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Full text of "La mélopée antique dans le chant de l'Église latine. Suite et complément de l'Histoire et théorie de la musique de l'antiquité"

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University  of  Ottawa 


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I 


LA 


MÉLOPÉE  ANTIQUE 


CHANT    DE    L'EGLISE    LATINE 


TOUS    DROITS     RESERVES 


LA 


MÉLOPÉE  ANTIQUE 


DANS   LE 


CHANT  DE  L'EGLISE  LATINE 


tAR 


FRfAuGf  GEVAERT 


SUITE    ET    COMPLÉMENT 

DE   L'HISTOIRE    ET   THÉORIE    DE    LA    MUSIQUE 

DE    L'ANTIQUITÉ 


i'^'J^c^ 


GAND 
LIBRAIRIE    GÉNÉRALE    DE   AD.    HOSTE,    ÉDITEUR 

Rue  des  Champs,  47 
TYPOGRAPHIE  C.  ANNOOT-BRAECKMAN,  AD.  HOSTE,  SUCC'' 

1895 


INTRODUCTION. 


Personne  aujourd'hui  ne  doute  que  les  modes  et  les  cantilènes 
de  la  liturgie  catholique  ne  soient  un  reste  précieux  de  l'art 
antique.  Mais  jusqu'à  présent  tout  le  monde  a  dû  se  contenter  de 
cette  notion  sommaire  et  superficielle,  qui  ne  fait  que  stimuler 
notre  besoin  d'en  savoir  davantage.  Quels  sont  au  juste  les 
éléments  de  la  musique  gréco-romaine  dont  l'Église  s'est  appro- 
prié l'usage  ?  S'agit-il  seulement  de  vagues  réminiscences,  de 
mélodies  à  moitié  oubliées,  ou  y  a-t-il  eu  des  emprunts  positifs, 
remontant  à  une  époque  où  la  culture  de  l'art  était  encore  vivante  ? 
Et  dans  ce  dernier  cas,  à  quelle  espèce  d'œuvres  musicales  les 
communautés  chrétiennes  ont-elles  puisé?  Enfin  quelle  date 
peut-on  assigner  aux  plus  anciens  chants  de  l'Antiphonaire 
romain,  tel  que  le  recueil  existe  de  notre  temps  ? 

Voilà  des  questions  auxquelles  aucun  auteur  ecclésiastique  ou 
laïque  n'a  entrepris  de  répondre  avant  ce  jour.  Elles  m'ont 
préoccupé  pendant  une  grande  partie  de  mon  existence,  et  je  les 
croyais  encore  insolubles  en  1880,  lorsque,  arrivé  aux  dernières 
pages  de  mon  livre  sur  la  musique  de  l'antiquité,  je  me  vis 
contraint  de  m'arrêter  au  seuil  de  l'époque  problématique.  Dix 
années  de  nouvelles  études,  poursuivies  sans  relâche,  m'ont  mené 
à  une  solution  satisfaisante  du  problème.  Voici  les  points  princi- 
paux qui  peu  à  peu  se  sont  dégagés  de  mes  recherches.  «  Le 
«  chant  chrétien  a  pris  ses  échelles  modales,  au  nombre  de  quatre, 


VI  INTRODUCTION. 

«  et  ses  thèmes  mélodiques  à  la  pratique  musicale  du  temps  de 
«  l'empire  romain,  et  particulièrement  au  chant  à  la  cithare  (ou 
«  citharodie),  genre  de  musique  qui,  jusqu'au  VP  siècle  de  notre 
«  ère,  a  tenu  dans  la  vie  privée  des  Romains  une  place  analogue 
«  à  celle  qu'occupe  parmi  nous  le  Lied  avec  accompagnement 
(•  de  piano.  Comme  la  langue  latine,  la  musique  gréco-romaine 
«  est  entrée  de  plain-pied  dans  l'Eglise  catholique,  et  s'y  est 
«  continuée  telle  quelle,  à  part  la  suppression  de  tout  élément 
«  instrumental.  Vocabulaire  et  syntaxe  sont  les  mêmes  chez  le 
«  païen  Symmaque  et  chez  son  contemporain  saint  Ambroise  ; 
«  modes  et  règles  de  la  composition  musicale  sont  identiques 
«  dans  les  hymnes  que  Mésomède  adresse  aux  divinités  du 
«  paganisme  et  dans  les  cantilènes  des  mélographes  chrétiens'. 
«  Les  plus  anciens  monuments  du  chant  liturgique  remontent  à 
«  l'époque  où  les  formes  du  culte  public  dans  l'Eglise  latine 
«  commencent  à  prendre  des  contours  arrêtés  pour  nous  :  aux 
«  confins  du  IV^  et  du  V^  siècle  ».  Au  delà  le  chant  chrétien, 
comme  la  liturgie  elle-même  en  grande  partie,  est  une  terra 
incognita^  ;  il  peut  fournir  la  matière  de  dissertations  oratoires, 
suggérer  des  conjectures  plus  ou  moins  ingénieuses  :  il  ne  donne 
pas  prise  à  la  recherche  historique. 

L'ouvrage  que  nous  présentons  ici  a  pour  but  de  démontrer 
et  de  développer  les  précédentes  propositions  à  l'aide  de  tous 
les  moyens  d'investigation  actuellement  à  notre  portée.  Afin  de 
rendre  nos  démonstrations  aussi  probantes  que  possible,  nous 
avons  pris  dans  le  répertoire  liturgique  toute  une  classe  de 
chants,    les   antiennes  des    Heures,    que    nous    avons    mises    en 

'  Voici  ce  que  j'écrivais  en  1880  au  sujet  de  ces  restes  de  la  musique  gréco-romaine, 
les  seuls  que  l'on  connût  alors  :  «  La  mélodie  offre  un  grand  caractère  de  simplicité; 
«  elle  est  strictement  diatonique  sans  aucune  métabole,  tout  comme  les  chants  citharo- 
«  diques  antérieurs  aux  innovations  de  Phrynis  et  de  Timothée.  Il  faut  donc  admettre 
«  que  du  temps  d'Hadrien  une  réaction  s'était  produite  parmi  les  musiciens  dans  le  sens 
«  de  l'archaïsme,  ce  qui  est  conforme  à  l'esprit  général  de  l'époque  des  Antonins  et 
«  à  celui  de  la  poésie  de  Mésomède.  »  Histoire  de  la  musique  de  Vantiquité,  t.  II,  pp,  617- 
618.  J'ai  eu  la  satisfaction  de  voir  mes  idées  pleinement  confirmées  par  les  découvertes 
musicales  faites  récemment  à  Delphes. 

2  «  Qualis  fuerit  quatuor  primis  Ecclesiae  saeculis  Romanae  ecclesiae  liturgia  in 
«  sacrificio  ineffabili,  frustra  quaeras.  »  Muratori,  Liturgia  romana  vêtus,  Venise,  1748, 
t.  I,  p.  10. 


INTRODUCTION.  vu 

parallèle,  quant  à  la  facture  musicale,  d'une  part  avec  les  restes 
notés  de  l'époque  des  Antonins,  d'autre  part  avec  les  doctrines 
harmoniques  de  l'antiquité. 

Nous  avons  limité  notre  examen  comparatif  aux  antiennes  de 
l'office,  les  considérant  comme  la  seule  catégorie  de  productions 
qui  puisse  servir  de  point  de  départ  à  une  exploration  scientifique 
du  trésor  des  mélodies  chrétiennes.  Les  motifs  de  notre  préfé- 
rence sont  les  suivants. 

En  premier  lieu,  les  susdits  chants  sont  ceux  dont  nous 
pouvons,  en  remontant  le  cours  des  âges,  suivre  les  vestiges  le 
plus  loin,  sans  cesser  d'être  guidés  par  des  documents  écrits. 
Non-seulement  nous  voyons  apparaître  déjà  vers  le  milieu  du 
IX"  siècle  des  catalogues  oii  les  mélodies  antiphoniques  sont 
classées  d'après  leurs  modes,  leurs  sons  initiaux,  et  notées  par- 
tiellement en  neumes;  nous  possédons  encore  une  assez  grande 
quantité  d'antiennes  transcrites  dès  cette  époque  dans  une  nota- 
tion exprimant  des  intervalles  précis  :  fait  des  plus  considérables 
pour  quiconque  sait  que,  vers  la  fin  du  X^  siècle,  les  cantilènes 
liturgiques  ont  subi  de  nombreuses  altérations  modales.  En  ce 
qui  concerne  les  morceaux  autres  que  les  antiennes,  les  rensei- 
gnements musicaux  sont  loin  d'être  aussi  étendus.  A  la  vérité, 
les  chants  développés  et  ornés  de  l'office  et  de  la  messe  (répons 
nocturnes,  graduels,  offertoires,  introïts,  communions,  etc.) 
figurent  déjà  en  abondance  dans  les  manuscrits  du  IX^  et  du 
X^  siècle,  mais  uniquement  notés  en  neumes,  donc  indéchiffrables 
par  eux-mêmes^  En  outre,  les  premiers  écrivains  didactiques  s'en 

I  Une  mélodie  indiquée  par  des  neumes  ne  devient  lisible  qu'à  l'aide  d'une  traduction 
en  notation  diastématique  :  sur  la  portée,  ou  par  signes  alphabétiques.  Voir  la  Paléogra- 
phie musicale  des  PP.  Bénédictins  de  Solesmes,  1889,  t.  I,  pp.  40,  47.  Guy  d'Arezzo  com- 
pare les  neumes  à  un  puits  sans  corde,  dont  les  eaux,  pour  abondantes  qu'elles  soient, 
ne  peuvent  abreuver  aucun  être  humain.  Ibid.,  p.  108.  Tout  en  reconnaissant  hautement 
le  service  que  les  Bénédictins  ont  rendu  au  chant  liturgique  par  leur  belle  publication 
archéologique,  nous  ne  pouvons  nous  rallier  à  leur  méthode  d'investigation  qui,  sous  une 
apparence  d'exactitude  rigoureuse,  est  en  réalité  aussi  peu  scientifique  que  possible. 
Négligeant  systématiquement  les  précieux  renseignements  contenus  dans  la  littérature 
anté-guidonienne  (Aurélien  de  Réomé,  Réginon  de  Prum,  Hucbald,  VEnchiriadis,  la 
Commemoratio  pseudo-hucbaldienne),  ils  se  contentent  de  traduire  les  plus  anciens  docu- 
ments neumatiques  par  des  versions  diastématiques  postérieures  à  Guy  d'Arezzo,  sans 
tenir  compte  des  transformations  modales  que  mainte  mélodie  a  subies  entre  le  IXe  et 


VIII  INTRODUCTION. 

sont  peu  occupés  et  ne  les  ont  pas  soumis  à  un  classement 
détaillé'.  Pour  les  hymnes,  incontestablement  les  plus  anciens 
chants  ecclésiastiques  conservés  en  Occident,  il  en  est  pis 
encore.  Comme  elles  sont  restées  exclues  de  l'office  local  de 
Rome  jusqu'en  plein  moyen  âge  (ci-après,  p.  78),  leurs  mélodies 
n'ont  été  ni  recueillies  ni  analysées  dans  les  écrits  théoriques"*, 
et  ne  nous  sont  transmises  que  par  des  documents  assez  jeunes. 
Pas  plus  que  les  répons  et  les  antiennes  de  la  messe,  elles 
n'offrent  un  terrain  propice  à  l'exploration  historique. 

La  seconde  raison  qui  nous  a  décidé  en  faveur  des  mélodies 
antiphoniques,  c'est  qu'elles  ont  pu,  mieux  que  toutes  les  autres, 
résister  aux  défaillances  de  la  mémoire,  aux  caprices  du  goût 
individuel.  En  effet,  l'extrême  simplicité  de  leur  dessin,  l'absence 
presque  complète  de  groupes  mélismatiques  (à  cet  égard  elles 
présentent  avec  les  hymnes  païens  une  analogie  frappante),  non 

le  XI«  siècle.  De  là  vient  que  leurs  livres  de  chant  ne  sont  pas  supérieurs,  pour 
l'authenticité  des  mélodies,  aux  autres  recueils  modernes.  Deux  faits  suffiront  à  prouver 
notre  assertion.  —  Le  Liber  Gradualis  de  D.  Pothier  contient  27  antiennes  ad  commu- 
nionem  (sur  les  123  enregistrées  par  Réginon)  qui  ont  perdu  leur  primitive  forme  modale. 
(Beaucoup  d'entre  elles  sont  mentionnées  ci-après  dans  les  notes  du  ch.  VII,  p.  194  et 
suiv.)  —  Le  graduel  Justus  ut  palma,  que  la  Paléographie  donne  comme  spécimen  de  la 
méthode  suivie  à  Solesmes  pour  la  restauration  des  chants  grégoriens,  est  transcrit  avec 
la  mélodie  dénaturée  qui  se  lit  partout  aujourd'hui  :  c'est-à-dire  dans  un  prétendu 
Ile  mode  irrégulier  qui  n'a  aucune  existence  légitime.  Or  tout  le  groupe  de  chants  auquel 
se  rattache  la  mélodie  du  susdit  graduel  était  du  IV^  mode  au  temps  d'Aurélien  de 
Réomé,  vers  850  (voir  ci-après  p.  igg,  note  ij.  A  quoi  sert  de  posséder  la  même  mélodie 
en  dix,  vingt  manuscrits  du  IXe  siècle,  tous  parfaitement  concordants,  si  l'on  s'en  remet 
aveuglément,  pour  les  interpréter,  à  un  traducteur  plus  jeune  de  trois  cents  ans  et  qui 
ne  sait  que  la  langue  parlée  de  son  temps  ? 

1  Réginon  a  recueilli  dans  son  Tonaritis  les  introïts  et  les  communions,  ainsi  qu'un 
petit  choix  de  répons  nocturnes.  Aurélien  cite  en  plus,  pour  chacun  des  modes,  deux  ou 
trois  offertoires,  mais  il  ne  mentionne  ni  les  graduels  (sauf  une  exception  au  IV^  mode), 
ni  les  versets  alléluiatiques,  ni  les  traits.  Il  dit  expressément  que  les  morceaux  de 
ce  genre  n'avaient  pas  de  classement  arrêté  :  «  Responsoria  autem  gradalis  officii  et 
«  tractus,  nec  ne  alléluia,  sed  et  prolixas  antiphonas  letaniarum  atque  Rogationum, 
Il  ceterasque  hujusmodi  non  operae  pretium  arbitratus  sum  huic  inserere  operi  :  praeser- 
II  tim  cum  minime  ignorem  in  his  omnibus  tonos  posse  reperiri,  et  non  intromittantur 
«  per  tenores  ceu  introitus  et  reliqua  istiusmodi  :  quin  potissimum  censui  omittendum, 
M  quia  nec  usus  in  sese  sanctae  retinet  Ecclesiae.  »  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  54. 

2  Sauf  une  seule,  conservée  accidentellement  dans  un  des  mss.  de  VEnchiriadis, 
toutes  les  mélodies  hymnétiques  citées  ci-après  (pp.  70-80)  ne  me  sont  connues  que  par 
des  manuscrits  datant  tout  au  plus  du  XlIIe  siècle. 


INTRODUCTION.  ix 

moins  que  la  brièveté  de  la  plupart  d'entre  elles,  font  que  les 
cantilènes  de  cette  sorte  ont  pu  être  transmises  sûrement,  grâce 
à  un  enseignement  oral  bien  organisé,  jusqu'à  l'époque,  assez 
tardive,  où  leur  contour  mélodique  a  été  précisé  par  une  notation 
sans  équivoque.  De  plus,  comme  leurs  thèmes  sont  en  nombre 
restreint,  et  que  le  môme  air  s'adapte  à  plusieurs  textes,  les 
chants  issus  d'une  mélodie  commune  servent  à  se  contrôler  les 
uns  les  autres  et,  en  cas  de  déviation,  à  se  rectifier  mutuellement. 

Disons  enfin  que  les  antiennes  de  l'office  présentent  pour 
l'histoire  de  la  musique  un  intérêt  capital.  Ce  qui  a  passé  du 
répertoire  ecclésiastique  dans  l'art  moderne  provient,  à  cbup  sûr, 
du  chant  des  Heures,  auquel  l'élément  laïque  resta  toujours 
associé  dans  une  certaine  mesure,  et  non  pas  des  modulations 
de  la  messe,  longues  et  compliquées,  le  domaine  exclusif  des 
chantres  d'église. 

Si,  d'une  part,  l'analyse  comparée  des  cantilènes  antiphoniques 
et  des  restes  musicaux  du  temps  des  Antonins  nous  permet  de 
remonter  aux  origines  même  de  la  mélopée  chrétienne,  et,  par 
delà  l'époque  romaine,  jusqu'à  la  Grèce  classique,  d'autre  part 
une  étude  attentive  de  la  collection  entière  des  chants  de  l'Église 
nous  procure  la  possibilité  de  discerner  plusieurs  phases  dans  le 
développement  subséquent  de  l'homophonie  liturgique,  depuis 
son  établissement  primitif  jusqu'à  l'époque  où,  sortant  d'une 
longue  obscurité,  elle  se  montre  dans  les  plus  anciens  monu- 
ments écrits. 

En  combinant  les  résultats  d'une  pareille  investigation  avec 
quelques  données  fournies  par  des  documents  de  première  main, 
contemporains  des  faits  qu'ils  font  connaître,  j'ai  pu  esquisser 
les  divisions  chronologiques  de  l'histoire  du  chant  chrétien,  telles 
que  je  les  conçois,  dans  un  discours  prononcé  à  l'Académie  de 
Belgique  en  i88g.  Je  le  suppose  connu  de  mes  lecteurs. 

Les  idées  que  j'y  ai  exposées  s'éloignent  notablement  des 
traditions  enseignées  dans  les  écrits  traitant  du  chant  de  l'Eglise 
catholique.  Elles  ont  soulevé  de  vives  réclamations  au  sein  des 
communautés  monastiques  adonnées  à  ce  genre  d'études.  Ce  qui 
a  surtout  offusqué  mes  vénérables  contradicteurs,  c'est  mon 
attitude  sceptique  à  l'.endroit  du  rôle  communément  attribué  à 


X  INTRODUCTION. 

saint  Grégoire  le  Grand  dans  la  compilation  ou  la  composition 
des  cantilènes  du  rituel  romain.  Nulle  part  je  n'ai  réussi  à 
découvrir  une  trace  authentique  de  l'activité  du  grand  pape  sur 
ce  terrain.  Bien  que  le  sujet  du  présent  volume  ne  touche  pas 
directement  à  la  question  grégorienne,  —  ce  que  les  traditiona- 
listes revendiquent  surtout  pour  le  saint  pontife  c'est  l'élaboration 
de  VAntiphonale  missarum,  —  comme  la  date  de  la  promulgation 
du  double  recueil  liturgique  domine  toute  la  chronologie  de  cette 
histoire,  j'ai  cru  devoir  insérer  ici,  sous  forme  de  note  addition- 
nelle, un  compte  rendu  détaillé  de  la  discussion  intéressante 
soulevée  par  mon  discours  académique.  Le  lecteur  sera  ainsi  mis 
en  état  d'examiner  la  question  par  lui-même,  et  de  se  faire  une 
opinion  raisonnée.  Ce  résumé,  que  je  m'efforcerai  de  serrer  le 
plus  possible,  me  dispensera  de  reprendre  le  ton  de  la  polémique 
au  cours  de  mon  livre. 

La  première  réponse  parut,  signée  des  initiales  de  Dom  Germain 
Morin,  dans  la  Revue  bénédictine  de  Maredsous,  en  février  1890,  aussitôt 
après  la  publication  de  mon  Discours  dans  les  Bulletins  de  l'Académie  de 
Belgique  (t.  18,  p.  453  et  suiv.),  en  sorte  que  je  pus  insérer  une  réplique 
à  l'article  assez  ému  du  savant  religieux  dans  l'édition  in  extenso  de  ma 
dissertation  {Les  origines  du  chant  liturgique  de  l'Église  latine,  Gand, 
Hoste,  1890,  pp.  77-92). 

Ma  théorie  hétérodoxe,  qui  se  trouvait  là  précisée,  accentuée,  parut  dès 
lors  mériter  une  réfutation  plus  approfondie.  En  juillet  1890,  D.  Morin 
commença  de  publier  dans  la  susdite  revue  une  série  d'articles,  intitulée 
Les  témoins  de  la  tradition  grégorienne,  qu'il  réunit  plus  tard  en  une 
seule  brochure  portant  un  nouveau  titre  :  Les  véritables  origines  du  chant 
grégorien  (Bureau  de  la  Revue  bénédictine,  Abbaye  de  Maredsous,  1890, 
74  pp.)-  Dans  ce  travail,  assurément  remarquable,  bien  ordonné  et  conte- 
nant des  textes  inédits,  l'écrivain  entreprend  de  réfuter,  point  par  point, 
tout  ce  qui  dans  ma  manière  de  voir  ne  cadre  pas  avec  la  tradition 
reçue. 

De  leur  côté  les  PP.  Bénédictins  de  Solesmes  firent  paraître  presque 
en  même  temps  une  brochure  anonyme,  Un  mot  sur  l'Antiphonale  missa- 
rum  (Solesmes,  imprimerie  Saint-Pierre,  1890,  36  pp.),  où,  tout  en 
évitant  avec  soin  de  prononcer  mon  nom  et  de  transcrire  le  titre  de 
mon  écrit,  ils  s'attachent  consciencieusement  à  démolir  mon  système 
historique  et  à  défendre  l'opinion  traditionnelle.  Écrit  plein  d'érudition, 


INTRODUCTION.  xi 

non  moins  instructif  que  le  précédent,  il  renferme  une  observation 
très  importante  relativement  aux  textes  des  antiennes  de  communion 
chantées  aux  fériés  du  carême. 

Au  cours  de  la  même  année  et  de  la  suivante,  mon  Étude  donna  encore 
matière,  dans  les  revues  et  journaux  de  France,  d'Allemagne  et  de 
Belgique,  à  plusieurs  comptes  rendus  et  articles  de  critique  moins 
étendus  :  sympathiques  en  général  à  mes  idées,  ceux  de  provenance 
laïque;  défavorables,  ceux  d'origine  ecclésiastique.  Parmi  les  articles  de 
cette  dernière  catégorie,  les  seuls  qu'il  y  ait  lieu  de  mentionner  ici,  voici 
tous  ceux  qui  me  sont  tombés  sous  la  main. 

Le  P.  Grysar,  de  la  compagnie  de  Jésus  :  Hat  Gregor  der  Grosse  den 
Kirchengesang  reformirt?   dans   le   Zeitschrift  fiir   K.   TheoL,   Inspruck, 

1890,  2^  trim.,  pp.  377-380.  Critique  très  modérée.  Ne  contient  rien 
qu'on  ne  trouve  dans  le  premier  article  de  D.  Morin. 

Le  P.  Souiller,  S.  J.,  note  dans  les  Études  religieuses,  revue  men- 
suelle publiée  par  les  PP.  Jésuites,  Paris,  Retaux-Bray,  T.  I,  n°  7 
(31  juillet  1890),  p.  490. 

L'abbé  L.  Duchesne,  membre  de  l'Institut  de  France,  courte  notice 
dans  le  Bulletin  critique,  Paris,  11^  année,  n°  i6  (15  août  1890),  p.  315.  — 
Un  second  article  dans  le  n°  24  (15  décembre),  p.  477.  — En  général 
réminent  éditeur  du  Liber  Pontificalis  se  contente  de  donner  aux  PP. 
Bénédictins  un  satisfecit,  accompagné  toutefois  d'une  réserve  qui  lui 
enlève  toute  portée  ^ 

Le  P.  Ambr.  Kienle,  de  l'ordre  de  saint  Benoît,  compte  rendu  dans  le 
Vierteljahrsschrift  fiir  Musikwissenschaft,  Leipzig,  Breitkopf  et  Haertel, 

1891,  !«■■  trim.,  pp.  116-122. 

J'ai  examiné  attentivement  chacun  de  ces  écrits  avec  la  ferme  volonté 
de  m'affranchir  de  tout  parti  pris,  et  d'abandonner  celles  de  mes  opinions 
dont  l'inconsistance  me  serait  prouvée  par  des  raisons  convaincantes. 
Je  me  fais  un  devoir  de  déclarer  que  les  brochures  des  religieux  de 
Maredsous  et  de  Solesmes  m'ont  été  d'une  lecture  particulièrement 
intéressante  et  profitable.  Mais  en  fin  de  compte,  après  cet  examen, 
ma  manière  de  voir  ne  s'est  trouvée  modifiée  sur  aucun  point  de  quelque 
importance.  Personne  parmi  mes  contradicteurs  n'a  répondu  victorieu- 
sement, ce  me  semble,  aux  objections  capitales  que  j'ai  élevées  contre 
la  crédibilité  des  traditions  courantes  relatives  à  l'institution  du  chant 


ï  «  L'antiphonaire  existait  sûrement  avant  le  VlIJe  siècle.  Maintenant  est-il  égale- 
«  ment  sûr  qu'il  remonte  jusqu'à  Grégoire  le  Grand  ?  »  Bull.  crit.  du  15  août.  Au  fond 
c'est  ma  thèse,  énoncée  sous  une  forme  interrogative. 


XII  INTRODUCTION. 

dans  l'Église  latine.  Nul  d'entre  eux,  que  je  sache,  n'a  entrepris  de 
démontrer  l'impossibilité  du  système  historique  qui  m'a  été  suggéré  par 
une  étude  purement  objective  des  monuments  de  l'art  ecclésiastique  et 
des  documents  qui  s'y  rapportent. 

Pour  justifier  mon  dire,  je  vais  transcrire  à  nouveau  mes  proposi- 
tions fondamentales  avec  un  résumé  de  mes  arguments  et  des  réponses 
qu'on  y  a  opposées.  Cette  revue  sommaire  me  permettra  de  répondre  en 
même  temps  aux  nouvelles  objections  qui  se  sont  produites  depuis  la 
seconde  édition  de  mon  Discours,  et  d'élucider  certains  points  encore 
obscurs  pour  moi  il  y  a  trois  ans.  Afin  de  simplifier  les  discussions  à 
venir,  j'énoncerai  mes  assertions  sous  une  forme  nettement  affirmative, 
et  je  n'appuierai  mes  raisonnements  que  sur  des  textes  reconnus  authen- 
tiques par  mes  adversaires  ^ 

Ma  première  thèse  : 

I.  La  tradition  qui  fait  de  saint  Grégoire  le  Grand  le  législateur  du 
chant  liturgique  et  le  compilateur  des  mélodies  de  l'Antiphonaire  n^a  aucun 
fond  historique  ni  aucune  vraisemblance. 

II.  a)  C'est  une  légende  qui  a  pris  naissance  sous  Charlemagne,  au 
plus  tôt.  b)  Amplifiée  au  cours  du  IX'  siècle,  elle  a  reçu  sa  forme  définitive 
dans  le  célèbre  écrit  de  Jean  Diacre,  z)  Elle  n'a  été  généralement  acceptée 
qu'à  partir  du  XI'  siècle. 

Voici  les  raisons  que  j'ai  fait  valoir  à  l'appui  de  la  première  partie  de 
ma  thèse,  et  les  réponses  de  mes  contradicteurs. 

i*  Le  manque  absolu,  dans  les  nombreux  écrits  de  saint  Grégoire, 
de  toute  allusion  directe  ou  indirecte  aux  faits  visés  par  la  tradition,  de 
tout  témoignage  d'intérêt  pour  la  pratique  du  chant  sacré  :  particularités 
rendues  plus  significatives  encore  par  le  décret  du  synode  de  595,  qui 
interdit  aux  prêtres  et  aux  diacres  de  participer  au  chant  liturgique 
proprement  dit,  et  de  s'occuper  de  la  culture  de  leur  voix.  Seul  D.  Morin, 
dans  son  premier  article,  a  essayé  d'affaiblir  l'argument  en  m'opposant 
une  lettre  de  saint  Grégoire,  adressée  à  l'évêque  de  Syracuse.  Je  n'ai 
pas  eu  de  peine  à  lui  montrer  que  ce  document  était  invoqué  à  tort  et 
n'avait  rien  à  voir  ici  (Orig.  du  chant  lit.,  pp.  86  et  suiv.).  Dans  son 
second  travail  mon  respectable  contradicteur  n'est  plus  revenu  sur  son 

I  C'est  pourquoi  je  m'abstiendrai  d'invoquer  le  témoignage  d'Amalaire,  dont  les  écrits 
ont  été  falsifiés,  si  l'on  en  croit  D.  Germain  Morin,  qui  s'est  engagé  à  en  donner  une 
édition  critique.  Les  renseignements  donnés  par  les  contemporains  du  diacre  de  Metz 
suffisent  amplement  pour  tirer  au  clair  la  question  actuelle. 


INTRODUCTION.  xm 

objection  :  je  puis  donc  la  considérer,  au  moins  momentanément,  comme 
écartée. 

2°  Le  silence  gardé  au  sujet  des  mêmes  faits  par  les  plus  anciens 
biographes  de  Grégoire  I  :  l'auteur  de  la  notice  du  Liber  Pontificalis, 
Isidore  de  Séville,  Bède  le  Vénérable,  Paul  Diacre.  Aucun  des  défenseurs 
de  la  tradition  n'a  tenté  une  explication  quelconque  de  ce  mutisme 
unanime  :  l'argument  est  resté  sans  réponse. 

3°  L'impossibilité  de  faire  remonter  jusqu'aux  premières  années  du 
VII®  siècle  VAniiphonarius  gregorianus,  manifestement  contemporain 
du  sacramentaire  dit  grégorien,  lequel  est  assigné  par  le  liturgiste  le 
plus  autorisé  de  notre  temps,  M,  l'abbé  Duchesne,  au  pontificat 
d'Hadrien  I,  de  772  à  795  (Orig.  du  culte  chrétien^  pp.  114-119).  Cet 
argument  n'est  pas  contesté  davantage.  L'anonyme  de  Solesmes  se  borne 
à  prouver  très  doctement  (p.  ig)  que  «  VAntiphonale  missarum  encore 
«  en  usage  aujourd'hui,  mais  dégagé  de  ses  adjonctions  postérieures  % 
«  existait  déjà  avant  Grégoire  II  »  (715-731).  Le  savant  moine  aurait  pu 
s'abstenir,  me  paraît-il,  d'enfoncer  une  porte  ouverte.  N'avais-je  pas 
démontré  auparavant  dans  mon  discours  académique  {Orig.  du  chant,  lit., 
p.  19)  que  la  composition  des  mélodies  du  Graduel,  et  a  fortiori  l'ordon- 
nance des  textes,  était  complètement  terminée  avant  l'intercalation  des 
messes  pour  les  jeudis  du  Carême,  au  temps  de  Grégoire  II  ?  —  Quoi  qu'il 
en  soit,  le  fait  paraît  décisif  à  l'écrivain,  et  justifie  pleinement,  selon  lui, 
l'attribution  de  VAntiphonale  missarum  à  Grégoire  I.  Sans  pousser  plus 
loin  la  discussion,  le  P.  Bénédictin  conclut  par  cette  phrase  étonnante  : 
«  Il  nous  suffit  d'être  rentrés  en  possession  (!),  et  nous  croyons  ici  que, 
«  à  si  faible  distance  du  premier  occupant,  possession  vaut  titre.  »  Je  ne 
m'attendais  pas,  je  l'avoue,  à  voir  invoquer  cet  axiome  de  droit 
dans  une  discussion  historique.  Y  a-t-il  donc  prescription  en  pareille 
matière?  et  l'histoire  n'est-elle  pas  un  procès  toujours  sujet  à  revision? 
Au  surplus  on  est  mal  venu  à  parler  de  «  faible  distance  »  lorsqu'il  s'agit 
d'au  moins  iio  ans  :  ce  n'est  pas  là  une  quantité  négligeable.  L'écri- 
vain n'aurait  pas  dû  perdre  de  vue  un  détail  important  :  à  savoir  que 
dans  cet  espace,  sauté  si  lestement,  ont  vécu  les  papes  pour  lesquels  je 
revendique  l'honneur  d'avoir  mis  la  dernière  main  au  répertoire  musical 
de  l'Église  catholique.  Esquiver  une  question  embarrassante  n'équivaut 
pas  à  la  résoudre. 

ï  Jusqu'à  présent  les  écrivains  ecclésiastiques  se  sont  totalement  abstenus  de  désigner 
avec  précision  les  offices  qu'ils  considèrent  comme  «  grégoriens  »,  ce  qui  empêche 
d'engager  avec  eux  une  discussion  de  détail. 

II 


XIV  INTRODUCTION. 

Nous  venons  de  passer  en  revue  les  réponses  faites  à  la  partie  négative 
de  notre  thèse  (I);  passons  à  la  partie  positive  (II). 

a)  Une  preuve,  selon  nous  irrécusable,  du  caractère  apocryphe  des 
récits  qui  présentent  Grégoire  I  comme  l'organisateur  du  chant  d'église, 
c'est  qu'il  est  possible  de  déterminer,  à  peu  d'années  près,  l'époque  où  ces 
récits  ont  commencé  à  se  produire,  et  de  suivre  pas  à  pas  leur  dévelop- 
pement ultérieur.  Quand  on  se  trouve  tout  à  coup  en  face  d'une  tradition 
complète,  donnée  par  celui  qui  l'enregistre  le  premier  comme  acceptée  de 
son  temps,  on  peut  supposer  qu'elle  existait  déjà  auparavant  sous  forme  de 
récit  oral:  mais  lorsqu'on  la  surprend  au  moment  même  de  sa  formation, 
et  encore  à  l'état  embryonnaire,  la  chose  est  toute  différente.  Or  l'histoire 
entière  de  la  tradition  grégorienne  se  déroule  au  IX*  siècle  :  elle  a 
ses  humbles  commencements  sous  Charlemagne  et  son  aboutissement 
vers  880. 

En  écrivant  son  premier  article,  D.  Morin  s'était  attaché  à  démontrer 
l'existence  de  la  susdite  tradition  pendant  l'espace  de  temps  qui  sépare 
le  pontificat  de  Grégoire  I  de  la  fondation  de  l'empire  d'Occident. 
Il  m'avait  opposé  deux  textes  d'origine  anglo-saxonne;  le  plus  ancien, 
de  l'évêque  Aldhelm  de  Sherborne  (vers  680),  le  second  d'Egbert,  évêque 
d'York  (732-766). 

J'ai  écarté  le  premier  comme  étranger  à  la  question  {Orig.  du  chant  lit., 
p.  80).  D.  M.  a  renoncé  à  s'en  prévaloir  dans  son  travail  développé,  où  il 
constate  explicitement  le  silence  absolu  du  VIP  siècle,  et  implicitement 
celui  de  la  première  moitié  du  VHP.  Quant  au  texte  d'Egbert,  je  l'avais 
récusé  pour  deux  raisons  :  i°  il  se  lit  dans  un  ouvrage  dont  l'authenticité 
a  été  mise  en  doute  par  un  éminent  liturgiste;  2°  son  contenu  et  sa  rédac- 
tion dénoncent  une  interpolation  postérieure  à  Jean  Diacre  (Orig.  du 
chant  lit.,  ibid.).  Notre  savant  Bénédictin  belge  maintient  l'authenticité 
intégrale  des  passages  en  question  (Vér.  orig.,  pp.  33-37).  S'appuyant  sur 
des  autorités  nombreuses,  il  affirme  les  droits  d'Egbert  à  la  paternité  du 
Paenitentialis ;  d'autre  part  il  nie  l'intervention  d'un  interpolateur.  Quant 
à  mon  premier  argument,  emprunté  à  Mansi,  je  l'abandonne  volontiers, 
m'inclinant  devant  l'opinion  de  tant  de  doctes  personnages.  Il  m'en  coûte 
d'autant  moins  que  je  n'aurai  nulle  peine  à  défendre  ma  seconde  assertion. 
Examinons  donc  à  nouveau  les  paroles  attribuées  à  l'évêque  northumbrien. 

«  Notre  Eglise  d'Angleterre  observe  le  jeûne  du  premier  mois  pendant 
«  la  semaine  initiale  du  Carême,  ainsi  que  Ta  ordonné  et  prescrit,  par  le 
«  ministère  de  notre  docteur  Augustin,  le  bienheureux  Grégoire,  fondateur 
«  de   notre    Eglise....    Quant    au   jeûne    du    quatrième    mois,    le   même 


INTRODUCTION.  xv 

«  saint  Grégoire,  dans  son  Antiphonaire  et  son  Missel,  et  par  l'inter- 
«  médiaire  de  son  légat  susdit,  en  a  prescrit  la  célébration  à  l'Église 
«  d'Angleterre  durant  la  semaine  après  la  Pentecôte.  Tout  ceci  est  attesté 
«  non  seulement  par  nos  antiphonaires,  mais  aussi  par  ceux  que  nous 
«  avons  examinés  et  confrontés  avec  les  missels  déposés  auprès  du 
«  tombeau  des  apôtres  Pierre  et  Paul.  »  (Le  texte  latin  dans  les  Orig. 
dît  chant  lit.,  p.  Se,  A  et  B). 

Si  le  passage  est  authentique,  nous  devons  tenir  pour  certain  que 
dès  le  milieu  du  VIII''  siècle  il  existait  à  la  basilique  de  Saint-Pierre 
un  ou  plusieurs  antiphonaires  reconnus  par  toute  la  chrétienté  comme 
provenant  de  saint  Grégoire  lui-même,  livres  que  les  évêques  des  contrées 
les  plus  lointaines  venaient  consulter  pour  trancher  des  points  douteux, 
non  seulement  en  matière  de  chant,  mais  aussi  en  d'autres  matières 
liturgiques.  Or  cela  est  absolument  inconciliable  avec  l'ensemble  des 
textes  connus.  En  effet,  si  Rome,  le  centre  de  la  catholicité,  eût  pu 
exhiber  déjà  vers  760  un  document  réputé  grégorien,  et  revêtu  par  là 
d'une  autorité  en  quelque  sorte  canonique,  comment,  70  ans  plus  tard, 
Walafrid  Strabon  et  Hildemar  se  seraient-ils  bornés  à  parler  de  la  rédac- 
tion de  l'Antiphonaire  par  saint  Grégoire  comme  d'un  simple  «  on-dit  », 
une  opinion  individuelle,  arbitraire? (Voir  D.  Morin,  Vér.  orig.,  pp.  14-15.) 
Comment  un  évêque  orthodoxe,  un  saint,  Agobard  de  Lyon,  aurait-il 
pu,  sans  encourir  les  censures  ecclésiastiques,  écrire  sa  virulente  diatribe 
contre  ÏAntiphonale  missarum,  y  signaler  des  inepties,  des  mensonges, 
voire  des  blasphèmes',  et  nier  ouvertement  l'origine  grégorienne  du 
recueil?  Enfin,  comment  aurait-il  pu  s'exprimer  sur  le  compte  des  par- 
tisans d'une  telle  origine  en  ces  termes  méprisants  : 

«  De  ce  que  l'inscription  servant  de  titre  au  susdit  livre  met  en  avant 
«  le  nom  d'un  Gregoriiis  praesid,  certaines  gens  ont  pris  de  là  prétexte 
«  pour  s'imaginer  {putant  qtiidani)  que  le  recueil  a  été  composé  par  le 
«  bienheureux  Grégoire,  pontife  de  Rome  et  docteur  très-illustre,  etc.  » 
(Le  texte  latin  chez  D.  M.,  Vér.  orig.,  p.  15). 

N'est-il  pas  clair  comme  le  jour  que,  à  la  date  où  ces  lignes  furent 
tracées,  personne  ne  soupçonnait  l'existence  du  fameux  document 
authentique,  et  l'opinion  qui  faisait  de  saint  Grégoire  le  rédacteur  de 
l'Antiphonaire  ne  comptait  encore  que  des  partisans  clair-semés  et  sans 
autorité?  Assurément  les  quidam  désignés  par  Agobard  ne  sont  pas  des 

I  «  Hac  de  causa  et  Antiphonarium  pro  viribus  nostris  magna  ex  parte  correximus, 
«  amputatis  his  quae  vel  superflua,  vel  levia,  vel  mendacia  aut  blasphéma  videbantur.  » 
De  corrections  Antiphonarii,  c.  3  {Patrol.  de  Migne,  t.  104,  p.  330). 


XVI  INTRODUCTION. 

princes  de  l'Église,  encore  moins  des  souverains  Pontifes.  Croire  qu'au 
IX*  siècle  le  primat  des  Gaules  se  soit  insurgé  contre  une  ancienne  tra- 
dition patronnée  par  Rome,  me  paraît  inadmissible  de  tout  point.  Donc, 
quel  que  soit  l'auteur  du  Paenitentialis,  les  phrases  où  il  est  question 
de  l'Antiphonaire  n'ont  pas  été  écrites  au  VHP  siècle,  ni  même  pendant 
la  première  moitié  du  IX*.  Et  ainsi  s'évanouit  l'unique  témoin  que  les 
tradionalistes  ont  réussi  à  découvrir  pour  toute  la  période  antérieure 
à  Charlemagne. 

Mon  respectable  contradicteur  signale  un  vestige  de  la  tradition  grégo- 
rienne tout  à  fait  vers  la  fin  du  VHP  siècle.  Sur  la  foi  d'un  biographe 
d'Hadrien  II  (867-872),  il  attribue  au  premier  Hadrien  (772-795)  la 
composition  des  vers  visés  par  Agobard  : 

Gregorius  praesul,  ineritis  et  nomine  dignns, 
Unde  genus  ducit  snviimim  conscendit  honorem. 

Pour  ma  part,  je  ne  vois  aucun  inconvénient  à  faire  honneur  de  ces 
hexamètres  à  l'illustre  pape,  l'ami  du  futur  empereur  d'Occident.  Toute- 
fois cela  se  concilie  assez  mal  avec  la  manière  dédaigneuse  dont  Agobard 
parle  du  célèbre  distique.  Et  à  ce  propos  je  me  permettrai  une  dernière 
observation.  S'il  est  vrai,  comme  le  dit  D.  Morin,  que  les  mots  tinde 
genus  ducit  désignent  sans  équivoque  possible  Grégoire  I,  comment  se 
fait-il  qu'un  évêque  lettré,  savant,  presque  contemporain  d'Hadrien, 
ait  refusé  de  reconnaître  le  saint  pontife  dans  le  Gregorius  praesul? 

b)  Comme  j'admets  pleinement  l'existence  d'une  tradition  grégorienne 
depuis  Charlemagne,  mes  dissentiments  avec  les  PP.  Bénédictins  ne 
portent  plus,  à  partir  de  cette  époque,  sur  les  faits  ni  sur  les  textes, 
mais  sur  la  manière  d'interpréter  les  uns  et  les  autres.  Je  dois  à  la  vérité 
de  déclarer  que  les  documents  insérés  dans  la  brochure  de  D.  Morin  ont 
complètement  élucidé  ce  qui  restait  obscur  pour  moi  dans  l'histoire  du 
progrès  et  du  triomphe  final  de  l'idée  grégorienne  à  Rome.  Évidemment 
le  rescrit  du  pape  Léon  IV  (847-855)  marque  le  moment  où  la  tradition 
reçoit  sa  consécration  suprême.  L'intrépide  fondateur  de  la  cité  Léonine, 
le  destructeur  de  la  puissance  sarrasine  en  Italie,  proclame  les  chants 
ecclésiastiques  l'œuvre  personnelle  du  saint  pontife  qui  en  des  temps 
lointains  avait  su  dompter  la  sauvagerie  lombarde  et  préserver  Rome 
de  toute  profanation  ^  Dans  cette  page  caractéristique,  le  plus  austère  et 

I  On  sait  que  sous  le  pape  Serge  II,  au  mois  d'août  846,  moins  d'un  an  avant 
l'avènement  de  Léon  IV,  une  bande  de  Sarrasins,  venue  par  mer  et  par  le  Tibre,  avait 
saccagé  et  pillé  les  deux  plus  vénérables  basiliques  de  la  chrétienté  :  Saint-Pierre  au 
Vatican  et  Saint-Paul  hors  les  murs. 


INTRODUCTION.  xvii 

le  moins  artiste  des  papes  connus  dans  l'histoire  est  célébré  comme 
l'auteur  des  mélodies  du  sanctuaire,  comme  un  musicien  inspiré  dont  les 
cantilènes  ont  une  douceur  sans  égale'. 

Les  découvertes  de  D.  Morin  m'ont  permis  aussi,  je  me  plais  à  le 
reconnaître,  une  vue  plus  nette  de  l'œuvre  de  Jean  Diacre.  Tout  me 
porte  à  croire  maintenant  que,  dans  le  paragraphe  où  il  traite  des 
réformes  musicales  de  saint  Grégoire,  le  zélé  panégyriste  se  sera  contenté 
de  mettre  par  écrit  les  anecdotes  qui  circulaient  parmi  le  monde  ecclé- 
siastique de  Rome  au  temps  du  pape  Jean  VIII  (872-882).  Ce  que  je 
continue  à  laisser  au  compte  de  l'hagiographe,  ce  sont  ses  incroyables 
bévues  historiques,  ses  lourdes  railleries  sur  les  Français  et  les  Alle- 
mands, nations  également  impopulaires  à  Rome  depuis  la  décadence  du 
pouvoir  impérial^. 

c)  L'attitude  négative  des  musicistes  franks  à  l'endroit  de  l'origine 
grégorienne  des  mélodies  ecclésiastiques  (Orig.  du  chant  lit.,  p.  86)  n'a 
pas  été  contestée,  que  je  sache.  Il  est  certain  que,  malgré  l'appui  de  Rome, 
la  narration  de  Jean  Diacre  ne  reçut  pas  un  accueil  empressé  au  delà  des 
Alpes.  Réginon  de  Prum,  ne  se  souciant  pas  apparemment  de  la  nier,  ni 
d'y  donner  une  adhésion  explicite,  se  tire  d'affaire  d'une  manière  assez 
originale.  Après  avoir  reproduit  au  début  de  son  Tonarius  quelques 
extraits  de  la  littérature  patrologique  relatifs  au  chant  :  le  récit  de  la 
vision  de  saint  Ignace  d'Antioche  (institution  de  l'antiphonie),  un  passage 
de  saint  Jérôme,  un  autre  d'Isidore  de  Séville,  il  donne  sans  commentaire 
le  décret  grégorien  de  595,  qui  interdit  le  chant  aux  prêtres  et  aux 
diacres.  Quant  à  Hucbald  et  à  l'auteur  de  VEnchiriadis,  ils  ne  prononcent 
pas  le  nom  de  saint  Grégoire.  Guy  d'Arezzo,  le  premier,  enseigne  la 
doctrine  incontestée  depuis  lors  :  après  lui  la  cantilena  romana  devient 
le  chant  grégorien. 

Il  me  reste  à  remarquer  toutefois  que  l'Église  s'est  abstenue  de 
sanctionner  solennellement  la  tradition  en  l'accueillant  dans  les  textes 
liturgiques.  Les  leçons  de  l'office  de  saint  Grégoire  ne  parlent  pas  de  la 
compilation  des  chants  de  l'Antiphonaire.  Elles  disent  simplement  :  «  Apud 

1  «  Qui  plane  sanctissimus  papa  Gregorius....  sapiens  pastor  fuit,  et  copiosos  ad 
«  humanam  salutem  edidit  (cantus)  et  sonum....  quem  in  ecclesia  vel  ubique  canimus 
«  musicis  artibus  opéra  plurima  ad  excitandos  vel  commovendos  intentius  humanos 
«  fecerit  animos,  ita  ut  non  tantum  ecclesiasticos,  sed  etiam  rudes  et  duros  animos 
«  artificiose  modulationis  sonitu  ad  ecclesias  convocaret.  »  Vér.orig.,  p.  11. 

2  Gregorovius,  Geschichte  der  Stadt  Rom  im  Mittelalter,  3^  éd.,  Stuttgard,  t.  III,  p.  171 
et  suiv. 


XVIII  INTRODUCTION. 

«  sancticm  Pelrum  coacta  Synodo,  multa  consiituit  :  in  Us  ut  in  Missa 
«  Kyrie  eleison  novies  repeterettir  :  ut  extra  id  tenipus  quod  continetur 
«  Septuagesima  et  Pascha,  Alléluia  diceretur  :  ut  adderetur  in  Canone  : 
«  Diesque  nostros  in  tua  pace  disponas.  Litanias,  stationes  et  ecclesiasticiim 
«  officinm  auxit.  »  Enfin  ce  qui  prouve  que  l'Église  continue  à  considérer 
la  question  comme  ouverte,  c'est  le  concours  institué  en  i8gi  par  S.  S. 
Léon  XIII,  et  dont  voici  un  des  points  :  «  Exposer  l'état  actuel  de  la 
«  science  quant  à  l'œuvre  liturgique  de  saint  Grégoire.  Examiner  ses 
«  propres  écrits  à  ce  sujet  et  la  question  du  chant  »  (Revue  critique  du 
27  juillet  1891). 

Ma  deuxième  thèse  : 

a)  Le  travail  de  compilation  et  de  composition  des  chants  liturgiques, 
attribué  traditionnellement  à  saint  Grégoire  le  Grand,  fut  en  réalité  l'œuvre 
des  papes  helléjiiques  qui  occuperait  le  siège  pontifical  à  la  fin  du  VIP  et  au 
commencement  du  VHP  siècle. 

b)  Les  mélodies  de  V Antiphonale  missarum  ont  reçu  leur  forme  définitive 
entre  ravènement  de  Léon  II  (682)  et  celui  de  Grégoire  II  (715).  Le  pape 
Serge  I  (687-701)  a  été  le  principal  inspirateur  de  cette  œuvre. 

c)  L'antiphonaire  de  l'office  avait  été  fixé  antérieurement,  sous  le  pontificat 
d'Agathon  (678-681). 

a)  b)  Du  moment  où  nous  avons  été  amené  à  reconnaître  l'inconsistance 
de  la  tradition  grégorienne,  en  ce  qui  concerne  la  question  musicale, 
et  l'impossibilité  d'y  trouver  un  point  d'appui  pour  l'investigation  histo- 
rique, force  nous  a  été  de  considérer  l'Antiphonaire  romain  comme  un 
recueil  de  chants  sans  auteurs  connus,  et  de  lui  arracher  le  secret  de 
sa  formation  à  l'aide  des  procédés  critiques  commandés  pour  cette  sorte 
de  productions,  savoir  :  constater  l'époque  la  plus  ancienne  à  laquelle 
l'existence  de  l'écrit  est  attestée  par  des  documents  contemporains; 
puis,  remonter,  à  partir  de  là,  jusqu'à  ce  que  l'on  rencontre  les  circon- 
stances applicables  à  l'élaboration  de  l'œuvre  et  propres  à  en  rendre 
compte. 

Or,  en  suivant  cette  méthode,  nous  avons  bientôt  abouti  aux  deux 
premières  propositions  de  notre  thèse.  Voici  l'ordre  dans  lequel  nous 
avons  enchaîné  nos  déductions. 

1°  Nous  avons  admis  comme  extrêmement  vraisemblable,  sauf  vérifica- 
tion ultérieure,  que  la  plus  ancienne  partie  du  répertoire  musical  de 
l'Eglise  romaine  se  compose  des  antiennes  de  l'office,  et  que  le  recueil 


INTRODUCTION.  xix 

des  chants  variables  de  la  messe  (le  Graduel)  en  constitue  l'élément  le 
plus  récent. 

2°  Laissant  momentanément  de  côté  l'antiphonaire  de  l'office,  nous 
avons  constaté  que  la  partie  essentielle  de  VAntiphonale  missarum,  et 
notamment  le  Proprium  de  Tempore,  existait  avant  Grégoire  II  (715-731), 
ce  qui  nous  a  donné  la  limite  inférieure  de  l'âge  du  double  recueil  des 
chants  liturgiques  {Orig.  du  chant  lit.,  pp.  20-21). 

3°  Nous  nous  sommes  aperçu  qu'une  portion  considérable  du  susdit 
Propre  du  Temps,  à  savoir  les  chants  pour  les  messes  des  23  dimanches 
après  la  Pentecôte,  ne  pouvait  pas  remonter  de  beaucoup  au  delà  de  715, 
puisque  ces  dimanches  n'ont  pas  encore  d'offices  spéciaux  dans  le 
sacramentaire  pseudo-gélasien,  que  M.  l'abbé  Duchesne  considère  comme 
rédigé  à  la  fin  du  VII^  siècle  (Orig.  du  culte  chrétien,  pp.  11  g- 127).  Sans 
dépasser  les  limites  des  données  fournies  par  VAntiphonale  missarum  lui- 
même,  nous  avons  donc  abouti  aux  environs  de  l'an  700  comme  date 
approximative  de  la  composition  musicale  des  morceaux  les  plus  récents 
du  Graduel  romain. 

4°  La  comparaison  musicale  de  ces  derniers  chants  avec  ceux  qui  appar- 
tiennent aux  messes  des  fêtes  les  plus  anciennement  célébrées  ne  nous  a 
révélé  aucune  différence  de  caractère  ou  de  forme.  Toutes  les  cantilènes 
du  Graduel,  sauf  une  douzaine  d'antiennes  de  communion,  montrent  la 
même  facture  mélodique  :  ils  contiennent  de  nombreuses  vocalises  et  se 
distinguent  par  là  nettement  des  antiennes  de  l'office,  syllabiques  pour 
la  plupart.  Nous  concluons  de  cette  unité  de  style,  totalement  étrangère 
aux  chants  de  l'office,  que  le  recueil  entier  de  V Antiphonale  missarum  a  été 
pourvu  de  ses  mélodies  définitives  à  une  même  époque  et  dans  un  espace 
de  temps  assez  restreint  :  les  trente  ou  quarante  années  qui  ont  précédé 
le  pontificat  de  Grégoire  II. 

Nous  avons  été  conduit  ainsi  à  reconnaître  l'existence  d'une  grande 
productivité  musicale  aux  confins  du  VIP  et  du  VIII=  siècle.  Dès  lors 
était-il  possible  de  ne  pas  penser  à  trois  papes  de  cette  époque,  qui, 
par  une  exception  unique  dans  l'ancien  Liber  Pontificalis,  sont  expres- 
sément désignés  comme  ayant  possédé  des  connaissances  spéciales  en 
matière  de  chant  ?  Léon  II,  Benoît  II  et  Serge  I  ne  se  dénoncent-ils 
pas  eux-mêmes  comme  les  promoteurs  de  cette  réforme  de  la  cantilena 
romana?  Et  l'attention  ne  se  porte-t-elle  pas  avant  tout  sur  le  pape  Serge? 
Venu  à  Rome,  simple  laïque,  sous  le  pontificat  d'Adéodat  (672-676), 
d'après  son  biographe  contemporain,  il  fut  agrégé  au  clergé,  et,  à  cause 
de  ses    talents    musicaux,    reçut    la   mission    d'instruire    les    chantres 


XX  INTRODUCTION. 

de  la  scliola,  charge  dont-il  paraît  s'être  acquitté  pendant  une  dizaine 
d'années  ^  Evidemment,  aucun  des  papes  n'a  des  titres  aussi  spéciaux 
que  Serge  I,  pour  être  considéré  comme  l'organisateur  du  chant  de 
l'Église  latine. 

Les  traditionalistes  ne  peuvent  contester  le  premier  point  de  mon 
argumentation  déductive,  puisque  V Antiphonale  missarum  fut,  selon  eux, 
le  couronnement  de  la  réforme  de  saint  Grégoire. 

Ils  sont  éo^alement  d'accord  avec  moi  sur  le  deuxième  point  :  même 
l'écrivain  anonyme  de  Solesmes  raisonne  comme  s'il  l'avait  établi. 

Mais  au  troisième  point  le  dissentiment  éclate.  «  Il  y  a  ici  »,  écrit 
D.  Morin  (Vér.  orig.,  p.  49)  «  une  méprise  dont  je  ne  réussis  pas  à  me 
«  rendre  compte.  M.  Gevaert  dit  que  les  messes  des  dimanches  après  la 
«  Pentecôte  ne  figurent  pas  dans  le  sacramentaire  gélasien.  J'ouvre  le 
«  sacramentaire  et  je  trouve  au  commencement  du  troisième  livre  : 
«  Orationes  et  preces  pro  dominicis  diebiis.  Ce  sont  les  messes  des  diman- 
«  ches  après  la  Pentecôte.  —  Elles  ne  sont  ici  qu'au  nombre  de  seize.  — 
«  Il  se  peut  que  ce  nombre  fût  suffisant  pour  l'usage  des  églises  auxquelles 
«  la  collection  fut  destinée  »,  C'est  à  mon  tour  de  ne  pas  comprendre  la 
réponse  qui  m'est  faite,  et  de  poser  une  foule  de  points  d'interrogation. 
Comment  D.  Morin  sait-il  que  la  désignation  Pro  dominicis  diebus 
s'applique  seulement  aux  dimanches  après  la  Pentecôte,  à  l'exclusion  des 
dimanches  après  l'Epiphanie,  qui,  eux  aussi,  sont  omis  dans  le  document 
pseudo-gélasien?  Le  nombre  des  dimanches  entre  la  Pentecôte  et  l'Avent 
étant  partout  le  même,  comment  seize  messes  auraient-elles  pu  suffire  en 
certaines  localités  et  être  insuffisantes  en  d'autres  ?  Est-il  croyable  que 
16  groupes  d'oraisons  aient  jamais  été  juxtaposés  à  23  groupes  de 
chants?  Sont-ce  là  ce  qu'on  appelle  des  messes  propres?  N'est-il  pas 
évident  que  la  rubrique  Orationes  pro  dominicis  diebus  nous  reporte  à  une 
époque  où  la  plupart  des  dimanches  sans  procession  stationale  n'avaient 
pas  encore  d'oraisons  fixes^  (à  plus. forte  raison  de  chants  spéciaux),  en 
sorte  que  l'officiant  choisissait  librement  entre  les  16  groupes  de  formules 
liturgiques.  Or  le  sacramentaire  dit  grégorien  ne  connaît  plus  de  messes 
dominicales  ad  libitum;    de  même  que  les  missels   modernes,  il  assigne 

»  Orig.  du  chant  lit.,  p.  39,  note  i.  Serge  fut  ordonné  prêtre  sous  Léon  II  (682-683); 
il  dut  dès  lors,  en  vertu  du  décret  synodal  de  595,  abandonner  ses  fonctions  actives 
de  chantre.  Le  rédacteur  de  la  notice  du  L.  P.  fait  remarquer  qu'après  son  ordination 
le  futur  pape  mit  un  grand  zèle  à  remplir  ses  devoirs  sacerdotaux  :  Hic  tempore 
presbyterattis  sui  impigre  per  coemiteria  diversa  missaviim  solemnia  celebravit. 

2  Les  six  dimanches  entre  Pâques  et  la  Pentecôte,  bien  que  non-stationaux,  ont  des 
offices  propres  dans  le  pseudo-gélasien. 


INTRODUCTION.  xxi 

une  série  spéciale  d'oraisons  à  chacun  des  24  dimanches  constants  qui 
séparent  la  Pentecôte  de  l'A  vent',  ainsi  qu'aux  trois  dimanches  toujours 
compris  entre  l'Epiphanie  et  la  Septuagésime.  Au  surplus  un  autre 
indice,  et  des  plus  significatifs,  tend  à  prouver  que  la  partie  du  Graduel 
comprenant  les  messes  des  dimanches  après  la  Pentecôte  fut  composée 
en  dernier  lieu  :  c'est  la  place  qu'elle  occupe  dans  V Antiphonarius  grego- 
ricinus,  tout  à  la  fin  du  recueil^.  — -Par  toutes  ces  raisons  il  nous  est 
impossible  d'accepter  l'objection  de  D.  Morin. 

Celui-ci  conteste  également  le  quatrième  point  de  ma  déduction. 
Comme  il  s'agit  là  d'une  question  purement  musicale,  mieux  vaudra  la 
discuter  à  propos  de  ma  troisième  thèse,  où  nous  la  retrouverons. 

Naturellement  D.  Morin  repousse  avec  plus  d'énergie  encore  l'ensemble 
de  ma  deuxième  thèse.  A  ses  yeux,  comme  aux  yeux  des  autres 
défenseurs  de  la  tradition,  les  passages  du  Liber  pontificalis  invoqués  par 
moi  ne  signifient  rien.  Ces  particularités  mentionnées  par  des  contem- 
porains^,  et  qui  se  détachent  si  nettement  sur  les  formules  habituelles  des 
biographies  papales,  n'ont  aucune  valeur  historique  selon  les  Bénédic- 
tins. Ce  qui  contredit  la  doctrine  séculaire  est  considéré  par  eux  comme 
non  avenu.  «  Il  faudrait  autre  chose  »,  disent-ils,  «  que  deux  ou  trois 
«  lambeaux  de  phrase  pour  faire  admettre  des  faits  aussi  contraires  à 
«  toutes  les  idées  reçues.  »  A  entendre  ce  langage  dédaigneux,  ne 
dirait-on  pas  que  mes  contradicteurs  ont  les  mains  pleines  de  documents 
décisifs,  alors  que,  de  leur  propre  aveu,  ils  ne  peuvent  produire, 
pour  étayer  leurs  prétentions,  que  des  témoignages  postérieurs  de  tout 
un  siècle  aux  nôtres.  En  définitive  les  notices  de  Léo?t  II,  de  Benoît  II 
et  de  Serge  I  sont  les  seules  dans  l'ancienne  chronique  pontificale  qui  parlent 
de  papes  s' étant  occupés   personnellement    de    chant    liturgique;  à    ce  titre 


ï  Au  temps  de  Grégoire  II  et  de  Grégoire  III,  l'Avent  contenait  non  pas  quatre,  mais 
cinq  dimanches  (voir  le  Kalendarium  romamim  publié  par  le  P.  Fronto,  Paris,  1652,  et  le 
sacramentaire  grégorien  dans  l'édition  bénédictine  des  œuvres  du  saint);  voilà  pourquoi 
il  n'existe  que  23  groupes  de  chants  pour  les  24  messes  des  dimanches  après  la  Pentecôte. 
Avant  de  former  une  série  unique,  comme  ils  le  font  depuis  Hadrien,  ces  dimanches 
furent  d'abord  partagés  en  cinq  sections  :  a)  Hebdomadae  post  Pentecosten ;  h)  post  Natale 
Apostolortim  (Pétri  et  Patili);  c)  post  Natale  S.  Laurentii;  d)  post  Natale  S.  Cypriani.  C'est 
le  système  du  Kalendavitim  romamim,  écrit  rédigé  apparemment  vers  750. 

*  L'arrangeur  du  sacramentaire  grégorien  publié  par  Muratori  relègue  cette  catégorie 
de  messes  dans  sa  partie  supplémentaire.  Liturg.  vêtus,  t.  II,  p.  139  et  suiv.  Relativement 
aux  nombreuses  divergences  des  vieux  recueils,  en  ce  qui  concerne  la  disposition  des 
messes  en  question,  voir  l'Introduction  du  Graduale  Sarisburiense  récemment  publié. 
Londres,  Quaritch. 

3  Duchesne,  Lib.  Pont.,  t.  I,  p.  ccxxxii  et  suiv. 


xxii  INTRODUCTION. 

elles  ont  dans  la  question  une  importance  hors  ligne,  et  à  l'heure 
actuelle  il  n'en  existe  pas  d'autres  qui  puissent  fournir  un  point 
de  départ  rationnel  à  des  recherches  historiques  sur  la  formation  du 
recueil  des  cantilènes  de  l'Église  occidentale.  Les  conclusions  que  j'en 
ai  tirées  sont  en  partie  hypothétiques,  cela  est  vrai;  mais  en  matière 
scientifique  l'hypothèse  est  légitime,  quand  elle  s'adapte  sans  effort  à 
tous  les  faits  régulièrement  constatés.  J'ajouterai  qu'elle  est  indispensable, 
lorsque  le  système  traditionnel  d'explication  est  reconnu  caduc.  Si  mon 
hypothèse  contient  des  vices  intrinsèques,  des  impossibilités,  on  aura 
bientôt  fait  de  les  démontrer. 

Lorsque,  il  y  a  cinq  ans,  j'écrivis  mon  Discours,  j'étais  enclin  à  croire 
que  les  retouches  de  V Antiphonale  missariim,  exécutées  sous  les  papes 
helléniques,  avaient  porté  exclusivement  sur  la  partie  musicale,  et  que, 
abstraction  faite  des  nouveaux  offices  introduits  vers  cette  époque,  les 
textes  antérieurs  des  chants  avaient  été  respectés.  J'ai  dû  modifier  ma 
manière  de  voir  depuis  la  remarquable  découverte  d'un  de  mes  adver- 
saires. L'anonyme  de  Solesmes  a  fait  observer,  —  et  c'est  là  sans 
contredit  la  partie  la  plus  intéressante  de  sa  brochure,  —  que  les 
antiennes  de  communion  pour  les  fériés  du  Carême  (les  jeudis  et  toute 
la  semaine  sainte  exceptés)  forment  une  série  suivie  (pp.  15-16).  Elles 
sont  tirées  des  psaumes  i  à  26  se  succédant  dans  leur  ordre  numérique. 
La  série  commence  au  mercredi  des  Cendres  (Qui  meditabitur ,  ps.  0  et  se 
termine  au  vendredi  avant  le  dimanche  des  Rameaux  '  {Ne  tradideris  me, 
ps.  26).  Elle  a  donc  pris  place  dans  le  Graduel  romain  à  une  époque  où  le 
caput  jejunii  était  déjà,  comme  aujourd'hui,  le  mercredi  des  Cendres, 
et  non  plus,  comme  pendant  les  premiers  siècles,  le  dimanche  suivant.  Or 
comme  ce  primitif  usage  quadragésimal  n'avait  pas  cessé  d'être  en  vigueur 
à  Rome  sous  Grégoire  le  Grand  (voir  son  Homélie  XVI  in  Evangelia), 
nous  devons  en  conclure  que  la  susdite  série  de  textes  antiphoniques  n'a 
pu  être  introduite  dans  la  messe  qu'au  cours  du  VII*  siècle^.  Ainsi,  voilà 

'  Le  samedi  avant  les  Rameaux  n'avait  pas  de  messe  stationale,  ni  d'office  propre. 
UAntiphonariiis  gregorianus  porte  la  mention  :  Sabbatum  vacat. 

2  L'écrivain,  qui  a  bien  vu  les  conséquences  fâcheuses  de  sa  découverte  pour  la  thèse 
traditionaliste,  s'efforce,  après  coup,  d'embrouiller  le  texte  si  clair  de  saint  Grégoire 
(pp.  25-36).  M.  l'abbé  Duchesne  dit  à  ce  sujet  (Bull,  crit.,  1890,  p.  315)  :  «  Les  PP.  Béné- 
«  dictins  se  tirent  de  cette  difficulté  par  une  exégèse  qui,  je  le  pense,  ne  les  satisfera 
«  pas  longtemps,  car  elle  est  des  plus  subtiles.  »  Il  est  vrai  que  le  célèbre  liturgiste 
propose  ensuite,  lui  aussi,  une  solution  qui  sauverait  la  tradition  menacée.  «  À  mon  avis,  » 
dit-il,  «  il  vaudrait   mieux  admettre  que  la  série  des  antiphones,  instituée  d'abord  par 


INTRODUCTION.  xxiii 

un  point  désormais  acquis  :  au  temps  de  saint  Grégoire  certaines  messes 
stationales  d'institution  très  ancienne,  entre  autres  celles  des  Quatre- 
Temps  de  mars  %  n'étaient  pas  encore  définitivement  pourvues  de  leurs 
textes  chantés  ^ 

Il  est  même  à  supposer  que  ce  remaniement  partiel  des  messes  fériales 
du  Carême  n'eut  pas  lieu  longtemps  avant  Grégoire  II,  Et  voici  sur  quoi 
je  fonde  mon  opinion.  Dès  les  temps  les  plus  anciens  nous  voyons  la 
série  des  26  textes  interrompue  à  cinq  endroits  :  les  antiennes  tirées  des 
psaumes  12,  16,  17,  20  et  2  i  manquent  dans  VAntipJionarius  gregorianus, 
comme  ils  manquent  dans  les  missels  modernes^.  A  leur  place  on  trouve 
des  antiennes  tirées  de  l'évangile  du  jour,  et  empruntées  à  l'office  des 
Heures'^.  Que  signifie  cette  anomalie?  En  voici,  selon  moi,  l'explication 
la  plus  vraisemblable.  La  composition  musicale  de  la  série  entière  des 
communions  psalmiques  n'était  pas  achevée  au  moment  où  la  collection 
des  mélodies  fut  close,  et  l'on  en  fut  réduit  à  garder,  pour  les  jours  restés 
en  souffrance,  les  antiennes  évangéliques  employées  avant  l'introduction 
des  nouvelles  communions.  Car  à  l'origine,  selon  toute  apparence,  les 
antiennes  ad  introitum  et  ad  communionem  se  chantaient  aussi  bien  à 
l'office  des  Heures  qu'à  la  messe^. 

«  saint  Grégoire  pour  commencer  au  premier  lundi  du  Carême,  a  été  transportée  tout 
«  d'une  pièce,  quand  on  reporta  au  mercredi  précédent  le  commencement  du  grand 
«  jeûne.  »  N'en  déplaise  à  mon  éminent  confrère  de  l'Institut,  sa  conjecture  me  paraît 
aussi  peu  réussie  que  l'exégèse  bénédictine.  Si  la  série  entière  eut  été  avancée  après 
coup,  il  manquerait  à  la  fin  deux  antiennes,  puisqu'aucune  n'est  répétée.  Or  il  n'en  est 
rien  :  la  série  s'arrête  juste  à  la  dernière  messe  stationale  qui  précède  la  semaine  sainte. 

1  Selon  l'abbé  Duchesne,  les  leçons  prophétiques  conservées  dans  les  messes  des 
Quatre-Temps  et  de  quelques  jours  du  Carême  sont  les  derniers  vestiges  d'un  usage 
tombé  en  désuétude  dès  le  V^  siècle  {Orig.  du  culte  chrêt.,  p.  160).  Il  résulte  de  là  (et 
tout  au  reste  tend  à  le  prouver)  que  les  premières  parties  variables  de  la  messe  qui 
aient  été  réglées  sont  l'Epître  et  l'Evangile.  Le  KaUndarium  romanum  les  indique  non 
seulement  pour  tous  les  jours  de  l'année  mentionnés  dans  l'Antiphonaire  et  le  Graduel, 
mais  aussi  pour  les  mercredis,  les  vendredis  et  les  samedis  per  anniim. 

2  Le  décret  du  synode  de  595  désigne  les  chants  propres  de  la  messe  d'une  manière 
très  vague,  et  sans  employer  aucun  terme  technique  (psalmi  ac  reliquae  lectionesj. 

3  Aucun  des  cinq  textes  n'est  transcrit,  soit  en  entier  ou  en  partie,  dans  un  document 
quelconque.  Tout  fait  supposer  qu'ils  n'ont  jamais  été  mis  en  usage. 

4  Oporlet  te  fili  gaudere,  Qui  biberit  aquam,  Nemo  te  cofidemnavit,  Lutum  fccit  ex  sputo, 
Videns  Dominus  fientes  sorores  Lazari.  La  dernière  seule  ne  se  rencontre  pas  dans  le 
Responsale  gregorianum  des  Bénédictins. 

5  Pour  expliquer  les  cinq  interruptions,  l'anonyme  de  Solesmes  fait  intervenir  un 
«  réformateur  »  (p.  zi),  c'est-à-dire  un  personnage  inconnu  qui  se  serait  permis  d'enlever, 

puis  de  remplacer  une  partie  des  chants  «  introduits  par  saint  Grégoire  »,  et  qui  aurait 
réussi  à  faire  adopter  ses  innovations  à  Rome  même.  D.  Morin  renchérit  encore  sur 


XXIV  INTRODUCTION. 

Il  est  temps  de  résumer  nettement  mon  opinion  actuelle  au  sujet  de  la 
fixation  définitive  des  chants  du  Graduel  romain,  effectuée  vers  la  fin  du 
VIP  siècle  et  au  commencement  du  VHP.  Selon  moi,  le  programme  de  ce 
travail  important  embrassait  trois  points  : 

I»)  Revision  musicale,  en  beaucoup  de  cas  refonte  complète  des 
mélodies  primitives; 

2°)  Remplacement  de  la  plupart  des  antiennes  (introïts  et  communions) 
utilisées  aussi  dans  le  cursus  par  des  cantilènes  entièrement  nouvelles, 
quant  au  texte  et  à  la  musique'; 

3°)  Composition  intégrale  de  séries  de  chants  pour  les  messes  des 
dimanches  après  l'Epiphanie,  des  dimanches  après  la  Pentecôte,  pour 
les  fêtes  récemment  introduites  (de  la  sainte  Vierge,  de  l'Exaltation 
de  la  sainte  Croix,  etc.). 

Ce  travail  de  longue  haleine,  commencé  sous  la  direction  de  Serge  I 
et  continué  après  lui,  fut  arrêté,  ce  semble,  avant  son  achèvement 
complet,  lors  de  la  rédaction  définitive  de  V Antiphonale  missarum. 
Outre  les  cinq  communions  fériales  du  Carême  déjà  citées,  d'autres 
antiennes  de  même  espèce  ne  furent  pas  comprises  dans  la  réforme  et 
gardèrent  leur  ancien  texte  et  leur  mélodie  syllabique^.  En  outre  des 
répons  en  assez  grand  nombre  (graduels,  offertoires,  traits)  figurent  dans 
plusieurs  messes,  ce  qui  donne  lieu  à  croire  qu'ici  également  la  tâche  des 
mélographes  ne  fut  pas  poussée  jusqu'au  bout.  Seuls  les  introïts  ont  été 
tous  achevés;  aucun  d'eux  ne  se  répétait  dans  le  Propre  du  Temps, 
antérieurement  à  l'insertion  des  messes  pour  les  jeudis  du  Carême^. 

Le  lecteur  qui  a  suivi  les  précédentes  déductions  comprendra  aisé- 
ment comment  j'ai   été  amené  à   placer  la   promulgation    définitive  de 

l'invraisemblance  de  cette  hypothèse;  il  croit  que  le  réformateur  n'est  autre  que 
saint  Grégoire  en  personne,  mécontent  sans  doute  de  son  propre  ouvrage.  Singulière 
réforme,  en  vérité,  qui  aurait  consisté  à  remplacer  des  chants  spéciaux  par  des  antiennes 
banales.  L'explication  des  RR.  PP.  n'est  valable  que  pour  un  changement  analogue, 
mais  beaucoup  plus  récent,  dans  la  messe  du  lundi  après  le  1er  dimanche  du  Carême  : 
substitution  d'une  communion  tirée  de  l'évangile  du  jour  {Amen  dico  vobis)  à  la 
3«  antienne  psalmique  [Voce  mea).  Ce  dernier  chant  se  rencontre  encore  de  nos  jours 
dans  le  Graduel  des  Dominicains,  publié  par  le  P.  Larroca  (Tournai,  1890,  Desclée;. 

ï  A  l'introït  plusieurs  textes  furent  maintenus,  les  uns  avec  une  mélodie  nouvelle 
(Rorate  caeli,  Doininus  dixit  ad  me.  Eue  advenit),  les  autres  avec  leur  ancien  chant 
développé  ou  varié  {Dtim  médium  silentium,  Viri  Galilaei,  Spiritus  Domini). 

2  Pater,  si  non  potes,  Mitte  manum  tuam,  Factus  est  repente,  Spiritus  sanctus  docebit  vos, 
Spiritus  qui  a  Pâtre  procedit,  Comedite  pingnia,  Dico  vobis  gatidium  est,  etc. 

3  Je  ne  compte  naturellement  pas  les  dimanches  vacants,  ni  les  dimanches  complé- 
mentaires après  l'Epiphanie  et  après  la  Pentecôte, 


INTRODUCTION.  xxv 

V Antiphonale  missarnm  sous  Grégoire  II  ou  Grégoire  III,  son  successeur. 
Du  moment  où  l'on  se  résigne  à  jeter  par  dessus  bord  la  tradition 
séculaire,  il  n'y  a  pas  moyen  de  procéder  différemment,  à  moins  de 
sacrifier  aussi  l'épithète  «  grégorien  ».  Et  même  alors  on  ne  pourrait 
pas  abaisser  de  beaucoup  la  date  de  cet  acte  important.  En  effet,  seize 
ans  seulement  (741-757)  séparent  la  mort  de  Grégoire  III  de  l'avènement 
de  Paul  I,  le  signataire  du  plus  ancien  document  où  le  recueil  des  chants 
de  la  messe  est  nommé.  Et  l'on  ne  compte  que  cinq  années  (767-772) 
entre  Paul  I  et  Hadrien  I,  l'illustre  pape  dont  le  long  pontificat  (772-795) 
inaugure  l'histoire  documentée  du  chant  liturgique. 

c)  U antiphonaire  de  V office  est  antérieur  à  Vantiphonaire  des  messes.  Cela  / 

ressort  d'une  particularité  caractéristique  :  V office  férial  du  Carême  y  com- 
mence seulement  au  lendemain  du  dimanche  de  la  Quadragésime^.  A  l'époque 
où  le  chant  du  cursus  reçut  son  ordonnance  actuelle,  l'usage  quadragésimal         ' 
du  temps  de  Grégoire  I  était  donc  toujours  observé  à  Rome. 

D'autre  part  le  recueil  est  postérieur  à  Grégoire  I.  Une  grande  partie  de 
ses  textes  sont  tirés  des  Acta  martyrum,  encore  inconnus  à  Rome  du  | 
vivant  de  l'illustre  pontife  (ci-après  pp.  169-170);  de  plus  il  contient 
beaucoup  de  fêtes  instituées  entre  600  et  700.  C'est  donc  au  VII^  siècle 
qu'il  faut  trouver  une  date  convenable  pour  sa  promulgation.  Cette  date, 
je  me  suis  décidé  à  la  placer  sous  le  pontificat  d'Agathon  (678-681),  me 
fondant  sur  un  écrit  de  la  première  moitié  du  siècle  suivant,  où  il  est  dit 
que  «  l'archichantre  de  Saint-Pierre  fut  envoyé  en  Angleterre,  sur  l'ordre 
«  du  pape  Agathon,  pour  y  enseigner  le  chant  de  l'office  tel  qu'il  se  prati- 
«  quait  alors  dans  la  basilique  pontificale  »  {Orig.  du  chant  lit.,  pp.  38,  63). 
D.  Morin  n'admet  pas  de  connexité  entre  ce  fait  et  la  promulgation 
de  l'antiphonaire  de  l'office.  «  Toute  la  preuve  qu'on  donne  à  l'appui 
«  de  cette  conjecture  »,  dit-il,  «  est  la  mission  de  l'archichantre  Jean 
«  en  Angleterre,  à  la  prière  du  célèbre  abbé  Benoît  Biscop.  J'avoue  que 
«  je  ne  vois  guère  la  conséquence  qu'il  y  a  entre  le  rôle  de  ce  personnage, 
«  tel  qu'il  est  décrit  par  Bède,  et  l'attribution  du  Responsale  au  pape 
«  Agathon.  De  ce  que  le  préchantre  de  Saint-Pierre  enseigna,  de  vive 
«  voix  et  par  écrit,  aux  moines  northumbriens  la  manière  de  se  conformer 
«  dans  la  célébration  de  l'office  des  Heures  à  l'usage  modèle  de  la  basilique 

I  Ce  fait  est  remarqué  aussi  par  l'anonyme  de  Solesmes,  p.  29.  —  Les  répons 
nocturnes  du  mercredi  des  Cendres  et  des  trois  jours  suivants  sont  ceux  du  dimanche 
de  la  Quinquagésime  ;  aucune  allusion  au  Carême  n'y  est  faite.  L'unique  changement 
opéré  dans  l'office,  lors  de  l'extension  du  grand  jeûne,  porte  sur  quelques-unes  des 
antiennes  in  Evangelio, 


XXVI  INTRODUCTION. 

«  vaticane,  comment  conclure  que  les  livres  de  l'office  eux-mêmes  ne 
«  dataient  que  des  premiers  mois  du  court  pontificat  d'Agathon?  »  {Vér. 
orig.,  pp.  60-61.)  D'abord  je  ferai  une  observation  de  détail,  assez  impor- 
tante toutefois.  Je  ne  vois  nulle  part  dans  le  texte  de  Bède  que  l'abbé  Jean 
se  soit  rendu  en  Angleterre  à  la  prière  de  Biscop  ;  au  contraire  il  est  dit 
expressément  qu'il  y  alla  sur  l'ordre  du  Saint-Père  {per  jitssionem  papae 
Agathonis)  et  que  Biscop  lui  servit  simplement  de  guide  {duce  reverendis- 
simo  abbate  Biscopo).  Ensuite  je  ferai  remarquer  à  mon  respectable  contra- 
dicteur qu'il  diminue  singulièrement  la  portée  de  cette  mission  lointaine, 
sans  précédent  connu  dans  les  annales  ecclésiastiques.  Evidemment 
le  but  d'un  aussi  long  et  périlleux  voyage  n'était  pas  d'aller  implanter  en 
Angleterre  la  pratique  traditionnelle  du  chant  de  Rome,  très  florissante 
dans  le  royaume  de  Kent  dès  les  temps  de  saint  Augustin  de  Cantorbéry, 
et  généralisée  dans  toute  l'heptarchie  depuis  l'arrivée  de  l'illustre  évêque 
grec  Théodore  (668).  La  qualité  et  la  compétence  particulière  de  l'abbé 
Jean,  chef  d'une  des  trois  communautés  monastiques  auxquelles  incom- 
bait le  service  quotidien  du  chant  des  Heures  à  la  basilique  de  Saint-Pierre 
(ci-après,  pp.  S5-87),  suffisent  à  prouver  qu'il  s'agissait  d'une  mission 
spéciale  et  importante.  Si  le  pape  Agathon  consentit  à  se  priver  pour  un 
temps  assez  long  des  services  du  prieur  de  la  schola  pontificale^  c'est 
qu'il  avait  à  cœur  d'initier  le  clergé  anglo-saxon  à  des  additions  et 
changements  opérés  récemment  dans  le  chant  de  l'office  romain,  tâche 
qui  nécessitait  l'enseignement  d'un  maître  expert  et  habile^.  Dans  mon 
opinion,  les  nouveautés  à  introduire  en  Angleterre  étaient  :  1°  la  pratique 
de  la  psalmodie  d'après  la  doctrine  syro-hellénique  des  huit  modes 
de  l'Église  (p.  107);  2°  l'exécution  du  chant  orné  dans  les  répons  de 
l'office  nocturne^;    3°  l'usage  des  notes  neumatiques,  indispensable    aux 

'  L'archichantre  Jean  ne  devait  pas  revoir  Rome.  Il  mourut  en  France  pendant  son 
voyage  de  retour.  Ses  compagnons  portèrent  son  corps  à  l'abbaye  de  Saint-Martin  de 
Tours,  où  il  fut  inhumé  avec  honneur.  Bède,  Hist.  eccl.  gent.  AiigL,  1.  IV,  c.  18. 

2  Le  jeune  clerc  sicilien  qui  fut  plus  tard  Serge  I  professait  déjà  à  la  schola  depuis 
nombre  d'années. 

3  Les  répons  nocturnes  dépendent  des  lectures  ou  leçons,  et  s'y  interposent  comme 
les  chœurs  de  la  tragédie  grecque  entre  les  discours  et  colloques  des  personnages.  Les 
moines  de  l'ordre  de  saint  Benoît,  depuis  les  temps  de  leur  fondateur,  récitent  à  chaque 
nocturne  trois  leçons  et  chantent  des  répons  en  même  nombre.  Mais  l'office  local  de 
Rome  n'adopta  cet  usage  qu'au  Vil»  siècle,  ainsi  que  nous  l'apprend  un  abbé  du  Mont- 
Cassin.  Théodomar,  dans  une  lettre  adressée  à  Charlemagne.  a  Si  quem  autem  movet 
«  quare  B.  Benedictus  in  aestatis  tempore  quotidianis  diebus  ad  nocturnum  officium 
«  unam  tantum  de  veteri  testamento  lectionem  legi  praeceperit,  cognoscat  necdum  eo 
«  tempore  in  Romana  ecclesia.  sicut  nunc  leguntur,  sacras  scripturas  legi  mos  fuisse; 


INTRODUCTION.  xxvn 

chantres  pour  se  remémorer  les  dessins  compliqués  des  longues  mélodies 
responsoriales.  Une  sollicitude  aussi  marquée  pour  la  culture  de  l'art  sacré 
semble  dénoter  chez  Agathon  l'intérêt  porté  à  une  œuvre  personnelle. 
Voilà  pourquoi  j'ai  désigné  le  premier  des  papes  grecs  du  VII^  siècle 
comme  le  réformateur  du  chant  de  l'office.  Peu  importe  au  reste  que 
l'organisation  définitive  ait  eu  lieu  sous  son  pontificat  ou  sous  celui  de 
ses  prédécesseurs  Donus  et  Adéodat  (678-672);  l'essentiel  est  de  posséder 
une  date  approximative,  et  nous  pouvons,  sans  crainte  de  nous  tromper 
de  beaucoup,  écrire  680. 

Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant  cette  seconde  partie  de  mon 
Excnrsus,  d'adresser  aux  défenseurs  de  la  doctrine  traditionnelle  une 
question  suivie  d'une  remarque  : 

«  Si,  comme  nous  venons  de  le  prouver,  la  rédaction  de  l'antiphonaire 
«  de  l'office  est  à  la  fois  postérieure  à  Grégoire  I  et  antérieure  à  la 
«  rédaction  de  V AiUiphonale  missarnm,  comment  celle-ci  pourrait-elle 
«   être  l'œuvre  du  saint  pontife  ?  » 

Ainsi  notre  investigation  historique,  en  redescendant  le  cours  des  âges 
aussi  bien  qu'en  le  remontant,  nous  ramène  invinciblement  vers  la  fin 
du  VIP  siècle,  vers  la  période  des  papes  helléniques. 

Ma  troisième  thèse  : 

a)  Le  chant  syllabique  est  antérieur  au  chant  mélismatique. 

b)  Celui-ci  ne  s'est  pas  développé  avant  la  période  byzantine;  il  a  eu  son 
efflorescence  à  la  fin  du   VIP  siècle. 

a)  Sur  le  premier  point  mes  adversaires  semblent  ne  pas  s'accorder 
entre  eux.  Tandis  que  D.  Morin  et  D.  Kienle  combattent  mon  opinion, 
les  PP.  de  Solesmes,  autant  que  l'on  peut  saisir  leur  pensée,  trop  souvent 
fuyante,  affirment  avec  moi  la  priorité  du  chant  syllabique.  En  effet  je 
lis  dans  la  Paléographie  (t.  I,  p.  103)  :  «  La  notation  chironomique  ne 
«  répond  pas  aux  exigences  des  cantilènes  arrivées  à  leur  plein  dévelop- 
«  pement;  son  adaptation  à  de  tels  mélismes  ne  peut  se  concevoir  que  par 
«  l'existence  antérieure  d'un  état  mélodique  très  simple.  »  La  dissidence 
de   mes   contradicteurs    me   dispenserait,  à  la  rigueur,   de  réfuter  leurs 

«  sed  pro  aliquo  tempore  hoc  institutum  esse,  sive  a  B.  papa  Gregorio,  sive,  ut  ab  aliis 
«  adfirmatur,  ab  Honorio.  Qua  de  re  majores  nostri  instituerunt  :  ut  in  hoc  sacro  nostro 
«  coenobio....  très  quotidianis  diebus  aestivo  in  tempore  ex  veteri  testamento  lectiones 
«  in  codice  legantur;  ne  a  sancta  Romana  ecclesia  discrepare  viderentur.  »  Jaffé, 
Biblioth.  rer.  Germ.,  t.  IV,  Epist.  CaroL,  p.  358  et  suiv. 


xxviit  INTRODUCTION. 

objections.  Mais  je  ne  m'en  prévaudrai  pas,  enchanté  d'avoir  trouvé 
l'occasion  de  préciser  mes  vues  à  ce  sujet. 

A  l'appui  de  ma  proposition  j'ai  formulé  ce  premier  argument  :  «  Tous 
«  les  restes  de  la  musique  vocale  des  Anciens  appartiennent  au  même 
«  genre  de  mélopée  que  les  antiennes  et  répons  simples;  chaque  syllabe 
«  du  texte  ne  porte  qu'un,  deux  ou  tout  au  plus  trois  sons  »  (Orig.  dit 
chant  lit.,  p.  89).  D.  Morin  conteste  mon  assertion  dans  les  termes  sui- 
vants :  «  Ces  restes  appartiennent  à  une  catégorie  de  chants  qui  sont  par 
«  essence  du  genre  simple  :  Vhymne  ou  ode  »  {Vér,  orig.,  p.  55).  Sans 
discuter  avec  D.  Morin  sur  l'essence  des  genres  de  musique  chez  les 
Grecs  et  les  Romains,  nous  lui  ferons  remarquer  :  1°  que  le  mot  ode 
{■JJ^)  ne  désigne  pas,  dans  la  terminologie  technique  des  Anciens,  un 
genre  particulier  de  musique  vocale  :  ce  terme  s'applique  à  tout  chant 
associé  à  des  paroles;  2°  que  jusqu'à  présent  les  métriciens  et  musico- 
graphes sont  unanimes  à  admettre  que  les  compositeurs  grecs  et  romains, 
en  adaptant  des  mélodies  à  leurs  textes  poétiques,  observaient  rigoureu- 
sement les  lois  de  la  quantité;  ce  qui  exclut  la  possibilité  de  mettre  plus 
d'un  son  sur  les  syllabes  brèves,  plus  de  deux,  trois  ou  quatre  sons 
sur  les  longues.  J'ajouterai  encore  que  mon  assertion  de  1890,  qui  ne 
pouvait  s'appuyer  que  sur  des  documents  notés  au  11^  siècle  après  J.-C, 
les  seuls  que  l'on  connût  alors,  a  trouvé  une  confirmation  éclatante  dans 
les  nombreux  restes  de  chants  grecs  découverts  ou  déchiffrés  depuis 
quatre  ans  :  la  chanson  funéraire  du  monument  de  Tralles,  les  lambeaux 
d'un  choeur  de  VOreste  d'Euripide,  le  grand  hymne  apollinique  et  les 
chants  fragmentaires  de  même  espèce  revenus  au  jour  par  les  récentes 
fouilles  de  Delphes. 

J'écarte  donc  l'objection  de  D.  Morin  comme  non  fondée.  A  la  vérité 
les  peuples  de  la  Grèce  et  de  l'Italie  ne  se  sont  pas  fait  faute  d'insérer 
dans  leurs  cantilènes  joyeuses  ou  tristes  des  passages  d'une  mélodie  plus 
libre,  plus  riche  en  sons,  et  dont  le  texte  consistait  uniquement  en 
interjections,  onomatopées,  etc.  Mais  des  vocalises  de  cette  espèce  n'ont 
jamais  eu  place  dans  l'art  sérieux;  à  peine  en  aperçoit-on  quelques 
vestiges  dans  les  déplorations  chorales  de  la  tragédie,  dans  les  parodies 
d'Aristophane'.  Chez  les  Egyptiens,  chez  les  Juifs  (sans  doute  aussi  chez 
d'autres  nations  sémitiques)  de  pareilles  modulations  faisaient  partie  de 
l'exercice  du  culte.  Les  prêtres  grecs  de  l'Egypte  chantaient,  dit-on,  des 

'  Voir  le  Threnos  final  des  Perses  d'Eschyle,  le  grand  morceau  dialogué  entre  l'esclave 
phrygien  et  le  chœur  au  dénoûment  de  VOreste  d'Euripide,  l'imitation  comique  des 
mélodies  ornées  de  ce  poète  tragique  {£l-Bi-si-si-ai-£i-\i(r(riT£,  -£l-£t-£i-£i-Xla-(rovcrcc) 
dans  les  Grenouilles  (v.  1309  et  suiv.). 


INTRODUCTION.  xxix 

hymnes  sur  les  cinq  voyelles^  et  l'on  sait  combien  est  fréquent  le  refrain 
«  alléluia  »  dans  les  psaumes  hébreux.  Le  christianisme,  dès  les  temps 
apostoliques,  adopta  et  fit  sien  le  chant  alléluiattque  ou  jnbilus;  l'Église 
en  régularisa  l'emploi  dans  l'office.  Aux  joyeuses  fêtes  pascales,  au  jour  du 
dimanche,  Vallelnia,  modulé  tantôt  en  solo,  tantôt  en  chœur,  était  admis 
à  se  mêler  au  chant  psabnique,  à  la  mélodie  syllabique  des  psaumes, 
cantiques  et  hymnes,  continuation  de  la  musique  vocale  des  Grecs  et  des 
Romains. 

Est-il  possible  d'assimiler,  ainsi  que  le  font  D.  Morin  et  D.  Kienle, 
le  jubilas  au  chant  que  j'appelle  orné,  à  la  mélopée  de  VAntiphonale  missa- 
rum  et  des  répons  de  l'office  nocturne?  Évidemment  non.  En  premier  lieu 
le  jubilus  est  dépourvu  de  texte  grammatical;  en  second  lieu  il  n'exprime 
que  la  joie,  l'exultation.  Voilà  deux  points  sur  lesquels  tous  les  écrivains 
ecclésiastiques  sont  d'accord. 

Saint  Augustin  (vers  400)  :  «  Quid  est  jubilare?  In  vocem  erumpite 
«  gaudiorum,  si  non  potestis  verborum.  Non  enim  verbis  jubilatur,  sed 
«  solum  gaudentium  sonitus  redditur.  »  Bnarr,  in  ps.  65.  (Ibid.  in  ps.  32, 

94»  97»  99-) 

Saint  Jérôme  (même  époque)  :  «  Jubilus  dicitur  quod  nec  verbis,  nec 
«  syllabis,  nec  litteris,  nec  voce  potest  erumpere  aut  comprehendere 
«  quantum  homo  Deum  debeat  laudare.  »  In  ps.  32. 

Cassiodore  (vers  540)  :  «  Ecce  iterum  alleluiatica  nobis  gaudia  redie- 
«  runt  :  ecce  breviter  praecipitur  ut  Domino  totius  psalmi  jubilatione 
«  canitur.  »  Expos,  in  ps.  105. 

Saint  Grégoire  (vers  590)  :  «  Jubilum  dicimus  cum  tantam  laetitiam 
«  corde  concepimus,  quantam  sermonis  efficacia  non  explemus,  et  tamen 
«  mentis  exsultatio  haec  quod  sermone  non  explicat  voce  sonat.  »  Moral., 
1.  VIII,  in  cap.  VIII  beati  Hiob  (éd.  bénéd.,  p.  285). 
I         Or  le  chant  mélismatique  du  Graduel  et  de  l'office  des  Heures  n'a  aucun 
de  ces  deux  caractères  distinctifs  :  il  s'associe  à  un  texte  grammatical, 
comme   le   chant  psalmique;    de   plus   il    n'est   pas   spécialement  affecté 
à  l'expression  de  l'allégresse  religieuse.  Il  traduit  tous  les  sentiments,  ce 
qui   équivaut  à   n'en   exprimer    spécialement   aucun.    Les    répons    de   la 
semaine   sainte    sont  aussi    chargés    de    notes    que  ceux   de   la  semaine 
pascale;  les   Traits,  monodies  de  la  messe  entièrement  mélismatiques, 
i     sont   réservés   pour    les  jours  qui    n'admettent   point  Valleluia   :   ils   ne 
'     peuvent  donc  provenir  des  jubilations  alléluiatiques.  Tout  au  plus  est-il 
possible   d'admettre  que   les   mélographes    leur    aient   parfois  emprunté 

*  Voir  Ruelle  dans  la  Revue  des  études  grecques,  janvier-mars  1889  (t.  II,  n»  5). 

IV 


XXX  INTRODUCTION. 

quelques  traits  de  chant  :  de  tout  temps  les  poètes  et  les  musiciens  ont 
mis  à  profit  les  trouvailles  de  leurs  prédécesseurs. 

En  définitive  le  chant  mélismatique  est  un  style  musical  sin  generts, 
d'une  technique  plus  savante,  partant  d'une  époque  moins  ancienne  que  le 
chant  syllabique,  dont  il  procède  directement.  Les  cantilènes  des  antiennes 
de  la  messe  et  des  répons  prolixes  sont  composées  sur  les  thèmes  des  antiennes 
simples  et  des  intonations  psalmodiqnes. 

D.  Morin  voit  les  choses  d'un  point  de  vue  tout  opposé.  «  Il  est  aussi 
«  facile  »,  dit-il,  -^  de  concevoir  une  mélodie  simple  extraite  d'une 
«  mélodie  ornée,  qu'un  morceau  du  genre  orné  amplifié  d'après  une  trame 
«  du  genre  simple  »'  {Vér.  orig.,  p.  54).  Cette  affirmation  me  confond 
et  je  ne  réussis  pas  à  la  comprendre.  La  broderie  implique  le  canevas, 
me  paraît-il,  et  je  ne  sais  comment  on  s'y  prendrait  pour  extraire 
d'une  variation  un  thème  qui  n'y  serait  pas  contenu  implicitement. 

D'après  le  système  de  l'érudit  moine  de  Maredsous,  toutes  les  fois 
qu'une  cantilène  existe  sous  les  deux  formes,  —  et  la  cliose  est  fréquente, 
—  la  version  simple  serait  la  plus  jeune.  Ainsi  l'antienne  Dnm  médium 
silentium,  telle  qu'elle  est  chantée  dans  l'office,  dériverait  de  l'introït 
commençant  par  les  mêmes  mots;  il  en  serait  de  même  pour  l'antienne 
Viri  Galilaei  et  pour  tous  les  cas  analogues.  Mais  alors,  en  bonne 
logique,  il  faut  admettre  que  les  intonations  psalmodiques  proviennent 
de  la  simplification  de  la  mélodie  des  versets  responsoriaux  de  l'office 
nocturne,  car  on  ne  peut  nier  que  des  deux  côtés  le  thème  fondamental 
ne  soit  identique  dans  sept  modes  sur  huit. 

Mes  adversaires  paraissent  ne  pas  reculer  devant  cette  conséquence 
énorme,  car  ils  s'accordent  à  faire  remonter  la  pratique  de  la  mélopée 
ornée  jusqu'à  l'institution  même  du  chant  chrétien.  «  Comment  se  fait-il,  » 
demande  D.  Morin,  «  que  les  pièces  de  chant  dont  l'antiquité  est  le  mieux 
«  établie  soient  précisément  celles  dont  la  mélodie  surpasse  toutes  les 
«  autres  en  richesse?  »  {Vér.  orig. y  p.  51.)  De  son  côté  M.  l'abbé  Duchesne 
écrit  :  «  Jusqu'au  déclin  du  IV^  siècle  le  psaume  était  toujours  exécuté  en 
«  solo,  et  sans  doute  avec  des  modulations  assez  compliquées  »  (Orig.  du 
culte  chrétien,  p.  107).  D.  Kienle  croit  savoir  que  l'abréviation  des  mélodies 
eut  lieu  au  VIP  siècle  {Viertelj.,  p.  118).  Seulement  D.  Morin  ne  désigne 

'  C'est  sans  doute  le  souvenir  des  abréviations  médicéennes  qui  a  mené  D.  M.  à  cette 
idée  singulière.  En  ce  cas,  je  lui  rappellerai  qu'au  XI''  et  au  XII^  siècle  on  a  diminué  la 
longueur  des  chants  de  la  messe,  non  pas  en  abrégeant  les  traits  mélodiques,  mais 
d'une  tout  autre  façon.  Au  graduel  on  n'a  conservé  qu'un  seul  verset,  à  l'offertoire  on 
les  a  retranchés  tous.  De  même  à  l'introït,  le  premier  verset  du  psaume  a  été  maintenu; 
à  la  communion  le  psaume  a  été  supprimé  en  entier. 


I 


INTRODUCTION.  xxxi 

aucun  de  ces  morceaux  dont  le  témoignage  serait  effectivement  décisif  en 
sa  faveur,  si  l'antiquité  de  leur  forme  musicale  était  établie  aussi  bien 
qu'il  le  prétend'.  Et  M.  l'abbé  Duchesne,  tout  comme  D.  Kienle,  néglige 
de  dire  sur  quelles  autorités  ou  quels  indices  il  fonde  son  dire. 

Des  assertions  gratuites  ne  se  discutent  point.  Jusqu'à  ce  que  mes 
honorables  contradicteurs  aient  justifié  leur  manière  de  voir  par  des 
documents  sérieux  ou  des  raisons  plausibles,  je  me  refuserai  à  croire 
qu'au  temps  de  Léon  le  Grand  et  de  saint  Benoît,  alors  que  la  tradition 
antique  était  encore  vivante,  les  textes  sacrés  fussent  déjà  noyés  sous  le 
flot  des  mélismes  et  rendus  presque  inintelligibles  à  l'auditeur.  Comme 
cela  eût  mal  cadré  avec  les  paroles  de  saint  Jérôme  ;  «  Que  le  serviteur 
«  du  Christ  chante  de  manière  à  impressionner  non  par  des  accents,  mais 
«  par  les  paroles  prononcées.  »  Je  continuerai  donc  à  voir  dans  les  canti- 
lènes  fleuries  du  Graduel  le  produit  d'une  technique  vocale  arrivée  presque 
au  raffinement,  l'œuvre  de  mélographes  qui  commencent  à  se  préoccuper 
d'expression  dramatique,  au  risque  de  tomber  dans  le  maniéré,  l'artificiel^. 

»  Pour  ma  part,  j'avoue  ne  connaître,  en  fait  de  chants  explicitement  nommés  avant 
la  fin  du  VJe  siècle,  que  le  Te  deiiin,  le  Te  decet  laiis,  l'antienne  Ecce  advenit  dominator 
(ci-après  p.  168)  et  quelques  hymnes  ambrosiennes;  or,  rien  de  tout  cela  n'est  mélisma- 
tique  aujourd'hui.  —  D.  Morin  attribue  à  saint  Benoît  la  distinction  des  répons  brefs  et 
des  répons  prolixes.  Voici  ce  que  la  Règle  bénédictine  nous  apprend  à  ce  sujet.  Dans  le 
paragraphe  consacré  à  l'office  nocturne  per  anniun  (c.  9),  elle  nomme  les  répons  sans 
leur  adjoindre  une  épithète.  Plus  loin  (c.  10),  réglant  le  programme  de  cet  office  pendant 
les  nuits  d'été,  elle  permet  des  répons  courts  (responsoria  breviaj,  mot  qui  ne  me  paraît 
pas  avoir  là  une  acception  technique.  En  tout  état  de  cause,  ces  passages  ne  nous 
apprennent  rien  au  sujet  de  la  mélopée  des  deux  sortes  de  répons. 

2  Cette  tendance  se  traduit  d'une  manière  très  curieuse  dans  un  des  morceaux  les 
plus  récents  de  VAntiphonale  missarum,  le  répons-offertoire  du  XXIe  dimanche  après 
la  Pentecôte.  Voici  le  texte  du  morceau  entier,  d'après  VAutiphonarus  gregorianus  et  les 
mss.  neumés  antérieurs  à  Guy  d'Arezzo.  Nous  reproduisons  dans  la  note  E  de  l'appen- 
dice la  mélodie  complète  d'après  un  ms.  du  XlIIe  siècle,  appartenant  à  la  bibliothèque 
municipale  de  Reims. 

Ojfertorium.  «  Vir  erat  in  terra  [Hus]  nomine  Job,  simplex  et  rectus,  ac  timens  Deum, 
«  quem  Satan  petiit  ut  tentaret,  et  data  est  ei  potestas  a  Domino  in  facultate  et  in 
«  carne  ejus,  perdiditque  omnem  substantiam  ipsius,  et  filios,  carnem  quoque  ejus  gravi 
«  ulcère  vulneravit. 

Vers.  I.  «  Utinam  appenderentur  peccata  mea,  —  utinam  appenderentur  peccata  mea, 
«  quibus  iram  merui,  —  quibus  iram  merui,  —  et  calamitas,  —  et  calamitas,  —  et 
«  calamitas  quam  patior,  haec  gravior  appareret.  » 

Vers.  II.  «  Quae  est  enim,  —  quae  est  enim,  —  quae  est  enim  fortitudo  mea,  ut 
«  sustineam?  aut  quis  finis  meus,  ut  patienter  agam  ?  » 

Vers.  III.  «  Numquid  fortitudo  lapidum  est  fortitudo  mea?  aut  caro  mea  aenea  est?  — 
«  aut  caro  mea  aenea  est?  » 

Vers.  IV.  «  Quoniam  —  quoniam  —  quoniam  non  revertetur  oculus  meus,  ut  videam 


XXXII  INTRODUCTION. 

En  un  mot  je  m'en  tiens,  jusqu'à  preuve  évidente  du  contraire,  à  cette 
conclusion  suggérée  par  une  longue  et  minutieuse  étude,  et  d'ailleurs 
conforme  à  l'opinion  des  rédacteurs  de  la  Paléographie  bénédictine  : 
De  même  que  les  chants  antiques  venus  jusqu'à  nous,  toutes  les  mélodies 
de  l'Antiphonaire  romain  pourvues  d'un  texte  avaient  à  l'origine  une  mélopée 
à  peu  près  syllabique^.  C'est  là  le  véritable  chant,  le  chant  de  tous  les  âges, 
l'union  parfaitement  équilibrée  du  son  musical  et  de  la  parole,  tandis 
que  la  modulation  mélismatique  n'est  qu'une  forme  arbitraire  de  l'art 
vocal,  fondée  sur  le  développement  exagéré  de  l'élément  mélodique  : 
forme  passagère,  comme  tout  ce  qui  est  irrationnel.  Au  reste  la  postérité 
ne  s'y  est  pas  trompée.  Elle  a  pris  dans  les  hymnes  et  antiennes 
syllabiques  les  premiers  éléments  de  la  jeune  musique  occidentale,  et 
laissé  à  l'Église  ses  cantilènes  longuement  amplifiées. 

b)  Les  personnes  qui  se  sont  rangées  de  mon  côté  dans  la  discussion 
précédente  ne  feront  pas  difficulté  d'admettre,  comme  infiniment  probable, 
le  dernier  point  de  ma  thèse,  à  savoir  :  l'introduction  du  chant  orné  dans 
la  liturgie  romaine  au  temps  de  la  domination  byzantine,  et  l'influence 
prépondérante  de  la  pratique  des  chrétiens  orientaux  dans  la  création  du 
nouveau  style  mélodique.  Loin  d'être  disposé  aujourd'hui  à  reculer  la 
date  de  cette  évolution  du  goût  musical,  je  suis  plutôt  porté  à  la  faire 
descendre  jusqu'à  la  moitié  du  VIP  siècle,  après  le  mouvement  d'émigra- 
tion provoqué  chez  les  chrétiens  de  Syrie  par  la  conquête  musulmane. 
D.  Morin  dit  à  ce  sujet  :  «  Ces  émigrations  de  moines  semblent  avoir 
«  exercé  une  sorte  de  prestige  sur  l'imagination  artistique  de  l'auteur.  Il 
«  y  a  quinze  ans,  il  attribuait  l'introduction  de  l'écriture  neumatique  en 
«  Occident  aux  artistes  clercs  et  laïques  forcés  de  quitter  Byzance  et  de 
«  se  réfugier  en  Italie,  à  la  suite  des  décrets  de  l'empereur  iconoclaste 
«  Léon  risaurien.  Dans  son  dernier  ouvrage,  il  sacrifie  cette  première 

«  bona,  —  ut  videam  bona,  —  ut  videam  bona,  —  ut  videam  bona,  —  ut  videam  bona,  — 
«  ut  videam  bona,  —  ut  videam  bona,  —  ut  videam  bona,  —  ut  videam  bona.  » 

Déjà  au  IXe  siècle  Amalaire  a  tenté  une  explication  esthétique  de  ces  répétitions  de 
paroles  (De  eccl.  off.,  1.  II,  c.  39)  :  «  Les  redites  se  trouvent,  non  pas  dans  la  partie  initiale 
«  de  l'offertoire,  rnais  dans  les  versets.  Au  début,  c'est  le  narrateur  qui  parle;  les  versets 
«  disent  les  plaintes  de  Job  infirme  et  dolent.  Le  malade,  dont  la  respiration  n'est  ni 
«  libre,  ni  vigoureuse,  articule  incomplètement  et  répète  souvent  les  mots.  L'auteur 
«  de  ce  chant,  voulant  évoquer  à  notre  imagination  Job  accablé  de  maux,  a  multiplié 
«  les  redites,  à  la  manière  des  personnes  souffrantes.  » 

'  Un  fait  digne  de  remarque  :  les  antiennes  de  communion  qui  ont  échappé  au 
remaniement  des  chants  de  la  messe,  effectué  dans  la  dernière  moitié  du  VII^  siècle 
(ci-dessus  p.  xxiii,  note  4  et  p.  xxiv,  note  2),  ont  toutes  une  mélopée  syllabique. 


INTRODUCTION.  xxxiii 

«  conjecture  à  l'hypothèse  du  rôle  principal  attribué  par  lui  à  Sergius  I, 
«  rôle  qui  suppose  nécessairement  la  connaissance  des  neumes  dès  la 
«  seconde  moitié  du  VII^  siècle,  au  plus  tard  »  {Vér.  orig.,  pp.  59-60). 
Eh  oui,  mes  idées  d'à  présent  diffèrent  quelque  peu  de  celles  d'il  y  a 
dix-neuf  ans;  bien  des  questions,  obscures  alors  pour  moi,  sont  devenues 
claires  depuis.  Néanmoins  mon  hypothèse  de  1S75  est  restée  en  substance 
la  même;  pour  l'adapter  aux  faits  que  je  connais  actuellement,  il  m'a 
suffi  de  la  modifier  légèrement,  quant  à  la  date  et  aux  lieux.  Je  crois 
aujourd'hui,  comme  je  croyais  alors,  que  les  musiciens  hellènes  ont  joué 
à  Rome  un  rôle  important  dans  le  développement  du  chant  de  l'Église, 
et  qu'on  leur  doit  notamment  la  connaissance  de  la  théorie  des  modes 
ecclésiastiques,  l'introduction  des  neumes,  l'élaboration  des  chants  ornés. 
Et  comment  ne  croirais-je  pas  cela,  alors  que  je  ne  rencontre  que  des 
termes  grecs  pour  désigner,  soit  les  modes  (protos,  deiUeros,  tritos, 
tetrarios,  anthentos,  plagias),  soit  les  signes  neumatiques  et  les  ornements 
de  chant  qui  impliquent  une  exécution  soignée  (epiphonns,  cephalictts, 
apostrophe ,  quilisma,  anctis,  oriscus,  etc.)?  Est-ce  un  corps  de  chantres 
romains  qui  a  créé  cette  terminologie?  Ou  serait-ce  saint  Grégoire,  qui 
avouait  lui-même  ne  pas  savoir  le  grec'?  L'origine  hellénique  des  canti- 
lènes  ornées  de  la  liturgie  latine  se  prouve  aussi  sûrement  par  la  nomen- 
clature neumatique  que  l'origine  italienne  du  chant  d'opéra  par  l'usage 
courant  des  termes  iQQ.hn\({\JLes portamento,  gruppetto,  appoggiature,  trille,  tic. 
Au  surplus  les  Grecs  n'étaient-ils  pas  universellement  considérés,  au 
temps  de  Charlemagne,  comme  les  vrais  maîtres  en  musique  et  les 
instructeurs  des  Occidentaux  (voir  ci-dessous,  p.  106)? 

La  modification  apportée  à  mon  hypothèse  de  1875  est  celle-ci.  Je 
n'attribue  plus  à  des  Grecs  de  Byzance  l'action  exercée  à  Rome,  mais 
aux  chrétiens  helléniques  de  la  Syrie.  Le  grand  rôle  du  siège  apostolique 
d'Antioche  dans  l'institution  de  l'art  sacré  m'était  inconnu  il  y  a  vingt 
ans,  aussi  bien  que  l'origine  syrienne  des  papes  musiciens  de  la  fin  du 
VIP  siècle.  D.  Kienle  (Viertelj.,  pp.  11 9- 120)  combat  mon  idée  en 
s'appuyant  sur  la  forme  actuelle  des  chants  de  la  liturgie  syriaque,  forme 
qui  rappellerait  vivement  celle  de  nos  antiennes  syllabiques.  D'après 
les  renseignements  fournis  à  cet  égard  par  un  évêque  indigène,  les 
modulations  de  l'Église  de  Syrie  remonteraient  aux  temps  de  saint 
Ephrem  (fin  du  IV'  siècle).  C'est  là  assurément  une  belle  antiquité.  Mais 
il  est  à  remarquer  :    1°  que  l'évêque  oriental  a  déclaré  lui-même  n'avoir 

ï  Epist.  VII,  32,  ad Anastasitim  presb.(éd.  bén.,  p.  879).  «  ...Et  quamvis  in  multis  occu- 
«  patus,  quamvis  Graecae  linguae  nescius,  in  contentione  tamen  vestra  judex  resedi.  » 


XXXIV  INTRODUCTION. 

aucune  notion  de  musique  :  2°  que  les  susdites  mélodies  n'ont  jamais  été 
fixées  par  une  notation  autre  que  l'indication  du  mode.  En  présence  de 
ces  deux  faits,  le  lecteur  estimera  probablement,  avec  moi,  que  de 
pareilles  informations,  données  au  XIX^  siècle,  ne  peuvent  guère  aider  à 
nous  faire  connaître  le  chant  syriaque  du  VIP  siècle,  et  qu'il  n'y  a  pas 
lieu  de  s'arrêter  aux  objections  du  religieux  allemand. 

Je  crois  pouvoir  me  dispenser  de  reproduire  ici  mes  deux  autres  thèses, 
connexes  à  la  précédente. 

L'une  d'elles  concerne  l'importation  en  Occident  du  système  des  modes 
ecclésiastiques  (Orig.  du  chant  lit.,  pp.  39-41).  Nulle  part  je  n'ai  ren- 
contré une  réfutation  de  mes  idées  à  ce  sujet.  La  question  modale  est 
un  point  sur  lequel  les  Bénédictins  restent  volontiers  dans  le  vague. 
Pour  eux  le  mode  semble  n'être  qu'un  élément  secondaire,  alors  qu'en 
réalité  il  constitue  l'essence  même  de  la  mélodie  homophone  et,  en 
l'absence  du  rythme  isochrone,  son  unique  principe  d'expression.  Plus 
encore  dans  le  chant  chrétien  que  dans  l'art  payen,  les  harmonies  sont 
la  source  des  impressions  morales,  d^xc.l  rûJv  r^wv  (Arist.  Quint.,  p.   18). 

La  dernière  de  mes  thèses  se  rapporte  aux  origines  et  à  la  destination 
primitive  de  l'écriture  neumatique.  Les  observations  de  D.  Morin  à  ce 
sujet  (Véy.  orig.,  pp.  56-59)  ne  commandent  pas,  quant  à  présent  au 
moins,  une  réplique  de  ma  part.  Le  P.  Bénédictin  de  Maredsous  ne  voit 
pas  «  ce  qui  aurait  empêché  saint  Grégoire  de  recourir  à  la  notation 
«  grecque  ou  alphabétique.  Toutefois  »,  selon  lui,  «  ce  n'est  pas  de 
«  celle-là  qu'a  dû  se  servir  saint  Grégoire,  mais  bien  de  la  notation 
«  neumatique.  »  Certainement  le  grand  pape  a  pu  employer  une  écriture 
musicale,  s'il  est  vrai  qu'il  se  soit  jamais  occupé  de  composer  ou  de 
recueillir  des  mélodies.  Mais  c'est  précisément  ce  dernier  point  que  l'on 
a  omis  jusqu'à  ce  jour  de  démontrer.  Je  persiste  donc  dans  mon  attitude 
négative,  ou  plutôt,  pour  me  servir  d'une  phrase  célèbre  :  «  Je  ne  nie  pas, 
j'attends.  » 


Cette  longue  note  n'a  pas  été  rédigée  avec  l'espoir  de  convertir  mes 
adversaires  à  mon  opinion  ;  entre  personnes  qui  ont  une  méthode  de 
raisonner  différente,  et  pour  qui  les  mots  n'ont  pas  un  sens  identique, 
aucune  discussion  de  ce  genre  ne  peut  aboutir,  je  le  sais.  Au  moins 
aurai-je  pu  montrer  aux  vénérables  religieux  qui  ont  bien  voulu  s'occuper 
de  mon  travail,  ma  haute  estime  pour  leur  érudition,  le  soin  consciencieux 
avec  lequel  j'ai  examiné  leurs  critiques,  pesé  leurs  arguments.  Mais  j'ai 


INTRODUCTION.  xxxv 

écrit  surtout  pour  ceux  de  mes  contemporains  qui  pensent  et  raisonnent 
comme  moi;  pour  ceux  dont  les  convictions,  en  matière  purement  histo- 
rique, ne  sont  pas  déterminées  par  des  raisons  de  sentiment  et  de  foi,  et  qui 
consentent  à  ne  voir  ici  qu'une  simple  question  d'archéologie  musicale, 
disposés  d'avance  à  accepter,  quelle  qu'elle  puisse  être,  la  solution  la  plus 
conforme  aux  probabilités.  Lorsque,  il  y  a  une  douzaine  d'années,  voulant 
poursuivre  mes  études  sur  la  musique  gréco-romaine,  j'entrepris  l'examen 
des  écrits  de  saint  Grégoire,  je  croyais  sans  restriction  à  la  version 
traditionnelle,  et  en  ouvrant  les  in-folio  des  Bénédictins,  je  m'attendais 
à  la  voir  confirmée  par  maint  passage.  Ce  fut  justement  la  lecture  de  ces 
volumes  qui  éveilla  mes  premiers  doutes  et  me  poussa  aux  études  dont 
ce  travail  est  l'aboutissant. 


Fermons  cette  longue  parenthèse  pour  reprendre  notre  intro- 
duction, et,  en  terminant  celle-ci,  expliquons  rapidement  le  plan 
du  présent  travail.  —  Nous  avons  divisé  notre  matière  en  deux 
parties. 

La  première,  historique  à  la  fois  et  théorique,  expose  et  décrit 
les  origines  musicales  et  le  développement  du  chant  antiphonique 
de  l'office.  Elle  s'ouvre  par  trois  chapitres  qui  forment  les  prolé- 
gomènes de  notre  Étude.  En  premier  lieu  un  précis  de  la  doctrine 
musicale  des  Anciens  donne,  en  ce  qui  concerne  les  échelles- 
types,  les  modes,  les  tons  et  la  composition  mélodique,  toutes 
les  notions  indispensables  à  l'intelligence  des  doctrines  et  de 
la  terminologie  grecques.  Ces  pages  ne  sont  pas  une  répétition 
ou  un  abrégé  des  sections  correspondantes  de  notre  Histoire  de 
la  musique  de  V antiquité;  elles  complètent  et,  sur  maint  point, 
rectifient  nos  idées  d'il  y  a  vingt  ans'.  Vient  ensuite  un  tableau 
succinct  de  la  pratique  du  chant  à  la  cithare  pendant  les 
derniers  siècles  de  l'Empire  romain.  Nous  y  reproduisons,  en 
les  analysant  au  point  de  vue  harmonique,  tous  les  chants  et 
fragments  musicaux  de  cette  époque  que  le  temps  a  épargnés. 

I  Cela  est  surtout  le  cas  pour  la  structure  harmonique  de  certains  modes,  que  mes 
études  et  réflexions  postérieures  m'ont  amené  à  concevoir  autrement.  Comme  je  ne 
suis  pas  sûr  de  vivre  assez  longtemps  pour  donner  une  seconde  édition  de  mon  grand 
ouvrage,  j'indique  soigneusement  en  note,  au  cours  des  pages  suivantes,  les  points  sur 
lesquels  j'ai  changé  d'opinion  depuis  1875. 


xxxvi  INTRODUCTION. 

En  troisième  lieu  l'exposition  préliminaire  s'occupe  de  la 
mélopée  des  hymnes  ambrosiennes,  transition  de  la  musique 
profane  au  chant  de  l'Eglise  chrétienne.  Avec  le  IV^  chapitre 
nous  entrons  au  cœur  de  notre  sujet  :  les  chants  antiphoniques 
sont  d'abord  classés  par  rapport  à  la  théorie  des  modes  antiques 
qui  s'y  rencontrent;  ensuite  nous  expliquons  l'adaptation  des 
mélodies  au  système  des  modes  dits  ecclésiastiques.  Les  chapitres 
restants  traitent  de  la  facture  musicale  des  antiennes,  de  leur 
classement  chronologique  et  enfin  des  altérations  que  les  canti- 
lènes  de  l'Antiphonaire  romain  ont  subies  au  cours  des  siècles. 

La  deuxième  partie  de  notre  livre,  destinée  à  démontrer  les 
principes  et  les  faits  établis  dans  la  première,  consiste  en  un 
inventaire  méthodique  du  trésor  des  mélodies  antiphoniques  de 
l'office  des  Heures.  Nous  n'y  avons  accueilli  que  celles  dont 
l'existence  est  constatée  par  des  documents  antérieurs  à  Guy 
d'Arezzo,  à  l'an  mille. 


I 


PREMIERE   PARTIE 


ORIGINE    ET   DEVELOPPEMENT 

DES 

CANTILÈNES    ANTIPHONIQUES 

DE  L'OFFICE  ROiMAIN 


CHAPITRE    PREMIER. 


LES   MODES   ET   LES   TONS   GRECO- ROMAINS. 

Section  I.  —  Constitution  de  V échelle  coiiimnne  dans  les  gemmes  diatonique 

et  chromatique. 

§  I.  L'échelle  commune  du  genre  diatonique  des  Grecs,  point  de 
départ  de  leur  doctrine  musicale,  parcourt  deux  octaves,  étendue 
qu'elle  avait  déjà  atteinte  au  temps  de  Périclès'.  En  théorie,  cette 
succession  de  sons  n'a  pas  de  hauteur  absolue.  Nous  la  trans- 
crivons ci-après  dans  l'échelle  sans  dièses  ni  bémols,  et  dans 
les  diverses  notations  médiévales  et  modernes  dont  il  sera  fait 
usage  au  cours  de  ce  travail.  Conformément  à  l'usage  des  Anciens, 
nous  la  disposons  de  l'aigu  au  grave^ 


p===^jg="=g— -■=i=.='^ 


aagfed  çi^aG        FEDCHA 


la    sol    fa    mi    ré  ut     si     la     sol     fa    mi    ré    ut    si     la 

Exposons  brièvement  le  principe  générateur  de  cette  série  de 
sons,  ainsi  que  son  mode  pratique  de  production  depuis  l'inven- 
tion des  instruments  à  cordes  jusqu'à  nos  jours. 

1  Damon,  le  maître  de  musique  de  Périclès,  a  établi  l'octave  hypolydienne  (Plutarque, 
de  Mus.  ch,   i6),  ce  qui  implique  la  connaissance  du  tétracorde  supérieur. 

2  «  En  procédant  du  grave  à  l'aigu,  on  va  de  la  fin  au  commencement,  on  marche  à 
«  rebours.  »  Aristote,  33e  problème  musical.  Voir  mon  Histoire  et  théorie  de  la  musique 
de  l'antiquité  (ouvrage  qui  dans  la  suite  sera  désigné  par  l'abréviation  Mus.  de  Vaut.), 
t.  I,  p.  378. 


a  CH.  I.  —  ÉCHELLE   COMMUNE. 

§  2.  La  consonance,  impression  agréable  que  procure  l'émis- 
sion simultanée  de  deux  sons  «'exprimant  par  un  rapport  numé- 
rique très  simple  (1:2,  2:3,  3:4,  4:5,  5:6),  est  la  source 
de  toute  musique.  Chez  les  nations  modernes  de  l'Occident  elle  a 
donné  naissance  à  l'harmonie  simultanée,  partie  essentielle  de 
notre  art  et  l'un  de  ses  plus  puissants  moyens  d'expression.  Chez 
les  Grecs  et  les  Romains,  qui  ne  connaissaient  que  les  manifesta- 
tions les  plus  élémentaires  de  la  concordance  des  sons,  la  poly- 
phonie n'eut  qu'un  rôle  accessoire  et  intermittent  dans  l'art 
pratique.  Mais  de  même  qu'à  l'époque  actuelle,  la  consonance 
est  dans  l'antiquité  la  génératrice  de  l'échelle  musicale. 

§  3.  Tous  les  degrés  de  l'échelle  commune,  soit  diatonique, 
soit  chromatique,  se  produisent  par  un  mélange  de  consonances 
parfaites  :  une  progression  d'octaves,  de  quintes  et  de  quartes  S 
dont  le  point  de  départ  chez  les  Anciens  est  la  (a),  son  central 
de  la  série,  dit  mese  =  corde  médiane^. 

Voici  comment  s'enchaînent  les  consonances  : 

I.  On  part  de  la  mèse  (a),  et  l'on  prend  son  octave  supé- 
rieure (aa),  puis  son  octave  inférieure  (A);  l'on  atteint  ainsi 
les  deux  degrés  extrêmes  de  l'échelle  antique  :  en  haut  la  îtète 
hyperboléon  (la  dernière  des  cordes  aiguës),  en  bas  le  bombos 
(bourdon) ^  appelé  par  les  théoriciens  proslambanomene  (corde 
complémentaire).  L'étendue  entière  du  système  se  trouve  ainsi 
divisée  en  deux  octaves  : 

'asi{la),  iiète,  la  dernière  corde  à  l'aigu. 


Octave  supérieure 
Octave  inférieure 


—  a  (la),  nièse,  la  médiane. 
A  (la),  bombos,  le  bourdon  3. 
IL   Partant   à   nouveau   de   la   mèse   (a),   on  prend   sa  quarte 


1  C'est  le  procédé  de  nos  accordeurs  d'instruments  à  clavier.  Pour  les  Grecs  cela 
s'appelait  «  détermination  par  consonance  »  [Xr^^i;  Siâ  tri.'jacf'cyv/aç).  Aristox.,  Harmon. 
éd.  Marquardt,  p.  80;  Westphal,  Aristoxenus  Melik  u.  Rhytmik  (Leipzig,  Abel,  1883), 
p.  292;  Euclide,  Sect.  Can.,  Meib.,  pp.  35,  36. 

2  (I  La  corde  du  milieu  est  Yhégémon,  le  conducteur.  »  Aristote,  33^  probl,  musical. 
Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  378. 

3  Euclide,  Sect.  Can.,  Meib.,  p.  37.  Aristote  [Metaph.  L.  XIII,  ch.  6),  dit  bombyx,  et 
désigne  par  là  le  son  le  plus  grave  de  l'étendue  instrumentale,  de  même  que  le  mot  nUe 
signifie  souvent  le  son  le  plus  aigu  d'une  échelle  quelconque. 


CH.  I.  —  ECHELLE  COMMUNE. 


grave  (E),  puis  sa  quinte  aiguë  (e)  ;  l'on  obtient  ainsi  une  octave 
moyenne  (E  —  e)  qui  partage  chacune  des  deux  octaves  extrêmes 
en  une  quinte  au  grave  (e  —  a,  E  —  A)  et  une  quarte  à  l'aigu 
(aa  —  e,  a  —  E),  tandis  que  l'octave  moyenne  a  sa  quinte  à 
l'aigu  (e  —  a)  et  sa  quarte  au  grave  (a  —  E). 


Octave  supérieure. 


Octave  inférieure 


aa 


E 


Octave  moyenne. 


III.   Prenant   ensuite    pour   point   de   départ  le    son   inférieur 

de  l'octave  moyenne  (E),  on   accorde  sa  quinte  aiguë   ft)   et  sa 

quarte  inférieure  (B);  dès  lors  chacune  des  trois  octaves  se  trouve 

décomposée  en  deux  consonances  de  quarte  réunies  par  un  son 

commun   (e,  E),  plus  un  intervalle   de  seconde  majeure  (tj  —  a, 

H  —  A)  appelé  le   ton  disjonctif,  parce   qu'il    sépare  les  quartes 

conjointes. 

'    aa 


Octave  supérieure. 


Octave  inférieure 


Quarte 
Quarte 

Quarte 
Quarte 


ton  disjonctif 

a 

!=E 
B 

ton  disjonctif 

A 


Octave  moyenne. 


IV.  Les  précédentes  opérations  ne  fournissent  que  trois  sons 
par  octave  :  les  cordes  stables,  ainsi  dites  parce  qu'elles  gardent  la 
même  intonation  dans  les  trois  genres.  C'est  la  charpente  harmo- 
nique de  l'échelle  commune.  Pour  obtenir  les  quatre  sons  restants, 
les  cordes  mobiles  de  l'octave  diatonique,  on  part  encore  de  la  mèse. 


4  CH.  I.  —  ÉCHELLE   COMMUNE. 

et  cette  fois  l'on  procède  à  l'inverse  :  par  quintes  descendantes, 
par  quartes  ascendantes. 


s • — 


-(2.S 

Gi- 


§  4.  L'échelle  commune  du  genre  diatonique  se  trouve  ainsi 
pourvue  de  tous  ses  échelons.  Les  quatre  petites  échelles  de  quarte 
comprises  entre  deux  sons  stables  portent  le  nom  de  tétracordes  et  sont 
graduées  d'une  manière  uniforme  :  on  descend  par  ton,  ton  et 
demi-ton  (aa  g  fe,  tétracorde  aigu;  e  d  cb,  tétracorde  disjoint, 
ainsi  dit  parce  qu'il  est  séparé  du  suivant  par  un  intervalle  de 
ton  ;  a  G  FE,  tétracorde  moyen  ;  E  D  CH,  tétracorde  grave) . 
Voici  cette  échelle  de  15  sons,  le  système  parfait  des  Grecs,  avec 
sa  nomenclature  prolixe  et  rebutante. 


3 

eo 
> 

o 

O 


3 
<u 

C 

> 

ctf 
u 

o 


> 

as 

O 

O 


aa 


c 

ton  disjonctif 

a 


F 
-E 

D 

C 
H      . 

ton  disjonctif 

A 


Nète  hyperboléoii  (dernière  des  cordes  aiguës). 


Paraticte  » 


(avant-dernière  « 


Trite         »  (troisième  "  » 

Nète  diêzeugménon  (dernière  des  disjointes). 


ParanUc 


(avant-dernière 


)■ 


Trite  »  (troisième  »         ) 

Paramèse  (voisine  de  la  mèse). 

Mèse. 

Lichanos  inéson  (indicatrice  des  moyennes) 

Parhypate    »      (sus-grave       »  »         ] 

Hypate         »      (grave  »  »        ) 

Lichanos  hypaton  (indicatrice  des  graves). 


Parhypate       » 
Hypate  » 


(sus-grave 
(grave 


)• 


Proslamhanomcne  (ajoutée). 


Ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  l'échelle  diatonique  des  Anciens 
est  issue  d'une  progression  de  quintes,  dont  les  trois  derniers 
termes  à  droite  (c'est-à-dire  dans  le  sens  ascendant)  forment  les 


CH.  I.  —  ECHELLE  COMMUNE. 


sons  stables.  Les  quatre  termes  à  gauche  de  la  (a)  sont  les  cordes 

mobiles. 

si 

mi 
la  (rnèse) 


re 


sol 


ut 


fa 


§  5.  Pour  construire  l'échelle  du  genre  chromatique,  les  Grecs 
ajoutaient  à  la  progression  deux  termes  à  droite  (faj  et  utj). 
Mais  afin  de  ne  pas  trouver  plus  de  quatre  sons  dans  l'intervalle 
de  quarte,  et  plus  de  huit  degrés  dans  l'octave,  ils  retranchaient 
alors  les  deux  sons  situés  immédiatement  à  gauche  du  son 
central  : 


fajî 


utJÎ 


SI 


(sol) 


(ré) 


mi 
la  (mèse) 


ut 


fa 


ce  qui  leur  donnait  dans  chaque  octave  deux  tétracordes  chroma- 
tiques descendant  par  tierce  mineure  et  deux  demi-tons  consécutifs. 


3 

tù 

'rf 

(U 

ù 

^ 

'il 

p 

H 

(U 

k> 

^OJ 

Cl, 

3 

w 

^ 

c 

<L> 

'0 

> 

rt 

'O 

•*-< 

0 

û 

0 

H 

la 

fa« 

falî 


utg 
utt{ 
-si 

ton  disjonctif 

la 


c 

>. 

0 

Ê 

oj 

u 

il 

■1j 

p 

H 

(U 

tH 

V(U 

r^ 

•-^ 

OJ 

> 

> 

u 

es 

tù 

■4-1 

0 

^ 

0 

H 

L 


LA 

FA  S 
FAt} 
:MI 

UT# 

uxi] 

—  SI 

ion  disjonctif 

LA 


Toutefois  cette  suppression  de  deux  degrés  diatoniques  dans 
chaque  octave  paraît  avoir  été  simplement  une  fiction  théorique; 
en  fait  on  mêlait  toujours  les  deux  genres.  Le  seul  renseignement 


6  CH.  I.  —  ÉCHELLE  COMMUNE. 

précis  que  nous  ayons  sur  la  structure  des  mélodies  chromatiques 
nous  montre  une  échelle  commune  dont  les  tétracordes  sont 
alternativement  chromatiques  et  diatoniques'. 


3 

tù 

^ 

■« 

(U 

c 

Wi 

'y 

3 

H 

<u 

Ui 

v(L> 

CL 

D 

M 

a 

<U 

o 

> 

,j2 

S 

•a 

u 

u 

o 

H 

7a 

fa» 

faiî 

:mi 

ré 

ut 

si 

'ton  disjonctif 

la 


c 

>. 

o 

g 

ai 

t." 

t-i 

'U 

D 

H 

_<u 

'  ^ 

v<u 

<4-l 

_C 

<L> 

> 

> 

c4 

a 

bû 

■4-> 

^ 

O 

v"aj 

O 

H 

"la 


FA  5 

FAtî 
:MI 

RÉ 

UT 

SI 

'ton  disjonctif 

LA 


§  6.  Nous  laissons  de  côté  le  genre  enharmonique,  dont 
l'échelle  contient  deux  intonations  purement  arbitraires  (elles  ne 
peuvent  pas  s'obtenir  par  un  enchaînement  de  consonances)^. 
Employé  par  les  instruments  à  vent  pendant  la  période  de 
l'ancien  art  classique,  ce  raffinement  était  déjà  abandonné  au 
temps  d'Alexandre^  Comme  il  n'a  laissé  aucune  trace  certaine 
après  lui,  il  n'offre  pas  d'intérêt  pour  le  sujet  qui  nous  occupe  ici. 


Section  II.  —  Les  modes  grecs  de  Vépoque  classique. 

§  7.  L'échelle  commune  de  15  sons  contient  sept  échelles 
modales  qui  constituent  autant  de  types  mélodiques  distincts, 
chacune  d'elles  ayant  une  combinaison  d'intervalles  différente 
par  rapport  à  ses  deux  sons  extrêmes.  Ce  sont  les  sept  échelles 
modales  de  la  théorie  aristoxénienne,  les  sept  harmonies  hellé- 
niques, dénommées,  soit  d'après  leur  emploi  caractéristique  dans 

I  Ptolémée,  Harmoniques,  L.  I,  ch.  i6  et  L.  II,  ch.  i. 

2  Ces  deux  sons  qui  s'intercalaient,  l'un  entre  fa  et  mi,  l'autre  entre  ut  et  si,  s'obte- 
naient sur  la  lyre  ou  la  cithare  en  baissant  de  moins  d'un  demi-ton,  et  au  juger,  une 
corde  accordée  préalablement  au  fa  ou  à  l'ut;  sur  les  instruments  à  vent  en  obturant 
partiellement  le  trou  destiné  à  produire  fa  ou  ut;  dans  la  voix  (si  tant  est  que  l'on  ait 
jamais  chanté  de  pareils  intervalles)  en  reproduisant  aussi  bien  que  possible  l'intonation 
entendue  sur  l'instrument. 

3  Aristoxène  dans  la  Musique  de  Plutarque,  ch.  38. 


CH.  I.  —  MODES.  7 

les  chants  des  principales  races  de  la  Grèce  et  des  deux  grands 
peuples  de  l'Asie  mineure,  soit  d'après  leur  parenté  harmonique 
entre  elles. 

La  plus  aiguë,  que  nous  compterons  pour  la  première',  est 
l'octave  éolienne  dite  aussi  hypodorienne^,  identique  avec  l'échelle 
commune;  elle  va  de  la  corde  la  plus  aiguë  du  système  {la)  à 
la  mhe  (la),  et  se  produit  une  seconde  fois  depuis  la  mèse  jusqu'à 
la  corde  la  plus  grave  (A)  : 


aa 

g 

fe 

d 

c^ 

a 

a 

G 

FE 

D 

CH 

A 

La  deuxième  échelle  d'octave  dans  l'ordre  descendant  est 
Viastienne^  ou  hypophrygienne,  comprise  entre  sol  et  sol  : 

g       fe       d       ct|       a       G 

La  troisième  est  Vhypolydienne,  allant  de  fa  à  fa  : 

fe       d       et;       a       G       F 

La  quatrième  est  la  dorienne,  l'octave  moyenne  de  l'échelle 
commune,  de  mi  à  mi. 

e  d  et]  a  G  FE 
La  cinquième  est  la  phrygienne,  de  ré  à  ré. 

d  et]  a  G  FE  D 
La  sixième  est  la  lydienne,  d'ut  à  ut. 

ct[       a       G       FE       D       C 

Enfin  la  septième,  la  plus  grave,  est  la  inixolydienne,  comprise 
entre  si  et  si. 

t|       a       G     FE       D       CH 

1  Les  musicistes  aristoxéniens  énumèrent  les  formes  de  l'octave  en  partant  de  la  plus 
grave,  la  mixolydienne.  Ici  également  l'ordre  descendant  paraît  être  le  plus  ancien. 

2  De  préférence  à  hypodorien  et  hypcphrygien,  termes  employés  d'abord  par  Aristote, 
nous  nous  servirons  dans  cet  ouvrage  des  mots  êolien  et  iastien,  chaque  fois  qu'il  s'agira 
de  modes,  et  non  pas  de  tons.  Ces  dernières  épithètes,  les  plus  anciennes,  sont  redevenues 
d'un  usage  général  sous  l'empire  romain.  Pour  la  signification  d'hypo  dans  la  nomen- 
clature modale,  voir  ci-après,  p.  g,  note  i. 

3  Iastien  est  synonyme  d'ionien. 


8  CH.  I.  —  MODES. 

Le  tableau  suivant  montrera  clairement  la  position  respective 
des  sept  octaves  modales  dans  l'échelle  commune. 


ut(C) 

UT 

UT 

UT 

UT 

SI  (H) 

SI 

SI 

SI 

SI 

SI 


Lla  (a) 


UT 
•-SI 


LA 


§  8.  La  théorie  aristoxénienne  partageait  chacune  des  sept 
octaves  modales  en  ses  deux  consonances  constitutives,  quinte  et 
quarte,  reliées  par  un  son  commun'. 

Les  quatre  octaves  les  plus  aiguës  {l^éolienne,  Viastienne,  Vliypoly- 
dienne  et  la  dorienne)^  ont  la  quinte,  la  consonance  principale,  au 
grave;  la  quarte,  la  consonance  complémentaire,  à  l'aigu"^. 


ï  Mus.  de  Vaut.,  1. 1,  p.  m.  note  4.  —  Cette  division  ne  se  trouve  que  dans  Gaudence, 
un  écrivain  du  Ve  siècle  après  J.  C,  mais  on  ne  peut  douter  qu'elle  ne  remonte  à  Aris- 
toxène.  En  effet,  le  grand  théoricien  de  la  musique  grecque  reproche  à  ses  prédécesseurs 
d'avoir  totalement  ignoré  une  partie  aussi  essentielle  de  la  doctrine  modale.  Harmon. 
Marq.,  p.  8;  Westph.,  Aristoxentis,  p,  217. 

2  La  quinte  (2  :  3)  est  une  consonance  directe  :  la  fondamentale  se  trouve  en  bas;  la 
quarte  est  une  consonance  renversée  (3  :  4)  :  la  fondamentale  se  trouve  en  haut.  C'est  une 
pyramide  posée  sur  sa  pointe.  De  là  l'impression  de  malaise  que  donne  l'accord  de 
quarte  en  harmonie  simultanée,  surtout  dans  le  grave. 


Oct 

.  colieiiiie. 

aa— 

o 

g 

"-1 

f 
—  e  — 

m 

d 

<D 

-M 

c 

3 

c 

c 

iî 

CH.  I.  —  MODES. 
Oct.  iastienne.      Oct.  Jtypolydieiinc.     Oct.  dorieiine. 


'3 


c 

a 
G 


rO 
C 
sa 


-4-> 

"3 


a 
G 
F 


c 


(U 

'3 


e 
d 
c 

■n- 

a 

G 

F 
E 


Z/^5  /fo/s  octaves  inférieures  {la  phrygienne,  la  lydienne  et  la  mixo- 
lydienne)  ont,  au  contraire,  la  quinte  en  haut,  la  quarte  en  bas. 


Oct.  phrygieiiiie. 

Oct 

.  lydienne. 

Oct.  mixolyd 

ienne. 

—  d 

c 

-^ 

. 

c 

. 

a 

(Ù 

tî 

(U 

(U 

•4-> 

4-1 

a 

-l-> 

G 

C 

_n 

Q 

*3 

'3 

'3 

O^ 

a 

O 

G 

O 

F 

-G- 

_F  — 

^E  — 

O 

E 

O 

O 

F 

c 

c 

D 

c 

E 

•-1 

D 

•-1 

Ci 

a> 

C 

n> 

D  — 

C_ 

H  — 

I.  Aucune  de  ces  dernières  octaves  ne  renferme  une  conjonction 
de  consonances  qui  ne  se  rencontre  déjà  dans  les  octaves  précé- 
dentes. Seule  la  disposition  des  consonances  est  intervertie  : 
tandis  que  la  quinte  reste  en  place,  la  quarte  se  transporte  à 
l'octave  inférieure.  Il  y  a  communauté  de  consonances  entre  l'octave 
phrygienne  et  l'octave  iastienne  ou  hypophrygienne ,  entre  V octave 
lydienne  et  l'hypolydienne\  entre  l'octave  dorienne  et  la  mixolydienne. 

ï  Ceci  explique  le  sens  de  la  préposition  hypo  {ùito)  dans  la  nomenclature  modale.  Ici 
hypophrygien,  en  latin  subphrygius,  signifie  «  un  peu  phrygien  »  (comme  siibniger  «  un  peu 
noir  »,  noirâtre)  de  même  hypolydien  veut  dire  «  un  peu  lydien  »,  hypodorien  «  un  peu  dorien  ». 
C'est  ainsi  qu'un  disciple  de  Platon,  Héraclide  du  Pont,  interprète  le  mot  ÙTto^uipio; 
dans  Athénée  (L.  XIV,  p.  625).  A  la  vérité  la  parenté  harmonique  de  l'hypodorien  avec 


CH.  I.  —  MODES. 


<y 


■^1 

■^1 


<y 


-S 

r  f 

e 

f 

<û 

e 

3 

d 

=  d-| 

o 

c 

o 

<u 

n 

c_ 

> 

ci 

V 

a 

5' 

o 

c 

? 

o 

o 

O 

"5 

a 

S" 
< 

<y 

G 

-G= 

q 

-F  = 

^ 

E 

fO 

2* 

F 

c 
ta 

i 

E 

-1 

D 

D_ 

C_ 

cO 


~    o^ 


o  (     <" 


r  e 


c 


o> 


cO 


F 
D 


o 


C 
H 

Quant  à  l'octave  éolienne  ou  hypodorienne,  l'échelle  commune 
de  la  musique  gréco-romaine,  ses  deux  consonances  constitutives 
(la  quarte  aa  —  e  et  la  quinte  e  —  a)  ne  se  rencontrent  ensemble 
dans  aucun  des  six  autres  modes,  si  toutefois  Gaudence  a  copié 
fidèlement  Aristoxène'. 

II.  En  conséquence  les  sept  octaves  modales  sont  fondées  sur 
quatre  constructions  harmoniques,  lesquelles  correspondent  aux  quatre 
décompositions  mélodiques  de  la  consonance  de  quinte,  génératrice  de 
toutes  les  échelles  musicales.  Ces  quatre  formes  diatoniques  de  la 

le  dorien  ne  ressort  pas  de  la  division  des  deux  octaves  dans  la  théorie  modale,  mais  de 
leur  rapport  en  tant  que  parties  constitutives  de  VécheUe  commune.  En  effet,  quant  à  la 
division  par  quinte  et  quarte,  l'octave  aiguë  du  système  parfait  (aa  —  6  —  a)  est  à 
l'octave  moyenne  (e  —  a  —  E)  ce  que  l'octave  hypophrygienne  (g  —  d — G)  est  à  la 
phrygienne  (d  —  g  —  D),  ce  que  l'octave  hypolydienne  (f  —  C  —  Fj  est  à  la  lydienne 
(c  —  F  —  Cj.  On  remarquera  aussi  que  la  quarte  de  l'éolien  (aa  g  fe)  et  celle  du 
dorien  (e  d  ctij  se  décomposent  de  la  même  manière,  et  que  les  deux  modes  ont  une 
médiante  mineure  (voir  ci-après).  Souvent  chez  Aristote,  et  toujours  chez  Platon,  la 
dénomination  d'harmonie  dorienne  comprend  les  deux  modes.  —  Dans  la  nomenclature 
des  échelles  transposées,  la  particule  hypo  a  un  sens  musical  très  précis;  il  signifie  «  à  la 
quarte  grave  n  :  le  ton  phrygien  a  ut  pour  degré  central  et  trois  bémols  à  la  clef,  tandis 
que  le  ton  hypophrygien  a  sol  pour  degré  central  et  deux  bémols. 

I  Voir  Mus.  de  Vant.,  t.  I,  p.  m,  note  3.  —  Il  nous  a  paru  superflu  de  mentionner  la 
division  de  l'échelle  locrienne,  qu'Aristoxène  n'a  pu  donner  qu'à  titre  de  renseignement 
historique;  à  son  époque  le  mode  locrien  avait  depuis  longtemps  cessé  d'être  en  usage. 
J'avais  cru,  il  y  a  quinze  ans,  découvrir  quelques  vestiges  de  ce  mode  dans  les  chants 
liturgiques.  Mus.  de  Vant.,  t.  I,  p.  157.  Depuis  lors  je  me  suis  aperçu  que  la  principale 
mélodie  sur  laquelle  je  fondais  ma  conjecture  est  très  corrompue  dans  nos  antiphonaires. 


i 


CH.  I.  —  MODES.  II 

quinte  se  différencient  surtout  à  l'oreille  par  le  nombre  et  la  dispo- 
sition des  intervalles  consécutifs  de  ton. 

Deux  d'entre  elles  se  caractérisent  par  ce  fait  qu'elles  ne 
contiennent  pas  plus  de  deux  tons  successifs.  Nous  les  appellerons 
quintes  ditoniées.  La  quinte  éolienne  ou  commune  juxtapose  les 
deux  tons  à  l'aigu  (e  d  et}  a),  la  quinte  iastio-phrygienne  les  met 
au  grave  (d  et}  a  G). 

Deux  formes  de  la  quinte  présentent  les  trois  intervalles  de  ton 
en  succession  non  interrompue.  Ce  sont  des  quintes  tritoniées.  La 
quinte  lydienne  met  le  triton  en  bas  (et}  a  G  F),  tandis  que  la 
quinte  dorio-niixolydienne  le  pose  en  haut  (t}  a  G  FE). 

Remarquons  de  plus  que  dans  chaque  catégorie  l'une  des  quintes 
a  son  degré  central,  Sciviédiante',  à  la  tierce  majeure  du  son  inférieur; 
l'autre  quinte  a  sa  médiante  à  la  tierce  mineure  du  même  son. 

Quintes  i  iastio-phrygienne  :  d    c  tj    a    G  [ditoniêe). 

avec  médiante  majeure,  |  lydienne  :  c  t|    a    G    F  [tritoniée). 

Quintes  j  éolienne  :  e    d    c  t}     a  [ditoniêe). 

avec  médiante  mineure,  \  dorio-mixolydienne  :  J^    a    G    FE  [tritoniée). 

in.  La  consonance  complémentaire  et  mobile  de  l'octave,  la 
quarte,  ne  détermine  pas  aussi  nettement  que  la  quinte  la  consti- 
tution modale,  puisque  elle  ne  comporte  que  trois  formes  mélo- 
diques pour  les  quatre  harmonies  réelles.  Les  formes  de  la  quarte 
se  distinguent  uniquement  par  la  place  dn  demi-ton.  Cet  inter- 
valle, le  plus  petit  du  genre  diatonique,  se  trouve  au  grave 
dans  la  quarte  éolienne  (aa  g  fe),  dorienne  (e  d  etj)  et  mixoly- 
dienne  (E  D  CH),  c'est-à-dire  dans  le  tétracorde  des  théoriciens 
(ci-dessus,  p.  4);  le  demi-ton  occupe  le  milieu  dans  la  quarte 
iastienne  (g  fe  d)  et  phrygienne  (G  FE  D)  ;  il  est  situé  à  l'aigu 
dans  la  quarte  hypolydienne  (fe  d  e)  et  lydienne  (FE  D  C). 

§  g.  Voilà  à  peu  près  tout  ce  que  nous  apprend  un  examen 
détaillé  de  la  théorie  modale  de  l'école  aristoxénienne.  Le  reste 
était  censé  appartenir  au  domaine  de  la  composition  et  s'enseignait 
à  ce  titre  dans  une  des  parties  de  la  mélopée,  la  petteia,  dont 
il  ne  reste  que  la  définition ^   Ce   que  nous   savons   au   sujet  de 

«   Par  la  petteia    nous   apprenons  d'abord   quels  sons  doivent  s'omettre  et  lesquels 
«  doivent  s'employer  (et  ceux-ci  dans  quelle  proportion)  ;  ensuite  par  quel  son  on  doit 


12  CH,  I.  —  MODES. 

la  mise  en  œuvre  des  échelles  modales  se  déduit  de  quelques 
passages  épars  chez  les  écrivains  grecs  et  de  l'analyse  des  mélo- 
dies antiques  parvenues  jusqu'à  nous. 

Les  points  suivants  peuvent  aujourd'hui  être  considérés  comme 
hors  de  doute. 

I.  Le  mode  se  déterminait  principalement  par  le  retour 
fréquent,  dans  la  mélodie  et  dans  la  partie  instrumentale,  des 
deux  cordes  qui  concourent  à  diviser  l'octave'.  Le  degré  inférieur 
de  la  quinte  est  le  son  fondamental  de  toute  la  cantilene'^.  La  médiante 
est  la  troisième  corde  distinctive  du  mode;  elle  ne  se  répercute 
pas  moins  souvent  que  les  deux  sons  extrêmes  de  la  quinte ^ 

IL  De  même  que  les  trois  cordes  modales,  la  mèse,  le  son  central 
de  l'échelle  commune  se  produisait  fréquemment,  quel  que  fût  le 
mode  employé.  Aristote  lui  attribue  un  rôle  analogue  à  celui  des 
conjonctions  dans  le  discours  :  établir  un  lien  entre  les  éléments 
principaux  et  les  éléments  accessoires  de  la  mélopée"*. 

«  commencer,  par  lequel  on  doit  finir.  La  petteia  manifeste  aussi  l'état  d'âme.  »  Arist. 
Quint.,  Meib.,  p.  29. 

ï  «  Les  harmonies  s'assimilent  (pour  le  caractère)  aux  intervalles  réitératifs  et  aux 
«  sons  compréhensifs  qui  limitent  ces  intervalles.  »  Ib.,  p.  95.  —  «  Toute  réunion  {xoivwvlcx,) 
«  et  toute  agrégation  (a-JvSscrjf)  sera  autre  si  le  mode  de  juxtaposition  diffère.  Ainsi  une 
«  succession  formée  des  mêmes  sons  sera  reconnue  comme  différente,  selon  que  le  mode 
«  est  dorien  ou  phrygien.  »  Aristote,  Pol.  L.  III,  ch.  3. 

2  Le  passage  suivant  de  la  Politique  d'Aristote  prouve  une  conception  assez  nette  des 
fonctions  de  la  tonique.  «  En  toute  chose  composée  de  parties  diverses,  et  formant  une 
«  unité,  on  peut  discerner  un  élément  dirigeant  {afi^ov)  et  un  élément  dirigé  {dp^6[j:,Evov). 
«  Ceci  se  révèle  dans  toute  la  nature,  et  particulièrement  dans  les  êtres  vivants.  Même 
«  dans  les  choses  inanimées  il  y  a  un  élément  dirigeant,  par  exemple  dans  l'échelle 
«  modale.  »  L.  I,  ch,  5. 

3  C'est  une  grande  erreur  de  croire  que  les  Anciens  aient  méconnu  les  consonances 
imparfaites.  Pour  le  prouver,  point  n'est  besoin  d'invoquer  les  doctrines  ésotériques  des 
pythagoriciens.  La  tierce  majeure  consonante  (4  :  5)  existe  dans  l'enharmonique  d'Archytas 
[Mus.  de  Vant.  t.  I,  p.  312);  la  tierce  mineure  consonante  (5  :  6)  dans  le  chromatique 
d'Eratosthène  et  de  Didyme  (ibid.,  p.  322).  Un  passage  de  Gaudence  (ap.  Meib.,  pp.  ir-12) 
atteste  l'usage  de  la  tierce  majeure  dans  l'accompagnement.  Enfin  l'antiquité  connaissait 
déjà  une  division  des  modes  en  deux  catégories  correspondant  apparemment  au  majeur 
et  au  mineur  des  modernes.  D'après  la  Politique  d'Aristote  (L.  IV,  ch.  3),  certains 
musiciens  grecs  ne  connaissaient  que  deux  sortes  de  modes  :  le  dorien  et  le  phrygien,  en 
comprenant  toutes  les  harmonies  sous  l'un  ou  l'autre  de  ces  termes  génériques. 

4  «  Dans  toutes  les  mélodies  bien  faites  la  mèse  est  souvent  employée,  et  tous  les  bons 
«  compositeurs  y  ont  fréquemment  recours;  alors  même  qu'ils  s'en  écartent  ils  ont  hâte 
«  d'y  revenir.  De  même  lorsqu'on  fait  disparaître  du  discours  certaines  conjonctions, 


CH.  I.  —  MODES.  13 

III.  L'octave  modale  entonnée  de  l'aigu  au  grave  étant  la 
formule  universelle  de  la  succession  mélodique  dans  chacun  des 
sept  modes',  les  arrêts  principaux  du  chant,  et  particulièrement  sa 
complète  terminaison,  avaient  généralement  lieu  sur  le  son  le  plus 
grave  de  V échelle  modale. 

On  doit  se  garder  en  conséquence  d'identifier  les  trois  modes 
inférieurs  (le  phrygien,  le  lydien  et  le  mixolydien),  dont  la  quinte 
est  à  l'aigu  et  la  quarte  au  grave,  avec  les  modes  plagaux  du 
chant  ecclésiastique.  Tout  porte  à  supposer  que  ces  trois  har- 
monies antiques  opéraient  leur  terminaison,  comme  les  quatre 
autres,  sur  l'échelon  inférieur  de  l'octave  modale. 

IV.  La  disposition  régulière  des  cantilènes  gréco-romaines  était 
donc  celle  des  modes  authentes  de  ^Église^  Il  y  a  même  lieu  de 
croire  qu'à  la  période  primitive  du  chant  choral,  le  degré  inférieur 
de  l'octave  modale  formait  la  limite  infranchissable  de  la  mélodie. 
C'est  ce  que  nous  prouve  de  toute  évidence  la  nomenclature 
malencontreusement  imaginée  pour  les  échelles  de  transposition 
(nous  l'examinerons  tout  à  l'heure).  Plus  tard,  afin  de  donner  un 
peu  plus  de  jeu  aux  terminaisons  mélodiques  et  un  point  d'appui 
au  degré  final,  on  permit  à  la  mélodie  de  descendre  un  échelon  de 
plus.  Cette  pratique  était  déjà  sanctionnée  à  l'époque  classique 2. 

«  telles  que  ts  et  >ca(,  par  exemple,  ce  qui  reste  ne  sera  plus  un  langage  hellénique, 
«  tandis  que  l'absence  d'autres  conjonctions  ne  présentera  rien  de  choquant,  »  etc. 
Aristote,  20^  problème  musical.  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  260.  Autrefois  je  supposais 
que  ce  passage  s'appliquait  à  la  mèse  ihêtique,  la  corde  de  milieu  d'une  lyre  ou  d'une 
cithare,  quel  que  soit  le  mode  d'accord  de  l'instrument.  Aujourd'hui  l'étude  approfondie 
des  restes  de  la  musique  grecque  et  des  chants  de  l'Église  m'a  démontré  qu'Aristote 
parle  ici  de  la  nièse  proprement  dite  [dynamique).  En  effet,  c'est  là  le  seul  degré  de  V octave 
moyenne  qui  ne  manque  jamais  dans  la  mélodie. 

ï  Voir  ci-dessus,  p.  1,  note  2.  —  «  Pourquoi  dans  la  consonance  d'octave  le  son  grave 
«  est-il  la  réplique  {xvri<^u;-/lcc)  de  l'aigu  et  non  réciproquement?...  Est-ce  parce  qu'il 
«  est  le  plus  grand?  »  Aristote,  13e  problème  musical. 

2  Autrefois  égaré,  comme  Westphal,  par  la  théorie  traditionnelle  du  chant  ecclésias- 
tique, je  m'efforçais  de  trouver  une  forme  plagale  pour  chacun  des  sept  modes  antiques. 
Voir  Mus.  de  Vant,,  t.  I,  p.  168  et  suiv.,  pp.  231  et  232.  L'erreur  est  devenue  patente 
pour  moi  lorsque  je  me  suis  aperçu  que  le  mode  de  mi  et  celui  de  la  n'ont  pas  de 
véritable  plagal  dans  les  plus  vieux  chants  de  l'office. 

3  Le  commentateur  de  Platon  auquel  Aristide  Quintilien  a  emprunté  ses  six  anciennes 
échelles  enharmoniques  (Meib,  p.  22)  indique  le  degré  additionnel  au  bas  de  l'octave 
dorienne. 

e     d     ci|     a     G     FE       |  D 


14  CH.   I.  —  MODES. 

V.  Certains  modes  toutefois  comportaient  des  exceptions  aux 
deux  règles  précédentes.  La  Politique  d'Aristote  constate  et  justifie 
par  des  raisons  philosophiques  l'emploi  de  mélodies  détournées  de 
leur  parcours  régulier,  mais  seulement  dans  la  musique  destinée  au 
public  des  théâtres  et  des  concerts.  De  pareilles  variétés  modales 
étaient  appelées  relâchées,  quand  elles  s'écartaient  de  leur  échelle 
propre  au  grave,  surtendues  ou  intenses,  lorsque  la  cantilène  se  déve- 
loppait et  se  terminait  dans  le  haut'.  Je  n'hésite  pas  aujourd'hui 
à  identifier  les  cantilènes  relâchées  avec  les  modes  plagaux  de 
la  théorie  ecclésiastique.  Quant  aux  variétés  dites  intenses,  je 
continuerai  plus  que  jamais  à  y  voir,  avec  Westphal,  des  chants 
terminés  sur  la  médiante  de  leur  quinte  modale  ^ 

Deux  modes  seulement  sont  désignés  nominativement  par  les 
écrivains  grecs  comme  aptes  à  revêtir  ces  formes  irrégulières. 
Pratinas,  le  vieux  compositeur  de  dithyrambes  et  de  tragédies 
(vers  480),  déconseille  l'emploi  prolongé  de  Viastien  relâché  et  de 
Viastien  intense^.  D'autre  part  la  Républiqtie  de  Platon  condamne 
les  deux  variétés  correspondantes  du  mode  hypolydien  comme 
indignes  d'une  société  guerrière  et  austère  ^  Les  deux  harmonies 
à  médiante  majeure  comportaient  donc  chacune  trois  formes  de 
mélodies,  et  il  y  a  lieu  de  distinguer  en  premier  lieu  : 

a)  Un  iastien  normal,  parcourant  son  octave  propre  (g  —  G)  et 

1  «  Comme  il  existe  deux  classes  d'auditeurs,  l'une  composée  d'hommes  libres  et 
«  éclairés,  l'autre  formée  de  grossiers  artisans  et  autres  gens  de  même  espèce,  on  doit 
«  également  organiser  pour  ceux-ci  des  concours  et  des  fêtes.  Or  de  même  que  les  âmes 
«  de  ces  personnes  sont  détournées  de  leurs  tendances  natives,  de  même  il  existe  dans 
«  certains  modes  des  formes  dévoyées  {TtapsK^dfrsis),  ou  des  mélodies  surtendues  (cûvrova) 
«  dont  l'expression  est  outrée.  »  L.  VIII,  ch.  7.  —  «  Aux  hommes  affaiblis  par  l'âge  il 
«  serait  difficile  de  chanter  les  harmonies  intenses  {(Tvvrôvovç  dpiJ.Qylix,ç)  ;  la  nature  elle- 
«  même  les  porte  aux  harmonies  relâchées  (dvstijJva,;).  »  Ibid. 

2  Toutes  les  objections  élevées  à  ce  sujet  depuis  la  publication  de  mon  ouvrage 
sur  la  musique  de  l'antiquité  m'ont  paru  sans  valeur.  Elles  se  réduisent  toutes  à  cet 
argument  unique  :  «  la  tierce  était  une  dissonance  pour  les  Anciens.  »  Nous  avons  vu 
plus  haut  (p.  12,  note  4)  ce  que  vaut  cette  assertion.  Au  surplus  l'usage  courant  de  la 
terminaison  sur  la  médiante  majeure  dans  les  plus  vieux  chants  de  la  liturgie  chrétienne 
dispenserait  à  la  rigueur  de  toute  autre  preuve. 

3  Fragm.  3  de  Bergk,  traduit  au  ch.  II.  —  Héraclide  du  Pont  (Ath.  L.  XIV,  p.  625) 
distingue  nettement  entre  l'iastien  régulier,  sombre,  dur,  propre  à  la  tragédie,  et  un  iastien 
qu'il  qualifie  d'extraordinaire,  étrange  (SaUjaaa-ro^),  introduit  par  Pytherme,  ancien  auteur 
de  scolies  ou  chansons  de  table.  Cette  dernière  variété  ne  peut  être  que  l'iastien  relâché. 

4  Mus.  de  Vant.,  t.  I,  p.  190. 


CH.   I.  —   MODES.  15 

se  terminant  sur  G;  —  b)  un  iastien  relâché  parcourant  l'octave 
phrygienne  (d  —  D)  et  se  terminant  également  sur  G;  — c)  un 
iastien  intense  finissant  sur  t]  ; 

en  second  lieu  : 

a)  Un  hypolydien  normal;  compris  dans  l'octave  f —  F  et  ayant 
pour  finale  F;  —  b)  un  liypolydien  relâché,  ayant  l'étendue  de 
l'octave  lydienne  (c  —  C)  et  la  finale  F;  —  c)  un  hypolydien  intense 
(dit  communément  syntonolydien),  se  terminant  sur  a. 

Nulle  distinction  semblable  n'étant  mentionnée  pour  aucun 
des  cinq  autres  modes  (l'éolien,  le  dorien,  le  phrygien,  le  lydien,  le 
mixolydien),  nous  devons  supposer  cju'ils  ne  s'employaient  que 
sous  leur  forme  normale,  et  cette  supposition  se  trouve  pleine- 
ment confirmée  par  l'analyse  des  restes  antiques  et  des  plus  vieux 
chants  de  l'Eglise'. 

§  10.  Si  les  écrivains  antiques  sont  avares  de  renseignements  sur 
la  contexture  musicale  des  modes,  en  revanche  ils  s'occupent  assez 
souvent  de  leur  relation  avec  les  états  d'âme,  et  de  leur  usage 
dans  les  diverses  branches  de  l'art.  Depuis  Platon  (380  avant  J.-C.) 
jusqu'à  Cassiodore  (520  après  J.  C.)  nous  avons  à  cet  égard  une 
série  nombreuse  de  témoignages  qui,  malgré  quelques  contradic- 
tions, concordent  d'une  manière  frappante  dans  leur  ensemble ^ 

Le  mode  dorien,  l'harmonie  de  Sparte,  dont  les  Anciens  sont 
unanimes  à  vanter  l'accent  calme  et  austère,  apparaît  dans  tous 
les  genres  de  musique  :  chœur  lyrique  et  dramatique,  chant  à  la 
cithare,  musique  instrumentale  pure,  —  h'éolien,  le  mode  d'Alcée 
et  de  Sappho,  était  censé  participer  dans  une  certaine  mesure  au 
caractère  grandiose  de  l'harmonie  dorienne,  tout  en  ayant  plus  de 
feu  et  de  mouvement.  Il  tenait  le  premier  rang  dans  le  chant 
citharodique  et  une  place  importante  dans  les  monodies  de  la 
scène.  On  l'employait  souvent,  même  encore  à  l'époque  romaine, 
sous  la  forme  chromatique.  —  h^iastien  normal,  le  chant  des 
Ioniens  de  la  côte  d'Asie,  était  réputé  énergique,  fougueux  et  même 

^  Je  ne  puis  donc  plus  admettre  l'origine  antique  des  mélodies  plagaîes  de  ces  modes 
qui  se  trouvent  insérées  çà  et  là  dans  mon  Hist.  de  la  mus.  de  Vaut,  particulièrement  aux 
26  et  3e  chap.  du  livre  II. 

2  Voir  dans  la  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  les  pages  178  à  199  dont  ce  paragraphe  n'est  qu'un 
court  résumé. 


i6  CH.  I.  —  MODES. 

dur,  mais  empreint  d'une  certaine  noblesse.  Comme  l'éolien,  il 
convenait  surtout  au  chant  monodique  accompagné  d'un  instru- 
ment à  cordes  et  aux  airs  de  la  tragédie. 

Ces  trois  harmonies,  désignées  par  les  noms  des  trois  plus 
anciennes  tribus  helléniques  (Doriens,  Eoliens,  Ioniens),  étaient 
seules  tenues  pour  indigènes  en  Grèce  ;  à  ce  titre  elles  ont  gardé 
une  prééminence  incontestée  jusqu'à  la  fin  du  monde  antique. 
Jamais  les  Hellènes  et  les  Romains  n'ont  oublié  l'origine  barbare 
des  modes  portant  des  noms  de  pays  asiatiques  et  ne  leur  ont 
assigné  un  rôle  très  étendu  dans  la  pratique  de  l'art. 

L'harmonie  phrygiemie,  enthousiaste,  bachique,  s'était  répandue 
avec  les  cultes  licencieux  de  Dionysos  et  de  Cybèle.  Sans  être  tout 
à  fait  exclue  du  chant  citharodique,  elle  appartenait  particulière- 
ment aux  instruments  à  vent,  soit  séparés  de  la  voix,  soit  unis  au 
chœur  dionysiaque,  le  dithyrambe.  —  Doux,  efféminé,  le  lydien 
normal  s'adaptait  à  des  cantilènes  d'un  caractère  naïf  et  juvénile  : 
choeur  de  jeunes  filles,  épithalames  et  autres  morceaux  gracieux. 
Nulle  part  nous  ne  voyons  mentionner  d'une  manière  explicite 
l'emploi  de  Vhypolydien  normal.  —  Le  mixolydien  enfin,  dont  l'expres- 
sion poignante  est  attestée  par  Euripide  et  Aristote,  paraît  avoir 
été  presque  exclusivement  affecté  aux  chœurs  de  la  tragédie. 

Quant  aux  deux  variétés  secondaires  de  l'iastien  et  de  l'hypo- 
lydien,  incompatibles  avec  le  style  sérieux  de  la  lyrique  chorale, 
elles  étaient  à  leur  place  dans  les  spectacles  et  concerts,  ainsi 
qu'en  certaines  situations  de  la  vie  privée.  Le  lydien  et  Viastien 
intenses  se  prêtaient  à  des  mélodies  vocales  et  instrumentales 
d'une  sentimentalité  exaltée;  déplorations  funéraires  ou  cantilènes 
langoureuses  parcourant  les  régions  élevées  de  l'octave  modale. 
Les  chants  de  cette  espèce  nécessitaient  des  voix  vigoureuses  et 
exercées.  Tout  au  contraire  les  deux  harmonies  relâchées,  grâce  à 
leur  facilité  et  à  leur  diapason  moyen,  étaient  accessibles  à  des 
amateurs,  même  âgés';  on  n'en  employait  guère  d'autres  pour 
les  chansons  de  table.  Nous  trouverons  un  spécimen  de  l'iastien 
relâché  parmi  les  chants  citharodiques  du  IP  siècle. 

'  Voir  ci-dessus,  p.  14,  note  i. 


CH.  I.  —  TONS.  17 

Section  III.  —  Les  sept  anciennes  échelles  transposées  de  la  musique 

gréco-romaine. 

§  II.  A  côté  de  son  système  modal,  l'art  antique  s'est  créé  un 
système  d'échelles  transposées  ou  de  tons,  qui,  d'abord  très 
restreint,  s'est  développé  jusque  sous  les  empereurs  romains. 
Il  se  rattache  étroitement  à  la  pratique  des  modes.  En  effet  la 
transposition  de  l'échelle  commune  n'eut  pas  pour  but  de  rendre 
possibles  les  changements  soudains  de  ton.  Au  VP  siècle  avant 
J.  C.  les  cantilènes  grecques  n'avaient  pas  de  modulations  inté- 
rieures et  jamais  elles  n'en  eurent  beaucoup.  Ce  procédé  fut 
imaginé  afin  de  permettre  à  toute  sorte  de  voix  et  d'instruments 
de  parcourir,  sans  dépasser  leur  étendue  ordinaire,  les  diverses 
octaves  modales.  Telle  qu'elle  nous  est  parvenue,  la  nomenclature 
des  échelles  transposées  a  été  imaginée  pour  le  chant  choral  accom- 
pagné d'un  ou  de  plusieurs  instruments  à  vent  [anloi,  tibiaé)y 
lesquels  sont  naturellement  à  hauteur  fixe. 

§  12.  On  sait  que  les  Anciens  ne  connaissaient  que  le  chœur  à 
l'unisson,  quand  il  se  composait  uniquement  d'hommes  adultes,  le 
chœur  à  l'octave,  lorsqu'il  était  chanté  par  des  hommes  et  des 
enfants'.  Dans  ces  conditions  les  mélodies  chorales,  quelles 
qu'elles  fussent,  devaient,  pour  être  exécutables,  se  renfermer 
dans  une  étendue  accessible  à  tous  les  genres  de  voix.  Cette 
étendue,  les  maîtres  de  la  lyrique  chorale  au  VP  siècle  avant  J.  C. 
l'avaient  fixée  entre  les  notes  instrumentales  N  et  A,  signes  qui 

.CL 

se  traduisent  par  ^'^  et  @^^=  dans  la  notation  moderne^  Or 

ï  Chez  les  Athéniens  les  femmes  ne  participaient  jamais  à  des  exécutions  musicales. 
A  Thèbes,  à  Tanagra,  on  chantait  des  parthénies  (chœurs  déjeunes  filles),  mais,  sauf  à 
Sparte  peut-être,  les  Hellènes  n'eurent  à  aucune  époque  des  chœurs  mixtes  composés 
de  chanteurs  des  deux  sexes. 

2   La  théorie  et  la  notation  grecques  ne  tiennent  compte  que  des  voix  d'homme  :  au 

temps   d'Aristoxène    les    sons   \^  et  jtW^'^—    formaient   les   limites    extrêmes   de 

l'étendue  générale  des  voix  et  des  instruments.  L'échelle  facilement  accessible  aux 
divers  genres  de  voix  féminines  est  placée  par  la  nature  une  octave  plus  haut  que  celle 
des  voix  d'homme.  Quant  à  la  hauteur  absolue  des  sons,  il  faut  admettre,  ou  bien  que  les 


i8  CH.  I.  —  TONS. 

les  sept  octaves  modales  étant  chantées  sans  changer  d'échelle 
tonale  (c'est-à-dire  avec  la  même  armure  de  clef),  embrassent  un 
intervalle  total  de  quatorzième  (voir  ci-dessus,  p.  8).  Pour  les 
ramener  toutes  au  diapason  fa  —  fa,  il  fallut  naturellement 
baisser  les  octaves  modales  qui  dans  l'échelle  commune  dépas- 
saient cette  étendue  à  l'aigu,  et  hausser  par  contre  les  octaves  qui 
la  dépassaient  au  grave.  On  atteignit  ce  but  en  plaçant  l'échelle 
commune  à  sept  hauteurs  différentes,  et  Von  désigna  chacune  des 
sept  échelles  tonales  par  le  nom  de  l'octave  modale  qui  sy  fait  entendre 
entre  fa  et  fa.  Voici  le  détail  et  le  résultat  de  l'opération. 

I.  L'échelle  commune  notée  sans  aucun  signe  modificatif 
(correspondant  à  notre  S  ou  à  notre  b)  fait  entendre  l'octave  hypo- 
lydienne  (fe  d  ci}  a  G  F)  dans  l'étendue  comprise  entre  fa  et  fa. 
C'est  pourquoi  cette  échelle  de  15  sons  reçut  d'Aristoxène  la 
dénomination  de  ton  hypolydien. 

II.  Pour  faire  entendre  l'octave  dorienne  (e  d  et}  a  G  FE) 
entre  fa  et  fa,  il  fallut  hausser  d'une  seconde  mineure  l'échelle 
commune.  Cette  transposition  qui  amène  cinq  notes  marquées  d'un 
bémol  (dans  la  notation  grecque  cinq  signes  modifiés)  reçut  le  nom 
de  ton  dorien  (mèse  sii?;  octave  dorienne  :  fa  mib  rebut  sib 
lab    SQL  b  fa). 

III.  Pour  obtenir  une  octave  phrygienne  (d  et}  a  G  FE  D) 
entre  fa  et  fa,  il  fallut  hausser  d'une  tierce  mineure  l'échelle 
commune.  Cette  transposition  qui  donne  trois  bémols  prit  le  nom 
de  ton  phrygien  (mèse  ut;  octave  phrygienne  :  fa  mibré  ut  sib 
lab  SOL    fa). 

IV.  Pour  produire  une  octave  lydienne  (efc)  a  G  FE  D  C) 
entre  fa  et  fa,  on  dut  hausser  d'une  quarte  l'échelle  commune. 
Cette  transposition  qui  donne  tm  bémol  fut  le  ton  lydien  (mèse  ré; 
octave  lydienne  :  fa  mi    ré    ut    sib  la    sol    fa). 

V.  Pour  chanter  l'octave  mixolydienne  (fc}  a  G  FE  D  CH) 
entre  fa  et  fa,  on  fut  obligé  de  hausser  d'une  quinte  mineure 
l'échelle    commune.    Cette    transposition    qui    donne    six  bémols 

voix  des  deux  sexes  ont  baissé  depuis  l'antiquité,  ce  qui  ne  paraît  guère  probable, 
ou  que  le  diapason  grec  était  d'une  tierce  mineure  à  peu  près  au-dessous  du  nôtre. 
Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  221.  En  effet  l'octave  commune  à  toutes  les  voix  d'homme  va 
aujourd'hui  de  ré  à  ré. 


CH.  I.  —  TONS.  19 

s'appela  le  ton  mixolydien,  le  plus  aigu  des  sept  (mèse  mib;  octave 
mixolydienne  :  fa    mit»    ré?    utbsi^    lab    soLbpA). 

VI.  D'autre  part  pour  faire  entendre  l'octave  iastienne  ou 
hypophrygienne  (g  fe  d  c!;  a  G)  entre  fa  et  fa,  il  fallut  baisser 
d'une  seconde  majeure  l'échelle  commune.  Cette  transposition  qui 
donne  deux  bémols  porta  le  nom  de  ton  Iiypophrygien  (mèse  sol; 
octave  hypophrygienne  :    fa    mib  ré    ut   sib  la    sol    fa). 

VII.  Enfin  pour  produire  l'octave  éolienne  ou  hypodorienne 
(aa  g  fe  d  ct|  a)  de  fa  à  fa,  on  baissa  d'une  tierce  majeure 
l'échelle  commune.  Cette  transposition  qui  amène  quatre  bémols 
reçut  la  dénomination  de  ton  hypodorien  (mèse  fa  ;  octave  hypo- 
dorienne :    fa    mib    rebut    sib   lab  sol    fa). 

§  13.  L'ensemble  de  ces  opérations  produit  sept  échelles  tonales 
de  15  sons,  lesquelles,  étant  rangées  par  ordre  d'acuité,  donnent 
une  série  de  dénominations  exactement  inverses  de  la  série  des 
octaves  modales  prises  dans  une  seule  échelle  commune. 


Les  sept  tons  antiques  dans  l'ordre  ascendant  : 


Hypodorien  . 

Hypophrygien 

Hypolydien 
Dorien .  .  . 


Phrygien 


Lydien.  .  . 
Mixolydien 


mèse  FA     I  Y<y  i  ; 
mèse  SOL     (  (/  I; 


mèse  la 
mèse  si 


mese 


m-' 


mèse  ré  (t?)  ; 

tnèse  mib  (  \/\/<y  )■ 


Les  sept  octaves  modales  dans  l'ordre  descendant  : 
Hypodorienne  (éolienne).  .  .  .  aa  —  a; 

Hypophrygienne  (iastienne) .  .     g  —  G; 


Hypolydienne. 
Dorienne    .  .  . 


f  — F; 
e  — E; 


Phrygienne d  —  D; 


Lydienne  .  . 
Mixolydienne 


c  — C; 
tl-B. 


Ce  mécanisme,  très  compliqué  en  apparence  et  des  plus  simples 
en  réalité,  sera  rendu  plus  saisissable  par  la  lecture  du  tableau 
suivant  et  par  sa  comparaison  avec  le  tableau  de  la  page  8.  Là, 
l'échelle  de  15  sons  reste  immuable,  tandis  que  chacune  des 
sept  octaves  modales  se  trouve  à  une  hauteur  différente;  ici  toutes 
les  octaves  modales  sont  à  la  même  hauteur,  et  c'est  l'échelle  de 
15  sons  dont  le  degré  d'acuité  varie  sept  fois. 


CH.  I.  —  TONS. 


-c:        03  *-— I 


ï:        </>><:        to 


3    M 


■  3UH3lpXlOXlUt  SABIOQ 


•3Utl3}pKl  3AEP0 


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-<  o 


'{3UU31J0})    3UU3lÀOpO(jAn    3AU)DO 


CH.  I.  —  TONS.  21 

§  14.  Comme  les  sept  sons  de  l'échelle  diatonique  et  les  sept 
octaves  modales,  les  sept  tons  s'enchaînent  par  une  série  non 
interrompue  de  quintes,  à  partir  du  ton  hypolydien  (tj)  jusqu'au  ton 
mixolydien  (b^jL,'^)  ou  vice-versa. 

Ton  hypolydien.  .  .  .  (H),       vtcse  la. 

Ton  lydien (v),        mèse  ré. 

Ton  hypophrygien  .  .  (t?  )>     '"''^^  sol. 

Ton  phrygien (bp)'     '"^^^  "** 

Ton  hypodorien.  •  •  •  (  Wi/  \  ^"èse  fa. 

Ton  dorien (  t' 1?  h,  )'  '"^^^  ^'^^' 

Ton  mixolydien.  •  •  •  (  \^\/iy  U  mèse  mit^. 

§  15.  Une  notice  de  Plutarque,  empruntée  à  un  musicographe 
inconnu,  nous  fait  voir  que  dans  l'ancienne  lyrique  chorale  le 
mode  et  le  ton  étaient  inséparables  et  se  commandaient  mutuel- 
lement. «  Au  temps  de  Sacadas  (586  av.  J.  C.)  il  existait  trois  tons, 
«  un  pour  l'harmonie  dorienne,  un  autre  pour  la  phrygienne,  un 
«  troisième  pour  la  lydienne.  On  dit  que  Sacadas  composa  dans 
«  chacun  de  ces  tons  une  strophe  qu'il  enseigna  au  chœur.  La 
«  première  strophe  était  en  mode  dorien,  la  deuxième  en  mode 
«  phrygien,  la  troisième  en  mode  lydien.  Le  morceau  fut  sur- 
«  nommé  trimélès  (à  trois  mélodies),  à  cause  des  changements  de 
«  l'échelle'.  »  Nous  pouvons  donc  nous  représenter  assez  nette- 
ment la  contexture  mélodique  de  la  composition  du  vieux  maître. 

le  Strophe;  mode  et  ton  doriens.  2e  Strophe;  mode  et  ton  phrygiens. 


3e  Strophe  ;  mode  et  ton  lydiens. 

itz: 


7fe ^ — I — I 


Au  temps   de  l'empire  romain  une  pratique  analogue  semble 

ï  De  mus.,  ch.  8. 


22  CH.  I.  —  TONS. 

avoir  été  en  usage  dans  les  chœurs  de  la  pantomime.  Les  sept  tons 
y  étaient  utilisés',  ce  qui  rend  probable  l'emploi  des  sept  modes. 
§  i6.  A  une  époque  où  la  fabrication  des  organes  sonores  était 
encore  dans  l'enfance,  l'aulète  accompagnateur  du  chant  choral 
avait  besoin  d'un  instrument  spécial  pour  chaque  ton  et  consé- 
quemment  pour  chaque  mode^  Il  en  était  différemment  du  citha- 
rède.  Celui-ci  disposait  d'une  échelle  vocale  moins  étroitement 
limitée;  et  pouvait  parcourir  plusieurs  octaves  modales  sans 
changer  de  ton.  Cinq  modes  étaient  en  usage  pour  le  chant  à  la 
cithare  ;  en  première  ligne  le  dorien,  l'éolien  et  l'iastien  (tant  le 
relâché  que  le  normal);  en  ligne  secondaire  le  phrygien  et  le 
lydiens  L'instrument  habituel  des  citharèdes  grecs  et  romains 
était  accordé  au  ton  lydien  (b),  correspondant  à  la  voix  du  ténor'*, 
et  embrassait  l'étendue  d'une  onzième  (depuis  la  nète  des  dis-  1 
jointes  jusqu'à  la  proslambanomène).  La  corde  la  plus  grave, 
le  bourdon,  était  exclusivement  réservée  pour  le  krousis,  la  partie 
instrumentale,  en  sorte  que  la  cantilène  avait  pour  se  mouvoir 
l'espace  d'une  onzième. 

Accord  unitonal  de  la  cithare. 


;t: 


^^31^1^1 


Des  cinq  octaves  modales  de  la  citharodie,  trois  étaient  conte- 
nues dans  le  parcours  assigné  à  la  voix  : 

1°  la  dorienne  {la    sol    fa  mi    ré    ut    sibla); 

2°  la  phrygienne  (sol  fa  mi  ré  ut  sibla  sol),  qui  était  aussi 
celle  de  l'iastien  relâché  (ci-dessus  p.  15); 

'  «  Les  artistes  qui  s'occupent  de  la  musique  de  pantomime  emploient  sept  tons  : 
«  l'hyperdorien  (nom  récent  du  ton  mixolydien),  le  Ij'dien,  le  phrygien,  le  dorien,  l'hypo- 
«  lydien,  l'hypophrygien ,  l'hypodorien.  »  Anon.  I  (Bellermann,  §  28).  —  L'habitude 
d'accoupler  le  ton  et  le  mode  de  même  nom  devint  promptement  une  source  de 
malentendus,  et  introduisit  ainsi  une  confusion  inextricable  dans  la  littérature  musicale 
des  Anciens.  Déjà  Héraclide  du  Pont  confond  les  tons  et  les  modes. 

2  Aristox.  Harinon.,  Marq.,  p.  54.  —  Même  les  solistes  en  usaient  ainsi  avant  Pronomos 
de  Thèbes,  maître  d'Alcibiade.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  302. 

3  Pollux,  Onoin.,  L.  IV,  ch.  9,  Segm.  65. 

.  .4  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  354.  —  Sauf  la  petite  chanson  découverte  il  y  a  quelques 
années  en  Asie  mineure  sur  le  piédestal  d'un  monument  funéraire,  tous  les  restes  authen- 
tiques de  la  musique  grecque,  qui  appartiennent  sans  exception  à  la  citharodie,  sont 
notés  dans  le  ton  lydien. 


CH.  I.   —  TONS.  23 

3°  la  lydienne   (fa  mi    ré    ut    sibla    sol    fa). 

Pour  procurer  au  citharède  les  deux  autres  octaves  modales  qui 
lui  étaient  indispensables,  l'instrument  fut  pourvu  d'une  corde 
supplémentaire,  chromatique,  au  moyen  de  laquelle  on  pouvait 
passer  dans  l'échelle  tonale  située  soit  à  la  quinte  grave,  soit  à 
la  quarte  grave  du  ton  lydien'.  Au  premier  cas  la  corde  intercalée 
était  mib  (le  demi-ton  au-dessus  de  la  mèse  lydienne),  au  second 
cas  c'était  sii:  (la  tierce  mineure  au-dessous  de  la  mèse). 

Premier  accord  modulant  de  la  cithare. 

^û=:t=E=f.-^5=^'=r»=i=^=::1=q=5=--=:r=: 

En  laissant  de  côté  les  deux  mi  il,  et  en  remplaçant  le  plus  aigu 
par  mi^,  l'exécutant  se  trouvait  jouer  en  ton  hypophrygien  ([^b), 
et  rencontrait  les  deux  octaves  cherchées. 

Octave  éolienne  :    sol       fa        mibré       ut       sibla       sol; 
Octave  iastienne  :  fa         mi!7ré        ut        sibla        SQL     fa. 

De  plus,  s'il  utilisait  à  la  fois  le  mit]  et  le  mib,  en  s'abstenant  du 
fa  aigu,  il  obtenait  une  octave  éolienne  à  moitié  chromatique^  : 
sol    miismibré    ut    si^la    sol. 

Afin  de  justifier  en  théorie  la  présence  de  la  corde  chromatique, 
les  législateurs  de  la  musique  grecque  imaginèrent  une  fiction 
assez  compliquée  :  l'insertion  dans  l'échelle  commune  d'un  tétra- 
corde  complet  terminé  au  grave  par  la  mèse,  et  se  reliant  ainsi 
par  conjonction  au  tétracorde  moyen.  Le  tétracorde  modulant  (dit 
conjoint)  eut  sa  nomenclature  propre. 

/   sol,  nUe  synemménon  (dernière  des  cordes  conjointes), 

Tétracorde  conjoint         \    r      ,         ^.  /         i.  j       •^  \ 

\  {&,  paranete  (avant-derniere    »  »         ), 

dans  ', 

l'échelle  du  ton  lydien  (!?).  /   mil?,  trite  (troisième  »  »  »         ), 

\  ré,  mèse. 

Le  résultat  de  cette  combinaison  bizarre  fut  que  deux  sons 
figuraient  en  double  dans  l'échelle  commune  et  avaient  une  double 

1  Nous  ne  mentionnons  ici  que  les  deux  modes  d'accord  les  plus  usuels.  L'étendue  et 
l'échelle  de  la  cithare  ont  varié  beaucoup  selon  l'époque,  les  usages  locaux  etc.  Sous 
l'empire  romain  certains  artistes  se  servaient  de  cithares  presque  entièrement  chroma- 
tiques. V.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  264  et  suiv. 

2  Voir  ci-dessus,  p.  6. 


24  CH.  I.  —  TONS. 

dénomination,  bien  qu'en  réalité  chacun  d'eux  ne  fût  rendu  sur 
l'instrument  que  par  une  seule  corde,  par  une  seule  intonation. 
L'échelle  théorique  fut  portée  ainsi  de  15  cordes  à  18  cordes 
nominales,  ce  qui  donnait  dans  le  ton  lydien  la  succession  suivante. 


Et  la  doctrine  musicale  des  Grecs  admit  cette  échelle  mixte,  sous 
le  nom  de  grand  système  métabolique,  à  côté  de  l'échelle  unitonale 
de  15  sons. 

Second  accord  modulant  de  la  cithare. 


^       •_^_ 


Le  sib  étant  mis  au  repos  et  remplacé  par  si  tj,  la  cithare  faisait 
entendre  momentanément  le  ton  hypolydien.  Les  chants  éoliens 
et  iastiens  s'y  produisaient  donc  une  seconde  majeure  plus  haut 
que  dans  la  combinaison  précédente  : 

Octave  éolienne   :    la       sol       fa  mi       ré       ut   sitj       la; 
Octave  iastienne  :  sol     fa  mi        ré        ut  sitj       la         sol. 

Le  document  technique  qui  nous  a  transmis  ce  second  mode 
d'accord  de  l'instrument  des  citharèdes  '  désigne  le  sil^  comme 
corde  chromatique  du  tétracorde  moyen  dans  le  ton  lydien.  Mais 
il  permet  aussi  d'envisager  la  succession  entière  comme  un 
mélange  des  deux  échelles  tonales  :  la  lydienne  et  l'hypolydienne^. 

Au  reste  cette  ancienne  gamme  de  cithare  offre  un  intérêt  tout 
particulier  pour  le  sujet  qui  nous  occupe  ici.  Nous  la  retrouverons 
chez  les  musicistes  du  X^  siècle,  prolongée  au  grave  jusqu'à  la 

»  La  y.oivij  èpi^aùla  analysée  dans  l'Appendice  de  mon  Hist.  de  la  mus.  de  l'ant.,  t.  II, 
pp.  636  et  suiv. 

*  Dans  cette  tablature  les  dénominations  des  cordes  se  rapportent  au  ton  lydien,  les 
notes  musicales,  au  contraire,  sont  celles  du  ton  hypolydien. 


CH.  I.  —  TONS.  25 

proslambanomène  hypolydienne  (A),  et  devenue   l'échelle  fonda- 
mentale du  chant  de  l'Église  catholique. 

Section  IV.   —  Systèmes  de  8,  de   13  et  de   15  ions. 

§  17.  L'octave  du  mode  hypodorien  (éolien)  est  comprise  deux 
fois  dans  l'échelle  commune  (ci-dessus  pp.  7  et  8);  elle  occupe  les 
huit  degrés  supérieurs,  —  c'est  là  qu'on  la  place  ordinairement, 
—  et  les  huit  échelons  les  plus  bas.  Ce  fut  sans  doute  pour  faire 
pendant  à  cette  disposition  qu'Aristoxène,  après  avoir  commencé 
par  établir  le  système  des  sept  échelles  tonales',  ajouta  plus  tard, 
tout  en  haut,  un  huitième  ton,  simple  reproduction,  à  l'octave 
aiguë,  du  ton  hypodorien.  Situé  immédiatement  au-dessus  du 
mixolydien,  le  nouveau  ton  fut  désigné  comme  hypermixolydien. 
Après  cette  adjonction  le  système  tonal  se  trouva  donc  constitué 
ainsi  de  l'aigu  au  grave  : 

Ton  hypermixolydien  .  .    I  '1^' S  I,    nihe  fa. 

Ton  mixolydien (  i?^^,!!?  \  mhe  mib. 

Ton  lydien (t?),        mèse  ré. 


m  CSC  ut. 


Ton   phrygien (fj^j, 

Ton  dorien (i'yb)'    "'''"  ^''^' 

Ton  hypolydien {^),        mcse  la. 

Ton  hypophrygien  ....      ((7'^)»      '"'-'^^  s°^- 

Ton  hypodorien (t^f    )'  '"^^^  ^^' 

§  18.  Au  VP  siècle  de  notre  ère,  le  sénateur  romain  Boèce, 
mathématicien  savant,  mais  assez  médiocre  musicien,  ayant  trouve 
dans  quelque  manuel  harmonique,  mis  sous  le  nom  de  Ptolemee% 
les  huit  échelles  tonales  en  notes  grecques,  les  transcrivit,  sans 

1  Ses  prédécesseurs  immédiats  ne  connaissaient  que  six  tons.  Harmon.,  Marq., 
P-  54-55;  Westph.,  Aristox.  Melik  u.  Rhythmik,  p.  448.  C'est  lui  qui  ajouta  le  ton  le  plus 
grave  1  p*!^  |,  et  régularisa  la  nomenclature. 

2  Ptolémée  n'est  pour  rien  dans  cette  invention.  Tout  au  contraire  il  ne  cesse  de  la 
critiquer.  Cf.  Harmon.  L.  II.  ch.  8,  g,  etc. 


26  CH.  I.  —  TONS. 

y  comprendre  grand'chose,  dans  son  trop  célèbre  ouvrage  De  \ 
Musica\  On  peut  dire  que  la  conservation  de  ce  volume  fut  un  i 
véritable  malheur  pour  l'art,  car  elle  eut  pour  effet  de  détourner  m 
la  musique  de  sa  route  pendant  des  siècles,  de  la  fourvoyer  en 
de  stériles  spéculations  mathématiques  et  d'entraver  jusqu'à  nos 
jours  l'intelligence  complète  de  la  théorie  musicale  des  Anciens^ 
Ainsi  que  nous  le  voyons  par  son  texte  embarrassé  et  vague,  Boèce 
prit  ces  huit  doubles  octaves  pour  des  échelles  modales,  sans 
s'apercevoir  que  toutes  ont  d'un  bout  à  l'autre  la  même  succession 
d'intervalles.  Les  moines  érudits  du  IX^  et  du  X^  siècle,  s'en  fiant 
à  leur  oracle  musical,  eurent  la  malencontreuse  idée  d'appliquer 
les  huit  dénominations  tonales  aux  quatre  octaves  authentes  et 
aux  quatre  octaves  plagales  de  la  théorie  ecclésiastique^  Or 
comme  la  série  des  tons  et  celle  des  modes  suivent  chez  les 
Grecs  une  marche  inverse  (v.  ci-dessus  p.  ig),  le  système  modal 
se  trouva  entièrement  pris  à  rebrousse-poil. 

Les  8   tons  aristoxéniens  Les   8   octaves    ecclésiastiques  Les   7   octaves    gréco-latines 

dans  l'ordre  ascendant  :  dans  l'ordre  ascendant  :  dans  l'ordre  descendant  : 

Hypodorien   .   .  .  })ùse  fa;      Hypodorienne  .  .   .  A  —  a(IIj;      Hypodorienne  .  aa  —  a; 

Hypophrygien  .  .  mèse  sol;    Hypophrygienne.  .  B  —  fc}(IV);  Hypophrygienne  g  —  G; 

Hypolydienne  .   .  .  C  —  C  (VI)  ; 

Hypolydien   .  .  .  juèse  Isl;  Hypolydienne.  .  f  —  F; 

Dorien mèse  si  \);     Dorienne D  —  d  (I)  ;  Dorienne   .   ...  e  —  E; 

Phrygien vièse  ul;      Phrygienne    .  .  .   .  E  —  e(III);     Phrygienne  .   .  .  d  —  D; 

Lydienne F  —  f  (V); 

Lydien ,  7iièse  ré;  Lydienne  .  .  .  .   c  —  C; 

Mixolydien.  .   .   .  mise  mï'7;   Mixolydienne    .   .   .  G  —  g(VII);   Mixclydienne  .  .   fa  — B. 

Hypermixolydien   mèse  (a.       Hypermixolydienne  a  —  aa4. 

Mille  ans  ont  passé  depuis  lors,  et  la  nomenclature  de  Notker 
et  du  pseudo-Hucbald,  retapée  au  XVI«  siècle  par  Glaréan,  est 


'    Livre  IV,  ch.  i6  et  17. 

2  Les  seules  parties  qui  ont  un  rapport  direct  à  la  musique  proprement  dite  (les 
chapitres  14  à  17  du  livre  IV)  contiennent  tant  de  méprises,  d'erreurs  et  de  contradictions 
qu'elles  ne  sont  presque  d'aucune  utilité. 

3  Notker  ap.  Gerb.  t.  I,  p.  99.  Ps.-Hucb.  ib.,  p.  127. 

4  Cette  octave,  qui  ne  s'adaptait  pas  au  cadre  des  modes  ecclésiastiques,  fut  bientôt 
éliminée.  En  compensation  on  forgea  pour  le  plagal  du  tétrard  une  octave  hypomixoly- 
dienne  (D  —  d)  qui  fut  intercalée  entre  l'hypolydienne  et  la  dorienne.  Elle  est  à  l'unisson 
de  celte  dernière. 


I 


CH.  I.  —  TONS.  27 

toujours  en  usage  parmi  les  plainchantistes;  elle  fleurit  surtout 
dans  la  docte  Allemagne,  tant  protestante  que  catholique,  bien 
que  son  absurdité  fondamentale  ait  été  mise  hors  de  doute  depuis 
longtemps.  Se  décidera-t-on  un  jour  à  revenir  sur  cette  erreur 
séculaire?  Il  n'est  pas  interdit  de  l'espérer'.  Quoi  qu'il  en  soit, 
les  noms  des  modes  antiques  seront  uniquement  employés  dans  leur 
signification  originaire  au  cours  de  tout  ce  travail. 

§  ig.  Non  satisfait  encore  du  système  tonal,  Aristoxène  y  revint 
une  troisième  fois,  et  le  compléta  à  son  point  de  vue,  en  établis- 
sant une  échelle  commune  sur  chacun  des  douze  degrés  de 
l'octave  chromatique  ^  Les  cinq  nouveaux  tons,  intercalés  parmi 
les  anciens,  furent  désignés  d'après  leur  position  au-dessous  ou 
au-dessus  d'un  de  leurs  deux  tons  voisins. 

Les   13  tons  aristoxéniens  : 
Hypermixolydien.  .   .    |  wy?  |,     mèse  fa; 

Mixolydien  aigu   .  .   .  (jf),         mèse  mi; 

Mixolydien (  Y^S^  \,  mise  mil?; 

Lydien (7),         mhe  ré; 

Lydien  grave ( **■?!?)'     '"^^^  "*•? ' 

Phrygien (bi?)'      "'"^  ^^'1 

Phrygien  grave.   .  .   .  (j  ).      mèse  si  fa; 

Dorien I  \fJ^  1,    mèse  sip; 

Hypolydien (H),       mèse  la; 

Hypolydien  grave.  .  .  {¥i-^'$fj\,  mèse  solJ; 

Hypophrygien   ....  (j;  )»      "'''^^  sol; 

Hypophrygien  grave  .  l'+Jt  )'     "'^^^  ^^ft'i 

Hypodorien (  1^  b    )'     '"^^^  ^^' 

Comme  beaucoup  d'innovations  aristoxéniennes,  cette  réforme 
tonale  paraît  avoir  eu  à  l'origine  un  but  purement  doctrinal.  Il 

^  Le  mieux  peut-être  serait  d'abandonner  complètement  l'usage  des  termes  antiques, 
dans  le  chant  d'église,  et  de  dire  tout  uniment  :  mode  de  c  (ou  d'ut)  de  d,  etc. 

2  Le  pseudo-Euclide  nomme  explicitement  Aristoxène  comme  auteur  du  système  des 
13  tons.  Meib.,  pp.  19-20.  De  même  Aristide  Quintilien,  pp.  22-23. 


28  CH.  I.  —  TONS. 

s'agissait  de  prouver  aux  disciples  de  Pythagore  que  dans  la  pra- 
tique musicale  les  douze  demi-tons  de  l'octave  sont  équidistants,  i 
et  que  chacun  d'eux  est  apte  à  devenir  la  base  d'un  système  tonal. 
A  l'époque  moderne  le  grand  Sébastien  Bach  a  proclamé  le  même 
principe,  oublié  en  Occident  pendant  plus  de  mille  ans;  mais  il  a 
eu  sur  Aristoxène  l'immense  supériorité  de  démontrer  l'excellence 
de  sa  théorie  par  la  production  d'un  des  plus  exquis  joyaux  de 
l'art  européen,  le  Wohltemperirtes  Clavier. 

Ce  n'est  qu'à  l'époque  romaine  que  nous  pouvons  constater 
l'emploi  réel  de  quelques  tons  à  dièses,  et  dans  la  musique  des 
virtuoses  seulement'. 

§  20.  Au  premier  ou  au  deuxième  siècle  après  J.  C.  le  système 
tonal  des  Anciens  atteignit  ses  limites  définitives  :  deux  échelles^ 
transposées  furent  encore  ajoutées  à  l'aigu.  En  même  temps  on 
imagina  une  division  des  15  tons  en  trois  groupes  symétriques  : 
un  groupe  principal  au  milieu,  un  groupe  supérieur  et  un  groupe 
inférieur.  On  institua  à  cet  effet  une  nomenclature  en  grande 
partie  nouvelle.  Les  cinq  tons  principaux  reçurent  les  dénomina- 
tions des  cinq  modes  de  la  citharodie^  Ces  cinq  noms  reviennent 
régulièrement  dans  le  groupe  supérieur  avec  la  préposition 
hyper  {==  sur),  dans  le  groupe  inférieur  avec  liypo  (=  sous). 

Système  tonal  des  nêo-aristoxéiiienss  .- 

Hyperlydien vièse  sol        (b  )î 

Hyperéolien mèse  fa  J      (%   )  ! 

l^V..O     V^lliU       LVllO      C).lgUO  I  /  l->    f        \ 

(à  la  quarte  au-dessus  des  tons   '  Hyperphrygien inèse  fa       (bi?    )' 

moyens)  : 


Hyperiastien mèse  mi  (J); 

Hyperdorien  (mixolydien)  mèse  mib  I  ^u^Lb  ); 

1  L'anonyme  publié  par  Bellermann  énumère  les  échelles  tonales  de  la  citharodie  (§  28). 
Ce  sont,  outre  le  lydien  (b)  et  l'hypolydien  (tj),  les  deux  tons  primitifs  (v.  ci-dessus,  p.  24),  le 
mixolydien  aigu  (J)  et  le  phrygien  grave  C^jf)-  La  petite  chanson  gravée  sur  la  base  d'un 
monument  funéraire,  est  notée  dans  ce  dernier  ton. 

2  «  Hic  vero  numerus  quinarius  trina  divisione  consistit.  Omnis  enim  tonus  habet 
«  summum  et  imum,  haec  autem  (Dorius,  Phrygius,  Aeolius,  lastius,  Lydius)  dicuntur  ad 
fl  médium.  Et  quoniam  sine  se  esse  non  possunt,  quae  (quia?)  alterna  sibi  vicissitudine 
«  referuntur,  utiliter  inventum  est  artificialem  musicam....  niodis  quindecim  contineri.  » 
Cassiod.  Var.  L.  II,  ep.  40  (Ed.  Garet,  t.  I,  p.  35  et  suiv.). 

3  Nous  désignons  les  7  tons  primitifs  par  de  petites  capitales. 


CH.  I.  —  TONS.  29 

Lydien nûse  ré  (b); 

Éolien mcse  utjf  ('-"îî)  ! 

Les  cinq  tons  )   Phrygikn mcse  ut  (7'!,); 

moyens  ou  principaux  :       \  V'  -  / 

lastien nicse  si  [5^  j  ; 

DoRiEN mèse  sib  (  b'^  1^   1. 

HvroLYDiEN jitèse  la  ([j); 

Hypoéolien ,   .  vicse  sol^J  lît-r'*^}}^)  ; 

Les  cinq  tons  graves  \  .  ,. 

(à  la  quarte  au-dessous  des  tons  '  Hypophrygien    ....  mcse  gol       J|/j  ; 

moyens)  :  i  .      .  /+*  Jt\ 

Hypoiastien ntcse  FA+f  (''3    l! 


Hypodorien tnèse  fa 


(^t^) 


Ce  fut,  selon  toute  apparence,  l'extension  graduelle  des  instru- 
ments à  vent  vers  le  haut  qui  donna  lieu  à  la  création  des  deux 
tons  supérieurs.  L'hyperlydien,  le  plus  aigu  de  tous,  figure 
parmi  les  tons  de  VhydraiUis\  d'où  il  est  permis  de  conclure  que 
le  clavier  des  orgues  employées  dans  les  concerts  de  la  Rome 
impériale  montait  jusqu'à  la  note  Z'  (rendue  dans  notre  écriture 

musicale  par  jjgfc ,  mais  sonnant  à  peu  près  une  tierce  mineure 


plus  bas).  L'hyperéolien,  le  second  dans  l'ordre  descendant,  est 
un  des  tons  de   Vaiilos   grec,    de    la    tibia    romaine  %    instrument 

1  D'après  l'anonyme  de  Bellermann  {§  28)  les  organistes  n'employaient  que  six  tons  :  le 
phrygien  ([?>,).  l'hypophrygien  et  l'hyperlydien  [j;  J,  le  lydien  (bj,  l'hypolydien  (tj)  et 
l'hyperiastien  (Jf).  Le  clavier  de  Vhydranlis  était  donc  chromatique,  sauf  le  demi-ton 
manquant  entre  ut  et  ré.  On  exécutait  sur  cet  instrument  une  musique  polyphonique,  à 
deux  parties  au  moins.  Il  existe  à  cet  égard  un  texte  décisif  de  Saint  Augustin  :  Enarr. 
in  Ps.  150,  §  7.  «  Organum  autem  générale  nomen  est  omnium  vasorum  musicorum; 
«  quamvis  jam  obtinuerit  consuetudo  ut  organa  proprie  dicantur  ea  quae  inflantur 
«  follibus....  Quod  ergo  ait  (David)  in  chordis  et  organo,  videtur  mihi  aliquod  organum 
«  quod  chordas  habeat,  significare  voluisse....  Quibus  (chordis)  fortasse  ideo  addidit 
«  organum,  non  ut  singulae  sonent,  sed  ut  diversitate  concordissima  consonent,  sicut  ordi- 
«  nantur  in  organo.  Habebunt  enim  etiam  tune  sancti  Dei  differentias  suas  consonantes, 
«  non  dissonantes,  »  etc. 

2  L'aulétique,  le  solo  pour  un  instrument  à  vent,  admettait  7  tons  :  le  phrygien  (bj?]» 
l'hypophrygien  (lH,  le  lydien  (j?),  l'hypolydien  (1;;),  l'hyperiastien  (J),  l'iastien  [ttA  et  l'hy- 
peréolien (îfjf  )  Anon.  Bell.,  §  28. 

6 


I 


30  CH.   I.  —  TONS. 

à  anche  qui  tenait  à  la  fois  de  la  clarinette  et  du  basson'. 
Le  système  des  15  tons  est  enseigné  par  la  plupart  des  musi- 
cistes  gréco-romains  postérieurs  au  I"  siècle  de  l'ère  chrétienne^. 
Vers  le  milieu  du  VP  siècle,  Cassiodore,  retiré  dans  son  monastère 
de  Calabre,  l'expose  en  détail  dans  le  petit  manuel  de  musique 
composé  pour  ses  moines^,  tandis  que  son  contemporain  Boèce  se 
contente  de  reproduire  le  système  des  8  tons  (v.  ci-dessus,  p.  25), 
en  l'attribuant  à  Ptoléméc*.  f 

'  Je  rectifierai  encore  ici  en  passant  une  de  mes  assertions  antérieures.  L'embouchure 
de  Vaiilos  (j'en  ai  aujourd'hui  la  preuve  par  plusieurs  monuments  antiques)  n'était  pas 
une  anche  simple,  battante,  mais  une  anche  double,  semblable  à  celle  dti  basson.  Cela  ne 
modifie  rien  de  ce  que  j'ai  avancé  au  sujet  du  diapason  de  l'instrument.  Voir  la  nouvelle 
édition  (sous  presse)  du  Catalogue  du  Musée  instrumental  annexé  au  Conservatoire  royal  S 
de  Bruxelles, 

2  Aristide  Quintilien,  Alypius,  l'Anonyme,  Gaudence. 

3  De  artibus  ac  disciplinis  libéral,  litterarum.  De  Musica,  Gerb.  Script,  t.  I,  pp.  15-19. 
Les  deux  principales  sources  musicales  de  Cassiodore  sont  S.  Augustin  et  Gaudence. 

4  On  se  demande  pourquoi,  dans  son  petit  traité,  Cassiodore  ne  cite  pas  Boèce  parmi 
les  auteurs  grecs  et  romains  qui  ont  écrit  sur  la  musique,  alors  qu'il  avait  célébré 
autrefois  avec  tant  d'emphase  {Var.  I,  45;  II,  40)  la  science  musicale  et  la  haute  compé- 
tence artistique  de  l'infortuné  patriote.  On  conçoit  à  la  rigueur  que  sous  le  règne  de 
Théodoric  et  d'Amalasonthe,  le  ministre  de  la  dynastie  gothique  ait  évité  de  rappeler 
un  pareil  nom,  mais  en  540,  après  l'extinction  complète  de  la  race  de  Théodoric,  il  ne 
pouvait  plus  y  avoir  aucun  inconvénient  à  cela.  Le  souvenir  de  son  ami  de  jeunesse  lui 
était-il  importun?  De  toute  manière  on  ne  voit  pas  que  le  puissant  ministre  ait  fait  un 
effort  auprès  du  roi  des  Goths  pour  sauver  l'infortuné  Boèce  d'un  affreux  supplice. 


I 


I 


CHAPITRE    II. 


LA    CITHARODIE    SOUS    L'EMPIRE     ROMAIN. 
Section  I.  —  Les  deux  premiers  siècles  de  Vère  chrétienne. 

§  21.  Lorsque  la  Grèce  devint  une  province  romaine  en  146 
avant  J.  C,  l'efflorescence  simultanée  des  trois  arts  musiques  — 
poésie,  chant,  danse,  —  était  passée  depuis  longtemps.  La  chorale 
orchestique,  ce  chef-d'œuvre  du  génie  musical  des  Hellènes,  ne 
survivait  plus  qu'en  quelques  genres  bâtards.  Ce  que  les  musiciens 
grecs  importèrent  à  Rome  ce  fut,  outre  la  pantomime  mêlée  de 
chœurs  sans  danse,  le  solo  instrumental  et  le  chant  accompagné 
de  la  cithare  ou  de  la  lyre,  la  première  et  dernière  musique  qui 
ait  été  régulièrement  cultivée  dans  l'antiquité. 

Cette  branche  de  l'art  païen,  sur  laquelle  devait  se  greffer 
au  IV^  siècle  le  chant  de  l'Eglise  chrétienne,  eut  encore  une 
floraison,  assez  vigoureuse,  au  temps  des  empereurs.  Sa  période 
la  plus  brillante  à  Rome  se  termine  avec  le  règne  de  Marc- 
Aurèle.  Les  noms  de  quelques-uns  de  ses  représentants  ne  sont 
pas  oubliés  aujourd'hui  :  Tigellius,  le  protégé  d'Auguste,  l'empe- 
reur Néron',  Mésomède  de  Crète,  l'ami  d'Hadrien.  La  primauté 
musicale  du  chant  à  la  cithare  pendant  toute  cette  époque  est 
attestée  par  un  fait  caractéristique  :  lorsque,  au  IP  siècle,  le 
système  tonal  reçut  son  ordonnance  définitive  (ci-dessus  p.  28), 
on  prit  pour  base  de  la  nouvelle  nomenclature  les  désignations 
des  cinq  modes  affectés  au  chant  citharodique. 

§   22.  Aussi   est-ce   le  seul   genre  de  musique   gréco-romaine 

ï  Néron  laissa  un  recueil  de  chants  citharodiques.  Voir  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  613. 


32  CH.  II.  —  CITHARODIE. 

sur  lequel  nous  ayons  quelques  renseignements  techniques.  Le 
fameux  géographe  alexandrin  Ptolémée,  en  écrivant  ses  Harmo- 
niques, fonde  tout  son  système  des  tons  et  des  modes  sur  la 
pratique  des  chanteurs  à  la  cithare  ou  à  la  lyre'.  L'écrit  anonyme 
publié  par  Bellermann  et  Vincent%  instruction  musicale  à  l'usage 
des  jeunes  citharèdes,  et  la  curieuse  tablature  de  cithare  que  j'ai 
interprétée  dans  mon  Histoire  de  la  musique  de  V antiquité^  nous 
apportent  des  informations  non  moins  précieuses.  Mais  nous 
possédons  ici,  en  outre,  une  source  directe  de  connaissances  : 
des  morceaux  de  musique  en  notation  gréco-romaine,  documents 
parlants  qui  nous  manquent  partout  ailleurs.  En  effet,  si  l'on 
excepte  la  mélodie  d'une  demi-strophe  de  Pindare,  sur  l'authen- 
ticité de  laquelle  plane  un  doute  assez  grave^  les  maigres  débris 
de  l'art  pratique  des  Anciens  qui  ont  échappé  à  la  voracité  du 
temps  appartiennent  tous  à  la  citharodie.  C'est  d'abord  la  partie 
chantée  de  trois  hymnes  païens  du  IL  siècle  (à  la  Muse,  à  Hélios, 

1  Les  citharèdes  et  les  lyrodes  formaient  à  Alexandrie  deux  corporations  distinctes 
ayant  chacune  son  langage  technique  particulier.  Cf.  Ptolémée,  Harmon.,  L.  I, 
ch.    i6,  etc. 

2  Anonymi  scriptio  de  musica,  Berlin  1841;  Notices  et  extraits  des  manuscrits  de  la  biblio- 
thèque du  Roi.  T.  XVI.  Ile  partie,  pp.  5-63. 

3  Appendice,  t.  II,  p,  636  et  suiv.  Ce  document,  considéré  auparavant  comme  absolu- 
ment incompréhensible,  est  intitulé  La  série  commune  des  cordes,  à  modifier  selon  la 
technique  musicale,  à  l'usage  de  la  citharodie  (ij  Koivr/  ôoixcc^lx  -^  ocTro  rr^ç  ixo'JtriKrj^  fj^sra- 

4  En  1880  je  tenais  encore  pour  l'authenticité  absolue;  depuis  lors  une  objection 
péremptoire  s'est  présentée  à  mon  esprit,  et  je  ne  puis  plus  plaider  que  l'authenticité 
relative.  —  Évidemment  la  mélodie  ne  peut  avoir  été  notée  par  Pindare,  telle  que 
Kircher  la  donne  dans  sa  Musurgie.  Le  chant  des  deux  derniers  vers  est  écrit  en  notation 
vocale;  or  comme  celle-ci  se  compose  des  24  lettres  de  l'alphabet  ionien,  rangées  dans 
Vordre  actuel,  elle  n'a  pas  pu  s'établir  avant  l'archontat  d'Euclide  (403  av.  J.  C),  époque 
où,  d'après  l'opinion  générale,  cet  ordre  reçut  sa  sanction  légale,  —  D'un  autre  côté  il 
me  paraît  impossible  qu'un  jésuite  du  XVIIe  siècle  ait  été  à  même  de  connaître  le 
mécanisme  de  la  versification  pindarique  au  point  de  fabriquer  un  chant  qui  s'applique 
aussi  parfaitement  à  toutes  les  strophes  et  antistroplies  de  la  i*  pythique.  Il  est  très 
remarquable,  en  effet,  que  les  plus  sceptiques  n'aient  pu  découvrir  rien  de  suspect, 
ni  dans  la  structure  rythmique,  ni  dans  la  mélopée  de  ce  chant.  —  Il  faut  donc, 
selon  moi,  ou  bien  que  la  cantilène  originale  ait  été  transcrite  dans  la  notation 
usuelle  des  Grecs,  aux  temps  alexandrins,  ou  qu'un  musicien  de  cette  dernière  époque 
ait  composé  une  nouvelle  mélodie  sur  la  célèbre  ode.  On  sait  que  déjà  pour  Cicéron 
et  Horace  les  vers  de  Pindare  n'étaient  qu'une  simple  prose  {Mus.  de  Vant.,  t.  II, 
p.  466,  note  2). 


CH.  II.  —  CITHARODIE.  33 

à  Némésis')  et  d'un  fragment  de  scolie  (chanson  de  société)  gravé 
sur  un  monument  du  I"  ou  du  IP  siècle-.  Ce  sont  ensuite  quelques 
exercices  et  petits  airs  en  notation  instrumentale,  feuilles  éparses 
d'une  sorte  de  méthode  de  cithare  à  l'usage  des  commençants^ 
Ces  restes  d'une  valeur  inappréciable  pour  l'histoire  de  la 
musique  —  ils  seront  transcrits  plus  loin,  —  suffisent  amplement 
à  démontrer  la  continuité  de  la  mélopée  antique  dans  les  hymnes 
et  antiennes  de  l'office  catholique. 

§  23.  Jusqu'au  IIP  siècle  le  chant  à  la  cithare  fut  un  art 
purement  hellénique.  De  même  que  chez  nous  l'italien  naguère, 
le  grec  était  alors  à  Rome  la  langue  imposée  pour  le  chant  de 
grand  stylet  Le  répertoire  des  virtuoses  en  renom  se  composait 
de  grandes  cantates  narratives,  dans  la  manière  de  Timothée,  le 
dernier  grand  poète-musicien  de  l'antiquité  %  et  de  chants  lyriques 
peu  étendus,  principalement  des  hymnes  à  quelque  divinité.  Ces 
compositions  musicales  n'avaient  pas  la  forme  strophique  ;  la 
mélodie,  divisée  en  sections  de  longueur  inégale  {commata),  variait 
plus  ou  moins  d'un  bout  à  l'autre  du  poème.  Des  chants  citha- 

'  Bellermann,  die  Hymnen  des  Dionysiiis  und  Mesomedes,  Berlin,  1840.  —  Un  chant  de 
même  espèce,  l'hj'mne  homérique  à  Déméter,  a  été  intercalé  par  l'illustre  compositeur 
vénitien  Benedetto  Marcello  dans  son  XVIIIe  psaume.  La  mélodie  est  d'une  authen- 
ticité beaucoup  plus  douteuse  que  celle  de  la  i^  pythique  de  Pindare.  Au  reste  elle 
n'offre  pas  grand  intérêt,  étant  composée  dans  le  mode  dorien,  dont  nous  avons  deux 
spécimens  unanimement  reconnus  pour  antiques. 

2  L'honneur  de  la  trouvaille  appartient  à  M.  W.  Ramsay.  L'inscription  avec  la 
notation  musicale,  incomprise,  fut  publiée  d'abord  dans  le  Bulletin  de  correspondance 
hellénique,  année  1883,  p.  277,  puis  insérée,  avec  une  traduction  latine,  dans  le  III^  vol. 
de  V Anthologie  palatine  de  Cougny  (Paris,  Firm.  Didot,  1890).  Elle  fut  ensuite  analysée  au 
point  de  vue  rythmique,  et  déchiffrée,  quant  aux  notes  musicales,  par  O.  Crusius  dans 
le  Philologus,  année  1891,  pp.  163  et  suiv.,  et  enfin  reproduite  par  la  Revue  des  études 
grecques,  1892,  t.  V,  n°  19. 

3  Ce  document  fait  suite  au  traité  anonyme  dont  il  est  question  plus  haut.  Je  ne  sais 
pourquoi  Westphal  veut  y  voir,  contre  toute  vraisemblance,  une  méthode  d'aulos  {eine 
Flutenschule).  Quelques-uns  des  petits  morceaux  sont  coupés  de  silences,  ce  qui  indique 
clairement  des  instruments  à  cordes  pincées.  Au  surplus  des  exercices  élémentaires  pour 
Vaulos  auraient  été  composés  dans  un  des  modes  et  des  tons  fondamentaux  de  l'instru- 
ment :  le  phrygien  ou  l'hypophrygien. 

4  Les  nombreux  citharèdes  qui  ont  brillé  à  Rome  dans  la  dernière  moitié  du  ler  siècle 
portent  un  nom  grec  :  Terpnos,  Ménécrate,  Diodore,  depuis  Néron  jusqu'à  Vespasien; 
Chrysogone,  Pollion,  Echion,  GlaphjTOs,  sous  Domitien. 

5  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  pp.  490-494. 


34  CH.  II.  —  CITHARODIE. 

rodiques  en  latin,  coupés  ou  non  en  strophes  (tels  que  les  odes 
d'Horace  et  de  Catulle),  ne  s'entendaient  guère  que  dans  les 
banquets,  dans  les  réunions  privées. 

§  24.  La  mélodie  antique  ne  nécessitait  pas,  comme  la  moderne, 
un  complément  polyphonique  :  son  harmonie  immanente  pouvait 
lui  suffire.  Dans  sa  législation  idéale  Platon  veut  «  que  le  maître 
«  de  musique  et  son  disciple  se  servent  de  l'instrument  à  cordes  de 
«  manière  que  la  cantilène  soit  simplement  reproduite  note  pour 
«  note'  ».  Mais  le  grand  philosophe  ne  s'occupe  que  des  chants 
employés  dans  l'éducation  des  jeunes  citoyens.  Les  compositions 
vocales,  chœurs  ou  solos,  destinées  à  l'exécution  publique  avaient 
une  partie  instrumentale  composée  par  l'auteur  du  texte  et  de  la 
mélodie,  une  krousis,  différente  du  chant  et  fixée  par  la  notation"^. 
C'était  là  pour  les  Hellènes  de  l'époque  classique  un  élément 
indispensable  de  l'œuvre  et  une  marque  de  supériorité  de  leur 
musique  sur  celle  des  autres  peuples  ^  Aristoxène  parle  avec 
admiration  des  accompagnements  {kroinnata)  de  Pindare,  de 
Pratinas  et  d'autres  poètes-musiciens  de  l'ancienne  école'*,  preuve 
que  cette  musique  se  conservait  encore  de  son  temps. 

La  partie  instrumentale  d'un  morceau  citharodique  se  compo- 
sait 1°  d'un  prélude,  d'interludes  et  d'un  postlude;  2''  d'un  accom- 
pagnement figuré  se  dessinant  à  l'aigu  de  la  partie  vocale,  une 
sorte  de  contrepoint  fleuri^ .  En  l'absence  d'un  document  qui  nous 


1  Lois,  L.  VII,  p.  812.  Cf.  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  302.  Cela  s'appelait  irpàa-^opScc  k^oÙeiv, 
Ibid.,  p.  359. 

2  «  La  figure  appelée  diastole  s'emploie  dans  les  parties  vocales  et  dans  la  notation  des 
«  accompagnements  {KpoviJ.a.royaa<^ioc)  pour  indiquer  une  pause.  »  Anon.  Bell.,  §  93. 

3  «  Moua-civpyol,  femmes  barbares  qui  pincent  d'un  instrument  à  cordes.  Leur  nom  indi- 

«  gène  est  Barza Elles  chantent  sur  l'accompagnement  des  cordes  pincées  (^aXy^ôç). 

«  Mais  la  partie  instrumentale  n'a  pas  de  mélodie  composée  expressément  comme  chez 
«  les  Hellènes;  elle  ne  se  joint  au  chant  qu'en  guise  à' introduction  (bvSoo-iimqv).  »  Suidas. 
Le  terme  musical  endosimon  se  rencontre  plusieurs  fois  chez  Aristote  [Rliet.  L.  III,  ch.  14, 
pp.  1414,  1415;  Pol.  L.  VIII,  ch.  5,  p.  1339;  de  Mundo,  ch.  6,  p.  399),  toujours  au  sens 
de  début,  entrée  en  matière,  Hésychius  :  «  Jeu  de  la  cithare  sur  le  chant.  »  —  Aristoxène 
recommandait  à  ses  disciples  de  rechercher  les  accompagnements  pourvus  d'un  caractère 
viril.  Themist.  Or.  33.  —  Les  Alexandrins  de  la  plus  basse  classe,  dit  Athénée  (IV,  176), 
relevaient  immédiatement  les  fautes  commises  dans  l'accompagnement. 

4  Plutarque  de  Mus.,  ch.  31. 

5  C'est  dans  le  passage  oià  il  prescrit  aux  jeunes  gens  l'accompagnement  à  l'unisson 
que  Platon  définit  les  procédés  usuels  de  l'accompagnement  polyphone.  Nous  traduirons 


I 


CH.  II.  —  CITIIARODIE.  35 

ait  transmis  une  mélodie  avec  son  accompagnement,  les  renseigne- 
ments fournis  par  divers  textes  contemporains,  et  particulièrement 
par  un  passage  d'Apulée',  peuvent  nous  donner  au  moins  une 
idée  assez  nette  du  mécanisme  de  l'exécution.  L'instrument  était 
maintenu  droit  devant  l'exécutant,  à  l'aide  d'un  baudrier  ou  d'un 
cordon  passant  derrière  la  nuque,  de  façon  à  laisser  aux  mains 
toute  la  liberté  de  leurs  mouvements.  Posées  de  chaque  côté  des 
cordes,  comme  chez  nos  harpistes,  les  deux  mains  prenaient  part 
à  l'exécution,  et  chacune  d'elles  avait  son  rôle  propre.  La  main 
gauche,  toujours  occupée,  faisait  résonner  les  cordes  en  les  touchant 
du  bout  des  doigts,  mode  d'attaque  appelé  psalmos.  Le  dessin 
mélodique  qu'elle  faisait  entendre,  à  l'aigu  de  la  partie  vocale, 
était  Vépipsalmos.  Quant  à  la  main  droite,  munie  d'un  plectre, 
elle  n'intervenait  pendant  le  chant  qu'à  de  certains  moments,  et 
seulement  pour  redoubler  la  cantilène.  Il  y  avait  alors  syncrousis, 
jeu  simultané  des  deux  mains ^  Une  semblable  harmonie  à  deux 
parties  se  produisait  aussi  d'une  manière  plus  ou  moins  inter- 
mittente pendant  les  repos  de  la  voix.  Voilà  toute  la  polyphonie 
que  nous  pouvons  raisonnablement  attribuer  à  la  citharodie 
gréco-romaine. 

§  25.  A  nous  en  référer  à  l'ensemble  des  sources,  le  diapason 
des  voix  employées  pour  ce  genre  de  musique  et  l'accord  des 
instruments  étaient  les  mêmes  qu'aux  temps  classiques  (ci-dessus, 
p.  22).  Le  ton  fondamental  de  la  cithare  était  le  lydien  {b)  :  le  seul 
qui  se  rencontre  dans  les  restes  notés,  à  une  exception  près.  Les 
tons  accessoires  étaient  l'hypolydien  (tj)  et  l'hypophrygien  ou  son 
octave  aiguë,  l'hyperlydien  i\y^).  L'auteur  anonyme  donne  en  plus 
aux  citharèdes  le  ton  hyperiastien  (8)  et  l'iastien  (%);  celui-ci  est 

son  texte  en  le  paraphrasant  un  peu,  afin  de  le  rendre  plus  facilement  compréhensible. 
«  Quant  à  l'usage  de  Vhétérophonie  et  de  dessins  variés  sur  la  lyre,...  effets  qui  se  pro- 
«  duisent,  soit  en  accords,  soit  en  simple  antiphonie,  lorsque  l'exécutant  combine  1°  le 
«  rapprochement  des  intonations  (dans  l'accompagnement)  avec  leur  espacement  (dans  le 
«  chant);  2°  la  rapidité  des  durées  (dans  l'accompagnement)  avec  la  lenteur  (dans  le 
«  chant);  3°  Vacuité  (dans  l'accompagnement)  avec  la.  gravité  (dans  le  chant),  et  lorsqu'il 
«  adapte  toute  sorte  de  figures  rythmiques  aux  sons  de  la  lyre;  relativement  à  ces 
«   différentes  choses  (dis-je),  il  n'est  pas  besoin  d'y  exercer  des  enfants  »  etc. 

1  Flor.,  §  15.  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  pp.  639-640. 

2  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  359,  note  4. 


36  CH.  II.  —  CITHARODIE. 

employé  en  effet  dans  le  fragment  de  scolie.  On  obtenait  les  deux 
tons  à  dièses  en  haussant  les  cordes  fa  et  ut  d'un  demi-ton,  sans 
changer  ni  l'ordre  général  ni  la  dénomination  des  cordes'. 

Seul  parmi  tous  les  écrivains,  Ptolémée  décrit  ces  choses  d'une 
manière  différente.  Le  diapason  instrumental  et  le  parcours  de  la 
voix  se  trouvent  transposés  chez  lui  une  tierce  majeure  plus  bas. 
L'instrument  par  lequel  il  démontre  sa  théorie  harmonique,  une 


cithare  à  15  cordes  accordée  originairement  en  ton  dorien  (bb^,)» 
peut,  au  moyen  de  six  cordes  mobiles  par  octave,  jouer  dans  les 
sept  tons  de  l'époque  classique. 

^  ^      (;)    fi:)    f:)       (5)    (^)(h  ^^    l'*    fi;)       &^)    (b)(h    (^) 


Comme  dans  le  chant  choral,  l'étendue  ordinaire  de  la  cantilène 
est  comprise  entre  les  deux  cordes  immuables  fa  et  fa  (ci-dessus, 
p.  20).  Chaque  mode  normal  s'exécute  dans  le  ton  homonyme^. 

Comment  devons-nous  expliquer  cette  dissidence?  Ptolémée 
s'est-il  réglé  sur  une  pratique  spéciale  aux  citharèdes  d'Alexan- 
drie? Ou  a-t-il  adopté  le  diapason  choral  pour  sa  théorie,  à  seule 
fin  de  démontrer  plus  clairement  le  rapport  mutuel  des  tons  et 
des  modes,  une  des  thèses  favorites  de  son  système  ?  La  dernière 
alternative  me  paraît  aujourd'hui  la  plus  probable. 

§  26.  En  ce  qui  concerne  les  modes  de  la  citharodie  à  l'époque 
romaine,  toutes  les  informations  montrent  une  concordance 
remarquable.  Ce  sont  les  cinq  modes  affectés  à  ce  genre  de  chant 
depuis  la  période  classique  de  l'art  grec  (p.  22).  Sous  le  règne 
de  Commode,  le  rhéteur  Julius  Pollux  écrit  dans  son  vocabulaire 
technique  :  «  Les  harmonies  des  chanteurs  à  la  cithare  sont  la 
«  Doris,  Vlas,  VAiolis,  les  principales;  puis  la  phrygienne  et  la 
«  lydienne^  ».  Lucien  et  Apulée,  au  temps  des  Antonins,  semblent 
ne  pas  connaître  d'autres  modes;  il  en  est  de  même  trois  siècles 
et  demi  plus  tard  pour  l'écrivain  chrétien  Cassiodore.  Ptolémée 
atteste  l'usage  des  cinq  modes  chez  les  citharèdes  d'Alexandrie, 

1  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  pp.  264-265. 

2  Ibid.,  t.  I,  p.  253  et  suiv. ;  t.  II,  p.  2G6. 

3  Onantast.,  L.  IV,  segm.  64. 


I 


CH.  II.  —  CITHARODIE.  37 

et  désigne  les  catégories  de  chants  propres  à  chacune  des  octaves 
modales  :  les  parhypata^  mélodies  doriennes,  les  trita^  hypodo- 
riennes  (ou  éoliennes),  les  hypertropa,  phrygiennes,  les  lydia  et 
les  iastia\  Il  ne  fait  pas  une  mention  particulière  des  formes 
diverses  de  ce  dernier  mode  ;  mais  l'épithète  laslius  varius  chez 
Apulée  tend  à  prouver  qu'elles  étaient  en  usage  au  IV  siècle. 
Outre  les  mélodies  diatoniques  du  mode  éolien  (trita),  le  savant 
Alexandrin  cite  une  catégorie  de  cantilènes  éoliennes,  les  tropica, 
chromatiques  à  l'aigu,  diatoniques  au  grave  : 


J:J-^l2* 


^- 


:S-=ÈE^=^1^ 


m 


:^==±±=:i=:t=:^zg=:^i 


échelle  qui,  transposée  au  ton  habituel  de  la  cithare  (pp.  22-24), 
pouvait  s'exécuter  d'une  de  ces  trois  manières  : 


:^_z^E=^-fep=i=^ 


2 H- 1— I P P_« ^ 


1 


Nous  avons  dans  cette  échelle  chromatique  une  preuve  de  la 
persistance  des  traditions  techniques  chez  les  Anciens.  «  Tandis 
«  que  la  tragédie  de  l'époque  de  Phrynique  et  d'Eschyle  n'a  jamais 
«  admis  le  genre  chromatique  »,  dit  Aristoxène,  «  la  musique  de 
«  cithare,  antérieure  de  plusieurs  siècles  à  la  tragédie,  l'a  mis  en 
«  usage  dès  son  origine  ^  » 

Enfin  Ptolémée  nous  révèle  une  variété  de  chants  appelés  iasti- 
aeolia,  dénomination  qui  ne  peut  s'appliquer  qu'à  des  mélodies 
hybrides,  en  partie  iastiennes,  en  partie  éoliennes.  Elles  étaient 
comprises  dans  l'octave  hypophrygienne  (iastienne). 

I        -  Fin.  éol.  -m-      _  Fin.  iol. 

rb— r-P=^=i^=i='— =1=^=^     ce  qui    ■-M:=P--F?=:p=i^i==l=q=q 


Fin.  iast.  Fin.  iast. 

L'association  des  deux  modes,   posés  côte  à  côte  sur  l'échelle 

*  Harmon.,  L.  Il,  ch.  16. 

*  Plut,  de  Mus.,  ch.  20. 


38  CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 

commune,  devait  être  très  ancienne  en  Grèce,  si  l'on  en  juge  par 
ces  vers  de  Pratinas  (v.  420  av.  J.  C.)  : 

«  Ne  persiste  pas  dans  la  mélodie  iastienne,  qu'elle  soit  relâchée 
«  (finale  G)  ou  surtendue  (finale  t});  mais  creusant  le  sillon  intermé- 
«  diaire  (a),  éolise  ta  cantilène'.  » 

Nous  rencontrerons  une  grande  quantité  de  mélodies  iasti- 
éoliennes  dans  les  chants  de  la  liturgie  catholique. 

§  27.  Si  la  notice  de  Pollux  est  applicable  à  l'art  de  son  époque, 
il  en  résulte  que  les  trois  modes  auxquels  les  anciens  Hellènes 
avaient  accordé  la  primauté,  à  raison  de  leur  origine  autoch- 
thone  (p.  16),  gardaient  encore  cette  prééminence  à  la  fin  du 
W  siècle.  Et  de  fait  un  indice  très  significatif  nous  montre  qu'il 
en  est  ainsi.  Sauf  deux  fragments  extrêmement  courts,  tous  les  débris 
de  la  musique  gréco-romaine  qui  nous  sont  parvenus  dans  leur  notation 
originaire  sont  ou  doriens,  ou  iastiens,  ou  éoliens.  Le  bachique 
phrygien,  le  mode  prédominant  des  instruments  à  vent,  et  le 
lydien  sensuel  et  frivole  ne  pouvaient  être  d'un  emploi  fréquent 
dans  la  citharodie  grecque,  musique  réputée  essentiellement 
tranquille  et  distinguée.  Aussi  n'en  rencontrera-t-on  pas  un  seul 
spécimen  parmi  ces  plus  anciens  monuments  de  l'histoire  musi- 
cale. Nous  allons  les  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur,  afin 
d'analyser  leur  structure  harmonique  et  de  contrôler  ainsi  la 
juste  valeur  des  théories  modales  exposées  plus  haut  (p.  8-15). 

Section  II.  —  Les  restes  de  l'art  païen'. 

§  28.  Nous  possédons  deux  chants,  d'une  authenticité  incon- 
testée, appartenant  à  la  première  des  harmonies  principales  de  la 
citharodie,  la  Doris. 


ï  Bergk,  Poetae  lyrici  gyaeci  (3e  éd.),  fr.  5,  p.  1219. 

2   Nous  avons  transposé  dans  l'échelle  sans  dièse  ni  bémol  tous  les  morceaux  notés, 
afin  d'en  faciliter  la  comparaison  avec  les  chants  liturgiques. 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 


39 


/'•<  Section. 


II'  Section. 


I.    HYMNE  A  HÉLIOS'. 

Apres  h  prélude. 

[3  a 


vo  -  (SAe-^)»  -  pou    Tià-reo       'A 


Xi  - 


ous, 


:p=z:p= 


ûo  -  S6   - 


;-t=t2=:t2= 


i?^i=t=: 


£cr  -  (Tav    oç       av  ~  rv  -  y  cl 


pf=:p=(?=i=^=zp=P: 


=r=i=,i=zp=pz=c=p=: 


Awv 


Fr-=: 


VoTf     Ùtt'        ('   -    '/yBfT-(Ti        Si 


KStç, 


:zt=! 


.— ^- 


:z:^zi=t2: 


z=P=p=P=zrz^: 


•-P=z: 


zptj 


crsaj-tTiv      a  -  yocK-Xo-  [j.s    -    voç 


-0- 


KO  -  [xaiç, 

(Ritournelle.) 


irs  -  p)         vM-rov     d  -  Ttsi  -  pi  ~  fov 


.^^.-tzt: 


=^=ii= -»=?=? 


c=^i:=i=p=i=P=P=i=P^P==P=F-f2=: 


:t: 


pa  -  vou 

-r- 


:tz== 


a        -        Kr~i  -  va    vfo  -  Xu-(rr|90-<pov        af/- 

iP==: 


TZ'Af  -  JCOJV, 


ai 


:_l P r3-;— I ^ — ^-  F-| p 1~*^ 

yotv 


C_ 


::tï=^= 


R=;= 

yXaj  Tfo  -  Au   -   ^£p  -  xe  -  a 

zitn^m*— :: 


TTa 


t^t=^=^:=^=fcfcfzt===; 


:r= 


:tL=^- 


ya<  -  av      a   -   ifcc-trav     e 
-P P — ft-,—ft- 


>^i(r 


:l=l?=>«=-t=^=^=t=tiz:=tz:: 


-^: 


Tto  -  ta   -   jU-o)     (Ji     (Ts  -   ôsv    tTu  -poj       à|x     -     ^po  -  roi) 


(Ritournelle.) 





~t=^ 


=î;2d=t=l^ 


=?2=: 


xrou-cTiv    &it   -    y]  -  oa-tov 


[J.S    -     ÛC 


»  Pour  la  transcription   rythmique  de  ce  morceau   et  de  l'hymne  à  Némésis,  voir 
Origines  du  chant  liturgique,  p.  55,  note  i. 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 


(TTa  -  pujv 


13 


14 


:p=Ëzi:f:zp=p=?= 


.— 12=^= 


— .^ 


xar'   "O  -  X'ja-roy     a.   -    vx-y-rx  yo    -    oeû 


-n — ^ 


^li 


— I ^—^—- 


■^- 


£1, 

-# 

:b : 


a  -  v£    -    rov    /x£  -  Aof      ai  -  gy      a    -     £< 


:zf=r-- 


^ — ^ 


^-^- 


M^^^ 


Scvv, 

[Ritournelle.) 


:t=iz 


$0< 


(5rj  -  t  -  Si      np  -  Tto  -  /x£    -    vof  aJ  -  jca. 


/K<  Section. 


\ — »— F=» — ^ — *=!=, — m — p={:=pr^^— =;=p= 


15 


16 


17 


rxau 


xà     ^£     7râ  -  ioi  -  9£     1.S    -    xd 


t—w=^czB—w—w^-i 


-p.— 12=^- 


va 


^io-vov         w  -  pi  -  ov        a  -  ys  -  jxo    - 


£<> 


(Ritournelle.) 


?E^^=EÉtE^=^ 


ziff=: 


— >— [« — ^- 


Xsu 


X'JJV       Ù    -    TTO        (TVp  -  jU,a  -  (Tl  jU-O 


<^%^ 


V  .Section.  \^- P^^^^-f — F — f" 


|E^^p=P 


ya 


-  rai      $£     Tp 


■ji         VO  -  OÇ  BU 


S 


. ^- 


il 


(Postlude  ) 


:t2=l 


19 


tTo  -  Ao    -    £Î  -  jxo  -  va       KO-a-fj^ov    s    -    xl<T 


La  structure  de  cette  cantilène  confirme  tout  ce  que  la  théorie 
nous  apprend  au  sujet  du  mode  dorien, 

à)  Les  sons  qui  prédominent  par  leur  fréquent  retour,  par  leur 
placement  aux  endroits  saillants  de  la  mélodie,  sont  ceux  de  la 
triade  modale  (E  G  i:j).  La  fondamentale  (E)  est  la  principale 
note  de  repos;  elle  finit  le  morceau  entier  et,  sauf  une,  toutes  les 
périodes  intermédiaires  (vv.  5,  10,  17).  La  quinte  (t})  marque  les 


CH.   II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES.  4t 

repos  partiels  à  l'aigu  (vv.  3,  g,  12,  13,  16)  et  termine  même 
une  section  mélodique  (v.  14).  Quant  à  la  médiante  (G),  c'est 
la  note  la  plus  rebattue  du  morceau;  elle  y  figure  non-seulement 
à  la  fin  du  vers  (2,  6,  15,  18),  mais  aussi  à  la  terminaison  d'une 
phrase  grammaticale  (v.  8),  ce  qui  donne  le  sentiment  d'une 
modulation  passagère  au  mode  iastien,  c'est-à-dire  au  majeur 
parallèle. 

b)  Presque  tout  le  parcours  de  la  cantilène  se  renferme  dans 
la  quinte  modale.  Les  deux  degrés  supérieurs  de  l'octave  (d,  e) 
restent  inoccupés.  Au  grave  l'échelle  dorienne  est  prolongée  d'un 
degré,  selon  l'usage  traditionnel  (ci-dessus,  p.  13,  IV),  en  sorte 
que  l'étendue  utilisée  est  d'une  septième. 


{  Quinte  modale  | 

cH      a      G      FE      D 

Une  seule  fois  le  chant  descend  jusqu'à  C,  tierce  grave  de  la 
finale  (v.  8),  mais  sans  s'y  arrêter. 

c)  La  mèse  (a)  remplit  bien  ici  sa  fonction  médiatrice  (p.  12). 
Reliée  par  consonance  parfaite  de  quarte  à  la  base  de  la  triade 
modale  (E),  elle  se  trouve  également  en  rapport  harmonique 
avec  les  trois  sons  restants,  D  sa  quinte  grave,  F  sa  tierce 
majeure  grave,  C  sa  tierce  mineure  aiguë.  Employée  comme  note 
d'arrêt  (v.  4),  et  mise  en  contact  avec  la  finale  du  mode  (v.  i), 
elle  convertit  momentanément  celle-ci  en  dominante  et  détermine 
une  transition  vers  l'harmonie  éolienne. 

d)  En  résumé  la  Doris  de  l'hymne  à  Hélios  est  un  mode  mineur 
terminé  sur  la  tonique\  et  se  distinguant  du  mineur  moderne, 
non-seulement  par  l'absence  de  note  sensible,  mais  encore  par 
l'abaissement  du  2^  degré  de  l'octave  ascendante.  Les  harmonies 
virtuellement  contenues  dans  la  mélopée  dorienne,  telle  que  nous 
la  fait  entendre  ce  morceau  de  chant,  sont,  outre  la  triade  modale 
(E  G  b.),  l'accord  de  la  sous-dominante  (a  c  e)  et  celui  du  majeur 
relatif  (G  ^  d),  plus  un   accord  sur  le   degré   au-dessous   de  la 

*  Autrefois  séduit  par  l'ingénieuse  symétrie  du  système  des  harmonies  grecques 
construit  par  Westphal,  je  voulais  voir  dans  le  dorien  une  simple  variété  de  l'éolien 
(hypodorien),  se  terminant  sur  la  dominante  inférieure.  L'analyse  harmonique  de  cet 
hymne  et  du  suivant  m'a  démontré  que  ce  n'est  pas  là  son  caractère  habituel.  Celui-ci 
est  entièrement  conforme  à  la  division  aristoxénienne  (ci-dessus  pp.  8-ii). 


42  CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 

fondamentale  (D  F  a),  s'interposant  entre  les  deux  accords  précé- 
dents, ou  entre  l'un  d'eux  et  la  consonance  finale. 


Le  passage  de  la  susdite  harmonie  (D  F  a)  à  celle  de  la  fonda- 
mentale ou  de  la  médiante  amène  à  chaque  instant  des  succes- 
sions de  trois  intervalles  de  ton  (vv.  3,  7,  10,  12,  16).  De  là  le 
timbre  âpre  et  dur  de  l'antique  mode  des  Doriens. 


^ft—0 


mm^m^^^ 


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Si  -  6ë 


II.  HYMNE  A  LA  MUSEi. 

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F —  —  ~'\'7t — ^~i — ' — r — r  ~i — ^~i^~ 


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-az-\ 


au  ~  p-fj      Jà 

J      " 
là' 


(TCUV         OLIt        aÀ    -  CTf   -  UJV 

(3       a  B 


2:\-lZZf=zJp-p: 


KaA-ÀJ 


P=i=Cip=    =iZI 

0   -  ntsi  -ce.      (TO  -  <|>à, 


=P=P=P= 


P 


='^^fe 


I  -  /xàf  '^pè-va.ç    $0    -  vsl  -      rcw.* 
^        a                  Sa  B        a 

/7.0'J  -  (Tœv  ifûO-KOcû  -  a  -  yi  -  rj  fëp-TfvcSv, 

:  P        a  p        a  B       a 

— i=z:p=f =ri:p=  =p= 


p 


B 


--_f -_  P :ff_, — -_r ,— , 

-p — t^— [3-— ^— r — »— P-»-^—  ^ 


;i^l 


p         «         p 

---^-=p=p= 


Aa  -  rouf  yo  -  vs,     Aij  -  A<  -  s,     Ilaî  -  a.v, 


Ëm^ 


:p=l 


/X£    -    V£iÇ    tTOCO  -    £  -   (TTS       fJ^Oi. 


Toute  la  partie  iambique   (en  ^),  comprenant   le  thème  prin- 
cipal et  la  conclusion  du  chant,  a  la  structure  harmonique  et  le 


'  Naguère  ce  chant  était  attribué  à  un  musicien  inconnu  du  nom  de  Denys; 
aujourd'hui  on  est  enclin  à  croire  que  les  trois  hymnes  sont  de  Mésomède.  Voir  V.  Jan, 
die  Handschriften  der  Hymnen  des  Mesomedcs,  àa.T\^  les  Neue  jfahrbiicher  fur  Philologie  de 
Fleckeisen,  1890. 

»  Les  notes  de  ces  quatre  dernières  mesures  et  celles  du  petit  membre  final  sont 
corrigées  d'après  V.  Jan,  ibid. 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES.  43 

parcours  mélodique  de  l'hymne  précédent.  Il  en  est  autrement  de 
la  période  en  dactyles  hexamètres  (  i  ),  une  véritable  digression 
musicale.  Le  mode  dorien  s'y  produit  sous  un  aspect  nouveau. 
La  corde  inférieure  de  son  octave  revêt  le  caractère  de  tierce  de 
l'accord  C  E  G;  de  plus  la  cantilène  s'étend  jusqu'à  la  quarte 
au-dessous  de  la  finale.  Nous  avons  donc  là  une  transformation 
momentanée  du  mode,  correspondant  au  changement  de  rythme. 
Au  retour  de  la  mesure  ternaire  la  mélopée  dorienne  rentre  dans 
ses  consonances  ordinaires. 

§  29.  La  seconde  des  harmonies  principales  de  la  citharodie, 
Vlas  (ou  V hypophrygienne) ,  est  représentée  aussi  par  deux  chants. 


I.  A  NÉMÉSIS,  chant  citharodique  composé  par  Mésomède,  vers  140  après  J.  C 


/»•<  Section. 


P 


P 


2^=P=P=pP=f=^^=f=P=P=p=f5^==Ji=== 


I  NE-ME 


SI   Trrs  -  po 
-ft — P — P- 


£<r  -  crs(.,   /3I 


-(i— !?— f— ._, 


2  y-'J  -ce      -      yùj  -  Tti      Ss 


ï^— 


:£ 

pO      -      Ttà, 

a 

:p= 


a      yy  -  yx    -    tzp        A(    -    kxç, 

P  a  p  a 

P       -p.     A 


(■— .-^: 


a  xoy-c})».  <|)p-j    -    à,y -ij.oi.-ra.         Ôxa         -         rwv 

P-     P  ^  P  "      .  ^ 


-t: 


:t— -: 


h  -  TtÈ    -    y(£i;    d  -  Sd    -   jxav  -r<    p^^a 


A< 


/J*  Section. 


±z: 


=P=P=pi=  =i=p:=p=i:=»:^— p=i 


^% 


S'I 


(Bsr/    6  -  Ko     -     àv        /3iO 


F 1^ li^ — : — ' ^ ^ ^ 


[j.à  -  AX    -    va    (^âo-vov       J/i  -  rOi'     è 


V£<J'. 


I  Cf.  Bellermann,  Hymnen,  p.  55. 


44 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 


T* — ^— 

. — m 

— 

r— s — 

^         «         F 

^—f P — i 

—(S r h 

*    • 

1        r       1 

1        1 

;              1        .      ' 

1          •      «^ 

'T  -  TTO 

P— f— 

3 tP* 

1^      ^ 

„               1^ 
a.  -  crrcc-rov, 

— 1 F. — ,' 

à    -    <rri    -    /3^ 

•* — ^ — 

1-     ^ — ^ 

— 

-1 ^ 1- 

///'  Section. 


yjx  -  c'j     -     iroL    |Xf  -  Où    -    it'jjv  cros-<ps    -    rxi         ru    -    yjx- 

=p=; 


iëII 


:P=P=— P — P=i: 


3 


Àî^ 

Ôoii-o-o. 

5à 

■ïïà.2 

irô  -  Sx 

/Sa/ 

- 

vstç. 

1 

1         a 

^ 

0 

"             ^ 

p 

m 

^ 

•'         P- 

1 — 

~^— f — 

— 1 1 

1»^ 

— t^— 

_>r — ^ — 



yav 

po-j  -  [j,£  -  vov        av  -  yë  -  va 

KAl             -             VBIÇ, 
3                ,        , 

-f^  -r 

— m — m — • — ^ —  ■ — 

— © P— i—P 

m      • 

1 P • ; — 1 \- P 

P 1 —' 

L L^__^_._'       )<     ^ 

'T  -  TTo  TT^  -  yiv    d     -     si     ^l  '  0     -     rov        /xs  -  r^slc, 

^.=£==P-'=g==P=|:-f::^ p_!— ===n 


12  ve;} 


Eif        iTÙ-TTO  ■KÔX-ltCiV      0       -       ^CVV        kÔ.     -      TCU,^ 


IV'  Section. 


V'  Section 


M: 


13 


14 


15 


m 


i6 


17 


18 


^r=p=:i=x=|=iz=-=p=:r3^i=::^-^=f=z 


-s<— ^ 


gi^l 


Ço    -    yov    !«.£  -  rà       yBÎ'pa.    x-oa    -    rov         -         cra 


— I       b*     1^- 


-s^ — g»- 


'I         -         Aa  -  Ô(     jw,â   -   y.ai  -  ca.     li     -     xao-  -   iro    -    Xe, 
-f_-f_,_?i_p_p p — , — p — ^_^_L^ 

_^ ^  r        r     F- 


Ni  -  ju,£     -     cj     7rr£-io    -    £tr  -  ca,    /Si 


=»=:p=:cz:p=p 


oy        tù    -    Tra. 

3 


NE-ME  -  SIN    3£  -  èv  a-  (îo-,a£y  à    -     ^'Sj    -  ràv, 


t: 


-— =:pi=i— f— T:-!^— f=g=t:=g=- 


xr//    rx-vv     -     cri-irre- cov,         0^  -  /3i(    -    /xav, 


li^ 


(i-   p      .^.  .^. 

h3 ha 1 i-3 P  - 


i=;^=ï2 


..^1^ . 


:=p: 


ju,£c  -  ri  -  a,        xa»    Trâc  -  £    -     Boov       A(    -    xav, 


'  Je  préfère  ici  la  version  mélodique  de  BellertHann  à  Celle  de  Westphal. 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES.  45 


— ^ — ^ — W——ft — a — - — p=:p==i=;=iiz==: 


19  à  ràv    jxe  -  ya.    -Ko.-  vo  -pi     -      olv        /3co  -   raJv 


-^-^c=É=P:=ff==f=rP=p=r==.=^=f:=!=; 


Ï=Ë^Ë^' 


20  ve  -  fx-e     -     TM-<T%    ^k   -    psiç    Kcc-râ         rocp   -  râ    -    pou. 

a)  L'harmonie  iastienne  se  fait  reconnaître  dès  le  début  par  la 
percussion  réitérée  des  trois  cordes  modales;  la  première  période 
mélodique  est  bâtie  en  entier  sur  l'accord  G  t}  d.  La  marche 
subséquente  de  la  cantilène  nous  montre  que  nous  n'avons  pas 
affaire  à  la  forme  normale  du  mode,  mais  à  Viastien  relâché 
(p.  15).  En  effet  la  mélodie  ne  se  confine  pas  dans  la  quinte 
modale;  elle  parcourt  souvent  la  quarte  complémentaire, 
transportée  au  grave,  s'arrêtant  sur  la  dominante  inférieure  D 
(vv.  5,  9,  12),  et  descendant  même  un  degré  de  plus  à  trois 
reprises  (vv.  7,  10,  11).  L'étendue  entière  de  la  cantilène 
embrasse  un  intervalle  de  neuvième,  dont  le  milieu  exact  est 
occupé  par  la  fondamentale  (G). 


I  Quinte.  1 1  Quarte.  | 

d     ctî     a     G     FE     D     1     C 

Tout  le  dessin  mélodique  circule  autour  de  cette  corde  centrale, 
qui  marque  non-seulement  la  fin  des  périodes,  sauf  la  troisième 
(terminée  par  la  dominante),  mais  encore  la  plupart  des  repos 
partiels  de  la  phrase  musicale  (vv.  2,  6,  10,  i5,  17,  18,  19). 

b)  De  même  qu'en  dorien,  la  mèse  (a)  établit  une  relation 
harmonique  entre  les  divers  éléments  de  la  mélopée.  Unie  par  la 
consonance  de  quarte  ou  de  quinte  à  la  dominante  (d,  D),  elle 
consonne  également  avec  les  trois  cordes  neutres,  E  sa  quarte 
inférieure,  F  sa  tierce  grave,  c  sa  tierce  aiguë. 

Trois  fois  la  mèse  figure  à  la  fin  d'un  membre  mélodique 
(vv.  7,  II,  13),  et  toujours  comme  tierce  de  l'harmonie  lydienne 
(F  a  c).  Cette  dernière  triade  tient  une  large  place  dans  la 
mélopée  de  l'iastien  relâché,  où  elle  est  constamment  mise  en 
opposition  avec  l'accord  modal  (G  kj  d). 

c)  La  quinte  de  l'accord  lydien  (c,  C)  nous  ramène  à  la  fonda- 
mentale iastienne  par  la  consonance  parfaite   c  —  G,   C  —  G, 


^6  CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 

contenant  virtuellement  la  triade  C  E  G,  trait  d'union  entre  les 
deux  harmonies  opposées.  Aussi  voyons-nous  c  employé  comme 
son  réitératif,  (vv.  14,  15). 

d)  Au  point  de  vue  moderne,  l'iastien  relâché  peut  se  définir 
en  quelques  mots  :  c'est  un  mode  majeur  commençant  et  finissant^ 
non  pas  sur  la  tonique^  mais  sur  la  dominante. 


G- 


-&2 


II.  CHANSON  (fragment  de  scolie  ?)  découverte  à  Tralles  '   (Asie  mineure). 


--tz= 


:î'-_?_._^-P-^- 


2    yiff-lïv    0      -     \U)Ç        (TV        Xu-TfOÎ)' 

a.  8  a  ^ 

-f-J 


j^^^S^gË^  gËpËfiË^Êgg^ËËgj^ 


3  riooç    0  - 'Ai-yov      Ê  -  o-r)     ro    "Cy^v  4  To     rà-AOç  6     ^p6-voç  dir-ai-rsl- 

Le  dernier  son  (E)  est  en  dehors  du  contexte  mélodique;  il  ne 
se  produit  à  aucun  autre  endroit  du  chant.  La  vraie  conclusion 
harmonique  a  lieu  sur  G,  répété  trois  fois  à  la  pénultième 
mesure.  La  chute  de  tierce,  en  portamentOj  à  la  fin  de  l'air,  doit 
être  comprise  comme  une  sorte  de  pointe  musicale,  propre 
peut-être  aux  chansons  d'un  contenu  humoristique^  Ou  bien, 
n'avons-nous  devant  les  yeux  que  le  début  du  morceau  ? 


I  Ci-dessus,  p.  33,  note  2.  —  Cette  gracieuse  cantilène  est  notée  originairement 
dans  le  ton  dit  iastien  ou  phrygien  grave  (voir  pp.  27-29),  répondant  à  notre  échelle 
armée  de  deux  dièses.  Nous  la  transcrivons  ici,  comme  les  autres  restes  musicaux  de 
l'antiquité,  dans  l'échelle  sans  dièse  ni  bémol.  La  succession  mélodique  n'offre  aucune 
incertitude.  Il  en  est  un  peu  différemment  de  la  rythmopée,  dont  toutes  les  difficultés 
ne  sont  pas  encore  résolues.  Nous  suivons  la  version  rythmique  de  M.  Th.  Reinach,  la 
plus  récente  et,  selon  nous,  la  meilleure.  Voir  la  note  A  de  l'appendice,  oii  nous 
reproduirons  dans  leur  notation  originale  les  nombreux  fragments  de  musique  grecque 
découverts  pendant  la  publication  de  ce  livre. 

<  De  semblables  cadences  métaboliques  terminent  la  mélodie  de  quelques  anciennes 
chansons  burlesques  de  la  Flandre.  Exemple  :  Jan  broeder  vrijt  een  meisje  zoet,  dans 
Willems,  Oude  vlaeinsche  liederen,  Gand,  1848,  p.  480. 


CH.   II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES.  47 

Ici  également  le  mode  iastien  s'accuse  nettement  par  la  prépon- 
dérance des  sons  de  l'accord  modal  (G  t{  d).  Malgré  la  brièveté 
extrême  de  la  cantilène  et  son  parcours  restreint  vers  le  haut  (il 
n'atteint  pas  le  6"  degré  de  l'octave  modale),  le  retour  persistant 
de  la  dominante  aiguë  (d)  indique  clairement  Viastien  normal'. 
La  plus  importante  des  harmonies  secondaires  du  mode  (F  a  c) 
fournit  à  la  mélodie  la  terminaison  de  ses  deux  membres  inter- 
médiaires (vv.  2  et  3). 

§  30.  Bien  que  la  troisième  des  harmonies  principales  de  la 
citharodie,  VALolis  ou  hypodorieinte,  y  fût  d'un  usage  très  fréquent^ 
nous  avons  la  malchance  de  ne  pas  la  rencontrer  parmi  les  mor- 
ceaux de  chant  qui  ont  appartenu  à  ce  genre  de  musique.  En 
revanche,  trois  des  cinq  petites  pièces  instrumentales  sont  du 
mode  éolien.  Il  en  est  de  même  du  début  de  l'ode  chorale  de 
Pindare,  que  nous  mettrons  en  parallèle  avec  ces  fragments,  au 
point  de  vue  de  la  structure  musicale. 

I.  Prélude  (membres  de  12  unités). 

II.  MÉLODIE  INSTRUMENTALE  (membres  de  10  unités). 

S  a(3a  [3  «p  a 


[|=^^g=q^=:|=^i=H^=^ 


III.  Exercice  rythmique  (membres  de  12  unités). 

Paj3aj3a|3a  [Sa^a  |3a[3a 


ï  Le  début  se  reproduit  note  par  note  dans  l'antienne  Hosanna  filio  David,  du  Vile 
mode  ecclésiastique. 

2  Aristote  l'appelle  la  plus  citharodique  de  foutes  les  harmonies  [Ki^aj^uiSiKcvrclirrj  twv 
àûiuoviwv)  dans  son  48^  problème  musical. 


48  CH.  II.  —  MÉLODIES   ANTIQUES. 

a)  Le  prélude  (I)  se  compose  uniquement  de  l'échelle  rythmée 
du  mode,  d'abord  ascendante,  puis  descendante.  Les  deux 
numéros  suivants  se  renferment  strictement  dans  la  quinte 
éolienne  (e  d  ci}  a).  Outre  les  terminaisons  réalisées  par  la 
fondamentale  (a),  presque  tous  les  arrêts  de  la  mélodie  ont  lieu 
sur  un  des  sons  de  la  triade  éolienne  :  (a  c  e). 

b)  Un  seul  son  étranger  à  cet  accord,  d,  se  produit  comme 
note  de  répercussion  (II,  4)  et  de  repos  momentané  (III,  3);  c'est 
manifestement  le  degré  conjonctif  de  l'échelle  éolienne.  En  con- 
sonance parfaite  de  quarte  avec  la  mèse  (non  plus  ici  un  son 
neutre,  mais  la  tonique),  d  est  également  en  rapport  consonant 
avec  trois  autres  sons  étrangers  à  l'accord  modal  :  ^  est  sa  tierce 
mineure  grave,  f  sa  tierce  mineure  aiguë,  g  sa  quarte  aiguë. 

c)  Ces  deux  derniers  degrés,  le  6"  et  le  y''  de  l'octave  éolienne 
ascendante,  ont  été  complètement  laissés  de  côté  par  l'auteur  des 
n°^  II  et  III.  Nous  rencontrerons  dans  le  chant  pindarique  l'un 
d'eux,  employé  au  grave  comme  sous-fondamentale  (G). 


IV. 


DÉBUT   DE   LA    I^    PyTHIQUE. 

|3  «  p 


P 


Xpu  -  a-è  -  a,    <{)op  -  jXiy^, 'A  -  lïôX-Xou   -    vog    ko.)     ]     -     ù  -TiXo-v-à  -  [ji,œv 
Gold-ne  Phortninx,  Phoe-bos'    und  Schwarzlock  -  i  -  ger      Mu-sen   Be   -   sitz. 


P 


P 


P 


iiiz: 


=1 ^^ — H- 


ffùv  -  Bi  -  Kov  Moi  -  crâv  xrè  -  a   -    vov,       ràj     d  -   kov  -  si        ^Iv    ^d-inç 
kôst-lich     Kleinod  !     des  -  sen    Ge  -  klàng  horcht  der  Festschritt,    wel  •  cher  den 

a  p  a  (3 


=3=*^ 


àry  -  kcc  -  t     -     aç         ap    '     yà' 
fruh-li-chen      Tanz      an    -     hebt, 

(3 


— -3- — ' — :3- ^—3rT-i — ^ 2—^ ^— â^-i: 


—:i2^. 


TTSl 

dess^ 


Tact 


rai     d'à 
zei  -  chen 


01  -   So) 
lauscht  manch 


San  -  ger 


(TIV, 

ohr, 


CH.  II.  —  MELODIES  ANTIQUES. 


P 


49 


a  - 
wann 


yyj  -  cri  -  yo  -  puiv      b  -  ito  -  rxv   itc^o  -  oi  -  [j/t   -    wv 
zît-ternd  im    Schla-ge    den     Erst-lings  -  no  -  ten  -  ton 


à-ij.  -  /3o  -  \às  Tsii- 
dei  -  ner     chor-auf- 


_J_ '^_ P 

■É-    -4-    ■*•      ■•-    -Jà-    :^       s^ 

')(r,ç     £  -  Xb    -    Xi  -  ^0  -  [t.s    -    va. 
—    fiih-ren-den     Sai-ten    du      baust; 

a.  p  a 


Kou   r'ov 
ja,    du 


-     ■     :J:     ^  3  •*  -J-     ^  -+  3  -^■ 


luschst  wohl 


rav     Ks 
selbst  des 


POiV-VOV 

Blitzstrahls 


cr|Sey  -  vv 
wil  -  den 


/T^ 

£iç. 

Speer  ^ 


Voici  les  principales  observations  que  suggère  la  comparaison 
de  ce  chant  avec  les  deux  numéros  qui  précèdent. 

a)  En  ce  qui  concerne  l'étendue  et  l'emplacement  du  dessin 
mélodique,  il  y  a  analogie,  sinon  identité.  La  cantilène  se  meut 
dans  les  limites  de  la  quinte  modale.  Deux  fois  seulement  elle 
descend  d'un  degré  au-dessous  du  son  final  (vv.  4  et  5),  ce  qui 
est   conforme   à  la   pratique   des  Anciens   (p.    13).    A   l'aigu,   la 

I  La  version  allemande  est  de  Tycho-Mommsen  (Leipzig,  1852).  La  mélodie  donnée 
par  Kircher  ne  comprend  pas  le  dernier  vers  de  la  strophe.  La  notation  correspond  au 
système  conjoint  du  ton  lydien  (\r)  '■ 

g       g       f       eb       d 

Xpu  -  ers   -   a       i;>6p  -  (U-p/^,  etc. 

A  supposer  que  nous  ayons  là  une  copie  fidèle  du  chant  original,  l'ode  à  Hiéron  de 
Syracuse  aurait  donc  été  composée  pour  la  voix  androgyne  de  contralto  ou  haute-contre, 
et  exécutée  (comme  à  Samos  les  chœurs  d'Ibycus)  par  des  jeunes  garçons  attachés  au 
service  particulier  du  potentat.  Le  texte  du  poème  (vv.  97-98)  est  favorable  à  cette 
hypothèse.  Cf.  Mus.  de  Vant.,  t.  II,  p.  651.  Relativement  à  notre  transcription  du  mètre 
dactylo-trochaïque,  une  seule  observation  suffira  ici.  Au  lieu  de  traduire  les  trochées 
par  I  1^  1^  1,  ainsi  que  nous  le  faisions  autrefois,  d'après  J.  H.  H.  Schmidt,  nous 
leur  restituons  leur  valeur  exacte  (  I  ^  I  Y  Le  mélange  continuel  de  cette  formule 
avec  le  spondée  (  (h  I  ^  I  ;  I  I  )  n'est  bizarre  que  par  rapport  à  nos  habitudes 
graphiques.  En  définitive,  c'est  ainsi  que  tout  le  monde  chante  d'instinct  le  rythme 
(  ^  '.  ^  '  '  ).  lorsque  V accompagnement  ne  décompose  pas  les  temps  (  J  ^)  en 
durées  plus  petites.  La  différence  entre  les  deux  formules  n'est  que  d'M«  douzième  de 
blanche. 


50  CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 

dominante  n'est  dépassée  nulle  part  ;  le  6^  degré  ascendant  de 
l'octave  éolienne  (f)  ne  se  montre  pas  plus  ici  que  dans  les  deux 
dernières  pièces  instrumentales.  Le  parcours  total  du  chant  n'est 
donc  que  d'une  sixte,  et  le  second  demi-ton  de  l'échelle  diato- 
nique (ef)  disparaît. 

I  Quinte  modale.  | 

e       d       ciî      a       G 

Finale. 

b)  La  contexture  harmonique  ne  présente  pas  davantage  des 
différences  importantes.  Nous  constatons  dans  le  chant  choral 
plus  de  variété,  ce  qui  s'explique  par  son  développement.  Les  sons 
de  la  triade  modale  (a  c  e)  occupent  une  grande  partie  du  morceau, 
sans  dominer  exclusivement.  Les  deux  périodes  ont  leur  cadence 
finale  sur  la  tonique  (vv.  2,  5);  par  contre  leurs  trois  membres 
antérieurs  s'arrêtent  sur  si  tî,  2"  degré  ascendant  de  l'octave 
modale  (vv.   i,  3,  4). 

c)  Nous  voyons  apparaître  le  siR  en  deux  relations  harmo- 
niques. Tantôt  il  dépend  de  la  dominante  (e),  avec  laquelle  il  est 
en  consonance  parfaite  ;  tantôt  il  se  fait  reconnaître  comme  tierce 
de  la  triade  iastienne  (G  t]  d).  Cet  accord,  formé  des  trois  degrés 
secondaires  de  la  mélopée  éolienne  (f  étant  laissé  de  côté),  et 
rattaché  à  la  consonance  modale  par  l'intermédiaire  de  d,  quarte 
de  la  tonique  (ci-dessus  p.  481^),  est  l'élément  de  contraste,  mis  en 
opposition  avec  l'élément  fondamental  du  mode. 

d)  Remarquons  encore  que  la  médiante  éolienne  (c),  le  son  le 
plus  fréquent  de  toute  la  cantilène,  prend  par  moments  le  carac- 
tère d'une  tonique.  Tout  le  3^  vers  et  le  début  du  4"  forment  une 
métabole  passagère  au  majeur  parallèle,  modulation  que  nous 
avons  constatée  également  dans  le  mineur  dorien  (ci-dessus 
p.  40-41  <î). 

e)  Un  examen  attentif  de  la  mélodie  pindarique  n'a  révélé 
aucune  singularité  qui  puisse  nous  porter  à  la  croire  fabriquée  au 
XVIP  siècle.  Jusqu'à  preuve  du  contraire,  nous  la  tiendrons  donc 
pour  un  document  authentique  de  l'art  gréco-romain,  et  nous 
l'utiliserons  comme  tel,  sans  préjuger  toutefois  la  légitimité  de 
son  attribution  à  Pindare  lui-même. 

/)  Résumant  l'analyse  des  quatre  spécimens  musicaux  qui 
précèdent,    nous    définirons   le    mode  éolien  :  im   système  de  sons 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES.  51 

mélodiquement  identique  à  notre  gamme  mineure  descendante,  et 
harmoniquement  constitué  par  trois  accords  posés  sur  la  tonique, 
sur  le  3'  degré,  sur  le  7%  auxquels  vient  se  joindre  un  accord  sans 
tierce  sur  la  dominante. 


Le  6''  degré,  f,  —  ceci  est  à  retenir,  —  ne  figure  dans  aucun 
des  accords  essentiels  du  mode,  ce  qui  rend  impossible  toute 
relation  de  triton',  et  donne  à  la  mélopée  éolienne  une  douceur 
inconnue  aux  autres  modes  conservés  en  notation  grecque. 

§  31.  Il  nous  faut  encore  reproduire  et  analyser  deux  courts 
exemples  de  musique  instrumentale.  Le  premier  est  une  mélodie 
minuscule,  la  plus  jolie,  sans  contredit,  que  l'antiquité  nous  ait 
léguée  :  piquante  par  ses  bizarreries  de  rythme  et  de  modalité. 

^  a.  p  a.  p  a.  p  a  ^  a.  (3a 

^E=^SEiE3^^=a  E^^ÏEg55==3  E=Ev^SE^SE 

^â=^É-^I=tz=^d  =gzÉ-*^-f-*-«-J=jizd  =fct?z:ÉE±=^^tz!i: 

Dès  le  début  l'émission  successive  des  sons  de  la  triade 
lydienne  (F  a  c)  ne  laisse  pas  le  moindre  doute  sur  la  moda- 
lité. D'autre  part  la  terminaison  de  la  phrase  mélodique  sur 
la  médiante  (a)  indique  clairement  quelle  variété  du  lydien 
nous  avons  devant  les  yeux.  C'est  Vhypolydien  intense  décrit  plus 
haut  (p.  15). 

Le  parcours  de  la  cantilène  embrasse  l'octave  lydienne  en  entier 
(c  —  C).  Quant  à  la  structure  harmonique,  elle  est  aussi  trans- 
parente que  possible.  Tout  le  dessin  mélodique  s'enroule  autour 
de  l'accord  modal  (F  a  c)  et  de  l'accord  de  la  dominante  (C  E  G)  ; 
la  modalité  lydienne  révèle  par  là  ses  attaches  avec  l'art  des 
Européens  modernes.  Certainement  elle  comportait  d'autres  har- 
monies accessoires,  ce  que  l'extrême  brièveté  du  morceau  ne 
donne  pas  lieu  à  vérifier.  Bornons-nous  à  faire  remarquer  qu'ici, 
comme  en  éolien,  la  mèse  (a)  fait  partie  de  la  triade  modale. 

ï  Ceci  s'explique  par  la  genèse  du  système  musical  (voir  ci-dessus  p.  5).  Fa  est  le 
dernier  terme  à  gauche  de  la  série  des  quintes  dont  est  tirée  l'échelle  diatonique  sans 
dièse  ni  bémol.  Son  élimination  entraîne  celle  du  triton  (fa  si),  de  la  fausse  quinte  (si  fa) 
et  d'un  des  deux  demi-tons  (mi  fa). 


52  CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES. 

La  présence  de  cette  petite  mélodie  parmi  des  exercices  de 
cithare  est  assez  inattendue.  D'après  tout  ce  que  nous  savons,  le 
lydien  intense  était  un  mode  plaintif  ou  langoureux,  propre  aux 
instruments  à  vent.  On  peut  supposer  que  nous  avons  là  un  chant 
universellement  connu  et  aimé  au  IP  et  au  IIP  siècle,  un  air 
populaire  ajouté  en  guise  de  délassement  pour  l'élève',  comme  les 
motifs  d'opéra  ou  d'opérette  que  l'on  intercale  dans  certaines 
méthodes  élémentaires  de  piano. 

§  32.  Notre  dernier  fragment  noté  consiste  en  une  succession 
mélodique  de  24  sons,  renfermée  dans  un  intervalle  de  quarte,  et 
divisée  en  6  sections  égales,  commençant  toutes  par  a,  et  finissant, 
les  deux  premières  par  d,  la  3^  et  la  4^  par  c,  les  deux  dernières 
par  t}. 

al^cd  —  actjd  —  adtjc^ —  ai^dc  —  acdtî  —  adci^. 

A   deux  endroits  du  document  nous  trouvons   cette  suite  de 
sons,  mesurée  chaque  fois  d'une  manière  différente. 

A  six  unités. 

a  [3  a  p  a  [3  a  ^ 


ri:  ^  -•-  ■    lé    *    *    •     i-  *    é    ^    :J:  é    *    •    i^: 

A  quatre  unités. 

a[3  «8  «p  «p  aj3  «P 


é=|=!=iÈg— ^  zq^ïE^i  zq^hq^  zq^ztSz  =i^zbSz  zq' 


L'ordonnance  en  quelque  sorte  mécanique  des  sons,  l'indéter- 
mination modale,  l'adaptation  de  deux  rythmes  opposés  à  un 
même  dessin,  tout  se  réunit  pour  nous  démontrer  que  ce  ne 
sont  pas  là  des  mélodies  proprement  dites,  mais  des  exercices 
de  cithare.  De  plus  l'usage  exclusif  de  quatre  cordes  nous  induit 
à  y  voir  deux  études  élémentaires  pour  la  main  gauche,  destinées 
à  préparer  le  disciple  à  la  pratique  du  psalmos^.  Enfin  le  déplace- 
ment systématique  des  accents  de  la  mesure  indique  le  but 
technique  du  double  exercice  :  égaliser  la  force  des  doigts  de  la 
main  gauche.  Sans  doute  chacune  des  deux  formules  devait  se 

'  Il  se  trouve  tout  à  la  fin  du  MS.  anonyme  avec  la  simple  suscription  v.wKov  k^âo-yji^ov. 
«   Le  petit  doigt  restait  au  repos  dans  ce  mode  d'attaque.  Mus.  de  Vant.,  t.  II,  p.  254. 


CH.  II.  —  MÉLODIES  ANTIQUES.  53 

répéter  un  nombre  de  fois  indéterminé,  soit  sur  les  mêmes  cordes, 
soit,  ce  qui  me  paraît  le  plus  probable,  en  montant  degré  par 
degré. 

En  définitive  cet  assemblage  de  sons  ne  nous  apprend  rien 
qui  se  rapporte  à  l'objet  de  notre  travail'. 

§  ^^.  Concluons.  Des  onze  modes  et  variétés  modales  apparte- 
nant à  la  musique  gréco-romaine  (7  formes  normales,  2  relâchées, 
2  intenses),  nous  en  avons  trouvé  cinq  parmi  les  documents  en 
notation  grecque. 

Éolien,  3  petites  pièces  instrumentales  (p.  47),  i^e  pythique  (p.  48). 

lastien  normal,  chanson,  (p.  46). 

lastien  relâché,  hymne  à  Némésis  (p.  43). 

lastien  intense,  \ 

Hypolydien  normal,    /  pas  d'exemples. 

Hypolydien  relâché,  ) 

Hypolydien  intense,  air  instrumental  (p.  51). 

Dorien,  hymne  à  Hélios,  à  la  Muse  (pp.  39,  42). 

Phrygien,       \ 

Lydien,  ^  pas  d'exemples. 

Mixolydien,    ) 

La  facture  musicale  de  tous  ces  vieux  débris  mélodiques  con- 
corde d'une  manière  frappante  avec  les  théories  aristoxéniennes, 
avec  les  informations  d'Aristote  et  autres  écrivains  antiques.  On 
est  donc  fondé  à  croire  que  la  même  concordance  existait  pour  les 
six  formes  modales  non  représentées  dans  les  restes  îtotés. 

§  34.  Un  fait  assez  singulier,  c'est  qu'aucun  des  morceaux 
conservés  en  notation  antique  ne  renferme  nulle  part  une  alté- 
ration de  l'échelle  tonale.  A  la  vérité  nous  savons  qu'à  la 
période  primitive  de  l'art  grec  les  changements  accidentels  de 
ton  étaient  inconnus   dans   tous  les  genres  de  musique  vocale*. 

»  Nous  avons  reproduit  ici  les  deux  passages,  parce  que  Westphal  veut  y  voir  une  vraie 
mélodie,  un  spécimen  du  mode  mixolydien.  Déjà  en  1875  nous  avons  combattu  l'opinion 
du  génial  initiateur.  Mus.  de  Vant.,  t.  I,  p.  1^6. 

2  «  Autrefois  c'étaient  des  hommes  libres  qui  chantaient  dans  les  chœurs.  Comme  il 
«  était  difficile  de  faire  chanter  beaucoup  de  personnes  à  la  façon  des  artistes,  on  leur 
«  faisait  exécuter  des  mélodies  conçues  dans  un  seul  ton  (et  un  seul  mode),  car  il  est 
«  plus  facile  à  un  soliste  de  faire  de  nombreuses  métaboles  qu'à  plusieurs  exécutants.  » 
Aristote,  15e  probl.  mus.,  Cf.  Mus,  de  Vant.,  t.  I,  p,  341,  note  2.  —  Le  Trimélès  du  vieux 
Sacadas  (ci-dessus,  p.  21)  resta  donc  une  œuvre  isolée,  si  toutefois  l'anecdote  recueillie 
par  Plutarque  n'est  pas  une  simple  légende  créée  autour  du  mot  trimélès. 


54  CH.  II.  —  FIN  DE  L'ART  PAÏEN. 

Mais  nous  savons  aussi  que,  dès  la  période  classique,  les  chants 
accompagnés  à  la  cithare  contenaient  des  métaboles  de  ton  et 
de  mesure'.  Et  précisément  à  l'époque  de  Mésomède,  Ptolémée 
décrit  comme  universellement  connue  la  modulation  à  la  quinte 
grave  ou  à  la  quarte  aiguë.  «  Quand,  »  dit-il,  «  le  mélos,  ayant 
«  monté  jusqu'à  la  mèse,  ne  procède  pas,  comme  d'habitude,  au 
«  tétracorde  disjoint,  faisant  quinte  avec  le  tétracorde  moyen. 


ii^^i^^lli^^ '"' "  " 


:.=L=g=q  =:==f.- 


«  mais  que,  suivant  une  autre  voie,  il  se  resserre  dans  le  tétra- 
«  corde  conjoint  avec  la  mèse,  de  manière  à  produire  avec  les 
«  sons  au-dessous  de  la  mèse,  non  pas  la  quinte,  mais  la  quarte, 


B2=è 


^_^_-t^f=^-=t=t 


-• — ■ — K— f^ —  — « 1 — — ^t- 


«  alors  il   se  produit  dans  la   sensation  un  changement  et  une 
«  surprise,  à  cause  de  l'inattendu*...  » 

Malgré  les  témoignages  concordants  et  précis  des  auteurs,  la 
lecture  des  hymnes  à  Némésis,  à  Hélios  et  à  la  Muse  nous  prouve 
irréfragablement  que  même  la  simple  modulation  par  sib  et  sit| 
n'était  pas  commune  dans  les  chants  citharodiques  du  IP  et  du 
IIP  siècle,  du  moins  quand  ils  appartenaient  au  mode  dorien  ou 
à  l'iastien.  En  était-il  différemment  dans  les  autres  modes? 
Nous  nous  dispenserons  de  faire  des  conjectures  à  cet  égard. 

Section  III.  —  La  citharodie  après  Marc-Aurèle. 

§  35.  Le  IIP  siècle  inaugure  la  crise  suprême  du  paganisme,  et 
voit  le  rapide  déclin  de  la  haute  civilisation  gréco-romaine.  Seule 
parmi  tous  les  arts,  la  musique  continue  à  être  étudiée  et  cultivée 
avec  ardeur.  La  plupart  des  écrits  musicaux  que  l'antiquité  nous  a 

'  «  Dans  son  ensemble  la  citharodie  de  l'école  de  Terpandre  garda  sa  simplicité 
•«  jusqu'au  temps  de  Phrynis  (v.  446  av.  J.  C).  Il  n'était  pas  permis  à  cette  époque 
«  primitive  de  composer  des  chants  comme  ceux  d'aujourd'hui,  ni  de  changer  les  har- 
«  monies  et  les  rythmes.  Chaque  nome  conservait  son  propre  mode  d'accord.  »  Héraclide 
du  Pont  (d'après  Glaucus  de  Rhegium)  dans  la  Musique  de  Plutarque,  ch.  6.  Cf.  Mus.  de 
l'ant.,  t.  II,  p.  315. 

*  Ptolémée,  Harmon.,  L.  II,  ch.  6.  Cf.  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  347,  note  3. 


CH.  II.  —  FIN   DE  L'ART  PAÏEN.  55 

légués  ont  été  rédigés  entre  le  règne  de  Marc-Aurèle  et  celui  de 
Constantin'.  La  pratique  du  chant  et  du  jeu  des  instruments 
semble  être  devenue  presque  générale  alors  dans  les  classes 
aisées  de  la  population  romaine*. 

§  36.  Au  IV^  siècle  nous  constatons  un  appauvrissement 
marqué  de  la  culture  musicale.  Il  est  en  relation  directe  avec 
l'usage  décroissant  de  la  langue  grecque  à  Rome  depuis  la  dernière 
moitié  du  siècle  précédent  %  et  devient  manifeste  après  la  transla- 
tion du  siège  de  l'empire  à  Byzance  (330).  Rome  cessa  dès  lors 
d'être  le  centre  politique  et  intellectuel  du  monde  antique;  elle  ne 
fut  plus  que  la  capitale  de  l'Occident.  A  la  suite  de  la  cour  et  de 
l'élite  de  la  société,  les  nombreux  maîtres  de  musique  originaires 
des  pays  helléniques  quittèrent  l'Italie  ;  les  compagnies  d'artistes 
dionysiaques  visitèrent  de  moins  en  moins  nos  contrées.  Il  en 
fut  de  la  langue  grecque  à  cette  époque  comme  de  l'italienne  à 
la  nôtre;  elle  perdit  sa  qualité  d'idiome  universel  de  la  musique 
vocale.  A  partir  de  350  les  peuples  de  l'Italie,  de  l'Espagne,  de  la 
Gaule  et  de  la  Germanie  romaine  ne  chantèrent  plus  qu'en  latin, 
et  le  répertoire  de  leurs  citharèdes,  artistes  ou  amateurs,  consista 
principalement  en  poésies  empruntées  à  la  lyrique  romaine  du 
siècle  d'Auguste  ou  à  la  littérature  contemporaine.  Probablement 
il  s'y  mêla  mainte  chanson  d'origine  vulgaire.  D'autre  part  la 
notation  musicale  au  moyen  des  lettres  de  l'alphabet  grec,  géné- 
ralement comprise  encore  sous  Constantin  %  tomba  peu  après 
en  désuétude,  tant  en  Orient  qu'en  Occident^  de  sorte  que  la 
transmission  des  œuvres  musicales  ne  se  fit  plus  que  de  maître 

'   Aristide  Quintilien,  Porphyre,  Alypius,  Bacchius  le  vieux. 

2  Mus.  de  l'ant.,  t.  II,  p.  618.  L'encyclopédie  musicale  d'Aristide  Quintilien  a  été  écrite 
à  une  époque  où  rien  ne  faisait  prévoir  une  décadence  prochaine  des  études  musicales. 
On  remarquera  les  paroles  (p.  75)  :  «  Or  quand  un  pareil  amour  de  la  musique  aura 
«  grandi  parmi  nous,  car  il  convient  de  présager  le  bien  »  etc. 

3  Depuis  le  premier  siècle  de  notre  ère  jusqu'au  milieu  du  troisième,  Rome  fut  une 
ville  bilingue,  et  le  grec  y  était  alors  apparemment  la  langue  de  la  liturgie  chrétienne. 
Les  épitaphes  des  papes  jusqu'à  Gaius  (283-296)  sont  grecques,  une  seule  exceptée,  celle 
de  saint  Corneille  (251-253). 

4  Bacchius  s'en  sert,  sans  aucune  explication,  pour  démontrer  la  théorie  musicale. 

5  Gaudence,  écrivain  du  Ve  siècle,  n'attribue  l'usage  des  notes  qu'aux  générations 
antérieures  (Meib.,  p.  20).  Saint  Augustin,  qui  parle  si  souvent  de  musique,  ne  fait  nulle 
part  allusion  à  l'existence  d'une  écriture  des  sons. 


56  CH.  II.  —  FIN  DE  L'ART  PAÏEN. 

à  disciple,  et  à  l'aide  de  la  seule  mémoire.  Enfin  tout  nous  porte 
à  supposer  vers  cette  même  époque  une  décadence  sensible  dans 
la  technique  instrumentale  et  particulièrement  dans  l'art  hellé- 
nique de  l'accompagnement'. 

Cet  abaissement  universel  du  niveau  musical  n'empêcha  pas 
les  Romains  de  se  livrer  avec  plus  d'entrain  que  jamais  à  l'exer- 
cice du  chant  et  des  instruments.  Vers  370  Ammien  Marcellin, 
le  biographe  de  l'empereur  Julien,  se  plaint  en  termes  acerbes 
de  voir  les  citoyens  de  Rome  délaisser  entièrement  les  sérieuses 
occupations  de  l'esprit  pour  leur  passe-temps  favori.  «  Le  peu  de 
«  maisons,  »  dit-il,  «  où  le  culte  de  l'intelligence  était  naguère  en 
«  honneur,  sont  envahies  par  le  goût  des  plaisirs...  On  n'y  entend 
«  que  des  chants  et,  dans  tous  les  coins,  des  tintements  de  cordes. 
«  Au  lieu  de  philosophes  on  n'y  rencontre  que  des  chanteurs,  et 
«  les  professeurs  d'éloquence  ont  cédé  la  place  aux  maîtres  des 
«  arts  d'agrément  ^  » 

§  37.  Au  moment  où  s'écrivaient  ces  lignes,  la  majorité  de  la 
population  des  villes  avait  déjà  embrassé  le  christianisme,  devenu 
depuis  un  demi-siècle  la  religion  des  empereurs;  mais  en  adop- 
tant le  nouveau  culte,  elle  avait  gardé  son  ancienne  manière  de 
vivre  et  ses  distractions  aimées.  Sur  le  terrain  de  la  vie  sociale, 
chrétiens  et  païens  vécurent  en  relations  pacifiques,  et  même  en 
bonne  intelligence,  tant  que  le  polythéisme  gréco-romain  conserva 
des  adhérents^  La  société  chrétienne  de  Rome,  telle  que  nous 
la  fait  entrevoir,  aux  environs  de  400,  la  correspondance  de 
saint  Jérôme,  n'est  rien  moins  qu'intolérante  et  ses  mœurs  ne 
sont  nullement  austères. 

De  même  que  l'historien  païen,  le  grand  évêque  de  Milan 
saint  Ambroise  s'élève  avec  force  contre  la  mélomanie  effrénée 

"  Saint  Ambroise  ne  comprend  plus  le  sens  des  expressions  techniques  foris  canere, 
intus  canere.  In  Ps.  I  prœf.  (éd.  bénéd.,  t.  I,  p.  742).  Cependant  au  VI^  siècle  Venance 
Fortunat  semble  encore  connaître  le  jeu  à  deux  mains  sur  la  cithare. 
Orpheus  orditas  moveret  dum  pollice  chordas, 
Verbaque  percusso  pectine  fila  darent, 
Mox  résonante  lyra  tetigit  diilcedine  silvas, 
Ad  citharae  cantus  traxit  amore  feras. 

Carm.   L.  vu,  i. 

2  Mus.  de  Vaut.,  t.  II.  p.  620. 

3  Gaston  Boissier,  La  fin  du  paganisme,  passim. 


CH.  II.  —  FIN  DE  L'ART  PAÏEN.  57 

de  ses  contemporains.  Mais  ses  censures  ne  visent  en  général  que 
les  genres  de  musique  liés  aux  rites  et  aux  institutions  du  paga- 
nisme, ce  qui  est  surtout  le  cas  pour  les  concerts  d'instruments 
à  vent'.  Quant  au  chant  accompagné  d'un  instrument  à  cordes, 
cette  musique  sans  attaches  directes  avec  le  culte  romain  n'est 
blâmée  qu'autant  qu'elle  s'applique  à  des  poésies  licencieuses,  à 
des  refrains  d'orgie^  Pour  les  chrétiens  lettrés  du  IV'^  et  du 
V*  siècle,  tout  imprégnés  de  l'esprit  antique  et  élevés  dans  les 
mêmes  écoles  que  les  païens,  la  récitation  musicale  des  poètes 
lyriques  au  son  de  la  cithare  est  un  délassement  distingué  et 
digne  de  charmer  les  loisirs  d'un  homme  grave,  au  même  titre 
que  la  lecture  des  prosateurs  classiques. 

§  38.  Il  y  a  plus  :  une  des  grandes  lumières  de  l'Église,  saint 
Augustin  s'est  occupé  spécialement  de  cette  classe  de  chants  en 
qualité  d'écrivain  didactique^  Son  traité  de  Musica,  rédigé  à 
Milan  en  398,  peu  de  temps  avant  son  baptême,  et  resté  mal- 
heureusement inachevé'*,  se  rapporte  presque  en  entier  à  la  poésie 
mondaine  destinée  au  chant.  Sauf  un  vers  de  saint  Ambroise, 
un  seul,  tous  les  exemples  non  composés  expressément  sont 
pris  à  des  auteurs  païens. 

La  seule  partie  de  l'ouvrage  qui  fut  écrite  ne  traite  que  du 
rythme  et  des  mètres  lyriques;  elle  est  conséquemment  étrangère 
à  notre  sujet.  Disons  néanmoins  que  le  IV^  et  le  V^  livre  renfer- 
ment des  renseignements  pleins  d'intérêt,  et  que  l'on  chercherait 

ï  La  tibia  était  l'instrument  liturgique  du  paganisme  gréco-romain  et  l'accompagne- 
ment obligé  des  spectacles,  des  jeux  publics.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  304,  —  «  Non  illa 
theatralis  incentiva  litxuria  nec  aulicorum  (auletaruiii  ?)  concentus,  sed  plebis  concordiam 
concinentes.  »  Exp.  Evang.  sec.  Luc,  VIII,  237  (Éd.  bénéd.,  t.  I,  p.  1468). 

2  «  Malheur  à  ceux  qui  saisissent  la  coupe  de  l'ivresse  au  matin,  alors  qu'ils  devraient 
«  apporter  à  Dieu  leurs  louanges.  On  chante  des  hymnes,  et  toi,  chrétien,  tu  as  la 
«  cithare  en  mains?  »  S.  Ambr.  De  Elia  et  jejunio,  ch.  15,  §  55  (Ed.  bénéd.,  t.  I,  p.  552). 

3  II  avait  appris  la  théorie  musicale  à  l'école  {Conf.,  L.  IV,  ch.  16),  sans  doute  dans 
Martianus  Capella  et  Censorin,  auquel  il  a  emprunté  la  définition  :  Musica  est  ars  bene 
modiilandi.  Très  sensible  dans  sa  jeunesse  au  charme  de  la  mélodie  {Ib,  IX,  6),  il  se  le 
reprocha  plus  tard  (Ib.  X,  23). 

4  «  J'ai  voulu  (entreprendre)  l'œuvre  que  vous  désirez  de  moi,  lorsque  j'ai  écrit  six 
«  livres  rien  que  sur  le  rythme,  et  que,  comptant  sur  des  loisirs,  je  me  disposais  à  en 
«  écrire  six  autres,  peut-être,  sur  le  mélos  (c'est-à-dire  sur  les  règles  de  la  succession 
«  mélodique).  Mais  après  que  le  fardeau  des  dignités  ecclésiastiques  m'eût  été  imposé,  je 
«  dus  renoncer  à  ces  occupations  agréables.  »  Ep.  loi,  à  Memorius.  „'  ' 


58  CH.  II.  —  FIN   DE  L'ART  PAÏEN. 

vainement  ailleurs,  sur  les  syllabes  longues  de  trois  et  de  quatre 
brèves,  sur  les  silences  ou  prolongations  à  l'intérieur  du  vers,  sur 
la  manière  de  mesurer  certaines  formes  métriques  très  usuelles. 
Nous  y  apprenons,  par  exemple,  que  le  second  vers  du  distique 
élégiaque  (le  pseudo-pentamètrej  comprend  deux  longues  doubles' 
(deux  blanches)  : 


4 


•  •la      ••lc?la      •      •!•      •      •Icll 
Gen  -  ti      -      les     no     -     stros        in  -  ter    ob    -    er  -  rat     e    -    qttos 

que  la  strophe  saphique,  à  la  fin  du  IV^  siècle,  se  traduisait  par 
les  suivantes  valeurs  de  notes^  : 

g       J       /    J.    I      J       .(^J**    J"    J"    I      J       ,^     J       ,^   î 

Jam      sa  -  tis  ter  -  ris  ni  •  vis  at  -  que      di   -   rae 

J   J"  J.  I  J   .^.^  •^  •^  I  J   •^  J   •^  T 

Gran  -  di  -  nis  mi  -  sit  Pa  -  ter  et        ru  -  ben   -   te 

J        •^    J.     I       J        .^.^     .^     •^     I       J        .^      J        •^     I 
Dex  -  te  -  ra  sa  -  cras  ja  •  eu      -       la   -   tus      ar  -  ces, 

ï  i  1^      f*     I         I  I      îl 

^  •        •      •       I       •        •       Il 

Ter  -  ru  -  it  ur  -  bem.i  Horat.  L.  I,  2. 

§  3g.  Cinquante  ans  plus  tard,  alors  qu'il  ne  reste  plus  guère 
de  païens  dans  les  villes,  sauf  à  Rome'*,  la  citharodie  se  maintient 
comme  un  art  de  bonne  société,  tandis  que  les  autres  genres  de 
musique  partagent  aux  yeux  des  chrétiens  sérieux  le  discrédit 
attaché  aux  choses  du  théâtre.  En  454  le  patricien  gaulois  Sidoine 
Apollinaire,  poète  de  talent  et  plus  tard  évêque  de  Clermont  en 
Auvergne,  loue  Théodoric,  le  roi  visigoth  de  Toulouse,  de  ne 
tolérer  dans   son   palais    «   ni    des    orgues  hydrauliques,    ni   des 

'   Livre  IV,  ch.  19. 

2  Ibid.  ch.  18. 

3  Les  deux  mesures  à  |  n'ont  que  la  durée  d'une  seule  mesure  à  |  (^    I  l^\ 

4  C'est  dans  la  capitale  de  l'empire  et  dans  les  campagnes  que  le  paganisme  résista  le 
plus  longtemps.  Les  vieux  aristocrates  romains,  restés  le  plus  obstinément  attachés  au 
culte  national,  disparurent,  emmenés  en  captivité  par  Totila,  à  la  suite  du  siège  de  546. 
Quant  aux  populations  rurales,  elles  ne  devinrent  pas  chrétiennes  avant  le  VII^  siècle. 


CH.  II.  —  FIN  DE  L'ART  PAÏEN.  59 

«  compositions  chorales  étudiées  sous  la  direction  d'un  musicien 
«  de  profession,  ni  des  exhibitions  de  virtuoses  instrumentistes 
«  ou  de  chanteuses  exotiques,  mais  de  se  complaire  uniquement 
«  à  cette  simple  musique  de  chant  et  d'instruments  à  cordes  qui 
«  élève  l'esprit  en  même  temps  qu'elle  charme  l'oreille'.  »  Ce 
curieux  texte  nous  fait  voir  qu'aux  derniers  jours  de  l'empire 
d'Occident  on  pouvait  encore  entendre,  même  dans  les  provinces 
déjà  envahies  par  les  barbares,  de  grands  morceaux  d'ensemble, 
bien  qu'ils  dussent  être  appris  et  exécutés  sans  l'aide  d'une  nota- 
tion musicale^ 

§  40.  Sous  la  domination  des  rois  goths  (493-552),  si  respec- 
tueuse pour  toutes  les  formes  de  la  civilisation  antique,  Rome 
possède  encore  des  citharèdes  renommés  dont  le  talent  se  déploie 
dans  les  banquets,  et  que  les  rois  franks  établis  en  Gaule 
s'efforcent  d'attirer  à  leur  cour^  La  poésie  mélique  de  la  Rome 
païenne,  de  même  que  la  science  musicale  de  l'antiquité,  a  son 
dernier  représentant  dans  la  personne  de  Boèce,  une  physionomie 
caractéristique  de  cette  époque  singulière.  Auteur  de  traités 
théologiques,  dans  ses  autres  ouvrages  il  ignore  si  complètement 
le  christianisme  qu'on  s'est  demandé  jusqu'à  ces  derniers  temps 
si  réellement  il  avait  reçu  le  baptême*.  Les  nombreuses  pièces  de 
vers  dont  il  a  parsemé  sa  Consolation  philosophique  sont  faites, 
comme  les  odes  d'Horace,  pour  se  chanter  au  son  des  cordes^  Et 
en  effet,  des  moines  lettrés  et  musiciens  y  ajoutèrent  souvent  des 
mélodies,  au  cours  des  tristes  siècles  qui  suivirent^. 

'  «  Sic  tamen  quod  illic  nec  organa  hydratilica  sortant,  nec  sub  phonasco  vocalium 
«  {artifictim)  concentus  meditatum  acroama  siimil  intonat.  Nulliis  ibi  lyristes,  choraules, 
«  mesochorus,  tyinpanistria,  psaltria  canit;  rege  solum  WWs  fidibus  delinito,  quibus  non 
«  minus  mulcet  virtus  animum,  quam  cantus  auditum.  »  Ep.  I  (Éd.  Firm.  Didot,  p.  48). 

2  A  Rome  on  exécutait  encore  des  pantomimes  avec  des  chœurs  et  un  nombreux 
orchestre  au  temps  de  Cassiodore  (500-530). 

3  Cassiodore.  Var.  II,  40,  reproduite  dans  mes  Orig.  du  chant  lit.,  p.  5. 

4  Voir  Hermann  Usener,  Ein  Beitrag  znr  Geschichte  Roms  in  ostgothischer  Zeit.  Bonn, 
1877.  Cette  intéressante  brochure  me  paraît  trancher  définitivement  la  question,  dans  le 
sens  affirmatif. 

5  Mus,  de  Vant.,  t.  II,  p.  603,  note  3. 

^  Coussemaker,  Histoire  de  V harmonie  au  moyen  âge  :  Monuments,  planche  i,  Versus 
Boetii  :  a)  O  stelliferi  conditor  orbis,  h)  Bella  bis  quints,  notés  en  neumes  primitifs.  Ce 
dernier  chant  se  retrouve,  avec  une  mélodie  d'un  autre  dessin,  chez  le  Pseudo-Odon 
(Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  270). 


6o  CH.  IL  —  FIN  DE  L'ART   PAÏEN. 

§  41.  Ce  furent  là  les  accents  suprêmes  de  la  muse  gréco- 
romaine.  Après  la  dépopulation  presque  totale  de  Rome'  au 
commencement  de  547  et  l'établissement  de  la  domination 
byzantine,  la  musique  profane  disparaît  subitement  pour  plus  | 
de  cinq  siècles.  Mais  cette  disparition  soudaine  n'est  qu'une 
apparence  trompeuse,  résultat  du  manque  complet  de  documents. 
Depuis  l'écroulement  final  des  restes  de  l'ancienne  société  romaine, 
à  la  date  que  nous  venons  d'énoncer,  jusqu'à  l'époque  des  croisades, 
il  n'existe  pas  de  littérature  laïque  en  Occident,  et  l'Eglise,  qui 
écrit  et  pense  alors  pour  la  chrétienté  entière,  ne  s'occupe  guère 
de  la  musique  profane,  sinon  pour  prohiber  ce  qu'elle  considère, 
avec  quelque  raison,  comme  un  vestige  du  paganisme.  Aussi  le 
peu  que  nous  apprenons  à  cet  égard  pour  la  période  comprise 
entre  le  milieu  du  VP  et  le  XP  siècle,  nous  est  révélé  par  des 
décrets  ecclésiastiques^ 

En  réalité  le  chant  rythmé  associé  au  jeu  d'un  instrument, 
et  souvent  accompagné  de  danse,  continua  d'être  cultivé  sans 
interruption  par  des  musiciens  de  profession  dans  les  pays  d'Occi- 
dent autrefois  soumis  à  la  domination  romaine.  Bien  que  vivant 
sur  un  fonds  immuable,  très  restreint  apparemment,  de  motifs 
poétiques  3  et  de  thèmes  musicaux,  cet  art  séculier  ne  put 
demeurer  stationnaire  au  milieu  d'une  société  en  voie  de  transfor- 
mation constante.  Tandis  que  le  chant  liturgique  arriva  dès  la  fin 
du  VIP  siècle  à  son  état  définitif,  et  s'y  maintint  pour  toute  la 
suite  des  âges,  le  chant  mondain  se  modifia  peu  à  peu,  en 
même  temps  que  la  société  occidentale,  délaissant  d'abord  la 
langue  littéraire,  avec  sa  métrique  savante,  pour  le  langage  popu- 
laire et  les  vers  accentués,  plus  tard  abandonnant  complètement 
le  latin,  devenu  inintelligible  aux  masses,  et  adaptant  aux  idiomes 
romans  et  germaniques  ce  qui  lui  restait  de  rythmes  antiques.  A 
partir  du  X^  siècle  son  action  sur  l'art  ecclésiastique  se  manifeste 

'  «  Un  chroniqueur  écrit  :  Post  quant  devastationem  qnadraginta  aut  amplius  dies  Roma 
fuit  ita  desolata,  ut  neiiio  ibi  lioittiituin,  [nil]  nisi  bestiae  morarentur.  Gregorovius,  Geschichte 
der  Stadt  Rom  im  MittelnUer,  4''  éd.,  Stuttgard,  1886,  t.  I,  p.  427. 

2  Pour  les  personnes  qui  s'occupent  de  ce  sujet  intéressant,  nous  réunissons  dans  la 
note  B  de  l'appendice  les  textes  de  l'espèce  que  nous  avons  rencontrés  au  cours  de 
nos  lectures. 

3  Gaston  Paris,  Origines  de  la  poésie  lyrique  en  France  au  moyen  âge.  Paris,  1892,  p.  50. 


CH.  II.  —  FIN   DE  L'ART  PAÏEN.  6i 

par  des  innovations  de  grande  portée.  h'Organiiin  d'Hucbald  et  de 
Guy  d'Arezzo,  cet  embryon  de  la  polyphonie  moderne,  est  une 
imitation  du  grossier  accompagnement  qu'exécutaient  sur  leurs 
instruments  à  cordes  les  chanteurs  populaires  de  l'époque  carlo- 
vingienne'.  Les  mélodies  et  les  rythmes  des  séquences  ou  proses, 
comme  les  ariettes  des  drames  liturgiques,  furent  puisés  à  la 
même  source. 

Malgré  les  conditions  misérables  où  les  adeptes  de  l'art  laïque 
eurent  à  vivre  durant  cette  longue  période  d'obscurité,  ils  n'étaient 
pas  aussi  dépourvus  de  connaissances  techniques  qu'on  se  l'ima- 
gine de  nos  jours.  Un  moine  du  X*  siècle  n'écrit-il  pas  ces  lignes 
à  coup  sûr  étonnantes  :  «  Citharèdes,  tibicines  et  autres  instru- 
«  mentistes,  chanteurs  et  chanteuses  mondaines  s'efforcent  de 
«  conformer  aux  règles  de  Vart  tout  ce  qui  se  chante,  tout  ce  qui 
«  se  joue  sur  la  cithare,  à  seule  fin  de  délecter  leurs  auditeurs.  Et 
«  nous,  à  qui  il  est  donné  de  prononcer  les  paroles  de  Dieu,  nous 
«  chanterions  sans  art,  sans  soin,  les  cantilènes  sacrées^?  » 

Poursuivre  plus  loin  les  traces  de  la  musique  profane  n'entre  pas 
dans  notre  programme.  Il  nous  faut  maintenant  revenir  sur  nos 
pas  pour  nous  acheminer  directement  vers  le  but  du  travail  actuel. 

'   ^MxVOrganum  voir  la  note  C  de  l'appendice. 

2  «  Citharoedi  et  tibicines  et  reliqui  musicorum  vasa  ferentes,  vel  etiam  cantores  et 
«  cantatrices  saeculares  omni  student  conatu,  quod  canitur  sive  citharizatur,  ad  delec- 
«  tandos  audientes  artis  ratione  temperare.  Nos  vero  qui  meruimus  verba  majestatis  in 
«  os  sumere,  nosne  sine  arte  et  negiigenter  proferimus  cantica  sanctitatis?  »  Commemo- 
ratio  de  tonis  et  psalmis  inodulandis,  dans  Gerbert,  Scriptores,  t.  I,  p.  213,  C'est  la  seule 
édition  (bien  fautive,  hélasl)  d'un  écrit  des  plus  précieux  pour  l'histoire  du  chant  litur- 
gique :  il  est  antérieur  au  déplacement  de  la  dominante  du  III^  mode  ecclésiastique. 
Les  nombreux  exemples  d'antiennes  et  de  cantilènes  psalmodiques  ont  la  notation 
pseudo-hucbaldienne  de  V Enchiriadis  {ib.,  152-212). 


îo 


I 


CHAPITRE    III, 


L'HYMNODIE    DE    L'ÉGLISE    LATINE. 

Section  I.  —  Ses  commencements ,  sa  forme  littéraire. 

§  42.  Au  sortir  d'une  longue  période  de  persécutions  sanglantes, 
le  christianisme  obtint  tout  à  coup  sa  charte  d'affranchissement 
par  l'Édit  de  Milan  (313).  D'un  culte  en  quelque  sorte  clandestin, 
toujours  en  butte  aux  rigueurs  du  pouvoir,  et  se  recrutant  en 
grande  partie  parmi  les  petites  gens,  la  religion  chrétienne  acquit 
du  jour  au  lendemain  la  prépondérance  politique  et  vit  bientôt 
arriver  à  elle  les  classes  supérieures  de  la  société.  Ni  les 
déchirements  funestes  amenés  par  la  redoutable  hérésie  d'Arius, 
ni  la  réaction  païenne  tentée  par  Julien  (361-363)  ne  furent 
capables  d'arrêter  ses  progrès.  Pleinement  rassurée  dès  lors  sur 
son  avenir,  l'Eglise  put  songer  enfin  à  organiser  d'une  manière 
stable  son  culte  public,  à  fixer  les  formes  de  toutes  les  parties  de 
la  liturgie.  C'est  à  ce  moment  que  commence  pour  nous  l'histoire 
du  recueil  des  chants  conservés  jusqu'aujourd'hui  dans  l'office  de 
l'Eglise  latine. 

§  43.  Parmi  les  divers  genres  de  morceaux  dont  se  forma  plus 
tard  l'Antiphonaire  romain,  aucun  ne  nous  est  connu  par  des 
documents  littéraires  aussi  anciens  que  Vhymnodie  strophique  ; 
au  point  de  vue  musical,  elle  fait  la  transition  entre  la  mélopée 
vocale  de  l'antiquité  et  le  chant  liturgique  proprement  dit.  Voici 
comment  elle  naquit. 

On  a  vu  plus  haut  quelle  fut,  au  temps  des  empereurs,  la 
passion  de  la  population  romaine  pour  la  musique.  Dans  les  pays 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE.  63 

d'Orient,  ce  penchant  était  encore  plus  marqué;  on  allait  jusqu'à 
graver  des  chansons,  avec  leur  mélodie,  sur  des  monuments 
funèbres.  Les  hérésiarques  exploitant  les  goûts  artistiques  de  la 
multitude,  comme  un  moyen  de  propagande,  composaient  des 
chants  dogmatiques  qu'ils  adaptaient  à  des  mélodies  profanes. 
Ainsi  fit  Arius  dans  sa  Thalie,  où  il  ne  craignit  pas  de  reproduire 
les  formes  musicales  du  poète  ionien  Sotadès,  décrié,  même 
parmi  les  païens,  pour  la  lascivité  de  ses  chants'.  Ainsi  avaient 
déjà  fait  dès  l'époque  de  Marc-Aurèle,  mais  apparemment  avec 
plus  de  retenue,  le  gnostique  Bardesane  d'Édesse  et  son  fils 
Harmonius,  dont  les  cantilènes  avaient  conservé  au  IV''  siècle  un 
charme  irrésistible  pour  les  populations  de  la  Syrie,  si  ouvertes 
à  toutes  les  impressions  des  sens.  Les  évêques  orthodoxes  se 
résolurent  à  combattre  l'hérésie  par  ses  propres  armes.  Saint 
Éphrem  (320-379)  réussit  à  détourner  ses  compatriotes  des  chants 
d'Harmonius,  en  écrivant  des  hymnes  en  langue  syriaque  sur 
les  mêmes  mélodies^  Son  contemporain  Grégoire  de  Nazianze 
(329-389)  composa  ses  cantiques  pour  répondre  aux  psaumes 
hétérodoxes  des  Apollinaristes^ 

§  44.  L'hymnodie  latine  eut  une  origine  analogue.  Ce  fut  le 
grand  défenseur  de  la  foi  catholique  en  Occident,  l'évêque  de 
Poitiers,  saint  Hilaire  (f  367),  qui  fit  les  premiers  chants  de 
cette  espèce*,  après  son  retour  de  l'Asie,  oià  il  avait  passé  quatre 
années  (356-360),  exilé  par  l'empereur  hérétique  Constance.  Trois 
de  ses  hymnes  ont  été  retrouvées  de  nos  jours 5;  elles  ont  la  forme 

1  s.  Athanase,  Or.  I  contra  A  rianos  (éd.  des  Bénéd.,  Paris,  1698,  t.  I,  p.  408  et  suiv.).  Le 
mètre  auquel  Sotadès  a  laissé  son  nom  est  Vionique  majeur.  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  124. 
Mais  il  est  à  remarquer  que  le  début  de  Thalie,  inséré  dans  le  texte  de  saint  Athanase, 
n'est  pas  en  vers  métriques.  La  ressemblance  ne  pouvait  donc  porter  que  sur  la  mélodie. 

2  T.  J.  Lamy,  S.  Ephraem  Syri  Hymni  et  Sermones.  Malines,  1889,  t.  III,  Proleg.,  p.  11, 
§  4.  —  «  Et  quoniam  tune  Harmonius  Bardisanus,  quaedam  cantica  componens  et 
«  impietatem  melodicae  suavitate  permiscens,  illiciebat  audientes  et  capiebat  in  peste  : 
«  iste  (Ephrem),  suniens  inde  concentus,  pietatem  cantilenae  permiscuit  et  audientibus 
«  suave  nimis  et  utile  medicamen  apposuit,  »  etc.  Cassiod.,  Hist.  eccl.  trip.,  VIII,  6 
(éd.  Garet,  p.  304). 

3  Bouvy,  le  Rythme  tonique  dans  l'hymnographie  grecque.  Nimes,  1886,  p.  56. 

4  Hilarius  autem  Gallus,  episcopus  Pictaviensis,  eloquentia  conspicuus,  hymnorum 
carminé  floruit  primus.  Isid.  Hispal.,  Off.  eccL,  I,  6. 

5  Gamurrini,  S.  Hilarii  Tractatus  de  Mysteriis  et  Hymni.  Rome,  1887,  Cuggiani.  Toutes 
les  hymnes  que   l'on    attribuait   autrefois  à  saint  Hilaire,  et  que  Daniel  a  recueillies 


64 


CH.  III. 


HYMNODIE  LATINE. 


strophique.  La  première,  en  strophes  alphabétiques  {Ante  saeaUa), 
combat  les  doctrines  ariennes;  la  deuxième  {Fefellit  sacrum  Verbum) 
est  mise  dans  la  bouche  d'une  païenne  récemment  convertie  au 
christianisme';  la  troisième  {Adae  cernis  gloriam)  porte  la  suscrip- 
tion  Iii  Satanam.  De  même  que  les  hymnes  grecques  antérieures 
à  Constantin',  celles  de  saint  Hilaire  ne  sont  pas  écrites  en  vers, 
métriques  ou  accentués,  mais  dans  une  sorte  de  prose  poétique. 
Les  strophes  se  composent  d'un  nombre  égal  de  lignes  ou  de 
membres  rythmiques  (6  dans  le  premier  morceau  et  le  troisième, 
4  dans  le  deuxième);  les  lignes  correspondantes  de  chaque  strophe 
contiennent  un  même  nombre  de  temps  forts  {ictus)  qui  frappent 
des  syllabes  accentuées. 


Trois  ictus  au  i^^  et  au  4^  vers,  deux  ictus  aux  autres  : 

Credens  te  popultis  rogat 

hymnorum  resonans 

mitis  ut  audias 

voces,  quas  tibi  conduit 

aetas  omnigena 

sancti  gregis  tui. 


Ante  saecula  qui  manens, 

r  I 

semperque  nate, 
semper  ut  est  Pater; 
namque  te  sine  quomodo 
dici,  ni  pater  est, 
quod  pater  sit  potest? 

(ire  et  3e  strophes  de  l'hymne  contre  les  Ariens. 


Quatre  ictus  à  tous  les  vers;  chaque  distique  forme  une  espèce  de  tétramètre  trochaïque 
accentué  : 


Hostis  fallax  saeculorum 

t  ri' 

et  dirae  mortis  artifex, 

r  III 

jam  consiliis  toto  in  orbe 
viperinis  consitis, 
nihil  ad  salutem  praestare 
spei  humanae  existimat. 


Gaudet  aris,  gaudet  templis, 

I  III 

gaudet  sanie  victimae, 

I  <  I  I 

gaudet  falsis,  gaudet  stupris, 

I  III 

gaudet  belli  sanguine, 

I  III 

gaudet  caeli  conditorem 
Il  II 

ignorari  a  gentibus. 


(2^  et  3^  strophes  de  l'hymne  in  Satanam.) 

dans  son  Thésaurus  hymnologicus  (Halle,  5  vol.  1841-1856),  sont  apocryphes.  Il  en  est  de 
même  de  celles  qui  s'y  trouvent  sous  le  nom  du  pape  Damase. 

1  Peut-être  est-ce  une  communauté  entière  de  néophytes  que  le  poète  fait  parler.  Au 
milieu  du  IV^  siècle  le  centre  de  la  Gaule  était  loin  d'être  entièrement  christianisé,  et 
les  conversions  collectives  devaient  être  fréquentes.  Gamurrini  dénie  à  saint  Hilaire  la 
paternité  de  cette  hymne,  sans  raison  suffisante,  selon  moi. 

2  Hymne  de  Clément  d'Alexandrie;  cantique  des  Vierges  [Parthenion)  de  saint  Méthode 
(f  312)  etc.  dans  Y Anthologia  graeca  carminum  christianorum  de  W.  Christ  et  Paranikas. 
Leipzig,  Teubner,  1871,  pp.  37,  n. 


i 


CH.  III.  —  HYMNODÏE  LATINE 

Trois  ictus  au   i^r  vers,  deux  aux  suivants. 

Qiiantis  fidelis  spebus 
Christiim  credidi, 
in  se  qui  natus  me 

r  I 

fer  carnem  suscepit. 


Renata  snnt,  o  vitae 
laetae  exordia  ! 
novis  qtiae  vivo 
christiaiia  legibus. 


(ne  et   12^  strophes  de  la  deuxième  hymne.) 

Composées  pour  la  communauté  chrétienne  de  Poitiers',  les 
hymnes  de  saint  Hilaire  n'ont  pas  pénétré  dans  l'usage  liturgique 
de  l'Église  d'Occident,  et  disparurent  de  bonne  heure%  ce  qui  peut 
tenir  d'une  part  à  leur  phraséologie  parfois  abstruse,  d'autre  part  à 
leur  rythme  raboteux,  où  respire  toute  l'indocilité  du  tempérament 
gaulois. 

§  45.  Le  véritable  fondateur  de  l'hymnodie,  et  du  chant  de 
l'Eglise  latine  en  général,  fut  saint  Ambroise,  que  l'on  pourrait 
appeler  le  Terpandre  de  la  chrétienté  occidentale.  Profondément 
convaincu  de  la  puissance  surnaturelle  de  l'art  des  sons,  qu'il  a 
célébrée  avec  les  accents  d'un  poète  lyrique^  et  connaissant 
l'action  de  la  mélodie  sur  le  sentiment  humain'*,  le  grand  évêque 
de  Milan  s'est  servi  du  chant  religieux  comme  de  l'antidote  le 
plus  efficace  contre  le  poison  de  l'hérésie.  Lui-même  s'en  explique 
dans  un  de  ses  écrits.  «  D'aucuns  prétendent  »,  dit-il,  «  que  j'ai 
«  fasciné  le  peuple  par  le  charme  mélodique  de  mes  hymnes. 
«  Assurément  je  ne  m'en  défendrai  pas.  Il  y  a  là,  je  l'avoue,  un 

1  Voir  ci-dessus  la  3e  strophe  de  l'hymne  contra  Arianos. 

2  II  en  est  fait  mention  dans  le  canon  13  du  concile  de  Tolède,  tenu  en  633  :  «  De 
«  hymnis  canendis....  quia  nonnulli  hymni  humano  studio...  compositi  esse  noscuntur, 
«  sicut  hi  quos  beatissimi  doctores  Hilarius  atque  Ambrosius  ediderunt,...  ita  et  hymnos 
«  in  laude  Dei  compositos  nullus  vestrum  ulterius  improbet,  sed  pari  modo  Gallia, 
«  Hispaniaque  celebret,  »  etc.  Labbé,  SS.  Concilia,  t.  V,  p.  1709. 

3  «  Laudant  angeli  Dominum,  psallunt  ei  potestates  caelorum,  et  ante  ipsum  initium 
«  mundi  cherubim  et  seraphim  cum  suavitate  canorae  vocis  suae  dicunt  :  Sancius, 
«  Sancttis,  Sanctus....  Ipsum  axem  caeli  fert  expressior  sermo  cum  quadam  perpetui 
«  concentus  suavitate  versari,  ut  sonus  ejus  extremis  terrarum  partibus  audiretur,  ubi 
«  sunt  quaedam  sécréta  naturae....  Ferae  ipsae  atque  aves  loci  amoenioris  aut  modula- 
«  tioris  vocis  delectione  mulcentur.  »  In  ps.  I  Enarr.  praef.  (éd.  bénéd.,  t.  I,  p.  738J.  — 
C'est  le  pendant  chrétien  du  début  de  la  i^'^  pythique. 

4  «  Quae  enim  bene  tenemus,  cantare  consuevimus;  et  quae  cantantur,  melius  nostris 
«  adhaerent  sensibus....  Ideoque  ut  expeileretur  et  eliminaretur  oblivio  a  domo  sancta 
«  sua,  cantatores  sibi  fecit  verus  Salomon....  quorum  cantu  nequam  spiritus  fugaretur.  » 
In  ps.  CXVIII  Expos.,  Serm.  VII,  25,  26  (éd.  bénéd.,  t.  I,  p.  1052). 


66  CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE. 

«  charme  de  grande  puissance.  Quoi  de  plus  puissant  que  la 
«  confession  de  la  Trinité,  renouvelée  chaque  jour  par  la  bouche 
«  du  peuple  entier'  ?  » 

L'effet  prodigieux  des  hymnes  de  saint  Ambroise  sur  la  géné- 
ration contemporaine  et  les  suivantes  est  abondamment  attesté. 
On  sait  par  une  des  pages  les  plus  touchantes  des  Confessions  de 
saint  Augustin  %  et  par  maint  autre  passage  de  ses  œuvres,  quelle 
trace  profonde  les  cantilènes  de  l'Église  de  Milan  laissèrent  dans 
cette  âme  enthousiaste  et  tendre.  Cent  ans  plus  tard  Cassiodore 
les  cite  à  chaque  moment.  L'hymnodie  ambrosienne  éveilla  le 
lyrisme  chrétien  en  Occident  et  y  suscita  une  littérature  qui  eut  à 
ses  débuts  un  poète  éminent.  Prudence,  puis  quelques  talents  de 
second  ordre,  Sedulius  au  V^  siècle,  Ennodius  et  Venance  Fortunat 
au  VP;  après  eux  vint  la  foule,  anonyme  en  grande  partie,  des 
imitateurs  insipides. 

§  46.  Parmi  les  hymnes  ambrosiennes  conservées  jusqu'à  ce 
jour,  six  sont  expressément  attribuées  au  saint  évêque  par  des 
témoins  irrécusables  :  Deus  creator  omnium^  Jam  surgit  hora  tertia, 
Aeterne  rerum  conditor,  Veni  redemptor  gentium,  Illuxit  orbi  jam 
dies,  Bis  ternas  horas  explicans'\  Des  raisons  internes  rendent  en 
outre  fort  probable  l'authenticité  de  quatre  autres  :  O  lux  beata 
Trinitas,  Hic  est  dies  vents  Dei,  Splendor  paternae  gloriae,  Aeterna 
Christi  munera. 

§  47.  Si  par  le  contenu  du  texte,  ces  chants  n'ont  rien  de 
commun  avec  la  poésie  mélique  de  l'antiquité  païenne,  ils  s'y 
rattachent  directement  par  leurs  formes  métriques  et  musicales. 

'  «  Hymnorum  quoque  meorum  carminibus  deceptum  populum  ferunt.  Plane  nec 
«  hoc  abnuo.  Grande  carmen  istud  est,  quo  nihil  potentius.  Quid  enim  potentius  quam 
«  confessio  Trinitatis,  quae  quotidie  totius  populi  ore  celebratur?  »  Ep.  21,  Sermo  contra 
Auxenlium,  34  (éd.  bénéd.,  t.  II,  p.  873).  Il  y  a  là  un  jeu  de  mots  sur  carmen,  qui  signifie 
à  la  fois  chant  et  formule  magique. 

2  «  Quantum  flevi  in  hymnis  et  canticis  tuis,  suave  sonantis  Ecclesiae  tuae  vocibus 
«  commotus  acriter  !  Voces  illae  influebant  auribus  meis,  et  eliquabatur  veritas  in  cor 
«  meum,  et  exaestuabat  inde  affectus  pietatis,  et  currebant  lacrymae,  et  bene  mihi  erat 
«  cum  eis.  »  Livre  IX,  ch.  6. 

3  Les  quatre  premiers  sont  cités  par  saint  Augustin.  Cf.  Daniel,  Thés,  hymn.,  t.  IV, 
PP-  I»  2,  3,  4.  Veni  redemptor  gentium  est  mentionné  dans  une  allocution  du  pape  saint 
Célestin.  Ib.,  p.  4.  Cassiodore  cite  aussi  cette  hymne  (Ib.,  p.  5)  ainsi  que  Illuxit  orbi 
jam  dies  {Ib.,  p.  12)  et  Bis  ternas  horas  explicans  {Ib.,  p.  13). 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE.  67 

La  langue  de  saint  Ambroise  est  le  latin  classique;  la  versifica- 
tion ne  se  règle  pas,  comme  dans  les  hymnes  de  saint  Hilaire, 
sur  l'accent;  elle  est  soumise,  de  même  que  chez  les  poètes 
profanes,  aux  lois  de  la  quantité'.  Le  vers  employé  par  saint 
Ambroise,  et  devenu  typique  en  Occident  pour  l'hymnodie  litur- 
gique, est  le  dimetre  iambique''.  Il  se  rencontre  déjà  en  série  con- 
tinue chez  le  plus  ancien  lyrique  latin  Laevius^;  chez  Horace 
il  apparaît  seulement  comme  second  vers  d'un  couplet  épodique\ 
Le  rythme  du  motif  principal  de  VHymne  à  la  Muse  (ci-dessus 
p.  42),  n'en  est  qu'une  légère  variante.  C'était  apparemment  au 
IVe  siècle  un  modèle  rythmique  très  familier  à  l'oreille;  son 
extrême  facilité  le  rendait  propre  à  être  chanté  par  des  masses. 
Dans  l'exécution  musicale  chaque  dimètre  iambique  comprend 
deux  mesures  à  g  ou  à  f.  Nous  choisirons  cette  dernière  trans- 
cription qui  exprime  mieux  l'allure,  nécessairement  lente  et  grave, 
d'un  chœur  nombreux  chantant  les  louanges  de  Dieu. 

*      m     \     a      «-^      ''^      ''^ 
De    -    tis     cre    •     a  -  tor         0  -  mni  •  um. 

Selon  une  règle  s'appliquant  à  tous  les  mètres  iambiques,  la 
syllabe  brève  des  pieds  impairs  (le  i'^''  et  le  3*')  est  facultativement 

1  II  est  curieux  de  constater  l'influence  du  milieu  social  sur  la  technique  de  la  versifica- 
tion des  hymnes.  A  Milan,  ville  de  cour  et  de  haute  culture,  saint  Ambroise  écrit  des 
vers  d'une  régularité  classique,  où  la  quantité  des  syllabes  est  strictement  observée. 
Chez  les  Pictaves,  encore  mal  dépouillés  de  la  rudesse  gauloise,  saint  Hilaire  s'en  tient 
à  une  symétrie  sommaire,  obtenue  par  le  retour  périodique  de  syllabes  fortement 
accentuées.  Saint  Augustin,  composant  pour  la  plèbe  africaine  un  chant  anti-donatiste, 
rejette  tout  lien  prosodique.  Lui,  l'auteur  d'un  traité  de  métrique,  n'a  souci  ni  de 
quantité,  ni  d'accent.  Les  syllabes,  simplement  comptées,  s'adaptent  au  rythme  musical 
sans  aucune  règle  discernable. 

2  Daniel  met  au  compte  de  saint  Ambroise  deux  hymnes  en  pentapodies  dactyliques; 
l'une,  ad  serenitatem  poscendam  : 

Ob  -  du  -  xe  -  re  po  -  lum       nu  -  bi  -  la     coe  -  li 
l'autre,  in  postulatione  pluviae  {Thés,  hynin.,  t,  I,  p.  29  et  suiv.).  Ni  le  style  ni  le  mètre 
de  ces  morceaux  n'autorise  une  telle  attribution. 

3  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  625. 

4  Exemple  : 

Be  -  a  -  tus  il  -  le     qui  pro-cul   ne  -  go  -  ti  -  is 
Ut    pris -ca  gens  mor -ta  ■  li- um,  etc. 


68 


CH.  III. 


HYMNODIE  LATINE. 


remplacée  par  une  longue;  la  seconde  moitié  de  la  mesure  à  ^ 
comprend  alors  deux  durées  égales,  deux  longues  diminuées 
chacune  d'un  quart'. 


Brève  allongée  au  3e  pied 

au   i""  pied 

au  i""  et  au  3^  pied 


Ve 


y  a  m 


Ae 


ni      re  -  demp-tor 
I 


o      m 
gen  -  ti 


uni. 


o      m 
sur  -  git 

1        I 

ter  -  ne 


ho  -  ra 


à 

m 

m 

ter  ■ 

ti    ■ 

a. 

0 

J 

J 

cou 

■di    - 

tor 

Cette  irrégularité,  qui  se  produit  sans  correspondance  symé- 
trique d'une  strophe  à  une  autre,  ne  pouvait  guère  être  observée 
par  un  chœur  dépourvu  de  culture  musicale,  ce  qui  prouve  (soit 
dit  en  passant)  que  dès  l'origine  les  hymnes  ne  se  chantaient 
pas  strictement  en  mesure.  Aussi  ne  tiendrons-nous  pas  compte 
du  chorée  irrationnel  dans  nos  transcriptions  ultérieures.  Il  nous 
suffira  de  désigner  par  un  astérisque  les  brèves  susceptibles 
d'allongement. 

Comme  dans  les  odes  d'Horace,  chaque  groupe  de  quatre  vers 
forme  une  strophe;  chaque  strophe  se  chante  sur  la  même  mélodie. 

Section  IL  —  Formes  modales  des  hymnes  ambrosiennes. 

§  48,  La  mélopée  des  poésies  de  saint  Ambroise,  de  même  que 
leur  rythme,  est  empruntée  aux  formes  courantes  du  chant  lyrique 
des  Grecs  et  des  Romains.  En  effet,  et  ceci  est  selon  nous  d'une 
haute  importance  historique,  toutes  les  cantilenes  hymnétiqiies^  qui, 
en  raison  de  leur  diffusion  universelle,  présentent  quelques  garanties 
d^ ancienneté ,  appartiennent  à  Vun  des  trois  modes  principaux  de  la 
citJiarodie,  le  dorien,  Viastien  ou  l'éolien^,  modes  dont  nous  avons  des 

1  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  52  et  suiv. 

2  Je  me  permets  ce  néologisme,  régulièrement  formé  sur  le  grec  yjavvjrixoV,  afin  d'éviter 
les  périphrases. 

3  L'exclusion  des  deux  modes  secondaires,  le  phrygien  et  le  lydien,  s'explique 
suffisamment  par  leur  emploi  moins  fréquent  dans  le  chant  à  la  cithare.  Mais,  en  ce 
qui  concerne  le  phrygien,  elle  tient  peut-être  à  une  cause  plus  significative.  Au  temps 
de  saint  Ambroise  le  paganisme  se  pratiquait  encore  ouvertement  dans  les  grandes 
villes  d'Occident.  Or  un  des  cultes  les  plus  en  vogue,  depuis  les  empereurs  syriens,  était 
celui  de  Cybèle,  la  grande  déesse  de  la  Phrygie;  on  le  célébrait  par  des  processions 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE.  69 

spécimens  antiques.  La  structure  harmonique  des  hymnes  chré- 
tiennes du  IV*'  siècle  ne  se  distingue  en  rien  de  celle  des  hymnes 
païens  du  II'';  elle  concorde  en  conséquence  avec  la  théorie 
modale  de  la  Grèce  classique  (pp.  8-15). 

Tant  que  la  connaissance  de  la  prosodie  latine  fut  assez 
répandue,  les  hymnes  ecclésiastiques  ont  dû  se  chanter  plus  ou 
moins  exactement  en  mesure  ;  donc  elles  avaient  des  cantilènes 
à  peu  près  syllabiques'.  Un  homme  tel  que  saint  Ambroise  n'aura 
certes  pas  composé  des  vers  métriques  par  simple  dilettantisme. 
Mais  à  mesure  que  le  latin  littéraire  tomba  dans  l'oubli,  ces 
chants  perdirent  le  rythme  isochrone,  et  le  dessin  mélodique  de 
la  plupart  d'entre  eux  s'enrichit  d'inflexions  accessoires^.  C'est  en 
cette  forme  que  nous  les  montrent  les  plus  anciens  livres  de  chant 
liturgique.  Toutefois  le  linéament  primitif  se  laisse  facilement 
reconnaître  sous  les  groupes  de  sons  qui  le  recouvrent^. 

§  4g.  Les  cantilènes  ambrosiennes  du  mode  dorien  ont  la 
même  contexture  harmonique  que  Vhymne  à  Hélios  et  la  partie 
principale  du  chant  d  la  Muse  (ci-dessus,  pp.  3g  et  42).  Signalons 
en  outre  dans  l'hymne  que  voici,  l'identité  du  parcours  vocal  et 
l'analogie  frappante  des  cadences  finales. 


obscènes  qui  parcouraient  les  rues,  aux  sons  d'une  musique  bruyante  en  mode  phrygien 
et  en  rythme  dit  ioniens  a  minore  Tf  '^  I  I  1^  1  I  I  V  Tout  ce  qui  pouvait 
rappeler  de  pareilles  abominations  devait  être  en  horreur  à  l'Eglise.  Fait  caractéristique  : 
aucun  poète  chrétien  de  l'Occident  ne  s'est  servi  de  Vionicus,  bien  que  ce  mètre,  imé- 
parable  du  mode  phrygien,  soit  très  commun  chez  les  lyriques  romains.  En  Orient,  où  le 
christianisme  se  généralisa  plus  tôt,  on  n'eut  pas  un  pareil  scrupule  :  saint  Grégoire  de 
Nazianze  et  Synésius  ont  fréquemment  mis  en  œuvre  les  rythmes  de  la  famille  ionique. 
Cf.  Christ  et  Paranikas,  Anthol.  carm.  poet.  Christ,,  p.  3  et  suiv. 

1  Dans  la  musique  vocale  des  Grecs,  la  syllabe  brève  ne  recevait  jamais  plus  d'un  son. 
La  longue  ordinaire  pouvait  en  avoir  deux;  la  longue  prolongée,  trois,  quatre  et  même, 
peut-être,  cinq.  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  416. 

2  C'est  là  l'inévitable  sort  des  chants  mesurés  adoptés  par  un  culte.  Les  hymnes  du 
Sâma-Véda  ont  chez  les  brahmes  modernes  une  mélopée  sans  rythme,  absolument  iden- 
tique au  plain-chant  (Burneil,  the  Arsheyahrâhmana,  Mangalore,  1876,  p.  xlvi),  et  l'on  sait 
ce  que  sont  devenues  dans  les  communautés  calvinistes  les  chansons  du  XVI^  siècle 
adaptées  aux  psaumes  de  Marot. 

3  J'ai  choisi  pour  exemples  des  cantilènes  qui  se  sont  peu  éloignées  de  la  forme 
syllabique,  ou  qui  s'y  laissent  ramener  sans  difficulté.  Il  est  possible  que  le  contour 
originaire  ait  parfois  dévié  légèrement;  mais  toute  la  suite  de  notre  travail  démontrera 
que  dans  son  ensemble  le  fond  mélodique  des  chants  de  l'Église  s'est  maintenu  intact. 


70 


CH.  III. 


HYMNODIE  LATINE. 


X'silcU.^ 


Chant 
primitif. 


De  Martyribus, 


Ae-ter-na  Chris-ti    mu-ne-ra         Et  mar  -  ty-rum  vi-cto 


rt  -  as, 


Lau-des    fe-ren-tes    de-bi-tas         Lae-tis    ca-na-mus  mcn  -  H  -  bus.^ 


_î_-g_«- 


-O m-r-f^ m~\-0 * 


i:"zr:aizÇz 


:^ 


±=t=: 


:tzd 


Le  chant  suivant  s'étend  d'un  degré  en  plus  vers  l'aigu. 

De  Natali  Domini. 


XIII' siècle. 


Chant 
primitif. 


% 


-^^ 


A     so-lis    or -tus  car  -  di  -  ne        Et    us  -  que    ter-  rae       H  -   mi-tem 


m^ 


ti=i*^:*t 


Christum   ca-na-mus  prin- ci  •  pem,         Na-ttim  Ma-ri  -  a         vir     -    gi-ne. 


^ 


-W--Ç^-=M- 


3=f 

— I — i 


:^^-i 


j=— tz=tzt=r--q 


-^=P: 


:tz:t=iz| 


--^\ 


§  50.  Le  mode  iastien,  dont  les  restes  notés  de  la  musique 
gréco-romaine  ne  nous  montrent  que  deux  variétés,  exhibe  ici  ses 
trois  formes  théoriquement  décrites  plus  haut  (p.  15). 

L  Les  cantilènes  de  Viastien  relâché  sont  fréquentes  dans  l'hym- 
nodie  catholique.  En  voici  une  dont  le  motif  initial,  reproduit 
jusqu'à  trois  fois,  rappelle  fortement  le  thème  du  chant  à  Némésis 
(p.  43).  La  mélodie  chrétienne  n'atteint  pas  à  l'aigu  la  quinte  de 

'  D'après  un  ms.  parisien  de  V Enchiviadis  (Gerb.,  Script.  I,  p.  154).  La  note  surmontée 
de  +  est  une  correction.  Les  mélodies  des  autres  hymnes  ne  me  sont  pas  connues  par 
des  documents  antérieurs  au  XIII^  siècle. 

2  Les  chants  doriens  (111^  mode  ecclésiastique)  sont  donnés  d'une  manière  un  peu 
différente  dans  les  antiphonaires  notés  sur  la  portée,  par  suite  de  l'altération  que  ce 
mode  a  subie  au  Xe  siècle.  Voir  au  chap.  VIL 


r 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE. 


71 


l'accord  modal  (G  tj  d);  tant  en  haut  qu'en  bas  elle  ne  dépasse 
le  son  final  que  d'une  quarte. 


Hyninus  vespertinns. 


XIW  siècle. 


Chant 
primitif. 


^ 


O     lux       be-a-ta  Tri  -  ni-tas        Et     priii    -    ci-pa-lis     U  -   ni  -  tas, 


,^ztiht:Et: 


»-r-. 


-Z2z:  =! 


==;i^=i=F?^P=»=i=s5= 


gsiEl; 


Jam   sol  re  -  ce -dit      i  -  gtte-us 
*    j2l«_     -     * 


In  -fun  -  de  a-mo-rem  cor  -  di  -  bus. 


:±itztbl=:= 


II.  La  cantilène  transcrite  ci-après  ayant  le  même  parcours  et 
la  même  contexture  que  la  petite  chanson  funéraire  (p.  46),  nous 
l'attribuerons,  comme  elle,  à  Viastien  normal.  Trois  membres  mélo- 
diques, y  compris  le  dernier,  aboutissent  à  la  fondamentale  (G); 
le  deuxième  s'arrête  sur  c,  une  des  consonances  accessoires  de 
l'harmonie  iastienne  (p.  46,  c). 


De  Ascensione  Domini. 


XIII' siècle. 


Chant 
primitif. 


'mz^TK 


muâ 


wzm: 


Ae-ter    -    ne    rex    al    -    tis  -  si  -me,     Re-dentp  -  tor     et   fi  -  de  -  H  -  um, 
*         j  *  *  * 


cEEE 


1=1=^: 


4f^^:rfÉ^zz=?z;zzizzfL=fztÉii: 


=g— 


JêlZWE 


i=tatz^ 


Quo  mors  so  -  lu  -ta       de  -  pe  -  rit        Da-tur    tri  -  um-phus  gra  -  ti  •  ae.^ 


"--h-t-fs— r- 


:^-çz:^^z 


zd=:?ztiîtÉ=J=;=d; 


z:;— tizzï 


:g=r=^=iE:^Ei: 


::i=^ 


isfc: 


Voici  un  chant  que  l'on  peut  assigner  plus  sûrement  encore 
à  l'iastien  normal.  Il  ne  franchit  pas  la  fondamentale  au  grave. 


»  Le  chant  des   antiphonaires  modernes,  moins  enjolivé,  se  joint   au   texte  Verbum 
supernum  prodiens. 


72 


CH.  III. 


HYMNODIE  LATINE. 


Tous  ses  repos  mélodiques  ont  lieu  sur  un  des  sons  de  la  triade 
modale.  On  remarquera  l'absence  du  7^  degré  ascendant  de  l'octave 
iastienne  (f),  ce  qui  supprime  la  possibilité  du  triton  ou  de  son 
renversement  et  donne  à  la  mélopée  une  limpidité  singulière. 


Ad  Tertiam. 


xni'siicUA 


Chant 
primitif. 


Jam  siir-git    ho-ra      ter     -     ti  -  a       Qtio  Cliri -stiis     a-scen  -  dit    crii-cem: 


ËÊÈ^Ë^EèÉi 


fiîfEÈ^^I 


t  ~»zr^^z:' — — i — I — — ^ — ] — — I — 


^— I 


Nil  in-solensmens  co  •  gi  -  tet, 


^ 


In-ten-  dat  af  -  fe-ctum 
*  * 


=  Et-tS 


pre  -  cis. 


=et 


III.  S'il  manque  un  spécimen  antique  pour  Viastien  intense, 
comme  il  en  existe  un  pour  la  variété  correspondante  du  mode 
hypolydien  (p.  51),  en  revanche  l'hymnodie  ambrosienne  présente 
plusieurs  exemples  de  cette  forme  modale.  Dans  la  mélopée  litur- 
gique l'iastien  intense  a  le  même  parcours  et  les  mêmes  notes 
saillantes  que  le  normal.  Il  en  diffère  uniquement  par  sa  termi- 
naison sur  la  tierce  de  l'accord  principal  du  mode  (t|).  Plus 
souvent  encore  ici  le  7^  degré  ascendant  de  l'octave  iastienne  (f) 
est  laissé  de  côté^. 


In  adventti  Domini. 


XIII'  silcle. 


Chant 
primitif. 


3^1 


Con-di-tor  al-ine       si  -  de-rum,        Ae  -  ter  -na     lux  cre-den  •  ti  -  uni, 


tziititi^— ti: 


3iEl^i:^f=tz=d 


:tzi  zztit 


:t=^t: 


=^=P=::f2=iz: 


■.1z—t 


ï  Aujourd'hui  cette  mélodie  est  réservée  pour  les  petites  heures  des  fêtes  doubles.  Le 
texte  actuel  de  l'hymne  de  Tierce  est  Niuic  sancte  nohis  Spiritus. 

2  A  l'époque  oîi  j'écrivais  mon  Histoire  de  la  musique  de  Vantiqiiité,  je  croyais  voir  des 
mélodies  mixolydiennes  dans  ces  chants  terminés  sur  t}  (t.  I,  p.  149  et  suiv.).  Je  n'avais 
pas  tenu  compte  de  leur  structure  harmonique,  entièrement  iastienne.  J'aurais  dû 
remarquer  en  outre  qu'à  l'époque  romaine  il  n'est  jamais  question  du  mode  mixolydien. 


CH.   III.  —  HYMNODIE  LATINE. 


73 


i=' 


Chri-ste    re-dein-ptor  o-iiini-ttm  Ex  -  ati-di  pre  -  ces    siip  -  pli-cttiii.' 

i:  ■■'■•  *  *  /^ 


§  51.  Les  chants  hymnétiques  en  mode  êolien  qui  ont  une 
physionomie  franchement  primitive  concordent  à  tous  égards 
avec  les  petites  pièces  instrumentales  II,  III,  et  la  cantilène 
pindarique  transcrites  plus  haut  (pp.  47-49).  Ils  se  confinent 
dans  les  limites  de  l'accord  modal  (a  c  e);  par  exception  seule- 
ment ils  descendent  d'un  échelon  au-dessous  de  leur  finale.  Le 
6^  degré  de  l'octave  ascendante  ne  se  montre  pas. 


Hymnus  vespertinus. 


XV' siècle.' 


Chant 
primitif. 


^=—. 


i 


De  -  us   cre-  a  -  tor    o  -  mni-um 


liËig 


ig=«ir:s=i=:^ 


Po  -  li  -  que  rec  -  tor,    ve  -  sti  -  ens 


===    =t=,_ ^|__-_; 


Ëlîi^feEil 


:pq=^ 


jMum: 


Di-em  de-co-ro     lu-  mi  -  ne,      No-ctem    so  -  po  -  ris    gra  -  ti   -   a. 


[=--zte 


z^iziipn: 


^^1^ 


t-=î 


^ 


:^i=id 


§  52.  Il  n'existe  parmi  les  restes  notés  de  la  musique  gréco- 
romaine  aucun  exemple  de  ces  mélodies  hybrides,  déjà  préconisées 
par  le  poète  Pratinas  au  temps  de  la  guerre  des  Perses,  et  que 
Ptolémée  appelle  iasti-aeolia  (pp.  37-38).  Par  contre  les  chants 
liturgiques,  et  particulièrement  les  hymnes,  en  présentent  un 
assez  grand  nombre.  A  l'époque  chrétienne,  comme  au  IP  siècle, 


1  Ce  texte,  très  incorrect  comme  prosodie,  est  relativement  récent.  Mais  rien 
n'empêche  que  la  mélodie  ne  soit  ambrosienne.  Comme  elle  a  été  toujours  et  partout 
une  hymne  d'Avent,  peut-être  a-t-elle  été  primitivement  appliquée  au  célèbre  texte 
Veni  redemptor  gentium. 

2  Je  copie  cette  hymne,  texte  et  chant,  dans  un  Diurnal  bénédictin  du  XV^  siècle,  ms. 
appartenant  à  la  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles  (fonds  Fétis  n"  1212).  Les  versions 
mélodiques  des  livres  actuels  ont  quelques  légères  différences. 


74 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE. 


les  thèmes  iasti-éoliens  sont  compris  dans  l'octave  hypophry- 
gienne  ou  iastienne  (g  fe  d  ci}  a  G).  Ils  se  partagent  en  deux 
classes. 

I.   Le  début  est  en  mode  iastien,  la  fin  en  éolien. 


XI II'  siicU. 


Chant 
primitif. 


In  iiatali  Domini.^ 


"=(â; 


(11) 


Ve-ni    re  -  dein-ptor  gen-ti  -  tint,         O  -  sien -de  par-tum  vir  -  gi  -  nis, 


*    Iastien. 


lûzl 


^à—'j± 


Mzjs: 


-^- 


*   Éolien.  ^ 


wzt^-»z 


— j-        '   ^R— "-i-p 


ê=a=rfq:^=iz^zi 


M 


(b) 


Mi    -    re-tnr   o  -  mne  sae-cu-lutn ;     Ta- lis  par  -  tus    de  -  cet    De  -  um. 


ii^ 


*   Iastien. 


-J L^ 1 — >-' —   _ 


:tz=t=^=^=t± 


i    :    *  Éolien. 

:p2=-p:5z:— !        : 


II.  Le  chant  commence  par  la  fondamentale  éolienne  (a)  et  se 
termine  sur  la  médiante  du  mode  iastien  (t}),  c'est-à-dire  en  iastien 
intense  (p.  15). 


Hymnus  matutimis. 


XIII*  siècle. 


Chant 
primitif. 


^- 


Ae  -ter  -  ne    re-rum    con-di  -tor, 


i^    Éolien.  * 

M4:iEE:tz^i£=t: 


No-ctem  di-em-que     qui    re  -  gis, 
*  * 


:rt: 


=ii::2--: 


ZIM~ 


:e=ii==; 


zg: 


Et  tem-po-rum  das  tem-po-ra         Ut      al  -  le  -  ves    fa  -  sti  -  di  -  um. 


I 


:zq— =i:p: 


j:t=^ 


:-t=:^=tz 


^F-tz=t=M 


:f:  Iastien. 


221 


ïi^îg 


'  Nous  trouvons  cette  belle  hymne,  disparue  de  l'office,  dans  un  antiphonaire  du 
XlIIe  siècle  (Bibl.  royale  de  Bruxelles,  fonds  Fétis,  no  1211).  Aujourd'hui  la  mélodie  se 
chante,  à  Matines  et  à  Vêpres,  depuis  Noël  jusqu'à  l'Epiphanie. 

2  De  nos  jours  ce  texte  se  chante  le  dimanche  à  Laudes,  et  la  mélodie  s'emploie  à 
Matines  avec  les  paroles  Primo  dierum  omnium. 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE.  75 

§  53.  Nous  venons  de  rencontrer  chez  les  chrétiens  de  la  fin 
du  IV*"  siècle  quatre  formes  modales  des  cinq  que  nous  a  fait 
connaître  la  musique  notée  du  temps  des  Antonins  (p.  53).  Seul 
l'hypolydien  intense  fait  défaut.  En  compensation  nous  avons 
vu  revenir  ici  au  jour  Viastien  intense  et,  de  plus,  deux  variétés 
hybrides  dont  Ptolémée  nous  apprend  le  nom. 

Si  l'examen  comparatif  des  mélodies  ambrosiennes  et  des 
hymnes  de  Mésomède  nous  a  révélé  une  concordance  parfaite 
quant  au  fond  harmonique,  au  mécanisme  modal,  il  n'en  est  pas 
de  même  en  ce  qui  concerne  le  tour  mélodique  et  l'accent  de  la 
phrase  musicale.  Autant  la  mélopée  des  chants  païens  nous  paraît 
sèche  et  bizarre,  autant  celle  des  hymnes  chrétiennes,  malgré  sa 
simplicité  plus  grande  encore,  est  pour  nous  coulante  et  natu- 
relle. Ici  plus  de  ces  successions  qui  montrent  le  triton  à  nu,  avec 
une  dureté  toute  romaine;  plus  de  passages  où  le  dessin  semble 
errer  au  hasard.  Partout  les  notes  nous  parlent  un  langage  sym- 
pathique et  familier.  On  sent  qu'entre  le  IP  siècle  et  la  fin  du  IV^ 
s'est  produite  une  révolution  qui  a  profondément  modifié  l'âme 
humaine,  et  qu'à  certains  égards  il  y  a  plus  loin  de  l'époque  de 
saint  Ambroise  à  celle  d'Hadrien  qu'à  la  nôtre. 

§  54.  La  cantilène  ambrosienne,  avec  son  rythme  uniforme, 
ne  vise  pas  à  exprimer  la  parole,  ni  même  le  sentiment  général 
de  l'œuvre  poétique  ;  elle  ne  traduit  que  l'état  d'âme  de  la  commu- 
nauté assemblée;  aussi  n'est-elle  pas  liée  à  un  texte  particulier. 
Néanmoins,  à  en  juger  par  la  pratique  séculaire  de  l'Église,  des 
mélodies  déterminées  ont  dû  être  appliquées  dès  l'origine  à 
certaines  périodes  du  calendrier  ecclésiastique  (l'Avent,  Noël  et 
l'Epiphanie,  le  Carême,  le  temps  pascal)  ou  à  certaines  catégories 
de  fêtes  (des  Apôtres,  des  Martyrs,  des  Vierges  etc.),  ou  encore  à 
certaines  parties  de  l'office  diurne  et  nocturne.  Il  est  advenu  ainsi 
de  bonne  heure  que  les  musicologues  chrétiens,  de  même  que 
les  anciens  philosophes  grecs,  ont  cru  découvrir  un  rapport  direct 
entre  les  divers  genres  de  mélodies  et  les  situations  psychiques 
auxquelles  ils  se  montrent  souvent  associés.  Au  VP  siècle  déjà 
nous  rencontrons  une  théorie  de  Véthos  des  modes,  inspirée  en 
grande  partie  par  les  chants  de  l'église  chrétienne. 

Dans  la  lettre  où  Cassiodore,  parlant  au  nom  de  son  souverain, 


76  CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE. 

charge  Boèce  de  désigner  un  citharède  pour  Clovis,  l'érudit 
sénateur  disserte  longuement  sur  l'art  musical.  A  cette  occasion 
il  énumère  les  cinq  échelles  modales  du  chant  à  la  cithare, 
encore  correctement  dénommées  de  son  temps,  et  décrit  l'effet  moral 
des  mélodies  qu'elles  engendrent.  Voici  la  partie  essentielle  du 
document  : 

«  Tous  (ces  effets  merveilleux  de  la  musique)  se  réalisent  ici-bas  par 

«  cinq  modes,  dénommés  d'après  les  contrées  où  ils  furent  inventés.  Car 

«  la  miséricorde  divine  a  répandu  ses  dons  en  des  lieux  divers,  lorsqu'elle 

«  a  voulu  que  toutes  ses  manifestations  fussent  célébrées.  Le  mode  dorien 

«  inspire  la  pudeur  et  la  chasteté.  Le  phrygien  excite  aux  combats;  il  allume 

t  les  désirs  de  vengeance.  Uéolien  calme  les  tempêtes  de  Vâme  et  donne  après 

«  la   tourmeiite   un   sommeil  réparateur.    Viastien  aiguise  l'intelligence  des 

«  esprits  obtus;  à  ceux  qu  appesantit  le  désir  des  choses  terrestres  il  octroie 

«  Vappétence  des  biens  célestes.  Le  lydien,  créé  comme  diversion  aux  ennuis 

«  et  aux   soucis  de  l'esprit,    égaie  par  sa  facilité  et  réconforte  par  son 

«  charme.   En  pliant  ces   harmonies  à  la  musique   dissolue   des    panto- 

«  mimes,  le  monde  pervers  a  fait  d'un  remède  bienfaisant  une  excitation 

«  malsaine  de  l'esprit'.  » 

Cassiodore  ne  fait  pas  ici  de  l'érudition  pure,  comme  cela  lui 
arrive  quelquefois.  Ce  qu'il  dit  des  modes  dorien,  éolien  et  iastien 
ne  provient  évidemment  pas  d'une  source  païenne.  En  écrivant 
ces  phrases,  pleines  d'expressions  chrétiennes,  il  se  reporte,  selon 
nous,  aux  trois  types  harmoniques  des  cantilènes  ambrosiennes,  et 
vise  même  certains  morceaux  déterminés  ^  Ce  qui  nous  confirme 
dans  cette  idée,  c'est  le  langage  tout  différent  dont  il  se  sert  à 
l'endroit  des    modes  phrygien   et   lydien,   étrangers    aux  chants 

ï  Var.,  II,  40.  Toute  la  partie  musicalement  intéressante  de  cette  lettre  est  reproduite 
dans  mes  Origines  du  chant  liturgique,  pp.  51-54. 

2  Ceci  a  été  et  sera  de  tout  temps  la  méthode  des  esthéticiens  musicaux.  En  traçant 
dans  sa  République  le  caractère  du  mode  dorien,  Platon  a  en  vue  le  nome  d'Olympe 
à  Ares;  de  même  le  nome  à  Athéné  lui  a  inspiré  Véthos  du  mode  phrygien.  Chez 
Cassiodore  la  définition  de  l'effet  moral  du  dorien  semble  indiquer  quelque  chant  en 
l'honneur  d'une  vierge  martyre  (sainte  Agnès  peut-être)  ;  les  propriétés  calmantes  et 
hypnotiques  du  mode  éolien  font  penser  à  certaines  hymnes  de  l'office  du  soir,  par 
exemple  Deus  creator  omnium  (remarquer  ici  les  vers  Meniesque  fessas  allevet,  Somni 
vaporem  temperet),  ou  mieux  encore  Vhymnus  ante  soinnum  de  Prudence  {Mens  aestuans 
procellis,  Curisque  sauciata,  Totis  bibit  medullis  Obliviale  poclum).  La  définition  de  VHhos 
iastien  a  une  portée  plus  générale  et  pourrait  convenir  à  une  foule  d'hymnes. 


I 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE.  77 

hymnétiques.  Ce  n'est  plus  un  chrétien  que  nous  entendons  là, 
mais  un  Romain  lettré,  élevé  par  des  rhéteurs  semi-païens,  qui 
relate  des  traditions  antiques  ou  note  des  impressions  profanes'. 
Il  nous  a  paru  intéressant  pour  l'histoire  de  l'art  d'exhumer  ce 
premier  essai  d'une  Esthétique  musicale  issue  de  l'esprit  du  chris- 
tianisme. 

Section  III.  —  Uhymnodie  après  saint  Ambroise. 

§  55.  De  Milan  les  hymnes  ambrosiennes  se  répandirent 
promptement  dans  les  diverses  provinces  occidentales  de  l'empire 
romain.  Un  texte  du  temps  de  Sidoine  Apollinaire  (dernière 
moitié  du  V^  siècle)  nous  apprend  qu'  «  au  jour  de  Noël,  dans 
«  toutes  les  contrées  de  la  Gaule  et  de  l'Italie,  l'Église  retentis- 
«  sait  du  chant  de  l'hymne  Vent  redemptor  gentitim^  ».  Il  faut  se 
garder  toutefois  de  donner  à  cette  assertion  une  portée  trop 
étendue.  Certes  une  foule  d'églises  et  de  communautés  monas- 

I  La  description  de  Véthos  phrygien  rappelle  Boèce,  De  Mus.  I,  i.  Au  VI^  siècle 
les  processions  des  prêtres  de  Cybèle  avaient  depuis  longtemps  cessé  de  se  montrer 
dans  les  rues  de  Rome;  les  dernières  fêtes  païennes  célébrées  publiquement,  les 
Lupercales,  étaient  abolies  depuis  le  pape  Gélase  (492-496).  Depuis  lors  le  mode  phrygien 
ne  s'entendit  plus  guère  que  dans  les  sonneries  et  marches  militaires  des  Goths  et  des 
Byzantins,  et  il  eut  le  monopole  de  cette  musique  par  une  raison  péremptoire.  Les 
instruments  guerriers  des  peuples  anciens  et  modernes  (trompettes,  cors,  etc.)  n'ont 
jamais  pu  émettre  d'autres  sons  que  les  harmoniques  du  son  fondamental  donné 
par  la  longueur  du  tuyau.  Or,  ceux  de  ces  instruments  dont  le  tube  est  assez  long  pour 
atteindre  le  12^  harmonique  (comme  les  buccinae  trouvées  dans  l'amphithéâtre  de 
Pompéi),  peuvent  faire  entendre  Voctave  modah  phrygienne  {mais  aucune  autre);  encore 
lui  manque-t-il  le  2^  degré  ascendant. 


Son  fondamental  sol 


^i:t|:«=?=!=t:=t=^= 


Il  est  en  outre  à  remarquer  que  le  son  7  de  l'échelle  acoustique  (ici  fa  t])  est  trop  bas, 
tandis  que  le  son  11  (ut)  est  de  beaucoup  trop  haut.  Mais  les  Romains  et  les  Barbares 
n'avaient  pas  lieu  d'être  plus  exigeants  à  cet  égard  que  les  compositeurs  modernes,  qui 
tous,  jusqu'à  Beethoven  et  Rossini,  ont  dû  s'accommoder  de  ces  notes  fausses,  quand  ils 
écrivaient  des  parties  de  trompettes.  —  La  caractéristique  du  mode  lydien  donnée  par 
Cassiodore  me  paraît  être  une  simple  réminiscence  d'Aristote  {Pol.  VIII,  7). 

2  «  Accipe  etiam  in  hymno  sancti  antistitis  et  confessoris  Ambrosii,  quem  in  natali 
«  dominico  catholica  per  omnes  Italiae  et  Galliae  regiones  persultat  Ecclesia  :  Procède 
«  de  thalamo  tuo  geminae  gigas  substantiae.  »  Faustus,  évêque  de  Riez  (un  des  correspon- 
dants du  grand  évêque  de  Clermont),  Epist.  ad  Gratum  diaconum.  Magna  bibl.  vet.  Patrum, 

t.  VIII,  pp.  553-554. 


yS  CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE. 

tiques  s'étaient  empressées  d'adjoindre  les  hymnes  à  l'office 
des  Heures  :  nous  en  avons  la  preuve  par  la  Règle  de  saint 
Benoît  et  celle  d'Aurélien  d'Arles,  rédigées  dans  la  première 
moitié  du  VI'  siècle  '.  Mais  cette  adoption  fut  loin  d'être 
unanime.  Le  concile  de  Braga  (563)  exclut  de  l'office  divin  les 
chants  en  vers,  et  en  général  tout  texte  non  tiré  des  Saintes 
Éc^itu^es^  Trois  siècles  plus  tard,  le  diacre  messin  Amalaire, 
chargé  par  Louis  le  Pieux  de  régler  le  chant  de  l'office  pour 
toutes  les  églises  de  l'empire  frank,  laisse  les  hymnes  com- 
plètement de  côté,  se  conformant  à  l'usage  de  la  métropole 
du  catholicisme  occidental.  On  sait  en  effet,  et  ceci  est  capital 
pour  l'histoire  du  chant  ecclésiastique,  que  le  rite  local  de 
Rome  n^avail  pas  encore  accueilli  les  hymnes  au  commencement  du 
XI P  siecleK 

§  56.  En  composant  ses  chants,  le  saint  évêque  de  Milan, 
comme  son  prédécesseur  saint  Hilaire,  n'avait  eu  en  vue  que 
le  culte  public,  partant  l'exécution  collective.  Chez  lui  nulle 
préoccupation  artistique  :  la  beauté  de  ses  hymnes  est  dans 
leur  noble  simplicité.  Il  en  est  autrement  de  son  successeur 
et  contemporain  Prudence.  Ses  hymnes,  œuvres  d'un  laïque, 
n'ont  pas  été  écrites  pour  l'église,  bien  que,  plus  tard,  un 
certain  nombre  d'entre  elles  y  aient  trouvé  accès''.  Ce  sont 
des  poésies  lyriques  d'une  facture  riche  et  brillante,  destinées 
à  se  chanter  par  une  voix  seule,  au  son  d'un  instrument  à 
cordes^  Leur  but  moral  était  de  servir  à  l'édification  privée 
des  fidèles  et  de  remplacer,  pour  les  chrétiens  épris  de  musique, 

î  Daniel,  Ibid.,  pp.  14-16. 

2  Labbé,  Conc.  t.  V,  p.  841.  Par  contre  les  conciles  d'Agde  (506),  de  Tours  (567)  et  de 
Tolède  (633)  prescrivirent  les  hymnes  ambrosiennes. 

3  II  n'en  est  pas  question  dans  le  XJe  Ordo  romanus,  de  Benoît,  chanoine  de  Saint 
Pierre,  document  dédié  à  Guido  de  Castello,  plus  tard  pape  sous  le  nom  de  Célestin  II 
(1143-1144).  Patr.  lat.  de  Migne,  t.  LXXVIII  {S.  Gregorii  M.  op.,  t.  IV),  p.  1025  et 
suiv.  —  C'est  là  encore  une  des  causes  qui  m'empêchent  de  croire  à  l'authenticité  des 
hymnes  attribuées  à  saint  Grégoire  le  Grand. 

4  Aies  diei  nuntius  (mardi  à  Laudes),  Nox  et  tenehrae  et  nubila  (mercredi),  Lux  eue 
surgit  aurea  (jeudi).  L'hymne  que  l'Église  chante  à  la  fête  des  Innocents,  Salvete  flores 
martyrum,  est  depuis  des  siècles  l'objet  d'une  juste  admiration. 

î  Allusion  dans  le  Cathemerinon  (hymne  IX)  :  «  Da  puer  pkctrum,  choreis  ut  canam 
*  fidelibus  Dulce  carmen  et  melodum,  gesta  Christi  insignia  : ....  Hune  laudet  lyra  ». 


CH.  III.  —  IIYMNODIE  LATINE. 


79 


les  hymnes  citharodiques  adressés  aux  dieux  du  paganisme  '.  Sous 
le  rapport  de  la  variété  métrique,  l'hymnographe  chrétien  n'est 
inférieur  à  aucun  poète  du  siècle  d'Auguste.  On  trouve  chez  lui  la 
plupart  des  coupes  de  vers  usitées  dans  la  lyrique  romaine*. 

§  57.  Les  hymnographes  de  date  postérieure,  tous  clercs  ou 
moines,  et  poètes  d'un  talent  ordinaire,  revinrent  à  la  manière 
plus  simple  de  saint  Ambroise.  On  continua  pendant  tout  le 
moyen  âge  et  jusqu'à  l'époque  moderne  de  composer  des  ainbro- 
siani  plus  ou  moins  corrects.  Seules  quelques-unes  des  formes 
métriques  les  plus  faciles  de  Prudence  reparaissent  plus  tard. 

I.  Le  tctramctre  trochaiqiie,  le  vers  favori  du  chant  populaire 
des  anciens  Romains  3,  adapté  à  l'allure  grave  de  l'hymnodie 
catholique,  est  repris  au  VL  siècle  par  Venance  Fortunat,  le  plus 
original  des  poetae  minores  du  christianisme  "♦.  Les  strophes  sont 
de  trois  vers. 


XIII'  siicU. 


Chant 
primitif. 


Mode  dorien. 


m    ■- 


-■    ■ 


Paît- ge    lin  -  gtia  glo-  ri  -  o  -  si 

* 


:Étz=t 


rt: 


-I— M 


£3= 


proe  -  H  -  um    cer  -  ta  -  mi  -  nis 


iH^ii^^^ 


^ ■■■■■■  ■ 

t=!=î=-=^=i=^t^ 

Et    su-per  cru  -  cis     tro  -pae  -  o 


die      tri  -  tim-phum    no  -  bi  -  lem, 
* 


^:^gbggEpgEËEg^^^E|Eg| 


I  Un  passage  de  saint  Grégoire  parle  encore  de  ces  chants  païens  au  commencement 
du  Vile  siècle  :  «  Quia  in  uno  se  ore  cum  Jovis  laudibus  Christi  laudes  non  capiunt. 
«  Et  quam  grave  nefandumque  sit  episcopis  canere  quod  nec  laico  religioso  conveniat, 
«  ipse  considéra  ».  Ep.  XI,  54  (Migne,  p.  1171). 

*  ïambes  dimètres  et  trimètres,  trochées  tétramètres,  dactyles  en  tétrapodies,  anapestes 
de  marche  (dans  le  beau  chant  funèbre,  Deus  ignée  fons  animarmn);  vers  archiloquiens, 
glyconiens;  strophe  sapphique,  etc. 

3  Chansons  satiriques  sur  Jules  César,  refrain  militaire  des  soldats  d'Aurélien 
(IlJe  siècle),  Pervigiliiim  Veneris  (IV^  siècle).  Ce  rythme  gracieux  et  essentiellement 
dansant,  qu'on  ne  perd  pas  de  vue  pendant  tout  le  moyen  âge,  vit  encore  aujourd'hui 
dans  le  saltarello  romain,  dans  la  tarentelle  napolitaine. 

4  Déjà  saint  Hilaire  l'avait  introduit  à  l'église  (ci-dessus  p.  64). 


8o 


CH.  III.  —  HYMNODIE  LATINE. 


a 


Qua-  H  '  ter     re  -  dem-ptor    or  -  bis  im  -  vio  -  la  -  ttcs      vi   -    ce  -   rit. 


H 


II.  Le  trimetre  iambique^  également  un  des  rythmes  courants 
de  la  chanson  antique,  se  rencontre  dans  les  hymnes  consacrées 
aux  deux  grands  patrons  de  Rome,  saint  Pierre  et  saint  Paul. 
(Les  strophes  sont  de  4  ou  de  5  vers.) 


Mélodie 
actuelle. i 


Chant 
primitif. 


lastien  intense. 
Au 


/?( 


et      de    -    co 


re 

* 


:t: 


De  -  co  -  rans 


cae  -  los 


in    -    cly  -  to      mar    -    ty 


fiz:l=:È3=^==— t=Et=iï=^zi:= 


:2iz3fz= 


fcr=fii 


î 


Hac 

* 


di    -    e,      Quae     dat       re    -    is       ve    -    ni 


— tzzz 


l=ë=P= 


-G— 


'=zz;p=Fzs 


III.   Un    cadre    métrique    moins    simple    reprend   faveur   plus 
tard    dans    l'hymnodie    ecclésiastique.    C'est    l'élégante    strophe 


I  De  préférence  à  mon  antiphonaire  du  XIII<;  siècle,  je  suis  la  version  de  Trêves  et, 
par  moments,  celle  des  Bénédictins  {Hymni  etc.  Solesmes,  p.  88)  sur  le  texte  Jam  bone 
pastor.  Elles  me  paraissent  s'éloigner  le  moins  de  la  mélodie  originaire. 


cil.  III.  —  HYMNODIE  LATINE.  8i 

saphique  (voir  ci-dessus  p.  58),  si  aimée  des  lyriques  latins'. 
Elle  apparaît  assez  fréquemment  à  partir  de  l'époque  carlovin- 
gienne. 


j  ; 

ut   que  ■ 

1       J     iV 

•  •       •      • 
•  ant        la  -  xis 

•  •  ■ 

reso    - 

m 
na 

-  re     fi  - 

• 

bris 

Mi  -  ra 

gô    -    sto-rum 

famu 

-    li 

tu  -  0  - 

rum, 

Sol  -  ve 

pol    -     lu  -  ti 

labi     ■ 

■     i 

re  -  a  - 

tnm. 

^      J      m 
San  -  cte 

^          1 

•          ■ 

Jo    -    an  ■ 

• 
-  nés. 

Paul  Diacre  (vers  780). 

Mais  au  VHP  siècle,  et  bien  longtemps  avant,  le  rythme 
des  vers  chantés  avait  cessé  de  se  régler  sur  la  quantité.  La 
mélodie,  quand  elle  était  syllabique,  se  mesurait  en  mettant  les 
temps  forts  sur  des  voyelles  accentuées. 

&       I      I      I    I      I       I    I     I      I      I      I    I      I       I 

/  //  '  '  "  . 

ut     que-ant        la  -  xis        re  -  so  -  na-re         fi  -  bris 

I  II  r  " 

Mi  -  ra    ge    -    sto  -  rum       fa  -  mu  -  li     tu     -     o  -  rum, 

I  '  I  r  II 

Sol  -  ve   pol    -    lu  -  ti         la  ■  bi   -   i      re    -    a  -  tum, 

J   J   J  I  J   J  II 

San  •  cte    Jo    -    an  •  nés. 

Lorsque  le  dessin  mélodique  était  plus  ou  moins  orné,  le 
rythme  devenait  tout  à  fait  libre.  Il  n'y  a  conséquemment,  dans 
cette  sorte  d'hymnes,  aucune  corrélation  entre  la  rythmopée 
métrique  du  vers  et  l'accentuation  de  la  mélodie. 

'   Deux  autres  genres  de  strophes  se  rencontrent  par  exception; 
1°  le  distique  élégiaque  : 

2       _^.    |_-..|_f..    I 1-^-^1 I 

Glo  -  ria,    laus  et  ho  -  nor      tibi      sit  rex  Chri-ste,  re  -  demptor 

Cui   pue  -   ri  -  le  de  -  eus      prompsit  Ho  -  san-na  pi  -  um. 

Théodulphe,  évêque  d'Orléans  (vers  800). 
2°  la  strophe  asclépiade  troisième  : 

San-cto  -rum  meri  -  tis      in-clyta    gau-di  -  a 

Pan-ga  -  mus  soci    -    i      ge-staque   for-ti  -  a, 

Nam  gli  -  scit    ani  -  mus    pro-mere    can  •  ti  -  bus 

-     >    I    -     ^  ^    I   -     ^\^     Il 

Vi-cto  -  rum  genus     0  -  pti-  mum. 

Anonyme. 


82  CH.  III.  —  HYMNODIE   LATINE. 

§  58.  En  somme  l'hymnographie  latine,  considérée  comme 
genre  littéraire,  parvint  dès  son  origine  à  son  point  de  culture  le 
plus  élevé;  déjà  à  la  seconde  génération  elle  entre  dans  l'âge  des 
imitateurs,  pour  n'en  plus  sortir.  Quant  à  la  partie  musicale,  nous 
devons  constater  une  médiocre  fécondité  d'invention  pendant  le 
long  espace  de  temps  qui  nous  sépare  de  saint  Ambroise.  Les 
anciennes  mélodies  hymnétiques  parvenues  jusqu'à  nous  sont  en 
nombre  assez*  restreint  :  soixante  à  peine,  dont  une  vingtaine 
tout  au  plus  offrent  un  intérêt  réel  au  musicien.  Toute  cette 
branche  de  l'art  chrétien,  étant  restée  en  dehors  de  la  sphère 
d'activité  de  l'école  romaine,  pendant  la  durée  entière  de  la 
composition  de  l'Antiphonaire,  n'a  pu  participer  que  dans  une 
faible  mesure  au  développement  du  chant  liturgique. 


CHAPITRE    IV. 


LES   CHANTS   ANTIPHONIQUES   DE    L'OFFICE    ROMAIN. 
Section  I.   —  Origines. 


't>  ' 


§  5g.  Enfin  nous  arrivons  à  l'objet  spécial  de  notre  examen  : 
les  antiennes  de  l'office  des  Heures.  Nous  n'avons  plus  affaire  ici 
à  une  poésie  musicale  d'inspiration  individuelle  et  dont  tous  les 
éléments  techniques  —  mètre,  rythme,  mélos  —  sont  pris  dans 
l'art  gréco-romain  ;  à  un  genre  de  chant  resté  à  moitié  hors  de 
l'église  et  destiné  par  sa  nature  même  à  servir  de  trait  d'union 
entre  la  vie  privée  et  le  culte  public.  Les  cantilènes  dont  nous 
nous  occuperons  désormais  ont  généralement  pour  texte  les 
paroles  même  de  l'Ecriture  sainte;  elles  ne  connaissent  d'autre 
rythme  que  le  parallélisme  de  la  poésie  des  Hébreux  et  n'ont 
retenu  de  la  musique  de  l'antiquité  profane  que  l'élément  imposé 
par  le  milieu  historique  et  social  :  les  modes  sous  leur  forme  con- 
crète, c'est-à-dire  les  motifs  mélodiques  généralement  répandus 
dans  le  monde  romain.  Le  domaine  exclusif  du  chant  anti- 
phonique  est  le   service  divin. 

§  60.  1^' antiphone  ou  antienne  constitue  une  partie  essentielle  de 
la  psalmodie  à  deux  chœurs  alternatifs;  c'est  une  cantilène 
entonnée  par  le  préchantre  avant  le  psaume  ou  le  cantique 
biblique,  et  qui  se  répète  en  chœur,  le  psaume  ou  le  cantique 
terminé.  Musicalement  elle  forme  l'introduction  et  le  final  du 
chant  psalmique,  auquel  elle  se  relie  par  la  communauté  de 
mode'. 

«  Le  pèlerinage  de  Silvia  aux  lieux  saints  (de  385  à  388),  le  plus  ancien  document 
latin  qui  mentionne  ce  genre  de  chant,  énumère  toujours  séparément  les  antiphonae  et- 


84  CH.  IV.  —  ORIGINE  DES  ANTIENNES. 

§  6i.  Aussi  bien  son  origine  est  purement  musicale.  On  a  vu 
que  chez  les  Anciens  tout  morceau  de  chant  était  précédé  d'un 
prélude  instrumental  (p.  34),  dont  le  but  technique  était  d'incul- 
quer à  l'auditeur  (et  à  l'exécutant  lui-même)  le  ton  et  le  mode  de 
la  mélodie  vocale.  Lorsque  l'Église  adopta  la  psalmodie  collective, 
une  formule  musicale  de  même  genre  devint  indispensable  pour 
indiquer  au  chœur  des  fidèles  l'air  et  le  diapason  du  psaume  à 
chanter.  Or  les  instruments  n'ayant  pas  accès  au  sanctuaire, 
leur  rôle  passa  à  la  voix  du  préchantre,  et  le  prélude  se  trans- 
forma en  une  antienne ^  tantôt  vocalisée  sans  autre  texte  que  les 
syllabes  du  mot  hébraïque  Alléluia,  tantôt  chantée  sur  un  verset 
tiré  de  la  Bible. 

Aux  premiers  temps  du  chant  antiphonique,  la  mélodie  du 
psaume,  susceptible  d'une  assez  grande  variété^,  était  donc 
musicalement  le  principal  ;  l'antienne,  très  courte  sans  doute, 
n'était  que  l'accessoire  :  une  simple  entrée  en  matière^,  servant 
aussi  de  formule  terminativC.  Plus  tard  le  rapport  s'intervertit. 
L'introduction  mélodique  prit  souvent  de  l'extension,  attirant  à 
elle  tout  l'intérêt  musical  :  on  la  reprit  parfois  dans  le  corps  du 
psaume  en  guise  de  refrain  périodique^;  les  cantilènes  psalmo- 

les  psalini.  Voir  Duchesne,  Origines  du  culte  chrétien,  p.  46g  et  suiv.  —  L'écrivain 
ecclésiastique  Cassien  (vers  420)  fait  également  la  distinction  très  nette.  «  Quidam  enim 
«  vicenos  seu  trecenos  psalinos,  et  hos  ipsos  antiphonaruin  protelatos  inelodiis,  et  adjunc- 
«  tione  quarumdam  modulationum  debere  dici  singulis  noctibus  censuerunt.  »  De  coeno- 
bioruin  institutis,  1.  II,  c.  2.  Magna  Bibl.  vet.  Patr.,  t.  VII,  p.  20.  —  Le  mot  antiphona  est 
étranger  au  vocabulaire  de  saint  Ambroise,  de  saint  Jérôme,  de  saint  Augustin. 

I  «  Antiphona  inchoatur  ab  uno  unius  chori,  et  ad  ejus  symphoniam  psalmus  cantatur 
«  per  duos  choros.  »  Amal.,  Ojf.  eccl.,  1.  IV,  c.  7.  —  «  Recte  secundinn  ejus  tonum  melodia 
«  psalmi  informatur.  »  Durand,  liturgiste  du  XlIIe  siècle,  cité  par  d'Ortigue,  Diction- 
naire  de  plain-chant,  p.  132.  —  «  Sententias  illas  quae  psalmos  antecedunt  et  cantica  usu 
«  vocari  antiphonas,  non  quia  alternatim  a  diversis  choris  cantentur  ;  sed  quia  sicut 
«  claves  et  indices,  ad  quorum  modulationem  ac  sonum  sequens  canticum  psalmusque 
«  alternatim  cantatur.  »  Ant.   Ferez,  ibid. 

*  Au  X«  siècle  encore  les  psaumes  avaient  des  intonations  plus  diverses  qu'aujour- 
d'hui. Voir  la  Commemoratio  dans  Gerbert,  Script.,  t.  I,  p.  213  et  suiv. 

3  Ce  que  les  Anciens  appelaient  un  endosiinon.  Voir  ci-dessus,  p.  34,  note  3. 

4  La  répétition  de  l'antienne  après  la  doxologie  date  de  l'époque  primitive.  «  Hanc 
«  vero  glorificationem  Trinitatis  tantummodo  solere  antiphona  terminari  [audivimus] .  » 
Cassien,  De  coen.  instit.,  1.  II,  c.  8.  Magn.  Bibl.  vet.  Patr.,  t.  VII,  p.  2t.. 

5  Cette  combinaison  est  usitée  pour  le  psaume  94,  Venite,  exsultemus  Domino  :  régu- 
lièrement à  rinvitatoire,  par  exception  au  III''  nocturne  de  l'Epiphanie. 


CH.  IV.  —  ORIGINE   DES  ANTIENNES.  85 

diques,  au  contraire,  se  convertirent  à  la  longue  en  une  formule 
stéréotypée  pour  chaque  mode. 

§  62.  Instituée  par  l'Eglise  d'Antioche  au  milieu  du  IV"  siècle', 
la  psalmodie  antiphonique  se  propagea  rapidement \  Milan  fut  la     y 
première  ville  d'Occident  où  elle  prit  pied.  Saint  Ambroise  l'intro-  v 
duisit  dans   le   service   quotidien   du  culte,  en  même  temps  que 
ses  hymnes,  et  la  plupart  des  autres  communautés  catholiques 
d'Italie,  de  France  et  d'Espagne  en  firent  autant^ 

Rome,  on  l'a  vu,  n'accueillit  pas  les  hymnes  dans  son  office 
local  (p.  78)  ;  mais  elle  adopta  la  psalmodie  antiphonique  au 
temps  du  pape  saint  Célestin  I  (422-432),  peu  d'années  après  le/ 
pillage  d'Alaric^  A  partir  de  cette  époque,  l'histoire  du  chant 
liturgique  se  concentre  entièrement  dans  la  métropole  de  la 
chrétienté  occidentale  ;  c'est  là  que  l'art  ecclésiastique  devait 
parcourir  toutes  les  phases  de  son  évolution.  Déjà  saint  Léon 
le  Grand  (440-461),  le  deuxième  successeur  de  Célestin,  donna 
une  organisation  durable  au  chant  de  l'office  en  établissant 
dans  le  voisinage  immédiat  de  la  basilique  de  Saint-Pierre  une  | 
communauté  monastique  spécialement  chargée  du  service  des 
Heures  canoniques.  Ce  monastère,  placé  sous  l'invocation  des 
SS.  Jean  et  Paul 5,  et  auquel  deux  autres  vinrent  s'adjoindre  par 

ï  Cf.  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  14,  note  3. 

2  L'auteur  de  la  Peregrinatio  ad  loca  sancta  entendit  chanter  ainsi  l'office  à  Jérusaleno 
de  385  à  388.  Cf.  Duchesne,  Orig.  du  culte  chrétien,  p.  472  et  suiv. 

3  Nous  avons  à  cet  égard  le  témoignage  d'un  contemporain,  d'un  familier  de  saint 
Ambroise,  son  secrétaire  [notariiis)  :  «  Hoc  in  tempore  primum  antiphonae,  hymni  ac 
«  vigiliae  in  ecclesia  Mediolanensi  celebrari  coeperunt.  Cujus  celebritatis  devotio  usque 
«  in  hodiernum  diem,  non  solum  in  eadem  ecclesia,  verum  per  omnes  pêne  occidentis 
«  provincias  manet.  »  Paulin,  Vita  S.  Ambrosii,  13  (dans  l'éd.  bénéd.  des  oeuvres  du 
saint,  t.  II,  appendice,  p.  iv). 

4  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  14. 

5  Voici  ce  que  nous  lisons  à  ce  sujet  dans  le  Liber  Pontificalis  de  M.  l'abbé  Duchesne  : 
«  Léo,  natione  Tuscus...  sedit  annos  XXL..  Hic  constituit  monasterium  apud  beatum  Petrum 
«  apostolum,  quod  nuncupatur  sanctorum  Johannis  et  Pauli.  »  T  I,  pp.  238-239;  241  note  ii. 
Avant  Léon  le  Grand  déjà,  le  pape  Xyste  (432-440),  successeur  immédiat  de  Célestin  I, 
avait  fondé  un  monastère  ad  Catacumbas,  pour  y  entretenir  l'office  divin  avec  une 
régularité  qu'on  n'eût  pu  obtenir  du  seul  clergé  paroissial.  Ibid.,  p.  236,  note  13.  La 
plupart  des  moines  employés  à  chanter  l'office  étaient  laïques.  Ibid.,  p.  410,  note  6. 
Dans  un  sermon  prononcé  le  jour  de  la  fête  de  la  Chaire  de  Saint-Pierre  à  Rome,  Léon  le 
Grand  fait  allusion  au  chant  antiphonique.  «  In  illa  (solemnitate)  alternantibus  hymnîdicis 
(1  angcloium  choris  est  ineffabiliter  coronatus  (princeps  apostolorum)....  Hinc  ergo  suaviter 

13 


85"  CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 

la  suite',  fut  le  berceau  de  la  schola  pontificale.  Ses  prieurs  exer- 
çaient les  fonctions  à'archichantre  à  l'église  Saint-Pierre  %  et 
avaient  mission  d'instruire  leurs  subordonnés,  clercs  ou  laïques, 
dans  la  pratique  de  la  cantilena  romana  ^.  Sans  doute  ils  étaient 
chargés  aussi  d'adapter  des  mélodies  aux  textes  liturgiques  qui, 
à  mesure  des  besoins  du  culte,  vinrent  s'ajouter  successivement 
au  fonds  primitif  des  chants  de  l'ofiice. 

§  63.  L'élaboration  de  l'ancien  recueil  des  cantilènes  anti- 
phoniques suivit  ainsi  pas  à  pas  le  développement  de  la  liturgie 
romaine,  depuis  le  commencement  du  V"  siècle  jusqu'à  la  fin 
du  VIP,  époque  où  la  collection  paraît  s'être  incorporé  ses 
derniers  éléments.  C'est  à  l'ombre  du  sanctuaire  apostolique  que 
s'éleva  ce  monument  primitif  de  la  musique  chrétienne,  l'Anti- 
phonaire  romain,  dont  les  chants  retentissent  aujourd'hui  dans 
les  cinq  parties  du  monde,  —  a  solis  ortu  usqiie  ad  occasum,  — 
partout  où  les  louanges  de  Dieu  se  célèbrent  dans  l'antique 
langue  du  Latium. 

Section  II.   —  Les  modes  du  chant  antiphonique. 

§  64.  Nous  retrouverons  ici  toutes  les  formes  et  combinaisons 
modales  que  l'hymnodie  latine  a  prises  à  l'art  antique  (ci-dessus, 
p.  68  et  suiv.).  Aucune  différence  dans  la  structure  harmonique  des 
échelles  n'arrêtera  notre  attention.  Mais  comme  l'examen  portera 
sur  des  centaines  de  chants,  nous  aurons  l'occasion  de  constater 
une  diversité  beaucoup  plus  grande  dans  la  facture  de  la  mélodie  ; 
à  côté  d'antiennes  très  courtes,  syllabiques,  comme  celles  du 
psautier  hebdomadaire,  nous  rencontrerons  des  cantilènes  ample- 
ment développées  et  parsemées  de  mélismes,  surtout  parmi  les 

«  modulantium    symphoniae   resonent...  Nihil   dissonum   comprehendatur  in  vocibus.  » 
S.  Leonis  opéra.  Lyon,  Certe,  1700,  t.  I,  p.  184. 

»  L'existence  d'un  second  monastère,  dédié  à  Saint-Martin,  se  constate  pour  la  dernière 
moitié  du  VII^  siècle  (voir  la  note  suivante)  ;  le  troisième  (Saint-Étienne)  est  nommé  avec 
les  deux  autres,  sous  Grégoire  III  (731-741).  Duchesne,  Lib.  Pont.,  t.  I,  p.  422. 

2  II  en  fut  du  moins  ainsi  pour  l'abbé  Jean,  le  prieur  du  monastère  de  Saint-Martin, 
que  le  pape  Agathon  envoya  en  Angleterre,  l'an  680,  pour  y  enseigner  le  chant  de  l'office, 
tel  qu'il  avait  été  récemment  réorganisé  à  la  basilique  pontificale.  Voir  les  extraits  de 
Bède  dans  les  Orig.  du  chant  lit.,  p.  63. 

3  Voir  la  lettre  du  pape  Paul  is""  (757-767),  Ibid.,  p.  67. 


CH.  IV. 


MODES  DES  ANTIENNES. 


87 


antiennes  des  cantiques  de  l'Évangile  [Benedictns  et  Magnificat). 
Nous  remarquerons  une  diversité  analogue  dans  le  parcours  du 
dessin  vocal,  un  des  points  les  plus  caractéristiques  de  la  mélopée 
homophone,  et  sur  lequel  nous  fixerons  principalement  le  regard, 
en  faisant  passer  sous  nos  yeux  les  modes  du  chant  antiphonique. 
§  65.  Des  trois  échelles  modales  réputées  indigènes  en  Grèce, 
la  dorienne,  la  plus  usitée  au  temps  du  paganisme,  occupe  le 
moins  de  place  dans  le  chant  chrétien'.  Quelques  mélodies  de  ce 
mode,  les  plus  simples,  se  confinent  dans  la  partie  essentielle  du 
parcours,  la  quinte  modale  t?  —  E  (ex.  i)  ;  mais  la  plupart  occupent 
un  plus  grand  espace  :  la  sixte  c  —  E  (ex.  2),  la  septième  c  —  D 
(ex.  3)  ou  l'octave  d  —  D  (ex.  4).  Cette  dernière  étendue,  rare- 
ment dépassée  à  l'aigu,  ne  l'est  jamais  au  grave. 


A     vi  -  ro     in   -   i  -  quo 

(Fer.  VI  ad  Vesp.j 


li   -   be  -  ra     me     Do-mi  -  ne.     Ps.  139. 


^ 


Haec     est       ge  -   ne  -   ra 


qtiae  -  ren  -  ti  -  um      Do 


mt  -  mim. 


qiiae  -  ren  -  ti  -  um      fa  -  ci  -  em    De    -    i      Ja  -  cob.         Ps.  23. 
De  plur.  Mart.  in  III  noct.^  (nunc  in  festo  Omn.  SS.).  La  mélodie  d'après  Pustet. 


1  II  y  a  toutefois  lieu  de  remarquer  qu'on  rencontre  le  mode  dorien  dans  un  des  plus 
anciens  chants  connus,  le  Te  Deiim.  La  Préface  aussi  paraît  avoir  eu  primitivement  la 
finale  dorienne. 

2  L'indication  des  offices,  lorsqu'elle  ne  se  trouve  pas  entre  parenthèses,  est  donnée 
'd'après   le  Liber  responsalis   pseudo-grégorien  {S,  Greg.   M.  opp.   Patr.    lat.  de  Migne. 

t.  LXXVIII,  p.  725  et  suiv.),  lequel  contient  le  texte  des  antiennes  de  l'office  (sauf  celles 
du  psautier),  ainsi  que  les  répons  et  les  versets.  Tel  que  ce  recueil  a  été  publié  par  les 
Bénédictins,  c'est  une  compilation  désordonnée  formée  en  France,  et  dont  les  éléments 
les  plus  récents  ne  sont  pas  antérieurs  au  milieu  du  IXe  siècle.  L'écrit  fondamental,  qui 
.présente  quelques  lacunes,  est  d'origine  romaine;  il  se  compose  de  la  réunion  d'un 
antiphonalè  et  d'un  responsale  du  VlIJe  siècle,  semblables  à  ceux  dont  s'est  servi  vers  830 
le  diacre  Amalaire  (voir  la  préface  de  son  livre  De  ordine  antiphonarii).  Le  Responsale 
gregorianum,  que  nous  décrirons  avec  plus  de  détail  dans  la  note  D  de  l'appendice, 
réclame  impérieusement  une  édition  critique  :  belle  tâche  pour  les  RR.  PP.  de  Solesmes 
ou  d€  Maredsous. 


S8 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


^: 


Con  -fi    -   te  -  bor       Do  -  mi  -  no  ni  -  mis     in 

(Sabb.  ad  Noct.j  Ps.-Hucbald,  Enchir.,  Gerb.  Script,  t.  I,  p.  157. 


Ps.  108. 


Haec       est 


qiiae 


vit 


to 


de 


li    -   cto 


ha-  be  -  hit  fru-ctum  in     re  •  spe  -  cti    •    0  -  ne         a    •    ni-ma-rum  san-cta-rum. 

De  Virg.  in  I  noct.  —  Seul  parmi  les  modernes,  Pustet  a  conservé  la  dominante  primitive  du  Ille  mode  (Q). 

§  66.  L'harmonie  préférée  de  l'hellénisme  oriental,  Viastienne, 
s'est  conquis  la  plus  large  place  dans  le  chant  des  chrétiens 
d'Occident;  ses  trois  formes  remplissent  la  majeure  partie  de 
l'Antiphonaire'. 

I.  Uiastien  relâché,  la  forme  la  plus  fréquente,  a  pris  pour  son 
domaine  propre  l'octave  phrygienne    (D   ct|   a   G   FE   D). 


Be  -  a    -    ta       es       Ma  -  ri  -  a, 


quae   cre  -  di  -  di  •  sti        Do 


ï 


^— ■— ^ 


per -fi  -  ci  •  en  -  tur    in     te  quae  di  -  cta     sunt  ti   -  bi        a     Do-mi 


Dom.  III.  Adv.  in  Evangelio^.  Le  début  d'après  Réginon. 


_     Al  -  le  -   lu  -  ta. 


Mais  le  plus  souvent  l'échelon  supérieur  n'est  pas  atteint,  et  la 
cantilène  ne  s'éloigne  de  la  fondamentale  iastienne  (G)  que  d'une 
quarte,  tant  à  l'aigu  qu'au  grave.  Une  telle  disposition  de  l'échelle, 
oià  la  corde  principale  occupe  le  centre  exact  du  dessin  mélodique, 
paraît  avoir  été  fort  admirée  des  Anciens  ^ 

1  Le  Tonarius  de  Réginon  contient  à  peu  près  680  antiennes  du  mode  iastien  (VU», 
VIII«,  IV«  modes  ecclésiastiques),  350  antiennes  du  mode  éolien  (If""  et  par  exception  II«), 
100  du  mode  dorien  (III»). 

2  Dans  le  Resp.  greg.  l'expression  in  Evangelio  désigne  les  antiennes  adjointes  à  l'un 
ou  à  l'autre  des  deux  grands  cantiques  de  l'Évangile,  le  Benedictus  et  le  Magnificat. 

3  Peut-être  est-ce  là  cette  forme  merveilleuse  de  l'échelle  iastienne  {rpôifoç  ôa,vixa,(rros 
àpij.ov)xi)  dont  Héraclide  du  Pont  (Athénée,  XIV,  625)  attribue  l'invention  au  vieux 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


89 


^: 


Da  -  bo  in       Si     -     on  sa     -     lu   -  tem. 


et       in      Je  -  ru     -     sa   -   lem     glo  -  ri   -  am      me    -  am, 

Dom.  m  Adv.  ad  Laud.  (Cf.  O  lux  beata  Triiiitas.  p.  71).  Le  début  d'après  Rig 


al  -  le    -    lu  -  ta. 


Les  chants  les  moins  étendus  ne  dépassent  pas  au  grave  la 
finale  de  plus  d'un  degré,  et  se  renferment  conséquemment  dans 
la  quinte  c  —  F. 


fc 


î 


B 


Me-men-to      me  ■  i,    Do -mi -ne,      dum    ve  -  ne  -  ris         in      re  -  gnum    tu  -  um. 
De  Parasceve  ad  Laud.  Le  début  d'après  Rég. 

II.  LiHastien  normal  a  pour  étendue  la  plus  petite  sa  quinte 
modale,  d  ctj  a  g  (ex.  i),  intervalle  qui  s'élargit  graduellement 
par  l'annexion  du  6"  degré  ascendant,  e  (ex.  2),  du  degré  au-des- 
sous de  la  finale,  F  (ex.  3),  et  du  y  degré  ascendant,  f  (ex.  4).  Un 
petit  nombre  d'antiennes  monte  jusqu'à  l'octave  de  la  fondamen- 
tale, g  (ex.  5). 


i^ 


Ma-gni-fi  -  ca-tus  est     rex  pa  -  ci  -  fi  -  eus     su-per  o-mnes  re  -  ges  u  -  ni-ver-sae  ter-rae. 
Vig.  Nat.  Dhi  ad  Laud.  Le  début  d'après  Rég. 


Tu     es     Pe-trtis,      et  su-per  hanc  pe-tram      ae  •  di  ■  fi-ca-bo  Ec-cle  -  si-am  tne-am. 
De  S.  Petro  ad  Laud.  Le  début  dans  Rég. 


^3^*^ 


^ 


Di-xit  Do -mi-nus        Do  -  mi -no  me    -   o  :       Se -de      a    dex  •  tris  me  •  is.    Ps.  109. 

(Dom.  ad  Vesp.).  Ibid.  Comp.  la  scolie  funéraire,  p.  46. 

poète  ionien  Pytherme.  —  Dans  l'harmonie  cosmique  des  néo-pythagoriciens,  qui  faisait 
correspondre  à  chacun  des  principaux  corps  célestes  un  des  sons  de  l'heptacorde  (voir 
Boèce,  Mus.,  l,  27),  le  Soleil  répondait  à  la  corde  médiane. 


go 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


^      ■ 

^^     1 

■  ■ 

■     ■           bH 

i 

■ 

■     "^ 

^ 

-    ■    ■ 

Vo 

ce     me 

a 

ad  Do-mi-num 

cla-ma-vi  : 

N 

_ 

1 

S 

■     ■ 

-            ■     ' 

m^                        1 

■     ■     ■ 

et    ex -au  -  di-vit   me  de  mon-te    san-cto      s»  -  o.      Ps.  3. 

De  uno  Mart.  in  I  noct. 


Ve  -  ni   Do  •  mi  -  ne  vi  •  si  -  ta  -  re   nos  in      pa  -  ce. 


ut       lae  -  te-mnr  co-ram    te       cor  -  de    per -fe-cto. 
Sabb.  ante  Dom.  II  Adv.  in  Evang.  Le  début  dans  Rég. 

III.  Dans  les  antiennes  de  l'office,  comme  dans  les  hymnes, 
Viastien  intense  ne  se  distingue  guère  du  normal,  sinon  par  sa 
terminaison  sur  sit|  et  par  son  anibitus  plus  court.  Il  ne  descend 
pas  au-dessous  de  la  fondamentale  iastienne  ;  à  l'aigu  il  s'arrête 
d'habitude  devant  le  degré  dissonant  (f),  fausse  quinte  du  son 
final  (Cf.  Conditor  aime  sidertim,  p.  72). 


^ 


Vi-gi  -la -te    a-  ni  -  mo,  in    pro-xi-mo     est     Do  -  mi-nus  De  -  tis    no-ster. 

Fer.  y  ante  Vig.  Nat.  Dni  in  Evang.  Le  début  dans  Rég.  Cf.  Commem.,  p.  223. 
2. 


>k                          ^BB.      ■■■.■■ 

5            ■    ■^           '           ■                      ■ 

B      ■ 

Ex  Ae  -  gy  -  pto          vo  -  ca  -  vi    fi  -  li  -  uni  me-um 

; 

\                       ■        H        B                                                                  ■ 

<         B               'B.k         ■■               BB 

ve  -  ni  -  et     ut    sal  -  vet      po  -  pu-ltim  su-um. 
Fer.  VI  post  Dom.  I  Adv.  in  Evang.  Notre  version  est  justifiée  au  ch.  VII. 

On  voit  que  la  fondamentale   harmonique  se  répercute   rare- 
ment ;  des  fois  même  elle  est  simplement  sous-entendue. 


^ 


~m      B- 


In      man  -  da  -  tis       e   -  jus       eu    -    pit       ni  -  mis.     Ps.  m. 

(Dom.  ad  Vesp.)  Le  début  dans  Rég.  , 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES.  gt 

IV.  Il  existe  une  variété  exceptionnelle  de  l'iastien  normal,  que 
nous  ne  trouvons  mentionnée  nulle  part  chez  les  Anciens.  Carac- 
térisée par  sa  terminaison  sur  le  degré  supérieur  de  la  quinte 
modale  (d),  elle  n'est  représentée  dans  les  antiennes  de  l'office 
que  par  un  thème  unique'. 


f" "^   ■   ■■     ^^=H 


Nos  qui    vi  -  vi  -  mus         he  -  ne  -  di  -  ci-mus  Do  -  mi  -  no.      Ps.  113. 

(Dom.  ad  Vesp./.  Notée  dans  la  Cnmmem.,  p.  218. 

§  67.  Après  l'iastien,  mode  essentiellement  multiple,  Véolien, 
l'harmonie  commune  de  la  musique  grecque,  occupe  dans  l'antipho- 
naire  de  l'office  la  plus  large  place,  bien  qu'il  ne  possède  aucune 
variété  secondaire.  Apulée  définit  les  deux  modes  d'une  manière 
concise  et  frappante  :  lastius  varius,  Aeolins  simplex^.  La  simplicité 
de  l'éolien  se  manifeste  dans  l'étendue  restreinte  de  ses  cantilènes 
antiphoniques  :  la  plupart  de  celles-ci,  de  même  que  les  fragments 
éoliens  conservés  en  notation  grecque,  se  renferment  dans  la 
quinte  modale,  e  d  ct^  a  (ex.  i),  ou  ne  la  dépassent  que  d'un 
degré  au  grave  (ex.  2). 


^ 


:E 


Ec  -  ce      ve  •  re     Is  -  ra  -  e  -  H    -    ta         in    quo    do  -  lus     non      est. 

De  Conf.  ad  Laud.  (antiph.  du  XlIIe  siècle).  Cf.  Hucbald,  Mus.,  Gerb.,  Script.,  t.  I,  p    109. 


Ti"    ■   ■   .    . j 


De-us    a   Li  •  ba-no     ve-ni-et,        et    splendor  e     -     jus       si-cut  lu-men    e-  rit. 
Fer.  VI  ante  vig.  Nat.  Dhi  ad  Laud.  Le  début  d'après  Rég. 

Un  certain  nombre  d'antiennes  utilisent  le  6"  degré  ascendant, 
f  (ex.  3),  d'autres  vont  jusqu'au  7",  g  (ex.  4).  L'octave  de  la 
fondamentale  (aa)  reste  généralement  sans  emploi. 

'  En  1875  j'attribuais  cette  sorte  de  cantilènes  liturgiques  au  mode  phrygien  (voir 
ci-dessus,  p.  13,  note  2);  une  étude  plus  approfondie  m'a  démontré  l'impossibilité  de 
l'assimilation.  L'origine  de  la  nomenclature  grecque  des  échelles  tonales  devient  tout  à 
fait  inintelligible  si  l'on  n'admet  pas  que  les  cantilènes  phrygiennes,  comme  les  doriennes 
et  les  lydiennes,  avaient  leur  parcours  entier  à  l'aigu  du  son  final. 

a  Flor.,  I,  4. 


93 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


H            M                 1           H                  ■            ^                                                     ^ 

^                                                           H         ""            ^^^^            ^^ 

1  -«      -  ■  ■ 

■"     " 

^                                                           ■                              ■ 

Ec  -ce      pu  -  er    me    -    tis 

g    -    le-ctus  quem  e 

le  -  gi, 

^ 

1 

^    ■  ■  ■       ■  ^ 

^                 ■     ■ 

1 

»■     ■        rf"     ^     _ 

^ 

po  -  su  -  i      su-per    e   -   um     spi  -  ri  -  tuin    me-iim. 
De  S.  Joh.  Evang.  ad  Laud.  Le  début  d'après  Rég. 


''ly     ^ 


■     ■ 


Le   -    va  Je-ru-sa-lem  o   -eu-  los  tu-os,      et    vi   -   de   po-ten-ti-am  re  ■  gis  ; 


^=ï 


SE 


ec  -  ce    sal-va-tor     ve  -  nit  sol  -  ve  •  re        te      a      vin-cu-lo. 

Sabb.  ante  Dom.  II  Adv.  in  Evang.  Le  début  d'après  Rég. 

Souvent  dans  les  passages  mélismatiques  le  6^  degré  de  l'échelle 
éolienne  ascendante  (f)  subit  une  altération  chromatique.  Précédé 
ou  suivi  de  l'avant-dernier  degré  (g),  il  est  haussé  d'un  demi-ton  : 
f  se  change  en  fjf.  Rarement  il  en  est  de  même  lorsque  le  6''  degré 
se  trouve  à  la  fois  après  et  avant  le  5". 


r-^-jH^-J-mS^ 


^^ 


Ec    -ce        ve     -      ni  -et  De  -  us     et     ho  -  mo 


de      do  -  mo  Da  -  vid  se  -  de   -   re     in    thro  •  no,  al  -  le    -    lu  ■  ia. 

Fer,  VI  post  Dom.  I  Adv.  in  Evang.  Le  début  d'après  Rég. 
6. 


^Eî^«^ 


Ec-ce      no-vien  Do  -  mi  -  ni 


nit 


de    Ion  -  gin 


quo. 


m    ■' 


3^c 


et    cla-ri-tas     e    -  jus     re-plet      or  -  bem  ter  -  ra-rnm. 

Sabb.  ante  Dom.  I  Adv.  ad  Vesp.  in  Evang,  Le  début  d'après  Rég. 


La  notation  ecclésiastique  a  pu  éviter  la  représentation  gra- 
phique   du    dièse,    sinon    le    dièse    lui-même,    par   suite   de   la 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES.  93 

transposition    générale    des    cantilènes    éoliennes    à    la    quinte 
inférieure'. 


Ec    -ce       ve     •     ni  -et  De  •  us     et    ho  -  mo    etc. 


fe -   ■--^^^^4-.g»g^=.UH-|-.-^^Jaii^ 


$^ 


Ec  -  ce       no-inen  Do  -  mi  -  ni  ve         -         nit  de     Ion  -  gin      -      quo,etc. 

Ces  cantilènes  métaboliques  se  rattachent-elles  historiquement 
aux  tropica  des  citharèdes  du  IP  siècle  (p.  37)  ?  Cela  me  paraît 
plus  que  douteux.  Dans  les  mélodies  de  l'Église  latine  le  degré 
chromatique  n'est  qu'une  note  de  passage,  intercalée,  selon 
toute  apparence,  à  une  date  relativement  récente.  La  coïnci- 
dence n'en  est  pas  moins  digne  d'attention.  Remarquons  au 
surplus  que  le  6"  degré  ordinaire  n'est  lui-même  essentiel  dans 
aucun  thème  éolien  :  au  fond  ce  mode  est  hexaphone. 

§  68.  I.  Des  deux  espèces  de  chants  hybrides  (§  52,  p.  73)  la 
moins  fréquente  dans  l'antiphonaire  est  celle  qui  commence  en 
iastien  et  se  termine  en  éolien. 


%=. 


Po-stu  -  la  -  vi   Pa-trem  me-um,       al   -   le   -   lu     -     ia; 


lEE?^ 


de  -  dit      mi  -  hi      gen     -    tes,        al   -   le   -   lu     -     ia; 


:Êc—m: 


-m — ■- 


in      lie   -   re   -  di  -   ta  -  iem,  al  -  le    -    lu   -   ia.     Ps.  2. 

De  Resurr.  ad  Noct.  Le  début  dans  Rég. 

II.  L'espèce  la  plus  usitée,  éolienne  au  début,  finit  d'habitude  en 
iastien  intense  (cf.  Aeterne  rerum  conditor,  p.  74). 

I  Chez  les  anciens  Hellènes  les  hymnes  religieux  en  mode  éolien  se  chantaient  aussi, 
paraît-il,  dans  la  région  grave  de  la  voix,  si  l'on  s'en  rapporte  à  un  fragment  {à  Demeter) 
de  Lasos  d'Hermione  (500  av.  J.  C),  oii  l'harmonie  éolienne  reçoit  la  qualification  de 
|3apû/3jOOjU,Of ,  sonnant  au  grave. 

14 


94 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


1^~*      ^      ■      ■^-■=^W=iiL_^^ 


In  -  nu   -  e  -  bant  pa  -  tri     e    -    jus         quem  vel  -  let    vo  -  ca    •   ri        e  -  um 


1=^=^ 


et        scri  -  psit       di    -   cens  :  Jo    -   an  -  nés       est        no  -  nien      e  -  jus. 

De  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud.  Le  début  d'après  Rég. 

Par  exception  elle  prend  la  terminaison  de  l'iastien  normal. 


s 

-w 

—^ ■■ ■ ^M- 

.       1 

■      ■      - 

■ 

s— 

^ 

""■■" 

■      1 

■      ■ 

■     ■ 

Ve- 

ni  - 

te     be- 

ne  ■ 

di- 

cti    Pa  -  tris  me  - 

i, 

Pey 

■  ci  -  pi  -  te 

re-gnum, 

II 

s 

^ 

^_ 

— ■ 1 



_■_ 

_■ ■— 1— ^ 

— ■- 

— ■ ■ . 

M 

quod    vo  -  bis     pa  -  ra  -  tum     est  ab       o    -    ri    -    gi  -  ne   mun  -  di. 

'  Fer,  II  post  Dom.  I  Quadr.  in  Evang.  D'après  Pustet. 

§  6g.  Outre  les  trois  modes  qu'il  a  en  commun  avec  les 
cantilènes  ambrosiennes  et  les  restes  de  la  musique  vocale  des 
Anciens,  le  chant  antiphoniqiie  possède  une  échelle  modale  inconnue 
à  la  citharodie  gréco-romaine  comme  à  Vhymnodie  primitive.  C'est  le 
mode  hypolydien  (fe  d  ctj  a  G  F),  dont  la  structure  harmonique 
a  été  exposée  précédemment  (p.  9-11).  De  même  que  l'iastien,  il 
admet  trois  formes,  dites  normale,  relâchée,  intense  (p.  15). 

La  présence  de  ce  mode  parmi  les  chants  de  l'Eglise  romaine 
est  due,  sans  doute,  à  des  influences  populaires.  Chez  les  Anciens 
l'hypolydien  relâché  était  surtout  consacré  à  la  chanson  gaie; 
l'intense  aux  plaintes  funéraires,  aux  airs  mélancoliques.  Bien 
qu'elle  tienne  une  place  exiguë  dans  l'Antiphonaire  de  l'office' 
(ï/20  du  nombre  total  des  chants),  l'harmonie  hypolydienne  s'y 
trouve   représentée    par   ses   trois  variétés  caractéristiques. 

I.  Les  cantilènes  de  V hypolydien  normal  se  forment  en  grande 
partie  des  sons  de  la  triade  modale  (Fa  c),  et  y  trouvent  toutes 
leurs  notes  de  début  et  de  repos.  Au  grave  la  fondamentale  (F) 
est  rarement  franchie.  A  l'aigu,  si  l'on  excepte  quelques  antiennes 
du   psautier,   qui  ne   sortent  pas  de  la  quinte  modale  (ex.  i),  la 


'    Le  Tonarius  de  Kéginon  n'a  que  50  antiennes  pour  le  Ve  et  le  VI^  ton  réunis. 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


95 


mélopée  utilise  à  volonté  les  degrés  supplémentaires  (d  e  f),  et 
parcourt  un  intervalle  de  sixte,  d  —  F  (ex.  2).  de  septième,  e  —  F 
(ex.  3)  ou  d'octave,  f  —  F  (ex.  4). 


In- tel- H    -    ge    cla-mo-rem  me-um,  Do-mi  -ne.     Ps.  5. 
(Fer.  II  ad  Laud.)  Notée  dans  VEnchir.  Gerb.,  Script.,  t.  I,  p.  158. 


^î 


0-mnes  an    -    ge  -  H      e    -  jus        lau-da  -  te       Do-mi-num  de    cae  -  lis.  Ps.  148. 
Quinqtiag.  ad  Laud.  D'après  Rég. 


Lae-ta-  mi  -  ni    cum  Je- ru- sa-lem, 


et        ex  -  sut  -ta  -  te    in     e    -    a 


o-mnes  qui    di  -  li  -  gi  -  tis     e-  am      in     ae  -  ter-num. 
Fer.  V  post  Dont.  III  Adv.  in  Evang.  Le  début  dans  Rég. 


Be-ne     o-mni  -  a      fe  -  cit,      et  sur-dos  fe  -  cit      au  -  di  -  re,     et        mu-tos  lo-qui, 

Dom.  XII  (XI)  post  Peut,  in  Evang.  Le  début  dans  Rég. 

II.  h^hypolydien  relâché   dispose   de  l'octave   lydienne   entière, 
dont  le  cinquième  degré  descendant  devient  sa  corde  finale. 


I  Quinte  lydienne. 

ci;        a        G 


Il  Quarte. 

F  E         D 

finale 
hypolyd. 


En  fait,  les  thèmes  du  chant  antiphonique  n'utilisent  que  les 
six  échelons  inférieurs  de  la  susdite  octave, 


F  E 

finale. 


D 


ce  qui  fait  disparaître  le  triton  (i^— F)  et  rend  cette  mélopée 
modale  aisée  et  naturelle  entre  toutes.  L'hypolydien  relâché 
devient  par  là  hexaphone,  comme  le  sont,  en  général,  l'éolien  et 


g5  CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 

riastien  intense.  La  fondamentale  lydienne  (F)  fournit  aux  chants 
de  l'hypolydien  relâché,  non  seulement  leur  cadence  finale,  mais 
encore  leurs  arrêts  partiels  et  leur  unique  point  de  départ. 


^ 


± 


tSc* 


^§ 


Notumfe-cit  Do-mi-mis,    al  -  le  -  lu-ia,        sa- lu- ta- re    tii-iim,     al -le  -  lu  -  ta. 

De  Nat.  Dni,  in  III  noct.  Le  début  dans  la  Commem.,  p.  ai;. 


2. 


^ 


Vo-bis     da-tiim     est  nos  -  se    my-ste   -  ri  -  um    re-gni    De 


k=M- 


ce  -  te-ris  au-tent    in    pa  •  ra-ho  -  lis,       di-xit  Je-sus  di-sci  -  pu-lis  su-is. 

Dom.  Sexag.  in  Evang.  Le  début  dans  Rég. 

Un  certain  nombre  de  mélodies  de  formation  postérieure  monte 
un  ou  deux  échelons  de  plus.  En  ce  cas  siti  se  transforme  inva- 
riablement en  siy,  et  l'hypolydien  relâché  s'assimile  tout  à  fait 
au  majeur  de  l'Europe  moderne'. 


fc 


ijrf-fc^-^JIn 


^ 


Gaudent  in     cae    -    lis       a  -  ni-niae  san  -  cto-rum    qui  Christi    ve   -   sti  -  gi  -  a 


sunt  se    -    cu-ti:   et  qui -a    pro    e    -   jus  a-mo-re     san-guinein  su  -  utn  fu   -   derunt. 


3ù»=i: 


id  -  e    -    0      cum  Chri-sto  ex  -  sul  -  tant      si  -ne         fi  -  ne. 

De  plur.  Mari,  in  Evang.  Le  début  dans  Rég.  Cf.  Antiph.  Trevir.  (1S64),  p.  972. 

Rien    ne    nous    autorise  à  faire    remonter   cette   altération  de 
l'échelle   lydienne  jusqu'aux    temps    du    paganisme.   Toutes    les 


ï    L'octave  d'ut,  divisée,  comme  aujourd'hui,  en  quarte  aiguë  et  quinte  grave 


I  Quarte.  || 

et]        a        G 


Quinte. 

F  E        D 


est  exclue  par  Gaudence  (Meib.,  p.   19)  du  nombre  des  formes  mélodiques  (£jt>(,/>csA:^)  et 
consonantes  {(r6tji.^ujyci(,)  de  l'intervalle  d'octave. 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


97 


vraisemblances  nous  amènent  à  la  supposer  contemporaine  de  la 
création  du  style  orné  (VIP  siècle).  Vers  goo  elle  avait  déjà 
gagné  l'hypolydien  normal  (le  V"  mode  ecclésiastique),  et  son 
extension  n'était  guère  moindre  qu'aujourd'hui'. 

III.  Un  spécimen  de  Vhypolydien  intense  (ou  syntonolydien)  s'est 
retrouvé  parmi  les  restes  de  l'art  gréco-romain  (p.  51).  En  ce  qui 
concerne  sa  structure  harmonique,  ce  petit  morceau  de  cithare 
concorde  parfaitement  avec  les  chants  antiphoniques.  Par  contre 
le  parcours  mélodique  diffère.  Tandis  que  le  dessin  antique 
occupe  toute  l'octave  lydienne  (c — C),  les  cantilènes  de  l'office 
ont  l'ambitus  ordinaire  de  l'hypolydien  normal   (d    et?    a    G    F). 


Con-fi  -  tebor...  in  toto  cor-de  iite-o,       quo-ni-am  audisti  verba  o-ris    ?«£-«.  Ps.  137, 

Mélodie  psalmodique  du  Ve  mode  latin.  Commem.,  p.  224. 


^ 

^ 

■     ■               1                           ^1 

■           1          ■ 

-iF— ■ — 

s 

■■■■!■          ■    ^' 

^1^     ^^ 

Con-so  - 

h 

m 

i  -  mi  -  ni,       Con-so  -  la  -  mi   - 

ni,        po  -  pu  -  le 

me  -  tis, 

^        m          ■      ■ 

■                          1 

**        ^      ■                ■      ■_      ■ 

^      ■      ■         ^ 

di  -  cit     Do  -  mi-nus     De- us      ves-ter. 

Fer.  V  post  Dom.  III  Adv.  in  Evang.  D'après  l'antiph.  de  Trêves,  p.  174. 


^^?=izS^= 


imZML 


Con-sur-ge,      con-stir-ge:     in-du-  e  -  re  for-ti-  tu-  di-nem,  bra-chi-um  Do-mi-ni. 

Fer.  IV  post  Dom.  III  Adv.  in  Evang.  Le  début  d'après  Rég. 


^                         ^^  ■                           1                                               ^         ^                             mW^ 

^             ■_■                   ■         ■          '          ■ 

■      _■      ■ 

■     ■                     ■     ■       ^^^ 

■     ^      ■          1 

Ma        -        gnum        he 

-  re  -  di  -  ta  -  tis      my-ste 

ri  -  um  : 

1     ■      ■ 

m                            1 

S        u                     ■              «H 

-     1     ■      ■■      .      -      - 

-■       ■       ■        1 

templuin  De  -  i      fa  -  ctus    est         u  -  te  -  rus    ne  -  sci  -  en  -  tis      vi-rum 


J  «  Les  exemples  du  tétracorde  conjoint  (d  c  ba)  abondent  dans  tous  les  modes 
«  (ecclésiastiques),  mais  principalement  dans  le  tritus  authente  (Ve)  et  le  plagal  (VI^), 
«  oià  l'on  rencontre  à  peine  une  mélodie  exempte  du  mélange  des  tétracordes  conjoint 
«  (par  bémol)  et  disjoint  (par  bécarre).  »  Hucb.  Mus.,  Gerb.  t,  I,  p.  114. 


98 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


non    est    pol  -  lu  -  tus     ex       e     -     a  car     -     nem    as   -   su  -  vtens 


0      -      limes  gen-tes  ve-ni-ent    di-cen  -  tes  :  Glo-ri  -  a     ti-bi  Do  -  vti-ne. 

Oct.  Nat.Dni  in  Evang.  Le  début  d'après  la  Commem.,  p.  214;  le  reste  d'après  Tant,  du  XlIIes.  et  Solesmes. 

IV.  Si  nous  laissons  hors  de  compte  l'altération,  relativement 
récente,  de  si  il  en  sib,  dans  la  forme  relâchée  du  mode,  l'hypo- 
lydien  est,  aux  yeux  du  musicien  moderne,  tm  majeur  ayant  son 
commencement  et  sa  fin  sur  la  sous -dominante^ 


<5'     -m-     m     -m-    -G- 


et    conséquemment    la    complète     contrepartie     de     l'harmonie 
iastienne  (p.   46). 

§  70.  Récapitulons  et  résumons  ici  en  langage  théorique  les 
faits  observés  au  cours  de  ces  dernières  pages. 

I.  he  chant  antiphoniqiie  a  pris  à  la  musique  des  anciens  Hellènes 
les  quatre  octaves  modales  les  plus  aiguës,  l'éolienne,  l'iastienne, 
l'hypolydienne,  la  dorienne  :  celles  qui  ont  leur  consonance 
principale,  la  quinte,  au  grave  (p.  9),  et  dont  le  son  inférieur 
revêt  le  caractère  de  tonique. 

II.  Les  quintes  des  deux  modes  inférieurs,  l'hypolydien  et  le 
dorien,  contiennent  la  dissonance  mélodique  de  triton  (tj  —  F).  Il 
n'en  est  pas  de  même  pour  les  quintes  des  deux  modes  les  plus 
aigus,  l'éolien  et  l'iastien;  celles-ci  ne  recèlent  aucune  intonation 
dure.  C'est  là  sans  doute  la  cause  de  la  prépondérance  écrasante 
de  l'iastien  et  de  l'éolien  dans  les  antiennes  de  l'offtce.  Dès  son 
origine  la  mélopée  des  chrétiens  d'Occident  révèle  une  tendance 
marquée  vers  la  consonance'. 

a)  Les  deux  modes  exempts  de  triton  s'unissent  et  engendrent 
des  mélodies  hybrides  qui  ont  leur  conclusion,  soit  en  éolien,  soit 
en  iastien  (pp.  93-94). 

'  Sur  près  de  1200  antiennes  contenues  dans  le  tonarius  de  Réginon,  le  dorien  et 
l'hypolydien  n'en  réunissent  guère  que  160.  —  L'éolien  et  l'iastien  relâché  s'emploient, 
à  l'exclusion  de  toutes  les  autres  formes  modales,  dans  les  monodies  de  la  messe  dites 
Tractus,  Traits. 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


99 


III.  Deux  modes  ont  pour  triade  fondamentale  un  accord 
parfait  mineur  :  l'éolien  (a  c  e),  le  dorien  (E  G  tj)  ;  les  deux 
autres  ont  comme  base  un  accord  parfait  majeur  :  l'iastien 
(G   ti   d),  l'hypolydien  (F   a    c). 

a)  Les  deux  modes  fondés  sur  une  triade  mineure  n'admettent 
que  la  structure  mélodique  dite  normale  :  leur  finale  est  le  dernier 
ou  Tavant-dernier  son  au  grave  de  l'espace  parcouru. 
Êolien.  Dorien. 


Quarte. 


Quinte. 


aa  (rare). 

g 

f 
;  e 


Quarte. 


c 

a  finale. 

G  note  supplémentaire- 


Quinte. 


e  (rare). 
d 


G 

F 

K  finale. 

D  note  supplémentaire. 


b)  Les  deux  modes  établis  sur  un  accord  parfait  majeur, 
l'iastien  et  l'hypolydien,  ont  chacun,  outre  leur  forme  normale^ 
deux  variétés  secondaires  :  la  relâchée,  dont  le  parcours  est  situé 
une  quarte  plus  bas,  et  Vintense,  semblable  à  la  normale,  sauf 
pour  la  terminaison  qui  s'opère  sur  la  médiante  de  la  triade. 

lastien  normal.  Hypolydien  normal. 


c 
'3 


"g  (assez  rare). 

f 
e 


G  finale  iastienne  .  .  . 

F  note  supplémentaire. 


lastien  relâché. 


c 

tî 
a 

=G 

F 
E 

.D 


(y 


■4-> 

"B 

<y 


=c 


Hypolydien  relâché. 
"C  (rare), 
tj  (inusité). 


a 
G 


_F  finale  hypolydienne. 


a 

G 

=F 
E 

D 

l_C 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 


lastien  intense. 

Hypolydien  intense. 

—g  (rare). 

f  (inusité 

te.   . 

f   (id.) 

Quarte.   . 

e    (id.) 

e 

d 

Ud 

c 

c 

tî 

te.   . 

fa  finale. 

Quinte.    . 

a  finale. 

a 

G 

_G 

_F 

c)  Les  cantilènes  dites  intenses  ne  descendent  jamais  au-dessous 
de  la  fondamentale  du  mode,  tierce  inférieure  de  leur  son  final. 
Cette  corde  fondamentale  apparaît  rarement;  parfois  même  (p.  gi, 
ex.  3,  In  mandatis)  elle  est  tout  à  fait  absente.  Les  sons  réitératifs 
de  la  mélodie  sont  la  quinte  de  la  triade  modale  et  la  tierce  : 
celle-ci  fournit  en  outre  la  conclusion  définitive.  La  répétition 
continuelle  des  deux  sons  supérieurs  de  l'accord  parfait  majeur 
fait  que  la  fondamentale  est  sans  cesse  présente  au  sentiment 
de  l'auditeur'.  Nulle  part  la  subordination  de  tous  les  éléments 
harmoniques  à  un  son  principal  ne  se  fait  sentir  avec  autant  de 
force  que  dans  les  chants  de  cette  catégorie.  Ils  restent,  pour 
ainsi  dire,  suspendus  en  l'air  :  leur  base  harmonique  est  plutôt 
suggérée  qu'exprimée  directement;  de  là  leur  caractère  particulier 
d'exaltation^. 

IV.  Les  huit  formes  modales  dont  nous  avons  constaté  l'emploi 


ï  Frappés  simultanément,  les  deux  sons  supérieurs  d'un  accord  parfait  majeur  font 
bourdonner  à  l'oreille  le  son  fondamental,  deux  octaves  plus  bas.  C'est  le  phénomène  du 
son  résultant  ou  différentiel. 


I 


II-. 


Même  émis  successivement,  ils  évoquent  dans  notre  esprit,  par  l'intermédiaire  du  sens 
auditif,  l'idée  du  son  fondamental. 

2  Les  nomes,  dits  rehaussés  ( orthioi )  ou  aigus  (oxeis),  qu'Aristote  déclare  très- 
fatigants  {Probl.  XIX,  37),  appartenaient  certainement  à  une  des  deux  formes 
intenses.  Voir  ci-dessus,  p.  14,  note  i. 


CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES.  loi 

dans  le  chant  antiphonique  correspondent  à   cifiq  notes   finales 
disposées  ainsi  de  l'aigu  au  grave  : 

Finale  si     :      iastien  intense. 

\  hypolydien  intense. 
»        la     :  ',    , 

(  eolien. 

\  iastien  normal. 
»        sol   : 

I   iastien  relâche. 

.  \  hypolydien  normal. 

»        fa     :   ■' 

I  hypolydien  relâche. 

»        mi    :       dorien. 

V.  Trois  formes  modales,  l'iastien  intense,  l'éolien,  l'hypolydien 
relâché,  s'emploient  le  plus  souvent  à  l'état  hexaphone  :  elles 
retranchent  de  la  mélodie  l'un  des  deux  sons  extrêmes  de  la 
progression  des  six  quintes,  génératrice  du  système  diatonique 
(p.  5).  En  cet  état  leur  échelle  effective  ne  renferme  plus  qu'un 
seul  demi-ton  (si-ut  ou  mi-fa),  et  toute  succession  directe  ou 
indirecte  de  triton  ou  de  fausse-quinte  est  rendue  impossible. 

Éliminé  Éliminé 

en  iastien  intense,  en  hypolydien 

en  éolien.  relâché. 

fa     —     ut     —     sol     —     ré     —     la     —     mi     —     si 

VI.  En  éolien  le  6^  degré  de  l'échelle  ascendante  est  parfois 
haussé  d'un  demi-ton  :  f  devient  f  jj.  Par  contre  en  hypolydien 
relâché  le  4°  degré  au-dessus  de  la  finale  est  constamment  baissé 
d'un  demi-ton  :  t^  se  change  en  b,  et  la  quinte  lydienne,  tritoniée 
(ctj  a  G  F),  se  transforme  en  quinte  iastio-phrygienne,  ditoniée 
(c  ba  G  F  =  d  ct^  a  G  =  G  FE  D  C),  tandis  que  la 
consonance  complémentaire,  la  quarte  (fe  d  c  ou  FE  D  C), 
reste  intacte.  L'hypolydien  devient  ainsi  un  mode  mixte'. 

ï  C'est  là  l'origine  du  majeur  européen,  né  de  la  fusion  des  deux  majeurs  antiques. 
Rien  n'est  plus  simple  que  le  principe  harmonique  de  cette  révolution  musicale.  La 
progression  de  six  quintes  qui  engendre  l'échelle  diatonique  (p,  5), 

fa     —     ut     —     sol     —     ré     —     la     —     mi     —     si 
comprend  trois  accords  parfaits  majeurs  :  un  à  gauche,  un  à  droite,  un  au  centre. 


I     Accord  de  gauche.     |  |      Accord  de  droite. 

FA  la  UT  mi  SOL  si 

I         Accord  central.  1 


Dans  l'antiquité  la  fonction  d'accord  principal,   commencement  et  fin  de  la  période 


I02  CH.  IV.  —  MODES  DES  ANTIENNES. 

Toutes  ces  règles,  sauf  la  dernière,  sont  en  concordance  avec 
la  doctrine  et  la  pratique  des  Anciens,  telles  qu'elles  nous  sont 
actuellement  connues. 

§  71.  Si  l'on  réunit  le  parcours  mélodique  des  diverses  variétés 
modales  analysées  ci-dessus,  on  obtient  l'échelle  complète  des 
sons  employés  dans  les  antiennes.  Elle  embrasse  une  octave  et 
une  sixte  (aa  —  C)  et  contient  deux  degrés  chromatiques. 

Mais  depuis  des  temps  fort  reculés  l'éolien  a  été  transposé  à  la 
quinte  grave  (pp.  92-93),  ce  qui  a  eu  pour  résultat  d'annuler,  outre 
l'échelon  supérieur  (aa),  le  degré  diésé,  et  de  réduire  l'étendue 
totale  à  une  douzième  (g  —  C),  diatonique  à  un  seul  degré  près. 


rr ^—^ — 

§  72.  Cette  suite  de  sons,  terminée  au  grave  par  ut,  et 
exécutée,  non  plus  de  haut  en  bas,  à  la  manière  antique,  mais  de 
bas  en  haut,  à  la  moderne,  est  devenue  le  point  de  départ  de 
l'échelle  instrumentale  des  Occidentaux,  ainsi  que  la  base  de  la 
plus  ancienne  notation  au  moyen  des  signes  de  l'alphabet  latin. 
Les  lettres  A  B  C  D  E  F  G,  répétées  d'octave  en  octave,  ont 
servi  à  désigner  les  longueurs  de  cordes  ou  les  touches  corres- 
pondant aux  sons  %it  ré  mi  fa  sol  la  si  ou  sib  \ 

musicale,  était  dévolue  tantôt  à  la  triade  de  gauche,  tantôt  à  la  triade  de  droite;  dans 

l'Europe  moderne  cette  fonction  a  passé,  sans  exception,  à  la  triade  centrale. 

Harmonie  hypolydienne.                 ^^                              Harmonie  iastienne.  /y, 

'''       -<S'  m m  '^ n        — 0" m  ■ *  m zzi — 

ÇR  —  (S> • • • s»— 


Harmonie  dit  majeur  moderne. 


'  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  439.  La  direction  ascendante  de  cette  échelle  notée  s'explique 
par  un  fait  très  naturel  :  en  opérant  la  division  du  monocorde,  on  devait  forcément  partir 
de  la  longueur  totale  de  la  corde  unique,  c'est-à-dire  du  son  inférieur.  —  La  notation  instru- 
mentale des  anciens  Hellènes,  issue  du  jeu  d'instruments  poly cordes,  procédait  à  l'inverse. 
Son  point  de  départ  était  la  corde  la  plus  mince,  ou  la  plus  courte,  ou  la  plus  tendue  : 
bref  la  plus  aiguë.  Voir  son  échelle  primitive  :  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  398. 


CH.  IV.    -  MODES  DES  ANTIENNES.  103 

5 „ (9— Q 


m^m 


ABCDEF        G'  ABCDE 

Il  est  douteux  que  ce  système  d'écriture  musicale,  imaginé 
apparemment  dès  le  VIP  siècle  %  ait  jamais  servi  à  noter  un 
recueil  de  chants  liturgiques.  Créé  en  vue  de  l'usage  profane,  il 
n'eut  pour  l'art  religieux  que  la  valeur  d'un  procédé  didactique. 
Les  instruments  étaient  bannis  de  l'Eglise,  mais  ils  jouaient  un 
rôle  considérable  dans  l'enseignement  du  chant  liturgique,  parti- 
culièrement pour  la  démonstration  des  intervalles.  Nos  plus 
vieux  documents  nous  montrent  toujours  le  monocorde  auprès  du 
chantre,  comme  son  auxiliaire  indispensable  ^ 

La  notation  alphabétique  qui  traduit  ut  par  A  tomba  en  dis- 
crédit parmi  les  musicistes,  dès  qu'ils  se  retrouvèrent  en  posses- 
sion de  quelques  bribes  de  la  doctrine  antique"*.  Aux  environs  de 
goo,  Hucbald  l'emploie,  comme  une  écriture  d'usage  vulgaire, 
pour  expliquer  les  signes  de  son  invention,  calqués  sur  les  notes 

ï  Les  écrivains  qui  se  servent  de  ce  système  de  notation  désignent  si  b  par  G  synem- 
tnenon,  pour  le  distinguer  de  sij||,  qui  s'indique  simplement  par  G.  Voir  Gerb.  Script.,  t.  I, 
p.  347  :  Item  ad  monochordum  régula.  Lisez  à  partir  de  la  2^  colonne,  3^  ligne  :  «  Remitto  a 
«  fine  in  idem  F  (la)  très  passus,  quartum  in  C  (mi).  Intendo  a  C  in  finem  très  passus  et 
«  primus  finit  in  G  (si  h).  Intendo  a  D  (fa)  in  finem  quatuor  passus,  et  primus  terminabit 
«  in  G  synemmenon  (sit?),  et  finita  est  mensura  ». 

2  II  a  dû  être  créé  avant  qu'il  existât  des  chants  du  protus  plagal  (IJe  ton)  descendant 
jusqu'à  la  quarte  au-dessous  de  leur  finale,  p.  e.  O  Sapientia,  On  lit  dans  Martianus 
Capella  (Meib.,  p.  184)  une  phrase  qui,  si  elle  était  authentique,  prouverait  la  prépondé- 
rance de  l'échelle  ut  —  ut,  dès  le  IVe  siècle  :  divisarmn  tertia,  qiiae  plénum  systema 
diapason  finit.  Mais  ces  cinq  derniers  mots  auront  été  ajoutés  après  coup.  En  tout 
cas  l'interpolation  avait  déjà  passé  dans  le  texte  dont  se  servait  Rémi  d'Auxerre  aux 
environs  de  900.  Voir  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  71. 

3  Hucbald,  de  même  que  tous  les  anonymes  et  pseudonymes  du  X^  siècle,  donne  la 
division  du  monocorde.  Guy  d'Arezzo  écrit  au  début  de  son  Micrologue  :  «  Celui  qui 
«  veut  suivre  notre  méthode,  doit  apprendre  quelques  chants  notés  à  notre  manière, 
«  exercer  sa  main  à  la  pratique  du  monocorde,  et  méditer  souvent  les  suivantes  règles, 
«  jusqu'à  ce  que,  connaissant  la  valeur  et  la  nature  des  sons,  il  soit  parvenu  à  bien 
«  chanter  toutes  les  mélodies,  soit  connues,  soit  inconnues.  »  Gerb.  Script.,  t.  II,  p.  4. 

4  Ce  fut  lors  de  la  dissolution  de  l'empire  carlovingien.  Aux  environs  de  l'an  goo, 
Réginon  de  Prum,  Hucbald  de  Saint-Amand  et  son  condisciple  Rémi  d'Auxerre  furent 
les  premiers  à  reprendre  l'usage  de  la  terminologie  musicale  des  Grecs.  Cinquante  ans 
auparavant,  Aurélien  de  Réomé  ne  s'aventure  pas  encore  sur  ce  terrain. 


jo^  CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 

grecques  du  ton  lydien'.  Les  nombreux  systèmes  de  même  genre 
essayés  au  cours  du  X'  siècle  traduisent  uniformément  par  A  le 
son  inférieur  de  l'échelle  grecque,  la  proslambanomhie\  Ce  point 
de  départ  ne  fut  plus  perdu  de  vue  désormais,  et  la  notation 
alphabétique  préconisée  par  le  Micrologue  de  Guy  d'Arezzo  (celle 
dont  nous  nous  servons  dans  cet  ouvrage)  est  encore  connue 
aujourd'hui  en  Occident  de  quiconque  s'occupe  de  chant  d'église. 


^=Q-^- 


— ^~, — &> — >— • 


1^=221 

TABCDEFGab     t] 


: «~Z2. 


EÏiElÉEE^^^ 


c     d     e    f     g    aa  bb  tltl   ce  dd 

Mais  en  dépit  du  déplacement  des  lettres,  ut  garda  sa  primauté 
et  ne  cessa  pas  d'être  considéré  comme  le  degré  initial  de  l'échelle- 
type,  prima  vox^.  Le  grand  réformateur  Guy  d'Arezzo,  par  un 
instinct  vraiment  prophétique,  fit  prévaloir  le  principe  musical  de 
l'avenir  en  créant  les  syllabes  de  la  solmisation, 

UT  queant  Iaxis  RESoiiare  fibris  etc. 

Section  IIL   —  Adaptation  de  la  doctrine  des  modes  ecclésiastiques 
aux  chants  de  VÉglise  latine. 

§  73.  Lorsque,  vers  440,  Léon  le  Grand  fonda  la  plus  ancienne 
congrégation  de  chantres  d'église,  l'art  antique  n'avait  pas 
cessé  d'être  cultivé  activement  (§  3g,  p.  58),  et  les  dénomina- 
tions des  modes  grecs  se  maintenaient  dans  l'usage  général. 
Au  commencement  du  siècle  suivant,  alors  qu'une  grande  partie 
de  l'antiphonaire  de  l'office  existait  déjà,  Cassiodore,  le  con- 
temporain de  saint  Benoît,  se  sert  encore  des  termes  dorien, 
éolien,  iastien,  en  décrivant  le  caractère  moral  des  mélodies 
hymnétiques  (p.  76).  Mais  après  la  catastrophe  où  sombra  toute 
l'ancienne  société  romaine  (547),  ce  dernier  reste  de  connaissances 

1  De  Mus.,  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  ii8,  à  l'extrême  droite  du  tableau.  Guy  d'Arezzo, 
Regulae  mtisicae  rhythmicae  (Gerb.  Script,,  t.  II,  p.  25  et  suiv.)  :  «  Notis  illis  spretis,  quibus 
«  vulgus  utitur,  ...  septem  istas  disce  notas  septem  characteribus  :  A  (la)  B  (sitj) 
«  C  (ut),  »  etc. 

2  Mus.  de  l'ant.,  t.  I.  p.  44T. 

3  Guy,  De  modorum  foriiiulis  et  cantuum  qualitatibus,  dans  les  Scriptores  de  Cousse- 
maker,  t.  II,  p.  79,  §  III;  p.  85  :  «  Quoniam  autem  C  litteram,  quae  apud  veteres 
tertia  (mi)  habebatur,  pro  certo  comperimus  ex  numerorum  ratione  fore  primam  »,  etc. 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  105 

musicales  disparaît.  On  n'en  continua  pas  moins  à  couler  les 
nouveaux  chants  dans  les  moules  traditionnels,  de  même  que 
les  montagnards  de  l'Ecosse  et  les  Irlandais  composent  jusqu'à 
ce  jour  leurs  airs  en  modes  pentaphones,  legs  des  temps  pré- 
historiques, et  que  chez  nous  des  amateurs  inventent  couramment 
des  mélodies  majeures  ou  mineures,  sans  connaître  une  note  de 
musique.  A  l'époque  de  saint  Grégoire  le  Grand  (600),  l'érudit 
Isidore  de  Séville  ne  sait  plus  ce  que  c'est  qu'un  mode,  ce  que 
c'est  qu'un  ton  '. 

§  74.  Deux  siècles  s'écoulent  encore,  période  vide  de  documents 
musicaux^  et  vers  850  nous  rencontrons  le  premier  ouvrage 
didactique  consacré  aux  chants  de  l'Église,  la  Musica  disciplina 
du  moine  Aurélien  de  Réomé^  Là,  plus  de  mode  dorien,  iastien, 
éolien,  hypolydien.  Les  quatre  modes  du  chant  liturgique  sont 
simplement  désignés  par  un  numéro  d'ordre  ;  ils  s'appellent 
maintenant  premier  (protos),  deuxième  {dettteros),  troisième  {tritos)^ 
quatrième  {tetrartos,  naïvement  latinisé  par  les  moines  franks 
en  tetrardns).  Tous  se  dédoublent.  Chacun  des  quatre  modes 
comporte  deux  types  de  structure  mélodique  :  un  type  aigu, 
principal  {aiithentos),  un  type  grave,  subordonné  (plagias).  C'est  le 
système  de  VOctoechos,  des  huit  modes  (ou  tons)  ecclésiastiques, 
encore  aujourd'hui  en  vigueur  chez  les  chrétiens  d'Orient  et 
d'Occident,  bien  que  le  chant  des  deux  Églises  ait  une  contexture 
musicale  entièrement  différente. 

§  75.  Démontrer  l'origine  hellénique  d'une  théorie  dont  tous  les 
termes  sont  grecs  est  une  besogne  superflue.  Au  surplus  Aurélien 

ï  II  ne  fait  pas  mention  des  modes.  Quant  aux  tons,  il  copie  la  définition  de  Cassiodore. 
Mais  ce  qu'il  y  ajoute  de  son  crû  prouve  à  l'évidence  que  la  signification  des  termes 
lui  échappe  complètement.  «  Tonus  est  harmoniae  differentia  et  quantitas...  cujus 
«  gênera  (!)  in  XV  partibus  (!)  musici  diviserunt,  ex  quibus  hyperlydius  novissimus  et 
«  acutissimus,  »  etc.  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  21. 

2  Nous  ne  trouvons  à  placer  dans  ce  long  espace  de  temps  que  la  Musica  theorica  de 
Bède  le  Vénérable  (vers  700),  où  il  est  uniquement  question  de  rapports  numériques, 
et  le  fragment  de  quelques  lignes  que  Gerbert  attribue  à  Alcuin  [Script.,  t.  I,  pp.  26-27)  • 
une  brève  exposition  des  modes  ecclésiastiques. 

3  La  date  approximative  de  l'écrit  ressort  de  quelques  mots  qui  se  lisent  à  la  p.  41. 
L'écrivain  s'adresse  à  un  petit-fils  de  Charlemagne,  à  un  certain  abbé  Bernard,  désigné 
comme  futur  archevêque  (peut-être  un  bâtard  de  Bernard,  roi  d'Italie)  :  «  Unde  plus 
«  augustus  avus  vester  Karolus,  paterque  totius  orbis,  »  etc. 


io6  CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 

est  très  explicite  à  cet  égard.  «  Ceux,  »  dit-il,  «  qui  ne  goûteraient 
«  pas  ma  doctrine  ou  qui  s'imagineraient  y  découvrir  des  erreurs, 
«  doivent  savoir  que  toutes  les  distinctions  mentionnées  ici,  de 
«  même  que  la  discipline  musicale  dans  son  entier,  viennent  de 
('  source  grecque'.  »  Ce  qu'Aurélien  ni  aucun  écrivain  ancien  ou 
moderne  ne  nous  apprend,  c'est  où  et  quand  le  système  des 
quatre  modes  doubles  a  pris  naissance.  La  première  mention  s'en 
trouve  chez  un  Père  de  l'Eglise  grecque,  Syrien  de  nationalité, 
saint  Jean  de  Damas;  le  recueil  de  chants  liturgiques  composé 
ou  compilé  par  lui  porte  le  nom  à'Octoechos''.  Comme  l'illustre 
écrivain  ecclésiastique  est  né  vers  676,  son  ouvrage  n'a  pu  voir 
le  jour  avant  710.  La  théorie  des  huit  modes  était  donc  établie 
dans  la  Syrie  chrétienne  au  commencement  du  VHP  siècle.  Du 
côté  de  l'Orient  nos  connaissances  ne  vont  pas  actuellement 
plus  loin. 

§  76.  Nous  ne  sommes  pas  mieux  informés  de  l'époque  o\x  le 
nouveau  système  modal  s'implanta  à  Rome.  Aurélien,  le  seul 
musiciste  qui  donne  quelques  renseignements  historiques,  sait 
qu'il  était  universellement  adopté  en  Occident  au  temps  de 
Charlemagne,  et  que  déjà  alors  certains  chantres  en  signalaient 
les  défectuosités.  Il  ajoute  que  le  grand  Empereur,  éclairé  par  ces 
critiques,  et  agacé  d'entendre  les  Grecs  se  vanter  d'avoir  donné 
au  monde  les  huit  tons,  en  fît  porter  le  nombre  à  douze^  Et  c'est 
là  tout.  Mais  si  les  documents  littéraires  nous  laissent  dans  une 
profonde  obscurité,  les  monuments  musicaux,  les  chants  eux- 
mêmes  de  l'Église  latine  nous  envoient  quelques  rayons  de 
lumière  qui  nous  permettent  de  pousser  plus  loin  nos  investiga- 
tions. En  examinant  les  répons  de  la  Messe  (particulièrement  les 
graduels),  on  s'aperçoit  que  les  auteurs  des  mélodies  ont  mis 
sciemment  en  pratique  la  théorie  des  huit  tons^  Or,  comme  les 
parties  les  plus  récentes  de  YAntiphonale  missarum  étaient  termi- 
nées avant  715,  nous  sommes  forcés  d'admettre  que  VOctoechos 


«   Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  53. 

2  Fétis,  Biogr.  univ.  des  musiciens,  à  l'article  «  Jean  Damascène.  » 

3  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  41.  Cf.  Orig.  du  chant  lit.,  p.  41,  note  i. 

4  A  cet  égard  l'étude  des  graduels  Ego  autem  (mardi  de  la  semaine  sainte)  et  Ego  dixi 
(i"  dimanche  après  la  Pentecôte)  est  particulièrement  instructive. 


[ 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  107 

avait  déjà  pris  racine  à  Rome  pendant  le  dernier  tiers  du  VIP  siècle, 
vers  l'époque  même  où  naquit  Jean  Damascène. 

Nous  nous  trouvons  donc  ici  encore  une  fois  en  présence  des 
papes  gréco-siciliens  signalés  par  le  Liber  pontificalis  comme 
experts  en  l'art  du  chant,  et  à  défaut  d'informations  directes, 
nous  rattacherons  l'adoption  du  nouveau  système  modal  au  règle- 
ment définitif  du  chant  de  l'office,  sous  le  pontificat  d'Agathon' 
(678-681).  Au  moment  où  l'on  achevait  d'élaborer  pour  le  service 
de  la  basilique  de  Saint-Pierre  un  livre  de  chant  destiné  à  servir 
de  modèle  aux  églises  du  dehors,  le  besoin  d'une  classification 
musicale  dut  se  faire  sentir  vivement,  ne  fût-ce  que  pour  fixer 
le  rapport  de  l'antienne  avec  l'intonation  psalmodique. 

§  77.  Relativement  à  la  question  des  origines  du  système,  voici 
ce  qui  me  paraît  aujourd'hui  le  plus  vraisemblable  : 

I.  Comme  le  chant  antiphonique,  VOctoechos  a  eu  pour  berceau 
l'antique  Eglise  d'Antioche,  la  première  organisatrice  de  la  partie 
musicale  du  culte  chrétien^. 

II.  La  création  de  la  nouvelle  doctrine  modale  peut  être 
reculée  jusqu'au  commencement  du  VIP  siècle,  antérieurement 
à  l'invasion  musulmane. 

III.  L'auteur  du  système  avait  une  connaissance  superficielle 
de  la  théorie  musicale  des  Anciens. 

§  78.  Le  système  modal  des  Syro-Hellènes  ne  se  fonde  pas  sur 
les  sept  échelles  d'octave,  mais  sur  les  quatre  décompositions  diato- 
niques de  la  consonance  de  quinte  (pp.  lo-ii).  Laissant  de  côté  la 
quarte,  l'intervalle  complémentaire  de  l'octave,  la  primitive 
doctrine  ecclésiastique  ne  s'occupe  que  de  la  partie  essentielle  du 

'  Il  est  à  remarquer  que  les  termes  protos,  detiteros,  etc.  n'ont  pas  été  traduits  en  latin 
lors  de  leur  adoption  à  Rome,  ce  qui  dénote  une  époque  oii  le  grec  était  assez  répandu 
parmi  le  monde  ecclésiastique  de  la  métropole  chrétienne. 

2  Une  tradition  déjà  répandue  à  la  fin  du  IV^  siècle  fait  remonter  jusqu'à  saint  Ignace 
(sous  Trajan)  l'institution  de  la  psalmodie  en  chœurs  alternatifs.  «  lam  vero  dicamus 
«  unde  consuetudo  hymnorum  qui  in  Ecclesia  alterni  decantantur  initium  coeperat. 
«  Ignatius  Antiochiae,  quae  est  in  Syria,  tertius  a  Petro  apostolo  episcopus,  qui  cum 
«  apostolis  ipsis  multum  versatus  est,  visionem  vidit  angelorum  sanctam  Trinitatem 
«  hymnis  alterna  voce  decantatis  coUaudantium;  et  formam  canendi  in  ea  visione 
«  expressam  Ecclesiae  Antiochenae  tradidit.  Unde  illa  traditio  in  omnibus  ecclesiis 
«  recepta  est.  »  Socrate  le  scolastique  (vers  430),  Historia  ecclesiastica,  VI,  8.  Magn.  bibl. 
vet.  Pair.,  t.  VII,  p.  352. 


io8  CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 

mode,  celle  qui  contient  les  sons  caractéristiques  de  la  mélodie  et 
se  termine  au  grave  par  la  finale'.  Le  protus  ou  archoos,  le  mode  le 
plus  grave,  a  pour  base  la  quinte  ditoniée  a  —  D.  Le  deiUerus 
s'établit  sur  la  quinte  tritoniée  b  —  E.  Le  tritus  repose  sur  la 
quinte  tritoniée  c  —  F.  Le  tétrard  est  fondé  sur  la  quinte  ditoniée 
d  —  G.  La  mélopée  des  antiennes  ne  reconnaît  donc  que  quatre 
sons  terminatifs  :  D,  E,  F,  G*. 

Les  formules  didactiques  destinées  à  démontrer  la  grandeur 
des  degrés  du  mode  ne  sont  pas  des  échelles,  mais  de  petites 
mélodies  mnémoniques.  Voici  celles  que  nous  trouvons  dans  le 
plus  ancien  traité  occidental  relatif  à  cette  matières 


Protus  ou  A  rchoos 


Detiterus 


Tritus 


Tétrard 


Al  -  le  -  lu 


k 


Al  -  le  -  lu    -    ia. 

On  reconnaît  à  première  vue  dans  le  tétrard  le  mode  iastien, 
le  tritus  reproduit  le  m.ode  hypolydien,  le  deuterus  répond  au  mode 
dorien.  Quant  au  protus,  ce  n'est  autre  chose  que  le  mode  éolien 
transposé  à  la  quinte  inférieure,  conséquemment  avec  le  sib  sous- 
entendu  ou  exprimé. 


Ec-ce     ve  -  re     Is  -  ra  -  e  -  H   -   ia  in  quo    do  -  lus  non    est.  (Cf.  p.  91.) 


=fc 


$=ï 


Le    -    va    Je- ru  -  sa-lein     0    -    eu  -  los  tu  -  os,  etc.   (p.  92.) 


'  La  meilleure  exposition  de  cette  doctrine  se  trouve  dans  les  premiers  chapitres  de 
VEuchiriadis  du  pseudo-Hucbald.  Je  l'ai  reproduite,  avec  une  traduction,  dans  les  Origines 
du  chant  liturgique,  p.  69  et  suiv. 

2  Un  seul  type  mélodique,  Nos  qui  vivimus,  échappe  à  cette  règle. 

3  Mus.  Enchir.,  Gerb.,  Script.,  t.  I,  p.  153.  On  se  servait  aussi  de  formules  plus 
longues,  vocalisées  sur  des  mots  conventionnels  :  Noanoeane,  Noeagis,  etc.  Cf.  Orig.  du 
chant  liturg.,  p.  73  et  suiv. 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  109 

§  79.  Le  mode  éolien  (protus),  qui  dans  le  système  antique 
occupe  les  degrés  supérieurs  de  l'échelle  générale,  immédiatement 
au-dessus  de  l'iastien,  se  trouve  donc  ici  tout  au  grave,  séparé 
par  un  intervalle  de  quarte  de  l'iastien  {tétrard).  Par  exception,  et 
passagèrement,  les  deux  modes  reprennent  leur  place  primitive, 
à  un  degré  de  distance  l'un  de  l'autre;  ceci  a  lieu  notamment  dans 
les  cantilènes  hybrides.  Lorsqu'une  mélodie  de  l'iastien  normal 
débute  en  mode  éolien,  le  prottis  remonte  à  la  quinte  aiguë  et  se 
note  en  conséquence  par  t]  (comme  ci-dessus  p.  94). 


Tetrardus  incipiens  a  proto. 

:        Protus  (Éolien). 

^B      K         _ 

s 

■                             ■       '       ■ 

■"      ■      ^      g 

1        ■ 

_               1 

< 

_       ^H       .       ■       ■                ■ 

1        ■ 

-■    -    H 

Ve 

-  ni  -te     be  -  ne  -  di  -  cti 

Pa  -  tris    me  -  i, 

per  - 

ci  -  pi  - 

te 

re 

-gnum 

Tetrardus 

(lastien). 

l ^_J_,_._,     I 

1                ■■ 

■ 

■      '      ■ 

■       " 

quod  vo  -  bis   pa  -  ra-tum  est         ab     o    -    ri   -   gi  -  ne   viiin-di. 

Réciproquement  quand  une  cantilène  éolienne  commence  par 
un  thème  iastien,  le  tétrard  descend  d'une  quinte  (G  FE  D  Cj, 
et  prend  place  dans  l'échelle  par  bémol  : 


Prottis  incipiens  a  tetrardo. 
Tetrardus  (lastien). 


± 


$    .    ■    ■    ■    ■-■^=---^ 


Po-stu-la  -  vi     Pa-trem    nie-uni, al   -    le    -    lu  -   ia; 

Protus  (ÊoIien).  j 


i 


§  80.  Ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut  (p.  105),  les  quatre  modes 
syro-helléniques  se  dédoublent  chacun  en  aiithente  et  plagal.  Les 
huit  formes  ainsi  produites  sont  considérées  dans  la  nomen- 
clature postérieure  de  l'Église  latine  comme  autant  de  modes 
distincts. 


I5 


iio  CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 

Nomenclature  ancienne.  Nomenclature  plus  récente. 

Protus  authente     .....  I"  mode. 

Protus  plagal 11^  mode. 

Deuterus  authente IIP  mode. 

Deuterus  plagal IV^  mode. 

Tritus  authente V»  mode. 

Tritus  plagal VI^  mode. 

Tétrard  authente VIP  mode. 

Tétrard  plagal VHP  mode. 

§  8i.  Ce  nombre  de  huit  correspond  exactement  à  celui  des 
formes  modales  antiques  que  nous  avons  relevées  plus  haut  (p.  loi). 
La  transcription  des  modes  gréco-romains  en  modes  ecclésiastiques  s^est 
effectuée  d^îine  manière  correcte,  sauf  pour  les  deux  variétés  terminées 
sur  la  tierce  de  la  fondamentale  :  les  intenses.  En  négligeant  momen- 
tanément les  exceptions,  d'ailleurs  peu  nombreuses,  on  peut 
définir  ainsi  la  méthode  suivie  par  les  législateurs  de  l'antipho- 
naire  romain  : 

I.  L'éolien  et  le  dorien,  qui  ne  possèdent  pas  de  variétés  secon- 
daires, l'hypolydien  normal  et  l'iastien  normal  ont  été  assignés 
respectivement  aux  quatre  modes  impairs  de  l'Eglise  latine  :  le 
protus  authente  (P''),  le  deuterus  authente  (IIP),  le  tritus  aicihente  (V®), 
et  le  tétrard  authente  (VIP). 

Protus  authente,  I<^''  mode  latin  (éolien  antique). 


1 


i 


? ■ Bg- 


po-su-i      sH-per    e   -   tun     spi  -    ri  •  tum     me-um.     (Cf.  p.  92,) 
Deuteruî  authente,  III<:  mode  latin  (dorien  antique). 


J — ■" 


Con-fi-te-bor     Do  -  mi  -  no  ni-mis    in      0   •    re     me  -  0.     (Cf.  p.  88.) 

Tritus  authente,  V^  mode  latin  (hypolydien  normal). 


3e^^Ë^^ 


0-mnei  an   -    ge  -  li      e    -   jus  lau-da  -  te      Do  -  mi-num  de    cae-/îs.  (Cf.p.95.) 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  m 

Tétrard  autheute,  VII'  mode  latin  (iastien  normal). 

Di-xit  Do- mi-nus        Do  -mi-nome  -  o  :       Se  -  de     a     dex-tris  me-is.  (Cf.  p.  89.) 

II.  Uhypolydieji  relâché  est  devenu,  très  logiquement,  le  trihis 
plagal  (VI«  mode);  Viastien  relâché  a  été  identifié  avec  le  tétrard 
plagal  (VHP  mode). 

Tritus  plagal,  VI'  mode  latin  (hypolydien  relâché). 

No  -  tiim     fe   -  cit      Do  -  mi  -  nus,  al   -    le    -     lu   -  ta, 


sa  -  lu  -  ta  -  re      tu  -  nm,  al  -  le    -    lu    -    ia.  (Cf.  p.  96.) 


Tétrard  plagal,  VIII'  mode  latin  (iastien  relâché). 


Da  -  bo  in     Si  -  on         sa    -   lu  -  iem. 


^        *  ■     '■     gi     ■     *~M     ■     gT  T~~jj^ 


et     in     Je  -  ru  -  sa  -  Iem  glo-  ri  -  am    me  -  am,  al  -  le    -  lu  -  ia.  (Cf.  p.  89.) 

§  82.  Restent  les  deux  variétés  modales  dites  intenses;  celles-ci 
n'ont  pu  s'accommoder  d'une  manière  aussi  satisfaisante  au  nou- 
veau système.  Leur  contexture  harmonique  a  été  méconnue  par 
une  doctrine  insuffisante  qui,  dans  le  classement  modal  des 
chants,  ne  tient  compte  que  de  deux  points  :  a)  la  conclusion 
mélodique,  placée  exclusivement  sur  les  degrés  D,  E,  F,  G^; 
b)  le  parcours  de  la  cantilène  par  rapport  au  son  final. 

I.  "L^ hypolydien  intense  se  terminant  sur  le  degré  central  de 
l'échelle  commune  (a),  de  même  que  l'éolien  (p.  loi),  a  été  assi- 
milé à  ce  dernier  mode,  c'est-à-dire  transposé  une  quinte  plus 
bas  et  adjoint  au  protns.  D'autre  part,  comme  ses  antiennes 
descendent  jusqu'à  la  tierce  au-dessous  de  la  note  finale,  c'est  au 
plagal  qu'elles  ont  été  données^. 

ï   Les  intonations  psalmodiques  échappent  à  cette  règle. 

2  La  proche  parenté  harmonique  du  protus  plagal  avec  le  tritus  authente  est  attestée 
par  l'antienne  Ecce  Maria  genuit,  qui  dans  certains  antiphonaires  est  du  Ile  mode,  en 
d'autres  du  Ve.  Réginon  enregistre  les  deux  versions.  Elles  ont  le  même  fond  mélodique, 
encore  reconnaissable  à  travers  les  altérations  séculaires. 


IJ2  CH.  IV.  —  MODES  ECCLESIASTIQUES. 

Protus  plagal,  II'  mode  latin  (hypolydien  intense). 


Con-  so  -  la-  mi  -  ni,         con  -  so  -  la  -  mi    -    ni,         po  -  pu  -  le     me  -  us, 


'^r='-=^^ 


di  -  cit     Do  -  mi  -  nus   De  -  us     ve-ster.     (Cf.  p.  97). 

Par  suite  de  leur  transposition  à  la  quinte  grave,  les  mélodies  de 
cette  catégorie  descendent  jusqu'à  B  (si!?),  un  ton  plus  bas  que 
l'échelle  primitive  des  chants  antiphoniques  (p.  102). 

II.  Uiastieii  intense  ne  partage  sa  finale,  sit},  avec  aucun  des 
quatre  modes  syro-helléniques  (p.  io8) .  Pour  l'annexer  à  l'un  d'eux, 
on  a  dû  le  transposer  également  à  la  quinte  grave,  convertissant 
sitl  en  mi;  il  s'est  produit  ainsi  un  pseitdo-daUerus  ayant,  au  lieu  de 
la  quinte  juste  (t]  a  G  FE),  une  fausse  quinte  (ba  G  FE).  D'autre 
part,  comme  ses  mélodies  dépassent  leur  son  final  d'une  tierce 
au  grave,  l'iastien  intense  a  été  qualifié  de  deutenis  plagal. 

Deuterus  plagal,  IV'  mode  latin  (iastien  intense). 


^ 

— ■ — r 

ip 

■    _        ■ 

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■ 

Ex 

Ae  -  gy 

-  pto 

vo  ■ 

ca  -  vi 

fi- 

H  - 

um    me  - 

um 

■^ 

_       B 

Ç- 

■ 



-■■ — *■- 

■ 

■    m 

ve  -  ni  -  et     ut    sal  -  vet     po  -  pu-lum   su-um.     (Cf.  p.  90.) 

Bien  que  la  fausse  quinte  du  son  final  (b)  apparaisse  très 
rarement,  sauf  dans  les  cantilènes  mélismatiques,  elle  est  toujours 
présente  au  sentiment  auditif.  Aussi  l'étroite  affinité  de  cette 
forme  modale  avec  le  tétrard  authente  (VIP  mode)  n'était-elle 
pas  ignorée  des  musicistes  du  haut  moyen  âge.  Aux  yeux  d'Auré- 
lien,  de  Réginon,  de  Guy  d'Arezzo,  les  antiennes  telles  que  la 
précédente  sont  hybrides  :  elles  commencent  en  VIP  et  finissent 
en  IV^  mode'. 

^  «  Antiphona  quae  initium  habuerit  authenti  tetrardi,  et  desierit  ejus  finis  de  plagis 
«  deuteri,  veluti  haec  :  Gaude  Maria...  »  Aur.  Reom,,  p.  52.  «  Sunt  quaedam  antiphonae 
X  quas  nothas,  id  est  dégénères  et  non-legitimas  appellamus...  Ex  Aegypto  vocavi,  Ad  te 
«  Domine  levavi,  Sion  renovaberis,  O  mors,  etc.  Hae  praedictae  antiphonae  a  VIIo  tono 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  113 

§  83.  Le  déplacement  des  deux  variétés  intenses  (c'est-à-dire 
aiguës),  leur  annexion  aux  modes  inférieurs  fut  sans  contredit  le 
changement  le  plus  regrettable  que  les  harmonies  de  l'antiquité 
eurent  à  subir  en  passant  au  système  néo-hellénique.  Des  canti- 
lènes  originairement  conçues  en  vue  d'un  diapason  élevé,  ainsi  que 
nous  le  montre  souvent  leur  texte',  perdirent  par  là  toute  énergie 
expressive,  tout  élan. 

Une  seconde  cause  eut  à  la  longue  pour  effet  de  déguiser  le 
véritable  caractère  de  ces  chants  et  de  les  altérer  musicalement  : 
leur  promiscuité  séculaire  avec  des  antiennes  d'une  structure  har- 
monique différente.  En  effet  les  mélodies  du  IP  mode  et  du  IV^ 
n'appartiennent  pas  toutes  à  la  catégorie  des  intenses. 

I.  A  côté  de  ses  nombreuses  cantilènes  terminées  sur  la  tierce 
de  l'octave  hypolydienne,  le  protus  plagal  contient  chez  Réginon 
une  douzaine  d' antiennes  en  mode  éolien^,  qui  ont  été  distraites  de 
l'authente,  à  cause  de  leur  ambitus  grave.  Quelques-unes  d'entre 
elles,  amplifiées  postérieurement,  s'étendent  jusqu'à  la  quarte 
au-dessous  de  leur  finale. 

J2 

$^-.-"-izz.zzi=^B-i-T-i— il»— ,.r~i==^^n»a^^=^ 

Ge-nu-it    pu  -  ef  -  pe  -  ra    Re-gein,         eu  -  i  no  -  tnen     ae  -  ter     -     num, 


^^■=^■^^■^^^^^1^-^ 


et    gau-di  -  a    ma-tris   ha  -  bens  cuni  vir-gi-ni  -  ta  -  tis    Ito  -  no  -  re  : 


h. 


nec  primant  si-mi-lem  vi  -  sa     est,  nec  ha-be-re    se-quentem,     al -le  -  lu -ta. 

De  Nat.  Dni  ad  Latid.  D'après  l'antiphonaire  du  XlIIe  siècle. 

«  incipiunt  et...  in  IVo  finiuntur  tono.  »  Reg.  Prum.  (Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  231).  —  «  Inter 
«  proprias  hujus  plagae  formulas  et  aliae  describuntur  quae  nullatenus  hujus  esse 
«  possunt,  sed  sunt  authenti  tetrardi.  »  Guy,  De  mod.fovm.  (Coussem.,  Script. ,  1. 11,^. g%). — 
«  Istae  differentiae  quae  sunt  in  finem  hujus  modi  (Vil»)  ipsius  sunt,  cum  subjectis  anti- 
«  phonis,  sed  vitiose  hactenus  dictae  sunt,  propter  errorem  finis  antiphonarum,  in 
«  IVo  tono.  »  Ibid.  (p.  105).  Vers  1750  on  employait  encore  à  Paris  la  psalmodie  du 
Vile  ton  pour  certaines  antiennes  du  IVe.  Voir  ci-après  p.  119,  note  4. 

ï  Exemples  du  Ile  mode  :  Vox  in  Rama  audita  est,  Consurge,  De  Sien  exibit  lex,  In  omnem 
terram  exivit  sonus  eorum;  du  IV^  :  Elevata  est  magnificentia  tua,  A  summo  coelo,  Exaltare 
Domine,  Ecce  video  caelos  apertos,  etc. 

2    Leur  nombre  a  considérablement  grossi  depuis  lors. 


mZB! 


114  ^H-  ^^'  ~  MODES  ECCLESIASTIQUES. 

II.  Quant  aux  antiennes  du  deiitenis  plagal  mentionnées  au 
tonarius  de  Réginon,  elles  dérivent,  sans  exception  aucune,  de  Viastien 
intense.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  du  chant  psalmodique 
qu'elles  encadrent;  celui-ci,  on  le  verra  tout  à  l'heure,  appartient 
à  une  harmonie  et  à  une  échelle  tonale  autres. 

§  84.  Chacun  des  huit  modes  de  l'Église  possède  une  formule 
mélodique  (intonatio)  sur  laquelle  se  chantent  tous  les  versets  des 
psaumes  et  cantiques  compris  dans  l'office  des  Heures.  Sobre 
d'inflexions  et  entièrement  syllabique  aux  jours  ordinaires,  elle 
s'orne  un  peu  les  dimanches  et  fêtes,  surtout  à  Benedictus  et  à 
Magnificat.  Comme  cette  cantilène  psalmodique  est  suivie  de  la 
reprise  de  l'antienne  initiale,  elle  n'est  pas  tenue  d'aboutir  à  la 
finale  régulière  du  mode  (p.  83,  §  60).  En  outre  sa  terminaison 
se  trouvant  au  dernier  verset  {Siciit  erat)  en  contact  immédiat 
avec  le  début  de  l'antienne  redite  en  chœur,  on  a  cherché  à 
rendre  agréable  et  coulante  la  liaison  des  deux  mélodies.  C'est 
pourquoi  la  fin  de  la  phrase  musicale  est  tantôt  allongée,  tantôt 
abrégée. 

Nous  transcrivons  ici,  d'après  un  document  de  la  première 
moitié  du  X*"  siècle',  les  huit  intonations  solennelles  des  cantiques 
de  l'Évangile,  entourées  d'une  antienne. 

Protus  aiithente,  P*"  mode. 


i?M=a^ 


■— ■— ■ ^^— ir 

Eu     -    ^e       ser  -  ve     bo  -  ne     et     fi  -  de      -      lis,     qui  -  a        in    pan  -  ca   fii  -  i- 


$==^'=Hiziz==î=^i=iz:i.==i-,-ii---Ég=fEJ,L_._._^ 

sti      fi    -   de  -  lis,        su -pra  vijil-ta        te    con-sti  -  tu  -  am,     di  -  cit      Do -mi-nus. 

— 12  _    -■— ■—  -■— Ji     ■■ 


:iç= 


Be  -  ne  -  dic-tus et   nunc    et    sem  -  ber.      et        in       sae-cu-la    sae  -  eu  -  lo  -  fum. 


A  •  nten.  Eu     -     ge      ser  -  ve    bo  -  ne  etc. 

De  Conf.  in  Evang.  La  suite  de  l'antienne  d'après  Solesmes. 

'    Ps.-Hucb.  Comment.,  Gerb.,  t.  I,  p.  214  et  suiv.  Ce  que  nous  soulignons  dans  le  texte 
est  noté  tout  au  long  par  l'écrivain. 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 
Prottis  plagal,  II'  mode. 


115 


%^^ 


Ma 


gnum      he  -  re  -  di  -  ta  -  fis  etc.  (p.  97,  n"  4)...     0 


mites  gen  -  tes 


ve  •  ni  •  ent    di  -  cen  -  tes  :        Glo-  ri  -  a      ti  •  bi     Do  • 


§ 


fc-EÎE^ 


Ma-gni-fi  -  cat...   et     ntinc     et    sem  -  per,       et        in      sae  -  eu  -  la    sae-cu-lo 


%: 


A-men.         Ma 


THUin  etc. 


Deuterus  authente,  III'  mode. 


Qui  de      ter  -  ra      est,        de       ter  -  ra       lo  -  qiii-tur  :       qui    de    cae  ■  lo     ve   -   nit 


^ 


î 


ift=.£^E^ 


su-per     0  -  unies  est:  et  quod  vi  -  dit    et     au-  di  -  vit,         hoc      te  -  sta  -  tur 


DtZBI 


± 


'■ — g 


et      te  •  sti-mo  -  ni  -  um    e   -   jus      ne  ■  nto     ac  -  ci  -  pit  :  qui    au-tem    ac  -  ce   -  pit 


e  -  jus     te  -  sti-mo  -  ni-um,  si  -  gna  -  vit  qui  -a        De  •  us      ve  •  rax      est. 


^: 


g"       ■       ■" 


f/Ê 


Ma-gni  -fi  -  cat....     et  nunc  et   sem-per,  et         in     sae  -  eu  -  la    sae- eu  -  lo  ■ 


fei=^ 


A  -  men.         Qui   de       ter  -  ra     est  etc. 
De  oct.  Nat.  Diii  in  Evang.  (Ant.  Trev.,  p.  225).  La  suite  de  l'antienne  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  s. 

Les  trois  premiers  modes  latins  n'appellent  ici  aucune  observa- 
tion importante';  antiennes  et  chants  psalmodiques  ont  une  har- 
monie homogène^  Pour  le  IV^  mode,  il  n'en  est  pas  de  même. 

ï  Au  Vie  chapitre  nous  ferons  voir  comment  le  deuterus  autliente  (Ille  mode)  fut 
amené  à  déplacer  sa  dominante  pendant  le  X^  siècle. 

2  Dans  le  protus  plagal  (Ils  mode)  la  cantilène  psalmodique,  ainsi  que  la  grande 
majorité  des  antiennes,  est  de  l'hypolydien  intense.  A  l'origine  le  début  de  l'intonation 
était  probablement  F  a  c   (=  B  D  F),  au  lieu  de  G  a  c  (C  D  F). 


^j6  CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 

Nous  nous  trouverons  là  devant  un  amalgame  incohérent  de  deux 
tons  et  de  deux  modes  :  en  effet  la  mélodie  des  antiennes  du  deuterus 
plagal  appartient  à  Viastien  intense  et  à  V échelle  par  bémol  (p.  112), 
tandis  que  la  psalmodie  est  dorienne  et  se  note  par  bécarre.  Cette 
malencontreuse  combinaison,  adoptée  apparemment  à  Rome  vers 
la  fin  du  VIP  siècle',  eut  des  conséquences  fâcheuses  pour  l'inté- 
grité des  cantilènes  du  IV''  mode.  Le  \  de  la  psalmodie  agit 
comme  un  dissolvant  sur  le  b  latent  des  antiennes;  la  majeure 
partie  d'entre  elles  furent  dénaturées  par  là,  et  ne  parvinrent  plus 
ensuite  à  retrouver  une  forme  harmoniquement  irréprochable 
(voir  au  VIP  chapitre). 


J2. 


Deuterus  plagal,  IV'  mode. 


%: 


0-mnes     au  -  tem  vos  fra-tres     c  -  stis  :         et    pa  -  trein  no  -  H  -te     vo  -  ca  -  re 


^^^"^ 


cae-lis    est:     nec  vo- ce-mi -ni       ma-gt-strt,      qui  -  a      ma-gt-ster  ve 

-5 ■ — ■ — ■ ■■—■■■—■ — I 


ster 


_■__■: 


nus    est   Chri-stus. 


m 


Ma-gni-fi-cat et     nunc      et     sem-per. 


^- 


-  l"i- 

et      in      sae-cu  -  la    sae -eu  -  la  -  rum.   A  •  vten.  ^ 


B^ 


-^-■-g- 


0-mnes  au  •  tem  vos  etc. 


Fer.  III  post  Dont.  II  Quadr.  in  Evang.  La  suite  de  l'antienne  d'après  Solesmes. 


Les  quatre  derniers  modes  de  l'Église  latine  ne  présentent  dans 
leur  psalmodie  aucune  irrégularité  musicale.  Faisons   seulement 


i  Ceci  ressort  de  l'examen  des  graduels  chantés  sur  la  mélodie  Haec  dies,  lesquels 
appartenaient  originairement  au  IVe  mode.  Bien  que  depuis  des  siècles  ils  aient  passé 
au  Ile,  leur  verset  a  gardé  comme  thème  la  psalmodie  ordinaire  du  IV*.  —  Les  versets 
des  répons  de  l'office  nocturne  ont  pour  base,  au  IV^  mode,  une  tout  autre  cantilène 
psalmodique,  harmoniquement  correcte  celle-ci;  c'est  là  une  des  raisons  qui  nous  font 
considérer  cette  classe  de  chants  comme  un'peu  plus  ancienne. 

2    Le  C  n'est  qu'une  note  de  liaison,  destinée  à  faciliter  la  reprise  de  l'antienne. 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  117 

remarquer  ici  que  les  deux  formes  authentes  terminent  générale- 
ment leur  psaume  sur  la  tierce  de  l'accord  modal.  L'intonation 
ordinaire  du  V*  mode  est  de  l'hypolydien  intense;  celle  du  VIP  est 
de  l'iastien  intense. 


Triius  authente,  F«  mode. 

^                                                             ^       ^^B       ^ 

■      ^ 

*                                   m 

^ 

—     ■     ■     —     * 

■■■■■      — 

^      '  a^H 

Vox  claman-tis^  in    de  -  ser  -  to  : 

Pa-ra   -    te     vi-am  Do -mi  -ni; 

re  -  cias 

*»                               1         ■ 

_     _ 

^                                     ■""     ■     ■        ■ 

p-bh'"       ■■■■ 

-■     ■     ■        — ■— ? 

fa  -  ci  -  te  se   -   mi -tas     De  -  i     no-stri.^      Ma-^ni  -fi  -  cats et   tiiinc   et 


3=^£ 


sem-per,       et    in    saecula   saecu  -  lo-rum.  A -men.4 


Vox  da-man-tis  etc. 


Fer.  JII  post  Dont.  II  Adv. 

Tritus  plagal,  F/*  mode. 


~mzim: 


O quams  me -tu  -  en  -dus  est  la  ■  eus       i  -  ste  J         ve 


re    non  est 


Ma-gni -fi  -  cat et    nunc       et    sem-per,       et    in     sae-cu-la    sae-cu  -  lo-rum. 


fe^ 


-■     ■- 


3 


-=*«,—■, 

A  -  men.         O  quant  me -tu  -  en -dus  est  etc. 

De  Dedicatione  ecclesiae  in  Evang. 

ï  Les  trois  premières  notes,  fautives  dans  la  plupart  des  livres  modernes,  sont  certi- 
fiées par  leur  répétition  à  la  p.  224  de  la  Commemoratio. 

2  Notre  document  donne  pour  ce  mode  une  seconde  antienne,  Paganorum  multitudo, 
que  nous  nous  abstenons  de  reproduire,  parce  que  la  mélodie  s'y  montre  déjà  déna- 
turée. Elle  appartient  originairement  à  l'iastien  normal  (VII'^),  et  se  trouve  dans  notre 
catalogue  sous  le  thème  25. 

3  Gerbert  a  pour  troisième  note  G,  au  lieu  de  c.  L'erreur  n'est  pas  douteuse. 

4  L'F  final  est  simplement  une  note  de  liaison. 

s  Gerbert  (p.  215)  écrit  les  deux  syllabes  O  quam  dans  l'espace  correspondant  au 
son  F,  sans  aucune  autre  indication  mélodique.  Nous  notons  le  mélisme  initial  d'après 
les  signes  neumatiques  de  Réginon,  conformes  à  la  version  de  notre  antiphonaire  du 
XlIIe  siècle.  Voir  la  variante  du  thème  41  dans  notre  catalogue. 


17 


„8  CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 

Tétrard  authente,  VII'  mode. 

l=m^^^    ■    ■    ■    ■— 


j(j .  sep  h,  fi  -  li^   Da-vid, no  -  U      ti  -  me  -re    ac  -  ci  -  pe  -  re    Ma -ri-  am 


acuBi 


con  -ju  -  gem    tu-am  :       quod  e  -  niin   in     e  -  a     na  -  tum  est,  de   Spi  -  ri  -  tu 


san-cto   est,  al  -   le  -  lu  •  ici.  Be  -  ne- di - ctus  ^ et  nunc    et    sem-per. 


l^-*^-^ 


ibzzb: 


3 


et       in     sae-cu  -  la    sae-cu  -  lo-rum.  A  -men.         Joseph,  fi  -  li    Da-vid  etc. 
Fer.  IV  post  Dom.  IV  Adv.  in  Evang.  Ant.  Trev.  p.  i66. 

Tétrard  plagal,  VIII'  mode. 


Per    vi    -    sce   -   ra  3  mi    -    se  -  ri  -  cor  -  di  •  ae  De    •    i         no-stri         vi  •  si  - 


■S 


^ 


ta    -    vit     nos,      o  -  ri  -  eus      ex    al-to.        Be-ne-di-ctiis^....  et    nunc   et  sem-per, 
et      in      sae  -eu-  la    sae  -  eu  ■  lo  -  rum.  A  -  men.       Per    vi  -  sce  -  ra  etc. 

De  cantico  Zachariae  (Fer.  VI  ad  Laiid.).  La  fin  de  l'antienne  d'après  Solesmes. 

§  85.  En  ce  qui  concerne  les  antiennes  pourvues  d'une  mélodie 
hybride  (p.  93,  §  68),  la  pratique  actuelle  du  chant  liturgique  se 
conforme  strictement  au  principe  des  modes  de  l'Eglise  :  c^est  le 
son  final  de  l'antienne  qui  décide  de  l' attribution  modale  et  de  Pinte- 
nation  psahnodiqtie.  En  conséquence  Postulavi  Patreni  (p.  log)  et 
tous  les  chants  de  même  structure  harmonique  ont  la  psalmodie 
du  protus  authente  (I"  mode)  ;  Venite  benedicti  (p.  109)  ainsi  que 

'   Nous  lisons,  sur  la  4^  syllabe  du  texte,  t],  au  lieu  de  a,  évidemment  fautif. 

2  Gerbert,  p.  216,   indique   uniquement   c  pour  la  première  syllabe   de  Benedictus; 
l'omission  de  fa  est  sans  doute  une  erreur  de  son  manuscrit. 

3  Ibid.  :  G    c    âG    a 

Per  vi  -  sce  -  ra. 

4  Ibid.  :  G    a    a    c^    cd 

Glo-ri-a      et    nunc. 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  119 

les  autres  mélodies  de  formation  analogue  prennent  la  formule 
psalmodique  du  tétrard  authente  (VIP  mode).  Enfin  les  antiennes 
telles  qvCInmiebant,  commençant  en  éolien  et  se  terminant  en 
iastien  intense  (p.  94),  sont  transposées  à  la  quinte  grave,  et 
assignées  au  deuteriis  plagal  (IV*  mode),  dont  elles  partagent  la 
psalmodie  discordante'. 


$zzs=*=^^;^zi=i%=.=rb.3-=^F^rir^_Ej^^ 


In-nu  -  e-bant  pa  -  tri    e  -  jus,     qiiein  vel  -  let  vo-ca  -  ri       e-nni  :      et    scri-psit 


E 


:■— «i 


e^^ 


di  -  cens  :    Jo  -  an-nes     est     no-men    e-jus.  Ju-bi- la- te....  et  tiunc  et  semper, 


$1=^ 


et    in  sae-cu-la  sae-cti  -  lo-rum.  A  -men.'^  In-nu  -  e-bant  etc. 

Bien  que  la  prépondérance  décisive  du  son  final  ait  été  dès 
le  commencement  un  des  dogmes  fondamentaux  de  la  doctrine 
ecclésiastique,  elle  a  mis  beaucoup  de  temps  à  se  faire  accepter 
d'une  manière  absolue  dans  le  chant  antiphonique.  Assez  souvent 
au  IX'  siècle  la  psalmodie  des  antiennes  hybrides  fou  tenues  pour  telles) 
se  réglait,  non  pas  sur  la  fin,  mais  sur  le  début  de  la  mélodie^. 
Exemple  :  la  cantilène  Ex  Aegypto,  qui  est  censée  débuter  en 
VIP  mode  et  se  terminer  en  IV*  (p.  112),  se  trouve  rangée  chez 
Réginon  parmi  les  antiennes  du  tétrard  authente^  (VIP). 

'   Elles  appartiennent  aux  thèmes  32  et  33  de  notre  catalogue. 

2  Terminaison  d'après  les  neumes  de  Réginon  (Couss.  Script.,  t.  II,  p.  25)  et  les  notes 
de  Guy,  De  mod.  forni.  (ib.  p.  94,  II). 

3  Réginon  semble  ériger  cette  pratique  en  règle  générale  :  «  Illud  autem  summopere 
«  prudens  cantor  observare  débet,  ut  semper  magis  principium  antiphonae,  introitus  vel 
<i  communionis  attendat  in  toni  sonoritate  quant  finem.  Et  e  contrario  in  responsoriis 
«  magis  consideret  finem  et  exitum  in  toni  consonantia,  quam  initium.  »  Gerb.  Script., 
t.  I,  p.  231.  Rien  de  plus  logique  en  principe.  L'antienne  devant  annoncer  la  psalmodie, 
son  début  était  le  plus  important,  tandis  que  dans  le  répons  la  partie  la  plus  saillante 
est  celle  qui  précède  immédiatement  le  verset  et  se  repète,  en  guise  de  refrain,  pour 
terminer  le  morceau  entier. 

4  Voir  ci-dessus  p.  112,  note  i.  «  A  Notre-Dame  de  Paris  on  prend  souvent  le  VU*  ton, 
«  avec  son  faux-bourdon,  pour  les  antiennes  du  IV*.  Après  le  psaume  ou  le  cantique, 
«  Vantienne  sonne  très  mal,  et  paraît,  comme  elle  l'est,  totalement  étrangère  à  la 
«  psalmodie.  »   Poisson,  Traité  du  chant  grégorien  (Paris,  1750),  p.  265. 


I20 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 


/J2 


^ig£^-i— ^-g^ 


'■■■■■      TT 


£;ï    Ae  -  gy  -  pto  vo  -  ca  -  vi     fi   -  H  -  um   me  -  tim  :      ve  -  ni  -  et     ut 


sal  -  vet      po  -  pii-lum  su  -  um.         Ma  -  gni  -fi  -  cat....    et  nunc    et    sem  -  fer 


■     ■     ■   "■     ■     ■" 


et       in     sue  -  eu  -  la  sae- cu-lo-rum.  A-menJ       Ex   Ae-gy  -  pto    etc. 

§  86.  Il  nous  reste  encore  à  montrer  ce  qui  advint  du  thème 
iastien  Nos  qui  viviimcs  (p.  91),  finissant,  par  une  exception  unique, 
sur  le  son  aigu  de  la  triade  modale  G  t|  d.  Malgré  l'anomalie  de 
sa  terminaison,  cette  antienne  et  deux  autres  chantées  sur  la 
même  mélodie  furent  adjointes  au  tétrard  anthente,  et  eurent  sa 
psalmodie  jusqu'au  X"  siècle.  Réginon  les  annexe  purement  et 
simplement  à  la  division  principale  du  VIP  mode. 


^  ■     ^     ■    i    *    — *—■    ■    ^    '    ■       Il       ^  1^  "^ 


Nos  qui    vi  -  vi  -  mus,     be  •  ne  ■  di  -  ci  -  mus  Do  -  mi  -  no.  Ps.  113.  In     ex  -  i-tu 


s 

■ 

■ 

-      -       ■       - 

^ 

Is  . 

ra 

■  el 

de    Ae-gy  -pto 

s 

^      ■        1 

s 

_ 

^                1 

■ 

* 

■     ■ 


"(H): 

sae  •  eu  -  lo  •  rum.  A  •  men.  2 


a 


Nos  qui    vi  -  vi  •  mus,  etc. 

Mais  déjà  au  temps  de  Charlemagne  cette  pratique  souleva,  de 
la  part  de  certains  chantres,  d'importunes  critiques  qu'Aurélien 
relève  avec  vivacité  dans  un  des  passages  les  plus  intéressants  de 
son  livre. 


'  Autres  exemples  dans  le  tonarius  de  Réginon  :  V antienne  A  nte  me  non  est  formatus, 
commençant  en  Vlle  et  finissant  en  I"  (thème  31),  a  la  psalmodie  du  Vlle  mode; 
Eructavit  cor  meum  débute  en  I"  et  se  termine  en  VI^  (thème  i);  la  psalmodie  est 
du  l",  etc.  Toutefois  les  cas  oii  R.  suit  cette  manière  ne  sont  pas  en  grand  nombre. 

*  La  psalmodie  d'après  les  neumes  de  Réginon,  p.  33  (le  fac-similé  de  Coussemaker 
est  inexact). 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES.  121 

«  Il  est  enfin  une  onzième  division  du  tétrard  authente,  dont  la  mélopée 
«  s'éloigne  complètement  de  la  cadence  habituelle  du  mode.  C'est  pour- 
«  quoi  nous  avons  cru  devoir  la  traiter  séparément.  Elle  comprend  le 
«  chant  de  trois  antiennes  :  Nos  qui  vivimus,  Martyres  Domini  et  Angeli 
«  Domini  (cette  dernière  ne  fait  que  reproduire  note  pour  note  la  cantilène 
«  de  la  précédente).  Les  mélodies  de  ces  antiennes  ne  sont  pas  conformes 
«  à  la  règle  des  modes;  mais  telles  on  les  chanta  autrefois,  telles  on  les 
«   chante  encore  aujourd'hui.  » 

«  D'aucuns  nient  qu'elles  aient  l'harmonie  du  tétrard  authente,  mais 
«  ils  sont  dans  l'erreur,  ainsi  qu'est  capable  de  le  reconnaître  et  d'en 
«.  juger  immédiatement  tout  connaisseur  en  matière  de  chant.  (A  la  vérité, 
«  n'était  le  respect  dû  à  la  mémoire  des  aïeux,  on  assimilerait  la  fin  des 
«  trois  antiennes  à  celle  des  autres  chants  du  susdit  mode.)  Les  mêmes 
«  opposants  prétendent  que  les  mélodies  des  antiennes  en  question,  de 
«  même  que  leur  intonation  psalmodique,  doivent  s'assujettir  aux  règles 
«  de  je  ne  sais  quel  ton  ou  mode  fraîchement  éclos'.  Mais  ils  mentent. 
«  Car  ces  chants  ont  été  composés  longtemps  avant  l'invention  de  ces 
«  tons,  et  de  longs  cycles  d'années  ont  passé  depuis  qu'ils  furent 
«  accueillis  au  giron  de  la  sainte  Église^.    » 

Malgré  les  résistances  des  traditionalistes,  les  novateurs 
obtinrent  définitivement  gain  de  cause  dès  le  commencement 
du  X*  siècle.  La  Commemoratio  attribue  les  antiennes  dissidentes 
au  tomts  novissijnus,  dorénavant  passé  en  usage,  et  leur  assigne 
une  psalmodie  propre,  empruntée  à  un  thème  du  protus  (toujours 
le  mélange  de  l'éolien  et  de  l'iastien!).  Ce  fut  la  première  ébauche 
du  tonus  peregrinuSj  de  la  ravissante  mélodie  devenue  inséparable 
du  psaume  In  exitu  Israël^.  Tout  comme  l'iastien  intense,  la  forme 
exceptionnelle  terminée  sur  le  son  supérieur  de  l'accord  modal 
fut  abaissée  d'une  quinte,  c'est-à-dire  transposée  par  bémol.  On 
l'annexa  au  tétrard  plagal  sous  le  nom  de  VIII'  ton  irrégnlier, 
le  plus  grave  de  tous  les  modes  latins.  Nous  transcrivons  ici 
les  exemples  du  traité  pseudo-hucbaldien  '*. 

»  C'est  là  évidemment  un  des  quatre  tons  nouveaux  décrétés  par  Charlemagne  (p.  106). 

2  Gerb.  Script.,  t.  I,  pp.  51-52. 

3  On  y  reconnaîtra  sans  difficulté  le  thème  mélodique  des  versets  dans  les  répons 
nocturnes  du  IV^  mode.  Nous  conclurons  de  ce  fait  que  c'était  la  psalmodie  ordinaire 
des  antiennes  de  l'iastien  intense,  antérieurement  à  l'établissement  de  la  théorie  ecclé- 
siastique. 

4  Ibid.,  p.  2i8. 


CH.  IV.  —  MODES  ECCLÉSIASTIQUES. 


Ad  tontim  novissimnm. 

■      "      ■ 

1^                                              B^"                                              "^^"B 

IÇ       _           _     ■     "^             1                          ^ 

T«        ■      ■      ■ 

In  tem-plo   Do  -  mi  -  ni 


0- mîtes  di  -  cent    glo  -  ri  -  avi.  Ps.  28.    Af-fer  -  te 


Do  ■  mi  -  no,  fi  -  lit    De  -  i,       af-fer  -te    Do  -  mi  -no    fi  -  U  -  os       a  •  ri  -  e-tum. 


Similiter  ad  antiphonas 


■P^  ..-.^^^E^ 


Nos  qui  vi  -  vi  -  7nus,       be  -  ne  -  di  -  ci  -  mus  Do  -  mi  -  no. 


P     m- 


Mar-ty  -  res  Do  -  mi  -  ni,       Do  -  mi-num  be  -  ne  -  di  -  ci  -  te     in    ae  -  ter-num. 
Et  alla  hujusmodi  siqna  simt. 

§  87.  L'analyse  comparative  qui  précède  aura  suffi,  je  l'espère, 
à  démontrer  les  nombreuses  défectuosités  de  la  doctrine  ecclé- 
siastique des  modes,  et  la  nécessité  de  recourir  à  la  nomenclature 
des  anciens  Hellènes  pour  expliquer  clairement  le  mécanisme 
musical  des  plus  vieux  chants  de  l'antiphonaire  romain. 


CHAPITRE   V. 


LA    FACTURE    MUSICALE    DES    ANTIENNES. 

Section  I.  — Nomes  ou  thèmes  mélodiques. 

§  88.  Les  Anciens  envisageaient  l'acte  de  la  composition 
musicale  à  un  point  de  vue  essentiellement  différent  du  nôtre. 
Tandis  qu'à  l'époque  moderne  le  compositeur  vise  avant  tout  à 
être  original,  à  imaginer  lui-même  ses  motifs  avec  leurs  harmonies 
et  leur  instrumentation,  les  mélographes  gréco-romains,  et,  après 
eux,  les  auteurs  des  cantilènes  liturgiques  travaillaient  en  général 
sur  des  thèmes  traditionnels  ',  dont  ils  tiraient  de  nouveaux  chants 
par  voie  d'amplification.  Un  thème  de  ce  genre  fut  désigné  depuis 
une  haute  antiquité  par  le  mot  nomos,  loi,  règle,  modèle^  De 
même  qu'en  architecture,  l'invention  consistait  en  musique  à 
construire  des  œuvres  nouvelles  à  l'aide  de  matériaux  pris  au 
domaine  commun.  Cette  manière  de  procéder  n'est  pas  particu- 
lière aux  anciens  Hellènes;  elle  se  retrouve  partout  où  la  musique 
homophone  s'est  élevée  à  la  conception  de  l'unité  modale,  à  la 
conscience  d'une  fondamentale  harmonique.  Pareil  au  nomos  des 
Grecs,    le   sâman   des    prêtres   védiques  2,    le   râga   des   Hindous 

^  Peu  de  cantilènes  antiphoniques  paraissent  avoir  été  composées  sans  autre  thème 
que  l'échelle  modale.  Exemple  :  Exsultabunt  omnia  ligna  silvarum  (du  V^). 

2  Mus.  de  rant.,  t,  II,  p.  316.  Les  nomes  portaient  des  titres  indiquant  soit  leur  auteur, 
soit  leur  destination  spéciale,  soit  leur  origine,  soit  une  particularité  frappante  de  leur 
mélodie.  Tels  le  nome  de  Terpandre,  de  Képion,  d'Athéné,  d'Ares,  le  nome  béotien, 
le  trimélès  (à  trois  motifs).  Souvent  ces  épithètes  sont  énigmatiques  pour  nous  :  nome 
polycéphale  (à  plusieurs  têtes),  nome  harmatios  (du  char).  Quelques-unes  s'appliquaient  à 
toute  une  catégorie  de  thèmes  :  les  nomes  rehaussés,  aigus.  Voir  ci-dessus  p.  100,  note  2. 

3  Mus.  de  rant.,  t.  II,  p.  316. 


124  ^^-  ^-  "~  THÈMES  NOMIQUES. 

modernes  est  un  simple  schéma  mélodique  servant  de  canevas  à 
une  infinité  de  chants.  Les  nomes  sont  en  quelque  sorte  les  racines 
du  langage  musical;  chacun  d^eux  est  Vêlement  commtm  à  un  groupe 
distinct  de  mélodies.  Quant  à  l'invention  de  ces  cantilènes-types, 
elle  était  considérée  dans  l'antiquité  comme  le  résultat  d'une 
inspiration  quasi  divine  ',  et  attribuée  en  cette  qualité  aux  musi- 
ciens de  la  période  la  plus  reculée.  Les  Hellènes  faisaient  remonter 
leurs  principaux  nomes  à  Terpandre,  à  Clonas,  à  Olympe,  les 
fondateurs  de  leurs  trois  plus  anciens  genres  de  musique  :  la 
monodie  à  la  cithare,  le  chant  accompagné  d'un  instrument  à 
vent,  le  solo  instrumental. 

§  89.  La  composition  nomique  est  fondée  sur  la  nature  même 
de  la  musique  homophone.  Voici  comment.  —  Une  succession  de 
sons  divers  n'a  de  sens  musical  et  expressif  qu'autant  que  la 
coordination  des  sons  ou,  à  un  degré  esthétique  plus  élevé,  leur 
subordination  à  un  son  principal,  puisse  être  saisie,  ou  au  moins 
sentie,  par  l'auditeur.  Ce  qui  guide  l'intellect  ou  le  sentiment,  ce 
qui  relie  tous  les  sons  d'une  idée  musicale  en  un  seul  faisceau,  c'est 
l'Harmonie  dans  son  acception  la  plus  large;  chez  les  modernes 
elle  se  manifeste  par  la  tonalité^  chez  les  Anciens  par  le  mode^.  Or, 
à  l'audition  d'une  mélodie  homophone  les  fonctions  harmoniques 
ne  se  déterminent  que  peu  à  peu,  l'une  après  l'autre,  et  l'har- 
monie totale,  le  mode,  ne  se  révèle  complètement  qu'avec  la 
dernière  note  de  la  phrase  mélodique,  en  sorte  que  la  compré- 
hension de  l'auditeur  est  rétrospective,  pour  ainsi  dire.  Incepto 
cantUf  écrit  Guy  d'Arezzo,  quid  sequatur  ignoras,  finito  autem,  quid 
praecesserit  vides  ^.  Dans  l'art  polyphonique,  au  contraire,  l'oreille 
ne  reste  pas  un  moment  dans  l'incertitude  sur  les  fonctions  har- 
moniques des  sons  de  la  mélodie  ;  un  ou  deux  accords  suffisent 

'  On  conservait  à  Sicyone  des  registres  publics  relatant  l'auteur  de  chaque  nome, 
l'époque  et  la  fête  publique  où.  le  thème  avait  été  produit  pour  la  première  fois,  le  nom 
et  la  patrie  de  l'exécutant,  etc.  Mus.  de  Vant.,  t.  I,  p.  42g,  note  2. 

*  «  Il  existe  en  musique  huit  modes,  lesquels,  semblables  aune  substance  agglutinante, 
«  donnent  la  cohésion  à  toute  suite  mélodique.  »  Cette  définition  fait  partie  du  fragment 
inscrit  sous  le  nom  d'Alcuin.  Voir  ci-dessus,  p.  105,  note  2. 

3  Microl.  chap.  11  (Gerb.  Script.,  t.  II,  p.  12).  Le  célèbre  traité  de  Guy  a  été  publié 
séparément,  avec  une  traduction  allemande  et  d'excellentes  notes,  par  le  savant  et 
vénérable  musiciste  ecclésiastique  Michel  Hermesdorff.  Trêves,  1876. 


CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES.  125 

pour  déterminer  la  tonalité.  En  un  mot  la  Muse  moderne  se 
montre  tout  de  suite  à  nu,  la  Muse  antique  ne  se  dévoile  qu'à 
la  longue. 

De  là  une  foule  de  conséquences  esthétiques',  dont  nous  ne 
relèverons  qu'une  seule,  essentielle  à  notre  objet.  Tout  au  rebours 
de  nous,  les  Anciens  ne  cherchaient  point  l'imprévu  dans  les 
sensations  musicales.  La  première  impression  d'une  mélodie  tout 
à  fait  nouvelle  avait  pour  eux  quelque  chose  d'indécis,  partant 
de  peu  agréable.  Aristote,  ou  le  rédacteur  de  ses  problèmes 
musicaux,  revient  deux  fois  sur  ce  point  :  «  Pourquoi  éprouvons- 
«  nous  plus  de  plaisir  à  écouter  un  chant  connu  qu'un  autre 
«  entièrement  inconnu  à  nous?  »  Et  il  suggère  cette  réponse  : 
«  Est-ce  parce  que,  au  premier  cas,  nous  suivons  plus  aisément 
«  l'exécutant,  comme  qiielquhin  dont  on  prévoit  le  but?  En  effet, 
«  ce  que  nous  savons  d'avance  nous  sert  alors  pour  comprendre 
«  ce  que  nous  entendons^  »  En  somme  le  thème  nomique  était 
une  sorte  de  Leitmotiv,  ayant  la  propriété  d'orienter  l'auditeur 
antique,  de  le  guider  à  travers  le  labyrinthe  des  modes  et  des 
variétés  modales. 

§  go.  Les  nomes  que  le  chant  chrétien  a  puisés  au  fonds  com- 
mun de  la  musique  gréco-romaine  ne  sont  pas  très  nombreux. 
Une  minutieuse  analyse  musicale  de  toutes  les  antiennes  com- 
prises dans  le  tonarius  de  Réginon  de  Prum  nous  a  donné  en 
tout  47  thèmes;  encore  est-il  à  remarquer  que  beaucoup  d'entre 
eux   ne  se  différencient  que   par   les  premiers    sons  ou  par   la 

ï  Un  accompagnement  continu  en  accords  pleins  est  contraire  à  la  constitution  du 
chant  homophone  et  en  détruit  le  charme.  Des  cantilènes  sans  modulations  causent  plus 
promptement  de  l'ennui  lorsqu'on  y  ajoute  une  harmonie.  —  Selon  moi  toute  réforme 
dans  V exécution  du  plain-chant  devrait  débuter  par  la  suppression  de  V accompagnement  poly- 
phone,  procédé  d'introduction  assez  récente.  J'ai  à  me  reprocher  d'avoir  moi-même 
méconnu  trop  longtemps  ce  principe  et  contribué  à  propager,  par  différentes  publica- 
tions, une  pratique  équivoque.  Aujourd'hui  je  regrette  mon  erreur  passée,  et  j'estime  que 
le  meilleur  accompagnement  du  plain-chant  ne  vaut  rien.  —  S'il  faut  absolument  soutenir 
la  voix  pour  la  maintenir  au  ton,  le  redoublement  à  l'unisson  des  principaux  sons  de  la 
mélodie,  entremêlé  par  ci,  par  là,  d'un  simple  accord  de  quinte,  pour  souligner  les 
cadences  finales;  en  certains  modes  une  tenue  fixe  semblable  à  Vison  des  chrétiens 
d'Orient,  mais  dans  la  région  la  plus  grave  du  clavier;  voilà  tout  ce  qui  me  paraît 
compatible  avec  le  principe  harmonique  de  la  mélopée  gréco-romaine  et  la  tradition  du 
chant  chrétien. 

2  Probl.  5  et  40. 


126  CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES. 

cadence  finale,  et  remontent  à  une  source  commune.  Si  nous 
n'avions  craint  de  multiplier  les  subdivisions  de  notre  catalogue 
analytique,  il  nous  eût  été  facile  de  réduire  les  motifs  fondamen- 
taux à  une  trentaine. 

Quelques-uns  consistent  en  un  simple  linéament  indiquant  les 
inflexions  les  plus  caractéristiques  de  la  voix  (thèmes  g,  lo,  12,  17, 
18,  36,  41,  etc.).  La  plupart  ont  un  dessin  initial  nettement  tracé 
et  ne  varient  que  dans  leur  développement  (3,  4,  5,  ig,  20,  etc.). 
Enfin  certains  d'entre  eux  forment  une  mélodie  fixe,  d'un  bout 
à  l'autre,  et  ne  subissent  que  les  changements  nécessaires  pour 
s'adapter  à  leurs  divers  textes  (16,  23,  24,  2g,  etc.). 

§  gi.  La  marche  générale  du  dessin  nomique,  décalque  musical 
de  la  mélopée  naturelle  du  discours  parlé,  suit  deux  modèles 
typiques  :  le  premier  propre  à  la  forme  normale,  authente,  des 
quatre  modes,  l'autre  réservé  aux  variétés  dites  relâchées. 

L  Marche  directe,  ascendante  d'abord,  puis  descendante.  Le 
point  de  départ  de  la  cantilène  est  la  fondamentale  ou  la  médiante  ; 
le  principal  point  d'arrêt  à  l'aigu  est  la  quinte  de  la  triade  modale, 
la  dominante,  que  l'on  ne  dépasse  guère  que  d'un  ou  de  deux 
degrés.  A  la  descente  vers  le  son  final,  la  mélodie  dispose  d'une 
halte  facultative  sur  la  médiante  ou  sur  le  4°  degré  de  l'octave 
ascendante.  La  marche  directe  de  la  mélodie  se  rencontre  dans 
les  thèmes  de  l'éolien  et  du  dorien,  de  l'hypolydien  et  de  l'iastien 
normaux  :  I",  IIP,  V''  et  VIP  modes  ecclésiastiques. 

Exemples!  ;  tonique  initiale,  thèmes  3,  6,  10,  11,  19,  25,  26,  27,  34,  35,  38,  43;  médiante 
initiale,  i,  8,  20,  36,  42. 

Une  variante  du  même  type  de  chant  supprime  le  début  ascen- 
dant ;  la  voix  se  pose  d'emblée  sur  la  quinte  de  l'accord  parfait 
du  mode,  et  la  direction  générale  du  dessin  mélodique  est  de  l'aigu 
au  grave. 

Exemples2  :  thèmes  2,  22,  23,  24,  Z7f  44- 

IL  Marche  dite  circulaire,  se  mouvant  autour  d'un  son  central. 
La  cantilène  part  de  la  fondamentale;  elle  ne  s'en  éloigne  que 

*  Dans   les   restes   antiques   :   mode   éolien,  p.  47;   iastien  normal,  p.   46;   dorien, 
pp.  39.  42. 
»  Mélodie  de  la  I^e  pythique,  p.  48. 


CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES.  127 

de  quelques  degrés,  tantôt  au  grave,  tantôt  à  l'aigu,  pour  y 
revenir  sans  cesse  jusqu'à  sa  terminaison  définitive.  Une  pareille 
manière  de  procéder  se  remarque  dans  les  nomes  des  formes 
modales  dites  relâchées  :  VP  et  VHP  modes  latins. 

Exemples!  :  thèmes  12,  15,  16,  39,  41. 

§  92.  Les  thèmes  compris  dans  les  variétés  modales  appelées 
intenses,  IP  et  IV""  modes  occidentaux,  ont  la  marche  mélodique 
des  formes  normales  ou  authentes,  sauf  pour  la  cadence  finale, 
qui  a  lieu  sur  la  médiante.  Ces  phrases  musicales  sans  conclusion 
positive  expriment  une  exclamation,  une  interrogation. 

Exemples  :  thèmes  29,  45,  46,  47. 

§  93.  Au  commencement  du  thème  la  fondamentale  et  la 
médiante  peuvent  être  précédées  d'une  appoggiature  supérieure  ou 
inférieure^,  voire  même  de  deux  sons  d'appui.  Ces  notes  prépa- 
ratoires sont  l'équivalent  de  ce  qu'on  appelle  en  rythmique 
Vanacroiisey  c'est-à-dire  le  fragment  de  mesure  éventuellement 
placé  avant  le  frappé  initial. 

Exemples  de  l'appoggiature  inférieure  :  thèmes  4,  9,  13,  variantes  des  thèmes  10,  41; 
appoggiature  supérieure  :  thème  21,  variantes  des  thèmes  12  (b),  29  (a);  double  appoggia- 
ture :  thèmes  5,  14. 

§  94.  Il  existe  en  outre  quelques  thèmes  nomiques  de  formation 
plus  ou  moins  anormale,  soit  par  la  contexture  harmonique,  soit 
par  le  parcours,  le  commencement  ou  la  terminaison  du  dessin 
mélodique.  Ces  irrégularités  seront  examinées  de  plus  près,  quand 
il  y  aura  lieu,  dans  notre  catalogue. 

Thèmes  hybrides  :  31,  32,  33;  thèmes  à  parcours  restreint  :  7,  17,  30,  40;  thèmes 
irréguliers  au  début  ou  à  la  fin  :  18,  28, 

§  95.  L'entrée  d'une  mélodie  en  est  toujours  la  partie  la  plus 
saisissante,  celle  qui  captive  l'oreille  et  détermine  l'impression  de 
l'auditeur.  Dans  le  chant  des  antiennes  le  début  a  une  impor- 
tance spéciale,  en  ce  qu'il  doit  préparer  le  chœur  à  l'intonation 

1  Hymne  à  Némésis,  p.  43. 

2  La  quinte  de  la  triade  modale  formant  à  l'aigu  la  limite  infranchissable  des  sons 
initiaux,  —  règle  des  théoriciens  primitifs,  —  son  appoggiature  supérieure  ne  figure 
jamais  au  début  d'un  thème  nomique.  Quant  à  son  appoggiature  inférieure,  elle  y  appa- 
raît par  exception  :  thème  29,  variante  c;  mais  il  est  à  remarquer  que  nous  nous  trouvons 
là  devant  une  mélodie  tronquée. 


128 


CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES. 


du  psaume  qui  va  suivre  fp.  iig,  note  3).  Aussi  le  premier 
mouvement  marqué  de  la  cantilène  antiphonique,  la  montée  vers 
la  dominante  ou  la  descente  vers  son  octave  inférieure,  a-t-il  ses 
figures  caractéristiques  dans  les  diverses  formes  modales. 


S): 


=7=i2 


m 


"etc. 


Doritn  111 


Hypolydien 

normal 

(V) 


etc. 


_etc. 


Hypolydien  S_ 


lastien        S- 
normal  (VWj  P- 


^ 


etc. 


relâché 

(vir 


lastien 

relâché 
iVIIF) 


letc. 


fc 


letc. 


Chaque  mode  possède  également  ses  formules  terminatives. 
Elles  comportent  moins  de  relief  et  de  variété  que  le  dessin 
initial  :  beaucoup  de  thèmes  nomiques  ont  une  conclusion  com- 
mune. Et  il  n'en  peut  être  autrement,  puisque  toutes  les  mélodies 
d'un  même  mode  aboutissent  à  un  son  identique,  amené  unifor- 
mément par  une  succession  descendante. 

T±s D     Z7d2; 


Eolien  (1"'') 


Dorien  (IW) 


etc. 


Hypolydien    SI 
normal         S 


fVj 


|etc. 


Hypolydien    S 
relâché       '^ 

'vri 


lastien  normal  f->       m^ 

et  relâché       S  *■ 

(Vil"  et  Vlll") 


Seules  les  deux  formes  relâchées  se  terminent  quelquefois  par 
un  mouvement  ascendant  du  dessin. 


Hypolydien    &! 
reldché        '"^ 
(VI'J 


B 


§  96.  En  ce  qui  concerne  les  intervalles  mélodiques  employés 
dans  les  nomes  gréco-romains,  voici  les  règles  générales  déduites 
de  l'analyse  comparative  des  débris  de  l'art  antique  et  des  chants 


CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES.  129 

de  l'office.  Les  particularités  de  chacune  des  formes  modales 
seront  relevées  à  leur  place. 

I.  La  seconde  (ton,  demi-ton),  soit  ascendante,  soit  descen- 
dante, constitue  l'élément  premier,  indécomposable,  de  la  mélopée 
diatonique.  Secondes  et  tierces,  majeures  et  mineures,  sont  des 
intervalles  communs  à  toutes  les  cantilènes  vocales,  partout  et 
toujours;  leur  usage  n'est  soumis  à  aucune  restriction'. 

IL  La  quarte  et,  à  un  plus  haut  degré,  la  quinte  sont  des  inter- 
valles harmoniques  et,  comme  tels,  ne  se  produisent  pas  entre 
tous  les  degrés  des  diverses  échelles  modales.  La  quinte,  par 
exemple,  ne  se  prend  par  saut,  et  en  montant,  qu'à  partir  de 
la  fondamentale  du  mode  mis  en  œuvre. 


L 

ÉoKen  (pr)     ^  JS_V 


Fon  -  tes  (Thème  3) 

DoriendlIV  ^      _      _      ^  "■— ■      "  -  ggE^EEt^'EE 

Al  -  H  -  ga,  Do -mi -ne  (Th.  38)  "A     -     si  -  Ss  (p- 42) 

lastien. armais P— J  "^      '      "-''  ^V?    (P-  4^) 


^^ 


(y^n        ^     U     ^  j ^_^_ 

Ho -San  -  na  (Th.  26)  [  ^^o — 4i — P — t — ^ — 

a  jioiJ  -  ^a  (p.  43) 

§  97.  En  tant  qu'intervalles  directs,  la  quarte  majeure  (ou  triton) 
et  la  quinte  mineure  (ou  fausse  quinte)  sont  bannies  des  chants 
du  culte  chrétien.  Il  n'en  était  pas  ainsi,  pour  le  triton  du  moins, 
dans  la  musique  des  Hellènes  à  sa  période  primitive.  Le  mythique 
Olympe,  qui  apporta  en  Grèce  les  nomes  consacrés  au  culte, 
paraît  avoir  été  frappé  du  caractère  des  successions  mélodiques 
^  —  F,  tîa  —  F,  à  tel  point  qu'il  imagina  de  supprimer  systéma- 
tiquement, dans  certains  morceaux  en  mode  dorien,  le  degré 
central  de  la  quinte  modale'  (G),  réduisant  celle-ci  en  conséquence 

1  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  100  et  suiv. 

2  «  Olympe,  ainsi  que  l'écrit  Aristoxène,  est  regardé  par  les  musiciens  comme  le 
«  créateur  du  genre  enharmonique;  auparavant  tout  était  diatonique  ou  chromatique. 
(I  On  suppose  que  l'invention  fut  amenée  ainsi  :  parcourant  l'échelle  diatonique  du 
«  mode  dorien,  de  l'aigu  ou  grave,  et  conduisant  souvent  sa  mélodie  jusqu'à  la  parhypate 


130  CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES. 

à  quatre  sons  (ij  a  —  FE).  Au  IP  siècle  après  J.  C.  le  goût  musical 
avait  changé  à  cet  égard,  si  nous  en  jugeons  par  les  morceaux 
encore  existants.  A  la  vérité  le  saut  descendant  de  triton  se 
rencontre  dans  l'hymne  dorien  à  Hèlios  (p.  39),  mais  interrompu 
par  un  point  d'arrêt  : 


%[^^^^^^^É^EE^ 


-t=   r 


:=p=P~ 


z.^    itz=tit=b?: 


Tto  -  ta,  -  [Ko)    Sb     crè  -  ôsv    irv-poç     à^j^-^^o  -rov     ri  -  jcrouciv  etc.  (vv.  g-io) 

I.  A  l'état  d'intervalle  décomposé,  c'est-à-dire  résolu  en  inter- 
valles plus  petits,  le  triton  ascendant  ou  descendant  se  présente 
à  chaque  pas  dans  les  chants  de  Mesomède. 


a^EEÊ^fi^E 


wm 


-i=F=r=ppr:-F= 


t-bi:: 


^^Mâ 


TtroL  -  yoiç  uir      i 


yj 


sT-cri      Si 


x-siç,     A  Hélios,  V.  3.  Cf.  vv.  12  et  16. 


f ft — ^ 


i$(|^^Êg^Eg£5ËEg^l;ig 


m^^^^ 


"l   -  Ko,  -  ô<     ju^â  -  Kcci  -pa     Si  -  xatr-TTo  -  Àe,  A  Némésis  (p.  43),  v.  14. 

Des  successions  semblables  à  celles  qui  se  voient  dans  ces  trois 
passages  étaient  encore  assez  fréquentes  à  l'époque  où  remontent 
les  plus  anciennes  notations  du  chant  liturgique  (IX^  siècle);  et  de 
fait  elles  ne  pouvaient  guère  s'éviter  dans  les  deux  modes  à  quinte 
tritoniée,  le  dorien  (IIP)  et  l'hypolydien  (V'').  Elles  deviennent 
de  plus  en  plus  rares  à  mesure  que  l'on  approche  des  temps 
modernes.  Toutefois,  malgré  une  expurgation  poursuivie  pendant 
des  siècles,  les  maîtres  du  chant  ecclésiastique  n'ont  pu  réussir  à 


«  (F),  tantôt  à  partir  de  la  paramèse  (tj),  tantôt  après  la  mèse  (a),  saits  toucher  à  la 
•  lichanos  (G),  il  fut  frappé  du  bel  effet  qui  en  résultait.  Émerveillé  de  l'échelle  construite 
«  d'après  ce  procédé,  et  l'estimant  correcte,  il  y  adapta  des  chants  en  ton  et  en  mode 
«  dorien.  »  Plut.  Mus.  ch.  11.  Cf.  Mus.  de  Vant.,  t.  I,  p.  298.  Remarquons  en  passant  qu'il 
n'était  pas  question,  dans  cet  enharmonique  primitif,  du  degré  divisant  le  demi-ton 
fami.  Ce  furent  les  aulètes  postérieurs  à  Olympe  qui  inventèrent  cet  artifice  bizarre, 
en  bouchant  à  moitié  le  trou  du  fa,  afin  de  retrouver  dans  la  quinte  si-Mi  cinq  sons 
(si,  la,  —  fa,  fa  abaissé,  mi).  Voir  ci-dessus  p.  6,  note  2. 


CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES.  131 

expulser  définitivement  du  sanctuaire  l'antique  diabolus  in  miisica. 
De  nos  jours  encore  il  révèle  sa  présence  en  beaucoup  de  chants, 
même  très  usuels  (je  cite  les  premiers  qui  me  viennent  sous  les 
yeux  ou  à  la  mémoire)  : 


3 


Ec  -ce    Do- mi  -  nus     ve  -  ni  -  et, 

Antiph.  monast.  de  Solesmes,  p.  132. 


l=Ét 


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1 

S                                                                                                        11 

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* 

B 

Quae  tu  cre-a-sti      pe-cto-ra. 

Ibid.  p.  356. 


par  -  ce      no  -  bis     Do  -  mi  -  ne. 
Lit.  maj.  (Plantin). 


II.  La  décomposition  mélodique  de  Isl  fausse  quinte  (tj  —  f,  f — ^) 
est  sans  exemple  dans  les  restes  de  l'antiquité  gréco-romaine. 
Elle  aurait  pu  se  produire  en  deux  modes  :  l'éolien  et  l'iastien 
normal.  Or,  trois  des  quatre  fragments  éoliens  (II,  III,  IV, 
pp.  47-48)  s'abstiennent  totalement  du  6"  degré  ascendant  de  leur 
échelle  (f),  et  la  petite  chanson  en  iastien  normal  (p.  46)  n'atteint 
pas  f  à  l'aigu.  Quant  aux  cantilènes  liturgiques  du  protus  (éolien), 
elles  ne  mettent  pas  davantage  en  contact  le  2''  degré  et  le  6'' 
(E  —  b).  Mais  un  des  thèmes  du  tétrard  authente  (iastien  normal), 
exhibe  l'intervalle  de  quinte  mineure,  sous  forme  de  succession 
ascendante. 

Thème  24. 


!EE?3 


Ca  -  ro      me 


re  -  qui  -  e  -  scet     in       spe. 


Nous  montrerons  plus  tard  que  la  répugnance  à  affronter  les 
intonations  de  triton  et  de  fausse  quinte  fut  la  cause  des  princi- 
pales altérations  que  le  chant  catholique  a  subies  au  cours  de  sa 
longue  histoire,  et  le  véritable  dissolvant  des  harmonies  antiques. 

§  98.  Les  hymnes  grecs  du  IP  siècle  présentent  trois  fois  le 
saut  de  sixte  : 


rep-TTo-pt-E  -  voç  Au  -  ^c 
A  Hélios,  V.  14. 


A  la,  Muse,  v.  i. 


irdo  -  £  -   SoOV  Al  -  KCtV, 
A  Némésis,  v.  18. 


132  CH.  V.  —  THÈMES  NOMIQUES. 

De  nos  jours  l'Antiphonaire  n'offre  plus  aucun  exemple  de  la 
sixte  prise  directement'.  Au  X""^  siècle  Hucbald  en  connaît  encore*, 
et  l'on  peut  indiquer  une  antienne  du  IIl"'^  mode,  qui  à  cette 
époque  renfermait  précisément  l'intonation  directe  de  sixte  D  —  tî, 
employée  dans  les  deux  premiers  exemples  antiques  que  nous 
venons  de  transcrire,  doriens  eux  aussi.  Presque  au  commence- 
ment de  l'antienne  Cum  indiicerent  (du  I"  mode)  l'édition  de  Plantin 
a  ce  saut  extraordinaire  de  septième,  coupé,  il  est  vrai,  par  un 
repos. 


pa  -  ren  -tes        e 
De  Purif.  S.  Mariae  in  Evang. 


jus  :         ac  -  ce  -  pit 


Or,   chez    Réginon    cette  antienne   est    du   deuterus    authente 
(III""^  mode);  le  passage  transcrit  a  donc  remplacé  celui-ci  : 


^ 


pa  -  ren  -tes         e       -      jus  :  ac  -  ce  -  pit       e     -     um 

Mais,  d'autre  part,  nous  le  verrons  au  chapitre  VII,  en 
jjjme  i^Q(je  \q  c  représente  le  plus  souvent  un  ci-devant  tj.  La 
version  originelle  du  passage  est  donc  : 


pa  -  ren  -tes        e      -      jus  :         ac  -  ce  -  pit      e    -     um 

ce   qui,    sauf  l'interruption,    reproduit    exactement    la    sixte   de 
l'hymne  à  Hélios. 

Quant  aux  écarts  plus  grands  que  la  sixte,  ils  ont  été  jugés 
incompatibles  avec  la  musique  vocale  jusqu'à  une  époque  assez 
proche  de  la  nôtre.  La  mélopée  liturgique  divise  la  septième  en 
deux  intervalles,  au  moins,  l'octave  en  trois^ 


rdz 


ll$:ï 


San  -  cti    spi  -  ri  -  tus  (Th.  3 


Cor     mun  -  duin  (Th.  4) 


I  En  plein  XIXe  siècle  le  contrepoint  de  l'école  de  Cherubini  n'admet  pas  encore  le 
saut  mélodique  de  sixte. 

*  De  Mus.  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  106. 

3  La  petite  mélodie  syntonolydienne  (p.  51)  a  un  saut  d'octave  (C  —  c)  à  la  dernière 
mesure.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  <\\ïelle  est  instrumentale. 


CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES.  t33 

Section  II.   —  Coupe  des  antiennes. 

§  gg.  Le  chant  latin  des  psaumes  et  des  antiennes  possède  pour 
unique  élément  de  rythme  la  périodicité  des  repos  de  la  voix,  en 
d'autres  termes  une  symétrie  approximative  dans  la  longueur  des 
diverses  sections  de  la  mélodie.  Cette  manifestation  primordiale 
du  principe  rythmique  est  indispensable  à  la  compréhension 
d'une  phrase  déclamée  ou  chantée.  Ecoutons  Aristote  :  «  Un 
«  discours  tout  à  fait  dénué  de  rythme  manque  des  terminaisons 
«  qui  lui  sont  nécessaires...  Ce  qui  ne  comporte  pas  de  divisions 
«  est  désagréable  et  insaisissable  au  sentiment'.  »  Quant  au  chant 
rigoureusement  mesuré,  art  mondain  issu  de  la  danse  et  de  la 
marche  collective,  son  emploi  dans  les  parties  essentielles  de  la 
liturgie  catholique  ne  se  justifie  pas  esthétiquement. 

Au  surplus  la  forme  littéraire  de  ses  textes  devait  amener  natu- 
rellement le  chant  antiphonique  à  répudier  la  mesure  isochrone. 
En  effet,  les  livres  poétiques  de  l'Ancien  Testament  (psaumes  et 
prophètes),  sources  principales  de  l'Antiphonaire,  n'ont  pas  de 
métrique  régulière  en  hébreu,  à  plus  forte  raison  dans  la  traduc- 
tion latine.  A  la  place  de  vers,  ayant  un  nombre  de  pieds  ou  de 
syllabes  strictement  réglé,  on  trouve  ici  des  versets  de  longueur 
inégale,  mais  uniformément  partagés  au  milieu  par  une  petite 
pause.  Comme  coupe  et  comme  étendue  moyenne,  le  verset  est 
l'équivalent  du  distique  latin  ou  grec^;  il  forme  un  tout  gramma- 
tical et  renferme  un  sens  complet.  Tantôt  la  dernière  moitié  du 
verset  continue  et  complète  l'idée  énoncée  dans  la  première  : 

I  Rhet.,  III,  8. 

*  Il  est  à  remarquer  que  l'on  a  parfois  choisi,  comme  textes  d'antiennes,  des  distiques 
latins  versifiés  à  la  manière  classique  : 

Hic  vir    de-spi-ci  -  eus     mun-dù  et  ter  -  re-na,  tri-umphans, 

di-vi-ti  -  as   cae  -  h       con-di-dit     o-re,    ma  -  nu. 

De  même  0  magnum  pietatis  opus  (ci-après,  p.  137),  Virgo  Dei  genitrix.  Mais  les  mélodies 
composées  sur  ces  vers  n'ont  pas  été  assujetties  au  rythme  isochrone.  Ce  que  l'on  a,  peut- 
être,  chanté  originairement  en  mesure,  ce  sont  quelques  antiennes  d'allure  populaire, 
rimées  ou  rythmées  plus  ou  moins  régulièrement,  toutes  relatives  au  cycle  de  Noël  : 
Stella  ista,  Virgo  hodie  ftdelis,  Nesciens  Maria  virgo,  Nato  Christo,  etc. 

19 


134  CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES. 

Dixit  Dominus  Domino  meo  : 
sede  a  dextris  meis. 

Donec  ponam  inimicos  tuos 
scabellum  pedum  tuornm. 

Tantôt   elle   reproduit   la  même  idée  sous  une  forme  différente, 
ou  elle  exprime  une  idée  opposée  en  termes  parallèles.  Parfois  la       ■ 
symétrie  est  poursuivie  dans  le  détail  au  point  qu'aucune  exprès-       I 
sion  saillante  ne  reste  sans  pendant. 

1)1  exittt  Israël  de  Aegypto, 

domus  Jacob  de  populo  barbaro. 

Fada  est  Judaea  sanctificatio  ejus, 

Israël  potestas         ejus. 

Mare  vidit  et  ftigit, 

Jordanis  conversus  est  retrorsum. 

Montes  exsultavertmt  ut  arietes, 

et  colles  sicut  agni  ovium. 

La  cantilène  antiphonique  s'est  moulée  sur  le  verset  des 
Hébreux,  dont  elle  reproduit  musicalement  l'eurythmie  simple  et 
puissante  dans  le  parallélisme  mélodique  de  ses  deux  membres 
(antécédent  et  conséquent,  Vorsatz  et  Nachsatz).  Aussi  la  plupart 
des  antiennes  tirées  des  psaumes  ou  des  livres  prophétiques 
se  composent-elles  d'un  seul  verset.  C'est  là  le  cadre  normal  de  ce 
genre  de  chants.  Nous  appellerons  brèves^  les  antiennes  qui  ne 
le  remplissent  pas  en  entier,  ordinaires,  celles  qui  s'y  adaptent 
exactement,  longues  celles  qui  le  débordent. 

§  100.  Les  antiennes  dites  brèves  ne  contiennent  qu'un  demi- 
verset,  l'équivalent  d'un  vers  de  moyenne  longueur.  Néanmoins 
leur  cantilène,  toute  courte  qu'elle  soit,  présente  un  sens  musical 
fini  :  elle  a  la  terminaison  modale.  Cest  une  période  mélodique  d^un 
seul  membre. 

1.  Parfois  ces  phrases  n'ont  aucune  division  intérieure  et  se 
chantent  tout  d'une  haleine. 

lastien  intense  (IV^). 

^^        ■ — ^     *     ■     ■     Ii~«~""i      I     I~ 


lit    man-da-tis    e  -jus    cu-pit    in -mis.     Ps.  m. 

(Dont,  ad  Vesp.j, 

De  même  Laudate  Dominwn,  thème  i.  Facti  sumus,  th.  2.  In  aeternum,  th.  i8. 
Cantemus  Domino,  th.  30.  Miserere  mei,  th.  40.  Intellige  clamorem  meum,  th.  44.  Caeli 
caelorum,  th.  45. 


CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES.  135 

II.  Pour  chanter  un  vers  il  faut  plus  de  temps  que  pour  le 
réciter.  Aussi  dès  que  le  texte  ou  la  mélodie  du  demi-verset 
s'allonge  tant  soit  peu,  on  y  intercale  une  césure,  un  petit  arrêt 
suffisant  pour  respirer,  sans  que  la  continuité  du  dessin  soit 
rompue.  Le  membre  se  compose  alors  de  deux  incises',  séparées 
dans  la  notation  par  une  petite  barre  qui  ne  traverse  pas  toutes 
les  lignes  de  la  portée. 


Éolien  (1er),  thème  8. 


k^} 


:e 


Spi  •  ri  -  tu  prin-ci  -  pa  -  H        con-fir-ma   cor    me -tan     De  -  us.   Ps.  50. 

(Fer.  VI  ad  Laud.) 

De  même  Tamquam  spoiisus,  thème  12.  Magnus  Dominiis,  th.  13.  Qui  habitas  in  caelis, 
th.  14.  In  pace,  th.  16.  Beati  qui  ambulant,  th.  17.  Ad  te  de  luce,  th.  19.  Sit  nomen  Domini, 
th.  22.  Caro  mea,  th.  24.  Nos  qui  vivimus,  th.  28.  Laudabo  Deum  meum,  th.  33.  A  viro 
iniquo,  th.  34.  Cunctis  diebus,  th.  36.  Alléluia,  th.  41. 

En  certains  cas,  il  y  a  lieu  de  partager  le  membre  mélodique 
par  deux  césures. 

lastien  relâché  (Ville),  thème  12,  variante  a. 
La-bi-a  me-a  lau-dabunt  te  in   vi-ta  me-a.  De  -  us  me-us.  Ps.  62. 

(Fer.  17  ad  Lattd.)  Le  début  d'après  Vlnton.  (Couss.  Script,  t.  II,  p.  139). 

III.  Les  antiennes  brèves,  faites  pour  se  chanter  avec  une  cer- 
taine rapidité,  ont  une  cantilène  syllabique,  simple  jusqu'à  la 
nudité,  généralement  le  thème  nomique  pur.  Elles  ne  se  joignent 
guère  qu'au  psautier  des  jours  de  la  semaine. 

§  loi.  Les  offices  célébrés  avec  quelque  solennité  n'ont  pas  de 
ces  chants  écourtés.  Leurs  antiennes,  exécutées  dans  un  mouve- 
ment plus  posé,  appartiennent  en  grande  majorité  à  la  catégorie 

»  Nous  évitons  à  dessein  le  terme  consacré,  distinctio,  auquel  les  théoriciens  du  chant 
liturgique  ne  donnent  pas  une  signification  précise.  C'est  tantôt  une  incise,  tantôt  un 
membre.  «  Distinctiones,  id  est  loca  in  quibus  repausamus  in  cantu,  et  in  quibus  cantum 

«  dividimus Dictae  rei  exemplum  in  hac  antiphona  comprobabis.  Tribus  miraculis, 

«  ecce  una  distinctio;  ornatum  diem  sanctum  co/mî<s,  ecce  alla;  Hodie  stella  magos  duxit 
«  ad  praesepium,  ecce  tertia;  Hodie  vinum  ex  aqua  factuin  est  ad  nuptias,  ecce  quarta;  Hodie 
«  a  Joanne  Christus  baptizari  voluit,  ecce  ultima.  »  Pseudo-Odon  (Guy  d'Arezzo?),  Dial. 
de  mus.  (Gerbert  Script.,  t.  I,  pp.  257-258).  L'auteur  de  VEnchiriadis  se  sert  du  mot 
membrum,  mais  également  dans  les  deux  acceptions  :  «  Solae  in  tribus  membris  {Ego  sum 
«  via,  —  Veritas  et  vita,  —  alléluia,  alléluia)  ultimae  longae,  reliquae  brèves  sunt.  » 
(Ibid.,  p.  183). 


j^6  CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES. 

des  normales  ou  ordinaires.  Elles  comprennent  un  verset  biblique 
ou  un  autre  texte  d'étendue  équivalente. 

I.  La  période  musicale  d'une  antienne  ordinaire  se  compose  de  deux 
membres  mélodiques  séparés  par  tine  petite  pause.  La  séparation 
s'indique  par  une  barre  qui  traverse  toute  la  portée. 

Hypolydien  normal  (Ve),  thème  42. 


Ex-sul-tet   spi-ri-ttts   me  -  us        in     De  -  0     sa  -  lu  -  ta  -  ri    me  -  0. 

De  hymno  S.  Mariae  (Fer.  III  ad  Vesp.'j. 

lastien  relâché  (Ville),  thème  18. 


Ec-ce      an  -  cil  -la  Do  -  mi -ni  :     fi  -  at  mi  -  hi    se-ciindum  ver-bum  tu-um. 

Fer.  III  ante  vig.  Nat.  Dhi  in  Evang. 
Éolien  (I"),  thème  6. 


^-^ 


■r:¥=*=^ 


Je -sus    au-tem  trans-i  -   ens       perme-di-um   il  -  lo  -  rum    i  -  bat. 
Fer.  II  post  Dont.  III  Quadrag.  in  Evang. 

A  première  vue  on  croirait  avoir  devant  les  yeux  des  antiennes 
brèves  partagées  par  une  césure.   Mais  ce  n'est  là   qu'une  appa- 
rence superficielle.  Le  membre  se  distingue  de  IHncise  en  ce  qu'il 
tolère  après  lui  2ine  véritable  interruption  du  dessin  mélodique.  Long     É 
ou  court,  il  équivaut  à  un  vers  entier'. 

IL  Ici  comme  dans  les  antiennes  brèves,  le  membre  se  décom- 
pose souvent  en  deux  incises. 

a)  Chacun  des  deux  membres  a  une  césure.  Cette  combinaison 
absolument  symétrique,  qui  a  fourni  quelques  unes  des  plus  mélo- 
dieuses antiennes  au  chant  de  l'office,  rappelle  par  sa  belle 
eurythmie  la  première  forme  strophique  que  l'art  grec  ait  cul- 
tivée :  le  distique  élégiaque^ 

1  Dans  la  musique  chorale  des  Anciens,  l'interruption  du  chant,  à  la  fin  d'un  vers 
mélique,  était  remplie  par  une  petite  ritournelle  instrumentale.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II, 
pp.  189-190.  Les  organistes  protestants  intercalent  entre  chaque  vers  du  choral  un 
interlude  {Zwischenspiel},  procédé  emprunté  aux  cantori  al  liuto  de  la  Renaissance, 
lesquels  le  tenaient  des  jongleurs  du  moyen-âge,  successeurs  immédiats  des  citharèdes 
romains.  Voir  ci-dessus,  pp.  60-61. 

2  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  182.  Voir  ci-dessus,  p.  133,  note  3. 


CH.  V.  —  COUPE   DES  ANTIENNES. 


137 


lastien  relâché  (Ville),  thème  18. 

N_J_!!._.g--lL_ir 


In     so  -le      po  -  su     -     it         ta  -  ber  -  na  -  cu-lum  su  -  um 


-«— ■- 


_■_■_ 


et    ip  -  se    tamquam  spon  -sus         pro  -  ce  -  dens  de    tlia  •  la-mo    su  -  0.    Ps.  lî 

De  Oct.  Nat.  Dni  in  I  noct.  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


Dorien  (IlJe),  thème  35. 


^ 


De  -  po  -  su  •  it    po  •  ten  -   tes,        san    -    clos  per  -  se  -  quen     -     tes 


et    ex  -  al  -  ta  -  vit    hu  -  vit  -  les,       Chri-stiivi  con  -  fi  -   ten-tes,^ 

De  hymno  S.  Mariae  (Fer.  VI  ad  Vesp.). 
lastien  normal  (Vile),  thème  23. 


p — ■ 



■ 

—■---■-4 

^-^■-■^" — 

0 

ma-gnum  pi 

•  e  - 

ta 

-  tis       0  -  plis! 

mors  mor-tu  -  a  tune  est, 

■4*a 

I 

^       ^ 

^    ■■ 

1 

.  ■  ■ 

■  ■ 

■          ■.  ■ 

in       li     -     gno        quan-do    mor  •  tu  -a     vi  -  ta    fu  -  it.^ 
De  Exalt.  S.  Crucis  ad  Laud. 

lastien  relâché  (Ville),  thème  15. 


î 


M: 


E  -  le  -   va  ■  re,    e  -  le  -  va  -  re,        con  -  sur-ge    Je-  ru  -  sa  -  lent 


J — ■- 


sol-ve   vin  -eu -la    col  -  li     tu  -  i, 

Fer.  IV  post  Dont.  III  Adv.  in  Evang. 


ca-pti-va   fi   -   li  -  a    Si  -  on. 


b)  Les  deux  membres  ne  sont  pas  symétriques  :  l'un  a  une 
césure,  l'autre  n'en  a  pas;  ou  bien  l'une  a  deux  césures,  l'autre 
n'en  a  qu'une,  etc.  Des  périodes  ainsi  faites  se  trouvent  surtout 
dans  les  antiennes  dont  le  texte  provient  des  parties  de  la  Bible 
écrites  en  vraie  prose. 


1  En  ter  mode  depuis  la  fin  du  X^  siècle.  Voir  au  Vile  chapitre. 

2  Le  mélographe  n'a  tenu  aucun  compte  de  la  diérèse  au  second  vers  : 


In    li  -  gno  quan-do      mor-tu-a      vi-ta    fu  -  it. 


138^  CH.  V.  —  COUPE  DES     ANTIENNES. 

Hypolydien  relâché  (VI^),  thème  41. 


Pu-er  Je  -  sus    pro-fi  -  ci  -  e   -   bat        ae  -  ta   -   te     et     sa  -pi  -  en  -  ti  -   a 


co-ramDe  -  0        et      ho  -  vii  ■  ni  -bus. 

Dom.  I  post  Epiph.  in  Evang. 

lastien  normal  (Vile),  thème  19, 


Ec  -  ce      a-  scen-di  -  vins    Je  -  ro  -  so  -  ly  -  mam  : 


^^ 


i^FEB 


*cit 


et    Fi-li-us    ho  -  mi  -  nis    tra-de  -  tiir        ut       cru  -  ci -fi  -  ga-tur. 

Fer.  IV  post  Dom.  11  Quadr,  in  Evang. 


Éolien  (!«),  thème  7, 


Co  -  gno  •  ve-runt   0  -  vines      a     Dan  us  •  que  Ber-sa  -  be  -  e, 


hr. 


^■fcl 


3=M=m--3 


quod  fi  -  de  -  lis      Sa- mu  -  el        pro-phe  -ta    es   -  set     Do  -  mi  -  ni. 

De  libro  Reg.  (Sabb.  ante  Dom.  111  post  Pent.  ad.  Magn.l. 

§  102.  Souvent  l'exclamation  joyeuse  Alléluia  est  intercalée  au 
milieu  de  l'antienne  ou  ajoutée  à  la  fin.  C'était  originairement  un 
refrain  chanté  par  l'assemblée  entière  des  fidèles,  et  qui  tenait 
dans  l'office  une  place  beaucoup  plus  grande  qu'aujourd'hui  '.  Au 
point  de  vue  de  la  structure  musicale  du  chant,  deux  cas  sont  à 
distinguer. 

I.  U Alléluia  forme  à  lui  seul  une  incise  mélodique,  une  ritour- 
nelle vocalisée,  s'ajoutant  tantôt  au  dernier  membre  {epodicum), 
parfois  aussi  à  l'antécédent  {mesodicum). 

I  Le  Responsale  pseudo-grégorien  a  pour  la  Septuagésime  un  office  avec  Alléluia 
(pp.  757-758),  et  vers  la  fin  (pp.  867-868)  une  série  d'antiennes  oii  le  jubilus  est  prodigué 
d'une  manière  inconnue  à  la  liturgie  actuelle. 


CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES. 
lastién  relâché  (Ville),  thème  13. 


139 


Glo    -    ri  -  a     in     ex  -  cel-sis  De  -  0,  et     in     ter  -  ra    pax   lio  -  mi    -   ni -bus 


^^=g=J=ir=ig=»=i=i=tfL-.— .-,: 


bo  -  nae   vo  -  Uni  -  ta  -  tis,        al   -   le    -    lu  -  ia,   al   -   le  -  lu  -  ta. 

De  Nat.  Uni  in  Evaiig. 

Hypolydien  relâché  (VI^),  thème  39. 

^     (Praecentor)  (Chorus) 


î^ 


Lux  or  -  ta    est    ju  -  sto,         al  •  le    -    lu  -  ia, 


(Praecentor) 


(Chorus) 


re-ctis  cor -de    lae  •  ti  -  ti  -  a,  al  -  le  -   lu  -  ia,     Ps.  96. 

De  Apost.  iii  III  noct. 

Dans  l'antienne  suivante  le  refrain  alléluiatique  remplit  toute 
la  dernière  moitié  de  la  période  musicale. 

Éolien  [l^^),  thème  10. 


^!^t:«-i'— -^— W 


± 


In        ve  -  la  -  men  -  to  cla  -  ma  -  bant  san-cti    tu.  -  i     Do  -  ini  -  ne  : 


^ 


± 


Al  -  h      -      lu  -  ia,  al  -  le  -  lu   -  ia,  al  -  le   ■   lu  -  ia. 

(De  Sanctis  temp,  Resurr.  in  Evang.)  Le  début  d'après  les  ueumes  de  R. 

II.  Simplement  ajouté  au  bout  du  texte,  le  mot  alléluia  n'est  le 
plus  souvent,  au  point  de  vue  musical,  qu'un  prolongement  de  la 
dernière  incise. 

Éolien  (I"),  thème  4. 


^$:} 


ï^^ 


E  •  runt  pra  -  va     in    di  -  re  -  cta,  et        a-  spe  -  ra    in    vi  -  as     pla-nas  : 


m 


ve  -  ni   Do  -  mi  -  ne,        et    no  -  li    tar  -  da  -  re,      al  -  le   •  lu  -  ia. 

Dom.  IV  Adv.  ad  Laud. 

§  103.  Certains  versets  psalmiques  ou  autres,  employés  comme 
antiennes,  ont  à  l'intérieur  de  la  mélodie  deux  points  d'arrêt  bien 
marqués.  Nous  ne  croyons  pas  cependant  devoir  comprendre  ces 


140  CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES. 

cantilènes  de  trois  membres  dans  la  catégorie  des  longues,  à  moins 
qu'elles  n'aient  un  dessin  très  chargé  de  notes.  Nous  les  consi- 
dérons comme  une  variété  des  antiennes  ordinaires. 

Éolien  {!"),  thème  5. 


mi 


Te-cnin  prin-ci    -    pi-tim 


in    di  -  e       vir  -  tu  -  tis      tu  -  ae, 


in  splen-do  -  ri  -  bus  san-cto-rum  : 


=?=fe^ 


*~T~i=giL,  -r^n 


ex    u    -   te  -  ro        an  -  te    lu  -ci   -  fe  -  rum   ge  -  «m   -   i      te. 
De  Nat.  Dni  ad  Vesp. 


Hypolydien  normal  (Ve),  thème  42. 


^                    ■    ■    ■     1 

2     -           -     ■           "1 

■     ■     ■ 

Sol  -  vi  •  te   templum  hoc, 

di  -  cit     Do  -  mi  -  nus, 

s 

■     ^     *     "     ■      1      ■     ■ 

■_               F     ^ 

s 

■     ^n                  ■      1      ■     ■ 

^^     ™       ■               ■     ■ 

^     ■               ■     ■ 

et   post    tri-du-um          re  -  ae  - 

di  -  fi   -   ca  -  bo      il  -  lud  : 

s 

■ 

s 

■■     ^     ■     ■     ■     ■      1      ■ 

.     "            ■ 

■     ■            ■     ■     ■     ■ 

hoc      au  -  tem  di  -  ce  -  bat 
Fer.  II  post  Dom.  IV  Quadrag.  in  Evang. 


de    tem-plo  cor  -po  -  ris    su  -  i. 


§  104.  Quant  aux  antiennes  qui  dépassent  notablement  l'étendue 
d'un  verset  de  psaume,  et  que  nous  rangerons  dans  la  classe  des 
longues,  elles  s'adjoignent  surtout  aux  deux  grands  cantiques  de 
l'Évangile,  Benedictus  et  Magnificat.  La  plupart  d'entre  elles  se 
distinguent  des  précédentes  par  une  modulation  moins  syllabique, 
moins  sobre  d'ornements.  De  tout  temps  on  les  a  exécutées 
dans  un  diapason  plus  élevé  et  un  mouvement  plus  lent  que  les 
antiennes  ordinaires'. 


»  «  Cantica  Evangelii  altius  et  morosius  ceteris  psalmis  dici  oportet.  »  Commem., 
p.  227.  «  Hae  modulationes  (les  intonations  psalmodiques  notées  plus  haut,  pp.  114-118) 
«  ubi  morosiori  cantu  est  opus,  utpote  ad  cantica  Evangeliorum,  assumere  solemus. 
«  Porro  ad  cursum  canendum  iisdem  quidem  sed  expeditioribus  melodiis  utimur.  » 
Ibid.,  p.  216. 


p 


CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES.  141 

I.  Tantôt  leur  mélodie  comprend  deux  ou  plusieurs  périodes, 
pourvues  chacune  d'une  terminaison  régulière,  mais  reliées  entre 
elles  par  l'unité  de  mode  et  de  style.  Nous  indiquerons  la  fin  de 
chaque  période  par  une  double  barre. 

Éolien  {I^r),  thème  3. 


Do  -  mi-ne  Do  -  mi-nus  no-ster,  quam  ad-mi-ra-bi-h   est     no-men  tu-um 


^$:K.    ■    ■    ■    N    .    .     fl 

in     u  -  ni  -  ver  -  sa     ter  -  ra! 


idst 


g($:) .  ■  ■  ■  ■  :^^ 


Qh%  -  a    glo-ri  -a     et    ho  -  no  -  re         co  -  ro  -  na  -  sti    san  -  ctiim  tu     -     um 


mï 


et  con-sti-tu  ■  i  -  sti    e-um        su-per  0  -  pe-ra  ma-mi-xim     tu 

De  Confess.  in  II  tioct.  La  fin  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 

Êolien  (l^^),  thème  9. 


a-rum.  Ps.  8. 


Ké 


O      crux,  splen-di  -  di   -or  cun-ctis      a  -  stris, 


mun-do     ce  -    le-bris,     ho  -  mi -ni -bus   mul  -  tum  a  -  via    -     bi  -  lis, 


^ygzb/^— -hT.    -^    ■    ■ 


San     -     cti-or         u  -  ni   -   ver  -  sis  ; 


i^dî 


mE^ 


'â 


quae  so-la  fu  -  i  -  sti     di  -  gna      por-ta   -   re       ta  -  len  -  tum  mun-di  : 


m- 


ï 


dul-ce       li-gnum,     dul-ces     cla-vos,      dut -ci  -  a     fe-rens  pan    -    de  -  ra 


1— -■  ■.  ■■  .i^ 

prae-sen-tem     ca  -  ter  -  vam 


m}- 


in    tu  -  is     ho  -  di    -    e  lau-di-bus    con  -  gre  -  ga-tam. 

(De  Inv.  S,  Crvcis  in  Evang,}  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle  et  celui  de  Solesmes. 


20 


142 


CH.  V.  —  COUPE  DES  ANTIENNES. 


II.  Tantôt  l'antienne  longue  ne  forme  qu'une  période  unique, 
comprenant  un  nombre  indéterminé  de  membres  mélodiques. 

Éolien  (I*''),  thème  7. 


m- 


£ 


Ec  -  ce    quod  eu  -  pi  -  vi,        jam      vi    -    de   -    0  : 


m. 


quod  spe  -ta  -  vi,        jam      te    -   ne  -  0 


m''  '^^^^^^ 


i  -  psi  sum  jun    -    cta     in    cae-lis,        quem  in      ter  -  ris     po  -  si     -     ta, 


^ 


to  -ta      de  -  vo  -  ti  -  0    -   ne       di   -  le  -  xi. 

(De  s,  Agn,  in  Evang.j.  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 

§  105.  L'antienne  suivante,   disparue  de  l'office,  a  une  coupe 
dont  il  n'existe  pas  d'autre  exemple  parmi  ce  genre  de  chants. 

Éolien  (le'  ou  Ile),  thème  g. 


m 


'■    ■ 


± 


Vir-go    De  -  i      ge  -  ni-trix        quem    to-tus  non  ca-pit    or  -   bis. 


^^}- 


^-■-■■- 


dK 


^■^: 


In      tu  -  a     se     clau      -      sit  vi  -  sce  -  ra,    fa  -  cttis    ho  -  ma. 


ï. 


Ve  -ra    fi  -  des 


ni  -  ti  pur  -  ga  -  vit  cri  -  mi  •  na  mun  -  di, 


^àl 


et       ti  -  bi     vir  -  gi  -   ni    -    tas  in  -  vi  -  0  -  la       •       ta      ma    -    net. 

De  Nat.  DTii  in  Evang.  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


Ce  texte  se  compose  de  deux  distiques  correctement  versifiés, 
dont  les  pauses,  les  césures  métriques  et,  jusqu'à  un  certain  point, 
la  forme  strophique  ont  été  fidèlement  observées  par  l'auteur  de 
la  cantilène. 


CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES.  143 

Section  III.  —  Mélopée  des  antiennes. 

§  106.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut  (p.  135),  les  antiennes 
brèves  se  contentent  de  reproduire  le  motif  nomique  sans  y  rien 
ajouter.  Pour  les  composer  il  a  suffi  de  mettre  les  syllabes  du  texte 
liturgique  sous  les  sons.  Toutes  les  autres  cantilènes  antipho- 
niques ont  une  succession  de  sons  plus  longue  que  le  thème  qui 
leur  sert  de  base';  elles  impliquent  une  part  d'invention,  si  faible 
qu'on  la  suppose.  La  prolongation  de  la  durée  du  chant  a  pour 
corollaire  l'extension  de  l'espace  occupé  par  le  dessin  mélodique. 
Tandis  qu'en  général  les  nomes  se  renferment  dans  une  quinte 
ou  une  sixte,  les  mélodies  qui  en  sont  issues  remplissent  pour 
la  plupart  l'étendue  naturelle  de  la  voix  humaine,  l'octave  : 
«  intervalle,  »  dit  Ptolémée,  «  capable  de  contenir  toute  idée  musi- 
cale »^  A  l'occasion  ils  atteignent  même  la  neuvième. 

Les  procédés  à  l'aide  desquels  les  chants  des  antiennes  ont  été 
tirés  des  thèmes  nomiques  sont  au  fond  ceux  que  le  compositeur 
moderne  met  en  œuvre  dans  l'élaboration  du  dessin  mélodique  de 
son  morceau,  et  découlent  de  la  nature  même  de  la  musique,  en 
tant  qu'expression  parlante  du  sentiment.  Ils  consistent  à  répéter 
le  thème,  à  le  prolonger,  à  le  broder,  et  subsidiairement  à  y 
introduire  des  transitions  tonales  ou  modales. 

§  107.  La  répétition  complète  ou  partielle  d'un  trait  mélodique 
est  le  moyen  primitif  de  composition  musicale,  et,  en  même  temps, 
un  des  plus  puissants  effets  de  l'art  parvenu  à  son  plein  dévelop- 
pement. Le  vrai  langage  du  sentiment  qu'est-il  sinon  un  recom- 
mencement perpétuel  coupé  par  des  digressions?  Un  chant  aussi 
court  que  l'est  l'antienne  ne  pouvait  donner  lieu  à  des  applications 
bien  diverses  du  procédé.  Nous  nous  bornerons  à  en  signaler  deux. 

L  Le 'second  membre  de  la  période  musicale  n^est  qu^une  redite  du 
dessin  initial,  légèrement  modifiée  vers  la  fin.  Le  parallélisme  du 
verset  se  trouve  ainsi  souligné  par  la  mélodie. 

'En  deux  ou  trois  cas  seulement   nous   avons  admis  une  abréviation  du  début  de 
la  mélodie-modèle.  Voir  les  variantes  du  thème  29,  Ad  U  levavi,  Sion,  noli  timere,  celle 
du  thème  9,  O  sapientia,  et  l'antienne  isolée,  Lumen  ad  revelationem  gentiuvt,  th.  16. 
.y  Harm.,  III,  i. 


144 


CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES. 


lastien  relâché  (Ville),  thème  i8. 


dex  -te   '  ra       Do  -  mi  •  ni  ex  •  al  -  ta  -  vit  me.   Ps.  117. 

Dont.  Il  in  Quadrag.  ad  Laud. 

II.  Rappel  du  thème  à  im  endroit  caractéristique  du  texte.  On  ren- 
contre un  spécimen  de  cette  pratique  dans  l'hymne  à  Némésis 
(p.  43).  Au  début  de  la  dernière  section  le  nom  de  la  déesse 
reparaît,  et  le  citharède  reprend  son  motif  initial  (v.  16).  De 
même  dans  les  grandes  antiennes  de  l'Avent  {adventîis  Domini) 
la  phrase  finale  Veni....  forme  une  sorte  de  refrain  que  le  retour 
du  thème  met  fortement  en  vedette. 


Éolien  (I^r  ou  11^),  variante  du  thème  9. 


O  sa  -  pi  -  en  -  ti    -    a,        qui  ex     0  •  re  Al-tis-si-tni  prod  -  i  -  i  -  sti, 

J2x 


m 


^ 


at  '  tin  -  gens  a     fi  •  ne    us  -  que  in   fi  -  nem,       for  -ti  -  ter 


m^ 


su   •   a  •  vi- ter-que  dis-po-nens    o-mni-a 


^!g:kj-"-H-r 


^^:-^^F-=i=Ji 


Ve  -  ni    ad     do-  cen-dum  nos  vi  -  am pru-den-ti  •  ae. 

Voir  aussi  l'antienne  Hodie  Christus  natus  est  (thème  36),  oii  la  rentrée  du  thème  a 
pour  but  de  souligner  le  mot  Hodie. 

§  108.  L^ allongement  de  la  cantilene  à  Vaide  de  successions  mélo- 
diques non  comprises  dans  le  nome  est  également  un  procédé  impor- 
tant de  la  mélopée.  Les  antiennes  de  l'office  nous  en  révèlent 
trois  applications  :  deux  au  dehors  du  thème,  une  au  dedans. 

I.  Le  dessin  nomique  est  allongé  au  début  :  on  le  fait  précéder 
d'une  note  d'appui.  Déjà  nous  avons  vu  l'anacrouse  intervenir 
dans  la  formation  des  nomes  eux-mêmes  (p.  127).  Appliquée  au 


CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES.  145 

développement  du  type  mélodique,  elle  donne  lieu  à  la  création  de 
thèmes  secondaires,  variantes  des  nomes  proprement  dits,  et  qui, 
à  leur  tour,  servent  de  modèles  à  des  groupes  entiers  d'antiennes. 
Les  formules  anacrousiques,  en  nombre  assez  restreint,  sont 
assujetties  dans  chaque  mode  à  des  règles  strictes. 


Éolien  (I^f),  thème  2. 


m 


Fa  -  cti     su  -  mus 
Éolien  (1er),  thème  8. 

d2; 


m. 


Spi-  ri  -  tu  prin-ci  -  pa  -  li 


Éolien  (1er),  thème  10. 

-A 


A    por  -  fa       in  -fe  -  ri 
lastien  relâché  (Ville),  thème  12. 

^   ■   ^^ 

Tamquam  spon-sus 

lastien  normal  (Vile),  thème  21. 


^=! 


Cla  -  ma  -  ve    -    runt 
lastien  normal  (Vile),  thème  23. 

Spe   -  ci  -  e      tu  -  a 
lastien  intense  (IV»),  thème  29. 


A  - pud  Do  -  mi  - num 
Hypolydien  relâché  (Vie),  thème  41. 


*=?i|!-=i=i=t=* 


Al -le 


lu  -  ia,        al  -  le   -    lu  -  ta. 


Variante  anacrousique. 


m. 


^  ■ 


Ex-sur -ge    Do  -  mi  -  ne 
Variante  anacrousique. 


^z± 


^v!^t 


EE 


Deus,  Dens  me-us,     ad  te  de  lu  -  ce 

Variante  anacrousique. 

i2^ 


Si  -  mi  -  la  -  bo     e 
Variante  anacrousique. 


Al -le   -    lu  -  ia,        al  -  le  -  lu  -  ia 
Variante  anacrousique. 


Sic      be  -   ne  -  di  -  cam    te 
Variante  anacrousique. 


s 

■   BF        ■        ■ 

s, 

■ 

'^      m 

Ex  -  or     -     tum   est 
Variante  anacrousique. 

N.                                ■■      ■ 

^  "    ■              ■ 

^       ■      ■      ■ 

Lae  -  ten  -  tur     cae  -  li 
Variante  anacrousique. 

O  quam  glo  -ri   •   0    -    sum  est 


II.  Le  thème  nomique  est  prolongé  à  la  fin.  Après  avoir  établi  le 
début  de  sa  cantilène  sur  le  motif  choisi,  le  compositeur  continue 
et  termine  l'antienne  à  sa  guise  :  soit  par  des  dessins  mélodiques 


146 


CH.  V.  —  MELOPEE  DES  ANTIENNES. 


de  son  invention,  soit  par  les  formules  courantes  du  mode. 
D'habitude  la  partie  ajoutée  occupe  toute  la  seconde  moitié 
des  antiennes  ordinaires. 

lastien  normal  (Vile),  thème  19. 


De   cae  -  lo    ve  -  ni 

-   et    .      do  -mi-na-tor    Do  -  mi-nus, 

s 

■     ■     ■        ■ 

1      ■       H^ 

s  ' 

■ 

■      1      ■       "^       -       ^ 

■                           ■ 

■       "^       ■       ■       ■ 

et    in    ma  -  nu    e  •  jus        ho  -  nor       et     im  -  pe  -  ri-  uni. 

Fer.  II  post  Dom.  II  Adv.  in  Evang. 

Presque  un  quart  des  mélodies  employées  comme  modèles  dans 
notre  catalogue  a  une  structure  pareille. 

Thème  3,  Fontes  et  omnia;  th.  4,  Cor  mundum;  th.  5,  Tecum  principium;  th.  6,  Ab 
insurgentibus ;  th.  21,  Dixit  Dominus;  th.  25,  Juravit  Dominus ;  th.  27,  Dirupisti  Domine: 
th.  32,  Secus  decursus ;  th.  37,  Vivo  ego;  th.  38,  Alliga  Domine. 

Les  antiennes  longues  offrent  un  champ  plus  vaste  à  l'imagi- 
nation du  mélographe;  la  partie  librement  composée  y  tient  la 
plus  large  place.  Ici  elle  remplit  toute  la  seconde  période. 

Éolien  (1er)  thème  9. 

Ht 


P 


Qtii  cae  -  lo-rum  con  -  ti  -  nés   thro  -  num, 
Suite  du  thème. 


et      a  -  bys-sos    in  •  tu  -  e    -    ris, 
Partie  ajoutée. 


± 


Do -mi -ne      rex        re-gum, 


i 


mon  -  tes    pon    -    de -ras,       ter-ram  pal  -  mo      con    -    clu-dis  : 


% 


fcs=i=t 


ex  ■  au  -  di  nos     Do-  mi  -  ne  in    ge  -  mi  -  ti  -  bus     nos -tris. 

De  proph.  min.  (Sabb.  ante  Dom.  IV  Nov.  ad  Magn.j.  Le  début  d'après  les  neumes  de  R. 

III.  Le  thème  est  développé  intérieurement.  Nous  voyons  ce  bût 
atteint  de  deux  manières.  ; 


CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES.  147 

a)  Insertion  d^une  ou  de  deux  incises  épisodiques  au  milieu  du 
thème,  en  guise  de  parenthèse  mélodique.  Le  dessin  du  passage 
intercalé  se  meut  autour  de  la  dominante  supérieure,  et  la  phrase 
musicale  reste,  pour  un  moment,  comme  suspendue  en  l'air. 

lastien  normal  (Vile),  thème  19. 

:  Début  du  thème.  _  _ 


S 

■     ■■■■                        ■■           ■        1 

^ 

■     ■                   1     ■                        ■                                 1 

■     ■     ■ 

Vi  -  dm- tes    stel-lam     Ma  -  gi,          ga  -  vi  -  si     sunt  gau  -  di  -  0     ina-gno: 

,  _^mÊ                                                                      Fin  du  thème. 

s 

■■■                 ■thb'.h-                                      n 

^ 

■■■_.■.                Il 

^                                                               -11-        -   ■   ■  Il 

et    in-tran-tes    do   •   mum,    ob  -  tu  •  le-runt  Do-mi -no        ati-rum,thus  et  myrrham. 

De  Epiph,  Dni  in  Evang.  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle  et  celui  de  Solesmes. 

Dans  l'antienne  suivante  la  partie  adventice  est  précédée  et 
suivie  du  thème  entier,  étendu  la  première  fois,  brodé  la  seconde^ 

Éolien  (I"),  thème  2. 


-\r 

-»- 

■     H— == 

— ^- 

■      1      ■ 

^- 

■      1      ■      ■              ■      ■      ■ 

■      ■             ^m.    .      . 

u 

Vi 

■  di     Do  -  mi  ■  niim   se  - 

den  - 

tem          su  -  per    so  -  li  -  um    ex   -   cet  -  5ww, 

i? 

^ 

■— -   ■■   "Cl"— fc- 

*     'n*     ■      1      ■         Q*        U'      u      m     1 

■i^ 

1^                                                                          .           J 

et       ple-na       e    -    rat       0  -  mnis  ter    -    ra  ma-je-sta-te  e  -  jus 


et  e      -      a        quae   sub    i  ■  pso       e    -    rant,  re  -  ple-bant  tem-plum. 

De  proph.  min.  (Sabb.  antc  Dom.  1  Nov.  ad  Magn.)-  Le  début  d'après  les  neumes  de  R. 

b)  Agrandissement  général  du  thème  par  l'addition  de  mouve- 
ments mélodiques  accessoires  :  combinaison  réservée  presque 
exclusivement  aux  antiennes  longues.  En  se  chargeant  d'inflexions 
multiples,  la  cantilène  s'éloigne  souvent  du  linéament  primitif; 
dans  le  morceau  suivant  elle  s'est  contentée  de  prendre  comme 
points  de  repère  les  premières  notes  du  thème,  la  cadence  du 
tnilieu,  la  terminaison  modale. 


148  CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES. 

lastien  relâché  (Ville),  thème  15. 


^ 

""ïT — 

1 

■ 

■             ^            ^                       ^             ^ 

■  r  ■    ■ 

■     ■ 

-  ,^    .... 

■  1   ■ 

K 

Mi  -  ra  -  bi  -  le       my   -   ste    •   ri  -  nm 

de  -  cla  -  ra  -  Uir 

ho    -    di 

-  e  : 

R- 

■       "      ^      ■_      ■                1 

_ 

_       ■                          ^      ■       ■        1 

■      ^ 

~"       ■% 

—  ■ 

K 

in  -no-  van  -  tttr      na  -  tu  -  rae, 

De  -  us 

ho  -  mo 

fa  -  dus 

est  : 

p_ 

^             ^ 

■      ■.      hP      ■      ■      ■ 

m       m 

1     *_■ 

■           -                                         -     1 

■■       ■ 

_       * 

H 

id    qtiod      fu    -    it    per-man-sit, 

■       ■ 

et  quod  non 

e  -  rat 

as  -  sum  • 

psit; 

s 

■     -     -     -            ■     -     - 

1      ■ 

•■ 

r 

p»      ■ 

1      ■      - 

^v      ^ 

■ 

■      Il 

-                                        Il 

non     com-mix  -  ti  -  0  •  nem  pas  -  sms,         ne  -  que    di    -    vi   -   si  -  0  -  nem. 

De  Oct.  Nat.  Dni  in  Evang.  D'après  Plantin. 

§  109.  La  paraphrase  de  Vidée  mélodique  ait  moyen  de  figures 
mélismatiques  offre  beaucoup  d'analogie  avec  le  procédé  qui  vient 
d'être  décrit,  sauf  que  les  mouvements  de  la  voix,  en  général  plus 
petits,  sont  exécutés  sur  la  même  syllabe. 

Éolien  (Jer),  thème  5. 
7±.s 


m^ 


Ca  -  ni  -  te      tu     -     ba      in  Si 


qui  -  a    pro  -  pe      est    di  -  es        Do  -  mi        -        ni  :    etc. 

Dont.  IV  Adv.  ad  Laud.  Le  premier  membre  d'après  les  neumes  de  R. 

Les  antiennes  de  l'office  font  un  usage  très  restreint  du  style 
orné.  A  cet  égard  toutefois  elles  n'égalent  pas  en  sobriété  les 
hymnes  de  Mésomède  :  ici  l'on  voit  parfois  deux  sons  sur  une 
syllabe,  rarement  trois,  jamais  davantage.  De  part  et  d'autre  la 
place  des  groupes  vocalises  est  la  même  :  à  la  fin  d'un  vers,  d'un 
membre,  d'une  incise. 

Éolien  (I"),  thème  8,  variante. 


De  -us    De-  us   me  -  us,       ad      te    de     lu  -ce    vi  -  gi  -  lo,  etc.  Ps.  62. 

Dont,  in  Septuag.  ad  Laud. 


CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES.  149 

Souvent  à  l'intérieur  du  membre,  les  mélismes  proviennent  de  la 
brièveté  du  texte  et  ont  pour  but  d'établir  un  certain  équilibre 
entre  les  diverses  parties  de  la  phrase  musicale. 

Éolien  (i"),  thème  6. 


In    le-ge  Do-mi-ni  fi  ■  at  vo-hm-tas  c  -  jus     cli  -  e    ac    no-cte.^s.i. 

De  iino  Mart.  in  I  noct.  Le  début  d'après  les  neumes  de  R. 

Quelques  morceaux  traités  en  chant  orné,  d'un  bout  à  l'autre, 
se  rencontrent  parmi  les  antiennes  in  Evangelio^  (p.  e.  O  cnix 
splendidior,  p.  141;  O  sapientia,  p.  144,  etc.).  Mais  ils  ne  com- 
portent ni  les  interminables  passages  vocalises,  ni  les  raffine- 
ments techniques  des  cantilènes  de  VAntiphonale  missanim. 

§  iio.  Le  mélange,  dans  une  seule  et  même  antienne,  de  deux 
formes  modales  ou  de  deux  échelles  tonales  (l'une  par  b,  l'autre  par  i]) 
est  un  procédé  assez  fréquent  de  la  mélopée  liturgique.  Montrons- 
en  les  principales  applications. 

I.  Combinaison  de  la  forme  normale  (authente)  et  de  la  forme  relâ- 
chée (plagale).  Ce  genre  de  mélange  engendre  les  chants  appelés 
commixtes  chez  les  musicistes  liturgiques.  Les  antiennes  de  l'office 
ne  l'exhibent  qu'en  iastien  (tétrard). 

lastiennormal  (Vile),  thème  22;  terminaison  en  iastien  relâché  (Ville). 


Un  -de-  cim  di  -  sci  -  pu  -  li  in     Ga  -H  -  lae  -  a 


vi-den-tes  Do  -  mi-num  a  -  do  -  ra  -  ve  -  nint,  al-  le  -   lu  -  ia. 

Fer.  V.  post  Pascha  ad  Vesp.  in  Evang.  Cf.  Hucb.  Mus.,  p.  107. 

II.  Amalgame  de  deux  modes.  Nous  n'avons  à  nommer  ici  que 
pour  mémoire  les  iasti-aeolia ,  considérées  à  l'époque  romaine 
comme  une  classe  spéciale  de  mélodies.  On  en  a  déjà  vu  précé- 
demment plusieurs  spécimens  (pp.  74,  93-94»  109). 

ï  L'office  compte  une  autre  catégorie  d'antiennes  ornées  :  celles  de  l'Invitatoire, 
que  Réginon  de  Prum  n'a  pas  recueillies,  Aurélien  de  Réomé  en  mentionne  quelques- 
unes,  qui  sont  consignées  dans  notre  catalogue  analytique. 

21 


150  CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES. 

Un  mélange  analogue,  sans  désignation  technique,  se  voit 
souvent  :  des  cantilènes  en  iastien  relâché  (VHP)  dont  le  début 
est  hypolydien  (V^  ou  VP).  De  même  que  dans  les  iasti-aeolia,  les 
fondamentales  des  deux  modes  accouplés  occupent  deux  degrés 
contigus  de  l'échelle  commune.  La  présence  momentanée  de 
l'harmonie  hypolydienne  en  iastien  se  remarque  dans  l'hymne  à 
Némésis  (p.  44,  vv.  13  et  14). 

Thème  13. 

^=i~i«~ir-ii— ■  t  ■— "  ■    ■    u^[ 

Con-fi   -  te  -  bor      H  -  bi     Do  •  mi  -  jie,       quo-ni-am  ex  -  au-di-sti  me.Fs.iiy. 

Dont.  Septuag.  ad  Laud. 
Même  thème. 


^~^-= 

_-                       1 

_-      - 

^    .    .■    ■     1 

^      ■ 

^^                       ^        ^                                                                                                      ^ 

Na  - 

to     Do  -  mi  -  no, 

An  - ge  -  lo-rutn  cho-rus  ca-ne  -  bat 

m 

di  -  cens  : 

5 — m- 

■     ■     - 

II 

1       _      ■      ■             ■      ■-      «F      ■ 

■     ■ 

— ■    ^     1     "                            ~                             Il 

sa- lus  De  -  0     no  -  stro         se-den-ti    sii-per    thro-niim    et     A-gno. 

De  Oct.  Nat.  Dont,  in  III  noct.  Cf.  Gloria  in  excdsis  (p.  139),  Missus  est  (p.  151)  et  beaucoup   d'autres 
antiennes  dérivées  du  thème  13. 

III.  Transition  du  b  au  ^  et  vice-versa.  Pas  plus  que  les  mélodies 
venues  jusqu'à  nous  en  notation  grecque,  les  motifs  fondamen- 
taux du  chant  antiphonique  ne  contiennent  des  altérations  acci- 
dentelles. Il  en  est  autrement  pour  les  cantilènes  dérivées.  En 
mode  éolien  (P'')  les  antiennes  ordinaires  et  longues  changent 
souvent  si  b  en  si  t},  c'est-à-dire  fa  en  fa  Jf  (pp.  92-93).  En 
hypolydien  relâché  (VP)  le  contraire  a  lieu  :  si  t}  se  transforme 
constamment  en  si  b  (p.  96),  altération  qui  avait  déjà  gagné  la 
ïovmo,  normale  (V^  mode)  au  commencement  du  X*  siècle'.  Une 
autre  variété  modale  admet  le  double  échelon  depuis  cette  même 
époque.  C'est  Viastien  relâché  (VHP).  La  médiante  si  t]  est  rem- 
placée fréquemment  par  si  b  dans  les  groupes  vocalises  qui  font 
partie  de  successions  mélodiques  aboutissant  à  fa. 

I  «  Cujus  tetrachordi  (se.  synemmenon)  exempla,  cum  per  omnes  modos  vel  tonos  se 
«  frequentius  offerant,  tamen  praecipue  in  authento  tritivel  plagis  ejus  ita  ubique  perspici 
«  possunt,  ut  vix  aliquod  melum  in  eis  absque  horum  permixtione,  tetrachordorum 
«  synemmenon  scilicet  et  diezeugmenon,  reperiatur.  »  Hucb.  Mus.  (Gerb.  Script.,  t.  I, 
p.  114).  Texte  traduit  à  la  p.  97,  note  i. 


CH.  V.  —  MÉLOPÉE  DES  ANTIENNES.  151 

Thème  13. 


Scim: 


Mis- SUS     est    Ga-bri-d        an  -  ge  -  lus 

ad  Ma  -  ri  -  am  vir  -  gi  -  nem  de  -  spon  -  sa  -  tam    Joseph. 

Fer.  IV  post  Dom.  IV  Adv.  in  Evang. 

Les  autres  modes  ecclésiastiques  (IIP,  VIP,  IV''  et  IP)  n'offrent 
que  des  exemples  isolés  du  mélange  des  tétracordes  conjoint  et 
disjoint  dans  leurs  groupes  mélismatiques. 

Section  IV.  —  Jugement  sur  la  valeur  musicale  des  chants  antiphoniques. 

§  III.  Des  mélodies  en  général  peu  étendues,  dépourvues  de 
l'attrait  du  rythme  régulier  et  de  l'accompagnement  instrumental, 
reproduisant  sans  cesse  une  cinquantaine  de  thèmes  traditionnels 
à  l'aide  de  procédés  fixes,  tels  sont  les  chants  qui  forment  l'unique 
objet  du  présent  travail.  Une  musique  aussi  indigente,  un  pareil 
système  de  composition  ont-ils  pu  donner  lieu  à  des  créations 
esthétiques  ? 

Tout  homme  élevé  dans  la  culture  exclusive  de  l'art  moderne, 
et  habitué  dès  l'enfance  à  considérer  la  polyphonie  comme  un 
élément  indispensable  de  l'œuvre  musicale,  donnera  certainement 
une  réponse  négative  à  notre  question.  A  ses  yeux  les  chants  de 
l'Antiphonaire  n'ont  qu'un  intérêt  archéologique.  Pour  lui  ce  sont 
des  modulations  pétrifiées,  sans  expression  vivante  et  sans 
aucune  beauté  musicale. 

Bien  différente  sera  la  réponse  venant  d'un  artiste  nourri  dans 
son  jeune  âge  des  cantilènes  de  l'Église  primitive,  et  chez  qui  la 
pratique  quotidienne  de  l'opulente  musique  moderne  n'a  pas  aboli 
toute  réceptivité  pour  la  maigre  musique  homophone'.  C'est  sa 
manière  de  voir,  —  la  nôtre,  —  que  nous  allons  exposer  en 
quelques  mots. 

ï  L'atavisme  joue  là  probablement  un  rôle.  Les  personnes  d'origine  rustique,  dont 
les  ancêtres,  pendant  une  longue  suite  de  générations,  n'ont  pas  connu  d'autres  concerts 
ni  d'autres  spectacles  que  les  offices  de  l'Église,  doivent  sentir  cette  musique  plus  vive- 
ment que  les  citadins  de  race,  et  il  est  douteux  que  les  artistes  nés  hors  du  catholicisme 
puissent  subir  pleinement  le  charme  ineffable  des  cantilènes  liturgiques. 


152  CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES. 

§  112.  La  mélopée  antiphonique  n'est  pas  une  cantillation  uni- 
forme et  sans  vie,  mais  une  musique  sui  generis,  qui,  malgré 
l'extrême  simplicité  de  ses  formes  et  de  ses  moyens,  possède 
les  ressources  compatibles  avec  son  principe  et  nécessaires  à 
son  but  :  elle  est  à  l'art  polyphonique  ce  que  le  dessin  au  trait 
est  à  la  peinture.  Elle  agit  sur  le  sentiment  par  les  trois  éléments 
constitutifs  de  toute  musique  :  l'harmonie,  la  mélodie  et  le 
rythme.  A  la  vérité,  le  rythme  n'y  existe  qu'à  l'état  rudimentaire, 
et  on  n'y  trouve  que  l'harmonie  immanente,  contenue  virtuelle- 
ment dans  la  succession  des  sons.  Seule  la  mélodie  se  manifeste 
ouvertement  dans  l'œuvre  :  la  mélodie  définie  par  Wagner  comme 
«  l'expression  achevée  de  l'essence  intime  de  la  musique  »  {der 
vollendetste  Ausdruck  des  inneren  Wesens  der  Musik').  Tels  quels, 
ces  moyens  suffisent  à  l'art  homophone  pour  faire  naître  l'émotion 
esthétique  chez  ceux  sur  lesquels  il  a  prise. 

A  la  vérité  une  pareille  musique  ne  produit  pas  les  commotions 
soudaines  et  extraordinaires  provoquées  parla  magique  polyphonie 
des  modernes;  elle  ne  nous  remue  pas  jusqu'au  fond  de  l'être, 
faisant  surgir  en  nous  tout  un  monde  de  sensations,  d'images  et 
d'idées.  Elle  se  contente  d'exercer  un  charme  discret  et  tranquille 
par  l'expression  de  quelques  sentiments  simples  et  définis  : 
l'espérance,  la  foi,  l'aspiration  vers  le  ciel. 

§  113.  En  revanche  les  impressions  que  nous  procure  une 
mélodie  homophone  ne  s'émoussent  pas  par  une  fréquente  audi- 
tion, comme  cela  arrive  incontestablement  pour  la  musique 
polyphone;  loin  de  s'affaiblir,  elles  se  fortifient  par  l'accoutu- 
mance et  à  la  longue  nous  pénètrent  en  entier.  Le  temps  semble 
n'avoir  pas  d'action  sur  ces  courtes  formules  mélodiques,  et 
cela  est  vrai  non-seulement  pour  l'individu,  mais  encore  pour 
les  quarante  générations  d'hommes  qui  les  ont  entendues  et 
répétées. 

Une  chose  surprenante,  en  effet,  c'est  qu'à  l'endroit  du  chant 
liturgique  nos  préférences  et  notre  goût  se  rencontrent  avec 
ceux  des  chrétiens  occidentaux  du  V^  et  du  VP  siècle.  En 
voici   une    preuve    décisive.    Certaines    mélodies,    dont   le    tour 

ï  Oper  und  Drama,  dans  les  Gesammelte  Schriflen,  t.  III,  p.  381. 


i 


CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES.  153 

parut  particulièrement  heureux  en  ces  temps  lointains,  furent 
adoptées  en  guise  de  nomes,  de  types  fixes,  et  se  rencontrent 
presque  à  chaque  page  de  l'Antiphonaire.  Or  ce  sont  précisément 
ces  mélodies-là  qui  encore  aujourd'hui  nous  frappent  le  plus 
agréablement  l'oreille. 

Exemples  :  thèmes  23,  29;  variantes  des  thèmes  6,  17  et  18. 

Autre  preuve  non  moins  convaincante.  Les  intentions  expres- 
sives ou  pittoresques  de  la  cantilène,  inintelligibles  quand  il 
s'agit  d'une  musique  étrangère  à  notre  monde  occidental,  sont 
rendues  ici  par  des  inflexions  entièrement  conformes  à  notre 
manière  de  sentir  et  saisissables  à  tout  auditeur  moderne. 

Exemples  pris  dans  nos  spécimens  précédents  : 

Ecce  nomen  Domini  venit  de  longinquo,  et  claritas  ejus  replet  orbem  terrarum  ("ci-dessus, 
p.  92).  Remarquer  la  prolongation  de  venit,  mise  en  lumière,  comme  en  d'autres 
antiennes  de  l'Avent  (p.  144),  par  un  mélisme,  et  l'intention  expressive  de  la  modulation 
au  bémol  sur  le  mot  longinquo. 

Ecce  ancilla  Domini  :  fiât  mihi  secundum  verbum  tuum  (p.  136).  La  ligne  mélodique 
s'infléchissant  doucement  jusqu'à  la  fin  de  la  cantilène  rend  avec  une  naïveté  ravissante 
la  profonde  révérence  de  la  Vierge  à  l'envoyé  de  Dieu. 

Undecim  apostoli  in  Galilaea  videntes  Dominunt,  adoraverunt  (p.  149).  Ne  dirait-on  pas 
voir,  sur  les  dernières  syllabes  d' adoraverunt,  les  onze  s'incliner  jusqu'à  terre? 

In  sole  posuit  tabernaculum  suum  :  et  ipse  tamquam  sponsus  procedens  de  thalamo  suo 
(p.  137).  Elevare,  elevare,  consurge  Jérusalem,  etc.  (ibid).  Deux  cantilènes  d'un  élan 
superbe. 

Puer  Jésus  proficiebat  aetate  et  sapientia,  etc.  (p.  138).  L'hypolydien  relâché,  mode 
calme,  et  le  parcours  aisé,  comme  à  fleur  de  terre,  exprime  bien  l'enfance  obscure  et 
paisible  du  Sauveur. 

Qui  caelorum  contines  thronum  (p.  146),  Vidi  Dominunt  sedentem  (p.  147).  Le  souffle 
grandiose  de  ces  textes  prophétiques  se  retrouve  dans  les  deux  chants  appartenant  à  la 
noble  harmonie  éolienne. 

§  114.  En  général  les  antiennes  réunies  dans  un  même  office 
ne  montrent  pas  de  lien  musical  visible,  et  doivent  être  considérées 
comme  des  morceaux  simplement  juxtaposés.  Cependant  il  n'en 
est  pas  toujours  ainsi.  En  quelques  cas  le  mélographe  semble 
avoir  conçu  un  groupe  entier  d'antiennes  comme  une  véritable 
unité,  une  composition  soumise  aux  lois  du  contraste  et  de  la 
gradation,  et  par  moments  son  plan  se  laisse  entrevoir.  A  l'appui 
de  notre  dire,  nous  indiquerons  les  offices  de  la  période  annuelle 
comprise  entre  le  commencement  de  l'Avent  et  la  fête  de  l'Epi- 
phanie, et  nous  y  choisirons  deux  exemples. 


154  CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES. 

I.  Prenons  d'abord  le  groupe  des  cinq  antiennes  à  Laudes  du 
I"  dimanche  de  l'Avent,  et  analysons-le  brièvement.  La  première, 
In  illa  die,  traduit  dans  une  suave  mélodie  en  iastien  relâché 
(VHP),  adouci  par  le  '^,  la  félicité  des  temps  messianiques. 

Thème  12. 


^- 



- 1 Jnm          - 

r^       ■    ■■.    ■""■[■■■■-        ■-■- 

- 

-       , 

In    il    - 

la      di  -  e           stil-  la-btint  mon -tes     dul  -  ce  -  di-nem, 

^ 

gB              ■■■^          l-^MH 

■ 

et    col  -  les  flu  -  ent  lac   et    mel,  al  -  le   -   lu  -  ta. 

La  deuxième  antienne,  jfncimdare,  un  cri  d'allégresse,  est  du 
même  mode,  rendu  ici  plus  éclatant  par  l'emploi  du  t]. 

Thème  13. 


^ 


:e 


Ju  -  cun-da 


re  fi    -    li  -  a       Si  -  on. 


^ 


ï 


î 


et    ex  -  sul-ta     sa  -  tis        fi  -  li  -  a      Je  -  ru  -  sa  -  lein, 


al  -  le    -   lu  -  ia. 


La  troisième,  Ecce  Deus  veniet,  proclame  dans  le  mode  le  plus 
exalté  et  le  plus  âpre,  l'hypolydien  normal  (V^),  l'arrivée  redou- 
table du  juge  de  l'univers. 

Mélodie  librement  composée. 

■  ■    —      — ■  ■  ■*—  M    nr 


^^^ 


Ec  -  ce  Do  -mi-nus    ve     -     ni  -  et,        et     o-mnes  san-cti    e   -  jus  cum     e  -  0 


î 


et     e  -  rit    in    di  -  e     il  -  la 


_^L_- ■ ^-_B_«_ 

lux    ma-gna,  al  -  le  -  lu  -  ia. 


Vient  ensuite,  comme  retour  à  l'harmonie  fondamentale,  au 
sentiment  dominant,  doux  et  gracieux,  une  cantilène  pleine  de 
fraîcheur,  en  iastien  normal  (VIP). 

Thème  23. 


^ 


ï 


O    -     mnes  si  -  ti  -  en   -   tes  ve  •  ni-  te    ad       a-quas 


quae  -  ri  -  te  Do  •  mi-num,     dum   in-ve-ni-ri  po  -  test,  al  -  le-lu-ia. 


CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES.  155 

La  conclusion  du  cycle  se  fait  par  un  chant  enthousiaste  qui 
célèbre  en  iastien  intense  (VIT  terminé  en  IV'=)  la  venue  immi- 
nente du  rénovateur  de  toutes  choses. 

Thème  29. 


Ec  -ce    ve  -  ni  -  et 


pro  -  phe  -  ta     ma-gntts, 


et     i  -  pse    Yi  -  110  -  va  -  bit  Je  -  ru  -  sa  -  lem,    al  -  le  •  lu  -  ta. 

II.  Un  cycle  plus  remarquable  encore,  par  sa  grande  étendue, 
par  l'unité  du  style  musical,  la  variété  des  modes  et  la  beauté  des 
chants,  est  celui  qui  comprend  les  18  antiennes  de  l'Octave  de 
Noël  (i"  janvier).  Bien  que  trois  d'entre  elles  se  rencontrent  aussi 
en  d'autres  offices',  toutes  forment  une  composition  d'ensemble 
où  se  révèle  l'inspiration  d'un  mélographe  unique.  Nous  repro- 
duirons ici  celles  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  livres  de  chant 
usuels. 

à)  P^  Vêpres,  à  Magnificat  :  Qui  de  terra  est^,  du  IIP  mode 
(p.  115),  thème  35.  Texte  évangélique,  cantilène  d'expression 
austère. 

b)  Office  de  nuit.  Ad  Invitatorium,  du  IV®  mode,  thème  32. 
Chant  d'appel,  originairement  exécuté  dans  un  diapason  élevé. 


^)^=i/f^^^ 


Chri     -     stus   na 


tus    est      no 


bis  : 


ve      -      ni  -  te 

D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


do  -  re 


mus.  3 


ï  Dominus  dixit  est  la  première  antienne  de  l'office  de  la  nuit  de  Noël;  mais  la  mélodie 
paraît  avoir  été  empruntée  au  groupe  des  antiennes  de  l'Octave.  Elevamini  se  chante 
aussi  dans  le  Ile  nocturne  du  samedi  saint.  Ante  luciferum  a  été  adaptée,  avec  un  léger 
changement  de  texte,  aux  Laudes  de  l'Epiphanie. 

2  L'antienne  actuelle,  Propter  nimiam  charitatem,  est  tout  au  plus  de  la  fin  du  moyen 
âge.  Le  Resp.  greg.  inscrit  simplement  Qui  de  terra  est  parmi  les  antiennes  in  Evang.,  et 
assigne  au  Magnificat  des  h^  Vêpres  O  admirabile  commercium,  la  première  des  Laudes. 
Il  y  a  là  sans  doute  une  simple  erreur  de  copiste. 

3  Le  Resp.  greg.  a  un  autre  texte,  Regem  natum  Dominum,  qui  se  chantait  apparemment 
sur  la  même  mélodie.  Originairement  cet  office  nocturne  n'avait  pas  d'Invitatoire. 
Amal.  De  ord.  antiph.  c.  15. 


156  CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES. 

P'  Nocturne.  Trois  antiennes  psalmiques  exprimant  le  caractère 
divin  du  mystère  de  la  Nativité.  Nomes  orthiens,  c'est-à-dire 
rehaussés,  sublimes'. 

ville  mode,  thème  i8. 


fc 


Do    -    mi  -  uns   di  -  xit    ad      vie 


M!=!: 


1^1^ 


Fi  -  li  -  us    me  -  us       es   tu,       e      -     go     ho    -    di  -  e       j 
In  sole  posuit  tabernacuhim  suuvt,  du  Ville,  th.  i8,  p.  137. 

Ve  mode,  thème  44. 
■    ■    1^    ■ r^ = z^-t 


nu  -  i      te.  Ps.  2. 


JLi_g-JiL 


E  -le-va  -  mi-ni,    por-tae  ae-ter-na-  les,      et   in-tro-i    -    bit      rex     glo-ri-ae.Ps.23. 

IP  Nocturne.  Trois  antiennes  psalmiques  exprimant  le  côté 
humain  du  mystère,  objet  de  la  solennité.  Thèmes  chantants  et 
gracieux. 

1er  mode,  thème  8. 


^^ 


ï 


'^ 


■^    "m-^ ■ -—■-■-■-—■. 

Spe  -  ci  -  0  -  sus  for  -  tua        prae  fi    -    li  -  is        ho    -    mi  -  num  : 

dif-fu  -  sa    est  gra  -  ti  -  a  in    la  -  bi  -  is       tu  -  is.  Ps.  44. 

VU"  mode,  thème  23. 


i 


*E.E^^i 


Ho    -   mo  na  -  tus  est  in     e        -        a  :       i    -    pse  fun-da-vit   e-am  Al-tis  -  si-mus. 

Ps.  86. 
V"  mode,  mélodie  librement  composée. 


Stzlzit 


Ex-sul  -  ta-bunt  0  -  mni      -a        li  -  gna  sil  -  va  -  mm 


ifeizzizz: 


an  -te    fa-ci-  em  Do      -      mi  -  ni,         quo    -    ni  -  am      ve  -  nit.  Ps.  95. 

'  La  beauté  musicale  de  cet  office  nocturne  a  déjà  été  remarquée  par  Amalaire 
au  commencement  du  IXe  siècle.  «  Juxta  ordinem  psalmorum  et  pulchritudinem  soni 
'(  conveniunt  antiphonae  ipsi  nocti  nativitatis  Domini,  quas  solemus  canere  in  octavis 
«  Domini,  et  Apostolicus  vir  canit  ad  primas  vigilias  in  ecclesia  Sanctae  Mariae  Majore... 
«  Melodiaeque  pulchriores  sunt  sequentibus  se.  »  De  ord.  antiph.  c.  15. 


CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES.  157 

IIP  Nocturne.  Trois  antiennes  non-psalmiques  exprimant 
l'union  du  divin  et  de  l'humain  dans  le  mystère  de  l'Incarnation. 
Thèmes  de  caractère  mixte. 

VIII'"  mode,  thème  17. 


In  prin-ci   -  pi    -    0     et        an  -  te    sae-cu-la  De  -  us    e  -  rat   Ver -but 


i  -  pse    na  -  tus  est    ho  -  di  -  e  Sal  -  va  -  tor  mun-di. 

ler  mode,  thème  11. 

An  -  te    lu  -  ci     -    fe-riun    ge  -  ni  -  tus  et       an  -  te    sae-cu-la 


Do -mi    •    nus      Sal -va  -  tor  no-ster  ho  -  di    -    e  na  -  sci   di-gna-tus  est. 

Nato  Domino,  du  Ville,  th.  13,  p.  150. 

c)  Laudes.  Pour  les  antiennes  adjointes  aux  psaumes,  cinq 
textes  homilétiques  enseignant  les  dogmes  de  l'Incarnation  et  de 
la  Virginité  de  Marie  par  des  comparaisons  et  des  passages  tirés 
de  l'Ecriture  Sainte  :  0  admirabile  commercmm,  Quando  natus  es 
ineffabiliter ,  Riibmn  quem  viderai  Moyses,  Germinavit  radix  Jesse, 
Ecce  Maria  genuit  nobis  Salvatorem.  Mélodies  très  développées 
et  d'une  rare  ampleur  de  style,  en  hypolydien  relâché  (VP), 
dorien  (IIP),  éolio-iastien  intense  (I"  finissant  en  IV^),  éolien  (P') 
et  hypolydien  normal  (V^).  Elles  se  trouvent  dans  tous  les 
antiphonaires. 

Antienne  à  Benedictus.  Texte  définissant  théologiquement  le 
dogme  de  l'Incarnation  :  Mirabile  mysterium.  Chant  d'une  expres- 
sion très  mystique  (ci-dessus  p.  148). 

d)  II"  Vêpres,  à  Magnificat.  Texte  résumant  le  double  mystère 
célébré  en  ce  jour  :  Magnum  hereditatis  mysterium.  Cantilène 
exaltée  (pp.  97-98). 

§  115.  Ce  qui  précède  suffit  à  faire  apprécier  la  valeur  inesti- 
mable du  trésor  mélodique  que  l'Église  a  recueilli  et  conservé. 
L'Antiphonaire  romain  ne  constitue  pas  seulement  un  document 

22 


158  CH.  V.  —  VALEUR  MUSICALE  DES  ANTIENNES. 

unique  pour  étudier  la  transition  du  monde  païen  au  monde 
chrétien,  sur  le  terrain  spécial  de  l'art  des  sons.  Il  est  encore  de 
nos  jours  une  source  vivante  de  véritables  jouissances  esthé- 
tiques, où  quelques-uns  reposent  et  retrempent  leurs  nerfs  et 
leur  esprit,  surtendus  par  les  effets  fulgurants  de  la  polyphonie 
moderne.  Cette  vitalité  prodigieuse,  qui  inflige  un  démenti 
péremptoire  aux  idées  courantes  sur  la  durée  des  œuvres  musi- 
cales, assigne  aux  humbles  trouvailles  de  la  muse  chrétienne  une 
place  élevée  parmi  les  monuments  du  génie  humain.  Les  pages 
les  plus  merveilleuses  de  la  musique  du  XIX^  siècle  auront-elles 
encore  le  pouvoir  d'impressionner  les  fibres  intimes  de  quelques- 
uns  de  nos  semblables  qui  vivront  dans  douze  cents  ans?  Voilà 
certes  une  réflexion  propre  à  nous  faire  contempler  avec  une 
singulière  vénération  les  lambeaux  mélodiques  qui  nous  mettent 
en  contact  avec  l'âme  de  nos  ancêtres  les  plus  éloignés. 


CHAPITRE  VI. 


CLASSIFICATION    CHRONOLOGIQUE    DES    ANTIENNES. 
Section  I.  —  Les  trois  époques  du  chant  antiphonique. 

§  ii6.  Nous  avons  fixé  au  temps  de  Léon  le  Grand  (440-461)  le 
commencement,  sous  le  pontificat  d'Agathon  (678-681)  l'achève- 
ment du  travail  d'élaboration  dont  est  sorti  l'Antiphonaire  de 
l'ofiice  romain,  collection  des  anciens  chants  restés  depuis  lors 
en  usage  à  l'église,  et  insérés  en  entier,  quant  au  texte,  dans 
récrit  fondamental  du  Responsale  gregorianum.  Cette  double  limite 
posée,  nous  avons  cherché  à  découvrir  l'âge  relatif  des  divers 
groupes  de  chants  qui  sont  entrés  successivement  dans  le  recueil 
au  cours  de  sa  formation. 

§  117.  Pour  procéder  à  une  pareille  enquête  historique,  on  ne 
peut  guère  recourir  à  des  témoignages  extérieurs.  Seuls  trois 
documents  ecclésiastiques  de  date  connue  et  —  avantage  inappré- 
ciable —  d'origine  romaine  (la  Règle  de  saint  Benoît,  le  Liber 
ponti/icalis,  la  correspondance  de  saint  Grégoire  le  Grand)  nous 
ont  fourni  quelques  points  de  repère  et  permis  ainsi  d'établir  des 
divisions  importantes.  Les  deux  principaux  moyens  d'investiga- 
tion s'indiquaient  donc  d'eux-mêmes  :  d'abord  un  minutieux 
examen  des  textes  antiphoniques,  ensuite,  comme  instrument 
de  contrôle,   l'analyse   musicale   des   chants. 

§  118.  Voici  les  conclusions  qui  peu  à  peu  se  sont  dégagées 
de  nos  recherches.  —  La  provenance  d\m  texte  antiphoniqtie  est  en 
général  un  sûr  critérium  pour  déterminer  V époque  de  son  adoption 
dans  Voffice  des  Heures  ;  les  exceptions  sont  rares  et  s'expliquent 
sans   difficulté.    Au  point    de   vue    qui  vient  d'être   indiqué,   les 


i6o  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

antiennes  se  répartissent  en  trois  classes,  correspondant  à  trois 
époques  successives. 

I.  Antiennes  vocalisées  sur  le  mot  Alléluia  et  antiennes psahniqiies. 
Nous  désignerons  par  ce  dernier  terme  toute  cantilène  antipho- 
nique dont  les  paroles  sont  prises  dans  le  psaume  auquel  elle  est 
adjointe,  et  nous  comprendrons  sous  le  même  vocable  les  antiennes 
extraites  des  cantiques  bibliques  qui  figurent  dans  l'office'.  —  Cette 
première  classe,  la  plus  ancienne,  remonte  jusqu'à  la  première 
organisation  du  chant  des  Heures^;  elle  existait  encore  seule  au 
temps  où  saint  Benoît  rédigeait  la  règle  de  son  ordre,  vers  530. 

II.  Antiennes  tirées  d'écrits  bibliques  autres  que  les  psaumes  (Évan- 
giles, livres  prophétiques,  sapientiaux,  historiques,  etc.)  et,  par 
exception,  textes  empruntés  à  l'ancienne  littérature  chrétienne  ou 
composés  expressément  en  vue  de  la  fête  célébrée.  —  Les  chants 
de  cette  espèce  ont  apparu  dans  le  cursus  vers  le  premier  tiers  du 
VP  siècle,  au  début  des  guerres  gothiques^. 

III.  Antiennes  empruntées  aux  Actes  des  martyrs  ou  à  la  vie  de 
saints  honorés  à  Rome  d'un  culte  particulier.  —  Elles  ne  faisaient 
pas  encore  partie  de  l'office  sous  le  pontificat  de  saint  Grégoire 
(590-604).  Nous  réunissons  à  cette  troisième  catégorie  les 
antiennes  afférentes  à  des  fêtes  notoirement  instituées  à  Rome 
au  cours  du  VIP  siècle. 

§  iig.  L'antériorité  de  notre  première  espèce  d'antiennes  est 
attestée  et  par  les  documents  historiques  et  par  l'origine  même 
du  chant  en  chœurs  alternatifs. 

YJalleluia  fut  au  IV^  siècle  le  cri  de  victoire  du  christianisme 
sorti  de  deux  siècles  et  demi  de  persécutions  et  d'avanies; 
l'interjection  hébraïque,  modulée  sous  toutes  les  formes,  devint  un 

1  Les  parties  de  l'office  romain  exécutées  en  ciiant  alternatif  ont  compris  dès 
l'époque  primitive  —  et  comprennent  encore  aujourd'hui  —  deux  cantiques  du  Nouveau 
Testament  :  à  Laudes  le  Benedicttis  Dominas  Dciis  Israël,  à  Vêpres  le  Magnificat  (le  Nunc 
dimiUis,  à  Compiles,  se  récitait  en  chant  directané);  de  plus  sept  cantiques  de  l'Ancien 
Testament,  un  pour  chaque  jour  de  la  semaine,  placé  après  le  3e  psaume  des  Laudes. 
Cf.  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  57  et  suiv. 

2  Dans  les  chants  de  la  messe,  plus  récents  dans  leur  ensemble,  les  antiennes  non- 
psalmiques  paraissent  être,  au  contraire,  les  plus  anciennes. 

3  La  première  date  mémorable  de  cette  longue  guerre  est  l'entrée  de  Bélisaire  à 
Rome,  le  9  décembre  536. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES.  i6i 

refrain  d'allégresse  qui  accompagnait  les  occupations  quotidiennes 
des  paisibles  populations  converties  à  la  nouvelle  foi'.  Dans  les 
réunions  du  culte  c'était  l'acclamation  musicale  par  laquelle 
l'assistance  entière  s'unissait  aux  chants  de  l'Eglise. 

Ainsi  que  nous  l'apprend  la  Règle  de  saint  Benoît,  qui  à  cet 
égard  ne  doit  guère  s'être  écartée  de  l'usage  contemporain  de 
Rome%  les  antiennes  allèluiatiques  abondaient  dans  l'office,  au 
commencement  du  VP  siècle.  On  n'en  chantait  pas  d'autres  pen- 
dant la  durée  entière  du  temps  pascal,  compris  entre  le  samedi 
saint  et  la  Pentecôte.  Après  cette  fête,  jusqu'au  Carême  suivant, 
elles  s'adjoignaient  quotidiennement  aux  derniers  psaumes  de 
l'office  de  nuit^  chantés  aux  clartés  naissantes  de  l'aube;  le 
dimanche,  jour  commémoratif  de  la  Résurrection,  Valleluia 
accompagnait  en  outre  les  psaumes  et  les  cantiques  des  Laudes 
matutinae,  office  célébré  au  lever  du  soleil,  ainsi  que  les  psaumes 
des  heures  de  Tierce,  de  Sexte  et  de  None^  Ces  différentes 
assemblées  se  célébraient  les  dimanches  et  jours  de  fête  en 
présence  et  avec  le  concours  de  la  communauté  entière.  A  l'office 
du  soir  le  Magnificat  seul  avait  un  alléluia  pour  antienne ^ 

L'antiphonaire    romain  des  temps  postérieurs  n'est  pas  aussi 

ï  Cf.  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  27,  note  2.  —  Saint  Jérôme,  dans  une  lettre  adressée 
à  la  pieuse  dame  romaine  Marcella,  fait  un  tableau  idyllique  de  la  vie  des  campagnards 
chrétiens  aux  environs  du  monastère  de  Bethléhem  :  «  In  Christi  villa  tota  rusticitas 
«  est  :  extra  psalmos  silentium  est.  Quocumque  te  verteris,  arator  stivam  tenens  alléluia 
«  décantât  :  sudans  messor  psalmis  se  avocat,  et  curva  attundens  vites  falce  vinitor 
«  aliquod  Davidicum  canit.  Haec  sunt  in  hac  provincia  carmina,  hae,  ut  vulgo  dicitur, 
«  amatoriae  cantiones.  »  Ep.   (éd.  Plant.,  t.  I,  p.  54). 

2  Elle  s'y  réfère  expressément  au  ch.  13  (Vita  et  Reg.  SS.  P.  Bened.  Ratisbonne, 
Pustet,  1880,  p.  26). 

3  Nous  évitons  le  mot  Matines,  qui  désignait  anciennement  l'office  du  matin,  c'est- 
à-dire  les  Laudes.  Nous  ne  disons  pas  davantage  Vigiles,  terme  comprenant  aujourd'hui 
la  journée  entière  qui  précède    un  jour  de  fête. 

4  Les  heures  de  Prime  et  de  Compiles  ne  furent  d'abord  observées  que  par  les 
communautés  monastiques.  Cf.  Orig.  du  chant  liturg.,  pp.  9  10,  note  i.  Elles  ne  figurent 
nulle  part  au  Resp.  greg.;  toutefois  elles  se  chantaient  déjà  dans  les  églises  au  temps 
de  Charlemagne,  comme  on  le  voit  par  les  écrits  d'Amalaire. 

5  «  A  sancto  Pascha  usque  Pentecosten  sine  intermissione  dicatur  Alléluia,  tam  m 
«  psalmis  quam  in  responsoriis.  A  Pentecosten  autem  usque  in  caput  Quadragesimae 
«  omnibus  noctibus  cum  sex  posterioribus  psalmis  tantum  ad  nocturnos  dicatur;  omni 
«  vero  dominica  extra  Quadragesima,  cantica,  matutini,  prima,  tertia,  sexta  nonaque 
t  cum  alléluia  dicatur,  vespera  vero  cum  antiphona.  »  Reg.  S.  Ben.  c.  15,  p.  27. 


i62  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

prodigue  de  ces  petites  cantilènes  sans  texte  proprement  dit. 
Toutefois  il  les  a  gardées  pour  les  psaumes,  notamment  :  i°  à 
presque  tous  les  offices  du  temps  pascal;  2°  à  Laudes  et  aux 
petites  heures  diurnes  des  dimanches  ordinaires. 

§  120.  Non  moins  antiques  que  les  précédentes,  les  antiennes 
psalmiques  sont  liées  plus  étroitement  encore  au  principe  du  chant 
alternatif  des  Heures.  Aux  jours  et  aux  offices  qui  ne  compor- 
taient pas  d'antiennes  alléluiatiques,  le  prélude  chanté  de  la 
psalmodie  prenait  son  texte  dans  le  psaume  même,  désignant 
ainsi  au  chœur  des  fidèles  non-seulement  l'air,  mais  aussi  les 
paroles  du  chant  qui  devait  suivre'. 

§  121.  Voici  les  parties  du  rituel  romain  composées  d'antiennes 
psalmiques  et  qui,  sauf  de  légères  déviations,  ont  pris  leur  forme 
actuelle  entre  440  et  540. 

I.  Dans  le  psautier  hebdomadaire^  : 

a)  l'office  nocturne^  et  les  Vêpres  du  dimanche,  à  l'exception 
du  Magnificat; 

b)  toutes  les  Heures  des  six  fériés,  y  compris,  à  Laudes,  le 
cantique  de  l'Ancien  Testament  et  le  Benedictus;  à  Vêpres,  le 
Magnificat  ■*. 

n.  Dans  le  Propre  du  Temps  : 

a)  les  offices  nocturnes  de  la  Noël,  de  l'Epiphanie  et  des  trois 
derniers  jours  de  la  semaine  sainte; 

1  De  là  l'expression  antiphonam  imponere,  qui  se  rencontre  déjà  chez  Grégoire  de 
Tours  (Hist.  eccl.  Franc.  II,  37)  et  chez  saint  Grégoire  le  Grand  {Dial.  IV,  35).  Les 
antiennes  citées  aux  deux  endroits  sont  psalmiques.  —  Il  est  à  remarquer  que  les 
antiennes  alléluiatiques  des  dimanches  ne  se  chantent  qu'aux  heures  composées  inva- 
riablement des  mêmes  psaumes.  Là,  toute  indication  des  textes  était  superflue. 

2  La  répartition  des  150  psaumes  entre  les  sept  jours  de  la  semaine  n'est  plus  tout 
à  fait  dans  le  Bréviaire  romain  ce  qu'elle  était  à  la  première  époque;  l'arrangement  actuel 
ne  remonte  pas  vraisemblablement  au-delà  d'Hadrien  I  (772-795).  Mais  les  antiennes 
n'ont  pas  dû  être  atteintes  par  les  changements;  elles  ont  passé  apparemment,  en  com- 
pagnie de  leur  psaume,  d'une  partie  de  l'office  dans  l'autre. 

3  On  a  vu  (note  5  de  la  page  précédente)  que  la  Règle  de  saint  Benoît  prescrit  une 
antienne  alléluiatique  pour  les  six  derniers  psaumes  de  l'office  quotidien  de  nuit.  Au 
commencement  du  IX^  siècle  on  chantait  encore  le  troisième  nocturne  des  dimanches 
sur  un  Alléluia  lAmal.,  De  ord.  antiph.  c.  i). 

4  Selon  toute  apparence  les  antiennes  tirées  du  Benedictus  et  du  Magnificat  variaient 
à  volonté.  Le  Resp.  greg.  a  toute  une  collection  de  textes  pour  ces  deux  cantiques 
(pp.  866  et  867),  ainsi  que  pour  celui  des  trois  enfants  dans  la  fournaise  (pp.  856  et  857). 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES.  163 

b)  les  Vêpres  du  jour  de  Noël'  {Tecum  principinm,  etc.)  et  du 
jeudi  saint^  {Calicem  salutaris). 

III.  Dans  le  Commun  des  Saints  : 

a)  l'office  nocturne  des  Apôtres^  {In  omnem  terrant),  des  Martyrs^ 
{In  lege  Doniini),  des  Confesseurs^  {Beatns  vir); 

b)  les  Vêpres  des  Apôtres^  {Juravit  Dominus). 

IV.  De  plus  dans  le  Propre  du  Temps  : 

Six  groupes  de  cinq  antiennes,  que  le  Responsale  gregorianum 
assigne  aux  Laudes  de  la  Sexagésime  {Miserere  met),  de  la 
Quinquagésime^  {Secundum  mnltitudinem)  et  des  quatre  dimanches 

«  L'institution  des  les  Vêpres,  chantées  la  veille  de  la  fête,  n'est  pas  très  ancienne 
(Amal.  D&  ord.  antiph.  c.  16).  Elle  semble  dater  du  temps  d'Hadrien  I. 

2  Aujourd'hui  l'office  romain  récite  les  Vêpres  du  jeudi  saint  sans  chant.  A  Trêves 
elles  se  chantent  encore;  du  moins  elles  figurent  dans  l'antiphonaire  de  1864. 

3  Le  calendrier  ecclésiastique  du  commencement  du  VI^  siècle,  tel  que  nous  le  fait 
connaître  le  sacramentaire  dit  léonien  (Cf.  Duchesne,  Orig.  du  culte  chrétien,  p.  128  et 
suiv.),  ne  renferme  que  trois  fêtes  d'apôtres  :  des  saints  Pierre  et  Paul,  de  saint  Jean 
l'Évangéliste,  de  saint  André.  Depuis  le  VII^  siècle  cette  dernière  fête  possède  des 
antiennes  tirées  de  la  Passio  S.  Andreae. 

4  Le  Resp.  greg.,  comme  les  antiphonaires  modernes,  inscrit  en  tête  de  cette  série 
d'antiennes  :  de  uno  Martyre.  Son  office  de  phirimis  Martyribus  {Secus  decursus  aquarum) 
est  visiblement  plus  récent;  cinq  des  neuf  antiennes  ont  été  prises  au  premier.  Nous 
concluons  de  là  qu'il  n'existait  tout  d'abord  qu'un  office  unique  {In  lege  Domini),  chanté 
aussi  bien  pour  plusieurs  martyrs  que  pour  un  seul;  en  effet  nous  le  rencontrons  dans  le 
Resp.  greg.  à  la  fête  des  Innocents.  Peut-être  même  servait-il  en  outre  pour  les  Vierges 
martyres;  à  la  fête  de  sainte  Agnès  les  psaumes  correspondent  à  ses  neuf  antiennes.  En 
tout  cas  les  Nocturnes  actuels  des  Vierges  sont  de  la  deuxième  époque;  ils  ne  contiennent 
que  deux  antiennes  psalmiques  [Specie  tua  et  Adjuvabit).  Les  principaux  martyrs  de  l'un  et 
de  l'autre  sexe  fêtés  à  Rome  sous  la  domination  gothique  étaient  saint  Etienne,  sainte 
Agnès,  ss.  Jean  et  Paul,  saint  Laurent,  sainte  Cécile,  saint  Clément.  L'office  de  saint  Jean 
Baptiste,  avant  d'avoir  ses  antiennes  propres,  empruntait  probablement  celles  des  Martyrs. 
Remarquez  en  effet  que  le  Resp.  greg.  intitule  la  fête  du  29  août  :  de  Martyrio  S.  Johannis. 

5  Le  Resp.  greg.  donne  les  antiennes  des  Confesseurs  à  la  fête  du  protomartyr  saint 
Etienne;  on  sait  qu'aux  premiers  siècles  de  l'Église  l'épithète  de  Confesseur  se  décernait 
principalement  à  un  martyr. 

6  Amalaire  ne  mentionne  que  deux  offices  propres  de  Vêpres  :  à  Noël  et  aux  fêtes  des 
Apôtres  {De  ord.  antiph.  c,  16).  Il  passe  sous  silence  le  jeudi  saint. 

7  Au  IXe  siècle  l'office  du  dimanche  de  la  Septuagésime,  d'origine  gallicane  sans 
doute,  était  essentiellement  alléliiiatique,  plus  qu'aucun  office  du  temps  pascal.  A  partir 
de  ce  jour-là  jusqu'à  Pâques,  on  supprimait,  ou,  selon  une  expression  usitée  en 
France,  on  enterrait  V Alléluia.  Plus  tard  Rome  ajouta  la  Septuagésime  à  la  période  de 
pénitence;  le  Xle  Ordo  romanus,  rédigé  au  commencement  du  XII^  siècle,  dit  :  «  Sabbato 
Septuagesimae  ad  Vesperum  tacetur  Alléluia  »  (Patrol.  lat.  de  Migne,  t.  78,  p.  1037J.  Les 
antiennes  des  Laudes  de  la  Sexagésime  furent   alors  assignées  également  au  dimanche 


i64  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

du  Carême  {Cor  mundum,  etc.).  Evidemment  la  disposition  de  ces 
offices  ne  remonte  ni  au  V^  siècle,  ni  même  à  la  première  moitié 
du  VP.  En  ces  temps-là  Rome  n'admettait  aucun  prolongement 
à  la  période  quadragésimale',  et  les  six  groupes  d'antiennes 
correspondaient  probablement  aux  six  dimanches  compris  dans 
la  sainte  Quarantaine.  Après  l'adoption  de  la  période  septuagé- 
simale  toute  la  série  aura  remonté  de  deux  semaines,  et  les  deux 
derniers  dimanches  (Passion  et  Rameaux)  auront  été  pourvus  de 
leurs  antiennes  actuelles,  non  psalmiques,  sauf  une  exception  à 
chaque  dimanche. 

§  122.  Dès  l'époque  de  la  domination  gothique  il  y  eut  donc 
des  cantilènes  spéciales  pour  quelques-unes  des  grandes  solen- 
nités de  l'année,  ainsi  que  pour  les  fêtes  de  certaines  catégories 
de  saints.  La  plupart  de  ces  antiennes  se  chantaient  aux  trois 
veilles  nocturnes,  la  partie  de  l'office  la  plus  importante*,  la  plus 
développée  et  musicalement  la  plus  variée,  comprenant,  outre  sa 
psalmodie  antiphonique,  des  Répons,  cantilènes  dialoguées  entre 
un  soliste  et  le  chœur,  auxquelles  les  chanteurs  monastiques 
donnèrent  par  la  suite  une  grande  richesse  de  mélodie.  Bien  que 
moins  étendue  et  célébrée  avec  un  moindre  éclat,  sauf  pendant 
la  semaine  pascale^,  l'assemblée  vespérale  avait  également  à 
quelques  jours  privilégiés  ses  antiennes  propres.  Quant  à  l'office 
du  matin  {Gallicinium,  Landes  matutinaé),  institué  vers  400  au 
monastère  de  Bethléhem'',  et  devenu  en  Occident  la  principale 

précédent.  Il  en  est  encore  ainsi  dans  l'antiphonaire  de  Trêves,  publié  en  1864.  Ce  fut 
à  une  époque  très  moderne  que  les  Laudes  de  la  Sexagésime  reçurent  dans  l'office 
romain  leurs  antiennes  actuelles  {Secundum  magnant  misericordiam,  etc.). 

1  Duchesne,  Lib.  Pont.,  t.  I,  p.  129,  note  2. 

2  A  la  fin  du  IVe  siècle  la  synaxe  nocturne  était  publique  à  Rome.  «  Tota  ecclesia 
«  nocturnis  vigiliis  Christum  Dominum  personabat,  et  in  diversarum  gentium  linguis 
«  unus  in  laudibus  Dei  spiritus  concinebat.  »....  S.  Hieron,  Ep.  48,  ad  Sabinianum  diac. 
(éd.  Plant.,  t.  I,  p.  103),  écrite  entre  385  et  420. 

3  Les  vêpres  de  la  semaine  de  Pâques,  telles  que  les  décrit  l'appendice  de  VOrdo 
romanus  I,  ne  furent  pas  organisées  avant  le  VII^  siècle.  Mais  le  fond  de  leur  programme 
doit  être  beaucoup  plus  ancien. 

4  «  Sciendum  tamen  banc  matuti'nam,  quae  nunc  observatur  in  occiduis  vel  maxime 
«  regionibus,  canonicam  functionem  nostro  tempore  in  nostro  quoque  monasterio 
«  primitus  institutam,  ubi  Dominus  noster  Jésus  Christus,  natus  ex  virgine,  humanae 
«  infantiae  suscipere  incrementa  dignatus,  nostram  quoque  adhuc  in  religione  teneram 
«  et  lactentem  infantiam  sua  gratia  confirmavit.  »  Cassien,  De  coen.  instit.  III,  4. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES.  165 

réunion  de  toute  la  communauté',  il  gardait  à  tous  les  dimanches 
et  à  toutes  les  fêtes  du  calendrier  son  caractère  primitif,  ses 
psaumes  immuables^  invariablement  accompagnés  hors  du 
Carême  d'antiennes  alléluiatiques.  On  constatera  en  effet,  si 
l'on  parcourt  avec  quelque  attention  le  bréviaire  romain,  que, 
abstraction  faite  de  la  période  comprise  entre  la  Septuagésime  et 
Pâques,  les  offices  propres  de  Laudes  n'ont  jamais  d'antiennes 
psalmiques,  et  qu'il  en  est  de  même  pour  les  cantiques  de 
l'Évangile  à  tous  les  jours  de  l'année  qui  figurent  dans  l'Anti- 
phonaire.  Nous  pouvons  conclure  de  là  avec  une  entière 
certitude  que  durant  la  première  époque  (440-540)  les  psaumes 
des  Laudes  et  les  cantiques  ne  comportaient  que  des  antiennes 
entièrement  alléluiatiques ,  tant  aux  jours  de  fête  qu'aux 
dimanches    hors    du    Carême  ^ 

§  123.  A  la  deuxième  époque  (après  540)  il  n'en  est  plus  ainsi.  La 
synaxe  de  Laudes  prend  le  premier  rang  au  point  de  vue  de 
l'abondance  et  de  la  variété  des  cantilènes  antiphoniques,  ce  qui 
implique  une  intervention  de  moins  en  moins  active  des  fidèles 
dans  le  chant  des  offices.  Les  antiennes  alléluiatiques,  sauf 
celles  qui  s'adjoignent  aux  psaumes  du  temps  pascal  et  de  l'office 

ï  En  Gaule,  au  VI^  siècle,  on  y  convoquait  les  fidèles  (au  son  des  cloches?).  «  Anne 
«  octavo  Childeberti  régis,  pridie  kalendas  februarias  (31  janvier  583),  czn«  die  dominico 
«  apud  urbem  Turonicam  ad  matutinas  signum  commotum  fuisset,  et  populus  surgens  ad 
«  ecclesiam  conveniret,  »  etc.  Greg.  Tur.  Hist.  eccl.  Franc,  VI,  25.  Cf.  II,  23,  III,  15. 

2  «  lUud  quoque  nosse  debemus  nihil  a  senioribus  nostris  qui  hanc  eamdem  matu- 
«  tinam  solemnitatem  addi  debere  censuerunt,  de  antiqua  psalmorum  consuetudine 
«  immutatum  :  sed  eodem  ordine  missam  quo  prius  in  nocturnis  conventibus  perpetuo 
«  celebratam.  Etenim  hymnos  quos  in  hac  regione  ad  matutinam  excepere  solemni- 
«  tatem,  in  fine  nocturnarum  vigiliarum,  quas  post  gallorum  cantum  ad  auroram  finire 
«  soient,  similiter  hodieque  décantant,  id  est,  centesimum  quadragesimum  octavum 
«  psalmum  (cujus  initium  est  Laudate  Dominiim  dé  caelis)  et  reliques  qui  sequuntur; 
«  quinquagesimum  vero  psalmum  {Miserere  mei  Deiis)  et  sexagesimum  secundum  {Deus 
«  Deus  7neus,  ad  te  de  luce  vigilo)  et  octogesimum  nonum  {Domine,  re/ugium)  huic  novellae 
«  solemnitati  novimus  fuisse  deputatos.  »  Cassien,  De  coen.  instii.  III,  6.  Le  cantique  des 
trois  enfants  dans  la  fournaise  s'appellait  Benedictio,  et  l'on  donnait  le  nom  spécial  de 
Laudes  aux  psaumes  148-150,  chantés  sous  une  seule  antienne.  Reg.  S.  Bened.,  c.  12; 
Greg.  Tur.  Vita  S.  Galli  dans  Mabillon,  Acta  SS.  ord.  S.  Bened.,  1. 1,  p.  119. 

3  «  In  sanctorum  festivitatibus  vel  omnibus  solemnitatibus,  sicut  diximus  dominico 
«  die  agendum,  ita  agatur;  excepto  quod  psalmi  aut  antiphonae  (nocturnales  ac  vesper- 
<i  tinae)  vel  lectiones  ad  ipsum  diem  pertinentes  dicantur,  modus  autem  suprascriptus 
«  teneatur.  »  Reg.  S.  Bened.  c.  14,  p.  27. 

23 


i66  CH.  IV.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

ordinaire  des  dimanches,  sont  remplacées  par  des  textes  de  la 
deuxième  espèce  (p.  i6o);  ceux-ci  remplissent  aujourd'hui  plus  des 
trois  quarts  de  l'office  diurnal. 

§  124.  Passons  rapidement  en  revue  les  parties  du  bréviaire 
romain  qui  se  composent  d'antiennes  empruntées  à  des  livres 
bibliques  autres  que  le  psautier. 

I.  Psaumes  et  cantiques  prophétiques  des  Laudes\  aux  jours 
et  aux  catégories  de  fêtes  que  nous  allons  énumérer  : 

a)  les  quatre  dimanches  de  l'Avent  et  les  six  fériés  qui  pré- 
cèdent la  veille  de  Noël; 

b)  le  jour  de  Noël,  sa  vigile,  son  octave  et  l'Epiphanie;  Pâques, 
l'Ascension  et  la  Pentecôte; 

c)  le  Commun  des  Apôtres  {Hoc  est  praeceptum  meum),  de 
plusieurs  Martyrs  {Omnes  sancti),  d'un  seul  Ma.rtyr  {Qui  me  confessus 
fuerit),  des  Confesseurs  {Ecce  sacerdos  magnus),   des   Vierges  et 

Martyres^  {Haec  est  virgo  sapiens)  ; 

d)  les  fêtes  de  saint  Etienne,  de  saint  Jean  l'Evangéliste,  des 
saints  Innocents,  des  saints  Philippe  et  Jacques^,  de  saint  Jean 
Baptiste,  de  saint  Pierre,  de  saint  Paul*,  de  saint  Michel; 

e)  la  Dédicace  de  l'église  ^ 

1  La  plupart  de  ces  groupes  d'antiennes  servent  aujourd'hui  également  à  Vêpres; 
mais  cet  usage  n'est  ni  antique,  ni  général.  En  ce  qui  concerne  les  antiennes  jointes  aux 
psaumes,  l'office  du  soir  garda  sa  composition  primitive  jusqu'au  commencement  des 
temps  modernes.  L'antiphonaire  trévire  de  1864  suit  encore  l'ancien  usage. 

2  Les  groupes  d'antiennes  aux  Laudes  des  Confesseurs  et  des  Vierges  ont  subi  de 
légères  retouches  depuis  la  rédaction  du  Responsale  gregoriamim. 

3  Pour  cette  fête,  toujours  comprise  dans  le  temps  pascal,  on  a  composé  quelques 
antiennes  in  Evangelio,  intitulées  de  Sanctis  cum  alléluia.  Elles  font  partie  aujourd'hui  de 
l'office  de  Apostolis  et  Martyribiis  tempore  paschali,  établi  seulement  au  XVI*  siècle. 

4  Le  sacramentaire  léonien  ne  mentionne  qu'une  seule  fête  pour  les  deux  grands 
apôtres.  Depuis  la  dernière  moitié  du  VP  siècle  on  célébra  un  office  particulier  pour 
saint  Pierre,  à  la  basilique  vaticane  (il  correspond  à  notre  office  du  29  juin),  et  pour 
saint  Paul,  hors  les  murs  (il  se  chante  aujourd'hui  le  23  janvier);  de  plus  il  y  avait  un 
office  commun  aux  deux  saints  (voir  le  sacramentaire  gélasien),  dont  il  reste  des 
fragments  :  les  antiennes  Petrus  apostolus  et  Pauliis  doctor  gentium,  Gloriosi  principes,  etc. 

5  Dans  le  sacramentaire  et  l'antiphonaire  grégoriens,  la  messe  de  la  Dédicace  de 
l'église  se  rapporte  à  la  consécration  du  Panthéon  au  culte  chrétien,  événement  qui 
n'eut  lieu  que  sous  Boniface  IV  (608-615).  i^Iais  le  sacramentaire  léonien  mentionne 
deux  Dédicaces  :  de  la  basilique  de  Saint-Michel  in  Salaria,  au  mois  de  septembre,  et  de 
la  basilique  de  Saint-Pierre,  en  mai.  Selon  toute  vraisemblance  l'office  actuellement 
existant  aura  été  composé  pour  la  dernière  de  ces  fêtes. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES.  167 

II.  Benedidus  et  Magnificat  à  tous  les  jours  du  calendrier  ecclé- 
siastique qui  ont  un  article  spécial  dans  l'Antiphonaire  (quelques 
fêtes  individuelles  de  martyrs  exceptées).  Contrairement  aux 
cantilènes  qui  encadrent  les  psaumes,  les  antiennes  des  cantiques 
de  l'Evangile  n'étaient  pas  rigoureusement  fixes  jusqu'à  une 
époque  assez  récente.  Presque  toujours  le  Kesponsale  gregorianum 
en  insère  pour  le  même  jour  plusieurs,  entre  lesquelles  on 
choisissait  librement'. 

§  125.  Nous  devons  mentionner  à  cette  place  quelques  groupes 
d'antiennes  formés  pour  la  plupart  d'un  mélange  de  textes  psal- 
miques  et  d'autres  ;  ils  n'ont  pu  être  constitués  en  leur  forme 
actuelle  avant  la  deuxième  époque. 

I.  Laudes  des  deux  derniers  dimanches  du  Carême  (Passion  et 
Rameaux)  et  des  six  fériés  de  la  semaine  sainte. 

II.  Offices  nocturnes  de  l'Octave  de  Noël%  du  Commun  des 
Vierges^  [Specie  tua),  de  la  Dédicace  de  l'église,  des  fêtes  de  saint 
Michel  et  de  saint  Paul. 

§  126.  L'emploi  des  antiennes  de  la  seconde  espèce  vers  le 
milieu  du  VP  siècle  est  attesté  par  un  passage  de  la  biographie 
du  pape  Vigile  (537-555)  dans  le  Liber  Pontificalis.  Il  y  est  dit  que 
Vigile,  ayant  refusé  de  céder  aux  exigences  de  l'impératrice 
Théodora,  fut  enlevé  de  Rome  et  conduit  de  force  à  Constan- 
tinople.  «  Il  y  fit  son  entrée  »,  dit  le  chroniqueur,  «  la  veille  de 
«  Noël  (24  décembre  546).  L'empereur  (Justinien)  alla  à  sa  ren- 
«  contre  et  l'embrassa.  Le  peuple  le  conduisit  processionnellement 
«  à  l'église  Sainte-Sophie  en  chantant  Ecce  advenit  dominator  et 
«  ce  qui  suit*.  »  Or  ce  chant,  dont  le  texte  est  composé  de 
diverses  réminiscences  prophétiques,  fait  en  effet  partie  de  l'office 

*  A  Noël  le  Responsale  gregorianum  n'exhibe  pas  moins  de  20  antiennes  in  Evangelio  : 
4  aux  premières  Vêpres,  11  à  Laudes,  5  aux  secondes  Vêpres.  —  Il  est  à  remarquer  que 
l'antiphonaire  de  Trêves  s'accorde  généralement  avec  le  romain  actuel,  en  ce  qui 
concerne  les  antiennes  des  psaumes,  mais  il  a  presque  toujours  d'autres  antiennes  pour 
le  Benedicttis  et  le  Magnificat. 

2  Au  commencement  du  IX^  siècle  ces  neuf  antiennes  se  chantaient,  le  jour  même  de 
Noël,  à  Sainte-Marie  Majeure,  oià  le  pape  ofBciait,  tandis  qu'à  Saint-Pierre  on  disait  les 
Nocturnes  tels  qu'ils  figurent  dans  nos  livres  actuels.  Amal.  De  ord.  antiph.  c.  15.  Voir 
ci-dessus,  p.  156,  note  i. 

3  Cet  office  et  le  suivant  ne  contiennent  chacun  que  deux  antiennes  psalmiques. 

4  Duchesne,  Lib.pont.,  t.  I,  pp.  297-298. 


i68  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

de  Noël  dans  le  Responsale  gregorianiun,  et  y  figure  parmi  les 
antiennes  à  Benedictus.  Disparu  aujourd'hui  de  l'antiphonaire 
romain,  il  est  cité  par  Réginon',  et  subsiste  encore  dans  la 
dernière  édition  du  Diurnal  de  Trêves  ^ 

lastien  relâché,  Ville,  thème  i8. 


Ec  -ce       ad  -  ve  -  nit     do  -mi  -  na  -  tor  De  -  us 

^ ■  ■  ■  ■— ■*  ■   I   ■ 


et    re-gnum  in    ma  -  nu      e  -  jus  et    po    -    te     -      stas, 


et    im-pe   -  ri'tim  in    ae-ter-num,  al    -  le  •  lu  -  ta. 

A  prendre  l'anecdote  précédente  au  pied  de  la  lettre,  il  faudrait 
reculer  jusqu'en  pleine  période  gothique  l'usage  des  antiennes  non- 
psalmiques.  Mais  M.  l'abbé  Duchesne  a  démontré  excellemment 
que  les  biographies  du  Liber  Pontificalis  n'ont  de  valeur  historique 
que  pour  l'époque  et  le  lieu  de  leur  rédaction.  Or  la  Vita  Vigilii 
n'ayant  été  écrite,  d'après  l'érudit  ecclésiastique,  que  sous 
Pelage  II  (579-590) >  le  récit  de  l'annaliste  nous  apprend  tout 
simplement  qu'aux  environs  de  580  les  antiennes  en  question 
faisaient,  à  Rome,  partie  de  l'office  depuis  assez  longtemps  ^ 

§  127.  A  la  première  époque  nous  n'avons  rencontré,  pour  les 
fêtes  des  saints  célébrées  à  Rome,  que  des  offices  collectifs  (du 
Commune  Sanctontm)  ;  à  la  deuxième  époque  nous  nous  sommes 
trouvés  en  présence  de  quelques  séries  d'antiennes  se  rapportant 
à  des  saints  nominalement  désignés,  qui  ont  eu  un  rôle  éminent 

'  Tonar.,  p.  53.  Le  fac-similé  de  Coussemaker  est  inexact  pour  la  dernière  syllabe. 

2  Mich.  Hermesdorff,  Antiphonale  eccl.  cathedr.  Trevir.,  1864,  p.  220. 

3  «  La  notice  de  Vigile  n'est  pas  l'œuvre  d'un  contemporain.  La  retraite  des  Goths 
«  sur  Ravenne,  les  épisodes  du  séjour  du  pape  à  Constantinople,  sa  rentrée  en  grâce 
«  auprès  de  Justinien,  sont  racontés  avec  beaucoup  d'inexactitude.  Les  deux  prises  de 
«  Rome  par  Totila,  en  546  et  en  549,  sont  fondues  en  une  seule.  La  défaite  des  Vandales 
«  par  Bélisaire  (533-534)  est  confondue  avec  la  répression  de  la  révolte  de  Guntarith, 
«  en  547.  Il  n'est  donc  pas  possible  de  croire  que  tout  ceci  ait  été  mis  par  écrit  au 
«  lendemain  de  la  mort  de  Vigile....  Je  suis  porté  à  placer  au  temps  de  Pelage  II 
«  l'adjonction  des  quatre  vies  de  Vigile  (537-555;,  Pelage  l  (556-561),  Jean  III  (561-574) 
«  et  Benoit  I  (575-579).  »  Duchesne,  Lib.  Pont.,  t.  I,  pp.  ccxxxi  ccxxxii. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES.  169 

dans  la  fondation  du  christianisme,  et  dont  le  culte  est  universel 
dans  l'Eglise  depuis  les  temps  primitifs.  (C'est  l'embryon  du 
Proprmm  de  Sandis.)  A  la  troisième  époque  nous  voyons  les 
offices  individuels  se  multiplier  et  s'étendre.  Maintenant  ils 
s'adressent  à  des  martyrs  d'origine  romaine  ou  à  de  saints 
personnages  dont  le  culte  s'est  particulièrement  localisé  dans 
la  Ville.  Les  textes  antiphoniques  racontent  les  souffrances  du 
martyr,  la  vie  du  confesseur. 

§  128.  Voici  les  parties  du  Propre  des  Saints  formées  d'an- 
tiennes de  ce  genre. 

I.  Nocturnes,  Laudes  et  cantiques  évangéliques  de  sainte 
Agnès  (21  janvier),  de  sainte  Agathe  (5  février),  de  saint  Laurent 
(10  août),  de  saint  Martin  (11  novembre),  de  sainte  Cécile 
(22  novembre)  et  de  saint  André'  (30  novembre). 

IL  Laudes  et  cantiques  évangéliques  des  saints  Jean  et  Paul 
(26  juin),  de  saint  Clément  (23  novembre),  de  sainte  Lucie ^ 
(13  décembre). 

§  12g.  Ces  chants  étant,  quant  au  texte,  extraits  presque  tous 
des  Gesta  martynim,  des  Passiones,  ne  peuvent  pas  s'être  introduits 
dans  le  cursus  romain  avant  le  VIP  siècle.  Des  décrets  ponti- 
ficaux rendus  au  siècle  précédent  prohibent  l'usage  de  cette 
sorte  d'écrits  dans  l'office  divine  De  plus  une  lettre  de  saint 
Grégoire,  rédigée  en  598,  nous  révèle  ce  fait  singulier,  que  lui- 

*  Les  fêtes  commémoratives  de  sainte  Agnès  et  de  saint  Laurent  sont  déjà  con- 
signées, à  leur  date,  dans  le  premier  calendrier  chrétien  (de  354)  :  «  XII  Kal.  febr. 
«  Depositio  Agnetis  in  Nomentana....  III  Id.  aug.  Laurenti  in  Tiburtina.  »  Duchesne,  Lib. 
pont.,  t.  I,  p.  II.  Sainte  Cécile  et  saint  André  ont  une  messe  dans  le  sacramentaire 
léonien,  rédigé  vers  555.  L'église  de  sainte  Agathe  in  Suhurra,  affectée  au  culte  arien 
pendant  la  domination  des  Goths,  fut  rendue  au  catholicisme  par  saint  Grégoire  le  Grand, 
en  591  ou  592.  Lib.  pont.,  t.  I,  p.  313,  note  8.  Quant  à  Saint  Martin  de  Tours,  il  eut 
à  Rome  une  église  dès  le  pontificat  de  Symmaque  (498-514).  Ibid.,  p.  268. 

*  Les  fêtes  des  ss.  Jean  et  Paul,  de  saint  Clément,  sont  mentionnées  dans  le  sacramen- 
taire léonien.  Sainte  Lucie  a  une  église  à  Rome  depuis  le  pape  Honorius  I  (625-638). 
Duchesne,  Lib.  Pont.,  t.  I,  p.  324. 

3  «  Le  décret  de  recipiendis  et  non  recipiendis  libris,  qui  est  un  document  romain  et 
«  contemporain  du  Liber  pontificalis  (v.  520),  déclare  expressément  que  la  lecture  des 
«  Gesta  martyrum  était  interdite  à  Rome  dans  les  réunions  du  culte  :  Secundum  antiquam 
«  consuetiidinem,  singtilari  cautela,  in  sancta  Romana  ecclesia  non  legunttir,  quia  et  eorum  qui 
«  conscripserc  nomin.i  penitus  ignorantur,  et  ah  infidelibus  et  idiotis  superflua  aut  minus 
«  apta  quant  rei  ordo  fuerit  esse putantuy.  »  Ibid.,  p.  ci. 


I70  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

même,  si  versé  en  hagiographie,  ignorait  à  peu  près  complète- 
ment cette  branche  de  la  littérature  chrétienne  '. 

Déterminer  le  moment  précis  oii  les  antiennes  des  Gesta  marty- 
riim  apparurent  dans  l'office,  c'est  ce  que  nous  ne  nous  hasarderons 
pas  à  faire.  On  est  tenté  de  supposer  que  ce  fut  sous  le  pontificat 
d'Honorius  I  (625-638),  un  des  papes  qui  à  l'époque  byzantine 
déploya  le  plus  d'activité  pour  rehausser  la  splendeur  du  culte 
public^  En  tout  cas  les  nouveaux  offices  étaient  connus  en 
Angleterre  avant  700.  Un  évêque  lettré  de  ce  temps,  Aldhelm  de 
Sherborne,  fait  allusion  à  la  célèbre  antienne  de  sainte  Cécile, 
Cantantihis  organis,  dans  son  poème  De  laudibus  virginitatis^. 

§  130.  Parmi  les  plus  récentes  acquisitions  de  l'ancien  antipho- 
naire  romain  nous  devons  mettre,  outre  les  antiennes  adjointes 
à  l'Invitatoire  et  celles  de  l'office  nocturne  de  saint  Jean  Baptiste^ 
cinq  groupes  d'antiennes  appartenant  à  des  solennités  de  l'Église 
d'Orient  qui  s'introduisirent  dans  le  rite  latin  au  cours  du 
VIP  siècle   : 

Laudes  et  cantiques  évangéliques  de  la  Purification  (2  février), 

1  «  Praeter  illa  enim  quae  in  Eusebii  libris  de  gestis  sanctorum  martyrum  continentur, 
«  nulla  in  archive  hujus  nostrae  ecclesiae  vel  in  Romanae  urbis  bibliothecis  esse 
«  cognovi,  nisi  pauca  quaedam  in  unius  codicis  volumine  collecta;  nos  autem  paene 
«  omnium  martyrum,  distinctis  per  dies  singulos  passionibus  collecta  in  uno  codice  nomina 
«  habemus,  atque  quotidianis  diebus  in  eorum  veneratione  missarum  solemnia  agimus; 
«  «0»  tamen  in  eodem  volumine,  quis  qualiter  sit  passus,  indicatur,  sed  tantuntmodo  nomen, 
«  locus  et  dies  passionis  ponitur.  »  Ep.  (éd.  bénéd.)  VIII,  29. 

2  Duchesne,  Lib.  pont.,  t,  I,  pp.  323-327.  —  Ferd.  Gregorovius,  Geschichte der  Stad  Rom 
in  Mittelalter,  4e  éd.,  Stuttgard,  1889,  t.  II,  pp.  114-131, 

3  «  Porro  Caeciliae  vivacem  condere  laudem 

«  Quae  valeat  digne  metrorum  pagina  versu  ? 


»  Basia  dum  potius  dilexit  dulcia  Christi 

«  Quamvis  harmoniis  praesultent  organa  miiltis, 
«  Musica  Pierio  resomnt  et  cavmina  canin. 

Patrol.  lat.  de  Migne,  t.  89,  p.  2OS. 

Ces  offices  de  martyrs  ne  furent  pas  adoptés  partout.  L'antiphonaire  de  Trêves  n'a 
pas  de  Propre  pour  les  fêtes  de  sainte  Agnès,  de  sainte  Agathe,  de  sainte  Cécile,  de 
sainte  Lucie,  des  ss.  Jean  et  Paul,  de  saint  Clément.  Toutefois  il  est  à  remarquer  que 
Réginon  cite  toutes  les  antiennes  en  question. 

4  C'est  leur  forme  musicale  qui  m'a  déterminé  à  mettre  à  la  troisième  époque  ces  deux 
catégories  d'antiennes.  La  date  récente  de  l'Invitatoire  semble  résulter  aussi  de  son 
absence  dans  l'office  nocturne  des  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES   ANTIENNES.  171 

de  l'Annonciation  (25  mars),  de  l'Assomption  (15  août)  et  de  la 
Nativité  de  la  sainte  Vierge'  (8  septembre)  ;  de  l'Exaltation  de  la 
Croix^  (14  septembre).  Le  reste  de  ces  offices  a  été  emprunté  à 
des  parties  de  l'Antiphonaire  plus  anciennes  ^ 

§  131.  Enfin  pour  compléter  notre  classement,  il  nous  faut 
mentionner  encore  quelques  additions  du  IX^  siècle  :  les  antiennes 
de  l'Octave  de  l'Epiphanie  %  du  martyre  de  saint  Jean  Baptiste^ 
(2g  août),  de  la  fête  de  la  Toussaint^  (i"  novembre);  de  plus 
celles  de  l'office  nocturne  de  Pâques,  de  l'Ascension  et  de  la 
Pentecôte,    restées    alléluiatiques  jusqu'alors ^    A   l'exemple    de 

1  «  Sergius....  sedit  annos  XIII  (687-701)....  Constittiit  ut  diebiis  Adnunciationis  Domini 
«  Dorinitionis  et  Nativitatis  sanctae  Dei  genitricis  seinperque  virginis  Mariae  ac  sancti 
«  Simeonis,  qiiod  Hypapanti  Graeci  appellant,  litanin  exeat  a  sancto  Hadriano  et  ad  sanctam 
«  Mariant  populus  occurrat.  L'observation  de  ces  quatre  fêtes,  à  Rome,  n'a  pas  de  docu- 
«  ment  plus  ancien  que  ce  texte.  Les  homélies  de  saint  Léon  et  de  saint  Grégoire,  le 
«  calendrier  romain  contenu  dans  le  martyrologe  hiéronymien,  les  tables  philocaliennes 
«  (de  354),  le  sacramentaire  appelé  léonien,  ne  contiennent  aucune  indication  relative 
«  à  une  fête  quelconque  de  la  sainte  Vierge....  Les  quatre  fêtes  du  2  février,  du  25  mars, 
«  du  15  aoilt  et  du  8  septembre  ont  été  d'abord  importées  d'Orient  à  Rome,  pour  se 
«  répandre  ensuite  en  Occident.  Les  plus  anciennes  sont  les  deux  premières.  Leurs  dates 
«  dérivent  de  celle  de  la  fête  de  Noël;  elles  n'ont  pu  être  fixées  avant  le  déclin  du  qua- 
«  trième  siècle,  époque  vers  laquelle  les  églises  d'Orient  admirent  la  date  du  25  décembre 
«  comme  celle  de  la  commémoration  de  la  Nativité  de  N.  S.  Elles  sont  d'ailleurs  beau- 
«  coup  plus  récentes....  On  peut  conclure  qu'elles  ont  été  établies  à  Rome  dans  le  courant 
«  du  septième  siècle.  »  Duchesne,  Lib.  pont.,  t.  I,  p.  376  et  p.  381,  note  43. 

2  «  La  fête  de  l'Exaltation  de  la  Croix  aura  sans  doute  été  introduite  après  le  recou- 
«  vrement  de  la  vraie  croix  par  l'empereur  Héraclius  (628).  »  Duchesne,  Orig.  du  culte 
chrét.,  p.  124. 

3  Les  nocturnes  des  quatre  fêtes  de  la  sainte  Vierge  sont  à  peu  près  ceux  du  Commun 
des  Vierges.  Beaucoup  d'antiennes  de  l'Annonciation  proviennent  des  offices  de  l'Avent. 
Pour  l'office  de  nuit  de  l'Exaltation  de  la  Croix  le  Resp.  greg.  n'indique  pas  d'antiennes. 

4  Nous  relaterons  plus  loin  (thème  26)  l'anecdote  intéressante  relativement  à  l'intro- 
duction de  cet  office  conservé  par  l'antiphonaire  de  Trêves. 

5  Cet  office  est  pris  au  rite  gallican.  Duchesne,  Orig.  du  culte  chrét.,  p.  127.  —  A  remar- 
quer toutefois  dans  le  Kalendarium  romanum  du  Ville  siècle,  publié  par  le  P.  Fronto 
(Paris,  1652,  p.  126),  cette  mention  :  Die  XXX  mens.  Aug.  Nat.  SS.  Felicis  et  Audacti, 
et  de  Decollatione  S.  Johannis  Baptistae. 

^  La  grande  fête  du  i^r  novembre  ne  paraît  pas  avoir  été  célébrée  avant  le  pontificat 
de  Grégoire  IV  (827-844).  Le  Resp.  greg.  a  deux  offices  qui  s'y  rapportent. 

7  D'après  le  témoignage  formel  d'Amalaire  (De  ord.  antiph.  ce.  45,  57),  les  antiennes 
du  Nocturne  de  Pâques  {Ego  sum  qui  sum,  Postulavi,  Ego  dormivi)  et  de  celui  de  la 
Pentecôte  {Factus  est  repente,  Confirma  hoc,  Emitte  spiritum)  ont  été  empruntées  à  l'anti- 
phonaire de  Mefz.  Tout  donne  lieu  à  croire  dès  lors  qu'il  en  est  de  même  pour  les  neuf 
antiennes  nocturnes  de  l'Ascension. 


172  .     CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

Réginon  et  du  Responsale  pseudo-grégorien,  nous  avons  accueilli 
ces  divers  groupes  de  chants  dans  notre  catalogue,  où  ils  sont 
joints  aux  antiennes  de  la  troisième  époque. 

Section  II.   —  La  mélopée  des  antiennes  aux  trois  époques. 

§  132.  En  esquissant  dans  les  pages  précédentes  notre  classe- 
ment chronologique,  nous  nous  sommes  appuyé  uniquement  sur 
les  textes  des  antiennes,  sur  les  données  historiques.  Nos  conclu- 
sions se  trouvent  pleinement  confirmées  par  l'analyse  comparée 
des  mélodies.  La  succession  des  trois  époques  est  aussi  clairement 
marquée  dans  la  musique  que  dans  les  paroles  des  chants  anti- 
phoniques. 

Pour  le  prouver  nous  pouvons  nous  contenter  de  produire  deux 
séries  d'observations,  et  de  signaler  les  faits  particulièrement 
frappants  qui  s'en  dégagent,  faciles  à  vérifier  pour  quiconque  est 
à  même  de  lire  la  notation  liturgique. 

§  133.  Nos  premières  constatations  seront  relatives  à  la  répar- 
tition des  47  thèmes  nomiques,  et  de  leurs  variantes,  parmi  les 
trois  classes  d'antiennes. 

I.  Remarquons  d'abord  que  la  grande  majorité  des  cantilènes 
modèles  se  rencontre  réunie  aux  diverses  sortes  de  textes.  Sept 
thèmes  fondamentaux  seulement  —  très  usités  pour  la  plupart  —  ne 
se  trouvent  jamais  accolés  à  des  antiennes  psatmiques. 


\ 


A  bimatti  (7). 
In  patientia  vestra  (11). 
Rex  pacificiis  (15). 
Hosanna  filio  David  (26). 


Domus  mea^  (31). 
Vivo  ego  (37). 
Hatirietis  aquas  (43). 


Il  en  est  de  même  pour  cinq  thèmes  dérivés. 


Qui  me  confessus  fuerit  (6). 
O  sapientia  (9). 
Similabo  eum  (10). 


Hic  vir  despiciens  (17). 
O  qtiam  gloriosum  (41). 


Nous  en   conclurons  que  ces  douze    mélodies-types  n'avaient 
pas  encore  pénétré  dans  l'église  à  l'époque  où  l'on  régla  le  chant 

'   L'antienne   psalmique  Postiilavi,   appartenant  au   thème  31,  n'a  été  adoptée  par 
l'office  romain  qu'au  IX^  siècle.  Voir  la  note  précédente. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 


173 


du  psautier,  où   l'on   composa  les  premières  antiennes   propres, 
destinées   à   l'office   de  nuit  et   à    celui   du    soir. 

II.  Des  40  thèmes  nomiques  qui  restent,  six  ne  sont  représentés 
que  par  une  on  deux  antiennes  psalniiques,  et  ne  figurent  pas  dans  le 
psautier  hebdomadaire,  sans  contredit  la  partie  primordiale  de 
l'office  des  Heures. 


Cor  mnndum  (4). 
Tectim  principium  (5). 
Invocnntem  (9). 

Plus  quatre  thèmes  dérivés 

CoUocet  eum  (18). 
Thkc  acceptabis  (19). 


Secits  decnrsus   (32). 
In  tiniversa  terra  (46). 
Calicem  salutaris  (47). 


Sic  benedicam  (21). 
Exortnm  est   (23). 


On  peut  se  demander  s'il  n'y  pas  là  des  cas  exceptionnels.  Il 
est  possible,  en  effet,  que  certains  de  ces  textes  n'aient  pas  gardé 
leur  mélodie  originaire  ou  qu'ils  aient  été  ajoutés  tardivement 
à  l'office.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  nous  abstiendrons  également  de 
donner  ces  dix  cantilenes  thématiques  comme  primitives. 

III.  Restent  donc  en  tout  34  thèmes  (plus  4  variantes)  que  nous 
n^  hésitons  pas  à  considérer  comme  primitif  s ,  c'est-à-dire  empruntés  par 
l'antiphonaire  romain,  dès  le  commencement  de  sa  formation,  au 
fonds  commun  des  nomes  gréco-latins.  Ceux  que  nous  marquons 
d'un  astérisque  sont  utilisés  dans  le  psautier  hebdomadaire. 


*Laudate  Dominum  (r). 
^Facti  sumus  (2). 

Fontes  et  omnia  (3). 

Ab  insurgentibiis  (6). 
^'Reges  terrae   (8). 

A  porta  inferi  (10). 
^'Tamquain  sponsus  (12). 
'^'Magniis  Dominus  (13). 
■•'Qui  habitas  in  caelis  (14). 

In  pace  (16). 
■'-Beati  qui  ambulant  (17). 
*/»  aetermim  (18). 
*Ad  te  de  luce  (ig). 
'-'Dixit  Dominus  (20). 

Clamaverunt  (21). 
■^Sit  nomen  Domini  (22). 

Specie  tua  (23). 


Exsurge  (2). 
*Labia  mea  (12). 


Caro  mea  (24). 

Juravit  Dominus  (25). 

Dirupisti  (27). 
*Nos  qui  vivimus  (28). 

Apud  Dominum  (29). 
*Cantemus  Domino  (30). 
*Laudabo  (a). 
^'A   viro  iniquo  (34). 

Beatus  vir  (35). 
^'Cunctis  diebus  (36). 

AUiga  (38). 

Notum  fecit  (39). 
^Miserere  mei  (40). 
*AUehiia  hypolydien   (41). 

Exsultet  spiritus  meus  (42). 
*Intellige  clamorem  meum  (44). 
*Caeli  caelorum  (45). 


Variantes. 


^'AUeluia  iastien   (12). 
Laetentur  caeli  (29). 


24 


174  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES. 

IV.  Les  antiennes  de  la  troisième  époque  n^exhibent  aucun  thème 
qu'on  ne  trouve  accouplé  aussi  à  des  textes  de  la  i^''  ou  de  la  2^^  espèce. 
Il  n'est  donc  plus  entré  de  nouveaux  types  mélodiques  dans 
l'antiphonaire  à  la  troisième  phase  de  son  élaboration  (600-680). 

§  134.  Notre  seconde  série  d'observations  est  relative  aux 
particularités  de  la  composition  mélodique  dans  les  trois  catégo- 
ries d'antiennes.  Nous  avons  été  amené  ici  à  des  conclusions 
d'un  réel  intérêt  historique. 

I.  Si  l'on  compare  les  antiennes  psalmiques  à  celles  qui  ont 
d'autres  textes  tirés  de  la  Bible,  les  premières  se  distinguent  en 
général  par  leur  parcours  moins  étendu,  par  l'absence  totale  de 
métaboles  de  ton,  par  la  rareté  des  successions  de  plusieurs  sons 
chantés  sur  une  même  syllabe.  En  somme  elles  ont  une  physio- 
nomie sensiblement  archaïque  ;  leur  mélopée,  quant  aux  formes 
extérieures,  rappelle  les  chants  conservés  en  notation  grecque'. 

II.  D'autre  part  en  examinant  les  cantilènes  composées  sur  les 
textes  des  Gesta  martyrum,  on  s'aperçoit  bientôt  que  leurs  auteurs 
ont  mis  en  pratique,  selon  les  cas,  deux  manières  mélodiques 
entièrement  dissemblables. 

a)  Les  antiennes  qui  s'associent  à  des  psaumes  sont  traitées 
musicalement  d'une  façon  très  sommaire.  On  dirait  que  le  mélo- 
graphe  n'y  a  pas  attaché  grande  importance.  La  plupart  du  temps 
il  s'est  contenté  de  transcrire  simplement  quelques  thèmes  fixes 
de  la  seconde  époque,  et  de  les  appliquer  sur  ses  textes  avec 
une  régularité  presque  mécanique.  L'uniformité  du  procédé  et 
le  retour  fréquent  des  mêmes  cantilènes  donnent  un  air  de  famille 
à  tous  les  offices  de  cette  catégorie.  Ceux  de  sainte  Agnès,  de 
sainte  Agathe,  de  saint  Clément  reproduisent  à  satiété  le  thème  23, 
Specie  tua';  le  même  type  mélodique  domine,  à  côté  des  deux 
variantes  du  thème  17,  Hic  vir  despiciens,  Praevaluit  David,  dans 
les  antiennes  de  saint  Laurent  et  de  saint  André,  ainsi  que  dans 

1  Ces  assertions  doivent  s'entendre  dans  un  sens  assez  large.  Jusqu'à  la  fin  du 
Vile  siècle  les  cantilènes  ont  pu  recevoir  des  additions  partielles.  Pour  se  rendre  un 
compte  satisfaisant  de  la  réalité  de  nos  distinctions,  il  est  nécessaire  d'analyser  des 
séries  entières  de  chants  issus  de  certains  thèmes  essentiellement  variables  (i,  12,  etc). 

2  Sur  14  antiennes,  l'office  de  sainte  Agnès  a  7  fois  le  thème  en  question,  celui  de 
sainte  Agathe  5  fois.  On  le  rencontre  aussi  à  tout  moment  dans  les  offices  de  l'Assomp- 
tion, de  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge,  de  l'Exaltation  de  la  Croix. 


CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE   DES  ANTIENNES.  175 

l'office  nocturne  de  saint  Jean  Baptiste'.  On  sent  que  le  goût  de 
l'époque  se  détournait  de  la  mélopée  syllabique  et  que  la  tradition 
de  ce  style  musical  était  en  train  de  se  perdre  ^ 

b)  En  effet  les  compositeurs  de  la  susdite  catégorie  d'offices 
semblent  avoir  réservé  leurs  soins  et  leur  talent  pour  les 
antiennes  du  Benedictus,  du  Magnificat  et  de  l'Invitatoire.  Ici  nous 
constatons  un  procédé  moins  banal,  une  plus  grande  variété 
dans  le  choix  et  le  développement  des  motifs,  une  mélopée  par 
moments  assez  riche,  se  rapprochant  des  chants  antiphoniques  de 
la  Messe ^  Certaines  antiennes  de  la  troisième  époque  comptent 
parmi  les  plus  remarquables;  telles  Beata  Agnes  in  niedio flani- 
maruni,  S  tans  beata  Agatha,  Cuin  inducerent,  O  crux  splendidior, 
Super  omnia  ligna  cedronun. 

III.  Mais  les  véritables  joyaux  de  VAntiphonaire  de  l'office  se 
trouvent  parmi  les  cantilènes  composées  sur  des  textes  de  la  seconde 
espèce,  et  particulièrement  sur  des  extraits  des  livres  prophé- 
tiques. C'est  donc  pendant  l'intervalle  compris  entre  540  et  600, 
que  cette  branche  du  chant  liturgique  est  parvenue  à  son  plein 
développement,  et  a  donné  ses  fruits  les  plus  savoureux  :  les  offices 
de  l'Avent  et  du  cycle  de  Noël,  modèles  inimitables  de  mélodie 
tour  à  tour  grandiose  et  suave,  o\i  tout  respire  la  paix,  l'espoir 
dans  la  venue  prochaine  d'une  ère  de  félicité  et  de  salut. 

§  135.  Comment  de  pareils  chants  ont-ils  pu  se  produire  à  une 
époque  que  notre  imagination  se  représente  comme  une  suite 
interminable  et  ininterrompue  de  guerres,  de  pillages,  de  mas- 
sacres, de  destructions,  de  bouleversements  et  de  cataclysmes 
tels,  que  saint  Grégoire  y  voit  les  symptômes  effrayants  de  la 
décrépitude  du  monde  et  les  signes  avant-coureurs  de  l'imminente 
catastrophe  finale'*  ?  Il  semblerait  que  pendant  la  durée  entière  de 

ï  C'est  pourquoi  j'assigne  ces  neuf  antiennes  à  la  deuxième  période. 

2  Les  antiennes  de  sainte  Cécile  se  distinguent  avantageusement  par  leur  variété  plus 
grande,  par  leur  composition  soignée. 

3  Quelques  antiennes  longues,  que  nous  avons  rangées  dans  la  seconde  époque,  seront 
reportées  plus  tard,  je  pense,  à  la  suivante.  Mais  pour  ce  premier  essai  de  classification 
il  nous  a  paru  préférable  de  procéder  par  masses,  et  de  négliger  les  exceptions  douteuses. 

4  Début  du  sermon  prononcé  le  27  novembre  590,  2^  (aujourd'hui  i")  dimanche  de 
l'Avent,  dans  la  basilique  de  Saint-Pierre.  «  Dominus  ac  Redemptor  noster,  fratres  dilec- 
«  tissimi,  paratos  nos  invenire  desiderans,  senescentem  mundum  quae  mala  sequantur 
«  denuntiat,  ut  nos  ab  ejus  amore  compescat.  Appropinquantem  ejus  terminum  quantae 


176  CH.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES    ANTIENNES. 

ces  soixante  années,  l'Église  n'ait  eu  de  voix  que  pour  gémir, 
pour  se  répandre  en  accents  d'angoisse  et  de  suprême  désolation. 
C'est  que,  trompés  par  l'accumulation  des  événements,  par  leur 
éloignement  dans  l'histoire,  nous  ne  les  apercevons  qu'en  bloc, 
d'une  manière  confuse  et  incomplète. 

En  réalité  la  série  des  désastres  ne  fut  pas  continue.  Après 
l'anéantissement  de  la  puissance  gothique  par  Narsès  et  la 
reprise  définitive  de  Rome  par  les  Byzantins  (552),  l'Eglise 
jouit  d'une  assez  longue  période  de  tranquillité  et  les  peuples 
italiques  purent  croire  à  un  meilleur  avenir'.  A  la  vérité  l'immense 
ville  était  aux  trois  quarts  détruite  et  ses  innombrables  habitants 
réduits  à  quelques  dizaines  de  mille  ;  ses  édifices  tombaient  en 


«  percussiones  praeveniant  innotescit,  ut  si  Deum  metuere  in  tranquillitate  non  volu- 
«  mus,  vicinum  ejus  judicium  vel  percussionibus  attriti  timeamus.  Huic  enim  lectioni 
«  sancti  Evangeiii,  quam  modo  vestra  fraternitas  audivit,  paulo  superius  Dominus 
«  praemisit  dicens  :  Exsurget  gens  contra  gentem  et  reguum  adversus  regnum;  et  eriint 
«  terraemotus  magni  per  loca,  et  pestilentiae,  et  famés  (Luc.  XXI,  lo).  Et  quibusdam  inter- 
«  positis,  hoc  quod  modo  audistis  adjunxit  :  Eriint  signa  tjt  sole,  et  luna,  et  stellis,  et 
«  in  terris  pressura  gentitim  prae  confusione  sonitus  tnaris  et  fluctuum.  Ex  quibus  profecto 
«  omnibus  alia  jam  facta  cernimus,  alia  e  proximo  ventura  formidamus.  Nam  gentem 
«  super  gentem  exsurgere,  earumque  pressuram  terris  insistere,  plus  jam  in  nostris 
«  temporibus  cernimus  quam  in  codicibus  legimus.  Quod  terrae  motus  urbes  innumeras 
«  subruat,  ex  aliis  mundi  partibus  scitis  quam  fréquenter  audivimus.  Pestilentias  sine 
«  cessatione  patimur.  Signa  vero  in  sole,  et  luna,  et  stellis,  adhuc  aperte  minime  vide- 
«  mus,  sed  quia  et  haec  non  longe  sint,  ex  ipsa  jam  aeris  immutatione  coUigimus. 
«  Quamvis  priusquam  Italia  gentili  gladio  ferienda  traderetur,  igneas  in  caelo  acies 
«  vidimus,  ipsum  qui  postea  humani  generis  fusus  est  sanguinem  coruscantem.  Confusio 
«  autem  maris  et  fluctuum  necdum  nova  exorta  est.  Sed  cum  multa  praenuntiata  jam 
«  compléta  sint,  dubium  non  est  quin  sequantur  etiam  pauca  quae  restant,  quia  sequen- 
«  tium  rerum  certitude  est  praeteritarum  exhibitio.  »  Hom.  in  Evang.  I,  i. 

'  Lib.  pont.,  t.  I,  p.  ccxxxit.  Un  fragment  liturgique  de  l'époque,  une  oraison  de  la 
Messe,  probablement  rédigée  après  l'entrée  de  Narsès  à  Rome,  nous  donne  bien  la  note 
du  sentiment  chrétien  à  ce  moment,  «  Munera  nomini  tuo.  Domine,  cum  gratiarum 
«  actione  deferimus,  qui  nos  ab  infestis  hostibus  liberatos  Paschale  sacramentum  placida 
«  tributs  mente  suscipere.  »  Il  est  fait  aussi  allusion  aux  événements  contemporains  dans 
l'oraison  précédente  :  «  qui  nos  imminentibus  periculis  exuisti,  »  ainsi  que  dans  la  Préface 
de  la  même  messe  :  «  ut  sic  vitia  nostra  depellas,  sîck^  corporum  ferales  extinguis  inimicos  ; 
»  nec  captivitatem  quam  extrinsecus  summovisti,  sustinere  nos  patiaris  internam.  »  Muratori, 
Liturgia  Romana  vêtus,  Venise  1748,  t.  I,  p.  371.  M.  l'abbé  Duchesne  rattache  le  premier 
de  ces  textes  à  la  levée  du  siège  de  Rome  par  Vitigès,  au  printemps  de  538  (Orig.  du 
culte  chrét.,  p.  130).  Il  ne  me  semble  pas  que  l'Église  eût  inséré  des  passages  aussi 
compromettants  dans  son  rituel  public,  avant  d'être  pleinement  rassurée  sur  la  possibilité 
d'un  retour  offensif  des  Goths. 


CM.  VI.  —  CHRONOLOGIE  DES  ANTIENNES.  177 

ruines,  rongés  par  le  temps,  ébranlés  par  les  ouragans,  minés  par 
les  débordements  du  Tibre;  mais  aussi  elle  avait  vu  disparaître 
les  derniers  adhérents  du  paganisme,  ces  obstinés  sénateurs 
restés  secrètement  attachés  au  polythéisme  traditionnel;  elle  était 
délivrée  du  joug  des  Germains  hérétiques,  sectateurs  d'Arius;  au 
milieu  du  chaos  social  et  politique  de  l'Italie,  l'Église  se  trouvait 
seule  debout,  seule  douée  d'énergie  vitale  et  consciente  de  son 
but'.  Pendant  le  pontificat  de  Pelage  I  (556-561)  et  de  Jean  III 
(561-574),  alors  que  Narsès  habitait  au  Palatin  la  demeure 
délabrée  des  Césars,  la  péninsule  vécut  tranquille  et  heureuse 
{erat  tota  Italia  gandens,  dit  le  biographe  de  Jean  III),  et  la 
Rome  chrétienne  vit  s'élever  un  de  ses  monuments  illustres  : 
la  basilique  des  Saints-Apôtres  \  Les  pires  calamités  ne  devaient 
commencer  que  sous  le  pape  Benoît  I  (575-579)  '-  d'abord  les 
incursions  incessantes  des  sauvages  Lombards,  toujours  accom- 
pagnées de  carnages  et  de  dévastations  sans  nombre,  puis  une 
famine  épouvantable;  plus  tard  des  pluies  diluviennes  et,  par 
suite,  une  inondation  qui  amena  l'écroulement  d'une  grande 
partie  des  anciens  monuments  de  Rome;  enfin  l'horrible  peste 
par  laquelle  s'inaugura  le  pontificat  de  saint  Grégoire^  (590) • 

C'est  pendant  les  années  d'accalmie  (560-575),  à  ce  moment 
extraordinaire  de  l'histoire  où,  l'esprit  antique  mort,  l'idée  catho- 
lique prend  la  direction  de  la  société  occidentale,  que  nous 
inclinons  à  placer  la  composition  des  plus  beaux  chants  de 
l'ofiice  divin,  seuls  témoins  encore  parlants  de  l'état  d'âme  de 
ceux  qui  vécurent  au  milieu  de  tant  de  formidables  événements. 

ï  Cf.  Gregorov.,  Gesch.  der  Stad  Rom  im  Mittelalter,  t.  I,  4^  éd.,  p.  469-470, 

2  Lib.  pont.,  t.  I,  p.  306,  note  2. 

3  «  Benedictus  (I)...  sedit  annos  IV...  Eodem  tempore  gens  Langobardorum  invase- 
«  runt  omnem  Italiam,  simulque  et  famés  nimia...  In  istis  laboribus  et  adflictionibus 
«  positus,  sanctissimus  Benedictus  papa  mortuus  est.  »  Lib.  pont.,  t.  I,  p.  308.  — 
«  Pelagius  (II)...  sedit  annos  X...  Hic  ordinatur  absque  jussione  principis,  eo  quod 
«  Langobardi  obsédèrent  civitatem  Komanam  et  multa  vastatio  ab  eis  in  Italia  fieret. 
«  Eodem  tempore  tantae  pluviae  fuerunt  ut  omnes  dicerent  quia  aquae  diluvii  super- 
«  inundaverunt;  et  talis  cladis  fuit  qualis  a  saeculo  nullus  meminit  fuisse.  »  Ibid.,  p.  309. 
—  «  Subsecuta  est  de  vestigio  clades  quam  inguinariam  vocant....  Pelagium  papam 
«  perculit  et  sine  mora  extinxit;  quo  defuncto  magna  strages  populi  de  hoc  morbo  facta 
«  est.  »  (Greg.  Tur.  Hist.  Fr.,  X,  j).  Ibid.,  note  2. 


CHAPITRE  VII, 


LES   ALTÉRATIONS    MUSICALES    DES   ANTIENNES. 

Section  I.   —  Transmission  des  mélodies  depîiis  le  V^  siècle  jusqu'à  la  fin 

du  moyen  âge. 

§  136.  Jusqu'à  quel  point  pouvons-nous  nous  flatter  de 
posséder  les  cantilènes  antiphoniques  composées  depuis  le  milieu 
du  V*"  siècle  jusqu'à  la  fin  du  VIP  ?  C'est  là  une  question  à 
laquelle  ce  dernier  chapitre  a  pour  but  de  donner  une  réponse 
satisfaisante  et  conforme  à  la  probabilité  historique. 

§  137.  Douze  siècles  nous  séparent  de  l'époque  où  s'acheva 
la  composition  des  antiennes  essentielles  de  l'office,  et  il  nous 
est  possible  de  poursuivre  l'étude  des  mélodies,  à  l'aide  de  docu- 
ments positifs,  jusqu'à  mille  ans  en  arrière.  Pour  les  deux  siècles 
restants  nous  ne  possédons  aucun  chant  noté,  aucun  écrit 
didactique  (p.  105,  §  74).  Pourtant  il  n'y  a  pas  là,  on  va  le 
voir,  une  limite  infranchissable  à  nos  investigations. 

Si  d'une  part  nous  confrontons  les  cantilènes  des  antiphonaires 
actuels  avec  celles  que  nous  apprennent  à  connaître  les  docu- 
ments musicaux  du  IX"  et  du  X*"  siècle,  nous  constatons  que 
l'immense  majorité  des  antiennes,  sauf  de  légères  déformations 
pareilles  à  celles  qui  se  remarquent  aujourd'hui  d'un  recueil  à 
l'autre,  se  chante  sur  les  mêmes  mélodies  qu'aux  environs  de 
900.  Très  rarement  le  texte  a  reçu  une  modulation  différente, 
ou  le  chant  s'est  défiguré  de  manière  à  devenir  méconnaissable. 
Des  mélodies  en  certain  nombre,  tout  en  gardant  leur  dessin, 
ont  modifié  leur  structure  harmonique  ou  changé  de  mode. 
Or,  en  examinant  cette   dernière  catégorie,  la  plus  fréquente,  et 


CH.  VII,  —  TRANSMISSION   DES  CHANTS.  179 

la  seule  dont  nous  ayons  à  nous  occuper  ici",  nous  nous  aperce- 
vons aussitôt  que  la  plupart  des  cantilènes  altérées  appar- 
tiennent aux  mêmes  formes  modales  et  aux  mêmes  thèmes 
nomiques.  De  plus,  en  les  analysant  avec  quelque  soin,  nous 
reconnaissons  bientôt  que  leurs  altérations  ne  proviennent  pas, 
par  exemple,  de  défaillances  de  la  mémoire  chez  les  chantres, 
ou  d'accidents  impossibles  à  vérifier,  mais  qu'elles  sont  dues 
à  des  causes  musicales  très  compréhensibles  pour  nous  :  la  ten- 
dance à  éviter  les  intonations  incommodes  à  la  voix,  la  confusion 
entre  deux  thèmes  semblables.  Enfin  nous  voyons  les  change- 
ments se  produire  avec  une  uniformité  frappante. 

D'autre  part  l'examen  approfondi  de  nos  plus  anciens  docu- 
ments nous  démontre  que,  déjà  au  moment  de  leur  rédaction,  les 
causes  perturbatrices  agissaient  depuis  assez  longtemps,  et 
avaient  déterminé  quelques  altérations  modales  identiques  à 
celles  que  nous  constatons  aux  époques  plus  récentes.  Nous 
découvrons  donc  là  en  quelque  sorte  des  lois  analogues  à  celles 
qui,  dans  l'histoire  des  langues,  régissent  les  transmutations 
phonétiques^;  de  même  que  celles-ci,  elles  nous  permettent  de 
reconnaître  les  changements  survenus  à  une  époque  oii  n'attei- 
gnent pas  nos  sources,  et  de  discerner  sûrement  les  mélodies 
restées  pures  de  toute  altération  essentielle  depuis  leur  naissance. 

§  138.  Avant  d'arriver  à  la  démonstration  des  faits  énoncés 
ci-dessus,  nous  croyons  devoir,  afin  d'orienter  le  lecteur,  résumer 
les  données  historiques  qu'il  nous  a  été  possible  de  réunir  au 
sujet  de  la  transmission  et  de  la  propagation  des  chants  de 
l'office  romain  depuis  Léon  le  Grand  jusqu'à  l'aurore  des  temps 
modernes. 

§  139.  Pendant  la  période  d'élaboration  de  l'antiphonaire  de 
l'office  (440-680),  le  chant  des  Heures  constituait,  à  la  basilique 

ï  Les  autres  se  prêtent  mieux  à  être  examinées  individuellement.  C'est  ce  que  nous 
ferons  dans  notre  catalogue  analytique. 

2  Les  phénomènes  linguistiques  étant  le  résultat  d'une  poussée  irrésistible  de  la 
collectivité  nationale  ne  souffrent  pas  d'exceptions;  telle  est  du  moins  aujourd'hui 
l'opinion  des  plus  compétents.  Il  en  a  été  de  même  pour  les  transformations  du  chant 
populaire,  de  la  musique  profane;  et  il  n'en  aurait  pas  été  autrement  pour  le  chant  litur- 
gique en  Occident,  si  l'autorité  de  l'Église  n'eût  pas  été  suffisamment  forte  pour  résister 
aux  changements,  sinon  pour  les  empêcher  tous. 


i8o  CH.  VII.  —  TRANSMISSION   DES  CHANTS. 

pontificale,  la  fonction  spéciale  d'une  corporation  monastique,  et 
s'enseignait  uniquement,  selon  toute  apparence,  par  la  pratique 
quotidienne',  par  des  exercices  en  commun  sous  la  direction  du 
chef  de  la  congrégation,  archichantre  à  Saint-Pierre  (pp.  85-86). 
Il  n'y  a  aucune  raison  pour  supposer,  durant  ces  deux  siècles  et 
demi,  l'existence  de  recueils  d'antiennes  notées;  la  brièveté  et  le 
nombre  relativement  restreint  des  cantilènes  les  rendaient  aptes  à 
être  conservées  par  la  seule  mémoire,  au  sein  d'une  communauté 
permanente  qui  se  renouvelait  lentement  à  l'aide  d'accessions 
individuelles.  Peut-être  cependant  existait-il  dès  lors,  à  l'usage 
des  jeunes  aspirants-chantres,  certaines  listes  réunissant  les 
antiennes  qui  partaient  du  même  degré  de  l'échelle  et  avaient 
la  même  intonation  psalmodique. 

§  140.  Jusqu'aux  dernières  années  du  VP  siècle  le  chant  de 
l'église  de  Rome  n'eut  qu'un  usage  strictement  local.  Le  premier 
coin  de  terre  non  romaine  où  il  se  transplanta  fut  la  lointaine 
île  de  Bretagne.  Les  cantilènes  de  la  basilique  des  Apôtres  y 
furent  transportées  par  le  moine  Augustin  et  ses  compagnons, 
que  saint  Grégoire  envoya  pour  prêcher  l'Evangile  chez  les 
Anglo-Saxons  du  royaume  de  Kent,  en  598.  Cantorbéry,  la  métro- 
pole ecclésiastique  de  la  contrée,  fut  un  foyer  de  culture  pour 
l'art  sacré.  Ses  chantres  indigènes,  disciples  des  missionnaires 
romains,  répandirent  la  pratique  de  la  mélopée  antiphonique 
au  nord  de  l'Humber  et  dans  toute  l'Angleterre  christianisée. 
De  leur  côté  les  Papes  du  VIP  siècle  s'attachèrent,  avec  une 
sollicitude  particulière,  à  maintenir  la  jeune  Église,  la  fille 
chérie  de  saint  Grégoire,  au  courant  des  améliorations  et  des 
réformes  graduellement  apportées  à  la  partie  musicale  de  l'office 
divine 

En  Germanie  également  l'antiphonaire  romain  s'introduisit, 
cent  vingt  ans  plus  tard,  avec  le  christianisme,  prêché  au  delà 
du  Rhin  par  le  prêtre  anglo-saxon  Winefrid,  que  l'Eglise  vénère 


'  Le  pape  Deusdedit,  mort  en  6f8,  nous  apprend  par  son  épitaphe  que  «  nourri  depuis 
«  ses  plus  tendres  années  dans  le  bercail  de  saint  Pierre,  il  s'y  exerçait  nuit  et  jour  à 
«  chanter  les  louanges  du  Christ.  »  Orig.  du  chant  liturg.,  p,  32,  note  2. 

*  Extraits  de  Bède  le  Vénérable  dans  les  Orig.  du  chant  lit.,  pp.  63-66.  Se  rappeler 
surtout  la  mission  de  l'archichantre  de  Saint-Pierre  en  680. 


CH.  VIL  —  TRANSMISSION  DES  CHANTS.  i8i 

SOUS  le  nom  de  saint  Boniface.  Dès  la  première  organisation 
du  culte  public  dans  le  pays  nouvellement  converti,  nous 
voyons  le  pape  Grégoire  II  (715-731)  s'occuper  d'y  introduire  le 
chant  des  Heures  selon  la  tradition  et  l'usage  de  la  basilique 
pontificale'. 

Une  conquête  plus  significative,  peu  de  temps  après,  fut  celle 
des  églises  du  royaume  des  Franks.  Bien  qu'en  possession  du 
chant  antiphonique  depuis  le  V^  siècle%  elles  furent  subjuguées 
par  la  beauté  des  mélodies  d'outre-monts.  Leurs  chantres  se 
mirent  sous  la  férule  des  maîtres  de  la  schola  monastique  de 
Saint-Pierre 3,  et  s'initièrent  à  une  modulation  plus  riche,  à 
un  style  moins  rude.  Un  moine  frank  de  la  première  moitié 
du  siècle  suivant,  Walafrid  Strabon,  met  cet  événement  en 
rapport  avec  le  séjour  de  la  cour  de  Rome  en  France  pendant 
une  partie  de  l'année  754,  alors  que  le  pape  Etienne  II  alla 
invoquer  le  secours  de  Pépin  contre  les  déprédations  d'Astolphe, 
le  roi  des  Lombards"*.  Depuis  lors  le  chant  romain  se  substitua 
aux  anciennes  mélopées  gallicanes,  sans  que  cependant  les 
particularités  invétérées  et  les  fêtes  spéciales  du  rituel  national 
fussent  abandonnées. 

A  l'exception  de  l'Espagne,  où  l'illustre  Eglise  gothique, 
naguère   si  florissante,  gémissait  sous  le   premier   accablement 

1  «    Ut    exquisitis    sacerdotibus    atque    ministris    quorum    canonicam    approbaveritis 

«  exstitisse  promotionem his  sacrificandi  et  ministrandi,  sive  etiam  psallendi  ex  figura 

B  et  traditione  sanctae  apostolicae  et  Romanae  sedis  ecclesiae  ordine,  tradatis  potestatem.  » 
Instructions  données  (en  715)  par  Grégoire  II  (Patrol.  lat.  de  Migne,  t.  89,  p.  531)  à  l'évêque 
Martinien,  au  prêtre  Georges  et  au  sous-diacre  Dorothée,  envoyés  en  Bavière.  Peut-être  ce 
dernier,  clerc  de  grade  inférieur,  était-il  un  membre  de  la  congrégation  des  chantres 
pontificaux,  chargé  spécialement  d'instruire  le  clergé  indigène  dans  la  pratique  de  la 
cantilena  romana.  Voir  le  décret  du  synode  romain  de  595,  Orig.  du  chant  liturg.,  p,  47. 

2  Voir  l'épitre  de  saint  Loup,  évêque  de  Troyes,  et  de  saint  Euphronius  d'Autun  à 
Talasius,  évêque  d'Angers,  document  écrit  sous  le  pape  Hilaire  (461-468),  et  relatif  à  la 
célébration  des  solennités.  Labbé,  SS.  Concilia,  t.  IV,  p.  1048.  —  Grégoire  de  Tours 
mentionne  souvent  le  chant  des  offices  dans  sa  basilique. 

3  Lettre  du  pape  Paul  I  (757-767)  à  Pépin,  dans  les  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  68. 

4  «  Cantilenae  vero  perfectiorem  scientiam,  quam  paene  jam  tota  Francia  diligit, 
«  Stephanus  papa,  cum  ad  Pippinum  patrem  Karoli  magni  (in  primis  in  Franciam)  pro 
«  justitia  sancti  Pétri  a  Langobardis  expetenda,  venisset,  par  suos  clericos,  patente 
«  eodem  Pippino,  invexit,  indeque  usus  ejus  longe  lateque  convaluit.  »  De  exordiis  et 
incrementis  rerum  eccUsiasticarum.  Max.  hibl.  vet.  patr.,  t.  XV,  p.  196. 

2 


i82  CH.  VII.  —  TRANSMISSION   DES  CHANTS. 

de  la   domination    musulmane',    toutes  les  contrées   d'Occident 
chantaient  l'office  romain  à  la  fin  du  VHP  siècle''. 

§  141.  C'est  au  cours  de  cette  période  d'expansion,  l'époque 
glorieuse  de  la  schola  pontificale,  que  le  chant  latin  s'appropria 
un  système  de  signes  graphiques,  les  nemnes,  ayant  pour  but, 
sinon  d'assurer  la  transmission  exacte  des  mélodies,  du  moins 
de  rappeler  leurs  contours  caractéristiques  à  la  mémoire  d'un 
chantre  sachant  par  cœur  tout  l'antiphonaire.  Les  signes  neuma- 
tiques  servent  à  faire  reconnaître,  non  à  faire  connaître  une 
cantilène.  Aucun  spécimen  authentique,  aucune  mention  explicite 
de  ce  genre  d'écriture  musicale  ne  se  rencontre  avant  le  milieu 
du  IX^  siècle^;  mais  comme  la  nomenclature  des  signes  est 
grecque,  pour  plus  de  moitié'',  on  est  amené  naturellement  à 
supposer  qu'il  s'établit  à  Rome  dans  un  temps  où  l'influence 
hellénique  dominait  autour  du  pape^;  c'est-à-dire  entre  680  et  750. 
La  notation  neumatique  paraît  être  étroitement  liée  à  la  pratique 
de  VOctoechos;  en  efl'et  le  mot  neiima  désigne  avant  tout  un  trait 
de  chant,  une  vocalise  propre  à  faire  reconnaître  le  mode.  Telles 
sont  les  huit  mélodies  mnémoniques  composées  sur  les  syllabes 
conventionnelles  Noanoeane,  Noeagis^,  etc.  qui  servaient  sans 
doute  aux  chantres  d'exercices  élémentaires  pour  se  familiariser 

'   La  bataille  de  Guadalete,  qui  livra  l'Espagne  aux  Arabes,  eut  lieu  en  711. 

2  Nous  devons  faire  une  réserve  en  ce  qui  concerne  les  églises  de  l'Italie  situées  hors 
des  limites  du  patrimoine  de  saint  Pierre.  L'histoire  du  chant  liturgique  dans  la  péninsule 
nous  est  entièrement  inconnue  pour  cette  époque. 

•     3  Voir  les  exemples  des  diverses  espèces  de  neumes,  publiés  par  les  RR.  PP.  Bénédic- 
tins de  Solesmes  dans  la  Paléographie  musicale,  t.  I. 

4  Dans  le  tableau  des  principaux  neumes,  inséré  à  la  p.  35  du  volume  précité,  je  relève 
dix  dénominations  grecques  {clinis,  podatus,  climacus,  apostrophe,  orisciis,  epiphonus, 
cephalicus,  ancus,  trigon,  quilisma),  contre  huit  termes  latins  (clivis,  pes,  punctum,  virga, 
torciilus,  porrectns,  pressus,  scandicus). 

5  Aurélien  de  Réomé  dit  que  toutes  les  parties  de  la  science  musicale  sont  d'origine 
grecque  :  «  Sciât  (lector)  a  Graecorum  derivari  fonte,  una  ctim  musica  licentia,  omnes 
«  varietates  ibi  contextas  »  ...  p.  53  (ci-dessus  p.  106). 

fi  «  Assumatur  itaque  primi  toni  neuma  regularis,  quae  ita  se  apud  nos  habet  : 


a     G     FE     G     FE     DC     FGa     GaGFE     aFEFED      1| 

No  -   a    -  no  -  e     -     a    -    ne.  » 

Commem.,  p.  214.  Voir  aussi  les  textes  réunis  par  d'Ortigue,  Dict.  de  plain-chant,  au  mot 
Neume,  —  Il  est  à  remarquer  que  la  notation  dite  neumatique  ne  peut  indiquer  les 
mouvements  mélodiques  que  dans  les  groupes  de  sons  chantés  sur  la  même  syllabe. 


CH.  VII.  —  TRANSMISSION  DES  CHANTS.  183 

avec  la  lecture  des  notes  neumatiques'.  En  attendant  que  l'on 
soit  à  même  de  produire  une  opinion  mieux  documentée,  nous 
tiendrons  pour  contemporains  les  trois  faits  capitaux  de  cette 
période,  —  l'achèvement  de  l'antiphonaire  de  l'office,  l'adoption 
de  la  doctrine  des  modes  ecclésiastiques  (p.  T07),  le  premier  usage 
de  la  notation  par  neumes,  —  et  nous  les  fixerons  vers  680. 

§  142.  Le  règne  de  la  dynastie  carlovingienne  fut  l'âge  d'or  du 
chant  liturgique.  L'impulsion  donnée  alors  à  la  culture  de  l'art 
sacré  fut  d'une  vigueur  telle  que  son  effet  se  prolongea  longtemps 
après  la  dissolution  du  nouvel  Empire  d'Occident.  Non  contents 
de  protéger  de  tout  leur  pouvoir  la  musique  ecclésiastique,  les 
trois  premiers  souverains  de  la  race  s'y  intéressaient  personnelle- 
ment et  la  cultivaient.  Pépin  se  fait  envoyer  par  le  Pape  des 
livres  de  chant^;  il  attire  en  France  et  s'efforce  d'y  retenir  les 
maîtres  ultramontains^  Dans  ses  fameuses  écoles  palatines 
Charlemagne  donne  une  place  importante  à  l'enseignement  de 
la  pratique  musicale  et  impose  l'usage  de  la  cantilena  romana*. 
Lui-même  prend  part  au  chant  des  offices  5,  et  tranche  naïvement 
de  son  autorité  souveraine  des  points  controversés  de  doctrine 
modale  (p.  106).  Sous  son  influence  toute-puissante  des  maîtrises 
monastiques,  à  l'instar  de  Rome,  sont  instituées  autour  des  grandes 
églises   diocésaines^,   Lyon,   Metz,  Trêves,   etc.;   de   là  sortent 


»  On  trouve  à  la  fin  de  la  Commemoratio  (p.  229)  un  tableau  comprenant  les  neumes 
(formules  mélodiques)  des  huit  modes  en  double  notation  :  diastématique  et  neumatique. 

2  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  16. 

3  Voir  la  lettre  du  pape  Paul  I",  Ibid.,  p.  67. 

4  «  Sacerdotibiis...  Ut  scholae  legentium  puerorum  fiant.  Psalmos,  notas,  cantus,  com- 
«  putum,  grammaticam  per  singula  monasteria  vel  episcopia  et  libros  catholicos  bene 
«  emendatos...  Omni  clero.  Ut  cantum  Romanum  pleniter  discant,  et  ordinabiliter  per 
«  nocturnale  vel  gradale  officium  peragatur,  secundum  quod  beatae  memoriae  genitor 
«  noster  Pippinus  rex  decertavit  ut  fieret,  quando  Gallicanum  tulit  ob  unanimitatem 
«  apostolicae  sedis  et  sanctae  Dei  ecclesiae  pacificam  concordiam.  »  Karoli  Magni 
Capitularia  :  Admonitio  generalis  (du  23  mars  789).  Monum.  Germ.  hist.,  Leg.  sect.  II,  t.  I, 
pp.  60-61.  Les  chantres  palatins  avaient  leurs  propres  traditions  techniques.  Aur. 
Reom.,  p.  45. 

5  «  Legendi  atque  psallendi  disciplinam  diligentissime  emendavit.  Erat  enim  utriusque 
«  admodum  eruditus,  quamquam  ipse  nec  publiée  legeret,  nec  nisi  submissim  et  in 
«  commune  cantaret.  »  Éginhard,  Vita  Karoli  Magni,  c.  26.  Mon.  Germ.  hist.,  Script. 
t.  II,  p.  457. 

^  Hist.  littér.  de  la  France,  par  les  Bén.  de  la  Congr.  de  S.  Maur,  t.  IV,  p.  12  et  suiv. 


i84  CH.  VII.  —  TRANSMISSION    DES  CHANTS. 

non  seulement  d'habiles  chantres,  mais  encore  des  mélographes 
féconds  qui  enrichissent  le  répertoire  traditionnel  et  composent 
de  nouveaux  offices  pour  les  fêtes  du  calendrier  national.  Louis 
le  Pieux  s'occupe  avec  ardeur  de  faire  compiler  un  antiphonaire 
obligatoire  dans  les  limites  de  l'empire  frank ',  recueil  embrassant 
l'office  romain  et  les  adjonctions  gallicanes.  A  partir  de  Charle- 
magne  les  questions  relatives  au  chant  liturgique  et  à  ses  origines 
prennent  une  importance  toute  nouvelle  dans  l'Eglise  et  donnent 
parfois  lieu  à  des  discussions  passionnées*. 

§  143.  Sous  Charles  le  Chauve  (840-877)  apparaissent  enfin 
les  incunables  de  la  notation  et,  en  même  temps,  les  plus  anciens 
traités  didactiques  relatifs  aux  chants  de  l'Église^  Cette  primi- 
tive littérature  musicale  est  entièrement  franke;  elle  a  pour 
auteurs  des  moines  du  pays  de  Trêves,  du  Hainaut  et  de  la 
France  actuelle.  Le  premier  en  date  est  Aurélien  de  Réomé^ 
en  Champagne  (p.  105)'*;  la  partie  intéressante  de  son  écrit  est 
le  classement  modal  des  antiennes  et  des  répons.  Vient  ensuite,^ 
aux  environs  de  goo,  Réginon  de  Prum  avec  un  bon  traité  de 
musique  et  son  précieux  Tonarius,  source  principale  du  présent 
travail  et  point  de  départ  de  toute  exploration  historique  de  l'anti- 
phonaire.  C'est  un  catalogue  à  peu  près  complet  des  antiennes 
de  l'office  et  de  celles  de  la  Messe  (introïts  et  communions), 
disposé  d'après  les  modes  et  les  terminaisons  de  la  psalmodie; 

1  Amal.  De  ord,  antiph.,  Préface,  reproduite  en  partie  dans  les  Orig.  du  chant  liturg., 
pp.  49-50.  Les  chantres  franks  paraissent  avoir  conservé  plus  fidèlement  que  les 
romains  le  répertoire  intégral  des  cantilènes.  C'est  ce  que  l'on  peut  inférer  du  passage 
suivant  de  l'ouvrage  du  diacre  messin  (c.  68)  :  «  Post  offîcium  quo  dedicatur  ecclesia, 
«  scripsi  antiphonas  de  evangeliis  (in  Dominicis  post  Pentecostenj,  de  quibus  inter- 
«  rogavi  magistros  Romanae  ecclesiae,  si  illas  canerent.  Responderunt  :  Nequaquam. 
«  Nosiri  tamen  magistri  dicunt  se  eas  ab  eis  percepisse,  per  primos  magistros  qui  melodiam 
«  cantus  Romani  docuerunt  infra  terminas  Francorum.  Deus  scit  si  isti  fallant,  aut  si  ipsi 
«  fefellissent  qui  gloriati  sunt  se  eas  percepisse  a  magistris  Romanae  Ecclesiae,  aut 
«  Romani  propter  incuriam  et  negligentiam  eas  amisissent,  aut  si  nunquam  cantassent 
«  eas,  tamen  nos  cantamus  illas  propter  verba  saluberrima  et  auctoritatem  nostrorum 
«  cantorum  qui  gloriantur  se  uti  cantilenae  exercitationis.  » 

2  A  preuve  la  polémique  d'Agobard,  évêque  de  Lyon,  avec  Amalaire. 

3  Nous  ne  nous  occuperons  pas  ici  des  ouvrages  de  pure  spéculation  musicale,  tels  que 
le  traité  de  Rémi  d'Auxerre  (Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  63  et  suiv.),  une  glose  interlinéaire  de 
Martianus  Capella. 

4  Cf.  Orig.  du  chant  liturg.,  p.  15. 


CH.  VII.  —  TRANSMISSION  DES  CHANTS.  185 

il  est  aux  trois  quarts  noté  en  neumes'.  Vers  la  môme  époque  nous 
rencontrons  Hucbald  de  Saint-Amand  (près  de  Valenciennes), 
naguère  tenu  pour  auteur  de  la  plupart  des  écrits  approxima- 
tivement contemporains,  aujourd'hui  réduit  à  la  paternité  d'un 
unique  ouvrage,  instructif  mais  d'importance  secondaire".  Un  peu 
avant  le  milieu  du  X"  siècle  nous  arrivons  à  V Encliiriadis  pseudo- 
hucbaldienne%  document  fameux  par  ses  exemples  de  polyphonie 
archaïque.  La  série  est  close  par  l'anonyme  Commémoration  Ces 
deux  derniers  ouvrages  ont  une  valeur  inappréciable  pour  l'his- 
toire. Seuls  de  leur  espèce  avant  Guy  d'Arezzo,  ils  contiennent 
bon  nombre  de  chants  (antiennes,  mélodies  psalmodiques),  dans 
une  notation  traduisant  la  hauteur  exacte  de  chaque  son.  Grâce  à 
eux  il  nous  a  été  possible  de  restituer  dans  leur  forme  première, 
outre  une  foule  de  cantilènes  isolées,  le  groupe  entier  des  antiennes 
du  IIP  mode,  gravement  altérées  peu  de  temps  après. 

§  144.  Pendant  que  la  science  et  l'érudition  musicales  donnent 
ainsi  une  première  floraison,  hâtive  et  courte,  au  nord  des  Alpes, 

^  Dépossédé  de  sa  dignité  abbatiale  par  une  intrigue  de  moines,  sur  laquelle  il 
dédaigne  de  s'appesantir  dans  sa  célèbre  Chronique  {ad  annum  899),  Réginon  se  retira 
auprès  de  Radbod,  archevêque  de  Trêves.  C'est  pour  l'instruction  des  chantres  de  ce 
diocèse  qu'il  composa  son  Tonarius,  publié  dans  le  t.  II  des  Scriptores  de  Coussemaker;  le 
fac-similé  des  neumes  et  la  transcription  des  textes  antiphoniques  y  laissent  quelque  peu 
à  désirer.  Heureusement  j'ai  eu  constamment  à  ma  disposition,  pendant  mon  travail,  le 
ms.  sur  lequel  la  susdite  publication  a  été  faite  :  il  appartient  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Bruxelles.  Quant  au  traité  de  musique  [De  harmonica  institutione),  Gerbert  l'avait  déjà 
inséré  dans  sa  collection,  t.  I,  pp.  230-247. 

*  Voir  Millier,  Hucbald's  echte  und  tmechte  Schri/ten.  Leipzig,  1884.  Le  traité  De  musica 
ou  De  harmonica  institutione  se  trouve  dans  le  t.  I  de  Gerbert,  p.  103  et  suiv.  A.  sa  suite 
viennent  plusieurs  fragments  anonymes.  On  en  reconnaît  aisément  quatre  :  1°  une 
triple  division  du  monocorde,  pp.  121-123  (i^  col.),  commençant  aux  mots  «  In  primo 
diapason  »,  et  publiée  aussi  en  partie  sous  le  nom  de  Bernelin  de  Paris  (ib.  pp.  329-330); 
2°  une  courte  exposition  des  huit  modes,  mutilée  au  début,  pp  124  (2^  col.),  125;  3°  un 
écrit  intitulé  Alia  musica,  p.  125  et  suiv.;  4°  un  autre,  enchevêtré  dans  le  précédent,  et 
portant  le  titre  de  Nova  expositio.  A  l'occasion  nous  désignerons  ces  deux  derniers  docu- 
ments par  l'abréviation  Ps.-Hucb. 

3  Gerbert,  Script.,  t.  I,  pp.  152-221.  Traduite  et  commentée  da.ns  les  M onatshef te  filr 
Musikgeschichte,  années  1874  et  1875,  par  R.  Schlecht.  Voir  aussi  l'intéressante  disser- 
tation de  Spitta  dans  le  Vierteljahrsschrift  fiir  Musikwissenschaft,  t.  V,  p.  443  et  suiv. 
Notre  érudit  Bénédictin  de  Maredsous,  D.  Germain  Morin,  attribue  VEnchiriadis  avec 
grande  vraisemblance  à  un  certain  Otger  ou  Odon,  abbé  de  Saint-Pons  de  Tomières  en 
Provence  vers  940.  Revue  bénédictine,  août  1891. 

4  Voir  ci-dessus,  p.  61,  note  2. 


i86  CH.  VII.  —  TRANSMISSION  DES  CHANTS. 

l'antique  schola  romaine,  confinée  dans  ses  fonctions  journalières, 
cesse  de  rayonner  au  dehors  et  voit  s'évanouir  son  ancien 
prestige.  Jamais  son  autorité  n'est  invoquée,  ni  son  existence 
rappelée  par  les  musicistes  franks.  A  Rome  même,  elle  devait 
bientôt  subir  le  contrecoup  des  convulsions  politiques,  des 
désordres  scandaleux  et  sanglants  qui  allaient  s'y  succéder  pour 
longtemps.  Pendant  tout  le  X*"  siècle,  page  sinistre  dans  les 
annales  de  la  papauté,  les  destinées  de  la  schola  sont  couvertes 
de  ténèbres  impénétrables;  et  quand,  après  une  éclipse  de 
deux  cents  ans,  son  nom  se  montre  de  nouveau  dans  les  docu- 
ments locaux',  rien  ne  le  signalera  plus  désormais  à  l'attention 
du  musicien.  Pendant  le  séjour  des  papes  à  Avignon  (1305-1377), 
le  collège  des  chantres  pontificaux  est  réorganisé  en  vue  de 
l'exécution  de  la  nouvelle  musique  occidentale,  à  plusieurs 
mélodies  simultanées^;  quant  à  la  modulation  homophone  des 
offices,  ce  n'est  plus  pour  lui  que  la  besogne  courante.  En 
réalité  l'antique  et  illustre  schola  cantorum  disparaît  de  l'histoire 
du  chant  liturgique  dès  la  fin  du  IX*  siècle,  sans  que  ses  chefs 
aient  laissé  au  monde  un  monument  durable  de  leur  activité 
musicale  :  il  ne  reste  d'eux  ni  une  page  de  théorie,  ni  un  docu- 
ment noté.  S'ils  eussent  été  seuls  à  garder  le  trésor  des  primitives 


'  Le  Liber  pontificalis  ne  trouve  pas  à  mentionner  une  seule  fois  la  congrégation  des 
chantres  depuis  le  pontificat  de  Serge  II  (844-847),  qui  vit  la  profanation  de  la  basilique  de 
Saint-Pierre  par  les  hordes  sarrasines,  jusqu'à  Pascal  II  (1099-1118).  Le  profond  abaisse- 
ment de  la  schola  dans  la  première  moitié  du  XI^  siècle  ressort  de  la  lettre  de  Guy  d'Arezzo 
à  son  ami  le  moine  Michel  :  «  Summae  sedis  apostolicae  Johannes  (Jean  XIX,  1024-1033) 
«  qui  modo  Romanam  gubernat  Ecclesiam,  audiens  famam  nostrae  scholae,  et  quomodo 
«  per  nostra  antiphonaria  inauditos  pueri  cognoscerent  cantus  valde  miratus,  tribus  nuntiis 
«  me  ad  se  invitavit.  Adii  igitur  Romam....  Multum  itaque  Pontifex  meo  gratuiatus  est 
«  adventu,  multa  colloquens  et  diversa  perquirens  :  nostrumque  velut  quoddam  prodigium 
«  saepe  revolvens  antiphonarium,  praefixasque  ruminans  régulas,  non  prius  destitit, 
(I  aut  de  loco  in  que  sedebat,  abscessit,  donec  unum  versiculum  inauditum  sui  voti  compos 
«  edisceret....  Quid  plura?  Infirmitate  cogente  Romae  morari  non  poteram  vel  modicum.. 
«  Tandem  condiximus,  mox  hieme  redeunte,  me  illuc  debere  reverti,  quatenus  hoc  opus 
«  praelibato  pontifici  suoque  clero  debeam  propalare.  »  Gerb.  Script,  t.  II,  p.  44.  Dans 
tout  cela  il  n'est  question  que  du  Pape  et  du  clergé;  de  la  schola,  la  principale  intéressée, 
ou  de  son  chef,  l'autorité  compétente  en  pareille  matière,  pas  un  mot. 

2  Voir  le  travail  consciencieux  de  Haberl,  Die  rômische  Schola  cantorum  und  die 
pàpstlichen  Kapellsànger  bis  ztir  Mitte  des  16.  Jahrhunderts,  dans  le  Vierteljahrsschrift, 
t.  III  (1887),  p.  189  et  suiv. 


CH.  VII.  —  TRANSMISSION   DES  CHANTS.  187 

mélodies  chrétiennes,  peu  de  chose  vraisemblablement  en  serait 
venu  jusqu'à  nous', 

§  145.  Aussi  bien  une  décadence  générale  de  la  culture  de 
l'art  ecclésiastique  se  manifeste  partout  vers  950.  La  produc- 
tion littéraire  sur  ce  terrain  subit  un  arrêt  total  :  les  Réginon, 
les  Hucbald  n'ont  pas  de  successeurs  immédiats*.  En  même 
temps  la  pratique  des  chantres  dégénère  par  l'affaiblissement 
des  traditions  techniques,  par  l'absence  d'un  centre  unique 
de  doctrine.  Déjà  soixante  ans  auparavant  l'illustre  abbé  de 
Prum  dénonçait  des  altérations  modales ^  Maintenant  elles  se 
multiplient  et  s'aggravent,  favorisées  par  une  notation  qui  se 
borne  à  indiquer  la  direction  générale  des  mouvements  de  la 
voix,  et  est  impuissante  à  exprimer  l'élément  essentiel  de  toute 
mélodie  :  l'intervalle".  Un  des  modes,  l'antique  dorien,  est 
complètement    bouleversé    dans   sa   structure   harmonique.   Aux 

I  Ce  qui  n'empêche  pas  Jean  le  Diacre  d'accabler  de  ses  dédains  les  chantres  d'outre- 
monts  et  de  qualifier  leur  manière  à  peu  près  comme  le  faisaient  vers  1820  les  fanatiques  de 
Rossini,  parlant  des  musiciens  allemands  et  de  Vtirlo  tedesco. 

2  Les  écrits  musicaux  d'Adelbold  d'Utrecht,  de  Bernelin  de  Paris  et  des  anonymes 
insérés  à  la  fin  du  I"  tome  des  Scriptores  de  Gerbert  ne  s'occupent  que  de  mathéma- 
tiques musicales.  On  y  reconnaît  l'influence  du  grand  savant  de  l'époque  :  Gerbert,  plus 
tard  pape  sous  le  nom  de  Sylvestre  II  (999-1003),  que  les  Romains  tenaient  pour  sorcier. 
Tous  ces  auteurs  amplifient  Boèce;  ce  sont  les  créateurs  de  la  notation  prétendument 
boétienne  (A  =  la,  H  =  si,  C  =  ut,  etc.).  Quant  aux  traités  sur  le  chant  ecclésiastique 
attribués  à  saint  Odon  de  Cluny,  tous  sont  apocryphes.  Le  Dialogus,  avec  le  fragment  qui 
lui  fait  suite  (Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  251  et  suiv.),  est  manifestement  contemporain  de  Guy 
d'Arezzo,  et  même,  selon  toute  apparence,  composé  par  lui  (Cf.  D.  Germain  Morin  dans 
la  Revue  bénéd.,  août  1891).  L'Intonarium  Oddonis  Abbatis,  recueilli  par  Coussemaker 
dans  le  t.  II  de  ses  Scriptores  (p.  117  et  suiv.),  date  tout  au  plus  de  la  seconde  moitié  du 
XlIIe  siècle,  puisqu'on  y  trouve  des  antiennes  appartenant  à  un  office  en  l'honneur  de 
saint  François  d'Assise.  Quant  au  petit  écrit  bizarre  intitulé  Prooemiiim  Domni  Oddonis 
Abbatis  (Gerb.  t.  I,  p.  248  et  suiv.),  on  ne  peut  mettre  sans  irrévérence  ce  galimatias  au 
compte  du  vénérable  réformateur  de  l'ordre  de  saint  Benoît. 

3  Ce  fut  là  ce  qui  le  détermina  à  envoyer  son  Tonarius  à  Radbod,  l'archevêque  de 
Trêves.  «  Cum  fréquenter,  »  dit-il,  «  in  ecclesiae  vestrae  dioecesibus  chorus  psallentium 
«  psalmorum  melodiam  confusis  resonaret  vocibus,  propter  dissonantiam  toni,  et  pro 
«  hujuscemodi  re  vestram  venerationem  saepe  commotam  vidissem;  arripui  Antiphona- 
«  rium,  et  eum  a  principio  usque  in  finem  per  ordinem  diligenter  revolvens,  antiphonas, 
«  quas  in  illo  adnotatas  reperi,  propriis,  ut  reor,  distribui  tonis;  »  etc.  Gerb.  Scriptores, 
t.  I,  p.  230. 

4  Voilà  pourquoi  la  plupart  des  chants  ne  sont  altérés  que  dans  leur  structure  modale  : 
en  général  le  contour  mélodique  est  resté  intact. 


i88  CH.  VII.  —  TRANSMISSION  DES  CHANTS. 

environs  du  fatidique  an  mille  le  chant  de  l'Église  occidentale 
traverse  une  véritable  crise. 

§  146.  La  venue  de  Guy  d'Arezzo,  à  l'aurore  des  temps 
nouveaux,  arrêta  la  corruption  envahissante  des  cantilènes  chré- 
tiennes^ et  prépara  les  voies  de  la  future  musique  européenne. 
Les  œuvres  didactiques  du  grand  musiciste  médiéval  forment 
à  elles  seules  une  littérature  complète,  que  l'on  n'a  cessé  de 
délayer  jusqu'à  la  Renaissance  sans  l'enrichir  beaucoup.  En 
combinant  les  signes  neumatiques  avec  la  portée,  le  moine  génial 
a  doté  les  productions  de  l'art  des  sons  d'un  moyen  de  transmis- 
sion qui  les  soustrait  à  l'oubli  pour  toujours.  Malheureusement, 
en  ce  qui  concerne  le  chant  liturgique,  l'usage  de  la  portée, 
comme  celui  des  notations  par  lettres,  resta  tout  d'abord,  sauf 
quelques  exceptions,  limité  aux  écrits  didactiques.  Dans  la 
pratique  ordinaire  les  neumes  sans  lignes  se  maintinrent  pendant 
deux  cents  ans  encore.  C'est  au  XIIP  siècle  seulement  que  la 
portée  prévaut  définitivement^  et  que  les  chants  de  l'Eglise 
entrent  dans  la  période  de  fixité.  Les  changements  qui  se  sont 
produits  depuis  lors  dans  les  mélodies  des  antiennes  de  l'office 
sont  peu  nombreux  et  de  minime  importance^. 

§  147.  Nous  pouvons  donc  terminer  là  notre  résumé  historique 
et  passer  à  l'analyse  des  altérations  modales,  en  commençant 
par  celles  que  nous  fait  constater  la  simple  comparaison  des 
trois  principaux  documents  qui  nous  servent  de  points  de  repère  : 
le  Tonarius  de  Réginon  (goo);  celui  de  Guy  d'Arezzo  (1030), 
inséré  dans  le  traité  De  modornm  formulis  ;  Vlntonariiim  du 
Pseudo-Odon,  dont  nous  fixerons  approximativement  la  date 
vers  1250. 

Tous  ont  été  publiés  par  de  Coussemaker  dans  le  IP  volume 
de  ses  Scriptores  de  musica  medii  aevi. 

'  «  Vocum  modus,  veterum  editus  voto,  disgregatus  a  vero  et  recto  cantionis  gênera,  et 
«  in  chromaticam  mollitiem  deductus....  nunc  ad  priorem  statum  labore  haud  facili 
«  reductus  est.  »  Guy,  De  modorum  formulis,  Couss.,  Script.,  t.  II,  p.  78, 

*  Voir  la  série  chronologique  de  spécimens  neumatiques,  publiée  dans  le  t.  I  de  la 
Paléographie  musicale  des  RR.  PP.  de  Solesmes. 

3  Les  mélodies  antiphoniques  des  Heures  sortirent  intactes  de  la  revision  officielle 
que  le  chant  de  l'Église  eut  à  subir  au  XVJe  siècle;  leur  concision  et  leur  simplicité  ne 
laissèrent  rien  à  faire  aux  trop  zélés  abréviateurs. 


CH.  VIL  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  189 

Section  II.  —   Les  altérations  modales  postérieures  à  Réginon. 

§  148.  Précisons  leurs  deux  causes  déterminantes,  déjà  indi- 
quées plus  haut  (p.  17g)  : 

Tendance  à  faciliter  l'exécution  des  cantilènes  contenant  une 
succession  de  triton,  ou  une  fausse  quinte  décomposée,  ou  un 
saut  de  sixte  ; 

Tendance  à  confondre  deux  motifs  mélodiques  qui,  tout  en 
appartenant  à  deux  modes  distincts  ou  à  deux  formes  modales 
différentes,  présentent,  soit  une  analogie  réelle,  soit  une  fausse 
analogie. 

l.  Il  y  a,  selon  nous,  analogie  réelle  lorsque  les  deux  motifs 
semblables  sont  posés  sur  les  mêmes  degrés  de  l'échelle  commune  et 
ne  différent  que  par  leur  tertninaison. 


^=d 


ville  mode,  th.  18.  Ve  mode,  th.  44. 

Term.  ^  Term. 


ÎEÎEi^       ^E^EÏt=ii3: 


IVe  mode,  th.  2g. 
k  Term. 


I"  mode,  th.  7.  IVe  mode,  th.  32. 

Term. 


± 


=I=iz:=8    $)«t=i=:.tz?'"E.?=E 


II.  Il  y  a  fausse  analogie  (ou  analogie  apparente)  lorsque  tessons 
employés  au  début  des  deux  motifs  produisent  la  même  succession 
d'' intervalles,  tout  en  occupant  d'autres  degrés  de  V échelle  commune. 
En  ce  cas  il  y  a  toujours  un  ou  plusieurs  degrés  sous-entendus 
qui  détruisent  la  ressemblance. 

TTT»  j       i.1  Avec  les  degrés  ^  j       ^i      /-  ■^^^^c  les  degrés 

Ille  mode,  th.  35.  intermédiaires:  I"  mode,  th.  6.  intermédiaires; 


26 


igo 


CH.  VII.  —  ALTERATIONS  APRES  REGINON. 


La  discordance  saute  aux  yeux  lorsqu'on  écrit  les  deux  dessins 
mélodiques,  avec  leurs  degrés  intermédiaires,  à  la  même  hauteur. 
Il  se  produit  inévitablement  alors  un  ou  même  deux  accidents 
à  quelque  endroit. 

Ille  mode.  1er  mode  (transposé  un  ton  plus  haut). 


^: 


^)i 


^m 


^ 


Voici  d'autres  exemples  intéressants  de  fausse  analogie  : 


vile  et  IVe  modes,  th.  27,  29. 


Ille  mode,  th.  34. 

-■  ■  " 

-T- 

,„_■      ■" 1 

Avec  les  degrés  intermédiaires  : 


^-(W- 


ler  mode,  th.  3. 


Vile  mode,  th.  26. 


^ 


Avec  les  degrés  intermédiaires  : 


=12=- 


^ 


Ëiï 


E^S 


-(■)J 


c'est- 
à- 
dire  : 


:(- 


■): 


:(¥'- 


§  149.  C'est  la  première  des  deux  causes  perturbatrices,  et 
notamment  la  répugnance  pour  le  triton,  même  à  l'état  latent,  qui  a 
produit,  postérieurement  à  nos  premiers  documents  notés,  le 
changement  le  plus  étendu  de  la  mélopée  liturgique  :  le  déplace- 
ment de  la  dominante  du  IIP  mode  latin.  Le  5^  degré  ascendant  de 
l'octave  dorienne  (tt)  a  été  remplacé  dans  sa  fonction  modale 
par  le  6^  (c).  Depuis  lors  le  si  ij  n'a  plus  été  qu'un  son  transitoire; 
ut  est  devenu  en  IIP  mode  la  corde  de  répercussion  et  d'arrêt. 

Psalmodie  du  Ille  mode  dans  la  Commemoratio  (Cf.  ci-dessus,  p.  115). 


'MZ.  =■: 


■(■) 


Glo-ri  -  a  et  niinc  et    sein-per         et      in     sae-cu-la  sae-cu-lo  -riim,  A-men 

Psalmodie  du  Ille  mode  chez  Guy  d'Arezzo  {De  mod.form.,  p.  91,  III). 


■(■): 

Glo-ri  -  a  et  nuitc  et    sem-per        et      in    sae-cu-la  sae-cu-lo- mm,  A-men. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  191 

I.  La  substitution  ci-dessus  décrite  a  eu  lieu  dans  les  antiennes 
et  dans  tous  les  autres  genres  de  chants  liturgiques. 

Coinntem.,  p.  214.  Version  postérieure. 

■ H^ i   ■ — ■( 

Qui  de     ter-ra     est      de      ter-ra      lo-qui-tur  etc.     Qui  de     ter-ra     est      de     ter-ra  ttc. 

Comviem.,  p.  222.  Version  postérieure. 


Tu    Beth- le-hem,         ter-ra       Ju  -  da^   etc.         Tu  Beth-le-hem,     ter-ra    Ju-daeic. 

Par  là  s'est  opérée  une  modification  radicale  de  l'harmonie 
dorienne.  Le  son  terminatif  E  a  perdu  le  caractère  de  fonda- 
mentale ;  il  est  descendu  au  rang  de  médiante  de  l'accord  C  E  G, 
ou  bien  il  a  pris  le  rôle  de  quinte  de  la  triade  A  C  E^  D'autre 
part  la  primitive  doctrine  des  modes  ecclésiastiques  a  été  atteinte 
dans  une  de  ses  principales  règles  :  «  Aucune  mélodie  ne  peut 
«  commencer  au-dessus  de  la  quinte  du  son  finaP.  »  En  effet  le 
groupe  des  antiennes  débutant  originairement  par  sitj  (thème  37) 
se  trouve  avoir  aujourd'hui  pour  note  initiale  ut,  la  sixte  de  la 
base  harmonique. 

Version  primitive. 

Do-mi-ne  mi        rex,       da  mi-hi    in   di  -  sco        ca  -  put  Jo-an  -  nis  Ba-pti-stae. 
De  Martyrio  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud. 

Version  postérieure. 


Do-mi-ne  mi        rex,       da  mi-hi     etc. 


IL  Le  déplacement  de  la  dominante  du  IIP  mode  a  dû  se 
produire  aux  environs  de  l'an  mille.  Guy  d'Arezzo  connaît 
encore    parfaitement    la   vraie    forme    du    deuterus   authente,    et 

1  Gerbert  :  câ     G 

Ju-  da. 

2  En  1875,  ignorant,  avec  tout  le  monde,  cette  révolution  modale,  je  me  mépris  sur  la 
structure  de  l'harmonie  dorienne,  ce  qui  m'empêcha  d'apprécier  la  division  de  Gaudence 
à  sa  juste  valeur. 

3  Le  tableau  d'Hucbald  (Mus.,  p.  120)  fait  voir  qu'au  commencement  du  X"  siècle 
aucune  antienne  du  deuterus  ne  commençait  plus  haut  que  la  paramèse  (t|). 


192 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS   RÉGINON. 


démontre  la  cause  de  l'innovation  dans  son  traité  De  modorum 
formidis  (p.  90)    : 


d  Iste  viodtis  non  adeo  aliorum  authenti- 
«  cam  servat  regtilam  :  cum  enim  alii  quitito 
«  habent  formulas,  iste  insuper  sexto  :  unde 
«  et  fines  vel  etiam  principia  distinctionuni 
«  in  sexto  a  se  gradu  constituuntur. 


«  Quod  non  autoritate  sed  ex  necessitate 
«  habet  :  erat  enim  nimis  difficile  très  con- 
«  tinuos  tonos  sine  semitonio  exprimere; 
«  idcirco  postposita  regulari  vocum  conne- 
«  xione,  nécessitas  est  secuta.  »  Ch.  V. 


«  Le  Ille  mode  n'a  pas  gardé  stricte- 
«  ment  la  règle  des  autres  modes  authen- 
«  tes.  Ceux-ci  en  effet  établissent  leurs 
«  formules  de  médiation  sur  le  5e  degré 
M  de  l'échelle  modale  ascendante,  tandis 
«  que  les  siennes  ont  lieu  de  préférence 
«  sur  le  6e.  C'est  pourquoi  ce  6^  degré 
«  commence  et  finit  souvent  les  membres 
«  mélodiques. 

«  Cela  s'est  fait,  non  par  raison,  mais 
«  par  contrainte.  Car  il  était  très  malaisé 
«  de  chanter  trois  tons  consécutifs  sans 
«  interposition  d'un  demi-ton.  En  consé- 
«  quence, négligeant  laconnexion  normale 
«  des  sons,  on  a  cédé  à  la  nécessité.  » 


III.  Des  70  antiennes  du  IIP  mode  que  nous  a  fournies  le 
tonariiis  de  Réginon,  cinq  ou  six,  tout  au  plus,  ont  échappé  à  la 
réforme,  et  se  rencontrent  encore  aujourd'hui  intactes  dans 
quelques-uns  de  nos  antiphonaires. 

Thème  36. 


^            -■■!■■■■-■■■ 

r'B"«l                             ■                 ■■ 

Fac  be  -  ni  -  gne          in     bo  -  na    vo  -  lun  -  ta  -  te     tu  -  a, 

S     ■     ■     ■                                                                        -■     - 

"*'■■■■■                         a"^^ 

■     ■     ^           "■■!■■             ^     ■     ,■     ■ 

ut     ae-di  -  fi  -  cen -tur    Do -mi  -  ne 

Dom.  III  in  Quadr.  ad  Laud.  (Pustet,  Solesmes). 


mu  -ri       Je  -  ru  -  sa  -  km. 


De  même,  dans  les  livres  de  Pustet,  Haec  est  generatio,  ci-dessus  p.  87;  Haec  est  quae 
7iescivit  torum,  p.  88. 

Notre  catalogue  thématique  donne  le  début  de  toutes  les 
antiennes  du  IIP  mode,  et  parfois  la  mélodie  entière,  dans  sa 
primitive  forme  musicale. 

§  150.  Les  altérations  modales  de  diverse  nature  qu'il  nous 
reste  à  signaler  n'affectent  que  des  groupes  restreints  d'an- 
tiennes, et  donnent  lieu  à  quatre  classes  de  chants  altérés.  Nous 
distinguerons  en  premier  lieu  des  mélodies  dénaturées  ou  dégé- 
nérées; 2°  des  mélodies  détournées  ou  égarées;  3°  des  cantilènes 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 


193 


que  nous  appellerons  déraillées,  faute  d'un  terme  plus  expressif; 
et  enfin,  4°  des  cantilènes  partiellement  transposées'. 

§  151.  Les  mélodies  dénaturées  conservent  d'un  bout  à  l'autre 
le-ur  dessin  primitif,  mais  en  le  posant  sur  une  autre  échelle 
modale.  Les  fonctions  harmoniques  correspondent  aux  mêmes 
sons;  seule  la  disposition  des  intervalles  de  ton  et  de  demi-ton 
est  changée.  Nous  subdiviserons  les  mélodies  dénaturées  en  deux 
catégories  :  dans  la  première  la  dégénérescence  s'est  produite  par 
fausse  analogie  (p.  i8g,  II). 

I.  Le  groupe  le  plus  nombreux  d'antiennes  de  cette  catégorie 
a  passé  du  deuterus  authente  (IIP  mode)  au  protus  (I"),  de 
l'harmonie  dorienne  à  l'éolienne.  Pour  cela  il  a  suffi  de  convertir 
la  quinte  tritoniée  avec  médiante  mineure  en  la  quinte  ditoniée 
correspondante  (p.  1 1),  le  triton  (F  —  tj)  en  quarte  juste  (pAîf  —  t]). 


Octave  dorienne  (deuterus).  Octave  éolienne  (protus). 


O 


e 
d 

c. 


o* 


a. 
G 

F- 

LE 


—     -d 


""e    zz 

~a    ~ 

d 

g 

c 

f 

r" 

-e 

a 

d 

G 

c 

F» 

\ 

-E 

_a 

F 
E 

D 


Trois  thèmes  nomiques  du  IIP  mode  présentent  des  exemples 
d'une  pareille  métamorphose. 

a)  Thème  36  (G  a  t}  G)  converti  en  thème  i  (F  G  a  F). 
L'antienne  Domine  qiiinque  talenta  se  chante  depuis  Guy  d'Arezzo 
en  I"  mode. 

FGaa  baGbâGEFGFËDD| 

Do  -  mi  -  ne,  quin-que    ta  -  len  -  ta      tra  -  di  -  di  -  sti       mi  -  hi  :  etc. 


'  Quant  aux  cantilènes  déformées  ou  défigurées,  celles  dont  le  contour  initial  a  plus  ou 
moins  souffert,  comme  elles  sont  rares  et  isolées,  nous  les  analyserons  individuellement 
dans  notre  catalogue  thématique,  afin  de  ne  pas  encombrer  le  présent  chapitre,  déjà 
très  rempli. 


194  CH.  VII.  —  ALTERATIONS  APRES  REGINON. 

Chez  Réginon  elle  appartient  au  IIP;  son  chant  primitif  était 
par  conséquent  celui-ci  : 


Do  -  mi  -  lie,        quin-que  ta  -  len  -  ta  tra  -  di-di  -  sti      mi  -  ht 


ec  -   ce  a   -   li  -  a    quin-que  su  -  per -  lu  -  cra-tus     sum. 

De  Con/ess.  ad  Laud. 

La  transformation  de  cette  mélodie  a  dû  avoir  lieu  avant  le 
déplacement  de  la  dominante  du  IIP  mode'  :  en  effet  G  ac  c 
aurait  donné  F  Gb  :?  (voir  ci-après  Gloriosi  principes). 

b)  Thème  35  (ÈD  Gai})  changé  en  thème  6  (DC  F  G  a).  Deux 
exemples  :  Deposuit  patentes  (p.  137),  Egredietur  virga.  Ce  dernier 
chant  s'est  altéré  entre  goo  et  1025^. 

Version  originale  : 

ËD     G     â^     5c     iî     b     EâÇcp  a 
E    -   gre  •  di    -    e   -  tur  vir  -  ga 


F 

G 

a 

GF 

EF 

E 

de 

ra  - 

di  - 

ce 

Jes   - 

se. 

D    E    G  EFG  FEDE    E    ET)  Gai^    t}    t|c    f;    t]    a    G    ai^    a    G  | 

et     re  -  pie  -  bi  -  tur  o   -    mnis  ter  -  ra  glo-ri  -  a    Do  -  mi  -  ni  ; 

G     F    Ga  GF     a     GF     EFG  GD  FGaGFEEH 

et      vi  -  de  -  bit       o  -  mnis     ca     -     ro  sa  -  lu  ■  ta  -  re       De  -  i. 

Fer.  II  post  Dom.  IV  Adv.  in  Evaiig. 

Version  dégénérée  : 

DC     F     Ga     âb    a    a    aG  abaG  G        E     F     G     FE     DE     D     | 

B    -   gre  -  di    -    e  -  tur  vir  -  ga  de     ra  -  di  -  ce        Jes    -    se,  etc. 

c)  Thème  38  (E  t;  c  t}  a  tj)  dénaturé  en  thème  3  (D  a  b  a  G  a). 

'  Il  en  est  de  même  pour  d'autres  chants  issus  du  thème  36  :  l'antienne  Pulchra  es, 
les  introïts  Ego  autan  cumjustitia.  Ego  autein  in  Domino,  la  communion  Principes  persecuti 
sunt.  Une  autre  communion,  Passer  invenit  sibi,  a  dégénéré  après  le  déplacement  de 
la  dominante  du  III'^  :  Ft?  b  l7  b  t^G  ac  C  suppose  Gc  C  C  C  ca  tjd  d.  Je  prends  mes 
exemples  dans  le  Graduel  de  D.  Pothier,  le  seul  que  j'aie  sous  la  main. 

2  Guy,  De  mod.  form.,  p,  82.  L'antienne  Deposuit  n'y  est  pas  mentionnée;  Vlntonarium 
la  note  en  I'""  mode  (p.  118).^  Dans  le  Graduel  de  D.  P.  l'antienne  de  communion  Beatus 
servHS,  dérivée  également  du  thème  35,  a  subi  la  même  altération  mais  en  partie  seulement. 
Le  début  et  la  fin  de  la  cantilène  sont  restés  en  Ille  mode,  le  milieu  s'est  dénaturé 
en  I=r;  on  a  haussé  d'un  demi-ton  le  degré  au-dessus  de  la  finale.  Ce  faJJ  a  été  dissimulé 
aux  regards  peu  clairvoyants  par  une  transposition  à  la  seconde  inférieure,  ce  qui  donne 
des  mib  au  commencement  et  à  la  terminaison. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  195 

Un   seul   spécimen,    encore   du    IIP  mode   chez    Guy   d'Arezzo 

{De  mod.  form.,  p.  gi). 

Version  originale  : 

EEfct?a{:}âGacâtl  tjaFGaGFEl 

Al  '  li  -  gci     Do  -  }ni  -  ne     in       vin  -  eu  -  lis  na  -  ti   -  0  -  nés  gen  -  ti    -    um, 

EGEFGaFG  FDFGEEE|| 

et        re  -  ges       e    -    a  -  runi  in      com  -  pe  -  di  -  bus.  Ps.  14g. 

Fer.  IV  maj.  hebd.  ad  Laud. 

Version  dégénérée  (Cf.  Inton.,  p.  122). 

DDâFaGaGFoFGa  aGEFGFËD| 

Al  -  li  -  ga     Do-mine      in      vin  -  eu  -  lis  na  -  ti  -  0  -  nés   gen  -  ti    -    uni,  etc. 

Après  l'exhaussement  de  la  dominante  du  IIP  mode,  la  trans- 
formation modale  s'imposait  pour  ce  type  mélodique,  sous  peine 
d'un  saut  de  sixte  (E  E  ce)  dès  le  commencement  du  chant. 
Aussi  le  thème  38  a-t-il  disparu  de  l'Antiphonaire,  totalement 
absorbé  par  le  thème  3. 

Parfois  la  dégénérescence  modale  est  de  date  récente.  La  can- 
tilène  de  l'hymne  Vexilla  régis,  qui  nous  est  devenue  aujourd'hui 
si  familière  en  I"  mode,  figure  encore  en  IIP  dans  mon  antipho- 
naire  du  XIIP  siècle. 

Thème  36. 
r"      ■      ■  ^"B 


Ve  -  xil  -la     Re    -   gis    pro  -  de  -  unt 


Quo  car-ne   car  -  nis    con  -  di  -  tor  Sus -peu    -    sus    est      pa  -  ti 

Une  autre  hymne  de  Venance  Fortunat,  Pange  lingua  (p.  7g), 
se  chante  des  deux  manières  jusqu'à  ce  jour,  bien  que  l'altéra- 
tion se  soit  déjà  produite  avant  le  déplacement  de  la  dominante 
du  IIP  mode,  ainsi  qu'on  le  voit  par  le  début  de  la  version 
dénaturée,  la  moins  répandue  (celle  des  livres  de  Pustet). 

Dans  tous  les  chants  qui  précèdent,  la  cause  immédiate  de  la 
dégénérescence  a  été  visiblement  la  fausse  analogie.  Cependant 
le  triton  a  dû  y  jouer  aussi  son  rôle.  Sans  cela  il  serait  difficile 
de  comprendre  pourquoi  la  transformation  inverse  (de  la  quinte 
ditoniée  en  quinte  tritoniée)  ne  se  rencontre  jamais.  Or,  il  n'existe 
pas  d'exemple,  à  notre  connaissance,  d'un  chant  du  I"  mode 
dénaturé  en  IIP. 


196 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 


II.  Un  très  petit  groupe  d'antiennes  dégénérées  par  fausse 
analogie  a  passé  du  protus  (I")  en  tétrard  (VIP  ou  VHP),  d'éolien 
en  iastien,  transmutation  qui  entraîne  le  déplacement  de  deux 
degrés  de  l'échelle  du  mode.  La  tierce  et  la  sixte  de  la  fonda- 
mentale, de  mineures,  sont  devenues  majeures. 


Octave  éo 

ienne  (protus).           Octave 
-d 

iastienne 

rd    = 

c 

H 

-a 
G 

n 

E 

(tétrard) 

C     .    .    .            

f 

b— — 

-a 

e 

-d 

G 

c 

F ^ 

E     

_D 

-G 

a)  Thème  3  (Da  a)  converti  en  thème  26  (Gd  d).  Urbs  fortitu- 
dinis  a  depuis  le  moyen-âge  une  mélodie  du  VIP  mode'. 

GddddddfdcddlijdccdcatjctîaGG 
Urbs  for  -ti  -iu-di-nis  no-strae  Si  -  on,       Sal-va-tor  po  -  ne  -  ttir  in     e  -  a      tnu-rus  tic. 

Réginon  fait  chanter  cette  antienne  en  P""  mode  {Tonar.,  p.  5), 
conséquemment  ainsi  : 

-S m      m      m      m — ■  — ■ ■ ■ ■_ 


Urbs  for  -  ti  •  tu  ■  di  -  nis    no-strae  Si  -  on, 


^0^ 


± 


Sal-va-tor  po-ne  -  tur  in    e  -  a     mu-riis      et        an  -  te  -  mil  -  ra 


le: 


a; 


S5 


■=N=i= 


a-  pe-ri  -  te    por-tas,  qtii-a      no-bis-cuin  De-us,        al-le-lu-ia. 

Dom.  II  Adv.  ad  Laud. 


I  Inton.,  p.  134.  Cette  antienne,  omise  par  Guy,  commençait  déjà  à  se  dénaturer  au 
Xe  siècle.  «  Urbs  forlitudinis  a  primo  tono  incipit  et  in  octavum  desinit,  propter  semi- 
«  tonium  (ab)  quod  imprudens  non  suo  loco  subjunxit,  eo  ubi  Aperite  portas  intulit.  » 
Ps.-Hucb.  Alia  mus.,  p.  140.  C'est  le  fa  du  mot  antemurale,  on  le  voit,  qui  a  provoqué, 
au  début  du  membre  final,  la  transformation  en  majeur,  que  la  similitude  des  thèmes  a 
étendue  plus  tard  à  toute  la  mélodie. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 


197 


D    C   E     G   F   D 

ad -versus    Do-mi-num.. 


G    F 


F   E     D    D    11 
Christnm  e  -jus.  Ps.  2. 


c    fc}    G         t;     a     G    G^ 

ad-ver-sus    Do-mi-num...  Christum  e  -  jus. 


b)  Thème  10  (D  CD  D)  dégénéré  en  thème  12  (G  FG  G).  La 
transformation  modale  de  l'antienne  suivante  est  postérieure  à 
Guy  d'Arezzo. 

Chant  primitif  (I^r  mode)  : 

D     CD     DDDDFD. 

Ad-sii   -    te-nint  re-ges  ter-rae, 
Chant  récent  (Ville)  : 

GFGGGGGbG. 

Ad  -  sti  -  te-runt  re-ges  ter-rae, 

De  Parasc.  in  I  noct. 

§  152.  La  seconde  catégorie  de  cantilenes  dénaturées  s^ est  produite 
par  la  présence  d'une  succession  renfermant  la  fausse  quinte^  intervalle 
plus  antipathique  encore  que  le  triton  aux  chantres  du  moyen 
âge,  et  qui  parfois  a  dû  céder  la  place  à  la  quinte  juste. 

I.  C'est  le  VIP  mode  qui  exhibe  le  plus  souvent  la  dissonance 
mélodique  (p.  131,  Caro  mea)  et  qui  subit  principalement  l'altéra- 
tion. Il  dégénère  en  V"  mode  :  l'iastien  se  transforme  en  hypo- 
lydien  normal.  Deux  degrés  de  l'échelle  montent  d'un  demi-ton. 

Octave  iastienne  (VlJe).  Octave  hypolydienne  (V^). 


(g) 

r— f 
ii  e 


rt  c- 


(g  -     f) 

.e  zi    d 

ù 

3  d  =:    c 

-t;  =  a 

a  =   G 


G GzzF 

La  plupart  des  exemples  appartiennent  au  nome  24,  dont 
toutes  les  mélodies  ont  le  V^  mode  dans  certains  antiphonaires 
de  l'époque  moderne.  Au  début  du  thème  la  fausse  quinte, 
comprise  entre  le  3^  et  le  7^  degré  de  l'octave  iastienne  (sit^  —  fa), 

I  Comme  dans  Urhs  fortitudinis,  l'altération  s'est  attaquée  à  la  dernière  partie  de 
l'antienne,  mais  ici  elle  n'a  pas  envahi  le  début  du  chant.  —  La  variante  du 
thème  10  possède  un  second  spécimen  de  même  espèce  :  Adstiterunt  justi.  —  Exemple 
unique  de  la  dégénérescence  inverse  (de  tétrard  en  protus),  par  vague  analogie  du 
thème  14  avec  la  variante  du  thème  10  :  Laudate  Deiim  (Dom.  i  Quadr.  ad  Laud.); 
Réginon  :  a  FG  Ga  FG  G,  Solesmes   et  Trêves  :  E  CD  DE  CD  D. 

27 


198  CH.  VII.  —  ALTERATIONS  APRÈS  REGINON. 

est  éliminée;  dans  la  seconde  incise,  par  contre,  un  triton  indirect 
se  produit  entre  le  4^  degré  et  la  finale  de  l'échelle  hypolydienne 
(sii}  —  fa).  On  annula  plus  tard  cette  nouvelle  discordance  par 
une  altération  accidentelle  :  le  b  devant  le  si. 

Mélodie  primitive,  en  VlJe  (Pustet,  Solesmes)  : 

Fausse  5*  | 


§ 


Ca  -  ro      me     -     a  re  -  qui 

Mélodie  récente,  en  V^  (Plantin,  Lambillotte)  : 


scet      in 


spe. 


Triton. 


Ca  -  ro      me 

Sabb.  sancto  in  I  noct. 


-(b)- 


qui  -  e  -  scet 


spe. 


Il  existe  d'autres  spécimens  de  cette  transformation,  à  savoir 
deux  chants  dérivés  du  thème  25  :  Paganonim  muUitudo,  Nazaraeiis 
vocabitur  ' . 

II.  Le  VP  mode  admet  le  si  b  comme  broderie  mélodique 
(p.  96).  Par  là  il  peut  donner  lieu  à  des  successions  contenant 
la  fausse  quinte  E — b  ou  b  — E,  et  en  ce  cas  il  est  sujet  à  se 
dénaturer  en  VHP  mode.  Le  changement  est  inverse  du  précé- 
dent :  l'hypolydien  se  convertit  en  iastien.  Le  son  inférieur  de  la 
dissonance  s'abaisse  d'un  demi-ton. 

Parcours  mélodique 
du  VJe  mode. 


Parcours  mélodique 
du  Ville  mode. 

c 

— 

d 

—  i7 

= 

c 

a 

— 

t| 

|g 

— 

a 

O'Y  (fi 

nale) 

G  (finale) 

_Etr 

— 

F 

D 

— 

E 

C c       =       D 

L'antiphonaire  de  l'office  ne  nous  a  fourni  qu'un  seul  exemple  de 
cette  altération;  encore  la  version  dénaturée  n'a-t-elle  pas  réussi 

*   La  première  des  deux  antiennes  est  déjà  du  V^  dans  la  Commemoratio  (p.  215);  la 
seconde  a  dégénéré  à  une  époque  inconnue. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  199 

jusqu'à  ce  jour  à  se  faire  accepter  partout.  Une  partie  seulement 
des  recueils  modernes  exhibe  la  mélodie  du  VHP  mode. 

G     G      GFD     EFGaGG         Gaccct|aGaG| 

A  -  H  -   as  0  -  ves     ha  -  be  •  0         qiiac  non  sunt  ex     hoc        0    •    vi  -  li  : 

(Pustet,  Plantin,  Solesmes). 

Les  autres  ont  conservé,  sauf  quelques  déformations,  la  version 
en  VP,  que  nous  restituons  ainsi  à  l'aide  de  nos  documents  : 

.     I     Fausse  quinte.     1 


ï 


A  -  H  -  as         0  -ves    ha  -  be  -  o,        qtiae  non  sunt  ex     hoc      o    •    vi  -  li  : 

^^  ■■-■-■    ■    ■  ^■^^^=H 


et         il  -las    0  -  par  -  tet  me   ad  -  du  -  ce      -      re, 


Ë^ 


et       vo-cem  me- am     au  -  di    -    ent  : 


et  fi  -  et       M  -  num  o  -  vi     -     le  et  u  -  nus  pa-stor,  al -le  -  lu  -  ia  '. 

Dom.  I  post  Oct.  Paschae  in  Evang.  (Trêves,  Lambillotte). 

§  153.  Venons  aux  mélodies  que  nous  qualifions  d'égarées, 
détournées.  Par  l'effet  de  Vanalogie  réelle  de  deux  ou  de  plusieurs 
thèmes  (ci-dessus  p.  i8g),  le  chantre  a  passé  de  l'un  à  l'autre 
sans  s'en  apercevoir,  conduisant  ainsi  la  cantilène  vers  une  finale 
différente   de  celle  qu'elle    avait   à  l'origine.    Des  changements 

I  Dans  le  Graduel  la  communion  Primum  quaerite  est  du  Vie  chez  Réginon  (début  : 
FFG  F  F  FEFDE  C),  du  Ville  chez  D.  Pothier  (GGa  G  G  FEF  D).  De  même 
Simile  est  regnum.  —  C'est  également  la  fausse  quinte  qui  a  causé  l'altération  des 
nombreux  graduels  chantés  sur  la  mélodie  de  Justus  ut  palma.  Nous  savons  par  Aurélien 
(pp.  47-48)  que  de  son  temps  ils  étaient  du  IV^  mode;  aujourd'hui  ils  se  sont  dénaturés 
en  11=  (EF  G  ab  est  devenu  D  EF  G  a=a  t^c  d  e). 

IXe  siècle  : 

DFË  E      E  E  GË  Gai'  GË  ^  FED   D   DC  EDE  ËC   |   DE  G  GED  EFG 
Ju  -  stus... sic-ut   ce       -      drus  Li-ba        -        ni 

Xle  siècle  :  

CED  D      D  DFDFGa  FDDCËFdC  C  CBDCD  DB   I  CDFFDCDÊF 
Ju  -  stus...  sic-ut  ce       -       drus  Li-ba        -        ni 

La  dégénérescence  est  antérieure  à  Bernon  de  Reichenau  (f  1045). 


20O  CH.  VII.  -  ALTÉRATIONS  APRES  REGINON. 

pareils  qui  n'entraînent  aucune  modification  de  l'échelle  commune 
se  voient  en  maint  endroit  de  l'antiphonaire,  mais  ils  se  sont 
rarement  généralisés.  Il  suffira  de  montrer  ici  les  plus  impor- 
tants. 

I.  Le  I"  mode  s'égare  vers  la  fin  de  la  mélodie  en  VP,  par 
suite  d'une  confusion  des  thèmes  i  et  40.  Exemple  : 


Mélodie  ancienne  (R.)  : 

F     G     a     GF     G     F     F 

E  •  sto    mi  -  hi       Do  -  vit  -  ne 

Terminaison  actuelle 

(Fer.  V  ad  Noct.) 


F     E     F     G     FE     D     D      H 

in    De  -  um   pro  -  te    -    cto  -  rem.  Ps.  70. 

DFGFGaGFll 

_in      De  -  um   pro  -  te  -  cto  -  rem.^ 


II.  Le  IIP  mode  prend  la  terminaison  du  VHP,  à  raison 
de  la  similitude  du  thème  36  avec  plusieurs  nomes  du  tétrard 
(12,  25,  30).  Exemple  : 

Mélodie  ancienne  (R.)  : 

GGGfcaGtjâccl:}      | 
Ad-hae-  sit     a  -  ni -ma   me  -  a     post   te, 


ddcacfcjtjcaGtica 

qui  -a      ca  -  ro    me  -a       la  -  pi  -  da-  ta    est 

Terminaison  actuelle 


"g     tjc     a     a     GF     E 

pro    te    De  -  us     me  -  us. 


G     tjc     a     a     G     G     II 
-pro    te      De  -  us     me  -  «s.* 

De  S.  Steph.  ad  Laud.  Seul  Pustet  a  gardé  jusqu'au  bout  le  mode  primitif. 

Les  deux  déviations  précédentes  correspondent  à  ce  que  l'on 
appelle  en  musique  moderne  le  passage  du  mineur  au  majeur  relatif. 
En  effet  le  I"  mode  ecclésiastique  est  au  VP,  et  le  IIP  au  VHP, 
ce  qu'est  chez  nous  ré  mineur  à  fa  majeur,  mi  mineur  à  sol 
majeur.  Il  est  à  remarquer  que,  dans  cette  lutte  entre  les  deux 
modes  parallèles,  l'instinct  des  chantres  occidentaux  semble  avoir 
toujours  penché  vers  le  majeur;  aucune  ancienne  mélodie  du 
VP  mode  ne  s'est  égarée  en  P"",  aucun  thème  du  VIP  ou  du 
VHP  mode  ne  se  termine  aujourd'hui  en  IIP. 

'  De  même  aujourd'hui  l'antienne  Fundamenta  ejus  ;  dans  le  Graduel,  la  communion 
Surrexit  Dominus,  en  1er  chez  Réginon  (D  FDF  FGa),  en  Vie  chez  D.  Pothier. 

2  La  communion  Christus  resurgens  est  du  Ille  chez  Réginon  (Ga  GaJ:|c  ha  cd),  du 
ville  chez  D.  Pothier. 


CH.  VIL  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  201 

III.  Le  V*"  mode  aboutit  à  une  cadence  finale  en   VHP,  les 
thèmes  44  et  18  ayant  été  pris  l'un  pour  l'autre  : 

Mélodie  ancienne  {Enchir.,  p.  158)  : 

II 


C       C       CI 

In  -  tel  -  li 


a 

se 


Terminaison  actuelle 
(Feria  II  ad  Laiicl.) 


aaaaGaGF 

cîa-mo-rem  me-  uni   Do  -  mi  -  ne. 

FGatjGaGG 

cla  -mo-rem  me-um   Do -mi  -  ne.^ 


IV.  Le  I"  mode  tourne  en  IV^  vers  la  fin  du  chant.  Le  spécimen 
suivant  montre  le  thème  7  supplanté  par  le  thème  32. 

Mélodie  ancienne  (encore  en  usage)  : 

D    ËF    G    E    G    FÊ    DF    DEC  ~~ 

Ger  -  7ni  -  na  -  vit    ra  -  dix    Jes  -  se, 


F  G    a   G  F     F  E  FGFD   D 

Vir-go  pe  - pe-rit    Sal-va -ta      -     rem  : 

Terminaison  chez  Plantin 
De  Oct.  Nat.  Dlii  ad  Latid. 


DÇ    F    G    a    GF    Ga    GF    F    I 

or  -   ta    est  stel-Ia        ex     Ja  •  cob  : 

Ga   F   FÊ   CE   GÊ   FÊ  D    D     | 

te     lau  -  cla  -  mus     De  -  us     no  -  ster. 

DGa   F   FE    CD    G   GF   E   E     | 

-te        lau-da  -  mus  De  -  us     no- ster. 


V.  Le  tétrard  (VIP,  VHP)  prend  la  terminaison  du  protus  (P"")  ; 
d'iastienne  la  mélodie  devient  iasti-éolienne,  et  se  transpose 
aujourd'hui,  comme  tous  les  chants  de  même  espèce,  à  la  quinte 
grave,  c'est-à-dire  par  bémol  (cf.  p.  109,  Postiilavi). 

Mélodie  ancienne  (R.) 
encore  partiellement  en  usage 


Version  de  la  plupart  des  livres 
actuels  : 


^                     ■ 

^            ■■'■■■■■^                ' 

■          ■          "■■■«■^ 

■    ■    1 

As-sum-psit  Je  -  sus     di  -  sci  -  pu  -  los 

su  -  os. 

'^          ■■"■■■■-■■■              1 

^■"          ■■■«■■ 

m    m 

As-sum-psit  Je  -  sus     di  -  sci  -  pu  -  los     su  -  os, 


s         _ 

-     "^     ■ 

■"     ■    1    ■     ■     ■ 

^ 

»»      ■ 

■        ■     ■            ■ 

■     ■ 

■ 

et 

a  -  scen  -  dit 

in 

mon-tem,      et  trans-fi  -  gu - 

ra  -  tus   est 

l^    ■ 

-     "^     ■ 

■'     ■    1    ■     ■     ■    ~ 

^ 

îS    ■_ 

■        ■     ■             ■ 

■     ■ 

^                                                                                                m 

an  -te        e  -  os. 


et     a- scen -dit    in  mon-tem,      et  trans-fi  -  gu  -  ra  -  tus   est 
Sabb.  ante  Dont.  II  Quadr. 


an  -  te 


e  -  os.^ 


I  La  communion  Mense  septimo  est  du  Ve  chez  Réginon  (c  âc  c  Se  c),  du  Ville  chez 
D.  Pothier.  —  A  Trêves  le  thème  44,  transposé  au  grave,  s'identifie  avec  le  thème  ^^. 

a  Dans  les  chants  de  communion  la  déviation  en  sens  opposé  prédomine,  Fidelis 
servus,  Redime  me,  Mirabantur  omnes,  commencent  et  finissent  en  protus  (I",  IJe)  chez 
Réginon;  aujourd'hui  ayant  la  finale  du  VI I^,  elles  sont  en  entier  adjugées  à  ce  mode. 


202  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 

...VI.  Certains  changements  de  finale  ne  constituent  pas  de 
véritables  transitions  harmoniques.  Il  en  est  ainsi  lorsque,  en 
hypolydien  ou  en  iastien,  on  échange  la  terminaison  de  la  forme 
normale  contre  celle  de  la  forme  intense  et  réciproquement  : 
c'est-à-dire  quand  on  finit  un  V^  mode  en  IP,  un  VIP  en  IV%  ou 
vice-versa.  La  mélodie  suivante  se  chante  en  VIP  mode  dans 
tous  les  antiphonaires  récents;  elle  est  du  IV*  chez  Réginon. 
Au  lieu  de  la  conclusion  affirmative  qu'elle  prend  aujourd'hui, 
elle  avait  jadis  une  cadence  suspensive. 

Mélodie  ancienne  : 

aGaccccced  cdfeddi^dedc    cdc     cijc    | 

I  - pse prae-  i  -  bit  an  -  te     il  -  liitn        in    spi-ri-iti     et  vir -  tu  -  te     E  -  H     -    ae, 


c     cj}     a     iîc     a     G 

Pa  -  ra  -  re    Do  -  mi  -  no 

Terminaison  moderne 

De  s.  Joh.  Bapt.  in  Evang. 


ce     ac     d     i|     if    II 

ple-bem  per-fe-ctam. 

ce     âc     i;    G    G     II 
_pie  •  bem  per-fe-ctam. 


Le  changement  opposé  a  eu  lieu  pour  l'antienne  Gloriosus 
upparnisti,  issue  du  même  nome  (th.  27)  ;  d'un  bout  à  l'autre  en 
VIP  mode  chez  Réginon,  elle  se  termine  aujourd'hui  en  IV*.  — 
D'autres  spécimens  de  cette  sorte  de  métaboles'  se  verront  dans 
notre  catalogue  analytique. 

§  154*  Quelques  mélodies  antiphoniques  ont  successivement 
subi  les  deux  espèces  d'altérations  déjà  décrites  :  après  s^être 
dénaturées  d'abord,  elles  se  sont  ensuite  égarées.  Examinons  les 
principaux  cas  de  cette  espèce. 

I.  L'antienne  Gloriosi  principes,  du  IIP  mode  chez  Réginon, 
(th.  36),  est  du  VP  dans  tous  nos  antiphonaires.  Voici  comment 
s'est  effectuée  cette  bizarre  métamorphose.  La  cantilène  du 
deuterus  (IIP)  a  commencé  par  dégénérer  en  protus  (comme 
Domifte  quinque  talenta,  p.  193);  à  une  époque  postérieure  elle  a 
passé  au  tritus  plagal  (comme  Esto  inihi  Domine,  p.  200).  En 
partant  de  la  mélodie  chantée  de  nos  jours  on  peut  donc  sans 
difficulté  remonter  à  la  primitive  forme  modale. 

I  C'est  là  ce  que  les  Anciens  appelaient  un  changement  de  Véthos,  de  l'effet  moral 
du  chant.  Dans  l'antienne  Ipse  praeibit  la  terminaison  primitive,  vague,  convenait  mieux 
que  la  cadence  parfaite  à  un  texte  prophétique,  à  l'annonce  d'événements  à  venir. 


VI^  mode  : 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 


203 


§ 


Glo-ri  -  0    •    si  prin-ci- pes  ter-rae,     quo-mo-do  in   vi-ta       su   -   a   di  ■  le-xe-runt  se. 


^ziji'zizlzai-.^-,^  ,1 


Glo-ri  -  0  -  si  prin-ci -pes    ter-rae,    quo-mo-do   in   vi-ta      su  -  a    di-le-  xe-runt  se. 


i    -    ta    et     in    m  or -te 


non      sunt  se  -  pa-ra-  ti. 


HJe  mode  : 


^ 


Glo-ri  -  0  -   si  prin-ci -pes   ter-rae,     quo-mo-do  in  vi-ta     su  -  a     di-  le-xe-runt  se; 


i   -    ta    et       in    mor  -  te 


non      sunt    se  - pa-ra-ti. 


Parvenus  à  cette  plus  ancienne  version,  nous  nous  apercevons 
que  ce  n'est  pas  encore  là  tout  à  fait  le  chant  originaire,  puisque 
la  voix  s'arrête  à  chaque  moment  sur  ut,  sixte  aiguë  du  son  final. 
Nous  en  concluons  que  la  mélodie  a  commencé  à  s^altérer  seulement 
après  le  déplacement  de  la  dominante  du  IIP  mode  (p.  191).  Celle-ci 
îioit  être  replacée  à  sa  véritable  hauteur,  pour  nous  rendre  dans 
son  intégrité  la  cantilène  de  Réginon. 


^ 


acii: 


^i 


Glo-ri-o    -    si  prin-ci-pes    ter-rae,     quo-mo-do   in  vi-ta     su  -  a    di  -  le-xe-  runt  se, 


^— ■. 


i    -    ta    et      in     mor -te 
De  S.  Paulo  in  Evang. 


non     sunt  se  -  pa-ra  -  ti. 


Il  n'y  a  rien  d'hypothétique  dans  la  démonstration  qui  précède. 
Nous  en  donnerons  la  preuve  par  un  autre  chant  du  thème  36, 


204  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 

Hodie  Christus  natus  est,  dénaturé  à  une  date  plus  ancienne,  et 
dont  les  trois  phases  modales  nous  sont  connues  par  des  docu- 
ments écrits.  Ici  la  version  intermédiaire,  en  I"  mode,  subsiste  et 
se  chante  jusqu'à  ce  jour.  L'altération  initiale  est  antérieure  au 
déplacement  de  la  dominante  du  IIP  mode. 

III''  mode  (Réginon). 

Ga^ijSâci;  âq      GFEFGa^GGFËD        E  FGF  E  E  || 

Ho-di-e   Christus Glo  -  ri  -  a    in  ex-cel-sis  De  -  o,  al-le    -    lu-ia. 

l'-r  mode  (Guy  d'Arezzo  et  la  plupart  des  livres  modernes). 

F  Ga  a  âÔF  a  GaFËDEFGaFFËDC       D  EFE  D  D  || 

Ho-di  •  e  Christus Glo  -  ri  -  a    in  ex- cd  -  sis  De  -  o,  al-le   -    lu-ia. 

VI"  mode  (Lambillotte). 

FGa  a  a  aGa7  a  FaGFE  D  DC  D  E  FaG  F  FË  DC       G  GaG  F  F  || 

Ho-di-e  Chri-stus Glo     -     ri-a      in  ex-cel  -  sis  De -o,  al-le    -    lu-ia.^ 

II.  On  peut  également  considérer  comme  doublement  altérée 
l'antienne  Liberavit.  Réginon  la  chantait  régulièrement  d'un  bout 
à  l'autre  en  VIP  mode. 


± 


Li-be-ra    -    vit  Do-mi  -  nus      pau   -   pe-rem     a    po-ten-te,  etc. 

De  Cena  Dni  in  II  noct. 

La  fausse  quinte  au  début  a  fait  subir  au  thème  24  sa  dégé- 
nérescence habituelle  (p.  198).  Délaissant  sa  primitive  échelle 
modale,  la  cantilène  s'est  engagée  dans  la  voie  du  V^  mode. 


Li-be-ra    -    vit 


Mais  après  avoir  franchi  le  pas  difficile,  se  trouvant  tout  à  coup 
devant  plusieurs  descentes  abruptes  de  triton, 

1 1  I [ 


EIB 


Do  -  mi  -  nus  '     pau   -  pe  -  rem     a     po-  ten  -  te,  etc. 

ï  Des  exemples  similaires  ne  manquent  pas  dans  le  Graduel.  La  communion  Dicit 
Dominus  est  originairement  du  III''  (Réginon  :  G^  if  iijcilja  t]a  aGa  Ga)  ;  aujourd'hui 
elle  se  chante  en  V^  (D.  Pothier  :  Fa  a  afaG  aG  GFG  FG);  pareillement  De  fructu 
operum  (début  primitif  :  G  â^  ll[,  début  actuel  :   F  Ga  a). 


CH.  VU.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  205 

elle  change  sa  direction,  et  se  trouve  aboutir  à  la  finale  du  mode 
laissé  primitivement  de  côté. 


Li  -bc-ra     -     vit  Do  -  mi  -  nus         paii  -  pe  -  rem     a     po  -  ten  -  te,  etc. 


Cette  combinaison  bizarre,  que  l'examen  comparatif  des  chants 
nous  démontre  avec  une  évidence  absolue,  s'est  produite  entre 
le  XP  et  le  XIIP  siècle'. 

§  155.  Expliquons  maintenant  ce  que  nous  entendons  par 
cantilenes  déraillées.  Ce  sont  des  phrases  musicales  qui,  dans  une 
certaine  portion  de  leur  longueur,  ont  été  accidentellement  jetées 
hors  de  leur  voie  mélodique,  qu'elles  suivent  à  un  degré  de 
distance.  Le  spécimen  principal  de  ce  genre  d'altération  est  le 
thème  2g  avec  ses  deux  variantes  ;  il  se  rencontre  à  chaque  pas 
dans  l'antiphonaire  et  a  charmé  quarante  générations  de  fidèles  : 
Réginon  n'a  pas  moins  de  75  antiennes  qui  le  reproduisent. 
Depuis  plus  de  mille  ans  cette  petite  cantilène  a  exercé  la  saga- 
cité des  musicistes,  qui  ont  successivement  essayé,  mais  en  vain, 
de  la  plier  aux  règles  traditionnelles  de  la  psalmodie  romaine 
sans  offusquer  l'oreille.  Elle  a  donc  une  histoire  assez  longue, 
dont  nous  allons  rapidement  décrire  les  diverses  phases  à  partir 
de  nos  premiers  documents  écrits. 

I  (850).  Chez  Aurélien  les  antiennes  appartenant  à  notre  thème 
nomique  —  Ante  torum,  Gaude  Maria,  Fidelia,  —  sont  englobées 
dans  le  VIP  mode,  (5%  6^  et  8^  divisions),  dont  elles  avaient 
apparemment  gardé  la  modulation  psalmodique  depuis  les  temps 
antérieurs  à  l'établissement  de  VOctoechos"^.  C'est  ce  que  nous 
appellerons  Vétat  originaire  de  ce  groupe  de  chants;  exemple 
Ex  Aegypto  (p.  120). 

*  Guy  range  l'antienne  Liberavit  parmi  celles  qui  ont  d  pour  note  initiale  (p.  104)  ;  il 
avait  donc  en  vue  la  forme  correcte,  Wlntonariuvi  donne  le  début  altéré  (p.  142),  comme 
de  nos  jours  la  plupart  des  antiphonaires  (Pustet,  Solesmes,  Lambillotte).  Plantin  garde 
le  V*  mode  (avec  sib)  jusqu'à  la  fin.  Chose  étonnante,  Trêves  et  Lyon  ont  encore  d'un 
bout  à  l'autre  la  primitive  version  modale. 

»  Dans  sa  forme  principale,  cette  psalmodie  se  termine  précisément  en  iastien  intense 
(pp.  117-118).  Au  reste,  d'autres  antiennes  du  IV=  mode,  non  hybrides  {Vigilate,  Nisi 
diligenter),  ont  encore  chez  Réginon  la  cantilène  psalmodique  du  VII*  mode. 

28 


2o6 


CH.  VII.  —  ALTERATIONS  APRES  REGINON. 


II  (900).  Réginon  n'indique  la  psalmodie  du  VIP  ton  que  pour 
le  texte  précité.  De  son  temps,  toutes  les  autres  antiennes  du 
thème  29  avaient  été  annexées  au  deuterus  plagal,  dont  elles  for- 
maient trois  divisions  (2^,  3^,  4^).  Nous  devons  donc  les  supposer 
chantées  alors  avec  l'intonation  ordinaire  du  IV^  mode  (p.  116)  : 
c'est  le  deuxième  état  de  notre  cantilène  antiphonique. 

_f2. 


S 


fe^ 


^    ■ 


^3 


Be-ne-di -cta    tu       in    mu-li   -    e-ribus,      et      be -ne-di  -  ctus  fructus  ventris  tu-i. 


Be-ne-di-ctus...  et   ntinc     et   sem-per,      et      in    sae-cu-la  sae-cu-lo-rum,    A-nten. 


Jï 


fcrr--^+-^ 


^ 


Be-ne-  di  •  cta   tu         in    mu-li  -  e-  ri-bus,^  etc. 


Déjà  l'on   aperçoit    ici   la  cause  prochaine   du   déraillement  : 
la  fausse  analogie  des  deux  mélodies  juxtaposées^  (p.  190). 


Ce  fut  naturellement  la  psalmodie  qui  l'emporta.  A  la  fin  du 
cantique  ou  du  psaume,  le  chœur,  plein  de  la  formule  mélodique 
qu'il  venait  de  répéter  à  satiété,  dut  être  facilement  entraîné,  en 
reprenant  l'antienne,  à  l'attaquer  un  ton  trop  haut. 


!^Z=K 


Si -eut    e  •  rat...         et     nunc      et    sem-per...        sae  -  eu  -  lo  •  rum,  A  •  men. 


¥S;=g=M 


Be-ne-di -cta     tu         in      mu-li    -    e  -  ri-bus.... 


»  A  notre  grande  surprise  nous  avons  rencontré  dans  l'antiphonaire  de  Lambillotte 
une  antienne  du  thème  29  notée  sous  cette  primitive  forme  mélodique  d'un  bout  à 
l'autre  :  Gratta  Dei  in  me  vaeua  non  fuit  fp.  365). 

*  Aujourd'hui  que  la  psalmodie  du  IV^  ton  commence  un  peu  différemment  (a  Ga  a), 
l'analogie  n'est  plus   aussi  frappante.  Mais  au  Xe  siècle  le  dessin  initial   (E  G  a)  se 
chantait  même  pour  les  psaumes  du  cursus  ordinaire.  Voir  la  Commemoratio,  p.  217  : 
EGGaaaGatîa  aGaaaGFÊH 


Tu    man-da  -  sti  man-da  -  ta     tu  •  a 


eu  -  sto  -  di  -  ri 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  207 

Mais  à  continuer  de  la  sorte,  on  aboutissait  forcément  à  un  faff  : 


i^^    ■    '^T^.T.    ■g*-g=gi=x 


et       be  -  ne  -  di  -  dus  frn-ctus  ven-tris  tu  -  i. 

et  tout  le  chœur  se  serait  ainsi  trouvé  hors  de  ton.  Il  fallut  donc 
trouver  le  moyen  de  remettre  la  mélodie  d'aplomb  et  de  retomber 
en  finissant  sur  E.  On  y  parvint,  tant  bien  que  mal,  en  redescen- 
dant d'un  degré,  tout  en  gardant  l'échelle  diésée,  pour  chanter 
le  second  membre. 


$â): 


:■=* 


^    ^-^^^ 


Be  -  ne- di  -  cta     tu        in     mu  -  U   -   e  •  ri- bus,  et      be  -  ne  -  di  -  ctus 


m=.-i=M^ 


'M     ■" 


fru-ctus  ven-tris  tu  -  i^. 

Cependant  après  s'être  dénaturé  ainsi,  influencé  par  l'intonation 
psalmodique  du  IV^  ton,  notre  thème  ne  s'harmonisait  pas  mieux 
avec  elle.  Auparavant  l'antienne  avait  un  bémol  de  plus  que 
le  psaume,  maintenant  elle  se  trouvait  avoir  un  dièse  de  plus. 
En  outre,  sa  dernière  moitié  avait  passé  à  l'échelle  du  protus 
(si   la    solfajf   mi  =  la   sol    fat} mi    ré). 

III  (940).  Aussi  la  mélodie  déraillée  fut-elle,  moins  d'un  demi- 
siècle  après  Réginon,  détachée  du  IV^  mode  et  adjointe  au 
premier  double  mode  ecclésiastique,  dont  la  forme  authente 
possédait  déjà  quelques  antiennes  issues  du  même  nome^  (th.  31). 
Toutefois  les  deux  groupes  de  chants  restèrent  distincts.  Le 
thème  récemment  transformé,  qui  s'étendait  plus  vers  le  grave, 
fut  assigné  au  plagal  du  protus  (IP  mode).  On  lui  donna  une 
psalmodie  spéciale,  à  double  formule  mélodique,  «  en  sorte,  »  dit 
la  Commemoratio,  «  que  le  premier  chœur  chante  un  verset  à  sa 

ï  En  1875,  tenant  cette  forme  de  la  mélodie  pour  antique,  je  la  croyais  dérivée  du 
vieux  mode  locrien  (Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  158),  encore  mentionné  à  l'époque  romaine. 

2  Réginon  (ap.  Gerb.,  Script,,  t.  I,  p.  231)  connaît  deux  classes  d'antiennes  hybrides 
commençant  en  Vlle  mode,  les  unes  finissant  en  I"  (^Ante  me.  Ex  quo  facta  est),  les 
autres  en  IVe  [Ex  Aegypto,  Ad  te  Domine,  etc.).  Cette  dernière  classe  n'exista  plus  après 
l'altération  du  thème  29. 


2o8  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 

«  manière,  et  que  le  second  chœur  répond  d'une  autre  façon'.  » 
Voici  la  traduction  de  l'exemple  noté  dans  le  vieux  traité,  le 
troisième  état  de  notre  thème  antiphonique. 

'^^ ^,,~irB"-»-T=i"-'    ■■    ■=gJ=T=^ 


% 


Be  -  ne  -  di  -  cta     tu         in      mn  -îi    •    e  -  ri-btis,       et        be  -  ne  -  di  -  dus  ^  f ru -et  us 


J2_ 


^ 


ir  Chœur. 


ven-tris  tu  -  i.  Be  -  ne  -  di-ctus  3  Do-7ni  -  nus  De  -  us    Is  -  ra  ■  el,         qui  •  a 


J2_ 


26  Chœur. 


% 


vi  •  si-ta-vit   et    fe-cit    re-demp-ti  -  o-nem  pie  •  bis   su  -  ae.  Et     e  -  re-xit 

JH ■     ■     ■ ^ ■ 


^ 


cor  -  nu    sa  -  lu  -  tis    no -bis,        in    do-  ma  Da-vid  pu  -  e  -  ri    su  -  i.  4 

IV  (1025).  Bien  qu'il  continuât  à  se  chanter  en  IP  mode, 
notre  thème  antiphonique  n'avait  pas  encore  de  place  nettement 
déterminée  dans  la  théorie  ecclésiastique.  On  le  rattachait  par 
tradition,  tantôt  au  IV^  mode,  tantôt  au  VIP^^  Guy  d'Arezzo 
voulut  fixer  la  cantilène   errante  et  la   rendre   à  son  harmonie 


ï  «  Ad  plerosque  de  supradictis  tonis  aliae  psalmorum  modulationes  aptantur,  utpote 
«  ad  antiphonas  istas  :  Benedicta  tu  in  mulieribus,  Ex  Aegypto  vocavi  filium  tneum  et 
«  reliquas  his  similes,  quae  secundo  deputandae  sunt  tono,  quae  per  duos  diverses 
«  modos  alternatim  valent  inter  choros  cantari,  ut  suo  modo  unus  chorus  suum  versum 
«  pronuntiet  et  alter  alio  modo  respondeat.  »  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  217. 

2  Gerbert  :  DG      F     E      DC      DC 

et         be  -  ne  -  di   -  dus. 

3  Id.  :  G     F     G     G 

Be  -  ne  -  di  -  ctus. 

4  Au  fond  la  psalmodie  est  celle  du  IV"  mode,  transposée  un  ton  plus  bas  et  légère- 
ment modifiée  à  la  fin. 

5  «  Multae  antiphonae  quarti  modi...  a  multis  pronuntiantur  in  voce  prima  (D). 
«  Quae  vox,  quamvis  deponatur  duobus  tonis  (D  —  C,  C  —  B)  ad  similitudinem  quarti 
«  modi  (E  —  D,  D  —  C),  tamen  propter  elevationem  videtur  esse  secundi  modi,  quia 
«  supradictae  antiphonae  habent  tonum  et  semitonium  in  elevatione  (D  —  E,  E  —  F)... 
«  Unde  a  quibusdam  inter  symphonias  primae  vocis  annumeratae  sunt.  Sed  si  modorum 
«  omnium  qualitas  intueatur  et  placet  istas  symphonias  sub  eadem  régula  constringi, 
«  magis  pertinent  ad  tetrardum  authentum  quam  plagae  deuteri  vel  proti.  Certissime 
«  enim  constat  quod  deuterum  semitonio  (E  —  F)  et  non  tono  (E  —  Fjf)  elevatur.  » 
Guy,  De  mod.  form.,  pp.  89-90, 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  209 

primitive.  Il  lui  donna  en  conséquence  la  terminaison  régulière 
du  tétrard  authente  (VIP),  et  régla  la  psalmodie  en  la  forme 
suivante',  quatrième  état  de  l'antienne. 

(Sic) 


F=^-i— ^=■-^-■-— ■=='i='=-=-'^*=p.F=i^ 


Post   far  -  tttm    vit  -  go  in  •  vi  -  0  -  la  •  ta      per  -  man-si  -  sti  :       De   -   i 

(Ne  urne) 

ge  -  ni  -  trix,   in  -  ter  -  ce  -  de^  pro  no  •  bis. 


an 


Glo-fi  •   a sae-at  -  lo-rum,s  A-men. 

Il  est  à  remarquer  que  Guy  se  contenta  de  changer  les  deux 
ou  trois  derniers  sons  de  la  mélodie  altérée,  sans  essayer  de 
remonter  à  la  version  primitive^ 

V  (1250).  La  correction  proposée  par  le  grand  réformateur 
musical  n'avait  pas  prévalu  dans  l'usage^.  La  plupart  des  églises 
et  des  communautés  monastiques  s'en  tenaient  à  la  version  du 
protus  {^^  état) ,  mais  accolée  à  la  psalmodie  ordinaire  du  I V  mode. 
Pour  ne  pas  avoir  à  écrire  le  Jf,  signe  à  peu  près  inconnu  au 
moyen  âge,  on  transposa  le  IV^  mode  à  la  quarte  aiguë.  C'est  en 
ce  cinquième  état  que  notre  antiphonaire  du  XI IP  siècle  présente 
le  thème  en  question. 

(Sic) 


^  _    ,— ig=«-4-a«^H=»B— ■=■=■ ■■=■=■    -_    -_  — 

■      *  t ?■         ■      ■      M — 


Be-ne-di-  cta      tu  in      mu  -  li    -    e  -  ri  -  bus,        et       be  -  ne  -  di  -  dus   fru-ctus 


t-.-g-^-H^to^fEi^E^  ^z*=^^^.): 


vcn-tris  tu  -  i.  Glo  -  ri    -   a....      sae  -  eu  -  lo-rum,  A    -   men. 

'   t  Nunc  autem  sic  eorum  finis  dicendus  est.  »  Ibid.,  p.  105. 

2  Coussemaker  :   F     G     a     i} 

in  -  ter  -  ce  -  de. 

3  Id.  :    d     d     e     a 

sae  -eu  -  lo  •  rum. 

4  Cependant  elle  devait  exister  quelque  part  en  notation  diastématique,  puisque  nous 
la  retrouvons  encore,  par  exception,  dans  les  livres  de  nos  jours.  Voir  p.  206,  note  i. 

5  Je  la  rencontre  dans  le  Diurnal  bénédictin  du  XV*  siècle,  mais  incontestablement 
améliorée  : 

adtjcâGaGFacâÇâGG     H 
....    et     be  •  ne  -  di  -  ctus   fru-ctus  ven  -  tris     tu  -  i. 


2IO  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON. 

VI.  Nous  n'en  sommes  pas  encore  à  la  dernière  étape  du 
voyage  de  la  malchanceuse  cantilène  autour  de  l'échelle  musi- 
cale. Quand,  après  la  revision  ordonnée  par  le  concile  de  Trente 
(1545-1563),  l'antiphonaire  romain  reçut  sa  forme  actuelle,  que 
la  typographie  se  chargea  de  répandre  ensuite  par  le  monde 
catholique,  les  correcteurs  du  chant,  préoccupés  avant  tout  de 
règle  et  d'uniformité,  écrivirent  le  chant  déraillé  et  sa  psalmodie 
au  diapason  ordinaire  du  IV^  mode,  sans  mettre  devant  fa  le 
dièse  nécessaire  à  l'exactitude  de  la  transposition.  Voilà  le 
sixième  état  de  notre  mélodie,  la  version  qui  se  lit  depuis  trois 
siècles  dans  les  recueils  liturgiques  du  rite  romain  (Plantin, 
Lambillotte,  Pustet,  etc.). 


iEf^^^^^E^EBÈI 


Be-ne-di-cta     tu  in     mu-li    -    6  -ri -bus,  et      be  -  71e  -  di  -  ctus 


K m^ n — ■ — ■■ — ■■ —    — ■ — ■ — ■ ■ n 


frti'Ctus  ven-tris     tu  -  i.  Glo  •  ri  -  a....         sae  •  eu  -  lo-rmn,A-inen. 

Malgré  cette  longue  propagande  à  l'aide  du  signe  écrit,  le  faij 
n'a  pas  réussi  à  triompher  des  résistances  du  sentiment  musical, 
inconsciemment  influencé  par  le  f a  jj  latent  du  début  mélodique. 
Aussi  le  faj  a-t-il  gardé  beaucoup  de  fidèles  jusqu'à  notre  époque', 
et  en  première  ligne  les  interprètes  les  plus  accrédités  du  chant 
liturgique,  les  Bénédictins  de  Solesmes,  qui  se  contentent  de 
dissimuler  discrètement  le  signe  hétérodoxe  par  la  transposition 
usitée  au  moyen  âge^. 

L'histoire  des  variations  de  l'antique  mélodie  reste  donc  sans 
dénouement.  On  n'a  pas  réussi  à  élaborer  une  version  acceptée 
de  tous,  ni  à  marier  régulièrement  l'antienne  avec  un  des  chants 

ï  Hermesdorff,  dans  V Antiphonaire  de  Trêves  de  1862,  écrit  résolument  faj  dans  tout  ce 
groupe  d'antiennes.  Au  congrès  de  Malines,  en  1863,  l'abbé  de  Voght,  a  préconisé  le  fajf 
par  un  argument  de  l'ordre  théologique  :  «  Le  diable  est  dans  toute  cette  famille  de 
«  neumes  »,  dit-il,  en  parlant  de  notre  antienne  et  de  sa  psalmodie;  «  et  il  n'y  a  d'autre 
«  remède  ni  d'autre  moyen  de  les  exorciser  que  de  faire  un  bon  signe  de  croix  sur  toute 
«  la  maison,  je  veux  dire  de  mettre  fa  dièse  à  la  clef.  Devant  ce  fajf  —  mon  vieux  maître 
«  flamand  disait  fa  croisé,  fa  kruis,  —  aussitôt  le  diable  s'enfuit,  et  tout  rentre  dans 
«  l'harmonie  et  dans^l'ordre.  »  De  la  musique  religieuse,  Paris,  Lethielleux,  1866,  p.  20. 

2  Ils  n'écrivent  fafa  (=sib)  qu'à  la  cadence  finale,  lorsqu'elle  est  paraphrasée  : 
C(D)E(F)G(FjE,  dans  la  transposition  :  F{G)a(t?)c(l7)a. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  APRÈS  RÉGINON.  211 

psalmodiques  usités.  Le  remède  logique  à  cet  état  de  choses 
serait  de  reprendre  le  thème  primitif  et  de  lui  restituer  la 
psalmodie  du  VIP  mode,  la  seule  qui  s'harmonise  avec  lui 
(p.  120,  Ex  Aegypto)  :  en  un  mot  de  chanter  l'antienne  comme 
au  temps  de  Charlemagne.  Mais  à  supposer  une  pareille  réforme 
possible,  est-elle  désirable?  Il  y  a  lieu  d'en  douter.  Si  la  recherche 
historique  a  pour  unique  mission  de  faire  connaître  les  monu- 
ments du  passé  tels  qu'ils  furent,  la  pratique  traditionnelle  n'est 
pas  tenue  de  s'approprier  docilement  tous  les  résultats  de  cette 
investigation;  elle  doit  respecter,  dans  une  certaine  mesure, 
l'œuvre  du  temps.  Comme  la  mousse  au  pied  des  chênes  sécu- 
laires, une  végétation  adventice  s'est  produite  autour  du  tronc 
mélodique  de  certaines  cantilènes  liturgiques;  aujourd'hui  elle 
fait  corps  avec  elles  et  constitue  une  partie  de  leur  charme 
poétique,  de  leur  saveur  musicale'.  Au  reste  le  chant  qui  nous 
occupe  a  quelque  chose  de  particulier  :  sous  chacune  de  ses 
formes  il  reste  mélodieux  et  prend  un  accent  différent.  La  cause 
en  est  dans  sa  structure  harmonique.  Ainsi  que  le  montrera  notre 
catalogue,  le  nome  fondamental  du  thème  29  s'adapte  à  plus  d'un 
mode,  et  a  donné  naissance  à  d'autres  mélodies-modèles  aboutis- 
sant à  des  finales  différentes^.  C'est  un  nome  polytrope,  à  multiple 
terminaison,  le  pendant  chrétien  du  nome  polycèphale  (à  plusieurs 

ï  II  est  incontestable,  par  exemple,  que  l'exhaussement  de  la  dominante  a  donné  au 
Ille  mode  un  élan  extraordinaire,  et  que  l'on  commettrait  une  grave  erreur  esthétique 
en  rétablissant  à  l'église  l'état  originaire  de  l'harmonie  dorienne. 

2  Le  motif  G  a  cd  d  e  c  d  se  termine  sur  chacun  des  sons  de  la  triade  iastienne, 
G  (th.  27),  h  (th.  29),  d  (th.  28),  ainsi  que  sur  la  fondamentale  éolienne,  a  (th.  31). 
Remarquons  en  outre  qu'il  est  pentaphone,  partant  polytone  :  il  n'embrasse  que  les  5/7  de 
la  série  de  quintes,  génératrice  de  l'échelle  diatonique  complète  (pp.  4-5).  Conséquem- 
ment  ses  cinq  sons    (ut,  sol,  ré,  la,  mi)   font  partie  de  trois  échelles  tonales  : 

à  un  dièse,  ut  —  sol  —  ré  —  la  —  mi  ( —  si  — faff)  ; 

sans  accident,  {fa)  —  ut  —  sol  —  ré  —  la  —  mi  ( —  si)  ; 

à  un  bémol,      (s«!>  — fa)  — ut  —  sol  —  ré  —  la  —  mi. 

Pour  montrer  les  choses  sous  un  autre  aspect,  disons  que  la  mélodie  G  a  cd  d  e  c  d 
peut  s'écrire  à  trois  hauteurs  différentes  sans  amener  aucun  signe  modifîcatif  (J(,  b  ou  fa). 

==7-=]:=-- =J  #  -7:7-====3 

■^-0—^ -^  ^—-r^-^=^ ^ — "• 

Tout  cela  démontre  surabondamment  le  caractère  mobile  du  vieux  nome  gréco-romain. 


212  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT  RÉGINON. 

débuts),  si  célèbre  dans  l'antiquité  grecque.  Dès  lors  à  quoi  bon 
décréter  l'uniformité,  là  où  les  lois  suprêmes  de  l'art  des  sons  ont 
créé  la  variété  ? 

§  156.  En  terminant  cette  revue  des  altérations  mélodiques 
survenues  depuis  le  X"  siècle,  nous  n'aurons  pas  à  nous  arrêter 
longtemps  sur  les  antiennes  partiellement  transposées  à  la  quinte. 
Elles  sont  très  rares,  et  nous  n'en  présenterons  ici  qu'un  seul 
exemple,  attribué  au  VHP  mode  dans  tous  les  antiphonaires 
actuels  : 


D     E     F     G     FE 

D 

F     E 

F     Ga     G     I 

Je  -  ru  -  sa  -  lein,    gau  - 

de 

gau  -  di 

-   0      ma  -  gno, 

ac     5^     âc     G     G     a     G 

F 

FË     D 

F     FG     G 

G 

qui  -a       ve  -  ni  -  et      ti  -  bi 

Sal 

-  va  -  tor, 

al  -  le   -   lui 

-  a. 

Dont.  III  Adv.  ad  Laud. 

Au  premier  coup  d'œil  le  début  mélodique,  insolite  en  VHP,  se 
dénonce  comme  suspect;  en  effet  Réginon  et  Guy  d'Arezzo 
assignent  l'antienne  à  la  forme  aiguë  du  tétrard,  au  VIP  mode'. 
Le  chant  primitif  est  donc  éolio-iastien,  et  semblable  à  Venite 
benedicti  (p.  log). 


^                 ■■■_            !■           ■■"■ 

^    ■    ■    ■           "l^     i     ■    ■_? 

Je  -  ru  -  sa-lem,  gau  -  de         gau  -di  -  0     ma  -  gno, 

s-                     -■■-■--                                                                 il 

^ 

^^      ^       1       H      ^                         Il 

-    1          -    ■    ■     il 

qui  -a       ve  -  ni  -  et     ti  -  bi   Sal -va  -  tor,         al  -  le  -  lu  -  ta. 

Les  changements  de  cette  sorte  ont  eu  pour  but  de  procurer 
à  l'organe  vocal  un  parcours  mélodique  moins  fatigant  :  ils 
entraînent  naturellement  une  modification  du  dessin  à  l'endroit 
où  le  diapason  primitif  est  repris. 

Section  III.  —  Les  altérations  antérieures  à  Réginon. 

§  157.  Pour  découvrir  les  changements  mélodiques  introduits 
dans  l'antiphonaire  depuis  goo,  nous  avons  dû  comparer, 
antienne  par  antienne,  le  tonarius  de  Réginon,  ou  les  autres 
documents  à  peu  près  contemporains,  avec  nos  livres  de  chant 

*  L'Intonarium  (p.  139)  le  met  aussi  une  quinte  plus  haut,  mais  en  VIII«. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT   RÉGINON.  213 

actuels.  Pour  arriver  à  la  connaissance  des  altérations  immé- 
diatement antérieures  à  cette  date,  nous  trouvons  des  indications 
explicites  dans  le  document  lui-même  :  d'abord  un  certain  nombre 
de  notes  marginales  se  rapportant  à  des  cantilènes  qui  à  la 
susdite  époque  avaient  été  changées  depuis  peu  ou  étaient  en 
train  de  changer';  ensuite  quelques  doubles  mentions  relatives 
à  des  antiennes  dont  la  mélodie  hésitait  encore  entre  l'ancienne 
forme  modale  et  la  nouvelle. 

§  158.  Nous  allons  voir  reparaître  ici  des  modifications  iden- 
tiques à  celles  que  nous  avons  constatées  précédemment,  mais 
beaucoup  moins  nombreuses.  Elles  ont  été  provoquées  par  les 
mêmes  causes,  et  s'appliquent  en  général  aux  mêmes  thèmes.  Il 
nous  suffira  donc  d'énumérer  les  altérations  d'après  les  catégories 
déterminées  plus  haut. 

I.  Mélodies  dégénérées,  sous  l'influence  d'une  fausse  analogie, 
de  IIP  mode  en  I"  (pp.  193-195). 

a)  Thème  35  transformé  en  thème  6  (comme  Egredietur  virga, 
p.  194).  Réginon  signale  deux  spécimens  de  ce  cas  :  Ctim  audisset 
Job,  Cum  inducerent^.  Nous  reconstituons  ainsi  la  mélopée  primi- 
tive de  ce  dernier  chant,  le  plus  beau  : 


~MZJMi 


:^^i=^ 


Cum    in  -du  -  ce  -  rent  pu  •  e  -ncm  Je  -  sum      pa  -  ren  -tes       e      -     jus, 

^— ■  ■—■--■r~ig=?^=~^~"'i~r  ,-■■— ■=nr=- 


ac  -  ce  -  pu     e    -    um      Si   -   me     -     on  in     ul  •  nas  su     -     as, 


et    be  -  ne  -di-  xit       De  -  um    di 


IzaiT-J» ■■■■-B^-L^z^ 


3I~1" 


Ntinc  di  •  mit-lis,     Do        -        mi       -       ne,       ser-vum  tu  -  um   in     fa-ce. 

De  Ptirif.  S.  Mariât  in  Evang,  Aujourd'hui  le  bréviaire  romain  supprime  dans  le   dernier   membre  le  mot 
Domine,  conservé  par  l'antiph.  de  Trêves,  à  qui  nous  empruntons  le  dessin  mélismatique. 

'  Les  annotations  sont  contemporaines  du  manuscrit.  Nous  ne  tiendrons  pas  compte 
ici  de  celles  qui  ont  rapport  à  des  antiennes  disparues  ou  qui  nécessitent  une  discus- 
sion spéciale.  Ces  dernières  seront  examinées  dans  notre  catalogue  thématique. 

*  Chacune  des  deux  antiennes  porte  l'annotation  :  1°  tono  potest  esse. 

29 


214 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT  RÉGINON. 


b)  Thème  38  se  dénaturant  en  thème  3  (comme  Alliga,  p.  195). 
Trois  exemples  sont  signalés  :  Ille  hoino,  Praedicans  praeceptum 
Domini  et  Vadam  ad  patrem  meum\  Il  suffira  de  noter  ici  la 
mélodie  originaire  de  l'une  des  antiennes. 

Ille  mode. 


Va  -  dam  ad  pa-trem  me  -  um 


et     di 


Pa  -  ter,  fac  me 

Sabb.  antt  Dont.  III  Quadr.  in  Evang. 


sic  -ut    M  -  niun  ex  mer -ce  -  na  •  ri  -  is 


tu-  is. 


II.  Cantilènes  détournées  de  leur  terminaison  primitive  par 
l'effet  d'une  analogie  réelle  (pp.  igg-202).  Pour  la  plupart  d'entre 
elles  la  conclusion  altérée  n'a  pas  réussi  pleinement  à  supplanter 
l'ancienne,  que  les  antiphonaires  actuels  exhibent  souvent. 

a)  Thème  du  I"  mode  s'égarant  vers  la  fin  en  VP  (comme 
Esto  mihi,  p.  200).  Un  seul  cas  est  relevé. 


Chant  primitif: 
F     G 

a     GF     Ga 

r  ^ 

F 

EFG 

FE 

D 

D     II 

E  -  ru 

-  cta  -  vit       cor 

me 

um 

ver    - 

bum 

bo 

-  num. 

Fin  détournée  : 

F 

DC 

F 

Gk 

F 

F     11 

(Fer.  m  ad  Noct.) 

-me 

-  um 

ver   - 

bum 

bo- 

num. 

b)  Antienne  du  I"  mode  aboutissant  à  la  cadence  finale  du  IV^ 
(comme  Germinavit,  p.  201,  IV). 

Mélodie  primitive  (en  usage  aujourd'hui)  : 

FGaaFGaGFGFD 

Do -mi  -  ne,  sal  -  va   nos,  fer    -    i  -  mus.. 

Fin  détournée  (IX^  siècle) 


Dont.  IV  post  Epiph.  in  Evang. 


D     C     D    EF     G     FE     D     D 

fac    De  -  us    tran  -  quil  -H    -    ta  -  tem. 

DCDËFGFÊEE 

-fac    De  -  us    tran  -  quil  -H    -    ta  -  tem. 


c)  Thème  du  IIP  mode  (36)  terminé  en  VIP  ou  VHP  (comme 
Adhaesit,  p.  200).  A  la  fin  du  IX^  siècle  ce  changement  avait  déjà 
affecté  un  assez  grand  nombre  d'antiennes  :  Sancti  lui  Domine, 
Ego  veritatem  dico,  Semen  cecidit,  Qui  odit  animant  suam,  Nemo  te 

I  La  même  dégénérescence  avait  déjà  envahi  partiellement  l'introït  Dicit  Dominus 
sermones.  Gerb.  Script.,  t.  l,  p.  231. 


CH.  VII.  —  ALTERATIONS  AVANT  RÉGINON. 


215 


condemnavît,   Pastor  bonus,   Et  respicientes'.   La  dernière  servira 
d'exemple  pour  toutes. 

Mélodie  primitive  en  IlJe  : 

G     G     G^     a     Gaf    "^c^Ô^^^^cc^â^GaGI 
Et     re  -  spi  ■  ci  -  en    -    tes        vi  -  de-runt  re  -  vo  -  lu  -  tum     la  •  pi-  dem; 


G     i}     Ga     a     a     G 

e  -  rat  quip  -  pe    via-gnus 

Fin  détournée  en  VIII^  : 
Dont.  Resurr,  ad  Lauci. 


E     F     G 

val  -  de,     al 


GF     E     E     II 

le    -    lu  -  ta. 


E     F    Ga      a       G     G 

L  val  -  de,    al    -    le   -   lu  -  ia.^ 


d)  Cantilène  du  V^  mode  finissant  en  IP,  ou  mélodie  hypoly- 
dienne  déplaçant  sa  terminaison  de  la  fondamentale  à  la  médiante. 
Le  cas  est  analogue  à  celui  du  chant  iastien  Ipse  praeibit  (p.  202), 
mais  la  transition  s'opère  en  sens  inverse.  Là  c'est  la  conclusion 
exclâmative  (intense)  qui  a  précédé;  dans  le  présent  exemple  la 
cadence  affirmative  (normale)  paraît  être  la  plus  ancienne.  Les 
deux  formes  coexistaient  au  temps  de  Réginon,  et  jusqu'à  nos 
jours  chacune  d'elles  a  conservé  des  partisans^ 

Thème  42,  du  V«. 


^ 


Ec  -  ce    Ma  -  ri  -a         ge  -  nu    -    it     no  -  bis     Sal  -  va  -  io  -  rem, 


quem  Jo  -  an  -  nés     vi  -dens  ex  -  cla  -  ma  -  vit       di  -  cens  : 

Fin  originaire. 


Ec-ce    a-gnus  De-!,       ec-cequi  toi-  lit  pec-ca  -  ta    mnn-di,  al  -   h  -   lu  -  ta. 

Fin  en  Ile  mode. 


t* 


Ec-ce   a-gnus  De-i,       ec-ce  qui  toi- lit  pec-ca  -  ta  mun-di,'^  al  -  le  -  lu  -  ta. 

De  OU.  Nat.  Dni  ad  Laud, 


'  Les  quatre  dernières  ont  repris  leur  terminaison  primitive  dans  la  plupart  des 
livres  de  nos  jours. 

2  Même  changement  dans  l'introït  Victricem  maniim.  Gerb,  Script.,  t.  I,  p.  231. 

3  Plantin  et  Lambillotte  ont  la  version  en  V^,  comme  l'antiphonaire  du  XlIJe  siècle; 
Pustet,  Solesmes,  Trêves,  Lyon  exhibent  la  mélodie  en  IJe  mode,  très  déformée,  mais 
laissant  encore  parfaitement  entrevoir  la  cantilène  primitive. 

4  Sur  le  déplacement  des  degrés  au-dessous  de  la  finale  du  II*  mode,  voir  la  seconde 
partie,  chap.  V,  sect.  III. 


2l6 


CH.  VII.  —  ALTERATIONS  AVANT  REGINON. 


III.  Mélodies  dégénérées  d'abord  de  IIP  mode  en  I",  et  détour- 
nées ensuite  de  I"  en  VP  (comme  G loriosi  principes,  pp.  202-203). 
Parmi  les  morceaux  conservés  dans  l'antiphonaire  actuel,  Réginon 
n'en  désigne  qu'un  seul  de  cette  espèce  :  Ascendente  (ou  Abeunte) 
jfesu  in  naviculam  (th.  36).  De  son  temps  la  mélodie  originaire, 
à  laquelle  le  IIP  mode  donne  une  fin  si  expressive,  —  un  gémis- 
sement découragé,  —  se  maintenait  encore  à  côté  de  la  forme 
doublement  altérée,  avec  sa  terminaison  incolore  et  banale". 
Aujourd'hui  cette  dernière  version  seule  subsiste. 


Chant  primitif,  du  III^  mode 


^ 


A-scen-den  -  te    Je     -     su  in    na   -    vi  -  eu  -  lam, 

ec  -  ce      mo-tus     ma     -     gnus        fa-ctus  est      in     ma  -  ri  : 


et  su  -  sci-ta-ve  -  runt    e  -  um      di  -  soi  -  pu-li       e  •  jus,  di   -   cen     -      tes 

^=,=ig=''.ilb     ■,     ■■=^^ 

Do  -  mi  -  ne,  sal  -  va      nos,        per  -   i  -  mus. 

Loin.  IV  post  Epiph.  in  Evang. 

Chant  dénaturé  en  1er  : 

F     G     FGa     a     acFâ     GF     G     GaG     F     EF     F 

A  •  scen  -  den    -    te     Je     -     su         in      na     -     vi  -  eu   -  lam, 

F     FË     D     DC     FGaGa     GF 

ec    -   ce       mo-tus        ma       -       gnus 


F     Ga     abG  GF 

Do  -  mi    -    ne, 

Terminaison  actuelle 
en  VJe: 


GF     gF  ba  FE     ED     D 

sal    -    va  nos,  per    -    i    -    mus 

GF     gF  Fa  GaG     F     F 

sal   -    va  nos,  per     -     i  -  mus. 


1 


ï  L'antienne  est  mentionnée  à  la  fois  au  Ille  ton  et  au  Vie. 


I 


CH.  VII.  —  ALTERATIONS  AVANT  REGINON. 


217 


IV.  Cinquante  ans  avant  Réginon,  le  moine  Aurélien  de  Réomé 
cite  une  autre  antienne  de  même  genre,  dérivée  également  du 
thème  36,  et  présentant  cette  particularité  curieuse,  qu'elle  a 
subi  toutes  les  altérations  dont  est  susceptible  un  chant  du 
IIP  mode.  En  effet,  la  cantilène  en  question,  Malos  maie  perdet, 
a  dévié  en  deux  directions  opposées.  D'une  part,  après  avoir 
dégénéré,  comme  la  précédente,  de  IIP  mode  en  I",  elle  s'est 
détournée  également  de  I"  en  VP. 


Mélodie  originaire,  du  III» 


A. 


^ 


-■r-- 


Ma 


los   ma  -  le      per  -  det, 


'^^ 


et      vi  -  ne  -  am    su    -    am         îo   -   ca  -  bit       a  -  li   -   is      a  -  gri  -  co  -  lis, 


î 


qui  red-dant  e    -    i      fru-ctum     tem  -  po    -    ri  -  bus    su  -  is. 

Fer.  VI  post  Dom.  II  Quacir.  in  Evang. 

Mélodie  dénaturée  en  I"  mode  : 


B.    gzi. 


Ma    -   los    ma  -  h      per  -  det, 


et    vi  -  ne  -  am   su   -   am        lo  -  ca  -  bit       a  -  li  -  is     a  -  gri  -  co  -  lis. 


u    ■    ■ 

— 

J^-               ■    H    - 

-            1     -■       .                                      Il 

,5 :5_.,_ 

■— a-^"*    ■%    ■    ■, 

-r-i-^ 

qui  red-dant   e    -    i 
Fin  détournée  en  VJe  : 

fru-ctum      tem  -  po    -     ri  -  bus 

su  -  is. 

^-.-g-|-i>^  ■  .,- 

n 

C. 

.     .     H 

■         ■                                -     -     n 

-      fru-ctum      tem  -  po    -    ri  -  bus 

su  ■  is. 

D'un  autre  côté  le  chant  primitif  a  passé  directement,  par  un 
simple  changement  de  la  cadence  finale,  en  VHP  mode  (comme 
Et  respicientes,  p.  215). 


2i8  CH.  VII.  —  ALTERATIONS  AVANT  REGINON. 

Début  originaire  en  III^  : 


Ma   -  los    ma  -  le      per  -   det, 


et     vi  -  ne  -  am    su   -    am        lo  -  ca  -bit      a  •  H  -   is    a   -  gri  -  co  -  lis, 


qui  red-dant  e    -    i 

Fin  détournée  en  Ville 
D. 


/ru-cium      tem  •  po    -    ri  -  bus    su  -  is. 


De  ces  quatre  formes  modales,  trois  se  partageaient  l'usage  au 
IX^  siècle.  Réginon  n'enregistre  que  le  chant  du  IIP  mode  (A); 
Aurélien  mentionne  les  versions  du  VP  et  du  VHP  (C  et  D)'; 
seule  la  mélodie  du  protus  (B)  ne  se  montre  nulle  part.  Au  bout 
de  mille  ans  rien  n'est  changé  :  les  trois  mêmes  versions  se 
rencontrent  dans  nos  antiphonaires,  et  aucune  d'elles  n'a  réussi 
à  évincer  les  deux  autres^  Tant  il  est  vrai  que,  même  dans  ses 
anomalies,  le  chant  de  l'Eglise  catholique  manifeste  son  carac- 
tère d'immutabilité. 

§  15g.  Sauf  quelques  rares  cas  discutables,  réservés  pour  le 
catalogue  analytique,  nous  avons  fini  de  passer  en  revue  les 
cantilènes  que  nos  deux  plus  anciens  documents  signalent 
expressément  comme  modifiées.  Il  nous  reste  à  mentionner  les 
antiennes  déjà  altérées  assez  longtemps  avant  Réginon,  et  qui  à 

»  «  Antiphona  quae  initium  habuerit  authenti  deuteri  et  finis  ejus  finierit  de  plagis 
«  triti,  non  finietur  de  plagis  triti  sed  de  [plagis]  tetrardi  :  quia  in  semet  retinent 
«  quamdam  connexionem  authent[us]  deuter[us  et]  tetrardus  in  sui  fine.  Antiphona 
«  hujusmodi  haec  est  :  Malos  maie  perdet.  »  Gerb.  Script.,  t.  l,  p.  46.  Ce  que  je  traduis  : 
«  Toute  antienne  ayant  son  début  en  Ille  mode  et  se  terminant  en  Vie,  ne  finira  pas 
«  réellement  en  Vie,  mais  en  Ville.  Car  le  Ille  mode  et  le  tétrard  ont  entre  eux  une 
«  certaine  parenté,  par  rapport  à  leur  conclusion.  »  (En  effet  la  psalmodie  du  III»  finit 
souvent  sur  la  corde  principale  du  tétrard.  G.)  On  voit  qu' Aurélien  ne  s'expliquait 
pas  la  coexistence  des  versions  C  et  D,  et  son  texte  m'a  longtemps  induit  en  erreur. 
La  découverte  des  trois  formes  modales  de  l'antienne  Hodie  Christus  natus  est  (ci-dessus, 
p.  204)  m'a  donné  la  clef  de  l'énigme. 

2  Pustet  et  Solesmes  ont  le  Ille  mode,  Plantin  a  le  Vie,  Trêves  le  VIII*. 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT  RÉGINON.  219 

son  époque  n'étaient  plus  senties  comme  anormales.  Pour  les 
découvrir  nous  avons  eu  comme  guide  l'analyse  comparative  des 
mélodies,  appuyée  sur  les  observations  déjà  recueillies.  En  effet, 
ayant  appris  à  connaître,  à  l'aide  des  changements  constatés 
pendant  la  période  documentée,  les  variations  modales  réelle- 
ment possibles,  leurs  causes  déterminantes,  et  les  thèmes,  fort 
peu  nombreux,  auxquels  elles  s'appliquent,  nous  avons  pu,  sans 
difficulté,  distinguer  les  antiennes  qui  ont  subi  une  modification 
quelconque  et  les  rétablir,  presque  toujours  à  coup  sûr,  dans  leur 
forme  primitive. 

Cette  troisième  exploration  de  notre  source  principale  n'a 
ajouté  qu'une  petite  quantité  de  mélodies  altérées  à  notre  liste. 
Ici  nous  laisserons  de  côté  celles  dont  la  restitution  est  en  partie 
conjecturale. 

I.  Deux  antiennes  attribuées  au  protus,  sans  aucune  obser- 
vation, doivent  être  transportées  au  IIP  mode  (thème  36).  Leur 
mélodie  dans  ses  inflexions  les  plus  caractéristiques  est  manifes- 
tement identique  à  celle  de  Domine  qninqtte  talenta  (p.  194). 

Do  -  mi  -  ne,   si    hic  fu  -  is  -  ses,  La-  za-rus  non   es  -  set     ntor    -    tu  -  us: 

ec  -  ce    jam        foe    -    tet         qua  •  tri  -du  -  a  -  nus        in      mo  -  nu  -  men  -  ta. 

Fer.  VI  post  Dont.  IV  Quadr.  in  Evang. 


^ 


f 


Do -mi  -  ne,    si    tu^  vis,             po-tes    me  mun-da  -  re 
'^      _      ■■      _M»i         ■      *^ I ËB «■?■__ . 


et      a   -   it  Je  -  sus  :  Va  -  lo,     mun   -    da  -  re. 

Dont.  III  post  Epiph.  in  Evang. 

II.  Une  des  cantilènes  que  Réginon,  d'accord  avec  les  anti- 
phonaires  modernes,  assigne  au  V^  mode,  se  révèle  au  premier 
aspect    comme    provenant    d'un    thème    fréquemment    dénaturé 

ï  De  même  que  le  Resp.  greg.  Réginon  a  le  pronom. 


220  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT  RÉGINON. 

du  VIP  {Caro  mea,  p.  ig8),  et  sa  mélopée  première  se  reconstruit 
d'elle-même. 


p'=^=^g^'='='=N^=f 


Non   in    so      -      lo    pa  -  ne  vi  -  vit    ho  -  mo. 


sed     in     om  -  ni   ver  -  bo      qnod  pro  •  ce  -  dit      de      o  -    re    De  -  i. 
Dont.  I  Quadr.  in  Evang. 

III.  La  suivante  antienne  du  psautier  (Sabb.  ad  Vesp.),  que 
tous  les  antiphonaires  actuels  font  du  VP  mode, 

FGaFGFÊD  FGGF|| 

Be  -  ne-di-ctus    Do  -  mi  -  nus  De-  us    me  -  us.  Ps.  143. 

est  assignée  par  Réginon  au  IV^. 

FGaFGFËD  EFGEE|I 

Be  -  ne  -  di-  ctus    Do  -  mi  -  nus  De  -  us        me  -  us. 

Or  les  deux  formes  sont  indépendantes  l'une  de  l'autre  (un 
IV^  mode  s'égarant  en  VP,  ou  vice-versa,  est  sans  exemple); 
elles  ne  s'expliquent  que  par  la  préexistence  d'un  chant  en 
protus  (thème  i),  source  commune  des  deux  précédents. 

FGaFGFËG  FEDD|| 

Be  -  ne  -  di  -  ctus  Do  -  mi   -   nus  De  -  us     me  -  us. 

En  effet  nous  avons  vu  plus  haut  le  I"  mode  tourner  en  IV' 
(pp.  201,  214)  aussi  bien  qu'en  VP  (pp.  200,  214). 

IV.  Enfin  trois  chants  antiphoniques  rangés  parmi  ceux  du 
VHP  mode  {Sapientia  clamitat  in  plateis,  Dum  venerit  Paraclitus, 
Dixit  Dominus  mulieri  Chananaeae)  trahissent  avec  évidence  un 
état  postérieur,  tant  par  leur  début  extraordinairement  grave  (une 
quinte  ou  une  quarte  au-dessous  de  la  finale),  que  par  leur  thème 
nomique,  inséparable  de  l'iastien  normal  et  de  ses  variétés.  Tous 
les  trois  ont  été  partiellement  transposés  à  la  quinte  inférieure 
{comme  Jérusalem  gaude,  p.  212).  La  première  mélodie  y  a  perdu 
toute  son  énergie  expressive.  En  effet,  l'énorme  abaissement  du 
diapason  a  eu  pour  résultat  d'annuler  l'intention  pittoresque 
suggérée  par  le  texte  Sapientia  clanùtat  in  plateis^   si   frappante 


CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT  RÉGINON.  221 

lorsque    le    dessin    est  réintégré   dans    son   parcours    primitif,   à 
l'extrême  aigu  de  l'échelle  commune'. 

vile  mode. 


Sa  -  pi  -  en  -  ti   -   a    cla  -  mi  -  tat     in  pla  -te  -   is 

-■■-  -■■-    _     _  _     _ 


SEf^ï^iE^ 


Si  quis   di  -  H  •  git    sa  -pi  -  en  -   ti-am,       ad      me      de    -    cli  -  net, 


et     e  -  am    in  -  ve  -  ni  -  et 


I^^E?^E?E^!^ÎEHE?E!EiEi3E;: 


et    cnm  in  -  ve-ne-rit,  be  -  a-ttis    e-rit,        si    te -nu  -  e  -  rit    e-am.^ 

De  Sap.  Salora.  (Sabb.  ante  Dom.  IV  Aug.  ad  Magn.). 

§  160.  Nous  avons  atteint  le  terme  extrême  de  nos  recherches 
sur  l'histoire  des  cantilènes  de  l'office  romain,  ce  qui  nous 
reporte  approximativement  jusqu'à  l'époque  du  pape  Hadrien  et 
de  Charlemagne,  vers  la  fin  du  VHP  siècle,  cent  ans  à  peine 
après  l'achèvement  du  répertoire  antiphonique.  Au  delà,  nous 
n'apercevons  plus  qu'une  collection  de  mélodies  exemptes  de 
toute  apparence  d'altération. 

Il  nous  est  possible  maintenant  de  donner  une  réponse  suffi- 
samment précise  à  la  question  posée  au  début  de  ce  chapitre. 
Des  951  antiennes  que  nous  avons  recueillies  chez  Réginon  et 
ses  contemporains,  280  à  peu  près  ont  subi  une  altération  quel- 
conque^  mais  les  quatre  cinquièmes  d'entre  elles  se  laissent 
reconstituer  d'un  bout  à  l'autre  avec  une  certitude  complète,  et 
presque  toutes  les  autres  sont  réparables,  au  moins  quant  aux 
traits  essentiels  de  leur  dessin  mélodique.  Une  demi  douzaine 
d'antiennes  seulement  sont  restées  pour  moi  tout  à  fait  énigmatiques, 
quant  à  leur  primitive  forme  musicale.  On  est  donc  fondé  à  dire, 

»  L'antienne  jumelle  Sapientia  aedificavit  sibi  domum,  composée  sur  le  même  thème  (27J, 
mais  moins  étendue  vers  le  haut,  a  continué  à  se  chanter  en  VII^  mode  jusqu'à  nos  jours. 

2  La  reconstitution  mélodique  des  deux  autres  antiennes  présentant  quelques  parties 
conjecturales,  nous  la  renvoyons  à  notre  catalogue  (th.  27). 

3  Elles  sont  marquées  d'un  astérisque  dans  notre  catalogue  thématique. 

30 


222  CH.  VII.  —  ALTÉRATIONS  AVANT  RÉGINON. 

sans  forcer  la  vérité,  que  nous  possédons  réellement,  dans  son 
ensemble,  le  recueil  des  mélodies  antiphoniques  formé  entre  450 
et  680. 

Comment  expliquer  cette  conservation  étonnante  à  travers  la 
période  la  plus  obscure  de  l'histoire  européenne  ?  Selon  nous  elle 
fut  l'œuvre  des  moines.  En  retirant  au  clergé  séculier  le  service 
des  heures  canoniques  à  la  basilique  de  Saint-Pierre,  pour  le 
confier  à  une  congrégation  conventuelle  dirigée  par  un  chef 
unique,  Léon  le  Grand  assura  de  la  manière  la  plus  efficace 
la  fidèle  transmission  des  cantilènes  de  la  liturgie  occidentale. 
Abandonné  aux  influences  du  dehors,  le  chant  latin  se  serait 
transformé  de  siècle  en  siècle,  comme  la  musique  mondaine, 
comme  la  mélopée  de  l'Église  byzantine',  et  n'aurait  pas  tardé 
à  devenir  méconnaissable. 

Sauf  l'introduction  plus  ou  moins  fréquente  du  bémol  dans 
l'octave  hypolydienne^,  premier  pas  vers  l'unification  du  mode 
majeur,  les  modulations  antiphoniques,  stéréotypées  par  l'exécu- 
tion quotidienne  et  par  un  enseignement  continuel,  n'ont  éprouvé 
sans  doute  aucun  changement  notable  tant  que  l'autorité  en  cette 
matière  est  restée  concentrée  dans  la  corporation  des  chantres 
pontificaux.  Les  déviations  auront  commencé  à  se  produire  après 
la  diffusion  de  l'Antiphonaire  au  nord  des  Alpes  sous  Pépin  et 
Charlemagne,  lorsque  les  centres  d'instruction  musicale  se  mul- 
tiplièrent dans  le  royaume  frank  et  que  le  prestige  des  maîtres  de 
l'école  romaine  allait  déclinant.  Mais,  à  ce  moment  même,  l'esprit 
monastique  sauvegarda  encore  une  fois  la  tradition  et  l'intégrité 
du  chant  ecclésiastique  en  créant  une  littérature  didactique  et  en 
vulgarisant  l'usage  de  la  notation, 

La  pratique  persistante,  universelle,  de  cet  art  vénéré,  et 
immuable  par  destination,  pendant  les  longs  siècles  où  l'art 
profane,  en  voie  de  transformation  continue,  cherchait  labo- 
rieusement  sa   route   vers    un    monde    sonore    insoupçonné    de 

1  Plusieurs  échelles  de  VOdoechos  de  l'Eglise  orientale  actuelle  sont  incompatibles 
avec  la  théorie  gréco-romaine,  et  se  retrouvent,  d'un  autre  côté,  dans  les  mélodies  slaves 
et  arabo-persanes. 

2  Encore  n'est  il  pas  certain  que  cette  métabole  ait  été  inconnue  aux  Anciens.  Voir  le 
passage  de  Ptolémée,  p.  54. 


CH.  VII.  —  ALTERATIONS  AVANT  REGINON.  223 

l'antiquité,  c'est  là  un  phénomène  unique,  ce  semble,  et  qui  a  dû 
exercer  une  influence  incalculable  sur  les  destinées  de  la  musique 
européenne.  Là  peut-être  est  la  cause  intime  de  son  développe- 
ment original,  le  secret  de  sa  nouveauté,  de  sa  puissance. 
L'œuvre  prodigieuse  de  Bach,  dont  aujourd'hui  on  commence  à 
deviner  la  grandeur,  n'est-elle  pas,  pour  ainsi  dire,  le  confluent 
oij  viennent  aboutir  et  se  mêler  les  deux  courants  séculaires? 

§  161.  Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  aborder  la  partie  démonstrative 
de  ce  travail.  Nous  l'avons  conçue  comme  un  catalogue  thématique 
des  antiennes  de  l'oflice  romain  déjà  employées  au  IX^  siècle  et 
conservées  jusqu'à  nos  jours.  Les  mélodies  y  sont  rapportées 
aux  modes  gréco-romains  et  aux  thèmes  nomiques  dont  elles 
dérivent;  de  plus  elles  sont  rangées  par  époques,  d'après  le 
système  exposé  au  précédent  chapitre.  Nous  avons  rétabli  les 
mélodies  dans  la  forme  la  plus  ancienne  à  laquelle  il  nous  a  été 
possible  d'atteindre',  en  nous  aidant  de  toutes  les  sources,  de 
tous  les  éléments  critiques  dont  nous  disposons^. 

»  Les  sons  ou  passages  restitués  d'une  manière  plus  ou  moins  conjecturale  sont  entre 
crochets. 

2  Nos  sources  anciennes  ont  été  citées  fréquemment  et  décrites  dans  les  pages  précé- 
dentes. Voici  l'indication  précise  des  recueils  modernes  qui  ont  été  utilisés  pour  notre 
travail  : 

1°  Antiphonariiim  et  Psalterîum  jtixta  ordinem  breviarii  romani,  3  vol.  in-fo.  Ratisbonne, 
New-York  et  Cincinnati,  Pustet,  1881. 

2°  Antiphonale  romanum,  i  vol.  in-f°.  Anvers,  Plantin,  1773. 

3^  Liber  antiphonarius  pro  diurnis  horis  juxta  rittim  monasticum,  et  les  autres  livres 
de  chant  {Processionale,  etc.)  publiés  pendant  ces  dernières  années  à  Solesmes. 

4°  Antîphonariiim  romanum  (de  Lambillotte).  Paris,  Adr.  Leclère,  1857. 

50  Antiphonale  juxta  usum  eccl.  cathedr.  Trevirensis.  Trêves,  Grach,  1864. 

6°  Paroissien  romano-lyonnais.  Lyon,  Pélagand  fils,  1870. 


SECONDE   PARTIE 


CATALOGUE    THEMATIQUE 

DES  ANTIENNES  DE  L'OFFICE  ROMAIN 

CONNUES 

PAR  LES  DOCUMENTS  MUSICAUX  DU  IXe  ET  DU  Xe  SIÈCLE 


CHAPITRE  I". 


CANTILÈNES    ÉOLIENNES. 

§  162.  Identique  avec  l'échelle  fondamentale  de  la  musique 
des  Anciens,  le  mode  éolien  ou  hypodorien  figure  aussi  comme 
premier  {protos  ou  archoos)  dans  la  théorie  syro-hellénique.  Il 
représente  en  quelque  sorte  dans  le  chant  de  l'Église  chrétienne 
l'élément  gréco-romain.  Au  cours  des  siècles  l'octave  éolienne  est 
devenue  la  gamme  mineure  de  la  musique  européenne.  Pour 
s'accommoder  à  la  polyphonie  moderne,  elle  a  dû  recevoir  un 
degré  chromatique  dans  ses  cadences  finales,  mais  sa  forme 
diatonique,  primitive,  est  encore  vivante  dans  le  chant  populaire 
de  la  plupart  des  nations  de  l'Occident. 

§  163.  A  considérer  l'ensemble  des  textes  liturgiques  revêtus 
d'une  mélodie  éolienne,  on  ne  peut  douter  que  ce  genre  de  canti- 
lènes  n'ait  impressionné  l'âme  chrétienne  à  peu  près  comme  il 
avait  affecté  autrefois  le  sentiment  hellénique.  Son  domaine  est 
l'expression  des  mouvements  modérés  du  cœur  humain.  Dans  le 
chant  du  culte  catholique  comme  dans  la  lyrique  grecque,  l'har- 
monie éolienne  appartient  au  tvope  hésychastique,  au  style  calmant 
de  la  mélopée',  noble,  sérieux,  décent,  également  éloigné  de 
l'exaltation  et  de  la  langueur.  Primus  modus  gravis  est  un  dicton 
des  musicistes  ecclésiastiques,  parallèle  à  l'épithète  de  Lasos 
d'Hermione,  Aeolins  gravisonans^ . 

»   «  Aeolius  animi  tempestates  tranquillat.  »  Cassiod.  Var.  II,  40  (ci-dessus  p.  76). 
*  A»oÀ»f  (5xpù^f)OiJi.os  ciDiji,ovlx,  dans  l'hymne  à  Déméter.  Bergk,  Poet.  lyr.gr.,  fr.  i.  — 
«  L'hypodorien  (éolienj  est  grandiose  et  ferme.  »  Aristote,  43^  problème  masical.  — «  Le 


228  EOLIEN  (Prot.  auth.,  lef  mode). 

§  164.  Déjà  précédemment  nous  avons  analysé  la  structure 
harmonique  des  chants  de  ce  mode  (pp.  49-50)  et  décrit  l'étendue 
diverse  de  leur  parcours  normal  (pp.  gi-92);  nous  avons  produit 
des  exemples  de  leur  plus  grande  extension  dans  les  deux  sens 
(p.  147,  Vidi  Dominum;  p.  113,  Genuit  puerpera).  Il  nous  reste  à 
déterminer  un  seul  point  de  leur  facture  musicale,  important 
dans  la  mélopée  des  antiennes  :  les  degrés  de  l'échelle  modale 
aptes  à  fonctionner  comme  sons  initiaux. 

Ils  coïncident  en  général  avec  les  points  d'arrêt  du  dessin 
mélodique.  Le  protus  en  compte  cinq.  Tout  d'abord  les  sons  de 
la  triade  modale  : 

le  degré  terminatif,  D  (thèmes  3,  6,  7,  10,  11,  var.  du  th.  8); 

la  médiante,  F  (thème  i,  8,  var.  de  2); 

la  dominante,  a  (thème  2). 

Ensuite  l'appoggiature  inférieure  de  la  fondamentale,  C 
(thèmes  4,  g,  var.  de  10); 

enfin  le  4°  degré  ascendant,  G,  employé  uniquement  avant  C, 
en  guise  d'anacrouse  préparatoire  (th.  5). 

§  165.  A  l'origine  le  son  initial  de  l'antienne  réglait  sans  doute 
strictement  la  terminaison  de  la  psalmodie  (on  sait  que  l'antienne 
se  reprend  à  la  fin  du  psaume)  ;  mais  dès  les  débuts  de  la  littéra- 
ture du  chant  ecclésiastique,  nous  trouvons  la  doctrine  à  cet  égard 
inextricablement  brouillée'.  Les  plus  anciens  musicistes  ne  s'en- 
tendent déjà  plus  sur  le  nombre  des  divisions  de  chaque  mode^ 

«  premier  mode  présente  une  gravité  mâle  et  pompeuse;  il  est  modeste,  gai,  exact, 
«  sévère,  magnifique,  sublime,  n'a  rien  de  trop  libre,  ni  de  trop  mou  et  est  propre  à 
«  toutes  sortes  d'affections.  »  Poisson,  Traité  du  chant  grégorien,  p.  152. 

'   Selon  Aurélien  (p.  53)  les  subdivisions  modales  sont  d'origine  hellénique,  tout  comme 

VOctoechos  lui-même  :  «  Hactenus  a  nominibus  et  vocabulis  incipientes  tonorum 

«  ipsorum  vocabula  ac  proprietates  cum  subjectis  diffinitionibus perstrinximus.  Nunc 

«  autem  apologias  ante  oculos  ponimus  spectatoris,  petentes,  quatenus  siquid  reprehen- 
«  sibile  bac  in  commentatiuncula  repererit,  emendare  festinet  :  sin  autem  displicet,  aut 
«  naevum  erroris  arbitrarit,  sciât  a  Graecoriim  derivari  fonte,  una  cum  musica  licentia, 
«  omnes  varietates  ibi  contextas.  »  Les  chants  antiphoniques  de  la  messe,  introïts  et  com- 
munions, avaient  une  classification  analogue.  Il  en  était  de  même  pour  les  offertoires  et 
les  répons  nocturnes,  mais  non  pas  pour  les  graduels  et  les  alléluias  (Aur.  Reom,,  p.  54, 
2*  col.  in  fine);  ceux-ci,  les  plus  récents  des  chants  ornés,  n'ont  pris  vraisemblablement  leur 
dernière  forme  musicale  qu'après  l'établissement  de  la  doctrine  des  huit  tons  à  Rome. 

*  Dans  le  I"  mode  Aurélien  compte  tantôt  quatre  différences  (p.  44),  tantôt 
cinq  (p.  53).  Réginon  distingue   une  classe  principale,  plus  quatre  divisions.  L'auteur  de 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  ler  mode).  229 

Nous  nous  en  tiendrons  ici  aux  formules  finales  de  la  Comme- 
moratio,  qui  ont  l'avantage  d'être  exprimées  par  une  notation  non 
sujette  à  équivoque. 

I.  Cadence  parfaite  sur  le  son  final  du  mode  (D);  réservée  pour 
des  antiennes  s'associant  aux  cantiques  de  l'Évangile. 


FGa        aabaaGa|aaaGFG     GFED     || 

Glo  -  ri  -  a....    et    mine     et     sem  ■  per....   sae  -  eu  -  lo  -  rum,      A  -  men.^ 

Exemple  :  Etige  serve  bone  (ci-dessus,  p.  114). 

II.  Terminaison  incomplète  sur  G  :  la  plus  usitée.  Elle  s'em- 
ploie pour  la  plupart  des  antiennes  jointes  à  des  psaumes,  et 
commençant  par  des  sons  autres  que  F  ou  a. 

FGaaaaâFaGGF    1     GaaaaGFGaGGjl 

Be  -  a  -  ti    inimaeu  -la  •  ti    in     vi  -  a  :       qui  ambulant  in    le  -  ge    Do  -  mi-ni.^ 

a    a    G    F    Ga     G     || 

sae -eu  -  lo-ruvi,  A   •  men.i 

Exemple  :  Ecce  nomen  Domini,  th.  6. 

III.  Terminaison  suspensive,  sur  a.  Elle  correspond  aux 
antiennes  dont  le  son  initial  est  a  ou  F. 

a     a     a     GF     G     a     II 

sae  -  eu  •  lo  -  rum,      A  •  menJ 
Exemple  :  Apertis  thesauris  suis,  var.  du  th.  2. 

IV.  Terminaison  incomplète  prolongée.  Les  antiennes  débutent 

par  FGa.  

a     a     a     GF     G     GaG     || 

sae  -  eu  -  lo  -  rum,      A  -  vten.5 

Exemple  :  Sol  et  luna,  th.  i. 

la  Commemoratio  note  quatre  terminaisons  psalmodiques.  Quant  à  Guy  d'Arezzo,  il 
n'énumère  pas  moins  de  dix  classes  d'antiennes  et  autant  de  variantes  pour  la 
terminaison  du  psaume.  La  confusion  s'est  produite  naturellement  par  le  conflit  des 
théories  néo-helléniques  avec  la  pratique  traditionnelle  des  chantres  romains,  déjà 
profondément  enracinée  lors  de  l'introduction  de  VOctoechos  à  la  fin  du  VII^  siècle. 

1  Comm.,  pp.  214  et  219.   Deuxième  différence  d'Aurélien  [Fulgebunt  justi,  p.  44); 
première  division  de  Réginon;  Vie,  yne  et  Ville  classes  de  Guy  d'Arezzo. 

2  Comm,,  p.  216. 

3  Ibid.,  p.  218.  Première  différence  d'Aurélien  {Tradent  enim  î;os);  classe  principale 
de  Réginon;  pe  de  Guy. 

4  Comm.,  p.  219.  Quatrième  différence  d'Aurélien  {Mihi  vivere  Christus  est);  troisième 
et  quatrième  divisions  de  Réginon;  Ve,  IXe  et  Xe  classes  de  Guy. 

5   Comm.,  p.  219.  Probablement  la  troisième  différence  d'Aurélien  {Misso  Herodes)  et  la 
troisième  division  de  Réginon;  c'est  la  IVe  classe  de  Guy. 

31 


230  ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  i"  mode). 

§  166.  Le  catalogue  de  Réginon  nous  a  fourni  257  antiennes 
du  mode  éolien,  issues  de  11  thèmes  nomiques.  Quelques  chants 
appartenant  aux  quatre  derniers  thèmes  ont  été  annexés,  déjà 
anciennement,  au  plagal  du  protus  (p.  113),  le  plus  souvent 
d'une  manière  arbitraire,  et  variable  selon  les  antiphonaires. 


Thème  i,  primitif,  Landate  Domimim  (F  G  a  G  E  F  D),  formant  chez 
Réginon  la  deuxième  division  du  I"  mode.  L'intonation  psalmodique  du 
protus  authente  est  issue  de  ce  nome.  Sa  fausse  analogie  avec  le  thème  36 
lui  a  fait  gagner,  à  partir  d'une  époque  assez  reculée,  un  certain  nombre 
d'antiennes  du  III*  mode'.  En  compensation  il  a  perdu  trois  de  ses 
antiennes  propres,  par  suite  de  son  analogie  réelle  avec  des  chants  du 
VI*  mode  ou  du  IV*. 

Antiennes  de  la   i^^  époque  : 


(§* 


=^ 


Lau-da   -  te    Do-mi-num  de      cae-tis.   Ps.  148. 

fFey.  II  ad  Latid.j  Septiiag.  ibid.  Notée  dans  VEnchir.,  p.  157.  Solesmes  et  Trêves  ont  le  thème  2. 

FGaaaaGaG  EFGFEDDII 

In  '  cli  -  na-vit  Do-mi  -  nus  au  -  rem    su-  am        mi  -  hi.      Ps.  114. 

(Fer.  II  ad  Vesp.j. 

"  F     GaG     G     G     G     EFG     G     FË     F     ÊD  "   || 

Do  -  mi     -     nus    de  -  fen  -  sor  vi  -  tae        me  -  ae.3   Ps.  26. 

tPer.  II  ad  Noct.) 

F     GaG     aâG^aGFËFGFËDDII 

Fa  -  dus        est     ad    -  ju  -  tor    me  -  us,       De  -  us       me  -  us.  Ps.  62. 
Oom.  II  Quadr.  ad  Laud. 

1  Domine,  quinque  talenta  (p.  194),  Domine,  si  hic  fuisses  et  Domine,  si  tu  vis  (p.  219), 
Hodie  Christus  natus  est  (p.  204),  Pulchra  es  et  décora  (ci-après,  th.  36).  —  Le  thème  36 
se  distingue  du  thème  i,  en  ce  que  le  6^  degré  de  V octave  modale  ascendante  y  est  essentiel, 
tandis  qu'il  est  ici  simplement  adventice  et  transitoire. 

2  Nous  indiquons  la  pagination  du  Tonarius  d'après  les  fac-similé  de  Coussemaker, 
dont  la  transcription,  en  regard,  est  souvent  défectueuse.  —  La  partie  des  antiennes 
transmise  par  les  documents  musicaux  du  IX^  et  du  X»  siècle  est  imprimée  en  italique. 
—  Les  antiennes  longues  sont  indiquées  par  l'abréviation  l. 

3  La  partie  du  dessin  mélodique  notée  en  neumes  dans  le  ms.  de  Bruxelles  est  com- 
prise entre  des  indices  (  "  "  ). 

4  Le  point  sous  la  note  indique  un  son  liquescent,  sur  lequel  la  voix  glisse  rapidement. 
Voir  D.  Pothier,  Les  mélodies  grégoriennes,  p.  47  et  passim.  Dans  la  notation  sur  la  portée 
nous  écrivons  une  petite  note. 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.,  i"  mode). 


23Ï 


Thème   i. 


F     G     a     G     F     G     F 

Ad-jii  -  to  •  ri  -  um    no-striim 

(Fer.  III  ad  Vesp.) 


F     EF     G     FE 

in      no    -    mi  -  ne 


D     D     D     II 

Do  -  mi  -  ni.  Ps.  123. 


F     G     a     G     FG     F 

Fim-da-men-  ta      e     -    jus 

Fer.  VI  ad  Noct.j  Égarée  en  Vie  chez  Pustet 


F      FG     E     FE     D     D     II 

in     mon   -   ti  -  bus      san-ctis.   Ps.  86. 


*FGaGFGFF  FEFGFEDD|| 

E  -  sto   mi  -  hi        Do  -  mi  -  ne  in     De  -  um    pro  -  te    -    cto-rem.  Ps.  70. 

(Fer.  V  ad  Noct.j  Aujourd'hui  du  Vie  (voir  p.  200>. 

*FGaGFGâFF     [ËFG     FË]     D     D     i| 

E  -  ru  -  cta  -  vit       cor      me  -  um     ver     -     bum        bo-num.  Ps.  44. 

(Fer.  III  ad  Noct.)  Dès  le  IXe  siècle  égarée  en  Vie  (p.  214). 

*"F     G     a     F     G     FË    [G"     F     e]    D     D     || 

Be  -  ne  -  di-ctiis  Do  -  mi   -   nus       De -us     me-  usi.  Ps.  143. 

'Sabb.  ad  Vesp.)  Déjà  détournée  chez  R.  en  IVe,  elle  est  aujourd'hui  du  Vie  (p,  220). 


F     Ga     a     GaG 

Sol     et        lu  -  na 

Dom.  III  Quadr.  ad  Laud. 


EF     G     FE     DEF     FC     | 

lait    -    da  -  te         De     -     um  etc.   Ps.  148. 


De  la  2^  époque 


R.  T. 


p.  17 


p.  17 


p.  17 


p.  17 


p.  25fn} 


P-  15 


"F     Ga     a"    a     G     a     G     EF     G     FE     DED     CD     D     | 

Di  -ci    -    te  :     Pu-sil  -  la  -  ni  -  mes       con  -  for    -    ta      -      mi    -    ni  :  etc. 


Fer.  VI  post  Vom.  II  Adv.  in  Evaug, 

F     Ga     a     a     G     a 

De     Si  -   on    ve  -  ni  -  et 

Fer.  V  ante  Vig.  Nat.  Dni  ad  Laud. 

F     Ga     a     a     G     a 

De     Si    -   on     ve  -  ni  -  et, 


E     F     G     FE     D     C     D     I 

Do  -  mi  -  nus      o    -    mni  -po-  tens,  etc. 

G     E     F     G     FË     D     I 

qui     re-gna-tu  -  rus       est  etc. 


Ibid.  Le  début  diffère  chez  Plantin  et  Pustet. 

FGaaaGËFGFËDDl 

Do  -  mi  -  ne,   bo-num    est       nos     hic        es  -  se:  etc. 

Sabb.  ante  Dom.  II  Quadr.  in  Evang. 


F     Ga     a     a     G     a     GaG 

Do-  mi  -  ne,  non  sum  di-gnus 

Fer.  III  post  Qtiinquag.  in  Evang. 


E     F     G     E     GaFE     D     D     I 

ut      in -très  sub     te  -  ctum    me-um:  etc. 


I  Autres  antiennes  du  psautier  hebdomadaire  :  Tu  solus  altissimus,  ps.  82  {Fer.  VI  ad 
Noct.)\  In  matutinis  meditahor,  ps.  62  [Fer.  V  ad  Laud.);  Dominus  judicabit fines  terrae, 
de  Cant.  Annae  {Fer.  IV  ad  Laud.). 


p.  I5fn) 


p-  15 


P-I5 


P-  15 


P-  15 


233 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.,  i^r  mode). 


R.  T.  Thème  i. 

F     Ga    a    a    G    a     GaG 

p.  15  Do  -  mi  -  ne,  pu  -  er  me  -  us 

Ibid. 


EFGEGaFFFFECI 

ja  -  cet  pa  -  ra  -  ly  -  ti  -  eus    in      do  -  mo,  etc 


F     GaG     aGEFGFEDDI 

La  -  za    -    rus     a  -mi -eus    no  -  ster      dor-mit:  etc. 

Fer.  VI  post  Dom.  IV  Qtiadr.  in  Evang. 


"  F     FG    al^     a     aF  "  G     FE     DFDC 

Mi  -  hi        vi  -   ve  -  re      Chri-stus        est 

De  S.  Paulo  in  I  noct.  Cf.  Aur.  Reom.  p.  44- 


FGa     FE     GF     D     D     I 

et  mo   -    ri         lu-crum,  etc. 


F     GaG     a     GF     G     F 

Ve  -  nit         lu  -  men       tu  -  um, 

De  Vig.  Epiph.  Dni  ad  Vesp.  in  Evang. 

F     ^     a     F     G     a 

Do  -  mi   -   ne,   sal  -  va    7ios, 


FGF     DC     DEFEDE     ED     | 

Je     -      ru    -    sa  -  lem,  etc. 


GF     GF     D     I 

per   -   i    -    mus  :  etc.  p.  214. 


De  la  3*  époque  : 


F     Ga     a     a     at7      a     GF     Ga     G     F     F     1 

Mel     et       lac    ex      e   -  jus     o    -     re        su  -  sce  -  pi,  etc. 

fDe  S.  Agn.  in  off.  noct.)  Plantin  a  une  mélodie  toute  différente  du  Vile  mode  (th.  19). 


F     FG     GFF     DEFEC 

Chri-sti       vir      -     go 


FGaGFGFED 

nec     ter  -  ro  -  re    con  -  ci  -  ta    -    tur, 


G     FE      C      EG     E     FE     D     D     D     11 

nec    blan  -  di  -  men  -  to      se    -    du  -  ci  -  tur. 

(Ibid.)  Antiph.  du  XIII*  siècle.  N'existe  plus  dans  l'office. 

"  F     FG     GFF     DÊFEDC     F    G     FGa  '  GF     1 

I  -  psi        so      -       H  ser  -vo      fi      -      dem, 

FFËDFŒFFFFFËGFÊDDII 

i  -  psi      me        to  -  ta         de  -  vo  -  ti  -  o  -  ne        coin  -  mit  -  to. 

(Ibid.)  Notée  et  harmonisée  entièrement  par  Guy,  MicroU,  c.  19  (Gerb.  Script,  t.  II,  pp.  22-23). 


Thème  2,  primitif,  Facti  sumus  (a  G  a  G  E  F  D),  compris  chez  Réginon 
dans  la  troisième  et  la  quatrième  division  du  P""  mode.  Il  a  donné  naissance 
à  une  psalmodie  tombée  en  désuétude  après  l'organisation  méthodique  du 
chant  de  l'office  (voir  ci-après  ch.  III,  sect.  IV),  et  remise  en  usage  au 
X"'  siècle  pour  un  petit  groupe  spécial  d'antiennes  [Afferte,  p.  122). 


EOLIEN   (Prot.  auth.,  ter  mode). 


233 


Thème  2. 


Antiennes  de  la  i'^  époque 


ilzzrfi: 


Fa-cti   su-mus        si-cutcon-so  -   la  -  ti  Ps.  125. 

(Fer.  III  ad.  Vesp.) 

aGaGEFGEFÎÊDDII 

Cla-morme-us     ad     te     ve  -  ni  ■  at        De  -  us.i    Ps.  loi. 

(Sabb.  ad  Noct.) 


R.  T. 


De  la  2'  époque  : 


a     G     G     a     G     E 

Ve  -  ni  -et    Do-  mi  -  nus, 

Dotn.  III  Adv.  ad  Laiid. 


F     G     FE     D     D     I 

et     non     tar    -    da  -  bit,  etc. 


*    a     G      a     G     F     Ga     FE     D  [F     EF     G     E     FE     D     D]    ] 

E-runt  pri  -  mi     no  -  vis    -   si   -    mi,  et     no    -   vis-  si  -  mi        pri  -  mi  :  etc. 

Infra  hebd.  Septtiag,  in  Evang.  Disparue  de  l'ofBce.  Le  début  dans  Hucbald,  Mus,,  p.  120. 


p.  17 


p.  17 


*"a     aG     a     aF     G     FE     D 

Sci  -  0         eu  '  i        cre  -  di    -    di. 


F     FG     F     F     I 

et     cer  -   tus  sum,  etc. 


De  S.  Paulo  in  I  noct.  Début  déformé  chez  Pustet  et  Plantin;   dans  l'antiph.  du  XlIIe  siècle  il  correspond 
aux  neumes  de  R. 


p.  I7(n) 


aGaGFGFGD 

Ex  -  i      ci  -  to      in    pla  -te    -    as 

Dom,  II  post  Peut,  in  Evang. 

"aGaGFacâFa" 

Vi  -  di  Do  -  mi  -  num  se-den  -  tem 


F     F     EF      G 

et      vi  -  cos         ci 


FE     D     D     1 

vi    -    ta  -  tis  :  etc. 


aGE     FGFEDDI 

su-per    so  -  li  •  um    ex  -  cel-sum,  etc.  p.  147. 


p.  17 


p. i7rn) 


"  a     GFGa     FE     D 

Ltix   or      -       ta        est 


F     a      GF 

su  ■  per    nos  : 


Fa     Ga     F     FG     G     F    a     G  F     FE    DC     D     FE     D    D 

qui  -  a        ho  -  di     -    e      na-tus   est  Sal  -  va  -  tor,       al  -  le    -    lu  -  ia. 

De  Nat.  Dîii  ad  Vesp.  in  Evang.  Disparue  de  l'office.  La  fin  du  chant  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


P-i5(n) 


I  Autres  antiennes  du  psautier  hebdomadaire  :  Rectos  decet  collaudatio,  ps.  32;  Expugna, 
ps.  34;  Ut  non  delinquam,  ps.  38;  Adjutor  in  tribulatiofiibus,  ps.  45;  Exsultate  Deo,  ps.  80; 
Quia  mirabilia  fecit,  ps.  97;  Clamavi,  ps.  119;  Unde  veniet,  ps.  120  [Fer.  II  ad  Vesp.); 
Speret  Israël,  ps.  130  {Fer.  IV  ad  Vesp.)',  Et  omnis  mansuetudinis,  ps.  131;  Ecce  quam 
bonum,  ps.  132  (Fer.  V  ad  Vesp,).  Plusieurs  de  ces  derniers  chants  ont  pris  une  termi- 
naison irrégulière  dans  quelques  antiphonaires  modernes. 


234 


EOLIEN   (Prot.  auth.,  i"  mode). 


Thème  2. 


De  la  3^  époque  : 


"aGaFacaGa     aG" 

Prae-ses    di  -  xit    ad  Hip-po  -  ly  -  ttim  : 


a     G     E     F     G     FE     D 

Fa-ctus   es      in  -  si  -  pi    -    ens, 


D     F     D     E     F     Ga     GaG  EF     G     FE     D     D     || 

ut     nu  -  di  -  ta-tem    tu   -   am  non        e  -  ru    -    be  -  scis. 

De  S.  Hippol.  ad  Laud.  Disparue  de  l'office.  La  fin  de  la  mélodie  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


Variante  avec  anacrouse,  Exsurge  (F  a  G  a  G  E  F  D),  comprise  chez 
Réginon  dans  la  troisième  division  du  l"  mode. 


Antiennes  de  la  i"  époque  : 


(fe$: 


■— ■-'-jEJCZpi^ 


Ex-sur-ge    Do-mi  •  ne         et      ju  -  di  -  ca     cau-sam  me-am.  Ps.  73. 

De  Cena  Dni  in  H  noct. 

FaGaEFGEGEFËDDl 

Dif  -fu  -  sa    est    gra  -  ti  ■  a       in      la  -  bi  -  is         tu  -  is  :  etc.  Ps.  44. 
De  Nat.  Dni  in  ï  noct.  Cf.  Inton.,  p.  122. 

FaGaFGGDFFFGF 

De  ma  -  nu    0  -  mni  -  um     qui     o-  de-runt     nos  etc.  De  prophetiaZachariaeï 

(Fer.  IV  ad  Laud.) 


De  la  2^  époque 


"Fa  a   G  a   G  FE  EFG  D" 

E  •  sto-te  for-tes  in       bel    •    lo, 

De  Aposf.  ad  Yesp.  in  Evang. 

FaG     aGF     GD 

A-per-tis   the-sau-ris     su  -  is, 


aba  Ga  cd  de   c    cH    G    t}c  tja   t}  a   | 
et       pu-  gna-te  cum  an  -  ti-  quo  ser-pen-te  :  etc. 


abaG    a    cd    de    et}    G    t|e    tja    a    ] 
ob     -     tu  -  le  -  runt  ma  -  gi     Do  -  mi  -  no  etc. 


De  Epiph,  Dni  ad  Laud.  Guy,  De  mod. /orm.,  p.  84,  Même  développement  mélodique  que  l'antienne  précédente. 


Thème  3,  Fontes  et  omnia  (Da  e  a  G  a  E  F  D),  compris  chez  Réginon 
dans  la  classe  principale  du  l"  mode.  Au  troisième  son,  en  place  du 
7*  degré  ascendant  de  l'échelle  modale  (c),  on  rencontre  souvent  le  6«  (b). 
Le  septième  degré  est  le  son  primitif,   ainsi   que   le   démontre   l'antienne 


I  C'est  ainsi  que  le  Resp.  greg.  désigne  le  cantique  Benedictus  Dominus  Deus  Israël. 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.,  i"  mode). 


235 


Thème  3. 

dégénérée  Urbs  fortiindinis,  passée  du  I"  mode  au  VII'  (p.  196).  Evidem- 
ment G  d  f  d  suppose  D  a  c  a,  et  ne  peut  provenir  de  D  a  b  a.  Selon 
toute  apparence  cette  dernière  combinaison  ne  s'employait  qu'au  seul  cas 
où  les  trois  premiers  sons  du  thème  se  chantaient  sur  la  même  syllabe, 
et  elle  avait  pour  but  d'éviter  l'intonation  presque  directe  de  septième 
dans  un  groupe  vocalisé.  Le  motif  Da  7  a,  par  sa  fausse  analogie  avec 
le  thème  38  (E  t}  c  t},  III'  mode),  a  exercé  sur  celui-ci  une  attraction 
telle  qu'il  a  fini  par  l'absorber  complètement  ^ 


R.  T. 


Antiennes  psalmiques 


zfc 


C^)*! 


ï 


-■ — ■- 


'â 


Fon  ■  tes     et   om  -  ni 


quae  mo-ven  -  tur    in        a-quis, 


p.9(n) 


F     EF     Ga     G     F     FE     DC 

hym-num      di    -    ci  -  te      De    -    o, 
Dom,  Pentec.  ad  Laud, 


D      EFE     D     D     II 

al   -   le      -      lu  -  ia.  In  cant.  3  puer. 


Da     ac     a     G     a  F     G     F     Ga     FE     D     D     | 

San  -  cti     spi  •  ri  -  tus  et       a   ■  ni  •  mae      ju    -    sto-rum,  etc.  Ibid. 

De  plur.  Mart.  (nunc  de  SS.  Joannis  et  Pauli)  ad  Laud.  Plant,  et  Lamb.  ont  une  mélodie  toute  différente  du  Ville. 


"  Da     a     ac     a"  a     aGal^aGG 

Vim      vir  -  tu  •  tis     su  -  ae 
Dom.  III  Qtiadr.  ad  Laud. 


FG     a     G     F     G     DEF    | 

o    -    bli-tus    est      i  •  gnis  etc.  :  Ibid. 


Dab 


ac 


a  "  a     aG  at^aG  G     F     G     a     G 


G 


Do    -    mi  -  ne    Do  -  mi  -  nus  no  -  ster, 


quam  ad  -  mi  -  ra  -  bi  -  le  etc.  p.  141. 


P-  13 


P-  7  (n) 


p. I3(n) 


Antiennes  de  la  2^  époque 


"  Da     c     a     G     a     F     Ga     a  " 

Vos        a  •  mi  -ci     me  -  i        e   -    stis, 
De  Apost.  ad  Laud. 


F     G     FE     DEF     FC 

si       fe  -  ce     -     ri      -      tis  etc. 


"Da     a     C     a     G     F     Ga     FE     D" 

Va  •    do     ad    e  •  um    qui    mi   -   sit         me  : 
(Inf.  hebd.  III  post  Oci.  Paschae.) 


FG     a     G     F     G     a 

et         ne-mo     ex     vo  -  bis  etc. 


p.  13  (n) 


p.  9  (n) 


«  Le  1er  mode  s'est  annexé  ainsi  les  antiennes  Alliga,  Praedicans  praeceptum,  Vadam 
ad  patrem,  Ille  homo  qui  dicitur.  Dans  le  thème  3  les  deux  sons  formant  le  saut  de 
quinte  sont  indissolublement  réunis  sur  la  même  syllabe;  dans  le  thème  38  ils  se 
séparent  à  volonté. 


236 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  i"  mode). 


R.  T. 

P-  5  (n) 
P-  7  (n) 

P-5 

p.  5  (n) 
P-7 

p.  5  (n) 

P-  i3(n) 


p.  9  (n) 


Thème  3. 

*"Dâ     aa     aaaca     Ga     a"| 

C/ris    for  •  ti  •  tu  -  di  -  nis  no-strae  Si   -   on  etc.  p.  196. 


"  Da     a     ac     a     aGba 

Ht       «0  •  vis  -  si  -  mi 
lu/,  hebd.  Septuag.  in  Evang. 

Da     âc     a     G     a     G     E 

Sau  -  le,     quid  per  -  se  -  que  -  ris 
De  S.  Steph.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  232. 

"  Da7     a     c     a     G     a 

Le    -     va    Je-  ru  -  sa  -  km 

Da     a     a     aG     at^ca     Ga 

Li   -  be  -  ra    me        Do     -    mi   • 
Dom.  Pass.  in  Evang. 

"Dab     aG     âp     a     aGba 
Ec    -ce        ve    -    ni  -  et 


a     aG"   EF     G     FE     D     D     I 

u  -  na         ho    -    ra      fe     -    ce  •  runt,  etc. 


F     G     E     Ga     FE     D     CD     D  I 

mar-ty-rem    me  -  um       Ste-pha  -  numPetc 


FE  FG     GFE  FE  "  D     D     | 

0     -  en    -    las  tu  -  os,  etc.  p.  92. 

a  aGaGÊFGFÊDI 

ne,  et        po  -  ne     me        ju  -  xta        te  :  etc. 


a     G     F     G     GD'    I 

De  •  us      et     ho  -  mo  etc.  pp.  92,  93. 


"  Da    a     C     a    G     F     G     FE    D  ' 

San  -  cti  qui  spe-rant    in    Do  •  mi  -   no. 
De  plut,  Mart.  ad  Laud.  (nunc  in  II  noct.) 


DFGGFGFEDI 

ha  -  be-bunt  for  -ti  -  tu  •  di  -  nem,  etc. 


De  la  3^  époque. 


"  Da     a     c     a     G     E     FEFD     D  "  EF     G     CD     D     D     | 

Tune  prae-ce  ■  pit     e   -  os      0      -       tunes      i    -     gne    cre  -   ma-  ri  :  etc. 

De  Exalt.  S.  Crue,  ad  Laud.  Act.  Trev.  p.  775.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


Thème  4,  Cor  mundum  (C  Da  c  a  G  a  E  F  D),  dérivé  du  précédent 
par  l'addition  d'une  appoggiature  inférieure,  et  compris  également  chez 
Réginon  dans  la  classe  principale  du  P""  mode. 


P-  7  (n) 


P-  i3(n) 


Antiennes  psalmiques  : 


(?)'^: 


-■■— ■ 

Cor    mun-dum    cre  -  a 


ËË^ 


DFEDFGGFEC 

et    spi-ri-tum   re  -  ctum  in  -  no- va 
Dom.  l  Quadr.  ad  Laud. 


in      me  De  -  us, 

EFGEFËDD     || 
in     vi-sce  -  ri  -  bus     me-is.  Ps.  50. 


CD    Dal?    a    a    G   a    GaG"        E    F   G   E    Ga    FE    D    CD    D     | 

Be  -  a   -    tus   i  -  ste  san-ctus  qui  con-fi- sus  est      in       Do-mi  -  no,  etc.  Ps.  2. 

De  Conf,  in  l  noct. 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.,  lef  mode). 


237 


Antiennes  de  la  2^  époque   : 

"CDDaâcaGa     aGa  " 

E  -  mut  pra  -  va       in     di  -  re  -  cta,  etc.,  ci-dessus,  p.   139. 

"C     D     Da     â^c     a     G"  a     Ga     FGa     FÊ     D     DEF    | 
Quid  hic     sta   -   tis         to  -  ta      di  -  e  0      -      ti     -     o   -    si?     etc. 

/«/.  hebd.  Septtiag.  in  Evaiig.  Plant,  a  une  autre  mélodie,  du  \'IK,  thème  19. 


Thème  4.       R.  T. 

p.  5  (n) 

p.  7  (n) 


"  C    D    D     Da    at|c     a    G    a"  a    E    F    G    FE     D     CD    D     | 

Di  -  es    Do  -  mi  -  ni        sic -ut  fur,  i  -  ta     in    no  -  cte       ve  -  ni    -    et,  etc. 

Fer.  VI  post  Dont,  III  Adv.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  175. 


"CD    Dab    aaaa"aaaa    aG  a^aG  G        FG   a    GF   G   DEF  ] 

Mu-li  -  e    -    res  se-den-tes    ad  mo-nu-mentum,  la-  men-ta  -  ban-tur,     etc. 

Sabb,  sancto  in  Evang. 

"C     D     Da>     a     a     a     a     a     a'aGaFaGG 

Po  -  su  -  e    -     runt  su  -  per    ca-put     e  -jus  etc. 

De  Parasc.  in  Evang. 

CD     Dal?     aaaaaaaaa     aG  abaG  G 

Prae  -  ce    -    ptor,per    to-taju  no-ctem  la  -  bo-ran  -  tes  etc. 

Dom.   Y  (IV;  post  Pent.  in  Evang. 

CD     Dab     aaacaaaaa  aaaaG  abaG  G 

Si         du     -     0      ex     vo  -  bis  con-sen-  se-rint  de     e  -  o  -  rum  etc. 

Fer.  III  post  Dom.  III  Qtiadr.  in  Evang.  Le  texte  actuel  est  un  peu  différent. 


C    D    Dab    a"  a    a    G    F    Ga    aGabab    Fâ        a    G    a    F    GbGab 


no       par-tem  pi-scis  as 


SI,  etc. 


Ob  -  tu  -  le  -   runt  di  -  sci-pu  -  li    Do  -  mi 

Fer.  III  inf.  Oct.  Paschae  in  Evang. 

"C     D     Dab     a     a     a     âp     a     a" 

Et      in  -ci     -     pi  -  ens    a      Mo    -   y  -  se 

Inf.  Oct.  Paschae  in  Evang. 

C  D  Dab  a  aG  a  GF  G  FÊ  DFDDC 

Mu-ro    tu   -   0    in  -  ex-pu  -  gna-bi  -  li 

De  proph.  min.  'Sabb.  ante  Dom.  III  Nov.  in  Evang.)  Trêves  a  une  autre  mélodie  se  rattachant  au   thème  8. 


C    a    G    a    F     GaGE     E     | 

et     o-mni-bus  pro-phe      -      tis,  etc. 


C  D  FE  D  FaG  EF  D  D  | 

circumcin  -  ge  nos,     Do  -  mi-ne,etc. 


De  la  3^  époque 


"  C    D    Da    ac    a    G    a    GaG  " 

Quae  est     i   -   sta  quae  a-scen-dit 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  Evang, 


E    F    G    E    Ga    FE    D    D     | 

sic -ut    au  -  ro  -  ra      con  -  sur-gens  etc. 


*"[C    D   Dab   ac    a    GF    FGa   aG]  "        abaG   [eFG]   FE    D    D     | 
Dnmau-ro   -   ra     fi-nein      da   -    ret,  Cae-ci-li-a     san     -     cta      di-xit:etc. 

De  s.  Caecilia  in  Evang.  Aujourd'hui  le  texte  est  un  peu   différent.  L'antiph.  du  XI Ile  siècle  et  Pustet  ont  le 
début  du  th.  6;   Plantin  et  Solesmes  exhibent  une  tout  autre  mélodie,  du  Ville,  th.  12. 


p.  5  (n) 


p.  9  (n) 


p.  9  (n) 


P-  13 


P-  7 


p.  9  (n) 


p.  9  (n) 


P-  13 


p.  II '^n) 


p. ii(n) 


32 


238 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  ler  mode). 


R.  T. 


Thème  5,  Tecwn  principium  (G  C  Da  c  a  G  E  F  D),  issu  du  précédent 
par  l'antéposition  du  4^  degré  ascendant  de  l'échelle  modale  :  il  y  a 
conséquemment  anacrouse  double.  Ce  groupe  d'antiennes  fait  partie  de  la 
classe  principale  du  P""  mode  chez  Réginon.  Beaucoup  de  livres  de  chant 
exhibent  comme  note  initiale  F,  la  médiante,  au  lieu  de  G,  intonation 
étrangère  à  l'accord  modal  et  fort  éloignée  du  son  qu'elle  appuie.  De  fait 
un  pareil  début  a  quelque  chose  de  bizarre;  il  est  sans  autre  exemple  dans 
l'antiphonaire  de  l'office.  Ce  qui  ne  souffre  aucun  doute,  c'est  que  le  G  a 
pour  lui  les  témoignages  les  plus  anciens;  nous  le  trouvons  chez  Hucbald 
(Mus.,  p.  120).  Guy  l'a  également  (^De  mod.  form.,  p.  82),  de  même  Vlnto- 
narium  (p.  120).  Malgré  tout,  il  est  possible  que  le  son  primitif  soit  F; 
plus  d'une  fois  nous  verrons  les  modernes  retourner  d'instinct  à  des 
formes  plus  régulières  que  celles  des  documents  de  l'époque  carlovin- 
gienne. 

Antienne  psalmique  : 


?)S 


Te-cum  prin-ci    -    pi  -  um        in    di  -  e        vir  -  tu  -  tis     tu-  ae,  etc.,  p.  140. 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 


"  G     C     D     Da     ac     a     aG  "    E     F     G     FE     D     D     I 

Tra-di-tor    au  -   tem     de  -  dit  e  -  is      si  -  gniim     di  -  cens  :  etc. 

De  Cena  Dni  in  Evang. 

"GCDDââcaG'aGa     GaG     F     GF     DF     F     | 

Ap -pro  -  pin  •  qua  -  bat     au- tem      di  -  es     fe-stus         Ju  -  dae   -    o    -    rum,  etc. 

Fer.  YI  post  Dont.  Pass.  in  Evang. 

"G     C     D     [DÏaF     a     a     G     F     FGa     a"         a     G     F     GFG    D     | 

A  -  ve    Ma  -ri      -      a,  gra-ti  -  a     pie     -    na  :         Do- mi- nus    te    -    cum  :  etc. 

Dont.  17  Adv.  in  Evang.  Hucb.  Mus.,  p,  120.  Guy,  De  mod,  form.,  p.  82. 


G    C    D     DaF    a 


a     a     a     aG  at'aG  G         F    G    a    G    F    G    D     | 

Quae-ri-te     pri  -  7num  regnum  De  -  i  et    ju-sti-ti-am    e  -  jus,  etc. 

Dont.  X7  (XI Y)  post  Pent.  in  Evang.  Texte  du  Resp.  greg.  :  Qiiaerite  ergo  primum  etc. 


G     C     D     Dal?     a     a      G      a     GF     Ga 

Red  -  di  -te      er    -    ^0  quae  sunt  Cae-sa    -    ris, 

Dom.  XXlll  (XXII)  post  Pent.  in  Evang. 


F      FED     ED    I 
Cae  -  sa      -      ri  :    etc. 


"G     C     D     D     Dal?     a 

/  -  ste    est    Jo  -  an    ■    nés, 

De  S.  Joh.  Evang.  in  Evang, 


aaa"aaaaaG  abaG  G 

qui    su-pra    pec-tus  Do -mi -ni  etc. 


EOLIEN   (Prot.  auth.,  i"  mode). 


239 


Thème  5. 

G     C     D     DaF     a  aaaaaa"   aG  âFaG 

/  -  sti   sunt   son    -    cti,         qui  pro  De  -  i       a  -  mo  -  re  etc. 

De  pliir.  Mart.  (tiuiic  de  SS.  Joh.  et  Pauloj  in  Evang.  Pustet  débute  différemment  (CF   FE   D   Dal?   a). 


/ 


G     C     D     Dab  a     a     a     aG  at^aG  G  F    G    a    G    F     G 

.San- cti  -  fi  -  ca    -  vit  Do-mi  -nus  ta-  ber-na-  cu-luvt    su 
De  Dedic.  eccl.  in  Evang. 

"G     C     D     DaF  a     aG  G     FaGa  FaG  a  aG  "  | 

Ca  -  ni  -  te      tu     -  ba    in            Si          -  on,       etc.,  p.  148. 


D     I 
um  :  etc. 


De  la  3^  époque  : 

"G     C     D      [D]at7     a"   a     G     F     Ga     a 

j  Mis -sa     He  -   ro     -      des    spi  -  en  -  la  -  to   -    re,  etc. 
De  Martyrio  S.  Joh.  Bapt.  in  Evaiig.  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  44. 


Thème  6,  Ab  insur  gentibus  (DCFGaGEF  D),  compris  dans  la 
classe  principale  du  i*""  mode  chez  Réginon.  De  tous  les  nomes  éoliens, 
celui-ci  a  fourni  le  plus  grand  nombre  d'antiennes.  On  le  rencontre  dans 
une  mélodie  hymnétique  de  rythme  ambroisien,  chantée  à  la  Pentecôte 
depuis  des  temps  fort  reculés. 


DDFDCFGa 

Jam  Chri-stus     a-stra  a-scen-  de-  rat, 

aaaGEFDE 

Pro-mis-sum   Pa  -  tris    mil -ne  -  re 


acdcaaGa 

Re  -ver-  sus  un  -de    ve  -  ne  -  rat, 

CEGGFDCDI 

San-ctum  da  -  tu  -  rus  spi  -  ri  -  tum. 


Par  la  fausse  analogie  qu'il  avait  avec  le  thème  34  avant  le  déplace- 
ment de  la  dominante  du  IIP  mode,  le  thème  6  a  exercé  une  attraction 
sur  le  nome  dorien,  et  s'est  étendu  à  ses  dépens^,  plus  peut-être  que  nous 
ne  sommes  à  même  de  le  constater  aujourd'hui. 

Antiennes  psalmiques   : 


(^)'fe 


^■izz*^ 


■ ._.  ■' 


^^ 


A  b    in  -  sur  -  gen  -  ti  -  bus     in      me. 


li   -  be  -  ra  me   Do-mi  -  ne 


GEGaGFEFFGEFDDIl 

qui  -  a      oc  -  eu  -  pa  -  ve  -  runt    a     -     ni-mam  me  -  am.  Ps.  58. 
De  Parasc.  in  III  noct. 


»   Le  1er  mode  a  gagné  par  là  les  antiennes  Cum  inducerent,  Cum  audisset  Job  (p.  213), 
Egredietur  virga,  Deposuit  potentes  (p.  194). 


240 


EOLIEN  (Prot.  auth.,  i^r  mode). 


R.  T. 

P-  7  (n) 

p.  ii(nj 


Thème  6. 
"D  D   DÇ   FGFGaa"      aaaaacaGa    GF    G  a  G  | 

Se-cun-dum  mul-ti  -tu  -  di  -  nein       mi-se-ra-ti  -  o-num  tu- a-rum,  Do-mi-ne,etc.  Ps.  50. 

Dont.  Quinquag.  ad  Laud.  La  mélodie  peut  être  considérée  comme  la  transition  du  nome  variable  à  la  mélodie 
fixe  fQui  me  confessus  ftieritj. 

"D     F     DEFDC     FG     a     aG7a    |     a    G"F    G    F 

In      le  -  gc  Do  -  mi  -  ni  fu  -  it      vo-lun-tas  etc.,  p.  149. 


Antiennes  de  la  2^  époque 


p-  7  (n) 


P-  7 


P-  5  (n) 


p.  II (nj 


p.  9  (n) 


'D     DC     F     GF     F     Ga     a"  | 

Je  -  sus       au  -  teiii      tran  -si    -    ens,  etc.,  p.  136. 


D     DÇ     F     G     FGa     a 

A  -  men       di  -  co      vo     -     bis, 
Fer.  n  post  bovi.  III  Qtiadr.  in  Evaiig. 

"D    DC    F    G    GF    Ga    a 

Da-bit        e  -  i      Do  -  nii  -  nus 

Sabb.  ante  Dom.  IV  Adv.  in  Evang. 

"D     DC     F     G     Fa     a" 

U  -  nus       ex      du  -  0    -    bus 
De  S.  Andr.  in  Evang. 

"D    DGF    G    F    Ga    a" 

Tu     es     pa-stor    0  •  vi  ~  uni, 

De  S.  Peiro  in  Evang, 


F     G     a     G     F     FG     F 

qui-  a      ne  •  nia    pro-phe    -    ta  etc. 


Fâ     G"  E    F    G    FE    DEFE    DC    | 

se-  deni    Da-vid    pa-tris        e        -       jus,  etc. 


F     G     l^     a     G     Ga     FE     D     I 

qui    se  -  eu  -  ti    sunt    Do  -  mi  -  num,  etc. 

âccâ    Fâ     a     GF    GFG    FE    D    | 

prin    -    ceps    a  -  po  -    sto     -      lo  -  rum  :  etc. 


D     DC     F     G     F     Ga     a 

p.  7  Per     ar   -    ma    ju  -  sti  -  ti    -    ae 

De  Qttadrag.  in  Evang. 


a     ac     a     a     aG  al^aG  G    | 
vir  -  tu  -  tis    De  -  i  etc. 


p. 13^0) 


P-  15 


p.  9  (n) 


"D     DÇ     F     Ga     aFG  "  aG 

Tra-dent        e  -  nini      vos 


F     G      Ga     FED      D     I 

in    con  -  ci     -     li      -       is,  etc. 


De  Vig.  Apost.  ad  Veip.  in  Evang.  Cf.  Aur.  Reom,,  p.  44. 

D  DÇ  F  G    F  Ga  aGG        FG    aGF    FFFFGF    ÊFGFÊD| 

,  E-rat    quidam  re-gu- lus  cu-jus   fi-li-us    in-fir-ma-ba- tur  Ca-pharna- um,  etc. 

Dom.  XXI  (XX)  post  Pent.  in  Evang. 

"DDDÇFGFGaa"         âFaGGGaFËD| 

Diim  con -tur    -    ba  -  ta     fu  -  e    -    rit  a   -    ni -ma    me  -  a     Do -mi    -    ne,  etc. 

(Cum) 

De  P  arase,  ad  Laud. 


ÉOLIEN   (Prot.  AUTH.,   ler  mode). 


241 


Thème  6,     1    R.  T. 

"D   D    DC    F   G    FGa    a"        aaâcaGaGÊPGFEDDI        ' 

De -fi  -  ci  -  en -te     vi    -    no,         jus-sit  Je  -  sus  im-ple-ri    hj' -  dri-as        a-qua,  etc.   1   p.  5  (n) 

Dom.  n  post  Epiph.  in  Evaiig. 

"DDDC'FGGFGâ     a  âFaGGaFEDDl 

Cum  fa  -  cis  e  -  le  •  e  -  tno  •  sy  -  nam,        ne-sci-at     si-ni-stra      tu  -  a  etc.  P-  7  (n) 

Fer.  VI  post  Quinqiiag,  in  Evang. 

"DDDÇFGFGaa"         âFaGGGGaFËDj 

Tu    au-teni     cum    0  -  ra  -  ve  -  ris,  in  -  tra    in     eu  -  bi  -  cu-lum  tu  -  um  :  etc.         p.  7  (n) 

Ibid. 

"DDDÇFGGFGaa"  aaGaGFGaFEDI 

Qui    ver-buni     De  •  i       re    -    ti  -   net  cor-de    per-fe-cto  et      o   -    pti  -  mo,  etc.        p.  7  (n) 

Dom.  Sexag.  in  Evang. 

"DDDCFGFGaa'â^a  GGaFËD| 

Cum    ac  -  ce    •   pis  -set      a   -  ce  -   tum,    di  -  xit  :  Con-sum-ma-tum       est.  etc.  p.  9  (n) 

De  Parasc.  in  Evang.  Ant.  Tiev.,  p.  407. 

D    D    D    DC    F    G    FGa    aaGl^aG  GGaFGFÊC 

Ex    u  -  te  -  ro       se  ■  ne  -  ctu   -   tis    et     ste-ri-li  Jo-an-nes    na-tus      est,  etc.       p.  g 

De  S.  Joh.  Bnpt.  in  Evang. 

"DCFGFaa  aaâG"EFGFËDD| 

Mon  -   tes      et       col  •  les  can  •  ta-bunt       co-ram   De  -  o         lau-dem,  etc.  p.  5  (n) 

Dom.  H  Adv.  ad  Latid. 

"DCFGGFGaa  aâcaG"aFEFD| 

Do    -    mi  ■  nus     ve    -    ni    -    et,  oc  -  cur  -  ri  -  te        il  -  li,      di  -  cen  -  tes  :  etc.  p.  5  (n) 

Dom,  IV  Adv.  ad  Laud. 

DFDDCFGFGaa  FGl^aGFGGal 

Si   quis  mi  -  hi       mi  -  ni  -  stra-ve  -  rit  ho  -  no  -  ri  -  fi  -  ca  -  bit    e-  um  etc.  p.  13 

De  uno  Mart.  ad  Laud. 

"D    F    DÇ    F    G    FGa    a"        a    a    c    a    G    a    GF    GaFâ    Ga    GF 

Cur-re-batit     du  -  0      si    -    mul,         et     il  -  le     a  -  li  -  us    di    -    sci     -     pu  -  lus  etc.       p.  9  (n) 
Temp.  Resurr.  in  Evang. 

"D    F    D    DC    F    G    FGa    a"        baGGEFGFËDFECi 

Il -le     me    cla   -   ri  -  fi  -  ca    -    bit,  qui-  a     de    me   -    o     ac    -    ci    -    pi  -  et,  etc.      p.  9  (n) 

Inf.  hebd.  IV  post  Pascha  in  Evang,  Ant.  Trev.,  p.  470. 

"D   F    D  DC    F    G  FG  Ga  "        a     ac     aGaGGËFGaGI 

A-it     la-tro       ad     la-tro-nem  :        Nos  quidem  di-gna  fa-ctis    re  -  ci  -   pi-mus,etc.      p.  9  (") 
De  Parasc.  ad  Laud. 


242 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  i"  mode). 


R.  T. 
p.  9  (n) 


p.  7  (n) 


p.  5  (n) 


p.  9 


P   9  (n) 


p.  9  (n) 


p.  ii(n) 


p.  II 


p. ii(n) 


p.  5  (n) 


Thème  6. 

"DFDCFGFaa 

Pu  -  e  -  ri       He-brae  -  o  -  rum 

D    F    DC    F    G    Fa    a 

Pu  -  e  -  ri       He-brae-o  -  rum 

Dom.  Palm,  in  Evang. 


F    a    c"   a    G    aG    F    Ga    a    I 

tol-len-tes      ra-mos  o   -    li  -  va-rum,  etc. 

FacaaGaGFFGG     | 
ve-sti-men-ta  pro-ster-ne-bant  in    vi    -    a,  etc. 


/ 


"DDF     D    DÇ     F    G     FGa    a  "        a     ac    a    G    a    G     EF    G 

Ac  -  ce  -  pit     au  •  tein       o-mnes     ti    -    mor,         et     ma-gni  -  fi  -  ca-bant  De-um,etc. 

Fer.  V  post  Dom.  IV  Quadr.  in  Evang.  Ant,  Trev.,  p.  352. 

"D    D    F    D   DÇ    F    G  FGa   a"        aGaGEFGFËDDI 

Jo-an-nes   au-tem     cum  au-dis    -    set  in     vin-cu-lis     o-pe-ra     Christi,  etc. 

Dom.  III  Adv,  in  Evang. 


DDDFDDCFGFaa         acaGaGFGGaa 

.    E- un- tes    in  mun-dum     u  -  7ti  -  ver-sum,    prae-di-ca-te     E-van-ge-li  -  um  etc. 
(Temp.  Restirr.  in  Evang.)  Ant.  Trev.,  p.  490. 

*["D     D     DF     D     C     FGa     a"]  aaaacaGGFa| 

//  -  H       au   -   tein   pro  -je     -     cti,  prae-di  -  ca  -  ve  -  runt    u   -  bi  -  que  etc. 

De  Ascens.  Dhi  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  491.  Notes  initiales  rétablies  d'après  les  neumes  de  R. 

De  la  3^  époque  : 

"D  [dc]  FGFaa"        aaâcaGaGËFGaFÊDDI 

Jo  -  an  -  nés    et  Pau -lus  a-gnoscen-tes  ty-ran-ni-dem      Ju  -  li   -    a  -  ni,  etc. 

De  SS.  Joh.  et  Paul,  ad  Laud.  Tous  les  documents,  depuis  Guy  d'Arezzo,  s'accordent   sur  ce  début.  C'est 
probablement  par  une  erreur  de  scribe  que  R.  a  un  podatus  sur  la  2^  syllabe  de  Johannes, 


"D     DÇ     F     G     FGa     a 

Pîi  -  el    -    lae    sal  -  tan     -     ti 
De  Mart.  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud. 


F     G     a     G"  GFG     D     | 

im  -  pe  -  ra  -  vit      ma    -     ter  etc. 


D     DC     F     G     FGa     a 

,  Na  -  ti    -     vi  -  tas      tu     -     a, 

De  Nat.  S.  Mariae  in  Evang. 

"DDDCFGGFGaa 

,    In     tu  -a        pa  -  ti  -  en    -    ti    -    a 

De  s.  Lucia  in  Evang. 


a     G     EF     G     FE     D     D      I 

De  -  i       ge    -    ni  -  trix       vir  -  go,  etc. 


aaacaaaGaG 

pos-se-di  -  sti    a- ni-mam  tu-am,  etc. 


"D    F  D  DC  FGaG  a  "      a    a  a  a    a  aGabaGG   FG  a  GF  Ga  FE  D  [ 

Stans  be-a-ta       A     -    gnes        in  medi-o  flammae  ex-pansis     ma- ni -bus, etc. 


I        (De  S.  Agn.  in  Evang.) 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  i^r  mode). 

243 

Thème  6. 

R 

T. 

D   D   DF    DDDCFGFGaa         aaaâcaGEFG 

De-di  -  sti,     Do-mi -ne,      ha -bi  -  ta- eu  -  Itim       niar-ty-ri    tu  -  o    Cle-men  -  ti  etc. 
De  S.  Clem,  in  Evang. 

P- 

II 

D     DC      F     G     FGa     aG  G          F    F    G     aG     F     Ga      FED     D    | 

Pa  -  ra    -    di  -  si     por     -     ta                 per    E-vavi  cun  -  ctis  clau  -  sa            est, 

P- 

II 

FGFFDFGGaGFGG        FFËDCDFËDCËFGFËDD|| 

et     per  Ma  -  ri  -  am  vir- gi -nem        i  -  te  -  rum     pa-te  -  fa-cta  est,    al-le-lu-ia. 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  Evang.  A  disparu  de  l'office,  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

Variante  formant  une  mélodie   fixe,   Qui  me  confessus  fuerit,   unique- 

ment  adaptée   à   des   antiennes    de   la   2«   époque,   partant   composée   au 

VI*  siècle  (p.  172). 

( 

1/                                                 ■     ■     T     "■                     ■ 

s,K                             -     B     -     ■■     ■      1      ^^     ■     ■     ■■     ■     ■ 

Ç)"5    ■    ■    ■      ■          ■                                           ■ 

■'  r^ ■ ■ m^ 

Qui  me  con  -fes-sus  fit  -  e   -    rit           co  -  ram  ho  -  mi  -  ni  -  bus, 

P- 

i3(n) 

vp/  p    .           ...  .                             ■                                                     H                               ■      ■ 
con  -  fi  -  te-bor   et      e  -  go     e  -   um          co  -  ram  Pa  -    tre     me  -  0. 

De  uno  Mart.  ad  Laud. 

"DDCFGGFGaa           baGG"GF     FGa     G     | 

Be  -  a     -     ti      pa  -  ci     -    fi    •    ci,           be    -    a   -   ti     mun-do      cor    -     de  :  etc. 

P- 

I3(n) 

De  Apost.  ad  Laud, 

D     DC     F     G     FGa     a           ba     G     Fa     G     | 

Qui   mi    -    hi      mi  •  ni    -    strat        me      se  -  qua  -  tur  :  etc. 

P- 

13 

De  uno  Mart.  ad  Laud. 

D     DC     F     G     FGa     a           GbaGGFaG] 

Eu  -  ge        ser  -  ve      bo     -     ne,            in    mo-di  -  co      fi   -  de   -    lis,  etc. 

P- 

13 

De  Con/.  ad  Laud. 

DDCFGFGaa          ^baGGFaGI 

Quin-que       mi-  hi     Do  -  mi  -   ne            ta  -  len-ta     tra  -  di  -  di    -    sti  : 

P- 

13 

GGEGaGF          DGEFËDD|| 

lu-cra-tus  sum   in-  su  -  per           a     -     li  -  a        quin-que. 

De  Conf.  ad  Laud.  N'existe  plus  dans  l'off.  Le  chant  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle  et  le  Diurn.  du  XV». 

"DDCFGGFGaa"         aaâicaGGFâGI 

Hoc     est        te  -  sti  -  mo    -    ni  -  um        quod  per-hi  -  bu  -  it     Jo  -  an  -  nés  :  etc. 

P- 

5'(n) 

Sabb.  ante  Dont.  IV  Adv.  in  Evang.  Plantin  a  le  thème  a;  Pustet  suit  le  modèle  Ab  insurgentibus. 

244 


EOLIEN   (Prot,  auth.,  i^r  mode). 


R.  T. 

p.5(n) 

P-5(n) 
P-  5  (n) 
p.7(n) 
P-7  (n) 
P-7 


Thème  6. 

"D     DC     F     G     FGa     aG"  aG     l^     a 

Ec  -  ce         pu  '  er      me     -us  e    -    lec-tus,  etc.,  pp.  92,  iio. 

"DDCFGFGaa  Gt'"aGGFâG| 

Stiut    de        hic       stan  -  ti   -   bus,  qui  non  gu  -  sta  -  bunt  mor- tem,  etc. 
De  S.  Joh  Evang.  ad  Laud. 

"DDCFGFGaa"  aGl^aGGFGaGl 

He  -  ro    -    des      i  -  ra  -  tus     [est,  et]    oc-  ci-  dit  mul-tos     pu  -  e    -    ros  etc. 

De  Ihiioc.  ad  Laud.  Le  texte  est  aujourd'hui  un  peu  différent. 


"D     DC     F     G     GF     Ga     a 

Trans-e     -     un  -te      Do   -    mi   -   no, 
Dont.  Quinquag.  in  Evang, 

"D     DÇ     F     G     F    [Ga]    a" 

Cum    im  -  mun-dus    spi  -  ri   -  tus 
Dom.  III  Quadr.  in  Evang, 

D     DC      F     G     F     Ga     a 

Sic  -  ut        ex  -  al  -  ta  -  tus      est 


G     b     a"GG     G     Fa     G| 

cla-ma-bat     cae-cus    ad       e   -    um  :  etc. 


Gt^aGGFGaGI 

ex  -  i  -  e  -  rit     ab     ho  -  mi  -   ne,  etc. 


ba     G     G     F     Ga     G     I 

ser  -  pens   in       e  -  re   -   mo,  etc. 


Dont.  Pass.  ad  Vesp.  in  Evang.  Ar.t.  Trev.,  p.  362.  Diurn.  du  XVe  siècle. 


P-7(n) 


p.  9(n) 


p.  9  (n) 


P.'S  (n) 


p. ii(n) 


"D     DC     F     G     FGa     a"  a     ac     a     GF     Gaba     aG    | 

Quid     mo    •    le  -  sti      e     -     stis  hu  -  ic      mu  -  H     -     e      -       ri  ?  etc. 

Fer.  V  post  Dom.  Pass.  in  Evang,  Ant.  Trev,,  p.  373. 

"D     DÇ     F     G     FGa     a  Fac"aGFGâG| 

Ce-  nan   -   ti  -  bus     au     -     tem,  ac  -  ce-pit     Je-  sus       pa  -  nem,  etc. 

In  Cena  Dni  ad  Vesp.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  400;  texte  un  peu  différent. 


"D      DÇ     F     G     F     Ga     a" 

Jo  -  an    -    nés     vo  -  ca  -  bi  -   tur 

De  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud. 

"DDCFGGFGaa 

Ec  -  ce         no-men     Do   -   mi  -   ni 

"D     D     DC     F     G"  FGa     a 

Qui  vult     ve    ■     ni  -  re      post        /ne, 
De  uno  Mart.  in  Evang, 


ba     G     Fa     G     I 

no  -  men     e    -   jus  :  etc. 


actjcdc     atfa  " 

ve       -       nit     etc.,  pp.  92,  93. 

b     a     G     G     G     Fa     G     1 

ab  -  ne  -  get     se  -  met  -  i  -  psum,  etc. 


"D     D     DÇ      F     G     FGacaG     a" 

P- 5  (")  An-  te  -  quani     con  -  ve  -  ni         -         rent, 

Fer.  III  post  Dom,  I  Adv.  in  Evang. 


G     b     a     G     G     Fa     G    I 

in-ven-ta     est    Ma-  ri    -    a  etc. 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.,  i^r  mode). 


245 


Thème  6. 


"D     D     DC     F     G     F"    Ga     a 

Tra  -  de  -  tur         e  -  niin  gen  -  H    -    bus 

Fer.  IV  post  Dont.  II  Quadr,  in  Evang. 

"D     D     DC     F     G     FGa     a" 

Cla  -  ri  -  fi     -     ca     me,    Pa     -     ter, 
Sabb,  ante  Dont.  Palm,  in  Evang,    ■ 

"DDDCFGFGaa" 

Ni  -  si       e    -    go     a  -  bi  -  e    -    ro, 

De  Ascens.  Dni  in  Évang.  Ant.  Trev.,  p.  485. 


Fâ     G     G     Fa     G     I 

ad        il  -  lu  -  den  -  dum,  etc. 


b    a      G    G     Fa     G     I 

a-pud     te- met  -  i  -  psum,  etc. 


a     ac     a    G    G    F     Ga    G     I 

Pa  -  ra  -  cli-tus  non  ve  -  ni    -   et  :  etc. 


"DD     DDD     DCFG    FGa    a" 

Ec  -ce      V6  -  ni  -et      de    -   si  -  de  -  ra    -    tus 

Dont.  IV  Adv.  ad  Laud. 


Fâ    G      F     Ga     G     I 

cun-ctis    gen  -  ti   -   bus  :  etc. 


"DC     F     G     GF     Ga     a"  a     a     ai:|c     a     GF     Gai?  aGa     aG    | 

Nu   •   pti  -  ae     fa    -    ctae     sunt  in     Ca  -  na       Ga  -  li     -     lae        -         ae,  etc. 

Dom.  II  post  Epiph.  in  Evang,  Cf.  Inton.,  p.  117.  Trêves  et  Solesmes  ont  une  mélodie  du  Ville,  th.  13. 

"DCFGGFGaa"        baGGFGaGl 

De      quin-que    pa   -    ni  -  bus  et    du  -  0  -  bus     pi  -  sci  -  bus  etc. 

Dom.  IV  Quadr.  in  Evang. 


K.  T. 
P-7(n) 

p.  9(n) 
p.9(n) 
P-  5  (n) 
P-  5  (n) 

P-7(") 


Thème  y^Abimaiu  (D  EF  G  E  F  E  D),  compris  dans  la  classe  principale 
et  dans  la  première  division  du  protus  authente  chez  Réginon.  Le  même 
début  mélodique  s'adapte  à  un  thème  hybride,  Secus  decursus  (32),  terminé 
en  IV*  mode'.  De  là  quelques  déviations  dans  les  livres  modernes. 
Certaines  antiennes  sont  attribuées  de  nos  jours  à  la  forme  plagale  du 
protus  (II*  mode). 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 

b==-— =1=1=  " 


A     bi  -  ma  -tu     et 

DFDFËGDFEFDDC 

oc  -  ci  -  dit    mul  •  tos  pu  -  e  -  ros   He  -  ro  -  des 


fra, 

DF    ÊF    CE    D    D    II 

pro  -  pter     Do  -  mi-num. 


(De  Innoc.  ad  Laud.)  Notée   en    entier  dans   la   Comment.,  p.  226.   Les   neumes   de   R.   ont  trois  notes  ascen- 
dantes (f^^ii)  sur  la  2e  syllabe  (bi),  —  Trêves  et  Lambillotte  indiquent  le  Ile  mode. 

ï  Quaedam  non  ejusdem  toni  antiphonae  indiscretam  initiorum  similitudinem  habent, 
«  ut  in  sequentibus  {A  bimatu  et  Ambulabunt  mecum)....  Hae  quidem  antiphonae  simili 
«  principio  ordiuntur,  sed  mox  in  processu  discrepant,  et  una  secundi,  altéra  quarti  toni 
«  melo  deputanda  apparet.  Similiter  in  multis.  »  Commem.,  p.  226. 

33 


p.  5  (n) 


246 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.,  i^r  mode). 


Thème  7. 
"D     ËFG     GE"FED  DÇFGaGFFGF| 

Qui     me  tni  -  sit,     me  -  cum  est,  et        non    re  -  li  -  quit  me     so  -  lum  :  etc. 

Fer.  II  post  Dom.  II  Quadr,  in  Evang. 

DÊFGGGGGEFËDI 

Qui    non      col  -  li  -  git    me-cum,  dis  -  per  -   git  :  etc. 

Sabb,  ante  Dom.  IV  Quadr.  in  Evang. 


DEFGGGGEFED 

0-mnes     qui   ha  -  be-hant  in-fir  -  mes, 

Fer.  V  post  Dom.  III  Quadr.  in  Evang. 


DC    F    G    a    G    F    FG    F     1 

du  -  ce-bant  il  -  los    ad     Je  -  sum,  etc. 


D     EF     G     G     FE     D 

At     Je    -    sus    cou  -  ver  -  sus, 
Dom.  XXIV  (XXII Ij  post  Peut,  in  Evang. 


DC     F     G     a     G     FFG     F 


et 


vi-dens    e  -  am,     di 


xit  :  etc. 


"D    EFG    G    E    Ga"   FE   D    DFD  DC 

Vi  -  si      -      0  -  nem  quam      vi   -   di  -  stis, 
(Sabb.  aiitcj  Dom.  II  Quadr.  in  Evang. 


F    a    G    a    GF    G    F    I 

ne-mi- ni    di  -  xe    -    ri  -  tis,  etc. 


DEFGEGaFEDD  FaGFGFGa] 

Vul-pes        fo     -     ve    •    as        ha-bent,  et     vo  -  lu  -  cres  cae  -  li      ni  -  dos  : 

DEFGFGaGFFFGF        FFFFÊFGFÊDD|| 

fi-li-us    autem   ho  -  mi-nis  non  ha  -  bet         u-bi    ca-put  su-  um  re  -  cli-net. 
De  Pass.  Dïii  ad  Vesp.  in  Evang,  A  disparu  de  l'office.  La  mélodie  dans  le  Diurnal  du  XVe  siècle. 

*  D   [Êf]    GËGaFËDCDD         FGaGF     GaG     a     | 

Di  -  xit       Do    -   mi  -  nus       vil  -  li    -    co  :       Quid  hoc   au  -  di  -  o       de  te?  etc, 

Dom.  IX  post  Pent.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  554. 


D     EF     G     E     E     Ga     FE     D     E     DC 

Di  -  xit        Do  -  mi  -  nus    pa    -    ra    -    ly  -  ti  -  co  : 
Dom.  XIX  (XriIIj  post  Pent.  in  Evang. 


F     a     G     a     Ga 

Con  -  fi  -  de     fi  -  li  :  etc. 


"D    EF    G    E    G    FE    DF    DEC 

Ger-mi  -  na-vit    ra-dix     Jes  -  se, 


DÇ    F    G    a    GF 

or    -    ta    est  stel-la     etc.,  p.  201. 


Égarée  en  IVe  chez  Plantin  ainsi  qu'à  Trêves  (ci-dessus,  p.  201). 


"D    EF    G    E    FGa    FE"DFDDC 

In  -  cli  -  na  -  vit    se  Je    -    sus, 

Sabb.  ante  Dom.  IV  Quadr.  in  Evang. 


F    F    a    G    F    Ga    a     1 

et  scri-be-bat    in    ter  -  ra  :  etc. 


"D     EF     G     G     FE     D"  Fa     aG  at^a 

Co  -  gno   -   ve-runt    o   -   mues     a       Dan         etc.,  p.  138. 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.,  i"  moue) 


247 


Thème  7. 

*"D     ËFG     Ga'    Ga      FË     D      DFDC     FGa     a     G     E 

A  -  bra    -     ham       pa    -    ter        ves  -  ter  ex    -     sul  -  ta  -  vit  etc. 

De  Pass.  Dût  in  Evang.  Début  défiguré  dans  presque  tous  les  antiphonaires  (déjà  dans  Vlnlon.,  p.  124).  Nous 
suivons  de  près  la  version  de  Trêves,  la  plus  conforme  aux  neumes  de  R.  Partout  on  indique  le  II»  mode. 


De  la  3"  époque   : 


R.  T. 


D    EF    G    G    G    Ga    G    G    G    G    Ga    G    GE   Ga    FE   D    C    D    1 

Me-di  -   ci -nain  car -na  -  /£>»  cor-po  -  ri     me  -  o     num-quam  ex  -  hi  -  bu  -  i,  etc. 
(De  S.  Ag.  ad  Laud.j 


D  EF    G   G    FG  FE  D 

Ec-ce       cru-cem  Do  -  mi  -  ni. 
De  Exalt.  S.  Crue,  in  Evang. 


FGa   a    GaG    EF  G    F  FE  DED  1 

fu    -    gi  -  te  par  -  tes    ad-ver  -  sae,        etc. 


"D     EF"   G     G     Ga     G  GE     FGa     FE     D     | 

Ec  -  ce        qtiod    eu  -  pi    -    vi,  jam        vi     -     de     ■     o  :  etc.,  p.  142. 

Texte  actuel  :  concupivi.  Solesmes  a  pris  la  terminaison  du  IVe  mode  (th.  32). 

*"D    E    F    G    [ËFG    FGa    EFG]  D"FG     a     GFGa     a     | 

Lau-ren-ti-  us      in    -    grès   -  sus         est     mar-tyr,    et    con-fes-sus      est  etc. 

De  S.  Laur.  ad  Laud.  Aucun  livre  moderne  n'a  les  groupes  de  trois  sons  sur  le  mot  ingressus;  il  y  a  là 
évidemment  une  intention  pittoresque  du  mélographe,  pour  exprimer  l'entrée  imposante  du  saint  diacre  dans 
le  prétoire. 


Thème  8,  primitif,  Spiritu  principali  (F  E  D  F  a  G  E  F  D).  Réginon 
assigne  la  majeure  partie  de  ce  groupe  d'antiennes  au  protus  authente 
(quatrième  division  et  classe  principale);  il  en  donne  quelques-unes  seule- 
ment au  plagal.  Au  moyen  âge  le  lot  du  11^  mode  augmente,  sans  raison 
saisissable;  il  s'accroît  encore  plus  tard.  Le  caractère  conventionnel  du 
dédoublement  se  manifeste  là  dans  toute  son  évidence.  Comme  le  précé- 
dent, ce  nome  a  une  forme  métabolique  (th.  33,  Laiidaho).  A  remarquer 
aussi  son  analogie  avec  le  th.  41. 

Antiennes  de  la  i'^  époque  : 


?)§=! 


-■— f— ■- 


Spi  -  ri  -  tu  prin-ci  •  pa  -  11         con-fir-ma  cor     me-um     De- us.  (Cf.  p.  135). 
Cf.  Guy,  De  mod.  form.,  p,  84;  Inton.,  p.  120, 


FEDDDEFGaG 

Re  -  ges    ter  -  rae      et       o-mnes  po  -  pu  -  li, 
Dom,  IV  Quadr,  ad  Laud.  Du  lie  chez  Plantin. 


EF     G     FE     D     D     II 

lau   -    da  -  te        De-um.  Ps.  i^ 


248 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,  i*  et  ii*  modes). 


R.  T. 
p.  !?''"> 


p.  19 
11=  mode 


p.  19 
le  mode 


P-  7  (n) 


G    [E    F    G     FE;    D    D 


Thème  8. 

*"FÊ    D     D    E    F    G    aG"  G 

Sae  -   pe     ex  -  pii-gna-ve  -  runt     me  a       ju-ven-tu-te         me  -  a.  Ps.  128. 

(Fer.  IV  ad  VespJ  A  passé  au  thème  33;  terminé  en  IVe,  depuis  le  moyen  âge  ilnton.,  p.  127). 


FEDDDEFGaGIEFGGEFED 

Cir-cum-dan-tes    cir-cum-de  -  de-runt  me  :     et     in     no-mi-ne    Do-mi-ni   etc.  Ps.  117. 

Dont.  Palm,  ad  Laud.  Guy  et  les  modernes,  sauf  Trêves,  indiquent  le  ler  mode. 

F   F  FED  DFDCDDFlrôFGa  GaG  E  F   G  CD  D  D  II 


O  Do-mi    -     ne,    sal-vuin  me  fac 

Dont.  I  Quadr.  ad  Laud. 


Do-mi  -  ne,       be-ne  prospe  -  ra-re.  Ps.  117. 


"FEFED      DÇ      FG    FGa    G"    Gab  aG    a     | 

Be  -  ne-  di-ctus     es       in        fir  •  ma  •  men   •    to       cae       -       H,  etc.  De  cant.  3  puer. 

Dom.  Sexag.  ad  Laud.,  ci-dessus  p.   163,   note  7.    Trêves,   Solesmes  et  Plantin   ont   gardé   le   1er  mode;   Guy, 
Vlnton.  et  Pustet  indiquent  le  Ile. 


I      "F   F   F    EF    D"  F  F    F   E    FG    G 

p.  7  (n)  Be-ne-di  -cat      nos     De-us,  De-us     no  -  ster, 

Loin.  IV  Quadr.  ad  Laud.  Depuis  Guy  du  11^  mode. 

*"F  DF  F    F  FË  DÇ    F  FaGa    a?à"   \ 

p.  ii(n)!         Fi-li  -   i      ho-mi  -  num,    sci-to      -       te 

De  uno  Mart.  in  II  noct.  Du  Ile  depuis  Guy. 


F     G     EF     DFDC      Fa     G" 


P-  9 


p.  17 


p.  i7(n) 


p.  i7fn; 


C   D    FG   E    F    D   D    11 

be-ne-di  -  cat  nos  De-us.  Ps.  66. 


FGaGFGFFEC 

qui-a   Do-mi-nus  sanctum  su  -  um 

E    GË    FË    D    D     11 

mi -ri    -    fi    -    ca  -  vit.  Ps.  4. 


p.  5  (n)  Spe  -  ci  -  0    -    sus 


for  -  ma  etc.,  p.  156. 


FEFDECDDlFGaGFGF 

E  -  go       sum      qui      sum,        et     con  -  si  -  li  -  um    me  -  um  etc.  Ps.  i, 

J>om,  Resurr.  ad  Noct.  Du  Ile  depuis  Guy.  Passée  de  l'antiphonaire  de  Metz  dans  le  romain  (p.  171,  note  7). 

De  la  2^  époque  : 

FEDDFFEGaa 

Ec  -  ce      ve  -  re      Is  -  ra  •  e   -   li    •    ta  etc.,  pp.  91,  108. 

"FEDDFFEG"Ga  aGFEFGFËDD|| 

Vo-lo,  Pa-ter,    ut     u  •  bi      e  -  go  sum,         il  -  lie    sit    et    mi -ni -ster     me -us. 

De  uno  Mart.  ad  Laud.  Le  début  noté  chez  Hucbald,  Mus.,  p.  120. 


"FE    DD    D    EF  GaG  aba  "    aGF    GFEFGFEDDD 

Re-ges  Tharsis    et     in  -  su-lae  mu-ne-ra     of-fe-rent     re  ■  gi       Do-mi-no. 

De  Bpiph,  Dni  i»  II  noct. 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,  i^r  et  ne  modes). 


249 


Thème  8. 


F     FE     D     E     D      DC 

U  ■  uns       est       e  -  nim     ma    - 

Fer.  III  post  Dom.  II  Quadr.  in  Evang. 


F      Ga     aGFE  FaGa      GF    | 
gi  •  sfer       ve  -  ster,  etc. 


FEFDEDC'ED 

Ge  -  un  -  it      pu  -  er  -  pe  -  ra      Re-gem,  etc.,  p.  113. 


*F     EF    DE    DC     CD     FFG    F 

Non  fur  -  be    -    tur       cor        ve    -    strum 

FGaF    a    a     âc     aG    GaG 

cre     -     di-tis    in      De  -  um, 

D    C   D    C  DF   FFG  F 

in    do-mo   Pa-tris     me    -    i 


FE    Ga     Ga    FFGF    F     | 

ne  -  que      for  -  mi      -      det  : 

FË     FG     GFE     D    FÊ    DC     I 

et         in        me  cre  -  di    -    te  : 

FaGaFFËDFCD  FFG  FE 

man-si  -  o-nes  multae  sunt,     al -le -lu     -     ia, 

r  [g  efe]  d   d    II 

L    al  -  le      -      lu  -  ia. 

De  SS.  Phil.  et  Jac.    ad  Laud.    Se  termine   depuis   le   moyen    âge   en    Vie,   comme  Esto  mihi  (p.   zoo),  par 
analogie  réelle  avec  le  thème  41.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Inion.,  p.  130. 

FFFFËDC     F     FÊDIFaGa      GEF    FG    FE     D     | 

Templum  Do  •  mi  -  ni        sau-cttim      est,        De   -   i         stru    -    ctu  -  ra        est,  etc. 

De  Dedic.  eccl.  in  III  noct.  Du  Ile  rnode  chez  Guy  {De  mod.  form.,  p.  88). 


R.  T, 


P-7 


p.  19 
Ile  mode 


p.  9 


De  la  3^  époque   : 


p.  13 


"FEFDED         D   CDF"  F  DED   C    D   DC   E  FE    D    C   D 

O     be-a-tum    vi-rnm!      cu-jus 

De  S.  Mart.  in  Evang.  Texte  un  peu  différent  aujourd'hui 


a  -  ni    -    ma    pa-ra  -  di-sum     pos-si-det  :  etc.      p.  igTn) 

Ile  mode 


"F  FE  DC    EF  D"   F    a    G    F    Ga  a     I      FG     a  GF     G   FE  D    I 

Bi-du  -  0         vi  -  vens    pen-de-bat    in    cru-ce  pro    Chri-sti       no-mi  -  ne,  etc.       p.  ii(n) 

De  S.  Andr.  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Texte  un  peu  diff'érent  aujourd'hui. 


"F  FE  DC    EF  D"    EF  G  FD     FF  E    G   G    Ga  G    FE  DF    | 

Cre-di  -  mus     Chri-stum      fi    -    li-um      De  -  i      ve-rum  De  -  um    es  -  se,     etc. 
De  S,  Caec.  in  III  noct.  Antiph,  du  XlIIe  siècle. 


F    F    FE 

In  -  i  -  to 


D    ED    CD    D 

con  -  si    -    H    -    0, 


DED     E    D     E    F    EDC    C 

ve-ne-num    vi  -  no     mi-scu-e      -      re  : 


FE     D    EF    GaGaba    aG    a    G  F    FE     DF    F    DEDC    C 

quo        o  -  bla   -   to,  si  -  gna-vit,  sic-que      con  -  fra-ctum  est 

FÊ     FD      ËD      CD    DCA  C    D    FE      C    E    D     || 

ac         si         pro         si    -    gno  la-pi-dem      de- dis-set. 

/De  8.  Bened.  ad  Laud.j  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  N'existe  plus  dans  l'office. 


p.  19 

Ile  mode 


p.  19 
Ile  mode 


R.  T. 


P.7(n) 


250 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,  i"  et  ii^  modes). 


p.  12 fn) 


p.  II ''nj 


Thème  8. 

Variété  avec  anacrouse,  Deus,   Deus  mens   (DFEDFaGEF  D), 
comprise  dans  la  classe  principale  du  I"  mode  chez  Réginon. 

Antienne  psalmique  : 


^!g 


-«— ■- 


De -US,  De- us    vie- us,        ad    te     de     lu  -  ce     vi-gi-lo: 

Dont.  Sexag.  ad  Laud.  Pustet  et  Solesmes  indiquent  le  Ile  mode. 


etc.  (Cf.  p.  148) 


Antiennes  de  la  3^  époque  : 

"DFFE    FG  FED  DEF  "       FDFGaa    baG    EFGFË    DD| 

Cantan-ti-bus  or  -  ga    -    nis,  Cae-ci-li  -  a  Domino     decanta-bat,     dicens:etc. 

De  S.  Caec.  ad  Laud.  Voir  ci-dessus,  p.  170. 

"D  DEF  D    DEF    ËD  Fa   G  aGl?a  "   a    G    EF    G    FE    D    D    | 

Co-lu     •     tmia  es  im  -  mo  -  bi-lis.  Lu  -  ci  -  a      mar-tyr    Chris-ti  :  etc. 

De  S.  Lucia  in  Evang,  Le  début  restitué  d'après  les  neumes  de  R. 


P- 13  (n) 


P-  7  (n) 


Thème  9,  Invocantem  (C  D  F  E  D  F  a  G  E  F  D),  dérivé  du  précédent 
par  addition  d'une  anacrouse  double  et  amplification  intérieure.  Réginon 
range  la  plupart  des  cantilènes  suivantes  dans  la  classe  principale  du 
I"  mode,  et  n'en  assigne  au  plagal  qu'une  minime  part,  fort  accrue  plus 
tard.  On  rencontrera  ici  surtout  des  antiennes  développées,  in  Evangelio, 
composées  à  la  3^  époque. 

Antiennes  psalmiques  : 


(^ 


ï 


In  -  vo-can-tem  ex  -  au-di-  vit         Do -mi-nus  sanctum  su-um 


d2 


(5!|£lir^^^!iE''?;^EE!^=t3=fzi=-=i^EiE!.=i=i=fl 

Do-mi-nus  ex-au  -  di-vit    e-um        et  con-sti-tu- it     e-  um  in     pa-ce.  Ps.  4. 

De  Conf,  in  II  noct.  Du  Ile  mode  depuis  Guy  (De  mod.  form.,  p.  88).  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


"CD    FED    DDE  C  D   E  D 

In       spi-ri-tu    hu    -     mi-li  -  ta-tis 


C    D    F  D   F    F  EFDDC  C 

et      in      a  -  ni-mo  con-tri        -        to 


DC  F  Ga  a  GaG    EF  G  FE    CD  D  | 


Lsu  -  sci-pi  -  a-mur       Do  -  mi-ne 

In  cant.  3  puer,  Dom,  l  Quadr.  ad  Laud.  Du  Ile  depuis  Guy. 


te  :  etc. 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,  ler  et  ii*  modes). 


251 


Thème  9.       R.  T. 


De  la  2^  époque   : 


C    D    F     FE    DC      DF    DC     C  F      Ga    aG    FG     GFD    D     | 

A  -ma-vit      e    -    n»i        Do  -  uii  -  nus,         et       or  -  na  -  vit  e     -      iim,  etc. 

In  vig.  Conf.  ad  Vesp.  in  Evang.  Inton.,  p.  124,  du  Ile. 

"CD     F    E     D    EFG"  EFEDD  FaGGF] 

Qui-dam  au-tem    Ju-dae      -      i       di    -    ce-bant  :       Qui-a      bo-nus    est:  etc. 

Fer.  III  post  Dom,  Pass.  in  Evang,  Ant.  Trev.,  p.  369. 

"CDFECED"         CDFÊDCFFGGFI 

Vir  •  go     ver  •  bo     con  •  ce  -  pit,  vir    -    go       per  -  man  -  sit,  etc. 

De  Nat.  Dni  in  Evang.  Disparue  de  l'office.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Cf.  Process.  nionast.,  p.  163. 


p.  15 


P-  7  (n) 


p.  i9(n) 
II«  mode 


C    D    F  ED  C  CD  D  D        DC  Fa  Ga  F  E  C    D   FG  ED   FE  D  D    | 

Stans  a    lon-ge      pu-bli  -  ca-niis,       no-  le  -  bat     o-cu-los  ad  cae  -  lum     le  -  va-re,  etc. 

Dom.  XI  (X)  post  Pent,  in  Evang,  Pustet  commence  par  un  D. 


P-  15 


C    D    F     F     FE     DE    D      DC    D    FE    DE    DC     | 

Be  -  a  -  ttis     vir    qui       suf  -   fert    ten   -  ta  -  ti    -    o    -    nem  : 

Fa  aG  âFaG    FGaGFGFED         CDFFEFGÊFËDD 

qui-a  cum  proba-tus     f u  -  e  -  rit,         ac  -  ci-pi-et    co-ro-nam    vi-tae, 

DaF     a    G    FË    FGFE     DE    DC  CD    FGaG   ED    EFE     D  | 

quam     re-pro-mi  -  sit  De  -   us  di  -  li  -  gen     -      ti    -    bus  se. 

De  uno  Mart.  in  Evang.  N'existe  plus  dans  l'office.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


P-  15 


"CD     F    E     CDE    D    D" 

jVir-go    De  -  i       ge     -     ni-trix,  etc.,  p.  142. 


Cf.  Process.  monast.,  p,  294, 


P-  5  (n) 


"C     D     F     E     C     D     F"    DE     DC     I 

jQui    cae  -  la  -  rum  con  -  ti  -  nés     thro  -  num,  etc.,  p.  146. 

Début  de  Pustet  :  D  CD  D  D. 


P-  13  (n) 


'  C  D  FG    GF  D  CD  D" 

Fi-li-ae        Je  -  ru- sa  -  lem, 
l 
(De  Sanctis  temp.  Resurr.  in  Evang,) 


DC  F  Ga    a    GF  GF  D    FE  DE  DC   ] 

ve  -  ni-te,      et     vi  -  de  -  te    mar  -  ty  -  res   etc. 


p.  9  (n) 


C    D    F     FE    DE    DC 

Be  -  a  -  H       e    -    ri   -   tis 


FGal?    a    aG  FE  FGFE     D    CD   D    1 

cum        vos    o  -  de  -  rint  ho-mi  -  nés,  etc. 


De  plur.  Mart.  in  Evang.  (nunc  de  SS.  mon.  0,  S.  B.  Antiph.  monast.,  p.  859).  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


P-  15 


252 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.  et  plag.,  i^r  et  ii*  modes). 


R.  T. 


p.  II  (n) 


Thème  9. 


De  la  3^  époque  : 


"CDFED     C     DFG"GF     Ga     a| 

In     cra  -  ti  -  eu  -  la    san-ctum  De  -  um     non    ne  -  ga   -    vi,  etc. 

De  S.  Laur.  in  Evang.  Texte  un  peu  différent  aujourd'hui. 


p.  II 


p.  9  (n) 


P-I5 


p.  19 
Ile  mode 


p.  II (n) 


P-i5(n) 


p.  19 
Il'mode 


C  DP  FED  D    D  C  E    FE  D  D        FGa  a    G  a  F  DG    F  FE  DD  C   | 

jGlo-ri  -  0     -     sae  vir-gi-nis  Ma-ri-ae         or-  tum  dignissimum   re-co  -  la-musetc. 
(De  Nat.  S.  Mariae  in  Evang.j 


"C    D    F  FE  D    D  EF    DE  D    C  "        F    G   a    G  FE  FG  GFED   1 

Su-per     o-mni  ■  a      li-gna      ce  -  dro-rum,         te    so-  la    ex-cel  -  si  -  or,  etc. 

V 

De  Exalt.  S.  Crue,  in  Evang,  Du  lie  mode  dans  Union,  et  chez  Pustef. 

CDF  FFFÊDÊDCDD  FFaGaGEFGFEDC 

O  be-a-tiim     pon-ti    -  fi  -  cem,         qui    to-tis    vi-sce-ri-bus  di  -  li  -  ge  -  bat 


(De  S.  Mart.  in  Evang.) 

CDF     F     F     FÊ     D      ËD      CD     D    I 


Lchi 


FE     D    D     1 

Chri-stum    re-gem,  etc. 


0 


quan-ttis     lu    -    dus     o    -    moi  -   um  ! 


DÇ     Fa     G     a     GF     F 

quan  -  ta      prae-  ci  -  pu    -    e 


F     FE     Ga     FE     CD     D     D 

ia-men   -   ta        mo   -    na  -   cho-rum 


DGFG     DF     FE     DE     DC      C 

et  vir    -    gi    -    num     cho    -    ri  : 


F    F  a    G  a 

qui  -  a  pi-um  est 

FFD  E    D     C 

et  pi  -  um  est 


G    FE    G     GaG    F    F 

gau-de  -   re     Mar    -    ti  -  no, 

ËGa    FË     CD    D    D 

fie    -     re        Mar  -  ti  -  num. 


Ibid.  Disparue  de  l'office.  La  mélodie  dans  l'Antiph.  du  XlIIe  siècle  avec  la  psalmodie  de  l'authente. 

*"CD      FË     DC     F     Fa     ââç  "    F     ËD      FG     CD     | 

O        crux,  splen  -  di  -  di    -    or  cun-ctis         a    -    stris,  etc.,  P-  i4i' 

Probablement  composée  en  France  pour  l'invention  de  la  sainte  Croix, 

*"CDF   FË     D     FDC     ËFDËD"        DFËFGfÇdË  DD   C  | 

/     -     sti      sunt   du-ae         0    -    li  -  vae  et     du  -  o         can  -  de  -  la  -  bra  etc. 


l 


(De  SS.  Joh.  et  Paul,  in  Evang,)  Début  restitué  d'après  les  neumes  de  R. 

CDD   DFGFËD    CDD|      CDD   DFFËFDFDDÊFËDC| 

Ve  -  Mt,  de-si-de-ra  -  tor   ho  ■  ne,        ve  -  ni,   su-sci-pi-ant    te  an-ge-li      me  -  i;  etc. 
if 
(De  S,  Laur.  in  off.  noct.)  Disparue  de  l'office.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Pivcess.  monast.,  p.  193. 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.  et  plag.,  le""  et  ne  modes). 


253 


Thème  9. 
Variété  fixe  (sauf  les  modifications  indispensables  pour  l'adaptation 
du  texte),  0  Sapientia  (CF  E  F  D  C  D')-  Le  tonariiis  de  Réginon  assigne 
ce  petit  groupe  d'antiennes  longues  au  plagal  du  protus  (11"=  mode).  Les 
antiphonaires  modernes  font  descendre  le  dessin  jusqu'au  son  le  plus 
grave  de  l'échelle  gréco-romaine  (A).  Mais  c'est  là,  selon  toute  proba- 
bilité, une  glose  mélodique,  une  addition  postérieure.  Aurélien  de  Réomé 
nous  apprend  que  «  les  chantres  des  écoles  palatines  tenaient  O  Sapientia 
pour  une  antienne  du  protus  authente,  à  cause  de  l'extension  de  la  mélopée 
vers  l'aisfu^.  » 


R.  T. 


(^)$: 


Sa 


pi  -  en  -  ti    -    a,  etc.  p.  144. 

De  même  les  six  autres  antiennes  dites  majeures,  chantées  à  Magnificat 
durant  la  semaine  avant  Noël  :  0  Adonai,  O  radix  Jesse,  0  clavis  David, 
0  Oriens,  0  rex  geniium,  0  Emmanuel. 


"CFFE     FD      ED    CD    DED  " 

,    O  rex       glo   -   ri    -    ae. 


C    DF    FE     DE    DD    C     | 

Do  -  mi   -   ne         vir  -   tu  -   tum,  etc. 


De  Ascens.  Dni  in  Evang.  —  Bède  le  Vénérable,  d'après  le  touchant  récit  de  son  disciple  Cuthbert,  chanta 
cette  antienne  à  ses  derniers  moments.  Il  mourut  le  lendemain  de  l'Ascension,  27  mai  735. /fis/,  eccl.  gent.  Angl., 
Londres,  1838,  pp.  xiv-xvi. 


p.  lyfn) 
Ile  mode 


p.  ig^n) 
Ile  mode 


Thème  io,  A  porta  inferi  (D  F  D  C  F  a  G  E  F  D),  dont  les  dérivés, 
comme  ceux  du  nome  précédent,  se  partagent  chez  Réginon  entre  le 
I"  mode  (classe  principale)  et  le  W. 

Antiennes  psalmiques  : 


A    por  -  ta       in  -  fe  -ri  e  -  ru-e    Do-mi-ve  a  -  ni-mam  me-am. 

In  cant.  Ezech.  Sabb.  sancio  ad  Laud.  Attribuée  au  Ile  depuis  Guy  (De  mod,  form.,  p.  88). 


p.9(n) 


*  "D    CD    D    D     D    D     F    D" 

Ad-sti   -    te-runt    re  -  ges     ter-rae,  etc.,  p.  197- 

ï   La  note  initiale  n'est  pas  certaine.  Beaucoup  d'antiphonaires  commencent  par  D; 
en  ce  cas  tout  le  groupe  se  rattache  à  la  variante  du  thème  8. 

2  «  Quamquam   a  palatinis,  ob  excelsiorem  vocis  modulationem,  de  primo  intonatur 
tono.  »  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  45. 

34 


p.  igfn) 
II«mode 


254 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,  i"  et  ne  modes). 


Thème  lo. 
"DDÏË]  CDFE'DDEDCI       FGaaGEFG      FEC 
Psal    -     H  -  te     De-o      «o-s/f-o,  psal-li  -  te  :       psal-Ii  -  te     re-gi    no-stro,  psal-li  -  te 

/);£/ij/i;i.2)«i  m /«oc/.  Du  Ile  depuis  Guy.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Aucun  r-pv      ^^      D      H       II 
des  livres  modernes  n'a  ici,   ni   dans  les  nombreux  cas   analogues,  la  petite  ^      ^      '-'       Il 

note  (epiphonusj  qui  sans  doute  n'est  pas  primitive. 


sa-  pi    -    en-ter.    Ps.  46. 


De  la  2^  époque  : 


D     D     C    D     F    E    DC 

Haec  est     vir-go     sa  -  pi  -  eus, 


F    Fa  GaG    F     E    F    G      FE    D    D 

et      u  -  na         de     nu-me-ro     pru  -  den-tum. 


De  Tirg.  ad  Laud.  Les   deux  antiennes  commençant   par   ces  mêmes  mots  ont  un  chant  identique  dans  mon 
antiph.  du  XIII*  siècle,  contrairement  à  la  plupart  des  éditions  modernes. 

DCD     FE     DDC|DÇ     FGa     aG     FFGF 

La  -  ve-rttnt  slo-las     su  -  as,  et        can-di-das     e  -  as      fe  -  ce  -  runt  etc. 

De  Innoc.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  215.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


DCD     F    E     D    DC 

Ro  -  ga  -  bo     Pa-trevi   me  -  um, 

De  Ascens.  Dni  in  Evang,  Ant.  Trev.,  p. 


DÇ      FGa     G    FG    F    F 

et  a  -  H  -  um    Pa  -  ra  -  cli-tum  etc. 

5.  Guy  indique  le  Ile  mode. 


"D    D[E]     C     DFEDDC'I      FG     aG    FFG    F 

Pro-pite    -     tae  prae-di  -  ca  -  ve-runt  na-sci   Sal-va-to    -    rem  etc. 

Fer.  1 V  ante  Vig.  Nat.  Dni  ad  Laud.  Du  Ile  depuis  le  moyen  âge. 


D    CD    D      DF    D     DÇ      DEF    FC 

A  -  scen-dens    Je  -  sus      in         na    -     vim, 
Dom.  F  (lY)  post  Pent.  in  Evang. 


F     GaG    âFFâ 
et      se    -    dens,     etc. 


D     D     C    D     F    E    DC  Fa    G   aG     EF    G   FE    DEF    FC   I 

Haec   est    do- mus  Do  -  mi  -  ni  fir  -  mi-ter       ae  -   di  -  fi    -    ca    -     ta,     etc. 

De  Dedic.  eccl.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


"DD[E]     CD     F    E    D    C" 

Ma       -      jo  -  rem  cha  -ri  -  ta-  tem 
De  Apost.  ad  Laud. 

DCD     FED    DEF 

La-  pi-  des    pre  -  ti  -  0  -  si 
De  Dedic.  eccl.  ad  Laud. 


F    Ga     ai^Ga  l7a[7  a     | 

ne  -  nio       ha        -  bet,  etc. 

C    D      F    E     DEF  FC     | 

o-mnes   mu  -  ri      tu     -  i,     etc. 


*"D    C    D    DF  F     DC  D    F  DEF  DC  "  1      Fa   Ga    FG    a  GF    G   D 

E-sto-te      er  -  go     mi  -  se -ri -cor  -  des,  sic  -  ut       et      Pa-ter     ves-ter  etc. 

Dom.  lY  (I)  post  Pentec,  Début  légèrement  déformé  dans  les  antiphonaires  actuels. 


*  "  D[Ç]    CD     F    EF    D  "  DFD  DC 

Priii    -    ci  -  pes     sa  -  cer  -  do  -  tnm 


DÇ    F    Ga    al7a     G    bG    a 

con  -  si  -  H   -   util        fe  -  ce  -  runt  etc. 


Fer.  Y  post  Dom.  Pass.  in  Evang.  Peut-être  faut-il  lire  un  epiphonus  (de)  sur  la  première  note,  au  lieu  d'un 
cephalicus. 


ÉOLIEN    (PrOT.    AUTH.    et   PLAG,    ler   ET   lie    MODES). 


255 


"  DD[E]    C     D     F    E     D     DC 

An       -      cil  -  la      di  -  xit     Pe  -  tro  : 

Fer.  IV  mnj,  hebd.  in  Evang.  Aujourd'hui  du  Ile. 


Thème  10. 

R.  T. 

F 

G 

a 

G 

a 

FE 

DFD  DC     1 

Ve 

-  re 

tu 

ex 

il 

■  lis 

es,               etc. 

p.  9(n 

D     C     D      F    GFEF    FD 

et    tamquam  scin-til      -       lae     etc. 


*"DD[E1    CF    EF     DE    D 

Fui      -      ge  -  biiitt      ju   -  sti, 

De  pliir.  Mart.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  612.  Les  signes  neumatiques  font  voir  qu'à  la  page  9  Réginon  n'a  pas 
eu  en  vue  l'antienne  Fulgebunt  justi  chantée  aujourd'hui  dans  l'office  romain.  C'est  probablement  cette  dernière 
qu'il  a  colloquée  dans  le  Ile  mode,  à  la  p.  ig. 


=i=  DFED    DG 

Eu      -      ge, 


D    F     D    C 

ser-  ve     bo  -  ne  etc.  p.  114. 


Peut-être   faut-il   lire  sur    la  2»   syllabe,  DO,  au   lieu   de  DG.  Dans  la  notation  pseudo-hucbaldienne  les  deux 
signes  correspondant   à  C   et  Q   ne  diffèrent  que  par  la  position. 

DDÏË]  C  DF  F  FED  DF   D  C  DF  F  FED  DF  F  FDC  [  F  G  a 

Lau    -     de-mus  Do-mi  -  num,      quem  laudant  an-ge    -    li        tu-i,         Che-ru-bim  etc. 

he  S.  Mich.  in  III  noct.  La  mélodie  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


"DD[E]      C    DF    FE    D 

In  ve  -  la  -   men  -  to 


F    FE    D" 

cla-ma  -  bant  etc.,  p.  139. 


"DD[E]  C"  DF  F  FE  DC  D  FE  DE  D 

San    -    cti    per     fi-dem     vi  -  ce-rtmt    re-gna, 

De  plur.  Mart.  in  Evang. 


DEFGG    G    DFaaG 

o-pe-ra-ti  sunt  ju-sti  -  ti-am,etc. 


DA  CDE  D   D 

Me      et     -     e-  nim 


D    F   E    D    F   E    DE  DC    I    FG    a   Ga 

de     di  -  e      in     di-em  quae-runt,       et       sci-re    etc. 


Fer.  V  post  Quinquag.  in  Evang.   Une  des   rares  antiennes   de   l'office   qui  descendent  jusqu'au   son   le   plus 
grave  de  l'échelle  gréco-romaine  (A). 


DEF    DE  C    D    F    FED  D 

.  Si  of  -  fers  mu-nus   tu    -    lun 

Dont.  VI  (V)  post  Pent.  in  Evang, 


CD    F  DEFD  D 

ad       al-ta      -      re, 


F    a   G  a  GF 

et    re-cor-da-tus 

G  Ga    âFFâ    | 
f u  -  e  -  ris  etc. 


CD 

F    ED 

FE' 

'  D 

c 

D    Dab 

a 

0   - 

eu  -  los 

y^  - 

sus, 

et 

vi  -  dis   - 

set  etc. 

"D     C    DF    F    DED 
,Cum  stib-le  -  vas  -  set 

Dom,  IV  Quadr.  in  Evang,  Trêves  et  Solesmes  concordent  le  mieux  avec  R. 

De  la  3^  époque  : 


"D    D     C    D    F    E    DE"  CD 

Cu  -jus   pul-chri-  tu  -  di-  nem  sol     et 

(De  S.  Agn.  in  III  noct.)  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


F    E     D    FG    G     I 

lu  -  na    mi-ran-tur   etc. 


DCDFFED         FDCCDDIDCDFF     FGaaj 

Hor-tus  con-clu-sus    es,  De-i     ge-ni-trix,    hor-tus  con-clusus,  fons  si-gnatus,  etc. 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  Evang,  Ant.  Trev.,  p.  895. 


p.  9  (nj 
P-  15 


P.i5(n) 


p.  19 

Ile  mode 


p.  9  (n) 


p.  13  (n) 


p.  17 
Ile  mode 


p.  15 


P-7(n) 


p.  19  (n) 
Ile  mode 


p.  19 
Ile  mode 


R.  T. 


p.  II 


256 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,  i^^  et  ii^  modes). 


Thème  10. 

DD    CDFFÊDFFËC  FGaGFFGF| 

In   -   ter  -  ro    -   ga  -   tus     Jo-an  -  nés  ab    He-ro-de      di-cen    -  ti  :  etc. 

De  marlyrio  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud.  Disparue  de  l'office.  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 


p.  19 

II«mode 


P-i5(n) 


p. ii(n) 


p.  13  (n) 


DDF    D  DC  D    C  D   F    FE  C    |    F  F  G   FE  DC   D   FE  DE  D    | 

Be-a-ta    ma-ter      et     in-nu-pta  vir-go,      glo-ri  -  o  -  sa      re  -  gi-na    mun  -  di,  etc. 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Aujourd'hui  intacta  virgo. 


"DEF  D   D  C  D    F"  DEFC  C 

Se    -    nex  pu-e-rum  por-ta     •      bat, 

De  Purif.  s.  Mariae  in  Evang. 


F  F  Fat^aG  aG  EF  G    CD  D  D  1 

pu-er    au     -     tem     se  -  nem  re  -  ge-bat  :  etc. 


"D    C    D     F  FE     DC  DEFE  DC   DEF" 

,  In  -  cly-tus  Mar-tyr      Ti  -  bur     -      ti  -   us, 


F     G    a    GF     Gba    a    | 

cum    nu-da-tis      plan  -  tis  etc. 


De  S.  Tiburtio  in  Yig.  ad  Yesp.  Disparue  de  l'office.  Antiph.  du  Xllle  siècle.    R.   enregistre  une  seconde  fois 
cette  antienne  :  en  Ville  mode  (p.  47).  C'est  probablement  une  version  dénaturée  comme  Adstiterunt  (p.  197). 

Variante  avec  appoggiature,  Similabo  eum  (CD  FDCFaGEF  D), 
comprise  chez  Réginon  dans  la  classe  principale  du  i^""  nîode  et,  par 
exception,  dans  la  classe  unique  du  plagal.  On  ne  rencontrera  guère  ici 
que  des  antiennes  adjointes  au  Benedictùs  et  au  Magnificat^  longues  pour 
la  plupart. 

Antiennes  de  la  2*  époque  : 


Si  -  mi  -   la  -  bo     c    -    um 


vi  -  ro    sa  -  pi  -  en  -  ti, 


^1^ 


qui   ae- di  -  fi  -  ca  -  vit  do  -  mum    su  -  am    su-pra     pe-tram. 

(De  Conf.  in  Evang.)  La  fin  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 

"CCDDDDDFF"  DCD        DÇFGaG    F    EF  FGFD  D   | 

p.  7  (n)  Du-ctus    est   Je-sus  in    de-ser  -  tum,  ut     ten-ta  -  re-tur    a     di-a-bo    -     lo  :  etc. 

Dont.  I  Quadr.  in  Evang.  Début  allongé  aujourd'hui  par  l'insertion  des  mots  a  Spiritu. 


P-7 


p.  9  (n) 


CCDDDFED    C    DF  DED  CD  F  E  FG  ED  FE  CD  D  | 

II- H      (er-go)  ho-tni-nes  cum  vi-dis-sent  quod    fe-ce-rat     Je-sus      si-gnum,  etc. 

(Dom.  IV  Quadr.  in  Evang.)  Pustet,  Plantin  et  Lambillotte  ont  le  thème  4. 


"C    CD      DF      F    D" 

Non -ne        cor        no-strum 
Temp.  Resurr,  in  Evang. 


F    G     b    t?a     GF     G    Ga     F     E    D     I 

ar-dens    e-rat      in         no-bis        de     Je  -  su,  etc. 


ÉOLIEN  (Prot.  al'Th.  et  plag.,  i^r  et  ne  modes). 


257 


Thème  10. 


"C    CD     D    D     D     EFG     G    FE  "     D    D      |       F    D    C 

Us-qtie       nw-do    non    pe      -      ti  -  stis       quid-quam  ?        Pe  -  ti  -  te,  etc. 
Dom.  V  post  oct.  Paschnc  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  471.  Texte  allongé  dans  la  romain  actuel. 


"CD      D     D    DE    D      DÇ    DF    FE 

Non        vos     re  -  lin  -  quatn    or  -  pha  -  nos, 
De  Vig.  Pent.  ad  Vesp.  in  Evang. 


D    CD    DE    DC     I 

al  -  le    -    lu    -    ia  :  etc. 


CD    D    DC      F    F     DE    DC      F    Ga    a  b    G     a    GF 

Lu    -  ge-bat        au-tem    jfii  -  dam        Is  -  ra  -  el  plan-ctu  ma-gno,  etc. 

De  libro  Machab.  (Sabb.  anie  Dom.  III  Octobr.  in  Evang,)  Cf.  Inton.,  p.  lîi. 


*"C    CD    D    D'    [d    d 

Ad-  sti    -    te  -  rtint     ju  -  sti 


EF    D     E    D    DC 

an    -le     Do-  mi-num, 


CD      FG    F    F      EF     GF     ED    E    FE 

et      ab      in    -    vi-cem  non      sunt 


D]     1 
ti  :  etc. 


se    -  pa-  r 

In  Vig.  plur.  Mart.  ad  Vesp.  fntmc  de  SS.  Jeanne  et  Pauloj,  Pustet  et  Solesmes  ont  un  chant  du  1er  mode, 
mais  composé  sur  le  thème  4,  incompatible  avec  les  signes  neumatiques  de  R.  D'autre  part  Plantin  el 
Lambillotte  exhibent  une  mélodie  flu  Ville,  thème  13,  dont  le  dessin  initial  se  rapporte  aux  neumes.  Nous 
avons  donc  ici  une  dégénérescence  mod;ile,  identique  à  celle  qu'a  subie  l'autre  antienne  commençant  par  le  mot 
Adstiterunt  (p.  253).  Et  c'est  sans  doute  l'analogie  des  deux  débuts  qui  aura  communiqué  l'altération  de  l'une 
à  l'autre  antienne. 


"C     CD    D    D    D    D    D    F  "  DCD 

Cum  es   -    set     se  -  ro     di  •  e      il  -  la 

Temp.  Resurr.  in  Evang.  Pustet  commence  par  D. 


C    D    FD  FGa    FE    D    D    | 

u  -  na  sab       -        ba  -  to-rum,  etc. 


C     CDDDEFD     CDFD    DEDC 

j  Dutn  trans  -  is  -  set    Je  -  sus  quoddam  ca-stel-Ium, 
^(Cum  trans  -  i  -  retj 
Dom.  XIV  (XIII)  post  Pent.  in  Evang.  Rég.  et  Ant.  Trev.,  Dum  intraret.  Solesmes  commence  par  D. 


F    G    a    GF    G    D 

oc-cur- re-runt      e  -  i  etc. 


C  CD  D    DC  D   FE  FG  DFEDCD  DC 

,  Nîi-pti  -  ae   qui-dem  pa  -  ra  -  tae  sunt, 

Dom.  XX  post  Pent.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p,  566. 


F  G  a  G  a  GF  GaG  ai'a 

sed  qui  in-vi-ta-ti        e  -  rant,    etc. 


C   CD  D   DF  FE  DE   DC 

,  Ho-di   -  e    corn  -pie  -  ti      sunt 

(De  Pentec.  in  Evang.)  Cf.  Inton.,  p.  121. 


Fa  Ga    FG  a   FE  DC    DG  EFE  D  D 

di  -  es    Pen  -  te-co  -  stes,    al   -  le    -    lu-ia;etc. 


R.  T. 


p.  19  (n) 
Ile  mode 


p.  9(n) 


P-  13 


p.  13  (n) 


p.  9  (n) 


P-  15 


P-  15 


p.  9 


De  la  3^  époque 


"C    CD    D   D    D   D   D"    D   F   DEFEC 

Ar-gu    -    e  •  bat   He-ro-dem      Jo-an-nes 

De  Martyrio  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud.  Du  Ile  chez  Guy. 


F    G     a    G  FG  GFG  D    | 

pro-pter  He-ro-di    -    a  -  dem,  etc. 


*C  CD    D    D    D   D    FF  DFEC  FGaGF     GD     GFED 

Vir-go       glo-ri-  o  -  sa   sem  ■  per  E-van-ge-li-um  Chri-sti    ge- re  -  bat  etc. 

De  S.  Caec.  ad  Tesp.  in  Evang.  Le  dessin   mélodique  ne  concorde  pas  dans  les  livres  actuels.   Nous  nous 
sommes  conformé  à  l'antiphonaire  du  XlIIe  siècle. 


p.  II (n) 


p- 15 


R.  T. 


258 


ÉOLIEN  (Prot.  auth.  et  plag.,   ler  ET  ne  modes) 


Thème  ii,  In  patientia  vestra  (D  C  D  F  G  F  E  D),  compris  chez  R. 
dans  la  classe  principale  du  I"  ton,  à  part  deux  antiennes  annexées  au 
plagal.  Depuis  le  moyen  âge  la  proportion  s'est  renversée  :  aujourd'hui 
presque  tous  les  chants  dérivés  de  ce  nome  sont  assignés  au  W  mode 
latin.  Les  onze  premiers  forment  une  mélodie  fixe;  tous  sauf  un,  ont 
pour  signe  neumatique  initial  un  epiphonus,  soit  seul  (DE),  soit  précédé 
d'un  point  à  même  hauteur  (DDE). 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 


P-  13  (n) 

p.  5  (n) 

P-  5  (n) 

P-  5  (n) 
p.  II  (n) 


Ifc 


■mwP- 


3^ 


^ 


/»       pa-ti-en   -    ti  -  a        vestra         pos-si-de- bi-tis     a  -  ni-mas    ve-stras. 
le  Apost.  ad  Lauci. 


"  DE    C    D     EF    G     FE  '     D    DC 

Le   -   va -bit    Do  -  mi-nus  si-gniim 

Sabb.  ante  Doin.  III  Adv,  in  Evaiig.  Aujourd'hui  du  Ile. 


F     a    G    a    GF    F     I 

in      na  -  ti  -  0  -  ni  -  bus,  etc. 


"  DE  C  D  EFG  F  FE  D  DC  "   I  F  a  G  a   F   FG  G       D  CD  F  E  D  D  || 

Le  -  va-te    ca    -    pi-ta       vc-stra  :         ec-ce  appropinqua  -  bit       re-dem-pti-o    ve-stra. 

Yig.  Nat.  Dîti  in  Evang.  Cf.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Aujourd'hui  appropinquat.  —  Du  Ile  depuis  Guy. 

"DËCDËFGFÊDDDC'I 

De  -   us      a      Li   -   ba-no         ve  -  ni  -  et,     etc.  p.  91. 

"DE    CD    ËFGFÊDD"|FaGFâ    aGECFE    DD|| 
Re    -   li-ctis    re   -   ti-bus       su-is,  se-cu-ti  sunt  Do-mi-nuni  Je-sum  Chri-stum. 

De  S.  Andréa  in  Evang. 


"  D  DE    C     D     EFG    F    FE     D    DEC  ' 

P- 5  (")  Ec      -     ce      in      nu     ■     bi-bus        cae-li 

Dom.  II  Adv-  ad  Laud.  Du  Ile  depuis  Guy. 

"DDE     C     D    F    EFG     F    FE     D" 

P"  5  {")  Lex  per    Mo-y-sen  da-ta        est, 

Fer.  m  ante  Vig.  Xat.  Dni  ad  Laud,  Du  Ile  depuis  Guy. 

"DDE    C     D     E    F     G    FË     D    DC  " 

p.  7*(n)  i<Jc    -     mo     in       e  -  uni    mi-sit        ma-num  : 

Fer.  III  post  Dom.  IV  Quadr.  in  Evang.  Du  Ile  depuis  Guy. 


FG    a    G     a    GF    F    I 

Do  -  mi-nus    ve  -  ni  -   et    etc. 


F    G    a     G     FG    F    F 

gra-ti-a      et      ve    -    ri  -  tas  etc. 


FF     Ga    aG     a    G   EF 

qui  -  a    non-dum      ve-ne-rat 


TG    FE     D    D 

Lho  -ra         e  -jus. 


ÉOLIEN   (Pkot.  auth.  et  plag.,   i^r  et  ne  modes). 


259 


Thème  11. 


D  [E]     C    D    E    F     GE    Ga    FE     D    D     \      F     Fa    aGa  ba 

Si    -     gni  -  fi  -  ca-  vit    Do  -  mi  -  nus        Pe-tro         qua  mor  -  te  etc. 

De  S.  Petro  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  706,  avec  la  psalmodie  du  ler.  Guy  indique  le  Ile. 


R.  T. 


p.  g 


"D    C     D   F   G   FE  D   DC  "    I    F   G    a    G    FG  F   |    FG   E     FE  D   D 

Bo-HHin  cer-ta-vien  cet-  ta-vi,  cursum  consumma  -  vi,       fi  -  dem  ser-va-vi. 

De  S.  Paulo  in  //<"  noct.  Du  Ile  chez  Guy  et  aujourd'hui  chez  Pustet.  Plantin  a  le  1er. 


p.  II  (n) 


De  la  3^  époque  : 


"DDE    C     D    E    F    G     FE     D    D    DC  "     I 

Di     -     xit   Hip-po -ly  -  tus      ad      De  -  ci  -  nm  : 

FaGaFGG  DDCEFËDD|| 

Non  me    ex-po-li  -  a  -  sti,  sed    ma  -  gis      ve   -   sti  -  sti. 

De  S.  Hipp.  ad  Land.  Disparue  de  l'office.  La  fin  d'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle. 

Les  neuf  antiennes  suivantes,  toutes  de  la  2^  époque,  présentent  le 
thème  dans  sa  première  partie  seulement,  ou  se  contentent  de  varier  la 
mélodie  avec  plus  ou  moins  de  liberté. 


p.  II  (n) 


"DDE   C     D    EFG    F    FE    D    D" 

Ju    -     ste     et     pi     -      &     vi  -   va-  mus, 
Dom.  III  Adv.  ad  Laud. 


C    D    FF   D     C    E   G     FE 

ex-pe-ctan- tes    be  -  a-tam  spem  etc. 


p.  17 (n) 
Ile  mode 


"DDE     C     D    E    F     GF    DEF     D 

Vos  qui     se  -  eu  -  ti       e    -    stis  me, 

De  Apost.  in  Evang,  Du  Ile  depuis  Guy, 


CDFF     FGaGGI 

se-de-bi-tis     su-per      se-des  etc. 


p.  II  (n) 


"D[DE]    C    D  F  F  E  EFG  FED  D" 

Vos  qui  re-  li-qui'Stis  0    -    mni    -    a, 

Ibid.  Aujourd'hui  du  Ile. 


C    D  F  FE  Ga  Ga  FGGF  1 

et    se-cu-ti        e  -  stis   me,  etc. 


p. II  (n) 


"DE    C    D     EFG     FE    D    D  ' 

Tu  -  le-runt    la  -  pi  -  des   Ju  -  dae-i, 
Dom.  de  Pass.  in  Evang.  Guy  et  la  plupart  des  livres  modernes  indiquent  le  Ile  mode. 


DE    C    D    F    FE    DE    DC    I 

ut        ja-ce-rent  in  e  -   um  :  etc. 


P-  7  (n) 


D[E]    C    D     E    F     G    FE     D 

Di  -    ce  -  bat      e-nim    in-tra        se  : 
Dom.  XXI Y  (XXIII)  post  Pent.  in  Evang. 


C     DFED     FGG 

Si     te  -  ti  -  ge  -  ro     fim-bri-am  etc. 


p.  19 
Ile  mode 


DE    C     D    DGa    F    EC     EF    D    D     | 

An  -  te      lu-  ci    -     fe-rum      ge    -    ni-tus,  etc.,  p.  157. 

De  Epiph.  Dni  ad  Laud.  Du  Ile  depuis  Guy  (Ibid.). 


p.  5 


26o 


ÉOLIEN   (Prot.  auth.  et  plag.,  i^^  et  iie  modes). 


R.  T. 


p.  9  (n) 


P-  5  (n) 


P-  13 (n) 


Thème  11. 

"D     CDFG     E     FD 

Qui      0  -  pe  -  ra-ttis     est     Pe-tro 

De  s.  Piiulo  in  I  noct. 

DÇ    E    F     GF    DE     "  DC  ' 

An  -  ge-lus   Do  -   mi      -      ni 


E     F    G    E    F    FE    I 

in       a  -  po- sto -la-tum,  etc. 


F    G    a    G     F    GbG    âFâ 

nun  -  ti  -  a-  vit  Ma  -  ri    -    ae, 


FG     FE    DEF    FC     EF     G    F    F     FE    DC     D    FE    D    D 

et        con  -  ce     -     pit        de        Spi-  ri  -  tu    San  -  cto,       al  -  le  -    lu  -  ia. 

Fer.  Il  post  Dont.  I  Adv.  in  Evang.  Cf.  Inton.,  p.  ii8. 

"DCEF    GFDDC"     FaGa     FGFE     GFÊ     DD    II 

Lo  -    qiie-re     Do  -  mi  -  ne,  qui   -  a        au   -  dit        ser-vus       tu  -  us. 

De  libro  Reg.  fSabb.  ante  Dow,  I  post  Pent.  in  Evang.) 


Les  antiennes  de  l'office  romain  comprises  chez  Réginon  dans  le  protus, 
et  que  l'on  n'a  pas  rencontrées  jusqu'ici,  sont  de  l'iasti-éolien  ou  du 
lydien  intense.  On  les  trouvera  plus  loin,  sous  les  thèmes  31,  45,  46  et  47. 


CHAPITRE  II. 


CANTILENES    lASTIENNES. 

§  167.  Si,  dans  le  chant  chrétien,  la  grave  mélopée  éolienne 
représente  le  tempérament  gréco-romain,  pondéré  par  essence, 
l'harmonie  ionienne,  qui  se  chante  plus  à  l'aigu,  est  le  représen- 
tant de  l'hellénisme  oriental,  modifié  par  son  contact  avec  des 
races  plus  subjectives,  plus  ardentes.  Aussi  diverse  d'accent  et 
de  formes  que  les  modes  de  la  Grèce  occidentale  (le  dorien  et 
l'éolien)  sont  fidèles  à  un  type  unique,  la  modalité  ionienne 
constitue  à  elle  seule  tout  un  système  musical.  Déjà  à  l'époque 
classique  nous  la  voyons  exhiber  ses  nombreuses  variétés  :  la 
forme  normale  dans  les  monodies  de  la  scène  tragique',  la 
relâchée  dans  les  chansons  de  table%  l'intense  dans  les  déplora- 
tions  exaltées  à  la  manière  de  l'Orient^;  même  ses  mélopées 
mixtes  (iasti-éoliennes)  sont  en  usage  dès  les  temps  les  plus 
anciens'*. 

Vers  le  milieu  du  V^  siècle  avant  J.  C.  surgit  un  nouveau  style 
mélodique,  spécialement  ionien,  dont  les  maîtres  fameux  furent 
Phrynis  de  Mitylène  et  son  heureux  rival,  Timothée  de  Milet^ 

ï  Aristote,  ProbL,  XIX,  48  :  «  L'hypophrygien  (iastien)  possède  un  caractère  actif; 
«  l'hypodorien  (éolien)  est  grandiose  et  ferme.  Ces  deux  harmonies  ne  conviennent  pas 
«  au  chœur  tragique,  mais  dans  les  chants  de  la  scène  elles  sont  à  leur  place.  » 

2  Platon,  Réptibl.,  III,  p.  398  :  «  Quelles  sont  les  harmonies  amollissantes  et  propres 
«  aux  festins?  L'ionienne  et  la  lydienne  dites  relâchées.  » 

3  Les  Suppliantes  d'Eschyle,  chœur  d'entrée,  strophe  3. 

4  Voir  ci-dessus  pp.  37-38. 

5  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  491. 

35 


262  HARMONIE  lASTIENNE. 

C'est  la  musique  de  la  décadence,  si  durement  flagellée,  au  nom 
des  traditions  nationales,  par  les  comiques'  et  les  philosophes  de 
l'école  de  Platon^,  ce  qui  n'empêcha  d'ailleurs  ni  sa  fortune,  ni 
sa  durée.  En  effet  lorsque,  à  la  suite  des  conquêtes  d'Alexandre, 
toute  l'Asie  occidentale  s'hellénisa  et  que  les  arts  de  la  Grèce 
envahirent  la  Syrie  et  l'Egypte,  ce  furent  les  mélodies  et  les 
rythmes  de  l'Ionie  qui  acquirent  la  prédominance^  Plus  tard, 
après  que  le  christianisme  eût  déraciné  dans  ces  pays  les  vieux 
cultes  polythéistes  et  que  lui-même  y  eût  été  supplanté  par 
l'Islam,  l'harmonie  des  Ioniens  devint  l'échelle  fondamentale  de 
la  musique  arabo-persane^  Jusqu'à  ce  jour  elle  garde  dans  cet 
art  une  primauté  analogue  à  celle  de  l'octave  éolienne  chez  les 
Grecs  occidentaux  et  leurs  disciples  les  Romains,  de  la  gamme 
majeure  chez  les  nations  de  l'Europe  moderne. 

§   i68.   L'iastien   a    été   aussi    dès   l'origine    le    mode    le    plus 
répandu   dans   les    cantilènes  chrétiennes  de    l'Occident.    Saint 

1  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  482  et  suiv. 

2  Platon,  dans  son  dialogue  de  Lâchés,  relègue  Viasti  parmi  les  modes  de  provenance 
barbare,  avec  le  phrygien  et  le  lydien  (p.  188).  Son  disciple  Héraclide,  qui  maintient 
l'origine  hellénique  de  l'iastien,  s'efforce  d'établir  une  différence  à'êtJws  entre  l'harmonie 
fondamentale  et  ses  variétés  dérivées.  Voici  comment  j'interprète  le  passage  probléma- 
tique conservé  par  Athénée  (XIV,  625)  :  «  Uéthos  de  l'ancien  mode  ionien  (le  normal) 
«  n'a  rien  de  gracieux  ni  de  joyeux;  il  est  plutôt  austère  et  dur,  bien  qu'on  y  trouve  une 
«  certaine  distinction  qui  le  rend  éminemment  propre  à  la  tragédie.  Quant  aux  Ioniens 
t  d'à  présent,  leurs  moeurs  sont  dissolues  et  fort  éloignées  du  caractère  de  la  susdite 
«  harmonie.  On  dit  que  Pytherme  de  Téos  a  composé  en  ce  genre  d'harmonie  des  chan- 
«  sons  de  table  {a-/.o/.ià  [^Jx-r^);  et  qu'étant  Ionien  lui-même,  cette  épithète  a  passé  aux 
«  mélodies.  En  effet  il  est  probable  que  Pytherme,  vivant  en  lonie,  aura  accommodé 
«  l'allure  de  ses  mélodies  au  tempérament  (voluptueux)  de  ses  compatriotes.  C'est  pour- 
«  quoi  je  présume  que  l'harmonie  (des  scolies)  de  Pytherme  n'est  pas  Viasti  (de  la 
«  tragédie),  mais  une  variété  fantaisiste  de  Vharmonie  ionienne;  »  rcôitov  ^f  riyx  ^xviJ.c/.o-rov 
[jyjç  'lâ^Of]  (xc^o-Ao(.ç.  Héraclide  me  paraît  ici  faire  allusion  à  l'iastien  relâché,  qui,  aux 
yeux  d'un  grec  puriste,  devait  en  effet  passer  pour  un  mode  fantaisiste,  puisque  ses 
mélodies  sont  situées  dans  une  octave  modale  autre  que  l'iastienne.  Aristote  explique,  et 
justifie  jusqu'à  un  certain  point,  l'emploi  de  ces  déviations  (TTa^ix/Sacrsi;)  de  la  mélopée 
(ci-dessus,  p.  14,  note  1),  et  défend  hautement  Timothée  contre  le  rigorisme  de  Platon 
{Mus.  de  l'ant.,  T.  II,  p.  490). 

3  Se  rappeler,  par  exemple,  les  chansons  ioniques  {]'jj-/ikx  ac^u-ara).  Mus.  de  l'ant. 
t.  II,  pp.  124,  etc. 

4  Voir  Villoteau,  Kiesewetter,  Helmholtz,  Land  (Toonladders  dey  arabische  muziek, 
Amsterdam,  1880),  qui  transposent  l'octave  iastienne  soit  d'une  quarte,  soit  d'une  quinte, 
soit  d'un  ton  à  l'aigu. 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plao.,  vme  mode).  263 

Ambroise  n'emprunta  pas  seulement  à  l'Eglise  d'Antioche  sa 
manière  de  chanter  en  chœurs  alternatifs,  mais  aussi  sans  doute 
une  partie  des  thèmes  mélodiques  déjà  introduits  dans  la  modu- 
lation des  psaumes  et  des  hymnes.  L'harmonie  iastienne  occupe 
trois  des  modes  de  VOdoechos  latin  (le  VIP,  le  VHP  et  le  IV^), 
lesquels  se  partagent  entre  eux  plus  de  la  moitié  de  l'antiphonaire 
de  l'office.  Elle  a  le  privilège  unique  de  se  mêler  à  tous  les  autres 
modes  du  chant  chrétien;  non-seulement  elle  forme  avec  l'éolien 
les  cantilènes  hybrides  dites  iasti-aeolia  (p.  93),  elle  s'associe  par 
moments  à  l'hypolydien  (th.  13),  au  dorien  (th.  36,  37). 

Dans  le  présent  chapitre  nous  ne  nous  occupons  que  des  deux 
formes  du  mode  terminées  sur  la  fondamentale  (G),  l'iastien 
normal  et  le  relâché,  réunis  dans  le  tétrard.  De  tout  temps  les 
musicistes  occidentaux  ont  attaché  une  idée  d'élévation  à  cette 
famille  de  chants.  «  Tandis  que  les  six  premiers  modes,  »  dit  Guy 
d'Arezzo,  «  expriment  les  peines  et  les  tribulations  d'ici-bas, 
«  arrivés  au  septième  nous  passons  à  la  vie  intellectuelle  et 
«  contemplative'  ».  Cela  rappelle  la  définition  de  Cassiodore,  plus 
ancienne  de  cinq  siècles  :  «  l'iastien  aiguise  l'intelligence  des 
«  esprits  obtus;  à  ceux  qu'appesantit  le  désir  des  choses  terrestres, 
«  il  octroie  l'appétence  des  biens  célestes^  ».  Et  cependant  Guy, 
ni  personne  au  moyen  âge,  ne  pouvait  se  douter  que  l'iastien  et 
le  tétrard  eussent  une  seule  et  même  échelle. 

C'est  la  forme  plagale  qui.  aux  yeux  des  esthéticiens  du  chant 
liturgique,  réalise  le  plus  complètement  l'idéal  du  mode.  Elle 
tient  le  premier  rang  pour  l'usage;  c'est  par  le  VHP  mode  que 
nous  commencerons  l'examen  de  cette  famille  harmonique. 

Section  I.  —  Chants  de  Viastien  relâché. 

§  i6g.  «  Le  nombre  huit  »,  dit  encore  Guy,  «  est  le  symbole 
«  universel  de  la  perfection;  c'est  pourquoi  le  VHP  mode  s'élève 

ï  «  Cum  a  primo  usque  ad  sextum  labores  hujus  vitae  significentur,  cum  jam  ad 
«  septimum  venitur,  in  quamdam  transitur  theoricam  et  contemplativam  vitam.  »  De 
inod.  form.,  p.  107. 

2  «  lastius  intellectum  obtusis  acuit,  et  terreno  desiderio  gravatis  caelestium  appeten- 
«  tiam  bonorum  operator  indulget.  »  Var.  II,  40  (voir  ci-dessus  p.  76). 


204  lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 

«  au-dessus  des  douleurs  et  des  chagrins,  et  n'admet  pas  les 
«  soupirs,  sinon  ceux  qui  se  dirigent  vers  le  Ciel.  Aussi  serait-il 
«  malaisé  et  inepte  d'y  composer  une  cantilène  éplorée'  ».  En 
effet  cette  variété  de  l'harmonie  iastienne,  dont  les  accents 
résonnaient  dans  les  festins  de  l'Athènes  païenne,  a  reçu  du 
christianisme  la  mission  de  réveiller  les  fidèles  avant  l'aube, 
et  de  leur  suggérer  des  cantiques  de  louange,  de  jubilation.  Ses 
antiennes  remplissent  l'office  nocturne  des  fêtes  et  solennités 
de  l'Eglise.  Non  moins  favorable  au  développement  mélodique 
que  le  I"  mode,  il  forme  comme  lui  beaucoup  d'antiennes  de 
longue  haleine. 

§  170.  Sa  structure  harmonique  a  été  analysée  sur  la  mélodie 
de  l'hymne  à  Némésis  (pp.  45-46),  et  son  parcours  mélodique 
déterminé  par  l'examen  de  ses  principaux  types  d'antiennes 
(pp.  88-89).  Quatre  degrés  de  l'octave  iastienne  sont  aptes  à 
commencer  une  mélodie  antiphonique.  Un  seul  d'entre  eux 
appartient  à  l'accord  du  mode;  c'est  G,  le  son  fondamental, 
point  de  départ  le  plus  fréquent  de  toute  mélopée  plagale.  Le 
deuxième  son  initial  est  F,  l'appoggiature  inférieure  de  la  susdite 
fondamentale  (thème  13).  Le  troisième  est  a,  tantôt  appoggiature 
supérieure  du  son  principal  (var.  du  thème  12),  tantôt  anacrouse 
préparatoire  de  F  (thème  14).  Le  quatrième  point  de  départ  est  c 
(th.  18),  étranger  à  la  triade  modale,  et  se  rattachant  seulement 
par  consonance  indirecte  de  quarte  à  la  base  harmonique^ 

§  171.  On  distinguait  au  moins  trois  terminaisons  psalmo- 
diques  du  VHP  mode  dans  la  première  moitié  du  X°  siècle^. 

L  Conclusion  ordinaire,  complète,  en  usage  pour  les  antiennes 

'  «  Octava  pars  in  omnibus  perfecta  est,  et  transcendit  labores  et  aerumnas,  nec  jam 
«  dedita  est  lamentis,  nisi  his  qui  amore  superno  fiunt.  Unde  et  difficile  et  ineptum  est 
«  ex  eodem  modo  fieri  lamentabile  carmen.  »  De  mod.  form.,  p.  107.  —  «  Per  tetrardum 
«  (authentum)  béatitude  exprimitur,  sed  quae  adhuc  carne  gravatur;  per  ejus  vero 
«  subjugaiem  aeterna  quies  et  habitudo  exprimitur.  »  Ibid.  —  «  Le  Ville  mode  est 
«  doux,  paisible,  propre  aux  narrations,  et  a  un  agrément  fort  naturel...  On  peut  s'en 
«  servir  pour  les  textes  qui  marquent  le  désir  de  la  félicité  ou  de  la  gloire,  »  etc. 
Poisson,  Traité  du  chant  grégorien,  p.  360. 

2  Les  antiennes  du  Ville  mode  commençant  actuellement  par  D  ou  C  ne  sont  pas 
primitives.  Voir  ci-dessus  pp.  212,  220. 

3  Aurélien  de  Réomé  a  cinq  terminaisons,  Réginon  trois,  de  même  que  la  Commemora- 
tio,  Guy  d'Arezzo  quatre. 


lASTIEN  RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viii»  mode).  265 

des   cantiques  de  l'Évangile,   ainsi   que   pour  toutes   les  autres 
ayant  pour  son  initial  G,  a  ou  F. 


G    a    c 


d    d    c    c 


a    c 


^    et; 


Ju-  sti-fi  -  cationes  tuas  eu  -  sto-di  •  am  :      non  me    de-  re  -  linquas    us-qne-  qua-qiie. 

C    c    tl    et}     a    G     II 
sae-cu-  lo-ruiii,    a-men. 

Exemple  :  Venite  post  me.^ 

II.  Terminaison    incomplète,    suspensive,    sur    le    quatrième 
degré  (c),  affectée  aux  antiennes  qui  commencent  par  cette  note. 

c    c    tj    c      d    c     II 

sae-cu-lo-rum     a-men.^ 
Exemples  :  Omnes  génies  per  gyruiii.  Hodie  scietis. 

III.  Variante  de  la  précédente  formule.  Elle  se  trouve  égale- 
ment accompagnée  d'une  antienne  débutant  par  c. 

c    c    tja    c     d    c    !| 

sae-cu-lo-rum     a-men.s 


CGC    tjaG 


a    G     F    G    a     l^aGFG    G  || 

e  -  sto    pec  -  ca-  lis     no      -       stris. 


Exemple  :  Pro-pi  -  ti  -  us 

§  172.  Les  228  antiennes  du  VHP  mode  que  nous  avons 
recueillies  ci-après,  dérivent,  à  part  une  demi-douzaine,  de  sept 
thèmes  nomiques. 


Thème  12,  primitif'*,  Tamquam  sponsus  (G  a  G  F  a  c  tj  G),  compris  chez 
Réginon  dans  la  classe  principale  du  tétrard  plagal. 

Antiennes  de  la  i'^  époque  :  " 


± 


iBzia: 


Tamquam  spon-sus         Do- mi-nus  pro-ce-dens       de    tha  -  la  -  mo   su  -  0.  Ps.  18. 
De  Nat.  Lni  in  I  noct. 

1  Commem.,  pp.  217,  225,  216  (ci-dessus  p.  118).  Cette  terminaison  correspond  appa- 
remment à  la  première  différence  d'Aurélien,  à  la  classe  principale  de  Réginon,  à  la 
première  division  de  Guy. 

2  Ibid.,  p.  225.  C'est  la  deuxième  division  de  Réginon,  la  IV^  de  Guy. 

3  Ibid.  (Les  deux  notes  sur  Amen  sont  interverties.)  Cette  troisième  terminaison  de  la 
Commemoratio  n'a  pas  d'équivalent  certain  chez  Aurélien,  et  ne  correspond  à  aucune  des 
formules  de  Réginon  ou  de  Guy. 

4  Dans  le  psautier  hebdomadaire:  Deus  judex  justus,  ps.  7;  Adorate  Dovtinum,  ps.  28; 
Liberasti  virgam,  ps.  73. 


R.  T. 


p.4i(n) 


266                              lASTIEN  RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 

R.  T. 

Thème  12. 

'GaGGa     GF          FGac     tfac     t|     aFGaaGGH 

P-45^n) 

De-us    ad-ju-vat  me,             et    Dominus  susceptor    est    a  -    ni-mae  me-ae.  Ps.  53. 

Sabb.  sancto  in  III"  noct. 

"  ex      ex      ex        0       0       n       rx^^  "                 -C^         «k      T^      U       !^       ^T      _         r^       r^.        Il 

P-45(n) 


P-45(n) 


P-45(n; 


p.  4irn} 


p.  49(n) 


P-43(n) 


p.  49 


P-45(n) 


Do -mi -ne,    ab-stra-xi  -  sti  ab        in  -  fe  -  ros    a    -    ni-mam  me-am.  Ps,  29. 

Sabb.  sancto  in  II»  noct. 


"G     G    G    G    a     G    a    GF 

Ab     ho- mi -ni- bus     i  •  ni-quis 
In  Cena  Dni  ad  Vesp.  Ant.  Trev.,  p.  399. 

"G    G    G    a    GF     G     a    GF 

Ju  -  sti  -fi  -  ce  -  ris,      Do  -  mi  -  ne, 

In  Cena  Dni  ad  Laud. 


G    a    c     tî     at}    a    G     II 

li  -  be-  ra  me,  Do  -  mi-  ne.    Ps.  139. 


F     a    C    i}    a     c    i}    I 

in    ser-mo-ni-bus   tu- is,  etc.  Ps.  50. 


P-45  (n) 


"GGaaGG  FGaci^actîl 

Su  -  sce  -pi-mus.  De -us,  mi  -  se  -  ri- cor-di-am   tu-am,  etc.  Ps.  47, 

De  Nat.  Diii  in  II"  noct. 

"G     GgJf]     GaaG"  âccc^ac^GFGG] 

Lae-ten      -       tur        o-mnes  qui     spe-rant    in     te,      Do- mi  -  ne,  etc.  Ps.  5. 

De  Confess.  iu  II'>  noct. 

"GG     aaGG'GaG     FGa    a     ] 

Tri-um  pu  -  e  -  ro-riim    can-te-mus    hy  -  mnum  etc.  In  cant.  3  puer. 

Dom.  H  Quadr.  ad  Laud. 

Ga     GF   a    âÇ     G    G         d    decd    cdcjâ    F    a    c^   aG    a    G    | 
Très      ex       u  -  no       0  -  re  cla-ma   -  bant  in    ca-mi  -  no       i  -  gnis,  etc.  Ibid. 

(Dom.  ad  Laud.)  Ant.  Trev  ,  p.  5. 

Les  trois    suivantes   antiennes   de  l'office   nocturne  du   vendredi-saint 
présentent  le  thème  abrégé  et  devenu  une  mélodie  fixe. 

"GGaaG     GG"     cact|     aa     | 
Di  -  vi-se-runt       si  -  bi         ve-sti-men-ta    me  -  a  : 

acticdaâGG  GFGaaGGlj 

et    su-per  ve-stem  me-am  mi   -   se  -  runt   sor-tem.   Ps.  21. 

In  I»  noct 

"GGGaa     G    G"         ca    ccjalcd    ÇcaaG 
In  -  sur-  re-xe-runt  in    me  te-stes  i- ni -qui,    et     men-ti-ta   est  etc.  Ps,  26. 

Ibid. 


lASTIEN   RELÂCHÉ   (Tiîtr.  tlao.,  viiie  mode). 


267 


Thème  12. 
"  G    a     a    G    G     c    a  "     c    ctf     a     a    |    cd    tjc    a     G 
Lon-ge    fe  -  ci  •  sti    no-tos      me-os       a     me  :   tra  -  di  -  tus   sum  etc.  Ps.  87. 

In  IIIo  tioct. 

De  la  2^  époque  : 


K.  T. 
P-45(n) 


G    G    a     a    G    GK  Ga    et;     ac    tja     GF    a    a     G    G     || 

An-ge-li       e  •  o-rum  sem  -  per      vi  -  dent     fa   -    ci  -  em   Pa-tris. 

De  Innoc.  ad  Latid.  Cf.  Iitlon,,  p.  136. 

GGaaGGF  Factfâct}! 

Da-bo    san-ctis  me  -  is  lo-cum  no-mi-na-tum  etc. 

De  plur.  Mart.  in  Evaiig.  Antiph.  du  XIIIp  siècle. 

GGGaGF         GFaacddldc^GaJtîaGG 
E  -  go  sum  vi-a,  ve- ri-tas    et     vi  -  ta,   al  -  le  -  lu-ia,      al-le-lu  •  ia. 

Temp.  Rcsiirr.  in  Evang.  Notée  entièrement  dans  VEnchir.,  p.  183. 


*"G   G     a     aG    F   Ga   a"    G   G 

E  -  go   pro    te       ro-ga-vi,     Pe-tre, 


GaGaGFGGaFF] 

ut  non  de-fi-ci-at     fi-des      tu  -  a  :  etc. 


De  S.  Petro  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  706:    début  issu  du  thème   17,   et  incompatible  avec  les  neumes  de  R. 
De  même  dans  le  diurnal  bénédictin  du   XVe   siècle. 

"GaFFG     GG'     actf 

Me-men  -  ta        me  -  i,       Do-mi-ne,  etc.,  p.  89. 

"Ga     FG     a     cct^"  Gtfcaa     GaGFi 

Ste-tit     jfe-sus    in    me-di-o  di-sci-pu- lo-rum    su  -  o  -   rum,  etc. 

Fer,  m  post  Pascha  ad  Vesp.  in  Evang.  {Ordo  Rom.  I.)  L'F  initial  de  l'ustet  est  incorrect. 


*"G    G     G     G    a"    GF    G    a      c     c    t{G 

Je -sum  qui  cru- ci    -   fi  -   xus  est  quae-ri-tis, 
Fer.  VI  post  Pascha  ad  Laud.  in  Evang.  (Ordo  Rom.  I.)  Ant.  Trev.,  p.  446.  (F  initial  incorrect) 


tjc    aG    aG    F     I 
al-le-lu   -   ia;  etc. 


*"G    G     aF    FG    G'^  a    GF    G    Ga     F    F     | 

Pa-ter     A  -  hra  -  ham,  mi  -  se    -   re  -  re       me  -  i,  etc. 

Fer.  V  post  Dom.  II  Quadr.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  321;  (F  initial  fautif). 


*  "  [G    G    F    aG    FG]  " 
Ma  -ri  -  a     au,  -  fem 


Facd     tjca     aG     a| 
con-ser-va-bat    o-mni-a    ver-ba  haec,  etc. 


Fer.  III  ante  Yig.  Nat.  Dni  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  170.  Le  début,  entièrement  défiguré,  est  mieux  conservé 
dans  l'Inton.,  p.  13g,  version  que  j'ui  accordée  avec  les  neumes  de  R. 


G    G    a    a     G    GF  " 

Mi  -  se  -  re  -  re    me  -  i, 


a    et;     GaGF    F 
fi  -  H       Da      -      vid! 


C     et;     a     ad    e    c     et}    cd  ctja 
Quid  vis      ut      fa  -  ci-am    ti  -  bi? 
Dom.  Quinquag.  in  Evang.  Version  de  Trêves,  p.  283. 


FG    a    aca 

Do  -  mi-ne, 


a     G    FG    G 

ut    vi  -  de  -  am. 


P-  43 


p.  49 


P-47(n) 

P-  45  (n) 
P-45  (n) 

P-45(n) 

P-  43  (n) 
p.  41  (n) 

P-  43  (n) 


268 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  vine  mode). 


R.  T. 

p.  47  (n) 

P-  45  (n.' 
P-43(n) 


P-  51  (n' 


p.  47  (n) 


p.  41  (n) 


p.  49{n) 


P-43(ni 


Thème  12. 
"GaGFGac"        ccci}a5^tîG| 
Ar-chan-ge-U     Mi-cha-el,        con-sti-tu-i     te  prin-ci-pem     etc. 

De  s.  Mich.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

"GGGaaGG'caci;     aalcdÇcaGGFGGaaGI 

Ve  -  ri     a-do-ra-to  -res     a-do-ra-bunt  Patrem  in     spi-ri-tu    et        ve  -  ri  -  ta-te. 
Fer.  V  post  Dom.  III  Qtiadr.  in  Evaiig.  Ant.  Trev.,  p.  340.  Antiph,  du  XlVe  siècle  (Bibl.  R.  de  Brux.)- 


p.  41  (n) 


"G  G    a  a    G  G"  G   Ga  c   a    Ga   tf 

Ma-los    ma-h    per-det,     et    vi  -  ne-am  su  -  am 


aGaGactl    aGFGG 

lo-ca-bit  a  -  H  -  is     a-gri-co   -  iis. 


Fer.  VI  post  Dom.  Il  Quadr.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  323.  Le  texte  est  plus  court  que  celui  de  l'autre 
antienne  commençant  par  les  mêmes  mots.  Les  deux  mélodies  appartiennent  à  des  modes  différents,  mais 
elles  remontent  probablement  à  une  source  commune.  Cf.  pp.  217-218. 


"G   Ga   GF    G"     FD    FE   FG    Ga   GF 

A  -do  -  lia   -  i,       Do  -  mi  -  ne       De  -  us 
De  libro  Judith.  (Sabb.  ante  Dom.  IV  Sept,  in  Evang.) 


aG   Gc    a    GF   Ga    a   G  I 

ma-gne      et    mi  -  ra  -  bi-lis,  etc. 


*"Ga     FGa    G     G    Ga    G    G" 
,Du»i    sa   -   crum  my  -  ste  -  ri  •  um 


G    Ga    aGF     Ga    a    G     I 

,j^j.(/*     o^^    -   !,,.►,.»  ..^j    o..t/      , ..  -  V.,,.  cer-ne  -  ret  Jo  -  an-nes,  etc. 

In  Vig.  s.  Mich.  ad  Vesp.  in  Evang.  Le  début  de  Solesmes  ne  s'accorde  pas  avec  les  neumes  de  R. 


*"Ga    FGa    G    G    G    Ga    G    G  ' 

jDum    me     -    di-um    si-len  -  ti-tim 

V 


G    G    KG     FGa    FED    DEF    | 

te-ne-rent       o    -    mni     -     a,         etc. 


De  Nat.  Dni  in  Evang.  Cf.  Aur.  Réom.,  p.  52.  Sauf  Pustet,  qui  a  un  simple  G  sur  la  première  syllabe,  tous 
mes  antiphonaires  commencent  par  GD. 


*"  [G]    aG    G         a    c    tfG  "  a    G    F  I  F    a    c    cd    de  ct^a    d    c^    aG 
Za-chae  -  e,  fe-sti-nans    de-scen-de,  qui -a    ho-di  -  e  in    do-mo  etc. 

De  Dedic.  eccl.  in  Evang.  Tous  les  livres  modernes  débutent  par  P.  Si  cela  était   exact,  l'antienne  devrait  se 
trouver  dans  la  première  division  de  R. 


/ 


*"G    Ga    aG    G     FG    G" 

Ad-ve  -  ne  -  runt    no   -   bis 

a     Facd     tfc^aG 
ad     re  -  di-men-da  pec-ca  -  ta, 


G    G     al?    G    a    GF    F     I 

di  -  es     pae  -  ni-ten-ti    -    ae, 

G     ËF    Ga    a     G    G    G 

ad     sal  -  van  -  das    a  -  ni-mas. 


De  Apostolo,  Temp.  Quadr.  in  Evang.  Mélodie  métabolique  comme  la  suivante.  Le  début  est  déformé  déjà  dans 
Vlnton.,  p.  136. 


"G      [GGF]     Ga     a    G 

In       il      -       la        di  -  e 


GGG"     Gat'     GaGF| 

stil-la -btnit    mon-tes      dul-ce  -  di-nem,  etc.,  p.  154. 


De  la  3''  époque 


"G   G    G    G    a    a    G    GF  " 

p.47(n)  I  -  gne  me    e  -  xa-ini  -  un-  sti, 

De  S.  Laur.  in  IIlo  noct. 


Fa     c     tjacifaFGaaGGG 

et  non  est    in-ven-ta    in      me        i  -  ni-qui-tas. 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiic  mode). 


269 


Thème  12. 


"G    a    GF     Ga    G  Fa     c    d     c      et;    ac     et;    G     | 

O  -  re-mns        0-  viiics  ad      Do-mi-num     Je-sum  Chri-stum,  etc. 

De  S.  CUm.  in  Evang.  Antiph.  du  XHIo  siècle. 


C    t;    G     a    C     t}     I 
u  -  te-  ro,    no-vi     te,  etc. 


*'[G    G     a]     aG     F    Ga    G"  e 

Pri  •  us-quam    te       for-ma  -  rem  in 

De  S.  Joh.  Dapt.  in  I  noct.  Pustet  et  Plantin  ont  le  thème  16,  ce  qui  ne  s'adapte  pas  aux  neumes.  L'antipho- 
naire  du  XIIIo  siècle  débute  ég'alement  par  une  version  improbable. 

"GaGFaâbGFGG'        aGFGGaFF     GGFGacd  c^cdc 
O    vi-rum    in-ef  -  fa-hi  -  lem!      nec  la  -   bo-re     victum,  nec  mor  -  te  vin-cen-dum; 

cdi;caGa  GaGÊFGaaGGH 

qui  nec  mo-ri      ti-mu-it,  nec    vi  -  ve  -  re  re  -  eu -sa -vit. 

De  S.  Mart.  ad  Laud,  Aur.  Reom.,  p.  53.  Antiph.  du  XlIIe  s.  Mélodie  métabolique. 

Variante  a,  Lahia  niea  (G  F  a  c  t}  G  a  G);  le  commencement  du  thème 
mélodique  est  abrégé. 


Antienne  de  la  i^  époque  : 


î 


ï 


La-bi-  a    me-a 

Inton.,  p.  139. 


lau-dabunt  te     in    vi-ta    me-a, 

De  la  2^  époque  : 


De  -  us   me-us.  (Cf.  p.135.) 


"G    F     ace     t;'  G    t;c     a    G    aG    F     | 

Qui- a      vi-di-sti    me,         Tho-ma,    cre-di  -  di   -  sti  :  etc. 
Dont,  in  Alb.  ad  Vesp.  (Ordo  Rom.  I.) 


*"G    F     a     e    ^G 
Da-  ta   sunt   e  -  i 


i;c    a    G     aGF    F 
in  •  cen-  sa    mul    -    ta, 


a     cd    ct;c  de     e    d     c    et;    a     et;    aG    G 


G     G    G    F 

ut      ad  -  o  -  le-ret      e  -   a  an -te     al -ta  -  re     au  -  re  -  um  etc. 

De  s.  Mich.  in  III'  noct.  Début  défiguré    dans  les  livres  actuels,  et  déjà  dans  Vlnton.  (p.  141).  Tous  ont  le 
thème  iS.  Seul  l'antiph.  du  XlIIe  siècle  s'accorde  avec  R. 

"GFaeppaG"! 
La  -  pi  -  da  -  ve-  runt    Ste  -  pha-num,  etc. 

De  S.  Sfeph.  ad  Laud. 


G    F    a    e    t;G     i;c    a    G 

Se  -  pe  -  H  -  e-  runt    Ste- pha-num 

De  eod.  off.  in  Evang. 

"G    G    F     G    a     C    p 

Vi-de  -  te     ma-nus  me  -  as 
Fer.  III  post  Pascha  in  Evang.  (Ordo  Rom.  I.) 


G    G     a    G    aGF    F     | 

vi  -  ri      ti-mo-ra    -    ti  etc. 


t;c     a    G     aG    F     I 
et      pe-des     me  -  os,  etc. 


R.  T. 

p.  49  (n) 

p.47(n) 
p.  49  (n) 


P-45  (n) 


p.  47  (n) 


P-  43  (n) 


P-  43 


P-45(n) 


36 


270 


lASTIEN   RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode) 


R.  T.  Thème  13. 

"GGa  FacÇG^ca'GâGFIGGFGacijGÇcaGG    || 
p.45(n)  Da  -  ta   est  mihi       o-mnis  po-te-stas     in  cae-lo    et  in  ter-ra,   al-le-lu-ia. 

Fer.  V  post  Pascha  ad  Yesp.  (Ordo  Rom.  I.) 

Variante  b,  Alléluia  diurnal  des  dimanches  (a  G  F  G  a  G),  commençant 
par  l'appoggiature  supérieure  de  la  corde  fondamentale  (comme  l'hymne 
à  Némésis,  p.  43).  Ce  modèle  mélodique  se  confond  souvent  avec  le 
thème  14. 

Antiennes  de  la   i'^  époque  : 


^: 


T 


J: 


Al -le  -   lu 

(Dont,  ad  hor.  diurn.) 


la, 


al  -  le  -  lu  -  ia, 


al  -   le  -  lu  -  ia. 


a    G     F    G    Ga     G    F 

Hymnum  can-ta  -  te        no  -  bis 

(Fer.  Y  ad  Vesp.)  Diurn.  du  XVe  siècle. 


ac     ctjcdc    a    a     G    G    || 

de      can     -     ti-cis    Si -on.  Ps.  136. 


P-  45  (n) 


P-45(n) 


"a    G    FG    G       F     a    cd    de"  c  et}    a     t}c    t^     G    G     | 

Li  -  be  -  ra      me        de    san-gui  -  ni  -  bus,       De  -  us,   De  -  us    me  -  us  :  etc.  Ps.  50. 

Fer.  IV  maj.  hebd.  ad  Laud. 


De  la  2"  époque  : 


"a     G    FG    Ga    G"  F    a     F    a    a    G 

Duin  com-ple  -  ren  -  ttir    di-es  Pen-te-co-stes, 

a     G    c^    Ga    aG 

in     Je-  ru  -  sa  -  lem, 
(Dom.  Pentec.  in  Evang.j  Ant.  Trev.,  p.  507. 


c    e     cdc 

ve-nit  laus 


Fa    aetjaG  atja  aG 

al    -   le       -  lu    -    ia, 

Fa    âcpG  âp    aG 

al  -  le       -  lu    -    ia. 


p.  49 


a  GF    GaGFaeecccHe 

I-ste      san-ctus  pro    le-ge  De-i     su-  i 

De  uno  Mart.  in  Evang. 


C  et;  a    cd  aG    FG    G    G    [ 

cer-ta-vit  us  -  que     ad.    mor-tem,  etc. 


p.  39  (n) 


*"[a     G     Ga     a    a"  G    a    G  F    a     c    c     c    et}    aG    G]    | 

Tu    es     vas        e  -  le  -  cti  -  0  -  nis,         san-cte  Pau-le     a-po-sto  -   le,  etc. 

De  s.  Paulo  in  II  noct.  Chez  R.  inscrite  au  VII«  (probablement  par  erreur),  Inton.,  p.  137- 


Thème  13,  primitif,  Magnus  Dominus  (FG  G  a  G  F  a  c  il  G),  compris 
chez  Réginon  dans  la  première  division  du  VHP  mode  :  développement  du 
thème  précédent  par  l'addition  d'une  anacrouse  mélodique,  l'appoggiature 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


271 


Thème  13. 
inférieure  de  la  corde  fondamentale'.  Par  la  mise  en  évidence  des 
sons  F  a  c,  la  première  partie  de  la  cantilène  incline  fréquemment  vers 
l'harmonie  lydienne.  Ce  thème  a  formé  beaucoup  d'antiennes  longues. 


R.  T. 


Antiennes   de   la   i'^  époque 


^ 


ï 


Ma-gnus  Do- mi-nus 
iFer.  III  ad  Noct.). 

"FGG     actica"     ^    a 
De    -    us    mi  -  se  -  re-  a  -  tnr      no-stri, 
Dom.  III  Qtiadr.  ad  Laiid. 


et    lau-da  -    bi  -  lis    ni-mis.*  Ps.  47. 


a     a    GF    Ga    a     G    G    || 

et     be  -  ne  -  di  -  cat     no -bis.  Ps.  66. 


"FFGGaFGG"  actjcaGiifGa    GaG    | 

Po-tens        es    Do -mi  -  ne  e-ri-pe-re   nos    de  ma-nu  mor-tis    :    etc. 

In  cant.  3  puer.  Dom.  IV  Quadr.  ad  Laud,  Aujourd'hui  de  manu  forti, 

"FFGGGF     ac     cdcc"  ci^a     ptfGG     Gi| 

Cou -fi  -     te-bor        ti- bi,  Do  -  vii-ne,  quo-ni-am     e  -  xau-di  -  sti    me.  Ps.  117. 

Dom.  Sexag,  ad  Laud.  Partout,  excepté  à  Trêves,  le  mot  Domine  a  été  supprimé. 

FFGGGGFGaFËDDI        GG     aGFG  Ga  F  F    i 

Spi-ri  -  tus    et     a-ni-mae      ju  -  sto-rum,         hymnum  di-ci-te  De  -  o      no-stro  etc. 
In  cant.  3  puer.  De  plitr.  Mart.  ad  Laud. 

"F    FG     G     GaG"     GE     FGa    FE    D     |      F     Ga    a    GacÇ  cdc 
Bo-num       est     spe-ra-re         in        Do    -     mi   -   no        quam  spe  -  ra-re 


Dom.  IV  Quadr.  ad  Laud. 


a.  Ga    G    G    G     H 

in  prin  -  ci  -  pi-bus.  Ps.  117. 


"  F    FG    G    a    G    GE    FGa  "  FE    D    |    F     Ga    a    G  actj  cdc 

Do-mi  -  71US  mi-hi     ad  -  jit.    -     tor       est,      non    ti  -  me-bo  etc.  Ps.   117. 

Dom.  III  Quadr.  ad  Laud. 

FGGaGcc^a         cccJâGâ^aGFGGI 
Vi  -  tam  pe-ti-it      a      te,         tri-bu  -  i  -  sti        e   -   i     Do-mi  -  ne  etc.  Ps.  20. 
De  Conf.  in  III  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Inton,,  p.  137. 


P-  51  (") 


P-  51  (") 


P-5I  (n) 


P-  53 


P-5I  (n) 


p.  51  (n) 


P-  53 


'  Lorsque  le  son  d'appui  est  répété,  l'antiphonaire  de  Trêves  remplace  le  premier 
F  par  le  degré  inférieur  (E;,  en  sorte  que  F  FG  devient  E  FG. 

2  Autres  antiennes  du  psautier  hebdomadaire  :  Domine,  in  virtiite  tua,  ps.  20;  Qtioniam 
in  te  confiait,  ps.  56;  Deiis,  Deus  meus,  ad  te  de  luce,  ps.  62  [Fer.  Il  ad  Laud.);  Tibi  soli 
peccavi,  ps.  50  [Fer.  V  ad  Laud.). 


272 


lASTIEN  RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


K.  T. 

P-5i(n) 


Thème  13. 

"FGa   G  G    G   G  '    a   GaG        GGFEFDEFGaGF    Gâa| 

Do    -    mi-ne,     i-ste      san-ctiis  ha-bi-ta  -  bit    in    ta-ber-na  -  eu  -  lo    tu  -  o  : 


P-  51  (n) 


P-  51  (n) 


P-  5ï  (n) 


c    c    ciij    a     cil     aG    at}    aG    G 
o-pe-ra-tus  est      ju  -  sti  -  ti  -    am, 


Jbid. 


GGFEFD     EF     GaaGG|| 

re  -  qui  -  e  -   scet    in    mon-te     san  -  cto     tu  -  o.   Ps.  14. 

De  la  2^  époque  : 


"  FG   G    ac   c  1;  "  ci;   a    G    ac   G   a    G   FE  F  |  D    E   FG    Ga   G  | 
Mi  -  si    di-gi-tos  me-os     in     fi  -  xu-ram  cla-vo  -  rum,  et    manum     me  -  am  etc. 
Dom.  in  Alb.  ad  Vesp.  (Ordo  Rom.  I.) 

"FGG    aG    aG'F    âçc^GGGGa    G    GFGaa    | 

Mit   -  te   vta-num  tii-am    et    co-gno-sce  lo  -  ca    cla-vo-rum,  al  -  le  -  lu  -  ia  :  etc. 

Jbid.  in  Evang. 


"FG    G     G    G    G    a    c'       Ga     G    F 

Cum  -  que    in  -  tu  -  e  •  ren-tur        in        cae-lum 
De  Ascens,  Dni  ad  Laud. 


ac    C    t|     cd    a 

e  -  un-tem    il  -  lum,  etc. 


"FG    G"  Gactjcdc    c  et}    a    t|c     aG    G     | 

p.  51  (n)  Ju  -  cun-da         ■  re,  fi  -  li-  a      Si    -   on,  etc.,  p.  154. 

Inton.,  p.  138. 

FFGG     âcc^aGaG      |      FGa     aG     FGa    FE    D 

p.  53  I  -  de  -   0      ju  -  re  -  ju  -  ran-do  fe  -  cit        il -lum    Do    -    mi  -  nus  etc. 

De  Conf.  ad  Laud. 

"FFGGFâc"cc5     aGaG      |      '^    c     aFGaaGGI 
p.  51  (n)         Ste-pha  -nus    vi  ■  dit      cae-los      a  -  per-tos  :        vi-dit     et        in  -  tro  -  i  -vit:  etc. 
De  S.  Steph.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

"FFG    Gac'ci^cdc    aGaGiG    FEF    DEFGaa    GG    | 
p.  51  (n)         Fa-ctum    est    si  -  len-ti-um       in    cae-lo,  dum  dra  -  ce  com-mi  -  te  -  ret  bel-lum  :  etc. 
De  S.  Mich.  in  Evang. 

"FFGGGFac'cdcâpIGâcG     aGGFEDFFGGGII 
p.  51  (n)  E-xal  -  ta -te       re-gent     re-guiii,      et  hymnum  di  -  ci  -  te  De  -  o,    al -le    -    lu-ia. 

De  Ascens.  Lni  ad  Laud. 


FFGGacGaFGaGGI 

P- 5^  Spi-ri  -   tus    car-nem   et     os -sa     non       ha-bet,  etc. 

Fer.  III  post  Pascha  in  Evang. 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  me  mode). 


273 


Thème  13. 


"F    FG     G"     G    aG    G  G     G    aF    Ga  a    G     | 

I  •  sti       sHut      ser-mo-  nés  quos    di  -  ce  -  bam  vo-bis,  etc. 

Fer.  III  post  Pascha  in  Evcing.  (Ordo  Rom.  I.) 

*"FFGG     FGaa"       Gac^caGFlâc     c^a     dc^aG! 

Mi-cha  -  el,     Ga-bri  -  el,       Che-ru-bim  et    Se-ra-phim,  non  ces-sant  cla-ma- re     etc. 

De  S.  Mich.  in   Evang.  Ant.  Trev.,   p.   946  :   début    assez    corrompu,  meilleur   dans    le   Process.  monast.   de 
Solesmes,  p.  170. 


"F  FG   GF    Ga   a    G    G" 

Di  -  ci  -   te        in  -  vi  •  ta  -  tis  : 

Dont.  XX  (XIX)  post  Pent.  in  Evang. 


G   G     Ga   G   G    ac   a    G    GaGF   F    | 

Ec-ce    pran-di-um  me-um  pa-ra      -      vi,  etc. 


FFGGGGGFacc  t^cded 

Spi-ri   -  tus    qui     a      Pa-tre   pro-ce-dit,  al -le- lu  -  ia 


etc. 


Dont.  Pintec.  in  Evang.  Aussi  antienne  de  communion,  le  mardi  de  la  Pentecôte.  La  cantilène  empiète  d'une 
manière  insolite  sur  l'étendue  de  l'authente. 


"FF  FG   Ga  GGF   FGac"  c^a  a  |   G  ac  G  a   G  FE  D    F  Ga  a  G  G    ] 
Ar -  dens     est  cor  me  -  um,   de-si  -  de-ro    vi-de  -  re  Do-minum  meum  :  etc. 

Fer.  V  post  Pascha  ail  Yesp.  in  Evang.  (Ordo  Rom.  I.) 


"F    FG    Ga     F    FG    G 

Par -vu  -  lus       fi  -  H    -    ils 


Ga    FE    D     FG 

ho  -  di    -    e       na    - 


F     FE     D    D     I 

tus    est       no -bis  : 


C    D  F  FG  GF     ac  c^     Gai^G  a 

et    vo-ca-bi  -  tur      De -us     for    -     tis, 


a   G   FE   D    F   Ga    G  G 

al  -  le  -  lu  -  ia,    al  -  le  -   lu  -  ia. 


De  Nat.  Dni  ad  Laud.  Antiph.  du  Xdie  siècle.  —  Cette  antienne  et  les  deux  suivantes,  d'allure  populaire, 
n'auraient-elles  pas  fait  partie  originairement  d'un  chant  développé,  une  sorte  de  cantate  de  Noël?  L'identité 
du  motif  de  début  porte  à  le  supposer. 


"FG    Ga     F    FG    G" 

Na  -  to        Do -mi  -   no 
De  Oct.  Nat.  Dni  in  III  noci. 


G    G    a    G      a     G 

an-ge-lo-rum   cho-rus    etc.,  p.  150. 


FGa    G    G     G 

Glo    -    ri  -  a      in 

Cf.  Aur.  Reom.,  p.  53. 


Ga    a    F     G    G[a]  "   | 

ex  •  cet -sis    De  -  0,         etc.,  p.  139. 


"FG   G      a      c    a    GF'Ga    a    G 

.  Fi  -  li,     quid   fe  -  ci  -  sti        no  -  bis   sic  ? 


Dont.  I  post  Epiph.  in  Evang. 


C    ci^    aG    a    G    a    G    G   FE    D 

e  -  go     et       pa- ter  tu -us     do-len  -tes 

'  E    F    Ga    a     G    ! 
.quae-re  -  ba -mus    te.  etc. 


"FG    GGa     F     a    c    d"  ctf    ac     ct{    G 
jRab  -  bi,  quid  pec-ca-vit     ho-mo        i  -   ste. 

Fer.  IV  post  Dont.  IV  Quadr.  in  Evang. 


G      a    GF     Ga    a     G     I 

quod   cae-cus         na  -  tus    est  ?  etc 


R.  T. 
P-5I  (n) 

P-5I  (n) 

P-  53  (n) 
P-5I 

P-5I  (n) 
p.  51  (n) 


P-  51  (n) 


pp. 51  et 

47  (n) 


p-  51  (n) 


P-  51  (n) 


274 


lASTIEN   RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


R.  T. 


P-5i(n) 


Thème  13. 

'  FG     G     a     G    c    c5     a' 

j  Tu        es    qui    ven-tu-rus     es, 


Dom-  III  Adv.  in  Evang. 


c    ci;    aG    a     t}    a    G    G    ! 
an    a  -  li  -  um   ex-pe-cta-mus?  etc. 


P-  51  (n) 


"  FGa    G     Ga    aGF    Ga  '  a    G 

Ma    -    gi       vi  -  den    -    tes       stel-lam 
fDe  Epiph.  Dût  in  Evang.). 


G    Gc    a     GF     Ga    a    G     | 

di  -xe  -  runt   ad        in  -  vi-cem  :  etc. 


P-  51  (n) 


"FGa  G    G    FEF  DFED'   \    FGaccpa       Gcci^aGaEFG 

.Scrip-tum  est     e     -     nim  qui-a  domus  me  -  a         do-mus  o-ra-ti  -  o-nis  etc. 

Fer.  III  post  Dom.  I  Quadt. 


P-  51  (n) 


P-5I  (n) 


"F  FG    GaG     a    c     tjcaG    FG    G"    |      Gc    cf;    cd  cfcja    a    act;    a    G    a 
,  E  -  go       sum        pa-stor   0      -      vi  -  um,  e  -  go     sum  vi-a,       ve  -  ri  -  tas 

Dont.  I  post  Oct.  Paschae  in  Evang.  qU      qQ      GaG      I 

.et      vi  -    ta  :     etc. 

"F    FG     GF'    a    c     tj    c    a    FG    GaG    | 

,  Ec  -  ce        iiunc     tem-pus  ac-cep-ta-  bi    -    le,  etc. 

De  Apostolo.  Temp.  Quadr.  in  Evang.  Le        initial  de  Pustet  est  incorrect. 


P-51  (n) 


"F    FG    G     ai;c    c    G     a    G" 

^Ho  -  di    -    e       cae  -  le  •  sti  spon-so 
De  Epiph.  Dni  in  Evang. 


t;    C     a      GF    Fa    a    G     I 
jun-cta  est    Ec  -  cle  -  si  -  a  :  etc. 


"F    FG     G"     F    G    al7     a    G    F    | 
P'5'  (")        Mis-sus       est       Ga  -  bri- el       an-ge-lus  etc.,  p.  151. 

Hucbald  [Mus.,  p.  105)  analyse  les  intervalles  compris  dans  cette  antienne  métabolique. 

"F    FG    GFGaaG'G     GGaF     G     aGF     |     FacccÇ 
P«  51  (n)        Qui  sunt     ht       ser  -  mo-nes    quos  con-fer- tis      ad    in  -  vi-cem        am-bu-lan-tes,  etc. 

Fer.  II  post  Pascha  in  Evang.  Également  modulante  par  bémol. 


p.  41 


P-5I  (n) 


*[FG    G     Ga] 
Po  -  nam     in 


FG    G     Ga    a    G     |      a     c 

Si   -    on      sa  -  lu  -  tem,  et     in 


G    aG    FG    G 

Je  -  ru  -  sa  -  lem  etc. 


Fer.  V  post  Dom.  III  Adv.  in  Evang.  Le  début  de  la  mélodie  est  douteux.  Le  texte  diffère  seulement  par  le 
premier  mot,  et  la  musique  par  le  premier  membre,  d'avec  l'antienne  Dabo  in  Sion,  que  l'on  trouvera  sous  le 
thème  15.  Plantin  assigne  ce  thème  aux  deux  chants,  contrairement  aux  autres  antipbonaires.  Cf.  /«/o«.,  p.  138. 

*["FGa    G    G     a     cj    a"  G    al 

Do    -    mi -ne    rex     o  -  mni-po-tens,  etc. 

De  libro  Esther.  (Sabb.  ante  Dom.  V  Sept,  ad  Vesp.  in  Evang.).  Aujourd'hui  altérée  et  passée  au  Ile  mode, 
la  mélodie  primitive  est  devenue  méconnaissable  dans  nos  antipbonaires.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qu'elle 
appartenait  au  thème  13,  comme  toutes  les  antiennes  attribuées  à  la  première  div.  du  Ville  mode  chez  R. 


à 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


275 


Thème  13. 


De  la  3^  époque  : 


"F  FG  G  atjc  c  t;"  a  G 
Ho-di  ■  e  Ma  -  ri  -  a  vir-go 
De  Assumpt.  S.  Mariae  in  Evang.  Inton.,  p.  13S. 

FGa    G    G     âc    Çc     a    G 

Do    -    mi  -  ne     Je  -  su    Chri-ste, 

De  S.  Caec.  in  II  noct.  Version  de  Pustet. 


c    et}     aG    a    GaG     | 
cae-los      a  -  scen-dit,      etc. 

GGFËF    DE    FGâaGGI 

se-mi-na-tor    ca-sti  con-si  -  li    -    i  :  etc. 


R.  T. 


P-5I  (n) 


P-  53 


Thème  14,  primitif,  Qui  habitas  (a  FG  G  a  c  t}  G),  compris  chez 
Réginon  dans  la  classe  principale  du  VHP  mode  :  modification  du  thème 
précédent  par  l'antéposition  d'une  nouvelle  anacrouse,  en  sorte  que  le 
véritable  son  initial  apparaît  précédé  de  ses  deux  appoggiatures  :  l'aiguë 
d'abord,  l'inférieure  ensuite. 


s 

De  la  i'^  époque  : 

^       H 

■       ■    "^     1     ■    ■    ■    ■ 

■    -■*"       ■             !■■          ■■■ 

Qui  ha  -  bi  -  tas   in     cae  -  lis 

(Fer.  III  ad  Vesp.) 


mi-se-re-re    no-bis.'   Ps.  122. 


"a    FG    Ga     FG    G"  a    c     t}    c    a     t^c 
Lau-da  -te        De  -  uni,  cae-li   cae-lo-rum    et 


a    a     G    G     II 
a-quae   o-mnes.  Ps.  148. 

Dom.  I  Quadr.  ad  Laud.  Trêves  et  Solesmes  produisent  cette  mélodie   dénaturée,  en  1er  mode  :  a  FQ  Q  est 
devenu  B  CD  D.  C'est  la  succession  de  triton  (entre  Deum  et  caelorum)  qui  a  provoqué  l'altération. 


*[a]     FG    G     aG    FG    G  a    c    i;    cd    a     G    G     | 

Re  -  spe  -  xit    Do  -  mi  -  nus  hu-mi-li  -  ta  -  tem  me-am,    etc. 

De  hymno  S.  Mariae  (Fer.  lY  ad  Vesp.),  Puisque  cette  antienne  fait  partie  de  la  classe  principale  de  R.,  elle 
ne  peut  commencer  par  F,  comme  dans  les  livres  actuels. 


De  la  2^  époque 


"a    F    FG     G  '  G     a    G 

Con-tri-tum       est    cor  me-um 

In  Cena  Dhi  ad  Laud. 


G 

a    G 

F 

Ga    a 

in 

me-di  - 

0 

me  -  i, 

F 

E    D 

0  • 

mni-a 

I     a    c    G    a    G 

con-tre-mu  -  e  -  runt 

FË    FG     G    G     II 

os   -    sa       me  -  a. 


"a    F(G)     G    a    G    a    G   F    G    Ga"   F   F  l  G   F   G    a    cd    t^c     aG 

Vi-de,         Do-mi-ne,   af-fli-cti  -  0 -nem      me-am,  quo-ni-am    e-re-ctus    est  etc. 
Dont,  de  Pass.  ad  Laud. 


p.  43  (n) 


P-  51 


P-45(n) 


P-45(") 


I  Autres  antiennes  du  psautier  hebdomadaire  :  Servite  Domino,  ps.  2;  Tu  Domine 
servabis  nos,  ps.  11;  Exaudiat  te  Dominus,  ps.  19;  Conversus  estfuror  tuus,  de  cant.  Isaiae 
(Fer.  II  ad  Laud.). 


276 


lASTIEN  RELÂCHÉ  i'Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


R.  T.    !    Thème  14. 

I     "a  F  FG   GGF  GaaG'       Facc^cdc        aCrFGa£}aGGG 


p.  45  (n) 


p.  41 


p.  41  (n) 


p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


p.47(n] 


p.  47  (n] 


p.  49 


P-45(n) 


p.  47  (n) 


P.43(n) 


Ju-di-ca      eau   -    sain     me-am  :      de-fen-de, 
Dom.  in  Palm.  ad.  Laud. 


qui-a        po-tens  es,  Do-mi-ne. 


aFGG     GG     aG     F     GGa     FFIFac     di;     ctfaG 

Sci-to    -    te      qui-a     pro-pe     est     re-gnum    De  -  i  :       a  -  men  di-co     vo  -  bis,  etc. 
Le  Vig.  Nat.  Dni  in  Evang. 

"aFFFG     Gacc5     aGaG     | 
Corn  -  pie  -  H        sunt    di  -  es      Ma  -  ri  -  ae,  etc. 
Fer.  VI  ante  Nat.  Dni  ad  Laud. 

"aFGG  ac'aGF     Gaa     G|a     et;     ca 

Ma-gi  -  ster,         sci-mus  qui  -  a  ve  -  rax     es,  et     vi-am   De  -  i  etc. 

Dom.  XXIII  (XXIIj  post  Pent.  in  Evang. 

"aFGG  âcc'i^cda      aGFGaaG| 

Ma-gi   -ster,        quod    est  man-da  -  tum    magnum      in        le-ge?  etc. 

Dom.  X  VIII  (X  VIIj  post  Pent.  in  Evang. 

"aFFG     G'ac     c^aGaG     1     G     tjcdcâ     ci;     | 
A  -per-ttim       est       os       Za-cha  -  ri  ■  ae  et    pro-phe-ta-vit      di-cens  :   etc. 

De  S.  Joh.  Bapt.  in  Evang. 

"aFFG     G'aG     c|a      |      FG     a     ctja     i;     GG| 
Jo-an-nes        est     no-men     e  -  jus  :        vi-num    et     si- ce-ram  non  bi -bet,  etc. 
De  eod.  off.  ad  Laud. 


aFGGaci;      cact?      G    aGa  tja    | 

De   pal  -  ma     ad    re-gna     per-ve-nerunt   san-cti,  etc. 

(Ctim) 

De  plur.  Mart.  ad  Laud. 

*"a    FG    G   a    G    âc    a    ^aG    G"       Faccdddc      dêcjal 
Pe-ti    -    te     et    ac-ci-pi-e     -    tis,  ut     gau-di  -  um  vestrum  ple-num  sit  :  etc. 

Dom.  Y  post  Pascha  in  Evang.  Début  incorrect  dans  tous  mes  livres,  sauf  Trêves  et  Solesmes. 

"a     FG   G    G  a   G   FË"  FG    ËFDlDE    FGaaâcâpGGI 
jQuod-ciitn-que    li-ga-ve-ris        su-per  ter -ram,    e  -  rit     li-ga-tum  et      in  cae-lis:etc. 

De  S.  Petro  in  Evang. 

"a     FFGGaG     Fâccâ"cdëd     de     c^aa     | 
jAb     O  -  ri    -    en  -  te      ve  -  ne-runt    ma  -  gi      in    Beth-le-hem     etc. 

De  Epiph.  Dni  in  Evang. 


lASTIEN   RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode) 


277 


De  la  3^  époque 


"a    F    FG    G     a    b     a    G     a    GF    Ga    a     G     | 
Lau-ren-ti    -    us     bo-num   0  -  pus     0  -  pe  -    ra  -  tus   est,  etc. 
De  S,  Laur.  ad  Laud. 


Thème  14.        R.  T. 


p.  47  (n) 


Thème  15,  Rex  pacificus  {G  DFGaGaci:  G),  compris  chez  R.  dans  la 
classe  principale  du  VIII^  mode.  C'est  un  développement  du  thème  12. 
Le  dessin  fondamental,  caractérisé  dès  le  début  par  la  descente  vers 
la  quarte  grave,  est  celui  de  la  célèbre  hymne  ambrosienne  0  lux  beata 
Trinitas  (p.   71).  Il  rappelle  également  l'hymne  de  Mésomède  à  Némésis. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


Rex  pa  -  ci  -  fi  -  eus  ma-gni  -  fi  -  ca-tus  est, 


at 


eu-  jus     vul-tum     de  -  si  -  de  -  rat  u  -    ni -ver- sa     ter  -  ra. 

De  7ig.  Nat.  Dni  ad  Laud, 

"GF^EF     GaaGG       Fac     ;aci;| 
E  -  le    -    va  -  re,      e   -    le  -  va  •  re,      con-sur-ge.  Je  -  ru- sa-lem  :  etc.,  p.  137. 

G    GFD     EFGG  GGaGFGaa     FËF    DF     1 

Chri-sto  da  -  tus       est  prin  -  ci- pa-tus     et      ho  -  nor     re     -     gni;  etc. 

De  Oct,  Theoph.,  ad  Crticem  vel  ad  Fontes.  Ant.  Trev.,  p.  253. 

"G    GFD     FË     FG    GaG       Fa    aG    G     | 

Da-bo  in         Si    -   on  sa  -  lu  -  tem,  etc.,  pp.  Sg,  m. 


p.  41  (n) 


'  GFGF    D    F     Ga    G  '         G    G    G    aG    F    Ga    aG    F    FG    G    G    ' 

San     -     cti     et     ju  -  sti  in   Do  -  mi-no      gau-de  -   te,       al  -  le   -   lu  -  ia  :  etc. 

De  Sanct.  femp.  Resun. 

"G    GD     FG    G  a    G     a    GF     Ga     a    GFG    DE  FED  D     | 

0-mnes     san  -  cti         quan-ia    pas- si        sunt     tor-men    -    ta,  etc. 

De  plur.  Mari,  ad  Laud. 

"G    GD"   F     Fa     GG  G     GGaGF     Gaal 

Ec-ce  De  -  us       me  -  us,  et      ho-no-ra-  bo      e  -   um  :  etc. 

Fer.  7  ante  Yig.  Nat.  Dni  ad  Laud.  Texte  du  Resp.  greg,  :  Ecce  Dominus  meus. 

37 


p.  41  (n) 


P-  43 


p.  4t  (n) 


P-45  (n) 


p.  49  (n) 


p.  41  (n) 


278 


lASTIEN  RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viii*  mode). 


R.  T. 
p.  43  (n) 

p.  41  (n) 
p.  41  (n) 
p.  41  (n) 
p.  45  (n) 

p.  47  (n) 
p.  45  (n) 
p.  45  (n) 
p.  45  (n) 


Thème  15. 

GGD     EFGFGa     G  âccc^     aGaG| 

Val-de         ho-no-ran  -dus       est  be  -  a-tus      Jo  -  an-nes,  etc. 

De  Vig.  S.  Joh.  Evang.  ad  Ve$p.  in  Evang,  Lambillotte  a  une  autre  mélodie,  du  IVe  (th,  29). 

'  GD    F  FG    Ga   G" 

Spi  -  ri  •  tus     san-cttis 

(Dont.  I  Adv.  in  Evang.) 

"G    GD    FG"   GaaG 

O  -  ri    -    e     -     tur 
De  Vig.  Nat.  Dni  in  Evang. 

"  G    GF     D    D  '  FDEF  Ga  aG 

Di  -  cit        Do  -  mi  -  nus  : 
Fer.  II  post  Dom.  III  Adv.  in  Evang. 

"G    G    [FD]     E     F     Ga    a    G    G 

Prac-  ce-  dam         vos      in      Ga  -  li-lae-am, 


G    G    G 

a 

G 

F    Ga   a 

a    ai^ct}   aG  G    | 

in     te    de-scen 

-det 

Ma-  ri  -  a  : 

ne    ti    -    me  -  as,  etc. 

F    GaG 

a 

F    a    ac| 

Ga    G     1 

si  ■  eut 

so! 

Sal-va-tor 

mun  -  di;  etc. 

GaaG 

c 

D    F    FG 

G     a    GaGFG    F     | 

P 

ae  - 

ni-ten-ti    -    i 

im     a  -  gi        -         te;  etc. 

G    G     a    G    a    G    F 

i  -  bi     me    vi  -  de  -  bi  -  tis 


etc. 


Temp.  Resurr.  in  Evang,  Seul    parmi   les  antiphonaires  actuels,    Solesmes  a  gardé   la  mélodie  iastienne;  tous 
les  autres  ont  un  chant  du  protus  (th.  6). 


"G    G     FF     FD    Fa    FG    Ga  ' 

San-cte    Pau- le      a    -    po  -  sto   •   le, 

De  s.  Paulo  ad  Latid.  Antiph.  du  XlIIe  s. 


F    ac    ct|    a      ct^    aG    a    G     | 
prae-di  -  ca-tor     ve  -  ri  -   ta  -  tis    etc. 


"G    G    FE     D    D    DC  ' 

Di  -  xe-runt       im  -  pi  -  i  : 
Fer.  III  maj.  hebd.  ad  Laud, 


"G     G    FD    E    FG     G 

^Et      re  -  cor  -  da  -  tae      stint 

V 

Fer.  lY  post  Pascha  ad  Laud.  in  Evang.  (Ordo  Rom.  I.)  Ant.  Trev.,  p.  439. 


G    G    a    GF     G    Ga     F    F     | 

Op- pri-ma-mus       vi-rum       ju-stum,  etc. 

Ga    F    E      [fÊdJ     DF     | 

ver  -  bo-rum       e       -       jus,     etc. 


*"[G     GF    D      FG    G"   GaG]     G     G    FEF    DF    1 

.Haec  au  -  tem    scri  -  pta     suut  ut    cre-  da     -     tis,     etc. 


Dom.  in  Albis  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  451;  début  fautif  corrigé  à  l'aide  des  neuraes. 


"GF    [D]     F      Ga    a    G 

p.  41  (n)         pa    .    sto  -  res      di   -   ci  -  te  : 


a     c    G    G    FE    F 

et    an-nun  -  ti  -  a   -    te 


G    aG     F    Ga    a     I 

quid-nam     vi  -  di  -  stis, 

DE     F    Ga    a    G    G 

Chri-sti     na-ti    -   vi-ta-tem? 


aG    FG    Ga 

In  -  fan  -  tem 


F    FG    G 

vi  -  di   -  mus 


G    G     a    G    FG    F 

pan-nis    in-vo-lu  -  tum, 

D    E    F     Ga    a    G    G 


a     c    G     G    G    FE    F 

et  cho-rus     an  -  ge  -  lo  -  rum  lau-dan-tes    Sal  -  va-to-rem. 

(De  Nat.  Dni  in  Evang.)  Cette  gracieuse  cantilène  a  disparu  de  l'office.  Antiph.  du  XlIIa  siècle. 


I 


lASTIEN    RELACHE  (Tétk.  plag.,  viiie  mode). 


279 


Thème  15.        R.  T. 


G    G    F    FE     DF    FE    D    DF 

Mi  -  ra-  bi  -  le        viy  -   ste  -    ri  -  tim 


F    G     a    G 

de- cla  -  ra-tur  etc.,  p.  148. 


G    G    GFFDEFEDD     CDFGG|GGaGaGF 

j  Ba- pti-zat  vii  -  les      re  •  gem,         ser-vus  Do-mi-num  su-um,etc. 

De  Oct.  Theoph.  in  Evang.  Disparue  de  l'oftice.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Process.  monast.,  p.  45, 


"  G   GD    FG     GaG    FGaaG        FaGFGaFFF    DEFE  C 

Ho-vio      qui  '  dam       de-scen  -  de-bat        ab    Je-ru-sa-lem     in    Je  -  ri  -  cho,  etc. 


Dom.  XIII  (XIIj  post  Petit,  in  Evang. 


"GD    F     G    Ga    G' 

Foji  -  tes      a-qua-riim 


G    G    GF    FGa    FE    DEF     | 

san-cti  -  fi    -    ca     -     ti       sunt       etc. 


De  Oct.  Theoph.  ad  Crucem  vel  ad  Fontes.  Ant.  Trev.,  p.  249.  Antiph.  du  XlVe  s.  (Bibl.  R.  Brux. 


"  GD  [FG]  g    g   g  Ga  g  "      G   a   GaGF     |    F   a   c    c   cdc   c   d   c    et} 

j  Or  -  di  -  nés    att-ge-lo  -  rum        vi-den-tes  in-vi-si-bi-lem    ve-ni-en-tem 

Le  Epiph.  Diii  in  Evang.  Disparu  de  l'office.  Antiph.  du  Xllle  siècle.  ^Q.        ^       GaGF 


a-quis, 


etc. 


"G     GF    D     FG     Ga    G  G    G     b    a    G     FGa    a     | 

Qui     via  -  jor     est         ve-strum,  e  -  rit    mi-ni-ster     ve   -   ster,    etc. 

Fer,  III  post  Dom.  II  Qiiadr.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  319.  Mélodie  roétabolique,  comme  les  trois  suivantes. 


"  G    G    GFD  "  E     F    Ga    a    G 

Ju-dae  -a  et     Je  -  ru  -  sa-lem, 

De  Yig.  Nat.  Dni  ad  Laud. 

*'  G  [FD    FË]       FG      G 

Ve  -  ni    -   eut  ad  te 


G    G    at?     G    aGF    F     | 

no  -  11  -  te       ti  -  me    -    re  :  etc. 


G     G    G    ab    Ga     G    F 

qui     de- tra-he -bant      ti  -  bi, 


a     F    ac    C     et;     a    ci;    aG    G  aF    Ga     a    G    G 

et      a  -  do  -  ra-bunt     ve-sti-gi    -    a  pe  -  dum      tu  -  0  -  rum. 

De  Epiph.  Dîii  in  Evang.  Disparue  de  l'office.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


"G    GD     F    FG    GaG     F    GaG  a t^ a 

Su-per       so  -  H   -    um         Da-vid, 

Dom.  II  Adv.  in  Evang, 


F     G    a     C    G     a    G     j 

et      su-per   re-gnum  e  -  jus,   etc. 


De  la  3'  époque 


"G     G    FD    E     F     Ga    a     G" 

Ad     0  -  mni  -  a    qiiac    mit-tam   te. 

De  s,  Joh.  Bapt.  in  I  nocf. 

"G    FD    E     F     Ga    a    G  ' 

Do -mi  -  nus     ab      u    -    te-  ro 

Ibid.  in  II  uoct. 


G    aG  a    G    F     I 

dl  -  cit  Do-mi-nus,   etc. 

Ga    a    GF  F     I 

vo  -  ca-  vit  me  :  etc. 


P-43 


P-  43 


p.  49  (n) 


P-  43  (n) 


P-  43  (n) 


P-  43  (n) 


p.  41  (n) 


P-  43  (n) 


p.  41  (n) 


p.  47  (n) 


p.  47(n) 


zSo 


lASTIEN  RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


R.  T. 
p.  47  (n) 

p.49(n) 

p.  43  (n) 
p.49(n) 

P-  43  (n) 
p.  49  (n) 
p.  47  (n) 
p.  49  (n) 

p.  47  (n) 

p.  49  (n) 
p.  47  (n) 
p.  47  (n) 


Thème  15. 
'GFD     E     F     GaGG 

For-mans     me     ex       n    -    te  -  ro 

Ibid.  in  III  noct. 


G    G     a    G     a    GF    F     I 

ser-vum    si  -  bi     Do-mi  -  nus,  etc. 


"G    FD     F    Ga    a     G    G  Fa     c    d    t^ac     at}    G    G     1 

Vi-dens       An-dre  -  as    cru-cem        cum    gau-di-o  di  -  ce- bat  :  etc. 

De  S.  Andr.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  663.  An(iph.  du  XlIIe  s.  Process.  mou.,  p.  126. 

GFDFFGG"        GGGGactfacGGl 

Be-ne  -    di  -  co  te,  Pa  -  ter    Do- mi -ni    me  -  i     Je-su  Chri-sti  :  etc. 

(De  S.  Âgn.  et  de  S.  A  g.  ad  Laud.j 

"G    Fp     E    F     Ga    a    G'  a    G     G    F     âc    c^    G     | 

So-ror       me  -  a      Lu  -  ci-  a,  vir-go     De  -  o      de  -  vo  -  ta,  etc. 

De  S.  Luc.  ad  Laud. 

"GFDEF     GaG"         G     i^dcâcctîl 

Con-gau  -  de  -  te      me-  cum,  et    con-gra-tu  -  la -mi- ni,  etc. 

(De  S.  Âgn,  ad  Laud  j 

"GGFDEF'GaaG  aGa     GF    GaF   a  c^  aG  a   G  j 

Non  me  per  -  mit-tas,    Do  -  mi-ne,  fa-mu-lum   tu-um    a         te    se-pa-ra-ri;  etc. 

De  S.  Andr.  in  III  noct.  et  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  a. 

"GFD    EFGaGG"         GGaGFGa    FED    DF    | 

Coy    -    de      et       a  -    ni  -  tno  Chri-sto    ca-na-mus    glo  -  ri     -     am,      etc. 

De  Nat.  S.  Mariae  ad  Laud. 

"G    GFD    EF     GaG"        Faca     GFGaaGG] 

Cae-ci     -     li  -  a      vir-go  Al-ma-chi-um    ex   -   su  -  pe  -  ra  -  bat,  etc. 

De  S.  Caec.  in  I  noct. 

"G    G    G     GFD    EFGaaG"        Faci:|acct{| 
Ma-ri-  a      vir    -    go     as-  sum-pta    est  ad     ae-the-re-um  tha-lamum,  etc. 

De  Assumpt.  S.  Mariae  ad  Laud. 


"GD    FGa    G      Ga    G    G'    Ga    G 

May  -  ti    -     nus      A   -  bra-hae      si  -  nu 

De  S.  Mart.  ad  Laud. 


Ga    G      GE    FG    EF    D     I 

lae  -  tus     ex  -    ci    -    pi   -   tur  :  etc. 


"G    G    G    GD     F    a    G    G"  G    G    al;     G    aGF    F  | 

Na  -  ti  -  vi  -  tas       glo  -  ri  -  0  -  sae     vir  -  gi  -  nis     Ma-ri     -     ae  etc. 

De  Nat.  S.  Mariae  ad  Laud.  Antienne  métabolique,  comme  la  suivante. 

*"GGGGGpFËFGGâG      GGcaGF     GaaG] 

Na  -  ti  -  vi  -  ta-  tem        ho  •   di    -    er  -  nam    per  -  pe  -  tu  -  ae  vir  -  gi  -  nis  etc. 
De  eod.  off.  in  Evang.  Du  thème  12  depuis  le  moyen  âge. 


lASTIEN  RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


28r 


Thème  i6,  probablement  primitif,  hi  pace  (G  c  t|G  a  F  a  G), 
compris  chez  Réginon  dans  la  classe  principale  du  VHP  mode.  Le 
dessin  mélodique,  à  peu  près  fixe,  ne  s'adapte  qu'à  des  textes  courts,  et 
en  fort  petit  nombre  dans  l'office. 


K.  T. 


Antiennes  de  la  i'^  époque 


^^^^^^^^ 


In  pa  •  ce       in 

Sabb.  sancto  in  I  noct. 


psum 


dor-mi-am      et       re-qui-es-cam.  Ps.  4. 


P.45(n) 


G     C    l;G     tfc    aG     aG    Fa 

De  fru-clu      ven-tris      tu    -    i 

De  Nat.  Dni  ad  Vesp. 


C    i;G     i;    C     ai;    a     G    G     11 
po-nam     su-per    se-dem  tu-am.  Ps.  131. 


p.  41 


"G   C  i;G  t;   c'  a   G    aG  F  I   GF  Ga   C   C   tjG   t|c  a   a    i;   a    G   G  1| 

Ve-ni-te      a-do-re-mus   e-  um,      qui  -  a       i-pse  est    Do-minus  De-us    noster.  Ps.  94. 

De  Epiph.  Dni  in  II  noct.  Cette  antienne  se  combine  avec  le  {Jsaume  Venite  exsnltemus  d'une  manière  tout 
à  fait  inusitée  dans  le  reste  de  l'office,  sauf  à  l'Invitatoire.  Le  texte  et  la  cantilène  antiphonique  se  répètent 
Don-seulement  après  le  psaume,  mais  entre  chaque  couple  de  versets.  Le  mode  primitif  d'exécution  se  déduit  de 
cet  agencement  : 

le  préchantre  :  Venite  adoretnus.... 
1er  demi-chœur  :   Venite  exsultemus....  ae  demi-chœur  :  Praeoccupemus  faciem.... 

chœur  général  :   Venite  adoremus.,.. 
1er  demi-chœur  :  Quoniam  Deus....  ae  demi-chœur  :  Quia  in  manu  ejns.... 
chœur  général  :  Venite  adorémtis,,..  etc. 
C'est  là  ce  que  les  écrivains  du  Vie  siècle  (entre  autres  Grégoire  de  Tours)  appellent  un  psalmus  responsorius  : 
un  psaume  à  refrain. 


P-  43  (n) 


G   C   t;G     tfc    a    G    aG  F  Fa    c    c   tjG     i;   c    a    a      t;  a   G    ij 

De-  di-sti      he  -  re-  di  -  ta  -  tem  ti-men-ti-bus     nomen  tu-um,  Domi-ne.  Ps.  60. 

De  Apost,  in  II  noct. 

De  la  2^  époque   : 


"G  c  tjG    ij    c  a"  G  a   G    F 

Re-ple-vit     et    in-e  -  bri-a-vit  me 

De  Parasc,  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  406. 

"GcJg    Çc    aGaGFF" 
Au-di-te       et      in-tel-  li-gi  -   te 
Fer.  17  post  Dont.  III  Quadr,  in  Evang. 


GFacci^G    {|caa    GG 
a-ma-ri-tu-di- ne      i-ni-micus  me-us. 


GFaci;     G     i^catjaGGI 
tra-di  -  ti  -  o-nes  quas  Dominus  de-dit  vo-bis. 


"G    C    c    i^G     tf    c"     a    G    a    G     F     | 

Vi-den-ti  -bus      il  -  lis        e-  le-va-tus    est,  etc. 

De  Ascens.  Dni  ad  Laud. 


p.  49 


P-  45  (") 


P-43  (n) 


p. 45  (n) 


2S2 


lASTIEN  RELACHE  fTÉTR.  plag.,  viiie  mode) 


R.T. 


p.  43  (n) 


p.  53 


P-45(n) 


p.  41  (n) 


Thème  16. 


De  la  3^  époque  : 


"GGcfGi;caGaGF  Facc^ 

Ob  -tu  -  le-runt    pro       e  -  0      Do-mi -110  par     tur-tu-rum  etc. 

De  Purif.  S.  Marine  ad  Laud.  Plantin  et  Solestnes  ont  un  début  incorrect  (f  a  c  Qq)* 

Variante   par   élimination  du  son  initial.    Elle  ne    s'applique  qu'à  une 
seule  antienne  : 


et}    G    i;caGaG    aGF|Fa    cci;G    tfc    aa    t? 
Lumen  ad    re-ve-la- ti-o-nem  g&n-i'y-um,      et     glo-ri-am     plebis  tu-ae  Is- 

De  Purif.  S.  Mariae  in  Evang.^  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  53.  Le  G  initial  de  Pustet  est  fautif. 


a   G 

ra-el. 


Thème  17,  Beati  qui  ambulant  (Gc  a  G  F  a  G),  compris  chez  Réginon 
dans  la  classe  principale  du  V1II=  mode.  Le  début  seul  est  fixe.  La 
montée  à  la  quarte,  le  trait  caractéristique  du  dessin,  forme  un  groupe 
indissoluble  de  deux  ou  de  trois  sons  (Gc,  Gac).  Nous  avons  là  un  des 
nomes  les  plus  répandus  dans  l'antiphonaire  romain  :  il  a  été  traité  avec 
une  prédilection  marquée  à  la  dernière  période  de  l'élaboration  du  recueil. 
Beaucoup  de  mélodies  s'étendent  vers  l'aigu  jusqu'à  la  quinte  modale,  et 
la  dépassent  même. 

Antiennes  psalmiques  : 


Be  -  a    -    ti     qui     am  -  bu-lant 
(In  off.  fer.  ad  Prim.) 

"G     Gc     a     GFGaa'GG 

Cum  his      qui     o    -    de  -  runt  pa-cem, 

In  Cena  Dhi  ad  Vesp,  Ant.  Trev.,  p.  398. 


in     le  -  ge   tu 


Do-mi-  ne.  Ps.  118. 


t|c    d     ca    c    c    t}    I 

e  -  ram    pa  -  ci  -  fi-cus  ;  etc.  Ps.  119. 


"G    Gc    a     G     a    GF     Ga    G      a    F    G    Ga    F    F     | 

Be  -  a  -  tam  me     di-cent        0  -  mues    ge-ne-ra-  ti    -    0  -  nés,  etc. 

De  hymno  S.  Mariae.  Fer.  II  post  Dom.  III  Adv.  in  Evai'g. 

'  La  fête  de  la  Purification  de  la  sainte  Vierge  n'a  été  introduite  à  Rome  qu'au 
Vile  siècle  (voir  plus  haut  p.  171);  mais  déjà  auparavant  il  existait  à  la  date  du 
2  février  une  procession  aux  fîambeaux,  transformation  chrétienne  d'une  solennité 
payenne  célébrée  à  ce  moment  de  l'année.  S.  Greg.  Lib.  Sacram.,  note  163  (Ed.  bénéd., 
p.  306).  L'antienne  Lumen  ad  revelationem  gentium,  d'une  mélodie  si  archaïque,  a 
I    peut-être  été  chantée  originairement  à  la  susdite  procession. 


lASTIEN    RELACHE  (Tiïtr.  plag.,  viiie  mode). 


283 


Thème  17. 


"G    Gc    aG    G'   a    G    F     G    a     cd    c    ct^cd  c    | 
Ma-gni  -  fi   -    cat       a  -  ni  -  ma   me  -  a     Do-mi-num;  etc. 

De  eod.  (Fer.  JI  ad  Vesp.) 

"G     GcaG'a     GFGaâcdtj  câfc     aG| 

Per      vi  -  sce  -    ra     mi  -    se  -  ri  -  cor-  di  -ae  De  -  i        no-stri,  etc.,  p.  iiî 


R.  T. 
P.5i(n) 

P-5I  (n) 


De  la  2^  époque   : 


"G    Gc     a    a    G  '    a    GF    Ga     a    G    G 

E  -  go     plan-ta  •  vi,     A  -  pol  -    lo         ri-ga-vit 
De  S.  Paulo  ad  Laud. 


ce    cdc      ac    C 

De  -  us         au-  tem  etc. 


"G    Gc    a     GF     Ga    G  "    a    G    F     Ga    a     |     et;     a    c    d     G    aG 

Re-ple  -  ti     sunt        0-  mues  Spi  -  ri  -  tu     san  -  cto,        et     coe-pe-runt    lo-qui,    etc. 

Dom.  Peut,  ad  Laud.  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  52. 


"G     Gc    a     G    a    G    F      Ga    G 

Sic      e  -  runt  no-  vis  -  si-  mi      pri  -  mi, 

In/,  hebd.  Septuag.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  272. 


t}     C    d     ca    c    c    tj     i 

et    pri-mi     no- vis-si-mi  :  etc. 


"GGcaGaFaGG'IGGacc     ce     ctfa     ct^G 
0-por-tet     te,  fi  -  H,  gau-de  -  re,  qui  -  a     fra  -  ter    tu-us   mor-tu-us     fu-e-rat 

"a     FG    G    G    1 


Sabb.   ante   Dom.   III   Quadr,   in  Evang.   Depuis    le  IXe   siècle    elle    ne    se 
chante  plus  qu'a  titre  d'antieune  de  communion,  le  même  jour. 


et      re   -    vi  -  xit  :  etc. 


"G    Gc    a     aG    F     GaG    FG    G" 

Res-pon-dens    an  -  tem    an    -    ge  -   lus 

Dom.  Resiirr.  ad  Laud, 


\\    C     d    a    C    C    C     I 
di-xit  mu-li  -  e  -  ri-bus  :  etc. 


"G    Gc    a     G    F    Ga    G    G  '  G    G     i;     c     d     e      d    et;    aG 

No  -  li  -  te      ex  -  pa  -  ve  -  sce  -  re  :  Je-sum  Na- za- re-num  quae-ri  -  tis    etc. 

Ibid.  Ant.  Trev.,  p.  423. 

"GGca      GFGaG"  acccacde| 

Ex  -  i   -    vi       a         Pa  -  tre  :  et    ve-ni     in     mun-dum,  etc. 

Dom.  V  post  Pascha  in  Evang.  Trêves  et  Solesmes  ont  une  mélodie  tout  autre,  du  IVe  mode. 

GGcaâGFGaG"  Gifcdâcct;! 

No  -  H  -  te     jii  -   di  •  ca   -    re,  ut   non  ju  -  di  -  ce-mi-ni  :  etc. 

Dom.  IV  (I)  post  Pent.  in  Evang.  Plantin  est  incorrect. 

"GGca     aG     aGF     Ga"   a    G    G     |     c^     c    de    d    | 
Au-di  -  stis  qtii-a      di-ctum       est        an-ti-quis  :    Non     oc  -  ci  -  des  :  etc. 
Dom.  71  (Y)  post  Pent.  in  Evang. 


p.47(n) 


p.  45  (n) 


P-  43  (n) 


p.  69  (n) 


P-  45  (n) 


P- 45  (n) 


p.  45(n) 


p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


284 


lASTIEN   RELACHE   (Tétr.  plag.,  viii^  mode). 


R.  T.         Thème  17. 

"GGcâGGaGFGaG"      GGaG    âcdc^Gatla    GFGG| 
p.  41  (n)         Ne    H  -  vu  -  as     Ma  -  ri  -  a,         in-ve-ni-sti    gra  -  ti  -  am     a-pud  Do-mi-num  :  etc. 

(Dom.  I  Adv.  in  Evang.)  Texte  actuel  :  invenisti  enim  gratiam. 


"G    Gc    aG     Ga     GF    Ga    Ga" 

p.  41  (n)  Be  -  a  -    ta         es        Ma  -  ri   -    a,     etc.,  p.  88. 

"G   Gc   a    a    G    a   GF"    Gaa     GFGGlGfcddd    dêdcd    c 
p.45(n)         In-gres  -  so  Za-cha-ri-a         tem-plum  Do-mi  -  ni,       ap-pa  -  ru-it      e      -       i 

De  s.  Joh.  Bapt.  ad  Vesp.  in  Evang.  C      C    tja      fec    h     G     | 

_Ga-bri-el      an -ge-lus,  etc. 

"G     GGcaGa'GF     Ga     cc^Gl 

p.  41  (n)         In   prin-ci  -  pi   -    0        et        an  -  te    sae-cu-la,    etc.,  p.  157. 

"GGca     GaGG'aG     FGaG     |     G     aGaGGF 

p.49(n)         No-li-   te     sol-li-ci-ti       es  -  se      di-cen-tes:    Quid  man-du- ca- bi-mus    etc 

Dom.  XV  (XIV j  post  Pent.  in  Evang. 


*["Gc   aG   FG   G"    t}   cd  d    d    d   a  c  i;    |    c    c   Ga]    i;    atj    G  G    |1 
p.  41  (n)         Je  -  ru  -  sa  -  km,     re-spi  -  ce   ad    O-ri-entem,     et    vi-de,       al -le-  lu-ia. 

Fer.  II  post  Dom.  I  Adv.  Ant.  Trev.,  p.  140.  Le  dessin  mélodique  ne  s'accorde  avec  R.,  ni  pour  la  forme 
modale  (Vile),  ni  pour  le  dessin.  L'altération  de  la  mélodie  est  antérieure  à  Guy,  qui  indique  le  VU»  mode 
également  (De  mod.  form.,  p.  103). 


P-  43  (n) 


P-  45  (n) 


*  "  Gac    a     aG    F    Ga    aG    G 

Vo  -   ca     0   -   pe  -  ra  -  ri  -  os, 

Inf.  kebd.  Septuag.  in  Evang. 


G     ti    a     ct|    G     i;c    d    C     ci|    Ga 
et    red-de     il  -  lis    mer-ce-dem  su  -  am,  etc. 


*"Gac    aa     aGF"GaaG  t}     cdedde     cacct}! 

Ve  -  spe-re    au  -  tevi    sab-ba-ti,         quae  lu-ce-scit    in       pri-ma  sab-ba-ti,  etc. 

Sabb.  sancfo  ad  Yesp.  in  Evang. 


*"Gac    a    a     aG    F     Ga    FG    G" 

P- 45  ['^)  An  -  ge-lus    au  -  tem    Do  -  mi  -   ni 

Ibid.  Texte  du  Resp.  greg,  :  Angélus  enim. 


t}    C    d     a     ce    C     I 
de-scendit   de    cae  -  lo  etc. 


P-43  (n) 


"G    Gc    a     aG    F"  Ga    a    G 

1  Ex -toi -Uns  qnae-dam  mu  -  li  -  er 


a    G     F     G    at}a     G    G 

vo-cem  de     tur-ba,        di  -  xit 


G  t^cd  d     e    d     ca    C     dç    fcf    i;        tîc    d    c    t^c     de     a  G  G     | 
Be- a  -  tus  ven-ter  qui     te    por-ta-vit,        et     u-be-ra    quae    su-xi-sti.  etc. 

(Dom.  III  Quadr.  in  Evang.)  Ant.  Trev.,  p.  332.  Antiph.  du  XlVe  siècle.  Le  texte  est  tant  soit  peu  modifié 
dans  les  livres  actuels  du  rit  romain. 


lASTIEN   RELACHE  (Tétr.  plag.,  vriie  mode). 

285 

Thème  17. 

R 

.  T. 

"G    Gc    a     G    a'    F     GaG    FG    G      |      t}     c    de 

d     d    C    C 

.Di-xit-que    Da-vid     ad     Do    -    vii  -  iiuin,       cum    vi-dis- 

set   an-ge-lum 

etc. 

P- 

49  (n) 

De  libro  Reg.  (Sabb.  aiite  Dom.  IX  post  Trinit.  in  Evang.)  Ant.  Trev.,  p.  535. 

"G    G    Gc    a    G    F    G       G    G    a    GFE    FG    FED 

F    DF    CD 

C     1 

.  Do-ini-iius   pos-se-dit   me        in      i-ni-ti-o         vi    -    a    - 
De  Sap.  Salom.  (Sabb.  nnte  Dom.  IV  Aug.  in  Evang.)  Ant.  Trev.,  p.  538. 

rum   su    -    a  -  rum,   etc. 

P 

49  (n) 

*"Gac    a     a  GF      Ga    a    a     G    G           a    G     F     Ga    a     | 

.  Di  -   xit    au-tem       Do-  mi-nus    ser-vo  ;      Red-de  quod  d 
L 
Dom.  XXII  (XXI)  post  Pent.  in  Evang. 

e  -  bes.  etc. 

P- 

49  (n) 

♦"Gac    a    aG     F    Ga    G    G  '           G    i;     c    d    ca 

ce    c    1 

jDa  -   ma-sci,    prae-po  -  si  -  tus             gen-tis    A-re-tae 

re-  gis  etc. 

P 

47  (n) 

De  S.  Patilo  ad  Laud. 

*"Gâc    aaO'aGFGaaGlG    dpê 

1 

Di  -  xit    au-tem     pa-ter-fa-mi  -  H  -  as  :        A  -  mi    -     c 
t 

In/,  hebd.  Septuag.  in  Evang. 

e,  etc. 

P- 

43  (n) 

*"Gac    aaGaGFGaaGGl     dtjde 

d 

Di    -   xit    au-tem     pa-ter    ad     ser  -  vos    su  -  os  :        Ci     - 
L 
Sabb.  ante  Dom.  III  Quadr.  in  Evang. 

to  etc. 

P- 

43  (n) 

*     Gac    a     G    a      GF    Ga    a    a  "    G    G     |     G    dt}de 

d 

Di  -   xit     jfe-sus     di    -    sci  -  pu-lis       su  -  is  :        Af-fer    - 
Temp.  Resurr.  in  Evang. 

te  etc. 

P- 

45  (n) 

De  la  3^  époque  : 

"G     GcaGG     G     aGG'FGaG     |     c5a 

tl    C     a    a 

GF 

Ne     ti  -  me  -as      a     fa  -  ci  -  e       e  -  o  -  rum,       qui  -  a 

e  -  go    te-cum 

sum,  etc. 

P- 

47  (n) 

De  S.  jfoh.  Bapt.  in  I  noct. 

"GGcaFGG'c^âcc      cdc      |      tîc     d 

ti      ^     ^ 

G 

Di-sce  -de     a        me,     pa  -  bu  -  lum  mor-tis,         qui-a  jam  ab     a  -   li    - 

0  etc. 

P. 

43  (n) 

(De  S.  Agn.  in  I  noct.) 

"G    Gc    a     G    a    GF    GGa     G    G     |     G    Jcd'    d 

Be  -  a  -  tus  Lau-ren-ti    -    us           di  -  xit  :      Me  -  a        nox 

etc. 

P- 

47  (n) 

De  S.  Latir.  in  II  noct. 

"G    Gc    a     G    a    GF    GGa     G    G    |    di^de  '  d    d 

Be  -  a  -  tus  Lau-ren-ti    -    us            di  -  xit  :       Gra     -     ti  -  as 

etc. 

P- 

47  (n) 

De  eod.  off.  ad  Laud.  Texte  du  Resp.  greg,  et  des  livres  modernes  :  Beatus  Laurentiiis  orabat  dicens  :  etc- 

38 


286                               lASTIEN  RELACHE  (Tétr.  plag., 

viiie  mode). 

R.T. 

Thème  17. 

. 

GGca     GaGa     GFGaa 

G    G 

1     di;de     d 

d 

P-47 

Be  -  a  -  tus  Lati-ren-  ti  -us       0    -    ra  -  bat 

De  eod.  off.  in  II  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

di-cens 

:     Do    -    mi 

ne  etc. 

"G    Gc  a    G    a    GF   GGa     G    G 

^    G^ 

C     c     C     C 

1    t}    c    d    c 

p.  47  (n) 

Non    e  -  go     te     de- se   -   ro,           fi  -  li, 
De  eod.  off.  in  I  noct.  Id. 

ne-que 

de-re-linquo 

sed  ma-jo-  ra  etc 

p.  49 


p.  47  (n) 


P-  43  (n) 


p.  49  (n) 


p.  41  (n) 


p.  47(n) 


p.  47  (n) 


GGcaGaGFGaaGGl     dt^de    d    d 
Be  -  a  -  tus    An-dre  -  as      o  -  ra  -  bat     di-cens:      Do    -    mi-ne   etc. 

De  S.  Andr.  ad  Laud.  Id. 

*  "  Gac    a     aG  F  GaG     FG  G    cc^  âc     ce     1     tfcdc^â^aG 
Non       me    de  -  re-lin    -    que-  re,    pa  -  ter     san-cte,      qui- a  thesau-ros     tu -os  etc. 

De  S.  Laur.  in  I  noct.  Texte  du  Resp.  greg.  et  des  livres  actuels  :  Noli  me  derelinquere. 

*"G  Gc  [ai?GF]  GaG'G^dcc^     aGaaG     |     GGdc     c^a^c 
j  Be-  a  -   ta  A  -  gnes     in     me-di  -  o      flam-ma-rum,        ex-pan-sis  ma-ni-bus 


(De  S.  Agn.  in  Evang.) 


tî    G    G 

o  -  ra  -  bat  :  etc. 


Variante  a,  Hic  vir  despiciens,  mélodie  fixe,  qui  se  développe  d'un  bout 
à  l'autre  dans  les  cordes  de  Tiastien  normal  (VII*  mode). 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 


Hic  vir    de-spi-  ci  -  eus    mun-dum  et    ter-re  -  na,     tri-  umphans, 


fc^=^ 


di  -  vi  -  ti  -  as    cae    -    lo  con-di-dit     o 

(De  Conf.  in  Evang.)  Voir  ci-dessus,  p.  133,  note  2. 


re,     ma-  nu. 


"G    Gc    a    GF  '    GaG    FG    G 

Con-ver  -  te-re,         Do     -    mi  -  ne, 
Fer.  V  unie  Nat.  Uni  ad  Laud. 

"G    Gc    a    a     GF     Ga    G 

Re  -  po  -  si-  ta     est  mi  -  ht 

De  s.  Paulo  in  III  noct. 

"G    Gc    a     aG    F    Ga    G  ' 

Li  -  ben  -  fer    glo  -  ri  -  a    -   bor 
De  eod,  off.  ad  Laud.  Lambillotte  a  une  autre  mélodie. 


jlfc    da    c    C    iî    I 
a   -   li  -  quantu-lum,  etc. 


t^c    d    d     a    c    c    tj    I 
co  -  ro-  na    ju  -sti  -  ti  -  ae,  etc. 

G     Gtfcdcac     ctll 

in      in  -  fir-mi- ta- ti  -  bus    me-is,  etc. 


r 

J 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viii=  mode). 


287 


Thème  17. 


"G    Gc    a     GF     Ga    G 

Con-cus  -sum  est        via  -   re, 

De  s.  Mich.  in  III  noct. 


\\     c    d    et]    ac     c    tî    I 
et  con-tre-mu  -  it       ter-ra,    etc. 


*"Gac    a     GFGaG'G     i^c     dca      cci^l 
Pe  -  trtis    a  -  po  -  sto-lus       et  Pau-lus  do-ctor    gen-ti-um,  etc. 

De  S.  Paulo  in  Evang.   Texte  du  Resp.  greg.  :  ...  et  Patilus  praedicator  gentitim. 

*  [Gac]    aGFGaG  i|cdcâctî| 

Si    -    mon   Jo    -   an  -  nis,  di-li-gis   me     plus  his?  etc. 

De  s.  Petro  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  706. 


tf    C     d    ca    C    C       ij     I 
se-mel   la  -  pi  -  da-tus    sum,  etc. 


t:}    C      d    ca     cet}! 
fructus  ma-los      fa-ce-re,    etc. 


*"Gac      a    GF     Ga    a       G 

Ter        vir-gis       cae  -  sus     sum, 

De  s   Paulo  ad  Laud. 

*"G     Gca     aGF        GaG 

Non   po  -  test    ar  -  bor        bo  -  na 

Dont.  YllI  (TIlj  post  Pent.  in  Evang.  Sauf  l'antiphonaire  de  Trêves  (p.  553),  dont  le  texte  s'accorde  avec  le 
Resp.  greg.,  et  la  mélodie  avec  les  neumes  de  R.,  tous  mes  autres  livres  ont  un  texte  allongé  et  une  cantilène 
toute  différente,  du  1er  mode  (variante  du  th.  loj. 

De  la  3*  époque  : 

GGcaGaGFGaGG  Gi^cddcacj;! 

Ac  -  ci  -  pe     me       ab        ho -mi  -  ni  •  bus,  et    red-de   me    ma-gis-tro  me-o;  etc. 

De  S.  Andr.  in  III  noct. 

'  G    Gc    a     FG    G  ^^    ^     c    c    i;    | 

Ve  -  ni   -   te    post      me,  di  -  cit      Do-mi-nus,  etc. 

De  eod.  off.  in  Evang.  Les  trois  premiers  mots  notés  dans  la  Comment.,  p.  225. 

*"G    Gac    aG     FaG'Gjcd     câ     ccj^l 

Ex-pan  •  sis       ma-  ni-bus       o  -  ra  -  bat    ad      Do-mi-num,  etc. 

De  S.  Caec.  in  I  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


R.  T. 

p.47(n) 

p.  47  (n) 

P-47 

P-  47  (n) 
p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


Variante   b,   Praevaluit  David;   la    précédente    cantilène    est    abrégée, 
réduite  à  trois  incises. 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 


Prae-va  •  lu    -    it    Da-vid    in     Phi  -  li-sthae-o 

■.-■=trjzqz^=zH_^._^ 


in    fun  -  da     et      la  -  pi  -  de,  in     no  -  mi  -  ne   Do- mi -ni. 

De   libre  Reg.  (Sabb.  ante  Dom.  IV  post  Pent.  in  Evang.) 


p.  49  (n) 


2SS 


lASTIEN  RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  vnie  mode). 


R.  T. 
p.  41  (n) 

p.  43  (n) 
P-  43  (n) 


Thème  17. 
"G    Gc    a     GF    Ga    G"     I     d    ^     de    d     cd    c 

No-  H  -  te       ti  -    "le  -   re  :        quin-ta      e  -  nim  di  -   e  etc. 
Fer.  IV  ante  Vig.  Naf.  Dni  ad  Lcuid. 

"G   Gc  a    a   G    a  GF  Ga"  a    G   G  i  G  di^de  de    d  c  cd    c     cijcdc   1 
Non  li  -  cet  mi-hi    fa-ce  -  re     quodvo-lo?    An   o    -     cu-lus  tu-us  nequam  est  ?        etc. 
In/,  hebd.  Septuag.  in  Evang.  Texte  actuel  :  Non  licet  mihi  qiiod  volo  facere  ? 

*  "Gac  a     aGFGaG"        GGi^cdd     ddcacc     c    \    \ 

Fi  -  li,     re  -  cor-da  •  re  qui  -  a     re- ce-pi -sti    bo  •  na     in    vi  -  ta    tu  -  a,  etc. 

Fer.  V  post  Dom.  II  Quadr.  in  Evang.  Antiph.  du  XlVe  siècle. 


*"Gac    aF     Ga    G"    |      ^c     d    c    ac    c     ce     ede    ci;c 
p.  45(n)         Si    -    mon      dor-mis?         non     po-tu-i  -  sti     u-na     ho    -    ra    etc. 
Fer.  IV  maj,  hebd.  in  Evang. 


p.  47  (n) 


p.  49  (n) 


p.  43  (n) 


p.  43  Cn) 


p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


p.  49  (n) 


*  "  Gae    a     a     GF    Ga    G  "         tî    c    d    c     aç     c    c     1 

Pe  -  trus    et     Jo  -   an  -   nés  a-scen-debant    in     templum,  etc. 

De  s.  Petro  ad  Laud. 

De  la  3^  époque  : 

"GGcaaGFGaG  i^cd     câeccc     eecdcÇG 

Per    te,     Ln-ci  -   a     vir  -  go,  ci-vi-tas    Sy  -  ra- cu-sa-na    de-co-ra  -  bi  -  tur  etc. 

De  S.  Luc.  ad  Laud. 

"G     [Gc]    a     GFGaaG"!      Gt|     cdd     aeet^ 
Si        i  -  gnem  ad   -    hi  -  be  -  as,  ro-rem    mi-hi    sal-vi-fi-cum  etc. 

(De  S.  Ag.  in  II  noct.j 

"[Gc]  aaaGFGaG"!       ^     dpê    d     de    d     e    cdc    c^c 
A  -  ga-tha  san-cta        di  -    xit  :         Si      fe    -     ras   mi  -  hi    pro-mit  -  tis,    etc. 

(Ibid.j 

"GGcaGG     GFGaGG" 

Ci  -  li  -  ci  -  0      Cae  -  ci  -  li  -  a 

De  s.  Caec.  in  I  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

"G  Gc  a    G   a  GF    Ga"  G   G 

Di-le-xii  An-dre-am      Do-  mi-nus 
De  s.  Andr.  in  Evang.  Id. 


cac     ccccl^dtjea  GaG 
mem-bra  do-ma-bat,     De-um  ge-mi-ti-bus 

ËF    Ga    G    G    li 


ex 


ra-bat. 


l^c    da  c    t|    l|   a   a  aG  F    Ga  a  G  G  II 

in      0  -  dorem  su-a- vi-ta  -  tis    al-le-lu-ia. 


"GGca"     aGF     GaaG  Gi;cdaccc| 

An-dre-as,     Chri  -  sti    fa  -  mu -lus,  dignus  De  -  i       a- po-sto-lus,  etc. 

De  eod.  off.  ad  Laud. 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


289 


"G    G    Gc    a"    a    aG     F    Ga    a    G 

Ma -xi- mil  -  la,    Chri-sto        a  -  ma  -  bi  -  lis, 
Ibid. 


Thème  17. 

c    d     a    c    c    c     I 

tu  -  lit  cor-pus    a-po-sto-li     etc. 


G  i; 


"  Gac  aGFGaG"|:|     cdaccc|cc     c     i;aG     t^Ga 

Chri-stus  vie       mi  -  sit    ad     i-stam  pro-vin-ci-am       u  -  bi  non  par-vum  po-pu-lum 


De  eod.  off.  in  Evang.  Disparue  de  l'office.  Autiph.  du  XlIIe  siècle. 


C    t}    G    G 

.ad-qui  -  si  -  vi. 


R.  T. 

p.49(n) 

p.49(n) 


Thème  18,  primitif,  In  aeternum  (c  t}  c  a  G  F  a  G),  correspondant  à  la 
deuxième  division  du  VIII^  ton  chez  Réginon.  C'est  le  seul  type  mélodique 
dans  tout  l'Antiphonaire  qui  n'ait  pas  pour  point  de  départ  un  des  sons 
de  la  triade  modale  ou  l'une  de  ses  appoggiatures;  le  4^  degré  de  l'échelle 
iastienne,  c,  fonctionne  comme  son  d'arrêt  et  de  répétition.  Nous  avons 
là  ce  que  les  Anciens  appelaient  un  nomos  orthios  (nome  éminent),  propre, 
par  l'élévation  de  sa  ligne  mélodique,  à  exalter  le  sentiment.  Aucun 
thème  n'a  fourni  autant  d'antiennes  aux  offices  nocturnes  de  la  première 
époque;  on  pourrait  l'appeler  «  le  chant  du  réveil.  »  Son  analogie  réelle 
avec  le  thème  44  fait  que  le  V^  mode  a  dévié  souvent  en  VHP;  mais 
la  transition  opposée  n'est  pas  rare  non  plus.  On  remarquera  aussi  une 
analogie  réelle  avec  le  thème  45,  de  l'hypolydien  intense  (IP  mode). 

Antiennes  de  la  i*  époque  : 


In    ae-ter-iium    et      in    sae  -  cu-lum  sae 
(Sabb.  ad  Yesp.j  Ant.  Trev  ,  p.  94.  Notée  dans  VEnchir.,  p.  158. 


li.    Ps.  144. 


ci;caGFGat;aGaGGlI 

De  pro-fiin-dis   cla  -  ma-vi    ad      te,      Domi-ne.  Ps.  129. 

(Fer.  IV  ad  Vesp  )  Sauf  Trêves  et   Solesmes,  les  antiphonaires  actuels  ont  le  th.  2  (du   1er  mode),   dont  le 
dessin  a  une  analogie  vague  avec  celui-ci. 

cc5     aGaGF     Gat;     aGaG     G|| 
De-us      de    -    o-rum      Do-mi-nus    lo  -  cu-tus    est.   Ps.  49. 
(Fer.  ni  ad  Noct.) 

ccccpJciîGâG  cdc     c^cdc     a    FG    G    G     || 

De-us     we-us,        e  -  ri-pe        me  de      ma-nu  pec-ca   -    to  -  ris.  Ps.  70. 

De  Cena  Dhi  in  I  noct,  Antiph.  du  XlVe  s.  (B,  R.  Brux.,  ms.  155)  Plantin  finit  en  Ile  mode,  th.  45. 

ï  Voir  ci-dessus,  p.  201.  Le  Ville  mode  a  gagné  ainsi  plusieurs  antiennes  psalmiques  : 
Tu  es  Deus  qui  facis  mirabilia  (ps.  76),  Intellige  clamorem  meum  (ps.  5),  Benefac,  Domine 
(ps.  124),  Portio  mea,  Domine  (ps.  141),  etc. 


p.  55 


p.  55 


p.  5S 


P-53 


290 


lASTIEN   RELACHE  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


R.T. 
P-  53  (n) 

P-  53  (n) 
P-  53  (n) 
P-  53  (n) 
p.  41  (n) 

p.  41  (n) 


Thème  18. 
"c    c5  [âo]    â5aG"aGFGâa! 
Dex-te  -  ra       Do-  mi  -  ni       fe  -  cit    vir-  tu  -  tem  :  etc.,  p.  144. 

"ce    ci5G"a    c  cdc  c:}c   |   ct|    a   cd  c  ct^c    c    a  tjc  a   a    G   G  || 
Tey-ra  tre-tnii-it      et  qui-e  -  vit,       dum    re-sur-ge-ret      in    ju-di-ci-o    De-us.  Ps.  75. 

De  Cena  Dni  in  III  noct.  Antiph.  du  XlVe  siècle. 

"ce     ce     cd    dOfC"    act}     G]F     s.    c    ^    Ga 

Ze-his   do-mus    tu  -  ae  co-me-dit    me,         et     op-pro-bri-a     etc.,  Ps.  68. 

De  eod.  off.  in  I  noct. 

"c    e    c"   cdc    cjc     a     ci:;|GaG     aFaa     GGj] 

E-un-tes      i    -    bant      et     fle-bant,    mit-ten-tes     se  -  mi  -  na     su  -  a.  Ps.  125. 
De  Apost.  ad  Vesp,  Cf.  Inton.,  p.  140. 

"  C    C    cd    d     d    de  de  "         e     ctj    ac    cdc    G     | 
A -ver-tan -tur    re-tror-suvi  et      e  -  ru  -  be  -  scant,   etc.  Ps.  69. 

De  Cena  Dni  in  I  noct.  Se  trouve  chez  R,  parmi  les  antiennes  de  l'authente. 

"c5câGG5ca"cdi;| 
Do  -  mi  -  nus    di  -  xit     ad      me  :  etc.,  p.  156. 


"  e     et;    ac     C    edei;    G  "         G   Ga   a    G    a     GF   F    | 

P-  53  (")  I>i     so  -le       po  -  su     -     it  ta-ber  -  na-cu-lum    su  -  um  :  etc.  Ps.  18  (Cf.  p.  137). 

'c  cdcd  âFGa"GFGG        GGGF     a     cJgFGG     | 
P*  53  (")         Co-gi     -     ta-  ve-runt    im-pi   -    i,         et     lo  -  eu  -  ti    sunt  ne-qui-ti  -  am  :  etc.  Ps.  72. 

De  Cena  Dni  in  II  noct.  (B.  R,  Brux.,  ms.  155.) 

'cccdcG"aG    aFaec     |     c    Ga  cdc  c^G    ap    G  G  G  || 

P*  53  (n)  E  -le-va-  mi-ni,    por-tae  ae-ter-na- les,       et     in-tro-i    -    bit        rex      gio-ri-ae.  Ps.  23. 

Sabb.  sancto  in  II  noct.  Presque  toujours  terminée  en  Ve  mode  depuis  le  moyeu  âge  (Cf.  Inton.,  p.  129).  Seul 
parmi  les  modernes  Lambillotte  a  le  Ville. 

"ce     C    cdic    cc;c"c     cÇâJc     cJg     |     a     Fac^G 
P*  53  (")  E-go    dor-mi    -    vi,  et     so-mnum     ce  -  pi  :       et     re-sur-re  -  xi,  etc.   Ps.  3. 

Dom.  Resurr.  ad  Noct.  Pour  cette  antienne  et  les  deux  suivantes,  voir  ci-dessus,  p.  171,  note  7. 

"  C    C    C     C  "    cdc    ctfc  cccceaeci^Gl 

p.  55  (n)        Con-fir-ma  hoc     De  -   us,  quod  o-pe-ra-tus    es     in     no  -  bis  :  etc.  Ps.  67. 

Dom.  Peut,  ad  Noct. 

"  c    C    c     c    c    c  '  cdc    ctjc  c     a    c    i^a    G     I 

P'55(n)         E-mit-te    spi-ri-tum  tu   -   um,  et    cre-a-bun  -  tur  :  etc.  Ps.  103. 

Ibid.  -  -   . 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  vin«  mode). 


291 


Thème  18. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


*  "  c    t|    c  "   aG    a        GF    G    a     c    a    Je    [atj]    a    G    G 
Mar-ty-rttm  clio-riis,       lau  -  da  -  te    Do-mi-num    in      ex-cel-sis. 

De  plur.  Mart.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle-  Cf.  Aur,  Reom.,  p.  53. 

*"c    c"    t|     a    Lc5    G  a]    G    a    G    a    GF    I 

Magnus  san-ctus  Pau-lus  vas     e  -  le-cti  -  0  -  nis,  etc. 

De  S.  Paulo  in  II  noct.  Cf.  Inton.,  p.  137. 


"  et}    a    C     c    tja    G  " 
Ho  -  di  -  e     sci  -  e  -  tis 


GGaGFGGaal 

qui  -a     ve  -  ni  -  et     Do  -  mi  -  nus,  etc. 
De  Vtg.  Nat.  Dni  ad  Laud.  Les  deux  premiers  mots  notés  dans  la  Commem.,  p.  225. 


"  cl;}     ac    [et}    Gaj  '  F    G    a    ci;    aG     a    G     1 

Lux     de        lu  -ce  ap-pa-ru-i  -  sti,     Chri-ste,  etc. 

Inf.  Oct.  Epiph.  in  Evang.,  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  53. 

"c     tjatje  a"    G    G        G    G     aGa  Fa  ce    edea   '    ce  e  cda  ac  G  G 

Sub  thro  -  no      De  -  i  o-mnes  san  -  cti     cla-mant  :       vin-di-ca      san-guinem  etc. 

De  Innoe.  ad  Laud,  Dans  la  classe  principale  de  R.,  de  même  que  l'antienne  suivante. 


"  c    t}at|c    a  "     G    G 
Can-ta   -   bunt     san-cti 


[F    E    F     Ga    G 

can  -  ti-cum    no  -  vum, 


G    G    t;     d     ded    a 

an  -  te     se-dem  De    -    i 

C     C    C    cd    e]     et}    G 

et     re-so-na  -  bat    ter  -  ra 


C     t}caG    aG    | 

et      A     -     gni; 

G     tjc    a     a 
in     vo  -  ces    e 


G    G 

o-  rum. 


Ibid.  .Knt.  Trev.,  p.  213,  avec  la  psalmodie  du  Vile  mode  et  un  développement  mélodique  s'étecdant  à  l'aigu 
jusqu'à  g.  Il  en  est  de  même  dans  l'antiph.  du  XlIIe  siècle.  Postérieurement  à  Réginon,  le  milieu  de  la  cantilène 
a  donc  été  modifié,  transposé  à  la  quinte  et  à  la  quarte  supérieure. 


"  C   C    C    C   C  "  a    e    t}a    Ga 
Cra-sti-na    e-rit  vo-bis  sa  -  lus, 

De  Vig.  Xat.  Dni  ad  Laud. 


Fa     eat}c    aat}aGGG 
di-cit  Do-mi-nus  De-us  ex-er  -  ci  -  tu-um. 


G    iî    C    de  d    d    i}    de    d     et}   G     I 
Cir-cumda    ti  -  bi    ve-sti-men-tum    tu-um,  etc. 


*"c   C     c   a  et}    aG     a    G" 
Di-xit  an-ge-ltis     ad       Pe-trum 

De  S.  Petro  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Réginon  et,  de  nos  jours,  Solesmes  l'attribuent  au  Vlle  mode. 


"c    et}ed     e    e    t}    G"         a     GF     Ga    a     G    G 
E  -  go         prin-ci-pi- tint,         qui     et  lo  -  quor  vo  -  bis. 

Fer.  II  post.  Dom.  II  Quadr.  in  Evang. 


"c    ci;ed     ce  "ci;     a     ^caG 

E  -  go         dae-nto-ni-um   non   ha  -  be  -  0, 
Dom,  Pass.  in  Evang, 


a     F    a    C    et}    a 
sed    ho-no-ri-fi  -  co  etc. 


R.  T. 


p.  55  (n) 


P-55(n) 


P-  53  (n) 


p.  53(n) 


P-43  (n) 


P-43(n) 


P-  53  ^n) 


P-35  (n) 


p. 53  (n) 


P-  53  (n) 


252 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode). 


R.  T.         Thème  18. 

{     "c     ce     cdcc^"â5ac  JaGlaFa     cc^Ga 

p   -,  (n)       Post  di-es      0    -    cto,        ja-nu-is  clau-sis,         in-gressus  Do-mi -nus     etc. 

Dont.  Oct.  Paschae  in  Evang. 

"  C    C     C    G"    i:}    d    C     d    C  et}    ac     edc    ej^e    | 

p.  53  (n)          E-ral     e-nim    ad-spe-ctus    e-jus  si  -  eut     fui-  gur,     etc. 
Sabb.  sancio  ad  Yesp.  in  Evang,  Aujourd'hui  (et  dans  le  Resp.  greg.\  :  Erat  autem, 

"ce    cl;    G"  a     c    edc  ctjc  cjj    a      c     t}     G    G     | 

p.  53(n)'      Con-tti-me-li-  as      et     ter-ro  -  res  pas -sus  sum  ab     e  -  is  :  etc. 
Fer.  IV  maj.  hebd.  ad  Laud. 


"C    ctl     a    G    ac  '    a    GF    Ga    a    G    G    I 

p.  53(n;         Ec-ce      ad-ve-nit        do-mi   -   na  -  tor  De -us  :  etc.,  p.  168. 


"C    C    ek[     eddc  c      et}    a"  tjc    i;     G    G     | 

Be-a-tus      es,  et      be  -  ne      ti  -  bi      e  -  rit,  etc. 

(De  S.  Sebast.  in  Evang.)  Process.  monast.,  p.  138. 


P-  53  (n) 


P-  53  (n) 


P-  53  (n) 


P-  53  (n) 


P-  53  W 


'e    et;  [aG]    a    G" 
Be- a  -  tus      ven-ter 


F     G     a    et}    aG     a    G 

qui    te     por-ta  -  vit,    Chri-ste, 


F     a    eed    e     d    etjeded    de  c     c     e    a    atjaG    G 

et     be  -  a    -    ta     u  -  be       -       ra  quae    te    la-cta-ve     -     runt 


FE    FG    G    G 

Al   -    le    -    lu  -  ia. 


Ga    FE    D     D     E    F    Ga    a      G    GFD 

Do  -  mi  -  num    et     Sal  -va  -  to  -  rem  mun-di, 
De  Nat.  DTii  in  Evang.  A  disparu  de  l'office.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

"e      e    cÇ    edc     e    t}    a"  p    t}    G    | 

Dum    ve  -  ne  -  rit         fi  -  H-  us    ho  -  mi-nis,  etc. 
(Ctiin) 

Fer.  II  ante  Vig.  Nat.  Dni  ad  Laud.  Chez  Plantin  le  début  (F  a  c  tj  cdc  )  et  la  cadence  finale  sont  du  V». 

"c    et}    eddc     c    et}    cd  de     c  "    â^     G     1     G    G     ac     aG     â^    a 
Ve-ni  -et  for-ti  -  or  me     post     me,        eu -jus  non     sum      di-gnusetc. 

Fer.  17  post  Dont.  I  Adv.  in  Evang.  Pustet,  Solesmes,  et  déjà  au  moyen  âge  Vlntonarium  (p.  12g)  ont  la 
terminaison  du  Ve  mode. 

*["e    cd    c     5c    a"  â^    a     GaG    G] 
E»-i    -   it    ser-mo     in  -ter    fra    -    très  etc. 

(De  S.  Joh.  Evang.  in  Evang.)  La  mélodie  dans  son  ensemble  est  perdue,  et  il  ne  me  semble  pas  possible  de 
la  rétablir  sûrement.  Celle  que  l'on  chante  auiourdhui  à  Magnificat  ne  concorde,  ni  pour  le  mode  (elle  est 
du  Vie),  ni  pour  le  dessin.  Le  texte  Exiit  sermo  se  chante  aussi  depuis  le  IXe  siècle  comme  antienne  de  com- 
munion, avec  une  mélodie  du  Ile  ton,  différente  également  de  celle  qui  précède  (les  neumes  de  Réginon,  p.  59, 

indiquent    DF    F    î^    DED    C  N 
Ex  -  %  -  it      ser    -    vio  ) 


\ 


lASTIEN   RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  vin=  mode). 


293 


Thème   18. 


De  la  3^  époque  : 


"ce     ccct|a"t;ct}G|Fa     chacdd     cai;aGG|| 
Snnuna    in-  ge-nti  -i  -  tas      i-  sta  est  :  in  qua  ser-vi-tus  Chri  -  sti  compro  -  ba-tur. 

(De  s.  Ag.  in  I  met.)  Antiph,  du  XlIIe  siècle.  Pustet  est  fautif. 

"ccct^acc^G'GGGGaFa       ctjl 
O  Hip-po  •  ly  -te,     si     cre-dis        in     Do-mi-num      Je-sum  Christum  etc. 

De  S.  Laur.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  S84.  Texte  du  Resp.  greg.  :  si  creiiideris, 

"ccccdcjc'cctla       ct^G      |      GFac^G     GGGa 
Re-ges  vi-de-bunt,         et  consurgent  princi-pes,  et     a-do-ra-bunt  Do-mi-num  etc. 

De  S.  Joh.  Bapt.  in  III  tioct. 

"c    c     cdc    cjc     a"  et}      |      Gt^GâF     Gaa      GGG|| 
0-mnes  gen  -  tes        per  gy-rum         cre  -  di  -  de-runt    Chri  -  sto    Do -mi -no. 

De  S.  Clem.  ad  Laud.  Les  deux  premiers  mots  notés  dans  la  Commem.,  p.  225. 

"e    e     e        ct|cd  d"    e    c   e   a   e     tja   Ga  F    Ga    G  acti  edc    aGF 

Per  si-gnum  Cru    -   cis      de     i-ni-mi-cis    no-stris  H  -  be  -  ra  nos, 


(De  Exalt.  S.  Crue,  in  Evang.)  Du  Vile  mode  chez  Réginon. 


Ga   a    G   G 

De  -  us  no-ster. 


ce     e     ecc     c     ee     edc    d^c    '     et}    ae    t]    a    G 
Fa-ctus  est    re-pen-te      de   cae-lo     so  -  nus  ad  -  ve  -  ni-en-tis  etc. 


Dom.  Pent.  ad  Noct.  Voir  ci- dessus,  p.  171,  note  7. 


Variante  Collocet  eiim  (ctjGaGFEFa  G),  mélodie  fixe  comprise  dans 
la  deuxième  division  du  VIII^  mode  chez  Réginon. 

Antienne  psalmique  : 


=EE*E^=E^ 


Col-lo  -cet      e  -  tim  Do-mi-nus      cum  princi  -  pi-bus       po  -  pu  -  li    su-  i.  Ps.  ti2. 

De  Aposf.  ad  Vesp, 

Antiennes  de  la  2*"  époque  : 

"c    c^aGâ^a'GâGlGGGEG    FEF  DEFGaa    G|| 

Hoc  est  prae-ce-ptiini  me-iim,    ut  di-li-ga-tis     in-vi-cem  sic-ut   di-le  -  xi  vos. 

De  Apost.  ad  Laud. 

"c    c5     â(G)    â^    a"  Ga    G    G     I 

Ec-ce      an    -    cil  -la    Do  -  mi  -  ni  :  etc.,  p.  136, 

39 


294 


lASTIEN  RELÂCHÉ  (Tétr.  plag.,  viiie  mode), 


R.  T.  Thème  i8. 

"c    c^     â(G)    â^    a     G"      Ga    G    G     | 
p.  53  (n)         Ec-ce      coni   -  pie  -  ta    sunt        o  -  mni  -  a         etc. 

Fer.  VI  aille  Vig.  Nat.  Diii  ad  Laud. 

"cc^âGâ^a'GaGGI 

P-53(")I         A-quam    quam      e   -  go      de  -  de  -  ro,  etc. 
Fer.  VI  post  Dom.  III  Qtiadr.  in  Evang. 

"cc^âGaÇaG"!     GEG      FED     DEFGaa      GG     | 

p.  55(n)'        Be-nc    fiin  -  da  -ta    est  do  -  mus     Do-mi-ni      su-pra       fir-mam   pe-tram. 

In  Dedic.  eccl.  ad  Laud. 


P-  53  (n) 


p.  53(n: 


P-  53 


p.  43  (n) 
p.  47  (n) 
p.  49  (n) 
P-  45  (n) 
p.  43  (n) 

P-  45  (n) 


"c    et;     a"   a    G     Fa     a  G    G     I 

Tol'le      qtiod  tu -uni    est,       et  va -de;  etc. 

/«/.  hebd.  Septiiag.  in  Evang. 

*"c     ccHGfcaa'G  |     aFG     FED            ÊFGaaaGH 

Sic     e-niin  vo  -  lo      nia-iie  -  re  do  -  nec    ve-ni-am,             tu       me      se-que-re. 

De  S.  Joh.  Evang.  ad  Laud.  Antiph.  du  Xllle  siècle.  Trêves  (p.  2o8)  se  termine  en  Ille.  Le  dessin  thématique 
est  légèrement  modifié  ici. 


CGC      t^a    G      G    G     FGa    FE    D 

Ste-pha-nus  au-teiii,    pie-nus    gra     -     ti    -    a 


D     E    F    Ga    a    a 

et     for  -  ti  -  tu  -  di  -  ne, 


c    c    dec    c     t^c    a       aG    Fa     a     G    G    G     || 

fa-ci-e    -    bat    si  -  gna     ma  -  gna       in     po-pu-lo. 

De  S.  Steph.    in   Evang.   La   mélodie   fixe   ne   constitue  que   le   premier  membre   de   la   période   musicale;    le 
membre  complémentaire  est  formé  par  répétition  et  développement  du  thème. 


Cinq  antiennes  que  Réginon   assigne   au    VHP  mode    sont   issues   de 
thèmes  nomiques  du  VIl^.  On  les  trouvera  plus  loin  à  leur  place. 

Dixit  Dominas  millier i  Chananaeae,  th.  19. 

Dum  proeliaretiir  Michael,  thème  19,  variante. 

Sapientia  clamitat  in  plateis, 

Dum  venerit  Paraclitus, 

Assumpsit  Jésus  discipnlos  suos  (p.  2or). 


th.  28. 


Une  sixième  antienne,  Spiritiis  Dotnini  repievit,  entièrement  isolée  dans 
l'Antiphonaire,  appartient  à  une  variété  du  tétrard  authente,  terminée 
incomplètement  sur  le  5^  degré  ascendant  de  Toctave  iastienne.  Voir  au 
thème  28,  Nos  qui  vivimus. 


lASTIEN  NORMAL  (Tiîtr.  auth.,  vii<:  mode).  295 

Section  II.  — -  Cantilènes  de  Viastien  normal  (VII^  mode). 

§  173.  Considérées  aux  temps  de  la  Grèce  classique  comme  le 
langage  musical  de  la  volonté  virile,  consciente  d'elle-même,  et 
assignées  en  cette  qualité  aux  héros  de  la  scène  tragique",  les 
mélodies  iastiennes  du  type  normal  n'ont  pas  dans  le  chant 
chrétien  perdu  leur  caractère  hardi  et  décidé,  mais  elles  y  ont 
gagné  en  général  une  nuance  plus  douce,  avec  un  je  ne  sais  quoi 
d'aérien  qui  fait  penser  aux  formes  sveltes  de  l'architecture 
ogivale.  Leurs  textes  parlent  souvent  de  lumière,  d'apparitions 
célestes  ;  septiimis  angelicus  est  un  dicton  familier  aux  musicistes 
ecclésiastiques^.  L'élimination  de  l'accent  dur  que  les  Anciens 
ont  signalé  dans  les  chants  iastiens  de  la  tragédie,  provient 
principalement  de  l'emploi  réservé  du  7^  degré  ascendant  (f), 
formant  à  la  fois  dissonance  avec  la  fondamentale  (G)  et  la 
médiante  (tj).  Abstraction  faite  du  thème  24,  qui  renferme  le  fa 
aigu,  ce  son  n'appartient  qu'au  développement  thématique  dans 
la  mélopée  chrétienne. 

Par  suite  de  son  expression  caractérisée  et  du  peu  de  variété 
de  ses  cadences,  le  VIP  mode  latin  se  prête  moins  que  le  VHP  à 
l'amplification  mélodique;  aussi  ses  antiennes  sont-elles  géné- 
ralement syllabiques  et  peu  étendues. 

§  174.  Nous  renvoyons  à  ce  qui  a  été  dit  ci-dessus  relativement 
au  mécanisme  harmonique  de  cette  famille  de  chants  (pp.  46-47, 
71-72),  à  l'étendue  du  dessin  (pp.  8g-go),  au  mélange  des  formes 
de  l'authente  et  du  plagal  (p.  14g). 

Les  degrés  initiaux  des  nomes  et  cantilènes  du  VIP  mode 
sont,  en  première  ligne,  les  sons  de  la  triade  iastienne  :  la  fonda- 
mentale G  (thèmes  ig,  25,  26,  27),  la  dominante  d  (th.  22,  23,  24), 
la  médiante  ^  (th.  20)  ;  en  ligne  secondaire  vient  le  4^  degré  c, 
faisant  fonction  d'appoggiature  supérieure  de  la  médiante  (th.  21). 

1  Ci-dessus,  p.  261,  note  i. 

2  D'Ortigue,  Dict.  de  plain-chant,  à  l'article  mode.  —  «  Le  Vile  est  propre  aux  grands 
«  mouvements,  aux  exclamations  mâles,  aux  événements  surprenants,  étonnants,  écla- 
«  tants...  Ses  progressions  se  font  par  des  sauts  et  des  bondissements  doux  et  mélodieux... 
«  Il  marche  avec  un  air  de  confiance  et  de  hardiesse.  »  Poisson,  Traité  de  plain-chant,  p.  346. 


296  lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 

Le  2*  degré  a,  appoggiature  supérieure  de  la  fondamentale,  ne 
commence  que  des  cantilènes  iastiennes  se  terminant  sur  la 
médiante  (i;). 

§  175.  Les  anciens  traités  de  chant  liturgique  assignent  au 
VIP  mode  une  grande  quantité  de  terminaisons  psalmodiques'. 
Seule  la  Comniemoratio,  dont  le  texte  est  en  désordre  et  appa- 
remment incomplet  à  cet  endroit  (p.  225),  n'en  note  que  trois  : 

L  Terminaison  suspensive  sur  la  médiante;  notre  document 
attribue  cette  cadence  à  l'intonation  des  cantiques  in  Evangelio''. 

c^'cd  tfcd  ddedctîH 

Glo-  ri  •  a   ou  simplement    Glo-ri  -  a...  sae  -ai  -  lo-riiin.    A-Jiien.3 

G    dpë    d 

Exemple  :  O  -  ran    -    te  etc. 

IL  Conclusion  pleine  sur  la  fondamentale  du  mode^ 

tjcd  dded       c^aGII 

Glo-ri  -  a...  sae  -  eu  -  lo-riiui.    A  -  nien. 

G    câ    p     G    G 

Exemple  :  O  -  ra  -bat      jfu-das,   etc. 

IIL  Arrêt  sur  le  2^  degré  ascendant  de   l'octave  modale.  On 

peut  considérer  cette  formule,  soit  comme  une  abréviation  de  la 

précédente,  soit  comme  une  cadence  métabolique  sur  la  finale  du 

protus  (variété  iasti-éolienne). 

"c^  c  d  d f  e    d    e   1   d     d. e  d  d  c^  a  1| 

Con-fi-te-bor  ti-bi....  in  di-re-cti-o-ne  cor-dis,  qnod  di-di-ci   ju-di-ci-a    ^i* -«.5  Ps.  118. 

§  176.  Le  catalogue  de  Réginon  et  les  autres  sources  contem- 
poraines nous  ont  fourni  pour  le  tétrard  authente  162  antiennes, 
provenant,  sauf  une  douzaine  d'exceptions,  de  sept  thèmes 
nomiques. 

1  Réginon  en  a  six,  dont  les  trois  premières  seules  ont  des  neumes  dans  le  ms.  de 
Bruxelles.  Guy  en  note  dix,  qui  se  réduisent  en  réalité  à  sept  :  deux  ne  s'appliquent 
qu'à  des  antiennes  du  IV^  mode  (la  8^  et  la  g^),  une  troisième  est  réservée  à  des  mélodies 
hybrides  (éolio-iastiennes).  Le  plus  ancien  des  musicistes  occidentaux,  Aurélien  de 
Réomé,  énumère  jusqu'à  onze  divisions  (p.  51);  mais  ici  il  faut  en  défalquer  quatre  : 
trois  pour  le  IVe  mode  (la  5e,  6e  et  8<=),  une  pour  le  Ville  irrégulier  (la  ne). 

2  Voir  ci-dessus,  p.  118. 

3  Elle  correspond  à  la  première  division  de  Réginon,  à  la  le  et  4e  de  Guy. 

4  C'est  la  2e  division  de  Guy,  la  classe  principale  de  Réginon. 

5  Commein.,  p.  227.  Cette  formule  n'a  pas  d'équivalent  certain  chez  Réginon.  Guy  fait 
terminer  sur  a  (la)  quelques  antiennes  irrégulières  (p.  102,  !«  col.;  lisez  en  clef  d'ut). 


lASTIEN   NORMAL  (Tiîtr.  auth.,  vue  mode). 


297 


R.  T. 


Thème  ig,  primitif  (Gtfcdedca  G),  compris  chez  Réginon  dans  la 
classe  principale  et  la  i"  division  du  Vil"  mode. 


^_E^ 


E 


Ad    te     de    lu  -  ce 


ri  -  lo    De-  us.i    Ps.  62. 


(Fer.  m  ad  Laud.) 


"G     t}     G     d    d     e    d    c"    ce    t|    I    G     de    d   c;c  de     a    c    t?     G    G     || 
Ad     te    de      la-ce     vi-gi-lo,     De  -  us  :    ut      vi  -  de-am  vir-tu-tem   tu-am. 

Dom.  Quinqttag.  ad  Laud.  Texte  du  Resp.  greg.  :  Ad  te...  quia  factus  es  adjutor  meus. 

"Gi|c     ded"dëca     c    ^    \    dcâ    ct|    c    dcaaGGH 
Can-ta-te    Do-mi-no     can-ti-cum  novum,     laus       e-jus  ab    ex-tre-mis  ter-rae.  Ps.  95. 
Fer.  VI  post  Loin,  Il  Adv.  in  Evang. 

"Gt^c     dd"e     Gdçtl  t^cdedca     tjaG     | 

Sta-tu-it      e  -  a      in     ae-ter-num  et    in  sae-cu-lum  sae-cu  -  li  :  etc.  Ps.  148. 

Dom.  II  Quadr.  ad  Laud. 

"G     t;    c    d    cdc"c5  a    G    i|     aG     a    G    G     | 

Dum  tri-bu  -  la-rer,  cla-ma-vi     ad       Do-mi-num  :  etc. 

De  cant.  Jonae.  Fer.  III  maj.  hebd.  ad  Laud. 

G    tjc    de    de    et}  a    cdG|    g    d    c5Ga    FaGatfaGGil 
In   pa-ce  fa-ctus  est     lo-cus  e-jus,     et    in    Si- on      ha-bi-ta  -  ti- o     e-jus.  Ps.  75. 
Sabb.  sancto  in  III  noct. 

"  G    ij    C     d    e    d  "   de    G    a     cdc    clGdfcfcaGa 
Af-fer-te    Do-mi-no,     fi   -  li  -i     De    -    i  :         a-do-ra-te    Do-mi-num  etc.  Ps.  28. 

De  Ëpiph,  Dni  in  I  noct. 

"G    5cd    d    e    f   e    de"  de    e     d   d     |     d    cjcâ     tj    a    GaJ    t; 

In    di     -    e     tri-bu-la -ti   -  0  -  nis  me-ae         De-um         ex-qui-si    -    vi  etc.  Ps.  76. 
De  Cena  Dni  in  III  noct. 

"G     i}Gdd"ddec      dct}     I     c     dëdctl     G 
In   san-cti-ta  -  te     ser-vi  -  a-mtis  Do-mi-no,         et      li  -  be-ra-bit  nos  etc. 

De  hymno  Zach.  {Fer.  V  ad  Laud.) 

"G5cdd"d     dddëd     Çcdd     |     d     d     ed     cdGcJcdc 
Sa-lti  -   tem     ex      i-ni-mi-cis      no  -  stris,       et     de    ma-nu      o  -  mni-um         etc. 

De  eod.  fFer.  17  ad  Laud.)  B.  R.  de  Brux.,  ms.  155.  Ant.  Trev.,  p.  47. 

I  Autres  antiennes  du  psautier  hebdomadaire  :  Non  siint  loqtielae,  ps.  18,  Ampliiis  lava 
me,  ps.  50  {Fer.  IV  ad  Laud.)  ;  cette  dernière  pourrait  être  attribuée  également  au  th.  25 
(Juravit  Dominus). 


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I  ASTI  EN   NORMAL  (Tétr.  auth.,  vii^  mode). 


Thème  19. 

Ghcdcij      cdd        defeddidecactjc    dca  if  a    G  G  1 1 
E  -  re-xit  Do-mi-nus    110-bis        cor-nu  sa-lu-tis       in      do-mo  David    pu-  e-ri   su-i. 

De  eod.  (Fer.  Itl  ad  Latid.)  B.  R.  Brux.,  ms.  155.  Ant.  Trev.,  p.  44. 

De  la  2^  époque  : 

"G     ijc     dëdd"ecdc5     GGG] 
De    cae-lo     ve-iii  -  et        do-mi-na-tor      Do-mi-nus,  etc.,  p.  146. 

+  "G5cdd     dcdëd"  cdc    ^    G     | 
At-ten  -  di  -  te,     u  -  ni-ver  -  si      po  -   pu  -  li  :  etc. 

Sabb.  sancto  ad  Laud.  Sauf  Lambillotte,  tous  mes   livres  ont   le   thème   23,   incompatible  avec  le  classement 
et  la  notation  de  R. 

"GGl:jc"dëdi5      cdëcdd       1      G      Gfcfcdc      jj 
Ec-ce     no-men     Do- mi -ni     Em-ma-nu  -  el,  quod    an-nun-ci  -  a-tum    est 

(De  Nat.  Diii  in  Evang.)  Ant.  Trev.,  p.  196,  T    ^       C       afa       G      G      1 

Lper  Ga-bri  -  e-  lem  :  etc. 

"GGtîC'dpdëd      dêcact^l 
La  - pi-des  tor-ren-ti        il   -   li      dul-ces    fu-e-runt  :  etc. 
De  S.  Steph.  ad  Laud. 

"Gtfc     dd"dê     c     acc5     GG     1 
Ma -ri -a     sta-bat     ad      mo-numentum    plo-rans,  etc. 
Fer.   Y  post  Pascha  ad  Laud.  in  Evang.  (Ord.  Rom.  I.) 

"GGifc     dçjc     dêd"         dedt;     cd     c^GGI 
Prae   ti-mo-re     ait  -  tein      e  -jus  ex-ter-ri-ti    sunt     eu  -  sto-des  etc. 

De  Yig.  Resurr.  Dhi  in  Evang. 

"Gt}c      dd"dedctî  pddêcctîG       | 

E-rum-pent  mon-tes     ju-cun-di  -  ta-tem,  et       col-les      ju-sti-ti-am  :  etc. 

(Fer.   71  post  Dom.  II  Adv.  in  Evang.)  Ant.  Trev.,  p.  150. 

"G    ^     cdedë"c5acdt{     I 
Ec-ce     a-scen-di-iiius      Je-  ro-so-ly-mam  :  etc.,  p,  138. 

G   1^     c  [de]  d         dde     cdctîlcjai^cdcp     daGG|| 
Ve-nit  Ma-ri   -   a  nun-ti-ans  di-sci-pu-lis  :  Qui-a    vi-di    Dominum,    al-le-lu-ia. 

Fer.  7  post  Pascha  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  435.  (Ordo  Rom.  I.) 

"GG     t^cde     de"         efec       e     f      edc     deed| 
0-mnes   i-ni-mi-ci     me  -  i  au-di  -  e-runt    ma-lum  me-um     Do-mi-ne:   etc. 

Fer.  17  maj.  hebd.  ad  Laud.  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 


K 

.  T 

• 

P- 

37 

P- 

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(n) 

P- 

35 

(n) 

P- 

Zl 

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P- 

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P- 

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P- 

ZZ 

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P- 

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P- 

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P 

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(n) 

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299 


Thème  19. 

"Gbcded"        efeecedfed|defgfe     dçd   dca 

Ma-ue  no-bis-cum,        quo-ni-am  ad-ve-spe-ra-scit,      et    in-cli-na-ta  est  jam    di-es, 


/»/.  Oct.  Paschae  in  Evang. 


iî    a    G    G    11 
al-  le  -  lu  -  ia. 


"G     Gtîcde     d"d     ceg     gg     gfe     decfc}cddd| 

Si      co-gno-vis-se  -lis    me,     et    Patrem  me-um    u  -  ti-que    co-gno-vis-  se-tis  etc. 
(De  SS.  Phil.  et  Jac.  ad  Laud.)  Antiph.  du  XlIIe  s.  Mes  livres  modernes,  sauf  Trêves,  ont  la  variante  du  th.  21. 

"GG     Gtl     cd"         ce     dfe     edce     dtjd 

Jo-seph    fi  -  H    Da-vid,  no-li      ti-me-re     ac-ci-pe-re  Ma-ri-am  etc.,  p.  118. 


"  G  tjc  d    e    g"  d     e    d 
A-scen-do  ad  Pa-trem  me-tun 
De  Ascens.  Dtii  in  Evang. 


tJc    de    a     G    G     I     ctj    a     cd  d     d     e    d 
et     Pa-trem  vestrum,      De-um  me-um,   et    De-um 

rë^    Ga     i;    a    G    G    II 
Lve-strum,  al  -  le  -  lu  -  ia. 


"G    G    G     tî     c      de    d" 

Vi-den-tes   stel-lam  Ma  -  gi,  etc.,  p.  147. 

"GGi|c"dëdd  d     ddddc     ëdd      cJgI 

Ba-pti- za-tur  Chri  -  stus  et    san-cti  -  fi  -  ca-tur     o  -  mnis  mun-dus  :  etc. 

De  Oct.  Theoph,  ad  Crue,  vel  ad  Font.  A  disparu  de  l'office.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


G    Gtfc     dctî     c     deed 
.Ctirn    vo-ca-tus  fn  -  e-ris  ad    nu  -  pti-as, 

Dom.  XYII  (XVI)  post  Pent.  in  Evang.  Texte  du  Resp.  greg.  :  Cum  invitatus  fueris. 


edcct[at}caaGG| 
re-cum-be   in     no-vis  -  si-mo   lo-co;  etc. 


"G    tîc     d    d    d"   d    d    d    c  de    e    d    d     | 

Di-xit      Do-mi-nus     mii-li  •  e  -  ri  Cha-na-nae-ae  : 

Gaccacded  edcc    tifca  aGa    aG 

Non  est    bo-num    su-me  -  re  pa-nem   fi  -  li  -  o        -        rum, 


d     d     d    e    d     cd    c]      aG     FG    G 
nam   et     ca-tel-li      e  -  dunt     de        mi  -  cis 


Fa     cd    d       de     et}    aG     a    G    EF    Ga     a    G    G     I 

quae     ca-dunt     de     men-sa         do-mi-no  -rum      su  -  o  -  rum.  Etc. 

Fer.  V  post  Dom.  I  Quadr.  in  Evang.  B.  R.   Brux.  ms.  155.  Ant.  Trev.,  p.  316.  Transposée  à  la  quinte  grave 
jusqu'au  mot  edunt,  et  attribuée  au  Ville  mode  antérieurement  à  Réginon  (ci-dessus,  p.  220J. 

De  la  3^  époque  : 

"G     i;cdd"ded     ccdd  Gt;     cdât;a     GGJl 

Cum   je-ju-na-tis,    no-li-te      fi-e    -   ri  sic-ut    hy-po  -  cri-tae,  tri-stes. 

Fer.  IV  post  Quinquag.  in  Evang.  (Voir  l'Introduction,  p.  xxv.  note  i.)  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 


R.  T. 

P-37(n) 

P-33  (n) 

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P-  35  (n) 

P-35(n) 
p.  33  (n) 

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300 


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R.  T. 

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P-33  (n)i 
P-37(n) 

P-33  (n) 


Thème  19. 

"G     i;    C    d 


e"    d 
Qui    me    di-gna-tus    est 

De  S.  Ag.  ad  Laud.) 


d     dd     ded     ccj;}! 
ab     o-mni  pla  -  ga    cu-ra-re,  etc. 


"Gtfc  d  dde"c  d  i;  |  t}a  Gaccj; 
Assumpta  est  Ma-ri-a  in  caelum  :  gau-dent  angeli, 
De  Assumpt.  S.  Mariae  ad  Laud.  Antiph.  du  XIIU  siècle. 


C  de   d     ct|   a  tj   a 
laudan-tes    be-nedicunt 

G   G   G    11 

Do-mi-num. 


"G    G   ij  C   d   c     de"  d 

Qui  per-zequebantny  ju  -  stui>i, 
De  S-  Andr.  ad  Laud. 


t^dedccacci}     cdaaGG| 
demer-si-sti    e-os,    Do-mi-ne,  in     in-fer  -  no  etc. 


"Gi^c     dcl;"cdedd 
Mar-ti-nus   ad -hue     ca-te-chu-me-nus 


ac     t^G     a    ac     1?    G    G     || 
hac     me       ve-ste     con-te-xit. 


De  S.  Mart.  in  I  noct. 


"G    G     i;    C    d    C     de    d"    t^c    d    C       sl^    a.    o.     G     | 

San-ctae  Tri-ni-ta-tis    fi-  dem   Mar-ti-nus    con-fes-sus   est,  etc. 

Ibid  . 


P-35  (n 


"G    G    tj     C     de    d" 
O- eu -lis    et    via-ni-bus 

De  eod.  off,  ad  Laud. 

■*=["G    i;    C    d]    e     d    cd 
Na-ti-vi-tas  est    ho-di    ■ 


c      e    f      e    de     de    e    d     I 

in    caelum  semper       in  -  ten-tus,  etc. 

ddiîcdc^GGGl 

san-ctae  Ma-ri  -  ae      vir-gi-nis  etc. 


De  Nat.  S.  Mar,  ad  Laud.  Se  chante  aujourd  hui  partout  sur  le  th.  Specie  tua  (23).  Mais  à  moins  de  s'être 
trompé,  R.  n'a  pu  mettre  dans  sa  première  division  une  antienne  commençant  par  d,  note  initiale  qu'il  affecte 
spécialement  à  la  deuxième  division. 


"GGt;     cded 
.  Di  -  xe-runt  di-sci  -pu  -  H 


de     a    t^c    de     a    G    G     I 

ad       be  -  a  -  tum    Mar- ti-num  :  etc. 


De  s.  Mart,  ad  Laud. 


Variante  Tune  acceptabis  (G  tj  c  dced  d  c  a  G),  produite  par  l'insertion 
dans  le  thème  d'un  groupe  indissoluble  de  quatre  sons,  et  par  l'amplifica- 
tion générale  du  dessin  mélodique. 

Antienne  psalmique   : 


si     a -ver -te -ris    fa-ci-em    tu  -  am 
Dom.  IV  Quadr.  ad  Laud.  Antiph.  ms.  155.  B.  R.  Brux. 


pec-ca-tis  me  -  is.  Ps.  50. 


lASTIEN   NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


301 


Thème  19. 


De  la  2^  époque  : 


G     il    c    dced    d 
Tune  in-vo-ca    -    bis, 

Sabb.  ante  Dom.  I  Qtiadr.  in  Evang. 


d     d    t?    de     d    cd    cÇ    G     I 
et     Do-mi-nus       ex-  au  -  di  -  et  :  etc. 


d"   d    d    i;    de     d     ci}    Ga     | 
quid    a-spi-ci-tis       in    cae-lum?  etc. 

De  Asceiis.  Dni  ad  Laud.  Même  texte  et  même  mélodie  fondamentale  qu'à  l'introït  de  la  messe. 


"G    G    t;    c    dced    d 
Vi  -  ri    Ga-li-lae     -      i, 


G    G     i;    c    dced    d     de    de    c 

Ec  -  ce    ap-pa-re     -     hit    Do  -  mi  -  nus, 
Dom.  II  Adv.  ad  Laud.  Mélodie  coramixte  (p.  149,  §  110,  I). 


ce      a    t}c    tja    Ga     I 
et   non  men-ti  -  e  -  tur  :  etc. 


"G    t}     C    dced    d"         edccedct}Ga|GFGactfC 
Cae-cns    se-de    -    bat  se-cus    vi-am    et    cla-ma  -  bat  :      Mi-se-re-re  me  -  i, 

Ta    c     t|    G    H 
fi  -  li    Da-vid, 


Dom,  Qtdnquag.  in  Evang.  Ant.  Trev-,  p.  2S2. 


"G     G    t;    c  "  dced    d  dcadctjGaFGaal 

Dum  proe-li  -  a  -  re    -     tur  Mi-cha-el      archange-lus  cum  dra-co  -  ne,    etc. 

De  S.  Mich,  ad  Laud,  Rég.  l'adjuge  au  Ville  mode  (p.  294);  à  l'époque  moderne,  Plantin  en  fait  autant. 


"  G    t}     c    dced    d  ' 
Di-xit    Ro-nia    -    nus 

De  S.  Laur.  in  II  noct. 

"G    tf    C    dced    d" 

In-ter-ro-ga    -     tus 
De  eod.  off.  in  III  noct. 

"G    tl    C    dced    d" 
Va-  le-  ri  -  a     -     nus 

De  S.  Caec.  ad  Laud. 


De  la  3^  époque  : 

d     dddcdê     dcdc^G] 
ad    be  -  a    -    tum   Lauren  -  ti  -  um  :  etc. 


d     d    i|    de     d    cd    ci|     G     I 

te    Do-mi-num  con-fes  -  sus     sum  :  etc. 


ecdct}  cdedc      acîfGa 

in     cu-bi-cu-lo  Cae-ci  -  li  -  am  cum  an-ge  -   lo  etc. 


'G     G    tî    c    [dced]  d"          d    d    d     tî  de    d     ct{    G     1 

Cum     0  -  ras-set    Ju    -    das,         com-mo-tus  est  la  -  eus    il  -   le,  etc. 

De  Exalt.  S,  Crue,  in  Evang.   Ant.  Trev.,  p.   776  (locus    au  lieu  de    lacus).   Les  neumes   de  R.  indiquent 

Ju   -    das  Ju  -  das. 


dcde     d  ^.      dcef  d     ^  .  ,  .  .,  i.  -, 

ou  bien  „         ,        Est-ce  une  variante  du  groupe,  ou  une  méprise  du  scribe? 


R.  T. 


P-35 


P-  33  (n) 


P-33 


P-  35  (n) 


p.  47  (n) 


P-  37  (n) 


p.  (37  n) 


p.  37  (n) 


P-35  (n) 


Thème  20,  primitif,  Dixit  Dominus  (tf  c  d  e  d  c  tj  G),  compris  chez 
Réginon  dans  la  quatrième  division  du  VIP  mode.  La  succession  mélo- 
dique est  issue  du  nome  précédent  par  la  suppression  de  la  note  initiale. 

40 


302 


lASTIEN  NORMAL  CTétr.  auth.,  vue  mode) 


Thème  20. 

Bien  que  le  thème  présent  n'ait  pas  laissé  dans  l'Antiphonaire  beaucoup 
de  descendants  directs,  —  une  seule  de  ses  antiennes  figure  de  nos  jours 
au  psautier  hebdomadaire',  — ■  il  remonte  certainement  à  la  période 
d'organisation,  ainsi  que  le  prouve  sa  parenté  avec  la  cantilène  psalmo- 
dique  du  VII^  (p.  296).  Au  surplus  il  est  probable  que  déjà  à  l'époque  de 
Réginon  plusieurs  de  ses  dérivés  avaient  passé  au  nome  21,  en  mettant 
devant  la  médiante  son  appoggiature  supérieure.  En  effet  les  thèmes  20 
et  21  s'échangent  fréquemment  dans  les  livres  de  toute  époque. 


Antienne   de  la   i'^  époque 


■=!: 


Ë^ 


(Dont  ad  Vesp.j 


Di-xit  Do  -mi-nus         Do  -  mi -no    me  -  0  :  etc.,  p. 


De  la  2^  époque 


"tj    c     d    e    d  "  e 
Vi-de    Do- mi -ne     et 

Fer.  III  maj,  hebd.  ad  Latid. 


d    c    c    il 
con-si-de-  ra, 


"tfc     ded     deçà     et}" 
Mi-sit  Do-mi-niis    an  -  ge-ltim  su-um. 

De  S.  Petro  ad  Laud. 


a    G    a     c    G    il     I 
quo-ni-am    tri-bu-lor  :  etc. 


ct|cded     c     actî     ^^  ^  ^^ 
et    li-be-ra-vit   me  de  manu  He  -  ro-dis, 

âc  5âG    âp     G    G     II 

.al        -        le   -    lu  -  ia. 


*"i|   c    de  d     e     f     e    c  "  de  e    d    |    t|    de  d    cj  Ga    i|    c    a    a   G   G  || 
Di-ves   il  -  le   gtit-tam  a-quae     pe-ti-it,     qui  mi-cas  pa-nis     La-za-ro    ne-ga-vit. 

Fer.  V  post  Dont.  II  Qiiadr,  in  Evang.   A  Texception  de  Trêves  (p.  322),  les  antiphonaires  actuels  ont  Je 
th.  27  (Dtrupistij. 

"i|cdêd"dd      ec      dci||cdëdc5Gâcât|aGG| 
Stel-la  i  -  sta     si-cut  flamma     coruscat,       et   re-gem  re-gum    De-um  demonstrat  :  etc 

De  Epiph.  Dni  in  Evang. 

De  la  3^  époque  : 

*"t|   c  dcde  d    dëf  d  c    c    ad"   dc^Gâ]     GFGaadGacâtl 
Be-ne-di    -    cta  fi   -   li-a     tu    a        Do-mi -no  :         qui- a     per     te  fru-ctum    vi  -  tae 

De  Âssumpt.  S,  Mariae  ad  Laud.  La  plupart  des  livres  modernes  ont  le          aK      a     S      G     G     G      II 
thème  suivant.  •         _        • 

com-mu-ni  -  ca-  vi-mus. 


I 


ï  Autre  antienne  du  psautier  hebdomadaire  dans  le  diurnal  bénédictin  du  XVe  siècle  : 

i|cdëddc5ac  5âGaFact|GG|| 

Re-gnum  tu  -  um  Do    -   mi -ne  re  -  gniim  om-ni-um  sae-cu  -  lo  -rum.  Ps.  144. 

Sabb.  ad  Vesp.  Début  défiguré  aujourd'hui  :  Antiph.  monast.,  Solesmes,  1891,  p.  iio. 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  modk). 


303 


Thème  21,  Clamavernnt  (ci:|  c  d  e  d  c  [^  G),  formé  du  précédent  par 
l'addition  de  l'appoggiature  supérieure  de  la  médiante,  inflexion  expressive 
que  la  cantilène  psalmodique  du  VIP  mode  a  également  adoptée  dans  ses 
formes  les  plus  ornées. 

ct^    cd    d       d    d    de    c     c    t^caG     || 
Glo  -  ri   -  a...  sae  -  eu  -  lo  -  mm  a-men.        (R.  T.,  p.  ^iZ-) 

Peu  nombreuses,  les  cantilènes  de  ce  thème  sont  éparpillées  chez  Réginon 
dans  les  diverses  sections  du  tétrard  authente. 


R.  T. 


Antiennes  psalmiques  : 

■■ir~r.  ■-,  _ 


Cla  -  ma  -  ve    -     runt  ju    -    sti  :      et    Do- mi- nus  ex-  au   -  di  -  vit      e  -  os.  Ps.  33. 
De  Apost.  in  I  noct.  Trêves  et  Plantin  ont  le  thème  20  pour  cette  antienne  et  la  suivante. 


P-37  (n) 


"ct|    C    dcde    d'    deed  d    d    de    a     c    tjca  aGa    aG    | 

Con-for-ta    -     tus     est  prin-ci  -  pa  -  tus     e-o         -         rum,  etc.  Ps.  138. 

De  eod.  off.  ad  Yesp,  Antiph.  du  XII  le  siècle. 


p.  41  (n) 


De  la  2^  époque  : 


*"cttc      ded"cacdc         dtjc      a     aGaGFGai;     a     GG|| 
Quid  me  quaeritis     in-ter-fi-ce-re,        hominem  qui    ve  -  ra  lo  -  eu  -  tus  sum  vobis  ? 

Fer.  m  post  Dom.  I Y  Quadr.  in  Evang.  Pustet  et  Solesmes  ont  le  th.  20  (Cf.  Inton.,  p.  135),  Plantin  a  le  th.  19. 


p.  41  (n) 


"c5    cd    d    cdc"    et}    a     c    t}    Ga      1      GF    G    Ga     a     c     et; 
Re-cor-da-re  me  -  i      Do-mi-ne,  tu    -    e  -  re     me    ab    his    etc. 

Fer.  II  maj.  hebd.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  387. 


p.  41  (n) 


"ci;  cd  d"  d  ëf  e     ded  i^cd  d   d    |    c   c  ctfa  et;  cd    d  Ga  Q  a   G   G    || 
Do-mi-ne      o-sten-de    no  -bis      Patrem      et  suf    -    fi  -  cit     no-bis,  al-le-lu-ia.  p.  41  (n) 

De  SS.  Phil.  et  Jac  ad  Laiid.  Antiph.  du  XlIIe  s.  Trêves  a  une  mélodie  différente,  du  Vie. 

"c5    a    cd"  d     dect;    a    âjc     c    G  a    a    Ga  GFG    GF     | 

Lo  -  que-ban  -  tur     va     -     ri  -  is        lin-guis  a-po-sto         -         H       etc.  p.  41  (n) 

Dom.  Pentec.  ad  Laud.  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  51.  Le  dessin  mélodique  suit  très  librement  le  modèle. 


De  la  3^  époque  : 


*"c5cded"dc     act}     GG     |     a     FGa     cdct;cdc 
Quo  pro-gre-de-ris     si  -  ne     fi  -  li  -  o,     pa  -  ter  ?     que    sa-  cer-dos  san  -  cte,         etc. 
De  S.  Laur.  in  I  noct.  Tous  mes  antiphonaires  anciens  et  modernes  ont  le  thème  ao.  Cf.  Inton.,  p.  133. 


p.  41  (n) 


304 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


R,  X.  Thème  21. 

Variante   Sic  benedicam   (Gctfcdcat}  G),    produite   par   l'adjonction 

d'une  anacrouse  mélodique,  et  comprise  dans  la  classe   principale  et  la 

première  division  du  VII^  mode  chez  Réginon.  Plusieurs  cantilènes  de  ce 

groupe  sont  aujourd'hui  plus  ou  moins  déformées  au  début. 


Antienne  psalmique  : 


P.35(n) 


p.  33  (n) 


p.  33  (n) 


P-37 


p.  33  (n) 


P-  37  (n) 


P-  37  (n) 


Sic   be  -  ne  -  di  -  cam  te 


in     VI  -  ta    me  -  a 


c     ctça    tjct; 
Do  -  mi  -  ne  : 


tl     c     ded    ctîcaa  FGaci;GG|| 

et     in     no  -    mi-ne       tu  -  o  le  -  va  -  bo  ma-nus  me-as.     Ps.  62. 

Dom.  I  Quadr.  ad  Laud.  Trêves  et  Solesmes  ont  la  version  la  plus  fidèle. 


De  la  2^  époque  : 


"  G    G     Gc    ij     c    de    ed    d  "  d    c    a    c    tf 

Di  •  xit     pa  •  ter  -fa-mi  -  H  -  as  o  -  pe-ra- ri  -  is 

/«/.  hebd.  Septuag.  in  Evâng. 


G    G     I 

su  -  is  :  etc. 


*"G     GGctfc     ded"  c     e     f      ededd     c     deeddl 

In      cae-le  -  sti-bus    re-gnis  san-cto-rum   ha-bi  -  ta- ti  -  o     est,    al  -  le-lu-ia  :  etc. 

De  plttr.  Mart.  ad  Laud.  Du  Ville  mode  (th.  17)  chez  Plantin. 


G    Gctfcd    at:}ct|aGa    aG 
Ac  -  ci      -       pi         -         te 
Dom.  Pentec.  in  Evang. 


c    i^    C      de    d     I 
Spi-ri-tum  san-ctuni  : 


"G    Gctî    c     d    ded     cfcf    cd  "  d    d 
Au-di  -   stis  qui  -  a  di  -  xi       vo-bis  : 


d    d      e    c    eg    g    gf 

quorum    re-mi  -  se  -  ri- tis 

ed    e    d     I 
.pec-  ca-ta,  etc. 

e    d     c     t[    cd    de     a    G  ] 
Va-do     et    ve-ni   -  o       ad  vos  :  etc. 


Ibid,  Ant.  Trev.,  p.  503. 


De  la  3^  époque 


*'[G    et}    c"     de    d]    t^d    c     t;     I     d     c     df    ed     c     df    e    d     e    d 
Sal-va  -  tor      viun-di,    sal  -  va   nos,      qui  per   cru-cem     et   san-guinem  tu-um 

a    C    C     i;     I 

e  -  mi-sti  nos  :  etc. 


(De  Exalt.  S.   Crue,  in   III  noct.)    Pustet   prend    au    d 
Plantin   dénature   la   mélodie  en  Ve  mode,  comme  les  d 


début    le    th.    ig;     F 
érivés  du  th.  24.     1 


tîcd 
red  - 


*"G    c    t}     C    de    ed    d"     e    d     c     t?    ode    aG    G     1 
Be-a-ta    Cae-ci   -   H  -    a         di-xit    ad    Ti-bur   -   ti   -    um  :  etc. 

De  s.  Caec.  in  II  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Cf.  Iiiton-,  p.  134.  Plantin  débute  par  le  th.  19. 


*"G  Gcll  c     dcde   d"        d     t{    d    ci:|    Ga    I    GF    G   a     ad    et}    cd  de 
P' 37  (n)         Lu-ci    -   a     vir    -    go,        quid   a   me   pe  -  tis  ?      quod     i  -  psa    po  -  te  -  ris  etc. 

De  S.  Luc.  ad  Laud.  Antiph.  du  XUIe  siècle.  La  plupart  des  livres  actuels  débutent  par  le  th.  19. 


lASTIEN   NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode) 


305 


Thème  22,  primitif,  Sit  nomen  Domini  (d  t|  c  d  e  c  t|  G),    compris  chez 
Réginon  dans  la  deuxième  division  du  VIP  mode. 


R.  T. 


Antiennes  de  la   i""^  époque  : 


1^ 


su    no-vten  Do  -  mi-  ni 


be  -  ne  -  dV- ctum  in   sae-cu  -  la.  Ps.  112. 


(Dom.  ad  Vesp.)  Notée  dans  ï'Enchir.,   p.  158.  La  mélodie  du  second  membre  est  un  peu  plus  ornée,  dans  les 
recueils  modernes. 

*"diîc[dë]dc"acl:î    GaG        ^^aa     GaËF    GFGaaGGil 

Di-xi    t- ;»■  -  (7m/s  ;  No-li-te  lo  -  qui        adversus  De-um       i    -   ni-qui-ta-tem.  Ps.  74. 

De  Cena  Dni  in  III  iioct. 

dci;     dci;     de     cdcdG     |     aG    FGa    a     a    c    t;    c    aGF 

Do-mi-ne    la-bi-a    me- a      a-pe-ri  -  es,         et    os    me    -    um    annun-ti- a- bit 

Dom.  II  Quadrag.  ad  Laud.  F  Qg^     ^       G     G      II 

.lau-dem    tu-am.  Ps.  50. 

tf    ded    c    a    c    tf 
dis-per  -  de  su-per-bos, 


d     c    t|     c    ded    cd    d 

Fac  De -us    po-ten   -    ti  -  am 

De  hymne  S.  Mariae.  (Fer.  V  ad  Yesp.j 


deg     gf    e    e     d    d 

in        bra-chi-o     tu  -  0 


c     d    ca    tja      G    G    G 

et    ex  -  al  -  ta       hu-mi-les. 


De  la  2^  époque  : 

dctjcdëdc  ctfcddG] 

Un-de-ciin    di-sci  •  pu  •  li  in  Ga-li-  lae  -  a  etc.,  p.  149. 

(Ordo  Rom.  I)  Seuls  parmi  les  antiphonaires  modernes,  Trêves  et  Solesmes  ont  conservé  la  mélodie 
originaire  du  second  membre,  dont  une  particularité  caractéristique,  le  parcours  du  dessin,  est  relevée  dans  la 
Musica  d'Hucbald  (p.  107). 

"dci^     cëëdcddG"        aaaadctîGG|c|cddci; 
An-ge-li,    ar-chan  -  ge  •  li,  Thro-ni    et  Do-mi-na-ti  -  o- nés,     prin-ci  -  pa-tus 


P-39(n) 


P-37 


P'39 


P-39 


P-  39  (n) 


De  S.  Mich.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlUe  siècle. 


C     ed    cd    de  ed    d     | 

et    po  -  te  -  sta    -     tes,  etc. 


De  la  3^  époque  : 


"dci;     d    c"    i;     d    ed    cd     d    G     1 
Po-su-it    si-gnum   in     fa  -  ci  -  em      me-am, 

(De  S.  Agn.  in  I  noct.) 

"dctj     cdêdc"c     cÇacdd 
A-ga-tha  lae-tis  -  si-me     et    glo  -  ri- an  -  ter 

(De  s.  Ag,  in  II  noct.)  Antiph.  du  Xllle  siècle. 


Fac        tî    a     cd    d 

ut    nul-lum  praeter     e  -  um  etc. 

dëcâ    tî      a     G    FG    G     I 

i     -     bat  ad    car  -  ce  -  rem  etc. 


P-37(n) 


P-37(n) 


R.  T. 


306 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


Thème  23,  Specie  tua  (d  t}  d  e  d  c  a  G),  formant  presque  toute  la 
deuxième  division  du  VII^  mode  chez  Réginon.  En  général  la  cantilène 
est  fixe  d'un  bout  à  l'autre.  La  mélopée  de  l'iastien  normal,  que  le  chant 
chrétien  associe  volontiers  à  l'idée  de  clarté,  de  grâce  juvénile,  semble 
ici  être  appelée  plus  particulièrement  à  exprimer  la  candeur,  la  pureté 
virginale.  En  effet  notre  thème  revient  avec  une  persistance  significative 
dans  les  offices  de  vierges.  On  remarquera  surtout  ceux  de  sainte  Agnès, 
de  sainte  Agathe,  de  l'Assomption  et  de  la  Nativité  de  Marie. 


P-  37  (n) 


13 


Antiennes  psalmiques  : 


Spe  -  ci  -  e     tu  -  a 


et    pul-chri-tu  -  di  -  ne    tu  -  a, 


ï 


in  -  ten-de,  pro-spe-re  pro  -  ce  -  de    et     re-gna.  Ps.  44. 

De  Yirg.  in  II  noct. 

"di^dedd"  dtîcddjGGI 

P"  37  (")        A d-jti- va-bit  '  e  -  am  De-us    vul  -  tu     su  -  0;  etc.  Ps.  45. 

Ibid. 

"d5dedcd"d  dJctjGGl 

p.  37  (n)         Si  -  eut    lae-tan-ti  -  um  o  -  mni-um  no-strum  etc.  Ps.  86. 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  II  noct. 


P-  39 


dtjde    d     de    d     c     c     tfca  aG    G    I 
Ho    -     mo   lia  -  tus  est     in     e        -         a  :  etc.,  p.  156. 


P-39 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 

dt|dedd  dijôdc^GGl 

Ve-ni  sponsa  Chri-sti,         ac  -  ci  -  pe      co  -  ro-nam  etc. 

De  Yirg.  ad  Laud.  Aujourd'hui  ce  texte  se  joint  à  une  seconde  mélodie,  du  Ville  (th.  17). 


P-  37  (n) 


"dtî     d    e"  d    d 
Si       ve-re,  fra-tres, 


e    d    i;c     d    et;     G    G    G     | 

di-vi-tes      es- se       eu  -  pi  -  tis,  etc. 


Dont.  Sexag.  in  Evang.  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  51  :  «  Secunda  (varietas  tetr.  auth.)  est  quae  non  tantum  erigitur, 
£ed,  si  dici  potest,  volubilem  in  uliima  syllaba  retinet  accentum,  juxta  hoc  :  6'f  vere  fratres.  » 


"dt;     de     d    d     dt|"    ct}GGG|c      ct^act; 
p.  39  (n)        Non    sis      mi-hi      tu       for  -  mi  -  di  -  ne,       spes  me-a     in    di  -  e,  etc. 
{Fer.  IV  mai.  hebd   ad  Yesp.j  Ant.  Trev.,  p.  388 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vii«  mode). 


307 


Thème  23. 


"dt;     de     d    d"  d     d    t?       cfc;     G    G     | 

Tu       es       Pc-trus,  et     su-per   hanc     pe-tram  etc.,  p.  8g. 


R.  T. 

P-  39  (n) 


"dtf     de     d"  cd     d     d    t;     c    a    G    ac    c  c     ac    t}    G    G 

O     quain   pul-chra      est     ca-sta    ge-ne-ra-ti  -  o  cum  cla  -  ri  -  ta  -  te. 

De  Virg.  in  I  noct. 


P.39(n) 


"dtfde    d    d"  d     de    d    c      c    cacd    c    et}     G    G     | 

Mit    -     ti  -  te     in      de  -  xte-ram    na-vi     -     gi  -  i         re  -  te,  etc. 

Fer.  IV  post  Pascha  ad  Vesp.  in  Evang.  (Ord.  Rom.  I).  Intention  pittoresque  sur  la  2e  syllabe  de  navigii. 


P-39(n) 


"dtjde     de    d"    d    d     t}    cd    et;     G    G    G     | 

Si  cul-vien     ve  -  ri     ho-no  -  ris     quae-ri  -  tis,     etc. 

Dom.  Sexag.  in  Evang. 

ddtfdedd  ddi^cdcjGGl 

Ec-ce     sa-cer-dos   vtagnus         qui    in     di  -  e  -  bus     su  -  is     etc. 
De  Conf.  ad  Laud.  Cf.  Hucb.  Mus.,  p.  121. 


P-37(n) 


P-  39 


Ces  trois  antiennes  suivent  plus  librement  le  modèle  : 

dtjde    d     d    t|    dëd    c  a    c    i;     aG     a    G    | 

O   -   mues  si  -  ti  -  en  -  tes  ve-ni-te      ad        a-quas  :  etc.,  p.  154. 


P-37 


*"d     dt}     de     d    cd    cdc     i;  "  a    c    i}     |     a      i;    a    G    G     | 

Tu    es       qui     ven-tu  -  rus       es,  Do-mi-ne,      quem  ex-pe-cta-mus,  etc.  P>  37  (") 

Fet.  V  post  Dom.  Il  Adv.  in  Evang.   Ant.  Trev.,  p.  149.  Début  dénaturé   dans  les  autres  antiphonaires, 
depuis  le  moyen  âge.  L'antienne  a  passé  au  thème  18,  et  pris  la  psalmodie  du  plagal.  Cf.  Inton,,  p.  142. 

"  dtîde    d    d     d    [de]  dc"ctîGâ|Fa      ccci|acdd| 

Do    -    ini-ne,  non    ha  -  be-o      ho-mi-nem,         ut  cum    mo-ta    fu  -  e  -  rit    a-qua,         P- 39  (n) 

Fer.  71  post  Dom.  I  Quadr.  in  Evang.  A  disparu  de  l'office.     T  (Je     ca       lîC       dc       a     G     G      II 

Lmit-tat    me      in       pi-sci-nam. 


B.  R.  Brux.,  ms.  6426. 


"  d     iî  ,  d    e    d    d  " 
Cûm  ju-cun-di -  ta-  te 

De  Ncit.  S.  Mariae  ad  Laud. 


De  la  3^  époque  : 


dddded     ddd     ddtjcdct^GG     | 
na-ti  -  vi  -  ta-tem  be-a-tae  Ma-ri-ae     ce-le-bremus,  etc. 


P.39(n) 


"d  i;  d  e  d  cd"  d 
In-du-it  me  Do -mi  -  nus 
(De  S.  Agn.  in  II  noct.) 


d    d    il     cd    ct|     G    G    I 

cy-cla-de    au-  ro       tex-ta  :  etc. 


P-  37  (n) 


3o8 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vii^  mode). 


R.  T. 

p.  37  (n) 

P.37(n) 
P'39(n) 
p.  39(n) 

p.  39(n) 
P-39(n) 

p.  39(n) 

P-  39  (n) 

P-37(n) 

p.  39  (n) 
P-  37 
P-37(") 


Thème  23. 
"dt^dedcd     d"     d|c{;G|cc      ccaci;a     Ga 
Christns  cir-cum  de  •  dit      me      ver-nan-ti-bus        at-que    co-ru-scan-ti-bus    gem-mis 

(De  eod.  off.  in  III  noct.)  tf      a      G      G      || 

-I 

"^    d    e     d    d"    e    d    5c    d    c^     G    G    1 

In-gres-sa    A-gnes    tur-pi  •  tu  -  di-nis      lo-cum     etc. 

(De  eod.  off.  aU  Laud.) 

"  di^de    d'd^ci^GG  ccÇâcci; 

Vi    -    dit     Do  -  mi-nus    Pe-trttm        et        An  -  dre-am 

De  s.  Andr.  in  I  noct. 


pre-ti  -  0  -  SIS. 


c    de    a    a     G    G 

et   vo  -  ca-vit     e  -  os. 


"di;d    de    d"     d    tl    et}     G    G  c    c    ca     a    ad     ct|    cd    c    c     | 

Strin  -  xe  -  runt    cor-po-ris    mem-bra  po-si-ta      su-per     cra  -  ti  -  cu-lam  :  etc. 

De  S.  Laiir.  in  III  noct. 

"dpë     de    d     d    tî    cd"    05     G    G 
O  ma-gntim  pi  -  e  -  ta   -    tis       o  -  pus  :  etc.,  p.  137. 

"dpê     dëd"dt;cai;ââG| 
Nos         au  -  tem     glo-ri  -  a  -  ri     o-por-tet     etc. 

De  Exalt.  S.  Crucis  in  Evang. 

"djdë    d"    de    d    c     cacd    c^GG  cccccactfl 

Mi    -    sit     Do  -  mi-nus    ma   -    num    su  ■  am,  et     te  -  ti  -  git  os      me-um,  etc. 

De  s.  Joh.  Dapt.  in  II  noct. 

"dt^de    d     de    d     ce     cde    et}c"  a     acd    eti     G    G     | 

Ec    -ce      de  -  di    ver-ba    me    -a  in      0    -    re       tu  -  0  :  etc. 

Ibid,  Même  mélodie  au  IIIs  nocturne  :  Posait  os  memn  (R.  T.,  ib.). 

"dd     dtî     dedd"         ed     d     ddt}     cd     cJgGG] 

Pro-pter  fi-dem  ca-sti- ta- tis  jus-sa  sum  sus-pen-di     in        e  -  quu  -  le  -  0  :  etc. 

(De  s.  A  g,  in  III  noci.) 

"dddtîddëdd"d5ctîGG| 
Fi-at,  Do-mi-ne,    cor     me-um     et      cor-pus   me-um     etc. 

De  S.  Caec.  in  II  noct. 


ddd     dl;     dededd 
An-nu- lo     su  -  0     sub-ar-rha-vit    me 

(De  s.  Agn.  ad  Laud.) 


edddtîcdctl     GG| 

Do-mi-nus  me-us    Je-sus   Chri-stus  etc. 


"d  d  d  d  tt  d  de"  d  d 
Quis  es  tu  qui  ve  -  ni  -  sti  ad  me 
(De  s.  Ag.  ad  Laud.)  Dans  la  même  partie  de  cet  ofiSce  :  Grattas  tibi  ago  (R.  T.  ib.) 


d    e    d     tîc    d    ci;     G    G    1 
cu-ra-re    vul-ne-ra      me -a?  etc. 


lASTlEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


309 


Thème  23. 

"ddd     dd"d     d    ^     de     dd         dedp     dcaGG| 
Dexteram   me-am     et    col-lum  me-um  cin-xit  la-pi -di-bus    pre  -  ti  -  0  -  sis,  etc. 

(De  s.  Agn.  in  I  noct.) 

ddddddtjde      dd  dëddd5cdc|GGG| 

Vi-di-sti  Dû-tni-iie     a-go-nem  me-um,  quo-mo-do    pu-gna-vi    in     sta-di  -  0  :  etc. 

(De  s.  Ag.  in  III  noct.j 

Variante,  Exortum  est  (G  dijde  d  c  a  G),  produite  par  l'addition  d'une 
anacrouse  mélodique.  Réginon  répartit  les  antiennes  de  ce  groupe  entre 
la  classe  principale  et  la  première  division,  ce  qui  indique  comme  note 
initiale  G,  et  non  pas  il,  comme  l'ont  presque  tous  les  antiphonaires^ 
Le  i}  initial  répond  chez  lui  à  la  quatrième  division. 

Antiennes  psalmiques  : 


Ex  -  or 


ttim  est     in       te  -  ne    -    bris 


lu  -  men   re    -    ctis    cor- de 


-■ — ■- 


ï 


^^-^ 


mi  -  se  -  ri-cors  et    mi-se-ra-tor 
De  Nat.  Diii  ad  Vesp. 


et      jus-tus  Do-mi-nus.  Ps.  m. 


"G    di|de    d  d    e"    f    ed     e    d    d     |    di;     cd    ctî    G 

Dis  -  cer    -    ne  cau-sam  me-am,  Do-mi-ne  :       ab      ho  -  mi  -  ne  etc.  Ps.  42. 

Fer.  m  maj.  hebd.  ad  Laud. 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 


"G   dijde  d     d     de    d" 
Ar-gen  •  tum   et     au  -  mm 

De  S.  Petro  ad  Laud. 


C     C     cdc    ct}c    le     ctj    a    tîc    1^    G 
non   est    mi    -   hi  :      quod  au-tem  ha-be-o,  etc. 


T.   R. 


P-37  (n) 


P-  37 


P-  35 


p.35(n) 


P-37(n) 


"G  di|de  d"efeded        cefeddcadci;GG| 
Tti-le    -    rtmt   Do-mi-num  me-um,       et   ne-sci-o     u-bi    po-su-e-runt  il-lum  :  etc. 

Fer.  V  (IVj  post  Pascha  ad  Vesp.  in  Evang.  (Ordo  Rom.  I.)  Début  déformé  chez  Plantin. 


De  la  3^  époque  : 


"  G  dtfde  d  "  de  d    c   cdc  ctfc 
0-ran   -   te     san-cta  Lu-ci   -   «, 

De  S.  Luc.  ad  Laud. 


ccilac    cttGacacctîl 
ap-pa-ru-it     e  -  i     be-a-ta    A-gatha  etc. 


P-37(r') 


P-37(n) 


ï  Trêves  a  partout  G.  La  Commemoratio  transcrit  en  notation  pseudo-hucbaldienne  le 
début  de  l'antienne  Orante  sancta  Lucia  (p.  225);  mais  sa  première  note  (=a)  est 
évidemment  fautive,  et  ne  nous  apprend  rien. 

4» 


310 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


R.  T.  Thème  23. 

"G  dpë  d"    d    e     d    c^cdc  aGI     Gi^dc     aG     a^a     GG| 
P«37(n)  0-ran   -    te     san-cto  Cle-men    -     te,  ap-pa-ru-it     e-i       A  -  gnus  De  -  i. 

De  s.  CUm.  ad  Latid. 

"G    d^    d    d     d"  d     d     d    de    d    dtl     cdë    d    d     | 

P- 35  (")         In  -  ge    -    nu  -  a    sum,  et     ex   spe-cta  -  bi  -  li       ge   -   ne-re,     etc. 

(De  S.  Àg.  in  I  noct.) 

"G   dtjde   d     dced"c5G|Facâl;c     aGFFGaaGG 
p.  37  (n;         He-le    -     na  Constan-ti-ni     ma- ter        Je -ro-so  -  lymam  pe  -  ti-it,    al  -  le-lu-ia. 
De  Exalt.  S.  Crue,  ad  Laud.  Ant.  Trev.,  p.  775. 


Thème  24,  Caro  mea  (d  t|  defd  d  c  a  G),  compris  chez  Réginon  dans  la 
deuxième  division  du  VIP  mode.  Il  ne  se  distingue  du  thème  précédent 
que  par  l'addition  d'un  son  unique  (f).  Mais  le  degré  ajouté,  qui  n'appar- 
tient à  aucun  des  autres  nomes  du  VIP  mode,  introduit  dans  la  mélodie 
la  dissonance  subversive  de  fausse  quinte  (f  —  i|),  l'agent  le  plus  efficace 
d'altérations  modales  et  de  déformations  mélodiques  (p.  197  et  suiv.). 
Des  sept  antiennes  que  nous  allons  enregistrer,  pas  une  seule  n'a  été 
conservée  intacte  par  tous  les  antiphonaires  de  notre  époque. 

Antiennes  de  la  i'^  époque  : 


P-  39  (n) 


P-37 


^: 


^~i~^f 


Ca  •  ro    me     -     a  re  -  qui  -  e  -  scet   in     spe.   Ps.  15. 

Sabb.  sanclo  in  I  noct.  Pustet  et  Solesmes  ont  gardé  intacts  le  mode  et  la  cantilêne;  Trêves  a  conservé  le 
mode  en  changeant  le  dessin  initial  (d  tj  oegd  d);  Plaatin,  Lambillotte  et  Lyon  dénaturent  la  mélodie  en 
Ve  mode  (p.  198). 


d    tl     defd    d  ddt}cdaGG 

Vo-ce    me    -a  ad    Do-mi-num    cla-ma-vi 

Chez  Plantia  dénaturée  en  Vo. 


etc.,  p.  90. 


P-37 


P-39(n) 


d    tî     defd   cd   d  d     d    d    t}    cd     et}  G    G     | 

Ju-stus  Do   -   mi- nus,  et    ju-sti-ti-a        di-le-xit  : 

De  uno  Mari,  in  III  noct,  Plantin  garde  le  mode  et  change  le  début  (d  h  de  d  0). 


*"d    t{    defd    d"   d    ctf    G 
Li-be-ra    -    vit    Do -mi  ■  nus 


t}cd    c    ca 
pau  -  pe-rem 


c  c    ac  t}a     G    a 

ae-qui-ta-tem     vi  -  dit 

"  tî    a    G   G     11 

vul-tus    e-jus.  Ps.  10. 

G     I 


a    po-ten-te,  etc.  Ps.  71. 


Voir  la  double  altération  de  ce  chant,  p.  âo4,  II;  déjà  adoptée  par  Vlntonarium  (p.  142).  Néanmoins  Lyon  et 
Trêves  ont  encore  aujourd'hui  la  version  correcte.  Plantin  a,  comme  d'habitude,  le  Ve  mode. 


lASTIEN   NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


311 


Thème  24. 


De  la  2*  époque  : 


"d    {;    defd"     d    c    t}     c    i;a 
Pro-pri-  0  Fi  -  H  •  0     su  -  0 

De  Parasc,  ad  Laud.  Chez  Flantin  en  Ve. 


G     a    t;c    t|d     G    G    I 
non    pe-per-cit      De -us,     etc. 


t}a    tî     a    G     I 
vi  -  vit    ho-mo,     etc. 


*d     t;     defd    d     d    de  ded 

No7t  in     so    -     lo    pa  -  ne 

Déjà  dénaturée  au  IXe  siècle  :  voir  ci-dessus,  p.  220.  La  mélodie  en  Ve  mode  parait  avoir  donné  naissance  à 
une  forme  terminée  sur  la  tierce,  comme  Ecce  Maria  genuit  nobis  (p.  215);  car  on  trouve  une  antienne  Non  in 
solo  pane  dans  le  protus  (R.  T.,  p.  7). 


De  la  3^  époque  : 


*d    1;     defd    d     ded    cd    d 
Me-cum  e    -    nim    ha   -    be  -   o 


ded     tjc    de    a     G     G    | 
cu-stodem  cor  -  po  -  ris    me  -  i,      etc. 


(De  S.  Agn.  ad  Laud.)  Presque  tous  les  antiphonaires  ont  supprimé  l'f  (d  jj  d  e  d  Cd  d)  et  gardé  le  VII»  mode; 
Plantin  et  Lambillotte  ont  conservé  le  dessin  originaire  et  dénaturé  l'échelle  modale. 


R.  T. 


P-39(n) 


P-3I 


P-37 


Thème  25,  Juravit  Dominus  (G  i:j  d  e  a  c  fc}  G),  compris  dans  la  troisième 
et  la  première  division  du  VIP  mode  chez  Réginon. 

Antiennes  psalmiques  : 


Ju  -  ra-  vit  Do  -  mi -nus,         et  non  pae  -  ni  -  te 


bit 


GE     G     G    FE    D     F     Ga    G    G     11 

tu        es      sa-cer-dos     in       ae  -  ter-num.  Ps.  109. 

De  Apost.  ad  Vesp.  Le  second  membre  mélodique  appartient  au  plagal,  ce  qui  met  cette  antienne  dans  la 
catégorie  des  commixtes  (ci-dessus,  p.  14g). 


"G    G    i;     d     d     de    de    e 
Cu-sto-di    me     a      la  -  que  -  o 

De  Cena  Dtii  ad  Yesp.  Ant.  Trev.,  p.  399- 


c     et}    a    ca    tf     aG    G     I 
quem  sta-tu-  e-  runt  mi  -   hi  :  etc.  Ps.  140. 


GGtjde     ae     tfaG     ecea     et^l 

Red-em-pti- o-neni  mi-sit  Do-mi-nus    po-pu-lo       su  -  o  :  etc.  Ps.  iio. 

De  Nat.  Dtii  ad  Yesp.  Certains  antiphonaires  (p.  e.  Lambillotte)  commencent  par  H,  en  guise  d'anacrouse. 

"GGi;d     dccd"ctîa  t^c     aG     âcccÇl 

Con-sti  -tu  -  es      e  -  os     prin-ci-pes  su-per    omnem  ter-ram  :    etc.  Ps.  44. 

De  Apost.  in  I  noct.  Plantin  a  la  variante  a  du  th.  12,  Labia  mea  (p.  269). 

"GGi^dd     d     dea"i;     cdi|tîl 

Con-si-  de-ra-bam  ad    dex-te-ram,  et     vi  -  de-bam  :  etc.  Ps.  141. 

De  Cena  hîti  ad  Yesp.  Ant.  Trev.,  p.  39g. 


P-  39  (n) 


P.39(n) 


P-39 


P-37(n) 


P-  39  (n) 


312 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


R.  T. 


P-  35  (n) 


P.35(n) 


P-37 


P-  35  (n) 


P-  39  (n) 


Thème  25. 


p.35(n) 
P-39 


P-35(n) 


P-  35  (n) 


De  la  2^  époque  : 


"  G    G    t|    d     c    a    i;  "  tjc    c    a    c    ctj     | 
Re-ver-te-re,    re-ver- te  -  re,    Su-na-mi-tis;     etc. 
De  Tirg.  in  III  noct. 


"G    i;    c    d    de     a' 
Ma-gni-fi-  ca-tus     est 


c     t|    G    G    G     I 

rex   pa-ci  -  fi  -  eus  etc.,  p. 


G    tjcd    d     iî     ded   cd    c 
Phi-lip  -  pe,  qui     vi  -  det     vie, 
1  e  SS.  Phil.  et  Jac.  ad  Lciud. 


de     a     ed    i;     et;    Ga     tf   a   G   G 
vi-det   et     Pa-trem  me-um,     al- le- lu -ia. 


"  G  G  t}    d   C    ae  e  "    c    e  t;   aca  t^ct;   I   i|    e    d     e  ded    ttc  aet}  G  G   | 
jQuo-mo-do  fi  -  et    i-stud,  an-ge-le   De  -  i  ?       quo-ni-am  vi-rum  non   co  -  gno-sco?  etc. 

Fer.  VI  post  Dom.  III  Adv.  in  Evang. 

*"Gl;dddd"e5c[dëfêd]ed|ddG     a     ctfa     cj    GG| 
Na-za-rae-ns    vo-ca-  bi-tur     pu-  er        i-ste  :    vi-num    et     si-ce-ramnon     bi-bet, 

G    a    G     Gd  dcdc  a     tje    de   e    d   d    |    a    a    a  ce    ae  tj    G    G    ll 
et     o-mne    im-mun-dum  non  man-du-ca-bit        ex    u-te-ro    ma-tris  su-ae. 

De  S.  Joh.  Bapt.  in  Evang.  Excepté  celui  de  Lyon,  tous  mes  antiphonaires,  tant  anciens  que  modernes,  ont 
la  mélodie  dénaturée  en  Ve  mode,  ce  qui  semble  dénoter  dans  le  chant  primitif  une  succession  de  fausse 
quinte  (p.  198);  peut-être  au  mot  piter.  Voir  ci-après  l'antienne  Paganorum  muUitudo, 

De  la  3^  époque  : 

"GGG     t}de"âcci;  e     ei|a     c55c5l 

Re-spon-stim  ac-ce-pit     Si  -  me-on  a   Spi  -  ri  -  tu    san-cto,      etc. 

De  Ptirif.  S.  Mariae  ad  Laud.  Plantin,  Lyon,  Lambillotte  terminent  en  II le. 


"G    G    t}    d     d     de    ca"    c    t} 
Re-ver-te-re     in     ter-ram     Ju-da  : 

Ibid.  B.  R.  Brux.,  ms.  155,  N'existe  plus  dans  l'office. 


ddeaet:}      a      Gaee 
mor-tu  -  i    sunt  e-nim  qui    quae-re-bant 


e    ae    t)a    G    G    G 

a  -  ni-mam  pu  -  e  -  ri. 


*"Gl:;dd     dddc'deiîd 
.  Pa-ga-no-ruin  viul-ti-tti- do    fu-gi-ens 

i}    def    e     ef    e     de    d  de    de    de    t}     | 

jus  con  -  tra      i  -  gnem  : 


G     t}    de     d     efg    ed    d 

ad     se-pul-crum  vir  -  gi  -  nis, 


tu  -  le  -  runt  ve-lum    e 


i^Gi^dedci}  tlGtîdcl^tiaatîaGI 

ut  com-pro-ba-ret  Do-mi-nus,      quod    a      pe-ri-cu-lis    in  -  cen  -  di  -  i 

t|   â^    G     C    tjaea    a      efc[acddeqcdcaGG|| 
me-ri  -  tis     A-  ga  -  thae  mar-ty-ris   su  -  ae     e-os      li  -  be-ra-ret. 

(De  S.  Âg.  in  Evang.)  Depuis   le  commencement  du   Xe  siècle  cette   mélodie  a   dégénéré   en   Ve  mode,  par 
l'influence  de  la  fausse  quinte  sur  le  mot  tuUrunt.  Le  début  est  noté  ainsi  dans  la  Commemoratio  (p.  215). 

Faee        eeetj     efcjae     F     aed 
Pa-ga-no-rum    mtil-ti-  tu  -do  fu-gi-ens      ad    se-pul... 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


313 


Thème  26,  Hosanna  (Gd  d  c  |^  c  d  G),  identique  avec  le  dessin  fonda- 
mental de  la  chanson  funéraire  de  Tralles  (p.  46),  et  compris  chez 
Réginon  dans  la  troisième  division  du  VII=  mode.  Se  portant  d'un  seul 
élan  sur  la  dominante  aiguë,  où  il  s'arrête  volontiers,  ce  nome  est 
surtout  destiné  dans  le  chant  chrétien  à  traduire  des  louanges  enthou- 
siastes, à  proclamer  des  nouvelles  joyeuses. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


K.  T. 


^; 


Ho  -  sait  -  na    fi  -  li  -  o    Da  •  vid  : 


p.  39 


be  -  ne  -  di    -    ctus     qui   ve  -  nit 
Dom.  Palm,  in  Evang. 


no  -  mi-ne     Do-mi -ni. 


*"Gd    d    c    1;     c"  ed    cd    d  t]    de    d     c    ci;    ac    cl;}    G    | 

Ctim    an-ge-lis    et     pu  •  e  -  ris  fi  -  de  -  les    in-ve-ni  -  a  -  mur,  etc. 

Ëod,  off.  ad.  Land.  Trêves,  Solesmes  et  déjà  l'Intonarium  (p.  135)  ont  le  début  du  th.  20,  incompatible  avec 
le  classement  de  Réginon.  Pustet  commence  directement  par  d;  Plantin  exhibe  une  version  dénaturée  en 
Ve  mode. 

*  "  G  [Gd    dç    ct|]      ce    d  "  e     de  ca     c    tf     | 

Ve  -  ni   -   en  -  te        spon-so,  pru-dens         vir-go 

e    d    cJîcd    aG  Fa    cîja    tj       c     dca    tf     a     G    G    G    || 

prae-pa-ra    -     ta,  in-tro-i   -    vit    cum    e    -     0     ad    nu-pti-as. 

De   Yirg.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'office. 


"G    Gd     d      d      d    c    tî" 

Fa-cta       est    cum    an-ge-lo 
De  Nat.  Dni  ad  Laud. 


ddec      dot;     eedc 
mul-ti-tu-do     cae-le-stis   ex-er- ci-tus  etc. 


P-39(n) 


P-39(n) 


P-39(n) 


"  G  Gd  d  d  d  d  c  "  dfed  df 
An-ge  -  lus  ad  pa-sto-res  a  -  it  : 
Ibid. 


cdfeded     efed     ed| 

An-nun-ti-o    vo-bis  gau-di-um  magnum,  etc. 


"Gd    d     e     d"  c     t;     cd    d  de      c      a    t?    a     G     1 

Pu  -  er  qui   na-tus  est     no -bis,  plus   quam  prophe-ta     est  :  etc. 

De  S.  Joh.  Bapt.  in  Evang.  Notée  une  seconde  fois  dans  le  catalogue  de  Réginon  (p.  33),  mais  d'une  main 
plus  récente. 

De  la  3^  époque  : 

"GGd     dd     cdctî"  dddd     e     cddG| 

Cum-que       si  -  bi  con-spi  -  ce- rent  il  -  li  -  ci  -  ta  non    li-  ce-  re,      etc. 
De  S.  Bened.  in  Evang.  B.  R.  Brux.  ms.  6426. 


P-  39  (n) 


P.39(n) 


p. 39  (n) 


314 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


R.  T. 


P-39(n) 


P-39(n) 


Thème>6. 

Les  antiennes  suivantes  furent  introduites  dans  l'antiphonaire  romain 
tout  au  commencement  du  IX"^  siècle,  ainsi  que  nous  l'apprend  une 
anecdote  racontée  par  le  moine  de  Saint-Gall,  auteur  de  la  Vie  de 
Charlemagne  :  «  Le  jour  de  l'octave  de  l'Epiphanie  (13  janvier  802),  après 
«  les  Laudes  célébrées  en  présence  de  l'Empereur,  comme  les  envoyés 
«  grecs  chantaient  entre  eux,  dans  leur  langue,  leurs  propres  antiennes 
«  du  jour  (à  savoir  Veterem  hominem  etc.),  l'Empereur  ordonna  à  un  de 
«  ses  chapelains,  versé  en  grec,  de  traduire  ces  textes  en  latin,  de  manière 
«  à  conserver  une  correspondance  aussi  exacte  que  possible  entre  les 
«  mouvements  de  la  mélodie  et  les  syllabes'  ».  Si  cette  anecdote  est 
véridique,  il  en  résulte  qu'au  temps  de  l'impératrice  Irène,  après  l'extinc- 
tion de  l'hérésie  iconoclaste,  le  chant  de  l'Église  de  Constantinople  était 
encore  identique,  sauf  pour  la  langue,  avec  celui  de  Rome*.  C'est  là  un 
point  important  à  retenir. 


"Gd    d    d     de 

Vc 


et}"    d    e    d      c    d    G 


Gd    c     tf     Ga    a     a    ] 
te-rem  ho-mi-nem      re- novans,  Sal-va-tor  ve  -  nit   ad     ba  -  ptismum, 

defg       g      fgfe  cecdedcdt{tîl 

ut  na-tu-ram,  quae  cor-ru-pta  est,        per     a-quam    re- cu-pe-ra-ret, 

ct^cedcdtl  cSaG^ca      G|| 

in   cor-ru  -  pti- bi  -  H     ve-ste  cir-cum-a- mi-ctans  nos. 

In  Oct.  Theoph.  ad  Latid.  Antiph.  du  XlIIe  s.  Ant.  Trev.,  p.  250. 


"  Gd    d    dç    d    C    ctj"  d    e    d     c    d   cd   G 
Te,     qui   in    Spi-ri-tu      et     i  -  gne  pu-ri-fi-  cas 


F    a    C     t}    a   Ga   a     | 
hu-ma-na  con-ta-gi  -  a,  etc. 


Ibid.  Les  autres  antiennes  du  même  jour,  Praecursor  Joannes  (R.T.  ib.),  BapHsta  contremuit,  Caput  draconis, 
Magnum  mysterium,  etc.,  sont  toutes  composées  sur  ce  thème.  Cf.   Variae  preces,  Solesmes,  1892,  p.  91. 


Thème  27,  Dirupisti  (G  a  cd  d  tj  a  G).  Nous  rencontrons  ici  pour  la 
première  fois  le  nome  poïytrope,  le  chant  à  quadruple  terminaison  (p.  217), 
dont  les  nombreux  dérivés  se  trouvent  aujourd'hui  dispersés  dans  le  VII', 
le  VHP,  le  IV^  et  le  P  mode.  La  forme  présente,  finissant  sur  la  fonda- 
mentale de  l'harmonie  iastienne,  est  la  plus  régulière  au  point  de  vue 
théorique,  mais  non  pas  la  plus  répandue,  ni  la  mieux  conservée. 
Beaucoup  de  ses  antiennes  avaient  déjà  subi  des  altérations  longtemps 
avant  la  fin  du  IX'  siècle. 


'  Jaffé,  Bibl.  rer.  Germ.,  t.  IV,  Mon.  Carol.,  p.  673. 

*  D'après  un  récit  de  la  chronique  pontificale,  relatif  au  pape  Vigile  (ci-dessus,  p.  167), 
l'usage  du  latin  comme  langue  liturgique  n'avait  pas  cessé  à  Byzancé  sous  Justinien. 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


315 


Thème  27. 


Antiennes  psalmiques 


r* 

^ 

■ 

■-     ■     ■ 

■■              ■ 

N           ■ 

1 

■              ^ 

■     ■ 

■              ^      ■ 

Di  -  ru 

-pi 

-  sti, 

Do  -  mi  -  ne, 

vin  -  eu  -  la    me  -  a 

s                                                -                    -                                        I 

^        B 

■^     ■     ■ 

■ 

■_i 

.      ■                 !■ 

■     ■     ■     ■     1 

ti  -  bi     sa  -  cri  -  fi  -  ca- bo       ho  -  sti- am  lau-dis.   Ps.  115. 

De  Apost.  ad  Vesp.  Réginon  met  cette  antienne  (DisrumpisliJ  dans  le  IVe  mode  (2»  div.),  avec  l'annotation  : 
finitur  Vil"  tono.  Peut-être  s'est-elle  terminée  primitivement  sur  la  tierce.  Nous  en  dirons  autant  de  deux  autres 
cantilènes  :  Ecce  mitto  Angelum  tneiim  et  Sapientia  aedificavit  sibi  domiim. 


"G     a    cd    d    d" 
Hic    ac-  ci  -  pi  -  et 
De  Conf.  in  III  noct- 

"Ga    c5"  cd     dëd    d 

Sus  -  ce  -  fit       De   -   us 
De  hymne  S.  Mariae.  {Sabb.  ad  V(sp.) 


cdefgfecdddt 

be-ne- di-cti-o-nem  a     Do -mi-no,  etc.  Ps.  23. 


e    f    e     de    de    e     d    d    | 

Is-ra-el     pu  -  e  -  rum  su-um,  etc. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 

*Ga[cdd     dejdd         t}d     ctfGaaaGaaac     tjGG 
Do-mumtu-am,  Do-mi-ne,        de-cet  san-cti-tu  -  do    in  lon-gi-tu-di-nem  di- e-rum. 

De  Dedic,  eccl,  ad  Laud.  Un  peu  déformée  aujourd'iiuî. 


*"G    a 
Ec-ce 


cd"  d    decj;}  a    c     tja    G 
mit  -  to    An   -   ge-lum  me-um, 


c     tî    c    a    G     Ga    G     Ga    FD 

qui  praepa-ra-bit     vi  -  am     an  -  te 

[ËF    Ga    a     G    G     II 
fa   -   ci  -  em     tu-  am. 

Fer.  IV  post  Dom.  II  Adv.  in  Evang.  La  mélodie  correcte  dans  l'Ant.  Trev.,  p.  149.  Insérée  chez 
Réginon  parmi  les  antiennes  du  IVe  mode  (2e  div.),  avec  l'annotation  :  finitur  Vil»  modo.  Le  début,  allongé 
aujourd'hui  par  l'addition  du  mot  ego,  est  musicalement  déformé  chez  Pustet  (F  a  cd  d).  La  terminaison  est 
du  piagal. 

"Gaccddcdef'gfëddl 

Ve- ni,  Do -mi  -  ne,    vi  -  si-  ta-re    nos    in      pa-ce,  etc.,  p.  90. 


R.  T. 


p.  27  (n) 


P-35  (n) 


p.  35  (n) 


P-  Z3 


p.  27  (n) 


P-  33  (n) 


"G    a   cd    d"  d   tî   cd     e    d   d 
Be-  ne-di  -  cta   glo-ri-a      Do-mi-ni 

De  Dedic.  eccl.  in  III  noct. 


ddi:}     cd     dGatîaGG 
de    lo-co  san-cto  su  -  o,      al- le- lu -ia. 


p-  53  (n) 


*Gacdd     dddded 

Glo-ri-o  -  sus    ap-pa-ru-  i  -   sti 


C      d     e     c      d     d     d 

in  con-spe-ctu   Do-mi-ni  : 


[d    t{    d    C     tf    aG    aG     F    G    ac     tjc     a]   G    G    11 
pro-pter-e  -  a    de-co  -  rem       in  -  du  -  it       te     Do-mi-nus. 

De  s.  Mich.  in  II  noct.  Se  termine  aujourd'hui  en  IVe  (th.  29).  La  déviation  est  inverse  de  celle  qu'a   subie 
l'antienne  Ipse  praeibit,  ci-dessus,  p.  202. 


p.  41 


3i5 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vue  mode). 


R.  T. 

p.  29  (n) 


p.  49  (n) 
p.45(n) 


P-33 


P-33(n) 


Th.  27. 
"Gaccdd    ddddc'dfe    d    d    |    dadfc}     c    aG    a     atfc  G 
Sa-pi-en-ti  -  a    ae-di-fi -ca-vit    si-bi    domum,     ex-ci-dit  co-lum-nas     se-ptem 


t}    G    a     C    C     cde    ed 

sub-di-dit     si-bi     gen  -  tes, 


cdfedcdct^a     atjc    G 
su-per-bo-rum  et     su-bli-mi-a     col   -    la 


r  t}    G    a     t|c    da    tî     a    G    G    1| 
Lpro-pri-a     vir  -  tu  -  te    cal-ca-vit. 

De  Sap.  Salotn.  (Sabb.  ante  Dont.  I  Atig.  Ad  Magn.)  Réginon  l'insère  parmi  les  antiennes  du  IVe  mode  (2e  div.)i 
avec  l'annotauon  :  finittir  YI1°  tono. 

Les  deux  antiennes  suivantes  ont  été,  déjà  longtemps  avant  Réginon, 
transposées  partiellement  une  quinte  plus  bas  et  assignées  au  VIIP  mode 
(voir  ci-dessus,  p.  220,  IV). 

*"Gaccdd     edeg"d     edcc     | 

Sa-pi-en-ti  -   a     cla-mi-tat      in    pla-te  -  is  :  etc.,  p.  221. 

*"Gâ    [cjj  cdddecdd"  [dfefded] 

Dtim     ve  -  ne-  rit    Pa-ra-cli  -  tus,  quem  e  -  go  mittam  vo-bis, 
(Cum)                       __           __     __  _  _ 

d    tî    d     c5    a    ce    at}c  G     a     c    cif     a    cd    d     1 

Spi-ri-tum  ve  -  ri-ta  -  tis,  qui     a     Pa-tre     pro-ce  -  dit, 

ccJcJacJâGG     GGaG     FË     D     FFGGG|| 
il -le     te  -  sti-mo  -  ni   -  um    per-hi  -  be-bit      de        me,    al  -  le    -    lu  -  la. 

Dom.  VI  post  Pcischa  in  Evang. 


G     ace     c    de    d 

Nunc  di-mit-tis,  Do -mi  -  ne, 


De  la  3^  époque  : 

t|    e      e    d     t^     cd    5g 

servum    tu-um    in     pa  -  ce  : 


ce     cec     cea     ctja 
qui-a     vi-de-runt  0  -  eu- li    me-i 

De  Pufif,  S.  Mariae  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  N'existe  plus  dans  l'office. 


G    a    t^    a     G    G 
sa  -  lu-  ta-re     tu  -um. 


*"Ga  et}  e     de    d"     c    e    d     ff    d    ]    e    f     e    d     e    e    d     ff    d    | 
Cou -ce -de    no  -  bis      ho-mi-nem  ju-stum,    red-de   no-bis    ho-minem  sanctum  :  etc. 

De  s.  Andr.ad  Vesp,  in  Evang.  Le  début  est  déformé  chez  Plantin  et  Pustet.  Trêves  et  Solesmes  concordent 
mieux  avec  les  neumes  de  Réginon. 


Il  nous  reste  à  passer  en  revue  quelques  antiennes  dont  la  mélodie, 
bien  que  d'une  structure  parfaitement  correcte,  ne  se  rapporte  à  aucun 
des  thèmes  du  VII*  ou  du  VHP  mode. 


lASTIEN 

NORMAL  fTÉTR.  AUTH.,  vue  mode). 

317 

R.  T. 

De  la  2^  époque  : 

"G     Gc    t|     d    c5    a 

cÇG"aGF     GdcÇGGI 

Cum  au  -  tem    ve  -  ne  -  rit 

il- le        Spi-ri-tus     ve-ri  -  ta-tis, 

p.  37  (n) 

G    t}    c     d     de    a 

t}  ^  M  1 

do-ce-bit  vos     o-mnem  ve-ri  -  ta-tem  : 

_ 

tl     d       d    et;    a     GaGF  a    e    c    i;  ede    aG  F    Ga  a   G   G 

et  quae  ven-tu  -  ra   sunt,  an-nun-ti  -  a-bit       vo  -  bis,  al  -  le-lu-ia. 

Dont.  lY  post  Oct.  Paschae  in  Evang,  Aut.  Trev.,  p.  469. 

"Gt^a     e5â"aâGaâ5     GG| 
Assumpsit    Je-sus    di-sci  -  pu-los      su- os,  etc.,  p.  201. 


De  la  3^  époque  : 

Gtfed    d    ce    d     e    tf     | 
De    -     us,  De-us    me-us, 

G    E      G    G     FÊ    D 

li-gnum  sanctae  Cru  -  cis, 


"G 

ca 

i;a 

G    G" 

0- 

ra  - 

bat 

Ju-das  : 

d 

C    Ec     a    G 

o-stende 

mi-hi 

FE    FG    G    G 

al  -    le   -    lu  -  ia. 


De  Exalt.  S.  Crue,  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  s.  Ant.  Trev.,  p.  776.  Début  noté  dans  la  Commem.,  p.  225. 


d    d     d    cd    dG 

Stir-ge      a -qui  -  lo, 


a     ctl    a     cd    d 
et     ve  -  ni     au  -  ster 


d    d     c    tf     ded    etjc  de     a    Ga    a     a    a    a    c     t|a    G    G    || 
per-fla  hortum  me  -  um,  et    flu  -  ant     a-ro-ma-ta     il   -  li  -  us. 

De  Asstimpt.  S.  Mariae  in  Evang.  Cette  antienne,  que  Réginon  a  omise,  est  mentionnée  par  Aurélien  de 
Réomé  (p.  51)  :  «  Prima  (varietas  tetrardi  authenti)  est  quando  vox  in  altum  extollitur,  ut  hoc  :  Surge  aquilo  •. 
La  mélodie  se  trouve  dans  l'antiphonaire  de  Trêves  (p.  916)  et  dans  celui  de  Plantin  (in  Recoll.  festiv.  B.  M .  Y., 
ad  Laudes). 

Les   antiennes  suivantes,  que  Réginon    associe  avec  la  psalmodie  du 
VII=,  appartiennent  à  d'autres  formes  modales  : 

a)  au  VHP  mode,  Tu  es  vas  ehctionis  (th.  12,  var.  h),  Averianhir  retror- 
sum,  Dixit  angélus  ad  Petrum,  Per  signum  crucis  (th.  18); 

b)  au    IV*  mode    (iastien   intense).    Ex  Aegypto   (th.    29),   Triduanas, 
Vigilate  animo,  Nisi  diligenter; 

c)  au  I"  mode  (iasti-éoiien),  Ante  me  non  est  formaius  (th.  31),  Quod 
uni  ex  minimis. 

Deux  finissent  en  tétrard,  mais  commencent  en  protus  :  Venite  b&ne- 
dicti,  Jérusalem  gaude. 

42 


p.  43  (n) 


P-  37  (n) 


3i8 


lASTIEN  NORMAL  (Tétr.  auth.,  vtie  mode). 


Enfin  nous  avons  à  mentionner  une  antienne  dont  le  chant  est  resté 
tout  à  fait  problématique  pour  nous  : 

Et  vaîde  mane  una  sabbatonim  (Dont,  Resurr.  ad  LaudJ. 

Unie  de  nos  jours  à  une  mélodie  du  VHP  mode  (th.  17),  elle  figure  à 
deux  endroits  du  ionarius  de  Réginon  :  1°  dans  la  première  division  du 
VIP  ton  (p.  35);  2°  dans  la  classe  principale  du  IV^  ton  (p.  25).  Les 
signes  neumatiques  dont  elle  est  accompagnée  chaque  fois  ne  s'accordent 
ni  entre  eux,  ni  avec  la  version  des  recueils  modernes.  Nous  considérons 
donc  provisoirement  l'ancienne  mélodie  comme  perdue. 


CHAPITRE  IIL 


CANTILENES    lASTIENNES    (suite)    ET    HYBRIDES. 

§  177.  Quatre  combinaisons  de  Vlasthis  varitis  s'offrent  ici  à 
notre  examen  :  1°  des  cantilènes  en  iastien  normal,  terminées 
incomplètement  sur  la  dominante  aiguë,  2°  des  chants  en  iastien 
intense,  finissant  sur  la  médiante  de  la  triade  modale  (pp.  14-15; 
72,  III;  go);  3°  des  mélodies  dont  le  thème  est  iastien  et  la 
conclusion  éolienne;  4°  des  chants  débutant  en  éolien,  et  opérant 
leur  cadence  finale  sur  la  médiante  iastienne;  par  exception  sur 
la  fondamentale.  Aucune  de  ces  variétés  modales  ne  possède  de 
nomes  propres;  toutes  partagent  leurs  thèmes  avec  des  formes 
terminées  sur  une  fondamentale. 


Section  I.  —  Chants  de  V iastien  incomplet,  se  terminant  sur  le  5=  degré 
ascendant  de  Véchelle  modale  (d). 

§  178.  Si  ce  genre  de  mélodies  remonte  aux  temps  du  paga- 
nisme, ce  que  nous  laisserons  indécis,  il  a  dû  être  considéré  alors 
comme  une  des  formes  exceptionnelles  de  l'iastien  normal,  et  son 
usage  n'a  pu  être  bien  fréquent.  Des  cantilènes  finissant  tout  à 
l'aigu  de  leur  parcours  ne  conviennent  qu'à  de  courtes  phrases 
exclamatives  ou  interrogatives,  éléments  accessoires  du  discours 
poétique.  Très  rares  également  dans  la  liturgie  latine,  les  formes 
modales  en  question  y  ont  néanmoins  apparu  de  bonne  heure, 


320  lASTIEN  INCOMPLET  (Tétr.  auth.,  viiie  irrég.)- 

témoin  le  chant  du  symbole  de  Constantinople,  dont  l'antiquité 
ne  paraît  pas  douteuse'. 


5 —      ■    ■    -    ■ "         — TZMTIZ —^5 


Cre-do  in   n-nnm  Detim,       Pa-trem  o-mni-po-ten-tem,      fa  -  ctorem  cae-li    et  ter-rae, 


sizb: 


■    ■: 


ï 


vi  -  si  -  bi  -  H  -  uni    o  -  mni-um 


et 


in  -  vi  -  si  -  bi  -H-  uvi  2. 


§  179.  L'office  des  Heures  renferme  aujourd'hui,  juste  comme 
il  y  a  mille  ans,  quatre  petites  antiennes  appartenant  à  la  présente 
variété  modale.  Trois  d'entre  elles,  issues  d'un  thème  commun, 
étaient  alors  assignées  au  VIP  mode  (pp.  120-122)  ;  la  quatrième 
paraît  avoir  été  mêlée  de  tout  temps  aux  cantilènes  du  VHP. 
Toutes,  dans  les  recueils  liturgiques  de  l'époque  actuelle,  sont 
transposées  à  la  quinte  grave. 


R.  T. 


P-  35  (n) 


Thème  28,  primitif  (G  a  cd  d  e  c  d)  :  apparemment  la  forme  origi- 
naire du  nome  polyirope.  Réginon  le  range  dans  la  classe  principale  du 
VIP  mode.  Aujourd'hui,  quand  sa  terminaison  n'a  pas  dévié,  ce  thème 
s'adjoint  une  psalmodie  particulière,  le  tonus  peregrinus,  et  constitue  à  lui 
seul  une  variété  modale,  le  VHP  irrégulier  (p.  121). 


^ 


Antiennes  de  la  i^  époque  : 

-*■■-■■    ■— ■- 


i«3 


î 


P-  35 


Nos  qui   vi  -  vi  -  mus,         be- ne- di  -  ci-mus  Do-   mi- no.  Cf.  pp.  91,  120,  122. 

Lyon  en  a  fait  un  iasti-éolien  (thème  31). 

Variante  formée  par  l'addition  d'une  anacrouse,  l'appoggiature  aiguë  de 
la  fondamentale  iastienne^. 

aGaccdd  edeedcfecedd|| 

Mar-ty-res  Do  -  mi  -  ni,  Do-minum  be-ne-di- ci-te     in    ae-ternum.    (Cf.  p.  122) 

De  plur.  Mart.  ad  Laud.  Déformée  chez  Plantin  et  Lambillotte;  terminée  en  IVo  chez  Pustet. 

1  Pendant  la  domination  byzantine  à  Rome  fsss-yas),  le  rituel  du  baptême  comprenait 
deux  récitations  chantées  du  Symbole,  la  première  en  grec,  la  seconde  en  latin.  Voir  le 
sacramentaire  gélasien  dans  Muratori,  Liturgia  romana  vêtus,  t.  I,  p.  540  et  suiv.  Il  y  a 
trace  de  cet  usage  en  Angleterre.  Chappell,  Use  of  the  Greek  language  in  the  early  service 
books  of  the  Church  of  England,  dans  The  Archœologia,  vol.  46. 

2  La  conclusion  musicale  du  Credo  se  fait  par  un  Amen  en  IV=  mode. 

3  La  Commemoratio  transcrit  en  notes  une  antienne  psalmique  de  cette  espèce,  In 
templo  Domini  (ci-dessus,  p.  122). 


lASTIEN   INCOMPLET  (Tétr.  auth.,  vine  irrcg.). 


321 


Thème  28. 


ede      edcfe     c     edd| 

Do-minum  be-ne- di-ci- te     in    ae-ternum. 


a    G    a     c    cd    d 

An-ge  -  H    Do -mi  -  ni. 

De  s.  Mich.  ad  Laud.  Déformée  chez  Plantin  et  Pustet.  Lyon  donne  un  dcbut  correct,  mais  il   a,  comme 
Pustet,  la  psalmodie  du  Ville. 


La  dernière  mélodie  de  cette  espèce  a  un  thème  absolument  isolé 
dans  TAntiphonaire,  et  qui  en  commençant  fait  entendre  toute  la  triade 
éolienne  (a  c  e).  On  pourrait  donc  ranger  cette  antienne  dans  la  seconde 
catégorie  des  hybrides  (voir  ci-après  section  IV). 

"a   ced   d      e    d    c!:f  a   cd    da      cd    ed     c   de    e  ed   tjc    êë    d    1| 

Spi-ri  -  tus    Do-mi-ni  re-ple  -  vit        or  -  bem    ter-ra-rum,       al  -  le  -  lu-  ia. 

De  Pentec.  ad  Laud,  L'introït  du  jour  est  composé  sur  le  même  thème. 


K.  T. 
P-  35 


P-45(n) 


Section  II.  —    Antiennes  de  Viastien  intense,,  finissant  sur  le  3^  degré 
ascendant  de  l'échelle  modale  (tj). 

§  180.  Un  court  fragment  de  Pratinas  et  un  vers  d'Eschyle 
parlent  de  cette  variété  modale  au  V^  siècle  avant  J.  C.  Sous 
l'empire  romain  il  n'en  est  plus  question.  Toutefois  l'oubli  de 
l'ancien  nom  n'implique  pas  la  disparition  de  la  chose.  On  ne 
mentionne  pas  davantage  à  la  fin  de  l'antiquité  l'iastien  relâché, 
dont  nous  avons  cependant  un  long  spécimen.  Il  y  a  lieu  de 
supposer  que  les  deux  formes  secondaires  de  l'harmonie  iastienne 
étaient  englobées  alors  dans  la  dénomination  générale  de  mode 
iastien  (ou  hypophrygien).  Ceci  est  d'autant  plus  vraisemblable 
qu'une  promiscuité  analogue  existait  primitivement  dans  le 
chant  liturgique.  L'iastien  intense  ne  fut  séparé  du  normal,  le 
IV^  mode  ne  se  distingua  du  VIP,  qu'après  l'établissement  de 
la  théorie  ecclésiastique,  lorsque  le  son  final  de  l'antienne  fut 
devenu  le  régulateur  suprême  de  la  modalité,  et  que  l'on  eut 
été  amené,  par  une  fausse  analogie  d'échelle,  à  réunir  l'iastien 
intense  au  mode  dorien  (p.  112). 

Encore  cette  doctrine  mit-elle  des  siècles  à  pénétrer  la  pratique 
entière.  Chez  Aurélien  de  Réomé  les  antiennes  de  l'iastien  intense, 
quand  elles  ne  sont  pas  mêlées  d'autres  éléments  modaux,  font 
partie  du  tétrard  authente  et  prennent  sa  psalmodie  (p.  205),  en 


322  lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  ive  mode). 

sorte  qu'aux  temps  carlovingiens,  le  VIP  mode  latin  contenait  des 
mélodies  terminées  sur  les  trois  sons  de  l'accord  iastien  (G,  tj,  d). 

Tous  les  thèmes  du  IV^  mode  ecclésiastique  usités  dans  l'office 
des  Heures  se  retrouvent,  soit  en  VIP,  soit,  lorsqu'il  s'agit  de 
mélodies  hybrides,  en  P""  mode'.  Par  l'absence  d'une  conclusion 
positive,  la  mélopée  de  cette  catégorie  composite  de  chants  revêt 
un  caractère  empreint  d'exaltation  mystique^  (p.  loo). 

§  i8i.  Les  antiennes  du  IV^  mode  qui  commencent  et  finissent 
en  iastien  sont  au  nombre  de  8g  dans  le  tonarius  de  Réginon; 
elles  y  remplissent  les  divisions  2,  3  et  4.  Nous  les  noterons  au 
même  diapason  que  les  autres  cantilènes  bâties  sur  la  fondamen- 
tale G,  c'est-à-dire  dans  l'échelle  par  bécarre. 


R.  T. 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


Thème  2g,  Apnd  Domimim  (G  a  cd  d  e  c  d  tf),  la  forme  la  plus  belle  et 
la  plus  répandue  du  nome  polytrope  ;  ses  dérivés  remplissent  chez  Réginon 
la  troisième  division  du  IV«  mode.  C'est  une  mélodie  fixe,  à  de  rares 
exceptions  près,  qui  revient  à  presque  chaque  page  de  l'Antiphonaire. 
Nous  avons  raconté  plus  haut  l'histoire  des  altérations  successives  de  ce 
groupe  d'antiennes  (pp.  205-211). 


Antiennes  psalmiques 


ià^ 


■ — ■ — I 


*  A-pud  Do -mi  -  mim         mi  -  se  -  ri  -  cor-di  -  a, 


(^)|E2 


"ir~i^ 


et      co  -  pi  -  o 

De  Nat,  Dni  ad  Yesp. 


a-pud    e  -  um   red-em-pti-o.  Ps.  129. 


*"G  a  G  c    cde   d  d"      c  d    e   de    d  d    |    d  tje   d  Ga  i;  df;  t}    || 

Po-su-i-sti,  Do  -  mi-7ie,       su-per  ca-put     e-jus       co-ro-nam pre-ti-o-so.  Ps.  20. 

De  uno  Mart.  in  III  noct. 

ï  Exception  apparente  pour  le  thème  30,  qui  en  VII^  ne  forme  pas  un  groupe 
d'antiennes,  mais  une  cantilène  isolée  :  Asswnpsit  Jésus  (p.  201). 

2  Les  définitions  de  Vethos  du  IV^  mode  sont  vides  ou  contradictoires  chez  les  musi- 
cistes  liturgiques.  «  Quartus  harmonicus  »  :  d'Ortigue,  Dict.  du  plain-chant,  art.  Mode.  «  Per 
«  plagin  deuteri  magnifiée  aliquid  extollere  possumus.  »  Guy,  De  mod.  form.,  p.  107.  «  Ce 
«  mode  est  bas,  humble,  mou,  langoureux...  il  prend  quelquefois  le  haut  ton  du  III^,  etc.  » 
Poisson,  Traité  du  plain-chant,  pp.  164-165. 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  ive  mode). 

323 

Thème  29, 

R 

.  T. 

*  '  G  a   c   cd    d 

dcdedcddlt^ecd         GâptjtjH 

E  -le-va-ta     est 

ma-gni-fi-cen-ti  -  a    tu- a        super  caelos al  -  le  -  lu-ia.  Ps 

.8. 

P- 

27  (n) 

De  Ascens.  Dîii  in  I  iioct.  Voir  p.  171,  note  7.  Dans  le  même  oiTice  :  Exaltait  Domine,  ps.  20  (R.  T.,  ib.). 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 

*"G     a    cd    d" 

dcdedcddl 

Ex   Ae-gy  - pto 

vo-ca-vi      fi-li-um  me-um,  etc.,  pp.  90,  112,  etc. 

P- 

39  (n) 

*"G   a    cd  d" 

dcdedcddd|di;ecd       Gai;dt|t| 

Il 

E-go    au -tan 

ad  Dominnm  ad-spi-ci-am,      et  ex-pecta-bo....  Sal-va-torem  meum. 

P- 

27  (n) 

Fer.  VI  ante  Vig.  Nat. 

Dïii  ad  Laud. 

*"G    a     cd    d" 

cdedcdditjecd            tjcdctî 

Di  -xi     vo  -  bis 

jam     et    au  -  di-stis  :      lu-tum  mi-hi di-ci-tur   Je-sus. 

P- 

27  (n) 

Fer.  17  post  Dom,  IV  Quadr.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  350. 

*"G     a     cd    d" 

cdedcddli^ecd           ^    d     ^    ^ 

Si  quis    si  -  tit, 

ve-ni-at     et       bi-bat  :         et    de  ven-tre a-quae  vi-vae. 

p. 

27  (n) 

Fer.  II  post  Dom.  Pass 

in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  367.  Texte  actuel  du  romain  :  ventât  ad  me. 

*"G   a    cd    d" 

cdedcdddijëcd            Gatjdt^tj 

0-ves  me  -  ae 

vo-cem  me-am    au-di-unt  :     et      e-go a-  gnosco    e  -  as. 

P- 

27  (n) 

Fer.  IV  post  Dom.  Pass 

.  in  Evang. 

*"G     a    cd    d" 

cdedcddipcd                tjddt}!:} 

Non  hu-bs  -  y  es 

■in      1H.A     nn  -  tp  .  sta-tpm.            ni    -   si Ha-fnm    fii  -  i.c-cpf 

P- 

27  (n) 

Fer.  II  maj,  hebd.  in  Evang. 

*"G    a     cd    d" 

cdedcdddipcd           dt|â5t| 

Plo-ltcrpiit      p.    -     i/jïî 

qua-si      u  -  ni  -  Ëfe-ni-tum  •      Qui  -  a oc- ci-sus     est. 

p. 

27  (n) 

Sabb.  sancto  ad  Laud. 

*"G    a   ccd    d" 

cdedcddldi^ecd        t^di^t? 

Con-fun-dan  -  tur 

qui  me   per-se-quun-tur,       et  non  confundar De-us  me-us. 

P- 

27  (n) 

Dom.  Palm,  ad  Laud. 

*"G   a   c  cd    d 

'     c     dedcddldijecdpÇâ      ildi^fc]!; 

Ex-hor-ta-tiis     es 

in    virtu-te     tu-a,       et  in    re-fe-cti-o  -  ne tu-a  Domi-ne. 

p. 

27  (n) 

De  Cena  Dni  ad  Laud. 

*"G    a     cd    d" 

cdecddidtîecd         Gâjdtjtî 

E  -  rit    mi  -  hi 

Do-mi-nus    in   De-um  :      et    la-pis     i  -  ste do-mus  De-i. 

P- 

29  (n) 

De  Ded.  eccl.  in  I  noct. 

324 


lASTIEN  INTENSE  (Deux,  plag.,  ive  mode). 


R.  T.         Thème  29. 

*  "  G    a     c    cd    d  "     cd    e    de     d    d     | 
p.  27(11)         Ec-ce    ve-ni  -  et       pro-phe-ta      magnus  :  etc.,  p.  155. 


p.  27(n) 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


p.27(n) 


p.  27  (n) 


p.27(n) 


p.  27 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


*  "  G    a    C    cd     d  "     cd     e    de    d    d    d     | 

Be-ne-di-cta       tu        in      mu-li  -  e  -  ri-bus,  etc.,  p.  206  et  suiv. 

*"Gaccdd"         cdedcdd|dt}ecdtj  tîtîll 

Ec-ce    Rex    ve  -  nit,         Do -mi-nus     ter-rae  :       et     ip-se    au-fe-ret nostrae. 

Fer.  II post  Dom.  II  Adv.  in  Evang.  Texte  actuel  :  Ecce  veniet  Rex.  Début  de  la  mélodie  déformé  chez  Plant. 

♦"Gaecdd"        cdëcddd|t}ecd  t}i;l;i| 

Qui  post  vie     ve  -  nit,        an-te     me      fa-ctus  est  :      cu-jus  non  sum sol-ve-re. 

Fer.  7  post  Dom.  II  Adv.  in  Evang.  Texte  actuel  :  veniet. 

*"G    accdd"        cdedcddiÇëcd  "^    à    ùc     ^    ^   \\ 

Ec-ce    vi-de  -  0  cae-los     a-  pertes,         et      Je-sum a     dex-tris     De-i. 

De  S   Steph.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Texte  actuel  :  a  dextris  virtutis  Dei. 


*"G  a    C   cd  d"        e    d     e  de    d  d 

Va-de,  mu-li  -  er,  se-mel    ti-bi      di-xi  : 

Fer.  V  post  Dom.  I  Qtiadr.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  30g. 

*"Gaccdd"        ededçddd 
Fa-ci-  a-mus  hic         tri-a    ta-ber  -  na-cu-la 
(Sabb.  anfe  Dom.  II  Quadr.  in  Evang.) 


t^e    d   i;   a  p      iî   d   i;  at}   tî 
si     cre-di-de-ris....  mi-ra-bi-li  -  a. 


l;ecd        Gatjdtîtîll 
ti-bi    u-num...  et     E-Ii-ae    u-num. 


i 


*"G  a  c  cd  ded"     dcdededd|i;ecd     Gat}d      tfa^t}!] 
De-si-de-ri  -  0  de-si-de-ra-vi  hoc  Pascha    mandu-ca-re...  an-  tequam  pati-ar. 

Fer.  7  post  Dom.  Pass.  in  Evang, 

*"G    accdd"        cdedcdd|di|ecd        Gâi^di^t)!! 
Numqtiid  red-di  -  tur        pro    bo-no    ma-lum,     qui-a    fo-de-runt a  -  nimae  me-ae? 

Dom.  Pass.  ad  Laud. 

*Gaccdd        cdëcdd|     Çëd    ^   a   t\    aGapd    et}!:}    || 
In-fir-ma-ta     est       vir-tus    me-a  in      ma-ni-bus  i  -  ni-mi-co-rum  me-o-rum. 

Fer.  IV  maj.  hebd.  ad  Vesp.  Ant.  Trev.,  p.  38S. 

*"G   accdd"       cdedicdd     |     'Ôjècd\\Si^Ga^d^\\ 
Pe-tre    a-mas    me?      pas-ce    o-ves    me-as.        Tu  scis,  Domi-ne,    qui-a    a-mo  te. 

De  S.  Petro  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  706. 

*"Gaccdd"        cdedcddljêc  ddci^t}!! 

Ste-tit    an  -  ge  -  lus         su-per    a-ram   tem-pli,        ha-bens ma-nu       su  -  a. 

De  s.  Mich.  in  I  noct.  Texte  :  acluel  juxta  aram. 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  ive  .NtooE). 


325 


Thème  29. 
*"Gaccdd"    t|     cdd    cdedcdd    |    p    cdtt^P       ijâ^t}!! 

In-tu- e-mi-ni    quan-tus  sit  glo-ri-o-sus,    i-ste       qui    in-gre-di-tur po-pu-los. 

Fer.  V  antc  Vig.  Nat.  Dni  in  Evang.  A  disparu  de  l'office.  Diurn.  bénéd.  du  XVe  siècle. 

*"Ga    c     cd    d     cd     ec    d    d  "   |     d    t;     e    c    d    Ça    t}  1;  de    t}    t;    H 

Pro-pter  Si  -  on    non     ta  -  ce-bo,         do-nec    e-gre-di-a-  tur Ju-stus  e-jus. 

Fer.  I V  ante  Yig.  Nat.  Dni  ad  Laud. 


*  "  Ga    c   cd    d     c"  de    e    de    de    d   d     |     tje    ed 
O      tnu-li  -  er!  ma-gna    est   fi  -  des     tu- a:        fi  -  at.. 

Fer.  V  post  Dont.  I  Quadr.  in  Evang. 


Ga    t}     d    t;   tî    II 
sic  -  ut     pe-ti-sti. 


*"Gaceeded"cdede     dd|dt|eed         [;dei:|l:;|| 
Ju-di-ca-sH,  Do-mi -ne,     causam  a-nimae  me-ae  :     de-fensor  vi-tae De-us  me-us. 

Dom.  Pass.  ad  Laud.  L'intérieur  de  la  mélodie  changé  chez  Pustet. 

*"G   acecdëd"cdedcdd|di:}ecd       ddct|t{l| 
Ex-spe-cta-bo   Do-mi-num,  Sal-va-to-rem    me-um  :      et  praestolabor al-le-lu-ia. 

Fer.  y  post  Dom.  I  Adv-  in  Evang. 

*"G    ace"cdëd     cdedcdd|t|ecd        Çcddêliîi;!! 
D  a  mer- ce- dem,  Do-mi  -  ne,   su-sti-nen-ti-bus    te      ut  prophe-tae....  in- ve-ni  -  an-tur. 
Fer.  m  ante  Vig.  Nat.  Diii  ad  Laud. 

*"Gaee     edëd"c     d     edcddd     |     Je     cd  i;i;fc{|| 

Sa-ti-a-vit   Do-mi-nns    quinque  mil-li  -  a    ho-minum       de   quinque pi-sci-bus. 

Dom.  IV  Quadr.  in  Evang. 

♦"Gaecedëd"       cdededdjjëc      d  tfdi;i;i;|| 

Mul-ta    bo-na    o-pe  -  ra  o-peratus  sum  vobis  :    propter  quod.,..  me  oc-ci-de-re  ? 

Fer.  IV  post  Dom,  Pass.  in  Evang, 

*"G  aec     edêd'dcdedc     ddl^ëd  Gâi|di;l^|| 

Po-te-statem   ha-be  -  0       po-nen-di    a-nimammeam,     et su-men-di    e-am. 

Fer,  III  maj.  hebd.  in  Evang. 


*"Gace     eded"    cdedc    dd 

E  -le-va-tis   ma-ni-bus      be-ne-di-xit       e-is, 

De  Ascens.  Dni  ad  Laud. 


dtfecd         Gat|d|:}t| 
et    fe-re-ba-tur al  -  le  -  lu-ia. 


*"G   a    c    c   e  de  ded"    cdededdd     |     dtîeed         dt;i;i;i| 

Sti-per  te,  Je-rti-sa-lem,         o-ri-e-tur    Do-mi-nus,       et  glo  -  ri  -  a vi-de-bi-tur. 

Fer.  III  post  Dom.  II  Adv.  in  Evang. 

*"Gacece"    cedëdd     j     pcdpi;  cdëdct}l;|| 

Sic-ut  fu-it  jfo-nas      in  ven-tre   ce-ti,...       i-  ta      e  -  rit in  cor- de    ter-rae. 

Fer.  IV  post  Dom.  I  Quadr.  in  Evang. 

43 


R.  T. 

p.  27  (n) 

p.  27  (n) 

p.  27  (n) 

p.  27  (n) 

p.  27(n) 

p.  27  (n) 
p.  27  (n) 
p.  27  (n) 
p.  27  (n) 
p.  27  (n) 
p.  27  (n) 
p.  27  (n) 


326                                 lASTIEN  INTENSE  TDeut.  plag., 

ive    mode). 

R 

.T. 

Thème  29. 

P- 

27  (n) 

*"Gacc"ceded        d    cd    edcddd 

Commendemiis  nosmet-i  -psos       in  muita   pa-ti  -  en-ti-a, 

Temp.  Quadr.  in  Evang.  Mélodie  déformée  chez  Pustet, 

1    d    tf  e  C  d 

in  je-ju-ni-is. 

de  1?  iî  1;  Il 
...  ju-sti-ti-ae. 

P- 

27  (n) 

*"Gaee    ce    cded"      cdede    ddd 
Ex-spe-cte-ttir  sic-ut  pln-vi  -a         e  -  loquium  Domini  : 

De  Vig.  Nat.  Dni  ad  Laud.  Texte  un  peu  modifié  aujourd'hui. 

1  i;  e  C  d 

et  descendit.... 

iîd^  H  II 

Deus   noster. 

p.  29 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


p.  29 


p.  27  (n) 


p.  27  (n) 


De  la  3^  époque  : 


*Gaccdd         cdedcdddltîe      cd         atjcdddctjt} 
Ex-al-ta-ta      es,        sancta  De-i      genitrix,     super  choros caele  -  sti- a     régna. 

De  Assumpt,  S.  Marine  in  I  ttoct. 


*"G   a    e    c    c    de    d" 
Spe-ci-o  -sa  fa-cta    es. 
De  eod.  off.  in  Evang, 

*  "  G  a     C    c"  ce  d  d 

Sicut    myrrha    e  -  lecta 

Ibid. 


cd    ec    d   d 

et     su   -   a-vis 


cd  ee  de    e   d  d 

o  -  do- rem    de-disti 


d    ij    e    c    d 
in   de-li  -  ci- is.. 


1^  e  d  i;c  t{a 
su-a-vi-ta-  tis,. 


*Gac     ccdd     de     ded     cdd     |     tfedtfatfa 
Pe-ti-it    pti-el-  la     ca-put  Jo-an-nis   in  di-sco  ;     quo  ac-ce-pto.. 


tîd    U    tî  I 
De-i   ge-ni-trix. 


De-i  ge-nitrix. 


tî  d  tî  iî  II 

matris  su-ae. 


De  Mart.  s.  Joh,  Bapt.  ad  Laud.  Ant.  Trev.,  p.  905;  texte  un  peu  modifié.  Les  trois  premières  notes  (a  G  a) 
ne  concordent  pas  avec  le  classement  de  Réginon,  qui  implique  notre  version. 

Les  mélodies  suivantes  ont  une  autre  cadence  intérieure;  les  trois 
dernières  sur  la  fondamentale  éolienne.  Leurs  altérations  depuis  le 
IX*  siècle  sont  nombreuses  et  souvent  divergentes. 

*"Gacdd  dçdë"dc5tî       I 

An-  te     to  -  rtim        hu  -jus     vir-gi  -  nis 

tjedcdptîaGaÇcdctîiîtllI 
fréquenta -te       no  -  bis  dul-ci-  a    can  -  ti  -  ca  dra-ma-tis. 

De  Virg.  in  I  noct.  Aur.  Reom.,  p.  51;  Vlle  mode.  Le  déraillement  habituel  du  th.  29  ne  persiste  dans 
les  antiphonaires  actuels  que  jusqu'à  la  fin  du  mot  tonim,  A  partir  de  là,  il  a  fallu  remettre  la  mélodie  sur  sa 
vraie  voie,  sous  peine  de  terminer  le  premier  membre  par  un  FAtt  (voir  ci-dessus,  pp.  206-207). 

*"Gacddcdëfd"        ccctfcdtîcjaal 
I  -  psi     ve  -  ro    in       va-num      quae-si  -  e-runt    a  -  ni-mam  me-am  : 

Gacdd     c     ccÇaGG^d     dc^t;!! 

in- tro-i  -  bunt  in    in -fe  -  ri    -    o  -   ra    ter  -  rae.  Ps.  62. 

Fer.  lY  maj.  hebd.  ad  Laud.  Plantin  suit  l'analogie  des  autres  antiennes  de  ee  thème,  au  début  et  à  la  fin. 
Le  ms.  de  la  Bibl.  R.  de  Bruxelles  (no  155)  a  la  terminaison  du  Vile  mode.  Trêves,  Pustet  et  Solesmes  sont 
passés  au  th.  31,  et  ont  la  psalmodie  du  Ile  mode. 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  iv«  mode). 


327 


*G     a 

cd      d 

e 

c 

/  -  stc 

pu  -  er 

via- 

gnui 

a 

d      d     c 

d 

5 

nam 

et    ma-nus 

e  - 

jus 

Thème  29.    |   R.  T. 

d     de       c     i^     a     I 
ina-gntts  co  -  ram     Do -mi-no,  P- 29 

^Ga      5c     de      t;^      Il 
cum       i    -    pso      est. 

De  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud.  Pustet,  Solesmes,  Lyon  et  déjà  Vlnionarium  (p.  133)  ont  la  terminaison  du 
Vile  mode  (th,  27);  ils  suivent  l'analogie  de  Ipse  praeibit  (ci-dessus,  p.  202).  Trêves  termine  en  protus  (th.  31). 
Plantia  et  Lambillotte  ont  le  6e  état  du  th.  29  (p.  210),  comme  dans  les  antiennes  ordinaires  de  ce  groupe. 

*"G     acdd'cded     ce    de     ct^a     | 

In     0  -  do  -  rem     unguen-to-rum  tu  -  o-rum     cur-ri-mus  :  p.  29  (n) 

âddcei;a5     Gat^ed     de     tftîll 
a  -  do-le-scentu-lae       di  -  le  -  xe-runt   te       ni-mis. 
De  Assumpt.  S.  hiariae  ad  Laud. 


Variante  a,  Laeieniur  caeli  (a  G  a  ed  d  e  c  d  t}),  produite  par  l'adjonc- 
tion d'une  anacrouse  (a),  l'appoggiature  supérieure  de  la  fondamentale 
iastienne\  Mélodie  fixe,  identique  à  la  précédente,  et  remplissant  toute  la 
troisième  division  du  IV^  mode  chez  Réginon. 


Antiennes  psalmiques 


,± 


m^ 


■  Lae-ten-tur   cae  -  U 


et     ex  -  sul-tet      ter-ra 


(è 


an  -  te    fa  •  ci  -  em  Do-mi -ni, 
De  Nat.  Dni  in  111  noct. 


quo  -  ni-am   ve-nit.  Ps.  95. 


p.  29  (n) 


*aGacdd     cdedcdd     |     tf     eed         Gat;dtîtîl| 
Cu-sto-di  '  e-bant    te-sti-mo-ni  •  a    e-jus,      et  praece-pta al  -  le  -  lu-ia.  Ps.  98.      P- 29 

De  Apost.  in  111  noct. 

*aGacdd      cdedcdd|t;ecd  Gapt+t]!! 

A    sum-mo  cae  -  lo       e-gres-si-o     e-jus         et  oc-cursus al  -  le-  lu-ia.  Ps.  18.      P«  29 

De  Ascens.  Dîii  in  I  noct.  Cf.  p.  171,  note  7.  De  même,  au  2e  nocturne,  Ascendit  Deus  in  jubilatione  (ps.  48). 


*a    G    a     cd    d 
A-scen-dit  fu-mus 
De  s,  Mich.  in  1  noct. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 

cdedcd|tfecd  t|l:jtîl| 

a   -   ro  -  ma-tum         in  conspe-ctu an-ge-li. 


p.  29 


I  Chez  Plantin  la  note  initiale  est  toujours  G  (dans  notre  transcription  c). 


328 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  ive  mode). 


R.  T. 


p.  29  (n) 


p.  29(n), 


p.  29  (n) 


p.  29  (n) 


p.  29  (n) 


p.  29  (n) 


p.  29  (n) 


p.  29 


p.29(n) 


p.  29 


p.  29  (n) 


Thème  29. 

-"a    G    a     cd    d"    cd    e    d     c     d    d     |      tje    d    Çâ    tîa       de     t?    ij    || 

Pro-phe-ta    ma-gnus    sur-re-xit     in     no-bis,         qui  -  a    De  -  us plebem  su-am. 

Fer.  V  post  Dom.  IV  Quadr.  in  Evang.  Texte  un  peu  modifié  aujourd'hui. 

*"a    Gacdd"cdedcddd|5êcd  t^â^t^II 

An-nuti-ti-a-  te      po-pu-lis,     et       di  -  ci  -  te  :         Ec  -  ce ve  -  ni  -  et. 

Fer.  IV  ante  Yig.  Nat.  Dni  ad  Laud. 


*"a    G   a    cd    d"    de    d    d 
E-gre-di-e  -  tiir     Do-mi-ntis 

Fer.  II  ante  Yig.  Nat.  Dni  ad  Laud. 


d    C   d    e    de     d  d 
de    lo-co  sancto     su  -  0 


iî  e  c   d       tî   tî 
ve-ni-et  ut suum. 


*"aGacdd"        cdedcdddidttecdtj  tftj 

Ma-gi-ster  di  -  cit  :     Tem-piis  me-um  pro-pe  est  :       a-pud  te  fa-ci-o me-is. 

Fer.  V  post  Dom.  Pass,  in  Evang. 


"a    G    a     cd    d" 
Gra  -H  -  a    De  -  i 


dddcdecdd 
in    me    va-cn-a     non  fu  -  it 


d     tîe    c    d     tja    tîa     G    a     tî     de     tîtf    lî     II 
sed  gra  -  ti  -  a      e  -jus     sem-per  in    me     ma- net. 

De  s.  Paulo  ad  Laud.  C'est  la  seule  antienne  de  ce  thème  dont  la  mélodie  nous  soit  parvenue  d'un  bout 
à  l'autre  sans  altération  modale.  Encore  ne  la  trouve-t-on  ainsi  que  chez  Lambillotte. 


"  a    G    a     cd    d      cd  "    e    de     d    d 

Po-pu-le    me  -  us,   qttid     fe-ci        ti-bi.^ 
Dom.  Pass.  ad  Laud. 


d     t;      e    e    d  ^    ^ 

aut  quid  mo-le-stus mi-hi. 


"a    G    a     ed    d     cd    ee"   d    d     d     |     tf    e     c    d 

Me-di  ■  a     no  -  de    cla  -  mor      fa-ctus  est  :     Ec-ce  sponsus. 

De  Virg.  ad  Laud.  Ant.  Trev.,  p.  634. 


t}c    d    c    tî    tî    II 
.  ob-vi-am  e  -  i. 


*  a    G    a     c  cd   d 

Pvu-den-tes    vir-gi  -  nés, 

lie  Yirg.  in  Evang.  Ibid. 


dcdededdltîeed  \\   ^ 

a-pta-te   lam-pa-des  vestras  :     ec-ce  sponsus e-i. 


"aGa     ccdd"    d     edede    dd 
Qtiae-ri-te    Do-mi-num    dum  in-ve-ni-ri      po-test 

Fer.  III  post  Dom.  I  Adv.  in  Evang, 


t;eed         ddctîtîll 
in-vo-ca-te al -le  -  lu-ia. 


*[a   G   a     c    ed    d    ed    e     c   d    d    !    tf    e    c     d        Ga    tî       de    tî    t^] 
Si-ni-te    par-vu-los   ad     me    ve-ni-re  :     ta-li-um   est....  re-gnum  cae  -  lo-rum. 

De  Innoc.  in  Evang,  Bibl.  R.  Brux.,  ms.  6426,  déformé  en  Vile,  th.  19.  N'existe  plus  dans  l'office. 

♦"aGaccdd"       edecdd|t;ecdpt|  tît} 

An-ge-lus  Do-mi  -  ni         descendit  de  cae-lo  :     mo-ve-ba-tur    a-qua u-nus. 

Fer.  YI  post  Dom.  l  Quadr.  in  Evàng.  Le  texte  d'après  le  Resp.  greg. 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plaq.,  ive  mode). 


329 


Thème  29.       R.  T. 

*"aGacc"cded      dcdedçdd|dt}ec        tjcddctîll 

E-mit-te  Agnum,  Do-mi-ne,     do-mi-na-to-rem  terrae,     de    pe-tra....  fi-li-a  Si  -  on.        p.  29  (n) 

Fer.  III  ante  Vig.  Nat.  Dni  ad  Laud. 

*"aGa     ccc    decd"    d         dcdedcdd]       ddctjtfH 

Ro-ra-te    cae-li,  de  -  su     -     per,        et   nu-bes  plu-ant      justum  :....  Sal-va  -  to-rem.       p.  29  (n) 

Ibid. 

*  "  a    G    a   c    c     ced    d"       dcdedçdd|t|e         t{di:|l:| 
The-sau-ri-za-te     vo  -  bis         the-sau-ros     in      cae-lo,         u-bi de-mo -li-tur.  P- 29  (n) 

Fer.  lY  poit  Quinquag.  in  Evang. 

*"aGaccccded"dcdedcdd|l::[ecd  tfil 

Cra-sti-na  di  -  e    de-h-bi  -  ttir       i-ni-qui-tas    ter-rae  :    et   regna-bit mundi.  P«  29  (n) 

De  Yig.  î^'at.  Dni  ad  Laud. 

De  la  3*  époque  : 

*"a     Gacdd"      dcdedcdêedd|Çëcd  dt+ifll 

Post  par-tum  vir-go         in- vi  -  o  -  la- ta      per-man-si-sti  :      De  -  i pro  no-bis.         P- 29  (n) 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  III  noct. 

*"a   G   a    C    C  C  de    d"    cd    e     de    d   d     |     d    tfe    cd  tj   d   t{   t|    Il 

Di-gna-re   me  lauda-re      te,     Vir-go     sa-cra-ta:       da   mi  -  hi hostes  tu-os.         P- 29  (n) 

Ibid. 

*"aGaccced"cdecddd|dt|ecdtfatî  ^   ^ 

Gau-de  Ma-ri  -  a    vir-go,     cun-ctas  haere-ses       so-la    in-ter-e  -  mi- sti mundo.        P«  29  (n) 

Ibid.  Aur.  Reom.,  p.  51  ;  VHe  mode. 


Mélodie  légèrement  amplifiée  et  variée  : 

*aG     ace     ee     ced 

I-pse  prae-i-bit    an-te     il-  lum  etc.,  p.  302. 

Le  changement  de  la  finale  mélodique  a  eu  lieu  avant  le  XlIIe  siècle  Cf.  Inton.,  p,  134. 

Les  deux  suivantes  antiennes  psalmiques  ont  un  début  que  l'on  peut 
considérer  comme  abrégé  ou  tronqué. 


p.  29 


*"  a     e     e  cd"  d    d 
Ad    te    Do    -    mi -ne 


ddeeede     dd 

le  -  va-vi     a-  ni-mam  me-am  : 


tîecdtîat{a  Gat;cddçt|lîll 

ve-ni    et      e  -  ri  -  pe   me  :        Do-mi-ne    ad    te    con-fu-gi.  Ps.  142. 
Fer.  71  ante  Yig,  Nat,  Dni  ad  Laud. 


p.  29  (n) 


330 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  ive  mode). 


R.  T. 
p.  29  (n) 


p.  29  (n) 


p.  29  (n) 


p.29(n) 


p.  29  (n) 


Thème  29. 

*  "  a    cd    d    d 

Fi -de  -  H  -  a      o-mni  -  a 


e    ed    tf"        c     d    ctj     ^t?    t} 
man-da-ta       e  -  jus, 


c    a    Gac    c         c     i;c    d    et;     a    at?    t?     Il 
con-fir-ma   -   ta        in     sae-cu-Ium   sae-cu  -  li.   Ps.  iio. 

(Dom.  ad  Vesp.)  Aur.  Reom.,  p.  51;  Vile  mode.  Les  premiers  sons  seuls  ont  déraillé,  comme  dans  Ante  torum 
(ci-dessus  p.  326),  et  par  une  cause  identique.  Le  reste  de  la  mélodie  est  librement  composé  sur  le  nome 
fondamental,  le  thème  28. 

Variante  b,  Sion  noli  timere  (cd  d  e  c  d  t}),   mélodie   fixe.   Le  thème 
fondamental,  Aptid  Dominum,  est  raccourci  de  deux  notes  au  début. 

,J2^ 


.-fc):^ 


:■    ■" 


5»  -  on,    no  -  li     H  -  me  -  re, 


ec-  ce  De-  us     tu  -  us 

8abb.  ante  Dom.  II  Adv.  in  Evang. 


ve  -  ni  -  et,     al  -  le  -  lu  -  ia. 


*"cd  d  cd  ec"  ddd|dtîec     dtl     t+atfaGatîiî     dot? 
Si  -  on  re  -  no  -  va-be-ris,      et    vi-de-bis  justum  tu-  um,  qui  venturus  est  in    te. 

Ftr.  IV  post  Dom.  II  Adv.  in  Evang.  Reg.  ap.  Gerb.,  p.  231. 


"  cd     d     c    d     ec  "    d    d 
O     mors,  e  -  ro    mors     tu  -  a 
Sabb.  Sancto  ad  Laud. 

"  cd    d     d     cd   ec    d   d  " 
Fa-ctus  sum  sic  -  ut      ho-mo 
ZJe  eod,  off.  in  III  noct. 


tîe    d     tîa    t^a     Ga    H     d    iî    tî     II 
mor-sus    tu  -  us       e   -   ro,   in-fer-ne. 


tfecdtîatîaGatîdddtîtîlJ 
si-ne   ad-ju-to-ri  -0,      in-ter  mor-tu-os   li-ber. 


Thème  30,  Canfemus  Domino  (G  i}  c  a  G  a  i}),  considéré  par  Réginon 
comme  une  forme  exceptionnelle  du  IIP  mode  (th.  36),  terminée  sur 
la  dominante  (tj).  En  réalité  la  structure  musicale  du  motif  indique,  sans 
aucune  équivoque  possible,  l'iastien  intense.  Au  surplus,  le  début 
rappelle  celui  d'une  antienne  du  VIP  :  Assumpsit  jfesus  (ci-dessus  p.  201). 


Antienne  psalmique  : 
(^)jE^ziii=J_,_,_,_ï~,    ■    ■    ■• 


Can-  te-mus  Do- mi  -  no  glo  -  ri  -  0  -  se.    De  cant.  Moysi. 


(Fer.  V  ad  Laud. 


lASTIEN  INTENSE  (Deux,  plaq.,  ive  mode). 


331 


Thème  30. 

"GaGâ5"5ctî     tîat;        aGaâ^aGG        GaÇcdca^i^tî     I 
Ne    re-tni-ni  -  sca-ris,    Domi-ne,       de  -  li-cta     me- a,       vel  pa-ren-tum  me-o-rum  ; 


t|    d     de    e    dç     de    tjc     de     a    G    at}     tj    t}     Il 
ne-que    vin  -  dictam     su  -  mas     de      pec-ca-tis      me-is. 

De  Toh'm  (Sabb.  ante  Dom.  m  Sept,  ad  Magii.)  Réginon  prescrit  la  formule  psalmodique  du  Ille  mode  (le  div.) 
avec  l'annotation  :  fmitur  IV'  tono.  De  mOme  pour  l'antienne  suivante. 

*"G     a      GG^â    â5"dt^et}a       ijat^aGaÇaGG 
Tu  -  lit      er      -      go       [pa- ra- ly  -  ti- eus]    le-ctiim  su-uvi     in     quo       ja  -  ce  -  bat, 

"Ga    5c    de    â5     tj    t;     I 
ma  -  gni  -  fi  -  cans  De-um  : 


tl     d    de     e      dç     de    t^c  de    aG     a    a^     ^    t^     \\ 

et     o-mnis  plebs,  ut       vi  -  dit,  de  -  dit       lau-dem  De-o. 

Dom.  XIX  (XVI II)  post  Petit,  in   Evang.   Le  mélisme  de   nos   antiphonaires  sur  le  mot  ergo  ne  concorde 
pas  avec  la  figure  neumatique. 

Ga^Jctîi;  câJaGI 

0-tnfies    au-tem  vos  fra-tres     e-stis  :  etc.,  p.  116. 

Omise  accidentellement  par  Régioon. 


R.  T. 

p.  21  (n) 


p.  21  (n) 


Les  antiennes  restantes  de  l'iastien  intense,  non  mêlées  d'éolien,  sont 
au  nombre  de  huit.  La  plupart  laissent  entrevoir  clairement  la  mélodie- 
type  de  l'iastien  normal  à  laquelle  elles  se  rattachent. 


De  la  i""^  époque 


"d     de    e    d 

/»  man-da-tis 


d    tîc"   d    c     i|    tî     11 

e  -jus      cu-pit    ni-mis.  Cf.  p.  134. 


*"d     c      d    c    i; 
Hym-num  di  -ci-  te 


aG  "  e    d     e    de    d    c 

et        su-per-  ex-  a.\  -  ta -te 


ca    t}     c     d    d    tf 
e  -  um   in    sae-cu-la. 


De  cant.  3  puer.  Dom.  Qtiinqtiag,  Ad  Laud,  Thème  22,  SU  nomen  Lomini.  Le  début,  noté  dans  la  Cominemoratio 
(p.  223),  diffère  de  celui  des  antiphonaires  actuels  (C  f|  C  t}  a). 

De  la  2^  époque  : 


"  tf    c    d    e     de    tjede  ed  "    | 
Vi-gi  -la -te     a  -  ni-  mo  etc.,  p.  90. 

Thème  20,  Dixit  Dominus.  Réginon  donne  à  cette  antienne  la  psalmodie  du  Vile  mode  (ire  division),  et  note 
en  marge  :  finitur  IV"  tono.  Le  même  thème  nomique  terminé  en  IVe  se  rencontre  en  deux  antiennes  du 
psautier  hebdomadaire  :  Dele  Domine,  ps.  50  (Fer.  III  ad  Laud.l,  Jubilate  Deo,  ps.  99  (Sabb.  ad  Noct.j. 

*["tî    d    cdc"]tî     cddd     d     dcdëdêd        pde     cjâ^tîl 
Tm^-ô»  w«/- ^a  quae  convenerat    ad     di-em     fe-stum,       cla-ma-bat  Do  -  mi-no  :  etc. 

Dom.  Palm,  in  Evang,  Le  son  initial  est  c  (=  F)  dans  l'antiphonaire  de  Trêves  et  celui  de  Plantin;  d  (=  G) 
chez  les  Bénédictins  de  Solesmes;  jl  (=  E)  dans  ï'Intonarium  (p.  128)  et  chez  Pustet.  Nous  avons  adopté  ce 
dernier  début. 


p.29(n) 

p.  25  (n) 


P.35(n) 


p.25(n) 


332 


lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  iv^  mode). 


R.  T. 


p.  25  (n) 


P-  37 


P-  37  (n) 


De  la  3^  époque 


"G    tf    c     d"  t}cdct}     a  dca 
He-le-na    san  -  cta  di-xit 


ded 

ut 


f    e     d    d 


tî     G    G 

ad    Ju-dam 


e    e    e 


GGt^cdee     dec 

Com-ple    de- si-de  -  ri-um    me-um, 

c    d    f     e    c     d    d     I 

et  vi-ves    su-per  ter-ram  : 

ed    f    e     d    d    I 


ostendas  mi- hi    qui    di -ci-tur  Cal-va  -  ri- ae     lo-cus, 


ded  d    t}   c   e   d    c 
u  -  bi   absconditum  est 


ct|  a   c   t|     de     a    c    c    t}    [t}  ttcd  et}  tj]  i 
pre-ti  -  o-sum  signum  Domi-ni-cum,  al-le  -  lu  -  ia. 

De  Exalt.  S.  Crue,  ad  Laud.  Thème  19,  Ad  te  de  luce.  Régiuon  met  celte  antienne  dans  le  Vile  mode  aussi  (p.  41), 
ce  qui  concorde  avec  la  version  moderne,  notée  dans  l'antiphonaire  de  Trêves,  p.  778. 


*[G]   Çc    d    d     d 
Tri-du  -  a-nas     a 


de    d    d 

Do  -  mi- no 


i:jc     3c    t^c     de    d 
ut     do-mum  me  -  am 


d    d    e     c    d    e    t}     | 
po  -  po-sci    in-du-ci-as  : 

cddp     det}!;!! 
ec-cle-si-am    con-se-crarem. 


De  8.  Caec,  ad  Laud,  Th.  19,  Ad  te  de  luce.   Se  trouve  chez   Réginon   parmi  les  antiennes  du  Vile  mode. 

le  div.,  avec  la  note  marginale  :  finit  IV».  Le  début  des  antiphonaires  depuis  le  moyeu-âge  (    a    ^C   d  d  J 

yTri-du  -  a-nas/ 
se  rapporte  au  thème  32  (éolio-iastien),  et  aurait  amené  au  IXe  siècle  la  psalmodie  du  IVe  mode  ou  du  1er. 


["d    t;e     e    d    f    e"] 
Ni  -  si      di  -  H  -gen-ter 


ed    e    d    tje     d     C      t}     i; 
per  -  fe-ce  -  ris     cor-pus    me-um 


a    t}   e   d   d   c 

a    car-ni  -  fi  -  ci-bus 

Tdë    e    d    d    I 
Lat-tre-cta-ri, 


H 

de    d      e 

d     C      C    atîctîG 

non 

po-test     a- 

m -ma    me  -  a 

a 

[cum 

de     t}     e     d     ed     d    ed    d 

in       pa-ra-di-sum    Do-mi  -  ni 

ctfapdëd^^tlll 
cum  pal-ma   in-tra-re     mar  -  ty  -  ri  -  i. 

(De  S.  Ag.  in  III  noct.)  Réginon  place  cette  antienne  dans  le  Vlle  mode  (2e  div.),  avec  l'annotation  :  finitur 
IV"  tono.  C'est  une  dérivation  du  thème  23,  Specie  tua,.  La  fausse  quinte  contenue  dans  la  phrase  de  début  a 
été  la  cause  de  nombreuses  altérations.  Deux  de  mes  antiphonaires  médiévaux  ont  gardé  le  IVe  mode  et 
déformé  le  début.  Chez  Plautin  la  mélodie  est  détournée  en  1er;  V Intonarium  et  Pustet  l'ont  dénaturée  en  Ille. 
Partout,  en  outre,  le  dessin  du  mot  NUi  est  diversement  défiguré, 

Antiph.  du  Xllle  siècle  (IVe  mode)     .     .    .    Ga     a 

Plantin  (1er  mode) D     D 

Intonarium,  Pustet  (Ille  mode) E      a 

Ni  -si     di  -  H  -  gen  -ter  Ni  -  si    di-  H  -  gen  -  ter 

Par  bonheur  le  classement  de  Réginon  indique  sûrement  les  deux  sons  initiaux.  En  effet  il  assigne  notre 
antienne  à  la  2e  division  du  VU»  mode  (p.  37),  qui  comprend  uniquement  des  cantilènes  dérivées  des  thèmes  22, 
23  et  24,  commençant  toutes  par  d  fl  (dans  la  transposition  ordinaire  du  IVe  mode  G  E). 

Les  signes  neumatiques  du  Tonarius  consistent  exclusivement  en  puncta,  sauf,  sur  la  dernière  syllabe  de  Nisi, 
un />oda<Ms,  qui  peut  s'interpréter  par  [jC,  [jd  ou  tje.  Nous  avons  adopté  cette  dernière  traduction  qui  explique 
le  mieux  la  dégénérescence  en  Ille. 


a 

G 

ba 

a 

(= 

de 

e 

e 

d 

fe 

e) 

a 

G 

aT 

a 

(= 

a 

a 

e 

d 

7{ 

e) 

a 

G 

^ 

a 

(= 

H 

e 

e 

d 

f8 

e) 

lASTIEN  INTENSE  (Deut.  plag.,  iv^  mode). 


333 


"G    at;    c    t}     c    d"    t|cd  dctja        tf    c    d    c    t;    c  tjca     ad  de  de     t}   t} 
Fun-da- vien-ta   tem-pli     hu  -jus  sa-pi-en-ti  -  a    su-a  fun-da-vit     De-us, 


aef     e     e    e    ed     ef  ede    edd    tjc    d    c     Çc    l;|ac    c 
in       quo  Do-mi-num    cae     -      ii         col  -  laudant  an  -  ge    -    li  : 

t}     cd    C    ct[     ca    c     qc     d    ct|     a    c    t^ca  aG    | 
si     ir  -  ru-ant     ven  -  ti,     et      flu-ant     flu-mi-na, 

G     ac    c    c      ce      e    et}    a      ad  de    d     | 

non    po  -  te-runt    il-lud    mo-ve  -  re      un    -    quam  : 

e    eg  gaa     d      e     de     tjc     d     de     t|     t{     Il 
fun-da     -     tum     e-nim     est      su  -  pra     pe-tram. 
De  Ded.  eccl.  in  Vig.  ad  Vesp.  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  B.  R.  Brux,,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'office. 


Deux  antiennes  que  Réginon  range  parmi  celles  du  IV"  mode  sont 
restées  problématiques  pour  moi,  et  je  renonce,  quant  à  présent,  à  en 
retrouver  le  dessin  mélodique. 

Serve  boue  et  fidelis 

De  Conf.  ad  Laud.  Ce  texte,  qui  a  un  double  emploi  dans  l'office  romain,  se  chante  aujourd'hui  avec  deux 
mélodies  distinctes,  l'une  du  Ille  mode,  l'autre  du  Vile.  Aucune  d'elles  ne  se  rapporte  aux  signes  neuma- 
tiques  de  Réginon. 

Plier  qui  natus  est  nobis 

De  S.  Joh.  Bapt.  in  Evang.  On  a  rencontré  le  même  texte  parmi  les  antiennes  du  Vile  mode  (p.  313);  en 
cet  endroit  la  mélodie  est  bien  celle  qui  se  chante  aujourd'hui.  Quant  à  la  mélodie  du  IVe,  inconnue  aux 
successeurs  de  Réginon,  elle  était  bâtie  sans  doute  sur  le  même  thème,  fortement  varié.  C'est  tout  ce  que 
les  maigres  indications  du  Tonarius  nous  permettent  d'entrevoir. 


R.  T. 

p.  26  (n) 


p.25(n) 


P-25 


Section  III.  —  Chants  composés  sur  un  thème  iastien  et  ayant  la 
terminaison  éolienne. 

§  182.  Nous  n'examinerons  pas  ici,  question  insoluble  en 
l'absence  d'exemples  datant  de  l'époque  romaine,  si  les  antiennes 
hybrides  dérivent  directement  des  lasti-Aeolia  connus  de  Pratinas 
et  de  Ptolémée  (pp.  37-38).  Il  nous  suffira  de  rappeler  ici  l'exis- 
tence des  deux  combinaisons  mixtes  dans  les  mélodies  hymné- 
tiques  qui  remontent  peut-être  au  IV'  siècle  (p.  74). 

§  183.  On  sait  qu'en  vertu  de  leur  terminaison,  critérium 
souverain  de  la  modalité  ecclésiastique,  les  cantilènes  métabo- 
liques de  cette  première  catégorie  sont,  depuis  le  XP  siècle  au 

44 


334  lASTI-AEOLIA  (Prot.  auth.,  i"  mode). 

moins,  entièrement  confondues,  quant  à  leur  psalmodie,  avec  les 
antiennes  du  I"  mode  (p.  ii8).  Mais  nous  savons  aussi  que  la 
pratique  des  temps  primitifs  avait  un  point  de  départ  tout 
opposé  (p.  119)-  Prenant  pour  guide  la  partie  initiale  de  la 
mélodie,  le  thème  nomique,  elle  modulait  le  psaume,  dans  le  cas 
actuel,  sur  une  cantilène  iastienne.  Cette  règle  nous  la  voyons 
encore  observée  au  IX^  siècle  pour  quelques-unes  des  antiennes 
suivantes.  Conformément  au  principe  historique  sur  lequel  elle 
est  fondée  (p.  84),  nous  envisagerons  les  chants  hybrides  de 
la  présente  catégorie  comme  dépendant  de  l'iastien  normal,  et 
nous  les  noterons  en  conséquence. 

§  184.  Les  écrits  de  Réginon  n'en  fournissent  que  sept, 
dérivés,  sauf  un  seul,  du  nome  polytrope  (28),  dont  ces  antiennes 
présentent  la  quatrième  et  dernière  forme  modale. 


R.  T. 


p.  9  (n) 


p.  13 


p.39(n) 


Thème  31,  Domus  mea  (G  a  cd  d  e  c  d  t}  a);  ses  mélodies  sont  éparses 
chez  Réginon  dans  la  classe  principale  du  V  mode,  dans  la  première  et 
la  troisième  division  du  VIP  mode. 

Antienne  psalmique  : 

"  G    a    c    c     c    de  "   d    d  cd    ed    dcd    c     | 

Po-stu-la-vi   Pa-trem    me-um,  al  -  le  -   lu    -    ia;  etc.,  pp.  93,  log. 

Introduite  dans  l'office  romain  au  IXe  siècle.  Voir  p.  171,  note  7. 


Antiennes  de  la  2^  époque 


(^)* 


± 


Do -mus  me  -  a 

De  Dedic.  eccl,  ad  Laud. 


do 


mus    0  -  ra-ti  -  0  -  nis    vo  -  ca  -  bi  -  tur. 


edd     c    dfd  effe 
me      non  e   -  rit  : 


*"G    a     cd     d     d"    de    de    d     d    dcded  c     de 

An -te     me    non   est     for  -  ma  -  tus   De  -  us,  et  post 

c    d     f    e     de    d    c    ct|     d    et}     atjc  cG    \ 

qui- a    mi-hi    cur  -  va-bi-tur       o-mne      ge  -  nu, 

Çc     dëJaG^c     det}     aa|| 
et     con-fi  -  te  -  bi  -  tur      o-mnis   lin-gua. 

Sabb.  ante  Dont.  III  Adv,  in  Evang.  Réginon  lui  donne  la  psalmodie  du  Vile  mode  (3e  div.),  avec  l'annotation: 

finitur  1°  ioiio.  Cf.  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  231.  Le  début  est  défiguré  (a  C  cd)   dans  les  livres  modernes.  L'anti- 
pbonaire  de  Trêves  (p.  152)  a  la  version  la  moins  altérée» 


lASTI-AEOLIA  (Prot.  auth.,  i"  mode). 


335 


*  G    a    et}  cd    d 

Ex  quo  fa-  cta    est 


d     c   d  ed  c  de  fe     d    d 

vox  sa-lu-ta  -  ti-0  -  nis      tu-ae 


Thème  31. 

d    p    t{    C    aG  a     1 

in     au -ri-bus     me-is, 


G    a    c    C    ca    C    de    d 

ex-sul-ta-vit   in    gau-di  -  o 


e    d     c    de  d  c    ct|  aG    a   ct|  a   a  i 

in-fans  in     u-  te-ro  me-o,       al-le-lu-ia. 


Dom.  IV  Adv.  in  Evang.  Omise  dans  le  tonarius  de  Réginon,  mais  mentionnée  dans  son  traité  (ap.  Gerb., 
Script,,  t.  I,  p.  231)  parmi  les  antiennes  bâtardes.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426;  terminaison  du  VIIo.  Diurnal  bénéd, 
du  XVe  siècle.  Les  antiphonaires  modernes  ont  déformé  ce  début  aussi. 


"G     a    c    d    i; 

Vos     a-scen-di  -te 


c     d    t{     de"   ctl     a 
ad    di-em    fe  -  stinn  hune 


C    acaG    c     c    eg    de  e    d     c    c     cd    c    tfc    d     tjc    a    a    || 

e  -  go         non    a-scen-dam,        qui  -  a    tempus  me  -  um  non-dum  ad  -  ve-nit. 

Fer.  III  post  Dom.   Pass,  in  Evang.  Nous  suivons  la  version  de  Trêves,  p.  368,  dont  le  texte  concorde  avec 
celui  du  Responsale  gregorianum. 


Variante  avec  anacrouse  (cf.  Laetentur  caeli,  p.  327) 


R.  T. 


P-7(n) 


"aatj     G    a    c    cd     d    d    c    d    e    d"    e    eg    ed    de 

Ne         ma-gni-tu  -do       re  -  ve-la  -  ti  -  o-ntim    ex -toi  -  lat     me, 


ctj  C    d    e    d    c  de  e 
da-tus  est  mi-hi  sti-mu-lus, 


eg  g  g    e    d  3ë     c    de    et}  cdc  a   a    | 
an-ge-lus  sa-ta-nae    qui  me    co  -  la  -  phi-zet  : 


t}c      d      dddde    dcd    a 
propter  quod  ter    Do-minum   ro-ga   -    vi 


aG     c    d    e    d     cd    c 

ut       au-fer-re-tur     a     me 


eg    g  e    e  d    de  et}  a        d  c  t}    et}  Ga    ede  ed    t}cd  e  et}    a  a  || 
et     di-xit  mi-hi  Do- mi-nus:      Suf-fi-cit    ti  -  bi,      Pau  -  le,    gra  -  ti  -  a     me-a. 

De  S,  Paulo  in  III  noct.  Le  texte  actuel  est  un  peu  allongé,  ht  qmlisma  (aati)  que  R.  met  sur  la  première 


syllabe  est  un  emprunt  fait  au  thème  ii. 


p.  II (n) 


Rappelons  ici  qu'à  partir  du  X^  siècle  les  nombreuses  antiennes  du 
thème  29  ont  été  annexées  à  celui-ci,  et  le  sont  encore  dans  une  portion 
notable  de  nos  antiphonaires  (voir  ci-dessus  pp.  205-210). 


L'antienne  suivante  procède  des  thèmes  19  ou  25. 

"G     pdd"d     dêdd     dd     t}c5a     j 
Quod  u    -    ni      ex     mi  -  ni- mis  me-is     fe-ci-stis. 


ed    e     d    ed    et} 
mi  -  hi      fe  -  ci  -  stis. 


d    et}     a    a    a 
di  -  cit     Do-mi-nus. 


Fer.  II  post  Dom.  I  Quadr.  in  Evang,  Réginon  lui  assigne  la  psalmodie  du  Vile  mode  (le  div.),  et  annote 
en  marge  :  finitur  1°  tono.  Ci,  Gerb,  Script.,  t.  I,  p.  231.  Sauf  Pustet,  tous  les  antiphonaires  actuels  ont  pour 
début  mélodique  a  ncd  d. 


P-  35  (n) 


336  AEOLIA-IASTIA  (Deux,  plag.,  ive  mode.). 

Section  IV.  —  Cantilènes  éoliennes  se  terminant  en  iastien  intense. 

§  185.  Après  l'introduction  de  la  théorie  des  modes  ecclé- 
siastiques à  Rome,  cette  catégorie  de  mélodies,  plus  nombreuse 
que  la  précédente,  fut  assignée  au  deuterus  plagal,  au  IV^  mode 
latin,  dont  elle  constitua  longtemps,  à  elle  seule,  le  répertoire 
entier.  Il  en  est  encore  ainsi  chez  Aurélien  de  Réomé',  plus 
tard  dans  la  Commémoration,  et  même,  sauf  de  rares  exceptions, 
chez  Guy  d'Arezzo^.  Toutes  les  antiennes  commençant  en 
éolien  et  finissant  en  iastien  intense  adoptèrent,  depuis  680 
environ,  la  psalmodie  actuelle  du  IV^  mode,  prise,  comme  on  le 
sait,  à  l'harmonie  dorienne  (p.  116). 

§  186.  Néanmoins  il  est  certain  qu'à  une  époque  plus  reculée, 
alors  que  l'Antiphonaire  était  encore  en  voie  d'élaboration,  les 
antiennes  hybrides  de  la  présente  espèce  s'unissaient  à  une 
cantilène  psalmodique  du  mode  éolien.  Cette  assertion  ne  se 
fonde  pas  seulement  sur  l'ancien  principe  de  la  prépondérance 
de  l'harmonie  initiale,  elle  repose  encore  sur  un  fait  probant. 
Dans  le  plus  ancien  genre  de  chants  ornés,  les  répons  de  l'office 
nocturne,  la  mélodie  du  verset  est  invariablement  une  broderie 
sur  le  thème  psalmodique  du  mode  employé.  Or,  ce  thème 
dans  les  répons  du  IV^  mode  est  emprunté  manifestement  au 
protus  (PO'- 


a     Ga    GF  GaG  aGG  EFE     GF    Ga     GF     F    EFGF    FE    1 

Glo  -  ri    -    a  Pa  -  tri        et        Fi  -  H       -        o 

F     F    EFG  FÊ    G    aG  aGF     ËF  GEF    ED     1| 

et     Spi -ri         -         tu  -  i  san        -        cto. 

ï  Gerb.  Script.,  t.  I,  p.  48. 

2  Ibid.,  p.  223. 

3  Coussemaker,  Script.,  t.  II,  pp.  93-95.  Dans  le  tonarius  de  Réginon  cette  sorte 
d'antiennes  est  placée  en  tête  du  IV^  mode  (classe  principale  et  première  division). 

A  II  n'en  est  pas  ainsi  dans  les  répons  de  la  Messe,  nommément  dans  les  graduels  du 
groupe  Justiis  ut  palma,  qui  étaient  du  IV^  mode  à  l'origine  (p.  199,  note  i).  La  mélodie 
de  leurs  versets  est  une  variation  sur  la  psalmodie  actuelle  du  IV^  mode.  Je  conclus  du 
rapprochement  des  deux  faits  que  les  mélodies  responsoriales  de  l'office  nocturne  furent 
composées  avaiit  l'établissement  de  VOctoechos,  et  que  les  répons-graduels  reçurent  leur 
dernière  forme  musicale  après  cette  innovation. 


AEOLIA-IASTIA  (Deut.  plag.,  ive  mode).  337 

Nous  l'avons  déjà  rencontré  sous  sa  forme  syllabique  comme 
psalmodie  du  tonus  novissimus  (p.  122). 

al7a    aaa    aGG    aG|aaa    aGG    GE  ED    F  F  E  D  | 

Af-fer-te   Do-mi-no,  fi-li-i     De-i,         af-fer-te    Do-mi- no     fi-li-os         a-  ri-e-tum. 

Et  de  nos  jours  encore  une  variante  du  même  nome,  à  termi- 
naison suspensive,  se  chante  sur  le  psaume  des  Invitatoires  du 
IV^  mode. 


Dat?  aa    aaaa    GaGG 

Ve  -  ni-te    ex-snl-te-mus  Do  -mi -no, 

aFaat^a    aaaGaG 

prae-oc-cu-pe-vtus  fa-cî-em  e  -jus 


GGGa    aG    GFFaa    GaG 

jic  •  bi  -  le-nius  De-  o     sa-  lu- ta  -  ri     no  -  stro 


G    F  Fa  a  Ga  aG 

in  con-fes  -  si-  o  -  ne, 


FE  FG  Ga  G 

et       in     psal-mis 


ÏG    aG  a:;c    aG    Ga     aaGaG    FE  FG 

[ju  -  bi       -        le  -  mus       e  -         i. 


§  187.  En  conséquence  de  ce  qui  précède,  les  34  cantilènes 
antiphoniques  éolio-iastiennes  seront  transcrites  ici,  comme  les 
mélodies  du  protus,  au  diapason  grave,  par  b,  ce  qui  est  au 
surplus  l'usage  ordinaire  de  la  notation  liturgique. 


R 

.T. 

Thème  32,   Secus  decursus  (D  E  F  G  D  F  E),  variante  métabolique  du 

thème  7,  comprise  chez  Réginon  dans  la  première  division  du  IV^  mode. 

Antienne  psalmique  : 

b" 

p. 

' 

^ 

^                          ■      ■               ■ 

( 

P ■    ■     " ■    "    ■    ■ DEFGDFEDDI 

Se-  eus  de-cur-sus    a  -  qua-rum        plan  -  ta  -  vit    vi  -  ne  -  am    ju  -  sto-  rum  : 

25  (n) 

FGaaaGa           DEFGDFEE|| 

et      in      le-ge  Do-mi-ni            fu  -  it     vo-Iun-tas      e-o-rum.  Ps.  i. 

De  plur.  Mart.  in  I  nocf. 

Antiennes  de  la  2*  époque  : 

"DÊFGG'EGaFË     DD           FEDE     FGFGD     | 

Ap-pen  -  de-runt  mer-ce  -  dem      me-am,          tri  -  gin  -  ta     ar-gen-te    -   is, 

?• 

25  (n) 

FÊDEFGFGaGFEEll 

quos       ap-pre- ti  -  a  -  tus    sum      ab        e  -  is. 

Fer.  II  maj.  hebd.  ad  Laud,  Ttxte  actuel  -  quitus  au  lieu  de  quos.  La  mélodie  d'après  le  ms.  155  de  la  B.  R. 

de  E 

rux 

elles. 

338 


AEOLIA-IASTIA  (Deut.  plag.,  ive  mode). 


R.  T. 
p.  27  (n) 

p.  27  (n) 


Thème  32. 
"D    ËF    G    E     Ga    F     DFE"    E 

In  -  nu  -  e  -  bant    pa  -tri      e      -      jus  etc.,  p.  94,  119. 
Aur.  Reom.,  p.  48.  Le  début  est  noté  dans  la  Commemoratio,  p.  223;  la  première  note  (D)  est  tombée. 


"DE     F     Ga    G    G  "  GFD  EF    FF     E    F    G    G 

Ru-bum  quem  vi  -  de -rat      Mo       -         y -ses     in-com-bu-stum, 


p.  25  (n) 


aGF     GFED     FGaGF     GE 

De  -  i  ge-ni  -  trix,    in  -  ter-ce  -  de    pro    no -bis. 

De  Oct.  Nat.  Dni  ad  Laud, 


"D    EF    G    G     G    G"  E     FE    DC 

Am-bu  -  la-bunt   me-cum    in      al  -  bis, 


F    E    F     Ga    a     G    1 

quo-ni-am     di  -  gui  sunt  : 


Gl^caGaGa  DEFEDEFGEE 

et    non  de- le -bo     no-mi-na  e  -  0  -  rum      de      H  -  bro        vi-tae. 

De  SS.  Innoc.  in  Evaitg.  Ant.  Trev.,  p.  215.  Entièrement  notée  dans  la  Commemoratio^,  p.  226. 


Thème  33,  primitif,  Laudabo  (F  E  D  F  G  E),  variante  métabolique  du 
thème  8.  Ses  antiennes  remplissent  presqu'en  entier  la  classe  principale 
du  IV^  mode  dans  le  catalogue  de  Réginon. 

Antienne  de  la   i'^  époque  : 


(^)$: 


Lau-da  -  bo    De-iim  me-  um  in    vi  -  ta      me  -  a,  Ps.  145. 

(Sabb.  ad  Vesp.)  Notée  dans  l'Eiichiriadts,  p.  157. 

FËDEFGFDFFEj 

p.  25  San-  dis  qui     in     ter-ra    sunt       e  -  jus, 

CDFFFFËD     EFGFFËDCDfS?E|| 

mi  -  ri  -  fi  -  ca  -  vit    o  -  mnes  vo-lun  -  ta  •  tes     me  -  as       in  -  ter    il   -   los.  Ps.  15. 

De  plur,  Mart.  in  III  noct.  Cf.  Aur.  Reom.,  pp.  45,  51. 

FÊDFEDEFGFEFGGI  FÊFGE|| 

P' 25  Ha  -  bi  -  ta-bit     in      ta-ber-na-cu  -  lo      tu    -    0 san-cto     tu  -  0.   Ps.  14. 

Sabb.  Sancto  in  I  noct.  Cf.  Aur.  Reom.,  pp.  48,  51.  Jnton.,  p.  126  (F  FE  DE  F). 


ï  «  A  bimatu,  Ambulabtmt,  hae  quidem  antiphonae  simili  principio  ordiuntur,  sed  mox 
«  in  processu  discrepant,  et  una  secundi,  altéra  quarti  toni  melo  deputanda  apparet.  » 


AEOLIA-IASTIA  (Deux,  plag.,  ive  mode). 


339 


FDEF     GGFEFDFE     DD 

An-xi-  a-tus    est     in       me    spi  -  ri-tus    me-us,.. 

De  Parasc.  ad  Laiid.  Le  texte  de  Trêves  est  celui  du  Resp.  greg. 


Thème  ^Z' 
ËF    GF     E    E     II 

est       cor     me-um.  Ps.  142. 


"F  D  E    F    G  F  EFG"  D  EF  G  G  F    Ga  aG  G    |  FE  FG  E  E  || 

Ma-ri-a     et    flu-nii-na,  be-ne  -  di-ci-te    Do-mi-no, al  -  le  -  lu-ia. 

De  cant.  3  puer.  De  Epiph.  Dtii  ad  Laud. 

"F    D     F    FD"    ËFGFECDDI  DFEE|| 

0-mnes  gen-tes        quas  -  cum-que     fe  -  ci    -    sti, Do  -  mi  -  ne.    Ps.  85. 

De  eod.  off.  in  II  noct.  Mentionnée   par  Aurélien  de  Réomé,  p.  48,  avec  une  autre  antienne  du   même  office, 
Omnis  terra  adoret  te,  composée  sur  le  même  thème,  et  omise  par  Réginon. 


G    D    G    F  FE  DE  E    II 

in     ter-ra    vi-ven  -  ti  -  um.    Ps.  26. 


"F    G    E  FED  D"  E    F    Ga  G   G 

Cre-do    vi-de    -    ve      bo-na  Do  -  mi-ni 
Sahh.  sancto  in  II  noct, 

*"FFÊDD     ÊF"[GâG  DEF     GE     G    F]     EE|| 

Ma-gni   -  fi  -  cet     te  sem  -  per  a  -  ni  -  ma   me  -  a,     De  ■  us     me  -  us. 

De  hymne  S.  Mariae.  N'extste  plus  dans  l'office.  Les  notes  entre  crochets  sont  conjecturales. 

*  "  F    [fGED  d    ÔG  e  F  FG    GaFE]  D  "  E  F  D  C    EFG  G  GF  E  E 

In    De      -      0     sa  -  lu -ta- ri       me      -      o      ex-sul-ta-vit  spi    -    ri-tus     me-us. 

De  eod.  (Sabb.  ad  Vesp.)  Ant.  Trev.  p.  73. 


De  la  2^  époque 


*"FE     DFF     E     FGGF" 
Ju-sti    au  -  tem    in   per  - pe  •  tu  -  um 

De  plur.  Mart.  ad  Laud.  Cf.  Aur.  Réom.,  p.  48. 


a    G 

vi-vent. 


C    D     F    E    E 

mer-ces     e  -  o  -  rum. 


FFEFED  ED    D   E  Ga  aGFE 
/  -  te,      nun-ti  -  a  -  te 

Temp.  Resurr,  in  Evang.  Cf.  Inton,,  p.  128. 


F  Ga  a    G   a 

fra-tri-bus  me-is, 


GF  D   G  E    I 

al  -  le  -  lu-ia,  etc. 


•'["F    D    C     D    F     FE    D    E    Fa"]  G     FG    D 

Sur-re-xit      e  -  nim    sic   -  ut    di-xit       Do-  mi  -  nus, 

FFFaGGFDDGF    FED    D 

et    prae-ce  -  det    vos        in      Ga  -    li  -  lae    -    am, 


FE    FG    E    E 

al    -    le    -    lu  -  ia. 


a    GaG     EF    G     D    DG    F    F 

I  -  bi  e    -    um     vi-de    -    bi-tis, 


FE    D    E    F     G    GF    E    E 

al    -   le  -  lu  -  ia,     al  -  le  -   lu  -  ia, 


Ibid.  Ant.  Trev.,  p.  449;  le  début  ne  concorde  pas  avec  les  neuroes  de 
Réginon.  Cf.  Antiphonale  cisterciense,  Paris,  Léonard,  1690. 


Lai 


GaGFGaG    E    E 

le  -  lu  -  ia. 


R.  T. 

P-  25 

p.  25  (n) 
p.  25  (n) 

p.  25  (n) 
p.  25  (n) 

p.25(n) 


p.  27  (n) 


p.  25 


p.  25  (n) 


340 


AEOLIO-IASTIA  (Deux,  plag.,  ive  mode). 


T.  R. 
p.  25 


p.  25 


p.  27  (") 


p.  25  (n) 


p.  25  (n) 


P-25 


Thème  33. 

FFFFFË       DEF 

GF 

EF 

Tan  -  to     ton  -  po  -  re          vo  -  bis  -  cum 

e    - 

ram, 

F 

.et 

FED      EFGF      Ga 

G 

G 

mo  -  do     fla-gel  •  la-tum    du  -  ci 

tis 

ad 

Ga     a      G      F      GF    F 

do  -  cens  vos      in      tem  -  plo, 

Ga     a     G    F    GF    E    I 

non     me     te  -  nu  -  i    -   stis  : 

Ga    F    GF    E    E     II 

cru  -  ci  -  fi  -  gen-dum. 

Fer.  IV  hebd.  titaj.  in  Evang.  Ant.  Trev.,  p.  382.  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 

FFFËDËEDCDDÊE        E  Ga^  a    aGFGaGFDË    EE| 

I-sii    co  -  gno  -  vit   ju  -  sti-ti  -  am        et   vi  -  dit  mi-ra  -  bi   -   li   -   a        magna  : 

F    EFDCD     FDED  CDE        EGGaFaGGFDFË 

et    ex  -  0  -  ra  -  vit     Al  -  tis- si-mum,  et     in-ven-tus    est    in   nu-me  -  ro 

'fgf   e   e    II 


De  Conf.  in  Evang,  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Cf.  Process.  Cisterc,  Tournay,  Desclée, 
883,  p.  xij.  Ant.  Trev,,  p.  591. 


san  -  cto-rum. 


"FD      FE     DDC" 

Êc  -  ce    mer-ces   san- cto-rum 

De  plur.  Mart.  in  Evang. 


C    D    G    F     EF 

co  -  pi  -  o  -  sa     est 


G     GF     E    E 

a  -  pud       De-um 


etc. 


"FD    E     F     G    F"  EFG     D     EFGG     GF     GaaGGj 

Tri   -   a    sunt  mu-ne-ra  quae  ob  -  tu  -  le-runt   ma-gi      Do  -  mi  -  no, 

GFD       EFGE       FGaaGFGFFFDFEFGEE 

au-rum,  thus,  et  myrrham,    fi-Ii  -  o    De-i,    re-gi  magno,     al  -  le  -  lu-ia. 

De  Epiph.  Dîii  ad  Laiid. 


"F     D     F    EF 

Vox    de    eue  -  lo 


a    G     GE    FG    FE     D 

Pa-tris     au  -   di    -    ta        est  : 


G    FG    E"  F     Ga 

so  -  nu    -    it,  et     vox 

F     D     F    E    F     G    E  FED     F     GF    E    E 

Hic    est     fi  -  li  -  us    me-us i     -     psum  au   -   di  -  te. 

De  Oct.  Theoph.  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  Ant.  Trev.,  p.  245. 


F    FE     D    FE    FG      G    FGFE    E 

Ju-stum      de  -  du  -  xit       Do  -  mi     -     nus 


EDDC      D    DFD      E    E 


per 


VI  -  as 


re-ctas, 


G 

et 

G 

et 


Ga    a    G     GF    DC 

o  -  sten-dit      il    -    li 


Gac    a 

de    -    dit 


Ga    a 
il  -   li 


FE    FGF      EDE    E     | 

re  -  gnum       De     -      i  : 

D    E    F    Ga     FGF    E    E 

sci-en-ti-am       san    -    cto-rum 


C    DF    FE    FG     GF    DC 

ho- ne  -  sta  -  vit         il    -    lum 


FE     FGF    FE    DE    E     | 

in         la     -     bo    -   ri    -  bus, 


FE     DE    DD    C  G    GF    Ga     FGF    EDE    E     || 

et       com  -  pie  -   vit  la  -  bo   -   res       il      -      li      -      us. 

(De  Conf.  in  Evang.)  Antiph.  du  XIIlo  siècle.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'office. 


AEOLIA-IASTIA  (Deut.  plaq.,  ive  mode). 


341 


Thème  33. 


De  la  3''  époque  : 


"  F    DF  F   F    F    F   G  "  FF  FED 

Est  se  -  cre-tum,  Va-le  -  ri  -  a  -  ne. 


F     FE  D    FG  Ga     F    EGFE  E 

quod  ti  -   bi     vo  -  lo        di  -  ce      -       re 

aaaaaâcaa  GGFDGGFEE|| 

an-ge-lum  De  -  i      ha  -  be  -  o eu  -  sto  -  dit     cor-pus       me-um. 

De  S.  Caec.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


R.  T. 


p.  25  (n) 


"F    FD      F    FD  ' 

Men-tevi       san-ctam, 

C      DF    F    F 


EFGFE     FECD      DD 

spon  -  ta-  ne-um    ho  -  no-rem       De  -  o, 

F    D    G    GF    E    E     II 


p.  25  (n) 


et      pa  -   tri  -  ae  li  -  be  -  ra  -  ti    -    o  -  nem. 

(De  S.  Ag.  in  Evang.)  B.  R.  Brux.,  ms.  155.  Cf.  Inton.,  p.  128.  N'existe  plus  dans  l'office. 

"F     DC    DEF    D  CD     EFaG    G"     F    Ga    GF    E    E 

,  Nox  prae  -  ces     -     sif,  di  -  es       au      -      tem       ap  -  pro  -  pin  -  qua-bit, 

EGGaâca      aa  aa    aGF     G    GF    E    E     | 

ab  -  ji  -  ci    -    a  -  mus    er-go  o  -  pe-  ra  te  -  ne  -  bra-rum, 


p.  25  (n) 


E     G    Ga    ac    a 

et      in  -  du  -   a  -  mus 


a    GF     GFE    E 

ar-ma         lu     -     cis, 


EFG    G     GF      DÇ    C 

sic     -     ut       in  di    -    e 

(De  Adventu  in  III  Noct-j  B.  R.  Brux.,  ms.  155.  Cf.  Inton.,  p.  128.  N'existe  plus  dans  l'office 


CD    E    F     G    GF    E    E     II 

ho   -    ne  -  ste     am-bu   -   le-mus. 


*['F    D     F    FD"     E    F    G    E]      FE    D    E    FE     C    DE    E    | 

Pa  -  ter    san-cttis       dum  in  -  teii-tam       o    -    eu  -  lo  -  rum       a  -  ci    -    em 

FED     EFG     a     FG    F     GaG    E    E     H 

ab  an-ge-lis     in    cae  -  lum    de     -     fer- ri. 

(De  S.  Bened.  in  Evang.)  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'office. 

Les  cantilènes  suivantes  proviennent  de  diverses  variantes  du  thème 
nomique,  produites  par  l'addition  d'anacrouses  et  de  figures  mélisma- 
tiques.  Le  dessin  initial  s'est  généralement  déformé  plus  ou  moins. 

Antiennes  de  la  2^  époque  : 

*  ["  C  DFG     FED     DEFG"]GGF     GaG] 

Sic  ve  -  ni  -  et    quem-ad  -  mo-dum      vi  -  di  -  stis     e    -    um 

G    G    E     FG     F    FED      E    FG    E    E     I| 

e  -  un-tem     in        cae-lum,  al  -  le    -    lu  -  ia. 

De  Ascens.  Diii  in  Evang.  Ant.  Trev.  p.  490;  le  début  ne  concorde  pas  tout  à  fait  avec  les  neumes  de  Réginon. 

45 


p.  25  (n) 


p.  25  (n) 


342 


AEOLIA-IASTIA  (Tétr.  auth.,  vii=  mode). 


R.  T. 

p.  25  (n) 


p.  25  (n) 


Thème  33. 

{"  C  DFÊ  DEFD  D      GF  GF    EFGF  DF  CD  "]    E     F  G  F  G    EDFE  E 

j  Beth     -     le     -     hem,     non     es        mi      -     ni  -  ma  in    princi-pibus  Ju     -      da 


Gac    a     aGF    G    Ga     GFE  F     GF    E     EFG    F    E 

e    -    nim   ex      -      i  -  et       dux  qui     re   -   gat    po     -     pu-lum 

FGaGF    G    Ga    GFE  E     | 

me       -        um    Is  -  ra     -     el  :  etc. 


D     E 

ex      te 

(De  Vig   Nat.  Diii).  Ant.  Trev.,  p.  187;  l'ornementation  mélo- 
dique diffère  quelque  peu. 


*['CDFED  D    D    F]    CD  D"    E   F    G    Ga    G    D    DG    F    FE  DE  E 

j  Ma       -        ne    sur-gens  Ja-cob,       e-  ri  -  ge  -  bat     la-pi-dem      in    ti   -   tu  -  lum, 


p.  25  (n) 


p.  25  (n) 


Da  aG   âF  aG  a    GF    Ga  GF  EDD        C  D  EF  GF  DE  E  E  H 

ve  -  re       lo  -  eus     i  -  ste      san-ctus    est,  et    e  -  go      ne  -  sci  -  e-bam. 

De  Dedic.  eccl.  in  Evang.  Antiph.  du  Xllle  s.  Ant.  Trev.,  p.  652;  début  syllabique  (F  F  F  DFD  CD  D). 

*["DDË]  CDF  F'EFGFFËDËDClC    DFFËdÊ  EGa  GFE 
jQtiid         vo    -    bis      vi  -  de-tur   de    Chri-sto?       Cu-jus      fi    -    li    -    us       est? 


Dai?    a     a    GF     G    GaG     EFGa  GFE      | 

Di  -  cunt  e  -  i  o-mnes  :     Da     -     vid.  Etc. 

Dom.  XVIII  (XVII)  post  Peut,  in  Evang,   Les  antiphonaires   de  toute  époque  ont  pour   le  début  mélodique 
des  versions  assez  divergentes  (EFE  CDF  F,   ou  FF  CDF  F,    etc.). 


De  la  3^  époque 

*["FP    DEF]     e     ËD    CD"    DED    D          D 

San  -  ctnm         est     ve   -    mm         lu    -     men  et 


FE  FG  G  FGFE  E 

ad  -  mi  -  ra  -  bi      -      le, 


G    Ga    aG     at?    GFE         F     EFG     FE    DE    DD    C 

his     qui  per-man  -  se  -  runt 


mi-ni-strans      lu  -  cem 


C     D    FE    Ga      FGF    FE    DE    E 

cer    -    ta    -    mi  -  nis 


etc. 


m      a  -  go   -  ne 

(De  Omn.  SS.  ad  I  Yesp.)  Antiph.  du  Xllle  siècle.  Ant.  Trev.,  p.  972.  L'office  de  Toussaint  dont  fait  partie 
cette  antienne  n'est  pas  celui  du  Responsale  gregorianum  ;  notre  chant  est  probablement  postérieur  à  la  promul- 
gation définitive  de  la  fête,  sous  Grégoire  IV  (827-844). 


p.  29 


Deux  antiennes  hybrides  de  la  présente  catégorie  dérivent  isolément 
de  nomes  du  P""  mode. 

FaGGE      FGEFËDIFGaGFGE     FËDEFGGE|| 

In  pro-le  ma-ter,     in    par-tu   vir  -  go,  gaude     et  lae-ta-re,     vir-go  mater  Domi-ni. 

(De  Purif.  S.  Mariae).  Variante  du  th.  2,  Exsurge,  B.  R.  Brux  ,  ms.  6426,  Process.  mon.,  p.  279.  N'existe  plus 
dans  l'office 


AEOLIA-IASTIA  (Tétr.   auth.,  vii^  mode). 


343 


CDab  a   a     a     GF    G     ab    a    a" 

Si    -     mi-le     est      re  -  gnum  cae  •  lo-rnm 


aGE     FGFEDCDD 

ho-mi-ni     pa-tri-fa  -  mi-li    -    as 


CD     Dab  a    a     a    G     aG    F     EF  G   F  E     Ga  FE  D  CD  D 

qui       ex    -    i  -  it     pri-mo    ma  -  ne     con  -  du-ce-  re       o  -  pe  -  ra-  ri   -    is 


D     FD    E    F    LGFGa  GFEj    E     ll 

in       vi    -    ne-am     su  -  am. 

/«/.  hebd.  Septuag.  in  Evang.  Thème  4,  Cor  miindum.  Le  texte  a  été  prolongé  postérieurement.  Depuis  Guy 
(De  mod.  form.,  p.  83)  la  mélodie  est  d'un  bout  à  l'autre  en  1er  mode,  thème  5.  Nous  avons  là  un  exemple 
assez  rare  du  IVe  mode  s'égarant  en  1er,  tandis  que  la  transition  contraire  est  fréquente  (p.  201,  IV,  p.  214,  b). 
Aussi  n'est-il  pas  impossible  que  la  version  de  Réginon,  malgré  ses  mille  ans  d'existence,  soit  plus  jeune  que 
celle  des  antiphonaires  actuels. 

Une  dernière  antienne  chantée  en  IV^  mode  au  temps  de  Réginon  avait 
été,  à  une  époque  antérieure,  terminée  en  P""  (th.  i). 

Benedictus  Dominus  Deus  meus  (voir  p.  220). 


R.  T. 


P-35  (n) 


p.  25  (n) 


Il  nous  faut  encore  donner  place  à  trois  cantilènes  composées  sur  un 
thème  éolien,  mais  ayant  pour  son  final,  au  lieu  de  la  médiante  de  l'octave 
iastienne,  sa  fondamentale.  Deux  d'entre  elles  font  partie  de  l'antiphonaire 
actuel;  elles  se  trouvent  chez  Réginon  parmi  les  antiennes  du  tétrard 
authente  (VIP  mode). 


*ac!:fai:fcd.c     ded.        ode 
Ve-ni  -  te     be-ne-  di-cti    Pa-tris       me-  i, 


etc.,  pp.  94,  109. 


*  "  a    tf    c    d  "     ctf    a     c    t^    c     de    d     | 

Je-ni-sa-km,    gau-de  gau-di  -  o     ma-gno,    etc.,  p.  212. 

J'ai  trouvé  cette  antienne,  telle  qu'elle  est  rétablie  par  conjecture  à  la  page  indiquée,  dans  le  ms.  155  de  la 
Bibl.  R.  de  Bruxelles. 

Nous  avons  vu  (p.  119)  que,  par  suite  de  leur  modalité  initiale,  les 
antiennes  dont  nous  nous  occupons  ici  commandaient  à  l'origine  une 
psalmodie  du  P""  mode,  et  qu'elles  devaient  en  conséquence  s'abaisser  au 
diapason  habituel  du  protus.  Il  faut  donc  les  supposer  chantées  primi- 
tivement ainsi  : 


D    FE    D     E    F    G    F     Ga    G    FG    F 

Ve  -  ni    -te      be  -  ne  -  di  -  cti    Pa  -  tris   me   -   i, 

CEDCDED  E 

quod  vo-bis    pa  -  ra-tum   est,  ab 

Variantes  des  th.  8  et  33. 


F    G    F    E  F    D 

per  -  ci- pi  -  te  re-gnum 

FG    FD    E    D     C    C     II 

0    -    ri    -  gi  -  ne    mun-di. 


P-  35 


P.35(n) 


R.  T. 


344 


AEOLIA-IASTIA  (Tétr.  auth.,  vii^  mode). 


DEFG     FED     FEE     GaG 

Js  -  ru  -  sa-lem,  gati  -  de    gau-di  -  o      via  -  gno, 


ac    7C     ac    G    G 

qui  -a        ve  -  ni  -  et 
Variante  des  th.  7  et  32. 


a    G     F    FE    D 

ti  -bi     Sal  -  va  -  tor, 


E    D    C    C 

al  -  le  •  lu  -  ia. 


La  troisième  antienne,  aujourd'hui  disparue  de  l'office,  figure  chez 
Réginon,  accompagnée  de  l'annotation  «  finitur  VIII°  tono  »,  dans  la 
première  division  du  protus  authente.  Elle  avait  donc  (^comme  probable- 
ment les  deux  précédentes)  la  psalmodie  ordinaire  du  P""  mode.  Mais 
sa  mélodie,  que  nous  avons  rencontrée  seulement  dans  notre  antiphonaire 
du  XlIP  siècle,  paraît  avoir  été  bouleversée  au  milieu,  par  une  transpo- 
sition à  la  quinte  grave.  Nous  esquissons  ci-après,  au-dessous  de  la 
version  du  moyen  âge,  une  restitution  du  dessin  primitif. 


c     t^c       a  aG 

*F    ÊF  DDÇ 

Sal-ve  crux, 

G     E  G    G 


e     d     c      d     ctf       ad     ctl    G    a     G 
aGF     GFÊ     DGFËCD     D 


c      d 

F     G 

quae    in    cor-po  -  re    Chri-sti 


de  -  di  -  ca  -  ta 


es 


FE  F 

*G      E      G     G      Te  F 

et      ex    membris      e    -  jus 
Le  S.  Andr.  in  Evang. 


DG      GGGFa      ct^GG 

D     G      GGGFDFËCC 

tainquam  mar-ga  -  ri    -    tis    or  -  na  -  ta. 


I   Les  notes  en  caractères  couchés  sont  conjecturales. 


♦ 


CHAPITRE  IV. 


CANTILENES    DU    MODE    DORIEN. 

§  i88.  Sévère  jusqu'à  la  rudesse,  et  en  tout  l'opposé  du  majeur 
moderne,  l'harmonie  dorienne'fut  l'expression  musicale  de  l'idéal 
hellénique.  Aux  yeux  des  philosophes  du  IV^  siècle  avant  J.  C, 
ses  effets  étaient  d'une  nature  purement  morale  :  elle  traduisait 
les  accents  de  l'homme  vertueux  selon  la  conception  platoni- 
cienne, vaillant  dans  les  combats,  inébranlable  dans  l'adversité"^. 
Au  temps  des  Antonins  elle  avait  gardé  tout  son  prestige  et  restait 
prédominante  dans  la  pratique^  Il  en  fut  encore  ainsi,  ce  semble, 
longtemps  après  que  le  christianisme  eut  conquis  les  populations 
gréco-romaines,  dont  l'éducation  était  profondément  imprégnée 
des  souvenirs  de  l'antiquité  païenne.  Le  mode  dorien  passa 
dans  le  chant  de  l'Église'*,  mais  ses  accents  furent  pénétrés 
d'un  nouvel  esprit  et  reçurent  une  interprétation  conforme  à 
l'éthique  chrétienne;  pour  Cassiodore  le  dorien  inspire  l'héroïsme 

ï  Dans  la  progression  de  6  quintes,  génératrice  du  système  diatonique  (fa  —  ut  —  sol 
—  ré  —  la  —  mi  —  si),  la  fondamentale  du  majeur  moderne  est  le  2^  son  à  droite  (ut)  ;  la 
fondamentale  dorienne  est  le  2^  son  à  gatiche  (mi).  La  gamme  majeure  procède  par  deux 
tons  consécutifs,  un  demi-ton,  trois  tons  consécutifs  et  un  demi-ton  en  montant;  l'octave 
dorienne  procède  par  des  intervalles  identiques  en  descendant. 

2  Mîis.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  190  et  suiv. 

3  Des  neuf  morceaux  (ou  fragments)  de  musique  vocale  en  notation  grecque  qui  ont 
vu  le  jour  à  l'heure  actuelle  (octobre  1894),  six  appartiennent  au  mode  dorien. 

4  Le  Te  Deum,  le  plus  ancien  chant  liturgique  qui  nous  soit  connu  nominalement, 
est  composé  sur  une  mélodie  dorienne. 


346  DORIEN  TDeut.  auth.,  me  mode). 

ascétique,  la  résistance  victorieuse  aux  tentations  charnelles  : 
Dorms  pudicitiae  largitor  et  castitatis  ejfector  est. 

§  189.  Peu  à  peu  cependant,  au  milieu  des  bouleversements 
politiques,  sociaux  et  ethniques  qui  accompagnèrent  et  suivirent 
la  chute  de  la  civilisation  antique,  un  nouveau  sens  musical 
s'éveillait  au  sein  de  la  société  chrétienne  dégagée  des  liens  de  la 
tradition  classique.  La  mélopée  dorienne,  dénuée  de  tendresse, 
pleine  d'inflexions  âpres  et  dures,  fut  bientôt  reléguée  au  troisième 
plan  par  les  harmonies  plus  douces  :  l'iastienne,  l'éolienne.  Dans 
l'antiphonaire  de  l'office  elle  occupe  une  place  assez  restreinte, 
qui  ne  cesse  de  se  rétrécir  à  mesure  que  l'on  descend  le  cours 
des  âges.  A  partir  du  VHP  siècle  une  partie  de  ses  cantilènes 
dégénèrent  et  passent  à  d'autres  modes';  au  X^  siècle  sa  structure 
harmonique  se  modifie  par  le  déplacement  de  la  dominante 
(p.  190,  §  149);  et  depuis  lors  le  domaine  de  la  muse  dorienne 
ressemble  à  un  champ  plein  de  ruines.  Des  78  antiennes  classées 
ci-après,  six  ou  sept  à  peine  subsistent  encore  intactes  dans  les 
recueils  liturgiques  de  nos  jours  ^  Quant  à  l'art  des  Européens 
modernes,  il  n'a  gardé  aucune  trace  perceptible  de  l'harmonie 
préconisée  par  Platon \  Rien  ne  montre  d'une  manière  plus 
saisissante  la  révolution  que  le  christianisme  a  opérée  dans  les 
mœurs  et  les  sentiments  des  peuples  soumis  à  son  influence. 

§  190.  Relativement  à  la  contexture  musicale  des  chants 
doriens  adoptés  par  la  liturgie  de  l'Église  catholique,  il  nous 
reste  à  ajouter  peu  de  chose  à  ce  qui  a  déjà  été  dit  à  cet  égard 
(pp.  40-43>  87-88,  99,  129-130). 

Comme  notes  initiales,  la  mélopée  antiphonique  du  deuterus 


1  Les  thèmes  doriens  les  plus  usités  dans  le  chant  latin  (35  et  36)  ont  une  tendance 
marquée  vers  l'harmonie  iastienne.  Beaucoup  d'antiennes  du  thème  36  ont  adopté  la 
terminaison  et  la  psalmodie  du  Ville  mode. 

2  II  est  à  remarquer  que,  même  après  son  altération  harmonique,  ce  mode  n'a  pas 
cessé  d'impressionner  par  son  caractère  viril.  «  Per  deuterum  dignitates  vel  qualitates 
«  animorum  indicere  possumus  ».  Guy  d'Arezzo,  De  viod.  forin.,  p.  107.  «  Le  III^  mode 
«  est  propre  aux  textes  qui  marquent  beaucoup  d'action,  d'impétuosité,  des  désirs  véhé- 
'I  ments,  des  mouvements  de  colère,  d'ardeur...  Il  convient  aux  sujets  qui  annoncent 
«  l'orgueil,  la  hauteur,  la  cruauté,  les  paroles  dures  et  celles  qui  traitent  des  combats 
'I  spirituels  ou  corporels.  »  Poisson,  Traité  du  plain-chant,  pp.  247-248. 

3  Le  dorien  est  très  rare  dans  les  chansons  du  moyen  âge,  dans  le  choral  protestant. 


DORIEN  (Deux,  auth.,  ni*  mode).  347 

authente  (IIP  mode)  ne  connaissait,  antérieurement  au  X*  siècle, 
que  les  trois  sons  de  la  triade  modale'  :  E  (thèmes  34,  35,  38), 
G  (th.  36),  tî  (th.  37). 

§  igi.  Jusqu'à  l'époque  où  s'introduisit  à  Rome  la  doctrine 
de  VOctoechos,  il  existait  pour  la  psalmodie  deux  cantilènes 
doriennes,  exhibant  deux  états  différents  de  l'harmonie  modale. 

I.  L'une  d'elles,  issue  du  nome  36,  appartient  à  l'harmonie 
ordinaire  du  mode;  ses  tenues  et  son  arrêt  intermédiaire  (mediatio) 
avaient  lieu  sur  le  son  aigu  de  la  triade  dorienne  (tî).  Dès  la  fin 
du  VIP  siècle  cette  intonation  fut  rendue  commune  à  toutes  les 
antiennes  du  IIP  mode  latin.  La  Contmemoratio  pseudo-hucbal- 
dienne  nous  en  a  transmis  la  forme  normale  (p.  115),  antérieure 
au  déplacement  de  la  dominante  (p.  igo).  Cet  écrit,  tel  que  l'a 
publié  Gerbert,  ne  donne  que  deux  formules  terminatives  de  la 
doxologie^ 

a)  Conclusion  pleine,  sur  la  fondamentale  (E),  en  usage  pour 
les  cantiques  de  l'Évangile  commençant  par  E. 

Gatf      i;dctîc|5G^tîtftîtîtîc^      a      GË|| 
Glo-ri  -  a...  et  nunc  et  semper  et      in      sae-cn-la    sae-cu  -  lo  -  nim,    A   -  men. 

Antienne  :  Qui  de  terra  est,  th.  35.3 

Gatf        tîiî^^âGFÊil 
Variante  psalmodique  :   Glo-ri  -  a....  sae-cu  -  lo  -  rum,    A  -men. 

Antienne  :  Quando  natus  es,  th.  35. 

b)  Conclusion  incomplète  sur  la  médiante  de  la  triade 
modale  (G).  Elle  s'applique  aux  psaumes  en  général,  ainsi 
qu'aux  cantiques  associés  à  des  antiennes  dont  le  son  initial 
est  G  ou  if. 

1  Le  son  D,  appoggiature  inférieure  de  la  fondamentale,  commence  l'hj^mne  ambro- 
sienne  A  solis  ortus  cardine  (p.  70).  —  Au  Xle  siècle  Pseudo-Odon  (Guy  d'Arezzo) 
énumère  5  sons  initiaux  pour  le  111^  mode  :  E,  Quando  natus  es  ;  F,  Nunc  scia  ;  G,  Multa 
quidem;  a,  Qttis  Deus  magnus;  c,  Tertia  dies  est.  Gerb.,  Script.,  t.  I,  p.  260. 

2  Page  222.  Probablement  il  y  a  une  lacune  à  cet  endroit;  les  versets  psalmiques 
donnés  en  exemple  finissent  sur  a  ou  sur  t}.  —  Guy  {De  mod.  form.,  p.  91  et  suiv.) 
présente  aussi  ces  deux  notes  terminatives  (classes  2,  4,  i);  il  en  est  sans  doute  de  même 
pour  Réginon  qui,  outre  sa  classe  principale,  distingue  quatre  divisions.  Aurélien  de 
Réomé  ne  mentionne  que  deux  variétés  pour  le  Ille  mode  (p.  46). 

3  Commem.,  pp,  214,  222.  —  Première  variété  d'Aurélien  (Haec  est  generatio);  classe 
principale  de  Réginon.  Guy  n'a  parmi  ses  intonations  du  III^  mode  aucune  finissant  sur  E. 


348  DORIEN   (Deut.  auth.,  iii«  mode). 

Gatî  tîiîcâcc^âGII 

Glo-ri-a sae-cu  -  lo-riim,    A  -  men.^ 

Antienne  :  Tu  Bethlehem,  terra  Juda,  th.  36. 

Gatî     iîlîtîtfCdctîatîlt|tîarttî]cca!;5G|| 
Psalmodie  simple  :  Non  mim  qui  o-perantur  i-niqtiitatein     in  vi-is  ejus  ambula-verunt.^ 

II.  La  seconde  formule  psalmodique,  qui  dérive  du  thème  34, 
montre  l'harmonie  dorienne  sous  un  aspect  exceptionnel.  Les 
arrêts  et  le  demi-repos  de  la  mélodie  se  font,  non  plus  sur  la 
quinte,  mais  sur  la  quarte  (a),  en  sorte  que  le  son  final  (E)  perd 
son  caractère  de  fondamentale  pour  prendre  celui  de  dominante. 
Il  n'existe  pas  d'autre  nome  dorien  de  facture  analogue  dans 
le  chant  latin.  Au  moment  où  s'établit  le  système  modal  de 
l'Église,  cette  cantilène  psalmique  fut  séparée  de  sa  famille 
harmonique,  et  réunie,  malgré  l'absence  d'affinité,  aux  antiennes 
du  IV^  mode,  qui  alors  appartenaient  toutes  à  la  catégorie 
des  hybrides  débutant  en  éolien  et  se  terminant  en  iastien 
intense  (p.  336).  Plus  tard  elle  fut  étendue  aux  antiennes  de 
riastien  intense  pur,  que  l'on  transposa  à  la  quinte  grave.  Nous 
avons  raconté  (p.  205  et  suiv.)  quelles  furent  pour  le  thème  29  les 
conséquences  de  l'accouplement  des  deux  mélodies  hétérogènes. 

La  Commemoratio  exhibe  cinq  variantes  pour  la  cadence  de  la 
psalmodie  du  IV*  mode  ecclésiastique^ 

a)  Conclusion  pleine  sur  la  terminaison  modale  (E).  Une  note 
de  liaison  (C)  s'ajoute  au  bout,  lorsque  l'antienne  du  cantique 
commence  par  ce  son. 

E    G   a       sÎG   Gâ5  tîâSalâGGaaaaaaaÇâG    E(C)    || 
Glo-ri-a..  .  et     nunc       et  sem-per        et       in     sae-cu- la  sae-cu-lo-rum,  A  -  men.4 

Antienne  :  Omnes  autem  vos  fratres  estis,  p.  116. 

EGa  aGapGFE       || 

abis)  Variante  psalmodique  :  Glo-ri  -  a sae-cu-lo-rum,  A  -  men. 

1  Seconde  variété  d'Aurélien;  3«  et  5"  classes  de  Guy;  peut-être  les  troisième  et 
quatrième  divisions  de  Réginon. 

2  Commem.,  p.   217. 

3  Gerb.  Script.,  t.  I,  pp.  215,  223.  Aurélien  énumère  quatre  variétés  pour  le  deuterus 
plagal  (p.  48);  Réginon  distingue  une  classe  principale  et  trois  divisions.  Guy  a 
six  classes. 

4  le  variété  d'Aurélien;  classe  principale  de  Réginon;  i«  classe  de  Guy. 


DORIEN  (Deut.  auth.,  me  mode).  349 

E    F    G    F     G    F    E 

Antienne  :   Vt-  gi  -  la  -  te      a  -  ni  -  mo  fp.  331). 

E     Gaa     aGa     tfa      |      aGaaâGFÊ|| 

Psalmodie  simple  :  Tu    man-da-sti  man-da-ta     tu  -  a  cu-sto  -di-ri      ni  -  mis.^ 

b)  Cadence  imparfaite  sur  G,  son  initial  de  l'antienne. 

EGa  aGaaGGII 

Glo-ri  -a sae  -  eu  -  lo-runi,  A-iuen.^ 

G     F      G    F    E 

Antienne  :  Hy-mnum  di  -  ci-  te  (p.  331). 

c)  Cadence  ascendante  sur  a.  L'antienne  commence  (en  protus) 

par  F.  _  

EGa  a    G    a    t^a     G    Ga     11 

Glo-ri  -a sae-cu  -lo-rum,    A  -men.s 

Antienne  :  Laudabo  Deum  meum,  th.  33. 

d)  Cadence  régressive  sur  G.  L'antienne  commence  (en  protus) 

par  D.  

EGa  aGaaGF    EFG    || 

Glo-ri -a sae -eu -lo-rum,  A  -  menA 

Antienne  :  Innuebant  patri  ejus,  th.  32. 

§  192.  Les  antiennes  du  IIP  mode  latin  qui  ont  pu  être  iden- 
tifiées par  nous  dérivent  de  cinq  thèmes  nomiques,  dont  un,  à  la 
suite  du  déplacement  de  la  dominante,  a  disparu  de  la  mélopée 
liturgique,  absorbé  totalement  dans  le  protus. 

Thème  34,  primitif,  A  vivo  iniqiio  (E  G  a  t}  G  a  F  E).  Bien  que  les 
antiennes  suivantes  aient  manifestement  la  même  origine  que  la  psalmodie 
du  IV^  mode  ecclésiastique  et  le  chant  du  Te  Deum,  elles  n'en  sont  pas 
moins  rangées,  la  première  exceptée,  dans  le  IIP  mode. 

Antiennes  de  la  i^  époque  : 


lE^E 


A     vi  -  ro     i    -    ni  -  quo  li  -  be  -  ra  me,    Do-mi -ne.   (Cf.   p.  87). 

1  Comment.,  p.  217. 

2  Elle  correspond  à  la  4^  classe  de  Guy. 

3  Deuxième  variété  d'Aurélien  :  «  Finis  versiculi  in  altum  sustollitur  »  (p.  48). 

4  C'est  la  2«  classe  de  Guy,  la  le  division  de  Réginon,  la  3^  variété  d'Aurélien  : 
«  Quidam  ultimam  versus  syllabam  vinnulam  oppido  flexibilemque  autumant  fieri 
«  voce  m  »   (p.  48). 

46 


R.  T. 


350 


DORIEN  (Deut.  auth.,  me  mode). 


R.  T. 


p.  21 


p.  21 


p.  21 


p.23(n) 


p.  21  (n) 


Thème  34. 

*  [E]  G    a    âj     Çc    a    G     a    [a    a] 
O    -   inni-a     qtiae-cum-qice    vo-lu-it, 


GF    Ga    GF     E    E     || 

Do  -  mi  -  nus        fe-cit.  Ps.  134. 


(Fer.  F  ad  Vesp.l  Tous  les  livres  actuels  ont  Q  pour  note  initiale.  Néanmoins  il  est  à  présumer  que  cette 
antienne  et  la  suivante  commençaient  au  IXe  siècle  par  E,  comme  les  20  autres  que  Réginon  a  rangées  dans 
la  classe  principale  du  Ille  mode.  C'est  ce  qui  nous  a  décidé,  en  l'absence  de  toute  indication  neumatique,  à 
donner  ici  place  aux  deux  antiennes. 


*LE]G    a    a:î     î^c    a    G     Ga 
Do    -   mi -ne,    pro-ba-sti     me, 

(Fer.  71  ad  Vesp.) 


G     E    F    Ga    GF     E 

et      co-gno-vi  -  sti        me. 


Ps.  138. 


EG     Ga 

Haec      est 


G    at{    a    a 

ne-ra  -  ti  -  0 


a    c    tî    Ga     GEF    F    E     1 

quaeren-ti-um       Do    -     mi-num,  etc.,  p.  87. 


Cf.  Aur.  Reom.  p.  46  :  «  In  antiphonis  prima  differentia  vinnulara  gravemque  emittit  vocem,  ut  hic  :  Haec  est 
generatio  ».  Sauf  Pustet,  tous  mes  recueils  ont  le  thème  36. 


"E     G    a    i;    a" 
Dtim  covi-ple-ren-ttcr 


De  la  2^  époque  : 

cd    c5     a    t}    a    G    I 
di  -  es     Pen-te-cos-tes 


G    GF    E    E 

al  -  le    -    lu  -  ia. 


G    arfa     a      GF     E    FG    G     G    a    GF 

e-rant        o  -  mnes     pa  -  ri    -    ter     di-cen-tes  : 

De  Peut,  ad  Laud.  Trêves  (p.  496)  a  gardé  le  texte  du  Resp.  greg.  Quant  au  chant,  l'antiphonaire  de  Pustet  est 
le  seul  qui,  pour  le  début,  s'accorde  avec  les  neumes  de  Réginon.  Les  autres  livres  modernes  ont  le  thème  35. 


Thème  35,  Beatus  vir  (ED  Gat}acl:|GF  E),  issu  du  précédent  par 
une  inflexion  s'ajoutant  au  son  initial.  Ce  nome  est  compris  chez  Réginon 
dans  la  classe  principale  du  IIP  mode,  et  forme  surtout  des  antiennes 
développées ^  Sa  fausse  analogie  avec  le  thème  6  a  favorisé  la  dégénéres- 
cence de  quelques  unes  des  cantilènes  suivantes. 

Antiennes  psalmiques  : 


-■    ■ 


Be  -   a  -  tus     vir  qui' in     le  -  ge     Do-mi  -  ni    me-di  -  ta    -    tur 


vo-lun-tas    e-jus  per-ma-net 


di 


ac       no-cte; 


F  E  FG  G    G    G   GE  FGa  FE  D         FD  F    EF  G  GF  E  E   || 

et    o-mni  -  a  quaecumque     fa    -    ci  -  et         sem-per  pro-spe-ra-buntur.   Ps.  i. 

De  Conf.  in  I  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


'   La  mélodie  de  l'hymne  Pange  lingiia  en  est  sortie. 


DORIEN  (Deut.  auth.,  nie  mode) 


351 


Thème  35. 

*"E    E    ËD    G     a    Ga^    t?  "  5%    tf     a    G    â^c  Çâ    5^     I 

De-po-su    -    it     po-ten   -   tes,  san  -  ctos  per-se-quen    -     tes  :  etc.,  p.  137. 

Se  chante  en  1er  mode  depuis  le  moyen  ûge  (voir  p-  194^ 

*E   E  ËD  G    a  Ga^  tî     P  c^  aG    1   GaJ    a  GF   G  GaG    FE  DE  E    || 
De-po-sn   -    it    po-ten-  tes    de    se  -  de  :       et         ex-al  -  ta-vit  hu  -mi-  les. 

De  hymno  S.  Mariae  (Fer.  V  ad  Vesp.j.  Diurual  bénéd.  du  XVe  siècle. 


R.  T. 


p.  21  (n) 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


*ED    G    atî     tî    tî 

Sta  -  tu  -  it       il  -  H 


t|    c    d    c     ctf    ai;    aG    G     I 
te  -  sta-mentum  sem-pi  -  ter  -  num  : 


a     a    Gatf     aG    F 
et     de-dit  il    -    li 

De  Conf.  ad  Laud.  Ant.  Trev.,  p.  6i8. 


E    F    GF    Ga    GF     E    E     | 
sa-cer-do  -    ti  -  um       ma-gnum. 


p.  21 


*"ED    G    aij    tî     tî    ca    tj"    i^    a    G    F     G    a     GF    E    E     | 
Cou   -   si  -  li  -  um  fe-ce  -  mut     i  -  ni  -  mi  -  ci     me  -  i       di  -  cen  -  tes  : 

FGaGF     ED     F     Ga     GFEEEH 

Con-te- ra-mus       e  -  um    de     ter-ra     vi  -  ven-ti-um. 

Fer.  IV  maj.  hebd.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426;   mélodie  dénaturée  en  1er,  comme  Egredietur  (p.  194)  : 
l'altération  est  postérieure  au  Xe  siècle.  Cette  antienne  ne  fait  plus  partie  de  l'office. 


p.  23  (n) 


*ED     G    at|    t|c    iî     tî    i^atlct^aa 
E   -   gre -di  -  e  -  tur  vir-ga 

Du  1er  mode  depuis  Guy  (p.  194). 


F     G    a    GF     EF    E     I 

de     ra-di-ce        Jes  -se,      etc. 


p.  21 


*"E    ED     G     atî     i;"    c    tî    G    iî    c    a     GF     Ga    GFE    E     | 
Quan-do         na-tiis      es      in  -  ef- fa- bi- li  -  ter    ex         vir  -  gi     -     ne,     etc. 


De  Oct.  Nat.  Dni  ad  Laud. 


*"E     ED  G    atf     tî"           tîc  d    dtf  c    d    tfG  | 

.Qui    de  ter-ra  est,            de  ter-ra  lo-qui-tur,  etc.,  p.  115. 

*"E     ËD  Ga  G5tî"5c  dt^  c^aG  aG| 

Qtiis    ex  vo-bis  ho-  ma,     qui  ha-bet  cen-tum  o-ves,     etc. 


Bom.  III  post  Pent.  in  Evang. 


*EEDG^tî  tîddctîtîatîl 

Cum    au  -  dis -set    Joh         nun-ti-o-rum  ver  -  ba, 

t;|;atî     t^aFGa     GF     EE| 
su-sti-nu-it     pa-ti-en  -  ter,    et  a  -  it  : 


p.  19  (n) 


p.  19  (n) 


p.  21  (n) 


p.  21 


352 

DORIEN  (Deut. 

AUTH.,    me   MODE). 

R.  T. 

Thème  35. 

DE     G    Ga 

a    ajl    a    a 

G     a    â^â 

G    a    G 

Si          bo-na 

su-sce-  pi-mus 

de     ma-nu 

Do-mi  -  ni, 

G^    t;     ^ 

lî 

tî   ^    iî 

aG    a    ai^a 

Ga    a     1 

ma   -   la     au- 

tem         qua-re     non 

su  -  sti-ne    - 

a  -  mus? 

E     G    Ga 

a 

a     a     aG    atf 

5i  â5 

aG    a    â5 

G 

G     1 

In      o-mni-b 

us 

his  non  pec  -  ca  - 

vit      Job 

la  -   bi -  is 

su  ■ 

-is, 

p.  21  (n) 


p.  21  (n) 


p.  21 


Gaîî    tî      tî     tî      tf     a     tf 
ne  -  que  stultum     a  -  li-quid 


tî     a     FG    a 

con-tra    De  -  um 


GF    E    E 

lo  -  eu  -  tus 


E 

est. 


De  beato  Job  (Sabb.  prope  Kal.  Sept,  in  Evang.j.  Déjà   localement   dénaturée  au   IXe  siècle,   de   même   que 
ci-après  Cum  inducerent.  Depuis  Guy  les  deux  antiennes  ue  se  chantent  plus  qu'en  1er, 


••^"ED    G    ai;    tf 
Cae  -   ci  -  li  -  a 

De  s.  Caec.  ad  Laud. 


De  la  3^  époque  : 

c    tf    a     a    G"     â^c^    aG    G     | 
fa-mu-la    tu  -  a.      Do    -    mi  -  ne,  etc. 


*"E     ED  G   a*;  t}"    c    tf    a     Gt^    a 
Cum    in  -  du-ce-rent     pu-e-rum  Je  -  sum 


an   G   GF     EFGF  ED 


pa  -  ren-tes 


jus,  etc.,  p.  213. 


La  version  dégénérée  de  nos  antiphonaires  procède  d'un   chant  du  Ille  mode  où  la  dominante  avait  déjà  été 
haussée.  Pustet  fait  exception;  sa  mélodie  du  1er  mode  a  pour  base  un  deuterus  dont  D  est  la  corde  harmonique. 

Variante  du  thème  35  ;  début  légèrement  orné  (2*  époque)  : 


tfC    d     c     tî    G    at^a     I 
to  -  rum  in    de-li-cto  :  etc. 


EF     EF     DG     G    ai;    tf 
Haec      est      quae       ne-sci-vit  to  -  rum  in    ae-ii-cto  :  etc.,  p. 

Seul  parmi  les  modernes,  Pustet  a  laissée  intacte  la  dominante  primitive   du  HIe  mode;   tous  les  autres 
antiphonaires  chantent  G  ac  C  sur  le  mot  tiescivit. 


Thème  36,  primitif,  Cunctis  diehus  (GtjacfcjGaF  E),  répandu  chez 
Réginon  dans  les  diverses  classes  du  deuterus  authente.  La  psalmodie 
usuelle  du  mode  est  issue  de  ce  nome,  qui  comprend  la  plupart  des 
antiennes  du  III*.  Les  nombreuses  déviations  signalées  ci-après  provien- 
nent d'une  double  cause  et  ont  suivi  deux  directions  : 

à)  Fausse  analogie  avec  le  thème  i,  qui  lui-même  a  une  analogie  réelle 
avec  le  thème  40.  Certaines  antiennes  se  sont  dénaturées  en  P""  mode 
(pp.  193-194,  219),  et  la  plupart  d'entre  elles  ont  adopté  subséquemment 
la  terminaison  du  VI®  (pp.  202-204,  216-217). 

b)  Analogie  réelle  avec  le  thème  30  et  avec  d'autres  nomes  iastiens. 
Beaucoup  de  mélodies  du  IIP  mode  se  meuvent  presque  exclusivement 


DORIEN   (Deut.  autii.,  me  mode). 


353 


Thème  36. 
autour  de  leur  dominante  (t^),  et  ne  descendent  vers  la  fondamentale  que 
pour  arriver  à  leur  conclusion  définitive,  en  sorte  que  la  triade  iastienne 
(G  tj  d)  s'y  fait  entendre  d'un  bout  à  l'autre.  Cette  structure  mélodique 
a  souvent  eu  pour  conséquence  de  les  faire  aboutir  à  la  terminaison  du 
tétrard  (pp.  200,  II,  214,  II,  c). 


K.  T 


r'       m 


Antiennes  de  la  i^  époque 


J     ■' 


Cun-ctis  di  -  e  -  bus  vi  -  tae  no-strae 
De  cant.  Ezech.  (Fer,  III  ad  Latid.). 


sal-vos  nos  fac       Do-mi -ne." 


*GiîctîG     aaG 
Con  -fi  -te- bor       Do-mi  -  no 


t;    a     G     GF    D     E    E 

ni- mis    in       0    -     re      me  -  0. 


Cf.  pp.  88,  iio. 


(Sabb.  ad   Noct.)   Notée    dans    VEnchir.,    p.    157.    De    bonne    heure    la    mélodie    s'est    dénaturée   en    protus 
(pp.  193-194),  puis  égarée  en  tritus  (p.  20c,  I).  Elle  figure  eu  Ve  dans  les  recueils  actuels. 

=i=GGtîtîaGtîc     aGtîltîcaaGaG     GGFGFE|| 

O  -  ri-e-tiir  in  di-e-bns  Do-mi-ni      a-bundanti  -  a    pa-cis,    et    do-mi-na-bitur.  Ps.  71. 
Le  Nat.  Dni  ùi  II  noct. 

*"Gâ5tî     tji;         i:|c5âc"c5G     l     â^     aGE    FG    G 

Tol-li  -  te  por-tas      prin-ci-pes        ve-stras,      et        e-  le  -  va  -  mi  -  ni,  etc.,  Ps.  23. 

De  Ded.  eccl.  in  I  noct.  Anliph.  du  XlIIe  siècle. 


"  G     a    Gtî    tî        tî     t;d    c  "  c    a    t}c    tî     G    G 
Fac    be  -  ni  -^  gne        in    bo  -  na    vo-lun-ta  -  te      tu  -  a, 


etc.,  p.  192. 


"  G  at;    tf     tf      a    ac    tf  " 
Do-mi  -  ne,  vint   pa  -  ti  -  or, 


^d    et}    G     a     G 

re-spon-de    pro  me 


G    a     c    tî    a     aG     atj    aG     E    F    G    GF     E    E 

qui -a     ne-sci-o     quid      di  -  cam        i   -  ni-mi-cis       me  -  is. 

De  cant.  Ezech.  Fer.  III  inaj.  hebd.  ad  Laitd. 


De  la  2^  époque  : 


*GGa      tftî      a      ci;        G      aatfaGFEFGG] 

Fi  -  de  -  lis   ser-vns     et    prudens,  quem  con-sti  -  tu  -  it      Do   -  mi  -  nus  etc. 

De  Con/.  ad  Laud.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 

*GGatî       l^acl;  Ga       aa      ^aG| 

E  -  li  -  sa-beth    Za-cha-ri  -  ae  magnum    vi-rum    ge-nu-it,        etc. 

De  s.  Joh.  Bapt.  ad  Laud. 

'   De  plus  dans  le  psautier  :  Bonorum  tneorum,  ps,  15  Nonne  Deo,  p.  61. 


p.  21 


P-25  (n) 


p.  21  (n) 


p.  23  (n) 


P-  23 


P-  23 


354 


DORIEN  (Deut.  auth.,  me  mode). 


R.  T.         Thème  36. 

♦GGatftîaciî  aGaaaa      atfaGi 

p.  21  Hic    est    di-sci-pu-liis    il  -  le  qui     te  -  sti-mo-ni-um    per-hi-bu-it  :  etc. 

De  S.  Joh.  Evang.  ad  Laud.  Trêves  a  consacré  le  texte  du  Resp.  greg. 


*"G     G     a^t^a     ci;" 
p.  21  (n)      Hio    est     di-sci-pulus    me-us  : 
Ibid. 


G     aa     aijaGG        aFGEEE|| 

sic      e-um  vo-lo  ma-ne-re         do  -  nec  ve-ni-am. 


p.  21 


p.  23  (n) 


p.  23  (n) 


p.  17 


P-  15 


p.  23  (n) 


p.  23  (n) 


P-23 


^GGa     tîtî     actf 
Re  -  H-  quit    e-  um  ten-  ta-tor, 


G     G    atf    a    G     E    FG    G 

et     ac  -  ces  -  se-runt    an  -  ge   -    li, 

G     aGFGGF     EE|| 
et     mi- ni  -  stra-bant       e  -   i. 
Dom.  I  Quadr.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'office. 


"G    at;    tî      tî    iî    a"    c    tî 
Do  -  mi  -  nus    le  -  gi-fer      no-ster, 

Fer.  V  ante  Vig-  Nat.  Dni  ad  Laud. 


G    Ga    a      tf      a    G     [     i; 


iî    G 


Do-mi-nus   rex    no-ster,         i  -  pse     ve-ni-et 
a     GF    G    GF     E     II 


et     sal  -  va  -  bit 


nos. 


*"G    ai;    tî        c      t;     a    c    i;a"    F    G    a    GF     E    E     I 
Do-ini-ne,    qtiin-que    ta-len-ta         tra-di  -  di  -  sti        mi  -  hi  :     etc. 

Dénaturée  en  protus  au.  Xe  siècle  (pp.  193-194). 


*Gai;t;ac     t;a   aî:;a 
Do-mi-ne,  si  hic  fu-is-ses, 

Comme  l'antienne  suivante,  dénaturée  en  1er  longtemps  avant  Réginon  (p.  219) 


F  G  a     F    al;  GF    EFE  DE  E 

La-zarus  non  es  -  set     mor    -    tu  -  us 


etc. 


*G   at;   t;    i;    (c)    ai;GE 

Do-mi-ne,    si     [tu)     vis. 


G    a     F     GF    E    E     I 

po-tes    me  mun  -  da  -  re  :   etc.,  p.  219. 


*"G    ai;    tj    i;     ci;    ac     ci;    G"  Gat;     a    G     E    FG    G     I 
Tu  Beth-le-hem,  ter  -  ra     Ju  -  da,     non        e  -  ris     mi  -  ni  -  ma  :  etc. 

Fer.  III  ante  Vig.  Nai.  Dni  in  Evang.  Le  début  noté  dans  la  Commemoratio ;  voir  ci-dessus,  p.  191. 


*  "  G   atf     i;a  "  i;    ac     ci;    G 

E  -  go      swn    pa-stor      bo  -  nus, 
De  Pass.  Dni  ad  Vesp.  in  Evang. 


G     G    ai;    a    G      EFG    G     | 

qui    pa-sco    0  -  ves     me    -     as  :  etc. 


*G  ai;    \\    t;  t;   ci;   aG    at;ci;   at;  i;    |    c   ^    a    Gl;  i;    | 

Ne-tno      te    con-de-vma-vit,     mu     -     li  -  er  ?      Ne-mo     Do-mi-ne. 

5ë     dcja     GFGaGFEEll 

jam    am-pli  -  us     no  -  li       pec  -  ca  -  re. 

Dom.  IV  Quadr.  in  Evang.  Réginon  terminait  cette  antienne  en  Ville  mode  (p.  214,  II,  c).  De  nos  jours 
Trêves  et  Plantin  en  font  de  même;  Pustet,  Solesmes  et  Lambillotte  ont  le  Ille  d'un  bout  à  l'autre.  Le  même 
texte  existe  dans  le  Graduel  avec  une  mélodie  différente- 


DORIEN   (Deut.  auth.,  me  mode) 


355 


:=G    atî    tî     iî    tf     t{    a     c    tj      Ga 
Tol-li  -  te    ju-gtim  me-um    su-per  vos  ; 


GF     E     FG      G 


G     aGF    G     GF      E    E 


Thème  36.       R.  T. 


P-25 


qui-a  mi  -  tis       sum,  et      hu    -    mi  -  lis         cor-de. 

De  Apost.  in  Evang,  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  Cf.  Guy,  p.  91,  Inton.,  p.  125.  N'existe  plus  dans  l'office. 


ctfa    t;    c       d    t] 

1 

a    -    ni-mam  me-am 

a    G           G     Ga 

FË    D 

F 

FG 

E 

E 

e-am,           et       i    - 

te  -    rum 

su 

-  mo 

e  - 

am 

Ne-mo     tol-let   {a  me) 

tf     d    tf     c    a 
sed     e  -  go    po-no 

Fer.  m  maj.  hebd.  in  Evang.  Régiiion  :  Finitur  VIIlo  tono  (Cf.  p.  214,  c).  B.  R.  Brux.,  ms.  155  :  terminaison 
régulière.  De  même  Guy  et  Vlntonaiium.  L'antienne  n'existe  plus  dans  l'office. 

*"Gâ5    ^     q  aG     ââî    G"     | 
Ma  -  los  ma -le       per  -  det,       etc. 

•Voir  pp.  217-218,  où  l'on  trouvera  cette  cantilène  avec  ses  multiples  versions- altérées. 


P-23 


p.  21  (n) 


*G    atf   tf   t{   iî   t{    tf    cîj    ac    ctf    G     |     a^     a     GF    EFG    G  G    a    GF 

Si     0  - por-tu-e-rit  me  mo  -  ri      te  -  cum,      non    te     ne   -  ga    -     bo,  Do-mi-ne 

"G    GF  E    E     11 

De-us  me  -  us. 


De  Pass.  Dni  ad  Vesp.  in  Evang.  A  disparu   de  l'office.  Diurn.  bénéd.    du 
XVe  siècle. 


P-  23 


*GaiîtîtîactîGG  dcat|tfi;cdcaGG 

San-cti    tu  -  i     Do-mi-ne  flo-re-bunt  sic- ut       li-li-um,     al  -  le  -  lu  -  ia  : 

ddGa    t+tî5âG[GFGF]EE 
e-  runt     an-te  te,  al   -   le    -     lu-ia. 


GGG     ^   C     dcd 
et     sic-ut      o-dor  bal-sa-mi 


De  plur.  Mart.  in  Evang.  Réginon  indique  la  terminaison  du  Ville  mode  (p.  114,  II,  c),  généralement  adoptée 
depuis  lors. 


*GGatîi|tîtîiît[ciîatîaG 
Ec  -  ce    Do  -  mi-nus  noster  cum   vir-tu-te     ve-ni  -  et 
Fer.  II  post  Dom.  IV  Adv.  in  Evang. 


etc. 


*"G    Ga    a     i?    i;     ac    c    tî" 
Quae-ren  -tes     e-  ttm    te  -  ne  -  re, 

Fer.  VI  post  Dom.  II  Qtiadr.  in  Evang. 

*"G     Ga^    a     Gai^c^G    a^    tf" 

Cum  for  -  tis     ar       -        ma  -  tus 

Dom.  III  Qtiadr.  in  Evang. 


G    a    a    tf      a    G     I 
ti-mu-e-runt  tur-bam  etc. 


ijl^cdc^aG! 
cu-sto-dit     a-tri-um     su-um,  etc. 


*G  aQ    tfC  i;    tfcde  d  c;;     ca  r^a 
Pa-stor  bo-nus  a    -     ni-mam   su-am 


G   [FDFGa  F    G    FÊ]    E 

pro     o        -         vi-bus    su   -    is. 


G   G 

po-nit 

De  Pass.  Dni  ad  Vesp.  in  Evang.  Plus  tard  accrue  d'un  alléluia  à  la  fin,  l'antienne  a  été  transportée  à  la 
deuxième  semaine  après  Pâques.  Réginon  finit  la  mélodie  en  Ville  (p.  214,  II,  c).  Les  anliphonaires  modernes  ont 
repris  la  terminaison  primitive  en  Ilie  mode,  sauf  Plantin  qui  donne  une  mélodie  tout  autre,  du  IVe,  thème  33. 


P-  23 


p.  21 


p.  21  (n) 


p.  21  (n) 


P-  23 


356 


DORIEN  (Deux,  auth.,  nie  mode). 


R.  T.         Thème  36. 

*"G    G^    i;"    tî   ^   4    âô   G 


p.  21  (n)       Qui 


dit 


a  -  m-  mam    su 


a     î;a     t;c    tî     I 
in     hoc  mun-do, 


p.  23  (n) 


p.  21  (n) 


p.  23  (n) 


p.  21 


p.  23  (n) 


P-  23  (n) 


p.  23  (n) 


p.23(n) 


4c     d    ^     atf    aa    G     aGF    G     GF     E    E 
in       vi-tam    ae-ter-nam    eu    -    sto  -  dit         e-  am. 


De  uno  Mart.  in  Evang.  Réginon   indique  la  terminaison   du  Ville  mode  (p.  214,  II,  c),  que  je  trouve  dans 
mon  antiphonaire  du  XlIIe  siècle.  Les  livres  modernes  ont  la  terminaison  originaire. 

*"G     g5    a    Ga^     lî"Ec     dccj     acJaGGI 
Qui    se  -  qiii-tur        me,     non    am-bu-lat      in    te  -  ne  -  bris,  etc. 
De  uno  Mart.  ad  Laud. 


*"G     G     G;;    a"  Ga  t^a     t\c    tf 
Si     in      di  -  gi  -  to  De  -  i 

Dom.  III  Quadr.  in  Evang. 


t|c    d    C    et}     a    et}    aG    G     | 
e   -  ji  -  ci  -  o      dae-mo  -  ni   -   a,  etc. 


*"G    Gt;    a     G    actj     i;" 

Au -fer  -  te      is  -  ta       hinc, 
Fer.  II  post  Dom.  IV  Quadr.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 


tfc    d     c    cl;    aG 
di  -  cit     Do- mi  -  nus 


etc. 


*G     G    G^    a     Gatjc     t^a     GG 

Et     ac  -  ce  -  dens    ten-ta  -tor,  di-xit      e  -  i  : 


Gt;    d   C  et}     Qc  l;    tî         i^     t}     c    t;    a     a  GF    FaF  GF 
Si       fi-li-us     De-i    es,       die    ut     la-pi-des     i  -  sti       pa    -    nés 
Dom.  I  Quadr.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  217.  N'existe  plus  dans  l'office. 


E    E 

fi  -  ant. 


*"Gt;    tî    ae    tf    G    at}    a   G"    |      t|    a  e    |;G    a    aF    a    at}   G    GF   E  E  || 
In  -  ter   na-tos  mu -H  -  e-rum,         nonsurre-xit     ma-jor     Jo-an-ne    Ba  -  pti-sta. 

De  S.  Joh.  Bapt.  in  Evang.  Réginon  a  une  autre  mélodie,  du  IVe  mode,  sur  le  même  texte.  Si  les  deux 
chants  ont  une  commune  origine,  ce  qui  est  vraisemblable  malgré  la  différence  de  leur  dessin,  celui-ci  doit 
être  le  plus  ancien. 


=  "Gtî     i;    etî"    ae    et}    G     G    G    at}    a     G    E    FG    G 
Tu     pu  ■  er,     pro-phe-ta      Al-tis-si-mi     vo-ea-be   -   ris 

Ibid. 


etc. 


*"Gt}    tî     iî    tî    t}     et}     aG      aGE    E"    | 
Va  -  do    pa-ra-re     vo  -  bis        lo     -     cum, 

De  Ascens.  Dni  in  Evang,  N'existe  plus  dans  l'office.  Antiph. 
Cisterc,  p.  349.  Proc.  monast.,  p.  98. 


EF       Ga  et}     a      G    F    G 

et  i     -  te  -  rum  ve-ni-atn 

GF  KF  G    GF  DE    E     I 

ad  vos,  al  -  le    -  lu   -    ia,  etc. 


*"Gt}    t}     t}    i}    t{    t}    aG"     ae    e     t}    t}    1 
Fran-ge     e  -  su-ri-  en  -  ti  pa-nem    tu-um  : 

[GGGaGFEFDE     FG     a     GF]     E    E     || 

et       e  -  ge  -  nos    va-gos-que     in-duc     in         do-mum       tu-am. 

(Dom.  I  Quadr.  in  Evang.)  Au  temps  de  Réginon  cette  antienne  prenait  la  terminaison  du  tétrard,  comme 
celles  qui  sont  énumérées  pp.  214-215.  Aujourd'hui  on  la  trouve  dans  l'antiphonaire  de  Trêves  (p.  294)  terminée 
sur  la  tierce,  c'est-à-dire  passée  au  IVe  mode  (ih.  30),  et  transposée,  d'après  l'usage  moderne,  une  quinte  plus  bas. 


DORIEN  (Deux,  auth.,  ler  mode). 


357 


Thème  36. 


*GGG     t^caG     tjac     c     tfl 

Ad-hae-sit       a  -  ni-ma    me -a      post  te,    etc.,  p.  200. 

Se  termine  géuéralement  en  VIIIo  aujourd'hui.  Pustet  est  correct. 


R.  T. 


p.  21 


*"G     G    G^    a    Gati    t;ctf  "    tfc    d    e     d    c    ct|    at}     G    a    G     | 

Et     re-spi-ci-en    -     tes         vi  -  de-runt  re- vo-lu  -  tum     la  -  pi-dem  :  etc.,  p.  215.      p.  23  (n) 

Réginon  finit  en  Ville  mode.  De  nos  jours  Trêves  et  Plantin  fout  de  même,  les  autres  antiphonaires  ont  la 
terminaison  originaire. 

*"GG    tîcdcâ    i;â5"GG    |    GaGG    Ga^    i;    Çc    d    c    dedt;    tf    I 

E-go    ve-ri-ta-teiii    di-co     vo-bis  :      ex  -  pe-dit     vo  -  bis    ut      e-go    va  -   dam  :       p.  21  (n) 


tî     d    C      c      C     t^C 
si     e-nim  non  ab  -  i   - 


a    a  G     Ga     G    G    [G     Ga    F   F     F     EF 

e  -  ro,  Pa  -  ra  -   cli-tus   non    ve   -   ni -et    [ad    vos,] 


Dom.  III  post  Oct.  Paschae  in  Evang.  Réginon  et,  à  l'époque  moderne,   Pustet, 
Solesmes,  Trêves   et   Lambillotte   ont   la  terminaison   en   tétrard  et  la  psalmod 
du  Vile  mode.  Plantin  transcrit  la  version  altérée  un  ton  plus  bas,  en  Ve 


•'•  Tg 

le 

Lal- 


GF    E    E] 
le    -    lu  -  ia. 


*"G    at}    i;     ijac    tî     a    Gt;     tî  "  G    Ga    a     a   a    G     at}    tj    aG    G 

jHo-di  -  e     Chri-stus  na-tus     est  :  ho  -  di   -   e     Sal-va-tor     ap-pa-ru  -   it  : 


G    at{    tl     tî     tî    t]a     c    i;     a    Gt;    tî 
ho  -  di  -  e     in    ter-ra      canunt  an  -  ge  -  li, 


t{    Ija    C     tî    a    Gt|    tj 
lae-tan-tur   archan-ge  -  li 


iî    d    dedct;     tî    tjac    {;     a    Gt}     G    t|    at}    I 
ho-di-e  ex-sul-tant  ju-sti       di-cen-tes  : 

^GFEFGajGGFÊD  E    FGF    E    E     || 

Glo-ri    -     a       in      ex  -  ce!  -  sis     De   -    o,  al  -  le      -     lu  -  ia. 

DeNat.Dni  ad  F«/'.i«£fa«g'.  Au  Xe  siècle  dénaturée  en  1er  mode,  et  de  nos  jours  parfois  terminée  en  Vie  (p.  204). 


p.  21  (n) 


*"G   G  Gi;  a    G    ac  tjci:}"  I     t}c    d    c     et}     a     G    a    c    ctf   atja  G  G    1 
.Et    in-tra-vit  cum  il  •  lis  :  et     factum  est   dum  re-cum-be-ret  cum     il-lis,  etc. 

In/,  hebd.  Paschae  in  Evang. 


p.  23  (n) 


*"G    Ga    Gat}    t{     c    tîa    i|     aG    G"   | 
Glo  -ri  -  0    -    si  prin-ci  -  pes     ter  -  rae     etc. 

Dénaturée  en  1er  après  le  milieu  du  Xe  siècle,  ensuite  détournée  en  Vie  (p.  203). 


p.  21  (n) 


G    a     Gat;    ^      ^    c     aGF 


»tî    G     I 


jQui-dam  ho  -  ino      fe-cit     ce    -    nam      magnam,   etc. 
(Ho-  VIO    qui  -  dam) 


Dom.  II  posi  Pent.  in  Evang. 


*"G    a    Gat;c    t}     i^dci;    aG  a     ai;a    G    FG    G"  | 

,  A-scen-den    -    te    Je    -    su  in     na   ■    vi  -  eu  -  lam     etc. 

(Ab  -  e  -  un     -    te) 

Se  chantait  déjà  eu  Vie  vers  goo,  sans  que  la  version  primitive  fût  oubliée  (ci-dessus  p.  216). 


47 


p.  21 


p.  21  (n) 
P-33(n) 


358 


DORIEN  (Deut.  auth.,  iii^  mode). 


R.  T. 


p.  21  (n) 


p.  23(n) 


p.  23(n) 


p.  23  (n) 


p.  21 


P-  23 


Thème  36. 

*"GaGâ5tî"tîc5aâ5aG  t^acdc^l 

j  Mtil-ta    qui-  dem      et     a  -   li  ■  a        si-gna  fe-cit     Je  -  sus 

de     dc^a     aÇaGFGED     Gâ^i^pâGaÇi:]     | 
in      con-spe-ctu    di-sci  -  pu  -  lo  -  rum        su  -  0  -  rum,  al  -  le   -   lu  -  ia, 

dc^a^âGGFE  GâiîaGF[GâGFË]EI| 

quae     non  sunt       scri  -  pta  in         li-bro    hoc,      al    -    le  -  lu    -     ia. 

De  Oct.  Resurr.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  217.  Antiph.  Cisterc,  p.  334  :  tous  deux  en  Vie  mode.  Doublement 
altérée  dès  l'époque  de  Réginon  (Finitur  YI'  tono),  la  vraie  version  modale  est  encore  mentionnée  par  Guy 
(ci-dessus  p.  347,  note  i).  L'antienne  a  disparu  de  l'office. 

*"Gtîa    Gâ5    5ciî"t}c    dc^ïï5    aG|G    a    et?    Ga^G  a 
Co-gnovit   au-tem   pa-ter    qui-a     il-la  ho-ra     e-rat,     in  qua  di-xit    Je    -    sus  :  etc. 
Vom.  XXI  (XX)  post  Petit,  in  Evang. 

^"G     G     G^aâcl     tj"         pdc     c^a     aGaâ^l 
,  Si     qiiis    di  -   li  - git       me,  ser-monem  me-um    ser  -  va-bit, 

G     E    F     G    G     aGF    G     GF     E    E     | 

et     Pa-ter    me  -  us      di     -     li  -  get        e-  um,  etc. 

De  Pent.  in  Evang. 

De  la  3'^  époque  : 

«"GGatîàcci:{"         Gat^tfactîl 
He-ro-des    e-nim   te-nu-it 

De  Mart.  S.  Joh.  Bapt.  ad  Laud. 

-»-G    G    G    t|      a    c    1; 

Ac-  ci  -  pi-  eus    Si  -  me  -  on 

De  Purif.  S.  Mariae  ad  Laud. 

-*G   G     i;     1;     a   c   1; 

Ni-gra  sum,  sed  for-yno-sa. 

De  Assumpt.  S.  Mariae  in  Evang. 


et      li-ga-vit    Jo-annem,  etc. 


G    a    a      a     t]    a    G     I 
pu  -  e-rum   in    ma-ni-bus,  etc. 


G    a    a     a    tt    a    G     1 
fi  -  li-ae    Je-ru-sa-lem,  etc. 


p.  23  (n) 


p.  23(n) 


*"GGtî      i^t!      act}"  Gaat;      aG] 

Sal'Va   nos,  Chri-ste    sal-va-tor,  per    vir-tu-tem  cru-cis  :  etc. 

De  Exalt.  S.  Crue,  in  Evang. 

-*"G    G     t}     c     a    G    t}"         t}    a    tl     G    a    GF    EG     I 
Pul-chra   es    et     de  -  co  -  ra,  fi  -  li  -  a     Je  -  ru  -  sa  -  lem, 

DËGa^aGatlGaGFÊâFGFEEil 

ter   -    ri  -  bi  -  lis     ut     ca-strorum    a  -  ci    -    es        or  -  di  -   na  -  ta. 

De  Assumpt.  S.   Mariae  ad  Laud.  Dénaturée  au   moyen  âge  en  lor  mode  (Cf.  Infon.,  p.  122),  comme  Domine 
quinque  tUlenia. 


DORIEN   (Deut.  auth.,  iii«  modb). 


359 


«"G    G    Gai;    atjc    \\"  a    a    G    a^    t; 
Si-me-on        ju  -  stus   et     ti-mo-ra-tus 


Thème  36.       R.  T. 

GGpa     aFGaG 

ex-spe-cta- bat  re-dem-pti  -  o-nem        p.  21  (n) 


De  Purif.  S.  Mhriae  ad  Lautl.  Plantin  a  la  version  dénaturée  en  1er. 


G    FE   E     I 

Is-  ra  -  el  :  etc. 


Thème  37,  Vivo  ^^0  (t}  G  i;  c  a  F  E),  compris  chez  Réginon  dans  la 
troisième  division  du  IIP  mode  et  devenu  presque  méconnaissable  à  la 
suite  du  déplacement  de  la  dominante  modale.  Les  antiennes  se  rattachant 
à  ce  schéma  nomique  (nous  n'en  avons  découvert  que  quatre)  commencent 
aujourd'hui  par  c  (p.  191),  ce  qui  les  fait  incliner  facilement  vers  le 
thème  18  (du  VHP  mode). 

Antiennes  de  la  2*  époque  : 


-■    ■: 


Vi  -  vo     e    -    go,   di-cit  Do  •  mi  -  nus,         no-lo  mortem  pec  -  ca- to  -  ris, 

D     E     Gâ5    aaGFËFG  GFEE|| 

sed    ut      ma  -  gis  con-ver  -  ta  -  tur,  et         vi-vat. 

In  Lit.  maj.  (mine  in  fer.  off.  ad  Prim.temp.  Quadr.j  Dès  ses  premiers  sons,  la  cantilène  s'est  déformée  de  la 
manière  la  plus  diverse  ; 

Mon.  (p.  125) C     aca    Ga|;jc     c  =  t{     ajîa  Gatjc  tf 

Pustet C     a        Gatjc    c  =  t}    a  Gat[c  t} 

Plantin  et  Solesmes  (th.  36)  .    G     a        Gac       c  =  G    a  GaH  jî 

Trêves  (p.  106) ce        ac  c  =  nfa  ah  fa 

Pour  la  suite  du  chant,  la  version  de  Trêves  m'a  paru  la  plus  correcte. 


*"[tîG]    at;     a    i^c    tt" 
Hoc    jam     ter  -ti  -  o 


aGaaaijaGi 
ma-ni  -  fes-ta-tus  est  Je- sus  : 


tîc    tî      tf    a    ciî    G  G     a    G    GF     G    GF    E    E     II 

postquam  re-sur-  re  -  xit  a     mor-tu  -  is,        al  -  le   -    lu  -  ia. 

Fer.  17  post  Pascha  ad  Yesp.  in  Evang.  (Ordo  Rom.  I.)  B.  R.  Brux.,  mss.  217  et  6426.  Le  début  des  deux 
recueils  (G  afa  a  fac  fa,  Gafa  fa  a  c  m  ne  concorde  pas  avec  la  clivis  de  Réginon  sur  la  première  syllabe. 
Le  signe  neumatique  pourrait  aussi  se  lire  aG;  en  ce  cas  nous  aurions  une  variante  exceptionnelle  du 
thème  36.  L'antiphonaire  de  Trêves  (p.  432)  a  cette  antienne  détournée  en  tétrard,  en  Vlle  mode. 

*["i|  tîct|G"iîdcd^iîl 

Se-men  ce -ci-dit      in    ter-ram  bo-nam  ; 


a 

et 


tî    C    tî     G    a     FG 
at  -  tu-lit    fructum  in 


a    GF    E    E    E]    Il 
pa-  ti    -    en  -  ti  -  a. 

Dom.  Sexag.  in  Evang.  La  pnemière  phrase  du  texte  appartient  à  deux  antiences  du  même  office,  chantées 
l'une  à  Prime,  l'autre  à  Sexte.  La  mélodie  que  nous  venons  de  rétablir  dans  sa  primitive  forme  modale,  a  subi 
au  cours  des  âges  trois  transformations. 


p.  23  (n) 


p.  23  (n) 


P-  23  (n) 


36o 


DORIEN  (Deut.  auth.,  me  mode). 


Thème  37. 

a)  Déjà  à  la  fin  du  IXe  siècle  elle  avait  perdu  sa  conclusion  dorienne.  Réginon,  il  est  vrai,  inscrit  notre 
antienne  en  Ille  mode  {3e  classe),  mais  avec  la  mention  :  finitur  VIII»  tono.  Il  avait  donc  en  vue,  à  cet  endroit, 
une  cantilène  conçue  à  peu  près  ainsi  : 

*!:}  tî    c  i}  G    t|    d  c    d^   t;    I 

Se-men    ce-  ci  -  dit      in      ter-ram     bo  -  nam  : 

Gaci:}cGact|GGG|j 

et      at  ■  tu  ■  lit    fru-ctum    in      pa  -  ti  -  en  -  ti  -  a. 

b)  Il  enregistre  l'antienne  Semen  cecidit  une  seconde  fois  :  dans  la  2e  division  du  Ville  mode,  affectée  aux 
chants  commençant  par  c.  Nous  reconnaissons  ici  la  cantilène  unique  de  la  plupart  des  antipbonaires  modernes. 


c      c       c      h      G 
Se-men    ce  -  ci  -  dit 


d     c       d     c      I 
ter-ram    bo-nam  : 


G 

et 


ach      cG      a      ctjGGG 
at  -  tu  -  lit    fru-ctum  in     pa  -  ti  -  en  -  ti  -  a. 


c)  L'antiphonaire  de   Pustet   n'exhibe    la  version   en   Ville   qu'à   Sexte.   A    Prime    il   produit   une    variante 
terminée  en  protus,  et  conséquemment  transposée  au  grave  (comme  Assumpsit,  p.  201). 

(ce  chcb  de  dc| 
FFFECEGFGFj 
Se-men    ce  -  ci-  dit     in      ter-ram     bo-nam  : 


a      h      c      t^       c      a       fac 

D      E     F     E      F     D      ËF 
et       at  -  tu-  lit     fru-ctum     in 


d      cJ3      a      a      a)     || 

G     FË     D     D     D      II 
pa  -  ti    -    en  -  ti  -  a. 


Antienne  de  la  3^  époque 

*i;   iî   lî    %5    G         iî    c   {; 

Do-mi-ne     mi         rex,         da   mi-hi  etc.  p.  191. 

Lambillotte  a  la  terminaison  du  Ville;  sa  mélodie  est  passée  au  thème  i8. 


Thème  38,  Alliga  (E  t}  c  t}  G  a  F  E),  compris  chez  Réginon  dans  la 
troisième  division  du  IIP  mode.  Depuis  des  siècles  ce  nome  dorien,  dont 
le  premier  mouvement  mélodique  rappelle  l'Hymne  à  la  Muse  (p.  42), 
a  disparu  de  l'église.  Les  antiennes  qui  en  dérivent  se  sont  dénaturées, 
et  aujourd'hui  elles  se  trouvent  entièrement  fondues  dans  le  I"  mode 
(P-  195)- 

Antiennes  psalmiques  : 


-^-■- 


^s 


^ 


p.  23  (n)  Al-li-ga,    Do-mi-ne,  in   vin- eu  -  lis        na-ti  -  o-nes  gen-ti  -  um,  etc., p.  195. 

Outre  la  dégénérescence  modale,  les  antipbonaires  actuels  montrent  souvent  une  déformation  du  dessin  mélo- 
dique. Plantin,  Solesmes  et  Trêves  écrivent  comme  son  initial  la  médiante  du  protus  (F)  au  lieu  de  la  fonda- 
mentale (D). 


DORIEN  (Deut.  auth.,  me  mode) 


361 


Thème  38. 


*"Et;c    i;    tî"      a    t|    G     a    at|    tî     I 
Prac  •  di-cans     praeceptum  Do-mi -ni  : 


tî 


a    Ga    G     G     G     EF    ED     Fa    GF     E    E     ll 

con-sti  -  tu  -  tus     es      in     mon  -  te         san  -  cto        e-jus.  Ps.  2. 

De  uno  Mart.  in  I  noct.  L'altération  est  déjà  signalée  par-Réginon  :  Finitur  1'  iono  (ci-dessus,  p.  214).  Notre 
dessin  mélodique,  emprunté  à  un  antiphonaire  du  XIIIo  siècle  (B,  R.  Brux.,  ms.  6426),  rend  parfaitement  compte 
de  la  manière  dont  la  dégénérescence  s'est  produite. 


Antiennes  de  la  2^  époque 


*Etj    i;     c     tî    a      i;    a  a     Gat|    GF     E    E     | 

Va- dam  ad   pa-trem  me-um  et      di   -    cam       e  -  i  :  etc.,  p.  214. 

La  version  primitive  se  chantait  encore  au  temps  de  Réginon,  à  côté  de  la  version  altérée  ,7°  tono  potest  esse). 


*"E    E     Etîc"  i;     G     a    a    tî      a    G 
//  -  h     ho   -  VIO   qui    di-ci-tur    Je-sus 


a 

et 


H  tt   « 

G 

a 

GF    E 

lu-tum  fe  - 

cit 

ex 

spu  -  to, 

G     GF    D 

F 

E 

E     II 

et      mo  -  do 

vi  - 

de- 

0. 

a    a^    a     G    G    G     Ga    G 

li  -  ni  -  vit      o-cu-los     me  -  os, 

Fer.  IV  post  Dom.  IV  in  Evatig.  Le  texte  du  Resp.  greg.  est  plus  long  à  la  fin.  Les  deux  formes  modales 
coexistaient  également  au  IXe  siècle.  Je  trouve  encore  au  XIII»  siècle  (B.  R.  Brux.,  ms.  155)  la  mélodie  eU 
Ille  mode,  assez  déformée,  il  est  vrai,  au  début. 


R.  T. 


p.  23  (n) 


P-23 


p.  23  (n) 
p.  17  (n) 


L'antienne  suivante,  retranchée  de  l'ofBce  romain  au  XVP  siècle,  ne 
se  rapporte  à  aucune  des  formes  thématiques  qui  précèdent.  C'est  une 
mélodie  librement  inventée,  du  moins  quant  à  sa  phrase  initiale. 


*EG    F  G    a    GF    E 

Qua  -  re  de -ira -xi  -  stis 

ËD      G    a    Çc    i; 

ad  in  -  crepan-dum 


E    D    E    FG 

ser-mo  -  ni  -bus 


a    GF    E    E 

ve  -  ri    -    ta-tis. 


t{    ai^a     GF    EF    E    D 
ver-ba        com  -  po   -   ni  -  tis, 


D     E    Ga    G    G     G    at;    GF    E  EGatî    GF    GaG     E    E     | 


et     sub-ver  -  te  -  re      ni  -  ti  -  mi 


ve-strum. 


G    atî    iî    tjatî     Ga     t^    GF    E  Ga^a    GF     GaGF  F    E    E     |1 
ve-rum-ta-men    quae      co  -  gi    -    ta       -       stis       ex        -        pie  -  te. 

De  beato  Job  (Sabb.  ante  Dom.  II  Septemb.  ad  Evang.).  B.  R.  Brux.,  ms.  6436.  Antiph.  Cisterc.  p.  481;  mélodie 
dénaturée  en  1er  mode.  Réginon  connaît  déjà  la  forme  doublement  altérée  :  il  annote  en  marge  :  finitur  7/'  tono. 
Néanmoins  Guy  et  Vlntonariiim  ne  mentionnent  que  le  Ille. 


p.  21 


CHAPITRE  V. 


CANTILENES    HYPOLYDIENNES. 

§  193.  Selon  d'antiques  traditions,  les  mélodies  de  la  famille 
lydienne  auraient  été  importées  d'Asie  en  Grèce  par  Olympe,  le 
créateur  mythique  du  solo  d'instrument  à  vent'.  L'ancien  chant 
orchestique  des  Hellènes  se  les  appropria  et  leur  fit  une  assez 
large  place;  Alcman,  le  vieux  maître  de  Sparte,  lui-même  origi- 
naire de  la  Lydie,  les  adapta  à  ses  gra.cieuses  parthénies^  (chœurs 
de  jeunes  filles),  et  dans  la  suite  Pindare  s'en  servit  pour  des 
cantilènes  chorales  d'une  facture  rythmique  peu  compliquée^ 

Après  les  guerres  médiques,  tombée  en  discrédit  chez  les 
Athéniens,  comme  tout  ce  qui  rappelait  les  pays  d'Orient,  la 
musique  des  Lydiens  fut  tenue  jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité  pour 
une  des  formes  inférieures  de  l'art^  Elle  occupe  la  dernière  place 
dans  la  citharodie  alexandrino-romaine^,  et  l'hymnodie  chré- 
tienne de  saint  Ambroise,  dont  la  pratique  musicale  procède  de 
là,    s'est   totalement   abstenue    de    la    modalité   lydienne  ^    Par 

1  Plut.  De  mus.,  c.  15. 

2  Mus.  de  Vaut.,  T.  II,  pp.  386-387. 

3  Ihid.,  p.  468. 

4  Aristote,  Polit.  VIII,  6.  —  Héraclide,  disciple  de  Platon,  va  jusqu'à  refuser  aux 
modes  lydien  et  phrygien  la  qualification  d'harmonies.  Athénée,  XIV,  624,  c.  —  Seul, 
Aristote  élève  la  voix  en  faveur  de  l'harmonie  lydienne,  mieux  que  toutes  les  autres 
propre,  selon  lui,  à  diriger  le  sentiment  de  l'éphèbe  vers  le  convenable,  le  décent. 
Polit.,  VIII,  7. 

5  Voir  ci-dessus,  p.  36. 

fi  Les  recueils  modernes  ont  quelques  hymnes  syllabiques  terminées  en  VI^;  mais 
ce  sont  des  mélodies  éoliennes  (I^r  ou  11°  mode)  dévoyées. 


HYPOLYDIEN.  363 

contre,  le  chant  antiphonique  de  Rome,  dès  sa  période  la  plus 
reculée,  adopta  —  très  accessoirement,  il  est  vrai,  —  le  mode 
hypolydien  sous  sa  triple  forme  (p.  94,  §  69). 

§  194.  Dans  leur  contexture  harmonique,  les  trois  sortes  de 
cantilènes  trahissent  une  commune  origine.  Leur  particularité  la 
plus  saillante  est  la  prédominance  continuelle  de  l'accord  modal 
(F  a  c),  révélée  par  les  arrêts  et  repos  de  la  mélodie. 

Au  IX^  siècle  les  trois  groupes  avaient  à  peu  près  la  même 
importance  numérique;  mais  cette  égalité  ne  s'est  pas  maintenue. 
Tandis  que  la  variété  finissant  sur  la  médiante  est  demeurée 
depuis  lors  stérile,  les  deux  formes  terminées  sur  le  son 
fondamental  n'ont  pas  cessé  d'être  fécondes.  Modifiées  par  le 
bémol  permanent,  non-seulement  elles  ont  fourni  la  plupart 
des  chants  dont  s'est  enrichi  le  rituel  catholique  pendant  le 
moyen  âge;  leur  influence  sur  l'éclosion  de  la  musique  profane 
en  Occident  a  été  décisive.  Dès  le  siècle  de  saint  Louis,  les 
V^  et  VPtons  ecclésiastiques  ont  donné  naissance  à  des  mélodies 
rythmées,  dansantes,  qui  ont  tout  le  caractère  du  majeur  euro- 
péen :  les  ariettes  d'Adam  de  la  Halle,  particulièrement  celles 
du  Jeu  de  Robin  et  Marion,  sont  les  prémices  de  notre  art  actuel. 
Dans  l'antiphonaire  c'est  la  forme  plagale,  le  VP  mode,  qui  s'est 
montrée  la  plus  susceptible  d'amplification  mélodique;  c'est  à 
elle  que  revient  ici  la  priorité. 

Section  L  —  Chants  de  Vhypolydien  relâché. 

§  195.  La  République  de  Platon  exclut  de  son  programme 
d'éducation  guerrière  et  civique  les  mélodies  de  cette  sorte, 
comme  amollissantes  et  bonnes  seulement  pour  les  festins'.  La 
Politique  d'Aristote  les  assigne  aux  hommes  affaiblis  par  l'âge ^. 
L'opinion  des  deux  grands  philosophes  n'est  pas  en  opposition 
avec  les    allures   que    revêt   la  mélopée   ecclésiastique  de   cette 

'  «  Rien  n'est  plus  indigne  des  guerriers  que  l'ivresse,  la  mollesse  et  l'indolence.  — 
«  Sans  contredit.  —  Quelles  sont  donc  les  harmonies  molles  et  usitées  dans  les  festins? 
«  —  L'ionienne  et  la  lydienne  dites  relâchées.  —  Peuvent-elles  être  de  quelque  usage  à 
«  des  gens  de  guerre?  —  D'aucun  usage...  »  Livre  III,  pp.  398-399. 

2  Voir  ci-dessus,  p.  14,  note  i. 


R.  T. 


364  HYPOLYDIEN  RELÂCHÉ  (Trit.  plag.,  vie  mode). 

variété  modale.  En  effet  le  tritus  plagal  se  distingue  par  le 
naturel  et  la  placidité  de  sa  mélopée.  Mais  le  sentiment  chrétien 
a  su  ennoblir  ses  accents,  et  leur  infuser  un  caractère  imiposant 
d'onction  et  de  recueillement,  surtout  dans  les  cantilènes  déve- 
loppées'. 

§  196.  Les  antiennes  du  VP  mode  ont  pour  unique  son  initial 
la  fondamentale,  F  (par  exception  précédée  de  son  appoggiature 
inférieure,  E).  De  même  leur  psalmodie  ne  connaît  point  d'autre 
son  terminatif  que  cette  fondamentale  harmonique.  Seules  les 
inflexions  intérieures  de  la  mélodie  du  psaume  varient  dans  les 
formules  notées  de  la  Commemoratio. 

Intonation  des  cantiques  : 

FGa      a     âF     a      âGalGGaaaaaaGGaGFH 
Glo-ri  -  a...   et  ntinc    et      sein-per  :      et     in      sae-cn-la    sae-cu  -lo-ruin,     a-men. 


Antienne  :  0  quant  mettiendus  est  (ci-dessus  p.  117). 


Intonation  des  psaumes  : 


F     G     aaa     ab     aaGF 

Tu}tc  non  con-fundar,  dum  per-spi-ci  -  0 


Gaaa     GFG    GFFJl 

in    o-mni-a    man-da -ta     tu    -   a,  Ps.  ni 


Formule  spéciale  pour  les  antiennes  du  thème  39  : 

FaâFa    aaa    aaa    GaG    |    FF    FFFFF    aF    GFF|| 

Can-ta  -  te  Domino  canticum  no-vum:   qui-a    ini-ra-bi-li-  a    fe-cit    Domimis.  Ps.  97.2 

§   197.   Les  23  antiennes  du   VP  mode    que   nous  a  fournies 
le  catalogue  de  Réginon  ont  pour  origine  trois  types  nomiques. 


Thème  39,  primitif,  Notuni  fecit  (F  E  G  a  F  D  C  G  F),  mélodie  fixe 
d'allure  joyeuse,  primitivement  un  chant  responsorial,  c'est-à-dire  mêlé  de 
refrains  en  choeur.  En  tant  que  thème  d'antienne,  il  ne  se  rencontre  que 
dans  la  dernière  veille  de  l'office  nocturne,  à  quelques  grandes  fêtes.  Ces 
jours-là  le  peuple  assistait  à  la  synaxe  célébrée  à  l'aube,  immédiatement 
avant  les  Laudes 3,  et  participait  au  chant  par  ses  alléluias.  Les  antiennes 


1  D'Ortigue,  Dictionnaire  de  plain-chant,  à  l'art.  Mode.  —  «  Le  VI^  mode  joint  la  gran- 
«  deur  et  la  gravité  à  la  joie....  Ses  cordes  se  succèdent  en  général  par  degrés  presque 
«  conjoints  et  non  par  sauts.  »  Poisson,  Traité  du  plain-chant,  p.  318. 

*  Commem.,  p.  217. 

3  a  Tertiam  nocturnam....  oportet  habere  antiphonas  cum  alléluia,  si  eo  tempore 
«I  cantatae  fuerint  quo  resurrectio  Domini  frequentatur  a  fidelibus,  id  est  circa  matutinale 
«  tempus....  »  Amal.  De  ord.  antiph.  c.  15.  —  Cf.  Orig.  du  clianl  lifurg.,  p.  7,  note  2. 


HYPOLYDIEN   RELÂCHÉ  (Trit.  plag.,  vie  mode). 


365 


Thème  39. 
de  ce  groupe,  toutes  de  l'époque  primitive,  avaient  encore  au  X'  siècle 
leur  psalmodie  propre  (notée  plus  haut). 


^: 


No-tiim  fi  -  cit   Do-mi-nus,         al  -  le   -   lu  -  ia, 


sa-Iu-ta-re     tu-um,         al  -  le  -    lu-   ia.  Ps.  97.  (Cf.  pp.  96,  m.) 

"FFFEGGa"  FFËDC| 

/  -  pse    in  -  vo  -  ca  -  bit    me,  al  -  le   -    lu  -  ia;  etc.  Ps.  88. 

De  Naf.  Uni  in  III  ttoct. 

"F     FF"E     Ga     FFEDC     | 

Lux    or -ta       est     ju-sto,    al  -  le    -    lu-ia;  etc.   (Cf.  p.  39.) 

De  Apost.  in  III  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


F    F    G    Ga    F      Ga    G    F     FE    DC 

Ex  -  al- ta-btin  -  tur      cor  -  nu  -  a      ju    -    sti, 

Ibid.  Mélodie  abrégée  :  période  d'un  seul  membre. 


F    FG    GF    F     11 

al  -  le    -    lu   -  ia.  Ps.  71. 


Autres  antiennes  de  la  i^  époque,  omises  par  Réginon,  et  appartenant 
toutes  à  l'office  nocturne  de  l'Epiphanie  :  Fluminis  impetus,  ps,  45; 
Adorate  Dominum,  ps.  95;  Adorate  Deiun,  ps.  96. 


Thème  40,  primitif  \.  Miserere  met  (F  G  a  F  G  F),  source  de  la  psal- 
modie modale.  Depuis  le  commencement  du  moyen  âge  il  s'est  annexé 
un  certain  nombre  d'antiennes,  par  suite  de  son  analogie  réelle  avec 
le  thème  i,  et  de  la  fausse  analogie  de  celui-ci  avec  le  thème  36^. 

Antiennes  de  la  i^  époque  : 


R.  T, 


P-3I  (n) 


p.  31  (n) 


p.  33  (n) 


P-  33 


Mi  -  se  -  re  -  re 

(Fer.  II  ad  Laud.j  Notée  dans  VEnchir.,  p.  158. 


i     De  -  us.     Ps,  50. 


1  Antiennes  du  psautier  hebdomadaire  non  recueillies  par  Réginon  :  dans  l'office 
nocturne,  Propter  verba,  ps.  16;  Diligam  te,  ps.  17;  Révéla  Domine,  ps.  36;  Benedicite 
gentes,  ps,  65;  Benedixisti  Domine,  ps,  84;  Benedictus  Dominus,  ps.  88;  à  Laudes,  5a^M- 
tare  vultus  mei,  ps.  42;  Dominus  reftigium,  ps.  89;  In  sanctis  ejus,  ps,  150;  Date  magnitu- 
dinem,  (de  cant.  Moysi);  à  Vêpres,  Laudate  Dominum  omnes  gentes,  ps,  116. 

2  Esta  mihi  Domine,  p.  200;  Eructavit  cor  vieum,  p.  214;  Benedictus  Deus  meus,  p.  220; 
Gloriosi  principes,  p.  203;  Hodie  Christus,  p.  204;  Ascendente  Jesu,  p.  216;  Malos  maie 
perdet,  p.  217,  etc. 

48 


366 


HYPOLYDIEN  RELACHE  (Trit.  plag.,  vie  mode). 


R.  T. 


P   33 


P-33  (n) 


P-3I  (n); 


Thème  40. 

F    G    aF    G     G    G    FGFD 

Be-iie-di  -  dus  Do-  mi- nus 

De  proph.  Zach.  (Fer.  Il  ad  Latid.j 


F    G     a    GF    F 

De  -  us     Is  -  ra  -    el. 


De  la  2^  époque 


"F    F    G    a    GF     Ga    G    F"    EFD  DÇ    F    G     a    F    Ga     GF    F     || 

Ae-di  -fi  -  ca  -  vit        Mo  -  y  -  ses       al  -  ta  -  re    Do-mi  -  no       De  -  0. 

De  Dedic.  eccl.  in  I  noct.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426. 

"FF    GFG     Ga    FF"|     F    F    FaF  aG    G     at'aGFGFI 

Vir-go    ho  -  di  -  e      fi    -    de-lis,  et  -  si      ver     -     bum    ge-nu-it     in-car-na-tum, 

F  F    G  F    F    F    Faba  aGIG      GaGFEDFFGFÊCl 

vir-go  mansit    et  post  par  -  tum,     quem  laudantes    o  -  mnes     di  -   ci  -  mus  : 

C    D    F    FG  ""  °~~ 

be  -  ne  -  di  -cta 

De  Nat.  Dni  ad  Yesp.  in  Evang.  D'après  l'antiph.  du  XlIIe  siècle  et  le  diurnal  du  XVe.  N'existe  plus  dans 
l'office. 


G 

ac 

aG 

a 

F 

DF  F 

tu 

in 

mu  - 

li  - 

-  e  - 

ri  -  bus. 

"F    F    F     G    F     G    Ga"    F    F     I 

P-3i{")         Ne-sci-ens    ma-ter  vir-go         vi-rum,  etc. 

De  eod.  off.  ad  Laud.  in  Evang.  Antiph.  du  XlIIe  siècle,  Process.  monastictim,  p.  39.  N'existe  plus  dans  l'office. 

I  *"F    F     Ga     FDEF "  F     G    F    Ga     GaG    F    F     1 

P- 33  (")        Gaudent    in        cae      -      lis      a  -  ni-mae      san    -    cto-rum  etc.,  p.  96. 


FF        F        G    F    E 

P- 31  Je-sum   quem    quae-ri-iis, 

F    F    D    F    FEDC 

re  -  cor-da-  mi  -  ni 


G     b     al?  aGF 

non    est    hic, 


G     GaG     F    F     | 

sed     sur     -     re  -  xit  : 


FG    G    G     G    GF    G     Ga      FF 

qua    -    li  -  ter      lo  -  eu  -  tus     sit        vo-bis, 


[E     Ga    a     a     a    ab    a    Ga]     G    FG     a    G    F    F     || 

dum    ad -hue    in    Ga-li-lae-a         es  -  set,        al  -  le  -  lu  •  ia. 

De  Sabb.  saiicto  ad  Vesp.  in  Evang.  Antiph.  Cisterc  ,  p.  336.  Mélodie  dénaturée  en  Ville,  comme  Alias  oves 
(pp.  198-199),  à  cause  de  la  fausse  quinte  (E — y)  comprise  dans  le  premier  membre.  N'existe  plus  dans  l'office. 


"F    Ga    a     F    Ga    a      FE  "  D 

p.  31  (n)       ;  Ho  -  di   -   e       se  -  cre  -  ta      cae    -    li 

FGaaFGaaFËD 

ho  -  di  -   e       fa-ctum     est    ma-gnum 

FG     baG     GFaG 

qui-a       fi  -  li  -  us      ex-  cel  -  si, 


F    G     FE    DC      F    GF    F     I 

ca  -  ro     Chri-sti         pe  -  ti    -    it  : 

F    G    FÊ    DC      F    GF    F     I 

an-ge-lo  -  rum      gau-di  -  um  : 

Ga      F    F    F    DEC     | 

jam      im-mor-ta- lis, 


HYPOLYDIEN   RELÂCHÉ   (Tkit.  plag.,  vie  mode). 


367 


D     C    D     C    DF     FGF    F 

in     re-gnum  pa-tris       su      -      i 

CDFGFË      G     GaFF 

Al  -  le  -  lu    -    ia,        al  -  le   -    lu  -  ia. 


Thème  40.       T.   R. 

F    a    Ga    F     FE    D    DF    | 

glo  -  ri  -  o  -  sus     ad    -    ve  -  nit. 


{Fer.  VI  post  Asceiis.  Dni  in  Evang.  Ant.  Trev.,   p.  485.)   Les   deux  premiers  membres  sont  des  tétramètres 
accentués.  Comme  Hodie  intacta  virgo,  ci-après,  cette  antienne  s'est  peut-être  chantée  en  mesure  à  l'origine. 


De  la  3^  époque 


FGF     F     FGFG     GaFF         FFat7aGGbaGF| 

Re-g(i  -  H    ex   pro-ge-ni  -  e      Ma-  ri  -  a  ex -or       -       ta     re-ful  -  get  :  etc. 

De  Nat.  S.  Miiriae  ad  Laud.  Cf.  Inton  ,  p.  131.  Antiph.  du  XlIIe  siècle. 


Thème  41,  Alléluia  hypolydien  (F  D  F  E  C  F  G  F),  nome  apparem- 
ment primitif,  bien  qu'il  ne  se  retrouve  dans  aucune  antienne  du  psautier 
pourvue  d'un  texte. 

g — 


ï 


Al -le 
(Dont,  ad  Laud.)  Cf.  Jnton.,  p.  130. 


lu  -  ia,  al  -  le  -  lu  -  ia. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


"F    EF    D     DE     C     D    F    G    FG"    F  F    FG     a    GF    F     | 

Mo-di  -  cum    et        non    vi  -  de  -  bi  -  fis  me,  di  -  cit       Do-mi-  nus  etc. 

Dont.  II  post  Pascha  in  Evang.  Chez  Plantin  la  terminaison  s'est  égarée  en  Im. 


"F    EF    D     DÇ    F    G     aG    F" 

Ho  -di    -    e       in   -    ta-  cta    vir  -  go 


Ga    G     FE    D     F    GF    F 

De  -  um    no  -  bis     ge-nu    -    it  : 


FGaGGaG       FD  F       FDEFEDÇC 

te  -  ne  -  ris     in  -  du  -  tum    membris,        quem    la-cta-re      me  -  ru    -    it. 


FEDEF    C       F     G      a   GF   G   F 

O       -       mnes    Chri-stum    a-do  -  re-mus. 

De  Nat.  Diii  ad  Vesp.  in  Evang.  Ant.  Trev,,  p.  195. 


F     G    a     G  Ga   G    F 

qui    ve-nit    sal-va-re    nos. 


*"F  F  DC    D   F    FG  F   F"    F 


b      l7a    GF    EF  G  F 


A  ■  li-as        0  •  ves    ha  -  be  -  0      quae  non  sunt    ex     hoc       o    -    vi-li;     etc. 

Les  antiphonaires  modernes,  sauf  Trêves  et  Lambillotte,  ont  l'antienne  dénaturée  en  Ville.  Voir  p.  19g. 

"FGaF     ËFD      ED'CDFEE      CD     FGGFFj 

Vo-bis       da-tum      est    nos -se       my-ste  -  ri  -  um     re-gni   De       -       i,     etc.,  p.  96. 
Cf.  Aur.  Reom.,  p.  so. 


P-  33 


P-  33  (n) 


P-3I  (n) 


P-3I  (n) 


P-3Ï  (n) 


368 


HYPOLYDIEN   RELÂCHÉ  (Trit.  plag.,  vie  mode). 


R.  T. 


P-33  (n) 


P-  33 


P-3I 


P  33  (n) 


P-33(n) 


Thème  41. 
"F     F    ËFÊDC"    FF     FGGGFF     GGa     FF| 

Pro     e  -  0  qiiod  non    0    -    be  -  di  -  sti    ver-ba      me  -  a, 

F    F     FaFâG    GabaGFFGF] 
e  -  ris      ta      -       cens    et  non    po-te   -   ris      lo-qui, 

Ga    F     F     F    EFDDC     FGabGa     GFF|| 
us  -  que     in     di  -  em  na-ti-vi-ta  -  tis     e    -    jus. 

De  s.  Joh.  Bapt.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ras.  6436.  N'existe  plus  dans  l'office. 


F  F    EFDDC    F    G    a  GF  G  GaG    F  F     Fa  baG  G 


a  GF  F 


/  -  ste     est 


qui  pro  le  -ge      De-  i 


ti      se  tra-di  -  dit, 


FE     F    G    a    GaG     F    F     | 

non      du -bi- ta -vit  mo-ri  : 

F     G    a    GF     G    GaG    F    ËF     F     | 

ab      i  -  ni-quis       in  -  ter     -     fe-ctus      est  : 

G     a    FË    DFC      GF    G     GaG     F    F 


in      ae-ter  -  num 


vit     cum      Chri-sto  : 


Fal?aG    G     b    t'a    GF     F 


G     GF    G    GaG     F     F 


A      -      gnum  se-cu  -  tus         est,  et      ac  -  ce  -  pit  pal-mam. 

{De  S.  Vincentio  in  Evang.).  B.  R.  Brux.,  ms.  155.  N'existe  plus  dans  l'office. 

FCDFFGFFFGaa         aâca    a    GFGaGF  FGGF  | 
Pu-er  Je -sus    pro-fi-ci  -  e  -  bat        ae-ta-te    et     sa-pi-en  -  ti  -  a  etc.,  p.  138. 

Cf.  Aur.  Reom.,  p.  50. 


Variante,  O  quant  gloriosiim  (EFDC  F  G  F),  commençant  par  l'appog- 
giature  inférieure  de  la  fondamentale.  Cette  inflexion  mélodique,  que  je 
trouve  dans  tous  mes  antiphonaires  du  moyen  âge,  a  disparu  des  recueils 
actuels,  à  de  rares  vestiges  près.  Thème  réservé  à  un  petit  groupe  de 
cantilènes  développées,  empreintes  d'une  majestueuse  douceur. 


'fc 


^■r-i 


liaiZHi 


Ë^ 


qtiam  glo  -ri    -    0   -  sum    est      re  -  gnum 


^~s^-^'=^- 


Ë^ 


in        quo  cum  Chri-sto         gau-dent     o-mnes    san    -  cti  ! 


=i^^^'^B^ 


a  -  mi-cti  stolis  al  -  bis         se    -    quun-tur       A  -  gnum     quo-cumque       i-e-rit. 

De  plur.  Mart.  in  Evang.  Aur.  Reom,  p.  50. 


-^  "  EFD  DC     DÇ 

O  qiiain 


F    G    G    a     GF"    G    Ga     F    F     1 

me  -  tu  -  en-dus    est  lo  -  eus        i  -  ste  :  etc.,  p.  117. 


HYPOLYDIEN  RELACHE   (Trit.  plag.,  vi»  mode) 


369 


Thème  41. 


*"EFDDC      F    F    F    G    G     F    Ga    GF    F"     | 

O  ad  -vii-ra  -  bi  -  le     com-mer  -  ci    -    um  :  etc. 

De  Oct.  Nat.  Dni  ad  Laud.  B.  R.  Brux.,  mss.  i55i  6-)26,  etc. 

*  "  EFD  DC      FFGG"GF       GGaFFl 

Qtiae  inu-U   -   er        ha-bens   drachmas     de-cem  etc. 

Dom.  III  post  Pent.  in  Evattg.  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  50-  Trêves  a  conservé  l'appoggiature. 


Il  nous  reste  à  produire  ici  une  antienne  hybride  de  la  2^  époque,  spé- 
cimen curieux  de  mélopée  lydio-iastienne.  Réginon  l'adjuge  au  VP  mode 
et  à  sa  psalmodie,  avec  l'observation  :  finitur  VHP  tono.  Étrangère  à 
l'office  romain  de  nos  jours,  cette  cantilène  se  trouve  dans  l'antiphonaire 
de  Trêves,  partiellement  altérée,  c'est-à-dire  adaptée  d'un  bout  à  l'autre 
au  parcours  ordinaire  du  VHP  mode,  et  pourvue  de  sa  psalmodie.  Le 
dessin  initial  de  la  version  récente  correspond  parfaitement  aux  neumes 
du  tonariiis,  mais  sa  hauteur  est  incompatible  avec  le  classement  de 
Réginon.  Tout  ce  début  est  noté  une  quinte  au-dessus  de  Vambitus  du 
VP  mode.  Pour  retrouver  la  mélodie  entière  de  l'époque  carlovingienne, 
il  suffit  de  lire  en  clef  de  fa  le  premier  membre  de  l'antienne  notée,  à 
l'exception  de  la  dernière  syllabe  du  mot  dicens.  Voici  la  cantilène  du 
IX*  siècle  restaurée  et  combinée  avec  son  intonation  psalmodique^ 


_■     ■■     B 

■    ■    1    ■    ■.-■■—■■ 

^ 

■S     ■■■-■■■■-■■            ■ 

B 

■    1    ■    ■■    ■       ■ 

s  _    1 

^       1 

Cae-li      a  -  per-ti    siint  su-per    e-um, 

et     fa-cta 

est  vox    de  cae-lo       di 

-  cens  : 

'^     wF     ^ 

II 

^■^■■"b            ■                      ■- 

■       B                ■ 

n 

■■■■-■■ 

■ 

■       ■                          ■       ■■ 

■    Il 

Hic     est     fi    -    li  -  us    me-us    di  -  le - 

ctus,        in 

quo  mi-hi  com-pla-cu 

-    i. 

,■-■ 

■      B      B      B                   ■ 

l> 

-  ■    '■     ■            ■'-■'^         ■     mmt     m 

H    \ 

■     ■      ■     ■      B      ■■      ■ 

-■- 

■js 

Ma-gni-fi-cat...    et  nunc    et  sem-per,        et   in    sae-cu-la  sae-cu-lo-rum.  A-men. 


Cae-li        a  -  per-ti     sunt  etc. 

De  Oct.  Theoph.  in  Evang.  De  même  dans  mon  antiphonaire  du  XlIIe  siècle.  D'autres  recueils  du  moyen  âge 
ont  le  début  à  la  quinte  aiguë  et  la  terminaison  en  Ve  mode. 

L'idée  du  changement  de  mode  et  de  l'élévation  soudaine  du  diapason, 
au  début  du  second  membre  de  la  période,  a  été  sans  doute  suggérée  au 
mélographe  par  l'intervention  de  la  voix  céleste,  et  l'on  ne  peut  nier  que 
la  double  métabole  ne  soit  du  plus  bel  effet. 

I  Nous  voyons  encore  là  une  application  de  l'ancienne  règle  qui  subordonnait  le  mode 
de  la  psalmodie  au  début  de  l'antienne  et  non  pas  à  sa  terminaison  (p.  119). 


R.T. 

P-3I  (n) 

P-33  (n) 


P-3I  (n) 


370  HYPOLYDIEN  NORMAL  (Trit.  auth.,  ve  mode). 

Section  II.   —  Chants  de  Vhypolydien  normal. 

§  ig8.  En  ce  qui  concerne  l'usage  pratique  de  cette  variété 
modale  et  l'impression  produite  par  sa  mélopée,  il  ne  nous  est 
resté  aucun  texte  antique.  Nous  sommes  obligés  de  descendre 
au  XP  siècle  de  notre  ère  avant  de  trouver  quelque  indication 
de  ce  genre.  Guy  d'Arezzo,  définissant  le  V^  mode  ecclésias- 
tique, dit  qu'il  est  assigné  à  l'homme  des  champs  [troporum 
quinUis,  tritus  agricolae  dicUis^).  On  remarquera  en  effet  que 
les  instruments  rustiques  de  l'espèce  la  plus  simple  (par 
exemple  le  cor  des  Alpes)  font  entendre  naturellement  la  quinte 
tritoniée  (fa  sol  la  si  tj  ut),  comme  sons  8  à  12  de  l'échelle 
acoustique^ 

A  un  autre  endroit  du  même  traité  le  grand  musiciste  assigne 
au  V^  mode  un  caractère  actif  :  per  tritum  [aiithenhim]  actio  unius- 
cîijusque  exprimitur.  Les  textes  adaptés  aux  anciennes  mélodies 
de  cette  catégorie  sont  en  parfait  accord  avec  l'esthétique  guido- 
nienne.  Ils  consistent  le  plus  souvent  en  exclamations,  menaces, 
cris  de  joie,  apostrophes  rudes  et  impétueuses  ^  Mais  on  sait 
qu'au  cours  des  siècles  la  quinte  hypolydienne  dépouilla  sa 
dureté  antique,  et  se  modernisa  peu  à  peu  par  l'envahissement 
lent  et  continu  du  sib.  Avant  la  fin  du  moyen  âge  l'échelle 
du  majeur  européen,  usitée  depuis  des  siècles  sous  sa  forme 
oblique  ou  plagale  (p.  96),  était  constituée  mélodiquement  dans 
son  parcours  direct  :  de  la  fondamentale  à  son  octave  aiguë,  et 
vice-versa. 


1  De  mod.  form.y  p.  97. 

2  De  là  cette  succession  d'intervalles  aura  passé  aux  autres  instruments  champêtres, 
cornemuses  et  pipeaux,  ainsi  qu'aux  refrains  et  chansons  agrestes.  Ce  que  je  puis 
affirmer,  c'est  qu'à  l'époque  de  mon  séjour  à  Rome  (1850-51),  les  pifferari  des  Abruzzes 
fixaient  mon  attention  par  leur  persistance  à  faire  entendre  une  échelle  majeure  dont 
le  4e  degré  ascendant  faisait  un  triton  avec  le  fondamental. 

3  Vox  clamanlis,  Eue  Dominus  veniet,  ExsuUet  spiritiis  meus,  Laetamini  cum  Jérusalem, 
ExstiUabunt  omnia  ligna  silvarum,  etc.  L'épithète  courante  du  Y"  mode  depuis  la 
Renaissance  est  laetus.  D'Ortigue,  Dict.  de  plain-chant  à  l'art.  Mode.  —  «  Il  se  prête  à 
«  exprimer  les  grandes  joies....  Les  textes  qui  marquent  la  victoire  et  le  triomphe  lui 
«  sont  propres...,  ses  progressions  sont  vives  et  éclatantes,  »  etc.  Poisson,  Traité  du 
piain-chant,  p.  299. 


HYPOLYDIEN  NORMAL  (Trit.  auth.,  ve  mode).  371 

'^-■■— ,■  ^ ■^— ■ ■■^— ji"^— ^j-^-l 

O       sa    -    crtiin  con  -  vi  -  vi  -  um        in      qiio      Cltri-stus         su      -       mi  -  ttir! 

In  festo  Corporis  ChrisH  (office  composé  au  XlIIo  siècle). 


^ 


Ein  fes  -  te  Btirg  ist    un  -  ser  Gott,      ein   gu  -  te  Wehr  und  Waf  -  fen. 

Choral  de  Luther. 

Il  ne  restait  plus  qu'à  découvrir  l'harmonisation  rationnelle  de 
l'échelle-type  de  la  musique  moderne.  La  recherche  se  prolongea 
jusqu'en  plein  XVIP  siècle. 

§  igg.  Nous  n'avons  pas  à  revenir  ici  sur  ce  qui  a  été  dit  plus 
haut  au  sujet  de  l'étendue  des  cantilènes  du  V*  mode  latin 
(pp.  94-95).  Les  antiennes  n'ont  pas  d'autres  notes  initiales  que 
les  sons  de  la  triade  lydienne  :  F  (th.  43),  a  (th.  42),  c  (th.  44). 

§  200.  Quant  aux  formules  terminatives  de  la  psalmodie,  nous 
en  relevons  trois  dans  les  exemples  de  la  Commémoration . 

L  Finale  sur  la  médiante  (a).  C'est  la  principale  et,  selon  toute 
apparence,  la  plus  ancienne;  de  nos  jours  on  n'en  connaît  guère 
d'autre. 

Fac  ccdctfcall 

Glo-ri-a sae-cii  -lo  -rum.  A-men. 

Antienne  :  Solvite  templum  hoc,  th.  42.2 

IL  Terminaison  pleine  sur  la  fondamentale  lydienne  (F).  Elle 
s'emploie  pour  les  cantiques  de  l'Evangile. 

Fac  ccdciîclccdc      caF|| 

Glo-ri-a et  ntinc    et  semper....    sae-cu-lo -rum.  A-men. 

Antiennes  :   Vox  clamantis  (ci-dessus  p.  117)  et  Paganorum. 

C    C    de    t}     ca  GF 
Variante  :  sae-cu-lo -rum,  A-men. 3 


1  Aurélien,  qui  paraît  avoir  une  lacune  à  cet  endroit  (p.  49),  ne  cite  qu'une  seule 
antienne  :  Vestri  capilli  capitis,  et  ne  mentionne  pas  de  variétés.  —  Réginon  distingue 
trois  divisions,  y  compris  la  principale;  les  neumes  des  formules  manquent  totalement 
ou  sont  douteux.  —  Guy  produit  trois  terminaisons. 

2  Comm.,  p.  224.  C'est  la  i^e  classe  de  Guy;  la  3e  finit  également  sur  a  (c  C  d  C  a  Ga). 

3  Guy  n'a  pas  de  terminaison  sur  F.  En  revanche  il  en  a  une  sur  c,  correspondant  à 
sa  2e  classe  d'antiennes  (c  C  d  tj  c  ac). 


R.  T. 


P-3I  (n) 


P-3I  (n) 


p.  31  (n) 


P-  31 


P-3I  (n) 


P-3I  (n) 


p.  31 
p.  19 


372  HYPOLYDIEN  NORMAL  (Trit.  auth.,  v^  mode). 

m.  Terminaison  suspensive  sur  le  2*  degré  ascendant  de 
l'octave  hypolydienne  (G).  Je  ne  l'ai  rencontrée  que  dans  la 
psalmodie  simple  de  la  Commemoratio,  peut-être  transmise  inex- 
actement par  Gerbert  (p.  217)  : 

Fac     cccc     de    cl:||t{    tfaccc    cccccdcil    caG|| 
U-tinain  dirigantur  vi-ae  me-ae  :  ad  custodi-endas  justi-fi-ca-ti-o  -  lies  tu-as.      Ps.  ii8. 

§  201.  Les  23  antiennes  du  V^  mode  que  nous  empruntons  au 
catalogue  de  Réginon  ont  pour  origine  trois  modèles  nomiques. 


Thème  42,  Exsiiliei  spiritus  meus  (aFacijcaGF),  compris  chez 
Réginon  dans  la  classe  principale  du  V^  mode. 

Antiennes  psalmiques  : 


ï 


Ex-stil-tet   spi-ri-tus    me  -  us        in    De 
De  hymno  S.  Mariae.  (Fer.  III  ad  Vesp.)  Cf.  Inton.,  p.  129. 


o     sa  -  lu  -  ta  -  ri    me  ■  o. 


d    c    tfc"    a    G    a 

lau-da-te       Do-mi-num  etc.,  pp.  95,  iio. 


"a    F     aaç    c    a     cd    c 

0-inms  an    -   ge  -  li      e  -  jus, 

Cf.  Inton.,  p.  12g 

Antiennes  de  la  2^  époque 


"  a    F    a     c    d       c  " 
Sol-vi  -  te    templum  hoc, 

Cf.  Ps.-Hucb.,  p.  224. 


c    cd     e    de    c     I 

di  -  cit     Do-mi -nus,  etc.,  p.  140. 


aFact;       atfc 

Sangtiis   san-ctonim  mar-ty-riwi 

a    a    a     F  G    a     Ga 

id  -  e  -  G      a  -  de  -  pti   sunt 


C      cdfedc      cccda 

pro  Chri-sto    ef-fu-sus   est    in     ter-  ra 

ccc     cGaGFll 

praemi  -  a   sem-pi-ter  -  na. 


De  plur.  Mart.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  217.  N'existe  plus  dans  l'ofBce. 


"a  F    a   c  tî    a  t^c  c" 
Vestri    ca-pil-li     ca-pi-tis 
De  Apost.  in  Evang.  Cf.  Aur.  Reom.,  p.  49.  Inton.,  p.  129, 


cd  c     cd  fe  d  c    d    |    c  at}  ct|    Ga  F 
o-mnes  nu-me-ra-ti  sunt  :  no-li-te      ti  -  me- 


F    I 
re,  etc. 


"a    F     a     ct^    a     Gcd    c'' 
Mon-tes    et     [0  -  mues]  col  -   les 

Dom.  III  Âdv.  ad  Laud. 


cd    e    d    ctj    cd    a     | 

hu  -  mi  -  li  -  a  -  bun  -  tur  :  etc. 


*a    F     ac    C    c  c    ct;a    a     a    GF     Ga    Ga    F    F     | 

Ec-ce    Ma -ri -a  ge-nu   -   it     no-bis       Sal  -  va  -  to-rem,  etc. 

Pour  la  double  forme  modale  de  cette  antienne,  voir  p.  215,  d. 


HYPOLYDIEN   NORMAL  (Trit.  auth.,  ve  mode). 


373 


Thème  42. 

*[a]GaFFGFaccdc|    dcÇcaaG    âc   Ga  GKG   GF    | 

U  -  lu-  la-te,  pa-sto-res,  et  clama-te  :      a-spergi  -  te  vos      ci  -  ne        -        re, 

[a    F     âcjca     a     aG     aGFF]|| 
qui  -  a     com-ple-ti    sunt  di  -  es    Do-mi   -    ni. 

Sabb.  sancto    in   Evang.   Diurn.   bénéd.   du   XVe  siècle,   avec   une  terminaison   en   VIII»,  comme  Intellige 
(p.  201,  III).  Cette  antienne  a  disparu  de  l'office. 


Thème  43,  Haiirietis  aquas  (F  a  c  t|  c  d  c  a  G  F),  compris  chez  Réginon 
dans  la  classe  principale  du  V^  mode.  Toutes  les  antiennes  appartiennent 
à  la  2*  époque. 


R.  T. 


P-  31 


Hau  -  ri  -  e  •    Us     a  -  quas  in     gau  -  di  -   0 

Fer,  II  ante  Vig.  Nat,  Dni  ad,  Laud, 


de  fon-ti-bus  Sal-va  -  to-ris. 


P-3I (n) 


F    ac     c    ct{     aG     cd    c" 

Sic  -  ut     710- vit     me       Pa  -  ter, 


C     df    fe     de    d    G        cd    a 

et      e  -  go       co-gno-sco      Pa-trem 


a    cd    d    d     t{    tjç     C    F     [G    acaG]    a    Ga    F  FG    a   G  F   F 
et     a  -  nimam  meam     po-no     pro    o      -      vi-bus      me-is,       al-le-lu-ia. 
Dont.  I  post  Oct,  Paschae  in  Evang. 


p.  31  (n) 


"F    ac     c    et}    aG     cd    c" 
Be-ne       0  - mni -a        fe  -  cit  : 


c     d    f     fe    de     de    de    c    | 

et    sur-dos  fe  -  cit       au  -  di  -  re,  etc.,  p.  95. 


P-3i(n) 


Faccc      dctîddec^cl 
Ad-huc    mnl  -  ta     ha-be-o     vo-bis      di  -  ce  -  re,  etc. 

Dont.  IV  post  Oct,  Paschae  in  Evang. 


P-  31 


"F     aet}"at;cc     d     dctî     ca     aGF     | 

Dum  transi-ret     Do-mi-nus   per  me-di-os     fi-nes    Ty  -  ri,  etc.  P'3i('^) 

Dom.  XII  (XI)  post  Peut,  in  Evang.  Trêves  seul  a  gardé  le  texte  du  Resp,  greg, 

*"Fâcec5âGGâGF|aFac      c      cccjatîcdct}! 

0-mnis  val-lis    im  -  pie  -  bi-tur,      et     o-mnis  mons  et  col-lis     hu-mi-li  -  a- bi-tur  :       P'3i{'^) 

tî     cdtî     de     cJaG     aeâFGa     FF|| 
et     vi- de-bit     o-mnis  ca  -  ro        sa -lu -ta  -  re       De  -  i. 
Sabb.  ante  Dom.  Il  Àdv,  B.  R.  Brux.,  mss.  155  et  6426.  Antiph.  Cisterc,  p.  36.  N'existe  plus  dans  l'office. 


"F     G    G    F     a    c    cd    c" 

Vox    cla-man-tis     in  de-ser  -  to  :  etc.,  p.  117. 


49 


p.3i(n) 


R.  T. 


374 


HYPOLYDIEN  NORMAL  (Trit.  auth.,  ve  mode). 


Thème  44,  primitif,  Intellige  (c  i{  a  G  a  G  F),  compris  chez  Réginon 
dans  la  deuxième  division  du  V^  mode.  La  ligne  mélodique,  courte,  et 
sans  relief  marqué,  n'a  produit  aucun  chant  quelque  peu  développé. 
De  plus  elle  a  subi  de  nombreuses  déviations  harmoniques  par  l'identité 
de  sa  première  inflexion  avec  celle  qui  se  trouve  au  début  de  plusieurs 
autres  thèmes  nomiques  :  1°  In  aeternum  (18),  du  VHP  mode;  2°  Caeli 
caelorwn  (45),  du  IP  mode;  3°  Spiritu  principali  (8),  du  V^  mode;  4"  Lau- 
daho  (33),  du  IV*  mode. 


Antiennes  de  la  i^  époque 


In -tel -H  -  ge    cla-mo-rem  vie-um,  Do -mi -m.  (Cf.  p.  95). 

Aujourd'hui  détournée  partout  en  VHIe  (p.  2oi'>,  sauf  à  Trêves,  où,  transposée  à  la  quinte  grave,  cette  antienne 
a  passé  à  l'éolio-iastien,  1er  mode  se  terminant  en  IVe  (th.  33). 


*  G    c    t^c     a    G    [a 
p.  31  Be-ne-fac,     Do-mi  -  ne, 

(Fer.  m  ad  Yesp.j  Se  termine  en  Ville  depuis  le  moyen  âge  comme  la  suivante 


at;c    a     G    a    G     FF]     || 

bo  -  nis     et     re-ctis  cor-de.  Ps.  124. 


*cci:}     G     aG[a 
p.  31  Vi-si-ta  nos,  Do-mi  -ne, 

(Sabb.  ad  Noct.) 


a     iî    c    a    GaG     F    F]     || 

in    sa-lu-ta-ri  tu-o^.  Ps.  105. 


De  la  2^  époque 


"  c    G    et}    a  "    a     G    a    G    cd  de    I 

p.3i(n)        Lae-ta-mi-  ni    ciim   Je-ru-sa-lem,         etc.,  p.  95. 

GGG     GdG     GaaG     aGFF| 

p.  31  Ec-ce  jam  ve  -  nit  ple-ni- tu-do     tem  -  po  -  ris  etc. 

Fer.  Il  ant.  Vig.  Nat.  Dïii  ad  Laud.  Le  début  d'après  l'Inton.  (p.  129).  Quelques  recueils  anciens  et  récents 
ont  le  th.  43. 

"  cd  ca    c    t{a  a    a  GF  F"  |  a    Fa    ccd  Gcd    edc    ctfcda    | 
P'3ï  (n)         Po-uent  Do-mi -no  glo-ri  -  am,       et  laudem  e  -jus   in     in-sulis  nunti-a-bunt  :  etc. 
Fer.  III  post  Dom.  III  Adv.  in  Evang.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'office. 


ï  Plusieurs  autres  antiennes  du  psautier,  passées  aujourd'hui  auVIII^  mode,  étaient, 
selon  toute  apparence,  issues  primitivement  du  présent  thème.  Par  contre,  deux  antiennes 
de  l'office  hebdomadaire,  qui  ne  figurent  pas  au  tonarius  de  Réginon,  ont  gardé  jusqu'à  ce 
jour  leur  terminaison  en  V^  mode,  —  Tu  es  Deus,  ps.  76  (Fer.  V  ad  Noct.),  et  Portio  mea, 
ps.  114  (Fer.  VI  ad  Vesp.). 


HYPOLYDIEN  NORMAL  (Trit.  autii.,  ve  mode). 


375 


Thème  44. 

"  c    a     cd    c     cd    e     de     c  "    c    t|    d     cda    a 

Di-co     vo  -  bis,  gau -di  -  nm      est      an-ge-lis    De    -    i     etc. 

Dom.  III  post  Petit,  ad  Evaug.  Ne  se  chante  plus,  depuis  le   IXo  siècle,  qu'à  la  messe,  comme  antienne  de 
Communion. 


Les  deux  antiennes  suivantes  n'ont  de  commun  avec  les  thèmes  42 
et  44  que  leur  son  initial.  On  peut  considérer  leurs  mélodies  comme 
imaginées  librement. 

*"[âF    âc    a    g]    a    aGacÇ    Ga"  FG    a     G    FGa    a     | 

Ex  -  stil  -  ta-bunt    0  -  vmi      -a         li  -  gna    sil  -  va  -  rum  etc. 

Les  deux  premiers  signes  neuraatiques  du  tonarius  sont  peu  distincts;  c'est  pourquoi  nous  avons  noté  ce 
début  à  la  p.  156  d'après  la  version  des  livres  modernes. 


'c    a     c    t}    G     acaG    aG    F" 
Ec-ce  Do-tni-nus    ve.     -     ni  -   et, 


F     G    F     G    a     cd    d 

et      o-mnes  san-cti      e  •  jus  etc.,  p.  154. 


R.  T. 


p.65(n) 


P-3I  (n) 


P-3I  (n) 


Section  III.  —  Cantilènes  de  Vhypolydien  intense. 

§  202.  C'est  le  mode  plaintif,  émouvant,  consacré  aux  monodies 
passionnées  de  la  tragédie  antique,  le  lydiits  qiienihis  de  l'époque 
romaine  et,  d'après  la  tradition,  la  plus  ancienne  variété  de  ce 
genre  d'harmonie  que  les  Hellènes  aient  connue'.  Il  en  reste  un 
petit  échantillon  dans  la  musique  notée  du  temps  des  Antonins 
(p.  51).  Sa  mélopée  s'exécutait  sur  un  ton  élevé  :  les  peuples 
méridionaux  sont  portés  à  exhaler  leurs  plaintes  en  sons  aigus  ^ 

La  même  forme  modale  s'unit  souvent  dans  le  chant  chrétien  à 
de  courtes  exclamations  exprimant  un  sentiment  exalté.  Mais  ici, 
par  suite  de  l'adoption  de  la  théorie  ecclésiastique,  le  diapason 
s'est  trouvé  transporté  à  l'extrémité  opposée  de  l'échelle  vocale  ; 
le  lydien  intense  est  devenu  le  IPton  latin,  le  plus  grave  de  tous. 
Ce  déplacement  a  eu  pour  effet  non  seulement  de  donner  à  sa 
mélopée  une  teinte  extrêmement  morne^,  mais  encore  d'amener 

1  Plut.  Mus.,  c.  15.  —  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  87. 

2  Ibid.,  p.  284  et  passim.  Se  rappeler  les  voceri  ou  gridate  de  la  Corse. 

3  Ci-dessus  p.  113,  §  83.  —  «  Le  Ile  mode  est  propre  aux  sujets  lugubres,  tristes, 
«  déprécatoires,...  exprimant  la  misère  et  l'affliction.  »  Poisson,  Traité  du  plain-chant, 
p.  211.  —  Les  traits,  chants  monodiques  de  la  messe,  qui  durant  la  période  septuagési- 
male  remplacent  VAlleluia,  n'emploient  que  le  II^  mode  et  le  VHP.  Leurs  mélodies 
actuelles  sont  de  la  fin  du  VII^  siècle. 


376  HYPOLYDIEN  INTENSE  (Prot.  plag.,  ne  mode). 

dans  la  partie  inférieure  du  parcours  mélodique  une  déformation 
assez  importante. 

§  203.  On  sait  qu'en  général  les  cantilènes  dites  intenses 
font  entendre  rarement  la  corde  fondamentale  de  l'harmonie- 
(p.  100,  c).  A  notre  époque  trois  ou  quatre  antiennes  du  IP  mode 
seulement  exhibent  la  base  harmonique,  F  (dans  la  transposi- 
tion habituelle  Bj  ;  encore  n'est-ce  que  dans  un  petit  nombre  de 
recueils.  Lorsque  F  vient  immédiatement  après  ou  avant  a,  il  est 
remplacé  par  G'. 

[Antiph.  de  Trêves  (p.  174)  :     a     F     a     cdc     C 

)  Con-so  -  la-mi   -  ni  etc. 

)  * 

(Pustet,  Solesmes,  etc.  :  a    G    a      C       c 

S'il  est  immédiatement  précédé  d'un  G,  l'F  est  remplacé  parE, 
ou  tout  à  fait  éliminé. 


* 


[Solesmes  :       aGaGF       a       cdc      dctfaGaGF     aGFGa 

I  O-       -       mues    gen-tes      ve-ni-ent   di-cen  -  tes:  Glo-ri-a      ti-bi  etc. 


\Lambillotte  :    aG  aGE    GaG    cd   c      d   cfcf    a    Ga   tlG    E     a   G   E    G   a 

_  _  _*_     , 

/Plantin  :  [a]c     c    tf    ct|    a     t}    a     GF    Ga    a 

)  Et       co  -  e  -  ge-riint    il-lum    di    -   cen  -  tes  :  etc. 

vTrèves,  Solesmes  :    a        c    t|     c     a     tf    a     G*     Ga    a 

Sans  doute  le  son  originaire  F  aura  existé  dans  tous  les  cas 
semblables,  et  le  changement  se  sera  produit  par  une  contagion 
des  chants  éoliens  du  protus,  qui  ne  touchent  jamais,  même  en 
passant,  à  la  tierce  inférieure  du  son  final^  Nous  marquerons 
entre  crochets  le  degré  remplacé  ou  supprimé,  partout  où  l'ana- 
logie le  réclame,  de  même  que  nous  remettrons  à  leur  hauteur 
primitive  les  antiennes  dérivées  de  l'hypolydien  intense. 

§  204.  Celles-ci  ne  comportent  que  deux  sons  initiaux  :  la 
médiante  hypolydienne  a,  note  terminative,   et  la   dominante  c, 

1  Comparez  les  deux  versions  modales  de  l'antienne  Ecce  Maria  genuit  nobis  (p.  215). 

2  Aucune  antienne  primitive  du  protus  ne  descendait  au-dessous  de  C  (ut),  limite 
inférieure  de  l'étendue  des  chants  et  des  instruments  au  Vil"  siècle  (p.  102,  §  71).  — 
L'échelle  guidonienne,  qui  descend  quatre  degrés  de  plus  (jusqu'au  soli),  n'a  pas  de 
tierce  majeure  au  grave  de  D;  le  B  y  désigne  sife  et  non  pas  si^.  Pour  employer  ce 
dernier  son  en  Ile  mode,  il  fallait  mettre  le  chant  à  la  quinte  aiguë,  comme  dans  notre 
transcription. 


tjcccccctfctjGa 
in     sae-cn-la    sae-cu-  lo-rum.     A-men. 


HYPOLYDIEN  INTENSE  TProt.  plag.,  ne  mode).  377 

tierce  mineure  aiguë  du  son  final.  Quant  à  la  mélodie  psalmo- 
dique  du  IP  mode,  elle  commence  aujourd'hui  par  G,  un  degré 
au-dessous  de  la  finale,  mais  nous  croyons,  conformément  à  ce 
que  nous  ont  appris  les  exemples  précédents,  qu'à  l'origine  elle 
partait  de  F,  la  fondamentale  harmonique.  Nous  y  voyons  en 
conséquence  une  simple  variante  de  la  psalmodie  du  V^  mode. 

Intonation  pour  les  cantiques  : 

(F)    a    c        ctl     cd     d     cd   c     I    ca 
Glo-ri  -  a....    et    ntinc     et    sem-per,        et 

Antienne  :  Magnum  hereditatis  mysterium  (ci-dessus  p.   115). 

Comme  aujourd'hui,  le  IP  mode  n'admettait  aucune  division 
antérieurement  à  l'époque  guidonienne';  sa  psalmodie  avait  donc 
toujours  la  terminaison  régulière  du  mode,  et  ne  variait  que 
par  ses  inflexions  intérieures. 

Intonation  pour  les  psaumes. 

(F)acc      cccccddt^dclaccdcc  tjctf  G    a  a  1 1         . 
Be-a-ti  qui  scriitantur   te-sti-mo-ni-a    e-jus  :  in    to-to  corde    ex-qui-nint  e-iim.^  Ps.  118. 

§  205.  Parmi  les  antiennes  du  protus  plagaP  insérées  dans  le 
catalogue  de  Réginon,  nous  avons  reconnu  22  cantilènes  de 
rhypolydien  intense.  Elles  dérivent  de  trois  thèmes  nomiques. 


Thème  45,  primitif,  Caeli  caeloriim  (c  t|  a  c  a),  apparenté  de  près  au 
thème  précédent  (peut-être  issu  de  lui),  et  ayant  les  mêmes  analogies 
réelles  avec  les  thèmes  18,  8  et  33. 

Antiennes  de  la  i^  époque  : 


R.  T. 


Cae-li    cae -lo-rum,  lau    -    da  -  te      De-tim.  Ps,  i^ 
(Fer.  IV  ad  Laud.^)  La  notation  dans  VEnchir.,  p.  137. 


1  Aur.  Reom.,  p.  45.  —  Les  antiennes  du  thème  29,  que  la  Commemoratio  annexe  au 
Ile  mode,  y  forment  un  groupe  séparé,  ayant  une  psalmodie  spéciale  (ci-dessus  p.  207- 
208).  —  Guy  d'Arezzo  a  une  seconde  intonation  psalmodique  se  terminant  sur  le  degré 
au-dessus  de  la  finale.  Après  lui  on  en  est  revenu  à  une  terminaison  unique. 

2  Commem,,  p.  216. 

3  Une  seule  chez  Réginon  {In  omvem  terram)  est  assignée  au  protus  authente. 

4  Autres  antiennes  du  psautier  :  Sana  Domine,  ps.  40  {Fer.  III  ad  Noct.);  Domine  Deus 
in  adjutorium,  ps.  69  {Fer.  V  ad  Noct.)  ;  Non  confundettir,  ps.  126  {Fer.  IV  ad  Vesp.),  etc. 


378 


HYPOLYDIEN  INTENSE  (Prot.  alag.,  ii^  mode). 


R.  T. 

p.  19 (nj 


p.  17  (n) 

p.  I7(n) 

p.  19  (n) 
p.  I9(n) 


p.  19 


p.  II  (n) 

(du  lerj 


Thème  45. 

*"c5a     i|c     aGac"c^         [Flaca     ci;     GGaa     || 
Scu-to    bo-nae    vo-lun-ta-tis      tu-ae  co-ro-na-sti     e-um,  Do-mi  -  ne.  Ps,5. 

De  uno  hlart.  in  II  noct.  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426  et  155. 

De  la  2^  époque  : 

"  c    c    c  "  ctj    a     a    F    a    cdç    c     c    G    a     cd    c     | 

Coti-so  -  la-mi  -  7ti,  con-so-la-mi   •   ni,   po-pu-le     me  -  us,  etc.,  pp.  97,  112. 

*"ccÇca    a[F"|ac"ctfG       [aJcdcÇa       ct^c    dcÇÔac^aaH 
Omnipo-iens  sermo  fî/-j<s,  Domine,         a    re-ga-li-bus      sedibus  ve-nit,   al-le-lu-ia. 
Dom.  IV  Adv.  ad  Laud.  Trêves  est  le  plus  conforme  aux  anciens  recueils.  Texte  actuel  :  veniet. 

*"c   C  ctj    a    a    [F]"  a   C    c  de  c    |    cède    d  cd   c   cd  c  c^  G  t{c  a  a  || 
O-blatiis    est,  qui -a       ip-se  vo-lu  -  it  :      et        pec-ca-ta  no-stra  i  -  pse  por-ta-vit. 

De  Cena  Dni  ad  Laud. 

*  "  C  tJcaG  âÇc"  [F]âccccci;ct;aâc         c     ac|cdc5Gâaa|| 
Fra-nie  -  a  su-sci-ta-re   adversus  e  -  os  qui   disper-gunt  gregem  meam. 

Fer.  II  maj.  hebd.  ad  Laud.  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 

De  la  3^  époque  : 

c     ct|âcc5     Ga     c5     Gtja     [Fjacj;     âpaal 
Hic     i  -  ta-que  cum     jam,     re  -  li-ctis      lit  -  te-ra-rum  stu  -  di  -  is, 

a     [f    Ga]     a    ca     tjc     a     Ga    c     cdc    | 
pe  -  te  -  re         de-ser  -  ta      de-cre  -  vis-set, 

cc|    G      a        c5     G^c    a    a      [aF    âc]    c     tl    G    Ga     a     II 
nu  -  trix  quae  hune     ar    -    cti-us        a  -  ma  -  bat,  se-cu  -  ta       est. 

De  S.  Bened.  in  II  noct.  Antiph.  du  XlIIe  s.  B.  R.  Brux.,  ms.  6426.  Antiph.  Cisterc,  p.  601. 

Variante  In  omnem  terrain  (a  c  tf  c  d  c  a),  produite  par  l'addition  d'une 
anacrouse  et  par  développement  interne. 

Antienne  psalmique  : 


In      0  -  mnem  ter-ram   ex  -  i  -  vit    so-nus    e   -    o  -  rum  : 

[F]   a     ce     c    cti     cd    d        Ga    c     de    a    a     || 

et     in     fi-nes    or-bis      ter-rae       ver-  ba     e   -    o-rum.^     Ps.  18, 

De  Apost.  in  I  noct. 

^  Antiennes  du  psautier  hebdomadaire  :  Da  nobis  Domine,  ps.  59  (Fer.  IV  ad  Noct.); 
Cantate  Domino,  ps.  95  (Fer.  VI  ad  Noct.),  etc. 


HYPOLYDIEN  INTENSE  (Prot.  plag.,  ne  mode).                           379 

Thème  45. 

K.  T. 

Antienne  de  la  2*  époque  : 

*"âc"  ctîc^atjaGFGâaîc^aatîc       dcda| 

Et      co  ■  e -ge-runt   il-Uun    di   -   cen  -  tes  :     Ma -ne    no-biscum,    Do-mi  -  ne, 

p.  19  (n) 

cd[cc]5cdcc5âG     ac^aall 

quo-ni-am    ad  -  ve-spe-ra- scit,      al-le-lu-ia. 

/»/.  hebd.  Paschae  in  Evattg.  Voir  ci-dessus  p.  376.  Pustet  a  une  mélodie  tout  autre,  du  VIIo,  th.  19. 

Antienne  de  la  3^  époque  : 

*a    c    t|     cd   p     a      |      c    tfc    a     a     [F]  ac    tî     a    cd    tfc     c^    a    a    || 

An-cil-la  Chri-sti     siim  :         i  -  de  -  o     me      o-sten-do    ser-vi  -  lem    per- so-nam. 

(De  S.  Ag.  in  l  noct.)  Antiph.  du  XlIIe  siècle.  B.  R.  Brux.,  ms.   155.  Texte  des  livres  modernes  :  servilem 
habere  personam. 


Thème  46,  In  universa  terra  (ad  c  tf  G  a  c  a),  mélodie  à  peu  près  fixe, 
et  d'un  tour  très  caractéristique.  Elle  ne  s'applique  guère  qu'à  des  textes 
exclaraatifs. 

Antienne  psalmique  : 


-^=i= 


-[■]- 


In   u-ni  -  ver-sa  ter  -  ra 
De  wto  Mart.  in  II  noct. 


lo-ri-a    et   ho-no-re    co-ro-na-sti     e-um.  Ps.  8. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


*"a     de     t^Ga     a"|     aci;     GGG    a[F]    ac    et}    c    a    || 
De    Si -on   ex -i -bit   lex,  et  verbum  Do-mi -ni    de        Je  -  ru  -  sa-lem. 

Fer,  I F  poU  Domt  I  Adv.  in  Evang. 

*"aâdc     c|Gâa"     I 
Coji-sur-ge,   con-stir-ge,  etc.,  p.  97. 

*"aâdc     i|Gâa"|     aa(F)a     cct^G     aGac     t}c     a 
Constan-tes     es-to  -  te  :       vi  ■  de  -  bi  -  tis    au-xi-li-um    Do  -  mi-ni    su-per  vos. 
Fer.  71  ante  Yig.  Nat,  Dni  ad  Laud. 

*âdcct}Gâaa    1     a[F]aci;GGGaGâ5c    aa|| 
Mi-cha-el  archan-ge-le,        ve  -  ni    in   ad-ju-to  -  ri  -  um  po -pu- H       De  -  i. 

De  S.  Mich.  in  I  noct.  Le  texte  du  Resp.  greg.  porte  archangelus  venit. 


p.  19 


p.i9(n) 


p.  17  (n) 

p.  17  (n) 
p.  17  (n) 

p.  19 


38o 


HYPOLYDIEN    INTENSE  (Prot.  plag.,  ne  mode). 


R.  T. 


Thème  47,  Calicem  salutaris  (atjc  a  G  a  c  t|  a),  dessin  également  fixe 
dans  la  plupart  des  cantilènes  suivantes. 

Antienne  psalmique  : 


p. 19  (") 


p.  19 


p.  19  (n) 


p.  i7(n) 


p.  19 


Ca  -  li-cem  sa-lu-ta- ris  ac-ci-pi-am  :      et   nomen  Do-mi-ni    in  -  vo-ca-bo.  Ps.  115. 
De  Cena  DTii  ad  Yesp.  Ant.  Trev.,  p.  39S.  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 


Antiennes  de  la  2^  époque  : 


*  atjc  a  a    at}  a    a   a   G   ac  tf    G   G    I    a    cd  c  c    cd     fe]      cj:^  a   a    1 1 
Do  -  minus  De-us    au-xi-li  -  a  -  tor  vie-us  :     et     id  -  e  -  o  non  sum  con-fu-sus. 
Dom.  in  Palm,  ad  Laud.  B.  R.  Brux.,  ms.  155. 

*  "  aie    aa"a      aat^aaaGac      ctîG| 
Do  -  mi-nus     tamqiiam   o  -  vis    ad    vi  -  ctimam  ductus  est  : 

a    [F]    a    c    c    et}     de     a    a     || 
et    non    a-pe-ru-it       os       su-um. 

De  Cena  Dni  ad  Laud.  Ibid. 

*"al3e  a  a    aG  a   e     e  t}    G"  |     a  [F]  Ga.ct}     aeetîcdet:}a 
Spi  -  ri-tus  Do-mi-ni    su-per  me  :      e- van-ge-li-za-re  pau-pe-ri-bus   mi-sit  me. 

Fer.  IV  ante  Vig.  Nat.  Dni  ad  Laud.  Ibid, 

a    a     at}e    a    G     a    e     e    tjG    a     | 
Vi-a     ju  -  sto-rum    re-cta   fa-cta     est  : 

a     a    a     âcj    [oâ   f]     G    a    a    Ga     a     || 
et      i  -  ter  san    -    cto  -  rum  prae-pa-ra-tum     est. 

De  plttr.  Mart,  ad  Laud.  B.  R.  Brux,,  ms.  6426.  N'existe  plus  dans  l'ofiSce. 


p.  19 (n) 


p.  19 


Les  deux  antiennes  suivantes  peuvent  se  rattacher  soit  au  thème  qui 
précède,  soit  à  la  variante  du  thème  45. 

"  a  â|      G      a     [e]  "    e     d     e;:}     a  a      c      tf      ca      tf     a     G     G 

Vax  in     Ra  -  ma      au  -  di  -  ta      est,         plo  -  ra  -  tus     et         u  -  lu  -  la  -  tus  : 

e    eetj     a    t}     G    a    ei^     a    a    || 
Rachel       plorans  fi  -  li  -  os      su-os. 

De  Innoc.  ad  Laud.   Antiph.  du   XlIIe   siècle.    Réginon   met  un  quilisma  sur  la   première  syllabe   (aan), 
emprunt  fait  au  thème  ii. 


aGacde  ea    a       a    G    a    e    et}     a    ae  dct}a  tja    Ga    a     | 

Ma       -       gnum      he  -  re-di  -ta-tis     my-ste         -         ri  -  um  :  etc.,  p.  97. 


HYPOLYDIEN  INTENSE  (Prot.  plag.,  ip  mode). 


Une  dernière  antienne,  chantée  le  jour  de  Noël  à  l'office  du  matin,  me 
paraît  appartenir  à  l'hypolydien  intense.  Sa  mélodie,  d'une  monotonie 
archaïque,  mais  pleine  de  saveur,  est  empruntée  vraisemblablement  à 
quelque  chant  rustique  du  VP  siècle,  un  cantique  en  forme  de  dialogue'. 


K.  T. 


"c      tf    c    ac:f"    a    c    tf       G    tf    a 
(ler  chœur)    Queiii   vi-di-stis         pa-sto-res  ?  Di  -  ci-te, 


p.  i7(n) 


a    G    a    cî;    G     ^    a 

an-nun-ti-a   -   te     no-bis 


a     Ga     c     tiGtîa 
in     ter-ris  quis  ap-pa-ru-it? 


(26  chœur) 


Ga     ct|      G    t;    a 
Na  -  tum     vi  -  di-mus, 


aGactfacdc  cdticaGall 

et    cho-rus    an  -  ge  -  lo  -  rum         col-laudantes    Do-mi-num. 

[F]  - 

aGac     tîGtlcall 

(Chœur  général)        Al-le-lu-ia,    al  -  le  -  lu  -  ia. 

On  sait  que  la  synaxe  de  Laudes  garda  pendant  des  siècles  un  caractère 
en  quelque  sorte  populaire.  La  communauté  y  assistait  en  masse,  parti- 
cularité qui  à  une  époque  récente  passa  à  l'office  de  Vêpres. 

ï  La  succession  mélodique  me  fait  l'effet  d'avoir  été  imaginée  pour  se  jouer  sur  un 
chalumeau  de  cornemuse  [tibia  utricularis),  avec  une  basse  en  bourdon. 

-JJ-J-    I      lijJ     I      I     l-J-J      ij     I      !   J-J-b^i-^'-J-   J   J   J---   JfeJ  J 


49 


APPENDICE. 


Note     A     (p.     46).      LES     RESTES     DE    LA     MUSIQUE     GRECQUE 

DÉCOUVERTS     DEPUIS     1880. 

Notre  époque  aura  une  belle  page  dans  les  annales  de  l'archéologie 
musicale.  La  maigre  collection  des  mélodies  antiques  conservées  dans 
leur  notation  propre  était  demeurée  stationnaire  depuis  trois  siècles, 
lorsqu'en  quelques  années  elle  s'est  trouvée  plus  que  doublée.  Coup  sur 
coup  on  a  découvert  :  en  Asie  mineure,  une  chanson  gravée  sur  un 
monument  funéraire;  à  Vienne,  un  papyrus  contenant  quelques  lambeaux 
d'un  choeur  d'Euripide;  dans  les  fouilles  françaises  de  Delphes,  plusieurs 
fragments  musicaux  importants,  et  parmi  eux  un  chant  très  étendu  en 
l'honneur  d'Apollon,  oeuvre  qui  nous  montre  la  musique  grecque  sous 
un  aspect  nouveau  et  —  pour  beaucoup  de  savants  —  complètement 
inattendu. 

En  guise  de  supplément  à  notre  Histoire  de  la  musique  de  Vantiquité, 
nous  allons  reproduire  et  analyser  ici  ces  précieuses  trouvailles.  Mais 
auparavant  nous  dirons  quelques  mots  au  sujet  de  la  transcription  des 
mélodies  grecques  en  notation  moderne. 

L'écriture  musicale  des  anciens  Hellènes  se  compose  de  deux  séries 
parallèles  de  signes,  l'une  réservée  au  chant,  l'autre  appliquée  surtout 
à  la  musique  instrumentale,  mais  servant  aussi,  en  certains  cas,  pour  des 
mélodies  chantées,  ainsi  que  le  montrent  ci-après  les  fragments  IV  et  V. 

Si  l'on  défalque  les  signes  affectés  à  la  partie  suraiguë  de  l'échelle 
générale  des  Grecs,  signes  qui  reproduisent,  sauf  l'adjonction  d'un 
accent,  ceux  de  l'octave  immédiatement  inférieure,  il  reste  dans  chacune 
des  deux  séries  51  notes  musicales,  exprimant  une  étendue  totale  de  deux 
octaves  et  une  quarte  (2  i  -f~  2 1  -j-  q)* 

La  notation  dite  instrumentale  est  incontestablement  la  plus  ancienne. 
Seule  elle  est  fondée  sur  un  principe  harmonique  et  constitue  un  système 


384  APPENDICE. 

rationnel.  C'est  par  elle  qu'il  convient  de  commencer  l'étude  de  l'écriture 
musicale  des  Grecs,  étude  aussi  nécessaire  à  quiconque  veut  pénétrer  le 
mécanisme  compliqué  des  tons,  modes  et  genres  antiques,  que  Test  la 
connaissance  de  l'alphabet  ionien  à  qui  veut  apprendre  la  langue  des 
Hellènes.  Les  21  notes  comprises  dans  chacune  des  octaves  se  forment 
de  7  caractères  alphabétiques  (quelques-uns  de  forme  insolite)  présentés 
en  trois  positions  (K,  lettre  droite,  >|,  retournée  ^,  couchée).  Les  7  lettres 
droites  de  chaque  octave  traduisent  une  suite  de  sons  procédant  alternative- 
ment par  quarte  ascendante,  par  quinte  descendante  (ou  vice-versa),  et 
engendrant  en  conséquence  une  échelle  diatonique.  Les  lettres  retournées  et 
couchées  servent  à  noter  les  transpositions  de  cette  échelle  diatonique, 
ainsi  que  les  intervalles  chromatiques  et  enharmoniques. 

La  notation  vocale  est  un  simple  décalque  de  la  première.  Son  inven- 
teur s'est  contenté  d'inscrire  en  regard  de  chaque  note  instrumentale  une 
des  24  lettres  néo-grecques  dans  l'ordre  alphabétique  :  se  servant  pour 
la  région  moyenne  de  la  voix  d'homme  (le  topos  niésoïde)  des  caractères 
tels  quels,  et  complétant  son  échelle  en  bas  et  en  haut  au  moyen  des 
mêmes  lettres  diversement  posées  et  modifiées. 

Grâce  à  un  musicien  de  l'époque  romaine,  Alypius,  qui  s'est  donné  la 
peine  de  noter,  des  deux  manières,  les  15  échelles  tonales  de  l'antiquité 
dans  les  trois  genres,  il  n'existe  aucune  dissidence  en  ce  qui  concerne  la 
hauteur  relative  des  sons  exprimés  par  tous  les  signes. 

Mais  pour  ce  qui  est  de  la  hauteur  absolue  qu'il  convient  d'attribuer 
aux  échelles  antiques,  lorsqu'on  les  traduit  en  notes  modernes,  trois 
systèmes  de  transcription  se  trouvent  aujourd'hui  en  présence. 

La  méthode  adoptée  par  tout  le  monde  jusqu'en  1847  identifiait  arbi- 
trairement le  son  inférieur  de  l'échelle  tonale  la  plus  grave  avec  l'A  de  la 
notation  médiévale,  censé  à  l'unisson  de  la^.  Dans  ce  premier  système 
de  transcription,  la  mèse  du  ton  hypolydien,  que  les  deux  genres  de  nota- 
tion grecque  représentent  par  le  signe  alphabétique  C,  correspond  à  Vut^ 

aigu  de  la  voix  d'homme  I  (^ 1,  et  les  lettres  droites  de  la  notation 

instrumentale  se  traduisent  par  ré^,  sol^,  ut^,  fat,  si,  mi,  la.  Une  pareille 
transcription  a  deux  défauts  rédhibitoires  :  i»  elle  ne  laisse  pas  apercevoir 
les  rapports  qui  existent  entre  la  notation  des  tons  grecs  et  celle  de  nos 
échelles  transposées,  et,  par  là,  s'imprime  difficilement  dans  la  mémoire; 
2«  elle  met  les  chants  dans  une  région  trop  aiguë  d'une  quinte  à  peu  près. 
En  effet,  les  mélodies  antiques  conçues  pour  l'étendue  moyenne  des  voix 

d'homme  y  occupent  l'octave  la^-la^  \^~  ~r~r  c'est-à-dire  la  tessitura 


APPENDICE.  385 

de  la  haute-contre  !  Les  fragments  delphiens,  composés  pour  l'exécution 
monodique  (selon  moi),  montent  encore  d'une  quarte  en  plus. 

En  1S47  Fortlage  et  Bellermann  se  sont  aperçus,  chacun  de  son  côté, 

qu'en  traduisant  la  mèse  hypolydienne    (C)  par  la  f^-=F=j,  les  lettres 

droites  de  la  notation  instrumentale  se  trouvent  coïncider  avec  nos  sept 
notes  dites  naturelles  :  si,  mi,  la,  ré,  sol,  ut,  fa;  en  sorte  que  les  caractères 
retournés  et  couchés  répondent,  dans  les  diverses  échelles  tonales,  à  nos 
signes  modificatifs  (dièses  et  bémols).  Par  sa  corrélation  étroite  avec 
l'écriture  musicale  des  Européens,  ce  procédé  se  recommande  à  quiconque 
veut  apprendre  à  lire  couramment  la  notation  antique.  C'est  celui  dont 
je  me  suis  toujours  servi  et  qui,  à  notre  époque,  est  le  plus  usité. 

Toutefois  ce  second  mode  de  transcription  ne  concorde  pas  non  plus, 
pour  la  hauteur  absolue  des   sons,   avec  la  pratique  moderne.  Le  topos 

(  .^=] 

ntésoide  Y  est  compris  dans  l'octave  de  fa^  ^f<^2  y^  F~/>  ^^  ^'^'^  ^^^ 
encore  trop  haut  d'une  tierce  mineure,  par  rapport  au  diapason  actuel. 
Nous   devons  donc   admettre  que   la  mèse  hypolydienne  (C)   sonnait  en 

réalité  comme  notre  fa'i:^  y&~'^* — ).  A  cette  condition  nous  voyons  le 
topos  mésoïde  se  placer  dans  une  octave  accessible  à  nos  barytons,  à  nos 

ténors  et  à  nos  basses  I  ^— — '-• —  1 .  Lorsque  l'on  voudra  donc  exécuter 


à  leur  hauteur  réelle  les  cantilènes  grecques  transcrites  daprès  le  second 
système,  il  faudra  lire  les  notes  modernes  un  ton  et  demi  plus  bas. 

De  là  une  troisième  méthode,  celle  qu'a  suivie  ^L  Th.  Reinach  en 
reproduisant  dans  la  Revue  des  études  grecques  le  grand  hymne  apollinique 
et  la  chanson  de  Tralles.  Ici  le  transcripteur  a  présenté  directement  la 
mélodie  à  sa  hauteur  réelle  par  rapport  au  diapason  actuel.  Cette  manière 
est  peut-être  la  plus  convenable  quand  il  s'agit  simplement  d'initier  le 
grand  public  à  des  découvertes  sensationnelles^  Mais  en  tant  qu'outil 
scientifique,  elle  a,  comme  le  premier  système,  le  grave  inconvénient 
d'annuler  les  ressemblances  de  la  notation  grecque  avec  la  nôtre.  En 
effet,  les  lettres  droites  de  l'alphabet  instrumental  correspondent,  dans  ce 
genre  de  transcription,  aux  notes  modernes  :  sol'i:,  ut^,  /«S,  si,  mi,  la,  ré. 
Or  c'est  là  un  désavantage  beaucoup  plus  sérieux  que  la  nécessité  d'avoir 

I  Je  me  suis  servi  moi-même  de  ce  mode  de  transcription  dans  mon  Histoire  de  la 
musique  de  Vaut  quité  en  ajoutant  à  la  mélodie  de  Vhyinne  à  Hélios  un  accompagnement 
conjectural  de  cithare  (t.  I,  pp.  374-376). 


386  APPENDICE. 

à  transposer  une  mélodie  notée  sur  la  portée,  opération  d'une  difficulté 
nulle,  même  à  première  vue,  pour  quiconque  a  tant  soit  peu  l'habitude  de 
la  solmisation  sur  les  sept  clefs.  Quant  à  ceux  qui  ne  possèdent  pas  cette 
pratique  musicale,  il  est  douteu.x  qu'ils  parviennent  jamais  à  se  retrouver 
dans  le  dédale  des  tons,  modes  et  genres  grecs. 

Nous  resterons  donc  fidèle  à  la  méthode  Fortlage-Bellermann,  sauf 
à  indiquer  le  diapason  actuel  des  notes  initiales  dans  les  chants  qui  vont 
suivre.  De  même  nous  nous  servirons  des  clefs  propres  aux  voix  d'homme. 
Les  sons  que  nous  avons  intercalés  çà  et  là,  afin  de  combler  les  lacunes 
de  nos  documents,  se  distinguent  par  un  caractère  plus  petit  et  par 
l'absence  des  notes  grecques  correspondantes. 

I.  Chanson  du  IP  siècle  après  jf.  C,  découverte  près  de  Tralles\ 

H_u_ii t 


Diapason  actue,  :  ^^^(^j^^^^^ 


CZ        Z         KIZI  KIziKOCO<ï» 


:t  •  ,  ^  lî;    ^-  ,  ...  0.  -t:     ft    • 


....  .m-  -P-     -F-  -•-     -  -' 


iL-^=t?Liit: 


:>■ 


:*: 


I    'O-fTOV     ^^ç       (j)œi   -    vov    2  y^TjSh  0  -  Acog   (TV  y^v-Tov- 

cKzikÎKc    oô   ckoizkcccxt; 

-m   '-f-  -•-     -p--^-.»-  -^^  -m-    .    .0-     ^'.  -m-     ^  ■ v-CN 


Les  signes  mélodiques,  appartenant  à  la  notation  vocale  de  l'échelle 
diatonique  du  ton  iastien,  nous  sont  parvenus  intégralement  et  ne 
donnent  lieu  à  aucune  discussion^.  Comme  il  convient  à  une  chanson 
de  société,  la  mélodie  se  tient  dans  les  limites  du  iopos  mésoïde.  Malgré 
la  petite  coda  terminée  sur  la  dominante  grave,  on  reconnaît  au  premier 

^  Ci-dessus,  pp  33.  46.  Voici  les  principaux  écrits  qui  se  sont  occupés  de  ce  document  : 
Crusius,  Philologus,  1891,  p.  163  et  suiv.  ;  Wessely,  Mittheiliiugen  ans  der  Sammlung  der 
Papyrus  Erzherzog  Rainer,  t.  V,  Vienne,  1892;  Kuelle,  Revue  des  études  grecques,  1892, 
p.  265  et  suiv.;  C,  von  Jan,  Straszburger  Post,  i"  août  1893;  Crusius,  Philologus,  1893, 
p.  160  et  suiv.  ;  Spitta,  Vierteljahrsschrift  fiir  Musikwissenschaft,  Leipzig,  Breitkopf  et 
Hàrtel,  1894,  1er  trimestre,  p.  103  et  suiv.;  Th.  Reinach,  Revue  des  études  grecques,  1894, 
p.  203.  Monro,  The  modes  of  ancient  Greek  music,  Oxford,  1S94,  p.  88  et  suiv. 

2  La  dernière  note,  peu  distincte  sur  le  monument,  a  été  déchiffrée  tout  récemment 
par  M.  Monro. 


APPENDICE.  387 

coup  d'œil  rharmonie  iastienne,  propre  à  ce   genre  de  poésie  chantée, 
depuis  sa  création  (ci-dessus  p.  262,  note  2). 

L'analyse  du  dessin  mélodique  a  suggéré  à  MM.  Monro  et  Crusius  une 
observation  très  importante  qui  peut  se  formuler  ainsi  :  «  Le  compositeur 
«  a  respecté  les  inflexions  naturelles  du  langage  parlé.  Aucune  syllabe, 
«  dans  un  mot,  ne  porte  une  note  plus  aiguë  que  la  syllabe  accentuée. 
«  Lorsqu'une  syllabe  circonflexe  se  décompose  en  deux  sons,  le  premier 
«  est  toujours  le  plus  aigu.  »  Sauf  d'assez  rares  exceptions,  nous  voyons 
cette  double  règle  suivie  également  dans  les  autres  chants  antiques  qui 
nous  sont  parvenus.  Dans  les  morceaux  strophiques  toutefois  elle  ne 
pouvait  avoir  qu'une  application  limitée. 

En  ce  qui  concerne  la  rythmopée  des  quatre  vers,  tout  le  monde  n'est 
pas  encore  complètement  d'accord.  Déjà  sur  la  première  transcription 
de  M.  Ramsay,  où  le  signe  des  longues  était  marqué,  M.  Crusius  avait 
reconnu  la  mesure  fondamentale,  Vs»  ce  qui  depuis  lors  est  resté  acquis. 
Plus  tard  les  estampages  de  l'inscription  ont  fourni  des  indications 
rythmiques  plus  détaillées.  On  a  pu  distinguer  les  longues  de  deux 
temps  (— )  de  celles  de  trois  temps  (_i).  De  plus  on  a  découvert  des  points 
paraissant  destinés,  comme  dans  l'écrit  anonyme  publié  par  Bellermann, 
à  marquer  les  temps  forts  du  membre.  Or  ces  points  ne  reviennent  ici 
que  de  deux  en  deux  mesures  simples.  On  a  donc  affaire  à  des  dipodies 
choréiques;  deux  mesures  à  ^/g  se  réunissent  en  une  mesure  de  ^s* 

Tout  ceci  non  plus  ne  semble  guère  contestable,  mais  à  condition 
d'admettre  que  le  lapicide  s'est  trompé  assez  souvent  dans  le  placement 
des  points.  A  trois  endroits  notamment  (vv.  2,  3  et  4)  on  trouve  7  temps 
simples  d'un  temps  fort  au  suivant'.  Et  cependant  il  ne  peut  être  question 
d'un  changement  de  mesure  dans  une  chanson  d'allure  quasi  populaire. 
M.  Crusius  se  tire  d'affaire  par  un  artifice  graphique,  en  faisant  de  la 
durée  superflue  une  petite  note  (acciaccatura)  prise  sur  la  longue  suivante. 
C'est  là  un  expédient  inadmissible  autant  qu'inefficace  :  inadmissible, 
parce  que  nulle  part  il  n'est  question  d'un  semblable  ornement  du  chant 
chez  les  Anciens;  inefficace,  parce  que  Vacciaccatura,  si  brève  qu'on  la 
suppose,  tomberait  sur  le  temps  fort,  et  devrait  en  conséquence  porter 
le  point  rythmique.  M.  Th.  Reinach,  mieux  inspiré  selon  nous,  a  déplacé 
trois  fois  le  point,  et  c'est  d'après  sa  version  que  nous  avons  régularisé 
le  placement  des  accents  rythmiques. 

^  En  outre,  au  premier  ictus  du  3e  vers  il  y  a  un  point  de  trop.  A  la  fin  du  2^  et  du 
3«  vers  il  faut  une  longue  ordinaire,  au  lieu  d'une  longue  à  trois  temps.  Le  praticien 
aura  été  induit  en  erreur  par  la  terminaison  du  premier  vers. 


3'88 


APPENDICE. 


II.  Fragments  d'un  chœur  (i^""  stasimon,  2^  strophe)  de  VOreste  d'Euripide. 

Cette  vénérable  relique,  reste  d'une  composition  musicale  du  dernier 
des  trois  grands  tragiques  grecs',  a  été  trouvée  dans  les  papyrus  de 
l'archiduc  autrichien  Régnier  par  l'érudit  philologue  Wessely  qui  l'a 
publiée  en  1892^.  A  vrai  dire,  nous  n'avons  là  que  des  membres  épars 
d'un  organisme  musical  jadis  vivant  :  des  commencements  et  des  fins  de 
phrases  mélodiques  sans  milieu,  ou  vice-versa  :  bref  une  ruine  dont  nous 
avons  de  notre  mieux  rempli  les  vides  béants,  à  l'aide  de  matériaux 
identiques  aux  anciens,  de  manière  à  donner  une  idée  approximative  de 
l'ensemble  originaire.  Bien  qu'à  l'état  de  débris,  la  trouvaille  est  du  plus 
haut  intérêt  pour  l'histoire  de  l'art,  et  soulève  des  questions  passionnantes. 

Voici  le  document  tel  que  nous  l'interprétons.  Les  parties  conservées 
se  détachent  nettement  par  la  grandeur  du  texte  et  des  notes  musicales. 


(. 


iapason  actuel  : 


Partie  instrumentale 
Chœur. 


n 


[jcar  -  0  -  Ao  -]  ^î) 


P     c 


(le  Strophe 


/C£      -       TÊD 


fi: 


z 


p  <D  n 


1^    s    ^        * 

1^'^    il  ■• 2  i  -U. 11  I ^ 


=t=: 


f^Oy-TS-pog 

{ra,  -  vcc-  hy 


[a; 


-]    ^OM    '    y^BV  -  £1 


p,a 


roç) 


'  Comme  tous  les  lyriques  et  tragiques  de  la  belle  époque,  Euripide  composait  la 
musique  de  ses  pièces.  Mais,  d'après  son  biographe,  il  s'aidait,  pour  cette  partie,  de 
conseils  de  deux  spécialistes  habiles.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  540,  note  4. 

2  Papynis/ragment  des  Choygesanges  von  Euripides  Orest,  330  ff.  und  Partitur,  dans  le 
tome  V  des  Mittheilungen  ans  der  Sammlung  der  Papyrus  Erzherzog  Rainer,  Vienne. 
Comptes-rendus  et  dissertations  :  Ruelle,  Revue  des  études  grecques,  1892,  p.  265  et  suiv.; 
C.  von  Jan,  Straszburger  Post,  1er  août  1893;  Crusius,  Philologus,  1893,  P*  ^74  ^^  ^uiv. 
Monro,  The  modes  of  ancient  Greek  music,  p.  92  et  suiv. 


APPENDICE- 


389 


■18: 


■.h—z 


1   Z  E 


n 


wm 


0  ijus-yaç 

(ri-vv  -  U.C    ■ 


[Ô'A 


-?= 


-t- 


/3of      ov 
Si  -  jcav, 


M: 

Lfci: 


:fî=z: 


3i:==^tâ=:: 


P    c 


ju.0  -  VI  -/xoj]       e^  /3/30  -  TOÎÇ' 

rt  -  vJ  -  cx£    -    vcci  4)0  -  vov,) 


I  Z 


M^m 


:âzz: 


:è=:=E: 


à-và  [os 

(rov  'A-ycc 


^OÇ    .    cJoç 
IJ.VO  -  VOÇ 


c  p 

yo  -  vov      I 


n 


:a=i=: 

5 


crsr' 

1     D 


C      P 


=t=: 


l>c  - 


bô=: 


:=tâ: 


O   C 


[o]  n  p 


^^^= 


-ït-±-r^ZM-^*-^f~ 


{Xa,-Ùs 


:h 


Sccl    -    [j.wv'\    yco(,T-ê-xkv 

AuV     -     <Ta.ç        Ma.  -  v;  -  ce     ■ 

'     1     3 


n 

-   G-£V  [SsL 


"-f-    -f- 
:t=t: 


VUJV 

ra- 


:â=5=zd=tîÉ 


bfi==== 
Z    I    Z 


[zb: 


[Aâ-/3|S0if 
(oT-  cov, 


TTo'-yaiy,] 
_       Xé  -  O'J- 


:h=z: 


<f)£Ù'  |a.o 

Z 


0'  -  As  -  ôpi   -   01      -] 
w  -  u)     râ.-  Xocç, 


[C]  p 

0'    -    fJS 


f . 


criv.'] 


390 


APPENDICE. 


Les  lettres  de  la  notation  vocale,  placées  sur  le  papyrus,  comme  ici, 
au-dessus  du  texte,  font  partie  de  l'échelle  du  ton  lydien  (b),  où  elles 
occupent  sept  degrés,  depuis  la  trite  des  disjointes  à  l'aigu,  jusqu'à 
l'indicatrice  diatonique  des  graves.  Des  sept  notes  utilisées  dans  le  chant, 
quatre  ne  comportent  qu'une  seule  interprétation  :  d'abord  les  trois  sons 
stables  (Z  I  C  =  "^V  ^^3,  l<^^,  puis  le  plus  grave  des  sept  ($  =  sol^). 
Une  cinquième  note,  la  plus  aiguë  de  toutes,  ne  peut  davantage  faire 
question;  E  doit  avoir  sa  signification  ordinaire  :  fa^.  Quant  aux  deux 
notes  restantes,  non  diatoniques  (U  P),  elles  expriment  des  intonations 
toutes  différentes,  selon  que  le  tétracorde  dont  elles  font  partie  est  censé 
chromatique  ou  enharmonique.  En  effet,  la  notation  grecque  traduit  les 
échelles  des  deux  genres  par  les  mêmes  caractères  alphabétiques^ . 


Traduction 
chromatique 


Tétracorde  des  moyennes. 


-13- 


T:: 


Notes  vocales 

du  tétracorde  des  moyennes 

dans  les  deux  genres  : 


Traduction 
enharmoDique  : 


Mèse. 
I 


Indicatrice.    Parhypate.       Hypafe. 

n       P        C 


-ïi^- 


>- 


Son  intermédiaire'! 
entre  si/  et  la.  / 


Le  choix  entre  les  deux  interprétations  ne  peut  être  douteux  un 
moment.  Puisqu'il  s'agit  de  musique  vocale,  et,  qui  plus  est,  de  chant 
choral,  l'enharmonique  est  de  tout  point  impossible^.  L'échelle  mélodique 


1  Sous  l'empire  romain  on  distinguait  les  tétracordes  chromatiques  en  traversant 
d'une  petite  barre  la  lettre  de  l'indicatrice  :  lichanos  ou  paranète.  Mais  ce  signe  modi- 
ficatif  avait  un  emploi  très  restreint.  Alypius  ne  le  marque  que  dans  un  seul  des  quinze 
tropes  :  le  lydien  (7),  le  ton  vulgaire  de  la  citharodie. 

2  Toujours  portés  à  traiter  la  musique  grecque  comme  une  science  abstraite,  et 
non  comme  un  art  réel  pratiqué  durant  plusieurs  siècles  par  des  hommes  physiologique- 
ment  semblables  aux  autres  habitants  de  notre  planète,  les  philologues  allemands  et 
anglais  se  sont  décidés  pour  l'enharmonique,  sans  se  demander  comment  14  choreutes 
chantant  à  l'unisson,  —  eussent-ils  été  tous  des  virtuoses  émérites,  —  s'y  seraient  pris 
pour  faire  entendre  deux  intonations  distinctes  dans  l'espace  d'un  demi-ton.  Non  seule- 
ment l'enharmonique  à  quarts  de  ton  n'a  jamais  été  employé  dans  la  musique  chorale, 
mais  il  n'est  mentionné  nulle  part  comme  ayant  été  en  usage  dans  le  chant  monodique. 
Abstraction  faite  de  la  musique  à'aulos,  où  le  diésis  se  produisait  par  un  moyen  méca- 
nique (ci-dessus,  p.  6,  note  2),  l'enharmonique  pycné  des  Grecs  ne  fut  de  tout  temps 
qu'une  fiction  théorique.  La  grande  place  qu'il  occupe  dans  la  doctrine  des  intervalles 
et  dans  l'écriture  des  sons  provient  de  ce  que  les  fondateurs  de  la  science  musicale  et  les 
créateurs  de  la  notation  grecque,  Polymnaste,  Sacadas,  Lasos,  Pythoclide,  étaient  des 
aulètes.  L'habitude  d'enseigner  les  principes  de  la  musique  au  moyen  d'un  instrument 


APPENDICE.  391 

du  chœur  d'Ruripide,  comme  celle  des  iropica  de  Ptolémée,  est  moitié 
chromatique,  moitié  diatonique^  Inusitée  chez  Phrynique  et  Eschyle^,  la 
mélopée  chromatique  s'introduisit  dans  la  tragédie  précisément  vers 
l'époque  où  parut  ÏOresie^,  et  l'on  sait  que  les  tendances  musicales 
d'Euripide  le  portaient  vers  la  nouvelle  école  personnifiée  dans  Timothée*. 
Au  surplus  le  texte  de  ces  strophes  chorales,  rempli  d'exclamations  de 
douleur,  s'adapte  en  perfection  à  l'éthos  du  genre  chromatique,  que  les 
Anciens  dépeignent  unanimement  comme  pathétique  et  propre  aux 
déplorations^.  L'intention  expressive  du  poète-compositeur  est  manifeste 
dès  le  début  du  fragment. 

Bien  que  la  terminaison  de  la  période  musicale  ne  nous  soit  pas 
parvenue,  le  mode  se  laisse  déterminer  sans  difficulté.  Au  témoignage 
concordant  des  écrivains,  les  deux  principales  harmonies  du  chœur 
tragique  étaient  l'austère  dorisii,  l'émouvante  mixolydisti^.  Ce  dernier 
mode,  auquel  on  est  amené  à  penser  tout  d'abord^,  ne  peut  entrer  ici  en 
ligne  de  compte;  son  degré  terminatif  f^i^*— )  se  trouve  tout  à  fait  en 
dehors  du  parcours  de  la  cantilène.  L'harmonie  dorienne,  au  contraire,  se 
fait  reconnaître  bientôt,  et  par  la  situation  conforme  de  son  échelle,  et 
par  la  répercussion  de  sa  fondamentale  f  ^h— h=|  à  la  fin  de  deux  vers 
sur  quatre.  Le  stasimon  d'Oreste  est  donc  un  chant  dorien-chromatique^; 

à  vent  existait  encore  au  temps  d'Alexandre.  Voir  les  Harmoniques  d'Aristoxène,  parti- 
culièrement au  commencement  du  second  fragment  (Meib.,  pp.  41-43). 

i  Ci-dessus,  p.  37.  Le  mode  des  tropica  est  l'éolien,  mais  là  comme  ici,  le  tétracorde 
chromatique  a  la  disjonction  à  l'aigu.  Voir  la  règle  de  Ptolémée  relative  aux  mélanges 
de  genres  :  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  292. 

2  Plutarque,  De  Mus.  c.  20. 

3  Agathon,  qui  brilla  dans  Athènes  comme  poète-musicien  de  416  à  406  avant  J.  C, 
est  dit  chez  Plutarque  {Quaest.  conv.  1.  III,  c.  i,  §  i)  «  avoir  le  premier  introduit  le 
chromatique  sur  la  scène,  en  enseignant  sa  tragédie  les  Mysiens,  » 

4  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  pp.  491,  543. 

5  Mus.  de  Vaut  ,  t.  I,  p.  295. 

6  «  Les  tragiques  ont  joint  l'harmonie  mixolydienne  à  la  dorienne,  parce  que  celle-ci 
«  a  de  la  magnificence  et  de  la  noblesse,  que  celle-là  remue  les  passions,  et  que  la 
i<  tragédie  est  un  mélange  de  ces  expressions  différentes.  »  Aristoxène,  dans  la  Musique 
de  Plutarque,  ch.  16.  —  «  Les  personnages  de  la  tragédie  sont  des  héros;  le  chœur  au 
«  contraire  représente  le  peuple,  les  hommes;  c'est  pourquoi  son  chant  comporte  un 
'(  caractère  tantôt  larmoyant  (la  mixolydisti),  tantôt  tranquille  (la  doristi),  tel  qu'il  est 
«  propre  à  de  simples  mortels.  »  Aristote,  48=  problème  musical. 

7  Euripide  affectionnait  la  mélopée  mixolydienne;  il  existe  même  de  lui  un  mot 
intéressant  à  ce  sujet.  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  541. 

8  M.  Crusius  croit  la  mélodie  phrygienne  [Philol.,  1893,  t.  52,  p.  182).  Il  appuie  son 
opinion  sur  les  anciennes  échelles  enharmoniques  transcrites  dans  le  traité  d'Aristide 


393  APPENDICE. 

et  c'est  d'après  cette  donnée  que  j'ai  comblé  les  lacunes  du  fragment. 
Passons  à  la  forme  rythmique  du  morceau.  Le  mètre  du  texte  poétique 
est  le  dochmiaque,  exclusivement  propre  aux  chants  dramatiques  qui 
expriment  une  agitation  portée  à  son  comble.  En  général  le  pied  doch- 
miaque renferme  8  unités  métriques  (brèves),  dont  voici  les  principales 
combinaisons  syllabiques  par  ordre  de  fréquence  : 


Deux  pieds   dochmiaques  se   réunissent  habituellement  pour  constituer 
un  vers. 

Dans  mon  Histoire  de  la  musique  de  Vantiquité  (t.  II,  p.  125),  suivant  la 
théorie  de  l'éminent  philologue  J.  H.  H.  Schmidt,  j'ai  traduit  musicalement 
le  vers  dochmiaque  ordinaire  par  une  alternance  de  mesures  à  ^s  et  à  ^/s* 

1 ^         -  Il    ^         -^-^-        -  - 

î     1^  I  i    ' — '^     1"^    1  8    '  ^  \  8    ' — ^'     ^'    I  8    I 

Si,  comme  j'ai  tout  lieu  de  le  croire,  les  indications  rythmiques  vues 
par  M.  Crusius  existent  réellement  sur  le  papyrus,  une  pareille  interpré- 
tation n'est  plus  soutenable.  Partout,  en  effet,  la  i"  et  la  4^  unité  métrique 
portent  un  point  marquant  l'ictus,  le  temps  fort. 


C'est  donc  l'ancienne  théorie  d'Aristide  Quintilien',  reprise  de  nos 
jours  par  M.  Christ',  qui  se  trouve  avoir  raison  :  le  pied  dochmiaque  se 
décompose  en  un  pied  ternaire  plein  (tribraque,  ^  _  _,  ou  iambe  retourné, 

S,  —,  ou  dactyle  cyclique,  J-^  S)  suivi  d'un  pied  quinaire  (crétique,  1 , 

souvent  péon  4^,  ^  ^  ^  — ).  Toutefois  la  fréquence  de  la  diérèse  dans  le 
vers  dochmiaque  et  l'extrême  rareté  du  dédoublement  de  la  dernière 
longue  signalent  celle-ci  comme  une  longue  à  trois  temps.  J'ai  traduit 

conséquemment  le  pied   quinaire   (l )   par   un  ^/s  (  f    T    (•')  »  ce  qui 

porte  les  huit  unités  métriques  à  neuf  unités  rythmiques.  Cependant  je 

Quintilien  (Meib.,  p.  22).  Mais  sa  démonstration  ne  prouve  rien.  Toutes  les  notes 
employées  dans  notre  fragment  se  rencontrent  dans  l'échelle  dorienne  des  «  très  anciens  » 
aussi  bien  que  dans  leur  octave  phrygienne.  —  Au  surplus  Aristote,  dans  son  problème  48, 
dit  expressément  que,  abstraction  faite  de  Vhypodoristi  et  de  Vhypophrygisti  réservées 
exclusivement  aux  chants  des  acteurs,  l'harmonie  phrygienne,  enthousiaste  et  bachique, 
est  celle  qui  convient  le  moins  au  chœur  tragique. 

I    Meibom,  p.  39. 

*   Metrik  der  Griechen  und  Ruiner.  Leipzig,  Teubner,  1874,  p.  461  et  suiv. 


APPENDICE.  393 

n'ai  pas  cru  devoir  noter  par  ^/s  le  pied  dochmiaque  entier  :  sa  décompo- 
sition en  une  mesure  de  3/g  suivie  d'un  ^s  ^^  paraît  commandée  par  Victus 
prépondérant  sur  le  quatrième  temps  simple. 

•<•*       1^      ■      R      *  ***i 


• 


U  I  ^    «  I 


L'extension  rythmique  du  mètre  explique  de  la  manière  la  plus  ration- 
nelle une  anomalie  très  fréquente    des  dochmies  :  le  remplacement   du 

péon  (—  -  — )  par  un  pied  sénaire,  le  molosse  (- ).  Nous  avons  là  une 

syncope  {àvâKXcKri?)  analogue  à  celle  qui  se  pratique  dans  un  autre  rythme 
de  six  unités,  l'ionique.  Ici  Vanaklasis  donne  au  3/4  la  forme  d'un  ^s  • 

4  L.*  I  r  L-j'  Lf  I  r  r  Lj*  i  r  '1j*  '1j*  i  r  r  ^*^- 

réciproquement  dans  le  dochmiaque  elle  convertit  le  ^s  en  un  3/^  apparent, 
ainsi  qu'on  le  voit  trois  fois  au  vers  5  de  notre  fragment. 

c  r  I  «  r  û  '^  r  I  «  '^^'  i  «  r  û  û  r  m  û  r  m  ulj^^  r  i  ^^c 

L'agitation  fiévreuse  des  dochmies  se  traduit  dans  ces  tenues  à  contre- 
temps, interrompues  par  des  durées  brèves;  elle  devait  s'accentuer  encore 
à  l'exécution  par  un  mouvement  assez  rapide.  Et  en  effet  l'animation 
du  rythme  se  déduit  visiblement  de  tout  ce  qui  nous  reste  du  chant 
d'Euripide  :  chaque  syllabe  ne  porte  qu'une  note  unique,  sauf  à  un  seul 
endroit  du  cinquième  vers,  où  deux  intonations  se  partagent  une  syllabe 
longue.  On  aura  remarqué  à  cette  occasion  une  habitude  graphique  que 
nous  constaterons  à  chaque  pas  dans  les  inscriptions  musicales  de 
Delphes  :  la  répétition  de  la  voyelle  prolongée  au-dessous  de  chacune 
des  notes  chantées  sur  la  même  syllabe. 

Si  le  chant  du  chœur  d'Euripide  s'est  dégagé  assez  nettement,  du 
moins  dans  son  ensemble,  d'une  étude  attentive  du  document  exhumé 
par  M,  Wessely,  il  n'en  sera  pas  de  même  d'un  autre  élément  de  l'œuvre 
musicale,  que  l'on  croit  avoir  découvert  sous  les  signes  écrits.  Nous 
voulons  parler  de  l'accompagnement  instrumental,  confié  dans  la  tragédie 
antique,  d'après  ce  que  l'on  sait  actuellement,  à  un  joueur  d'aulos^.  Ici 
presque  tout  va  nous  paraître  obscur  et  problématique. 

I  Les  déplorations  chorales  sont  qualifiées,  dans  les  chœurs  d'Euripide  même,  de 
«  chants  plaintifs  privés  de  la  lyre  n  {aXvpoi  sXsyoi).  Voir  entre  autres  le  morceau  dialogué 
au  début  d'Hélène,  vv.  164-251. 


394  APPENDICE. 

Indépendamment  des  notes  vocales  posées  au-dessus  de  leurs  syllabes 
respectives,  le  pap3'rus  présente,  mêlés  au  texte  même,  des  caractères 
hétérogènes,  dans  lesquelles  MM.  Wessely  et  Crusius  voient  des  notes 
instrumentales.  De  fait,  deux  des  quatre  signes  employés  (1  et  D)  n'ont 
pas  chez  les  Grecs  d'autre  signification  connue;  en  outre,  tous  deux 
appartiennent,  comme  la  mélodie  chantée,  au  ton  lydien  (7).  La  première 
note  (~1)  est  l'indicatrice  non-diatonique  du  tétracorde  des  graves;  la 
seconde  (3)  est  le  degré  correspondant  du  tétracorde  des  moyennes; 
elles  se  lisent  donc,  dans  l'échelle  enharmonique  :  /^j  et  si?^',  en  chro- 
matique :  /a::^  et  s^t^a  (notées  sous  l'empire  romain  "^  2f)'i  cette  dernière 
signification  me  paraît  la  plus  vraisemblable,  étant  donnée  la  contexture 
de  la  cantilène  vocale.  Le  troisième  caractère  est  un  Z  surmonté  d'un 
point  et  dont  la  barre  oblique  est  redressée;  Z  figure  parmi  les  notes 
instrumentales  du  ton  lydien  comme  indicatrice  diatonique  des  disjointes, 
et  répond  conséquemment  à  sol^.  Enfin  le  quatrième  signe,  une  sorte  de 
grande  virgule  ('),  est  inconnu  dans  la  notation  musicale.  Il  se  montre 
deux  fois,  et  à  chaque  fois  suivi  des  notes  "[  0-  Comme  aucune  de  celles-ci 
n'est  marquée  d'un  ictus  rythmique,  je  suis  porté  à  identifier  le  signe 
énigmatique  avec  le  silence  du  temps  simple  (noté  A  dans  l'Anonyme  du 
IP  siècle  après  J.  C). 

En  somme  la  partie  d'accompagnement  découverte  par  M.  Wessely 
roule  en  entier  sur  trois  sons  disséminés  à  de  grands  intervalles,  et 
impliquant  une  échelle  instrumentale  diatonique  à  l'aigu,  chromatique  au 
milieu  et  au  grave^ 


Tétr.  diatonique  Tétr.  chromatique        Tétr.    chromatique 

des  disjointes.         |  |       des  moyennes.       |  |  des  graves.         |         Prosl. 


?=fe)=E=t^z=^t;«z=kp:=^=4=f:^4 


:\: 


E^^^a:|^z=3^^j=l 


Z  D  n 

Pour  parcourir  l'étendue  de  neuvième  comprise  entre  les  deux  notes 
extrêmes  (50/3  - /ajf^),  le  tuyau  cylindrique  de  Vaulos  devait  avoir  une 
longueur  de  25  centimètres  environ;  pour  fournir  une  échelle  continue, 
il  devait  être  percé  d'au  moins  sept  trous.  L'instrument  était  donc  un 
nionaule  joué  à  deux  mains^. 

1  Dans  les  échelles  mixtes  de  Ptolémée  la  division  des  tétracordes  se  reproduit 
d'octave  en  octave.  Mais  il  en  est  autrement  dans  le  grand  hymne  delphien. 

2  Par  un  hasard  des  plus  extraordinaires  nous  possédons  au  Musée  instrumental 
du  Conservatoire  de  Bruxelles  une  tibia  romaine  ayant  la  même  étendue  et  la  même  hauteur 
absolue  (n"  951  du  catalogue).  C'est  le  fac-similé  d'un  instrument  en  bronze  provenant 
de  la  collection  de  M.  Castellani.  Seulement  le  nombre  des  trous  est  moindre  :  trois 
pour  chaque  main  (un  seul  des  six  se  trouve  sur  le  côté  inférieur).  De  là  des  lacunes 


APPENDICE.  395 

Le  manuscrit  ne  montre  pas  clairement  la  manière  dont  les  sons  de 
l'accompagnement  s'unissaient  avec  les  intonations  de  la  mélodie  chantée. 
Comme  le  Z  se  trouve  toujours  à  la  fin  d'un  vers,  et  que  chaque  fois  il 
porte  le  signe  de  l'ictus,  on  est  fondé  à  faire  coïncider  le  son  instru- 
mental avec  la  dernière  syllabe  du  vers''.  Cette  note  aiguë,  isolée,  sem- 
blable à  un  gémissement,  aurait  donc  rempli  la  petite  pause  nécessaire 
à  la  respiration  des  choreutes.  Quant  au  groupe  '  "|  D,  placé  les  deux  fois 
dans  le  corps  du  vers,  il  ne  pouvait  s'exécuter  que  sur  la  mélodie  vocale 
elle-même;  aucune  interruption  du  chant  n'est  admissible  à  l'endroit  où 
ces  caractères  se  trouvent  tracés. 

Peu  de  personnes  apparemment  admettront  que  les  dix  ou  douze  notes 
jetées  à  travers  le  texte  poétique  aient  constitué  toute  l'instrumentation 
du  chœur  à'Oreste,  et  que  pendant  le  reste  du  chant  l'aulète  n'ait  eu  qu'à 
se  taire.  Les  Anciens  nous  dépeignent  leur  krousis  chorale  comme  autre- 
ment importante.  De  toute  manière  donc,  nous  ne  pouvons  avoir  là  ce  que 
M.  Wessely  appelle,  tant  soit  peu  prétentieusement,  une  «  partition  », 
mais  bien  plutôt  une  partie  séparée  de  chant,  indiquant  au  choreute  les 
principales  répliques  instrumentales.  Sans  essayer  de  compléter  par  des 
conjectures  une  partie  d'accompagnement  qui,  dans  son  entier,  est  plus  ou 
moins  hypothétique,  je  me  suis  contenté  de  l'accueillir  dans  ma  transcrip- 
tion, en  l'interprétant  d'après  mes  connaissances  actuelles.  Aujourd'hui 
qu'une  nouvelle  ère  de  découvertes  semble  s'ouvrir  devant  nous,  qui  sait 
si  une  prochaine  trouvaille  n'éclairera  pas  soudain  ce  qui  reste  encore 
mystérieux  dans  le  papyrus  de  l'archiduc  Régnier?  A  cet  égard  toute 
espérance  est  permise  à  la  génération  actuelle. 

IIL  Fragments  d'un  chant   en  Vhonneur  d'Apollon,   composé  au  IP  siècle 

avant  J.   C.^ 

Cette  oeuvre  musicale,  la  plus  remarquable  assurément  de  toutes  celles 
que  nous  lisons  en  notation  antique,  a  été  retrouvée,  il  y  a  un  an  à  peine, 

dans  l'échelle.  Tous  les  trous  étant  ouverts,  l'instrument  fait  entendre  (au  diapason 
moderne)  :  mi^;  en  bouchant  un  à  un  les  six  trous,  on  produit  les  sons  ré^,  ut^,  solz, 
fa 2,  mi 2,  rc'$,2-  Je  présume  que,  dans  son  état  primitif,  le  tuyau,  allongé  par  un  appen- 
dice, avait  réh  comme  son  le  plus  grave.  C'eût  donc  été  un  aiilos  accordé  à  la  fois  en 
mode  phrygien  et  (par  rapport  au  diapason  grec)  en  ton  phrygien. 

1  La  dissonance  de  septième  n'a  rien  qui  doive  nous  effaroucher.  Ne  savons-nous  pas 
par  Aristoxène  (ap.  Plut.  Mus.  c.  8)  que  le  trope  spondaïque,  dont  la  création  était  censée 
remonter  au  fabuleux  Olympe,  admettait  déjà  l'accord  de  seconde? 

2  La  date  approximative  du  monument  musical  (185-135  av.  J.  C.)  se  déduit  du  style 
de  l'écriture,  ainsi  que  le  démontre  M.  Pomtow  dans  un  article  du  Rheinisches  Museitm 
(1894.  P-  577  6t  suiv.)  :  Ziir  Datirung  des  delphischen  Paean,  etc. 


396  APPENDICE. 

dans  les  ruines  du  Trésor  athénien  à  Delphes,  gravée  sur  deux  blocs  de 
marbre'.  Elle  a  été  publiée  pour  la  première  fois  en  reproduction  hélio- 
graphique dans  le  Bulletin  de  Correspondance  hellénique  (avril-juin  1894, 
p.  561  et  suiv.),  accompagnée  d'un  commentaire  philologique  de  M.  Weil 
et  d'une  transcription  très  correcte  en  notes  modernes  de  M.  Théodore 
Reinach^.  Mais  par  une  méprise,  qui  s'est  révélée  à  un  examen  plus 
approfondi  du  monument,  on  avait  interverti  la  véritable  position  des 
blocs,  en  sorte  que  dans  cette  publication  la  seconde  moitié  du  chant  se 
trouve  au  commencement  et  vice  versa^.  Une  obligeante  communication 
de  M.  Reinach  m'a  procuré  la  possibilité  de  mettre  sous  les  yeux  de 
mes  lecteurs  une  version  rectifiée  de  ce  qui  subsiste  encore  de  l'hymne 
du  poète-musicien  d'Athènes. 

L'écriture  mélodique  est  celle  qui  s'employait  spécialement  pour  le 
chant,  contrairement  aux  deux  fragments  moins  étendus  (IV  et  V) 
exhumés  en  même  temps;  ceux-ci  ont  été  rencontrés,  à  la  grande  surprise 
de  tout  le  monde,  munis  des  notes  dites  instrumentales.  Au  point  de  vue 
graphique,  les  trois  monuments  musicaux  de  Delphes  présentent  quelques 
particularités  communes.  1°  Quand  deux  ou  plusieurs  syllabes  consé- 
cutives ont  la  même  intonation,  la  note  ne  figure  qu'au-dessus  de  la 
première  syllabe;  elle  est  censée  se  répéter  jusqu'à  l'apparition  d'une 
note  différente.  (Pour  plus  de  clarté,  nous  marquerons  ici  la  répétition 
par  un  petit  trait.)  2°  Nulle  part  on  n'aperçoit  des  indications  relatives 
à  la  mesure.  Ceci  s'explique  par  la  simplicité  des  formes  rythmiques. 

Le  grand  hymne  apoUinique  suit  d'un  bout  à  l'autre  le  mètre  péonique, 
c'est-à-dire  la  mesure  à  cinq  temps  simples  (s/g),  formée  d'un  frappé  de 
trois  unités  et  d'un  levé  de  deux  unités''.  On  ne  rencontrera  dans  cette 

1  L'habitude  de  transmettre  ainsi  à  la  postérité  les  plus  beaux  chants  en  l'honneur  des 
dieux  existait  en  d'autres  sanctuaires  de  l'HelIade,  par  exemple  à  Sicyone.  Mus.  de  Tant., 
t.  I,  p.  429,  note  2.  Les  anagraphai  mentionnées  par  Glaucus  de  Rhegium  étaient 
probablement  semblables  aux  inscriptions  musicales  de  Delphes. 

2  L'hymne  à  Apollon  fut  publié  de  nouveau  dans  la  Revue  des  études  grecques,  1894, 
p.  XL,  précédé  d'une  Conférence  sur  la  musique  grecque  prononcée  le  12  avril  1894.  Depuis 
lors  ce  chant  a  été  reproduit  un  peu  partout,  et  exécuté  même  assez  souvent  en  public. 
Pour  la  première  fois  depuis  une  quinzaine  de  siècles,  la  musique  des  Anciens  a  réussi 
de  nouveau  à  captiver  l'attention  des  artistes  et  des  gens  du  monde. 

3  Voir  l'article  déjà  cité  du  Rheinisches  Muséum. 

4  Les  doutes  émis  à  ce  sujet  l'ont  été  par  des  personnes  insuffisamment  initiées  à  la 
métrique  et  à  la  rythmique  grecques.  Au  reste  la  mesure  à  cinq  temps  n'a  pas  jusqu'à  nos 
jours  cessé  d'être  en  usage.  Les  Hongrois,  les  Finnois  l'emploient  dans  leurs  chansons  ;  les 
Basques  s'en  servent  pour  leur  danse  nationale,  le  Zortzico,  dont  voici  le  rythme  typique  : 

^  LS  I  '1.LJ*  ÎJ  I  Liir  U  I  LLzî  Lf  I  r  '^  -Il 


APPENDICE.  397 

pièce  ni  anacrouse,  ni  longue  prolongée  :  aucune  syllabe  n'y  porte  donc 
plus  de  deux  sons.  Les  combinaisons  de  la  rythmopée  sont  en  fort  petit 
nombre;  les  voici  toutes  : 

^  j    :  n  I 
^  j   ;  j    I 

^  •  •  •  •    I 

5  I         1         1  f— ^,  I 


C'est  par  la  coupe  des  membres  et  la  structure  des  périodes  que  s'obtient 
la  variété  rythmique.  Les  vers  et  les  sections  de  la  cantilène  conservés 
intégralement  se  décomposent  sans  difficulté  en  membres  de  deux  mesures 
(dipodies)  et  de  trois  mesures  (tripodies)'.  Les  groupes  de  4  mesures  se 
laissent  réduire  à  2  -f-  2,  ceux  de  5  mesures  à  3  -)-  2  (2  -|-  3);  ceux  de 
6  mesures  se  résolvent  en  3  +  3  ou  2  -j-  2  -f  2.  Les  vers  ne  contiennent 
pas  plus  de  six  mesures,  pas  moins  de  trois  (exception  unique  au  début 
de  la  deuxième  section,  où  nous  admettons  un  hypermetron  de  sept 
pieds,  2  -j-  3  -j-  2,  dont  les  deux  premiers  forment  un  proodicon).  Sauf 
pour  la  dernière  partie  du  morceau,  trop  mutilée,  nous  avons  indiqué  la 
structure  des  périodes  mélodiques,  déjà  reconnue  en  grande  partie  par 
M.  Th.  Reinach. 

Malgré  les  énormes  lacunes  de  l'œuvre  musicale,  elle  montre  quatre 
divisions  bien  caractérisées.  Toutefois  l'unité  modale  s'y  maintient  d  un 
bout  à  l'autre.  Ainsi  que  le  dénotent  clairement  les  inflexions  mélodiques, 
les  arrêts  et  les  cadences,  le  grand  hymne  apollinique  appartient  à 
l'harmonie  dorienne,  mais  avec  une  particularité  des  plus  remarquables, 
qui  se  retrouve  dans  les  autres  fragments  musicaux  de  Delphes  publiés 
jusqu'à  ce  jour  (janvier  1895).  Le  troisième  degré  ascendant  de  Voctave 
modale,  V indicatrice  diatonique  du  tétracorde  des  moyennes  (G  dans  l'échelle 
sans  accidents),  n'y  figure  pas  une  seule  fois.  L'absence  constante  d'un  des 
degrés  harmoniques  du  mode,  la  médiante  de  la  triade  fondamentale^, 
imprime  à  la  mélopée  un  caractère  et  une  expression  tout  autres  que  dans 
les  chants  doriens  de  l'époque  romaine. 

L'échelle   tonale    employée   dans    la   première    et    les    deux   dernières 

ï  La  doctrine  rythmique  d'Aristoxène  envisage  les  dipodies  et  les  tripodies  péoniques 
comme  des  mesures  composées  à  i°/8  et  à  'S/g,  Elle  admet  en  outre  la  pentapodie,  mesure 
que  la  notation  moderne  devrait  transcrire  par  ^s/s;  mais  c'est  là  une  création  purement 
théorique.  En  réalité  un  vers  renfermant  cinq  pieds  quinaires  se  sectionne  toujours  en 
deux  membres,  un  de  trois  mesures  et  un  de  deux. 

2  Voir  ci-dessus,  pp.  40-41. 

5ï 


398  APPENDICE. 

sections  du  morceau  est  celle  du  ton  phrygien  qui,  traduite  en  notation 
moderne,  contient  trois  sons  marqués  d'un  bémol.  L'octave  dorienne  y 
est  conséquemment  comprise  entre  sol^  (J3)  et  sol^,  (O),  et  le  son  éliminé 
est  s*t,  (n). 


i 


z:^: 


I  Tétr.  des  disjointes.  {  |  Tétr.  des  moyennes.  | 

13  V  0IM  n  TO 


Hz: 


e^^(ê)^^ee 


Mèse. 

Excepté  dans  la  section  initiale  de  l'hymne,  où  sa  disparition  laisse  un 
vide  absolu,  le  degré  absent  est  remplacé  par  un  échelon  plus  haut  d'un 
demi-ton  (O  =  s^tj),  et  que  nous  considérons  comme  emprunté  à  une 
échelle  tonale  située  à  la  tierce  mineure  au-dessous  du  ton  phrygien  : 
l'hypolydien  (ting)^.  Ce  mélange  d'échelles  donne  comme  résultat  en 
certains  endroits  de  la  z^  section  (notamment  mes.  49-51),  ainsi  que 
dans  le  peu  qui  reste  de  la  3^,  wie  gamme  mineure  identique  à  celle  de  la 
musiqtie  moderne,  sauf  qu'elle  a  sa  terminaison  sur  la  domijiante  inférieure. 
sol  fa  mib  ré  ut  sit|  lab  sol. 
Voilà  certes  une  suite  de  sons  faite  pour  déconcerter  les  philologues 
qui  ne  voient  rien  au  delà  de  leurs  textes^.  Toutes  les  règles  aristoxé- 
niennes  relatives  à  la  structure  intérieure  et  à  la  succession  des  tétra- 
cordes  sont  ouvertement  violées  3,  Et  cependant  —  on  me  permettra  de 
le  rappeler  ici  avec  une  certaine  fierté  —  vingt  ans  avant  les  fouilles  de 
Delphes,  j'avais  démontré  la  possibilité  d'expliquer  le  mineur  européen 

'  L'auteur  de  V Introduction  harmonique  (Pseudo-Euclide),  dans  un  passage  assez  équi- 
voque, à  la  vérité,  décerne  aux  tons  distants  d'une  tierce  mineure  l'épithète  de  parallèles 
(Meib.,  p.  20),  tout  comme  le  font  aujourd'hui  les  Allemands  pour  les  tons  majeurs 
et  mineurs  pourvus  de  la  même  armure.  Les  Français  se  servent  du  terme  relatifs.  Il  est 
à   remarquer  que   la   note  intercalaire    (O)   appartient    aussi   au  ton  parallèle  situé   à 

l'aigu  du  phrygien,  c'est-à-dire  au  mixolydien  (bl?^,^'  où  elle  occupe  le  sixième  degré 

ascendant  («ibs). 

2  Le  plus  autorisé  des  érudits  musicistes  de  l'Allemagne  actuelle,  M.  von  Jan,  en 
rendant  compte  de  la  découverte  française  dans  la  Berliner  philologiscke  Wochenschrift 
(28  juillet  1894),  n'a  pas  même  essayé  d'expliquer  cette  échelle  extraordinaire. 

3  Nous  voulons  parler  surtout  des  fameux  théorèmes  compris  dans  la  dernière  partie 
des  Fragments  harmoniques.  L'.éminent  traducteur  d'Aristoxène,  M.  Marquardt,  qui  les 
considère  comme  une  fabrication  byzantine  (hyzantinisches  Machwerk),  est  probablement 
dans  le  vrai.  En  tous  cas  ces  règles  ne  visent  que  des  échelles  théoriques,  homogènes 
dans  toute  leur  étendue.  Or  tous  ceux  qui  savent  quelque  chose  de  la  musique  grecque 
ont  pu  voir  depuis  longtemps,  par  les  échelles  enharmoniques  d'Aristide  et  par  les  tropica 
de  Ptolémée,  que,  en  dehors  de  l'école  d'Aristoxène,  les  Anciens  ne  tenaient  pas  compte 
de  ces  règles,  inapplicables  d'ailleurs  dès  qu'il  y  a  mélange  de  genres. 


APPENDICE. 


399 


à  l'aide  de  la  théorie  grecque.  J'écrivais  en  1874  dans  le  premier  volume 
de  mon  Histoire  de  la  musique  dans  l'antiquité  :  «  La  gamme  mineure  des 
«  modernes  est  le  résultat  d'un  mélange  de  genres  dans  le  sens  antique. 
«  C'est  un  octocorde  ayant  à  l'aigu  une  quarte  chromatique  de  deuxième 
«  espèce  (demi-ton,  trihémiton,  demi-ton  en  montant  ou  en  descendant)', 
«  réunie  par  conjonction  à  un  tétracorde  diatonique,  tout  le  système 
«  étant  complété  au  grave  par  le  ton  disjonctif.-  » 


Or,  il  suffit  de  savoir  lire  la  musique  pour  s'apercevoir  que  l'octocorde 
dorien  du  grand  hymne  de  Delphes  n'a  d'autre  différence  avec  cette 
gamme  mineure,  sinon  que  la  quarte  chromatique  de  deuxième  espèce  y 
passe  au  grave,  ce  qui  met  le  ton  disjonctif  au  centre  du  système  : 


Tétr.  des  moyennes  converti 

en  quaite  chromatique 

de  2"  espèce. 

MO  T  O 


Mèse. 


Par  rintrusion  du  si'O^^  la  triade  dorienne,  normalement  mineure  (G  b  d), 
devient  majeure^  (G  t|  d),  et  la  nouvelle  médiante  obtenue  par  altération 
hérite  des  fonctions  harmoniques  du  son  évincé.  En  effet,  nous  la  voyons 
employée  comme  note  d'arrêt  à  la  fin  de  la  deuxième  section^. 

Dans  toutes  les  parties  encore  subsistantes  du  morceau,  le  tétracorde  anormal 
reste  immuable  au  grave,  tandis  que  la  partie  de  l'échelle  située  à  l'aigu  de 
la  mèse  phrygienne  se  modifie  en  plusieurs  endroits  et  de  différentes 
manières.  Avant  d'analyser  les  nombreuses  métaboles  harmoniques 
employées  au  cours  de  l'œuvre,  il  sera  bon  de  mettre  sous  les  yeux  du 
lecteur  ce  qui  reste  de  la  composition  antique^. 


X  «  La  deuxième  espèce  de  quarte  est  comprise  entre  des  sons  mésopycnes.  »  Ps.-Eucl. 
(Meib.),  p.  14. 

2  Page  292.  Au  même  endroit  j'ai  cité  des  exemples  de  ce  chromatique  dans  les 
chants  de  l'Église  byzantine,  dans  les  mélodies  des  Turcs,  des  Arabes,  etc. 

3  Par  une  coïncidence  extraordinaire,  les  contrepointistes  du  XVI»  siècle  ont  imposé, 
dans  les  cadences  finales,  la  même  transformation  à  l'harmonie  dorienne  de  l'Eglise 
latine,  le  III*  mode,  le  pseudo-phrygien  de  la  théorie  ecclésiastique  des  Allemands. 

4  Je  livre  ce  fait  aux  méditations  de  M.  von  Jan,  l'obstiné  adversaire  du  Terzenschluss. 
—  Pauvre  grand  Westphal  !  qui,  de  guerre  lasse,  a  renié  une  de  ses  intuitions  les  plus 
géniales,  au  moment  même  où  elle  allait  se  confirmer  de  différents  côtés. 

5  Les  additions  conjecturales  au  texte  sont  de  MM.  Weil  et  Th.  Reinach. 


400 


APPENDICE. 


f-p- 


!  Diapason  actuel  :  ^LuZS 


X_A-4^ 


) 


le  Section. 
^ 


7  I   _     M       T  M 


10 


'E  -  Ai  -  y-]co  -  va  Pœ-Ùv  •  Ssv  •  Spov  ou 
0    I  M     I  M  T  M 


-f- 


— t^ — 


0  _        0   _     I        MI    _i5_  M  TM 


_   T  _  M 


O 


-,"«— 1- 


0 


SoU-SÏ-Œl  f/^éX    -    xj^T] 


-  xy  .-ii^ou     0  o 


-     0 


(Ts-o-  xofjua^v, 


^£^===r=^^C2=c^ — =_^__j=H- 


ii^ 


-> 


tj  à-và  Si-xo-pvf/y'  ^œïlœp  -  vtLtr  -  (ri-Soç 
__M_0I         _MT  TM_  T25M  I    0  I    0 


E!ES=^F^| 


-^-^ 


— t^- 


i—^ 


:=z|?=iiit-t=:^-t; 


rcf^-cf^Œ-Ss  'TTS-ré-pcLç       s-Sprj^v  œuJ  à-yœ-xkvToi.isïç  A£-sk-(j)i ci-iv, 
T       U  Jh  T    -  IJ  ^  XJ  -         0r--        A- 

r|;y-h r    ■■  t*— 1^ Hi-Pl 1 1^ — I A    -I P 1-^— i-^-l — I >^' ^ 


^i^^ii  zzE^lii^^^ 


Ka  -  (rra,-Xi-Soç    i  -  ov-v-Spov        va  -  ^aar'  i-T/  -  v/  -    TS-rœi, 
T-MI0IM__O 


30  M 


AeX  -  ^ov  à-vk [rf\tb-co-yœ  Uy(x-a,v -  raî-si -ov  è^-a  -  tcwv    itd-'yov. 


2*  Section. 


APPENDICE. 

r     35-  Vf  ^U  - 


401 


["Hv]     TikuTo,       fji,e-yot,-7^o-7co-'kiç 


K  A  M    O        _  K 


-•  -(» 


A        Kr     40-U.fïiU 


p"=ES'EE==3Eti=EE?E^= 


TCO-CO-vl-Soç 


^2 


ai^lzy^- 


e  r 


M 


r  B    r 


A  K 


:f=-=^?Efe^^E?=E'=J'=EE: 


<îa-[7rÊ^-]oy  à 


^a 


(x,v-(7rov,  à-<yl  -  oiç       Ss  ^co - 

r  O  M  r     45  K       M  A  K     A 


_  M 


i^tzz^: 


fjtyoT- oi-(riy  %  -  [<|>]a/  -  <7Toç  ai-f/-ôe[i] 


-1^ — I z 

vê-cov 


AM    O 


:à-t, 


K  A   r  M  u  e 


^if==^^^=»i^^=l=É==^ 


p-^  -  pœ  rd-ov-pwv,       ô-fjuov-ov     Sa  vtv  "A-pa,\p 


50  I      e  r  _   e 


T  o  M    A       MO 


1 u^ 1 


-b^-V^- 


-rdo^- 


à,  -  Tf^oç  iç'O-Xv^  -  TToy  à-vcL-xiS  -  y[a]-Ta/* 


T  O   _   _ 


_  M  A  M 


I C— I— — h-^ 1 -\ — !|— ^1 1^ 1~ 


Â/-yî;  (5s  ?ift)   -    TQ-oç  ^pé^wv 


402 


55    _   A  K  A  M 


IzfE^^^E^^EEB^EB^î 


APPENDICE. 

M  T  O  _  M  A  M 


:t:*==: 


à'£i  -  o-Aoï-oiç  [f/.£-]Xe<7/v  œi 


r      _  A 


K 


60 


—  t^— * 


xl'}-$œ-piç  V    -    fj^voi  ~  rriv  à-va-^ai/.  -  ttsto^I' 


r  M 


^^u  -  (TS-a        S'a.   -    êvôpovlç 
K  A  M         O        T  O  M     A       MO 


3e  Section. 
^  îî    - 

-.9 %-P — -"h — T r-i P — P — • ,  -» " F , — 1-3 — 1-3 P 1 , 

(3  Se  ['^£-%-''(    -   r]a)œv  TrpOTTdg       s  -  (Tf/yOg'AO    -    $1-Scl  Xœ'^-[uiy 


jh  r  ly  e  65  r 


-•_^- 


0 


r  - 


^^z:^=P=i^^-t  =t=^t2=t: 


-\/ — b^ — 1^ — 


-0- 
3  =tz 


.-    ,-   0. 


1^^ 


I  0  r  u 
1—1» 


-u/ — ;/ 


f--,— -— p— ^— f— — , 


p.voù    -    (t\    ers  7ra]|0     à-XpO-Vl-(j)^ 


75 


u  /h  r  -  u 


T</V    -    ^£  'Tcd-yoV  à-OL^-[_^oor  à    -     4/êu     -     ^é'   oj] 


fb. 


U  - 


/îv  r  a  _ 


i 


'. t-^- 


ip — ^/=^~ 


Ta    -    (Tl  $VCf,    -     roî-OlÇ  7irpO(f)Cli    -    VStÇ       [Xo-yi-a, 


M  T  M 


APPENDICE. 

80  I  M  I   0 


403 


irtzz*— 


V  0 


^^-r— ^-=j5^^— ^=j 


*     r  U  /ïi  TT 


85 


._r— 


I  o  r  - 


0  -  T£  T£-[o7      -       (Ti     ^£-  Xs-a-iv    a   -  rp]7J-7j-(70l,Ç  CCI   - 


/h  -  ly  - 


r^^ 


90 


i 


2-^: 


_     -Q-'koVa-'kl     -     XTCCV       l^u-dy 

10     M  I  0    r      -  jîi 
____.-_# — •— t^ — 


EZ:^: 


]  o-u-u  -  ply  -^aÔ'  /  -  /  -  f/ç        à-ôa> 

95  U  -   sh    X  ^  -  ly 

-p.  .,.  ^.    tî^.  iz^.  ^.  ... 


1— P- 5.-i^_t2:q 


:t2=p: 


■7r[£ 


rof 


fe 


«îè  Tcc-Aa-Toi-av  a>-p'^ç 

lo^i  0  r  <E> 


H — I*' — I — " — I — ^ — . 


i 


;ï^z=====:: 


V     £  •  TTS  •  pCL-OL,fj     a,-(j£    - 
/?\ 


7rT[o? 

4e  Section.    -.-  i    -n 

105         ^^    -  -    *    I^ 


] 


'A>iX' 


t  -  w 


<y£-av-vc^v  . 


404 


APPENDICE. 


1.  II  du  bloc  A.  Zy 

L  i- 


izr- 


^    -m- 

r- 1- 


-y — I 


à\                                          1. 12  ■'i^  — 

-#  _j p .-•Ci. 


V        -13 


I.  13 


£   Sd- 


a- 


t=£=t: 


^^^^ 


i^ 


01   -    0  Xo  .  .  . 


^:^=^:==P^==^i^3=Ê^gfàË^£SÈ^Ë^ 


Tf  -  oy 


1.  15 


TT 


-: ^^tzzt: 


1.  i6 


vÔoy 


.9— 


La  mélopée  ne  se  confine  pas  dans  l'étendue  de  l'octocorde  dorien.  Au 
grave  elle  ne  la  dépasse  qu'à  un  seul  endroit  (mes.  17-18),  où  elle  descend 
jusqu'à  la  parhypate  des  graves  (F)  sans  toucher  à  l'indicatrice.  Mais  vers 
le  haut  elle  atteint  souvent  la  trite  des  suraiguës  {jfi},  et  monte  même  un 
degré  de  plus  dans  les  3*  et  4^  sections.  Bien  qu'on  n'ait  retrouvé  que 
des  lambeaux  épars  de  ces  deux  dernières  parties,  ils  suffisent  pour  nous 
faire  voir  que  le  mélographe  y  utilisait  le  pycnum  du  tétracorde  chroma- 
tique des  suraiguës  %  sans  pousser  jusqu'à  la  nète  (M')»  note  dépassant 
d'un  intervalle  de  ton  l'extrême  limite  supérieure  assignée  au  topos  nétoïde, 
à  savoir  si'7^  (au  diapason  actuel  sol^^.  Ici  se  terminait  à  l'époque  d'Aris- 
toxène  (320  av.  J.  C.)  l'échelle  générale  des  sons  musicaux  exprimés  par 
les  signes  de  la  notation. 

'  On  me  dit  qu'un  publiciste  allemand,  M.  Reimann,  interprète  les  notes  chromatiques 
de  cet  hymne  comme  des  signes  enharmoniques.  Au  fait,  une  telle  interprétation  n'est 
pas  plus  absurde  ici  que  dans  le  chœur  d'Euripide. 

2  Mus.  de  l'ant.,  t,  I,  p.  236  et  suiv.  On  verra  ce  si^  aigu  employé  dans  le  dernier 
fragment  du  second  hymne  delphique  (ci-après  V). 


APPENDICE.  405 

Abstraction  faite  des  passages  qui  contiennent  une  métabole  de  ton 
(ce  qu'en  musique  moderne  on  appelle  une  modulation),  voici  l'étendue 
complète  et  la  forme  de  l'échelle  dorienne  employée  dans  notre  hymne  : 


Tétr.  chrom.  régulier      Tétr.  diatonique  des  Tétr.  chrom.  irrég.      Tétr.  diatonique  des 

I        des  suraiguës.        1 1  disjointes.  |  |        des  moyennes.        ]  |  graves.  | 

X  Jh  U       roi       MO         T<ï>  F 

Finale. 

Parmi  les  changements  qui  s'opèrent  dans  les  tétracordes  situés  à 
l'aigu  de  la  mèse,  remarquons  d'abord  la  plus  simple,  celle  qui  remplace 
momentanément  le  tétracorde  conjoint  par  le  disjoint  (mes.  2g),  trans- 
formant ainsi  l'octave  dorienne  : 


Nète  des  ...  •  •  Tétr.  chrom.  irrégulier    1 

disjointes.  |Tetr.  diat.  des  conjointes.|  |  ^gg  moyennes.  [ 

V        r        H       AMO  T* 


àE^ÊE  EÊEEEÏtP)=fe 


=r- 


r ==i^ 


La  deuxième  section,  intégralement  conservée  à  six  notes  près,  pré- 
sente la  combinaison  la  plus  compliquée  que  l'on  ait  rencontrée  jusqu'à  ce 
jour  dans  la  mélopée  des  Anciens.  Dès  les  premières  notes  il  y  a  métabole 
de  ton  :  modulation  à  la  quarte  aiguë.  Sauf  deux  passages  où  la  cantilène 
retourne  momentanément  à  son  échelle  fondamentale  (mes.  41,  49-51), 
toute  cette  partie  du  chant  appartient  au  ton  hypermixolydien,  dénommé 
à  l'époque  romaine  hyperphrygien  (t'y)'  L'ensemble  des  fonctions  har- 
moniques se  déplace  ;  de  S0I2  Ici  fondamentale  dorienne  passe  sur  ut^  (repos 
partiels,  mes,  46,  54,  57,  5g;  sauts  caractéristiques  de  quarte,  mes.  41-42, 
44,  59).  En  même  temps  il  se  produit  un  changement  de  genre.  Ait,  dessus 
de  la  quarte  chromatique  de  2^  espèce,  devenue  ici  le  tétracorde  des  graves, 
se  superpose  un  tétracorde  des  moyennes  régulièrement  chromatique.  De  là 
une  juxtaposition  de  trois  demi-tons  consécutifs  {ré  —  ré'7  —  ut  —  Sît}), 
expressément  prohibée  par  la  doctrine  aristoxénienne.   . 


Tétr.  des  disjointes.  I  |    Tétr.  chromaUque  des     ||     Tétr.  chrom^irrégulier     |  ^^^^^^^^_ 

jb.   Il        r  KAMO  TO 


à^==-=EEE  zf==zJgE^^j^^^^3^g 


:t==t : .^ 


Mèse.  Fin, 

dor. 


Ce  n'est  pas  tout.  A  un  certain  endroit  (mes.  42)  le  compositeur 
substitue,  à  l'aigu  de  la  mèse  hyperphrygienne,  le  tétracorde  conjoint  au 
disjoint,  ce  qui  introduit  un  nouveau  demi-ton  [sol^^ — fa^  dans  l'échelle, 

52 


4o6  APPENDICE. 

en  sorte  que  celle-ci  se  trouve  embrasser  alors  virtuellement  les  12  sons 
du  cycle  chromatique  des  modernes  \ 


Tétr.  des  conjointes.  1  1       Tétr.  chromatique  des       \         Téir.  chrom.  irrégulier 

Il  moyennes.  ||  des  graves.  1 

Br  KAMO  TO 


1^-1, ^f— g. 


2:èi^r=r=±=t=: 


^— '-^^=^'===^i^^  =i)=i 


Mèse.  Fin. 

dor. 

A  la  fin  de  la  deuxième  section  s'opère  le  retour  définitif  au  ton  initial 
par  l'intermédiaire  de  la  corde  hétérogène  (si's^),  qui  reprend  sur  l'arrêt 
final  sa  fonction  de  tierce  de  la  fondamentale  dorienne.  La  troisième 
section  s'attaque  par  cette  fondamentale,  suivie  de  son  antiphonie  aiguë. 
Tout  donne  lieu  de  supposer  que  les  deux  dernières  parties  de  l'œuvre 
musicale  avaient  la  terminaison  régulière  du  mode. 

A  quelle  catégorie  de  chants  devons-nous  attribuer  le  grand  hymne 
apoUinique?  M.  Th.  Reinach  y  voit  un  prosodion  au  sens  étymologique 
du  mot  :  autrement  dit  un  chant  choral  exécuté  pendant  une  procession 
solennelle^.  Trois  raisons  m'empêchent  d'adopter  son  idée,  et  me  font 
pencher  pour  l'exécution  monodique. 

1°  Le  rythme  quinaire  exclut  l'idée  d'une  mélodie  chantée  par  un 
chœur  en  marche;  une  mesure  ayant  3  temps  au  frappé  et  2  au  levé  n'a 
jamais  pu  régler  en  Grèce  les  pas  d'une  foule  se  dirigeant  vers  un  sanc- 
tuaire. Au  reste  nous  savons  quelle  forme  rythmique  les  anciens  Hellènes 
employaient  en  pareille  circonstance  :  c'était  une  variété  du  dimètre 
anapestique,  ne  différant  du  rythme  de  la  marche  militaire  (Venoplios)  que 
par  son  mouvement  plus  posé.  Jusqu'à  la  fin  de  l'antiquité  le  nom  de 
prosodiaquc  lui  est  restée. 

^     7 

2  |l.  •  I  •         •  •  I  •         •  •  I  <S  I  M  .11      A  '        '..  •       J'C       ■  1. 

4      |.     j  I      i      I  I      1^1  I  f*     ;     A  repeter  indenniment. 

2"  Le  diapason  et  la  facture  de  la  mélodie  sont  défavorables  à  l'hypo- 
thèse d'un  chant  collectif.  Tout  le  parcours  de  la  cantilène  appartient  au 
topos  néioïde,  à  l'échelle  des  voix  d'homme  les  plus  élevées;  le  dessin 
mélodique   se    dirige    avec   une   persistance   marquée    vers    l'aigu.    Pour 

I  Voici  la  progression  des  quintes  dont  est  tirée  cette  échelle  (les  sons  sous-entendus 
se  trouvent  entre  crochets)  :  sol?  —  ré'?  —  la\f  —  [w» b  —  sj't']  —fa  —  ut  —  sol  —  ré  — 
[la — mi]  —  si.  Il  est  à  remarquer  que  cette  série  donne  précisément  l'orthographe  la 
plus  correcte  de  notre  gamme  chromatique  de /a  mineur  (t'^jM,  à  savoir  ; /a  —  mih  — 
mi];  —  ré'^  —  ré^  —  ut  —  sj't^  —  si\f  —  la^  —  la)?  —  sol^  —  sol'7  —fa. 

*  Revue  des  études  grecques,  avril-juin  1894,  p.  xxxiii. 

3  Mus.  de  l'ant.,t.  II,  pp,  134,  325  (exemple  de  prosodion,  p.  326),  368-369. 


APPENDICE.  407 

chanter  l'hymne  précédent  le  choeur  aurait  dû  être  uniquement  composé 
de  ténors,  ce  qui  cadre  fort  mal  avec  les  assertions  des  écrivains  grecs,  et 
notamment  avec  ce  texte  d'Aristide  Quintilien  :  «  Les  styles  de  la  mélopée 
«  sont  au  nombre  de  trois  :  le  style  dithyrambique  (lyrique  chorale),  le 
«  style  nomiqiie  (monodie  lyrique),  le  style  tragique^.  Parmi  eux  le 
«  nomique  est  nétoïde,  le  dithyrambique  est  mésoïde,  le  tragique  est  hypa- 
«  toïde^.  »  D'autre  part  des  intonations  très  difficiles  se  présentent  à 
chaque  pas,  non-seulement  dans  la  deuxième  section,  remplie  de  dessins 
chromatiques  du  tour  le  plus  capricieux,  mais  dans  le  reste  du  morceau, 
où  l'on  rencontre  des  intervalles  directs  de  triton,  de  fausse  quinte,  de 
septième,  des  sauts  rapides  d'octave  etc.  Tout  cela  nous  semble  dénoter 
clairement  une  composition  destinée  à  l'exécution  individuelle. 

3°  La  coupe  du  morceau  nous  amène  à  des  conclusions  analogues  :  elle 
n'est  pas  strophique,  comme  Tétait  en  général  la  musique  chorale  des 
Grecs,  mais  commatiqne.  Le  chant  entier  se  divise  en  sections  de  lon- 
gueur diverse,  pourvues  chacune  de  sa  mélodie  propre.  Ce  fut  là  depuis 
Terpandre  jusqu'à  Mésomède  la  forme  affectée  au  chant  monodique'. 

De  toute  façon  donc,  selon  nous,  le  grand  hymne  n'est  pas  un  chœur; 
nous  y  voyons,  soit  un  péan  citharodiquc*,  soit  un  hyporchème  chanté  par 
un  seul,  mais  accompagné  d'une  danse  collective'. 

Le  plan  musical  de  la  composition,  en  rapport  avec  la  disposition  de 
l'œuvre  poétique,  offre  un  intérêt  réel  pour  l'artiste  moderne.  L'intro- 
duction de  l'hymne,  une  invocation  aux  Muses,  dont  malheureusement 
les  premières  mesures  sont  perdues,  se  distingue  des  parties  suivantes 
par  une  plus  grande  simplicité  dans  sa  cantilène,  le  thème  fondamental 
de  l'œuvre  musicale.  Pas  une  seule  fois  la  corde  irrégulière  ne  s'y  fait 
entendre;  la.  lichajws  est  supprimée  purement  et  simplement,  particularité 
qui  nous  reporte  à  l'échelle  dorienne  des  vieux  nomes  apportés  en  Grèce 
par  l'aulète  mythique  Olympe,  et  auxquels  on  rattachait  historiquement  la 
création  du  genre  enharmonique^.  Si  l'absence  de  cette  corde  n'est  pas  dans 
le  second  hymne  un  pur  effet  du  hasard,  ce  qui  semble  invraisemblable, 

ï   De  même  dans  la  Poétique  d'Aristote,  ch.  i. 

*   Meibom,  pp.  29-30;  37=  probl.  mus.  d'Aristote;  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  241. 

3  Voir  plus  haut,  p.  33,  §  23. 

4  Le  poète  fait  mention  d'instruments  à  vent,  à  côté  de  la  cithare,  mais  non  pas 
nécessairement,  ce  me  semble,  comme  accompagnement  de  son  propre  chant. 

5  Un  morceau  de  ce  genre  est  décrit  dans  VIliade.  Voir  Mus.  de  l'ant.,  t.  II,  p.  373.  — 
Aux  fêtes  de  Delphes  les  choreutes  dansants  devaient  faire  partie  de  la  troupe  des 
artistes  {reyvirùjv  k(r[/.oç,  mes.  63-65),  tout  aussi  bien  que  le  chanteur  (citharède)  et  le 
mélographe,  ceux-ci  réunis  peut-être  en  une  seule  et  même  personne. 

6  Plut.  Mus.  c.  II,  passage  traduit  ci-dessus,  p.  129,  note  2. 


4o8  APPENDICE. 

nous  devons  croire  que  le  rappel  du  procédé  archaïque  était  une  tradition 
imposée  par  le  programme  du  concours  de  Delphes^  et  il  est  intéressant 
de  la  voir  observée  dans  une  composition  aussi  travaillée  que  celle-ci,  et 
à  l'endroit  le  plus  saillant  de  l'œuvre. 

Le  texte  de  la  deuxième  section  a  un  contenu  épisodique  :  il  décrit  la 
procession  des  Athéniens,  leurs  sacrifices,  leurs  hymnes  chantés  au  son 
des  instruments.  Au  point  de  vue  musical  également,  cette  partie  affecte 
le  caractère  d'une  digression,  mais  par  le  luxe  technique  qui  s'y  déploie, 
elle  tranche  nettement  sur  le  reste;  le  compositeur  a  traité  avec  une 
prédilection  visible  le  passage  consacré  aux  pèlerins  de  sa  glorieuse  cité 
natale,  y  prodiguant  toutes  les  ressources  de  la  métabole  harmonique. 

La  troisième  section,  essentiellement  lyrique,  reprend  l'idée-maîtresse 
de  l'œuvre  :  la  glorification  d'Apollon;  vers  la  fin  elle  rappelle  l'attentat 
sacrilège  et  le  miraculeux  châtiment  des  Gaulois,  Dès  le  début  de  cette 
partie  la  mélodie  reprend  le  ton  initial,  mais  en  parcourant  une  échelle 
plus  étendue.  Quant  au  final,  il  ne  nous  en  est  parvenu  que  des  lambeaux. 
Tout  ce  qu'il  est  possible  d'entrevoir,  c'est  qu'il  se  développait  princi- 
palement dans  les  régions  les  plus  élevées  de  la  voix.  Nous  savons  par 
Aristote  que  ces  passages  surtendus,  accessibles  seulement  aux  virtuoses, 
étaient  déjà  alors  d'un  effet  certain  sur  la  foule^. 

En  somme  les  principes  généraux  que  le  poète-compositeur  du  11^  siècle 
avant  J.  C.  a  suivis  dans  la  structure  musicale  de  son  œuvre  ne  sont 
guère  différents  de  ceux  qui  régissent  encore  aujourd'hui  la  facture  d'une 
œuvre  vocale  ou  instrumentale  non  destinée  à  la  scène.  En  faut-il  davan- 
tage pour  démontrer  l'aveugle  erreur  de  ces  grammairiens  qui  prétendent 
faire  de  la  musique  des  Grecs  un  assemblage  de  bizarreries  inexplicables, 
sans  analogues  dans  l'art  d'aucun  peuple  connu,  et  bonnes  seulement  à 
fournir  des  sujets  de  dissertations  à  des  savants  non  musiciens  ? 

IV  et  V.  Fragments  d'un  second  hymne^ . 

Ils  ont  été  exhumés  dans  le  plus  triste  état  de  mutilation  et  de  disper- 
sion. Une  foule  de  menus  débris  ne  contiennent  que  des  syllabes  et  des 
notes  isolées   :  nous   les   avons  laissés  de  côté.   Même   les   deux   blocs 

1  Beaucoup  de  compositions  attribuées  à  Olympe  sont  mentionnées  comme  étant 
encore  en  usage  jusqu'à  l'époque  d'Alexandre.  On  sait  avec  quel  enthousiasme  Platon, 
et  après  lui  Aristote  et  Aristoxène,  parlent  des  nomes  en  l'honneur  d'Athéné  et  d'Ares, 
des  spondeia,  etc.  Mus.  de  Vant.,  t.  II,  p.  348. 

2  Ci-dessus  p.  14,  note  i. 

3  Bulletin  de  correspondance  hellénique,  avril-juin  1894,  pp.  604-610,  transcriptions  de 
M.  Théod.  Reinach.  —  Crusius,  Die  delphischen  Hymnen,  Goettingue,  1894. 


APPENDICE-  409 

principaux,  dont  nous  reproduisons  le  contenu,  n'ont  pas  gardé  intégrale- 
ment une  seule  ligne  d'écriture.  Comme  chacun  d'eux  exhibe  des  vers  d'un 
mètre  différent,  on  a  cru  d'abord  se  trouver  en  présence  de  deux  oeuvres 
distinctes.  Aujourd'hui  les  deux  fragments  ont  été  reconnus  avoir  fait 
partie  d'une  même  composition,  dont  l'un  formait  le  début,  l'autre  le  final'. 

Les  signes  de  la  notation  ne  sont  pas  ceux  qui  s'emploient  ordinaire- 
ment pour  la  musique  de  chant.  Au  dessus  des  syllabes  du  texte  on  voit  les 
notes  dîtes  instrumentales.  Ce  système  d'écriture  est  le  plus  ancien,  ainsi 
que  nous  le  savons.  Mais  ici  il  ne  peut  être  un  indice  d'antiquité,  ce 
second  hymne  n'étant  nullement  antérieur  au  premier.  Cependant  il  serait 
singulier  qu'une  telle  particularité  n'eût  aucune  signification.  Selon  nous, 
elle  indique  un  chant  destiné  à  être  simplement  accompagné  à  l'unisson, 
un  ao-jt^a  irpôa-y^opSov  dans  le  langage  technique  des  Grecs^.  Notre  hypothèse 
s'accorde  bien  avec  le  style  mélodique,  simple  jusqu'à  la  sécheresse. 
L'échelle  de  transposition  que  nous  révèlent  les  notes  grecques  est  celle 
du  lydien  diatonique  {^),  le  ton  ordinaire  du  chant  à  la  cithare.  Une  seule 
métabole  se  remarque,  reproduite  dans  les  deux  fragments  :  la  transition 
au  tétracorde  des  conjointes.  Elle  fait  apparaître  passagèrement  un  mi\/^. 

Malgré  la  disparition  des  cadences  finales,  on  reconnaît  partout  l'har- 
monie dorienne,  comprise  ici  entre  la^  et  laz.  Les  arrêts  partiels  de  la 
mélodie  ont  lieu  tantôt  sur  la  fondamentale  (la^),  tantôt  sur  la  quinte  (mi^) 
ou  la  quarte  (ré^).  La  juxtaposition  caractéristique  des  deux  principales 
cordes  du  mode  dans  ce  dessin  de  cinq  notes,  conservé  sur  une  des 
brisures  du  marbre,  ne  laisse  place  à  aucun  doute. 

C       -    C     i-J       C 


g?pj£»Et^*=^^=^ 


...  07  -  pcx,  y.cf.r-£  -  'AT  .  .  . 

ï  Ce  résultat  des  plus  récentes  études  des  savants  français  m'est  communiqué  par 
M.  Th.  Reinach,  qui  a  bien  voulu  se  donner  la  peine  de  revoir  mes  feuilles  d'épreuves 
contenant  les  hymnes  delphiens,  et  de  me  signaler  les  conjectures  infirmées  par  des 
recherches  postérieures,  ainsi  que  les  améliorations  apportées  au  texte  depuis  un  an.  Je 
tiens  à  le  remercier  ici  d'une  collaboration  qui  m'a  été  des  plus  précieuses  pour  cette 
partie  de  mon  volume. 

«  Poil.,  1.  IV,  ch.  63.  —  Avant  les  découvertes  de  Delphes  on  ne  connaissait  qu'un 
seul  chant  grec  écrit  en  notes  instrumentales  :  la  deuxième  période  de  la  mélodie  pinda- 
rique  publiée  par  le  P.  Kircher  et  tenue  communément  pour  apocryphe  (ci-dessus,  p.  32). 
Justement  cette  notation  était  une  des  raisons  que  l'on  faisait  valoir  contre  l'authen- 
ticité; aujourd'hui  elle  crée  plutôt  une  présomption  favorable.  En  effet,  la  suscription  du 
passage  en  question  :  •)(OCioç  hiç  Y.i^à.oa.v,  chorus  ad  citharam,  peut  s'interpréter,  ce  me 
semble,  par  «  chœur  à  l'unisson  de  la  cithare  ».  Dans  cette  hypothèse,  le  début  seul  de  la 
strophe  aurait  eu  un  accompagnement  hétérophone. 


4ro 


APPENDICE. 


Comme  dans  la  section  initiale  du  grand  hymne  et  l'enharmonique 
primitif  d'Olympe,  le  troisième  degré  ascendant  de  l'octave  dorienne 
{lichanos  du  tétracorde  des  moyennes)  reste  inoccupé.  La  note  H  {lU^  n'a 
été  relevée  sur  aucun  des  débris  du  monument. 


Premier  fragment  (IV). 


-f-  • 

Diapason  actuel  ;   ^-^i+9 — | — f— 


A    i-       A  A        *.       ^  V 


t=ti: 


-f—ë—0- 


L   - 


iï—t 


_    < 


:t2=t:: 


<  C  <  i-J 


<   KJ    <    L 


î^fE 


T(i-CLV-[S£  Uacfj     -     vcca-    -     cr/ -  av]  Sl-X0-pV-(j)OV       xkei-Sl-TVV  VfJU - 


u     Z' 


-b^t^— ^ 


-f. ^_jP_fL^_U 


-)^—^-^ 


Wi    -    e-pl-SsÇy  eu        vi-4>o-^o-Xovç 


LJ    -         _  C     - 


(juaTi  -  irs-TS  Se   Uv  -  6i-ov 


t^— ' 


rl2=t 


uj      C 


:g:=» — ^ 


I 


— ^—i 


<t>OÎ-  PoV,OV    e  -  Tl    -  XT£  A[a.    -     rw]      


î2i=C: 


■:ff: 

— I 


%f/3  -  a-]  ly'ka.v  -  Ha.{ç 


■t-±=:±=X 


^1— n— l^zzn 


'   Cette  lettre  a  sur  le  monument  une  forme  plus  ancienne  (I). 


APPENDICE. 


411 


Nous  retrouvons  ici  le  mètre  et  le  rythme  péoniques,  aussi  facilement 
reconnaissables  que  dans  l'hymne  précédent,  bien  que  Tes  interruptions 
continuelles  du  chant  ne  permettent  pas  de  reconstituer  la  coupe  des 
périodes. 

Les  parties  déchiffrables  de  la  mélodie  sont  comprises  dans  l'étendue 
de  l'ancien  heptacorde,  soit  conjoint  (sol  fa  ini^  ré  ut  si"?  la),  soit 
disjoint  {sol  fanii^  ré  ut  si?  la);  elles  ne  dépassent  conséquemment 
que  d'un  seul  degré,  à  l'aigu,  l'étendue  moyenne  des  voix  d'homme. 

Second  fragment  (V)\ 


r2(5v 


1S=== 


i==l 


VI       /- 
0      If: 


.     .     .     .    OUU  ^(Xy  -  TO- 0"[j -vov] 

Z      Lj     Z         /-      VI 

-r— -^ — t— 


rp:^: 


ç      w  -  Ae$'    ù    -    <yp6ii 


Mm=. 


t:-&=t=i 


=  :ib=^=b= 


r^pai   %l 


îEziiE 


l_J  < 


^zz^— C2=tit=:^U 


:t= 


1 2.    .  To'y  riaXXaâ^oç 


w^- 


>j    <      V 


"^^m  ^^sM=Ëi^Ë^ 


3 4.    .    .   .    Sé-G"7C0-Ti   Kpvj  -  G-l-œlv] 

V    _ 


i^^^=^E^i3 


:E^ 


5 6 x]aiya-i-Taf 

<    -  C 


W^=0^ 


±=tz:ztz- 


it^ 


:^ 


1    =n=p: 


:È5^^=E=P 


7.  AeXijyœv 8 à  - 

9.  Tra/VroujBax-^^ou 10 

ï   Reproduction  héliographique  de  l'inscription  à  la  fin  du  fascicule  du  Bulletin;  trans- 
cription musicale  de  M.  Th.  Reinach,  p.  608. 


412  APPENDICE. 

9 


-—<dt — ^ — ■- 


11.  Tcpodito-Xoi  -  ^[j]  rdy  r s  So- pi- 12 

13.  à,p-yj^,v  aii-'^erd  -  yyj  -   pd-rœ 1 4..0dX-[xov-(rav 


:t=î 


Les  deux  premières  lignes  ont  contenu  la  fin  de  la  partie  péonique 
dont  le  fragment  antérieur  nous  a  conservé  quelques  lambeaux.  De  même 
que  dans  le  grand  hymne,  les  dernières  phrases  de  la  mélodie  quinaire  se 
maintenaient  dans  la  région  suraiguë  de  la  voix  d'homme.  Deux  fois  nous 
voyons  la  cantilène  atteindre  le  degré  le  plus  élevé  du  topos  nétoïde. 

A  la  troisième  ligne  commençait  la  section  finale  de  l'œuvre,  nettement 
séparée  de  la  précédente  par  le  mètre  et  le  rythme.  Nous  avons  ici  une 
mesure  choréique,  dansante  (Vs)»  d'allure  en  quelque  sorte  populaire'  : 
une  suite  de  14  membres  tétrapodiques,  petits  vers  glyconiens  enchaînés 
sans  pause  {versus  nexi),  et  formant  un  couplet  unique,  un  système  à  la 
manière  de  certains  chants  de  l'ancienne  comédie  attique.  La  mélopée 
redescend  au  registre  moyen  de  la  voix,  s'étendant  vers  la  fin  jusqu'à 
l'indicatrice  des  graves.  L'échelle  parcourue  dans  la  composition  entière 
est  d'une  dixième.  C'est  encore  une  monodie,  à  notre  avis,  et  probable- 
ment un  hyporchème  que  nous  retrouvons  dans  le  second  hymne,  le 
dernier  des  monuments  musicaux  de  Delphes  qui  ait  été  publié  avant 
l'impression  de  ces  lignes^. 

Note    B    (p.    60).    —    TEXTES    RELATIFS    A    LA    MUSIQUE    PROFANE 
DEPUIS    LE    VI^    SIÈCLE   JUSQU'AU    XI^. 

Bien  que  mes  extraits  ne  soient  guère  nombreux,  comme  ils  pro- 
viennent en  général  de  documents  rarement  maniés  par  les  musicologues, 
il  m'a  semblé  de  quelque  utilité  de  les  réunir  ici.  La  littérature  que  j'ai 

1  Nous   avons   transcrit   le   chorée   irrationnel    (—  >-)    par    la    notation  (  i  J   ^) 

employée  dans  notre  Histoire  de  la  musique  de  Vantiquité.  Ce  spondée  apparent  ne 
remplace  le  trochée  régulier,  ternaire  (  ^  I  M,  que  dans  les  mesures  ou  pieds  qui 
précèdent  le  dactyle   cyclique  (  \     1^    iV 

2  En  ce  moment  même  M.  Th.  Reinach  m'annonce  la  publication  imminente  d'un 
nouvel  hymne  delphique. 


APPENDICE.  4Ï3 

dû  étudier  pour  l'histoire  du  chant  liturgique  est  contenue  en  grande 
partie  dans  la  Magna  hihliotheca  veterum  Patrum  et  les  Sacra  Concilia 
de  Labbé,  collections  qui  ne  sortent  pas  de  la  sphère  strictement  ecclé- 
siastique. Il  est  un  autre  genre  d'écrits  qui,  par  sa  nature  même,  est 
amené  parfois  à  toucher  à  la  vie  mondaine  et  qui  peut-être  donnerait  une 
moisson  moins  chétive  pour  notre  sujet,  c'est  l'hagiographie  bénédictine 
recueillie  par  Dom  Mabillon. 

Sans  m'astreindre  à  traduire  mes  textes  lorsqu'ils  ne  renferment 
aucun  détail  technique,  je  les  reproduirai  en  les  rangeant  sous  deux 
chefs  :  i°  chant,  2°  instruments. 

I.  Les  documents  ne  parlent  pas  seulement  de  chants  exécutés  par  des 
hommes,  mais  aussi  de  chœurs  de  femmes;  les  uns  et  les  autres  étaient 
accompagnés  d'instruments  et  souvent  aussi  de  danses. 

Concile  d'Auxerre  (578)  :  «  Non  licet  in  ecclesia  choros  saeculariwn  vel 
«  puellarum  cantica  exercere.  »  (Labbé,  55.  Concilia,  t.  V,  p.  958.) 

Venance  Fortunat  (avant  587)  :  «  Quadani  vice  obumbrante  jam  noctis 
«  crepusculo,  inter  choraulas  et  citharas  dum  circa  monasterium  a  saecula- 
«  rihiis  multo  fremitu  cantareiur  et  sancta  (Radegundis)  duabus  testibus 
«  perorasset  diutius,  dicit  quaedam  monacha  sermone  joculari  :  Domina, 
«  recognovi  imam  de  meis  canticis  a  saltantibus  praedicari.  Cui  respondit  : 
«  Grande  est  si  te  dilectat  conjunctum  religioni  audire  stridorem  saeculi, 
«  Adhuc  soror  pronuntiat  :  Vere,  Domina,  diias  et  très  hic  modo  meas 
«  canticas  audivi,  quas  teniii.  Sancta  respondit  :  Testor  Denm  me  nihil 
«  audisse  modo  saeculari  de  cantico.  Unde  manifestum  est,  ut  carne  licet 
«  in  saeculo,  mente  tamen  esset  in  caelo.  »  {Vita  5.  Radegundis  reginae, 
Mabillon,  Acta  SS.  ord.  5.  Bened.,  t.  I,  p.  73,  §  36.) 

Concile  de  Tolède  (589)  :  «  Exterminanda  omnino  est  irreligiosa  con- 
«  suetudo,  quam  vulgus  per  sanctorum  solemnitates  agere  consuevit,  ut 
«  populi,  qui  debeant  officia  divina  attendere,  saltationibus  et  turpibus 
«   invigilent  canticis.  »  (Labbé,  55.  Concilia,  t.  V,  p.  10 14.) 

Saint  Grégoire  (5oo)  :  poésies  païennes  chantées  par  des  ecclésiasti- 
ques (voir  ci-dessus,  p.  79,  note  i). 

Concile  de  Cavaillon  (650)  :  «  Valde  omnibus  noscitur  esse  indecorum, 
«  quod  per  dedicationes  basilicarum,  aut  festivitates  martyrum,  ad  ipsa 
«  solemnia  confluentes,  chorns  femineus  turpia  quaedam  et  obscoena  cantica 
«  decantare  videntur.  »  (Labbé,  55.  Concilia,  t.  VI,  p.  391O 

Saint  Boniface,  lettre  au  pape  Zacharie  (742)  :  «  Affirmant  se  vidisse 
«  annis  singulis  (Alemanni  vel  Bagorii)  in  Romana  urbe  et  juxta  eccle - 
«  siam  in  die  vel  nocte,  quando  kalendae  januarii  intrant,  paganorum 
«  consuetudine  choros  ducere  per  plateas  et  acclamationes  ritu  gentilium 

53 


414  APPENDICE. 

«  et  cantatiojtes  sacrilegas  celehrare.    ■»   (Patrol.    lat.    de    Migne,    t.    89, 

P-  747-) 

Concile  de  Rome  (743)   :    «   Ut   nullus  kalendas  januarias  et  Broma 

«  colère  praesumpserit,.. .  aut  per  vicos  et  plateas  cantationes  et  choros 

«  ducere.  »  (Labbé,  SS.  Concilia,  t.  VI,  p.  1548.) 

Statuts  de  saint  Boniface  (743)  :  «  Non  licet  in  ecclesia  choros  saecula- 
«  riiim  vel  piiellariim  cantica  exercere.  »  (Patrol.  lat.  de  Migne,  t.  89, 
«  p.  822.)  Qui  in  blasphemiam  alterins  cantica  composiierit  vel  qui  ea  canta- 
«  verit,  extra  ordinem  judicetur.  »  (Patrol.  lat.  de  Migne,  t.  89,  p.  828.) 

Les  productions  de  la  muse  profane  pénétraient  dans  les  monastères, 
ainsi  que  nous  l'apprennent  deux  décrets  du  Concile  de  Cloveshoe  (747). 
Canon  XII  :  «  Ut  presbyteri  saecularinm  poetarum  modo  in  ecclesia  non 
«  garriant,  nec  tragico  sono  sacrorum  verborum  compositionem  ac 
«  distinctionem  corrumpant  vel  confundant,  sed  simplicem  sanctamque 
«  melodiam,  secundum  morem  Ecclesiae  sectentur.  »  Canon  XX  :  «  Ut 
«  non  sint  (monasteria)  ludicrarum  artium  receptacula,  hoc  est  poetarum, 
«  citharistarum,    musicorum,    scurrariim.    »  (Labbé,  SS.   Concilia,   t.   VI, 

PP-  1577-1579-) 

Ces  derniers  textes,  qui  nous  mènent  jusqu'au  règne  de  Pépin  le  Bref, 

mentionnent,  à  côté  de  Vars  liidicra,  la  musique  destinée  à  l'amuse- 
ment de  la  multitude,  des  chants  de  style  dramatique.  Un  témoignage 
antérieur  d'une  centaine  d'années  constate  en  effet  l'existence  de  pareilles 
cantilènes  parmi  les  populations  chrétiennes,  et  les  caractérise  en 
quelques  mots  :  «  Sonus  vel  melodia  condecens  (credentium)  sancta 
«  religione  psallatur,  non  quae  tragicas  difflcidtates  exclamet,  sed  quae  in 
«  vobis  veram  christianitatem  demonstret,  non  quae  aliquid  théâtrale 
«  redoleat,  sed  compunctionem  peccatorum  faciat.  »  (Nicetius,  évêque  de 
Trêves,  mort  en  566,  dans  les  Scriptores  de  Gerbert,  t.  I,  p.  13.)  Comme 
il  n'existait  plus  nulle  part  de  théâtres  publics  depuis  le  commen- 
cement du  VI=  siècle  %  ces  représentations  musicales,  restes  de  la 
tragédie  antique,  ne  pouvaient  se  produire  que  dans  la  demeure  de  riches 
personnages,  et  en  des  festivités  de  grand  apparat.  Quant  aux  exécutants, 
des  artistes  professionnels  sans  doute,  nous  reconnaissons  en  eux  les 
descendants  dégénérés  des  caniores  tragici  de  Tépoque  romaine,  les 
ancêtres  des  jongleurs  (jociilatores)  et  des  ménestrels  (ministerelli)  du 
moyen  âge.  Ici  encore,  tout  l'atteste,  l'antiquité  se  relie  au  monde 
chrétien  sans  solution  de  continuité. 


ï   Sur  la  cessation  graduelle  des  spectacles  publics  en  Gaule,  voir  le  curieux  passage 
de  Salvien  de  Marseille  dans  la  Mus.  de  Vaut.,  t.  II,  p.  622. 


APPENDICE. 


4^5 


II.  Dans  les  pays  qui  ont  subi  une  forte  empreinte  de  la  civilisation 
romaine  nous  ne  rencontrons,  depuis  le  VI=  siècle  jusqu'à  la  naissance 
des  littératures  nationales,  que  des  noms  d'instruments  connus  des 
Anciens.  En  Italie,  comme  en  Gaule  et  en  Espagne,  le  principal  sinon 
le  seul  instrument  à  cordes  est  la  cithare  %  graduellement  appauvrie  dans 
ses  ressources  musicales  et  devenue  très  grossière  dans  sa  construction 
matérielle.  Vers  910,  Hucbald  constate  l'existence  de  cithares  montées 
de  six  cordes^  Un  siècle  plus  tard,  Notker  de  Saint-Gall  donne  à  ce 
genre  d'instrument,  qu'il  appelle  en  tudesque  lirn  et  rotu,  une  étendue 
normale  de  septième^.  L'un  et  l'autre  indiquent  comme  limite  grave  de 
l'échelle  instrumentale  la  corde  répondant  à  UTj,  et  marquée  par  la 
première  lettre  de  l'alphabet  latin-*, 

Hucbald.  Notker. 


ABCDEF  ABCDEF     GLGJ 

Chez  les  peuples  germaniques  habitant  les  confins  du  grand  empire 
romain,  on  voit  se  produire  dès  le  VP  siècle  un  instrument  à  cordes 
inégales  en  longueur  et  nombreuses  :  la  harpe.  Le  poète  Venance  Fortunat, 
qui  le  premier  écrit  ce  terme  technique,  mentionne  également  l'instru- 
ment à  cordes  des  Celtes  de  la  Grande-Bretagne,  la  crowd  ou  le  crouth  : 
«  Romanusque  lyra,  plaudat  tibi  barbarus  harpa^,  Graecus  Achilliaca, 
crotta^  Britanna  canat.  »  (1.  VII,  8.) 

1  Voir  Cassiod.,  Expos,  in  Ps.  150;  Ven.  Fort.,  passim;  S.  Grég.,  Moral.,  1.  XX,  éd. 
bénéd.,  p.  674;  Isidore  de  Séville,  Se^it.  de  mtisica,  apud  Gerb.,  Script.,  t.  I,  p.  33.  La 
lyre  est  citée  à  chaque  moment,  mais  avec  une  acception  purement  symbolique.  Il  en  est 
de  même  du  psalterium,  qui  souvent,  dans  les  explications  allégoriques  du  psautier,  est 
mis  en  parallèle  avec  la  cithare.  Tout  cela  n'a  pas  rapport  à  la  pratique  musicale. 

2  «  Exemplum  semitonii  advertere  potes  in  cithara  sex  chordarum,  inter  tertiam  et 
«  quartam  chordam,  seu  ascendendo,  seu  descendendo.  »  Hucb.,  De  musica,  p.  109. 

3  Gerb.,  Script.,  t.  I,  p.  96. 

4  Voir  ci-dessus  pp.  102-103.  Cf.  Mus.  de  l'ant.,  t.  I,  p.  439. 

5  C'est  sans  doute  une  harpe  à  cordes  métalliques  que  Fortunat  désigne,  sous  le  nom 
pittoresque  de  aerea  tela,  dans  le  récit  de  son  voyage  sur  la  Moselle  (1.  X,  9)  : 

Vocibus  excussis  pulsabant  organa  montes, 
Reddebantque  suos  pendula  saxa  tropos. 
Laxabat  placidos  mox  aerea  tela  susurros, 
Respondit  cannis  rursus  ab  alpe  frutex. 
Nunc  tremulo  fremitu,  modo  piano  musica  cantti, 
Talis  rupe  sonat  qualis  ab  aère  méat. 
Pour  comparer  les  cordes  de  la  harpe  avec  les  fils  tendus  sur  le  métier  du  tisserand,  il 
fallait  qu'elles  fussent  nombreuses  et  assez  rapprochées  les  unes  des  autres. 

6  De  là  rocta  en  bas-latin,  rote  en  vieux  français. 


4i6  APPENDICE. 

Les  instruments  à  vent  mentionnés  comme  ayant  été  en  usage  réel  pendant 
les  siècles  obscurs  sont  la  flûte  douce  (fistula)^  et  le  chalumeau  (tibia  ou 
choraulciy.  Nous  pouvons  y  ajouter  Y  orgue,  si  fréquemment  exhibé  dans  les 
concerts  et  spectacles  de  la  Rome  impériale.  Son  usage  comme  instrument 
profane  s'est  continué  dans  la  métropole  de  l'Occident  jusqu'à  l'époque 
de  saint  Grégoire  (ôoop.  On  perd  ensuite  de  vue  l'orgue  pendant  deux 
cents  ans.  Il  apparaît  de  nouveau  chez  les  écrivains  franks  postérieurs  à 
Charlemagne  sous  sa  dénomination  grecque,  hydraulis.  Au  IX^  siècle  son 
clavier,  d'une  étendue  de  deux  octaves  au  moins,  avait  pour  point  de 
départ  au  grave,  ut,,  comme  les  instruments  à  cordes  de  l'époque'';  il 
possédait  apparemment  le  si'7  à  côté  du  s^tj^. 


Les  musicistes  du  X^  et  du  XI*  siècle  consacrent  presque  toujours  un 
paragraphe  à  l'accord  des  tuyaux  de  l'orgue.  Cet  instrument  commençait-il 
dès  lors  à  se  faire  entendre  dans  les  monastères,  dans  les  cathédrales? 
L'histoire  de  l'orgue  dans  ses  rapports  avec  le  culte  chrétien  n'a  pas  été 
débrouillée  jusqu'à  ce  jour.  On  ignore  quand  et  où  le  majestueux  instru- 
ment a  fait  sa  première  apparition  à  l'église,  vers  quelle  époque  son  usage 
s'y  est  propagé,  puis  généralisé^.  Un  fait  qui  ne  paraît  pas  contestable, 

1  On  a  vu  que  les  tihiae  se  fabriquaient  souvent  en  bronze  (ci-dessus  p.  394,  note  2); 
il  en  était  de  même  pour  les  flûtes  :  «  Aeris  fistulae  sonoris  aptari  cantibus  soient.  » 
S.  Grég.,  Moral.,  1,  XXXII,  p.  1062. 

2  Fortunat  à  l'évêque  Félix  de  Nantes,  à  propos  de  la  dédicace  de  son  église  : 
«  Clericus  ecce  choris  resonat,  plebs  inde  choraulis  »  (1.  III,  6).  Voir  ci-dessus  le  passage 
de  la  vie  de  sainte  Radegonde,  oii  l'on  voit  des  chorauUs  et  des  cithares  accompagner  des 
chants  mondains. 

3  Moral.,  1.  XX,  p.  674-675.  —  Cassiodore  décrit  avec  une  clarté  suffisante  l'orgue  à 
soufflets  et  son  clavier  [Expos,  in  ps.  150)  :  «  Organum  itaque  est  quasi  turris  diversis 
«  fistulis  fabricata,  quibus  ûatu  follium  vox  copiosissima  destinatur;  et  ut  eam  modulatio 
M  décora  componat,  lingiiis  quibusdam  ligneis  ab  interiora  parte  construitur,  quas 
«  disciplinabiliter  magistrorum  digiti  repriinentes,  grandisonam  efficiunt  et  suavissimam 
«  cantiUnam,  » 

4  Hucbald,  De  mus.,  p.  iio  :  «  Illorum  »  (se.  hydraulium  vel  aliorum  musicae  instru- 
mentorum)  «  talis  est  dispositio,  ut  per  tonum,  tonum  et  semitonium,  rursus  très  tonos 
«  continuos  et  semitonium  usque  ad  octo  voces  scandatur,  et  ipsa  rursus  octava  inci- 
«  piendo  superior  per  eosdem  similiter  metiatur  gradus.  » 

5  Voir  ci-dessus,  p,  103,  note  i. 

^  A  prendre  au  pied  de  la  lettre  certain  passage  du  poème  de  Fortunat  au  clergé  de 
Paris  (1.  II,  9),  il  faudrait  admettre  que  déjà  au  temps  de  saint  Germain  (554-576)  la, 


APPENDICE.  417 

c'est  que  vers  la  fin  du  moyen  âge  les  sanctuaires  catholiques  de  quelque 
importance  possédaient  un  orgue,  sans  remployer  toutefois  pour  l'accom- 
pagnement du  chant  liturgique^ . 

Il  me  reste,  pour  clore  cette  notice,  à  dire  quelques  mots  d'un  instru- 
ment à  percussion  que  l'on  croit  généralement  n'avoir  pas  été  connu 
en  Europe  avant  les  croisades.  Il  s'agit  des  timbales.  Au  VI'  siècle, 
Cassiodore  les  décrit  comme  se  jouant  par  paires,  et  s'accordant  à  une 
hauteur  déterminée,  tout  à  fait  comme  les  timbales  de  nos  orchestres  : 
«  Tympanum  est  quasi  duobus  modiis  solis  capitibus  convenientibus 
«  supra  eos  tensi  corii  sonora  resultatio,  quod  musici  disciplinabili 
«   mensura  percutientes  geminata  resonatione  modulantur'.  » 

Note  C  (p.  61).  —  l'organum  ou  diaphonie  du  x^  et  du  xi*  siècle. 

Les  notions  que  l'on  peut  réunir  actuellement  sur  cette  phase  primi- 
tive de  la  polyphonie  européenne  découlent  de  trois  sources  : 

1°  un  fragment,  apparemment  pseudonyme,  inséré  dans  le  tome  II  des 
Scriptores  de  Coussemaker  (pp.  74-78),  sous  le  titre  :  Hucbaldi  monachi 
Elnonensis  quaedam  a  musica  Enchiriade  inedita^; 

basilique  de  la  Cité  aurait  possédé  non  seulement  un  orgue,  mais  un  orchestre  et  un 
chœur  nombreux  d'hommes,  de  femmes  et  d'enfants  : 

Hinc  puer  exiguis  attemperat  organa  cannis, 

Inde  senis  largam  ructat  ab  ore  ttibam; 
Cymbalicae  voces  calamis  miscentur  actitis, 

Disparibusque  troçis  fistula  dulce  sonat; 
Tympana  rauca  senum  puerilis  tibia  mulcet, 

Atque  hominum  reparant  verba  canora  lyram. 
Leniter  iste  trahit  modulus,  rapit  alacer  ille  : 

Sexus  et  aetatis  sic  variatur  opus. 

Mais  le  savant  éditeur  de  Fortunat,  M.  Ch.  Nisard,  croit  (et  je  suis  tout  à  fait  de 
son  avis)  que  c'est  là  un  tableau  tracé  uniquement  de  fantaisie,  et  que  les  orgues, 
les  flûtes  douces,  la  trompette,  les  chalumeaux  enfantins,  les  timbales  et  les  cymbales 
n'ont  résonné  que  dans  l'imagination  du  poète,  nourrie  de  souvenirs  littéraires.  Pendant 
les  dix  siècles  suivants,  il  n'est  question  de  rien  de  semblable  dans  les  églises,  en 
France  ou  en  d'autres  pays. 

1  Voir  mon  Nouveau  traité  d'instrumentation,  Paris,  Lemoine,  1885,  p.  311,  note  i. 

2  Expos,  in  ps.  150.  De  même  dans  le  commentaire  du  ps.  80  :  «  Tympanum  est  quod 
«  tenso  corio  quasi  supra  duas  (ut  ita  dixerim)  metas  sibi  ab  acuta  parte  copulatas  solet 
«  resonare  percussum.  » 

3  Ce  document  ne  paraît  pas  être  de  la  même  main  que  le  traité  hucbaldien  intitulé 
Harmonica  institutio  (ou  De  musica),  le  seul  tenu  actuellement  pour  authentique.  Bien  que 
la  notation  soit  celle  de  VEnchiriadis,  l'auteur  ne  peut  être  cherché  davantage  de  ce 
côté-là.  La  seule  chose  certaine,  c'est  que  l'écrit  est  antérieur  à  Guy. 


4i8  APPENDICE. 

2°  V Enchiriadis ,  souvent  mentionnée  au  cours  du  présent  ouvrage  et 
particulièrement   p.  185; 

3°  les  chapitres  18  et  19  du  Micrologus  de  Guy  d'Arezzo. 

Ce  que  les  trois  écrivains  appellent  diaphonie  ou  organum  est  un  chant 
polyphone  exécuté  avec  une  grande  lenteur  ^  Il  comporte  deux  variétés  : 
Vorganum  proprement  dit,  une  harmonie  à  deux  voix,  composée  d'intervalles 
simultanés  divers;  la  diaphonie  à  deux,  trois  on  quatre  voix,  formée  d'une 
succession  de  consonances  identiques.  La  première  espèce,  qui  implique 
déjà  un  certain  goût  artistique,  semble  avoir  eu  quelque  importance  dans 
la  pratique^.  Résumons-en  les  règles  essentielles,  que  Guy  a  formulées 
avec  le  plus  de  clarté. 

La  voix  d'accompagnement  (vox  organalis)  se  pose,  sauf  exception, 
au-dessous  de  la  voix  chantant  la  mélodie  principale  {vox  principalis). 

Le  plus  souvent  la  voix  organale  suit  le  chant  principal  à  la  quarte 
grave.  La  consonance  de  quarte  est  l'intervalle  essentiel  de  l'organum^. 
Néanmoins  d'autres  intervalles  simultanés  y  sont  admis  :  la  tierce 
majeure,  la  tierce  mineure,  la  seconde  majeure.  La  seconde  mineure  n'est 
pas  tolérée.  De  même  sont  exclus  le  triton,  la  fausse  quinte,  les  sixtes, 
les  septièmes,  et  même  chez  Guy  d'Arezzo  la  quinte  juste*. 

La  partie  d'accompagnement  ne  peut  descendre  au  dessous  d'uTj,  son 
sur  lequel  elle  reste  généralement  lorsque  la  mélodie  principale  dépasse 
FA2  vers  le  grave^. 


ï  «  Sic  enim  duobus  aut  pluribus  in  unum  canendo  modeste  dumtaxat  et  concordi 
«  morositate,  quod  suum  est  hujus  meli,  videbis  nasci  suavem  ex  hac  sonorum  commixtione 
«  concentum.  »  Enchir.,  p.  166.  —  «  Sane  punctos  ac  virgulas  ad  distinctionem  ponimus 
«  sonorum  brevium  ac  longarum,  quamvis  hujus  generis  melos  tain  grave  esse  oporteat, 
«  tamque  morosum,  ut  rhythmica  ratio  vix  in  eo  servare  queat.  »  Couss.,  t.  II,  p.  75. 

2  Le  fait  de  trouver  les  règles  de  Vorganum  chez  des  musicistes  écrivant  en  des  pays 
situés  des  deux  côtés  des  Alpes  montre  bien  qu'il  ne  s'agit  pas  d'une  expérimentation 
individuelle  ou  d'une  pratique  locale. 

3  «  Etenim  lege  melos  istud  adhuc  commeat,  quod  in  quartis  locis,  ducentem  se  can- 
«  tum,  organum  comitatur.  »  Couss.,  t.  II,  p.  74.  —  «  Cum  plus  diatessaron  sejungi  non 
«  liceat,  opus  est,  cum  plus  se  cantor  intenderit,  subsecutor  ascendat,  ut  videlicet  C 
«  sequatur  F,  et  D  sequatur  G,  et  E  sequatur  a,  et  reliqua.  «  Guy,  Microl.,  c.  18. 

4  i(  Superior  nempe  diaphoniae  modus  durus  est  (à  savoir  la  diaphonie  composée 
«  d'intervalles  identiques),  noster  vero  mollis,  ad  quem  semitonium  et  diapente  non  admit- 
«  titmis.  Tonum  vero  et  ditonum  et  semiditonum  cum  diatessaron  recipimus;  sed  semi- 
«  ditonum  in  his  infimatum,  diatessaron  vero  obtinet  principatum.  »  Ibid. 

5  «  A  trito  enim  infimo  aut  infimis  proxime  substituto  deponi  organum  nunquam 
«  licet.  »  Guy,  ch.  18.  La  note  ut  est  désignée  ici  comme  troisième  son  (tritus),  par 
rapport  à  l'échelle  alphabétique  A  (:=  la)  B  C,  etc.  Pour  l'auteur  de  V Enchiriadis,  qui 
part  du  SOL  grave,  ut  est  le  quatrième  degré  (tetrardus)  des  graves  :  «  Vox  quae  organalis 


APPENDICE.  419 

A  la  fin  de  la  cantilène,  les  deux  parties  se  mettent  à  l'unisson.  Le 
mouvement  contraire  qu'elles  exécutent  pour  se  rejoindre  s'appelle 
occursus,  et  l'unisson  est  précédé  généralement  d'une  seconde  majeure  ou 
d'une  tierce  majeure'. 

Voici  des  exemples  donnés  par  nos  auteurs,  en  démonstration  des 
règles  qui  précèdent. 

1er  mode. 
Voix  principale  :   (^ g> — s» -S— ^_^ — s,_ — — —Us»-— — ZZI~^~QZIC!f^~O^^ZZZI3 

Voix  organaie  :   sè^-Q— c2;;?z:^v3^2^?z^é2=z=i3:?=ca3a-?iz?y_-z:?:;Q=d 


I-psi         so     -     li  ser-vo   fi    -    dent 


i  -  psi    me  to-ta        de-vo-ti-o-  ne        corn   -   mit  -  to.     (Guy.) 

Antienne  de  l'office  de  sainte  Agnès  (ci-dessus,  p.  232). 
1er  mode. 


Org.     S^gZZŒ2^S2IZaZZ^e2ZZ2  — QlP~g^ — g — — Opp^— O — S— QjQ— Q— ^^ n 

Ve  -  ni     ad     do    •    cen-dum  nos'''      vi      -      am  pru-den-ti  -  ae.  (Id.) 

Fin  de  l'antienne  O  sapieniia  {ci-dessus,  p.  144). 
ler  mode. 

Princ.  ϔ===r5=i:23z::22Z=s23zs2:^22^^^^zz:~== 

Org.     g ^^ S>  —  g  —g  —g g— g  —g ^  —g gg 

T«       Pa  -  tris    sem  -  pi  -  ter -nus     es      Fi   -   li    -   us. 3     [Enchir.,  p.  171.) 
Deuterus  plagal  :  IV^  mode. 


Org.    ^^ZZggzggZZgaZQ-g^a^gugg-ggzg  Variante  :  zg^Q^^ng^-^^^^l 
Ho  -  VIO       e  -  rat  in  Je-ru-sa  -  lem.  Je- ru    -    s«- /ew.  (Guy.) 


Princ. 
Org. 


IVe  mode. 

zzQi: 

ZC2 

— &- 

zzq: 

SI— 

=S2Z 

— -S»- 

1^^ 

^-==     i: 

— <s>- 

— s»- 

~e2: 

zzjojo.':^: 

II 

Tu      Pa-tris   sem  -  pi  -  ter  -  nus    es      Fi  -  li  -  us.      {Enchir.,  p.  lyi.) 


«  dicitur,  vocem  alteram,  quae  vocatur  principalis,  eo  modo  comitari  solet,  ut nec 

«  infra  tetrardum  sonum  descendat  positione,  nec  inchoatione  levetur,  obstante  triti  soni 
«  inconsonantia  (p.  169).  »  Ce  troisième  son  (tritus  sonus)  inconsonant  est  sil?  (B),  qui,  au 
lieu  d'une  quarte  juste,  a  au-dessus  de  lui  un  triton,  mi  (E). 

I  «  Occursus  tono  melius  fit,  ditono  non  adeo,  semiditonoque  nuiiquam.  »  Guy,  ch.  18. 
2  La  descente  exceptionnelle  au-dessous  de  C  est  signalée  par  Guy. 

3  L'exemple,  tel  que  le  donne  Gerbert,  est  fautif,  et  en  contradiction  absolue  avec  le 
commentaire  qui  suit  :  «  Sic  canendo  senties,  quomodo  non  obstante  deuteri  (E)  tritique 
«  soni  (B)  absonia,  consonanter  regione  subquarta  imponatur  vocis  organalis  levatio,  sed 
«  rursus  eadem  absonia  impediente,  tetrardum  sonum  (C)  non  transit  positio.  »  J'ai 
rectifié  la  vox  organalis  d'après  cette  explication,  conforme  à  la  règle  commune. 


420 


Princ. 
Org. 


APPENDICE. 

IVe  mode  (chant  en  vers). 


1^3^-^ G?n ri % g g» 1       °   — ^ g ^ gg ga=3 

/?«;i;        cfl£    -     ^i       Do  -  mi  -  ne,  via  -  ris      un  -  di    -    so     -     ni, 

z^n^ — '^^ ° — p — ^ — ^ — r=^^ — ^ — g — 7r> gg — ^^ — 


Princ. 
Org. 


Princ. 
Org 


Princ. 
Org. 


Ti    -    ta    -     nis      ni   -  H   -   di,  squa  -  H    ■    di  -  que      so    -     H, 

ba    '^'   '^~    a  o 


Te        hu   -  mi  -  les    fa  -  tnu  -  H,       mo  -  du- lis    ve  -  ne-ran-do    pi    -  is, 

z — ^z — r ^— Q — s.— Q_^_^_ggy — ao 

Se        ju    -    be   -    as    fla-  gi-tant       va  -  ri  -  is     H-  be-ra-re   ma  -  lis. 

{Ibid.,  pp.  169-170.) 
Vie  mode, 

Ve    -    ni    -te,         ad      -       0       -       re  -  mus.^        (Guy.) 
Tétrard  :  Vile  ou  VIII^  mode. 

-e?.        tS        -&■      ■&■      -s»-      -g-       rt 

pz^e222^zSzi:QZz:e2zi:Q=i!2:=:£2:=:£z:^sz:z^25z:z22Qi 

Tj<       Pa-tris    sem  -  pi  -  ter  -  nus     es     Fi   -   H     -     us.       (Enchir.,  p.  171.) 
Ville  mode. 

Fi     -     cio»'     fl  -  scen  -  dit        cae  -  lis        un  -de     de  -    scen  -  det.        (GuY.) 


Toutes  les  formes  modales  ne  sont  pas  également  aptes  à  recevoir  un 
accompagnement  diaphonique.  Les  deux  modes  authentes  qui  renferment 
une  quinte  tritoniée,  le  IIP  et  le  V^,  s'y  prêtent  le  moins;  même  ce  dernier, 
selon  VEnchiriadis,  ne  souffre  aucune  harmonisation^  Guy  désigne  comme 
les  plus  favorables  le  protus  (I"  et  IP)  et  le  tétrard  (VII^  et  VHP);  nous 
pouvons  y  ajouter,  d'après  les  exemples,  le  IV*  mode,  en  définitive  une 
forme  secondaire  du  VIP.  Mais  c'est  au  VP  mode,  à  la  forme  embryon- 
naire du  majeur  européen,   que   revient  le  premier  rang  dans  le   chant 

ï  La  tierce  mineure  (b  —  d)  amenant  Voccurstis  est  en  opposition  avec  les  règles  données 
par  Guy  lui-même;  vraisemblablement  le  fa  sur  l'attaque  de  la  dernière  syllabe  doit 
être  un  ^,  comme  la  note  précédente. 

«  Haec  transpositio  (Fat^tiftjlUtjcaG  F),  dum  potissimum  sono  vadat  t^  deutero, 
t  responsum  organale  apte  non  recipit  (p.  171).  » 


APPENDICE.  421 

polyphonique  du  haut  moyen  âge.  Ainsi  le  proclame  déjà  le  patriarche  de 
la  musique  occidentale  :  tritus  (plagius)  diaphoniae  obtinet  principatum. 
Le  VP  mode  admet  la  voix  organale  non  seulement  au  grave,  comme 
d'habitude,  mais  parfois  à  l'aigu  de  la  mélodie  {organum  sitspensum),  et  à 
l'état  de  tenue  sur  la  tonique,  ce  qui  rappelle  Vison  du  chant  byzantin. 


Voix  principnle  : 


Sex  -  ta  ho     -     ra  se  -  dit    su  -  per    pu  -te-  um. 

Voix  organale  : 


■-^z^luzz.^ 


i^—^:::azzjazzP.zzrt=^zzz2iz.z2z=^dçi 


^ 


Sex  -  ta  ho     -    ra  se  -  dit    su -per  pu  -te  -  um,  (Guy.) 


Voix  principale  : 

(^ 

&        &"^ 

-i^^G. 

— & — 

-s» 

:^QZ 

— G— 

22 

.^!'i2_ 

—G— 

_Q_ 

—G- 

G- 

-^0- 

c  : 

Sex  -  ta  ho     -     ra      se       -       dit     su  -per         pu  -  te  -  um. 


Voix  organale  : 

^ « e>- G] 

—  G G'G G G jsi G G «S-Sf "g\ 

Sex  -ta  ho     -     ra      se       -       dit     su  -  per         pu  -  te  -  um.  (Id-) 

Tels  furent  les  humbles  débuts  d'un  art  qui,  après  six  siècles  de 
tâtonnements  et  de  labeurs,  devait  aboutir  aux  célestes  harmonies  de 
Palestrina.  L'origine  instrumentale  de  cette  polyphonie  rudimentaire 
n'est  pas  douteuse;  elle  se  trahit  non  seulement  par  les  termes  organum, 
vox  organalis,  mais  encore  par  la  défense  caractéristique  de  faire  descendre 
la  partie  d'accompagnement  au-dessous  d'uTj,  limite  grave  des  cithares 
et  des  orgues  au  X^  siècle  (voir  la  note  précédente^. 

A  quelle  époque  la  diaphonie  des  instruments  a-t-elle  été  adaptée  aux 
voix?  Aucun  écrit  ne  nous  renseigne  à  cet  égard.  Tout  ce  qu'il  est  possible 
d'affirmer,  c'est  qu'au  X^  siècle  l'innovation  n'était  pas  récente;  le  pseudo- 
Hucbald  et  l'auteur  de  V Enchiriadis  parlent  de  l'organum  comme  d'un 
genre  de  musique  couramment  pratiqué  de  leur  temps  ^  Encore  moins 
connaissons-nous  Tépoque  où  les  chanteurs  à  la  cithare  ont  commencé  à 
mettre  au-dessous  de  leurs  mélodies  un  accompagnement  hétérophone 
suivant  le  chant  note  par  note.  En  tout  cas  il  est  difficile  de  voir  là 
une  tradition  antique.  La  krousis  des  citharistes  et  citharèdes  gréco- 
romains  se  composait  de  dessins  figurés  s' exécutant  à  Vaigu  de  la  mélodie 

I  «  Haec  namque  est  quam  diaphoniam  cantilenam,  vel  assuete,  organum  vocamus.  » 
Enchir.,  p.  165.  —  «  De  diatessaron  symphonia  quomodo  melos  diaphonia  nascatur 
«  videamus,  quam  usitato  vocabulo  organum  nuncupamus.  »  Couss.,  t.  II,  p.  74. 

54 


432  APPENDICE. 

principale  p.  34.  A  la  vérité,  il  n'en  pouvait  être  toujours  ainsi  dans  la 
polyphonie  des  tibiae  doubles.  Chacune  des  mains  de  l'exécutant  n'ayant 
que  quatre  doigts  libres  pour  fermer  et  ouvrir  les  trous  (le  pouce  avait  à 
soutenir  le  tube),  l'échelle  de  chaque  tuyau  était  forcément  limitée  à  une 
quinte.  Lorsque  la  mélodie  parcourait  l'octave  entière,  elle  devait  donc 
passer  d'un  tuyau  à  l'autre,  et  se  trouver  tantôt  à  l'aigu,  tantôt  au  grave 
de  la  partie  accessoire  :  une  simple  tenue  sans  doute.  Ceci  à  la  rigueur 
a  pu  donner  l'idée  de  Vorganum  suspenstim. 

Sur  les  chants  polyphones  de  la  seconde  espèce,  nous  n'aurons  pas  à 
nous  étendre  longuement.  Le  mécanisme  en  est  des  plus  élémentaires.  La 
partie  d'accompagnement  marche  constamment  à  l'octave,  à  la  quinte  ou 
à  la  quarte  au-dessous  de  la  voix  principale,  avec  redoublement  facultatif 
des  deux  parties  (ou  de  l'une  d'elles)  à  l'octave  aiguë.  C'est  la  simple 
reproduction  de  la  mélodie  dans  les  divers  genres  de  voix. 

VOIX  d'hommes.  voix  d'enfants  et  d'hommes. 

Chant  homophone  en  octaves  simples  et  redoublées. 

Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi  -H-  us. 

^— ^—tS>-G>—S>—G'—&—^—„-—^ H       )  „ 


Tu  Patris  setn-pi-ter-uus  es  Fi -H- us.         ^2z::^    — e>— &—&—&—&— ^— 

Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi -U  -  us. 
Diaphonie  en  quintes  simples  et  redoublées. 


gy.-®- 

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Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi  -  H- us 


Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi-  H  -  us. 


Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi  -  H  -  us. 
Diaphonie  en  quartes  simples  et  redoublées. 


3 — ?n — r2 — 7n — ?r> — G- 


7—^—^-G-G—G—G—G>—^   cj—^   '^~[|     (        Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi  -  li -us. 


Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi  -  li  -  us.        fzjVT —  ^o   ^    a'~^'  gj    P"~?   a~~rr 

Tu  Patris  sem-pi-ter-nus  es  Fi  -  li  -  «s 


APPENDICE.  423 

Moins  intéressante  pour  nous  que  l'organum  proprement  dit,  cette 
seconde  espèce  de  diaphonie^  jouissait  aussi  d'une  estime  moindre  auprès 
des  contemporains.  Guy  d'Arezzo  la  trouve  peu  agréable^  et  préconise 
exclusivement  l'harmonisation  à  deux  parties  et  à  intervalles  mêlés,  mais 
en  modifiant  le  procédé  par  l'élimination  de  la  quinte. 

Il  serait  très  important  de  savoir  quand  et  comment  s'est  opéré  le 
passage  de  la  diaphonie  au  faux-bourdon,  harmonie  vocale  composée 
d'une  suite  d'accords  de  sixte,  et  quelle  fut  la  part  d'influence  de  la 
polyphonie  primitive  dans  la  création  du  déchant,  forme  archaïque  du 
contrepoint  fleuri,  née  en  France,  et  apparemment  à  Paris,  vers  la  fin  du 
XI^  ou  au  commencement  du  XIP  siècle^.  Ce  sont  là  des  problèmes 
d'histoire  musicale  encore  couverts  d'épaisses  ténèbres  :  jusqu'à  ce  jour 
la  croissance  embryonnaire  de  l'art  nouveau  créé  par  le  génie  occidental 
reste  entièrement  cachée  à  nos  investigations. 

Note    D    (p.    87).    LE    RESPONSALE    GREGORIANUM. 

Publié  dans  l'édition  bénédictine  des  œuvres  de  saint  Grégoire  d'après 
un  manuscrit  de  Compiègne,  aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  nationale  de 
la  rue  de  Richelieu,  ce  recueil  composite  a  été  visiblement  formé  dans 
le  nord  de  la  France  actuelle,  et  plutôt  pour  une  cathédrale  que  pour 
une  abbaye.  Le  principal  témoignage  contre  une  provenance  monastique 
ou  bénédictine  (expressions  synonymes  à  l'époque  dont  il  s'agit)  est 
la  composition  des  offices  de  Vêpres.  Partout  nous  trouvons  cinq 
antiennes  pour  les  psaumes,  contrairement  à  la  Règle  de  saint  Benoît 
qui  prescrit  quatre  psaumes  seulement  et  un  égal  nombre  d'antiennes. 

ï  Les  musicologues,  influencés  par  la  règle  d'école  qui  prohibe  la  succession  de 
plusieurs  consonances  parfaites  de  même  espèce,  ne  manquent  pas  de  déclarer  intolé- 
rables et  monstrueuses  les  diaphonies  de  l'époque  hucbaldienne  et  guidonienne.  C'est 
là  un  préjugé  de  contrepointiste.  En  définitive,  des  suites  de  quintes,  se  produisant 
sans  tierces  et  exécutées  lentement  par  des  voix  bien  justes,  n'ont  rien  de  désagréable.  Les 
quartes  consécutives  produisent  au  premier  abord  un  effet  bizarre,  mais  l'oreille  s'y 
accoutume  bientôt.  J'en  ai  fait  l'expérience  personnelle  le  8  juillet  1871,  à  une  conférence 
archéologique  donnée  par  mon  ami  Aug.  Wagener,  l'éminent  helléniste,  dans  les  ruines 
de  l'abbaye  de  saint  Bavon  à  Gand.  A  cette  occasion  je  fis  exécuter  par  un  choeur 
d'hommes  et  d'enfants  plusieurs  spécimens  diaphoniques  des  deux  espèces;  l'impression 
ressentie  par  l'auditoire,  une  centaine  de  personnes,  fut  profonde.  Tout  le  monde 
fut  unanime  à  trouver  dans  cette  harmonie  fruste  un  saisissant  parfum  d'antiquité  très 
reculée.  Il  est  vrai  que  le  lieu  se  prêtait  admirablement  à  une  évocation  de  cette  nature. 

2  Voir  ci-dessus,  page  418,  note  4. 

3  Sur  les  premiers  maîtres  déchanteurs  de  Notre-Dame  de  Paris,  voir  l'Anonyme  4 
dans  le  t.  I  des  Scriptores  de  Coussemaker,  p.  327  et  suiv. 


424  APPENDICE. 

Ainsi  qu'on  s'en  aperçoit  à  une  inspection  tant  soit  peu  attentive,  le 
document  fondamental  de  la  collection  est  d'origine  romaine  :  l'ordon- 
nance des  Vêpres  de  la  semaine  de  Pâques,  identique  à  celle  de  VOrdo 
romanus  I,  n'est  strictement  applicable  qu'au  service  de  la  basilique 
pontificale';  la  désignation  Pascha  annotina  pour  le  IIP  dimanche  après 
Pâques  ne  paraît  pas  avoir  été  en  usage  hors  de  Rome^.  Quant  à  la  date  de 
l'écrit  fondamental,  nous  pouvons  fixer  en  toute  sûreté  la  fin  du  VIII*  siècle. 
En  effet,  ce  qui  appartient  à  cette  partie  du  recueil  est  en  concordance 
avec  les  textes  qui  ont  servi  de  base  au  travail  d' Amalaire,  c'est-à-dire  avec 
le  responsorial  et  l'antiphonaire  de  l'office  déposés  à  Corbie  aux  environs 
de  830,  volumes  que  le  comte  Wala,  frère  du  saint  abbé  Adelhard  (et  plus 
tard  son  successeur),  avait  emportés  de  Rome  en  823.  Or  l'un  des  volumes 
contenait  une  notice  conçue  en  ces  termes  :  «  In  nomine  Domini  nostri 
«  jfesu  Christi  incipit  Responsoriale  de  circula  anni  temporibiis  ter  beatissimi 
«  et  apostolici  Domini  Hadriani  papae  per  indictionem  septimam  (784-785).  » 
Et  à  la  fin  :  «  Hoc  opus  suinmus  réparât  Pontifex  dominus  Hadrianus  sihi 
«  memoriale  per  saeciila.  »^  Rien  ne  nous  empêche  d'identifier  le  Respon- 
sale  gregorianum,  quant  à  ses  parties  essentielles,  avec  le  recueil  litur- 
gique formé  sous  Hadrien  I  à  la  date  qui  vient  d'être  indiquée. 

Pour  reconstituer  l'antiphonaire  de  l'office  en  usage  à  Rome  vers  le 
moment  où  Charlemagne  rétablit  l'Empire  d'Occident,  il  nous  faut 
donc  élaguer  tout  ce  que  nous  reconnaissons  comme  des  interpolations 
d'origine  franke.  Elles  se  rangent  en  trois  catégories. 

a)  La  première  comprend  les  textes  antiphoniques  ou  responsoriaux  qui 
n  ont  jamais  été  admis  dans  le  rituel  local  de  Rome,  et  dont  les  mélodies 
sont  perdues  pour  la  plupart.  Ce  sont  les  offices  partiels  ou  complets 

de  saint  Germain  de  Paris,  le  28  mai  (fragmentaire); 

de  saint  Médard,  le  8  juin; 

de  saint  Symphorien,  le  12  août  (fragm.); 

de  saint  Maurice,  le  22  septembre; 

de  saint  Vaast,  le   i"  octobre  (fragm.); 


ï  Voir  les  observations  placées  en  tête  de  l'édition  bénédictine. 

-  Ce  terme,  que  l'on  rencontre  aussi  dans  le  KaUndarium  romanum,  est  expliqué 
dans  la  note  354  du  sacramentaire  grégorien. 

3  Amalaire,  De  ord.  antiph.  Prolog.  Patrol.  lat.  de  Migne,  t.  105,  p.  1243  et  suiv. 
(extraits  dans  les  Orig.  du  chant  lit.,  pp.  49-50).  Conseiller  du  roi  d'Italie,  Lothaire,  et 
cousin  de  Charlemagne,  Wala  se  rendit  à  Rome  comme  envoyé  de  son  maître.  Nous 
rattachons  sa  mission  aux  événements  qui  se  passèrent  à  la  fin  du  pontificat  de  Pascal  I. 
Voir  Gregorovius,  Geschichte  der  Stadt  Rmi  im  Mittelalter,  3e  éd.,  t.  III,  p.  47.  Il  devint 
abbé  de  Corbie  après  la  rtiort  de  son  frère,  survenue  le  2  janvier  827. 


APPENDICE.  425 

des  saints  Denis  et  ses  compagnons,  le  g  octobre; 

des  saints  Crépin  et  Crépinien,  le  22  octobre; 

de  saint  Quentin,  le  22  octobre; 

de  saint  Brice,  évêque  de  Tours,  le  13  novembre; 

de  saint  Thomas,  le  21  décercibre^ 
Nous  donnons  place  ici  également  à  une  longue  série  d'antiennes 
(pp.  867-869)  dont  le  texte,  à  part  les  premiers  mots,  est  converti  en 
une  mélodie  entièrement  alléluiatique  destinée  à  se  joindre  aux  psaumes 
des  Laudes^  La  collection  embrasse  les  fêtes  et  solennités  de  toute 
l'année,  ^y  compris  le  Carême.  De  pareilles  moànldiiïon^  jiibilatoir es,  survi- 
vance de  la  primitive  organisation  du  chant  antiphonique,  ont  été,  dès  le 
VP  siècle,  limitées  dans  l'office  romain  au  temps  pascal  et  aux  heures 
diurnales  du  dimanche  (voir  ci-dessus,  p.  164  et  suiv.)^, 

b)  La  deuxième  catégorie  d'additions  consiste  en  certaines  parties 
à^offices  introduites  d'abord  dans  les  églises  de  France,  et  incorporées  plus  tard 
an  rituel  romain  : 

antiennes   des   Laudes   au  jour   de  l'Octave   de  l'Epiphanie  (Veterem 

'  Le  double  office  de  la  Toussaint  inséré  dans  le  Responsale  gregorianum  doit  être 
rangé  aussi  parmi  les  additions  gallicanes.  Composé  apparemment  à  la  hâte,  fort  peu  de 
temps  après  l'institution  de  cette  solennité  (830),  il  contient  des  antiennes  empruntées 
à  toutes  sortes  de  fêtes  :  de  la  sainte  Vierge,  du  Commun  des  Martyrs,  de  saint  Jean 
Baptiste,  de  saint  Michel,  etc.  Déjà  avant  la  fin  du  IX«  siècle  il  fut  remplacé  par  un 
office  en  partie  original  (Réginon  en  cite  une  antienne,  «  Sanctum  et  verum  lumen  »)  ; 
c'est  celui  de  l'antiphonaire  de  Trêves.  L'office  actuel  du  bréviaire  romain  semble  être  le 
plus  récent  de  tous. 

2  Amal.  De  ord.  antiph.  c.  78  :  «  De  antiphonis  conversis  per  conveiiientiam  soni  in 

«  alléluia ut    per    Dominicas    noctes    super    psalmos    matutinales    solum    alléluia 

«  audiatur.  » 

3  De  tout  temps  Rome  paraît  avoir  tendu  à  restreindre  le  domaine  du  chant  alléluia- 
tique, plutôt  qu'à  l'élargir.  Même  si  l'on  en  croit  les  écrivains  grecs  copiés  par 
Cassiodore,  l'Église  romaine  du  IV^  siècle  n'entonnait  VAlleluia  qu'au  seul  jour  de 
Pâques.  Hist.  eccl.  trip.,  1.  X,  ch.  39  (éd.  Garet,  p.  324).  Mais  le  renseignement  doit 
se  rapporter  à  la  période  constantinienne,  car,  déjà  aux  environs  de  400,  l'usage 
universel  des  Églises  de  langue  latine  (y  compris  les  diocèses  africains)  se  rapprochait 
sensiblement  de  la  pratique  actuelle.  C'est  ce  qui  ressort  du  passage  suivant  de 
saint  Augustin  :  «  Ut  autem  alléluia  per  illos  solos  dies  quinquaginta  (a  Pascha  usque 
f  ad  Pentecosten)  in  Ecclesia  cantetur,  non  usquequaque  observatur;  nam  et  aliis 
«  diebus  varie  cantatur  alibi  atque  alibi,  ipsis  autem  diebus  tibique.  »  Ep.  55,  ad  inquis. 
Januarii.  —  Pour  l'Espagne  et  l'Afrique,  antérieurement  à  la  conquête  musulmane, 
voir  Isidore  de  Séville,  De  off.  eccl.,  1.  I,  ch.  13.  —  En  Gaule  on  a  été  toujours  le  plus 
prodigue  de  chants  alléluiatiques;  au  VI^  siècle  ils  se  faisaient  entendre  jusque  dans  les 
obsèques.  Voir  la  vie  de  sainte  Radegonde,  de  Fortunat,  dans  Mabillon,  Acta  SS.  ord. 
S.  Benedicti,  t.  I,  p.  333. 


^^6  APPENDICE. 

hominem,   voir   ci-dessus,   p.    314),   supprimées   lors   de   la    revision   du 

XVP  siècle; 

antiennes  de   l'office   nocturne   aux  fêtes   de  Pâques,  de    l'Ascension, 
de  la  Pentecôte  (ci-dessus,  p.    171,   note  7); 

répons   et  antiennes   de   la  fête   du   martyre   de  saint  Jean-Baptiste, 
29  août  (ibid.,  note  5). 

c)  Quant  à  la  troisième  catégorie  d'adjonctions  gallicanes,  elle  se  com- 
pose d'un  groupe  de  textes  originairement  romains,  mais  tombés  en  désuétude  à 
la  basilique  pontificale  sous  le  régne  de  Charlemagne.  Il  s'agit  des  antiennes 
évangéiiques  des  dimanches  après  la  Pentecôte  (ci-dessus,  p.  184,  note  i). 
Elles  ne  se  trouvaient  point  dans  Tantiphonaire  d'Hadrien;  c'est  là  ce  qui 
se  déduit  visiblement  et  de  la  place  qu'elles  occupent  dans  la  compilation 
pseudo-grégorienne,  tout  à  la  fin,  et  de  leur  suscription  spéda.\e  (Incipiunt 
antiphonae  per  dominicas  ab  octava  Peniecostes  usque  ad  Adventum  Domini). 
Au   dire  des   chantres  franks,    contemporains   de   Louis   le  Pieux,  elles 
avaient  été  apportées  en  France  par  les  maîtres  de  la  scJiola  pontificale  au 
temps  de  Pépin  le  Bref  (ibid.).  Ceci   n'a  rien  que  de  vraisemblable;  en 
effet   pour  la   provenance  des  textes   et   la   forme   mélodique,   elles  sont 
entièrement  semblables  aux  antiennes  romaines  des  autres  dimanches  de 
Tannée.   D'ailleurs  nous  savons  par  la  préface  d'Amalaire  que  certaines 
églises  du  royaume  frank,  nommément   Metz,  possédaient  des  antipho- 
naires  romains  antérieurs  au  recueil  d'Hadrien',  et  en  certains  endroits 
différents   de    celui-ci  :  c'étaient  apparemment  des  copies  faites  sur  les 
livres  que  le  pape  Paul  I  avait  envoyés  à  Pépin  vers  760.  De  la  fusion 
des  deux  classes  de  documents  sortit  l'antiphonaire  romain  du  moyen  âge. 
Une  dernière  interpolation  du  rédacteur  français  fut  l'office  monastique 
de  saint  Benoît,  dont  tous  les  textes  ont  été  tirés  des  Dialogues  de  saint 
Grégoire  le  Grand.  Étranger  au  calendrier  de  la  basilique  pontificale,  il 
s'introduisit  en  beaucoup  d'églises  au  nord  des  Alpes  :  Trêves  le  chantait 
au  temps  de  Réginon. 

Après  défalcation  des  divers  éléments  adventices  qui  viennent  d'être 
énumérés,  nous  pouvons  sans  difficulté  dresser  la  table  des  matières 
contenues  dans  le  Responsale  hadrianien  de  784-785.  Nous  la  diviserons 
en  quatre  sections, 

I.  Le  Propre  du  Temps  depuis  l'Avent  jusqu'à  la  Pentecôte,  sauf 
l'office  alléluiatique  de  la  Septuagésime,  (Les  chants  du  1"  dimanche  de 
l'Avent  ont  disparu  accidentellement  du  manuscrit.) 

*  «  Cognovi  nostra  volumina  antiquiora  esse  aliquanto  temporc  volumine  illo  Romanae 
•  urbis.  »  De  ord.  antiph.  Prolog. 


APPENDICE.  427 

II.  Les  fêtes  suivantes  du  Propre  des  Saints  (l'astérisque  désigne  celles 
qui  n'ont  plus  de  chants  spéciaux  depuis  le  XVP  siècle)  : 

sainte  Agnès,  le  21  janvier  (lacune  accidentelle  du  manuscrit); 

Purification,  le  2  février; 

sainte  Agathe,  le  5  février  (lacune  du  manuscrit); 
*saint  Valentin,  le  14  février  (fragmentaire); 
*saint  Georges,  le  23  avril  (fragm.); 

saints  Philippe  et  Jacques,  le  i*''  mai  (fragm.); 

saint  Jean  Baptiste,  le  24  juin; 

saints  Jean  et  Paul,  le  26  juin; 

saint  Pierre,  le  29  juin; 

saint  Paul,  le  30  juin; 

saint  Laurent,  le  10  août; 
*saint  Tiburce,  le  i  i  août  (fragm.); 
*saint  Hippolyte,  le  13  août; 

Assomption,  le  15  août; 
*saint  Hermès,  le  28  août  (fragm.); 

Nativité  de  la  sainte  Vierge,  le  8  septembre; 

Exaltation  de  la  Croix,  le  14  septembre; 
*saints  Côme  et  Damien,  le  27  septembre  (fragm.); 

saint  Michel,  le  29  septembre; 

saint  Martin,  le  n  novembre; 

sainte  Cécile,  le  22  novembre; 

saint  Clément,  le  23  novembre; 

saint  André,  le  30  novembre; 

sainte  Lucie,  le  13  décembre. 

III.  Commun  des  apôtres; 

—  de  plusieurs  martyrs; 

—  d'un  seul  martyr; 

—  d'un  confesseur; 

—  d'une  vierge  '; 

—  de  la  dédicace  d'une  église. 

IV.  Un  appendice  contenant  : 

les   antiennes   extraites   du    cantique  des  trois  enfants   dans    la 
fournaise^; 

'  Entre  l'office  des  confesseurs  et  celui  des  vierges,  le  Responsah  gregoriantim  insère 
les  répons  et  les  antiennes  De  susceptione  regum  (pp.  852-853J.  La  place  est  singulière.  Au 
reste  l'origine  de  l'office  me  paraît  incertaine. 

»  «  Eas  non  aliter  ordinavi  nisi  juxta  ordinem  ceterorum  antiphonariorum.  »  Amal. 
De  ord.  antiph.  c.  70. 


428  APPENDICE. 

les  antiennes  et  répons   pris  dans  les  livres  de  l'Ancien  Testa- 
ment  qui  fournissent  les  leçons    de  l'office    nocturne   durant 
toute  la  période  annuelle  comprise  entre  l'Octave  de  la  Pente- 
côte et  le  premier  dimanche  de  l'Avent'; 
les  antiennes  empruntées  aux  deux  grands  cantiques  de  l'Évan- 
gile, Benedictus  et  Magnificat^. 
Là  se  terminait  probablement  l'antiphonaire  des  Heures  promulgué  par 
le  pape  Hadrien  I  en  784-785. 

Il  nous  reste  à  mentionner  une  couple  d'additions  faites  postérieure- 
ment à  la  clôture  de  la  primitive  collection  gallicane.  Le  recueil  destiné 
à  l'usage  liturgique  se  terminait  visiblement  par  les  antiennes  des 
dimanches  après  la  Pentecôte  (p.  873).  En  effet,  les  maximes  édifiantes 
qui  suivent  {Perfecti  estote,  etc.),  puisées  en  grande  partie  aux  épitres  de 
saint  Paul,  ne  se  trouvent  pas  là  à  titre  de  textes  chantés  dans  l'office 
divin.  C'est  l'épilogue  du  compilateur. 

Vient  ensuite,  dans  l'unique  édition  actuellement  existante  du  Respon- 
sale  gregorianum,  la  série  des  répons  brefs  chantés  aux  grandes  solennités 
de  rannée3,  aux  jours  ordinaires  et  aux  fêtes  des  saints  (pp.  873-877). 
Ici  encore  une  provenance  bénédictine  paraît  invraisemblable,  puisque 
l'heure  monastique  de  Prime  ne  figure  nulle  part.  Cette  particularité 
prouve  également  que  le  petit  document  est  antérieur  au  IX^  siècle. 
Vers  830  l'office  de  Prime  devait  se  chanter  depuis  longtemps  dans  les 
cathédrales;  sans  cela  Amalaire  n'aurait  pas  manqué  de  mentionner  la 
récente  introduction  de  cette  partie  du  service  ecclésiastique.  Il  est  donc 
à  peu  près  certain  que  les  textes  des  répons  brefs  ont  été  réunis,  au 
plus  tard,  à  l'époque  d'Hadrien  I,  et  tout  nous  porte  à  supposer  qu'ils 
remontent  à  l'organisation  primitive  du  chant  des  Heures. 

La  dernière  section  additionnelle  du  Responsale  gregorianum  se  compose 
des  antiennes  du  M andatiim  (pp.  877-878).  La  cérémonie  du  lavement  des 
pieds,  à  l'office  du  jeudi-saint,  est  une  très  ancienne  institution  de 
l'Eglise  catholique'';  toutefois  elle  ne  figure  pas  dans  le  service  de  la 
basilique  pontificale  décrit  par  VOrdo  romanus  I.  Il  est  assez  difficile  de 
savoir  où  le  scribe  du  IX*  ou  du  X*  siècle  a  pris  ces  antiennes,  dont 
aucune  n'est  enregistrée  dans  le  tonarius  de  Réginon. 

'  «  Maxime  per  Dominicas  noctes  ab  octavis  Pentecostes  usque  in  Adventum  Domini 
«  Romani  canunt  antiphonas  de  historiis  librorum  unde  responsoria  assumpta  sunt,  aut 
«  Alléluia,  cum  hymnis  Zachariae  et  sanctae  Mariae.  »  Ibid. 

Amalaire  les  plaçait  avant  les  répons  et  antiennes  tirés  de  l'Ancien  Testament. 

3  Ceux  de  Pâques  manquent. 

4  Voir  la  note  282  du  Sacramentaire  grégorien   (pp.  334-336). 


APPENDICE. 


429 


Les  pages  précédentes  n'ont  d'autre  prétention  que  d'exposer  très 
sommairement  mes  vues  sur  la  formation  du  plus  ancien  recueil  connu 
renfermant  les  textes  chantés  de  l'office  des  Heures.  Dans  l'état  actuel 
des  sources,  il  me  semble  difficile  de  faire  davantage.  Un  examen  détaillé 
du  Responsale  gregorianuin  ne  sera  guère  possible  avant  que  la  littéra- 
ture du  chant  liturgique  ne  nous  soit  connue  par  des  éditions  conformes 
aux  légitimes  exigences  de  notre  époque. 

Note  E  (Introduction,  p.  xxxi).  —  offertoire  du  xxi*  dimanche 

APRÈS  LA  PENTECÔTE,  AVEC  SES  VERSETS. 

Nous  publions  ce  chant  d'après  un  Antiphonale  missarum  manuscrit 
du  XIII^  siècle  (ou  même  peut-être  du  XIP),  provenant  de  l'abbaye  de 
saint  Thierry,  près  de  Reims. 


Jer  mode. 


!iJi=i.,=f 


Vir    e    -    rat    in     ter 


ra,  no   -  mi       -       ne 


Hiob, 


(P)!§=!^Ji::iJJ:::V!!^j'=i=Trizqii,^::ii:g?!!J.^ 


sim      -      pkx   et       re 


dus,       ac     ti  ■  mens 


De  -  um, 


'j=i=.^=i=g?^=^"'''-''^^=i=i"^'»»"="i 


qtum  Sa  -  tan     pe    -    ti 


it  ut      ten  -ta        -        ret  :  et     da  -  ta 


<^l^- 


tl=izi^^«:î«*-=.ï 


Bi— a 


«■-■ 


est     e    -    i     po  -  te      -     stas  a    Do  -  mi 


no  in    fa  -  cul  -ta- te 


et      in     car -ne      e 


JUS, 


per  -  di  -  dit  -  que     0    -    mnem  sub-stan- 


(g)gr:!!!z^Ej5=!jViz^i^rpi!iii:!.^zi«M» 


■=■1 


ant  i-psi      -     us,  et  fi  -  li 


os,  car  -  neni 


(g)'j=ËUzi^jj«i^,^^f^^T!l!!«^-iPfZi=gi=BU=iaU»«="^ 


quo  -  que     e     -    jus  gra-vi  ul    -    ce  -  re        vul-ne 


ra       -       vit. 
55 


430 


APPENDICE. 


U  -  ti     -     nam  ap-pm-de-ren-tur 


,-^^ 


^)-^"H<^i^P^g^'^=g-~'"^^^^3; 


pec-ca-ta 


a,  u        -       ti    -    nam 


ap  -pen-de  -  ren  -  tur 


^■&^\^^f^^E^'^'»^*ii,^if>i=^ 


bec  -   ca  -  ta    me 


H^- 


gg«r-g«»=r=^v=v=T=g^^^^ 


qui  -  bus  i     -      ram 


me  -  ru        -        i,  qui    -     bus 


_/_l2 


%i^S^Ï^È=!*E^fEi^i^SL 


5E 


t      -      ram 


me  -  ru        -        i,         et     ca  -  la    -    mi 


_._t2N_ 


^' 


\-^-J 


■_■■_■■-■. 

■|ifE^ti=!!zi?=Ë=!z=i=^ 


tas. 


et     ca  -  la 


mi  -  tas. 


^t! 


■^— z^raju^rn: 


iBia: 


^ 


et     ca  -  la 


mi     -     tas  quam  pa 


or,        haec    gra  -  vi     •     or 


-1^' 


^fe)z;=i.»a»»=^»^-,.— n 


ap  -  pa 


re       -        ret. 


Vers.  II. 


'«?;^lHif±:J: 


Quae  est     e      -      nim,  quae  est    e  -  nim,  quae  est 


e  -  nim  for  -  ti  -  tu  -  do       me 


ut     sus  -  ti  -     ne  -amP 


aut  quis    fi   -   nis     vie  -  us,  ut    pa  -  ti  -  en  -  1er      a 


gain . 


mi=. 


-■■ — ■■■. 


fa--g«ï^-ll 


aut    fi  •  nis    me  -  us 


ut     pa  -  ti  -  en  -  ter       a 


gam? 


APPENDICE. 


431 


Vers.  III. 
J2 


^Jfcztzlrritziz^ 


■-■■■I 


■Ë=i 


ffEÏ==iî 


Num-quid  for  -  ti  -  tu 


do       la  -  pi    -    dum    est       for  -  ti 


^: 


■'■-■^T ■— bV-*«*— '■- 


m 


■■^jJ'V»»- 


tti  -  do  me 


^^feî?^!^ 


a?        aut    ca  -   ro      me  -a  ae 


|)§ 


ne  -  a       est?      aut     ca  -  ro       me  -a  ae 

Vers.  IV. 

ÎE2 


ne  -  a       est? 


L-iEiEEz^ 


Quo  -  ni  -  am, 


que  -  m  -  am, 


quo  -  m  -  am 


(§)$: 


?^^ï^?3E?ti^^5^i=i^^*t5E^^ 


«0»    re  -  ver      -       te  -   tiir 


eu  -  lus   me 


us, 


ut      vi  -  de      -      am  ho         -  na,        ut     vi  -  de  -  am  bo  -  na. 


ut     vi  -  de  -  am  bo 


na,        ut     vi  -  de  -  am       bo  -  na, 

(b)     (H) 


ut     vi  -  de  -  am       bo  -  na,      ut      vi  -  de  -  am  bo       -       na. 


;s^FE^^^^^?Eî 


ut      vi  -  de  ~  am       bo   -  na,         ut      vi  -  de  -  am       bo  -  na,         ut      vi  -  de  - 


h-«p-«*»f- 


^=i5=§ 


bo         -         na. 


W- 


Vir    e    -    rat    etc. 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

Introduction , v 


PREMIÈRE  PARTIE. 
Origine  et  développement  des  cantilènes  antiphoniqiies  de  V office  romain. 

Chapitre  I.  —  Les  modes  et  les  tons  gréco-romains. 

Section  I.  —  Constitution  de  l'échelle  commune  dans  les  genres  diato- 
nique et  chromatique i 

Section    II.  —  Les  modes  grecs  de  l'époque  classique 6 

Section  III.  —  Les    sept   anciennes  échelles   transposées    de   la    musique 

gréco-romaine 17 

Section  IV.  —  Systèmes  de  8,  de  13  et  de  15  tons 25 

Chapitre  II.  —  La  citharodie  sous  l'empire  romain. 

Section      I.  —  Les  deux  premiers  siècles  de  l'ère  chrétienne 31 

Section    II.  —  Les  restes  de  l'art  païen 38 

Section  III. —  La  citharodie  après  Marc-Aurèle 54 

Chapitre  III.  —  L'hymnodie  de  l'Église  latine. 

Section      I.  —  Ses  commencements,  sa  forme  littéraire 62 

Section    II.  —  Formes  modales  des  hymnes  ambrosiennes 6S 

Section  III.  —  L'hymnodie  après  saint  Ambroise 77 

Chapitre  IV.  —  Les  chants  antiphoniques  de  l'office  romain. 

Section      I.  —  Origines 83 

Section    II.  —  Les  modes  du  chant  antiphonique 86 

Section  III.  —  Adaptation  de  la  doctrine  des  modes   ecclésiastiques    aux 

chants  de  l'Église  latine 104 

Chapitre  V.  —  La  facture  musicale  des  antiennes. 

Section      I.  —  Nomes  ou  thèmes  mélodiques 123 

Section    II.  —  Coupe  des  antiennes 133 

Section  III.  —  Mélopée  des  antiennes i43 

Section  IV.  —  Jugement  sur  la  valeur  musicale  des  chants  antiphoniques  .  151 

Chapitre  VI.  —  Classification  chronologique  des  antiennes. 

Section      I.  —  Les  trois  époques  du  chant  antiphonique i59 

Section    II.  —  La  mélopée  des  antiennes  aux  trois  époques 172 


434  TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 

Chapitre  VII.  —  Les  altérations  musicales  des  antiennes. 

Section      I.  —  Transmission  des  mélodies  depuis  le  V"  siècle  jusqu'à  la  fin 

du  moyen  âge 178 

Section    II.  —  Les  altérations  modales  postérieures  à  Réginon 189 

Section  III.  —  Les  altérations  antérieures  à  Réginon 212 

SECONDE    PARTIE. 

Catalogue  thématique  des  antiennes  de  V office  rotnain  connues  par  les 
documents  musicaux  du  IX'  et  du  X"  siècle. 

Chapitre     I.  —  CantiVenes  éoliennes  (I^r  et  11^  modes) 227 

Chapitre    II.  —  Cantilènes  iastiennes 261 

Section      I.  —  Chants  de  l'iastien  relâché  (VIII«) 263 

Section    II.  —  Chants  de  l'iastien  normal  (Vil*) 295 

CuwiiKii  m.  —  Cantilènes  iastiennes  {?>\i\\.e)  et  hybrides 319 

Section      I.  —  Chants  de  l'iastien  incomplet,  se  terminant  sur  le  5e  degré 

ascendant  de  l'échelle  modale  (Ville  irrO 319 

Section    II.  —  Antiennes   de    l'iastien   intense,    finissant    sur    le   3e   degré 

ascendant  de  l'échelle  modale  (IV^) 321 

Section  III.  —  Chants  composés  sur  un  thème  iastien  et  ayant  la  termi- 

^                                                   naison  éolienne  (lerj 333 

Section  IV.  —  Chants  éoliens  se  terminant  en  iastien  intense  (IV^)    .     .     .  336 

3      Chapitre  IV.  —  Cantilènes  du  mode  dorien  (III^) 345 

Chapitre    V.  —  Cantilènes  hypolydiennes 362 

Section      I.  —  Chants  de  l'hypoiydien  relâché  (VI^) 363 

Section    II.  —  Chants  de  l'hypoiydien  normal  (V^) .  370 

Section  III.  —  Chants  de  l'hypoiydien  intense  (Ile) 375 

APPENDICE. 

^oit  k.  —  Les  restes  de  la  musique  grecque  découverts  depuis  i^?,o 383 

I.  —  Chanson  du  W  siècle  après  J.  C.  découverte  près  de  Tralles    .     .     .  386 

II.  —  Fragments  d'un  chœur  de  VOreste  d'Euripide 388 

III.  —  Fragments  d'un  hymne  delphique  en  l'honneur  d'Apollon   ....  395 

IV  et  V.  —  Fragments  d'un  second  hymne 408 

Note  B.  —  Textes  relatifs  à  la  musique  profane  depuis  le  VI^  siècle  jusqu'au  XI"    .     .  412 

Note  C.  —  Uorganiim  ou  diaphonie  du  X«  et  du  XI"  siècle 417 

Note  D.  —   Le  Responsale  gregorianum 4^3 

Note  E.  —  Offertoire  du  XXI"  dimanche  après  la  Pentecôte,  avec  ses  versets     ....  429 


INDEX   ALPHABÉTIQUE 

DES  ANTIENNES  COMPRISES  DANS  LE  CATALOGUE  THÉMATIQUE  i. 


Les  caractères  italiques  désignent  les  antiennes  qui  ne  se  chantent  plus  dans  l'office  romain. 


Pages. 

Abeunte  Jesu  voir  Ascendente  Jesu. 

Ab  hominibus  iniquis 266 

A  bimatu  et  infra 245 

Ab  insurgentibus 239 

Ab  Oriente  venerunt  magi      .     .     .  276 

Abraham  pater  vester 247 

Accepit  autein  oinnes  timor  .     .     .     .  242 

Accipe  me  ab  hominibus   ....  287 

Accipiens  Simeon 358 

Accipite  Spiritum  sanctum    .     .     .  304 

Adhaesit  anima  mea 357 

Adhuc  multa  habeo 373 

Adjutorium  nostrum 231 

Adjuvabit  eam 306 

Ad  omnia  quae  mittam  te.      ...  27g 

Adonai,  Domine  Deus 268 

Adstiterunt  justi 257 

Adstiterunt  reges  terrae    ....  253 

Ad  te  de  luce  vigilo,  Deus.     .     .     .  297 

Ad  te  de  luce...  ut  videam.     .     .     .  297 

Ad  te,  Domine,  levavi 329 

Advenerunt  nobis 268 

Aedificavit  Moyses 366 

Afferte  Domino 297 

Agatha  laetissime 305 

Agatha  sancta  dixit 288 

Ait  latro  ad  latronem 241 

Alias  oves  habeo 367 

Alléluia,  alléluia 367 


Alléluia,  alléluia,  alléluia  ....  270 

Alliga,  Domine 360 

Amavit  eum  Dominus 251 

Ambulabunt  niecum 338 

Amen  dico  vobis.  quia  nemo.     .     .  240 

Ancilla  Christi  sum 37g 

Anciila  dixit  Petro 255 

Andréas,  Christi  famulus   ....  288 

Angeli,  archangeli,  Throni     .     .     .  305 

AngeliDominijDominum  benedicite  331 

Angeli  eorum  semper  vident  .     .     .  267 

Angélus  ad  pastores  ait     ...     .  313 

Angélus  autem  Domini  descendit    .  284 

Angélus  Domini  descendit      .     .     .  328 

Angélus  Domini  nuntiavit  Mariae  .  260 

■Annulo  suo  subarrhavit     ....  308 

Annuntiate  populis 328 

Ante  luciferum  genitus 259 

Ante  me  non  est  formatus.     .     .     .  334 

Antequam  convenirent 244 

Ante  torum 326 

Anxiatus  est 33g 

Apertis  thesauris 234 

Apertum  est  os  Zachariae.     .     .     .  276 

A  porta  inferi 253 

Appenderunt  mercedem      ....  337 

Appropinquabat  autem  dies  festus  .  238 

Apud  Dominum  misericordia.     .     .  322 

Aquam  quam  ego  dedero  ....  294 


ï  Celles  des  antiennes  que  j'ai  notées  au  cours  de  l'ouvrage,  à  titre  d'exemples,  sont 
signalées  dans  le  catalogue  thématique. 


436 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Pages. 

Archangele  Michael 268 

Ardens  est  cor  meum 273 

Argentum  et  aurum 3^9 

Arguebat  Herodem 257 

Ascendens Jésus  in  navim.     ...  254 

Ascendante  Jesu  in  naviculam    .     .  357 

Ascendit  fumus  aromatum     .     .     •  327 

Ascendo  ad  Patrem  meum     .     .     .  299 

A  summo  caelo 327 

Assumpsit  Jésus  discipulos  suos      .  317 

Assumpta  est  Maria 300 

At  Jésus  conversus 246 

Attendite,  universi  populi.     .     .     .  298 

Audistis  quia  dictum  est  ...     .  283 

Audistis  quia  dix t  vobis 304 

Audite  et  intelligite 281 

Auferte  ista  hinc 35^ 

Ave,  Maria 238 

Avertantur  retrorsum 290 

A  viro  iniquo 349 

Baptizat  miles  regem 279 

Baptizatiir  Christus 299 

Beata  Agnes  in  medio  flammarum  .  286 

Beata  Caecilia  dixit  ad  Tiburtium    .  304 

Beata  es,  Maria 284 

Beata  Mater  et  innupta  virgo      .     .  256 

Beatam  me  dicent 282 

Beati  eritis  cum  vos  oderint     .     .     .  251 

Beati  pacifici 243 

Beati  qui  ambulant 282 

Beatus  Andréas  orabat 286 

Beatus  es,  et  bene  tibi  erit  ....  292 

Beatus  iste  sanctus 236 

Beatus  Laurentius  dixit  :  Gratias  .  285 

Beatus  Laurentius  dixit  :  Mea  .     .  285 
Beatus  Laurentius  orabat  dicens  : 

Domine 286 

Beatus  venter  qui  te  portavit     .     .     .  292 

Beatus  vir  qui  in  lege 350 

Beatus  vir  qui  suffert 251 

Benedicat  nos  Deus,  Deus  noster  .  248 

Benedico  te,  Pater 280 

Benedicta  filia  tu 302 

Benedicta  gloria  Domini   ....  315 

Benedicta  tu  in  muiieribus.     .      .     .  324 

Benedictus  Dominas  Deus  Israël   .  366 


Pages. 

Benedictus  Dominus  Deus  meus     .  231 

Benedictus  es  in  firmamento  .     .     .  248 

Benefac,  Domine 374 

Bene  fundata  est .     ......  294 

Bene  omnia  fecit 373 

Bethlehem,  non  est  minima  ....  342 

Biduo  vivens  pendebat 249 

Bonum  certamen  certavi 259 

Bonum  est  sperare 271 

Caecilia  famula  tua 352 

Caecilia  virgo  Almachium   exsupe- 

rabat 280 

Caecus  sedebat  secus  viam    ....  301 

Caeli  aperti  sunt 369 

Caeli  caslorum 377 

Calicem  salutaris 380 

Canite  tuba  in  Sion 239 

Cantabunt  sancti 291 

Cantantibus  organis 250 

Cantate  Domino  canticum  novum  .  297 

Cantemus  Domino  gloriose    .     .     .  330 

Caro  mea  requiescet 310 

Cenantibus  autem 244 

Christi  virgo  nec  terrore 232 

Christo  datus  est  principatus    .     .     .  277 

Christus  circumdedit  me    ....  308 

Christus  me  misit 289 

Cilicio  Caecilia 288 

Circumdantes  circumdederunt  me  ,  248 

Clamaverunt  justi 303 

Clamor  meus  ad  te  veniat .     .     .     .  233 

Clarifica  me,  Pater  ......  245 

Cogitaverunt  impii 290 

Cognoverunt  omnes  a  Dan     .     .     .  246 

Cognovit  autem  pater 358 

Collocet  eum 293 

Columna  es  immobilis 250 

Commendemus  nosmetipsos  .     .     .  326 

Completi  sunt  dies  Mariae     .     .     .  276 

Concède  nobis  hominem  justum.     .  316 

Concussum  est  mare 287 

Confirma  hoc  Deus 290 

Confitebor  Domino  nimis  ....  353 

Confitebor  tibi.  Domine,  quoniam  .  271 

Confortatus  est 303 

Confundantur  qui  me  persequuntur.  323 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


437 


Pages. 

Congaudete  mecum 280 

Considerabam  ad  dexteratn  .     .     .    .  311 

Consilium  feceruiit 351 

Consolamini,  consolamini.     .     .     .  378 

Constantes  estote 379 

Constitues  eos  principes    ....  311 

Consurge,  consurge 379 

Contritum  est  cor  meum    ....  275 

Contumelias  et  terrores     ....  292 

Convertere,  Domine 286 

Corde  et  animo 280 

Cor  mundum  créa  in  me     ....  236 

Crastina  die  delebitur 329 

Crastina  erit  vobis  salus     ....  291 

Credimus  Christum 249 

Credo  videre  bona  Domini.     .     .     .  339 

Cujus  pulchritudinem 255 

Cum  accepisset  acetum 241 

Cum  angelis  et  pueris 313 

Cum  audisset  Job 351 

Cum  atitem  venerit  ille 317 

Cum  conturbata  fuerit,  voir  Dum 

conturbata. 

Cum  esset  sero  die  illa 257 

Cum  facis  eleemosynam     ....  241 

Cum  fortis  armatus 355 

Cum  his  qui  oderunt  pacem  ....  282 

Cum  immundus  spiritus     ....  244 

Cum  inducerent  puerum    ....  352 
Cum  invitatus,  voir  Cum  vocatus. 

Cum  jejunatis 299 

Cum  jucunditate 307 

Cum  Grasset  Judas 301 

Cum  palma,  voir  De  palma. 

Cumque  intuerentur.     .....  272 

Cu7nque  sibi  conspicerent     ....  313 

Cum  sublevasset  oculos     ....  255 

Cum    transiret    Jésus,    voir    Dum 

transisset. 
Cum   venerit  Filius   hominis,  voir 

Dum  venerit  Filius. 
Cum  venerit  Paraclitus,  voir  Dum 

venerit  Paraclitus. 

Cum  vocatus  fueris 299 

Cunctis  diebus 353 

Currebant  duo  simul 241 

Custodiebant  testimonia   ....  327 


Custodi  me  a  laqueo 


Dabit  ei  Dominus 

Dabo  in  Sion  salutem    .... 

Dabo  sanctis  meis 

Damasci,  praepositus    .... 

Da  mercedem 

Data  est  mihi  omnis  potestas.  . 
Data  sunt  ei  incensa  multa     . 

De  caelo  veniet 

Dedisti,  Domine 

Dedisti  hereditatem 

Déficiente  vino 

De  fructu  ventris 

De  manu  omnium 

De  palma  ad  régna 

Deposnit  patentes  de  sede     .     .     . 
Deposuit   potentes,  sanctos  . 
De  profundis  clamavi    .... 

De  quinque  panibus 

Desiderio  desideravi     .... 

De  Sion  exibit  lex 

De  Sion  veniet  Dominus  .     . 
De  Sion  veniet,  qui  regnaturus  . 

Deus  adjuvat  me 

Deus  a  Libano  veniet  .... 
Deus  deorum  Dominus.  .  .  . 
Deus,  Deus  meus,  ad  te  .  .  . 
Deus  meus,  eripe  me  .... 
Deus  misereatur  nostri,     .     .     . 

Dextera  Domini 

Dexteram  meam  et  collum  .  . 
Dicebat  enim  intra  se  ...  . 
Dicit  Dominus  :  Paenitentiam    . 

Dicite  invitatis 

Dicite  :  Pusillanimes  .... 
Dico  vobis,  gaudium  est.     .     .     . 

Dies  Domini  sictitfur 

Diffusa  est  gralia 

Dignare  me  laudare  te .     .     .     . 

Dilexit  Andream 

Dirupisti,  Domine 

Discede  a  me 

Discerne  causam  meam    .     .     . 

Dives  ille 

Diviserunt  sibi  vestimenta.  .  . 
Dixerunt  discipuli 


l'ages. 
3" 

240 
277 
267 

285 

325 
270 
269 
298 

243 
281 
241 
281 

234 
276 

351 
351 

289 

245 
324 
379 
231 

231 
266 
258 
289 
250 
289 
271 
290 
309 
259 
278 

273 
231 
375 
237 
234 
329 
288 

315 

285 

309 
302 
266 
300 


56 


438 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Dixerunt  impn 

Dixi  iniquis 

Dixit  angélus  ad  Petrum  .  .  . 
Dixit  autem  Dominus  servo  .  . 
Dixit  autem  pater  ad  servos  suos 
Dixit  autem  paterfamilias  :  Amice 
Dixit  Dominus  Domino  meo  .  . 
Dixit  Dominus  miilieri  Chananaeae 
Dixit  Dominus  paralytico  .  .  . 
Dixit  [dominus  villico  .... 
Dixit  Hippolyttis  ad  Decium  .  . 
Dixit  Jésus  discipulis  suis  .  .  . 
Dixit  paterfamilias  operariis  suis 
Dixitqiie  David  ad  Dominum  .     . 

Dixit  Romanus 

Dixi  vobis  jatn  et  atidistis    .     .     . 

Domine,  abstraxisti 

Domine,  bonum  est 

Domine  Dominus  noster  .  .  . 
Domine,  iste  sanctus  .... 
Domine  Jesu  Christe,  seminator 
Domine,  labiameaaperies      .     . 

Domine  mi  rex 

Domine,  non  habeo  hominem  .  . 
Domine,  non  sum  dignus  ,  .  . 
Domine,  ostende  nobis  .... 
Domine,  probasti  me     .... 

Domine,  puer  meus 

Domine,  quinque  talenta  .  .  . 
Domine  rex  omnipotens     .     . 

Domine,  salva  nos 

Domine,  si  hic  fuisses   .... 

Domine,  si  tu  vis 

Domine,  vim  patior 

Dominus  ab  utero  vocavit  me     . 
Dominus  defensor  vitae      .     .     . 
Dominus  Deus,  auxiliator  meus. 
Dominus  dixit  ad  me     .... 
Dominus,  legifer  noster 
Dominus  mihi  adjutor  est. 
Dominus  possedit  me  in  initia  .     . 
Dominus  tamquam  ovis     .     .     . 
Dominus  veniet,  occurrite 
Domum  tuam.  Domine 
Domus  mea  domus  orationis  . 
Ductus  est  Jésus  in  desertum 
Dum  aurora  fînem  daret    .     .     . 


Pages. 
278 

291 

285 
285 
285 
302 
299 
246 
246 

259 
285 

304 
285 
301 

323 
266 

231 
235 

272 

275 
305 
360 

307 
231 

350 
232 

354 
274 
232 
354 
354 
353 
279 
230 
380 
290 

354 
271 
285 
380 
241 
315 
334 
256 

237 


Dum  complerentur...  erant  .  . 
Dum  complerentur...  renit  .  .  . 
Dum  conturbata  fuerit  .... 
Dum  intraret  Jésus,  voir  Dum  tran 

sisset  Jésus. 
Dum  médium  silentium     . 
Dum  proeliaretur  Michael 
Dum  sacrum  mysterium    . 
Dum  transiret  Dominus  per  med 
Dum  transisset  Jésus    . 
Dum  tribularer,  clam.avi    . 
Dum  venerit  Filius  hominis 
Dum  venerit  Paraclitus 


Ecce  advenit  dominator  . 

Ecce  ancilla  Domini.     .     . 

Ecce  apparebit  Dominus  . 

Ecce  ascendimus  Jerosolymam 

Ecce  compléta  sunt  . 

Ecce  crucem  Domini 

Ecce  dedi  verba  mea 

Ecce  Deus  meus  . 

Ecce  Dominus  noster 

Ecce  Dominus  veniet 

Ecce  in  nubibus  caeli 

Ecce  jam  venit  plenitudo 

Ecce  Maria  genuit    . 

Ecce  merces  sanctorum 

Ecce  mitto  angelum. 

Ecce  nomen  Domini  Emmanuel 

Ecce  nomen  Domini  venit. 

Ecce  nunc  tempus  acceptabil 

Ecce  puer  meus   .... 

Ecce  quod  cupivi  .... 

Ecce  Rex  venit     .... 

Ecce  sacerdos  magnus. 

Ecce  veniet  desideratus 

Ecce  veniet  Deus  et  homo 

Ecce  veniet  propheta    . 

Ecce  veniet   Rex,    voir    Ecce    Rex 

venit. 
Ecce  vere  Israelita  .     .     . 
Ecce  video  caelos  apertos  . 
Ego  autem  ad  Dominum    . 
Ego  daemonium  non  habeo 

Ego  dormivi 

Ego  plantavi,  Apollo  rigavit 


Pages. 

350 
270 
240 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


439 


Pages. 

Ego  principium 291 

Ego  pro  te  rogavi,  Petre 267 

Ego  sum  pastor  bonus 354 

Ego  sum  pastor  ovium 274 

Ego  sum  qui  sum ,  248 

Ego  sum  via 267 

Ego  veritatem  dico 357 

Egredietur  Dominus  de  loco  .     .     .  328 

Egredietur  virga 35^ 

Elevamini,  portae  aeternales.     .     .  290 

Elevare,  elevare 277 

Elevata  est  magnificentia  tua     .     .  323 

Elevatis  manibus 325 

Elisabeth  Zachariae 353 

Emitte  Agnum 329 

Emitte  spiritum  tuum 290 

Erat  enim  adspectus  ejus  ....  292 

Erat  quidam  regulus 240 

Erexit  Dominus  nobis 298 

Erit  mihi  Dominus 323 

Eructavit  cor  meum 231 

Erumpent  montes  jticunditatem     .     .  298 

Erunt  prava  in  directa 237 

Eru7it  primi  novissimi 233 

Esto  mihi,  Domine 231 

Estote  ergo  miséricordes  ....  254 

Estote  fortes  in  bello 234 

Est  secretum,  Valériane    ....  341 

Et  accedens  tentator 356 

Et  coegerunt  illum 379 

Et  incipiens  a  Moyse 237 

Et  intravit  cum  illis 357 

Et  recordatae  sunt 278 

Et  respicientes 357 

Et  valde  mane 318 

Euge,  serve  bone  et  fidelis.     .     .     .  255 

Euge,  serve  bone,  in  modico.     .     .  243 

Euntes  ibant  et  flebant.      ....  290 

Euntes  in  munduin  universum ,     .     .  242 

Ex  Aegypto  vocavi 323 

Exaltabuntur  cornua  justi.     .     .     .  365 

Exaltata  es 326 

Exaltate  regem  regum 272 

Exhortatus  es 323 

Exi  cito  in  plateas 233 

Exiit  sermo  inter  fratres    ....  292 

Exivi  a  Pâtre 283 


Exortum  est  in  tenebris 
Expansis  manibus     . 
Ex  quo  facta  est  . 
Exspectabo  Dominum   . 
Exspectetur  sicut  pluvia 
Exsultabunt  omnia  ligna 
Exsultet  spiritus  meus  . 
Exsurge  Domine  .     .     . 
Extollens  quaedam  mulier 
Ex  utero  senectutis  .     . 


Fac  bénigne     .     .     . 
Fac  Deus  potentiam 
Faciamus  hic  tria  tabernacul 
Facta  est  cum  angelo    . 
Facti  sumus    .... 
Factum  est  silentium     . 
Factus  est  adjutor     .     . 
Factus  est  repente    .     . 
Factus  sum  sicut  homo 
Fiat,  Domine,  cor  meum 
Fidelia  omnia  mandata  ejus 
Fidelis  servus  et  prudens 
Filiae  Jérusalem  .     .     . 
Filii  hominum      .     .     . 
Fili,  quid  fecisti  nobis  sic? 
Fili,  recordare.     .     . 
Fontes  aquarutn    .     . 
Fontes  et  omnia  . 
Formans  me  ex  utero 
Framea  suscitare 
Frange  esurienti  panent 
Fiilgebunt  justi,  et  tamquam 
Fundamenta  ejus. 
Fundamenti  templi  hujus 

Gaude  Maria  virgo  .  . 
Gaudent  in  'caelis  .  . 
Genuit  puerpera  Regem 
G«rminavit  radix  Jesse. 
Gloria  in  excelsis  Deo  . 
Gloriosae  virginis  Mariae 
Gloriosi  principes  terrae 
Gloriosus  apparuisti.  . 
Gratia  Dei  in  me  vacua 
Gratias  tibi  ago    .     .     . 


scint 


'Mae 


Pages. 
309 
287 

335 
325 
326 

375 
372 
234 
284 
241 

353 
305 
324 
313 
233 
272 
230 

293 
330 
308 

330 
353 
251 
248 

273 
288 
279 

235 
280 
378 
356 
255 
231 
333 

329 
366 
249 
246 

273 
253 
357 
315 
328 
308 


440 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Habitabit  in  tabernaculo  tuo.     .     . 

Haec  autem  scripta  sunt 

Haec  est  domus  Domini    .... 

Haec  est  generatio 

Haec  est  quae  nescivit 

Haec  est  virgo  sapiens 

Haurietis  aquas 

HeUna,  Constantini  mater  .... 

Helena  sancta  dixit 

Herodes  enim  tenuit 

Herodes  iratus 

Hic  accipiet  benedictionem  .     .     . 

Hic  est  discipulus  ille 

Hic  est  discipulus  meus     .... 
Hicitaquecum  jam 

Hic  vir  despiciens  mundum   .     .     . 

Hi  novissimi  una  hora  fecerunt.     . 

Hoc  est  praeceptum  meum    .     .     . 

Hoc  est  testimonium 

Hoc  jam  tertio 

Hodie  caelesti  sponso 

Hodie  Christus  natus  est  .     .     .     . 

Hodie  complet!  sunt 

Hodie  intacta  virgo 

Hodie  Maria  virgo  caelos  ascendit. 

Hodie  scietis 

Hodie  sécréta  caeli 

Homo  natus  est 

Homo  quidam  descendebat    .     .     . 

Homo  quidam   fecit,  voir  Quidam 
homo  fecit. 

Hortus  conchisus  es 

Hosanna  filio  David 

Hymnum  cantate 

Hymnum  dicite 

Ideo  jurejurando 

Igné  me  examinasti 

Ille  homo  qui  dicitur  Jésus     .     .     . 

Ille  me  clarificabit 

Illi  autem  profecti 

Illi  ergo  homines 

In  aeternum 

In  caelestibus  regnis 

Inclinavit  Dominus  aurem     .     .     . 

Inclinavit  se  Jésus 

Inclyttis  martyr  Tiburtius  .... 


338 

278 

254 
350 
352 
254 
373 
310 
332 
358 
244 
315 
354 
354 
378 
286 
236 
293 
243 
359 
274 

357 
257 
367 
275 
291 
366 
306 
279 


255 
313 
270 

331 

272 
268 
361 
241 
242 
256 
289 

304 
230 
246 
256 


Pages. 

In  craticula  sanctum  Deum  .     .  252 

In  Deo  salutari  meo 339 

In  die  tribulationis  meae    ....  297 

Induit  me  Dominus  cyclade  .     .     .  307 

Infirmata  estvirtiis  mea 324 

Ingenua  sum 310 

Ingressa  Agnes 308 

Ingresso  Zacharia 284 

In  illa  die  stillabunt  montes  .     .     .  268 

Inito  consilio,  venenum 249 

In  lege  Domini 240 

In  mandatis  ejus 331 

Innuebant  patri  ejus 338 

In  odorem  unguentorum    ....  327 

In  omnem  terram 378 

In  pace  factus  est 297 

In  pace  in  idipsum 281 

In  patientia  vestra 258 

In  principio  et  ante  saecula  .     .     .  284 

In  proie  mater  ........  342 

In  sanctitate  serviamus     ....  297 

In  sole  posuit  tabernaculum  .     .     .  290 

In  spiritu  humilitatis 250 

Insurrexerunt  in  me ,  266 

Intellige  clamorem  meum  ....  374 

Inter  natos  mulierum 356 

Interrogatus  Joannes 256 

Interrogatus  te  Dominum.     .     .     .  301 

In  tua  patientia 242 

Inttiemini  quantus  sit 325 

In  universa  terra 379 

In  velamento  elamabo 255 

Invocantem  exaudivit 250 

Ipse  invocabit  me 365 

Ipse  praeibit 329 

Ipsi  soli  servo  fidem 232 

Ipsi  vero  in  vanum 326 

Iste  cognovit  justitiam 340 

Iste  est  Joannes 238 

Iste  est  qui  pro  lege 368 

Iste  puer  magnus 327 

Iste  sanctus  pro  lege 270 

Isti  sunt  duae  olivae 252 

Isti  sunt  sancti 239 

Isti  sunt  sermones 273 

Ite,  nuntiate  fratribus 339 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


44' 


Jérusalem,  gaude 

Jérusalem,  respice  ad  Orientem 
Jesuin  qiiem  quaeritis     . 
Jesum  qui  crucifixus  est.     . 
Jésus  autem  transiens  . 
Joannes  autem  cum  audisset 
Joannes  est  nomen  ejus 
Joannes  et  Paulus    .     . 
Joannes  vocabitur     .     .     . 
Joseph,  fili  David 
Jucundare,  filia  Sien     .     . 
Judaea  et  Jérusalem      .     . 
Judica  causam  meam     . 
Judicasti,  Domine    . 
Juravit  Dominus  .... 
Juste  et  pie  vivamus      .     . 
Justi  autem  in  perpetuum. 
Justificeris,  Domine.     .     . 
Justum  deduxit  Dominus   . 
Justus  Dominus  .... 


Labia  mea 

Laetamini  cum  Jérusalem. 
Laetentur  caeli    .... 
Laetentur  omnes  qui  sperant 
Lapidaverunt  Stephanum . 
Lapides  pretiosi  omnes  mûri 
Lapides  torrenti   .     .     ;     . 
Laudabo  Deum  meum  .     . 
Laudate  Deum,  caeli  caeloru 
Laudate  Dominum  de  caelis 
Laudemus  Dominum     . 
Laurentius  bonum  opus 
Laurentius  ingressus  est 
Laverunt  stolas  suas  .     . 
Lazarus  amicus  noster. 
Levabit  Dominus  signum 
Leva,  Jérusalem,  oculos 
Levate  capita  vestra     . 
Lex  per  Moysen  .     .     . 
Libenter  gloriabor   . 
Libéra  me  de  sanguinibus 
Libéra  me.  Domine,  et  pone  me 
Liberavit  Dominus  pauperem 

Longe  fecisti 

Loquebantur  variis  linguis     . 
Loquere,  Domine     .... 


PaRes. 

343 

284 

366 

267 
240 
242 
276 
242 

244 
299 

272 

279 

276 

325 

3" 
259 
339 
266 

340 
310 

269 
374 
327 
266 
269 

254 
298 

338 
275 
230 
255 
277 
247 

254 
232 
258 
236 
258 
258 
286 
270 
236 
310 
267 

303 
260 


Pages. 

Luciavirgo 304 

Lugebat  autem  Judam 257 

Lumen  ad  revelationem     ....  282 

Lux  de  luce  apparuisti 291 

Lux  orta  est  justo 365 

Lux  orta  est  super  nos 233 

Magister  dicit  :  Tempus  meum  .     .  328 

Magister,  quod  est  mandatum    .     .  276 

Magister,  scimus  quia  verax  es  .     .  276 

Magi  videntes  stellam 274 

Magnificat  anima  mea 283 

Magnificatus  est  rex 313 

Magnificet  te  semper 33g 

Magnum  hereditatis  mysterium.     .  380 

Magnus  Dominus  et  laudabilis   .     .  271 

Magnus  sanctus  Paulus     ....  291 

Majorem  charitatem 254 

Malos  maie  perdet 268 

Malos  maie  perdet 355 

Mane  nobiscum 299 

Mane  surgens  Jacob 342 

Maria  autem  conservahat     ....  267 

Maria  et  flumina 339 

Maria  stabat  ad  monumentum   .     .  298 

Maria  virgo  assumpta  est  ....  280 

Martinus  Abrahae  sinu 280 

Martinus  adhuc  catechumenus  .     .  300 

Martyres  Domini 320 

Martyrum  chorus,  laudate.     .     .     .  291 

Maximilla,  Christo  amabilis  .     .     .  289 

Mecum  enim  habeo 311 

Media  nocte  clamor 328 

Medicinam  carnalem 247 

Me  etenim  de  die 255 

Mel  et  lac 232 

Mémento  mei.  Domine 267 

Mentem  sanctam 341 

Michael  archangele 379 

Michael,  Gabriel 273 

Mihi  vivere  Christus  est     ....  232 

Mirabile-mysterium 279 

Miserere  mei,  Deus 365 

Miserere  mei,  fili  David      ....  267 

Misi  digitos  meos 272 

Misit  Dominus  angelum  suum     .     .  302 

Misit  Dominus  manum  suam.     .     .  308 

Misso  Herodes  spiculatore     .     .     .  239 


442 


INDEX  ALPHABETIQUE. 


Pages. 

Missus  est  Gabriel 274 

Mitte  manum  tuam 272 

Mittite  in  dexteram 307 

Modicum  et  non  videbitis  ....  367 

Montes  et  colles 241 

Montes  et  omnes  colles 372 

Mulieres  sedentes 237 

Multa  bona  opéra .  325 

Multa  quidem  et  alla  signa  ....  '358 

Muro  tuo  inexpugnabili 237 

Nativitas  est  hodie 300 

Nativitas  gloriosae  virginis    .     .     .  280 

Nativitas  tua 242 

Nativitatem  hodiernam     ....  280 

Nato  Domino 273 

Nazaraeus  vocabitur 312 

Ne  magnitude  revelationum   .     .     .  335 

Nemo  in  eum  misit  manum     .     .     .  258 

Nemo  te  condemnavit 354 

Nemo  tollet  a  me 355 

Ne  reminiscaris 331 

Nesciens  mater  virgo  viriim.     .     .     .  366 

Ne  timeas  a  facie  eorum    ....  285 

Ne  timeas,  Maria 284 

Nigra  sum,  sed  formosa     ....  358 

Nisi  diligenter  perfeceris  ....  332 

Nisi  ego  abiero 245 

Noli  me  derelinquere,  voir  Non  me 
derelinquere.  , 

Nolite  expavescere 283 

Nolite  judicare 283 

Nolite  solliciti  esse 284 

Nolite  timere 2S8 

Non  ego  te  desero,  fili 286 

Non  haberes  in  me  potestatem    .     .  323 

Non  in  solo  pane 311 

Non  licet  mihi  facere  quod  volo?     .  288 

Non  me  derelinquere 286 

Non  me  permittas 280 

Nonne  cor  nostrum 256 

Non  potest  arbor 287 

Non  sis  mihi  tu  formidine    ....  306 

Non  turbetur  cor  vestrum .     .     .     .  249 

Non  vos  relinquam  orphanos.     .     .  257 

Nos  autem  gloriari 308 

Nos  qui  vivimus 320 


Pages . 

Notum  fecit  Dominus 365 

Nox  praecessit 341 

Numquid  redditur  pro  bono  .     .     .  324 

Nunc  dimittis.  Domine 316 

Nuptiae  factae  sunt 245 

Ntiptiae  quidem  paratae  sunt  .     .     .  257 

O  admirabile  commercium     .     .     .  369 

O  beatum  pontificem 252 

O  beatum  virum 249 

Oblatus  est  quia  ipse  voluit    .     .     .  378 

Obtulerunt  discipuli 237 

Obtulerunt  pro  eo 282 

O  crux,  splendidior 252 

Oculis  et  manibus 300 

O  Domine,  salvum    . , 248 

O  Hyppolyte,  si  credis 293 

O  magnum  pietatis  opus    ....  308 

Omnes  angeli  ejus 372 

Omnes  autem  vos  fratres  ....  331 

Omnes  gentes  per  gyrum  ....  293 

Omnes  gentes  quascumque  fecisti  .  339 

Omnes  inimici  mei 298 

Omnes  qui  habebant  infirmes     .     .  246 

Omnes  sancti  quanta  passi      .     .     .  277 

Omnes  sitientes 307 

Omnia  quaecumque  voluit.     .     .     .  350 

Omnipotens  sermo  tuus      ....  378 

Omnis  vallis  implebitnr 373 

(    O  mors,  ero  mors  tua 330  ' 

O  mulier!  magna  est 325 

Oportet  te,  fili,  gaudere 283 

O  quam  gloriosum 368 

O  quam  metuendus  est 368 

O  quam  pulchra  est .     .     .     .     .     .  307 

O  qiiantus  luctus 252 

Orabat  Judas 317 

Orante  sancta  Lucia 309 

Orante  sancto  Clémente     ....  310 

Ordines  angelorum 279 

Oremus  omnes 269 

O  rex  gloriae 253 

Orietur  in  diebus  Domini  ....  353 

Orietur  sicut  sol 278 

O  Sapientia 253 

Oves  meae 323 

O  virum  ineffabiiem a6g 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


443 


Paganorum  multitude   .     .     . 
Paradisi  porta  per  Evam     . 
Parvulus  filius  hodie  natus  est 

Pastor  bonus 

Pastores  dicite  :  quidnam  vidistis 

Pater  Abraham 

Pater  sanctus  diim  întentam.  . 
Per  arma  justitiae  .... 
Per  signum  Crucis  .... 
Per  te,  Lucia  virgo  .... 
Per  viscera  misericordiae  . 
Petiit  ptiella  caput  Joannis  .  . 
Petite  et  accipietis   .... 

Petre,  amas  me? 

Petrus  apostolus  et  Paulus 
Petrus  et  Joannes  ascendebant 
Philippe,  qui  videt  me  . 
Plangent  eum  quasi  unigenitum 
Ponam  in  Sion  salutem.     .     . 
Ponent  Domino  gloriam  .     .     . 
Popule  meus,  quid  feci  tibi  ?  . 

Post  dies  octo 

Post  partum  virgo  inviolata  . 

Postulavi  Patrem 

Posuerunt  super  caput  ejus  . 
Posuisti,  Domine      .... 

Posuit  os  meum 

Posait  signum 

Potens  es,  Domine  .... 
Potestatem  habeo  .... 
Praecedam  vos  in  Galilaeam. 
Praeceptor,  per  totam  noctem 
Praedicans  praeceptum 
Praeses  dixit  ad  Hippolytum  . 
Prae  timoré  autem  ejus  .  . 
Praevaluit  David  in  Philisthaeo 
Principes  sacerdotum  .  .  . 
Priusquam  te  formarem  .  . 
Pro  eo  quod  non  obedisti .  .  . 
Prophetae  praedicaverunt.  . 
Propheta  magnus  surrexit. 

Proprio  Filio  suo 

Propter  fidem  castitatis  .  . 
Propter  Sion  non  tacebo  .  . 
Prudentes  virgines  .... 
Psallite  Deo  nostro  .... 
Puellae  saltanti  imperavit.     . 


Pages. 
312 
243 

^73 
355 
278 
267 

341 

240 

-93 
288 
283 
326 
276 

324 
287 
288 
312 

323 

274 

374 
328 
292 
329 
334 
237 
322 
308 

305 

271 

325 
278 

361 

234 
298 

287 

254 
269 
368 

254 
328 

311 
308 

325 
328 

254 
242 


Pueri  Hebraeorum  tollentes  . 
Pueri  Hebraeorum  vestimenta 
Puer  Jésus  proficiebat  .  .  . 
Puer  qui  natus  est  nobis  .  . 
Puer  qui  natus  est  nobis  .  . 
Pulchra  es  et  décora.     .     .     . 


Quae  est  ista  quae  ascendit    . 
Quae  mulier  habens  drachmas 
Quaèrentes  eum  tenere. 
Quaerite  Dominum  .... 
Quaerite  primum  regnum  Dei 

Quando  natus  es 

Qtiare  detraxistis 

Quem  vidistis,  pastores      .     . 


Qu 
Qu 

Qu 

Qu 

Qu 
Qu 


a  vidisti  me,  Thoma     .     . 

caelorum  contines  thronum 
dam  autem  Judaei  dicebant 
dam  homo  fecit  cenam. 

de  terra  est     .     ,     .     . 
d  hic  statis  tota  die  . 
d  me  quaeritis  interficere 
d  molesti  estis  .... 
d  vobis  videtur  de  Christo 

habitas  in  caelis. 


Qui  major  est  vestrtitn 


Qu 
Qu 
Qu 
Qu 
Qu 

Qu 

Qu 
Qu 
Qu 


me  confessus  fuerit.     . 
me  dignatus  est  .     .     . 
me  misit,  mecum  est   . 
mihi  ministrat    .     . 
non  colligit  mecum     . 
nque  mihi,  Domine,  talenta 
odit  animam  suam  . 
operatus  est  Petro  .     . 
persequebantur  justum 


Qui  post  me  venit     .     . 
Qui  sequitur  me    .... 
Quis  es  tu  qui  venisti     . 
Quis  ex  vobis  homo  .     . 
Qui  sunt  hi  sermones    .     . 
Qui  verbum  Dei  retinet 
Qui  vult  venire  post  me     . 
Quodcumque  ligaveris  super  t 
Quod  uni  ex  minimis     .     . 
Quomodo  fiet  istud  .     .     . 
Quo  progrederis  sine  filio,  pater 


Pages. 
242 
242 
368 
313 

358 

237 
369 

355 
328 
238 

351 
361 

381 
269 

251 
251 
357 
351 
237 
303 
244 

342 
275 
279 
243 
300 
246 

243 
246 

243 
356 
260 
300 

324 
356 
308 

351 
274 
241 
244 
276 

335 
312 

303 


444 


INDEX  ALPHABÉTIQUE. 


Pages. 

Rabbi,  quid  peccavit 273 

Recordare  met,  Domine 303 

Reddite  ergo  quae  sunt  Caesaris      .  238 

Redemptionem  misit 311 

Regali  ex  progenie 367 

Reges  terrae 247 

Reges  Tharsis  et  insulae    ....  248 

Reges  videbunt 293 

Regntim  tutim,  Domine 302 

Relictis  retibus  suis 258 

Reliquit  eum  tentator 354 

Repleti  sunt  omnes 283 

Replevit  et  inebriavit 281 

Reposita  est  mihi  corona  ....  286 

Respexit  Dominus 275 

Respondens  autem  angélus    .     .     .  283 

Responsum  accepit  Simeon    .     .     .  312 

Revertere  in  terram  Jiida    .     .     .     .  312 

Revertere,  revertere,  Sunamitis.     ,  312 

Rex  pacificus 277 

Rogabo  Patrem  metim 254 

Rorate  caeli,  desuper 32g 

Rubum  quem  viderat  Moyses     .     .  338 

Saepe  expugnaverunt  me  .     ,     . 
Salutem  ex  inimicis  nostris  .     . 
Salva  nos,  Christe  salvator     .     . 


.  248 

•  297 

•  358 

Salvator  mundi 304 

Salve  Crtix,  quae  in  corpore.     .     . 
Sanctae  Trinitatis  fidem    .     .     . 

Sancte  Paule  apostole 278 

Sancti  et  justi 277 

Sanctificavit  Dominus 239 


344 
300 


255 
236 

235 
338 
355 
342 


Sancti  per  fidem  vicerunt .     .     . 
Sancti  qui  sperant  in  Domino 
Sancti  spiritus  et  animae  .     .     . 
Sanctis  qui  in  terra  sunt  .     .     . 
Sancti  tui,  Domine,  florebunt 
Sanctum  est  veruui  lumen     .     .     . 

Sanguis  sanclorum 372 

Sapientia  aedificavit  sibi  domum     .     316 
Sapientia  clamitat  in  plateis  .     .     .     316 

Satiavit  Dominus 325 

Saule,  quid  persequeris 236 

Scio  cui  credidi 233 

Scitote  quia  prope  est 276 

Scriptum  est  enim 274 


Scuto  bonae  voluntatis . 
Secundum  multitudinem 
Secus  decursus  aquarum 
Semen  cecidit  in  terram 
Senex  puerum  portabat 
Sepelierunt  Stephanum 
Serve  bone  et  fidelis.     . 
Sic  benedicam  te.     .     . 
Sic  enim  volo  manere   . 
Sic  erunt  novissimi  primi 
Si  cognovissetis  me  . 
Si  culmen  veri  honoris  . 
Sicut  exaltatus  est  serpens 
Sicut  fuit  Jonas    .     . 
Sicut  laetantium  .     .     . 
Sicut  myrrha  electa  .     . 
Sicut  novit  me  Pater     . 
Sic  veniet  quemadnwdum. 
Si  duo  ex  vobis     .     .     . 
Significavit  Dominus  Petro 
Si  ignem  adhibeas    . 
Si  in  digito  Dei    . 
Simeon  justus  et  timoratui 
Similabo  eum  .... 
Simile  est  regnum  caeloru 
Simon,  dormis?    .     .     . 
Simon  Joannis,  diligis  me 
Sinite  parvulos  ad  me  ventre 
Si  ofïers  munus  tuum 
Sion,  noli  timere  .     . 
Sion,  renovaberis.     . 
Si  oportuerit  me  mari  tecum 
Si  quis  diligit  me  .     . 
Si  quis  mihi  ministraverit 

Si  quis  sitit 

Sit  nomen  Domini    . 
Si  vere,  fratres     .     .     . 
Sol  et  luna,  laudate  Deum 
Solvite  templum  hoc 
Soror  mea  Lucia .     .     . 
Specie  tua  et  pulchritudin 
Speciosa  facta  es.     . 
Speciosus  forma  .     .     . 
Spiritu  principali. 
Spiritus  carnem  et  ossa 
Spiritus  Domini  replevit 
Spiritus  Domini  super  me 


tUJ 


INDEX  AL 

Pages. 

Spiritus  et  animae  justorum  .     .     .  271 

Spiritus  qui  a  Pâtre  procedit.     .     .  273 

Spiritus  sanctus  in  te  descendet.     .  278 

Stans  a  longe  publicanus    ....  251 

Stans  beata  Agnes 242 

Statuit  ea  in  aeternum 297 

Statuit  illi  testainentuin 351 

Stella  ista  sicut  flamma     ....  302 

Stephanus  autem,  plenus  gratia.     .  294 

Stephanus  vidit  caelos  apertos   .     .  272 

Stetit  angélus  super  aram.     .     .     .  324 

Stetit  Jésus  in  medio 267 

Strinxerunt  corporis  membra.     .     .  308 

Sub  throno  Dei 291 

Summa  ingenuitas 293 

Sunt  de  hic  stantibus 244 

Super  omnia  ligna  cedrorum .     .     .  252 

Super  solium  David 279 

Super  te,  Jérusalem 325 

Sxirge,  aqtiilo,  et  vent,  atister     .     .     .  317 

Surrexit  enim  sicut  dixit     ....  33g 

Suscepimus,  Deus 266 

Suscepit  Deus  Israël 315 

Tamquam  sponsus 265 

Tanto  tenipore  vobiscum  eram,  docens.  340 

Tecum  principium 238 

Templum  Domini 249 

Te,  quiin  Spiritu 314 

Terra  tremuit  et  quievit     ....  290 

Ter  virgis  caesus  sum 287 

Thesaurizate  vobis 329 

Toile  quod  tuum  est 294 

Tollite  jugtim  meiim 355 

ToUite  portas,  principes     ....  353 

Tradent  enim  vos 240 

Tradetur  enim  gentibus     ....  245 

Traditor  autem  dédit 238 

Transeunte  Domino 244 

Très  ex  uno  ore 266 

Tria  sunt  numera 340 

Triduanas  a  Domino 332 

Trium  puerorum  cantemus     .     .     .  266 

Tu  autem,  cum  oraveris    ....  241 

Tu  Bethlehem,  terra  Juda.     .     .     .  354 

Tu  es  pastor  ovium 240 

Tu  es  Petrus 307 


PHABÉTIQUE. 


Tu  es  qui  venturus  es,  an  alium  . 
Tu  es  qui  venturus  es,  Domine 
Tu  es  vas  electionis  . 
Tulerunt  Dominum  meum 
Tulerunt  lapides  Judaei 
Tulit  ergo  paralyticus    .     . 
Tune  acceptabis  sacrificium 
Tune  invoeabis    .... 
Tttnc  praecepit  eos  omnes  igné 
Tu,  puer,  propheta  Altissimi 
Turba  multa  quae  convenerat 


Ululate,  pastores 

Undecim  discipuli  in  Galilaea 
Unus  est  enim  magister  , 
Unus  ex  duobus  .  .  .  , 
Urbs  fortitudinis  nostrae  Sion 
Usque  modo  non  petistis  . 

Vadam  ad  patrem  meum   . 

Vade,  mnlier 

Vado  ad  eum  qui  misit  me. 
Vado  parure  vobis  locum 
Valde  honorandus  est    . 
Valerianus  in  cubiculo  .     . 
Ve7ii,  desiderator  bone     .     . 
Veni,  Domine,  visitare  nos 
Ventent  ad  te  qui  detrahebant 
Veniente  sponso     .... 
Veniet  Dominus,  et  non  tardabi 
Veniet  fortior  me.     .     .     . 
Veni,  sponsa  Christi.      .     . 
Venite,  adoremus  eum  .     . 
Venite,  benedicti  Patris  mei 
Venite  post  me     .... 
Venit  lumen  tuum    .     .     . 
Venit  Maria  nuntians    . 
Veri  adoratores     .... 
Vespere  autem  sabbati  .     . 
Vestri  capilli  capitis.     . 
Veterem  hominem  .... 
Viajustoriun  recta     .     .     . 
Vide,  Domine,  afflictionem 
Vide,  Domine,  et  considéra 
Videns  Andréas  crucem  .     . 
Videntes  stellam  magi  . 
Videntibus  illis  elevatus  est 


445 

Pages. 

274 

307 
270 

309 
259 
331 
300 
301 
236 
356 
331 

373 
305 
249 
240 
236 
257 

361 
324 
235 
356 
278 
301 
252 

315 
279 

313 
233 
292 
306 
281 

343 
287 
232 
298 
268 
284 
372 
314 
380 

275 
302 

280 

299 

281 


57 


446  INDEX  AL 

Pages. 

Videte  manus  meas 269 

Vidi  Dominum  sedentem  ....  233 

Vidisti,  Domine,  agonem  meum.     .  309 

Vidit  Dominus  Petrum 308 

Vigilate  animo 331 

Vim  virtutis  suae 235 

Virgo  Dei  genitrix 251 

Virgo  gloriosa  semper  .....  257 

Virgo  hodie  fidelis 366 

Virgo  verbo  concepit 251 

Viri  Galilaei 301 

Visionem  quam  vidistis 246 

Visita  nos,  Domine 374 

Vitam  petiit  a  te 271 

Vivo  ego 359 


PHABÉTIQUE. 

Pages. 

Vobis  datum  est  nosse 367 

Voca  operarios 284 

Voce  mea  ad  Dominum  clamavi     .  310 

Volo,  Pater 248 

Vos  amici  mei  estis 235 

Vos  ascendite  ad  diem  festum    .     .  335 

Vos  qui  reliquistis  omnia  ....  259 

Vos  qui  secuti  estis 259 

Vox  clamantis  in  deserto  ....  373 

Vox  de  caelo  sonuit 340 

Vox  in  Rama  audita  est     ....  3S0 

Vulpes  foveas  habent 246 

Zachaee,  festinans  descende .     .     .  268 

Zelus  domus  tuae »  290 


SECOND    APPENDICE. 


Note  F.   LE  NOUVEL  HYMNE  DELPHIQUE, 


Ce  document  musical,  dont  j'annonçais  la  publication  imminente  au 
printemps  de  1895  (ci-dessus,  p.  412,  note  2),  a  paru  depuis  lors  dans 
le  Bulletin  de  Correspondance  hellénique  (t.  XVIII,  pp.  345-389,  pi.  xil- 
xxvii),  et  je  remplis  ici  l'engagement  que  j"ai  pris  envers  les  lecteurs 
de   La  Mélopée  antique  dans  le   Chant  de   l'Eglise   latine. 

Comme  pour  la  première  découverte  de  même  genre  faite  par 
les  savants  explorateurs  des  ruines  de  Delphes,  le  déchiffrement  et 
la  restauration  du  texte  ont  été  plus  particulièrement  l'œuvre  de 
M.  i.'Vlexandre  Weil.  La  lecture  des  signes  musicaux  et  leur  traduc- 
tion en  notes  modernes  sont  dues  à  M.  Théodore  Reinach.  Chacun  des 
deux  érudits  français  a  examiné  et  analysé  cette  nouvelle  trouvaille,  à 
son    point   de    vue   spécial,   dans   une   dissertation   préliminaire^ 

Il  ne  nous  appartient  pas  de  juger  le  travail  de  reconstitution 
littéraire;  il  fallait  la  science  philologique  et  l'autorité  de  M.  Weil 
pour  la  tenter.  Quant  à  la  partie  musicale,  qui  est  davantage  de  notre 

I  A  cette  occasion  M.  Th.  Reinach  revient  sur  le  premier  hymne  delphique,  et  en 
donne  une  transcription  rectifiée  d'après  le  véritable  ordre  des  deux  moitiés  du  monu- 
ment (voir  ci-dessus  p.  396).  Il  publie  dans  le  même  fascicule  du  Bulletin  une  nouvelle 
version  rythmique  de  la  chanson  de  Tralles,  qui  ne  me  paraît  guère  plus  acceptable  que 
celle  de  M.  Crusius  (p.  387).  —  M.  R.  indique  la  mesure  de  'g-  en  tête  du  morceau. 
Mais  si  l'on  attribue  à  la  longue  de  trois  temps  (' — )  sa  valeur  régulière  (J  ),  on 
trouve  dans  le  2"  et  le  3'^  vers  13  temps  simples.  De  plus  les  longues  des  trois  derniers 
vers  tombent  généralement  à  contretemps.  Jusqu'à  ce  que  l'on  ait  découvert  une  ryth- 
mopée  plus  satisfaisante,  je  m'en  tiendrai  à  la  première  interprétation  de  M.  Reinach. 
j^Outre  qu'elle  fournit  un  rythme  très  naturel,  elle  a  le  grand  mérite  de  donner  un  sens 
musical  à  la  succession  mélodique. 

58 


448  SECOND  APPENDICE. 

compétence,  nous  n'avons  à  adresser  à  M.  Reinach  que  des  félicitations 
et  des  éloges  pour  la  manière  dont  il  s'est  acquitté  de  sa  tâche  difficile. 
Quand  on  examine,  même  armé  d'une  bonne  loupe,  la  reproduction 
héliographique  du  monument  dans  son  état  actuel,  on  se  fait  une  idée 
de  ce  qu'il  a  fallu  d'efforts  et  de  patience  pour  en  mener  le  déchiffrement 
à  bonne  fin.  Nous  reproduisons  ci-après  le  texte  établi  par  M.  Weil; 
de  même  nous  transcrirons  les  notes  grecques  lues  par  M.  Reinach, 
sauf  en  trois  ou  quatre  endroits  où  la  dégradation  du  marbre  laisse  le 
choix  entre  plusieurs  interprétations. 

Le  chant  que  nous  allons  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  ne  lui  sera 
pas  totalement  inconnu.  Des  fragments  de  la  partie  initiale  et  de  la 
dernière,  déjà  connus  depuis  plus  de  deux  ans,  ont  été  insérés  et  analysés 
dans  ce  volume  (pp.  408-412).  Toutefois  les  nouvelles  découvertes,  pour 
considérables  qu'elles  soient,  sont  loin  de  nous  avoir  livré  dans  son 
intégrité  cette  composition  antique,  la  plus  développée  de  toutes  celles 
dont  il  nous  reste  quelque  chose.  Aucun  vers  ne  nous  est  parvenu  com- 
plet. Nulle  part  nous  ne  rencontrons  une  période  musicale  se  poursuivant 
sans  interruption,  comme  nous  en  a  fourni  le  premier  hymne  delphique. 
Pour  la  restitution  conjecturale  des  parties  détruites  de  la  cantilène, 
nous  avons  accepté  en  grande  partie  les  compléments  proposés  par 
M.  Reinach.  Depuis  la  découverte  importante  de  MM.  Crusius  et  Monro, 
relativement  à  la  concordance  de  l'accent  grammatical  et  des  flexions 
mélodiques  (voir  p.  387),  une  restauration  de  ce  genre  n'est  plus  aban- 
donnée à  l'arbitraire  pur,  et  lorsque  la  lacune  ne  comprend  qu'un  petit 
nombre  de  syllabes,  le  champ  des  conjectures  est  très  étroitement  limité. 
Souvent  même  une  seule  combinaison  est  possible  ^ 

Ce  second  hymne  n'a  pas  apporté  avec  lui,  comme  le  précédent,  des 
surprises  à  première  vue  déconcertantes.  Il  n'est  évidemment  pas  l'œuvre 
d'un  novateur,  et  ne  présente  rien  de  problématique.  Toutes  ses  formes 
mélodiques  s'expliquent  sans  difficulté  par  les  doctrines  communes  à 
tous  les  écrivains  musicaux  de  l'antiquité.  Mais  par  cela  même  il  nous 
avance  plus  que  tout  autre  document  dans  la  connaissance  de  la  mélopée 
grecque.  Pour  la  première  fois  nous  pouvons  voir  là,  mis  en  œuvre,  des 
mécanismes  techniques  dont  nous  ne  possédions  jusqu'à  ce  jour  que  la 
théorie  abstraite,  par  exemple  les  métaboles  tonales.  Aussi  ferons-nous 


^  On  s'en  convaincra  aisément  en  comparant  les  lambeaux  primitivement  découverts 
de  la  section  finale  (p.  411)  avec  la  partie  correspondante,  telle  qu'on  la  connaît 
aujourd'hui  (ci-après  pp.  461-462).  Toutes  mes  conjectures  vérifiables  ont  Hé  confirmées  par 
les  parties  du  monument  déchiffrées  récemment. 


SECOND  APPENDICE.  449 

une  analyse  musicale  de  ce  morceau  plus  détaillée  que  celle  que  nous 
avons  consacrée  au  premier  hymne. 

Au  point  de  vue  du  mètre  et  du  rythme,  le  texte  se  divise  en  deux 
parties  de  longueur  inégale.  La  première,  en  vers  péoniques,  embrasse 
les  six  septièmes  du  poème  entier;  la  seconde,  composée  de  mètres  de  la 
famille  des  logaèdes  (rythmes  ternaires  mêlés  de  pieds  binaires),  se 
détache  nettement  du  reste  et  forme  une  sorte  d'epilogos  ou  exodion  (ainsi 
s'appelait,  d'après  Pollux,  le  final  du  nome  terpandrien). 

On  peut  distinguer  dans  la  partie  péonique  neuf  sections  (commata), 
d'étendue  et  de  coupe  différentes.  Leurs  limites  sont  nettement  marquées 
par  le  contenu  du  texte,  par  la  ponctuation,  par  la  contexture  de  la 
mélodie ^  Les  vers  des  sections  1-9,  que  M.  Weil  a  reconstitués  et  com- 
plétés d'après  les  règles  observées  dans  la  poésie  mélique  des  Grecs,  ont 
la  même  structure  que  ceux  du  premier  hymne  delphique  (p.  397).  Des 
pentapodies  se  décomposant  en  3  -[-  2  mesures,  et  des  tripodies  formant 
un  vers  entier  ou  la  moitié  d'une  hexapodie  sont  les  mètres  les  plus 
fréquents.  On  rencontre  aussi  la  dipodie,  tantôt  comme  hémistiche,  tantôt 
comme  vers  séparé  (m.es.  46-47,  92-93,  109-110).  Les  quatre  divisions 
intérieures  de  la  mesure  que  nous  avons  relevées  dans  le  premier 
hymne  (p.   397)  se  rencontreront  ici  sans  aucune  variante  nouvelle. 

La  partie  logaédique,  la  dernière,  appartient  à  la  classe  des  mètres 
glycoiiiens,  tétrapodies  trochaïques  renfermant  un  seul  dactyle  ternaire 
ou  cyclique  (ici  il  se  trouve  tantôt  à  la  2%  tantôt  à  la  3^  mesure),  et  ayant 
une  terminaison  catalectique.  Ainsi  que  dans  tous  les  rythmes  où  se 
mêlent  trochées  et  dactyles,  le  battement  de  la  mesure  n'indiquait  que 
le  temps  fort  de  chaque  pied.  La  tétrapodie  glyconienne  mettant  ses 
ictus  les  plus  énergiques  sur  la  première  et  la  troisième  mesure  simple^, 
doit  se  traduire  à  la  moderne  par  deux  mesures  à  ^s*  Les  trochées  qui 
précèdent  le  dactyle  unique  sont  irrationnels  à  volonté-^ 

Voici  les  variantes  constatées  dans  les  parties  du  marbre  restées 
lisibles. 

ï  M.  Reinach  réunit  les  sections  3,  4  et  5  en  une  seule  péricope.  Je  ne  vois  pas  en 
quoi  ces  sections  se  tiennent  plus  que  les  autres,  même  sous  le  rapport  du  texte.  Pour 
ce  qui  est  de  la  musique,  elles  se  détachent  nettement  les  unes  des  autres  par  un  chan- 
gement de  l'échelle  tonale. 

2  Cela  se  voit  surtout  au  membre   final. 

3  Des  iambes  retournés  (^ — ),  tenant  la  place  de  trochées,  ne  se  trouvent  que  dana 
les  restaurations  de  M.  Weil. 


450 


SECOND  APPENDICE. 


Glyconien  3« 


Glyconien  2« 


«) 


b) 


c) 


d) 


r\\  ^'0- 


••  •  •  I  fl 


2.  4-  13- 


14. 


Les  14  tétrapodies  logaédiques  ne  constituent  pas  autant  de  petits 
vers  séparés.  Elles  ne  s'unissent  pas  davantage  deux  par  deux,  de 
manière  à  former  sept  vers  proprement  dits^  (c'est-à-dire  terminés  sur 
une  fin  de  mot^).  Toute  la  série  s'enchaîne  sans  arrêt  de  la  mesure  :  c'est 
une  seule  période  mélodique,  un  système^,  dont  le  membre  final  est  mis 
en  relief  par  une  forme  doublement  catalectique  (^),  cadence  passée 
à  l'état  de  type  fixe  dans  la  poésie  chantée  des  Grecs. 

Ce  rythme  facile,  et  d'une  carrure  entièrement  moderne,  a  eu  pendant 
toute  l'antiquité  son  emploi  le  plus  fréquent  dans  la  chanson  erotique, 
dans  les  ariettes  de  la  comédie.  Cependant  il  appartient  aussi  au  grand 
style  de  la  tragédie,  l^es  trois  couples  strophiques  du  premier  siasimon 
de  VAgamemnon  d'Eschyle  {Aïoç  ntXcLyh  %yjjj<7\,v  sirsTy)  se  terminent  tous 
par  un  quatrain  glyconien,  lequel,  très  vraisemblablement,  revenait  les  six 
fois  avec  la  même  mélodie.  D'autres  exemples  analogues  se  rencontrent 
chez  les  tragiques.  De  là  nous  pouvons  conclure  que  ce  type  rythmique 
prenait  en  certains  cas  une  allure  grave  et  un  mouvement  très  modéré. 
C'est  un  tel  glyconien  que  nous  devons  supposer  dans  l'invocation  à 
Apollon  par  laquelle  se  termine  notre  hymne.  Le  mélographe  aura  voulu 
donner  une  conclusion  placide  et  naturelle  à  cette  longue  suite  de 
mesures  quinaires,  perpétuellement  agitées  par  l'inégalité  de  leurs  temps, 
ternaires  et  binaires  tour  à  tour''.  Or  aucune  mesure  n'était  mieux  faite 


ï  Les  vers  formés  de  deux  glyconiens  portaient  le  nom  de  inetrtiin  priapetivt,  primi- 
tivement satyyicum.  Mus.  de  VAnt.,  t.  II,  p.  175. 

2  Le  S''  membre  ne  finit  pas  sur  un  mot  complet. 

3  Mus.  de  VAnt.,  t.  II,  p.  178  et  suiv. 

4  Les  chants  de  la  tragédie  et  de  la  comédie  emploient  souvent  la  dipodie  choréique 
après  des  péons  ou  des  dochmies.  Jamais  les  mètres  purement  binaires  (dactyles, 
anapestes)  ne  sont  mis  en  contact  avec   des  rythmes  pareils. 


SECOND  APPENDICE.  451 

pour  remplir  un  tel  office  que  le  Ys.  où  se  combinent  harmonieusement 
le  binaire  et  le  ternaire  :  chacun  des  deux  temps  comprend  trois  unités 
de  durée. 

L'harmonie  du  second  comme  du  premier  hymne  delphique  est,  d'un 
bout  à  l'autre,  la  doristi,  le  mode  apollinique  compris  dans  l'octocorde 
de   Pythagore,   système  primitif  des   musiciens  hellènes. 


1 

Q 

uinte. 

1 

î 

Quarte  a 

guë. 

1    Disj 

anction.    | 

Quarte 

grave. 

1 

Nite. 

Parallèle. 

Trite.  Paramèse. 

Mèse. 

Lichanos 

Pa 

rhypaie.  Ilypate. 

(mi 

ré 

ut      si 

la 

sol 

fa     mi) 

/III« 

VIP 

VP    V= 

IV- 

IIP 

IP    I" 

Son  final. 

Degrés 

de  l'octave 

dorienne. 

Déjà  les  fragments  exhumés  en  premier  lieu,  et  transcrits  plus  haut, 
m'avaient  permis  de  reconnaître  le  mode  dorien  (p.  40g)  et  de  rétablir 
par  conjecture  les  deux  notes  terminales  du  chant  entier  (p.  412).  En 
effet  toutes  deux  se  sont  retrouvées  sur  le  marbre,  ainsi  qu'on  le  verra 
plus  loin.  Ceci  prouve  qu'il  n'est  nullement  indispensable  d'avoir  la  fin 
d'une  cantilène  pour  en  déterminer  l'harmonie'. 

I  M.  Th.  Reinach  semble  ne  pas  avoir  d'opinion  bien  arrêtée  sur  la  structure  harmo- 
nique de  ce  chant.  Lors  de  la  découverte  des  premiers  débris,  il  penchait  pour  le 
mode  hypolydien  {Bull,  de  Corr.  liell.,  t.  XVII,  p.  609).  Au  début  du  commentaire 
musical  placé  en  tête  de  sa  nouvelle  édition  du  morceau,  il  concède  le  mode  dorien 
pour  la  première  et  la  dernière  section,  notées  dans  l'échelle  à  un  bémol.  Quant  aux 
sections  intermédiaires,  écrites  dans  l'échelle  sans  accident,  il  les  assigne  au  mode 
mixolydien.  Mais  au  cours  de  sa  dissertation  il  revient  sur  sa  première  idée,  et  en 
arrive,  vers  la  fin,  à  préconiser  la  mixolydisti  pour  l'ensemble  de  l'œuvre.  Cette  manière 
de  voir  ne  résiste  pas  à  un  examen  sérieux.  Déjà  a  priori  l'usage  de  l'harmonie  mixoly- 
dienne  dans  un  chant  apollinique  paraît  absolument  invraisemblable.  Cette  mélopée 
thrénodique  est  attribuée  uniquement  aux  déplorations  chorales  de  la  tragédie.  Aristote 
l'exclut  expressément  des  monodies  de  la  scène;  elle  n'est  pas  nommée  parmi  les  modes 
de  la  citharodie.  D'autre  part  les  raisonnements  musicaux  sur  lesquels  s'appuie  M.  R. 
n'ont  pas  de  base  solide.  Comment  un  érudit  familiarisé  avec  la  notation  grecque  a-t-il 
pu  écrire  cette  phrase  :  «  On  pourrait  considérer  notre  hj'mne  fout  entier  comme  écrit 
«  dans  le  mode  mixolydien,  à  la  condition,  dans  les  reprises  du  ton  lydien  {?),  de  voir 
«  dans  le  mih,  et  non  plus  dans  le  nii\^,  une  note  de  passage  »  (Bull.,  t.  XVIII,  p.  381). 
La  condition  indiquée  est  démontrée  impossible  par  l'orthographe  des  échelles 
grecques.  En  voici  deux  preuves,  selon  moi  péremptoires.  i"  Si,  dans  la  première  et 
la  dernière  section,  wîb  était  le  son  normal  de  l'échelle,  le  degré  immédiatement 
supérieur,  fa,  devrait  être  noté  par  N,  et  non  par  lj,  puisque  ce  dernier  signe  ne  se 
pose  jamais  que  sur  le  2^  degré  ascendant  d'un  tétracorde,  c'est-à-dire  quand  fa  a 
au-dessous  de  lui  un  «îj  t|.  Or  nous  voyons  fa  invariablement  noté  LJ;  le  signe  N  ne 
paraît  pas  tme  seule  fois  dans  tout  le  morceau.  2°  Dans  une  octave  mixolydienne  comprise 

59 


452  SECOND  APPENDICE. 

La  mélopée  des  chants  apoUiniques  de  Delphes  présente  cette  particu- 
larité remarquable  que  le  troisième  degré  diatonique  de  l'octave  dorienne 
ascendante  est  systématiquement  retranché.  L'accord  modal  (p,  40-41)  se 
trouve  par  là  réduit  à  ses  deux  sons  extrêmes,  la  fondamentale  et  la 
quinte,  Thypate  et  la  paramèse.  La  suppression  de  la  corde  carac- 
téristique du  genre,  que  j'ai  signalée  comme  un  archaïsme  emprunté 
aux  spondeia  de  l'enharmonique  primitif  d'Olympe  (p.  407),  suit  l'échelle 
dorienne   dans   ses   divers    déplacements    de    hauteur. 

Ces  changements  de  ton  surviennent  assez  fréquemment  au  cours  du 
second  hymne,  mais  l'unité  du  cadre  tonal  est  observée,  tout  comme 
dans  la  plupart  des  productions  de  l'art  européen.  La  partie  initiale  et  le 
final  sont  écrits  dans  l'échelle  qui,  transcrite  en  notation  moderne,  prend 
un  bémol  à  la  clef,  le  tonos  lydios^.  Les  sections  4,  7  et  9  appartiennent 
également  au  ton  principal. 

Abstraction  faite  des  passages  où  intervient  le  tétracorde  des  con- 
jointes,  révélé   par   le    jui"!),    l'octave    dorienne    est    située    dans    le    ton 

entre  deux  la,  un  mih,  quel  que  soit  le  rôle  qu'on  veuille  lui  attribuer,  ne  pourrait  figurer 
qu'à  titre  d'indicatrice  chromatique  du  tétracorde  supérieur.  Et  alors  il  serait  noté 
par  >•  et  non  par  C.  De  plus  il  entraînerait  l'élimination  constante  du  fa.  Enfin  il 
se  trouverait  en  contact  continuel  avec  le  mi^. 


1 
c 

v-> 

n 

II 

< 

V    > 

1 
z 

VI 

la 

si^ 

ut 

ré 

mi\)   viih 

sol 

la 

Pour  ce  qui  est  des  sections  notées  en  ton  hypolydien  (fi),  la  supposition  d'une  harmonie 
mixolydienne  n'est  pas  mieux  fondée  (voir  ci-après).  A  quoi  bon  imaginer  des  hypo- 
thèses compliquées,  et  supposer  des  erreurs  de  notation,  alors  que  tout  s'explique  le 
mieux  du  monde  par  les  règles  universellement  connues? 

I  Dans  son  compte-rendu  de  la  Berliner  philol.  Wochenschrift  (12  oct.  1S95,  Ein  nener 
viusikalischer  Fund  ans  dem  alten  Griechenland)  M.  v.  Jan  s'exprime  très  inexacte- 
ment sur  l'échelle  tonale  du  nouvel  hymne  delphique  :  «  Die  Mélodie  hcilt  sich  meist 
«  diatonisch  in  dey  dorischen  Skala,  deren  Hypate  lutd  Nete  in  auffàlligem  Oktavensprung 
«  hiiufig  verbunden  erschtinen.  Der  vorletzte  (?)  und  letzte  Theil  schliessen  auf  der  Mese  ». 
Puisque  M.  v.  J.  interprète  la^  (C)  comme  une  mèse,  il  suppose  donc  la  dernière 
section  écrite  en  ton  hypolydien  (système  conjoint).  Mais  alors  que  fait-il  du 
»»»!?  (V)>  'lui  ne  peut  entrer  dans  le  ton  hypolydien  à  aucun  titre  imaginable?  On 
s'étonne  de  rencontrer  chez  un  spécialiste  renommé  des  assertions  pareilles,  alors  qu'il 
s'agit  d'un  point  de  doctrine  élémentaire,  élucidé  de  temps  immémorial.  Pour  quiconque 
connaît  vraiment  le  mécanisme  de  la  notation  grecque,  la  détermination  de  l'échelle 
tonale  ne  peut  comporter  aucune  incertitude,  puisque  chaque  ton  a  son  orthographe 
propre.  Il  sera  charitable  de  supposer  que  le  docte  professeur  de  Strasbourg  aura,  par 
distraction,  écrit  »ii;se,  voulant  écrire /jj/a/^,  et  que,  pour  comble  de  malchance,  l'épreuve 
de  son  article  ne  lui  sera  pas  passée  sous  les  yeux. 


SECOND  APPENDICE. 


453 


lydien  entre  la^  (Vj)  et  la^  (C)-  Cette  dernière  note  est  la  finale 
régulière.  On  la  rencontre  tout  à  la  fin  de  l'hymne;  elle  se  prolongeait 
aussi,  sans  nul  doute,  sur  la  dernière  syllabe  de  la  section  initiale. 
Les  notes  terminales  des  sections  4  et  9  ont  disparu.  Celle  de  la 
section  7  est  irrégulière';  je  crois  à  une  erreur  de  lecture  ou  à  une 
faute  du  lapicide.  Après  la  fondamentale  du  mode,  les  principaux 
points  d'arrêt  de  la  cantilène  sont,  en  premier  lieu,  la  quinte,  mi^  [{^), 
en  second  lieu  la  quarte  ré^  (<),  autrement  dit  la  mèse,  lien  harmo- 
nique de  tous  les  sons  non  compris  dans  l'accord  modal^.  Le  degré 
diatonique  supprimé  est  tU^  (H).  Par  moments  le  mélographe  dépasse 
l'octave  dorienne  d'un  degré  à  l'aigu  et  d'un  degré  au  grave,  en  sorte 
que  les  parties  du  chant  notées  en  ton  lydien  diatonique,  système  disjoint, 
parcourent  un  intervalle  total  de  dixième  mineure,  contenant  en  réalité 
neuf  sons. 


Si 

iraiguës 

-•- 

•Il 
V| 

h- 

Tétr.  des 

Z 

■•- 

disjointes 
L_l 

n 

L 

-(9— 

¥^- 

L — 

I      Tétr.  des  moyennes.  T.  des  graves. 

<  ^    C        F 

Nite.                                    Param.          Mise.  Hypate, 

Ville        Vile          Vie      Ve            IVe  (Illej        IJe     1er 

Ile    1er-  Ville         Vile 

I  Finale. 

Octave  dorienne.  1 


Pour  que  le  lecteur  puisse  suivre  plus  aisément  notre  analyse  des 
métaboles  harmoniques  (modifications  passagères  de  l'échelle),  nous 
allons  tout  d'abord  transcrire  dans  son  entier  la  nouvelle  trouvaille 
musicale    des    savants    français. 


1  Le  son  final  est  un  critère  important  pour  la  détermination  du  mode,  mais  non  pas 
un  critère  infaillible,  ni  essentiel.  Lorsque  la  chanson  de  Tralles  n'était  connue  qu'avec 
sa  finale  incomplète  (p.  46),  j'ai  reconnu  parfaitement,  et  Spitta,  de  son  côté,  a  reconnu 
le  mode  iastien  (hypophrygien).  Aujourd'hui  M.  Monro  a  découvert  la  véritable  note 
terminale,  qui  se  trouve  être  le  son  inférieur  de  l'octave  phrygienne.  La  petite  mélodie 
a-t-elle  cessé  par  là  d'être  iastienne?  Nullement.  Il  serait  absurde  d'admettre  que 
l'addition  d'une  vocalise  à  la  fin  d'une  cantilène  puisse  changer  complètement  le 
caractère  harmonique  et  expressif  de  la  mélodie.  La  doctrine  de  la  valeur  absolue  du 
son  final,  comme  signe  du  mode,  est  d'ailleurs  assez  récente  (p.  m),  et  elle  a  toujours 
comporté  des  exceptions  (pp.  119,  319,  etc.). 

2  Voir  p.  12,  note  4;  p.  41,  note  c. 


454 


SECOND  APPENDICE 


AA     ^ 


Diapason  actuel  : 


Siï^ 


A  ^ 


i 


i«  Section  (Reinach  A).  —  Traduction  de  M.  Weil  :  «  Venez  sur  ces  hauteurs  qui 
«  regardent  au  loin,  d'où  surgissent  les  deux  cîmes  du  Parnasse,  et  présidez 
«  à  mes  chants,  ô  Piérides,  qui  habitez  les  roches  neigeuses  de  l'Hélicon. 
«  Venez  chanter  le  Pythien,  le  dieu  aux  cheveux  d'or,  le  maître  de  l'arc  et 
«  de  la  lyre,  Phébus,  qu'enfanta  l'heureuse  Latone  près  du  fameux  lac, 
«  quand,  dans  les  luttes  de  l'enfantement,  elle  eut  touché  de  ses  mains  une 
«  branche  verdoyante  du  glauque  olivier.  » 


iZ=r7^^=t2=t=z=hzt 


1^;^= 


ET    è-itl  r'^    -    'ks  -  (TxoTirov 
_  <  _   _ 


C' 


lO 


===g==:p=^==^=:^==:q 


<     E    <    LJ  <    yj    < 


< 


<^pû-ujv] 


C  -  w 

Sl-'/C0-pV-(j)OV       '/kSi-Sl-rVVyV    -    ^VCO-WV  yi\çx.rd.p      -      %£-r£   J'i-n^ôïv,] 

15  L-lZ V-< 


11/   -    e-pi-Ssç, 


a,i 


(u^) 


20 


-S^7- 


V 

vai  -  sB'  ['E  -  à]/  -  xw  -   y/(5[aj]. 

^     LJ     _        _  L     — 

— ft—^—f-fi — !»_• — -, 


MéX-  ite-re  Ss  Ylv  -  Ùi-ov 


l ^ „  _   _ 


;— t=i— 


'   L'édition  de  M.  Reinach  a  par  erreur,  dans  la  transcription   en  notes  modernes, 
fa  au  lieu  de  mi. 

2   Les  notes  grecques  placées  entre  parenthèses  ne  sont  pas  très  distinctes  sur  le 
monument. 


SECOND  APPENDICE. 


455 


25 


ç^_=t==p=p=£=E^-==|=t=r3 


C      LJ 


Oor  -  ^ov,  ov  6  -  ri  -  xT£  Aa  - 

-        _   <  -   C         ^  (<) 

TCO        ^(JudxCCl     -  pa,  Ta-[2à  Xi      -      p,yaj]    xA.v-Toit, 

30- ZV<V  < o 


-^==r=f==c£Ê^?=»=f: ^-' 


Z   V   <   V 


:p=: 

:t=:: 


35    C 

:z^zz:=fe=ç=zp:=:r-=ziip:=q=z=riq*î=a^q'^:t=:| 

-^ 1^— > — ^~F~i p—-^ F~* — * — * — * — 

0      -      L,ov    Jy      d  -  you      -      y('-ai]ç  £  -  fl/ -  7a-[Aij.] 


2e  Section  (Reinach  B).  —  «  Le  ciel  était  tout  en  joie,  sans  nuage,  radieux;  dans 
«  l'accalmie  des  airs,  les  vents  avaient  arrêté  leur  vol  impétueux;  Nérée 
«  apaisa  la  fureur  de  ses  flots  mugissants;  ainsi  fit  le  grand  Océan  qui 
«  entoure  la  terre  de  ses  bras  humides  ». 


—  :*; 


(D  C    LJ  <      c 

na[af    §k  y](i     -     ô^     -     (TS  'ÏÏQ-\0Ç    OV     -    pd-Vl  -  OÇ 


40 


(<) 


i^^=^i=' 


u  C" 


<     _ 


[dv      -     vs'^s-\oç,      d    ~    yXcc-o;, 

-  iKu) 


qi=zz:£ziP==F=r==»=P==Ff.=^=fe=E: 


:t2=:t=: 


~t:zJz.-t 


vj-jy   -    véf^ovç      ^\  -  (Ty^sv  a\    -    Brj-7jp  à[-£À 


45   < 


--^— ^— H-^^ — b — p~| ^ — 5 ^1 


ï  On  lit  sur  la  pierre  V  {mi  à  l'octave  intérieure).  On  peut  tenir  pour  certain,  avec 
M.  Reinach  (p.  383),  qu'il  y  a  là  une  méprise  du  lapicide,  amenée  par  la  similitude  des 
deux  signes. 


456 


SECOND  APPENDICE. 


^    -    K 


r   _ 


//^   -    ^s  Sa  ^a-pv  -  fipof^GV 


«•— r- 


50 


<  ^ 

li: 


(<) 


:p=:p: 


niz: 


'il    -    y.£-d-voç,   oç 
u  <      55  -    C   LJ    C 


7C£-p)^ 


:Si"^EEë=ÈEFnE^^=tE=EE£=EE^f^= 


Jlôi-ay     v-yçal-at;      ay]  •    xdXœiÇ  à-a^T-i-^5/. 


3"  Section  (Reinach  C,  a).  —  «  Alors,  quittant  l'île  du  Cj'nthe,  le  dieu  gagna  la 
«  patrie  du  fruit  de  Déméter,  la  noble  terre  attique,  près  de  la  colline 
«  de  Pallas  ». 


C  ^  < 


-Cul: 


-  r c 


To-T£  Xi-'TTcuy      Kv-vv-Bi-a,v         và,-a>-(Tov  k\Tt-'f  -  /3a        ôs-ô]^ 

6n<  Kv^<  -C  _  Vlnui-Cu 


:t=: 


-r 


:t=:tit; 


<     65_    c         c 


;p;^3i^=f^^=ÈEp 


:t^t=^^=it=b± 


TTcw-w  -  vi]  T/3i   -   rco-co-vi-Soç. 


4e  Section  (Reinach  C,  b).  «  Le  souffle  suave  du  lotos  de  Libye  se  mêlait  aux  doux 
«  accents  de  la  lyre  en  accords  modulés  pour  accompagner  sa  marche, 
«  et,  tout  à  la  fois,  la  voix  qui  réside  dans  le  roc  fît  à  trois  reprises 
<(  entendre  le  cri   lé  Péan  ». 


C    <   C    < 


V    Z    V   < 


V  - 


Ms-Xl-TVo-ov  Se  "kl^vç  ai  -  Sày      '/jé-wb 


SECOND  APPENDICE. 


457 


-r p — 9*  ^ 


75 


^70  ^ c_       cc_ 

Xuj-œ-ros  àv  -  à  -  ,aeA -J  TeV  [à-]  Ssî-ei-OyV    Ô-TTCt  «/£/    -    yVV-y^EVOÇ 

-_v^D 

Eî^t==t2=n==tît^^z=t3=t:==3 

/A£-A£-ff-iv  ci-]fLa.  à"i   -    c(,-%sfju      Tts-rpo/ia^Tol    -    y/q  -  roç  à  - 


zti: 


riaj-àv 


80 
— I — f- 


:zp=5=t=t=U.lî: 


£  riai-âv 


5e  Section  (Reinach  C,  c).  —  «  Le  dieu  se  réjouit  :  confident  de  la  pensée  de  son 
'(  père,  il  reconnut  l'immortel  dessein  de  Zeus.  C'est  pourquoi,  depuis  lors, 
«  Péan  est  invoqué  par  tout  le  peuple  autochthone  et  par  les  artistes  qui 
«  habitent  la  ville  de  Cécrops,  sainte  troupe  que  Bacchus  frappa  de  son 
«  thyrse  ». 


LJ    <     LJ 

_« •_ 


==p=^-^=^=i  H 


K(i^     <)  C  u   C 


ïz--^-T-: 


p-_ 
I 


0]   Ss  yé-yccff        o-n  vo-wi  Ss   -    çri-i^iyS-yoç    à-a.^^p6ra.v 


'5     L-J 


A[j-oj-   kit  -  è 


ym    4>2£]v'.'AvÔ', 


v^   K   _   < 


1= 


jtÈ=z=i^;s^=t? 


(jo-vùV  s-xsi    -    va,g 


C  LJ   9^  <  -  H 


±^ 


~*TZ —       H-       — )» 0 P-         .      1 


•^a^^    riaz-Ty      -      0  -  vtt,  '/.LyJ\rfjL  •   g-'a{:>;j.sv  oi-irxs 


458 


SECOND  APPENDICE. 

(D     _  r 


^         _    C     95    i^         —    K 

r P ^~:ZZ F' 1^— 1-— — 


:=]: 


-(C) 


> ë     I   — 

:^    <     _  C        u  C  u(i:o 


lOO        (H) U     ^ 


:rï=:f     , 


t2=c:-=z: 


yio-oç  TCQ-^si        Ks'Xpo-'xl-a.i 


6»  Section  (Reinach  D).  «  Mais,  ô  maître  du  trépied  fatidique,  marche  vers  la  crête  du 
«  Parnasse,  foulée  par  les  immortels,  amie  des  saintes  extases  ». 


(P 


L     <  C   u  C   - 


— r K — i — * — H' ' — " — P— F-^ — P — b— ' — -^-d 

'A[â  -    Xà  yjri-rt'^!Ji]-œi    -    SoV  OÇ     S  -  y^Sl-ELÇ  rpilToSc/., 


(r  o- 


105  (u^)     C -(u) 


/Sa/V         i-TT/   Ss  -  0     -     (TTl-l3li-a.       rd-av  -  os  U]CLp   -    Va,-\o.cr-'\frL-a.V 

L        u  <  Cno_         r   - 


»  M.  Reinach  écrit  F  (c'est-à-dire  soh),  tout  en  reconnaissant  que  ce  son  trouble 
l'ensemble  du  chant  (BtdL,  p.  383,  note  2).  En  effet  soh  est  ici  l'indicatrice  diatonique  des 
moyennes,  degré  laissé  partout  sans  emploi  dans  les  hymnes  delphiques.  Si  M.  R.  a 
bien  lu  (et  je  le  crois  sur  parole),  il  faut  admettre  une  bévue  du  lapicide.  J'ai  accepté 
dans  ma  transcription  la  note  suggérée  par  M.  R.,  mais  j'aimerais  mieux  K  (5J2). 

2  Le  monument  laisse  voir,  plus  ou  moins  distinctement,  le  signe  L_  (f^i)-  Je  lis  Ul 
avec  M.  R.  (Cf.  BiiH.,  p.  383,  note  2). 


SECOND  APPENDICE. 


459 


7*  Section  (Reinach  E).  «  Là,  ô  seigneur,  tes  blondes  boucles  ceintes  d'un  rameau  de 
«  laurier,  tu  traînais  de  ta  main  immortelle  d'immenses  blocs,  fondements  de 
«  ton  temple,  quand  tu  te  vis  en  face  de  la  monstrueuse  fille  de  la  terre  ». 

C         <  V                     ^  V(<)      3  ^        _   C 

j^  ^. j— ^*     ^    çhf '^ — i -.  ^•--p^p—--——-p— ___________ 

115    -        L   c    -     ^  ^ 

FC»^C  F         _3i2o^        _C 

«^^ 

(C)F' 

|--i»^        ^^  n-,     


8«  Section  (Reinach  F).  —  «  Mais,  ô  fils  de  Latone,  dieu  à  l'aimable  regard,  tu 
«  affrontas  le  dragon,  et  l'inabordable  enfant  de  Géa  expira  sous  les  traits  de 
«  ton  arc  ». 

(D       E I25U 

'AX  -    \oi.  Ac/y-aJ"- TOVÇ        i  - /Ja-rO  - 'y[A£<f>a-p  itaî,  iJ.sl-si-vocç   dv-v- 

^         (C)       b*::  u         (u)<  -  C  -      _ 


Tîô    -    (Tra-ro'\^       TtCU    -    ^O-  FaCac]    TSltS^Veç  î 


r\7i'        ri  iFin  du 

Oig        OL-..  premier  bloc. 


'  Je  reproduis  ici  la  traduction  de  M.  Reinach  en  hésitant.  Cette  cadence  rompue 
sur  l'indicatrice  des  graves,  à  la  fin  d'une  section,  m'est  suspecte.  Je  changerais  volon- 
tiers le  digamma  en  un  gamma  simple  {sol  en  mi),  ce  qui  préparerait  bien  le  changement 
de  ton.  La  note  suivante,  à  la  vérité,  est  également  un  F  ('"î),  et  nous  savons  que  les 
inscriptions  delphiques  ne  répètent  pas  les  notes  identiques  qui  se  succèdent  sans  inter- 
ruption. Mais,  à  l'exécution,  il  n'y  avait  pas  apparemment  une  véritable  continuité  à  cet 
endroit,  puisque  entre  deux  sections  consécutives,  la  partie  vocale  avait  une  petite  pause, 
occupée  par  un  interlude  {xùjXov). 

2  Répétition  d'un  son  sur  la  même  voyelle,  procédé  technique  des  chanteurs,  que 
la  notation  neumatique  de  l'Église  latine  indique  par  Vafostrofhe  {").  Les  Italiens 
modernes  appellent  cet  ornement  aspirato  ;  en  effet  la  voyelle  répétée  prend  naturel- 
lement devant  elle  un  esprit  rude,  un  h  aspiré. 

6o 


460 


SECOND  APPENDICE. 


9*  Section  —  «  Et  tu  veillais  près  du  saint  ombilic  de  la  terre,  ô  seigneur,  quand  la 
«  horde  Barbare,  profanant  le  siège  de  ton  oracle  pour  en  piller  les  trésors, 
«  périt  dans  une  tourmente  de  neige  ». 


(u) 


i=t=-: 


P 


u   C     u       <(Q 
-Fit===tirî-f=:r=f.-z:z=^^- 


Tto-Sov     a  -  G'^s  fÀ>a,  - 


r^=î==' 


■y 1^ yt—Y 


U   C 


=^ï^ 


i-^pOV    -    pS[i-st;  SI    Tà-aç 


é=i:=r=t 


H; H ^- 


-</ 


Z    VI  /-   \i 
.p    fk.  If:    r 


I  L'haste  seule  de  F  ou  F  est  visible.  M.  R.  lit  un  gamma  simple  (^hîs);  le  digamma 
(S0/2)  me  paraît  plus  probable,  étant  donné  le  ton  lydien.  La  succession  de  la  paramèse 
et  de  l'indicatrice  des  graves  est  extrêmement  fréquente  dans  la  doristi.  De  plus  sur  la 
syllabe  ^£,  M.  R.  lit  la  note  V]  {la  aigu);  la  mélodie  ferait  donc  à  cet  endroit  un  saut 
ascendant  de  onzième,  divisé  par  une  seule  brève.  Il  m'a  été  impossible  d'apercevoir  la 
note  en  question  sur  la  reproduction  héliographique  du  Bulletin.  Au  reste,  quand  même 
elle  eût  été  parfaitement  visible  pour  moi,  je  l'aurais  tenue  pour  une  erreur  du  lapicide. 
Il  ne  me  semble  pas  possible  d'imputer  à  un  musicien  grec,  même  à  l'époque  romaine, 
une  semblable  monstruosité  vocale. 


SECOND  APPENDICE. 


461 


_  u         Z 


V| 


<        u   C   u     Z 

-u — ::fr-:>ï-:Ni:izz=ic=i==z^— •=•— FiÈ=:: 


itzi: 


crî-/3( 
LJ     Z 


•A'j-Ki;]-      710;   -    l^Q-^s-vos    cô  '  XsÙ'  il    '    'ypS.i      %/-[^'-vof 


çy  Ça-Aai. 


Section  finale,  10^  (Reinach  G).  —  Mais,  ô  Phébus,  protège  la  ville  fondée  par  Pallas 
«  et  son  noble  peuple,  et  toi  aussi,  ô  reine  des  arcs  et  des  chiens  de  Crète, 
«  Artémis  chasseresse,  et  toi,  ô  vénérable  Latone.  Prenez  soin  des  habitants 
«  de  Delphes,  afin  qu'eux,  leurs  enfants,  leurs  femmes,  leurs  maisons  soient 
«  à  l'abri  de  tout  revers.  Soyez  propices  aux  serviteurs  de  Bacchus,  cou- 
«  ronnés  aux  jeux  sacrés  de  la  Grèce.  Qu'avec  votre  aide  le  glorieux  empire 
«  des  belliqueux  Romains,  toujours  fort,  jeune  et  florissant,  puisse  croître 
«  en  marchant  de  victoire  en  victoire  ». 


U 


_    U    < 


u     — 

(i)    'aàà' cJ   $07  -   /3s]  a-m-Z,£  ^s  -  6 -  {2)y.Ti{^'\TovIla.7Ck(ihç[S^  -   «rry  xa* 


(3) 


i-P-- 


-l_C_(Li. 


-c:z=:=:'?l=til=^ 


z!zE^    zËz:;^=t^^=^f=t-:^^=^ 


AX-ov  KXsi     -     yov     a-ôv]  TS  ^£  -  k     (4)    TO-'^WV  Uo-ltO-Tl  Kp7]  -    (7t-(0[--' 


C     ^       -      <        V 


<  - 


-•— 
V- 
Aa-  (5)  rc^]  y,v-6l  -  (TXa.  'AaÀ  va,-£-raç 

C  <  «^  -     C 


(5)        K'j-v'Jôv  r"'S.o'Ts-^A^,     -ri 


i^.^-E^:rE==', 


-Jy. 


(7)  A£X(f)c5yTh 


as  -  A£75'  â-//.:t  rsy.-  (8)  voi;,(rvtx]-^l-OlÇ, 


.-p===fE^=; 


■zzi: 


<-»  — 


=^==fEÉEË5El 


_p^i — ,  — 


V     - 


ES  =EE^iE^=:=r=  =S^^=, 


(9)  TTra/VrOUJ,  Bax^^OU  [ô'i  -  s  -  ^^0  -  j-Î  -  (10)  Kxi-<nv    su    -     u,s-p£ÏÇ  ^^0K\/\  -TE 


462 


SECOND  APPENDICE. 
<-»  <     —  * 


V-<       (-)-'-»<-  *  <_o 

S=^E^^=ES^E^^E^E3  Ep3E:=EÉSËE=^EtE 

(I  i)  Ttporr'KO-'LOL  -  (r[l],  rdv  rS  So  -  pi-  (12)  [a-rsiftov  ndç-re  -  ■(]    'Pw  -  ^a/-co[y 


zt 


(13)    àp'Z/f.v  o^v^sT  à-fyyj  •  poL-rcoi  (14)  ÔaX[Àoi-'(ray  (f'£-^£]-  y/ 


>fay. 


La  première  modification  de  l'échelle  se  remarque  dans  les  portions  de 
l'œuvre  écrites  en  ton  lydien  (i"  et  10^  sections,  4^  et  7^).  Par  moments 
le  degré  au-dessus  de  la  mèse  (mi)  prend  un  bémol  accidentel,  change- 
ment qui  se  produit  par  la  substitution  momentanée  du  tétracorde 
conjoint  au  disjoint  (pp.   23-24). 

Rappelons  brièvement  le  fonctionnement  de  ce  mécanisme  technique. 
L'échelle-type  des  Grecs,  prise  dans  l'ordre  ascendant  des  sons,  bifurque 
à  partir  de  la  mèse;  elle  continue  à  monter,  soit  par  t|,  vers  la  nète  des 
disjointes,  octave  de  l'hypate:  soit  par  b,  vers  la  nète  des  conjointes, 
septième  mineure  de  l'hypate. 


Ton  lydien.     '^ 


Tétr.  des  conjointes. 

V  N 


Mèse.    Trite. 


Indicatrice 
diatonique. 


Nète. 


Tétr.  des  moyennes. 


Tétr.  des  disjointes. 


Ton  lydien.     C 


u 


NI 


Hypafe.  Parhyp.       Ind.  diat. 
Finale. 


P: ^-1 


Mise. 


Param.  Trite. 


Ind.  diat. 


La  théorie  antique  ne  considère  pas  l'usage  du  tétracorde  des  conjointes 
comme  un  changement  de  ton,  mais  comme  une  altération  passagère  de 
l'échelle  principale.  C'est  pour  elle  une  métabole  de  système^.  Malgré  son 
mib,  le  tétracorde  conjoint  noté  ci-dessus  fait  partie  du  ton  lydien, 
au    même  titre    que  le   tétracorde  disjoint    avec    son    mi^^.    En  réalité, 


'  «  La  métabole  harmonique,  est  de  quatre  espèces  :  de  genre,  de  système,  de  ton,  de 
«  mélopée  (ou  de  mode).  La  métabole  de  système  {xarâ  <rv(rrriiJLa)  a  lieu  quand  on  passe 
«  des  cordes  conjointes  aux  disjointes  ou  vice-versa  ».  Ps.-Eucl.  p.  20. 

2  Dans  les  échelles  théoriques  de  l'époque  gréco-romaine,  ordinairement  disposées, 
comme  les  nôtres,  de  bas  en  haut,  le  tétracorde  conjoint  passe  avant  le  disjoint. 


SECOND  APPENDICE.  463 

néanmoins,  il  y  a  là  un  mélange  de  deux  tons.  Le  tétracorde  conjoint 
n'est  autre  chose  qu'un  fragment  de  l'échelle  tonale  située  une  quarte 
plus  haut;  sa  corde  inférieure,  la  mèse,  est  une  véritable  hypate  (des 
moyennes),  sa  nète  est  une  mèse.'  Au  reste  c'est  en  ce  sens  que  nous 
voyons  le  tétracorde  des  conjointes  employé  dans  les  hymnes  de  Delphes. 
Aux  endroits  où  il  s'introduit  dans  la  mélodie,  la  succession  régulière 
des  degrés  de  l'octave  modale  s'interrompt;  la  fondamentale  dorienne  se 
transporte  de  Thypate  sur  la  mèse,  et  les  degrés  inférieurs  de  la  doristi 
se  reproduisent  à  la  quarte  aiguë,  avec  la  suppression  caractéristique  de 
l'indicatrice  diatonique  (N).  Pour  mener  jusqu'au  bout  l'ascension  de 
l'octave  dorienne,  la  cantilène  doit  reprendre  l'échelle  du  système  disjoint 
à  partir  de  la  paramèse. 

I        Tétr.  des  conjointes. 

<    V  z 


Mèse.  XHe. 

Degrés  de  l'octave  dorienne  :        I        II  (HI)  IV 


Tétr.  des  moyennes.         |  |         Tétr.  des  disjointes.         | 

i^  <         C    u         Z         VI 


:tr-    =^-=t: 


Hyp.  Mèse.  Parant.  X'He. 

Degrés  de  l'octave       1        H  (HI)  IV  V       VI  VII  VIII 

dorienne  :  pinale. 

Grâce  aux  règles  strictes  observées  dans  la  notation  des  échelles 
grecques,  il  est  facile  de  discerner  l'endroit  où,  dans  l'idée  du  compositeur, 
la  modulation  commence,  et  le  point  où  elle  se  termine.  La  note  y  Qnib) 
signale   le   tétracorde   conjoint  ;    £  (;;u"t})  et   u   (fa)  font  reconnaître  le, 

I  «  Le  système  conjoint  semble  avoir  été  ajouté  par  les  Anciens,  afin  de  permettre 
«  une  métabole  de  ton.  Cette  métabole  a  deux  variétés  :  dans  la  première,  toute  l'échelle 
«  mélodique  se  déplace  vers  l'aigu  ou  vers  le  grave;  dans  la  seconde,  l'échelle  ne  change 
«  pas  de  hauteur  dans  sa  totalité,  mais  dans  une  de  ses  parties.  »  Ptolémée,  Harm., 
1.  II.  ch.  6.  Voir  aussi  plus  haut,  p.  54.  Si  l'on  en  croit  l'illustre  alexandrin,  les  Grecs 
avaient  imaginé  le  système  conjoint  à  une  époque  où  ils  possédaient  seulement  trois 
échelles  transposées,  trois  tons,  dont  le  plus  aigu  et  le  plus  grave  n'étaient  distants  que 
d'une  tierce  majeure  :  le  lydien  (b),  le  phrygien  (i?  U  et  le  dorien  (i^  [?  w);  ^^  système 
conjoint  n'aurait  été  créé  que  pour  rendre  possible  une  modulation  à  la  quarte  aiguë  (ou 
à  la  quinte  grave).  Mais  cette  assertion  ne  peut  être  exacte.  L'analyse  de  la  notation 
musicale  des  Hellènes  démontre  que  le  ton  prototype,  le  modèle  de  tous  les  autres,  et 
conséquemment  le  plus  ancien,  est  celui  qui  dans  la  terminologie  ordinaire  s'appelle 
hypolydien  (fa).  Or  il  est  situé  une  quarte  au-dessous  du  ton  lydien.  Pour  l'origine 
du  système  conjoint,  voir  ci-dessus  p.  22  et  suiv. 

61 


464  SECOND  APPENDICE. 

tétracorde  disjoint.  La  transition  de  l'un  à  l'autre  des  tétracordes  paral- 
lèles se  fait  par  l'une  des  deux  notes  communes,  <  (i-é)  ou  Z  (sol). 

Exemple  tiré  de  la  section  i  : 


Degrés  de  J     YI 

l'échelle  dorienne  : 


Il    Disjoint. 

V_<     V< ouC      FC_ 

— b*— •  -1—1^»—»— •—!—(: *-£•— I  ZT-z^'Z' — I 

II 1        II     I  =  IV       II   VI  V     VII   I^ 


Début  de  la  section  4 


Disjoint.        ||    Conjoint  ||    Disjoint. 

c<c<    vzv<    _v_<   ^ c    _    c   c 

=*==i=l^?z£zr-=i=(:zii^*=fz:F=i=;^— =— =r=z=^?==: 

— f^g— F-* ^ — * — : 


g^â^i^f=-^^=^^=^^^^tz=EiÉ=.=.-cr.^^_._.^^j 


I    IV    I  IV=I  II  IV  II    I II  I=IVII  I  V       I 

La  seconde  espèce  de  métabole  se  rencontre  dans  les  sections  4  et  7  : 
c'est  un  changement  de  genre.  Le  tétracorde  des  moyennes  prend  la 
division  chromatique.  Le  troisième  degré  ascendant  de  l'octave  dorienne, 
éliminé  dans  toutes  les  parties  diatoniques  du  morceau,  reparaît  ici  avec 
sa  flexion  chromatique,  comme  corde  indicatrice  du  genre.  En  ajoutant 
à  l'aigu  le  tétracorde  entier  des  disjointes,  nous  obtenons  une  octave 
dorienne,  chromatique  au  grave,  diatonique  dans  le  haut. 

I     Tétr.  chrom.  des  moyennes.     I  Tétr.  diat.  des  disjointes       1 

CoD  <  Cui  Z  VI 


• rr- 


-C 


-g ■■— M" i ^P- 


Hyp.  Mèse.  Param.  Nète. 

Degrés  de  roctave       I        U      ni  IV  V       VI  VII  VIII 

dorienne  :  p.^^,^ 

Déjà  nous  avons  pu  voir  un  spécimen  de  ce  dorien  mi-chromatique, 
mi-diatonique,  dans  le  fragment  choral  de  VOyeste  d'Euripide  (p.  388 
et  suiv.).  Toutes  les  récentes  découvertes  musicales  confirment  la  règle 
de  Ptolémée  concernant  les  échelles  mixtes  (commentée  dans  la  Musique 
de  l'antiquité,  t.  J,  p.  292),  et  les  idées  que  j'émsttais  il  y  a  vingt  ans  sur 
l'usage  pratique  des  genres  chez  les  Anciens. 


SECOND  APPENDICE.  465 

Dans  notre  hymne  le  mélange  du  chromatique  et  du  diatonique  se 
combine  avec  l'alternance  du  tétracorde  conjoint  et  du  disjoint.  Ce  dernier 
tétracorde,  à  la  vérité,  n'est  représenté,  dans  les  parties  conservées  de  la 
cantilène,  que  par  une  note  unique,  \2  ('"'il)>  mais  décisive'.  Le  parcours 
total  de  la  mélodie,  dans   les  deux   susdites   sections,   est  celui-ci  : 


Téir.  des  conjointes. 

<    V  z 

Mèse.  Nète. 

Degrés  de  l'oct.dorienne  :     I         II              (IH)  IV 


Tétr  diat.  des                     Tétr.  chrom.  des 
graves.                                 moyennes. 

F          C    ^    3               < 

Tétr  diat.  des 
disjointes. 

Hy!>.                                             Mèse. 
Degrés  de  l'oct.dor.:  VII      VIII  =  III     III                          IV 

Finale. 

Param. 

V     VI 

Bien  que  le  son  final  de  la  4^  section,  aujourd'hui  disparu,  ne  fût  pas, 
selon  toute  apparence,  l'hypate^,  et  malgré  la  terminaison  anormale  de 
la  7^  section  (je  crois  à  une  erreur),  il  n'y  a  aucune  raison  de  soupçonner 
un  mode  autre  que  le  dorien  dans  ces  deux  parties  de  l'œuvre.  La 
répercussion  caractéristique  de  l'hypate  et  de  la  mèse,  au  début  d'une 
phrase  mélodique  (mes.  66),  et  surtout  le  saut  ascendant  de  l'hypate  à  la 
paramèse  (mes.  72,  115),  cette  marque  indélébile  de  la  mélopée  dorienne 
(voir  ci-dessus  pp.  129,  409),  suffisent  à  lever  tout  doute^, 

1  Le  mih  ne  peut  être  considéré  comme  indicatrice  chromatique  des  conjointes  :  en 
cette  fonction    il   devrait   être  noté   >•    (Voir  ci-dessus  pp.  451-452,  note  i). 

2  M.  Reinach  a  parfaitement  vu  que  le  cri  lîc.iày  là  Hy-iiv  n'avait  pu  se  chanter  que 
sur  des  intonations  élevées,  aussi  a-t-il  terminé  sur  la  paramèse. 

3  M.  R.  estime  la  détermination  du  mode,  dans  les  deux  sections,  très  difficile  et,  en 
somme,  oiseuse  :  «  le  compositeur  ne  s'étant  probablement  pas  même  posé  la  question.  » 
Mais,  je  ne  puis  m'empêcher  de  le  lui  faire  remarquer,  la  question  du  mode  n'a  pas  besoin 
d'être  posée  par  le  compositeur;  elle  s'impose  à  lui.  qu'il  le  sache  ou  non,  comme  la 
question  du  ton  s'impose  à  l'exécutant.  Toute  mélodie,  qu'elle  soit  imaginée  par  un 
musicien  de  profession  ou  par  un  profane,  par  un  Européen  ou  par  un  Indou,  implique 
une  harmonie,  un  mode,  par  cela  seul  qu'elle  a  des  arrêts,  des  sons  plus  ou  moins 
saillants,  une  cadence  finale.  D'autre  part,  dès  qu'elle  est  exécutée,  on  ne  peut  que  la 
chanter  ou  la  jouer  dans  un  ton  déterminé.  Le  mode  règle  les  rapports  mutuels  des 
intervalles;  le  ton  traduit  ces  rapports  en  sons  réels.  —  L'opinion  surannée,  reprise  de 
nos  jours  par  un  érudit  anglais,  d'après  laquelle  les  termes  dorien,  phr3'gien,  lydien, 
n'auraient  désigné  à  l'origine  que  le  diapason  du  chant,  et  non  une  disposition  particu- 


466 


SECOND  APPENDICE. 


La  troisième  et  dernière  métabole  constitue  un  véritable  changement 
de  ton,  pour  les  Anciens  comme  pour  nous.  Elle  comprend  les  sections 
2-3,  5-5  et  S.  L'échelle  tonale  descend  d'une  quarte  :  le  ton  lydien  (fc)) 
fait  place  à  l'hypolydien  (tj).  Par  là  l'octave  dorienne  se  trouve,  elle  aussi, 
transportée  une  quarte  plus  bas;  maintenant  elle  se  fait  entendre,  en 
descendant,  depuis  le  mi^  (Q)  jusqu'au  w/j  (f).  L'échelle  tonale  ayant  été 
abaissée  dans  son  entier,  la  mélopée,  pour  se  maintenir  à  une  hauteur 
favorable  au  déploiement  de  l'organe  vocal,  descend  rarement  au-dessous 
de  la  paramèse  hypolydienne,  sz|:|  (K).  Presque  tous  les  arrêts  de  la  mélodie 
ont  lieu  sur  la  corde  supérieure  de  l'octave  modale  ([[).  Il  en  est  même 
souvent  ainsi  pour  la  terminaison  de  la  période  musicale  (sections  2  et  3). 
En  outre  le  parcours  mélodique  s'élargit  vers  le  haut,  par  la  reproduction, 
à  l'octave  aiguë,  des  quatre  degrés  inférieurs  de  l'échelle  dorienne.  Mais 
en  haut,  comme  en  bas,  le  mélographe  s'abstient  systématiquement  de 
toucher  le  troisième  degré  diatonique,  50/3  (Z),  S0I2  (F)-  L'étendue  totale 
de  la  cantilène  embrasse  un  intervalle  de  onzième,  depuis  la  nète  des 
suraiguës  jusqu'à  l'hypate  des  moyennes". 


Tétr.  des  suraiguës.      1 1        Tétr.  des  disjointes, 

VI  u    C         <         ^    K 


I        Tétr.  des  moyennes.       | 

c  i_  r 


:t: 


;^^EE^=^=: 


-s. = 


==p=g= 


IV 


(III) 


Nète. 

II    I=VIII  VII 

Finale. 


Paravi. 

VI     V 


Muse. 

IV 


(III) 


Hypate. 

II        I 

Finale. 


lière  des  intervalles,  n'a  pu  naître  que  d'une  méconnaissance  absolue  des  conditions 
réelles  de  la  composition  et  de  l'exécution  musicales.  Ainsi,  d'après  cette  manière  de 
voir,  une  mélodie  chantée  et  jouée  avec  cinq  bémols  à  la  clef  (en  ton  dorien)  aurait  eu 
pour  Platon  une  expression  austère;  mais  transposée  un  demi-ton  plus  bas  (en  ton 
hypolydien),  elle  serait  devenue  uniquement  propre  à  se  faire  entendre  dans  les  festins! 
A  qui  ferait-on  accroire  de  pareilles  balivernes?  Si  l'hypothèse  de  M.  Monro  était 
exacte,  les  différences  des  modes  grecs  n'auraient  existé  que  pour  les  auditeurs  capables 
d'apprécier,  sans  autre  secours  que  leur  oreille,  la  hauteur  absolue  des  sons  musicaux. 
Or  c'est  là  une  faculté  extrêmement  rare,  même  parmi  les  musiciens  vieillis  dans  le 
métier,  et  qui,  chez  les  mieux  doués,  est  parfois  en  défaut.  Lorsqu'il  s'agit  d'une  voix, 
chantant  sans  accompagnement,  je  me  trompe  facilement  d'un  demi-ton,  après  cinquante 
ans  de  pratique!  Autre  conséquence  de  cette  hypothèse.  Un  ténor  n'aurait  pu  faire 
entendre  des  chants  doriens,  ni  une  basse  des  cantilènes  mixolydiennes.  Est-il  nécessaire 
d'insister  davantage  sur  les  impossibilités  d'une  pareille  conception?  Le  ton  et  le 
mode  sont  aussi  inséparables  en  musique  qu'en  grammaire  le  son  et  le  sens  d'un  mot  ou 
d'une  phrase. 

I  La  mélopée  des  cinq  sections  en  ton  hypolydien  rappelle  les  parties  chantées  de 
certains  airs  de  danse  propres  à  l'Espagne  méridionale  {Fandango,  Rondeha,  etc.)  tant 
par  l'identité  du  mode  et  de  l'étendue  vocale  que  par  l'analogie  de  la  cadence  finale. 


SECOND  APPENDICE.  467 

La  succession  immédiate  de  la  nète  et  de  l'hypate,  les  deux  cordes 
compréhensives  de  l'harmonie  dorienne,  est  l'unique  saut  d'octave  que 
l'on  rencontre  dans  les  reliques  de  l'art  grec,  et  les  spécimens  de  cet 
intervalle  ne  se  trouvent  que  dans  les  deux  hymnes  découverts  à  Delphes. 
Le  dernier  en  a  le  plus  grand  nombre'  et  les  produit  en  des  cas  divers  : 
a)  à  la  fin  d'une  période  mélodique  complète  (mes.  ici,  i  10);  b)  à  la  fin 
d'un  membre  (mes.  45,  93);  c)  au  début  d'un  membre  (mes.  124;  premier 
hymne,  mes.  63,  84  et  probablement  105). 

Aucune  des  sections  mélodiques  écrites  en  ton  hypolydien  ne  module 
au  tétracorde  conjoint  (ce  qui  ramènerait  le  ton  principal  de  l'œuvre) 
ou  au  genre  chromatique.  De  même  que  la  période  initiale  du  premier 
hymne,  elles  s'en  tiennent  à  l'enharmonique  primitif  d'Olympe,  et  ne 
laissent  voir  nulle  part  une  altération  accidentelle. 

Résumons  les  principaux  points  de  la  pratique  musicale  de  l'antiquité 
sur  lesquels  les  nouvelles  découvertes  ont  jeté  une  lumière  inespérée. 
L'accroissement  soudain  de  nos  connaissances  en  cette  matière  s'explique 
par  un  fait  notoire  :  il  y  a  quatre  ans  à  peine,  lorsque  je  commençais 
la   publication  de  l'ouvrage    présent,    personne    n'avait    encore    vu    une 

»  Ceci  aurait  dû  suffire  à  M.  Reinach  pour  désigner  le  mode  dorien.  Aucun  musicien 
familiarisé  avec  le  chant  liturgique  ne  manquera  de  reconnaître  ici,  au  premier  coup 
d'oeil,  le  Ille  mode  de  l'Église,  le  deuferus  authente  du  haut  moyen  âge.  L'objection 
tirée  du  20e  problème  musical  d'Aristote,  relatif  au  fréquent  usage  de  la  mèse,  me  paraît 
sans  force.  A  la  vérité  la  mèse  paraît  rarement  (deux  fois)  dans  ces  sections  épisodiques. 
Mais  en  présence  des  lacunes  considérables  de  la  notation  musicale,  ceci  ne  prouve 
pas  grand  chose  :  probablement  elle  se  rencontrait  plusieurs  fois  dans  les  passages 
perdus.  Au  surplus  la  mèse  n'est  pas  un  des  sons  constitutifs  de  l'harmonie  dorienne, 
ainsi  que  le  prouvent  la  division  aristoxénienne  des  formes  de  l'octave  (p.  9)  et  l'analyse 
musicale  des  chants  du  Ile  siècle  (p.  41^).  —  Quant  à  l'hypothèse  mixolydienne, 
défendue  par  M.  Reinach,  elle  repose  entièrement  sur  deux  assertions  souvent  répétées, 
mais  jamais  démontrées,  à  savoir  :  1°  «  Que  dans  ses  problèmes  musicaux,  et  notamment 
«  dans  le  20^,  Aristote  assigne  à  la  mèse  la  fonction  de  tonique»;  »  2°  «  Que  dans  le 
«  susdit  problème  le  philosophe  n'a  pas  en  vue  la  mèse  proprement  dite  {fJ^scrrj  xara  J-jva/^c/), 
«  le  son  central  de  l'échelle  générale,  mais  bien  la  mése  thétique  f^xstrrj  Ka.rà  ùecrtv),  le 
«  4e  degré  ascendant  de  chacune  des  7  octaves  modales  »,  dénomination  et  acception 
inconnues  à  tous  les  théoriciens  gréco-romains,  à  Vexception  du  seul  Ptolémée  (180  après 
J.  C).  Moi  aussi,  il  y  a  vingt  ans,  je  tenais  les  deux  propositions  pour  fondées.  Une 
étude  plus  approfondie  d'Aristote,  en  tant  qu'écrivain  musical,  m'a  peu  à  peu  détrompé. 
J'ai  donné  mon  interprétation  actuelle  du  problème  en  question  ci-dessus  p.  12,  et 
particulièrement  note  4. 

a  Déjà  M.  Tiersot  a  fait  observer  judicieusement   à  M.    R.  que   la   comparaison   aristotélicienne   porterait   à 
faux,  si  son  auteur  attribuait  à  la  mèse  la  fonction  de  fondamentale  harmonique  (Ménestrel  du  i  mars  1896). 


468  SECOND  APPENDICE. 

ligne  de  musique  reconnue  comme  authentiquement  antérieure  à  l'ère 
chrétienne;  aujourd'hui  nous  avons  sous  les  yeux  deux  morceaux  de 
chant  composés  au  IP  siècle  avant  J.  C,  plus  un  fragment  de  chœur 
remontant  à  l'an  408  avant  notre  ère.  —  Nous  nous  contenterons  de 
relever  ci-après  les  points  complètement  éclaircis  pour  nous. 

I.  Suprématie  du  mode  dorien  dans  le  chant  gréco-romain.  Enseignée 
par  les  théoriciens,  proclamée  par  les  philosophes  moralistes  %  elle  est 
attestée  hautement  par  les  monuments  écrits.  Des  sept  mélodies  vocales 
que  nous  lisons  aujourd'hui  en  notes  antiques,  cinq  appartiennent  à  l'har- 
monie dorienne^  :  deux  chants  du  temps  des  Antonins,  à  Hélios  (p.  39), 
à  la  Muse  (p.  42),  le  chœur  de  VOreste  d'Euripide  (p.  3^8),  le  premier 
hymne  delphique  /'p.  400)  et  le  second  (p.  454).  Nous  comprenons  main- 
tenant pourquoi  l'octocorde  dorien  fut  pour  les  musicistes  grecs  le  proto- 
type de  tous  les  modes,  et  aux  yeux  de  Platon  et  d'Aristote,  r«  harmonie  » 
sans  épithète. 

II.  Usage  des  genres  dans  le  mode  dorien.  Constatons  d'abord  un  fait 
général  :  les  changements  de  genre  n'affectent  que  le  tétracorde  inférieur 
de  l'harmonie,  et  résultent  des  déplacements  de  la  corde  indicatrice 
(lichanos)  des  moyennes. 

a)  Les  deux  chants  doriens  de  Mésomède,  ainsi  que  les  nomes  ecclé- 
siastiques du  même  mode,  appartiennent  au  diatonique  pur^.  Ils  comptent 
parmi  leurs  principaux  sons  d'arrêt  la  corde  distinctive  du  genre,  la 
tierce  de  l'accord  modal  (p.  41). 


I           Tétr.  diat.  des  disjointes.  Tétr.  diat.  des  moyennes. 

Nète.                                                      Param.  Mise.  Hyp. 

mi              ré              ut      si  la              sol              fa  mi 

V  III  I 


Accord  dorien. 

^  «  Comme  l'harmonie  dorienne  se  distingue  entre  toutes  par  sa  noblesse,  Platon  lui 
*  donna  la  préférence  (pour  l'éducation  de  la  jeunesse).  Il  n'ignorait  pas  qu'Alcman, 
«  Pindare,  Simonide  et  Bacchylide  ont  composé  en  doristi,  non-seulement  des  parthénies 
«  Cchœurs  déjeunes  filles),  mais  aussi  des  prosodies  et  des  péans,  et  qu'on  s'est  même 
«  servi  de  ce  mode  pour  des  monodies  de  théâtre,  voire  pour  des  chansons  erotiques. 
«  Mais,  quant  à  lui,  il  se  contentait  des  nomes  à  Ares,  à  Athéné,  et  des  mélodies  spon- 
«  daïques.  »  Plut,  de  Mus.,  ch.  17. 

2  Plus  haut  j'ai  compté  en  tout  neuf  chants  antiques  conservés  (p.  345,  note  3), 
comprenant  dans  ce  nombre  la  mélodie  pindarique,  dont  la  non-authenticité  n'est  pas 
encore  démontrée,  et  attribuant  à  deux  morceaux  distincts  les  derniers  fragments  musi- 
caux de  Delphes. 

3  II  se  peut  que  le  thème  38  {Alliga,  Domine)  fasse  exception.  L'indicatrice  (G)  n'y 
figure  qu'à  titre  de  son  transitoire,  en  sorte  que  le  nome  fondamental  pourrait  appartenir 
au  genre  commun  (E  t}  c  fa  a  FE). 


SECOND  APPENDICE.  4C9 

Cette  forme  simple  du  dorien,  qui  nous  est  transmise  par  les  plus 
récents  monuments  de  l'art  antique,  et  que,  de  nos  jours  encore,  nous 
entendons  résonner  dans  le  Te  Deuni,  dans  le  Pange  lingtia,  dans  le  beau 
chant  du  samedi  saint,  Exsultet  jam  angelica  itirba,  est  aussi  la  doristi  des 
temps  primitifs  de  la  Grèce.  D'après  Aristoxène,  ce  fut  en  retranchant  un 
degré  de  cet  octocorde  qu'Olympe,  le  musicien  mythique  de  la  Phrygie, 
découvrit  le  genre  enharmonique  (ci-dessus  p.  12g,  note  2),  Dans  l'his- 
toire des  arts,  comme  dans  l'existence  humaine,  vieillesse  et  enfance  se 
ressemblent. 

b)  Le  fragment  choral  d'Euripide  et  certains  passages  des  hymnes 
delphiques  nous  offrent  des  spécimens  du  dorien  chromatique.  La  tierce  de 
l'accord  modal  disparaît,  remplacée  par  l'indicatrice  chromatique  des 
moyennes  {fa^z)'  Par  là  l'octave  dorienne  perd  un  de  ses  principaux  sons 
d'arrêt;  l'accord  modal  est  privé  de  sa  médiante. 

I      Tétr.  chrom.  des  moyennes. 
Mèse,  Hyp. 

la  faj    fat}     mi 

I 


1 

Tétr.  diat.  des  disjointes. 

1 

Nète. 

Param 

mi 

ré              ut 

SI 
V 

1 

Quinte  dorienne. 


c)  La  section  initiale  du  premier  hymne  de  Delphes  et  tout  le  second, 
sauf  les  sections  4  et  7,  montrent  une  octave  dorienne  dont  le  tétracorde 
inférieur,  converti  en  tricorde,  est  absolument  dépourvu  d'indicatrice,  et 
ne  renferme  en  conséquence  que  les  sons  communs  aux  trois  genres^. 


Tétr.  diat.  des  disjointes.  |        Tétr.  commun  des  moyennes. 

Nète.                                                      Param.  Mise.                                                       Hyp. 

mi              ré              ut      si  la                               fa      mi 

V  I 


Quinte  dorienne. 

C'est  là,  au  moins  dans  la  partie  inférieure  de  l'octave,  l'enharmonique 
primitif  créé  par  Olympe  %  le  seul  que  la  voix  humaine  ait  jamais  été 
capable   d'entonner   avec   sûreté.    Au   reste  cet   enharmonique  non-pycné 

1  "Le  genre  commun  (ysvos  -koivÔv),  mentionné- dans  les  Fragments  harmoniques  d'Aris- 
toxène  (Meib.,  p.  44),  était,  selon  toute  apparence,  formé  en  entier  de  tricordes  ainsi 
construits  [mi  —  ut  si,  la  — fa  mi).  Il  est  au  moins  certain  que  la  théorie  pré-aristoxé- 
nienne,  d'accord  avec  la  notation,  ne  reconnaissait  qu'un  seul  degré  variable  dans 
chaque  tétracorde,  à  savoir  l'indicatrice.  Voir  la  division  tétracordale  d'Archytas  le 
pythagoricien  dans  Ptolémée,  1.  I,  ch.  13. 

2  «  En  composant  le  nomos  spondeios,  Olympe  ne  mêla  rien  dans  sa  mélodie  qui  fût 
«  particulier  au  genre  diatonique,  ou  au  chromatique,  ou  à  l'enharmonique  (pycné).  » 
Plut,  de  Mus.,  ch.  11. 


470  SECOND  APPENDICE. 

continuait  à  se  pratiquer  dans  la  musique  instrumentale  au  temps  d'Aris- 
toxène'  (v.  300  av.  J.  C). 

d)  Enfin  le  premier  hymne  delphique  exhibe  une  quatrième  disposition 
du  tétracorde  inférieur,  celle-ci  entièrement  insolite  et  inconnue  à  tous 
les  musicistes  gréco-romains.  L'indicatrice  diatonique  y  est  remplacée  par 
une  note  plus  aiguë  d'un  demi-ton,  par  un  degré  pris  dans  une  échelle 
tonale  hétérogène.  Au  lieu  d'une  médiante  mineure,  l'accord  dorien  prend 
une  tierce  majeure  (ci-dessus  pp.  398-399). 


Tétr.  diat.  des  disjointes.  | 

Nète.  Param 

mi  ré  ut      si 

V 


1 

Téfr 

chrom 

irrég 

1 

Mise. 

Hyp 

la 

soZft 

IIIÎÎ 
1 

fa 

MI 

I 

Accord  dorien  majeur. 

Nous  avons  donné  en  1875  le  nom  de  néo-chromatique  à  ce  tétracorde 
irrégulier  {Mus.  de  Vant.,  t.  II,  p.  292-293),  qui  entre  dans  notre  gamme 
mineure,  et  tient  une  large  place  dans  la  mélopée  des  peuples  modernes 
de  l'Orient.  Son  emploi  constaté  en  Grèce  deux  siècles  avant  l'ère 
chrétienne  est  un  fait  considérable,  et  soulève  des  problèmes  multiples, 
difficiles,  que  je  n'ai  pas  à  examiner  ici. 

En  somme  tout  l'élément  variable  de  l'échelle  dorienne  est  compris 
dans  la  quinte  modale,  l'intervalle  fondamental  de  l'harmonie.  Quant  à 
l'intervalle  complémentaire  de  l'octave,  la  quarte  aiguë,  elle  est  immua- 
blement diatonique. 

III.  Parcours  de  la  mélopée  dorienne.  Il  coïncide  rarement  avec  l'octave 
modale.  Presque  toujours  la  réplique  aiguë  de  la  fondamentale  est 
absente;  souvent  aussi  le  septième  degré  passe  à  l'octave  inférieure,  où  il 
devient  sous-tonique,  en  sorte  que  l'étendue  ordinaire  de  la  doristi 
dépasse  seulement  la  quinte  d'un  degré  à  l'aigu  et  d'un  degré  au  grave. 


(mi  ré  \ 

VIII  viy 


! 

Quinte  modale. 

1 

Param. 

Mèse. 

Hyp. 

Ut        SI 

la 

(sol) 

fa     MI 

re 

VI       v 

IV 

(III) 

II       I 

Finale. 

VII 

I  «  Pour  ce  qui  est  de  l'enharmonique  pycné,  attjourd'liui  pratiqué  dans  les  cordes 
«  moyennes,  il  ne  semble  pas  être  de  l'invention  du  vieux  maître.  Cela  se  comprendra 
«  plus  aisément  si  l'on  entend  jouer  de  Vaitlos  d'après  l'ancienne  méthode;  car  il  faut,  en 
<i  ce  cas  là,  que  le  demi-ton  du  tétracorde  des  moyennes  reste  incomposé.  Telles  furent 
«  les  premières  mélodies  du  genre  enharmonique.  Plus  tard  on  partagea  le  demi-ton 
«  dans  les  morceaux  composés  en  mode  phrygien  ou  en  mode  lydien.  »  Ib.  —  A  prendre 
cette  dernière  phrase  au  pied  de  la  lettre,  il  en  résulterait  que  le  dorien  enharmonique 
n'aurait  en  aucun  temps  toléré  le  pycnon. 


SECOND  APPENDICE.  471 

C'est  là  le  parcours  de  !a  mélodie  chorale  d'Euripide,  de  la  partie  initiale 
de  l'hymne  à  la  Muse,  du  chant  à  Hélios,  ainsi  que  de  la  plupart  des 
nomes  liturgiques.  Une  plus  grande  extension  du  dessin  mélodique  se 
remarque  dans  les  parties  épisodiques  des  œuvres  vocales.  Nous  y  voyons 
la  cantilène  dépasser  l'octave  modale,  et  atteindre  parfois  jusqu'à  la 
quarte  aiguë  (p.  466),  d'autres  fois  jusqu'à  la  quarte  grave  (plirase  inter- 
médiaire de  l'hymne  à  la  Muse,  p.  42). 

IV.  Différence,  dans  le  mode  dorien,  entre  la  modulation  par  le  système 
conjoint  et  le  changement  de  ton  proprement  dit.  Le  premier  des  deux 
procédés,  toujours  transitoire  et  de  courte  durée,  est  un  déplacement 
vers  l'aigu  de  la  partie  principale  de  l'octave  dorienne,  le  tétracorde 
inférieur.  Quant  au  second  procédé,  il  consiste  dans  un  déplacement 
intégral  de  l'échelle,  se  prolongeant  pendant  des  périodes  entières.  Nous 
avons  rencontré  plusieurs  exemples  de  l'une  et  de  l'autre  sorte  de  modu- 
lation dans  les  hymnes  delphiques,  qui  nous  ont  montré  en  outre  la  com- 
binaison de  la  métabole  de  système  avec  le  changement  de  genre. 

V.  Mélopée  commatique,  mélopée  strophique.  Nulle  part,  dans  les  chants 
découverts  à  Delphes,  nous  ne  rencontrons  un  thème  dont  le  dessin 
mélodique  et  la  rythmopée  se  reproduisent  exactement  au  cours  du 
morceau;  partout  nous  voyons  la  cantilène  poursuivre,  avec  la  parole, 
sa  marche  en  avant,  sans  jamais  revenir  sur  elle-même.  C'est  que  les  deux 
grands  hymnes  appartiennent  à  la  catégorie  des  chants  commatiques 
(P-  35>  §  23);  la  mélodie  s'y  trouve  sous  la  dépendance  de  la  parole. 
Non  seulement  le  texte  poétique  de  cette  sorte  d'œuvres  imposait  au 
compositeur  la  durée  précise  de  chaque  syllabe,  mais  encore,  jusqu'à  un 
certain  point,  les  mouvements  ascendants  ou  descendants  du  dessin  vocal. 
On  sait  aujourd'hui  que  la  note  placée  sur  la  syllabe  accentuée  d'un  mot 
quelconque  ne  pouvait  être  surpassée  en  hauteur  par  aucune  autre  note 
dans  le  même  mot'  (p.  387).  L'ancien  adage  Accentns  {itoùa-woloi)  mater 
mz«/c5S  recevait  donc  ici  une  application  littérale.  Nous  devons  considérer 
les  monodies  commatiques  comme  des  cantilènes  issues  de  la  déclamation^ '^ 

1  A  l'époque  des  Antonins  la  règle  n'est  plus  strictement  observée;  je  relève  jusqu'à 
sept  fautes  contre  l'accent  dans  l'hymne  à  Hélios,  et  tout  juste  autant  dans  le  chant  à 
Némésis.  On  remarque  assez  souvent  le  retour  d'un  motif  mélodique;  le  début  de 
l'hymne  à  Némésis  revient,  légèrement  modifié,  à  la  5e  section  ;  le  membre  final  des 
sections  i,  4  et  5  du  chant  à  Hélios  a  la  même  mélodie. 

2  «  Pourquoi  les  nomes  n'étaient-ils  pas  composés  en  antistrophes?...  Est-ce  parce 
«  qu'ils  étaient  réservés  aux  artistes  de  profession,  et  que  ceux-ci  étant  capables 
«  d'exprimer  une  action,  et  de  chanter  à  voix  tendue,  les  morceaux  composés  à  leur 
«  intention  étaient  longs  et  de  forme  variée?  En  effet,  dans  les  nomes,  les  mélodies 

61 


472  SECOND  APPENDICE. 

le  champ  laissé  à  la  fantaisie  du  mélographe  dans  l'élaboration  de  son 
dessin  était  étroitement  limité.  Mais  un  élément  fécond  et  toujours 
disponible  de  variété  expressive  était  la  métabole  harmonique;  aussi  les 
auteurs  des  hymnes  delphiques  en  ont-ils  usé  très  largement. 

Il  en  était  tout  différemment  dans  le  chant  strophique,  qu'il  fût  mono- 
dique  ou  choral.  Ici  la  même  cantilène  se  répétait  à  chaque  strophe  sur 
d'autres  paroles,  tout  comme  dans  nos  chansons.  Les  durées  rythmiques, 
aussi  bien  que  le  dessin  de  la  mélodie,  étaient  strictement  fixes.  En  effet  nous 
voyons,  dans  tous  les  textes  poétiques  destinés  à  ce  genre  de  chant,  les 
lonc^ues  et  les  brèves  se  correspondre  d'une  strophe  à  l'autre,  vers  pour 
vers  et  syllabe  pour  syllabe,  quel  que  soit  le  nombre  des  strophes'.  Mais 
pour  le  placement  des  syllabes  accentuées,  aucune  similitude  ne  se 
constate  dans  les  vers  qui  se  correspondent  de  strophe  à  strophe^  La 
mélodie  des  chants  strophiques  imposait  donc  à  la  poésie  ses  intonations 
ascendantes  et  descendantes^,  comme  elle  lui  communiquait  son  unité 
de  mesure  et  ses  divisions  rythmiques.  Tout  ceci  nous  induit  à  supposer 
que  le  poète  grec,  quand  il  avait  à  composer  un  chant  en  strophes,  arrêtait 
définitivement  sa  mélodie  avant  de  procéder  à  la  versification  du  morceau. 
Les  schémas  métriques  des  odes  de  Pindare,  formés  d'un  assemblage 
bigarré  de  pieds  de  toute  espèce,  ne  sont  explicables  d'aucune  autre 
manière.  Croire  que  le  poète  ait  pu  composer  de  longues  strophes 
d'une  facture  aussi  compliquée  sur  des  combinaisons  arbitraires  de 
longues  et  de  brèves,  pures  abstractions  privées  de  tout  lien  interne, 
de  toute  vie  réelle,  cela  me  paraît  absolument  inadmissible.  Je  ne  vois 

«  variaient  sans  cesse,  comme  les  paroles,  avec  l'action  qu'elles  avaient  à  exprimer, 
«  d'autant  que  la  cantilcne  doit  être  plus  expressive  encore  que  les  paroles.  C'est  aussi  pour 
«  ce  motif  que  les  dithyrambes,  depuis  qu'ils  sont  Acvenus  mimétiques  (imitatifs),  n'ont 
«  plus  d'antistrophes,  tandis  qu'ils  en  avaient  jadis...  La  même  raison  explique  pourquoi 
«  les  airs  de  la  scène  n'ont  pas  d'antistrophes,  tandis  qu'il  y  en  a  dans  les  parties 
«  chorales  du  drame.  »  Aristote,  Probl.  XIX,  15. 

»  Les  épinicies  (chants  de  victoire)  de  Pindare  ont  le  plus  souvent  4  ou  5  couples  de 
strophes,  séparées  par  un  épode  dont  le  schéma  métrique  est  également  toujours  le 
même.  La  IV^  Pythique  a  jusqu'à  13  doubles  strophes;  la  mélodie  antistrophique  se 
répétait  donc  26  fois,  et  le  chant  de  l'épode  13  fois. 

2  Chez  les  lyriques  latins  la  double  correspondance  de  la  quantité  syllabique  et  de 
l'accentuation  est  observée  parfois  dès  le  siècle  d'Auguste,  notamment  dans  les 
strophes  sapphiques.  Cf.  Eickhoff,  der  Horazische  Doppelbau  der  sappItiscJien  Strophe, 
Wandsbeck,  1895.  La  même  technique  se  retrouve  dans  les  vers  des  hymnes  chrétiens. 

3  Le  texte,  si  souvent  cité,  de  Denys  d'Halicarnasse  le  jeune  n'a  rapport  qu'aux 
œuvres  coupées  en  strophes  :  «  La  musique  veut  que  les  accents  des  paroles  soient 
«  subordonnés  au  chant,  et  non  le  chant  aux  accents  de  la  parole,  ce  qui  est  rendu  mani- 
«t  feste  par  le  morceau  à'Oreste  d'Euripide  »  etc.  Mus.  de  Vant.^  t.  II,  p.  99,  note  i. 


SECOND  APPENDICE.  473 

pas  même  comment  il  aurait  pu,  au  cours  de  son  travail  de  versification, 
garder  son  schéma  syllabique  présent  à  l'esprit,  s'il  n'avait  eu,  comme 
aide-mémoire  constant,  une  mélodie  complètement  fixée  dans  son  contour 
et  dans  ses  durées  rythmiques'. 

En  résumé  dans  le  chant  commatique,  réservé  à  l'exécution  indivi- 
duelle, la  mélodie  avait  à  s'adapter  aux  paroles,  à  rendre  les  passions, 
les  actions  exprimées  par  la  poésie.  Elle  était  essentiellement  viiniétiqne, 
imitative,  dramatique,  et,  par  là  même,  favorable  à  la  métabole.  Dans  le 
chant  choral,  au  contraire,  les  vers  étaient  composés  sur  nue  mélodie  libre- 
ment imaginée.  Celle-ci  n'avait  à  exprimer  que  l'état  d'âme  de  la  collec- 
tivité assemblée,  VetJios.  De  plus,  destinée  à  se  chanter  par  des  choreutes 
sans  culture  spéciale  en  matière  de  musique,  la  cantilène  conservait 
l'unité  de  mode,  de  ton  et  de  mesure-,  tout  en  déployant  parfois  une 
grande  variété  dans  la  rythmopée  des  périodes^. 

VI.  Structure  musicale  des  grandes  monodies  dans  son  rapport  avec  le  plan 
poétique.  Nous  avons  vu  que  les  deux  chants  de  Delphes  sont  conçus 
dans  un  mode  unique,  et  que  chacun  d'eux  s'établit  sur  un  ton  fonda- 
mental. Le  premier  est  en  doristi,  ton  de  sol  (7  fi))  le  second  en  doristi, 
ton  de  la  (b).  L'un  et  l'autre  chant  renferment  des  sections  intermé- 
diaires appartenant  à  l'une  des  échelles  tonales  situées  à  la  quarte  ou 
à   la   quinte  du    ton  principal.    Dans   le   premier  hymne  nous  avons  pu 

I  Voici  le  modèle  métrique  d'une  strophe  que  nous  avons  choisie  parmi  les  moins 
longues  et  les  moins  compliquées  de  Pindare,  la  VI^  Pythique.  Sa  cantilène  se  repro- 
duisait six  fois. 


2  «  Autrefois  les  chœurs  se  composaient  de  citoyens.  Comme  il  était  malaisé 
«  de  faire  chanter  des  collectivités  à  la  façon  des  artistes,  on  leur  donnait  à  exécuter  des 
«  mélodies  comprises  dans  une  échelle  unique  {hcy.ûiJ.ôyiOL  y^àXri),  car  il  est  plus  facile  à  un 
«  soliste  de  faire  de  nombreuses  transitions  qu'à  une  masse,  et  au  musicien  de  profession 
«  qu'à  ceux  qui  ont  à  sauvegarder  leur  individualité  morale.  C'est  pourquoi  on  assignait 
«  à  ceux-ci  des  chants  plus  simples.  Or  la  cantilène  antistrophique  est  simple,  car  elle 
«  conserve  le  même  rythme  et  se  mesure  par  une  seule  unité  (harmonique).  »  Aristote, 
Probl.,  XIX,  15.  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  341,  note  2. 

3  «  Les  anciens  s'appliquaient  surtout  à  varier  la  rythmopée...  Tandis  que  les 
«  Modernes  sont  portés  vers  la  variété  tonale  ((^(Xorovoi),  les  Anciens  étaient  amateurs 
«  de  rythmes  [<^i/.ôoûv^^,oi).  »  Plut..  Mus.,  ch.  21. 


474  SECOND  APPENDICE. 

constater  un  rapport  entre  les  métaboles  de  ton  et  les  transitions  du 
discours  poétique  (p.  408).  La  relation  n'est  pas  moins  visible  dans  le 
second  hymne.  On  est  autorisé  à  dire  que  la  pratique  du  mélographe 
athénien  est  en  conformité  parfaite  avec  cette  règle  aristoxénienne  : 
«  La  métabole  a  lieu  quand  un  changement  d'expression  survient  dans 
«  l'ordonnance  de  la  succession  mélodique.  »  En  effet  le  ton  principal  du 
second  hymne  (.'?)  est  constamment  associé  à  l'idée  principale  du  poème. 
Il  ne  se  fait  pas  entendre  seulement  au  début  (l'appel  aux  fidèles)  et  à  la  fin 
du  chant  (l'invocation  du  dieu);  il  reparaît  aux  moments  principaux  de  la 
légende  sacrée  :  Apollon  aborde  en  Attique  (sect.  4);  il  se  trouve  en  présence 
du  dragon  (sect.  7);  il  disperse  les  hordes  barbares  (sect.  9).  Dans  ces 
trois  parties,  formant  le  nœud  du  récit,  l'effet  de  la  mélopée  est  renforcé, 
soit  par  des  inflexions  chromatiques,  soit  par  une  extension  insolite  du 
parcoursde  la  voix.  Quant  au  ton  secondaire  (CJ),  que  le  compositeur  emploie 
sans  y  introduire  aucune  modification  passagère,  il  est  assigné  aux  parties 
épisodiques  du  poème,  développements  narratifs,  descriptions,  etc. 

Dans  tout  cela  il  n'y  a  rien  qui  heurte  notre  sentiment,  rien  qui  détonne 
avec  notre  pratique  actuelle.  Il  est  même  à  peine  nécessaire  de  signaler 
l'analogie  surprenante  de  la  conception  des  anciens  et  des  modernes  à 
l'endroit  de  l'architectonie  d'une  oeuvre  musicale.  Au  fond  le  plan  tonal 
des  hymnes  de  Delphes  est  identique  à  celui  qui  s'est  introduit  spontané- 
ment dans  la  musique  européenne  lors  de  la  renaissance  de  l'art  mono- 
dique  (vers  1600),  et  qui,  développé  par  les  maîtres,  continue  encore 
aujourd'hui  à  régir  la  composition  des  oeuvres  instrumentales.  Comme  il 
ne  peut  être  question,  dans  le  cas  actuel,  ni  d'une  tradition  ininter- 
rompue', ni  d'un  emprunt  savant,  on  est  fondé  à  penser  que  l'unité  de 
base  tonale  dans  la  symphonie  et  la  sonate  n'est  pas,  comme  on  l'a  dit 
souvent,  un  usage  purement  conventionnel,  mais  la  manifestation  d'une 
véritable  loi  esthétique  qu'il  appartient  aux  métaphysiciens  de  formuler 
et  de  démontrer. 


Pas  plus  que  le  premier  chant  apollinique,  le  second  n'ajoute  quelque 
chose  au  peu  que  nous  savons  de  l'accompagnement  du  chant  chez  les 
Anciens.  Les  notes  musicales  gravées  sur  le  monument  ne  représentent 
que  la  partie  vocale  du  morceau.  Un  moment  j'ai  eu  l'idée  que  le  choix  de 

'  Le  chant  de  l'Eglise  latine  et  la  polyphonie  vocale  du  moyen  âge  ignorent  l'accom- 
pagnement instrumental,  et,  par  suite,  le  ton  absolu  et  les  modulations.  Depuis  le 
Ile  siècle  de  notre  ère  jusqu'à  la  fin  du  XVJe,  on  ne  trouve  nulle  part  d'exemple  d'un 
changement  positif  de  l'échelle  tonale  au  cours  d'un  morceau  de  chant. 


SECOND  APPENDICE.  475 

la  notation  dite  instrumentale  désignait  une  mélodie  simplement  accom- 
pagnée à  l'unisson  (p.  40g).  Mais  bientôt  il  m'est  venu  à  l'esprit  une 
objection  qui  m'a  fait  abandonner  cette  manière  de  voir.  Si  l'écriture 
musicale  employée  ici  avait  eu  pour  but  d'indiquer  au  lecteur  l'accompagne- 
ment, aussi  bien  que  la  partie  chantée,  elle  n'aurait  pu  omettre,  ce  me 
semble,  les  interludes  {kula)  qui,  sans  aucun  doute,  séparaient  les  diverses 
sections.  (Je  ne  parle  pas  du  prélude,  qui  souvent  formait  une  petite  pièce 
à  part).  Personne  ne  s'imaginera,  à  coup  sûr,  que  le  chanteur  ait  pu  dire 
tout  d'une  haleine,  devant  un  public  nombreux,  une  oeuvre  aussi  longue- 
ment développée.  D'autre  part  il  n'est  pas  croyable  que,  dans  une  com- 
position d'apparat,  on  se  soit  contenté  de  ritournelles  improvisées.  Bien 
que  l'art  de  la  kromis  fût  déjà  en  pleine  décadence  au  temps  d'Aristoxène, 
un  siècle  avant  la  composition  des  hymnes  delphiques',  il  continuait  à 
former  une  branche  importante  de  la  technique  musicale  des  Grecs,  une 
spécialité  dont  ils  tiraient  gloire.  Un  grammairien  alexandrin,  copié  par 
Suidas,  met  en  parallèle  la  méthode  d'accompagnement  en  usage  chez 
les  chanteuses  de  l'Orient  et  celle  des  citharèdes  helléniques.  Tandis  que 
tout  l'art  des  musiciennes  exotiques  consistait  à  faire  précéder  le  chant  de 
quelques  notes  d'introduction  jouées  sur  un  insirument  à  cordes,  la  partie 
instrumentale  des  chants  grecs  était  composée  exprès  et  fixée  par  la 
notation  (ci-dessus,  p.  34,  note  3). 

J'estime  donc  actuellement  qu'il  n'y  a,  quant  à  la  forme  de  l'accom- 
pagnement, aucune  conséquence  à  tirer  de  l'emploi  de  l'alphabet  instru- 
mental pour  le  second  hymne  delphique.  En  ce  qui  concerne  le  genre 
d'instrument  destiné  à  se  joindre  à  la  voix  du  chanteur,  la  cithare  s'indique 
d'elle-même  dans  un  nome  apollinique^  Je  ferai  valoir  en  outre  un  indice 
technique,  selon  moi  décisif  :  l'usage  du  genre  chromatique.  Inusitée  dans 
la  tragédie  avant  l'époque  d'Euripide,  la  mélopée  chromatique  a  caractérisé 
de  tout   temps  la  musique  de  cithare,  avec  ou   sans  chant^;  de  même  le 

1  «  Pour  ce  qui  regarde  les  dialogues  de  V accompagnement  (avec  la  partie  vocale),  la 
«  manière  des  anciens  maîtres  était  très  diversifiée.  »  Aristoxène  dans  Plut,  de  Mus., 
ch.  21.  «  Télésias  de  Thèbes  avait  dès  sa  jeunesse  étudié  les  œuvres  de  Pindare,  de 
«  Pratinas  et  des  autres  lyriques,  qui  furent  en  même  temps  d'excellents  compositeurs 
«  d'accompagnements.  »  76.,  ch    31. 

2  «  Chrysothémis  de  Crète,  ayant  le  premier  revêtu  la  majestueuse  sio/a  et  adopté  la 
«  cithare,  à  l'imitation  d'Apollon,  chanta  seul  le  Nome;  l'innovation,  après  avoir  obtenu 
«  l'approbation  générale,  resta  au  programme  des  concours  de  musique.»  Proclus,  Chresto- 
mathie,  ch.  13,  Gaisford. 

3  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  295  et  suiv.  ;  p.  301,  particulièrement  note  3.  —  Pour  le  second 
hymne  on  peut  faire  valoir  une  autre  circonstance  en  faveur  de  la  cithare,  l'usage  du  ton 
lydien  (?),  échelle  ordinaire  des  citharèdes.  Proclus,  Chrestom.,  ch.  14. 


476  SECOND   APPENDICE. 

genre  enharmonique,  tant  qu'il  a  vécu,  est  resté  affecté  à  la  musique  des 
auloi\  Au  surplus  les  deux  genres  non-diatoniques  dérivent  tout  naturel- 
lement du  mécanisme  de  la  production  des  échelles  sur  les  deux  espèces 
d'instruments  -. 

Je  termine  ici  mes  observations  sur  le  second  chant  découvert  à  Delphes. 

Note    G.     —    DEUX    TRANSCRIPTIONS    NOUVELLES    DE    l'hYMNE 

A    LA    MUSE. 

Tous  ceux  qui  ont  étudié  les  chants  du  11^  siècle  dans  la  conscien- 
cieuse édition  critique  de  Fréd.  Bellermann  {die  Hyninen  des  Dionysius  und 
Mesomedes,  Berlin,  1841)  savent  que  la  notation  musicale  de  ces  mor- 
ceaux renferme  deux  signes  problématiques  :  i»  un  lambda,  tracé  le  plus 
souvent  en  minuscule  (?i)  ;  2°  un  H,  remplacé  dans  beaucoup  de  manus- 
crits par  N.  Ces  lettres  ne  font  pas  partie  de  l'écriture  vocale  du  ton  lydien 
diatonique,  notation  employée  d'un  bout  à  l'autre  des  trois  cantilènes. 
Le  X,  qui  se  rencontre  trois  fois  dans  l'hymne  à  Hélios  et  autant  de  fois 
dans  l'hymne  à  Némésis,  est,  d'après  Bellermann,  un  signe  rythmique 
(Ib.  pp.  64-66)  indiquant  la  prolongation  de  l'avant-dernière  syllabe  des 
vers  catalectiques.  Cette  opinion  n'a  pas  trouvé  jusqu'à  ce  jour  de 
contradicteur.  Quant  au  caractère  H  (ou  N),  exclusivement  propre  au 
chant  à  la  Muse  (il  figure  trois  fois  dans  le  second  tétramètre  iambique  et 
une  fois  dans  le  premier  hexamètre  dactylique),  l'éminent  musicologue 
n'arrive  pas  à  en  donner  une  explication  réellement  satisfaisante. 

Mais  il  se  refuse  de  toute  manière  à  y  voir  un  signe  d'intonation,  et 
le  laisse  de  côté  dans  sa  transcription  en  notes  modernes,  ce  qui  au 
reste  n'engendre  aucune  lacune  de  la  mélodie  aux  endroits  où  se  rencontre 
la  lettre  énigmatique.  Jusqu'à  ces  derniers  temps  la  manière  de  voir  du 
savant  allemand  a  été  tacitement  acceptée  de  tous,  et  sa  traduction 
musicale  a  été  généralement  reproduite,  à  part  quelques  variantes  sans 
importance,  dans  les  écrits  modernes  qui  s'occupent  de  l'art  antique 
(et  ici-même  p.   42). 

L'année  passée  M.  le  D""  von  Jan,  rompant  tout-à-coup  avec  la  tradi- 
tion, s'est  décidé  à  interpréter  le  signe  mystérieux  de  l'hymne  à  la  Muse 
par  une  intonation  (Miisici  scriptores  Graeci,  Leipzig,  Teubner,  1895, 
p.  461).  Plus  récemment  M.  Th.  Reinach  a  fait  une  tentative  de  même 
genre  dans  un  travail  publié  par  la  Revue  des  études  grecques  (t.  IX,  n»  38). 

'    Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  296. 
2   Voir  ci  dessus  ch.  i<;>",  sect.  I. 


SECOND  APPENDICE.  ^177 

Ni  l'une  ni  l'autre  des  deux  interprétations,  absolument  divergentes  au 
reste,  n'est  admissible. 

Celle  de  M.  von  Jan  ne  tient  aucun  compte  de  l'usage  régulier  des 
signes  de  la  notation  gréco-romaine,  alors  que  cette  orthographe  nous  est 
connue  dans  ses  moindres  détails,  grâce  à  un  document  en  quelque  sorte 
canonique  (les  45  tableaux  d'Alypius),  dont  la  valeur  absolue  s'est  trouvée 
jusqu'à  présent  confirmée  par  chaque  nouvelle  découverte.  S'appuyant 
sur  le  plus  ancien  manuscrit  connu  du  susdit  chant,  le  professeur  de 
Strasbourg  voit  dans  le  signe  perturbateur  un  cla  (H),  et  transcrit  cette 
lettre  par  un  inib. 

Z    ZZEZHHII       M    ZHÏ^CPMOC 

a.'j  -  ç-t]    Js  <rûJv  a.it  aX-crà-(jJv  s   -    fj^dç     <^oê-vcc;  00 -y si      -       rcu. 

Mais  une  telle  traduction  est  absolument  fantaisiste.  Dans  le  ton 
lydien  (7),  comme  dans  les  autres  tons  qui  ont  moins  de  quatre  bémols 
^l'hypophrygien  \yb ,  le  phrygien  b  U,  la  lettre  vocale  H  ne  peut  se 
traduire  par  ;;uT>  que  lorsqu'elle  est  indicatrice  enharmonique.  En  diato- 
nique, comme  en  chromatique,  Vintervalle  mi? -ré  n'a  qu'une  seule  notation 
correcte,  à  savoir  0-1. 

Mais  il  y  a  plus.  L'intrusion  d'un  mi'J  aurait  pour  effet  de  fausser  la 
notation  grecque  dans  tout  le  passage.  En  effet  si  la  succession  mélodi- 
que imaginée  par  M.  v.  J.  était  antique,  elle  appartiendrait  à  un  tétracorde 
des  conjointes  réunissant  deux  indicatrices,  la  diatonique  et  la  chromatique, 
à  un  système  de  genre  mixte^^  dont  l'unique  orthographe  régulière  en 
notation  vocale  est  celle-ci  : 


îî         r         H        0         I 

.  -  -g- f- 


^— ^' ^— ==t— =z=^f==:zzz:p= 


tzz 


Nète  des  conj.  Indic.diat.      Indic.  chrom.      Trile  des  coiij.  Mise. 

Tout  aussi  rigoureusement,  au  moins,  que  dans  la  musique  moderne, 
l'emploi  des  notes  homotones  chez  les  Anciens  est  déterminé  par  des 

1  «  Le  mélos  est  ou  diatonique,  ou  chromatique,  ou  enharmonique,  ou  mixte,  ou 
«  commun  aux  trois  genres.  »  Aristox.  Harni.,  p.  44  (Meib.).  «  Est  dite  mixte  une  suc- 
«  cession  mélodique  qui  réunit  les  éléments  caractéristiques  de  deux  ou  trois  genres.  » 
Ps.-Eucl.,  p.  9.  Cf.  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  pp.  273-275.  —  Un  exemple  de  tétracorde  mixte 
(enharmonico-diatonique)  des  graves  se  trouve  dans  l'harmonie  mixolydisti  des  très 
anciens  {Ib.,  p.   286  et  suiv.). 


478 


SECOND  APPENDICE. 


règles  auxquelles  il  n'a  pas  encore  été  constaté  d'exception '.  Comment 
M.  V.  J.  a-t-il  pu  perdre  de  vue  un  fait  aussi  notoire,  lui  qui  a  publié 
les  échelles  d'Alypius  avec  notes  et  commentaires?  Il  n'eût  pas  été  plus 
permis  dans  l'antiquité  d'employer  la  notation  de  M.  v.  Jan, 

É   Z    H    I     I        M   ZH    I     <I)C 

(TÙJv  ccTT    aX-  ers  -  xv  i  -  [/.as     <|)5f  -  va^ 

au  lieu  de  l'orthographe  régulière, 

f   H    0    I     I        M   H©    I     OC 

cruJv  Ùtt'     à\  -  ers  •  wv  à   -  f^àç      <^c£  -  vccç 

pour  rendre  cette  succession  mélodique  : 

"    -i ^ — I —    — * — i — I >--    j    g 


— i<- 

(roJv  dit     à'/.  -  (Xè  -  'jjy  à  -  jj^ৠ       '^oé  -  vx; 

qu'il  ne  serait  permis  de  nos  jours  d'écrire 

Le   jour   de       gloire  est      ar 
à  la  place  de 


Le   jour   de       gloire  est      ar  -  ri     -      vé 


13_**_ 1-5— j g — Z^  s^r_^ 

Le  jour   de       gloire  est     ar  -  ri     -     vé. 

Nous  écarterons  donc  la  première  des  deux  nouvelles  interprétations 
comme  absolument  manquée.  Au  reste  M,  v.  J.  lui-même  avoue  impli- 
citement son  échec,  puisqu'il  a  reculé  devant  la  traduction  logique  de  la 
mélodie  du  premier  hexamètre. 


CPMPCOCOH 


2  Ka  -  \i 


it£i  -a.     (To  -<p(x.,  ^ov 


irpo-Kcto  -  a  -  ys  -  n    rëûTT-vcuv, 


*  Il  est  vrai  que  d'après  Gaudence  (p.  23)  les  notes  homotones  pouvaient  s'employer 
indifféremment  les  unes  pour  les  autres.  Mais  ce  témoignage  isolé,  et  démenti  par  tous 
les  documents  connus,  n'a  aucune  valeur.  Au  temps  de  cet  écrivain  (Ve  siècle  ap.  J.  C.) 
la  notation  antique  n'était  plus  en  usage, 

2  L'indication  de  la  mesure  (^J  est  fautive;  il  fallait  écrire  2  ("^  5  +  4  +  i^  ^^  mesure 
^  4  (="  4  "^  4)  aurait  pour  effet  de  convertir  l'hexamètre  dactylique  en  une  tétrapodie 
ionique  a  majore  '.'y  : 

KaÀ-Àj  -  û  -  TTej    -a      cru  -  ({^à,  ^&y  -  cojv  itco-y.a.^  -  a    -    ys  "  ti  rsoit-yiov 


SECOND  APPENDICE  47g 

On  conçoit  que  M.  v.  Jan,  après  s'être  fait  chanter  la  mélodie  qui 
précède,  n'ait  pu  se  résoudre  à  exhiber  un  produit  musical  aussi  baroque; 
ce  qui  ne  se  conçoit  pas,  c'est  que  ce  résultat  n'ait  pas  suffi  pour  lui  faire 
abandonner  complètement  son  essai  d'interprétation. 


M.  Th.  Reinach,  s'en  référant  au  manuscrit  de  Naples,  tient  la  lettre 
problématique  pour  le  nu  {{^)  de  la  notation  vocale'.  Il  donne  à  cette 
note  la  valeur  qu'elle  a  dans  le  tétracorde  chromatique  des  disjointes  en 
ton  hypolydien  (à  savoir  ui^^,),  bien  que  tous  les  sons  qui  précèdent  et 
suivent  l'N  appartiennent  à  la  succession  diatonique  du  tétracorde 
conjoint  (c'est  à  dire  du  ton  lydien).  Selon  M.  Th.  R.  cet  «^jj,  étranger  à 
l'échelle  tonale  et  modale,  est  employé  accidentellement  par  le  compo- 
siteur à  titre  de  note  de  passage  (je  ne  sais  quel  sens  on  peut  attacher 
à  ce  terme  lorsqu'il  s'agit  de  musique  homophone*).  Voici  comment 
M.  Th.  R.  traduit  en  notes  modernes  le  second  tétramètre  iambique  et  le 
premier  hexamètre  dactylique  : 

Z    ZZEZNN   I    I    M    ZN    lOCPMOC 

^-H— ^-F-^— ^— *^^-U:-i — fe^— i^-iji^-F-U^i — w»— »-* — ~\-^m—^ H 

au  -  orf     ^ï    (TÛJv     (XTt    à'K-  (xk-œy     s  -  jj,àç      <^pé-va.ç       00-ysl     -     tio. 

CPMPC<I)C0     NCCCCCnR<ï) 

siz_2 1^ 1 « — e 

Kola-  Ki  -  6  -  nrsi  -a     rro  -  ^à,  (j.ov  -  crcvv       Tfoo-Kaù  -  a  -  yÈ  -  ri    rscTTvuv, 

De  pareilles  successions  mélodiques  ne  sont  contenues  dans  aucune 
des  nombreuses  variétés  d'échelles  mixtes  connues  des  Anciens;  on  en 
chercherait  vainement  l'explication  chez  les  musicistes  gréco-romains^. 
Toutefois  ce  n'est  pas  là  une  raison  suffisante  pour  les  rejeter  sans 
examen.  N'avons-nous  pas  dû  constater  une  combinaison  tout  aussi 
extraordinaire  dans  le  premier  hymne  découvert  à  Delphes?  La  question 
est  de  savoir  si,  à  défaut  d'une  démonstration  théorique,  on  nous  donne 

î  Dans  la  notation  instrumentale  N  est/rt3,  en  fonction  de  son  stable  ou  d'indicatrice 
diatonique.  Voir  ci-dessus  p.  451. 

2  Dans  notre  art  polyphonique  la  note  de  passage  se  définit  :  «  un  son  dépourvu 
«  d'accent  rythmique  et  ne  faisant  pas  partie  de  l'accord  sur  lequel  il  se  fait  entendre,  » 

3  Ptolémée,  qui  énumère  toutes  les  échelles  usitées  par  les  citharèdes  du  11^  siècle, 
ne  parle  que  du  chromatique  régulier  combiné  avec  le  diatonique  (ci-dessus,  p.  37). 

63 


48o  SECOND  APPENDICE. 

des  arguments  valables  en  faveur  d'un  système  de  traduction  engendrant 
une  mélopée  aussi  anormale.  Je  ne  le  pense  pas. 

M.  R.  prétend  n'avoir  fait  en  cette  occasion  que  «  retourner  à  la  docile 
interprétation  des  manuscrits.  »  Malheureusement  les  manuscrits  per- 
mettent plusieurs  lectures  pour  la  lettre  dont  il  s'agit,  puisque,  au  lieu 
d'un  N,  M.  v.  Jan  a  pu  lire  un  H,  signe  qui,  en  tant  que  note  vocale, 
n'est  ni  plus  ni  moins  déplacé  dans  la  mélodie  de  l'hymne  à  la  Muse  que 
la  lettre  préférée  par  M.  R.,  et  nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'une 
troisième  lecture  est  possible.  Et  quand  même  on  nous  prouverait  que  la 
seule  bonne  leçon  est  N,  serions-nous  certains  d'avoir  sous  les  yeux  une 
note  vocale,  voire  un  signe  d'intonation?  Quand  il  s'agit  d'un  changement 
de  texte,  on  veut  que  la  correction  proposée  donne  un  sens  grammatical 
satisfaisant,  et  s'encadre  sans  effort  dans  la  phrase.  Pareillement  en 
matière  de  notation  musicale,  on  est  en  droit  d'exiger  que  les  nouvelles 
lectures  puissent  s'expliquer  d'une  manière  rationnelle,  et  surtout  qu'elles 
ne  fassent  pas  disparate  avec  le  reste  du  chant.  L'unité  de  facture  mélo- 
dique est  un  principe  de  style  strictement  observé  dans  tous  les  restes 
notés  de  l'art  gréco-romain;  et  précisément  le  premier  hymne  apollinique 
nous  en  fournit  une  démonstration  évidente.  Dans  ce  monument  musical 
d'une  époque  encore  voisine  de  la  belle  période  d'art,  nous  sommes  en 
présence  d'une  grande  composition  de  facture  raffinée;  c'est  un  morceau 
de  virtuose,  une  cantate  de  concours  où  abondent  les  transitions  tonales, 
les  métaboles  de  genre.  A  côté  des  formes  extrêmement  variées  du  chro- 
matique régulier,  le  mélographe  introduit  une  combinaison  insolite,  irré- 
gulière du  genre  chromatique.  En  de  telles  conditions  sa  hardiesse  n'a 
rien  de  choquant  ni  d'intempestif;  l'anomalie  se  conçoit  et  s'accepte  sans 
difficulté,  d'autant  qu'elle  est  voulue  et  poursuivie  logiquement  à  travers 
toute  la  composition. 

En  est-il  de  même  pour  les  cantilènes  du  temps  de  l'empire  romain, 
uniformément  diatoniques  et  sans  métaboles  d'aucune  espèce?  Les  plus 
étendues  d'entre  elles  (à  Hélios,  à  Némésis)  ne  renferment  pas  seulement 
une  transition  au  système  conjoint  (p.  53,  §  34).  Comment  admettre  dans 
le  plus  court  des  trois  hymnes,  une  sorte  de  chanson,  ces  petits  lambeaux 
de  mélodie  pseudo-chromatique,  apparaissant  tout  à  coup  sans  intention 
saisissable  et  disparaissant  sans  retour  dès  le  milieu  du  morceau? 

M.  R.  ne  paraît  pas  s'être  préoccupé  de  cette  incohérence  mélodique. 
Au  point  de  vue  musical  la  justesse  de  son  interprétation  lui  semble 
suffisamment  démontrée  «  par  l'heureuse  transformation  que  la  note 
«  chromatique  opère  dans  le  petit  air.  »  D'après  lui  ce  son  étranger  à 
l'échelle   donne   à  la  mélodie    du   deuxième   tétramètre  iambique   «   une 


SECOND  APPENDICE.  481 

«  finesse  de  dessin,  uite  saveur  ultra-moderne  et  un  faux  air  de  wagnérisme.  » 
Singulière  raison  en  vérité  pour  nous  faire  accepter  comme  antique  la 
version  de  M.  R.  !  Avec  la  meilleure  volonté  du  monde  il  m'est  impossible 
de  prendre  une  pareille  appréciation  au  sérieux  :  Mésomède,  précurseur  de 
Richard  Wagner!  Je  ne  puis  voir  là  qu'un  jeu  d'esprit,  tranchons  le  mot, 
une  thèse  d'amateur.  Pour  lui  donner  un  semblant  de  consistance,  il 
faudrait  du  moins  être  à  même  d'affirmer  que  la  note  chromatique,  partout 
où  elle  se  montre,  sonne  mieux  à  l'oreille  de  nos  contemporains  que  les 
intonations  diatoniques  lues  jusqu'à  présent.  Or  M.  R.  ne  parle  que  de  la 
fin  du  ^8  (ou  du  '^/s),  où,  en  effet,  la  suite  des  sons  n'a  rien  de  déplaisant 
pour  un  auditeur  exclusivement  nourri  de  musique  moderne.  Mais  il  y  a 
encore  le  début  du  chant  des  hexamètres.  M.  R.  estime-t-il  également  ce 
passage  embelli  par  l'introduction  de  Vut^?  Pour  moi,  je  ne  le  cacherai 
pas,  ce  vilain  triton  (sol-ut^)  m'horripile,  et  je  me  demande  quel  est  le 
musicien  de  profession,  wagnérien  ou  non,  qui  ne  sera  pas  désagréable- 
ment impressionné  par  cette  intonation  discordante,  inchanlable,  rencon- 
trée inopinément,  au  milieu  d'une  mélodie  unie  et  douce  jusqu'à  la  fadeur? 
A  lui  seul  ce  passage,  aussi  cacophonique  certes  que  chez  M.  v.  Jan,  suffit 
à  prouver  que  le  savant  helléniste  français  n'a  pas  trouvé  le  mot  de 
l'énigme  musicale  contenue  dans  la  notation  de  l'hymne  à  la  Muse. 


Après  avoir  motivé  mon  refus  d'adhérer  aux  deux  solutions  proposées, 
oserai-je  essayer,  à  mon  tour,  d'interpréter  la  lettre  mystérieuse  comme 
représentation  d'un  son?  Au  cours  de  l'examen  des  deux  précédents  essais 
d'interprétation,  une  troisième  solution  s'est  présentée  à  mon  esprit;  je 
la  soumets  à  la  critique  sagace  de  mes  érudits  confrères. 

Il  y  a  probabilité,  selon  moi,  que  nous  avons  affaire  à  un  signe  instru- 
mental, à  une  indication  expresse  pour  la  partie  d'accompagnement.  La 
chose  n'a  plus  aujourd'hui  de  quoi  nous  étonner,  puisque  le  papyrus 
contenant  le  fragment  d'Euripide  nous  a  déjà  montré  le  mélange  des  deux 
catégories  de  notes  musicales  (ci-dessus,  p.  394).  Je  suppose  dono  que  le 
manuscrit  primitif  de  l'hymne  à  la  Muse,  le  commun  ancêtre  des  mss.  de 
Venise  et  de  Naples,  avait  la  note  instrumentale  V|,  signe  étranger  à 
l'alphabet  grec  ordinaire  et  certainement  inconnu  aux  copistes  du  moyen 
âge,  qui  l'auront  pris  pour  une  lettre  mal  formée  :  les  uns  y  auront  vu  un 
êta^  (H),  les  autres  un  nu  (N).  On  sait  que  V|  est  la  nète  des  disjointes  en 

»  Alypius  décrit  le  signe  en  question  comme  un  Ha  négligemment  tracé,  allongé 
(~Hra  à/XÊÀyyriJtov  KabsiXtcva-^èvov). 


482  SECOND  APPENDICE. 

ton  lydien  (la^  et  la  corde  la  plus  aiguë  de  l'octave  dorienne.  Mais,  ce  qui 
nous  intéresse  ici  plus  particulièrement,  la  nète  est  aussi  le  son  principal 
de  l'accompagnement  hétérophone  des  Anciens.  Ce  dernier  fait  est  attesté 
parle  dialogue  de  Plutarque  et  par  d'autres  écrits';  il  est  mis  en  pleine 
lumière  dans  ce  problème  musical  d'Aristote^  :  «  Pourquoi  le  plus  grave 
«  de  deux  sons  exécutés  en  accord  prend-il  toujours  la  mélodie  princi- 
«  pale?....  Si,  en  effet,  il  s'agit  de  chanter  la  paramèse  sur  raccompagne- 
«  ment  instrumental  de  la  nète,  le  mélos  ne  s'en  trouvera  nullement 
«  amoindri.  Mais  lorsqu'il  convient  que  tous  deux  (à  savoir  la  voix  et 
«  l'instrument)  fassent  entendre  la  nète,  celle-ci  ne  deviendra  pas  pour 
«  cela  un  son  simple  »  (puisque  alors  elle  a  la  double  qualité  de  mélos 
et  de  krousis);  etc.  Il  est  à  constater  que  deux  fois  sur  quatre  notre  nète 
instrumentale  se  trouve  accolée  à  la  paramèse  chantée,  et  que  les  quatre 
fois  elle  est  en  consonnance  parfaite  de  quarte  de  quinte  ou  d'octave  avec 
la  note  de  la  mélodie  vocale.  J'incline  donc  à  penser  que  l'auteur  a  pres- 
crit la  note  instrumentale  aux  trois  endroits  du  morceau  où  le  renfor- 
cement harmonique  d'un  accord  lui  paraissait  indispensable,  laissant  le 
citharède  libre  d'accompagner  le  reste  du  chant  à  l'unisson,  et  d'impro- 
viser les  ritournelles  d'usage  (prélude,  interludes  et  postlude). 

Voici  à  peu  près  comment  je  me  figure  l'exécution  de  l'hymne  à  la 
Muse 3,  vers  l'époque  où  le  morceau  fut  composé.  Les  petites  notes 
sont  conjecturales.  Celles  qui  ont  la  queue  en  bas  sont  destinées  à  la  main 
gauche  et  s'exécutaient  par  le  simple  attouchement  du  doigt  (psalmos). 
Les  queues  en  l'air  désignent  les  cordes  mises  en  vibration  par  la  main 
droite  à  l'aide  du  plectre^. 

I  Mus.  de  Vaut.,  t.  I,  p.  363  et  suiv. 

2  Chap.  19,  12=*  et  131^.  Les  solutions  des  deux  problèmes  voisins  se  trouvent 
interverties  dans  tous  les  manuscrits  connus.  La  découverte  de  cette  erreur  est  due  à 
MM.  Eug.  d'Eichthal  et  Th.  Reinach  {Notes  sur  les  problèmes  musicaux  cVAristote  dans  la 
Revue  pour  V avancement  des  études  grecques) . 

3  C'est  ainsi  que  je  l'ai  fait  exécuter  à  un  petit  concert  gréco-romain  donné  pour  la 
Société  belge  de  philologie  le  25  mai  1896,  au  Conservatoire  de  Bruxelles. 

4  Au  sujet  de  la  technique  du  jeu  de  la  cithare,  voir  Mus.  de  l'ant.,  t.  II,  p.  267  et  suiv., 
p.  636,  et  ci-dessus  p.  35.  —  Certains  virtuoses  très  habiles  ne  se  servaient  que  de  la 
main  gauche.  Ainsi  faisait  un  cithariste  grec,  Aspendios,  dont  le  nom  est  devenu  pro- 
verbial dans  l'antiquité.  Il  en  est  question  chez  un  ancien  scholiaste  de  Cicéron,  le 
grammairien  Asconius.  In  Act.  ad  Verr,  III'"'  (Venise,  1552,  p.  939-940). 


SECOND  APPENDICE. 


483 


Cithare  à  11   cordes,     f  ^^S F F    ,         "^ — 

_       ~-r-T-f^[~  -r— z— ^ 

/^ 


czzotî»^     ce 


1*        (• 


r  ?  I 


^~P=tiE=:^^=i=*ziFz«:==:?z=^z::zlt= 


I    _    c^     M         M 


A  -   £1  -  Ss    p-oJ-cra      /xoi        4>t-Ai5,      fjt.oX-ii'riç  Ss~fjL,vjç  xuT  -  âo 


^ou- 


^ V| NI W\ 


f^LS    '   r 


ZZ     ZEZ     -II    M    Z      I<1>CPM<I>C 

tr — • — |— • — • — * — • — r~*T~"* — w r~* — * — f^ 1 — â'^'^"^ — I — I 
^ ^— [—^ ^ — ^      ^    [--!— — h^ — I — p- ip — ^  —  m — * — P-j ^ — •-- 

au  -  prj        oh    <rûjy  dit'     d\  -  (rà  -  wv      a  -  u^ciç     <pps-vciç        5o  •■  vei      -      Ti 


I    r  1»    -^   ?  - 


VI 


-^      r 


r     -#• 


I       7 


^       -*■      f 


CPMPCOCO)      CGC      CCIR^ 

>-g^^ — g — P— p— ■ — i^;— p» — ^— p^^ — :• — •— ri:gzizg:=:-^Fz;;=zg^: 

KaÀ-A(  -  0   -    TTsi  -  oc     CTO  -  (pà,  j^ou  -  (rûjv  irpo-xa,^   -   ec  -  yè  -  ri      Tso-itvûjv, 


SECOND  APPENDICE. 


-f- — #— c 


-0-     r 


R     O 


-7    r  r 


à=z-=z^^.- 


C     P    M    I     M   M     I     E    Z       I    M    P     C    M 

^*,_, ,— , r-M * • 


:^^]^-tz\:z 


)£     jMu  -(TTo-  ^ô  -  rx    Aa  -  roû;   yo  -  vs,      Arj  -  Xi  -  g,     Ylai-av, 


r-       ^       ^     p-     f  -     T    —      —       ^         r       I  .     I       I       ^  r    -*■     -      — 


-  [j.£'vs7ç      ntap  -  g     -     (Tte  (loi. 


Dans  la  mélodie  j'ai  adopté  une  correction  nouvelle  et  plausible  pro- 
posée par  M.  Th.  Reinach.  Elle  se  trouve  dans  le  second  hexamètre,  sur 
le  frappé  du  cinquième  pied  (syllabe  initiale  du  mot  AijÀtg).  Tous  les 
manuscrits  ont  à  cet  endroit  un  signe  équivoque,  lu  jusqu'à  présent  T, 
et  traduit  depuis  Bellermann  par  le  son  fa^{ut^  dans  l'échelle  sans  acci- 
dent). Or  un  r  de  la  notation  vocale  employé  avant  ou  après  Z  est  une 
faute  d'orthographe  absolument  improbable;  fa^-mi^  ne  peut  se  rendre 
en  notation  vocale  que  par  les  lettres  E-Z  (en  notation  instrumentale 
par  LJ"[I)-  M.  Reinach  suggère  la  lecture  I,  et  j'adhère  sans  hésiter  à 
cette  modification,  qui  améliore,  sans  l'altérer  aucunement,  le  dessin 
diatonique  du  chant  dorien  de  Mésomède  (ou  de  son  contemporain). 
Dans  la  distribution  des  notes  musicales  sur  les  syllabes  du  texte  j'ai  tenu 
également  compte  de  quelques  observations  judicieuses  de  M.  R.,  en 
sorte  que  son  petit  travail  sur  l'hymne  à  la  Muse  n'aura  pas  été  sans 
profit  pour  moi,   ni   sans  utilité  pour  la  science. 


ADDITIONS    ET    CORRECTIONS. 


A  la  page  333  j'ai  signalé  comme  problématiques  deux  antiennes  que  Kéginon  assigne 
à  la  1=  division  du  deuterus  plagal  {IV<=  mode)  :  1°  Serve  bone  et  fidelis,  2°  Puer  qui  natus 
est  nobis.  Leurs  mélodies  me  sont  aujourd'hui  connues.  La  première  est  notée  dans  un 
des  antiphonaires  médiévaux  de  la  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles  (ms.  6426J.  Je  l'ai 
reconnue  tout  de  suite  comme  la  version  primitive  d'une  antienne  de  l'office  actuel, 
{De  Conf.  non  Pont,  ad  Bened.).  Elle  appartient  à  l'iastien  intense,  et  sa  place  est  à  la 
page  331,  entre  Vigilate  aniiiio  et  Turba  multa. 

^     de     de     t;     tj  "  I 

-  ne      et        fi    -    de  -  lis, 

C     de     de     de     tjc     d     de      tl    tl     1 
)er    pau  -  ca    -  fu    -    i   -    sti      fi   -    de-lis, 


"^ 

e 

d 

Ser- 

ve 

bo 

e     a 

H 

qui  -  a 

su 

-F 

a 


tj      dde     d      d      d      eg     e      d     I 
su  -  per    mul  -   ta     te     con- sti  -  tu  -  am, 

d      e      d      tl     cd      d     ea     t}     ed     de     tf     II 
in  -  tra     in    gau  -  di  -  um    Do  -  mi  -  ni       tu    -    i. 

De  Conf.  in  Evang.  Thème  20.  Dixit  Dominus.  Aujourd'hui  augmentée  au  début  du  mot  fiMge,  qui  se  chante  sur 
une  petite  vocalise  en  forme  de  proodicon.  L'office  des  Confesseurs  contient,  à  Laudes,  une  autre  antienne  sur  le 
texte  Serve  bone,  abrogé;  la  mélodie  est  composée  sur  le  même  nome,  mais  elle  se  termine  en  Vile  mode.  Le 
tonarius  de  Réginon  ne  la  mentionne  pas. 

La  seconde  antienne  m'a  été  signalée  dans  un  ms.  du  XV^  siècle  appartenant  à  l'église 
Sainte-Croix,  à  Liège.  La  mélodie  est  éolio-iastienne,  th.  33,  forme  anacrousique, 
pp.  341-342. 

"CDF     F     ÊF     G     F     FE  "    D      C      | 

Pu     -     er     qui       na  -  tus     est  no  -  bis 

CD     E     F     FG     DE     E      1 

plus  quam  pro-phe  -    ta         est; 

Da  âc     a     ac     a     a     G     F     G      GaG     E     E     | 

hic  est     e  -  nim   de    quo    Sal-va  -  tor  a   -    it  : 


486  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


C      DF      F     F      FE     DC     DFED      EFE 

In  -  ter       na  -  tos     mu   -   li     -     e         -         rum 

FDEFGâGGGaFGFEE 

non   sur  -  re  -  xit     ma  -  jor    Jo  -  an   -  ne      Ba  -   pti  -  sta. 

De  s.  Joanne  Bapt.  in  Evatig. 


Mon  catalogue  thématique  contient  (pp.  343-344)  trois  antiennes  commençant  en  éolien 
(I"  mode)  et  se  terminant  sur  la  fondamentale  iastienne  (VII^).  Voici  une  quatrième 
antienne,  composée  au  IX^  siècle.  Absente  du  Tonarins  de  Réginon,  elle  se  trouve, 
écrite  entièrement  en  neumes,  dans  un  ms.  de  Leipzig,  et  en  notation  diastématique 
dans  la  Commemoratio .  Ce  dernier  document  la  donne  comme  exemple  d'un  chant  du 
I*:""  mode  terminé  un  degré  au-dessous  de  sa  finale  (p.  226).  Elle  prenait  donc  la  psal- 
modie du  I",  comme  l'antienne  Salve  Crux,  à  côté  de  laquelle  elles  doit  prendre  place. 

'Comm.)       [D]a      aaGaGDFGFEDCI 

ae        e      e      d      e      d       a      jijcd     e       t}       a      G     | 
Sci  -  mus  qiio  -  ni  -  am     di    -   li  -  gen   -   ti  -  bus     De  -  nm 

FaGaFEDCCCCDDCCI 

c      e      de      c       t^      at|     Ç^    G      Ga      aG      G     | 

0  -  mut  -a         co  -    0  -  pe  -  ran  -   tur     in  bo   -    niini, 

CDC     BDFFËFaFFGGCBDFE 

GcaG    F      a      c      et}      ce      c      cd      dG      F      a      c     at} 

his         qui     se  -  cun  -  dum    pro  -  po  -  si   ■    tum       vo  -  ca  •  ti     sunt 

C     c     I    (Neume)  FGa    GaGFE    FGa    GFED    D  || 
G     G     11 

san  -  cti. 

De  Omn.  Sauct.  in  Evang.  Aiu.  Trev.,  p.  975,  où  le  début  a  déraillé  (Gd    d,  etc.),  en  sorte  que  la  mélodie 
tout  entière  est  passée  au  Vil»  mode. 


Page  XIX,  ligne  22,  au  lieu  de  ils  contiennent,  lire  elles  contiennent. 

P.  XXV,  11.  14-15  au  lieu  de  l'usage  quadragésimal  du  temps  de  Grégoire  I,  lire  l'ancien 
usage  quadragésimal. 

P.  xxxii,  11.  4-5,  au  lieu  de  toutes  les  mélodies  de  VAntiphonaire  romain  pourvues  d'un 
texte  avaient  à  l'origine  une  mélopée  a  peu  près  syllabique,  lire  toutes  les  mélodies  primitives 
de  l'Antiphonaire  romain  pourvues  d'un  texte  avaient  une  mélopée  à  peu  près  syllabique. 

P.  43,  le  portée  de  l'Hymne  à  Némésis,  mettre  comme  indication  de  mesure  Q  (|). 

P.  46,  rectifier  ainsi  la  fin  de  la  chanson  de  Tralles,  conformément  à  la  découverte  de 
M.  Monro  (cf.  p.  386)  : 

sv. -P— .— f'-r  -:£— ^ — »- 

^ — P— — tï— F. — ^-\  -^ — ts— r— 


rs-Xoç    0      ^c/o-yoç     à  -  irai  '  rsl. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  487 

P.  88,  6e  ligne  du  §  66,  la  première  note  de  l'octave  phrygienne  doit  être  d,  au  lieu 
de  D  (d  ctl  a  G  FE  D). 

Ib.  après  l'antienne  Beata  es  Maria,  au  lieif  de  Dom.  III  Adv.,  lire  Dont  II.  Adv. 
P.  115,  note  I,  première  ligne,  au  lieu  de  Au  F/«  chapitre,  lire  Au  VII'  chapitre. 
F.  134,  fin  de  l'antienne  notée,  lire,  comme  à  la  p.  90  : 


en   -  pit        ni  -  mis. 

P.  230,  après  l'antienne  notée  Landate,  au  lieu  de  Septuag.,  lire  Dom.  Sexag. 
P.  265,  première  ligne  du  §  172,  au  lieu  de  228  antiennes,  lire  264  antiennes. 
P-  332,  5*  ligne  à  partir  de  la  dernière,  au  lieu  de  2^  division  du  VI II'  mode  (p.  37),  qui 
comprend  etc.,  lire  2^  division  du  télrard  authente  (p.  37),  laquelle  comprend  etc. 
P.  356,  dernière  ligne,  après  les  mots  sur  la  tierce,  intercaler  iastienne  (|l). 
P.  357,  en  haut  de  la  page,  au  lieu  de  1er  mode,  lire  Ille  mode. 


64 


Comme  l'ouvrage  de  M.  Gevaert  s'adresse  avant  tout  aux  personnes 
vouées  à  l'étude  du  chant  liturgique,  ecclésiastiques  pour  la  plupart,  il 
leur  sera  sans  doute  agréable  de  connaître  les  termes  dans  lesquels  le 
chef  vénéré  de  VEglise  catholique  a  daigné  s'exprimer  sur  la  Mélopée 
antique  en  nommant  son  auteur  Chevalier  de  l'Ordre  de  saint  Grégoire 
le  Grand. 

L'Editeur. 

LEO    PP    XIII. 

Dilecte  Fili  Salutem  et  Apostolicam  Benedictionem. 

Tui  praestantes  animi  ingeniique  dotes,  ac  praecipue  sacrorum 
concentuum  peritia,  quam  luculenter  ostendisti  in  opère  Nobis 
oblato,  liturgici  cantus  in  Latina  Ecclesia  originem  pertractante, 
te  profecto  dignum  efficiunt,  cui  perillustrem  honoris  titulum 
libenter  deferamus.  Ac  tibi  S.  Gregorii  decrevimus  Equitum 
ordinem,  ut  haec  tua  nova  dignitas  cum  nomine  Magni  illius 
musices  instauratoris  coniungeretur,  in  qua  summam  es  laudem 
merito  consecutus.  Quare  te  a  quibusvis  excommunicationis  et 
interdicti  aliisque  Ecclesiasticis  censuris,  et  poenis  quovis  modo, 
vel  quavis  de  causa  latis,  si  quas  forte  incurreris,  huius  tantum 
rei  gratia  absolventes  et  absolutum  fore  censentes,  hisce  litteris 
Equitem  Ordinis  S.  Gregorii  Magni  classis  civilis  facimus,  consti- 
tuimus,  renuntiamus,  teque  in  ornatissimum  eundem  Equitum 
coetum  ac  numerum  referimus.  Tibi  ideo,  dilecte  fili,  concedimus 
ut  propriam  Equitum  huius  ordinis  vestem  induere  ac  proprium 
item  insigne,  auream  nempe  Crucem  octogonam,  rubra  superficie 
imaginem  S.  Gregorii  Magni  in  medio  referentem  quae  taenia 
serica  rubra,  extremis  oris  flava,  sinistro  pectoris  lateri  ex  alio- 
rum  Equitum  more  dependeat,  gestare  licite  queas.  Ne  quod 
vero  discrimen  tam  in  veste  quam  in  huiusmodi  Cruce  gestanda 
contingat,  appositum  schéma  tibi  iussimus  tradi.  Datum  Romae 
apud  S.  Petrum  sub  Annulo  Piscatoris  die  XXX  Septembris. 
MDCCCXCV.  Pontificatus  Nostri  anno  decimo  octave. 

C.  Card.  de  Ruggiero. 

Dilecto  Filio  Augusto  Gevaert 
musici  Institut!   Bruxellis   Moderatori. 


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ML  Gevaert,  François  Auguste 

172  La  mélopée  antique  dans 

^■:/S  le  chant  de  l'église  latine