où le clumtonnement
désagréable que les meilleurs conservent même après un long séjour a l'étrantîer. Ils
mettent bien l'accent tonique à sa jilace. mais ils ajoutent à la fin des mots l'accent musical
du français'-. F. Galiide, I)e Véttuic des lanr/ues virantes, dans L'cnscirjuemcnt chrciien. KOO,
p. .'308.
(3; Duhamel, Enquête, dans la Jin-ue universitaire, 1900, 1, p. 257.
(4) Firmery, p. 344.
— 41 —
§ 6. — L orthographe et l'écriture.
Il convient de suivre une orthographe, l'orthographe prussienne.
Les élèves écriront, du moins pendant les dernières années, en
caractères allemands et ils seront exercés à lire des textes manuscrits
allemands {*).
§ 7. — La correspondance interscolaire internationale (^).
Objet. — Cette correspondance est une méthode d'enseignement
qui consiste à établir un échange régulier de lettres entre les élèves
des écoles des différents pays. Le mérite de l'idée, qui date de
1897, revient à M. Mieille, professeur au lycée de Tarbes (^).
Organisation. — L'organisation de la correspondance interscolaire
est très simple. Supposons qu'un jeune Français veuille correspondre
avec un élève d'une école étrangère. Il doit s'adresser à son professeur
et lui remettre une sortc.de notice individuelle contenant son nom, son
prénom, son âge, la mention de son école, la profession de son père.
A cette notice est ajouté un renseignement sur la valeur de l'élève.
Le professeur transmet la notice et la demande aux bureaux où sont
centralisées les adhésions, c'est-à-dire en France, à la Revue univer-
sitaire. Celle-ci transmet la notice et la demande à l'office étranger de
centralisation, la Review of Reviews, pour l'Angleterre, M. Hartmann
à Gohlis (Leipzig), pour l'Allemagne, M. Moneta, de Milan, président
de rUnione Lombarda, etc. Là, on cherche un correspondant qui
conviemie, et dès qu'il est trouvé, on envoie un avis au chef
d'institution de chacun des nouveaux correspondants.
On essaie de disperser les correspondances : ainsi, une même école
anglaise, par exemple, ayant plusieurs élèves désireux de correspondre
avec des Français, signalera ce fait à la Review of Reviews, et la
Revue universitaire s'efforcera de trouver à ces élèves des correspon-
dants dans les écoles françaises situées sur divers points du territoire
français.
Chaque correspondant écrit deux lettres par mois, au minimum.
Chacun d'eux écrit la première fois dans sa langue, puis la seconde
fois dans la langue étrangère, et il a ainsi chaque mois une lettre
modèle, — celle de son correspondant dans la langue de celui-ci, — et
(1} Par exemple, Koch, Xotcs liandschriftUchcs Lcaeburh, Bruxelles, 1001.
;2) Je n'ai fait, dans ces quelques lignes, qu'abréger le beau rapport de Mi>e Scott,
professeur au Lycée Molière, De la correspondance interscolaire internationale, dans la Sevuc
v.niversitaire, 1900, 2, p. 131 et suiv.
(3) Mieille, Esmi d'ortjanisation d'une correspondance scolaire, dans la Revue universitaire,
1807, 1, p 1 ; La correspondance interscolaire et les correspondances internationales, Tarbes, 19(J0.
— 42 —
une lettre exercice — la sienne, dans la langue de son correspondant.
— Les deux lettres exercices sont corrigées par le correspondant
auquel elles s'adressent, et renvoj^ées à leur auteur. Chaque corres-
pondant corrige dans sa propre langue.
Les meilleures lettres sont lues en classe. « De temps à autre, nous
employons, dit M.MieilIe('), un petit quart d'heure à lire ces lettres en
commun. Quels bons moments, élèves et maîtres, nous passons alors !
C'est la classe gaie et vivante que réclament tous les éducateurs,
depuis Montaigne. Et que de choses familières et pratiques apprises
dans ces trop courtes séances ! »
Les élèves sont libres d'écrire sur les sujets qu'ils choisissent. " En
général, la première lettre est une lettre de présentation : on parle de
de sa famille, do ses amis, de ses condisciples ; on décrit son collège.
Pins tard, on s'entretient des jeux, des sports, de l'emploi des
vacances, etc. Puis viennent des sujets sérieux : on cause de ses
lectures, de ses études, du but qu'on veut leur assigner ; on se fait
de mutuelles confidences sur sa vocation, etc. -9
Succès. — La période de tâtonnements n'a guère duré ; car, dès le
mois d'octobre 1899, M. Mioiile déclarait que 10,000 correspondants
environ de divers paj^s échangeaient 20,000 lettres par mois, soit
200,000 par an, et au dernier Congrès international de l'enseignement
secondaire, il annonçait que le nombre des correspondants s'élevait
pour la France à 18,000, ainsi répartis : Français-A.nglais, 11,000 :
Français-Américains, 1,000 ; Français-Allemands, 4,000 ; Français-
Italiens, 1,000; soit 17,000, auxquels il faut ajouter un millier do
" francs-tireurs » {^).
Rien d'étonnant donc que le Congrès international de l'enseignement
secondaire à l'E.xposition universelle ait émis à l'unanimité le vœu :
« Que la correspondance interscolaire internationale, — entreprise
par l'initiative privée dans des conditions qui ont été reconnues
nécessaires par une expérience de plus de trois ans, — constituant
un auxiliaire précieux non seulement au point de vue de l'appre)!-
tissage des langues vivantes, mais aussi au point de vue de la culture
générale de l'esprit et à celui des relations internationales, toutes les
autorités scolaires encouragent, par tous les moyens, le développement
ultérieur de la correspondance interscolaire internationale. »
Abstraction faite do tous les avantages que la correspondance
interscolaire présente au point de vue pédagogique do l'enseignement
(1) Mieille, Essai, p. 2. Cf. Gendre, Les cnseir/nements de la correspondance ixterscolaire, dans
la Hernie ttniversitaive, 1901, 1, ]). 34.
12) Voyez Le Congrès international de l'enseirinemenl secondaire ù l'Exposition universelle
de 19(j0, dans la Revue universitaire, 1900, ?, p. 2ô3.
— 43 —
et au point de vue intellectuel et moral, on s'était dit que cet échange-
de lettres ferait naître chez rélève le désir de connaître un autre pays
que le sien et déciderait ses parents à l'envoyer pendant quelque
temps cà l'étranger. La correspondance l'ayant déjà mis en rapport
avec une famille étrangère, faciliterait, avait-on pensé, les choses au
point de vue matériel. Ces espérances n'ont point été déçues : il y a
déjà eu en France quelques échanges d"enfanls pour plusieurs
semaines ('}.
En voyant le succès obtenu par M. Mieille, pourquoi ne nous
engagerions-nous pas dans la même voie ? Nous pourrions créer
une correspondance nationale entre nos provinces ^vallonnes et nos
provinces flamandes (-), et une correspondance internationale avec
l'Angleterre et l'Allemagne {').
§ 8. — Les récréations, les séances de conversation, les
représentations théâtrales et les voyages de
lectures.
RÉCRÉATIONS. — Dans des lycées français, on a organisé le jeudi
des récréations spéciales où les élèves parlent anglais et allemand et,
sous la direction de leurs professeurs de langues vivantes, jouent au
cricket, au football, etc. Pendant tout ce temps, il leur est interdit
de parler français.
SÉANCES DE CONVERSATION. — Daus Certains établissements, on
complète l'enseignement par dos séances de conversation allemande et
anglaise (') où sont appelés les meilleurs élèves. On forme alors des
groupes de six îi sept élèves au niaximiun. Le programme des séances
comprend des comptes rendus de lectures, de courtes conférences, de
libres entretiens, des jeux de société.
Représentations théatr.\les. — Les résultats de ces séances de
conversation ont permis à des établisseineiits de faire jouer, devant
(F. De tels échanges se font depuis assez longtemps et avec succès entre les provinces
limitrophes de l'Autriche et de l'Italie, entre différents cantons de la Suisse allemande et de
la Suisse française. Voyez Mieille, L'ctudc praliquc des laugues vivantes et les échanges d'enfants,
dans la Seviie universitaire, 1&9S, ?, p. 123 et p. SGO : Mieille, Les bu reavx d'échanges intcrscolaires,
Tarbes, i:,00.
[2] G. Vandenrydt, Correspondance scolaire française- flamande , dans la Revue de l'Instruction
publique cil Belgique, 1S97, p. 177.
;:jj On songe aussi dans certains pays à organiser des caravanes scolaires. Ainsi, M. Picq,
chargé du cours d'allemand au collège de Langres, a conduit en 1899 un certain nombre de
ses élèves en Suisse et en Allemagne.
(4) Séances do convci-sotion allemande et anglaise au lycée de Caen, dans la Revue v.niveisitaire^
1?99, 2, p. -131, et Enquête, même revue, 190u, 2, p. -10 et suiv.
— 44 —
un public assez nombreux, par leurs élèves une scène de Schiller en
allemand et une scène de Shakespeare en anglais (*).
Voyages de lectures. — Hartmann, qui avait remarqué comment
l'art de la lecture est pratique en France, a voulu faire bénéficier les
élèves de son pays des avantages de ces lectures comportant toutes
les nuances et les subtilités de la diction, tout en restant éloignées de
la déclamation théâtrale (-). La première année, il s'est adressé à
M. Joutfret, professeur au lycée de Marseille ; la seconde année,
à M. Bornecque, maître de conférences à l'Université de Lille. Au
cours de son voyage pédagogique à travers l'Allemagne, M. JoufTret
a fait plus de 25 lectures et cinq ou six conférences littéraires ; il a
parlé devant plus de 4000 écoliers ou écolières et 300 ou 400 profes-
seurs. M. Bornecque a visité 42 villes ; il a fait G2 récitations aux-
quelles ont assisté 800 professeurs de langues vivantes, 12000 élèves
et à peu près 700 adultes.
Comment expliquer ce succès ? Deux circonstances ont favorisé ces
tournées. La première, c'est l'époque des vacances en Allemagne. Les
vacances scolaires de la France ne coïncident pas, en effet, avec les
vacances des gymnases allemands, qui vont du 15 juillet au 20 août. Il
est donc possible à un professeur français de parcourir pendant ses
vacances tant de gymnases allemands.
La seconde circonstance favorable, c'est l'instilulion des Neuphilo-
logisdie Vereine. Ces associations ont été la cheville ouvrière des
tournées de récitations ; elles ont tout préparé, tout organisé sur le
passage des deux professeurs français.
Une part de succès revient incontestablement à Hartmann. C'est
lui qui avait lancé une circulaire à travers toutes les associations,
pour demander quelles étaient les villes désireuses d'entendre une
lecture, et c'est lui qui avait fait imprimer un opuscule de 32 pages
contenant les textes à lire. Ce recueil s'imposait doublement. Le
professeur français devait pouvoir étudier soigneusement les morceaux
à l'avance et composer pour ainsi dire ses intonations, et les élèves
devaient avoir étudié en classe les textes, avant qu'on en fit la lecture
en séance publique.
(1) " La 3e moderne a joué dernièrement le drame â'Hamh-t sur le petit théâtre du collège
de Coulommiers, et elle s'en est tirée d'une manière satisfaisante; d'elle-même, toute la
classe a demandé à préparer Macbeth, pour une seconde représentation. » Lacombe, Enquête,
dans la RevKe nnh-ersitaii-e, l'JOO, ?, p. 43.
;2; Jouirret, Vue expérience pédagogique en Allemagne, dans la Revue -universitalye, 1893, ?,
p. 337 et suiv. ; lîornecque, Un vogage de récitations en Allemagne, même revue, ISOO, 2, p. 408 ;
Mieille, La'S récitations fraiieaises en Allemagne, dans l'Annuaire de la correspondance intersco-
laire, Comrades ail. Internat ionaler Schuclerbrieficechsel, London, at tlie office of tlie " Review
Of Reviews », 1901 ; Gueadel, Die Recilationen Jouffrels, dansX»"' neuercn Sprachen, mai 1900 ;
Hartmann, 3Iitteilungen der deutschen Centralstelle fver fremdsprachlirhe Recilationen,
Leipzig, 1901.
— 45 —
M. Boriiecque croit pouvoir affirmer que l'influence de ces récita-
tions sur les élèves a été très grande. « Quand le morceau a été
étudié de près, sous la direction des excellents néo-philologues que
possède l'Allemagne, d'abord les élèves entendent la véritable pro-
nonciation et la véritable déclamation... En outre, le récitateur est
aussi collaborateur du professeur. Souvent les élèves, lorsque leur
maître veut leur imposer telle prononciation difficile pour eux, ont
une tendance à croire qu'il accumule par plaisir les difficultés ; après
la récitation, il n'en est plus de même : le professeur peut évoquer le
souvenir du récitateur, et les élèves, qui ont noté sur leur texte la
prononciation figurée de tel ou tel son, le reconnaissent les premiers.
Enfin, il y a plus. Si les élèves arrivent à comprendre les explications
données — et pour cela, il suffit de parler lentement et distinctement
— ils sont - enflammés d'un nouveau zèle pour l'étude de la langue
française ».
§ 9. — Résumé.
En résumé, je recommande, sans hésiter, aux professeurs de
langues vivantes la méthode directe, qui est basée sur des principes
psychologiques et physiologiques, et dont les avantages sont démontrés
par l'expérience. Comme toute autre méthode, elle doit être appliquée
avec mesure et entourée de certaines précautions; comme toute autre
méthode, elle réclame des maitres entendus, maniant aisément la
langue vivante qu'ils enseignent, et rompus à l'art d'enseigner. Ici,
moins que partout ailleurs, on ne peut aller cà l'aventure : il faut, avant
de se mettre en marche, bien déterminer la route à prendre et ne
jamais s'en détourner (*).
d'; On a objecté contre la méthode directe qu'elle fati^iiie les élèves et le maître, ^r.
Firmery, p. 345, répond à cette objection en ces termes : " Quand la classe a été bien faite
et remplie d'utiles exercices, que l'attention des élèves a été continuellement tendue, cette
fatigue se produit réyrulièrement au bout de trois quarts d'heure. Quand le maître \x)it tous
ces petits yeux qui le suivaient avec tant dintérèt, se voiler d'indilTérence, que les gestes
deviennent mous, les réponses hésitantes, qu'il soit satisfait de lui-même : son ensei^niement
a été fécond et portera des fruits. Mais qu'il ninsiste pas. La classe est finie, le temps qui
reste doit être consacré à des exercices purement mécaniques, et la récitation de leçons
imperturbablement sues, en est devenu un. (A mon avis, on peut éyalement faire "une
dictée;. La fatigue peut se produire aussi chez le professeur, moins souvent cependant que
ne semblent le croire certains de nos collègues. Je ne leur ferai pas l'injure de penser que
c'est l'attention toujours eu éveil et portée sur tous les élèves, sans exception, qui les pourra
lasser : elle est le premier de leurs devoirs, quelle que soit la méthode qu'ils pratiquent. On
pourrait craindre une fatigue de la gorge et de la voix. Cependant il faut observer que le
professeur de langues ne parlera pas en somme beaucoup plus que le professeur d'histoire
ou de mathématiques. Néanmoins le maître pourra quelquefois ressentir une certaine
lassitude, surtout s'il parle avec une grande vivacité. Qu'il passe la parole aux élèves et
leur fasse réciter un des morceaux qu'ils savent. Ai-je besoin de répéter que, làen qu'on
n'apprenne plus rien de nouveau, ce temps ne sera pas perdu, etque ces exercices reposants
ont leur grande utilité ! «
TABLE DES MATIÈRES
PAGES
Un mot au lecteur 5
§1. — But 7
§ 2, — Exposé général de la méthode directe ou intuitive 8
i^ 3. — L'enseignement grammatical 29
§ 4. — Les exercices écrits 32
§ 5. — La lecture d'une clirestomathie et des auteurs 36
§6. — L'orthographe et l'écriture 41
§ 7. — La correspondance interscolaire internationale 41
§ 8. — Les récréations, les séances de conversation, les représentations
théâtrales et les voyages de lectures 43
§ 9. — Résumé 45
MAISON D'ÉDITION ALFRED CASTAIGNE
BRUXELLES
OUVRAGES DE F. COLLARD
professeur à TEcole normale de Nivelles
revus par F. COLLARD
professeur à l'Université de Louvain
1. Notions sur la Constitution et les Lois organiques, IP édition,
complètement mise à jour, à l'usage des écoles normales
primaires , broch. 2,00
Ouvrage porté au Catalogue officiel.
2. Cours supérieur de grammaire française, à l'usage des écoles
normales, Syntaxe, 5*^ édilioi) brocli. 1,75
3. Cours moyen de grammaire française, à l'usage de l'enseignement
moyen, ll« édition carton. 1,80
L'emploi de ces deux ouvrages est autorisé par le Gouvernement.
4. Cours inférieur, 12^ édition carton. 0,60
5. Cours préparatoire, 4^ édition carton. 0,60
Ces deux ouvrages sont portés au Catalogue officiel.
• 0. I Cours moyen. — r® partie (lexi-
j graphie) ^^ édition . . cart. 0,85
7. Exercices grammaticaux,' IFpartie(syntaxe)8*'édition. cart. 1,10
8. \Cours inférieur, 12'' éà\{\o\\.(i?iVi. 0,85
9. Cours prépara(Qire,b^éd\t. hr. 0,60
Tous ces exercices sont portés au Catalogue officiel;
OUVRAGES DE F. COLLARD
professeur à l'Université de Louvain
1. Quelques mots sur l'enseignement de la grammaire française, ou
exposé théorique et pratique de la méthodologie de la grammaire
française broch. 0,50
2. Là méthode directe dans l'enseignement des langues vivantes,
3« édition broch. 1,00
3. L'art d'interroger, 3^ édition broch. 0,50
4. Méthodologie de l'enseignement moyen. — Méthodologie générale ;
méthodologie spéciale : langue maternelle, latin, grec, langues
vivantes, histoire et géographie broch. 5,00
5. Introduction à l'étude de la tragédie grecque .... 0,75
6. Histoire de la tragédie romaine 1,50
7 . La préparation pédagogique des docteurs en philosophie et lettres
à l'Université de Louvain 0,25
407 C697M c.1
Collard # La méthode
directe dans l'enseigneme
3 0005 02015148 9
4Ô7
Collard
Le méthode directe dans
J- enseignement des
vivantes
La méthode directe dans l'enseigne-
ment des langues vivantes