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Full text of "L'Année géographique"

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L'ANNÉE 


GÉOGRAPHIQUE 


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A  LA  1£1E  LIBRAIRIE 


L'ANNÉE  GÉOGRAPHIQUE 

REVUE  ANNUELLE 

MS  TOfACCS  BB  TDU  BT  M  IKl 

»cs  nnoBATioJs,  husioxs,  relatiobb  et  mucinoss  ntskes 
■EUinvES  An  soEXCEs  cÉoMAfaïQns  ET  EnsKEAramccs 

I8€S  1876 


M.  VIVIEN  DE  SAINT-MARTIN 

Picsideiit  hononiie  de  la  Société  de  géosnpIiM 

(14  AKKiES  El  13  TOLimS.  ^  LES  AHKEES  1870  ET  1871  EE  POEMBHT  QU'CR  TOLUHE) 

CUmtimm  v«l«aM  kraehé  ■•  yr^mà  ■ipwri— 1,  S  Cr.  S#  O. 

LA    DEUXIÈME   SÉBIE    DE    l'ANRÉE    GÉOGRAPHIQUE    EST    PUBUfE 
DEfOIS  1876  PAS  lllf.  MadNOIE  ET  DUTETRISa 


Typographie  Laliurc,  ruo  de  Fleuras,  9,  à  Paris 

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L'ANNÉE 

GÉOGRAPHIQUE 

REVUE  ANNUELLE 

DES  VOYAGES  DE  TERRE  ET  DE  MER 

DES  EXFLORATIOKS,  MISSIOKS,  RELATIONS  ET  FCBUCATIOKS  DIVERSES 

REUTIVE8  AUX  SCIENCES  GÉOGRAPHIQUES  ET  ETHNOGRAPHIQUES 

0easlèiiie  Série 


PAR 

C.  MAUNOIR  &  H.  DUYEYRIER 


Tome  I  de  la  2*  série 
(QUINZIÈME   ANNÉE,   1876) 


^  PARIS 

LIBRAIRIE  HACHETTE  ET  0« 

79|    BOULEVARD    SAINT-GERMAIN,    79 

4878 

'  3roiU  d«  propriété  «t  d«  traduction  réMTfia 


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Chargés  désormais  de  rédiger  TAnnée  géographique, 
nous  ne  saurions  commencer  mieux  ni.  autrement  qu'en 
remerciant  M.  Vivien  de  Saint-Martin  :  tous  ceux-là 
qu'intéresse  l'étude  du  Globe,  ont  une  dette  de  recon- 
naissance envers  l'homme  dont  le  savoir  a,  pendant 
quatorze  ans,  donné  à  V Année  géographique  une  valeur 
que  notre  ambition  sera  de  lui  conserver.  Si  les  lecteurs 
n'ont  pas  trop  à  se  plaindre  du  changement,  ils  le 
devront  encore  à  M.  Vivien  de  Saint-Martin  qui,  absorbé 
par  d'autres  travaux  d'une  considérable  importance 
géographique,  veut  bien  cependant  nous  accorder  les 
conseils  de  son  expérience  et  de  sa  profonde  érudition. 

Le  changement  dans  la  rédaction  a  été  la  cause  du 
relard  apporté  à  la  publication  du  présent  volume.  Le 
volume  de  1877  sera  publié  aux  environs  du  mois  de 
juin    prochain  et  les  volumes   suivants  paraîtront  au 

L'A!IV£e  6É0GR.  ZT.  A 


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commencement  de  chaque  année.  Nous  espérons  que 
M.  Ernest  Desjardins,  de  l'Institut,  voudra  bien  se 
charger  d'y  traiter  les  questions  relatives  à  la  géographie 
ancienne. 


Les  Rédacteurs  de  VANNÉE  GÉOGRAPHIQUE 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


AFRIQUE 

I.  Généralités.  —  Histoire  des  découvertes.  —  Bibliographie.       1 

'  Le  livre  de  If .'  lé  docteur  tl.  Hartmann ' sûr  les  races  arrjcaines.  3 

II.  Nord  de  l'Afrique.  La  Berbérie  tripolitaine,  Tunisie,  Algérie, 

Maroc 8 

Explorations  françaises  dans  le  Maroc.  Travaux  géographiques  de 
M.  Tibsot  et  de  M.  Beaumier.  i-  Découvertes  archéologiques 
importantes  dans  le  nord-ouest  du  Maroc«  —  Itinéraire  et  dé- 
couvertes  archéologiques  du  rabbin  Mardochée .        16 

La  géodésie  de  l'Algérie  et  rhydrogrâphiè  de  la  grande  Syrte  ; 
nouveaux  travaux  de  M.  le  chef  d*e5cadron  d'état-major  Perrier 
et  de  H.  le  capitaine  de  vaisseau  Mouchez •  •  .        34 

Les  monts  Aou'râs.  Exploration  historique,  archéologique,  ethno- 
graphique et  linguistique  de  M.  Emmanuel  Masqueray.  Étude 
sur  l'oasis  de  Negrin  et  les  ruines  romaines  de  Besseriftni,  par 
lé  capitaine  Baudot.  La  limite  sud  de  Toccupation  romaine 
dans  la  province  de  Constantine. 39 

Les  résultats  scientifiques  de  la  mission  des  Ch'ott  du  Sahara  de 
Constantine,  commandée  par  le  capitaine  Roudaire.  Sa  nouvelle 
mission  aux  Chott  du  Sahara  tunisien.  État  de  la  question  de 
l'ancienne  mer  intérieure.  « ...••'••       SO 

m.    Egypte  et  Nubie.  Désert  de  la  Thébaïde.  —  Bibliographie.  .      58 

La  phase  actuelle  des  conquêtes  de  l'Ésypte  du  côté  de  l'Ethiopie, 
dans  la  Kigritie  intérieure  et  dans  l'Afrique  équaloriale.  ...        59 

Les  fouilles  de  M.  Mariette-Bey,  à  Karnak.  Le  plan  de  l'ancienne 
ville  égyptienne.'  ..'••.••. 61 

Découvertes  dans  le  désert  de  la  Thébaïde,  par  MM.  le  docteur 
Schweiufurth  et  Gûfsfeldt 65 


IV.     Sahara  et  désert  liby que.  — Bibliographie 68 

a,  au  sud  de  l'Algérie, 
\  son  premier  voyage  à 

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Les  explorations  françaises  dans  le  Sahara,  au  sud  de  l'Algérie, 
contiuuées.  M.  Largeau,  les  résultats  de  son  premier  voyage  à 


,v  TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 

Ghudàmès.  Son  deuxième  voyage  nvec  M.  Louis  Sa  y.  Projet 
d'exploratioQ  du  Ahaggar,  par  H.  L.  Say.  Ses  itinéraires  tracés 
dans  le  pays  des  Cha'  ânba 71 

Le  Sahara  occ  dental  ;  le  projet  de  mer  intérieure  et  les  projets 
de  chemin  de  fer  et  de  ligne  télégraphique  à  travers  le  Sahara.        82 

Le  Sahara  oriental  ou  désert  lihy(|ue;  les  travaux  de  l'expédi- 
tion scientifique  de  MM.  G.  Rolilfs,  Jordan,  A&chersou  et  Zittel.       88 

Y.      Ethiopie,  côtes  des  Ad'Ali  et  des  Çomâll.  Mer  Rouge.  —  Bi- 
bliographie       00 

Les  plus  anciennes  données  sur  la  géographie  de  l'Ethiopie  et  des 
pays  des  Ad'Ali  et  des  Çomâli.  découvertes  par  H.  Narielte-Bey. 
Espérances  fondées  sur  le  déchiffrement  des  textes  géographi- 
ques en  hiéroglyphes 101 

Voyages  et  découvertes  de  BI.  de  lleuglin  au  pays  des  Benî*  Amer  et 
des  Habâb,  et  exploration  du  Khdr  Baraka,  par  le  docteur  Jun- 
ker 107 

Expédition  itilienne  du  marquis  Antinori  vers  l'Afrique  équato- 
rialc.  Ses  pénibles  débuts  à  Zeiia'.  Son  arrivée  au  Ghôwa.   .   .      114 

La  relation  du  voyage  de  M.  Haggenmacher  au  pays  des  Çomâli  en 
1874 120 

YI.    Afrique  équatoriale.  Bassin  du  Nil  en  amont  de  Khartoum. 

Zanzibar.  L'Ogowé. — Bibliographie 132 

L'exploration  des  deux  grands  réservoirs  du  Nil  complétée.  Achè- 
vement de  la  navigation  le  long  des  rivages  du  Niyanza,  par 
M.  Henri  Stanley  ;  son  voyage  au  Loûta-Nzidjè 141 

Première  reconnaissance  d'une  grande  partie  du  LoAta  Nzidjé  par 

"    M.  RomoloGessi. 174 

Ernest  Linant  de  Bellefonds  et  le  colonel  Ghaillc  Long  Bey  sur  le 
haut  Nil  Blanc.  Les  missions  chrétiennes  dans  l'Afrique  équato- 
riale.       179 

Les  expéditions  dans  l'Afrique  équatoriale  parle  cours  de  l'Ogôwé. 
Expédition  française  de  MM.  Savorgnan  de  Brazza,  Marche  et  le 
docteur  Ballay.  Expédition  allemande  du  docteur  Lenz.   .  .   .      187 

Voyage  du  docteur  Lenz  sur  l'Ogôwé  et  ses  affluents  ;  il  revient 
en  Europe  .'.••.'•« 193 

Vil.   Sénégambie.  Côte  de  Guinée.  Bassin  du  Kwara  ou  Dhioli-Ba. 

—  Bibliographie 198 

Études  de  H.  le  général  Faidherbe  sur  la  langue  poul 201 

Proposition  d'échange  des  possessions  de  la  Gambie<'et  de  la  côle 
de  Guinée  entre  l'Angleterre  et  la  France.  •  .   .  '• 205 

Les  voyages  de  M.  Bonnat  chez  les  Achanti.  Sa  découverte  du 
cours  supérieur  du  fleuve  Volta.  Le  marché  de  Salaga  visité 
pour  la  première  fois  ;  son  avenir 20.H 

' Lès  Anglais  sur  l'a  tôle  dé  Gufnée  et' sûr  le  Kwâra 220 

YIII.  États  musulmans*  de  la  Nigritie  intérieure.  —  Bibliographie.    222 

Travaux  deTétat-major  égyptien  dans  le  Kordofàn.  Reconnaissance 
du  colonel  Golslon,  de  Dabbé  àEl-Obeïd.  Reconnaissance  du  com- 
mandant Prout  dans  la  partie  est  du  Kordoffln  ;  nouvelle  carte  de 
cette  province  par  le  lieutenant  Uâhir 225 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES.  ▼ 

Le  Ouadaï  et  le  Fdr,  etc.,  d*après  le  docteur  Nachligal 254 

La  conquête  du  fàt  par  l'Egypte;  données  pi*écieuse8  pour  la  gco- 

■  g:i'aphie.  ..-.•.•.■.'. 247 


IX.    Afrique  australe*  —  Bibliographie 251 

Suite  et  fin  du  voyage  du  lieutenant  Cameron.  Nouveaux  lacs  du 

bassin  du  Zaïre.  Premiers  affluents  du  haut  Zambézi 257 

Lac  Kyab&a  connu  .touL  entier.  Ses  limites  au  nord  par  M.  Youiig. 

.  La  mis&ion  protestante  de  Livingstunia 277 

L'aridité  de  l'Afrique  australe  étudiée  par  M.  Brown 283 

Le  livre  posthume  de  G.  Andersson  sur  le  pays  des  Uéréro  et  le 

.  fleuve  Cunéné 285 

M.  Merensky  au  Tran»vaal.  Le  docteur  £.  Uolub  au  sud  du  Zam- 

,  bé*i 287 

EvçnemenU  politiques  au  Transvaal.  —  Projet  d'éublissement 
.  d'up  télégraphe  dans  toute  la  longueur  de  l'Afrique 294 

X.      Madagascar.  Iles  d'Afrique.  L'Atlantide.  —  Bibliographie.   .    298 

Commencement  de  la  publication  des  travaux  de  M.  A.  Grandidier 

sur  Madagascar. 301 

La  catastrophe  de  rUe  de  la  Réunion 306 

L'Atlantide 3U8 

X|.     I^  [Gôntérence  géographique  de  Bruxelles,  les  explorations  à 
•       venir.  ^  Bibliographie 311 


ASIE 

I.      Le  chemin  de  fer  transasiatique 521 

H.     Asie  Mineure.  —  Bibliographie^ <  .   .  .  .  327 

m.    Palestine.  Syrie.  Liban.  Sinaï.  —  Bibliographie*  .....  328 

Pescription  de  Ja  Palestine  par  M.  V.  Guérin 333 

Travaux  du  Palestine  Exploration  Fund 337 

Le  Liban. 339 

La  péninsule  sinaïtique.  ,  '.   ', :   .   .  340 

Montagnes  des  Édomites 342 

IV.     Cauéase.  Arménie.  —  Bibliographie.   .-•• 543 

Y.      Mésopotamie. KoOrdistân. -^Bibliographie 348 

Le  voyage  de  M.  Cernik  en  Mésopotamie 349 

VI.    Arabie.  —  Bibliographie.  ..'....... 356 

Yll.   Perse.  Afghanistan.  —  Bibliographie 357 

Géographie  physique  de  la  Perse 561 

Eut  des  connaissances  géographiques  sur  l'Afghanistan  ....  363 

VIII.  Inde.  —  Bibliographie 370 

L'Ile  de  Ceylan 379 


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VI  TABLE  ANALYTIQUE  DES  HATlËhES. 

IX.  Tibet.  —  Bibliographie 384 

Anciens  voyageurs  au  Tibet. 586 

Récentes  découvertes  du  pandit  Na'ïn-Singb,  au  Tibet 392 

X.  Asie  centrale.  Kasgliarie.  Khokand.  Boukharie.  KhiTa.  Ré- 

gion aralo-caspienne.  —  Bibliographie 597 

Les  voyages  dans  l'Asie  centrale 405 

L'ambassade  britannique    à  Khasgar 409 

Le  rapport  de  sir  D.  Forsyth  sur  sa  mission  à  Kashgar 415 

La  nouvelle  province  russe  de  Ferghanah 419 

Historique  des  voyages  dans  la  région  aralo-caspienne 426 

Lesc  hangements  de  niveau  de  la  mer  d'Aral  et  de  la  mer  Caspienne.  431 

Liaison  de  la  merd'Azof  à  la  mer  Caspienne 435 

La  steppe  et  les  Turcomans ••••  434 

.  L'Ousboî,  ancien  cours  de  l'Amour-Daria •  .  437 

L'expédition  militaire  des  Russes  sur  le  Pamir 440 

XI.  Mongolie.  Mandchourie.  —Bibliographie 442 

Voyage  projeté  de  M.  Potanine  en  Mongolie.  •  • •  •  444 

Cartes  chinoises  et  mongoles  de  la  Mongolie 446 

L'expédition  du  capitaine  Sosnovski-à  travers  la  Chine  et  la  Mon- 

«  golie •  "118 

Voyage  du  colonel  Prjevalski  au  Kou-kou-nor.  ••••••••  452 

XII.  Sibérie.  Région  de  l'Amour.  Sakhalin.  —  Bibliographie.  .  457 

Voyage  de  M.  Czekanowski  sur  la  Lena  et  l'Olenek 46i 

M.  Nordenskjôld  aux  embouchures  de  l'Yenisséi 465 

Expédition  scientiûque  allemande  à  la  presqu'île  desSamoyèdes.  467 

XIII.  Chine.— Bibliographie 469 

L'émigration  chinoise 474 

Les  inondations  du  Fleuve  Bleu 484 

XIV.  Japon.  Corée.  —  Bibliographie.  . 487 

Ambassade  coréenne  au  Japon  ••;..•• 492 

XV.  Presqu'île  indo-chinoise,  Birmanie.  Cochinchine.  —  Biblio- 

graphie   • *  •  494 

Voyage  du  docteur  Harmand *  498 

XVI.  Archipel  malais.  —  Bibliographie 501 

Périple  de  l'île  de  Bornéo. î>07 


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Table  analytique  des  matières.  tu 

OCÉANIE 

I.  Australie.  —  Bibliographie 511 

II.  NouYelle-Guinée.  —  Bibliographie 517 

Les  explorations  en  Nouvelle  Gainée 520 

III.  Iles  du  Pacifique.  Iles  australes:  —  Bibliographie 525 

AMÉRIQUE 

I.  Histoire  des  découvertes.  —  Bibliographie 52d 

II.  Amérique  anglaise.   Canada.  —  Bibliographie 530 

ni.    États-Unis.  —  Bibliographie 552 

lY.     Mexique.  —  Bibliographie 534 

Y.      Amérique  centrale.  —  Bibliographie 535 

YI.    Antilles.   —  Bibliographie 535 

Al).  Cuî.Yenezuela.  Colombie.  Equateur.  —  Bibliographie.    536 
TIII.  Pérou.  Bolivie.  —  Bibliographie 53  9 

IX.  Chili.  Patagonie.  Confédération  Argentine. —Bibliographie.     540 

X.  Brésil.   —  Bibliographie 543 

Les  opérations  géodésiques  au  Brésil ••.••      546 

Les  communications  fluviales  du  Brésil.  •  •  • 547 

RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES 

Bibliographie 551 

Expédition  polaire  anglaise.  ••,•••••• 555 

NÉCROLOGIE 

Arconati-Yiscônti,  Baer,  p.  571.  —  Barth  Harmating,  Beaumier,  p.  573. 
Bêcher,  Bollaert,  p.  575.  —  Buchholtz,  Buschen,  p.  576.  —  Cabal- 
lero,  Cornelissen,  Czekanowski,  p.  577.  —  Dalrymple,  p.  578.  —  Be 


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III  TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 

voulx,  Ehrenberg,  p.  579.  —  Fênyes,  p.  580.  —  Forbes,  Fôtterle, 
Fournel,  p.  581.  —  Fromentin,  p.  582.  —  Ghillany,  Gunglaugsson, 
Haggenmacher,  p.  584.  —  Harcus,  de  Heuglin,  p.  585.  — James, 
Jellinek,  Keil,  King,  p.  587.  —  Lane,  Linant  de  Bellefonds,  p.  588.  — 
Lucas,  p.  589.  —  Meinicke,  Mohr,  p.  590.  —  Morlang,  Munthe,  Ne- 
welski.  Perron,  p.  591.  —  Petermann,  p.  592.  —  Pfund,  Primau- 
daie,  Prokesch  von  Osten,  p.  593.  —  Rebmann,  594.  —  Sa  da  Ban- 
deirà,  p.  595.  —  Sainte-Glaire  Deville,  Sartorius  de  Waltershausen, 
Poutett  Scrope,  p.  500.  —  Smith,  Strange,  p.  597.  —  Ule,  White, 
>Vuttke,  p.  598.  —  Zichy,  Baines,  Dal  Yerroe,  p.  599. 


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L'ANNÉE 

GÉOGRAPHIQUE 


1876 


AFRIQUE 


I 

GÉNÉRALITÉS.  HISTOIRE  DES  DÉCOUVERTES.  BIBLIOGRAPHIE 

1.  Géographie  générale.  Description  physique,  politique,  adminis- 
trative, géographie  historique,  topographie  des  lieux  célèbres, 
histoire  naturelle,  caractères  physiques  des  peuples,  mœiu*s, 
coutumes,  reUgions.  il/W^tie, 2  vol.  in-8.  Bar-le-Duc^iSl^. 

2.  Derrotero  de  las  costas  occidentales  de  Africa,  redactado  en  la  Direc- 
tion de  Hidrogratia  con  presenciade  las  puhlicaciones  mas  recientes  ; 
comprende  desde  Gabo  Espartal  hasta  Sierra  Leona.  1  vol.  in-4, 
avec  12  pi.  Madrid,  Fortanet,  1875. 

3.  GoDiifE  (J.).  Découverte  de  la  côte  d'Afrique,  dspuis  le  cap  Sainte- 
Catherine  jusqu'à  la  rivière  Great  Fish  (Rio  infante),  et  padrons 
plantés  sur  cette  côte  par  les  Portugais  pendant  les  années  1484- 
1488.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Paris,  janvier, 
février  et  mars  1876,  réuni  en  brochure  in-8,  Paris^  Maininet, 
1876. 

4.  Hercier  (E.).  Histoire  de  l'établissement  des  Arabes  dans  l'Afrique 
septentrionale,  selon  les  documents  fournis  par  les  auteurs  arabes, 
et  notamment  par  Thisloire  des  Berbères  d'Ibn  Khaldoûn.  1  vol. 
in-8,  atecdeux  cartes.  Constantine  et  il/^er  (Juillet  Saint-La ger], 
1875.     • 

L'AKHÉI   OÉOUR.    XV.  Digitized  by  aOCglc 


2  AFRIQUE.  N"  1-15 

5 .  GHAVAimB  (le docteur  Joseph) .  Gentral-Âfrika nachdem  gegenwSrtigen 
Stande  der  geographischen  Kenntnisse.  Mittheilungen  der  k.  k, 
geographnchen  Geselhchaft  in  Wieriy  grand  in-S,  7t  p.  Vienne^ 
1876.      ^ 

6.  Durand  (Fabbé).  Les  explorateurs  du  centre  de  rÂfdque,  brochure 
in-8.  Paris,  1876. 

7.  ScHWEiiïFDRTH  (lo  doctcur  G.].  L'explorazlone  dell*  Âfrica  setten- 
trionale.  Cosmoè  di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  p.  278. 

8.  BoHLFs  (G.).  BeitrâgezurEntdeckungundErforschungAfrika's.Be- 
richteausdenJabren,  1870-1875. 1  vol.  in-8.  Leipzig,  Dûrr,  1875. 

Le  docteuc  Gérard  Bohlfs  a  réuni  dans  ce  Tolnme  un  choix  d'articles 
consacrés  à  des  épisodes  de  ses  longs  et  hardis  voyages  dans  divurses 
parties  de  l'Afrique,  et  à  des  études  sur  certains  pays  ou  groupes  de  popu- 
lation. Nous  signaloD«  comme  les  plus  intéressants  les  chapitres  suivants  : 
Les  constructions  de  l'Afrique,  chapitre  ii;  Lagos,  chapitre  n);  Les  monts 
Gora  (situés  entre  le  Tsâd  et  le  Bénoué),  chapitre  iv;  Les  relations  sociales 
chez  les  Marocains,  chapitre  t;  Les  mœurs  des  Berbères  du  Maroc,  cha- 
pitre Yi;  Esquisse  ethnographique  des  nomades  du  Maroc,  chapitre  xii. 

0.  E.  MoHR,  D'  Lenz,  D'  Pogge  und  D^  von  Bary.  Expeditionen  sur 
Ërforschung  Afrika's.  Mittheilungen  der  geographischen  Gesell^ 
schaft  in  Wien,  t.  XIX,  1876,  p.  532  à  533. 

10.  Gat  (Jean).  Bibliographie  des  ouvrages  relatifs  à  l'Afrique  et  à 
l'Arabie,  catalogue  méthodique  de  tous  les  ouvrages  fran^is  et 
des  principales  langues  étrangères  traitant  de  la  géographie,  de 
l'histoire,  du  commerce,  des  lettres  et  des  arts  de  l'Afrique  et  de 
l'Arabie.  San  Remo  (Italie).  J.  Gay  et  fils,  1875.  1  vol.  in-8  de 
312  pages. 

Ouvrage  des  plus  précieux  pour  tous  ceux  qui  veulent  étudier  une  partie 
de  l'Afrique. 

11.  Yeth  (P.-J.)  et  Kan  (G.-M.).  Bibliografîe  van  nederlandsche  boe- 
ken,  brochures,  kaarten  enz.  over  Afrika.  Aadrijkskundig  Genoot- 
schâp  gevestigt  te.  Amsterdam,  1875,  n"  7,  p.  300-311. 

12.  Catalogue  de  la  bibliothèque  de  feu  M.  Henri  Fournel.  1  vol.  in-8. 
Paris,  ChQssonery,  1876. 

La  biUiothèque  de  M.  Fournel  ne  contenait  pas  moins  de  mille  vingU 
huit  ouvrages,  parmi  lesquels  figurait  une  précieuse  collection  de  livres  et 
de  brochures  anciens  et  modernes,  relatifs  à  l'Afrique ,  choisis  par  ce 
connaisseur  érudit.  Cette  collection  unique  vient  d'être  dispersée  par  les 
enchères,  mais  son  catalogue  rendra  encore  service  &  beaucoup  de  tra- 
vailleurs. 

13.  Ddff  Gordok  (Lady).  Last  letters  from  Egypt  ;  to  which  are  added 
letters  from  the  Cape.  With  a  memoir  by  her  daugther  Mrs.  Boss. 
2«  édition.  1  vol.  petit  in-8.  Londres,  Macmillan  et  C'%  1870. 


yGoogk 


ETHNOORÂPHIE.  3 

14.  HARnrAnN  (docteur  Robert).  Die  Nigtitier,  eine  anthropologisch- 
ethnographische  Monographie.  Tome  I*%  1  vol.  grand  in-8  ayec 
52  pi.  lithographiées  et  3  ^av.  sur  bois.  Berlin,  Wiegand,  Hem- 
pel  et  Parey,  1876. 

15.  KiEPERT  (H.).  Physikalisthe  Wandkarte  von  ifrika.  Berlin,  Rei- 
mer,  1875. 


Le  livre  de  H.  le  docteur  Robert  Hartmann  sur  les  races  africaines. 

On  voit  rarement  les  hommes  qu'a  entraînes  la  passion  des 
lointains  voyages  de  découverte,  arriver  ensuite  à  ce  calme 
indispensable  pour  synthétiser  les  résultats  de  leurs  observa- 
tions, en  les  rapprochant  des  résultats  acquis  par  leurs  pré- 
décesseurs sur  le  même  terrain.  Le  docteur  Robert  Hartmann, 
qui  fut  en  1860  le  compagnon  de  voyage  du  baron  Adalbert 
von  Barnim  sur  la  rivière  Abbay  et  chez  les  nègres  Bertât,  est 
une  de  ces  exceptions.  Il  a  publié  cette  année,  sous  le  titre  de  : 
Die  I^igritier  {n?  14),  une  monographie  anthropologique  et 
ethnologique  des  races  africaines  à  la  peau  de  couleur  foncée  ; 
et  s'il  a  choisi  ce  titre  :  Les  habitants  de  la  Nigritie,  c'est  pour 
éviter  d'employer  le^  mot  de  nègres^  dont  on  a  abusé  selon  lui^ 
Il  est  certain  que  beaucoup  de  voyageurs,  de  missionnaires  et 
d'écrivains,  ont  confondu,  sous  le  nom  de  nègres,  des  races  qui 
n'ont  aucune  parenté  entre  elles.  Nous  citerons  ici  les  Koï- 
koïn  ou  Hottentots,  les  Foûlbé,  les  Haousa,  les  Bantou  et  les 
Mâba  comme  exemples  d'autant  de  peuples,  ou  de  grandes 
familles  des  habitants  de  la  Nigritie,  entre  lesquelles  on  cher- 
cherait vainement  de  ces  caractères  communs,  physiques,  in- 
tellectuels et  linguistiques,  qui  ont  permis,  ailleurs,  de  faire 
rentrer  dans  un  même  groupe,  soit  les  peuples  indo-européens, 
soit  les  peuples  sémitiques,  soit  les  peuples  tatars,  etc.... 

Bien  que  le  docteur  Hartmann  s'attache  plus  particulière- 
ment aux  habitants  de  l'Afrique  dont  le  pigment  colore  la 
peau  d'une  nuance  plus  ou  moins  foncée,  il  ne  laissera  pas  do 
côté  les  peuples  blancs.  L'ouvrage  aura  deux  volumes,  dont  le 


4  AFRIQUE.  N-  1-15 

premier  traite  de  ce  que  l*auteur  appelle  les  préliminaires  du 
suj^t,  et  dont  le  second  contiendra  un  tableau  physique,  an- 
thropologique et  ethnologique,  en  un  mot,  l'histoire  naturelle 
des  races  africaines.  Un  tel  sujet  est  des  plus  vastes  et  suffirait 
à  occuper  toute  la  vie  d'un  homme,  en  supposant,  surtout,  que 
les  voyages  se  succéderaient  assez  rapidement  pour  apporter 
les  documents  qui  manquent  encore  sûr  beaucoup  de  popula- 
tions de  l'Afrique.  Aussi  le  docteur  Hartmann  prévient-il  que 
tout' en  embrassant  dans   son  ouvrage  toutes  les  races  afri- 
caines, il  étudie  principalement  les  races  du  nord-est  du  conti- 
nent, celles  sur  lesquelles  il  a  fait  lui-même  des  observations. 
Le  docteur  Hartmann  a  accimoiulé  dans  son  premier  volume 
une  masse  énorme  de  faits,   qui  témoignent  d'un  très-grand 
labeur,  et  qui  épuisent  pour  ainsi  dire  la  littérature  relative 
à  l'Afrique  ;  ce  livre  restera  comme  celui  du  docteur  Fritsch  : 
Die  Eingeborenen  Sûd-Afrika*s,  une  des  sources  auxquelles 
devront  recourir  les  hommes  qui  se  préoccupent  de  l'ethnogra- 
phie^ africaine.  Mais  il  semble  que  la  prudence  commande  de 
faire  un  choix  dans  ce  livre,  et  tout  en  en  acceptant,  comme 
parfaitement  exacte,  la  partie  relative  aux  peuples  du  nord-est 
étudiés  par  le  docteur  Hartm^aun,  d'aborder  avec  plus  de  réserve 
celle  où  les  observations  d'autres  voyageurs  ou  d'autres  savants 
sont  mises  à  contribution  :  peut-être  ont-elles  été  un  peu  trop 
détournées  de  leur  portée  véritable,  dans  l'intérêt  des  vues 
générales  de  l'auteur. 

On  en  voit  un  exemple  dans  la  division  que  M.  Hartmann 
esquisse  des  peuples  de  Test  et  du  centre  de  l'Afrique  au  nord 
de  réquateur.  l\  les  divise  en  trois  races  seulement  :  La  pre- 
mière est  de  couleur  claire  légèrement  brune,  et  elle  a  les  che- 
veux lisses  ;  elle  comprend  les  Berbères  des  États  riverains  de 
la  Méditerranée,  les  Barâbra  de  la  Nubie  et  les  Rétou  ou  an- 
ciens Égyptiens  ainsi  que  leurs  descendants,  les  Coptes.  La 
deuxième  race  renferme  les  peuples  dont  la  peau  est  colorée  en 
brun,  variant  du  noir  au  jaune  ou  au  rouge,  et  dont  les  cheveux 
sont  le  plus  souvent  lisses,  rarement  crépus.  Le  docteur  Hart- 


ETimOGRAPHIE.  5 

mann  y  range  tous  les  rameaux  de  la  famille  Bedja  :  les  Éthio- 
piens, les  Chobo,  les  'Âfar  ou  Danâqil,lesÂbabdé(ou  Bëdja  pro- 
prement dits),  les  Bicharin,  et  les  tribus  des  Baggâra,  desHonir 
et  des  Ghouâ,  qui  élèvent  la  prélentîonà  uae  généalogie  arabe,  et 
qui  seraient  bien  réellement  des  descendants  de  Qahtân.  La  troi- 
sième race,  enfin,  comprend  les  véritables  Nègres,  à  cheveux 
laineux,  à  pigment  très-foncé  et  à  figure  plate.  Toujours  d'après 
notre  auteur,  les  Tédâ  du  Sahara  et  lesNoCiba  deKordofân,  les 
Monboutlou,  les  Fân,  les  Foûlbé  et  les  Çômâli  occuperaient 
des  places  intermédiaires  entre  la  première  et  la  deuxième,  et 
la  deuxième  et  la  troisième  race. 

Nous  sommes  heureux  de  voir  affirmer  cette  parenté  des 
Berbères  avec  les  Rétou  qui  habitaient  anciennement  TÉgypte  ; 
nous  l'avions  signalée  dès  1861,  dans  un  travail  inséré  depuis 
au  Bulletin  de  la  Société  khédiviale  de  Géographie  (deuxième 
numéro)  et  dont  M.  Hartmann  ne  pouvait  avoir  eu  connais- 
sance. Hais  convient-il  de  faire  des  Barâbra  des  parents  des 
Berbères  blancs?  La  similitude  des  noms  de  ces  peuples  a 
exercé  une  influence  fâcheuse  sur  l'esprit  de  beaucoup  d'au- 
teurs. Les  Barâbra,  d'après  la  description  qu'en  a  donnée  ailleur 
le  docteur  Hartmann  lui-même  *,  sont  d'un  brun  bronzé,  qui 
passe  tantôt  au  brun-chocolat,  tantôt  au  brun-cannelle  et  même 
au  brun  noirâtre  ;  le  plat  de  la  main  et  la  plante  des  pieds 
sont  plus  clairs  ;  les  ongles,  au  contraire,  sont  d'un  brun  d'agate. 
Leur  transpiration  exhale  une  odeur  forte,  et  leur  développe- 
ment complet  n'est  pas  aussi  précoce  que  celui  des  paysans 
égyptiens.  Parmi  ces  caractères,  il  en  est  deux,  celui  de  la 
couleur  de  la  peau  et  celui  de  la  transpiration,  qui,  séparant 
nettement  les  Barâbra  de  la  Nubie  des  Berbères  de  l'Algérie, 
du  Maroc  et  du  Sahara,  placent  les  premiers  danè  les  races 
nègres.  Un  autre  fait  d'une  importance  considérable,  la  diffé- 
rence complète  des  deux  idiomes,  s'ajoute  au  précédent  pour 
exclure  toute  idée  de  parenté  entre  les  Barâbra  et  les  Berbères 

1.  Naiurhiatorisch-medizinische  Skixze  der  Nillânder.  Leipzig,  1865,  p.  258. 

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a  AFRIQUE.  N-1-15 

de  Fouest  :  Imôhagh,  Imazighen,  Mâzerh,  etc.  Ces  derniers  ont 
la  peau  blanche,  les  ongles  blancs  et  une  transpiration  de  race 
blanche,  sauf  dans  les  cas  où  il  y  a  eu  mélange  de  sang  nègre. 

La  classification  de  tojiles  les  races  nègres  proprement  dites 
en  un  seul  groupe  est  également  attaquable.  Pour  ne  citer 
ici  que  quelques  exemples  pris  dans  les  habitants  du  bassin  du 
Dhiôli-Ba  et  du  Tsâd,  c'est*-à-dire  sur  une  partie  très-circon- 
scrite  de  la  Nigritie,  comment  faire  entrer  dans  un  même 
groupe  le  Haousa  de  Katsena  ou  de  Kanô  et  le  Sonrhay  de  Gôgô, 
le  Wakorê  et  le  Kanoûri,  le  Mâba  et  le  Mousgou,  etc.,  etc.? 
Voilà  six  peuples  qui,  pour  nous,  appartiennent  à  six  races 
distindtes,  dont  chacune  a  son  type  de  visage,  ses  aptitudes, 
presque  toujours  aussi  sa  nuance  de  couleur  ;  chacune  d'elles 
parle  une  langue  aussi  différente  de  celle  des  autres,  comme 
vocabulaire  et  comme  grammaire,  que  le  français  diffère  du 
tibétain,  le  basque  de  Tarabe,  ou  Tesquimau  du  tchéroki. 
Quant  aux  Çômâli,  aux  Foûlbé,  aux  Fân  et  aux  parents  de  ces 
derniers,  lés  Monbouttou,  dont  l'auteur  veut  faire  des  groupes 
de  transition  entre  ces  trois  grandes  races,  ces  peuples,  comme 
tant  de  subdivisions  du  deuxième  groupe,  représentent  trois 
races,  sans  lions  entre  elles,  comme  sans  parenté  avec  les 
nègres  du  bassin  du  Nil  ou  avec  les  autres  groupes  que  nous 
avons  nommés.  ' 

L'un  des  plus  curieux  chapitres  de  ce  savant  ouvragç  est 
consacré  aux  monuments,  témoins  du  passé  et  reliques  d'an- 
ciennes civilisations,  autres  que  la  civilisation  égyptienne.  Le 
docteurHartmann  considère  commetelles  les  ruines  de  Kermân, 
dans  le  pays  de  Dongola,  la  nécropole  composée  de  tumulus  sur 
le'  Djebel  Maman,  entrç  Sawâkin  et  Kassala,  les  cuvettes 
taillées  dans  le  roc  pour  piler  le  grain,  au  Djebel  Mandera,  au 
Djebel'  Sagâdi  et  à  Doull  Werkât,  les  grottes  taillées  de  Qol- 
dadji,  enfin  les  sculptures  du  Djebel  Harâza.  Bien  loin  de  la 
Nubie,  du  Senâr  et  du  Kordofân  où^e  trouvent  ces  monuments, 
on  en  a  découvert  d'autres  dont  la  présence  est  beaucoup  plus 
difficile  à  expliquer.  Ce  sont  ces  zimbaoéou.  zimbabye  (c'est-à- 

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ETHNOGRAPHIE.  7 

dire  :  résidences  roples)  que  nous  connaissons  mieux  mainte* 
nant,  par  \e  Toyageur  Charles  Hauch,  et  que  les  anciens 
historiens  portugais,  De  Barros  notamment,  avaient  men- 
tionnées il  y  a  plus  de  trois  cents  ans,  dans  les  pays  de  Bou- 
toua  et  de  M|ina-Mtâpa  (Monomotapa)  ;  ce  sont  encore  les  an- 
ciens tombeaux  et  les  installations  pour  exploiter  le  mi[ierai 
d'or  dans  le  quartz  du  canton  de  Tati  ;  les  ruines  splendides, 
près  des  collines  de  Malopopo  dans  le  pays  des  Malabélé,  dé> 
couvertes  par  le  capitaine  Walmsley;  les  sculptures  du  Taddi 
d'dja  MVangou  sur  le  fleuve  Zaïre.  Tous  ces  derniers  monu- 
ments ne  sont  pas  encore  bien  connus,  mais  il  est- remar- 
quable qu'on  les  trouve  presque  tous  dans  des  pays  dont  leç 
habitants  actuels  ne  s'appliquent  ni  à  l'architecture  ni  à  la 
sculpture,  tandis  que  quelques  autres  tribus  de  l'Afrique  :  les 
Soaqwa,  les  Koï-koïn,  les  Héréro,  les  Betchouâna,  les  Sandê, 
les  Djoûr,  les  Dôr,  les  Achanti  et  les  gens  du  Dahômé,  se  distin- 
guent, au  milieu  de  la  nullité  artistique  commune  à  tous  leurs 
voisins,  par  les  peintures  ou  les  dessins  gravés  dont  ils  ornent 
les  rochers  et  les  grottes  de  leurs  pays,  leurs  demeures  et  leurs 
ustensiles  de  ménage. 

Ici  se  pose  une  question  :  ceux  de  ces  monuments  qu'on  a 
trouvés  au  sud  de  l'équateur,  chez  les  Soaqwa,  les  Koï-koïn, 
les  Héréro  et  les  Betchouâna,  sont-ils  les  œuvres  de  ces  peuples, 
aujourd'hui  pour  la  plupart  très-dégradés  ?  sont-ils  plutôt  les 
œuvres  de  races  qui  auraient  disparu  du  sud  de  l'Afrique?  Le 
docteur  Hartmann  n'y  donne  pas  dé  réponse,  et  il  est  vraisem- 
blable que  la  question  comporte  une  solution  complexe.  Certains 
monuments  sont  dus  à  une  immigration  étrangère,  aujourd'hui 
disparue;  d'autres,  au  contraire,  attestent  une  période  de 
civilisation  chez  quelques  races  africaines,  retombées  ensuite 
dans  la  barbarie. 

Le  premier  volume  des  Nigritier  du  docteur  Hartmann 
suit  les  phases  de  l'industrie  et  du  commerce  des  peu- 
ples de  l'Afrique,  depuis  l'âge  des  instruments  en  pierre, 
et  depuis  les  premières  tentatives  de  commerce  au  long  cours 

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8  AFRIQUE.  N- 16-91 

révélées  par  l'histoire  ou  par  des  preuves  matérielles.  Les 
migrations  des  peuples  sont  l'objet  d'une  étude  intéressante 
où  apparaît  l'influence  des  grandes  invasions  militaires,  aussi 
bien  que  celle  des  conditions  naturelles  qui  forcent  maintenant 
encore  une  partie  des  habitants  du  continent  africain  à  rester 
nomades.  L'auteur  passe  enfin  en  revue  toutes  les  races  connues 
de  TAfrique,  résumant  pour  chacune  ses  traits  caractéristiques 
d'après  les  éléments  réunis  par  les  voyageurs,  les  peintres  et 
les  historiens. 

Ces  chapitres  de  préliminaires  sont  un  volumineux  répertoire 
des  faits  et  de^  rapprochements  de  détail,  indispensables  pour 
dominer  un  sujet  ardu  et  complexe  s'il  en  fut.  Nous  espérons, 
pour  les  progrès  de  l'ethnographie  africaine,  que  le  savant  doc- 
teur achèvera  son  travail,  et  nous  attendons  avec  intérêt  le 
second  volume  où  doivent  être  synthétisés  les  faits  étudiés 
dans  la  première  partie  de  l'œuvre.  Nous  ne  doutons  pas  que, 
par  la  suite,  M.  Hartmann  ne  .modifie  quelques-unes  des 
appréciations  enregistrées^  dans  le  premier  volume,  et  qui 
pourraient  nuire  aux  conclusions  générales  de  l'œuvre. 


II 

NORD    DE    L'AFRIQUE.  LA    BERBÉRIE 

TRIPOLITADCB,  TUNISIE,   ALGÉRIE,   MAROC 

16.  FoDRNEL  (Henri).  LesBerbers.  Éhides  sur  la  conquête  deTAlgérie 
par  les  Arabes,  4'après  les  textes  arabes  imprimés.  Tome  i«',  gr. 
in-4,  XX  et  609  p.  Paris,  Leroux,  1875. 

Cet  ouvrage,  qui  contient  le  résultat  de  longues  et  patientes  rechercbes, 
est  le  premier  essai  d'un  groupement  raisonné  des  faits  de  l'histoire  des 
Berbères,  h  partir  du  moment  où  commença  en  Afrique  la  domination 
cartha^rinoiife  (818  avant  notre  ère).  M.  Fouruel  n'hésite  pas  h  admettre 
que  les  Berbères  sont  une  race  aulochlhone.  11  exitmine  le  rôle  qu'ils  ont 
joué  aux  points  de  vue  politique  et  religieux.  Le  premier  volume,  qui 
conduit  le  lecteur  jusqu'au  dixième  siècle  de  notre  ère ,  est  important 
surtout  par  les  résultats  de  l'étude  approfondie  d'une  des  phases  les  plus 
obscures  jusqu'ici  de  l'histoire  des  Berbères,  celle  qui  correspond  à  la  fin 


yGoogk 


U  BBRBÉRIE.  9 

de  la  domination  romaine  dans  le  nord  de  l'Afriqne,  aiusi  qu'aux  périodes 
▼andalè  et  byiantine. 

Noos  signalons  ici  un  côté  très-intéressant  de  la  Tic  nationale  des  Ber- 
bères, que  le  livre  de  M.  Pournel  met  en  lumière,  qni  ressort  d'ailleurs  de 
(oate  leur  histoire ,  et  dont  il  sera  bon  de  tenir  compte  dans  l'avenir. 
Essentiellement  attachés  à  leurs  vieilles  coutumes,  amis  de  leur  liberté  et, 
en  particulier,  de  la  liberté  de  penser,  les  groupes  de  la  race  berbère 
,  *  ont  une  histoire  religieuse  qui  reflète  sans  cesse  la  tendance  au  libre 
arbitre,  à  la  discussion  des  principes  et  à  la  recherche  de  la  vérité.  Les 
inscriptions  latines  de  l'Algérie  nous  donnent  la  preuve  que,  dans  cette 
contrée,  les  Romains  adoptèrent  certains  points  du  culte  de  la  population 
berbère,  tandis  que  nous  ne  connaissons  pas  d'exemples  du  fait  contraire. 
Dans  le  deuxième  siècle  de  notre  ère,  le  christianisme  commença  à  so 
répandre  au  milieu  des  Berbères,  et,  dès  le  commencement  du  qua- 
trième siècle,  on  assiste  à  la  naissance  de  scbism'es  dans  les  églises  chré- 
tienne^ de  la  Berbérie.  L'indignité  des  membres  du  haut  clergé  chrétien 
favorisa  alors,  en  Numidie,  l'éclosion  du  schisme  des  Donalistes,  puis  le 
succès  des  Circoncellions,  comme  aussi  un  retour  partiel  au  paganisme. 
Bientôt  l'invasion  des  Vandales  apporta,  avec  l'arianisme,  un  nouvel  élé- 
ment de  trouble  dans  les  consciences  hésitantes  des  Berbères.  En  648  ou 
649,  'Abd  Allah  Ibn  Sa'ad,  devenu  maître  d'Alexandrie,  décide  le  khalife 
'Othmàn  I  entreprendre  la  conquête  delà  Berbérie,  conquête  qui  est  com- 
mencée dans  les  années  suivantes,  et  dans  laquelle  les  généraux  arabes 
mènent  de  front  la  conversion  des  habitants  avec  la  lutte  sur  le  terrain 
militaire,  de  sorte  qu'en  675,  lorsque  Stdi  'Oq))a  Ibn  Nâfe'  construit  la 
célèbre  mosquée  de  Qaîrouân,  c'est  déjà  en  vue  de  maintenir  dans  la  nou- 
velle foi  officielle  les  Berbères  de  la  Tunisie.  A  la  même  époque,  Qoçella. 
'  chef  des  Berbères  de  l'Aouràs,  qui  professaient  le  judaïsme,  est  forcé 
d*embra^er  l'islam  pour  éviter  la  mort.  Hais  on  voit  combien  peu  solides 
furent  ces  premières  conversions,  par  un  événement  qui  se  produit  bien- 
tôt <:  la  révolte  de  la  K&hina,  prophétesse  et  reine  des  Berbères  de  l'Aourâs. 
Les  schismes  musulmans,  qui  se  développèrent  d'abord  dans  T'irâq, 
eurent  ensuite,  au  milieu  des  Berbères,  les  mêmes  succès  qu'avaient  eu  les 
schismes  chrétiens.  Parmi  ces  schismes  musulmans,  ceux  des  Çofrlya  et 
des  Ib^dhija  surtout,  exercèrent  sur  les  populations  de  la  Berbérie  une 
influence  qui  a  persisté  jusqu'à  nos  jours  dans  plusieurs  parties  de  ce 
vaste  pays,  de  sorte  que  nous  voyons  encore  maintenant  certains  groupes 
de  la  race  blanche  indigène  du  uord  de  l'Afrique  rési:iter  à  la  pression  du 
joug  intellectuel  de  l'orthodoxie  musulmane.  Si  nous  nous  sommes  arrêtés 
à  cet  aspect  spécial  des  larges  et  intéressantes  études  de  Henri  Fournel, 
c'est  qu'il  est  etseratoujoursutile.  Quanta  l'œuvre  tout  entière,  elle  échappe 
à  l'analyse.  La  nouvelle  histoire  des  Berbères  restera,  pour  les  siècles 
qu'elle  embrasse,  une  hase  sûre  et  solide,  sur  laquelle  on  ne  pourra  que 
greffer  des  monographies,  développant  certains  épisodes,  ou  traitant  plus 
en  détail  les  faits  qui  se  rapportent  à  une  localité.  La  question  des  origines 
berbères  est  la  seule  que  M.  Fournel  n'ait  pas  osé  approfondir;  il  aurait 
fallu  pour  cela  quitter  le  terrain  historique  proprement  dit  pour  passer 
dans  le  domaine  de  la  linguistique,  où  on  risque  fort  de  s'égarer  si  on  ne 
possède  pas  des  connai:^sances  tout  à  fiait  spéciales.  L'anthropologie  et  la 
linguistique  seules  donnent  les  premiers  jalons  dans  cette  recherche  où 
on  est  guidé  ensuite  par  les  indications  provenant  de  la  comparaison  des 
institutions  et  des  coutumes. 

17,  RocREHONTEix  (marquis  de  la).  Essai  sur  les  rapports  grammaticaux 
qui  existent  entre  l'Égyptien  et  le  Berbère.  Extrait  des  Mémoires 


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10  AFRIQUE.  N*»  10-91 

du  Congrès  international  des  orientalistes,  première  session  (Paris, 
1873).  Br.  in-8,  41  p.  Paris,  Bouchard  Huzard,  1870. 

Très-bonne  étude  linguistique  concluant,  par  la  comparaison  des 
règles  de  l'étymologie  et  des  formes  grammaticales  dans  les  deux  langues, 
à  la  parenté  du  Berbère  avec  l'ancien  Égyptien. 


18.  RoHLFs  (G.).  Zustânde  in  Berberien.  Zweiter  Jahresbericht  dergeo- 
graphischen  Gesellschaft  in  Hamburg,  1874-1875,  p.  104-172. 

19.  TuRTON  (Zouch  H.).  To  the  Désert  and  back;  or  travels  in  Spain, 
tbe  Barbary  states,  Itafy,  etc.,  in  1875  and  1876. 1  vol.  in-8.  Lon- 
dres, 1876. 

20.  KosTENKO  (L.-Th.).  Reise  im  nôrdlichen  Afrika.  1  vol,  in-8  (avec 
une  carte  du  Maroc,  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie,  et  un  plan  de 
Carlhage).  Saint-Pétersbourg,  Transchel,  1876. 


21.  Perk  (M.-A.),  Zes  jaren  te  Tripoli  in  Barbarije.  1  vol.  gr.  in-8, 
294  p.  Amsterdam,  Kraay,  1875. 

22.  Bainikr  (P.).  La  Régence  de  Tripoli,  avec  une  carte.  Explorateur, 
n*  56  (extrait  du  Cours  de  géographie  commerciale), 

23.  RoHLFs  (le  docteur  Gérard).  Die  Bedeutung  Tripolitaniens,  an  sich,- 
und  als  Ausgangspunkt  fur  Ëntdeckungsreisende.  Br.  in-8, 20p., 
avec  1  carte  de  la  Tripolitaine,  par  A.  Petermann.  Weimar,  1877 , 

Travail  publié  après  la  Conférence  de  Bruxelles,  et  répondant  à  un  des 
objets  de  ses  délibératioiis.  De  cette  étude  sur  la  Tripolitaine,  le  docteur 
Bohlfs  tire  les  conclusions  suivantes  :  Tripoli  et  le  viyâlet  ottoman  dont 
cette  ville  est  le  chef-lieu,  sont  des  points  de  départ  excellents  pour  des 
voyages  de  découverte  ;  une  exploration  méthodique  de  la  Tripolitaine 
elle-même  est  une  œuvre  qui  mériterait  d'être  entreprise  ;  enfin  il  serait 
très-utile  de  fonder,  à  Tripoli,  une  station  philanthropique  pour  y  arrêter 
la  traite  des  esclaves. 

24.  Von  Bary  (docteur  Erwin).  Voyage  dans  le  Djebel  tripolitain.  Ex- 
plorateur, n"  75,  p.  47. 

25.  Du  même  :  Die  Senam  oder  megalithischen  Denkmaeler  in  Tripolis 
(Afrika).  Mittkeilungen  des  Vereins  fur  Erdkunde  zu  Leipzig, 
1876,  p,  44  à  48. 

Intéressant  article  de  ce  voyageur,  où  il  signale  une  quantité  de  mo- 
numents mégalithiques  dans  le  canton  de  Tar-bôna,  et  où  il  donne  des 
détails  rétrospectifs  sur  la  situation  politique  chez  les  Touareg  Azdjer. 

26.  Mouchez  (le  capitaine  de  vaisseau  E.).  Explorations  des  golfes  des 
deux  Syrtes,  entre  Sfax  et  Benghazi.  Comptes  rendus  des  séances 
de  V Académie  des  sciences.  Séances  des  8  et  15  janvier  1877, 
t.  LXXXIV,  in-4.  Paris,  Gautliier-Villars,  1877,  n*  2,  p.  49-55. 


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LA  BERBÉRIE.  11 

27.  Tavxier-(L.).  Notice  sur  Gorippus  et  sur  ]m  Jdhmmôe,  Bévue  afri- 
caine, Alger,  1876,  n«  118,  p.  289-299. 

Étude  sur  ce  poëme  où  sont  chantées  les  trois  campagnes  de  Jean  Tro- 
glita  contre  les  indigènes  de  TÀfrique,  révoltés  sous  le  règne  de  Justinien. 
M^  Tauxier  expose  la  situation  de  l'Afrique  à  cette  époque. 

28.  Hausebmann.  Carte  de  la  Tripolitaîne  et  des  pays  releyant  4le  la 
régence  de  Tunis,  échelle  du  ttsôotôôô**  Explorateur^  187C. 
n«  56,  p.  203. 

29.  Carte  de  la  Cyrénaïque,  avec  ritinéraire  suivi  par  M.  J.  Daveau, 
chef  de  la  section  des  graines  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Paris,  Monrocq,  1875. 

Cette  carte,  à  l'échelle  du  gos*si7*>  donne  un  itinéraire  du  chef  de  la 
section  des  graines  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  traversant 
le  Djebel  El-Akhdat  de  Ben-Ghâzy  (ancienne  Bérénice)  à  Derna  (ancienne 
Demis),  par  Mar&wa  et  El- Âmri,  revenant  à  l'oues^,  par  Grenna  (ancienne 
Gyrene)à  Marsa  Soûza  (ancienne  Apollonia),  et  reprenant  à  El-'Amri  hi  pre- 
mière route  jusqu'à  Ben-Ghâzy.  L'itinéraire  de  Ben-Ghâzy  à  Derna,  en  hgne 
droite,  est  particulièrement  intéresi>ant  ;  il  passe  au  sud  des  itinéraires  de 
Beecfaey  et  de  Barth,  et  sa  moitié  orientale,  à  partir  de  Marflwa,  est  tout 
à  fait  nouvelle. 


30.  De  Sainte-Marie  (E.).  Les  Ruines  de  Carthage,  avec  dix  figures  et 
deux  cartes.  Explorateur,  n»  51,  p.  60-66;  n»  52,  p.  87-91  ;  n»  53, 
p.  105-110. 

51 .  Du  même  :  Notice  sur  l'emplacement  d'un  édifice  ancien  à  Car- 
thage, avec  un  plan.  Recueil  de  notices  et  mémoires  de  la  Société 
archéologique  du  département  de  Constantine,  tome  XYII,  in-^. 
Constantine,  1876,  p.  131-140. 

32.  Du  même  :  Essai  sur  Thistoire religieuse  de  la  Tunisie,  l'*  partie.: 
L'Église  de  Carthage.  Les  Missions  catholiques,  1876,  n<"  386- 
395,  avec  une  carte  ecclésiastique  du  diocèse  de  Carthage  à  l'épo- 
que romaine,  par  Ph.  Caillât,  un  plan  et  plusieurs  figures. 

33.  Chadvet.  La  ville  deSi'ak's  et  les  îles  Kerkena;  topographie,  climat, 
conunerce,  avec  un  plan  et  une  carte.  Explorateur,  1876,  n*  80, 
p.  172-175. 

34.  MacCarthi  (Oscar).  La  ville  de  Sfak's  et  les  îles  Kerkena;  obser- 
vations sur  le  mémoire  de  M.  Chauvey.  Explorateur,  1876,  n»  81, 
p.,  200. 

35.  Lanzi  (M.).  Spedizione  italiana  in  Tunisia  :  Le  diatomacee.  Bollet- 
tino  délia  Societa  geografica,  t.  XIII.  Rome,  1876,  1**^ fascicule, 
p.  17-20. 

36.  BKLLuca  (le  docteur  G.).  Spedizione  geografica  italiana  nella  reg- 
genza  di  Tunis!  (1875).  Y*  partie  :  L'età  délia  pietra  in  Tunisia  ; 
avec  une  carte  de  l'isthme  de  Gàbès  et  deux  planches  d'instru- 

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12  AFRIQUE.  N"  16-91 

ments  de  pierre.  Bollettinô,  t.  XIII.  Rome,  1876, 6*  efr7«  fascicules, 
p.  347-385. 

Important  travail  sur  un  sujet  nouveau  :  les  instruments  de  l'âge  de  la 
pierre,  disques, couteaux,  grattoirs,  pointes  de  flèches  et  balles  de  fronde, 
trouvés  dans  le  sud  de  la  Tunisie  par  l'expédition  italienne.        «  \ 


\ 

37.  RouDAiRB  (le  capitaine  d'état-major  E.).  Rapport  sur  les  opérations 
de  la  mission  des  Cbotts.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie, 
décembre  1875,  p.  574-586. 

Comparer  l'opinion  de  M.  l'ingénieur  Le  Châtelier  sur  la  question  de  la 
mer  intérieure  {baie  de  Triton).  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie, 
août  1876,  p.  211. 

38.  DuvEYRiER  (H.).  Spedizione  del  livellamento  degli  Sciott.  Cosmos 
di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  p.  37  et  198. 

39.  Girard  de  Rialle.  L^  mer  intérieure  du  Sahara.  Revue  scienti- 
fique., n«  18,  28  octobre  1876,  t.  XI,  p.  409-417. 

L'auteur  de  ce  travail  reproduit  les  indications  historiques  de  l'exis- 
tence d'une  baie  de  la  Méditerranée  dans  la  région  des  Chott  algéro  tuni- 
siens, et  résume  les  travaux  des  deux  nivellements  de  M.  le  capitaine 
d'état-major  Boudaire,  en  Algérie  et  en  Tunisie.  M.  Girard  de  Rialle  con- 
clut, dans  son  élude,  à  la  possibilité  de  rendre  à  la  Méditerranée  les  lits 
des  Chott. 

40.  Le  Châtelier  (H.).  La  mer  saharienne.  De  l'existence  dans  les  temps 
historiques  d'une  mer  saharienne  en  Algérie.  Lettre  à  M.  Era.  Al- 
glave.  Revue  scientifique,  n"  du  6  janvier  1877,  p.  656-660. 

M.  l'ingénieur  des  mines  Henri  Le  Gh&telier,  membre  de  la  première 
mission  des  Chott  algériens,  expose  dans  cet  intéressant  travail  les  obser- 
vations qu'il  fit  pendant  le  nivellement  des  Chott  du  Sahara  du  départe- 
ment de  Constantine.  L'analyse  des  sels  que  M.  Le  Châtelier  a  recueillis 
dans  ces  Chott,  et  oiH  iî  a  trouvé  une  forte  proportion  de  sulfate  de  soude 
avec  le  chlorure  de  sodium,  poîisse  l'auteur  à  croire  que  les  sels  des  Chott 
ne  sont  pas  un  dépôt  marin,  et  qu'anciennement,  mais  à  une  époque  anté- 
rieure au  moins  à  la  fin  de  l'époque  quaternaire,  la  région  des  Chott  du 
Sahara  de  Constantine  était  un  grand  lac  d'eau  saumfttre ,  isolé  de  la 
Méditerranée.  Tout  en  acceptant  cette  conclusion  pour  une  date  donnée, 
les  résultats  de  l'analyse  des  sels  des  Chott,  montrant  la  présence  d'uiie 
quantité  notable  de  sulfate  de  soude  dans  les  sels  des  Chott  algériens, 
ne  nous  paraissent  pas  être  une  démonstration  irréfutable  de  la  non-exis- 
tence à  une  époque  très-anciennfe  du  prolongement  de  la  petite  Syrte, 
au  sud  de  la  Tunisie  et  du  département  de  Constantine;  en  effet,  l'ana- 
lyse des  eaux  (souvent  saumâtres)  des  rivières  qui  descendent  de  l'Aour&s, 
et  des  eaux  des  puits  de  l'Igharghar,  indiquera  peut-être  que  le  sulfate 
de  soude  a  été  apporté  aux  Chott,  par  leurs  alUuents  du  nord  et  du  sud, 
postérieurement  à  la  formation  de  l'isthme  de  Gftbès.  Mous  persistons  donc 
encore  dans  notre  croyance  à  l'extension  de  la  petite  Syrte  sur  tout  le  pays 
où  on  trouve  aujourd'hui  les  Chott  tunisiens  et  algériens,  à  une  date 
fort  reculée,  bien  que  contemporaine  de  l'homme.  Nous  croyons  aussi  à 
^a  disparition  de  cette  grande  haie,  par  suite  d'un  ioulèvement  du  rivage 


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LÀ  BERBÉRIE.  15 

actuel  de  la  petite  Syrte,  soulèTfement  comparable  k  celui  qui  a  liea 
de  DOS  jours  sur  les  côtes  de  la  Norvège.  Les  eaux  thermales  des  sources 
d'El-Hâmma  Matmftta ,  près  de  G&bès,  du  Termll  de  Gafça  et  des  rdis- 
seaux  des  autres  oasis  au  nord  de  Ghott  El-Dj6rld,  enfin  celles  du 
Hammam  £ç-Çâlahln,  près  de  Biskra,  nous  paraissent  être  les  indices 
de  l'action  volcanique  à  laquelle  est  dû  en  grande  partie  ce  soulèvement. 

41.  De  Sainte-Marie  (E.).  La  mission  du  capitaine  Roadaire  en  Tunisie, 
et  la  mer  intérieure,  avec  cai^te.  Explorateur,  1876,  n*  59. 

42.  RouDAïKE  (capitaine  E.].  Nivellement  en  Tunisie,  rapport  à  la  So^ 
ciété  de  Géographie.  Explorateur ^  n»  73,  p.  655-656. 

43.  FucHs.  Esplorazione  délia  parte  degli  Sciott  situata  nel  territorio 
tunisino.  Cosmos  di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  p.  38. 

44.  De  Lesseps  [Ferdinand).  Sur  les  lacs  amers  et  autres  points  de 
l'isthme  de  Suez  ;  inondation  des  Chotts  algériens  et  tunisiens. 
neoue  scientifique,  t.  X,  1876,  p.  527. 

45.  Mac  Cartht  (Oscar).  Note  sur  les  marées  du  golfe  de  Gàbès  (d'après 
l'amiral  Smyth).  Explorateur,  n»  81,  p.  200. 

46.  Stacbe  (G.).Die  projectirteVerbindung  des  Algerisch-tunesischen 
Chott-Gebietes  mit  dem  Hittelmeere.  Mitt/ieilungen  der  k.  k.  geo- 
graphischen  Gesellschaft  in  Wien,  t.  XVllI,  1875,  n"  8  et  9, 
p.  337-351. 

47.  CossoN  (E.).  Note  sur  le  projet  d'une  mer  intérieure  en  Algérie 
7  pages  in-4.  Comptes  rendus  des  séances  de  V Académie  des 
sciences,  t.  LXXIX. 

48.  La  mer  intérieure  de  l'Afrique  septentrionale  et  la  carte  de  la 
navigation  des  Argonautes,  avec  une  carte  du  monde  primitif 
suivant  les  périples  deTimée  d'ilécatée,  d'Apollonius  et  d'Onoma- 
crite.  Explorateur,  1876,  n»  67. 


49.  Géodésie  de  l'Algérie.  Détermination  de  la  longitude  et  de  la  lati- 
tude de  Bône,  par  le  commandant  VeTTier.Explorateur,iSlQ,  n*58. 
L'année  prochaine  les  géodésiens  iront  à  Géry ville  et  à  Laghouât. 


^0.  DuvETRiER  (H.).  Les  progrès  de  la  géographie  en  Algérie,  depuis 
l'année  1868  jusqu'à  l'année  1871.  Bulletinde  la  Société  khédiviale 
de  Géographie  du  Caire,  N-2,  1876,  p.  141-222. 

51.  Marès  (P.).  Note  sur  l'Algérie;  lettre  à  M.  le  président  du  con- 
cours régional  d'Avignon.  Alger,  1876,  br.  in-8. 

Note  contenant  des  renseignements  généraux,  mais  précis,  destiaés  à 
faire  connaître  l'Algérie  dans  son  état  actuel. 


yGoOgl 


14  AFRIQUE.  N- 16-91 

52.  FiLLiAs  (Achille).  L'Algérie  ancienne  et  moderne.  1  vol.  in-12. 
Alger,  1875. 

53.  MoLiHiER-VioLLB.  Géographie  historique  de  l'Algérie,  avec  11  pi. 
et  1  grav.  Explorateur,  n«  78,  p.  118-120  ;  n»  79,  p.  146-147  ; 
n»  81,  p.  200-203. 

54.  De  Là  Prihaddaie  (F.  Êlie).  Documents  inédits  sur  l'histoire  de  l'oc- 
cupation espagnole  en  Afrique (1506-1574). ile«i/e  africaine,  Alger, 
1875-1876,  n-  109, 110,  111, 112, 113, 114, 116,117, 118, 119-120. 

55.  Du  Hazet  (E.).Le  commerce  entre  l'Algérie  et  le  Maroc.  Explora- 
teur, n®*  58  et  62,  avec  une  carte  de  Gourâra. 

56.  De  Lorral  (pseudonyme  de  MM.  les  docteurs  Bleiclier  et  Redier). 
Tlemcen,  1875.  Le  Tour  du  Monde,  t.  XXX,  p.  300-368. 

57 .  Férau»  (L.-Ch.).  Documents  pour  servir  à  l'histoire  de  Philippeville. 
Revue  africaine,  Alger,  1875-1876,  n"  109,  110,  111,  112,  113, 
114, 115,  116. 

58.  Devoulx  ^Albert).  Alger,  étude  archéologique  ettopographique  sur 
cette  ville  aux  époques  romaine,  arabe  et  turque.  Reviie  africaine, 
Alger,  f875-1876,  n"  112, 113,  lU,  115,  116,  117,  118,  119-120. 

59.  Dejoux  (E.).  Une  excursion  dans  la  forêt  des  Oulad  Anlheur  (Ou* 
lâd'Antar).  Explorateur,  n<»'62,  63,  64,  65. 

60.  Robin  (N.).  Notes  historiques  sur  la  Grande-Kahylie,  de  1830  à 
1838.  Revue  africaine,  Alger,  1876,  n"  ^15,  116. 

61.  Reboud  (docteur  V.).  Excursion  archéologique  dans  les  cercles  de 
Guelma,  de  Souk-Abras  et  de  La  Galle,  avec  12  pi.  d'inscriptions 
libyco-berbères.  Recueil  de  notices  et  mémoires  de  la  Société  ar- 
chéologique du  département  de  Constantine,  t.  XVIII,  in-8.  Côn- 
stantine,  1876,  p.  1-54. 

62.  Du  même  :  Ordre  des  inscriptions  nouvelles  ou  déjà  connues  re- 
produites dans  les  planches.  Ibidem,  p.  55-58. 

63.  Du  même  :  Tableau  général  des  localités  où  l'on  a  découvert  des 
inscriptions  libyques,  ibidem,  p.  59-61. 

64  SoLEULET  (P.).  Observations  météorologiques  dans  le  Sahara  cen- 
tral (I).  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Lyon,  1. 1,  1875, 
n**  2,  p.  169-171.  (Titre  mai  choisi,  car  les  observations  s'arrêtent 
à  Djelfa  avant  l'entrée  dans  le  Sahara.) 

65.  Masqderat  (Em.).  La  Kabylie  et  le  pays  heri^re.  Reime  politique, 
26  février  1876. 

66.  Du  même  :  Lettre  sur  quelques  inscriptions  trouvées  à  Thamgad. 
Recueil  de  notices,  t.  XYIU,  p.  441-448. 

67 .  Du  même  :  Les  ruines  de  Thamgad.  Rapport  à  M.  le  général 
Chanzy,  gouverneur  général  de  l'Algérie.  Revue  africaine,  Alger, 
1876,  n-  116,  117, 118,  119-120. 


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UBERBÉRIE.  15 

68.  Du  mémét  Voyage  dans  l'Âourâs.  Études  historiques.  Bulletin  de 
la  Société  de  Géographie,  juillet  1876,  p.  39-58. 

69.  Ra€ot  (le  capitaine  W.)-  Le  Sahara  de  la  proTince  de  Gonstantine 
Deuxième  partie.  Recueil  de  notices ^  t.  XYIII,  p.  141-326. 

70.  Sebizut  (docteur).  Études  sur  l'oasis  de  Biskra.  1  toI.  in-8.  Paris, 
1875. 

71.  Baudot  (capitaine  d'état-major).  Étude  sur  l'oasis  de  Négrineetles 
ruines  de  Besseriani  (Ad  Majores),  avec  2  pi.  et  1  carte  des  envi- 
rons de  Negrîn  au  gô^ôo'-  i^«ctiei/  de  notices,  t.  XVUI,  p.  111- 
126. 

72.  Parisot  (capitaine  d'état-major).  Ruines  romaines  de  Bir  Moham- 
med Ben  Yoûnès,  situées  au  sud-ouest  de  Negrln,  avec  une  carte. 
Viecueil  de  notices,  t.  XYUI,  p.  127-130. 

73.  Du  même  :  La  région  entre  Ouargla  et  El-Golêa.  Bulletin  de  la 
Société  de  Géographie,  numéro  de  décembre  1876,  p.  577  à  603 
(à  suivre).  Avec^ime  carte. 

Relation  détaillée  de  la  marche  de  la  colonne  du  général  de  Galliffet» 
qui  a  opéré  de  Warglâ  contre  El-Golêa'a  en  1873. 


74.  Carte  générale  de  l'Algérie  à  l'échelle  du  1,^00.000'-  Pressée  au 
Dépôt  de  la  guerre  d'après  les  cartes  particulières  des  provinces 
publiées  par  le  Dépôt  de  la  guerre,  les  relèvements  de  la  marine, 
les  itinéraires  de  M.  Duveyrier,  les  renseignements  recueillis  en 
Afrique,  etc....  2  feuilles.  Paris,  1874. 

Édition,  entièrement  remaniée  pour  le  Sahara,  de  là  carte  générale 
de  l'Algérie  publiée  en  1867 »  Malgré  la  date  de  cette  nouvelle  édition  elle 
n'a  été  mise  en  vente  qu'à  la  fin  de  Tannée  1875. 

75.  Carte  de  l'Algérie,  dressée  au  Dépôt  de  la  guerre^  d'après  les 
travaux  de  MM.  Titre,  chef  d'escadron  d'état-major,  Derrien  et 
Parisot,  capitaines  d'état-major.  Échelle  du  gôôîôôô*-  ^  feuilles. 
Paris,  1876. 

Cette  carte  s'étend  au  sud  jusqu'à  SO"  24'  de  latitude  nord  ;  les  cours 
d'eau  sont  marqués  en  bleu,  mais  les  montagnes  ont  été  omises  partout. 

76.  Algérie,  plan  de  Bône.  Paris,  Dépôt  de  la  marine,  n-  3439, 1876. 

77.  Département  de  Gonstantine.  Paris,  Fayard  (Atlas  national), 
1876. 

78.  Hausermaiw  (R.).  Algérie  d'après  les  cartes  du  ministère,  feuille 
lithographiée.  Paris,  Fayard,  1876. 


79.  T188OT  (Ch.).  Itinéraire  de  Tanger  à  Rbat*,  avec  1  carte  :  «  Esquisse 
topographîque  d'une  partie  du  royaume  de  Fês  »,  à  Féchelle  du 

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i6  AFRIQUE.  N«- 16-91 

Hôôîboô*'  BulUtin  de  la  Société  de  Géographie,  septembre  1876, 
p.  -225-294. 

80.  Ricerche  di  Carlo  Tissot  sulla  geografia  comparata  délia  Mauri- 
tania  Tingitana.  Coêtnos  di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  n*'  1,  p.  119; 
2-3;  4-5. 

81.  Beauhier  (Aug.).  Le  Maroc,  notes  de  voyage.  Explorateur,  1875, 
n»  40. 

82.  Du  même  :  Itinéraires  de  Tanger  à  Mogador,  avec  une  carte  au 
SSôTôoô*  ^^3  voyages  de  M.  Beaumier  à  la  côte  du  Maroc,  de 
Tanger  à  Mogador.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  mars 
1876,  p.  241-254. 

85.  Du  même  :  Mogador  et  son  commerce  maritime  [Extrait  des  An^ 
nales  du  commerce  extérieur).  Parie,  1875,  br.  grand  in-8. 

84.  Oluve  (docteur  G.).  Climat  de  Mogador,  et  de  son  influence  sur  la 
phthisie,  avec  plan  de  Mogador.  Bulletin  de  la  Société  de  Géogra- 
phie, octobre  1875,  p.  365-416. 

85.  Màrdogh£e  Abi  Serodr  (le  rabbin).  De  Mogador  au  Djebel  Tabayoudt. 
Résumé  du  journal  de  voyage,  par  H.  Duveyrier,  avec  une  carte  à 
l'échelle  du  rriS^TUSQ**  Bulletin  de  la]  Société  de  Géographie,  dé- 
cembre 1875,  p.  561-Ô73. 

86.  DovETRiER  (H.).  Les  sculptures  antiques  de  U  province  de  Soûs, 
découvertes  par  le  rabbin  Mardocbée,  avec  une  planche.  Bulletin 

'    de  la  Société  de  Géographie,  août  1876,  p.  129-146. 

87.  Ambasciata  italiana  e  viaggi  di  Giulio  Adamoli  nel  Marocco  e 
Sahara.  Cosmos  di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  p.  304. 

88.  T.  L.  Le  Maroc,  notions  géographiques,  avec  une  carte.  Explorcb- 
teur,  n»  53,  p.  116-120. 

89.  De  Amas  (Edm.).^Marocco.  1  vol.  in-16,  484  p.  Milan,  Trêves, 
1876. 

90.  Marocco.  Ceuta  Bay,  échelle  du  rî^îô**  Londres,  Hydrographie 
Office,  n- 2742, 1876. 

91 .  Hœfen  und  Ansichten  der  Marokkanischen  Kûste,  2  feuilles  grand 
in-foiio  lithographiées.  Carte  de  l'amirauté  allemande  n*  43  a.  b. 
Berlin,  Reimer,1876. 


§  1.  —  Elplorations  françaises  dans  le  Maroc.  Travaux  géographiques  de  M.  Tissot 
et  de  M.  Beaumier.  Découvertes  archéologiques  importantes  dans  le  nord-ouest 
*  du  Maroc.  Itinéraire  et  découvertes  archéologiques  du  rabbin  Mardochée. 

Géographiquement  parlant,  aucun  État  du  nord  de  TÂfrique 
n'est  aujourd'hui  aussi  intéressant  que  le  Maroc.  Deux  mers 


yGoogk 


LA  BERBÉRIE.  i7 

baignent  les  côtes  de  ce  far-west  (Maghreb  El-Aqsâ)  du 
monde  musulman,  qui  touche  pour  ainsi  dire  à  TËurope  par 
le  cap  Spartel.  En  dépit  de  cette  position  géographique,  excep- 
tionnellement favorable  pour  recevoir  la  civilisation,  la  poli- 
tique du  gouvernement  marocain  et,  plus  encore,  Tinsubor- 
dination  et  les  craintes  jalouses  des  habitants  ont  j^it  que 
l'empire  du  Maroc  est  resté  jusqu'à  nos  jours  une  terre  pour 
ainsi  dire  inconnue.  Les  seules  parties  du  territoire  marocain 
s\ir  lesquelles  nous  possédions  des  données  de  visu  en  dehors 
de  la  ligne  des  côtes  sont  :  les  chemins  qui  relient  les  capitales 
de  Meknâs  (Mequinez)  et  de  Merrâkech  (Maroc)  aux  ports 
de  Tanger  et  de  Mogador  ;  le  chemin  qui  conduit  de  Tanger 
aux  frontières  sud-est  de  Tempire  en  franchissant  la  chaîne  de 
l'Adrâr-n-Deren  ou  Montagne  des  montagnes,  c'est-à-dire  le 
véritable  Atlas;  enfin  le  pays  des  Angâd  et  TOuâd  Guîr,  voi- 
sins de  rAlgérie,  et  le  haut  de  TOuâdi  Dhra'a,  fleuve  qui  coule 
ensuite  dans  le  Sahara  marocain.  Cependant  nulle  part  ail- 
leurs, sur  le  pourtour  de  la  Méditerranée,  on  trouverait  une 
contrée  qui  réunisse  autant  de  points  d'attraction  pour  les 
voyageurs.  La  géographie  du  Maroc  est  à  peine  ébauchée  ;  Tim- 
posante  chaîne  de  l'Atlas,  si  hardiment  marquée  sur  nos  car- 
tes, est  loin  d'être  connue  tout  entière  par  des  itinéraires  et 
des  relèvements  satisfaisants,  et  Ja  science  n'est  pas  même  en 
mesure  d'indiquer  le  point  le  plus  élevé  de  la  chaîne.  Au  point 
de  vue  des  cours  d'eau  les  affirmations  ne  sont  pas  plus  com- 
plètes. 11  en  est  de  même,  et  à  plus  forte  raison,  pour  les 
mœurs  traditionnelles  et  les  dialectes  des  habitants,  pour  les 
ruines  de  toutes  les  époques  qui  ont  laissé  des  jalons  historiques 
sur  le  sol  marocain,  pour  le  climat,  si  dissemblable  dans  les 
différentes  parties  de  l'empire  ;  enfin  pour  les  productions  mi- 
nérales, végétales  et  animales. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir,  cette  année,  enregistrer 
des  travaux  français  qui  contribuent  à  la  connaissance  du  Ma- 
roc. Ils  portent  sur  900  kilomètres  de  la  zone  cotière  ouest  de 
V  empire. 

L'AiniiE  GÉ06R.   XV.  2 

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18  AFRIQUE!  ,        N- 16^91 

Il  n'est  heureusement  pas  rare  de  rencontrer  dans  le  corps 
diplon^atique  français  des  hommes  désireux  de  faire  profiter  la 
science  des  loisirs  que  peuvent  leur  laisser  leurs  fonctions. 
Parmi  ceux-là  il  faut  placer,  en  première  ligne,  M.  Charles 
Tissot,  envoyé  extraordinaire  et  ministre  plénipotentiaire  au 
MorocS  qui  ayant  fait,  en  Tunisie  et  au  Maroc,  une  grande 
partie  de  sa  carrière,  se  livre,  depuis  bientôt  vingt  ans,  à  des 
recherches  fructueuses  pour  la  géographie  et  Thistoire  ancienne 
du  nord  de  TAfrique. 

Sa  publication  la  plus  récente  contient,  sous  le  titre  d' Iti- 
néraire de  Tanger  à  Rbaf  {n^  79),  une  description  minu- 
tieuse des  chemins  qui  longent  le  littoral  ouest  du  Maroc; 
c'est  la  première  partie  d'un  travail  qui  comprendra  aussi  les 
observations  faites  dans  un  voyage  à  Fâs,  en  1871,  et  dans  un 
voyage  à  Meknâs,  en  1874.  La  carte  à  l'échelle  du  g-ôb^ooo*  9*** 
y  est  jointe,  donne  le  tracé  de  ces  divers  itinéraires,  et  con- 
stitue un  document  géographique  original  de  premier  ordre 
pour  la  partie  nord  du  Maroc.  Elle  s'arrête  du  côté  du  sud  au 
^¥  de  latitude,  et  à  7**  15'  de  longitude  ouest  de  Paris. 
En  dehors  des  relèvements  de  M.  Tissot,  M.  Hansen,  qui  l'a 
dressée,  n'a  fait  usage  que  des  cartes  de  l'hydrographie  fran- 
çaise, auxquelles  il  a  emprunté  la  ligne  des  côtes.  Toutes  les 
données  de  cette  carte  sont  les  résultats  d'observations  direc- 
tes, et  sur  les  points  où  des  massifs  montagneux  forment  une 
chaîne  continue,  la  liaison  est  simplement  indiquée  en  note, 
si  l'observation  ne  l'a  pas  vérifiée.  L'auteur  de  ce  travail  si- 
gnale, chemin  faisant,  les  inexactitudes  de  la  carte  des  voya- 
ges de  M.  Rohlfs*. 

Nous  reproduisons  ici  les  quelques  lignes  dans  lesquelles 
M.  Tissot  esquisse  la  physionomie  générale  de  la  province  du 
Gharb  et  du  bassin  inférieur  du  Seboû.  Ces  lignes  donnent 
la  première  idée  juste  dé  toute  cette  partie  du  Maroc'  : 

1.  M.  Tissot  représente  aujourd'hui  la  France  à  Athènes. 

2.  Miitheilungen  de  Gotha,  1865 . 

3.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  sept.  1876,  p.  227  à  229. 

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U  BERBÉRIE.  19 

•  De  Tanger  à  Ël-'Aràïch  et  à  Qeçar  El-Kebir,  le  pays  offre  Taspect 
d'un  plateau  accidenté,  incliné  vers  TOcéan  et  dont  les  principales 
ondulations  sont  parallèles  à  la  chaîne  du  Rîf.  La  plupart  des  cours 
d'eau  qui  le  traversent^  TOuâd  El-KhaiToûb,  TOuâd  El-'Aïâcha, 
rOuâd  £l-Haloù,  TOuâd  Loukkos,  coulent  du  sud-est  au  nord*<»uest. 
Quelques  vallées  secondaires  sont  cependant  parallèles  au  littoral  et 
courent  par  conséquent  du  nord-nord-est  au  sud-sud-ouest  ou  récipro- 
quement. Le  plateau  que  nous  décrivons  est  borné  à  Test,  et  à  peu  de 
distance  de  la  route  de  Tanger  à  Fâs,  par  les  derniers  contre-forts  du 
massif  rîfain,  composé  de  plusieurs  chaînes  à  peu  près  parallèles  au 
littoral  de  la  Médi^rranée,  et  dont  la  plus  occidentale  est  la  seule  dont 
nous  connaissions  les  principaux  sommets. 

I  La  contrée  qui  s'étend  au  sud  d'Ël-'Âràïch  et  de  Qeçar  El-Kebîr, 
entre  la  vallée  du  Loukkos  et  le  bassin  du  Seboû,  présente  un  carac- 
tère analogue,  bien  que  beaucoup  moins  marqué.  Le  plateau  projeté 
entre  les  deux  fleuves  par  le  massif  du  Çarçar  est  moins  élevé  et 
surtout  moins  accidenté  que  le  précédent  ;  comme  le  précédent, 
d'ailleurs,  il  s'abaisse  graduellement  vers  l'Atlantique.  Le  plateau  de 
Gharb  se  termine  au  sud  ^ar  une  série  de  collines  qui  s'étendent 
depuis  les  contre-forts  méridionaux  du  massif  de  Çarçar  jusqu'à  l'Océan. 

«  Au  sud  de  ces  hauteurs,  le  bassin  inférieur  du  Seboû,  boiiié  au 
nord-est  par  les  montagnes  du  Rif,  à  l'est  et  au  sud-est  par  la  chaîne 
du  Tselfat  et  du  Djebel  Outita,  au  sud  par  les  montagnes  de  Guerouân 
et  des  Zemmoûr  Chleuh,  forme  cette  immense  plaine  d'Asgar  qu'une 
tradition  locale  recueillie  par  Jean  Léon  affirme  avoir  été  autrefois 
baignée  par  les  flots  de  l'Océan.  Élevé  de  quelques  mètres  à  peine 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  le  bassin  du  Seboû,  dans  une  éten- 
due de  20  lieues  de  l'est  à  l'ouest,  de  12  à  15  lieues  du  nord  au  sud, 
n'offre  aucun  accident  appréciable.  A  peine  le  regard  est-il  arrêté  à 
l'horizoïvpar  le  profil  des  hauteurs  qui  limitent  la  plaine.  Le  trait 
caractéristique  de  cet  immense  bassin  est  son  régime  hydrographique. 
Les  eaux  descendues  de  l'amphithéâtre  montagneux  qui  le  circonscrit 
ne  trouvant  ni  une  pente  suffisante,  ni  des  accidents  de  terrain 
assez  marqués  pour  déterminer  leur  écoulement  régulier,  s'arrêtent 
Avant  d'arriver  au  Seboû  et  foraient,  sur  ses  deux  rives,  une  série  de 
marais  qui  ne  communiquent  avec  le  fleuve  que  dans  la  saison  des 
pluies.  C'est  ainsi  que  TOuâd  Medâ,  au  nord,  forme  la  Merdja  El-Gharb 
ou  Marais  de  l'Ouest  et  le  lac  de  Râs  Ël-Doûra  ;  l'Ouâd  Beht,  au 
sud,  la  Merdja  des  Benî  Ahsen. 

<t  Le  terrain  se  relève  au  sud  de  l'estuaire  du  Seboû.  Depuis  Mehdia 
jusqu'au  Boû  Ragpg,  le  massif  montagneux  des  Zemmoûr  Chleuh 
projette  un  troisième  plateau  qui  présente  la  même  physionomie  que 
les  deux  précédents.  » 

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20  AFRIQUE.  N- 16-91 

Dans  la  première  partie  de  son  remarquable  méipoire, 
H.  Tissot  rend  compte  de  ses  études  sur  trois  lignes  différen- 
tes, dans  la  zone  atlantique  du  Maroc. 

Un  des  buts  du  voyage  de  H.  Tiçsot,  de  Tanger  à  Sala  (Salé), 
en  1874,  était  de  déterminer  4e  tracé  de  la  ^oie  romaine  qui 
4*eliait,  entre  elles,  les  deux  villes  de  Tingis,  aujourd'hui  Tan- 
ger, et  Sala,  aujourd'hui  Salé.  Cette  recherche  présentait  des 
difficultés  d'un  genre  nouveau,  car  la  Hauretanie  Tingitaiie 
ét^it  aux  confins  extrêmes  de  l'empire  romain.  Les  voies  ro- 
maines de  ce  pays,  M.  Tissot  nous  l'apprend,  paraissent  n'a- 
voir jamais  existé  à  l'état  de  vice  stratœ,  nous  dirions  mainte- 
nant de  routes  pavées,  comme,  elles  étaient  en  Tunisie  et 
même  en  Algérie;  les  agents  voyers  de  l'administration  ro- 
maine avaient  négligé  ici  de  pourvoir  à  la  durée  des  routes. 
Ces  routes  n'avaient  jamais  été  réellement  tracées  ou  mesu- 
rées ;  on  s'en  peut  convaincre  par  la  comparaison  des  distances 
entre  des  points  de  repère  inattaquables,  avec  les  chiffres  qui 
devaient  représenter  ces  distances  dans  l'itinéraire  romain  ou 
dans  l'ouvrage  de  Pline. 

En  partant  de  Tingis  (Tanger),  l'ancienne  voie  romaine  allait 
droit  au  sud,  et  elle  passait  à  Dechar  Djedîd,  o^  M.  Tissot  re- 
trouve les  ruines  iïAd  Mercuri,  Il  ne  reste  plus  aujourd'hui 
qu'un  seul  monument  bien  reconnaissable  ;  c'est  un  édifice 
rectangulaire  de  vingt-cinq  mètres  de  longueur  sur  douze 
mètres  de  largeur,  dont  les  murs  jont  encore  d'un  mètre  à  trois 
mètres  de  haut  ;  il  est  adossé  à  l'escarpement  qui  couronne  le 
rempart  de  la  ville  moderne.  Les  murailles,  très-épaisses,  sont 
bâties  en  blocage  revêtu  d'un  ciment  Irsse  extrêmemmit  dur  ; 
elles  sont  soutenues  par  de  puissants  contre-forts.  H.  Tissot  en 
conclut  que  ces  murs  sont  les  restes  d'un  réservoir,  ou  d'une 
citerne  à  ciel  ouvert.  A  la  partie  est  de  l'enceinte  on  voit  les 
vestiges  du  castrurriy  et  le  soubassement  d'un  édifice  qui  pour- 
rait bien  avoir  été  le  temple  de  Mercure  auquel  la  ville  romaine 
avait  emprunté  son  nom. 

Le  cours  de  TOuâd  Loukkos,  près  de  son  embouchure,  fut 

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LÀ  BERBÉRIE.  21 

examiné  d'une  manière  toute  spéciale  par  M.  Tissot,  et  à  sa 
demande,  par  H.  le  docteur  Bleicher.  D'après  l'aspect  du  littoral 
et  une  distance  de  Pline,  H.  Tissot  aTait  présumé  que  le  Lixos 
de  l'antiquité  (Ouâd  Loukkos)'  se  jetait  dans  l'Océan  sous  les 
hauteurs  de  Rekâda,  c'est-à-dii%  plus  au  nord  qu'à  l'époque 
actuelle,  et  que  toute  la  côte  atlantique  du  Maroc  devait  avoir 
subi  des  transformations  depuis  l'époque  phénicienne  et  peut- 
être  depuis  l'époque  romaine.  Non  satisfait  du  résultat  de  ses 
propres  observations,  il  demanda  à  M.  le  docteur  Bleicher  d'aller 
examiner  la  langue  de  sables  qui  sépare  des  hauteurs  de  Rekâda 
l'embouchure  actuelle  de  l'Ouâd  Loukkos,  et  ce  botaniste  y 
trouva  seulement  de  rares  plantes,  différentes  dé  celles  qui  com- 
posent la  flore  des  dunes  anciennes,  ce  qui  confirme  la  supposi- 
tion qu'on  est  là  sur  un  sol  formé  par  des  apports  marins  récents. 
Cette  constatation  n*est  pas  la  seule  que  M.  Tissot  ait  faite  en 
faveur  des  transformations  de  la  côte  et  du  cours  des  petits 
fleuves  de  l'ouest  du  Maroc.  Presque  partout  le  travail  des 
eaux  et  des  courants  y  a  laissé  des  traces  nombreuses.  Et  pour 
n'en  citer  qu'une  preuve  nouvelle,  sans  sortir  du  bassin  de 
L'Ouâd  Loukkos,  en  1477  les  Portugais  tentèrent  d'occuper 
une  île  de  ce  cours  d'eau  sur  laquelle  existait  alors  une  ville. 
Dans  l'espace  de  quatre  siècles  cette  île  a  disparu,  par  suite  de 
l'ensablement  d'un  des  bras  du  fleuve  qui  la  formaient.  Les 
hauteurs  de  Rekâda  devaient  être  autrefois  sur  un  îlot  :  on  y 
trouve  un  tumulus  surbaissé,  sur  la  plate-forme  duquel  est 
une  substruction  antique,  de  forme  rectangulaire,  dont  les 
côtés,  mesurant  chacun  dix-neuf  mètres  quatre-vingts  centi- 
mètres de  longueur  sur  un  mètre  d'épaisseur,  sont  formés  par 
une  triple  rangée  de  gros  moellons,  grossièrement  équarris,  et 
posés  sur  champ.  Dans  leur  état  présent  ces  murs  ne  dépassent 
pas  le  niveau  du  sol.  M.  Tissot,  qui  incline  à  voir  dans  ce  mo- 
nument le  fameux  autel  d  Hercule,  fait  remarquer  qu'on 
observe  la  même  disposition  des  matériaux  dans  la  plupart  des 
constructions  qu'il  a  trouvées  au  Maroc,  et  qu'il  n'a  pu  ratta- 
cher ni  à  l'époque  romaine  ni  aux  périodes  postérieures. 

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22  AFRIQUE.  N«  16-«1 

Malgré  l'épais  fourré  de  caroubiers,  de  myrtes,  de  len- 
tisques  et  d'oliviers  sauvages,  entrelacés  de  ronces  et  de  lianes, 
qui  obstruent  remplacement  de  l'antique  Lixds,  M.  Tissot  a 
exploré  la  ligne  entière  des  murs  de  cette  ville.  Lixus  était 
divisé  en  trois  parties  :  une  ville  haute,  une  ville  basse  et  un 
faubourg  près  du  fleuve.  Elle  formait  un  hexagone  dont  les 
côtés  mesurent  près  de  mille  huit  cent  mètres.  L'enceinte  pri- 
mitive, celle  qu'avaient  élevée  les  Phéniciens,  était  bâtie  en 
blocs  énormes,  soigheusement  équarris  et  assemblés.  Toutes 
les  pierres  de  chaque  assise  ont  une  hauteur  uniforme,  tandis 
que  leur  longueur  varie  entre  un  mètre  et  un  mètre  cinquante 
centimètres.  Mais  les  angles  saillants  présentent  des  blocs  qui 
ont  jusqu'à  trois  mètres  cinquante  centimètres  de  longueur  sur 
deux  mètres  de  hauteur.  Celte  muraille  phénicienne  existe  en- 
core, haute  de  quatre  à  cinq  mètres,  sur  une  étendue  de  cent 
cinquante  mètres  ;  on  la  retrouve  en  d'autres  parties  de  l'en- 
ceinte,^ mais  elle  cesse  au  point  où  commence  un  mur  de 
construction  romaine.  Anciennement  TOuâd  Loukkos  devait 
baigner  les  murs  sud  de  Tençeinte  romaine,  et  le  port  intérieur 
de  Lixus  devait  se  trouver  dans  la  partie  du  fleuve  qui  entoure 
presque  entièrement  la  presqu'île  de  Techemmis.  Depuis  cette 
époque,  le  fleuve  a  déposé  des  vases  qui  ont  progressivement 
reculé  sa  rive  du  côté  du  sud.  M.  Tissot  a  recueilli  dans  les 
ruines  de  l'ancienne  Lixus  des  clous  de  bronze,  des  fragments 
de  verre  et  des  débris  de  poteries  remarquables  par  la  finesse 
de  la  pâte  et  l'élégance  de  l'ornementation. 

Les,  observations  de  M.  Tissot  sur  la  ligne  même  du  littoral 
de  Tanger  à  Sala  (Salé)  ont  été  faites  au  cours  de  deux 
voyages.  Le  savant  explorateur  établit  par  un  examen  comparé 
des  textes  et  des  lieux  que  le  cap  Spartel  (Râs  Ichbertâl)  ne 
correspond  pas,  comme  l'indique  un  document  récent,  au 
Hermœum  promontorium  des  auteurs  classiques,  mais  qu'il 
faut  l'identifier  au  cap  Kotês  ou  Kotîs  des  anciens  Mauretaniens 
et  au  cap  d'Ampeluse  des  Grecs.  Il  nous  montre,  dans  une 
contrée  où  les  forêts  sont  formées  de  chênes-liéges,  FOuâd 

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U  BERBÉRIE.  25 

Heharhar,  devenant  près  de  son  embouchure  un  Téritable  bras 
de  mer,  qui  prend  le  nom  de  Tahaddart  ;  enfin,  avant  d'arriver 
à  El-'Arâïcb,  M.  Tissot  trouve  des  vestiges  antiques  sur  TOuâd 
ËSnSebt,  en  un  lieu  dédié  àLella  Djilâliya  et  qu'il  identifie  à 
l'ancienne  Tahemœ. 

À  l'ouest  et  un  peu  au  nord  de  la  position  de  Qeçar  El-Kebir, 
sur  le  cbemin  d'Ël-'Ârâïch  à  Sala,  il  arrive  à  un  lieu  appelé 
Soûeïr.  Ce  nom  est  donné  par  les  Marocains  à  tous  les  vestiges 
antiques  auxquels  ne  se  rattache  aucune  tradition  précise. 
Soûeïr  est  le  diminutif  du  substantif  Soûr^  muraille,  et  nous 
ferons  remarquer  que  le  vrai  nom,  Çoûr,  de  la  première  reine 
des  mers,  de  la  vieille  Tyr  des  Phéniciens,  a  dû  impliquer  la 
même  ijdée  que  ce  substantif  sémitique.  M.  Tissot  place  à 
Soûeïr  la  station  de  Frigidœ,  qui  était  sur  la  route  romaine  de 
Lixus  à  Bana^a,  dont  lui-même  avait  retrouvé  les  ruines  à 
Sîdi  'Ali  Boû-Djenoûn,  en  1871.  A  Soûeïr,  les  ruines  ont  la 
forme  d'un  rectangle  de  cent  vingt  pas  du  nord  au  sud  et  de 
quatre-vingt-seize  pas  de  l'est  à  l'ouest  ;  les  murs,  qui  n'eidstent 
plus  que  sur  les  côtés  ouest  et  sud,  sont  construits  en  pierres 
de  moyen  appareil,  et  présentent  les  mêmes  caractères  que 
ceux  de  la  partie  sud  de  l'enceinte  de  Lixus.  D'après  le 
voyageur,  ce  monument  ne  pouvait  convenir  qu'à  un  posle 
militaire. 

Si  dans  la  partie  inférieure  du  cours  de  l'Ouâd  Loukkos 
M.  Tissot  nous  signale  des  changements  ti^ès-intéressants  de- 
puis l'époque  ancienne,  il  en  est  autrement  du  cours  de  l'Ouâd 
Seboù,  du  Subur  des  Romains,  qui  se  jette  dans  l'Océan  à  El- 
Hehdîya.  Ce  petit  fleuve  ne  peut  avoir  eu  d'autre  lit  que  celui 
de  l'époque  actuelle,  qui,  en  arrivant  près  de  l'Océan,  s'évase 
entre  des  rives  profondément  marquées,  jusqu'à  former  un 
estuaire  large  comme  la  Tamise  à  London  Bridge.  11  faut  donc 
rectifier  les  données  que  Pline  avait  admises,  et  d'après  lesquelles 
l'embouchure  du  Subur  (Ouâd  Seboû)  se  trouvait  à  égale  dis- 
tance de  Lixus  et  de  Sala.  Cette  partie  de  la  côte  est  au  con- 
traire bordée  par  une  ligne  de  véritables  collines,  et  non  de 

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24  AFRIQUE.  N"  16-91 

.  dunes  de  sable,  qui  isolent  de  TOcéan  le  long  lac  de  Râs  £d- 
Doûra  *. 

Un  voyage  de  Sala  à  Er-Arâich,  par  la  vallée  du  Seboû, 
allait  conduire  M.  Tissot  à  la  découverte  du  deuxième  tronçon 
de  la  voie  romaine  de  Tingis  à  Sala  Coloniay  dont  il  avait  déjà 
trouvé  la  première  partie  au  nord  de  Frigidae.  Ce  voyage  sur 
le  territoire  des  Benî  Ahsen  était  une  entreprise  audacieuse  ; 
car  les  Benî  Abs^n,  malgré  leur  nom  engageant  d'enfants  du 
meilleur,  ne  sont  que  des  pillards  incorrigibles,  en  état  de  ré- 
volte permanente  contre  Tautorité  du  sultan  du  xMai:oc.  M.  Tis- 
sot avait  demandé  au  plus  saint  personnage  du  Maroc,  au  ché- 
rîf  d'Ouezzân,  des  lettres  qui  fussent  une  recommandation 
efficace  auprès  des  Benî  Ahsen  ;  et  le  chérif,  en  accédant  ami- 
calement à  celte  requête,  avait  envoyé  à  M.  Tissot  une  cara- 
bjne  à  seize  coups,  comme  pour  indiquer  que  sa  recommanda- 
tion pourrait  bien  ne  pas  suffire.  Aussi  toutes  les  précautions 
étaient-elles  prises;  et,  au  départ,  la  caravane  de  M.  Tissot 
comptait  quarante  fusils,  portés  par  des  Européens  ou  leurs 
serviteurs. 

A  mesure  qu*on  se  rapproche  du  territoire  des  Benî  Ahsen, 
on  voit  que  les  habitants,  craignant  leurs  dangereux  voisins, 
se  retranchent  avec  leurs  tentes  derrière  des  fortifications  dont 
des  fagots  d'épines  font  les  frais.  Au  iiord-est  de  Sala,'  eu 
arrivant  sur  le  Seboû,  M.  Tissot  s'arrêta  à  la  chapelle  du 
marabout  Sîdi  'Alî  Ben  Hâmed.  11  était  sur  remplacement 
de  l'antique  Thamusiday  qui  se  trouve  à  peu  près  à  égale 
distance  de  Sala  et  de  Sîdi  *Alî  Bou-Dj«noim,  ^t  dont  il  voyait 
le  premier  les  ruines.  De  la  ville  de  Thamusida,  il  ne  reste 
plus  que  l'enceinte,  flanquée  de  tours  construites  sur  le  même 
modèle  que  les  murs  de  Lixus,  et  un  castrum.  Le  développe- 

1.  Sur  la  carte  de  M.  Tissot,  ce  lac  a  été  relié  au  Seboû  par  ua  trait  qui  indique 
un  canal  de  communication.  Nous  signalons  celte  indication  comme  inexacte,  car 
l'auteur  préci&e  l'affirmation  contraire  :  c  De  son  embouchure  jusqu'à  Sidi-*Ai!- 
Boû-Djenoûn,  et  de  ce  point  jusqu'à  Mechra'at  El-Mesa'ida,  la  rive  droite  du 
Seboû  n'offre  aucune  trace  q^i  permette  de  croire  à  une  ancienne  communication 
avec  la  Merdjal  El-Gharb  et  le  Ràs  Ed-Doûra.  » 

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U  BERBÉRIE.  25 

ment  total  de  l'enceinte  est  de  mille  cinq  cents  à  mille  six  cents 
mètres  ;  on  Toit  sur  la  berge  de  TOuâd  S^û  les  restes  d'un 
quai,  qui  devait  servir  aux  opérations  des  relations  maritimes 
des  habitants  de  Thamusida,  et  dont  Texistence  indique  cer- 
tainement un  mouvement  commercial  considérable.  À  partir  de 
Thamusida,  la  voie  romaine  longeait  la  rive  ouest  du  Seboû, 
qu'elle  traversait  sur  un  pont,  pour  suivre  ensuite  sa  rive  est 
jusqu'à  la  Colonia  JElia  Banasa,  ou  Sidi  'Âlî  Boû-Djenoûn  de  la 
nomenclature  marocaine  actuelle.  De  ce  point,  elle  gagnait  Fri- 
gidœ  au  nord. 

Malheureusement  pour  la  science  et  pour  tous  ceilx  qui  ont 
connu  cet  homme  droit  et  affable,  M.  Auguste  Beaumier,  le 
laborieux  chercheur,  qui  occupait  le  consulat  de  France  à 
Mogador,  a  succombé  cette  année,  laissant  inachevée  la  tâche 
qu'il  s'était  imposée  de  nous  faire  connaître  en  détail  la  partie 
sud-ouest  du  Maroc.  Ceux  qiii,  marchant  sur  ses  traces,  vou- 
dront  continuer  son  œuvre  trouveront  dans  le  n**  41  de  V Explo- 
rateur des  indications  que  lui  a  dictées  sa  longue  expérience 
des  voyages  au  Maroc,  et  dont  ils  feront  sagement  de  tenir 
compte.  De  Tannée  1854  à  l'année  1875,  M.  Beaumier  avait 
parcouru  et^  étudié  toute  la  partie  de  la  cote  marocaine  com- 
prise entre  Tanger  et  Mogador,  ainsi  que  les  routes  de  Moga- 
dor et  de  Safy  à  Merràkech  (Maroc,  ville).  Le  digne  et  bien- 
veillant consul,  qui  avait  formé  le  projet  de  raconter  l'ensemble 
de  ses  voyages,  avait  déjà  arrêté  le  plan  et  les  parties' essen- 
tielles de  ce  travail,  que  le  Bulletin  de  la  Société  de  Géogra- 
phie a  publiées  (n9  82)  dans  la  forme  où  elles  étaient.  La 
carte,  à  l'échelle  du  ^uôÎôuô*,  qui  accompagne  ce  travail 
posthume  de  M.  Beauniier,  est  la  première  carte  terrestre, 
dressée  à  cette  échelle,  do  toute  la  région  maritime  ouest 
du  Maroc.  M.  J.  Hansen,  qui  en  est  Fauteur,  a  heureusement 
combiné,  en  les  portant  sur  une  même  projection,  toutes 
les  données  françaises  Relatives  à  cette  partie  de  l'Afrique 
le  tracé  de  la  côte  a  été  dessiné  d'après  la  feuille  n**  1165  de 

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26  AFRIQUE.  N- 16-91 

la  marine  (jrançaise,  tandis  que  l'intérieur  a  été  emprunté  à 
une  carte  manuscrite  établie  par  H.  Beaumier.  La  Carte  des 
voyages  à  la  côte  du  Maroc  de  Tanger  à  Mogador,  par 
Auguste  Beaumier,  est  donc  une  œuvre  originale  ;  complétée 
au  nord  de  Rabat  par  la  carte  de  M.  Tissot,  elle  rem[)lace  avec 
avantage  les  travaux  plus  anciens,  tels  que  la  carte  du  Maroc, 
par  le  capitaine  Baudouin,  dressée  il  y  a  plus  de  vingt  ans  au 
Dépôt  de  la  guerre,  et  la  carte  du  nord-ouest  du  Maroc,  publiée 
par  A.  Petermann,  dans  les/  Mittheilungen,  à  l'occasion  des 
premiers  voyages  de  M.  Bohlfs.  Indépendamment  de  son  intérêt 
géographique  pur,  elle  indique,  pour  la  première  fois,  l'éten- 
due des  terrains  cultivés  et  la  position  des  bois  de  lentisques 
et  d*a'rganiers,  dont  les  derniers,  à  cause  de  leurs  produits  oléa- 
gineux, ont  une  importance  si  considérable.  C'est  ainsi  que 
nous  apprenons,  sur  la  carte  des  voyages  de  M.  Beaumier,  que 
la  limite  nord  deia  zone  végétative  de  Targanier  est  au  com- 
mencement de  la  province  de  Ghiadma,  sous  la  latitude  du 
Djerf  El-Gharàba  S  ou  Falaise  des  Occidentaux, 

La  zone  côtière  comprise  entre  te  port  d*Ël-'Arâïch,  au  nord, 
et  le  Râs  Tagriwelt,  ou  cap  Sim,  au  sud,  appartient  à  six 
provinces  de  Tempire,  sur  lesquelles  M.  Beaumier  nous  donne 
des  renseignements  sommaires  fort  précieux.  La  première  du 
côté  du  nord  est  celle  d*E]l-Gharb,  pays  de  plaines  peuplé  par 
des  Arabes  qui  élèvent  des  bestiaux,  récoltent  beaucoup  de  laine 
et  cultivent  aussi  les  céréales,  et  dont  les  deux  grandes  tribus 
forment  autant  de  commandements  politiques.  Vient  ensuite 
la.  province  de  Châwiya,  dont  le  sol  accidenté  est  suffisam- 
ment arrosé.  Ses  habitants,  aussi  de  race  arabe,  et  comptant 
180000  âmes,  sont  divisés  en  quinze  tribus,  qm  forment 
vingt-quatre  commandements  politiques.  La  province  de  Douk- 
kalaest  un  pays  de  plaines  sans  arbres,  où  l'eau  est  rare,  et  dont 
la  population,  de  race  arabe,  s'élève  au  chiffrç  de  100  000  âmes, 
qui  relèvent  de  six  commandements.  Les  principales  occupa- 

i.  Corriger  ainsi  DJerf-el-Reratn  delà  carte. 

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LA  BBRBÉRIE.  27 

lions  de  ces  Arabes  sont  la. culture  des  céréales  et  du  Lawso- 
nia  inermis  (L.),  ou  beimé,  ainsi  que  Télevage  des  bestiaux 
et  des  abeilles.  Au  sud  de  cette  proyince  commence  celle 
d'Abda,  où  de  grandes  plaines,  ahement  ayec  des  collines,  et 
dans  laquelle  est  le  port  de  Safy^  qui  en  est  le  chef-lieu.  Les 
128  000  habitants  de  la  province  d^Abda  appartiennent  à  qua- 
torze tribus  arabes,  réparties  entre  deux  commandements  ;  ils 
cultivent  les  céréales  et  élèyent  des  chevaux.  La  province  de 
Chiadma,  au  sud  de  la  précédente,  est  arrosée  par  TOuâd 
Tensîit.  On  y  trouve  des  plaines  et  des  collines,  et  elle  est 
habitée  pàt  neuf  tribus  de  race  arabe.  Ses  principales  produc- 
tions sont  l'huile  d'argân,  rbuile  d'oUve,  les  céréales,  les  peaux 
de  chèvre  et  le  sparte.  Enfin,  la  dernière  province  du  côté  sud 
est  celle  de  Haha,  contrée  très-montagneuse,  dont  la  popula- 
tion, de  race  berbère  exclusivement,  est  divisée  en  douze  tri- 
bus. Les  Berbères  du  Haha  fabriquent  de  l'huile  d'argân  et  de 
l'huile  d'olives;  ils  récoltent  des  amandes,  de  l'orge  et  du  blé; 
et  ils  exjiortent  les  peaux  de  chèvres  de  leurs  troupeaux. 

L'excellent  travail  posthume  de  M.  Beaumier  a  trouvé  un 
continuateur,  dont  nous  allons  examiner  les  découvertes. 

Un  Israélite,  né  dans  l'oasis  d'Âqqa  du  Sahara  marocain,  le 
rabbin  Mardochée  Abî  Seroûr,  que  ses  affaires  avaient  conduit, 
très-jeune,  sur  la  rive  du  Dhiôli-Ba,  ou  haut  Niger,  avait  frappé 
H.  Beaumier  par  son  courage  et  son  intelligence  rares.  Notre 
regretté  consul  à  Mogador,  devinant  en  lui  l'étoffe  d'un  voya- 
geur, l'adressa  à  li  Société  de  Géographie  de  Paris.  Le  rabbin 
Mardochée  reçut  à  Paris  les  instructions  nécessaires  pour  lever 
un  itinéraire  à  la  boussole  ;  il  apprit  à  préparer  les  échantillons 
de  végétaux  pour  les  herbiers,  et,  muni  de  fonds  et  d'instru- 
ments que  la  Société  de  Géographie  avait  mis  à  sa  disposition, 
il  repartit  pour  sa  patrie,  promettant  d'envoyer  des  renseigne- 
ments intéressants  sur  un  pays  très-imparfaitement  connu.  11 
a  tenu  sa  promesse,  et  très-bien  justifié  jusqu'à  ce  jour  les 
espérances  de  la  Société  de  Géographie  (n°»85  et  86). 

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28  AFRIQUE.  N-16^1 

Les  provinces  de  Haha  et  de  Soûs,  que  baigne  l'Atlantique, 
au  sud  de  Hogador,  et  que  sépare  un  cap,  Tlguif  Oufrâni,  sorte 
de  terminus  de  TÂtlas,  avaient  été  traversées,  en  courant,  par 
de  rares  voyageurs:  les  uns  peu  soucieux  de  la  géographie,  les 
autres  empêchés  par  la  jalouse  indépendance  des  habitants  de 
se  livrer  à  des  observations.  Un  seul  parmi  ces  voyageurs,  le 
Français  Léopold  Panet,  venant  de  Saint-Louis  du  Sénégal,  avait 
rapporté  un  itinéraire  utile.  Il  y  a  «quelques  années,  M.  Joa- 
chim  Gatell  avait  publié  une  description  du  Soûs,  accompa- 
gnée d'un  croquis  de  carte.  Désormais,  malgré  une  lacune^  que 
ce  voyageur  comblera,  nous  l'espérons,  l'itinéraire  du  rabbin 
Mardochée  est  notre  meilleur  document  pour  établir  la  carte  du 
Soùs  et  du  sud-ouest  du  Maroc. 

La  province  de  Soûs,  au  sud  de  la  chaîne  de  l'Atlas,  aussi 
bien  que  la  province  de  Haha,  qui  est  au  nord,  ont  un  sol 
fertile  arrosé  par  des  cours  d'eau,  qu'alimentent  les  pluies  et, 
dans  la  saison  d'été,  les  neiges  qui  blanchissent  en  hiver  les  som- 
mets de  l'Atlas.  Si  retendue  des  cultures  des  Berbères  et  des 
Arabes  ne  donne  pas  toujours  une  haute  idée  de  la  fertilité  de 
ces  provinces,  il  suffît  de  voir  le  nombre  des  bois  marqués  sur 
la  carte  du  rabbin  Mardochée  pour  être  convaincu  que  là  aussi 
tf  c'est  le  fonds  qui  manque  le  moins  ».  L'histoire  nous  apprend 
d'ailleurs  qu'au  onjsième  siècle  le  Soûs  était  couvert  de  cultures 
de  canne  à  sucre  et  d'indigotier,  dont  les  produits  suffisaient  à 
la  consommation  de  tout  le  Maroc.  Ces  cultupes  ont  disparu, 
mais  les  contrées  montagneuses  du  Soûs  possèdent  toujours 
une  essence  spéciale  d'arbre,  l'arganier,  à^i  le  fruit,  sert  à 
Idre  de  l'huile  ;  dans  les  autres  parties  du  Soûs,  l'amandier 
et  l'olivier  remplacent  l'arganier. 

Par  suite  d'un  accident  très-regrettable,  le  rabbin  Mardochée 
a  perdu  les  feuillets  sur  lesquels  il  avait  inscrit  une  partie  de 
ses  relèvements  dans  le  canton  de  Tazerouâlt.  Toutefois,  en 
s'aidant  de  l'itinéraire  de  Léopold  Panet,  on  voit  que  le  point 
extrême  sud  du  voyageur  marocain  tombe  sous  le  28^  de  lati- 
tude nord  et  le  *13®  de  longitude  occidentale,  en  un  lieu'  au 

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LA  BERBÉRIE.  20 

nord  et  tout  près  de  i*Ouâdi  Dhra'a,  vers  les  confins  de  la  do- 
mination marocaine  à  notre  époque. 

Au  sud  de  TAtlas,  le  rabbin  Mardochée  a  porté  sur  la  carte, 
entre  29^  15'  et  27«»  50'  de  latitude,  un  certain  nombre  de 
montagnes,  le  Djebel  Tizelmê,  le  Djebel  Ida  Ou  Saqra,  le 
Djebel  Ida  Ou  Taltas,  lé  Djebel  Tabayoudt  et  le  Djebel  Taska- 
le^n,  qui  forment  comme  les  arêtes  séparatives  des  deux  bas- 
sins de  rOuâd  Noûn  et  de  TOuâdi  Dhra  a  ;  là  florissait  ancien- 
nement une  civilisation  ^t  generis^  au  sujet  de  laquelle  nous 
étions  dans  une  ignorance  absolue,  {je  mérite  d'avoir  découvert 
les  monuments  de  cette  civilisation  mystérieuse  appartient  au 
rabbin  Mardochée,  dont  les  notes  et  les  estampages  de  sculptures 
ouvrent  des  horizons  nouveaux  à  Thistoiredu  nord  de  1*  Afrique. 
Ils  nous  aident  à  reconstituer  un  passé  qui  avait  échappé'  aux 
auteurs  classiques  grecs  et  romains,  et  dont  la  révélation  nous 
étonne.  N*est-il  pas  surprenant,  en  effet,  que  les  Romains,  qui 
firent  campagne  dans  la  Gétulie  jusqu'au  fleuve  Daradus  (Ouâdi 
Dhra*a),  comme  les  Portugais,  qui  établirent  leur  domination 
sur  la  côte  au  quinzième  et  au  seizième  siècle,  paraissent  avoir 
ignoré  ces  ruines  remarquables? 

Une  rivière,  TAsif  Tazerouâlt,  arrose  un  canton  du  Soûs 
auquel  elle  donne  son  nom,  et  au  sud  duquel  sont  les  montagnes 
de  Tizelmé,  Ignân,  Ida  Ou  Saqra,  Ida  Ou  Taltas,  Tabayoudt  et 
Taskale^nn.  Dans  ces  montagnes,  et  sur  la  plaine  qui  les  en- 
Tiranne,  le  rabbin  Mardochée  a  découvert  des  ruines.  Elles  sont 
nombreuses  surtout  dans  le  Djebel  Ida  Ou  Taltas.  Là  on  trouve 
des  tours,  de  hauts  murs  et  des  tombeaux,  mais  la  construction 
^a  plus  grandiose  consiste  en  une  longue  muraille  de  deux  mètres 
cinquante  centimètres  d'épaisseur  qui  relie  entre  eux  les  deux 
chaînons  du  Djebel  Ida  Ou  Taltas.  Celte  muraille  est  surmontée 
de  tours,  dont  les  murs  ont  quatre-vingt-^lix  centimètres 
d'épaisseur;  aux  environs  sont  des  ruines  d'autres  construc- 
tions, et  des  tombeaux. 

Pour  apprécier  ces  constructions  d'une  manière  définitive, 
il  faudrait  certainement  des  détails  plus  précis  sur  la  taille  et 


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30  AFRIQUE.  N«*  16-91 

les  dimensions  des  pierres  qui  ont  servi  à  les  élever.  Hais,  dès 
maintenant,  on  est  tenté  de  chercher  un  rapprochement  entre 
ce  type  de  construction  et  celui  dont  M.  Tissot  a  trouvé  le 
modèle  sur  les  hauteurs  de  Bekâda. 

A  l'ouest  de  la  ville  de  Taïdalt  on  voit  une  source.  Au  sud- 
ouest  s'élèvent  des  collines  avec  des  ruines  très-anciennes  et 
des  tombeaux  ;  plus  au  sud  se  dresse  un  massif  montagneux 
formé  par  le  Djebel  Tabayoudt,  le  Djebel  Taskalewîn  et  le 
Djebel  Taskala  Oumm  Aghrou  Ikelân.  Là  encore  Hardochée 
découvrit  beaucoup  de  èonstructions,  de  sculptures  et  d'in- 
scriptions, dont  quelques-unes  se  trouvent  dans  des  cimetières, 
sur  des  tombes  remarquables  en  ce  qu'elles  mesurent  de  cinq 
mètres  soixante  centimètres  à  sept  mètres  de  long4ieur. 

Les  estampages  de  ces  pierres  à  inscriptions  et  à  sculptures 
ont  été  le  sujet  d'une  étude  que  nous  avons  publiée  dans  le 
Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  (n<>  86).  Sur  les  soixante- 
huit  estampages  envoyés  par  le  rabbin  Mardochée,  trente- 
quatre  portent  des  dessins  différents,  gravés  par  les  anciens 
habitants  du  sud-ouest  du  Maroc.  Les  sujets  représentés  don- 
nent déjà  une  date  approximative  à  ces  sculptures  ;  on  y  voit, 
en  effet,  des  animaux  étrangers  maintenant  au  Maroc,  tels  que 
l'éléphant,  le  rhinocéros  J[)icorne  et  la  girafe,  avec  des  che- 
vaux, une  autruche  et  quelques  petits  mammifères.  11  règne 
dans  ces  sculptures,  grossières  ébauches,  un  sentiment  de 
vérité,  une  exactitude  dans  les  formes  générales,  dont  on 
peut  conclure  que  les  sculpteurs  travaillèrent  en  ayant  sous  les 
yeux  les  animaux  qu'ils  représentaient.  Leur  œuvre  est  donc 
au  moins  contemporaine  du  premier  siècle  de  notre  ère  ;  elle 
peut  même  fort  bien  remonter  à  une  époque  de  beaucoup  anté- 
rieure. 

11  y  a  mille  huit  cents  ans,  le  témoignage  de  Pline  en  fait 
foi,  l'éléphant  vivait  en  Mauritanie,  non-seulement  sur  les 
bords  de  l'Ouâd  Guîr,  mais  encore  aux  environs  de  Sala  et 
de  Tanger,  et  TOuâdi  Dhra'a,  au  nord  duquel  s'arrête  l'itiné- 
raire de  Mardochée,  était  alors  un  fleuve  infesté  de  crocodiles. 

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LA  BERBÉRIE.  M 

Tout  nous  porte  à  penser  qu*à  cette  même  époque  le  gigan- 
tesque réseau  de  fleuves  et  de  rivières,  maintenant  taris,  qui 
sillonne  le  Sahara  des  deux  côtés  du  tropique  du  Cancer,  et 
qui,  dans  la  partie  occidentale  de  ce  désert,  indique  encore 
trois  grands  bassins  *,  n'était  pas  encore  complètement  à^sec. 
Nous  rappellerons  ici  seulement  les  poissons  et  les  crocodiles 
qui  ont  trouvé  un  dernier  refuge  dans  les  lacs  de  Mîhero  et  de  ' 
Tedjeradjeré  situés  dans  le  haut  des  affluents  de  l'fgharghar. 
Avec  un  climat  si  didérent  *du  climat  désertique,  toutes  les 
contrées  au  sud  de  TAtlas  pouvaient,  à  l'époque  de  Pline,  être 
habitées  par  des  nègres,  et  Pline  appelle  en  effet  Éthiopiens 
Daratites,  le  peuple  qui  vivait  dans  le  bassin  du  Daradus 
(OuâdiDhra'a). 

Jusqu'à  ce  jour  la  Science  n'avait  pas  encore  osé  prédser  à 
quelle  race  nègre  appartenaient  les  Éthiopiens  Daratites,  pre- 
miers occupants  du  sud  du  Maroc.  Des  traditions,  qui  ont  toute 
la  force  de  preuves  historiques,  indiquent  qu'anciennement  les 
nègres  Azêr  et  Eadjâga  de  la  souche  Djoûli  ou  Mandingue  peu- 
plaient le  Sahara,  au  nord  du  Sénégal,  où  ils  fondèrent  FÉtat 
de  Ghanata,  qui  s'étendit  du  grand  coude  du  Dliiôli-Ba  à  l'O- 
céan ,  et  aussi  loin  que  le  24^  de  latitude  du  côté  du  nord.  Des 
Azêr  et  des  Kadjâga  composent  encore  le  fond  de  la  population 
des  oasis  deChêtou  ou  Tichît,  Ouadân,et  Birou  ou  Oulâta,  tan- 
dis qu'ils  ont  abandonné  le  désert  environnant  aux  races  blan- 
ches :  berbère  et  arabe,  mieux  faites  que  les  nègres  pour  la 
vie  nomade  à  laquelle  le  Sahara  oblige  ses  habitants.  Singulier 
rapprochement  !  Les  Azêr  et  les  Kadjâga,  aujourd'hui  déchus 
de  leur  ancienne  importance  politique,  ont  conservé  le  souve- 
nir du  temps  où  ils  domestiquaient  et  dressaient  l'éléphant, 
qui  a  disparu  depuis  des  siècles  de  leur  territoire.  Pour  ces 
motifs,  il  semble  naturel  de  chercher  à  assimiler  à  une  bran- 


1.  L'un,  celui  de  l'Igharghar,  incliné  du  côté  du  nord,  vers  la  Méditerranée 
(ancienne  baie  de  Triton);  l'autre,  celui  du  Tlrhehért,  du  côté  de  l'ouest,  vers 
l'océan  Atlantiqi^e  ;  et  le  dernier,  celui  du  Tâfassftsset,  incliné  du  côté  sud,  vers 
le  Kwâra  ou  Mger. 


yGoogk 


32  AFRIQUE.  N- 16-91 

che  de  la  famille  Handingue  les  Éthiopiens  Daratites  de  Pline. 
La  décadence  politique  de  cette  race  aura  entraîné  chez  elle  la 
décadence  du  sentiment  artistique,  et  l'oubli  des  grands  tra- 
vaux auxquels  elle  se  livra  alors  qu'elle  était  maîtresse  des  pays 
au  sud  de  TAtlas.  Cependant,  refoulés  vers  le  sud,  les  Djoûli 
n'ont  pas  entièrement  oublié  leur  ancien  goût  pour  Tarchitec- 
ture.  Les  palais  avec  leurs  hautes  murailles  flanquées  de  tours, 
que  Hungo  Park  encore  vit  à  Sêgou-Koro,  sur  le  Dhiôli-Ba;  les 
dessins  et  les  peintures  qui  ornent  les  maisons  en  bois  des 
Djoûli  qui  vivent  sur  les  rives  du  Rio  Nunez,  démontrent  qu'il 
n'y  a  pas  bien  longtemps,  deux  rameaux  de  la  famille  à  laquelle 
appartenaient  les  Ethiopiens  Daratites  ont  donné  comme  ar- 
chitectes et  comme  décorateurs,  des  preuves  d'un  talent  qui 
manque  aujourd'hui  à  leurs  frères  opprimés  dans  les  oasis  de 
l'Adrâr.  Enfin,  nous  devons  peut-être  tenir  compte  d*un  fait 
qui  nous  paraît  appuyer  l'hypothèse  de  l'ancien  peuplement  du 
Sahara  occidental  et  du  bassin  de  TOuâdi  Dhra'a  par  les  Djoûli- 
Wakorê.  Les  tribus  berbères,  connues  sous  le  nom  de  Maures, 
et  répandues  aujourd'hui  dans  tout  le  Sahara  occidental,  ap- 
pellent Ahel  MâssQy  «  gens  de  Massa  »,  une  des  subdivisions 
des  Wakorê,  qui  se  nomme  ^lle-niême  Sâro.  Dans  la  bouche 
des  blancs,  conquérants  de  l'ancienne  patrie  des  Wakorê,  ce 
surnom  les  rattache  au  souvenir  de  leur  séjour  sur  les  rives  de 
rOuâd  Massa,  qui  arrose  la  partie  du  Soûs  directement  au  nord 
du  Tazerouâlt,  où  le  rabbin  Mardochée  a  découvert  des  monu- 
ments anciens  si  intéressants. 

Les  résultats  du  dernier  voyage  du  rabbin  Mardochée  que 
nous  venons  d'indiquer  ont  donc  une  double  portée  ;  au  point 
de  vue  géographique,  il  a  tracé  un  itinéraire  détaillé  dans  une 
partie  inexplorée  et  très-intéressante  du  sud  du  Maroc;  au  point 
de  vue  historique,  il  a  envoyé  quelques  notes  et  un  nombre 
considérable  d'estampages  pris  sur  des  monuments,  dont  l'exis- 
tence n'était  même  pas  soupçonnée,  et  qui  ouvrent  des  aperçus 
entièrement  nouveaux  sur  les  premières  populations  de  la  par- 
tie nord-ouest  du  Sahara.  Envisagées  sous  ce  dernier  aspect 

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LA  BERBÉRIE.  33 

seulement,  les  découvertes  du  rabbin  Mardochce  apportent  un 
élément  précieux  pour  reconstituer  le  passé  du  nord-ouest  de 
TAfrique,  antérieurement  à  l'ère  de  la  domination  romaine, 
avec  laquelle  commençait  pour  nous  Thisloire  de  ces  contrées. 
On  entrevoit  déjà  un  lien  de  parenté  entre  certaines  épigraplies 
taillées  sur  les  rochers  des  environs  de  Moghàr  en  Algérie,  dans 
la  vallée  de  Telizzarhèn,  à  Test  de  Rhât,  à  Anâï,  au  sud  du 
Fezzân,  et  celles  que  le  rabbin  Mardochée  a  trouvées  dans  la 
province  marocaine  de  Soûs.  La  manière  des  graveurs  a  été  sur 
tous  ces  points  la  même;  on  ne  remarque  de  difTérences  locales 
que  dans  le  choix  des  sujels  gravés  sur  les  surfaces  des  rochers. 
Ces  différences  peuvent  s'expliquer  soit  par  un  état  particulier 
de  civilisation  des  peuples  qui  vivaient  anciennement  dans  les 
pays  de  Test  où  Tinfluence  des  idées  de  TÉgypte  s*est  faite  sen- 
tir, soit  par  un  climat  relativement  plus  humide  et  plus  chaud 
dans  les  contrées  de  l'ouest  soumises  à  l'action  du  voisinage  de 
rOcéan,  et  abritées  au  nord  par  de  très-hautes  montagnes.  Et 
peut-être  ces  deux  causes  se  sont-elles  traduites  simultanément 
par  les  diflerences  que  nous  signalons.  Dans  tous  les  points 
situés  à  Test  du  Maroc,  le  bœuf  est,  de  tous  les  animaux,  le 
plus  fréquemment  représenté.  Jusqu'à  présent,  l'éléphant  et 
le  rhinocéros  n*ont  été  trouvés  que  dans  les  sculptures  du  sud 
du  Maroc,  où  manquent  les  figures  humaines,  de  même  que  ces 
personnages  allégoriques  ou  divinités  à  têtes  d'animaux  que 
Barth  découvrit  dans  la  vallée  de  Telizzarhèn,  et  qui  rappellent 
tant  les  dieux  et  les  déesses  du  panthéon  des  anciens  Égyp- 
tiens.  Nous    ne    pensons    pas   qu'on    doive   attribuer  une 
importance  trop  grande  à  ce  fait  que  sur  les  dessins  gra- 
vés, dont  le  rabbin  Mardochée  a  envoyé  les  estampages,  on 
voit  cinq  signes  de  l'écriture  teHnagb,  employée  aujourd'hui 
encore  par  les  Touareg,  mais  alignés  verticalement'  comme 
dans  les  inscriptions  des  nécropoles  de  la  Numidie.  11  est  fort 
possible  que  ces  caractères  teiinagh,  comme  ceux  qu'on  trouve 
sur  certains  monuments  romains,  soient  des  additions  relative  ' 
ment  récentes. 

L*A5H<I  GiOGR.  XV.  Digitized  by  vâOOgle 


34  AFRIQUE.  N- 16-91 

§  2.  ^  La  géodésie  de  TAlgérie  et  l'hydrographie  de  la  grande  Syrte  ;  nouveaux 
Iravaui  de  M.  le  chef  d'escadron  d'état-major  Perrier  et  de  M.  le  capitaine  de 
Taiâseau  Mouchez. 

Dans  le  courant  de  1876,  le  Dépôt  de  la  guerre  et  le. 
Dépôt  de  la  marine  ont  fait  continuer  les  travaux  de  géogra- 
phie de  précision  en  Algérie  et  sur  le  littoral  africain  de  la 
Méditerranée.  Les  opérations  de  la  nouvelle  géodésie  de  l'Al- 
gérie commencées,  en  1853,  par  la  mesure  de  la  base  de 
Qolêa'a,  avaient  déjà  été  poussées  au  delà  des  limites  sud  du 
département  de  Gonstaiitine  ;  le  capitaine  d'ctat-major  Rou- 
daire  les  avait  même  continuées  dans  le  Sahara,  au  sud  des 
monts  Aouràs.  Mais  pour  que  la  géodésie  de  l'Algérie  prît  un 
caractère  définitif,  il  fallait  qu'elle  fût  contrôlée  par  de  nou- 
velles observations,  dont  le  soin  a  été  confié  au  commandant 
d  etat-major  Perrier,  menibre  du  Bureau  des  longitudes,  assisté 
du  capitaine  d'état-major  Bassot.  Chargés  de  déterminer  télé- 
graphiquement  la  différence  de  longitude  entre  Bône  et  Alger, 
ils  ont  d'abord  fixé  la  latitude  de  lobservatoire  géodésique  de 
Bône  par  deux  cent  quarante  distances  zénithales  d'étoiles  cul- 
minant, au  nord  où  au  sud,  à  moins  de  30°  du  zénith,  et  la 
longitude  de  cet  observatoire  par  de  nombreuses  observations 
télégraphiques.  Ces  opérations  terminées,  MM.  Perrier  et  Bassot 
ont  dii  se  transporter  à  Nemours,  ville  française  sur  la  fron- 
tière du  Maroc,  pour  y  procéder  à  la  déterminatiou  de  la  lati- 
tude, et  à  la  détermination  télégraphique  de  la  différence  de 
longitude  entre  ce  point  et  Alger. 

Le  commandant  Perrier  annonçait  qu'il  voulait  enfin  procé- 
der à  la  vérification  de  ces  deux  déterminations  indépendantes 
en  faisant  des  observations  directes  à  Nemours,  où  il  resterait,  et 
à  Bône,  où  se  rendrait  dans  ce  but  le  capitaine  Bassot.  La  distance 
totale  qui  sépare  ces  deux  points,  à  vol  d'oiseau,  est  de  1468  ki- 
lomètres. Le  commandant  Perrier  écrivait  de  Bône  à  la  Société 
de  Géographie  :  «  C'est  ainsi  qu'on  connaîtra  l'amplitude  astro- 
nomique de  l'arc  du  parallèle  algérien  qui  s'étend  des  fron- 


LA  BBftBERIË.  35 

tières  de  la  Tunisie  à  celles  du  Maroc  ;  la  longueur  de  cet  arc 
étant  calculée  au  moyen  de  la  triangulation,  et  la  latitude  du 
parallèle  étant  donnée  par  cinq  cents  ou  six  cents  observa- 
tions, on  pourra  en  conclure  le  rayon  équatorial,  ou  le  grand 
axe  du  sphéroïde  terrestre.  » 

Dans  la  campagne  de  1877,  le  commandant  Perrier  opérera 
à  Biskra,  à  Laghouât  et  à  Géryville,  et  nous  pouvons  espérer 
que  ses  observations  donneront  là  aussi  des  résultats  précieux. 
La  position  de  Géryville  n'a  jamais  été  fixée  par  des  observa- 
tions astronomiques  :  aussi  toute  la  carte  du  sud  du  départe- 
ment d'Oran  msuique-t-elle  encore  de  points  de  repère  sûrs. 
M.  Émilien  Renou,  ingénieur  français,  avait  observé  en  1855 
les  positions  de  Laghouât  et  de  Biskra.  La  première  géodésie  de 
TAlgérie  est  arrivée  à  Biskra,  et  la  position  du  fort  de  cette 
ville  est  indiquée  dans  une  inscription  sur  un  de  ses  murs. 
Néanmoins,  à  Biskra  comme  à  Laghouât,  le  travail  du  comman- 
dant Perrier  sera  un  travail  de  vérification  extrêmement  pré- 
cieux. 

Aucune  partie  de  la  carte  du  littoral  méditeiTanéen  n*est 
restée,  aussi  longtemps  que  la  cote  de  la  Tripolitaine,  sujette 
à  des  doutes  sérieux.  Ce  n'est  qu'en  1818  que  le  capitaine  de 
vaisseau  anglais  Smyth  exécuta  les  preiniers  travaux  hydro- 
graphiques entre  Selâqès  et  Ben-Ghâzy.  En  1821,  le  capitaine 
Gautier,  sur  la  gabare  de  notre  marine  la  Chevrette,  fit 
l'hydrographie  de  la  grande  Syrte,  et  dans  la  même  année  le 
capitaine  de  la  marine  anglaise  F.-W.  Beochey  commença,  par 
terre,  une  reconnaissance  géographique  qu  il  aclieva  en  1822 
après  ravoir  poussée  jusqu'au  port  de  Dema,  dans  la  C;ré- 
naïque.  Mais  leç  relèvements  de  1818,  de  1821  et  de  1822, 
ne  correspondaient  plus  aux  exigences  de  précision  de  la 
science  navale  et  de  la  géographie  contemporaines,  et  il  incom- 
bait certainement  plus  qu'à  toute  autre  à  la  marine  française, 
de  donner  des  renseignements  suffisants  sur  près  de  1450  ki- 
lomètres formant  le  développement  des  côtes  des  deux  Syrtes^ 


36  AFRIQUE.  N»«  16-91 

entre  les  ports  de  Sefôqès,  en  Tunisie,  et  de  6en-Ghâzy,  en 
Tripolitaine.  Le  capitaine  de  vaisseau  Mouchez,  membre  de 
rinstitut  et  du  Bureau  des  longitudes,  vient  de  faire  ce  travail 
complet  en  surmontant  des  difficultés  heureusement  peu  ordi- 
naires*. 

Les  côtes  remarquablement  basses  des  deux  Syrtes  sont  bor- 
dées d*écueils  et  de  bancs  de  sable.  Obéissant  à  la  nécessité 
d'une  grande  prudence,  que  la  situation  politique  imposait  à 
des  hommes  de  science  européens  dans  une  contrée  musul- 
mane, M.  Mouchez  n'a  pris  terre  que  sur  les  points  dont  il 
était  mdispensable  de  déterminer  la  position  par  des  observa- 
tions astronomiques.  La  côte  des  deux  Syrtes  comptait  depuis 
longtemps  parmi  les  plus  inhospitalières.  Avec  la  Marmaiique, 
elle  est  la  seule  région  du  littoral  de  la  Méditerranée  dont  la 
masse  principale  des  habitants  soit  restée  nomade.  Sauf  quel- 
ques rares  ports,  où  se  sont  constitués  des  centres  d'habitation 
ûxe,  il  n'y  a,  sur  les  deux  Syrtes,  que  des  tribus  arabes  ou 
berbères,  qui,  de  temps  à  autre,  secouent  le  joug  de  la  domi- 
nation ottomane  el^  tunisienne,  et  se  livrent  continuellement  à 
des  actes  de  déprédation  et  de  pillage  ;  leurs  victimes  sont  non- 
seulement  les  naufragés,  mais  encore  les  tribus  qui  vivent  à 
côté  d'elles.  Nous  faisons  allusion  ici  à  des  faits  dont  nous  avons 
été  témoin.  Ces  habitudes  d'indiscipline  et  de  pillage  s'obser- 
vent surtout  chez  les  Oulâd  'Alî  de  la  Marmarique  et  chez  les 
Ourghâmma  et  autres  tribus  au  sud  de  Gâbès.  La  mission  hy- 
drographique française,  arrivant  dans  un  moment  de  surexci- 
tation religieuse  des  musulmans,  rencontra  une  hostiUté  des 
plus  prononcées  chez  les  habitants  de  l'oasis  maritime  appelée 
Zaouiya  El-Gharbîya  (en  français  :  le  couvent  de  Vouest)  près 
Tripoli  de  Barbarie.  De3cendant  là  à  terre  avec  deux  timo- 
niers pour  ses  observations  astronomiques,  le  commandant  Mou- 

1.  On  se  rappelle  que  le  commandant  Mouchez  avait  déjà  fait,  de  1855  à  1860, 
es  cartes  de  la  rivière  de  la  Plata  et  de  la  république  du  Paraguay,  relevé  dans 
les  deux  années  suivantes,  le  grand  récif  des  AbroUios,  et  la  côte  du  Brésil  de 
Bahia  à  Rio  de  Janeiro,  et  de  1864  à  1866  le  re&te  de  la  côte  brésilienne,  de  Bahia 
à  rembouehure  des  Amazones. 

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LA  BERBERIE.  37 

chez  fdt  assailli  par  des  forcenés  qui  voulurent  le  faire  pri- 
sonnier ainsi  que  ses  aides  ;  il  fallut  parlementer  longtemps 
avant  de  pouvoir  se  rembarquer. 

L*oasis  de  Zaouiya  Ël-Gharbîya,  qui  s'étend  sur  une  longueur 
de  plusieurs  kilomètres  parallèlement  au  rivage,  contient  plu- 
sieurs villages,  dont  les  habitants  emmagasinent  les  grains  de 
différentes  tribus  de  la  Djefara,  grande  plaine  située  entre  les 
monts  Nefoûsa  et  la  Méditerranée.  Les  habitants  de  l'oasis 
même  de  Zaouiya  Ël-Gharbîya,  quoique  dépendant  du  gouver- 
nement général  de  la  Tripolitainc,  sont  les  amis  des  Ourghamma, 
tribu  turbulente  du  territoire  tunisien,  et  on  trouve  ici  fréquem- 
ment des  nomades  campés  sous  les  palmiers-dattiers,  comme 
cela  arrive  dans  toutes  les  oasis,  oii  ils  viennent  à  certaines 
époques  pour  acheter  des  dattes.  En  1860,  nous  avons  passé 
par  Zaouiya  El-Gharbîya  en  nous  rendant  de  Tripoli  au  Djebel 
Nefousa,  et  nous  n*avonseu  qu*à  nous  louer  des  quarante  cava- 
liers d'escorte  que  nous  donna  le  maire  de  cette  oasis  pour 
traverser  la  Djefâra,  infestée,  comme  toujours,  par  des  partis 
d'Ourghamma  et  d'autres  maraudeurs  de  la  frontière.  Un  tel  ' 
changement  dans  les  dispositions  de  la  population  de  Zaouiya 
El-Gharbîya  pour  les  Européens  mérite  d'être  étudié,  car  il 
n'est  pas  indifférent  pour  nous  de  connaître  à  quelle  cause  il 
faut  l'attribuer.  A  différentes  reprises,  la  partie  de  la  Tripoli- 
taine  où  est  Zaouiya  El-Gharbîya  a  vu  arriver  des  immigrants 
algériens  qui,  mécontents  de  vivre  sous  l'administration  des  infi- 
dèles, allaient  chercher  une  autre  patrie  sur  le  territoire  ottoman. 
Peut-être  est-ce  là  la  cause  du  changement  dans  les  dispositions 
des  habitants  de  Zaouiya  El-Gharbîya.  Mais  nous  la  verrions  plu- 
tôt dans  deux  faits  qui  peuvent  avoir  agi  simultanément.  Depuis 
de  longues  années  Thostihté  contre  le  progrès  et  la  tolérance, 
qui  vient  de  se  montrer  à  jour  à  Gonstantinople  même,  chez  le 
clergé  musulman,  était  aussi  le  thème  favori  des  prédicateurs 
de  certaines  confréries  religieuses  qui  parcouraient  l'Algérie, 
et  qui,  généralement,  avaient  et  ont  encore  leurs  centres  d'ac- 
tion soit  dans  le  Sahara,  soit  dans  le  Maroc  ou  la  TripoHtaine. 

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58  AFRIQUE.  N- 16-91 

Il  n*y  aurait  rien  d'impossible  à  ce  que  le  courant  de  fanatisme 
qui  semble  rayonner  maintenant  dans  plusieurs  parties  du 
monde  musulman,  à  Constantinople,  comme  à  Kachgar,  eût 
fait  Tibrer  aussi  4es  musulmans  de  la  Berbérie  ;  il  aura  trouvé 
là  dans  les  adeptes  des  confréries  dont  nous  parlons,  des  auxi- 
liaires toujours  préparés  à  obéir  à  un  mot  d  ordre  antichrétien, 
ou  pour  mieux  dire  antieuropéen. 

La  mission  hydrographique  du  commandant  Mouchez  vient  de 
finir  ;  Texamen  des  résultats  qu'elle  a  donnés,  et  qui  ne  sont 
pas  encore  rendus  publics,  trouvera  sans  doute  sa  place  dans 
le  prochain  volume  de  Y  Année  géographique.  Cette  expédition 
avait  pour  but  de  compléter  l'hydrographie  de  la  côte  entre 
Sefàqès  et  Ben-Ghâzy,  car  les  relevés  hydrographiques  faits  par 
ordre  de  l'amirauté  anglaise  s'arrêtaient  à  l'ouest  à  Sefàqès, 
sur  la  côte  tunisienne,  et  à  l'est  à  Ben-Ghâzy,  dans  la  Cyré- 
naïque.  Entre  ces  deux  points,  ils  laissaient  encore  dans  le 
vague  la  côte  monotone  des  deux  Syrtes,  oii  le  travail  de  l'hy- 
drographe devait  être  aussi  difficile  que  désagréable. 

En  raison  des  circonstances  locales,  les  nouveaux  travaux 
hydrographiques  du  commandant  Mouchez  ont  été  menés  sui- 
vant deux  méthodes  différentes  dans  la  partie  ouest  et  dans  la 
partie  est  de  la  côte.  Entre  Sefàqès  et  le  Râs  Maçrâta  (cap. 
Maçrâta),  la  côte  de  la  petite  Syrte  a  été  levée  avec  tous  les  dé* 
taiis  nécessaires  à  l'aide  de  stations  au  théodolite,  faites  à 
terre  le  long  du  littoral,  en  vue  les  unes  des  autres,  et  espacées 
entre  elles  d'une  lieue  en  moyenne.  Aussi  souvent  que  le  né- 
cessitait l'exactitude  du  levé,  le  commandant  Mouchez  faisait, 
aussi  à  terre,  des  stations  astronomiques  dont  il  déterminait  la 
latitude  à  5"  près,  et  la  longitude  à  0»,5  de  temps,  ou  7'',5 
d'arc  près,  en  se  servant  de  cinq  excellents  chronomètres.  On  a 
levé  le  plan  particulier  de  tous  les  points  qui  offi^nt  quelque 
abri,  ou  un  mouillage  quelque  peu  convenable.  Dans  la  grande 
Syrte,  dont  le  nom  classique  s'est  perpétué  dans  le  nom  Sert  que 
donnent  à  ses  côtes  leurs  habitants  actuels,  le  commandant 
Mouchez  a  dû  faire  son  levé  avec  un  peu  moins  de  détails,  à 

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LA  BËRBÉ^IE.  59 

cause  de  rhostiliié  des  populations,  bostilitë  tellement  flagrante 
que  les  Arabes  qui  accompagnaient  la  mission  française  refu- 
saient de  descendre  à  terre.  Malgré  cette  situation  si  défavo- 
rable à  la  poursuite  régulière  des  travaux,  le  capitaine  de 
vaisseau  Mouchez  et  ses  collaborateurs  ont  pu  déterminer  la 
position  géographique  de  douze  ou  quatorze  points  au  moyeu 
d'excellentes  observations  faites,  à  terre,  avec  la  même  précision 
que  les  .observations  de  la  petite  Syrte,  car  la  plus  grosse 
erreur  du  nouveau  tracé  sera  inférieure  à  un  demi'mille  marin, 
soit  à  927  mètres. 

Tandis  que  le  Castor  faisait  une  route  parallèle  à  la  cote, 
et  à  une  distance  moyenne  de  2  kilomètres,  le  canot  à  vapeur 
a  suivi  la  côte  à  cinquante  mètres.  L'expédition  a  levé  dans  la 
grande  Syrte  les  plans  de  quatre  ou  cinq  points  où  les  bateaux 
caboteurs  pourront  trouver  un  abri  ;  mais  elle  n'a  pas  reconnu 
une  seule  crique  pouvant  abriter  même  un  petit  navire  en 
cas  de  mauvais  temps. 

Sur  les  668  kilomètres  des  rivages  déserts  de  la  grande 
Syrte  on  ne  voit  pas  une  seule  maison  ;  on  ne  trouve  plus  un 
seul  arbre.  L'unique  palmier-dattier  qui  formait  il  y  a  cin- 
quante-cinq ans  un  signal  naturel  à  El-'Âr'ar  est  mort,  et  n'a 
pas  été  remplacé.  Partout  le  capitaine  de  vaisseau  Mouchez  a 
constaté  que  la  population  est  très-clair-semée  ;  et  la  seule 
industrie  maritime  à  laquelle  elle  s'adonne,  sur  la  côte  orien- 
tale seulement,  est  celle  de  la  pêche  aux  éponges. 


§  3.^ Les  monts  Aourâs.  Exploration  historique,  archéologique,  ethnographique  et 
linguistique  de  M.  Emmanuel  Masqueray.  Éludes  sur  l'oasis  de  Negrin  et  les 
ruines  romaines  de  Besseriâni,  par  M.  le  capitaine  Baudot.  La  limite  sud  de 
roccupation  romaine  dans  la  province  de  Gonstautine* 

Avec  les  expéditions  militaires  d'abord,  puis  avec  les  tra- 
vaux de  colonisation,  on  a  vu  se  réaliser,  depuis  1 830,  de  grands 
progrès  dans  la  connaissance  du  sol,  du  climat,  des  produc- 
tions et  des  habitants  de  l'Algérie.  Et  cependant,  malgré  le. 
nombre  des  hommes  qui  se  sont  livrés  et  qui  se  livrent  encore 


yGoogk 


40  AFnlQUE.  W 16-01 

à  l'exploration  scientifique  de  TAlgérie,  nous  sommes  loin  de 
connaître  d*une  manière  satisfaisante  toutes  les  parties  du  pays, 
si  on  veut  les  envisager  sous  leurs  aspects  variés.  Parmi  les 
contrées  de  l'Algérie  qui  méritent  une  étude  approfondie,  il  faut 
citer  en  première  ligne  les  chaînes  de  montagnes  qui  séparent 
le  Tell,  c'est-à-dire  la  partie  cultivable,  du  Sahara  du  départe-^ 
ment  de  Constantine,  et  que  nous  appelons  Aourâs,  en  géné- 
ralisant à  tout  un  grand  massif  le  nom  d'nne  des  chaînes  qui 
le  composent  ^.  Ici,  ce  ne  sont  pas  tant  les  lacunes  ou  les 
imperfeclions  de  la  carte  que  les  habitants,  leurs  mœurs, 
leur  histoire  et  leurs  œuvres  qui  faisaient  ardemment 
souhaiter  de  voir  cette  contrée  parcourue,  et  scrutée  en 
détail,  par  un  voyageur  en  mesure  de  bien  observer. 
Gi  souhait  vient  d'être  réalisé.  M.  Emmanuel  Masqueray, 
professeur  au  lycée  d'Alger,  fut  chargé,  en  1875,  par  le  gou- 
vernement de  l'Algérie  et  par  le  ministère  de  l'instruction  pu- 
blique, d'aller  poursuivre  des  recherches  historiques  dans  TAou- 
râs.  La  Société  de  Géographie  de  Paris  lui  remit  des  instructions 
et  voulut  ensuite  contribuer  aux  dépenses  d'un  voyage  dont  les 
résultats  ne  pouvaient  manquer  d'être  extrêmement  intéressants. 
A  son  passage  à  Constantine,  le  capitaineParisot,  chef  du  bureau 
topographique,  donna  communication  à  M.  Masqueray  d'une 
carte  manuscrile,  à  l'échelle  du  cent-millième,  du  pays  qu'il 
allait  étudier,  dont  l'usage  devait  lui  être  fort  utile. 

M.  Masqueray  commença  son  exploration  à  Batna,  au  mois 
de  janvier  1876. 11  explora  d'abord,  à  dix  kilomètres  environ 
de  Lambèse,  sur  le  versant  nord  des  montagnes,  les  ruines  ro- 
maines de  Thamugas,  appelées  aujourd'hui  Timgâd,  par  suite 
d'une  modification  insignifiante  de  l'ancien  nom,  Tâmgâd,  qui 
est  conservé  dans  le  nom  latin.  Les  fouilles  de  M.  Masqueray  fu- 
rent récompensées  parla  découverte  d'inscriptions  romaines 
qui  déterminent  rigoureusement  l'emplacement  de  la  curie 


nord 


1.  Le  nom  d'Aourfts  appartient  en  propre  à  la  partie  des  montagnes  comprise 
entre  les  vallées  de  l'Ouâd  El-Ahmar  et  de  TOuâd  'Abdi,  et  se  prolongeant  de  là  au 

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LA  BEHBëRIE.  41 

de  Thamugas,  et  qui  donnent  en  même  temps  la  liste  des  ma- 
gistrats de  cette  ville  à  la  fin  du  quatrième  siècle  (n" 66  et  67). 
Le  voyageur  put  aussi  reconstituer  Taspect  du  forum  et 
de  ses  monuments,  et  retrouver  les  amorces  des  voies  qui  re- 
liaient cette  ville  aux  autres  centres  de  Toccupation  romaine. 
Il  s'assura  que,  malgré  Je  témoignage  de  Procope,  la  ville  ro- 
maine de  Thamugas  était  ouverte.  Fondée  sous  le  règne  de 
Trajan,  elle  reçut  des  embellissements  pendant  la  domiaation 
byzantine,  et  c'est  de  cette  époque  que  datent  la  basilique  et 
le  château,  oîi,  entre  autres  matériaux  de  construction,  on  em- 
ploya les  pierres  tumulaires,  les  sépulcres  et  les  débris  de  mo- 
numents plus  anciens. 

Après  cet  heureux  début  de  son  voyage,  M.  Masqueray  pé- 
nétra dans  les  montagnes,  où  il  arrivait  sur  le  théâtre  choisi 
pour  ses  études.  En  effet;  un  des  principaux  buts  de  sa  mis- 
sion était  de  recueillir  des  données  exactes  sur  les  habitants  de 
TÂourâs,  de  cette  citadelle  historique  de  lanationaUté  berbère. 
Du  mois  de  mai  au  mois  d'octobre  1876,  il  a  parcouru  et  tra- 
versé TAourâs  dans  plusieurs  directions  ;  de  Lambèse  au  nord, 
à  Berânis  au  sud  ;  de  là  en  remontant  vers  le  nord  par  Mena  a 
et  Tarhit  à  Mazer  ;  il  a  visité  les  pentes  nord  du  Djebel  Nouâçer, 
continué  son  voyage  par  la  haute  vallée  de  TOuâd  'Abdi,  la 
vallée  de  TOuâd  Taga,  puis  par  Ichoukkân  à  Klienchela,  où 
la  fièvre  intermittente  l'a  obligé  de  suspendre  ses  explora- 
tions. 

Depuis  quelques  années  la  science  s'occupe  des  monuments 
préhistoriques,  des  sépultures  de  types  élranges,  des  aligne- 
ments de  pierres  ou  autres  monuments  primitifs  qu'on  trouve 
dans  beaucoup  de  pays  et  entre  lesquels  l'histoire  positive  ne 
nous  montre  pas  de  lien.  Ces  monuments  toutefois  sont  par- 
tout le  sujet  de  légendes,  sans  valeur,  mais  qui  se  rattachent 
toujours  aux  plus  anciennes  traditions.  En  France  et  en  Angle- 
terre, on  les  appelle  généralement  pierres  druidiques  (dolmens, 
menhirs,  etc.);  en  Allemagne  :  tombeaux  des  Huns;  en  Algérie  : 
boutiques,  calottes,  tombeaux  des  idolâtres  ou  des  barbares  ; 

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42  AI'^RIQUE.  N"  16-91 

il  y  en  a  sur  la  côte  des  Çômâli ,  en  Russie  et  dans  THimalaya. 
Certains  types  de  ces  monuments  se  retrouvent  sur  de  vastes 
étendues  de  pays,  d'autres  sont  particuliers  à  une  ou  deux  con« 
trées  ;  à  première  vue,  il  serait  donc  illogique  de  vouloir  les 
attribuer  tous  à  une  seule  et  même  race,  qui  les  aurait  semés 
dans  trois  continents  au  cours  de  longues  migrations  sous  les 
climats  les  plus  divers. 

M.  Masqueray  a  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  un  grand 
nombre  de  ces  monuments  dans  les  montagnes  de  TAourâs,  et 
il  les  a  soumis  à  une  étude  attentive  (n^  68).  11  a  trouvé  quatre 
eents  tombeaux  circulaires  dans  la  plaine  de  Nerdi,  entre  le 
village  de  Boû  Zîna  et  le  Djebel  Mahmel  ;  d'autres  au  nord  du 
Djebel  Nouâçer,  et  aux  environs  des  villages  de  Hena'a,  de 
Nâra  et  de  Tisekifîn  ;  enfin  le  hasard  lui  a  fait  découvrir  une 
grande  nécropole  près  des  ruines  d'ichoukkan.  Voici  la  des- 
cription des  tombeaux  circulaires  d'ichoukkân  telle  que  la 
donne  le  voyageur.  Ces  tombeaux  sont  là  au  nombre  de  deux 
cents  ou  trois  cents,  et  les  pentes  des  montagnes  voisines, 
le  Boû  Driesen  et  le  Kharroûba,  en  contiennent  au  moins  trois 
mille. 

Ils  ont  la  forme  de  tours  de  5  mètre^  de  diamètre  environ  et  d'une 
épaisseur  de  1",  50,  quelquefois  2  mètres;  ils  sont  composés  de  fortes 
pierres,  grandes  et  bien  ajustées.  Ils  ont  2",50  ou  3  mètres  de  hauteur 
et  sont  recouverts  de  larges  dalles.  Je  dis  que  ces  sortes  de  monuments 
sont  des  tombeaux  parce  qu'ils  sont  tout  à  fait  analogues  à  d'autres 
dans  lesquels  j'ai  trouvé  des  squelettes  ;  mais  j'avoue  que  j'en  ai  fait 
ouvrir  deux  sans  résultat.  Je  n'ai  pas  pu  poursuivre  cette  recherche 
parce  que  mes  moyens  étaient  insuffisants.  Bien  que  j'eusse  huit 
hommes  à  ma  disposition  et  plusieurs  leviers,  il  m'a  fallu  reculer  de« 
vant  la  masse  de  ces  énormes  pierres.... 

Le  type  de  ces  tombeaux  est  constant.  Au  milieu,  une  petite  chambre 
rectangulaire  composée  de  quati*e  dalles,  deux  longues  sur  les  flancs, 
deux  plus  petites  à  la  tête  et  aux  pieds  ;  autour  de  cette  chambre,  huit 
ou  dix  cercles  de  pierres  dont  le  volume  va  croissant  du  centre  à  la 
circonférence;  au-dessus  une  plaque  à  peu  près  circulaire.  Cependant, 
au  milieu  de  ces  tombeaux  s'élèvent  des  tours  dont  l'intérieur  offre 
la  figure  d'un  carré  grossier.  Ces  tours,  composées  de  grosses  pierres 

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LA  B8RBÉRIE.  45 

sèches,  sont  revêtues  d'abord  de  caillasue,  puis  de  pierres  énormes  ; 
elles  sont  également  couvertes  d'une  dalle  dont  les  dimensions  sont 
souvent  surprenantes.  Ces  tours  sont-elles  des  tombeaux  de  person- 
nages considérables  ou  des  habitations  ?  Leur  élévation  est  d'environ 
2  mètres.  J'ai  toujours  trouvé  d£S  squelettes  avec  certitude  dans  ce 
que  j'appelle  proprement  les  tombeaux,  et  je  n'ai  jamais  rien  trouvé 
dans  les  tours.  Toutefois  j'ai  ouvert  trop  peu  de  ces  tours  pour  en 
conclure. 

Le  point  capital  est  l'orientation  de  la  chambre  des  tombeaux.  Cette 
orientation  est  nord-nordH>uest.  Quant  à  leur  distribution  générale 
suivant  certaines  lignes,  je  pense  maintenant  que  les  inductions  qu'on 
en  tire  sont  sans  valeur.  Sur  le  Kbarroûba  comme  sur  lo  Boû  Driesen, 
et  ailleurs,  ils  sont  agglomérés  sans  direction  voulue  La  seule  loi 
générale  est  que,  s'ils  sont  en  petit  nombre,  ils  se  suivent  les  uns 
derrière  \o8  autres  le  long  de  la  colline  qui  les  porte,  en  se  confor- 
mant k  l'orientation  de  cette  colline,  quelle  qu'elle  soit.  C'est  l'orien- 
tation de  la  chambre  sépulcrale  qui  seule  peut  avoir  une  valeur 
ethnographique. 

En  second  lieu,  le  squelette  se  trouve  au  fond  de  cette  chambre, 
reposant  sur  le  sol,  accroupi,  la  tête  vers  le  nord-nord-ouest.  On  ne 
trouve  pas  toujours  de  poterie  à  côté  de  la  tête,  dans  les  tombeaux  du 
Kharroûba,  comme  dans  ceux  de  la  plaine  de  Nerdi.  J'ai  trouvé  dans 
certains  tombeaux  la  poterie  seule  et  point  de  squelette.  Plusieurs 
tombeaux  aussi  étaient  complètement  vides,  bien  que  la  dalle  n'eût 
pas  été  déplacée.  J'ai  même  trouvé  dans  un  tombeau  cette  exception 
singulière  :  un  squelette  la  tête  tournée  vers  le  nord.  —  Je  n'ai  ja- 
mais rencontré  d'ornements,  sinon  un  anneau  de  cuivre. 

Halheureusement  le  temps  a  fait  là  son  œuvi^e,  et  les  osse- 
ments des  nécropoles  d*lchoukkân  sont  dans  un  tel  état  de  dé- 
composition que  M.  Masqueray  les  compare  à  du  papier  brûlé, 
et  que  la  science  ne  pourrait  les  faire  servir  à  déterminer  le 
peuple  dont  ils  proviennent.  Il  a  fallu  des  précautions  extrê- 
mes pour  extraire  plusieurs  crânes  complets  et  les  emballer, 
en  y  joignant  des  échantillons  de  poterie  et  les  coquilles  d'hé- 
lices trouvées  en  dessous  des  ossements. 

Le  voyageur  déclare  que  les  crânes,  qui  ont  une  gi'ande  res- 
semblance avec  les  nôtres,  appartenaient  à  des  Berbères  ;  son 
opinion  sera  fort  probablement  confirmée  par  les  anthropolo- 
gistes. 

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44  AFRIQUE.  N- 16-91 

Les  mollusques  terrestres,  essentiellement  attachés  au  sol, 
sont  peut-être  de  tous  les  êtres  vivants  ceux  qui,  par  Tépais- 
seur  ou  la  forme  générale  de  leur  coquille,  rendent  le  plus 
sûrement  les  traits  dominants  d'un  climat,  sous  le  rapport  de 
la  température  et  du  degré  d*humidité.  Voilà  pourquoi,  à 
défaut  d'inscriptions  qui  permissent  d'assigner  une  date  sûre 
à  des  tombeaux  très-antiques,  H.  Masqueray  a  eu  raison  de 
recueillir  les  coquilles  contenues  dans  la  couche  du  sol  sur 
laquelle  reposent  les  squelettes.  Au  moyen  de  ces  coquilles,  il 
est  au  moins  un  naturaliste  en  France  qui  saura  fixer  Tâge 
des  nécropoles  d'Ichoukkûn. 

11  existait  autrefois  une  ville  à  Ichoukkân,  dont  la  situation 
est  adn\irablement  choisie  pour  une  forteresse.  Ce  lieu  est  sur 
le  chemin  direct  de  Lambèse  ou  de  Timgâd  au  pays  des  Oalâd 
Dâoud  en  passant  par  Medhia  du  Ghellîya.  On  ne  saurait  faire 
ce  trajet  sans  passer  sous  le  plateau  d'ichoukkân,  étroit  et 
bordé  par  des  précipices  :  la  Khanga  Seba'a  Regoûd  ou  a  le 
ravin  des  Sept  Dormants  d,  et  la  Khanguet  El-Akhra  ou  «  le 
ravin  de  l'Autre  Monde  ».  Sur  ce  plateau  qui. domine  au  nord  la 
plaine  de  Firaz  fut  naguère  une  ville  dont  M.  Masqueray  a  décou- 
vert et  exploré  les  ruines.  Le  promontoire  de  rochers,  en  forme 
de  fer  delauce,qui  sépare  Les  deux  ravins,  est  isolé  du  reste  du 
plateau  par  une  longue  muraille,  construite  eu  gros  blocs  de 
pierre  mal  taillés.  A  l'intérieur,  M.  Masqueray  a  reconnu  des 
traces  de  murs  et  des  ruines  de  grandes  maisons,  aux  pierres 
d'une  coupe  et  d'un  agencement  très-grossiers  qui  trahissent  une 
main-d'œuvre  de  beaucoup  inférieure  à  celle  des  Romains.  Du 
côté  du  ravin  des  Sept  Dormants,  juste  au  bord  du  précipice, 
on  trouve  les  débris  d  une  forteresse  bâtie  dans  le  même  genre 
et,  du  côté  du  ravin  de  l'Autre  Monde,  des  ouvrages  ressem- 
blants à  de  grosses  tours  défendaient  l'accès  de  la  ville.  L'en- 
semble de  ces  ruines  est  cyclopéeu.  Le  nom  du  fragment  de 
plateau  et  de  la  ville  n'est  qu'un  pluriel  de  la  langue  berbère. 
En  y  voyant  une  autre  forme  à'ehichkân  (pluriel  à*ehichk)y 
substantif  qui  a  le  sens  de  a  les  arbres  »  dans  le  dialecte  des 

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LA  BERBËRIE.  45 

Aouélimmiden,  on  en  pourrait  conclure  que  ce  plateau,  dénudé 
aujourd'hui,  fut  autrefois  couvert  d'une  forêt  ;  la  supposition 
paraît  admissible  quand  on  refléchit  au  déboisement  de  toutes 
les  parties  de  TAlgérie  qui  a  continué  pendant  des  siècles. 

M.  Masqueray  s*cst  demandé  si  lantiquité  classique  avait 
peut-être  connu  la  ville  dont  il  a  retrouvé  remplacement  et, 
s'appuyant  sur  un  passage  de  Procope,  il  croit  que  le  ôpoç 
itTviSoç  (la  montagne  du  Bouclier),^  de  Procope,  où  le  général 
Salomon  fut  forcé  de  se  retrancher  avant  de  battre  en  retraite 
devant  les  Berbères,  et  où  il  trouva  d'anciennes  fortifications, 
ne  peut  être  que  la  pointe  de  rochers  d'ichoukkân ,  dont  la 
forme  et  l'apparence  rappellent  en  effet  un  bouclier  avec  ses 
écailles. 

Les  anciennes  fortifications  d'Ichoukkân,  auxquelles  Salo- 
mon n*a  certainement  rien  changé,  durent  être  construites  par 
les  Berbères,  dont  les  traditions  les  plus  anciennes  font  les 
habitants  de  l'Aourâs.  Conservées  tlans  la  population  actuelle, 
ces  traditions  attribuent  le  premier  peuplement  de  TAourâs  à 
un  peuple  qu'elles  nomment  Barbar,  c'est-à-dire  Berbères,  qui 
cultivait  l'olivier,  marchait  la  tête  nue  et  ne  construisait  pas 
de  maisons.  Or,  si  le  trait  caractéristique  de  l'absence  de  coif- 
fure peut  surprendre  qui  ne  connaît  que  les  Berbères  de  l'Al- 
gérie, il  ne  surprendra  nullement  les  voyageurs  qui  ont  vu  les 
Aït  Atta  du  Maroc  ou  les  jeunes  hommes  parmi  les  serfs  des 
Touareg.  Longtemps  après  l'époque  des  Barbar,  d'autres  tri- 
bus de  la  même  race  émigrèrent  dans  le  pays.  Mais  ces  nou- 
veaux essaims  paraissent  avoir  été  déjà  plus  ou  moins  arabisés  ; 
tels  étaient  par  exemple  les  Oulâd  'Azzîz,  et  les  Benî  Ferah, 
dont  l'émigration  coïncida  presque  avec  l'arrivée  de  quelques 
tribus  arabes  qui  se  fixèrent  dans  la  montagne  à  côté  des  Ber- 
bères. Outre  ces  fleux  éléijçients  qui  généralement  ne  se  sont 
pas  assez  fondus  ensemble  pour  effacer  la  démarcation  de  leur 
origine,  les  habitants  de  l'Aourâs  en  comptent  un  troisième  qu'ils 
appellent  le  groupe  des  Oulâd  Roumânïa  ou  Enfants  des  fio- 
wam«.  Chez  ces  derniers  domine  la  couleur  blonde  des  che- 

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46  AFRIQUE.  N«- 16-91 

veux  et  de  la  barbe,  qu'on  retrouve  aussi  chez  certaines  autres 
tribus  du  Tell  algérien.  Les  Oulâd  Roumânïa  habitent  principa- 
lement les  villages  de  Mena'a  et  Nâra  ;  ils  composent  le  fond  des 
tribus  des  'Abdi,  des  Touâba,  des  Oulâd  Ya'goûb  et  des  Benî 
Boû  Selîmân.  Cette  coloration  claire  des  cheveux  et  de  la  barbe 
ne  nous  paraît  pas  une  preuve  suffisante  que  les  Oulâd  Rou- 
mânïa descendent  en  réalité  soit  des  anciens  colons  romains, 
dont  le  blond  n'était  pas  la  couleur,  soit  des  tribus  européennes, 
telles  que  les  Vandales,  qui  envahirent  l'Algérie  après  les 
Romains.  Le  nom  d'Oulâd  Roumânïa  indiquerait  plutôt  une 
assimilation  de  ces  tribus  au  reste  des  citoyens  romains  pour 
la  religion,  pour  Tadministration  et  pour  la  législation  ;  il  dé- 
signerait en  quelque  sorte  des  Berbères  romanisés.  Chez  eux, 
malgré  Tinfluence  prolongée  de  la  religion  et  du  droit  musul- 
mans qu'ils  furent  forcés  d'adopter,  la  femme  jouit  de  la 
même  liberté  que  dans  les  pays  civilisés  de  l'Europe  ;  elle  sort 
et  va  à  de  grandes  distances,  et  travaille  au  dehors  avec  les 
hommes.  C'est  là  un  trait  qu'on  retrouve  sur  tous  les  points  où 
le  sang  berbère  s'est  conservé  pur,  et  où  les  décisi(ms  des 
commentateurs  fanatiques  du  Coran  n'ont  pas  étouffé  le  plus 
beau  côté  des  mœurs  nationales. 

Longtemps  après  la  conquête  de  FAourâs  par  les  armées  mu* 
sulmanes,  et  en  dépit  de  la  conversion  des  habitants  à  la  nouvelle 
religion,  dont  le  livre  est  en  même  temps  un  code  de  droit,  ils 
restèrent  fidèles  aux  anciennes  coutvmes  d'aprè§  lesquelles  la 
justice  était  rendue.  Les  coutumes  de  TAourâs  avaient  force  de 
loi,  hier  encore  pour  ainsi  dire,  car  M.  Masqueray  a  pu  recueil- 
lir celles  de  plusieurs  villages  (chaque  groupe  avait  les  siennes 
propres).  Peut-être  grâce  à  lui,  les  institutions  municipales  de 
l*Aourâs  seront-elles  sauvées  de  l'oubli  comme  Font  été  celles 
de  la  Kabylie  grâce  à  MM.  Hanoteau  et  Letourneux.  Les  Mâ- 
zerh  ou  Berbères  de  l'Aourâs,  que  les  Arabes  appellent  Châwi^ 
c'est-à-dire  bergers  de  moutons^  se  gouvernaient  par  munici- 
palités, et  dans  chaque  ville  ou  village,  il  y  avait  tantôt  autant 
de  maires  (âmoqrâriy  amghâr)  qu'il  y  avait  de  fractions  de  tri- 

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U  BËftBÉRlË.  il 

bas,  et  alors  les  maires  des  différentes  fractions  composaient 
un  conseil  qui  décidait  en  dernier  ressort  des  affaires  de  la 
commune  et  rendait  la  justice  suivant  la  coutume.  Tantôt  on 
formait  le  conseil  d'un  certain  nombre  de  notables,  ou  de  per- 
sonnages auxquels  l'âge  avait  donné  de  Texpérience,  et  qui 
prenaient,  comme  les  précédents,  le  titre  à^amghâr;  ce  titre  § 
correspond  exactement,  comme  sens  originel,  au  mot  latin 
major  (plus  âgé)  dont  nous  avons  fait  maire.  Pour  l'exécution 
de  ses  arrêts  et  pour  la  police  du  village,  le  conseil  municipal 
désignait  des  hommes  choisis  parmi  les  plus  forts  et  les  plus 
braves,  qui  devenaient  ainsi  de  véritables  gendarmes,  si  ce 
n'est  que  leurs  fonctions,  tout  honorifiques,  n'étaient  pas  rétri- 
buées, et  qu'ils  travaillaient  à  la  terre  comme  le  reste  des  ci- 
toyens. L'esprit  de  la  législation  de  l'Âourâs  était  simple  et  pa- 
triarcal. Le  vol,  les  injures,  les  coups  et  les  blessures  étaient 
punis  d'une  amende,  que  partageait  le  plaignant  avec  le  conseil 
municipal.  Dans  tous  les  villages,  Nâra  excepté,  l'homicide  était 
puni,  non  par  la  peine  de  mort,  mais  par  le  ravage  complet 
des  biens  du  meurtrier,  un  exil  dont  la  durée  variait  d'un  à 
deux  ans,  et  par  le  payement  du  prix  du  sang,  La  position  de 
la  femme  devant  la  législation  des  coutumes  était  très-singu- 
lière. Tandis  que  chez  d'autres  groupes  de  la  famille  berbère, 
la  loi  assurait  et  assure  encore  à  la  femme  des  droits  égaux,  en 
tout,  à  ceux  de  l'homme,  sinon  des  privilèges,  chez  les  Berbères 
de  l'Aourâs^  la  femme  était  toujours  incapable  ;  elle  n'héritait 
pas.  Hais  le  délit  de  paroles  ou  de  gestes  outrageants  envers 
une  femme  donnait  lieu  à  compensation,  et  en  refusant  cette 
compensation,  le  mari  avait  le  droit  de  tuer  le  coupable.  L'adul- 
tère payait  le  prix  du  sang  exactement  comme  le  meurtrier. 

Un  fait  plus  surprenant  encore  que  la  vitalité  de  ces  vieilles 
coutumes  légales,  qui  ont  fini  par  disparaître,  c'est  la  conser- 
Tation  jusqu'à  notre  temps,  de  fêtes  romaines  et  chrétiennes, 
qu'on  célèbre  encore  dans  l'Aourâs,  tandis  que,  malgré  leur 
conversion  à  l'islam  qui  date  de  plus  de  onze  siècles,  deux 
fêtes  de  la  religion  musulmane  seulement  ont  été  adoptées 

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48  AFRIQUE.  N-  tô-Ôi 

parles  Berbères  de  ces  montagnes.  Sous  le  nom  àHnnâr  (jan- 
vier), les  Châwïa  Roumânïa  fêtent  le  jour  de  Tan  dans  la  nuit 
du  51  décembre.  On  lave  tous  les  vêtements,  on  change  tous 
les  ustensiles  de  ménage  usés  pour  entrer  dans  une  nouvelle 
année  solaire;  chaque  famille  fait  un  repas,  où  figurent  de  la 
, viande  et  des  œufs,  et  Ton  clôt  les  réjouissances  par  des  chants 
et  des  danses.  La  fête  de  Tautomne  commence  au  mois  de  sep- 
tembre, quand  tous  les^grains  sont  rentrés  et  battus,  au  mo- 
ment des  mariages  ;  M.  Masqueray  la  compare  avec  raison  à 
notre  fête  des  vendanges.  Elle  dure  trois  jours  pendant  les- 
quels on  chante,  on  danse  et  on  joue  à  la  balle. 

Les  fêtes  d'origine  chrétienne  sont  au  nombre  de  deux  :  d*abord 
la  Noël,  qui  n'est  pas  célébrée  par  les  'Abdi,  et  que  les  Chiiwïa 
appellent  Boû  Ini;  ce  jour-là  on  change  une  pierre  du  foyer  et 
renouvelle  la  terre  qui  Tentoure.  Ensuite  les  Rogations,  dont 
la  date  arrive  un  mois  et  demi  après  le  jour  de  Tan,  au  com- 
mencement du  printemps  dans  TAourâs.  C'est  la  fête  du  prin- 
temps. Les  habitants  sortent  tous  à  jeun,  dès  le  matin,  et  font 
une  promenade  au  son  des  flûtes  dans  la  montagne.  Ils  en  rap- 
portent des  feuillages  et  des  herbes  vertes.  Pendant  trois  jours 
durent  des  réjouissances  qui  consistent  en  coups  de  fusil,  en 
jeux  de  balle  que  terminent  des  chants  et  des  danses. 

Un  des  côtés  de  leur  organisation  nationale  par  lesquels  les 
Berbères  les  plus  purs  se  distinguent  des  Arabes  est  l'existence 
de  tribus  entières  ou  de  familles  de  serfs  à  côté  d'autre* tribus 
nobles,  ayant  la  prépondérance  sur  les  premières.  Jusqu'à  ce 
jour  on  n'avait  reconnu  l'existence  de  serfs  que  chez  les  Berbères 
du  Sahara  :  les  Touareg,  et  les  Maures  qui  viennent  commer- 
cer sur  le  Sénégal.  M.  Masqueray  a  découvert  dans  ce  qu'il 
appelle  les  'Abdi  assimilés^  des  hommes  vivant  incorporés  dans 
les  quatre  tribus  des  Oulâd  'Abdi,  mais  maintenus  par  eux 
dans  un  état  d'infériorité  qui  rappelle  la  condition  des  serfs 
des  Touareg. 

Continuant  son  voyage  sur  le  versant  nord  des  montagnes, 
M.  Masqueray  arriva  au  poste  français  de  Khenchela,  où  une 

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LA  BERBÉKIE.  49 

forte  attaque  de  fièvre  intermittente  le  força  de  s'arrêter.  Il 
payait  ainsi  les  épreuves  que  son  zèle  scientifique  avait  fait 
subir  à  sa  santé,  en  s'exposant  dans  les  vallées  malsaines,  et 
en  omettant  tous  les  ménagements  dont  un  voyageur  moins 
actif  se  serait  entouré.  Cependant  les  jours  de  sa  convalescence 
n'auront  pas  été  perdus  pour  la  science  :  ils  ont  été  employés 
à  l'étude  de  la  langue  cbâwi,  et  à  l'exploration  des  environs  de 
Khenchela,  riches  en  ruines  très-intéressantes. 

Au  sud  de  Tebessa,  sur  le  versant  saharien  des  massifs  qu'é- 
tudie M.  Masqueray,  on  trouve  l'oasis  de  Negrîn,  importante 
par  sa  position  près  de  la  frontière  de  la  Tunisie.  Le  voyageur 
y  peut  admirer  les  contrastes  saisissants  formés  par  les  taches 
et  les  bandes  de  verdure  sur  les  tons  chauds  de  la  montagne 
et  des  plaines  qui  l'entourent.  Là  l'olivier  et  le  dattier  confon- 
dent leurs  feuillages  avec  ceux  des  figuiers  et  des  abricotiers, 
et  à  l'ombre  de  leurs  couronnes  les  habitants  cultivent  de 
l'orge  et  quelques  légumes. 

M.  Baudot,  lieutenant  d'état-major,  a  publié  (n^  71)  le  fruit 
des  observations  qu'il  a  pu  faire  sur  cette  oasis,  pendant  la 
première  mission  des  Chott.  11  y  fait  ressortir  tous  les  détails 
intéressants  relatifs  à  la  position  de  Negrîn  et  à  la  vie  de  ses 
habitants,   auxquels  le  voisinage  de  la  frontière  tunisienne 
crée  une  situation  défavorable.  Cette  étude  comprend  aussi 
la  description   des   ruines    romaines    de    Besseriâni,    qu'on 
trouve  à  4  kilomètres  et  demi  au  sud  du  village  de  Negrîn. 
Le  regretté  capitaine  Ragot*  avait  le  premier  identifié  ces  rui- 
nes avec  la  station  à* Ad  Majores,  eu  même  temps  qu'il  recon- 
stituait la  voie  stratégique  que  les  Romains  avaient  établie, 
avec  des  postes  fortifiés,  le  long  du  versant  sud  des  montagnes, 
jusqu'à  Biskra  {Ad  Piscinam).  Cette  voie  fortifiée  avait  pour 
but  de  défendre  leurs  possessions  contre  les  tribus  nomades  du 
Sahara,  et  de  maintenir,  dans  une  certaine  mesure,  les  mon- 

1.  Le  Sahara  de  ta  province  de  Constantine,  1"  parrtie.  Recueil  des  no« 
tices,  etc.,  l.  XVI,  p.  259. 


l'aknéb  g£ûgb.  XV. 


dbyGoOgl 


50  AFRIQUE.  N"  16-91 

tagnai*ds  de  l'Aourâs,  et  ceux  des  montagnes  plus  à  Test  jus- 
qu'au Djebel  Mejjoûr.  Parmi  ses  stations  aucune  n'eut  Timpor- 
tance  d'Ad  Majores  ;  on  y  trouve  encore,  outre  un  camp  retran- 
ché, ou  un  fort,  formant  un  parallélogramme  long  de  11 5  mètres 
et  large  de  76  mètres,  plusieurs  inscriptions  latines,  dont  quel- 
ques-unes sont  fort  belles.  Des  décombres  et  des  ruines  de 
maisons  se  trouvent  jusqu'à  la  distance  de  5  kilomètres  du 
monument  principal. 

Au  delà  à' Ad  Majores,  la  route  romaine  de  Theveste  (Te- 
bessa)  à  Ad  Piscinam  (Biskra)  n*avait  qu'une  station  nommée 
Ad  MediaSy  jusqu'à  BadicLSy  qui  correspond  exactement  au 
village  de  Bâdès  sur  l'Ouâd  El-'Arab  ;  aucun  explorateur 
n'a  encore  suivi  le  tracé  de  cette  voie  stratégique  du  côté  de 
Negrîn,  mais  les  distances  indiquent  qu'elle  prenait  la  direc- 
tion de  Taddart  pour  gagner  Bâdès.  Pendant  la  mission  des 
Chott,  le  capitaine  d'état-major  Parisot  découvrit  au  sud  de 
cette  voie  un  petit  poste  romain  dont  il  vient  de  publier  une 
courte  description  (n»  72).  Ce  poste  est  à  35  kilomètres  sud- 
ouest  de  Besseriâni,  en  un  point  que  les  Arabes  appellent  Bîr 
Mohammed  Ben  Yoûnès.  Il  n'en  reste  plus  que  les  fondations 
d'une  construction  rectangulaire,  qui  mesurent  55  mètres  de 
l'est  à  Touest,  et  7>Z  mètres  du  nord  au  sud.  Cette  construction 
est  flanquée  de  quelques  bâtiments  plus  petits.  A  45  kilomè- 
tres au  nord-ouest  de  Bîr  Mohammed  Ben  Yoûnès,  et  au  nord  du 
Chott  Es-Selâm.  M.  Parisot  a  rencontré  aussi  quelques  pierres 
de  taille  à  Henchîr  Hamadja.  De  ces  découvertes,  il  résulterait 
que  les  Romains  avaient  de  petits  postes,  au  sud  de  la  route, 
dans  le  voisinage  immédiat  des  Chott. 


g  4.  —  Les  résultats  scientifiques  des  opérations  da  la  Mission  des  Choit  4u  Sa- 
hara de  CoBstantine,  commandée  ))ar  le  capitaine  d'état-major  E.  Boudaire.  Sa 
nouvelle  mission  aux  Chott  du  Sahara  Tunisien.  État  de  la  question  de  Tan- 
cienne  mer  intérieure. 

Le  capitaine  Roudaire  a  publié  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
de  Géographie  (n<»  37)  un  travail  important  ok  il  i^éi^upie  tous 


yGoogk 


LÀ  BERBÉRIE.  51 

les  travaux  qu'ii  a  exécutés,  avec  la  coopération  de  MM.  les 
capitaines  d'état-major  Parisot  et  Martin  et  de  H.  le  lieutenant 
d'état-major  Baudot,  pendant  la  mission  dont  il  avait  été  chargé 
dans  l'hiver  de  Tannée  1874  à  Tannée  1875.  On  jse  rappelle 
que  cette  mission  avait  pour  but  principal  de  reconnaître  d'une 
manière  exacte  le  niveau  des  diiïérents  Ghott,  ou  cuvettes  à 
fond  salin,  de  la  partie  du  Sahara  qui  se  trouve,  en  Algérie, 
directement  au  sud  de  la  chaîne  de  TAourâs,  et  dans  lesquels 
vont  se  perdre  les  eaux  de  toutes  les  rivières  de  ces  monta- 
gnes. VAnnée  géographique  ayant  déjà  suivi  le  capitaine 
Roudaire  pendant  le  cours  de  ses  travaux  sur  le  terrain, 
nous  n'aurons  ici  qu'à  passer  en  revue  les  résultats  défi- 
nitifs des  opérations  du  nivellement  et  des  observations 
de  latitude  et  de  longitude  faites  par  le  chef  de  la  mis- 
sion. Ces  dernières  offrent  un  intérêt  particulier  pour  la 
géographie,  et  aussi  pour  l'étude  des  lois  de  la  réfraction 
atmosphérique  dans  les  parties  basses  du  Sahara,  par  des  tem- 
pératures tempérées,  comprises  entre  —  8  degrés  au-dessous 
de  zéro  et  +  25  degrés  au-dessus  de  zéro.  Dans  le  Sahara, 
les  brusques  variations  de  la  température  sont  la  règle  aussi 
bien  en  hiver  qu'en  été.  Pendant  ces  deux  saisons  le  rayonne- 
ment nocturne  y  produit,  pendant  la  nuit,  un  abaissement 
considérable  dû  la  température  du  sol  ;  cet  abaissement  con- 
traste d'une  façon  très-sensible  avec  la  température  que  le 
soleil,  en  s'élevant  sur  l'horizon,  communique  à  Tair  d'abord, 
puis  à  la  terre.  Là  est  la  première  cause  du  phénomène,  du 
mirage  que  M.  Roudaire  ei^plique  ainsi  ^  : 

((  Les.  rayons  lumineux  rasai>ts  subissaient  alors  des  réfirac-' 
tions  irrégulières,  et  les  objets  situés  à  quelques  kilomètres 
affec^siieiLt  ^  formes  bizarres  et  n)o«|veine«tée$..  Is  mûr^e 
était  très-fréquent  et  se  produirait  à  de  très^petitei^  di&tan<^,  : 
ainsi  à  150  od  ^00  m^res;,  ^^  jt^j^o^  d^  Wipc^^  i^^l^^ei^ 

i.  BuOeHn  du  Ib  Sociéié  â&  eéogrmpMt^  immémé^èêstm^af  im,  p.  wm 
et  586. 

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52  AFRIQUE.  N««  16-91 

que  nous  avons  faite  au  signal  géodésique  de  Sîdi  Mohammed 
Hoûsa,  nous  n'étions  qu'à  8  kilomètres  du  camp,  composé  de 
dix  tentes  coniques  de  3™,50  de  hauteur.  De  dix  heures  du 
matin  à  quatre  heures  du  soir,  il  nous  fut  impossible  de  dis- 
tinguer la  forme  d'une  seule  tente,  quoique  nous  eussions  pris 
la  précaution  de  faire  hisser  un  grand  drapeau  au-dessus  de 
l'une  d'elles.  On  ne  pourrait  donc  faire  de  la  géodésie  régu- 
lière dans  le  Sahara,  qu'en  recourant  aux  observations  de 
nuit.  » 

f  Une  autre  observation  consignée  dans  le  rapport  prouve  la 
difficulté  que  présente  l'emploi  de  signaux  géodésiques  dans 
les  plaines  du  Sahara.  Le  signal  géddésique  de  Setah  Mouï  EI- 
Kerrâmîn  (plus  ordinairement  appelé  signal  de  Ghegga)  est 
à  20  kilomètres  sud  du  signal  de  Taïr  Rassou,  dont  il  est  sé- 
paré par  des  plaines.  Au  lever  du  soleil  ou  aperçoit  de  Ghegga 
non-seulement  le  signal  géodésique  de  Taïr  Rassou,  mais  en- 
core la  maison  de  commandement,  à  un  étage,  sur  laquelle  il 
est  construit.  On  voit  alors  la  maison  de  commandement  et  le 
signal  de  Taïr  Rassou  s'abaisser  rapidement  et  quarante-cinq 
minutes  suffisent  pour  que  le  signal  disparaisse  sous  Thori- 
zon.  La  différence  de  hauteur  des  deux  signaux  étant  connue 
d  une  manière  rigoureusement  exacte  par  le  nivellement  géo- 
métrique, M.  Roudaire  a  mesuré  leurs  distances  zénithales 
réciproques  le  matin  et  le  soir  :  il  a  trouvé  ainsi  les  coefficients 
de  réfraction  de  0,1200  au  lever  et  au  coucher  du  soleil,  et 
de  0,0550  quarante-cinq  minutes  après  son  lever  ou  avant  son 
coucher.  Ainsi  est  démontrée  la  rapidité  avec  laquelle,  dans 
le  Sahara,  s'échauffent  et  se  refroidissent  les  couches  d'air  en 
contact  avec  le  sol. 

Nous  donnons  le  tableau  des  latitudes  et  des  longitudes  dé- 
terminées par  le  capitaine  Roudaire,  tant  par  la  géodésie  que 
par  les  observations  astronomiques,  nou^  y  ajoutons  les  décli- 
naisons de  l'aiguille  aimantée,  qui  sont  les  premières  connues 
pour  tous  les  points  où  le  capitaine  Roudaire  les  a  observées. 

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U  BERBÉRIE. 


53 


DiCLIIfAISON 

LATITtmi 

LORfilTUDI 

HATUBS 

ODXST 

LIEU. 

MORD. 

S8T 

DU 

M  PABIS. 

OBSIBTATIOIIS. 

L'AI«niLLK 
AIMANTÉS. 

'Ain  Ma'&ch,  source  dans 

Djeneyyen 

ZA'^W 

3'47'U'' 

Géodésie. 

iZf^ 

El-Meha!mel 

3A"32'  r 

3»55'  7" 

— 

— 

Sldi  Mohammed  Moâsa  .  . 

34«»33'9' 

5»49'3y 

— 

— 

El-Faïdh 

34»17'  9"« 

4»10'35'' 

— 

i3»5a' 

El-Ba'adja,  puits 

Djebel  Chechchâr  (Aourâs). 

S^'ôd'lT" 

4»32'23'' 

— 

— 

Blr  El-Hachchâna,  puits. . 

34»  TS,r 



Astronomie. 

— 

Bir  Ez-Zenlnlm 

34»  S'î?" 





— 

Nouîa  EUToûnsi  ....'. 

33»55'32'' 



_ 

1i»50' 

Bîr  EI-Guetâtîe* 

33»46'39'' 





il'oO' 

MouîEI-Ghen&dra 

35»40'38- 



— 

lî'O* 

Bir  Bl-'Arab,  puits  .... 

33»43'i9' 

— 

_ 

lî'lO' 

El-Behîma,  village  duSoûf. 

33»28'37" 

— 

— 

— 

Ei-Ouâd,  Tille  duSoûf*.  . 

53»Î1'57'' 



_ 

— 

Bir  El-'Aârâf 

33»40'38'' 





iViiy 

BîrEl-Ghabi 

34»  rzs' 

5»  4'  5- 

~ 

— 

Bîr  El-Tîn 

34»  9M4'' 





13M0' 

Negrîn 

54»28'13'' 

— 

— 

"^ 

Cette  année,  le  capitaine  Roudaire,  en  mission  du  Ministère 
de  rinstruction  publique,  a  complété  son  nivellement  sur 
toute  la  longueur  du  Sahara  tunisien,  et  c'est  avec  la  somme 
modeste  de  8000  francs  qu'a  été  menée  à  bonne  fin,  sur  un 
développement  de  500  kilomètres,  un  nivellement  de  précision 
à  Toccasion  duquel  on  a  rappelé  le  célèbre  nivellement  de  la 
France  par  Bourdaloue.  Cette  fois  M.  Roudaire  était  seul  à 
opérer  les  mesures  si  délicates  et  si  fatigantes  du  nivellement 
géométrique  avec  le  niveau  à  bulles  d'air  et  les  mires  par- 
lantes :  on  est  surpris  qu'un  seul  homme  ait  pu  résister  aux 
fatigues  corporelles  et  intellectuelles  d*un  travail  continu  dans 
un  milieu  aussi  Ingrat  et  même  aussi  dangereux. 

Le  capitaine  Roudaire  est  entré  dans  le  Chott  El-Djericl, 

1.  Nous  avons  nous-mêmes  trouvé  34**  15' 52"  N. 

2.  Notre  position,  déterminée  en  1860,  eut  :  latitude,  33<>  21'  4(y  N.;  longitude, 
4"  57'  20*  E. 

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54  AFRIQUE.  N- 16-91 

par  sa  pointe  est,  au  nord-ouest  de  la  ville  de  Gâbès  ;  il  a 
cheminé  le  long  du  rivage  méridional  du  Chott,  qui  prend 
dans  cette  partie  est  le  nom  local  de  Chott  El-Fejîj.  Arrivé  à  la 
pointe  de  la  presqu'île  du  Nefzâw^a,  il  a  fait  un  profil  en  travers 
dans  la  direction  du  sud,  jusqu'au  fond  de  la  grande  baie  du 
Chott  Ël-Djerîd  qui  forme  cette  presqu'île,  et,  reveau  au  point 
de  départ  de  ce  profil,  il  a  traversé  le  Chott,  par  le  chemin  ha- 
bituel des  voyageurs,  en  passant  par  El-Mansof,  pour  arriver 
sur  le  rivage  opposé,  entre  les  villages  de  Sedàda  et  de  Kerîz. 
Suivant  ce  rivage  jusqu'à  la  ville  de  Tôzer,  il  a  relié  par  un 
long  profil  en  travers  le  fond  du  Chott  El-Gharsa  (appelé  là 
Sebkha  Boû  'Atîya)  à  sa  nouvelle  ligne  de  nivellement  ;  puis, 
laissant  Nafta  au  nord,  il  est  allé  sortir  du  Choit  El-Djerîd,  au 
sud-est  de  Bîr  Soultân  ;  enfin,  après  avoir  traversé  Tisthme  de 
Bir  Soultân,  il  a  rejoint  dans  le  lit  du  Chott  Ël-Gharsa  le  pi- 
quet qu'il  y  avait  enfoncé,  un  an  auparavant,  au  point  le  plus 
oriental  de  ses  premières  lignes  de  nivelletiient.  —  La  concor- 
dance des  deux  altitudes  obtenues  pour  ce  point  du  Chott  El- 
Gharsa,  par  le  nivellement  commencé  à  Biskra,  et  par  le  ni- 
vellement commencé  à  Gâbès,  est  remarquable,  puisque  l'écart 
entre  les  deux  résultats  n'est  que  de  8  centimètres,  répartis  sur 
1150  kilomètres.  C'est  là  le  meilleur  éloge  à  faire  des  deux 
nivellements,  et  la  double  opération  du  capitaine  Boudaire 
conservera  ce  renom  qui  ne  s'attache  qu'aux  travaux  scienti- 
fiques d'un  caractère  définitif. 

En  résumant  les  faits  acquis  par  le  nivellement  de  la  région 
des  Chott  d'Algérie  et  de  Tunisie,  on  arrive  aux  conclusions 
suivantes.  Sur  le  territoire  algérien  du  Sahara,  au  Chott  Mel- 
ghîgh  (3**  40'  est  de  Paris),  conmience  une  dépression^  dont 
le  sol  est  inférieur  au  niveau  le  plus  bas  de  la  Méditerranée  ; 
elle  s'avance  là  au  nord  jusqu'à  34<>  40',  au  sud  jusqu'à  35<*  50' 
de  latitude.  C'est  la  partie  où  elle  atteint  sa  plus  grande  lar- 
geur. C'est  là  aussi  qu'on  a  trouvé  jusgu'ici  les  plus  grandes 
profondeurs  (hauteurs  négatives),  qui  atteignent  un  chiffre  do 
vingt-sept  mètres   à  quelques  kilomètres  est  du   point  oii 

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LA  BERBÉRIE.  55 

rOuâd  Sedr  se  perd  dans  le  Chott  Helghtgh.  A  partir  de  cette 
ligne  et  sur  toute  la  surface  d*un  grand  triangle  dont  la  pointe 
tombe  à  4**  51'  de  longitude,  c'est-à-dire  à  quatre-vingt-quinze 
kilomètres  plus  à  Test,  le  lit  du  Chott  Melghîgh  et  des  autres 
petits  Chotts  (avec  les  terres  qui  les  séparent)  y  compris*  le 
Chott  Boû  Qeçîba,  sont  constamment  au-dessous  du  niveau  de 
la  Méditerranée.  Entre  le  Chott  Boû  Qeçîba,  à  l'ouest,  et  le 
Chott  El-6harsa,  à  l'est,  sur  une  longueur  de  dix-sept  kilo- 
mètres, où  se  trouve  le  Chott  El-'Âsloûdj,  le  sol  sablonneux  du 
Sahara  est  de  deux  à  sept  mètres  plus  haut  que  la  mer  ;  mais 
le  lit  du  Chott  El-Gharsa,  qui  fait  suite  à  l'est,  marque  une 
nouvelle  dépression  où,  déjà  par  5<»  13'  de  longitude,  on  arrive 
à  une  profondeur  de  quinze  mètres.  Ainsi  que  le  capitaine 
Roudaire  l'avait  pressenti,  le  lit  du  Cbott  El-Gharsa,  à  Test  de 
ce  point,  va  en  augmentant  de  profondeur,  si  bien  qu'à  qua- 
rante-deux kilomètres  du  point  où  son  lit  est  au  niveau  des 
plus  basses  eaux  de  la  Méditerranée  il  atteint  son  minimum 
de — 20  mètres.  11  se  relève  ensuite  dans  une  faible  mesure, 
et,  sous  le  6®  degré  de  longitude  est,  il  n'a  plus  que  la  cote  de 
— 12  mètres. 

Le  bassin  du  Cbott  El-Gharsa  finit  à  cent  quarante-cinq  ki- 
lomètres ouest  de  la  mer  Méditerranée  ;  il  est  séparé  du  Chott 
El-Djerîd  (Chott  Fira'oûn  des  géographes  arabes  du  moyen  âge) 
par  un  isthme  montueux  d'au  moins  dix  kilomètres  de  largeur, 
et  toute  la  partie  orientale  de  ce  grand  Chott  qui  s'étend  du  ri- 
vage de  Kerîz  à  l'isthme  de  Gâbès  est  de  six  mètres  à  trente-et- 
un  mètres  au-dessus  du  niveau  le  plus  bas  de  la  Méditerranée. 
Il  s'ensuit  que  le  point  où  on  trouve  aujourd'hui  la  cote  o  dans 
le  Chott  El-Gharsa  est  à  cent  quarante-quatre  kilomètres  des 
flots  de  la  Méditerranée.  Sur  l'isthme  rocheux  de  Gâbès,  entre 
l'embouchure  de  l'Ouâd  El-Mellah,  dans  le  golfe  de  Gâbès,  et  le 
commencement  du  Chotl El-Djerîd  (appelé  là  Chott  El-Fejîj),  on 
trouve  un  maximum  de  hauteur  de  4-  46  mètres.  Sur  l'isthme 
rocheux  de  Kerîz,  le  maximum  de  hauteur  est  de -4-  40  mètres, 
et  enGn  l'isthme  sablonneux  du  Chott  Ël-'Asloûdj,  dans  le  Sa- 

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56  AFRIQUE.  N<>-  16-91 

hara  algérien,  présente  un  maximum  de  +  *2  mètres-  Ces 
relèvements  séparent  les  trois  parties  inondables  du  bassin  des 
Chott  algéro-tunisiens,  dont  chacune  est  indiquée  par  un  des 
trois  grands  Chott  El-Djerîd,  El-Gharsa  et  Melghîgh. 

En  parcourant,  il  y  a  seize  ans,  les  pays  au  nord  et  à  l'est  du 
Chott  El-Djerîd,  nous  avions  soupçonné  que  son  lit,  qui  a  cer- 
tainement fait  partie  de  la  Méditerranée,  a  dû  en  être  sépare 
par  une  commotion  volcanique.  Les  sources  thermales  qui  ar- 
rosent les  oasis  du  Djerîd,  au  nord  de  ce  Chott,  et  celles  qui 
arrosent  Toasis  d'El-Hàmma  Matmâta  à  Test,  nous  paraissaient 
révéler  la  cause  de  la  séparation  et  du  dessèchement  de  Tan- 
cienne  baie  de  la  mer  Méditerranée,  dont  les  Chott  ne  sont  que 
les  derniers  fragments.  Or,  les  deux  isthmes  qui  accusent  le 
relief  le  plus  fort  se  trouvent  précisément  tout  près  des  deux 
points  d'irruption   des  eaux  thermales  ;  quant  à  Tisthme  du 
Chott  El-*Asloûdj,  on  en  peut  très-bien  expliquer  la  formation 
par  l'envahissement  des  sables  du  Sahara,  sous  Taction  des 
vents  dominants  ;  on  peut  attribuer  à  la  même  cause  l'exhaus- 
sement du  milieu  du  lit  du  Chott  El-Djerîd. 

Le  professeur  Beliucci,  de  la  mission  italienne  *,  avait  déjà 
reconnu  que  les  collines  de  l'isthme  de  Gâbès  témoignent  d'un 
soulèvement  préhistorique  fort  récent,  ce  qui  justifie  la  pré- 
somption 4'une  action  volcanique  contemporaine  de  l'homme  ; 
ainsi  serait  également  expliquée  la  tradition  relative  à  l'ancienne 
baie  de  Triton,  devenue  plus  tard  le  lac  Triton,  puis  au  moyen 
âge  et  jusqu'à  nos  jours,  la  Sebkha  Fira'oûn  ou  le  Chott  El- 
Djerîd.  On  a  beaucoup  contesté  dernièrement  cette  théorie  ;  on 
a  voulu  l'anéantir  en  s'appuyant  sur  la  composition  des  sels  qui 
imprègnent  tout  le  bassin  des  Chott:  elle  ne  serait  pas,  d'après 
M.  Le  Châtelier  (n°  40) ,  pareille  à  celle  des  dépôts  Marins  ;  de 
plus,  la  coquille  du  Cardium  des  Chott  n'est  pas  celle  du  Car- 
dium  qui  vit  maintenant  dans  la  Méditerranée.  Voilà  des  objec- 

1.  Année  géographiquBj  i9:i^^  par  H.  Vivien  de  Saint-Martin,  p.  88. 

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LABEKBÉRIE.  57, 

lions  qui,  de  prime  abord,  font  naître  le  doute,  mais  qui  nous  pa- 
raissent réfutables.  Il  n'y  a  rien  d*étonnant  à  ce^que  les  sels  de 
la  surface  des  Chott,  sur  lesquels  a  porté  Tanalyse,  contiennent 
d'autres  éléments  que  le  chlorure  de  sodium  ou  sel  marin  pur  ; 
en  effet,  un  grand  nombre  de  torrents  apportent,  chaque  année, 
dans  les  Chott  un  volume  d*eau  assez  considérable  qui,  prove- 
nant de  terrains  qui  n  ont  jamais  été  submergés  par  la  mer 
quaternaire,  peut  contenir  les  diverses  parties  salines  dont 
on  constate  la  présence  dans  le  sel  des  Chott.  Quant  aux 
coquilles  de  Cardium,  trouvées  dans  les  Chott,  si  elles  diffèrent 
quelque  peu  de  celles  du  Cardium  edule  (L.),  auxquelles  on 
les  aura  comparées ,  elles  n'en  sont  pas  moins  des  coquilles 
marines.  Le  Cardium  edule  est  l'espèce  la  plus  commune  dans 
la  Méditerranée,  mais  elle  n'y  est  pas  la  seule,  et  on  trouve 
aujourd'hui  certaines  espèces  de  Cardium  végétant  dans  l'eau 
saumâtrede  lagunes,  isolées  de  la  mer  par  quelque  en^fablement* 

La  création  d'une  mer  intérieure  au  sud  du  département  de 
Constantiue  est  possible  en  fait,  et  nous  examinerons  dans  le 
suivant  volume,  un  Rapport  oîi  le  capitaine  Roudaire  a  abordé 
la  question  au  point  de  vue  de  l'ingénieur.  La  géographie 
pure,  que  nous  envisageons  seule  ici,  sera  reconnaissante 
envers  l'homme  à  la  persévérance  et  au  savoir  duquel  elle  est 
redevable  de  données  de  première  importance. 

Moins  bien  outillé  dans  la  deuxième  mission  que  dans  la 
première,  le  capitaine  Roudaire  n'avait,  cette  année,  aucun 
instrument  d'astronomie,  et  n'a  pu  faire  des  observations  as- 
tronomiques pour  déterminer  la  position  des  points  par  lesquels 
a  passé  son  nivellement  dans  le  sud  de  la  Tunisie.  Un  juge 
très-compétent,  à  tous  égards,  M.  Antoine  d'Abbadie,  de 
l'Institut,  a  fait  remarquer  dans  une  des  séances  de  la  Société 
de  Géographie,  que  les  voyageurs  isolés  pourvus  de  petits 
instruments  peuvent  s'estimer  très-heureux,  lorsque  avec  une 
seule  observation  astronomique  ils  obtiennent  une  latitude 
exacte  à  4"  (cent  vingt  mètres)  près,  et  une  longitude  exacte 
à  3'  (quatre  mille  cinq  cents  mètres)  près  sous  les  latitudes  du 


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58  ,  AFRIQUE.  N»«  92-115 

Sahara  tunisien.  Il  ajoutait  que  les  mesures  des  distances  et  des 
azimuts  des  douze  cents  stations  du  capitaine  Roudaire  dans  le 
Sahara  tunisien,  lorsqu'elles  seront  mises  au  net  et  portées  sur 
la  carte,  donneront  des  positions  plus  sûres  que  celles-là. 


III 


LE  NORD  DE  L'AFRIQUE  (suite).  EGYPTE  ET  NUBIE.  DÉSERT 
DE  LA  THÉBAÏDE 


92.  Màbiette-Bet  (Auguste).  Earnak,  étude  topographtque  et  archéo- 
logique, avec  un  appendice  comprenant  les  principaux  textes  hié- 
roglyphiques découverts  pendant  les  fouilles  exécutées  à  Karuak 
(publié  sous  les  auspices  de  S.  A.  Isma'yl  khédive  d'Egypte). 
1  vol.  in-4*,  et  1  allas  grand  in-folio  de  157  pi.  Leipzig,  1875. 

93.  BiRCH  (S.).  Ancient  history  from  the  monuments.  Egypt  from 
the  earliest  times  to  300  hefore  Christ.  London,  Society  for  pro- 
moting  Christian  knowledge,  1876. 

94.  Ebers  et  Schenk.  Ueber  den  Papyrus  der  Leipziger  Universitâts 
Bibliothek.  Mitlheitungen  des  Vereins  fur  Erdkunde  zu  Leipzig, 
1876,  p.  90  à  92. 

95.  Hatàux  du  Tillt.  Étude  sur  la  colonne  de  Pompée  à  Alexandrie. 
Br.  in-«*.  SenUs,  1875. 

96.  ScHUPABELLi  (L.).  La  nuova  storia  dell'  Egilto  di  Brugsch.  Cosmoi 
di  Guido  Cora,  1876,  t.  III,  p.  22. 

97.  RoBioo  (Félix).  Mémoire  sur  l'économie  politique,  Tadministration 
et  la  législation  de  l'Egypte  au  temps  des  Lagides.  1  vol.  in-8*. 
Paris,  1875. 

98.  Gwoux.  Quelques  détails  statistiques  sur  l'Egypte,  in-8».  Nimes, 
1876. 

99.  Pabis  (le  vice-amiral).  Notice  sur  le  plan  en  relief  du  canal  mari- 
time de  Suez.  Br.  in-12.  Paris,  1875.  Extrait  du  Musée  de  ma- 
rine, reproduit  en  résumé  dans  la  Revue  maritime  et  coloniale, 
t.  XLVIll,  1876,  p.  286  à  292. 

100.  Aladbnize  (H.).  Nivellement  général  de  la  ville  du  Caire  exé- 
cuté en  1874. 1  br.  in-8%  166  p.  Vichy,  1876. 

101.  Gabàcgiolo  (Camille).  L'Egitto  ele  grandi  vie  commerciali.  £o/^<- 
iino  délia  Societa  geographica,  t.  XIII.  Rome,  1876,  6»  et  7»  fasci- 
cules, p.  410  à  417. 


yGoogk 


EGYPTE  ET  NUBIE.  59 

102.  LoMBABDiNi  [E.].  L'Âfricanilotica  e  TEgitto.  i  Yol.  Milan,  1876. 

103.  Pagaki  (Zacharie).  Yiaggio  di  Domenico  Trevisan,  ambasciatore 
Teneto'al  gran  sultano  del  Gairo,  neir  anno  1512.  1  br.  in-^*. 
Venise,  1875. 

iOi.  Berkal  de  Oreillt  (A.).  Tiaje  à  Oriente.  En  Egipto.  Precedido 
da  una  carta- prologo  da  D.  R.  Mesonero  Romanos.  1  vol.  in-8». 
Madrid,  Suarez,  1876. 

i05.  Bdbt  (Ch.).  Abord  du  Mariotis,  notes  d'un  voyageur.  1vol.  in-8». 
Limoges,  Bardou,  1875. 

106.  Mashihg  (le  révérend  S.).  The  Lands  of  the  Pharaobs»  Egypt  and 
Sinai,  iUustrated  by  pen  and  pencil.  1  vol.  in-8*».  Londres  (Bel. 
Trac.  Society),  1875. 

107.  Appleton  (T.-G.).  a  Nile  journal,  iUustrated  by  E.  Bestson.  in-8». 
Londres,  Macmillan,  1876. 

108.  Pirona's  limQâhrige  Beobachtungen  zu  Alexandrien.  Zeitschrift 
der  œster.  Gesellschaft  fur  Météorologie,  1875,  n»  19,  p.  503- 
306. 

109.  Blanc  (Ch.).  Voyage  de  la  Haute-Egypte.  Observations  sur  les  arts 
égyptien  et  arabe.  1  vol.  grand  in-8%  Paris,  Renouard,  1876. 

110.  RoHtps  (docteur  G.).  Ein.  Blick  auf  ^gypten.  Deutsche  Rund- 
icha^,  1876,  n»  7. 

111.  Waruer.  taummies  and  muslims,  1  vol.  in-8».  Londres,  Low, 
1876.     ^ 

112.  La  station  de  Berber.  Les  Missions  catholiques,  1876,  n°  349. 

113.  ScHWEiHFORTH  (Ic  doctcur  G.)  et  GcssFELDT  (P.).  Reise  durch  die 
Arabische  Wûste  vora  Nil  bis  zum  Rolhen  Meer.  Mittheilungen  der 
geographischen  Gesellschaft  in  Wien,  t.  XIX,  1876,  n**  6  et  7, 
p.  394  à  399. 

iU.  BuvsTBiBR  (H.).  Voyage  du  docteur  Schweinfurth  et  du  docteur 
von  Gussfeldt  dans  le  désert  de  la  Thébaïde.  Bulletin  de  la  So- 
ciété de  Géographie,  août  1876,  p.  205-208. 

115.  Expédition  du  docteur  Schweinfurth  et  du  docteur  von  Gussfeldt, 
en  1876.  Explorateur,  1876,  n»  71,  p.  616.  (Consulter  aussi  les 
articles  dans  VAusland,  1876,  n*  26,  et  dans  le  Globus,  t.  XXX, 
1876,  n»  1). 

81.  — La  phase  actnelle  des  conquêtes  de  TÉgypte  du  côté  de  TÉthiopie,  dans  la 
Nigritie  intérieure  et  dans  l'Afrique  équatoriale. 

Le  grand  mouvement  qui  se  produit  dans  l'intérieur  de 
l'Afrique  est  dominé  par  un  fait  politique  et  géographique  dont 
nous  avons  à  saisir  autant  que  possible  la  phase  actuelle  : 

e 


yGoOgI 


60  AFRIQUE.  N- 92-115 

c*est  Textension  de  la  puissance  égyptienne  sur  plusieurs  par- 
ties du  continent.  , 

Les  conquêtes  de  l'Egypte  ont  marché  depuis  quelques  an- 
nées à  pas  de  géant  dans  le  quart  nord-est  de  l'Afrique,  si  bien 
que  le  khédive  commande  aujourd'hui  sur  un  territoire  plus 
vaste  que  celui  d'aucun  autre  État,  ou  d'aucune  colonie  dans 
cette  partie  dii  globe. 

Au  sud-est,  les  ports  de  Sawâkin^  Monçawwa',  Toujourra 
et  Zeïla'  avec  tout  le  littoral  de  l'ancienne  Ethiopie  sont  mainte- 
nant égyptiens  ;  la  ville  de  Herèr  a  été  conquise  ;  et  si  une  ten- 
tative pour  établir  des  rapports  constants  entre  Toujourra 
et  le  Chowa  a  échoué,  l'Egypte  n'en  conserve  pas  moins  le  pays 
de  Galabàt  avec  la  ville  de  Matamma  sur  l'Abbay,  les  pays  de 
Taka,  d'Ouchéni,  des  Bilên  et  des  Benî  'Amer.  Le  nigoûSj  le 
roi  des  rois,  celui  qui  se  dit  le  descendant  de  la  reine  de  Saba, 
ne  gouverne  plus  qu'une  enclave  dans  le  territoire  égyptien, 
sans  débouché  sur  la  mer.  Déjà  un  fil  télégraphique  va  jus- 
qu'à Khartoùm,  un  autre  relie  le  port  de  Mouçawwa'  au  pays 
de  Taka,  et  par  conséquent  au  bassin  du  Nil. 

Au  sud-ouest,  le  khédive  a  fait,  en  1875,  de  l'empire  du 
Fôr  une  province  égyptienne.  La  moudîrîyé  ou  préfecture  de 
Chegga,  au  sud  du  For,  était  déjà  auparavant  soumise  à  l'Egypte, 
et  le  Fertît  contient  plusieurs  établissements  égyptiens. 

Sur  le  haut  Nil  Blanc,  après  la  destruction  de  Gondokoro 
(ïsma'ïlîyà),  1&  quartier  général  de  la  province  égyptienne  de 
l'Afrique  équatoriale  a  été  transféré  à  Bor.  Aux  stations 
d'Éliab,  Latouka,  Makraka,  Sôbât,  Lado,  Ragâf,  Loboré, 
Bedden  et  Kerri,  Gordon  Pacha  a  ajouté,  en  1876,  un  poste 
à  Magoungo,  sur  le  rivage  oriental  du  Loûta  Nzîdjé,  un  autre 
à  Ourondogani  sur  le  Nil  au  sud  du  lac  Ibrahim,  et  enfin  un 
dernier  aux  cataractes  de  Ripon  (Ripon  falls),  près  du  Niyanza. 
Le  roi  d'Ounyoro,  Kaba  Réga,  a  été  mis  en  fuite  cette  année, 
et  les  troupes  égyptiennes  ont  investi  son  rival  Aoufina  de  Tau- 
torité  royale  sous  la  tutelle  de  l'Egypte,  tandis  qu'elles  con- 
fiaient à  Rionga,  au  même  titre,  le  commandement  du  dis- 

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EGYPTE  ET  NUBIE.  (K 

trict  de  H'rouli,  situé  au  confluent  de  la  rivière  Koufou  avec 
le  Nil. 

Tenue  en  échec  au  sud-est  par  le  vieil  État  féodal  chrétien  de 
l'Ethiopie,  trouvant,  sous  Téquateur  même,  dansTOuganda  un 
Etat  qui  témoigne  d'une  certaine  vitalité,  et  dont  les  habitants 
barbares  ne  sont  nullement  incapables  de  progrès,  il  semblerait 
que  l'Egypte,  si  le  khédive  ne  juge  pas  ses  immenses  domaines 
assez  vastes,  tournera  maintenant  les  regards  vers  le  sud-ouest, 
du  côté  du  Ouadâï ,  et  vers  Textrême  sud-est,du  côté  du  pays  des 
Çômâli.  Au  point  de  vue  de  la  civilisation,  qui  est  l'aspect  su- 
périeur de  la  question,  la  conquête  du  pays  des  Çômâli  par 
l'Egypte  serait  un  bienfait  pour  tout  le  monde,  y  compris  les 
Çômâli.  Ce  peuple  fourbe,  cruel  et  exclusif,  récemment  fana- 
tisé par  une  confrérie  religieuse  musulmane  également  en- 
nemie des  musulmans  éclairés  et  des  chrétiens,  ne  permettra 
l'accès  de  son  territoire  qu*à  une  force  supérieure  qui  ouvrira 
ainsi  la  brèche  à  la  civilisation.  L'Egypte  possède  déjà  des  points 
d*appui  précieux  dans  les  ports  de  Zeïla',  Boulhâr  et  Berbera, 
situés  sur  la  côte  africaine  du  golfe  de  *Aden,  et  un  autre  point 
d'opérations  à  l'embouchure  du  fleuve  Djouba.  La  conquête 
du  Ouadâï  peut  être  plus  séduisante  pour  le  khédive,  mais 
elle  serait  plus  difficile  à  faire  et  plus  coûteuse  à  conserver. 
La  sagesse  conseillera  au  gouvernement  du  khédive  de  se 
borner  à  exercer,  vis-à-vis  du  sultan  'Alî  du  Ouadâï,  tant  que 
les  circonstances  le  permettront,  le  rôle  de  conseiller  bien- 
veillant et  d'initiateur  aux  idées  modernes. 


§  2.  —  Le«  fouilles  de  M.  Mariette-Bey,  à  Rarnak.  Le  plan  de  Tancienne  ville 
égyptienne. 

Les  ruines  de  Thèbes,  ancienne  capitale  de  l'Egypte,  située 
dans  la  province  actuelle  de  Sa'ïd  (Haute-Egypte) ,  n'étaient 
pas  encore  connues  dans  tous  leurs  détails,  malgré  les  explo- 
rations et  les  travaux  savants  de  ChampoUion  le  jeune  et  de 
Lepsius.  Ces  ruines,  nous  le  rappelons  ici,  occupent  la  rive 


yGoogk 


62  AFRIQUE.  N«  92-1 15 

est  et  la  rive  ouest  du  Nil;  les  groupes  de  monaments  appelés 
aujourd'hui  Kamak,  Med  *Amoûd  et  El-Qaçar  (Luxor)  sont 
placés  sur  la  rive  est,  tandis  que  les  groupes  de  Kourna  et  de 
Medîuet  Abou  sont  placés  sur  la  rive  oue^t  du  fleuve.  Thèbes, 
on  le  sait,  fut  d'abord  la  ville  sacerdotale  de  TÉgypte;  ce  n*est 
que  sous  la  quinzième  dynastie,  deux  mille  cinq  cents  ans  avant 
le  commencement  de  notre  ère,  que  Thèbes  remplaça  Memphis 
comme  capitale  politique,  mais  ses  plus  beaux  monuments 
datent  du  règne  de  Thôth-mès  Maï-re\  plus  connu  sous  son 
surnom  latinisé  de  Mœris. 

Au  dix-huitième  siècle  avant  Jésus-Christ,  Tancien  peuple 
de  rÉgypte  commença  à  secouer  le  joug  de  la  domination 
étrangère  des  rois  pasteurs.  Amen-othf  le  Grand  ou  Améno- 
phis,  premier  roi  de  la  dix-huitième  dynastie,  délivra  sa  patrie 
du  joug  asiatique.  Aussi  voit-on,  sous  cette  dynastie,  se  réta- 
blir les  mœurs  caractéristiques  de  l'ancienne  race  égyptienne, 
oîi  la  femme  paraît  avoir  eu  les  mêmes  droits  que  Thooimè. 
Thôth-mès  11,  deuxième  successeur  de  Amen-othf,  meurt  sans 
enfants;  sa  sœur,  Amen-sé,  fille  de  Thôth-mès  I,  lui  succède, 
et  ses  deux  maris  exercent  successivement  le  pouvoir  en  son 
nom,  A  la  mort  d'Amen-sé,  en  1 736  avant  notre  ère,  com- 
mence le  règne  de  son  fils  Thôth-mès  III,  surnommé  Maî-r^ 
(Mœris),,  sous  lequel  Apetou,  c'est  l'ancien  nom  de  Karnak, 
reçut  de  très-notables  embellissements,  ainsi  que  cela  est  con- 
signé dans  les  inscriptions  de  ses  monuments. 

Un  savant  français,  H.  Auguste  Mariette-Bey,  avait  compris 
que  Thèbes,  et  plus  particulièrement  Karnak,  était  une  mine 
encore  mal  explorée,  et  à  plusieurs  reprises,  de  1858  à  1874, 
il  appliqua  son  vaste  savoir  égyptologique  à  restituer  Taspect 
des  monuments  et  à  déchiffrer  les  textes  des  pylônes  de  l'anti- 
que Apetou.  Indiquons  simplement  ici  ]e$  résult^ta  to|)Ogra- 
phiques  de  ces  travaul  :  un  chapitte  stâvaiit  se^ a  c^H^acf  é  au:^ 
magijiifiqoes  déeouvçries  de  M.  Marii«tt%iBey«  p9£  k  l^^toïCf^  d^^ 
teites  Uérqglyphiqttet  de  KamakÉ 

Le  plan  de  Karn^,  jàu  ^ôV?»  dowi  pur  %  IkrieUe'^Be^s  dant 

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EGYPTE  ET  NUBIE.  65 

les  trois  premières  planches  de  son  Éliide  topographique  et 
archéologique  de  Karnak,  nous  montre  Tensemble  de  la  Tille 
sainte,  qui  avait  nne  longueur  de  1450  mètres  du  nord  au 
sud,  et  une  largeur  maximum  de  560  mètres  de  Test  à  Touest  ; 
des  teintes  particulières  y  désignent  l'âge  des  divers  édifices, 
d*après  les  règnes  des  souverains  qui  les  ont  élevés,  c'est-à- 
dire  depuis  une  époque  antérieure  à  Toth-mès  I  jusqu*aux  temps 
des  Ptolémfées. 

Nous  reproduisons  la  description  générale  de  la  ville  sainte 
des  anciens  Égyptiens  telle  que  la  donne  H.  Hariette-Bey 
(Karnak,  texte  p.  5  et  6)  en  faisant  remarquer  qu'il  ne 
s'agit  que  de  la  partie  de  la  ville  sainte,  spécialement  réservée 
au'culte  et  au  clergé,  celle  dont  nous  avons  indiqué  les  dimen* 
sions  un  peu  plus  haut. 

Les  édifices  religieux  qui  n'étaient  pas  des  chapelles  étaient  ren- 
fermés dans  quatre  enceintes  principales  plus  ou  moins  étroitement 
soudées  Tune  à  Tautre.  Les  deux  lacs  sur  lesquels  on  promenait  les 
barques  sacrées  y  étaient  contenus.  Mais  on  remarquera  que  les  allées 
de  sphinx  sont  situées  en  dehors  des  enceintes,  d*oti  Ton  peut  con- 
clure que  les  allées  de  sphinx  n'avaient  pas  de  caractère  religieux  et 
ne  figuraient  en  avant  des  temples  qu'à  titre  d'ornements. 

Les  enceintes  dont  les  temples  égyptiens  sont  en  général  entourés 
sont,  sans  aucun  doute,  construites  à  plusieurs  fins.  Elles  marquaient 
les  limites  des  temples.  Elles  les  protégeaient  matériellement  contre 
toute  agressioii  extérieure.  Quand  elles  s^élevaient,  comme  à  Dendéra, 
3t  Sais  et  en  d'autres  lieux,  à  une  hauteur  considérable,  elles  pou- 
vaient servir  de  rideau  entre  les  profanes  habitants  de  la  ville  et  les 
mystëres  qu'on  célébrait  à  l'intérieur.  Dans  ce  dernier  cas,  elles 
étaient  construites  de  telle  sorte  qu'on  ne  voyait  et  n'entendait  rien 
^e  ce  qui  s'y  passait. 

11  est  probable  que  les  enceintes  de  Karnak  possédaient  ce  triple 
caractère.  Elles  n'ont  ni  la  hauteç^r  ni  l'épaisseur  de  l'encçinte  ^ 
peQdéra,  et  les  assises  supérieures  des  temples  étaient  du  dehors  k  la 
vue  de  tout  le.  monde.  On  peut  remarquer  cependant  qu'elles  étaient 
%%sez  élevées  pour  que  d'aucune  partie  de  la  ville  on  n'aperçût  les 
cérémonies  qu'on  célébrait  dans  les  salles,  sous  les  colonnades,  dan» 
la  périmètre  des  enceintes,  sur  les  lacs.  On  peut  donc  adn^ettre  qu'en 
certaines  occasions  les  enceintes  pouvaient  faire  du  teq^p^  v^  a^le 

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64  AFRIQUE.  N"  92-H5 

infranchissable  et  éloigner  du  sanctuaire  ceux  auxquels  leur  degré 
d^initiation  ne  permettait  pas  rapproche  des  lieux  saints.  A  la  vérité 
les  terrasses  des  tenaples  devaient  être  vues  des  habitants  de  la  ville. 
Mais  la  différence  de  hauteur  des  murailles  entre  Dendéra  et  Kamak 
s'expliquerait  peut-être  par  ce  fait  qu'à  Dendéra  les  processions,  qui 
étaient  toujours  la  partie  principale  des  fêtes,  montaient  sur  les  ter- 
rasses des  temples  et  qu'elles  n'y  montaient  pas  à  Karnak.  En  somme 
je  ne  vois  pas  de  raison  d'être  à  Textrême  épaisseur  des  enceintes  de 
Kamak  que  dans  la  loi  religieuse  qui  interdisait  au  public,  non-seu- 
lement la  vue  de  certaines  cérémonies  sacrées,  mais  encore  l'accès  en 
temps  ordinaire  des  temples  et  de  leurs  alentours. 

Les  temples  principaux  de  l'antique  ville  sainte  d'Apetou 
dont  M.  Mariette-Bey  a  retrouvé  les  ruines  dan&  les  enceintes 
de  Karnak  sont  au  nombre  de  douze.  Et  ces  enceintes  en  ren- 
ferment encore  d'autres  plus  petits.  Une  allée  de  sphinx  de 
près  de  2000  mètres  de  longueur  sur  23  mètres  de  largeur, 
formait  comme  un  trait  d'union  entre  la  ville  sainte  de  Kamak 
et  le  sanctuaire  d'EI-Qaçar  (Luxor),  de  sorte  que  les  prêtres 
pouvaient  aller  de  l'un  à  l'autre  sans  sortir  du  terrain  sacré. 
En  déchiffrant  les  hiéroglyphes  qu'il  venait  de  découvrir  sur 
les  pylônes  de  Karnak,  M.  Mariette-Bey  y  a  trouvé  plusieurs 
listes  géographiques  des  pays  soumis  par  le  roi  Thôth-mès  III, 
ainsi  que  des  pays  dont  les  Égyptiens  avaient  connaissance  à 
cette  époque.  Ces  listes,  divisées  en  listes  principales  et  listes 
supplémentaires,  comprennent  :  premièrement,  trois  cent  cin- 
quante-neuf noms  des  pays  du  nord  de  l'Egypte,   que  les 
Égyptiens  appelaient  le  haut  Routen,  des  contrées  des  Sati  et 
des  Fenekh-ou,  et  peut-être  d'un  pays  situé  au  delà  du  haut 
Routen;  secondement,   deux  cent   soixante-neuf   noms  des 
pays  de  Qouch,  de  Poun  et  de  la  Libye,  situés  au  sud  de 
l'Egypte.  De  tels  documents,  qui  se  rapportent  au  dix-huitième 
siècle  avant  Jésus-Christ,  présentent,  on  le  comprend,  un  intérêt 
hors  ligne,  pour  la  géographie  comme  pour  l'histoire,  et  la 
Société  de  Géographie  de  Paris  a  reconnu  les  services  rendus 
par  M.  Mariette-Bey,  en  lui  décernant  Tune  de  ses  médailles 
d'or  de  1876. 

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DÉSERT  DE  LA  THÉBAÎDE.  05 

§  3.  —  Déconcertes  dans  le  désert  de  la  Thébiïde,  par  MM.  le  docteur 
Schweinfarth  et  GQssfeldt. 

Le  désert  de  la  Thébaïde  est  cette  partie  du  désert  arabique 
située  entre  la  mer  Rouge  et  le  Nil,  à  Test  de  la  province  du 
Sa'ïd  (Haute-Egypte).  Les  premières  données  exactes  sur  la 
géographie  de  ce  désert  datent  de  Texpédition  que  la  républi* 
que  française  envoya  en  Egypte  sous  le  général  Bonaparte 
1799-1801  ;  Baffeneau-Delile,  membre  de  Texpédition,  avait  fait 
une  reconnaissance  de  toute  la  partie  comprise  entre  les  villes 
de  Çiyoût  et  de  Minîyé,  à  l'ouest,  et  la  mer  Rouge,  à  Test,  et,  dès 
1799,  Bachelu  avait  relevé  un  itinéraire  de  Qénéà  Qoçeïr.  Près 
d'un  demi-siècle  plus  tard  Lepsius  (1845),  Henri  Barth  (1846) 
et  Wilkinson  précisèrent  les  détails  topographiques  de  quelques 
parties  du  désert  de  la  Thébaïde;  Henri  Barth,  en  particulier, 
pour  les  montagnes  du  littoral  de  l'antique  Bérénice  et  de 
Qoçeïr.  Cette  contrée  néanmoins  laissait  encore  place  à  des 
recherches  intéressantes,  pour  l'histoire  naturelle  et  la  géo- 
graphie. Deux  voyageurs  expérimentés,  MM.  le  docteur 
Schweinfurth  et  Gûssfeldt  y  ont  fait,  du  15  mars  au  22  avril, 
en  plein  épanouissement  de  la  vie  végétale  dans  ces  parages, 
une  excursion  qui  a  donné  d'intéressants  résultats. 

Le  docteur  Gûssfeldt  s'était  chargé  des  déterminations  des 
positions  par  les  observations  astronomiques,  des  observa- 
tions barométriques  et  magnétiques,  tandis  que  le  docteur 
Schweinfurth  se  réservait  l'étude  de  la  géologie  et  de  la  botani- 
que. Partis  de  Benî  Souêf,  sur  la  rive  orientale  du  Nil,  ils  mar- 
chèrent à  rest->nord-est  en  contournant  le  versant  nord  du 
Djebel  Homr  et  en  coupant  lesouâiiis  qui  en  descendent.  Jusqu'à 
la  vallée  de  ^Araba,  le  pays  est  un  plateau  de  calcaire  nummu- 
lithi(|ue,  dont  la  surface,  unie  comme  une  table,  est  sillonnée 
de  raviiîs  à  ramifications  nombreuses,  où  se  trouvent  les  seuls 
végétaux  de  ce  désert  :  ils  sont  les  mêmes  que  ceux  du  Sahara 
algérien. 

L*A!ni£c  0£06R.  XV  5 

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60  AFRIQUE.  N-  92-115 

L*Ouâdi  *Araba  est  une  vallée,  large  de  près  de  24  kilomètres; 
sa  peiile  est  de  Touest-sud-ouest  à  Test-nord-est.  Elle  longe  et 
draine  le  -versant  nord  du  mont  Galâla.  Le  mont  Galâla  est  de 
rélage  tertiaire  éocène  ;  les  roches  de  son  versant  nord  appar- 
tiennent à  la  formation  nummulithique,  mais  à  la  base  de  la 
montagne,  du  côté  du  sud-est,  les  roches  sont  pétries  à*Ostrea, 
et  ces  roches  sont  coupées  par  des  bancs  d'une  marne  rem- 
plie d'hippuritesy  d'échinites  et  d*ammonites,  Quelques-unes 
de  ces  dernières  mesurant  plus  de  50  centimètres  de  diamètre. 
Les  bancs  de  marne  reposent  sur  des  grès,  identiques  aux  grès 
du  Sinaï,  et  forment  ici  une  masse  de  66  mètres  d'épaisseur, 
superposée  à  des  roches  primitives,  telles  que  les  schistes  à 
hornblende,  le  granit,  le  porphyre  et  la  diorite,  qu'on  voit 
apparaître  un  peu  plus  loin  du  côté  du  sud.  Le  docteur 
Schweinfurth  n'ayant  pas  trouvé  dans  le  mont  Galâla  de  forma- 
tions sédimentaires  plus  anciennes  que  la  craie  supérieure,  on 
a  la  certitude  que  cette  montagne  ne  renferme  pas  de  gise- 
ments houillers. 

Du  Djebel  Galâla,  les  voyageurs  passèrent  dans  le  Djebel  Garib 
qui  lui  fait  suite.  De  l'examen  géologique  de  ces  deux  montagnes, 
le  docteur  Schweinfurth  a  conclu  que  primitivement,  le  Djebel 
Garib  et  le  Djebel  Galâla  ne  formaient  qu'un  seul  massif  avec  le 
Djebel  Sinâ  (ou  mont  Sinaï),  dont  ils  ont  été  séparés  par  le 
cataclysme  auquel  la  mer  Rouge  et  le  golfe  de  Soueïs  (Suez) 
doivent  l'existence. 

Le  mont  Galâla  mérite  d'arrêter  l'attention,  car  il  renferme 
quelques  sites  pittoresques,  véritables  émeraudeis  perdues  dans 
un  tas  de  cailloux.  Ainsi  les  voyageurs  y  trouvèrent,  dans 
l'Ouâdi  Natfa,  plusieurs  grottes  qui  ont  jusqu'à  cinquante  pas 
de  largeur.  De  leur  plafond  voûté  pendent  des  stalactites,  lon- 
gues de  6  à  7  mètres  et  toutes  recouvertes  de  mousses.  Une 
source  d'eau  vive  jaillit  même  d'une  de  ces  groUes. 

Au  bord  de  la  source  de  l'Ouâdi  Natfa,  le  docteur  Schwein- 
furlh  a  récollé  VAdianthum  Capillus  Vçneris  L.,  fougère  que 
nous  avons  vue  dans  le  Djebel  Nefoûsa  (Tripolitaine),  entre  les 

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DÉSERT  DE  LA  THÉBAIDE.  67 

racines  des  dattiers  et  sur  les  pierres  qui  bordent  les  canaux 
d'irrigation  de  l'Ouâdi  Arhlân.  A  côté  de  ces  mousses  et  de  ces 
fougères,  qui  rappellent  nos  climats  d'Europe,  les  crevasses 
des  rochers  du  mont  Galâla  donnent  asile  à  des  palmiers  sans 
tronc,. et  à  un  arbre  des  tropiques,  le  Ficus  palmata^  F.,  qui 
atteint  ici  une  hauteur  de  5  mètres.  Mais  les  fougères  et  les 
Ficus  sont  une  exception  dans  le  prolongement  africain  du 
mont  Sinaï  ;  les  autres  ouâdis  présentent  une  végétation  pure- 
ment désertique,  qui  produit  de  bons  fourrages  pour  les  cha- 
meaux. L*Ouâdi  Askhâr,  c'est-à-dire  la  Vallée  des  Enchante- 
ments, est  un  des  plus  pittoresques,  à  cause  des  formes  de  ses 
rochers  qui  lui  ont  valu  son  nom.  Ses  bords  sont  garnis  de 
plantes  herbacées  et,  à  une  altitude  de  iOOO  mètres,  le  docteur 
Schweinfurth  a  eu  la  surprise  de  trouver  réunis  des  échantU- 
lons  de  la  flore  du  Sinaï,  de  la  Palestine  et  même  de  l'Afgha- 
nistan. 

Il  est  à  peine  besoin  de  rappeler  que  le  désert  de  la  Thé- 
baïde  est  le  berceau  du  monachisme,  qui  fut  institué  en 
l'an  311  par  saint  Paul  l'ermite.  Plus  tard,  saint  Antoine 
donna  aux  couvents  qui  s'y  étaient  formés  la  règle  qu'ils  ont 
suivie.  Le  docteur  Schweinfurth  et  M.  Gûssfeldt  ont  visité  là 
le  plus  ancien  couvent  du  monde  chrétien,  le  couvent  de 
Saint-Antoine,  oii  vivent  cinquante  moines  très-hospitaliers. 
De  làf  leur  route  se  poursuivit  au  nord-est,  par  le  couvent  de 
Saint-Paul,  et  continua  à  contourner  la  montagne,  en  pas- 
sant plusieurs  vallées,  dont  la  dernière,  l'Ouâdi  Tarfâ  (Vallée 
des  Tamaris)  est  fort  longue.  C'est  dans  l'Ouâdi  Tarf^  qu'on 
trouve  la  magnifique  citerne  de  Meghêta,  décrite  par  Raffeneau- 
Delile.  Les  voyageurs  rejoignirent  ensuite  le  Nil  à  Hibé. 

Ce  voyage,  qui  n'a  eu  que  la  durée  d'une  rapide  excursion, 
a  valu  cependant  à  la  géographie  d'importantes  données  :  c'est 
ainsi  que  le  docteur  von  Gûssfeldt  a  déterminé  la  longitude  et 
la  latitude  de  vingt  points  différents,  la  déclinaison  de  l'at- 
guille  aimantée  sur  quatre  points,  et  la  hauteur  de  toutes  ces 
stations. 

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68  AFRIQUE.  N-  116-167 

IV 

SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE 

116.  Largead  (Victor).  Les  explorations  de  M...;  Explorateur,  1875, 
n»  26,  p.  101  à  104. 

117.  Du  môme:  Voyage  à  Ghadâmès  (novembre  et  décembre  1875); 
Explorateur,  1875,  n»»  44,  48. 

118.  Du  même:  Rapport  à  M.  le  président  et  à  MM.  les  membres  de  la 
Société  de  Géographie  de  Genève;  accompagné  d'une  carte  à 
Véchelle  du  4,<>oo00o*  donnant  le  tracé  nouveau  de  Tlgharghar  ; 
Le  Globe,  Genève,  t.  XIV,  1875,  p.  25  à  68. 

t19.  Du  même:  Voyage  à  Ghadâmès,  Bulletin  de  la  Société  de  Géo~ 
graphie  de  Paris,  novembre  1875,  p.  503  à  513. 

120.  Du  même:  Le  Sahara,  premier  voyage  d'exploration.  1  vol.  in-8», 
de  516  p.,  10  gravures  et  une  carte  à  l'échelle  du  b.ooù.ooo* 
Paris,  Sandoz  et  Fischbacher,1877. 

121.  Largeau  (Victor)  et  Say  (Louis).  Deuxième  expédition  à  Ghadâmès. 
Lettres  écrites  pendant  le  voyage;  Explorateur,  1876,  u**  55. 
p.  161,  n«  59,  p.  280  à  290. 

122 .  Largeau  (Victor).  Journal  de  route.  Explorateur,  1876,  n»  56,  p.  180- 
193  ;  n»  67,  p.  489  à  492. 

123.  Du  même:  Les  Antiquités  de  Ghadâmès,  avec  cinq  gravures; 
Explorateur,  WQ,  n»  77,  p.  98  à  99. 

124.  Du  même  :  Un  village  touareg  ;  la  Sebkhat-El-Melah,  avec  deux 
gravures.   Explorateur,  1876,  n<»  78. 

125.  Spedizione  di  V.  Largeau  nel  Sahara  centrale.  Cosmos  di  Guido 
Cora,  T.  III,  1876,  pages  201,  334  et  382  à  585. 

126.  Sat  (Louis).  L'exploration  de  H.  Largeau  à  Ghadâmëset  les  plan- 
tations de  coton  de  l'oasis  de  Tougourt,  avec  une  carte  des  parties 
de  l'oasis  de  Tougourt  qu'on  pourra  utiliser  pour  la  culture  du 
coton.  Explorateur,  \%1%,  n«>  49,  p.  11  à  14. 

127.  Du  même  :  Rapport  au  ministre  de  la  marine,  et  projet  de  voyage 
au  Ahaggar.  Explorateur,  1876,  u"  75,  p.  42  à  43;  n»  77,  p.  86 
à  87. 

128.  RoHLFS  (le  docteur  G.).  Largeau's  zweite  Expédition  nach  Rha- 
dames,  und  einige  Worte  ûber  Algérien.  Mittheilungen,  Gotha 
1876,  n»  7,  pages  250  à  253.  ' 


yGoogk 


SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  60 

129.  Explorazione  del  Sahara  centrale.  Coamoa  di  Guido  Cora.  T.  111, 
1876,  page  186. 

130.  Exploration  française  dans  l'Afrique  occidentale  (Ahaggar). 
Explorateur,  1876,  n»  76,  p.  57. 

131.  DuvEtRiER  (Henri).  Le  Ahaggar,  d'après  les  renseignements  indi- 
gènes recueillis  par  H.  Barth  et  lui-même,  avec  une  carte.  Ex- 
plorateur, 1876,  n»  79. 

132.  Du  môme:  itinéraires  de  Methlîli  à  Hâssi  Bergh&wi  et  d'EU 
Goléa*a  à  Methlîli,  d'après  un  journal  de  voyage  en  1859;  avec 
une  carte  des  itinéraires  dans  le  pays  des  Gha'ànba  de  1859  à  1873, 
au  4ooîooo*'  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  juin  1876, 
p  577  à  611. 

133.  Parisot  (le  capitaine  d'état-major).  La  région  comprise  entre 
Ouarglâ  et  El-Golia.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie.  Dé- 
cembre 1876,  pages  577  à  603. 

134.  Crariiettaut  (le  R.  P.).  El-Goléah  (Sahara),  avec  un  portrait 
d'habitant  d'El-Colêa'a.  Xe«  Missions  catholiques,  1876,  n*  394. 

135.  Sahara  et  Soudan.  Les  premiers  martyrs  delà  mission  de  Tom- 
bouctou.  Les  Missions  catholiques,  1876,  n*  363, 

136.  L'Assassinat  des  missionnaires  français.  Explorateur,  1876^ 
n»  67  ;  n»  69,  p.  563  à  564. 

137 .  Prise  et  sac  de  l'oasis  de  Rhât  par  les  Touareg  Ahaggar.  Explo- 
rateur, n»  76,  p.  72. 

138.  Hbrtz  (Charles).  Quels  sont  les  débouchés  commerciaux  du  Sou- 
dan? Explorateur,  n»  81,  p.  197. 

139.  Les  Foires  du  sud  de  l'Algérie.  Explorateur,  n»  81,  p.  198  à  200. 

140.  GoBLET  d'Alviella  (le  comte  E.).  Sahara  et  Laponie.  1  vol.  in-18, 
Paris,  Pion,  1876. 


141 .  Dv  Hazet.  Chemins  de  fer  de  l'Afrique  centrale,  avec  une  carte. 
Explorateur,  1875,  n»  41  p.  470  à  471. 

142.  DuponcHEL  et  Robert.  Le  Chemin  de  fer  français  dans  l'Afrique 
centrale,  avec  une  carte.  Explorateur,  n*»  58,  59,  63  (carte),  64. 

143.  Largeàu  (Victor).  Le  Chemin  de  fer  transsaharien  et  le  voyage 
projeté,  avec  deux  gravures  et  une  carte.  Explorateur,  1876, 
n*  76,  p.  67  à  69. 

144.  Blakc  (P.).  Projet  d'une  ligne  télégraphique  entre  l'Algérie  et 
le  Sénégal,  avec  une  carte.  Explorateur,  n"  57. 

145.  SoLEULET  (P.).  Exploration  au  Sahara  central.  Avenir  delà  France 
en  Afrique.  1  br.  in-8%  vu  et  106  p.  Paris,  Chailamel,  1876. 


yGoogk 


70  AFRIQUE.  N"  41M67 

146.  Du  même  :  Progetto  d*esplorazione  neir    Africa    occidentale. 
Cosmos  di  Guida  Cora,  t.  III,  1876,  p.  199. 


147.  Ravenstein.  The  Western  Sahara,  avec  une  carte.  Geographical 
marasme,  janvier  1876,  p.  13  à  16. 

148.  Tentatives  des  Anglais  pour  ouvrir  une  route  à  travers  1q  Sahara 
occidental  vers  le  Soudan.  Explorateur,  1876,  n®»  55  et  66. 

149.  Le  Sahara  occidental,  avec  une  carte,  d'après  le  Geographical 
magazine.  Explorateur^  1876,  n«  55. 

150.  Mac&bnzie  (Donald).  La  Mer  saharienne  de  l'Ouest,  et  l'expédition 
anglaise.  Explorateur,  1876,  n»  71,  p.  621  à  622  ;  n»  75,  p.  47; 
n«78,p.  132;  n»  81,  p.  222. 

51 .  Il  mare  Saharino  nell*  ovest  dell'  Africa.  Bollettino  délia  Societa 
geografica  italiana,  Rome,  1876,  n<>*  6  et  7,  page  437. 

152.  Robert  (G.).  Les  Anglais  dans  le  Sahara  occidental,  et  le  chemin 
de  fer  vers  le  Soudan.  Explorateur^  1876,  n«  8i,  p.  198  à  200. 


153.  Krause  (A.).  Zur  Yôlkerkunde  Nord-Afrika's.  l"»  Die  Tédâ  und  die 
Kanûri  ;  2«>  Die  Tédâ  und  die  Garmanten.  Zeitschrift  der  Geselh- 
chaftfûr  Erdkunde  zu.  Berlin,  U  XI,  1876,  nM,  p.  21  à  36. 

154.  RoHLfs  (G.).  Expédition  zur  Erforschung  der  Libyschen  Wûste, 
unter  den  Auspicien  Seiner  Hoheit  des  Chedive  von  ^gypten,  im 
Winter  1873-1874  ausgefuhrt.  T.  I.  Drei  Monàte  in  der  Libyschen 
"Wûste,  mit  Beitrâgen  von  Ascherson,  Jordan  und  Ziltel.  1  vol. 
in-S",  avec  une  carte  à  l'échelle  du  ttrmtôss*  P^''  ^'  Jordan, 
seize  photographies  par  Ph.  Remelé,  onze  lithographies  et  dix- 
huit  vignettes.  Cassel,  Fischer,  1875. 

155.  Du  même  ;  Ueber  die  Oasen,  namentlich  der  Libyschen  Wûste. 
MUtheilungen  des  Vereins  fur  Erdkunde  zu  I^pzig,  1876,  page  93. 

156.  Jordan  (le  professeur  W.).  Expédition  zur  Erforschung  der 
Libyschen  Wîiste  von  Gerhard  Rohlfs.  T.  II,  Physische  Géogra- 
phie und  Météorologie  der  Libyschen  Wûste.  1  vol.  grand  in-4«», 
avec  quatre  cartes  géographiques  et  trois  tableaux  météorologi- 
ques. Cassel,  Fischer,  1876. 

157 .  Du  môme  :  Die  geographische Lange  der  Oase  Dschalo.  ZeUschrift 
der  Gesellschaftfûr  Erdkunde  zu  Berlin,  1876,  n»62,p.l42  à  145. 

158.  Du  même  :  Le  levé  topographique  à  l'aide  de  la  photographie 
(photogramméirie)  expliqué  par  le  levé  photogram métrique  de 
l'oasis  Gassr-Daghel,  dans  le  désert  libyque,  avec  une  planche 
démonstrative,  contenant  les  plans  et  vues  de  l'oasis.  Bulletin 
de  la  Société  kkédiviale  de  géographie,  1876,  n»  3,  pages  278  à 
393. 


yGoogk 


SAHARA  ET  DÉSERT  LlBYQUÉ.  71 

159.  AscHERsoir  (le  professeur  docteur  P.).  Die  Libysche  Wûste  und 
ihre  Oasen.  Dtu  Ausland^  1875,  n»'  51,  52. 

160.  Du  même  :  Reisen  nach  der  kleineu  Oase,  10  Marx  bis  10  Mai 
1876.  Mittheilungen  der  geographUchen  Geselhdia/t  in  Wien. 
T.  XUL,  1876,  n-  8  et  9,  pages  484  à  486. 

ifii.  Du  môme:  Die  RoWfs'sche  Expédition  zur  Erforschung  der  Li- 
byschen  Wûste  im  Winter,  1873-1874.  Globus,  187Q,  t.  XXIX, 
n"  10,11,13,14. 

162.  Du  même  :  Reisenach  der  kleinen  Oase.  Globus,  1876,  t.  XXIX, 
n«  27,  t.  XXX,  n»  5. 

163.  Du  même  :  Reisenach  der  kleinen  Oase.Da*  Ausland,  1876,  n»  11, 

164.  ScHWEiNFURTH.  Profcssor  Ascherson's  Reise  nach  der  kleinen  Oase. 
MiUlieilungen,  Gotha,  1876,  n»  7,  pages  264  à  266. 

165.  ZiTTEL  (docteur  C).  Die  Libysche  Wûste  nach  ihrer  Beschaffen- 
heit  und  ihrem  landschaftlichen  Gharakter,  4»«'  und  5*«'  Jahres^ 
bericht  der  geographUchen  Gesellschaft  in  Mûnchen.  Munich, 
1875,  p.  252  à  269. 

166.  Spedizioni  neV  deserto  di  Libia.  Bolletlino  délia  societa  geogra- 
fica  Ualiana,  Home,  1876,  n~  6  et  7,  pages  434  à  437. 


167.  Gbad  (Charles).  Variations  de  climat  du  Sahara.  La  Nature,  revue 
dei  sciences,  illustrée,  n<*  184,  7  décembre  1876. 

%  l.'Les  explorations  françaises  dans  le  Sahara,  au  sud  deTAIgérie,  continuées. 
Jf.  Largeau,  les  résultais  de  son  premier  voyage  k  Ghadâmès.  Son  deuxième 
voyage  avec  M.  Louis  Say.  Projet  d'exploration  du  Âbaggar,  par  M.  Louis  Say. 
Les  itinéraires  tracés  dans  le  pays  des  Cha*ânba. 

Il  est,  dans  rexploration  du  globe,  une  région  qui  semble 
tout  spécialement  réservée  à  la  France  ;  nous  voulons  parler  de 
la  moitié  occidentale  du  Sahara  central,  qui  suit  immédiate- 
ment au  sud  de  la  limite  de  nos  possessions  algériennes.  Aussi 
les  voyageurs  français  ont-ils  commencé,  en  1856,  à  frayer  les 
premières  routes  dans  cette  partie  de  TAfrique.  Depuis  vingt  ans, 
ce  pays  jadis  ignoré  a  pris  figure  sur  nos  cartes.  Le  désert,  sur 
lequel  on  avait  des  idées  entièrement  fausses,  est  maintenant 
connu  du  moins  dans  ses  traits  généraux  ;  il  a  été  étudié  par 
plusieurs  voyageurs  français  qui  ont  rapporté,  avec  des  don- 
nées précises  sur  leurs  routes,  bon  nombre  de  renseignements 
recueillis  chez .  les.  habitants,  et  qui ,  en  attendant  mieux, 

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72  AFRIQUE.  N-  H6-167 

constituent  le  savoir  de  la  géographie  sur  des  contrées  non 
visitées  jusqu'à  ce  jour. 

Parmi  ces  voyageurs,  l'un  des  plus  nouveaux,  M.  Victor 
Largeau,  est  aussi  un  des  plus  entreprenants  et  des  plus  heu- 
reux. Le  dernier  volume  de  Y  Année  géographique  a  suivi^ 
M.  Largeau  de  Biskra  à  Ghadâmès.  Ce  premier  voyage,  com- 
mencé le  6  janvier  1875,  a  fini  le  4  avril,  mais  la  relation  n'en 
a  paru  que  cette  année  (n<*  120)  et  elle  contient  des  observations 
d*un  haut  intérêt.  M.  Largeau,  comme  M.  Dournaux-Duperré 
l'avait  fait  quelques  années  auparavant,  a  pris,  au  sud  de  Tou- 
gourt,  un  chemin  qui  suit  la  vallée  de  Tlgharghar,  mais  au 
lieu  d'entrer  dans  cette  vallée  près  du  village  de  Temâssîn,  il 
n'y  est  entré  que  beaucoup  plus  au  sud,  au  nord-est  de  Ne- 
goûssa,  en  un  lieu  tout  à  fait  en  dehors  du  tracé  de  la  vallée 
donné  par  M.  Dournaux-Duperré.  M.  Largeau  faisait  là  une 
véritable  découverte,  celle  du  bras  occidental  de  la  vallée  de 
llgharghar,  et  sa  carte  nous  montre  maintenant  cette  vallée  se 
divisant,  par  31^25'  de  latitude  nord,  en  deux  bras  qui,  après 
s'être  écartés  de  manière  à  laisser  entre  eux  une  grande  île,  se 
réunissent  sous  les  dunes  du  Ghourd  Seyyâl,  par  32"28'  de 
latitude  nord.  Les  relèvements  de  M.  Dournaux-Duperré  nous 
avaient  fait  connaître  le  bras  oriental  de  i'Igfaarghar;  ceux  de 
M.  Largeau  nous  révèlent  le  bras  ouest,  appelé  Ouâd  El-Ba'adj, 
qu'il  croit  être  le  bras  principal,  dont  nous  avions  relevé  la 
jonction  nord  en  1860,  et  qui  nous  avait  paru  être  moins 
large  que  le  bras  oriental. 

Cette  île,  formée  par  l'Egharghar,  dans  la  partie  basse  de  son 
cours,  a,  comme  étendue  et  comme  position  par  rapport  à 
Tembouchure,  son  équivalent  dans  la  grande  Ile  à  Horphil 
sur  le  Sénégal. 

Lorsque  le  malheureux  M.  Dournaux-Duperré  voyageait  dans 
cette  région,  ses  guides  et  ses  chameliers  l'induisirent  en  er- 
reur sur  le  point  où  ils  sortirent  de  l'Igharghar.  Il  y  avait  là 
un  puits,  auquel  on  donna  le  nom  de  Bir  £l-'Aclùya,  et  qui,  au 
contraire,  est  'Âïn  El-Khadra.  H.  Largeau  a  vu  et  mesuré  lui- 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  73 

même  le  vrai  Bir  El-*Achîya,  qu*il  a  trouvé  au  sud-Kiuest  et 
loin  de  'Aïn  El-Kfaadra,  dans  righarghar,en  amont  du  point  où 
son  lit  se  divise  en  deux  bras. 

Le  chemin  que  le  voyageur  a  suivi  pour  revenir  de  Ghadâ- 
mès  en  Algérie  passe  par  Bir  Djedîd  ;  il  est  nouveau  dans  une 
de  ses  parties.  M.  Largeau  croit  avoir  suivi  au  nord  de  Sahan 
El-Ahrech  jusqu'à  El-Ouàd  le  lit  de  l'ancien  fleuve  Triton, 
caché  sous  une  épaisse  couche  de  sable.  La  vallée  du  fleuve 
Triton  commencerait,  d*après  M.  Largeau,  à  TOuâd Timîsit, 
que  traverse  la  route  de  Ghadâmès  ^  In-Çâlah;  continuant, 
sous  les  sables,  à  lest  du  chemin  de  Ghadâmès  par  Berreçof, 
elle  suivrait,  à  partir  de  Ghourd  El-Lîya,  le  tracé  de  cette  route 
jusqu'à  El-Ouâd,  et,  continuant  de  là  au  nord  nord-ouest,  elle 
se  perdrait  dans  le  Choit  Melghîgh  et  le  Chott  Es-Selâm.  L'idée 
que  nous  rendons  ici  repose  sur  un  fait  réel,  mais  sa  conclu- 
sion est  tout  à  fait  hypothétique.  Qu'il  y  ait  eu,  à  une  époque 
géologique^  antérieure  à  la  formation  du  linceul  de  sables 
mouvants  qui  couvre  aujourd'hui  toute  celte  région,  une  ri- 
vière, partant  de  31°  ou  de  31^30',  de  latitude  et  cou- 
lant au  nord-ouest,  où  elle  formait  l'Ouâd  Soûf,  tributaire  lui- 
même  des  Chott,  cela  est  non-seulement  possible,  maismême 
probable.  Cette  rivière  recevait  les  Ouâdis,  qui  descendent  du 
Djebel  Nefoûsa,  et  vont  disparaître  sous  les  sables  d'El-'Erg, 
dans  la  direction  de  la  ligne  que  nous  venons  d'indiquer.  Mais 
rien  n'autorise  à  admettre  que  la  rivière  ancienne  ait  pu  com- 
mencer à  rOuâd  Timisit,  qui  n'a  jamais  alimenté  qu'un  étang, 
une  gueraUj  comme  disent  les  Arabes,  dont  le  lit  sans  issue 
se  voit  encore  au  sud  de  la  région  des  sables. 

Au  point  de  vue  du  commerce  de  l'Algérie  avec  l'Afrique 
intérieure,  un  nouveau  pas  a  été  fait. 

Pendant  son  premier  séjour  à  Ghadâmès,  M.  Largeau  a  abordé 
avec  le  conseil  des  notables,  en  présence  du  gouverneur  turc, 
la  question  des  relations  commerciales  à  établir  entre  le  marché 
de  Ghadâmès  et  les  villes  françaises  de  l'Algérie.  Tous  les 
membres  du  conseil  municipal  de  Ghadâmès  et  le  gouverneur 

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74  AFRIQUE.  N"  116-167 

turc,  après  s'être  fait  expliquer  le  but  que  poursuit  le  gou- 
vernement de  l'Algérie,  se  sont  déclarés  à  Tunanimité  con- 
vaincus de  l'utilité  de  rétablir,  entre  la  Nigritie  et  rAlgéric, 
un  mouvement  d'affaires  qui  existait  il  y  a  plusieurs  siècles. 
Les  gros  commerçants  de  Ghadâmès,  qui  commencent  à  nous 
connaître  autrement  que* d'après  les  rapports  mensongers  de 
nos  ennemis,  et  qui  ont  des  aptitudes  remarquables  pour  les 
affaires,  profiteront  certaineifient  des  nouveaux  débouchés  que 
M.  le  général  Chanzy,  gouverneur  de  TAlgérie,  veut  ouvrir  à 
leur  commerce,  en  créant  des  foires  dans  le  sud  de  l'Algérie. 
Assurés  du  respect  de  leur  religion,  de  la  protection  de  leurs 
personnes  et  de  leurs  biens,  et  de  la  liberté  des  transactions, 
les  négociants  de  Ghadâmès  s'empresseront  de  détourner  en 
Algérie  une  grande  partie  des  affaires  qu'ils  traitent  mainte- 
nant à  Tripoli  et  même  à  Tunis,  où  ik  ne  jouissent  pas  tou- 
jours des  mêmes  avantages. 

C'est  en  améliorant  les  errements  séculaires  du  commerce 
transsaharien,  en  établissant  la  paix  dans  l'intérieur  aussi  loin 
que  notre  action  peut  s'étendre,  en  créant  des  foires  ou  des 
marchés  permanents,  bien  approvisionnés,  dans  le  sud  de  l'Al- 
gérie, que  le  gouvernement  de  l'Algérie  obtiendra  des  résul- 
tats satisfaisants.  M.  Largeau  est  dans  la  vérité  eu  se  proposant 
ce  même  idéal.  Le  Sahara,  dont  l'immensité  sépare  l'Algérie 
de  la  Nigritie,  n'est  pas  un  milieu  ordinaire  dans  lequel  on 
puisse  appliquer  de  prime  saut  les  moyens  perfectionnés  de 
communication  :  les  charrois  par  voiture,  et  à  plus  forte  rai- 
son, les  transports  par  chemins  de  fer.  Ces  moyens  de  transport 
supposent  ce  qu'on  ne  trouvera  nulle  part  aujourd'hui  dans  le 
Sahara  :  des  besoins  nombreux  existants,  et  un  transit  presque 
constant  dans  une  direction  donnée. 

Le  chameau,  introduit  dans  le  Sahara  il  y  a  seulement  douze 
ou  quinze  siècles,  à  une  date  où  le  bœuf  de  somme  n'y  trou- 
vait plus  un  milieu  suffisamment  fertile,  est  devenu  depuis  lors 
le  meilleur  porteur  de  fardeaux  pour  cette  région,  et  sans 
doute  on  ne  le  remplacera  ni  par  un  autre  animal,  ni  par  la 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  75 

vapeur  d'ici  à  des  temps  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  préoc- 
cuper. A  notre  époque  le  chameau  suffit  et  suffira  à  toutes  les 
demandes  de  fret;  en  ayant  soin  de  louer  toujours  des  bêtes  nées 
sur  le  sol  où  elles  auront  à  voyager,  on  sera  sûr  de  ne  jamais 
laisser  ses  marchandises  en  route.  11  faut  savoir,  en  effet,  que 
le  cuir  du  pied  d*un  chameau  né  sur  les  plateaux  solides  s*use 
sur  les  sables  fins,  et  que  le  chameau  né  dans  les  sables  n'a 
pas  les  ongles  longs  et  durs  qui  protègent  le  pied  de  l'autre 
contre  le  choc  des  pierres ,  et  qui  l'aident  à  grimper  des 
côtes  rocheuses. 

A  peine  M.  Largeau  avait-il  achevé  son  premier  voyage,  dont 
la  publication  (n*'  117  à  120)  n'était  même  pas  encore  com- 
plète, qu'au  mois  de  novembre  1875  il  rentrait  dans  le  Sahara 
pour  décider  les  négociants  de  Ghadâmès,  les  maîtres  actuels 
du  commerce  transsaharien,  à  porter  sur  les  marchés  algériens 
les  produits  de  la  Nigritie  et  du  Sahara.  M.  Largeau  fit  appel 
au  concours  de  volontaires  que  séduirait  la  perspective  dés 
études  sur  un  terrain  à  peine  effleuré.  Il  en  trouva  trois  : 
MM.  Louis  Say,  enseigne  de  vaisseau,  Lemay  et  Faucheux,  et 
il  se  dirigea  par  Tougourt  sur  l'oasis  du  Soûf  que  les  circon- 
stances rendaient  à  ce  moment  le  seul  point  possible  de  départ. 
Chemin  faisant,  M.  Louis  Say,  frappé  par  le  résultat  des  cul- 
tures de  cotonnier  qui  ont  été  entreprises  dans  l'Ouâd  Rîgh  par 
Tagha  Mohammed  Ben  Edrîs,  a  construit,  avec  l'aide  de 
l'agha,  la  carte  des  parties  de  cette  contrée,  susceptibles 
d'être  transformées  en  plantations  de  cotonnier  (n°  126).  Au 
moment  où  commençait  le  voyage,  des  pillards  infestaient,  à 
l'ouest,  le  pays  que  traverse  la  route  de  'Ain  El-Khadra,  que 
voulait  d'abord  suivre  M.  Largeau.  Il  fallut  donc  se  rejeter  dans 
l'est,  et  passer  par  le  puits  de  Berreçof  *.  Au  lieu  de  retracer 
d'El-Ouâd  à  Berreçof  identiquement  l'itinéraire  que  nous-même 

1.  Berreçof,  liltéralement  Aboû  Er-Beçof,  est  un  nom  arabe  qui  a  le  sens  de 
Père  du  Rocher  Plat,  et  que  ce  puits  doit  à  la  circonstance  qu'en  le  creusant  on 
a  rencontré  la  nappe  d*eau  reposant  sur  une  couche  horizontale  de  roche  dure. 

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76  AFRIQUE.  H- 116-167 

avons  relevé  en  1860,  H.  Largeau  a  marché  au  nord  de  ce  che- 
min par  Bîr  El-*Asemïn,  El-Dakhla,  Bîr  'Amar,  Bîr  Djebâli  et 
Bîr  El-Touâm,  dont  la  position  vraie  sera  donnée  pour  la  pre- 
mière fois  par  son  itinéraire.  On  sait  que  Berreçof  est  le  der- 
nier puits  qui  ait  été  creusé  sur  la  ligne  de  communication  la 
plus  à  l'est  entre  l'Algérie  et  Ghadâmès  ^  En  partant  de  Berre- 
çof le  voyageur  s'engage  dans  la  région  des  plus  hautes  dunes, 
où  les  sables  mouvants,  souvent  aussi  fins  que  ceux  de  nos 
écritoires,  s'amoncellent  jusqu'à  former  de  véritables  mon- 
tagnes. 11  y  a,  à  vol  d'oiseau,  une  distance  de  288  kilomètres 
de  Berreçof  à  Ghadâmès.  Sur  toute  cette  distance  les  caravanes 
n'ont  plus  l'espoir  de  se  ravitailler  en  eau,  et  la  longueur  du 
trajet  réel  est  augmentée  d'un  quart  en  raison  de  tous  les  dé- 
tours que  les  chameaux  doivent  faire  pour  éviter  ou  contour- 
ner les  plus  hauts  amoncellements  de  sables  formant,  tantôt 
des  massifs , presque  circulaires,  tantôt  de  longues  chaînes. 
Pour  tous  les  Sahariens,  nés  dans  le  pays  des  sables,  cette  der- 
nière partie  de  la  traversée  de  la  région  d'El-'Erg  est  un  sujet 
d'appréhensions.  Des  règlements  traditionnels  interdisent  aux 
caravanes  de  tenter  cette  traversée  avec  moins  de  deux  guides 
expérimentés;  car,  même  pour  les  habitants  du  grand  désert 
africain,  il  faut  prévoir  le  cas  où  une  maladie,  un  accident  im- 
prévus du  guide,  laisserait  la  caravane  comme  un  navire  sans 
pilote  au  milieu  de  mers  dangereuses.  Nos  lecteurs  nous  per- 
mettront d'évoquer  ici  un  souvenir  de  l'un  de  nous,  qui  tra- 
versait r'Erg,  en  1860.  C'était  le  10  août,  entre  Khâdem 
Menni  et  Ghourd  Babâni;  un  des  chameaux  de  notre  caravane, 

1.  A  une  heure  de  raprès-midi,  le  20  décembre  1875,  M.  Largeau  trouva  l'eau 
de  ce  puits,  à  une  profondeur  de  23'',49  sous  le  niveau  du  sol,  à  la  température 
de  22®,8,  tandis  que  l'air  n'avait  qu'une  température  de  17".  A  neuf  heures 
du  soir,  le  2  août  1860,  nous  avons  trouvé  l'eau  de  Berreçof,  à  uue  profondeur 
un  peu  moins  forte,  22",94,  et  sa  température  presque  la  même,  25°,  l'air 
ayant  au  moment  de  ces  mesures  30^7.  Cette  comparaison  prouve  qu'à  la  lati- 
tude de  Berreçof  il  n'y  a  pour  ainsi  dire  pas  de  variation  sensible  des  saisons  dan:> 
la  température  du  sol  à  la  profondeur  de  23  mètres  ;  elles  prouvent  aussi,  comme 
il  fallait  s'y  attendre,  que  les  saisons  n'exercent  aucune  action  régulière 
sur  le  niveau  de  l'eau  dans  le  puits,  ce  niveau  dépendant  non  de  pluies  annuelles, 
mais  de  pluies  qui  ne  reviennent  qu'à  des  intervalles  de  plusieurs  années. 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIRYQUE.  '     77 

exténué  par  la  fatigue  de  marches  qui  duraient  vingt  heures 
ou  vingt  et  une  heures  par  jour,  s'agenouilla  et  refusa  d'avan- 
cer plus  loin.  Il  fallait  ménager  notre  eau,  enfermée  dans  des 
outres  de  cuir,  et  que  la  chaleur  torride  et  la  sécheresse  de 
l'air  pompait  à  travers  les  pores  des  outres.  Il  fallait  aussi,  au- 
tant que  possible,  sauver  ce  chameau,  et  avec  lui,  sa  charge. 
Dans  un  cas  comme  celui-là,  un  chameau  altéré,  si  on  le  laisse 
boire  jusqu'à  satiété,  a  besoin  de  cent  litres  d'eau,  et  plus, 
pour  se  désaltérer.  Notre  guide  remplit  une  gamelle,  fit  tenir 
ouvertes  les  narines  du  pauvre  animal  et  y  versa  lentement, 
parcimonieusement  le  contenu  de  la  gamelle,  seule  et  bien 
minime  quantité  du  précieux  liquide  dont  il  jugeait  que  nous 
pourrions  nous  passer.  Cette  «  goutte  »  d'eau  suffit  pour 
ranimer  le  chameau  ;  les  muqueuses  de  la  tête  et  le  canal  di- 
gestif étsdent  humectés,  et  le  chameau  put  marcher  encore 
pendant  quinze  heures  et  demie  jusqu'à  l'oasis  de  Ghadâmès  ! 
Parmi  les  observations  que  M.  Largeau  a  faites  dans  l"Erg, 
au  nord,  au  sud  et  à  l'ouest  de  Berreçof,  il  faut  s'arrêter  à 
celles  qui  ont  trait  à  la  formation  de  ces  hautes  dunes  de  sable 
qui  donnent  son  caractère  distinclif  à  toute  cette  partie  du  Sa^ 
hara.  11  a  trouvé,  dans  le  bassin  où  est  creusé  le  puits  de  Ber- 
reçof, des  places  où  le  £ol  débarrassé  de  sables  montre  à  jour 
le  grès  sahanen,  à  gros  grain,  et  de  couleur  pâle,  à  l'état  de 
cailloux  épais  en  voie  de  désagrégation.  Déjà  aux  premières 
étapes  de  ce  voyage,  à  Çahan  Boû  Loutha,  il  avait  vu  des  ro- 
gnons de  calcaire  bitumineux  qu'il  considère  comme  ayant  dû 
être  emprisonnés  primitivement  dans  une  gangue  de  rociie 
solide.  Dans  son  voyage  précédent,  et  là  seulement  aux  massifs 
de  dunes  de  Bet-Toboûl  et  d'El-'Achîya,  sur  Tlgharghar,  les 
dunes  reposaient  sur  un  banc  de  grès,  que  les  influences  atmo- 
sphériques n'ont  pas  encore  commencé  à  attaquer.  Se  rappe^ 
lant  le  phénomène,  si  fréquent  sur  certains  points  de  l'Ouâd 
Rîgh,  où  le  vent  détache  du  sol  des  croûtes  d'argile,  qu'il 
transporte,  pulvérisées  eh  poussière  impalpable,  sur  les  pe* 
tites  dunes  plus  solides  qui  bordent  la  route,  et  rattachant  à 

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78  AFRIQUE.  N«»'  116-167 

cette  observation  celles  qu'il  a  faites  dans  la  région  d'El-'Erg, 
M.  Largeau  conclut  que  sur  le  chemin  d'El-Ouâd  à  Ghadâmès 
par  Berreçof  les  dunes  se  sont  formées,  sur  le  terrain  qu'elles 
couvrent,  par  lusure  et  la  désagrégation  d'un  banc  de  grèsrqui 
devait  composer  la  croûte  primitive  du  sol,  et  par  l'amoncel- 
lement des  grains  désagrégés  sur  les  points  où  des  obstacles 
naturels  les  arrêtaient  dans  leur  course  éolienne  du  sUd-est  au 
nord-ouest.  M.  Largeau  combat  deux  hypothèses  antérieures 
.  dont  la  première  veut  que  les  dunes  se  soient  formées,  à  la 
place  qu'elles  occupent,  par  la  pulvérisation  d'une  montagne 
de  grès  ;  et  dont  l'autre  fait  intervenir  une  mise  au  jour  de 
bancs  de  sable  souterrains,  emprisonnés  sous  une  croûte  solide 
brisée  par  un  soulèvement.  Néanmoins,  M.  Largeau  admet 
l'existence  passée  d'une  mince  croûte  de  grès,  recouvrant  le 
calcaire,  dans  tous  le  pays  qui  est  devenu  la  région  sableuse 
d'El-'Erg  ;  il  conçoit  que  le  calcaire  inférieur  recevant  les  eaux 
pluviales  par  les  crevasses  de  son  couvercle,  puis  surchauffé 
comme  une  étuve  par  les  rayons  solaires,  a  dû  se  gonfler, 
soulever,  et  briser  le  banc  de  grès  supérieur,  dont  les  débris 
désagrégés  sous  l'influence  des  agents  atmosphériques  auront 
ainsi  apporté  un  appoint  à  la  masse  dessables  meubles.  Cette 
assise  inférieure  de  calcaire  apparaît  à  la  surface  en  quelques 
rares  points  de  la  région  des  dunes,  et  partout  on  a  reconnu 
qu'elle  tire  son  origine  de  sédiments  anciennement  déposés  par 
des  eaux  douces,  et  non  par  des  eaux  marines.  Non-seulement 
M.  Largeau  a  retrouvé  à  Dourîyet  Ma'ammer  les  gros  blocs  de 
craie  savonneuse  dans  lesquels  nous  ramassions  autrefois  les 
premiers  échantillons  de  la  Planorbis  Duveyrieri,  mais  encore 
il  a  découvert  une  autre  espèce  nouvelle  de  coquillages  d'eau 
douce  du  genre  Bythinia,  assez  voisine  de  la  Bythinia  Dupote- 
tiana,  commune  dans  le  ruisseau  de  la  source  thermale  de  Biskra 
(Hammam  Eç-Çâlaliîn),  et  dans  la  vase  des  rigoles  de  la  source 
froide  de  'Aïn  Temôguet  dans  le  Djebel  Nefoûsa.  Ces  gros  blocs 
de  craie,  que  M.  Largeau  a  vus  dégagés  des  sables,  et  dont  il  a 
pu  apprécier  le  volume,  affleuraient  à  peine  au  sol,  lorsque 

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SAHARA  ET  DëSëRT  UBYQUE.  79 

nous  passions  là  en  4860.  11  y  aurait  donc  mauvaise  grâce  à 
vouloir  nier  une  vérité,  reconnue  par  tous  les  habitants  d*EU 
'Ërg,  le  déplacement  des  sables  sous  Tiniluence  des  vents,  dé- 
placement qui  prend  des  proportions  vraiment  colossales  en 
quelques  années. 

A  Gbadâmès,  H.  Largeau  a  étudié  et  dessiné  les  ruines  de 
l'ancienne  Gydamus,  à  peu  de  distance  de  Toasis,  et  dont  les 
hautes  constructions,  appelées  aujourd'hui  El-Ësnâm,  c'est-à- 
dire /e5Ûi'p/es,sont  certainement  les  parties  les  plusremarquables. 
Il  a  publié  {n^  1 25)  dans  V Explorateur  les  résultats  de  ces  recher- 
ches archéologiques.  La  forme  bizarre  des  hautes  et  massives 
colonnes  en  maçonnerie  d*El-Ësuâm  ne  rappelle  en  rien  les 
travaux  de  rarcliitecture  romaine;  cependant  H.  Largeau  a 
constaté  que  dans  la  base  de  ces  colonnes  étaient  ménagées 
des  chambres  sépulcrales  ;  il  a  même  appris  qu'on  avait  trouvé 
dans  ces  chambres  des  ossements,  et  des  lampes  funéraires 
dont  l'origine  est  incontestablement  romaine.  Ce  dernier  point 
restant  acquis,  on  doit  pourtant  hésiter  à  admettre  que  les 
Rsnâm  ont  été  dans  Forigine  bâtis  pour  servir  de  dernière  de- 
meure à  des  Romains.  La  présence  de  lampes  romaines  dans 
les  chambres  sépulcrales  des  Esnâm  indique  seulement,  selon 
nous,  que  les  Romains  employèrent  comme  caveaux  funéraires 
ces  monuments  de  la  civilisation  garamantique.  Mais  nous  ne 
saurions  admettre  avec  M.  Largeau  que  les  Esnâm  de  Ghadâ- 
mès  étaient  les  tombeaux  des  rois  de  Garamaiites.  Les  anciens 
rois  des  Garamantes  avaient  leur  cimetière  à  Garama  même, 
dont  les  ruines  portent  le  nom  de  Djerma  El-Qedîma  (rancienne 
Djerma),  et  les  tombes  de  ce  cimetière  sont  appelées  dans  le 
pays  Qeçîrât  Er-Roûm  «  les  châtelets  romains  »,  par  suite  de 
la  conlnsion  que  font  les  habitants  illettrés  entre  leurs  propres 
ancêtres,  dont  ils  devraient  être  fiers,  et  qu'ils  ont  oubliés,  et 
les  Romains,  qui  les  premiers  leur  imposèrent  le  joug  étranger 
auquel  ils  n'échappèrent  plus  jamais. 

Si  du  passé  nous  revenons  aux  conditions  actuelles  de  l'oa* 
sis  de  Ghadâmès  et  de  ses  habitants,  nous  trouvons  là  le  plus 

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80  AFRIQUE.  K-  116-167 

important. des  marchés,  ou,  pour  parler  plus  exactement,  des 
entrepôts  du  commerce  saharien,  qu'alimentent  les  productions 
naturelles  du  bassin  de  la  Méditerranée  et  les  produits  fabri- 
qués de  TEurope,  aussi  bien  que  les  productions  naturelles  de 
la  Nigritie  et  les  produits  fabriqués  de  Kanô,  de  Katsena,  et 
même  de  Djinni.  Jusqu*à  ces  temps  derniers,  les  riches  négo- 
ciants de  Ghâdamès,  malgré  l'esprit  d'initiative  qu'on  ne  sau- 
rait leur  dénier,  achetaient  et  vendaient  à  Tripoli  et  à  Tunis 
les  marchandises  sur  lesquelles  roulent  leurs  affaires.  Un  sen- 
timent vague  de  défiance,  entretenu  par  nos  ennemis,  avait 
toujours  tenu  les  marchands  de  Ghadâmès,  à  de  bien  rares 
exceptions  près,  éloignes  des  marchés  de  l'Algérie,  et  rien 
n'avait  pu  entraîner  vers  Biskra  les  caravanes  qu'ils  dirigeaient 
toujours  soit  vers  Tripoli,  siège  actuel  du  gouvernement  de 
leur  province,  soit  vers  .Tunis,  la  capitale  à  laquelle  ils  allaient 
verser  leur  tribut  dès  le  douzième  siècle.  M.  Largeau  parait 
avoir  achevé  de  vaincre  la  routine  qui  présidait  en  maître 
aveugle  aux  affaires  de  ces  négociants,  et  le  commerce  algé- 
rien saura,  nous  l'espérons,  profiter  des  nouveaux  débouchés 
qui  lui  sont  ouverts. 

Arrivés  au  point  oh  nous  en  sommes  de  la  géographie  du 
Sahara,  il  reste  une  grande  lacune  à  remplir.  Nous  voulons 
parler  de  l'exploration,  tant  désirée,  du  Ahaggar  {n^  131),  pla- 
teau monlueux,  hérissé  de  pics  élevés,  raviné  par  de  nom- 
breuses vallées,  qui  est  sous  le  tropique  du  Cancer,  entre  l'Al- 
gérie et  le  Niger  moyen,  et  qu'aucun  Européen  n  a  pu  encore 
aborder.  MM.  Victor  Largeau  et  Louis  Say  sont  décidés  à  atta- 
quer cette  région,  la  plus  intéressante  de  toute  la  moitié  ouest 
de  l'immense  Sahara,  aux  points  de  vue  de  la  géographie  pro- 
prement dite,  du  climat  et  de  l'histoire  naturelle.  Le  Ahaggar 
est,  on  le  voit,  un  beau  but  à  atteindre;  puissent  les  circon- 
stances politiques  permettre  aux  deux  voyageurs  français  de 
remplir  le  programme  qu'ils  ont  esquissé!  H.  Louis  Say  pren- 
dra sur  sa  fortune  personnelle  les  moven    de  subvenir  à  son 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  81 

expédition;  M.  Victor  Largcau  trouvera,  sans  cloute,  une 
somme  équivalente  dans  la  souscription  publique  qui  est  main- 
tenant ouverte.  11  y  a  pour  cela,  en  France,  assez  de  personnes 
qui  comprennent  la  nécessité  de  connaître  la  contrée  située 
entre  notre  Algérie  et  le  Niger  moyen. 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  (n»  152)  a  publié 
la  carte  du  pays  au  sud  de  TAlgérie,  sur  lequel  le  voyageur, 
allant  au  Ahaggar,  ferait  ses  premières  étapes  jusqu'à  la  lati- 
tude de  50^  50'  N.  Cette  carte  donne  les  itinéraires  relevés 
par  nous,  en  1859,  de  Ghardâya  à  El-Golêa'a;  par  M.  le  com- 
mandant Rose,  en  1871,  de  Warglâ  à  'Aïn  El-Taïba;  et  par 
M.  le  capitaine  Parisot,  en  1875,  de  Warglâ  à  El-Golêa  a.  Elle 
renferme  encore  des  plans  détaillés  de  TOuâd  Mezâb  el  d'El- 
Golêa'a.  Les  expéditions  militaires  du  général  Lacroix  et  du 
généial  de  Gallifet,  auxquelles  étaient  attachés  le  commandant 
Rose  et  le  capitaine  Parisot,  ont  fait  faire  un  grand  pas  à  notre 
connaissance  des  pays  des  Cha'âDba  et  des  Mekhâdema.  Nous 
voyons  maintenant  se  dessiner  les  étages  du  plateau  appelé, 
au  nord,  Ghebka  des  Benî  Mezâb,  et,  plus  au  sud,  Chebka  des 
Cha'âQba  ;  la  carte  se  dégarnit  â  mesure  qu'on  approche  de 
la  vallée  de  TOuâd  Hîya,  qui  recevait  les  eaux  de  ces  vallées 
lorsqu'elles  contenaient  des  torrents.  Le  plateau,  tout  crevassé, 
qu'elles  sillonnent,  porte  le  nom  arabe  de  Chebka^  qui  veut 
dire  filet,  parce  que  les  Gha'ânba  comparent  à  un  gigantesque 
filet  le  réseau  des  vallées  qui  sont  là  serrées,  profondes,  et 
très-ramifiées. 

Nous  avons  réuni,  sous  une  forme  descriptive,  toutes  les 
observations  géographiques  que  nous  avions  faites  sur  nos  deux 
chemins  d'aller  et  de  retour  à  Ël-Goléa'a.  Nous  croyons  que  les 
personnes  qui  s'occupent  des  projets  de  chemins  de  fer  dans  le 
Sahara  auraient  tout  avantage  à  étudier  très-attentivement  la 
carte  ainsi  que  le  travail. 


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82  AFRIQUE.  N-  11M67 

2.— LeSahara  occidental;  le  projet  de  mer  intérieure  et  les  projets  de  chemins 
de  fer  et  de  ligne  télégraphique  à  travers  le  Sahara 

Nous  nommons  Sahara  occidental  la  partie  du  grand  désert 
qui,  commençant  au  sud  du  Maroc,  est  limitée  à  l'est  par  le 
plateau  du  Ahaggar;  à  Touest,  par  Tocéan  Atlantique;  au  sud, 
par  le  Sénégal  et  le  Dhiôli  Ba.  Ce  pays  est  aujourd'hui  encore 
fort  peu  connu.  Les  Français  René  Caillié  et  Léopold  Panet 
en  ont  traversé  toute  la  largeur  sur  deux  Ugnes,  et  d'autres 
voyageurs,  parmi  lesquels  il  faut  citer,  au  premier  rang,  le 
capitaine  d'état-major  Vincent  et  le  lieutenant  Mage,  ont  tracé 
des  itinéraires  qui  ont  précisé  nos  données  sur  les  pays  au 
nord  du  Sénégal,  et  près  de  la  côte  de  l'océan  Atlantique. 
En  examinant  de  près  la  valeur  des  documents  sur  lesquels 
repose  aujourd'hui  la  carte  de  ces  contrées,  au  sud  de  TOuâdi 
Dhra'a  et  au  nord  du  18®  degré  de  latitude,  on  trouve,  la  côte  de 
l'océan  Atlantique  exceptée,  qu'il  n  existe  pas  une  seule  déter- 
mination de  latitude  ou  de  longitude  dans  un  vaste  espace  de 
10  degrés  en  latitude  et  de  plus  de  16  degrés  en  longitude. 
Nous  manquons  là  également  de  toute  détermination  de  la  hau-^ 
teur  du  sol  par  rapport  au  niveau  de  l'Océan. 

On  peut  cependant  se  faire  une  idée  générale  du  relief  de 
cette  partie  du  désert,  en  complétant  les  notes  des  rares  voya- 
geurs, au  moyen  des  indications  données  par  les  habitants 
eux-mêmes.  Au  nord  de  la  latitude  du  cap  Bojador,  le  pays  est 
rocheux  et  généralement  élevé,  comme  le  prouvent  d'ailleurs 
les  noms  arabes,  El-Ga'ada  et  El-Hamâda,  qu'on  lui  donne.  Un 
degré  au  sud  du  cap  Bojador  commencent  des  chaînes  de  col- 
lines, qui  deviennent  presque  des  montagnes  dans  le  Tîris  et 
l'Adrâr,  comme  aussi,  plus  au  sud,  dans  le  Tagânt.  Ces  hau- 
teurs dépassent  de  quarante-cinq  mètres  à  cent  mètres  le  niveau 
des  plaines  environnantes.  Sur  la  côte,  du  25®  au  !?•  degré, 
dans  les  pays  de  Tîris  et  d'Aftôt,  on  voit  de  larges  bandes  de 
sables,  parsemées  de  dunes,  qui  continuent  dans  l'intérieur,  en 
appuyant  aii  nord-est,  pour  aller  se  fondre  dans  ces  grands 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  8$ 

sables  sahariens  appelés  Iguidi,  Maghtir  et  Adâfer,  séparés  de 
la  cote  de  TOcéan  par  un  terrain  dont  Taltitude  est  suffisam- 
ment indiquée  par  le  peu  que  nous  connaissons  de  son  relief 
et  des  vallées  qui  le  sillonnent. 

A  huit  cent  cinquante  kilomètres  à  l'est  du  cap  Blanc,  c'est- 
à-dire  deux  cent  cinquante  ou  trois  cent  kilomètres  plus  à 
l!cst  que  les  sables  d'El-Maghtîr,  tous  les  renseignements  s'ac- 
cordent pour  indiquer  la  présence  d*un  grand  espace  de  terres, 
plus  basses  que  celles  qui  Tentourent,  et  auquel  les  Arabes 
et  les  Berbères  de  cette  région  ont  donné  le  nom  d'El-Djoûf, 
c'est-à-dire  le   Ventre,   frappés  qu'ils   étaient  par  l'analo- 
gie entre  son  rôle  par. rapport  aux  ouâdis  du  pays  environ- 
nant, et  le  rôle  de  l'estomac  par  rapport  à  l'œsophage  d'un 
animal.  On  y  trouve  fréquemment  du  sel  et,  peut-être  en  rai- 
son des  particules  salines  dont  la  terre  de  ce  canton,  comme 
celle  de  tontes  les  parties  creuses  du  Sahara,  est  imprégnée,  la 
végétation  y  est  presque  nulle.  Mais  conclure  de  là  qu'Ël-Djoùf 
soit  le  fond  d'un  ancien  golfe  qui  pourrait  être  rendu  à  l'océan 
Atlantique,  c'est  dépasser  la  limite  permise  aux  spéculations  de 
l'esprit  ;  cette  idée  est  cependant  venue  à  un  Anglais,  M.  Donald 
Mackenzie.  Le  10  juin  1876,  M.  Mackenzie  est  parti  de  Londres 
avec  plusieurs  compatriotes,  dans  le  but  d'aller  chercherj  aux 
environs  du  cap  de  Bojador,  l'ancien  détroit  qu'il  suppose  y  avoir 
existé,  et  par  lequel  la  dépression  d'El-Djoûf  aurait  communiqué 
autrefois  avec  l'Océan.  Les  objections  n'ont  pas  manqué  à  ce  pro-^ 
jet.  M.  Ravenstein,  notamment,  a  fait  valoir,  dans  le  GeographU 
caZifaja;5me(n®  150),  d'excellentes  raisons  pour  en  montrer  le 
côté  illusoire.  Aussi  est-ce  avec  surprise  que  nous  avons  lu,  au 
mois  d'août  1876,  l'annonce  de  la  découverte,  faite  par  M^  Mac- 
kenzie, des  bouches  de  l'ancienne  mer  saharienne  de  Touest. 
Une  barre  déterre  d'à'peu  près  deux  cent  soixante-quinze  mètres 
de  largeur,  et  deux  mille  huit  cents  mètres  de  longueur,  fer- 
merait l'embouchure  d'un  canal,  qui,  derrière  cette  barre^ 
aurait  une  profondeur  de  soixante-neuf  mètres  au-dessous  du 
niveau  de  l'Océan.  Si  les  journaux  n'ont  pas  dénaturé  ces  indi« 

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84  AFRIQUE.  No- 116-167 

cations  envoyées  par  M.  Mackenzie,  elles  ne  peuvent  se  rap- 
porter, comme  il  ressort  de  la  constitution  géographique  de 
cette  partie  du  Sahara,  qu'à  un  accident  tout  à  fait  local,  et 
sans  aucune  portée  en  faveur  de  Tidée  de  submerger  El-Djoûf. 

En  réalité,  la  campagne  entreprise  par  M.  Donald  Mackenzie 
a  un  fond  plus  sérieux.  Elle  a  un  auLre  but  que  celui  d'une 
mer  à  créer  dans  le  Sahara  occidental.  On  sait  que  le  marché 
de  Timbouktou  est  extrêmement  mal  partagé  au  point  de  vue 
des  voies  de  communication.  Véritable  entrepôt  des  produits 
du  haut  Dhiôli-Ba  et  de  la  Berbérie,  ainsi  que  des  marchan- 
dises fabriquées  en  Europe,  Timbouktou  est  séparée  des  ports 
de  la  côte  nord  par  une  distance  qui  serait  diminuée  d'un 
tiers  si,  au  lieu  d'aboutir  à  Tanger,  son  commerce  trouvait  au 
cap  Bojador  un  débouché  sur  l'Océan,  et  c'est  là  ce  que  vou- 
drait réaliser  M.  Mackenzie.  Il  est  allé  explorer  la  côte  afin  de 
choisir  l'emplacement  convenable  pour  y  créer  un  port  et  y  éta- 
blir une  colonie  anglaise.  Les  commerçants  de  Timbouktou 
voient,  paraît-il,  ce  projet  avec  satisfaction,  et  certes,  ils  sont 
assez  intelligents  en  affaires  pour  en  comprendre  les  avantages. 
Considéré  au  point  de  vue  politique,  l'établissement  d' une  colo- 
nie anglaise  au  cap  Bojador  ne  serait  pas  une  infraction  aux  trai- 
tés existants  entre  la  France  et  l'Angleterre,  qui  ont  établi  nos 
droits  exclusifs  sur  la  côte  sud  du  Sahara  occidental  jusqu'à  la 
latitude  du  cap  Blanc,  mais  qui  sont  muets  sur  la  partie  de  la 
côte  au  nord  de  ce   cap.   Yis-à-vis  des  princes  chérîfs  du 
Maroc  il  n'y  aurait  probablement  pas  de  difficultés,   leur  au- 
torité sur  les  tribus  qui  errent  en  nomades  aux  environs  du 
cap  Bojador  étant  actuellement  une  autorité  purement  spiri- 
tuelle. 

En  présence  de  cet  essai  tenté  par  les  Anglais  pour  ouvrir 
un  nouveau  débouché  à  leur  commerce,  il  est  bon  de  rappeleir 
en  France  que  nous  avons  seuls  le  droit  de  trafiquer  et  de  nous 
établir  à  Arguin,  petite  île  près  du  continent,  placée  dans  des 
con  étions  meilleures  que  le  cap  Bojador  pour  les  relations  avec 
le  marché  de  Timbouktou,  comme  aussi  avec  les  populations  ' 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  85 

deTAdrâr,  du  Tagî^nt  et  d'El-Hôdh.  Aux  quinzième  et  dix- 
septième  siècles,  les  Portugais  et  les  Hollandais  surent  profiter 
de  la  position  exceptionnellement  favorable  d'Arguin,  et  si, 
lorsqu*en  1724,  Arguin  devint  possession  française,  le  cours 
des  événements  ne  nous  a'  pas  permis  d'entretenir  longtemps 
le  courant  des  caravanes  vers  cette  partie  de  la  côte,  Thomme 
le  plus  compétent  dans  cette  question,  M.  le  général  Faidherbe, 
avait  compris,  il  y  a  seize  ans,  Tutilité  qu'il  y  aurait  pour  nous 
à  réoccuper  Arguin  et  à  y  établir  un  comptoir. 

La  question  du  commerce  de  l'Afrique  inlérieure,  au  point 
de  vue  algérien,  a  préoccupé  depuis  longtemps  déjà  le  gouver- 
nement de  l'Algérie  et  quelques  hommes  qui  ne  pouvaient  se 
méprendre  sur  les  avantages  politiques  ou  économiques  que 
tirerait  notre  nation  de  la  reprise  du  commerce  par  caravanes, 
entre  l'Algérie  et  la  Nigritie. 

Notre  siècle  a  apporté  une  manière  nouvelle  d'envisager  Ips 
questions  de  communications,  et  on  pouvait  prévoir  que  le  sys 
tème  des  voies  ferrées  et  des  transports  à  la  vapeur  serait  tôt 
ou  tard  appliqué  en  Afrique.  On  n'avait  pas  encore  donné  les 
premiers  coups  de  pioche  sur  les  lignes  des  chemins  de  fer  al- 
gériens, qu'un  ingénieur  qui  est  en  même  temps  un  géographe 
distingué,  avait  déjà  étudié  la  réalisation  d'une  ligne  de  liai- 
son entre  l'Algérie  et  le  bassin  du  Niger. 

Cette  idée  vient  d'être  reprise  par  MM.  Du  Mazet  (n«>  141), 
Duponchelet  Robert  (n«  142),  Largcau  (n?  145),  et  Soleillet 
n°  145).  Bien  que  les  questions  de  chemins  de  fer  ne  rentrent 
pas  directement  dans  les  études  géographiques,  les  géographes 
ont  cependant  leur  mot  à  dire  lorsqu'il  s'agit  d'un  chemin  de 
fer  à  travers  le  Sahara.  11  est  un  point  sur  lequel  tout  le  monde 
sera  d'accord  :  l'existence  d'un  tel  chemin  de  1er  serait  un 
bien  immense,  ne  fût-ce  qu'au  point  de  vue  de  la  civilisation. 
Les  avis  sont  plus  partagés,  quand  il  s'agit  d'affirmer  par 
avance  qu'un  chemin  de  fer  du  bassin  du  Niger  à  l'Algérie  don- 
nerait un  jour   des   recettes   suffisantes.  Enfin,   H  faut    le 

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8S  AFRIQUE.  Jlv  116-167 

dire  aussi  :  une  question  qui  n'a  pas  été  envisagée  souls^son  vé- 
ritable aspect,  est  celle  des  difficultés  particulières  d*exécu- 
tion  des  travaux  d'établissement  d'une  voie  ferrée  de  Laghouât 
ou  de  Biskra  à  Timbouktou. 

H.  Duponchel,  ingénieur  en  chef  du  service  hydraulique  de 
TAude,  deJ'HéraultetduGard,  propose  un  tracé  qui,  coupant 
au  sud  de  Boghâr  en  Algérie,  le  Djebel  'Amour,  courrait,  à 
l'ouest  du  bord  inconnu  de  la  Chebka  des  Benî  Uezâb  et  des 
Glia'ânba,  et  gravirait  forcément  ce  massif  au  nord  de  Zirâra. 
Le  tracé  passerait  ensuite  dans  la  vallée  de  Ueguîden,  et  de 
là  par  les  oasis  de  l'Aougueroût,  du  Tîmmi  et  du  Touât  ;  il  ga- 
gnerait enfîti  Timbouktou  en  suivant  la  route  des  caravanes  à 
travers  le  plateau  crayeux  du  Tânezroûll ,  et  TAzaouâd. 
M.  Largeau  propose  de  modifier  ce  tracé  en  faisant  de  Biskra 
son  point  de  départ,  en  franchissant  les  plaines  de  l'Ouâd 
Rîgh,  passant  à  Warglâ,  et  suivant  la  vallée  de  l'Ouâd  Mîya 
pour  arriver  à  In-Çâlah  où  elle  tomberait  sur  le  parcours  de  la 
route  de  Timbouktou.  M.  Soleillet,  de  son  côté,  a  proposé 
une  ligne  dont  le  point  de  départ  serait  Qoçeïr  EUBokhâri  en 
face  de  Boghâr. 

Ces  projets  divers  supposent  que  la  surface  du  Sahara,  au 
sud  d'In-Çâlah  est  une  suite  de  plaines  unies  ;  or  il  n'existe 
pas  encore  un  seul  itinéraire  européen  sur  les  routes  d'In-Çâlah 
ni  d'Âqabli,  à  Timbouktou;  mais  les  indications  précises  et 
détaillées  que  nous  ont  communiquées  plusieurs  sahariens  sur 
ces  routes,  y  indiquent  un  pays  de  collines  appelées  Bâten 
Ahenet,  au  sud  duquel  vient  le  terrible  plateau  crayeux  du 
Tânezroûft,  dont  la  largeur  varie  de  90  kilomètres  à  205  kilo- 
mètres, et  qui  a  été  jusqu'ici  rebelle  à  tout  forage  de  puits  ; 
enfin  il  faut  considérer  le  nombre  considérable  de  vallées  qui 
traversent  les  chemins  des  caravanes  et  qu'une  voie  ferrée  ne 
pourrait  traverser  qu'à  l'aide  de  nombreux  ouvrages  d'art. 

Ces  difficultés,  avec  lesquelles  il  faut  compter  avant  d'éta- 
blir des  devis  même  approximatifs,  on  n'en  connaîtra  réelle- 
ment l'importance  que  lorsqu'un  voyageur  compétent  aura 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  87 

étudié  les  routes  d'Aqablî  et  d'In-Çâlah  à  Timbouklou,  non  pas 
seulement  au  point  de  vue  topographique,  mais  aussi  au  point 
de  vue  spécial  de  l'ingénieur.  On  comprendra  notre  réserve 
sur  ce  sujet  en  réfléchissant  à  un  point  de  détail  du  projet  de 
3f .  Duponchel.  Son  tracé  passe  forcément  au  nord  d*El-Golêa'a, 
sur  un  plateau  de  roc  extrêmement  dur,  raviné  en  tous  sens 
par  des  vallées  et  des  gorges  profondes,  où  en  maints  endroits 
il  £iudrait  construire  des  viaducs.  Or,  le  même  cas  se  repro- 
duira certainement  très-souvent  sur  le  reste  du  tracé  en  pays 
inconnu,  mais  combien  de  fois  et  dans  quelle  mesure,  c'est  ce 
que  nous  apprendra  une  bonne  exploration  des  routes  d'Âqablî 
et  dln-Çâlah  à  Timbouktou. 

Le  projet  d'une  ligne  télégraphique  qui  relierait  Alger  à 
Saint-Louis  du  Sénégal  est  l'œuvre  de  M.  P.  Blanc  (n^  144). 
Le  (racé  qu'il  propose  passe  par  El-Golêa'a,  et  par  In-Çâlah  ;  il 
laisse  Timbouktou  à  350  kilomètres  dans  le  sud-est,  afin  de 
racourcir  le  trajet  jusqu'au  Sénégal.  M.  Blanc  fait  valoir  les 
avantages  qui  résulteraient  de  celte  ligne  télégraphique  non- 
seulement  pour  l'avenir  du  Sénégal,  mais  encore  pour  assurer  les 
communications  rapides  avec  l'Amérique  du  Sud  au  moyen 
d'un  nouveau  câble  transatlantique  qui  partirait  de  Saint-Louis 
du  Sénégal. 

Témoignages  éloquents  de  l'activité  des  esprits,  signes  évi- 
dents de  l'approche  du  moment  où  l'intérieur  de  l'Afrique  sep- 
tentrionale va  sentir  plus  active  enfin  l'influence  de  la  France, 
et  entrer  dans  le  mouvement  auquel  prennent  part  déjà  pres- 
que tous  les  autres  pays  des  zones  habitables,  ces  projets  de 
chemins  de  fer  et  de  télégraphes  sont  encore  loin  de  leur  réa- 
lisation. Notre  devoir  est  de  les  accueillir  avec  une  extrême 
réserve;  mais  nous  y  applaudirions  si,  passant  de  la  phase  des 
conceptions  vagues  à  la  phase  des  études  positives,  ces  projets 
trouvaient  des  partisans  assez  convaincus  pour  aller  se  rendre 
compte,  de  visu^  de  la  possibilité  ou  de  l'impossibilité  de  cons- 
truire un  chemin  de  fer  ou  un  télégraphe  seulement  d'Alger  à 
Timbouktou.  Un  tel  voyage,  fait  par  un  ingénieur  compétent, 


88  AFRIQUE.  N- 116-167 

nous  vaudrait  des  découvertes  précieuses,  servirait  à  un  haut 
degré  la  cause  française  en  Afrique,  et  ajouterait  certainement 
un  nom  à  la  liste  des  grands  explorateurs. 


§5.  —  Le  Sahara  oriental  ou  désert  libyque;  publication  des  travaux  de  l'expé- 
dition scientiûque  faite  par  MM.  Gérard  Rohlfs,  Jordan,  Âscherson  et  Ziltel. 

Nous  avons  parlé  de  deux  points  du  Sahara  dans  lesquels 
on  supposait  qu'il  serait  possible  et  utile  d'amener  la  mer  ; 
une  idée  semblable,  celle  de  la  possibilité  d'inonder  le  désert 
de  Libye,  soit  avec  les  eaux  du  Nil,  soit  avec  les  eaux  delà 
Méditerranée,  a  valu  à  la  géographie  l'expédition  que  le  khédive 
y  a  envoyée  en  1875,  sous  la  conduite  de  M.  Gérard  Rohlfs, 
et  qui  a  terminé  ses  travaux  sur  le  terrain  en  1874.  La  der- 
nière Année  géographique  esquisse  l'itinéraire  de  cette  mis- 
sion et  touche  les  points  principaux  des  recherches  qui  ont 
été  faites  pendant  sa  durée  ;  nous  ne  suivrons  donc  pas  les 
voyageurs  dans  leur  marche,  mais  nous  avons  maintenant  à 
rendre  compte  des  ouvrages  qui  résument  les  résultats  défini- 
tifs de  leurs  travaux  (N°»  154  à  165). 

Rappelons  d'abord  que  le  terrain  étudié  commence  à  la  rive 
ouest  du  Nil,  et  s'étend  à  l'ouest,  entre  29<*10'  et  24°50'  de 
latitude,  jusqu'au  25®  degré  de  longitude  est  de  Paris  ;  en 
d'autres  termes,  ce  terrain  est  la  partie  du  désert  de  Libye 
dans  laquelle  on  trouve  les  grandes  oasis  de  Siwa  (ancienne 
Ammon),  de  Khârdjé  et  de  Dâkhel,  dont  l'ensemble  constituait 
la  grande  oasis,  Oasis  magna,  de  Farâfra  et  de  Baharîyé  (Oa-- 
sis  parva) .  Ces  points  bas  et  fertiles  du  désert  de  Libye  sont 
distribués  sur  la  surface  d'un  plateau  calcaire  de  l'âge  des 
premières  couches  éocènes  ;  on  ne  trouve  plus  de  ce  calcaire 
à  partir  du  point  où,  plus  à  l'ouest,  commence  sur  les  grès 
nubiens  un  vaste  océan  de  sables,  véritable  dédale  de  très-hautes 
dunes  ou  montagnes  de  sable  fin,  qui  atteignent  100  mètres  et 
150  mètres  de  hauteur,  et  dont  l'extension  sud  et  ouest  est  to- 
talement incoimue. 


yGoogk 


SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  *  89 

Depuis  1816,  les  voyages  de  Belzoni,  de  Gailliaud,  d'Er- 
mondstone,  de  Pacho  et  de  Hoskins  nous  avaient  déjà  fait  con- 
naître les  oasis  du  désert  de  Libye  et  grâce  surtout  au  Français 
Cailliaud,  la  géographie  positive  de  cette  contrée  avait  beau- 
coup progressé.  Mais  on  restait  encore  dans  une  grande  incer- 
titude au  sujet  de  la  position  véritable  de  plusieurs  points  sur 
lesquels  s'appuient  les  itinéraires  de  ces  voyageurs,  et  sur 
rétendue  et  la  forme  d'un  creux  du  sol  saharien,  que  les  ob- 
servations barométriques  de  Cailliaud  avaient  indiqué,  et  qui 
plaçaient  le  niveau  de  Toasis  de  Sîwa  à  une  grande  profondeur 
par  rapport  au  niveau  de  la  Méditerranée. 

Dans  sa  Géographie  physique  et  météorologique  du  désert 
de  Libye  (n^  156),  non-seulement  M.  Jordan  donne  les  résultats 
définitifs  de  ses  propres  observations  ;  mais  il  les  conîpare  aux 
résultats  des  observations  de  ses  devanciers,  qu'il  serait  peut- 
être  intéressant  decalculer  à  nouveau,  en  se  servant  des  tables 
astronomiques  nouvelles  afin  d'obtenir  des  longitudes  beaucoup 
plus  exactes  au  moyen  des  observations  de  distances  lunaires. 
Comme  le  faisaient  déjà  entrevoir  les  premiers  calculs  des  lon- 
gitudes de  M.  Jordan,  à  Texceptiou  du  seul  point  de  Sîwa, 
toutes  les  longitudes  de  Cailliaud  se  trouvent  être  vérifiées 
bonnes,  ainsi  qu'on  peut  s'en  convaincre  par  le  tableau 
ci-dessous  : 


LONGITUDE  EST  DE  PARIS 

DIFFÉRENCES 

LIEU 

Siwa 

BawUi,enBaharîyé 

Farâfra 

Dâkhel 

Khârdjé 

d'après  CAILLIAUD 

23'»38'  i" 
26*28'3r 
25»50'3l'' 
26»39'  l'' 
28-16'  i" 

d'après  V.  JORDAN 

23«»10'i6"     . 
26»36'3l'' 
25«44'46'' 
26'>38'16" 
28-20'  V 

EN  ARC     EN  KILOV. 

27'15''=41,4 
2'  0"=  3,0 
5'45''=  8,6 
0'45''=  1,1 
4'  1"=  6,1 

Des  différences  de  4'  et  de  6'  n'ont  rien  qui  doive  étonner 
dans  les  longitudes  déterminées  par  les  dislances  lunaires,  et 
en  pareil  cas  la  solution  la  plus  sage  est  de  prendre  la  moyenne 
des  résultats.  .11  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'on  est  en  pré- 
sence d'un  écart  de  âT'lS"  comme  celui  qui  résulte  de  la 


ô^^ 


90  ,  AFRIQUE.  N"  116-167 

la  comparaison  des  longitudes  de  Siwa,  observées  par  Cailliaud 
et  par  M.  Jordan.  L'habile  astronome  de  l'expédition  de 
M.  Rolilfs  indique  que  sa  longitude  de  Sîwa  est  exacte  à  2'30'' 
ou  3800  mètres  près  ;  il  faudrait  donc  qu'une  cause  accidentelle 
d'erreur  eut  entaché  les  observations  ou  les  calculs  de  Cail- 
liaud à  Sîwa. 

Poussé  par  le  désir  de  contrôler  la  longitude  de  Sîwa, 
M.  Jordan  a  été  amejié  à  reprendre  le  calcul  des  observations 
de  Maurice  de  Beurraann,  pour  la  longitude  très-discutée  de 
Djâlo.  11  a  trouvé  que,  par  suite  de  l'inversion  du  signe  de  la 
correction  d'instrument,  les  premiers  calculs  avaient  donné 
une  erreur  de^  32'  de  longitude  ;  les  observations  de  Maurice  de 
Beurmann  placent  en  réalité  Djâlo  à  17°46'46"  est  de  Paris. 
M.  Jordan  n'accepte  pas  cette  longitude,  et  il  préfère  celle 
de  18°44'46"  est  de  Paris,  qu'on  trouve  en  appuyant  sur  la 
nouvelle  position  de  Sîwa,  l'itinéraire  de  M.  Hamilton  à  Djâlo. 

11  est  une  autre  comparaison  qui,  tout  en  vérifiant  encore 
les  importants  travaux  de  Téminent  explorateur  français  Cail- 
liaud, nous  donne  une  valeur  très-précise  de  la  \itesse  de  la 
marche  des  chameaux  en  caravane  dans  les  parties  solides  du 
désert  de  Libye.  Cette  vitesse  est  de  4  kilomètres  par  heure, 
pour  des  chameaux  portant  la  charge  moyenne  de  150  kilo- 
grammes, qui,  dans  cette  partie  du  Sahara  comme  dans  le 
pays  des  Touareg,  est  la  charge  accoutumée  de  ces  animaux. 

Les  hauteurs  du  sol  ont  été  déterminées  par  le  calcul  des 
observations  faites  à  l'aide  d'un  baromètre  à  mercure  et  de  huit 
baromètres  anéroïdes.  Ce  calcul  s'appuie  sur  des  pressions 
correspondantes  observées  au  port  d'El-Hamra  (Çiyoût),  dont 
l'altitude  (53,™1  au-dessus  de  la  mer)  est  le  résultat  de  nivelle- 
menls  géométriques  exécutés  par  le  savant  et  consciencieux 
astronome  égyptien  Mahmoûd-Bey.  En  procédant  aux  calculs 
de  ses  propres  observations,  M.  Jordan  a  voulu  utiliser  aussi 
les  nombreuses  observations  barométriques  de  Cailliaud  qui 
n'avaient  pas  encore  été  calculées.  Les  résultat^  obtenus  pour 
les  oasis  sont  les  suivants  : 

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SAHARA  ET  DESERT  LIBYQUE.  01 


d'aPRIs  les  OBSERVAnOflS  DE 

BA0TBVR9  ADOPTiSS 

CAILLIAUD 

JORDAH 

PAR  M.  iORDAK. 

Sîwa 

—    44  mètres 

—    36  mètres 

—    25  mètres. 

Baharîyé 

4-  110 

+  113 

+  113 

Farâfré 

4-    55 

-h    76 

+    76 

Dâkhel      * 

4-    69 

+  100 

+  100 

Khârdjé 

H-  118 

+    68 

+    68 

Les  terres  cultivables  de  ces  cinq  oasis  ont  une  superficie 
de  103  kilomètres  carrés,  et  leur  population  s'élève  au  chiffre 
de  34  095  âmes. 

On  voit  d*apr&  les  hauteurs  ci-dessus  que  quand  bien  même 
un  nivellement  géométrique  prouverait  là  encore,  comme  cela 
a  eu  lieu  dans  le  Sahara  algérien,  que  les  meilleurs  baromè- 
tres ne  donnent  que  des  valeurs  approximatives  de  la  hauteur 
d'une  contrée,  seule  Toasis  de  Sîwa  peut  et  doit  être  réellement 
plus  basse  que  le  niveau  de  la  Méditerranée.  Au  nord,  la  dé- 
pression de  Sîwa  est  bordée  de  très-près  par  un  plateau  beau- 
coup plus  élevé.  De  même,  au  sud  des  derniers  palmiers,  le 
sol,  envahi  par  les  sables,  monte  dans  une  proportion  qu'on 
peut  estimer  à  3  mètres  par  kilomètre.  II  n*en  est  pas  ainsi 
dans  la  direction  est-sud-est  oh^  sur  une  distance  de  165  kilo- 
mètres, on  trouve  échelonnés,  sur  un  sol  plus  haut  que  la  mer, 
plusieurs  creux  qui  sont  à  —  20,  —  30,  —  35  et  —  70  mè- 
tres plus  bas  que  son  niveau,  mais  qui  forment  là  des  excep- 
tions extrêmement  réduites,  et  nullement  reliées  entre  elles 
par  des  vallées.  Un  plateau  de  220  kilomètres  de  largeur 
s*étend  entre  Sîwa  et  la  Méditerranée.  Le  lit  du  Nil  est  à 
350  kilomètres  dans  Test,  séparé  des  creux  du  désert  de  Li- 
bye par  un  plateau.  Ainsi  s'évanouissent  Tespérance  que 
quelques  publicistes  avaient  exprimée  de  fertiliser  de  grandes 
étendues  de  terres  de  ce  désert  en  y  dérivant  les  eaux  du  Nil, 
et  cette  autre  conception  d'après  laquelle  il  aurait  été  possible 
de  submerger  sous  les  eaux  de  la  mer  le  désert  de  Libye  tout 
entier,  c'est-à-dire  la  partie  du  Sahara  la  plus  horrible  çt  la 
plus  inutile  à  l'homme. 

Ce  résultat  négatif  n'en  est  pas  moins  important,  et  il  n*est 

.    .„_..,  Google 


92  AFRIQUE.  N^«  116-167 

pas  le  dernier  que  la  science  doive  à  H.  Jordan  et  à  ses  colla- 
borateurs. De  leurs  observations  de  la  déclinaison  de  Taiguille 
aimantée,  comparées  avec  celles  que  Cailliaud  avait  faites  cin- 
quante ans  plus  tôt,  on  peut  déduire  avec  certitude  que  dans 
le  désert  de  Libye,  comme  en  Europe,  la  déclinaison  magné- 
tique diminue  annuellement  de  0^,i06.  Quant  à  la  température 
de  Tair,  U.  Jordan  a  constaté  qu'elle  est  en  hiver  plus  basse 
dans  le  désert  de  Libye  qu'au  Caire.  Le  thermomètre  y  marqua 
—  5^  dans  la  première  quinzaine  de  février,  et,  par  un 
vent  du  sud,  il  s'éleva  à  55*^  le  26  mars.  Ces  mesures  prou- 
vent que  le  désert  de  Libye,  comme  le  reste  du  Sahara  et 
tous  les  déserts,  a  un  climat  que  caractérisent  des  tempéra- 
tures extrêmes  et  de  brusques  changements  du  froid  au  chaud. 
Dans  la  plupart  des  oasis  de  ce  désert,  comme  dans  celles  du 
Sahara  tunisien,  l'eau  des  sources  est  thermale.  Ainsi  la 
source  du  Soleil,  à  Sîwa,  a  une  température  constante  de  28^,2, 
tandis  que  l'eau  du  Nil  n'atteint  ce  chiffre  que  dans  le  mois 
d'août,  et  les  sources  de  l'oasis  de  Dâkhel  donnent  jusqu'à 
36^^.  Nous  signalerons  encore  un  résultat  des  observations  de 
M.  Jordan;  elles  montrent  que  la  quantité  d'ozone  contenue 
dans  l'air  du  désert  de  Libye  dépasse  de  beaucoup  la  quantité 
contenue  dans  l'air  des  oasis.  Pour  la  première  fois  aussi  on  a 
pu  mesurer  la  quantité  d'acide  carbonique  contenue  dans  l'air 
du  Sahara,  et  on  a  trouvé  à  Farâfra,  pour  dix  mille  parties 
d'air  ambiant,  4,47  d'acide  carbonique;  7,93  par  mille  parties 
de  l'air  emprisonné  dans  le  sol  compact  à  50  centimètres  de 
profondeur;  et  51,t2  par  mille  parties  de  l'air  contenu  dans 
la  terre  végétale  d'un  jardin  de  dattiers  à  1  mètre  de  profon- 
deur. 

11  est  un  point  des  découvertes  de  la  mission  qui  ouvre  le 
champ  aux  conjectures  quant  à  l'état  passé  de  la  partie  du  dé- 
sert de  Libye  à  l'ouest  des  oasis  de  Farâfra  et  de  Dàkhel.  Au- 
jourd'hui les  habitants  de  ces  oasis  ne  s'aventurent  jamais  dans 
ces  montagnes  de  sable  ob,  ils  ne  sauraient  trouver  un  chemin, 
et  ils  ignorent  même  ce  qui  est  au-delà,  car  les  tribus  qui 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  03 

vivent  au  loin  dans  Touest  ne  viennent  jamais  cliez  eux.  En 
partant  de  Dâkhel,  à  Touest-sud-ouest,  pour  s'enfoncer  dans  le 
grand  désert  de  sables,  M.  Jordan  fut  très-surpris  de  voir  qu'il 
marchait  sur  une  ancienne  route  où,  de  loin  en  loin,  une 
grande  pierre,  fîcliée  en  terre,  indiquait  la  direction  suivie  par 
les  voyageurs. 

D'après  sa  direction,  cette  ancienne  route  devait  aboutir  à 
l'oasis  de  Koufara;  mais,  arrivé  au  commencement  des  hautes 
dunes,  le  chemin  disparait,  car  une  heure  d'un  vent  ordinaire 
efface  sur  les  sables  du  Sahara  les  traces  d'une  caravane.  Bien 
que  M.  Rohlfs^  refuse  de  croire  à  l'existence  d'une  ancienne 
route  fréquentée,  allant  de  Dâkhel  à  Koufara  ou  au  Ouanyanga, 
nous  ne  trouvons  pas  concluant  son  principal  argument  que 
voici  :  les  habitants  de  Dâkhel  et  les  nomades  arabes  de  la  con- 
trée, à  l'est  des  sables,  n'ont  jamais  entendu  parler  d'une  telle 
route.  Pour  nous,  cet  argument  prouverait  tout  au  plus  que 
les  communications  anciennes  de  Dâkhel  avec  le  Ouanyanga  et 
Koufara  n'étaient  pas  entretenues  par  les  oasiens  de  l'est  ni 
par  les  Arabes  égyptiens.  La  preuve  ne  sera  complète  que  si 
rien  dans  leurs  traditions  ne  rappelle  aux  Ouanya  (ou  habi- 
tants du  Ouanyanga),  des  voyages  habituels  de  leurs  ancêtres 
vers  Dâkhel  ;  il  se  pourrait,  en  effet,  que  les  caravanes  qui  sui- 
vaient la  route  découverte  par  M.  Jordan  fussent  conduites  par 
des  Ouanya,  ou  même  par  des  Tédâ  (Tibbous).  Cette  supposition 
nous  paraît  moins  extraordinaire  que  celle  qui  attribue  à  deux 
caravanes  du  sultan  du  Ouadâï,  Sâboûn,  la  pose  des  pierres  dont 
la  route  est  jalonnée.  Ces  deux  caravanes  vinrent  directement 
à  Dâkhel,  et  leur  marche  hardie  n'aurait  pas  été  tentée  si  le 
sultan  Sâboûn  n'avait  pas  eu  connaissance  d'un  chemin,  autre- 
fois fréquenté,  reliant  les  oasis  de  Koufara  ou  du  Ouanyanga 
à  l'oasis  de  Dâkhel. 

Que  les  dunes  de  sable  fin  soient  aujourd'hui  sur  ce  chemin 
un  obstacle  insurmontable  pour^'les  caravanes  de  Vest,  cela 

*  Drel  Monaie.,.t  p.  154. 

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94  AFRIQUE.  N"  11M67 

n*est  pas  douteux,  après  l'expérience  faite  par  H.  RoUfs.  Mais 
les  plus  hautes  dunes  de  sable  ont  eu  un  commencement.  Comme 
M.  Largeau,  nous  avons  assisté  à  la  formation  et  à  la  crois- 
sance des  dunes  du  Sahara.  Dans  ces  déserts,  le  moindre  objet, 
fût-ce  une  fiente  de  chameau,  devient  un  noyau  d'accumula- 
tion, dès  que  le  vent  souffle,  chassant  devant  lui  le»  grains  de 
sable  presque  impalpables.  Quiconque  a  pu  constater  le  phéno- 
mène, croira  comme  nous  au  déplacement  des  sables,  à  la  for- 
mation contemporaine  et  à  la  constante  transformation  des  hautes 
dunes.  Dès  lors,  il  se  peut  que  les  dunes  en  lignes  parallèles, 
qui  arrêtèrent  l'expédition  de  M.  Rcdilfs,  n'aient  pris  quedepui.n 
un  siècle  ou  deux  les  proportions  d'une  barrière  infranchis- 
sable, tandis  qu'à  une  époque  plus  reculée  les  caravanes  char- 
gées pouvaient  les  franchir,  comme  le  font  encore,  avec  leur 
léger  bagage,  les  pillards  Bideyât,  sur  le  chemin  direct  du 
Ouanyanga  ou  de  l'Ënneri  à  Dâkhel. 

Le  livre  de  M.  Rohlfs  (n^  154)  est  rempli  de  faits  et  d'aperçus 
intéressants  sur  des  sujets  très-divers.  Nous  y  avons  trouvé 
une  bonne  nouvelle  pour  tous  les  voyageurs  non-musulmans  et 
même  pour  beaucoup  des  voyageurs  musulmans  :  le  souverain 
deTÉgyptea  compris  la  nécessité  politique  de  contenir  la  con- 
frérie d'Es-Senoûsi,  et  d'obliger  ses  chefs  à  l'obéissance,  même 
quand  il  s'agit  de  protéger  des  voyageurs  chrétiens. 

Il  est  juste  de  compléter  cette  notice  sur  les  résultats  des 
opérations  de  la  mission  khédiviale  dans  le  désert  de  Libye, 
par  quelques  lignes  sur  les  recherches  d'un  célèbre  voyageur ^ 
le  docteur  Georges  Schweinfurth,  qui  ont  porté,  presque  en 
même  temps  que  les  précédentes,  sur  le  même  terrain.  Le 
docteur  Schweinfurth  a  passé  plus  de  trois  mois  dans  la  grande 
oasis  d'El-Khârdjé  ;  il  y  est  arrivé  par  un  chemin  de  195  kilo- 
mètres, qui  part  de  Çiyoût  en  Egypte  ;  il  en  est  revenu  par 
un  chemin  beaucoup  plus  court  (131  kilomètres)  qui  touche 
le  Nil  à  Guirgué.  Les  fruits  du  séjour  du  docteur  Schweinfurth 
dans  l'oasis  d'El-Khârdjé  sont  importants  au  point  de  vue  géo- 
graphique, car  ils  nous  ont  valu  la  carte  topographique  de  ce 

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SAHARA  ET  DÉSERT  LIBYQUE.  95 

canton  fayorisé  du  désert  de  Libye,  appuyée  sur  une  triangu- 
lation dont  toutes  les  mesures  se  rapportent  à  une  base  de 
5500  mètres  de  longueur. 

Le  botaniste  comme  le  géologue,  pour  tirer  de  ses  études 
toutes  les  déductions  qu'elles  comportent  et  qui  en  sont  le 
couronnement  scientifique,  doit  serrer  de  près  la  géographie 
ou  la  topographie  du  pays  qu'il  a  étudié.  Dans  ses  voyages  au 
pays  des  Monbouttou,  le  docteur  Schweinfurth  avait  précé- 
demment montré  qu'il  comprend  ainsi  sa  tâche.  Fidèle  à  ce 
principe,  il  a  porté  cette  fois  son  attention  sur  tous  les  restes 
historiques  et  sur  les  côtés  divers  de  la  vie  des  habitants  de  la 
grande  oasis. 

El-Rhârdjé  a,  comme  oasis,  un  trait  commun'  avec  les 
oasis  de  TOuâd  Rîgh  du  Sahara  algérien;  ce  sont  de  ces  puits 
que  noua  appelons  artésiens  et  qui  arrosent  ses  cultures.  An- 
ciennement on  y  comptait  jusqu'à  deux  cents  puits  d'eau  ascen- 
dante, mais,  par  suite  d'un  entretien  insuffisant,  presque  tous 
les  puits  d'El-Khârdjé  sont  maintenant  bouchés  et  ne  donnent 
plus  d'eau  courante.  Leur  profondeur  minimum  est  de 
60  mètres. et  dépasse  de  beaucoup  celle  des  puits  de  TOuâd 
Rîgh  ;  néanmoins  on  les  cure  comme  on  curait  ces  derniers 
avant  Tintroduction  des  appareils  français  de  sondage,  par  le 
travail  de  plongeurs  qui  vont  ramasser  sur  le  lit  de  la  nappe 
d'eau  jaillissante  les  sables  accumulés  par  un  courant  souterrain , 
ou  que  le  vent  du  désert  y  a  précipités  par  l'orifice  du  puits. 

Comme  d'autres  botanistes,  et  en  particulier  le  docteur 
Gosson,  pour  les  oasis  du  Sahara  algérien,  le  docteur  Schwein- 
furth a  passé  en  revue  tous  les  végétaux  d'El-Khârdjé,  et  a  réuni 
les  matériaux  d'une  monographie  complète  de  la  flore  de  cette 
oasis. 

Mais  le  côté  le  plus  intéressant  peut-être  dés  études  aux- 
quelles il  s'est  livré,  est  le  côté  historique.  A  ce  point  de  vue, 
l'oasis  d'El-Kliârdjé,  que  les  anciens  Égyptiens  nommaient 
Heb,  offre  un  champ  de  recherches  extrêmement  curieux. 
On  y  trouve  des  temples  égyptiens  datant  du  cinquième  siècle 

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96  AFRIQUE.  N*M68-204 

avant  notre  ère,  dont  les  inscriptions  en  hiéroglyphes  prou- 
vent que  la  religion  et  les  idées  de  TÉgyple  avaient  été  reçues 
par  les  habitants.  Mais  ces  habitants  étaient-ils  de  la  race 
égyptienne?  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  le  contraire;  car  nous 
savons  que  vers  le  commencement  du  quatrième  siècle  de  notre 
ère,  Tempereur  romain  Dioclétien  fit  appel  aux  Nubiens  de 
l'oasis  d'El-Khârdjé,  pour  occuper  la  Nubie  et  la  défendre  contre 
les  incursions  des  Blemmyes,  de  ce  peuple  si  peu  connu  dans 
Tantiquité,  que  Pline  ^  en  fait  un  voisin  des  Allantes,  ajoutant 
d'ailleurs  que  les  Blemmyes  sont  sans  tête  et  qu'ils  ont  la 
bouche  et  les  yeux  fixés  sur  la  poitrine  ! 

Les  Romains  ont  laissé  dans  l'oasis  d'El-Khârdjé  plusieurs 
monuments  qui  attestent  la  durée  et  le  caractère  de  leur  domi- 
nation ;  ce  sont  des  forts  qui ,  dans  l'opinion  du  docteur 
Schweinfurlh,  pouvaient  contenir  une  garnison  de  mille  hom- 
mes. A  côté  de  ces  forts,  on  voit  une  nécropole  chrétienne  qui 
renferme  de  nombreux  et  élégants  mausolées,  et  les  inscrip- 
tions grecques  découvertes  par  le  docteur  Schweinfurth  mon- 
trent quelle  était  la  langue  parlée  dans  les  centres  chrétiens 
d'El-Khârdjé. 


ETHIOPIE.  CÔTES  DES  AD  'ALI  (ADELS)  ET  DES  ÇOMALi. 
MER  ROUGE 

168.  Mabiettb-Bky  (A.).  Les  Listes  géographiques  des  pylônes  de  Kar- 
nak,  comprenant  la  Palestine»  l'Ethiopie  et  le  pays  des  Çomftl. 
4  vol.  in-4  et  4  atlas  in-folio.  Leipzig,  Hinrichs,  1873. 

169.  Mahmoud-Bet.  Le  Recognizioni  dello  stato  maggiore  egiziano  nel 
bacino  del  Nilo,  suUe  coste  del  mar  Rosso  e  golfo  d'Aden,  e  nel 
deserto  Libico,  1871-1873.  Rapporto  sulla  spedizione  del  colonelle 
Purdf  da  Yecchio  Dgngola  a  Fascer  o  Tendelti.  Relazione  del  mag- 
giore Prout,  Cosmos  di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  p.  55  et  suiv. 

170.  Projets  d*extension  de  TËgypte  dans  toute  T Afrique  septentrionale. 
Explorateur,  1876,  n*  55. 

*  Liv.  V,  cap.  8. 


yGoogk 


ETHIOPIE,  ETC.  97 

471.  Projet  d'un  chemin  de  fer  de  l'Egypte  vers  le  Soudan.  Explora- 
teur, iSlQ,  n"51,  p.  69. 

172.  Affaires  d'Abyssinie  (guerre  de  l'Egypte  contre  l'Ethiopie).  Ex- 
plorateur,  4876,  n»  49,  p.  44-50;  n»  50,  p.  48;  n»  53,  p.  125- 
427;  n*  59,  p.  63  {Guerre  de  Hérèr);  n»  69,  p.  565;  n»  70, 
p. 587. 

473.  Abyssinie  (pour  :  pays  des  Çômftli).  Renseignements  fournis  par 
Haggenmacher.  Explorateur,  n»  59,  p.  293-294, 

474.  Raffrat  (Achille).  Afrique  orientale.  Abyssinie.  4  vol.  in-48  de 
xn  et  596  pages,  avec  une  carte  :  Itinéraire  de  A.  KafTray  en 
Abyssinie,  4873-1874,  dressé  par  A.  Bouffard,  et  40  gravures. 
ParU,  Pion,  4876. 

Récit  attachant  et  animé  d'an  voyage  fait  en  compagnie  de  M.  le  comte 
E.  de  Sarzec,  vice-consul  de  France  à  Mouçawwa',  en  partant  de  cette 
ville  par  la  province  du  Hamasen  vers  'Adwa,  et  de  là  au  sud,  à  traders  le 
pays  des  Agaou  jusqu'en  Baguêmidir,  au  sud  du  lac  Tâna.  Le  retour  à 
Mouçawwa'  s'effectua  en  contournant  le  rivage  est  du  lac,  et  en  passant 
par  Gôndar,  Aksoum,  'Adwa  etHalaï.M.  Raffray  était  chargé  d'une  mission 
scientifique  gratuite  par  le  Ministère  de  l'instruction  publique,  et  il  s'est 
ooc«pé  surtout  de  recherches  de  zoologie  ;  son  livre  renferme  des  observa- 
tions intéressantes  sur  les  mœurs  des  animaux  de  l'Ethiopie.  Au  cours  de 
sa  relation,  l'auteur  saisit  sur  le  vif  tous  les  incidents  qui  peuvent  con- 
tribuer à  faire  connaître  le  caractère  des  Éthiopien^,  et  leur  organisation 
féodale,  politique  et  religieuse.  Un  de  ces  incidents  faillit  être  fatal  avx 
deux  voyageurs. Â  Ouébeln  Mariam  le  clergé  catholique  éthiopien  ménagea 
une  attaque  contre  M.  de  Sarzec,  auquel  il  ne  pouvait  pardonner  les  pro- 
messes de  bienveillance  en  faveur  des  missionnaires  catholiques  romains 
données  par  le  nigoûs  sur  la  sollicitation  du  vice-consul  de  France. 

175.  Gros  (J.).  Une  exploration  française  en  Abyssinie.  Explorateur ^ 
n»  66,  p.  474-478  (à  propos  du  voyage  de  M.  Raffray). 

176.  Hato  (le  comte  de).  Sport  in  Abyssinia,  or  the  Mareb  and  Tackaz- 
zee.  4  vol.  in-8  (250  p.).  Londres,  Murray,  1876. 

177.  Kœrner  (Fr.).  Bilder  aus  Abessinien  und  Ethiopien.  Âus  allen 
Welttheilen,  octobre  et  novembre  1875. 

178.  VoN  Heugliv  ;M.-Th.).  Le  Territoire  des  Benî  'Amer  et  des  Habâb. 
Bulletin  trimestriel  de  la  Société  khédiviale  de  Géographie,  n»  1 , 
p.  105-120,  avec  4  carte  au  ni)oô»ooo%  dressée  par  M.  von  Ileu- 
gUn. 

179.  VoN  Heuglin  (Martin'4'héodore).  Reise  in  Nordost  Atrica.  Schil- 
derungen  aus  dem  Gebiete  der  Béni- Amer  und  Habab  nebsl  zoo- 
logischen  Skizzen  und  einem  Fijhrer  fii  ■  Jagdreisende.  2  volumes 
in-8",  avec  une  carte  et  treize  planches.  Brunswick  (Westermann), 
4877  (prix  46  mark  40  pf). 

Narration  complète  d'un  voyage  fait  au  commencement  de  l'année 
1875,  de  Sawâkin,  par  T6-Kar  au  Ehôr  Baraka  et  dans  les  pays  des 
Benl  'Amer  et  des  Habab  en  revenant  par  Mouçawwa*.  Le  but  de  Théo- 

\!kwx6x,  g£o6r.  XV.  7 

le 


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98  AFRIQUE.  N«>  168-202 

dore  von  Heuglin  était  d'explorer  le  pays  entre  le  littoral  de  la  mer 
Rouge  et  la  rivière,  ou  pour  mieux  dire  le  torrent  (Khôr)  Baraka,  le  plus 
à  Test  des  grands  cours  d'eau  qui  coulent  parallèlement  à  l'Athara.  Il 
voulait  aussi  reconnaître  les  autres  rivières,  descendant  du  plateau  de 
rÉtliiopie,  et  qui  Tont  partie  du  bassin  du  Khdr  Baraka.  La  réalisation  de 
ce  plan  lui  a  permis  de  compléter  ses  propres  travaux  sur  le  pays  où 
TAnseba  prend  sa  source,  sur  celui  qu'arrose  la  partie  supérieure  du 
cours  du  Baraka,  ainsi  que  sur  le  delta  de  ce  Kbdr,  qui  se  perd  au  sud 
de  T6-Rar,  avant  d'arriver  à  la  mer  Bouge.  L'ouvrage  se  compose  de 
deux  volumes.  Le  premier  contient  la  relation  descriptive  du  voyage, 
fait  en  compagnie  de  M.  Yieweir,  en  retraçant  une  partie  du  même 
chemin  que  H.  Munzinger  avait  déjà  exploré  de  Sawâkin  par  T6-Kar  et 
*Âqiq,  Aqra,  Naqfa  et  Imakoullou  à  Houçawwa*.  On  y  trouve  aussi  un 
chapitre  d'avis  précieux  destinés  aux  chasseurs  et  aux  naturalistes  dans 
le  bassin  du  Baraka.  Au  point  de  vue  géographique,  il  faut  être  recon- 
naissant au  vieux  voyageur  d'avoir  publié  le  détail  des  observations 
de  distances  et  d'azimuts  de  son  itinéraire,  de  ses  tours  d'horizon  relevés 
avec  la  boussole,  et  de  ses  observations  barométriques.  La  liste  des 
noms  de  lieux,  qui  clôt  le  premier  volume,  est  encore  une  addition  bien- 
venue parce  qu'on  trouve  dans  cette  liste,  en  regard  de  l'orthographe 
généralement  adoptée  pour  ces  noms,  leurs  véritables  orthographe  et 
prononciation,  transcrites  d'après  un  système  rationnel.  . 

Le  deuxième  volume  est  entièrement  consacré  au  catalogue  raisonné 
des  mammifères  et  des  oiseaux  des  pays  des  Benî  'Amer  et  des  Hab&b, 
parmi  lesquels  se  trouvent  décrites  nombre  d'espèces  tant  de  mammi- 
fères que  d'oiseaux  découvertes  par  le  voyageur. 

Théodore  von  Heuglin  a  dressé  lui-même,  à  l'échelle  du  nïï5ïï7ô6ô'«  ^* 
carte  des  pays  qu'il  a  relevés.  Cette  carte  est  intéressante  surtout  par  le 
tracé  qu'elle  donne  du  long  éperon  des  montagnes  brisées  et  ramifiées  des 
Habâb,  dont  le  Rôra  Asgadié  forme  la  partie  la  plus  remarquable,  et  qui 
se  prolonge,  au  nord  de  Kérén,  sur  plus  de  deux  degrés. de  latitude  ju:^- 
qu'au  port  de  'Aqlq  Eç-Çogheîr.  Indépendamment  de  ses  propres  relè- 
vements, M.  von  Heuglin  a  utilisé  aussi  les  itinéraires  de  HM.  Munzin- 
ger, Lejean,  Schweinfurlh  et  le  comte  Krokow  qui  avaient  travaillé  avant 
lui,  dans  la  région  comprise  entre  le  14*  et  le  19*  de  latitude  nord  et 
35*  15'  et  37-25'  de  longitude  est  de  Paris. 

180.  JuNKER.  Geographischer  Bericht  ûber  das  Ghor  Baraka  und  das 
angrenzende  Béni  'Amer  und  Hadendoa  Gebiet.  Mittheiltmgen, 
Gotha,  1878,  n»  10,  p.  583-588. 

Premières  indications  sur  le  Khôr  Baraka,  vallée  anciennement  tribu- 
taire de  la  mer  Bouge,  que  M.  Junker  a  relevée  en  aUant  de  Td-Kar  k 
Khartoûm,  et  dont  la  découverte  positive  lui  appartient. 

Voir  aux  développements,  §  2. 

181 .  ZicHT  (le  comte  G.).  Die  Salzebene  Âsale  im  Danakil-Lande  an  der 
afrikanischen  Osilauste.  Das  Ausland,  1875,  n»41,  p.  820-822. 

182.  Matteooci  (P.).  La  Spedizione  italiana  aU'Africa  equatoriale.  Con- 
sideraxioni,  br.  in-8.  Bologna,  tipografia  Felsinea,  1875. 

183.  SinotEL  (le  professeur  P.).  La  Spedizione  ilaliana  aU'Africa  equa- 
toriale. Discorso  letto  il  19  décembre  1875,  Br.  in-8.  Parma 

1875. 


yGoogk 


ETHIOPIE,  ETC.  99 

184.  Cegaki  (le  professeur  G.).  Délie  spedizione  geograflche  afHcane 
e  deUa  italiana  nell'Africa  equatoriale.  Extrait  de  la  Gatetta  di 
F«i«2ia,43etl7avril  1876.  Br.  in-8.  Venezia,  1876. 

185.  GuASTALLA.  Spcdlzione  geografica  italiana  nelP  Africa  equatoriale 
Relazione  délia  commissione  composta  dai  Signori  Gorrenti 
présidente,  Camperio,  Malvano,  Maraini  e  Guaslalli.  BolUttino 
délia  Sodeta  geografica  italiana.  Tome  XIIL/ionic.  1876  fasci- 
cule 3%  p.  98-103. 

186.  Spedizione  itaUana  in  Africa.  Bolletlino  délia  Sociela  geografica 
Ualtana.  Tome  XIII,  Rome,  1876,  fascicules  4-,  p.  97  à  111  • 
a]\  ^'  rf™^"'  ^*  ^^  ^''  P-  ^^^^''  «•,  p.   465^14;  et 

»\)  f  p.  37d-OU2. 

Lettres  :  de  M.  le  marquis  Antinori,  datée  de  'Aden;  de  M.  le  comte 

Marlim  et  da  docteur  Chiarini,  datées  de  Zeïla',  les  16  et  28  mai  1876,  etc. 

487.  Spedizione  italiana  nell'  Africa  equatoriale.  Cosmos  di  Guido  Cora, 

t.  III,   n»»   6-7,  avec  une  carte,  p.  276  et  suivantes:   n»  11' 

26  novembre  1876,  p.  425-438. 

Lettres  et  rapports  officiels  du  marquis  Horace  Antinori,  du  capitaine 
Marlini  et  de  l'mgéuieur  Chiarini,  rendant  compte  du  voyage  de  Zeïla'  à 
Toull  Harré. 

188.  Expédition  italienne  dans  TAfrique  equatoriale,  sous  le  comte  An- 
tinori. Explorateur,  n»  59,  p.  ft4;  n»  68,  p.  536  ;  n»  76  p  80  • 
n»  78,  p.  133;  n»  80,  p.  192  ;  n»  81,  p.  222.  '  ' 

189.  DoiinnQUE  (le  R.  P.).  Zeïlah,  avec  une  vue  de  cette  ville.  Us 
Missions  catholiques,  1876,  n''382. 

190.  Gallas.  Sacre  de  Mgr  Taurin.  Zefla.  Les  Missions  catholiaues 
1876,  n«  358.  *      ' 


191.  KossHAim  (le  docteur  R.).  Bericht  ûber  eine  Reise  in  die  Kûsten- 
gebirge  des  Rothen  Meeres  zur  Erforschung  der  dortigen  Fauna 
der  Wirbellosen.  Verhandlungen  des  NaturhisL-^medic,  Vereins 
zu  Heidelberg,  nouvelle  série,  1. 1,  n"  2. 

192.  Spedizione  di  0.  Antinori,  0.  Beccari,  A.  Issel  nel  mar  Rosso  e 
sulle  falde  nord  dell'  Abissinia  (1870-1872).  Cosmos  de  Guido 
Cora,  Tome  III,  n»  11,  26  novembre  1876,  p.  401  à  409. 

193.  Goba  (Guido).  La  Baia  d'Assab,  note  cartograiiche.  Cosmos,  t.  III 
n»  11,  p.  409  à  410;  avec  deux  cartes.  '  ' 

Article  accompagnant  une  carte  da  la  baie  d'A«sab  dressée  à  l'échelle 
du  600 «000*  par  ^*  Guido  Cora,  d'après  les  travaux  de  Lovera,  Sapeto, 
Moresby  et  autres.  Cette  carte  montre  l'emplacement  des  terres  que  le' 
royaume  d'Italie  a  acquises,  sur  la  côte  de  Danâqil,  autour  du  cap  appelé 
Rfts  Louma,  au  nord  de  la  rivière  Ennat  (ou  Mara)  et  de  la  baie  d'Assab. 

194.  Von  HBofeLiK  (Th.).  Ornithologie  Nordost-Afrika's,  der  Nilquellen 

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100  AFRIQUE.  N-  i«8-202 

und  Kûstengebiele  des  rothen  Meeres,  und  dw  noerdlichen  Somali- 
Landes.  2  vol.  gr,  in-8,  avec  51  pi.  Cassel,  Fischer,  1875. 

195.  Meyners  d'Estret.  De  l'importance  commerciale  de  la  mer  Rouge. 
Explorateur,  n"»  77,  p.  92-95;  n«  78,  p.  120-121. 

196.  Ravenstein.  Sokotra.  Description  et  carte  de  l'île  à  sôïïtwto*-  ^^^'' 
tical  Magazine,  mai  1876. 

197.  P.  B.  L'Ile  de  Socotora.  Explorateur,  n*  59,  p.  300;  acquisition  de 
cette  île  par  l'Angleterre,  n»  69,  p.  565. 

198.  CiPiTAiwE  (H.).  L'Ile  de  Sokolora.  Explorateur,  1876,  n«  61, 


199.  Haggenmacher's  Reise  im  Somali-Lande,  1874.  Ergânzungsheft, 
n*  47  des  Mitiheilungen,  avec  une  carte  de  l'itinéraire  à  Téchelle 
du  TTôïJ^îïôô'  dressée  par  A.   Petermann,   in-4«  de  45  pages. 
Gotha,  Justus  Perthes,  1876. 
Voir  ci-après,  §  A,  les  développements. 


200.  Mohammed  Mokhtar  (le  commandant]  et  'Abd  Allah  Faouzi  (l'adju- 
dant-major).  flan  de  la  ville  de  Harrar,  fait  par  MM.  les  officiers 
de  Tétat -major  général  égyptien,  attachés  à  Texpédition  de 
S.  E.  Raouf  Pacha.  Échelle  ^u  ^•.  Le  Caire,  État-major 
général,  1876. 

La  petite  ville  éthiopienne  de  Herèr  étail,  au  moment  de  la  conquête 
égyptienne,  depuis  longtemps  déjà  convertie  du  christianisme  à  l'islflm. 
On  y  trouve  cinq  mosquées,  sans  compter  les  quatre  chapelles,  dédiées  i 
des  saints  musulmans,  qui  sont  hors  de  l'enceinte,  laquelle  est  percée  de 
cinq  portes.  La  plus  grande  partie  du  terrain  qui  entoure  Herèr  e^t 
cultivée  en  jardins.  Comparer  la  description  de  cette  ville  dans  :  Firtt 
footatepB  in  Eastern  Africa,  par  le  lieutenant  Burlon,  que  le  fanatisme 
des  habitants  avait  forcé  de  se  faire  passer  pour  un  musulman. 

201 .  Mohammed  Hokrtar  (le  CQpnmandant)  et  'Abd  Allah  Faouzi  (Padju- 
dant-major).  Carte  de  la  partie  du  royaume  d'Adel  située  entre 
Zeïla'  et  Harrar,  dressée  pendant  Texpédition  de  S.  E.  Raoaf  Pa- 
cha, et  dessinée  par  le  lieutenant  Mouçtafa  Kàmel.  1  feuille 
photographiée  ;  échelle  dn  g^ifssî**  f^  Caire,  État-major  général, 
1876. 

Cette  carte  va  du  9*  au  12*  de  latitude  nord,  et  de  32*  20*  au  43*  de 
longitude  est  de  Paris.  L'itinéraire  de  la  colonne  égyptienne  qui  a  opéré 
contre  les  Çômflli  et  les  Umorma  de  Herèr,  a  suivi,  pour  traverser  le 
pays  des  Ad  *A1I  en  partant  du  port  de  Zeïla*,  une  direction  sud  légè- 
rement ouest  jusqu'au  Khôr  Alai.  De  là  jusqu'à  Herèr  la  direction  changea 
en  ouest-sud-ouest.  La  ville  de  Herèr  se  trouve  placée  d'après  l'itiné- 
raire par  9*  26'  de  latitude  nord  et  par  39*  46'  de  longitude  est  de  Paris. 
—  Les  événements  de  la  campagne  ont  fait  ensuite  pousser  les  relè- 
vements, en  pays  inconnu,  jusqu'à  154  kilomètres  ouest  un  quart  sud  de 


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ETHIOPIE,  ETC.  101 

Herèr,  et  c'est  dans  cette  partie  de  la  marche  qu'ont  été  liTrés»  sons  les 
hauteurs  d'Ego  et  d'Âftoub,  les  deux  seuls  combats  de  la  campagne.  Le 
chemin  suivi  au  retour,  par  la  colonne,  passe  au  nord  du  premier,  et 
traTerse  les  grandes  forêts  de  Boussa,  Armali  Magan  et  Tacha  avant 
d'arriver  à  Zeïla*. 

202.  Red  Sea.  Husawwa  Gbannel.  Carte  marine  à  Téchelle  du  >ô4λ<u*' 
Londres t  Hydrographie  office^  n"  164, 1876. 

§  1.  —  Les  plus  anciennes  données  sur  la  géographie  de  l'Ethiopie  et  des  pays 
des  Ad  *Àtl  et  des  Çômâli,  découvertes  par  M.  Mariette -Bey.  Espérances  sur 
ce  que  nous  réserve,  pour  une  autre  partie  de  l'Afrique,  la  suite  des  déchif- 
frements des  textes  géographiques  rédigés  en  hiéroglyphes. 

En  abordant  un  sujet  aussi  important  que  celui  des  connais- 
sances des  anciens  Egyptiens  sur  la  géographie  du  nord-est  de 
rÂfrique,  où  M.  Mariette-Bey  (voir  n<»  168)  sera  notre  guide, 
nous  nous  tiendrons  d'abord  sur  le  terrain  où  il  a  planté  des 
jalons  sûrs,  c  est-à-dire  dans  le  bassin  du  Nil  et  sur  les  côtes 
de  la  mer  Rouge  et  de  Tocéaii  Indien.  Nous  en  sortirons,  à 
la  fin  de  ce  résumé  des  derniers  travaux  du  célèbre  égyp- 
tologue  français,  pour  essayer  de  prévoir  sur  quelle  autre 
partie  du  continent  il  est  vraisemblable  que  les  textes  géogra- 
phiques égyptiens  doivent  apporter  des  données  tout  aussi 
curieuses.  Une  liste  géographique  des  pays  de  Qouch,  dressée 
au  dix-huitième  siècle  avant  notre  ère,  est  gravée  en  trois 
exemplaires  sur  les  pylônes  de  Karnak..  M.  Harielte-Bey, 
après  l'avoir  déchiffrée,  a  recherché  les  noms  modernes  de 
lieux  ou  des  peuples  auxquels  ils  se  rapportent  ;  il  a  dressé 
ainsi  la  carte  ancienne  des  pays  de  Qouch  ou  de  l'Ethiopie 
propre  et  des  pays  de  Poun,  qui  comprennent  les  côlog 
africaines  de  l'océan  Indien  habitées  maintenant  par  les  Ad 
'Alî  (Adel)  et  les  Çômâli*.  Pour  l'identification  du  pays  de 
Qouch  à  l'Ethiopie  propre  que  nous  nommons  vulgairement 
Abyssinie,  M.  Mariette-Bey  n'avait  pas  à  hésiter;  Qouch  est 
déjà  dans  le  texte  hébreu  de  la  Bible  le  nom  de  l'Ethiopie  et 
des  peuples  éthiopiens.  La  difficulté  commençait  avec  le  nom 

1.  les  lûtes  géographiques  des  pylônes  de  Karnak;  texte  p,  51  à  65,  et  pi. 
cartes  de  la  deuxième  et  de  la  troisième  partie  des  liste». 


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102  AFRIQUE.  N-  108-202 

Poun-t  que  les  textes  hiéroglyphiques  mentionnaient  seuls 
encore  comme  nom  général  d'une  grande  contrée.  Un  sayant 
égyptologue  allemand,  M.  Brugsch-Bey,  y  avait  vu  la  désigna- 
tion de  TArabie.  M.  Mariette-Bey,  au  contraire,  démontre  que 
le  Poun  des  anciens  Égyptiens  est  la  partie  nord  du  pays  des 
Çômâli,  cet  immense  cap  où  le  continent  d'Afrique  atteint  ses 
longitudes  les  plus  orienlales. 

Les  dessins  gravés  sur  les  pylônes  de  Karnak  en  regard  du 
nom  Poun-t  représentent  des  habitants  à  type  nègre,  ainsi  que 
les  aromates  et  autres  principaux  produits  de  leur  patrie.  La 
reine  du  Poun  y  est  figurée  avec  ce  développement  extraordi- 
naire des  tissus,  avec  ces  chairs  molles  et  tombantes,  particu- 
lières aux  femmes  des  Çômâli,  chez  lesquelles  la  stéatopyge  se 
déclare  après  la  naissance  d*un  premier  enfant.  Les  habitants 
du  Poun  portaient  aux  jambes  des  quantités  d'anneaux  de  cui- 
vre, comme  c'est  encore  la  mode  dans  beaucoup  de  contrées 
de  rAfrique  orientale;  enfin  la  girafe  était  un  animal  du. Poun. 
Ces  trois  circonstances  prouvent  irréfutablement  qu'il  faut 
chercher  le  pays  de  Poun  non  pas  en  Arabie,  mais  bien  à  la 
pointe  orientale  de  l'Afrique,  qui  était  autrefois  considérée 
comme  le  prolongement  de  l'Ethiopie,  et  que  les  Romains  ap- 
pelaient Aromatifera  Regio,  le  pays  aux  aromates.  Les  voya- 
geurs, il  est  vrai,  n'ont  encore  signalé  ni  au  pays  des  Çômâli» 
ni  en  Arabie,  des  cabanes,  auxquelles  on  arrive  à  l'aide  d'une 
échelle  comme  les  cabanes  du  pays  du  Poun  figurées  sur  les 
dessins  des  anciens  Égyptiens  ;  tnais  ce  que  les  Çômâli  ne  font 
pas  aujourd'hui  sur  une  côte  montueuse,  où  les  eaux  des  pluies 
tropicales  trouvent  un  sol  fortement  incliné  vers  le  golfe 
de  'Aden,  ils  peuvent  le  faire  plus  loin  dans  l'intérieur,  dans 
un  pays  plus  plat  et  plus  humide,  par  exemple  sur  les  rives 
des  Webi  qui  forment  la  rivière  de  Haines,  et  sur  les  bords 
des  lacs. 

Les  listes  géographiques  des  pylônes  de  Karnak  suivent  bien, 
en  général,  un  ordre  régulier;  celles  du  Poun,  par  exemple, 
énumèrent  les  lieux  en  avançant  vers  Test,  c'est-à-dire  en  sui- 

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ETHIOPIE,  ETC.  103 

vant  la  direction  donifëe  par  la  côte  du  golfe  de  *Adea.  Mais  cet 
ordre  est  parfois  interrompu  parle  nom  d'un  point  qui,  d*aprés 
les  assimilations  de  H*  Mariette-Bey,  est  inscrit  à  une  place 
inexacte.  Le  savant  auteur  de  ce  trayait  hérissé  de  difficultés, 
a  comparé  les  noms  hiéroglyphiques  aux  noms  modernes  des 
lieux  des  pays  de  rÉthiopie  et  des  Çômâli.  Souvent  un  nom 
livré  par  l'inscription  grecqi^  d'Adulis,  par  le  périple  grec  de 
la  mer  Erythrée,  ou  enfin  par  les  textes  classiques  de  Pline 
et  de  Ptolémée,  lui  a  permis  une  assimilation  de  position  aussi 
exacte  que  possible. 

Atara  ou  Atala  désigne,  dans  les  listes  de  Kamak,  le  port 
à'AdtdiSy  dont  l'ancien  nom  grec,  A^gu^k,  prononcé  à  la  ma- 
nière des  Hellènes,  se  rapproche  beaucoup  du  nom  du  village 
moderne  de  Zoulla,  situé  à  quelques  kilomètres  des  ruines  du 
port,  maintenant  assez  éloignées  de  l'Océan.  (Test  par  cette 
porte  naturelle  de  l'Ethiopie  que  commence  l'énumération  des 
conquêtes  du  roi  d'Egypte  Thôth-mès  III.  Puis  vient  le  nom  de 
Maou,  que  M.  Mariette-Bey  rapproche  de  Maïé-wouïoy,  où 
sont  des  sources  thermales  signalées  dans  les  terres  des  Habâb 
par  M.  Antoine  d'Abbadie.  A'araqarqa,  ou  Alaklak,  ou  encore 
Touroiuraq  et  Tourouraqa  désigneraient  les  iles  Dahlaq;  Bouqaq 
serait  le  Box^ou  vnvoç  ou  île  Bacchias  (suivant  Pline),  et  An- 
qanina'  l'AxavOtyi?  vtivaç  de  Ptolémée,  l'une  et  l'autre  près 
d'Adulis.  M.  Mariette-Bey  rapproche  encore  le  nom  de  Kourou- 
bou  ou  Kouloubou  du  KoXo€bv  ôpoç  de  Ptolémée  qui  est  le  mont 
Gadam.  Jusqu'ici,  excepté  pour  les  deux  derniers  noms  que 
nous  avons  interpolés,  la  liste  a  suivi  la  côte  de  la  mer  Rouge. 
Mais  va-t-elle  maintenant  énumérer  des  points  dans  l'intérieur, 
ou  rester  dans  la  zone  du  littoral?  M.  Mariette-Bey  adopte  cette 
dernière  supposition  :  selon  lui,  les  trois  noms  de  Berberata 
(ou  Berberat),  Teqarerer  (ou  Teqra-ou)  et  Arem  (Alema  ou 
Alem),  «  sont  destinés  à  marquer  dans  la  direction  du  nord 
au  sud  les  trois  grandes  divisions  territoriales  du  pays  conquis 
par  Thôth-mès  ».  En  conséquence,  il  voit  dans  le  premier, 
Berberata,  la  BapSapixÀ  x»P«»  c'est-à-dire  le  pays  de  Barbara, 

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404  AFRIQUE.  K»«  168-202 

du  périple  de  la  mer  Erythrée,  qui  s'Aendait  au  nord  de 
rÉthiopie  actuelle,  entre  la  mer  Rouge  et  le  Nil,  où  on  trouve 
encore  un  canton  du  nom  de  Berber.  Dans  Teqarerer,  ou 
Teqra-ou,  le  deuxième  de  ces  noms  de  grands  pays,  M.  Mariette- 
Bey  retrouve  le  nom  moderne  du  Tigraï  ;  et  dans  Arem,  ou 
Arema,  ou  Alem,  le  nom  moderne  de  TAmara,  qui  ne  dilïère 
de  lancien  que  par  une  métathèse,  dont  la  liste  offre  d'ailleurs 
beaucoup  d'autres  exemples. 

Les  noms  qui  viennent  ensuite  seraient  distribués  sans  un 
ordre  tout  à  fait  méthodique,  et  ils  se  rapporteraient  en  grande 
partie  à  des  divisions  territoriales  ou  a  des  villes  du  Tigraï  et 
de  TAmara.  Ainsi  M.  Mariette-Bey  est  tenté  de  voir  le  nom 
d'imakoullou  dans  TEmroqera,  ou  TEmlaqela  delà  liste  égyp- 
tienne; celui  d'Enderta  dans  Emtourat;  celui  du  pays  de 
Taltal  près  Enderta,  dans  Teratera  ou  Teltel  ;  le  mont  Wia  de 
M.  d*Abbadie(Oha  de  Rûppell),  et  l'Ayij,  dans  le  Wawa-t*  de 
la  liste;  le  nom  du  dist^^ict  de  Tasfay  en  Agamé,  se  retrou- 
verait dans  le  Techfou  de  la  liste;  la  ville  de  'Adwa  serait 
Outa  ;  la  province  do  Simên  (lapivé  de  l'inscription  d'Adulis) 
serait  le  Tàoumen.  Le  nom  d'Anbet  rappelle  à  M.  Mariette- 
Bey  la  ville  d*ËbeQat  près  Gôridar,  ainsi  que  l'ancien  nom  des 
NouSa^eç,  NubatsB  ;  pour  lui  Bouout  est  la  ville  de  Bouaha  à 
quelques  kilomètres  ouest  de  Gôndar  ;  Iwaa',  le  district  d'A- 
wawa  près  d'ibaba,  entre  la  source  de  l'Abbaï  et  le  lac  Tana, 
et  Aspafou,  Asfa,  au  pied  de  la  montagne  où  l'Abbaï  (Nil  bleu) 
prend  sa  source. 

Nous  n'avons  donné  ici  que  les  exemples  les  plus  frappants, 
ceux  qui  établissent  avec  une  certitude  presque  complète  que 
M.  Mariette-Bey  a  bien  interprété  l'inventaire  des  conquêtes  de 
Thôlh-mès  111  dans  l'Ethiopie  propre.  Ces  conquêtes,  comme 
on  le  voit,  suivent  la  direction  générale  du  sud  sud-ouest  à 
partir  du  rivage  d'Adulis  ;  elles  ne  s'arrêtent  que  dans  la  pro- 
vince actuelle  de  l'Agaoumidir,  au  sud  du  lac  Tana,  mais  elles 

1.  Au  sud-ouesi  du  lac  Tana,  il  y  a  une  province  d*Awawa. 

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ÉTfllOPIE,  ETC.  105 

n'arrivèrent  pas  dans  Test  jusqu'au  bord  du  plateau  d'Ethio- 
pie. Quelques  réserves  nous  paraissent  devoir  être  faites  au 
sujet  d'autres  rapprochements  de  noms  proposés  par  M.  Mariette- 
Bey  ;  par  exemple  il  nous  semble  difficile  de  retrouver  le  nom 
moderne  Alguedcn  dans  les  formes  'Araq,  *Araqa,  ou  'Alqa  de 
la  liste  égyptienne  ;  les  noms  modernes,  Takoura  dans  les  formes 
Tamqer,  Tamqera  ;  Maïe  Taman  dans  la  forme  * Antem  ;  et 
Djebel  Mahiil  dans  la  forme  Houafou  ;  mais  ces  réserves-là  ne 
sauraient  en  rien  diminuer  le  mérite  et  l'importance  du  service 
que  M.  Mariette-Bey  a  rendu  à  la  géographie  par  sa  profonde 
connaissance  des  hiéroglyphes. 

Le  savant  égyptologue  nous  a  en  effet  révélé  les  connais- 
sances géographiques  des  Égyptiens  sur  le  littoral  de  locéan 
Indien,  il  y  a  trente-six  siècles.  Si,  à  partir  du  cap  Gardafui 
(dont  le  véritable  nom  est  Djard  Hafoûn),  H.  Mariette  a  dû 
diminuer  le  nombre  de  ses  assimilations,  c'est  peut-être  parce 
que  les  données  de  la  géographie  actuelle  sont  insuffisantes 
et  que  les  noms  propres  ont  été  défigurés  par  les  navigateurs 
modernes. 

Mais  il  est  un  chapitre  de  la  géographie  la  plus  ancienne 
de  l'Afrique,  dont  les  listes  de  Karnak  pourront  former  le  fond, 
et  que  M.  Mariette-Bey  rédigera  un  jour,  espérons-le.  C'est 
celui  de  la  Berbérie  et  du  pays  qui  est  maintenant  le  Sahara. 
Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas,  que  nous  sachions,  abordé  les 
comparaisons  des  noms  de  lieu  sur  ce  terrain,  où  pourtant  les 
éléments  de  comparaison  sont  maintenant  extrêmement  nom- 
breux, où  d'ailleurs  des  traditions  et  des  monuments  d'une 
valeur  irrécusable  indiquent  clairement  que  les  Égyptiens  ont 
traversé  le  Sahara  et  certaines  parties  de  la  Berbérie. 

Les  anciens  monuments  des  oasis  de  Dâkhel,  d'Ël-Khârdjé 
et  de  Siwa  attestent  que  les  points  habitables  du  désert  de 
Libye  ont  été  occupés  d'une  manière  permanente,  et  pendant 
longtemps,  par  les  Égyptiens.  Ces  monuments  confirment  là 
les  données  historiques  contenues  dans  les  livres  des  Grecs  et 
des  Romains.  Au  25*  degré  de  longitude  orientale  finit  le  terri- 

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106  AFRIQUE.  N»'  16S-202 

toire  de  Fandenne  Egypte  proprement  dite  ;  là,  cessent  aussi 
les  monuments  de  rarchitecture  égyptienne,  et  on  pourrait 
croire  que  les  Égyptiens  n'aient  jamais  pénétré  à  Touest  de 
Sîwa.  Mais  cette  opinion  serait  fausse.  Evidemment  Sîwa  ne 
marque  pas  plus,  à  Touest,  la  limite  des  connaissances  géogra- 
phiques positives  des  anciens  Égyptiens  que  les  derniers  monu- 
ments de  la  Nubie  n'indiquent  l'extrême  limite  sud  de  leurs 
campagnes  ou  de  leurs  voyages. 

A  l'ouest  de  Sîwa,  dans  la  Gyrénaïque^  notamment  à  Cyrène 
même,  on  trouve  des  nécropoles  taillées  dans  le  roc  d'après  des 
principes  qui  rappellent  ceux  de  certaines  nécropoles  égyptien- 
nes. Plus  loin,  à  Guerza,  le  capitaine  Smytba  signalé  des  tom- 
bes ayant  un  caractère  égyptien.  Encore  plus  à  l'ouest,  sur  le 
sommet  des  montagnes  des  Nefoûsa,  nous  ayons  parcouru  des 
plantations  d'oliviers  séculaires  que  les  habitants  appellent 
GhersFira'oûn,  «  plantations  de  Pharaon  ».  Dans  le  moyen  âge 
encore  le  grand  Chott  du  sud  de  la  Tunisie  était  connu  sous  le 
nom  de  Chott  Fira'oûn,  et  M.  Ch.  Tissot  y  a  vu  des  îles  de  pal- 
miers-dattiers sauvages  que  les  habitants  appellent  Djezâîr 
Fira'oûn  (/e«  îles  du  Pharaon),  faisant  remonter  l'originiB  de  ces 
bouquets  de  palmiers  aux  noyaux  des  dattes  qui  servirent  au 
repas  d'une  armée  égyptienne.  A  Ghadâmès  (l'ancienne  Ku^aftoc, 
Cydamus  ;  la  Rhedêmès  des  Imôhagh)  nous  avons  découvert  un 
fragment  de  bas-relief'  et  un  chapiteau  qui  trahissent  clairement 
une  origine  égyptienne.  Nous  sommes  ici  déjà  à  1600  kilomètres 
droit  à  l'ouest  de  Sîwa,  où  l'on  croyait  autrefois  avoir  trouvé 
les  dernières  traces  de  l'art  égyptien  !  En  général  les  simples 
voyageurs  ne  laissent  pas  des  monuments  ou  des  sculptures 
dans  les  pays  qu'ils  visitent  ;  de  semblables  traces  ne  peuvent 
guère  marquer  que  le  passage  de  conquérants,  ou  de  colons. 
Nous  n'hésilons  pas  à  admettre  qu'à  une  date  très-ancienne 
lés  Égyptiens  envahii'ent  la  Tripolitaine,  le  sud  de  la  Tunisie 
et  le  Sahara,  jusqu'à  Ghadâmès,  et  que  cette  invasion  fut  sui- 

i.  Voir  pi.  X,  fig.  i,  des  Touareg  du  fiord,  p.  250;  le  chapiteau  est  k  gauche 
de  la  fig.  2.    > 

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ETHIOPIE,  ETC.  107 

vie  d'une  occupation  de  la  contrée.  Peut-être  H.  Hariette-Bey 
trou?era-t>iI,  dans  les  inscriptions  qui  lui  restent  à  étudier, 
les  noms  des  pays  et  des  peuples  libyens  conquis  par  Thoth- 
mès  III,  avec  des  indications  géographiques  relatives  aux  con- 
quêtes de  ce  roi  d'Egypte,  et  à  des  colonies  que  ses  armées 
fondèrent  dans  leurs  marches  lointaines  vers  Touest.  11  est  peu 
probable  qu*un  fait  de  l'importance  de  l'invasion  dont  nous 
parlons,  et  qui  nous  semble  démontré,  ait  été  omis  dans  les 
annales  hiéroglyphiques  de  l'Egypte,  et  c'est  peut-être  dans  les 
liste?  du  règne  de  Thotb-roès  III  qu'on  la  découvrira. 

§  2.  —  Voyages  et  découvertes  dans  les  pays  des  Bent  'Amer  et  des  Habftb,  par 
M.  Ton  Heuglin,  et  exploration  da  Kh6r  Baraka,  par  le  docteur  J^unker. 

AunorddesBilen(ou  Bogossi  nous  prenons  leur  nom  arabe) , 
petit  peuple  que  M.  Antoine  d'Abbadie  a  appelé  le  rempart  de 
rÉthiopie  chrétienne,  vivent,  sur  le  littoral  de  la  mer  Rouge, 
les  deux  puissantes  et  nombreuses  tribus  des  Habâb  et  des 
Benî  'Amer.  Ces  derniers,  les  plus  au  nord,  confinent  aux  Bedja 
par  18^  10' de  latitude  septentrionale,  droit  à  Test  de  la  grande 
cataracte  qu'on  trouve,  sur  le  Nil,  au  nord  d'El-Mekherif,  chef- 
lieu  du  cercle  égyptien  de  Berber.  Jusqu'à  ces  derniers  temps 
le  territoire  des  Benî  'Amer  et  dès  Habâb  était  resté  inconnu  ; 
on  ^e  savait  rien  de  l'intérieur  de  ce  pays,  et  la  carte  s'arrê- 
tait aux  accidents  de  la  zone  littorale  que  les  marins  avaient  pu 
relever  en  faisant  l'hydrographie  de  la  mer  Rouge.  C'est  au 
gouYerneur  égyptien  du  Soudan  oriental  Werner  Munzinger- 
Bey,  dont  le  nom  rappelle  d'excellents  travaux  sur  l'Afrique, 
que  revient  l'honneur  d'avoir,  le  premier,  exploré  le  pays  des 
Habâb  au  point  de  vue  géographique  ;  mais  il  avait  laissé  du 
i7®  30'  au  19*  de  latitude  septentrionale  une  lacune  qui  a  été 
comblée  par  un  vieux  voyageur,  M.  Théodore  von  Heuglin. 

Son  voyage  eut  lieu  en  1875,  en  compagnie  de  M.  Fr.  Vieweg; 
il  en  a  publié  le  récit,  accompagné  d'une  belle  carte  à  l'échelle 
du  TTFoWô»  dans  le  Bulletin  trimestriel  de  la  Société  khédi- 
viole  de  Géographie  du  Caire  (n«  178). 

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108  AFRIQUE.  K«»  168-202 

Voici  en  quels  termes  H.  von  Heuglin  esquisse  les  traits  géné- 
raux des  pays  des  Béni  'Amer  et  des  Habâb  : 

Les  versants  septentrionaux  des  chaînes  Yolcaniques  du  plateau 
abyssin  donnent,  par  15*  de  latitude  environ,  naissance  à  plusieurs 
torrents,  ou  lits  de  riyière,  par  où  s*écoulent  avec  impétuosité  les 
pluies  des  montagnes,  et  dont  quelques-unes  se  dessèchent  après  avoir 
coulé  quelque  temps.  C'est  d'abord  le  Mareb,  qui,  sous  le  nom  de 
Khôr  Ël-Qach,  coule  au  nord-ouest  vers  TAthâra,  et  qui,  au  dire  des 
indigènes,  alimente  aussi  d'une  partie  de  ses  eaux  le  Baraka  ;  puis  le 
Baraka,  qui  creuse  son  lit  un  peu  plus  vers  le  nord,  et  atteint  la  mer 
près  de  'iô-Kar;  enfin  TAnseba,  qui  est  un  affluent  de  ce  dernier. 
.    Toute  la  partie  de  terre  circonscrite  comme  une  île,  d'un  côté  par 
la  mer  Rouge,  et  de  l'autre  par  le  Barka,  est  presque  exclusivement 
habitée  par  les  Benî  'Amer  et  les  Habâb,  peuples  pasteurs,  dont  les 
premiers  pénètrent  dans  la  province  de  Tâka,  et  jusqu'au  delà  de 
TAtbâra.  Ces  deux  grandes  familles  parlent  un  dialecte  éthiopien  ou 
gui'iz,  tandis  que  les  habitants  de  T6-Kar,  ainsi  que  ceux  des  régions 
nord-ouest  du  Baraka,  parlent  l'idiome  bedja,  le  tô-bedâwi  ou  bedja- 
wîyé.  Par  leur  type  physique,  de  même  que  par  leurs  mœurs  et 
usages,  ils  approchent  plutôt  de  leurs  voisins  du  côté  du  nord,  les 
Bedja.  11  existe  aussi  dans  le  pays  quelques  descendants  des  anciennes 
tribus  aborigènes,  puis  des  Arabes  immigrés  de  la  rive  orientale  de 
mer  Rouge.  Les  Benî  'Amer  professent  depuis  longtemps  l'islam.  Les 
Habâb  étaient  chrétiens  abyssins  il  y  a  quelques  douzaines  d'années, 
du  moins  l'étaient-ils  de  nom,  et  l'on  peut  affirmer  la  même  chose 
de  leurs  voisins  du  côté  du  midi,  les  Dfensa  et  les  Toquoué.  ^ 

Depuis  que  Moûçawwa'  et  Sawàkin  sont  incorporés  à  l'Egypte,  le 
khédive  a  par  des  voies  pacifiques  réussi  à  soumettre  ces  tribus,  qui, 
du  reste;  ne  sont  pas  fort  belliqueuses. 

Ajoutons  qu'on  trouve  encore  chez  les  Béni  'Amer  une 
organisation  de  la  société,  rappelant  la  nôtre  à  Tépoque  de 
la  féodalité,  et  celle  des  Imôhagh  ou  Touareg  ;  comme  ces 
derniers,  les  Benî  *Amer  sont  divisés  en  familles  de  nobles  et 
en  familles  de  serfs. 

Du  25  janvier  au  5  mars  i  875,  M.  von  Heuglin  et  M.  Vieweg 
voyagèrent  de  Sawâkin,  parallèlement  au  rivage  de  la  mer 
Rouge,  jusqu'à  Moùçawwa'.  Le  pays,  dont  ils  ont  levé  une  carte 
détaillée,  présente  deux  aspects  très-différents.  Le  pays  des 
Bedja,  au  nord,  est  généralement  plat,  si  bien  que,  trente  kilo- 

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ETHIOPIE,  ETC.  109 

mètres  avant  d'arriver  à  la  mer  Rouge,  le  Khdr  ou  Ouâdi  Ba- 
raka, qui  le  traverse,  se  ramifie,  forme  un  delta  et  se  perd  à 
T6-Kar,  absolument  comme  nous  avons  vu  TOuâdi  El-'Arab  et 
les  cours  d*eau  voisins  se  comporter  dans  la  Bakhbakha  avant 
d'arriver  au  Ghott  Melghîgh.  A  partir  de  l'entrée  dans  le  pays 
des  Benî  'Amer  et  jusqu'à  Moûçawwa',  les  rivières  coulent  à  la 
mer  et  le  pays  est  montueux.  On  s'élève  insensiblement  sur  le 
premier  gradin  septentrional  du  plateau  de  l'Ethiopie,  qui 
cesse  du  côté  de  Test,  à  vingt  ou  trente  kilomètres  du  bord 
de  la  mer  Rouge  ;  sur  ce  plateau,  la  ligne  d'horizon  est  brisi'e 
par  de  nombreux  sommets,  et  les  eaux  y  ont  tracé  de  profonds 
ravinements. 

Le  bassin  inférieur  du  Baraka  est  une  plaine  basse,  semée 
de  dunes  de  sable  jaune,  mais  dont  le  sol  est  formé  de  limon  et 
de  terre  végétale,  où  les  infiltrations  souterraines  de  la  rivière 
entretiennent  toujours  l'humidilé  nécessaire  au  développement 
des  végétaux  ;  aussi  trouve-t-on  même  dans  les  parties  du  sol 
qui  sont  imprégnées  de  sel  des  touffes  àeSiLceda  moneca.  M.  von 
Heuglin  parlant  spécialement  du  del  ta  du  Baraka,  oii  est  le  poste 
égyptien  de  T6-Kar  (c'est-à-dire  Le  Puits),  dit  qu'on  pourrait 
facilement  décupler  la  production  agiicole  du  district,  en  éta- 
blissant quelques  digues  pour  capter  les  eaux  de  la  crue  du 
Baraka,  qui  commence  en  juin  et  juillet,  et  pour  distribuer 
ensuite  la  masse  d'eau  suivant  les  besoins  des  cultures.  Le 
Suœda  moneca  est  remplacé  par  un  arbuste  ligneux,  V Acacia 
spirocarpa^  quand  le  terrain  est  plus  élevé,  et  le  fond  des 
vallées  commence  à  produire  quelques  herbages,  précieux 
pour  les  peuples  pasteurs  de  cette  contrée,  et  que  des  hordes 
d'antilopes  disputent  à  leurs  troupeaux.  L'eau  des  puits 
creusés  dans  les  vallées  est  saumâtre. 

Au  sud  du  pays  Bedja,  le  petit  port  de  'Aqîq  Eç-Çogheïr  est 
la  porte  du  pays  des  Benî  'Amer.  Ses  habitants  ayant  aban- 
donné aux  nouveaux  venus,  les  Arabes  Hetêm,  une  portion  de 
la  zone  basse  du  littoral  »  vivent  principalement  dans  la  partie 
montueusc.  Aux  pluies  d'hiver  ils  gagnent  le  littoral;  les  pluies 

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410  AFRIQUE.  N- 168-202 

d'été  sont  pour  eux  le  signal  d*une  migration  à  Touest,  vers  la 
rivière  Anseba,  et  même  jusqu'au  Barka.  Nous  retrouvons  ici 
un  jexemple  de  la  loi  applicable  à  tous  les  peuples  pasteurs  et 
nomades,  les  phases  de  la  végétation  et  des  saisons  leur  im- 
posent des  migrations  périodiques.  Presque  toujours  un  peuple 
pasteur  a  ses  parcours  d*hiver  et  ses  parcours  d'été;  aussi 
voyons-nous  les  Benî  'Amer  du  nord  de  l'ancienne  Ethiopie 
faire  comme  les  tribus  arabes  nomades  de  T Algérie. 

Leurs  voisins,  les  Habâb,  habitent  un  pays  plus  montagneux 
qui  commence  à  la  rivière  Falkat;  les  roches  des  sommets 
appartiennent  aux  formations  primitives  ;  on  y  Remarque  no- 
tamment du  granit  ou  des  schistes,  dont  les  fragments  éboulés 
composent  avec  un  ciment  de  sable  le  sol  des  vallées.  M.  von 
Heuglin,  qui  est  né  non  loin  des  Alpes,  dit  qu'aux  bifurcations 
des  vallées,  on  rencontre  des  masses  dont  les  arêtes  vives,  les 
fragments  de  granit  à  angles  aigus  rappellent  beaucoup  les  ca- 
ractères propres  aux  roches  des  moraines.        • 

Les  villages  des  Habâb  se  déplacent  deux  fois  par  an.  Du  mois 
de  juin  au  mois  d'octobre,  pendant  l'été,  ils  restent  sur  le  pla- 
teau de  Naqfa,  à  des  altitudes  de  treize  cents  mètres  à  deux 
mille  mètres,  où  leurs  troupeaux  de  bœufs  et  de  moutons 
trouvent  une  pâture  suffisante.  En  hiver,  ils  descendent  dans 
le  Sâhel,  c'est-à-dire  la  plaine  maritime. 

C'est  ici  que  commence,  au  nord,  le  domaine  du  plus  gros 
quadrupède,  l'éléphant,  et  encore  l'éléphant  est-il,  dans  le  pays 
des  Habâb,  nomade  comme  les  Habâb  eux-mêmes.  D  arrive  du 
sud  au  moment  où  les  habitants  commencent  leur  migration  * 
vers  la  côte  de  la  mer  Rouge,  et  dès  que  l'homme  reparaît  dans 
le  haut  pays,  l'éléphant  abandonne  les  terres  où  paîtront  les 
troupeaux. 

En  résumé,  aujourd'hui  le  pays  des  Habâb  n'a  pas  un  seul 
centre  d'habitation  permanente,  l'art  des  constructions  en 
pierre  y  est  inconnu,  tandis  que,  dans  les  temps  anciens,  il  a 
dû  contenir,  ainsi  que  le  pays  des  Benî  'Amer,  une  population 
plus  soucieuse  de  son  installation.  A  l'extrémité  sud-ouest  du 

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ETHIOPIE,  ETC.  411 

canton  de  Naqfa,  H.  von  Heuglin  a  remarqué  une  construclion 
carrée,  à  doubles  parois  de  pierres,  et  fermée  par  un  mur  de 
clôture  d'une  trentaine  de  mètres  de  diamètre;  un  peu  plus 
^oin,  il  a  trouvé  de  nombreux  carreaux  de  pierre  groupés, 
comme  des  sièges,  autour  d  un  carreau  pareil.  Chaque  grande 
pierre  est  posée  à  plat  sur  le  sol  contre  une  autre  pierre  plate, 
dressée  verticalement  en  manière  de  dossier.  Enfin  il  décrit 
aussi  des  monuments  funéraires  construits  en  pierres  sèches, 
recouvertes  quelquefois  d'un  crépi  de  plâtre,  et  dont  la  forme 
est  celle  de  deux  ou  trois  troncs  de  cylindre  superposés,  dont 
les  sections  vont  diminuant  comme  les  assises  d'une  pyramide. 

Ces  monuments,  distribués  sur  les  terres  des  Benî  'Amer  et 
des  Habâb,  sont  attribués  par  eux  aux  Bét  Mâhyé,  race  d'au- 
tochthones  que  représente  encore  une  nombreuse  tribu  de  leur 
pays,  et  qui  mériterait  assurément  d'être  étudiée  de  près. 
M.  von  Heuglin  nous  la  fait  connaître  sous  un  nom  arabe,  Bêt 
Mâhyé,  qui  signifie  «  gens  riches»,  «  gens  des  trésors  »,  et 
dont  la  variante,  Bét  Maleha,  veut  dire  a  la  gent  salée  »  ; 
mais  il  ne  nous  apprend  rien  sur  la  race  ainsi  désignée.  Peut- 
être  arrivera-t-on  à  lui  assigner  une  place  ethnographique  par 
la  comparaison  de  ses  monuments  avec  d'autres  œuvres 
d'architecture. 

En  attendant,  bornons-nous  à  appeler  l'attention  sur  un  fait 
peu  connu  : 

A  la  fin  de  l'année  1854,  le  lieutenant  Speke,  qui  découvrit 
plus  tard  le  dernier  grand  réservoir  du  Nil,  débarquait  à 
Eourayat,  sur  la  côte  du  pays  des  Çômâli  Warsingali,  au  sud- 
est  de  'Aden.  Il  voulait  explorer  la  rivière  de  Nogal,  qui  tra- 
verse du  nord  au  sud  la  pointe  est  de  l'Afrique,  terminée  par 
le  cap  Djard  Hafoûn  (Guardalui).  Arrivé  entre  Yafir  et  Makar, 
au  sommet  du  pluteau  étage  qui  borde  l'océan  Indien,  il  dé- 
couvrit des  piles  de  pierres  plates,  non  taillées,  rappelant  les 
tumulus  ou  cairns  des  Tartares.  Speke  pensa  que  ces  monu- 
ments devaient  être  des  tombeaux,  car  les  indigènes  retirent 
des  ossements  humains  de  la  chambre  ménagée  comme  pour 

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112  AFRIQUE.  N- 168-202 

contenir  un  mort,  mais  qui  parfois  aussi  est  lide.  Dans  quel- 
ques-uns de  ces  tombeaux,  les  Çômâli  ont  trouvé  des  objets 
extrêmement  curieux  :  c'est  tantôt  une  barre  d'or,  un  anneau 
d'or  pareil  à  celui  dont  les  femmes  des  Ilmorma  (ou  Gallas) 
ornent  leurs  narines,  tantôt  de  grands  pots  de  cuivre  ou  de 
terre,  ou  des  bracelets,  des  verroteries  et  autres  objets  à  l'usage 
des  femmes  ilmorma.  Speke  nous  apprend  cependant  qu'un  de 
ces  anciens  tombeaux  avait  été  ouvert,  peu  d'années  avant  sa 
visite,  par  un  Warsingali»  pour  y  enterrer  sa  femme.  Or,  chez 
les  peuplades  sauvages,  on  constate  généralement  un  respect 
superstitieux  des  morts  et  des  tombeaux,  allant  jusqu'à  la 
terreur,  et,  chez  les  peuplades  sauvages  converties  à  la  religion 
musulmane  règne  un  dédain  marqué  pour  tout  ce  qui  rappelle 
les  temps  antérieurs  à  leur  conversion.  L'acte  de  ce  Warsingali 
nous  paraîtrait  donc  inexplicable,  si  en  déposant  sa  femme  dans 
une  vieille  sépulture,  il  n'avait  pas  obéi  précisément  aux  sen- 
timents de  l'amour  de  la  tribu  et  de  la  famille.  Son  cœur  se 
serait  soulevé  à  l'idée  de  placer  les  restes  de  son  épouse  sur 
les  ossements  d'étrangers,  qui  étaient  de  plus  des  mécréants. 

Nous  rapprochons  ces  indications,  relatives  à  des  pays  sépa- 
rés par  une  distance  de  mille  deux  cents  kilomètres,  à  vol 
d'oiseau,  mais  sansoser  en  tirer  une  conclusion  qui,  aujourd'hui, 
ne  serait  pas  scientifique.  Les  voyageurs  qui,  à  l'avenir,  par- 
courront le  pays  des  Habâb  et  celui  des  Çômali  Warsingali 
feront  bien  d'examiner  les  ossements  des  tombeaux  et  de  les 
'  comparer,  ainsi  que  les  bijoux  qui  y  sont  déposés,  à  ceux  des 
Ilmorma  et  des  Çômâli.  On  déterminera  ainsi  à  laquelle  des 
deux  races  remontent  ces  curieuses  sépultures-  Rappelons, 
quant  à  présent,  les  conclusions  positives  -de  Mariette-Bey, 
d'après  lesquelles  les  Çômâli  étaient  déjà,  il  y  a  trois  mille  six 
cents  ans,  les  habitants  de  la  côte  où  on  trouve  aujourd'hui 
les  Çômâli  Warsingali. 

C'est  avec  une  vive  satisfaction  que  nous  enregistrons  ici  le 
travail  d'un  voyageur  moscovite,  M.  le  docteur  Junker  (n®  180), 

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ETHIOPIE,  ETC.  115 

dont  le  Congrès  intornational  des  sciences  géographiques  de 
Paris  a  éveillé  la  vocation  pour  les  découvertes  en  Afrique.  Le 
docteur  Junker  connaissait  déjà  la  Tunisie  ;  il  avait  fait  une 
pointe  dans  le  désert  de  Libye  aux  lacs  de  Natron,  et  voulait 
explorer  le  Fôr.  Mais  le  moment  n'était  pas  propice,  et,  sur 
le  conseil  de  S.  E.  Isma'yl  Ayoûb  Pacha,  gouverneur  général 
du  Soudan  égyptien,  il  a  changé  ses  plans  et  choisi  les  mon- 
tagnes des  Noûba,  au  sud  du  Kordofân^  pour  s'y  livrer  à  des 
relèvements  précis,  à  des  observations  météorologiques  et,  par- 
dessus tout,  aux  recherches  zoologiques  qui  sont  sa  spécialité. 

Avec  un  instinct  de  voyageur-né,  le  docteur  Junker  a  pris, 
pour  se  rendre  chez  les  Noûba,  le  chemin  le  plus  intéressant, 
celui  qui  le  devait  mener  à  des  découvertes  à  quelques  kilo- 
mètres de  la  côte.  C'est  ainsi  que  la  première  partie  de  son 
voyage  au  pays  des  Noûba  précise  notre  connaissance  de  k 
vallée  du  khôr  Baraka,  qui  sert  de  frontière  aux  Benî  'Amer  et 
aux  Hadendoa. 

Parti  deT6-Kar  le  7  mars  1876,  M.  Junker  arriva  sur  le  Ba- 
raka, à  une  vingtaine  de  kilomètres  sud  du  poste  égyptien,  et 
il  le  remontaausud,  durant  seize  jours,  en  pays  inconnu,  jusqu  a 
Belaguenda.  Avec  les  halliers  de  tamarix  de  ses  bords  abrupts, 
le  khôr  Baraka  trace  une  ligne  de  verdure  foncée  d'abord 
sur  le  plateau  sablonneux,  puis  ensuite  dans  un  pays  monta« 
gneux.  Son  lit  est  formé  d'alluvions  de  sable  fin  et  blanc,  dont 
chaque  crue  périodique  augmente  la  quanlité*;  aussi  les  bras 
du  delta  du  Baraka  s'ensablent,  changent  de  place  d'année  en 
année,  et  il  ne  faut  pas  chercher  ailleurs  la  raison  de  ce  fait 
que  le  khôr  Baraka  n'est  plus  aujourd'hui  (en  apparence  du 
moins)  un  tributaire  de  la  mer  Rouge.  Les  puits  creusés  dans 
le  lit  du  Baraka  s'ensablent  comme  ceux  d'Ël-'Erg. 

A  mesure  qu'on  remonte  ce  khôr,  son  thalweg  se  creuse,  et 
bientôt  il  est  encaissé  dans  les  montagnes  ;  des  traces  de  pas 
et  des  excréments  d'éléphants  et  de  lions  indiquent  que  ce» 
animaux  fréquentent  la  vallée  du  Baraka,  tandis  qu'on  voit  les 
singes  gambader  sur  les  tamurix  enlacés  de  lianes. 

l^àmtE  G«0«R.  XV.  â^r^r^n]f> 

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114  AFRIQUE.  N»  168-202 

Dans  les  derniers  jours  du  voyage  sur  le  Baraka,  le  docteur 
Junker  remarque  que  les  sables  mouvants  reparaissent  en  quan- 
tités considérables  dans  la  vallée,  dont  il  faut  suivre  le  bord 
pour  éviter  de  marcher  dans  les  dunes.  A  Hademdemé,  le 
paysage  change  totalement  d*aspect;  la  forêt  de  tamarix  qui  au 
nord  de  ce  point  borde,  sur  une  épaisseur  de  100  mètres  à 
1000  mètres,  Tune  et  l'autre  des  berges,  cède  la  place  à  une 
forêt  de  Cucifera  Thebaica  (palmier  doûm)  et  d'icocw, 
dont  le  sol  est  couvert  de  hautes  herbes  luxuriantes.  VAdan" 
sonia  digitata  ou  baobab  commence  aussi  à  se  montrer* 

Nous  signalerons  dans  les  observations  géographiques  de 
M.  Junker  encore  un  fait  fort  intéressant.  Werner  Hunzinger 
et  Kinzelbach  avaient  indiqué  à  Doungouaz  (point  extrême  des 
voyages  d'alors)  de  petits  lacs  permanents.  En  réalité,  ces  lacs 
ne  sont  que  des  marigots  de  déversement  du  trop-plein  des 
eaux  du  fleuve.  Dès  que  cesse  la  crue  du  Baraka,  les  Benî  'Amer 
labourent  le  limon  apporté  par  l'inondation  ;  ils  sèment  et  ré- 
coltent du  dhoura',  et  font  ensuite  paître  à  leurs  troupeaux 
l'herbe  qui  pousse  dans  ces  dépressions  fertiles.  Les  marigots 
du  khôr  Baraka  commencent  à  plusieurs  marches  au  nord  de 
Belaguenda,  et  le  docteur  Junker  a  trouvé  au  mois  de  mars 
de  l'eau  dans  ces  premiers  marigots. 

Le  voyage  de  M.  Junker  est  l'un  de  ceux  sur  lesquels  nous 
reviendrons  lors  de  la  publication  de  sa  carte  du  cours  entier 
du  khôr  Baraka. 


§  3.  -—  L'eipédHion  italienne  du  marquis  Ântinori  vers  l'Afrique  équatoriale. 
Ses  pénibles  débuts  à  Zeîla'.  Son  arrivée  en  Ghôwa. 

La  Société  italienne  de  géographie,  voulant  prendre  part  à 
l'exploration  de  la  région  des  lacs  de  l'Afrique  équatoriale,  avait 
décidé,  en  .1875,  d'envoyer  une  expédition  dans  l'intérieur  par 
le  nord-est,  c'est-à-dire  par  une  voie  que  les  voyageurs  n'ont 
pas  encore  prise,  et  elle  avait  désigné  pour  chef  de  l'expédition 
un  voyageur  naturaliste,  le  marquis  Horace  Antinori,  qui  a 


yGoogk 


ETHIOPIE,  ETC.  115 

£dt  ses  preaTes  sur  le  haut  Nil  (voir  n<»  182  à  188).  Nous 
donnons  comme  un  témoignage  de  Tintérêt  que  litaiie  porte 
aux  découvertes  dans  Tintérieur  de  rAfriqne,  le  chiffre  des 
souscriptions  Tersées  en  Italie,  à  la  date  du  i*' novembre  1876, 
pour  faire  face  aux  dépenses  de  Texpédition;  les  souscriptions 
s'élevaient  alors  à  5  475  955  livres,  somme  énorme,  dont  l'in- 
térêt seul  suffirait  à  tous  les  besoins  de  nos  voyageurs  français 
dans  rAfrique  équatoriale  et^  dans  le  Sahara.  Zeïla',  port  de 
l'océan  Indien,  dans  le  pays  des  Çômâli,  était  le  point  de  départ 
de  l'expédition  qui  devait  suivre  ensuite  le  chemin  direct  vers  le 
Niyaiiza,  ou  lac  Victoria.  Gomme  toutes  les  autres  portes  de  l'E- 
thiopie, la  ville  de  Zeïla'  (Aoudhal  ou  Aouzhal,  dans  ]a  langue  du 
pays),  qui  fait  partie  de  l'empire  ottoman,  est  peuplée  de  musul« 
mans;  mais  elle  se  distingue,  sous  ce  rapport,  de  plusieurs  au- 
tres villes  du  littoral,  par  ce  fait  que  la  conversion  des  habitants 
de  Zeïla*  à  la  religion  de  Mohammed  est  fort  ancienne  :  dès  la 
première  moitié  du  treizième  siècle  Tislâm  était  la  religion  de 
Zeïla,  ainsi  que  nous  l'apprend  le  géographe  andalous  Ibn  Sa'ïd. 
Ce  côté  de  la  vie  politique  des  habitants  a  son  importance  au 
point  de  vue  des  voyages  en  pays  çômâli,  car  les  voyageurs 
sont  exposés  à  se  heurter  contre  le  fanatisme  qu'une  certaine 
secte  a  su  inspirer  à  la  race  çômâli.  Une  ville,  un  port,  où 
chaque  vendredi  le  crieur  public,  armé  d'un  bâton,  parcouK 
les  rues  en  menaçant  de  la  bastonnade  tout  individu  qui  négli- 
gera une  seule  des  cinq  prières  obligatoires,  est  un  point  de 
départ  dangereux  pour  des  voyageurs  qui  ne  sont  pas  musul- 
mans. Hais  de  tous  temps  la  moderne  Zeïla',  comme  l'antique 
AvalUis^  qu'elle  a  remplacée,  a  été  une  ville  très-commerçante^ 
un  rendez-vous  des  caravanes  de  l'intérieur,  et  par  conséquent 
un  voyageur  devait  être  tenté  par  les  facilités  que  donne  un 
courant  actif  de  relations  commerciales  extérieures.  Il  devait 
Têtre  surtout  par  la  certitude  de  commencer  ses  découvertes 

i.  Aoadhal  on  Aotizhal».  nom  çômâli  de  Zeila*,  est  prdbablemeut  celui  d'où 
étaient  dérivés  le  nom 'égyptien  Ahottar  ou  Aouhal,  le  nom  grecAi>aX(iTii;),etle 
nom  latin  Aval  (itis). 

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110  AFRIQUE.  N- 168-202 

en  sortant  des  murs  de  Zeïla'.  Le  projet  du  marquis  Antinori 
était  de  se  diriger  d'abord  sur  le  royaume  de  Chôwa ,  plus 
connu  chez  nous  sous  le  nom  de  Ghoa.  Or  le  chemin  de  Zeïla' 
au  Chôwa  passe  sur  le  territoire  de  la  tribu  çômâlie  des  'Isa, 
dont  les  membres  sont  des  brigands,  renommés  pour  leur  traî- 
trise. Ces  qualités  ont  quelque  peu  déteint  sur  les  citadins  de 

Zeïla*. 

L'expédition  italienne  comprend,  outre  son  chef,  M.  Chiarini, 
int^énieur,  et  le  capitaine  comte  Sébastien  Martini.  Elle  porte  à 
MinHihk  II,  roi  de  Chôwa,  des  présents  envoyés  par  S.  M.  le  roi 
d'Italie  Victor-Emmanuel,,  qui  est  dès  longtemps  entré  en  re- 
lations avec  le  souverain  de  Chôwa,  par  l'entremise  de  Mgr  Mas- 
saja,  missionnaire  fixé  dans  le  pays  depuis  trente  ans.  On 
avait  calculé  que  la  durée  de  l'expédition  serait  de  quatre 
années,  et  qu'une  somme  de  100  000  francs  était  nécessaire 
pour  subvenir  à  ces  dépenses.  La  souscription,  ouverte  en 
Italie,  dépassa  en  peu  de  temps  celte  somme.  Pour  le  dire  eu 
passant,  c'est  à  la  fois  une  preuve  de  libéralité  éclairée  de  la 
part  du  public  italien  et  un  indice  du  mouvement  qui  se  ma- 
nifeste en  Europe  pour  les  explorations  africaines. 

Arrivé  à  'Aden,  le  25  mars  1876,  le  marquis  Antinori  apprit 
de  fâcheuses  nouvelles  du  pays  où  il  voulait  pénétrer.  Le  che- 
min de  Zeïla'  au  Chôwa  n'était  pas  sûr,  et  tout  le  pays  était 
agité;  cependant,  comme  on  attendait  à  Zeïla'  une  caravane 
d'Angobar,  capitale  du  Chôwa,  l'expédition  se  transporta  à 
Zeïla',  afin  d'être  plus  sûrement  renseignée,  et  de  profiter,  si 
possible,  du  retour  de  la  caravane  pour  marcher  de  conserve 
avec  elle. 

Le  capitaine  Martini,  qui  avait  précédé  à  'Aden  l'expédition 
italienne,  s'était  déjà  rendu  à  Zeïla',  où  il  avait  consacré  près 
d'un  mois  de  séjour  à  des  études  intéressantes  que  nous  résu- 
merons ici. 

Zeïla'  est  située  sur  un  promontoire  sablonneux,  dans  une 
baie.  Sa  rade  est  très-dangereuse  pour  les  navigateurs,  à  cause 
des  nombieux  bancs  de  sable  qui  s'avancent  à  20  milles  en 

r 

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ETHIOPIE,  ETC.  117 

mer.  Cette  ville  était  autrefois  la  capitale  des  Ad  'Alî  ;  en  i  510 
elle  fut  conquise  par  Kansou,  sultan  mamelouk  d'Egypte,  et 
depuis  lors  elle  n'a  pas  cessé  d'être  une  dépendance  de  l'Egypte, 
puis  de  la  Turquie,  pour  revenir  à  la  première  il  y  a  un  an  et 
demi.  Les  rapports  politiqties  de  Zeïla'  avec  TÉgypte  n'étaient 
pourtant  pas  tout  à  fait  ceux  d'une  simple  province  à  l'égard 
de  la  métropole.  Zeïla'  avait  ses  princes  (émir),  qui  recevaient 
l'investiture,  et  l'émîr  actuel,  Aboû  Beker,  perçoit  les  revenus 
et  exerce  l'autorité  sans  autre  obligation  que  de  payer  chaque 
année  un  tribut  au  khédive. 

L'ancienne  capitale  des  Ad  'Alî  a  beiaucoup  perdu  de  son  im- 
portance ;  elle  est  même  en  pleine  décadence.  On  n'y  compte 
plus  qu'une  dizaine  de  maisons  mal  construites  en  matériaux 
madréi>oriques,  et  de  trois  cents  à  quatre  cents  cabanes  habi- 
tées par  des  Sômâli  et  des  Ad  'Alî. 

Les  renseignements  que  M.  Martini  avait  obtenus  sur  l'émîr 
Aboû  Beker  le  peignaient  comme  devant  être  hostile  aux  projets 
de  la  mission  italienne,  et  aux  Européens  en  général  ;  il  fut 
poli  et  bienveillant  en  apparence,  mais  fit  entrevoir  mille  dif- 
ficultés, et  souleva  beaucoup  d'objections  au  voyage  vers  le 
Chôwa.  Quant  aux  habitants  de  la  campagne  autour  de  Zeïla', 
voici  ce  que  dit  le  voyageur*  au  sujet  des  deux  tribus  qu'il  a 
visitées  : 

J'ai,  en  réalité,  trouvé  un  bon  accueil  auprès  de  ces  sauvages, 
nobles  autant  que  fiers;  ils  sont  imposants  de  manières  et  d'aspect.  Ils 
m'ont  donné  Thospitalité  ;  ils  m'ont  accompagné  dans  mes  excursions 
et  à  la  chasse  ;  et,  peu  à  peu,  ils  m'ont  inspiré  une  grande  con- 
fiance. 

Les  armes  de  ces  indigènes  consistent  en  une  lance,  un  couteau 
recourbé,  et  un  bouclier  généralement  en  peau  d'hippopotame;  ils 
s'en  servent  avec  une  adresse  merveilleuse.  Leurs  femmes  sont  d'un 
type  assez  beau  ;  elles  ont  les  traits  réguliers  et  une  rare  perfection  de 
formes.  La  chasse  est  abondante  dans  ces  campagnes,  où  j'ai  ren- 
contré une  grande  variété  de  gazelles,  de  sangliers,  de  lièvres,  de 
francolins,  de  cailles,  de  tourterelles,  une  foule  d'animaux  de  toute 

-    *  IlGiomaJe  délie  Colonie  et  Explorateur,  n«  76,  p.  80.] 

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118  AFRIQUE.  N*«  168-202 

espèce  et  de  UixAe»  couleurs,  sans  compter  les  singes,  les  chacals  et 
les  renards. 

Le  capitaine  Martini  ne  précise  pas  ici  à  quelle  race 
appartiennent  les  indigènes  des  environs  de  Zeïla'  auxquels  se 
rapportent  ces  observations,  on  peut  penser  qu'il  s'agit  de 
Çdmâli,  car  Zeïla'  est  au  sud  de  la  baie  de  Toujourra,  qui 
marque  la  frontière  naturelle  entre  les  Ad  'Ali,  du  coté  nord, 
et  les  tribus  çômâlies,  du  côté  sud. 

.  L'expédition  italienne  tout  entière  ne  partit  de  'Aden  que 
le  2  mai  1876.  A  peine  débarquée  à  Zeïla',  elle  s'occupa  de 
réuair  les  hommes  et  les  chameaux  qui  devaient  la  conduire 
en  Ghôwa.  Ce  n'est  qu'au  prix  de  sacrifices  énormes,  et  en  sur- 
montant des  difficultés  sans  nombre  qu'elle  parvint  à  s'assurer 
de  cinquante  chameaux,  cinq  mulets  et  deux  chevaux.  La 
caravane  étant  ainsi  formée,  le  frère  et  le  fils  de  l'émir  de 
Zeïla*  s'offrirent  pour  lui  servir  de  guides.  Le  départ,  toute- 
fois, ne  put  avoir  lieu  que  le  17  mai.  Une  fois  le  masquo 
tombé,  le  marquis  Ântinori  avait,  en  effet,  trouvé  dans  Aboû 
Beker  un  fanatique  inhospitalier.  L'émir  de  Zeïla'  appartient 
à  rÉglise  chafa'ïte,  l'une  des  deux  églises  musulmanes  qui 
contribuèrent  à  faire  éclore  la  manifestation  la  plus  fana- 
tique de  l'islâu),  la  secte  wahhâbite.  11  se  montra  tout  à  fait 
malveillant ,  refusa  des  tentes  à  la  mission  italienne,  la  força 
de  camper  sans  abri  sous  le  soleil  brûlant  des  tropiques,  et 
la  rançonna  durement  ;  les  habitants,  de  leur  côté,  profitèrent 
d'une  courte  absence  du  marquis  Antinori,  endoctrinèrent  si 
bien  les  chameliers  engagés,  que  ceux-ci  désertèrent,  emme- 
nant avec  eux  plusieurs  des  chameamc  et  partie  des  bagages 
de  la  mission.  Entre  temps,  une  caravane  que  l'émîr  envoyait 
au  roi  Min-Hilik,  et  avec  laquelle  on  aurait  pu  faire  route,  avait 
pris  les  devants  ;  d'autre  part,  on  entrait  dans  la  saison  des 
pluiea  tropicales,  pendant  laquelle  le  passage  de  la  rivière 
Awâch,  qui  forme  la  frontière  de  Ghôwa,  devient  très-dange- 
reux. 

Bien  que  Fémir  Aboû  Beker  soit  nominalement  un  fonction* 

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ETHIOPIE,  ETa  119 

naire  égyptien,  il  est  évident  qu'il  a  agi  en  cette  circonstance 
de  sa  propre  autorité,  comme  s'il  eût  été  le  prince  presque 
indépendant  d'autrefois.  Sa  conduite,  exclusive  jusqu'à  la  per- 
sécution, a  été  le  résultat  d'une  politique  toute  locale;  c'est 
un  reflet  de  la  doctrine  du  cheikh  Es-Senoûsi,qui  a  trouvé  tant 
d'adhérents  dans  toute  l'Afrique  musulmane.  La  conduite  de 
l'émîr  Aboû  Beker  et  des  Çômâli  de  Zeïla',  à  l'égard  du  mar- 
quis Antinori,  a  été  le  pendant  de  celle  des  Çômâli  de  Bardera, 
à  l'égard  du  baron  Von  der  Decken  et  de  ses  compagnons. 

L'expédition  italienne  cependant  surmonta  tous  les  obsta- 
cles, et  après  une  attente  de  plus  de  deux  mois,  elle  put  enfin 
commencer  son  voyage.  La  route  suivie  est  si  peu  connue  que 
nos  cartes  ne  portent  pas  encore  le  nom  de  la  station  d'Ada- 
galla,  où  le  marquis  Antinori  a  rencontré  des  officiers  égyp- 
tiens appartenant  à  la  garnison  de  Herèr.  Cette  route  passe 
au  nord  de  la  position  de  Herèr,  et  le  télégramme,  daté 
du  Caire,  qui  a  annoncé  à  Borne  cette  rencontre,  indique 
seulement  qu*AdagalIa  est  à  quatre  marches  d'Angobar,  capi- 
tale du  Chôwa.  On  ne  connaissait  pas  mieux  le  nom  des  Akouba 
'Aîssa,  tribu  qui  fit  un  accueil  cordial  à  la  mission  italienne. 
On  comprend,  dès  lors,  l'importance  du  voyage,  et  il  est  à  sou- 
haiter que  les  travaux  du  marquis  Antinori  et  de  ses  compa- 
gnons n'aient  pas  été  seulement  géographiques.  Puissent-ils 
nous  éclairer  aussi  sur  les  volcans  que  Bochet  dHéricourt a 
indiqués  sur  la  carte  de  son  voyage  à  Angobar  en  1842. 

Une  dépêche  de  'Aden,  en  date  du  19  novembre  1876,  an- 
nonce que  l'expédition  italienne  avait  réussi  à  atteindre,  en 
bonne  santé,  un  point  du  Chôwa  où  cessaient  tous  les  dangers 
sur  le  restant  du  chemin  jusqu'à  la  capitale. 

Ceux  qui  s'intéressent  au  progrès  de  nos  connaissances  géogra- 
phiques souhaitent,  avec  nous,  que  la  mission  italienne,  bien 
accueillie  à  la  cour  chrétienne  d'Angobar,  qui  est  depuis  long- 
temps amie  de  la  France,  trouve  des  facilités  pour  continuer 
sa  marche  vers  le  Niyanza.  Des  observations  bien  faites  sur  un 
itinéraire  d'Angobar  à  la  baie  Baringo  du  Niyanza  ou  lac  Vic- 

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120  AFRIQUE.  K<"  168-202 

toria  auraient  un  intérêt  capital,  soit  que  Fitinéraire  looge  le 
versant  ouest  de  la  chaîne  de  hautes  montagnes  neigeuses  qui 
paraît  continuer  le  plateau  éthiopien  jusqu'au  Kilima-Ndjâro, 
soit  qu'il  traverse  plus  à  Touest  le  pays  de  Kaffa,  où  H.  An- 
toine d'Âbbadie  a  arrêté  la  chaîue  des  triangles  dont  il  a  cou- 
vert la  haute  Ethiopie.  Dan^  ce  dernier  cas,  le  marquis  Antinori 
pourra  préciser  le  tracé  du  cours  de  la  rivière  Gôjab,  et  de  tant 
d'autres  tributaires  encore  inconnus  du  bassin  du  Nil. 

§  4.  —  U  relation  du  voyage  de  M.  Haggenmacher  dans  le  pays  des  Çômftli 
en  1874. 

Les  récentes  explorations  militaires  des  Egyptiens  dans  les 
pays  des  Ad  'Alî  et  des  Çômâli  avaient  été  précédées  par  un 
voyage  d'exploration  pacifique,  entrepris  avec  le  concours  du 
gouvernement  égyptien,  et  dont  les  résultats  n'ont  été  publiés 
qu'en  1876  (n°  199).  Nous  allons  les  passer  en  revue. 

L'objet  principal  pour  lequel  M.  Haggenmacher  entrepit  ce 
voyage,  qui,  malgré  sa  courte  durée  et  son  insuccès,  n'en  comp- 
tera pas  moins  comme  un  voynge  de  découvertes,  était  d'essayer 
d'explorer  le  fleuve  Wobi,  le  plus  grand  et  le  seul  navigable 
des  cours  d'eau  qui  arrosent  l'intérieur  de  ce  que  les  anciens 
appelaient  le  Promontoire  des  Aromates.  Le  Wobi  naît  un  peu 
au  sud  de  Gouragué,  peut-être  même  dans  le  lac  de  Gouragué, 
et  coule  au  sud-est,  traversant  la  partie  est  du  royaume 
d'Aroussi,  et  partageant  en  deux  la  province  d'Annya.  Arrivé 
au  versant  nord  des  chaînes  de  montagnes  parallèles  à  la  cote 
de  l'océan  Indien,  il  se  détourne  au  nord-est,  longeant  ce 
versant,  et,  après  avoir  arrosé  les  territoires  d'Ogadêu  et  de 
|{ahn  Ween,  il  se  perd  dans  un  lac,  derrière  la  chaîne  côtière, 
en  face  du  port  de  Barawa.  Ce  fleuve  reçoit  le  Touk  *  de 
Djered  et  le  Touk  de  Fafan,  qui  ont  leurs  sources  :  le  pre- 
mier, à  l'ouest  de  Herèr,  le  second  à  Etto,  dans  le  [nord-est 


1.  Dans  la  langue  des  Çdmftli  le  mol  touk  a  le  sens  de  :  rivière  ayant  de 
l'eau  courante  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année. 


yGoogk 


ETHIOPIE,  ETC.  121 

de  cette  ville,  et  qui,  arriyés  à  Fafan,  au  milieu  du  pays 
d'Ogadêa,  se  réunissent  sous  je  simple  nom  de  Touk  avant  d'ap- 
porter au  Wobi  les  eaux  que  les  pluies  déversent  sur  les  mon- 
tagnes d'Oborro,  d'Ëtto,  d'Annya,  du  Guédéboursi,  du  Guéri,  du 
Bartera  et  du  pays  des  limorma  (vulgairement  appelés  Gallas). 
Bref,  le  Wobi  reçoit  toutes  les  rivières  qui  descendent  de  la 
partie  est  du  plateau  des  Ilmorma,  et  du  versant  sud  de  la 
chaîne  de  montagnes  à  Fintérieur  du  pays  des  çômâli.  Le  Wobi 
pourrait  être  utilisé  pour  la  navigation^  si  la  nature  lui  avait 
donné  un  débouché  sur  TOcéan.  Privé  comme  il  est  d'un  dé- 
bouché, il  ne  servirait  qu'à  faciliter  les  communications  à  l'in- 
térieur du  pays  ;  mais  étant  un  peuple  de  pasteurs,  les  Çomâli 
n'ont  même  pas  cherché  à  construire  des  bateaux.  Cependant 
la  pente  de  son  lit  est  douce  et,  au  moins  dans  la  partie  de  son 
cours  comprise  entre  Aoul  Tahen  et  le  Rahn  Ween,  il  ne  forme 
pas  de  cataractes.  D'innombrables  hippopotames,  crocodiles, 
tortues  et  poissons  vivent  dans  ses  eaux,  qui  sont  soumises  à 
une  crue  pendant  la  saison  des  pluies.  A  ce  moment  l'eau  du 
Wobi  devient  trouble  en  amont  de  TOgadên,  et  en  le  traversant 
elle  prend  plus  bas  une  couleur  sanguine  que  lui  donne  la  terre 
ocreusede  ce  canton.  Lorsque  après  l'inondation  le  Wobi  rentre 
dans  son  lit,  au  dire  des  habitants,  sa  largeur  à  Aoul  Yahen  ne 
serait  plus  que  d'une  demi-portée  de  fusil,  et  on  pourrait  en- 
voyer avec  une  fronde  une  pien'e  d'une  rive  à  l'autre,  quoique 
sa  profondeur  atteigne  encore  deux  mètres. 

Tel  est  en  résumé  ce  que  M.  Haggenmacher  a  pu  apprendre 
touchant  le  fleuve  Wobi,  que  les  circonstances  ne  lui  ont  pas 
permis  de  voir,  et  dont  il  nous  apporte  cependant  une  descrip- 
tion ainsi  qu'un  tracé  que  nous  accueillons  avec  reconnaissance, 
en  attendant  une  plus  grande  précision  dans  les  détails  qui  ne 
pourra  être  obtenu  qu'après  une  exploration  directe  de  ce  grand 
et  intéressant  cours  d'eau.  Les  péripéties  du  voyage  de  M.  Haggen- 
mâcher  sont  trop  instructives  pour  que  nous  ne  cherchions  pas 
à  les  retracer  ici;  elles  nous  montrent  la  race  çômâhe  fanatique, 
traîtresse  et  sanguinaire,  comme  on  l'avait  déjà  vu  dans  la 

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122  AFRIQUE.  N*  168-202 

plupart  des  rapports  qu'elle  a  eus  avec  les  Toyageurs  européens. 

Le  23  décembre  1875,  M.  Haggenmacher  était  déposé  à  Ber- 
bera  par  un  vapeur  égyptien.  En  entrant  dans  la  ville  il  ne  fut 
pas  surpris  de  voir  les  habitants,  qui  ont  une  mauvaise  renom- 
mée, tous  en  armes  et  avec  des  physionomies  empreintes  de 
malveillance.  A  peine  le  vaisseau  égyptien  s'était-il  éloigné  de 
la  plage,  que  le  pays,  relativement  tranquille  jusqu'alors,  Tnt 
troublé  par  des  combats  hors  des  Berbera  et  par  des  attaques 
fréquentes  jusque  dans  les  rues  de  la  ville.  M.  Haggenmacher 
dédaigna  même  les  avis,  donnés  par  quelques  habitants,  plus 
bienveillants  que  les  autres,  d'après  lesquels  il  aurait  dû 
renoncer  à  un  voyage,  diffidle  en  temps  ordinaires,  et  dange- 
reux alors,  vu  F  état  d'effervescence  des  esprits.  Il  réunit  des 
Çômâli  d'escorte,  faisant  trente-deux  hommes  avec  ses  propres 
serviteurs,  acheta  quinze  chameaux  qu'il  chargea  de  provisions 
d'étoffes,  de  verroteries  et  de  tabac,  se  fit  raser  complètement 
par  un  wodado  ou  prêtre  çômâli,  pour  ne  pas  blesser  les  sus- 
ceptibilités religieuses  ;  puis  il  se  mit  en  route. 

M.  Haggenmacher  avait  cru  bien  faire  en  se  confiant  à  la 
tribu  çômâlie  des  Bahawadla,  qui  habite  le  canton  d'Ogadcu, 
et  dont  il  avait  trouvé  des  représentants  à  Berbera;  mais  il  dut 
prendre  aussi  des  guides  de  la  tribu  de  Ber  Ahmed  Nôh  pour 
conduire  la  caravane  dans  la  première  partie  de  la  route,  et 
cette  circonstance  lui  causa  plus  tard  des  embarras.  Dans  les 
premiers  jours  de  marche,  il  rencontra  Hersi,  sultan  de 
la  grande  tribu  des  Habar  Yoûnis,  qui  le  prévint  que  les  Baha- 
wadla seraient  des  traîtres.  Peu  après  cet  incident,  M.  Haggen- 
macher ne  put  s'empêcher  de  remarquer  que  ses  Bahawadla 
tenaient  conseil  à  l'écart,  et  envoyaient  des  émissaires  à  Ber- 
bera ainsi  qu'en  Ogadên.  C'étaient  là,  pour  un  homme  pré- 
venu, des  symptômes  d'un  mauvais  augure. 

Il  traversa  une  plaine  déserte  qui  cesse  à  Hog,  endroit  au 
pied  de  la  chaîne  de  hauteurs  de  Margo,  parallèle  à  la  côte,  où 
on  commence  à  voir  des  euphorbes  et  des  asclépiadées.  La 
pintade  multiplie  énormément  dans  les  fourrés   que  forment 

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ETHIOPIE,  ETC.  125 

ces  plantes,  mais  les  Çômâli  ne  la  chassent  pas  ;  et  peut-être 
par  un  reste  des  vieilles  superstitions  païennes,  ils  ont  un  grand 
dégoût  pour  la  chair  de  cet  oiseau.  Les  montagnes,  la  chaîne 
de  Margo  ont  à  cause  de  leur  végétation  tropicale  un  caractère 
plus  heau  et  plus  riche  que  le  reste  du  pays,  et  il  est  à  remar- 
quer que  cette  observation  était  faite  au  mois  de  mars,  avant  le 
commencement  de  la  saison  des  pluies.  Au  khôr  Derelaï,  dans 
un  nouveau  conseil  tenu  entre  les  Bahawadla,  on  proposa  de 
tuer  H.  Haggenmacher  et  de  se  partager  ce  que  Ton  considérait 
déjà  cûinme  un  butin  acquis.  Par  bonheur  le  voyageur  ne  se 
méprit  pas  sur  le  but  de  la  réunion  ;  il  envoya  prier  deux 
hommes  influents  de  s'opposer  à  ce  que  la  proposition  fût 
adoptée,  en  leur  promettant  une  forte  récompense  s'ils  y  par- 
venaient, et  ayant  chargé  une  mule  des  objets  les  plus  essentiels, 
il  alla  se'cacher  dans  la  vallée  jusqu'à  ce  qu'on  vînt  lui  an- 
noncer qu'il  pouvait  être  tranquille.  Mais,  le  lendemain  au 
départ,  les  Bahawadla  firent  bande  à  part,  ce  qui  est  toujours 
un  indice  fâcheux  en  pareille  circonstance,  car  à  moins  d'une 
hostilité  marquée  entre  les  individus  qui  la  composent,  une 
caravane  marche  toujours  massée  dès  qu'elle  entre  dans  un 
territoire  où  la  sécurité  fait  défaut. 

M.  Haggenmacher  arriva  au  pied  de  la  deuxième  ligne  de 
montagnes,  qui  atteignent  leur  plus  grande  hauteur  dans  la 
chaîne  du  Chilmalé,  qu'on  doit  considérer  comme  un  prolon- 
gement sud-ouest  du  massif  d'Assa,  bien  qu'elle  soit  presque 
complètement  isolée  des  autres  montagnes.  La  chaîne  du  Chil- 
malé forme  la  séparation  de  deux  bassins  fluviaux,  nord  et  sud, 
et  en  même  temps  la  ligne  de  démarcation  des  territoires  appar- 
tenant aux  Habar  Guerliagui,  aux  Habar  Yoùnis  et  aux  Aya 
Deguela.  Son  sol,  très-pierreux,  est  pauvre  en  eau  ;  les  végétaux 
qui  y  poussent  ne  sont  guère  que  des  arbrisseaux  épineux  sur 
lesquels  les  troupeaux  de  moutons  et  de  chèvres  des  Gômâli, 
qui  sont  ici  exposés  aux  surprises  du  lion  et  du  léopard,  ne 
trouvent  qu'une  maigre  pitance.  Le  voyageur  fit  l'ascension 
d'un  des  sommets  peu  importants  de  la  chaîne»  le  mont  Do- 

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124  AFRIQUE.  .    M- 159-202 

bojn,  sur  lequel  il  trouva  des  morceaux  de  bois  pétrifié.  De^ 
cendant  ensuite  sur  le  yersanl  opposé  par  le  vallon  de  Hed*Hed*, 
il  se  trouva,  à  Ganzah,  au  commencement  du  plateau  3gs 
Çômâli,  qui  continue  sans  interruption  jusqu'au  ô®  de  latitude. 
Ce  plateau  a  un  sol  composé  d'une  terre  ocreuse,  de  couleur 
rouge,  et  fertile,  où  la  végétation  est  luxuriante  par  endroits  ; 
mais  en  été  la  chaleur  y  est  très-forte,  et  Teau  très-rare.  Pendant 
les  pluies  le  terrain  détrempé  donne  naissance  à  des  myriades 
de  moustiques,  et  exhale  des  miasmes  qui  engendrent  des  fièvres 
dangereuses.  —  Déjà  à  ce  point  de  l'itinéraire  le  fanatisme  reli- 
gieux des  habitants  se  manifesta,  mais  il  fut  combattu  par  un 
membre  du  clergé,  moins  entiché  de  préjugés  que  les  autres, 
qui  lut  en  public  une  sourate  du  Coran,  recommandant  la 
tolérance  pour  les  chrétiens. 

La  plaine  de  Toyo  forme  le  commencement  du  plateau 
intérieur  ;  on  n'y  voit  ni  arbres  ni  arbustes,  mais  l'herbe 
coriace  qui  la  couvre  donne  des  pâturages  excellents  pour  les 
innombrables  troupeaux  de  chameaux  et  même  de  vaches  et 
de  moutons  que  les  Çômâli  y  mènent  paître. 

En  arrivant  près  du  territoire  de  la  tribu  des  Habar  Yoûnis, 
M.  Haggenmacher  se  vit  aux  prises  avec  des  difficultés  qui 
lui  inspirèrent  des  craintes  pour  l'avenir.  11  eut  une  dispute 
avec  les  gens  de  Rer  Ahmed  Nôh,  qui  l'accompagnaient,  et 
lorsqu'il  les  congédia,  ceux-ci  lui  emmenèrent  deux  de  ses 
chameaux,  chargés  d'une  partie  de  ses  marchandises  et  de 
ses  provisions.  Cependant  les  Habar  Yoûnis,  au  milieu  des- 
quels il  se  trouvait,  ne  se  montrèrent  pas  hostiles  au  premier 
abord.  Hersi  Aman,  un  des  chefs  djBs  Rer  Soultân,  fraction  des 
Ayâl  SougouUa,.  qui  sont  une  tribu  des  Habar  Yoûnis,  offrit 
même  sa  fille  en  mariage  à  M.  Haggenmacher  :  fait  qui  paraîtra 
inexplicable  à  ceux  qui  connaissent  la  loi  mulsumane,  et  qui 
ont  présent  dans  l'esprit  le  fanatisme  outré  par  lequel  les 
Çômâli  se  sont  fait  remarquer  jusqu'ici. 

En  sortant  de  la  plaine  de  Toyo,  on  entra  dans  une  autie 
plaine  de  bons  pâturages,  où  la  vue  était  bornée,  à  l'horizon 

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ETHIOPIE,  ETC.  i25 

sud,  par  des  terrains  boisés  qui  marquent  le  tracé  du  Touk  de 
Fafan.  C'est  à  partir  d*ici  que,  seuls,  les  Bahawadla  devaient 
être  les  guides  et  compagnons  de  Haggenmacher.  G*eux  d'en- 
tre eux  qu'on  lui  présenta  comme  guides  demandèrent  un 
salaire  exorbitant,  et  refusèrent  de. prêter  le  serment  de  fidé- 
lité,  que  les  Çômâli  respectent  généralement,  et  qui,  à  en 
juger  par  son  cérémonial,  doit  être  une   vieille  coutume, 
liée  à  leurs  croyances  anté-islamiques.  Celui  qui  le   prête 
donne  une  tape  dans  la  main  et  fiche  ses  lances  en  terre. 
Un  seul  guide,  se  ravisant,  vint  trouver  M.  Haggenmacher 
pendant  la  nuit;  à  Tinsu  des  autres,  et  s'engagea  à  le  con< 
duire  et  à  le  protéger  jusque  sur  les  bords  du  Wobi,  chez 
les  Aoul  Yahen.  Le  lendemain,  tous  les  Bahawadla  réunis 
tinrent  un  conseil  dans  lequel  ils  se  montrèrent  moins  opposés 
au  projet  du  voyageur,  mais  ils  refusèrent,  après  comme  avant, 
de  prendre  un  engagement  solennel  par  serment,  alléguant 
que  ce  serait  une  formalité  inutile.  Des  difficultés  énormes 
surgirent  à  ce  moment.  Les  Rer  Hâroûn,  qui  sont  une  des 
Iribus  de  TOgadèn,  avaient  réuni  trois  cents  guerriers  pour 
attaquer  M.  Haggenmacher,  et  afin  de  se  ménager  des  intelli- 
gences dans  son  propre  camp,  ils  y  envoyèrent  trois  wodado  ou 
prêtres,  qui  arrivaient  de  la  Mekke,  avec  mission  d'espionner 
le  voyageur  et  d'ameuter  ses  gens  contre  lui.  Sur  ces  entre- 
faites, une  troupe  de  cavaliers  des  Âya  Deguela   arriva  au 
galop.  H.  Haggenmacher  vit  alors  dans  quelle  mesure  il  pour- 
rait compter  sur  le  concours  de  ces  prétendus  amis.  Tous, 
sauf  trois,  prirent  la  fuite,  et  les  cavaliers  ennemis,  après  avoir 
donné  à  leurs  chevaux  toute  la  provision  d'eau  qu'ils  trouvè- 
rent dans  le  camp,  enlevèrent  les  ballots  de  marchandises  et 
les  vivres.  Hersi  Soultân  survint  heureusement  à  la  tête  de  ses 
cavaliers,  et  il  put  faire  rendre  à  l'ennemi  la  moitié  de  son 
butin.  Ceci  n'était  que  le  prélude  d'une  bataille  à  laquelle 
assista  M.  Haggenmacher.  Tandis  que  les  fantassins  de  Hersi 
Soultân  attaquaient  les  Aya  Deguela,  ses  cavaliers  se  répandi- 
rent dans  la  plaine  pour  s'emparer  des  troupeaux  de  l'ennemi. 

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i26  AFRIQUE.  N»*  16^-202 

Le  combat  s'engagea  à  coups  de  lance,  et  devint  bientôt  une 
véritable  boucherie  qui,  à  la  nuit  tombante,  se  termina  par 
la  défaite  des  Âyà  Deguela.  Mais  H.  Haggenmacher  comprit 
aussitôt  quel  peu  de  fond  il  pouvait  faire  sur  ses  protecteurs  ; 
tout  en  poursuivant  les  Aya  Deguela,  ceux-ci  pillèrent  les 
marchandises  du  voyageur,  et,  lorsqu'ils  revinrent  vainqueurs, 
ramenant  beaucoup  de  blessés,  mais  aussi  dix  mille  chameaux 
pris  àTennemi,  ils  exigèrent  que  M.  Haggenmacher  leur  fît  des 
présents  pour  récompenser  leur  belle  conduite,  et  le  voyageur 
et  ses  trois  fidèles  furent  forcés  de  montrer  les  canons  de 
leurs  fusils  à  Tentrée  de  la  tente  afin  de  les  empêcher  d*y 
pénétrer  et  de  piller  ce  qui  lui  restait. 

Dans  une  circonstance  aussi  critique,  M.  Haggenmacher 
estima  qu*il  n'avait  d'autre  chance  de  salut  que  de  fuir  rapide- 
ment vers  Test.  11  partit  avec  quatre  hommes  et  se  jeta  dans 
un  bois,  d'où  on  découvre  une  grande  partie  de  la  plaine  de 
Toyo.  Les  Habar  Yoûnis  avaient  fait  occuper  par  des  détache- 
ments de  leur  troupe  les  puits  des  Aya  Deguela  afin  d'empê- 
cher une  attaque  de  leur  part,  et  cette  mesure  assura  le  voyage 
de  retour.  En  arrivant  au  lieu  de  campement  de  sa  première 
marche,  M.  Haggenmacher  y  trouva  Hersi  Soultân  et  ses  anciens 
compagnons.  On  tint  conseil  et  on  décida  que  M.  Haggenmacher 
n'irait  pas  plus  loin  dans  la  direction  du  Wobi,  et  qu'on  le 
conduirait  par  le  chemin  de  libaheli,  à  Woro  Houmo,  dans 
le  pays  des  Umorma. 

Après  s'être  vu  exposé  à  des  demandes  de  cadeaux  sans 
cesse  répétées,  après  avoir  assisté  à  un  commencement  d'atta- 
que des  gens  de  Hersi  Soultân  sur  ses  propres  hommes,  atta- 
que dirigée  dans  le  but  d'extorquer  au  voyageur  des  vivres  et 
des  cadeaux,  H.  Haggenmacher  reçut  la  visite.de  Hersi  Soultân 
lui-même,  accompagné  de  deux  chefs.  Événement  imjHrévu!  le 
roi  des  Çômâli  Habar  Yoûnis  venait  déclarer  à  M.  Haggenmacher 
qu'il  désirait  faire  sa  soumission  à  l'Egypte,  et  qu'il  ne  deman- 
dait au  khédive,  en  échange  de  son  hommage,  que  les  moyens 
de  maintenir  l'ordre  dans  le  pays,  et  d'y  mettre  un  terme  aux 

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ÈTHIOPIB,  ETC.  127 

▼ois  et  aux  assassinats  qui  s*y  commettent  journellement* 
Hersi  Soultân  voulait  enfin  que  son  peuple  pût  jouir  de  la  paix. 
De  son  côté,  Hersi  Aman,  autre  chef  des  Rer  Soultin,  arriva  ; 
il  afîecta  de  se  montrer  beaucoup  plus  bienveillant  qu'aupara- 
vant. Il  déclara  à  M.  Haggenmacher  qu  après  une  discussion,  en 
conseil,  les  Bahawadla  avaient  décidé  qu'on  le  considérerait 
comme  un  membre  de  la  tribu,  et  qu'il  pouvait  rester  sans 
crainte  dans  leur  paya,  mais  que  les  Bahawadla  attendaient  de 
lui  une  lettre  de  sûreté  qui  leur  servirait  de  protection  à 
Berbera,  et  enfin  quelques  provisions  en  cadeaux.  M.  Haggenma- 
cher consentit  à  leur  donner  la  lettre  demandée,  mais  il  exposa 
que  ses  propres  provisions  avaient  trop  diminué,  pour  qu'il 
pût  songer  à  en  rien  distraire.  Les  Bahawadla  mécontents 
prirent,  vis-à  vis  des  gens  du  voyageur,  une  attitude  qui 
amena  presque  la  lutte  à  main  armée.  D'autres  Çômâli, 
comme  pour  montrer  au  voyageur  qu'il  est  entièrement  à  la 
merci  de  l'habitant,  vinrent  lui  demander  de  leur  prêter  des 
chameaux,  et  sur  son  refus,  les  emmenèrent  de  force. 

Enfin  le  moment  du  départ  arriva.  On  prit  le  chemin  par 
lequel  on  était  venu,  en  suivant  le  Dob  Weena  qui  coule  à 
Test-sud-est,  au  pied  nord  du  Bor  Dap,  dans  le  pays  des  Toi 
Bahanta,  puis  tourne  ensuite  au  sud  et  se  perd  dans  les  plai- 
ne$.  Chemin  faisant,  un  lion  bondit  sur  la  caravane,  mit  les 
chameaux  en  fuite,  et  ceux-ci  jetèrent  leurs  charges.  La  boite 
à  alcool  contenant  la  collection  d'insectes  de  H.  Haggenmacher, 
ainsi  que  son  herbier,  furent  détruits.  En  un  instant  il  avait 
perdu  la  récolte  de  trente  jours  ! 

Après  avoir  passé  le  khôr  Mousenga,  il  arriva  au  pi!ed  du 
Debah  Heurired,  l'un  des  sommets  du  massif  du.  Chilmalé.  Du 
haut  de  cette  montagne  la  vue  s'étend  sur  les  monts  chauves 
du  Worsemo  Hèt,  du  Kormo  Goreyo  et  du  Dob  Ter.  H.  Haggen- 
macher fit  aussi  l'ascension  d'une  autre  montagne  de  la  même 
chaîne,  le  Goudki,  au  faîte  duquel  il  trouva  des  ruines,  ex- 
trêmement intéressantes,  ne  serait-ce  que  par  cette  con- 
sidération que  les  habitants  actuels  de  toute  la  contrée  ne 

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128  AFRIQUE.  N-  468-202 

connaissent  pas  du  tout  l'art  de  bâtir,  ni  même  celui  de  tailler 
la  pierre. 

Les  ruines,  au  haut  du  montGoudki,  sont  assez  nombreuses. 
On  y  remarque  une  grande  salle,  taillée  dans  le  roc,  qui  mesure 
vingt  mètres  de  longueur  sur  dix  mètres  de  largeur.  A  l'extré- 
mité nord  de  cette  salle  est  un  banc  de  pierre  au-dessus  duquel 
on  a  percé  des  trous,  les  uns  grands,  les  autres  petits.  L'entrée 
est  assez  grande;  on  l'emarque  sur  ses  bords  des  rainures  qui 
ont  dû  être  destinées  à  recevoir  une  porte.  Le  plafond  de  la 
salle  est  voûté.  Partout  on  reconnaît  les  traces  de  coups  de 
maillet,  qui  indiquent  de  quel  instrument  on  s'est  servi.  Non 
loin  de  cette  salle,  M.  Haggenmacher  découvrit  des  tombeaux, 
hauts  de  dix  mètres  et  construits  sur  le  même  modèle  que 
ceux  qu'on  rencontre  fréquemment  sur  la  côte  est  de  la  mer 
Rouge.  Les  murs  de  ces  tombeaux  avaient  été  jadis  blanchis  à 
la  chaux. 

Les  Çômâli  affirmèrent  à  M.  Haggenmacher  qu'il  y  a  une 
autre  ruine  importante  sur  le  sommet  verdoyant  et  abondam- 
ment arrosé  du  Gan  Libah,  haut  de  2895  mètres,  qui  forme 
le  point  culminant  de  la  deuxième  chaîne  de  montagnes  paral- 
lèles à  la  côte.  Enfin,  il  faut  apparemment  rattacher  à  ces 
monuments  des  réservoirs  grandioses  dont  les  uns  sont  con- 
struits avec  des  pierres,  et  les  autres  taillés  dans  le  roc,  et  qui 
contiennent  assez  d'eau  après  la  saison  des  pluies  pour  suffire 
à  abreuver  les  nombreux  troupeaux,  pendant  cinq  mois,  et 
même  pendant  six  mois. 

  Onounouf,  sur  la  frontière  du  territoire  des  Âya  Deguela, 
M.  Haggenmacher  apprit  que  la  route  du  pays  des  Ilmorma 
était  fermée  pour  le  moment.  Ici  ou  est  à  proximité  des  hautes 
montagnes,  et  un  vent  qui  balaye  ses  sommets  descend  glacé 
sur  l'habitant  de  la  plaine.  Une  exploration  du  Gan  Libah 
promettait  d'être  très-fructueuse  pour  la  géographie  et  pour 
les  sciences  naturelles  ;  aussi,  malgré  des  symptômes  de  tra- 
hison qui  n'échappaient  pas  à  M.  Haggenmacher,  fit-il  conti- 
nuer la  marche  dans  la  direction  de  cette  haute  montagne. 

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ETHIOPIE,  ETC.  129 

Hais  de  mauvaises  nouTelles  arrivèrent,  et  la  caravane  s'ar- 
rêta au  moment  où  la  guerre  éclatait  entre  les  tribus  çômâ- 
lies.  Après  un  combat  sanglant ^  les  compagnons  de  M.  Hag- 
geninacher  décidèrent  qu'il   serait  éloigné  du  théâtre  de  la 
lutte,  et  acheminé  sur  Berbera.  Avant  que  cette  décision  eût 
pu  être  exécutée,  le  camp  fut  assiégé,  et  le  combat  se  prolongea 
pendant  toute  la  nuit.  Les  deux  partis  ennemis  comptaient 
des  partisans  dans  la  caravane  du  voyageur.  M.  Haggenmacher 
jugea  la  situation  désespérée,  il  écrivit  une  lettre  à  sa  femme, 
et  une  autre  à  Munzinger  Pacha,  et  les  confia  à  un  garçon  qui 
alla  se  cacher  dans  le  bois  pour  être  prêt  à  tout  événement. 
Le  lendemain,  les  Çômâli  de  Tescorte  qui  avaient  la  victoire 
ramenèrent  les  chameaux.  Mais  surexcités  par  la  lutte,  ils 
vinrent  à  la  cabane  de  M.  Haggenmacher,  et  y  jetèrent  leurs 
lances  pour  en  forcer  l'entrée  ;  une  de  ces  lances  transperça 
la  main  du  domestique  éthiopien  chrétien  de  M.  Haggenmacher. 
Une  dernière  tentative  faite  pour  gravir  le  Gan  Libah  resta 
infructueuse,  de  sorte  que  le  voyageur  n'eut  plus  qu'à  revenir 
sur  Berbera.  Il  passa  par  Lehelaou,  et  admira  plus  ]oin,  dans 
les  montagnes  d*Assa,  une  végétation  aussi  belle  que  celle 
des  paysages  de  TÉthiopie  propre.  C'est  là  qu'il  trouva  une 
colonie  des  Rer  Aynaché,  composée  exclusivement  de  femmes. 
Enfin,  avant   d'arriver  au  confluent  du  Djerato  Yer  et  du 
Djerato  Ween,  il  observa  des  traces  d'éléphant. 

En  approchant  de  Berbera,  M.  Haggenmacher  rencontra 
quarante  hommes  que  Radouân  Bey,  gouverneur  de  Berbera, 
avait  envoyés  pour  recueillir  ses  papiers,  car  le  bruit  de  la 
mort  de  M.  Haggenmacher  courait  dans,  tout  le  pays.  Quarante 
jours  après  son  départ  de  la  côte,  M.  Haggenmacher  rentrait  à 
Berbera. 

U  rapportait  de  précieuses  observations  tant  sur  le  pays  que 
sur  son  climat,  ses  productions  et  ses  habitants,  qui  ont  été 
puMiées  à  Golha,  et  parmi  lesquelles  nous  ne  pouvons  qu'ef- 
fleurer celles  qui  donnent  lu  description  du  pays  oit  il  a  voyagé, 
et  qui  précisent  les  traits  caractéristiques  du  climat.  Le  pays  à 

l'année  GÉOGB.  XV.  ^  , 

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130  AFRIQUE.  N- 168-202 

l'est  des  montagnes  des  Ilmorma  et  au  nord  du  fleuve  Wobi 
présente  l*aspect  d'un  plateau  qui  augmente  de  hauteur  à  par- 
tir de  la  côte  vers  l'intérieur.  La  côte  elle-même  ei^t  bordée 
d'une  ligne  de  petites  montagnes,  dont  la  hauteur  moyenne 
est  de  cinq  cents  mètres,  et  qui  dépasse  rarement  huit  cent 
trente  mètres.  Entre  cette  chaîne  et  lopéan,  le  pays  est  san^ 
habitants  ;  il  ne  commence  à  être  peuplé  que  derrière  la  chaîne. 
Âpres  une  interruption  qu'on  voit  à  Bosaso  dans  ces  petites 
montagnes,  la  chaîne  reprend  eu  augmentant  de  hauteur,  jus- 
qu'à atteindre  seize  cent  soixante-six  mètres.  Du  côté  opposé, 
c'est-à-dire  à  l'est,  elle  s'abaisse  devant  Guéri,  près  de  Boula- 
har,  et  s'éloigne  ensuite  au  sud-ouest., Derrière  cette  première 
chaîne,  qui  est  parallèle  à  la  côte,  on  en  voit  une,  plus  haute, 
mais  sans  gorges  ni  vallées,  et  dans  laquelle,  on  ne  trouve 
accès   que   par  des  défilés    très-étroits.   C'est    là  qu'est    le 
haut  Ganlibah.  Au  sud  de  cette  deuxième  chaîne  commencent 
les  plaines  de  prairies  qui  continuent,  dans  la  direction  du  sud, 
sans  autres  limites  que  l'horizon,  et  au  milieu  desquelles  se 
dresse  isolé  le  volcan  de  BorDap  (altitude  1500  mètres).  Ces 
plaines,  nous  l'avons  dit,  sont  bordées  à  l'ouest  par  les  hautes 
montagnes  du  pays  des  Ilmorma,  qui  y  envoient  leurs  eàn% 
dans  la  direction  du  sud-est.  Vers  le  5°  de  latitude  des  collines 
commencentàmamelonner  la  plaine^et  là  seulement  l'agricul- 
teur dispute  timidement  quelques  parcelles  du  sol  au  pasteur. 
Tout  ce  pays  est  sablonneux,  aussi  n'y  a-t^il  pas  de  lacs  ;  les 
eaux  pluviales  sont  bues  par  le  sol  ou  pompées  par  le  soleil. 
Les  signes  précurseurs  bien  connus  de  la  saison  des  pluies  sont 
des  trombes  de  sable  que  le  vent  pVomène  dans  ces  plaines^ 
Les  pluies  commencent  au  mois  d'avril  dans  tout  le  pays  des 
Çômâli  et  durent  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  juin;  c'est  la  sai- 
son qu'en  nomme  gou;  jamais  on  n'y  passe    plus  de  deux 
jours  consécutifs  sans  pluie,  et  quand  la  pluie  commence,  elle 
tombe  sans  arrêt  pendant  deux  jours  et  même  trois  jours.  Dans 
les  mois  de  juillet,  août  et  septembre,  qui  forment  la  saison 
hagut  la  pluie  tombe  moins  abondante,  mais  le  ciel  est  constam- 

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ETHIOPIE,  ETC.  131 

ment  couTert.  Pendant  la  saison  A^eren/ qui  c(Mnprend  le  mois 
d'octobre  et  les  premiers  jours  de  novembre»  les  pluies  s'éten- 
dent sur  les  pays  à  l'ouest;  erf  novembre,  décembre  et  dans  le 
conunencement  de  janvier,  c'est-à-dire  dans  la  saison  datr,  les 
pluies  passent  à  l'est  et  au  sud-est.  Enfin,  dsuis  le  djiM^  c'est- 
à-dire  dans  les  mois  de  janvier,  février  et  mars,  c'est  la  saison 
sèche  sur  les  plateaux,  et  il  pleut  dans  la  plaine. 

La  publicatiou  de  M.  flaggenmacher  contient  un  chapitre 
consacré  tout  entier  à  la  géographie  physique  du  pays  qu'il  a 
exploré,  dans  lequel  il  donne  des  détails  nombreux  et  fort 
intéressants,  sur  la  géologie  et  le  climat,  ainsi  que  sur  les 
plantes  et  les  animaux.  Les  habitants  forment  le  sujet  d'un 
autre  chapitre.  M.  Haggenmacher  exa.mine  leurs  divisions  en 
tribus,  leur  langue,  leur  caractère  natiojial,  les  mœurs,  les 
usages,  la  religion,  la  division  dû  temps,  les  lois,  l'alimenta- 
tion et  le  vêtement,  de  telle  sorte  qu'il  sera  désormais  indis- 
pensable de  recourir  à  son  «  Reise  im  Somali-Lande  »  pour 
connaître  et  pour  décrire  les  Çômâli.  Notre  travail  ne  com- 
porte pas  un  examen  détaillé  de  ces  chapitres  qui,  nous  le 
regrettons,  dépasserait  notie  cadre;  nous  croyons  cependant 
devoir  signaler  certains  côtés  des  études  de  M.  Haggenma- 
cher qui  nous  frappent.  C'est  d'abord  ce  fait  qu'on  observe  chez 
les  Çômâli  deux  types  de  figure  très-différents  ;  les  uns  se  dis- 
tinguent par  un  nez  aquilin  et  des  lèvres  minces  et  serrées  ; 
les  autres,  au  contraire,  par  un  nez  épais  et  des  lèvres  épaisses 
et  proéminentes  qui  caractérisent  le  véritable  nègre.  Cette 
grande  variété  du  type  de  la  figure,  ainsi  que  la  stéatopyge 
qui  a  été  observée  par  d'autres  voyageurs  chez  des  femmes  des 
tribus  çômâlies,  dénote  évidemment  que  les  Çômâli  ont  subi 
des  croisements  avec  d'autres  races  qu'ils  ont  trouvées, 
dans  les  pays  oii  ils  se  sont  répandus,  en  rayonnant  autour 
de  leur  berceau,  originel  qui  n'est  pas  encore  connu.  De 
même  que  les  tribu»  maures  des  rivages  de  l'océan  Atlantique 
ont  leur  caste  de  khoddemâny  de  même  que  les  Imôhagh 
du  Sahara  ont  leur  caste   AHmghâdy   les  Çômâli  ont  aussi 

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ins  -  AFRIQUE.  K- 203-518 

letirs  akhdâm^^  dont  la  position  dans  la  société  corres- 
pond exactement  à  celle  qu'avaient  autrefois  les  serfs  en 
Europe.  C'est  là  un  rapprochement  d'autant  plus  intéressant, 
qu'il  y  aurait  folie  à  chercher  une  parenté  de  race  entre  les 
Çôraâli  et  les  Berbères; 

Au  point  de  vue  religieux,  il  est  à  regretter  que  M.  Haggen- 
macher  n'ait  pas  mieux  précisé  le  rôle  des  oggal,  qu'il  nous 
montre  siégeant  dans  les  conseils.  Si  notre  supposition  se  véri- 
fiait que  ce  nom  est  le  mot  arabe  *oqqâly  cette  origine  du 
nom  aurait  une  importance,  car  elle  conduirait  à  l'éclaircisse- 
ment de  l'histoire  de  la  conversion  desÇômâli  à  l'islam. 

Les  musulmans  des  quatre  rites  orthodoxes  ne  se  servent 
pas  pour  désigner  leurs  prêtres,  ni  leurs  légistes,  du  mot 
arabe  *oqqâl  «  intelligents  »,  tandis  que  les  Druzes  l'em- 
ploient pour  indiquer  les  individus  de  leur  secte  qui  ^oot 
arrivés  à  un  degré  de  l'initiation  religieuse. 


VI 

AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  BASSIN  DU  NIL  EN  AMONT  DE  KHARTOUM. 
ZANZIBAR.  L'OGOWÉ 

203.  LiNANT  DE  Bellefonds  (Emest).  Itinéraire  et  notes;  voyage  de 
service  fait  entre  le  poste  militaire  de  Fatiko  et  la  capitale  de 
M'tésa,  roi  d'Uganda  (février  à  juin  1875).  Btdleiin  trimestriel  de 
la  Société  khédiviale  de  Géographie  du  Caire,  n*  1,  4876,  p.  1 
à  104;  avec  une  carte  à  l'échelle  du  rrôïîiïrôôô'  dressée  par 
G.  Schweinfurth  d'après  les  observations  du  voyageur. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  donner  ici  l'indication  complète  des 
beaux  travaux  cartographitlues  de  rÉtat-major  égyptien  sur  le  Nil,  en 
amont  de  Gondokoro  ou  Isma'iiiya. 

204.  Ragaf  to  Lardo  (pour  I^do),  une  feuille  manuscrite,  comprenant 
le  Nil  à  Gondokoro.  Échelle  du  sao!o95*.  - 

205.  LiNANT  DE  Bellefonds  |(E.).  Croquis  d'une  reconnaissance  faite 
du  mois  de  février  au  mois  de  juin  1875,  entre  Regâf  et  le  lac 
Victoria.  Le  Caire,  État-major  général,  1875. 

1.  En   arabe,  àMtdâm  et  khoddemân  sont  deux  synonymes;  leur  sens  est  : 
travailleurs. 


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AFRIQUE  ËQUÀTORIALE.  133 

206.  Du  même  :  Croquis  du  relevé  de  la  route  entre  Begàf  et  Fatiko, 
exécuté  d'après  les  ordres  de  S.  E.  le  général  Gordon  Pacha. 
Échelle  du  >. 000*060*»  ^  CairCf  État-major  général,  1875. 

207 .  Croquis  d'une  reconnaissance  faite,  par  M.  E.  Linant  de  Bellefohds, 
entre  Ragaf  (Re^jâf)  et  le  lac  Victoria  (février  à  juin  1875)  :  une 
feuille  photographiée  dans  la  3«  section  de  l'État-major  général. 
Échelle  du  j.oftl.igs*»  ^  Caire,  11  décembre  1875. 

Cette  longue  partie  du  Nil  a  été  relevée  plus  en  détail  sur  les  docu- 
ments suivants,  qui  comblent  aussi  les  lacunes  laissées  par  Ernest  Linant 
de  Bellefonds. 

208.  Le  Nil  de.  Ragai  (Redjâf)  à  Makedo.  Croquis  fait  sous  les  ordres 
de  S.  E.  le  général  Gordon  Pacha,  en  1875,  photographié  dans 
la  3"  section  de  TÉtat-major  général  égyptien.  Une  femile.  Échelle 
du  nëffsïï''  ^  Caire,  10  janvier  1876. 

209.  Carte  du  cours  du  Nil  entre  Dufli  (Douffeli)  et  Magungo  {Ma- 
goungo],  faite  par  S.  E.  Gordon  Pacha  en  juillet  1876.  Une  feuille. 
Échelle  du  sTsfjôe'*  ^-^  Caire,  Bureau  de  l'État-major  égyptien, 
octobre  1876.   ' 

210.  Carte  du  cours  du  Nil  de  Dufli  à  Magungo,  relevé  par  S.  E.  Gordon 
Pacha.  Une  feuille  manuscrite  à  l'échelle  du  xt  1*000**  ^  Caire, 
1876. 

-  Cette  carte  donne  des  détails  très-nombreux  sur  le  fleuve  et  ses  lies. 

21  li  Carte  du  lac  Albert,  dressée  à  l'État-major  général  égyptien,  d'a- 
près un  croquis- fait  sous  les  ordres  de  S.  E.  Gordon  Pacha,  par 
M.  Gessi.  Juillet  1876.  Échelle  du  bçôtôôô'-  ^"^  feuille  gravée 
à  l'imprimerie  de  l'État-major  général.  Le  Caire,  1876. 

Les  noms  sont  écrits  en  français  et  en  caractères  arabes. 

212.  Victoria  Nile  from  Magungo  to  Shoa  Moru  {relèvements  de  Gordon 
Pacha).  Carte  manuscrite  très-détaillée,  à  Téchelle  du  sgçviSs*' 
sur  la  photographie.  Le  Caire,  1876. 

213.  Nil  de  Victoria  de  Shoa  Morou  à  Foweïra.  Croquis  fait  par  S.  E.  le 
général  Gordon  Pacha,  à  Foweïra,  le  13  août  1876;  copié  à  la 
3*  section  de  l'État-ms^or  général  égyptien.  Une  feuille  litho- 
graphiée;  échelle  du  ttttsT**-  ^  Caire,  imprimerie  de  l'État- 
major  général,  22  octobre  1876. 

214.  Foweïra  to  Mrooli.  Relèvements  de  Gordon  Pacha.  Une  feuille 
manuscrite  à  l'échelle  du  ïôë^^fE*- 

Cette  carte  a  été  réduite  et  publiée  sous  le^  n»  suivant. 

215.  Carte  du  cours  du  Nil  entre  Foweïra  et  M'rooli,  dressée  à  la  5"  sec- 
tion de  l'État-msgor  général  égyptien,  d'après  un  croquis,  fait  par 
S.  E.  Gordon  Pacha,  d'une  reconnaissance  faite  par  lui-même. 
Échelle  du  g,ft*„5o\  Le  Caire,  imprimerie  de  l'État-ma^or  général, 
1876.   - 


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134  AFRIQUE.  N»*  203-518 

216.  The  Victoria  Nile,  from  Mrooli  to  Niamyongo,  une  feuille  manu- 
scrite à  l'échelle  du  jgçî-gïjï*. 

Cette  carte  donne  la  suite  du  cours  du  fleuve,  en  amont  de  MVoûIi, 
jusqu'à  un  point  un  peu  en  amont  de  Niamyongo,  par  1*10'  de  latitude 
nord,  où  s'arrêtent  actuellement  les  leyers  de  l'ét^t-major  égyptien.  On 
y  voit  un  tracé  fort  intéressant  du  lac  Kodja,  découvert  par  le  colonel 
Ghaillé-Long,  qui  le  nomma  lac  Ibrfthîm.  La  partie  du  cours  du  Mil  au 
sud  de  i'  iV  de  latitude  nord  a  été  ajoutée,  mais  elle  ne  mérite  pas  la 
même  conBance  que  les  parties  plus  au  nord,  qui  sont  appuyées  main- 
tenant sur  une  suite  continue  de  relèvements. 

217.  The  Victoria  Nile,  from  Riponfalls  to  Urondogani.  Crocpiis  manu- 
scrit à  l'échelle  du  5537105'. 

Ce  croquis  n'est  que  l'agrandissement  de  la  partie  correspondante  de 
la  carte  du  capitaine  Speke. 

218.  Gordon  Pacha.  Lettres  de  S.-E.  le  général  Gordon' Pacha,  accom- 
pagnant quatre  cartes  du  cours  du  Nil  dans  la  région  des  grands 
lacs.  Bulletin  trimestriel  de  la  Société  khédiviale  de  Géographie 
du  Caire,  1876,  n»  3,  p.  294-296. 

Ces  quatre  cartes  sont  celles  de  Foweïra  à  tf'roûU,  au  -sfTTSôô'»  de 
Magoungo  à  Ghoa-Horou,  au  577^574*;  de  Ghoa-Horou  à  Foweïra,  au 
S^o^»ooO*î  ®^  de  Doufli  à  Magoungo,  au  gyr^gn*,  réduites  des  n"  216, 
213,  214,  210. 

219.  Garta  del  corso  del  Nilo  da  Regaf  a  Laboré.  Bollettino  délia 
Société  geografica  italiana,  Rotne,  mars  1876,  p.  141  à  142. 

220.  Expédition  du  colonel  Gordon.  Progress  of  colonel  Gordon 's  expé- 
dition. Proceedings  of  the  R.  geographical  society,  t.  XX,  n*  1, 
p.  50-54;  n"  6,  p.  41Z.  Bollettino  délia  Société  geografica  italiana. 
Rome,  1876,  p.  244. 

221.  Voyage  sur  le  haut  Nil  par  le  colonel  Gordon.  Bulletin  de  la 
Société  de  Géographie,  novembre  1875,  p.  514-520.  Explorateur, 
n»  51,  p.  68;  n"  54,  p.  149;n»  62,  p.  67.— Affaires  de  Zanribar. 
Explorateur,  n"»  71,  p.  614;  n-  75,  p.  47. 

222.  Haîisal  et  VON  HoFMANir.  Die  neuesten  Ereignisse  im  Aequatoriali- 
schen  Africa,  besonders  in  der  ^gyptischen  ÎEquatorial-Provinz. 
Mittheilungên  der  geographischen  Gesellschaft  in  Wien,  t.  XIX, 
1876,  n"  8  et  9,  p.  482-484  ;  n«  10,  p.  520-522. 

225.  D'AvBiL  (le  baron).  Missione  nelF  Alta  Etiopia  del  Colonelle  Gordon. 
Cosmos  di  Guido  Cora,  t.  IIÎ,  1876,  p.  39. 

224.  Ueber  die  neuesten  lEreignisse  am  obem  Nil.  Mittheilungên  der 
geographischen  Gesellschafl  in  Wien,  t.  XIX,  1876,  n*»  5,  p.  323. 

225.  Marno  (E.).  Résumé  seiner  Forschungs-Reisen  in  Aft*ika,  1874- 
1876.  Mittheilungên  der  k.  k.  geographischen  Gesellschafl  in 
Wien,  t.-XIX,  1876,  n»  5,  p.  326-328. 

226.  Ghippendall  (lieutenant  W.-H.).  Joumey  beyond  the  calaracts  of 


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AFRIQUE  ËQUATORIALE.  155 

the  Upper  Nîle,'towards  the  Albert  Wyanza.  Procéedingê  ofihe  R, 

geographical  society,  t,  XI,  n**  1,  p.  67-69. 
W,  Gessi  (Romolo).  Exploration  du  lac  Albert  Nyanza.  Bulleiin  de  la 

Société  de  Géographie^  juin,  1876,  p.  632*643,  avec  1  carte  du 

lac  Kwoutan  (Albert  Nyansa)  au  !t,ipô»ooft*>  ^"^  ^^  texte. 
32^.  Du  même  :  Esplorazioni  nella  regione  dei  laghi  equatoriali,  Bol- 

Uttmo  délia  Société  geografica  Ualiana.  Rome,  1876,  n**  6  et  7, 

p.  418-426. 

229.  Du  même  :  Die  Erforschung  und  UmschifTung  des  Hwutan 
(Albeft  Nyanza)  Sees*  MiUheilungen  der  geographischen  Geselh- 
chaftin  Wien,  t.  XIX,  1876,  n«  10,  p.  522-528. 

230.  Stohb  (G.-M.-P.)  et  Baker  (sir  Samuel).  Letters  on  the  circumna- 
vigation of  the  lake  Albert  Myanza  by  M.  Gessi.  Proceedings  ofthe 
R,  G.  Society,  t.  XX,  n«  6,  p.  470-474. 

231.  GiiAiLLé-LonG  (le  colonel  G.).  Central  Afrlca  :  Naked  truths  of 
naked  people.  An  account  bf  expéditions  to  the  lake  Victoria 
Riyanza  and  the  Makraka  Niam-Niam  west  of  the  Bahar-El-Abiad 
(ll?hite^ile).  1  volume  in-^  (xvi-550  pages),  illustré  d'un  por- 
trait du  colonel  Ghaillé-Long,  de  vingt  gravures  et  d'une  carte 
des  itinéraire^  de.  cet  officier  dans  TAIrique  équatoriaie.  Londres, 
Sampson,  Low  et  C%  1876. 

Relation  instructive  des  deux  expédition^  dn  colonel  Chaillé-Long  dans 
la  province  égyptienne  de  l'Equateur  en  1874  et  1875,  à  laquelle  Fauteur 
a  joint  un  petit  vocabulaire  de.  sept  langues  parlées  dans  ces  con- 
tréesy  et  une  courte  note  relative  à  une  entreprise  égyptienne  sur  le 
Djouba,  moins  connue  que  les  précédentes,  et  qui  eut  lieu  vers  la  fin  de 
FanBéel875.  Le  kliédive  avait  eonfiéà  Me  Killop  Pacha  le  commandement 
en  chef  de  cette  expédition,  dont  le  but  était  d'ouvrir,  parallèlement  à  Té- 
quateur,  du  fleuve  Djouba  au  Niyanza,  une  route  par  laquelle  le  commerce 
et  la  civilisation  auraient  pu  pénétrer  au  cœur  de  l'Afrique  équatoriaie. 
Le  colonel  Ghaillé-Long  faisait  partie  de  cette  expédition.  On  eut  beaucoup 
de  peine  à  faire  franchir  la  barre  dangereuse  du  Djouba  à -une  chaloupe 
à  vapeur  montée  par  vingt-cinq  hommes.  Le  colonel  Ghaillé-Long,  qui 
commandait  cette  chaloupe,  remonta  ensuite  le  fleuve  Djouba  à  deux  cent 
soixanle-dix-kuit  kilomètres  de  son  embouchure.  Avant  qu'elle  eût  obtenu 
le  résultat  pour  lequel  on  ravâil  envoyée,  l'expédition  de  Me  Killop  Pacha 
fut  rappelée  eu  Egypte.  En  attendant  le  nouveau  livre  :  Note»  of  travel 
and  exploration  ofthe  riv^Juba,  que  le  colonel  Chaillé-Long  prépare 
sur  ce  voyage,  nous  recueillerons  ici  un  fait  important  pour  la  géogra- 
phie de  l'Afrique  équatoriaie.  Sir  Samuel  Baker  avait  trouvé,  à  l'est  de 
Fatiko,  une  rivière  appelée  Djouba,  et  il  croyait  que  cette  rivière  était  le 
commencement  du  fleuve  Djouba.  Le  colonel  Chaillé-Long  réfute  cette 
opinion.  En  remontant  le  fleuve  Djouba,  il  a  reinarqué  que  souvent  ses 
eaux  se  coloraient  en  rouge,  ce  qui,  d'après  lui,  indique  que  ce  fleuve 
prend  sa  source  dans  une  montagne  et  non  pas  dans  les  plaines  plus  au 
nord,  que  le  colonel  Chaillé-Long  connaît  de  visu  pour  les  avoir  parcou- 
rues comme  l'a  fait  sir  Samuel  Baker. 

Nous  pensons,  de  notre  côté,  que  la  coulear  des  hautes  eaux  du 
Djouba  s'expliquerait  aussi  bien  par  la  natui'e  ocreuse  des  plaines  de 
ICgadén,  si  ce  fleuve  y  prenait  sa  source. 


yGoogk 


456  AFRIQUE.  K-  205-518 

232.  Du  même  :  Notes  sur  les  nègres  qui  habitent  du  Bahar  El-Abiad 
jusqu'à  l'équateur,  et  à  l'ouest  du  Bahar  El-Abiad  jusqu'à  Malo^ka 
Niam-Niam.  Bulletin  trimestriel  de  la  Société  khédimaUf  n*  2, 
1876,  p.  223-234. 

233.  Htebs  (A.-B.-R.).  Life  with  the  Hamrân  Arabs  :  An  account  of  a 
sporting  tour  of  some  offîcers  of  the  Guards  in  the  Soudan  during 
the  winter  1874-1875. 1  yoI.  in-8  (avec  des  photographies).  London, 
Smyth  et  Elder,  4876. 

234.  Notizen  aus  der  egyptischen  Aequatorîal  proYinz.  Mittheilungen 
der  geographischen  Geselhchaft  in  Wien,  t.  XIX,  18^6,  n»  11, 
p.  596^97. 

235.  Hansal.  DieBari  Neger,  Mittheilungen  der  k,k.  geogr.  Gesellscha/l 
in  Wien,  t.  XIX,  1876,  n"  5,  p.  294  à  307. 

236.  Du  même  :  N.achrichten  aus  Ghartum.  Mittheilungen  der  geogra- 
phischen Gesellschaft  in  Wien,  t.  XIX,  1876,  n*'  6  et  7,  p.  370- 
372. 

237 .  Les  Riverains  du  Bahar  Zerâf  (d'après  M.  Gérold).  Explorateur, 
n»  52,  p.  99-100. 

238.  ScEWEirvuRTH  (G.).  I  due  Akka,  Bollettino  délia  Soc.  geogr.  ital., 
vol.  Xni,  fascic.  8  et  10,  p.  562-565'. 

Le  docteur  Schweiafurth  communique  des  notes  sur  les  deux  Akka  éle- 
vés chez  la  comtesse  Hiniscalchi-Erizzo  à  Vérone.  L'un  de  ces  pygmées, 
haut  de  1  mèlre  37  centimètres,  berait  âgé  de  seize  ans;  Tautre,  haut  de 
1  mètre  23  centimètres,  serait  âgé  de  treize  ans  et  demi  ou  quatorze  ans. 

239.  Le  esplorazioni  ai  grandi  laghi  Africani.  Bollettino  delta  Soc. 
geogr.  ital.,  vol.  XIII,  fasc.  8  à  10.  Rome,  oct.  1876. 

^  Nouvelles  de  Charles  Piaggia,  datées  de  Khartoûm  le  15  juillet  1876.  Il 

rend  compte  de  son  voyage  au  lac  Loûta  Nzidjé,  et  de  sa  découverte  d'un 
nouveau  cours  d'eau  qui  en  sort.  L'article  est  accompagné  d'un  profil  du 
Loûta  Nzidjé,  au  sud  de  la  bouche  du  Mil,  et  d'un  profil  du  massif  monta- 
gneux du  M'karôli,  situé  sur  le  rivage  ouest. 


240.  Stahlet  (Henri).  Lettres  au  journal  le  Daily  Telegraph  {SLchève- 
ment  de  l'exploration  du  lac  Victoria  Niyanza,  et  exploration  du 
lac  Loûta  Nzîdjé).  The  Daily  Telegraph,  n»  du  7  août  1876,  avec 
1  carte  de  la  partie  sud-ouest  du  Myanza  à  l'échelle  du  ygr^igô'» 
N"  du  10  et  du  14  août  1876.  Explorateur,  n«  80,  p.  178-179,  avec 
1  carte;  n»  81.  p.  208-209.  Mittheilungen,  Gotha,  1876,  n»  1, 
p.  56  et  38  ;  Proceedings  of  the  Royal  geographical  society, 
t.  XX,  1876,  n"*  2,  p.  134  à  160  ;  Cosmos  di  Guido  Cora,  t.  III, 
1876,  p.  124  et  150. 

241.  Die  £rlbrschuug  des  Ukerewe  (Victoria  Nyanza)  durch  Henry 
M.  Stanley  und  sein  Zug  zum  Mv^ulân  (Albert  Nyanza).  MacJi 


yGoogk 


AFRIQUE  ÉQUATORULB.  137 

Auszfigen  seiner  Brie/e.  MiUheilungen  der  géographUchen  Ge^ 
telUchaft  in  Wien,  t.  XIX,  1876,  n».U,p.  572-585. 

242.  Rayerstein  (E.-G.).  Stanley 's  exploration  of  tbe  Victoria  Nyanza, 
avec  4  cartes  comparatiires.  Geographical  Magazine,  décembre 
1875,  p.  369-373. 

243.  Seconda  spedlzione  di  Stanley  nell'  Africa  equatoriale,  16744875, 
HTec  1  carte.  Cotmos,  t.  III,  1875,  p.  782-786. 

244.  Stanley 's  African  discoYeries.^iVa^t/re,  n<>  357.  London,  31  août 
1876. 

245.  Esplorazioni  de!  laghi  Yittoria  ed  Ibrahim  (bacino  superiore  del 
Kilo  Bianco).  Cosmos  di  Guido  Cora,  t.  III,  1876,  p.  33. 

246.  Explorations  nouvelles  commencées  en  1876.  M.  Lucas.  Exploror 
Uur,  1876,  n»  76,  p.  79  ;  n-  78,  p.  133. 


247.  Wattemare.  Les  anciennes  explorations  dansia  vallée  du  Nil.  Ex- 
plorateur, n»  77,  p.  96-97;  n»  78,  p.  122-123;  n»  79,  p.  248-249; 
n-  80,  p.  176-177. 

248.  Flobekzaro  (Chr.-6.),  Paucebi  (P.)  et  Paladini  (L.).  Conferenic 
tenute  in  Napoli  sulie  spedizioni  in  Africa,  sulle  sorgenti  del  Nilo 
ecc.  BolleUino  délia  Societâ  geografica  italiàna,  BomCf  mars 
1876,  p.  143-145. 

249.  BoNOLA  (Fred.).  I  viaggiatori  italiani  nell'  Africa.  Cosmos  di  Guido 
Cora,  t.  III,  1876,  n»  11,  p.  418  à  424, 


250.  Dausse.  Note  sur  les  variations  annuelles,  simples  et  pareilles  du 
Sénégal  et  du  Nil,  et  probablement  aussi  du  Niger  et  du  Zaïre. 
Br.  in*.  Paris,  1875. 

La  conclusion  de  cette  note  est  que  les  fleuves  de  TAfrique  équatoriale 
seraient  soumis  à  un  régime  unique  et  constant  de  crues. 

251 .  Hataux  du  Tnj.T.  Sur  l'état  de  la  question  des  sources  du  Nil.  Ex- 
plorateur, n«  77,  p.  102. 

252.  Steutwerter  (doct.  A.).  Yersuch  einer  zusammenhângendeu  Dar- 
stellung  des  Systems  des  oberen  Nils.  Br.  in-8,  avec  carte.  JWar- 
burg,  1875. 

253.  11  Nilo  esce  dal  lago  Alberto  ?  Bollettino  délia  Société  geografica 
italiàna,  Rome  y  février  1876,  p.  82  à  86. 

254.  Esplorazioni  liella  regione  dei  laghi  equatoriali.  Bollettino  delta 
Socielâ  geografica  italiàna,  Rome,  n<**  6  et  T  (juin-juillet),  1876, 
p.. 418-419. 

255.  Becgabi.  La  questione  del  Nilo  e  la  Società  geografica  italiàna.  Bro- 
chure in-16,  Florence,  Le  Mônnier,  1875. 


yGoogk 


138  AFRIQUE.  K"  203-318 

256.  LonABMiri  (E.)*  L'Africa  nilotica  e  l'Egitto.  Stinto  del  saggîo 
uU'  idrologia  del  Nilo  e  délie  sue  appendici  eec.  Bollettino  délia 
Socielâ  geografica  italiama.  Rome,  1870,  n*"  6  et  7,  p.  440- 
444. 

257.  Beu  (E.).  Der  endiiche  Aeschluss  der  Nilquellen  Frage.  MUthei- 
lungen.  Gotha,  1876,  n*  7,  p.  266  à  268. 

258.  Gbaiit  (colonel  J.-A.).  Speke's  Nile,  Lmngstone*s  Congo.  Black- 
wood*s  Edinhurgh  Magazine,  juillet  1875,  p.  100-111. 

259.  Du  même  :  On  H.  Stanley 's  exploration  of  the  Tictoria  Nyanza. 
Proeeedingê  of  the  R.  geographieal  êodehf,  t.  XX,  n*  1  (décembre 
1875),  p.  54-50. 

260.  Dai,t  (le  juge).  On  African  exploration.  NeuhYork  Herald,  n*  du 
15  novembre  1875. 

H.  Daly,  qui  à  diverses  reprises  s*est  occupé  des  questions  soulevées 
par  les  découvertes  dans  IMnlérieur  de  l'Afrique,  établit  d'après  l'étude  des 
découvertes  de  M.  Stanley  dans  la  partie  est  de  l'Afrique  équatoriale,  que 
ce  voyageur  appçrte  la  conGrmation  des  données  reçues  et  pnblié4$s  dans 
l'antiquité  par  Aristote  et  Ptolémée. 

261.  BouBOE  (Paul).  Le  Bassin  du  Kil.  Expédition  de  sir  Samuel  Baker. 
Voyages  de  MM.  Scbweinfurtb,  Stanley,  Ghaillé-Long  et  Linant- 
Bey,  avec  une  carte  du  bassin  du  Nil  à  l'échelle  du  ittihAïtôôs** 
Revue  de  France,  t.  XYII.  Paris,  29  février  1876. 

262.  Die  jûngsten  Forschungen  im  See'ngebiet  des  œquatorialen  Osl- 
Afrika,  von  Young,  Gessi,  Stanley,  1874-1876.  MUthejlungen, 
nt  irf.  Gotha,  1876,  p.  573-583,  et  carte  au  iïtsArots"*  par 
A.  Petermann. 

263.  MuLLER  (G.).  Musci  Schweinfurthiani-in  itineribns  duobus  in  Afiri- 
cam  centralem  per  annos  1868-1871  coUecti,  determinati  et  eipo- 
siti.  1  vol.  in-8.  Berlin,  Friedlsender,  1875. 

264.  Hdtchinsoii  (E.).  The  Victoria  Nyanza  :  a  fieldfor  missionary  enter- 
prize.  1  vol.  in-8.  Zomfon,  Murray,  1876. 

265.  La  Mission  anglicane  en  Ouganda.  Explorateur,  n*  75,  p.  48. 


266.  Voyage  de  M.  Holmwood,  résident  anglais  sur  la  Côte  orientale. 
Explorateur,  1 876,  n»  8. 

267.  Elton.  Da  Dar-es-Salam  a  Kilwa.  .Cosmos  di  Guido  Cura,  1. 111, 
1876,  p.  4Ô. 

268.  Les  Possessions  du  sultan  de  Zanzibar,  d'après  le  «  Nautical  ma- 
gazine »,  avec  ime  carte.  Explorateur,  n«  50,  p.  30  et  31.. 

260.  Les  Égyptiens  dans  les  États  du  sultan  de  Zanzibar.  Explorateur, 
n»  51,  p.  55-56. 


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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  139 

270.  Abolition  de  Tesclavage  à  Zanzibar.  Explorateur,  n»  75,  p.  48  ; 
n*  78,  p.  13^134. 

271.  Bexltille  [A.].  A  trip  to  the  universities  mission  station  of  Ma- 
gila,  on  the  borders  of  the  Usambara  country.  Proceedings  of  the 
R.geoffrapfdcal Society,  t.  XX,  n»  l,p.  74-78. 


272.  Expédition  française  de  MM.  Savorgnan  de  Brazza  et  Marche  sur 
rOgôwé.  Lettres  écrites  de  l'Ogôwé  et  journal  de  M.  Marche. 
Explorateur',  1876,  n»  54,  p.  135;  n»  62,  p.  371  ;  n«  63,  p.  385  ; 
n»  70,  p.  588;  n»  71,  p.'  614-616  ;  n»  74,  journal  de  M.  Marche, 
p.  2-3  ;  n?  78,  p.  132.  Bulletùt  de  la  Société  de  Géographie,  juin 
1876,  p.  643-655: 

273.  G.  U.  Spedizione  al  fiume  Ogouè  dal  conte  Pietro  Savorgnan  di 
Brazzà.  Bolletiino  delta  Societâ  geografica  italiana,  tome  XIII. 
Rome,  1876,  fascicule  4%  p.  193-208. 

Cet  article  contient  les  lettres  écrites  par  M.  Savorgnan  de  Brazza  à  sa 
mère  pendant  son  voyage  de  découverte  sur  rOgdwé. 

274.  Spedizione  del  Sig.  Savorgnan  di  Brazza  nel  bacino  del  Ogovai 
(lettres  du  voyageur  à  sa  mère,  allant  jusqu'au  22  avril  1876). 
Bollettino  delta  Societd  geogr,  ital.,  vol.  XIII,  fascicules  8  à  10. 
Rome,  1876. 

275.  De  Compiêgne  (le  marquis).  L'Afrique  équatoriale.  Okanda,  Ban- 
gouens,  Osyéba.  1  vol.  in-18,  avec  1  carte  nouvelle  du  fleuve 
Ogôwé  à  l'échelle  du  jfnçnjôô"  et  8  gravures.  2«  édition,  Paris, 
Pion,  1876. 

Ce  volume  fait  suite'  à  Gabonais,  Pahouins,  Gallois,  et  complète  la  nar- 
ration du  voyage  de  MM.  le  marquis  de  Gompiègne  et  Marche,  dans  la 
partie  ouest  de  l'Afrique  équatoriale. 

276.  Du  même  :  Notes  sur  le  commerce  dans.  l'Afrique  équatoriale. 
Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Lyon,  t.  I,  1875,  n»  2, 
p.  127-136. 

277.  BoDviER  (A.).  Catalogue  des  oiseaux  rapportés  par  MM.  le  marquis 
de  Gompiègne  et  Alfred  Marche,  et  déterminés  par  A.  Bouvier, 
40  p.  à  la  fin  du  dernier  volume  <  l'Afrique  équatoriale  >  par  le 
marquis  de  Gompiègne. 

278.  Walier  (R.-B.-N.).  M.  Skertchley  on  the  Ogowe.  Geographical 
Magazine,  août  et  septembre  1875. 

279.  La  Berbe  (le  rév.  père).  Grammaire  de  la  langue  pongouée. 
1  voL  in-12,  Paris,  Raçon,  1875. 

280.  Du  même  :  Gabon  (Deux-Guinées).  Le  nouveau  roi  Félix-Denis 
Adandé.  Les  Missions  catholiques,  n9  390. 

281.  Lehz  (le  docteur  Othon).  Reisen  in  Afrika.  Verhandlungen  der 
h,  k,  geologischen  Reichsanstalt.  Vienne,  1875,  n*"  9,  p.  149-152 


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140  AFRIQUE.  N- 205-51 8 

•  (lettre  du  Gabon,  datée  du  1"  mars  1875»  contenant  des  observa- 
tioiis  géologiques). 

282.  Du  môme  ;   Reise  am  Ogôwe.  Correspondenxblait  der  Afrikor- 

*  nischen  Gesellschafl,  4876,  n»  16. 

283.  Du  même  :  .Die  Expédition  des  Doctor  Lenz  am  Ogôwe.  Yerhand- 
lungen  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  t.  II,  1876, 
n-  9  et  10,  p.  549-555. 

284.  Du  même  :  Rriefe  an  den  Vorstand  der  deutschen  afrikanischen 
Gesellschaft.  Correspondenzblatt,  etc...,  n»  19,  1876,  p.  355-543  ; 
n»  20,  p.  349-362. 

Lettres  écrites  du  pays  dés  Okanda  sur  le  haut  Ogôwé,  au  mois  de  fé- 
vrier 1876.  Le  docteur  Lenz  y  rend  compte  d'une  tentative  infructaeuse 
qu'il  fit  pour  pénétrer  chez  les  Ochébo,  peuplade  différente  des  Osyéba  ou 
M*poDgwé,  et  d'une  excursion  faite  en  remontant  la  rivière  Ofoué,  où  il  a 
visité  des  villages  d'une  peuplade  nafne  :  les  Akellé  ou  M'bangwé.  Il  donne 
'  aussi  des  renseignements  intéressants  sur  les  Asimba,  les  Okoha,  les 
Ochébo,  et  la  question  de  la  religion  ou  plulôt  des  superstitions  des  Okanda 
y  est  traitée  avec  un  soin  particulier.  Le  docteur  Lenz  résume  ensuite  ses 
observations  sur  la  géologie  du  pays.  Au  point  de  vue  purement  géogra- 
phique nous  devons  signaler  les  hauteurs  au-dessus  de  ro<^éan  qu'il  a  dé- 
terminées avec  un  hypsemàtre,  en  rapportant  ses  lectures  à  Tindication 
précédemment  trouvée  au  Gabon  avec  le  même  instrument.  Ce  sont  les 
premiers  chiffres  connus  pour  la  hauteur  du  pays  arrosé  par  l'Ogôwé  : 
Elimbaréni  (Lambaréné  des  voyageurs  français),  le  milieu  du 

village,  à  10  mètres  au-dessus  de  rOgôwé Id6",2 

Lopé,  village  sur  l'Ogôwé,  à  10  mètres  au-dessus  des  eaux  du 

fleuve..*.   . r 169*,4 

Station  sur  TC^ôwé,  dans  le  pays  des  Âchouka,  à  10  mètres  au- 
dessus  des  eaux  du  fleuve 190",8 

Station  sur  l'Ofoué,  pays  des  Âsimba,  à  10  mèlr«s  au-dessus  des 

eaux  de  la  rivière •  .  .  .  .    213", 3 

Ngobo,  village  des  Achouka..  .' 259",3 

Village  du  roi  N£[oé,  chez  les  Asimba .   .  .    326Mâ 

Un  village  d'Obongo,  dans  le  pays  des  Asimba.  ...«••••  564",4 
Une  dernière  lettre,  datée  de  la  factorerie  de  M.  Wœrmann,  sur  l'O- 
gôwé,  le  25  juillet  1876,  contient  des  détails  sur  un  voyage  que  le  docteur 
Lenz  entreprit,  par  terre,  sous  la  conduite  des  Fân  (ou  Ochéba)  jusque 
chez  les  Osaka,  les  Adouma  et  les  Banyaka,  qui  habitent  près  du  confluent 
du  Ghébé  avec  rOgôwé.  Au  retour,  le  docteur  Lenz  fut  attaqué  par  les  Fân. 

285.  Du  même  :  Reisen  im  Okandalande  und  Asimbalande  in  Afrika. 
Mittheilungen  der  geographischen  Gesellschaft  in  fFtcn,  t.  XIX, 
1876,  nM,  p.  47  à  48. 

286.  Voss  (le  docteur).  Bericht  ûber  die  durch  die  deutsche  Expédition 
an  der  Westkûste  Afrika's  in  das  kônigliche  Muséum  zu  Berlin 
gelangte  Sammlung  elhnologiacber  Gegenstânde....  Correspondenz- 
blatt der  afrikanischen  Gesellschaft,  n»17, 1876. 

287 .  BoEHB  (le  docteur  Maximillen).  Bericht  ijiber  die  Leistungen  der 


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AFRIQUE  ÉQUâTORIÂLE.  141 

deutschen.  Expédition  an  der  Loango-Kûste  in  mediziniscber 
Beziebung....  CorrespondenzbltUt,  n*  18,  1876. 

288.  Hartmahn  (le  docteur  Robert].  Ueber  die  loologiscb-iootoniischen 
Sammiungen  der  Higtlieder  der  deutscben  Âfrikaniscben  Expédi- 
tion. Verhandlungen  der  GegelUchaft  (ur  Erdkunde,  1876  n**  4 
et -5. 

289.  AscHERsoN  (1^  docteur  P.).  Bericht  ûber  die  botaniscben  Samm- 
iungen der  deutschen  Expédition  nach  Westafrika.  Corretpondeiv^ 
hlatt,  etc...,  n*  19, 1876,  p.  351-332. 

290.  Albuna  der  Deutschen  Gesellschaft  zur  Erforschung  .£quatorial- 
Afrika's. 

Partie  pittoresque,  60  photographies  de  Tchintchocho,  la  vallée 
du  Ki-Loango,  la  côte  et  le  bas  Zaïre,  avec  un  texte  par  les  doc- 
teurs Boehr,  Hartmann  et  H.  Lange.  Berlin^  1876  (prix 
32  mark). 

Partie  anthropologique,  1^  photographies,  et  texte  par  les 
docteurs  Hartmann,  Boebr  et  H.  Lange.  Berlin^  1876  (prix 
32  mark). 

291.  BuBTOK  (le  capitaine  Richard)  et  Skldc  Agha.  A  trip  up  the  Congo 
or  Zaïre  river.  Geographical Magazine,  juin  1875,  p.  205-209. 

Article  ne  concernant  que  le  bas  du  Zaïre. 

292.  DuPARQUBT  (le  père).  Une  excursion  sur  le  Congo.  Explorateur , 
1876,  n»  62,  p.  371-573  (reproduit  dans  le  BoUettino  délia  Soc. 
geogr,  ital.  d'avril,  p.  221-224). 

295.  Du  même  :  Voyage  au  Zaïre;  lettre  à  l'abbé  Durand.  Bulletin  de 
la  Société  de  Géographie,  n»  d'octobre  1876,  p.  413-426. 

Cette  lettre  est  datée  de  la  mission  catholique  de  Landana.  le  3  décem- 
bre 1875.  On  y  trouve  -une  description  du  bas  Zaïre,  et  des  factoreries  fran- 
çaises établies  par  M.  Régis,  de  Marseille,  sur  la  rive  droite  du  fleuve, 
depuis  1857,  etau  sujet  desquelles  on  n*avait  pour  ainsi  dire  aucunes  don- 
nées. La  lettre  du  père  Djparquet  contient  un  historique  de  nos  connais- 
sances sur  le  Zaïre,  ainsi  qu'une  notice  sur  les  pirates  Mossorongou,  qui 
vivent  sur  les  deux  rives  et  dans  les  lies  du  Zaïre,  entre  les  points  de  Ba- 
nana  et  de  Borna.  Au  mois  d'août  1875.  le  commodore  anglais  Whewett 
parcourut  les  criques  et  les  lies  des  Uossorongou  pour  obtenir  satisfaction 
d'outrages  commis  sur  un  schooner  anglais.  Celte  satisfaction  ayant  été 
refusée,  il  fit  incendier  tous  les  villages  et  détruire  toutes  les  plantations 
des  Mossorongou  qu'il  trouva  à  proximifé  de  la  rive  du  fleuve. 

Voir,  sur  celte  démonstration  militaire,  de  plus  amples  détails  dans  : 

294.  Whewett  (le  commodore  W.-N.).  The  Congo  pirates.  Lettre  dans 
The  Standard  (de  Londres),  n**  du  2  novembre  1875. 

295.  Congo.  Établissement  de  la  mission.  Les  Miêêions  catholiques^ 
n*  358. 

296.  VoN  HoMBTBR.  Die  von  Homeyer'sche  Expédition.  Correspondent- 


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442  '  AFRIQUE.  K«>»  205-518 

bkitt  der  Afrikanuchen  Geiellschaft,  1875,  n»  15,  p.  258-262;  ^ 
n»  16,  p.  292-297  (extraits  des  lettres  du  voyageur). 

297.  GûssFELDT  (Paul).  Expédition  ^lemandç  dans  le  Loango.  Lettres 
de  MM.  Gûssfeldt  et  Falkenstein.  Correspondenzblatt  der  Afrika- 
nischen  Geselhchafl,  n»»  12  et  13. 

298.  Du  même  :  Bericht  ûber  seine  Reise  an  den  Khanga  .(avec  une 
carte).    Zeilschrift  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde.  Berlin,  t.  X, 

1875,  p.  142-159,  161-181. 

299.  Du  même:  Bericht  ûber  die  von  ihm.  geleitete  Expédition  an  der 
Loango  Kiiste.  Verhandlungen  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde, 
Berlin,  1875,  n»  8,  p.  195-218. 

300.  Du  même  ;  Die  Grundlagen  der  Karle  von  der  Loango  Kûste,  avec 
une  carte  du  sud-ouest  de  l'Afrique  équatoriale,  à  l'échelle  du 
TTSôî.ôôô*»  dressée  par   A.   Petermann,  MiUheilungen....  Gotha, 

1876,  n?  2,  p.  41  à  42  et  planche  3.  . 

301 .  Du  même  :  Reise  nach  der  Loangokûste  im  sequatorischen  Afnka. 
Mittheilungen  des  Vereins  fur  Erdkunde  zù  Leipzig.  1876,  p.  107 
à  108. 

302.  Du  même  :  Voyage  à  la  côte  occidentale  d'Afrique.  Bulletin  de  la 
Société  khédiviale  de  Géographie  du  Caire,  n"»  3, 1876,  p.  249- 
266. 

Tableau  vivant  et  fort  intéressant  des  mœurs  des  indigènes  du  Loango. 

503,  Pechijel-Lœsch8  (le  docteur).  Bericht  tiber  die  zweite.  Quillu- 
Reise.  Correspondenzblatt  der  Afrikaniachen  Gesellschaftf  1876, 
n"»  16,  p.  271-281. 

304.  Lux  (le  lieutenant).  Reise  von  Malange  bis  Kimbundu  und  zu- 
ruck.  Verhandlungen  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde.  Berlin, 
1876,  t.  m,  n-  1  et  2. 

305.  Nachrichten  von  Lieutenant  Lux  aus  Kimbundu  in  Westafrika. 
Mittheilungen  der  geographischen  Gesellschaft  in  îVïen,  t.  XIX, 
1876^  n»  1,  p.  37-38  et  48. 

306.  Les  explorations  allemandes  dans  l'Afrique  occidentale.  Explora- 
tion du  lieutenant  autrichien  Lux.  Explorateur,  n»  57.  Explora- 
tion projetée,  par  Edouard  Mohr.  Explorateur,  n®  63. 


307.  Baron  Garl  Claus  von  der  Decken's  Reisen  in  Ost-Afrika  in  den 
Jahren  1859  bis  1865.  Band  III,  Wissensçhaftliche  Ergebnisse. 
3"  partie,  contenant  la  géologie,  par  A.  Sadebeck  ;  la  météorologie, 
les  observations  astronomiques,  géodésiques  et  magnétiques,  et 
un  mémoire  sur  les  cartes,  par  0.  Kersten;  un  tableau  historique 
de  l'Afrique  orientale,  par  0.  Kersten,  et  une  bibliographie  de 
l'Afrique  occidentale,  par  B.'Hassenstein.  1  vol.  gr.  in-8.  Leipzig, 
chez  G.-F.  Winter  (sous  presse) . 


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AFRIQUE  ÉQUATORULE.  145 

308.  Kbrstsr  (Othon).  Météorologie  von  Zanzibar  in  Honatsmitteln. 
(Extrait  du  Yolume  précédent.)  Brochure  grand  ln-8  de  36.  p., 
25  grands  tableaux  de  chiffres,  et  5  grandes  planches  lithogra- 
phiées.  Leipzig  et  Heidelberg,  Winter,  1876. 

Ce  travail,  anssi  savant  que  conscieDcieux,  émane  d'un  des  compagnons 
de»  voyages  du  baron  vonder  Decken,  qui  a  rédigé  aussi  les  deux  premiers 
volumes  de  la  relation  de  ces  voyages.  M.  Othon  Kersten  résume  ici, 
non-seulement  les  observations  météorologiques  faites  à  Zanzibar  pen- 
dant l'expédition  du  baron  von  der  Decken,  mais  encore  tous  les  maté- 
riaux recueillis  jusqu'à  ce  jour,  sur  la  météorologie  de  llle.  Il  tire  les 
conclusions  de  ces  observations  sous  la  forme  d'un  exposé  complet  du 
climat  de  Zanzibar.  Les  résultats  numériques  sont  groupés  dans  six  grands 
tableaux  hors  texte,  et  dans  cinq  grandes  planches  de  courbes.  —  Les 
observations  météorologiques  faites  sur  le  continent  pendant  le  voyage 
de  découverte  paraîtront  dans  la  partie  du  grand  ouvrage  consacrée  à  la 
géodésie. 

La  Météorologie  de  Zanzibar^  par  M.  othon  Kersten,  est  le  trava  iJle 
mieux  fait  et  le  seul  complet  sur  le  climat  de  la  région  des  moussons  dans 
la  partie  occidentale  de  l'océan  Indien.  Nous  en  extrayons  les  caractéris- 
tiques suivantes  de  ce  climat  : 

Moyenne  annuelle  de  la  hauteur  barométrique  au  niveau  de 

l'océan 761-.00 

Moyenne  annuelle  de  la  température  de  l'air 2V,3 

Propo/tion  moyenne  annuelle  de  la  vapeur  d'eau  contenue 

dans  l'air 0,89 

Hauteur  moyenne  d'eau  pluviale  tombant  chaque  année. .  .  .  1*,3723 

Le  vent  dominant  est  la  mousson  du  sud-ouest,  qui  commence  au  mois 
d'avril  et  cesse  avec  le  mois  d'octobre  ;  celui  dont  la  fréquence  est  la  plus 
grande  ensuite^  est  la  mousson  du  nord-est,  qui  dure  depuis  le  mois  de 
décembre  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  février.  Ces  deux  saisons,  bien  tran- 
diées,  sont  séparées  par  deux  mois  de  calmes  :  novembre  et  mars. 

On  observe  à  Zanzibar  deux  saisons  des4)luies  :  la  grande  saison  des 
plui«s,  appelée  tnazika  par  les  Souahéli,  qui  commence  le  15  mars,  dure 
«ans  interruption  jusqu'au  30  avril,  et  se  prolonge  ensuite  avec  des  al- 
ternances de  ciel  serein  jusqu'au  10  juin.  Dans  les  derniers  jours  de  ce 
mois,  il  se  produit  un  regain  de  pluies,  que  les  Souahéli  appelent  tntchéo. 
La  petite  saison  des  pluies,  le  voulé  des  Souahéli,  commence  vers  la  fin 
du  mois  de  septembre,  et  dure  jusqu'au  commencement  du  mois  d'octo- 
bre. A  la  fin  du  mois  de  novembre  les  pluies  deviennent  plus  abondantes, 
et  elles  continuent  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  décembre. 

309.  Hydrographie  notice  n»  16,  published  in  Ijondon,  may  18»'  1875. 
Contient  les  travaux  hydrographiques  du  bâtiment  <(  Shearwater  », 
commandant  Wharton,  sur  Zanzibar. 

310.  BEixyu.LB  (A.).  A  trip  round  tbe  south  end  çf  Zanzibar  islaiid. 
Proceedings  of  the  Hoyal  geograpkkal  Society,  Yol.  XX,  n»  1, 
p.  60-74. 

311 .  Die  Insel  Zanzibar,  ihre  Natur,  Klima,  Rûstenbeschreibung  (avec 
une  carte),  Annalen  der  Hydrographie  und  marUimen  Météoro- 
logie, 1875,  n-  13-16. 


yGpogk 


144  AFRIQUE.  N«*  205-31 8 

512.  Zanzibar  (les  démêlés  avec  VËgypte).  Explorateur,  ii*  59. 


513.  Africa.  East  Coast.  Cape  Delgado  to  Kilwa.  Carte  marine  à  l'échelle 
du  ssifrss**  Londres,  1876,  Hydrographie  Office,  n*  lS08. 

314.  Africa,  East  Coast.  Kilwa  point  to  Zanzibar  Channel.  Carte  marine 
à  l'échelle  du  «igiuo*.  Londres,  1876,  Hydrographie  Office, 
n»  662. 

315.  Africa,  West  Coast.  Congo  River.  Carte  marine  à  l'échelle  du 
riio»'-  Lotidres,  1876,  Hydrographie  Office,  n»  638.^ 

316.  Côte  occidentale  d'Afrique.  Croquis  de  la  baie  de  Aandana.  Paris, 
1876.  Dépôt  de  la  marine. 

317.  Côte  occidentale  d'Afrique.  Gabon.  Croquis  de  l'ensemble  des 
rivières  Rhemboé,  Maga,  Jambi,  Bilagone,  etc.  Paris,  .1876. 
Dépôt  de  la  mai*ine. 


318.  Christie  (Jacques).  Choiera  épidémies  in  East  Africa.  An  account 
of  the  several  diffusions  of  the  disease  in  that  country  from  1821 
till  1872,  with  an  outline  of  the  geography,  ethnograpliy  and 
trade  connections.  1  vol.  avec  cartes.  Londres  (Macmillan),  1876. 


§  1.  —  L'exploration  des  deux  grandi  réservoirs  du  Nil  complétée.  Achèvemenl 
de  la  navigation  le  long  des  rivages  du  Niyanza,  par  M.  Henri  Stanley;  son 
voyage  au  Loûta  Nzidjé. 

Mieux  que  de  longues  phrases,  certaiivs  rapprochements  de 
dates  démontrent  la  rapidité  avec  laquelle  se  rétrécit  Tespjce 
de  la  terra  incognita  de  l'intérieur  de  l'Afrique  qui  simplifiait, 
pour  nos  pères,  Tétude  de  cette  partie  de  la  géographie. 

Le  rivage  du  Niyanza  ou  lac  Victoria  fut  aperçu,  pour  la 
première  fois,  le  30  juillet  1858,  par  le  capitaine  Johu  Hanning 
Speke;  au  mois  de  juillet  1875,  M.  Henri  Stanley  achevait* la 
reconnaissance  intégrale  des  rivages  et  des  principales  îles  de 
ce  grand  lac  d*eau  douce.  Le  16  mars  1864,  M.  et  Mme  Samuel 
Baker  découvraient,  à  Vakovia,  le  Loûta  Nzîdjé  ou  lac  Albert  ;  au 
mois  d*avril  1876,  M.  Romolo  Gessi  effectuait,  sur  ce  lac,  un 
voyage  jusqu'à  30  kilomètres  sud-ouest  de  Vakovia,  et  presque 
simuilanément  M.  Stanley  découvrait  le  prolongement  du  Loûta 


yGoogk 


LES  RËSERYOIRS  DU  NIL.  145 

Nzîdjé,  au  sud  du  point  où  M.  Gessi  ayait  cru  en  apercevoir 
la  fin. 

Prenons  tout  d'abord  l'exploration  de  M.  >  Stanley  (voir 
n^  240),  au  point  où  la  laissaient  les  derniers  ei^ traits  de  ses 
litres  publiés  dans  la  précédente  Année  géographique. 

Au  moment  où  il  se  séparait  de  notre  malheureux  compa- 
triote Ernest  Linant  de  Bellefonds  pour  continuer  la  découverte 
des  rivages  du  Nipnza  ou  lac  Victoria,  M.  Henri  Stanley  em- 
menait une  escorte  de  M'ganda^  embarqués  sur  deux  grands 
bateaux  mis  à  sa  disposition  par  le  roi  H'tésa.  Malgré  la  pro- 
messe faite  au  voyageur  américain  de  trente  bateaux  montés 
par  cinq  cents  hommes,  chargés  d'assurer  sa  sûreté,  M.  Stan- 
ley préféra  ne  pas  s'exposer  aux  retards  inséparables  de  la  réa- 
lisation de  cette  promesse,  car  Magassa,  grand  amiral  d'Ou- 
ganda, &isait  ses  préparatifs  avec  lenteur. 

En  partant  d'Oulagalla,  capitale  de  M'tésa,  au  fond  de  la 
baie  de  Hûrchison,  l'expédition  se  dirigea  à  l'ouest,  suivant 
la  côte  d'Ouganda.  Elle  a  dû  passer  ainsi  devant  la  rivière 
Kafoâ,  que  le  capitaine  Speke  faisait  sortir  du  Niyanza  sous  le 
nom  de  Hwérango,  à  l^uest  du  Louaserri,  et  tomber  dans  le 
Nil  près  de  Tchagouzi.  Le  20  avril  1875,  M.  Stanley  arriva  à 
l'embouchure  de  la  rivière  Katonga,  où  le  chef  des  M'ganda 
lui  déclara  qu'il  avait  reçu  l'ordre  d'aller  à  l'Ue  de  Sassé  et 
d'y  prendre  le  nombre  de  canots  nécessaire  pour  compléter 
l'escorte.  Cette  île,  une  des  plus  grandes  du  Niyanza,  était 
inconnue  jusqu'alors.  Sa  distance  du  rivage,  comptée  de 
l'embouchure  du  Katonga,  est  ide  22  kilomètres.  M.  Stanley 
laissa  partir  le  chef  de  son  escorte,  et  lui-même  il  continua 
avec  deux  bateaux  ses  travaux  de  relèvement  sur  le  rivage  du 
Nipnza. 

A  45  kilomètres  ouest-sud-ouest  de  l'embouchure  du  Ka- 
tonga, il  trouva  celle  d'une  autre  rivière,  l'Amionzi,  qui  avait 
échappé  au  capitaine  Speké,  puis  il  longea  le  rivage  du  pays 


1.  Les  M'ganda  sont  les  habitants  du  pays  d'Ouganda. 

dbyASoOgIc 


L^AMNiK  oéOGB.  XV, 

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146  AFRIQUE.  N«<  205-318 

d*Ougounga  jusqu'à  0^i(y  de  latitude  )sud,  à  l'embouchure  du 
Kadjera  (ou  Kitangoulé),  grand  cours  d'eau  qui  joue  ua  rôle 
important  dans  l'alimentation  du  Niyanza,  et  sur  lequel  le 
lecteur  trouvera  plus  loin  des  détails. 

Un  plateau  appelé  Ouzongora  borde  le  Niyanza  au  sud  du 
Kadjera,  et  son  versant  oriental  plonge  pour  ainsi  dire  à  pic 
da^s  les  eaux  du  lac.  La  première  étape  de  H.  Stanley  finit 
dans  la  baie  de  Kadiya.  Les  habitants  lui  firent  des  démonstra- 
tions amicales,  d'où  il  conclut,  bien  à  tort,  qu'il  trouverait  des 
dispositions  aussi  hospitalières  chez  tous  les  indigènes  de  la 
côte  d'Ouzongora.  La  déception  n'allait  pas  se  faire  longtemps 
attendre.  Le  lendemain,  en  débarquant  à  Makongo,  M.  Stanley 
fut  d'abord  reçu  en  ami  par  les  habitants  :  ils  étaient  alors 
gravement  occupés  à  prendre  du  pombé  (bière  du  pays)^  à 
l'aide  de  longs  fétus  de  paille,  absolument  comme  on  fait  aux 
États-Unis  pour  avaler  certaines  boissons.'  Grâce  à  ce  liquide 
capiteux,  le  chef  de  Hakongo  titubait  en  venant  à  la^rencontre 
de  H.  Stanley;  néanmoins  le  chef  et4es  siens  paraissaient  doués 
d'un  bon  naturel,  et  ils  se  montrèrent  ^satisfaits  de  l'anivée 
des  étrangers.  «  Vers  dix  heures  du  soir,  dit  M.  Stanley,  nous 
fûmes  tous  réveillés  par  une  tambourinacb  furieuse,  accompa- 
gnée de  hurlements  aigus.   Les  M'ganda   prétendirent  que 
c'était  une  manière  d'honorer  l'étranger  blanc.  Je  ne  les  crus 
pas,  et  par  conséquent  je  mis  mes  gens  sur  leurs  gardes,  leur 
ordonnant  de  charger  leurs  fusils  et  de  les  placer  sous  les  nattes 
qui  leur  servaient  de  lits  ;  je  préparai  toutes  mes  armes  pour 
les  avoir  sous  la  main,  et  à  l'abri  de  toute  surprise.  Sauf  la 
continuation  du  même  bruit,  rien  ne  survint  pendant  la  nitit  ; 
mais  à  la  pointe  du  jour^  nous  nous  trouvâmes  en  présence  dé 
cinq  cents  guerriers^  armés  d'arcs,  de  boucliers  et  de  lances,  qui 
avaient  rampé  silencieusement  jusque  tout  près  du  camp,-  et 
qui,  formant  là  un  demi-cercle,  nous  barraient  le  passage  excepté 
du  côté  du  lac.   La  soudaine  apparition  d'un  tel  nombre 
d'hommes  armés  me  surprit  tellement  que  je  ne  pouvais 
croire  que  nous  fussions  encore  suries  terresde  H'tésa.  L'attitude 


LES  RÉSERVOIRS  DU  NIL.  147 

de  nos  assaillants  avait  aussi  quelque  chose  de  très-ctirieux  : 
ces  hommes  ne  criaient  et  ne  hurlaient  pas  plus  qu'ils  ne  se 
livraient  à  de  ces  démonstrations  que  nous  considérons  comme 
de  la  folie  furieuse,  et  dont  nous  avions  été  souvent  témoins  de  la 
part  d'autres  saùVages  disposés  à  commetjtre  un  acte  désespéré. 
Leur  aspect  à  tous  était  sérieux  en  même  temps  que  menaçant 
et  déterminé.  Ce  fut  pour  nous  un  moment  terrible.  Nous  ne 
savions  comment  prendre  ces  centaines  de  sauvages,  qui  per- 
sistaient dans  leur  silence,  et  dont  rien  n'aurait  trahi  les  inten- 
tions si  la  forêt  de  leurs  lances  n'avait  clairement  révélé  qu'ils 
étaient  venus  ^dans  un  but  sanguinaire.  Nous  craignions  de 
faire  un  mouvement  pour  ne  pas  précipiter  une  catastrophe 
qu'on  pouvait  peut-être  éviter;  et  pendant  quelques  minutes 
nous  nous  surveillâmes  réciproquement.  Cependant  ce  silence 
fut  bientôt  rompu  à  l'arrivée  du  chef  qui,  la  veille,  étant  ivre, 
nous  avait  souhaité  la  bienvenue.  Il  tenait  un  long  bâton  et, 
faisant  le  moulinet  au-devant  des  sauvages,  il  les  obligea  à 
reculer  de  quelques  pas.  Il  s'avança  ensuite,  frappa  le  bateau, 
nous  donna  l'ordre  de  partir,  et  nous  prêta  même  la  main 
pour  remettre  à  l'eau  notre  petit  esquif.  Tandis  qu'il  glissait 
dans  l'eau,  un  autre  chef  s'approcha  et  nous  demanda  à  quoi 
nous  avions  songé  lorsque  nous  avions  tiré  le  bateau  si  loin  à 
terre.  Nous  répondîmes  que  nous  faisions  ainsi  pour  le  proté- 
ger contre  les  brisants  et  le  choc  des  lames,  et  nous  allions 
ajouter  d'autres  raisons,  lorsque  le  premier  cheTf  coupa  court 
à  ^la  discussion  en  nous  réitérant  Tordre  de  partir  sur-le- 
champ  et  d'aller  camper  sur  l'île  Housira,  â  sept  kilomètres  et 
demi  du  rivage  du  lac,  où  il  ne  tarderait  pas  à  nous  rejoindre 
avec  des  vivres.  Il  ne  nous  r&tait  plus  qu'à  suivre  un  si  bon 
conseil,  et  en  un  instant  nous  avions  mis  une  distance  de  cent 
mètres  entre  nous   et  le  rivage  ennemi.  Mais  comme  les 
M'ganda  n'étaient  pas  encore  hors  de  tout  danger,  nous  ap- 
prêtâmes nos  fusils  pour  balayer  la  plage^   La  foule   des 
hommes  armés  était  si  compacte  au  bord  de  l'eau,  que  nous 
aurions  pu  prendre  une  revanche  terrible  si  nous  l'avions 

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148  AFRIQUE.  N- 205-318 

voulu,  OU  si  la  nécessité  de  secourir  les  M  ganda  nous  avait 
contraints  à  faire  feu.  Par  bonheur,  cependant,  nos  amis  s*em- 
barquèrent  sans  combat,  mais  non  sans  beaucoup  d'aigres 
chicanes  et  de  bruyantes  discussions,  et  ils  nous  rejoignirent 
à  nie  Mousira.  Le  chef  lui-même  arriva  un  peu  plus  tard; 
ayant  appris  quels  étaient  nos  besoins  et  notre  but,  il  envoya 
chercher  trois  régimes  de  bananes  dont  il  nous  fit  présent, 
puis  il  se  retira,  nous  abandonnant  à  notre  sort.  » 

Dans  Taprès-midi,  M.  Stanley  vit  la  flotte  du  grand  amiral 
Magassa  aborder  à  une  île  voisine  de  Mousira  et  y  débarquer 
les  honmies  pour  passer  la  nuit  à  tprre.  Espérant  activer  les 
mouvements  de  Magassa,  il  fit  voile  de  Mousira*  à  Tîle  Alice, 
qui  est  à  65  kilomètres  de  la  première.  Les  comman- 
dants des  deux  canots  m*ganda  l'accompagnèrent  pendant 
quelques  kilomètres^,  mais  ensuite,  alarmés  par  l'aspect  du 
ciel,  ils  retournèrent  en  arrière,  criant  qu'ils  suivraient  aussitôt 
que  le  vent  tomberait.  Il  était  près  de  minuit  quand  H.  Stan- 
ley prit  terre  à  File  Alice,  dans  une  anse  bien  abritée',  où  des 
pêcheurs  de  Bambiré,  accroupis  autour  d'un  feu,  s'occupaient 
de  préparer  les  poissons  qu'ils  avaient  capturés  et  dont  ils  cé- 
dèrent une  provision  aux  équipages  affamés.  Le  lieu  où  on 
avait  débarqué  était  au  pied  d'un  inamense  roc  dont  certaines 
parties  surplombaient  le  sol. 

A  l'aurore  du  lendemain,  les  habitants  de  l'île  descendirent 
sur  la  plage,  tenant  dans  leurs  mains  des  gerbes  d'herbe  verte, 
en  signe  de  paix  et  de  bonne  volonté.  Leur  conduite  fut  assez 
amicale,  mais  ils  demandèrent  de  tels  prix  de  leurs  vivres  que, 
pour  ne  pas  arriver  à  la  famine,  M.  Stanley  se  mit  en  route 
vers  le  sudrouest,  dans  la  direction  de  Bambiré,  île  située  à 
46  kilomètres  de  l'île  Alice.  Un  orage  avec  pluie,  éclairs 
et  tonnerre,  soulevant  les  vagues  de  tous  côtés,  il  fallut  jeter 
l'ancre  vers  minuit  à  l'île  de  Barker  ;  mais  le  jour  suivant,  une 
forte  brise  du  nord-est  poussa  en  trois  heures  k  Lady  Alice 
dans  une  jolie  petite  anse  près  du  village  de  Kadjouri,  situé  à 
la  pointe  sud-est  de  l'île  de  Bambiré.  Ici  se  déroule  l'un 

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LES  RÉSERVOIRS  DU  NIL.  149 

des  épisodes  les  plus  émouvants  du  voyage  de  M.  Stanley. 

«  En  contemplant  les  pentes  verdoyantes,  couvertes  de 
grandes  plantations  de  bananiers,  au  milieu  desquelles  on  dis- 
tinguait, semblables  à  des  taches,  de  nombreux  troupeaux  de 
bétail,  nous  nous  promettions  une  abondance  de  bonne  nour- 
riture, des  bananes  mûres,  une  chèvre  grasse,  du  lait  en 
quantité,  et  d'autres  choses  fort  désirables  pour  des  hommes 
affamés.  Mais  ces  rêves  s'évanouirent  au  cri  de  guerre  d'un 
grand  nombre  d'habitants,  postés  sur  un  plateau  qui  domine  le 
village.  Malgré  cet  avertissement,  nous  nous  approchons  de  la 
plage  ;  la  faim  nous  donnait  confiance,  et  nous  étions  sûrs 
qu'un  riche  cadeau  rendrait  pacifique  le  chef  le  plus  belli- , 
queux.  Voyant  que  nous  persistions  à  vouloir  aborder, 
les  habitants  descendirent  en  hâte  du  plateau  pour  courir  à 
notre  rencontre  sur  la  plage .*La  prudence  me  suggéra  de  tenir 
au  moins  nos  fusils  prêts,  ce  que  je  fis,  et  je  ramai  ensuite  len- 
tement vers  la  plage,  comptant  bien  qu'en  cas  d'attaque  quel- 
que indice  en  trahirait  l'intention  assez  à  temps  pour  me  per- 
mettre de  me  retirer. 

«  Nous  nous  arrêtâmes  à  15  ou  20  mètres  de  la  terre, 
et  je  remarquai  que  l'attitude  sauvage  des  habitants  se  chan- 
geait en  affabilité  à  mesure  qu'ils  approchaient.  Nous  échan- 
geâmes les  saints  amicaux  qui  sont  d'usage,  et  on  nous  invita 
à  descendre  sur  la  plage,  dans  des  termes  tels,  que  nos  derniers 
soupçons  se  dissipèrent.  Mais  à  peine  la  quille  de  la  Lady  Alice 
avait-elle  touché  le  fond,  que  les  indigènes  s'élancèrent  tous 
ensemble  sur  nous,  saisirent  le  bateau  et  le  tirèrent  à  sec  sur 
le  rivage  avec  tout  ce  qu'il  contenait.  Le  lecteur  pourra  se 
figurer  combien  nombreux  étaient  les  gens  qui  firent  ce  bel 
exploit,  lorsqu'il  saura  que  le  bateau,  les  bagages  et  l'équi* 
page  pesaient  1500  kilogrammes!  Deux  fois  je  levai  mes 
revolvers  pour  tuer  et  mourir  ensuite  ;  mais  l'équipage  me  re- 
tint ^  disant  qu'il  serait  prématuré  de  combattre  parce  que  ces 
gens  étaient  des  amis  et  que  tout  finirait  bien.  En  conséquence 
je  m'assis  à  la  poupe,  et  j'attendis  en  patience  le  moment  dé- 

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150  AFRIQUE.  H-*  205^S 

cisif.  Le  nombre  des  sauvages  augmentait  rapidement,  et  le 
tmnulte  devenait  de  plus  en  plus  fort  ;  nous  reçûmes  sans  y 
répondre  les  injures  et  lea  violences.  Les  habitants  de  Bambiré 
brandissaient  leurs  lances  comme  prêts  à  nous  les  envoyer  ; 
ils  bandaient  leurs  arcs  sur  nous^  et  nous  fixaient  alternative- 
ment avec  des  regards  furieux  ;  les  yeux  leur  sortaient  pres- 
que de  la  tête.  Ces  gens  pacifiques  en  apparence  étaient  méta- 
morphosés en  véritables  furies.  Dans  aucune  scène  de  la  vie 
civilisée  ou  de  la  vie  sauvage,  je  n'avais  jamais  vu  la  rage  folle 
et  la  fureur  cruelle  peintes  aussi  complètement  sur  des  figures 
humaines.  Ces  passions  conduisirent  les  habitants- de  Bambiré 
aux  dernières  limites  de  l'absurde.  Ils  frappaient  sur  le  sol  et 
sur  le  bateau,  ils  piétinaient  la  bouche  écumanie,  grinçant  des 
dents  et  fouettant  l'air  avec  leurs  lances,  mais  sans  en  venir  à 
l'effusion  du  sang.  Leur  chef,  Ghekka,  empêcha  qu'on  fît  usage 
des  armes  ;  je  suppose  qu'il  les  réservait  pour  un  moment  plus 
opportun  où  il  aurait  fallu  produire  une  nouvelle  excitation. 
Pendant  la  scène  que  je  décris  nos  interprètes  ne  s'épargnaient 
pas  ;  sans  montrer  ni  servilité  ni  bassesse,  ils  faisaient  appel  à 
toutes  les  facultés  de  persuasion  dont  les  avait  dotés  la  na- 
ture, ou  la  peur.  En  vérité  j'é(ais  saisi  d'admiration  devant 
leur  calme  apparent  et  la  manière  virile  dont  ils  expliquaient 
le  but  de  notre  voyage  sur  le  Niyanza.  Ce  calme  n'écïiappa  pas 
aux  sauvages  eux-mêmes,  et  ils  le  commentaient  entre  eux 
avec  surprise;  L'attitude  tranquille  de  l'équipage  apaisa  tout 
d'abord  l'impétuosité  et  les  vociférations,  qui  ne  tardèrent  pas 
à  recommencer  accompagnées  des  gestes  les  pluç  provoquants 
et  les  plus  belliqueux.  Trois  heures  durant,  je  restai  assis  à  la 
poupe  du  bateau,  observant  tous  ces  préliminaires  d'une  tra- 
gédie qui,  j'en  étais  persuadé,  allait  commencer.  Je  n'ouvrais 
la  bouche  que  pour  donner  de  temps  en  temps  un  conseil  aux 
interprètes  ;  en  apparence  je  pouvais  passer  pour  un  spectateur 
désintéressé.  Il  n'en  était  point  ainsi  cependant;  mais  je  voulais 
en  imposer  aux  sauvages,  et  je  m'occupais  activement  de  com- 
biner un  plan  de  résistance  et  de  trouver  les  moyens  de  fuir. 

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L£S  BÉSJgRyOIRS  DU  MIL.  IM 

Nous  étions  &k  leur  pouvoir;  nous  n'avions  plus  ({u'à  nous  tenir 
traïupiilles  jusqu'au  premier  acte  de  violence^  et,  en  attendant, 
à  essayer  d'acheter  la  paix  ou  au  moins' de  reculer  l'heure  An 
combat.  Cooformément  à  ces  idées,  les  interprètes  reçurent 
l'ordre  d'offrir  des  étoffes  et  des  verroteries  au  chef  Chekka 
qai,  à  en  juger  par  le  respect  et  l'obéissance  absolue  qu'on 
lui  témoignait,  paraissait  exercer  une  autorité  despotique  sur 
tous  les  assaillants.  Chekka  demanda  quatre  pièces  d'étoile  et 
dix  colliers  de  grosse  verroterie  comme  prix  de  la  faculté  de 
partir  en  paix.  On  les  lui  donna  ;  mais  à  peine  les  eut-il  reçus, 
qu'il  ordonna  dé  s'emparer  de  nos  aVirons  ;  Tordre  fut  exécuté 
avant  que  nous  eussions  compris  de  quoi  il  s'agissait.  C'était  la 
deuxième  fois  que  Chekka  agissait  en  traître  rusé,  et  un  rire 
moqueur  prolongé  montra  combien  ses  sujets  appréciaient  son 
esprit. 

«  En  possession  de  nos  avirons,  Chekka  et  ses  gens  s'en  allè- 
rent tranquillement  dîner  au  village,  et  y  discuter  quelles  autres 
mesures  on  devrait  prendre  contre  les  étrangers.  Une  femme 
s'approcha  de  nous,  et  nous,  dit  de  manger  du  miel  avec  Chekka. 
Elle  ajouta  que  c'était  le  seul  moyen  que  nous  avions  de  sauver 
nos  vies,  parce  que  son  peuple  et  lui  avaient  résolu  de  nous 
tuer  et  de  s'emparer  de  toutes  nos  richesses.  J'envoyai  au  roi 
le  quartier-maître  porteur  de  paroles  fraternelles  ;  le  roi  lui  dit 
de  ne  rien  craindre,  qu'on  ne  voulait  nous  faire  aucun  mal,  et 
qu'à  viendrait  le  lendemain  manger  le  miel  avec  moi  pour  ci- 
menter ainsi  une  fraternité  sûre  et  durable.  Le  quartier-maître 
revint  triomphant,  et  communiqua  de  suite  son  assurance  à 
l'équipage.  Mais  je  combattis  cette  confiance  exagérée  dans  un 
peuple  rusé  et  traître,  et  je  dis  aux  hommes  de  ne  compter 
que  sur  leur  propre  intelligence  et  de  ne  pas  s'éloigner  du  ba- 
teau parce  que  la  première  chose  que  Chekka  allait  faire,  était 
de  s'emparer  des  fusils  de  la  même  manière  qu'il  s'était  em- 
paré des  avirons.  L'équipage  comprit  la  justesse  de  ces  conseils, 
et  je  n'ai  pas  à  lui  reprocher  de  ne  m'avoir  pas  écouté. 

«  A;trois  heures  de  l'après-midi  les  indigènes  commencè- 

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152  AFRIQUE.  N- 205-348 

rent  à  s'assembler  sur  le  sommet  d*une  colline  basse  à  une 
centaine  de  mètres  du  bateau  ;  en  même  temps  nous  enten- 
dîmes les  tambours  battre  Fappel  au  combat.  Dans  l'espace 
d'une  demi-heure  cinq  cents  guerriers,  à  peu  près,  furent 
réunis  autour  de  Ghekka,  qui,  assis  à  terre, les  haranguait.  Lors- 
qu'il eut  fini,  une  cinquantaine  de  guerriers  se  précipitèrent 
vers  nous,  prirent  notre  tambour  et  nous  dirent  avec  bonté  de 
préparer  nos  fusils  pour  la  bataille,  parce  qu'on  allait  venir 
nous  couper  la  gorge.  Dès  que  je  vis  ces  cinquante  sauvages 
revenus,  avec  le  tambour,  à  leur  poste  autour  de  Chekka,  je 
criai  à  mes  hommes  de  lancer  le  bateau  à  l'eau.  D'un  eflbrl 
désespéré  l'équipage,  composé  de  onze  hommes,  le  souleva  et  le 
poussa  loin  dans  le  lac  ;  l'impulsion  fut  telle  qu'elle  les  en- 
traîna tous  .dans  l'eau  profonde.  Au  même  moment  les  sau- 
vages poussèrent  le  hurlement  du  désappointement  et  de  la 
rage  déçue  et  se  précipitèrent  comme  un  tourbillon  du  côté  de 
leurs  canots.  Je  déchargeai  au  milieu  d'eux  les  deux  balles 
coniques  de  ma  carabine  de  chasse  à  l'éléphant  ;  puis,  aidant 
un  de  mes  hommes  à  monter  dans  le  bateau,  je  lui  dis  de 
rendre  le  même  service  à  ses  camarades,  tandis  que  je  conti- 
nuerais à  me  battre.  Je  fis  feu  d'abord  de  mon  fusil  à  deux 
coups  chargé  de  chevrotines  qui  produisirent  des  effets  ter- 
ribles; car,  sans  bander  un  seul  arc  ni  envoyer  une  seule  lance, 
l'ennemi  se  retira  sur  la  pente  de  la  colline,  nous  laissant 
libres  d'exercer  notre  sagacité  pour  sortir  de  l'anse  avant  ^u'il 
se  fût  décidé  à  faire  usage  de  ses  canots.  Mon  équipage,  com- 
posé d'hommes  d'élite,  justifia  bien,  dans  la  terrible  extrémité 
où  nous  étions,  le  choix  que  j'avais  fait  d'eux.  Quoique  privés  de 
leurs  avirons,  ils  trouvèrent  vite  moyen  de  les  remplacer. 
Aussitôt  embarqués,  ils  arrachèrent  les  bancs  et  les  planches 
d,*appui  avec  lesquels  ils  se  mirent  à  pagayer,  tandis  qu'armé 
de  mes  carabines  et  libre  de  mes  mouvements,  je  choisissais 
comme  points  de  mire  les  chefs  et  les  hommes  les  plus  auda- 
cieux parmi  mes  ennemis.  Deux  fois  de  suite,  je  réussis  à  faire 

tomber  des  hommes  eu  train  de  mettre  à  l'eau  des  canots,  et 

I 

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LES  RÉSERVOIRS  DU  NIL.  155 

reconnaissant  le  chef  subalterne  des  hommes  qui  m'avaient 
pris  mon  tambour,  je  le  visai  avec  ma  carabine  de  chasse  à 
réléphant.  Cette  balle-là,  on  me  l'a  raconté  depuis,  tua  le  chef 
et  deux  hommes  qui  se  tenaient  à  quelques  pas  derrière  lui  ; 
je  me  figure  que  ce  résultat  surprenant  eut  plus  d'effet  sur 
l'esprit  superstitieux  des  indigènes  que  tous  les  coups  précé- 
dents et  ceux  qui  suivirent.  Pendant  que  nous  sortions  de 
l'anse  nous  vîmes  deux  canots  chargés  de  monde  partir  d'un 
petit  îlot.  Je  les  laissai  approcher  à  une  centaine  de  mètres,  et 
je  me  servis  de  ma  carabine  à  éléphants  chargée  de  balles  ex- 
plosives. Quatre  coups  de  feu  suffirent  pour  tuer  cinq  hommes 
et  pour  couler  à  fond  les  canots.  Celte  affaire  décisive  décou- 
ragea Fennemi,  qui  nous  laissa  continuer  notre  route  sans 
autres  molestalions.  Mais' une  voix  stridente  fit  retentir  à  nos 
oreilles  ce  cri  :  <(  Allez  !  et  mourez  dans  le  Niyanza  !  »  Lorsque 
les  sauvages  comptèrent  leurs  pertes,  ils  trouvèrent  quatorze 
hommes  morts  ou  blessés  par  les  balles  et  les  chevrotines  ; 
c'était,  selon  moi,  payer  trop  cher  le  vol  de  huit  rames  en 
frêne  et  d'un  tambour  ;  mais  tout  compte  fait,  ce  n'était  qu'une 
faible  expiation  du  massacre  général  qu'ils  avaient  résolu,  n 

Livrée  désormais  au  souffle  des  vents,  la  Lady  Alice  vo- 
gua au  sud-est.  Après  Al  kilomètres,  le  vent  du  nord-ouest 
fraîchit  et  la  marche  du  bateau  s'accéléra,  si  bien  que,  au  cou- 
cher du  soleil,  il  était  à  22  kilomètres  nord-est  de  l'île 
Sosoua  ou  Gosoua.  Mais  le  vent  devint  rafale,  et  on  ne  fut  plus 
maître  du  bateau  ;  malgré  les  efforts  désespérés  de  l'équipage, 
la  Lady  Alice  dépassa  l'île  de  Sosoua.  Il  fallut  se  résigner  à  sti- 
Jbir  la  tempête  sur  le  lac,  avec  les  crocodiles  sous  les  pieds,  des 
écueils  et  des  îles  inconnus  devant  soi,  et  à  côté  de  soi  des  po- 
pulations inhospitalières.  Le  bateau  ne  portait  pas  de  vivres, 
aussi  pendant  quarante-huit  heures  on  se  soutint  avec  du  café 
moulu.  Enfin  la  tempête  ayant  cessé,  une  légère  brise  de  l'ouejst 
permit  d'aborder,  à  l'est  de  Sosoua,  dans  une  île  de  4  kilo- 
mètres de  circonférence,  que  M.  Stanley  nomma  l'île  du  Refuge. 
A  sa  grande  joie,  il  y  trouva  des  bananes  vertes  en  quantité, 

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154  AFRIQUE.  N»   205^» 

ainsi  qu'un  petit  fruit  mûr,  semblable  aux  cerises  pourla  fonne 
et  aux  dattes  pour  le  goût.  Il  abattit  aussi  quelques  paires  de 
grands  canards.  L'île  du  Refuge  était  autrefois  habitée  et  cul< 
tivée,  mais  il  a'y  restait  plus  que  les  plantes  vivaces  naguère 
cultivées  par  les  habitants. 

DeTUe  du  Refuge,  M.  Stanley  fit  voile  vers  Tile  de  Singo.  Se 
croyant  assez  près  de  TOusoukouma  pour  essayer  de  visiter  File 
d'Ito,  à  1800  mètres  sud  de  Singo,  et  dont  les  pen- 
tes couvertes  du  frais  feuillage  des  bananiers  invitaient  les  voya- 
geurs; mais  des  volées  de  pierres  lancées  avec  des  frondes  aver- 
tirent qu'on  n'était  pas  encore  en  pays  ami.  Les  derniers  temps 
pluvieux  avaient  détrempé  les  cartouches  ;  on  remit  donc  à  la 
voile  pour  une  plage  plus  hospitalière. 

Deux  jours  après,  la  Lady  Alice  contournait  la  pointe  sud- 
ouest  de  la  presqu'île  de  Wiro  d'Oukerêwé,  et  elle  glissait  dans 
les  eaux  grises  du  golfe  de  Speke,  ayant  en  vue,  à  40  kilo- 
mètres ,   la   ligne  des    côtes   d'Ousoukouma.  Le  vent  con- 
traire força  de  relâcher  dans  une  petite  Baie  sur  la  presqu'île 
de  Wiro,  où  on  put  acheter  des  provisions  :  viande,  patates, 
lait,  miel,  bananes,  œufs  el  volailles.  À  minuit,  croyant  le 
'  temps  changé,  on  remit  à  la  voile,  et  on  était  arrivé  presque 
au  milieu  du  golfe,  lorsque  le  vent  tomba.  Après  une  courte 
accalmie,  une  tempête  accompagnée  d'une  chute  de  grêlons  gros 
comme  des  noisettes  se  déchaîna  sur  le  lac.  Le  ciel  était  d'un 
noir  d'encre  ;  des  éclairs  suivis  d'un  tonnerre  bruyant  éclai- 
raient seuls  la  scène.  Un  vent  terrible  du  nord-nord-est  soulevait 
les  vagues,  qui  menaçaient  d'écraser  la  L(idy  Alice.  M.  Stanley 
crut  que  la  malédiction  des  habitants  de  Rambiré  allait  se  réa- 
liser !  Lorsque  parut  le  jour,  on  était  à  19  kilomètres  dans 
le   nord  de  Rwoma  et  à  57   kilomètres  au  nord-ouest  de 
Kadjehyi.  La   tempête  s'était   un   peu  apaisée,  et   la  Lady 
Alice,  glissant  sur  les  hautes  vagues,  le  long  des  côtes  d'Ou- 
soukouma, cingla  droit  sur  le  camp,  où  elle  arriva  cinquante- 
sept  jours  après  son  départ. 

De  graves  complications  avaient  failli  compromettre  l'exis- 

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LES  RESERVOIRS  DU  NIL.  155 

tence  même  d«  camp  de  K^4Jehyi  pendant  Tabsence  du  chef 
de  l'expédition.  D'abord,  par  deux  fois,  le  bruit  d'un  désastre 
qui  mettait  fin  à  rexpédition  avait  été  apporté  au  camp.  Puis 
les  princes  Yoisins  :  Kapindjiri  de  Loutari,  Kourréré  de  Kayenzi 
et  celui  d'Igousa,  avaient  ourdi  une  conspiration  pour  surprendre 
le  camp  et  s'emparer  des  richesses  qu'il  renfermait.  Non-seule- 
ment Kadouma,  prince  de  Kadjehyi,  refusa  d'entrer  dans  le 
complot,  mais  il  le  révéla  et  les  hommes  purent  prendre,  à 
temps,  les  mesures  de  défense.  Cette  menaçante  coalition  fut  dis- 
soute par  lamortdu  chef  d'Igousa.  Cependant  la  dyssenterie  et  la 
fièvre  intermittente  avaient  fait  apparition  dans  le  camp,  et  dix 
Africains, ainsi  queFrédéric  Barker,  avaient  succombé.  Fatigués 
d'une  longue  attente,  découragés  par  les  sinistres  rumeurs  qui 
leur  parvenaient,  et  inquiets  de  l'avenir,  les  scddats  et  les  por- 
teurs de  H.  Stanley  avaient  décidé  que  si  leur  chef  ne  reve- 
nait pas  dans  un  délai  de  quinze  jours,  ils  partiraient  tous 
pour  rOunyanyembé.  Le  délai  devait  expirer  le  lendemain  du 
jour  où  ils  revirent  M.  Stanley. — Une  politique  sage  conseillait 
de  faire  séjour  à  Kadjehyi,  et  la  nécessité  y  forçait  puisque  la 
flotte  de  Hagassa,  sur  laquelle  on  aurait  pu  embarquer  tous  les 
honuHes  et  tous  les  bagages,  était  restée  en  arrière  depuis  le 
jour  où  elle  avait  rallié  à  l'île  de  Housira.  Dix  jours  se  passè- 
rent en  yaine  attente;  les  préparatifs  étaient  achevés  et  on  al- 
lait se  mettre  en  route  pour  l'Ouganda,  en  suivant  par  terre  le 
rivage  ouest  du  lac,  lorsqu'un  ambassadeur  de  Rwoma,  roi  du 
Hiveri  (Ouzinza  méridional),  vint  apporter  le  message  suivant 
de  son  maitre  :  a  Salut  au  blanc  !  Rwoma  ne  désire  aucun 
de  ses  cadeaux  ;  il  veut  qu'il  ne  passe  pas  chez  lui,  pas  plus 
qa'aucun  autre  homme  blanc,  à  longs  cheveux  rouges  et  à 
grands  yeux  rouges.  Rwomo  n'a  pas  peur  du  blanc  ;  si  malgré 
cet  avis  il  vient,  Rwoma  et  Mirambo  réunis  le  combattront.  » 
Or,  l'amiral  Hagassa  n'arrivant  pas,  et  le  royaume  de  Rwoma 
étant  le  premier  pays  à  traverser  sur  la  seule  route  qui  parût 
ouverte,  le  voyage  d'0ugan4a  n'était  plus  possible.  Rwoma  dis- 
posait de  cent  cinquante  mousquets  et  de  milliers  de  soldats 

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156  AFRIQUE.  N-*  205-318 

armés  de  lances  ;  Mirambo  était  à  une  marche  de  l'Ourima  et  à 
trois  marches  du  camp  ;  il  eût  donc  été  impossible  de  forcer  le 
passage  par  terre  sans  s'exposer  à  perdre  des  vies  précieuses. 
Avant  d'abandonner  le  projet  d'explorer  le  Loûta  Nzîdjé  ou 
lac  Albert  et  le  pays  si-  intéressant  qui  sépare  ce  lac  du  Tan- 
ganjika,  M.  Stanley  recueillit  des  renseignements  sur  les  forces 
navales  des  chefs  riterains  du  Niyanza.  Il  apprit  ainsi  que 
Loukondjé,  roi  d'Oukérêwé,  était  le  seul  de  ces  chefs  qui  pût 
l'aider  utilement.  Mais  l'inquiétude  s'ajoutant  tiux  effets  du 
séjour  prolongé  sur  le  Niyanza,  le  voyageur  tomba  gravement 
malade.  Au  lieu  d'aller  en  personne  trouver  le  roi  Loukondjé, 
il  lai  dépécha  Henri  Pocock>  et  le  prince  Kadouma  chargés  de 
demander  les  quarante  bateaux,  faute  desquels  il  ne  pouvait 
transport»  l'expédition  en  Ouganda.  Douze  jours  après,  Pocodc 
rentrait  à  Kadjehyi,  amenant  cinquante  canots,  montés  par 
trois  cents  Wakérêwé  ou  M'kérêwé*  que  commandait  le  ffère 
même  du  roi  Loukondjé.  Le  prince  avait  mission  de  transporter 
toute  l'expédition,  d'abord  en  Oukérêwé,  mais  M.  Stanley  ue 
voulant  pas  mettre  tous  ses  moyens  d'action*  au  pouvoir  d'un 
chef  inconnu,  partit  pour  aller  négocier  avec  Loukondjé.  En  deux 
journées  de  navigation  il  arriva  à  la  capitale  de  l'Ookérêw^. 
Le  roi  Loukondjé,  jeune  homme  de  couleur  claire  et  de  ma- 
nières affables,  était  là,  \êtù  de  robes  de  soie  rouge  et  jaune  et 
de  satin,  prêt  à  recevoir  le  voyageur.  Il  se  montra  bien  disposé, 
et,  après  lui  avoir  exprimé  les  craintes  que  lui  inspirait  le  mau- 
vais état  de  sa  flotte,  il  promit  tous  les  canots  que  désirait 
M.  Stanley,  le  priant  d'accepter  son  hospitalité  pour  quelques 
jours.  Loukondjé  se  montra  fort  hospitalier  pendant  quinze 
jours,  au  bout  desquels  il  communiqua  lui-même  à  M.  Stanley 
ses  instructions  secrètes.  Cinquante  canots  iraient  en  Ousou- 
kouma  avec  M.  Stanley  ;  mais  le  roi  n'était  pas  tout  à  fait  sûr 
que  les  équipages  de  cinquante  canots  obéissent  à  cet  ordre 
parce  qu'ils  avaient  entendu  parier  du  voyage  d'Ouganda,  pays 
que  personne  en  Oukérêwé  ne  voulait  visiter.  11  fallait  donc 

1.  H'kérêwéf  oa  Wakérêwé  :  habitanU  de  l'Oukéréwé.  ' 

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LES  RËSERTOIRS  DU  »IL.  15? 

déployer  beaucoup  de  diplomatie.  Il  avait  répandu  le  bruit 
qu'il  avait  décidé  H.  Stanley  à  se  fixer  dans  le  pays.  A  l'arrivée 
en  Ousoukouma,  dès  que  les  bateaux  seraient  mis  à  sec,  ilcon- 
seillait  à  M.  Stanley  de  s'en  emparer,  ainsi  que  des  avirons,  el 
d'expliquer  seulement  alors  son  projet  aux  Wakérêwé.  Pour 
prêter  dans  cette  circonstance  à  M.  Stanley  une  part  de  son  au- 
torité, il  fit  partir  avec  lui  son  premier  ministre  et  deux  de  se» 
favoris. 

Pendant  sa  courte  visite  à  Loukondjé,  il  paraît  que  H.  Stan- 
ley fit  de^  découvertes  historiques  du  plus  haut  intérêt.  11  ap- 
prit à  connaître  les  annales  d'Oukérêwé,  dans  lesquelles  il 
trouve  l'explication  de  Thistoire  de  toutes  les  races  nègres  qui 
peuplent  l'intérieur  de  l'Afrique  Orientale,  de  la  Cafrerie,  au 
sud,  à  la  Nubie,  au  nord. 

Yingt-trois  bateaux  seulement  abordèrent  en  Ousoukouma 
en  même  temps  que  M.  Stanley.  Malgré  l'insuffisance  de  cette 
flottille,  M.  Stanley  résolut  d'eu  tirer  le  meilleur  parti  possible, 
et  écoutant  la  recomni^ndation  de  Loukondjé,  il  fit  saisir  par 
ses  hommes  les  bateaux  et  les  avirons  des  Wakérêwé.  Ceux-ci 
déclarèrent  aussitôt  la  guerre  à  M.  Stanley,  qui  les  fit  charger 
par  ses  hommes,  et  refouler  hors  du  camp  et  loin  du  rivage, 
sans  leur  causer  d'autre  mal  que  quelques  contusions.  Gela  fait, 
le  voyageur  embarqua  ses  munitions  et  ses  marchandises,  et 
mit  le  cap  sur  l'île  du  Refuge  qu'il  atteignit  en  cinq  journées 
de  navigation.  11  y  établit  un  camp  retranché  dans  une  position 
fortifiée  par  la  nature,  afin  de  laisser  cinquante  soldats  à  l'abri 
des  entreprises' des  habitants  du  continent,  qui  est  à  il  kilo- 
mètres de  l'île,  puis  il  revint  à  Kadjehyi  qumze  jours  après 
son  départ. 

Le  prince  de  Kadjehyi,  Kadouma,  avait  été  un  moment  sur  le 
point  d'entrer  dans  la  conspiration  où  son  frère  Kapindjiri 
avait  figuré.  M.  Stanley,  instruit  par  l'expérience,  prévoyait 
quelque  méfait  de  ce  côté-là.  Le  jour  du  départ,  Kadouma  et 
Kapindjiri,  entourés  de  forces  respectables,  se  présentèrent 
sur  la  plage.  M.  Stanley  affecta  de  plaisanter  avec  eux  et  leur 

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158  AFRIQUE.  N- 205-318 

fit  quelques^ petits  cadeaux  tandis  qu'on  achevait  d'embarquer 
les  marchandises,  puis  au  moment  où  il  ne  restait  plus  qu*â 
lancer  à  l'eau  h  Lady  Alice ^  on  protégea  cette  manœuvre  par 
la  menace  des  fusils.  Kadoàma,  désappointé  de  voir  lui  échap- 
per une  proie  sur  laquelle  il  avait  compté»  se  retira,  et  Kapind- 
jiri,  apercevant  les  fusils,  laissa  partir  le  dernier  bateau. 

En  anîvant  à  Tile  du  Refuge,  il  ne  restait  plus  que  quinze 
bateaux  ;  les  huit  autres,  dont  le  bois  était  pourri,  avaient 
coulé  à  fond  pendant  la  traversée.  Mais  tout  le  personnel  de 
M.  Stanley  était  réuni,  et  l'expédition  sauvée.  Grâce  aux  pré- 
cautions qui  avaient  été  prises,  on  avait  vécu  en  paix  au  camp 
pendant  Tabsence  du  chef  de  l'expédition.  Le  roi  Kidjadjou, 
qui  possède  toutes  les  îles  du  lac,  la  presqu'île  d'Oukérêwé  et 
le  pays  d'ihandjiro,  et  son  fils,  roi  d'itawagoumba,  sur  la  terre 
ferme,  voyant  qu'il  fallait  renoncer  à  s'emparer  de  l'île  du 
Refuge,  avaient  fait  la  paix  avec  l'expédition.  lis  persistèrent 
dans  ces  heureuses  dispositions,  vendirent  trois  canots  et  four- 
nirent même  uii  pilote  pour  le  reste  du  voyage  sur  le  lac. 

De  l'île  du  Refuge,  M.  Stanley  fit  voile  vers  Tile  Mahyiga, 
située  à  1800  mètres  sud  de  l'île  d'Iroba,  et  à  9  kilomè- 
tres sud  de  la  grande  île  de  Bambiré.  M.  Stanley  paraît  avoir 
un  principe,  que  les  voyageurs  eft  général,  et  surtout  les 
voyageurs  isolés,  ne  devront  pas  chercher  à  suivre  :  c'est  de 
ne  jamais  laisser  au  temps  ni  à  d'autres  que  le  voyageur,  le 
soin  de  punir  ses  ennemis.  En  conséquence,  il  voulut  se  venger 
ou  obtenir  une  réparation  du  peuple  à  longues  jambes,  qui 
habite  111e  de  Bambiré  et  qui  s'était  conduit  traîtreusement  à 
son  égard. 

Il  fit  sommer  les  habitants  de  Bambiré  de  lui  livrer,  «ous 
peine  de  guerre,  leur  roi  et  ses  deux  plus  grands  chefs,  et  le 
mên^e  message  fut  porté  aux  gens  de  l'île  d'Iroba.  Le  roi  de 
cette  île  arriva  accompagné  de  trois  de  ses  chefs  ;  mais  le  roi 
de  Bambiré  ne  répondit  que  par  le  mépris.  M.  Stanley  fit  alors 
savoir  aux  habitants  d'Iroba  qu'il  leur  réclamait  la  personne  du 
roi  de  Bambiré  comme  rançon  de  la  liberté  de  leur  propre  roi. 

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LES  RÉSERVOIRS  DU  NIL.  159 

Cette  ruse  réussit;  le  roi  de  Bambiré  fut  bientôt  entre  les  mains 
de  M.  Stanley,  qui  le  fit  mettre  aux  fers,  tandis  qu'il  laissait, 
libre  et  comblait  de  témoignages  de  paix  et  d'amitié  le  roi 
d'Iroba.  Une  fois  maître  du  roi  de  Bambiré,  M.  Stanley  adressa 
un  message  à  son  suzerain,  Antari,  roi  d'Ihandjiro,  sur  le  con- 
tinent, le  priant  de  racheter  son  île  de  la  guerre.  Antari  en-« 
voya  au  voyageur  son  fils  et  deux  chefs  pour  traiter  de  la  paix  ; 
mais  ceux-ci  débitèrent  de  tels  mensonges,  et  leurs  physiono- 
mies respiraient  si  bien  la  traîtrise,  .qu'on  les  mit  aux  fers, 
comme  otages,  en  lieu  et  place  de  deux  chefs  de  Bambiré. 

Sur  ces  entrefaites,  sept  grands'  canots  appartenant  au  roi 
M'tésa  abordèrent  à  l'île  Hahyiga.  Leur  commandant,  Sabadou, 
était  chargé  do  conduire  en  Ousoukouma  un  négociant  arabe 
avec  ses  marchandises.  Sabadou  apprit  à  M.  Stanley  que  l'ami- 
ral Magassâ  était  revenu  en  Ouganda  ;  et  ayant  annoncé  à  M'tésa 
la  mort  de  M.  Stanley,  il  avait  été  enchaîné,  puis  envoyé  à  la 
recherche  de  nouvelles  positivés  du  voyageur. 

Un  incident  propice  surviYit.  Des  M'ganda  de  la  flotte  allant 
à  Bambiré,  pour  y  acheter  des  vivres,  furent  attaqués  par  les 
insulaires  qui  leur  tuèrent  un  homme  et  en  blessèrent  huit. 
M.  Stanley  saisit  cette  occasion  pour  exercer  sa  vengeance  ;  il 
embarqua  deux  cent  quatre-vingts  hommes»  dont  cinquante 
fusiliers,  et  rama  siu*  Bambiré,  où  on  s'attendait  à  des  repré- 
sailles. Les  indigènes  allèrent  s'emlmsquer  dans  une  plantation 
de  bananiers  située  près  d'un  petit  port  à  la  pointe  de  Tîle.  Un 
simulacre  de  débarquement  fit  débusquer  l'ennemi,  dans  la 
direction  duquel  oh  rama  doucement  pour  lui  donner  le  temps 
d'arriver  à  une  centaine  de  mètres  de  la  plage.  A  ce  moment, 
des  bateaux  placés  en  ligne,  le  bord  tourné  vers  la  terre,  par- 
tit une  volée  dirigée  contre  un  groupe  de  cinquante  individus, 
dont  un  grand  nombre  tombèrent  morts  ou  blessés.  Les  sau- 
vages, dispersés  alors  en  tirailleurs,  commencèrent  à  répondre 
à  coups  de  fronde  ;  mais  les  bateaux  s'approchaùt  à  cinquante 
mètres  du  rivage,  recommencèrent  le  feu  avec  un  succès  si 
complet,  qu'en  une  heure  Fennemi,  vaincu,  était  en  fuite.  Un 

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160    '  AFRIQUE*  N«  205-518 

retour  offensif  à  coups  de  lances  contre  les  bateaux,  gui  avaient 
continué  à  s'approcher,  fut  accueilli  par  une  nouvelle  décharge, 
qui  acheva  la  déroute.  H.  Stanley  jugeant  le  châtiment  suffi- 
sant, refusa  à  ses  hommes  de  débarquer  pour  compléter  le  car- 
nage. L'ennemi  laissait  quarante-deux  morts  sur  le  terrain,  et 
iine  centaine  des  siens  se  retirèrent  blessés.  Du  côté  de  l'expé- 
dition il  n'y  eut  que  quelques  meurtrissures  causées  par  les. 
pierres  des  frondes. 

Revenu  à  l'île  de  Hahyiga,  M.  Stanley  trouva  d'autres  ba- 
teaux, arrivés  d'Ouganda.  [1  put  donc  continuer  son  voyage 
avec  trepte-deux  bateaux.  En  longeant  la  côte  de  Bambiré,  il 
constata  l'effet  de  son  châtiment.  Car  un  seul  coup  de  carabine 
mit  en  fuite  des  centaines  d'habitants  ;  d'autres  accouraient  sur 
le  rivage  et  priaient  M.  Stanley  de  ne  pas  débarquer.  Le  len- 
demain, il  campait  sur  la  terre  ferme  près  du  village  du  roi 
Kattawa,  qui  le  reçut  magnifiquement  :  ayant  eu  plusieurs  de 
ses  sujets  tués  par  les  habitants  de  Bambiré,  il  se  trouvait 
vengé  par  la  victoire  de  M.  Stanley. 

Cette  victoire,  dont  la  nouvelle  s'était  répandue,  fut  d'autre 
part  fajrorable  à. l'expédition,  qui  trouva  sur  sa  route  des  dis- 
positions moins  hostiles. 

Après  un  voyage  de  près  de  600  kilomètres,  à  partir  de 
rOusoukouma,  et  pendant  lequel  une  balle  de  cotonnades  avait 
suffi  pour  subvenir  aux  dépenses  de  l'entretien  de  tout  son 
monde,  M.  Stanley  arriva  au  port  de  Doumo,  dans  le  mois 
d'août  1875.  Ce  port,  situé  dans  la  partie  sud-ouest  de  l'Ou- 
ganda, est  à  deux  marches  au  nord  de  l'embouchure  du  Kad- 
jera,et  àdeux  marches  au  sud  de  celle  du  Katonga.  H.  Stanley 
avait  espéré  pouvoir  commencer  à  Doumo  un  voyage  au  Loûta- 
Nzîdjéou  lac  Albert;  mais  les  Wasagora,  les  Waroiianda  et  les 
Wasangora,  peuplades  fortes  et  belliqueuses  du  pays  situé  en- 
tre les  deux  lacs,  étaient  continuellement  en  guerre  avec  H'iésa. 
H.  Stanley  demanda  conseil  à  ce  souverain,  qui  lui  promit  de 
l'aider  dans  la  réalisation  de  son  projet,  et  lui' donna  effective- 
ment deux  mille  hommes  d'élite,  armés  de  lances,  et  comman- 

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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  161 

dés  par  le  gcnéral  Sambouzi,  pour  traverser  le  pays  ennemi  du 
roi  Kaba  Rega.  Ce  pays  est  l'Oanyoro,  le  noyau  de  lancien 
royaume  de  Kitfara.  Kaba  Rega  avait  été  placé  par  M'iésa 
lui-même  sur  le  trône  de  Kamrasi,  le  roi  qui,  en  1862,  ac- 
cueillait avec  bonté  les  capitaines  Speke  et  Grant.  Depuis  Tavé- 
nement  de  Kaba  Rega  de  graves  événements  avaient  complè- 
tement changé  les  dispositions  favorables  des  habitants  de 
rOunyoro  ;  les  troupes  égyptiennes,  commandées  par  Sir  Sa- 
muel Baker  Pacha,  s'étant  posées  en  ennemies,  rOunyoro  étuit 
fermé  aux  Européens  comme  aux  Égyptiens.  D  autres  dangers 
étaient  aussi  à  craindre  du  côté  de  TAnkori,  qui  fait  suite  à 
rOunyoro  du  côté  du  sud,  et  dont  les  habitants,  extrêmement 
hostiles  aux  étrangers,  avaient  eu  plus  d'une  fois  maille  à  partir 
avec  H*tésa.  Cinquante  mille  hommes  ou  soixante  mille  hom- 
mesy  selon  M.  Stanley,  étaient  nécessaires  pour  arriver  au  Loûta 
Nzîdjé  ;  M'tésa^  au  contraire,  pensait  que  deux  mille  hom* 
mes  suffiraient,  qu'on  pourrait  compter  sur  le  concours  de  son 
obligé  le  roi  Kaba  Réga. 

L'expédition  se  mit  en  marche  à  l'ouest  et  au  nord-ouest  à 
travers  les  pâturages  de  l'Ouganda,  où  le  gibier  est  si  abondant 
que  le  chef  de  l'expédition  tua,  pour  sa  part,  vingt-sept  Antilope 
Caama  Cuv.  En  arrivant  sur  la  frontière  d'Ounyoro,  le  5  jan- 
vier 1876,  on  fit  des  préparatifs  guerriers,  et  les  habitants,  ef- 
frayés  par  Tapparition  d'une  armée  aussi  considérable,  fuyaient 
en  abandonnant  dans  leurs  cabanes  les  provisions,  qui  étaient 
immédiatement  utilisées.  Le  9  janvier  on  campa,  à  une  hauteur 
de  1676  mètres,  au  pied  de  l'énorme  massif  du  Kabougo,  que 
personne  ne  connaissait  encore  et  qui  restera  désormais  l'un 
des  traits  saillants  de  la  carte  d'Afrique. 

A  l'est  de  la  crête  basse  sur  laquelle  on  avait  planté  les  ten- 
tes, leKatonga  serpente  du  nord  à  l'est,  courant  versleNiyanza; 
à  l'ouest,  la  rivière  Rousango,  semée  de  nombreuses  cataractes 
et  de  rapides,  se  précipite  avec  un  bruit  de  tonnerre  du  côté  du 
Loûta  Nzidjé.  De  l'un  des  contre-forts  du  Kabouga,  H.  Stanley 
contempla  la  vue  magnifique  du  géant  de  ces  montagnes,  le 

L'iHVÉE  6É06R.  XV.  11^  , 

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168  AFRIQUE.  N-  205-3i8 

mont  Gambaragara^  qui  atteint  une  altitude  de  3900  à  4600 
mètres.  La  neige  recouvre  souvent  son  sommet,  bien  qu'elle  n'y 
soit  pas  persistante.  Divers  indices  font  penser  que  le  Gamba- 
ragara  est  un  volcan  éteint  ;  on  trouve  au  sommet  un  lac, 
long  de  450  mètres,  rempli  d'une  eau  transparente  comme 
le  cristal,   qui   pourrait  bien  être  le  cratère   de   Tancien 
volcan,  et  au  milieu  duquel  se  dresse,  comme  une  colonne,  un 
très-haut  rocher  ;  tout  le  tour  du  sommet  règne  une  muraille  de 
pierres  à  Tintérieur  de  laquelle  sont  bâtis  plusieurs  villages. 
Les  habitants  n'en  sont  pas  moins  intéressants  que  la  monta- 
gne elle-même  ;  ils  appartiennent  à  une  race  spéciale  d'hom- 
mes, au  teint  blanc  comme  les  Européens,  et  ils  remplissent  les 
fonctions  de  sorciers  auprès  des  rois  d*Ounyoro. 

Lorsqu'on  1872,  explorant  lé  lac  Tangafiyika,  Livingstone 
et  Stanley  avaient  entendu  parler  d'un  peuple  de  blancs  qui 
habitait  au  nord  de  l'Ouzi^jé,  ils  avaient  souri  :  l'exactitude  de 
cette  assertion  se  trouvait  maintenafit  vérifiée.  «  C'est  une  belle 
race,  dit  le  voyageur,  et  quelques-unes  de  leurs  femmes  sont 
réellement  très-jolies.  lis  ont  des  cheveux  crépus  de  couleur 
brunâtre.  Leurs  traits  sont  réguliers,  leurs  lèvres  minces;  le 
nez,  quoique  bien  conformé,  est  cependant  un  peu  épais  à  la 
pointe.  —  N'était  le  caractère  négroïde  des  cheveux,  on  les  pren- 
drait pour  des  Européens  ou  pour  des  Syriens.  »  Déjà  aupara- 
vant, à  la  cour  de  M'tésa,  M.  Stanley  avait  rencontré  le  prince 
Namiondjou,  frère  de  Nyika,  roi  du  Gambaragara,  et  à  première 
vue  il  avait  pris  cet  homme  pour  un  Arabe  du  Caire.  Un  des 
capitaines  du  général  Sambouzi  avait  dans  sa  compagnie  deux 
hommes  de  la  même  race.  Ceux-ci  se  montrèrent  très-réservés, 
renfermés  même,  et  H.  Stanley  ne  put  tirer  d'eux  aucun  ren- 
seignement. Des  représentants  de  cette  race  étrange  se  ren- 
contrent disséminés  par  tout  l'Ounyoro,  l'Ankori  et  le  Rouanda. 
La  famille  royale  de  ce  dernier  pays  en  particulier  se  distin- 
guerait par  un  teint  clair,  et  la  reine  des  îles  Sosoua  sur  le 
Niyanza  descend  aussi  de  la  tribu  du  mont  Gambaragara. 
Comme  presque  tous  les  autres  peuples  de  l'Afrique  équato« 

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AFKIQtJB  ËQUATORIALE.  163 

riale,  ce  peuple  blanc  a  pour  principale  occupation  Télevage 
des  bœufs,  et  le  fond  de  son  alimentation  se  compose  de  lait  et 
de  bananes.  Aussi  les  seuls  individus  de  Tarmée  de  Sambouzi 
qui  menassent  en  campagne  plus  de  deux  vaches  laitières, 
étaient  précisément  les  deux  hommes  pâles  dont  nous  avons 
parlé.  H.  Stanley  a  vainement  cherché  à  savoir  d'où  étaient 
venus  les  blancs  du  mont  Gambaragara.  La  tradition  se  borne  à 
indiquer  que  le  premier  roi  d'Ounyoro  leur  concéda  les  terres 
qui  entourent  le  Gambaragara,  et  qu'ils  ont  continué  à  y  ré- 
sider pendant  des  siècles.  L'approche  d'une  armée  envahis- 
sante leur  fit  chercher  une  retraite  sur  le  sommet  de  la  mon- 
tagne, où  l'intensité  du  froid  est  leur  meilleure  défense  contre 
les  ennemis  les  plus  déterminés.  Dans  l'année  1874,  le  roi 
M'tésa  envoya  contre  eux  et  contre  l'Ousongoro  son  premier 
ministre  avec  une  armée  de  cent  mille  hommes.  Ce  général  oc- 
cupa bien  les  pentes  du  Gambaragara,  et  essaya  de  faire  grim- 
per ses  troupes  jusqu'au  repaire  des  sorciers  blancs,  mais  elles 
furent  forcées,  par  le  froid,  de  renoncer  à  cette  poursuite. 

Voilà  une  découverte  bien  faite  pour  justifier  le  renom  de 
continent  des  merveilles,  dont  l'Afrique  jouit  depuis  l'époque 
romaine.  Ce  n'est  pas  la  seule  d'ailleurs  que  M.  Stanley  men* 
tionne  en  parlant  des  populations  de  ces  contrées  :  on  lui  avait 
signalé  dans  l'Ousoukouma  un  peuple  vivant  dans  le  nord  et 
possédant  de  très-grands  chiens  qu'il  conduisait  en  guerre  et 
dont  il  avait  su  se  faire  des  auxiliaires.  Par  la  suite,  il  vérifia 
le  fait  chez  les  Wakedi,  et  il  apprit  qu'on  avait  vu  les  Wakedi 
porter  des  armures  en  fer  dans  leurs  guerres  contre  l'Ouganda* 

H.  Stanley  continua  sa  marche  dans  la  direction  du  sud  en 
longeant  le  Rousango  qui  va  serpentant,  et  sautant  de  rapide 
en  cataracte.  Il  traversa  le  pays  désert  d'Ankori  et  retomba 
ensuite  en  Ounyoro,  dans  le  Kitagwenda,  district  bien  peuplé 
et  cultivé.  A  l'apparition  de  l'armée  qui  s'avançait  musique 
en  tête,  la  panique  se  répandit  et  tous  les  cultivateurs  s'enfui- 
rent de  leurs  champs  et  de  leurs  habitations,  abandonnant 
tout,  même  le  repas  sur  le  feu;  Le  9  janvier,  on  n'était  plus 

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164  AFRIQUE,  N- 205-318 

qu'à  6  kilomètres  du  Loûta  Nzîdjé.  Le  général  Sambouzi 
envoya  en  éclaireurs  deux  cents  hommes  chargés  de  capturer 
quelques  indigènes  pour  entrer  en  communications  avec  les 
habitants  et  le  chef  du  Kitagwenda,  les  assurer  des  disposi- 
tions pacifiques  de  M.  Stanley,  et  demander  la  permission  de 
séjourner  pendant  deux  mois  dans  le  pays.  Bien  que  le  chei' 
du  Kitagwenda  résidât  sur  une  montagne  près  du  camp,  il  ne 
daigna  pas  répondre.  On  se  transporta  alors  à  deux  kilomètres 
des  bords  du  plateau,  sous  lequel,  trois  cents  mètres  plus  bas, 
commence  le  lac,  et  on  campa  sur  le  territoire  d*Ounyampaka 
par  0<^25'  de  latitude  septentrionale  et  29°4'  de  longitude 
orientale  de  Paris,  à  28  iîlomètres  en  ligne  droite  à  Test  du 
promontoire  d'Ousongora.  Aucune  réponse  n'arrivant,  M.  Stan- 
ley envoya  cinquante  de  ses  hommes  et  cinq  cents  M  Uganda 
choisir  un  emplacement  convenable  pour  un  poste  fortifié, .  et 
réquisitionner  tous  les  canots  disponibles  sur  la  côte.  L'alarme 
était  répandue  partout,  les  riverains  croyaient  avoir  affaire  à  des 
ennemis  et  le  détachement  ne  put  trouver  que  cinq  petits 
canots.  M.  Stanley  essaya  de  décider  le  général  Sambouzi  à  des- 
cendre au  bord  du  lac  pour  s'y  établir  solidement  et  lancer  le 
«  Lady  Alice  »,  mais,  par  bonheur,  ce  fut  en  vain  ;  car  les  habi- 
tants ayant  recouvré  leurs  esprits  et,  renforcés  par  les  contin- 
gents des  districts  voisins,  ils  préparaient  une  attaque.  Le  géné- 
ral Sambouzi  ne  voulant  ni  aller  plus  loin,  ni  rester  plus  long- 
temps, M.  Stanley  se  résigna  à  revenir  sur  ses  pas,  pour 
essayer  ensuite  d'explorer  le  Loûta  Nzîdjé  par  une  autre  direc- 
tion. L'ennemi  inquiéta  plusieurs  fois  la  retraite,  mais  le 
18  janvier  l'expédition  rentrait  en  Ouganda  au  village  de 
Kawanga. 

Ce  court  voyage  au  Loûta  Nzîdjé,  H.  Stanley,  bon  juge  en 
pareille  matière,  le  considère  comme  l'entreprise  la  plus  au- 
dacieuse qu'il  ait  jamais  tentée.  Quelque  court  qu'il  ait  été,  il 
aura  produit  des  résultats  géographiques  précieux.  Outre  la 
connaissance  du  pays  entre  le  Niyanza  et  le  Loûta  Nzîdjé, 
avec  ses  hautes  montagnes  et  ses  rivières,  nous  lui  devons 

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AFRIQUE  ÉQUATORÏALE.  165 

ensuite  un  progrès  notable  dans  le  tracé  du  rivage  est  du 
Loûta  Nzîdjé  au  sud  de  Vakovia,  où  s'était  arrêté  sir  Samuel 
Baker.  Le  littoral  du  lac,  courant  là  dans  la  direction  sud-sud- 
ouest,  décrit  un  vaste  golfe,  que  bordent  les  pays  d'Irangara, 
d'Ounyampaka,  de  Bouhoudjou  et  de  Mpororo,  et  auquel  le 
voyageur  a  donné  le  nom  de  golfe  de  Béatrice  ^  Il  est  formé  par 
le  promontoire  d'Ousongora,  qui  commence  à  18  kilomètres 
nord  d'Ounyampaka,  et  s'avance  jusqu'à  56  kilomètres  dans 
le  sud-ouest.  Le  golfe  de  Béatrice,  entre  les  cotes  du  Mpororo 
et  de  rOusongora,  renferme  des  îles,  formant  l'État  maritime 
d'Outombi.  A  Touest  de  l'Ousongora,  sur  le  rivage  ouest  du 
lac  est  le  pays  d'Oukondjou,  peuplé  par  des  anthropophages. 
Au  nord  de  l'Oukondjou ,  on  tombe  dans  le  grand  pays 
d'Oulegga.  Sur  le  rivage  oriental,  M.  Stanley  nous  ap- 
prend que  le  pays  de  Rouanda  s'étend  du  Mpororo,  à  l'est,  à 
rOukondjou,  à  l'ouest,  et  qu'il  englobe  tous  les  rivages  du  sud 
et  du  sud-est  du  lac.  Au  nord-est  de  l'Ounyampaka  on  trouve 
le  pays  d'Irangara,  borné  à  son  tour  du  côté  du  nord  par  le 
canton  de  Toro.  Toute  la  côte  orientale  à  partir  des  ^cataractes 
de  Murchison,  sur  le  Nil  de  Victoria  jusqu'au  Mpororo,  appar- 
tient au  royaume  d'Ounyoro,  car  TOnnyampaka,  le  Toro,  le 
Bouboudjou  et  l'Irangara  sont  des  provinces  de  ce  royaume. 
Le  grand  promontoire  d'Ousongora  qui  enferme  à  moitié  le 
golfe  de  Béatrice  est  soumis  à  Kaba  Réga,  bien  que  ce  soit 
Nyika,  roi  du  Gambaragara,  qui  le  gouverne  directement. 
Une  .richesse  minérale  d'une  valeur  incalculable  appelle  l'at- 
tention sur  l'Ousongora  ;  ce  pays  fournit  tout  le  sel  qui  se  con- 
somme dans  un  rayon  fort  étendu.  On  y  trouve  un  lac  salé  de 
dimension  considérable,  plusieurs  collines  de  sel  gemme,  et 
une  grande  plaine  entièrement  incrustée  de  sel  et  d'alcali.  On 
parle  aussi  d'une  montagne  qui  vomit  des  flammes  et  des 
pierres.  La  population  elle-même  offre  des  côtés  encore  plus 
extraordinaires  :  à  en  croire  leurs  voisins,  il  y  aurait  chez  les 

1.  Du  nom  de  ]a  princesse  Béatrice,  le  dernier-né  des  cnrants  de  la  reine 
d'Angleterre. 

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166  AFRIQUE.  N-  205-318 

Wasongora  une  race  à  jambes  si  longues  qu'ils  ne  peuvent 
les  contempler  sans  un  étonnement  mêlé  de  crainte.  GoiQine 
les  habitants  de  FÂnkori^  les  Wasongora  ne  tiennent  qu*au  lait, 
base  de  leur  nourriture,  et  aux  peaux  de  chèvre  avec  lesr 
quelles  ils  se  vêtent.  Très-soucieux  de  conserver*  la  pureté 
de  leur  sang,  ils  ne  permettent  pas  les  mariages  avec  des 
étrangers.  lis  n'ont  d'autre  occupation  que  de  mener  paître 
leurs  vaches,  dont  ils  possèdent  des  quantités.  Leur  courage 
froid  déconcerta  les  M'ganda,  lorsqu'ils  voulurent  envahir 
rOusongora  pour  enlever  des  vaches.  Le  roi  d'Ouganda  avait 
envoyé  cent  mille  hommes  dans  ce  but,  mais  malgré  l'avantage 
du  nombre,  et  leur  adresse  bien  connue  dans  le  maniement  de 
l'arc  et  du  bouclier,  les  M'ganda  durent  se  retirer  avec  vingt 
mille  vaches  payées  par  un  sacrifice  tel  de  vies  humaines, 
qu'ils  ne  recommenceront  sans  doute  pas  une  pareille  entre- 
prise. 

Avant  de  se  séparer  de  M.  Stanley,  le  général  Sambouzi  vou- 
lut s'approprier  quelques  charges  de  verroterie,  mais  sur  une 
plainte  de  l'explorateur,  le  roi  H'tésa  fit  dépouiller  d'abord 
son  général  de  tous  ses  bestiaux,  de  toutes  ses  femmes,  de 
tous  ses  enfants  et  esclaves  ;  on  enchaîna  ensuite  Sambouzi  et 
on  le  traîna  devant  le  roi.  Cet  acte  de  sévérité  ne  fut  pas  la 
seule  réparation  accordée  à  M.  Stanley,  H'tésa  lui  promit  de 
lui  donner  quatre-vingt-dix  mille  hommes  pour  retourner  au 
Loûta  Nzîdjé.  Ne  voulant  plus  se  fier  aux  M'ganda,  et  malgré 
son  regret  de  manquer  une  occasion  qui  pouvait  être  bonne, 
M.  Stanley  refusa  ces  offres,  abandonna  son  premier  projet 
d'explorer  le  Loûta  Nzîdjé  par  le  côté  est,  et  se  mit  en  marche 
au  sud  vers  le  Karagwé.  Chemin  faisant,  il  apprit  des  indigènes 
que  derrière  le  Hpororo,  près  du  Loûta  Nzîdjé  était  un  pays, 
l'Outoumbi,  où  on  le  recevrait  en  ami.  Hais  le  bonRoumanika, 
roi  de  Karagv^é,  l'avertit  que  les  habitants  du  Hpororo  ne  lais- 
saient pénétrer  personne  chez  eux  ;  il  informa  de  plus  son  hôte, 
que  par  la  route  du  pays  d'Ouzidjé,  entre  le  Loûta  Nzîdjé  et 
le  Tanganyika,  on  rencontre  les  Warandi  ou  habitants  de  l'Ou- 


APRIQUE  ÉQUATORIALE.  i67 

rontidi»  pires  eneore  que  les  Warouanda.  Un  vieillard  fixé 
depuis  douze  ans  en  Karagwé  appuya  et  précisa  encore  le  dire 
du  Toi;  il  était  dès  lors  évident  qu'on  ne  pourrait  pas  explorer 
le  Loôta  Nzîdjé  par  uae  route  partant  de  Test. 

Le  Karagwé  proprement  dit  offrait  un  beau  champ  d'explo- 
rations, car  nous  n'en  connaissions  encore  que  la  ligne  suivie 
par  Speke  et  Grant  qui  traversèrent  le  pays  du  sud  au  nord. 
Roumanîka,  fidèle  à  ses  traditions  de  bienveillance  envers  les 
voyageurs  européens,  non-seulement  accorda  à  H.  Stanley 
l'autorisation  de  parcourir  et  d'étudier  le  Karagwé  jusqu'au 
Hpororo,  au  nord,  et  à  l'Ougoufou,  au  sud,  sur  une  étendue 
d'à  peu  près  150  kilomètres,  mais  encore  il  voulut  fournir  lui- 
même  les  bateaux  nécessaires,  et  subvenir  à  l'entretien  de 
toute  sa  troupe.  Sa  bonté  naturelle  lui  dicta  ainsi  la  conduite 
qu'aur^t  suggérée  la  politique  la  plus  clairvoyante  de  l'avenir. 

La  «  Lady  Alice  »  fut  immédiatement  remontée  sur  les 
bords  du  lac  Windermere,  situé  à  l'ouest  de  la  capitale  du 
Karagwé,  et  M.  Stanley  compléta  l'exploration  de  ce  lac, 
découvert  par  le  capitaine  Speke  ^.  Le  lac  a  une  profondeur  de 
12  mètres  ;  alimenté  par  le  Kadjera,  il  constitue  un  des  réser- 
voirs de  cette  rivière  qui,  passant  près  delà  ville  de  Kitangoulé, 
en  avait  reçu  le  nom  avant  le  voyage  de  M.  Stanley.  Sur  la 
carte  du  capitaine  Speke,  le  Kadjera  est  formé  par  la  réunion 
de  deux  cours  d'eau,  le  Loutchouro  et  l'Indjezi  ;  ce  nom  de 
Loutchouro  —  nous  apprend  M.  Stanley,  —  n'est  qu'une 
mauvaise  orthographe  du  mol  loukaro,  qui,  dans  la  langue  du 
pays,  signifie  «  en  amont  »,  et  la  rivière  ainsi  désignée  est  le 
vrai  Kadjera,  appelé  Indjezi  plus  près  de  sa  source. 

En  arrivant  à  l'embouchure  du  Kadjera,  M.  Stanley  avait  été 
frappé  par  la  profondeur  et  le  volume  d'eau  de  cette  rivière 
qui,  à  50  kilomètres  de  son  embouchure,  à  Kitangoulé,  est 
large  de  100  mètres  et  profonde  de  plus  de  25  mètres.  Ces 

1.  Le  lac  Windermere  fut  ainsi  baptisé  par  Speke,  à  cause  de  sa  ressemblance 
avec  le  lac  du  même  nom,  situé  aux  confins  du  Westmoreiand  et  du  Lancashire, 
en  Angleterre.. 

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168  AFRIQUE.  N-  203-318 

dimensions  donnaient  à  penser  que  le  Kadjera  devait  être, 
sinon  la  première,  du  moins  la  plus  forte  artère  du  Niyanza  ou 
lac  Victoria,  et  pouvait  ainsi  disputer  au  Ghimiyou  la  qualité 
de  source  du  Nil  ;  il  y  avait  donc  intérêt  à  suivre  le  cours  du 
Kadjera. 

M.  Stanley  ne  s'était  pas  arrêté  à  l'opinion  des  indigènes 
que  Kadjera  était  un  réservoir  du  Loûta  Nzîdjé;  mais,  le 
Kadjera,  charriant  un  volume  d'eau  supérieur  à  celui  du  drai- 
nage de  tout  le  Karagwé  et  le  Rouanda,  devait  sortir  d'un  lac 
situé  entre  le  Loûta  Nzîdjé  et  le  Tangaflyika. 

Le  réservoir  principal  du  Kadjera  ne  pouvait  pas  être  le  lac 
Windermere,  car,  à  son  entrée  dans  ce  lac  Windermere,  par  la 
pointe  sud,  la  rivière  a  encore  plus  de  45  mètres  de  largeur  et 
près  de  16  mètres  de  profondeur.  M.  Stanley  la  rencontra  à 
partir  de  ce  point  pendant  trois  jours,  et  parvint  à  un  autre  lac, 
long  d'à  peu  près  17  kilomètres  et  large  de  1800  mètres. 
Après  s'être  frayé  un  passage  à  l'extrémité  sud  du  lac,  on  arrive 
à  une  lie,  appelée  Ounyamoubi,  d'où  M.  Stanley  put  voir  les  rela- 
tions entre  rindjézi  et  le  Kadjera.  La  rive  orientale  du  lac,  sur 
le  territoire  du  Karagwé,  est  à  5600  mètres,  et  la  rive  ouest,  sur 
le  teiritoire  du  Kichakka,  est  à  pareille  distance  du  centre  de 
l'iie  d'Ounyamoubi,  ce  qui  donne  à  l'indjézi,  sur  ce  point, 
une  largeur  d'au  moins  11  kilomètres.  Du  côté  sud,  la  rivière 
s'élargit  encore  jusqu'à  de  vastes  champs  de  papyrus,  entre- 
coupés de  larges  flaques  d'eau.  Ces  papyrus  flottent  eux- 
niêmes  dans  une  eau  profonde  de  2*^,60  à  4^,85;  en  réalité 
ils  cachent  un  lac,  au  milieu  duquel  la  rivière  trace  un  simple 
courant.  Ce  lac  n'a  pas  moins  de  148  kilométras  de  longueur, 
sur  une  largeur  variable  de  9  à  26  kilomètres. 

Redescendant  Tludjézi  ou  Kadjera,  jusqu'à  9  kilomètres 
d'Ounyamoubi,  la  «  Lady  Alice  »  entra  dans  un  autre  lac  situé 
sur  la  rive  ouest,  qui  se  trouva  être  long  de  24  kilomètres  et 
large  de  15  kilomètres.  Son  rivage  ouest  est  séparé  de  la 
terre  ferme  de  Karagwé  par  une  dislance  de  26  kilomètres, 
'dont  15  kilomètres  d'eau  libre,  et  le  reste  couvert  de  champs 


AFRIQUE  ÉQUATORIÀLE.  169 

de  papyrus,  flottant  en  grosses  masses  ou  îles  qui  vont  et 
viennent  d'une  côte  à  Tautre.  En  suivant  ce  lac  jusqu'à  son 
extrémité  sud,  M.  Stanley  pénétra  entre  le  Kichakka  et  le 
Rouanda. 

c  Dans  toute  sa  longueur,  dit  le  voyageur,  le  Kadjera  con- 
serve à  peu  près  la  même  profondeur  ;  il  se  déverse  à  droite  et  à 
gauche,  alimentant  ainsi,  par  des  canaux  dissimulés,  ce  qu'un 
observateur  placé  à  terre  appellerait  dix-sept  lacs  séparés  ;  ce 
n'est  en  réalité  qu'un  lac  unique  divisé  en  plusieurs  nappes 
d'eau  couvertes  de  champs  de  papyrus  flottants,  entre  lesquels 
de^i(sauaux  serpentent  d'une  nappe  d'eau  à  l'autre.  Les  babi- 
tanls  appellent  un  de  ces  espaces  d'eau  libre  rwéroUj  c'est-à- 
dire  lac  ;  ils  appellent  indjezi  les  espaces  couverts  de  roseaux 
ainsi  que  les  lagunes  dont  ces  deriiiers  sont  sillonnés.  Le  lac 
Windermere,  long  de  17  kilomètres  et  large  de  2  à  6  kilomè- 
tres, n'est  qu'un  de  ces  rwéroti;  sa  hauteur  calculée  par 
rébuUitîon  de  l'eau  est  de  1146  mètres,  soit  97  ou  98  mè- 
tres de  plus  que  la  hauteur  du  Niyanza  de  Victoria.  De  sa 
pointe  sud,  en  Ouhimba,  à  sa  pointe  nord,  il  court  au  nord-est. 
Tout  son  rivage  oriental  est  en  Karagwé  ;  au  nord-est  il  est 
bordé  par  le  Kichakka,  à  l'ouest  par  le  canton  de  Mouvari  en 
Rouanda,  au  nord-ouest  par  le  Hpororo  et  au  nord-est  par 
l'Ânkcri.  A  l'endroit  où  l'Ankori  fait  face  au  Karagwé,  le  lac  se 
létrécit  pour  devenir  une  rivière  tumultueuse  et  bruyante  qui, 
après  avoir  formé  quantité  de  tourbillons,  se  jette  sur  des  ro- 
chers et  tombe  en  écume,  avec  un  épouvantable  fracas,  du 
haut  d'une  paroi  de  rochers  haute  de  4  mètres.  Ce  lieu  est 
nommé  Morongo,  c'est-à-dire  :  les  chutes  bruyantes.  » 

Revenu  auprès  de  Roumanîka,  M.  Stanley  obtint  l'autorisa- 
tion d'aller  aux  sources  thermales  de  Mlagata,  vantées  dans 
toute  cette  région  pour  leurs  propriétés  curatives.  Deux  jour- 
nées de  marche  vers  le  nord  amenèrent  le  voyageur  à  la  gorge 
profonde  et  boisée  où  sont  ces  sources,  et  où  croit  une  variété 
surprenante.de  plantes,  d'herbes,  de  broussailles  et  d'arbres. 
«  Les  végétaux  s'y  étouffent  les  uns  les  autres  faute  d'espace. 

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170  AFRIQUE.  N<»  205-318 

On  voit  de9  collines  de  Tégétation  dont  les  plantes  du  faîte 
compriment  et  fixent  celles  du  bas,  et  du  sein  desquelles  s^é- 
laucent  de  grands  arbres  qui  portent  vers  les  nues  leurs  cou- 
ronnes de  feuillage.  » 

Au  moment  de  Tarrivée  de  M.  Stanley,  de  nombreux  mala- 
des faisaient  leur  cure.  Tous,  femmes  et  hommes  étaient  con- 
fondus ensemble  ;  on  les  voyait  couchés  à  moitié  endormis 
dans  les  mares  d'eau  chaude.  Les  eaux  les  plus  chaudes  s'é- 
chappent en  ruisseaux  de  la  base  d*une  colline  rocheuse. 
M.  Stanley  leur  trouva  la  température  de  53^,89  (centi- 
grades). Quatre  autres  sources  sortent  d*un  sol  boueui^de 
couleur  foncée;  elles  ont  une  tempéraure  de  45^,33,  et  ce 
sont  celles  dont  les  indigènes  font  usage  lorsqu'ils  viennent 
demander  leur  guérison  à  Mlagata.  H.  Slanley  ajoute  qu'elles 
n'ont  aucune  propriété  laxative. 

Le  25  mars  1876,  M.  Stanley  était  de  retour  à  Kafourro,  dé- 
pôt des  marchands  arabes  près  de  la  capitale  du  Karagwé.  Il  en 
repartait,  dès  le  27,  pour  aller  explorer  le  rivage  est  du  grand 
lac  du  Kadjera,  et  compléter  ses  découvertes.  Il  ne  pouvait 
renoncer  facilement  à  découvrir  la  source  du  Kadjera,  qui 
pouvait  être  en  même  temps  la  source  du  Nil  !  Ayant  donc  fait 
des  provisions  pour  dix  jours,  il  arriva  en  deux  marches  sur 
le  rivage  est  du  lac  Windermere  qu'il  suivit,  au  sud^  sur  une 
longueur  de  67  kilomètres.  Du  sommet  d'un  mouvement  de 
terrain  il  put  voir  cette  rivière  lacustre  se  prolonger  dans  le 
sud  et  le  sud-ouest.  A  Oubimba,  à  six  marches  de  la  capitale 
du  Karagwé,  il  aperçut  la  pointe  sud  du  lac  et  put  constater 
un  changement  complet  dans  la  vallée  du  Kadjera.  «  Les  hau- 
teurs montueuses,  qui  bordent  sa  rive  ouest  et  qui  commençant 
dans  le  Mpororo  au  sud,  continuent  au  sud-ouest,  deviemient 
brisées  et  confuses  dans  le  sud  du  Kichakka.  Une  large  vallée 
les  coupe  là  au  nordH)uest,  et  par  cette  vallée  débouche  dans 
le  Kadjera  une  autre  rivière  lacustre,  TAkanyarou.  Du  côté  du 
«ud-ouest,  en  amont  du  confluent  de  l'Akanyarou,  on  voit  le 
cours  du  Kadjera  réduit  aux  proportions  d*une  modeste  ri- 

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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  171 

vière,  telle  que  le  drainage  de  la  partie  est  de  rOuroti>idi  et 
de  la  partie  est  de  FOubba  peut  suffire  à  ralimenter.  »  Tandis 
que  le  voyageur  portait  toute  son  attention  sur  rAkanyarou,  ses 
guides  lui  assurèrent  que  cette  rivière  sortait  du  Kadjera 
pour  aller  tomber  dans  le  Loûta  Nzîdjé;  mais  il  s'assura  en 
étudiant  le  poMt  de  jonction  de  TAkanyarou  et  du  Kadjera, 
que  la  première  est  bien  au  contraire  un  affluent  de  l'autre. 
Le  voyageur  n'osa  pas  s'aventurer  au  delà  du  confluent,  car 
les  indigènes  du  Kichakka,  sur  la  rive  est,  et  ceux  de  l'Ougou- 
fou,  sur  la  rive  ouest,  sont  trop  sauvages  pour  admettre  chez 
eux  un  étranger.  A  Touest  de  l'Ouganda,  du  Karagwé  et  de 
rOuwi,  M.  Stanley  retrouve  les  hommes  à  longues  jambes  de 
rOuzongora  et  de  File  de  Bambiré,  avec  leur  aversion  mor- 
telle pour  tout  ce  qui  est  étranger.  «  La  seule  vue  d'un  chien 
étranger  à  leur  pays  suffit,  à  ce  qu'il  parait,  pour  les  jeter 
dans  une  folle  rage,  leur  faire  brandir  .convulsivement  leurs 
lances  et  bander  leurs  arcs.  Telle  est  leur  peur  de  perdre  des 
bestiaux  que,  si  une  vache  meurt  de  maladie,  on  fouille  tout 
le  pays  pour  découvrir  l'étranger  qui  a  dû  ensorceler  la  bête 
et,  y  trouve-t-on  un  étranger,  sa  vie  est  immédiatement  sa- 
crifiée par  ces  êtres  sots  et  bornés.  Partout  les  humains  s'é- 
tonnent réciproquement  par  des  stupidités  telles  qu'un  amour 
excessif  pour  l'or,  les  chevaux,  les  chiens,  les  chats,  les  vête- 
ments, les  oiseaux,  etc...,  mais  l'amour  que  montrent  pour 
les  bestiaux  les  Wasongora,  les  Wanyankori,  les  Warouanda, 
les  Wakichakka,  les  Wagafou,  les  Wanyambou  et  les  Watousi 
est  un  amour  extrême,  extravagant,  avaricieux.  Chez  tous  ces 
peuples,  un  étranger  mourrait  faute  d'une  goutte  de  lait, 
qu'on  ne  la  lui  donnerait  pas.  Si  généreux  et  si  amical  que 
Roumanika  se  soit  montré  à  mon  égard,  jamais  il  ne  m'offrit 
même  une  cuillerée  de  lait  pendant  mon  séjour  auprès  de 
lui,  et  s'il  m'en  avait  donné  un  pot  ses  sujets  l'auraient  écar- 
lelé.  »  Ce  trait  si  particulier  du  caractère  des  peuples  qui 
vivent  à  l'ouest  du  Niyanza  tendrait  à  les  rattacher  à  la  famille 
Banlou  qui  comprend,  comme  on  sait,  les  Zoulou  de  la  Ca- 

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172  AFRIQUE,  H-  205-318 

frerie  aussi  bien  que  les  Djagga  du  Kilima-Ndjâro,  chez  les- 
quels  le  noyau  de  chaque  village  fut  un  enclos  à  bœufs. 
Ainsi  serait  encore  reculé  au  nord-ouest  le  domaine  déjà  si  vaste 
de  cette  race  noire,  primitivement  nomade  et  pastorale,  dont  les 
envahissements,  surtout  dans  la  partie  de  l'Afrique  au  sud  de 
l'équateur,  ont  anéanti,  refoulé,  ou  assefVvi  des  groupes 
préexistants  d'hommes  avec  des  types  à  part,  et  dont  nous 
retrouvons  les  débris  dans  les  Koïkoïn  ou  Hottentots,  dans 
les  Soaqwa  ou  Bosjesmans,  et  dans  les  nains  Obongo  et 
Akka. 

Voici  comment  H.  Stanley  résume  la  question  géographi- 
que du  bassin  de  la  rivière  Kadjéra.  «  D*une  chaîne  de  mon- 
tagnes à  1980  mètres  au-dessus  de  TOcéan,  près  des  sources 
thermales  de  MIagata,  je  vis  les  montagnes  d'Oufoumbiro  ^, 
qui  ont  une  hauteur  d'à  peu  près  3657  mètres.  Ce  massif  se 
compose  de  deux  cônes  en  forme  de  pain  de  sucre,  et  d'une 
chaîne.  Il  est  situé  à  74  kilomètres  environ  ouest-nord-ouest 
de  Hlagata,  et  forme  une  barrière  entre  le  Mpororo  et  le 
Rouanda.  Entre  le  Rouanda  (ou  même  le  Loûta  Nzîdjé)  et  le 
Niyanza  la  direction  générale  de  toutes  les  chaînes  de  monta- 
gnes et  de  toutes  les  vallées  principales  parait  être  nord-est  et 
sud-ouest  ;  les  montagnes  y  sont  plus  hautes  et  les  vallées 
plus  profondes  et  plus  étroites  que  dans  les  terres  environ- 
nantes... Du  haut  de  la  montagne  de  MIagata  on  distingue,  du 
côté  des  cônes  d'Oufoumbiro,  plusieurs*  chaînes  élevées  que 
séparent  de  lai^ges  vallées  :  premièrement,  la  chaîne  d'Ichango 
et  de  Houvari,  à  Touest  du  lac  et  de  la  vallée  de  Kadjera  ;  à 
.ouest  de  celle-ci  on  voit  quatre  chaînes^,  dont  les  deux  plus 
orientales  sont  séparées  par  la  vallée  de  Houvari,  et  les 
deux  plus  occidentales  par  la  vallée  du  Rouanda.  Ces  deux  der- 
nières paraissent  courir,  parallèlement,  de  Test  à  Touest  des 


1.  Ces  montagnes  aTaienlété  déjà  aperçues  de  loin  par  le  capilaine  Speke,  qui 
estimait  leur  hauteur  à  3048  mètres.  Speke  écrivait  Hfoumbiro. 

2.  Le  texte  anglais  porte  trois. 
5  Le  texte  anglais  porte  deux. 


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AFRIQUE  ÊQUATORIALE.  173 

montagnes  d*Oufoumbiro,  et  renfermer  la  vallée  du  Ni  Nawa- 
rongo  ou  rivière  de  Nawarongo  qui»  naissant  dans  les  monts 
d'Oufoumbiro,  coule  au  sud-ouest,  entre  le  Houvari  et 
)e  Rouanda,  et  se  jette  dans  le  lac  Akanyarou,  long  de 
56  kilomètres  et  large  de  37.  La  rivière  Akanyarou  sort 
de  ce  lac  et  se  jette  dans  le  Kadjéra,  entre  l'Ougoufou  et 
le  Kichakka.  Venant  du  sud-ouest,  le  Kadjcra  proprement  dit 
entre  aussi  dans  le  lac  Akanyarou,  mais  il  en  sort  au  sud 
de  rOugoufou  et  décrit  ensuite  une  courbe  au  nord-est  en 
passant  entre  TOugoufou  et  la  partie  ouest  de  TOusoui.  » 
M.  Stanley  a  complété  ses  propres  observations  par  les 
renseignements  des  indigènes  de  l'Oubimba,  de  TOugoufou, 
du  Kichakka,  de  TOuroundi  et  du  Rouanda,  mais  il  n'a  pas  pu 
obtenir  d'indications  aussi  précises  sur  le  pays  à  Touest  de 
l'Akanyarou.  Il  a  entendu  parler  d*un  lac  qu'on  y  trouverait, 
mais  sans  pouvoir  apprendre  d'une  manière  précise  s'il  com- 
munique avec  le  Kadjéra,  ni  quelle  serait  la  nature  de  cette 
communication.  Les  uns  disent  que  ce  lac  est  une  baie  de 
Loûta  Nzîdjé  ou  Niyanza  d'Albert,  les  autres  prétendent  que 
c'est  un  lac  indépendant. 

La  famine  en  Ousoui  et  l'hostilité  déclarée  des  Waroundt 
(habitants  de  l'Ouroundi)  placèrent  M.  Stanley  dans  l'impossi- 
bilité de  poursuivre  la  découverte  de  la  source  du  Kadjéra  en 
remontant  cette  rivière  et  de  pénétrer  plus  avant  du  côté  du 
Loûta  Nzîdjé.  Il  résolut  en  conséquence  d'y  arriver  par  une  au- 
tre direction.  Passant  en  revue  les  chances  qui  lui  restaient 
de  faire  un  bon  travail  sans  compromettre  tout  ce  qui  lui 
restait  de  santé  et  de  ressources,  il  se  décida  à  aborder  le  lac 
Loûta  Nzîdjé  par  Vouest,  et  le  24  avril  1876  il  arrivait  à  Ou- 
bagwé  dans  la  partie  est  de  l'Ounyanyembé,  à  quinze  marches 
d'Oudjîdji,  canton  riverain  du  Tangaîiyikà.  Une  fois  arrivé  en 
Oudjidji  il  comptait  explorer  en  bateau  le  lac  Tanganyika. 
Bien  qu'il  connût  la  découverte  du  Loukoûga  par  le  lieutenant 
Cameron,  il  tenait  à  conipléter  ses  propres  relèvements  sur 
les  deux  tiers  du  lac  qu'il  n'avait  pas  visités  personnellement 

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174  AFRIQUE.  N- 205-M8 

avec  le  docteur  Livingstone.  De  la  pointe  nord  du  Tanganyika, 
en  Ouzidjé,  il  mai^cherait  droit  au  nord  pour  atteindre  le  Loùta 
Nzîdjé.  Si  cette  partie  du  projet  n'était  pas  réalisable,  il  voulait 
traverser  le  Tanganyika  et,  par  un  long  détour,  revenir  de  son 
rivage  ouest  vers  le  Loûta  Nzîdjé.  A  la  fin  d'avril  M.  Stanley 
se  doutait  bien  que  Texpédition  égyptienne,  commandée  par 
S.  E.  Gordon  Pacha,  pouvait  avoir  exploré  déjà  le  Loûta  Nzîdjé, 
mais  il  voulait  en  faire  le  tour  complet  en  bateau  ou  chercher 
ailleurs  d'autres  découvertes  jusqu'à  ce  qu'il  fût  contraint  à 
revenir  faute  de  ressources.  Nous  pouvons  compter  qu'il  tien- 
dra son  engagement  jusqu'au  bout. 

S  i.  ~  Première  reconnaissance  d*une  grande  partie  du  Loûta  Nzl^jé 
par  H.  Romolo  Gessi. 

Au  moment  même  où  M.  Stanley  écrivait  sa  dernière  lettre, 
la  question  du  Loûta  Nzîdjé  faisait  un  pas  considérable.  Du  10 
au  21  avril  1876,  M.  Romolo  Gessi,  envoyé  par  Gordon  Paclia, 
faisait  le  tour  presque  complet  du  lac,  sur  deux  bateaux  longs 
de  9  mètres,  construits  en  feuilles  d'acier  épaisses  d'un  ou 
deux  millimètres  et  gréés  en  cotres  (n*»211  et  n'«  227  à  228). 
Ils  étaient  montés  par  dix-huit  hommes  d'équipage,  avec 
une  escorte  de  douze  soldats.  Le  7  mars,  H.  Gessi  partit 
du  poste  égyptien  de  Douili  et  remonta  le  Nil  sur  304  kilo^ 
mètres  pour  arriver  au  point  où  le  fleuve  sort  du  lac  Loûta 
Nzîdjé  ou  Albert.  Dans  toute  cette  partie  de  son  cours,  le  Nil, 
large,  profond  et  facile  à  naviguer,  coule  dans  un  beau  et  riche 
pays,  qu'habite  une  population  nombreuse.  Elle  cultive  la 
terre,  et  élève  de  grands  troupeaux  de  bœufs  et  de  chèvres, 
dont  les  peaux  lui  fournissent  ses  vêtements.  Aux  deux  tiers 
du  chemin,  à  partir  de  Doufli ,  M.  Gessi  vit  un  grand  bras  du 
fleuve  remontant  vers  le  pays  des  Makrakaé  Ainsi,  outre  le  bras 
principal  du  Nil,  qui  va  directement  à  Doufli,  il  en  existe  un 
autre,  large  de  180  mètres,  qui  se  sépare  du  cours  principal 
aufondd'un coude, pour  coulerau  nord-nord-ouest.  S.  Exe.  Gor- 

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AFRIQUE  ÉOUATOtOALE.  17^ 

don  Pacha,  dont  l'autorité  est  ici  d  un  grand  poids,  émet  Tavis 
que  ce  bras  nouvellement  découvert  doit  être  le  cours  d*eau 
qui  tombe  dans  le  Nil,  sur  sa  rive  ouest,  là  où  le  Bahar  Ez-Zerâf 
^n  sort.  D  se  pounait  aussi  que  ce  fût  la  rivière  Kado,  ou 
Aam  Rohly  qui  se  jette  dans  le  Nil  beaucoup  plus  loin  vecs  le 
nord,  près  du  village  d'Ëliab.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  cette 
découverte  mérite  d'être  complétée,  car  on  trouvera  peut-être 
ce  cours  d'eau  exempt  des  cataractes  et  des  rapides  qui  gênent 
la  navigation  sur  le  bras  principal  du  Nil  entre  le  3®  et  le 
5'  degré  de  latitude.' 

Le  18  mars,  M.  Gessi»  entrait  dans  le  lac.  C'était  Fépoque  des 
tempêtes  équinoxiales  et  des  gros  temps,  terribles  sur  les  lacs  de 
l'Afrique  équatoriale.  Il  fallut  attendre  jusqu'au  20  avant  de 
pouvoir  transporter  par  eau  les  munitions  destinées  au  com- 
mandant des  troupes  égyptiennes  stationnées  près  du  village 
du  chef  AouËna,  sur  la  partie  du  Nil  qui  relie  le  Niyanza  au 
Loûta  Nzîdjé ,  et  que  nous  appelons  Nil  de  Victoria.  Lors- 
que après  avoir  été  chassés  à  plus  de  60  kilomètres  en  dehors 
de  leur  route  les  bateaux  voulurent  aborder,  ils  trouvèrent 
réunis  sur  le  rivage  des  milliers  d'indigènes  armés  de  lances 
et  de  flèches.  L'Egypte  était  en  guerre  ouverte  avec  Kaba 
Réga,  roi  d'Ounyoro,  et  les  ennemis  que  M.  Gessi  trouvait  là 
étaient  précisément  ceux  qui,  peu  de  temps  auparavant,  avaient 
inquiété  la  garnison  du  village  d'Aoufma.  M.  Gessi  côtoya  le 
rivage,  espérant  laisser  ses  ennemis  derrière  lui ,  mais  ils  le 
suivirent,  et  il  fallut  recourir  aux  moyens  violents  pour  arrê- 
ter leur  poursuite.  La  tempête,  qui  s'était  calmée,  après  avoir 
fait  le  tour  de  l'horizon,  recommença  dans  la  nuit.  Les  ancres 
dérapèrent,  et  l'un  des  u  .  *&àux  fut  jeté  à  la  côte,  en  face  de 
milliers  d'habitants  hostiles  qui,  fort  heureusement,  ne  s'aper- 
çurent pas  de  ce  naufrage  ;  en  sacrifiant  une  voile  on  put  réparer 
les  avaries,  renflouer  la  barque.  A  Magounga,  M.  Gessi  trouva 
encore  les  mdigènes  disposés  à  l'attaquer,  et  il  remonta  le  Nil  de 
Victoria  jusque  sous  les  cataractes  de  Murchison,  dont  le  bruit 
&e  fait  entendre  môme  à  Magoungo,  qui  en  est  à  23  kilomètres. 

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176  AFRIQUE.  N- 205-M8 

C*est  là  qu'il  trouva  un  village  soumis  à  TÉgypie  et  put  com- 
inuniquer  avecÂoufiua,  pour  faire  remettre  les  provisions  desti- 
nées aux  troupes  du  Khédive. 

M.  Gessi  partit  le  12  avril  de  Magoungo  pour  faire  le  tour 
du  Loûta  Nzîdjé,  en  commençant  par  côtoyer  le  rivage  oriental 
du  côté  du  sud.  Le  long  de  celte  partie  de  la  côte,  pendant 
56  kilomètres,  les  eaux  sont  couvertes  de  roseaux,  ce  qui  in- 
dique un  fond  très-bas.  On  y  trouve  aussi  plusieurs  îles  sur 
lesquelles  s'étaient  réfugiés  un  grand  nombre  d'indigènes 
qui  s'opposèrent  au  débarquement.  Le  14,  les  bateaux, 
après  avoir  passé  devant  le  point  où  avait  eu  lieu  le  naufrage 
quelques  jours  auparavant ,  arrivaient  à  l'embouchure  de  la 
rivière  Tîza,  qui  vient  de  fort  loin,  en  Ouganda,  et  que  H.  Gessi 
pense  être  la  même  rivière  que  le  Kaïdjiri  de  sir  Samuel  Baker. 
Elle  se  divise  en  trois  branches,  qui  se  précipitent  en  cataractes 
du  haut  du  plateau  dans  le  lac.  Les  noms  des  trois  cataractes  sont 
Houima,  Wahamba  et  Nanza.  Dne  nouvelle  tempête  assaillit  là 
les  bateaux,  et  les  hautes  vagues  apprirent  aux  mariniers  du 
Nil  à  connaître  le  mal  de  mer.  M.  Gessi  arriva  le  16  au  port 
qu'il  baptisa  du  nom  de  Choubra,  sans  doute  ea  souvenir  du 
palais  du  Khédive,  près  du  Caire.  C'est  là  qu'était,  en  1864, 
le  village  de  Vakovia,  dont  sir  Samuel  Baker  avait  déterminé  la 
position,  mais  qu'avaient  fait  disparaître  les  bouleversements 
politiques  de  la  contrée.  Les  habitants  en  avaient  été  remplaces 
par  d'autres,  avec  lesquels  M.  Gessi  essaya  vainement  de 
traiter. 

Du  port  de  Choubra,  il  fit  74  kilomètres,  au  bout  desquels  il 
arriva  en  vue  d'îles  et  de  masses  flottantes  de  végétaux  de  l'es- 
pèce Herminiera  Elaphroxylon  (ambatch  des  indigènes),  qui 
est  commune  sur  le  haut  Nil,  et  dont  les  proches  parentes  se 
trouvent  dans  le  Sénégal*.  Ici,  l'eau  est  colorée  d'une  teinte 
rougeâtre  par  la  décomposition  de  l'écorce  des  Herminiera. 
18  kilomètres  plus  loin,  les  embarcations  entraient  dans  un 

1.  Ces  plantes,  de  la  famille  des  légumineuses,  sont  surtout  remarqu.-ible»  pur 
la  légèreté  de  leur  bois,  qui  dépasse  même  la  légèreté  du.  Uége. 

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AFRIQUE  BQUATORIALE.  177 

cours  d'eau  important,  le  Missisi,  qui  a  1800  mètres  de  lar- 
geur à  son  confluent  dans  le  lac,  mais  qui  se  rétrécit  bien- 
tôt jusqu'à  n'avoir  plus  que  180  mètres  d'une  rive  à  l'autre. 
Cette  rivière  coulait  alors  avec  une  rapidité  de  5200  à 
3700  mètres  à  l'heure.  Malgré  ces  mesures,  qui  indiqueraient 
un  cours  d'eau  considérable,  le  Missisi  n'est  qu'un  torrent  qui 
tarit  après  la  saison  des  pluies.  A  13  kilomètres  de  sou 
embouchure,  il  descend  de  la  montagne  en  formant  la  cala- 
racte  de  Niomba,  haute  de  150  à  180  mètres.  Des  îles  et 
des  champs  de  papyrus  embarrassent  le  lit  du  Missisi  et  em- 
pêchèrent M.  Gessi  de  remonter  jusqu'aux  cataractes. 

Le  19  avril,  les  bateaux  sortant  de  l'estuaire  du  Missisi  se 
voyaient  arrêtés  dans  leur  marche  -par  l'épaisseur  des  Her- 
miniera  flottants.  Ces  plantes  continuent  sur  les  74  kilomètres 
de  la  largeur  totale  du  lac  à  cet  endroit.  Au  sud-ouest  appa- 
raissaient les  lignes  de  montagnes  qui  enserrent  les  deux  ri- 
vages du  lac  et  dessinent  ce  que  M.  Gessi  crut  être  une 
grande  baie,  à  fond  sableux ,  entièrement  couverte  d'Hermi- 
niera,  et  dont  la  profondeur  va  diminuant  jusqu'à  60  ou 
75  centimètres.  L'eau,  colorée  en  noir,  est  rendue  impotable 
par  l'écorce  des  Herminiera.  Cette  coloration  confirmerait  l'as- 
sertion des  habitants,  d'après  laquelle  aucune  rivière  ne  se 
jette  dans  la  baie.  En  effet,  un  courant  d'eau  emporterait  au 
nord  du  lac  les  parties  colorantes. 

Évidemment,  M.  Gessi  a  été  induit  en  erreur  par  les  rive- 
rains de  cette  partie  du  Loûta  Nzîdjé.  Les  observations  directes 
de  M.  Stanley,  beaucoup  plus  loin  vers  le  sud,  prouvent  que  le 
lac  continue  au  delà  des  montagnes  qui  enferment  presque  la 
baie  stagnante  où  s'arrête  la  navigation  de  M.  Gessi.  Il  est  pro- 
bable que  le  mont  Adjîf  (latitude  de  0^14'  N.),  de  la  carte  de 
M.  Gessi,  où  cesse  la  chaîne  de  montagnes  qui  borde  les  ri- 
vages, est  un  sommet  du  promontoire  d'Ousongora ,  découvert 
par  M.  Stanley.  Si  les  Herminiera  n'avaient  pas  barré  le  che- 
min à  ses  bateaux,  M.  Gessi  aurait  doublé  le  mont  Adjîf  et 
vogué  sur  le  golfe  de  Béatrice  ! 

l'année  GéOGR.  XV.  i<^  , 

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178  AFRIQUE.  N-  203-518 

Par  l'heureuse  coïncidence  des  deux  voyages,  le  lac  Loùta 
Nzidjé  n'aura  pas  été  remanié  deux  fois,  coup  sur  coup,  sur 
les  cartes  d'Afrique.  Mais,  dans  Tétat  présent,  notre  connais- 
sance de  la  partie  sud  du  Loûta  Nzîdjé  reste  fort  incomplète. 
Elle  en  est  au  même  point  où  sir  Samuel  Baker  Ta  laissée 
en  1864,  et  rien  jusqu'ici  n'est  venu  infirmer  son  tracé  du  lac 
continué,  sur  la  foi  des  indigènes,  jusqu'entre  le  1®'  et  le  2«  de- 
gré de  latitude  S.,  avec  un  prolongement  à  l'ouest.  C'est  sans 
doute  à  M.  Stanley  qu'il  reviendra  de  nous  dire  où  finit  en  réa- 
lité le  Loûta  Nzîdjé.  Si  ce  hardi  et  heureux  voyageur  réaUse  son 
projet  d'aller  au  lac  Loûta  Nzîdjé,  en  partant  du  lac  Tanga- 
ôyika,  il  découvrira  en  chemin  que  le  lac  que  les  indigènes 
lui  ont  signalé  dans  l'ouest  du  lac  Âkauyarou,  qui  n'est  autre 
chose  que  la  dernière  partie  sud  du  Loûta  Nzîdjé. 

Le  retour  de  M.  Gessi  ise  fit  le  long  du  rivage  nord-ouest  du 
Loûta  Nzîdjé,  qui  est  bordé  de  montagnes  non  interrompues, 
plongeant  à  pic  sur  le  lac.  Elles  sont  habitées  par  des  tribus 
suspectées  d'anthropophagie,  et  qui  tentèrent  vainement  d'at- 
tirer M.  Gessi  au  milieu  d'elles.  La  chaîne  de  montagnes 
atteint  son  maximuni  d'élévation  au  nord,  dont  le  mont  Mak- 
koûrti,  qui  domine  de  549  mètres  les  eaux  du  Loûta  Nzîdjé. 
Contrairement  à  ce  qu'on  aurait  pu  supposer,  aucune  grande 
rivière  ne  traverse  ces  montagnes  pour  se  jeter  dans  le  lac  ; 
M.  Gessi  n'y  a  noté  d'autres  cours  d'eau  que  trois  petites  ri- 
vières, dont  la  plus  au  nord  forme  des  cataractes ,  et  qui  ont 
leurs  embouchures  sur  le  rivage  ouest. 

En  résumé,  le  voyagé  de  M.  Gessi  nous  vaut  la  carte  du 
Loûta  Nzîdjé,  sur  280  kilomètres  de  longueur,  dans  une  partie 
du  lac  dont  la  largeur  varie  de  37  à  lH  kilomètres.  Nulle 
part  n'a  pu  être  constaté  un  courant  constant  à  travers  le  lac. 
Des  traces  sur  les  rochers  indiquaient  d'ailleurs,  en  quelques 
endroits,  que  les  eaux  du  lac  s'élèvent  parfois  d'environ  1  dé- 
cimètre au-dessus  du  niveau  qu'elles  avaient  au  mois  d'avril. 
M.  Gessi  ne  paraît  pas  avoir  trouvé  sur  le  Loûta  Nzîdjé  un 
état  de  la  navigation  indigène  aussi  avancé  que  celui  dont  les 

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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  179 

flottes  du  roi  H'tésa  sont  la  prettve  sûr  le  Niyanza.  Peut-être 
faut-il  attribuer  cette  iofériorité  aux  teinpêtes,  qui  se  reuou- 
vellent  jusqu'à  vingt  fois  par  jour  sur  le  Loûta  Nzîdjë  et  dont 
la  cause  est  sans  doute  dans  le  resserrement  du  lac  par  des 
montagnes  assez  élevées. 

§  3.— Ernest  Lisant  de  Béllefonds  et  le  colonel  Chaillé  Long-Bey,  sur  le  haut  Nil 
Blanc.  Les  mission^  chrétiennes  dans  l'Afrique  équatoriale. 

Le  premier  numéro  du  Bulletin  trimestriel  de  la  Société 
khédiviale  de  Géographie  du  Caire  débutait  par  (n»  203)  l'iti- 
néraire et  les  notes  de  voyage  de  lïotre  regretté  compatriote 
M.  Ernest  Linunt  de  Béllefonds,  qui  mourut  victime  d*une  tra- 
hison sur  le  haut  Nil  Blanc  en'i875,  après  avoir  perdu  à  Gon- 
dokoro  son  frère,  M.  Auguste  Liuant^ 

Le  travail  de  M.  Ernest  Linant  est  le  fruit  d  un  voyage  de 
service  qu'il  fit  de  février  à  juin  1875,  entre  le  poste  militaire 
égyptien  fie  Redjâf  et  le  Niyanza,  ou  lac  de  Victoria,  en  pre- 
nant à  Test  de  Titinéi-aire  suivi  par  Speke  et  Grant.  Ses  notes 
et  ses  croquis  ont  été  mis  en  œuvre  par  le  docteur  Schwein- 
furth  pour  établir  la  carte  à  i.ooo.ooo  ^™6  fl^î  accompagne  ce 
travail,  et  qui  constitue  l'un  des  meilleurs  documents  à  con- 
sulter pour  la  géographie  du  bassin  du  haut  Nil  blanc,  des 
pays  des  Hougui,  des  Madi  et  de  l'Ouganda.  M.  Ernest  Linant 
avait  tenu  un  journal  circonstancié,  écrit  dans  un  style  vivant, 
que  le  Bulletin  de  la  Société  khédiviale  de  Géographie  repro- 
duit textuellement,  et  dans  lequel  le  vopgeur  décrit  les 
paysages  et  les  mœurs  des  contrées  nouvelles. 

Au  sud  de  la  station  égyptienne  de  Fatîko,  il  arrive  dans  le 
village  de  Ghaka,  situé  près  de  la  source  de  la  rivière  Ounyâma, 
un  affluent  du  Nil.  «  Les  Ghaka  sont  complètement  nus, 
n'ayant  que  le  costume  des  Bâri;  cela  m'a  surpris,  attendu 

i.  MM,  E.  et  A.  Linant,  ofllciers  dans  l'armée  égyptienne,  étaient  les  Gis  de 
l'illustre  Linant-Pacha,  dont  le  nom  ligure  au  premier  rang  parmi  les  hommes 
qui  noos  ont  fait  connaître  les  contrées  du  Nil,  et  qui  avait  arcompli  lui-même 
un  voyage  de  découverte  sur  le  Mil  Diane, 

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^80  AFRIQUE.  N"  S08-M8 

que  depuis  que  j'ai  iiénétré  dans  le  pays  des  Madi,  chaque 
nègre  cache  plus  ou  moins  sa  nudité  soit  par  une  peau  de 
chèvre,  soit  au  moyen  de  feuillages.  Mais,  par  contre,  leurs 
cartilages  sont  diargfe  d'ornements  :  l'oreille  est  criblée  de 
trous  dans  lesquels  ils  fixent  des  morceaux  d'ivoire  on  de  bois, 
des  dents,  des  verroteries,  des  fils  de  cuivre,  enfin  tout  ce  qui 
leur  paraît  constituer  un  ornement.  La  séparation  des  narines 
supporte  un  anneau  de  métal  ou  d'ivoire,  qui  vient  couvrir  la 
lèvre  supérieure.  L'ornement  le  plus  étrange  consiste  à  char- 
ger la  lèvre  inférieure,  préalablement  percée,  d'un  appendice 
conique,  dont  le  sommet  est  dirigé  en  Us  ;  dans  sa  momdrc 
dimension  il  a    7  à  8  millimètres  de  long  et  6  à  8  mil- 
limètres de  diamètre  maximum  ;  il  est  en  bois,  os,  cuivre 
ou  simplement  en  roseau.  J'ai  vu  une  femme  iwrlant  un  orne 
ment  de  ce   genre,  en   cuivre,  long  de  32  centimètres, 
d'un  diamètre   maximum   de    43  millimètres.  Son   aspect 
produit  un  pénible  eflet,  car  à  chaque  mouvement  de  la  tête  la 
lèvre  inférieure  est  tirée  et  l'ornement  vient  frapper  les  sems, 
quoique  la  femme  n'en  paraisse  cependant  nullement  incom- 
modée'.» Quant  aux  hommes,  quelques-uns  d'entre  eux  portent 
un   collier  montant  des  clavicules  au  maxillaire  inférieur. 
Il  est  composé  d'anneaux  de  fer,  parfaitement  entretenus,  et 
d'autant  plus  nombreux  que  leur  possesseur  a  été  plus  heureux 
à  la  guerre.  Certains  guerriers  portent  ainsi  quatorze  anneaux 
de  fer  superposés  ;  il  leur  est  alors  impossible  de  remuer  le  cou. 
Tandis  que  sur  le  plateau  de  Fatîko  les  arbres  sont  rares, 
et  qu'à  la  fin  de  la  saison  sèche  l'herije  y  avait  été  bnllée,  en 
revanche  les  vaUées  des  environs  de  Chaka  étaient  tapissées 
d'une  fraîche  verdure:  des  forêts  d'arbres  élancés  et  des  ro- 
seaux aux  reflets  dorés  et  argentés  couvraient  les  parties  hautes 
du  sol.  La  i-osée,  extraordinairement  abondante  pendant  la 
nuit,  expliquait  cette  fraîcheur  de  tous  les  végétaux  en  pleine 
saison  sèche;  et  dans  ses  iparches  de  nnit,  M.  Ernest  Linant 

1.  B«B««n  de  la  SociéU  khidivUU,  n'  I,  p.  3  el  4. 

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AFRIQUE  ÉQUATORULE.  181 

recevait  comme  des  douches  de  rosée  chaque  fois  qu'il  frôlait 
quelque  plante  élevée.  Les  forêts  et  les  fourrés  de  roseaux  con- 
tinuent du  côté  du  sud  jusqu'au  pays  deKaboûIi,  où  est  établie 
la  station  égyptienne  de  Foweïra,  sur  la  partie  du  Nil  qui  relia 
le  Niyanza  (lac  Victoria)  au  Loûta  Nzîdjé  (lac  Albert). 

C'est  de  Foweîra  que  H.  Ernest  Liuant  ut,  le  long  de  la  rivé 
gauche  du  Nil  (Somerset  River),  une  excursion  qui  lui  permit 
d'étudier  de  près  les  huit  barrières  de  rapides  qui  seront  sans 
doute  un  obstacle  très-sérieux  aux  communications  sur  le  ma- 
gniGque  réseau  des  lacs  et  des  rivières  du  haut  Nil. 

En  traversant  le  district  de  M*roûrîS  dépendance  du 
royaume  d'Ounyoro,  M.  Ernest  Linant  recueillit  des  données 
précieuses  sur  Thistoire  de  ce  royaume  qui  appartenait  autre- 
fois au  grand  empire  de  Kittara.  L'empire  s'étendait  au  nord  jus- 
qu'au point  ou  le  Nil  se  jette  dans  le  lac  Loûta  Nzîdjé;  à  Touesf , 
jusqu'aux  rivages  de  ce  lac  ;  au  sud,  jusqu'aux  rivages  sud  du 
Niyanza,  y  compris  quelques  îles,  comme  par  exemple  celle 
d'Ouvouma  ;  à  l'est,  il  comprenait  les  tribus  des  Lango  et  le  pays 
d'Ousoga. 

Aujourd'hui,  c'est  M'tésa,  le  descendant  d'un  frère  de  l'an- 
cien empereur  de  Kittara,  qui  est  devenu  le  maître  d'une 
grande  partie  du  pays  de  ses  ancêtres.  On  afûrmait  à  H.  Liuant 
Bey  que  Kaba  Réga,  roi  d'Ounyoro,  Rionga,  souverain  d'une 
île  sur  le  Nil  au  sud  de  Foweîra,  et  Aoufîna,  roi  d'une  autre 
île  en  aval  de  Foweîra,  n'étaient  que  des  ministres  de  M'tésa. 
Le  voyageur  put,  en  effet,  constater  partout  que  les  dignitaires 
wagand^  dont  il  était  accompagné  exerçaient,  comme  repré- 
sentants de  M'tésa,  une  autorité  même  sur  les  peuples  et  sur 
les  princes  vassaux  d'Ounyoro.  Mais,  en  réalité,  le  gouvernement 
d'Ounyoro  était  indépendant  de  M'tésa,  si  bien  que  par  la  suite 
M'tésa  fit  sonder  les  intentions  de  M.  Liuant  Bey>  à  l'effet  de 
savoir  s'il  consentirait  à  aider  ses  troupes  dans  une  attaque 
contre  Kaba  Réga  et  le  chef  de  l'île  d'Otlvouma. 

1.  Plus  connu  depuis  le  voyage  du  capitaine  Speke  sous  le  nom  de  M'roûli 

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183  AFRIQUE.  «       N«*  205-318 

Le  récit  de  la  première  entrevae  d'un  Français  a^ec  M'tésa 
est  intéressant  à  plusieurs  égards.  Neus  le  donnons  ici^  dans 
les  termes  mêmes  où  l'infortuné  Ernest  Linant  Ta  rédigé.  Je 
12  avril  1875  : 

Ma  réception  chez  le  roi  M'tésa  était  fixée  pour  ce  matin,  mais  la 
pluie  qui  n*a  cessé  de  tomber  jusqu'à  midi  a  mis  obstacle  au 
projet. 

A  deux  heures,  le  temps  s*étant  mis  au  beau,  M'tésa  m'a  expédié 
un  messager  pour  m'informer  qu'il  était  prêt  à  me  recevoir.  Avis  est 
donné  au  camp,  chacun  endosse  ses  plus  frais  costumes.  Nous  sommes 
prêts;  mes  braves  Soudaniens  sont  superbes  sous  leur  jaquette  rouge 
et  leur  culotte  blanche.  Je  me  mets  à  leur  tête,  les  trompettes  et  les 
tambours  résonnent  ;  nous  suivons  Une  avenue  large  de  quatre-vingts 
à  cent  mètres,  allant  droit  du  nord  au  sud  et  aboutissant  à  la  résidence 
de  M'tésa.  Le  palais  de  M'tésa  se  présente  devant  nous,  bâti  sur  une 
colline  qui  domine  ses  voisines  ;  le  long  de  l'avenue,  des  jardins  en- 
tourés d'enceintes  en  roseaux  forment  les  habitations  des  grands  capi- 
taines et  hauts  fonctionnaires.  Au  bout  de  vingt-cinq  minutes  de 
marche,  nous  atteignons  la  première  porte  du  palais;  nous  traversons 
aussi  cinq  cours  où  grouille  une  population  nombreuse  de  m'tongali*; 
la  dernière  cour  sert  d'habitation  aux  exécuteurs  dont  l'indice  con- 
siste en  une  corde  de  fibres  de  ban» nier  parfaitement  tressée  (instru* 
tuent  de  supplice).  —  En  pénétrant  dans  cette  cour,  un  vacarme 
épouvantable  m'accueille;  mille  instruments,  les  uns  plus  étranges  que 
les  autres,  font  entendrt;  les  sons  les  plus  discordants  et  les  plus 
étourdissants.  —  La  garde  de  M'tésa,  armée  de  fusils,  me  présente 
les  armes;  le  roi  est  debout  à  l'entrée  de  la  salle  de  réception.  Je 
m'approche  et  le  salue  à  la  turque.  Il  me  tend  la  main  que  je  serre  ; 
j'aperçois  àl'instant  à  la  gauche  du  roi  une  figure  d'Européen  basanée. 
C'est  un  voyageur,  je  crois  que  c^est  Gameron  !  Nous  nous  observons 
sans  nous  adresser  la  parole. 

M'tésa  pénètre  dans  la  salle  de  réception;  nous  le  suivons.  C'est  un 
couloir  long  de  douze  mètres  et  large  de-quatre  mètres,  dont  le  pla- 
fond incliné  vers  l'entrée  est  supporté  par  une  série  de  colonnes  en 
bois  de  doûm,  qui  divisent  la  pièce  en  deux  nefs.  La  pièce  centrale 
principale  est  libre  et  conduit  au  trône  du  roi  ;  les  deux  nefs  sont  oc- . 
cupées  par  les  grands  dignitaires  et  les  grands  officiers.  A  chaque 
colonne  est  adossé  un  garde  du  roi,  h  grand  manteau  rouge,  turban 

1.  Musiciens  de  la  cour. 

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AFRIQUE  ÉQUiTORIALE.  183 

blanc,  orné  de  poils  de  singe,  culotte  blanche,  blouse  noire  avec 
bandes  rouges;  tous  sont  armés  de  fusils. 

M'tésa  prend  place  sur  son  trône  qui  est  une  chaise  en  bois, 
en  forme  de  fauteuil  de  bureau;  ses  pieds  reposent  sur  un  coussin,  le 
tout  placé  sur  une  peau  de  léopard,  fixée  elle-même  sur  un  tapis  de 
Smyme.  Devant  le  roi,  une  dent  d'éléphant  parfaitement  polie  sert  de 
parade  et,  à  ses  pieds,  se  trouvent  deux  boîtes  contenant  des  fétiches  ; 
de  chaque  côté  du  trône  on  remarque  une  lance  (Fune  en  cuivre, 
l'autre  en  fer),  maintenues  chacune  par  un  garde;  ce  sont  les  attributs 
d'Ouganda;  le  chien  dont  parle  Speke  a  été  supprimé.  Aux  pieds  du 
roi  sont  accroupis  le  vizir  et  deux  écrivains. 

M'tésa  a  beaucoup  de  dignité  et  ne  manque  pas  d'une  certaine  dis- 
tinction naturelle  ;  son  costume  est  élégant  :  un  qouflàn  blanc,  ter- 
miné par  une  bande  rouge,  bas,  babouches,  veste  en  drap  noir  bro- 
dée  d^or, tarbouch  avec  plaque  d'argent  au  sommet.  Il  porte  un  sabre 
h  poignée  d'ivoire  incrustée  d'argent  (arme  de  Zanzibar)  et  un 
bâton. 

J'ai  fait  l'exhibition  de  mes  présents  que  M'tésa  a  feint  de  regarder 
à  peine,  sa  dignité  ne  lui  permettant  pas  d'être  curieux. 

Je  m'adresse  à  l'étranger  qui  est  assis  en  face  de  moi  à  la  gauche 
du  roi. 

—  C'est  à  monsieur  Gameron  que  j'ai  l'honneur  de  parler? 

—  Non,  monsieur;  monsieur  Stanley.    . 

Nous  renvoyons  au  Bulletin  de  la  Société  khédiviale  pour 
tous  les  détails  de  la  vie  et  du  gouvernement  des  M  gnnda, 
qui  forment  une  population  de  2,000,000  d'âmes,,  ainsi  que 
pour  la  description  de  leur  pays.  Toutefois,  il  est  un  fait 
sur  lequel  nous  devons  nous  arrêter.  M.  Ernest  Linant  ren- 
contra en  Ouganda  le  roi  de  Koki,  tributaire  de  M'tésa,  qui  ap- 
prit au  voyageur  Torigine  de  l'ancien  empire  de  Kittara.  Cet 
empire  fut  fondé  par  les  Wahoûma,  qui  peuplent  aujourd'hui  le 
Koti,  le  Kittara  à  Touest  d'Ouganda,  et  toutes  les  terres  de  ces  pa- 
rages oii  ils  trouvent  de  bons  pâturages  pour  leurs  bestiaux,  car 
ils  sont  pasteurs  par  excellence.  Ils  ne  sont  pas  originaires  de  ces 
contrées,  mais  bien  d'autres  contrées  plus  au  nord.  Leur  type  est 
ce  beau  type  éthiopien,  fin  et  délicat  ;  ils  n'ont  ni  la  couleur,  ni  les 
yeux,  ni  le  nez  des  nègres  ;  leur  teint  est  simplement  cuivré 
et  leurs  tiaits  sont  fins  :  aussi  les  femmes  de  race  wahoûma 

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184  APRIQOE.  N-  203-318 

pure  sont-elles  très-recherchées  en  Ouganda.  Après  avoir  duré 
plusieurs  siècles,  le  grand  empire  de  Kittara  se  démembra,  et 
il  n*y  aurait  rien  d'étonnant  à  ce  que  le  jeune  prince  du  Kokî 
fût  réellement  ce  qu'il  prétend  être,  l'héritier  de  l'empire  de 
Kittara.  C'est  à  la  suite  d'alliances  répétées  avec  des  femmes 
wahoûma  que  les  grands  d'Ouganda  ont  pris  la  teinte 
bronzée  qui  les  distingue  des  gens  du  peuple. 

Après  plusieurs  excursions  fructueuses  en  Ouganda,  le  15 
juin  1875  M.  Ernest  Linant  prenait  congé  de  M'tésa.  La  suite 
de  ses  voyages  que  la  mort  a  interrompus,  appartient  au  cha- 
pitre :  Nécrologie. 

Le  colonel  Ghaillé  Long-Bey  a  donné  dans  le  BiUletin  de  la 
Société  khédiviale  de  Géographie  une  note  importante  (n«  204), 
dans  laquelle  il  résume  ses  observations  ethnographiques  sur 
les  peuplades  qui  vivent  entre  Foweïra  et  Ourondogané,  dans  la 
partie  du  cours  du  Nil  qu'il  a  le  premier  explorée  en  1874,  où 
il  découvrit  le  lac  Ibrahim,  et  sur  les  peuplades  qu'il  visita 
sur  la  partie  du  Nil  située  entre  Foweïra  et  les  chutes  de  Karouma, 
enfin  sur  les  Makraka.  Ce  travail  est  très-intéressant  soit  par  les 
renseignements  qu'il  contient  sur  la  couleur,  le  costume,  la  re- 
ligion et  les  mœurs  des  habitants  du  centre  de  l'Afrique  équa- 
toriale,  soit  par  les  conclusions  auxquelles  ils  ont  conduit  le 
colonel  Chaillé  Long-Bey. 

D'après  la  comparaison  des  caractères  de  ces  peuples,  il  y 
aurait  trois  grandes  familles,  et  un  nombre  encore  plus  grand 
de  rameaux  séparés,  Sans  parenté  entre  eux  ni.  avec  les  trois 
grands  groupes.  Les  Bari,  les  Mougui,  les  Laboré  et  les  Yam- 
bari  paraissent  appartenir  à  une  même  famille  nègre;  le$ 
M'ganda,  les  Wanyoro  et  les  Riongui  ont  (sauf  une  partie  des 
M'ganda  qui  est  croisée  avec  le  sang  nègre)  un  teint  cuivré 
comme  les  véritables  Éthiopiens,  et  dans  ce  deuxième  groupe, 
les  Wanyoro  et  les  Riongui  sont  moins  cuivrés  que  les 
M'ganda.  Les  Monbouttou,  les  Hittou  et  les  Makraka  forment  la 
troisième  race.  Quant  aux  peuplades  des  Madi,  des  Moundo, 

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AFRIQUE  ÉQUiTORIALE.  185 

des  Mouro,  des  Kijé  et  des  Aboker,  le  colonel  Chaillé  Long-Bey 
ne  peut  les  classer  dans  aucun  de  ces  trois  groupes,  et  il  les 
considère  comme  appartenant  chacun  à  une  famille  distincte. 

• 

Un  pays  riche  et  peuplé  comme  Tintérieur  de  rAfrique 
équatoriale  devait  séduire  le  zèle  religieux  de  TAngleterre,  et 
devenir  bientôt  un  champ  d'évangélisation.  Voici  le  plan  qui  a 
été  arrêté  entre  les  différentes  Églises  et  sociétés  de  missions 
d'Angleterre  pour  couvrir  de  missionnaires  TAfrique  équato- 
riale. La  Church  Missionary  Society  avait  déjà»  depuis  1844, 
une  mission  à  Monbâsa,  qui  lui  coûte  96  000  francs  par  an  ; 
elle  l'a  renforcée  de  six  membres  anglais.  Elle  va  consacrer  une 
somme  de  55  000  francs  à  envoyer,  par  la  voie  de  Monbâsa  et 
de  rOusagara,  dans  le  Karagwé  et  TOuganda,  une  mission 
composée  de  six  missionnaires,  dirigés,  comme  les  premiers, 
par  un  officier  de  marine;  ils  doivent  fonder  en  route  un  éta- 
blissement dans  rOusagara. 

L'œuvre  à  laquelle  coopère  la  Ckurch  Missionary  Society  est 
poursuivie  également  par  une  autre  société  anglaise,  celle  des 
Missions  des  Universités  {Universities'  Missions) y  qui  a  com- 
mencé à  s'établir  à  Zanzibar,  en  1864,  pour  recueillir  les  en- 
fants esclaves  libérés  par  les  croiseurs  anglais,  et  secourir 
aussi  les  esclaves  adultes.  Depuis  sa  fondation,  cette  société  a 
établi  des  centres  analogues  à  Mbouiri  et  à  Kioungani,  points 
respectivement  situés  à  sept  et  à  deux  kilomètres  de  Zanzibar, 
mais  toujours  sur  l'île.  Elle  a,  de  plus,  constitué  une  station 
sur  la  côte  voisine  du  continent.  Si  on  en  jugeait  d'après  le 
premier  semestre  de  1876,  elle  reçoit  des  souscriptions  s'éle- 
vant  à  85000  francs  par  an.  M.  Steere,  l'évêque  qui  dirige  les 
tmvaux  de  ces  missionnaires,  doit  être  parti  maintenant  pour 
fonder  une  mission  sur  le  lac  Nyassa.  Une  autre  société,  celle 
des  Missions  de  Londres  (London  Missionary  Society)  y  envoie 
un  groupe  de  six  ou  huit  personnes  à  Oudjîdji,  sur  le  lac 
Tangaûyîka.  Elle  a  chargé  un.anglais,  M.  Price,  de  cherdier, 
entre  la  côte  de  l'océan  Indien  et  Oudjîdji  un  chemin  où  pour- 

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186  AFRIQUE.  «••  205-518 

raient  passer  des  chariots  traînés  par  des  bœufs,  comme  ceux 
de  la  colonie  du  cap  de  Bonne-Espérance.  Dans  ce  but,  on  ayait 
recueilli  197  000  francs  il  y  a  déjà  plusieurs  mois,  et  on 
croyait  pouvoir  commencer  avec  un  capital  de  pliis  de 
250  000  francs. 

C'est  rÉglise  libre  d'Ecosse  (Fréîg  Church  ofSeoUand)  qui  a 
fondé  la  mission  et  la  colonie  de  Livingstonia,  à  la  pointe  sud 
du  lac  Nyassa;  elle  a  reçu  pour  cela  265000  francs,  et,  aux 
huit  Européens  déjà  fixés  à  Livingstonia,  elle  en  a  ajouté  quatre 
nouveaux.  Une  autre  Église  écossaise,  FÉglise  établie  d'Ecosse 
(Establisked  Church  of  Scotland)^  a  profité  du  départ  de  ces 
missionnaires  pour  envoyer  aussi  au  lac  Nyassa,  pour  y  fonder 
une  mission,  sept  ou  huit  Européens  conduits  par  M,  Uenderson. 

Dans  toute  cette  partie  de  TÀfrique,  il  n'existe  plus  aujour- 
d'hui qu'une  seule  mission  catholique,  celle  qu'un  prêtre  fran- 
çais, le  révérend  père  Borner,  dirige  avec  succès  depuis  de 
longues  années  à  Bagamoyo,  en  face  de  Zanzibar.  Elle  a  pour 
tâche  non-seulement  de  convertir,  mais  aussi  de  civiliser  le 
peuple  au  milieu  duquel  elle  est  établie.  Livingstone  a  fait  con- 
naître la  mission  catholique  française  de  Bagamoyo,  et  avec  lui 
beaucoup  de  voyageurs  anglais  ont  rendu  justice  au  révérend 
père  Horner  et  ses  auxiliaires,  qui,  tout  en  catéchisant  les 
populations,  enseignent  à  chacun  de  leurs  néophytes  un  métier 
qui  le  mette  à  même  de  gagner  sa  vie.  Les  missionnaires  fran- 
çais de  Bagamoyo  sont  aussi  une  providence  pour  tous  les  voya- 
geui^  européens  qui  viennent  les  trouver. 

Les  missions  protestantes  anglaises  dont  nous  avons  parlé 
ont  dans  leur  personnel  des  officiers  de  marine  et  des  mate- 
lots, des  médecins,  des  ingénieurs,  des  charpentiers,  des  for- 
gerons, des  agriculteurs,  des  tisserands,  et  même  un  impri- 
meur. On  peut,  par  conséquent,  s'attendre  à  les  voir  marcher 
dans  la  même  voie  que  la  mission  catholique  française  de  Baga- 
moyo, au  grand  avantage  des  populations  de  l'intérieur  de 
l'Afrique  équatoriale  et  australe. 

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AFRIQUE  ÉQUATORULE.  187 

S  4.  — Les  expéditions  dans  TArrique  éqnatoriale  par  le  cours  de  i'Ogôwé.  Expé- 
dition française  de  MM.  Savorgnan  de  Braxaa,  Marche  et  le  docteur  Ballay.  — 
Expédition  allemande  du  docteur  Lenz.  -^  Dernières  nouvelles  de  l'expédition 
française. 

Pénibles  débuts  de  l'expédition  française  :  un  naufrage  sur  l'Ogdwé. 

Un  grand  fleuve,  TOgowé,  se  jette  dans  TAtlantique,  direc- 
tement à  l'ouest  des  grands  lacs  Loûta  Nzicyé  et  Niyanza,  à 
cent  vingt-cinq  kilomètres  au  sud  de. Libreville,  que  nous  con- 
sidérons comme  le  centre  politique  de  notre  possession  du 
Gabon.  La  partie  inférieure  de  son  cours  avait  été  reconnue 
par  les  officiers  de  notre  marine  nationale,  sous  les  ordres  de 
]*amiral  Fleuriot  de  Langle^  et  au  nombre  desquels  nous  nom- 
merons Tun  des  derniers  :  M,  Aymes.  Depuis  lors,  MH.  le  mar- 
quis de  Compiègne  et  Marche  s'étaient  avancés  plus  loin  sur 
rOgôwé  ;  le  confluent  de  Tlvindo,  qui  marque  le  terme  de  leur 
exploration  en  1873,  tomberait,  d'après  leurs  relèvements,  à 
quatre  cent  soixante-dix  kilomètres  est  légèrement  nord  du  cap 
Lopez.  Ces  courageux  voyageurs  S  auxquels  leur  dévouement 
avait  iailli  coûter  la  vie,  peuvent  maintenant  se  réjouir  en  voyant 
leur  tâche  reprise  et  continuée  par  l'enseigne  de  vaisseau  Savor- 
gnan de  Brazza,  auquel  s'est  joint  H.  Marche,  ainsi  que 
M.  Ballay,  médecin  de  marine.  Un  quartier-maître  de  la  flotte, 
Hamon,  accompagne  Texpédition. 

Cette  expédition  (voir  n<»*  272  à  274)  entrait  dans  I'Ogôwé, 
à  la  fln  de  1875,  et  le  bateau  à  vapeur  le  Marabout  dé- 
posait à  Lambaréné  ou  Eiimbareni  (à  deux  cent  vingt-deux 
kilomètres  de  l'embouchure  de  I'Ogôwé)  le  personnel  et  les 
bagages  de  la  mission.  Dès  les  premiers  pas,  surgit  une  difii- 
culté  qui  a  déjà  arrêté  beaucoup  de  voyageurs  dans  ces  pu- 
rages.  Les  peuples  de  TAfrique  équatoriale  n'ont  pas  de  bêtes 
de  somme;  chez  eux,  tous  les  transports  sont  faits  à  dos 
d'homme  ou  en  bateau  ;  et,  dans  ce  dernier  cas,  il  faut  des 

1.  Nous  n'avons  pas  changé  cette  phrase,  qui  était  écrite  avant  la  flu  tragique 
de  M.  le  marquis  de  Compiègne. 

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188  AFRIQUE.  N*<  205-518 

pagayeurs.  Dans  Test  de  TAfrique  équatoriale,  il  existe  des 
Etals  constitués,  et  les  marchands  musulmans  ont  créé,  pour 
leurs  besoins,  des  traditions  commerciales;  on  trouve  donc 
une  classe  de  la  population  qui  vit  du  métier  de  porteurs, 
et  un  trafic  continuel  a  résolu  la  question  d'organisation  dé 
ce  service.  Mais  il  n*en  est  point  ainsi  à  la  cote  occiden- 
tale, où  le  voyageur  éprouve  des  difGcultés  inimaginables  pour 
avancer.  L'époque  favorable  du  voyage  sur  le  haut  Ogôwé 
arriva  donc  avant  que  M.  de  Brazza  eût  pu  recruter  un  nombre 
suffisant  de  pagayeurs.  Les  peuplades  des  Galoa  et  des  Inenga 
élevaient  des  prétentions  si  exorbitantes  que,  pour  aller  de 
Lambaréné  à  Sam  Kita  S  c'est-à-dire  pour  un  trajet  de  quatre- 
vingts  kilomètres  sur  TOgôwé,  il  aurait  fallu  payer  100  francs 
par  pagayeur.  Les  Galoa  et  les  Inenga  étant  en  rivalité  avec  les 
Ba'kellé'  de  Sam  Kita,  M.  Savorgnan  de  Brazza  essaya  de  profiter 
des  bonnes  dispositions  de  ces  derniers  pour  envoyer  M.  Marche 
et  H.  Ballay  demander  aux  Okanda,  habitants  du  haut  fleuve, 
de  descendre  cherclier  l'expédition  à  Lambaréné.  Quatre  jours 
après,  M.  Ballay  revenait  malade,  ramenant  avec  lui  des  lap- 
tots  (mariniers  nègres  du  Sénégal),  sans  Taide  desquels  le  chef 
de  l'expédition  n'aurait  pu  sortir  de  Lambaréné. 

Laissant  M.  Ballay  à  Lambaréné,  M.  de  Brazza  paitit,  le 
27  décembre,  sur  le  bateau  à  vapeur  de  M.  Schmider,  négo- 
ciant européen,  qui  remorquait  une  grande  pirogue  chargée  des 
marchandises  que  M.  Marche  devait  emporter  sur  le  haut  fleuve. 
Il  profita  de  cette  occasion  pour  faire,  aussi  exactement  que 
les  circonstances  le  permettaient,  les  observations  nécessaires 
pour  la  carte  de  TOgôwé  entre  Lambaréné  et  Sam  Kita,  où  il 
arriva  le  !«'  janvier  1876,  malade  par  excès  de  fatigue.  Depuis 
le  départ  de  Lambaréné  jusqu'à  l'arrivée  à  Sam  Kita,  M.  de 
Brazza  avait  fait,  au  sextant,  la  triangulation  du  fleuve^  et  de 

1.  On  a  écrit  jusqu'à  présent  Sam  Quita  ;  mais  comme  le  nom  de  ce  village  n*est 
ni  français  ni  portugais,  nous  l'orthographions  d'après  le  principe  simple  et  juste 
d'éviter  l'emploi  de  toute  lettre  inutile. 

2.  Telle  paraît  être  la  véritable  orthographe  du  nom  du  peuple  qu'on  donnait 
jusqu'ici  sous  la  forme  de  Bakalais. 

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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  i89 

ses  rives  ;  cette  chaîne  de  triangles  est  interrompue  en  denx 
points,  à  cause  de  Tabsence  totale  de  signaux  naturels,  qui 
sont  indispensables  pour  un  semblable  travail.  11  avait  aussi 
fait  des  observations  astrojiomiques  donnant  la  latitude  de 
Lambaréné,  et  la  différence  de  longitude  de  Sam  Kita  à  Lam- 
baréné  ;  car  l'époque  de  Tannée  ne  lui  avait  pas  permis  d'ob- 
server des  occultations  d'étoiles,  ni  des  immersions  des  satel- 
lites de  Jupiter,  pour  trouver  les  longitudes  d'une  manière 
directe  et  sûre.  Le  2  janvier,  le  voyageur  repartait  de  Sam  Kita, 
trop  malade  pour  songer  à  faire  des  observations.  «  Le  soir,  à 
sept  heures  ^,  le  vapeur  de  M.  Schmider,  qui  marchait  avec 
toute  sa  vitesse  et  celle  que  le  courant  lui  donnait,  rencontrait 
un  énorme  arbre  ensablé  au  milieu  du  fleuve;  il  s'arrêtait  net, 
et  le  roufle  sous  lequel  était  pendu  mon  hamac  atteignait 
le  fleuve.  Heureusement  que  mes  instruments  n'ont  pas  souf- 
fert de  cet  accident,  excepté  pourtant  mon  grand  compas  de 
relèvement,  qui  a  été  écrasé  par  un  des  montants  du  roufle. 
Celte  perte  est  sans  conséquence,  parce  que  je  possède  d'au- 
tres compas  de  relèvement,  plus  petits,  mais  mieux  appropriés 
au  service  auquel  ils  sont  destinés.  Une  perte  que  je  regrette 
plus  est  celle  du  cahier  où  j'avais  mis  au  net  les  tours  d'hori- 
zon pris  en  montant.  )>  Espérons  que  M.  de  Brazza  n'aura  pas 
perdu  les  résultats  de  son  travail  en  perdant  le  cahier  sur  lequel 
il  les  avait  mis  au  net,  et  qu'il  avait  encore  le  cahier  des  mi- 
nutes, qu'un  voyageur  ne  doit  jamais  détruire. 

H.  de  Brazza  ne  séjourna  pas  longtemps  à  Lambaréné;  le 
3  janvier  il  en  partait  pour  aller  rejoindre  M.  Marche,  avec  dix 
grandes  pirogues,  montées  pai*  cent  vingt  hommes  des  Galoa  et 
des  Inenga.  Malgré  ce  nombre  de  bateaux,  il  se  voyait  forcé  de 
laisser  à  Sam  Kita  les  caisses  les  moins  importantes  du  bagage 
de  l'expédition". 


1.  Lettres  de  M.  de  Braiza,  Bulletin,  juin  1876,  p.  644-645. 

%.  n  faut  rappeler  ici  que  dans  ces  contrées  la  monnaie  est  remplacée  par  des 
marchandises  Tolumineuses  et  pesantes.  Tout  indigène  étant  d'ailleurs  plus  ou 
moins  un  marchand,  les  pirogues  louées  arrivent  déjà  chargées  d'une  quantité 


yGoogk 


190  AFRIQUE.  N-  203-318 

En  arrivant  à  Sam  Kita,  le  docteur  BalUy,  qui  avait  beau- 
coup souffert  de  la  fièvre  intermittenie  à  Lambaréné,  était 
dans  un  état  de  santé  peu  satisfaisant.  Le  chef  de  rexpédition 
se  décida  donc  à  attendre  quelques  jours  le  rétablissement  de 
son  compagnon  de  route;  toutefois,  après  un  certain  délai,  il 
continua' le  voyage,  le  18  janvier,  n'emmenant  avec  lui  que 
six  laptots  sénégalais  et  neuf  pirogues.  Pendant  les  trois  jours 
suivants,  il  put  continuer  ses  relèvements  détaillés  du  fleure; 
mais  la  fatigue  causée  par  un  pareil  travail  sous  le  soleil  ar- 
dent de  réquateur,  jointe  à  celle  de  mettre  au  net,  chaque 
soir,  les  opérations  de  la  journée  *,  le  contraignit  à  cesser  toutes 
les  observations  régulières  pour  se  contenter  d'un  croquis  levé 
à  la  boussole. 

Le  22  janvier,  il  rejoignait  M.  Marche  chez  les  Okota,  à  San- 
galati,  où  il  était  retenu  par  le  manque  d'hommes.  Poussés  par 
l'appât  des  profits  qu'ils  comptaient  tiier  de  la  présence  d'un 
voyageur  blanc,  les  Okota  avaient  engagé  les  pagayeurs  ba'kellé 
de  M.  Marche  à  Tabandonner.  Ils  consolaient  en  même  temps 
M.  Marche,  en  lui  promettant  de  remplacer  eux-mêmes  les 
déserteurs,  qui  partaient  même  souvent  en  emportant  quelques- 
unes  des  marchandises.  Les  choses  avaient  été  poussées  si 
loin,  qu'un  jour  M.  Marche  voyant  s'éloigner  une  pirogue  des 
Okota,  montée  par  trois  de  ises  Ba'kellé,  qui  venaient  de  lui 
enlever  des  marchandises  et  des  fusils,  avait  dû  tirer  un 
coup  de  feu  sur  les  fuyards  pour  les  contraindre  à  s'anrêter,  et 
il  avait  blessé  l'un  d'eux. 


de  produits  avec  lesquels  les  rameurs  espèrent  se  livrer  à  des  spéculations  avan- 
tageuses. 

1.  Si  nous  avions  à  donner  un  conseil  à  un  voyageur  dans  des  contrées  incon- 
nues de  l'Afrique,  nous  l'engagerions  à  conserver  très-précieusement  ses  obser» 
valions  courantes,  et  à  ne  pas  les  copier  au  net  chaque  soir.  Généralement, 
surtout  dans  de  longs  voyages,  on  a,  dans  la  soirée,  à  faire  des  observations  de 
toute  nature,  à  causer  avec  les  habitants,  pour  apprendre  d'eux  ce  qu'eux  seuls 
savent,  et  ce  genre  de  travail  vient  là,  à  son  heure,  comme  une  récréation  de 
l'esprit.  Il  n'interrompt  pas  le  repos  des  facultés  qui  ont  été  mises  à  contribution 
dans  la  journée,  et,  étant  une  distraction ,  il  contribue  à  la  conservation  de  la 
santé.  La  mise  au  net  des  observations  courantes  doit  être  réservée  pour  les  longs 
séjours  forcés. 


yGoogk 


AFRIQUE  ËQUATORIALE.  i9i 

Aa  iiMïment  de  l*arriTée  de  M.  de  Brazxa  à  Sangalaii, 
M.  Marche  n'avait  plus  avec  lui  que  cinq  Ba'kellé,  et  les  Okota, 
malgré  leurs  promesses  réitérées,  ne  voulaient  plus  lui  donner 
d'hommes.  La  résistance  calculée  des  Okota  céda  aux  remon- 
trances très-énergiques  de  M.  de  Brazza,  et  leurs  chefs  décla- 
rèrent qu'ils  donneraient  les  hommes  demandés.  Peu  confiant, 
toutefois,  (ians  les  promesses  des  cheîs  de  Sangalaii  et  crai- 
gnant de  voir  ses  Galoa  endoctrinés  par  eux,  comme  l'avaient 
été  lesBa'kellé,  M.  de  Brazza  continua  le  voyage  en  remontant 
rOgôwé,  et,  le  25  janfvier  au  soir,  il  arriva  au  village  du  chef 
•  Ëdibé  qui,  de  son  vivant,  jouissait  d'une  certaine  influence  sur 
tous  les  Okota,  mais  qui  venait  de  mourir.  Là,  un  nouvel  et 
sévère  accès  de  fièvre  arrêta  l'explorateur,  et  M.  Marche  dut 
venir  le  chercher. 

Ce  dernier  avait  dû  menacer  de  brûler  le  village  de  Sanga- 
lati  pour  décider  ses  Okota  au  départ.  Une  fois  réunis,  les  deux 
voyageurs  ne  pensèrent  plus  qu'à  gagner  le  plus  tôt  possible 
le  haut  Ogôwé. 

Le  26  janvier,  l'expédition  partait  avec  ses  onze  pirogues  ;  elle 
passait  chez  les  Jalimbonga  et  chez  les  Apindji,  d'où  elle  repar- 
tait, le  2  février,  pour  arriver  le  soir  à  un  dangereux  passage 
de  rapides  où  l'on  a  coutume  de  décharger  les  pirogues.  «  Ce 
jour-là  devait  être  un  jour  de  malheur,  écrivait  M.  de  Brazza. 
A  midi,  les  chefs  Inenga  venaient  me  dire  que  le  passage,  si 
mauvais  sur  la  rive  gauche,  ne  nécessiterait  pas  le  décharge- 
ment des  pirogues  si  Ton  passait  sur  la  rive  droite,  où  il  était 
moins  mauvais  que  bien  d'autres  que  nous  avions  franchis. 
Seulement,  la  crainte  des  Pahouins  les  empêchait  de  prendre 
la  rive  droite,  où  ils  passeraient  néanmoins,  à  la  condition  que 
mes  laptots  descendraient  à  terre  pour  éclairer  la  rive  du 
fleuve. 

n  J'acceptai  avec  plaisir  cette  nouvelle  qui  m'épargnait  un 
déchargement  et  im  rechargement  des  pirogues  qui  eût  duré 
plus  de  deux  jours  et,  avant  ce  mauvais  passage,  je  descendis 
à  terre  avec  mes  laptots,  laissant  seulement  trois  hommes  avec 

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192  AFRIQUE.  ^-  205^18 

M.  Marche  pour  Teiller  sur  les  pirogues  au  sujet  desquelles, 
d'après  le  dire  des  Inenga,  je  pouvais  n'éprouver  aucune  in- 
quiétude. 

«  La  route  était  parfaitement  éclairée;  deux  hommes  dans  le 
bois  qui  borde  la  rive  et  les  autres  sur  la  crête  des  collines. 
Seulement,  il  m'était  impossible  d'apercevoir  les  pirogues 
cachées  par  les  arbres  qui  couvraient  le  banc  de  roche  for- 
mant le  rapide. 

«  Je  pensais  que  tout  allait  bien,  quand  des  hommes  envoyés 
par  M.  Marche  vinrent  me  prévenir  que  ma  pirogue  avait  chavire 
dans  le  passage  du  rapide.  J'arrivai  tout  essoufflé;  les  caisses, 
jetées  pêle-mêle  sur  les  roches,  me  prouvèrent  trop  bien  k 
réalité  de  ce  malheur  !  Celles  qui  descendaient  le  rapide  à  la 
dérive  ue  montraient  que  j'aurais,  de  glandes  pertes  à  regret- 
ter, car,  croyant  ma  pirogue  la  plus  sûre,  j'y  avais  réuni  ce 
que  j'avais  de  plus  précieux,  une  grande  partie  de  mes  instru- 
ments, etc.,  etc. 

ff  Sur  les  rochers,  je  vis  les  cantines  renfermant  mes  instru- 
ments suinter  l'eau  de  tous  côtés.  J'ouvris  une  de  mes  boîtes 
à  chronomètre;  l'instrument  était  arrêté  par  l'eau  qui  avait 
pénétré  dans  l'intérieur  ;  le  baromètre  qui  se  trouvait  dans  la 
même  boîte  était  perdu.  Heureusement  l'autre  boîte  à  chrono- 
mètre n'avait  pas  souffert. 

i  Je  comptai  le  nombre  des  caisses,  il  avait  beaucoup  di- 
minué. 

a  Ma  pirogue  était  à  peine  vidée  que  nous  apprenions  qu'une 
autre  avait  chaviré  dans  le  rapide,  à  environ  deux  cents 
mètres  plus  haut.  Laissant  un  homme  à  la  garde  des  bagages, 
je  courus  et  vis,  en  effet,  une  de  mes  grandes  pirogues  chavi- 
rée en  travers  sur  un  rocher  au  milieu  du  passage. 

«  L'eau  se  précipitait  avec  furie  dans  l'embarcation  et  faisait 
ballotter  les  caisses,  bien  qu'elles  eussent  été  fortement  amar- 
rées ensemble  et  à  la  pirogue.  Je  craignais  à  chaque  instant 
de  voir  celle-ci  se  briser  sur  le  rocher  et  toutes  les  caisses  par- 
ties en  dérive.  Les  laptots,  se  mettant  à  la  nage  et  se  laissant 

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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  103 

dériver  par  le  courant,  parvinrent  à  amarrer  une  longue  corde 
à  V\m  des  bouts  de  la  pirogue,  et,  de  la  plage,  nous  la  déhalâ- 
mes  à  terre.  Les  amarrages  des  caisses  avaient  bien  tenu,  et  grâce 
à  cela  aucune  d'elles  ne  fut  perdue. 

«  A  peine  commençait-on  à  vider  cette  pirogue,  que  deux 
autres  s'emplissaient;  on  put  les  haler  sans  difficulté  à 
terre. 

«  Pendant  qu*on  vidait  toutes  ces  pirogues,  mes  laptots, 
échelonnés  le  long  du  fleuve,  veillaient  les  caisses  qui  descen- 
daient le  courant,  mais  il  était  déjà  trop  tard  :  les  pirogues  des 
Apindji,  accourus  immédiatement  à  la  nouvelle  du  désastrCv 
avaient  pratiqué  pour  leur  propre  compte  le  sauvetage  des  cais- 
ses qu'ils  avaient  remontées  ;  une  seule  nous  fut  conservée, 
grâce  à  l'un  des  laptots  qui,  avec  son  fusil,  avait  arrêté  les  pil- 
lards qui  la  cachaient  sur  l'autre  rive. 

ff  Exténués  de  fatigue,  nous  campâmes  le  soir,  n'ayant  même 
plus  une  seule  casserole  pour  faire  la  cuisine.  Je  tâchai  de  sau- 
ver mes  papiers,  mes  livres,  mes  notes,  qui  étaient  complète- 
ment mouillés  ;  mais,  à  peine  couchés,  le  factionnaire  vint  nous 
dire  qu'une  pirogue  était  partie  en  dérive  dans  les  rapides. 
Celle-là  contenait  vingt  et  une  caisses  en  bois,  c'est-à-dire 
quarante-deux  caisses  à  porteur  en  tôle.  Si  elle  était  trouvée 
par  d'autres  que  mes  hommes,  elle  serait  certainement  pillée. 
Je  partis  immédiatement  en  descendant  le  cours  du  fleuve  le 
long  des  roches  et  des  cailloux  de  la  rive,  et  je  laissai  sur  ma 
route  des  laptots  échelonnés  afin  de  veiller,  au  jour,  le  cours  du 
fleuve.  Après  trois  heures  de  marche  je  m'arrêtai  à  un  endroit 
oïl  la  rivière  se  resserre  entre  deux  grands  rochers,  pensant 
quela  pirogue,  arrêtée  par  les  roches  qu'elle  aurait  rencontrées 
en  route,  ne  m'aurait  pas  devancé.  J'allumai  un  énorme  feu 
qui,  grâce  à  une  concavité  du  rocher,  ne  se  projetait  que  sur  les 
eaux  de  la  rivière,  et  j'attendis  le  jour  en  regardant  si  les  dé- 
bris chariés  ne  viendraient  pas  m'annoncer  la  perte  de  mes  ri- 
chesses. Au  jour,  j'étais  récompensé  des  fatigues  de  la  nuit  : 
à  500  mètres  plus  haut  que  l'endroit  oîi  je  m'étais  arrêté,  j'a- 

l'anKÉE  6é06R.  XV.  C^Kf^n]r> 

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i04  AFWQUB.  N-  205-318 

perçus  la  pirogue  intacte,  échouée  en  trayers  sur  un  rocher; 
elle  n'était  même  pas  remplie.  J'oubliai  les  pertes  de  la  Teîlle, 
et  deux  coups  de  revolver,  répétés  par  les  mousquetons  des 
hommes  que  j'avais  échelonnés  sur  la  rive,  allèrent  annoncera 
M.  Marche  que  la  piroge  était  retrouvée  *.  » 

Il  fallut  consacrer  deux  jours  à  faire  sécher  les  marchandises 
sauvées  du  naufrage,  et  M.  de  Brazza  constata  avec  peine  qne 
les  plus  avariées  étaient  celles  dont  il  ressentait  déjà  la  pénurie. 
Dix  caisses,  la  plus  grande  partie  des  étoffes  achetées  dans  les 
factoreries  de  Lambaréné,  un  ballot  de  tabac,  et  toute  une  caisse 
remplie  d'objets  d'histoire  naturelle  destinés  au  muséum  de 
Paris,  avaient  été  perdus.  Cependant  on  put  continuer  le  voyage 
le  5  février,  et  le  10  au  soir,  on  arrivait  à  Lopé,  chez  les 
Okanda,  non  sans  avoir  vu  deux  nouvelles  pirogues  faire  eau  en 
passant  des  rapides,  qui  sont  peut-être  les  rapides  d'Elandja 
marqués  sur  la  carte  de  H.  de  Compiègne.  Lopé  est  un  village 
placé  sur  la  rive  droite  de  l'Ogôwé,  par  0*  26'  de  latitude  sep- 
tentrionale et  9**  3'  de  longitude  est  de  Paris,  d'après  les  relè- 
vements du  cours  de  ce  fleuve  faits  par  HH.  le  marquis  de 
Compiègne  et  Marche  ;  là  on  est  encore  à  cent  dix-neuf  kilo- 
mètres en  deçà  du  confluent  de  la  grande  rivière  Ivindo  où 
avaient  été  arrêtés  ces  deux  entreprenants  voyageurs. 

Par  une  sage  prévoyance,  M.  de  Brazza  résolut  de  s'installer 
complètement  dans  le  pays  des  Okanda  avant  d'essayer  de  re- 
monter plus  haut  rOgôwé.  Il  voulait  se  faire  de  Lopé  un  lieu 
de  ravitaillement  en  cas  d'accident.  M.  le  docteur  Ballay,  qui 
était  rétabli,  allait  avoir  le  temps  d'arriver  avec  Hamon  et  les 
laptots,  et  ils  apporteraient  les  marchandises  prises  à  la  facto- 
rerie de  la  maison  Hatton  et  Cookson,  la  plus  voisine  de  Sam 
Kita.  Ces  marchandises  répareraient,  en  partie,  les  pertes  faites 
au  piissage  des  rapides  et  devaient  servir  à  payer  les  Galoa  et  les 
Inengâ  engagés  à  Lambaréné.  Le  26  février,  date  de  la  dernière 
lettre  de  H.  de  Brazza  à  la  Société  de  géographie,  Boaya, 

1 .  Jinllfitin  de  la  Société  de  Géographie^  juin  1876|  p.  6S0  à  652. 

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AFRIQUE  ËQUATORIALE.  495 

chef  des  Okanda,  devait  descendre  TOgôwé  pour  chercher  le 
docteur  BaUay  et  le  ramener  à  Lopé. 

Cinq  mois  après  la  date  de  cette  lettre,  des  nouvelles  parti- 
euJières  du  docteur  Ballay  faisaient  connaître  Tétat  de  Tezpédi- 
tion  à  la  date  du  21  juillet  1876.  M.  de  Brazza  avait  fait 
quelques  excursions  dans,  le  pays  des  Osyëba,  et,  ayant  été 
très-bien  reçu  partout,  il  s'était  fait  conduire  par  eux,  par 
voie  de  terre»  au  pays  des  Adouma,  qu'aucun  voyageur  n'a- 
vait encore  vu.  Il  y  était  arrivé  sans  difficulté.  Chez  les  Adou- 
ma»  il  avait  trouvé  à  louer  des  pirogues  que  lui  refusaient 
l'es  Okanda,  et  s'occupait  de  les  faire  descendre  à  Lopé,  pour 
embarquer  son  matériel  et  continuer  le  voyage.  L'honneur  d'a- 
voir le  premier  franchi  ce  passage  difficile,  en  1876,  revient  à 
M.  de  Brazza,  et  si  les  moyens  d'action  ne  lui  ont  pas  fait  dé- 
faut au  moment  où  il  avait  vaincu  les  difficultés,  on  peut  comp- 
ter que  l'énergie  du  chef  de  l'expédition  assurera  à  la  géogra- 
phie des  découTertes  importantes  sur  le  cours  de  l'Ogôwé. 
Déjà  l'excursion  au  pays  des  Adouma  a  valu  à  H.  de  Brazza 
h  découTcrte  de  cette  peuplade  qui  avait  été  signalée  à  HM.  de 
Gompiègne  et  Marche  comme  habitant  à  soixante-dix  kilomè- 
tres en  amont  du  confluent  de  Tlvindo. 

M.  de  Brazza  pense  que  l'Ogôviré  vient  du  sud,  et  le  voya- 
geur était  au  mois  de  juillet  par  un  degré  de  latitude  sud, 
c'est4-dire  en  un  point  de  TOgôviré  situé  à  près  de  1^  ZV  plus 
au  sud  qu'aucun  de  ceux  des  relèvements  de  tlH.  de  Gompiè- 
gne et  Marche.  H.  de  Brazza  avait  donc  ouvert  la  brèche  dans 
le  terrain  inconnu,  et  il  était  en  bonne  voie  de  poursuivre  ses 
précieuses  découvertes  lentement,  mais  sûrement,  pour  peu 
que  l'aide  de  la  mère-patrie  ne  lui  fit  pas  défaut,  et  que  sa  santé 
soutint  sa  noble  ardeur. 


yGoogk 


196  AFRIQUE.         .  «-205-518 


§  5.  —  Voyage  da  docleur  Leta  sur  l'Ogftwé  et  ses  affluents;  il  revient 
en  Europe. 

Le  detnier  Tolume  de  Y  Année  géographique  *  a  laissé  sur 
le  hautOgôwé  un  voyageur  parti  sous  les  auspices  delà  société 
africaine  d'Allemagne,  le  docteur  Oscar  Lenz  (voir  n«»  281  à 
285).  Depuis  le  commencement  de  Tannée  1875,  le  docteur 
Lenz  était  dans  le  pays  des  Okanda  (ou  Okandé  suivant  son  ortho- 
graphe).Il  y  avait  perdu  un  temps  précieux  sans  pouvoircontinuer 
son  voyage  lorsque,  dans  le  courant  de  l'automne,  au  moment 
où  Ton  attendait  l'arrivée  de  MM.  de  Brazza  etMàrche,  il  parvint 
à  décider  les  Okanda  à  remonter  avec  lui  l'Ogôwé  jusque  chez 
les  Osyéba*.  Le  docteur  Lenz  arrivait  en  effet  au  confluent  de 
l'Ofoué,  où  commence  le  pays  des  Osyéba  et  où  le  plus  grand 
nombre  des  hommes  qu'il  avait  engagés  désertèrent  par  crainte 
de  cette  peuplade.  Il  remonta  alors  l'Ofoué  jusque  chez  les 
Asimha,  pour  chercher  parmi  eux  des  guides  qui  le  condui- 
sissent par  un  chemin  qui  éviterait  les  points  habités  par  les 
Osyéba.  En  cas  d'insuccès,  s'il  ne  pouvait  pas  réaliser  ce 
projet,  il  serait  resté  sur  un  terrain  inexploré  en  attendant  un 
revirement  favorable  dans  l'esprit  des  Okanda.  La  rivière 
Ofoué,  qui  vient  du  sud  et  se  jette  dans  TOgôviré  au  sud-est 
des  colHnes  de  Djiéo,  avait  été  découverte  par  MM.  de  Gom- 
piègneet  Marche;  mais  le  docteur  Lenz  est  le  premier  voyageur 
qui  ait  levé  une  partie  de  son  cours.  Il  dutvoyager  en  marchant 
pendant  un  jour  le  long  de  la  rive,  car  tout  près  de  son  con- 
fluent cette  rivière  forme  une  série  de  rapides  et  de  cataractes 
très-dangereux  qui  ne  permettent  pas  l'emploi  des  bateaux. 
Le  docteur  Lenz  arriva  au  village  de  Ngobo,  appartenant  aux 
Achouka,  à  une  forte  journée  en  bateau  des  villages  des 
Asimha.  Il  avait  acheté,  pour  continuer  le  voyage,  des  pirogues 
qui  lui  furent  volées.  Un  peu  plus  loin,  un  chef  des  Asimba  lui 

1.  Pages  105  à  108. 

2.  M.  de  Braua  a  écrit  Osaiébo,  M.  le  docteur  BaHay,  Oseyba,  le  docteur  Leni. 
Ochéba. 


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AFRIQUE  ÉQUATORIALE.  197 

procura  un  bateau  et  des  hommes,  avec  lesquels  il  avança  en- 
core quelque  peu,  mais  il  fut  bientôt  forcé  à  une  inaction  qui 
dura  trois  mois.  Les  habitants  lui  avaient  promis  de  l'accom- 
pagner sur  rOfôué,  jusque  chez  les  Okona,  et  de  lui  donner  là 
Jes  moyens  d'arriver  ensuite  chez  les  Opové,  qui  vivent  sur  le 
Lolo,  d*où  il  aurait  pu  aisément  passer  chez  les  Nchavi,  autre 
peuplade  qui  l'aurait  ramené  sur  l'Ogôwé.  Mais  les  Okanda  vou- 
laient garder  le  voyageur,  ou  plutôt  ses  marchandises,  pour  eux 
seuls. 

En  désespoir  de  cause  il  tenta  de  remonter  TOfoué,  seul  dans 
une  pirogue  ;  mais  sa  volonté  vint  se  briser  devant  des  rapides, 
et,  bien  à  contre  cœur^  il  dut  se  livrer  entièretnent  aux  puis- 
sants Okanda,  qui  étaient  venus  lui  apporter  la  nouvelle  de 
l'arrivée  de  l'expédition  française,  et  lui  annoncer  qu'eux-mê- 
mes étaient  disposés  à  l'accompagner  chez  les  Osyéba. 

L'Ofoué  est  l'un  des  plus  grands  affluents  de  l'Ogôwé  :  il 
coule  du  sud  vers  le  nord,  parallèlement  au  Rhembo  Ngounié 
et  au  Lolo.  A  son  confluent  avec  TOgôwé,  il  a  cent  huit  mè- 
tres de  largeur  ;  dans  la  partie  moyenne  de  son  cours,  il  a  en- 
core de  soixante  à  quatre-vingts  mètres.  C'est  une  rivière  pro- 
fonde, avec  un  courant  rapide. 

Les  Asimba,  peu  nombreux,  puisqu'ils  ne  possèdent  que 
quatre  villages,  sont  entièrement  sous  la  dépendance  des 
Okanda.  Ils  parlent  un  dialecte  de  la  langue  des  Okanda.  Il  est 
intéressant  de  constater  qu'on  trouve  chez  les  Asimba  un  petit 
établissement  de  nains  Obongo,  composé  de  six  huttes.  Sur  la 
rive  droite  de  l'Ofoué  sont  les  Fân  (M'pangwé),  qui  paraissent 
continuer  à  s'étendre  du  côté  de  l'ouest,  et  qui  auraient  déjà 
passé  en  un  point  sur  la  rive  gauche  de  l'Ofoué.  En  remontant 
la  rivière  on  arrive  chez  les  Okona,  proches  parents  des  Asimba, 
mais  plus  nombreux  et  pins  forts  que  ceux-ci.  Il  y  a  aussi  sur 
leur  territoire  des  établissements  d'Obongo.  Le  canton  des 
Okona  est  montueux  comme  celui  des  Asimba,  quoiqu'il  n'y  ait 
de  hautes  montagnes  ni  dans  l'un  ni  dans  l'autre. 

Reconnaissant  qu'il  était  impossible  de  persister  dans  sa  ré- 

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i9S  AFRIQUE.  N*  310-351 

solution,  H.  le  docteur  Lenz  revint  s'établir  chez  les  Okanda, 
à  moitié  route  entre  Lopé  et  la  rivière  Ofoué.  Il  voulait  em- 
ployer ses  dernières  ressources  à  faire  quelque  chose  d'utile, 
et  profita  de  l'arrivée  de  M.  de  Brazza  pour  remonter  TOgôwé, 
et  pénétrer  ainsi  chez  les  Osyéba.  Il  parvint,  en  effet,  à  suivre 
la  piste  frayée  quelques  jours  auparavant  par  M.  de  Brazza,  et 
il  dépassa  même  de  trois  journées  de  pirogue  le  point  où 
s'était  arrêté  le  chef  de  l'expédition  française.  Mais  cette  heu- 
reuse et,  sans  doute,  fructueuse  excursion  [ayant  épuisé  ses 
ressources,  le  docteur  Lenz  dut  reprendre  le  chemin  de  la 
côte,  où  il  a  apporté  la  dernière  lettre  du  docteur  Ballay. 


VII 

SÉNÉGAMBIE.  COTE  DE  GUINÉE.  BASStN  DU  KWARA  OU  DHIOLI  BA 
(NIGER) 


319.  P.  B.  Les  établissements  anglais  delà  Gambie,  Explorateur ^  1876, 
n»  56. 

320.  Correspondence  respecting  the  affairs  of  the  Gambia,  and  the 
proposed  exchange  with  French  possessions  on  the  west  coast  of 
Africa  (officiel).  Br.  in-folio,  avec  carte.  I.onrfon,  1876. 

321.  P.  B.  Question  de  la  Gambie.  Explorateur,  1876,  n»  59.  Agita- 
tion et  difficultés  soulevées  en  Angleterre  au  siget  du  projet  de 
cession  de  la  Gambie  à  la  France. 

322.  Hertz  (G.).  La  (îambie  et  la  Cazamance.  Explorateur,  n"  71,  avec 
une  carte. 

Article  d'actualité  à  propos  de  la  cession  projetée. 

323.  GoopER  (H.  T.  M.).  On  a  proposed  trade  route  from  the  Gambia  to 
Timbuctoo.  Proccedings  of  the  R,  gèographical  Society.  Vol.  20, 
nM,p.  78-79. 


324.  Gravier  (G.).  Navigations  européennes  sur  les  côtes  occidentales 
d'Afrique  en  dehors  des  navigations  portugaises;  pour  extraits  : 
Explorateur,  1876,  n««55,  56,  57. 

Cet  intéressant  travail  de  M.  Gravier,  ^ui  y  montions  ses  étaded  sur 
Thistoire  des  découvertes  dans  l'ouest  de  l'Afrique  au  moyen  âge,  a  été  lu 


yGoogk 


SËNÉGAMBIE  ET  GUINÉE.  190 

derant  la  Société  de  Géographie  et  on  le  trouvera  bientôt  dans  son  Bii{- 
letin. 


325.  BoRins  [le  docteur).  Recherches  stir  le  climat  du  Sénégal.  Revue 
maritime  et  coloniale,  t.  XLYIII,  1876,  p.  650-651. 

5S8.  Hann  (le  docteur  J.).   Klima  Ton  Senegambien.  Zeitêchrifi  der 
€e$terreichichen  GeeelUchaft  fur  Météorologie,  1875,  n*  24. 

327.  FAiDHERim  (le  général).  Essai  sur  la  langue  poul.  Grammaire  et 
▼ocabulaire,  1  vol.  in-8, 131  p.  Pam^Maisonneuve,  1875. 

Voir  les  développements  au  §  1. 

328.  Sénégal  et  dépendances.  Tableau  de  la  mission.  Les  Missiom  ca^ 
tholiqucs,  1876,  n«  357. 


329.  Ghehert  (le  lieutenant  L;].  The  west  coast  of  Africa.  Part II,  from 
Sierra  Leone  to  GapeLopez.  1  toI.  in-8.  Washington,  United-States' 
hydrographie  office,  n*  47,  1875. 

330.  Dteb  (H.  M.).  The  west  coast  of  Âfrica  as  seen  from  the^  deck  of  a 
man-of-war.  1  vol.  in-8.  Londres,  Griffin,  1876. 

531 .  GROMMmcEKGER  (lo  R.  P.) .  Le  Rio  Pongo,  avec  une  carte.  Ijes  Mis- 
sions catholiques,  1876,  n"  344,  345.  VËxplorateur,  n*  52,  p.  «9. 

332.  Expédition  militaire  anglaise  à  Sierra  Leone.  VËxplorateur,  n^M, 
p.  155. 

333.  YoK  ScHLAGiNTWEiT  S&Kirin.n98Ki  (H.).  Angaben  zur  Charakteristik 
der  Kru  Neger.  Sitzungsberichte  der  mathem.  Classe  der  k, 
Bayerischen  Akademie  der  Wissenschaften»  Munich,  juin,  1875, 
p.  178-201. 

334.  ScHŒKLEiN  (le  docteur  Philippe).  Rap  Palmas  und  seine  Umge- 
bungen.  Aus  den  nachgelassenen  Brielen,  von  Prof.  D' Zœppritz, 
avec  une  carte.  Zeitschrift  der  Gesellschaft  fur  Erkunde  zu  Berlin, 
t.  X,  1875. 

Intéressant  résumé  des  excursions  d'un  botaniste  allemand  qui  mourut 
sur  la  côte  de  Guinée  le  8  janvier  1856. 

335.  Bouche  (abbé  J.-E.).  Les  établissements  de  la  côte  des  Esclaves  et 
les  visées  de  l'Angleterre.  Revue  de  France,  1876,  n"  52. 

336.  Du  même  :  Carte  de  la  côte  des  Esclaves,  d'après  les  cartes  anté- 
rieures et  des  renseignements  personnels.  Echelle  de  -jû^^sô"** 
Explorateur,  1876,  n«  70. 

337.  Lafitte  (Fabbé).  Le  pays  des  nègres  et  la  côte  des  Esclaves,  1  vol. 
in-8.  Tours,  Marne,  1876. . 

338.  Fleuriot  db  Larglb  (amiral).  Croisière  à  la  côte  d'Afrique.  Tour 
du  Monde,  t.  XXXI.  1»  semestre  1876,  n»  797-800. 


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20e  AFRIQUE.        .  N-  319-35Î 

539.  Gros  (J.).  Les  Âchantis  d'après  les  relations  de  M.  Donnât.  £xp/o- 
raiewr, n»49,p.  1-3;  n»  50,  p.  36-38;  n«  51, p.  55-55  ;  n°  52,  p.  82- 
83;  n«  53,  p.  112-113;  n"  54,  p.  139-141,  avec  une  figure. 

340.  BoNNAT  (J.).  Bonnat  chez  les  Achantis.  Explorateur,  1875,  n»  45, 
p.  565-568. 

341.  Du  même  :  Côte  de  Guinée.  Reconnaissance  du  fleuve  Volta.  Ex- 
plorateur, n"  73,  p.  663-668,  avec  une  carte  du  fleuve  ;  n«  74,  p.  3- 
5  ;n«  75,  p.  36-37. 

Voir  ci-après,  §  3. 

342.  Du  même  :  Garantie  d'un  droit  dé  monopole  commercial  sur  le 
fleuve  Yolta,  par  le  roi  des  Achantis.  Explorateur,  1876,  n"  57, 
p.  238. 

343.  Hat  (le  capitaine  J.  S.)-  On  the  district  of  Akem,  in  West  Africa. 
(D'après  une  reconnaissance  faite  en  18^5,  à  l'occasion  de  la  cam- 
pagne anglaise  sur  la  Côte-d'Or).  Proceedings  of  the  R,  geogra- 
phical  Society,  vol.  20,  n»  6  ;  août  1876,  p.  475-482. 

344.  Metners  d'EsTRET  (le  comte).  Les  Hollandais  en  Afrique,  les 
Achantis,  les  Fantis  et  les  Ëlminois.  Explorateur^  1875,  n""  41. 

345.  Les  Achantis  et  les  Djuabins  (à  propos  de  la  guerre).  Explorateur, 
1876,  n»  49,  p.  14;  n- 53,  p.  127. 

346.  Bouche  (abbé).  Les  établissements  anglais  de  la  Côte-d'Or  et  nos 
entreprises  en  Afrique.  Explorateur,  1876,  n*  66. 

347.  Du  même  :  Le  Dahomey,  son  histoire.  Explorateur,  1876, 
n-  70,  p.  581-584;  n-  71,  p.  605-609;  n-  72,  p.  626-629,  avec 
ime  carte  du  Dahomey,  d'après  celle  du  missionnaire  Borghéro. 

348.  Affairesdu  Dahomey  (guerre  de  l'Angleterre).  Explorateur ,  n»69. 
p.  564. 

349.  ToDRNAroND  (p.).  Le  Dahomey  (affaires  politiques  récentes).  Explo- 
rateur,  n»  81,  p.  209-212,  avec  4  grav. 

350.  Katsgher  (L.).  Der  Afrikanische  Œl-Handel.  Das  Auslatid,  1876 
n«  21,  p.  406-409. 

351.  Walker  (le  capitaine  James  Broom).  Notes  of  a  visit,  in  may  1875, 
to  the  Old  Kalabar  and  Qua  rivers,  the  Ekoi  country  and  the  Qua 
rapids.  Proceedings  of  the  R.  geogr,  Society,  t.  20 ,  n"  III,  1876, 

.p.  224-230. 


552.  RoHLFS  (Gérard) .  Quer  durch  Afrika;  Reise  vom  Mittelmeer  nach 
dem  Tschad-See,  und  zum  Golf  von  Guinea.  2  vol.  in-8,  avec  deux 
cartes.  Leipzig,  Brockhaus,  1874  et  1875. 
Relation  du  grand  voyage  de  Tripoli  k  Lagos,  accompli  de  1865  à  1867 


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SÉNiGAMBIE  ET  GUINÉE.  201 


§  1.  —  Études  de  M.  le  général  Faidherbe  sur  la  langue  pou]. 

É(ant  gouverneur  du  Sénégal,  en  1854,  le  général  Faidherbe  , 
recueillit  de  nombreux  matériaux  sur  la  langue  poul,  dialecte 
du  foulfouldé  parlé  dans  le  Foûta,  et  il  vient  de  rendre  un 
nouveau  service  aux  études  africaines  en  publiant  (n*»  327)  le 
résultat  de  son  étude  de  ce  dialecte.  Le  foulfouldé  est  la  langue 
propre  à  la  race  cuivrée  des  pasteurs  Foûlbé,  que  nous  avons 
d'abord  connue  sous  les  noms  de Peuls, Foulas  ou  Toukouleurs. 
Cette  race  est  étraugère  au  milieu  des  populations  nègres  de  la 
Nigritie  occidentale,  où  Von  rencontre  ses  différents  rameaux. 
Aussi  trouve-t-on  que  la»  langue  foulfouldé  est  basée  sur  des 
principes  tout  à  fait  autonomes. 

Dans  les  dix-neuf  pages  d'introduction  de  son  livre,  le  gé- 
néral Faidherbe  examine  la  distribution  géographique  des 
rameaux  de  la  race  des  Foûlbé,  et  reconstitue  leur  histoire 
autant  qu'il  est  possible  de  le  faire  aujourd'hui.  C'est  au 
treizième  et  au  quatorzième  siècle  que  nous  voyons  les  Foûlbé 
donner  les  premiers  signes  de  vitalité  comme  race.  Ils  s'allièrent 
et  se  croisèrent  de  bonne  heure  avec  deux  autres  peuples, 
les  Serères  et  les  Wolofs,  qui  vivent  aujourd'hui  près  du 
rivage  de  l'océan  Atlantique,  au  Sénégal.  Dans  le  courant  du 
dix-huitième  siècle,  les  Foûlbé  commencèrent  à  tirer  parti 
de  l'influence  que  leurs  facultés  intellectuelles  supérieures  leur 
avaient  donnée  sur  les  populations  nègres,  et  ils  fondèrent  le 
premier  des  sept  États  qu'ils  ont  constitués  depuis  le  Foûta  à 
l'ouest,  jusqu'au  lac  Tsâd  à  l'est,  sur  un  vaste  territoire  de. 
1,560,000  kilomètre3  carrés  où  ils  commandent  maintenant 
encore  en  maîtres. 

La  partie  linguistique  du  précieux  petit  volume  du  général 
Faidherbe  commence  par  une  étude  phonologique  et  gramma- 
ticale de  la  langue  poul  :  un  vocabulaire  français-poul  la  com- 
plète. Cette  langue  est  agglutinante  et  n'a  pas  de  conjugaison 
proprement  dite.  La  numération  des  Foûlbé  fut  d'abord  quinale. 


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202  AFRIQUE.  N«'  319-352 

c'est-à-dire  que  les  premiers  Foûlbé,  au  lieu  de  compter  par  di- 
zaines, s'arrêtaient  ^u  nombre  cinq  pour  recommencer  une  nou- 
velle série  de  nombres.  Il  n*y  a  que  deux  genres,  qui  ne  sont  pas, 
comme  dans  tant  d'autres  langues,  le  masculin  et  le  féminin, 
mais  bien  :  le  genre  hominin,  pour  tous  les  êtres  humains, 
et  le  genre  brutey  qui  est  celui  de  tous  les  autres  êtres,  et  des 
objets  en  général.  Dans  la  plupart  des  autres  langues,  on  se 
contente,  pour  marquer  la  distinction  des  genres,  d'un  chan- 
gement des  lettres  finales  du  mot  ;  en  foulfouldé,  un  change- 
ment beaucoup  plus  grand  a  lieu  dans  le  corps  même  du  mot, 
et  il  s'attaque  aux  consonnes  aussi  bien  qu'aux  voyelles,  de 
manière  à  produire  une  modification  euphonique  radicale,  in- 
diquant, de  prime  abord,  s'il  est  question  d*un  être  humain  on 
d'un  animal,  d'une  plante,  etc. 

Quant  aux  analogies  du  foulfouldé  avec  d'autres  langues, 
le  général  Faidherbe  reconnaît  que  les  quatre  premiers  noms 
de  nombre  ont,  comme  H.  Gustave  d'Eichthal  l'avait  autrefois 
découvert,  une  lointaine  analogie  avec  les  noms  correspondants 
des  langues  de  l'archipel  Indien.  Pour  le  savant  auteur  de 
V Essai  sur  la  langue  poul^  cette  ressemblance  des  quatre  pre- 
miers noms  de  nombre  n'est  pas  une  preuve  qui  permette 
d'établir  le  classement  de  la  langue  foulfouldé  dans  une  des 
familles  linguistiques  connues,  car  le  reste  des  vocabulaires, 
ainsi  que  les  grammaires  des  langues  parlées  dans  le  grand 
archipel  Indien,  s'écartent  du  vocabulaire  et  de  la  grammaire 
foulfouldé.  Seules,  les  langues  parlées  au  Sénégal  par  les  Wo- 
lofs  et  les  Serères  présentent  des  analogies  avec  le  foulfouldé. 
Ces  langues  sont,  comme  elle,  agglutinantes  et  n'ont  pas  de 
conjugaisons  du  verbe,  mais  elles  possèdent  le  son  arabe  kh^ 
qui  manque  dans  la  langue  foulfouldé,  et  par  contre,  elles  n'ont 
pas  de  désinences  du  pluriel,  forme  grammaticale  qui  existe 
en  foulfouldé. 


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SÉNÉGAIIBIE  ET  GUINÉE.  203 

§  2.  —  La  proposition  d'échange  des  possessions  de  la  Gambie  et  dé  la  cdte 
de  Gainée  entre  l'Angleterre  et  la  France. 

De  toutes  les  puissances  européennes  qui  ont  possède  des 
établissements  sur  la  côte  de  Guinéei,  rÂngleterre  est  celle 
dont  l'influence  semble  être  aujourd'hui  le  plus  solidement 
assise  dans  cette  partie  de  rAfrique.  Â  une  autre  époque,  alors 
qu'une  rivalité,  regrettable  en  général  pour  les  deux  États,  et 
certainement  très-nuisible  au  progrès  de  la  civilisation  en 
Afrique,  opposait  là  les  intérêts  anglais  aux  intérêts  français, 
il  eût  été  fort  difficile  à  la  France  comme  à  l'Angleterre  d'en- 
tamer des  négociations  pour  un  échange  de  territoire. 

Bans  l'état  présent  des  traités  sur  cette  matière,  la  France 
seule  a  le  droit  de  fonder  des  établissements  sur  la  côte  ouest 
d'Afrique,  au  sud  de  la  baie  du  Lévrier,  par  21^  de  latitude 
septentrionale,  jusqu'à  la  Gambie.  La  Gambie,  fleuve  qui  con- 
fine à  notre  vieille  et  importante  colonie  du  Sénégal,  appar- 
tient, comme  on  sait,  tout  entière  à  l'Angleterre,  depuis  que 
nous  avons  cédé  à  cette  puissance  le  poste  militaire  et  le  comp- 
toir commercial  d'Albréda,  que  nous  y  possédions  isolé.  Mais 
au  sud  de  la  Gambie,  en  suivant  la  côte,  on  trouve  une  autre 
possession  française  à  l'embouchure  de  la  Cazamance.  D'après  ce 
simple  état  de  la  situation  géographique  des  .établissements 
français  et  anglais  sur  cette  partie  de  la  côte  occidentale 
d'Afrique,  il  est  facile  de  reconnaître  que  les  pays  indépen- 
dants de  l'intérieur  qui  ont  des  relations  avec  elle,  sont  des- 
tinés à  recevoir,  de  plus  en  plus,  l'influence  de  la  France,  et  à 
devenir  les  tributaires  de  notre  commerce. 

Sur  la  côte  de  Guinée  proprement  dite,  la  situation  des 
deux  États  est  renversée.  Ici,  à  des  forts.et  à  des  comptoirs  déjà 
nombreux  qu'elle  ppssédait  l'Angleterre  a  ajouté  (par  voie 
d'achat)  les  forts  et  les  comptoirs  de  la  Hollande,  et  la  France 
n'a  sur  cette  côte  que  les  petits  établissements  d'Assinie,  du 
du  Grand-Bassam,  et  le  protectorat  du  village  de  Porto-Novo, 
qui,  jusqu'à  présent,  ont  été  des  charges  au  budget  de  la  mé- 

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204  AFRIQUE.  K*  310-352 

tropole.  Hâisy  dans  les  questions  de  cette  nature,  on  ne  doit 
pas  juger  l'importance  d'une  colonie  sur  des  considérations 
purement  budgétaires  ;  il  est  nécessaire  de  tenir  compte  aussi 
d'une  donnée,  moins  facile  à  posséder,  nous  voulons  parler  des 
bénéfices  que  les  armateurs  et  les  négociants  de  la  mère-patrie 
tirent  de  leurs  affaires  dans  cette  colonie;  ces  bénéfices,  en 
effet,  peuvent  transformer  en  gain  réel  pour  le  pays  la  perte 
apparente  résultant  de  l'excédant  des  dépenses  sur  les  recettes 
dans  le  budget  de  l'année.  Relativement  à  Assinie  et  à  Grand* 
Bassam,  nous  avouons  que  cette  donnée  nous  fait  entièrement 
défaut. 

Les  négociations  entre  la  France  et  l'Angleterre  OQt  porté 
sur  un  projet  de  transaction  ayant  pour  objet  la  cession  de  ia 
Gambie  à  la  France,  et  la  cession  à  l'Angleterre  d' Assinie,  du 
Grand-Bassam  et  du  protectorat  de  Porto -Novo. 

Toutes  les  questions  relatives  au  vaste  empire  colonial  de  la 
Grande-Bretagne  ont  le  privilège  d'émouvoir  le  public  anglais, 
et  il  fallait  s'attendre  à  ce  que  cette  proposition  d'échange  fût 
combattue  en  Angleterre.  Cette  prévision  s'est  réalisée. 
H.Cooper  a  exposéà  la  Société  de  géographie  de  Londres (n<^  325) 
qu'au  lieu  de  céder  la  Gambie  l'Angleterre  devait  diriger  ses 
efforts  vers  l'ouverture  d'une  route  commerciale  de  la  Gambie 
à  Timbouktou.  Un  compatriote  de  H.  Cooper,  M.  Bowden,  a 
préconisé  devant  la  British  Association  for  the  advancement  of 
science  une  autre  nouvelle  route  partant  de  Libéria,  et  pas- 
sant par  Mousardou  (ville  que  nous  a  fait  connaître  H.  B.  An- 
derson)  pour  arriver  aux  sources  du  Niger.  De  notre  côté,  un 
ancien  missionnaire  au  Dahômé,  l'abbé  Bouche,  a  publié  les 
raisons  qui  militent,  au  point  de  vue  français,  en  faveur  de  la 
conservation  de  nos  établissements  sur  la  côte  de  Guinée 
{n?  546),  idées  que  viendraient  appuyer  les  résultats  du  vojage 
dont  nous  allons  nous  occuper. 


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SÉNÉGAMBIE  ET  GUINÉE.  205 

S  3.  —  Les  voyages  de  M.  M.-J.  Bonnat  chez  les  Achanti.SadécouTerte  du  cours 
supérieur  du  fleave  Volta.  Le  marché  de  Salaga  visité  pour  la  première  fois  ; 
son  avenir. 

Un  de  nos  compatriotes,  H.  H.-J.  Bonnat,  de  retour  d*une 
captivité  de  cinq  ans  chez  les  Achanti,  nous  a  donné  dans  V Ex- 
plorateur (voir  n*^*  540  à  542)  d'intéressants  détails  sur  les 
habitants  de  cet  empire  Achanti  qui  forme  comme  un  monde 
à  part  au  milieu  des  populations  noires  de  l'Afrique. 

Le  tjpe,  ainsi  que  les  institutions  et  les  coutumes  des 
Àchantis,  n'avaient  pas  encot'e  été  étudiés,  avec  toute  l'atten- 
tion qu'ils  méritaient,  par  un  Européen  ayant  séjourné  long- 
temps dans  leur  pays. 

Isolés  jusqu'à  ces  derniers  temps  du  contact  des  musulmans, 
et  n'ayant  eu  avec  les  Européen^  que  des  rapports  éphémères, 
les  Achanti  ont  conservé  intactes  leur  religion,  leurs  mœurs  et 
leur  forme  de  gouvernement  primitives.  Ces  particularités  du 
caractère  du  peuple  Achanti  lui  assigne  une  place  à  part  au 
milieu  des  autres  races  qui  peuplent  les  pays  voisins  et  même 
au  milieu  de  tous  les  autres  peuples  africains.  La  race  Achanti 
se  distingue  de  la  plupart  de  ses  voisines  par  les  droits  qu'elle 
accorde  à  la  femme  qui,  malgré  la  polygamie  illimitée,  y  est 
considérée  comme  l'égale  de  l'homme.  Dans  le  ménage,  la 
femme  remplace  pour  toutes  les  transactions  son  mari  absent  ; 
lorsque  le  roi  est  un  mineur,  sa  mère  exerce  le  pouvoir  en  son 
nom,  et  après  sa  majorité  elle  reste  encore  son  premier  con- 
seiller. Un  roi  meurt-il  sans  laisser  d'héritiers  mâles  directs, 
une  femme  peut  même  être  appelée  à  lui  succéder.  Aussi 
n'est-il  pas  étonnant  de  rencontrer  ordinairement,  chez  les 
femmes  Achanti,  avec  un  développement  physique  presque  aussi 
tardif  que  celui  des  Européennes,  une  grande  intelligence  et 
une  énergie  remarquable. 

Les  Achanti  croient  à  l'immortalité  de  l'âme  et  à  un  dieu 
supérieur,  mais  en  même  temps  ils  rendent  un  culte  à  d'in* 
nombrables  fétiches  qui  sont  tantôt  des  statues  grossièrement 

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206  AFRIQUE.  '      N- 319-352 

ébauchées,  et  tantôt  des  objets  tels  que  des  têtes  d'animaux, 
des  morceaux  de  fer  ou  des  boules  de  terre  ornées  de  plumer. 
Peut-être  la  croyance  à  l'immortalité  de  l'âme,  avec  continuité 
de  la  vie  dans  le  monde  des  esprits,  a-t-elle  rendu  plus  facile 
à  accepter  par  le  peuple  les  sanguinaires  pratiques  de  la  célé- 
bration d'un  culte  barbare?  A  la  mort  d'un  personnage  impor- 
tant ou  d'un  parent,  on  choisit  les  victimes  qui  devront  le  servir 
dans  l'autre  monde  et,  suivant  son  rang,  on  égorge  les  guer- 
riers, les  serviteurs  libres,  les  femmes  et  les  esclaves  qui  doi- 
vent lui  permettre  de  faire  bonne  figure  dans  la  vie  nouvelle 
où  il  est  entré.  Par  une  singulière  coutradiction,  ce  même 
peuple  professe  un  respect  outré  pour  la  vie  de  certains  végé- 
taux arborescents. 

Le  clergé  Achanti  a  étendu  la  qualité  de  fétiches  à  des  arbres, 
et  tous  les  arbres  de  la  capitale  Koumassi,  par  exemple,  sont 
fétiches.  On  plante  les  arbres  fétiches  avec  certaines  cérémo- 
nies ;  on  les  laisse  croître  ensuite  sans  gêner  en  rien  leur  dé- 
veloppement, et  il  n'est  plus  permis  d'en  couper  une  seule 
branche. 

Les  musulmans  ont  commencé,  il  y  a  quelque  temps  déjà, 
à  pénétrer  comme  négociants  dans  le  royaume  d' Achanti.  Us  y 
sont  à  la  fois  très-respectés  et  très-craints,  évidemment  en 
raison  de  leur  culture  supérieure,  mais  aussi  parce  qu'ils  ont 
appliqué  cette  supériorité  à  la  fabrication  et  à  la  vente  d'amu- 
lettes rédigées  suivant  les  formules  admises  chez  les  musul- 
mans, et  qu'ils  ont  su  faire  rechercher  par  les  païens  Achanti. 
Le  respect  et  la  crainte  superstitieuse  qu'inspirent  les  musul- 
mans vont  si  loin  qu'on  n'ose  pas  refuser  le  prix  qu'ils  offrent 
d'une  marchandise,  parce  que  personne  ne  serait  assez  hardi 
pour  braver  les  sortilèges  des  musulmans,  fabricants  et  mar- 
chands d'amulettes. 

Bien  vu  par  les  Achanti,  M.  Bonnat  apprit  d'eux  l'existence 
et  l'importance  du  marché  de  Salaga,  dont  ils  convoitaient  la 
possession  ou  du  moinsle  droit  d'y  renouer  des  affaires  commer- 
ciales, interrompues  depuis  quelque  temps.  Les  Achanti  fondè- 


SENÉ6AHBIE  ET  GUINÉE.  207 

rent  ensuite  de  grandes  espérances  sur  le  projet  de  H.  Bonnat 
d* aller  en  personne  ouvrir  ce  marché.  L*empôreur  lui  donna 
Vaulorisation  de  faire  le  voyage  de  Salaga,  et  le  5  août  1875 
il  partit  de  Koumassi.  Arrivé  en  six  marches  à  la  ville  de  Lote- 
babo,  qui  fait  partie  d'un  petit  royaume  tributaire  de  TAchanti, 
il  trouva  ce  royaume  en  pleine  rébellion.  Lui  et  ses  guides  furent 
faits  prisonniers  et  emmenés  à  la  capitale,  Djouabîn.  Les 
Achanti  ressentirent  le  coup  de  l'arrestation  de  M.  Bonnat 
conmie  une  injure  personnelle  ;  ils  décidèrent  de  faire  un  su- 
prême effort  pour  étouffer  le  soulèvement  de  ce  royaume  vassal, 
pour  punir  son  chef  qui,  en  ruinant  le  commerce,  menaçait  de 
perdre  l'empire  Achanti,  enfin  pour  délivrer  leur  ami  français. 
En  même  temps  qu'on  prenait  ces  dispositions  à  Koumassi,  on 
tenait  conseil  à  Djouabîn.  Quelques  chefs,  attribuant  la  destruc- 
tion de  Koumassi  par  l'armée  anglaise  au  fait  de  la  première 
captivité  de  M.  Bonnat,  et  eu  augurant  pareil  sort  pour  Djouabîn, 
firent  reconduire  le  voyageur  à  la  côte.  Au  moment  où  celui-ci 
arrivait  sur  le  territoire  de  la  colonie  anglaise  d'Akkra,  l'armée 
de  l'empereur  d'Achanti  entrait  en  campagne  contre  Djouabîn 
et  détruisait  cette  ville  et  les  autres  villes  principales  du 
royaume  tributaire  révolté. 

Dans  les  derniers  mois  de  1875.  M.  Bonnat,  décidé  à  faire  le 
voyage  de  Salaga,  choisit  une  autre  voie  que  celle  de  Kou- 
massi et  Djouabîn.  Il  partit  de  Cape  Goast  Castle,  principal 
établissement  des  Anglais  sur  la  côte  d'Or,  pour  remonter  le 
fleuve  Yolta,  qui  débouche  dans  le  golfe  de  Bini  (ou  Bénin), 
un  peu  à  l'ouest  de  la  ville  d*Atoko,  entre  les  royaumes 
d'Achanti  et  de  Dahômé.  Ce  voyage  fut  couronné  par  le  suc- 
cès (voir  ïi^  541).  M.  Bonnat  a  étendu  dans  une  grande  mesure 
notre  connaissance  d'un  fleuve  de  l'Afrique,  qui  est  probable- 
ment destiné  à  devenir  une  voie  d'actif  commerce  avec  les 
contrées  encore  vierges  du  Gourma  et  des  Hôssi,  situées  à 
rinlérieur  de  la  grande  courbe  décrite  par  le  Dhiôli-Ba.  Il  n'y 
avait  pas  longtemps  que  la  partie  inférieure  du  Volta  nous 
était  connue.  Le  capitaine  Glover,  de  la  marine  anglaise,  en 

.„,_., — ogle 


208  AFRIQUE.  N-  319-352 

avait  déjà  relevé  117  kilomètres,  depuis  la  pointe  Dolben 
jusqu'à  la  ville  de  Kpong,  sur  sa  rive  ouest,  en  face  des  ra- 
pides de  Medika.  Ces  relèvements,  complétés  par  des  obser- 
vations de  Tannée  1873,  servent  de  base  à  la  carte  n9  597 
de  Tamiraulé  anglaise,  qui  s'arrête  à  Kpong,  à  101  kilomètres 
à  vol  d'oiseau  de  la  pointe  Dolben.  Dans  cette  partie  du  fleuve, 
les  indigènes  pèchent  en  quantité  une  espèce  dhuitre,  dont 
ranimai,  séché  au  soleil,  devient  un  objet  important  de  com- 
merce. Les  rapides  de  Hedika  sont  ainsi  nommés  d'après  la 
ville  de  Hedika  qu'on  trouve,  un  peu  en  deçà,  sur  la  rive  ouest 
du  fleuve.  Elle  est  séparée  par  un  marais  du  village  d'Âkoussi, 
où  sont  établies  les  factoreries  de  MM.  Miller  et  Swanzy,  -los 
dernières  du  côté  de  l'intérieur.  M.  Donnât  nous  apprend  que, 
pendant  plus  de  neuf  mois  de  l'année,  il  n'y  a  que  les  embar- 
cations plates  des  habitants  qui  puissent  naviguer  dans  les 
rapides  de  Medika,  mais  que  pendant  les  mois  d'août  et  de 
septembre,  et  une  partie  du  mois  d'octobre,  les  eaux  du  fleuve 
s'y  élèvent  d'au  moins  10  mètres  au-dessus  de  l'étiage,  et 
qu'alors  l'obstacle  à  la  navigation  n'existe  plus  même  pour  de 
gros  bateaux  à  vapeur.  Â  Test  de  Medika  commence  le  pays  de 
Krépé  qui  est  montagneux,  très-accidenlé,  fertile  et  salubre 
Dans  les  magnifiques  plaines  qui  séparent  entre  elles  les  monta- 
gnes du  Krépé,  le  palmier  et  le  cotonnier  croissent  en  abon- 
dance, des  essais  de  culture  du  caféier  et  du  cacaoyer  ont  très- 
bien  réussi,  et  tout  fait  penser  que  les  fruits  de  la  zone  tropi- 
cale réussiraient  également.  Dans  le  haut  pays,  on  cultive  le  riz 
avec  beaucoup  de  succès.  Le  Krépé,  bien  que  toujours  très- 
peuplé,  a  souffert  néanmoins  de  l'invasion  des  Achanti  en  1869. 
Au  nord  de  Kpong,  les  cinq  pirogues  de  M.  Donnât  arrivè- 
rent au  rapide  de  Sinkey  qui  compte  comme  un  des  plus  im- 
portants de  ceux  du  Yolta.  Ils  sont  dans  le  grand  pays  d'Akoua- 
mou,  dont  Akouamou,  la  capitale,  se  trouve,  un  peu  plus  haut, 
sur  la  rive  est  du  fleuve.  Le  7  décembre  1875,  l'explorateur 
français  continua  son  voyage  de  découvertes.  Au  lieu  de  couler 
au  sud-est,  comme  dans  la  partie  comprise  entre  Kpong  et  son 

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SÉNÉGAMBIE  ET  GUINÉE.  209 

embouchure,  le  Volta  arrive  maintenant  du  nord-nord-est,  et 
sa  belle  nappe  d'eau,  mue  par  un  fort  courant,  est  semée  de 
belles  îles  et  d'ilôts.  Bientôt  M.  Bonnat  s'engagea  dans  les 
rapides  de  Pessé,  que  ses  vingt-sept  rameurs  eurent  beaucoup 
de  peine  à  franchir  pour  atteindre  le  petit  village  d'Aourahaye, 
bâti  sur  la  rive  droite  (ouest)  du  Volta,  près  du  confluent  dé  la 
rivière  Aframé. 

Au  nord  d'Aourahaye,  le  Volta  forme  de  nouveaux  rapides, 
dans  lesquels  les  canots  de  M.  Bonnat  n'avancèrent  encore 
qu'avec  peine.  Le  fleuve  est  bordé  ici  par  une  forêt  de  palmiers 
et  d'autres  arbres,  si  épaisse  qu'elle  serait  impénétrable  sans  les 
hippopotames  qui  se  sont  chargés  d'y  frayer  des  chemins.  Le 
iO  décembre,  M.  Bonnat  arriva  à  84  kilomètres  de  Kpong,  aux 
rapides  de  Woopé,  qu'il  put  remonter  en  serrant  de  près  la 
rive  droite,  et  en  amont  desquels  le  fleuve  est  très-profond,  bien 
que  son  courant  soit  plus  lent  qu'ailleurs.  —  Voici  comment 
H.  Bonnat  décrit  cette  partie  du  Volta  :  «  Depuis  Woopé,  le 
fleuve  est  splendide  et  se  déroule  gradeusement  en  vastes  con- 
tours. Sur  les  deux  rives,  un  rideau  de  forêts  d'une  centaine 
de  mètres  de  profondeur  le  sépare  de  la  plaine.  Dans  la  prairie 
croissent,  çà  et  là,  des  groupes  d'arbres  à  beurre  végétal 
[Elaeis  Guineense)  qui  font  ressembler  ce  pays  à  un  beau 
parc.  A  gauche  (ouest)  s'étend  l'immense  prairie  déserte  que 
j'ai  traversée  dans  mon  voyage  d'Atebobo,  tandis  qu'à  droite 
(est)  on  aperçoit  les  montagnes  de  Krépé.  Le  soleil  est  lourd 
et  laisse  tomber  ses  rayons  sur  la  surface  tranquille  du  fleuve, 
qui  contraste  avec  l'agitation  des  rapides  que  nous  venons  de 
ti:averser.  » 

Il  est  peut-être  utile  de  direâci  que  sur  toute  la  partie  du 
Volta  vue  par  M.  Bonnat  s'étendent  des  plaines  immenses  et 
fertiles  couvertes  de  prairies.  En  attendant  la  culture  de 
plantes  d'un  meilleur  rapport,  cette  contrée  possède  donc, 
dès  maintenant,  des  herbages,  sur  lesquels  on  pourrait 
élever  des  quantités  de  bêtes  à  cornes  et  récolter  en  même 
temps  les  fruits  de  YElaeis  Guineense^  dont  le  fruit  bouilh 

l'année  ftÉOGR.  XV.  ,14 

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210  ,  AFRIQUE,  N«  M9^S2 

donne  ce  beurre  végétal  employé  déjà  en  Ei^*ope  pour,  grais- 
ser les  machines  à  vapeur. 

Du  village  de  Nkami,  en  Awoumé,  où  il  avait  fondé  un  éta- 
blissement de  dépôt,  M.  Bonnat  fit  une  excursion  à  Test  du 
Yolta  jusqu'à  Kpando,  qui  a  2  500  habitants.  Kpando  est  un 
ancien  centre  de  population ,  composé  de  trois  villages.  Les 
Achanti  l'avaieit  entièrement  détruit,  mais  au  moment  de  Tar- 
rivée  de'  H.  Bonnat  il  était  déjà  rebâti  en  grande  partie.  C'est 
.   à  l'action  vivifiante  du  commerce  que  cette  résurrection  ra- 
pide est  due.  En  effet,  Kpando  fut  jadis  le  grand  marché  où 
les  tribus  environnantes  échangeaient  leurs  produits  :  le  beurre 
végétal,  l'huile  de  palmier,  les  pelleteries,  le  riz,  le  coton  et 
les  pagnes  qu'ils  fabriquent  et  qui  trouvent  un  débouché  facile 
sur  la  côte.  Il  était  donc  naturel  que  ces  tribus  songeassent  à 
faire  renaître  de  ses  cendres  Kpando,  vers  lequel  d'ailleurs 
convergent  des  routes  dans  plusieurs  directions.  M.  Bonnat  est 
le  premier  Européen  qui  aii  vu  Kpando.-  Il  y  a  été  reçu  avec 
une  crainte  respectueuse.  Ceux  des  habitants  que  le  roi  desr 
Achanti  n'avait  pas  emmenés  en  captivité  avaient  déjà  deux 
cents  maisons  complètement  bâties,  et  cinq  cents  autres  mai- 
sons étaient  en  construction,  sans  coH^)ter  les  petites  tours  qif  i 
servent  de  greniers. 

M.  Bonnat,  accompagné  de  son  associé  M.  Bonnerman,  re- 
monta ensuite  le  Volta  en  passant  les  rapides  de  Sempé.  Près 
de  ces  rapides,  un  peu  en  amont,- à  Bobokroum,  «  on  jouit 
d'un  vaste  point  de  vue,  écrit  le  voyageur.  Au  nord-e^t, 
la  rivière  est  visible  à  plus  de  dix-huit  kilomètres,  en  ligne 
droite,  avec  ses  bords  escarpés  et  couverts  de  lianes  aux  mille 
couleurs....  L'eau  est  claire  et  le  courant  n'est  pas  assez  fort 
pour  faire  entendre  ce  murmure  favori  des  romanciers  quand 
ils  décrivent  a  lovely  place,  A  environ  dix-sept  ou  dix-huit  kir 
lomètres  à  l'est,  j'aperçois  une  chadne  de  montagnes  assez  haute 
qui  court  du  nord  au  sud.  L'une  d'elles,  de  forme  arrondie, 
s'élève  isolée  au  milieu  de  la  plaine.  C'est  au  pied  de  ces  mon- 
tagnes qu'habitent  les  Nkagnan,  qui  comptent  vingt-sept  villa- 

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SËNÊGAHBI£  Et  fiUlKÉE*  2ll 

ges  assez  importants,  paraît-il,  quoiqu'ils  aient  eu  beaucoup  à 
souf&ir  de  l'invasion  des  Achanti  en  1869.  Mais  un  grand 
nombre  ont  profité  des  troubles  causés  ensuite  par  Texpêdition 
anglaise  pour  revenir  dans  leur  pays....  Près  d'ici,  à  environ 
900  mètres  au  nord,  est  le  confluent  de  la  rivière  Bossom,  qui 
vient  du  nord-ouest,  et  dont  j'ai  traversé  les  sources  dans  mon 
voyage  d'Atebobo  *.  » 

Au  pied  des  montagnes  des  Nkagnan  est  le  village  de  Ntou-^ 
mena,  caché  dans  une  forêt  de  palmiers,  au  milieu  des  plus 
riches  plantations.  M.  Bonnat  et  son  compagnon  de  route  allèrent 
le  visiter,  et  les  indigènes,  attirés  par  la  curiosité,  accouraient 
en  foule  sur  le  passage  des  deux  premiers  hommes  blancs  qu'ils 
eussent  vus  ;  mais  ils  se  tenaient  respectueusement  à  distance. 
La  plupart  des  habitants  étaient  vêtus  de  pagnes  ;  d'autres,  et 
spécialement  les  jeunes  filles,  n'avaient  pas  le  plus  léger  vête* 
ment.  M.  Bonnat  trouva  une  grande  ressemblance  physique 
entre  les  habitants  de  Ntoumena  et  les  Achanti;  comme  ces 
derniers,  ils  sont  également  très-supérieurs  aux  autres  peuples 
de  la  côte  de  Guinée. 

Au-dessus  des  rapides  deSempé,  que  les  voyageurs  quittèrent 
le  11  janvier  1876,  des  bancs  de  gravier  rendent  les  eaux  très- 
basses  ;  les  berges  sont  formées  de  rochers  de  quartz  contenant 
du  minerai  de  fer.  Après  le  confluent  de  la  rivière  Âssoukoko 
(c'est-à-<iire  rivière  rouge)  y  le  lit  du  fleuve  est  obstrué  par  une 
muraille  de  rochers  formée  d'un  conglomérat  de  cailloux  rou- 
lés, unis  ensemble  par  un  ciment  couleur  de  fer.  Les  eaux  du 
Voila  se  précipitent  avec  violence  dans  un  passage  assez  étroit, 
entre  les  parois  de  rochers.  Cet  étranglement  du  fleuve  a  reçu, 
de  M.  Bonnat,  le  nom  de  «  la  Porte  de  fer  ».  Plus  haut  encore, 
à  Kraké  Dinté,  d'autres  rapides  gênent  la  marche  des  bateaux, 
et  une  chute  de  4  à  5  mètres  de  hauteur  oblige  à  rompre 
charge,  pour  rembarquer  les  ^larchandises  au-dessus  du  pas- 
sage difficile. 

U  Explorateur f  n»  74.  p.  4. 

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212       '  AFRIQUE.  ^'  319-552 

A  Kraké,  les  habitants,  surtout  le  clergé  fétichiste  et  le  roi, 
montrèrent  de  la  répugnance  à  laisser  M.  Bonnat,  l'ami  des 
Achanti,  continuer  son  voyage  vers  Salaga;  mais  l'attitude 
ferme  du  voyageur  en  imposa  à  ces  indigènes.  Leurs  disposi- 
tions défiantes  n'étaient  qu'une  conséquence  de  leurs  sympa- 
thies marquées  pour  la  causé  des  insurgés  de  Djouabîn  ;  un 
certain  nombre  de  ceux-ci  avaient  trouvé  un  asile  dans  le  pays 
de  Kraké. 

A  partir  de  ce  point,  M.  Bonnat  fît  la  route  à  pied,  marchant, 
sur  la  rive  orientale  du  Volta,  dans  un  pays  où  Ton  cultive  acti- 
vement le  tabac  et  le  millet,  et  où  les  prix  de  certaines  mar- 
chandises indiquent  que  le  marché  n'avait  jamais  été  gâté.  Au 
village  de  Talessou,  qui  est  composé  de  cinq  ou  six  hameaux, 
renfermant  de  15  000  à  18  000  habitants,  on  pouvait  acheter 
deux  défenses  d'hippopotame  pour  cent  kourdi  (coquilles  de  la 
Cyprea  moneta).  Le  29  janvier,  M.  Bonnat  arrivait  à  Pémé, 
capitale  du  pays  de  Sérima,  appelé  aussi  Ntah,  dont  fait  partie 
le  marché  de  Saraha  ou  Salaga.  Il  fut  reçu  avec  honneur  par  le 
roi,  qui  déclara  son  pays  tout  entier  ouvert  au  commerce  avec 
l'Europe.  Le  lendemain,  une  promenade  de  4  ou  5  kilomètres 
conduisit  les  voyageurs  à  Salaga.  Quelle  ne  fut  pas  leur  surprise 
de  trouver  là,  sous  un  arbre  de  la  place  du  marché,  M.  Golds- 
bury,  commandant  du  poste  anglais  d'Akkra?  Jaloux  de  pré- 
céder M.  Bonnat  dans  le  royaume  de  Sérima,  il  y  était  arrivé, 
à  marches  forcées,  par  la  route  de  l'Achanti,  quarante-huit 
heures  après  notre  compatriote. 

C'est  pendant  sa  longue  captivité  au  pays  Achanti  que 
M.  Bonnat  avait  entendu  parler  de  Salaga  comme  d'un  marché 
important  ;  dès  lors  il  avait  conçu  le  désir  de  visiter  cette  ville, 
célèbre  chez  tous  les  noirs  de  la  côte  de  Guinée,  et  restée  jus- 
qu'ici en  dehors  des  voies  frayées  par  les  voyageurs  européens. 
Cependant,  nous  connaissions  d^à  Salaga  de  réputation;  la 
précieuse  collection  d'itinéraires  que  Henri  Barth  a  réunie,  en 
interrogeant  les  voyageurs  africains  pendant  ses  explorations 
dans  l'ouest  de  la  Nigritie,  contenait  la  première  mention  de 

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SËNÉGAMBIE  ET  GUINÉE.  215 

Salaga  ou  Selga,  Cette  Tille  s'y  trouvait  déjà  désignée  comme  un 
centre  important  du  commerce  de  l'intérieur,  où  aboutissaient 
des  chemins  partant  de  Komba,  au  nord,  sur  le  Kwâra,  dans  le 
royaume  de  Gandô  et  de  Tagnéra,  à  l'ouest,  dans  le  pays  de 
Foulouna.  En  1854,  année  où  Henri  Barth  recueillait  ces  pre- 
mières indications  sur  Salaga,  cette  ville,  chef-lieu  de  la  pro- 
vince de  Gondja,  était  la  résidence  d'un  gouverneur;  elle  payait 
tribut  aux  Achanti.  On  estimait  alors  à  1  000  habitants  seule- 
ment le  chiffre  de  sa  population,  mais  le  rôle  de  Salaga  était 
déjà  exactement  celui  que  M.  Bonnat  lui  donne  :  le  grand  mar- 
ché de  commerce  de  la  noix  de  goûro.  Mais  les  informateurs 
de  Barth  n'avaient  pas  su  lui  apprendre  ce  fait  capital  que  le 
Vplta  coule  à  une  petite  distance  de  Salagat 

Voici  maintenant  en  quels  termes  M.  Bonnat  décrit  Salaga, 
dans  une  note  adressée  à  Sa  Majesté  le  roi  des  Belges,  prési- 
dent de  la  Commission  internationale  d'exploration  et  de 
civilisation  de  V Afrique. 

Salaga  est  située  sous  le  même  méridien  que  Greenwich  et  par 
T'SS'  de  latitude  nord  environ,  à  vingt  milles  (37  kilomètres)  des 
bords  du  Volta.  De  la  côte  on  peut  y  arriver  facilement,  en  pirogue,  par 
le  fleuve  en  douze  ou  quatorze  jours . 

La  ville  est  au  milieu  d'une  immense  plaine  d'herbes,  parsemée  de 
gommiers  et  d'arbre  à  beurre  végétal  [Elaeis  Guineense),  ce  qui  lui 
donne  Taspect  d'un  parc.  Cette  plaine  abonde  en  gibier  de  toute  ^orte  ; 
on  y  trouve  le  buffle,  le  sanglier,  des  ruminants  du  genre  Antilope, 
et  comme  carnassiers  l'hyène,  le  léopard  et  le  lion. 

La  ville  est  composée  de  neuf  à  dix  mille  cases  ou  maisons  rondes, 
couvertes  en  chaume.  Chaque  famille  a  un  certain  nombres  de  cases, 
selon  le  nombre  de  ses  membres  ou  son  degré  de  prospérité.  Toutes 
les  cases  d'une  famille  sont  entourées  d'un  mur  demi-circulaire  allant 
d'une  case  à  l'autre;  il  n'y  a  dans  le  corps  de  logis  qu'une  seule  en- 
trée, qui  est  par  la  plus  grande  case  d'où  Ton  entre  dans  la  cour  in- 
térieure, où  toutes  les  autres  communiquent.  Chose  singulière,  cette 
grande  case  de  Feutrée,  qui  est  toujours  la  plus  aérée,  est  Fétable 
des  chevaux. 

Dans  chaque  corps  de  logis,  on  trouve  un  certain  nombre  de  cases 
disponibles  servant  à  l'hospitalité  des  étrangers.  Les  riches  et  les 
nobles  ont  même  des  corps  de  logis  tout  entiers  à  cet  effet.  Aucun 

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244  AFRIQUE.  N-  319-552 

loyer  ou  frais  de  logement  D*est  demandé  par  le  propriétaire  aux  voya- 
geurs ou  aux  marchands  qui  peuvent  rester  en  possession  des  logis 
qu'ils  ont  choisis  aussi  longtemps  que  boa  leur  semble. 

La  monnaie  en  usage  à  Salaga,  comme  dans  toute  T Afrique  cen- 
trale, consiste  en  ces  petits  coquillages  de  mer  qu'on  appelle  cawris 
(kourdi),  ainsi  qu'en  poudre  d'or. 

Les  principaux  articles  de  commerce  sont  :  le  sel  qui  atteint  des 
prix  très-élevés  (j'en  avais  apporté  une  tonne  pour  essai  et  je  la  ven- 
dis à  raison  de  800  francs  '),  les  verroteries  et  mosaïques,  les  petits 
miroirs,  les  étoffes  d'indienne  où  dominentlerougeainsi  que  les  autres 
couleurs  voyantes,  les  spiritueux,  la  poudre  et  les  armes,  le  fer,  la 
coutellerie,  la  poterie  coloriée,  les  bracelets  de  cuivre,  colliers, 
chaînes  et  bagues  en  argent,  les  tapis,  la  flanelle,  la  parfumerie  et 
quantités  d'articles  de  fantaisie. 

Les  produits  que  l'on  obtient  des  naturels  sont,  en  première  ligne, 
le  beurre  de  chi  ou  beurre  végétal,  produit  d'un  arbre  qui  croit  en 
très-grande  quantité  sur  toutes  les  plaines  de  cet  immense  plateau 
qui  s'étend  des  bords  du  Volta  aux  bords  du  Niger  ;  l'ivoire  et  les 
plumes  d'autruche.  Ces  deux  articles  cependant,  jusqu'à  mon  arrivée, 
y  jouaient  un  rôle  comparativement  petit,  car  ils  étaient  utilisés  seu- 
lement par  les  naturels,  le  premier  pour  en  faire  des  bracelets  et  des 
oliphants,  et  le  second  pour  orner,  je  devrais  dire  couvrir,  les  vête- 
ments des  chefs  et  des  principaux  guerriers  ;  mais  la  plus  grande 
partie  de  ces  produits  ont  été  jusqu'ici  portés  par  les  naturels  à  200 
milles  (571  kilomètres)  dans  le  nord-est,  sur  la  grande  route  que  sui- 
vent les  caravanes  de  Berbères,  de  Maures  et  d'Arabes,  venant  du 
Bornou  et  du  Uaousa,  et  retournant  à  Timbouktou'.  Les  autres  produits 
s6nt  les  peaux  et  la  cire;  l'indigo,  qui  croit  en  abondance  dans  tout 
le  pays,  ainsi  que  les  gommes  et  beaucoup  de  graines  oléagineuses 
qui  pourraient  devenir  des  articles  de  commerce  importants. 

Parmi  les  produits  manufacturés  du  pays,  je  dois  citer  les  peaux 
tannées  et  coloriées.  Avec  ces  peaux,  les  naturels  font  des  sacs  de 
fantaisie,  des  coussins,  des  sandales,  des  babouches  et  des  pantalons 
pour  les  cavaliers,  en  même  temps  que  des  harnais  pour  les  che- 
vaux. 

Je  fus  tout  étonné  de  trouver  sur  le  marché  de  Salaga  des  soies  de 
Lyon,  d'Algérie  et  de  Tunisie.  J'y  trouvai  aussi  une  petite  quantité 
d'étoffes  anglaises  et  françaises  et  des  burnous  arabes  en  drap  et  en 
flanelle  rouge,  blanche  ou  d'autres  couleurs,  doublés  de  soie  et  bro- 

1 .  Cela  fait  88  centimes  le  kilogramme. 

2.  Il  y  a  vingt  ans,  les  relations  commerciales  entre  les  marchés  du  Bornou 
et  Timbouktou  étaient  complètement  nulles. 


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SEMÉ6AMBIE  ET  GUINÉE.  215 

dés  artisfement  avec  des  fils  d*or.  Des  fez  de  Tunis,  et  ceux  plus  com- 
muns qu'on  fabrique  en  France,  étaient  étalés  près  de  ces  mêmes 
articles.  Je  trouvai  des  parfums  d'Arabie  et  une  quantité  d'autres  pe- 
tits articles.  J'y  trouvai  jusqu'à  de  l'ail  qui,  certainement  comme 
toutes  ces  ^dernières  marchandises,  avait  dû  traverser  le  grand  désert, 
les  régions  intertropicales  n'en  produisant  point. 

Les  autres  produits  qui  tiennent  une  grande  place  sur  le  marché  de 
Salaga  sont  les  tissus  de  Bornou,  du  Haousa  et  de  différentes  tribus 
renommées  de  T Afrique. 

n  se  fait  aussi  beaucoup  d'àfTaires  sur  les  bestiaux,  amenés  à  Sa- 
laga par  les  tribus  pastorales  des  Foulbé  qui  habitent  dans  le  nord- 
ouest.  Les  bœufs  et  les  moutons  s'y  vendent  à  des  prix  excessivement 
bas:  les  volailles  et  le  gibier  proportionnellement.  Un  beau  cheval  se 
vend  50  francs,  payés  en  marchandises,  un  âne  20  francs,  une  mule 
de  40  k  60  francs.  €es  deux  derniers  animaux,  ainsi  que  le  bœuf, 
sont  les  bêtes  dont  on  se  sert  pour  les  transports;  il  y  en  a  toujours 
une  quantité  considérable  paissant  dans  les  prairies  environnant  Sa- 
laga. 

Mais  le  commerce  le  plus  important  est,  avant  tout,  celui  des 
esclaves.  , 

Les  provisions  de  toutes  sortes  abondent  et  sont  d'un  bon  mardié 
étonnant.  On  trouve  à  une  place  spéciale  du  grand  marché  toutes  les 
provisions  et  même*les  mets  tout  préparés  que  l'on  peut  rencontrer 
sur  n'importe  quel  point  du  continent  africain.  Le  Poulo  y  trouve  son 
lait  frais  et  son  millet  blanc  ;  le  Berbère  et  le  Haousa  leur  kouskous- 
sou  ;  le  Môssi,  le  Groussi  *■  et  le  Goureman  *  son  igname  bouillie  et  sa 
fiàrine  de  manioc,  d^autres  tribus  leur  gftteau  de  maïs,  et  ainsi  de 
suite.  Le  musulman  s'y  désaltère  avec  son  eau  fraîche,  mélangée  avec 
de  la  farine  de  millet,  tandi»  que  l'infidèle  ou  fétichiste  y  boit  sa 
bière  de  millet  et  de  miel,  espèce  d'hydromel  très-fort  et  très-eni- 
vrant, quelquefois  aussi  du  vin  de  palmier  ou  de  dattes,  mais  cela 
assez  rarement,  le  palmier  étant  très-clair-semé  dans  les  plaines  envi- 
ronnantes '. 

Le  marché  de  Salaga  offre  assurément  le  tableau  le  plus  vivant  et 
le  plus  extraordinaire  que  j'aie  rencontré  en  Afrique.  Chaque  com- 
merce ou  industrie  y  a  son  emplacement  particulier.  Chaque  grande 


1.  Serait.cerhabitaQt  du  Thogochi,  pays  au  sud  de  celui  des  Môssi? 

2.  ÉTidemment  un  nom  anglais  Toulant  dire  :  habitant  du  Gourma,  le  pays  sur 
la  me  sud  du  Niger  moyen. 

Z.  La  présenoe  du  palmier-dattier  dans  les  plaines  de  Salaga,  et  sa  finictifi- 
cation,  sont  des  constatations  de  géographie  botanique  extrêmement  intéres- 
&antes. 


yGoogk 


216  AFRIQUE.  N"<  31»-35^ 

triba  y  habite  aussi  un  quartier  spécial,  auquel  elle  a  douné  sqd 
nom. 

n  y  a  trois  mosquées  à  Salaga,  et  leur  construction  massiye  con- 
traste singulièrement  avec  le  style  léger  des  maisons  ordinaires.  Les 
habitants  musulmans,  ainsi  que  les  étrangers  qui  professent  cette  re- 
ligion (ils  forment  la  grande  majorité),  quoique  très-ignorants  pour 
la  plupart,  semblent  cependant  très-attachés  à  leur  culte,  qu'ils  pra- 
tiquent régulièrement.  Je  remarquai  avec  plaisir  qu'ils  étaient  beau- 
coup plus  avancés  dans  l'industrie  que  les  peuplades  païennes  prati- 
quant le  fétichisme  et  habitant  les  côtes.  L'habitude  de  rencontrer 
toute  espèce  de  gens  dans  leurs  pérégrinations  commerciales  dans  le 
centre  de  l'Afrique  les  a  rendus  polis  et  sociables,  et  surtout  leur  a 
enlevé  toute  espèce  de  fanatisme.  Les  chefs  des  caravanes  ayec  les- 
quels je  causai  m'assurèrent  qu'il  en  était  ainsi  partout  dans  le  Sou- 
dan, et  me  dirent  combien  ils  seraient  heureux  de  voir  les  Européens 
venir  à  eux.  Gela  me  donna  l'idée  de  leur  demander  s'ils  aimeraient  à 
avoir  une  école  où  leurs  enfants  pourraient  apprendre  les  langues  eu- 
ropéennes ;  ils  me  répondirent  qu'ils  en  seraient  très-heureux. 

Quoique  l'impression  que  me  fit  Salaga  fût  bien  celle  que  j'avais 
rêvée,  cette  ville  n'était  cependant,  paraît-il,  que  l'ombre  de  ce  qu'elle 
avait  été  deux  ans  auparavant.  Depuis  que  la  grande  révolte  dont  j'ai 
parlé  plus  haut  avait  éclaté  en  Achanti  (fin  de  1874),  les  routes  de 
l'intérieur,  infestées  de  rebelles,  devinrent  le  théâtre  sanglant  où  des 
milliers  d' Achanti  furent  pillés  et  égorgés,  en  représailles  du  joug  que 
leur  souverain  et  les  grands  de  leur  pays  avaient  trop  lourdement  et 
trop  longtemps  fait  peser  sur  les  populations  de  Tintérieur  qui  leur 
étaient  tributaires.  Le  désordre  et  la  désorganisation  qui  suivirent  la 
chute  de  Koumassi,  ainsi  que  d'autres  raisons,  avaient  laissé  le  gou- 
vernement sans  forces  suffisantes  pour  étouffer  cette  révolte,  de  sorte 
que  le  marché  de  Salaga  fut  forcément  abandonné  par  les  Achanti,  au 
grand  détriment  de  la  prospérité  de  cette  ville,  dont  le  commerce 
tomba  énormément,  attendu  que  le  kola  ou  goûro,  qui  attirait  la 
plus  grande  partie  des  caravanes,  ne  pouvait  être  obtenu  que  des 
Achanti.  Toutes  les  autorités  du  pays,  ainsi  que  les  marchands  étran- 
gers, se  plaignaient  amèrement  de  cet  état  de  choses,  et  d'être  privés 
de  ce  fruit,  si  précieux  à  leurs  yeux,  pour  lequel  quelques-uns  d'entre 
eux  avaient  fait  des  voyages  de  700  à  800  milles '(1500  à  1480  kilo- 
mètres) dans  l'espoir  de  se  le  procurer.  C'était  une  plainte  générale  ; 
ils  me  montraient  plusieurs  quartiers  de  la  ville,  déserts  et  tombant 
en  ruine,  ajoutant  que  Salaga,  tel  que  je  le  voyais,  n'était  qu'une 
ombre,  déclinant  tous  les  jours,  de  ce  qu'il  avait  été.  Us  m'assuraient 
que  si  les  kola  abondaient  sur  leur  marché  comme  autrefois,  chaque 

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SËNÉGAMBIE  ET  GUINÉE.  217 

jour  j'aurais  tu  plus  de  dix  mille  étrangers  à  Salaga,  ce  que  je  crois 
facilement,  car  j'ai  pu  en  juger  par  la  quantité  extraordinaire  de  ces 
fruits  que  chaque  jour  je  voyais  expédier  du  pays  Âchanti  pendant 
ma  captivité.  Aussi  tous  me  prièrent  instamment  dé  faire  mon  pos- 
sible pour  trouTer  le  moyen  d'introduire  ce  fruit  sur  leur  marché, 
vœu  qu'avec  Faide  de  Dieu  j'aurais  été  probablement  à  même  de 
satisfaire,  si  des  circonstances  auxquelles  j'ai  fait  allusion  n'étafent 
pas  inopinément  arrivées  m'en  empêcher. 

  en  juger  par  les  maisons  vides  et  tombant  en  ruine,  qui 
couvrent  aujourd'hui  le  sol  des  trois  quarts  de  la  superficie 
de  la  ville,  H.  Bonnat  estime  que,  dans  l'ère  de  sa  prospérité, 
elle  devait  avoir  40  000  ou  45  000  habitants,  auxquels  s'ajou- 
tait encore  une  immense  population  flottante.  La  guerre  que 
Sâlaga  a  soutenue  contre  les  Achanti,  et  qui  a  causé  sa  ruine 
passagère,  avait  réduit  à  15  000  ou  iSOOO  le  chiffre  de  ses 
habitants. 

Pour  revenir  à  la  côte,  après  avoir  fait  le  commerce  pendant 
un  mois  à  Salaga,  le  voyageur  français  fit  transporter  ses  mar- 
chandises à  Yegyî,  près  de  la  rive  ouest  du  Volga,  à  42  kilo- 
mètres sud-sud-ouest  de  Salaga.  Il  releva  alors  une  nouvelle 
partie  du  fleuve,  jusqu'aux  cataractes  de  Kraké  Dinté,  point 
où  il  avait  pris  la  route  de  terre  pour  aller  à  Pémé  et  à  Salaga, 
et  il  descendit  ensuite  le  Voita  jusqu'à  la  côte. 

Résumons  maintenant  les  notions  nouvelles  que  nous  devons 
à  H.  Bonnat  sur  les  pays  qu'arrose  le  Yolta,  et  examinons  la 
situation  de  ces  pays  aux  points  de  vue  de  la  politique  et  du 
commerce. 

A  130  kilomètres  de  la  côte  malsaine  de  la  Guinée,  on 
arrive,  par  le  Volta,  dans  un  pays  montagneux,  au  climat 
salubre,  dont  le  sol  est  fertile  et  qui  est  peuplé  par  des  tribus 
laborieuses.  Ce  pays  produit  les  amandes  de  palme,  l'huile  de 
palme,  le  copruy  Taracbide  et  d'autres  graines  oléagineuses, 
l'indigo,  le  gingembre,  plusieurs  variétés  de  coton,  le  café, 
des  bois  de  construction,  d'ébénisterie  et  de  teinture,  des  mar- 
bres remarquablement  beaux  et  une  quantité  de  minerais.  Le 
fleuve  Volta  coule  pendant  plus  de  290  kilomètres  à  travers  ce 

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218  AFRIQUE.  ^  319-552 

pays;  plus  loin  au  nord,  et  jusqu'à  Salaga,  il  arrose  une  con- 
trée tout  aussi  fertile,  mais  dont  les  produits  ne  sont  plus  les 
mêmes.  Les  Hdssi,  qui  vivent  au  sud  de  TomboucioUj  et  qui 
sont  arrrivés,  en  dehors  de  Tislâm,  comme  les  Acfaanti,  à  un 
certain  degré  de  civilisation,  fréquentent  Salaga,  où  M.  Bonnat 
a  rencontré  leur  chef.  Ce  sont  les  Môssi  qui  enlevaient  sur  ce . 
marché  une  notable  partie  des  noix  de  goûro  qu*on  y  vendait 
jadis.  Par  les  tribus  voisines,  le  marché  de  Salaga  est  approvi- 
sionné en  esclaves,  qui  sont  l'article  le  plus  important,  en  cire 
d'abeilles,  en  défenses  d'éléphant  et  dents  d'hippopotame.  La 
monnaie  est  le  kourdi,  et,  pour  faire  ses  achats,  H.  Bonnat  a 
dû  établir  la  valeur  de  cette  coquille  en  monnaie  d'Europe; 
elle  est  d'une  fraction  (0,125)  de  centime,  soit  1  fr.  25  c.  pour 
1000  kourdi.  A  ce  cours,  on  vendait  à  Salaga  les  petites 
défenses  d'éléphant  à  raison  de  1  fr.  20  c.  le  kilogramme,  et 
la  cire  d'abeilles  à  raison  de  60  centimes  le  kilogramme. 

Quinze  grands  rapides,  sans  parler  d'autres  plus  petits,  font 
obstacle  à  la  navigation  régulière  sur  le  Volta  entre  Salaga  et 
l'Océan.  Il  est  à  espérer  que  les  richesses  des  pays  de  l'intérieur 
arrosés  par  le  Volta  devenant  mieux  connues,  on  songera  bien- 
tôt à  améliorer  ici  les  conditions  de  la  navigation  au  moyen  de 
travaux  exécutés  dans  ces  rapides.  C'est  là  l'idéal  que  poursuit 
M.  Bonnat.  Âmi  des  Achanti,  et  connaissant  bien  tout  le  pays, 
il  est  d'avis  que  Salaga,  qui  est  avant  tout  un  marché  de  goûro, 
perdrait  son  importance  commerciale  sans  les  Achanti,  qui  y 
apportent  ce  fruit.  En  cela,  notre  voyageur  est  sans  contredit 
dans  la  vérité,  et  il  voudrait  favoriser  les  vues  politique^  des 
Achanti.  Le  gouverneur  anglais  d'Akkra,  H.  Goldsbury,  est 
allé  à  Salaga,  par  ordre  de  lord  Gamarvon,  avec  mission  d'ou- 
vrir, en  attendant  que  la  voie  du  fleuve  soit  rendue  praticable, 
une  route  par  terre  à  Salaga,  le  long  de  la  rive  ouest  du  Volta, 
et  de  travailler,  d'autre  part,  à  empêcher  l'extension  de  la  puis- 
sance des  Achanti  sur  Salaga.  L'avenir  nous  apprendra  laquelle 
de  ces  deux  politiques  était  la  meilleure  ;  cependant,  les  faits 
que  M.  Bonnat  a  rapportés  de  son  voyage  rendent  désirable  de 

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SÉNËGAHBIE  ET  GUINÉE.  219 

voir  s'étencire  sur  Salaga  et  sur  le  Volta  la  puissance  d'un 
peuple,  encore  barbare,  il  est  vrai,  sous  beaucoup  de  rapports, 
mais  intelligent  et  susceptible  de  progrès  rapides. 

Ici  nous  sommes  forcés  de  toucher  enfin  à  un  sujet  extrême«- 
meat  délicat.  Sur  le  Volta,  comme  dans  l'empire  Âchanti, 
nous  Toyons  se  produire  le  commencement  d^un  nouvel  épisode 
du  grand  mouvement  de  la  propagande  musulmane  en  Afrique. 
Les  musulmans  arrivent  d'abord  comme  marchands,  et,  comme 
nous  l'avons  dit,  celle  de  leurs  marchandises  à  laquelle  ils 
ménagent  le  plus  grand  succès  est  Tamulette,  rédigée  par 
leurs  marabouts.  Ils  ne  pouvaient  pas  trouver  un  moyen  d'ini- 
tiation plus  adroit,  ni  mieux  adapté  que  celui-là  au  caractère 
des  peuples  du  Sérima  et  du  Kraké,  aussi  bien  qu*à  celui  des 
Achanti.  Évidemment  la  conception  élevée  et  relativement 
tolérante  de  Tislâm,  tel  que  l'enseigne  l'école  des  Bakkaï,  se- 
rait un  progrès  intellectuel  pour  ces  peuples.  Mais,  actuelle- 
ment, il  convient  de  se  tenir  en  garde  contre  les  tendances  des 
missionnaires  musulmans,  qui  ne  sont  pas  tous  de  l'école 
éclairée  des  princes-marabouts  dç  rAzaouâd  et  de  Timbouktou. 
Pour  les  pays  de  la  côte  de  Guinée  qui  nous  occupent,  il  est 
à  désirer  que  TEurope,  de  son  côté,  cherche  à  en  civiliser  les 
habitants.  H.  Bonnat  nous  apprend  que  les  races  qui  les 
peuplent  sont  capables  de  progrès,  et  nul  doute  qu'au  point 
de  vue  de  l'avenir  il  ne  soit  préférable  pour  tous  de  voir  la 
civilisation  introduite  sûr  les  rives  du  Volta  par  des  commer- 
çants européens  qui  peuvent  vivre,  sans  leur  faire  une  con- 
currence ouverte,  à  côté  des  musulmans  vendeurs  de  gris-gris. 
Une  fois  convei-ties  à  Tislâm,  ces  populations  seraient  peut-être 
moins  souples,  et  pourraient  devenir,  comme  tant  d'autres, 
réfractaires  aux  notions  modernes  de  la  justice,  de  la  tolérance 
et  du  progrès. 

Nous  souhaitons  à  H.  Bonnat  bonne  chance  dans  la  pour- 
suite du  but  élevé  vers  lequel  il  dirige  ses  efforts,  et  dans  les- 
quels il  mérite  d'être  encouragé.  Il  a  déjà  bien  mérité  auprès 
des  géographes  par  sa  reconnaissance  hardie  de  425  kilomètres 


220  AFMQUB.  N"  319-552 

d'une  partie  inconnue  du  fleuve  Yolta,  et  par  son  voyage  à  la 
ville  de  Salaga,  à  450  kilomètres  de  la  côte  de  Guinée. 

f 

§  4.  —  Les  Anglais  sur  la  côte  de  Guinée  et  sur  le  Kwftra  (Niger). 

Au  moment  où  un  échange  de  possessions,  européennes  sur 
la  côte  de  Guinée  a  été  projeté,  et  où  un  explorateur  vient  non- 
seulement  'de  faire  connaître  avantageusement  le  nom  de  la 
France  dans  le  pays  des  Achanti  et  chez  les  peuples  riverains 
du  Yolta,  mais  encore  d'obtenir  une  concession  de  15  kilo- 
mètres carrés  sur  la  rive  est  de  ce  fleuve,  vis-à-vis  Nkami,  il  y 
a  intérêt  à  suivre  la  ligne  de  conduite  dé  l'Angleterre  au  milieu 
des  complications  qui  ont  surgi  pour  elle,  en  1876,  sur  la  côte 
de  Guinée. 

Au  commencement  de  cette  année,  le  roi  du  Dahômé  fit 
commettre,  par  un  de  ses  officiers,  un  outrage  sur  la  personne 
de  H.  Turnbull,  seul  négociant  anglais  résidant  à  Waîda 
(Whidah),  ville  qui  communique  par  une  lagune  avec  le  centre 
voisin  de  Porto  Novo,  placé  sous  le  protectorat  de  la  France. 
Le  Commodore  Hewett,  commandant  de  la  division  anglaise  sur 
les  côtes  ouest  d'Afrique,  réclama  une  indemnité,  menaçant  de 
fstire  le  blocus  de  la  côte  en  cas  de  refus.  Le  roi  de  Dahômé 
répondit  à  cette  réclamation  en  s'emparant  de  tous  les  rési- 
dents européens,  français  pour  la  plupart,  sauf  quelques  por- 
tugais (car  la  maison  anglaise  s'était  sagement  retirée),  et  en 
groupant  ses  forces  le  long  de  la  côte.  Le  1"  juillet  1876,  le 
Commodore  anglais  déclara  le  blocus  par  mer;  le  18  juillet,  les 
autorités  du  Dahômé  fermaient  rigoureusement  tous  les  che- 
mins et  toutes  les  lagunes  autour  de  Waïda,  aussi  bien  du  côté 
de  l'intérieur  que  du  côté  de  la  mer  ;  elles  interdisaient  aussi 
toute  transaction  commerciale  aux  factoreries  européennes*. 
Le  roi  du  Dahômé  faisait  savoir  aux  négociants  français  et  por- 
tugais, qui  se  trouvaient  rendus  responsables  de  la  démons- 

1.  Voir  les  lettres  intéressantes  publiées  à  ce  sujet  dans  le  Sémaphort  de 

Marseille,  reproduites  dans  le  XIX'  Siècle^  numéro  du  19  septembre  1876. 

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SÉNÉGAMBÏE  ET  GUINÉE.  221 

tralion  de  TAnglelerre,  que  le  commodore  Hewett  ayant  eu  le 
tort  de  le  frapper  d'une  amende  de  500  banques  d'huile  de 
palmier,  alors  qu'il  était  absent  de  sa  capitale  et  par  consé- 
quent dans  impossibilité  de  prendre  connaissance  de  la  récla- 
mation anglaise,  il  acceptait  la  guerre  contre  l'Angleterre 
plutôt  que  de  soumettre  à  ses  exigences.  En  même  temps,  il 
annonçait  l'inlenlion  de  mettre  à  mort  les  résident^  européens 
si  l'Angleterre  ouvrait  les  hostilités. 

Nous  ne  connaissons  pas  la  suite  donnée  au  blocus  de  la 
Côte  des  Esclaves  ;  les  journaux  anglais  ne  parlaient  de  rien 
moins  que  de  faire,  s'il  le  fallait,  une  campagne  par  terre  pour 
atteindre  le  roi  jusque  dans  Abomé,  sa  capitale.  Mais  nous 
avons  confiance  dans  la  vigilance  du  commandant  de  l'escadre 
française  pour  toutes  les  mesures  utiles  à  sauvegarder  la  vie  et 
les  biens  de  nos  nationaux  établis  à  Waïda. 

Peu  de  temps  après  la  déclaration  du  blocus  de  la  côte  du 
Dahômé,  le  commodore  Hewett  ^remontait  le  Kwâra  (bas  Niger) 
pour  infliger  un  châtiment  à  .un  peuple  qui  vit  sur  ses  bords, 
et  qui  avait  construit  un  barrage  en  racines  de  palétuviers, 
armé  de  trois  canons,  dans  le  but  d'empêcher  un  bâtiment  de 
commerce  anglais  de  redescendre  à  la  mer.  Cette  démonstration 
hostile  des  habitants  du  Kwâra  devait  être  d'autant  plus  vive- 
ment sentie  par  l'Angleterre,  que  cette  puissance  possède, 
comme  on  sait,  une  langue  de  terre  sur  le  confluent  du  Bénoué 
avec  le  K^âra  et  que  de  beaucoup  la  plus  grande  partie  du  com  - 
merce  extérieur  de  ce  fleuve  est  entre  les  mains  d'armateurs 
et  de  négociants  anglais.  Le  commodore  Hev^ett  détruisit  la 
barrière';  il  remonta  le  Kwâra  et  attaqua  la  ville  de  Sobogrega, 
fortifiée,  comme  toutes  celles  de  cette  partie  du  fleuve,  par  des 
enceintes  de  palissades  garnies  de  meurtrières,  et  défendue 
par  des  canons.  Le  feu  des  canonnières  anglaises  fut  impuissant 
à  réduire  la  place,  et  il  fallut  livrer  l'assaut  deux  jours  de  suite 
pour  s'en  emparer.  Les  Anglais  ont  brûlé  Sobogrega,  une  autre 

1.  The  Timeft  numéros  du  14  et  du  15  septembre  18T6. 

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222  •  AFMQCE.  N-  355-370 

ville  située  en  amont  de  celle-ci,  et  enfin  la  ville  auprès  de  la- 
quelle on  avait  construit  le  barrage. 

VIII 

ÉTÀT8  MUSULMANS  DE  LA  NIQRITIE  INTÉRIEURE 


353.  Pbout  (le  commandant  H.  G.)*  Traduction  d'un  rapport  général 
sur  le  Rordofân,  adressé  à  Son  Ex.  le  général  Stone,  br.in-4  lithog. 
U  Caire,  imprimerie  de  TEtat-major  général,  1876. 

354.  Du  môme  :  Rapport  sur  le  Rordofân,  abrégé.  Explorateur^  1876, 
n»  59,  p.  294-295. 

355.  Mahir  (le  lieutenant  Mohammed) .  Carte  de  la  route  reconnue  entre. 
Khartoûm  et  El-Obeïd  en  Rordofân,  par  le  commandant  Prout, 
en  1875.  Échelle  du  iôô^*-  ^  feuille  gravée,  lettre  en  langue 
arabe.  Le  Caire,  État-major  général  égyptien,  1875. 

Cet  itinéraire  part  de  Oumm  Dourmftn,  sur  la  rive  ouest  <lu  Bahar  El- 
Abiod,  Tis-à-v)8  de  Rhartoûm  ;  il  suit  la  rive  du  fleuve  au  sud  jusqu'à 
Tîra  El-Hadra,  et  prend  de  là  la  direction  des  villages  de  Rhoursi  et  de 
Bflra  pour  arriver  à  El-Obeld. 

356.  Du  même  :  Expédition  Prout,  1875-1876.  Province  de  Rordofân. 
Carte  à  Téchelle  du  800Î006***  photographiée,  en  mai  1876,  au 
bureau  de  TÉtatmajor  général  du  Caire,  par  le  lieutenant-colonel 
Çaddîq-Bey. 

Cette  carte  dépasse  au  nord  la  latitude  de  15*  30'  et  va  au  sud  jusqa'à 
11*  3(y.  A  l'ouest  elle  commence  à  S9*  30%  et  elle  s'arrête  à  Test  au  33*  de 
longitude  est  de  Greenwich.  Elle  comprend  donc  un  cadre  limité  par  27* 
10'  et  30*  40'  de  longitude  est  de  Paris.  Les  itinéraires  sont  appuyés  sur 
des  déterminations  astronomiques  faites  à  Tira  El-Hadra,  Douém,  Kara- 
nek,  Djebel  Rohn,  Nnaouéli,  Fakl  Rohi,  Chirkélé,  Takoba,  Djebel  Wadelki, 
Tayara,  un  point  jprès  de  Ring  El>Hoba,  El-Obeïd,  Fertangoul,  Goumbarra, 
un  point  dans  le  Dàr  Hamid  et  un  point  sur  l'Ouàdi  lin-Mla.  On  a  tenu 
compte  de  la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée  6*  ht'  27'  ouest,  observée 
à  El>Obeïd  pendant  l'expédition.  Les  hauteurs  des  différents  points  sont 
données  en  mètres;  elles  montrent  que  le  sol  du  Rordofân  est  en  général 
à  une  altitude  de  400  mètres  à  600  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer.  Enfln  on  a  indiqué  les  limites  des  zones  de  végétation  des  trois  ar- 
bres caractéristiques  de  cette  région  :  le  Borassuê  flabelliformis  (deléb) 
le  sycomore,  et  VAdamonia  digitata  (baobab). 

357.  AiiMBD  Effemm  Hamboi  [le  capitaine  adjudant-major).  Carte  d'une 
reconnaissance  de  la  partie  est  .du  Rordofân  (expédition  du  com- 
mandant Prout).    Echelle  du  '^jsî^ïyî*  s^  Texemplaire  de  la 


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ÉTATS  KUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  223 

Société  de  Géographie.  Une  feuille  photographiée.  hR  Oavrt^  état- 
major  général,  1876. 

Intéressant  lever  des  parties  du  Kordofftn  au  aord  et  an  nord-est  d'Ël- 
Obeïd,  chef-lieu  de  cette  province,  allant  aussi  loin  qu'Ech-Chakik  El-Ma- 
ghiriyé  à  l'est.  Entre  autres  renseignements  précieux  nous  y  notons  les  in- 
dications des  parties  du  pays  qui  sont  boisées,  celles  des  puits  d'eau  salée 
qu'on  exploite  pour  la  fià)rication  du  sel  par  Tébullition,  et  des  mines  de 
fer  pour  lesquelles  le  Kordofân  était  depuis  longtemps  célèbre. 

^.  Khalh.  Efperi)!  Faouzt,  Hamir  Effekdi  Rouchdt,  Yousef  Effbhdi  Helu 
(officiers  de  TÉtat-major  général  égyptien).  Plan  de  la  ville 
d'El-Obeyad,  relev^  à  la  planchette  sous  les  ordres  de  M.  le  com- 
mandanjt  Prout.  1  feuille  photographiée  ;  échelle  du  i^^f^  sur 
Texemplaire  de  la  Société  de  géographie.  Le  Caire^  bureau  de 
rËtat-major  général  égyptien,  1876. 

Gomme  beaucoup  d'autres  villes  de  la  Nigritie,  El-Obeîd  se  compose  de 
groupes  de  maisons  isolés  les  uns  des  autres.  Nous  remarquons  qu'outre 
le  palais  du  gouvernement,  la  caserne,  le  bazar,  la  mosquée  et  le  cime- 
tière musulmans,  cette  ville  possède  maintenant  aussi  un  hôpital,  ainsi 
qu'une  église,  et  un  cimetière  chrétien. 

359.  GouTON  (le  colonel  d'état-majorR.  E.).  Extrait  d'un  rapport  sur  le 
Kordotàn,  adressé  à  S.  E.  le  général  Stone,  chef  de  l'Ëtat-major 

•général  égyptien,  le  15  noTembre  1875. 1  br.  in-41ithogr.  le  Caire, 
imprimerie  de  Tétat-major  général,  1876. 

360.  Du  même  :  Notes  sur  les  tribus  de  bédouins  da  Soudan  et  du 
Kordofân.  Bulletinde  la  société  khédiviale  de  Géographie  du  Caire^ 
1876,  n»  3,  pages  267-277. 

361 .  Du  même  :  Itinerary  from  Bébbé,  on  the  upper  Nile,  to  El-Obeyad, 
with  détails  of  places  of  some  importance.  Proceedings  oftlie  R. 
geographical  Society,  t.  XX,  n<*  4,  p.  357-362  (traduction  du  numéro 
précédent.]  * 

362.  Du  même  :  Le  Kordofân,  Explorateur,  1876,  n<>  58. 

363.  Du  même  :  Carte  du*  pays  entre  Dabbé,  sur  le  Nil,  et  Obeiyad, 
en  Kordofân,  d'après  une  reconnaissance  faite  par  l'expédition 
sous  ses  ordres,  du  mois  de  mars  au  mois  de  mai  1875*  Le  Cpiire, 
ËUt-m^ûor  général,  1876. 

364.  Nachtigal  (le  docteur  Gustave).  lYoyage  dans  UAfrique  centrale, 
1860-4874.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie.  1876,  février, 
p.  129-155,  avec  une  carte  générale  dressée  par  M.  J.  Hansen; 
mars,  p.  255-277. 

365.  Du  même  :  Reisen  im  œstlichen  Nord-  und  Central-  Africa.  Meine 
Mission  nach  Bomu.  Deutsche  Rundschau,  1876,  n<*  7. 

366.  Du  même  :  Ueber  Hofstaat,  Gerichtspflege,  Administration  uhd 
Heerwesen  in  Wadaï.  Verhandlungen  der  Gesellschafl  fur  Erd- 
kunde  zu  Berlin,  t.  II,  1875,  n-  6  et  7,  p.  143-155. 

Cet  article  complète  la  partie  du  travail  préoédjont,  consacrée  au  Ouada!; 


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224  AFRIQUE.  N**  355-570 

il  donne  un  tableau  complet  de  la  cour,  du  rendement  de  U  justice,  de 
Tadministration  proprement  dite  et  de  l'état  militaire  dans  cet  État. 

367.  PuRDT  Bey  (le  colonel  d'Ètat-inajor).  Carte  de  l'itinéraire  suivi  par 
le  colonel  d*É*,at-major  Purdy,  de  Dongola  El-'Agoûz  à  EUFâcher 
dans  Tannée  1292  de  Thégire  (1875).  1  feuille  gravée;  échelle 
du  T75ô5T5ïRi*-  ^  Caire^  bureau  de  rÉtat-major  général. 

Cette  carte,  rédigée  en  langue  arabe,  est  appuyée  sur  les  calculs  du  lieu> 
tenant-colonel  d*État-major  Mason  pour  les  latitudes  et  les  longitudes. 
Elle  donne  le  premier  tracé  complet  de  visu  du  grand  Ouâdi  Mabal,  qui 
^ .  commence  dans  ta  partie  est  du  Fôr  et  tombe,  dans  la  vallée  du  Nil,  un  peu 
au  sud  deHakromar  ou  Dongola  El-'Agoûz.  Cet  Ou&di  Mabal  est  sans  doute 
identique  à  l'Ouàdi  Él-Hek  {vallée  du  roi)  que  le  docteur  Guny  avait 
porté  sur  sa  carte  (n*  d'octobre  1862  des  Nouvelles  Annales  des  Voyages), 
après  eo  avoir  vu  une  partie.  Nous  trouvons  aussi  sur  la  carte  du  colonel 
PÎirdy  rOuftdi  El-Qàb,  tracé,  dans  le  désert  de  Libye,  à  l'ouest  de  Hâoniq, 
Dongola  El- Ordi  et  Handaq.  Il  est  intéressant  de  comparer  aujourd'bui  à 
celte  partie  de  la  carte  égyptienne  les  renseignements  que  le  docteur  Cuny 
avait  réunis  sur  l'Ouâdi  £1-Qab  et  les  nombreuses  oasis  qu'il  renferme. 
—  La  position  d'El-^âcher  donnée  par  l'itinéraire  du  colonel  Purdy  est 
13*  40*  de  latitude  nord,  15*  13'  de  longitude  est  de  Green  wich,  ou  22*  53' 
de  longitude  est  de  Paris,  c'est-à-dire  un  peu  au  sud  de  la  position  indi- 
quée par  l'ancien  itinéraire  de  Browne  et  par  les  renseignements  recueillis 
par  Barth,  mais  à  peu  près  dans  la  position  donnée  par  l'itinéraire  du 
docteur  Guny.  La  longitude  se  trouve  être  beaucoup  plus  occidenUle  qu'on 
ne  croyait,  car  la  carte  de  Browne  serait  ici  en  erreur  de  275  kilomètres, 
celle  de  Bartb  de  175  kilomètres,  et  celle  de  Cuny  de  1*  15'  trop  à  l'est. 

36^.  pRouT  (le  commandant).  Expédition  du  commandant  Prout.  Carte 
du  Gebel  Marrah,  1876.  Copiée  à  la  troisième  section  de  rÉtat- 
major  général  égyptien  par  le  lieutenant  Ibrahim  Helmi.  Échelle 
du  5ooîooo*- 

Les  déterminations  astronomiques  des  points  principaux  de  cette  carte 
sont  de  M.  le  commandant  Prout;  l'itinéraire  a  été  levé  par  le  lieutenant 
Mâbir,  et  le  tracé  est  du  lieutenant  H.  Faouzy.  Les  longitudes  partent  du 
méridien  de  Greenvrich. 

Le  Djebel  Marra  est  un  grandmassif  de  montagnes  du  Fôr,  situé  au  sud- 
ouest  d'El- Fâcher.  Pour  la  première  fois  les  orficiers  de  l'état-major  égyp- 
•  tien  en  ont  fait  le  tour,  mais  ils  n'y  ont  pas  pénétré,  et  ils  n'ont  pas  encore 
pu  mesurer  la  hauteur  de  ses  principaux  sommets.  El-Fâcher  étant  à  une 
hauteur  de  767  mètres  au-dessus  du  niveau  de  l'Océan,  le  village  de  Toura, 
au  pied  nord  du  massif  du  Marra,  est  à  1440  mètres,  chiffre  qui  donne  en 
même  temps  l'altitude  mesurée  la  plus  forte.  Sur  le  versant  est  on  trouve 
Nartafal  à  1056  mètres  et  Tourouna  à  1006  mètres;  à  l'ouest,  les  inonta- 
gnes  finissent  dans  les  altitudes  de  1152  mètres  à  Kébé,  et  de  1275  mètres 
à  Mouné.  Le  versant  sud-est  est  un  peu  plus  bas  que  le  versant  ouest  ; 
ainsi  le  village  de  Lassera  Dftr  'Abd  Er-Rahmân,  au  pied  des  montagnes, 
n'est  plus  qu'à  1066  mètres. 

369.  Mahmoud  Sami  (le  capitaine  d'Êtat^major).  Carte  d'une  reconnais- 
sance des  pays  à  l'est  de  l'Ouàdi  El-Koh,  faite  sous  les  ordres  de 
M.  le  colonel  Purdy,  chef  de  l'expédition  au  Dâr  Four.  1  feuille 
photographiée.  Échelle  du  inTTii*  ^^  l'exemplaire  de  la  Société 


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ETATS  MUSULMANS  DE  LA  KIGRITIE.  225 

de  Géographie.  Ia  Caire,  État-major  géaéral  égyptien,  février 
1876. 

Cette  carte  est  orientée,  sur  le  nord  magnétique  qui  a  été  trouvé,  dans 
le  Fôr,  faisant  un  angle  de  8*  30'  ouest  avec  le  nord  vrai.  Elle  s'étend  au 
sud-est  jusqu'à  Ai-Touécha,  à  140  kilomètres  d'Ei-Fâcher,  en  pays  jusque 
alors  entièrement  inconnu,  et  elle  donne,  sur  une  longueur  de  107  kilo- 
mètres, le  tracé  de  l'Ouâdi  £l-Koli.  On  appelle  ainsi  une  très-large  vallée 
qui  commence  un  peu  à  l'ouest  du  méridien  d'EUFârher,  et  qui  court  du 
Dord  au  sud  légèrement  est,  Tormant  aini<i  avec  le  Djebel  Marra  un  Aq^ 
traits  fondamentaux  de  la  carie  du  Fdr.  Par  exception,  cette  carie  ne  porlu 
pas  de  chiffres  d'altitude.  Il  est  pourtant  probable  que  la  pente  de  l'Ouâdi 
El-Koh  est  du  nord  au  sud,  et  que  celte  vallée  suit  l'inclinaiàon  générale 
du  pays,  indiquée  par  la  position  du  Djebel  Marra,  inclinaison  qui  se  tra- 
duit dans  la  différence  de  hauteur  des  deux  versants,  nord  et  sud,  de  ce 
massif  montagneux. 

370.  Mahib  (Mohammed)  et  Faoozt  (Khalil),  lieutenants  d'État-major* 
.Carte  de  la  roule  d'El-Obeyad  à  El-Fâcher,  dressée  sur  les  données 
de  M.  le  commandant  Prout.  Échelle  d'un  sôôToôô*-  Une  grande 
feuille,  gravée  sur  pierre.  Le  Caire,  bureau  de  l'Eiat-major  général 
égyptien,  1876. 

Des  positions  astronomiques  ont  été  observées  dans  le  cadre  de  cette 
carte  à  El-Obeîd,  Medjenis,  Gouradi,  Fddja,  Djebel  Hella,  El-tâcher.  Les 
longitudes  parient  du  premier  méridien  do  Greeuwicb  ;  les  hauteurs  sont 
exprimées  en  pieds  anglais.  Nous  réduisons  ici  les  principales  en  mètres  : 
El-Obeïd,  579";  Aboû  Senoûn,  village  à  mi-côte  de  la  montagne  de  ce  nom, 
versant  ouest,  799*  ;  Medjenis,  village,  b65";  Gouradi,  puiis,  569-;  Fôdja, 
village,  600-  ;  Djebel  Hella,  montagne,  370»  ;  El-Fâcher,  capitale  du  Fdr, 
713-  (?). 

§  1.  —  Travaux  de  l'État-màjor  égyptien  dans  le  Kordofàn.  Reconnaissance  du 
colonel  Colston  de  Dabbé  à  El-Obeïd.  Reconnaissance  du  commandant  Prout  dans 
la  partie  est  du  Kordofàn;  nouvelle  carte  de  cette  province  par  le  lieutenant 
Mâhir. 

A  la  fin  du  siècle  dernier,  le  Kordofàa  était  le  premier  des 
Etats  musulmans  de  la  Nigritie  qu'on  trouvait  à  louest  du 
Bahar  £1-Abiad  ou  Nil  blanc  ;  c*était  alors  un  vas;sai  de  Fempire 
de  For  ^,  qui  avait  conquis  ce  pays  sur  le  Senâr.  Bientôt  après 
l'annexion  définitive  duKordoiàu  à  i'Ëgyple,  en  1821,  sous  le 
règne  du  célèbre  vice-roi  Mohammed  'Alî,  des  voyageurs  euro- 
péens {Kûppell  (1825),  l'ingénieur  des  mines  Russegger  et 
Pallme  (1837),  puis  l'ingénieur  des  mines  Lambert-Bey  et 
d'autres  explorèrent  plusieurs  parties  du  Kordofàn  au  point  de 

1.  Sur  l'autorité  du  docteur  Nachiigal,  nous  adoptons  cette  orthographe  du 
nom  de  l'État;  nous  rejetons  la  forme  arabe DftrPôr  (Dur  voulant  dire  à  la  fois: 
maison  et  pays)  qui  avait  déjà  pris  droit  de  citj  ou  Lurope. 

l'année  géogr.  XV.  15 

le 


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226  AFRIQUE.  K-  353-370 

vue  géographique,  et  au  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle. 
Malgré  les  observations  astronomiques  de  Rûppell,  même  en 
se  servant  de  celles  de  Lambert-BeyS  et  de  sa  triangulation 
encore  inédite  d'une  ligne  traversant  le  Kordofân  du  nord  au 
sud,  on  n'aurait  pas  pu  dresser  une  carte  spéciale,  quelque 
peu  complète,  du  Kordofân.  Cette  lacune  a  été  comblée  en 
1875  et  1876  par  les  travaux  de  deux  officiers  d'état-major 
égyptien,  le  colonel  R.  E.  Colston  et  le  commandant  Prout. 
La  carte  de  la  province  de  Kordofân,  au  8ôô*ôôô*>  dressée  par 
le  lieutenant  M.  Mâhir  à  l'aide  des  reconnaissancejs  du  comman- 
dant Prout  (n*  356),  donne  tout  le  pays  borné  par  les  latitudes 
de  11^45'  et  15^^45'  nord,  et  par  les  longitudes  27M0'  et 
50^40'  est  de  Paris.  Elle  embrasse  donc  le  cours  du  Bahar 
El-Abiad  de  Khartoûm  à  Tira  El-Hadra  ;  le  pays  des  Qabâbîch 
avec  Eç-Çâfi  au  nord;  la  montagne  Kagga  EUOmm  dans  le 
nord-ouest;  le  pays  Tagalla*  au  sud-est,  et  le  pays  des  Nouba 
au  sud-ouest.  Les  latitudes  de  beaucoup  de  points  ont  été 
obtenues  par  des  observations  astronomiques,  et  on  a  orienté 
les  relèvements  d'itinéraires  employés  sur  cette  carte  en 
tenant  compte  de  la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée  vérifiée 
à  El-Obeïd. 

Le  Kordofân  est  un  plateau  dont  la  hauteur  varie  entre 
400  et  600  mètres  ;  il  est  surmonté  à  son  centre  de 
petites  montagnes,  clairsemées  et  sans  lien  entre  eUes.  Dans 
la  partie  sud  de  la  province,  aux  pays  de  Tagalla,  de  Daêr  et 
des  Noûba,  les  montagnes  se  groupent  en  massifs.  Un  trait 
caractéristique  du  Kordofân  c'est  qu'on  n'y  trouve  nulle  part  de 
cours  d'eau  permanents  ;  les  ouâdi,  ou  si  nous  voulons  employer 
le  nom  local,  les  khôr,  sont  des  torrents  qui  coulent  pendant 
la  saison  des  pluies  et  tarissent  à  la  saison  sèche.  Cette  parti- 
cularité démontre  l'influence  très-sensible  ici  du  climat  déser- 
tique ;  mais  l'eau  dort  presque  partout  à  peu  de  profondeur 

1.  Elles  sont  encore  inédites,  ainsi  que  la  carte  qui  les  accompagne. 

2.  C'est  ainsi  que  le  colonel  Colston  et  le  commandant  Prout  écrivent  le  nom 
de  ce  pays ^, que  les  voyageurs  précédents  orthographiaient  Taggalé. 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  227 

SOUS  la  surface  du  sol,  et  les  arbres  de  rAfrique  tropicale  ne 
manquent  pas  dans  le  Kordofân.  La  carte  du  lieutenant  Mâhir 
donne  à  ce  sujet  des  renseignements  précis  et  fort  intéres- 
sants ;  on  y  trouye  indiquée  la  limite  nord  de  la  zone  de  végé- 
tation de  ÏAdansonia  digitata  L.  ou  baobab,  du  sycomore  et 
du  palmier-delêb.  Pour  ÏAdansonia  digitata^  le  géant  de  Tordre 
des  sterculiacées,  sa  limite  nord  décrit  une  courbe  générale^ 
du  sud-est  au  nord-ouest,  qui  à  elle  seule  trahirait  la  nature 
exceptionnellement  sèche  du  climat  du  Kordofân,  comparé 
à  celui  du  Fôr  et  surtout  des  autres  contrées  plus  à  Touest. 
Ainsi,  dans  le  Tagalla,  il  commence  à  se  montrer  par  12®25' 
de  latitude;  de  là  à  l'ouest  il  va  gagnant  du  terrain  vers  le 
nord,  et  on  le  rencontre,  à  El-Obeïd,  par  13*9'  de  latitude; 
et  à  partir  de  cette  ville,  la  ligne  qui  marque  la  fin  de  son 
domaine  court  dans  le  nord-ouest  plein.  Le  sycomore,  arbre 
dont  les  figues  croissent  sur  son  tronc,  atteint,  du  côté  du  nord, 
une  ligne  qui  augmente  en  latitude  de  Touest  à  Test  d'une  ma- 
nière insensible.  A  l'ouest,  sous  les  montagnes  des  Noûba,  cette 
ligne  passe  par  12*18'  de  latitude  nord  ;  plus  à  Test  dans  le  pays 
de  Tagalla,  elle  se  retrouve  par  12*20' de  latitude  nord.  Le  pal- 
mier-delêb ou  Borassus  flabelliformis^  que  Barth  a  trouvé  au 
nord  de  Katsena  par  15*15'  de  latitude  nord,  et  qui  compose 
la  principale  essence  des  forêts  du  pays  de  Mousgou,  par  10*45^ 
de  latitude  nord,  suit,  dans  le  Kordofân,  une  courbe  un  peu  plus 
ascendante  à  l'est  que  celle  du  sycomore.  On  le  rencontre  par 
12*6'  de  latitude  nord,  à  l'est  des  monts  Noûba,  et  il  fait  son 
apparition  déjà  par  12*17'  de  latitude  dans  le  Tagalla  qui  n'est 
que  de  20'  plus  à  l'est. 

Les  Noûbâ  qui  habitent  le  sud  du  Kordofân  parlent  un  dia- 
lecte de  la  langue  noûba  qui  est  celle  des  habitants  de  lu  Nu- 
bie :  ils  seraient  les  descendants  de  l'ancien  peuple  de  Héroë, 
et  ils  ont  évidemment  été  refoulés  dans  la  contrée  où  on  les 
trouve  aujourd'hui,  par  les  tribus  nomades  ou  en  partie  no- 
mades des  Qabâbich,  des  Hassanîyé,  des  Haramra,  des  Gowâmé, 
des  Maganîn,desBaggâra  et  des  Ghodiât,  répandues  dans  tout  le 

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gjg  AFRIQUE.  N-35W10 

Kordofân  Toutes  ces  tribus,  disons-le  en  passant,  élèvent, 
bien  à  tort  pour  la  plupart,  la  prétention  à  une  origine  arabe, 
c'est4-dire  à  la  seule  noblesse  qui  soit  enviée  chez  les  habi- 
tants du  Kofdofân  depuis  leur  conversion  à  l'islam. 

Les  deux  reconnaissances  du  colonel  Colston  et  du  comman- 
dant Prout  eurent  lieu  presque  simultanément.  La  reconnais- 
sancedu  colonelColston  (n"  359  à  365)  ,accompagné  du  docteur 
Pfund,  commença  le  20  avril  1875  sur  le  coude  que  décrit  le 
Nil  en  Nubie,  au  village  de  Dabbé,  tête  de  la  route  du  Kordo- 
fân  pour  les  voyageurs  venant  du  nord.  Le  colonel  marcha  dans 
la  direction  du  sud,  traversant  à  partir  de  la  rive  du  Nil  un  dé- 
sert des  plus  stériles,  où  il  faUut  creuser  le  puiU  de  Bargaguel 
jusqu'à  40  mètres  de  profondeur  pour  trouver  de  l'eau,  tandis 
que  par  sa  végéution  fraîche  et  vigoureuse  l'Ouâdi  Gmmri 
révèle  la  présence  de  l'eau  à  une  beaucoup  momdre  profon- 
deur. Il  en  est  ainsi  de  la  station  suivante  de  Brêga,  où  l'eau 
n'est  qu'à  3  ou  4  mètres.  Aussi  les  nomades  y  ont-Us  creusé 
douze  puite  pour  abreuver  plus  vile  leurs  nombreux  troupeaux. 
La  plaine  désolée  qui  sépare  Brêga  de  Missalami  est  entre- 
coupée de  crêtes  rocheuses.  On  avait  raconté  au  colonel  Col- 
ston que  près  de  Missalami,  dans  la  grande  vallée  d*El-Qâb 
(ou  El-Gâb)  qui  a  dû  anciennement  renfermer  un  cours  d'eau 
très-considérable,  il  se  trouvait  des  ruines;  le  chef  de  la  co- 
lonne expéditionnaire  voulut  vérifier  cette  affirmation.  A 10  ki- 
lomètres est  de  Missalami  il  trouva  en  effet,  dans  un  ouàdi 
étroit,  un  espace  circulaire  entouré  d'un  mur  en  pierre  sans 
mortier  (schistes,  ardoises  et  trachytes),  sur  une  hauteur  de 
1*».,20  à  1»,50,  et  dont  la  largeur  varie  de  1"',30  à  ^"40.  Le 
diamètre  du  cercle  est  de  240  mètres.  Le  colonel  Colston  pense 
que  cet  enclos  servait  probablement  à  parquer  le  bétail  d'une 
tribu,  car  sa  forme  et  sa  situation  ne  conviennent  nullement 
pour  une  fortification.  On  n'y  voit  pas  tracé  d'inscriptions,  de 
sépultures,  ni  aucun  autre  ouvrage,  sauf  trois  anciens  puits 
taris,  murés  de  pierre.  Les  puits  voisins,  dans  l'Ouâdi  Hacbîm, 
qui  contiennent  beaucoup  de  bonne  eau  à  4  mètres  de  profon- 


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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NÏGRITIE.  2Î9 

deur,  auront  peut-être  fait  abandonner  les  trois  puits  dans 
Tancienne  enceinte.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  grande  muraille 
circulaire,  dans  une  contrée  où  on  ne  construit  plus  rien  en 
pierres,  est  une  découverte  qui  mérite  Tattention  des  voyageurs 
à  venir  et  servira  peut-être  à  éclaircir  l'histoire  des  migrations 
des  anciens  peuples  de  la  haute  Nubie. 

Plus  loin  sur  sa  route  le  colonel  Colston  rencontra  les  Qabâ- 
bîch,  tribu  nomade  dont  les  hommes,  de  taille  moyenne  et  bien 
proportionnés,  ont  le  teint  couleur  de  bronze;  leurs  femmes, 
très-belles  de  forme,  ont  une  physionomie  assez  agréable.  Ces 
Qabâbîch  vivraient  heureux  dans  leur  désert  s'ils  n'étaient 
eiposés  aux  incursions  de  Bédouins  maraudeurs,  sujets  du 
Fôr,  qui  viennent  les  piller  malgré  la  distance  de  vingt 
jours  de  marche,  et  aux  incursions  des  Noûba  du  Djebel 
Harâza. 

Au  sud  d'El-Aye,  le  colonel  Colston  arriva  aux  puits  inta- 
rissables d'Eç-Çâfi,  où  notre  compatriote,  le  docteur  Cuny, 
s'était  arrêté,  en  1858,  sur  sa  route  de  Dongola  à  El-Obeïd. 
Les  puits  sont  creusés  au  fond  d'un  grand  bassin  qui  de- 
vient un  lac  pendant  les  pluies  estivales,  et  qui  reste  tel  trois 
ou  quatre  mois  après  leur  cessation.  A  la  mi-mai,  époque  du 
passage  de  la  colonne  égyptienne,  le  bassin  d'Eç-Çâfi  était  à 
sec,  et  son  sol  crevassé,  comme  celui  des  bords  du  Nil  après 
l'inondation.  Chaque  jour  les  Qabâbîch  (ce  qui  prouve  leur  bien- 
être  comme  nomades)  conduisaient  aux  puits  des  milliers  de 
chameaux  et  de  têtes  de  bétail.  Avec  des  différences  de  détails, 
à  l'ouest  comme  à  l'est  et  à  latitudes  égales,  le  Sahara  est 
soumis  sur  toute  son  étendue  aux  mêmes  lois  physiques  ;  ainsi 
ces  bassins  avec  des  lacs  temporaires  dont  le  colonel  Colston 
décrit  un  spécimen,  on  les  trouve,  présentant  tous  les  mêmes 
caractères,  au  nord-est  du  Sénégal,  dans  les  contrées  d'El- 
Hôdh  et  de  Tagânt  où  ils  portent  le  nom  arabe  de  dhâya. 

Les  premières  cultures  de  la  graminée,  appelée  doukhn, 
commencent  au  sud  de  Goz  Ël-Harr,  et  au  nord  de  Kagmar, 
village  du  Kordofân,  dont  la  description,  esquissée  par  le  co- 

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230  AFRIQUE.  N«  353-370 

lonel  Colston  dans  les  lignes  suivantes,  peut  servir  de  type  pour 
beaucoup  d'autres  centres  de  la  province  :  a  Même  à  la  fin  de 
la  saison  sèche,  Kagmar  est  une  oasis  charmante  dans  un  dé- 
sert aride.  L'œil  fatigué  des  sables  brûlants  se  repose  avec 
délice  sur  ce  qui  semble  être  une  grande  prairie  serpentante, 
d'un  vert  d'émeraude.  Pendant  quatre  mois,  cette  prairie  est 
un  lac  ;  le  reste  de  Tannée,  l'eau  se  trouve  très-près  de  la  sur- 
face du  sol,  et  on  l'y  puise  dans  plus  de  deux  cents  trous  qui 
se  trouvent  au  bord  de  la  zone  de  verdure.  Tous  les  jours  on  y 
voit  des  milliers  de  chameaux  qu'on  mène  s'y  abreuver  de  tous 
les  déserts  environnants.  Aussitôt  que  quelques  centaines  de 
ces  animaux  s'en  vont,  ils  sont  immédiatement  remplacés  par 
d'autres,  et  continuellement  on  a,  sous  les  yeux,  le  spectacle 
de  quatre  à  cinq  mille  chameaux  couvrant  un  espace  de  vingt 
à  trente  arpents  de  terrain.  De  grands  troupeaux  de  bœufs,  de 
chèvres  et  de  moutons  viennent  aussi  s'abreuver  à  ces  puits 
^  précieux.  Sur  les  bords  de  la  tache  de  verdure,  on  voit  une 
douzaine  de  palmiers  dattiers  et  autant  de  palmiers  doûm 
(Cuciféra  thebaica)^  ainsi  que  quelques  figuiers.  Ici  les  habi- 
tants, qui  sont  des  Qabâbîch,  cultivent  le  doukhn,  le  blé,  le 
coton,  la  bâmïa.  —  Des  myriades  d'oiseaux,  d'espèces  variées, 
parmi  lesquels  prédomine  la  cigogne  noire  et  blanche,  contri- 
buent à  animer  le  paysage.  » 

De  Kagmar  à  El-Obeïd,  des  villages  peuplés  d'habitants  séden- 
taires se  succèdent  sans  interruption.  Ils  sont  composés  de 
tokoul,  sorte  de  chaumière  au  mur  circulaire,  en  chaume  de 
doukhn (Penicillaria  spicata)^  élevé  de  un  mètre  à  un  mètre  et 
demi,  et  surmonté  d'un  toit  conique.  Près  des  tokoul  on  trouve 
fréquemment  des  abris  nommés  rakoûha^  qui  consistent  sim- 
plement en  quelques  pieux,  enfoncés  dans  le  sol,  et  soutenant 
des  perches  horizontales  sur  lesquelles  on  arrange  une  couche 
plus  ou  moins  épaisse  de  chaume.  Ces  abris  sont  ouverts  aux 
deux  bouts,  et  le  colonel  Colston  déclare  que  tant  qu'il  ne 
pleut  pas,  ils  sont  une  demeure  bien  préférable  aux  tokoul.  Les 
villages  sont  entourés  de  champs  cultivés,  et  les  habitants  se 

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ÉTATS  HUSULMANS  DE  U  NIGRITIE.  251 

procurent  l'eau  dans  des  puits  profonds  de  15  à  18  mètres. 

Le  commandant  Prout,  venant  de  Khartoûm,  fit  sa  jonction 
avec^ le  colonel  Colston,  le  2  juin,  à  Greguikh,  et  le  4  juin, 
toute  l'expédition  arrivait  à  Bâra.  Bâra  est  une  oasis  encore 
plus  riche  que  celle  de  Kagmar,  où  Teau  se  trouve  à  6  ou  8  mè- 
tres de  profondeur;  les  habitants  peuvent  donc  arroser  leurs 
champs  durant  la  saison  sèche,  en  répandant  l'eau  des  puits 
dans  des  canaux  d'irrigation.  C'est  ce  qui  se  pratique  aussi 
dans  les  oasis  de  l'Ouâd  Hezâb  et  du  Soûf  dans  le  Sahara  algé- 
rien. 

Le  11  juin  1875,  la  veille  du  jour  de  l'arrivée  à  El-Obeïd, 
éclata  un  orage  très-violent,  précurseur  de  la  saison  des  pluies. 
Cet  orage  était  accompagné  d'une  grêle  très-grosse,  t  En  deux 
minutes,  raconte  le  colonel  Colston,  alors  malade,  toutes  les 
tentes  furent  abattues.  J'étais  étendu  sur  mon  angareb  (lit 
portatifdes  nègres  du  Kordofân),  sous  une  pluie  battante,  et 
incapable  de  faire  le  moindre  mouvement.  Mou  fidèle  et  dévoué 
domestique  Thomas  Ferranti  et  mes  ordonnances  accoururent 
et  me  couvrirent  le  mieux  qu'il  leur  fut  possible.  Pendant  cin- 
quante minutes,  ils  furent  obligés  d'employer  toutes  leurs  for- 
ces à  maintenir,  contre  le  vent  et  la  pluie,  les  couvertures  qui 
m'abritaient,  tandis  qu'ils  restaient  '  eux-mêmes,  exposés  à  la 
fureur  de  la  tempête.  Au  bout  de  plus  d'une  heure  ou  relevâtes 
tentes;  mais  vers  neuf  heures  du  soir,  la  mienne,  qui  était  ce- 
pendant soutenue  extérieurement  par  de  grandes  cordes,  fut 
déchirée  et  emportée  par  le  vent.  Cet  orage  nous  donna  une 
idée  fort  exagérée  de  ce  que  devait  être  la  saison  pluvieuse,  car 
nous  en  attendions  un  pareil  tous  les  jours,  mais  il  n'y  en  eut 
pas  d'autre,  dans  la  suite,  qui  pût  y  être  comparé  en  vio- 
lence. »  # 

Du  sommet  d'une  colline  appelée  Djebel  Kourbadj  (c'est-à- 
dire  montagne  du  fouet  à  esclaves),  et  qui  est  à  quelques  kilo- 
mètres dans  le  nord  d'El-Obeïd,  le  colonel  Colston  vit  se  dé- 
rouler une  plaine  immense,  assez  bien  garnie  de  grands  arbres, 
et  dont  l'horizon  était  limité  par  plusieurs  pics  quartzeux  isolés, 

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232  AFRIQUE.  N-  353-370 

tels  que  ceux  du  Djebel  Kordofân,  du  Djebel  Aboû-Senoûn  et 
autres.  Au  pied  de  la  colline,  du  côté  du  sud,  commencent  à 
se  montrer  les  disgracieux  Adansonia  digitata^  dispersés  comme 
des  solitaires.  L'un  de  ces  arbres  mesurait  une  hauteur  de  i4  à 
15  mètres,  2i",30  de  circonférence.  Le  colonel  a  remarqué 
que  tous  les  Adansonia  des  environs  de  El^beîd,  et  jusqu'à 
i80  kilomètres  au  sud,  sont  très-vieux  ;  vu  la  longévité  remar- 
quable des  Adansonia^,  cette  indication  pourrait  bien  indiquer 
que  le  climat  du  Kordofân  s*est  modifié,  en  devenant  plus  sect 
depuis  la  germination  de  ces  arbres,  dont  les  dimensions  sur- 
prennent le  voyageur  européen  dans  la  plaine  d'EI-Obeïd, 

El-Obeïd  est  le  terme  de  la  reconnaissance  du  colonel  Cols- 
ton.  Nous  reproduisons,  d'après  le  rapport,  la  description  de 
cette  ville,  depuis  longtemps  connue  quant  à  sa  position  géo- 
graf>hîque,  mais  dont  Taspect  nous  est  moins  familier  ;  c  La 
ville  d'El-Obeïd  est  située  dans  une  plaine  très-plate  et  très- 
unie.  A  distance,  elle  semble  se  cacher  presque  entièrement 
dans  des  bosquets  àeBalanites  Mgyptiaca  (hadjilidj).  Elle  cou- 
vre une  surface  assez  vaste,  et  l'on  dit  qu'elle  contient  de 
20  000  à  30  000  âmes.  Les  bâtiments  de  la  prélecture  {mou- 
dirîye)  sont  en  forme  de  rectangle,  avec  une  cour  intérieure. 
La  façade  a  environ  90  mètres  de  longueur,  et  au  milieu  s'é- 
lève une  tour  carrée  en  briques  cuites.  Les  maisons  d'EI-Obeïd, 
même  les  meilleures,  sont  bien  inférieures  à  celles  de  Khar- 
toûm  et  de  Berber  ;  la  plupart  sont  des  tokoul,  avec  des  murs 
circulaires  en  briques  crues,  qu'on  bâtit  de  la  manière  sui- 
vante :  on  pétrit  la  terre  et  Ton  en  forme  des  boules,  qui 
sont  transportées  au  mur  en  construction,  et  façonnées  sur 
place  en  briques  grossières,  qu'on  pose  immédiatement,  et  qui 
adhèrent  ensemble  sans  l'adjonction  d'aucun  portier  ;  après 
que  le  mur  est  fini  on  le  badigeonne  en  dedans  et  au  dehors 

1.  Af^ansoD,  naturaliste  français,  qui  fil  la  première  description  scientifique 
du  baibab  en  1761,  avait  calculé  qu'un  de  ces  arbres,  mesuré  par  lui  au  Sénégal, 
devait  avoir  six  mille  ans  d*ftge,  d'après  le  nombre  des  couches  concentriques 
du  bois  de  son  tronc, 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  *         235 

avec  de  la  boue  plus  liquide.  Là-dessus  on  pose  un  toit  conique 
soutenu  sur  des  perches  en  bois  ;  à  la  pointe  de  ce  toit  on  place 
une  gerbe  cylindrique  de  trois  à  quatre  pieds  de  haut,  bien  liée, 
du  centre  de  laquelle  sort  un  bâton  rarement  tout  à  fait  droit 
ou  vertical.  Si  le  propriétaire  peut  enfiler  sur  ce  bâton  une 
bouteille  ordinaire  entre  deux  œufs  d'autruche,  ce  luxe  archi- 
tectural devient  Tadmiration,  et  excite  probablement  Tenvie 
de  tous  ses  voisins.  Ces  toits  de  chaume  sont  impénétrables  à 
la  pluie.  Les  tokoul  les  plus  grands  ont  six  mètres  de  diamè- 
tre, et  n'ont  pas  d'autre  ouverture  que  celle  de  la  porte  qui  se 
ferme  par  une  natte  ou  une  claie. 

«  Les  marchands  et  les  gens  aisés  bâtissent  aussi  des  mai* 
sons  carrées,  à  un  étage,  nommées  douldour,  qu'on  recouvre 
de  la  même  espèce  de  toit.  Mais  les  habitations  les  plus  préten- 
lieuses  d'El-Obeïd  sont  rectangulaires;  les  murs  intérieurs, 
d'environ  4  mètres  50  centimètres  de  hauteur,  sont  enduits 
d'une  argile  plus  fine  sur  laquelle  reluisent  d'innombrables 
paillettes  de  mica,  et  qui  forme  une  surface  assez  polie.  Comme 
la  chaux  manque  à  El-Obeïd,.  la  couleur  de  ces  murs  est  celle 
du  café  au  lait.  Le  plancher  est  fait  comme  les  murs.  Le  toit 
de  ces  maisons  est  presque  plat,  et  il  est  formé  avec  des  poutres 
sur  lesquelles  on  pose  un  réseau  de  cordes,  puis  des  nattes  de 
paille;  on  recouvre  ces  nattes  d'une  couche  de  terre,  pétrie 
avec  de  la  bouse  de  vache,  qui  se  durcit  au  soleil.  Mais  ces 
toits  ne  sont  pas  comme  les  toits  de  chaume,  à  l'épreuve  de  la 
pluie,  et  ils  exigent  de  fréquentes  réparations  dans  la  saison 
des  pluies.  Les  chambres  qu'on  bâtit  ainsi  sont  spacieuses, 
élevées,  et  elles  sont  garnies  de  portes  et  de  fenêtres  grossiè- 
rement laites^ais  assez  solides  ;  ces  chambres  sont  donc  fraî- 
ches et  bien  Mées.  Dans  celle  que  j'ai  occupée  pendant  six 
mois,  le  thermomètre  s'est  rarement  élevé  à  32^2  centigrades 
et  j'ai  moins  souffert  de  la  chaleur  qu'au  Caire.  » 

Une  maladie  grave  empêcha  le  colonel  Colston  de  prendre 
part  aux  reconnaissances  qui  devaient  être  dirigées  dans  le 
Kordofân  même,  en  rayonnant  autour  d'El-Obeïd.  Ces  travaux 


234  •  AFWQUE.  H- 355-570 

furent  confiés  au  commandant  Prout,  qui  en  a  rendu  compte, 
d'une  manière  très-sommaire,  dans  un  premier  rapport  (n®  555) 
reproduit  par  l Explorateur  (n^Z^à).  Ils  ont  duré  quaranle-sept 
jours  et  ont  permis  au  commandant  Prout  de  relever  un  itiné- 
raire de  1260  kilomètres  de  longueur,  d'El-Obeïd,  dans  une 
direction  sud  25°  ouest,  au  Djebel  Dillingqui  est  un  des  sommets 
des  montagnes  des  Noûba,  situé  sous  le  i2°  de  latitude,  puis  en 
remontant  quelque  peu  vers  le  nord,  d'El-Bii*ké  à  Test  et  au  sud- 
est  par  Er-Rahad  au  Djebel  Daïer  ou  Daêr  et  au  Djebel  Wadelki  ; 
ce  dernier  appartient  à  la  chaîne  duTagalla,  dont  ]e  commandant 
Prout  suivit  les  deniières  pentes  nord,  et  qu'il  ne  quitta  que 
pour  revenir  à  El-Obeïd  en  faisant  un  détour  par  Faki  Kohé 
et  Douêm,  sur  le  fleuve  Blanc.  L'itinéraire  du  commandant 
Prout  est  contrôlé  par  treize  latitudes  observées  par  Fexcellente 
méthode  des  hauteurs  circumméridiennes  d'étoiles  au  sud  et 
au  nord.  Nous  aurons  à  revenir  sur  ce  travail  important,  lors- 
que le  rapport  complet  du  commandant  Prout  aura  paru. 

La  partie  du  Kordofân,  au  sud  d'El-Obeïd,  et  de  là  à  Test 
jusqu'au  Nil,  était  celle  qui  était  la  moins  connue  au  point  de 
vue  géographique.  Le  commandant  Prout,  dans  son  premier 
rapport  officiel,  fait  ressortir  que  cette  région  du  Kordofân  est 
celle  qui  mérite  le  plus  l'attention  du  gouvernement  égyptien, 
parce  que  c'est,  de  toute  la  province,  la  seule  partie  où  lagri- 
cutture  peut  recevoir  un  développement  considérable. 

§  2.  —  Le  Ouada!  et  le  Fdr;  leurs  habitants,  leur  gouvernement  et  leur  admini- 
stration, d'après  le  docteur  G.  Machtigal. 

Depuis  le  22  novembre  1874,  où,  après  cinq  ans  et  neuf 
mois  de  fatigues,  le  docteur  Gustave  Nachtigal  d%osa  au  Caire 
son  bâton  de  voyageur,  il  n'a  pas  encore  publié  une  relation 
complète  et  suivie  de  ses  longues  et  audacieuses  pérégrinations 
dans  le  Sahara,  le  Bomou,  le  Baguirmi,  le  Kânem,  le  Ouadaï  et 
le  For.  11  faut  espérer  qu'après  avoir  mis,  comme  il  la  fait, 
le  public  au  courant  des  résultats  généraux  de  sa  belle  explo- 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  235 

ration,  le  docteur  Nachtigal  se  décidera  à  en  publier  une  rela- 
tion détaillée. 

Le  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  a  imprimé  cette 
année  uue  description  abrégée,  mais  fort  bien  étudiée,  de^ 
pays  visités  par  le  docteur  Nachtigal.  Le  voyageur  lui-même 
l'a  rédigée  en  français  {n°  564);  il  n*a  pu  naturellement 
qu'effleurer  le  sujet.  Le  docteur  Nachtigal  est  encore  jeune  ; 
nous  voudrions  qu  il  rédigeât,  pour  la  partie  est  de  la  Nigritie 
musulmane,  le  pendant  de  Touvrage  instructif*  de  son  émule 
Henri  Barth,  pour  les  contrées  à  Touest  du  Tsâd. 

Le  Ouadaï. 

Notre  éminent  prédécesseur  a  conduit  les  lecteurs  de  l'iln- 
née  géographique  *  sur  les  traces  du  docteur  Nachtigal,  jus- 
qu'à son  arrivée  dans  le  For,  où  le  voyageur  s'arrêta  pendant 
quatre  mois.  Nous  ne  le  suivrons  pas,  étape  par  étape,  sur  sa 
route  à  travers  le  Kordofan  jusqu'à  Khartoûm,  et  ensuite  au 
Caire.  Mais  nous  devons  parler  ici  de  travaux  que  le  docteur  ^ 
Nachtigal  a  publiés  cette  année  (n9^  563  à  565)  et  qui  jettent 
une  lumière  toute  nouvelle  sur  l'ethnographie,  l'histoire,  le 
gouvernement  et  la  vie  actuels  des  peuples  du  Ouadaï  et  du 
for.  Ce  sujet  mérite  d'être  envisagé  d'un  peu  près,  car  le  doc- 
teur Nachtigal  est  le  premier  Européen  qui  ait  constaté  sur  les 
lieux  ce  qu'il  nous  apprend  du  Ouadaï,  et  d'autre  part,  un  jour 
ou  l'autre,  des  circonstances  analogues  à  celles  qui  viennent 
d'amener  la  conquête  du  Pôr,  pourraient  bien  pousser  l'Egypte 
à  englober  le  Ouadaï  dans  ses  possessions  déjà  si  vastes. 

Avant  le  voyage  du  docteur  Nachtigal,  on  n'avait  sur  le 
Ouadaï  que  dénotions  puisées,  soit  dans  le  récit  des  voyages 
d'un  musulman  de  Tunis  fort  intelligent,  le  cheikh  Mohammed 
El-Toûnsi,  qu'un  savant  français,  le  docteur  Perron',  a  traduit 

i.  Keisen  und  Enldecknngen  in  Nord-  und  Central-Àfrika  in  den  Jahren  1849 
bis  18fô;  5  volumes  in-8,  Gotha  (Justus  Perthes),  1857-18o8. 
1  T.  Xni,  1875  p.  5^62. 
^.  Voir  à  la  nécrologie,  l'article  consacré  au  docteur  Perron. 

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236  AFRIQUE.  W^  353-570 

dans  notre  langue,  soit  dans  la  remarquable  enquête  a  laquelle 
s'était  livré  un  consul  de  France,  Fulgence  Fresnel,  soit  enfin, 
dans  la  description  du  Ouadaï,  que  Barth  avait  patiemment 
composée,  en  réunissant,  comme  Fresnel,  un  nombre  consi- 
dérable d'itinéraires  et  de  renseignements  fournis  par  les  Oua- 
dayens  qu'il  avait  rencontrés  dans  le  Bornou  et  le  Baguirmi.  Le 
grand  mérite  de  Henri  Barth,  c'est  d'avoir  non-seulement  fait 
faire  un  grand  pas  à  la  carte  du  Ouadaï,  sans  y  avoir  jamais 
pénétré,  mais  aussi  et  surtout  d'avoir  commencé  à  débrouiller 
les  questions  complexes  de  l'ethnographie  et  de  l'histoire  de 
cet  Élat.  Mais  le  docteur  Nachtigal  est  le  premier  voyageur  scien- 
tifique qui  ait  pu  étudier  le  Ouadaï,  sans  intermédiaires  et  sur 
place.  Nous  lui  empruntons  ^  un  tableau  du  milieu  dans  lequel 
se  déroulent  les  faits  ethnographiques  et  historiques  qu'il  a  re- 
cueillis. 

Le  Ouadaï  proprement  dit  commence  à  peu  près  par  16<>10'  de  lon- 
gitude est  de  Paris.  Laissaut  le  Bathâ  au  sud,  on  traverse  la  province 
de  Zyoûd  et  on  passe  par  la  contrée  des  Eondongo  pour  gagner  (à 
'  Test)  Àbêché,  résidence  du  roi  et  capitale  actuelle  du  pays.  Sous  le 
méridien  d'Àbéché,  cVst-à-dire  à  peu  près  par  18^40'  de  longitude 
est  de  Paris,  le  Ouadaï  proprement  dit  a  une  étendue  de  quatre  degrés 
de  latitude  (du  15^  au  11^),  et  sous  le  13^  de  latitude  nord,  il  a  la 
même  attitude  de  l'est  à  l'ouest,  mais  son  territoire  n*est  pas  bien 
arrondi.  Le  tout  peut  donner  une  étendue  d'environ  165  000  kilo- 
mètres carrés  et  contenir  environ  3  000  000  d'habitants.  La  frontière 
nord  est  le  grand  désert,  la  frontière  sud  la  rivière  appelée  Bahar  Es- 
Salamât,  celle  de  Touest  le  Fittri,  celle  de  Test  le  Fôr.  Mais  si  Ton 
veut  compter  les  états  et  pays  vassaux,  le  Ouadaï  naturellement  de- 
vient beaucoup  plus  vaste  et  gagne  à  peu  près  2000000  d'habitants. 
Car,  au  nord,  le  sultan  du  Ouadaï  est  suzerain  d'une  partie  des  Et- 
déyât  et  des  Tibbous  ;  à  l'ouest,  du  Fittri,  du  Baguirmi,  d'une  partie 
du  Kânem  et  du  Fédé  ou  Bahar  El-Ghazâl.  Au  sud^e  Bounga  et  le 
Kouti  sont  soumis  à  son  gouvernement. 

La  partie  septentrionale  n'est  pas  bien  fertile  et  assez  souvent  l'eau 
y  est  rare.  Le  nord-est,  l'est  et  le  centre  sont  assez  montagneux  et 
donnent  naissance  aux  nombreux  cours  d'eau  qui  forment  le  Betéba 

1.  Voyage  dans  l'Afrique  centrale,  1869-1S74,  par  le  docteur  Gustave  Nach- 
tigal. Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  mars  i876,  p.  257-260. 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  237 

et  leBathâ.  Ces  deux  torrents  se  réunissent  au  centre  du  pays  et  vont, 
sous  le  nom  de  Bathâ,  au  lac  Fittri.  Us  sont  pour  les  contrées  parcou- 
rues, les  distributeurs  d'eau,  car  même  à  sec  ils  renferment  par-ci 
par-là  de  petits  lacs,  et  partout  ils  contiennent  de  Teau  à  peu  de 
profondeur  sous  leur  sable.  Au  sud,  le  terrain  argileux  domine,  d'oili 
résultent  une  plus  grande  fertilité,  mais  aussi  un  climat  movas  sa- 
lubre.  Dans  les  provinces  du  nord  Tautruche  abonde  ;  les  pays  vas- 
saux du  midi,  le  Rounga  et  le  Kouti,  et  les  pays  du  Bahr  £s-Salamât 
fournissent  bon  nombre  de  dents  d'éléphant.  Le  centre  et  le  midi 
sont  riches  en  rhinocéros  à  deux  cornes,  et  tout  le  pays  abonde  en 
antilopes^ 

La  culture  du  sol  embrasse  celle  du  blé ,  qui  se  trouve  en  minime 
quantité  au  nord  ;  celle  du  doukhn  (Penicillaria)  au  nord  et  au 
centre;  celle  du  dourrn  (Sorghum)  et  du  maïs,  qui  dominent  au  sud  ; 
le  sésame,  les  haricots,  Tarachide,  le  voandjeïa,  le  coton,  enfin  Tin- 
digo  en  faible  quantité. 

n  n^y  a  pas  de  pays  où  Tindustrie  soit  aussi  peu  développée  qu'au 
Ouadaï.  Ses  manufactures  de  coton  sont  bien  inférieures  à  celles  du 
Baguirmi  et  du  Bornou  ;  ses  huttes  en  tiges  de  dourra  et  d'autres 
herbacées  sont  mal  faites,  et  les  maisons  en  terre  ne  se  construisent 
au  Ouadaï  que  par  Taide  des  gens  du  Bornou  et  du  Baguirmi.  Les 
Ouadaïens  eux-mêmes  ne  savent  rien  faire,  ne  veulent  rien  faire  et 
n'apprennent  rien  des  étrangers,  qu'ils  détestent.  Peu  à  peu  le  roi 
"Ali  les  a  initiés  au  commerce  qui  fleurit  plus  qu'au  Bornou  et  qu'au 
Pôr,  mais  dont  la  plus  grande  partie  est  encore  entre  les  mains  des 
étrangers  (Djellaba,  Kotokô  et  gens  du  Bornou). 

Les  produits  du  Ouadaï  s'écoulent  par  deux  courants  principaux  : 
l'un,  dont  le  trafic  est  entre  les  mains  des  Modjâbra  de  l'oasis  de 
Djâlo  et  des  Tripolitains,  va  au  nord  aboutir  à  la  Méditerranée 
(Egypte,  Ben-Ghâzy,  Tripoli),  par  deux  routes,  dont  la  première  passe 
par  le  Borkou,  le  Tihesti,  le  Fezzân,  et  dont  la  deuxième  par  le  Oua- 
nyanga,  Kouffera  et  Djâlo.  L'autre  courant  commercial  so* dirige  vers 
l'est;  son  trafic* est  entre  les  mains  des  Djellaba,  et  il  aboutit,  par  le 
For,  aussi  en  Egypte.  Les  objets  d'exportation  sont  Tivoire,  les 
plumes  d'autruches  et  par-dessus  tout  les  esclaves  que  Vàgutd  ou 
préfet  des  Salamât,  et  d'autres  fonctionnaires  amènent  annuellement 
du  sud  et  du  sud-ouest.  La  chasse  aux  esclaves  se  fait  toujours  pour 
le  compte  du  roi,  qui  ne  délivre  pas  de  permis  de  chasse. 

Quant  aux  habitants  du  Ouadaï,  comme  du  reste  ceux  de  tous  les 
États  soudaniens,  ils  nous  offrent  un  grand  mélange  de  tribus. 

Le  groupe  fondamental  de  l'empire  est  le  groupe  Mâba,  qui  com- 
prend les  tribus  nobles  prépondérantes  des  Kodoï,  des  Oulâd  Djemma, 

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258  AFWQUE.  N**  355-370 

des  Malanga,  Madala,  Madaba,  Matlamba,  qni  sont  unis  par  le  même 
dialecte,  la  même  histoire,  les  mêmes  caractères  physiques  et  moraux. 
On  dit  le  Dâr  Ouadaï,  comme  on  dit  aussi  le  Dâr  Mâba.  Le  groupe 
Nâba  occupe  le  nord  et  le  nord-est.  Leurs  parents  sont  les  Kondongo, 
les  Kadjanga,  les  Kachemere,  les  îaranga,  les  Marfa,  les  Kadjaksé,  les 
Massalât.  Au  nord  des  Mâba  se  trouvent  les  Mimi,  è  Test  les  Mararit. 
Au  nord  et  au  nord-ouest  de  Fempire  habitent  les  Gora*ân  (Dâza)  et 
les  Zoghàwa;  dans  Touestles  Koûka  avec  les  Boulâlaetles  Masmadjé; 
au  sud-ouest  les  Moubi,  les  Dadjo,  les  Aboû-Telfân;  au  sud  les  Man- 
gari,  les  Kibet,  les  Birguid,  les  Dadjo,  les  Rounga  ;  au  sud-est  les 
Massalit,  et  à  Test  enfin  les  Soungôr  et  les  Tama. 

Les  Arabes  sont  plus  nombreux  au  Ouadaî  qu^au  Bomou  et  se  divi- 
sent en  ihâla  ou  pâtres  de  chameaux,  et  en  heggâra  ou  pâtres  de 
bœufs.  Ceux-là  sont  représentés  par  les  Mahâmid  et  leurs  parents  les 
Zebbeda;  ceux-ci  par  les  Salamât,  Oulâd  Râchid,  Djaatena,  Hiçirîyc, 
Khozâm,  Deggena,  Heïmât,  etc.,  etc. 

On  voit  par  cette  citation  que  les  données  générales  sur 
l'ethnographie  du  Ouadaî  se  précisent  et  se  simplifient.  C'est 
un  phénomène  auquel  nous  assistons  souvent,  que  celui  du  grou- 
pement en  familles,  de  peuplades  et  de  tribus  qu'on  avait  d'a- 
bord considérées  comme  faisant  autant  de  souches  distinctes. 
Plus  que  les  États  voisins,  le  Fôr  et  le  Bornou,  le  Ouadaî  présente 
des  difficultés  ethnographiques  dues  à  la  multiplicité  des  élé- 
mentsde  sa  population.Henri  Barth avait  reconnu  dans  le  Ouadaî 
proprement  dit  et  les  pays  tributaires  deux  grandes  races  :  li 
race  Mâba,  subdivisée  en  vingt-deux  tribus,  et  la  race  Abiî  ou 
Aboû  Chârib,  subdivisée  en  onze  tribus,  qui  avaient  pour  pa- 
rentes plus  éloignées  cinq  autres  tribus  ;  il  avait  encore  eu 
connaissance  de  vingt-neuf  groupes  étrangers  aux  deux  pre- 
mières races.  Parmi  ces  derniers,  nous  citerons  les  Guêmir, 
tribu  qui  a  donné  au  Ouadaî  ses  anciens  rois  ;  les  Koûka, 
avec  les  Boulâla  et  les  Dadjô  qui  habitent  maintenant  le  Fittri, 
et  qui  forment  un  groupe  à  part,  remontant  à  la  même  souche 
que  les  Bagrimma  des  bords  du  Ghâri  ;  enfin  les  Zoghâwa,  et 
les  Dâza  ou  Gora'ân,  qui  forment  une  des  subdivisions,  de  la 
race  Tédâ  ou  tibboue.  Le  docteur  Nachtigal  range  dans  les 
Mâba  propres,  une  tribu  que  son  prédécesseur  avait  placée 

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ÉTATS  MUStLHAIÏS  DE  LA  NIGRITIE.  .  230 

parmi  les  Âbii  ou  Aboû  Chârib  ;  et  il  rattache  aux  Hâba  de  la 
deuxième  catégorie  les  Kondongo  et  les  Kadjagsé  que  Barth  n'a- 
vait pas  pu  classer. 

Passant  à  un  autre  point  de  vue,  essaje-t-on  de  se  rendre 
compte  du  résultat  politique  de  Tagglomération  de  tant  d'élé- 
ments étrangers  les  uns  aux  autres,  on  est  frappé  par  les 
causes  de  faiblesse  qui  en  découlent  pour  le  gouvernement  du 
Ouadaï.  A  l'ouest,  sur  la  frontière  du  Baguirmi,  vivent  plu- 
sieurs tribus  puissantes,  formant  le  groupe  des  Koûka,  et  dont 
les  sympathies  doivent  être  acquises  plutôt  à  leurs  parents  du 
Baguirmi,  qu'à  leurs  voisins  du  Ouadaï.  Vers  le  quinzième 
siècle,  les  Koûka  possédaient  un  des  plus  grands  empires  que 
la  Nigritie  ait  vus  se  former,  car  tous  les  pays  à  Test  du  Ba- 
guirmi, le  Ouadaï  entier  et  une  grande  partie  du  For  compo- 
saient le  domaine  des  Koûka.  Plus  tard  ceux-ci  furent  assujettis 
par  les  Boulâla,  sortis  du  Kânem,  auxquels  échut  la  supré- 
matie sur  les  autres  races,  et  qui  fondèrent  un  nouvel  empire 
sur  les  débris  du  premier.  Le  peuple  idolâtre  des  Tundjour, 
s'avançant  de  l'est,  battit  en  brèche  l'édifice  construit  par  les 
Boulâla,  et  se  rendit  maître  de  tout  le  pays,  des  frontières  de 
Fôr  à  celles  du  Baguirmi.  Pour  nous,  son  rôle  historique  au 
Ouadaï  peut  se  caractériser  par  un  temps  d'arrêt  dans  la  propa- 
gation de  l'islam,  que  les  Boulâla  avaient  commencé  à  intro- 
duire. C'est  seulement  vers  1612  qu'un  fanatique  hardi,  'Abd 
EUKerîm  El-'Abbâssi,  mit  un  terme  à  la  domination  des  Tund- 
jour, en  formant  le  Ouadaï  actuel  et  en  y  instituant  définiti- 
vement l'islam,  religion  d'État.  Il  ne  faudrait  pas  croire  pour- 
tant que  tous  les  Ouadaïens  soient  maintenant  de  bons  musul- 
mans. Loin  de  là.  Sans  parler  de  tribus  telles  que  les  Aboû 
Tellân,  voisins  des  Tundjour  dans  l'ouest  de  l'empire,  et  des 
Massalît,  voisins  du  Fôr,  qui  sont  restés  idolâtres,  et  même 
pour  ce  qui  regarde  les  derniers,  qui  n'ont  pas  encore  renoncé 
à  Tanthropophagie,  non-seulement  les  Ouadaïens  sont  ((  très- 
x>rgueilleux,  très-courageux,  très-attachés  aux  anciennes  habi- 
tudes, très-entêtés,  querelleurs,   hostiles  à  tout  ce  qui  est 

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240  AFRIQUE.  N-  353-370 

étranger,  barbares,  arriérés  en  tout  ce  qui  regarde  Tindustrie, 
le  commerce,  etc..  »  mais,  malgré  leur  conversion,  €  ils  font 
un  grand  abus  de  boissons  fermentées,  de  merîsa,  sous  Tia- 
fluence  de  laquelle  ils  se  livrent  à  toutes  sortes  d*actes  de  sau- 
vagerie et  de  brutalité.  Il  ne  se  passe  pas  une  semaine  à  Abêclié 
sans  qu'on  n'entende  parler  de  quelques  assassinats,  par  suite 
de  querelles  d'ivrognes  ^.  » 

Si,  à  un  moment  qui  n'est  pas  encore  loin  de  nous ,  'Abd 
Ël-Kerîm  Çâboûn,  sultan  du  Ouadaï,  osa  mettre  son  pays  en 
relation  avec  la  Méditerranée  par  la  route  directe  du  nord, 
son  quatrième  successeur  Çâlah  Darret,  un  véritable  tyran, 
obéit  à  cette  haine  des  étrangers  qui,  malheureusement,  est 
un  trait  caractéristique  des  Ouadaïens  ;  c'est  lui  qui  fit  mettre 
à  mort  Edouard  Vogel.  Le  docteur  Nachtigal  eut  le  bonheur 
de  trouver  dans  son  fils  'Ali  un  prince  éclairé,  plutôt  bienveil- 
lant pour  les  étrangers,  qu'il  a  su  attirer  dans  ses  États,  etavec  eux 
le  commerce,  en  établissant  une  justice  indépendante  et  respec- 
tée, à  laquelle  il  sesoumet  lui-même.  D'aprèsledocteur  Nachtigal, 
le  sultan  'Ali  est  d'une  énergie  étonnante.  Doué  d'un  caractère 
très-guerrier,  fier  et  sévère,  il  maintient  un  gouvernement  de 
fer,  et  il  règne  par  la  crainte  et  le  respect,  les  deux  seuls 
moyens  de  gouverner  un  peuple  comme  les  Ouadaïens. 

En  supposant  que  l'énergie  du  sultan  'Alî  suffise  à  contenir 
dans  sa  main,  unis  comme  les  épis  d'une  gerbe,  les  cinq  mil- 
lions d'habitants  de  ses  États,  les  forces  qu'il  opposerait  à  une 
aggression  de  l'Egypte  ne  devraient  pas  être  dédaignées,  car  si 
les  guerriers  ouadaïens  pèchent  par  l'armement,  ils  ne  le 
cèdent  à  nuls  autres  quant  au  courage.  Mais  nous  avons  vu 
qu'en  cas  de  gueri*e  extérieure,  il  est  des  éléments  de  la  popu- 
lation qui  pourraient  chercher  à  saisir  Toccasion  de  secouer  le 
joug  ;  il  y  aurait  peut-être  un  soulèvement  dans  le  Fittri,  où  le 
parti  des  Boulâla  subsiste,  une  attaque  de  la  part  du  Baguirmi, 
qui  voudi*ait  se  venger  de  ses  récentes  défaites,  une  rébellion 

1.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  mars  1876,  p.  262. 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  241 

des  sujets  idolâtres  du  Ouadaï  proprement  dit  et  de  son  puis- 
sant tributaire  du  sud,  le  Rounga.  Voilà,  suivant  nous,  les 
causes  qui  doivent  devenir  fatales  au  Ouadaï,  le  jour  où  cet 
État  se  trouvera  en  présence  d'une  aggression  sérieuse,  venant 
d'un  ennemi  tenace  et  adroit,  et  disposant  des  moyens  d'at- 
taque les  plus  perfectionnés. 

Lfl  Fôr. 

Parti  d'Abêché,  le  17  janvier  18741,  le  docteur  Nachtigal 
arriva  en  quelques  marches  sur  la  frontière  du  Ouadaï,  sépa- 
rée sur  toute  sa  longueur  de  la  frontière  du  Fôr  par  une  bande 
'  de  terrain  neutre,  d'au  moins  50  kilomètres  de  largeur.  Ce 
passage  est  rendu  dangereux  par  des  fractions  indépendantes 
des  Massalât  qui  cherchent  à  détrousser  les  voyageurs,  et  n'y 
réus»ssent  que  trop  souvent.  Pour  protéger  le  trafic  entre  le 
Ouadaï  et  le  Fôr,  le  préfet  ou  aguîd  ouadaïen  de  la  frontière 
est  à  charge  d'accompagner  chaque  caravane  avec  quelques 
centaines  de  cavaliers  jusqu'à  Tiuéat,  résidence  du  préfet 
fôrien  de  la  province  de  l'ouest. 

Tandis  que  le  sol  du  Ouadaï  est  généralement  très-plat,  il 
n'en  est  pas  de  même  du  Fôr,  car  au  centre  de  ce  dernier  pays 
on  trouve  le  massif  des  monts  Marra,  qui  séparent  le  bassin  du 
Nil  de  celui  du  Tsâd  et  de  son  afQuent  le  Châri.  Le  docteur 
Nachtigal  estime  à  1200  ou  1350  mètres  la  hauteur  des  som- 
mets du  massif  du  Marra,  et  à  1050  mètres  celle  du  col  par 
lequel  on  passe  ces  montagnes,  entre  Kabkabiya  et  le  Fâcher, 
autrement  dit  la  capitale,  située  au  bord  de  l'étang  de  Ten- 
delti.  A  partir  de  ce  col,  le  terrain  s'abaisse  du  côté  de  l'ouest 
d'une  manière  constante  jusqu'au  rivage  du  Tsâd,  qui  est  à 
240  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer;  il  va  de  même, 
s'abaissant.  plus  ou  moins  régulièrement  à  l'est,  jusqu'au  Nil, 
et  à  l'un  de  ses  afduents,  le  Bahar  Ël-'Arab.  Mais  les  cours 
d'eau  des  monts  Marra  n'arrosent  que  les  parties  ouest,  sud- 
ouest  et  sud  du  Fôr,  qui  sont  les  plus  riches,  les  mieux  peu* 
l'année  «êogr.  x?«  1^ 

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242  AFRIQUE.  N-  553-370 

plëes  et  celles  où  Tagriculture  est  florissante.  Le  nord,  Touest 
et  le  nord-ouest  du  royaume,  exposés  aux  sécheresses,  sont 
moins  peuplés  et  aussi  beaucoup  moins  bien  cultivés,  tandis 
que  le  nord-est,  du  côté  du  grand  désert  de  Libye,  est  inhaUté. 
Le  Fôr  tout  entier  a,  d'après  M.  Nachtigal,  une  population  de 
quatre  millions  d'habitants,  répartie  sur  un  territoire  qui  me- 
sure à  peu  près  k  degrés  en  latitude  et  4^30'  en  longitude,  et 
dont  la  superficie  serait  donc  de  212  000  kilomètres  carrés. 
Ce  pays,  avec  ses  montagnes  et  son  niveau  général  plus  élevé 
que  celui  du  Ouadaï,  jouit  d'un  climat  très-salubre,  sauf  dans 
la  partie  sud  dont  le  sol  argileux  n'absorbe  pas  la  grande  quan- 
tité d'eau  versée  par  la  saison  des  pluies. 

Des  richesses  minérales  restent  enfouies  sous  le  sol  du  Fôr, 
et  elles  seraient  mieux  connues,  si  l'exploitation  n'en  avait  pas 
été  entravée  par  le  gouvernement.  La  renommée  des  gisements 
de  cuivre  du  pays  des  Chala,  et  le  nom  même  de  la  célèbre 
mine  de  Hofrat  En-Nehâs,  d'où  on  tire  ce  métal,  étaient  seuls 
parvenus  jusqu'à  nous.  Le  docteur  Nachtigal  signale  mainte- 
nant dans  les  monts  Marra  des  gisements  d'antimoine,  dont 
les  habitants  tirèrent  parti  jusqu'au  commencement  de  ce 
siècle.  Le  fer  est  extrait  de  mines  situées  dans  la  province  du 
sud-ouest,  et  le  mont  Kouttoum,  dans  la  province  de  l'ouest, 
renferme  des  minerais  de  plomb.  Dans  plusieurs  endroits,  le 
sol  est  assez  chargé  de  sel,  pour  qu'on  l'extraye  en  soumettant 
la  terre  à  un  lavage  à  l'eau  chaude;  mais  la  plus  grande  partie 
du  sel  consommé  dans  le  Fôr,  provient  des  mines  situées  au 
nord-ouest  du  royaume,  sur  le  territoire  des  Zoghâwa,  ou  au 
nord-onest  de  ce  territoire,  dans  les  montagnes  del'Ennedi. 

«  La  végétation  est  assez  riche  (dit  le  docteur  Nachtigal  S 
parlant  de  la  partie  ouest  du  Fôr)  ;  les  vallées  des  torrents  favo- 
risent naturellement  la  formation  de  forêts  dont  leurs  bords 
sont  ornés,  tandis  que  loin  des  cours  d'eau  le  paysage  a  plutôt 
le  caractère  de  steppes.  Les  acacias,  et  surtout  le  harâza  et 

1.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  mars  1876,  p.  266-267. 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIË.  345 

V Acacia  Nilotiêa^  plus  rarement  le  hachab^  le  sayâiy  le  Attttr, 
le  Zhyphus  Spma-Chmti  et  ses  congénères,  le  «erroA  *,  le  Aom- 
medy  le  djakhdjakk,  le,  makhêt,  quelquefois  le  huhân,  le 
sycomore,  le  'ochar(Calûtropi8procera),hhadjlidj{Balanite8 
JSgyptioca),  enfin  dans  les  monts  Marra,  VEuphorbia  Candela- 
bmm^  sont  les  arbres  qui  frappent  surtout  l'œil  du  voyageur. 

«  La  culture  copiprend  celle  du  blé,  surtout  dans  les  mon- 
tagnes, du  doukhn  {Penicillaria)  et  du  dourra  (Sorghum); 
celle  du  coton,  de  l'arachide,  du  voandjeia,  du  bâmia,  du 
tabac,  des  melons  et  des  autres  cucurbitacées,  des  tomates,  des 
oignons  et  du  poivre  rouge  dans  les  montagnes,  etc.  » 

Chez  les  Fôriens,  l'élève  des  bestiaux  est  en  grand  honneur. 
Ils  ont  de  fort  belles  races  de  bœufs,  de  moutons,  de  chèvres 
et  de  chameaux  ;  en  raison  du  voisinage  du  Sahara,  ces  derniers 
animaux  occupent  la  plus  grande  place  dans  les  troupeaux  des 
provinces  du  nord;  les  bœufs  sont  plus  communs  dans  les  pro- 
vinces  du  centre  et  du  sud,  où  la  nature  est  moins  avare  ;  enGn, 
quant  aux  chèvres  et  aux  moutons,  il  sont  nombreux  pai'tout, 
sauf  au  nord  et  à  l'est.  Les  chevaux  indigènes  du  For  et  du 
Ouadaï,  ne  brillent  pas  par  une  haute  taille,  mais  ils  rachètent 
ce  défaut  par  des  qualités  de  force,  de  sobriété  et  de  vivacité.  Si 
parfois  on  voit  dans  les  écuries,  des  fonctionnaires  des  ani- 
maux d'un  type  plus  noble,  on  peut  être  sûr  qu'ils  ont  été 
importés  du  Dongola. 

Une  unité  de  race  ne  correspondait  pas  dans  le  Fôr  à  l'unité 
politique.  Malgré  cela,  et  contrairement  à  ce  qu'on  observe  au 
Ouadaï,  on  trouve  ici  une  race  ayant  donné  son  nom  au  pays, 
et  y  ayant  formé  une  nationalité.  Nous  voulons  parler  de  la 
race  Fôr.  Les  Fors  sont  des  nègres  de  couleur  presque  noire, 
de  taille  moyenne  ;  ils  ont  les  traits  peu  réguUers  et  le  carac- 
tère désagréable.  Le  docteur  Nachtigal  leur  reproche  un  orgueil 
excessif,  joint  à  la  traîtrise  et  à  la  lâcheté,  et  par-dessus  tout, 

1.  Le  Serrah,  ou  mieux  Sarah.  est  le  Mxrua  rigida,  R.  Br.,  arbre  de  ]a 
famiUe  des.Gapparidées,  qui  commence  à  se  montrer  déjà  par  sb^SCK  dans  U 
pays  des  Azdjer. 

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244  AFRIQUE.  W»  353-370 

à  une  profonde  antipathie  pour  tout  individu  qui  n*est  pas  des 
leurs.  Parmi  les  nombreuses  subdivisions  de  la  race  For,  celles 
qui  ont  la  prééminence  sur  les  autres,  sont  les  Dougounga,  les 
Koundjâra  et  les  Kéra.  Il  faut  compter  comme  apparte- 
nant originairement  à  celte  race,  la  tribu  des  Hassabât  qui, 
s*étant  de  bonne  heure  séparée  du  groupe  principal  pour  se 
mêler  au):  Arabes,  a  oublié  la  langue  de  ses  frères,  le  forang 
béle\  et  se  sert  maintenant  exclusivement  de  Tarabe.  A  côté 
des  rameaux  de  cette  race  bien  définie,  nous  trouvons  des  élé- 
ments étrangers  à  elle  ;  ce  sont  d'abord  les  Zoghâwa,  dans  le 
nord-ouest,  et  répandus  même  dans  toute  la  province  nord  du 
For.  Le  docteur  Nachtigal  a,  le  premier,  trouvé  des  liens  de 
parenté  entre  les  Zoghâwa  el  les  Bideyât  et  les  Ouanya  ou  habi- 
tants du  Ouanyanga,  pays  qui  est  au  nord-ouest  du  leur.  Dans 
les  temps  anciens,  antérieurement  à  la  domination  des  Boulâla, 
les  Zoghâwa  avaient  fondé  un  empire,  qui  devint  assez  fort 
pour  traiter  même  avec  le  puissant  Bornou»  et  ces  événements 
ont  laissé  de  tels  souvenirs,  que  les  orgueilleux  Fôriens  trai- 
tent encore  les  Zoghâwa  sur  le  pied  d'égalité. 

Ënsiiite  viennent  les  Tundjour,  auxquels  le  docteur  Nachtigal 
reconnaît  une  origine  arabe.  Certainement  étrangers  dans  le 
For,  comme  dans  le  Ouadaï,  ici  comme  là,  les  Tundjour  ont 
été  réfractaires  au  prodigieux  mouvement  de  conversion  à 
l'islam  ;  car  si  tous  ne  sont  pas  restés  fidèles  aux  croyances 
païennes  de  leurs  pères,  nul  d'entre  eux  n'a  accepté  le  mono- 
théisme pur  de  Mohammed.  D'autres  races  étrangères  aussi,  les 
Berti,  au  nord-est,  lesDadjo,  au  sud  et  au  sud-ouest,  les  Bir- 
guid  et  les  Bégo,  à  Test,  enfin  les  Massalit,  à  l'ouest,  complè- 
tent les  éléments  ethnographiques  de  la  population  du  Fôr. 

Aux  races  et  au  tribus  qui  viennent  d'être  énumérées,  il 
faut  ajouter  des  colonies  des  peuples  du  Ouadaï  et  du  Baguir- 
mi,  et  enfin  deux  éléments  plus  particulièrement  intéres- 
sants. Dans  les  parties  centrales  et  méridionales  du  Fôr,  on 
rencontre  des  groupes  de  Foulbé,  ou  Fellâta,  si  nous  adoptons 
leur  nom  arabe,  de  ce  peuple  nomade,  au  teint  cuivré,  à  la 

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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIË.  245 

taille  élancée,  aux  traits  loin  du  type  négroïde  qui,  répandu 
dans  tous  les  pays  de  la  Nigritie  à  l'ouest  du  Fôr,  jusqu'à 
l'océan  Atlantique,  ne  nous  apparaît  nulle  part  comme  étant 
dans  son  milieu  originel.  Dans  les  parties  du  nord  et  de  Test, 
ainsi  que  sur  la  périphérie  de  l'empire,  vivent  de  nombreuses 
tribus  arabes,  dont  les  unes  ayant  probablement  subi  Tin- 
Hueace  de  l'exemple  de  leurs  voisins  nègres,  sont  devenues  sé- 
dentaires, et  ont  échangé  le  chameau  pour  le  bœuf,  tandis  que 
les  autres,  profitant  des  espaces  presque  inoccupés,  qui  fer- 
ment les  frontières  du  Fôr,  ont  pu  continuer  de  vaquer  libre- 
ment en  paissant  leur  chameaux,  aux  occupations  pastorales,  si 
chères  à  cette  branche  de  la  famille  sémite. 

L'histoire  du  Fôr  commence  dans  les  monts  Marra,  où,  à  une 
date  assez  ancienne,  les  Dadjo  s'établirent  en  maîtres,  mais 
sans  chercher  à  soun^ettre  les  peuplades  des  plaines  environ- 
nantes. Ils  se  soumirent  plus  tard  aux  Tundjour,  qui  eurent 
une  suite  de  rois  sur  lesquels  les  traditions  nous  apprennent 
peu  dé  choses.  Les  faits  ne  se  précisent  qu'à  partir  du  moment 
où  le  dernier  roi  Tundjour  épousa  la  fille  du  chef  des  Kéra 
(Fôriens),  et  où  Dali,  l'enfant  issu  de  ce  mariage,  arracha  le 
pouvoir  à  son  frère.  Dès  lors,  l'état  fôrien  qui  était  encore  en 
Toie  de  formation,  eut  une  dynastie  vraiment  nationale;  toute, 
fois,  il  n'atteignit  que  dans  les  premières  années  du  dix* huitième 
siècle,  l'étendue  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  chute.  Le  roi  Dali, 
comme  ses  prédécesseurs,  était  païen,  et  il  faut  lui  rendre  cette 
justice,  que  sans  avoir  puisé  aux  notions  juridiques  découlant 
du  Coran,  il  rédigea  un  code  de  lois  bien  établies  dont  le  texte 
confié  d'abord  à  la  mémoire  des  fonctionnaires,  fut  plus  tard 
mis  par  écrit;  malgré  l'introduction  de  l'islam,  il  resta  jus- 
qu'à nos  jours,  le  code  en  vigueur  dans  le  Fôr.  Sous  un  prince 
guerrier,  Soliman  Solon,  c'est-à-dire  Soliman  le  Rouge  S  qui 
régna  à  partir  de  1596,  le  Fôr  devient  le  grand  État  qu'il  resta 
jusqu'à  nos  jours,  et  l'islam  est  la  rehgion  de  l'empereur  et 

1.  L'adjectif  solon  indique  la  couleur  rouge  et  sert  aussi  pour  désigner  un 
Arabe. 

« 

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246  AFRIQUE.  R-  353-570 

des  grands  dignitaires.  Le  règne  de  son  successeur  est  signalé 
par  l'arriTée  de  colonies  des  gens  du  Bomou,  du  Baguirmi,  de 
Foulbé  et  de  ces  commerçants  blancs  des  oasis  et  des  provinces 
égyptiennes,  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  Djellaba.  En  1759, 
le  For  fut  vaincu  par  les  armées  du  Ouadaï,  et  Tempereur 
'Orner  Lélé  fut  emmené  prisonnier.  A  partir  de  son  avènement, 
en  1752,  Mohammed  Tirâb,  prince  assez  juste,  instruit  et 
d'un  caractère  belliqueux,  rendit  quelque  prestige  au  gouverne- 
ment fôrien  ;  il  fut  victorieux  contre  les  Birguid  et  les  Massabât 
révoltés,  mais  il  échoua  contre  les  Rizégât,  et  perdit  la  vie 
en  1785,  dans  une  expédition  guerrière  au  Kordofôn,  qui  resta 
province  fôrienne  jusqu'  en  1821 ,  où  TÉgypte  s'en  empara^. 

Rien  de  marquant  n'est  à  relever  dans  les  événements  qui  se 
déroulèrent  au  Fôr  postérieurement  à  la  mort  de  Mohammed- 
Tirâb.  En  1838,  avec  le  règne  de  Mohammed  El-Hassîn,  suc- 
cesseur de  Mohammed  El-FadI,  conunença  sur  la  frontière  sud- 
est  du  Fôr  un  mouvement  qui  dut  bientôt  inspirer  de  graves 
inquiétudes  au  gouvernement.  Un  Français,  M.  de  Malzac,  et 
après  lui,  d'autres  Européens  et  des  particuliers  égyptiens  s'a- 
vancèrent à  l'ouest  du  Nil,  créant  jusque  dans  le  Fertît  des 
établissements  de  chasse  et  de  commerce.  Un  des  plus  puissants 
directeurs  de  ces  entreprises  mixtes  fut  l'Égyptien  Zibêr,  dont 
le  docteur  Georges  Schweinfurth  visita  la  zerîba^.  Zibêr  avait 
réuni  automr  de  lui  assez  d'aventuriers,  les  auxiliaires  de  ses 
grandes  chasses,  pour  composer  une  petite  armée.  Bientôt  il 
se  sentit  assez  fort  pour  attaquer  et  vaincre  un  prétendant  au 
trône  du  Fôr,  issu  de  la  famille  des  Boulâla  du  Fittri,  qui  ten- 
tait de  ressaisir,  morceau  par  morceau,  le  vaste  empire  que  ses 
ancêtres  avaient  gouverné  jadis. 

1.  Pour  cette  partie  de  l'histoire  du  Fôr,  on  consultera  avec  profit  le  cha- 
pitre XY  du  2*  volume  de  VÉgypte  et  la  Nubie,  par  HM.  de  Caldavène  et  de 
Breuvery.  Paris,  1841. 

2.  Dans  un  autre  milieu,  et  à  une  autre  époque,  on  remplacerait,  et  non  sans 
grande  justesse,  par  château  fort  ce  mot  xeriba,  qui,  au  propre ,  a  le  sens  de 
cahane,  ou  chaumière  en  palmes. 


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ÉTATS  MUSULMANS  DE  LA  NIGRITIE.  2|7 

§  3.  —  La  conquête  du  F6r  par  l'Egypte.  ~  Elle  nous  vaut  des  données  pré- 
cieuses pour  la  géographie. 

Vers  la  même  époque  la  turbulente  tribu  arabe  des  Rizegât 
BaggâraS  cantonnée  sur  la  frontière  fôrienne  du  Fertît,  et  dont 
le  chef,  Mounsel,  un  des  plus  grands  marchands  d'esclaves  de 
toute  cette  contrée,  résidait  au  milieu  des  fortifications  de 
Ghêgga,  avait  fait  sa  soumission  au  gouvernement  d*El-Fâcher. 
Mounsel  se  sentant  peut-être  appuyé  à  la  capitale  du  Fôr,  com- 
mit Fimprudence  de  piller  sur  le  chemin  du  Kordofan  au 
Fertît,  une  caravane  appartenant  à  Zibêr.  Voulant  venger  cette 
audacieuse  agression,  Zibêr  marcha  contrôles  Rizegât  en  1873; 
il  les  défît  et  s'établit  en  maître  dans  leur  forteresse  de  Ghêgga. 
—  On  peut  considérer  cet  événement  comme  le  point  de  départ 
des  difficultés  qui  surgirent  ensuite  entre  le  Fôr  et  TÉgypte, 
car,  le  gouvernement  d*El-Fâcher  ne  distingua  pas  entre  le 
particulier  égyptien  Zibêr  et  Tautorité  dont  relevait  ce  parti- 
culier. Le  sultan  du  Fôr,  Brâhîm,  attaqua  Zibêr,  dans  le  Fertît, 
et  fut  complètement  battu  au  commencement  de  Tannée  1874. 
L'heureux  Zibêr,  aussitôt  promu  au  grade  de  pacha  et  nommé 
par  le  gouvernement  égyptien  préfet  {moûdir)  de  la  nouvelle 
préfecture  de  Ghêgga,  incorporée  à  l'Egypte,  alla  au  Caire  de^ 
mander  la  conquête  du  Fôr. 

Deux  expéditions  égyptiennes  partirent  simultanément,  en 
1874.  L'une  d'elles,  sous  les  ordres  d'ïsma'ïl  Ayâb-Pacha,  se 
mettait  en  marche  d'El-Obeïd,  au  moment  où  le  docteur 
Nachtigal  arrivait  sur  le  territoire  égyptien,  ayant  pu  sortir  du 
Fôr  tout  juste  à  temps  pour  échapper  aux  rancunes  qui  allaient 
surgir.  Nous  ne  suivrons  pas  la  marche  de  la  colonne  du 
gouverneur  général  du  Soudan  égyptien  Isma'ïl  Ayâb-Pacha 
jusqu'à  la  jonction  qu'elle  opéra  avec  les  huit  mille  hommes 
et  Tartillerie  de  Zibêr-Pacha.  Se  sentant  menacé  du  côté  du 
sud,  l'empereur  de  Fôr,  Brâhîm,  qui  était  monté  sur  le  trône 

1.  Baggâra  est  un  surnom,  indiquant  une  tribu  arabe  de  bouviers. 

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248  AFRIQUE.  N- 353-370 

au  printemps  de  i875,  s*avaQça  avec  toute  son  armée  à  la 
rencontre  de  Ziber-Pacha.  11  lui  livra  bataille  à  Menowatchi 
(i50  kilomètres  sud,  un  peu  ouest  d'Ël-Fâcher),  mais  il 
tomba  frappé  à  mort  dans  le  combat,  et  le  victorieux  Zibêr- 
Pacha.  acheva  la  conquête  de  ses  États  en  forçant  à  se  sou- 
mettre le  prince  Haseb-Allab  qui  fut,  dans  les  monts  Marra, 
le  dernier  défenseur  de  Tindépendance  de  sa  patrie. 

Donnons  ici  quelques  détails  sur  les  travaux  exécutés  pen- 
dant la  marche  de  la  colonne  du  colonel  d*état-major  égyptien 
Purdy-Bey;  ces  travaux  (n<>»  369  et  372)  le  méritent  à  tous 
égards.  La  colonne  partit  de  Maraka  ou  le  Vieux  Dongola,  en 
Nubie,  emmenant  avec  elle  le  lieutenant-colonel  A.  Macoumb 
Mason-Bey,  chargé  de  fixer,  par  des  observations  astrono- 
miques, la  position  des  points  principaux,  et  un  naturaliste, 
le  docteur  Pfund.  Les  troupes  égyptiennes  entrées  dans  le 
désert  libyque  suivirent  les  bords  d  une  grande  vallée,  appelée 
Ouâdi  Hahal  S  qui  a  dû  servir  de  lit  à  un  affluent  du  Nil.  Ses 
rives  sont  souvent  dominées  par  des  montagnes  isolées  et, 
sous  le  17^  de  latitude,  TOuâdi  Mahal  passe  à  Test  d'un  haut 
plateau,  qui,  sur  la  carte  arabe  porte  le  nom  peu  précis  de 
Djebel  'Aïn  (montagne  de  la  source),  sans  doute  parce  qu*à 
son  pied  sud  on  trouve  le  'Aïn  Hamir  (source  des  ânes).  Le 
véritable  nom  de  ce  plateau  est  Djebel  Hamir,  comme  il  est 
indiqué  sur  la  carte  du  docteur  Guny. 

Un  changement  d'aspect  s'opère  sous  le  16^  de  latitude.  Là, 
le  pays  à  Test  de  TOuâdi  Mahal  devient  boisé,  et  il  serait  sus- 
ceptible d'être  cultivé  avec  fruit.  Du  côté  opposé,  le  Djebel  Fers, 
le  Djebel  Medjâfa  et  le  Djebel  Aboû-Laou  sont  comme  les  pre- 
miers contre-forts  d'un  massif  qui  se  prolongerait  au  sud- 
est  pour  rejoindre  le  Djebel  Harâza. 


l.L'Oaftdi Mahal  est  identique  à  la  vallée  de  TOuâdiEl-Mek.quele  docteur Cuny 
avait  traversée  en  1857,  sur  son  chemin  de  Maraka  à  El-Obe!d,  et  dont  le  tracé 
est  indiqué  pour  la  première  fois  sur  la  carte  de  ce  voyage,  dressée  par  M.  V.-A. 
Malte-Brun. 


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ÉTATS  MUSULMANS  DE  U  NIGRITIE.  249 

A  Kamak  ^,  point  situé  ^  Touest-sud-K^uest  da  mont  Souroûdj , 
la  colonne  égyptienne  touchait  le  premier  point  habité  du  ter- 
ritoire fôrien.  Elle  Tenait  de  traverser  TOaâdi  Melek,  qui  n'est 
autre  chose  que  haut  de  l'Ouâdi  Mahal,  et  dont  le  nouveau 
nom  de  «  Vallée  du  Roi  »  se  trouve  être  la  forme  complète  de 
Ouâdi  El-Mek,  car  on  sait  depuis  longtemps  que  les  Nubiens 
transforment  en  mek  le  substantif  arabe  melek^  qui  corres- 
pond au  nôtre  roi.  La  carte  itinéraire  de  la  colonne  Purdy-Bey 
porte  marquée,  dans  sa  partie  nord,  à  l'ouest  du  Nil,  une  autre 
vallée,  rOuâdi  El-Qàb  (ou  El-Gâb),  qui  descendrait  d'une 
montagne ,  sous  la  latitude  du  Vieux  Dongola ,  et  tomberait 
dans  la  vallée  du  Nil  à  Hannik.  Le  docteur  Cuny  avait  laissé 
sur  les  deux  oasis  du  Gâb  des  renseignements  assez  nombreux, 
d'après  lesquels  il  y  aurait  là  un  champ  neuf  et  très-produc- 
tif de  travaux  pour  les  officiers  de  l'état-major  égyptien. 

De  Karnak  à  El-Fâcher,  Titinéraire  de  la  reconnaissance 
coïncide,  à  quelque  variantes  près,  avec  celui  du  docteur 
Nachtigal  ;  il  coupe  un  peu  à  l'est  d'El-Fâcher  une  large  vallée 
sans  eaux  courantes,  dont  l'orientation  parallèle  à  celle  de 
rOuâdi-Hahal  indique  qu'elle  doit  être  un  de  ses  tributaires. 

Jusqu'à  l'année  1875  on  était  resté  dans  une  incertitude 
absolue  relativement  à  la  véritable  position  géographique  des 
points  de  la  carte  du  Fôr,  et  de  sa  capitale  même.  L'ancienne 
position  de  Kobé,  publiée  par  Browne,  il  y  a  soixante-quinze 
ans,  avait  été  déjà  reconnue  inexacte  et  on  l'avait  rejetée;  elle 
plaçait  Kobé,  qui  est  au  nord-ouest  d' El-Fâcher,  à  peu  de  chose 
près  sous  la  longitude  d'El-Obeïdh,  c'est-à-dire  en  plein  Kordo- 
fân.  Le  docleur  Nachtigal,  avec  un  simple  itinéraire,  approcha 
beaucoup  plus  de  la  vérité  ;  car  El-Fàcher  (du  Fôr)  tombe  sur 
sa  carte  à  9'  40"  nord  et  44'  2"  est  de  la  position  obtenue 
par  le  lieutenant-colonel  Mason-Bey,  de  l'état-major  égyptien. 
Cet  officier  a  observé,  à  El-Fâcher,  trois  hauteurs  (sans  doute 

1.  Ce  nom  se  ceproduit  d*uae  manière  étrange  dans  des  contrées  de  l'Afrique 
séparéea  par  d'énormes  distances.  Outre  le  Karnak  du  désert  de  Libye,  il  y  en 
u  un  dans  la  haute  Egypte^  et  uu  autre  au  sud  du  Bornou. 

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250  AFRIQUE.  N»»  353-570 

méridiennes)  d'étoiles  pour  trouver  la  latitude  du  lieu,  qui  est 
13*37'  20"  nord,  et  au  moyen  d'observations chronométriques, 
il  a  trouvé  25®  2'  28*  est  de  Paris  pour  la  longitude.  Les  chif- 
fres que  nous  citons  ont  une  importance  considérable  dans  le 
tracé  de  la  carte  de  toute  la  Nigritie  orientale,  où  ils  servi- 
ront de  point  d'appui  pour  remanier  le  tracé  du  For,  et  du 
Ouadai. 

Sous  le  gouvernement  national,  le  For  était  divisé  en  cinq 
grandes  provinces,  qui  se  subdivisaient  encore  en  départements 
pour  répondre  aux  exigences  d'une  administratiou  et  d'une 
hiérarchie  de  fonctionnaires  fort  bien  ordonnée.  Tout  le  nord 
de  l'empire  formait  le  Dâr  Tokognawi  ;  le  centre,  avec  la  par- 
tie moyenne  des  monts  Marra,  dont  le  versant  ouest,  le  point 
le  plus  fertile  du  For  était  le  domaine  particulier  de  l'empe- 
reur, formait  le  Dâr  Torra,  qui  fut  le  noyau  de  l'empire  et  qui 
resta  le  dernier  asile  des  superstitions  païennes  ;  l'est  formait 
le  Dâr  Àboû  Dali,  province  toujours  administrée  par  le  chef  des 
eunuques  du  souverain,  et  dans  laquelle  se  trouve  la  capitale 
El-Fâcher  ;  le  sud-est  formait  le  Dâr  Aboû  Ouma  ;  le  sud-ouest 
le  Dâr  Aboû  Dima,  et  enfin  Tonest  formait  le  Dâr  Ël-Gbarb. 
L'Egypte,  en  s'emparaut  de  ce  grand  État,  a  changé  seulement 
le  titre  des  fonctionnaires  des  provinces,  et  nous  avons  mainte- 
nant les  mot^îHt^e  de  Tokognawi,  de  Dali,  d'Ouma,  de  Dima, 
d'El-Gharb  auxquelles  s'ajoute  l'ancienne  moudîrîyé  de 
Cliêgga.  Seule,  l'ancienne  circonscription  de  Torra  a  disparu 
dans  les  nouvelles  divisions  administratives  du  For,  et  en  pro- 
cédant ainsi,  le  gouvernement  égyptien  a  fait  preuve  d'une 
politique  prévoyante,  soucieuse  de  faire  tomber  dans  l'oubli 
les  souvenirs  que  le  nom  de  Torra  éveille  dans  le  cœur  des 
patriotes  fôriens,  et  des  amis  de  la  maison  souveraine  qu'il 
vient  de  déposséder. 

On  ne  peut  qu'envisager  avec  une  grande  satisfaction  cet 
événement  inattendu  de  la  conquête  du  For  par  l'Egypte.  For- 
cément, par  l'influence  du  contact  avec  des  hommes  civilisés, 
leshabitantsdece  pays  verront  s'adoucir  leurs  mœurs  et  s'amé- 

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AFRIQUE  AUSTRALE.  251 

liorer  les  conditions  générales  de  leur  existence.  Si  les  nou- 
veaux administrateurs  des  provinces  persévèrent  dans  les  tra- 
ditions de  bienveillance  et  de  justice  inaugurées  par  Isma'îl 
Ayab  Pacha,  nul  doute  qu'ils  ne  réalisent  bientôt  Tapaisement 
complet  des  esprits  des  Fôriens.  Alors  s'ouvrira  une  ère  toute 
nouvelle  pour  les  explorations  dans  le  For,  et  peut-être  dans 
les  pays  qui  le  bordent  au  sud.  Les  voyageurs  pourront  aller 
scruter  les  mystères  du  grand  massif  du  Marra,  avec  son  lac 
Daribé,  et  y  explorer  les  sources  des  longs  afQuents  du  Babar 
El-'Arab  et  du  Châri  ;  entrer  enfin  dans  les  deux  provinces  du 
sud,  qui  sont  un  terrain  absolument  inconnu,  et  pénétrer  de  là 
peut-être  dans  les  mystérieuses  contrées  du  GouUa,  au  sud- 
ouest  du  Fôr. 


IX 

AFRIQUE  AUSTRALE 

371.  Cambrow  (lieutenant  Verney  Lovett).  Letters  detailing  the  jourrey 
of  the  Livingstone  East  coast  expedititJn  from  Lake  Tanganyika  to 
the  West  coast  of  Africa.  Proceedings  of  the  R.  geographical 
Society,  t.  XX,  1876,  n-  2,  p.  H8-134. 

372.  Du  même  :  Journey  accross  Africa,  frora  Bagamoyo  to  Benguela. 
Proceedings  ofthe  R.  geographical  Society,  t.  XX,  n*»  4,  p.  304- 
329. 

373.  TuRREK  (W.-J.).  Réduction  of  lieutenant  Cameron's  preliminarymap 
of  his  route  and  the  adjacent  country  between  Lake  Tanganyika 
and  Lovalè,  1874-1875,  with  continuation  from  the  maps  of 
D'  Livingstone  and  other  \TA\e\\ers.  Proceedings  ofthe  R.  geogra- 
phical Sodetxj,  t.  XX,  187b,  n"  2. 

374.  Livingstone  East  coast  Expédition.  Lieutenant  Cameron's  arrivai 
at  the  West  coast  of  Africa.  Proceedings  ofthe  Royal  geographical 
Society,  t.  XX,  n»  2,  pages  117  à  134. 

375.  Le  lieutenant  Cameron.  Explorateur,  n*  54,  p.  153-134;  n"  65, 
p.  449454,  avec  carte  ;  n*  75,  b.  48. 

376.  Livingstone  East  coast  expédition.  Arrangements  for  Lieut.  Came- 
ron's retum.  Proceedings.,.,  Vol.  XX,  n«»  3,  p.  164-183;  n«4, 
p.  234-274  et  303-328. 


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252  AFRIQUE.  W  37142 

377.  DuTETRiiB  (H.).  Traversée  de  la  zone  sud  deTÂii^ique  équatoriale, 
4873-1874,  parle  lieutenant Verney  Lovett  Cameron,  de  la  marine 
anglaise,  avec  -une  carte  au  jtôôotôôô"'»  P^^  J-  Hansen.  Bulletin 
de  la  Société  de  Géographie,  février  1876,  p.  113-128. 

378.  KiBPBBT  (R.). Ueber  Lieutenant  Cameron's  Reise  quer  durch  Afrika. 
Verhandlungen  der  GeselUchaft  fur  Erdkunde  %u  Berlin,  1876, 
n-  3,  p.  59-60. 

379.  Cameron's  Reise  durch  Afrika,  und  seine  neueste  Karte  des  Ge- 
bietes  westlich  von  Tanganyika.  Der  Kongo  und  sein  Gebiet.  Wd- 
theUungen,  Gotha,  1876,  n*  3,  p.  105-107. 

380.  Spedizione  di  V.  L.  Cameron  1873-1875,  attraverso  l'AMca  equa- 
toriale,  tra  TOceano  Indiano  e  TAtlantico.  Cosmos  di  Guido  Cora* 
t.  III,  1876,  pages  246  et  suivantes. 

381 .  Lieutenant  Cameron.  Reise  durch  Afrika.  Mittheilungen  der  geo- 
phischen  Gesellschafl  in  Wien,  t.  XIX,  1876,  n»  1,  pages  40  et  41. 

382.  Reim  (E.).  y.  L.  Cameron's  Reise  quer  durch  Afrika,  Mittheilun- 
gen, Gotha,  1876,  n»  4,  p.  121-124,  avec  une  carte  à  réchelle  du 
ïTïôoTôôô"*  en  teintes,  par  A.  Petermann. 

383.  BouBDB  (Paul).  Le  Congo.  Le  Dernier  journal  de  Livingstone; 
traversée  de  l'Afrique  par  le  lieutenant  Cameron,  avec  une  carte 
de  l'Afrique  australe  à  l'échelle  du  ti7tÂ7¥^''  R^^^e  de  France, 
t.  XVIII,  Paris,  mai  1876,  p.  403-495. 

384.  Campebio  (M.).  Yiaggi  del  luogotenente  Cameron  traverso  l'Africa 
equatoriale.  BoUettino  délia  Société  geograficaitaliana.  T.  XIII- 
iîomej  876,  fascicule  2,  pages  67-79. 


385.  Carus  (Th.).  Ed.  Mohr's Reise nach  den  Victoria  Fâllen  des Zambesi. 
NaturundOffenbarung,  i.  XXII,  1876,  n"  4,  7. 

386.  Le  cadute  dello  Zambesi.  Bolleltino  délia  Société  geografica  ita' 
liana,  Rome,  février  1876,  p.  86-89. 


387.  YodHG  (E.-D.).  Lake  Nyassa  mission.  Proceedings  oftheR.  geogr, 
Society,  t.  XX,  n»  6,  p.  451-455.  Mittheilungen,  Gotha,  1876,  n'  7, 
p.  271. 

Ce  travail  esi  accompagné  d'une  carte  du  lac  Nyassa,  la  première  qui 
soit  basée  sur  des  relèvements  du  lac  tout  entier.  Elle  montre  que  sa 
rive  N.  esta  185  kilomètres  plus  au  N.  que  Livingstone  ne  pensait. 

Pour  les  autres  lettres  de  M.  Young,  voir  The  Times,  n''  Jul^ 
décembre  1875  ;  Cape  Argus,  n«  du  22  juin  1876;  The  Times,  m- 
méros  du  29  août  et  15  septembre  1876. 

388.  Mission  Livingstonia.  Lettres  de  H.  Young,  chef  de  la  Mission,  et  du 
docteur  Laws.    Explorateur,  1876,  n"  49,  p.  15;  n«  54,  p.  155  î 


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AFRIQUE  AUSTRALE.  253 

n«  59,  n*>  65.  Transfert  de  la  mission  à  Zanzibar  :  n*  69,  p.  564; 
n»  70,  p.  589.  Exploration  du  Nyassa  ;  n^  72,  p.  641.  Id.,  suite: 
n*  76,  p.  79-80. 

389.  La  missione  Livingstohia  sul  lago  Nyassa.  Bolleitino  delta  Société 
geografica  Ualiana.  Home,  mars  1876,  page  138. 

390.  D'  Young.  La  missione  Livingstonia  al  lago  Nyassa.  Bollettino.». 
Rome,  juin-juillet  1876,  n«*  6  et  7,  pages  457-439. 

391 .  HoLUB  [le  docteur  E.).  Reisen  in  Sûd-Afrika.  MiUheilungen,  1876, 
n*  5,  p.  172-177. 

392.  Du  même  :  Observations,  recherches  et  aventures  sur  le  Zambézi 
central  (en  langue  tchèque)— dans  le  journal  Svêtozorde  Prague, 
à  partir  dun*  32, 11  juillet  1876. 

393.  Du  même  :  The  interior.  Lettre  au  directeur  de  t  The  Diamond 
Field,  ]>  datée  de  Bultfontein,  le  5  décembre  1876.  The  Diamond 
Field,  journal  de  Kimberley  (intérieur  de  l'Afrique  australe), 
n«  84  du  13  décembre  1876. 

Tableau,  très-digne  d*étre  médité,  des  conditions  morales  et  légales 
de  l'existence  des  peuples  qui  vivent  sur  le  Zambézi,  et  spécialement 
de  ceux  qui  sont  soumis  à  Sepopo.  Ce  tyran  répète  souvent  ces  paro- 
les :  «  Moi,  Sepopo,  je  suis  le  propriétaire  des  habitants  de  mes  États.  Je 
puis  les  tuer,  ou  les  traiter  comme  il  me  plait.  *  Ses  actes  sont  conformes 
à  l'idée  qu'il  a  de  sa  puissance  et  de  ses  droits.  Non-seulement  l'esclavage 
florit,  à  l'intérieur  de  son  empire,  avec  les  formes  les  plus  cruelles  et  les 
plus  révoltantes,  mais  les  mulâtres  portugais  chrétiens  do  la  côte  oue^t, 
qu'on  appelle  mambari,  viennent  y  acheter  et  enlever  des  quantités  d'es- 
claves en  même  temps  que  de  l'ivoire.  Dans  l'empire  de  Sepopo  on  évalue 
le  prix  d'un  esclave  à  seulement  cinq  couvertures  de  coton  ou  vingt-ciuq 
livres  d'ivoire.  Le  docteur  Holub  croit  que  les  mambari  se  débarrassent 
de  leurs  esclaves  en  traCquant  avec  les  peuplades  qu'ils  rencontrent  avant 
de  rentrer  dans  les  possessions  portugaises. 

594.  Bleek.  a  brief  account  of  Bushman  Folk-lore  and  olher  texts. 
Cape  Town,  1875. 

395.  Anderssor  (G.-J.).  Notes  of  travel  in  South  Africa,  edited  by  L. 
Lloyd.  1  vol.  in-8,  Londres,  Hurst  et  Blackett,  1875. 

Histoire  de  la  formation  d'un  établissement  de  commerce  dans  le  pays 
des  Daniara,  et  de  guerres  entre  les  Damara  et  les  Narnakwa,  écrite  par  le 
chasseur  suédois  Charles  Jean  Andersson,  aifquel  nous  devions  déjà  les 
deux  relations  estimées  qui  ont  pour  titres  :  Lake  Ngami,  et  The  Oka- 
vango  river.  On  trouve  aussi  dans  ce  livre  le  Journal  posthume  d'un 
voyage,  fait  par  Andersson,  du  pays  des  Damara  au  pays  des  Ovampo  et  au 
fleuve  Cunené.  Ce  journal  va  jusqu'au  5  juillet  1867,  jour  où  Andersson 
mourut  de  fièvre  intermittente  à  son  retour  chez  les  Ovampo.  Les  J^olea 
oftravelt,  éditées  par  L.  Lloyd,  sont  surtout  intéressantes  par  l'indica- 
tion précise  que  le  voyageur  y  donne  des  espèces  d'animaux  vertébrés  qu'il 
a  rencontrées  dans  chaque  partie  des  pays  de  l'Afrique  centrale  où  il  a  vécu, 
et  par  de  nombreux  détails  sur  les  mœurs  de  ces  animaux. 

396.  Mererskt  (A.).  Eine  neue  Karte  der  sûd-afrikanischeu  Republik. 


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254  AFRIQUE.  N^  371-428 

(Article  et  carte).  ZeUêchrifl  der  Geselhchaft  fur  Erdhunde.  Ber- 
lin, t.  X,  1875,  n«  5. 

507.  Cachet  (F.  Lion).  Yijftien  jaar  in  Zuid-Afri]ui.  1  vol.  gr.  in-S. 
Leeuwarden,  Bokma,  1875. 

398.  Fédération  des  États  de  l'Afrique  australe.  Explorateur,  1876, 
n«  71,  p.  621;  n«  80,  p.  192. 

399.  Rees  (W.-A.  van).  Naar  de  Transyaal,  in-8  et  carte.  Amsterdam, 
1876. 

4()0.  De  Zuid-afrikaansche  republieken  met  de  diamant  yelden,  avec 
une  carte.  Amsterdam,  Seyf£ardt,  1871. 

401.  MicHELL  (Rev.  G.).  Some  account  of  thé  Barolong,  a  south  african 
tribe.  The  Mission  Field.  Londres,  1875,  numéros  d'août  et  sep 
tembre. 

402.  Lanen.  Note  sur  les  Matabeles.  Bulletin  de  la  Société  de  Géogra^ 
phie,  décembre  1875,  p.  646-647. 


403.  FouRNiER  (A.).  Renseignements  sur  la  province  de  Mozambique  et 
sur  les  productions  du  Zambèze.  Bulletin  de  la  Société^  Géogra^ 
phie,  décembre  1875,  p.  606-617. 

404.  I^EVEu.  Notes  sur  Mozambique.  Revue  maritime  et  coloniale, 
T.  XLVIII,  p.  646-648. 

405.  Le  Mozambique  (d'après  les  renseignements  du  résident  anglais). 
Explorateur,  1876,  n»  67. 

406.  Exploration  du  Mozambique  (annonce  du  départ  de  M.  J.-J.  Mon- 
teiro  pour  une  exploration  des  productions  naturelles  de  la  pro- 
vince). Explorateur,  1876,  n»  74,  p.  22. 

407.  Esplorazioni  di  V.  Ërskine  dal  Limpopo  al  fiosi,  1871  à  1873. 
Cosmos  di  Guido  Cora.  T.  III,  1876,  p.  30. 

408.  Contrées  inconnues  de  l'Afrique  australe,  région  située  entre  K 
Zambèze  et  le  Limpopo.  Explorateur,  n*  53,  p.  111. 

409.  Le  colonie  portoghese  délia  costa  africana.  BolleUino  délia  Sa- 
cietâ  geografica  ifaliana.  Rome,  n«  5,  mai  1876,  pages  340  à  342. 

410.  MoMTEiRO.  On  theQuissama  tribes  of  Angola.  Journal  of  the  An- 
thropological  Institute  ofGreat  Britain  and  Ireland,  t.  Y,  n"  2, 
octobre  1875. 

411.  G»ABD  DE  RuLLE.  L* Afrique  australe.  Le  pays  d'Angola.  Revue 
scientifique,  1876,  n"  13,  pages  298-303.  Compte  rendu  de  Toù- 
vrage  de  M.  Joachim-Jean  Monteiro  :  Angola  and  the  river  Congo, 
publié  à  Londres  en  1875. 


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AFRIQUE  AUSTRALE.  255 

412.  N(»ie(J.).  Descriptive  Handbook  ofthe  Cape  colony;  its  condition 
and  ressources.  1  vol.  in-8.  Cape  Town,  Juta,  4875. 

413.  Ghàmbetron  (le  capitaine).  Un  mois  à  GapeTown,  Mossel  Bay  et  Port 
Elizabelh.  Revue  maritime  et  coloniale,  décembre,  1875,  p.  775- 
804. 

414.  Yiaggio  scientifîco  belga  neir  Africa  méridionale.  Bollettino  délia 
Societâ  geografica  italiana,  1876,  n»  5  (mai),  page  342. 

415.  DuRAiu)  (l'abbé).  De  Port  Nolloth  à  Spr^ng  bock  (Afrique  australe). 
lbr.in-8.  Paris,  1876. 

Renseignements  sur  les  stations  de  missionnaires  catholiques  français. 

416.  Malau  (C.-H.).  South  african  Missions.  1  vol.  in-12.  Ijondon^  Nis- 
bet,  1876. 

417.  AmsR  (M.-U.).  KortfattetOversigtover  det  norske  Missionsselkabs 
Virksomhed  i  Sydafrika  og  paa  Madagascar.  Bergen^  Beyer,  1876. 

Court  aperçu  des  travaux  des  missionnaires  aorTégiens  dans  l'Afrique 
australe  et  à  Madagascar. 

418.  Bbooks.  Natal  :  Ahi&tory  and  description  of  the  Colony,  including 
its  natural  features,  productions,  industiùal  condition  and  pros- 
pects, edited  by  D'  Mann.  1  vol.  in-8  avec  .cartes.  Londres,  Reeve 
et  C«,  1876. 

419.  Barker  (Madame).  First  days  in  Natal.  Evening  Hours,  n*  de  février 
1876. 

420.  De  la  même  :  First  impressions  of  South  Africa.  Evening  Hours, 
février,  1876. 

421.  De  la  même  :  Letlers  from  South  Africa.  Lippincott's  Magazine, 
février-mai  1876. 

422 .  BissET  (le  major  général) .  Sport  and  war  ;  or  recolleclions  of  fighting 
and  hunting  in  South  Africa  from  the  year  1834  to  1867. 1  vol. 
in-8.  Londres,  Murray,  1875. 

425.  GuiLLET.  Excursion  dans  la  colonie  du  Gap.  Bulletin  de  ta  Société 
de  Géographie  de  Lyon,  t.  I,  n»  3,  p.  226-267,  avec  une  carte  à 
réchelle  du  3,000,000»». 

424.  TuvE  (G.).^in  Tagin  der  Kapstadtund  eine  Besteigung  desTafel- 
berges.  Aus  allen  Welttheilen,  avril  1876. 

425.  TuvE  (E.).  Eine  Landreise  in  Sûd-Afrika.  Yon  Port  Elizabeth  nach 
Bloemfontein.  Aus  allen  Welttheilen,  juin  1876. 


426.  Brown  J.-C).  Hydrology  of  South  Africa,  or  détails  ot  the  former 
hydrographie  condition  of  the  Cape  of  Good  Hope,  and  the  causes 
of  its  présent  aridity,  with  suggestions  of  appropriate  remédies 
for  this  aridity.  1  vol.  in  8.  Londres,  H.-S.  King,  1875. 

Un  eumen  deTétat  ancien  du  régime  des  eau   dans  la  colonie  du  Gap 
de  Bonne-Espérance  et  des  causes  de  son  aridité  à  l'époque  actuelle,  fait 


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251  AFRIQUE.  H-  371-428 

fMir  un  homme  aussi  compétent  dans  la  matière  que  le  botaniste  du  gou* 
vernement  de  cette  colonie,  est  tout  à  fait  digne  d'exciter  Tintérèt  général. 
Hais  nous  en  recommandons  tout  spécialement  l'étude  aux  agents  fores- 
tiers des  départements  de  l'Algérie.  Les  deux  parties  nord  et  sud  de  l'A- 
frique, en  remontant  jusqu'aux  tropiques  du  Cancer  et  du  Capricorne, 
donnent,  dans  la  période  des  temps  historiques,  des  preuves  d'un  dessèche- 
ment progressif,  général,  qui  est  bien  fait  pour  appeler  les  méditations 
des  hommes  qui  se  préoccupent  de  l'aTenir.  Le  Kalahari,  dans  l'Afrique 
australe,  et  le  Sahara,  dans  TAfrique  septentrionale,  n'ont  pas  toujours 
été  les  déserts  qu'on  voit  aujourd'hui.  Ces  contrées  étaient  autrefois  sil- 
lonnées de  fleuves  et  de  rivières  et  parsemées  de  lacs  dont  il  ne  reste  plus 
que  les  lits,  et  les  coquilles  ou  les  ossements  des  animaux  qui  vivaient 
dans  leurs  eaux.  M.  Brown  dénonce  comme  étant  les  deux  causes  principa- 
les de  l'aridité  de  l'Afrique  australe  :  1*  le  soulèvement  récent  de  son  sol  à 
un  niveau  supérieur  ;  2*  la  dislocation  de  ce  sol,  qui  a  fait  disparaître  sous 
terre  les  eaux  des  rivières  qui  arrosaient  sa  surface.  A  ces  deux  causes 
principales  vient,  d'après  M.  Brown,  s'ajouter  une  cause  secondaire  :  la 
dénudation  du  pays,  par  suite  do  la  destruction  des  herbages  et  des  forêts 
par  le  feu,  dénu^^on  qui  a  eu  pour  conséquence  la  diminution  de  la 
quantité  des  pluies,  et  leur  irrégularité  de  plus  en  plus  grande,  enfin, une 
évaporation  de  plus  en  plus  forte  par  l'action  des  rayons  solaires.  M.  Brown 
établit  en  principe  que  la  terre  végétale  possède  des  propriétés  hygromé- 
triques et  qu'elle  attire  l'humidité  contenue  dans  l'air,  mais  d'autre  part 
l'action  des  rayons  solaires  décompose  cette  terre,  lorsqu'elle  est  à  nu,  et 
lui  fait  perdre  ses  propriétés  hygrométriques.  Ainsi  décomposée  la  terre 
végétale  est  facilement  entraînée  par  les  vents  et  par  les  eaux  pluviales. 

Après  avoir  énuméré  et  discuté  les  faits  constatés  relativement  à  l'ari- 
dité ou  au  régime  a  es  eaux  de  l'Afrique  australe  au  nord  de  Ja  colonie  du 
Cap,  l'auteur  passe  aux  faits  du  même  ordre  :  aux  déluges  succédant  k  des 
sécheresses,  qui  ont  élé  observés  exactement  depuis  l'année  1863,  jusqu'à 
l'année  1874  inclusivement,  daus  les  territoires  des  colonies  anglaises  et 
des  républiques  des  Boers  de  l'Afrique  australe. 

M.  Brown  propose  de  combattre  ces  phénomènes  menaçants  par  l'adop- 
tion des  mesures  préservatives  suivantes  :  1«  établir  sur  les  rivières  et  les 
melâpo,  ou  ouâdi,  des  digues  qui  empêcheraient  une  partie  des  eaux  plu- 
viales de  s'écouler  vers  la  mer,  et  la  retiendraient  sur  le  sol  des  contrées 
de  l'intérieur;  2*  interdire  absolument,  ou  tout  au  moins  soumettre  à  des 
règlements  sévères,  la  combustion  des  foréis  et  des  fourrés  de  broussailles 
qui  a  été  jusqu'ici  pratiquée  d'une  manière  barbare  et  imprévoyante  ; 
3*  adopter  des  mesures  pour  la  conservation  et  l'agrandissement  des.  fo- 
rêts existantes,  et  imiter,  sur  une  grande  échelle,  l'exemple  donné  par  la 
France  dans  les  travaux  de  reboisement  et  de  gazonnement  du  pays,  en  vue 
d'empêcher  la  formation  des  torrents  dont  les  crues  fbudaines  sont  une 
cause  de  destruction  pour  les  terrains  mis  en  culture. 

Trois  chiffres  montrent  quelle  importance  a  pour  l'Afrique  australe  le 
sujet  étudié  par  H.  Brown  dans  ce  livre.  Les  établissements  européens  de  la 
pointe  sud  de  l'Afrique  ont  perdu  dans  le  court  espace  de  huit  années 
(1866-1873)  ; 

Par  les  inondations,  1 000000  fr.  par  an  ; 

Par  les  incendies  des  herbages  et  des  bois,  1  SfôOOO  fr.  par  an  ; 

Par  ces  deux  causes  réunies,  ils  ont  perdu  dans  la  seule  année  1874  la 
somme  énorme  de  8  750000  fr.  I 

L'auteur  de  ce  livre  utile  en  prépare  un  nouveau  sur  le  «  Reboisement 
en  France  »,dans  lequel  il  étudiera  les  travaux  de  plantation  ou  de  sdmis 


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VOYAGE  DE  CAMERON.  257 

d'arbres,  de  broussailles  et  d'herbages,  exénités  dans  les  Alpes,  les  Géyen- 
nés  et  les  Pyrénées,  par  les  soins  do  gouvernement  français,  pour  arrêter 
les  ravages  des  torreuts. 

427 .  Sketch  map  of  the  Cape  colony  to  accompany  M.  Scott  's  report,  dated 
May  14'k  1874.  Cape  Town,  1874. 

428.  South  Africa.  Plettenburg  Bay.  Carte  marine  à  l'échelle  du  ^rm*' 
Londres,  Hydrographie  Office,  n»  385,  1876. 

§  1.  —  Suite  et  fin  du  voyage  du  lieutenant  Verney-Lovett  Cameron,  d*0n4j1dji 
à  Benguela.  Le  Zafre*  à  Nyangwé,  ches  les  Manyouéma.  Nouveaux  lacs  du 
bassin  du  Zaïre.  L'empire  du  Mata  Yanvo.  Les  premiers  affluents  du  haut 
Zambézi. 

Un  voyageur,  dont  les  débuts  avaient  été  pleins  de  promes- 
ses, le  lieutenant  de  vaisseau,  maintenant  capitaine  de  frégate, 
Yemey-Lovett  Cameron,  de  la  marine  anglaise,  a  répondu,  et 
au  delà,  aux  espérances  qu'avait  fait  concevoir  son  énergique 
entrée  en  scène.  Parti  de  Bagamoyo,  petit  port  sur  l'océan 
Indien,  en  face  de  Zanzibar,  au  mois  de  mars  1875,  il  arrivait 
en  novembre  1875  au  port  de  Katombéla  sur  l'océan  Atlan- 
tique, après  avoir  traversé  toute  la  largeur  de  l'Afrique,  entre 
le  4«  et  le  13<»  de  latitude  australe  (voir  n°*  371  à  384). 

Rappelons  d'abord  l'origine  d'une  entreprise  qui  a  sa  place 
glorieuse  marquée  dans  l'bistoire  des  découvertes  en  Afrique. 

Le  lieutenant  Cameron  avait  été  envoyé  pour  porter  secours 
à  David  Livingstoné.  Il  n'arriva  que  pour  trouver  les  dévoués 
compagnons  et  les  notes  de  ce  grand  explorateur  dont  la  fi- 
gure est  déjà  légendaire.  Hais  il  semblerait  qu'ime  fois  sur  la 
terre  d'Afrique  M.  Cameron  eût  hérité  de  l'âme  de  Livingstoné, 
car  jamais  voyageur,  au  lendemain  de  sa  mort,  n'a  vu  sa  tâ- 
che continuée  avec  un  tel  éclat. 

Le  premier  soin  de  M.  Cameron  fut  d'explorer,  par  eau,  la 
moitié  sud  du  lac  Tangaôyîka  que  Livingstoné  n'avait  pas  visi- 
tée. Il  reconnut  ainsi  les  embouchures  de  quatre-vingt-seize  riviè- 
res afQuents  de  cette  partie  du  lac,  ainsi  que  le  point  où  le  Lou- 
koogasort  du  Tangaôyîka,  entraînant  vers  l'ouest  les  eaux  de  cette 
mer  intérieure  dont  il  a  fixé  l'altitude  à  823  mètres,  et  dont 
la  superficie  est  de  58400  kilomètres  carrés.  On  comprend 

L* ANNÉE  GÉOriR.  XV.  17 

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258  AFRIQUE.  N-  371428 

l'intérêt  qu'il  y  avait  à  découvrir  le  trajet  de  ce  Loukouga  qui 
peut  devenir  un  Jour  l'un  des  chemins  de  la  civilisation  atta- 
quant par  l'ouest  le  continent  africain  ;  en  tout  cas,  il  fallait 
reconnaître  de  quel  fleuve  il  était  le  tributaire  ou  peut-être  le 
brafi  principal. 

Suivre  le  Loukouga  jusqu'à  son  débouché  dans  là  mer,  tel 
fut  dès  lors  le  but  du  lieutenant  Cameron.  Le  lac  et  le  Loa- 
kouga,  à  leur  point  de  séparation,  sont  tellement  obstrués  par 
les  roseaux  que  la  tâche  était  difficile  à  réaliser  sans  un  guide 
qui  connût  bien  la  route  de  terre;  le  lieutenant  Cameron  n'en 
trouva  pas.  Tout  ce  qu'il  put  apprendre  des  indigènes,  c'est 
que  le  Loukouga  continue  à  l'ouest  en  inclinant  un  peu  au  sud, 
dans  le  Louvwa  (que  Livingstone  appelait  Loualâba)  au  sud 
du  lac  Landji*. 

A  son  retour  à  Kawélé,  capitale  de  TOudjîdji,  M.  Cameron 
trouva  que  le  poids  de  vingt-six  charges  d'homme  de  verrote- 
ries, destinées  au  voyage,  avaient  été  gaspillées  ou  volées  pen- 
dant son  voyage  sur  le  Tangaîlyîka.  C'est  avec  quatre  charges, 
seul  reste  de  ses  ressources,  que  le  hardi  voyageur  osa  affron- 
ter la  traversée  du  continent.  Toutefois,  avant  de  partir,  il  con- 
gédia tous  ceux  de  ses  hommes  qui  avaient  faibli  devant  la 
perspective  des  fatigues  et  des  dangers. 

Il  traverse  le  lac,  et,  le  20  mai  1874,  il  commence  à 
Kasendjé,  au  nord  de  la  bouche  du  Loukouga,  son  long  iti- 
néraire, dont  toutes  les  parties  sont  nouvelles  jusqu'au  pre- 
mier poste  portugais  de  la  province  de  Benguela,  qu'il  attei- 
gnit à  la  fin  de  1875.  Nous  allons  essayer  de  résumer  les  péri- 
/péties  de  ce  remarquable  voyage.. 

i.  Au  moment  où  nous  corrigeons  les  épreuves  de  cette  feuille,  nous  recerons 
le  II*  du  96  murs  1877  du  Daily  TeUgraph  contenant  la  relation  du  voyage  df> 
M.  Sianlej  sur  le  Loukouga.  D*après  les  constatations  de  M.  Stanley,  le  Tanga- 
nytka  était  au  moment  de  sa  visite  un  bassin  sans  écoulement  vers  l'océan 
Atlantique,  mais  ses  eaux  qui  se  sont  déversées  Jadis  par  le  Loukouga,  main- 
tenant un  marigot,  à  courant  intermittent  dans  les  directions  sud-est  et  nord- 
duest,  travaillent  à  reprendre  leur  ancien  cours  permanent  vers  le  Loualftbt.  Ce 
tohénomène  dépendrait  ie  variations  considérables  dans  le  niveau  des  eaux  du 
lac. 

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VOYAGE  DE  GAMERON.  259 

Après  avoir  laissé  derrière  lui  les  montagnes  d'Ougoma,  sur 
lariTe  ouest  du  Tangaiijika,  le  lieutenant  Gameron  s'avança 
dans  le  pays  d*Ougouhha,  en  coupant  une  quantité  de  cours 
d*eaa  qui  descendent  des  montagnes  d'Ougouma  pour  former 
le  Louama,  un  des  grands  affluents  du  Loualâba.  Il  signale, 
sur  le  terrain  parcouru  dans  ces  premières  marches,  une  source 
thermale  où  fourmillent  des  grenouilles  et  d'autres  reptiles, 
et  qui  est  entourée  d'une  végétation  luxuriante.  Les  habitants 
del'Ougouhha,  comme  certains  autres  peuples  vivant  dans  une 
nudité  presque  complète,  prennent  un  soin  extraordinaire  de 
leur  chevelure.  Ils  la  tressent  en  coiffures  aussi  élégantes 
qu'originales  ;  les  femmes  ont  la  poitrine  tatouée  de  dessins 
très-compliqués.  Bien  qu'il  ait  paru  au  lieutenant  tiameron 
extrêmement  rudimentaire,  le  vêtement  des  Wagouhha  est 
très-convenable,  comparé  à  celui  des  nations  qui  vivent  plus 
loin. 

Ce  pays  d'Ougouhha  est  une  province  de  l'État  d'Ouroua, 
dont  Livingstone  avait  vu  la  partie  sud  lorsqu'il  découvrit  le 
lac  Moero,  mais  dont  il  n'avait  pas  pu  déterminer  l'étendue.  On 
sait  actuellement  que  l'Ouroua  touche,  à  l'est,  au  lac  Tanga- 
nyîka,  et  qu'il  est  traversé,  à  l'ouest,  par  le  Loualâba  et  par  d'au- 
tres grandes  rivières.  Il  paraît  appelé  à  jouer  un  rôle,  considé- 
rable peut-être,  quand  les  Européens  chercheront  à  exploiter 
les  richesses  de  cette  partie  de  l'Afrique. 

Après  le  pays  d'Ougouhha,  le  lieutenant  Gameron,  continuant 
son  voyage  au  nord -ouest,  passa  sur  le  territoire  de  plu- 
sieuFs  tribus  qui  ont  conservé  leur  indépendance,  entre  le 
grand  empire  d'Ouroua  et  le  pays  des  Hanyouéma.  La  chaîne  des 
montagnes  de  Bambarré  marque  de. ce  côté  le  commencement 
du  pays  des  Manyouéma.  «(  En  arrivant  au  pied  de  ces  mon- 
tagn^,  je  constatai  un  changement  complet,  a  dit  le  voyageur 
dans  sa  communication  à  la  Société  de  géographie  de  Londres.- 
Les  cabanes,  basses,  formaient  de  .longues  rues,  au  milieu 
desquelles  étaient  plantés  des  palmiers  à  huile.  Les  ooilfures 
des  femmes  étaient  des  plus  extraordinaires  ;  certaines  de  ces 

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260  AFRIQUE.  N-  571-428 

coiffures  rappelaient  un  chapeau  des  anciennes  modes  porté 
par  les  dames  anglaises,  mais  dont  on  aurait  enlevé  le  fond, 
avec  les  cheveux  pendant  en  longues  boucles  sur  le  cou.  Les 
hommes  enduisent  d*argile  leurs  cheveux,  et  les  maintiennent 
ainsi  en  forme  de  cornes  ou  nattés,  de  manière  quils  ont 
Tair  de  porter  des  casques.  Entre  les  places  couvertes  d*argile, 
les  cheveux  sont  rasés  et  la  peau  du  crâne  est  à  nu,  comme 
si  l'individu  avait  été  scalpé.  Dans  les  gorges  des  montagnes 
de  Bambarré,  il  y  a  des  arbres  qui  peuvent  compter  parmi 
les  plus  grands  que  j'aie  vus.  Ces  gorges  ont  souvent  de 
50  mètres  à  4i5  mètres  de  profondeur.  En  y  plongeant  le 
regard,  on  voit  au  fond  des  arbres  dont  la  cime  dépasse  la 
berge  de  pareille  hauteur.  Pendant  nos  marches  dans  le  pays 
des  Manyouéma,  nous  éprouvâmes  les  mêmes  difficultés  que 
le  docteur  Livingstone  ;  la  principale  est  causée  par  une  herbe 
dont  jes  tiges,  plus  épaisses  que  le  doigt,  atteignent  jusqu'à 
3"*,45  de  hauteur.  Il  est  presque  impossible  d'avancer,  à 
moins  de  brûler  ces  herbes  devant  soi. 

«  Les  habitants  sont  d  une  très-belle  race,  mais  leur  armement 
primitif  ne  se  compose  que  de  boucliers  et  de  lourdes  piques  ; 
ils  ne  connaissent  ni  les  arcs  ni  les  flèches.  On  travaille  beau- 
coup le  fer  dans  ce  pays,  et  les  Manyouéma  sont  d'habiles  for- 
gerons. Le  minerai  de  fer  est  d'un  noir  brillant.  » 

Nous  rappellerons  ici  que,  suivant  le  docteur  Livingstone, 
qui  le  premier  a  parlé  de  ce  peuple,  les  Manouyéma  pratiquent 
l'anthropophagie,  comme  les  Monbouttbu  des  rives  de  Quelle, 
chez  lesquels  le  docteur  Schweinfurth,  s'étant  arrêté  un  jour  à 
la  résidence  du  roi  Mounza  devant  un  étal  de  viandes  appétis- 
santes, proprement  exposées  sur  des  feuilles  de  bananiers, 
apprit  que  cette  marchandise  était  de  la  chair  de  vieilles  femmes 
engraissées  pour  les  gourmets  ^ 

A  l'ouest  de  Bambarré,  le  lieutenant  Cameron,  après  avoir 

1.  Le  docteur  Schweinfurth  recommande  avec  raison  aux  voyageurs  natura- 
listes de  toujours  visiter  les  marchés,  parce  qu'ils  y  trouveront  réunis  tous  les 
produits  du  sol  et  de  l'industrie  des  pays. 

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VOYAGE  DE  CAMERON.  261 

traversé  plusieurs  autres  affluents  du  Loualâba,  vit  pour  la 
première  fois  ce  fleuve,  au  village  de  Koumbwi,  et  il  résolut 
de  le  suivre;  mais,  ayant  éprouvé  beaucoup  de  difficultés  à 
trouver  seulement  quelques  canots,  il  s'embarqua,  avec  un 
petit  nombre  d'hommes,  sur  le  Loualâba,  laissant  le  gros  de 
sa  troupe  marcher  le  long  du  fleuve  pour  aller  à  Nyangwé,  le 
dernier  point  du  Loualâba  reconnu  par  Livingstone  en  1871. 
Cameron  a  mesuré  la  largeur  du  Loualâba  à  Nyangwé  :  elle 
est  de  932  mètres  ;  et  sur  d'autres  points,  près  de  Nyangwé, 
elle  est  même  plus  considérable.  Le  courant  est  très-rapide, 
car  il  fait  trois  ou  quatre  nœuds  à  l'heure .  A  la  fin  de  la  sai- 
son sèche,  le  Loualâba  avait  une  profondeur  moyenne  de  plus 
de  1"80,  mais  son  lit  était  sillonné  de  canaux  où  on  ne  trou- 
vait le  fond  qu  à  près  de  5  mètres  et  demi.  Le  lieutenant  Came- 
ron a  calculé  qu'à  Tétiage,  le  débit  du  Loualâba,  à  Nyangwé, 
est  de  126000  pieds  cubes  par  seconde,  c'est-à-dire  un  débit 
égal  à  plus  d*une  fois  et  demi  celui  du  Gange  en  temps  de 
crue,  et  à  trois  fois  celui  du  Nil  à  Gondokoro  (maintenant 
Isma'ilîya).  Quand  on  réfléchit  que  les  mesures  du  lieutenant 
Cameron  s'appliquent  à  une  partie  du  Zaïre  ou  Congo  (éar  le 
Loualâba  paraît  bien  être  le  Zaïre  sOus  un  autre  nom),  qui  n'est 
qu'à  427  mètres  d'altitude,  et  à  plus  de  1750  kilomètres  de 
son  embouchure  dans  l'océan  Atlantique,  on  entrevoit  de  suite 
quel  parti  on  tirera  plus  tard  de  ce  grand  cours  d'eau. 

Nyangwé  est  un  repaire  d'Arabes  et  de  Wamerima  trafiquants 
d'eslaves,  qu'on  rencontre  à  1500  kilomètres  nord  des  cata- 
ractes de  Mosi-oa-Tounya  (Victoria  Falls),  sur  le  Zambézi.  C'était 
alors  le  dernier  point  connu  tant  au  nord  qu'à  l'ouest.  Ce  n'est 
que  740  kilomètres  plus  loin,  au  sud,  que  l'itinéraire  du  lieu- 
tenant Cameron  coupera  le  chemin  que  Ladislas  Magyar  traça 
en  1851,  et  à  930  kilomètres  sud-ouest  de  Nyangwé,  il  cou- 
pera un  des  premiers  itinéraires  de  Livingstone. 

Le  lieutenant  Cameron  fut  obligé  de  s'y  arrêter  pendant  trois 
semaines.  Il  y  rencontra  Hâmed  Ibn  Hâmed,  le  premier  Arabe 
qui,  venu  du  sud-est,  soit  arrivé  sur  le  Lomâmi,  dernier  grand 

-^—^ ^.^ 


262  AFRIQUE.  N«  371-428 

affluent  sud  du  Loualâba,  en  amoutdu  lac  Sankorra.  Hâmed 
Ibn  Hâmed,  plus  connu  des  nègres  de  Nyangwé  sous  le  surnom 
de  Tippo  Tippo,  venait  pour  régler  un  différend  entre  un  roi 
nègre  de  ses  amis  et  des  Arabes  qui  lavaient  attaqué.  Oubliant 
que  les  croiseurs  anglais  de  l'océan  Indien  sont  ses  ennemis 
naturels,  Hâmed  Ibn  Hâmed  aida  gracieusement  le  lieutenant 
Gameron  ;  et  c*est  à  ce  marchand  de  «  bois.  d*ébène  » ,  comme 
on  disait  poliment  autrefois,  que  le  voyageur  doit  la  première 
indication  du  lac  Sankorra.  Le  négrier  arabe  lui  offrit  de  le 
conduire  à  son  camp,  lui  promettant  qu'il  trouverait  là  les 
moyens  d'arriver  au  lac  Sankorra,  et  le  voyageur  accepta  cette 
offre. 

Au  camp  de  Hâmed  Ibn  Hâmed,  il  entendit  parler  d'un  lac 
Iki  situé  un  peu  à  Touest  du  cours  du  Lomâmi  et  alimenté  par 
une  rivière  appelée  le  Louwembi.  Il  apprit  aussi  de  la  bouche 
de  voyageurs  qui  lavaient  vu  et  traversé  des  détails  positifs  sur 
le  grand  lac  Sankorra,  à  dix  ou  quinze  jours  de  marche  du 
camp.  Les  indigènes  en  rapportent  des  marchandises  euro- 
péennes achetées,  sur  le  bord  du  lac,  à  des  hommes  vêtus  de 
pantalons  et  de  chapeaux;  ces  hommes,  qui  viennent  sur  des 
bateaux  à  voile,  pouvant  contenir  cent  quatre-vingts  et  même 
deux  cents  personnes,  et  sur  lesquels  on  fait  la  cuisine^  ne 
pouvaient  être  que  des  pombeiros,  c'est-à-dire  des  agents  indi- 
gènes de  marchands  portugais,  ou  même  des  Portugais  blancs  ! 
Le  lieutenant  Gameron  n'avait  pas  besoin  de  ces  révélations 
inattendues  au  sujet  du  grand  lac  Sankorra  pour  chercher, 
par  tous  les  moyens  possibles,  à  en  reconnaître  la  position.  Il 
partit  pour  la  résidence  du  kasongo  (chef)  du  district  où  se 
trouve  le  camp  de  Hâmed,  en  Ouroua^  La  route  qui  y  conduit 
remonte  la  rive  droite  du  Lomâmi  dans  la  direction  sud  ;  elle 
traverse  un  pays  où,  à  côté  de  populations  amies,  on  en  rencon- 
trait d'autres  qui,  terrorisées  par  les  chasses  aux  esclaves,  pre- 

1.  Le  nom  de  cet  empire  nous  était  conna,  depuis  longtemps  déjà,  &ous  lii 
forme  un  peu  différente  de  Molua  (M'Oioua,  pour  M'Oroua). 

.„_..,  Google 


VOYAGE  DE  CAMERON.  263 

ndent  la  fuite  à  l'approche  de  la  caravane,  qu'elles  prenaient 
pour  une  troupe  de  leurs  agresseurs.  Ces  pauvres  noirs  n'avaient 
jamais  vu  que  les  caravanes  des  chasseurs  et  des  marchands 


Depuis  son  départ  d'Oudjîdji  rien  n'était  venu  déranger  la 
tournure  pacifique  de  son  voyage,  mais  ici  les  dispositions  des 
habitants  ont  changé  du  tout  au  tout.  Au  passage  du  Lomâmi, 
près  d'une  île  couverte  d'une  foi;pt  vierge,  quelques  indigènes 
attaquèrent  le  lieutenant  Gameron,  qui  faillit  être  blessé.  Le 
Toyageur  s'étant  jeté  sur  son  agresseur,  lui  administra  une 
correction  méritée,  mais  il  eut  la  grande  sagesse  d'empêcher 
ses  hommes  de  le  tuer.  Un  palabrCj  habilement  conduit  avec 
d'autres  indigènes  qui  se  trouvaient  en  avant,  calma  leurs 
craintes  ou  leurs  dispositions  hostiles,  et  le  lieutenant  anglais 
devint  leur  meilleur  ami.  Il  traversa  un  bras  du  Lomâmi,  ap- 
pelé le  Loukazi,  et  passant  par  un  pays  où  les  villages  sont 
bâtis  au  milieu^ de  forêts  vierges,  il  arriva  à  Kamwawi,  oii  il 
se  procura  des  guides  qu'il  espérait  devoir  être  plus  sûrs  que 
les  précédents.  Nous  laissoris  maintenant  le  lieutenant  Gameron 
lui-même  rendre  compte  du  passage  critique  de  son  voyage  qui 
coiûmencc  à  l'arrivée  à  Kamwawi  ^  «  Dans  l'après-midi,  les 
femmes  et  les  enfants  vinrent  dans  le  camp  pour  nous  vendre 
des  vivres,  et  tout  prenait  une  tournure  des  plus  pacifiques. 
Le  lendemain  matin,  pendant  qii'on  faisait  les  paquets,  je  vis 
que  ma  chèvre  manquait  et,  demandant  où  elle  était,  on  me 
répondit  qu'elle  avait  passé  la  nuit  hors  du  camp.  Je  partis 
pour  la  chercher,  et  me  dirigeai  dans  ce  but  vers  le  village  ;  je 
soupçonnais  si  peu  quelque  malheur,  que  j'avais  laissé  fusil  et 
pistolets,  et  que  l'homme  qui  m'accompagnait  était  aussi  sans 
armes.  A  nos  questions  au  sujet  de  la  chèvre,  les  habitants 
commencèrent  à  nous  envoyer  des  flèches.  Quelques-uns  de 
mes  hommes  accoururent,  m'apportant  ma  carabine  et  mes 
pistolets  ;  les  autres  achevèrent  d^emballer  et  entrèrent  dans 

1.  Proceedings,  t.  XX,  n*  4.  «6  juin  1876,  p.  315  et  314. 

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264  AFRIQUE.  N-  371-428 

le  village.  Pendant  longtemps  je  ne  pennis  pas  de  faire  feu. 
Enfin,  comme  les  indigènes  s'assemblaient  et  qu'une  troupe 
forte  de  quatre  ou  cinq  cents  hommes  arrivait  sur  la  route  que 
.  nous  voulions  prendre,  je  laissai  tirer  deux  ou  trois  coups  et  je 
crois  qu'un  des  indigènes  eut  la  jambe  traversée  par  une  balle. 
Après  cela  nous  commençâmes  à  parlementer  ;  on  proposa  de 
rendre  ma  chèvre  et  il  fut  convenu  qu'un  de  mes  hommes 
deviendrait  le  frère  du  chef,  d'après  le  rite  usité  dans  une 
grande  partie  de  l'Afrique  éqtiatoriale  et  australe,  et  qu'ensuite 
on  échangerait  des  présents  et  on  resterait  bons  amis.  Tandis 
que  ces  pourparlers  étaient  échangés,  arriva  une  autre  troupe 
nombreuse,  dont  le  chef  insinua  aux  habitants  du  village  de 
ne  pas  avoir  la  naïveté  de  faire  la  paix  avec  moi,  parce  que  ma 
caravane  étant  très-petite,  ils  pouvaient  facilement  ou  nous 
tuer  tous,  ou  nous  réduire  en  esclavage,  et  se  partager  nos  verro- 
teries et  nos  provisions.  Les  villageois  écoutèrent  ce  conseil  et 
recommencèrent  à  nous  envoyer  des  projectiles.  Je  ne  voulus 
pas  permettre  de  tirer,  de  crainte  de  rompre  définitivement  les 
négociations.  Mais  les  indigènes  s'assemblant  et  nous  envoyant 
des  lances,  je  tirai  de  près  sur  deux  ou  trois  d'entre  eux,  et 
j'incendiai  une  des  cabanes  en  prévenant  le  chef  que  s'il  ne 
faisait  pas  retirer  ses  hommes  je  brûlerais  tout  le  village, 
comme  ils  avaient  brûlé  notre  camp.  Il  répondit  que  si  nous 
partions  du  village  on  nous  laisserait  aller  en  paix,  et  les  guides 
que  nous  avait  donnés  Hâmed  Ibn  Hâmed  nous  dirent  qu'en 
marchant  à  l'est  sur  une  distance  de  20  kilomètres,  nous  y 
trouverions  un  autre  village  dont  les  habitants  se  comporte- 
raient amicalement  avec  nous.  De  dix  heures  du  matin  au  cou- 
cher du  soleil  nous  marchâmes  à  travers  des  herbes  serrées  et 
une  forêt  de  broussailles  et  de  roseaux.  A  chaque  fourré  les 
naturels  arrivaient  sur  nous  en  tirant  des  flèches,  et  nous 
eûmes  deux  ou  trois  hommes  blessés,  mais  il  était  presque  inu- 
tile de  répondre  à  leurs  projectiles  parce  que  nous  ne  pouvions 
pas  voir  les  ennemis  ;  il  fallait  d'ailleurs  ménager  les  muni- 
tions, dont  je  commençais  à  être  à  court.  Au  coucher  du  soleil 

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VOYAGE  DE  CAMERON.  265 

nous  arrivâmes  près  d'un  village  appelé  Mkatété*,  et  j'engageai 
le  guide  à  dire  que  nous  venions  en  amis,  et  que  nous  voulions 
camper  ;  pour  toute  réponse  nous  reçûmes  une  volée  de  flè- 
ches. Comme  il  était  impossible  de  camper  dans  le  jungle  en- 
tourés de  tous  ces  gens-là,  je  commandai  à  mes  hommes  de 
me  suivre  et  d'emporter  le  village  d'assaut.  Quatre  hommes 
obéirent  ;  les  autres  prirent  la  fuite,  excepté  deux  ou  trois  qui 
Bevaieut  surveiller  les  bagages  avec  Bombay.  Par  bonheur,  les 
naturels  aussi  se  sauvèrent  du  côté  opposé.  Une  fois  dans  le 
village,  je  fis  brûler  toutes  les  huttes  sauf  qu'aire,  et  mes 
hommes  s'étant  ralliés  furent  mis  au  travail  pour  construire 
une  fortification;  les  quatre  huttes  épargnées  servirent  de 
blockhaus  aux  angles,  on  tailla  des  meurtrières  dans  les  murs, 
et  le  toit  fut  enlevé  de  crainte  d'incendie.  Nous.fîmes  une  palis- 
sade avec  des  bananiers  et  les  portes  et  les  poutres  des  huttes 
incendiées,  à  l'intérieur  nous  creusâmes  une*  tranchée,  eu  reje- 
tant la  terre  sur  la  palissade  et  en  y  aménageant  une  banquette. 
D'autres  portes  de  cabanes  nous  servirent  a  faire  un  abri  contre 
lesprojectiles  venant  du  côté  opposé.  Nous  restâmes  là  cinq  jours, 
pendant  lesquels  on  ne  discontinua  pas  de  tirer  sur  nous,  et 
quelques-uns  de  mes  hommes  furent  blessés.  Heureusement 
nous  étions  près  de  l'eau  et  des  plantations  de  cassave,  de  sorte 
que  nous  avions  à  boire  et  à  manger.  Le  guide  me  dit  que 
nous  ne  sortirions  pas  de  notre  prison  avant  d'avoir  tué  quel- 
ques indigènes  ;  à  la  fin  je  me  vis  obligé  de  faire  usage  de  ma 
grosse  carabine  dont  bientôt  ils  apprirent  à  respecter  le  son.  A 
la  fin  du  cinquième  jour,  nous  fîmes  la  paix  ;  ils  étaient  enfui 
intimidés  par  la  mort  ou  les  blessures  de  quelques-uns  des 
leurs.  Nous  découvrîmes  qu'une  partie  de  nos  ennemis  étaient 
des  parents  de  notre  propre  guide  ;  malgré  ce  fait,  les  guides 
nous  étaient  restés  fidèles  pendant  tout  le  temps  de  la  lutte. 
Lorsque  le  combat  eut  cessé,  les  habitants  nous  offrirent  une 

!•  Sur  la  carte  du  lieutenant  Gameron,  ce  point  porte  le  nom  de  Fort-Dinab, 
qui  est  celui  de  la  chèvre  du  voyageur.  Mmh  conservons  ici,  comme  partout,  le 
nom  iodigèue. 

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266  .  AFRIQUE.  »~  371^28 

indemnité,  que  je  refusai,  mais  nous  échangeâmes  des  cadeaux 
en  signe  d'amitié.  » 

Mkatété,  où  se  passaient  ces  incidents,  est  à  peu  prèsà  égale 
distance  de  l'océan  Indien  et  de  l'océan  Atlantique,  et  presque 
à  la  même  latitude  que  Bagamoyo,  et  que  Cabo  do  Engano,près 
de  rembouchure  du  fleuve  Zaïre.  De  Mkatété,  le  lieutenant 
Cameron  continua  sa  marche  au  sud.  Il  avait  pour  chef  de  ses 
guides  le  fils  d'un  petit  gouverneur  de  l'empire  d'Ouroua,  qui 
avait  négligé  d'apporter  à  son  souverain  le  tribut  obligatoire; 
le  kasongo  ou  empereur  d'Ouroua  pour  le  punir,  avait  détruit 
son  village.  Aussi  le  chef  des  guides,  effrayé  de  conduire  la 
caravane  sur  le  chemin  de  la  capitale  d'Ouroua,  la  dirigea  pen- 
dant près  de  50  kilomètres  à  l'est,  du  côté  du  Loualâba.  Il 
fallut  ensuite  revenir  sur  ses  pas  sur  toute  cette  distance.  Plus 
tard  il  rencontra  des  hommes,  appartenant  à  un  marchand  mu- 
sulman appelé  Djouma'  Marikâni  *,  qui  parcouraient  le  pays, 
en  quête  de  vivres,  et  cherchant  aussi  à  se  procurer  des  dé- 
fenses d'éléphants;  ces  hommes  donnèrent  au  lieutenant 
Cameron  un  guide  pour  le  conduire  à  leur  camp. 

Arrivé  au  grand  camp  permanent  de  Djouma'  Marikâni  à 
Kilemba,  M.  Cameron  y  apprit  qu'un  marchand  portugais  se  trou- 
vait près  de  là.  Ce  marchand  nommé  Alvez,  et  natif  de  Dondo 
sur  le  Koanza,  s'était  établi  depuis  trente  ans  à  Bihé  en  Ben- 
guela.  Comme  il  se  disposait  à  partir  bientôt  soit  pour  Bibé, 
soit  pour  Kassandji,  dernier  poste  portugais  dans  l'intérieur 
de  la  province  d'Angola,  il  offrit  d'accompagner  le  Ueutenant 
Cameron,  et  celui-ci  consentit  à  l'attendre. 

Pour  utiliser  son  temps,  M.  Cameron  fit  une  excursion  au 
nord,  à  un  petit  lac  Mohrya  où  sont  des  villages  de  huttes 
bâties  sur  pilotis,  véritables  palaiîtes  modernes  analogues  aux 
palafites  préhistoriques  des  lacs  de  la  Suisse.  Mais  alors,  reçu- 


1.  Marikftni  est  l'adjectif  arabe  correspondant  au  nôtre  «  américain  »,  mais  qai 
est  devenu  un  substantif  qui  désigne  «  les  cotonnades  fabriquées  en  Amérique  ». 
Marikâni,  comme  nom  d'homme,  est  donc  un  surnom  de  métier,  comme  nos 
noms  de  famille  Boucher,  Lefebvre,  etc. 


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VOYAGE  DE  CAMERON.  ^        267 

lant  toujours  son  ^part,  et  le  kasongo  ne  reyenant  pas  dans 
sa  capitale,  le  voyageur,  après  avoir  vainement  cherché  des 
guides,  se  résolut  à  partir  seul  pour  un  grand  lac  qu'on  lui 
disait  être  sur  le  cours  du  Loualâba.  A  six  ou  sept  heures 
de  marche  du  lac,  un  chef  lui  barra  le  passage,  en  s'appuyant 
sur  les  ordres  qu'il  avait  reçus  de  ne  laisser  personne  traver- 
ser la  rivière  Lovoî,  qui  se  jette  dans  le  lac  Kassali  (ou 
Kikondja).  Le  voyageur  dut  se  contenter  de  voir  le  lac  de  loin, 
et  de  recueillir  les  observations  apportées  par  ses  hommes 
durant  une  traversée  qu'on  leur  permit  de  faire. 

Le  lac  Kassali  est  très-grand.  Il  est  couvert  de  végétaux  flot- 
tants sur  lesquels  les  habitants,  à  l'aide  de  troncs  d'arbres  et 
de  terre,  établissent  des  îles  flottantes,  comme  le  font  les  Chi- 
nois. Ces  îles,  qui  supportent  même  des  cultures,  peuvent  voya- 
ger, au  gré  de  leurs  maîtres,  d'un  rivage  du  lac  à  l'autre.  Le 
lac  Kassali  est  très-poissonneux,  et  le  lieutenant  Cameron  croit 
qu'une  des  raisons  pour  lesquelles  on  l'empêcha  d'y  arriver  a 
été  la  crainte  des  sorciers  de  Kilemba  que  la  venue  du  voya- 
geur anglais  ne  fît  mourir  tous  les  poissons,  aliment  principal 
des  habitants. 

Livingstone  est  le  premier  qui  ait  porté  son  attention  sur  les 
loualâba  de  l'Afrique  équatoriale.  Nous  rappellerons  que, 
dans  ces  contrées,  le  substantif  loualâba  désigne  toute  rivière 
large,  peu  profonde,  au  courant  très-faible.  Le  lieutenant  Came- 
ron s'est  assuré  que  le  Loualâba  de  Livingstone,  celui  que  le 
grand  explorateur  appelait  aussi  rivière  de  Webb,  et  qui,  sor- 
tant du  lac  Bangweolo,  alimente  ensuite  les  lacs  Moero  et 
Oulendjé  (Laiidji  de  Cameron),  porte  le  nom  spécial  de  Louvwa. 
C'est  la  rivière  lacustre  qui  alimente  et  draine  à  la  fois  le  lac 
Kassali,  qui  est  le  Loualâba  proprement  dit.  Mais  la  question 
de  noms  mise  de  côté,  et  à  ne  considérer  que  la  longueur  et 
l'importance  du  Louvwa  (loualâba  de  Webb,  d'après  Livingstone) , 
et  du  Loualâba  proprement  dit  de  Cameron  (loualâba  de  Toung, 
selon  Livingstone),  on  trouve  que  le  Louvwa  est  la  plus  consi- 
dérable des  deux  rivières,  celle  aussi  qui  traverse  le  plus  grand 

.„,_., — ogle 


268  AFRIQUE.  K»*  571428 

des  lacs  situés  dans  le  bassin  du  Zaïre,  ie  lac  Bangweolo. 
Géographiquement,  il  conviendrait  donc  de  considérer  le  Louvwa 
comme  la  véritable  artère-mère  du  Zaïre,  et  le  Loualâba  comme 
le  plus  grand  affluent  du  Louvwa. 

Une  situation  politique,  en  présence  de  laquelle  le  lieutenant 
Cameron  s'est  trouvé  impuissant,  Ta  empêché  d'explorer  le 
Loualâba  ;  mais  il  a  pu  s'assurer  que  le  lacKassali,  ou  Kikondja, 
est  à  la  hauteur  de  555  mètres;  il  a  de  plus  appris  qu'en 
amont  de  ce  lac,  le  Loualâba  en  formait  un  autre,  appelé 
Lohemba,  et  qu'en  aval,  avant  de  se  jeter  dans  la  rivière 
Louvwa,  au  sud  du  lac  Landji,  il  s'évasait,  à  cinq  reprises, 
en  autant  de  petits  lacs  :  Kowamba,  Kahando,  Âhimbé,  Bembé^ 
et  Siwambo.  Deux  autres  petits  lacs,  ceux  de  Kinwéra  et  de  Kat- 
tara,  appartiennent  encore  au  bassin  hydrographique  du  Loua- 
lâba ;  ils  sont  situés  sur  le  cours  d'une  rivière  qui  se  jette 
dans  la  pointe  nord-est  du  lacKassali.  Enfin,  la  rivière  Lowembi, 
affluent  ouest  du  Lomâmi,  qui  est  lui-même  un  affluent  sud  du 
Loualâba,  traverse  aussi  un  petit  lac  appelé  Iki. 

Fidèle  à  ces  habitudes  de  majestueuse  lenteur  qui  font  le 
désespoir  des  Européens,  mais  qui  paraissent  être  aux  yeux  de 
tous  les  princes  africains,  aussi  bien  dans  les  marais  de  Loua- 
lâba que  dans  les  plateaux  arides  du  Sahara,  un  des  privilèges 
de  leur  dignité,  le  kasongo  d'Ouroua  se  fit  attendre  encore  six 
semaines.  Lorsqu'enfin  il  arriva  à  sa  capitale,  le  deuil  d'une 
de  ses  sœurs  et  d'autres  causes  ajournèrent  encore  l'audience 
que  sollicitait  le  lieutenant  Cameron.  Bien  plus,  le  voyageur 
lut  forcé  d'attendre  qu'Alvez  eût  construit  une  maison  dans 
un  nouveau  comptoir  qu'établissait  ce  marchand  portugais.  Le 
kasongo  d'Ouroua  refusait  d'ailleurs  de  laisser  embarquer  le 
lieutenant  Cameron  seul  sur  le  Lomâmi,  pour  achever  son 
voyage  par  le  Zaïre.  Ce  nouveau  retard  faillit  causer  un  immense 
préjudice  à  l'expédition;  quelques-uns  des  hommes,  s'étant 


1.  A  De  pas  confondre  avec  le  lac  Bangweolo,  auquel  on  donne  qudquefoib  le 
nom  de  Bembé. 


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VOYAGE  DE  GAMERON.  269 

enivrés,  mirent  le  feu  au  camp,  et  c'est  à  grand*peine  qu'on 
parvint  à  sauver  le  journal  et  les  papiers  de  M.  Gameron. 

Enfin  arriva  le  jour  du  départ,  et  le  lieutenant  Cameron 
continua  sa  marche  au  sud-sud-ouest,  pour  arriver  au  village 
de  Lounga  Mandi,  l'un  des  chefs  les  plus  puissants  qui  relèvent 
du  kaspngo  d'Ourpua.  Là  encore  il  fallut  s'arrêter  pour  donner 
à  un  noir  du  territoire  portugais,  nommé  Kwaroumba,  le  temps 
de  faire  une  chasse  aux  esclaves.  Nous  traduisons  le  passage  ^ 
relatif  au  retour  de  cette  expédition;  il  caractérise  bien,  en 
effet,  la  traite  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  équatonale.  «  Kwa- 
roumba revint  avec  une  file  de  cinquante  ou  soixante  pauvres 
femmes  chargées  de* gros  ballots  de  butin,  et  dont  quelques- 
unes  avaient  en  outre  leurs  petits  enfants  dans  leurs  bras. 
Elles  avaient  été  capturées  dans  quarante  ou  cinquante  villages, 
qu'on  avait  détruits  et   ruinés;  le  plus  grand  nombre  des 
hommes  avaient  été  tués;  les  autres,  chassés  dans  le  jungle,  y 
chercheront  leur  subsistance,  ou  y  mourront  de  faim.  Je  suis 
persuadé  que  ces  quarante  ou  cinquante  esclaves  représen- 
taient plus  de  cinq  cents  êtres  humains  tués  en  défendant  leurs 
foyers,  ou  morts  de  faim,  sans  parler  d'un  plus  grand  nombre 
qui  sont  maintenant  sans  abri.  Toutes  ces  femmes  étaient  atta- 
chées ensemble  par  la  ceinture  avec  de  grosses  cordes  à  nœuds, 
et,  si  elles  hésitaient  en  marche,  on  les  battait  sans  pitié.  Ces 
mulâtres  portugais  et  ces  marchands  noirs  sont  très-brutaux 
dans  le  traitement  de  leurs  esclaves;  les  Arabes,  au  contraire, 
les  traitent  généralement  avec  bonté.  Habituellement,  les 
esclaves  de  l'intérieur,  comme  étaient  ceux-ci,  n'arrivent  pas 
sur  la  cote  :  on  les  conduit  au  pays  de  Sékélétou,  où,  pour  des 
causes  diverses,  la  population  est  assez  clair-semée,  et  oii  il  y 
a  une  grande  demande  d'esclaves.  Ils  sont  troqués  contre  de 
l'ivoire,  qu'on  apporte  ensuite  sur  la  côte.  »  Le  lieutenant 
Cameron  montre  ainsi  clairement  que,  au  nord  du  Zambezi, 
et  au  sud  du  Zaïre,  le  développement  du  commerce  de  l'ivoire, 

i.  Proceeding»,  vol.  XX,  n*  A,  p.  318. 

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270  AFRIQUE.  N"  371428 

que  certains  philanthropes  ont  proposé  comme  un  moyen  de 
tuer  le  commerce  des  esclaves,  ne  servirait  certainement  qu'à 
rendre  ce  dernier  plus  florissant,  et  à  multiplier  les  horreurs 
par  lesquelles  on  l'entretient. 

Le  pays  que  traverse  maintenant  l'itinéraire  du  voyageur  ren- 
ferme les  sources  du  Louâmi,  et  divers  ruisseaux  qui  vont  for- 
mer le  Loubouri,  autre  affluent  du  Loualâba.  Cette  contrée  est 
très-pittoresque,  à  cause  de  ses  collines  boisées  et  de  sa  fertilité 
merveilleuse.  On  sort  insensiblement  de  la  large  vallée  du 
Loualâba,  oîi  le  palmier  à  huile  est  extrêmement  commun,  et, 
à  l'altitude  de  842  mètres,  cet  arbre  ne  prospère  plus.  Politi- 
quement on  est  là,  en  Oussambi,  sur  un  terrain  en  litige  ;  car, 
en  réalité,  l'Oussambi  fait  partie  de  l'Ouroua,  ce  qui  n'empêche 
pas  les  habitants  de  payer  tribut  à  la  fois  au  kasongo  et  au 
mata  yanvo.  Après  l'Oussambi,  le  voyageur  entre  dans  les  jun- 
gles de  rOuloûnda;  les  villages,  ou  pour  mieux  dire  les 
petits  hameaux,  y  sont  étabhs  dans  les  rares  clairières. 

Une  révolution  venait  de  s'accomplir  dans  le  Moropoué,  où 
règne  le  mata  yanvo.  A  la  suite  de  querelles  de  famille,  ce  sou- 
verain avait  dû  fuir,  presque  seul,  pom*  aller  demander  l'ap- 
pui de  son  voisin  et  ami  le  kasongo. 

Dans  le  Lovalé,  où  on  élève  des  vaches,  le  lieutenant  Came- 
ron  passa  près  des  sources  du  Louloua  et  du  Zambezi,  et  entra 
dans  des  plaines  immenses  qui  continuent  sur  toute  la  ligue  de 
partage  entre  le  Zaïre  et  le  Zambezi;  elles  sont  inondées  pen- 
dant les  deux  saisons  des  pluies  de  ces  latitudes.  Le  caractère 
marécageux  de  cette  ligne  de  partage  avait  autrefois  frappé  le 
docteur  Livingstone,  et  le  lac  Dilolo,  qu'il  découvrit  sur  sa 
route  en  allant  à  Loanda,  est  situé  non  loin  du  point  où  le 
lieutenant  Gameron  dut  faire  une  ample  provision  de  poissons 
secs,  seule  monnaie  ayant  cours  dans  les  districts  où  il  allait 
entrer. 

Il  marcha  ensuite  parallèlement  au  cours  du  Kassâbi,  af- 
fluent du  Zake,  qui  longe  cette  ligne  de  terrains  périodique- 
ment submergés,  et,  un  peu  plus  loin,  il  passa  au  sud  de  sa 

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VOYAGE  DE  CAMEROS.  271 

source,  dans  le  pays* de  Kibokwé,  dont  les  rois,  il  y  a  un  siècle, 
possédaient  aussi  le  Lovalé.  Ici  les  caractères  de  la  contrée 
ont  changé  ;  à  Cha-Kalembi,  on  sort  des  plaines  pour  entrer 
dans  un  pays  de  collines  bien  arrosées  et  couvertes  de  forêts  ; 
les  habitants  trouvent  une  source  de  richesse  dans  les  pro- 
duits de  nombreux  essaims  d'abeilles.  Aujourd'hui,  la  cire  et 
le  miel  sont,  pour  ainsi  dire,  les  seuls  produits  du  Kibokwé; 
des  caravanes  y  viennent  de  Bihé  et  de  Bailoûnda  pour  enle- 
ver les  énormes  quantités  de  cire,  et  le  miel,  sous  la  forme 
d*hydromel,  entre  pour  une  part  dans  Falimentation  de  la 
population. 

La  ligne  séparative  des  bassins  de  Zambézi  et  du  Kwanza, 
que  nos  cartes  indiquent  sous  le  nom  de  montagnes  de  Hos- 
samba,  ne  serait  qu'une  chaîne  de  collines,  d'après  la  descrip- 
tion abrégée  du  lieutenant  Cameron.  Après  avoir  descendu  leur 
versant  ouest,  il  traversa  le  fleuve  Kwanza,  qui  a  là  une  lar- 
geur de  110  à  120  mètres,  et  une  profondeur  de  3  mètres  et 
demi.  Bientôt  il  arriva  à  Bihé,  résidence  de  Kagnombi,  ou  du 
roi  Antonio,  comme  il  aime  à  s'appeler  lui-même,  chef  de  la 
province  de  Bihé.  Cette  ville  était  la  plus  grande  que  le  lieute- 
nant Cameron  eût  vue  en  Afrique;  elle  peut  avoir  entre  7  ki- 
lomètres et  9  kilomètres  de  circuit,  jnais  il  est  juste  d'ajouter 
que  l'intérieur  n'est  pas  rempli  par  des  maisons  serrées  les 
unes  contre  les  autres,  et  que  des  enclos  pour  les  porcs  et  pour 
les  bestiaux,  ainsi  que  des  cultures  de  tabac,  y  occupent  une 
certaine  place.  Laissons  le  lieutenant  Cameron  faire  le  tablean 
de  sa  réception  solennelle  :  «  Je  devais  donner  au  roi  Antonio 
un  fusil  et  une  peau  de  panthère  que  j'avais  moi-même  reçue 
en  cadeau,  et  que  j'avais  étendue  dans  la  hutte  qu'on  m'avait 
assignée  comme  domicile.  Lorsque  le  secrétaire  du  roi  (ce  se- 
crétaire ne  sait  pas  écrire)  vint  me  voir,  il  me  dit  qu'il  fallait 
lui  donner  quelque  chose,  faute  de  quoi  les  affaires  prendraient 
une  mauvaise  tournure.  Le  lendemain,  au  matin,  j'allai  voir 
Antonio.  J'entrai  d'abord  dans  une  petite  cour  extérieure,  dont 
les  portes  étaient  gardées  par  des  hommes  vêtus  de  vestes 

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272  AFRIQUE.  N-  571-4% 

rouges  à  dos  blanc,  que  le  roi  appelle  ses  soldats,  et  qui  étaient 
armés  les  uns  d'arcs,  d'autres  de  lances,  quelques-uns  enfin  de 
vieux  mousquets  à  pierre.  Ils  approchèrent  un  tabouret  sur 
lequel  je  devais  m'asseoir,  et  apportèrent  pour  le  roi  une  grande 
chaise  garnie  en  cuir  et  parsemée  de  clous  en  cuivre  ;  ce*que 
voyant,  je  fis  chercher  ma  propre  chaise  dans  ma  cabane.  Au 
bout  d'un  certain  temps,  le  roi  Antonio  arriva,  portant  un 
vêtement  noir  complet,  avec  un  vieux  chapeau  à  haute  forme, 
mais  il  n'avait  pas  d^  chaussures;  derrière  lui,  un  petit  garçon 
soutenait  le  bout  d'un  plaid  écossais  jeté  sur  les  épaules  du  roi, 
qui  du  reste  avait  l'air  tout  à  fait  ivre.  Antonio  m'apprit  d'abord 
qu'il  était  un  très-grand  personnage  ;  néanmoins,  sachant  que 
j'avais  fait  une  longue  route,  il  n'exigeait  pas  de  moi  un  pré- 
sent considérable  ;  mais  si  jamais  je  devais  revenir,  il  fallait 
que  je  me  souvinsse  de  lui.  11  me  fit  observer  aussi  qu'il  n'était 
pas  à  confondre  avec  les  autres  chefs  de  l'Afrique,  parce  qu'il 
s'appelait  Antonio  Kagnombé,  et  qu'on  avait  emporté  son  por- 
trait à  Lisbonne;  enfin  il  me  priait  de  ne  pas  croire  que  les 
habits  qu'il  avait  revêtus  pour  la  circonstance  fussent  ses  plus 
beaux  ;  il  en  avait  d'autres  bordés  de  galons  d'or,  sans  parler 
de  beaucoup  d'autres  pièces  de  toilette.  »  Après  avoir  obligé  le 
lieutenant  Gameron  à  boire  de  l'eau-de-vie  avec  lui  dans  l'in- 
térieur du  palais,  il  le  congédia.  En  sortant  de  chez  ce  préten- 
tieux roitelet,  il  se  rendit  à  la  maison  du  marchand  portugais 
Senhor  Gonçalves.  Là,  à  son  grand  étonnement,  il  se  trouva, 
pour  la  première  fois,  rentré  dans  le  milieu  civilisé,  bien  que 
540  kilomètres  le  séparassent  encore  de  la  côte.  La  salle  à  man- 
ger tout  entière  était  peinte  d'une  couleur  uniforme,  une  étoffe 
blanche  formait  le  plafond,  et  sur  la  table  était  étendue  une 
nappe  propre.  L'intendant  de  Senhor  Gonçalves  offrit  au  voya- 
geur un  repas  composé  d'excellente  cuisine  et  de  conserves  de 
viandes  arrosées  de  vin,  de  thé,  de  café  et  d'eau-de-vie. 

A  partir  de  ce  moment,  l'itinéraire  du  lieutenant  Gameron 
le  fit  passer  par  les  établissements  ou  les  comptoirs  de  plu- 
sieurs Portugais,  parmi  lesquels  nous  nommerons  Jean-Baptiste 

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VOYAGE  DE  CAMERON.  273 

Ferreira,  auquel  ses  nombreux  voyages  dans  rintérieur  ont 
valu  la  position  de  juge  d'un  canton,  et  Silva  Porto,  dont  le 
nom  et  les  travaux  géographiques  nous  étaient  déjà  connus  K 

A^l'ouest  du  royaume  de  Bihé,  le  voyageur  entra  dans  la 
province  de  Bailounda,  dont^ii  fait  le  tableau  suivant.  «  Un 
cours  d'eau  de  moyenne  grandeur  arrivait  du  sud-est,  mais  là 
où  nous  le  passâmes,  toutes  les  pentes  des  collines  ruisselaient 
de  cascades  qui  apportent  à  la  rivière  au  moins  les  deux  tiers 
des  eaux  qu'elle  charrie  plus  bas;  ces  cascades  rappelaient 
celles  du  Palais  de  cristal,  mais  elles  sont  infiniment  plus  pit- 
toresques. De  là,  nous  avançâmes  à  travers  un  des  plus  jolis 
pays  que  l'imagination  puisse  rêver  ;  dans  toutes  les  directions, 
des  montagnes  aux  beaux  contours,  et  dont  plusieurs  sont  cou- 
vertes de  végétation  ;  de  petits  mamelons  couronnés  par  des 
villages  qu'ombragent  des  arbres  énormes,  tout  cela  avait  un 
aspect  très-européen.  D  faudrait  être  un  Longfellow  ou  un  Ten- 
nyson  pour  décrire  certains  sites  de  ce  canton  ;  il  faudrait  être 
un  Claude  ou  un  Tumer  pour  les  peindre.  » 

Les  pluies  surprirent  le  lieutenant  Gameron  dans  cette  der- 
nière partie  du  voyage  ;  à  Houmbi,  ses  hommes  commencèrent 
à  ployer  sous  la  fatigue  :  ils  mettaient  huit  ou  neuf  heures  à 
parcourir  la  distance  qui  leur  demandait  autrefois  trois  heures  de 
marche.  Le  bateau  en  caoutchouc  fut  jeté,  le  bagage  réduit  au 
strict  nécessaire,  et  H.  Gameron,  laissant  derrière  lui  le  gros  de  la 
troupe,  partit  en  avant  avec  les  cinq  ou  six  hommes  les  plus 
robustes.  A  215  kilomètres  de  la  côte,  il  franchit  la  plus  haute 
chaîne  de  montagnes  qu'il  ait  trouvé^  pendant  tout  le  voyage  ; 
son  camp  était  à  une  altitude  de  1870  mètres,  et  les  sommets 
de  la  montagne  ont  une  hauteur  relative  de  120  à  150  mètres 
au-dessus  du  point  où  il  campait,  ce  qui  donne  à  ces  sommets 

1.  Silva  Porto  est  le  premier  Européen  qui,  de  notre  temps,  ait  traversé  tout 
l'intérieur  de  l'Afrique  australe  en  partant  des  établissements  portugais  du  Ben- 
guela,  et  en  arrivant  dans  ceux  de  la  province  de  Quelimané.  Et  il  est  juste  de 
faire  remarquer  que  cette  traversé  (1855-1854)  est  de  deux  ans  antérieure  à  celle 
du  docteur  Livingstone  qui  valut  d'emblée  à  son  auteur  une  réputation  euro- 
péenne. 


l'amkée  géogh.  XV. 


yéfoogk 


274  AFWQUE.  î^»*  571-428 

iQ90  OU  3020  mètres  d'altitude.  Désormais  il  n*y  avait  plus 
qu'à  descendre  jusqu'à  la  côte,  à  travers  un  pays  où  cest  à 
p^e  si  les  villages,  perchés  sur  des  collines  de  pierre,  peuvent 
se  distinguer  du  terrain  rocheux  où.  ils  sont  construits^  Les 
vallées  sont  bien  cultivées.  Eisandji  est  le  premier  village  où 
le  lieutenant  Cameron  put  se  procurer  du  lait  de  vache  depuis 
se  sortie  du  pays  de  Lovalé. 

En  approchant  de  la  côte,  il  observa  des  rochers  de  craie 
^enfermant  des  coquilles  d'ammonites  et  d'autres  fossiles  ma- 
rins. A  l'exception  de  quelques  gisements  à  la  pointe  sud  du 
Tangaiiyîka,  ces  rocliers  étaient  les  premiers  de  formation  cal- 
caire que  le  voyageur  eût  rencontrés  depuis  son  départ  de  la 
côte  orientale. 

Deux  ans  et  huit  mois  après  son  départ  de  Bagamoyo,  au 
mois  de  novembre  1875,  Cameron  touchait  l'océan  Atlantique 
à  Katombéla,  un  peu  au  nord  de  Benguéla,  et  le  premier  visage 
européen  qu'il  aperçut,  la  première  main  européenae  qui  serra 
cordialement  la  sienne,  furent  ceux  d'un  Français,  M.  Gau- 
choix,  négociant  à  Katombéla,  qui  alla  au-devant  de  Cameron^ 
et  s'empressa  de  lui  venir  en  aide,  avec  une  bonté  dont  le 
voyageur  a  conservé  un  souvenir  reconnaissant.  Après  une 
route  de  plus  de  5500  kilomètres  faite  à  pied,  l'état  de  sa 
santé  était  des  plus  alarmants  :  une  attaque  de  scorbut  se  dé- 
clarait, et  pendant  trois  ou  quatre  jours  il  ne  put  rien  avaler; 
il  ne  pouvait  même  plus  parler.  Mais  nous  avons  eu  tout 
récemment,  à  la  Conférence  de  Bruxelles,  où  il  a  été  l'objet 
d'attentions  si  bien  méritées,  et  à  la  fête  que  la  Société  de 
géographie  lui  a  donnée  à  Paris,  la  satisfaction  de  constater 
que  ce  hardi  et  méritant  voyageur  a  heureusement  surmonta 
la  crise  qui  attend  tous  les  hommes  à  leur  retour  de  longs 
voyages  dans  l'intérieur  de  l'Afrique. 

Nous  ne  saurions  mieux  clore  ce  paragraphe  qu'en  citant 
l'opinion  du  lieutenant  Cameron  sur  l'avenir  possible  des  con- 
trées de  l'Afrique  australe  visitées  par  cet  éminent  explorateur  ^ 

1.  Procesdinqs,  t.  XX,  n«4,  p.  323-324. 

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VOYAGE  DE  GiMERON*  275 

«  Presque  tout  le  pays,  du  Tangaîiyîka  à  la  côte  occidentale, 
est  d'une  richesse  indescriptible.  Parmi  les  métaux,  on  y  trouve 
le  fer,  le  cuivre,  l'argent  et  Tor  ;  on  y  trouve  aussi  de  la 
houille.  Les  produits  végétaux  sont  l'huile  de  palme,  le  coton, 
les  nutmeg$t  outre  plusieurs  espèces  de  poivre  et  de  café.  Les 
habitants  cultivent  beaucoup  de  plantes  oléagineuses,  telles  que 
l'arachide  et  le  seni-ieni.  Aussi  loin  que  les  Arabes  ont  péné- 
tré, ils  ont  introduit  le  riz,  le  froment,  l'oignon,  et  quelques 
arbres  fruitiers  qui  paraissent  bien  réussir.  Les  contrées  de  Bibé 
et  de  Bailoûnda  sont  assez  élevées  pour  comporter  une  occupa- 
lion  européenne  ;  elles  produiraient  tout  ce  qui  peut  être  cul- 
tivé dans  le  midi  de  l'Europe.'  Les  orangers  que  Senhqr  Gon- 
çalves  a  plantés  à  Bihé^  où  il  a  passé  plus  de  trente  ans,  étaient 
pins  beaux  qu'aucun  de  ceux  que  j!aie  vus  en  Espagne  ou  en 
Italie.  Ses  rosiers  et  ses  vignes  avaient  poussé  d'une  manière 
exubérante  ;  mais,  comme  il  était  resté  trois  années  absent,  il 
avait  perdu  beaucoup  de  végétaux,  tels  que  la  pomme  de  terre 
et  des  plantes  d'agrément*  Il  m'assura  que  lorsqu'il  prenait 
lui«>même  soin  de  son  jardin,  elles  avaient  par&itement  réussi.... 

a  Le  centre  de  l'Afrique  présente  un  système  hydrographique 
susceptible  d'être  utilisé  pour  le  commerce,  et  tel  qu'on  n'en 
trouve  de  pareil  nulle  part  ailleurs.  En  creusant  un  canal  de 
37  à  56  kilomètres  de  longueur  dans  la  plaine  sablonneuse  et 
unie  qui  sépare  les  affluents  du  Zaïre  des  hauts  affluents  du 
Zambézi,  on  établirait  un  lien  entre  les  deux  systèmes  fluvia- 
tiles,  et,  d'autre  part,  la  rivière  Tchambézi,  qui  doit  être  con- 
sidérée comme  la  première  partie  du  cours  du  Zaïre,  est  navi- 
gable jusqu'à  une  distance  de  370  kilomètres  de  l'extrémité 
nord  du  Nyassa.  A  Test  du  pays  de  Lovalé,  il  existe  des  quan- 
tités étonnantes  d'ivoire.  Chez  les  marchands  musulmans  de 
Nyangwéy  le  prix  était  de  215  milligrammes  de  verroterie,  ou 
143  milligrammes  des  coquillages  marins  appelés  Cyprea  mo- 
neta,  par  kilogramme  d'ivoire  ^  ;  les  caravanes  qui  partaient  de 

1.  Nons  rapportons  aa  système  métrique  français  les  poids  donnés  en  Ivfre» 
et  fractions  de  livre  anglaises. 

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276  AFRIQUE.  K««  371-428 

ce  point,  eu  quête  d'ivoire,  achetaient  une  dent  d'éléphant, 
quel  que  fût  son  poids,  pour  un  vieux  couteau,  un  bracelet  de 
cuivre,  ou  pour  tout  autre  objet  inutile  qui  pouvait  séduire  les 
indigènes.  La  tache  honteuse  de  ce  beau  pays,  c'est  que  la  traite 
des  esclaves  y  persiste,  qu'elle  est  même  la  base  d'affaires  con- 
sidérables, activées  par  la  nécessité  de  combler  les  vides  des 
pays  dépeuplés  par  l'ancien  commerce  des  esclaves  sur  la  côte. 
Les  chefs,  comme  par  exemple  le  kasongo  et  le  mata  yanvo, 
sont  complètement  irresponsables,  et,  pour  un  présent  de 
deux  ou  trois  fusils,  ils  autoriseraient  un  homme  à  détruire 
autant  de  villages  et  à  réduire  en  esclavage  autant  de  gens  qu'il 
pourrait.  Quant  aux  Waroua  (habitants  de  l'Ouroua),  en  parti- 
culier, ils  préféreraient  mourir  plutôt  que  d'être  faits  esclaves. 
On  m'a  cité  des  cas  de  Waroua,  emmenés  conmie  esclaves 
jusqu'à  l'île  de  Zanzibar,  et  qui  ont  trouvé  le  moyen  de  revenir 
dans  leur  patrie.  Des  Portugais  sont  les  principaux  agents  de 
ce  conmierce,  parce  qu'ils  sont  en  situation  de  se  débarrasser 
avantageusement  des  esclaves,  en  les  vendant  en  plusieurs 
pays,  contre  de  l'ivoire  et  d'autres  marchandises.  Les  Arabes 
(les  musulmans),  en  général,  n'achètent  d'esclaves  qu'autant 
qu'ils  en  ont  besoin  comme  porteurs  et  serviteurs  pour  cultiver 
le  sol  autour  de  leurs  camps  permanents.  Les  gens  de  Bihé, 
qui  travaillent  eh  sous-ordre  pour  des  Portugais  traitauls, 
malmènent  ces  malheureux  de  la  manière  la  plus  cruelle  et  la 
plus  brutale.  Quelquefois  je  me  suis  interposé,  et  je  l'aurais 
fait  bien  plus  souvent,  si  je  n'avais  vu  que  mon  intervention 
amenait,  dès  que  j'avais  le  dos  tourné,  un  châtiment  plus 
lourd  sur  ces  êtres  dignes  de  pitié  *.  Le  seul  moyen  de  faire 
disparaître  l'esclavage,  c'est  d'ouvrir  l'Afrique  à  un  commerce 
régulier,  et,  dans  ce  but,  le  mieux  serait  d'utiliser  le  magni- 
fique réseau  des  fleuves  et  des  rivières  de  l'intérieur.  » 

1.  En  reproduisant  ce  passage,  il  est  juste  et  nécessaire  de  rappeler  aussi  les 
protestations  qu'il  a  soulevées  en  Portugal.  Nul  doute  que  des  accusations  qu'on 
a  fait  remonter  jusqu'aux  Portugais  ne  soient  méritées  seulement  par  les 
nègres,  leurs  sujeu,  qui  n'ont  encore  reçu  d'eux  et  adopté  que  les  dehors  de 
la  civilisation. 

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UC  NYASSA.  277 

Les  travaux  du  lieutenant  Cameron  sont  de  ceux  sur  lesquels 
nous  aurons  à  revenir,  lorqu'ils  auront  été  publiés  dans  leur  ' 
ensemble.  La  géographie  exacte,  tout  spécialement,  y  gagnera, 
dans  une  mesure  qui  dépasse  beaucoup  les  contributions 
habituelles  des  voyageurs.  Combien  en  est-il  qui,  même  dans 
des  pays  moins  inconnus,  ont  rapporté,  comme  le  lieutenant 
Cameron,  un  itinéraire  de  5500  kilomètres,  et  près  de  cinq 
mille  observations  tant  de  latitude  que  de  longitude  et  d'alti- 
tude? 

§  1  —  Le  lac  Nyassa  est  enfin  connu  tout  entier.  —  Découverte  de  ses  limites 
au  nord  par  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Young.  —  La  mission  protestante  de 
Livingstonia. 

Depuis  que  les  voyages  d'Albert  Roscher  et  surtout  ceux  du 
docteur  Livingstone  ont  apporté  des  indications  précises  sur  le 
grand  lac  Nyassa,  que  les  Portugais  connaissaient  vaguement 
depuis  quelques  siècles,  les  Anglais,  avec  leur  esprit  éminem- 
ment pratique,  avaient  vu  dans  ce  lac  Nyassa  (ou  Niandja 
Mkouba,  c'est-à-dire  grande  mer  y  comme  l'appellent  aussi  les 
indigènes)  un  point  d'attaque  favorable  pour  la  civilisation. 
Livingstone,  qui  avait  déjà  vu  tant  et  de  si  belles  contrées  de 
l'intérieur  de  TAfrique  tropicale,  considérait  le  pays  du  Nyassa 
comme  le  plus  beau  de  tous  ceux  qu'il  connût.  Un  climat, 
tempéré  par  396  mètres  d'altitude,  devait  épargner  la  santé 
des  Européens  affectée  par  le  dangereux  climat  du  Zambézi  ; 
de  plus,  une  vaste  nappe  d'eau  ouvrait  accès  chez  différents 
peuples,  qu'on  pourrait  ainsi  soumettre  à  des  influences  civili- 
satrices. 

En  1875,  le  comité  des  Missions  unies  d'Ecosse  s'étant  dé- 
cidé à  fonder  une  mission  sur  le  Nyassa,  choisit,  pour  l'y  con- 
duire, un  officjer  de  marine,  M.  E.  D.  Young,  qui  avait  voyagé 
avec  Livingstone  pendant  son  expédition  du  Zambézi  et  du 
Chiré,  et  qui,  en  1867,  avait  été  s'assurer  si  le  grand  explo- 
rateur était  encore  vivant. 

En  août  1875,  la  nouvelle  expédition  entrait  dans  Zambézi 

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278  AFRIQUE.  N- 57M28 

sur  un  petit  vapeur  en  acier,  T/Wa,  construit  de  manière 
à  pouToir  franchir  les  passes  étroites  et  les  hauts  fonds  du 
fleuve,  et  celles  du  Chiré.  Malgré  ses  petites  dimensions, 
Yllala  n'avança  qu'avec  difficulté,  car  on  était  à  l'époque  des 
basses  eaux.  Deux  accidents  n'empêchèrent  pas  l'expédition 
d'arriver  le  16  août  à  Mazaro.  Là  le  fonctionnaire  portugais 
donna  les  renseignements  nécessaires,  et  deux  jours  plus  tard 
M.  Young  commençait  à  remonter  le  Chiré.  Au-dessus  de 
Tchibisa,  où  reposent  les  restes  du  jeune  géodésien  anglais 
Thornton,  la  rivière  forme  une  cataracte  appelée  cataracte  de 
Murchison,  et  en  amont,  sur  une  longueur  de  IH  kilomètres, 
son  lit  est  si  resserré,'sa  pente  est  si  forte,  qu'il  fallut  démon- 
ter le  bateau  et  en  transporter  les  pièces  à  dos  d'hommes 
jusqu'au  point  où  la  rivière  redevient  navigable.  Quatre  cents 
porteurs  furent  employés  à  ce  travail. 

Dès  l'entrée  dans  le  Nyassa,  M.  Young  désigna  comme  le 
point  le  plus  convenable  pour  un  établissement  la  pointe  du 
cap  Maclear  qui  di^îse  en  deux  parties  l'extrémité  sud  du 
lac.  On  se  mit  à  l'œuvre,  et  avant  le  commencement  des 
pluies  tropicales  les  maisons  étaient  construites,  les  mission- 
naires y  étaient  installés,  et  ils  avaient  trouvé  partout  autour 
d'eux  chez  les  habitants  les  dispositions  les  plus  bienveillantes. 
Les  quelques  cas  de  fièvre  intermittente  qui  s'étaient  déclarés 
à  la  suite  des  fatigues  du  voyage  sur  le  bas  Zambézi,  et  dont 
M.  Young  avait  souffert  plus  que  ses  compagnons,  ne  tardèrent 
pas  à  disparaître.  H.  Young,  désormais  rassuré  au  sujet  des 
missionnaires,  pouvait  revenir  en  Europe  ;  il  préféra  croiser 
sur  le  Nyassa,  pour  faire  connaître  aux  tribus  riveraines  l'éta- 
blissement fondé  par  l'Angleterre,  et  pour  vérifier  si  le  doc- 
teur Kirk  et  Charles  Livingstone  avaient  bien  réellement  vu, 
en  1861,  l'extrémité  nord  du  lac.  M.  Young  fut  accompagné 
par  quatre  membres  de  la  mission  écossaise,  et  sa  croisière, 
qui  dura  un  mois,  le  conduisit  à  une  découverte  importante. 
Le  Nyassa,  loin  de  finir  vers  le  11<»  de  latitude  sud,  ainsi  qu'on 
le  croyait,  continue  du  côté  du  nord  jusqu'à  9<»20'  de  latitude 

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LAC  MYâSSâ.  279 

sud.  Sa  largeur  varie  de  31  à  117  kilomètres.  Sa  longueur 
totale,  de  la  baie  sud-est  à  la  pointe  nord,  est  de  560  kilo- 
mètres.^ Le  développement  de  ses  côtes  est  de  1480  kilo- 
mètres. 

Nous  empruntons  à  M.  Young  (voir  n®*  387)  quelques-uns 
des  passages  où  il  résume  les  observations  recueillies  par  lui 
pendant  sa  rapide  et  mémorable  navigation  du  lac  Nyassa  : 

«  Dans  la  plupart  des  points,  le  Nyassa  est  très-profond  ;  ou 
ne  touchait  pas  le  fond  avec  une  ligne  de  sondage  longue  de 
91  mètres,  et  à  pareille  distance  du  rivage,  sur  quelques 
points  de  la  partie  nord-est  ;  il  y  a  là  une  chaîne  de  montagnes, 
qui  s'étend  sur  une  longueur  de  185  kilomètres,  et  dont  la 
hauteur  au-dessus  du  niveau  du  lac  est  de  3000  ou  3600 
mètres.  Un  grand  nombre  de  rivières  se  jettent  dans  le  lac, 
mais  elles  ne  sont  pas  navigables  :  à  l'extrémité  nord  du  lac  il 
en  est  une  que  les  indigènes  appellent  Revoma  (Rouma  bu 
Rovouma),  et  qui  sort  du  Nyassa.  Tandis  que  nous  cherchions 
le  point  où  elle  commence  au  bord  d*un  marais,  un  épouvan- 
table ouragan  s'abattit  sur  nous  ;  nous  fûmes  forcés  de  rester 
toute  la  nuit  sur  nos  deux  ancres  tout  en  faisant  encore  mar- 
cher la  vapeur  pour  maintenir  le  bateau  en  position.  La  côte 
étant  sous  le  vent,  nous  n*avions  presque  plus  de  provisions 
ni  de  combustible,  et  nous  étions  forcés  de  repartir  dès  que 
cela  serait  possible.  Je  m'attendais,  à  chaque  minute,  à  voir 
le  bateau  jeté  à  la  côte  où  nous  serions  tombés  aux  mains  des 
sanguinaires  Hazitou  ;  il  est  vrai  que  ce  moment  de  Tannée  est 
le  plus  mauvais  de  tous  pour  un  voyage  comme  celui-ci.... 

a  Les  rivages  du  lac  ne  sont  plus  aussi  peuplés  qu'autrefois, 
car  le  plus  grand  nombre  des  habitants  ont  été  emmenés  en 
esclavage.  J'ai  visité  tous  les  établissements  des  négriers 
arabes,  et  la  seule  vue  du  bateau  à  vapeur  a  répandu  la  ter- 
reur au  milieu  d'eux  ;  il  y  a  cinq  dhaous  *  qui  servent  à  trans- 
porter les  esclaves  d'un  rivage  à  l'autre.  D'après  ce  que  j'ai  pu 

1.  Bâtiments  pareils  à  ceux  des  marins  arabes  derOoéan  Indien. 

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280  AFRIQUE.  N«'  57l-i2JÎ 

apprendre  au  sujet  de  ce  trafic,  je  croirais  volontiers  qu'on  n'en 
transporte  pas  moins  de  20,000  par  an.  Au  sud  et  à  l'ouest, 
la  population  est  groupée  autour  des  chefs  que  les  Arabes  em- 
ploient à  faire  la  guerre  aux  tribus  de  l'intérieur  du  côté  de 
l'ouest,  et  tous  leurs  prisonniers  sont  réduits  en  esclayage  et 
emmenés  par  les  marchands  arabes.  Je  crois  fermement  qu'une 
douzaine  d'Anglais,  bien  décidés,  ayant  un  bateau  comme  le 
nôtre  et  quelques  balles  de  calicot,  arrêteraient  tout  ce  com- 
merce. Je  serais  ravi  si  je  pouvais,  m'emparer  de  suite  des 
dhaouSf  mais  j'ai  les  mains  liées  pour  le  moment. 

«  Presque  partout  le  paysage  a  des  aspects  grandioses. 

«  Les  Arabes  furent  si  frappés  d'étonnement  et  d'effroi  eu 
apprenant  l'arrivée  des  Anglais  avec  un  bateau  à  vapeur,  que 
pendant  un  mois  il  ne  passa  pas  un  seul  esclave  du  rivage 
ouest  au  rivage  est,  preuve  évidente  qu'ils  savent  que  nous 
pouvons  être  maîtres  du  lac.  Oh  !  combien  je  désire  engager  la 
lutte  avec  eux,  et  débarrasser  ce  beau  pays  de  ces  misérables 
altérés  de  sang  î  Le  bas  peuple  se  réjouit  de  notre  présence,  et 
à  beaucoup  de  kilomètres  autour  de  nous  l'esclavage  a  cessé, 
car  il  n'y  a  pas  d'Arabes  assez  braves  pour  venir  près  de 
nous... 

<(....  Kota  Rota  est  le  centre  principal  des  Arabes  et  des 
esclaves,  et  quoiqu'il  y  eût  là  plus  de  cent  Arabes  et  trois 
dhaoïts ,  ils  furent  tellement  effrayés  qu'ils  demandèrent  au 
docteur  Laws  ce  que  je  comptais  faire  de  leurs  navires. 

«  Jusqu'au  milieu  du  mois  de  janvier  il  n'y  eut  pas  de  crue 
des  eaux  du  lac,  et  il  tomba  peu  de  pluie,  excepté  à  son  extré- 
mité nord,  où  il  plut  et  venta  terriblement. 

«  Dans  quelques  parties  du  lac  on  voit  des  quantités  de  vil- 
lages bâtis  dans  l'eau  sur  pilotis  ;  en  d'autres  endroits  beau- 
coup d'habitants  vivent  sur  des  rochers  nus.  Ce  sont  le  peu  des 
habitants  qui  ont  échappé  dans  leurs  canots  aux  négriers. 
Pauvres  infortunés  !  Ils  traînent  une  existence  bien  misé- 
rable.... 

«  Nous  avons  visité  quelques  sites  délicieux,  et  les  empla- 

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UG  NYASSÂ.  281 

céments  de  nombreux  villages  où  le  sol  était  couTert  de  mil- 
liers de  squelettes,  restes  de  pauvres  êtres  qui  avaient  été 
tués  en  essayant  d'échapper  aux  chasseurs  d'esclaves.  » 

Pour  peu  qu'on  rapproche  le  témoignage  de  M.  Young  de 
celui  du  lieutenant  Gameron,  et  d'autres  faits  connus  depuis 
longtemps  et  relatifs  à  la  pointe  sud  de  l'Afrique,  on  y  découvre 
cette  humiliante  vérité  que  les  races  blanches,  qui  avaient 
missiou  de  civiliser  les  populations  de  l'intérieur  de  l'Afrique 
australe,  agissent  au  milieu  d'elles  comme  un  dissolvant  et  me- 
nacent de  les  anéantir  tout  à  fait. 

Ce  voyage  n'a  été  que  le  prélude  d'une  exploration  [plus 
complète  que  M.  Young  veut  faire,  et  dans  laquelle  il  achèvera 
certainement  les  observations  auxquelles  il  s'est  livré.  Cepen- 
dant on  entrevoit  déjà  les  caractères  du  lac  Nyassa,  dont  la 
profondeur  remarquable,  ainsi  que  la  forme  allongée, indiquent 
qu'il  remplit  une  sorte  de  crevasse  ou  de  faille  dans  la  surface 
du  sud-est  de  l'Afrique  tropicale.  Les  montagnes  riveraines  du 
Njassa  qui,  sur  beaucoup  de  ses  parties,  serrent  la  nappe 
d'eau  de  très-près,  accusent  encore  plus  le  trait  dont  nous  par- 
lons. Du  côté  du  nord-est,  ces  montagnes  ont  une  altitude  de 
5400  à  4000  mètres.  Si  l'on  ajoute  à  ces  chiffres  de  M.  Young 
la  profondeur  de  91  mètres,  qui  est  loin  d'être  le  maximum, 
le  fond  du  lac  ou  de  la  crevasse  serait  à  3500  mètres  ou 
4100  mètres  plus  bas  que  leur  crête.  M.  Young  a  nommé 
«  chaîne  de  Livingstone  »  la  partie  nord-est  des  montagnes. 
Cette  chaîne  doit  être  considérée  comme  un  fragment  du 
soulèvement,  parallèle  à  la  côte  de  l'Océan  Indien,  dont 
les  cimes  neigeuses  du  Kilima-Ndjâro  et  l'Orldoïnio  Eïbor  ou 
Kénia  marquent  les  points  les  plus  élevés  dans  l'état  actuel 
de  nos  connaissances,  et  qui,  se  prolongeant  ensuite  au  nord 
de  l'équateur,  partagent  les  deux  bassins  du  Nil  et  du 
Djouba. 

On  a  vu  qu'après  avoir  constaté,  à  la  suite  de  Livingstone, 
que  la  rivière  Chiré  porte  au  Zambézi  les  eaux  du  Nyassa,  en 
suivant  une  pente  rapide,  H.  Young  trouve,  à  l'extrémité  op- 

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282  AFRIQUE.  N-  371-428 

posée  du  lac,  la  rivière  Revoma,Rovoumâ  ou  Rouma,  qu'B  dit 
être  un  autre  canal  de  décharge  du  trop-plein  de  ses  eaux.  Si 
le  fait  était  bien  prouvé,  le  Nyassa  serait,  en  Afrique,  le  seul 
lac  s'écoulant  par  ses  deux  extrémités  opposées.  Mais  il  convient 
peut-être  de  considérer  que  le  seul  moment  où  M.  Young  ait 
pu  observer  le  point  de  jonction  du  Revoma  et  du  Nyassa  a  été 
un  moment  de  teinpête,  qui  ne  lui  aura  peut-être  pas  laissé 
toute  la  tranquilité  d'esprit  voulue  pour  constater  ce  fait ,  un 
fait  que  sa  nouvelle  exploration  éclaircira.  Peut-être  le  voya- 
geur aura-t-il  été  entraîné  par  une  similitude  de  noms,  qui 
devait  le  frapper,  mais  qui  s'expliquerait,  nous  le  croyons,  si 
l'on  connaissait  tous  les  termes  géograpbiquesdans  les  langues 
de  l'Afrique,  orientale.  [Un  fleuve  Rovouma  débouche  dans 
l'Océan  Indien  sous  le  cap  Delgado,  et  ce  fleuve  draine,  comme 
on  sait,  tout  le  pays  situé  à  l'est  des  hautes  montagnes  des 
bords  du  Nyassa  ;  mais  partout  ces  mêmes  montagnes  forment 
une  barrière  entre  le  Nyassa  et  les  affluents  du  Rovouma,  dont 
le  bassin  comprend  tout  leur  versant  oriental.  Il  ne  peut  donc 
pas  y  avoir  un  écoulement  du  Nyassa,  par  le  fleuve  Rovouma, 
dans  rOcéan  Indien.  Quant  à  une  liaison  entre  le  Nyassa  et  un 
des  affluents  du  Loufidji,  sans  vouloir  la  nier  d'une  manière 
absolue,  nous  la  croyons  extrêmement  peu  probable. 

La  nouvelle  des  heureux  débuis  de  la  mission  a  stimulé  le 
zèle  religieux  des  habitants  de  la  Grande-Bretagne,  et  une 
deuxième  expédition  a  été  envoyée  au  Nyassa  par  l'éghse  écos- 
saise sous  la  conduite  d'un  missionnaire,  M.  le  docteur  Jacques 
Stewart;  enfin  M.  H.  B.  Cotterill,  fils  de  l'évêque  d'Edimbourg, 
est  parti  également  pour  nouer  des  relations  commerciales 
entre  la  Livingstonia,  les  riverains  du  Nyassa  et  les  tribus  de 
l'intérieur.  Ces  deux  expéditions  emmènent  deux  vapeurs  con- 
struits en  acier  :  ÏAnsgarius  et  le  Herga.  On  espérait  arriver 
au  Nyassa  à  la  fin  du  mois  de  septembre,  mais  on  prévoyait 
aussi  que  le  voyage  sur  le  Zambézi,  et  le  long  du  Ghiré,  pour- 
rait durer  plus  longtemps.  H.  Henderson,  l'un  des  fondateurs 

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AFRIQUE  AUSTRALE.  285 

de  Livingstonia,  conduira  une  des  deux  etpéditions  à  S70  ki- 
lomètres nord  de  Uvingstonia,  sur  le  rivage  est  du  lac,  où  Ton 
établira  une  mission.  Nous  apprenons  à  cette  occasion  que  les 
langues  parlées  par  les  riverains  du  Nyassa  ont  une  telle  res- 
semblance avec  les  dialectes  des  Bàsouto  et  des  Makalaka,  habi- 
tants des  pays  placés  au  sud  et  au  nord  du  Limpopo,  que  la 
nouvelle  expédition  dirigée  sur  le  rivage  nord-est  du  Nyassa 
emmène  des  interprètes  choisis  parmi  les  Basouto  et  les  habi- 
tants du  pays  des  Matabélé.  Voilà  une  nouvelle  preuve  de 
Tunité  de  race  des  peuples  indigènes  de  la  région  de  l'Afrique 
située  entre  l'équateur  et  le  tropique  du  Capricorne.  Plus  en- 
core peut*être  que  les  Cafres,  les  tribus  de  Tintérieur  au  sud 
du  Kilima-Ndjâro,  jusqu'au  bord  du  Nyassa,  sont  remuantes 
et  en  grande  partie  nomades.  Comme  leurs  parents  les  Djagga, 
qui  menacèrent,  il  y  a  trois  siècles,  l'Angola  et  le  Kongo,  lés 
Mazitou  mènent  une  vie  de  brigands  ;  ils  saccagent  les  pays 
sur  leur  route.  On  peut  très-bien  comparer  ces  grandes  mi- 
grations, que  continuent  depuis  deux  ou  trois  siècles  des 
peuples  de  la  race  Bantou  ou  Cafre,  aux  invasions  des  Bar- 
bares en  Europe  aux  quatrième,  cinquième  et  sixième  siècles. 
En  ce  qui  concerne  les  peuples  de  la  race  Bantou,  leurs  enva- 
bissements  sont  funestes  aux  vieilles  et  faibles  races  des  abori- 
gènes qu'ils  refoulent,  asservissent  ou  exterminent,  tandis  que 
dans  l'oiiest  de  l'Europe  les  hordes  tudesques,  magyares  et 
tartares  ne  firent  que  passer,  lorsqu'elles  ne  se  fondirent  pas 
dans  les  populations  celtiques  et  gallo-romaines. 

§  3.  ~  L'aridité  de  TAfrique  9U8trale  étudiée  par  M.  Brown 
au  point  de  vue  de  Tavenir. 

Pour  qui  embrasse  l'état  présent  et  passé  des  contrées  de 
l'Afrique,  il  est  un  phénomène  menaçant,  dont  les  manifesta- 
tions se  produisent  sur  deux  zones  parallèles  à  l'équateur, 
entre  le  18*  et  le  28«  de  latitude  nord,  et  entre  le  18*  et  le 
SS*»  de  latitude  sud.  Il  s'agit  d'une  sécheresse  toujours  crois- 

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284  AFRIQUE.  N"' 371-428 

santé  du  climat,  et,  comme  conséquence,  la  transformation, 
en  déserts,  de  vastes  étendues  de  pays  autrefois  bien  arrosés 
et  fertiles.  Ici,  c'est  le  Kalahari,  là,  c'est  le  Sahara.  Dans  la 
zone  au  nord  de  l'équateur,  ce  n'est  pas  seulement  le  réseau 
complet  de  lits  des  cours  d'eau  qui  atteste  l'ancienne  fertilité, 
on  trouve  sur  quelques  points  privilégiés,  dans  des  lacs  qui 
ont  échappé  au  dessèchement,  les  animaux  qui  peuplaient  ces 
fleuves  et  ces  rivières  ;  on  voit,  sur  des  rochers,  des  dessins 
représentant  des  troupeaux  de  bœufs  allant  à  l'abreuvoir,  là 
où,  de  nos  jours,  il  faut  attendre  dix  ans  la  pluie  nécessaire 
à  abreuver  les  chameaux  des  caravanes.  Ces  preuves  d'un 
changement  de  climat  concordent,  pour  le  Sahara,  avec  les 
indications  des  auteurs  classiques  grecs  et  latins.  Quant  à  la 
zone  au  sud  de  l'équateur,  inconnue  dans  l'antiquité,  il  faut 
se  contenter  des  témoignages  du  sol  et  des  traditions  contem- 
poraines. Mais  là  aussi  le  sol  parle  ;  les  onâdi  du  Sahara  s'y 
retrouvent  avec  un  nom  différent,  celui  de  melapo;  des  sculp- 
tures rupestres,  existantes  dans  les  endroits  où  l'homme  mour- 
rait de  soif,  prouvent  que  naguère  des  tribus  y  stationnaient 
et  que  les  difficultés  matérielles  de  l'existence  n'étaient  pas 
pour  elles  tellement  dures  qu'elle  leur  interdît  toute  ten- 
dance artistique. 

Dans  un  travail  qui  remonte  à  quelques  années,  M.  J.  F. 
Wilson  avait  envisagé  la  question  du  dessèchement  du  bassin 
du  'Gariêp  (fleuve  Oranje)  ;  l'année  dernière,  le  savant  bota- 
niste de  la  colonie  du  cap  de  Bonne-Espérance,  M.  Jean  Croum- 
bie  Brown,  a  publié  sur  l'Hydrologie  du  sud  de  l'Afrique  un 
livre  (n°  426)  qui  embrasse  et  discute  toutes  les  observations 
relatives  au  dessèchement  du  sud  de  l'Afrique.  Après  avoir 
signalé  les  forêts  fossiles  dont  on  retrouve  les  emplacements, 
et  les  lacs  qui,  ainsi  que  l'ancien  lac  de  la  vallée  de  Barotse, 
ne  sont  plus  qu'une  plaine  traversée  par  une  rivière,  il  examine 
les  preuves  contemporaines  de  l'aridité  croissante  dans  la  durée 
d'un  demi-siècle.  En  1821,  M.  Moffat  s'établissait  à  Latakou, 
dans  le  pays  des  Betchouâna.    Les  habitants   avaient  alors 

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AFRIQUE  AUSTRALE.  285 

conservé  un  souvenir  très-vivant  des  inondations  d'autrefois, 
des  pluies  continuelles  qui  faisaient  pousser  des  herbes  sur  les 
rochers  de  leur  pays,  des  forêts  de  très-grands  arbres  qui 
ombrageaient  les  collines  de  Hamhan;  le  Kouriman  et  les 
autres  meiapo  au  sud  du  Kalahari  étaient  des  torrents  si  larges 
et  si  rapides,  qu'ils  ne  pouvaient  pas  les  traverser. 

Parmi  les  causes  auxquelles  M.  Brown  attribue  le  dessèche- 
ment du  sud  de  TÂfrique  figurent  en  première  ligne  un  exhaus- 
sement du  niveau  général  du  sol  attribué  à  rabaissement  d'une 
partie  du  lit  de  TOcéan,  puis  la  destruction,  par  des  courants 
de  plus  en  plus  rapides,  des  talus  qui  retenaient  les  eaux  et 
formaient  des  lacs  ;  enfin  le  déboisement  dû  aux  incendies 
allumés  par  les  indigènes  ^. 

M.  Brown  indique  le  reboisement  de  l'Afrique  australe 
comme  le  seul  moyen  d'arrêter  le  dessèchement  de  toutes  ces 
contrées  ;  il  propose  donc  au  gouvernement  anglais  d'imiter, 
dans  la  colonie  du  cap  de  Bonnc-Ëspérance,  l'exemple  donné 
par  le  gouvernement  français  en  reboisant  les  Alpes,  les  Pyré- 
nées et  les  montagnes  du  centre  de  la  France  pour  régulariser 
les  crues  des  fleuves  et  des  rivières.  Le  travail  de  M.  Brown 
mériterait  d'être  lu  et  étudié  au  point  de  vue  des  sécheresses 
en  Algérie,  et  des  reboisements  qu'on  y  a  commeacés  il  y  a 
quelques  années. 

g  4.  —  Le  livre  posthume  de  Charles  Anderssoa  sur  le  pays  des  Héi'éio 
et  le  fleuve  Cunéné. 

Nous  devons  à  M.  L.  Lloyd  la  publication  d'un  travail  pos- 
thume (u?  395)  contenant  les  dernières  notes  d'un  chasseur 
et  naturaliste  suédois,  Charles-Jean  Andersson,  qui  consacra  la 
meilleure  partie  de  sa  vie  aux  découvertes  dans  le  sud  de 
l'Afrique,  et  fut  l'un  des  premiers  explorateurs  du  lac  Ngâmi. 
Andersson  était  mort  en  1867  dans  le  pays  des  Ovampo. 

1.  On  se  rappelle  que  déjà,  en  1495,  Vasco  da  Gama  avait  appelé  TÂfrique 
australe  Terfz  do  fumât  terre  de  la  fumée. 

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386  AFRIQUE.  N"  371-428 

Ce  livre,  trèsànstruciif,  donne  un  tableau  des  misères-  et 
des  dangers  qui  menacent  les  négociants  européens  au  nord  de 
la  colonie  du  cap  de  Bonne-Espérance.  L'explorateur  Cbarles- 
Jean  Ândersson  s*y  présente  à  nous,  en  effet,  comme  chef 
d*un  grand  établissement  comn^ercial  dans  le  pays  des  Da- 
mara,  peuplade  asservie  par  les  Nama-kwa,  et  qui,  devenue 
forte,  voulait  secouer  son  joug.  Andersson,  ayant  pris  parti 
pour  ses  voisins,  les  accompagna  dans  leurs  guerres  contre 
les  Nama-kwa  ;  il  y  reçut  même  une  blessure  très-grave  qui  le 
laissa  estropié  pour  le  reste  de  ses  jours.  Hais  ni  cette  bles- 
sure, ni  les  entreprises  commerciales  ne  purent  retenir  le 
voyageur  dans  ses  foyers  ;  il  parcourut  le  pays  dans  difîérentes 
directions,  et  atteignit  même,  du  côté  du  nord,  Ondonga,  lo- 
calité du  pays  des  Ovampo,  où  lavait  précédé  H.  Fraocis 
Galton.  Dans  toutes  ses  excursions,  H.  C.  Ândersson  redevient 
le  naturaliste ,  peintre  si  attachant  des  mœurs  des  animaux, 
qu'on  avait  admiré  dans  le  livre  du  «  Lake  Ngami  ». 

Le  côté  tout  à  fait  nouveau  de  son  ouvrage  posthume  est  la 
relation  d'un  voyage  d'Ondonga  à  la  colonie  portugaise  de 
Hcssamedes,  située  au  sud  de  Benguela.  G^est  la  première  fois 
qu'un  voyageur,  parti  de  la  colonie  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, soit  parvenu  à  l'une  des  possessions  portugaises,  sans 
passer  par  le  Zambézi.  Ce  fut  le  dernier  voyage  de  Charles  Ân- 
dersson. Andersson  avait  coutume  de  dresseï'  la  carte  des  con' 
trées  qu'il  parcourait,  et  nous  ne  pouvons  que  regretter  que 
l'éditeur,  qui  possède  les  papiers  du  voyageur,  n'ait  pas  joint 
au  volume  au  moins  une  réduction  de  ces  itinéraires^  surtout 
de  la  carte  du  voyage  d'Ondonga  au  fleuve  Cunéné,  avec  la 
liste  des  latitudes  observées. 

En  partant  d'Ondonga,  dans  la  direction  nord,  M.  C.  Anders- 
son traversa  d'abord  un  pays  rempli  de  broussailles,  puis  des 
savanes  herbues  pour  arriver  à  Ov^wambi.  Plus  loin,  au  nord, 
les  Adansonia  donnent  un  nouveau  caractère  à  la  contrée. 
M.  Andersson  arriva  sur  le  Cunéné  le  12  juin.  Le  fleuve  était 
caché  au  milieu  d'une  plaine  inondée  et  couverte  de  fourrés 

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AFRIQtJE  âUSTKâLE.  287 

de  roseaux  et  de  bois.  Il  y  aura  bientôt  cent  ans  que  le  docteur 
portugais  de  Lacerda  appelait  Tattention  du  gouvernement 
portugais  sur  Timportance  du  fleuve  Gunéné  et  la  nécessité 
d  en  faire  rexploration.  D'autres  voyageurs  avaient  ensuite  con- 
firmé les  rens^eignements  publiés  par  le  docteur  de  Lacerda  ; 
aussi  M.  G.  Aiidersson  int-il  bien  étonné  de  trouver  un  fleuve 
qui  ne  répondait  pas  à  ces  données.  Il  s'expliqua  le  fait  par  la 
nature  plate  du  terrain,  sur  lequel  il  toucha  le  Gunéné  ;  le 
fleuve  s^étend  là  en  vastes  marécages. 

C'est  sur  le  Gunéné  que  H.  G.  Andersson  nota  ses  dernières 
observations  ;  épuisé  par  la  fièvre  intermittente  et  les  fatigues, 
il  mourut  en  route,  dans  le  pays  d'Ovampo,  le  5  juillet  i867. 


§.  5.  —  Partie  est  de  TAfrique  australe.  M.  Merensky.  dans  la  république  de 
Transvaal.  ~  Voyage  du  docteur  Émilien  Holub  dans  les  .contrées  au  sud  du 
Zambézi.  —  Le  royaume  de  Sépopo. 


M.  A.  Merensky,  missionnaire  protestant,  a  publié  (n^*  396) 
une  carte  de  la  république  sud-africaine,  appelée  aussi  répu- 
blique de  Transvaal,  à  cause  de  sa  position  au  nord  du  fleuve 
'Gariêp  ou  Orange,  auquel  les  premiers  colons  hollandais  ont 
donné  le  nom  peu  précis  de  Vaal  (vallée).  Gette  carte  complète 
les  travaux  récents  de  Gharles  Haucb  sur  le  même  terrain  ; 
elle  sera  complétée  elle-même  par  les  travaux  d'un  voyageur 
tchèque,  le  docteur  Émilien  Holub^  qui  se  sont  étendus  au 
nord  jusqu'à  Zambézi. 

Le  docteur  Holub  est  un  jeune  géologue  et  naturaliste,  qui, 
après  deux  excursions  dans  l'intérieur  de  la  colonie  anglaise 
du  cap  de  Bonne-Espérance  et  de  la  république  de  TransvaaU 
a  commencé,  au  mois  de  mars  1875,  un  voyage  de  découverte 
dans  la  direction  du  Zambézi  (n°"  591  à  395).  Dans  la  pre- 
mière partie  de  sa  route  de  Dutoitspan  à  Moïloa,  il  a  examiné 
avec  soin,  entre  les  rivières  Vaal  et  Holopo,  les  sait-pans^  ou 
lacs  salés,  qu'on  rencontre  à  Hallwater  et  ailleurs.  Continuant 
son  voyage  vers  le  Holopo,  il  en  a  exploré  les  affluents  intéres- 

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288  AFRIQUE.  N- 371-428 

sants,  et  de  Hoïloa  il  a  gagné  le  confluent  du  HarikO|  dans 
le  Limpopo.  Dans  cette  partie  du  pays  de  Tintérieur,  il  a 
trouvé  des  mines  aujourd'hui  abandonnées  qui,  suivant  lui, 
auraient  été  jadis  exploitées  par  les  Hachouna,  peuplade  qui  vit 
maintenant  au  nord-est  des  Matabélé.  A  une  vingtaine  de  kilo- 
mètres nord  du  confluent  du  Notouani,  le  docteur  Holub  prit 
la  direction  du  nord-nord-ouest,  et  arriva  ainsi  à  Chochong. 
Non  loin  de  là,  le  voyageur  fit  une  découverte  réelle,  qui 
avait  échappé  à  Livingstone.  On  croyait,  jusqu'à  ce  jour,  que 
la  rivière  Zouga  était  un  affluent  du  lac  Ngâmi,  et  que  ce  lac 
marquait  le  point  le  plus  bas  d'un  bassin  en  communication 
avec  le  Zambézi.  Au  lieu  d*être  uu  affluent  du  lac  Ngâmi,  la 
rivière  Zouga  en  est  un  effluent  lorsqu'il  y  a  abondance  de 
pluies;  elle  se  jette  alors  dans  la  Chacha,  affluent  du  Limpopo. 
Par  conséquent,  la  pente  générale  de  tout  le  bassin  du  lac 
Ngâmi  est  du  nord-ouest  au  sud-est. 

Un  des  points  les  plus  intéressants  qu'ait  visités  le  docteur 
Holub  est  situé  sur  le  chemin  de  Chochong  à  Panda-ma-Tenka, 
dans  un  pays  qui,  en  termes  généraux,  appartient  au  bassin 
du  Limpopo.  C*est  cependant  un  bassin  indépendant,  couvert 
de  forêts,  et  dont  les  points  les  plus  bas  sont  des  lacs  salés. 
Les  trois  plus  grands  qu'ait  découverts  le  docteur  Holub  sont 
appelés  Tsitani,  Karrirkarri  et  Soa;  ils  communiquent  directe- 
ment ou  indirectement  avec  la  rivière  Zouga,  et  leurs  bords 
sont  formés  d'une  profonde  ma^se  de  sable  qui  continue  jus- 
qu'au nord  du  fleuve  Zambézi. 

Nous  aurons  bientôt,  sans  doute,  à  enregistrer  de  nouveaux 
et  très-importants  travaux  sur  cette  partie  de  l'Afrique  aus- 
trale. Un  naturaliste  suédois,  M.  Gustave  Vylder,  s'est  préparé 
en  vue  d  une  exploration  des  massifs  de  montagnes  au  nord 
du  lac  Ngâmi,  et  de  la  région  du  pays  des  Betchouâna  où  on 
trouve  des  bassins  à  fond  salin,  qui  rappellent  si  bien  les 
chott  et  les  sebkha  du  Sahara.  M.  Vylder  a  quitté  l'Europe 
en  1876.  On  est  en  droit  d'espérer  cpi'il  pourra  faire  des 
observations  qui  donneront  les  premières  données  exactes  sur 


AFAIQUE  AUSTRALE.  280 

l'âge,  la  composition  et  la  richesse  du  sol  de  la  contrée  à  Test 
du  lac  Ngâmi»  où  sont  les  chott  de  TAfrique  australe. 

Plus  loin  sur  sa  route,  le  docteur  Holub  découvrait  encore 
des  sources  et  de  petits  lacs,  et  entrait  ensuite,  par  le  Teïkha, 
dans  le  bassin  du  Zambézi.  Il  était  là  dans  une  région  où  des 
animaux  de  toute  sorte,  magots,  lions,  panthères,  hyènes, 
chacals  gris,  antilopes,  buffles,  éléphants,  rhinocéros,  autru- 
ches, trouvent  une  abondante  pâture. 

On  n'a  pas  encore  reçu  la  description  des  pays  de  Panda- 
ma-Tenka  à  Séchek,  capitale  des  Makololo,  sur  la  rive  gauche 
du  Zambézi,  où  il  arriva  le  31  juillet  1875  ;  mais  nous  devons 
à  Tobligeance  de  M.  le  docteur  François  Holub,  père  du  voya- 
geur, communication  de  plusieurs  parties  inédites  de  son  jour- 
nal, à  partir  de  l'arrivée  sur  le  Zambézi.  Voici  comment  est 
relatée  sa  première  audience  du  roi  Sépopo  : 

«  En  approchant  du  Nouveau-Séchek,  ville  en  voie  de  créa- 
tion, mon  compagnon  blanc  et  moi  nous  criâmes  notre  salut  : 
onmelaj  et  Sépopo  y  répondit  de  même.  Il  donnait  à  ce  mo- 
ment Tordre  de  faire  mesurer,  pour  la  première  fois,  la  ville 
du  Nouveau-Séchek.  A  peine  étions-nous  débarqués,  et  comme 
je  me  dirigeais  vers  la  foule  compacte  qui  nous  attendait,  que 
le  roi  Sépopo  vint  à  notre  rencontre.  C'est  un  homme  d'environ 
trente-cinq  ans,  de  taille  haute,  élancée,  ayant  un  t^int  foncé 
et  des  traits  agréables.  Il  portait  un  costume  européen,  qui 
jurait  avec  les  simples  couvertures  dont  étaient  vêtus  tous  ceux 
de  ses  sujets  (au  nombre  de  deux  cents)  qui  travaillaient  au- 
tour de  lui.  Les  autres  n'avaient  que  des  pagnes  ou  des  cein- 
tures. Ce  qui  me  frappa  le  plus  dans  Son  Altesse  Royale,  ce  fut 
un  collier  qu'il  portait  exactement  comme  on  porte  les  chaînes 
d*or;  des  bracelets  ornaient  son  bras  droit.  Je  prenais  tout  cela 
pour  des  ornements,  mais  j'appris  ensuite  que  c'étaient  des 
«  molemo  »,  c'est-à-dire  des  médecines,  ou  plus  exactement 
des  amulettes.  Le  roi  avait  également  des  «  koubebo  )),  ou 
petites  cuillères  à  nez,  qui  pendaient  sur  la  poitrine  avec  le 
collier. 

l'année  CÉOOR.  XV.  .  I  Digitized  ifGoOgl^ 


290,  AFRIQUE.  W»  371-428 

«  Le  roi  me  dit,  ea  me  tendant  la  main,  qu*ii  m'attendait 
depuis  longtemps.  Un  garçon,  qui  le  suivait,  apporta  quatre 
sièges  pour  nous  ;  bientôt  on  eut  amassé  un  tas  d*herbes  sèches, 
que  le  roi  lia  en  petites  bottes  et  rangea  par  terre.  Alors  la 
musique  de  la  cour,  composée  d'un  piano  en  calebasses  et  de 
tambours,  commença  à  jouer  sur  un  rhythme  monotone,  et  un 
homme  plaça  devant  nous  des  poissons  servis  dans  un  plat  en 
bois.  Je  crus  d'abord  qu'ils  n'avaient  pas  été  vidés,  mais  je  me 
trompais  :  ici  on  vide  les  poissons j)ar  ouverture  des  ouïes,  à 
l'aide  d'un  crochet  en  bois.  Le  roi,  ayant  pris  une  part,  et 
l'ayant  distribuée  à  ceux  qui  étaient  assis  à  ses  côtés,  se  mit  à 
manger.  On  nous  servit  aussi,  et  sans  nous  donner  de  four- 
chettes ni  de  couteaux,  bien  que  le  roi  en  ait  une  provision, 
qu'il  prête  même  aux  hommes  blancs.  Lorsque  nous  eûmes 
mangé,  on  apporta  :Un  vase  avec  de  l'eau,  dans  laquelle  le  roi 
d'abord,  et  nous  ensuite,  nous  lavâmes  nos  mains,  et,  pour 
mieux  enlever  Ja  graisse  des  doigts,  on  fit  circuler  des  boulettes 
de  bouse  de  vache,  avec  lesquelles  on  se  frotte;  après  quoi,  on 
se  rince  de  nouveau.  C'est  à  chacun  à  trouver  un  essuie-main, 
et  il  ne  me  resta  plus  qu'à  envoyer  chercher  ma  serviette.  Je 
m'étais  assis  sur  un  banc  de  terre,  en  face  de  Sépopo,  et  j'at- 
tendais avec  curiosité  de  voir  comment  il  se  tirerait  d'affaire. 
Comptant  qu'il  allait  emprunter  le  pagne  d'un  de  ses  sij^ets,  je 
le  vis,  à  ma  grande  surprise,  se  servûr  de  sa  cuillère  à  nez 
pour  se  gratter  si  bien  les  doigts,  que  le  brillant  graisseux  en 
disparut  complètement. 

«  Cette  cérémonie  accomplie,  nous  remontâmes  dans  les  ba-» 
teaux,  et  partîmes  pour  le  Vieux-Séchek,  situé  à  3600  mètres 
du  nouveau.  Sépopo  entra  dans  sa  demeure,  et  moi  dans  la 
hutte  de  Westbedh,  oii  je  m'habillai.  Bientôt  le  roi  vint  me 
faire  visite  avec  sa  suite.  Je  lui  fis  cadeau  d'un  fusil  à  deux 
coups,  se  chargeant  par  la  culasse,  avec  deux  cents  cartouches^ 
posées  dans  un  vase  en  fer  qui  faisait  partie  du  cadeau. 

((  Ce  jour  (31  juillet  1875)  est  le  premier  que  je  passai  dans 
le  nouveau  et  le  vieux  Séchek,  et  je  souhaitai  ardemment  de 

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AFRIQUE  AUSTRXLE.  S9i 

voir  arriver  le  moment  où  je  pourrais  continuer  mon  voyage.  » 
Malgré  ce  souhait  prématuré,  le  docteur  Holub  est  resté 
dans  le  royaume  de  Sépopo  au  moins  jusqu'à  la  fin  du  mois  de 
novembre.  Il  ne  faut  point  le  regretter,  car  ses  observations 
nous  montrent  sous  un  jour  tout  nouveau  ce  royaume  et  ses 
habitants.  Le  consciencieux  et  intelligent  voyageur  tchèque 
saisit  avec  justesse  tous  les  côtés  de  la  vie  intérieure  des  peu- 
ples, et  sait  les  peindre  en  couleurs  exactes  et  vives.  Nous  choi- 
sirons id  quelques-uns  des  traits  principaux  destinés  à  faire 
mieux  connaître  les  Hakololo  du  Zambézi  central,  peuple  ori- 
ginaire, d'après  le  docteur  Livingstone,  des  montagnes  à  Test 
de  la  colonie  de  Natal  ^  En  comparant  les  Makololo  aux  Zoulou, 
aux  Betchouâna,  aux  Basouto,  aux  Hakalaka,  aux  Hakalahari 
et  aux  autres  tribus  qu'il  a  pu  voir,  le  docteur  Holub  trouve 
que,  pris  en  général,  les  premiers  ont  atteint  un  degré  supé- 
rieur de  civilisation.  Si  dans  le  royaume  de  Sépopo,  comme 
dans  les  pays  plus  au  sud,  certaines  tribus  se  distinguent  par 
leur  développement,  l'explication  en  est  dans  le  voisinage  de 
la  ville  de  Séchek.  Le  docteur  Holub  est  persuadé  qu'en  avan- 
çant dans  l'intérieur  on  ne  trouvera  pas,  comme  on  le  suppo- 
sait jadis,  des  peuplades  tout  à  fait  sauvages,  mais,  au  con- 
traire, des  peuples  encore  plus  civilisés  que  les  sujets  de  Sépopo. 
Il  en  voit  la  preuve  dans  une  ambassade  envoyée  à  Séchek  par 
les  Masoumkouloumbé,  qui  vivent  à  540  kilomètres  au  nord 
du  Zambézi.  Elle  était  composée  d'hommes  à  la  tenue  et  aux 
allures  beaucoup  plus  convenables  que  celles  des  peuplades  en 
relations  avec  les  blancs.  Le  docteur  Holub  attribue  ce  phéno- 
mène à  l'influence  de  la  vie  dans  les  pays  plus  fertiles,  qui 
commencent  au  Zambézi  pour  s'étendre,  au  nord,  jusqu'au  delà 
de  la  région  des  grands  lacs.  Les  Makololo  font  des  chefs- 
d'œuvre  avec  les  roseaux  géants  du  Zambézi  et  avec  le  bois  de 
ses  forêts,  tandis  que  les  Betchouâna  et  les  habitants  du  Kala- 
hari,  qui  n'ont  pas  chez  eux  cette  espèce  de  roseau,  les  Mata- 

1.  Les  Makololo  ont  établi  leurs  dernières  colonies  sur  le  Zambézi,  au  com- 
mencement de  ce  siècle. 

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292  AFRIQUE.  N<-  371-428 

bêlé  et  les  Makalaka,  qui  n'ont  d'autre  bois  que  celui  du  Salix 
babylonica  et  d'un  buisson  épineux,  manquent  des  matériaux 
indispensables  pour  les  travaux  d'art.  Au  point  de  vue  moral, 
au  contraire,  les  peuples  de  Sépopo  sont  bien  inférieurs  à 
toutes  les  autres  tribus  qm  vivent  plus  au  sud,  les  Koi-koïn  ; 
et,  plus  on  s'enfonce  dans  l'intérieur,  plus  on  constate  un 
abaissement  du  moral. 

«  Les  instruments  de  musique  sont  faits  des  mêmes  maté- 
riaux que  ceux  des  Bamangwato  et  des  Batlepo  ;  de  petites  plan- 
ches, des  arcs,  des  citrouilles,  et  des  troncs  d'arbres  creux  en 
fournissent  les  éléments.  Quant  à  la  façon,  il  y  a,  entre  les 
instruments  de  musique  des  uns  et  des  autres,  une  différence 
du  tout  au  tout  en  faveur  des  fabricants  makololo  ;  elle  se  re- 
trouve jusque  dans  l'ornementation  de  leurs  cuillères,  sur  les- 
quelles ils  sculptent  des  dessins  jolis  et  même  spirituels  *.  » 
Le  docteur  Holub  déclare  que,  sans  le  despotisme  du  gouverne- 
ment, qui  ne  permet  pas  à  un  sujet  de  Sépopo  de  posséder  rien 
qui  surpasse  en  beauté  le  mobilier  de  son  roi,  on  rencontre- 
rait plus  souvent  dans  le  pays  de  véritables  œuvres  d'art.  Sous 
le  régime  actuel,  un  Makololo,  qui  a  exécuté  un  chef-d'oeuvre 
artistique,  n'a  plus  qu'à  l'offrir  en  cadeau  à  Sépopo,  et  cette 
perspective  étouffe  évidemment  beaucoup  de  vocations.  Quant 
aux  dispositions  pour  les  ouvrages  industriels,  un  sujet  de 
Sépopo  a  su  démonter  une  batterie  de  fusil,  sans  avoir  appris 
nulle  part  le  métier  d'armurier. 

Signalons  ici  un  fait  bien  digne  de  l'attention  des  ethnolo- 
gistes  et  même  des  philosophes.  Le  docteur  Holub,  après  ce 
tableau  des  facultés  artistiques  des  Makololo,  reconnaît  que 
deux  tribus  du  sud  de  l'Afrique  surpassent  les  Makololo  dans 
les  arts.  Ces  deux  tribus  sont  les  Betchouâna  (de  race  bantoue), 
supérieurement  adroits  pour  orner  leurs  karos^  et  encore  plus 
les  Soaqwa  ou  Bosjesmans  de  la  colonie  du  Gap,  qui  donnent  la 
preuve  d'un  véritable  talent  dans  les  dessins  et  les  peintures 

1.  Une  collection  de  cent  cuillères  sculptées  et  d'autres  objets  envoyés  par  le 
docteur  Holub  est  exposée  maintenant  dans  le  musée  de  Prague. 

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AFMQOE  AUSTRALE.  293 

dont  ils  ornent  les  parois  lisses  de  leurs  grottes.  Est-il  besoin 
de  rappeler  ici  que  les  Soaqwa  sont  une  race  primitive,  per- 
sécutée» pourchassée,  et  refoulée  de  tous  cotés  par  les  peuples 
africains  et  européens,  qui  lui  disputent  les  dernières  parcelles 
cte  son  domaine? 

Le  docteur  Holub  se  réservait  de  porter  un  jugement  défini- 
tif sur  les  facultés  intellectuelles  des  peuples  obéissant  à  Sépopo, 
lorsque,  vers  le. mois  de  février  1876,  il  aurait  parcouru  et 
étudié  tout  le  royaume;  mais  déjà,  dans  une  lettre  du  24  no- 
vembre 1875,  adressée  à  son  père,  il  donnait  des  indications 
utiles  sur  le  degré  de  civilisation  des  peuples  du  royaume  de 
Sépopo.  Le  roi  et  son  fils  s'habillent  à  Teuropéenne.  Toutefois, 
le  soir  des  jours  où  la  chaleur  a  été  insupportable,  ou  lorsqu'il 
veut  danser  la  danse  de  l'éléphant,  il  se  met  nu  jusqu'à  la 
ceinture.  Les  reines  portent  les  imes  des  vêtements  faits  en 
manbara^  ou  simplement  un  court  jupon  arrivant  au-dessus 
des  genoux,  et  fait  d'une  peau  tannée  avec  le  poil  en  dedans; 
elles  ont  toutes  sur  les  épaules  un  karos  fait  de  pelages  divers 
et  doublé  avec  une  couverture  de  laine  européenne  ou  du  calicot  ; 
ce  karos  est  parfois  fait  de  six  morceaux  d'étoffe.  Toujours, 
d'ailleurs,  ces  femmes  savent  porter  leur  vêtement  avec  une 
grande  coquetterie,  tantôt  comme  un  manteau,  tantôt  comme 
un  paletot,  en  laissant  un  bras  nu.  Les  Makololo  sont  aussi 
d'une  propreté  absolue;  aucun  de  ceux  des  souverains  du  sud 
de  l'Afrique  qui  ont  adopté  le  costume  européen  n'est  aussi 
propre  que  le  commun  des  indigènes  du  moyen  Zambézi.  Les 
hommes  de  cette  classe  portent  une  ceinture  faite  du  cuir  d'un 
petit  animal,  et  d'où  pendent,  par  devant  et  par  derrière,  des 
peaux  de  carnivores.  Les  personnages  les  plus  aisés,  surtout  les 
Maroutzo,  y  ajoutent  souvent  un  ou  deux  coquillages.  Ils  pré- 
fèrent ce  vêtement  à  tous  les  autres. 

Le  roi  Sépopo,  outre  les  droits  qu'il  perçoit  sur  les  grains, 
les  peaux,  etc.,  oblige  ses  sujets  à  lui  apporter  tout  l'ivoire 
qu'ils  se  procurent.  Il  achète  lui-même  aux  marchands  qui 
viennent  dans  son  royaume  toutes  leurs  marchandises,  telles 


294  AFRIQUE,  N- 371-428 

que  la  poudre,  les  fusils,  etc.,  et  il  les  distribue  ensuite  en 
cadeaux.  Sépopo  ne  donne  rien  :  il  prête  par  exemple  un  fusil 
à  un  homme,  qui  devient  alors  en  quelque  sorte  sa  propriété. 
La  petite  tribu  des  Matonga,  qui  vit  sur  la  rive  gauche  du  Zam- 
bézi,  en  bas  des  cataractes  de  Mosi-oa-Tounya  (Victoria  Falls 
des  Anglais),  et  qui  est  tributaire  de  Sépopo,  fabrique,  avec  la 
soie  d'une  espèce  de  cotonnier,  de  grandes  couvertures  qui  ont 
jusqu'à  2  mètres  carrés,  et  dont  le  bord  est  garni  d'une  frange, 
ainsi  que  des  serviettes  et  des  pagnes.  Cette  tribu  est  aussi 
forcée  d'apporter  au  roi  les  plus  beaux  échantillons  de  son  in- 
dustrie, et  il  lui  est  défendu,  sous  peine  de  mort,  d'en  vendre 
aucun  aux  marchands. 

Le  docteur  Holub  a  déjà  enrichi  le  musée  de  Prague  de  col- 
lections fort  précieuses  ;  il  poursuit  ses  voyages  et  ses  recher- 
ches de  naturaliste  sur  le  Zambézi  et  dans  les  Etats  de  Sépopo, 
et  il  faut  s'attendre,  d'un  moment  à  l'autre,  à  recevoir  des 
communications  intéressantes  de  ce  sympathique  voyageur. 


I  6.  —  Projet  de  fédération  des  républiques  fondées  par  les  descendants  des 
premiers  colons  hollandais^  —  La  guerre  de  Transvaal*.  — Projet  de  con- 
struire un  télégraphe  à  trayers  toute  la  longueur  de  l'Afrique. 

L'année  dernière  (1875),  le  gouvernement  anglais  adressait 
à  sir  H.  Barkly,  gouverneur  de  la  colonie  du  cap  de  Bonne- 
Espérance,  une  dépêche  extrêmement  importante  pour  l'ave- 
nir politique  du  sud  de  l'Afrique.  Il  s'agissait  de  réunir  en 
conférence  des  délégués  de  la  colonie  du  Cap,  de  la  colonie  de 
Natal,  de  la  province  appelée  West  Griqua  Land,  de  la  répu- 
blique de  Transvaal,  et  de  l'État  libre  du  fleuve  Orange,  pour 
s'occuper,  en  commun  avec  un  délégué  de  l'Angleterre,  des 
questions  de  la  politique  locale;  en  particulier,  il  y  avait  à 
examiner  la  situation  que  la  législation  des  divers  États  et  co- 
lonies fait  aux  indigènes  qui  vivent  sur  le  territoire  de  chacun 

1.  Voir  à  ce  sujet  un  excellent  article  dans  le  Journal  de$  Débats t  du  12  juin 
1875,  auquel  nous  avons  emprunté  l'historique  de  la  question. 
%  The  Times f  numéros  des  16  et  29  septembre  et  du  5  octobre  1876. 


yGoogk 


AFRIQUE  AUSTRALE.  295 

d'eux.  Les  vues  du  gouvernement  anglais  tendent  à  assurer 
Tordre,  en  donnant  plus  de  force  à  Télément  européen,  anglais 
ou  hollandais.  Une  ligne  de  conduite  uniforme  à  cet  égard  ga- 
rantirait contre  les  soulèvements  éventuels  d'indigènes,  que  la 
colonisation  européenne  dépossède  de  leurs  terres,  pour  les 
refouler  de  plus  en  plus. 

L'écueil  de  ce  projet  de  confédération,  c'était  l'antipathie 
séculaire  des  deux  races  européennes  qui  se  partageaient  la 
colonisation  du  sud  de  l'Afrique  australe.  La  colonie  du  cap  de 
Bonne-Espérance,  fondée  par  les  Hollandais  en  1652,  est  deve- 
nue définitivement  possession  anglaise  en  1806.  Soixante  ans 
après,  l'Angleterre  créait,  au  nord-est  de  la  première,  la  Cafre- 
rie  anglaise;  en  1868,  elle  prenait  possession  des  pays  des 
Nama-kwa  et  des  Basouto,  et,  en  1871,  du  pays  des  Gri-kwa 
de  l'ouest.  A  dater  de  ce  moment,  le  grand  fleuve  ne  formait 
déjà  plus  la  limite  nord  des  possessions  anglaises  dans  l'Afrique 
australe.  Dès  l'année  1857,  les  descendants  des  premiers  colons 
hollandais,  connus  sous  le  nom  de  Boers  (cultivateurs),  sen- 
tirent le  besoin  de  se  soustraire  aux  exigences  du  gouverne- 
ment anglais,  et  commencèrent  à  quitter  la  colonie  du  Cap 
pour  émigrer  dans  la  terre  de  Natal,  afin  d'y  jouir  d'une  vie 
politique  indépendante.  Ils  se  firent  place  au  milieu  des  tribus 
belliqueuses  des  Zoulou;  mais  les  Anglais,  ayant  pris  pied  sur 
le  même  sol,  déclarèrent  Natal  colonie  anglaise.  A  partir  de 
1856,  le  gouvernement  de  Natal  fut  séparé  de  celui  de  la  colo- 
nie du  Cap.  L'incompatibilité  d'bumeur  entre  les  Boers  et  les 
Anglais  ii'avait  pas  disparu.  Aussi  Natal  étant  devenue  terre 
anglaise,  les  Boers  de  ce  pays  allèrent-ils  se  fixer  au  nord  et  au 
sud  de  la  branche  principale  du  fleuve  'Gariép,  appelée  Kaï 
Gariêp  par  les  Koï-koïn,  Vaal  par  les  Boers.  Les  colons  hollan- 
dais, établis  au  sud  du  Kû'  'Gariêp,  formèrent  une  république  : 
l'État  libre  d'Orange,  qui  touche,  au  sud,  à  la  colonie  du 
Cap;  ceux  qui  s'étaient  établis  au  nord  du  Kaï  'Gariêp,  et  de 
là  jusqu'au  Umpopo,  formèrent  une  autre  république,  la  Répu- 
blique sud-africaine  ou  de  Transvaal,  ainsi  nommée  parce  qu'elle 

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296  AFRIQUE.  N~  371-428 

se  trouve  «  au  delà  de  la  vallée  »  du  'Gariêp,  pour  les  voya- 
geurs ou  les  colons  venant  du  sud.  Ces  deux  républiques,  gou- 
vernées chacune  par  un  président,  ont  été  invitées  à  entrer 
dans  une  confédération  avec  les  colonies  anglaises,  leurs  voi- 
sines. 

n  était  facile  de  prévoir  une  forte  opposition  au  projet  de 
lord  Camarvon  :  les  anciens  colons  hollandais  des  républiques 
d*Orange  et  de  Transvaal  ont,  en  effet,  gardé  un  vif  ressenti- 
ment contre  les  Anglais  qui  les  ont  forcés  d'abandonner  les 
terres  où  ils  étaient  nés  et  qu'ils  possédaient  jadis.  Âusài,  la 
législature  de  l'État  libre  d'Orange  accueillit-elle  le  projet  de 
conférence  en  se  déclarant  disposée  à  faire  partie  d'une  confé- 
dération, pourvu  que  V Angleterre  en  fût  exclue.  D'autre  part, 
la  colonie  du  Gap  et  la  république  de  Transvaal  avaient  refusé 
de  conférer  sur  un  projet  qu'elles  rejetaient  à  l'avance.  Le  pro- 
jet de  grande  confédération  semblait  donc  être  mort-né.  Cepen- 
dant la  situation  des  Boers  n'était  plus  tenable  vis-à-vis  des 
populations  voisines,  et  déjà,  en  1875,  de  nombreuses  familles 
émigrèrent  dans  le  pays  des  Damara,  avec  l'idée  de  fonder  une 
nouvelle  république. 

Au  moment  même  oh  on  échangeait  ces  vues,  les  Basouto, 
tribu  bantou  indigène,  conduite  par  son  chef  Jobannes,  me- 
naçait la  république  de  Transvaal,  et  disputait  au  gouverne- 
ment la  propriété  du  terrain  sur  lequel  s'élève  Lydenbqrg, 
une  des  villes  principales  du  Transvaal.  I^a  république  voulut 
opposer  la  force  aux  prétentions  du  chef  Sikakouni,  qui  venait 
de  succéder  à  Jobannes;  mais  son  armée,  mise  en  déroute  par 
les  vingt  mille  hommes  de  Sikakouni,  presque  tous  armés  de 
fusils,  fut  repoussée  jusqu'à  la  ville  centrale  de  Pretoria. 
Sans  la  tribu  amie  des  Ama-Swazi,  elle  aurait  été  exterminée. 
Là  s'opéra  un  changement  subit  dans  les  dispositions  de  la  na- 
tion, et  le  Yolksraad  (assemblée  nationale)  du  Transvaal  fit 
parvenir  au  gouvernement  anglais  une  requête  qui  ne  tendait 
à  rien  moins  qu'à  l'admission  pure  et  simple  de  la  répu- 
blique de  Transvaal  dans  la  colonie  du  Cap.  Il  faut  bien  le  re- 

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AFRIQUE  AUSTRALE.  297 

connaître,  les  Boers  récoltent,  en  1876,  les  fruits  de  haine  que 
leurs  traitements  barbares  ont  semés,  depuis  un  siècle,  dans 
les  cœurs  de  tous  les  indigènes  du  sud  de  TAfrique.  L'appel 
désespéré  de  l'assemblée  nationale  du  Transvaal  a  trouvé  la 
presse  anglaise  insensible.  Le  gouvernement,  de  son  côté,  a 
compris  qu'il  avait  comme  premier  devoir  d'empêcher  les  tri- 
bus des  colonies  anglaises  de  subir  la  contagion  de  la  révolte, 
et  que  tout  d'abord  il  fallait,  pour  cela,  éviter  de  paraître 
faire  cause  commune  avec  les  Boers  du  Transvaal.  Hais,  en 
même  temps,  la  presse  anglaise  a  laissé  clairement  entrevoir 
la  possibilité  de  reprendre  l'idée  d'une  confédération  des  colo- 
nies et  des  États  européens  du  sud  de  l'Afrique,  ou  de  leur 
fusion  en  une  seule  dominion  de  la  couronne  d'Angleterre.  Ce 
serait  là  le  seul  moyen  de  garantir  la  sûreté  des  colons  ou  des 
mineurs  anglais  du  Gap,  de  Natal  et  du  pays  des  Gri-kwa  de 
l'ouest,  contre  des  agressions  qui  ne  manqueraient  pas  de  suivre 
l'anéantissement  possible  des  républiques  de  Boers  par  les 
tribus  bantou.  Cette  éventualité  est  d'autant  plus  admissible 
que  les  Boers  ont  indisposé  contre  eux  beaucoup  d'autres  chefs 
bantou  au  nord  de  l'Oliphant  River,  et  un  autre  chef  dont  le 
territoire  est  voisin  des  établissements  anglais  de  Natal  ;  ce 
dernier  a  sous  ses  ordres  trente  régiments  de  mille  hommes 
chacun,  suffisamment  bien  instruits  et  armés. 

Un  missionnaire  anglais,  M.  Carlyle,  président  de  la  Société 
des  missions  de  Natal,  estime  que  si  les  Bantou,  ennemis  des 
Boers,  concertaient  une  attaque  contre  eux,  ils  pourraient  au- 
jourd'hui mettre  en  ligne  plus  de  cent  mille  fusils  et  quelque 
artillerie.  D'ailleurs,  la  race  bantou  est  pleine  de  vitalité,  et  ne  se 
laissera  jamais  écraser  comme  deux  autres  races,  plus  faibles 
et  usées,  les  Koï-koîn  et  les  Soaqwa.  Aussi,  M.  Carlyle  con- 
seille-t-il  au  gouvernement  anglais  de  prendre  le  rôle  de  média- 
teur, afin  d'empêcher  le  massacre  de  tous  les  Boers,  qui  pour- 
rait être  le  prélude  d'autres  événements. 

Tandis  que  s'agitent  ce^  graves  questions  politiques  dans 

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298  AFRIQUE.  N«>  429472 

rAfnque  australe,  'en  Angleterre  on  songe  à  établir  des  com- 
munications télégraphiques^entre  la  colonie  du  cap  de  Bonne- 
Espérance  et  la  Méditerranée,  par  l'intérieur  de  l'Afrique.  Ce 
projet  hardi  et  grandiose,  belle  affirmation  de  la  solidité  des 
établissements  anglais  dans  l'Afrique  australe,  comprend  la 
pose,  d'un  fil  télégraphique  de  la  baie  de  Lagoa,  où  s'arrête  la 
ligne  du  Gap  déjà  construite,  à  la  ville  de  Khartoûm,  qui  est 
déjà  reliée  à  Alexandrie  (2,000  kilomètres)  et  à  l'Europe.  La 
nouvelle  ligne  télégraphique  serait  sous-marine  seulement  sur 
les  2,000  kilomètres  formant  la  distance  de  la  baie  Delagoa 
à  l'embouchure  du  Zambézi.  11  y  aurait,  à  partir  de  ce  point, 
un  fil  électrique  aérien,  long  de  2,780  kilomètres,  qui  pas- 
serait le  long  du  Zambézi  et  du  Chiré,  et  toucherait  le  lac 
Tanganyîka  à  Oudjîdji.  Un  embranchement  irait  d'Oudjidji  sur 
Zanzibar,  et  la  ligne  principale  continuerait  dans  la  direction 
nord  par  le  Niyanza  de  Victoria  et  le  Nil  jusqu'à  Khartoûm. 
On  espère  pouvoir  éviter  le  plus  souvent  l'emploi  de  poteaux 
en  fixant  le  fil  aux  arbres  de  ces  contrées,  et  on  ose  déjà 
alïirmer  que  les  résultats  financiers  de  l'entreprise  seraient 
très-lucratifs.  Mais  on  prévoit  aussi  une  difficulté  d'un  ordre 
tout  nouveau,  celle  d'empêcher  les  habitants  de  couper  le  fil 
métallique  dans  lé  but  de  l'employer  à  leur  usage. 


X 


MADAGASCAR.  —  ILES  D'AFRIQUE:  ILES  MASCAREIQNES,  ILES  DE 
L'OCÉAN  ATLANTIQUE.  —  L'ATLANTIDE 


429,  Grandidiem  (Alf.).  —  Histoire  physique,  naturelle  et  politique  de 
Madagascar.  Tome  YI,  Histoire  naturelle  des  mammifôres  (Indri- 
sinés)  par  Alph.  Milne  Edwards  et  Âlf.  Grandidier.  1  vol.  gr.  in- 
4\  Paris,  Hachette,  1876. 

430.  Tome  IX.  Atlas  de  la  famille  des  Indrisinés.  1  vol.  gr.  in-4*,  illus- 
tré de  123  pi.,  dont  12  chromolithograpbiées.  Paris^  Hachette, 


yGoogk 


MADAGASCAR.  —  ILES  D'AFRIQUE.  209 

431.  Tomes  Xn  et  XIII.  Histoire  naturelle  des  perroquets,  des  rapaoes 
et  des  cuculidés  malgaches;  2  vol.  gr.  in  A",  illustrés  de  41  pi. 
chromolithographiées.  Paru,  Hachette,  187G. 

432.  Pollen  (Fr.  P.-L.).  Recherches  sur  la  faune  de  Madagascar  et  de 
ses  dépendances.  4*  partie  :  Poissons  et  pêches,  par  P.  Bleekeret 
Fr.  Pollen.  1  wl.  in-4%  avec  21  pi.  Leyde,  Brill,  1875. 

433.  FiRAZ  (le  Rév.  Père).  Album  malgache.  Villes  et  villages  Betsiléos. 
Le$  Missions  catholiques,  Paris,  1876,  n*'  352  à  356,  avec  neuf 
Yues  gravées  sur  bois. 

434.  The  Antananariro  annual  and  Madagascar  Magazine,  n*l,  1875. 

455.  Pbice  (R.).  Report  by  the  Rev.  R.  Price  of  a  visit  to  Madagascar, 
1875. 

436.  La  léproserie  d'Ambouloutara.  Les  Missions  catholiques.  Paris, 
1876,  n*  350. 

437.  Tue  de  la  mission  de  Saint-Joseph  d'Androhibé.  Tjes  Missions 
catholiques.  Paris,  1876,  n*  372. 

438.  R.  A.  Zur  Vœlkerkunde  Madagaskar's.  Globus,  1876,  t.  XXX,  n*"  3. 

439.  MuLLEiis.  On  the  origin  and  progress  of  the  people  of  Madagascar. 
Journal  of  the  Anthropological  Institution  of  Great  Britain  and 
Jreland,  t.  V,  n»  2,  octobre  1875. 

440.  Du  même  :  Sulle  provincie  centrale  di  Madagascar.  Cosmos  di 
Guido  Cora,  t.  IH,  1876,  page  189. 

441.  Matrard  (J.  Howard).  Joumey  from  Antananarivo  to  Mojunga. 
Proceedings  of  the  R.  geogr.  Society.  London,  t.  XX,  1876,  n*"  % 
p.  110-114. 


442.  HiLDEBRANDT  (J.-M.).  Naturhistorischo  Skizze  der  Gomoro  Insel  Jo- 
hanna.  Zeitschnjft  der  Gesellschaft  fur  Erdkunde  zu  Berlin, 
t.  XI.  1876,  n*  1. 

443.  Hildebrandts'  barometrische  Messung  der  HÔhe  des  Tingi(j|ja- 
Berges  (Johanna  Peak)  auf  der  Insel  Anjuana  des  Comoren  Ar- 
chipels. Mit  Bemerkungen  von  D'  0.  Kersten,  Zeilschrift  der  Ge» 
sellschaft  fur  Erdkunde,  t.  XI,  1876,  n»  1. 

444.  YiLÂiN  (Charles),  membre  de  la  mission  scientifique  à  l'île  Saint- 
Paul.  Les  oiseaux  de  l'Ue  Saint-Paul.  Revue  scientifique,  t.  X, 
1876,  pages  405  à  415. 

445.  Du  même  :  L'Ile  de  la  Réunion.  Explorateur,  n*  52,  p.  95-94. 

446.  YonDrascbe  (le  docteur;.  Eme  Besteigung  des  Vulkans  von  Bour- 
bon, nebst  einigen  vorlâufigen  Bemerkungen  ûber  die  Géologie 
dieser  Insel. /aAr6ticA^  der  h.  k.  Reichs-Anstalt  in  Wien,  t.  XXY, 
1875,  n«  4. 


yGoogk 


300  AFRIQUE.  ^••ISWTÎ 

447.  Camtaikb  (H.).  Une  excursion  au  volcan  de  Tîle  de  la  Réunion.  Ex- 
phrateur,  n*  54,  p.  138. 

448.  Berqu».  Catastrophe  de  Tile  de  la  Réunion.  Explorateur ^  n*  50, 
p.  45. 

449.  D'AvRAiNYiLus  (A.).  Résumé  comparatif  de  la  statistique  agricole  et 
commerciale  de  la  Réunion  en  1872  et  1873.  iiertie  fnan^tmee^ 
coloniale,  t.  XLIX,  n*  175. 

450.  Roussra  (A),  ilbum  de  l'île  delà  Réunion.  Recueil  de  dessins 
représentant  les  sites  les  plus  pittoresques  et  les  principaux 
monuments  de  la  colonie.  1  vol.  in-4*.  Saint-Denis  (Réunion], 
1867-1869. 

451.  Pajot  (Elie).  Les  îles  Séchelles.  Explorateur,  n*  68,  p.  523-526. 

452.  Capitaine  (H.).  Les  îles  Séchelles,  avec  carte.  Expl<n*ateur,  n'12, 
p.  629^31. 

453.  Beschreibung  der  Insel  Rodriguez  im  indischen  Océan.  Annaïen 
der  Hydrographie  und  maritimen  Météorologie,  1875,  n**  17  et 
18,  p.  334-338  (d'après  les  travaux  des  officiers  du  «  Shearwater», 
en  1874,  publiés  dans  le  Hydrographie  Notice,  n?  21.  Londres, 
1875). 

454.  MEU.IS8.  Saint-Helena,  a  physical  and  topographical  description  ot 
the  Island,  including  its  geology,  fauna  and  meteorology.  1  vol. 
in-8«,  440  p.  Xom/re«,1875. 

455.  Gapitaink  (H.).  L'Oe Sainte-Hélène.  £j;p/ora^^r,  1876,  n*  73. 

456.  Db  Sam  Javier  (le  vicomte).  Très  Afios  en  Fernando  Pôo.  Viajeâ 
Africa.  1  vol.  in-8».  Madrid,  Manini,  1875. 

457.  Laffon  de  Lao^bat.  Le  port  de  Pousa,  île  de  Santiago,  Gap-Yert. 
Revue  maritime  et  coloniale,  1876,  T.  LI,  pages  586  à  590. 


458.  QuESNEL  (L.).  Llle  de  Madère.  Le  Correspondant,  25  février  1876. 

459.  BuizE  (C).  Madère.  Explorateur,  n»  80,  p.  181-182. 

460.  Neveu.  Projet  de  port  artificiel  dans  la  baie  de  Horta,  Açorcs. 
Hevue  maritime  et  coloniale,  1876,  t.  XLVIII,  pages  634-635. 

Extrait  d'un  travail  portugais. 

461 .  Du  même  :  Notes  sur  Tîle  de  Fayal.  Revue  maritime  coloniale, 
1876,  t.  XLVIII,  pages  954  à  958. 

Extrait  d'un  travail  portugais. 

462.  Du  même  :  Notes  sur  File  de  Pico.  Revue  maritime  et  coloniale, 
1876,  t.  XLIX,  p.  637  à  640. 

Eitrait  d'un  travail  portugais. 


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MADAGASCAR.  —  ILES  D'AFRIQUE.  301 

^§63.  De  Paz  Graells  (Hariano).  Exploration  scientifique  des  cMes  du 
département  de  Ferrol.  Traduit  de  l'espagnol  et  résumé  par 
H.  Fontanier.  Revue  maritime  et  coloniale,  1876,  t.  L,  pages  54 
à  67. 

464.  Galderon  (S.).  Resefia  de  las  rocas  de  la  isla  volcanica  de  Gran- 
Canaria.  In-4».  Madridy  Fortanet,  1876. 

465.  BBBTHEI.OT  (Sabin).  Nouvelles  découvertes  d'inscriptions  lapidaires 
à  l'île  de  Fer.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  septembre 
1876,  p.  326-331. 

466.  RoMEGuÈRE  (G.).  Correspondance  de  Broussonet  avec  Alexandre  de 
Humboldt  au  sujet  de  l'histoire  naturelle  des  lies  Canaries.  Extrait 
des  Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturell/ss  de  Cherbowrg, 
Br.  in-8».  Cherbourg,  1874. 

467 .  Aube  (Tb.)*  Kotes  sur  les  îles  Canaries.  Revue  maritime  et  coloniale, 
1876,  t.  L,  pages  335  à  347. 

468.  Ghil  t'Naraiijo  (le  docteur  Gregorio).  Estudios  histéricos,  climato- 
lôgicos  7  patolôgicos  de  las  islas  Canarias.  —  Première  partie 
historique,  t.  I*',  1  volume  grand  in-4*.  Las  Palmas  de  Gran- 
Canaria  (Miranda);  1876. 

Il  sera  rendu  compte  de  cet  utile  ouvrage  sur  les  îles  Canaries,  lorsque 
la  publication  en  sera  assez  avancée. 

469.  Voir  Lœher  (F.).  Nach  den  glûcklichen  Insein.  Canarische  Reisetage, 
1  vol.  in-8.  Bielefeld,  Yelhagen  et  Klasing,  1876. 

L'auteur  de  ce  livre  a  publié  aussi  dans  VAugsburger  allgemeine 
ZeitunÇf  1876,  n*  59-118,  un  travail  par  lequel  il  cherche  à  prouver  que 
les  Gouanches  ne  sont  que  les  descendants  des  Vandales,  et  que  leur  nom 
véritable  devait  être  Wandschen  I  Une  telle  thèse  aurait  été  k  sa  place 
au  commencement  de  l'ère  moderne.  Ajourd'hui,  elle  n*e8t  qu'un  pas 
rétrograde,  qu'il  est  regrettable  d'ayoir  à  enregistrer* 

470.  RoisBL.  Études  anté-historiques.  Les  Atlantes,  1  vol.  in-8*.  Paris, 
Germer  Baillière,  1874. 

471 .  Dehizet.  L'Atlantide,  avec  1  carte.  Explorateur,  n»  54,  p.  141-148. 


472.  Léoitard  (L.).  Du  cap  de  Bonne-Espérance  en  Europe,  à  bord  de 
r  «  European  i>.  Revue  maritime  et  coloniale f  1876,  t.  XLIX» 
pages  117  à  128. 


§  1.  —  Commencement  de  la  publication  des  travaux  de  H.  Alfred  Grandidier 
sur  Madagascar. 

Les  géographes  rangent  l'île  de  Madagascar  parmi  les  dépen- 
dances du  continent  d'Afrique.   Ek  effet,  il  n'y  a  qu'une 


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302  AFRIQUE.  N-  429472 

distance  de  414  kilomètres  du  cap  Saint-André  (ou  Vila  Androu) 
de  Madagascar,  à  la  pointe  Mokamba,  au  sud  de  Mozambique, 
tandis  que  sa  côte  orientale  est  encore  à  plus  d*un  degré  à 
Fouest  du  méridien  du  Djourd  flafoûn  ou  cap  Guardafiii,  et  qu'en 
raison  de  cette  position  géographique,  toutes  les  cartes  de 
TAfrique  donnent  forcément  aussi  la  carte  de  Madagascar.  Mais, 
dans  la  réalité,  en  passant  de  la  côte  de  Mozambique  à  Mada- 
gascar, on  constate  un  changement  complet  de  milieu.  Les 
formes  générales  du  relief  de  l'île,  aussi  bien  que  tout  ce  qui 
vit  sur  ce  sol,  désorientent  le  voyageur,  en  lui  rappelant  pour 
ainsi  dire  à  chaque  pas  qu'il  entre  dans  un  monde  à  part. 

Madagascar,  cette  grande  île  de  600  000  kilomètres  carrés, 
comparable  à  la  superficie  de  tous  les  départements  français 
de  TEurope  continentale  et  de  l'Algérie,  et  dont  presque  tout 
le  territoire  est  compris  dans  la  zone  tropicale  sud,  est,  depuis 
1642,  une  possession  française.  Nous  ne  devons  pas  oublier  en 
France  ce  drqit,  constaté  une  fois  de  plus  par  les  traités  de 
1816;  l'insuccès  de  nos  premiers  essais  de  colonisation,  très- 
mal  dirigés  à  Madagascar,  ne  saurait  condamner  définitivement 
toute  tentative  ultérieure  pour  tirer  parti  de  ce  domaine,  un 
peu  trop  oublié  chez  nous. 

En  tout  état  de  cause,  il  appartenait  bien  aux  Français  de 
faire  l'exploration  scientifique  de  Madagascar,  et,  à  l'exception 
des  cartes  modernes  des  côtes,  qui  furent  dressées  par  le  com- 
mandant Owen,  de  la  marine  anglaise,  puis  complétées  et  cor- 
rigées par  l'hydrographie  française,  la  connaissance,  incom- 
plète encore,  des  contrées  de  l'intérieur  reposait,  en  1865, 
principalement  sur  des  travaux  français.  Le  caractère  perfide 
et  défiant  de  la  race  Ova,  sœur  des  Malais  de  l'archipel  indien, 
qui,  après  s'être  implantée  à  Madagascar,  y  a  pris  la  supréma- 
tie sur  les  races  indigènes,  a  toujours  été  un  obstacle  sérieux 
aux  recherches  des  voyageurs.  Un  Français,  M.  Alfred  Grandi- 
dier,  n'a  point  reculé  devant  cette  difficulté.  A  trois  reprises 
différentes,  en  1865,  en  1866,  et  de  1868  à  1870,  H.  Grair 
didier  s'est  appliqué,  avec  autant  de  savoir  que  de  bonheur,  à 

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MADÂaSGÀH.  303 

étudier  le  pays,  ses  productions,  ses  habitants.  Il  a  visité  nom- 
bre de  points  des  côtes  ouest,  sud  et  est,  et  parcouru  Fintérieur 
de  nie,  dont  il  a  plusieurs  fois  traversé  toute  la  largeur.  Pour 
ne  toucher  ici  que  le  point  le  plus  saillant  de  ses  découvertes 
géographiques,  il  suffit  de  se  rappeler  ce  qu'était,  avant  ses 
voyages,  Torographie  de  l'île  sur  les  meilleures  cartes.  Ces 
certes  nous  montrent  une  seule  ligne  centrale  de  montagnes . 
partageant  l'île,  du  nord-est  au  sud-ouest,  en  deux  versants; 
la  nouvelle  carte  de  M.  Çrandidier  remplacera  cette  ligne  cen- 
trale par  cinq  chaînes  de  montagnes,  orientées  plus  ou  moins 
du  nord-nord-est  au  sud-sud-est.  Mais  la  configuration  du  sol 
n'a  pas  seule  préoccupé  M.  Grandidier;  il  a  voulu  réunir  toutes 
les  données  nécessaires  à  la  connaissance  de  cette  grande  île  : 
le  ma{[nétisme  terrestre,  la  géologie  et  la  paléontologie,  la  bo- 
tanique, la  zoologie,  l'anthropologie,  l'ethnographie  et  l'his- 
toire du  pays.  L'ouvrage  oii  seront  consignés  les  résultats  de  ses 
recherches  constituera  vraiment  bien  la  première  Histoire  phy- 
sique ^  naturelle  et  politique  de  Madagascar  (n<*  429).  Elle  ne 
comprendra  pas  moins  de  vingt-quatre  volumes  grand  in-4°, 
dont  un  pour  la  géographie  physique  et  mathématique,  un  pour 
la  météorologie  et  le  magnétisme,  deux  pour  l'ethnographie, 
l'anthropologie  et  la  linguistique,  un  pour  l'histoire  politique, 
coloniale  et  commerciale,  six  pour  l'histoire  naturelle  des  mam- 
mifères, trois  pour  l'histoire  naturelle  des  oiseaux,  un  pour 
l'histoire  naturelle  des  poissons  et  un  pour  celle  des  reptiles, 
cinq  pour  l'histoire  naturelle  des  crustacés,  des  insectes,  des 
mollusques  terrestres  et  fluviatiles  et  des  annélides,  trois  pour 
la  botanique,  un  enfin  pour  la  géologie  et  la  paléontologie. 
M.  Grandidier  a  fait  don  des  précieuses  et  riches  collections 
qu'il  a  rapportées  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  Il 
est  à  peine  besoin  d'ajouter  que  pour  classer,  nommer  et  dé- 
crire tous  ces  sujets,  appartenant  aux  trois  règnes  de  la  nature, 
le  plus  savant  des  naturalistes  aurait  dû  recourir  aux  lumières 
de  ses  confrères  ;  à  plus  forte  raison,  M.  Grandidier  devait-il 
8'adres8(Sr  à  des  collaborateurs  qui  ont  acquis  une  renommée  . 

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304  AFRIQUE.  N-  429472 

dans  leur  spécialité,  et  il  a  trouvé  dans  HM.  Alphonse  Milne 
Edwards,  le  docteur  Sauvage,  Lucas,  Oustalet,  Fisher,  Vail- 
lant et  Bâillon,  le  concours  désirable. 

La  partie  des  observations  et  des  études  de  H.  Grandidier 
qui  nous  revient  de  droit,  c'est-à-dire  la  géographie,  l'ethno- 
graphie et  l'histoire  politique  de  Madagascar,  est  encore  iné- 
dite; mais  Y  Année  géographique  en  parlera  en  temps  et  lieu. 
La  publication  du  grand  ouvrage  a  commencé  cette  année  par 
les  tomes  YI  et  IX,  et  par  la  première  partie  des  tomes  XII  et 
XIII,  qui  contiennent  Thistoire  naturelle  des  Indrisinés  (Mam- 
mifères), et  l'histoire  naturelle  des  perroquets,  des  rapaces 
et  des  cuculidés  ou  coucous.  Bien  que  l'histoire  naturelle 
des  mammifères  et  des  oiseaux  soit  étrangère  à  la  géogra- 
phie proprement  dite,  elle  a,  pour  Tîle  de  Madagascar;  une 
portée  géographique  ;  en  effet,  et  ici  nous  citons  M.  Grandi- 
dier, la  faune,  comme  la  géologie,  la  flore,  et  même  la  popu- 
lation de  cette  île,  montrent  qu'elle  est  restée  comme  le  témoin 
d'une  vaste  contrée  aujourd'hui  disparue.  On  peut  prendre 
pour  exemple  ce  qu'on  y  observe  dans  les  Lémuriens,  qui,  à 
Madagascar,  remplacent  les  quadrumanes.  Les  Lémuriens,  ou 
makis,  considérés  par  Haeckel,  dans  sa  Généalogie  transfor- 
miste,  comme  le  lien  de  transition  entre  les  quadrupèdes  et  les 
quadrumanes,  comptent,  dans  la  seule  île  de  Madagascar,  une 
dizaine  de  genres  et  près  de  cinquante  espèces,  tandis  que  dans 
les  vastes  continents  de  l'Asie,  de  TOcéanie  et  de  l'Afrique,  où 
l'ordre  des  Lémuriens  est  également  représenté,  on  ne  compte 
que  quatre  genres,  comprenant  un  petit  nombre  d'espèces  ap- 
partenant au  bas  de  la  série.  M.  Grandidier  en  conclut,  avec 
raison,  qu'on  peut  regarder  Madagascar  comme  le  centre  d'ap- 
parition de  ces  curieux  animaux,  et  comme  un  centre  d'appa- 
rition alors,  aussi  bien  que  maintenant,  tout  à  fait  ou  presque 
complètement  isolé  des  terres  de  l'Afrique,  de  l'Asie  et  de 
rOcéanie,  les  plus  rapprochées  de  Madagascar.  Cette  manière 
d'envisager  la  question  est  justifiée  par  un  examen  plus  appro- 
fondi. La  famille  des  Indrisinés,  où  on  trouve  l'organisation  la 

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MADAGASCAR.  :05 

phis  éieyée,  la  plus  parfaite,  dans  Tordre  des  Lémuriens, 
n'existe  précisément  qu'à  Madagascar.  Avant  les  voyages  de 
M.  Grandidier,  on  ne  connaissait  les  animaux  de  cette  famille 
que  par  quelques  rares  individus  empaillés,  précieusement 
conservés  dans  les  musées  de  Paris  et  de  Londres.  En  dehors 
de  ces  peaux  et  de  quelques  débris  de  squelettes,  on  n'avait 
rien  pour  étudier  Torganisation  des  Indrisinés.  Non-seulement 
M.  Grandidier  a  découvert  à  Madagascar  plusieurs  espèces  ou 
races  nouvelles  d*lndrisinés,  mais  il  a  rapporté  en  France  des 
individus  des  deux  sexes  et  de  tous  les  âges,  en  squelette  ou 
conservés  entiers  dans  de  l'alcool,  ce  qui  lui  a  permis  d'en 
publier,  avec  M.  Alphonse  Milne  Edwards,  l'anatomie  complète 
et  l'embryologie,  en  les  comparant  à  celles  des  singes,  tandis 
que  le  voyageur  traitait  seul  le  chapitre  des  mœurs.  Les 
conclusions  de  ce  travail,  non  moins  importantes  pour  l'his- 
toire de  la  terre  que  pour  la  zoologie  et  l'anatomie  com- 
parée, sont  que  les  Lémuriens  doivent  former  un  ordre  tout 
à  fait  distinct  des  quadrumanes,  avec  lesquels  ils  n'ont  de 
commun  que  les  quatre  mains.  On  a  appliqué  pour  la  première 
fois,  dans  cet  ouvrage,  des  tracés  graphiques  donnant  les  di- 
mensions relatives  des  divers  os  des  Indrisinés,  d'une  part,  et 
des  singes,  de  l'autre.  On  saisit  bien  ainsi  les  différences  qui 
séparent  nettement  les  squelettes  de  ces  animaux. 

Plus  encore  peut-être  que  les  mammifères,  les  oiseaux  de 
Madagascar  forment  une  faune  intéressante  au  point  de  vue 
géographique;  car,  si  l'on  excepte  les  oiseaux  de  haut  vol 
(rapaces,  échassiers  ou  palmipèdes),  qui  se  transportent  au 
loin  jusque  sur  les  îlots  perdus  au  milieu  de  l'Océan,  il  n'est 
pas  un  seul  oiseau  de  Madagascar  qui  ne  lui  soit  particulier, 
et  M.  Grandidier  indique  surtout  une  dizaine  de  genres  d'oi- 
seaux vivants  tout  à  fait  curieux. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  par  sa  faune  actuelle  que  Mada- 
gascar accuse  un  centre  propre  d'épanouissement  de  la  vie  ani- 
male. Les  recherches  de  M.  Grandidier  sur  les  animaux  fossiles 
l'ont  conduit  de  même  à  isoler  Madagascar  de  toutes  les  terres 

L'ANRâE  6l^.0GR.  JTV.  20 

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306  AFRIQUE.  N«'  429412 

voisines.  Il  y  a  découvert,  à  côté  des  ossements  du  colossal 
oiseau,  YJEpyomis  maximus^  ceux  de  deux  tortues  gigantes- 
queâ  :  la  Testudo  abrupta  Gr.  et  VEmys  gigantea  Gr.;  et  le 
squelette  d'une  espèce  d'hippopotame,  Hippopotamus  Lemer- 
/euGr.,qui  est  différente  tant  de  celle  d'Afrique  que  des 
espèces  fossiles  de  l'Europe. 

A  Madagascar,  la  science  trouve  donc  des  indices  aussi  variés 
que  multiples  de  l'existence  d'un  ancien  continent  austral, 
dont  cette  île  serait  le  témoin. 

§  2.  —  La  catastrophe  de  TUe  delà  Réunion. 

Le  26  novembre  1875,  un  événement  terrible  jetait  la 
consternation  dans  une  de  nos  plus  anciennes  colonies  S  l'île 
de  la  Réunion,  qui,  par  sa  fertilité  et  sa  position  géographique, 
est  aussi  une  des  plus  utiles.  Vers  le  milieu  de  l'île,  mais  un 
peu  plus  près  de  la  côte  nord-ouest  que  de  la  côte  sud-ouest,  se 
développent  les  deux  grands  cirques  de  Salazie  et  de  Cilaos,  qui 
forment  respectivement  la  tête  des  bassins  de  la  rivière  du  Mât  et 
de  la  rivière  Saint-Etienne.  Ces  deux  cirques  sont  séparés  entre 
eux  par  un  cap  de  montagnes,  haut  de  3069  mètres,  à  pentes 
abruptes,  qu'on  appelle  le  Piton  des  Neiges.  Dne'  autre  mon- 
tagne, à  peu  près  de  même  hauteur,  le  Gros-Morne,  domine 
aussi  le  cirque  de  Salazie.  Le  Piton  des  Neiges  et  le  Gros-Mome, 
et  on  pourrait  dire  l'île  tout  entière,  sont  de  formation  volca- 
nique. Dans  la  période  contemporaine,  le  fôu  souterrain  a  con- 
centré son  action  dans  la  partie  sud-est  de  l'île  de  la  Réunion,  oà  se 
trouve  un  volcan  actif  qui  vomit  des  torrents  de  lave.  Autrefois 
c'était  le  centre  et  le  nord-ouest  de  l'île  qui  étaient  le  centre 
de  l'action  volcanique. 

On  observe  à  l'île  de  la  Réunion  deux  faits,  déjà  signalés 
M.  L.  Maillard*,  qui  peuvent  contribuer  à  l'explication  deca- 

1.  La  prise  de  possession  de  Hle  de  la  Réunion,  par  la  France,  daiada  meH 
de  septembre  1643. 
%  Notes  aur  Vtte  de  la  Réunion,  t.  L  Paris  (Deatu),  1863. 

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ILES  D'AFRIQUE.  307 

tastrophes  comme  celle  de  1875.  D'une  part,  les  coulées  de 
lave  s'y  sont  refroidies  et  se  refroidissent  d'abord  à  la  surface, 
tandis  qu'à  Fintérieur  de  la  coulée  la  lave  liquide  continue 
à  suivre  la  pente  de  la  montagne  ou  de  la  plaine,  si  bien  que, 
l'éruption  cessant,  la  croûte  solidifiée  seule  reste  en  place  et 
forme  comme  une  croûte  qui  cède  quelquefois  sous  les  pas  des 
chevaux  ou  même  des  hommes.  D'autre  part,  les  laves  et  les 
pumites  de  l'île  de  la  Réunion  sont  poreuses,  quelquefois  fria- 
bles, et,  dans  une  certaine  mesure,  attaquables  par  les  agents 
atmosphériques.  Aussi  les  pluies  et  les  crues  des  torrents  arra- 
chent-elles aux  remparts  des  cirques  et  aux  berges  des  vallées 
des  pierres  et  des  rochers,  qui,  devenant  d'abord  des  galets 
roulés,  finissent  par  être  pulvérisés.  Il  n'est  donc  pas  besoin  de 
tremblements  de  terre  pour  occasionner  des  éboulements  de 
roches  et  de  parties  de  montagnes  dans  les  cirques  de  l'île  de  la 
Réunion  ;  la  composition  du  sol,  et  la  continuité  de  l'action  des 
eaux  et  de  l'air  sur  les  roches  d'un  pays  sans  forêts,  suffisent 
pour  expliquer  des  catastrophes  comme  celle  du  26  novem- 
bre 1875. 

A  six  heures  du  soir,  une  partie  du  Piton  des  Neiges  et  du 
Gros-Home  s'écroulèrent  dans  le  cirque  de  Salazie,  recouvrant 
150  hectares  de  terre  de  leurs  décombres,  accumulés  sur  une 
hauteur  qui  varie  de  40  mitres  à  60  mètres.  Le  village  du 
Grand-Sable,  placé  au  bord  du  torrent  de  la  Fleur-Jaune,  ainsi 
que  d'autres  villages,  étaient  ensevelis,  avec  soixante  victimes 
surprises  par  le  terrible  écroulement.  Une  rivière  de  plus  de 
150  mètres  de  largeur  a  été  fermée,  des  ravins  de  plus  de 
100  mètres  de  profondeur  ont  été  comblés.  La  commotion  pro- 
duite par  le  phénomène  s'est  fait  sentir  si  fortement,  à  800  mè- 
tres de  distance,  qu'une  immense  couche  de  terre  végétale,  sur 
laquelle  étaient  des  arbres,  des  plantations  et  des  maisons,  s'est 
détachée  d'un  autre  pic,  et  a  glissé  jusqu'au  bord  du  précipice 
formé  par  le  cirque,  où  elle  s'est  heureusement  arrêtée. 

M.  Charles  Vélain,  qui  a  visité  l'île  de  la  Réunion,  comme 
membre  de  la  mission  scientifique  de  l'île  Saint-Paul,  pour 

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308  AFRIQUE.  N- 429472 

l'observation  du  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil,  en  1874, 
avait  étudié  la  topographie  et  la  géologie  de  ces  districts  de 
notre  belle  colonie,  et  il  a  fait  à  la  Société  de  Géographie  ^  une 
communication  intéressante  sur  Fétat  du  pays  avant  l'événe- 
ment. 11  est  naturel  que  les  habitants  d'une  île  volcanique 
aient  songé  tout  d*abord  à  un  ébranlement  de  roches  peu 
solides  causé  par  une  secousse  volcanique,  comme  celles  qui, 
en  1772,  produisirent,  dans  la  république  actuelle  de  l'Equa- 
teur, unéboulement  du  sommet  du  volcan  Tungurahua'.Mais, 
à  nie  de  la  Réunion,  le  désastre  s'est  accompli  sans  qu'on  ait 
ressenti  le  moindre  tremblement  de  terre  précurseur,  même 
dans  la  partie  sud-est  de  l'île,  et  il  n'est  pas  douteux  que  le 
terrible  phénomène  ne  soit  dû  à  l'action  séculaire  des  eaux 
pluviales  et  de  l'air  sur  des  roches  perméables  dont  les  massts 
étaient  mal  équilibrées. 

8  3.  —  L'AUantide. 

M.  Roisel,  il  y  a  deux  ans  (n<>  470),  et  M.  Denizet,  cette 
année  (n®  471),  ont  repris  une  question  de  géographie  pré- 
historique, la  légende  de  l'Atlantide,  que  le  sage  Soïon  reçut 
des  prêtres  égyptiens  de  Sais  dans  le  sixième  siècle  avant 
notre  ère,  et  que  les  traditions  du  peuple  le  plus  civilisé  et  le 
mieux  informé  de  l'Afrique,  transmises  à  nous  par  Platon,  fai- 
saient remonter  à  neuf  mille  cinq  cents  ans  ou  neuf  mille  six 
cents  ans  avant  le  commencement  de  notre  ère.  Le  clergé  de 
l'ancienne  Egypte  conservait,  il  y  a  vingt-quatre  siècles,  le  sou- 
venir d'une  grande  île,  ou  d'un  continent,  qui  se  trouvait  au- 
trefois au  milieu  de  l'océan  Atlantique.  Cette  terre  était  peu- 
plée, et  ses  habitants  reçurent  des  Grecs,  qui  ne  les  connais- 

1.  Séance  du  19  janvier  1876. 

2.  Bouger  et  La  Condamine,  au  siècle  dernier,  avaient  trouvé  ce  volcan  haut  de 
5,11^  mètres  ;  Alexandre  de  Humboldt,  en  1802,  constata  qu'il  n'avait  plus 
que  5,026  mètres.  Dans  Tespace  de  quelques  années,  qui  avaient  suivi  les  men- 
surations de  Bouguer  et  La  Condamine,  la  grande  irruption  de  1772  et  le  tremble- 
ment de  terre  de  Riobamba  avaient  détaché  assez  de  parties  du  sommet  du  Tungu- 
rahua  pour  réduire  son  altitudede  86  mètres. 

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L'ATLANTIDE.  309 

sdient  pas  par  eux-mêmes,  le  nom  d'Atlantes.  Hérodote,  auquel 
la  tradition  égyptienne  paraît  être  restée  cachée,  appliqua  en- 
smtele  nom  d'Atlantes  à  Tune  des  tribus  des  Libyens  d'Afrique* 
Nous  ne  savons  si  les  textes  hiéroglyphiques  qui  ont  encore 
échappé  aux  égyptologues  contiennent  une  mention  de  l'Atlan- 
tide, dont  ils  nous  apprendraient  peut-être  le  nom  réel.  Mais 
c'est  vraisemblablement  par  un  reflet  de  l'idée  égyptienne  que 
les  Grecs  donnèrent  comme  premier  roi  aux  Atlantes  Nep- 
tune, le  dieu  de  la  mer,  et  peut-^tre  faut-il  chercher  l'expli- 
cation de  l'horreur  qu'inspire  encore  aujourd'hui  la  mer 
aux  Imôhagh  ou  Touareg,  dans  la  tradition  du  tremblement 
de  terre  qui  a  englouti  l'Atlantide  sous  les  eaux  de  l'Océan, 
et  qui  aurait  fait  émerger  des  eaux  de  la  Méditerranée  une 
partie  du  Chott  El-Djerid.  «  Les  mythes  des  peuples,  mêlés 
à  l'histoire  et  à  la  géographie,  ne  sont  pas  en  entier  du 
monde  idéal  »,  a  dit  Alexandre  de  Humboldt^  Nous  pen- 
sons que,  malgré  sa  date  préhistorique,  la  légende  de  l'At- 
lantide est  de  celles  qu'il  y  aurait  légèreté  à  rejeter.  Tout  en 
faisant  nos  réserves  sur  l'hypothèse  admise  par  MM.  Roisel 
et  Denizet,  et  dans  laquelle  le  nord  de  l'Afrique  et  le  sud- 
ouest  de  l'Europe  furent  jadis  reliés  à  l'Amérique  par  une 
bande  de  terre  ferme  qui  aurait  servi  à  un  premier  peuplement 
de  l'ancien  monde  par  les  races  américaines,  nous  acceptons 
comme  probable  l'existence,  à  une  date  très-reculée,  d'une 
grande  terre  dans  l'océan  Atlantique,  au  nord  et  près  du  tro- 
pique du  Cancer,  grande  terre  qui,  en  s'effondrant  sous  les 
feaux,  a  peut-être  laissé  comme  des  témoins  les  sommets  de  ses 
plus  hautes  montagnes,  qu'on  retrouverait  formant  aujour- 
d'hui les  îles  des  archipels  de  ces  parages.  Si  les  notions  des 
prêtres  de  Sais  étaient  exactes,  on  pourrait  chercher  à  identi- 
fier l'archipel  des  Canaries  avec  un  groupe  des  montagnes  de 
l'ancienne  Atlantide,  car,  suivant  les  prêtres  égyptiens,  cette 
terre  touchait  presque  à  l'Afrique. 

*  Examen  critique  de  VhUtoire  de  la  géographie  au  quinzième  siècle  t.  I. 
page  112. 

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310  AFRIQUE.  N-  429472 

H.  Denizet,  comme  H.  Boisel,  pense  avec  raison  que  les 
prairies  d*algues  marines  que  nous  appelons  la  mer  de  Sar- 
gasses, et  qu*on  trouve  à  l'ouest  des  iles  Canaries,  indiquent  la 
partie  de  TOcéan  où  étaient  les  terres  les  plus  occidentales  de 
TAtlantide.  Passant  en  revue  les  anciens  textes,  depuis  ceux 
du  sixième  siècle  de  notre  ère,  où  il  est  question  de  la  mer  de 
Sargasses,  il  nous  montre  ce  coin  de  l'Océan  rempli  de  bancs 
sous-marins  et  d'écueils,  qui  n'existent  plus  de  notre  temps. 
M.  Denizet  en  conclut  que  les  terribles  tremblements  de  terre 
et  les  inondations  qui,  au  dire  des  Égyptiens,  firent  dispa- 
raître l'Atlantide  en  vingt^iuatre  heures,  n'ont  été  qu'une  ma- 
nifestation extrêmement  violente  de  phénomènes  géologiques, 
qui  durèrent  inaperçus  longtemps  après,  et  que  les  hauts  fonds 
formés  par  cette  terre  engloutie  ont  continué  à  s'affaisser  de 
plus  en  plus  à  travers  les  siècles.  Les  courants  océaniques  au- 
raient aussi  contribué  à  augmenter  la  profondeur  du  nouveau 
sol  sous-marin,  en  balayant  et  en  entraînant  au  loin  toutes  les 
parties  de  ce  sol  que  les  eaux  pouvaient  désagréger  ou  délayer. 

Ce  coup  d'œil  rapide,  jeté  sur  une  question  si  délicate  qui 
sera  certainement  reprise  un  jour  sous  d'autres  aspects,  suffit 
cependant  pour  suggérer  d'établir  un  parallèle  entre  l'Atlan- 
tide et  cet  autre  continent  dont  il  ne  reste  plus  qu'un  grand 
lambeau  dans  la  terre  ferme  de  Madagascar.  Si  les  îles  Canaries 
ne  se  distinguent  pas,  comme  Madagascar,  du  continent  voisin 
par  des  formes  animales  et  végétales  en  majeure  partie  spé- 
ciales et  nettement  caractérisées,  elles  comptent  du  moins  plu- 
sieurs espèces  des  deux  règnes  organiques,  et  notamment  de 
grands  végétaux  arborescents,  qu'on  ne  retrouve  ni  en  Afrique, 
ni  en  Europe,  ni  en  Amérique.  Ce  fait  est  d'autant  plus  digne 
d'attention  qu'un  grand  courant  océanique  rase  sans  cesse 
leurs  cotes,  car  la  participation  des  courants  marins  à  la  dis- 
tribution des  végétaux  dans  les  différentes  parties  du  monde 
est  maintenant  une  vérité  mise  hors  de  doute. 


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LA  CONFÉRENCE  DE  BRUXELLES.         311 


XI 

LA  CONFÉRENCE  GÉOGRAPHIQUE  DE  BRUXELLES.  LES  EXPLORATIONS 
A  VENIR 

473.  Procès-Yerbaux  manuscrits  des  séances. 

474.  Journal  le  Temps,  n*«  des  44,  45,  47  septembre  1876. 

475.  MittheUungen,  Gotha,  n«  X,  pages  588-303. 

476.  BAififjN&  (Emile).   L'Afrique  et  la  Conférence  géographique  de 
Bruxelles.  1  yoI.  in-8«  et  carte.  Bitixelles,  4877. 


L'année  i  876  marquera  dans  Thistoire  de  T Afrique  ;  elle  a 
▼u,  en  effet,  se  produire  une  première  tentative  pour  donner 
un  caractère  international  aux  explorations  de  découvertes  dans 
l'intérieur  du  continent. 

Cette  tentative  est  due  à  Sa  Majesté  Léopold  II ,  roi  des 
Belges  ;  il  en  avait  longtemps  mûri  Tidée  avant  de  lui  donner 
le  conmiencement  d'exécution  qu'elle  a  reçu. 

Pour  trouver  une  manifestation  des  aspirations  scientifiques 
et  humanitaires,  relativement  àTAfrique,  comparable  à  celle-ci, 
mais  encore  essentiellement  nationale,  il  faut  se  reporter  à 
l'année  1788,  où  un  groupe  de  savants,  de  philanthropes, 
d'hommes  d*État  et  de  commerçants  appartenant  à  Télite  de 
la  société  anglaise,  formèrent  VAfrican  Association  (l'Asso- 
ciation africaine)  dans  le  but  d'activer  la  découverte,  à 
peine  commencée,  de  l'intérieur  de  l'Afrique.  A  cette  date, 
les  relations  des  voyages  de  Sparrman,  Paterson  et  Le  Vaillant, 
dans  la  pointe  sud  du  continent,  venaient  de  sortir  des 
presses  ;  l'ouvrage  de  Sir  James  Bruce  n'avait  pas  encore  paru  ; 
Thomas  Shaw  avait  bien  ébauché  un  premier  monument 
à  la  connaissance  de  la  Berbérie,  mais  on  se  figurait  encore 
que  le  Sahara  était  un  océan  de  sables.  Dans  l'ouest  de 
l'Afrique,  les  chutes  de  Fêlou,  sur  le  Sénégal,  formaient  la 
limite  où  s'étaient  arrêtés  les  voyageurs;  enfin,  on  ne  savait 


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312  AFRIQUE.  N«-  473-476 

pas  au  juste  si  le  Dhiôli  Bâ,  le  Niger,  était  un  fleuve^  ou  un 
a£Queut  soit  du  Sénégal,  soit  du  Nil  !  car  ce  n*esf  que  qua- 
rante-deux ans  plus  tard  que  les  frères  Lander,  partis  de  la 
côte  de  Guinée,  trouvèrent  à  Boûsa  le  vêtement  de  Hungo 
Park,  embarqué  à  Sêgou  sur  le  Dhiôli  Bâ,  et  qu'ils  descendi- 
rent ce  fleuve  jusqu'à  son  embouchure  dans  le  golfe  de  Bénin. 
—  A  plus  forte  raison,  l'Afrique  équatoriale  était-elle  absolu- 
ment inconnue. 

Depuis  l'époque  dont  nous  parlons,  les  lacunes  de  la  carte  et 
de  la  description  de  l'Afrique  ont  été  fortement  attaquées  ;  en 
quatre-vingt  huit  ans,  de  grands  progrès  ont  été  réalisés,  grâce 
au  dévouement  et  à  la  ténacité  de  nombreux  voyageurs  anglais, 
français,  allemands,  italiens,  qui,  ne  comptant  pas  combien 
de  leurs  devanciers  avaient  succombé  à  la  tâche,  ont  couru 
sur  leurs  traces  dans  l'espoir  d'arracher  à  l'Afrique  quelques- 
uns  de  ses  secrets. 

Grâce  à  eux,  la  géographie  de  l'Afrique  est  sortie  de  ses 
limbes  !  Ils  nous  révèlent  l'existence  de  pays  extrêmement  fer- 
tiles, sillonnés  par  de  magnifiques  cours  d'eau,  ou  baignés  par 
des  lacs  d'eau  douce  si  grands,  que  l'un  d'eux,  le  Niyanza,  est 
d'un  tiers  plus  grand  que  la  mer  d'Aral,  et  que  plusieurs  îles 
de  la  superficie  du  lac  de  Genève  tiendraient  à  Taise  dans  le 
Nyassa  ou  le  Tangaflyika,  et  même  dans  le  Loûta  Nzîdjé.  Ces 
contrées,  vraiment  privilégiées,  sont  peuplées  par  des  races  hu- 
maines encore  dans  l'enfance,  que  le  progrès  moderne  n'a  pas 
même  touchées,  et  dont  les  millions  de  représentants  doivent 
entrer  enfin  dans  le  mouvement  de  la  civilisation.  L'Europe  et 
l'Amérique  ont  là  une  belle  mission  à  remplir,  non  pas  en  sui- 
vant les  précédents  inscrits  aux  premières  pages  de  l'histoire 
moderne,  non  pas  en  balayant  devant  elles,  comme  cela  eut 
lieu  en  Amérique,  les  peuples  vierges  de  l'intérieur  de  l'Afrique 
tropicale,  mais  en  leur  envoyant  des  explorateurs  chargés  de 
les  étudier,  de  nous  faire  connaître  leurs  besoins,  et  de  leur 
apprendre  surtout  que  nous  voulons  leur  bien.  Plus  tard,  et 
il  ne  s'écoulera  pas  longtemps  d'ici  là,  des  hommes  de  race 

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LA  CONFÉRENCE  DE  BRUXELLES.  313 

européenne  s'établiront  sur  les  points  les  plus  salubres,  à 
proxin»ité  de  ces  peuples,  pour  leur  enseigner  les  meilleurs 
procédés  de  culture ,  l'art  d'exploiter  les  gisements  métaUi- 
fères  et  les  mines  de  houille  de  leurs  pays,  et  pour  les  initier 
aux  travaux  de  l'industrie.  Pour  peu  qu'on  connaisse  le  carac- 
tère des  populations  nègres  de  l'Afrique,  c'est  par  ces  moyens 
matériels  et  non  par  des  moyens  abstraits,  qui  ne  sont  pas  à 
la  portée  de  toutes  les  intelligences,  et  qui  souvent  blessent 
des  traditions,  des  convictions  chéries,  que  le  progrès  péné- 
trera dans  l'intérieur  de  l'Afrique  équatoriaie. 

Telle  est  la  situation,  digne  du  plus  haut  intérêt,  qui  a 
amené  le  roi  des  Belges  à  réunir  dans  une  conférence  les  pré- 
sidents des  sociétés  de  géographie  des  principales  capitales  de 
l'Europe,  ainsi  que  les  voyageurs  auxquels  nous  devons  les 
progrès  les  plus  récents  de  nos  connaissances  sur  l'Afrique,  et 
les  hommes  qui  se  sont  voués  aux  questions  philanthropiques 
soulevées  par  l'état  des  populations  de  l'intérieur  *. 

La  première  séance  de  la  conférence  fut  ouverte,  le  12  sep- 
tembre, par  Sa  Msgesté  le  roi  des  Belges,  qui  prononça  le  dis- 
cows  suivant  : 

Messieurs, 

Permettez-moi  de  vous  remercier  chaleureusement  de  TaimabL 
empressement  avez  lequel  vous  avez  bien  voulu  vous  rendre  à  mon 
invitation.  Outre  la  satisfaction  que  j^aurai  à  entendre  discuter  ici 
les  problèmes  à  la  solution  desquels  nous  nous  intéressons,  j^éprouve 
le  plus  vif  plaisir  à  me  rencontrer  avec  les  honunos  distingués  dont 

1.  Voici  la  liste  des  membres  de  la  Conférence  de  Bruxelles  :  pour  l'Allema- 
gne :  MM.  le  baron  de  Richthofen,  Nachtigal,  Schweinfurth,  Gérard  Rohlfs; 
pour  l'Autriche-Hongrie  :  MM.  le  baron  de  Hofmann,  )e  comte  Edmond  Ziehy, 
de  Hochstetter,  le  lieutenant  Lux  ;  pour  la  Belgique  :  MM.  le  baron  Lamber- 
moDt,  Banning,  Emile  de  Borchgrave,  Couvreur,  le  comte  Goblet  d'AWiella, 
James,  De  Laveleye,  Quairier,  Sainctelette,  Smolders,  Van  Bienrliet,  Léon  Van 
den  Bossche,  Jean  Van  Volxem  ;  pour  la  France  :  MM.  le  vic&-amiral  baron  de 
La  Roncière  Le  -Noury,  Maunoir,  le  marquis  de  Gompiègne,  Duveyrier  ;  pour  la 
Grande-Bretagne:  Sir  Bartle  Frère,  Sir  Rutherford  Alcock,  Tamiral  Sir  Leopold 
Heath,  le  magor  général  Sir  Henry  Rawlinson,  le  colonel  Grant,  le  commandeur 
Gameron,  M.  Mackinnon,  Sir  Fowell  Burton,  Sir  John  Kennenway,  Sir  Harry  Ver- 
Qey,  Sir  Brummond  Hay;  pour  l'Italie  :  MM.  le  commandeur  Negri,  Gorreati; 
pour  la  Russie  :  M.  de  Semenoff. 

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314  AFRIQUE.  N- 473-476 

j*ai  saivi  depuis  des  années  les  trayaux  et  les  valenreux  efforts  en 
faveur  de  la  civilisation. 

Le  sujet  qa\  nous  réunit  aujourd'hui  est  de  ceux  qui  méritent  au 
premier  chef  d'occuper  les  amis  de  Thumanité.  Ouvrir  à  la  civilisa- 
tion la  seule  partie  de  notre  globe  où  elle  n*aît  point  encore  pénétré, 
percer  les  ténèbres  qui  enveloppent  des  populations  entières,  c*est, 
j'ose  le  dire,  une  croisade  digne  de  ce  siècle  de  progrès,  et  je  suis 
heureux  de  constater  combien  le  sentiment  public  est  favorable  à  son 
accomplissement  ;  le  courant  est  avec  nous. 

Messieurs,  parmi  ceux  qui  ont  le  plus  étudié  TAfrique,  bpn  nombre 
ont  été  amenés  à  penser  qu'il  y  aurait  avantage  pour  le  but  commun 
qu'ils  poursuivent  à  ce  que  Ton  pût  se  réunir  et  conférer  en  vue  de 
régler  la  marche,  de  combiner  les  efforts,  de  tirer  paiti  de  toutes 
les  ressources,  d'éviter  les  doubles  emplois. 

n  m'a  paru  que  la  Belgique,  État  central  et  neutre,  serait  un  ter- 
rain bien  choisi  pour  une  semblable  réunion  et  c'est  ce  qui  m'a  en- 
hardi à  vous  appeler  tous,  ici,  chez  moi,  dans  la  petite  conférence 
que  j'ai  la  grande  satisfaction  d'ouvrir  aujourd'hui.  Ai-je  besoin  de 
dire  qu'en  vous  conviant  à  Bruxelles,  je  n'ai  pas  été  guidé  par  des 
vues  égoïstes?  Non«  Messieurs,  si  la  Belgique  est  petite,  elle  est  heu- 
reuse et  satisfaite  de  son  sort  ;  je  n'ai  pas  d'autre  ambition  que  de 
la  bien  servir.  Mais  je  n'irai  pas  jusqu'à  affinner  que  je  serais  insen- 
sible k  rhonneur  qui  résulterait  pour  mon  pays  de  ce  qu'un  progrès 
important  dans  une  question  qui  marque  dans  notre  époque  fût 
daté  de  Bruxelles.  Je  serais  beureux  que  Bruxelles  devînt  en 
quelque  sorte  le  quartier  général  de  ce  mouvement  civilisateur. 

Je  me  suis  donc  laissé  aller  à  croire  qu'il  pourrait  entrer  dans 
vos  convenances  de  venir  discuter  et  préciser  en  commun,  avec  l'au- 
torité qui  vous  appartient,  les  voies  à  suivre,  les  moyens  à  employer 
pour  planter  définitivement  l'étendard  de  la  civilisation  sur  le  sol  de 
l'Afrique  centrale  ;  de  convenir  de  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  pour  inté- 
resser le  public  à  votre  noble  entreprise  et  pour  l'amener  à  y  appor- 
ter son  obole.  Car,  Messieurs,  dans  les  œuvres  de  ce  genre,  c'est  le 
concours  du  grand  nombre  qui  fait  le  succès,  c'est  la  sympathie  des 
masses  qu'il  faut  solliciter  et  savoir  obtenir. 

De  quelles  ressources  ne  disposerait-on  pas,  en  effet,  si  tous  ceux 
pour  lesquels  un  franc  n'est  rien  ou  peu  de  chose  consentaient  à  le 
verser  à  la  caisse  destinée  à  supprimer  la  traite  dans  l'intérieur  de 
l'Afrique  ! 

De  grands  progrès  ont  déjà  été  accomplis,  l'inconnu  a  été  atta- 
qué de  bien  des  côtés  ;  et  si  ceux  ici  présents  qui  ont  enrichi  la 
science  de  si  importantes  découvertes  voulaient  nous  en  retracer 

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U  G0NFËREMG6  DE  BRUXELLES.         515 

les  points  principaux,  leur  exposé  serait  pour  tous  un  puissant  encou- 
ragement. 

Parmi  les  questions  qui  seraient  encore  à  examiner,  on  a  cité  les 
suWantes  : 

i*  Désignation  précise  des  bases  d'opération  à  acquérir,  entre  autres 
sur  la  côte  de  Zanzibar  et  près  de  Fembouchure  du  Congo,  soit  par 
cooTenlions  avec  les  chefs,  soit  par  achats  ou  locations  à  régler  avec 
les  particuliers  ; 

2*  Désignation  des  routes  à  ouvrir  successivement  vers  l'intérieur, 
et  des  stations  hospitalières,  scientifiques  et  pacificatrices  ^  organiser 
comme  moyen  d'abolir  Tesclavage,  d'établir  la  concorde  entre  les 
cheCs,  de  leur  procurer  des  arbitres  justes,  désintéressés,  etc. 

3°  Création,  Tœuvre  étant  bien  définie,  d'un  comité  international 
et  central  et  de  comités  nationaux  pour  en  poursuivre  Texécution, 
chacun  en  ce  qui  le  concernera,  eu  exposer  le  but  au  public  de  tous 
les  pays  et  faire  au  sentiment  charitable  un  appel  qu'aucune  bonne 
cause  ne  lui  a  jamais  adressé  en  vain. 

Tels  sont,  Messieurs,  divers  points  qui  semblent  mériter  votre 
attention  ;  s'il  en  est  d'autres,  ils  se  dégageront  de  vos  discussions  et 
vous  ne  manquerez  pas  de  les  éclairer. 

Mon  vœu  est  de  servir,  comme  vous  me  l'indiquerez,  la  grande 
cause  pour  laquelle  vous  avez  déjà  tant  fait.  Je  me  mets  à  votre 
disposition  dans  ce  but  et  je  vous  souhaite  cordialement  la  bienvenue. 

'Conformément  au  programme  tracé  dans  le  discours  du 
roi,  les  trois  séances  consacrées  aux  délibérations  de  la  confé- 
rence de  Bruxelles  portèrent  sur  trois  questions  :  fondation  de 
stations  scientifiques  et  hospitalières  dans  rAfriqueéquatoriale  ; 
détermination  de  remplacement  de  ces  stations;  constitution 
d  une  commission  internationale  pour  l'exploration  et  la  civi- 
lisation de  l'Afrique  équatoriale. 

L'idée  des  st«itions  scientifiques  et  hospitalières  rallia  les 
avis  unanimes.  L'excellence  en  apparaît  quand  on  voit  par 
l'histoire  des  voyages  en  Afrique  les  magnifiques  résultats 
qu'auraient  pu  obtenir  certains  voyageurs  si,  au  moment  cri- 
tique de  leur  entreprise  ils  avaient  trouvé  un  point  de  ravi- 
taillement, les  soins  et  le  concours  d'un  résident.  Quant  au 
caractère  à  donner  à  ces  stations,  la  conférence  a  pensé  qu'elles 
doivent  être,  avant  tout,  des  postes  hospitaliers,  des  foyers  de 

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516  AFRIQUE.  N-  473-476 

civilisation,  restant  en  dehors  des  questions  purement  reli- 
•  gieuses,  politiques  ou  commerciales.  A  ce  sujet,  il  n'est  pas 
sans  intérêt  de  recueillir  un  chifire  apporté  par  sir  Fowell 
Buxton,  car  il  dénote  la  générosité  avec  laquelle  le  public  an- 
glais a  voulu  participer  à  la  fondation  de  missions  religieuses 
dans  la  région  des  grands  lacs  nouvellement  découverts.  Plus 
d'un  million  de  francs  a  été  donné  dans  ce  but  par  des  sous- 
cripteurs anglais,  et  déjà,  comme  nous  l'avons  vu,  deux  mis- 
sions protestantes  anglaises  sont  établies  entre  le  Loûta  Nzîdjé 
et  le  Niyanza  de  Victoria  ;  une  autre  est  en  voie  de  formation 
sur  le  bord  du  Nyassa,  enfin,  une  expédition  s'organise  pour 
constituer  sur  les  bords  du  Tangaôyîka  un  quatrième  centre 
d*évangélisation. 

Le  choix  des  stations  scientifiques  et  hospitalières  domia 
lieu  à  un  examen,  dans  lequel  sir  Rutherford  Âlcock  fit  res- 
sortir que  ces  points,  destinés  à  devenir  les  centres  d'opéra- 
tion, devront  être  situés  sur  les  côtes.  La  côte  ouest  est  trop 
peu  connue  encore;  vouloir  commencer  de  ce  côté  serait  s'ex- 
poser tout  d'abord  à  bien  des  recherches  et  à  de  longs  tâtonne- 
ments, entraînant  de  grandes  dépenses.  Bagamoyo,  sur  la  cote 
e^st,  est  le  point  que  propose  sir  Rutherford  Âlcock,  qui  a  pour 
lui  une  expérience  personnelle  de  ces  parages;  sir  Bartle 
Frère  est  d'avis  que  sur  cette  côte,  de  l'embouchure  du  fleuve 
Djouba  à  la  Ijiaie  de  Lagoa,  on  n'aura  que  le  choix  de  bons 
endroits,  où  on  créera  facilement  des  ports,  et  plus  tard,  eu 
s'appuyant  sur  les  bases  qu'ils  offriront,  des  stations  dans 
l'intérieur  de  la  zone  correspondante  du  littoral. 

Diverses  autres  idées  furent  successivement  mises  en  ayant, 
mais  l'accord  qui  régnait  au  fond  des  diverses  propositions 
soumises  à  la  conférence  a  permis  d'arriver  aisément  à  une 
commune  entente,  sous  la  forme  que  voici  : 

Déclaration  de  la  Conférence 

Pour  atteindre  le  but  de  la  conférence  internationale  de  Bruxelles, 
c'estnà-dire  :   explorer   scientifiquement  les  parties  inconnues  de 

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U  CONFÉRENCE  DE  BRUIEUES.  M7 

TAfrique,  faciliter  l'ouTerture  des  voies  qui  fessent  pénétrer  la 
ciyilisation  dans  l'intérieur  du  continent  africain,  rechercher  des 
moyens  pour  la  suppression  de  la  traite  des  nègres  en  Afri<{ue,  il 
faut: 

1*  Organiser,  sur  un  plan  international  commun,  l'exploration 
des  parties  inconnues  de  l'Afrique,  en  limitant  la  région  à  explorer, 
à  l'orient  et  à  l'occident  par  les  deux  mers;  au  midi,  par  le  bassin  de 
ZAmbézi  ;  au  nord,  par  la  frontière  du  nouveau  territoire  égyptien  et 
le  Soudan  indépendant.  Le  moyen  le  mieux  approprié  à  cette  explo- 
ration sera  l'emploi  d'un  nombre  suffisant  de  voyageurs  isolés,  pai^- 
tant  de  diverses  bases  d'explorations  ; 

2*"  Ëtablir  comme  bases  de  ces  explorations  un  certain  nombre  de 
stations  scientifiques  et  hospitalières,  tant  sur  les  c6tes  de  l'Afrique 
que  dans  l'intérieur  du  continent. 

De  ces  stations,  les  unes  devront  être  établies,  en  nombre  restreint, 
sur  les  cotes  orientale  et  occidentale  d'Afrique,  aux  points  où  la 
civilisation  européenne  est  déjà  représentée,  à  B^amoyo  et  à  Loanda, 
par  exemple.  Les  stations  auraient  le  caractère  d'entrepôts  destinés 
à  fournir  aux  voyageurs  des  moyens  d'existence  et  d'exploration. 
Elles  pourraient  être  fondées  à  peu  de  frais,  car  elles  seraient  con- 
fiées à  la  charge  des  européens  résidant  sur  ces  points. 

Les  autres  stations  seraient  établies  sur  les  points  de  l'intérieur  les 
mieux  appropriés  pour  servir  de  base  immédiate  aux  explorations. 
On  commencerait  l'établissement  de  ces  dernières  stations  par  les 
points  qui  se  recommandent  dès  aujourd'hui  comme  les  plus  favo- 
rables au  but  proposé.  On  pourrait  signaler,  par  exemple,  Oudjidji, 
I^yangvré,  la  résidence  du  roi  ou  un  point  quelconque  situé  dans  les 
domaines  du  Mata-Yanvo.  Les  explorateurs  pourraient  indiquer 
plus  tard  d'autres  points  où  il  conviendrait  de  constituer  des  stations 
du  même  genre. 

Laissant  à  l'avenir  le  soin  d'établir  des  communications  sûres  entre 
les  stations,  là  conférence  exprime  surtout  le  vœu  que,  dans  la  suite, 
s'établissent  des  lignes  d'opération  dans  la  direction  nord-sud. 

La  conférence  fait  appel  dès  aujourd'hui  au  bon  vouloir  et  à  la 
coopération  de  tous  les  voyageurs  qui  entreprendront  des  explorations 
scientifiques  en  Afrique,  qu'ils  voyagent  ou  non  sous  les  auspic^^  de 
la  Commission  internationale  instituée  par  ses  soins. 

Le  cadre  du  champ  d'action,  le  but  à  atteindre  et  les  moyens 
à  employer  étant  ainsi  arrêtés,  la  conférence  compléta  ses 
travaux  en  prenant  les  résolutions  suivantes,  pour  assurer  le 
fonctionnement  de  la  nouvelle  institution: 

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518  AFRIQUE.  N-  473476 

Résolutions  de  la  Conférence. 

D  sera  constitué  une  Commission  internationale  d'exploration  et 
de  civilisation  de  TÀfrique  centrale  et  des  Comités  nationaux  qui  se 
tiendront  en  rapport  avec  la  Commission  dans  le  but  de  centraliser 
autant  que  possible  les  efforts  faits  par  leurs  nationaux  et  de  faciliter 
par  leur  concours  Texécution  des  résolutions  de  la  Conunission. 

Les  Comités  nationaux  se  constitueront  d*api;ès  le  mode  qui  leur 
paraîtra  préférable. 

La  Conunission  sera  composée  des  présidents  des  sociétés  de  géo- 
graphie représentées  à  la  conférence  de  Bruxelles  et  de  deux  mem- 
bres choisis  par  chaque  Comité  national. 

Le  président  aura  la  faculté  d'admettre  dans  l'association  les  pays 
qui  n'étaient  pas  représentés  à  la  Conférence. 

La  Commission  centrale,  après  avoir  £iit  son  règlement,  aura  pdar 
mission  de  diriger,  par  Torgane  d'un  comité  exécutif,  les  entreprises 
et  les  travaux  tendant  à  atteindi*e  le  but  de  l'association,  et  gérer  les 
fonds  fournis  par  les  gouvernements,  par  les  Comités  nationaux  et 
par  les  particuliers. 

Le  Comité  exécutif  sera  constitué  auprès  du  président  et  composé 
de  trois  ou  quatre  membres  désignés  préalablement  par  la  Gonféreaœ 
actuelle,  et,  plus  tard,  par  la  Conunission  internationale. 

Les  membre/s  du  Comité  se  tiendront  prêts  à  répondre  à  l'appel 
du  président. 

Le  président  désigne  un  secrétaire  général  qui,  par  le  fait  même 
de  sa  nomination,  deviendra  membre  de  la  Conunission  internatio- 
nale et  du  Comité  exécutif,  ainsi  qu'un  trésorier. 

Avant  de  se  séparer»  la  conférence  décerna  à  Tunanimité  la 
présidence  de  la  commission  internationale  à  Sa  Hajesté  le  roi 
des  Belges,  qui  voulut  bien  l'accepter  à  la  condition  quechaqae 
année  le  président  serait  changé  dans  le  but  d'affirmer  le  ca- 
ractère international  de  Toeuvre.  Le  comité  exécutif  est  com- 
posé du  docteur  Nachtigal  (Allemagne),  de  sir  Bartle  Frère 
(Angleterre)  et  de  M.  de  Quatrefages  (France).  Ce  choix  est  une 
garantie  que  Tœuvre  sera  dirigée  dans  les  voies  les  plus  larges. 

11  reste  maintenant  à  espérer  que  le  monde  civilisé,  s'asso- 
ciant  à  la  noble  pensée  de  Sa  Majesté  le  roi  des  Beiges,  eii 
rendra  la  réalisation  possible.  Il  faut  aux  voyages  des  res- 

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U  CONFERENCE  DE  BRUXELLES.  319 

sources  considérables,  car  le  «  métal  si  précieux  »  a  partout, 
sous  une  forme  ou' une  autre,  sa  «  magique  puissance  ».  Les 
classes  qui  aspirent  à  être  appelées  dirigeantes,  le  haut  com  • 
merce,  l'industrie,  voudront  prendre  part  à  cette  croisade 
d'un  ordre  essentiellement  généreux  et  pacifique,  mais  dont 
les  résultats  seront  certainement  aussi  un  accroissement  de 
la  richesse  du  monde. 


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ASIE 


LE  CHEMIN  DE  FER  TRANSASIATIQUE 

477.  F.  DE  UocHSTETTER.  ÂsieD,  seine  Zukunftsbahnen  und  seine  Kohlens* 
châtze.  Ëine  geographische  Studie,  etc..  1  vol.  avec  une  carte. 
Vienne,  4876.  A.  Holder. 

478.  Dr.  Polak.  Article  critique  sur  l'ouvrage  de  M.  de  lïocbstetter  : 
Asien,  seine  Zukunftsbahnen  und  seine  Kohlenschâtze.  Wien,1876 
{MUtheil.  der  geogr.  Gesellsch.  in  Wien,  i876.  vol.  XIX,  »••  6  et 
7,  p.  401  à  403). 

Il  a  paru  également  un  bon  article   critique  sur  le  livre  de  H.  de 
ochstetter  dans  le  supplément  du  Wiener  Abendpoitf  1876  (n**  241 ,  242, 
245).  L'auteur  en  est  le  docteur  D.  de  Grûn.  —  Autre  article  dans  le 
Schwâbische  Merkurj  suppl,  27  juillet  1876. 

Si  nous  nous  sommes  attardés  à  l'Afrique,  c'est  qu'elle  cons- 
titue encore  le  continent  par  excellence  des  découvertes  et 
des  inconnus.  Les  problèmes  géographiques,  pour  ne  parler 
que  de  ceux-là,  y  restent  nombreux.  D'ailleurs,  ce  continent 
qui  s'ouvre  au  seuil  de  l'Europe,  offre  à  l'activité  et  à  l'ex- 
pansion de  la  race  blanche  trois  milliards  d'hectares  évidem- 
ment destinés  à  jouer  un  rôle  considérable  dans  la  richesse  du 
monde. 

L'Asie  nous  appelle  maintenant,  et  ici  encore  nous  voyons  la 
civilisation  étendre  rapidement  son  champ  d'activité  par  la 

L'kUmfS  GÉ06R.  zv.  21 

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322  ASIE.  K-  477^478 

science,  par  le  commerce,  trop  souvent  aussi  par  les  armes. 
L'envahissement  du  continent  asiatique  a  Heu,  à  la  fois  par  le 
nord  où  de  proche  en  proche,  à  travers  la  Sibérie,  les  Russes 
ont  marché  jusqu'au  littoral  de  la  mer  du  Japon,  et  par  le  sud 
où  la  puissance  britannique,  de  son  côté,  gagne  du  terrain  et 
veut  maintenir  libre  sa  route  des  Indes.  L'Asie  est  ainsi  prise 
entre  deux  courants  qui  se  heurteront  peut-être  un  jour,  mais 
que  n'arrêteront  ni  les  gigantesques  montagnes,  ni  les  steppes, 
ni  les  sables. 

Une  question  de  premier  ordre  pom*  l'avenir  de  TAsie,  on 
peut  même  dire  pour  l'avenir  diijnonde,  aété  nettemenl  posée, 
il  y  a  quatre  ou  cinq  ans  ^,  par  un  homme  d'une  haute  auto- 
rité, notre  illustre  compatriote  Ferdinand  de  Lesseps  :  nous 
voulons  parler  de  l'ouverture  d'un  cheoùn  de  fer  qui  relierait 
sept  cents  millions  d'Orientaux  à  trois  cents  millions  d'Euro- 
péens. 

Des  entreprises  aussi  considérables  que  celle-là  ne  «auraient 
entrer  de  plain-pied  dans  leur  période  de  réalisation  ;  elles 
veulent  être  examinées  sous  toutes  les  faces,  mûries  lentement, 
et  la  solution  la  plus  favorable  ne  saurait  résulter  que  d'une 
vaste  étude  à  laquelle  contribuent  la  science  et  les  parties 
intéressées  ;  c'est  une  sorte  d'enquête  de  commodo  et  incom- 
modo  faite  par  les  géographes  et  les  économistes,  les  ingé- 
nieurs et  les  statisticiens,  les  hommes  politiques  et  les  finan- 
ciers. Actuellement,  sans  être  grand  clerc,  on  peut  assurer 
qu'il  ï  aura,  quelque  jour,  au  moins  un  chemin  de  fera  travers 
l'Asie  centrale,  que  cette  voie  ira,  comme  le  grand  chemin 
Américain,  de  l'Atlantique  au  Pacifique,  mais  nul  encore  ne 
pourrait  dire  par  où  il  passera,  ni  quand  il  s'exécutera. 

A  la  fin  de.  Tannée  dernière,  quatre  projets  étaient  en  pré- 
sence. Il  est  utile,  peut-être,  de  les  rappeler  ici,  sans  tenir 
compte  des  variantes  de  détail:  i^  projet  dit  anglais  (sir 
H.  Rawlinson  et  M.  Scott  Russel)  :  ligne  Turco-Persane.  — 

1.  Voir  Année  géographique,  1873  (p.  55). 

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LE  CHEMIN  DE  FER  TRANSASIATIQUE.  323 

2**  projet  dit  français  (MM.  F.  de  Lesseps,  Gotard  et  Stuart  *)  : 
ligne  Russo-ceiitre-Asiatique.  Ces  deux  lignes  oi»t  comme 
termes  extrêmes  l'Europe  et  Tlnde  anglaise.  —  3*  projet  dit 
russe  (colonel  Bogdanowitch)  :  ligne  Russo-Mongolienne.  — 
4'*  projet  dit  allemand  (baron  de  Richthofen)  :  ligne  Russo- 
Dzoungarienne.  Ces  deux  derniers  projets  rattacheraient  l'Eu- 
rope à  la  Chine. 

Depuis  lors  a  surgi  un  projet  autrichien,  exposé  dans  l'ou- 
vrage intitulé  :  Asien,  seine  Zukunftsbahnen  und  seine 
Kohlenschâtze.  L'auteur  en  est  M.  Ferdinand  de  Hochstetter, 
président  de  la  Société  de  géographie  de  Vienne.  Résumons 
sommairement  le  nouTcau  projet.  L'éminent  auteur  fait  ob- 
server tout  d'aborJ,  après  un  exposé  des  systèmes  orogra- 
pliiqiies  de  l'Asie  centrale,  que  les  conditions  géographiques 
de  la  contrée  à  traverser  imposent  aux  lignes  certaines  direc- 
tions générales  :  «  Nous  voyons  ainsi  l'Asie  occidentale  et 
l'Asie  orientale  séparées  l'une  de  l'autre  par  les  chaînes  de 
montagnes  les  plus  saillantes  du  globe,  tout  comme  sont  sépa- 
rées l'Asie  méridionale  et  l'Asie  septentrionale.  La  direction 
des  lignes  possibles  de  railways  est  donc  déterminée  par  la 
configuration  naturelle  du  sol,  de  telle  sorte  que,  devant  ce 
nœud  oii  se  rencontrent  les  chaînes  de  montagnes  du  centre 
de  l'Asie  venant  de  l'est,  les  lignes  de  chemin  de  fer  dirigées 
de  l'ouest  à  Test  doivent  dévier  soit  vers  le  sud,  soit  vers  le 
nord,  tandis  que  les  lignes  cheminant  du  nord  au  sud  doivent 
dévier  à  l'ouest  ou  à  l'est.  ))  A  vrai  dire,  la  force  dont  les 
ingénieurs  disposent  actuellement  fait  en  quelque  mesure 
fléchir  ces  principes  :  les  chemins  de  fer  qui,  de  l'Ilalie, 
gagnent  la  France  ou  l'Allemagne,  ont  bien  su  couper  droit 
au  (ravers  des  Alpes. 

Partant  de  Moscou  pris  comme  centre  des  chemins  de  fer 
russes,  le  projet  de  M.  de  Hochstetter  prolonge  la  ligne  de 
Nijni-Novogorod  vers  Test,  jusqu'à  Ekaterinebourg  et  à  ïiou- 

1.  Voir  Année  géographique,  1875  (p.  îlî)» 

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3M  ASIE.  N-  477-478 

men,  pour  le  diriger  ensuite  au  sud,  par  Omsk,  sur  Semipala- 
tinsk,  centre  des  districts  miniers  de  TAltaï,  métropole  du 
commerce  de  TAsie  centrale  avec  la  Mongolie  et  la  Chine.  Une 
nouvelle  courbe  Tinfléchit  vers  le  sud,  pour  l'amener,  à  ti  avers 
le  district  de  Semiretchinsk  (des  Sept  Rivières),  dans  la  vallée 
de  rUi,  entre  le  lac  Balkash  et  TIssi-Koul,  à  Wernojé  (140  m. 
d'altitude),  point  important  des  possessions  russes  sur  les 
pentes  septentrionales  du  Thian-Shan.  De  ce  point,  le  railway 
quitterait  la  vallée  du  Tshou  pour  gagner  celle  du  Talas  par 
la  passe  de  Kastek  (2280  m.),  puis  longeant  le  pied  de  la 
chaîne  Alexandre,  direction  est-Quest,  il  desservirait  Âoulié- 
Ata,  Tchemkend  et  Tachkend.  De  cette  dernière  ville,  à  travers 
la  Boukharie  et  la  vallée  du  Syr  Daria,  il  atteindrait  Balch  et 
Haimana,  en  Afghanistan,  pour  emprunter  ensuite  le  territoire 
persan  et,  par  Mesched,  Sharouhd,  Téhéran,  aller  se  raccorder 
à  la  ligne  Vladikaukas-Moscou. 

On  a  de  la  sorte  un  chemin  de  fer  circulaire  de  9800  kilo- 
mètres de  développement,  qui  coupe  les  diverses  lignes  proje- 
tées ;  c'est  ainsi  qu'à  Omsk,  serait  Tembranchement  du  projet 
Bogdanowilch,  qui  a  Pékin  comme  gare  extrême  (projet  3); 
que,  de  Semipalatinsk,  partirait  le  projet  Ricbthofen,  dirigé 
sur  Shanghaï  (projet  4)  ;  que  le  projet  de  Lesseps  et  Go- 
tard  (projet  2),  aurait  son  origine  à  Balch  et  s'achemine- 
rait de  là  sur  Peschawur;  enGn,  que  le  projet  anglais 
(projet  1),  avec  ses  variantes,  se  souderait  en  quelque  point 
du  trajet  de  la  ligne  à  travers  la  Perse  et  la  région  du  Cau- 
case. 

On  fait,  autour  des  grandes  cités  dont  les  traversées  sont 
coûteuses  pour  les  voies  ferrées,  des  chemins  de  fer  de  cein- 
ture ;  dans  le  projet  de  H.  de  Hochstetter,  au  contraire,  on 
évite  la  traversée  des  terrains  sans  valeur,  des  steppes  et 
des  déserts  du  bassin  aialo-caspien.  A  vrai  dire,  il  est  tout  à 
l'avantage  des  Russes  dont  il  dessert  les  plus  riches  provinces. 
Toutefois,  l'auteur  s'est  préoccupé  comme  il  le  devait  des 
intérêts  autrichiens,  auxquels  donnerait  seul  satisfaction  le 

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LE  CHEMIN  DE  FER  TRANSASIATIQUE.  325 

projet  anglais  qui  traverse  la  Turquie,  TAsie  Mineure  et  gagne 
riiide  par  la  Perse. 

M.  de  Hochstetter  ne  se  fait  pas  d'illusion  sur  les  chances 
de  rapide  exécution  de  ces  lignes  :  «  II  faut,  dit-il,  reléguer 
dans  un  avenir  d'un  lointain  indéfini,  la  réalisation  d'une 
ligne  ferrée  directe  continentale  à  travers  la  Turquie,  la 
Perse  et  rAfghanistan,  jusque  dans  l'Inde.  »  Le  raiiway  circu- 
laire qu'il  propose,  et  dont  un  sixième  est  déjà  exécuté  (de 
Moscou  à  Vladikaukas),  lui  semble  devoir  déterminer  la 
construction  des  chemins  de  fer  turco-persans  qui,  prolongés 
jusqu'aux  Indes,  compléteraient  ainsi  une  ligne  avantageuse 
pour  l'Autriche. 

Il  est  probable,  en  effet,  que  la  voie  ferrée  transasiatique 
ne  s'exécutera  pas  d'une  seule  pièce.  Peu  à  peu  et  selon  les 
circonstances,  les  tronçons  s'ajouteront  les  uns  aux  autres, 
jusqu'au  complet  achèvement  de  la  gigantesque  ligne. 

Quoi  qu'il  en  doive  êlrc,  les  géographes  sauront  gréa  M.  de 
Hochstetter  d'avoir  consacré  ses  vastes  connaissances  à  traiter 
la  question  desdicmins  de  fer  transasiatiques  ;  son  étude  est 
de  belle  et  bonne  géographie,  et  la  solution  qu'il  propose 
n'est  point  à  dédaigner.  Elle  est  plus  pratique  peut-être,  et 
pourrait  mener  aussi  vite  à  un  résultat,  qu'aucun  des  autres 
projets  mis  en  avant.  Les  économistes  et  les  commerçants 
trouveront,  à  la  fin  du  livre  de  M.  de  Hochstetter,  un  chapitre 
dont  le  charbon,  ce  c  diamant  noir  »  ,  fait  le  sujet  spé- 
cial. 

C'est  un  exposé  des  ressources  de  l'Asie  au  point  de  vue 
houiller.  Il  va  sans  dire  que  l'auteur  est  fort  réservé  dans  ses 
évaluations  puisque,  pour  la  plupart  des  contrées  dont  il  parle, 
les  données  précises  manquent  encore  ;  toutefois,  des  indica- 
tions auxquelles  on  peut  se  fier  établissent  que  la  civilisation 
n'est  point  encore  menacée  d'arrêt  par  le  manque  de  combus- 
tible minéral.  On  sait  que  cette  crainte  s'est  produite  il  y  .a 
quelques  années,  et  que  le  Parlement  anglais  Ta  ressentie 
puisqu'il  a  provoqué  des  calculs  d'après  lesquels  le  charbon 

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326  ASIE.  N-  477478 

d'Angleterre,  au  taux  de  la  consommation  actuelle,  mant(uerait 
en  Tannée  3100. 

Les  hommes  éclairés  ne  sauraient  rester  indifférents  à  une 
question  si  grosse  d'avenir  que  celle  des  chemins  de  fer  asia- 
tiques. Tout  d'abord,  au  point  de  vue  des  voyages,  il  faut 
constater,  avec  M.  de  Hochstetler,  qu'une  fois  l'Asie  traversée 
comme  l'est  l'Amérique,  par  une  voie  ferrée,  le  tour  du 
monde  entre  les  parallèles  20°  et  50°,  ne  ser'\it  plus  qu'une 
promenade   de  vacances.  En  deux  mois  anchirait  deux 

grands  continents  et  deux  grands  océans  ;  gi  e  au  conforta- 
ble des  paquebots  et  des  chemins  de  fer,  ce  trdjet  n'aurait 
d'ailleurs  rien  de  trop  redoutable.  Mais  c'est  là  le  moindre' 
côté  des  choses. 

Mieux  vaut  se  représenter  ce  que  gagnera  le  commerce, 
à  des  relations  rapides  entre  des  centres  de  production 
et  de  consommation  tels  que  TEurope,  l'Inde  et  la  Chine. 
L'horrible  famine  décime  périodiquement-  les  populations  de 
ces  deux  derniers  pays.  Que  de  gens,  sans  compter  ceux  qui 
meurent  de  faim,  trouveraient  leur  compte  à  de  prompts 
transports  de  blé?  Le  commerce  actuel  de  l'Europe  avec  la 
Chine  seule  est  évalué  à  trois  milliards  de  francs.  Quelles 
proportions  ne  prendra-t-il  pas  quand  il  sera  servi  par  de 
puissants  moyens,  quand  la  rapidité  des  communications  aura 
mis  à  notre  porte  des  contrées  d'une  richesse  infinie?  11  ne  faut 
pas  s'y  tromper,  d'ailleurs,  les  Chinois  —  c'est  là  un  sujet 
sur  lequel  nous  aurons  à  revenir  —  les  Chinois  réservent  des 
surprises  à  l'Occident  dédaigneux.  Le  jour  oii  l'initiative  indi- 
viduelle aura  commencé  à  se  développer  chez  eux,  ils  briseront 
vite  la  torpeur  où  les  maintiennent  leurs  lois  et  leur  passé, 
et  sauront  bien  alors,  commerçants  avisés,  se  faire  une  place 
dans  le  monde  des  affaires. 

En  attendant,  il  y  a  quelque  intérêt  pour  la  philosophie 
de  l'histoire  à  constater  cette  revanche  de  l'Occident  refluant 
vers  l'Orient  dont  les  hordes  l'ont  tant  de  fois  envahi.  La 
victoire  définitive  n'est  pas  douteuse  :  les  Indiens  ont  suc- 

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ASIE  MINEURE.  327 

combe,  les  Persans  et  ce  qui  reste  des  Turcomans  sont 
réservés  au  même  sort,  malgré  leurs  défenses  naturelles,  et  si 
quelque  chose  doit  sauver  la  société  chinoise  ce  ne  sera  ni 
sa  hiérarchie  de  mandarins,  ni  ses  traditions  de  séculaire 
immobilité. 


II 

ASIE  MINEURE 


419.  Grad  (Charles).  Projet  de  chemin  de  fer  de  la  Méditerranée  au 
golfe  Persique.  —  VExplortUeur,  111,  1876,  p.  334. 

fôO.  Gros  (F.).  La  Turquie  d'Asie,  Bagdad.— L'^x/j/oro/ewr,  III,  1876, 
p.  574. 

481.  Perrot  (G.).  Note  sur  la  situation  de  Synnada.  —  Revue  archéol., 
1876,  p.  190. 

482.  RoBiov  (Félix).  Questions  homériques.  Paris,  1876,  1  vol.  in-8». 
Reconstitution,  entre  autres,  de  l'emplacement  de  Troie. 

483.  ScBLiEVAinf  (H  ].  Troia  und  seine  Ruinen.  Yortrag.  Waren,  1876^ 
grand  in-4*. 

484.  \jJL  Rada  t  Delgado  [don  Juan  de  Dios  de).  Sobre  su  viaje  a  la 
Troade  en  1871.  Boletin  de  la  Sociedad  geographica  de  Madrid, 
t.  I,  1876,  n«  3,  p.  203-219. 

48b.  Hercber  (R.).  Ueber  die  Homerische  Ebene  von  Troja.  AhhandL 
der  K,  Akad,  der  Wissenach,  zu  Berlin,  1876,  in-^"». 

486.  Smyrna's  Handel  und  Schiffahrt  in  1875.  —  Preutsische  Handeh- 
archiv,,  1876,  p.  28. 

487.  Schweigbr-Lerchewfeld  (Freiherr.  v.).  Zur  Cultur  des  Safran  in 
Zafranboly  in  Anadoly.  Oesterr.  Monatschr,  fur  den  Orient.  Wien., 
1876,  n«  11,  p.  168-170. 

488.  Schweiger-Lerchenfeld  (Freiherr.  v.).  Die  Angora  Ziege.  Oester- 
reich,  Monalschr.  fur  den  Orient.  Wien,  1876,  n"  6,  p.  83-85 


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528  ASIK.  N-«a^ 

III 

PALESTINE.  SYRIE.  LIBAN.  SINAÏ 


480.  Baedekeb.  Palestine  and'Syria,  1876  (Nouvelle  édition  améliorée 
et  complétée).  Londres,  1876. 

490.  Lié  VIN  (le  frère).  Guide-indicateur  de  la  Terre-Sainte.  Louvain^ 
1876. 

Nouvelle  édition  d*un  livre  excellent,  eous  une  forme  naïve.  Il  e»t  fait 
par  un  homme  qui  connaît  parfaitement  le  pays,  pour  y  avoir  vécu  pendant 
plusieurs  années. 

4^1 .  MouDjiR-BD-DiN,  Histoire  de  Jérusalem  et  d'Hébron,  traduite  par- 
tiellement de  l'arabe  par  Sauvaire.  Marseille,  1876. 

Ouvrage  très-important,  qui  contient  beaucoup  de  données  géographi- 
ques et  topographiques. 

492.  DeSaulct,  Notes  sur  la  Pentapole  maudite.  Bévue  archéologigue 
(novembre  1875).  Les  ruines  de  Gomorrhe,  lettre  à  M.  Clermont- 
Ganneau,  Revue  archéologique  (novembre  1876). 

495.  Palestine  Exploration  Fund,  Quarterly  Statement.  Janvier,  avril, 
juillet,  octobre  1876.  Au  point  de  vue  géographique,  les  plus 
intéressants  articles  de  ce  recueil,  sont  :  Early  Christian  topograpby, 
page  11.  —  Proposed  lexts  for  the  survey,  page  66.  —  The  first 
travcUer  in  Palestine,  page  74  (C'est  l'examen  de  la  relation  d'un 
voyage  accompli  en  Palestine  par  un  officier  égyptien  delalO* 
ou  de  "la  20*  dynastie).  Palestine  before  Joshua,  p.  37.  —  The 
Fertilly  ol  ancient  Palestine,  par  le  lieutenant  Conder,  p.  120.  — 
Samaritan  Topograpby,  par  le  lieutenant  Conder,  p.  182. 

494.  C.  Clerhont-Ganneàu.  Horus  et  saint  Georges.  Revue  archéolo- 
gique (septembre  1876). 

A  propos  d'un  bas-relief  du  Musée  égyptien  du  Louvre,  l'auteiu*  de  cette 
note  fait  dériver  du  culte  d'Horus  le  culte  de  saint  Georges,  qui  8*est  de 
bonne  heure  étendu  sur  toute  TÉgypte  et  qui  a  pris  en  Syrie  un  dévelop- 
pement considérable.  C'est  tout  d'abord  sur  des  considérations  géographi- 
ques que  M.  Ciermonl-Ganneau  appuyé  sa  thèse.  «  Une  base  essentielle 
sur  laquelle  je  me  suis,  en  dehors  de  l'iconographie,  constamment  appuyé 
pour  essayer  de  reconstruire  celte  fable  étrangement  déformée  et  transfor- 
mée, c'est  la  localisation  géographique  ;  il  y  a  à  observer,  dans  le  déve- 
loppement sémitique  de  celte  légende,  une  véritable  unité  de  lieux  prê- 
tant aux  identifications  obtenues  une  solidité  qu'on  ne  saurait  demander 
aux  rapprochements  purement  philologiques. 

«  Tout  se  joue  sur  un  théâtre  parfaitement  circonscrit  :  la  scène  peut 
être  représentée  par  un  triangle  dont  les  sommets  sont  les  trois  villes  de 


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PALESTINE.  SïaiE.  LIBAN.  SlNAl.  329 

Palestine  :  Arsouf,  Lydda  et  Asdoud,  et  dont  le  grand  cdté  est  le  rivage  de 
la  Méditerranée  au  nord  et  au  sud  de  JafTa. 

«  Le  culte  de  saint  Georges,  qui  s'est  de  bonne  heure  étendu  sur  toute 
l'Egypte,  a  pris  un  caractère  spécial  et  a  reçu  un  développement  considé- 
rable en  Syrie,  où  il  a  pour  centre  principal  Lydda,  la  Diospolis  des  Gréco- 
Bomains.  » 

Le  triangle  Asdoud  (Echdod,  Azote),  Lydda  (Diospolis)  et  Arsouf  (Apol- 
lonia),  avec  la  Méditerranée  comme  grand  côté,  forme  la  contrée  où  s'est 
surtout  développé  ce  culte.  Lydda,  qui  en  a  été  le  centre  principal,  avait 
une  porte  dite  de  Dàdjoûn.  Or,  Djaddoun,  identifié  jusqu'ici  à  Beit-Djadian, 
doit  être,  d'après  Hauteur  du  travail  que  nous  citons,  Dàdjoûn,  point  re- 
trouvé par  lui  en  1874.  «  D'anciens  géographes  arabes  nous  parlent  for- 
mellement d'une  porte  de  Dàdjoûn  à  Lydda;  entre  Lydda  et  Yabné,  l'Ono- 
masticon  signale  un  Capher  Dagon  qu'on  identiûait  jusqi'ici  avec  le  village 
de  Beth  Dadjan  ;  mais  je  crois  que  c'est  un  lieu  appelé  encore  Dàdjoûn,  que 
j'ai  retrouvé  en  1874;  Dàdjoûn  répond  beaucoup  mieux,  en  effet,  aux  in- 
dications deTOnomasticon.  11  se  peut  que  le  village  se  soit  déplacé  et  ait 
été  transpoirté,  de  l'endroit  aujourd'hui  inhabité  de  Dàdjoûn.  à  Beil  Dadjan  ; 
dans  ce  cas  nous  aurions  une  preuve  pertinente  extrêmement  solide  de  la 
transition  phonétique  de  Dàdjoûn  à  Dadjdjàl,  Dadjan  fournissant  un  état 
intermédiaire  du  mot.  La  forme  archaïque  Dàdjoûn  se  serait,  comme  de 
coutume,  conservée  dans  le  nom  de  l'emplacement  ancien.  A  ce  compte,  il 
faudrait  voir  dans  Dàdjoûn,  non-seulement  le  Capher  Dagon  de  TOnomasti- 
con,  mais  [aussi  le  Beth  Dagon,  mentionné  par  le  livre  de  Josué,  dans  le 
territoire  de  Juda.  » 

D'après  lui,  également,  le  nom  de  la  localité  d' Arsouf  serait  dérivé  de 
Beseph,  nom  d'un  personnage  mythologique  assimilable  à  Apollon  et  à 
Horus.  «  Ce  qui  n'était  qu'une  présomption  devient  un  fait  certain  par  l'ob- 
servation suivante  :  le  nom  moderne  de  la  ville  d'Arsouf,  située  au  nord 
et  tout  près  de  Jaffa,  est  formé  régulièrement  avec  le  nom  du  dieu  Be- 
seph; or  les  Grecs  l'avaient  appelée  Apollonia,  exactement  comme,  en 
Egypte,  Edfou,  centre  principal  du  culte  d'florus,  avait  été  nommé  par 
eux  Apollonopolis,  parce  que  Horus,  dans  leur  Panthéon,  correspondait  à 
Apollon....  Beseph  est  donc  Apollon  au  même  titre  qu'Horus.  » 

Le  point  d'Arsouf  prendrait  ainsi  une  importance  archéologique  inat- 
tendue et  il  y  faudrait  procéder,  soit  dans  le  sol,  soit  dans  les  traditions, 
à  des  recherches  dont  les  résultats  seraient  considérables. 

Pour  des  raisons  également  philologiques,  Esdoud  peut  cacher  le  nom 
de  Sed  ou  Set,  c'est-à-dire  le  nom  du  dieu  amphibie  que  combat  Horus 
dans  le  bas-relief  étudié  par  H.  Clermont-Ganneau. 

La  notice  du  sagace  découvreur  de  la  Stèle  de  Mesa  fait  apprécier  la 
portée  pratique  des  recherches  de  l'érudition  et  la  place  qu'y  tient 
l'élément  géographique. 

495.  Clermont-Ganneau.  Deir  Ebàn,  the  great  Eben,  and  Eben^ha-ezer* 
The  Academy,  28  octobre  1876.  Discussion  sur  les  sites  bibliques 
du  grand  Eben,  d'Eben  ha-ezer  et  sur  le  trajet  suivi  par  les  Phi- 
listins ramenant  l'arche  sainte  d'Ëkron  à  l'imnath. 

496.  Glermoxt^Ganneav.  La  Palestine  inconnue.  Paris  y  1876,  in-8». 

497.  \.  GuÉRix.  Descinption  géographique,  historique  et  archéologique 
de  la  Palestine,  2  vol.  gr.  in-8*,  avec  cartes  et  planches.  Paris, 
1875.  Qiallamel. 


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530  ASIE.  N"  489-554 

498.  Y.-A.  Malte-Brun.  Compte  rendu  de  l'ouvrage  ci-dessus,  au 
Bulletin  de  la  Société  de  Géographie^  ^876,  p.  588. 

499.  MiBULET  ET  Derrien,  capitaines  d'état-major.  Levés  en  Galilée 
faisant  suite  à  la  carte  du  Liban,  de  Tétat-major  français.  Exé- 
éutés  en  1870. 

II  y  a  quelques  années,  à  la  suite  des  affaires,  en  Syrie,  qui  avaient 
'  déterminé  renvoi  d'un  corps  d'armée  français,  le  Dépôt  de  la  guerre 
publia  une  carte  du  Liban  (1/900,000*)  ;  l'œuvre  de  MJI.  Hieulet  et  Der- 
rien  la  prolonge  vers  le  sud.  Elle  repose  sur  une  triangulation  qui  assure 
la  jusle  position  des  localités  et  des  sommets.-  Les  mouvements  du  sol 
sont  rendus  en  courbes  de  niveau,  avec  de  nombreuses  cotes  d'altitude. 
Le  terrain  représenté  est  compris  entre  Safed,  au  nord-ouest  du  lac  de 
Tibériade,  Nazareth,  Gaïffa  et  le  littoral.  Celte  carte  d'un  terrain  trop 
restreint  sera  néanmoins  et  certainement  l'un  des  bons  éléments  de  la 
carte  d'ensemble  dont  la  Palestine  Exploration  Futld  prépare  la 
publication.  Il  est  regrettable  que  nos  officiers,  deui  topographes 
distingués,  n'aient  pas  publié  un  mtooire  — •  dont  ils  ont  les  données  — 
sur  leurs  opérations.  Les  archéologues  trouveront  sur  la  carte  de 
Mtf.  HieuTet  et  Derrien  des  signes  pour  les  identifications  avec  les  localités 
signalées  par  la  Bible,  Josèphe,  Pline,  le  Talmud  et  les  histoires  des 
Croisades. 

500.  Debbs  (Ërnst).  Ueber  die  vom  4  Palestine  Exploration  Fund  »  aus- 
gefûhrten  Expeditionen  zur  Àufnahme  und  Erforschung  PalSstina. 
MiltheU,  der  Vereins  fur  Erdkunde  zu  Leipzig,  1876,  p.  iO(X- 
101). 

501.  R.  Metxb.  tber  die  Amerikanischen  Aufnahmen  in  Palastina. 
Verhandlungen  der  Gesellsch.  fur  Erdkunde  in  Berlin,  1876, 
vol.  III.  cah.4et5,  p.  80  à  85). 

502.  Bergmarn  (J.).  Palastina  und  die  angrânzenden  Lander.  Reichen* 
berg,  1876,  in- 8». 

503.  Vogué  (comte  E.-M.  de).  Syrie,  Palestine,  Mont-Athos.  Article 
critique  dans  VOesterr.  Monatschr,  fur  den  Orient,  Wien,  1876, 
u«  12. 

504.  Strauss  (F.-N.)  et  Strauss  ^0,),  Die  Lander  und  Stâlten  der  Hei- 
ligen  Sehrift,  2"»«  édit.  Leipzig,  1876,  in-4«. 

505.  Jeïp.  Jérusalem  und  das  Heilige  Land.  Pilgerbuch  nach  PalSstina, 
Syrien  und  ^gypten,  2«  édit.  Regensburg  (Ratisbonne),  1875  et 
187t), 

506.  PoYET(Mgr)  et  le  P.  Abougit.  Notes  sur  la  Terre  Sainte,  surtout 
sur  Jérusalem,  XV  à  XIX.  —le»  Missions  Catholiques.  Lyon,  1876, 
8»  année,  p.  165, '177, 190,  214,  226,  518. 

507.  Cook's.  Touristes  Handbook  for  Palestine  and  Syria.Xomioif,  1876, 
in-12. 

508.  Wangemann  (F.).Reise  durch  das  Gelobte  Land.  2«  Ausgabe.  Ber/in, 
1876,  grand  in-8*. 


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PALESTINE.  S\R1E.  LIBAN.  SINAÏ.  331 

509.  (C.  G.).  A  Fortnight's  tour  amonçst  the  Arabs  on  Mount  Lebanon, 
including  a  visit  to  Damascus,  Baalbeck,  tbe  Cedars,  etc.  ^'ith 
illustrations.  London,  1876,  iQ-16. 

510.  Bersers  (Ch-H.).Two  months  in  Syrie,  in  1875,  or  réminiscences 
of  lentlife.  fjondotiy  1876,  in-8». 

511.  Tristram  (H.-B.).  Land  of  Israël  :  Journal  of  travels  in  Palestine, 
3«  é(Mt.  London,  1876,  in-8«. 

512.  Maddalbhjl  (archevêque  cathol.  de  Corfou).  Un  pèlerinage  en 
Terre-Sainte.  —  Les  Missions  Catholiques.  Lyon,  1876,  8«  année, 
p.  598,  410,  422. 

513.  (J.).  Walks  about  Jérusalem.  A  search  after  the  land  marks  of 
primitive  Chris tianily.  Cincinnati^  1876,  in-12. 

514.  DixoN  (W.  Hepworth).  Recovery  of  Palestine.  Tfie  Goitleman^s 
Magazine,  1876,  numéro  d'octobre. 

515.  Stou  (Alban).  Besuch  bei  Sera,  Cbam  und  Japhet,  oder  Reise  in 
das  Hei]ige  Land.  Freibourg  im  Breisgau,  1876,  grand  in-8». 

516.  RoDET  (Léon).  Sur  le  déchiffrement  des  inscriptions  prétendues 
anariennes  de  Tile  de  Chypre.  Paris,  Leroux,  1876,  in-8». 

Sn.  Protz  (H.).  Aus  Phônizien.  Geographische  Skizzen  und  liistorische 
Studien.  Leipzig,  1876,  grand  in- S». 

Compte  rendu  de  cet  ouvrage,  Zeitschr.  der  Geselli.  fur  Erdkunde, 
1876,  t.  XI,  nM,  p.  78. 

518.  Offert  (J,).  Note  sur  Tinscription  d'Esmunazar.  Journal  de  la 
Soc.  asiatique  de  Paris,  1876,  n»  2  (mars-avril),  p.  381. 

519.  EuTiNo  (Julius).  Inschrift  von  Gébâl  oder  Gebaïl  (Byblos)  in 
Pbônicien.  Zeilschrifl  der  Deutschen  Morgenland,  Gesells,  zu 
Leipzig,  vol.  XXX,  1876,  cah.  I",  p.  132-137. 

520.  Moller  (David  Heinrich).  Die  Harra  Inschriflen  im  Hauran,  ent- 
deckt  durch  D'  Wetzstein  und  ihre  Bedentung.  Zeilschrifl  der 
Deutsch.  Morgenlând.  Gesellsch.,  vol.  XXX,  1876,  cah.  3,  p.  514- 
524. 

521 .  V.  NiEMBTER  et  ScHLOTTMANir.  Eiu  neugefundenes  kleines  Fragment 
des  Mesasteines  (Moabiter).  Zeitschr.  der  Deutsch.  Morgenlând. 
Gesells.  zu  Leipzig,  vol.  XXX,  1876,  cart.  2,  p.  321  à  329. 

522.  Berger  (Philippe).  Note  sur  les  pierres  sacrées  appelées  en  phé- 
nicien Neçib-Mylac-Baal.  Journal  de  la  Soc.  Asiatique  de  Paris, 
1876,  tom.  \III,  n»  2  (août-septembre),  p.  2à3  à  270. 

523.  Sayce  (A.-H.).  The  site  of  Pithor.  —  The  Academy,  1876,  n»  228. 

524.  ZwiEOEMEK  (J.  von).  Die  deutschen  Ansiedelungen  in  Palastina. 
Oesterreich.  Monalschr,  fur  den  Orient.  Wien,  1876,  n»  2,  p.  21,22. 

En  1818,  s'est  constituée  dans  le  Wurtemberg  une  secte  religieuse 
particulière,  la  Société  du  Temple,  dont  le  but  est  de  provoquer  le  retour 


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332  ASIE.  N- 489-534 

au  Christianisme  primitif.  Ne  trouvant  ni  en  Europe,  ni  en  Amérique  un 
milieu  favorable  à  la  réalisation  de  son  idée,  cette  Société  s'est  établie 
sur  la  terre  biblique.  Recrutée  au  nombre  de  près  de  5000  adhérents, 
elle  s'est  constituée  en  quatre  communes,  dont  trois,  très-rapprochées 
les  unes  des  autres,  à  JafTa,  Gipha  et  Sarona,  au  pied  du  mont  Tbabor. 
La  quatrième  est  à  Jérusalem.  Groupés  par  20,  30  ou  M  familles,  les 
nouveaux  sectaires  ont  donné  à  la  bourgade  de  Sarona  et  au  port  de 
Gipha  une  certaine  importance.  Us  exercent  là  divers  métier^  ont  établi 
des  moulins  à  vent,  planté  des  vignobles,  fondé  des  écoles.  A  laffa,  la 
Société  du  Temple  a  constitué  une  sorte  d'école  supérieure  on  s'appren- 
nent les  langues  anciennes  et  modernes,  les  mathématiques,  les  sciences 
naturelles,  l'histoire,  la  géographie.  Elle  a  établi  aussi  une  banque  de 
prêt  dont  les  opérations  s'élèvent  à  environ  500  000  francs. 

Malgré  ses  dispositions  morales,  son  esprit  de  bienveillance  et  ses 
succès  agricoles  qui  ont  transformé  en  jarJins  des  terrains  autrefois 
déserts,  la  Société  du  Temple  est  obligée  de  lutter  contre  le  mauvais 
vouloir  des  autres  congrégations  religieuses,  et  l'inertie  des  populations. . 

525.  Les  Juifs  à  Jérusalem.  Journal  des  Missiotis  Évangéliques,  1876, 
bi*  année,  numéro  de  décembre,  p.  477-478. 

526.  DerNothstand  der  Syrisclien'  Seiôencaitur,  Oesterreich,  Monats- 
chrifl  fur  den  Orient,  1876,  Wien,  n*  12,  p.  188. 

527.  Devin  (Ang.l.  Les  Maronites.—  Les MUsions  Catholiques.  Jjjoh, 
1876,  8»  année,  p.  431,  446,  458. 

528.  Rattrat  (Harriet)  Gountry  life  in  Syria  :  passages  of  letters  writ- 
ten  from  anti-Lebanon.  London,  1876,  in-12. 

529.  BuRTON  (Isabel).  The  inner  life  of  Syria,  Palestina,  and  the  lloly 
Land,  2*  édit.,  2  vol.  Ijondon,  1876,  in-8*. 

530.  Duna  (G.)  et  Streich  (T.-F.).  Palâstina.  Geographische  Beschrei- 
bung  des  Heiligen  Landes.  Plusieurs  édit.  Esslingen,  1876,  in-8*. 

551.  Fraas  (Prof.  D'  Oscar).  DreiMonate  am  Libanon.  Stuttgart ,  1876 
(Article  critique  de  Fr.  Toula  dans  Mittheil.  der  geogr.  Gesellseft. 
in  Wien,  1876,  vol.  XIX,  n«  11  (pages  598-599). 

532,  G.-M.  DouGHTT.  Die  Sinaï-Halbinsel,  nach  dem  Hscript  des  Autor, 
ûbersetzt  von  J.  Doblhof.  MittheiL  der  geogr.  Gesellsch.  in 
Wien,  1876  (pages  268-272). 

533,  De  Lutkes  (Le  duc  de).  Voyage  d'eiploration  à  la  mer  Morte,  à 
Pétra  et  sur  la  rive  gauche  du  Jourdain,  t.  II.  Paris,  1  vol.  in-foL, 
1876,  chez  Arthus  Bertrand. 

554.  Lartet  (Louis).  Exploration  géologique  de  la  mer  Morte,  de  la 
Palestine  et  de  l'Idumée,  1  vol.  fol.  1876,  avec  de  nombreuses 
planches  coloriées  (Arthus  Bertrand). 

Un  homme  noble  par  l'esprit  autant  que  pnr  la  naissance,  le  regretté 
duc  de  Luynes  fit,  en  1874,  Tesploration  de  la  mer  Morte  accompagné  de 
tout  un  état-jnajor  scientiGque  engagé  à  ses  frais.  Nous  avons  vu  paraître 
cette  année  les  deux  derniers  des  volumes  où  sont  consignés  les  princi- 
paux résultats  de  l'exploration.  L'un  (533)  est  le  tome  11  de  la  relation 


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PALESTINE.  SYRIE.  LIBAN.  SINAÏ.  333 

de  voyagé,  l'autre  (534)  est  la  partie  géologique  des  observations.  Le 
premier  de  ces  volumes  renferme  les  précieuses  notes  d'un  officier  des 
plus  distingués.  H.  Vignes,  alors  lieutenant  de  vaisseau,  reLtivcment  à  la 
mer  Morte  et  au  Wadi-Arabah,  c'est-à-dire  à  la  zone  de  terre  qui  sépare 
la  mer  Morte  du  golfe  d'Akabah,  sur  la  mer  Rouge.  M.  Vignes  donne 
aussi  l'itinéraire  de  Jérusalem  à  Damas  par  la  rive  gauche  du  Jourdain, 
et  la  description  de  la  route  de  Tripoli  à  Palmyre,  avec  les  observations 
météorologiques  recueillies  pendant  toute  la  durée  de  la  campagne. 
Enfin  le  volume  est  terminé  par  la  relation  du  voyage  archéologique  de 
MM.  Mauss  et  Sauvaire,  architectes,  de  Jérusalem  à  Karak  et  à  Chaubak. 
Voici  les  principales  positions  déterminées  par  M.  Vignes  : 

JtRUSAUlf. 

Lai.  31»,  46' 30"  nord.  —  Long.  32»,  53',  08  est. 
Altitude  aurdessus  de  la  Méditerranée.    779  mètres.     . 
»      an-dessus  d«  la  mer  Morte  .  •  1171       » 

Dépression  de  la  mer  Morte 392  mètres. 

»        dulacdeTibériade.  ...    189       » 


Lat.  34»,  32' 30"  nord.  —  Long.  35»,  54',  56"  est. 
Altitude 405  mètres. 

Point  de  partage  des  eaux  de  la  mer  Morte  et  du  golfe  d'Akabah  (mer  Rouge), 
2i0  mètres. 

La  partie  géologique,  traitée  par  M.  Lartet,  n*est  pas  moins  intéressante 
que  les  deux  volumes  de  la  relation.  Le  volume  s'ouvre  par  un  exposé  * 
descriptif  de  la  région  de  la  mer  Morte,  chapitre  excellent  pour  la  géo- 
graphie physique  de  rOrient.  Ceux  qu'intéresse  l'historique  des  explora- 
tions géologiques  en  Palestine,  en  trouveront  un  fort  complet  dans  le 
deuxième  chapitre  du  livre.  La  seconde  partie  est  entièrement  consacrée 
5  une  étude  spéciale  de  la  mer  Morte,  qui  débute  par  des  considérations 
sur  l'origine  des  lacs  salés  de  djépression.  M.  Lartet  réfute  aussi  l'hypo- 
thèse d'une  ancienne  communication  entre  la  mer  Morte  et  la  mer  Rouge 
à  travers  l'isthme  d'Arabah.  Il  termine  par  une  étude  sur  la  salure  et 
les  émanations  bitumineuses  de  la  mer  Morte.  De  nombreuses  planches 
de  géologie  et  de  paléontologie  complètent  cette  belle  monographie 
luxueusement  éditée. 

I  i.  Description  géographique,  historique  et  archéologique  de  la  Palestine. 

Un  énidit  voyageur  français,  ancien  membre  de  recelé 
d'Athènes,  M.  Victor  Guérin,  qui  s'était  déjà  fait  connaître  par 
des  publications  importantes  sur  les  îles  de  Patmos  et  de 
Samos,  sur  l'île  de  Rhodes,  sur  la  partie  du  littoral  de  la 
Palestine  comprise  entre  le  mont  Carmel  et  Jaffa,  enfin  sur  la 
régence  de  Tunis,  a  entrepris  une  description  géographique  et 
archéologique  de  la  Palestine  (497),  œuvre  considérable  dont 
la  deuxième  partie  a  paru  en  1876. 


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334  ASIE.  K*«  489-534 

Les  lecteurs  nous  sauront  gré  de  rappeler  d'abord  en  quel- 
ques mots,  pour  faire  apprécier  Tensemble  de  l'œuvre,  ce 
qu'en  était  la  première  partie,  publiée  en  1869.  Avant  de 
prendre  la  plume  pour  composer  cet  ouvrage,  M,  V.  Guérin 
avait  visité  à  trois  reprises  le  pays  qu*il  voulait  décrire.  La 
première  fois  (1852),  il  n'avait  étudié  que  les  grandes  roules 
fréquentées  par  les  pèlerins  et  les  caravanes.  La  deuxième 
fois  (1854),  au  cours  d'une  autre  mission,  il  avait  débai^qué 
en  Palestine  et,  sortant  des  voies  battues,  il  avait  fait  en  Sama- 
rie  et  en  Judée  une-  exploration  qu'il  dut  interrompre  pour 
se  rendre  sur  le  terrain  spécial  de  sa  mission.  En  1865,  à 
son  troisième  voyage,  il  accomplit  une  exploration  méthodi- 
que et  complète  de  la  Judée,  jusqu'au  désert  qui  la  sépare  de 
l'Egypte.  Des  investigations  analogues  commencées  en  Samarie, 
puis  continuées  dans  la  haute  et  la  basse  Galilée,  furent  malheu- 
reusement interrompues  par  la  maladie  qui  contraignit  l'ex- 
plorateur à  rentrer  en  France. 

Avant  de  retourner  une  quatrième  fois  sur  le  terrain,  il 
publia,  en  trois  gros  volumes,  le  résultat  de  ses  explorations 
en  Judée.  Une  carte  qui  accompagne  cette  publication 
permet  de  s'orienter  dans  le  réseau  complexe  des  marches 
multipliées  du  voyageur. 

Dans  le  premier  volume,  M.  Guérin  décrit  les  trois  routes 
entre  Jaffa  et  Jérusalem,  indiquant  pour  chaque  localité  son 
état  actuel,  son  passé,  les  souvenirs  ou  les  traditions  qui  s'y 
rattachent,  discutant  et  contrôlant  avec  soin  les  textes  qui  s'y 
rapportent.  Il  décrit  aussi  les  principaux  environs  de  Jérusa- 
lem, se  réservant  de  revenir  plus  tard  sur  la  topographie  et 
l'archéologie  de  la  Ville  Sainte. 

Le  second  volume  est  consacré  à  l'immense  plaine  occupée 
jadis  par  les  Philistins,  de  Jaffa  à  El-Arich,  l'antique  Rhinoko- 
loura.  Les  cinq  centres  de  la  pcntapole  philistine,  les  ruines 
de  Serar  où,  d'après  la  Bible,  séjournèrent  Abraham  et  Isaac, 
les  restes  solitaires  d'El-Rhalasah  (l'ancienne  Elusaj,  Bir-es- 
Seba,  la  Bersabée  des  livres  saints,  sont  successivement  visités 

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PALESTINE.  SYRIE.  LIBAN.  SINAÏ.  335 

par  l'explorateur  infatigable';  il  traverse  ensuite  la  partie 
occidentale  des  monts  de  la  Judée,  s'arrétant  à  chaque  pas 
pour  consulter  des  ruines  déjà  connues  ou  qu'il  élait  le  pre- 
mier à  visiter. 

Le  territoire  de  la  tribu  de  Benjamin  occupe  les  premières 
pages  du  troisième  volume,  que  complètent  une  étude  sur  le  pla- 
teau oriental  du  massif  de  Juda,  et  une  description  minutieuse 
d'Hébron. 

En  1870,  diargé  encore  d'une  mission  par  le  Ministère  de 
l'Instruction  publique,  M.  Guérin  repartait  avec  MM.  Mieulet 
et  Derrien,  capitaines  d*état-major,  auxquels  nous  devons  une 
excellente  carte  de  la  Galilée  dont  il  a  été  question  plus  haut 
(499).  Les  résultats  de  cette  nouvelle  mission  ont  été  consignés 
dans  l'ouvrage  indiqué  au  n®  497. 

Us  sont  relatifs  au  pays  actuel  de  Naplouse,  à  l'ancienne 
Samarie,  dont  l'historien  Josèphe  faisait  une  description  sédui- 
sante qui  n'est  plus  aujourd'hui  l'expression  de  la  stricte 
vérité.  Nous  voyons  M.  Guérin  visiter  successivement  les  ruines 
des  villes  du  Carmel  et  de  la  cité  même  de  Carmel  qu'il  iden- 
tifie avec  la  localité  moderne  de  Kharbet-Doubeul,  le  mont 
Garizim  et  le  mont  Ë'Bal,  auxquels  se  rattachent  tant  de  sou- 
•Tenirs  bibliques,  puis  le  moutGelboé  et  la  gracieuse  Naplouse 
(Flavia  Neapolis),  qui  a  remplacé  l'antique  Sichem  ;  il  donne 
une  intéressante  description  de  Kaisarieh  (Caesarea),  assimile 
le  village  de  Sanour  à  la  Béthulie  de  l'Ancien  Testament,  et 
constate  une  fois  de  plus,  d'après  le  dire  des  indigènes,  que  le 
Nahr-Zerkha,  petit  cours  d'eau  sans  importance,  renferme 
encore  des  crocodiles,  comme  aux  temps  de  Pline  et  des  Croi- 
sades. C'est  pendant  celte  exploration  que  notre  voyageur  a 
visité,  pour  la  seconde  fois,  des  excavations  sépulcrales  où  il 
croit  retrouver  le  tombeau  de  Josué  et  celui  des  Machabées. 

A  peine  avait-il  publié  la  deuxième  partie  de  sa  description, 
que  M.  Guérin  reprenait  pour  la  cinquième  fois  le  chemin  de 
la  Palestine,  avec  une  nouvelle  mission  du  Ministre  de  Tin- 
struction  publique.  Pendant  sept  mois  consécutifs,  par  des 

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336  ASIE.  N<»  489-534 

chaleurs  suffocantes  et  malgré  le  choléra  qui  sévissait  sur  une 
partie  de  la  contrée,  il  a  continué  ses  pénibles  investigations. 
Les  principaux  résultats  en  ont  été  consignés  dans  des  rap- 
ports, encore  inédits,  au  Ministre  de  Tlnstruction  publique.  Le 
premier  est  surtout  relatif  à  Texamen  de  Kharbet-el-Medieh, 
TantiqueModin,  dont  M,  V.  Guérin,  en  1870,  avait  signalé  un 
monument  comme  étant  le  tombeau  des  Machabées.  Il  persiste 
dans  cette  attribution  qui  a  été  contestée  par  les  explorateurs 
anglais. 

Le  second  rapport  nous  conduit  en  Galilée.  L'auteur  com- 
mence Tétude  de  ce  pays  par  la  plaine  d'Esdrelon,  puis  au  delà 
du  Jourdain,  il  explore  tour  à  tour  les  ruines  de  Tabakhat  Fahil, 
l'ancienne  Pella,  qui  fut  Tune  des  villes  principales  de  la 
Pérée  ;  Oumm  Keis,  jadis  Gadara,  dont  les  ruines  imposantes 
attestent  la  splendeur  passée,  et  dont  la  nécropole  égalait  en 
étendue  et  en  magnificence  la  cité  des  vivants  ;  Amatha, célèbre 
station  thermale  de  l'antiquité,  Aphek,  et  Gamala,  aujourd'hui 
Kalat-el-Hasen.  M.  Guérin  étudie  ensuite  les  environs  du  lac  de 
Tibériade,  et  parcourt  les  localités  ruinées  ou  encore  debout, 
qui  étaient  situées  entre  le  lac  de  Tibériade  à  l'est,  et  Nazareth 
à  l'ouest. 

L'exploration  des  montagnes  de  la  basse  Galilée,  de  la  plaine 
de  Saint-Jean  d'Acreetle  commencement  de  l'étude  delà  haute 
Galilée,  forment  le  sujet  du  troisième  rapport  de  M.  Guérin. 

Dans  un  quatrième  rapport,  enfin,  il  donne  des  détails 
circonstanciés  sur  Tyr  et  ses  différents  ports.  Par  un  itinéraire 
très-sinueux  et  recoupé,  il  se  transporte  sur  le  sommet  du 
grand  Hermon  d'où  l'œil  peut  embrasser  presque  toute  la 
Palestine  ;  il  visite  Damas,  Abila,  Chalas,  Ball3ek,  pour  termi- 
ner sa  laborieuse  mission  par  l'étude  d'une  grande  partie  du 
district  de  Saïda,  l'ancienne  Sidon. 

Au  cours  de  son  dernier  voyage,  M.  Guérin  a  visité  800  loca- 
lités plus  ou  moins  importantes,  dont  plus  de  la  moitié  sont 
actuellement  inhabitées,  et  dont  une  centaine  ne  figurent  sur 
aucune  carte.  La  Description  de  la  Palestine  de  M.  V.  Guérin 

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PALESTINE.  SYRIE.  LIBAN.  SINAÏ.  357 

constituera,  dans  son  ensemble,  un  document  considérable, 
auquel  devront  toujours  recourir  désormais  les  voyageurs 
comme  les  érudits  qui  porteront  leurs  recherches  sur  une 
contrée  intéressante  à  tant  de  titres. 

I  2.  —  Travaux  du  Palestine  Exploration  Fund. 

Le  répertoire  critique  de  Titus  Tobler  cite  plus  de  quinze 
cents  ouvrages  différents  sur  la  Palestine,  et  cependant,  dit 
M.  Ë.  Debes,  dans  sa  communication  à  la  Société  géographique 
de  Leipzig  (500),  la  Terre-Sainte  n*a  pas  encore  été  l'objet  d'une 
exploration  systématique  et  continue.  La  carte  du  pays  est 
encore  à  faire,  celle  de  Van  de  Yelde  ne  reposant  pas  sur  des 
levés  réguliers.  De  1860  à  1870,  le  Palestine  Exploration 
Fund  a  travaillé  à  combler  cette  lacune.  Ses  premiers  travaux 
ont  porté  sur  Jérusalem,  dont  un  levé  a  été  fait  à  Téchelie 
de  1/2500.  Puis  ont  été  effectués  des  nivellements  enîre  Jaffa, 
Jérusalem,  la  mer  Morte,  l'étang  de  Salomon.  Tous  ces  pre- 
miers travaux,  avec  quelques  reconnaissances  sur  le  haut 
Jourdain,  ont  été  consignés  dans  Touvrage  de  MM.  Wilson  et 
Warren,  The  Recovery  of  Jérusalem. 

En  1871  fut  conçu  le  projet  d'uue  triangulation  d'ensemble 
de  la  Terre-Sainte  en  deçà  du  Jourdain,  et  les  levés  dont  on  a 
pu  voir  des  spécimens  à  l'exposition  du  Congrès  géographique 
de  Paris  en  1875,  furent  commencés  à  l'échelle  de  1/63  360. 

Le  pays  dont  il  s'agit  de  dresser  la  carte  a  environ 
15500  kilomètres  carrés.  Les  trois  quarts  de  celle  superficie 
sont  levés  ;  ils  comprennent  la  Judée  méridionale  et  le  nord 
de  la  Galilée. 

Outre  la  topographie,  on  a  fait  la  géologie  de  la  contrée;  on 
s'est  occupé  des  mines,  de  l'histoire  naturelle,  de  la  météoro- 
logie. Un  second  ouvrage  intitulé  Our  Work  in  Palestine  a 
résumé  cette  série  de  travaux.  Depuis  1870,  un  recueil  trimes- 
triel spécial,  le  Quarterly  Statement,  met  les  lecteurs  au 
courant  des  travaux  accomplis  pour  le  compte  du  comité  de 

l'amhéb  géocr.  xy.  ^  ,,.^.?2__3Qle 


338  ASIE.  K**  489-534      . 

Palestine.  La  carteà  1/65 360  est  déjà  en  cours  d*cxécution. 
Elle  aura  vingt-six  feuilles  dont  chacune  sera  accompagnée 
d*un  mémoire  sur  la  géographie  et  la  topographie  bibliques 
ainsi  que  sur  Tarchéoiogie.  Une  liste  en  arabe  et  en  anglais 
donnera  tous  les  noms  de  villes,  localités,  ruines,  tombes,  et 
particularités  physiques  du  pays  ;  des  chapitres  de  ces  mémoires 
seront  consacrés  aux  légendes  et  traditions  et  à  la  géologie. 

Une  carte  réduite  à  d/190  080  complétera  la  grande  carte. 
Pour  les  opérations  sur  le  terrain  qui  se  continuent,  le  capitaine 
Kitchener,  des  ingénieurs  royaux,  a  été  désigné  en  rempla- 
cement du  major  Wilson  appelé  à  d'autres  fonctions. 

On  sait  qu'aux  États-Unis  s'est  également  constituée  une 
société  d'exploration  de  la  Terre-Sainte.  Elle  porte  plus  spé- 
cialement ses  recherches  sur  la  rive  gauche  du  Jourdain. 
Jusqu'ici  le  public  a  été  peu  renseigné  sur  ses  travaux.  Tou- 
tefois on  trouve  dans  le  numéro  d'octobre  i  876  du  QuarUrly 
Stdtement,  une  lettre  où  le  révérend  Selah  Merrill  rend 
compte  des  explorations  qu'il  a  faites  entre  le  lac  de^Tibériade 
et  la  mer  Morte  ;  c'est  surtout  dans  le  sens  de  l'archéologie 
biblique  qu'elles  ont  été  dirigées. 

On  trouve  également,  dans  la  Zeitschrift  (501)  de  la  Société 
de  géographie  de  Berlin,  l'aperçu   d'un  voyage  exécuté  de 
septembre  à  novembre  1875,  par  une  mission  chargée  de 
reconnaître  le  terrain  sur  lequel  porteront  ultérieurement  les 
opérations   de  la  Palestine  Exploration  Society.  L'un  des 
premiers  soins  de  la  mission  a  été  de  faire  l'ascension  du  Kasr- 
Hantar  (3000  mètrts),  sommet  culminant  de  l'Hermon,  d'oii 
la  vue  embrasse  un  horizon  immense.  Après  avoir  parcouru 
les  environs  de  Banias^  visitant  la  principale  source  du  Jour- 
dain dans  le  Tell-el-Kadi,  ainsi  que  les  curieux  châteaux  de  la 
contrée»  la  mission  a  abordé  la  rugueuse  et  difficile  Ledja 
Trachonitide,  dont  la  formation  volcanique  s'annonce  déjà  à 
une  lieue  de  Banias.  Là,  grâce  à  des  relations  avec  les  Druscs, 
les  vopgeurs  purent  étudier  les  ru'mes  bien  conservées  du 
beau  temple  grec  de  Mismieh,  et  les  ruiues  uou  moins  reoiar- 

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TALESTINB.  SYRIE.  LIBAN.  SINAÏ.  339 

quables  de  Kanawat,  sur  les  versants  occidentaux  de  THauran  ; 
ils  gravirent  le  pic  volcanique  de  Kouiaïb-Hauran,  dont  l'alti- 
tude fut  déterminée  à  1768  mètres.  De  Bosra,  au  sud-ouest 
de  THaurau,  ils  firent  une  excursion  sur  Oum-el-Djemal,  puis 
se  portèrent  sur  Djerash  dont  les  monuments,  contemporains 
du  deuxième  ou  du  troisième  siècle  après  J.  C,  ont  été  bou- 
leversés par  des  tremblements  de  terre  ;  ils  attestent  le  passé 
d'une  grande  cité.  Là  plusieurs  des  membres  de  la  mission 
furent  sérieusement  éprouvés  par  les  fatigues  et  le  climat. 
La  reconnaissance  se  poursuivit  néanmoins  vers  le  sud,  par 
Es'Salt,  Rabbat-Amman,  Hesbon,  mais  il  fallut,  vu  la  saison, 
renoncer  à  aller  jusqu'à  Kerak;  El-Haïn,  à  l'ouest  de  la  mer 
Morte,  marqua  l'extrémité  sud  du  voyage  dont  les  dernières 
journées  furent  consacrées  à  remonter  la  vallée  du  Jourdain. 

De  nombreux  documents,  entre  autres  une  abondante  col- 
lection de  photographies,  ont  été  recueillies  par  les  explora- 
teurs, et  on  annonce  qu'une  publication  accompagnée  d'une 
carte  permettra  d'apprécier  les  résultats  recueillis  pendant 
l'intéressant  voyage  dont  nous  venons  d'esquisser  l'itinéraire. 

§  3.  —  Le  Liban. 

11  y  a  quelque  dix  ans,  M.  Fraas,  un  géologue  bavarois, 
croyons-nous,  rapportait,  dans  un  ouvrage  intitulé  Au$  dent 
Orient t  ses  observations  sur  le  Nil,  la  presqu'île  de  Sinaï,  la 
Syrie.  Un  nouvel  ouvrage  du  même  auteur»  Drei  Monate  am 
LibaruMj  nous  conduit  cette  fois  au  Liban  que  H.  Fraas,  sur 
l'invitation  de  l'autorité  turque  de  la  province ^  a  visité  pout 
en  étudier  les  ressources  minières.  «  Ses  descriptions,  dit 
M.  Franz  Toula, — dans  un  compte  rendu  de  ce  livre,  inséré  au 
recueil  de  la  Société  géographique  de  Vienne  (531),  —  sont 
pittoresques  et  pleines  d'originalité  ;  l'auteur  saisit  d'un  coiip 
d'œil  sûr  et  sérieux  le  degré  de  civilisation  de  la  contrée»  et 
trace  d'un  pinceau  brillant  le  tableau  des  hommes  et  du  pays;  i 

M.  Fraas  conduit  en  particulier  le  lecteuf  sdus  ces  fameux 


5i0  ASIE.  N-  489-554 

cèdres  qui,  pour  une  foule  de  personnes,  sont  la  caractéris- 
tique, peut-être  la  seule  notion  du  Liban.  Les  restes  de  la 
forêt  de  cèdres  occupent  le  versant  occidental  du  mont 
Mekmel,  à  une  altitude  de  près  de  2000  mètres;  massés 
sur  sept  collines  de  détritus  rocheux  provenant  d'anciennes 
moraines,  les  vénérables  arbres  sont  au  nombre  de  377  et 
occupent  d  00  000  mètres  carrés.  Le  plus  grand  a  13  mètres  de 
circonférence.  Les  sujets  les  plus  anciens  ont  2000.  ans,  les 
plus  jeunes  ont  deux  siècles. 

En  dehors  de  cet  espace,  on  ne  rencontre  plus  un  seul  cèdre. 
Quand  on  s'élève  sur  les  montagnes,  on  trouve  une  flore  al- 
pestre de  rhododendrons,  de  saxifrages,  de  pavots  jaunes,  de 
jusquiames  d'un  rouge  brun,  de  scylles,  de  crocus,  etc. 

Dans  les  régions  basses,  de  1000  a  environ  1500  mètres, 
règne  la  zone  des  bois  à  feuilles  caduques,  le  noyer,  Tabri- 
cotier,  le  pêcher  et  la  vigne.  Au-dessous  de  cette  zone  crois- 
sent l'olivier  et  les  arbustes  à  feuilles  persistantes,  le  figuier, 
le  mûrier.  Enfin,  la  zone  inférieure  est  caractérisée  par  le 
cactus-figuier  {Opuntia  ficus  indica)  et  par  le  dattier  (Phœnix 
dactylifera).  Le  palmier  ne  quitte  pas  la  côte. 

§  4.  —  La  Péninsule  sinallique. 

Cette  péninsule  qui  s'avance  entre  le  golfe  de  Suez  et  le 
golfe  d'Akhabah,  mériterait,  à  vrai  dire,  plutôt  le  nom  de  cap. 
Un  explorateur  anglais,  M.  C.-M.  Doughty  a  communiqué  au 
baron  J.  de  Doblhof  des  notes  manuscrites  que  ce  dernier  a 
reproduites  dans  le  recueil  de  la  Société  géographique  de 
Vienne  (532)  et  qui  sont  loin  de  manquer  d'intérêt. 
»  Le  Sinaï  se  compose  d'un  noyau  central,  d'origine  plutoni- 
que,  sur  lequel  reposent  des  couches  de  grès  et  de  calcaire.  Le 
milieu  du  massif  est  sillonné  de  vallées  en  labyrinthes,  cou- 
vertes de  sables  et  de  blocs  de  rochers  jetés  pêle-mêle.  Ces 
vallées  présentent  aussi  des  remparts  et  des  collines  de  sable 
qui  résultent  d'affaissements  et,  de  loin,  offrent  l'aspect  de 

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PALESTINE.  SYRIE.  LIBAN.  SINAÏ.  341 

constructions.  D'après  M.  Doughty,  le  Sinaï  serait  une  terre 
émergée  à  une  époque  géologique  récente.  Il  n'a  trouvé  de 
fossiles  qu'à  Tor.  En  revanche,  il  a  vu  un  grand  nombre  de 
perched  blocks^  qu'il  ne  considère  point  comme  blocs  erratiques 
au  sens  ordinaire  de  ce  terme,  c'est-à-dire  comme  blocs 
charriés  par  des  glaciers.  Les  vallées  où  ils  se  trouvent  sont, 
il  est  vrai,  lissées  et  polies,  mais  c'est  par  l'action  des  sables, 
qui  tiennent  une  place  considérable  dans  la  structure  du 
Sinai. 

M.  Doughty  donne  aussi  d'intéressants  détails  sur  les 
noamas  arabes  (cabanes  à  moustiques)  du  Sinaï.  Ce  sont  des 
constructions  basses,  de  forme  généralement  ronde  ou  ovale, 
de  onze  ou  douze  pieds  de  diamètre  et  sans  autre  ouverture 
qu'une  porte  grossièrement  taillée.  Les  gros  blocs  qui  les 
composent  sont  assemblés  jointivementj  sans  mortier. 

De  nos  jours,  les  Arabes  utilisent  ces  cabanes  comme  caveaux 
pour  leurs  morts.  D'après  eux,  le  territoire  desséché  qu'elles 
occupent  était  naguère  arrosé  et  peuplé  ;  mais  d'innombrables 
essaims  d'insectes  tourmentaient  les  habitants,  qui  construi- 
sirent les  noamas  pour  y  chercher  un  refuge  la  nuit.  On  trouve 
les  cabanes  à  moustiques  deux  à  deux  ou  assemblées  en  plus 
grand  nombre,  mais  toujours  sur  les  points  les  plus  solitaires 
et  les  plus  désolés.  Jusqu'ici  aucun  objet  n'a  été  trouvé  dans 
l'intérieur  de  ces  habitations,  et  difficilement  on  peut  leur 
assigner  une  date.  Le  chmat  est  tel  que  les  pierres  conservent 
leurs  arêtes  vives,  aussi  les  noamas  peuvent-ils  être  aussi  bien 
de  construction  ancienne  que  de  construction  récente.  L'au- 
teur de  la  note  émet  l'hypothèse  que  les  noamas  auraient  été 
les  huttes  des  Ermites  qui,  depuis  le  temps  d^Antonius, 
s'étaient  établis  dans  tous  les  déserts  égyptiens. 

Les  Arabes  du  Sinaï  ont  la  peau  d'un  rouge  foncé,  qui  tourne 
au  brun  noir  après  la  cinquantaine.  Ceux  que  M.  Doughty  a 
vus  sur  le  bord  de  la  mer  étaient  noirs  comme  des  nègres, 
vivaient  sans  toits  ni  vêtements,  et  se  nourrissaient  d'une 
manière  fort  précaire. 

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542  ASIE.  K-  489-534 

*%  Montagnes  des  Édomites.  (T 

Au  nord  du  golfe  d*Âkhâbah,  dans  son  prolongement,  s'étend 
du  sud  au  nord,  jusqu'à  la  mer  Morte,  la  vallée  dite  Ouady 
Arabah  ;  elle  est  dominée  à  Test  par  les  montagnes  des  Édo- 
mites ou  de  Seïr,  parcourues  également  par  le  voyageur  auquel 
nous  sommes  redevables  des  détails  qu'on  vient  de  lire  au 
sujet  du  Sinaï.  Le  Djebel  Scherrah  —  c'est  le  nom  que  les 
Arabes  donnent  à  cette  cliaîne  —  est  une  région  de  hauts 
plateaux  calcaires,  longue  de  trois  journées  de  marche,  et 
large  d'une  journée.  Les  Européens  ne  visitent  pas  celte  région, 
favorisée  au  point  de  vue  des  eaux  et  du  climat.  Elle  fut,  dans 
l'antiquité,  cultivée  et  bien  peuplée  ;  partout  on  voit  des  restes 
de  villes  et  villages  —  les  Arabes  en  comptent  560  —  con- 
struits en  gros  blocs  de  silex  et  de  calcaire.  Quelques-uns  de 
ces  groupes  de  ruines  présentent  même  un  édifice  régulier, 
avec  voûtes  en  plein  cintre,  qu'on  peut  attribuer  à  des  archi- 
tectes romains. 

A  l'est  des  montagnes  des  Édomites,  près  de  la  ville  de  Maân, 
en  Idumée,  sont  de  célèbres  villes  troglodytes  que  l'insécurité 
du  pays  a  empêché  M.  Doughty  de  visiter.  Il  n'en  révoque 
pas  en  doute  l'existence.  Plusieurs  personnes,  y  compris  le 
pacha  de  Damas,  lui  en  ont  parlé  comme  de  demeures  sembla- 
bles aux  demeures  rupestres  de  Petra.  On  pourrait  à  la  rigueur 
attribuer  aux  unes  et  aux  autres  les  mêmes  maçons.  Au-dessus 
de  chaque  porte  sont  sculptés  une  inscription  et  un  oiseau  de 
proie  aux  ailes  déployées. 

Les  centres  des  Troglodytes  sont  appelés  par  les  Arabes 
hedjer  (enceintes  de  pierre)  et  par  les  pèlerins  sahlih  (peut- 
être  une  corruption  de  Salah,  nom  biblique  de  Petra).  Bur- 
khardt  en  avait  eirtendu  parler,  mais  ne  les  avait  pas  visitées. 
Selon  M.  Doughty,  les  inscriptions  des  villes  troglodytes  de 
l'idumée  doivent  ressembler  à  quelques  inscriptions  qu'il  a 
trouvées  à  Petra*  Une  visite  à  ces  villes  serait  sans   doute 

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CAUCASE.  ARMÉME.  345 

d'un  haut  intérêt  pour  l'histoire  biblique;  on  ne  pourrait  trop 
attirer  là-dessus  l'attention  du  Palestine  Exploration  Fund. 


IV 

CAUCASE.  ARMÉNIE 


J535.  MiANSAROF.  Bîbliographia  Gaucasica  et  Transcaucasica.  Essai  d'une 
bibliographie  systématique  relative  au  Caucase,  à  la  Transcaucasie 
et  aux  populations  de  ces  contrées.  Saint-Pétersbourg ^  1874, 
ln-8%  t.  I. 

Commencement  d'un  ouvrage  considérable  qui  doit  être  signalé  ici 
bien  qu'il  ne  soit  pas  de  1876.  * 

536.  Radde  (Dr.  G.).  Yorlâufiger  Bericht  fiber  die  im  Jahre  1875  ausge- 
iûhrten  Reisen  in  Kaukasien  und  dem  Armenischen  Hochlande. 
Mittheil,  de  Petermann,  1876,  lY,  139-152. 

Rapport  provisoire  sur  de  nouvelles  explorations  d'un  voyageur  bien 
connu  par  les  services  qu'il  a  rendus  à  la  géographie  du  Caucase,  Je 
docteur  Radde  11  a  voyagé,  cette  fois  encore,  avec  le  docteur  Sievers, 
géologue.  A  leur  expédilion  s'étaient  joints  deux  entomologistes,  le  docteur 
K.  Fiersen  et  le  docteur  F.  Morawitz,  et  un  numismate,  M.  Brûning, 
consul  allemand  à  Tiflis. 

537.  TscHERNY  (J.-J.).  Voyage  dans  le  Caucase  et  en  Transcaucasie. 
Isvcstiïa  de  {a  Section  du  Caucase  de  la  Société  géographique 
russe,  1874,  vol  III,  cahier  4. 

538.  Geyeksbdrg  [Cari  H.  von].  Meine  Reise  in  der  Kaukasus  in  den 
lahren,  1871-1872.  Mannheim,  1875,  in-8».  Article  critique 
étendu  dans  les  Isvestiïa  de  la  section  du  Caucase  de  la  Société 
géographique  russe,  1876,  vol.  lY,  n*>  3,  p.  164-175. 

539.  Ferrovie  del  Caucaso.  Bollett,  délia  Soc.  geogr.  italiana.  1876, 
mars,  p.  139-141. 

540.  W.  Fabritius.  Baku  als  Centralpunkt  des  Ueberland  Wegs  nach 
Indien.  Russische  Revue  de  Rôttger,  à  Saint-Pétersbourg,  1876, 
n- 11,  p.  421-444. 

L'auteur  de  cet  article  fait  observer  qu'un  arc  de  grand  cercle,  c'est-à- 
dire  la  ligne  théoriquement  la  plus  courte,  entre  TEurope  centrale  et 
l'Inde,  passe  par  le  Caucase;  par  là  également  devrait  passer  le  chemin 
de  fer  entre  l'Occident  et  l'Orient.  Cette  voie  reliée  à  celle  de  Yladikaukas, 
longerait  la  côte  occidentale  de  la  mer  Caspienne,  pour  arriver  à  Bakou, 
se  diriger  sur  Téhéran,  Ispahan,  Bender-Abbas,  suivre  ensuite  le  littoral 
du  golfe  Persique  et  se  souder  enfin  au  réseau  de  l'Inde,  au  fort  Hanoura 
sur  rindus.  D'après  M.  W.  Fabritius,  le  tracé  long  de  3500  kilomètres  à 


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541  ASI£.  N-&35^560 

panir  de  Bakou,  ne  présenlerait  de  difCcnltés  d'établissement  que  pour 
s'élever  sur  les  plateaux  de  la  Perse,  et  pour  la  traversée  des  chaiaes  qui 
séparent  Ispahan  du  golfe  Persique.  Le  lilloral  de  la  mer  Caspienne  est 
assez  riche  en  produits  naturels  et  manufacturés  pour  justifier  et  défrayer 
la  création  d'un  chemin  de  fer. 

541.  Chodzko  (J.-J.)-  Souvenir  d'une  excursion  au  grand  Ararat,  en 
1850  (en  russe  dans  Isvestiia  de  la  Section  caucasienne  de  la 
Société  géographique  russe,  1876,  vol.  IV,  p.  157-169). 

Le  général  Chodzko  est  l'éminent  géodésicn  qui  a  exécuté  la  belle 
triangulation  du  Caucase.  L'Ararat  (5157  mètres)  étant  l'un  des  plus 
importants  sommets  des  triangles,  l'exactitude  de  l'opération  voulait  qu'on 
fît  l'ascension  de  ce  sommet  pour  diriger,  de  là,  des  visées  sur  les 
sommets  cnvironnauts.  L'ascension  eut  lieu  en  1850. 

542.  François  (D'  Jules).  Le  Caucase  et  ses  eaux  minérales.  Paris,  1876, 
in-8'*,   et  Comptes   rendus  de  V Académie   des  sciences,  n**   22 

(29  mai  1877). 

Par  or^re  de  l'empereur  de  Russie,  l'auteur  a  accompli,  en  1874-1875, 
une  mission  qui  consistait  à  rechercher  les  sources  minérales  au  Caucdse 
et  à  en  préparer  l'exploitation.  Ses  conclusions  sont  que,  sur  un  espace 
relativement  restreint,  les  eaux  minérales  du  Nord-Caucase  ont  les 
analogies  les  plus  remarquables  avec  les  eaux  de  l'Europe  occidentale. 

543  Lakgb  (le  D'  C.)>  Sources  minérales  du  Caucase.  Article  critique. 
Isvestiïa  de  la  Section  caucasienne  de  la  Société  géographique 
russe,  1876,  vol.  IV,  cah.  3«. 

5ii.  ScuREKK  (le  pasteur  Fr.).  Histoire  et  tableaux  des  colonies  al- 
lemandes dans  la  Transcaucasie.  Pour  la  célébration  de  leur  jubilé 
de  cinquante  ans  de  durée.  Tiflis,  1869  (article  critique  dans 
VIsvestiïa  de  la  Section  caucasienne  de  la  Société  géographique 
russe,  1875,  vol.  lY,  n-  2), 

545.  Telfer  (J.  Buchan),  The  Crimea  and  Transcaucasia  ;  being  a 
narrative  of  a  journey  in  the  Kouban,  in  Gourih,  Georgia,  Arrae- 
nia,  Ossety,  Imeretias,  Swennety,  and  Mingrelia,  and  in  tbe  Tauric 
range,  avec  2  caries  et  de  nombreuses  illustrations,  1876,  2  vol. 
in-8<*.  London. 

546.  Ker  (David).  Is  it  possible  lo  unité  the  Black  sea  and  the  Caspian? 
Geograph.  Magazine,  1876,  n»  1,  p.  11  à  13. 

Celte  question  sera  examinée  avec  celle  de  la  communication  entre  la 
Caspienne  et  l'Aral. 

547.  Hastzsche  (D'  J.-C).  Aschurada,  études  des  pays  caucasiens. 
.  XII*  Rapport  annuel  de  l'Association  scientifique  de  Dresde. 
'  Partie  scientifique,  1875,  p.  80-88.  Traduit  en  russe  sous  le  nom 

d'Aschir,  dans  VIsvestita  de  la  Soc.  géogr.  russe,  Section  du  Cau- 
case, 1876,  vol.  IV,  livrais.  5«. 

548.  Description  de  plusieurs  îles  de  la  mer  Caspienne,  surtout  de 
l'ile  Tscbetscheff  dans  le  bassin  N.  0.   de  cette  mer  et  de  Tiie 


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CAUCASE.  ARMÉNIE.  545 

Loss,  dans  la  pai*tie  S.-O.  hvestifa  de  la  Section  du  Caucase  delà 
Société  géographique  russe,  1870,  vol.  IV,  cah.  3«. 

L'ile  de  Loss  est  particalièrement  intéressante  par  ses  éruptions  volca- 
niques, qui  sont  en  rapport  avec  les  sources  de  naphle  éternelies  de 
Bakou.  Cette  partie  de  Varticle  est  empruntée  au  Journal  de  Bakou. 

5i9.  FuGHs  (P.l.  Description  ethnologique  des  Ossétes.  Ausland,  1876, 
n-  9.  p.  161-166. 

Cet  article  est  rédigé  d'après  un  mémoire  russe  du  docteur  Pfaff. 

550.  Patkanow.  Ueber  die  wahren  Urbeber  der  a  Armenischen  Geo- 
graphie  »  des  Pseudo  Moses  von  Rhorene,  und  der  <  Christlichen 
Topographie»  des  Pseudo-Cosmas-Indicopleustes.  Russische  Revue, 
1876«  art.  X,  p.  335.  —  Discussion  dans  le  sein  du  Congrès  des 
Orientalistes,  1-13  seplembr.  1876. 

551 .  Weidekbauii  (J.).  Observations  sur  les  armes  datant  de  Tftge  de 
pierre  trouvées  dans  le  Caucase.  Isvestiîa  de  la  Section  du  Cau" 
case  de  la  Société  géographique  rmse,  1874,  vol.  III,  n«  4). 

55*2.  Le  même  :  Sur  les  avalanches  des  glaciers  du  Kasbek  [ibid., 
1875,  vol.  III,  n-  5). 

553.  Weidewbauii  (E.).  Observations  sur  l'usage  delà  pierre  et  des  mé- 
taux chez  les  peuples  csMcasiens^svestita  de  la  Section  du  Cau^ 
case  de  la  Soc.  géogr.  russe,  1874,  vol.  III,  p.  115-123,  et  1876, 
vol.  lY.  p.  121-147), 

554.  Nasackw  (Nicolas  von).  Kaukasiens  Berginduslrie.  Oesterreich. 
Monatschr.  fur  den  Orient.  Wien,  1876,  n°  12,  p.  189-190. 

Les  sources  de  naphte  et  de  pétrole  sont  Tane  des  richesses  de  la 
région  caucasique.  On  sait  qu'une  zone  de  ces  sources  règne  au  nord  du 
Caucase  et  autour  de  la  mer  Caspienne,  sur  le  tt^rritoirc  russe  et  le  terri- 
toire persan.  D'après  divers  géologues  le  nord-ouest  du  Caucase  serait 
plus  riche  encore  que  les  abords  de  la  mer  Caspienne  en  sources  de 
naphte  et  pétrole.  Malheureusement  les  conditions  industrielles  et  com- 
merciales de  la  contrée  ne  comportent  pas  une  exploitation  régulière. 

Comme  richesse  au  point  de  vue  de  ces  source;;,  le  premier  rang  ap- 
partiendrait au  territoire  des  cosaques  du  Kouban,  sur  l'une  et  l'autre 
rive  du  fleuve,  y  compris  la  presqu'île  du  Taraad.  L'exploitation  en  a  été 
jusqu'ici  entre  les  mains  des  particuliers.  On  cite  un  propriétaire, 
M.  Novossilxoff,  dont  les  sources  fournissent  10000  à  15000  pouds  *  de 
naphte  par  jour. 

Quant  au  pétrole,  c'est  aux  sources  plus  étendues  de  Bakou  que  se 
rattachent  celles  du  territoire  du  Terek,  du  Daghestan  et  du  gouverne- 
ment de  Tiflis.  Toutefois,  Teiploitation  et  l'épuration  en  sont  si  défec- 
tueuses que  la  Russie  tire  de  l'Amérique  du  Nord  la  majeure  partie  de 
ses  pétroles.  Depuis  quelques  années  seulement,  des  Sociétés  se  sont 
constituées  pour  l'exploitation  des  pétroles  de  Russie. 

Le  rendement  actuel  du  naphte  est  évalué  à  près  de  deux  millions  et 


1.  Le  poad  vauliekil.  381. 


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346  ASIE.  N-  535-560 

demi  de  pouds  (près  de  40  millions  de  kilugr.)*.  On  trooTo  aussi  dans 
l'intérieur  du  pays  de  puissantes  couches  de  minerais  de  fer,  également 
peu  exploitées.  Les  minerais  der  cuivre  sont  exploités  dans  les  mines  de 
Kedabekaky,  Kawartsky,  Kalorsky  et  Ssitsimadansky.  La  .plus  grande 
quantité  de  euivre  du  Caucase  prend  le  chemin  de  l'Angleterre  et  de 
Télranger  en  général  ;  il  en  reste  peu  en  Russie. 

Le  rendement  de  l'or  et  de  Targent,  au  Caucase,  est  insignifiant.  La 
seule  raine  d'argent  en  exploitation  est  celle  d'Alaghir  dont  la  renommée 
est  ancienne. 

Les  mines  de  plomb,  en  revanche,  sont  riches.  On  trouve  aussi  du 
cobalt  exploité  par  une  importante  usine  qui  donne  annuellement  plus 
de  40  000  kilogrammes  de  cobalt  pur. 

Les  mines  de  sel  gem  ne  de  Kulpinsky  et  de  Nachitchewansky,  dans  la 
Transcaucasle  russe,  peuvent  être  comparées  aux  meilleures  mines  de 
l'Autriche. 

Quant  aux  houillères,  les  seules  qu'on  exploite  actuellement  sont  celles 
du  Kouban  et  du  Karadaksky. 

555.  Statistiche  Nachrichten  ûber  der  Zustand  des  Industrie  in  der 
Kaukasischen  Statthalterschaft,  im  1875.  Preuss.  Handelsarchiv. 
1876,  p.  50  et  suiv. 

556.  Handel  und  wirthschafftliche  Zustânde  der  Kaukasischen  Statthal- 
terschaft,  in  der  Jaliren  1872  und  1873.  PreussUch,  BandeU- 
archiv.f  1876,  n«  217  et  suiv. 

557 .  Statistische  Nachrichten  ûber  der  Weinbau  in  der  Kaukasischer 
Statthalterscbaft.  Preuss,  Handelsarchiv,,  1876,  n«19. 

558 .  Der  Weinbau  im  Kaukasus.  Russische  Revue  de  RôUger,  1876,  cahier 
2,  p.  203  à  206). 

L'invasion  du  phylloxéra  sur  les  vignobles  de  l'Ocddent  donne  un  in- 
térêt  particulier  à  l'étude  des  points  du  globe  où  se  cultive  la  vigne.  Voici, 
d'après  la  Russische  Revue  de  RôUger^  le  résumé  de  la  produciion  du  vin 
dans  le  Caucase  et  la  Transcaucasie. 

Territoire  du  Terek  (rayons  de  Kisliar  et  Terek  et  plaine  de  la  KoomaK 
—  2921015  eimer*. 

Gouvernement  de  Stavropol.  —  259582  eimer. 

Territoire  de  Kouban.  ->  5965  eimer. 

District  de  la  mer  Noire  et  rayon  de  Soukhoum.  —  50000  eimer. 

Gouvernement  de  Koutais  (rayoa  d'Imérétie,  de  Ragbino-Legoum,  de 
Gourie,  de  Mingrélie^.  —  2803600  oimer. 

Gouvernement  de  Titlis  (Kakhélie,  cercles  de  Tiflis,  de  Douschet,  de 
Gori,  d'Akhaltzik).  —  3603  214  eimer. 

Gouvernement  d'Érivan  (cercles  d'Érivan,  d'Etschmiadzin,  de  Nakhit- 
chewan  avec  Ordoubad).  —  459981  eimer. 

Gouvernement  d'Ëlizabethpol.  —  30  000  eimer. 

Gouvernement  de  Bakou  (cercles  de  Chemakhia  et  de  Goktchaîsk).  — 
67484  eimer. 


1.  On  peut  consulter,  sur  ce  sujet,  les  deux  ouvrages  de  Abich  :  Elémenti 
géologiques  du  Caucase  et  des  montagnes  de  l'Arménie  et  de  la  Perse,  et 
Esquisses  géologiques  des  presqu'îles  de  Kertch  et  de  Taman. 

2.  L'eimer  est  une  mesure  allemande  et  russe  qui  vaut  12o0  décalitres. 


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CAUCASE.  AfîMÉNlE.  547 

Territoire  du  Daghestan  (villes  de  Temir-Khan-Choura,  de  Pelrowsk  et 
de  Deibend  ;  Daghestan  occidental,  DaghesUn  central).  —  67298  eimer. 

La  somme  totale  de  celte  production  est  de  10  Î68  634  eimer.  Les  ter- 
rains qu'elle  occupe  ont  une  superficie  de  11 956 107  ares. 

Les  vins  les  moins  chers  sont  ceux  du  Terek,  d'Etschmiadiin,  de 
Nakbitchewan.  Le  prix* en  est  de  1  fr.  60  à  4  francs  l'eimer.  —  Les  plus 
chers  sont  ceux  d'Imérétie,  du  cercle  de  Douschet  et  de  la  Khakélie  ;  ceux- 
là  valent  16  à  20  francs  l'eimer.  Un  dessiatine  (129  ares)  de  vignoble  se 
vend,  en  Khakétie,  jusqu'à  16000  francs,  tandis  qu'il  ne  vaut  que  200 
à  400  francs  autour  de  Derbend  et  à  Akhaltzik. 

559.  Thielmaïw  [Hax  von).  Journeyinthe  Caacasus,  Penîa,  and  Turkey 
in  Asia.  Londres,  1875,  2  vol. 

Traduction  anglaise  par  M.  C.  Heneage,  d'une  bonne  relation  de  voyage. 
L'auteur  a  visité  le  sud  de  la  Crimée>  le  littoral  oriental  de  la  mer  Noire, 
il  a  traversé  et  parcoura  le  Caucase  dont  il  fait  l'objet  d'un  chapitre  géo- 
graphique spécial.  U  est  revenu  par  Bakou,  Tebriz,  Uossoul,  Bagdad, 
Hillah  sur  l'Euphrate;  enOn,  il  a  traversé  le  désert  pour  gagner  Beyrouth 
par  Palmyre  et  Damas. 

D'après  M.  de  Thiehnann,  c^est  à  tort  que  le  désert  entre  Bagdad  et  la 
Syrie  est  appelé  désert  syrien  ou  désert  syrio-arabe.  «  La  Syrie  ne  com« 
mence,  dit-il,  qu'à  l'endroit  où  cesse  effectivement  le  désert  et  ce  dernier 
est  le  domaine  incontesté  des  Bédouins  arabes.  Le  dé&ert  devrait  donc 
s'appeler  désert  d'Arabie.»  En  le  traversant  pour  regagner  la  Syrie,  le  voya- 
geur, qui  est  évidemment  un  homme  de  mérite,  a  occupé  ses  loisirs  à 
déterminer  son  itinéraire  à  la  boussole  et  à  la  montre.  Prenant  comme 
point  de  départ  Kerbela  au  S.  S.  0.  de  Bagdad,  dont  la  position  est  sur  la 
plupart  des  cartes  32*,40'  nord  et  61*,40'  est  (lie  de  Fer),  il  a  déterminé 
l'emplacement  des  étapes  du  voyage,  et  à  l'arrivée  à  Palmyre  (34«,25'  N., 
56*  E.),  la  différence,  dit-il,  entre  la  position  actuelle  de  ce  point  et  la 
position  obtenue  par  ses  calculs,  se  trouva  être  insignifiante.  Des  élé- 
ments déterminés  de  cette  manière  ne  sauraient  être  tenus  pour  aussi 
exacts  que  s'ils  l'avaient  été  par  des  observations  astronomiques,  mais 
ils  ne  sont  point  à  dédaigner  quand  il  s'agit  d'un  pays  où  les  observations 
astronomiques  n'ont  pas  encore  été  faites  et  ne  le  seront  sans  doute  pas 
de  longtemps.  11  faut  remarquer  que,  pour  le  point  de  Palmyre,  la  longi- 
tude obtenue  par  M.  de  Thielmann  ne  diffère  que  de  0*,5'de  la  longitude 
déterminée  par  M.  Vigoes. 

L'ouvrage  de  M.  de  Thielmann  se  termine  par  des  avis  précieux  pour  les 
touristes  au  Caucase,  en  Perse,  en  Asie  Mineure. 

560.  ZwiEDiNEK  [J.  von),  Historisch-geographische  Notizen  ûber  den 
Nestorianer  District  Hakkari.  Mittheil,  der  Kais,  Kœnigl,  geogra- 
j)hischen  GeselUchaft,  1876,  p.  82-88. 

En  tirant  une  ligne  droite  tangente  aux  extrémités  des  lacs  de  Wan  et 
d'Ourmia,  on  traverserait  le  massif  montagneux  d'Hakkari  oi^  se  sont 
réfugiés  les  Nestoricns  successivement  chassés  des  nombreux  territoires 
qu'ils  occupèrent  autrefois.  Rappelons  que  les  Nestoriens,  sectateurs  de 
l'hérésie  propagée  par  le  patriarche  Nestoriu8,vers  428  après  Jésus-Christ, 
eurent  sous  les  Khalifes  leur  apogée  pendant  laquelle  il»  s'étendirent  jus- 
qu'en Chine.  La  décadence  du  Khalifat,  l'accroissement  de  la  puissance 
des  dynasties  mogolcs  et  turkomanes,  enfin  des  dissensions  intestines 
amenèrent  peu  à  peu  la  déchéance  de  la  secte.  Vers  la  fin  du  seizième 


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348  ASIE.  K-555-Ô60 

siècle,  elle  foi  refoolée  dans  la  partie  septentrionale  de  U  Mésopotamie  et 
dans  Tooest  de  l'Adzerbeidjan.  Là  encore,  elle  fat  eiposée  aux  surprises 
et  i  l'oppression  des  Rourdes,  et  finalement  une  partie  des  Nestoriens  se 
réfugia  dans  le  difBcile  massif  d'Hakkari  où,  malgré  des  luttes  cootre 
les  Kourdes  possesseurs  du  pays,  —  lutles  habilement  exploitées  par 
l'autorité  ottomane,  —  ils  sont  parvenus  i  se  maintenir. 

M.  Zwiedinek  a  donné,  dans  le  recueil  de  la  Société  I.-R.  géographique 
de  Vienne,  des  détails  intéressants  sur  le  district  inexploré  d'Hakkari, 
qu'il  n*a  point,  à  vrai  dire,  visité  lui-même,  mais  au  sujet  duquel  il  s*est 
appliqué  k  recueillir  des  renseignements  pendant  un  séjour  î  Wan,  en 
1872. 

Le  district  d'Hakkari  (situé  entre  40*  et  4i*  de  longitude  est  de  Paris , 
37  et  38*  de  latitude  nord)  qui  dépend  du  MuieuarifUk  de  Wan  et  du 
Vilayet  d'Erxeroum,  est  divisé  en  quatre  KhalmàkanaU  ou  arrondisse- 
menu.  Sa  population  totale  est  évaluée  i  2Î0000  âmes,  dont  112000 
Kourdes  musulmans  et  108000  Nestoriens.  Le  Khaimakanat  de  Djoula- 
merk  où  se  trouve  Djoulamerk,  chef-lieu  du  district,  comprend  8  Nahié 
(communes). 

Le  massif  d'Hakkari,  placé  aux  conBns  de  la  Perse,  est  composé  de  mon- 
tagnes dénudées  d'un  accès  très-diflicile  et  dont  les  neiges  persistantes 
couvrent  les  principaux  sommets.  D'abruptes  parois  ferment  des  TaUées 
étroites.  U  est  isolé  des  montagnes  avoisinantes  par  le  cours  du  Zabi  ou 
Nihil,  bras  du  haut  Tigre.  Çà  et  là  dans  la  vallée  du  Zabi,  on  trouve  des 
espaces  fertiles  et  quelques  arbres  fruitiers.  liCS  matériaux  de  chauffage, 
qui  sont  rares,  se  composent  d'un  arbuste  résineux  rabougri,  le  Zaher^  et 
de  fumier  de  bétail,  découpé  en  plaques.  Le  climat  del'Hakkari  est  salubre 
quoiqu'il  soit,  en  blyer,  très-rigoureux  et  qu'en  été  la  chaleur  soit  suf- 
focante entre  les  parois  étroiles  des  vallées.  La  liaya  de  Tyari,  au  sud 
de  Djoulamerk,  renferme  du  minerai  de  fer  utilisé  parles  habitants  pour 
confectionner  leurs  grossiers  outils  d'agriculture. 

Les  Nestoriens,  qui  sont  en  général  agriculteurs,  sauf  ceux  de  deux  ou 
trois  fiahié  qui  partagent  les  habitudes  nomades  des  Kourdes,  déployant 
une  grande  activité  à  disputer  aux  rochers  les  moindres  parcelles  de 
terre  cultivable. 

Une  exploration  de  l'Hakkari  offrirait  des  difficultés,  mais  elle  serait 
tout  à  fait  intéressante  i  plus  d'un  point  de  vue,  y  compris  le  point  de 
vue  ethnographique. 


MÉSOPOTAMIE.  KOURDISTAN 


561 .  Gernik's  (Ingénieur  Joseph),  technische  Studien-Expedition  durch 
die  Gebiete  des  Eupbrat  und  Tigris,  nebst  Ein-und  Ausgang^s- 
routen  durch  Nord-Syrien.  Nach  den  TagebûcherB,  topographis- 
chen  Anfnahmen  und  mûndlichen  Mittheilungen  der  Ëxpeditions- 
leiler's,  bearbeitet  und  herausgegeben  von  Amand  Freiherm 
Ton  Scbweiger-Lerchenfeld.  Ergânzungskefi  n*  44  zu  Petermann's 
geographiêchen  MUtheilungen,  2  cahiers  avec  cartes. 


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MÉSOPOTAMIE.  KURDISTAN.  349 

562.  Scbweiger-Lerchbnfeld  (Amand  Freiherr  Yon).  Topographie  der 
projectitirten  Syrisch-Kurdisch-Mesopotamiich en  Sch ienenwege. 
MUtheil.  der  geogr.  Gesellsch.  in  Wien,  1876,  vol.  XIX,  n»  5 
(pages  281.293). 

Bon  article  général  où  sont  résumées  les  éludes  faites  en  1872,  pour  le 
tracé  de  chemins  de  fer  au  delà  du  Taurus  et  en  Syrie. 

563.  Schweigek-Lerchenfeld  (Freiherr  v.).  Die  Euphralbahn.  Oester- 
reichuche  Monatschrifl  fur  den  Orient,  II,  1, 1876, 

564.  Scrweiger-Lerchenfeld  [Freiherr  y.).  Der  Uandel  Mosuls  (Kurdis- 
tan). Oeêterreich.  Monalschr.  fur  den  Orient,  Wien,  1875,  »•  5, 

p.  75-77. 

565.  Farage  (Dom),  curé  arménien.  Notes  sur  la  Mésopotamie.  I.  Dara* 
II,  Rus-el-Haïn.  Les  Mission»  Catholiques.  i[,i/on,  1876,  8*  année, 
p.  467-468  et  p.  479. 

566.  ZwiEDixEK  (J.  Yon).  Der  Handel  Bagdad's.  Oesterreich.  Monalschr, 
fur  den  Orient.  Wien,  1858,  n»  4,  p.  56-59. 

567.  Le  commerce  de  la  vallée  de  l'Euphrate  de  1874  à  1875.  L'Explo- 
rateur, in,  1876,  p.  576. 

5''>8.  Kurdiscbe  Textil-und  Bekleidungs  Industrie.  Oesterreich.  Mo- 
natschr.  fur  den  Orient.  Wien,  1876,  n»8,p.  126-127. 

569.  NôLDEKE  (Ph.].  Karkemisch,  Gircesium  und  andere  Euphratûber- 
gânge.  Nachrichten  von  der  K,  Gesells,  der  Wissensch,  %u  Gotlin- 
gen.  1876,  nM. 

570.  SociN  (A.).  Kerbela  und  Hitte.  Ausland.  1876,  n»  24. 

571 .  EuTntG.  Die  Mandâer  (secte  curieuse  du  Bas  Tigre).  Ausland,  1876, 
nM2. 

Le  voyage  de  H.  Gernik  en  Mésopotamie. 

Le  voyage  dont  nous  allons  essayer  de  donner  un  aperçu  est 
des  plus  importants  :  il  a  été  accompli  en  1872-73  par  Tin- 
génieur  Josef  Cernik*,  chargé  d'étudier  un  tracé  de  chemin  de 
fer  des  côtes  de  Syrie  aux  rives  du  Tigre,  pour  relier  sans 
doute  le  réseau  de  TAsie  Mineure,  projeté  par  M.  W.  Pressel, 
au  réseau  futur  des  chemins  de  fer  asiatiques  proprement  dits. 

A  vrai  dire,  la  réalisation  de  ces  grands  projets  semble  assez 
éloignée,  mais  du  moins  la  géograpliie  a-t-elle  dès  maintenant, 
dans  la  relation  de  M.  Cernik,  rédigée  par  le  baron  de  Schwei- 
ger-Lerchenfeld,  un  morceau  d'un  intérêt  de  premier  ordre 

1.  Ce  nom  doit  se  i>rononccr  Tchcruik. 

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350  ASlB.  N-  561-571 

par  la  nature  comme  par  la  variété  et  la  précision  des  données 
qu'il  renferme. 

Le  21  octobre  1872,  M.  Cernik  et  sa  caravane  quittaient 
Tripoli  de  Syrie  et  ne  tardaient  pas  à  atteindre  Homs,  à  la  limite 
du  désert  syrien.  L'Oronle,  en  effet,  forme  ia  ligne  de  sépa- 
ration géologique  entre  les  terrains  du'  littoral  et  ceux  du 
désert. 

Au  moment  où  le  voyageur  va  entrer  dans  une  région  sil- 
lonnée par  des  troupes  de  bédouins  pillards,  pour  aborder  plus 
tard  les  territoires  des  tribus  insoumises,  disons  de  suite,  dût 
le  récit  y  perdre  Tattrait  des  émotions,  que  M.  Cernik  était 
pourvu  d  ordres  qui  lui  assuraient  Tappui  et  l'obéissance  des 
fonctionnaires.  Il  eut  toujours  à  sa  disposition  une  escorte 
assez  nombreuse,  mais  assez  mal  armée. 

Après  Homs,  la  caravane  traversa  la  glorieuse  Palmyre  avec 
ses  colonnes  innombrables  de  marbre  blanc,  et  à  partir  de  là 
elle  se  trouvait  en  pays  peu  connu.  Le  long  de  l'itinéraire  se 
dressaient  des  hauteurs  dénudées,  de  500  à  800  mètres,  dont 
les  noms  apparaissent  pour  la  première  fois  ;  elles  font  partie 
des  massifs  du  Djebel  Abouchir  et  du  Djebel  Ghougour.  C'est 
à  Deïr  que  M.  Cernik  atteignit  l'Euphrate,  dont  il  devait  dé- 
sormais suivre  la  vallée  jusqu'à  la  latitude  de  Bagdad.  A  partir 
d'A'Bouseira,  site  supposé  de  l'antique  Kirkesium,  et  tout  le- 
long  de  l'Euphrate,  on  est  sur  le  territoire  de  tribus  de  l'Ara- 
bie centrale,  les  Auéizés,  les  Shamaras,  les  Moutéfîks.  Attirées 
par  Bagdad,  ces  tribus  se  sont  successivement  repoussées  vers 
Touest,  et  vivent  entre  elles  dans  un  état  d'hostilité  dont  le  gou- 
vernement turc  tire  bon  parti  dans  l'intérêt  de  sa  domination. 

A  une  centaine  de  kilomètres  de  Hit,  l'expédition  passait 
TEuphrate  et  atteignait  Bagdad,  Ce  n'est  plus  la  cité  splendide 
des  Khalifes;  toutefois,  avec  sa  ceinture  de  jardins,  elle  est 
restée  l'une  des  plus  belles  villes  de  l'Orieat.  En  passant, 
M.  Cernik  signale  aux  archéologues  tout  ce  que  les  environs 
de  Bagdad  leur  offrent  encore  de  richesses  inexplorées. 

En  remontant  la  vallée  fertile  du  Tigre  et  de  son  affluent  le 

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MÉSOPOTAMIE.  KURDISTAN.  3Sl 

Diaia-Tchai,  on  arrive  aux  premières  terrasses  des  hautes  moa- 
lagnes  de  Tlraii  occidental,  dont  les  cimes  atteignent  iA  000 
et  15000  pieds,  sur  les  limites  de  la  Perse  et  de  Tempire 
ottoman.  L'itinéraire  de  M.  Cernik  a  suivi  le  pied  de  ces  con- 
tre-forts sur  lesquels  nous  avons  désormais  des  données  un  peu 
précises. 

Aux  environs  de  Kerkouk,  la  première  ville  importante  du 
Kourdistan,  sont  des  sources  de  naphte  et  des  feux  sortant  de 
terre.  Sur  ce  point  vivent  en  contact  et  en  hostilité  des  tribus  de 
Turcomans  et  de  Kourdes.  A  90  kilomètres,  au  nord  de  Kerkouk, 
nous  sommes  à  Erbil,  l'antique  Ârbelles;  ce  point  est  séparé  de 
celui  où  on  place  Gaugamela  par  le  massif  du  Dehir-Dagh,  haut 
de  près  de  500  mètres  ;  aussi,  d'après  M,  Cernik,  la  bataille 
qui,  en  531  avant  Jésus-Christ,  décida  du  sort  de  la  monar- 
chie des  Perses,  ne  peut-elle  avoir  eu  lieu  dans  ces  deux  localités 
à  la  fois.  Selon  lui,  c'est  Kermelis,  ancien  emplacement  de  Gau- 
gamela, qui  dut  être  le  théâtre  de  l'action .  Le  plateau  de  Kermelis 
est  habité  par  des  chrétiens  Jacobites  ou  Nesloriens.  Mossoul, 
à  Touest  d'Erbil,  est  du  reste  un  point  de  contact  de  toutes 
sortes  de  confessions  chrétiennes  orientales  et  de  sectes  musul- 
manes. Faut-il  rappeler  qu'en  face  Mossoul,  sur  l'autre  rive  du 
Tigre,  on  trouve  les  ruines  de  Ninive?  Au  tome  I  (1865), 
p.  208,  de  V Année  géographique^  M.  Vivien  de  Saint-Martin  a 
exposé,  avec  autant  de  clarté  que  d'érudition,  les  décou- 
vertes faites  à  Ninive,  et  leur  imiiortance  pour  l'histoire  de 
l'Asie  sémitique.  Au-dessus  de  Mossoul,  le  Tigre  se  fraye  un 
passage  tortueux  à  travers  des  parois  d'argile  et  de  marne.  La 
composition  géologique  de  cette  portion  du  pays  est  assez 
complexe.  Le  Tcl^-spi,  au  pied  duquel  serpente  le  fleuve,  est 
un  chaînon  continu  courant  de  l'ouest  à  l'est. 

C'est  pendant  l'une  de  ses  nombreuses  courses  autour  de  ce 
massif  que  M.  Cernik  put  apprécier  l'utilité  de  son  escorte. 
Le  kaïmakan  turc  de  Zakho  ayant  montré  à  l'expédition  une 
malveillance  trop  caractérisée,  l'escortô  cerna  la  ville  et  le 
contraignit  à  de  meilleurs  sentiments. 

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352  ASIE.  ««>•  561-571 

L'expédition  quitta  la  vallée  du  Tigre  à  Feish-Kabour,  dans 
la  haute  Mésopotamie,  pour  cheminer  vers  l'ouest  en  suivant 
à  peu  près  la  ligne  de  partage  des  bassins  du  Tigre  et  de 
rSuphrate.  La  haute  Mésopotamie  s'abaisse  vers  le  sud  par 
une  série  de  gradins  qui,  entourant  les  affluents  supérieurs  du 
Kabour-tchai,  gros  tributaire  de  TEuphrate,  conduisent  ainsi, 
sans  transition  brusque,  aux  basses  terres  de  la  Mésopotamie. 

Les  petites  localités  de  Nisibin  (l'ancienne  Nisibis  des  Ro- 
mains), de  Dara,  avec  des  ruines  byzantines,  de  Mardin 
(1190  mètres),  porte  de  la  Mésopotamie  supérieure,  la  ville 
de  Diarbekr  S  avec  sa  population  de  4(0  000  habitants  Kourdes, 
Arméniens,  Turcomans,  Bulgares  exilés,  furent  les  étapes  suc- 
cessives qui  amenèrent  l'expédition  au  Karadjah-Dagh.  Ce  massif 
est  basaltique  ;  il  se  divise  en  deux  groupes  dont  le  plus  méri- 
dional s'abaisse  jusqu'auprès  d'Ourfa,  tandis  que  le  groupe 
nord  n'est  qu'un  rameau  de  la  grosse  chaîne  de  Wan.  En  lon- 
geant les  versants  nord  et  ouest  du  Karadjah-Dagh,  on  atteint, 
à  Orfa  (l'Edesse  des  Croisades),  dans  le  Pachalik  d'Alep,  l'in- 
tersection des  lignes  de  trafic  entre  la  Syrie  septentrionale,  la 
Mésopotamie,  le  Kourdistan  et  la  Karamanie. 

De  ce  point  à  Biredjik  où  Ton  traverse  l'Euphrate,  s'étend  une 
sorte  de  steppe  à  l'altitude  de  720  mètres.  M.  Gemik  ne  tarde 
pas  à  se  retrouver  sur  les  versants  d'eau  tributaires  de  la  • 
Méditerranée.  Le  nœud  de  toutes  les  chaînes  de  la  Haute-Syrie 
est  à  l'ouest  de  la  petite  ville  d'Aïn-Tab,  non  loin  des  sources 
de  l'Afrim-Tchaï  qui  envoie  ses  eaux  à  l'Oronte,  à  travers  le 
lac  fialouk  (Balouk-Gôl).  La  ligne  séparative  des  versants  mé- 
sopotamien  et  méditerranéen  est  la  puissante  chaîne  dolomi- 
tique  du  Karadede-Dagh  que  le  voyageur  sillonna  d'un  réseau 
d'itinéraires,  pour  revenir  enfin  à  Alexandrette  (au  printemps 
de  1873)  par  la  vallée  de  l'Afrim-Tchaï  et  Beilan. 

Tel  a  été  l'itinéraire  de  la  mission  dirigée  par  M.  Gernik. 

1.  L'itinéraire  de  M.  Cernii^  recule  de  près  d'un  demi-dcgrc  vers  l'est  la  iH)si- 
lion  que  les  caries  assignent  i  Diarbékir.  Cette  modilicalion  importanle  doit  en  • 
entraîner  d'autres  pour  le  figuré  géograplùquc  de  cette  partie  de  rAsie  Mineure. 

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MÉSOPOTAUIE.  KURDISTAN.  353 

Toute  étude  pour  un  tracé  de  chemin  de  fer  dans  un 
pays  mal  connu,  exige  la  réunion  de  données  de  nature 
diverse.  Les  premières  sont  imposées  par  les  nécessités  tech- 
niques d'exécution  :  elles  &e  rapportent  au  figuré  et  à  la 
nature  du  sol»  c'est-à-dire  au  relief  des  montagnes,  aux  yallées, 
aux  cols  et  passages  les  plus  accessibles,  à  la  composition  gcc 
logique  des  terrains*  Mais  il  est  d'autres  éléments  dont  Tingé- 
nieur  doit  faire  également  la  part  dans  son  projet  ;  ils  ont  trait 
à  la  fertilité  du  sol,  à  l'activité  du  commerce,  à  Tétat  de  la 
viabilité,  à  la  densité  de  la  population.  Un  chemin  de  fer  pour 
être  rémunérateur,  c'est-à-dire  pour  exister,  ne  saurait  tra- 
verser uniquement  des  déserts  et  le  choix  d'un  tracé  doit  être 
subordonné  aux  romdiiions  économiques  et  statistiques  les  plus 
favorables.  H.  Cernik  n'a  négligé  aucune  de  ces  recherches. 
Outre  des  éléments  géographiques  aussi  nombreux  que  nou- 
veaux, il  a  recueilli  des  indications  intéressantes  sur  la  valeur 
économique  du  pays. 

Pour  les  cours  moyens  du  Tigre  et  de  TEuphrate,  nous  ap- 
prend M.  Cernik,  nous  avons,  de  Hit  sur  FEuplirate,  à  Zacho 
sur  le  Tigre,  une  zone  ininterrompue  de  terrains  cultivables, 
sans  aucune  place  stérile,  mais  dont  1/3,  1/2  et  même  5/4 
sont  laissés  en  friches.  Les  conditions  les  plus  favorables  se 
rencontrent  sur  le  plateau  d'Erbil  (Ârbelles)  à  l'est  deMossoul, 
où  90  p.  100  des  terres  cultivables  sont  cultivées.  Les  condi- 
tions sont  presque  aussi  bonnes  à  Mossoul,  dans  les  districts  de 
Kermelis,  de  Schermanlik  à  Test  de  cette  ville,  puis  deNahrvan 
et  de  Zakho  sur  le  Tigre,  oii  le  rapport  des  terres  cultivées  aux 
terres  cultivables  est  de  70  à  90  p.  100. 

Les  conditions  les  [)lus  défavorables  se  trouvent  dans  le 
territoire  de  Hit,  sur  TEupluate,  au  sortir  du  désert  de  Syrie, 
qui  a  80  p.  100  de  terres  stériles,  tandis  que  certaines  régions 
du  haut  Tigre  (au  nord  de  Mossoul)  et  du  Tigre  moyen,  ayant 
50  à  60  p.  100  de  terres  stériles,  laissent  incultes  50  à  40 
p.  100  du  reste. 

La  différence  des  populations  est  pour  beaucoup  dans  ces 
l'anhée  oÉoon.  xv.  23 

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354  ASIE.  N««  5G1-571 

difTérences  de  rendement  des  terres.  Les  chrétiens  sont  bons 
agriculteurs,  puis,  parmi  les  musulmans,  les  Turcomans.  Les 
terres  habitées  par  les  Arabes  et  les  nomades  Lourdes  restent 
incultes. 

Dans  la  haute  Mésopotamie  et  la  haute  Syrie,  les  seub  terrains 
vi*aiment  fertiles  sont  situés  autour  d'Édesse  (Ouria),  et 
dans  la  zone  des  rilles  de  Nisibin,  Dara  et  Hardin.  D  y  a  là,  en 
général,  70  à  80  p.  100  de  culture.  Hais,  à  partir  d'Édesse, 
en  se  dirigeant  sur  la  Tallée  de  TEuphrate,  et  sur  celle  de 
rOronte,  la  moyenne  agricole  redevient  mauvaise* 

La  densité  de  population  a  été  également  l'objet  des  re- 
cherches de  M.  Gernik.  11  donne  cette  indication  pour  les  envi- 
rons de  vingt-cinq  villes. 

La  densité  de  population  par  mille  carré  allemand^,  est, 
pour  Nisibin  et  les  environs,  de  2000,  pour  Bagdad  de  1200, 
pour  Hardin  de  1800,  pour  Dara  de  1600,  pour  Erbil  et  pour 
Kermelis  de  1000.  Pour  les  autres  points  elle  varie  de  600 
à  30. 

L'état  du  commerce  dans  les  pays  à  traverser  constitue  éga- 
lement l'un  des  éléments  à  examiner  pour  l'établissement 
d'une  voie  ferrée.  D'après  H.  Cernik,  ta  vallée  de  l'Euphrate 
serait,  à  ce  point  de  vue,  une  ligne  éminemment  défavomble, 
bien  qu  elle  soit  ta  ligne  favorite  des  Anglais.  Du  désert  à 
Bagdad,  on  ne  trouve  que  deux  petites  villes,  Anah  (iOOO  ha- 
bitants) et  Hit  (2000  habitants)  dont  la  mince  importance 
ne  justifierait  point  l'adoption  ie,  ce  tracé. 

Selon  le  voyageur,  Atexandrette  ne  devrait  pas  être  la  tête 
de  la  ligne.  Ville  malsaine,  peu  au  delà  de  laquelle  on  aurait 
à  forer  un  tunnel  de  10  kilomètres,  Alexandretle  semble  devoir 
être  sacrifiée  à  Alep,  métropole  de  tous  les  trafiquants  arabes 
et  kourdes,  dépôt  commercial  des  produits  de  la  Syrie  et  de 
la  Héfopotamie.  Le  tabac,  les  laines  appoi  tées  par  les  Bédouins 
et  les  Kourdes,  les  peaux  de  mouton,  d'agneaux  et  de  chèvies 

1.  Uq  mille  carré  allemand  vaut  55,06 s 9  kilomètres  carrés. 

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MÉSOPOTAMIE.  KURDISTAN.  355 

y  affluent,  ainsi  que  le  coton  produit  par  qirelques  districts 
du  gouvernement  d'Alep,  et  en  général  tous  les  produits  de  la 
Syrie  du  nord. 

Enfin,  quant  aux  routes  qui  alimenteraient  la  grande  artère 
ferrée.  M,  Cernik  en  présente  un  tableau  qui  n  est  rien  moins 
que  flatteur.  Sans  entrer  dans  les  considérations  que  l'auteur 
émet  au  sujet  de  Tadministration  turque,  nous  devons  enregis- 
trer son  assertion  qu'en  Anatolie,  comme  en  Syrie  et  dans  le 
Djezireh,  les  routes  font  défaut.  La  route  internationale  qui 
conduisait  naguère  de  la  côte  de  Syrie  à  Bagdad,  par  Palmyre, 
n'est  plus  aujourd'hui  qu'un  sentier  traversant  des  cités  rui- 
nées. On  eu  peut  dire  de  même  de  la  viabilité  entre  Bagdad  et 
le  petit  Kourdistan.  Trois  semaines  sont  nécessaires  aux  por- 
teurs de  dépêches  pour  aller  d'Alexandiette  à  Bagdad,   par 
Alep,  Ourfa,  Diarbekîr,  Mardin,  Mossoul.  Souvent  ils  ont  soit 
à  passer  à  la  nage  des  torrents  débordés,  soit  à  franchir  des 
défilés  où  ne   peut  s'engager  plus  d'un  cavalier.   Çà  et  là, 
quelques  tronçons  de  routes  amorcées  ont  été  abandonnés  par 
suite  du  changement  du  gouverneur  i|ui  les  avait  fait  com- 
mencer, ou  du  changement  dans  la  direction  des  fonds  af- 
f3ctés  à  l'entreprise.  En  de  telles  conditions,  M.  de  Schweiger- 
Lerchenfeld,  d'après  M.  Gernik,  sans  doute,  pense  que  Tidée 
d^un  chemin  de  fer  mcsopotamien  est  au  moins  prématurée. 
La  ligne  que  propose  l'auteur  du  beau  voyage  dont  nous  venons 
d'entretenir  le  lecteur,  partirait  de  quelque  point  de  la  côte 
de  Syrie,  telqueSoueidia,  passerait  par  Alep,  Ourfa,  Diarbekir, 
Mnrdin,  Djezireh-lbn-Omar,  Mossoul,  Erbil,  Kerkouk  et  Bagdad 
d'où  elle  gagnerait  le  golfe  Persiquc. 

Nous  avons  insisté  sur  cette  exploration,  qui,  au  point  de  vue 
géographique,  a  d-mné  les  résultats  aussi  étudiés  qu'étendus. 
Elle  fait  honneur  à  M.  Pressel,  l'auteur  des  projets  de  voies 
ferrées  en  Asie  Mineure,  par  Tinitialive  duquel  elle  s'est 
accomplie,  et  à  l'éminent  ingénieur  qui  Ta  si  bien  dirigée.  On 
doit  remercier  également  le  baron  de  Schweiger-Lerchenfeld 
de  la  publication  du  document  où  sont  consignées  les  obser- 

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356  ASIE.  W*  572-578 

vations  et  les  conclasions  de  H.  Cernik,  éclairées  par  des 
cartes  d'un  haut  intérêt. 


VI 

ARABIE 


572.  Spreicger  (À.)*  Die  alte  Géographie  Arabiens  als  Grundiage  der 
Geschichte  des  Semitismus.  Bern,  1875,  in-S».  Article  critique 
dans  Zeitschr,  der  deiUsch*  Morgerland.  Gesells.  zu  Leipzig, 
vol.  XXX,  1876,  cahier  i,  p.  195-197. 

573.  Adbr.  Notices  statistiques  et  historiques.  Les  Missions  Catholiques 
Lyon,  1876,  pp.  37,  43.  46,  49^.54,  59,  61,  67,  71. 

574.  Capitaine  (U.).  La  Tille  de  Mascate.  V Explorateur,  lil,  1876, 
p.  472. 

575.  YiscoxTi  (Arconati).  Diario  di  un  viairgio  in  Arabia  Petrea.  Tormo, 
1876,  in-8«. 

576.  Antinobi  (0.).  Aden.  BollelL  delta  Soc,  geogr.  italiana,  XIII', 
1876,  p.  307. 

577.  ZsHME  (À.).  Aus  und  ûber  Arabien.  Glohus,  1876,  XXIX,  p.  294. 

578.  Peters(G.-T.].  The  hotsprings  of  Bosher  and  Ghullas,  in  Oman. 
Geographical  Magazine,  1876,  p.  277. 

Ces  ihermes,  au  nombre  de  six,  sont  connus  depuis  1859  où  le  lieute- 
nant surf  les  visita  el  les  décrivit  dans  le  journal  de  la  Société  géogra' 
pbique  de  Bombay.  La  visite  de  M.  Peters  est  de  mars  1875.  Le  plus 
chaud  de  ces  thermes  (112*  Fareuheit)  est  appelé  Hammam,  c'est-à-dire 
bain  chaud  :  le  deuxième  est  appelé  Mansouk  (100*  Fahr.);  les  quatre 
autres  ont  83*  à  100*  (Fahr.).  Les  sources  en  question  sont  situâss  les 
unes  près  des  autres,  entre  Maltraih  et  Mascate.  Leurs  visiteurs  ordinaires 
appartiennent  à  la  population  qui  fait  le  commerce,  d'une  part  avec  la 
Perse  et*l'Inde,  de  l'autre  avec  Zanzibar.  Ces  sources,  dont  l'analyse  n'a 
pas  encore  été  faite,  renferment  des  carbonates  de  chaux,  et  après  avoir 
servi  pour  les  bains,  elles  sont  conduites  dans  des  réservoirs.  (Jne  fois 
refroidies,  elles  vont  fertiliser  les  terres  avoisinantes  où  poussent  en 
abondance  les  orangers,  les  citronniers,  les  dattiers,  etc. 


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PERSE.  AFGHANISTAN.  357 

VII 

PERSE.  AFGHANISTAN 

579.  Schwab  (M.).  Bibliographie  de  la  Perse.  Paris,  i8î5,  in-8*. 

580.  D'  Andréas.  Gcographisclie  und  archâologische  Forschungen  in 
Persieii.  Bericht  von  D'  Polak  nach  dein  a  limes  of  India  »  MU- 
iheil.  der  geogr,  Geielhch,  Wien,  1870,  vol.  XIX,  cah.  4,  p.  205  & 
268. 

581.  Nolizie  sulla  Persia.  BolleU.  délia  Soc.  geogr.  italiana,  1876, 
mars,  p.  137-138. 

582.  Cau.  Rosenbubg  (G.  Freiherr  von).  Das  Lârihal  bei  Téhéran  und 
der  Dcmavend.  Mittheil.  der  geogr.  Geselhch.  in  Wien,  vol.  XIX, 
1870,  cah.  3,  p.  113-142. 

En  i^ié  Ifr  séjour  de  Téhéran  est  rendu  insupportable  par  la  chaleur  et 
la  pAussière.  Les  Persans  vont  alors  chercher  la  ri-aicheur  dans  les  vallées 
de  l'Ëlbourz  qui  sépare  Téhéran  de  la  mer  Caspienne.  En  1875,  le  baron  de 
Call  '  osenburg  a  choisi  celte  saison  pour  faire  l'ascension  du  Deroavend. 
L'ascension  proprement  dite  commence  à  Abegerm  (12060  mètres  d'après 
la  détermination  barométrique  et  hyp^oraélrique  de  M.  Cali  Rosenburg). 
Nous  ne  pouvons  suivre  dans  ses  détails  le  récit  de  cette  excursion,  mais 
en  voici  le  teite,  pour  la  partie  la  plus  caractéristique:  «  Nous  arrivâmes 
ainsi,  sans  encombre,  sur  le  haut  du  Bemsbibend  (paroi  de  rochers  de 
laves).  A  peine  y  fûmes-nous  que  nous  vîmes  un  second  cône  d'éruption 
à  escalader.  11  s'élevait  à  une  hauteur  vertigineuse.  C'était  le  cône  de 
soufre,  siège  de  phénomènes  volcaniques  tels  que  formation  de  soufrot 
effluves  d'air  chaud  sortant  de  crevasses,  dégagement  de  vapeur.  Ces 
phénomènes  indiquent  que  si  le  Demavend  n'est  plus  un  volcan  en  acti- 
vité, il  peut  le  redevenir,  les  forces  pluloniques  continuant  à  agir  dans  ses 
flancs. 

«  A  partir  de  ce  point  la  montagne  commence,  selon  l'expression  des 
guides,  à  exercer  sou  «  charme  ».  Quatre  guides  successivement,  et  même 
le  domestique  indien  du  capitaine,  extrêmement  bon  ascensionninUt 
furent  contraints  par  répuisement  de  leurs  forces  à  se  coucher  à  terre, 
non  sans  avoir  essayé  de  se  réconforter  en  mangeant  de  l'ail  et  de  l'oignon 
crus.  » 

C'était  évidemment  le  mal  des  montagnes  qui  exerçait  son  influence, 
rendue  plus  pénible  par  l'effet  des  émanations  volcaniques  ;  elle  apparaît 
mieux  encore  dans  le  passage  suivant  :  «  Hais  nous  ne  montûmes  plus  que 
de  180  mètres  par  heure.  Nos  tôtes  étaient  prises,  nos  poitrines  oppressées 
par  les  émanations  sulfureuses  qui  se  déga}^eatent  des  profondeurs  d'un 
gros  sable  blanc,  renfermant  aussi  des  cristaux  de  soufre  dont  quelques- 
uns  atteignaient  même  le  volunie  d'une  tète  d'homme.  Entremêlés  d'abord 
de  scories  de  laves  vertes,  rouges,  brunes,  noires,  ces  cristaux  de  soufre 
par  devenaient  de  plus  en  plus  abondants.  Enfin  nous  atteignlmen  le 
sommet  quelques  minutes  avant  midi,  complètement  épuisés  et  avec  un 
pouls  fiévreux  qui  battait  130  pulsations  à  la  minute.  > 


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358  ASIE.  »••  570-607 

«  L'anéroïde  Dous  donna,  pour  la  cime  duDemavend,  19700  pieds  anglais 
(6004  mètres),  auxquels  il  convient  d'ajouter  un  peu  au  delà  de  200  pieds 
(61  métrés)  parce  que  Tinstniment  n*était  pas  réglé  pour  le  niveau  de  la 
mer;  nous  aurions  ainsi  20000  pieds  (6065  mèires)  pour  l'altitude  du 
Demavend*.  » 

«  N'ayant  pu  réussir  à  faire  brûler  la  lampe  à  alcool,  nous  dûmes 
renoncer  à  déterminer  une  altitude  par  rébuUilion  de  l'eau.  > 

Du  sommet  du  Demavend  on  ne  découvre  pas  un  panorama  Irès-éteoda. 
«  Nous  avons  pu  constater,  avec  bien  d'autres  voyageurs,  que  les  mon- 
tagnes les  plus  élevées  ne  sont  pas  celles  qui  ofrreni  la  plus  belle  per- 
spective. Notre  horizon  était  borné,  au  sud  et  au  nord,  par  des  nuages, 
des  vapeurs  ou  des  brouillards  secs  d'une  couleur  jaune  rougedtre.  Ainsi, 
nous  pouvions  voir  au-dessous  de  nous  la  vallée  du  Lâr  ou  Ilaras,  tandis 
que  plus  loin,  dans  le  sud,  nous  apercevions  à  peine  Téhéran.  » 

583.  GoLDSMiD  [General  Frédéric],  Capfain  Kapier*s  Journey  on  tlie 
Tiircoman  Frontier  of  Persia.  Proceedings  of  the  Royal  geograph. 
Soc,  1876,  p.  166. 

Relation  d'un  voyage  que  le  capitaine  Napier  a  fait,  en  1874,  à  la  fron- 
tière orientale  de  la  Perse.  Cette  relation  est  complétée  par  le$  remarques 
de  réminent  général  RawKnson,  qui  revendique  pour  les  explorateurs 
anglais  et  en  particulier  pour  ConoUy  (1826)  la  découverte  de  l'ancien 
lit  de  rOxus.  Cette  découverte  éclaire  l'histoire  du  développement  et  de 
la  puissance  de  l'ancien  empire  des  Parthes.  M.  Rawlin&on  préseiite  des 
considérations  pleines  d'intérêt  sur  Nissa,  capitale  de  cet  empire,  et  sur 
la  célèbre  ville  de  Dehistan  (ilestorian),  aujourd'hui  Me-^hed-i-Mesryan. 

584.  Harkhah  (CI.  R.).  Afghan  geography.  Proceed»  of  the  Roy,  geogr. 
Soc,  1876,  vol.  XX,  n«  IV,  p.  241  à  252. 

585.  ScHLAGisTWEiT  (E.).  Das  Kelat,  Reich  der  Brahuï  (aux  bords  méri- 
dionaux de  l'Iran).  Auslaud,  1876,  n«  15,  p.  281-286. 

586.  Iter  persicum  ou  Description  de  l'ambassade  du  sieur  Etienne 
Kakasch  de  Zakoukemeny,  envoyé  par  l'empereur  Rodolphe  II 
d'Allemagne  à  la  cour  du  czar  de  Moscou  et  auprès  du  chah 
Abbas  de  Perse  en  1602.  Relation  faite  par  George  Tehenda  von 
der  Jabel.  Traduction  annotée  de  l'allemand  par  Charles  Scliéfer. 
Paris,  1876,  in-8°. 

587.  Rawlinson  (H.).  The  seventh  great  oriental  raonarcliy,  or  the 
geography,  bistory  and  antiquities  of  the  Sassanian  or  new  Per- 
sian  Empire,  collected  and  illustraded  from  ancient  and  modem 
sources.  London,  1876,  in-8. 

588.  MoRDTMANic.  Zur  vergleichenden  Géographie  Persiens.  S**'  Beitrag. 
SUzungsherichie  der  philos,  philoL  Class.  der  bayer.  Akad.  der 
Wissensch:  1876,  I,  p.  359. 

589.  Cluzel  (Mgr).  Voyage  en  Perse.  Les  Missions  Calholigttes^  Lyon, 
1876,  8*  année,  p.  238, 250,  262,  274,  285,  298,  308,  533,  345. 

1.  Ce  chiffre  est  notablement  supérieur  à  ceux  qui  ont  été  précédemment 
obtenus  :  18  464  pieds  et  17325  pieds.  Le  major  St-John,  sur  sa  carte,  lui  donne 
18600  pieds  (5669  mètres). 


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PERSE.  AFGHANISTAN.  359 

590.  Ltcklâva  k  NiJEHOLT  (le  chevalier  de).  Voyage  en  Russie,  au  Cau- 
case et  en  Pei*se,  dans  la  Mésopotamie,  le  Kurdistan,  la  Palestine 
et  la  Turquie,  pendant  les  années  1865-1868, 2*  partie,  t.  III  et  lY, 
2  Tol.  gr.  in-8.  Part»,  1876.  Article  critique  par  M.  V.-A.  Malte- 
Brun,  Bulletin  de  la  Soc,  de  Géogr,  de  Paris,  1876,  n«  de  jaillet, 
p.  59. 

591.  Eastern  Persia;  an  açconnt  of  the  joumeys  of  the  Persian  Boun- 
dary  Commission,  1870-72.  Vol.  I.  The  geography  with  narratives 
of  majors  St.  Jobn,Lovett  and  Evan  Smith  and  an  Introduction  by 
major-general  sir  Frédéric  John  Goldsmid.  Vol.  II.  The  Zoology 
and  geography,  by  W.  T.  Blanford.  With  numerous  illustrations. 
Published  by  the  authority  or  the  govemment  pf  India.  Lotidon, 
1876.  Article  critique  dans  Geograph,  Magazine  de  Markham, 
1876,  n«  10,  p.  275-274. 

592 .  Du  même.  Persia  compiled  principally  from  original  authorities 
by  captain  (local  m^'or)  O.-B.-G.  Saint-John,  R.  E.  6  feuilles  à 
16  milles  pour  1  pouce  (1/1 013760). 

Celte  carte,  4ui  repose  sur  les  itinéraires  des  missions  anglaises  de  déli- 
mi  talion  de  la  Perse  et  sur  les  positions  déterminées  par  le  major 
0  -B.-G.  Saint-John,  est  traître  tout  à  fait  scientiflquement,  c'est-à-dire 
qu'elle  ne  donne  les  indications  qu'avec  la  mesure  du  degré  de  certitude 
qu'elles  présentent.  Cest  l'un  des  traTaux  cartographiques  les  plus  ié- 
rfeux  qui  aient  été  faits  sur  la  Perse. 

593.  PoLAi  (D'  X.-E).  Das  Postwesen  in  Persien.  Oesterreich.  Ma- 
nalschr.  fur  den  Orient,  1876.  Wien,  n*  12,  p.  186-188. 

594.  Uebersicht  des  Transi thandels  durch  die  Kaukasische  Statthal- 
terschaft  nach  Persien,  von  1872  bis  1874.  Preu$8i»cheê  Han» 
delsarchiv,  1875,  n»  49;  1876,  n»  18. 

595.  PoLAK  (D').  Persische  Lederindustrie.  Oesterreich,  Monatschr,  fur 
den  Orient,  Wien,  1876,  n«  8,  p.  126. 

596.  Persisches  Opium.  Oesterreich,  Monatschr,  fur  den  Orient,  Wien, 
1876,  n»  5,  p.  79. 

La  culture  de  l'opium  a  été  introduite  en  Perse  depuis  une  disaine 
d'années  ;  elle  a  pris  une  grande  extension  dans  les  environs  de  Téliéran 
oà  les  habitants  arrachèrent  les  céréales  pour  leur  substftuer  l'opium. 
Cette  imprévoyance  a  été  punie  en  1871  et  1873,  lors  des  terribles  famines 
dont  furent  victimes  des  milliers  de  Persans.  On  a  bien,  depuis  lors, 
cherché  à  restreindre  la  culture  de  Topiilm,  mais  elle  gagne  néanmoins 
encore  du  terrain. 

Les  ports  d'embarquement  de  l'opium  de  Perse  sont  Boushir,  pour  les 
produits  d'Ispahan  et  de  Fars,  et  Boushir  avec  Bender-Abbas  pour  ceux 
du  Khorassan,  de  Kherman  et  de  Yezd.  Les  pays  de  destination  sont  l'An- 
gleterre et  la  Chine  (en  Chine  on  n'aime  pas  beaucoup  l'opium  chinois, 
trop  souvent  falsifié).  A  Londres  il  est  apprécié  à  cause  de  sa  fortefpropor- 
iiou  de  morphine.  De  Londres  il  se  répand  sur  l'Europe  et  en  Amérique. 
La  Perse  elle-même  consomme  peu  d'opium.  De  1873  à  1875,  la  produc- 
tion d'opium  penan  a  été  de  2060  caisses.  L'année  dernière  on  en  a  ex- 


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560  ASIE.  ^••  5:9-607 

pédié  383  caisses  pour  Londres  et  1419  caisses  pour  la  Chine  et  les  Strails- 
SetllemenU. 

597.  GisTL  (D'  H.)-  Die  Petroleum  Gcbiet  Baku's  und  Persiens.  Oesterr. 
UonaU,  fur  der  Orient.  187(5,  n»  7,  p.  103-106,  et  n»  16,  p.  156. 

On  a  longtemps  regardé  la  production  de  naplite  et  de  pétrole  aux 
environs  de  Bakou  comme  un  phénomèoe  isolé.  M.  Gintl  a  trouvé  des 
sources  de  ces  substances  sur  le  territoire  persan,  au  bord  snd-ei»t  de  la 
mer  Caspienne,  dans  les  environs  d'Asterabad.  Là  elles  sont  encore  entre 
les  mains  des  Turcomans.  On  en  rencontre  aussi  duns  toute  la  chaîne  de 
l'Elbourz  où  elles  b'iuflltrenl  parfois  dans  des  sources  d'eau  potable.  Après 
avoir  disparu  dans  l'immense  désert  de  sable  de  Jezd  et  de  Kirroan,  elles 
reparait'sent  près  d'Hamadan,  dans  la  chaîne  de  l'Elwend  qu'elles  sui- 
vent jusqu'à  Kirmanshah  et  à  la  frontière  turco-persane  ;  puis  elles 
disparaissent  de  nouveau  et  se  retrouvent  à  Mossoul  plus  pures  et  pins 
abondantes  que  jamais.  On  en  remplit  des  kelleks,  sortes  d'outrés  en 
cuivre  qui  descendent  le  Tigre  jusqu'à  Bagdad  et  Bo^ra. 

Quant  à  une  manipulation  quelconque  de  ces  huiles  minérales,  on  n'y 
a  jamais  songé  en  Turquie  ni  en  Perse.  Ce  dernier  pays  ignore  même  se» 
richesses,  car  il  fait  venir  de  Russie  son  péirole  d'éclairage. 

Dans  l'un  de  ses  articles  sur  les  sources  d'huile  'minérale  de  Bakou, 
M.  Gintl  nous  fait  savoir  qu'en  1860,  il  y  availà  Bakou  100  puits  de  naphle 
exploités  et  qu'en  187i  il  y  en  avait  250.  Des  compagnies  se  sont  consti- 
tuées. La  production  va  maintenant  jusqu'à  SOOOO  pouds  (390000  kiL)  de 
naphte  par  jour.' Toutefois  le  pétrole  de  Russie  est  encore  plus  cher  que 
celui  d'Amérique. 

598.  SACfT-Jonir  (Oliver).  The  position  of  Téhéran.  Geographical  Ma- 
gazine de  Markkam,  1877,  n*  2,  p.  54. 

Pendant  les  observations  pour  le  passage  de  Vénus,  le  colonel  russe 
Stebnitzki  avait  déterminé,  en  1875,  la  longitude  Je  Téhéran  à  l'aide  du 
télé<;rapho  électrique,  c*est>à-dire  par  le  transport  presque  instantané 
du  temps.  A  propos  d'une  note  du  Geographical  Magazine,  sur  cette 
détermination,  le  major  St-John  rappelle  que  le  capitaine  Pierson,  le  capi- 
taine Stiff  et  lui-même  avaient,  en  1871,  déterminé  également  la  position 
de  Téhéran.  Le  colonel  Stebnitzki  avait  opéré  par  rapport  à  Eriwan,  les 
officiers  anglais  par  rapport  h  Londres  et  à  Bouchir.  De  plus,  le  poiot 
exact  des  observations  anglai&es  et  russes  n'était  pas  le  même;  les  unes 
avaient  été  faites  à  l'ancien  poste  du  télégraphe  indo-européen,  les  autres 
au  nouveau  télégraphe.  Voici  les  résultats  obtenus  tels  que  les  donne 
le  maj3r  St-^ohn  : 

Ancienne  station  du  télégraphe,  d'après  les  observateurs  anglais  : 

Lat.  N.  35*, 40',50*.  Long.  E.  51'. 24', 54"  (Greenwich;. 

Station  actuelle  du  télégraphe,  d'après  les  observateurs  anglais  : 

Lat.  N.  36',41M0'.  Long.  E.  51',  25',  10"  (Gr.). 

D'après  le  colonel  Stebniizki  : 

Lat.  N.  3o-,41',7\  Long.  E.  blvSS'.iS*  (Gr.). 

L'altitude  de  Téhéran,  d'après  le  major  St-Johu,  serait  de  3810  pieds 
(1161  mètres). 

599.  Ashurada  and  ihe  new  Persian  fort  on  the  south  east  shore  of  tbe 
Gaspian.  Geograph,  Magazine  de  Markham,  1876,  n*  3,  p.  78. 

600.  SicARD  (F.).  L'île  d'Ormuz.  V Explorateur,  III,  1876,  p.  589. 


yGoogk 


PERSE.  AFGHAISISTÂN.  301 

601.  BRUNIN6  (G.).  Zwei  Wochen  im  Distrikt  Ton  Dargo  im  Daghestan, 
im  Jahre  1875.  Zeitsckr,  der  GeselU,  fur  Erdkunde,  Berlin, 
1876,  vol.  XI,  n«  63,  p.  198-208. 

602.  Smirnow.  Notices  sur  les  Avares  du  Daghestan.  Revtie  d^anthropo- 
logie,  Y,  1876,  p.  84. 

603.  Sghla6I!ttweit  (Emil).  Indiens  Grenznachbaren  gegen  Afghanistan. 
Globus,  XXX,  1876,  p.  107, 125. 

601.  Markham  (Cléments  R.).  Afghan  geography.  Proceedings  of  the 
Royal  geogr.  Soc.  ofLondon,  XX,  1876,  p.  241. 

605.  New  Maps  of  northern  Pei^sia  and  of  Afghanistan  by  capit.  G. 
Napier  et  major  C.-W.  Wilson  are  being  preparcd  for  the 
Secretary  of  State  of  India.  Geograph.  Magaz,  de  Markham, 
1870,  n»  8,  p.  223. 

Le  capitaine  iNapier  dresse  la  carte  de  sa  route  en  1875,  avec  des 
modifications  aux  caries  de  MM.  Baker  et  Gill.  II  donnera  une  nouvelle 
route  de  marche  dans  la  vallée  du  Juven,  au  nord  de  Sabzawa.  D'autre 
part,  le  major  Wilson  est  occupé  à  dresser  une  carie  de  rAfgliani&tan, 
qu'il  sera  intéressant  de  comparer  avec  celle  de  M.  Frazer  Tyller. 

606.  Aiuso  (Garcia  F.).  Iran  6  del  Indo  al  Tigris.  Descrlpcion  geogra- 
6ca  de  los  paeses  iranios  Afghanistan,  Belucliistan,  Persia  y  Ar- 
menia.  Madrid^  1876,  in-4. 

607.  ÎIocKLER  (capit.).  Ancient  dwcllings  and  tumbs  in  Baluchislan. 
Rapport  de  M.  F.  Blanford.  Proceedings  of  the  Asiat,  Society  of 
Bengal,  1876,  n»  8,  août,  p.  172-174. 


Géographie  physique  de  la  Perse. 

De  1870  à  1872,  des  missions  anglaises  chargées  de  délimi* 
talions  de  frontières  ou  d  établissements  de- ligues  télégraphi- 
ques, ont  parcouru  la  Perse  et  notablement  ajouté  à  ce^que  nous 
savons  sur  cette  contrée.  Elles  ont,  en  particulier,  précisé  des 
données  encore  vagues,  et  nous  leur  devrons  de  connaître  mieux 
les  lignes  générales  de  la  contrée.  V Année  géographique,  dans 
ses  volumes  précédents,  avait  cité  divers  travaux  et  publica- 
tions des  officiers  attachés  à  ces  missions,  tels  que  le  colonel 
Goldsmid,  le  colonel  Baker,  le  major  Lovett,  le  capitaine  G.  G. 
Napier.  L'ensemble  des  résultats  géographiques  recueillis  par 
les  commissions  de  délimitation  a  été  présenté  par  le  major 
Olivier  B.  SaintJohn  dans  un  chapitre  de  Touvrage  intitulé  : 


yGoogk 


362  ASIE.  N-  570-Ô07 

Eagtem  Perna,  an  account  of  fhe  Jaumey^  of  the  Pertian 
Boundary  Commission  1870, 1871 ,  1872  (n^  591).  Ce  chapitre 
est  une  excellente  étude  sur  la  géographie  physique  du  plateau 
d'Iran  et  de  la  Perse. 

Entre  les  vallées  du  Tigre  et  de  Tlndus,  des  rives  méridio- 
nales de  la  mer  Caspienne  aux  rives  du  golfe  Persique,  s'étend, 
sur  plus  de  1 600  000  kilomètres  carrés,  le  plateau  iranien, 
appuyé  au  Caucase  et  à  l'Himalaya,  bordé  au  nord  par  les  sables 
du  Turkestan  et  par  la  dépression  aralo-caspienne.  La  Perse 
comprend  la  partie  occidentale  de  cet  immense  esp.'ice  dont  le 
niveau  général,  variant  de  150  à  240  mètres,  est  accidenté  de 
sommets  qui  dépassent  celui  du  Mo;it-Blanc.  Les  limites  orien- 
tales de  la  Perse,  vers  Test,  sont  approximativement  aussi  la 
limite  hydrologique  des  affluents  du  lac  HiJmend  ou  lac  du 
Séistan,  qui  draine  la  partie  orientale  du  plateau  d'Iran. 

La  Perse  forme  une  sorte  de  triangle  dont  le  grand  côté,  lé- 
gèrement recourbé  en  une  direction  sud-ouest,  a  plus  de  1600 
kilomètres,  tandis  que  les  autres  côtés,  dirigés  nord  et  est,  me- 
surent chacun  près  de  1 1 00  kilomètres. 

Le  major  Oliver  B.  Saint-John  donne  au  sujet  de  l'orogra- 
phie de  la  Perse  des  considérations  qui  seront  lues  avec  in- 
térêt. 

«  C'est  pour  l'orographie  de  la  Perse  que  les  récentes  explo- 
rations ont  amené  les  plus  grands  changements  dans  nos  cartes. 
Un  simple  regard  jeté  sur  la  carte  montre  que  le  trait  domi- 
nant dans  le  système  orographique  de  la  Perse  est  l'uniformité 
de  direction  de  ses  chaînes  de  montagnes,  dont  le  gisement  est, 
pour  presque  toutes,  à  peu  près  du  sud-est  au  nord-ouest.  Les 
seules  exceptions  remarquables  à  cette  règle  générale  se  trou- 
vent dans  les  chaînes  à  Test  du  Demavend  et  les  chaînes  paral- 
lèles subalpines  placées  en  avant  de  celles-ci,  du  côté  dp  nord; 
puis  dans  les  croupes  qui  traversent  le  plateau  du  Beloutchistan. 
Dans  les  cartes  publiées  avuntl860,  toutes  les  chaînes  à  Test  de 
la  grande  roule  principale  Ghira^Ispahan-Téhéran,  c'est-à-dire 
à  peu  près  selon  le  52<^  méridien,  le  gisement  des  montagnes 

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PERSE.  AFGHANISTAN.  363 

est  de  l'est  à  l'ouest,  c*es1>^-dire  parallèle  aux  chaînes  cdtières 
de  la  mer  Arabique  et  à  la  vallée  de  Hérat,  les  seules  parties  du 
pays  dont  il  existât  des  levés.  M.  N.  de  Khanikof  prouva ,  le 
premier,  que  non-seulement  les  chaînes  du  Khorassan  courent 
à  peu  près  parallèlement  à  celles  de  la  Perse  occidentale, 
c'est-à-dire  du  nord-ouest  au  sud-est»  mais  que  la  Perse  cen- 
trale aussi  est  partagée  par  plusieurs  chaînes  continues  dont  les 
ates  suivent  tous  la  même  direction. 

<  Le  voyage  de  H.  de  Khanikof  a  provoqué  un  revirement 
dans  les  idées  dominantes  sur  Torographie  de  la  Perse  orieiH 
taie;  les  relevés  du  major  Lovett  et  ceux  de  l'auteur  de  cet  ar- 
ticle ont  dû  produire  le  même  résultat  pour  la  Perse  méridio- 
nale. Le  premier  voyage  du  major  Lovett,  en  1870  et  1871,  a 
enrichi  la  géographie  de  la  connaissance  de  deux  faits.  C'est, 
d'ubord,  l'existence  d'une  ligne  de  démarcation  hydrographique 
du  Beloutchistan,  qui,  distante  à  peu  près  de  160  kilomètres 
de  la  côte,  sépare  le.  bassin  de  THilmend  de  ceux  des  déver- 
soirs océaniques.  C'est  ensuite  le  fait  de  l'inflexion  très-saillante 
vers  le  sud-ouest  des  axes  des  chaînes  orographiques  situées  au 
sud  de  Bampour.  L'année  suivante,  nous  démontrâmes  la  con- 
nexité  du  grand  plateau  à  l'ouest  du  Séistan  avec  les  chaînons 
de  Sarhadd  et  de  Sianeh.  On  a  constaté  que  Pottinger,  dans 
son  texte,  avait  distingué  avec  raison  deux  volcans  éteints  ou 
assoupis,  le  Kouh-i-Nauschadour  et  le  Kouh-i-Basman,  tandis 
que  ses  cartes,  par  erreur,  n'en  donnent  qu'un  seul.  Plus 
loin,  à  l'ouest,  nous  avons  suivi  la  grande  chaîne  centrale  que 
Khanikof  trouvait  à  l'ouest  de  Yezd,  dans  la  direction  du  sud, 
jusqu'à  27^50'  de  latitude  septentrionale;  nous  constatâmes 
que  les  croupes  ou  chaînons  entre  Chiras  et  Kirman  ont  aussi 
un  gisement  uniforme  dans  la  même  direction  ;  ce  parallélisme, 
je  l'avais  déjà  auparavant  rencontré  dans  toutes  les  chaînes 
situées  sur  la  grande  route  Bouschehr-Chiras-Ispahan. 

«  La  hauteur  des  chaînes  de  Perse  est  en  général  beaucoup 
plus  considérable  qu'on  ne  le  suppose  ordinairement.  Le  volcan 
endormi  du  Demavend  auquel  nos  cartes  donnaient  4480  mè- 

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364  ASIE.  N-  579-607 

très  de  haut,  les  levés  russes  dans  la  région  Caspienne  l*onl 
trouvé  haut  de  5669  mètres.  Le  Sawalan,  dans  l'Adzerbéidjan, 
s'élève,  d  après  les  mêmes  autorités,  jusqu'à  4267  mètres.  Je 
constatai  moi-même  que  le  Kouh-i-Ilazar,  au  sud  de  Kirnian, 
dépasse  encore  cette  dernière  altitude  et  les  cimes  do  la  chaîne 
voisine  de  Jaraal-Baris  ne  sont  pas  moins  élevées.  Mais  la  prin- 
cipale chaîne  continue  de  la  Perse  est»  d'après  mon  avis,  le 
Kouh-Dinar,  chaîne  encore  inexplorée  du  Farsistan,  dont  le  pic 
le  plus  méri'lional,  le  Kouh-i-Dena,  n'a  sur  nos  cartes,  il  est 
vrai,'  que  la  hauteur  de  5352  mètres.  Ces  sommets  sont  visibles 
de  U  mer,  près  de  Bouschehr,  c'est-à-dire  à  une  distance  de  200 
kilomètres,  et  par  delà  des  croupes  dont  la  hauteur  monlet 
comme  on  le  sait,  à  5000  mètres.  Moi-même,  des  montagnes 
voisines  de  Yesdekhast,  j'ai  vu  la  chaîne  du  Kouh-Diuar  en 
août  :  cette  chaîne  m'a  paru  semblable,  pour  retendue,  à  celle 
des  Alpes  bernoises,  et  la  masse.couverle  de  neige  m'en  a  paru 
avoir  aussi  la  même  grandeur.  Comme  dans  cette  saison  de 
l'année  la  ligne  des  neiges  ne  se  trouve  certes  pas  au-dessous 
de  4260  mètres,  je  suis  porté  à  supposer  aux  pics  de  la  chaîne 
du  Dinar  une  hauteur  moyenne  de  3000  à  5400  mètres. 
Beaucoup  d'autres  cimes  de  l'Arménie,  du  Kourdistan  et  du 
Lauristan  ne  se  dépouillent  non  plus  jamais  entièrement  de 
leur  neige,  et  ne  peuvent  par  conséquent  avoir  beaucoup  moins 
de  4570  mètres  de  hauteur. 

((  Les  pics,  dans  la  ligne  de  partage  de  l'Ëlbourz,  ne  dépas- 
sent pas  3900  mètres  ;  mais,  lorsque  dans  l'été  de  i  871  ik 
étaient  débarrassés  de  neige,  je  reconnus  au  nord  de  cette 
ligne  une  croupe  qui  en  était  encore  couveile  près  de  la  fron- 
tière de  Mazandéran.  Dans  la  Perse  centrale  et  orientale,  il  n'y 
a  pas  de  chaînes  très-hautes,  mais  les  cimes  les  plus  élevées 
des  chaînons  entre  Ispahun  et  Kachan  dépassent  cependant  en- 
core 3300  mètres.  C'est  cette  même  hauteur  qu'atteignent  pro- 
bablement les  cliaînes  du  Khoiassan. 

«  L'absence  de  ramitications  bien  prononcées,  voilà  la  grande 
marque  distinctive  de  toutes  les  chaînes  de  la  Perse;  l'Ëlbourz 

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PERSE.  AFGHANISTAN.  365 

et,  sur  une  plus  petite  échelle,  les  montagnes  de  Kborassan 
constituent  la  seule  exception  à  cette  règle.  » 

Le  major  Oliver  Saint-John  termine  son  excellent  chapitre 
par  les  indications  ci-dessous,  relatives  aux  frontières  de.  la 
Perse  : 

a  Au  nord-ouest,  la  frontière  de  la  Perse  qui  touche  à  la  Rus- 
sie est  déterminée  par  des  traités.  La  même  observation  s'ap- 
plique maintenant  à  la  frontière  du  côté  du  Bcioulchistan,  de- 
puis la  mer  jusqu'à  Maschkid,  ainsi  qu'à  la  frontière  du 
Séistan.  Mais,  entre  ces  deux  sections  et  plus  au  nord,  tout  est 
incertain  excepté  les  noms  des  villes  frontières.  A  Touest,  la 
frontière  turque  entre  TArarat  et  Basra,  bien  que  la  commission 
anglo-russe  de  1851-1854  Tait  assez  bien  définie,  n'est  cepen- 
dantjiulle  part  nettement  fixée.  Des  cartes  récentes,  basées  sur 
des  documents  russes,  assignent  comme  limite  du  territoire 
russe  à  Test  de  la  mer  Caspienne  le  cours  de  TAtrek,  depuis 
son  embouchure  jusqu'à  Tendroit  où  il  reçoit  son  affluent  le 
plus  septentrional,  mais  plus  à  l'est  tout  est  indéterminé.  Les 
Persans  occupent  Sarakhs,  tandis  que  le  Daman-i-Kouh  est  tenu 
par  les  Turkmènes-Tekkés.  Les  vassaux  kourdes  du  Shah,  trans- 
portés ici  il  y  a  trois  siècles,  habitent  les  pentes  orientales  et 
méridionales  des  montagnes  de  cette  région,  tandis  que  depuis 
Déréglas  jusqu'à  la  frontière  russe,  les  versants  appartiennent 
probablement  aux  Turkmènes-Goklan.  » 

L*éiat  des  connaissances  géographiques  sur  l'Afghanistan. 

La  frontière  des  Russes  en  Asie  se  rapprochant  chaque  jour 
de  la  frontière  de  Tinde  anglaise,  l'Afghanistan  devient  chaque 
jour  aussi  d'un  intérêt  plus  considérable  pour  rAngleterrc. 
Cette  difficile  région  est  cependant  encore  fort  peu  connue,  et 
nous  ayons  à  ce  sujet  un  chapitre  digne  d'attention  dans  la  Géo- 
graphie de  r Afghanistan,  par  M.  Cléments  Mark ham  (n^584). 
L'Afghanistan,  qu'on  peut  diviser  en  deux  pariies  arrosées  Tune, 
celle  de  l'est,  par  la  rivière  de  Kaboul,  l'autre,  celle  de  Touesti 

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366  ASIE.  N-  57»4>07 

par  le  Helmend,  est  fort  imparfuitement  counu.  L*occupatiou 
anglaise  (1858  à  1842)  a  rencontré  trop  de  difficuliés  politi- 
ques et  militaires  pour  qu'il  lui  ait  été  possible  de  se  préoccu- 
per des  ques'ions  géographiques.  Du  grand  quadrilatère  Bala- 
Mourghab,  Herat,  Kandahar,  Kaboul,  on  ne  connaît  que  la  con- 
figuration générale.  Grâce  aux  voyages  de  Conolly»  de  Pottin- 
ger,  de  Ferrier,  on  sait  que  le  pays  est  montagneux  et  (l'un 
parcours  difficile.  Un  certain  nombre  de  documents  recueillis 
sur  celte  région  par  des  officiers  anglais  sont  perdus  ou  Lieu 
ont  été  oubliés  depuis  184*2.  M.  Markliam  a  rappelé  quatre 
voyages  faits  par  le  général  Lynch,  en  1841,  dans  les  hautes 
vallées  de  TÂrgandab  et  de  Tornouk  (Tarnak  de  la  carte  du  co- 
lonel Walker),  tributaires  de  THelmend,  auquel  ils  n'arrivent 
qu'à  peine  par  suite  des  saignées  que  leur  pratiquent  les  néces- 
sités de  l'irrigation. 

Les  têtes  de  l'Helmend  et  de  TÂrgaudab  sont  dans  le  pays 
des  Djagouri-Hazarehs,  peuplade  mal  connue  encore,  qui,  physi- 
quement, se  distingue  des  Afghans  par  l'absence  de  barbe  et 
par  le  nez  éciasé  des  Kalmouks  ou  Tartares.  Musulmans  de  la 
secte  chiite,  ib  sont  en  hostilité  avec  les  Afghans,  qui  sont  sun- 
nites. Leur  nom  leur  vient  du  mot  turk  Hamrah,  qui  signifie 
wii/ier,  car  ils  furent  dans  l'origine  introduits  dans  le  pays 
sous  forme  de  quatre  bataillons  turks  de  mille  hommes  chacun. 
D'après  M.  Markham,  les  Hazarehs  auraient  vaincu  et  rem- 
placé dans  le  pays  une  population'  de  Tadjiks;  mais  le  général 
Rawlinson pense  que  ces  autjchthoues  furent,  au  dernier  >iècle 
avant  J.  G.,  des  Youélchis  ou  Saces,  de  race  scjthiqtie,  lesquels 
devaient  avoir  déjà  le  type  kalmouk. 

Les  vallées  voisines  de  celles  du  Tournouk  et  de  TArgandab 
sont  décrites  parle  général  Lynch  comme  pittoresques,  riches, 
bien  cultivées,  et  peuplées  d'habitants  qui  accueillirent  hospi« 
talièrement  le  voyageur. 

Outre  le  général  Lynch,  M.  Markham  cite  comme  ayant  réuni 
des  matériaux  sur  cette  contrée,  entre  1858  et  1842,  les  colo- 
nel Frazer  ïytler,  alors  quartier-maître  général  de  l'armée 

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PERSE.  AFGHANISTAN.  367 

d'occupation.  C'est  à  lui  qu*oa  doit  la  conservation  des  levés 
de  route  faits  par  quelques  officiers  du  génie  dans  le  district 
de  Nesh,  la  vallée  de  Bougrane,  la  vallée  de  THelmend,  depuis 
le  confluent  de  l'Argandab  jusqu'à  Rudbor. 

Tous  les  matériaux  recueillis,  M.  Frazer  tytier  les  a  employés 
à  dresser  une  carte  générale  des  pays  compris  entre  les  bouches 
de  rindus  et  Bokhara,  le  lac  du  Séistan  et  la  longitude  de 
Dehli.  Cette  précieuse  carte  est  encore  inédite,  et  nous  devons, 
avec  beaucoup  d'autres  personnes,  exprimer  le  vœu  qu'elle  soit 
prochainement  publiée,  bien  qu'elle  ne  représente  pas  encore 
exactement  le  détail  de  la  contrée. 

La  communication  de  M.  Cléments  Markham  à  la  Soci«Hé 
Royale  géographique  de  Londres  a  été  suivie  d'observations  de 
diverses  personnes;  celles  qu'a  présentées  le  colonel  HacGregor 
valent  la  peine  d'être  lues  et  nous  les  reproduisons  en  partie, 
car  elles  montrent  bien  les  lacunes  de  nos  connaissances  sur 
l'Afghanistan  : 

«  Bien  que,  depuis  le  commencement  de  ce  siècle,  l'Angle- 
terre ait  été,  comme  puissance  asiatique,  en  situation  de  diri- 
ger ses  études  et  ses  observations  du  côté  de  l'Afghanistan, 
bien  que  depuis  une  trentaine  d'années  elle  ait  à  compter  avec 
ce  pays,  devenu  pour  elle  État  frontière,  nous  avons  cependant 
négligé  de  nous  en  occuper  sérieusement  depuis  ces  trente 
dernières  années.  J'ai  été  personnellement  bien  à  même  de  le 
constater.  En  effet,  chargé  en  1869,  par  le  gouvernement  de 
l'Inde,  de  préparer  un  ouvrage  d'après  les  documents  existants 
sur  la  topographie  de  l'Afghanistan,  je  terminai  cet  ouvrage  en 
1871,  sans  avoir  eu  de  données  plus  récentes  que  celles  de  nos 
vaillants  officiers,  recueillies  en  1841  et  1842.  n 

Le  colonel  Mac  Gregor  expose  ensuite  la  rareté  des  docu- 
ments sur  les  parties  de  l'Afghanistan  voisines  du  territoire 
indien  : 

«  En  commençant  même  par  les  parties  les  plus  voisines  de  nos 
frontières,  on  peut  s'ajierccvoir  de  suite  que,  à  l'exception  de 
quelques  places  où  les  troupes  anglaises  ont  pénétré  dans  les 

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368  ASIE.  N-  579-607 

diverses  expéditions  de  1858  à  1842»  on  n'en  sait  pas  plas  des 
frontières  que  de  l'intérieur  de  l'Afghanistan.  Nous  ne  connais- 
sons même  pas  le  cours  de  llndus  entre  Boundji  et  Tahkote; 
nous  ne  connaissons  guère  que  de  nom  les  yallées  du  Dardis- 
tan  qui,  entre  ces  deux  points,  débouchent  à  droite  et  à  gauclie 
de  la  vallée  de  Tlndus»  notamment  celles  de  Khaïlas»  de  Koli, 
dcPalous,  deDareP. 

«  Quant  à  celles  de  Yassin,  Koungout,  Hunza,  Nagar  et  au- 
tres vallées  tributaires  du  Gbilghit,  nous  n'en  savons  pas  le 
quarl.  On  en  peut  dire  autant  du  Ouakhan,  du  fiadakshan  et 
de  tout  Tensemble  des  vallées  de  Tdiitral  et  de  Kashkar. 

«  Plus  au  sud,  les  notions  sont  extrêmement  limitées  sur  la 
contrée  accidentée  du  clan  des  Yousofisaï,  c'est-à-dire  sur  le 
Cbaksar,  leGhorband,  le  Bouner,  le  Souât,  leDir,  le  Bedjaouâr 
et  le  pays  retiré  de  Mohmoud. 

«  Je  pourrais  continuer  celte  liste  en  longeant  toute  la 
frontière  jusqu'au  Sind,  et  démontrer  que  le  pays  des  Afridis, 
du  Zouemousht,  de  Bangoucb  et  de  Touris,  de  Khast  et  de 
Dewar,  ainsi  que  la  vallée  du  Zhob,  sont  pour  nous  à  peu  près  livre 
clos.  Pour  montrer  que  je  n'exagère  pas,  je  vous  dirai  qu'à  trois 
reprises  j'ai  inutilement  fourni  les  listes  de  dix-sept  importan- 
tes routes  militaires,  conduisant  de  l'intérieur  de  l'Afghanistan 
à  notre  frontière,  et  sur  lesquelles  nous  n'avons  aucun  ren- 
seignement suffisant  pour  mettre  le  gouvernement  à  même  de 
se  former  une  opinion  raisonnable. 

«  Vous  avez  tous  lu  l'important  ouvrage  où  sir  Henri  Raw- 
linson  dit  que  si  les  Russes  vont  à  Herv,  les  Anglais  doivent 
aller  à  Hérat.  Or,  je  vous  le  demande,  par  où  une  grande  année 
pénétrera-t-eile  dans  l'Afghanistan?  —  Par  le  Bolan  !  —  Hais 
pourquoi  par  le  Bolan?  Notre  principale  force  militaire  nest 
pas  dans  le  Sind;  elle  est  dans  le  Pundjab,  et  les  hommes  aussi 


1.  Il  faal  cependant  fuire  ob&ervet*  que  les  géodésiens  de  l'Inde  ont  visé,  pour 
en  faire  des  sommets  de  leurs  triangles,   plusieurs  des  pics  qui  demi 
Tallées  dont  parle  le  colonel  Hac-Gregor.  (Aéc(.). 


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PERSE.  AFGHANISTAN.  S69 

bien  que  le  matériel  seraient  plus  facilement  concentrés  à 
Honltan  qu'à  Sakkar. 

«  Néanmoins,  dirai-je»  la  route  à  choisir  sera  toujours  celle 
du  Bolan,  parce  que  nous  ne  connaissons  pas  assez  bien  les  au- 
tres. Cependant  la  liste  à  laquelle  j'ai  fait  allusion  ne  comprend 
pas  moins  de  six  autres  routes  qui  ne  sont,  sous  aucun  rapport, 
moins  bonnes  que  celles  du  Bolan. 

«  Ainsi,  bien  que  notre  plus  récente  et  meilleure  carte  de 
l'Asie  centrale,  celle  du  colonel  Walker,  dessine  d'une  touche 
yigoureureuse  et  apparente  les  montagnes  et  les  rivières  du  pays 
au  nord  de  Kandahar  et  à  Test  d'Uérat,  nous  n'avons  aucune 
garantie  pour  y  faire  figurer  autre  chose  qu'un  espace  blanc  !... 
C'est  pourtant  une  contrée  du  plus  grand  intérêt  pour  uous, 
car  elle  est  traversée  par  les  importantes  routes  militaires  de 
Haimana  à  Kaboul  et  de  Bala-Mourghab  à  Kaboul  ;  par  deux 
routes  d'Hérat  à  Kaboul,  dont  l'une  passe  parBamian  et  l'autre 
par  Besoud  ;  puis  une  route  va  d'Hérat  à  Ghasni,  et  une  route 
directe  relie  Kaboul  à  Ferrah. 

¥  Outre  toutes  ces  routes  inconnues,  je  trouve  une  série 
de  passes  dont  le  nombre  n'est  pas  inférieur  à  treize,  qui 
conduisent  de  Balkh  et  de  Khoundouz  à  Kaboul,  à  travers  Tln- 
dou-Kouch.  11  serait  important  de  savoir,  car  nous  l'ignorons 
absolument,  si  elles  sont  praticables  au  point  de  vue  militaire. 

«  En  résumé,  nous  sommes  trop  ignorants  au  sujet  de  la 
contrée  située  sur  la  ligne  directe  entre  Khelât  et  le  Séis< 
tan.  » 

Le  savant  colonel  Yule  a  insisté,  de  sou  côté,  sur  les  diffé 
rences  qu'on  remarque  entre  une  même  donnée  prise  sur  une 
carte  ou  sur  une  autre.  Voulant  évaluer  la  distance  entre  Ka- 
boul et  Tcharikar,  il  a  trouvé,  suivant  les  cartes,  42  milles, 
27  milles,  54  milles. 

Le  général  Rawlinson  a  fait  connaître  à  la  Société  que  ré- 
cemment, il  y  a  deux  ou  trois  mois,  le  capitaine  Sandiman, 
partant  de  la  vallée  de  l'Indus,  avait  marché  dans  la  direction 
de  Kettahet,  par  une  route  facile,  avait  atteint  le  point  nommé 

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370  ASIE.  N-  60S-e76 

Bibi-Nani,  lête  de  la  passe  de  Bolan.  Sans  franchir  la  passe,  il 
avait  pu  déboucher  sur  le  haut  plateau  où  se  trouve  Keltah. 


Yin 

INDE 


608.  New  gênerai  charts  of  India  Goasts,  on  the  scale  of  3  inches 
to  a  degree,  in  course  of  préparation.  Geogr,  Magazine  de 
Markham,  1876,  n*  4,  p.  106. 

Dn  barean  spécial,  relevant  de  Fautorité  coloniale,  a  été  Gonstitné  pour 
faire  Thydrographie  des  côtes  de  l'Inde.  Placé  sous  la  direction  da  capi- 
taine A.-D.  Taylor,  il  a  commencé  ses  travaux  et  ses  publications.  Des 
caries  générales  des  côtes  vont  être  publiées  à  réehelle  de  trois  ponces 
au  degré.  La  partie  nord  de  Tlnde.  en  quatre  feuilles,  donnera  le  littoral 
de  Kurrachie  à  Tenasserim.  Une  feuille  donnera  le  Sud,  avec  Tile  de 
Geylan,  les  Maldives  et  les  Laquedives.  L'Hydrographie  Office  de  CakolU 
a  publié  une  liste  des  phares  de  l'Iode  et  de  la  mer  Bouge,  pour  juillet 
1876.  Des  notices,  ce  que  nous  appelons  des  pilotes,  ont  été  eonsacrées  à 
la  baie  du  Bengale  et  à  la  côte  du  Burinafa,  d'après  les  levés  du  lienteiianl 
de  vaisseau  Jarrad  dans  la  rivière  de  Bungoun  qui  présente,  dit  <%t  ofG- 
cier,  des  diflieultés  particulières  aux  hydrographes.  Le  cominaudaat 
Taylor  lui-même  a  donné  une  description  uautique  de  la  côte  du 
Burmah. 

609.  Theindian  Marine  Survey  Department  and  its  labours.  Geograph, 
Magazine  de  Markham,  1876,  n«  10,  p.  276-277. 

610.  Indian  ra»rine  Survey.  iVanItcal  Ifa^astne,  1876,  p.  506. 

611.  Marine  Sixrveys  in  British  India.  Geograph,  Magazine  de 
Markham,  1876,  n»  3,  p.  78. 

612.  The  Indian  suryeys,  1873-75.  Geograph.  Magazine  de  Markham, 
1876,  n»  12,  p.  330-332. 

613.  Walkeb  (J.-I.).  General  report  on  the  opérations  of  the  great  Iri- 
gonometrical  Survey  of  India,  during  1875-1876.  Dehra-Doon, 
1876,  in-4*. 

614.  Thoillier  (colonel  H.-L.)  et  Shttr  (lieut.-colonel).  A  Vanaslof 
Surveying  for  India,  3«  é^jt.  Calcutta,  1871.  Article  critique, 
Geograph.  Magazine  de  Markham^  1876,  n*  4,  p.  404. 

615.  Thobbdrn  (S.  S.).  Bannû  or  our  Afghan  frontier,  London,  1876, 
in-8.  Geograph.  Magazine  de  Markham,  1876,  n*  8,  p.  2^. 

Au  sud  et  à  une  centaine  de  kilomètres  de  Peschawour,  ce  terminia 
des  chemins  de  fer  de  l'Inde  du  côté  de  l'Europe,  s'étend  un  petit  lerri* 


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INDE.  371 

toire  de  9740  kilomètres  carrés  (c*est  la  superficie  du  départemeat  de  la 
Gironde,  un  peu  plus  que  la  moitié  de  celle  du  comté  de  Galles),  où  sont 
parsemés  environ  4U)  villages.  Ce  territoire  qui  confine  à  rAfghanistan 
est  le  territoire  de  Bannu,  placé  depuis  1848  sous  la  domination  anglaise. 
Hannu,  l'un  des  32  districts  du  Pundjab,  est  partagé  en  deux  portions 
à  peu  près  égales  par  deux  vallées,  celle  de  Tlndus  et  celle  du  Khurm. 
Du  côté  de  l'ouest,  il  est  dominé  par  des  montagnes  nues  et  abruptes, 
derniers  ressauts  des  hautes  terrasses  de  l'Afghanistan  et  dont  la  hauteur 
varie  de  600  à  1800  mètres.  La  pente  générale  du  district  est  vers  le 
sud-est,  et  son  point  le  plus  bas  est  à  298  mètres  d'altitude.  La  partie 
haute  de  la  vallée  du  Khurm  est  d'une  beauté  et  d'une  fertiKté  remar- 
quables. «  La  nature  a  eu  tant  de  sourires  pour  Bannu,  dit  le  lieutenant 
Herbert  Edwarde  auquel  a  été  due  par  des  moyens  pacifiques  la  conquête 
du  pays,  que  l'étranger  croit  être  au  paradis  ;  puis  quand  il  se  tourne 
vers  la  population,  il  s'étonne  que  tant  d'esprits  du  mal  aient  jamais  pu 
y  être  admis.  <  Le  Khurm  vient  se  jeter  dans  Tlndus  en  franchissant 
par  le  Tang  Darrah  {pane  étroite)  la  chaîne  de  collines  qui  partage  le 
Bannu  en  deux  régions  de  caractères  asseï  différents.  Le  Bannu,  xône 
interméiliaire  entre  les  hautes  terres  du  Caboul  et  les  plaines  de  l'indus, 
est  d'une  grande  importance  stratégique.  11  a  vu  passer  Alexandre, 
Séleucus,  les  Arabes,  les  Mongols,  sans  compter  les  nombreuses  popu- 
lations afghanes  en  route  pour  leurs  invasions  vers  le  sud-esl. 

U.  Thorburn  n'est  pas  le  premier  qui  ait  écrit  sur  le.  Bannu  :  il  y  a 
une  vingtaine  d'années  Herbert  Edwarde  avait  publié  A  year  on  the 
Pundjab  frontier.  Après  a^oir  pris  part  à  la  conquête  du  Bannu,  de 
1848  à  1850,  H.  Edwarde  avait  fort  habilement  pacifié  le  pays. 

La  monographie  de  H.  Thorburn  se  termine  par  une  série  curieuse 
d'histoires  populaires,  légendes,  ballades,  etc.,  des  Pathans,  habitants  du 
Bannu,  et  par  une  longue  suite  de  proverbes  traduits  du  Pashto. 

Puisque  nous  sommes  sur  les  confins  de  l'Inde  et  de  l'Afghanistan,  en- 
registrons rétablissement  officiel  de  Tinflucnce  anglaise  sur  le  petit  KhAnat 
de  Khêlate  situé  à  1*0.  de  Tlndus,  dans  la  partie  inférieure  de  son  cours.  Le 
Khêlate  Ciit  partie  du  Béloutchistan.  Cest  un  pays  montagneux,  au  climat 
violent,  c'est-à-dire  glacial  on  hiver  et  torride  en  été.  il  est  habité  par  un 
peuple  vigoureux  autant  que  sauvage.  Khêlate,  la  capitale  du  Kbânat,  est 
une  localité  peu  opulente  située  à  environ  2000  mètres  d'altitude.  Lé 
gouvernement  de  l'Inde  avait  d'autant  plus  d'intérêt  à  exercer  son  action 
sur  le  Khêlate  qu'au  nord  de  cet  état  se  trouve  la  passée  de  Bôlan,  par  la- 
quelle une  armée  d'invasion  pourrait  être  dirigée  sur  l'Inde. 

616.  Ddrahd  (l'abbé).  Les  Indes  portugaises.  Bulletin  de  la  Soc,  de 
Géogr.  187d.  Décembre,  p.  60i  à  613.  • 

G17.  Whebler  (H.).  India  in  187&-76,  tlie  visitot  the  Prince  of  Wales. 
A  chronicle  of  his  Uoyal  Highness  joumeying  in  India,  Ceylan, 
Spain  and  Portugal.  With  maps  and  diaries.  Jjondres,  1876»  in-8. 

018.  Du  même.  Five  months  with  the  Prince  in  India;  containing  a 
glance  at  the  inner  lit'e  of  the  in  habitants,  and  narratiug  the  chief 
romantic  and  pieturesque  incidents  in  connection  with  the  yisit 
of  ihe  Prince  of  Wales.  îjondon,  1876,  in-12. 

019.  Drew  Gbat  (J.).  From  Pall  Mal  to  the  Paiyaub  or  with  the  Prince 
in  India.  1  vol.  in-8'  avec  illustrations. 


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572  ASIE.  N-  608-676 

Nous  ne  pouvons  rien  dire  des  deux  ouvrages  précédents  que  nous 
n'avons  pas  vus.  Celui-ci  est  la  relation  de  voyage  d'un  correspondant  du 
Daily-Telegraph  et  présente  surtout  des  épisodes,  des  scènes  de  mœurs 
ei  de  chasse. 

620.  DuFF  (MouNSTUART  E.  Graht).  Notes  ûf  an  Indian,  joamey  with  route 
map.  London,  1876,  in-8. 

Ouvrage  d'une  lecture  attrayante.  L'auteur  en  est  un  homme  éminent 
dont  les  études  sur  l'Inde,  fussent-elle»,  comme  celles-ci,  des  impression:! 
de  voyage  écrites  au  jour  le  jour,  ne  sauraient  jamais  être  sans  valeur. 

621.  FoxTPERTuis  [Â.-F.  de).  L'exploration  géographique  de  l'Inde  an- 
glaise, depuis  la  fin  du  dernier  siècle  jusqu'à  nos  jours.  La  Aa- 
tore,  1875,11  et  25. 

622.  BiiiHAT  (A.  de).  Souvenirs  de  l'Inde  anglaise.  Parts,  Lévy,  1876, 
in-12. 

623.  Tatlor  (William).  Four  years'  campaign  in  India.  London,  1876, 
iu-8. 

624.  YoLEÎKOFF.  (Â.-Z.).  Voyage  dans  l'Inde  (en  russe),  ôaûasVIsvestita  de 
la  Soc.  Imp.  géogr.  de  Russie,  vol.  III,  1876,  n«  3,  part.  2«,  p.  322- 
332. 

625.  WiLsoR  (Francesca  H.).  Rambles  in  Northern  India,  with  incidents 
and  descriptions  of  many  scènes  of  the  meeting,  including  Agra, 
Delhi,  Lucknow,  Gawnpore,  Aliahabad,  etc.  with  12  large  Tiews. 
London,  1875,  iu-4». 

626.  Blanford  (W.-F.).  On  the  Physical  Geography  of  the  great  Indian 
Désert,  with  spécial  référence  to  the  former  existence  ol  the  Sea 
in  the  Indus  valiey,  etc.  Journal  of  thé  Asialic  Society  of  Bengal, 
Geogr.  Magazine  de  Markham,  1876,  n- 12,  p.  534. 

627.  Flee  (0.).  Pflanzerleben  in  Indien.  Kulturgeschichtliche  Bilder 
aus  Assam,  2«  édit.  Berlin,  1876,  gr.  in-8». 

628.  FoNTPERTois  (A.-F.  de).  Le  Commerce  de  l'Inde  britannique  de 
1874-75.  Economiste  français,  1876,  n*47,  p.  665-665. 

629.  FoNTPERTDis  (A.-F.  de).  Les  chemins  de  fer  de  l'Inde  britannique  et 
leur  sit.uation  actuelle.  Économiste  français,  1876,  n*ll,  p.  326- 
828. 

Aui  renseignements  donnés  par  l'article  ci-dessus,  il  faut  ajouter  que, 
d'après  le  dernier  rapport  ofliciel  de  H.  Juland-Danvers,  directeur  de:i 
Compagnies  de  chemins  de  fer  de  l'Inde,  il  a  été  dépensé,  jusqu'à  ce  jour, 
un  capital  de  2  milliards  ^53  millions,  représenté  par  9161  kilomètres 
de  chemins  de  fer  construits.  800  kilomètres  sont  en  construction.  — 
C'esit  dans  l'hiver  1854-1855  que  fut  ouverte  aux  Indes  la  première  ligne 
de  chemins  de  1er  ;  elle  partait  de  Calcutia.  L* Assam  et  le  Kachar  seuls 
sont  encore  dépourvus  de  voies  ferrées.  Certes  il  faut  faire  honneur 
aux  ingénieurs  anglais  de  leur  œuvre  qui  présentait  de  grandes  difii- 
cuUés.  Les  fleuves  et  rjvièreb,  par  exemple,  out  un  régime  si  variable 
que  les  travaux  d'art  à  établir  le  long  de  leur  cours  doivent  être  coa- 


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INDE.  373 

struils  dans  àe$  conditions  particulières.  Cest  ainsi  qu'on  sera  peut-être 
obligé  de  laisser  une  interruption  de  ligne  à  Goalundo,  sur  le  Gange.  Ce 
point,  où  existait  une  station,  a  été,  en  1875,  emporté  par  le  fleuve 
malgré  une  puissante  digue  de  protection  qui  a  disparu  en  peu  de  jours. 
.  Sur  la  ligne  de  Bombay  à  Baroda,  un  pont  de  llfô  pieds  de  long,  avec 
18  arches,  a  été  également  enlevé. 

630.  The  statistical  Survey  of  India.  Geogr,  Magazine  de  Markham, 
1876,  n"  9,  p.  240-243. 

L'organisation  du  grand  Bureau  de  Statistique  des  Indes  anglaises 
date  de  l'an  1869, sous  l'administration  du  gouvtrniur-général lord Mayo. 
Le  travail  que  poursuit  ce  service  est  en  quelque  sorte  la  combinaison 
et  la  codiflcation  do  tous  les  aonuaires  réunis;  à  cinquante  ans  en 
amère,  chaque  présidence  agissait  i>elon  sa  volonté.  De  1740  à  1770,  on 
accumuiait  à  Madras  le  magnifique  Orme  Collection,  de  200  registres 
manuscrits.  Une  autre  collection  d'annuaires  de  statistique  fut  faite  à 
Bombay.  Une  troisième  collection  existe  dans  la  présidence  du  Ben- 
gale: elle  est  composée  de  ^)  volumes  et  resta  également  enfouie  sans 
profit  jusqu'en  1872. 

Avec  1828  commença  la  période  des  Gazetteers  imprimés  aux  frais 
du  gouvernement  Indien  et  dre»i^cs  par  Walter  Hamillon,  en  2  volumes. 
Elle  fut  suivie  par  des  Gazetteers  spéciaux  des  provinces  et  districts, 
réunis  de  temps  en  temps  en  un  Gazeiieer  général,  dont  l'un,  celui 
de  Thomfon  de  1854,  a  une  certaine  renommée.  Ils  comprenaient  non- 
seulement  les  territoires  de  la  Compagnie,  mais  aussi  les  Etats  indigènes 
libres  ou  demi-indépendants.  Depuis  lors  le  travail  a  marché: en  1867, 
le  gouvernement  de  Madras  lit  rédiger  une  série  de  Manuels  de  statis- 
tiques de  districts  par  les  fonctionnaires  locaux.  Aujourd'hui,  des  255  dis- 
tricts de  rinde  anglaise,  162  ont  leur  Manuel  de  statistique.  Puis  il  y  a 
des  Gazetteers  pour  hs  provinces  ou  divisions  indigènes,  Sind,  Inde 
centrale,  piovinces  du  Nord-Ouest,  Pendjab,  etc. 

Cette  masse  de  documents  a  paru  sullisaute  au  gouvernement  central 
de  l'Inde  pour  ordonner  l'impression  d'un  Impérial  Gazetteer  of 
India,  statistique  générale,  par  article,  dans  l'ordre  alphabétique;  les 
articles  peuvent  comprendre  jusqu'à  20  pages.  La  rédaction  en  devait 
commencer  le  l»'  février  1875  ;  sa  durée  est  calculée  pour  4  ans. 

631.  The  Kbandesh  Atlas,  or  The  Revenue  Survey  and  Assessment  Atlas 
of  Ihe  khandesh  Collectorale,  printed  by  tbe  Bombay  Survey  De- 
partment in  1875.  Bombay,  1876.  Article  crilique,  Geogr,  Maga- 
zine de  Markham,  1876,  n"  4,  p.  103. 

Excellent  atlas  d'un  district  situé  sur  le  Tapti,  et  touchant  à  la  fameuse 
principauté  mahratte  de  Baroda. 

632.  "Waterfield  (Henry).  Mémorandum  on  the  Census  of  British  India 
of  1871-1872.  JA)ndon,  1875,  in-4«.  Résumé  dans  les  Mittheilun- 
gcn  de  Petermann,  1876,  III,  110. 

Compilation  des  census  spéciaux  de  chaque  province.  La  population  de 
l'Inde  anglaise  y  est  évaluée  à  190  563048  habitants.  En  y  ajoutant  les 
États  des  feudalaires,  avec  48267510  habitants,  on  trouve  comme  popula- 
tion de  toute  rinde  cisgangétique  23$8309o8  habitants.  Dans  la  moitié 
nord  la  population  est  plus  dense  que  dans  le  sud;  elle  est  de  480  habitants 
par  mille  carré  anglais  (environ  2,6  kil.  carrés),  c'est-à-dire  7  0/0  pli^s 
dense  qu'en  Belgique,  et  14  0/0  plus  dense  qu'en  Angleterre. 


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574  ASIE.  N<«  608-676 

633.  ScBLicH  (W.).  The  Indian  Forrester.  Â  Quarteley  Magazine  of  Fo- 
reslry.  N<>  4,  avril  1876,  n*  %  Calcutta.  Compte  rendu  critique  dans 
le  Geoçraph.  Magazine  de  Markham,  1876,  n«  %  p.  46. 

634.  Ginchona  GultiTation  in  India.  Geogr.  Magazine  de  Markham, 
1876,  n«  2,  p.  49,  et  n»  5,  p.  136. 

Ce  précieux  végéta]  {Cinchona  officinalis)  ayant  commencé  à  «'épuiser 
'un  peu  dans  l'Amérique  méridionale  (Colombie,  Equateur  et  Pérou),  les 
Hollandais  ont  acclimaté  les  arbres  à  quinquina  dans  l*tle  de  Java,  et 
les  Anglais  dans  le  continent  et  les  lies  de  leur  empire  de  l'Inde.  C'est  aux 
deux  bords  du  continent  que  cet  arbre  prospère  également,  savoir  dans 
la  principauté  de  Sikkim  (au  nord),  et  dans  les  monts  Nilgherries  an  sud, 
où  l'on  comptait,  en  1875,  2  millions  et  demi  de  plants  dans  les  forêts 
du  gouvernement.  L'arbre  prospère  également  dans  l'Ue  de  GeyUn.  Il  y 
a,  en  outre,  de  nombreuses  plantations  privées. 

635.  Introduction  of  the  cultivation  of  Gaoutchouc-yielding  trees  into 
British  India.  Geographical  Magaz,  de  Markham,  1876,  n''  2, 
p.  51-54. 

Les  arbres  à  caoutchouc  indigènes  de  l'Inde  sont  le  Ficuê  elastica, 
potassant  spontanément  dans  l'Assan^j  et  le  Chavannensia  eseulenta  de  la 
Birmanie  anglaise.  De  sauvages,  le  gouvernement  indo-britannique  en  a 
d'abord  fait  des  arbres  de  culture.  Puis  ces  deux  arbres  étoufl'ant  la  végé- 
tation d'autres  arbres  également  utiles,  on  a,  depuis  une  quinzaine  d'an- 
néea,  naturalisé  certaines  espèces  plus  productives,  qui  donnent  un  meil- 
leur caoutchouc  et  qui,  en  outre,  sont  moins  nuisibles  à  leurs  voisins.  Ce 
sont  les  quatre  espèces  de  la  Ca«^i//oa  (appelée  Vlé  dani  son  pays  natal, 
l'Amériqne  méridionale  et  centrale),  savoir  :  C.  elastica^  C.  Markhamiana 
et  C.  offieinalU,  qui  ont  le  mieux  réussi  jusqu'à  présent;  puisi  le 
Eevea  Braiiliemiê,  poussant  le  long  de  l'Amazone,  et  dont  l'acclima- 
tation est  moins  avancée,  de  même  que  celle  de  la  Vahea  de  Madagascar. 
Toutes  ces  espèces  sont  supérieures  au  Ficus  elastica  pour  la  quantité  de 
caoutchouc.  Les  espèces  inférieures  en  valeur  sont  la  Landolphia  de  l'A- 
frique tropicale,  et  YUrceola  elastica  de  Bornéo. 

636.  Marihaii  (déments  R.).  The  irrigfation  of  Firoxpur.  Geographical 
Magazine,  1876,  n*  3,  p.  58-60. 

Le  gouvernement  anglaisa  fait  exécuter  en  deux  ou  trois  ans  dix  canaux 
dans  le  territoire  de  Firozpour,  au  nord -ouest  de  l'Inde  et  entre  le  SutMge 
et  son  affluent  le  Vjasa  ou  Bias  :  c'est  l'ancien  pays  des  Sikhs.  Ce  pays  était 
exposé  à  de  terribles  sécheresses,  suivies  de  famine.  Le  travail  s'est  fait 
par  coi'vée,  et  les  campagnards  qui  y  ont  contribué  ont  été  divisés  en  deai 
classes,  selon  la  part  qu'ils  avaient  prise  à  l'œuvre.  Ceux  de  .l'une  des 
classes  sont  appelés  abnosh  (buveuri^  d'eau),  et  reçoivent,  pour  leurs  irri- 
gations, le  contingent  d'un  canal  entier.  Ceux  de  l'autre  cfause  s'appelleet 
ghaïfHibnosh  (qui  ne  boivent  pas  d'eau)  et  ne  sont  arrosés  que  par  de 
petits  bras  supplémentaires  de  l'un  des  grands  canaux. 

637.  BuRToif  (R.-F.).  Haydaràbàd  ed  i  diamanti  dell'India.  Cotmof  de 
Guido  Cora.  Vol.  III,  1876,  fasc.  IX,  p.  328-534. 

638.  Van  den  Bebg.  La  tenure  des  terres  dans  l'Inde  anglaise.  Bévue 
êcientif.,  1876,  t.  X,  p.  319  à  324. 


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IKDË.  375 

639.  Maclean.  Guide  to  Bombay.  Geography,  history,  trade,  industry, 
government  and  revenue.  London,  1876. 

640.  Britisch-Ostindien  auswârliger  Handel  nnd  Scîiiffahpt,  indemmit 
dem31  Marzl874beendigtea  Fiskaijahre.  Preuasisc/ies  Handels- 
artihiv,  1876,  n«29. 

641 .  BoTLE  [I.-H  ).  The  ûsheries  of  southem  India.  Calcutta  Review, 
1876,  n»  d'avril. 

642.  L'école  des  dentelières  de  Nagercoïl.  Journal  des  Missions  Évan- 
géliques,  51"  année,  1876,  n**  de  septembre,  p.  849-356. 

643.  Annuaire  des  établissements  français  dans  ilnde.  Pondtchéry^ 
1876,  in-18. 

644.  ScHUQiNTWEiT  (E.  de).  Dîe  Englischen  Himalaya  Besitzungen. 
Globus,  XXIX,  1876,  p.  248,  281 ,  314,  376. 

645.  The  Indian  Alps,  and  how  we  crossed  them,  by  a  Lady  Pioneer. 
Ijondon^  1876.  Article  critique  dans  Geogr.  Magazine  de  Markham^ 
1876,  n»  4,  p.  100-101., 

616.  HovB  (0.).  Notes  on  villages  in  Ilimalayas,  in  Kumaon,  Gai^bwall 
and  on  the  Satlej.  The  Indian  Antiquary,  V,  1876,  p.  161. 

647.  QuESNEL  (Léo).  Les  explorations  dans  l'Inde,  les  monts  Himalaya. 
Revue  polilique  et  littéraire,  2"  série,  vol.  XI,  1876,  n»  17, 
p.  389-394. 

Rébumé  de  quatre  voyages  particuliers  faits  par  des  Anglais,  savoir  :  • 
Andrews  Wilson,  le  docteur  Bellew,  miss  Goo^tance  Gordon  Cumming  et 
une  «  Lady  Pioneer  »  (anonyme). 

648.  Mountaineering  in  the  Himalaya.  Blackwood's  Magazine,  1876, 
cahier  d'avril. 

649.  Delsol  (L.)  missionnaire  à  Taiyore.  Scènes  de  Maduré.  I.  Rumse- 
ram.  II.  Ranmad.  Les  Missions  Catholiques.  Lyon,  1876,  8*  an- 
née, p.  1, 11, 13, 19,  23,  30,  31,  34. 

650.  Le  temple  de  Dourga-Kound  à  Bénarès  et  la  tribu  des  singes-dieux. 
iio     Revue  scientif.,  1876,  liv.  X,  p.  191-192. 

651.  Sur  les  tours  du  silence  à  Bombay.  Revue  scientif.,  1876,  liv.  10, 
p.  408. 

b52.  La  ville  et  la  mission  &e^o\y\\ajï..  Journal  des  Missions  Evangé^ 
ligues  y  51»  année,  1876,  n»  de  mai,  p.  180-187. 

653.  Gabgin  de  Tasst.  La  langue  et  la  littérature  hindoustanies  en  1875. 
Paris,  1876.  in-8». 

Précieuse  revue  annuelle  publiée  par  l'un  des  savants  les  mieux  placés 
pour  lui  donner  toute  sa  valeur.  Elle  renferme  l'indication  des  principaux 
ouvrages  ou  documents  qui  se  publient  aux  Indes  en  liinduustani.  Geite 
revue  permet  de  se  faire  une  idée  du  mouvement  littéraire  indigène  dans 
les  Indes  anglaises. 


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376  ASIE.  N-  606-676 

654.  HoDGsoN  (B.-U.).  Âborigines  of  India.  Calcuita,  1876,  in-8*. 

655.  La  tribti  des  Garos  dans  l'Inde.  Journal  des  Missions  Evançi- 
ligues,  51*  année,  1876,  n»  de  mai,  p.  191-198. 

656.  Du  même.  Les  Todas  des  ïïeilgherries  ou  Montagnes  Bleues.  Jour- 
nal des  Missions  EvangétiqueSf  51"  année,  1876,  n*  de  septembre, 
p.  544-347. 

657.  Jacolliot  (Louis).  Les  traditions  indo-européennes  et  africaines. 
Paris,  1876,  in-8". 

658.  Du  même.  La  femme  dans  l'Inde.  Paris,  1876,  iri-8». 

6(>9.  The  Hindu  woman  real  and  idéal.  The  British  Quaterly  Review., 
1876,  n«de  janvier. 

660.  nEYERinGE  (H.).  Were  Sandarbans  inhabited  in  ancient  tlmes?/otfr- 
nal  of  tlie  Asiatic  Soc,  of  Bengal.  XLV,  1876,  p.  71. 

661  Bbetschneider  (ë.).  Notice  of  the  mediseval  geography  and  liistory 
of  central  and  western  India.  Drawn  from  Chinese  and  mongol 
wriling  and  compared  with  the  observations  of  western  auiiiors 
in  Ihe  middle  âge.  Shanghai,  1876,  in-S"». 

Ce  travail,  que  nous  n'avons  point  vu,  se  recommande  par  le  nom  de 
son  auteur  auquel  la  géographie  est  redevable  déjà  de  plusieurs  recher- 
ches estimables  sur  la  Chine,  etc. 

662.  Les  Chaldéo-Catholiques,  anciens  Nestoriens  du  Malabar.  Lu 
Missions  Catholiques,  Lyon,  1876,  8«  année,  p.  55. 

665.  Rajekdra-Hala-Mitra.  On  the  human  sacriGces  in  ancient  India. 
Journal  oftheAsiat.  Soc.  of  Bengal.  XYL,  1871,  p.  76. 

664.  Gaffarel  'P.).  L'Inde  française,  de  1503  à  1741.  VExploratatr, 
m,  1876,  p.  358,493,517. 

665.  Hellwald  (Friedrich  Ileller  von).  Ein  Dlick  auf  Kashmir.  Oester- 
reich.  Monalschr.  fur  den  Orient.  Wien,  1876,  n«  7,  p.  100-103. 

Haute  vallée,  fond  d*un  grand  lac  écoulé  ou  desséché,  identifié  par  les 
uns  avec  le  Paradis  terrestre,  regardé  par  les  autres  comme  l'un  des  ber- 
ceaux de  la  première  colonisation  aryenne,  le  Gachemyr  a  longtemps  véco 
isolé  sous  diverses  dynasties  indigènes  brahmaniques.  Mais  il  a  été  en- 
traîné dans  le  mouvement  qui  a  porté  au  mahoméiisme  une  partie  des 
peuples  de  l'Orient.  ]>epuis  la  chute  de  la  dynastie  des  Sikhs,  le  Cacbemyr 
est  devenu  un  royaume  quasi  indépendant  sous  un  ancien  feudalaire  îles 
princes  Sikhs.  Ce  fut  d'abord  Gholub  Singh  (depuis  1840)  qui  régna  sur 
le  majestueux  pays  de  Cacbemyr,  aujourd'hui  gouverné  pai'  son  lib  Rang- 
bhir  Singh.  Ces  souverains  sont  vis-à-vis  des  Anglais  dans  une  position  nal 
définie.  Tout  en  ayant  laissé  comprendre  leur  territoire  dans  le  nomiire 
de  ceux  dont  les  r'fiiciers  anglais  ont  fait  la  géodésie,  ils  ont  cependant 
conservé  la  prérogative  qu'aucun  Anglais  ne  peut  s'établir  dans  la  coalrée, 
ou  y  acquérir  un  pouce  de  terrain. 

Le  maharadjah  de  Cacbemyr  règne,  en  outre,  sur  les  territoires  de 
Leh  ou  Ladakh,  sur  le  Ealtistan  et  sur  le  Ghilghit,  territoire  écarté  visité 
récemment  par  le  voyageur  hongrois  Leitner. 


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INDE.  377 

Gachemyr,  la  capital  andenne  du  pays,  m  troata  un  pea  au-dessous  de 
la  capitale  actuelle,  sur  leDjeloum,  l'Hydaspes  des  Grecs,  le  Vedusta  des 
Iiidotts.  On  y  Toit  les  ruines  d'un  temple  indou  très-ancien  dont  le  toit 
est  couvert  de  sculptures  d'un  dessin  vraiment  classique.  Cont:  airement  h 
l'opinion  commune  qui  avait  trouvé  dans  ce  monument  une  imitation  de 
l'art  grec,  un  voyageur  récent,  M.  Andrew  Wilson,  donne  ces  restes  pour 
des  originaux  d'une  haute  antiquité  et  qui  auraient  inspiré  l'art  hellé- 
nique. Due  autre  curieuse  ruine  du  même  genre  est  celle  du  temple  de 
Mastand,  que  H.  de  Heliwald  déclare  être  le  reste  le  plus  merveilleux  et  le 
plus  l%marqu»b!e  de  l'antiquité. 

La  capitale  actuelle,  Srinagar  (en  sanscrit  :  Siirit-Nagara,  ViUe  du  So- 
leil), est  une  cité  moderne  à  laquelle  l'auteur  du  travail  dont  nous  par- 
lons, voit  des  ressemblances  avec  Florence,  Venise  et  Messine.  En  effet,  si 
la  vaste^étendue  de  la  vallée  qui  a  une  lieue  et  demie  de  longueur,  et  les 
belles  constructions  de  la  ville  rappellent  Florence,  l'analogie  avec  Venise 
re.'-sorl  des  nombreux  ponls  (faits  en  troncs  de  cèdre  déodora),  canaux, 
écluses  qui  traversent  la  ville  et  la  font  communiquer  soit  avec  le  Djelouiii, 
soit  avec  le  lac  Dal.  Les  jardins  flottants  du  Dal  rappellent  les  anciens  cM- 
nampoi  du  lac  Tezcuco,  près  Mexico.  Le  second  grand  lac  de  Cacbemyr 
est  le  lac  Wollar,  dont  les  eaux  sont  couvertes  par  la  riche  végétation 
d'une  espèce  de  noix  d'eau,  la  drups  cornus  (Druba  bispinosa)  dont  les 
Gachemyrieos  retirent  annuel'ement  ju^u'à  60000  tonneaux  destinés  k 
faire  d'excellente  farine  et  de  bon  pain.  Mais  le  plus  beau  lac  du  Cache- 
myr  est  le  Manasa-Koul.~  > 

Nous  n'insisterons  pas  sur  les  beautés  naturelles  tant  de  fois  vantées  de 
Ce  pays  :  les  fraîches  prairies,  les  forêts  magnifiques,  les  gorges  pitto- 
resques, les  vergers  et  les  jardins,  l'air  pur  et  le  climat  salubre.  Le  Ca- 
chemyr  occupe  une  superficie  de  176113  kilomètres  carrés  et  renferme 
un  million  et  demi  d'habitants  dont  un  tiers  habitent  la  vallée  même  de 
Cacheitiyr  qui  pourrait  en  nourrir  plus  du  double. 

Les  Cachemyriens  se  divisent  en  population  aryepne  et  'non  aryenne. 
D'après  le  docteur  Drew,  les  aryens  du  Cacbemyr  peuvent  se  diviser  en  cinq 
familles  ou  races:  les  Dogras,  les  Chibach,  les  Paharis,  les  Kachemiris  et 
les  Dardes.  Les  Dardes,  beaux  musulmans  sunnites  du  Dardistan  et  de 
Ghilghit,  sont  considérés  par  le  docteur  Leilner  comme  les  véritables 
ancêtres  des  Hongrois  et  Magyars,  qui  seraient,  en  conséquence,  de  purs 
Aryens.  Il  ne  faudrait  donc  plus  chercher  cette  origine  dans  les  tribus 
Ougro-altaïques  telles  que  les  Meschtcheriaks,  entre  le  Volga  et  l'Oural,  ni 
dans  le  Tibet  comme  le  fait  Csoma  de  Kôros.  Toute  la  race  aryenne  de  ces 
parties  du  Cachemyr  a  le  type  quasi  européen. 

Les  Cachemyriens  ont  les  épaules  larges,  la  stature  herculéenne,  le  nez 
aquilin  et  les  traits  bien  proportionnés.  Leurs  femmes,  dont  le  teint  rap- 
pelle celui  des  Italiennes  et  dont  les  traits  sont  ceux  des  belles  juives, 
sont  très -recherchées  pour  les  harems  de  Tlndouslan. 

Moralement  parlant  le  Cachemyrien  n'est  pas  aussi  beau  qu'il  l'est  phy- 
siquement; fin,  spirituel  et  rusé,  il  est  très-corrompu,  insouciant  et  sale. 
Lu  fabrication  des  fameux  châles  de  poils  de  chèvre  auxquels  le  pays  a 
donné  leur  nom  est  fort  en  déclin,  car  les  tisserands  sont  trop  pauvres 
pour  acheter  les  toisons  de  l'espèce  la  plus  Une  qui  vient  de  Tousfar  près 
de  Yarkaml.  En  revanche,  le  souverain  actuel,  le  Maharadjah  Rangbhir- 
Singh,  a  introduit  dans  ses  Étals  Tindustiie  de  la  soie;  il  a  même  décidé 
les  Brahminos  à  faire  instruire  leurs  enfants  dans  l'ait  de  filer  la  soie. 
C'est  là  un  grand  progrès,  car  au  Cachemyr  le  brahmanisme,  avec  ses 
castes,  fleurit  encore  dans  tout  son  fanatisme. 


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578  ASIE,  N-  6  8-676 

La  popalation  non  aryenne  det  pays  anneiés  au  Gachemyr  eomprend  les 
BaUis,  les  Ladakhis  et  les  Ghampas.  Ces  derniers,  tous  bouddhistes,  prati- 
quent la  polyandrie,  c'est-à-dire  que  cfaei  eux  une  femme  peut  avoir  plu- 
sieurs maris.  Ils  paraissent  avoir  les  poumons  coostitués.d'unefaçoa  par- 
ticulière, car  ils  ne  peuvent  vivre  qu'à  des  altitudes  de  3300  à  4000  mètres, 
dans  les  cols  et  les  défilés. 

Les  Boltis  et  les  Ladakhis,  également  bouddhistes  et  polyandrisles.  habi- 
tent les  plaines  du  Baltistan  et  du  Ladak;  toutefois,  une  partie  de  ces 
deui  races,  en  embrassant  l'islamisme,  a  échangé  la  polyandrie  contre  la 
polygamie.  Il  en  est  résulté  un  surcroit  de  population  auquA  ne  peuvent 
subvenir  les  ressources  asses  maigres  de  la  contrée. 

666.  BûHLER.  Reise  nach  Kaschœir.  GlobuSyWW,  1876,  n»  9,  p.  134, 
148,  etnMO,  p.  148-151. 

667.  Ernodf  [le  baron).  Le  commerce  de  Cachemire  au  xtii"  et  au  ux's. 
Revue  de  France,  1876,  n»  d'avril. 

668.  Marsh  (captain  H.-G.).  Description  of  a  trip  to  the  Gilgit-Yalley,  a 
dependancy  of  the  Maliaradja  of  Kashmir.  Journal  of  the  Asiatic 
Society  of  Bengal.  Vol.  XLV,  part.  1,  n»  2, 1876,  p.  119. 

Le  capitaine  Marsh  a  fait  une  tournée  de  chasse  de  quelques  semaines 
dans  le  Gilgilf  pays  montagneux  situé  sur  un  affluent  du  haut  Indus,  et 
dont  le  Maharadjah  de  Gachemyr  s'est  emparé  depuis  1874.  Le  Gilgit  fait 
partie  de  Kafiri&tan,  cette  patrie  d'une  belle  population  de  souche  arjeone 
qui  n'a  voulu  reconnaître  aucune  suprématie.  Établis  aux  défilés  delHin- 
dou-Rouch,  du  Moustag,  du  Karakoroum,  de  l'Himalaya,  les  Kafiristaois 
pouvaient  en  effet  prétendre  à  rester  indépendants.  Mais,  séparés  les  uns 
des  autres,  ils  ont  fini  par  être  peu  à  peu  absorbés;  de  même  que  leChi- 
tral  et  le  Yassin,  ils  ont  été  soumis  à  l'Afghanistan  ;  le  Gilgit  et  l'Iskardo 
ont  passé  sous  la  dépendance  du  souverain  du  Gachemyr. 

M.  Marsh  a  appris,  pendant  son  excursion,  que  le  Mir  Wali  de  Yassin  qui 
fit  assassiner  le  voyageur  anglais  fiayward,  en  1871,  a  été  lui-même  tué 
dans  une  embuscade,  tandis  qu'il  cherchait  à  reconquérir  la  domioatioo 
dont  il  avait  été  exclu. 

Le  C;tchemyr  subissant  l'influence  de  TAngleterre,  les  explorations  dans 
les  parties  reculées  de  son  territoire  seront  désormais  moins  périlleuses 
qu'elles  ne  l'avaient  été  jusqu'à  ce  jour. 

669.  GoDWiN-AnsTEv  (Major  H.-H.).  The  évidence  of  past  glacial  action 
in  the  Nàgâ  Hills,  Âssam.  Journal  of  Ihe  Royal  Âsiatic  Society, 
part.  II,  n"  III,  1875. 

Toute  la  région  des  Négâ  Hills  a  été  recouverte  par  une  croûte  de  gla- 
ciers  qui  ont  laissé,  comme  témoignages  de  leur  présence,  d'immenses 
moraines.  Toutefois,  ces  moraines  diffèrent  de  celles  de  l'Himalaya  et  des 
Alpes  en  ce  qu'elles  sont  fréquemment  composées  de  pierres  désagrégées. 
arrondies,  réduites  en  limon  et  en  sable.  Il  a  dû  y  avoir  une  série  de  lacs 
qui  se  seraient  étendus  jusqu'au  Yunnan  et  sont  actuellement  à  sec.  Le 
lac  Loglak,  près  Munipour,  serait  le  seul  reste  de  cette  chaîne  lacustre. 
De  plus,  on  remarque,  dans  la  v-jlléc  de  Berak,  des  terrasses  alluviales, 
hautes  de  120  pieds  et  formées  probablement  par  l'action  des  rivières  i 
l'époque  des  diluviens  ou  des  alluvions. 

Il  convient  de  rapprocher  ces  faits  de  ceux  que  M.  Severtzof  étudiait  en 
1875  devant  le  Congrès  international  des  sciences  géographiques,  i  Paris. 


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INDE.  S70 

Cet  émhieiit  explontrar  s'est,  en  efléti  préoecope  de  la  question  des  an- 
ciens glaciers  du  centre  de  l'Asie. 

670.  Kl'bz  (S.)-  A  sketQhof  the  Nicobar  Islands.  Journal  ofihe  Âsiatic 
Soc.  of  Bengal,  1876,  vol.  XLV,  part.  II,  n»  3,  p.  105  à  164. 

671.  Gbtlon.  a  gênerai  description  of  the  Tsland,  historical,  physical 
and  statistical,  containing  the  most  récent  information,  by  an  Of- 
ficer  late  of  the  Geylon  Rifles.  With  a  map.  2  vol.  in-8».  London, 
1876. 

672.  Urbevôlkerung  von  Geylan.  Âu8  allen  Welttheilen,  lil,  1876, 
p.  283. 

673.  IIaiit8or5e^ertrand  F.).  De  Wedda  op  Geylon.  Tijdschrift  van 
het  Aardrijkêkundig  Genostschap,  Amsterdam,  1876,  n»  2,  p.  126. 

674.  YoGEL  (H.-W.).  Die  Bewohner  der  Micobaren.  ZeiUchr.  fur  Ethno- 
logie, Sitiungsberichle,  VIU,  1876,  p.  135. 

675.  YiRCHow  (R.).  Ueber  die  Andamanen  und  ihre  Bewohner.  Zeitsch, 
fur  Ethnologie,  Sitzungsberichte,  III,  1876,  p.  101. 

676.  RdEPSTORFF  (F.-Ad.).  The  Andaman  Islands.  Geogr.  Magazine  de 
Markham,  1876,  n«  7,  p.  182-184. 

Les  lies  Andaman,  sur  lesquelles  l'attention  a  été  attirée,  il  y  a  quatre 
ans,  par  Tassassinat  de  lord  Mayo,  jouissent  d'un  Bon  climat  et  d'une  tem- 
pérature chaude,  mais  inégale,  et  tempérée  par  des  brises  de  mer.  Les 
parties  non  encore  habitées  sont  couvertes  d'épaisses  forêts  tropicales. 
Le  sol  est  ondulé  et  présente  des  hauteurs  de  7  à  800  mètres. 

Avant  l'établissement  des  Anglais,  les  indigènes  des  Andaman  menaient 
une  eiistence  assez  misérable  ;  ils  vivaient  surtout  du  produit  de  leur  po- 
che ;  on  trouve  sur  les  cdies  de  fréquents  tumulit  accumulations  de  co- 
quillages et  des  os,  restes  des  repas  de  plusieurs  générations  d'indigènes. 
Bans  les  parties  écartées  de  l'tle,  les  Andamanais  oootinuent  ce  genre  de 
vie,  et  on  peut  voir  là  se  former  des  kiôkken  tnoddings  analogues  à  ceux 
où  la  science  a  trouvé,  en  Danemark  et  en  Ecosse,  de  si  précieuses  don» 
nées  préhistoriques. 

L'archipel  des  Andam  comprend  quatre  grandes  lies  avec  une  série  d'Ilots. 
L'une  des  lies  est  un  lieu  de  déportation  pour  les  condamnés  de  l'Inde 
anglaise.  On  y  pourrait  faire  une  curieuse  étude  anthropologique,  ^r  elle 
renferme  des  Arabes  et  des  Persans,  des  Cachemyriens  et  des  habitants 
du  Pundjab,  desTanials  et  des  Bengalis,  des  Malais,  des  Chinois,  des  Bir- 
mans, des  Telingis,  des  Cingalais. 


L'Ile  dp  Ceylan. 

Depuis  quelques  années  Geylan  a  été  l'objet  d'études  inté- 
ressantes et  approfondies.  Maîtres  incontestés  de  Tîle  depuis . 
1816,  les  Anglais  ont  cherché,  dès  cette  époque,  à  lever  un  coin 
du  voile  qui,  jusqu*au  dix-neuvième  siècle,  semblait  envelop- 


yGoogk 


380  ASIE.  N««  608-676 

per  les  origines  de  la  belle  île,  si  fameuse  dans  Tantiquité  hin- 
doue, sous  le  nom  de  Lanka^  et  dans  Tantiquité  classique, 
sous  celui  de  Taprobane,  Les  travaux  de  Tennent,  de  sir  Henri 
Elliot  et  du  colonel  Yule  ont  fait  la  lumière  complète  sur  plus 
d*un  point  jusque-là  controversé  ;  ils  ont  modifié  le  résultat 
des  études  antérieures  de  Heeren  et  Ch.  Lassen. 

L*un  des  ouvrages  les  plus  étendus  (n^  671)  qui  aient  été 
écrits  sur  ce  sujet  date  de  quelques  mois.  L'auteur  anonyme 
est  un  ancien  oilScier  des  carabiniers  (Riûes)  de  Geylan,  que  de 
longues  années  de  séjour  dans  Tile  ont  mis  à  même  de  réunir 
un  grand  nombre  de  matériaux  et  de  corriger  ou  compléter 
les  données  de  ses  devaiiciers.  Son  travail  comprend  deux  vo- 
lumes dont  l'un  est  consacré  à  l'histoire,  l'autre  à  la  géogi*a- 
phie  actuelle  de  cette  région. 

La  première  partie  n'est  pas,  sans  contredit,  la  moins  en- 
rieuse  à  lire  ou  à  étudier.  Nous  y  voyons  comment,  dès  l'anti- 
quité la  plus  reculée,  Geylan  a  joué  un  rôle  important  dans 
l'histoire  primitive  de  l'Inde  et  dans  les  relations  maritimes  qui, 
)  ar  l'intermédiaire  des  Phéniciens  et  des  Arabes,  n'avaient  pas 
tardé  à  s'établir  entre  la  mer  Erythrée  et  le  bassin  oriental  de 
la  mer  Intérieure  ;  car  l'île  actuelle  de  Geylan  (il  ne  paraît  pas 
qu'il  y  ait  désormais  de  doute  à  conserver  sur  ce  point)  est 
bien  l'antique  Taprobane  dont  tous  les  géognphes  de  l'anti- 
quité grecque  et  romaine  ont  parlé. 

Nous  savons  que  cette  île  s^appelait  primitivement  Lanka 
Duripa  (nom  qu'elle  a  conservé,  du  reste,  dans  les  traditions 
religieuses  des  Hindous)  et  qu'elle  fut  plusieurs  fois  envahie, 
longtemps  avant  notre  ère,  par  des  conquérants  partis  de  la 
vallée  du  Gange.  Le  plus  célèbre  d'entre  eux  est  le  fameux 
Rama,  dont  le  Ramayuna  a  chanté  les  exploits.  Un  autre,  que 
M.  Turnour  a  fait  connaître  par  sa  traduction  du  Mahawama 
(1827),  esiWidjaya,  qui,  vers  Tan  545  av.  J.  G.,  s*empara de 
l'île  et  changea  son  nom  en  celui  de  Tamrapanni^  origine  du 
nom  de  Taprobane. 

G'esl  sous  cette  dénomination  que  la  déciîvirent  la  plupart 

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INDE.  381 

des  géographes  anciens,  bien  que  Ptolémëe  l'appelle  encore  Pa- 
loesimundu  et  Salice.  he  nom  de  Salice^  à  en  croire  Eug. 
Bumouf  et  Lassen,  aurait  seul  survécu  et  se  serait  changé  en 
Ceylan. 

Quelle  croyance  faut-il  ajouter  aux  traditions  hindoues  qui 
nous  montrent  Tîle  de  Lanka  beaucoup  plus  étendue  que  n'est 
aujourd'hui  Geylàn,  et  nous  parlent  des  inondations  nombreu- 
ses qu'elle  aurait  eu  à  subir  du  fait  de  FOcéan?  L'ofljcier 
anglais  semble  croire  que  primitivement  cette  île  se  rattachait 
à  tout  un  monde  aujourd'hui  sous  les  eaux  de  l'océan  Indien  ; 
il  cite  à  l'appui  de  son  opinion  les  découvertes  récentes  faites 
par  la  géologie  sur  les  côtes  de  l'Afrique  méridionale  et  des 
îles  de  la  Sonde.  C'est  un  peu  s'aventurer,  croyons-nous; 
de  même  aussi  nous  avons  quelque  peine  à  admettre  l'iden- 
tification de  la  Taprobane  avec  VOphir  ou  le  Tarsis  de  TÉ- 
criture  sainte,  que  visitèrent  les  Phéniciens  du  temps  d'Hi- 
ram  et  de  Salomon.  Nous  ne  pouvons  rien  savoir  de  précis  à 
ce  sujet. 

Hais  quand  l'auteur  nous  fait  assister  au  développement  des 
relations  maritimes  et  commerciales  que  les  Arabes,  les  Grecs, 
les  Romains,  les  Chinois  et  plus  tard  les  Européens  durent  en- 
tretenir avec  le  sud  de  l'Inde  et  l'île  de  Taprobane,  nous  mar- 
chons alors  sur  un  terrain  plus  solide;  grâce  aux  textes 
nombreux  qu'il  sait  trouver  dans  les  classiques  anciens  ou  dans 
les  relations  bouddhiques,  nous  ne  pouvons  douter  que  dès  une 
époque  relativement  éloignée,  les  parages  de  la  mer  Erythrée 
ne  fussent  connus  et  fréquentés  des  peuples  de  l'extrême  Occi- 
dent et  de  l'extrême  Orient.  Nous  constatons  aussi  que  Ceylan 
a  dû  être  une  des  premières  conquêtes  de  la  religion  bouddhi- 
que qui  y  domine  encore  dans  toute  sa  pureté  ;  la  rivalité  par- 
fois sanglante  qui  mit  aux  prises  le  brahmanisme  des  Veddas 
et  le  bouddhisme  des  Palis  dans  la  vallée  du  Gange  et  le  De- 
khan,  s'est  arrêtée  aux  rivages  de  cette  île  privilégiée.  Ce  n'est 
donc  pas  sans  raison  (}ue  nous  voyons  Uioueji-Thsang  et  les 
pèlerins  chinois  traverser  tout  le  continent  asiatique  pour  venir 

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382  ASIE.  N-  608-676 

« 

recueillir,  àTrincomale  ou  à  Candy,  les  traditions  les  plus  an- 
ciennes du  culte  de  Bouddha. 

Grâce  à  cet  historique  étendu  et  habilement  présenté,  Tau- 
teur  nous  fait  mieux  comprendre  cette  juxtaposition  de  races 
différentes  qui  forment  aujourd'hui  la  population  de  Ceylan, 
en  même  temps  qu'il  nous  indique  Torigine  de  chacune 
d'elles. 

Les  peuples  primitifs,  les  aborigènes,  ont  été  les  Vedda 
qui  aujourd'hui  vivent  dans  les  bois,  loin  des  villes  et  des  cô- 
tes, poursuivis  par  le  mépris  ou  la  haine  des  autres  habitants. 
Puis  sont  venus  les  Cinghalais,  descendants,  dit  le  Mabawa- 
ma,  des  compagnons  de  Widjaya,  émigrés  de  la  vallée  du 
Gange.  Plus  tard  les  Malabars  ont  occupé  la  partie  occidentale 
de  nie,  depuis  le  golfe  de  Manaar  jusqu'à  Colombo  où  les  at- 
tiraient la  pêche  des  perles,  la  chasse  des  éléphants  et  la  cul- 
ture de  la  cannelle.  Ils  ne  tardèrent  pas  à  être  suivis  des 
Maures  et  des  musulmans  qui,  peu  après  la  mort  de  Mahomet, 
se  répandirent  sur  tous  les  rivages  de  l'océan  Indien.  Les 
Portugais,  les  Hollandais  ont  laissé,  eux  aussi,  des  traces  nom- 
breuses de  leur  passage,  et  les  idiomes  parlés  dans  la  plus 
grande  partie  de  l'ile  sont  un  mélange  confus  des  dialectes 
qui  rappellent  ces  dilférentes  nationalités.  L'anglais  n'est  guère 
parlé  que  dans  les  ports  et  par  la  colonie  européenne. 

Les  productions  variées  du  Ceylan  actuel  nous  expliquent 
l'ancienne  renommée  de  la  Taprobane,  et  nous  comprenons  que 
les  Romains  aient  tenu  en  grande  estime  ces  denrées  ou  ces 
richesses  que  les  contemporains  de  Pline  recherchaient  avec 
passion.  En  effet,  aujourd'hui  encore,  Ceylan  est  célèbre  par 
ses  perles,  ses  éléphants  et  ses  épices,  sans  compter  les  plan- 
tations nouvelles  qu'y  ont  importées  les  peuples  modernes,  et 
parmi  lesquelles  le  café  et  le  cacaoyer  tiennent  le  premier 
rang. 

C'est  aux  environs  du  golfe  de  Manaar  que  se  recueillent 
les  perles  les  plus  estimées  de  l'Orient,  après  celles  du  golfe 
Persique^  et  cette  pêche  produit  aujourd'hui  près  de  cinquante- 

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INDE.  98S 

deux  mille  livres  sterling.  La  cannelle  de  Ceyian  a  de  tout 
temps  été  considérée  comme  la  meilleure  et  la  plus  estimée  ; 
les  Orientaux  en  faisaient  et  en  font  encore  le  plus  grand  cas. 
Aussi  le  gouvernement  anglais  en  a-t-il développé  partout  la  cul- 
ture, qui  produisit  en  d  868  plus  de  cent  deux  mille  livres  ster- 
ling. Le  café,  la  canne  à  sucre  et  le  cacaoyer  sont  également 
une  source  inépuisable  de  richesses,  et  les  chiffres  donnés  par 
l'auteur  témoignent  de  l'importance  exceptionnelle  de  ces  pro- 
duits dans  l'exportation  de  l'ile. 

.  Quant  aux  éléphants  qui  paissent  dans  la  partie  méridionale 
de  Tile,  ils  ont  conservé,  eux  aussi,  leur  ancienne  renommée; 
un  détail  est  digne  de  mention  :  jusqu'à  l'établissement  défi- 
nitif des  Anglais  dans  le  pays,  les  rois  de  Candy  ou  de  l'inté- 
rieur les  employaient  comme  exécuteurs  des  hautes  œuVres, 
et  les  chargeaient  de  broyer  les  victimes  cond  unnées  à  mort. 

Quant  à  la  faune  et  à  la  flore  de  l'île  entière,  elles  sont  des 
pins  variées,  et  Fauteur  entre  dans  des  détails  nombreux  qu'ap- 
firécieront  surtout  les  naturalistes. 

A  combien  peut  aujourd'hui  s'élever  la  population  de  l'ile? 
Sans  l'évaluer  à  un  chiffre  bien  exact,  on  la  fixe  à  deux  mil- 
lions cinq  cent  mille  habitants  répartis  sur  une  superficie  de 
six  millions  quatre  cent  mille  hectares. 

11  a  été  question,  ci-dessus,  des  Vedda  de  Ceyian.  Nous 
trouvons,  dans  une  note  de  M.  Harthorne  {n^  673),  quelques 
renseignements  sur  cette  population.  Elle  vit  dans  les  mon- 
tagnes des  districts  de  Ouva  et  de  Medama,  divisée  en  Gan- 
Yedda,  ou  Vedda  sédentaires,  et  en  Kélé- Vedda  ou  Vedda  no- 
mades. Ces  derniers  sont  h  vrai  dire  plus  vagabonds  encore 
que  nomades;  ils  n'ont  pas  d'abri,  vivent  en  plein  air,  et  par 
Torage  seulement  ils  se  réfugient  dans  un  arbre  ou  dans  le 
creux  d'un  rocher.  Petits  de  taille,  ils  ont  les  extrémités  fines. 
Ils  sont  d'une  malpropreté  repoussante  et  occupent  lés  derniers 
degrés  de  l'échelle  humaine.  D'idées,  ils  n'en  ont  aucune,  pas 
plus  que  de  notions  sur  l'avenir  et  de  souvenir  du  passé  ou  de 
leurs  ancêtres;  ils  oublient  vite  jusqu'au  nom  même  de  leurs 

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S84  ASIE.  N-  6774)97 

plus  proches  parents.  Leur  idiome,  très-pauvre,  se  limite  aux 
termes  nécessaires  pour  désigner  les  objets  les  plus  indispen- 
sables. Ils  ne  savent  même  pas  compter  sur  leurs  doigts.  L'au- 
teur constate  comme  une  particularité  que  les  Yedda  pleurent 
souvent  mais  ne  rient  jamais  ;  rire  en  leui*  présence,  c  est  les 
eifaroucher  ou  les  choquer. 


IX 

TIBET 

677.  Discovery  of  Fatber  Ippolito  Desideri's  Journal  in  Tibet.  Geo- 
graph.  Magazine  de  Markham,  1876,  n*  1,  p.  21 ,  et  n*  9, 
p.  253-254. 

678.  Veth  (P.-Z.).  De  Nederlandsche  Reiziger  Samuel  van  de  PuUe. 
Tijdschrift  van  het  Aardrijkskundig  Geno9Uchap,  Anuterdanif 
1876, 1,  p.  1-19. 

679.  Habeham  [Cléments  R.).  Narratives  of  the  mission  of  George  Rogle 
to  Thibet  and  of  tbe  Journey  of  Thomas  Manning  to  Lhasa.  Edited 
with  notes,  an  introduction,  and  lives  of  Mr.  Bogie  and  Mr.  Man- 
ning. Ijjndon,  1876.  Carte  et  illustrations. 

680.  Markham  (G.  R.).  Travels  in  Great  Tibeit,  and  Trade  betwen  Tibet 
and  Bengal.  Journal  of  the  Royal  Geographical  Society,  t.  ILV 
(1875),  p.  299.  London,  1876. 

Dans  cet  article,  où  il  a  résumé  les  relations  de  Bogie  et  Manniog. 
M.  G.  Markham  donne  aussi  une  description  générale  du  Tibet  dont  nous 
extrayons  les  passages  suivants  : 

«  Ce  grand  plateau  peut  ôtre,  à  certains  égards,  comparé  au  CoUao  du 
Pérou,  situé  entre  les  Cordillères  maritimes  et  orientales  des  Andes.  L'un 
et  Tautre  des  plateaux  nourrit  de  grands  troupeaux,  et  sur  tous  les  deui 
c'est  un  ruminant  qui  sert  d'animal  de  transport  :  le  lama  au  Pérou,  le 
mouton  au  Tibet.  Au  Péiou,  le  lac  Titicaca,  situé  à  3600"  d'altitude,  »ert 
de  moyen  de  communication  par  une  ligne  de  steamers  ;  au  Tibet,  1< 
transport  est  une  grande  route  fluviale  pour  les  marchands  et  leurs  mar- 
chandises; elle  est  également  située  à  3600*  au-dessus  de  la  mer.  Le 
Tibet  et  le  CoUao  du  Pérou  abondent  en  métaux  précieux,  en  sel  et  en 
borax.  Au  Tibet,  cea  richesses  sont  d'un  plus  difiiciie  accès.  D'un  côté  le 
Gollao  est  bordé  par  la  Cordillère  littorale  avec  des  passes  qui  conduisent 
à  la  côte  du  Pacilique,  de  l'autre  il  a  la  chaîne  aurifère  des  Andes  orien- 
tales qui  dominent  les  riches  plaines  alluviales  de  l'Amazone.  Le  Grand 
Tibet  est  plus  isolé.  Au  sud,  les  puissantes  masses  extérieures  de  l'Hima- 
laya ne  peuvent  être  traversées  que  par  des  passes  d\uie  extrdme  dilft- 


yGoogk 


TIBET.  385 

culte,  Termccs  par  les  neiges  pendant  une  partie  de  l'année.  Du  côté  du 
nord,  la  perspective  de  plusieurs  mois  d'un  voyage  plus  redoutable  encore 
à  travers  des  plateaux  glacés  et  d'erfrayantes  gorges  de  montagne,  dé- 
tourne le  voyageur  qui  voudrait  passer  du  Tibet  en  Chine.  » 

68i.  Mo.NTGoiiEBiE  (Ueut-col.  T.  G.).  Narrative  of  an  Exploration  of  tlie 
Namcho,  or  Tengri  Nûr  Lake,  in  Great  Tibet,  made  by  a  Native 
Explorer,  during  1871-1872.  Journal  ofthe  Royal  Geographical 
Society,  t.  XLV  (1875),  p.  315.  London,  1876. 

Cet  arlîc'e  est  composé  d'extraits  du  Journal  de  voyage  d'un  explora- 
teur tibélain  qui  a  visité  le  Tengri-Nor,  et  dont  il  a  été  précédemment 
question  dans  V Année  géographique,  t.  XllI.  p.  184. 

682.  MoNTGoiiEniE  ilieut.-col.  T.  G).  Mémorandum  on  Ihe  Results  of 
the  above  Exploration.  Journal  of  the  Royal  Geographical  So- 
ciety, t.  XLV  (1875),  p.  325.  London,  1876. 

Le  colonel  Mont^omerie  expose,  dans  cette  note,  les  résultats  du  voyage 
de  l'un  de  ses  indigènes  au  lac  Tengri-Nor  ou  Nam-(cbo  (Lac  du  Ciel).  Des 
observations  de  latitude  ont  été  faites  à  dix  endroits,  et  des  détermina- 
tions d'allilude  à  vingt-quatre  endroits.  La  différence  de  longitude  entre 
Shigatzé  et  L'flassa,  déterminée  par  cet  explorateur  indigène,  est  de  9* 
inférieure  à  celle  qu'avait  donnée  le  Pundit  qui  se  rendit  à  L'Hassa  il  y  a 
quelques  années.  La  différence  étant  peu  considérable,  autorise  l'idée  que 
les  itinéraires  ont  été  soigneusement  mesurés.  Le  baromètre  anéroïde  a 
donné  de  mauvais  résultats,  comme  on  pouvait  s'y  attendre  à  de  pareilles 
hauteurs. 

083.  MoNTGOMERiE  (lleut.-col.  T.  G.).  Journey  to  Shigatzé,  in  Tibet,  and 
Return  by  Dingri  Maindan  into  Nepaul,  in  1871,  by  the  Native 
Explorer  n»  9.  Journal  of  the  Royal  Geographical  Society,  t.  XLV, 
p.  330. 

Relation  abrégée  de  l'exploration  d'un  indigène,  de  Darjiling  à  Shigatzé, 
à  Sliakia,  à  Dingri-Maidan,  à  Niham,  à  Katmandou.  —  Voici,  d'après  les 
déterminations  du  voyageur,  discutées  par  le  colonel  Montgomerie,  la  po- 
sition des  principales  étapes  du  voyage  : 

Darjiling....   Lat.N.  27*2'      Long.  E.  (Greenwich)  88*19'      Altit.  2210- 

Shigatzé 29*17'  88*47'  3603- 

Katmaudou..  27*41'  85*18'  »»>» 

684.  Du  même  :  Eitracts  from  an  Exploreras  Narrative  of  his  Journey 
firom  Pitcragarh  in  Kumaon,  via  Jumla,  to  Tadum  and  back,  along 
the  Kali  Gandak  to  British  Territory.  Journal  of  the  Royal  Geo- 
graphical Society,  t.  XLV,  p.  350. 

685.  Nain  Singh.  The  Lhasa  Pandit,  Geographical  Discoveries  in  Tibet. 
Geograph,  Magazine  de  Markham,  1876,  n"  6,  p.  145-141.  His 
retirement  from  service,  ib.,  1875,  n®  5,  p.  156. 

686.  Chadvead  (Mgr).  Le  Thibet  en  1875.  Les  Missions  Catholiques, 
Lyon,  1876,  8*  année,  p.  79  et  92. 

687.  TouRNAFOND  (P.).  Les  mines  du  Thibet.  VExplorateur,  IV,  1876, 
p.  151. 

l'année  tïÉuGU.  XV.  25 


yGoogk 


'  î^  \  ASIE.  K-  677-69 

688.  Desgodins  (A.).  Le  Thibet  et  le  Bouddhisme.  Les  Missions  Catho- 
liques. ÏAfon,  1870,  8-  année,  p.  378,  59i,  404. 

689.  Desgodins  (l'abbé).  Lettre  sur  les  pays  frontières  du  Thibet,  de 
là  Birmanie  et  du  Xunn&n.  Bulîetin  de  la  Société  de  Géographie ^ 
1876,  cahier  d'octobre,  p.  4Ôi  â  4ll 

690.  iAscHBE  (A.  H.).  Erklârung  der  in  Desgodins  «  Mission  du  Thibet  • 
vorkommenden  Tibetischen  Wôrter  und  Namen.  Zeitschrift  der 
Geselîsch.  in  Uipzi'g,  Vol.  XXX,  i87*6,  cah.  î,  p.  107-ii4. 

691.  Desgodins  (l'abbé).  î^otes  ^OlogiqueS  sur  la  route  de  Yerkalo  à 
Patang.  BuUeiiA  de  la  Société  de  Géogt^aphie,  1876,  novem- 
bre, p.  942  Â  508. 

692 .  Desgodins  (Fabbé) .  lé  Tert-itoire  de  Bathang  (Thibet) .  BulktiH  de  la 
Société  de  Géographie,  1876,  décembre^  p.  614  à  625. 

693.  Desgodins  (l'abbq).  Notice  sur  lé  Thibet.  Bulletin  de  la  Société 
de  Géegraphiet  1876,  septembre,  p.  515  à  326. 

Les  notices  que  lé  laborieux  abbé  Desgoditts  envoie  si  régulièremenl  à 
la  Société  de  géographie  de  Paris  forment  une  collectroil  où  les  géogra- 
phes trouveront  des  données  précieuses  sur  une  partie  de  l'Asie  encore 
fort  imparfaitement  connue. 
604.  Forschungen  in  Kasclimir,  Népal  und  Tibet.  Àusland^  1876,  n«' 5 
et  7. 

695.  Caiuaud  (F.  Romanet  du).  Voyage  d'un  pionnier  du  commerce  bri- 
tannique de  Schangaï  au  Tibet  oriental.  V Explorateur,  lîl,  1876, 
p.  496,519,556. 

Extrait  de  la  relation  de  voyage  de  Cooper. 

696.  Ganneval  (A.).  Le  Thibet  et  la  Chine  occidentale.  Bulletin  de  la 
Société   de  géographie  de  Lyon,   1876,  t.  I,  n«  5,  p.  385-399. 

697.  Geographische  Entdeckungen  in  Tibet.  Ausland,  1870,  n*  27, 
p.  537. 

Anciens  voyageurs  au  Tibet. 

Le  tibet  se  dégage  peu  J  peu  des  nuages.  Aujourd'hui  nous 
aurons  à  signaler,  pour  cette  partie  de  TAsie,  cinq  nouveaux 
voyages,  dont  quatre,  il  e^t  vrai,  remontent  au  commence- 
ment du  siècle  dernier  ou  du  présent  siècle.  Toutefois,  le  qua- 
lificatif de  «  nouveaux  »  ne  paraîtra  pas  trop  déplacé  â  ceux 
qui  savent  combien  le  Tibet  est  d'un  accès  difficile,  et  combien 
est  restreint  le  nombre  des  voyageurs  qui  ont  réussi  à  y  pé- 
nétrer. 

Qu'on  nous  permette  à  ce  sujet  quelques  pages  sur  l'histoire 

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TIBET.  ZSl 

des  explorations  au  Tibet.  Nous  en  prenons  la  substance  dans 
le  remarquable  chapitre  dont  M.  Cléments  Markham  a  fait  pré- 
céder la  relation  des  voyages  de  Bogie  et  Manning  au  Tibet. 

FjCS  premiers  voyages  d'Européens  au  Tibet  eurent  lieu  à 
l'époque  où  le  bouddhisme  s'établit  dans  ce  pays.  Entre  1316 
et  1530,  le  Frère  Odoric  de  Poidenone,  dit  le  colonel  Yule 
dans  son  Cathay  and  the  Way  Thither,  api  es  un  voyage  de 
plusieurs  jours  à  travers  le  Kansan  (le  Shen  si  el  le  Ssc- 
tcliuen),  îirriva  dans  la  cité  royale  du  Tibet,  L'IIassa,  entière- 
ment bâlie  en  murs  noirs  et  blancs.  Là,  dit  le  Frère  Odoric, 
personne  n'oserait  répandre  le  sang  même  d'un  animal,  et  là 
également  demeure  YAhassi,  c'est-à-dire  le  pape. 

Plus  de  trois  siècles  s'écoulèrent  pendant  lesquels  aucun 
voyageur  européen  ne  ^isita  le  Tibet.  Le  jésuite  Antonio  An- 
drada,  en  1624,  partit  d'Agra,  passa  par  le  col  qui  domine  les 
sources  du  Gange  et,  après  de  terribles  souffrances,  il  attei- 
gnit le  lac  sacré  de  Mansaïawar,  source  du  Sutledje.  Son  re- 
tour en  Chine  eut  lieu  par  la  passe  de  Rudok  et  probablement 
par  le  pays  des  Tungouls. 

Les  voyageurs  suivants,  les  Pères  Grueber  et  Dorville,  firent 
plus  encore,  puisqu'ils  allèrent  de  la  Chine  aux  hides  par 
L'Hassa.lUeur  fallut  six  mois  pour  faire  la  route  de  Pékin  à  la 
capitale  du  Tibet  oii  i's  restèrent  deux  mois  à  étudier  la  religion 
bouddhiste.  Ils  revinrent  à  Khatmandou,  dans  le  Népaul,  eu 
passant  par  «  d'efiroyables  précipices  »,  et  deux  cent  quatorze 
jours  après  avoir  quitté  Pékin,  ils  étaient  à  Agrah  oii  mourut 
le  P.  Dorville.  Grueber,  continuant  seul  son  voyage  à  pied  à 
travers  l'Inde  et  la  Perse,  s'embarqua  enfin  à  Smyrne  pour  re- 
tourner à  Rome.  Il  mourut  au  cours  d'un  second  voyage  en 
Chine.  (1665).  Malheureusement,  sa  relation  se  résume  enfoit 
peu  de  chose* 

A  Grueber  et  Dorville  succédèrent  deux  autres  jésuites,  le 
P.  Hippolilo  Desideri  et  le  P.  Manoel  Fi-eyre.  S'élant  rencon- 
trés à  Delhi  en  1714,  ils  allèrent  au  Cachemyr,  traversèrent  la 
passe  de  Mariam,  atteignirent  L'Hassa  en  mars  1716.  Desideri 

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388  ASIE.  N-  077-C07 

resta  dans  cette  ville  jusqu'à  1729,  époque  à  laqucUe  il  fut 
rappelé  par  le  pape. 

Ce  Desiileri  n'avait  pas  laissé,  croyait-on,  plus  de  noies  qî'e 
Grueber.  On  ne  connaissait  de  lui  que  quelques  lettres  publiées 
au  t.  Xn  des  Lettres  édifiantes  et  une  lettre  insérée  dans  la 
Bibliotheca  PistoiensiSj  par  Zaccaria,  quand  M.  Carlo  Puini, 
ancien  secrétaire  de  la  Société  géographique  italienne,  déœu- 
vrit  dans  la  bibliothèque  de  la  Propagande,  à  Rome  [n?  677) ,  deux 
lettres  de  Desideri  au  pape  (1717).  M.  C.  Puini  a  eu,  de  plus, 
la  bonne  fortune  de  trouver  dans  la  bibliothèque  d'un  parti- 
culier, à  Pistoie,  la  patrie  de  Desideri,  un  manuscrit  de  plus 
de  cinq  cents  pages,  portant  la  date  de  1 727,  oii  le  mission- 
naire avait  réuni  ses  notes  sur  la  géographie  du  Tibet.  Voilà 
qui  promet  une  intéressante  publication. 

Desideri  avait  été  rappelé  en  Europe  par  suite  de  plaintes 
que  les  Capucins  établis  à  L'flassa  avaient,  à  tort  ou  à  raison, 
dirigées  contre  lui.  En  effet,  une  mission  dé  douze  capucins* 
dirigée  par  Orazio  délia  Penna  (de  Macerata),  s'était  établie 
au  Tibet,  vers  1719,  et  y  prospéra  pendant  près  d'un  quart 
de  siècle.  Délia  Penna,  après  vingt-deux  ans  de  séjour  à  L'Ilassa, 
oii  étaient  morts  neuf  de  ses  compagnons,  revint  à  Rome  en 
1755.  11  en  repartit  accompagné  de  neuf  missionnaires  et  se 
retrouvait  à  L'Hassa  en  174!0.  En  1749,  il  mourut  à  Palan,  où 
l'avaient  appelé  les  intérêts  de  la  mission.  Les  renseignemenis 
qu'on  lui  doit  sur  le  Tibet  sont  nombreux,  et  ses  lettres  ont 
été  publiées  par  Klaproth  dans  le  Journal  Asiatique.  On  peut 
voir,  d'après  ces  documenls,  que,  grâce  à  l'intelligente  pro- 
tection des  lamas  du  Tibet  et  du  souverain  du  Népaul,  les  rela- 
tions étaient  libres  alors  entre  l'Inde  et  le  Tibet. 

Il  faut  rappeler  qu'aux  premières  années  du  siède  der- 
nier, le  grand  empereur  chinois  Kang-Hi  avait  envoyé  à  L'Hassa 
une  ambassade  chargée  de  réconcilier  entre  elles  les  sectes  des 
lamas  à  bonnets  rouges  et  à  bonnets  jaunes.  Pendant  les  deux 
années  de  son  séjour  au  Tibet,  l'ambassade  réunit  les  éléments 
d'une  carte  qui  fut  remise  au  P.  Régis,  l'un  des  jésuites  cliar- 

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.  TIBET.  389 

gés  par  Kang-Hi  de  dresser  une  grande  carte  de  la  Chine.  Le 
P.  Régis  ayant  refusé  de  faire  entrer  ces  matériaux  d'une 
exactitude  insuffisante,  dans  la  carte  d'ensemble  de  rempire 
qui  avait  été  dressée  avec  certains  soins,  Tempercùr  décida  de 
faire  faire  des  levés  spéciaux  du  Tibet.  En  conséquence,  deux 
hmas  furent  formés  à  la  pratique  des  observations  et  rappor- 
tèrent les  données  sur  lesquelles  aujourd'hui  encore  reposent, 
pour  leur  plus  grande  partie,  les  cartes  du  Tibet. 

Ici  doit  prendre  place  la  mention  des  voyages  d'un  Hollan- 
dais, Samuel  Van  de  Putte,  issu  d'une  excellente  famille  et 
qui,  lui-même,  avait  été  maire  de  Flessingue,  sa  ville  natale.  • 
Parti  d'Alep  à  la  suite  d'une  caravane,  il  atteignait  d'abord  Ispa- 
han,  se  ti-ouvait  au  port  de  Gochin  en  1724,  et  visitait  le  sud 
de  rinde  avec  l'île  de  Ceylan  ;  puis,  costumé  en  marchand  indi- 
gène, il  parcourait  les  «  États  du  grand  Mogol  ».  C'est  ainsi 
qu'il  arriva  à  L'Hassa,  où  il  fit  un  assez  long  séjour  pour  se  fa- 
miliariser avec  la  langue  tibétaine  et  nouer  des  relations  avec 
plusieurs  lamas.  Sous  le  costume  d'un  mandarin  chinois,  il 
partit  enfin  a  la  suite  d'une  ambassade  de  lamas  envoyés  à  Pé- 
kin, et  fut  sans  doute  le  premier  Européen  qui  ait  vu  le  haut 
cours  du  Yang-tséKiang  ainsi  que  la  région  du  Konkou-Nor, 
récemment  visité  par  le  voyageur  russe  Prjevalski.  Dans  tous 
los  cas,  il  est  le  seul  qui  ait  jamais  accompli  entièrement  le 
voyage  de  l'Inde  en  Chine  par  L'Hassa. 

Plus  tard,  déguisé  en  prêtre  tartar,  en  chamelier,  en  man- 
daj'in,  il  revint  au  Tibet  par  l'Assam.  En  1737,  il  assiste  an 
sac  de  Delhi  par  Nadir-Shah,  puis  on  le  perd  de  vue  jusqu'en 
1743,  où  il  repart  du  Bengale  pour  visiter  Java,  Sumatia  et  la 
presqu'île  malaise. 

Van  de  Putte  mourut  à  Batavia  le  27  septembre,  à  l'âge  de 
cinquante-cinq  ans  et  au  moment  où  il  se  diî^posait  à  regagner 
son  pays.  On  assure  qu'au  Tibet,  comme  dans  tontes  les  parties 
de  l'Orient  qu'il  visita,  Van  de  Putte  fut  considéré  comme  un 
saint,  à  cause  de  la  pureté  de  sa  vie  et  de  l'étendue  de  ses  con- 
naissances. Tousses  papiers  devaient  être  brûlés,  d'après  le  vœu 

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390  ASIE.  N«»  677-697 

même  du  voyageur  qui  craignait  que,  faute  de  les  bien  dé- 
chifTrer  et  coordonner,  on  ne  publiât  des  erreurs  avec  la  sanc- 
tion de  son  nom.  Le  journal  principal  a  donc  été  malheureuse- 
ment détruit.  Toutefois,  quelques  notes  écrites  sur  de  petites 
feuilles  et  renfermant  des  indications  intéressantes  ont  été  con- 
servées au  muséum  de  Middelburg,  avec  un  croquis  donnant  la 
région  comprise  entre  le  cours  du  Gange  et  Chi-Katzé,  au 
Tibet. 

M.  Vetb,  Térudit  président  de  la  Société  de  géographie 
d'Amsterdam,  a  consacré  à  la  mémoire  de  Van  de  Putte  une  no- 
.  ticc  (n**  678)  où  il  a  bien  mis  enlumière  cette  intéressante  per- 
sonnalité. 

Mais  voici,  pour  la  géographie  du  Tibet,  un  livre  important; 
il  est  intitulé  :  Narrative  of  the  mission  of  George  Bogie  to 
Thibet  and  ofthe  Joumey  of  S.  Thomas  Manning  to  Lhasa 
(n^  679).  C'est,  d'une  part,  le  récit  de  la  première  mission 
anglaise  au  Tibet,  celle  de  G.  Bogie,  en  1774,  et  d'autre  part 
le  journal  de  Thomas  Manning  (1811),  le  seul  voyageur  anglais 
qui  ait  jusqu'à  présent  visité  L'Hassa.  Bogie  fut  envoyé  en 
mission  par  Warren-Haslings,  premier  gouverneur  de  Tlnde 
anglaise,  dont  les  actes  si  diversement  appréciés,  même  en 
Angleterre,  n'ont  pas  moins  contribué  à  établir  solidement 
l'autorité  britannique  sur  les  rives  de  l'Indus  et  du  Gange.  Le 
récit  de  celte  mission  qui  était  resté  manuscrit,  a  été  édité  par 
les  soins  de  M.  Clemeiits  M^rkbam,  l'éminent  secrétaire  de  k 
Société  de  géographie  de  Londres. 

Bogie  s'était  montré  l'un  des  plus  actifs  agents  de  la  politi- 
que de  Warren  Hastings,  et  comme  tel,  il  fut  choisi  pour  en- 
trer en  relations  avec  le  Teshou-Lama^  qui  résidait  au  monas- 
tère de  Tashi-Lourabo. 

Bogie  donne  les  détails  les  plus  circonstanciés  sur  l'Âssam  et 
le  Boutan,  sur  les  passages  et  les  routes,  sur  la  théocratie  des 
lamas,  son  origine,  son  influence,  sur  les  coutumes  des  habi- 
tants, et  notamment  sur  la  polyandrie  :  «  Les  femmes,  dit-il, 
prennent  leur  revanche  de  ce  qq'elles  subissent  dans  les  autres 

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TIBET.  391 

contrées  de  TAsie;  car,  là,  chacune  d'elles  soumet  plusieurs 
époux  à  ses  moindres  volontés.  » 

Quant  à  la  seconde  relation,  celle  de  S.  Thomas  Manning, 
elle  est  d^un  personnage  ibrt  excentrique  du  commencement 
de  ce  siècle,  dit  M.  Cléments  Markham,  et  qui  consacra  sa  for- 
lune  à  visiter,  dans  un  but  de  curiosité  personnelle,  la  partie 
centrale  du  Tibet.  George  Bogie  avait  vu  le  Teshou-Lama  à  Tashi- 
Loumho;  Thomas  Manning  se  rendit  à  L'Hassa,  auprès  du  Da/ai- 
Lama  ou  grand  Lama.  11  vécut  quelque  temps  dans  cette  vilJe, 
exerçant  la  profession  de  médecin  et  fort  apprécié  des  indi- 
gènes. Il  put  parcourir  en  toute  sécurité  une  partie  de  la 
vallée  du  Tsampou,  reconnaître  le  laç  Palti,,  ui^e  des  plus  g^anjes 
masses  d*eau  du  Tibet,  et  toutes  ses  information!;,  bien  (jju'çlles 
ne  soient  pas  d*Vf^  caractère  géograpliioue,  viennent  s*£\jouter 
à  celles  que  les  Pères  jésuites  avaient  déjà  publiées  suj^  ces  pays, 
dans  le  courant  du  dix-builième  siècle. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  l'état  de  qos  connaissances  sur 
le  Tibet  çst  tel  que  malgré  leii^r  date,  les  rela|ion$  de  Bogie 
et  de  Hanning  présentent  encore  un  ^rand  intérêt.  Au  point 
de  vue  de  Thistoire  (les  découvertes  elles  Tauraiei^t  présenté, 
d'ailleurs,  en  toutes  circonstances,  et  il  faut  signaler  encore 
une  fois  l'intrQçluction  que  H.  Cléments  llarkham  ^  4onnée 
au  livre,  avec  le  concours  des  hommes  les  plus  ériidits  en  ces 
matière^,  le  colonel  Yule,  le  colonel  Hontgpmerie,  M.  Major, 
le  docteur  IlQokçr,  H.  Yeth,  etc. 

Après  l'exposé  4es  phases  par  lesquelles  a  pas^  la  géograpbie 
duTibetf  vient  la  c|esçriptiori  du  pays  d'après  les  voyageurs  qui 
se  sont  succédé  de  1860  a  1875.  Les  explorations  des  frères 
Schiagintweit  avaient  déjà  modifia  sensiblement  l'idée  qu'on 
se  faisait  du  plateau  tibétain;  mais  les  données  acquises  de- 
puis lors,  surtout  grâce  aux  voyages  des  pandits  hindous  ^n 
colonel  Hontgomerie,  dont  nous  allons  avoir  à  parler,  ont  ar- 
rêté nettement  pour  les  géographes,  les  lignes  générales  de  ce 
plateau,  le.plus  élevé  à  la  fois,  et  le  plus  considérable  du  globe. 
Dans  son  introduction,  H.  Cléments  Markham  tient  pour  vidée 

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592  ASIE.  «"617-697 

la  fameuse  question  géographique  de  Tidentité  du  Tzang-Lo- 
tcliou  et  du  Bi  ahinapoutra,  bien  qu*à  vrai  dire  une  certaine 
longueur  du  fleuve  n'ait  encore  été  vue  par  aucun  voyageur  ^ 
Ce  n*est  pas  aux  géographes  seulement  que  nous  devons  re- 
commander la  lecture  de  ce  livre  plein  de  détails  piquants. 
Bogie  et  Hanning  s'y  montrent  comme  des  hommes  de  carac- 
tère et  d'esprit  en  compagnie  desquels  il  est  bon  de  parcourir 
le  Tibet.  , 

Récentes  découvertes  du  pandit  Nam-Singh,  dans  le  Haut-Tibet. 

La  publication  de  ces  anciens  voyages  n'est  pas  le  seul  fait 
à  signaler  cette  année  pour  la  géographie  du  Tibet,  car  voici 
un  voyage  tout  récent,  dont  Timportance  n'échappera  pas  à 
nos  lecteurs. 

L'un  des  indigènes  que  le  colonel  Montgomerie  avait  si  ha- 
bilement formés  à  la  pratique  des  voyages,  a  réussi  à  traverser 
le  Tibet,  de  Noh,  près  des  lacs  Pangong,  à  L*Has$a.  Il  est  revenu 
delà  sur  la  province  d'Assam  en  franchissant  la  haute  ligne  de 
partage  entre  les  tributaires  du  Tzang-bo-tchou  et  ceux  du 
Brahmapoutra. 

Les  lecteurs  se  rappellent  que  le  tome  VII  (1868)  de  V Année 
géographique  les  avait  entretenus  d'une  eiploration  remarqua- 
ble aux  sources  de  Tlndus,  du  Sutledj  et  du  Tzang-bo-tchou, 
avec  un  itinéraire  du  cours  de  ce  fleuve  et  une  détermination 
de  la  latitude  et  de  l'altitude  de  L'Hassa.  On  ne  connaissait 
point  alors  par  son  nom  l'indigène  aussi  heureux  qu'énergique 
auquel  étaient  dus  ces  importants  résultats  :  il  avait  fallu,  eu 
effet,  dans  l'intérêt  de  sa  sécurité,  lui  conserver  l'anonyme. 
Nous  savons  aujourd'hui  qu'il  s'appelait  Naïn-Singh,  et  c'est 
lui  encore  qui  a  fait,  du  21  juillet  1875  au  11  mars  1875, 
le  voyage  dont  nous  allons  parler.  Mais  il  faut  donner  d'abord 
quelques  détails  biographiques  sur  ce  voyageur  si  méritant. 

Nain-Singh  est  uatif  de  Milani,  dans  le  district  montagneux 

*  Voir,  au  sujet  de  ceUe  qu(:»tion  :  Année  géographique,  1. 1,  p.  3M. 

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TIBET.  593 

de  Kumaon,  tout  près  de  la  frontière  sud-ouest  du  Tibet.  Il 
avait  été,  en  1856  et  1857,  au  service  des  frères  Sihlagintweil, 
alors  qu'ils  exploraient  le  Cachemyr  et  le  Ladak.  De  1858  à 
1859,  il  fut  directeur  de  l'école  indigène  de  Milani.  Depuis 
lors,  préparé  par  le  colonel  Montgomerie,  il  n'a  pas  ces-sé  d  être 
attaché  au  levé  trigonométrique  de  Tlnde,  et  en  1873  il  ac- 
compagnait la  mission  de  H.  Douglas  Forsyth  à  Yarkand. 

Le  voyage  par  lequel  Naïn-Sing  a  couronné  sa  laborieuse  et 
utile  carrière,  eut  comme  point  de  départ,  -Tankse,  d'où  il  se 
mit  en  route  le  21  juillet  1875  pour  pénétrer  au  Tibet  sous  le 
costume  d'un  lama  pèlerin. 

Franchissant  les  cols  de  Changchenmo  et  de  Massimik,  qui 
atteignent  5000  mètres  d'altitude  et  au  delà,  il  tournait  à 
Test  et  arrivait  au  village  de  Noh,  à  quelque  dislance  de  la 
rive  septentrionale  des  lacs  Paiigong.  La  marche  était  lente, 
car  le  transport  des  bagages  se  faisait  à  dos  de  mouton,  cha- 
que animal  portant  de  sejjt  à  neuf  kilogrammes  et  se  nourris- 
sant de  rherbe  qu'il  rencontrait  le  long  de  la  route.  Sur  vingt- 
six  moutons  dont  le  troupeau  se  composait  au  départ,  quatre 
seulement  parvinrent  à  L*Hassà,  après  un  trajet  de  1600  kilo- 
mètres. 

La  légion  que  Naïn-Singh  traversa  de  Tankse  à  Noh  est  la 
partie  nord  du  Tibet  occidental  ou  Nari-Korsum.  La  route  de 
Noh  à  Khotan  s'élève  peu  à  peu  jusqu'à  4700  mètres  et  à 
5000  mètres,  pour  redescendre  assez  brusquement  sur  les  plai- 
nes de  la  Kashgarie. 

Le  pandit  a,  pour  la  première  fois,  déterminé  l'extrémité  orien- 
tale des  lacs  Pangong,  que  coupe  en  deux  la  frontière  du  La- 
dak et  du  Tibet.  Ces  lacs,  longs  de  160  kilomètres,  sur  une 
largeur  très-peu  considérable,  présentent  la  particularité  que 
ceux  de  l'extrémité  orientale  *ont  des  eaux  douces  et  po:ables, 
et  ceux  de  l'extrémité  opposée,  des  eaux  saumâtros.  Ils  ne 
sont,  du  reste,  que  les  derniers  à  l'ouest  d'une  série  de  lacs 
dont  le  pandit  a  constaté  l'existence  entre  la  frontière  du  La- 
dak et  le  Tengri-Nor,  c'est-à-dire  sur  près  de  1200  kilomètres. 


394  ASIE.  N"  677-607 

Le  chemin  qui  part  de  Noh  et  se  dirige  vers  l'est  suit  une 
vallée  longue  et  riche  en  pâturages,  où  çà  et  là  seulement 
apparaît  une  butte  de  berger;  de  nombreux  troupeaux  d'ânes 
sauvages,  d'antilopes  et  de  moutons  énormes  {Ovis  Ammon)  ani- 
ment le  paysage.  On  rencontre  fréquemment  de  grandes  éten- 
dues d'eau  généralement  salées,  mais  parfois  aussi  alimentées 
par  des  courants  d'eau  douce. 

La  région  se  maintient  à  une  altitude  générale  de  40Q0 
à  4500  mètres.  Elle  est  habitée  par  des  Khampas  qui  vinrent 
des  environs  du  Koukou-Nor,  a  l'est  du  Tibet,  il  y  a  environ 
vingt-cinq  ans.  Cette  peuplade  est  décrite  par  Naïn-Singh 
comme  appartenant  à  une  race  fortement  constituée  et  large 
d^s  épaules.  Les  hommes  sont  habillés  de  peaux  de  mouton, 
avec  des  coiffures  en  feutre  et  des  bottes  de  cuir  à  pointe  re-. 
courbée.  Tous  biens  armés,  les  Khampas  sont  de  grands 
sportsmen;  hommes  et  femmes  vivent  presque  constamment 
à  cheval.  Leurs  tentes,  faites  de  poil  de  yak,  sont  noires.  Il  est 
permis  d'admettre  que  ces  Khampas  venus  de  l'est  sont  les 
Kara-Tangouts  de  M.  Prjevalski. 

Le  17  septembre,  Naïn-Singh.  atteignait  les  mines  d'or  de 
Thok-Daurakpa,  inoins  impoi  tantes  que  celles  de  Thok-Djalung, 
qil'il  avait  visitées  en  1867.  Avec  deux  autres  mines  situées 
plus  à  l'est,  les  mines  de  Thok-Daurakpa  sont  sous  la  direction 
d'un  fonctionnaire  de  L'Hassa  qui  porte  le  titre  de  Sarpon»  La 
production  annuelle  s'élève  à  environ  200000  francs,  qui  sont 
envoyés  à  tiartokh. 

Pendant  plusieurs  marches,  le  voyageur  traversa  de  hautes 
plaines  couvertes  de  prairies  que  parcourent  d'innombrables 
troupeaux  d'antilopes.  Au  sud  s'élevaient  les  pics  neigeux  de 
la  chaîne  la  plus  septentrionale  de  l'Himalaya,  celle  du  Gang- 
disri  que  Naïn-Singh  put  suivre  pendant  500  kilomètres  et  dont 
le  sommet  culminant,  le  Targot-Yap,  sëlève  à  près  de  7600 
mètres.  Le  pied  de  ce  massif  baigne  dans  un  vaste  lac,  à  l'autre 
extrémité  duquel  est  le  district  de  Nakchang-Ombo,  dominé 
par  des  montagnes  neigeuses,  et  remarquable  en  ce  qu'il  pré- 

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TIBET.  395 

sente  de  vastes  cultures  d'orge,  bien  qu*il  ne  soit  pas  à  une 
moindre  altitude  que  le  reste  du  plateau  tibétain.  Depuis 
Chabuk-Zinga,  non  loin  des  lacs  Pangong,  à  55  marches  à 
l'ouest,  jusqu'aux  environs  de  L'Hassa,  à  39  marches  vers 
l'est,  Ombo  est  le  seul  point  où  le  voyageur  ail  rencontré  des 
cultures. 

Du  district  d'Ombo  au  grand  lac  Tengrl-Nor  ou  Nam-Cho,  le 
pays  se  maintient  à  4500  ou  4800  mèlres.  Les  eaux  des  grandes 
montagnes  du  sud  s'y  déversent  dans  la  chaîne  de  lacs  décou- 
verts par  le  pandit,  et  dont  les  plus  considérables  sont  le  Dan- 
gra-Yum-Cho,  au  pied  du  Targot-Yap,  et  le  Kyaring-Cho,  un 
peu  plus  à  lest.  Le  premier  a  70  kilomètres  de  longueur, sur 
40  de  largeur  ;  le  second  a  60  kilomètres,  sur  12  à  20.  Ils  sont 
en  général  poissonneux  et  fréquentés  par  des  myriades  d'oi- 
seaux sauvages. 

Naïn-Singb,  après  avoir  vu  le  Tengri-Nor,  immense  nappe 
^'eau  qu'un  de  ces  prédécesseurs  avait  visitée  en  1872,  attei- 
gnit enfin  L'Hassa,  le  18  novembre,  mais  il  n'y  put  rester  que 
deux  jours,  certains  indices  lui  faisant  craindre  d'avoir  été  dé- 
couvert. Il  visita  ensuite  Tancien  monastère  de  Sama-yé-Gonpa, 
dont  toutes  les  idoles  sont  d'or  pur  et  qui  renferme  une  riche 
bibliothèque  de  théologie  bouddhiste. 

Il  se  remit  de  là  en  route  vers  le  sud  en  traversant  le  Zang- 
bo-tchou  au  point  le  plus  éloigné  qu'on  connaisse  aujourd'hui 
de  ses  sources.  Sur  ce  point  le  fleuve  avait  environ  500  mè- 
tres de  large,  6  mètres  de  profondeur  et  un  cours  très^lent. 

A  Chatang,  la  première  ville  que  rencontra  le  pandit  sur  la 
rive  droite  du  Tsampou,  il  apprit  que  le  fleuve  continue  peu. 
dant  48  kilomètres  à  l'est,  puis  tourne  au  sud-est.  C'est  sur 
cette  seule  donnée  que  repose,  quant  à  présent,  Tidentification 
du  Zang-bo  avec  le  Brahmapoqtra. 

Après  avoir  traversé  divers  cols  dont  l'un,  celui  de  Karkang, 
a  4900  mètres,  le  pandit  revint  sain  et  sauf  à  Odalguri,  dans 
l'Assam,  le  11  mars  1875,  après  avoir  parcouru,  à  partir  du 
lac  Pangong,  2100  kilomètres,  dont  1900  en  pays  tout  à  fait 

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39Ô  »  ASIE.  K-  677-097 

inconnu.  Il  a,  durant  ce  voyage,  fait  276  observalions  astrono- 
miques de  latitude,  et  497  observalions  d'altitude,  qui,  avec 
la  série  des  lacs  dont  on  lui  doit  la  découverte,  vont  modifier 
et  compléter  nos  cartes  du  Tibet;  enfin,  il  a  reconnu  la  route 
qui,  du  cours  du  Zang-bo,  conduit  aux  Indes  par  la  vallée  de 
Tawang.  Nous  aurons  sans  doute  à  revenir  Tannée  prochaine 
sur  certaines  particularités  de  ce  voyage  qui  nous  seront  alors 
mieux  connues. 

Il  est  permis  d*espérer  que  les  explorations  au  Tibet  seront 
désormais  facilitées  par  un  article  que  le  gouvernement  anglais 
a  introduit  dans  son  récent  traité  avec  la  cour  de  Pékin,  à  la 
suite  de  l'assassinat  de  Margary,  et  qui  stipule  la  libre  circu- 
lation des  voyageurs  dans  cette  partie  reculée  de  l'empire 
chinois. 

Naguère ,  un  commerce  actif  avait  lieu  entre  le  Bengale 
et  le  Tibet  ;  arrêté  à  la  suite  des  conquêtes  du  mahométisme 
dans  rinde,  il  est  resté  interdit  par  la  jalouse  surveillance 
du  gouvernement  chinois;  ce  commerce,  qui  portait  princi- 
palement sur  Tor,  le  musc,  la  laine,  le  sel,  était  favorisé 
par  le  gouvernement  tibétain  qui  ne  le  soumettait  à  aucun 
impôt  ;  aussi,  des  commerçants  venaient-ils  du  Cachemyr  se  fixer 
à  L'Hassa  et  dans  les  principaux  centres  de  population.  Les 
Gosaïns,  pèlerins  commerçants  de  Tlnde,  se  rendaient  en  grand 
nombre  au  Tibet  où  ils  trafiquaient  d'objets  de  beaucoup  de 
valeur  sous  un  petit  volume.  Des  Kalmouks,  avec  leurs  chameaux 
chargés  de  fourrures  de  Sibérie,  y  venaient  même  en  caravane 
annuelle  faire  leurs  dévotions  auprès  des  Lamas,  tandis  que  les 
Bhoutanis  y  apportaient  les  produits  du  Bengale  et  de  l'Assam. 
Les  Chinois,  de  leur  côté,  arrivaient  nombreux  à  L'Hassa,  oii  ils 
apportaient  le  thé ,  les  porcelaines ,  les  riches  étoffes ,  et  les 
Bengalais  y  faisaient  affluer  les  étoffes,  les  perles,  le  corail,  les 
épices,  le  tabac. 

Actuellement,  les  transactions  commerciales  avec  le  Tibet 
sont  presque  nulles. 

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ASIE  CENTRALE.  397 


ASIE  CENTRALE 

KASHGARIE,  KHOKANn,   BOTJKHARIE,  KHIVA,  RÉGION  ARALO-CASPIB!tSNE 

098.  Paqcier  (J.  B.).  DeCaspianâ  atque  Aralicâ  regione  Asiae  veferes 
géographes  cura  recentioribus  conferendos  suscepit....  Paris, 
1876, 8». 

699  LoMAEiN.  Besuch  der  Ruinen  der  beiden  alten  Stadte  Mestorian  und 
Mesched.  Globus,  XXIX,  1876, 4  vol.  ;  75  d'après  Yhvestiîa  de  la 
Section  Caucasienne  de  la  Société  imp.  géogr.  de  Russie,  IV, 
cahier  I,  1875. 

700.  Blaramberg  (général  Von-).  Ruinen  der  alten  Stadte  Mestorià  und 
Mesched  in  der  Turkomannen  Steppe.  Mittheilungen  de  Peter- 
matin,  187t),  L,  16-18. 

C'est  la  traduction  d'un  article  russe,  inséré  par  le  général  Loraakin, 
dans  VIsveatiîa  de  la  Section  Caucasienne  de  la  Société  géogr.  russe, 
1875,  vol.   I,  nM. 

A  la  suite  de  la  reconnaissance  de  l'Oushoî,  le  général  Lomakinea  fait, 
entre  Mouliah  Kari  et  le  cours  de  i'Atrek,  une  exploration  d'un  haut  inté- 
rêt archéologique.  Elle  a  en  effet  révélé,  au  sud- est  et  à  36  kilomètres  du 
puits  de  Bougdaïly,  les  restes  d'une  grande  cité,  Mestorian  ou  Mestdovran» 
vestige  probable  des  temps  khovarezmiens  (994  à  1251).  Un  aqueduc  de 
plus  de  150  mètres  de  long,  avec  des  ramifications  assez  nombreuses,  al- 
lait chercher  l'eau  de  TAtrek  et  du  Sumbar,  pour  là  distribuer  soit  à  la 
ville,  soit  à  d'autres  centres  dont  il  ne  reste  pas  de  traces.  La  ville,  qui 
renfermait  une  citadelle  en  forme  de  carré  irrégulier  de  600  à  1200  mè- 
tres (le  côté,  devait  s'étendre  à  plus  de  2  kilomètres  de  tons  côtés  de  Ja 
citadelle,  comme  l'indiquent  les  décombres  et  les  fragments:  de  briques 
d'une  qualité  extrêmement  résistante.  Certains  édifices  d'une  fort  belle  ar- 
chitecture sont  recouverts  d'arabesques  et  d'inscriptions  sur  des  briques 
émaillées. 

A  5  kilomètres  au  sud-est  de  Mestorian,  le  général  Lomakine  a  visité  aussi 
une  localité  du  nom  de  Meched,  qui  n'est  à  propremeut  parler  qu'une  an- 
cienne nécropole,  car  on  n'y  voit  que  des  chapelles,  des  tombes,  des  pier- 
res commémoratives,  des  mosquées  dont  quelques-unes  sont  encore  de- 
bout. L'une,  celle  du  Cbir-Rabir,  renferme,  dit-on,  des  livres  et  des  ob- 
jets sacrés  auxquels  personne  ne  songe  à  loucher,  bien  que  ces  reliques 
soient  placées  dans  un  coffre  constamment  ouvert.  Un  crâne,  exhumé  d'un 
tumulus  voii>in  de  cette  mosquée,  semblait  appartenir  à  un  individu  de  la 
race  mongole. 

On  trouvera  plus  loin,  sur  la  steppe  turcomane  et  ses  habitants,  quelques 
détails  qui  sufliront  à  donner  une  idée  générale  de  cette  région  qu'on  peut 
désormais  considérer  comme  ouverte  aux  explorateurs,  du  moins  aux  ex- 
plorateurs russes. 


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M 


398  ASIE.  N-  698.756 

701.  ScHiERN  (Fr.).  Das  Federniand.  Bemerkungen  ûber  einige  Stellen 
des  A^"  Buchs  von  Herodot.  Mittheilungen  de  Petermann^  1876. 
1,  p.  40,  d'après  le  Bullet,  de  VAcad,  Boy,  Danoise  des  Sciences  et 
Lettres,  pour  1875. 

Les  Baschkirs  préparent  encore  aujourd'hui,  sous  le  nom  d'Afchouî, 
avec  lus  baies  de  prunellier,  une  boisson  appelée  Slçiu  par  Hérodote.  — 
Plus  au  nord,  les  Ostiaks,  avec  leurs  peaux  de  chèvres,  représentent  bien 
c  les  hommes  aux  pieds  de  bouc  »  d'Hérodote.  —  Les  Tchouvatcbes, 
enfin,  et  les  Tchcrémisses  sont  les  gens  du  c  Pays  des  plumes  »,  car  ils 
ont  toujours  l'habitude  de  répandre  sur  les  terres,  avant  les  semailles, 
les  plumes  de  volailles  égorgées  en  masses.  C'est  là  l'interprétation  que 
M.  Schiern  propose  pour  remplacer  Tcxpliiation  reçue  qui  voyait  dans 
ces  c  plumes  »  les  profondes  couches  de  neige  dont  le  pays  est  recou> 
vert  pendant  une  grande  partie  de  l'année. 

702.  BoBGGBEVE.  Nochmals  das  Federniand  Ilerodol's.  Aùsland,  1876, 
n"  7  et  n«  ^2. 

703.  Gross  (W.).  Soghd  [ou  la  Sogdi^na),  le  plus  beau  des  quatre  pa- 
radis, Ausland,  1875,  n»  31,  611-618. 

L'auteur  tend  à  prouver  que  l'hypothèse  d'un  paradis  primitif  étant 
adoptée,  la  Transoxiane  ou  Sogdiane  (pays  de  Samarkaiide),  serait,  sans 
contredit,  la  région  à  laquelle  il  faudrait  s'arrêter;  suit  la  description 
générale  du  pays. 

704.  ScHEFER   (Charles).  Relation  de  l'ambassade  au  kharezm  (Kiwa) 
de  Riza  Gouly  Khan.  Texte  persan  avec  tradnct.  francise,  Parisy  • 
1870,  1  vol.  iii-8».  Publication  de  l'École  des  Langues  orienlalcs 
vivantes. 

705.  MiR  Abdool  Kerim  Boukiiary.  Histoire  de  F  Asie  centrale  ^  texte 
persan,  publié  par  Charles  Sche'er,  Paris,  1875,  1  vol.  in-4«. 
Publication  de  l'École  des  langues  orientales  vivantes. 

700.  1d.  Traduit  en  français,  par  Charles  Schefer,  Paris  187G,  1  vol. 
grand  in-8°.  Publication  de  l'École  des  Langues  orientales  vivantes. 
Cet  ouvrage  est  précis  pour  les  États  du  Turkestan  occidental. 

707 .  TscHARTKow»  Uebcr  die  Reise  des  Pasukhin  Geiandten  des  Czaren 
Alexis,  nach  Usbekîstan  im  Jahrc  1671-1672,  liussische  Revue  ûe 
mttger,  1876,  cah.  X,  p.  329. 

Résumé  d'un  rapport  au  Congrès  des  Orientalistes  à  Saint-Péters- 
bourg, 1-13  septembre  1876. 

708.  Ed.  S/lchau  (à  Berlin).  Chronologie  orientalischer  Yôlker  von  Albi- 
rotlni,  herausgegeben  von  der  Deutscher  Morgenlând,  Gesellsch, 
Article  critique  de  P.  Lerch  dans  la  Rwssische  Revue  de  Rôtlger, 
1876,  cab.  XII,  p.  565  à  570. 

C'est  un  ouvrage  intéressant  pour  la  connaissance  des  anciennes  épo- 
ques du  khanat  de  Khiva  et  des  possessioBs  russes  dans  le  TarkesUn. 

709.  Bretschneider.  Notices  of  the  mediaeval  geography  and  history  of 
central  and  western  Asia*  London»  1876,  in-8. 


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ASIE  CENTRALE.  m 

710.  Bruun  (Prof.  D'  Ph.)  à  Odessa.  Die  Verwandlungren  des  Presbyters 
Johannes.  Zeitschr.  der  Gesellsch.  fur  Erdkunde  zu  Berliriy  1876i 
vol.  XI,  cali.  Ô4-65,  p.  2?«-315. 

711.  Baker  (Yalentine).  Gloudsin  the  East.  Article  critique  dans  Geo^ 
graph.  Magazine  de  Markham,  1876,  vol.  16,  p.  161  à  164.  — 
D'autres  articles  sur  le  même,  ihid,,  n*9,  p.  254-255,  et  n<*10, 
p.  279. 

N'ayant  point  lu  cet  ouvHige  qui  a  fait  quelque  bruit  en  Angleterre, 
nous  n'en  pouvons  parler  que  d'après  le  compte  rendu  spirituel  donné 
par  le  Geogr.  Magasine.  Des  328  pages  qui  composent  les  relations  du 
voyage  à. la  froillière  turco-persane,  lOO  seulement  sont  consacrées  à  la 
géographie.  Elles  sont  intéressantes  par  les  détails  qu'elles  présentent 
sur  le  Kouren-Dagh  que  les  voyageurs  traversèrent  entre  Meshed  et  Khé- 
hit,  par  une  passe  de  2000  mètres  environ.  Au  sud  s'étendent  les  pLiines 
sans  fin  du  Turkestah.  Le  Kouren-Dagh  court  ouest-nord-ouest  à  est- 
sud-est,  comme  un  immense  rempart.  Dans  son  titre  un  peu  fantaisiste  de 
Clouds  in  the  East  (Nuages  à  l'Orient),  l'auteur  a  voulu  désigner  le 
vague,  les  nuages  qui  régnent  encore  sur  les  pays  qu'il  a  visités  en  1873, 
c'est-à-dire  les  frontières  entre  la  Turquie  et  la  Perse. 

712.  Grigorïew.  Ueber  den  Sinrt  der  Namett  Turûn  und  Turanîer  Rus- 
sische  Revue  de  Rôttger,  1876,  cah.  X,  p.  528. 

Résumé  d'une  discussion  au  Congrès  des  Orientalistes  à  Saint- 
Pétersbourg,  du  1«'  au  13  septembre  1876. 

713.  Sur  le  pit)iet  d'un  Dictionnaire  géographique  de  l'Asie  centrale. 
Avis  de  la  Commission,  hvestiîa  de  la  Société  imp.  gëograph. 
de  Russie,  1876,  vol.  XII,  cah.  1". 

714.  Maïnoff  (VLADiina  de).  Les  Mordviiies,  d'après  les  données  de  Melki- 
noff,  Pauly,  Pallâs,  etc.  Revue  de  philolog.  et  d' ethnographe  Paris, 
1876,  t.  II,  4  vol.,  3-4,  p.  566-376. 

715.  Shaw  (R.  B.  political agent).  On  the  Ghalchah  languages.  Journal 
of  ihe  Asiatic  Society  of  Bengai,  Calcutta^  1876,  vol.  XLV, 
part.  I,  chap.  2,  p.  138-278. 

Les  habiunts  de  l'Asie  centrale  d'origine  turque  appellent  Ghalchach 
tous  leurs  voisins  d'autre  origine  qui  habitent  Kuulab,  Makas,  Minjan, 
Sangbich,  Karateguine,  Darwaz,  Roshan,  Shugnan,  Wakhan,  Buiiakshan, 
Zeibak,  etc.  Tous  occupent  le  haut  cours  de  l'Oxus  et  de  ses  aflluents,  ex- 
cepté les  Sarikoli,  au  de  là  de  Pamir,  qui  habitent  un  affluent  de  la  ri'^ 
vicrc  Yarkand.  Tous  aussi  sont  Chiites  et  parlent  ou  le  persau  propre- 
ment dit  ou  l'un  des  dialectes  ghalchach  dont  s'occupe  M.  V.  B.  Shaw.  Ces 
dialectes  sont  des  dérivés  du  type  vieux-persan  ou  zend;  ils  n'ont  passé 
ni  par  le  pehlvi^  ni  par  le  persan  moderne  ni  mélangé  d'arabe*  Les  tri- 
bus qui  les  parlent  ont  donc  vécu  depuis  une  haute  antiquité  dans  les 
montagnes  qu'elles  habitent  et  sont  plus  pures>  ethnographiquement,  que 
les  Persans  proprement  dits. 

Die  Bewohner.  des   Schwarzen  Irlysch-thales.  Zeitsc/trift  fur 
Ethnologie,  VII,  1876,  p.  62» 

716    Si hlagintweii-SaiiOnlOkski  (Hebuann  vofi).  Klimatischer  Karakler  der 


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400  ASIE.  K«- 69^156 

Pflanzen  geographischen  Regionen  Hochasiens,  mit  vergleicben- 
den  Dateii  ûber  die  angrenzenden  Gebiete.  Munich,  1876,  in-4*. 

717.  pAQLiER  (J.  B.)-  Les  exportalions  russes  et  anglaises  dans  l'Asie 
centrale.  Bulletin  de  la  Soc,  de  géogr,  de  Paris,  1876,  cah.  de 
décembre,  p.  561  à  570. 

Excellent  historique  des  efforts  auxquels  la  géographie  doit  ses  nolioos 
sur  l'Asie  centrale.  Les  Busses  et  les  Anglais  ont  eu  la  principale  part 
dans  ces  explorations;  leurs  intérêts  politiques  et  commerciaux,  la  posi- 
tion relatiye  de  leurs  conquêtes  en  Asie  devaient  les  porter  à  étudier  le 
pays. 

718.  Paquier  [J.  B.).  Le  Pamir,  Étude  de  géographie  physique  et  histo- 
rique sur  l'Asie  Centrale.  Parit,  1876,  in-8. 

Professeur  dans  Tun  de  nos  lycées,  M.  Paquior  a  dirigé  ses  travaux 
personnels  vers  l'étude  de  l'Asie  centrale.  Le  premier  article  de  ceUe 
bibliographie  donne  le  titre  d'une  thèse  latine  pour  le  doctorat  es  lettres 
où  M.  Paquier  a  retracé  l'histoire  du  bassin  Aralo-Caspien,  et  on  vient 
de  voir  le  titre  d'un  article  sur  l'Asie  centrale.  Cette  fois  c'est  une  étode 
savante  et  consciencieuse  sur  le  Pamir  qu'il  a  présentée  comme  tbèse 
française.  Les  lecteurs  qui  voudraient  être  renseignés  sur  l'état  actuel 
de  nos  connaissances  au  sujet  du  Pamir  et  sur  l'histoire  des  explorations 
dans  cette  partie  de  l'Asie  ne  sauraient  mieux  faire  que  de  recourir  à 
l'ouvrage  de  M.  Paquier. 

719.  Fkdtschenko  (A.).  Reise  nach  Turkestan.  I.  Historischer  Theilfûr 
Khokandiscben  Ghanat.  IL  Zoologiscber  Theil  (sect.  9-11).  111. 
Botanischer  Theil  (secU  1).  Moskau,  1876,  grand  in-4*  (en  langue 
russe). 

720.  ScHOTLER  (EoG.).  Turklstan.  Noies  of  a  journey  in  Russian  Tor- 
l^estan,  Khokand,  Bukbara  and  Kuldja,  with  3  maps  etc....  2  vol. 
London,  1876.  V,  article  critique  sur  cet  ovLxrdigey  Geographical 
Magazine,  1876,  n»  12,  p.  333-331. 

721.  Stumm  (H.).  Derrussische  Feldzugnach  Khiva,  t.  î,  Berlin,  1875, 
1  vol.  in-8,  avec  caries. 

Ouvrage  très-important  dont  l'auteur  est  le  seul  officier  étranger  qui 
ait  été  autorisé  à  accompagner  l'expédition  russe  à  Khiva.  Ce  premier 
volume  est  relatif  à  la  géographie,  la  statistique,  l'état  de  civilisation  do 
pays  sur  lequel  les  Russes  ont  établi  leur  domination  en  1875.  Cartes  par 
le  professeur  H.  Kiepert. 

Une  traduction  française  de  cet  ouvrage  a  été  faite  par  M.  Wachier 
(Dumaine,  libraire,  à  Paris). 

722.  Stbemohchow.  Reise  nach  Buchara,  nach  den  Tagebuch  des  Rei- 
senden,  etc.,  traduction  du  russe  par  H.  von  Lankenau,  Glolws, 
1876,  p.  74,86,118. 

723.  Shaw  (R.  B.).  a  Prince  of  Kashghar  on  the  geography  of  eastern 
Turkestan.  Proceedings  of  the  Boy.  Geogr,  Society,  t.  XX,  1876, 
n*  6,  p.  482-493 


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ASIE  CENTRALE.  401 

Celte  commuaicalion  est  importante  par  les  renseignements  qu'elle 
reurerme  sur  la  topographie  du  Turkestan  oriental,  encore  obscure  sur 
plus  d'un  point  malgré  les  voyageurs  qui  ont  parcouru  le  pays  pen- 
dant ces  dernières  années.  H.  R.  B.  Sltaw.l'eiplorateurbien  connu  (qui  est  de 
plus  un  élégant  écriTain),  ayant  eu  entre  les  mains  le  manuscrit  de  Mirza- 
Haïdar,  prince  de  la  famille  royale  de  Kashgar,  contemporain  et  parent 
du  fameux  empereur  Baber,  a  étudié  ce  document  et  l'a  commenté  de- 
vant la  Société  royale  géographique  de  Londres.  Nous  ne  pouvons  suivre 
M.  Shaw  dans  le  détail  de  ses  déductions.  Toutefois,  voici  les  conclurions 
qu'il  donne  sur  les  points  principaux  auxquels  il  touche  à  l'occasion  du 
mémoire  de  Mirza-Haïdar. 

Au  sujet  du  Pamir,  M.  Shaw  se  rallie  à  l'opinion  qui  veut  que  cet 
énorme  plateau  soit  sillonné  de  chaînes  montagneuses  qui,  courant  de 
l'est  à  l'ouest,  reproduiraient  en  quelque  sorte  les  directions  générales  des 
monts  Alaî,  et  formeraient  les  divisions  des  divers  Pamirs.  M.  Shaw  invo- 
que à  l'appui  de  cette  thèse  l'opinion  du  regretté  docteur  Stolicxka  et  les 
conclusions  du  capitaine  Biddulph. 

Quant  à  la  région  du  Balor  ou  Bolor,  elle  serait,  à  proprement  parler, 
le  fiardistan  et  comprendrait  le  Kaflristan,  le  Chitral,  le  Yassin,  le 
Ghilghit  actuels  et  s'étendrait  au  sud  de  l'Indus  jusqu'à  Astor  etChilas. 
Le  Wakham  ferait  partie  du  Badak»han.  Le  colonel  Yule,  dont  la  profonde 
érudition  a  tant  contribué  au  progrès  de  la  géographie  de  ces  contrées, 
avait  déjà  conclu  comme  l'a  fait  M.  Shaw  en  cette  occasion. 

On  se  rappelle  que  H.  Shaw,  dans  une  précédente  communication,  avait 
modifié  les  idées  antérieures  sur  les  passes  du  Kara-Korum.  Il  revient 
là-dessus  et  voici  son  appréciation  :  <  U  est  évident  que  la  soi-disant 
chaîne  du  Kara-Korum  n'a  plus  de  raison  d'être.  » 

724.  Bhunulti  (A.).  La  steppa  Turcomanna,  Bolletino  de  la  Soc.  geogr, 
Italtana,  Ronui,  1876,  avril,  p.  177  à  192. 

725.  VENYOuKOPr.  An  Itinerary  from  Aksu  to  Yarkand  and  Ladak. 
D'après  les  Iwatixa  de  la  Soc.  imp.  géogr.  de  Russie,  XII,  1876, 
p.  22.  V.  Geograph.  Magazine,  n*  9,  p.  239-240. 

Itinéraire  sur  la  frontière  russo-kasbgaro-chinoise  de  Mongolie,  par  la 
Kashgarie,  et  jusque  dans  le  petit  Tibet.  U  a  été  dressé  d'après  tous  les  docu- 
ments que  le  colonel  Yenyoukoff  a  pu  réunir.  Sur  plusieurs  points  il  pré- 
sente des  divergences,  pour  les  noms  surtout,  avec  les  caries  du  colonel 
Walker  (Turkeatan)  et  du  capitaine  Trotter  (de  Cachemyr  à  Kashgar). 
La  distance  totale  d'Aksou  à  Ladak  est  de  1400  kilomètres  environ. 

726.  Der  Theehandel  in  Turkestan.  Russische  Revue  de  Rôltger,  1876, 
n»  10,  p.  358. 

Autrefois  les  Chinois  ou  les  Dounganes  apportaient  le  thé  .chinois  sur 
les  marchés  du  Turkestan  et  de  la  Sibérie,  et  en  fixaient  le  !prix  et  les 
conditions  de  vente.  Aujourd'hui  ce  sont  les  Russes  qui  vont  le  chercher 
dans  la  Chine  même,  aux  principaux  lieux  de  production.  Ils  ont  le  mo- 
nopole de  la  vente  sur  les  marchés  de  l'Asie  centrale  dont  lOb  Chinois  sont 
rigoureusement  exclus.  Toutefois  il  y  a  une  redoutable  concurrence  an- 
glaise. 

727.  SoBOLBFP  (L.  N.).  Notices  statistiques  et  géographiques  sur  le  cer- 
cle du  Serafchân  avec  d'autres  deuils  ethnographiques  surtout 
relativement  à  la  ville  de  Samarkand  et  les  environs.  Sapiski  ou 


l'ANKÉt  GÉOGK.  XV. 


yGoogk 


M 


ASIK,  N-  698-756 


Mémoires  de  la  Soc.  imp.  géogr.  de  Russie,  Section  statistique, 
1874,  voUY  (en  russe). 

Mémoire  détaillé  et  consciencieux.  Le  chiffre  des  habilanU  du  cercle  de 
Serafchân  est  évalué,  pour  1873,  à  280  950  personnes,  dont  16Î5Û0  habi- 
tants pour  la  ville  de  Samarkande. 

728  Forsyth  (Sir  Dodglas).  Report  of  a  mission  to  Yarkand  in  1875, 

*  withistoricalandgeûgraptiicalinfûrpttîitiQns,  etc....  Calcutta,  1875, 
in-4%  570  pages  avec  nombreuses  pbotogi^aphies  e^  une  carte. 
Voir  aussi  un  article  critique  dans  le  Gea^,  Magazine,  1876, 
n»  11,  p.  304  à  506. 

Mous  parlerons  plus  Iqip  de  cet  ouvrage  considérable  dont  Vimportance 
nous  §pmci^  $1  résupier  la  taille  des  matière^       ,"  ^    ,    ^    ,       . 

Hécit  du  vQyatge  de  la  mission.  —  Pescnpiion  générale  de  la  Kashgane 
par  le  docteur  Bellew  et  le  capitaine  Chapman  :  géographie  physique, 
Dûlitique,  ethnographique,  économique  et  administrative.  —  Histoire  de 
la  Kashgarie  par  le  doctepr  Bellew.  -  Exploration  du  lieutenant-colonel 
Gprdon  au  Chadir-Koul  et  au  Tian-Shan.  —  Explorations  du  capiUioe 
Biddulph  à  Maralbachi.  —  Exploration  du  lieutenant-colonel  Gprdon  au 
Pamir  et  au  Wakhan.  —  Exploration  scientifique  faite  par  le  capiuine 
Trotter  R.  S.  et  ses  adjoints.  —  Notes  géologiques  (lues  à  feu  le  docteur 
StoUczka.  —  Le  commerce  de  la  Kashgarie,  par  le  capitaine  Chaproan. 
Swr  les  épreuves  photographiques  insérées  dans  l'ouvrage,  par  le  capitaine 
Chaproan.  —  Métnoirc  siir  l'élevage  des  moi»tOQS.  par  le  capitaine 
Chapman. —  Mémoire  sur  les  monnaies,  poids  et  mesures,  par  le  doctenr 
Bellew.  —  Le  calendrier.  —  Observations  météorologiques,  par  le  docteur 
Bellew.  —Vocabulaire  par  le  docteur  Bellew  et  le  capiuine  Biddulph. 

729  Yenioukoff.   Les    plus    récentes   explorations    russes   en  Asie. 

*  1.  M.  Rheinthal  à  Kashgar.  2.  M.  Hilatin  à  Khokand.  Htmêche 
Berne,  1876,  np  lU,  p.  351. 

750.  Gordon  (Lieutenant-Colonel).  The  Roof  ofthe  World.lv.  in4»  avec 
cartes  et  planches.  Londres,  1876. 

131    Maïeîf  (H.),  lïissar  aflii  KulaJ),  d'après  Vhvesti^fi  ^p  la  Soc.  imp. 
'  géogr.  de  Russie.  Geograp^ih  Mdçmt^  de  4(«r*A<imi  1§7Q.  n*  l*. 
p.  326-550. 

Voir  aussi  :  MUtheilungen  derGeograph.Geselhch.  in  Wien,  1876, 
vpl.XlX,  n«î,p.  38,59, 

A  son  extrémité  occidentale,  la  grande  chaîne  du  Thian-Shen  s'abaisse 
en  se  rapprochant  du  cours  de  T Amou-Darya.  Les  derniers  chaînons,  qui 
présentent  cependant  encore  une  certaine  hauteur,  et  les  vallées  qu'ils  en- 
serrent étaient  assez  mal  connus  il  y  a  quelques  années.  Fedsehenko,  se 
basant  sur  des  phénomènes  atmosphériques,  avait  même  avancé  l'opiaiou 
que  le  désert  de  Boukhara  devait  s'étendre  dans  celle  direction.  Dn  voyage 
accompli  par  des  Russes  en  ces  années  dernières  a  doté  la  géographie  de 
faits  plus  po!«itifs  et  plus  exacts.  Les  membres  de  l-expédition  étaient 
M.  Mayeff,  éditeur  de  la  Gazette  du  Turkestan,  le  lieulenaul  Vichnewski, 
M.Schwarlz,  astronome,  et  M.  Kasbekof,  interprète.  Le  Geographical  Ma- 
gazine et  le  recueil  de  la  Société  de  géograjphie  de  Vienne  Ont  exposé, 
d'après  VIsvestîîa  (Je  la  Société  impériale  géographique  de  Rassie,  les  ré- 
sultats de  ce  voyage.  L*un  des  principaux  a  été  de  conrtatev  que  le  Shir* 

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ASIE  CENTRALE.  405 

Abad-Darya  et  le  Kousar-Darya  sont  des  cours  d*eau  de  quelque  impor- 
tance. Ge  dernier  est  formé  par  la  rencontre  de  deui  Civières  venant  de. 
Test.  La  mission  s^est  assurée  aussi  d^  l'existfncè  du  Spur*Ehan,  grand 
affluent  de  l'Oxus,  et  a  relégué  au  second  rang  le  Toupoulan. 

Les  explorateurs  ont  visité  la  Porte  de  Fer  qui  n'avait  été  vue  eucorç 
que  par  un  bouddhiste  du  traisième  sièelo  de  notre  ère,  et  par  le  célè- 
bre Gonzalez  de  Glavijo,  amlnis^a^i^r  dil^ptign^  \  U  CQur  de  Tamerlan 
(1405). 

Le  climat  du  Hissar  est  bon,  les  vallées  abritées  ^es  veq^s  du  nord  s'ou- 
vrent en  général  vers  le  sud;  elles  sont  généralement  peu  élevées.  La 
p)(|s  éleyée,  ce^le  0e  Çaisoun.  a  environ  içpp  niètr^^  ;  je  ccnurs  ^e  VAiij<|i|- 
Darya,  au  sud  et  sur  le  méridien  de  §héhr  j^ebs,  n^est'g^ière  gv^k  90  mètres 
d'altitude.  '  * .    •     t-^ 

Pi«bs«r  et  Kau)«)i  pcp^w#flni  \i»  fl^iséftlfii  9t  hf  fM\m  à»  jardin  du  mb- 
trfi  ^e  l'4p|e.  i^  SWr^Abafl  çr^lç^en^  \f{  çf^on  et  le  ^gflier.  ^liiflan,  His- 
sar,  Dpushambe  enypient  du  blé  et  de  1^  pire  à  Boukhîira.  ^  ^1  djt  c  ro- 
che fàlée  de'RhoiizâV  »  se  trouve  t  une  soixantaine  de  |;iloinèlres  de 
Khouzâr  et  sur  plusieurs  autres  points  et  s*en  Va  jusqu'à  tash)iént.  Le 
trafic  se  fait  à  dos  de  cliameaux,  de  mulets  et  de  chevaux,  car  il  n'existe 
pa«  HP  «^u)  fsbav  d»n$  )a  PPPlf^. 

Hissar  et  Koulab  sont  respectivement  divisés  en  sept  et  en  ^x  sous- 
districts. 

La  population  est  composée  d<Ousb«ks  et  de  Tadjiks.  (9es  derniers, 
en  minorité,  sont  P«u  ^  peu  refoiilés  dans  le»  hautes  vallées;  plus  qu'ail- 
leurs, ils  se  sont  conservés  sans  mélange  dans  les  communes  montagnar- 
des de  Bissar.  Derbeot  est  etclusivemen(  habité  par  de<  Tadjiks  qui  ne  par- 
lent même  pas  la  langue  pusbek.  On  tropve  aussi,  dans  le  pays,  des  Lyouli 
(gipsies),  df;s  ^ougoift  (jujfs),  des  Hindous  et  des  afghans.  A  Boukhara,  le 
ffîs'sar  est  connu  sous"e  nôpâ  à'Ousbekistan  à.  cau^e  de  jfi  prédominance 
marquée  des  0^sbeks  ^uir  le  reste  de  la  population. 

732.  Weil.  La  campagne  des  Russes  dans  le  khanat  de  Kokhand 
a'août  1875  à  janvier  1876;  Paris,  1876,  in-8.  Extrait  du  Journal 
ides  Sciences  militaires,  '    .    "  '.' 

733.  Vambért  (A.).  The  Russian  Campaigii  in  Khpjçand,  Qeographical 
Maçazine  de  Markham,  1875,  i  vol.  in-*»,  p.  85-89. 

734.  MicHELL  {^obem),  Yergh^n^i,  Qçographical  Jjfaaoiin^  àe  Markham, 
1876,  n*5,p.  124-127  î  et  n- 6,  p.  141  à  152.     *      '  ' 

755.  KTJH!f  (Alexandre  de).  Esquisse  géograpliique  et  historique  du  khanat 
de  Khokand,  ancien  ï'erghana.  hvestHk  de  la  Soç.  împ.  fféograph. 
de  Russie,  1876,  vol.  XII,  cah.  1"  (en  russe),  trad.  en'allfemand 
dans  lu  Rtm^kçM  Qffvm  Ap  ^ti$m  i.??6i  fiâbiei:  p,  p.  m-m^. 

Un  très-bon  résumé  de  cette  notice  a  paru,  en  français,  au  Journal  de 
Saint-Péiénbourg  qui  renferme  fréqu^mniènt  des  iodieatio'kis  pr^ieuses 
sqr  les  tecrilpires  russ§§  4e  rAsj^, 

755.  Du  même.  Das  Gebiet  Fergbana,  das  frûhere  Khanat  Chokand. 

756.  Kdhn  (A.  L.  ?en).  Das  neueuworbenp  Gebiet  irpn  Namangan  im 
PaiQ^^  vç|n  Khokand.  Russische.  Revue  de  RôU^erf  ^876,  n»  | 
p.  108-110.    '  '    .      » 


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â 


404  ASIE.  N-698-7a(> 

757.  Ker  (David).  A  peop  into  Kokan;  or,  irom  Djizak  to  Tashkent, 
via  Khodjeut.  Geogr,  Magazine  de  Markham,  1876,  n*  10,  p.  267> 
270. 

738.  Vambért  (H).  Ghokand  ou  Khokand?  OesterreichiscJie  MonaUchrifl 
fur  den  Orient,  1876,  n»  1,  p.  1-3. 

L'auteur  adopte  la  transcription  de  Chokand»  qu*il  traduit  pir  «  Belle- 
ville  »,  d'après  deux  racines  des  laugues  turco-allaïques. 

739.  WooD  (AamERTo).  L*Oxus  al  tempo  de  Alexandro  Cosmos  de 
G.  Cara,  1876,  vol.  III,  p.  213. 

740.  BoaDAKow(HoDEST).Uebersicht  der  Reisen  und  natur-bistorischen 
Untersuchungen  im  Aralo-Kaspischen  Gebiet,  seit  dem  Jahre 
1720  bis  zum  Jahre  1874.  Russische  Revue  de  RÔUger,  1876, 
cah.  2%  p.  145  à  139;  cah.  5%  p.  440  à  458,  et  cah.  6%  p.  558  i 
576. 

Série  d'articles  dont  on  trouvera  un  résumé  ft  la  suite  de  la  bibliogra- 
phie. 

741.  HowoRTH  (Henrt  h.].  Tbe  Basins  of  the  Gaspian  and  the  Aral. 
Geogr,  Magazine  de  Markham,  1876,  n*  4,  p.  106-107. 

742.  Woeïropf  (A.).  Former  physical  aspects  of  the  Gaspian.  Geogr, 
Magazine  de  Markham,  1876,  n*  8,  p.  224,  225. 

743.  TiLLO  (A.  A.).  Riassunto  dei  résultat!  délia  spedizione  della  Soc. 
geogr.  Russa  e  dalla  sua  sczione  di  Oremburgo  per  la  livellazione 
tra  il  mar  Gaspio  e  l'Aral.  Cosmos  de  Guido  Cora,  1876»  vol.  III, 
p.  9. 

744.  WooD  (Major  Herrert).  On  former  physical  aspects  of  the  Gaspian 
basin.  Geogr.  Magazine  deMarkham,  1876,  n*  1,  p.  8  à  11  ;  n*  2, 
p.  34  à  38;  n»  12,  p.  336,537. 

745  WooD  (H.).  The  Aralo-Caspian  dépression.  Geograph,  Magazine 
de  Markham,  1876,  n*  5,  p.  136, 137. 

746.  WooD  (Herrert).  The  sbores  of  Lake  Aral,  fjondon,  187G,  1  toI. 
in-8.  Article  cri|iquedans  le  Geogr,  Magasine  de  Markham,  iSlQ^ 
n»  7,  p.  190. 

747.  M^ooD  (Major  Herrert).  Notes  on  the  lower  Amu-darya,  Syr-da- 
rya  and  Lake  Aral,  in  1874.  Journal  ofthe  Royal  Geograpkicai 
Society,  t.  XLV  (1875),  p.  367  —  Avec  carte  et  figures. 

C'est  là  un  article  des  plus  importants  sur  le  sujet.  Nous  en  parlerons 
ci-dessous. 

748.  WooD  (Major  Herrert).  Geological  Exploration  in  the  Amu-dar)'a 
District.  Geograpfu  Magazine  de  Markham,  1876, 1,  p.  22-23. 

749;  WooD  (Ariserto).  LePaludi  deU'  Amu  iuferiore.  Cosmos  du  Guido 
Cora,  1876,  vol.  III,  p.  173. 


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ASIE  CENTRALE.  405 

750.  Kdhn  (â.).  Lupandin's  Aufnahme  im  Usboi,  1875.  Ghbus,  XXIX, 
1876,  p.  184.  Gompar.  Lomakin.  Recognoscirung  des  Us))oî 
Isvestiïa  de  la  Sect.  Caucasienne  de  la  Soc.  imp.  géogr.  de  Russie, 
lY,  1875,  n«  1. 

751.  Spedizione  russa  air  Usboi,  letto  anticodel  fiurae  Amu.  Bollet, 
délia  Soc,  geogr,  Italiana,  Borna,  1876,  février,  p.  79,  82. 

752.  Zur  Beschiffungder  Amu  Darja.  Bussische  Bévue  de  RÔttger,  1876, 
n*  10,  p.  359, 360. 

Au  mois  d'août  1876,  le  vapeur  le  Samarkhand,  sous  les  ordres  de 
l'officier  tle  marine  russe  firioukow  I",  quitta  Petro-Alexandrowsk  et  re- 
monta l'Amou-Darya,  jusqu'au  delà  de  Pitniak,  c'ei^t-à-dire  à  quelques 
kilomètres  en  amont  du  point  qui  avait  été  atteint  l'année  précédente.  Le 
coraman'lant  du  5amarfc^nd  estime  que  le  fleuve  est  navigable  jusqu'à 
Mescbekli,  limite  du  territoire  russe,  mais  que  eette  navigation  exigerait 
un  vapeur  plus  puissant  que  celui  dont  il  disposait. 

753.  KosTENKo  (L.).  Die  Expédition  in  das  Alaï-Gebirge,  Rwtsiscke  Revue 
de  RôUger,  1876,  cah.  12,  p.  535  à  565. 

Ce  travail  a  été  partiellement  traduit  au  Bulletin  de  la  Société  de 
Géographie,  mai  1876,  et  un  résumé  en  a  été  donné  au  Geogr.  Magazine 
de  Markham,  1876,  n»  12,  p.  335. 

A  la  suite  He  leur  prise  de  possession  du  Khokand  (actuellement  pro- 
vince de  Ferghana),  les  Russes  ont  eu  à  réprimer  plusieurs  insurrections, 
après  l'une  desquelles  ils  ont  éié  amenés  à  franchir  l'Alal,  la  Transalal 
et  à  aborder  le  plateau  de  Pamir.  Le  récit  de  cette  expédition  a  été  l'ait  par 
un  savant  ofGcier,  le  colonel  Kostenko. 

754.  LiusiUN  (Colonel).  Map  of  the  district  ofFergh&na,  with  tbe  adja- 
cent parts  of  Turkistan  :  20  verstes  pour  un  pouce  (en  langue 
russe).  Voy.  l'article  critique  dans  Geogr.  Magazitie,  1876,  n*  7, 
p.  195. 

755.  KiEpERT  (H.).  Karte  von  Touran  oder  Turkistan,  zuifi  3*«'>  Maie  neu 
bearbeitet  fc,ooS>6o()-  Berlin,  1876, 1  feuille. 

756.  Stanford.  Map  of  Central  Asia,  constructed  from  the  latest  En> 
glish  and  Russian  Documents,  etc.,  by  the  late  John  Arrowsmith 
with  additions  and  corrections  to  1870,  Article  critique  dans 
Geogr.  Magazine  de  Markham,  1876,  n*  7,  p.  193. 


Les  voyages  dans  l'Asie  centrale. 

Les  expéditions  de  ces  dernières  années  dans  l'Asie  centrale 
ont  eu,  pour  la  plupart,  un  but  politique  plus  ou  moins  dissi- 
mulé sous  des  dehors  scientifiques.  Deux  grandes  puissances 
européennes,  qui  forment  au  cœur  de  FAsie  Tavaiit-garde  de 
noire  civilisation,  ont  vu  peu  à  peu,  par  la  force  des  choses. 


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406  ASIE.  K**  698-756 

leurs  frontières  se  rapprocher,  leurs  lignes  de  contact  s'étendre 
dans  côs  contrées  reculées.  Aittsi  ont  augmenté  poulr  rtine  et 
l'autre  le  nombre  des  points  vulnérables  en  cas  de  guerre  entre 
lés  métirobbles.  L'Angleterre,  qui  sait  ce  que  l'înde  lui  â  coûté 
et  ce  qu'elle  lui  rapporte,  veille  avec  une  inquiète  sollicitude 
sur  ses  possessions  dont  il  importe  que  le  6héttlin  M  lui  soit 
pas  barré.  Elle  à^  il  iaut  lé  reconnaître^  ^luS  de  raisons  de 
craindre  qiié  là  Hûssié.  Mais  le  coté  politique  de  la  question 
n'est  pas  celui  qui  doit  nous  prêdceu{)ejh  id  :  %  oeux  de  nos 
lecteurs  qui  désireraient  le  connaître»  nous  ne  pcmrnons  que 
conseiller  la  lectui^  de  duell|ûes-iitià  dôS  ôutfàgés  ël  articles 
ihdiqùéis  â  là  bibliographie. 

Les  avantages  que  la  géographie  a  trouvés  à  cette  marche 
aes  Russes  et  des  Anglais  en  Asie  sont  considérables  et  ache- 
mineront sans  nul  doute  à  de  nouveaux  progrèâ.  Noiis  allons 
essayer  de  donner  Une  idée  de  la  pari  que  peut  revendiquer 
l'année  1876  dans  la  6omi6iissàiice  de  l'Asie  centrale.  Nous 
n Wns  aucune  décoùverle  proprement  dite  à  constater  dans 
le  Turkestan  oriental  ou  la  région  du  Pamir^  mais  un  certain 
ttmiibré  d'dUt)*àg^  dtit  pàftt  ([lii  dêvëlôpt)eilt  et  répandent 
la  cohnàis^aiicë  de  contrées  iînpàrfaitement  connues  jos- 
qu'ici« 

De  ce  nombre  est  la  relation  qUe  nous  d^Mme  tin  voyageur 
américain,  H.  Schuyler;  de  ses  voyt^  dans  les  possessiiMift 
rtisséâ  à  Test  de  la  mer  d*Ai^l,  lors  de  rek{)éditioii  hksée  qui  a 
livré  le  khanat  de  Khokand  à  la  Russie.  Les  Américains,  dont 
l'esprit  d'entreprise,  le  tempérament  énergique  ont  mis  en 
pleine  exploitation  un  continent  immense  à  peine  connu  au 
commencement  du  siècle,  ont  fourni  ces  dernières  années  leur 
contingent  à  l'exploration  de  l'ancien  monde.  Tandis  quelle 
hardi  Stanley  s'avance  dans  la  région  des  grands  lacs  de  l'Afri- 
que, Tun  de  ses  compatriotes,  M.  Schuyier,  suit  les  colonnes 
russes  après  leur  marche  sur  Khiva,  et  nous  apporte  de  ses 
voyage  une  relation  qui  est  loin  d'être  sans  valeur  au  point 
de  vue  de  la   géographie.  L Année  géographique  de    1875 

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ASIE  GERTHALË.  407 

avait  déjà  signalé  les  récits  d'un  reporter  du  Netu-York-Herald^ 
M.  Mac  Gahan^  également  américain^  croyons-nous^ 

L'ouvrage  de  M.  Schuylet*  est  plus  étendu;  il  a  pour  titre  : 
Turkistan  (a^  720),  et  nous  fait  parcourir  le  Tuikestan,  le 
Khokand,  les  pays  de  Boukara  et  deKoudlja. 

Tashkêiid,  le  point  de  départ,  a  pris  déjà  les  allures  d'uiie 
ville  européenne^  depuis  qu'elle  est  devenue  capitale  du  gou«- 
vernement  nis^e  du  Turkestan.  Elle  a  palais,  villas,  squares, 
boulevards,  et  les  églises  s'y  élèvent  à  côté  des  mosquées.  D'ici 
à  quelques  années  elle  priendra  sans  doute  une  importance  con- 
sidérable. 

Saiiiarcaifide,  la  première  provinde  que  visite  M.  Schujler, 
est  à  rentrée  de  la  vallée  du  Zarafchan  :  là,  nous  sommés  en 
pleine  terre  historique,  et  Tétude  des  ruines  dont  le  sol  est 
semé  nous  vaudra  de  précieuses  révélations.  Conquise  en 
1868,  Samarcande  conserve  encore  Faspect  d'une  ville  orien- 
tale. Elle  semble  relier  le  passé  de  l'Europe  à  celui  de  l'Asie  : 
fondée  par  le  fameux  Afrosiab,  héros  légendaire,  et  prise  par 
Iskander,  elle  renfertne  la  tombe  de  Tamerlan. 

En  parcourant  le  Zarafshan,  M.  Schuyler  a  ajouté  de  bons 
renseignements  à  ceux  qu'avaient  antérieurement  recueillis  le 
général  Abramof  et  Fedschenko  ;  il  a  précisé  la  direction  et 
la  hauteur  du  Kara-Tau,  au  sud,  et  celles  du  Kuh-i-stan;  il  a 
donné  sur  le  climat,  sur  les  richesses  agricoles  et  industrielles 
de  la  vallée,  dès  iiidications  nombreuses. 

Après  le  Zarafshail,  c'est  le  Khokand,  encore  indépendant 
alors,  que  M.  Schiiylèr  a  visité.  On  sait  qu'il  est  aujourd'hui 
incorporé  aux  pos>essioris  russes  sous  son  ancien  njDm  de  Fer- 
ghanah,  et  nous  eh  parlerons  plus  loin.  Les  renseignements 
qu'il  a  recueillis  sur  les  ressources  minières  de  la  contrée 
ont  été,  depuis  lors,  confirmés  par  le  rapport  que  le  professeur 
Romanowsky  a  adressé  au  général  Kauffinann. 

De  Khokand,  le  voyageur  revenant  sur  ses  pas,  s'engage  dans 
la  vallée  de  Shahr-i-Sebz,  que  commande  la  grande  ville  de 
Boukhara.  Les  habitants  de  ce  pays  contrastent  par  leur  carac- 

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èm  ASIE.  N-6î)8-75(i 

tère  9\ec  ceux  da  Khokand.  Ces  derniers,  en  effet,  sont  rudes, 
grossiers,  soopçonneax;  chei  les  autres,  on  trouve  queli^ue 
chose  de  rafiabilité  européenne  :  Boukhara,  du  reste,  a  été  de 
tout  temps  renommée  pour  la  finesse  de  sa  diplomatie.  Gomme 
le  Zarafslian  et  le  Fergfaanah,  le  Shahr-i-Sabz  est  une  vallée 
dirigée  de  Test  à  rouest,aTec  son  débouché  sur  le  bassin  arab- 
GKpien  et  la  grande  plaine  tartaro-moscovite.  Les  montagnes 
qui  Tentourent  sont  hautes,  escarpées,  couvertes  souvent  de 
neiges  et  de  glaciers,  mais  les  villes  sont  assez  populeuses  et 
commerçantes.  L'une  d'elles,  Kartchi,  qui  a  vu  naîti*e  Tamer- 
lan,  semble  appelée  à  un  bel  avenir  commercial. 

Une  circonstance  de  détail  ayant  empêdié  M.  Schuyler  de  se 
rendre  à  Khiva  qui  venait  de  tomber  entre  les  mains  des 
Russes,  il  revint  sur  Tashkend  pour  prendre  la  route  de  Tlssyk- 
Koiil.  Il  passa  d'abord  par  Aoulié-Ata,  Tancienne  Toi  las  ou 
Taras,  qui  occupe  une  position  exceptionnelle  et  qui  faillit  rem- 
porter sur  Tashkend  dans  le  choix  d'une  résidence  pour  le 
gouverneur  général.  C'est  à  Oulié-Ata,  sur  la  rivière  torren- 
tueuse de  Taras,  que  se  trouvaient  les  mille  sources  de 
Hiouen-Tlisang  ;  par  là  passait  la  grande  route  d'Occident  eu 
Mongolie  et  en  Chine;  aussi  rencontre-t-on  dans  ces  parages 
de  nombreux  vestiges  d'une  civilisation  éteinte,  tels  que 
monnaies,  poteries,  vaisselle  métallique,  ruines  de  monu- 
ments, etc. 

M.  Schuyler  termine  son  livre  par  des  chapitres  auxquels 
nous  ne  devons  faire  ici  qu'une  discrète  allusion,  à  cause  des 
susceptibilitrs  qu'ils  ont  soulevées  en  Russie ^  11  nous  apprend 
que  la  totalité  des  possessions  russes  dans  le  Turkestan  s'éle- 
vait, en  1873,  à  791  386  kilomètres  carrés,  avec  une  popula- 
tion de  1  600  000  habitants.  La  conquête  récente  du  Khokand 


*  Les  assertions  de  M.  Schuyler,  en  ce  qu'eUes  avaient  d'hostile  à  la  politique 
rus»e.  ont  été  combattues  dans  un  livre  publié  à  Saint-Pétersbourg  par  M.  Te- 
rentier,  sous  le  titre  de  :  La  Busaie  et  l'Angleterre  dans  VAsie  centrale.  11 
nous  est  impossible  de  rien  dire  de  cet  ouvrage,  dont  nous  ne  connaissons  que  le 
titre  et  qui,  d'ailleurs,  est  sans  doute  en  russe. 


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ASIE  CENTRALE.  409 

a  porté  ces  chiffres  à  1  i40  880  kilomètres  carrés*  (près  de 
deux  fois  la  superficie  de  la  France),  et  à  2  500  000  âmes 
(la  population  de  la  Siiisse). 

L'ambassade  britaniiiqae  à  Kashgar. 

Les  Anglais  ont  porté  depuis  longtemps  leur  attention  sur 
cette  partie  de  l'Asie  intérieure  qui  leur  offrait  le  terrain  le 
plus  propre  à  étendre  à  la  fois  leur  influence  politique  et 
commerciale,  où  d'ailleurs  ils  pouvaient  entrevoir  des  dangers 
pour  rinde  :  nous  voulons  parler  de  la  Kashgarie  ou  Alti- 
shahr.  Tranquille,  quant  à  présent,  du  côté  de  Herw  et  de 
Hérat,  — depuis  le  traité  de  1873  si  habilement  négocié  par  sir 
Henri  Rawliuson,  —  assuré  de  sa  domination  sur  l'Himalaya 
occidental  juqu'à  TOxus  supérieur  et  au  Sary-Koul  (lac  Sary 
ou  lac  rouge),  le  gouvernement  anglo-indien  devait  surtout 
s'intéresser  à  la  Kashgarie  et  à  son  aventureux  souverain 
Mohammed-Yakoub.  Quatre  ambassades  lui  avaient  été  en- 
voyées de  1870  à  1875,  mais  la  plus  importante,  sans  contre- 
dit, fut  celle  de  1873-1874,  que  conduisit  sir  Douglas 
Forsyth.  V Année  géographique  a  eu  déjà  l'occasion  de  parler 
de  celte  mission.  Depuis  lors,  quelques-uns  de  ceux  qui 
en  faisaient  partie  ont  publié  des  relations  individuelles  et 
la  géographie  de  TAsie  n'a  pu  que  gagner  à  ces  publications. 
Signalons  aujourd'hui  les  ouvrages  du  docteur  Bellew,  médecin 
à  l'armée  du  Bengale,  Kashmir  and  Kashgar  (\  875)  et  du 
lieutenant-colonel  Gordon,  The  Roofofthe  World  (n^lZO), 
enfin  le  beau  volume  (publié  à  Calcutta)  intitulé  :  Report  ofa 
mission  to  Yarkand  in  1873,  où  sont  consignés  l'historique 
et  les  résultats  de  l'ambassade  de  sir  Douglas  Forsyth. 

M.  Bellew,  dans  sa  publication,  reprend,  complète,  rectifie 
parfois,    les  notions  données  par  les  documents  aniérieurs. 

*  D'après  E.  Behm  et  H.  Wagner,(Z)te  Bevôlkentng  der  Erde,  1876,  p.  21),  leg 
possessions  russes  du  Turkestan  ont  une  suporficie  de  1 1 51 0T7,*  kilomètres 
carrés  et  une  population  do  2  846  505  habitants. 

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410  ASIE.  N-*  698-756 

Soi!  ouvrage  ne  lious  apprehd  rien  de  bieti  noilTéait  siir  les 
Bimalayas,  cal*  depuis  les  frères  Schîaginlweit  plusieurs  toya- 
geurs  se  sont  succédé  dans  Texploratiori  de  ces  montagnes.  En 
revanche,  il  consacre  à  la  Kashgarie  en  général,  à  Kashgar  et 
à  Yiirkand  en  particulier,  quelques  chapitres  d*un  grand 
intérêt  qui  nous  font  connaître  sous  toutes  ses  faces  ce 
nouvel  Ëtat  fondé  dans  TÂsie  centrale.  «  C'est  à  Sandjou, 
dit-il,  au  sortir  de  ces  masses  montagneuses  dont  la  traversée 
exige  trois  semaines  de  nomblreuses  falîgiie^  et  de  dangers 
réels,  au  milieu  des  déserts,  des  glaciers  ou  d*arides  vallées, 
que  Ton  arrive  enGn  sur  la  limite  de  la  Tartairié  orientale. 
On  se  croirait  alors  en  face  d*uh  paradis  qili  étalé  en  toute 
liberté  aux  regards  ses  plaines  herbeuses  et  parfaitement  arro- 
sées. »  La  Kashgarie,  en  effet,  forme  un  contraste  saisissant 
avec  les  arides  plateaux  qui  l*envirohrient. 

Sur  les  derniers  contfe-forts  du  Kuen-Lueh  et  des  Tsoung- 
Ling  qui  enserrent  le  Kashgar  au  sud  et  â  Touest,  s'étendent 
jiisqu'à  une  assez  grande  distance  dans  la  plaine  diiTarim,  des 
champs  cultivés,  des  bois,  des  prairies,  au  milieu  desquels 
apparaissent  des  villes  populeuses  et  d'assez  grahdes  bour- 
gades. Mais  le  pays  n'est  pas  seulement  propre  à  l'agricultùte} 
il  renferme  aussi  de  nombreuses  miiies  (fui,  bien  exploitées, 
deviendraient  une  importante  source  de  richesses  :  c'est  l'or  et 
le  jade  de  Khalan,  le  cuivre  du  Khalistan,  le  plëmb  argen- 
tifère de  Cocharab,  et  surtout  le  zinc  et  le  charbon  d'Aksou. 

Plus  encore  que  les  richesses  agrîcdles  et  minières,  ce  qui 
frappe  M.  Bellew,  c'est  le  spectacle  que  présentent  Yarkand, 
Yanghi-Hissàr,  Kashgar.  On  se  croirait  au  sein  des  cités  civi- 
lisées et  européennes  :  on  y  trouve  des  écoles  de  filles  et  de 
garçons,  des  bains,  des  hôtels,  des  restaurants  servis  comme 
à  Calcutta  et  à  Londres  ;  des  bazars,  des  marchés  de  bestiaux 
oîi  l'on  coudoie  les  habitants  des  villes  et  ceux  des  campagnes; 
partout  cependant  régnent  Tordre  et  la  tranquillité.  La  police, 
fort  bien  faite,  n'a  que  peu  d'occasions  d'intervenir,  et  pendant 
tout  le  séjour  de  la  mission  à  Kashgar,  c'est  à  peine  s'il  s'est 

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ASIE  CENTRALE.  411 

commis  un  nieiirtre  bù  un  vol.  Oh  ^ônt  là  inàih  d*Uii  sou- 
verain qui  malgré  les  obstacles  a  foildé  une  [Puissance  forte  et 
respectée  contre  laquelle  bnt  échoué  juàqù'à  ce  jour  les  efforts 
des  Chinois  pour  reconquérir  le  territoire  de  Ik  Rashgarîe. 

Hohaitimed-Takoub,  dont  M.  Bellie\v  tràbe  le  portrait^  est  un 
hoihme  froid,  digne,  quèlijuë  peu  ëoiîij)âssé  et  très-circbhs* 
jpect,  qui  observa  et  f étlê'chit  beaucoup  àVànt  d'àgit*.  a  Sbii  abord 
ins{)ire  lé  i'espéct  H  la  tirainte  pliié  que  là  éytnpàthie,  il  né 
pataîi  pas  po^ulaiïe  ;  mais  seâ  ordres  sont  tbujbû)^s  ^crùpù- 
léiiséitient  obéis.  » 

L*ouvrâge  dé  M.  BelléAV  se  recommandé  dette  suHbut  pàl*  leâ 
nombreux  détails  qù*iî  foiirnit  sur  lés  usages  ôt  lels  mœiii^s  dëé 
foshgariens,  sUr  Je  gouVerfaetiient  et  radrniiiistt^atibn  de  Témir 
Yakoub. 

M.  Belléw  ]tt*est  péûl-êlre  pas  darts  le  \^rai  ëii  croyant  â  là 
solidité  du  nouvel  Etat.  tàkoub-Bek  est,  en  effet,  phis  qù'impo- 
ptilait*e,  et  les  Chinois  ont  eiitrepris  contre  lui  une  campagne 
dont  l'es  évéiiemeiib  iie  lui  ont  pas  toujours  été  favorables.  Là 
jpbsition  de  l'émi)^  de  Kashgàr  entre  le^  Btisses  et  les  Anglais, 
est  du  reste  assez  délicate. 

La  reiatioii  du  colottel  Gordoi^,  the  Èoof  ôf  (hè  Wbrtâj 
diffère  entièrement  dé  celle  dé  M.  Bellew.  C'est  uH  ouviâgè 
sciéiltiGqUe  plutôt  qù*ùne  relâlioh  ëpîsodique  et  pittoresque. 
L^àiltôtir  donne  bien  ^ur  Tarkand  et  Kasiigar  quelques  flêtailâ 
qui  viennent  compléter  ceux  de  Touvrage  précédent  ;  thàis, 
ce  qu'il  a  plus  particulièrement  en  vue,  c*ëst  Téipûsé  des 
découvertes  géographiques  par  lesquelles  la  mission  de  sir 
Dbuglas  Forsyth  a  mérité  la  reconiialssahce  du  monde  savant. 

Nous  ne  dirons  rien  des  deiit  oti  trois  première  chapitres  où 
le  colonel  Gordon  décrit  la  route  de  Sirinagar  a  Leh,  piiis  a 
Kargalik  et  à  Tarkand.  Ce  voyage  à  travers  les  Himalayas  et  le 
Moustag  noiis  est  assez  connu  déjà  par  les  précédentes  rela- 
tions. Mais,  à  partir  de  Kargalik,  «  point  de  jonction  des  routes 
qui,  venant  de  Leh  et  de  Tachkourgàn,  se  dirigent  d'une  part 
sur  Yarkand,   de  Tàutre  sur  Ghouma  et  Kliotan,   »  il  faut 

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412  ASIE.  N««  698-756 

suivre  de  plus  près  le  voyageur  dans  les  deux  villes  principales 
de  la  Kashgarie.occidcntaie,  dans  le  massif  du  Thian-Shan,  la 
région  du  Tchalyr-Koul,  la  vallée  du  Sarikol,  enfin  sur  le 
plateau  de  Pamir. 

Le  colonel  Gordon  complète  la  relation  de  H.  Bellew  au 
sujet  des  Kashgariens  par  quelques  détails  dignes  de  fixer 
Tattention.  Il  fait  une  peinture  curieuse  des  costumes  et  modes 
et  surtout  de  ce  qu'il  appelle  la  a  haute  fashion  >  du  pays  : 
nous  sommes  bien  décidément  en  contrée  civilisée.  Les  points 
de  ressemblance  que  le  docteur  Bellew  signalait  entre  Yarkand 
et  les  villes  anglo-indiennes  sont  très-nombreux»  et  ressor- 
tent  encore  dans  l'ouvrage  The  Roofofthe  World. 

Comme  on  devait  s'y  attendre,  Tauteur  s'est  préoccupé  de 
l'organisation  militaire  de  la  Kasiigarie,  et  sans  entrer  dans 
des  détails,  nous  pouvons,  du  moins,  indiquer  les  renseigne- 
ments  principaux  sur  ce  sujet.  Le  colonel  ne  donne  pas  le 
chiffre  des  troupes  de  Yakoub-Bik;  n  a-t-il  pas  pu  le  connaître 
ou  Ta-t-il  volontairement  passé  sous  silence?  Il  n'y  a  pas, 
dans  l'armée  kashgarienne,  de  cavalerie  propi*ement  dite,  l'in- 
fanterie combattant  à  cheval  (Jigils)  ou  à  pied  (Sarbaz)  selon 
les  circonstances.  L'artillerie,  bien  montée,  est  pourvue  de 
canons  dont  la  portée  est  assez  longue.  Il  y  a,  entre  ces  deux 
armes,  une  sorte  de  garde  d'élite,  les  TaïfourchiSj  composée 
en  majeure  partie  de  Chinois  et  de  Tunganisou  Chinois  musul- 
mans. 

La  division  en  compagnies,  bataillons  et  brigades  n'existe 
pas,  mais  les  troupes  sont  réparties  par  5,  10,  50,  100,  500 
et  1000  hommes.  Chacune  de  ces  unités  est  commandée  par 
un  chef  particulier.  Le  commandant  de  1000  hommes  (tnin^ 
bashi)  a  une  certaine  importance. 

La  première  excursion  considérable  qu'ait  faite  la  mission 
hors  de  la  Kashgarie,  eut  comme  terme  le  Tchatyr-Koul,  lac 
situé  sur  la  frontière  de  la  Russie  et  de  la  Tartarie  orientale. 

On  suivit  la  route  directe  qui,  de  Kashgar,  conduit  à 
Vernoïé  ou  Almati.  Cette  voie  de  commerce,  praticable  pour 

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ASIE  CENTRALE.  413 

la  marche  des  troupes  et  même  de  l'artilierie,  peut,  à  un  mo- 
ment donné,  favoriser  Tinvasion  ;  aussi  est-elle  dominée  par 
quelques  forts. 

En  arrivant  par  le  sud,  comme  l'expédition  de  H.  Forsyth, 
on  atteint  le  Tchatyr-Koul  après  avoir  franchi  le  TourgâtDiwan, 
passe  de  3884  mètres,  à  travers  la  chaîne  du  Tourgât  qui 
domine  les  rives  méridionales  du  lac.  Le  Tchatyr-Koul,  situé, 
d'après  les  Russes,  à  3368  mètres,  est  allongé  de  l'est  à 
Touest  sur  22  kilom.  avec  une  largeur  moyenne  de  9600  mè- 
tres. Le  plateau  sur  lequel  reposent  ses  eaux  saumâtres,  sans 
affluents,  envoie  uue  rivière  au  bassin  de  Kashgar,  à  Test, 
tandis  que  ses  versants  occidentaux  sont  ouverts  sur  la  vallée 
de  TArpa,  tributaire  du  Syr-Daria. 

Au  delà  du  lac  est  la  limite  du  Turkestan  russe  que  les 
explorateurs  ne  pouvaient  franchir.  C'est  pendant  cette  course 
dans  le  Thian-Shan  méridional  qu'ils  aperçurent  pour  la 
première  fois  des  troupeaux  de  VOvis  Poli,  ce  mouton  décrit 
par  Harco-Polo  et  dont  on  avait  cru  la  vace  éteinte.  D'après 
la  minutieuse  description  qu'en  aVait  donnée  le  célèbre  voya- 
geur vénitien,  il  n'était  d'ailleurs  pas  permis  de  douter 
que  cet  animal  n'eût  existé.  Les  moutons  de  montagnes  vus 
par  l'expédition  anglaise  sont  bien  tels  que  les  présentait  cette 
description.  Les  proportions  des  cornes,  en  particulier,  frap- 
pèrent les  explorateurs  comme  elles  avaient  frappé  Marco-Polo. 
On  s'en  fait  une  idée  assez  nette  par  les  dessins  qui  accom- 
pagnent la  relation  du  colonel  Gordon. 
•  Revenu  à  Kashgar,  le  colonel,  accompagné  du  capitaine 
Trotter,  partit  pour  les  massifs  du  Sarikol  et  du  Pamir,  tandis 
que  le  capitaine  Biddulph  se  dirigeait,  à  l'est  de  Kashgar, 
vers  Haralbachi  qu'il  a  été  le  premier  à  visiter.  Cette  der- 
nière expédition  ayant  déjà  été  mentionnée  dans  V Année 
géographique  *,  nous  nous  bornerons  à  un  exposé  des  résultats 
de  la  visite  des  Anglais  au  Pamir. 

1.  Année  géographique^  t.  XUI,  p.  181. 

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414  A$IÇ.  N<>-  698-756 

]^^  ei^ploniteurs  ^pchirent  d'abord,  au  sud  de  Kashgar^ 
des  plaines  de  120Q  ipètres  d'altitude,  pour  s'élever  ensuite 
à  travers  diverses  chaînes  de  montagnes  jusqu's^ux  passes  de 
Tdiitcbiklik  (4413  mètres)  et  au  Sarjkol  proprement  dit, 
^ont  le  nom  prait  signifier  ^  sommet  de  1^  i^ontaçne  »,  du 
persçin  Sir-i-Kçhf  La  vallée  du  Sarikol  ou  se  trouve  h  vUle 
de  Tashkourgau,  fi?t  a  l'altituclP  d'enyiroq  3120.  mètre§.  Elle 
§st  habitée  par  une  population  d'orjgine  mêlée  çt  différçiUe  de 
celle  des  autres  pitiés  du  Turkestan.  Jte  TashkQurgaR  Qii  y<mI 
$6  4resçer,  yers  Je  nprd,  ^ç  pjc  neigeux  du  Tagarwa  îjveç  §ef 
7700  îpètres  d'altitude. 

Trois jqvirs  î|pr^s§Lvoir  quitté Tash]cpurgan,  l^colpi^elGordo» 
atteignait  le  col  de  Naza-Tash  (4540  niètrei^),  puis  la  triste 
vallée  d'Ak-Ta^h  Çt  enfln  l'Oî-Koul,  pu  lac  du  petit  Pî^mir, 
qui  ^e  déverse  par  l'Aksqu  dans  le  Hurgliabi.  %n  rpu|e,  leç 
voyageurs  apprjrent  que  vers  }e  nord  ^1  ei^iste  deui|  Kf^fa-Koul 
(lacs  pojr^),  le  petit  et  le  gr^nd,  dont  le  premier  serait  si(\ié  pop 
jojn  du  pic  df^  Tagarn)»,  tandis  que  le  seppnd  es^  sur  )a  rovite 
du  Kixil-^rt  et  d^  l'^lal  le  principal  résultat  d§  l'eipéditipp 
a  été  )a  reconnaissance  complète  des  deux  branches  sup^ieures 
de  rO^us  pt  des  deux  lac^  dvi  Paiitir  piéridioiml,  {p  Sfir^-Kpul 
pt  ('Oi-^oul.  A  pesi  détails,  d^^  Çpi\nu8,  rautpur  en  ajoute 
d'autres  sur  le  Wâkan,  s^  pppulatioft,  ses  prçductions,  ç(  \es 
rei^eigr^eflients  du  çolqnel  Qordo^  çQufirfpenj  qç^}^  quf;  je 
lievitpnant  Wopd  avait  recueillis  eu  183^, 

Les  hautes  vallées  du  jPainir  pntj  ^n  ^spec^  i(pposanf  •  mais 
triste  e^  déi^udé.  Ou  pi|  peut  prepdr^  uqe  idép  par  le$  ^essips 
évidemmept  exacts  ç|Y^  colone}  Gprdon. 

I^a  n^ission  anglaisa  {lyait  eu  d'abofd  rinten^ioi)  de  regagna 
La)hore  f^r  les  passes  de  rHindou-Kouch,  majs  p)|ç  f)il,  fçrq^e 
de  redescendre  sur  la  rivière  Yarkand  pour  rpjpindre  une 
))artie  de  ses  membres  qui  revenaient  par  les  passes  du  K^ra- 
Koroum.  En  route  elle  eut  le  malbeuf  de  perdrp  son  géplogqe, 
le  docteur  Stoliczka. 

Ce  savant  regretté  a  fait,  pour  sa  part,  d??  p^sprr^tîpns 

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ASIE  CENTRALE.  415 

dont  le  détail  pppsirtient  à  h  géologie  proprementdile,^  nj^is  dont 
les  conclusions  doivent  être  mentionnées  ;  elles  ont  paru  d^ns 
les  VerhauHtmgm  der  Ges^Uch,  fur  Erdkunde  (1 8  74,  p ,  1 83) , 
avec  des  annotaitipns  dues  prpbableinent  à  un  savant  autorisé, 
le  baron  de  Richtbofen,  président  de  la  Société  de  géographie 
de  Berlin.  * 

Au  cours  de  ses  yoyiiges  précédents,  M.  Stoliczka  avait  con- 
staté dans  la  structure  de  THiinalî^ya  toutes  les  plus  importante^ 
formations  sédimentaires.  Ayec  la  vallée  de  Tlndu^,  cette 
structure  est  interrompue.  Dès  le  point  où  le  Karakasb  se 
fraye  un  passage  à  travers  le  Kuen-Luen  et  sur  la  route  qui 
franchit  le  défilé  de  Sandjou»  les  formations  du  K^ra-Koroum 
gont  remplacées  par  des  rochei^  anciennes.  «  Plus  on  apprend  à 
connaître  le  Knen-rLuen^  dit  le  baron  de  l^iQbtbofen,  plus  il  se 
dessine  comme  une  chaîne  indépendante  et,  en  même  temps, 
comme  la  chaîne  la  plus  aupienne,  cotpn^e  le  véritable  nœud 
de  ce  continent.  ^  Aujour4*bui  le  Kuen-Luen  et  VHin^alaya 
sont  des  chaînes  tout  à  fait  distinctes,  et  le  l^ara-Koroun)»  plus 
jeune  que  le  Ku^n-LuQUi  présente  ansjsi  un  caractère  in4é- 
pendant.  »  Les  derniers  soulèvements  4^  l'Himalaya  sont  d'un^ 
époque  relativement  récente,  Au  del^  4ç  l^  Çbaîne  du  Kuen- 
Luen,  on  entre  dans  la  mn^  des  Qp{liniâs  en  amphithéâtre  qui 
forment  les  dernières  pentes  yprs  la  plaine,  fl  est  superflu  ^l'in- 
sister sur  rimportancQ  de  ç^^  données  pour  rintelligen^^  4qs 
masses  orographiques  si  compliquées  de  TAsie  centrale. 


Is  rapport  de  ?ir  |).  forsyth  sur  W  fission  à  Kashgar. 

Les  volumes  antérieurs  ç|^  VArinçe  qéoqrafhi^ue  avaient 
parlé  i  divergea  reprispp  de  |a  ifli^siQn  de  M.  Douglas  Forsyth 
à  Kashgar,  en  1875,  et  le^  principaux  résultats  de  cefte  nn's- 
sion,  au  point  de.  vue  de  la  géqgraphie,  ont-  été  déjà  indiqués 
par  les  relation?  dont  UQUs  venons  de  présenter  un  aperçu.  Le 
rapport  officiel  de  M.  Forsyth  a  parn  à  Pi^lcntta  en  1875,  et 


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416  ASIE.  N**  698-756 

nous  ne  saurions  laisser  passer  ce  document  de  premier  ordre 
sans  lui  consacrer  une  mention  spéciale. 

Dans  le  rapport  de  M.  Forsyth,  nous  retrouvons,  mais  am- 
plifiées, les  relations  dont  il  vient  d*être  parlé,  et  dont  la  rén- 
nion  forme  aujourd'hui  l'ouvrage  le  plus  complet  qu'on  pos- 
sède sur  la  Kashgarie. 

Située  au  centre  du  continent  asiatique  qui  a  vu  s'accom- 
plir tant  de  révolutions,  la  Kashgarie  a  été  le  théâtre  sur  le- 
quel se  heurtèrent  les  conquérants  et  les  hordes  venues  de 
l'est,  du  nord  et  de  l'ouest.  Touraniens  et  Iraniens  s'en  dis- 
putèrent d'abord  la  possession.  Aux  luttes  de  cet  âge  prinûtif 
se  rattache  le  souvenir  de  l'un  des  plus  grands  héros  que  cé- 
lèbrent les  annales  orientales,  Afrosyab,  qui  fut  le  Cyrus  ou  le 
Sésostris  de  cette  partie  de  l'Asie.  Puis  vinrent  les  Youtchis 
ou  Tokhars,  les  Chinois,  les  Arabes,  avec  lesquels  s'implan- 
tèrent dans  la  vallée  du  Tarim  des  idées  religieuses  nouvelles, 
le  bouddhisme  et  l'islamisme.  Cette  dernière  religion  a  pré- 
valu par  l'effort  des  khodjahs,  musulmans  fanatiques  de  la 
Boukharie,  qui  envahirent  le  pays  vers  le  quatorzième  siècle 
et  furent  détrônés  par  les  Chinois  vers  le  milieu  du  siècle  der- 
nier. Le  docteur  Bellew,  puisant  aux  meilleures  sources,  re- 
trace en  détail  l'histoire  dont  nous  venons  d'indiquer  les  gran- 
des époques,  et  nous  fait  arriver  jusqu'au  gouvernement  de 
Yacoub-Khan,  au  sujet  duquel  il  fournit  des  indications  pleines 
d'intérêt. 

C'est  au  même  auteur  qu'est  due  la  description  géogra- 
pliique  de  la  Kashgarie.  La  Kashgarie  est  une  haute  plaine  de 
1100  à  1200  mètres  d'altitude  moyenne.  Elle  est  adossée  à  de 
puissants  massifs  au  nord,  au  sud  et  à  l'est,  et  dans  la  direc- 
tion de  l'est,  elle  confine  au  grand  désert  de  Gobi.  Le  Thian- 
shan,  le  Pamir,  le  Kuen-Luen  lui  forment  ainsi  des  remparts 
naturels  contre  une  invasion.  C'est  sur  les  dernières  pentes  de 
ces  massifs  que  sont  établis  les  centres  de  population.  En  ef- 
fet, à  mesure  que,  des  hauteurs,  on  descend  vers  la  plaine,  on 
voit  prédominer  d'immenses  étendues  sablonneuses  et  sté- 

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ASIE  CENTRALE.  417 

riles  au  sein  desquelles  viennent  se  dessécher  les  rivières  de 
Kashgar,  d'Yarkand,  du  Kara-Kash. 

Le  docteur  Bellew  divise  la  Kashgarie  en  cinq  régions  phy- 
siques principales  :  la  haute  terre,  la  basse  terre,  le  désert,  les 
marécages,  les  lacs. 

La  population,  groupée  dans  la  basse  terre,  est  évaluée  à 
i  045  000  âmes,  réparties  entre  70  centres  principaux,  dont 
7  villes  importantes  :  Khotan  (42  000  hab.),  Tarkand  (70  000 
hab.), Kashgar  (55  000  hab.),  Yangi-ffissar  (4200  hab.),Aksou 
(42  000  hab.),  Tourfan  (5600  hab.),  Marabalschi  (2800  hab.). 

L'un  des  spectacles  qui  frappent  le  plus  l'étranger  est  la  va- 
riété des  physionomies  et  des  types  qu'on  rencontre  dans  les 
villes  de  la  Kashgarie.  Les  données  fournies  à  ce  sujet  par  le 
docteur  Bellew  contredisent  l'opinion  émise  par  Hayward  et 
par  M.  Shaw,  qui  ont  fait  des  Kashgariens  des  représentants 
de  la  race  aryenne. 

La  population  de  la  Kashgarie,  dit  M.  Bellew,  consiste  en  un 
mélange  de  tribus  ou  de  races  qui  appartiennent  à  l'une  ou  à 
l'autre  de  ces  deux  grandes  familles  de  l'Asie  centrale,  le  Turc 
et  le  Tartar. 

Le  compte  rendu  donné  par  le  Geographical  Magazine 
ajoute  ceci  : 

a  La  partie  qui  restera  comme  la  plus  importante  dans  les 
résultats  de  la  mission  de  sir  Douglas  Forsyth  est  celle  des  ob- 
servations géographiques  et  des  découvertes  faites  par  le 
capitaine  Trotter.  C'a  été  une  heul-efuSë  tné^té  que  d'avoir 
attaché  à  la  mission  un  officier  du  «ervico  géodésique  de 
rinde....  Le  capitaine  TrqUer  fut  désigné,.*  Çtlsûr  la  route  de 
Leh  à  Ghahidoula,  dès  la  passe  de  Changohenrao,  il  commença 
ses  observations.  Plus  loin,  il  fit  des  sondages  dans  le  lac  Pan- 
gong,  dont  il  détermina  à  43  mètres  la  profondeur  maxima. 

«  M.  Trotter  fit  aussi  une  reconnaissance  du  Karakash,  pour  y 
chercher  une  nouvelle  route.  Son  rapport  donne  une  excellente 
description  des  routes  entre  Ladak  et  le  Turkestan,  surtout  de 
la  route  du  Kara-Koroum,  qui  conduit  à  Yarkand,  de  la  route 

l'année  ^-^OGR.  XV.  fi?  T 

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418  ASIE.  N- 698-756 

de  Changchenmo  qui  conduit  à  Yarkand  et  Khotan,  de  la  route 
de  Raudok  qui  conduit  à  Khotan.  De  Leh,  dans  le  Ladak,  à 
Yarkand,  la  voie  la  plus  courte  est  celle  des  Kara-Koroum  qui  a 
700  kilomètres.  » 

Deux  excursions  du  capitaine  Trotter  ont  procuré  à  la 
géographie  des  renseignements  entièrement  nouveaux.  L'une 
fut  dirigée  vers  la  frontière  russe,  au  lac  Tchatyr-Koul  (3400 
mètres).  L'autre  dans  la  direction  d'Ouch-Tourfan.  Mais  le 
travail  le  plus  important  du  capitaine  Trotter  a  été  son  levé  du 
Wakan  et  de  portion  du  plateau  de  Pamir,  pendant  l'expédi- 
tion du  colonel  Gordon.  Il  gagna  le  Wakan  par  Tach-Kourgan 
et  le  petit"  Pamir,' pour  effectuer  son  retour  par  le  grand 
Pamir.  Il  suivit  ensuite  une  route  encore  nouvelle,  tandis  que 
Tun  de  ses  adjoints,  le  munshi  Abdoul-Louthau,  descendait  le 
cours  de  TOxus  et  fixait  la  position  des  villes  de  Shighuan  et 
de  Roshan. 

A  son  retour,  M.  Trotter  a  calculé  les  observations  de  ses 
autres  adjoints  indigènes,  le  Havildar,  le  Hullah,  et  enfin  le 
pundit  Nain  Singh,  et  on  a,  de  la  sorte,  un  ensemble  de  levés 
très-importants  pour  fixer  les  lignes  géographiques  du  grand 
plateau  de  l'Asie  centrale. 

Voici,  du  reste,  quelques-unes  des  principales  détermina- 
tions que  la  mission  Forsyth  a  obtenues  en  Kashgarie  : 

Latitude.  Longitude  Est       Altitude 

(Greenwich).       (mètres). 

Yarkand. SS^^SS',!"  77M5',55''  1195 

Khoun 37»,  7'.36''  7»»,59MO'  1368 

Kargalik 37»,55',15''  77«,27',0(r  1353 

Kashgar 39»,24',26''  Wfi6',4r  123Î 

Payiabad 39»,29',|r  76«,46',l(r  1216 

Tash-Kourgan 37M6',8'  75«,19',01''  3118 

Nous  ne  quitterons  pas  le  pays  dé  Kashgar  sans  dire  quelque 
chose  du  voyage  qu*y  a  Mi  en  1875  M.  Rheintal,  par  ordi-e  du 
gouvernement  russe  toujours  attentif,  comme  on  doit  s*j 
attendre,  à  veiller  sur  les  Etats  de  Yakoub-Beg. 

C'est  au  printemps  de  1875  que  partit  de  Wiemoie 
M.  Rheinta],  dont  le  colonel  Venioukoff  a  résumé  le  voyage 

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ASIE  CENTRALE.  419 

dans  la  Russische  Revue  de  1876  (n°  10).  Il  était  porteur  de 
cadeaux  pour  rémir  de  Kashgar  qui  en  avait  envoyé  naguère 
à  l'empereur  de  Bussie. 

Le  8  mai,  M.  Rheinthal  abordait  le  territoire  kasgarien  au 
poste  frontière  de  Kara-Koroum  et  quelques  étapes  le  condui- 
sirent, par  des  routes  assez  difficiles  d'ailleurs,  jusqu'à  la  ville 
de  Kashgar.  Il  y  séjourna  trois  jours,  pendant  lesquels,  s'il  ne 
lui  fut  pas  possible  de  visiter  la  ville  en  détail,  il  put  au  moins 
recueillir  quelques  renseignements  relatifs  à  l'influence  de 
l'Angleterre  sur  le  Kashgar.  Les  Anglais  ont  fait  cadeau  à 
Yakoub-Beg  d'un  nombre  considérable  de  fusils  à  percussion 
qui  ne  sont  du  reste  pas  maintenus  en  bon  état.  Une  fabrique 
a  été  établie  à  Kashgar,  pour  la  transformation  des  anciens 
fusils  en  fusils  à  tir  rapide.  M.  Rheinthal  a  tu  aussi  quatre 
canons  rayés,  en  fonte,  qu'on  lui  dît  avoir  été  coulés  à  Kash- 
gar. Des  ingénieurs  anglais  président  à  ces  travaux.  En 
revanche,  l'armée,  que  le  voyageur  russe  évalue  à  6000  hom- 
mes, a  pour  instructeurs  des  Turcs. 

Yakoub-Beg  n'est  pas  aimé  de  ses  sujets.  Il  est  sombre  et 
cruel,  et  fait  son  entourage  habituel  de  Douvaneê,  moines 
mendiants,  qui  chantent  des  versets  du  Khoran  pendant  son 
sommeil. 

Il  faut  encore  signaler  le  voyage  de  M.  Nikitin,  négociant 
russe,  qui  a  été  d'Ousch  à  Kashgar,  puis  à  Khotan,  dans  un 
but  commercial.  A  Kashgar,  il  fut  très-bien  reçu,  et  certaines 
facilités  lui  furent  données  pour  son  entreprise. 

Malheureusement  ce  voyage  et  celui  de  M.  Rheinthal  ne 
nous  sont  guère  connus  que  par  Tassez  sèche  analyse  qu'en  a 
donné  le  colonel  Venioukoff  dans  la  Russische  Revue. 


La  Qoiurelle  province  russe  de  Ferghanah. 

Les  Busses  ont  définitivement  réuni  à  leur  territoire  asia- 
tique le  khanat  de  Khokind,  qti'ils  ont  désigné  sous  le  nom 

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420  ASIE.  N- 098-756 

de  province  de  Fergbanah  et  qui  dépend»  administrativement, 
du  gouverneur  général  du  Turkestan  ^ 

Nous  allons  donner  quelques  détails  géographiques  sur  cette 
nouvelle  province.  Ils  sont  empruntés  au  travail  de  M.  Alexandre 
de  Kuhn,  qui  accompagnait  Texpédition  russe  à  Khokand. 

L'ancien  khanat  de  Khokand  est  une  vaste  vallée  dirigée  de 
Test  à  Touest,  et  ouverte  seulement  du  côté  de  Touest.  Au 
nord,  au  sud  et  à  Test,  il  est  limité  par  de  hauts  contre>forls 
du  prolongement  des  monts  Thian-Shan,  étages  en  terrasses 
parallèles  à  là  direction  de  la  vallée. 

A  l'ouest,  la  vallée  s'ouvre  largement  sur  le  reste  des  pos- 
sessions russes  du  Turkestan  et  du  Syr-Daria. 

Abritée  des  vents  du  nord  par  de  hautes  montagnes,  abon- 
damment arrosée  par  le  Syr-Daria  et  ses  nombreux  tributaires, 
la  vallée  de  Ferghanah  est,  d'après  M.  de  Kuhn,  l'une  des 
plus  belles,  des  plus  riches  contrées  de  l'Asie  centrale.  Son 
climat  excellent  forme  la  transition  entre  le  climat  trop  chaud 
des  rives  du  bas  Syr-Daria  et  l'âpre  climat  des  montagnes. 

Le  sol  est  d'une  puissance  de  production  vraiment  remar- 
quable :  il  produit  le  froment,  le  riz,  le  sorgho,  diverses 
espèces  de  blé,  des  fruits  abondants  et  savoureux,  du  mûrier, 
du  coton  et  du  tabac. 

Les  montagnes  qui  font  du  Khokand  une  sorte  d'immense 
amphithéâtre  elliptique,  sont  encore  peu  explorées»  mais  on 
a  des  raisons  de  les  croire  riches  en  substances  minérales  telles 
que  sel,  houilles,  naphte,  plomb  et  turquoises. 

Le  Syr-Daria,  dont  le  cours  entier  est  maintenant  sur  le  ter- 
ritoire russe,  porte  dans  son  trsget  supérieur  le  nom  indigène 
de  Kara-Daria;  c'est  seulement  après  sa  jonction  avec  le  Naryn 


*  Ferghanah  est  l'ancienne  dénominaiion  du  Khokand.  On  trouve  ee  nom 
mentionné  dans  des  manuscrits  arabes  des  huitième  et  neuvième  siècles.  Mais  il 
était  connu  dès  le  quatrième  siècle,  dans  une  transcription  altérée  par  les  Chi- 
nois. Étymologiquement  il  appartient  aux  langues  iraniennes,  proches  du  per- 
san, et  signifiait  probablement  :  Pays  de  pasêage  (firaghanah)  ou  passage  (de  la 
Transoxiane  au  Turkestan  oriental).  J.  de  St-Pétenbourg,  2  (14)  avril  1876, 


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ASIE  CENTRALE.  .  421 

qu'il  prend  le  nom  générai  de  Syr-Daria  sous  lequel  il  se  jette 
dans  la  mer  d'Aral.  Dès  son  origine,  il  alimente  de  nombreux 
canaux  d'irrigation. 

La  richesse  du  pays  est  surtout  concentrée  au  sud,  sur  la 
rive  gauche  du  Syr-Daria.  Là  se  voient  partout  les  traces  d'une 
culture  incessante  et  avancée.  «  Un  voyage  dans  cette  partie  du 
khanat,  dit  M.  de  Kuhn,  ne  peut  se  comparer  qu'à  une  agréable 
promenade  dans  un  grand  et  vaste  parc  oii  de  nombreux  vil- 
lages et  de  petits  domaines  interrompent  à  souhait  l'uniformité 
du  paysage.  » 

Les  versants  au  nord  du  fleuve,  placés  dans  d'autres  condi* 
tiens,  sont  surtout  habités  par  des  nomades,  qui  trouvent  là 
de  vastes  pâturages  pour  leurs  troupeaux  et  qui,  pendant  l'été, 
gagnent  les  hautes  régions. 

Ainsi,  le  Syr-Daria  forme  une  limite  naturelle  entre  les  po- 
pulations nomades  au  nord,  et  les  populations  sédentaires  au 
sud  de  la  vallée  de  Ferghanah.  Toutefois  on  trouve  également 
des  nomades  dans  la  partie  orientale  de  la  vallée.' 

La  population  du  Ferghanah  n'est  pas  ancienne  dans  le 
pays  dont  les  plus  anciens  habitants  sont  les  Tadjiks,  derniers 
restes  d'une  belle  race  qui  tend  à  disparaître;  ils  s'y  sont 
établis  antérieurement  à  l'islamisme.  Des  débris  de  tribus  pour 
la  plupart  d'origine  turque,  qui  sont  venues  là  de  la  partie  du 
Turkestan  située  au  nord  et  à  l'ouest,  forment  le  reste  de  la 
populalion. 

Les  Eusbeks,  les  Tadjiks  et  les  Sartes  constituent  le  noyau 
de  la  partie  sédentaire  du  Khokand,  et,  pour  ainsi  dire,  l'élé- 
ment conservateur  et  industriel  du  pays.  Ils  occupent  le  sud  et 
l'ouest  de  la  vallée. 

La  population  nomade  est  représentée  par  les  Kara-Kirghiz, 
dont  le  type  se  rapproche  du  type  mongol,  et  par  la  belle  race 
des  Kiptchaks. 

Par  leur  genre  de  vie,  leurs  croyances,  leurs  mœurs,  les 
Khokandiens  ne  se  distinguent  point  de  leurs  frères  de  race 
dans  le  reste  du  Turkestan.  Il  faut  compter  enfin  quelques 

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422  ASIE.  K"^  698-756 

Juifs,  des  Bohémiens  (Gipsies),  des  Indiens  et  des  Afghans.  Les 
représentants  de  ces  deux  derniers  peuples  ne  viennent  qu'en 
passage  à  Khokand,  pour  y  faire  du  commerce  ou  de  lusure. 

On  comprend,  du  reste,  que  les  croisements  possibles  de 
tant  de  populations  rendent  difficile  l'ethnographie  de  celte 
nouvelle  province  du  Czar  blanc. 

Le  chiffre  de  la  population  du  Khokand  est  difficile  à  déter- 
miner faute  de  données  que  fournira  plus  tard,  sans  doute, 
l'administration  russe.  M.  de  Kuhn  a  appris  des  fonctionnaires 
du  pays  qu'on  pouvait  compter  152  000  maisons  pour  l'élément 
sédentaire  et  60  000  tentes  pour  l'élément  nomade  de  la  po- 
pulation^ c'est  un  total  de  192  000  habitations  qui,  sur  le 
pied  de  cinq  individus  par  habitation,  donnent  le  chiffre  ap- 
proximatif de  960  000  âmes.  La  superficie  du  Ferghanah  est 
de  73 215  kilomètres  carrés,  d'après  E.  Behm  et  H.  Wagner*. 

Les  divers  impôts  en  nature  et  ea  argent  payés  naguère  au 
khan  de  Khokand  par  ses  sujets  s'élevait  annuellement  à  près 
de  8  millions  de  francs.  11  va  sans  dire  que  les  exactions  te- 
naient, dans  la  perception  des  impôts,  une  part  assez  consi- 
dérable. 

Les  villes  principales  du  Ferghanah  sont  construites  sur  le 
modèle  de  presque  toutes  les  villes  de  l'Asie  centrale,  c'est- 
à-dire  qu'elles  sont  entourées  de  murs  flanqués  de  loin  en  loin 
par  des  tours. 

Khokand,  l'ancienne  capitale  du  khanat,  est  situé  à  une  alti- 
tude de  469  mètres.  Elle  compte  10  à  12  000  maisons  et  une 
soixantaine  de  mille  habitants,  dont  la  plus  grande  partie  sont 
des  Sartes.  La  ville  a  reçu  des  indigènes  l'épithète  de  Liatibj 
c'est-à-dire  «  l'Agréable  ».'  Ce  surnom,  paraît-il,  n'est  pas  en- 
tièrement mérité  ;  ainsi,  en  été,  le  séjour  de  la  ville  est -rendu 
insupportable  par  un  vent  brûlant  de  l'ouest,  le  gharmsaL  Le 
goitre  est  une  infirmité  très-fréquente  chez  les  habitants  de  la 
cité  khokandienne,  et  le  gouvernement  russe,  pour  cette  rai- 

*  nie  Bevôlkerting  der  Erde,  1876. 

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ASIE  CENTRALE.  423 

son  ou  pour  d'autres,  a  transporté  sa  capitale  à  Harghilan. 
Khokand  n  offre  rien  de  remarquable  en  monuments  anciens 
ou  modernes. 

Après  Khokand,  les  deux  villes  les  plus  importantes  sont 
Marghelan  et  Andidjan.  La  première  est  fort  ancienne.  C'est  le 
principal  dépôt  de  la  fabrication  de  soie  du  Khokand.  Quant  à 
Andidjan,  elle  présente  le  même  beau  bazar,  les  mêmes  rues 
étroites,  les  mêmes  maisons  enduites  de  couleur  que  le  reste 
de§  villes  commerciales  de  la  contrée.  On  y  remarque  toute- 
fois une  manufacture  d'armes  fondée  par  un  Afghan.  M.  de 
Kuhn  et  son  compagnon  de  route,  le  capitaine  Petrofsk,  sont 
les  premiers  Russes  qui  aient  visité  Andidjan  ;  encore  un  sou- 
lèvement populaire  les  obligea-t-il  à  s'en  éloigner  à  la 
hâte. 

Une  autre  ville  à  signaler  est  Sharikan,  l'ancienne  métro- 
pole commerciale  du  Khokand.  Elle  est  déchue  de  sa  richesse 
passée,  ce  que  les  habitants  attribuent  à  la  fondation  de  la 
petite  ville  d'Assaké. 

Assaké  a  été  construite  il  y  a  quelques  années  par  Khou- 
doiar-Khan,  qui  voulait  en  faire  une  résidence  d'été.  Elle  oc- 
cupe une  belle  position  à  quelques  kilomètres  au  sud  de 
Sharikhan.  Les  autres  centres  de  quelque  importance  sont  : 
Namangan,  Ousgend,  Baliktchi. 

Sous  le  rapport  indùslriel,  le  Ferghanah  est  fort  arriéré.  Le 
tissage  d'une  étoffe  nommée  Mas  a  un  certain  développement, 
et  l'intendance  russe  a  trouvé  jusqu'à  500  métiers  dans  le 
seul  village  de  Bisch-Aryk;  mais  l'outillage  est  des  plus  pri- 
mitifs. Cependant  on  fabrique  çà  et  là,  dans  le  Khokand,  des 
tissus  de  soie,  de  satin,  de  velours,  et'  des  tapis  de  qualité  in- 
férieure. 

Le  commerce  extérieur  li'est  point  très-développé  non  plus. 
Avant  la  prise  de  Khokand,  le  pays  envoyait  à  Tashkénd  ses 
produits  naturels  et  quelques  étoffes.  11  recevait,  en  échange, 
des  articles  manufacturés  et  des  objets  de  fer  et  de  fonte,  du 
thé  et  du  café.  Un  certain  commerce  se  faisait  également  avec 

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le  khanat  de  Bokhara  et  avec  les  provinces  situées  au  sud  de 
la  vallée  de  Ferghanah. 

Le  Khokand  avait  aussi  avec  la  Kashgarie  un  mouvement 
commercial  assez  actif,  bien  que  la  seule  route  entre  les  deux 
pays,  la  passe  de  Terek,  ne  soit  praticable  que  du  mois  de  mai 
au  milieu  de  septembre.  Le  Kashgar  envoyait  des  tapis  de 
Yarkand,  de  la  porcelaine  et  du  thé. 

M.  Robert  Michell,  l'auteur  de  Fouvrage  The  Russians  in 
central  Asia  et  d'autres  travaux  sur  l'Asie  centrale,  a  donné, 
dans  le  Geographical  Magazine  (n®  754-),  im  aperçu  des 
voyages  effectués  au  Khokand  avant  la  conquête  russe,  et  des 
travaux  dont  ce  pays  avait  été  l'objet.  Le  pèlerin  Hiouen-Tsaag, 
au  septième  siècle,  désigne  le  Khokand  sous  le  nom  de  Feïhan. 
On  ne  savait  que  peu  de  chose  sur  cet  État  quand  Klaproth 
fit  connaître  la  relation  du  Russe  Nazarof,  qui  passa  quinze 
mois  au  Khokand,  en  1813-1814.  Plus  tard,  le  Journal  of 
the  Bengal  Asiatic  Society  donna  la  relation  des  pèlerins  mabo- 
métans  (1834).  Les  livres  chinois  sont  sans  grande  valeur 
quant  au  Ferghanah.  En  1826,  Klaproth  publia  la  relation  du 
voyage  (1812)  du  Persan  Mir-Izzet-Ullah.  Le  voyage  de  Tim- 
kowsky  renferme  un  passage  sur  Khokand,  sans  doute,  dit 
M.  Michell,  d'après  un  Juif  du  Caboul,  Agha-Mehdi,  qui  dès  le 
commencement  du  siècle  traversa  l'Asie. 

Les  documents  russes  permettent  maintenant  une  description 
historique  et  topographique  du  Khokand.  Voici  l'indication  des 
principaux  :  Relations  de  Pospelofet  Burnashef(iS00)yNoté8 
sur  le  Khokand  y  par  Potanin  (1830);  l'excellent  ouvrage  de 
Veliaminof  Zernof,  et  un  autre  ouvrage  russe  écrit  en  1849,  les 
Khoroshkin  (1869),  l'ouvrage  de  Fcdchenko. 

Le  portrait  du  Ferghanah  par  M.  de  Kuhn  semble  trop 
brillantà  M.  Michell,  qui  s'applique  à  y  jeter  quelques  ombres; 
avec  lui,  la  belle  vallée  devient  un  creux,  un  amphithéâtre  ou 
l'intérieur  d'un  cratère  aux  parois  escarpées.  Sans  doute  l'oasis 
même  de  Khokand  est  belle  et  fertile,  mais  elle  ne  le  doit  qu'à 
l'activité  de  l'homme.  Au  delà  règne  le  désert,  ou  tout  au 

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ASIE  CENTRALE.  425 

moins  la  steppe  ;  il  prédomine  sur  les  bords  mêmes  du  Jaxar- 
lès,  entre  Khokand  et  Khodjend,  dans  le  quadrilatère  de  Kho- 
kand,  Namangan,  Andidjan,  Marghilan.  a  De  Khokand  à 
Varukh,  dit  M.  Michell,  le  voyageur  peut  avoir  faim  et  soif; 
d*Oush  à  Uzgend,  il  peut  faire  mourir  sou  cheval  d'épuise- 
ment; d'Andidjan  à  Namangan,  il  peut  faire  Tun  et  Tautre; 
de  Marghilan  à  Kokhand,  il  peut  faire  Tun  ou  l'autre  ;  de  Kho- 
kand à  Khodjend,  il  peut  périr.  Hais,  à  chacun  de  ces  points 
d'arrêt,  il  aura  la  faculté  de  déguster  les  fruits  les  plus  déli- 
cieux de  la  terre  et  de  se  prononcer  sur  leurs  mérites  res- 
pectifs. » 

Le  charme  attribué  par  M.  de  Kuhn  au  climat  de  Khokand 
est  quelque  peu  altéré  par  le  gharmsalj  vent  de  l'ouest,  jqui 
soufflant  presque  quotidiennement  à  travers  les  gorges  par  les- 
quelles la  vallée  débouche  sur  le  Turkestan,  remplit  Tair  d'une 
fine  poussière  dont  l'atmosphère  est  parfois  obscurcie. 

Le  chiffre  de  960  000  habitants  indiqué  par  de  Kuhn  paraît 
un  peu  exagéré  à  son  contradicteur.  En  admettant  ce  chiffre  et 
celui  de  300  000  pour  les  nomades,  on  a,  par  mille  carré,  en- 
viron 22  Ousbegs  sédentaires  pour  10  Kirghiz  ou  Kiptchaks 
sédentaires.  M.  Michell  conclut  à  la  faible  proportion  du  ter- 
rain cultivé  et,  par  suite,  à  la  pauvreté  du  pays.  Il  termine 
son  article,  un  peu  sévère  pour  les  Russes,  par  l'opinion  qu'ils 
n'ont  point  à  craindre  le  fanatisme  religieux  des  musulmans 
autant  que  l'antipathie  de  races  et  l'amour  de  l'indépen- 
dance. 

M.  A.  Vambéry,  dans  son  article  signalé  au  n^  735,  pense 
que  le  Khokand,  avec  les  défilés  du  haut  Naryn  et  lés  chaînes 
de  FAlaï  et  du  Transalaï,peut  devenir  pour  les  Russes  un  nou- 
veau Caucase,  où  surgira  bien  quelque  Schamyl. 

Il  est  vraisemblable  que  M.  de  Kuhn  et  M.  Michell,  tout  en 
jugeant  l'état  des  choses  chacun  à  son  point  de  vue,  ont  fourni 
les  éléments  d'une  juste  appréciation.  On  ne  peut  admettre  que 
le  Khokand,  dans  ses  parties  basses,  soit  absolument  soustrait  à 
l'influence  des  déserts  de  Kizil-Koum  et  de  Kara-Koum,  dont 

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426  ASIE.  K-  698-756 

les  sables  mobiles  occupent  d'immenses  étendues  et  ense^e* 
lissent  des  cités.  Mais  les  eaux  qui  descendent  de  la  ceinture 
de  montagnes  du  Ferghanah  luttent  avec  succès  contre  cet  en- 
yahissement  ;  elles  fertilisent  ces  belles  oasis  dont  la  richesse 
s'épanouit  au  milieu  des  steppes,  des  graviers  et  des  sables. 
Enfin,  les  contre-forts  des  montagnes  doivent  présenter  toute 
une  zone  où  l'ardeur  du  gharmsal  et  le  froid  des  régions 
alpestres  se  tempèrent  à  souhait. 

La  région  aralo-caspienne.  —  Historique  des  voyages  daas  cette  régioo. 

Avant  d'entamer  la  question  aralo-caspienne,  nous  signale- 
rons, dans  la  Russische  Reviie,  un  long  article  de  ST.  Modeste 
Bôgdanow  sur  l'historique  des  •  recherches  scientifiques  dont 
cette  région  a  été  le  théâtre  depuis  le  siècle  dernier  (n"  740). 

L'auteur  do  ce  travail  donne  d'abord  les  frontières  de  la  ré- 
gion aralo-caspienne  qu'il  étend  jusqu'à  Vertchotourié,  au  pied 
derOural. 

En  1720,  Daniel  Messefschmidt,  de  Dantzig,  envoyé  de 
Pierre  le  Grand,  et  en  1754,  Georges  Gmelin,  chargé  de  mis- 
sion par  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  visi- 
taient une  partie  du  territoire  de  la  région  Caspienne.  Succes- 
sivement vinrent  Jean  Heinzelmann  (1754),  Traugott  Heiiber 
(1759),  Erik  Laxmann  (1765),  qui  allèrent  respectivement 
étudier  la  faune  et  la  flore  du  pays  d'Orenbourg,  de  la  contrée 
comprise  entre  le  Don  inférieur  et  le  Volga,  et  la  partie  nord  de 
cette  région. 

1766  vit  paraître,  en  langue  russe,  sous  le  titre  de  Topo- 
graphie d*Orenbourg ,  la  première  géographie  physique  des 
steppes,  et  l'année  suivante,  Catherine  II,  à  l'occasion  dupas- 
sage  de  Vénus,  ordonnait  l'exploration  de  ce  territoire  par  cinq 
commissions  fonctionnant  simultanément  sous  la  direction 
d'autant  de  savants  distingués.  Le  célèbre  Pierre-Simon  Pa^'^*) 
de  Berlin,  en  avait  la  haute  direction  d'ensemble.  Elles  durèrent 
jusqu'en  1774  et  portèrent  leur  enquête  sur  toutes  les  steppes 

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ASIE  CENTRALE.  427 

entre  TOural  et  rAltaï,  sur  le  cours  de  TObi,  sur  le  Nor-Saïsan, 
et  le  fleuve  Tourgaï ,  sur  la  rive  gauche  de  rOiu*!! ,  daus  les 
steppes  du  Kouma-Manytcb,  dans  la  Transcaucasîô. 

Plusieurs  des  voyageurs  parlèrent  alors  de  TAral  et  du  Bal- 
kash,  mais  ce  ne  fut  que  par  ouï-dire.  On  avait  bien  constaté, 
dans  certaines  parties  du  champ  de  ces  explorations,  que 
Vhumus  était  remplacé  par  de  Targile  jaunâtre  avec  des  efflo- 
rescences  salines,  et  que  îe  sol  formait  une  dépression  ;  toutefois 
personne  encore,  sauf  Pallas,  n'avait  abordé  l'hypothèse  alors 
hardie  que  la  région  Caspienne  eût  été,  à  une  certaine  époque 
géologique,  recouverte  par  une  grande  mer  intérieure.  Pallas 
n'ayant  pas  vu  la  mer  d'Aral,  le  lac  Balkhash,  rissyk-koul, 
n'avait  point  étendu  jusque-là  son  hypothèse.  Il  ne  parle  pas 
non  plus  du  changement  de  lit  de  TOxus  ;  en  revanche,  il 
établit  que  la  mer  Caspienne  rejoignait  autrefois  la  mer  d'Azof 
par  la  dépression  du  Kouma-Manytcb. 

Le  commencement  du  siècle  ouvre,  pour  les  voyages  dans  la 
contrée  de  la  Caspienne,  une  ère  nouvelle  qui  commence  par 
l'expédition  de  Mouraview  à  Khiva,  en  i819.  L'aimée  suivante 
partait  pour  Bokhara  une  ambassade  accompagnée  d'un  assez 
nombreux  personnel  de  savants.  Le  lac  d'Aral  et  les  khanats 
entraient  dès  lors  dans  la  sphère  d'activité  de  la  science. 

De  1825  à  1827,  Eischwald  étudiait  spécialement  la  mer 
Caspienne  et  en  particulier  l'ancienne  embouchure  de  l'Oxus. 
En  1 826,  trois  botanistes  rapportaient  des  trésors  pour  la  con- 
naissance de  la  flore  de  l'Altaï;  enfin,  en  1829,  eut  lieu  le 
voyage  d'Alexandre  de  Humboldt.  C'est  à  l'illustre  savant  que 
nous  devons  les  termes  de  dépression  touranienne,  bassin  aralo- 
caspien,  qu'il  a  employés  en  reprenant  l'idée  de  Pallas  sur  la 
mer  intérieure  asiatique  ;  il  y  ajouta  Thypothèse  d'un  détroit 
qui  aurait  existé  entre  l'Oural  et  l'Altaï,  et  posa  la  question 
du  lac  Aral  et  de  l'ancien  cours  de  l'Oxus. 

A  la.  même  époque,  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Péters- 
bourg faisait  étudier  la  faune  et  la  flore  du  Caucase  et  de  la 
Transcaucasie,  tandis  que  de  1834  à  1836,  cette  région,  ainsi 

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que  le  bas  Oural  et  le  Volga,  était  l'objet  de  recherches  chiraico- 
physiques.  C'est  vers  ce  temps  aussi  que  Bènjamiu  Bergmann 
publiait  ses  curieuses  promenades  dans  les  steppes  des 
Kalmouks,  et  que  Helmersen  parcourait  le  haut  Oural  en 
faisant  des  recherches  géologiques. 

Peu  après,  vers  1840,  vient  se  placer  le  commencement  des 
vingt  années  de  travaux  d'Eversmann  sur  la  zoologie  des  steppes 
kirghizes,  dont  les  résultats  sont  contenus  dans  son  Histoire 
naturelle  du  territoire  d'Orenhourg;  il  y  donne  aussi  des 
idées  générales  sur  la  formation  du  bassin  aralo-caspien.  Vers 
1840  encore,  Paul  Romanow  faisait  le  premier  de  ses  trois 
voyages  à  FAltaï,  jusqu'aux  lacs  Zaissan,  Âla  et  aux  monts 
Alatau.  Il  visitait  ensuite  (1847-1848)  le  bassin  méridional  de 
l'Oural  et  le  nord-est  de  la  mer  d'Ara^l. 

EnBn  un  troisième  naturaUste,  Karelin,  dont  Tactivité  a 
égalé  celle  de  Romanow,  a  travaillé,  de  1 824  à  1 872,  à  recueillir 
des  données  sur  le  pays  des  Bachkirs  (où  l'avait  envoyé  le 
comte  Essen  pour  y  chercher  des  topazes  et  des  cristaux  de 
roche),  sur  une  des  hordes  kirghizes,  sur. la  côte  orientale  de  la 
Caspienne  (explorée  par  lui  avec  Dandeville,  Blaramberg  et 
Volkner),  sur  l'ancien  lit  de  l'Oxus.  Les  monts  Tarbagatai, 
Altaï  et  Sayan,  avec  le  cours  du  Naryn,  furent  visités  par  Ka- 
relin dont  les  collections  immenses  furent  dispersées  aux  quatre 
points  de  l'horizon ,  et  dont  les  manuscrits  furent  consumés  à 
Gourief  dans  un  incendie. 

Le  botaniste  A.  de  Schrenck  avait,  de  son  côté,  et  simulta- 
nément avec  Karelin,  exploré  à  peu  près  la  même  région. 

Enfin,  d'importantes  explorations  minières  furent  faites 
aux  Tarbagataï  par  M.  Vlangali,  directeur  des  mines,  à  la 
suite  de  rapports  adressés  par  Karelin  à  l'admiiMstration  des 
finances. 

Après  deux  voyages  préalables  à  Bokhara,  en  1839  et  1840 
(Gerngross  et  Kowalewski,  dans  l'ouest  de  la  steppe  kirghiz,  et 
Lehmann  dans  l'Oust-Ourt,  l'Oural  et  la  Bachkirie),  eut  lieu  la 
seconde  expédition  de  Bokhara,  à  laquelle  prit  part  rim  des 

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ASIE  CENTRALE.  429 

orientalistes  les  plus  connus  et  les  plus  éminents  de  notre 
époque,  M.  Nicolas  Khanikof. 

Mais  Bokhara  n'appartient  pas  à  la  contrée  qui  nous  occupe, 
aussi  est-ce  des  expéditions  de  Khiva  qu*il  faut  dire  quelques 
mots.  Les  Russes,  après  Tavoir  vainement  attaqué  en  1840,  y 
envoyèrent,  en  1845,  Tambassade  de  Danilewsky,  à  laquelle 
nous  devons ,  outre  des  données  botaniques  de  Basiner,  une 
Esquisse  générale  de  Khiva,  par  le  chef  lui-même  de  la 
mission. 

Les  forts  de  Novo-Alexandrowsk  et  de  Novo-Petrov?sk ,  suc- 
cessivement construits  sur  les  rives  nord-est  de  ta  mer  Caspienne 
contre  les  Khiviens,  servirent  de  centres  à  diverses  explorations  ; 
il  en  fut  de  même  du  fort  Rabim,  au  nord-est  de  la  mer  d'Aral, 
construit  contre  les  Kliokandiens,  avec  lequel  les  Russes  com- 
mençaient à  avoir  des  difficultés. 

La  mer  d*Aral,  jusque-là  mal  connue,  fut  levée  et  complète- 
ment décrite,  en  1848,  par  A.-J.  Boutakof  et  A.  Makchéiéf. 
En  collaboration  avec  M.  J.  de  Khanikof,  le  frère  du  célèbre 
orientaliste,  ils  publièrent  aussi  de  précieuses  études  sur  Khiva 
et  le  cours  inférieur  du  Syr. 

Des  considérations  économiques  relatives  aux  pêcheries  firent 
faire  (1853-1854)  pour  la  mer  Gaspieune  ce  qui  airait  été 
fait  dans  un  intérêt  militaire  pour  la  mer  d*Aral.  Une  étude 
complète  du  Volga  inférieur  et  de  ses  embouchures,  puis  de  la 
dépression  du  Kouma-Hanytch ,  précédèrent  le  relevé  hydro- 
graphique total  de  la  mer  Caspienne,  par  Iwaschinzorf,  Kosch- 
kull  et  Simonof.  Ces  deux  derniers  furent  engloutis  avec  le 
vapeur  Kouba,  sur  lequel  se  faisaient  les  travaux,  et  tous 
les  matériaux  se  perdirent  dans  ce  sinistre.  Iwaschinzoff  dut 
recommencer,  et  son  œuvre,  continuée  par  Pouschtschin,  est  à 
peu  près  terminée  aujourd'hui. 

L'étude  de  la  flore  et  de  la  faune  du  territoire  aralo-caspien 
fut  le  but  des  voyages  de  MM.  J.-G.  Borschtschef  (botaniste)  et 
A.  Ssewertzof  (zoologiste)  le  long  de  THek  et  de  TEmba,  aux 
monts  Moukhatjar,  sur  les  versants  nord  de  TOust-Ourt,  dans 

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430  ASIE.  N*«  698-756 

les  déserts  de  Barsouki,  sur  le  Syr-Daria  et  le  Djani-Daria,  le 
Kara-koum,  etc.  Toutefois  c'est  à  la  botanique  surtout  que  pro- 
fitèrent ces  voyages  à  la  suite  desquels  parut  la  Géographie 
phytographique  et  botanique  du  territoire  aralo^aspien.  Di- 
verses recherches  relatives  à  la  zoologie  furent  faites  plus  tard  et 
conduisent  jusqu'en  1860.  C*est  là,  selon  M.  Bogdanow,  que 
commence  la  troisième  période  des  études  aralo-caspiennes. 

Le  cercle  s'est  agrandi,  les  problèmes  sont  mieux  posés, 
quelques  questions  sont  déjà  résolues.  Il  reste  alors  à  explorer 
le  lac  Balkash  et  ses  environs,  à  étudier  l'ancien  lit  de  TOxus, 
avec  les  causes  du  changement  de  cours  du  fleuve,  à  examiner 
la  possibilité  de  relier,  par  le  canal  Kouma-Manytch,  la  mer 
Caspienne  à  la  mer  Noire,  à  déterminer  la  formation  dite  Cas- 
pienne, à  expliquer  certaines  singularités  zoologiques. 

L'exploration  la  plus  complète,  au  point  de  vue  de  la  com- 
munication à  établir  entre  la  mer  Caspienne  et  la  mer  Noire,  fut 
celle  du  géologue  Barbot  de  Marny  dont  les  conclusions  ue 
sont  pas  favorables  au  projet;  toutefois  la  discussion  reste 
ouverte,  car  on  ne  saurait  se  dissimuler  l'importance  qu'aurait 
pour  la  Russie  l'ouverture  de  cette  communication,  surtout  si 
rOxus,  rétabli  dans  son  ancien  lit,  mettait  un  jour  la  Caspienne 
en  communication  directe  avec  le  cœur  de  l'Asie. 

De  1862  à  1870,  la  place  est  surtout  aux  naturalistes.  Ce 
sont  le  professeur  de  Filippi,  E.-D.  de  Peltzam,  Fedschenko, 
A.  Kowalewski;  enfin,  tout  récemment,  M.  Bogdanow,  au- 
teur de  l'historique  dont  nous  essayons  de  donner  un  résumé. 
Il  s'est  occupé,  entre  autres  choses,  de  déterminer  les  an- 
ciennes limites  de  la  Caspienne,  en  remontant  le  Terek. 

La  science  a  largement  profité  de  trois  beaux  voyages  accom- 
plis de  1870  à  1872  :  celui  de  Middendorf  dans  la  steppe  trans- 
ouraliemie  et  l'Altaï,  celui  de  O.-O.  Baum  et  Jacobi  dans  les 
steppes  de  Tlrtysh.  La  formation  Caspienne,  d'après  M.  Bogda- 
now, demande  à  êlre  encore  fort  étudiée  par  les  géologues. 

Il  ne  faut  pas  négliger,  dans  cet  aperçu  des  acquisitions  de 
la  science  sur  le  bassin  aralo-caspien,  les  données  précises  réu- 


ASIE  CENTRALE.  431 

nies  pendant  et  après  la  dernière  expédition  de  Khiva.  A  cet 
égard ,  le  lecteur  sera  pleinement  édifié  en  se  reportant  aux 
précédents  volumes  de  V Année  géographique. 

Les  changements  de  niveau  de  la  mer  d'Aral  et  de  la  mer  Caspienne. 

C'est  une  histoire  curieuse  que  celle  des  changements  de 
niveau  de  l'Aral  et  de  la  Caspienne  :  elle  a  été  reprise  à  Tocca- 
sion  des  projets  de  communication  entre  l'Europe  et  la  haute. 
Asie  par  le  rétablissement  de  TOxus  dans  son  ancien  lit,  et  par 
la  canalisation  du  Kouma-Hanytch  qui  relierait  la  mer  Caspienne 
à  la  mer  d'Azof. 

Les  intermittences  attribuées  à  la  mer  d'Aral  firent, 'il  y  a 
quelques  années,  l'objet  de  savantes  discussions  qui  ont  été 
mentionnées  dans  les  volumes  précédents  de  V Année  géogra- 
phique. 

Le  major  Wood,  un  fils,  croyons-nous,  du  célèbre  explorateur 
du  Pamir,  revient  sur  cette  question  dans  un  intéressant  ou- 
vrage intitulé  The  Shores  of  Lake  Aral  {n^  746) .  Il  en  )  etrace 
l'historique,  ainsi  que  celui  du  cours  de  l'Oxus,  et  arrive  à  cette 
conclusion  formulée  déjà  par  Pallas,  puis  reprise  par  Humboldt, 
que  le  lac  d'Aral  et  la  mer  Caspienne  sont  le  fond  d'une  an- 
cienne mer  intérieure  dont  les  «eaux  mêlées  à  celles  du  Pont^ 
Ëuxin  d  une  part,  allaient  baigner,  d'autre  part,  les*  pieds  du 
Thian-Shan  et  de  l'Himalaya. 

L'Oxus,  aujourd'hui  Amou-Daria ,  après  avoir  été  jusqu'à  la 
moitié  du  seizième  siècle  affluent  de  la  Caspienne,  a  porté  ses 
eaux  dans  le  lac  Aral.  La  cause  en  est  dans  les  drainages 
nécessités  par  la  culture,  qui  affaiblissent  le  fleuve  au  point 
d'arrêter  son  cours  vers  l'ouest,  en  ne  lui  laissant  ni  le  volume 
ni  la  force  nécessaires  pour  affronter  les  steppes  et  les  sables 
du  pays  turcoman. 

Les  vaiiations  de  nivejtu  de  la  Caspienne  ont  suscité  aussi 
de  nouvelles  études,  entre  autres,  celle  du  major  Wood, 
dans  le  Gtographical  Uayazine  de  janvier  1876  (n<*  744). 

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432  ASIE.  N-  098-756 

Reprenant  les  données  de  Thistoire,  il  constate  »  d*après  les 
passages  de  Strabon,  PJine,  Quinte-Curce ,  que  la  mer  Cas- 
pienne a  pu  être,  dans  l'antiquité,  divisée  en  deux  lacs  corres- 
pondant à  ses  parties  nord  et  sud  et  séparés  par  un  isthme, 
prolongement  de  la  presqu'île  de  Bakou. 

Selon  Pallas,  les  Russes  naviguant  sur  la  mer  Caspienne  dès 
1556,  trouvèrent  six  pieds  dé  fond  à  neuf  lieues  au  large  de 
rîle  de  Tchetiné  Bogorié.  Dans  les  mêmes  parages,  Pierre  le 
Grand,  en  1722,  trouvait  i°»,80,  tandis  qu'à  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle  on  y  constatait  une  profondeur  de  5"»,60. 

Visitant  Bakou,  en  1724,  Pierre  le  Grand  avait  été  frappé  de 
l'existence  de  ruines  à  une  quinzaine  de  mètres  de  profon- 
deur,* et  préoccupé  déjà  de  l'idée  de  relier  le  Don  au  Volga, 
c'est-à-dire  la  Caspienne  à  la  mer  Morte,  il  fit  établir,  à  Bakou 
même,  une  échelle  pour  mesurer  la  variation  de  hauteur  des 
eaux.  Oe  détail  parait  avoir  échappé  à  Humboldt  qui,  une 
centaine  d*années  plus  tard,  suggérait  de  son  côté  l'établisse* 
ment  de  ce  limnimètre. 

Des  routes,  des  espaces  cultivés  existaient  naguère  sur  des 
parties  aujourd'hui  submergées  du  littoral  caspien. 

Au  sud-est  de  la  mer  Caspienne,  la  muraille  du  Kizyl-Alan 
se  prolonge  actuellement  vers  l'ouest  sous  les  eaux,  et  dut 
être  nécessairement  construite  à  une  époque  où  elles  occu- 
paient un  niveau  plus  bas  qu'il  ne  l'est  aujourd'hui. 

Enfin,  la  tradition  veut  qu'une  route  ait  jadis  régné  sur  le 
prolongement  de  la  pointe  de  Bakou,  se  dirigeant  vers  le  sud-est, 
c'est-à-dire  dans  la  direction  actuelle  de  Krasnovodsk. 

En  ces  conditions,  les  embouchures  des  tributaires  de  la 
Caspienne  devaient  être  distribuées  autrement  qu'elles  ne  le 
sont  à  notre  époque.  M.  Wood  infère  d'un  passage  de  Slrabon, 
relatif  aux  affluents  du  littoral  sud,  une  preuve  nouvelle  en 
faveur  de  la  thèse  que  le  niveau  de  la  mer  Caspienne  a  été  no- 
tablement moins  élevé  que  de  nos  jours. 

M.  Wood  voit  la  cause  de  cette  élévation  passée  des 
eaux  caspiennes,  dans  une  dérivation  du  Volga  qui,   à  des 

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ASIE  CENTRALE.  433 

époques  antérieures,  devait  se  déverser  en  totalité  ou  en  partie 
dansle Palus  Mœotis,  c'est-à-dire  dans  la  mer  d'Azof.  En  effet, 
un  abaissement  de  1200  pieds  dans  le  niveau  laisserait  à  sec 
une  bande  de  terrain  entre  le  40**  et  le  Al^  parallèles.  Au 
nord  et  au  sud  elle  séparerait  deux  lacs  dont  le  plus  méridional 
serait,  en  superficie ,  d'un  quart  plus  grand  que  Tautre.  Tel 
dut  être  Tétat  des  choses  dans  l'antiquité,  selon  le  major 
Wood  :  les  lacs  étaient  entourés  de  marais  immenses,  alimentés 
au  nord-ouest  et  au  sud  de  la  mer  d'Aral,  par  un  bras  du 
Volga,  par  le  Maiijtch  qui  drainait  le  Palus  Mœotis,  enfin  par 
rOxus  qui  a  depuis  lors  changé  la  direction  de  son  cours. 

Les  auteiu*s  anciens,  qui  fout  du  Tanaïs  la  limite  de  l'Eu- 
rope et  de  l'Asie,  en  font  du  même  coup  un  fleuve  immense  et 
qui  ne  peut  répondre  qu'au  Don  seul  ;  celui-ci  devait  donc  être 
augmenté  du  cours  du  Volga.  Le  Palus  Mœotis,  où  ils  se  déver- 
saient simultanément,  était  plus  haut  et  plus  étendu  alors 
qu'aujourd'hui  et  ses  eaux  étaient  moins  chargées  de  seir 

Quant  aux  causes  qui  ont  ramené  à  la  mer  Caspienne  le 
Volga  naguère  tributaire  du  Palus  Mœotis,  l'auteur  de  l'article 
n'en  dit  rien,  il  conclut  seulement  qu'à  part  les  variations  de 
quantité  d'eau  dans  les  divers  bassins  qui  restent  de  l'ancienne 
Méditerranée  asiatique ,  le  fond  de  cette  mer  n'a  subi  aucun 
changement  :  conclusion  imprévue  d'uu  travail  —  et  d'un  bon 
travail  -r-  écrit  pour  démontrer  que,  dans  les  temps  histo- 
riques, le  Volga,  l'un  des  grands  fleuves  du  monde,  l'un  des 
grands  facteurs  du  bassin  aralo-caspien ,  a  changé  de  lit  et 
modifié  totalement  les  conditions  hydrologiques  de  la  contrée. 

Liaison  de  la  mer  d*Azof  à  la  mer  Caspieniine. 

M.  Ker,  qui  considère  comme  impraticable  de  ramener  le 
cours  de  l'Oxus  à  la  mer  Caspienne,  n'admet  pas  non  plus  qu'il 
soit  possible  de  réunir  celle-ci  à  la  mer  Noire  par  le  Kouma- 
Manjtch  :  «  Quiconque,  dit- il ,  a  vu  le  Manjlch  et  la  Kouma 
dans  leur  état  actuel,  n'estimera  pas  qu'il  faille  même  penser 

L*AViSiiK  GÉOG&.  XV.  28^  j 

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434  ASIE.  N-  698-756 

à  les  employer  pour  le  trajet  de  vaisseaux  d'aucune  dimen- 
sion. »  Sans  doute ,  les  ressources  des  ingénieurs  trioniphe- 
raient  des  difficultés  du  sol,  mais  l'obstacle  est  dans  l'exiguïté 
des  cours  d'eau  à  réunir. 

En  revanche,  M.  Wood,  à  la  suite  de  son  article  sur  les  an- 
ciens aspects  physiques  de  la  mer  Caspienne  (n°  744),  fait  ob- 
server que  la  mer  Caspienne  est  à  25  mètres  au-dessous  de  la 
Méditerranée,  et  que  le  point  le  plus  élevé  du  cours  du  Manytch, 
entre  les  deux  mers,  n'est  qu'à  7  mètres  d'altitude.  Donc,  une 
coupure  de  cette  profondeur  amènerait  à  la  Caspienne  les  eaux 
de  la  nier  d'Azof. 

Cette  opération  entraînerait,  il  est  vrai,  la  submersion  d'As- 
trakhan et  de  tout  ce  qui  est  inférieur  au  niveau  de  la  Médi- 
terranée; mais  le  bassin  de  la  Caspienne,  presque  doublé, 
améliorerait,  par  son  évaporation,  les  conditions  physiques  du 
Turkestan  occidental  :  cet  avantage  compenserait  largement 
les  pertes  d'autre  part. 

Un  savant  russe,  M.  Woieïkof,  vient,  à  son  tour,  contredire 
quelques-uns  des  faits  allégués  par  M.  Wood,  et  termine  en 
déclarant  qu'il  ne  saurait  partager  la  robuste  foi  de  l'officier 
anglais  dans  la  possibilité  et  l'opportunité  de  conduire  à  la 
Caspienne  les  eaux  de  la  mer  d'Azof;  les  dépenses  de  l'entre- 
prise seraient,  selon  lui,  de  beaucoup  supérieures  aux  profits. 
A  sou  toiir,  M.  Wood  répond  à  M.  Woieïkof  en  réfutant  cer- 
taines assertions  de  son  contradicteur  et  en  maintenant  ses 
conclusions. 

Il  est  évident  que  des  projets  aussi  considérables  demandent 
à  être  étudiés  à  tous  les  points  de  vue,  et  que  l'étude  en  exige 
beaucoup  de  temps* 

La  steppe  et  les  Turcomans. 

Depuis  l'occupation  de  Krasnovodsk(1869),  nous  avons  vu, 
grâce  aux  exportations  et  aux  expéditions  des  Russes,  se  garnir 
peu  à  peu  la  carte  des  pays  situés  par  delà  la  mer  Caspienne. 

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ASIE  CEISTRâLÏ);  435 

Parmi  les  explorateurs  qui,  en  ces  dernières  années,  ont  le  plus 
activement  contribué  à  ce  progrès,  il  faut  citer  le  colonel  Steb- 
nitzky,  chef  de  la  section  topograplrique  du  Caucase,  auquel 
sont  dues  des  notions  abondantes  et  précises  sur  la  région 
aralof-caspienne.  Quant  aux  expéditions  militaires,  celle  de 
Kiya,  celle  des  colonnes  de  Kraânovodosk,  et  les  marches  du 
général  Lomakine,  en  1875,  elles  ont  aussi  fourni  un  contin- 
gent considérable  de  données  à  l'aide  desquelles  le  Journal 
de  Saint-Pétersbourg  a  publié,  d'après  VInvalide  russe,  un 
aperçu  ethnographique  sur  la  steppe  en  1875.  Nous  croyons 
que  les  lecteurs  de  V Année  géographique  nous  sauront  gré  de 
leur  en  présenter  un  résumé. 

Au  point  de  vue  météorologique,  la  steppe  turcomane  est 
tantôt  brûlée  par  une  chaleur  sèche  qui  s'élève  jusqu'à  30° 
Réaumur,  tantôt  engourdie  par  des  froids  qui  vont  jusqu'à 
—  20°  Réaumur.  Les  vents  violents  y  soulèvent  soit  des  nuages 
d'un  sable  aveuglant,  soit  des  tourbillons  de  neige.  En  sep* 
tembre  et  en  octobre  tombent  des  pluies  parfois  assez  abon- 
dantes. 

Outre  l'Oxus  et  ses  dérivations  canalisées,  deux  cours  d'eau 
seulement  arrosent  la  steppe  dans  laquelle  est  compris  le  ver- 
sant caspien  des  Kourendagh  et  de  sa  prolongation.  Ces  cours 
d'eau  sont  TAtrek,  limite  russo-persane  actuelle,  et  le  Gour- 
gan.  Les  versants  nord  du  Kourendagh  arrosent  de  torrents 
au  cours  très-limité  la  vallée  des  Tékés,  l'Arkalch.  Partout 
ailleurs  qu'aux  environs  des  cours  d'eau  le  pays  est  pauvre  en 
puits,  et  il  ne  semble  pas  que  le  forage  de  puits  artésiens  offre 
des  chances  de  réussite.  Le  sel  se  trouve  presque  partout  à 
la  surface  de  la  steppe,  jusque  sur  les  bords  de  TAtrek  et  du 
Gourgan. 

Cette  contrée  peii  séduisante  est  habitée  par  des  Turcomans, 
vigoureuse  population  de  race  turque.  Ils  sont  généralement 
homades  et  appartiennent,  sans  être  toutefois  très-fanatiques, 
à  la  secte  sunnite.  Ils  épousent  plusieurs  femmes  e*t  s'unissent 
même  à  des  prisonnières  persanes  ou  kourdes  ;  mais  en  matière 

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436  ASIE.  W  698-756 

d'héritage,  les  enfants  des  Turcoraanes  proprement  dites  sont 
avantagés.  Les  femmes,  qui  ne  sont  point  recluses  comme  elles 
le  sont  chez  les  Persans,  s'occupent  des  travaux  intérieurs,  du 
tissage  des  tapis  et  de  la  confection  des  feutres.  Les  hommes 
ne  font  guère  autre  chose  que  du  brigandage  et  des  incur- 
sions chez  les  voisins. 

Les  Turcomans  se  divisent  en  Yomoudes,  Goklans  et  Tékés. 
Les  premiers,  en  majorité  cantoxmés  du  bas  Ousboï  aux  vallées 
de  TAtrek  et  du  Gourgan,  se  divisent  en  Baïram-Ghali,  qui 
peuplent  le  nord  du  kanat  de  Khi  va,  et  en  Tchouka.  Ceux-ci, 
suivant  qu'ils  sont  sédentaires  ou  nomades,  prennent  le  nom 
de  Tcharva  ou  de  Tchomoum.  La  pêche,  la  culture  du  fro- 
ment, du  millet,  de  l'orge,  du  coton,  du  sésame,  l'élève  de 
nombreux  troupeaux  de  bêtes  à  cornes,  telles  sont  les  res- 
sources des  Yomoudes  Tchojnoura.  Ils  vivent  par  groupes  nom- 
breux et  ne  se  déplacent  qu'à  de  petites  distances.  Quant  aux 
Yomoudes  Tcharva,  après  les  trois  mois  de  l'hiver,  ils  quittent 
les  bords  de  l'Âtrek  pour  aller  parcourir  la  région  comprise 
pepuis  le  golfe  de  Karabougaz,  sur  lu  mer  Caspienne,  jus- 
qu'au puits  d'Igdy.  Durant  tout  le  temps  de  leur  séjour 
en  territoire  russe ,  ils  doivent  se  soumettre  aux  chefs 
russes,  près  desquels  ils  se  font  représenter  pai'  des  khans 
spéciaux. 

Les  Tchomoura  deviennent  souvent  Tcharva  et  réciproque- 
ment, suivant  les  circonstances.  On  évalue  à  77  000  âmes  la 
population  yomoude. 

Plus  au  sud  que  les  Yomoudes,  vivent  les  Goklans  dont  on 
sait  peu  de  chose.  Presque  tous  s'occupent  d'agriculture,  car 
leurs  terres  sont  mieux  arrosées  que  celles  des  Youmoudes. 
les  fourgons  {kibitkï)  dans  lesquels  ils  vivent  sont  estimés 
au  nombre  de  3000. 

Les  Tékés  habitent  TArkatch,  la  partie  riche  du  pays  tur- 
coman.  Arrosé  par  des  ruisseaux  qui  descendent  de  la  conti- 
nuation sud-est  du  Kourandag,  l'Arkatch,  oasis  étroite  et 
longue  qui   paraît  se  rétrécir  chaque  jour,  sous  l'action  des 

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ASIE  CENTRALE.  437 

vents  du  nord,  par  l'envahissement  des  sables,  est  une  région 
fertile,  un  sol  glaiseux.  Une  plante  nommée  djoghéna  ou 
djongara  forme  la  ressource  principale  du  pays.  Son  grain 
sert  de  nourriture  aux  hommes  et  aux  animaux  ;  sa  tige  est 
utilisée  comme  fourrage.  Chez  les  Tékés,  le  système  com- 
munal n'existe  point  comme  chez  le  reste  des  Turcomans; 
chacun  peut  aliéner  sa  propriété.  Les  Tékés  ont  une  organi- 
sation supérieure  à  celle  dçs  autres  tribus  et  passent  pour 
les  plus  forts.  Pendant  longtemps,  grâce  à  leurs  rapides 
chevaux,  ils  ont  poussé  parfois  jusqu'à  Meched  et  à  Herat 
des  incursions  (allaman)  dont  ils  ramenaient  des  prisonnières 
destinées  aux  marchés  de  Khiva  et  de  Boukhara. 

Tout  le  long  de  TArkatch,  au  pied  des  contr&-forts  du 
Kourendah,  sont  échelonnés  à  20  ou  25  kilomètres  l'un  de 
l'autre,  43  forts  ou  fortins,  généralement  de  forme  carrée  et 
construits  en  terre  battue.  Jusqu'à  ces  dernières  années,  les 
deux  fractions  des  Tékés,  les  Tokhtamych  et  les  Outeinich,  ont 
été  en  lutte.  Enfin,  en  1875,  les  forteresses  furent  placées 
sous  quatre  commandements,  répartis  entre  les  fractions 
rivales. 

Pour  compléter  ces  notes  quant  aux  populations  de  la  steppe 
turcomane,  il  faut  mentionner  les  Kourdes  persans  qui  habi- 
tent, dans  là  haute  vallée  de  l'Atrek,  l'angle  compris  entre  ce 
fleuve  et  son  principal  affluent  de  droite,  le  Sumbar.On  a  peu 
de  renseignements  sur  ces  Kourdes,  qui  luttent  parfois  avec 
avantage  contre  les  Tékés,  et  occupent  un  certain  nombre  de 
positions  fortifiées  à  peu  de  distance  de  la  ligne  de  forts  de  ces 
derniers.  L'Atrek  étant  désormais  la  frontière  russe,  on  peut 
être  certain  que  la  géographie  et  l'ethnographie  ne  tarderont 
pas  à  s'enrichir  de  données  nouvelles  sur  cette  peuplade. 

'     L'Ousboï,  ancien  cours  de  l'Âmou-daria. 

L'un  des  résultats  géographiques  de  l'expédition  des  Russes 
à  KivA  aura  été  la  reconnaissance  de  TOushoï,  ancien  cours  de 

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458  ASIE.  N-  698-756 

rOxus,  depuis  la  mer  Caspienne,  où  il  se  jetait  jadis,  jusqu'à 
Kounieh-Ourgendj,  non  loin  du  cours  actuel  de  l*Amou- 
daria. 

Dans  l'ancien  état  de  choses,  TAmou-daria  accomplissait  un 
trajet  de  500  kilomètres  de  plus  qu'aujourd'hui,  et  son  lit  aban- 
donné est  la  partie  la  plus  basse  de  la  steppe  turcomane. 

En  termes  généraux,  l'Ousboï  est  limité  du  côté  du  noitl 
par  les  pentes  du  grand  plaleau  d'Oust-Ourt,  les  sables  de 
Tchil-Named-Koum  et  le  massif  du  grand  Balkhan  (1661  met. 
au-idessus  de  la  mer  Caspienne)  qui  se  prolonge  jusqu'à  Kras- 
novodsk.  Du  côté  du  sud,  ses  rives  bordent  une  sorte  de  Sahara 
large  de  100  kilomètres  en  certains  endroits  et  qui  s'étend 
jusqu'au  Kouren-Dagh. 

L'historique  du  cours  de  l'Oxus  a  été  dessiné  à  grands  traits 
par  le  major  Herbert  Wood,  dans  un  excellent  morceau  intitulé 
Notes  an  the  hwer  Amour-Darya  (n°  747),  etc.  «  Depuis  Héro- 
dote (458  av.  J.  C),  qui  donne  un  court  aperçu  de  l'Araxe  et 
des  directions  que  suivaient  ses  deux  bras,  jusqu'au  dixième 
siècle  de  rère  chrétienne,  les  indications  sur  l'Oxus  sont  rares. 
Elles  suffisent  cependant  pour  établir  que,  jusqu'à  tfois  quarts 
de  siècle  au  moins  avant  J.  C,  le  trafic  entre  l'Inde  et  l'Europe 
descendait  la  mer  Caspienne  par  l'Oxus.  Plus  tard,  ce  fleuve 
semble  avoir  adopté  l'un  de  ses  bras  septentrionaux,  pour  se 
jeter  dans  l'angle  sud-est  du  lac  Aral.  Avant  le  quinzième 
siècle,  rOxus  ou  Amou-daria  changea  de  nouveau  son  cours  et 
se  déversa  dans  la  Caspienne.  En  dernier  lieu,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  il  abandonna  ce  trajet  et  se  jeta  vers  l'extrémité 
sud-ouest  du  lac  Aral.  » 

La  cause  de  ces  changements  est  sans  doute  dans  les  sai- 
gnées plus  ou  moins  actives  que  les  habitants  du  cours  moyen 
de  rOxus  ont  fait  subir  au  fleuve  pour  fertiliser  leurs  terres, 
et  dans  les  ensablements  qui  en  ont  été  là  conséquence. 

L'Ousboï  avait  été  traversé  en  1820  par  Hourawief,  en 
1825  par  Eichwald,  en  1856  par  Karelin,  en  1863  par  Vara- 
béry,  mais  son  parcours  n'était  connu  que  sur  des  points.  Ou 

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ASIE  CENTRALE.  439 

Ta  suivi  depuis  lors  dans  toute  son  étendue.  Eu  1872,  comme 
nous  Tavons  dit,  le  colonel  Stebnitzky  Tavait  étudié  de  la 
mer  Caspienne  au  puits  d'Igdi  ;  eu  1878,  le  colonel  Gloukovski 
en  fit  la  reconnaissance,  du  marais  lacustre  de  Sary-Kamysh  à 
Kounieh-Ourgendj  ;  en  1875,  le  général  Lomakin  suivit  tout 
rOusboï,  de  la  Caspienne  à  Kounieh-Ourgendj,  et  reconnut  du 
même  coup  les  280  kilomètres  laissés  inexplorés  jusque-là 
entre  les  environs  dlgdi  et  le  Sary-Kamysh. 

A  partir  de  la  Caspienne  jusqu'au  puits  de  Bala-Ischem,  on 
distingue  nettement  le  lit  d'un  fleuve  encaissé  entre  des  col- 
lines de  sable.  Le  thalweg  est  en  partie  couvert  de  lacs  d'eau 
salée  ou  d'eau  douce.  Depuis  Bala-Ischem,  le  fond  de  la  vallée 
se  compose  soit  de  marais  salins,  soit  de  rochers  ;  on  y  ren- 
contre des  coquilles  fluviales..  Çà'  et  là,  cependant,  les  sables 
mouvants  ont  effacé  le  lit  du  fleuvei,  que  traversent  même  obli- 
quement quelques  collines  de  la  rive  gauche.  M.  Loupandin, 
topographe  attaché  à  la  colonne  du  général  Lomakin,  pense 
que  Teau  une  fois  ramenée  dans  son  ancien  sillon,  en  chasse- 
rait vite  les  sables  et  les  barrages. 

Les  rives  de  l'Ousboï  ont  parfois  17  à  21  mètres  à  partir  du 
fond  du  ravin  dont  la  largeur,  très-variable,  va  jusqu'à  2  ou 
5  kilomètres.  Quelques-uns  des  lacs  qui  subsistent  dans  la 
vallée  sont  assez  considérables  pour  donner  l'illusion  d'un 
fleuve.  Les  puits  sont  assez  nombreux,  aussi  rencontre-t-on 
beaucoup  de  petits  jardins  (bagtchi)  ou  de  cimetières  dont  la 
végétation  forme  contraste  avec  l'aridité  de  la  steppe  envi- 
ronnante. Toutes  les  formations  du  sol  renferment  des  coquilles 
d'eau  douce. 

L'intérêt  manifeste  des  Russes  à  faire  rentrer  l'Âmou-daria 
dans  son  ancien  cours  a  provoqué  l'examen  des  possibilités 
et  des  chances  de  succès  d'une  pareille  entreprise.  Les  avis 
sont  généralement  favorables,  et  en  particulier  celui  du  major 
Wood,  qui  s'est  voué  aux  recherches  sur  ce  sujet,  dont  il  a  plus 
spécialement  examiné  le  côté  historique.  Il  l'a  fait  d'une  ma- 
n'èrc  complète  dans  l'ouvrage  et  les  articles  déjà  cités,  qui  pré- 


440  ASIE,  N*'  698-756 

sentent  aussi  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  de  la  géographie 
physique  de  la  région  aralo-caspienne. 

On  comprend  sans  peine  qu'une  opération  comme  celle  de 
changer  le  cours  d'un  fleuve  ne  soit  pas  tentée  à  la  légère.  Le 
retour  de  FÂmou-daria  à  son  ancien  lit  ne  pourrait  s'effectuer 
qu'au  détriment  de  l'oasis  kliivienne,  fertilisée  par  un  inextri- 
cable réseau  de  canaux  dérivés  du  fleuve.  Des  mesures  prises  en 
i864,  du  23  juin  au  10  septembre,  établissent  que  la  moitié 
du  volume  d'eau  de  TAmou-daria  est  détournée  par  l'irrigation. 
La  moitié  qui  reste  aurait-elle  la  force  nécessaire  pour  accom- 
plir à  travers  des  sables  un  trajet  de  500  kilomètres? 

L'Amou-daria,  en  amont  de  Kliiva,  est  difficile  à  naviguer,  à 
cause  de  ses  sinuosités  et  de  la  force  de  son  courant.  A  une 
vingtaine  de  kilomètres  au-dessus  de  Petro-Alexandrovsk,  il 
fait  deux  coudes  brusques  oii  le  courant,  très-étroit,  est  em- 
barrassé de  rochers.  En  1874,  le  petit  vapeur  de  Peroffsky 
remonta  de  l'Aral  à  Petro-Alexandrovsk,  pendant  les  hautes 
eaux.  En  1876,  le  Samarcande  partant  de  Petro-Alexan- 
drovsk atteignait  Pitnyak,  c'est-à-dire  qu'il  gagnait  environ 
70  kilomètres  sur  le  trajet  du  Peroffsky.  Évidemment  le  pi  us  ou 
moins  de  facilité  que  présentera  la  navigation  sur  TAmou-daria 
est  l'un  des  éléments  à  considérer  dans  le  projet  de  restituer 
à  ce  fleuve  son  cours  des  temps  historiques. 

L'expédition  militaire  des  Russes  sur  le  Pamir. 

Vers  le  milieu  de  l'année,  le  gouverneur  général  du  Turkes- 
tan  résolut  de  mettre  fin  aux  abus  d'indépendance  des  Kara- 
Kirghizes  qui  habitent  les  montagnes  situées  au  sud  du 
Kokhand.  Cette  peuplade,  qui  n'avait  jamais  reconnu  effecti- 
vement l'autorité  du  ci-devant  khan  de  Kokhand,  prétendait 
conserver,  malgré  l'annexion  du  Kokhand  à  la  Russie,  sa  demi- 
indépendance,  et  en  usait  pour  piller  des  caravanes  ou  agiter 
le  territoire  nouvellement  soumis  au  czar.  Les  Eara-Kirghizes 
sont  très-difficiles  à  atteindre,  car  ils  n'apparaissaient  dans  la 


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ASIE  CENTRALE.  441 

plaine  qu'en  hiver,  et  se  transportaient  Tété  sur  le  plateau 
d'Alaï  ;  ils  se  dérobaient  dans  la  vallée  du  Kizyl-Sou  ou  Sourk- 
Ab,  affluent  supérieur  de  rOxus.  En  conséquence,  le  général 
Skobélef  résolut  d'opérer  une  démonstration  militaire  jusque 
dans  les  montagnes  situées  au  sud  de  Fergbanah.  Les  troupes 
furent  divisées  en  trois  corps,  accompagnés  chacun  de  topo- 
graphes et  d'hommes  de  science.  Un  colonel  d'état-raajor, 
M.  Kostenko,  bien  connu  par  ses  travaux  sur  l'Asie  centrale, 
fut  attaché  à  Tune  des  colonnes  qui,  a  travers  l'Alaï  et  le 
Transalaï,  se  porta  sur  le  Pamir  où  l'avait  devancé  une  re- 
connaissance. Voici  quelques  notes  sur  cette  expédition,  d'a- 
près une  correspondance  du  colonel  Kostenko,  publiée  par  le 
Journal  de  Saint-Pétersbourg. 

La  colonne  s'engagea,  pour  franchir  le  Transalaï,  dans  le 
défilé  de  Kizyl-Art  et  arriva  sans  trop  de  peine  au  col,  qui  a 
3560  mètres  d'altitude.  «  De  ce  point,  dit  le  colonel,  la  vue 
embrasse  le  Pamir  :  on  aperçoit  des  chaînes  de  montagnes  dé- 
nudées, dont  quelques  sommités  atteignent  la  région  des  nei- 
ges. »  Une  seconde  chaîne  qui  suit  la  vallée  du  Kouroun-Saï, 
à  5350  mètres  sur  ce  point,  fut  franchie,  et  au  delà  on  des- 
cendait sur  le  lac  Kara-Koul,  dont  le  vaste  bassin  est  entouré 
de  toutes  parts  de  montagnes  en  grande  partie  couvertes  de 
neiges  éternelles. 

Le  lac,  allongé  dans  la  direction  nord-sud,  est  long  d'en- 
viron 35  kilomètres  et  demi;  sa  largeur  est  de  près  de  27  ki- 
lomètres et  demi,  a  Une  grande  partie  du  lac  est  occupée  par 
des  îles  et  des  presqu'îles  qui  forment  une  ligne  coupant  le 
lac  dans  la  direction  du  nord  au  sud.  La  plus  grande  de  ces 
îles  est  située  près  de  la  rive  nord,  à  laquelle  elle  se  rattache 
par  un  isthme  long  de  200  toises  et  large  d'une  dizaine  de 
toises.  Cet  isthme,  qui  ne  s'élève  qu'à  peine  au-dessus  du  ni- 
veau des  eaux,  s'est  formé  successivement  par  l'amoncelle- 
ment des  sables.  »  Sur  l'île,  qui  est  déserte  et  aride,  se  dres- 
sent des  collines  qui  atteignent  jusqu'à  180  ou  200  mètres  de 
hauteur.  Tous  les  après-midi,  à  partir  de  deux  heures  à  trois 

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442  ASIE.  W  757-775 

heures,  s'établit  un  vent  du  nord  qui  souffle  en  violentes  ra- 
fales. «  Les  eaux  du  lac  ne  s*écoulent  point,  ainsi  que  l'avait 
supposé  M.  Fedschenko  ;  il  reçoit,  au  contraire,  plusieurs  pe- 
tites rivières  qui  descendent  des  montagnes  ;  tous  ces  cours 
d'eau  sont  peu  profonds  et  traversent,  avant  de  se  jeter  dans  le 
lac,  des  terrains  bas  et  plats  qui  doivent  avoir  été  jadis  recou- 
verts par  ses  eaux.  »  La  distance  entre  le  lac  et  les  montagnes 
qui  Tenvironnent  varie  de  16  k  i  kilomètres.  Vers  l'ouest,  le 
lac  baigne  le  pied  des  montagnes, 

«  L'eau  du  Kara-Koul  est  fraîche  et  très-transparente,  même 
lorsqu'elle  est  violemment  agitée  par  le  vent.  Elle  est  sau- 
mâtre,  et  les  chevaux  n'en  boivent  que  pressés  par  la  soif.  La 
présence  de  poissons  dans  le  lac  est  révélée  par  de  nombreux 
vols  d'oiseaux  aquatiques  que  nous  avons  observés  sur  les 
bords  du  lac.  » 

«  Pendant  notre  séjour  sur  les  bords  du  Kara-Koul,  le  temps 
était  très-chaud  ;  la  nuit,  cependant,  le  thermomètre  descen- 
dait jusqu'à  zéro.  Les  pluies,  à  ce  que  disent  les  indigènes, 
sont  rares  près  du  Kara-Koul  ;  il  neige  même  en  été.  En  hiver, 
les  neiges  sont  promptemeut  balayées  par  les  vents  du  nord, 
très-violents,  qui  soufflent  presque  constamment.  » 


XI 

MONGOLIE.  MANDCHOURIE 

757.  LivERANi  (F.).  Fra  Giovanni  da  Pian  de  Garpinô  nel  contado  di 
M agionc,  viggiatore  e  descrittore  di  Tartaria  e  Mongoiia  nel  Se- 
colo  XIII.  Perugia,  1876.  —  Y.  aussi  Auiland,  1876,  n*44. 

758.  PopWF  (Pj).  Journal  de  voyage  de  Fan-Ghikakouï  dans  TOcci- 
dent,  traduit  du  chinois  en  russe.  Sapiskt  de  la  Soc.  de  Géogr. 
de  Russie  [Section  de  Géogr.  générale),  1875,  vol.  V,  p.  14!  à  211). 

Fan-Ghiao-Kouï  faisait  partie  de  Vexpédition  envoyée  en  1721  par 
l>raperour,  Kanf^hi  dan»  la  Hongolie  centrale,  pour  l'ortiGer  les  postes 
depuis  Kukukhoto  jusqu'à  Kobdo. 


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MONGOLIE.  MANDCHOURIE.  443 

759.  Veniodkoff  (A.).  New  maps  of  Mongolia.  Geographical  Magazine 
de  Markham,  1876,  n»Y,  p.  127. 

760.  PRJEVAL8KT  (lieut.-colonel  N.).  Mongolie,  the  Tangut  country  and 
the  solitudes  of  Northern  Tibet,  translated  in  english  by  E.  Del- 
mar  Morgan,  with  introduction  and  notes  by  colonel  Henry  Yule, 
2  vol.  in-8».  London,  1876.  (L'ouvrage  original  est  en  langue 
russe.) 

761 .  Du  même.  Édition  allemande  sous  le  titre  de  Reisen  in  die  Mon- 
golei,  im  Gebiet  der  Tanguten,  etc.,  traduction  par  À.  Kohn, 
Jeoa,  1876. 

De  nombreux  articles  et  analyses  sur  cette  importante  relation 
ont  été  publiés,  savoir  :  dans  VAmland  (n**  5,  6,  7,  8),  par 
H.  V.  Bartb;  dans  les  Mittheilungen  de  Petermann(h  IH»  Y),  avec 
une  carte;  dans  Die  Nalur  (n*"  7),  par  Albin  Kobn;  dans  le  Globuê 
(XXIX,  XXX),  par  le  môme;  dans  le  Bollet,  délia  Soc,  Geogr,  Ita- 
liana  (n*  5);  dans  le  Geographical  Magazine  (n«  9);  dans  le  BuU 
letin  de  la  Société  de  Géographie  (Rapport  sur  le  jnrix  annuel, 
par  W.  Hûber),  n»  de  juillet  1876,  p.  27. 

762.  Fbitsche  (U.).  Déterminations  géographiques  et  magnétiques  ob« 
tenues  en  vingt-six  endroits  pendant  un  voyage  de  Saint-Péters- 
bourg à  Pékin,  en  1874.  (Répertoire  pour  la  Méléorologie,  publié 
par  l'Acad.  Impér.  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg.  1878, 
vol.  IV,  n«  8.) 

765.  SosNowsEï  (capitaine).  Rapports  sur  l'expédition  de  Bouloun-To- 
khoï,  avec  carte.  Sapiski  de  la  Société  Imp.  géographique  de 
Busne,  t.  V,  1875  (en  russe).  V.  aussi  Geographical  Magazine. 
1876,  n»  9,  p.  243. 

764.  Paderim.  Nivellement  barométrique  de  la  Mongolie,  {hvestiïa  de 
la  Société  Impériale  géographique  de  Russie,  1876,  vol.  XII, 
cahier  1*'.) 

765.  Barometrical  Heights  in  Mongolia,  Geograph.  Magaûne  de  Mar- 
kham, 1876,  n«  9,  p.  253. 

Bien  que  les  hauteurs  déterminées  barométriquement  n'oIXrent  point 
toujours  la  rigueur  désirable,  nous  donnons  ci-dessous  quelques-unes  des 
altitudes  obtenues  par  H.  Paderin  pendant  son  voyage  d'Oui^a  à  Onlias- 
soutal  et  à  Ousio,  et  calculées  par  M.  Fritsch. 

Ourga,  1150  mètres,  —  Khohol  (source  du  Kara-sou),  2014  mètres.  — 
Ouliassoutaï,  1414  mètres.  —  Source  du  Narin,  1810  mètres.  -~  Confluont 
des  deux  Yénisséi,  530  mètres. 

766.  Steir  (F.  von).  Die  Mongolen,  die  Tanguten,  trad.  du  russe  : 
Zeitschrift  fur  Ethnologie.  Berlin j  1876. 

767 .  Stren-Mob,  Sakharow,  Krtlow.  Ueber  die  Buriaten.  Bussische  Bévue 
de  Bôttger.  1876,  n*  XI,  p.  400-4Ô2  et  415-416. 

768.  KoHN  (Albin).  Die  Chara-Tanguten  und  Olut-Mongolen.  Globus, 


444  ASIE.  N-  757-773 

XXX,  4876,  p.  13,  27.  V.  aussi  Zeitschrift  fur  Ethnologie,  1875, 
VIÏ,  p.  381. 

769.  HowoRTH  (Henrt  h.).  The  Taugas.  Geographical  Magazine  de 
Markham.  1876,  n»  2,  pages  50  et  51. 

Les  Taugas,  appelés  par  les  Arabes  Tagazgaz,  furent  probablement  les 
Ouîghours,  tribu  bouddhiste  très-cultivée  dans  les  lettres,  les  arts,  etc., 
habitant  sur  la  limite  N.  0.  de  la  Chine  et  au  N.  du  Tibet. 

770.  Ravert  et  Howorth.  Ueber  die  ursprùnglichen  namen  der  Mon- 
golen.  BuêsUche  Revue  de  Rôttger,  1876,  n*  10,  p.  327. 

771.  Sakharow  (F.).  Matériaux  pour  l'étude  delà  langue  des  Golden 
dans  le  territoire  de  l'Amour  et  en  Mandchourie.  hvestiïa  de  la 
Société  Imp.  géographique  de  Russie.  1876,  t.  XII,  n*  1. 

772.  BoGULZDBSKT  (J,).  Abriss  des  Amur-Gebietes,  des  sûdlicben  Theiles 
des  Kûstengebietes  und  der  Insel  Sachalin,  in  geologischer-und 
berg  industrielles  Beziehung.  1876,  Saint-Pétersbourg,  in-8». 

773.  ScHRENGK  (D.  LéopoLD  von).  Aeisen  und  Forschungen  im  Amur- 
lande,  in  den  Jahren  1854-56,  im  Auftrage  der  Kaiserl.  Acad. 
der  Wissensch.,  in  St-Pétersbourg  ausgefuhrt  und  in  Verbind. 
mit  mehreren  Gelehrten  herausgegeben,  vol.  I?.  Saint-Péters- 
bourg, 1876,  gr.  in-4**  (renferme  les  résultats  des  observations 
météorologiques). 


Yoyage  projeté  de  M.  Potaniue  en  Mongolie. 

Un  résumé  historique  des  voyages  dans  le  sud  de  la  Mongo- 
lie est  peut-être  ici  à  sa  place.  Nous  l'empruntons  à  l'exposé 
des  motifs  présentés  par  H.  Potanine  à  la  Société  Impériale 
géographique  de  Riissie,  pour  obtenir  de  cette  Société  d'être 
chargé  d'une  exploration. 

m  La  portion  de  la  Mongolie  qui  est  si^iée  au  sud  des  gou- 
vernements de  Tomsk  et  de  Jénisséi  est  la  moins  connue  des 
régions  de  l'Asie  centrale  qui  confinent  à  la  Sibérie.  Les  voya- 
geurs russes  qui  se  sont  dirigés  à  Test  vers  Pékin,  ou  à  Touest 
sur  le  Tian-Schan,  ont  laissé  de  côté  ou  n'ont  fait  qu'entre- 
voir cette  contrée,  sur  laquelle  on  ne  possède  que  peu  de  ren- 
seignements. Tchikhatchew,  qui  a  suivi  le  Tchuï  jusqu'à  l'A- 
bakan,  n'a  parcouru  que  la  chaîne  du  Saïan  depuis  sa  nais- 
sance jusqu'aux  limites  nord-ouest  de  la  région  dont  il  s'agit; 
Gastren  et  Radlow  n'en  ont  visité  que  quelques  points  dans  le 


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MONGOLIE.  MAMDGUOURIE.  445 

nord  ;  Schwartz  et  Kryjiue  y  ont  pénétré  plus  avant,  mais  sans 
cependant  descendre  plus  bas  au  midi  que  les  cours  de  TOu- 
lou-Kaii  et  du  Houa-Kem  ;  le  voyage  le  plus  long  qui  y  ait  été 
effectué  est  celui  de  M.  Matoussovsky,  qui  Ta  traversée  d'a- 
bord de  l'ouest  à  Test,  de  Khobdo  à  Ouliassoutaï,  et  ensuite  du 
sud  au  nord  d'Ouliassoutaï  jusqu'au  Jénisséi;  M.  Vesselkow  a 
fait  le  trajet  du  Tes  au  lac  Kossogol.  Les  itinéraires  de  M.  Scbis- 
chnaarew,  d'Ourga  à  Ouliassoutaï,  de  M.  Elias,  d'Ouliassoutaï 
à  Kbobdo,  et  de  M.  Prinz,  se  rapportent  à  cette  partie  de  la 
Mongolie;  si  l'on  y  ajoute  les  notes  inédites  de  M.  Rovinsky, 
qui  a  visité  le  lac  Targoun-Noor,  et  celles  de  M.  Apakidze, 
qui  a  voyagé  sur  les  bords  de  l'Ouss,  c'est  tout  ce  que  nous 
possédons  de  renseignements  sur  cette  contrée  lointaine.  Mal- 
gré le  grand  intérêt  qu'elle  présente  sous  beaucoup  de  rap- 
ports, sa  partie  centrale  est  encore  à  peu  près  inconnue  au 
point  de  vue  de  l'histoire  naturelle. 

«  Les  rapports  des  bassins  de  l'Oubs  et  de  l'Ike-Aral  entre 
eux  et  avec  les  systèmes  des  eaux  de  l'Océan  sont  restés  un 
problème;  l'exploration  scientifique  n'a  pas  abordé  la  chaîne 
du  Hingaï,  dont  Schischmarew  a  apergu  de  loin  les  cimes  nei- 
geuses en  se  rendant  d'Ourga  à  Ouliassoutaï.  En  botanique, 
la  Ûore  de  cette  région  forme  une  lacune  importante  entre 
celles  du  Saïan  et  du  Tian-Schan  d'une  part,  et  entre  celles  des 
steppes  du  Turkestan  et  du  Gobi;  la  présence  de  plusieurs 
plantes  du  midi  sous  la  latitude  du  lac  Zaïssan  permet  de  sup- 
poser l'existence  d'une  intéressante  flore  intermédiaire  dans 
la  steppe  entre  Khom  et  Ouliassoutaï.  La  même  lacune  se  pré- 
sente par  rapport  à  la  faune  des  poissons,  des  mollusques  et 
des  animaux  inférieurs  en  général.  Les  explorations  de  M.  Fedt- 
chenko  en  Turkestan  et  celles  de  MM.  Hersfeldt,  Schrenk  et 
Dybovsky  sur  l'Amour  et  aux  environs  du  lac  Baïkal  prouvent 
qu'il  y  a  beaucoup  à  attendre  de  l'étude  de  cette  partie  de  la 
Mongolie  qui  forme  un  chaînon  intermédiaire  entre  le  Turkes- 
tan et  la  Daourie.  Enûn,  nous  manquons  complètement  de  ren- 
seignements sur  la  population  de  cette  contrée,  par  exemple, 

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446  ASIE.  îî"  757-115 

sur  une  branche  particulière  de  la  race  kirgyze,  qui  habite  le 
Hangam,  et  à  Tégard  de  laquelle  nous  n'avons  que  quelques 
notions  vagues  de  son  existence.  9 

A  la  suite  de  cet  exposé,  M.  Potanine  a  été  chargé  de  diriger 
une  expédition  qui  doit  explorer  pendant  deux  ans  la  partie  de 
la  Mongolie  limitrophe  de  la  Sibérie  occidentale  et  orientale, 
du  poste  de  Zaissan  au  lac  Kossogol.  Le  voyage  se  fait  avec  le 
concours  du  ministère  des  finances.  H.  Potanine  avait  quitté 
Saint-Pétersbourg  au  printemps  de  1876.  Le  5  août,  il  écrivait  de 
Bouloun-Tokhoï,  en  Dzoungarie,  à  l'est  des  monts  Tarbagataï, 
que  des  détails  d'organisation  avaient  retardé  jusqu'au  20  juil- 
let (!«'  août)  son  départ  de  Zaissan.  Entre  ce  point  et  Bouloun- 
Tokhoï,  le  trajet  se  fait  sur  une  route  carrossable.  Le.  volume 
prochain  de  Y  Année  géographique  donnera  des  détails  sur  cette 
exploration. 

Cartes  chinoises  et  mongoles  de  la  Mongolie. 

Au  moment  oîji  les  voyages  en  Mongolie  vont  se  multipliant, 
il  est  utile  de  dire  un  mot  des  matériaux  cartographiques  qui 
existent  actuellement  sur  ce  pays.  Voici,  d'après  le  colonel  Ve- 
nioukoff  (n?  759),  l'état  actuel  des  choses. 

En  1869  M.  Weber  a  commencé,  à  l'aide  de  matériaux  chi- 
nois, la  préparation  d'une  carte  de  la  Mongolie  et  de  la  province 
de  Petchili.  Pour  sa  carte  de  la  Chine,  le  baron  de  Richthofen 
a  utilisé  un  atlas  chinois  construit  avant  1868  par  ordre  du 
gouverneur  général  Ohou-Gouani. 

M."  Venioukoff  cite,  de  plus,  sept  copies  faites  par  M.Karmazof, 
interprète  du  consulat  russe  à  Ourga,  sur  des  cartes  chinoises 
ou  mongoles.  En  voici  les  indications  : 

1^  Grande  carte  détaillée  de  VAlmak  (tribu  et  régioti)  du 
Touschetou  Khan^  dressée'en  1868,  sur  l'ordre  du  gouverne- 
ment chinois,  par  les  autorités  mongoles  d'Ourga,  à  l'échelle 
de  11  verstes  au  pouce  (i/4C200o),  avec  méridiens  et  paral- 
lèles de  15'  en  15'.  Cette  carte  complète  la  géographie  de  la 

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MONGOLIE.  HâNDGHOUHIE.  447 

Mongolie  septentrionale,  surtout  des  bassins  de  TOrkhon,  du 
Kharakah,  du  Bùkhaïrgol,  et  les  parties  du  Gobi  que  traver- 
sent œs  cours  d'eau.  On  y  trouve  indiqués  tous  les  Khoshoungs 
ou  subdivisions  administratives. 

2°  Grande  carte  de  toute  la  Mongolicy  depuis  le  Soungari  et 
le  Nouna,  à  Test,  jusqu'aux  monts  Alatau,  à  Touest.  Elle  a  été 
copiée  sur  la  plus  récente  carte  de  l'empire  chinois  à  l'échelle 
de  65  verstes  au  pouce  (1/2,730,000).  Les  limites  des  districts  y 
sont  très-bien  marquées. 

3<*  Carte  de  la  frontière  russo-chinoise  (dressée  par  un  Mon- 
gol), à  l'ouest  de  Kiakhta,  entre  les  postes  frontières  mongols 
de  Tshagan-ousou  et  de  Khatkoulboun.  On  y  distingue  nette- 
ment les  stations  mongoles  et  chinoises. 

4**  Carte  d'une  autre  partie  de  cette  même  frontière,  dres- 
sée aussi  par  un  Mongol,  et  comprenant  le  pays  situé  entre  les 
postes  mongols  de  Bayan-Boulan  et  Biltis. 

5**  Carte  de  toutes  les  routes  de  caravanes  entre  Ourga  et 
Kalgan,  avec  indications  de  toutes  les  bifurcations  et  carre- 
fours, ainsi  que  des  limites  des  Khoshoungs  (drapeau  ou  pi- 
quets, sous-divisions).  Cette  carte  a  été  rédigée  par  M.  Kar- 
mazof  d'après  les  indications  d'un  Mongol  bien  familiarisé 
avec  le  pays. 

6**  Une  feuille  (avec  deux  esquisses  riches  en  détails  géo- 
graphiques) de  la  partie  de  la  Mongolie  située  au  sud-est  des 
lacs  Dalaï  (Koulou)  et  Buyir,  Elle  s'étend  jusqu'au  massif  de 
Khinghan.  Dressée  par  le  prince  Chung-Wang»  elle  fut  appor- 
tée d' Ourga  pour  régulariser  les  limites  de  ce  prince  du  côté 
de  ses  voisins  les  Bargon-Solones. 

7®  Supplément  h  la  carie  n®  2,  avec  tracé  des  quatre  grandes 
toutes  à  travers  le  désert  de  Gobi,  en  partant  d'Ourga,  et 
l'indication  de  toutes  les  stations. 

11  faut  aussi  se  reporter  à  la  carte  de  Mongolie  que  H.  Ve- 
nioukofT  avait  tracée  en  1872  pour  VIsvestiïa  de  la  Société  Im- 
périale géographique  de  Russie^ 

11  est  évident  qu'à  l'aide  de  ces  matériaux  et  des  données  re- 

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448  ASIE.  N- 757-773 

cueillies  par  les  derniers  voyageurs,  on  dresserait  actuellement 
une  carte  de  la  Mongolie  bien  supérieure  à  toutes  les  précé- 
dentes. 

L'expédition  du  capitaine  SosnoTski  à  traven  la  Cliino  et  la  Mongolie. 

Voici  une  nouvelle  traversée  du  continent  asiatique  dont  il 
faut  donner  un  aperçu.  La  relation  de  ce  voyage  a  paru  dans 
Yhvestiia  (1876)  de  la  Société  Impériale  géographique  de 
Russie,  et  nous  en  parlerons  d'après  une  analyse  publiée  par 
le  Geographical  Magazine. 

La  lutte  entre  les  armées  chinoises  et  les  insurgés  du  Tur- 
kestan  oriental  ayant  arrêté  tout  commerce  avec  Tchougout- 
chak  et  Kouldja,  le  gouvernement  russe  dut  chercher  d*autres 
débouchés  au  commerce  de  la  Russie  dans  cette  partie  de  TAsie 
centrale;  mais  des  informations  précises  étaient  indispensa- 
bles pour  la  fixation  des  points  à  adopter.  Le  capitaine  Sos- 
novski  reçut  donc  la  mission  d'explorer  la  route  de  Pékin  à 
Zaissan  à  travers  le  Sse-tchouen.  U  devait  aussi  se  renseigner 
sur  rëtat  et  les  chances  de  &uccès  de  la  rébellion  des  Toun- 
ganis. 

Un  médecin  naturaliste  (le  docteur  Pyasetzky),  un  topo- 
graphe (H.  Ha.tousovski),  un  interprète  (H.  Andreyevski),  un 
photographe  (M.  Royarski),  enfin  un  Chinois  nommé  Syui, 
furent  attachés  à  M.  Sosnowski. 

L'interprète  et  le  Chinois,  quand  l'expédition  fut  rendue  à 
Pékin,  se  mirent  en  route  pour  aller  par  terre  à  Han-kéou. 
Le  reste  de  la  mission  gagna  par  mer  l'embouchure  du 
Yang-tse. 

U  va  sans  dire  que  les  voyageurs  étaient  pourvus  d'un  passe- 
port des  autorités  centrales  et  de  hautes  recommandations; 
mais  telle  est  en  Chine  la  décentralisation,  que  les  vice-rois 
des  provinces  peuvent,  en  pareil  cas,  ne  tenir  aucun  compte 
des  avis  du  gouvernement  de  Pékin.  D'Han-kéou  l'expédition 

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MONGOLIE.  HANDGHOURIE.  440 

fit  une  reconnaissance  du  Hang-kiang,  grand  affluent  du  Yang- 
tse,  qui  traverse  les  trois  provinces  de  Sse-tchouen,  Shen-si  et 
Hou-pé. 

Le  Hang-kiang  inférieur  est  navigable  même  pour  de  grands 
steamers  ;  son  cours  est  lent,  ses  rivages  spnt  tantôt  bas  et  sa 
blonneux,  tantôt  élevés  et  formés  de  terre  glaise.  Des  planta- 
tions de  colon,  des  rizières,  une  suite  ininterrompue  de  vil- 
lages et  de  fermes,  cacbés  derrière  des  saules  et  des  cytises, 
bordaient'  le  fleuve,  sur  lequel  naviguaient  un  grand  nombre 
d'embarcations.  Ye-kia-kou  et  Than-yang,  où  se  fait  un  grand 
commerce  de  riz  et  de  papier  de  coton,  Fan-ching,  Lo-khe-kou, 
sont  les  principales  villes  qu'on  rencontre  le  long  de  ce  trajet. 
Vers  le  milieu  de  son  cours,  le  Hang-kiang  traverse  une  chaîne 
de  montagnes  riche  en  charbon  et  en  ardoises.  Il  forme  là 
560  rapides,  dont  le  courant  parcourt  près  de  trois  mètres 
par  seconde:  aussi  les  naufrages  sont-ils  fréquents  sur  ce 
point,  ce  qui  n'arrête  pas  l'activité  du  trafic  fait  avec  des  jon- 
ques chinoises.  Le  haut  Hang-kiang  serait  difficilement  navi- 
gable, car  il  est  étroit  et  encombré  de  bancs  de  sable. 

Dans  la  province  de  Shen-si,  le  capitaine  Sosnovski  a  ren- 
contré des  indigènes  chrétiens  dont  l'extérieur  l'a  frappé 
comme  étant  moins  désagréable  que  celui  de  leurs  compa- 
triotes. Us  ont  la  figure  ovale,  le  nez  droit,  les  yeux  très-légè- 
rement obliques,  et  leurs  pommettes  ne  sont  pas  saillantes.  En 
revanche,  les  habitants  du  Hou-pé  représentent  le  type  chinois 
dans  ses  traits  les  plus  caractérisés. 

Les  voyageurs  eurent  fort  à  se  plaindre  de  l'indiscrétion  du 
peuple.  On  se  pressait  autour  d'eux  pour  examiner  leurs  bras, 
leurs  jambes  et  s'étonner  qu'ils  les  eussent  ajustés  au  corps  de 
la  même  façon  que  les  Chinois.  Dans  les  villes,  la  superstition 
qu'ils  étaient  en  relation  avec  les  esprits  malins  leur  attira 
souvent  des  pierres;  l'un  des  Cosaques  de  l'escorte  en  eut 
même  un  œil  crevé.  Le  photographe  fut  généralement  bien 
accueilli  et  recevait  des  invitatioris  à  dîner,  ses  hôtes  espérant 
obtenir  ainsi  leur  portrs^it. 

l'akhée  géogr.  XV.  20 

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45U  ASIE.  K-  757-773 

Vers  le  milieu  d'avril,  M.  Sosnovski  arrivait  à  Han-lchung- 
fou,  ville  de  80000  habitants,  sur  le  Hang-kiang  supérieur. 
Cette  ville  a  été  ravagée  pendant  Tinsurrection  des  Taï- 
pings,  ce  qu'attestent  encore  plusieurs  maisons  ruinées  et 
des  os  humains  qu^on  retrouve  dans  certaines  rues.  L'accueil 
fut  bienveillant  à  Han-tchung-fou,  car  on  y  a  le  désir  de  voir 
se  multiplier  les  relations  commerciales  avec  les  provinces 
russes  de  Semiretchinsk  et  de  Semipalatinsk. 

De  Han-tchung,  en  s'élevant  vers  le  nord,  la  mission  passa 
du  bassin  du  Yang-tse  h  celui  de  Hohang-ho.  Les  monts  de 
Ling,  étages  en  deux  terrasses  dont  la  plus  septentrionale 
atteint  2255  mètres  de  hauteur,  forment  la  ligne  de  partage. 
La  végétation  tropicale  s*y  mêle  à  la  végétation  des  zones  tem- 
pérées. La  traversée  en  est  partout  praticable  aux  chameaux. 

Lan-tchan-fou,  sur  le  Pei-ho,  est  la  dernière  ville  qu'on 
rencontre  avant  d'arriver  au  désert  de  Gobi,  dont  on  s'ap- 
proche en  traversant  un  pays  où  alternent  de  riches  pâturages 
et  d'arides  plaines  de  sable.  Le  pays  a  terriblement  souffert  de 
rinsurrection,  mais  les  habitants  ont  repris  leurs  habitudes 
sous  la  garde  de  postes  militaires  établis  de  loin  en  loin. 

Lan-tchan-fou  est  la  résidence  d'un  gouverneur  général, 
Tso-tsum-tan,  dont  M.  Sosnovski  n'eut  qu'à  se  louer.  C'est  un 
homme  cultivé  et  des  plus  honorables  qui,  depuis  1868,  ad- 
ministre fort  bien  lé  Shen-si,  le  Kan-sou  et  le  Kou-Kou-nor.  Il 
fournit  à  la  mission  toutes  les  faciUtés  désirables  pour  conti- 
nuer son  voyage,  et,  grâce  à  lui,  elle  put  envoyer  en  recon- 
naissance un  Cosaque  jusqu'à  Zaïssan. 

A  quelque  distance  au  nord  de  Lan-tchan-fou,  la  végétation 
cesse  brusquement;  elle  est  remplacée  par  des  plaines  cou- 
vertes de  pierres  ou  de  collines  rocheuses  ;  toutefois  l'eau  est 
à  peu  de  profondeur,  et  par-ci  par-là  des  pâturages  assex 
étendus  nourrissent  de  nombreux  troupeaux  de  chevaux  sau- 
vages, d'ânes  et  de  mulets. 

Il  fallut  huit  jours  de  marche  pour  atteindre  l'oasis  de  Kha- 
mi,  où  s'élève  la  ville  florissante  du  même  nom.  A  Khami, 

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MONGOLIE.  MANDCHOURIE.  451 

les  laines  de  Tourfan  et  les  produits  du  Turkeslan  viennent 
s'échanger  contre  les  productions  de  la  Chine  centrale.  La  po- 
pulation mahométane  de  la  ville  est  composée  d'émigranls  dé 
Djitishar,  de  Boukhara,  de  Samarcande  et  de  descendants  des 
Ouïgours. 

A  une  journée  de  marche  au  nord  de  Khami,  on  entre  dans 
la  Thian-Shan  dont  on  aperçoit  de  loin  les  crêtes  grises.  La 
chaîne  est  accessible  aux  chars  et  M.  Sosnovski  la  franchit  à 
une  hauteur  de  2757  mètres.  Khami,  au  sud  de  la  chaîne,  est 
à  960  mètres,  et  Barkoul,  au  nord,  est  à  2042  mètres.  De  Bar- 
koul  une  route  suffisamment  praticable  conduit  à  Zaïs-an,  sur 
la  frontière  russe  par  Goutchen,  Bouloun-Tokhoï,  et  la  vallée 
de  rirtych  noir.  L'expédition,  qui  avait  quitté  Han-kéou  le  23 
janvier  1875,  atteignait  Zaïssan  le  26  octobre  suivant.  Elle 
avait  parcouru  plus  de  5000  kilomètres  dont  environ  1300  en 
embarcation. 

Sauf  sur  520  kilomètres,  la  route  peut  être  faite  avec  dos 
chariots  et,  à  l'exception  des  huit  jours  de  traversée  du  Gobi,' 
elle  se  tient  toujours  dans  des  pays  habités.  Comparée  à  la 
route  de  Kiakhta,  elle  fait  gagnei»  sur  cette  dernière  1700  ki- 
lomètres entre  Han-kéou  et  Tioumen,  et  2980  kilomètres  en- 
tre Han-kéou  et  les  districts  à  thé  du  Sse-tchouen. 

Les  étapes  sans  eau  sont  peu  étendues  et  des  caravanes  par- 
tant de  Lan-tchéou-fou  peuvent  aller  jusqu'à  Tioumen  sans  dé- 
chargement. L'établissement  du  chemin  de  fer  jusqu  a  Tiou- 
men et  de  la  navigation  sur  l'Irtych  noir,  semble  donc  assurer 
un  grand  avenir  commercial  à  la  route  étudiée  par  le  capitaine 
Sosnovski. 

Les  données  scientifiques  recueillies  pendant  ce  voyage  ont 
été  douze  déterminations  astronomiques  de  positions,  avec  des 
observations  magnétiques  sur  dix  points  et  de  nombreuses  me- 
sures de  hauteurs  à  Tanéroïde  et  à  Thypsomètre.  Les  voyageurs 
ont  rapporté,  en  outre,  500  photographies,  des  collections  zoo- 
logiques et  botaniques  et  de  nombreux  échantillons  de  mar- 
chandises. 

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452  ASIE.  N-  757-775 

A  la  fin  de  rexpéditioii  le  transport  de  tous  ces  objets  n'exi- 
geait pas  moins  de  cinquante  chameaux. 
•  M.  Sosnowski  avait  promis  au  vice-roi  Tso,  à  Lan-tchan-fou, 
que  la  garnison  chinoise  de  Goutchen  serait  approvisionnée  de 
blés  russes,  et  nous  voyons  qu'en  effet  le  capitaine  d'état-major 
Pevtsof  en  a  conduit  un  convoi,  du  poste  russe  de  Zajssan  à 
Goutchen.  Chemin  faisant  il  s'est  livré  à  des  observations  géo- 
graphiques qui  ont  été  communiquées  à  la  Société  impériale 
géographique  de  Saint-Pétersbourg.  «  M.  Pevtsof,  nous  apprend 
un  compte  rendu  des  séances  de  cette  Société,  a  déterminé 
sur  sa  route  sept  positions  astronomiques  ;  il  a  effectué  sur 
trois  points  des  observations  magnétiques  et  a  déterminé  barô- 
métriquement,  sur  quinze  points,  la  hauteur  des  montagnes 
du  Thian-Shan  ;  il  a  relevé,  entre  autres,  l'altitude  des  neiges 
éternelles  sur  cette  chaîne.  Ses  recherches  géographiques  ont 
également  enrichi  la  science  d'un  grand  nombre  de  faits.  Enfin 
il  a  rapporté  un  herbier  renfermant  un  millier  de  plantes»  une 
collection  ornithologique  de  cent  vingt-trois  espèces  d*oiseaux, 
une  collection  zoologique  de  trente-quatre  types  de  mammi- 
fères, un  levé  itinéraire  qui  comprend  un  trajet  de  845  verstes 
(900  kilomètres),  des  plans  des  villes  de  Bouloun-Tokhoï  et 
de  Goutchen,  avec  leurs  environs  dans  un  rayon  de  200  verstes 
(2 i  3  kilomètres),  ainsi  que  de  tous  les  points  relevés  astrono- 
miquement.  » 

Voyage  du  colonel  Prjevalski  au  Kou-Rou-nor  et  à  travers  le  désert  de  Gobi. 

h^Armée  géographique  (t.  XII,  p.  200)  a  dit  seulement 
quelques  mots  du  voyage  de  M.  Prjevalski,  alors  qu'il  venait 
de  s'accomplir.  Depuis  lors,  des  relations  détaillées  ont 
fait  ressortir  l'importance  de  ce  voyage,  qui  a  repris,  entre  le 
nord-ouest  de  la  Chine  et  le  nord-est  du  Tibet,  l'itinéraire 
suivi  par  les  PP.  Hue  et  Gabet  *. 

1.  n  faut  reconnaître  avec  queUe  délicatesse  critique  le  colonel  Tnle,  dans  ses 
Bemarques  préliminaireê  à  Védition  anglaise,  apprécie  les  jugements  qus 
M.  Prjevabki  avait  portés  contre  la  relation  du  P.  Hue. 

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MONGOLIE.  HANDGUOURIE.  453 

Le  colonel  Prjevalski  (capitaine  lorsqu'il  accomplit  son 
exploration)  avait  obtenu  en  1867  d'être  attaché  à  des  troupes 
cantonnées  en  Sibérie,  afin  de  pouvoir  occuper  les  loisirs  du 
service  à  des  recherches  d'histoire  naturelle,  pour  lesquelles 
il  avait  un  goill  prononcé.  A  son  retour,  en  1869,  il  publia  des 
Notes  sur  VOtissouri,  qui  renferment  un  grand  nombre  d'in- 
formations sur  les  frontières  orientales  de  la  Russie  asiatique. 

Dès  son  retour  à  Saint-Pétersbourg,  il  projetait  une  plus 
grande  entreprise,  et,  vers  la  fin  de  i  870,  accompagné  du 
lieutenant  PyltseiT,  il  quittait  Kiakhta  pour  Pékin,  qui  devait 
être  son  point  de  départ.  Mais  l'insurrection  des  Tounganis  ou 
mahométans  chinois  était  en  pleine  ardeur  vers  le  nord-ouest 
de  la  Chine,  et  il  fallut  ajourner  le  départ. 

En  attendant,  M.  Prjevalski  fit  une  excursion  d'essai  jusqu'au 
lac  salé  de  Dalaï-nor,  en  Mongolie.  Enfin,  quittant  la  petite 
ville  de  Kalgan,  où  ils  avaient  terminé  leurs  préparatifs,  les 
voyageurs  gravissaient,  le  15  mai  1871,  les  pentes  du  plateau 
mongolien,  dont  ils  suivaient  le  bord  sud  à  travers  les  pays  de 
Toumet.  Puis,  traversant  le  Hohang-ho  en  face  Bau-tou,  ils 
suivirent  la  rive  dfoite,  c'est-à-dire  la  rive  méridionale  du 
fleuve,  jusqu'à  la  hauteur  de  Ding-hou.  Les  480  kilomètres  de 
ce  parcours  traversent  le  territoire  des  Ordos,  compris  dans  la 
courbe  que  décrit  le  cours  du  Hohang-ho,  entre  les  deux  points 
oii  il  coupe  la  grande  muraille.  C'est  une  steppe  sablonnneuse, 
d'une  altitude  approximative  de  900  à  1600  mètres.  La  plu- 
part des  cartes  figurent  le  Hohang-ho  comme  formé,  dans  cette 
partie  de  son  cours,  de  trois  lits  dont  le  plus  important  serait 
le  lit  septentrional.  Ce  lit,  au  contraire,  est  aujourd'hui  des- 
séché comme  le  lit  intermédiaire,  et  c'est  par  le  lit  méridional 
que  le  fleuve  écoule  ses  eaux. 

De  Ding-hou,  après  un  second  passage  du  fleuve  Jaune,  la 
route  fut  vers  le  sud-ouest,  dans  i'Ala-shan,  le  pays  des  Tan- 
goutanes,  les  Tangoutes  de  Marco-Polo  ^ 

1.  «  Les  Tangoute»  de  Prjevalski,  dit  le  colonel  Yule,  sont  probablement  ceux 
du  Tibet  orienlal,  appelés  par  le»  Chinois  Si-fan^  ou  Barbares  occidentaux.  Us 

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454      '  ASIE.  N«   757-773 

A  Din-youang-ing,  où  il  fut  bien  reçu  par  le  prince,  — 
et  il  signale  cet  accueil  comme  ne  s'étant  guère  reproduit 
pendant  le  reste  de  son  voyage,  —  M.  Prjevalski  fit  une  excur- 
sion à  la  région  montagneuse  de  TAla-slian,  dont  le  sommet 
principal  a  5350  mètres.  La  capitale  de  l'Ala-shan  fut  le  terme 
de  cette  tentative,  car  le  manque  de  ressources  contraignit  les 
voyageurs  à  revenir  à  Pékin.  Le  retour  eut  lieu  par  la  rive 
gauche  du  fleuve. 

Après  de  nouveaux  préparatifs,  ils  repartaient  de  Kalgau 
en  mars  1872,  et  le  26  mai  suivant,  ils  se  retrouvaient  à 
Din-youang-ing.  Quelques  jours  plus  tard,  réunis  à  une  cara- 
vane, ils  se  dirigeaient  sur  le  monastère  lamaïque  de  Chobsen, 
où  ils  parvinrent  en  un  mois  de  marche.  La  route  traverse, 
sur  à  peu  près  150  kilomètres,  un  désert  des  plus  arides,  au 
nord  du  Khan-sou.  En  continuant  à  l'ouest,  dans  les  massifs 
qui  dominent  la  rive  septentrionale  du  Kou-Kou-nor,  M.  Prje- 
valski fit  de  belles  collections  d'histoire  naturelle;  il  vit  en 
particulier  pour  la  première  fois  la  rhubarbe  (Bheum  palnia- 
tum)  sur  son  terrain  de  première  origine. 

La  région  où  il  fit  cette  découvçrle  présente,  à  vrai  dire, 
comme  particularité  physique,  son  extrême  humidité  qui  ex- 
plique sa  richesse  végétale.  Le  colonel  Yule  rapproche  les  indi- 
cations données  à  se  sujet  par  M.  Prjevalski  de  celles  de  Tahbé 
Armand  David  dans  son  voyage  au  sud  du  Kou-Kou-nor,  et 
de  celles  de  Cooper  dans  sa  tentative  pour  atteindre  le  Tibet 
oriental  ;  il  infère  de  ce  rapprochement  que  les  Alpes  du  Kan- 
sou,  avec  leurs  grosses  pluies  et  leur  riche  végétation,  semblent 
rentrer  dans  la  limite  du  territoire  où  régnent  \e^  abondantes 
pluies  d'été  qui,  aux  Indes,  accompagnent  la  mousson  du  sud- 
ouest. 

Convaincu  de  l'impossibilité  de  gagner  L'Hassa  comme  il 
avait  projeté  de  le  faire,  M.  Prjevalski  voulut  du  moins  explorer 

habitent  le  district  de  Kou-Kou-nor  et  s'étendent  aussi  le  long  des  limites 
occidentales  du  Ssé-tciiouau.  »  Le  nom  des  Tangoulaus  est  parfois  attribué  à 
tous  les  babitanis  du  Tibet. 

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MONGOLIE.  MâNDGUOURIE.  455 

le  bassin  du  Kou-Kou-nor,  et  s'avancer  le  plus  loin  possible 
dans  l'ouest.  La  résolution  était  audacieuse,  car  elle  obligeait 
à  passer  entre  le  camp  des  armées  chinoises  et  celui  des 
rebelles.  Toutefois,  la  bonne  contenance  des  voyageurs,  le 
renom  de  leurs  armes  et  de  leur  adresse  suffirent  à  les 
préserver  des  Tounganis.  Le  14  octobre,  ils  campaient  sur  la 
rive  occidentale  du  Kou-Kou-nor,  à  1600  mètres  d'altitude 
envirx)n.  Le  pays  est  peuplé  de  Mongols  et  de  Tangouts,  ces 
derniers  parlant  un  idiome  tibétain. 

Quelques  chameaux  ayant  été  achetés  sur  des  ressources 
déjà  fort  diminuées,  on  se  remit  en  route  vers  l'ouest.  La  nou- 
velle région  parcourue,  le  Tsaïdam,  est  un  vaste  marécage 
salin  qui  dut  être  le  lit  d'un  lac  ;  les  Chinois  disent  qu'il 
s^étend  à  l'ouest  et  au  nord,  jusqu'au  fameux  Lob-nor. 

Ce  sont  les  environs  du  Lob-nor  que  certains  textes  assi- 
gnent au  chameau  comme  habitat  originel.  Aussi  comprend- 
on  les  regrets  du  capitaine  Prjevalski  lorsque,  faute  de  res- 
sources, il  se  vit  obligé  de  renoncer  à  franchir  l'espace  qui  le 
séparait  d'une  contrée  où  il  eût  chassé  le  chameau  sauvage, 
dont  l'existence  a  été  révoquée  en  doute  *. 

Au  delà  de  Tchaïdam,  les  explorateurs  franchirent  une  série 
de  montagnes  pour  se  retrouver  sur  le  cours  supérieur  du 
Yang-tse,  désigné  là,  par  les  Mongols,  sous  le  nom  de  Mou- 
rouï-Oussou,  la  «  rivière  tortueuse  ».  Sur  ce  terrain  encore,  la 
chasse  est  abondante  :  les  loups,  Timmense  mouton  sauvage 
des  montagnes  {Ovis  Argali),  des  antilopes  de  tout  genre,  et 
d'innombrables  troupeaux  de  yaks  sauvages  parcourent  le  pays. 

Le  haut  Yang-tse  fut  la  limite  de  l'itinéraire.  La  route  de 
retour  fut  des  plus  pénibles.  C'est  à  Din-youang-ing  seulement 
que  M.  Prjevalski  trouva  un  subside  envoyé  par  les  soins  du 
ministre  de  Russie  à  Pékin. 


*  Bien  que  mentionnée  par  divers  textes,  l'existence  des  chameaux  sauvages 
n'avait  pas  encore  été,  à  notre  époque,  constatée  de  visu.  Il  faut  se  reporter  aux 
quelques  pages  consacrées  à  ce  sujet  par  le  colonel  Yule  dans  les  Introductory 
hemarks  à  l'édition  anglaise  des  voyages  de  M.  Prjevalski, 


yGoogk 


456  ASIE.  N-  757-773 

Trois  semaines,  pendant  lesquelles  on  mit  au  vert  les  cha- 
meaux exténués,  furent  employées  en  courses  zoologiques  aux 
environs  de  Din-youang-ing  ;  puis  l'intrépide  chef  de  l'expédi- 
tion résolut  de  tenter  un  voyage  entièrement  nouveau,  la  tra- 
versée du  désert  de  Gobi  du  nord  au  sud,  entre  l'Ala-shan  et 
Ourga  ;  or  on  était  en  plein  été,  au  26  juillet.  La  traversée 
exigea  jusqu'au  17  septembre.  En  parlant  du  Galpin-Gobi,  la 
partie  du  désert  qui  n'est  qu'à  une  centaine  de  mètres  d'altitude, 
M.  Prjevalski  peint  cette  étendue  de  terre  comme  la  plus  triste, 
la  plus  inhospitalière  qui  se  puisse  imaginer. 

Après  quelques  jours  de  repos  à  Ourga,  oii  ils  rentraient  au 
sein  d'une  civilisation  relative,  les  voyageurs  se  retrouvaient, 
le  1*"  octobre  1873,  à  Kiakhta,  sur  territoire  russe. 

Mais  le  colonel  Prjevalski  ne  s'est  point  rejposé  sur  ses  lau- 
riers :  au  mois  de  mai  1876,  il  reprenait  la  route  de  la  haute 
Asie,  accompagné  de  l'enseigne  Povalo-Schveikovski,  de  l'engagé 
volontaire  Eklon  et  de  sept  Cosaques. 

La  fm  de  juillet  le  trouve  à  Kouldja,  achevant  ses  préparatifs, 
et  au  commencement  d'août  il  s'était  mis  en  route  pour  Kara- 
shar,  en  franchissant  le  Thian-shan  et  le  Jouldous.  Au  14  oc- 
tobre il  était  à  une  cinquantaine  de  kilomètres  de  Karashar  et 
traversait  un  pays  désert.  Il  évaluait  à  2135  mètres  l'altitude 
du  Jouldous. 

L'un  des  buts  du  colonel  Prjevalski  était  de  visiter  le  Lob- 
nor,  où,  jusqu'à  ce  jour,  n'est  parvenu  aucun  Européen.  Le 
Lob-nor,  on  le  sait,  est  un  de  ces  nombreux  lacs  qui  constellent 
la  haute  Mongolie  et  le  Turkestan  oriental.  Sa  position  exacte 
n'est  point  encore  bien  déterminée  ;  il  est  en  plein  désert,  dans 
cette  immense  région  aux  sables  mobiles  que  les  vents  soulè- 
vent en  nuages  assez  épais  pour  voiler  le  soleil.  D'après 
les  renseignements  recueillis  à  Khami  par  le  capitaine  Sos- 
novski,  les  rives  septentrionales  du  lac  seraient  cependant  ha- 
bitées par  des  Doulanes,  en  partie  mahométans,  en  partie  boud- 
dhistes, et  les  rives  occidentales  par  des  Tangouts.  Les  Doulanes 
seraient  sédentaires  ;  leur  langage  et  leurs  mœurs  seraient  ana- 


SIBÉRIE.  RÉGION  DE  L'AMOUR.  SAKHALIN.  457 

logues  à  ceux  des  habitants  de  Tourfan.  Sur  une  ile  du  lac  vi- 
vraient quelques  Kirgiiiz  livrés  à  1  élève  du  bétail  et  à  la  pêche, 
et  qui  visitent  parfois  Tourfan,  situé  à  douze  jours  de  marche. 

M-  Prjevalski  devait  chercher  à  constater  un  fait  important 
pour  l'histoire  naturelle,  l'existence  du  chameau  sauvage  qu'on 
dit  habiter  ces  coutrés,  et  faire  des  éludes  sur  les  migrations 
des  oiseaux.  Du  Lob-nor  il  projetait  de  se  rendre  à  L'Hassa, 
d'explorer  le  haut  Brahmapoutra,  le  versant  nord  de  THima- 
laya,  le  Tibet  oriental,  la  Chine  méridionale  et  revenir,  si  pos- 
sible, par  fouest  du  Tibet  et  la  Kashgarie. 

Le  volume  prochain  de  V Année  géographique  ne  manquera 
pas  de  mettre  les  lecteurs  au  courant  des  suites  de  ce  projet. 
Ëa  attendant,  la  traversée  du  Thian-shan  oriental  que  vient  de 
faireH.  Prjevalski,  permettra  d'apprécier  l'étude  consacrée  à  ce 
massif  par'M.  Mouschkétow,  membre  de  la  Société  géographique 
russe.  Elle  partage  le  Thian-Shan  en  trois  groupes  principaux 
dont  chacun  présente  des  caractères  géologiques  et  orogra- 
phiques particuliers. 


XII 

SIBÉRIE.  RÉGION  DE  L'AMOUR.  SAKHALIN 

774.  (G.-J.).  Areal  und  Bevolkerung  von  Ostsibirien,  Russische  Revue 
de  Rôttger,  1876,  n»  10,  285. 

La  Russische  Revue  nous  apprend  qu'il  a  été  fondé,  depuis  peu  de 
temps,  une  publication  (en  russe)  dont  le  but  est  de  faire  connaître  la 
Sibérie,  et  qui  a  pour  titre  Recueil  des  données  historiques  et  statisti- 
ques sur  la  Sibérie  et  les  pays  limitrophes,  le  premier  volume,  le  seul 
qui  ait  paru  jusqu'ici,  débute  par  une  notice  sur  la  superficie  et  la 
population  de  la  Sibérie  orientale. 

La  Sibérie  a  traversé  bien  des  phases  administratives  jusqu*en  1822,  où 
elle  a  été  définitivement  divisée  par  les  Russes  en  deux  grands  gouverne- 
ments :  Siliérie  occidentale  et  Sibérie  orientale.  Cette  dernière  est  trois 
fois  plus  étendue  que  l'autre. 

En  1583  furent  nommés  les  premiers  vaîvodes  de  Sibérie  ;  Tobolsk  fut 
fondée  en  1590  pour  être  la  capitale  du  pays  dont  Tlrtysh  formait  alors  la 
frontière. 

En  1600  les  Russes  avancèrent  vers  Test  ;  en  1626  ils  sont  au  cours  de 
rienisséi,  et  deux  ans  plus  tard  ils  atteignent  la  Lena.  C'est  à  la  lin  du  dix> 


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458  ASIE.  N-  774-798 

septième  siècle  qu'ils  achevèrent  la  conquête  du  Kamtschatka.  La  Sibérie 
devint,  en  1708,  un  gouvernement  avec  Tobolsk  pour  chef-lieu.  En  1750  les 
province»  de  Tobolsk  et  Irkoutsk  ^cette  dernière  augmentée  des  territoi- 
res de  Yakoutsk  et  d'Okhotsk)  furent  érigées  en  gouvernements,  et  en  1806 
on  nomma  un  gouverneur  général  de  la  Sibérie. 

La  division  adoptée  en  1822  (Sibérie  occidentale  et  Sibérie  orientale)  sub- 
siste aujourd'hui,  sauf  de  légères  modi6calions  qui  ont  fait  de  la  Transbaï- 
kalie  (1851)  et  de  l'Amour  (1857)  des  territoires  particuliers.  Ces  deux  ter- 
ritoires sont,  du  reste,  rattachés  géographiquement  à  la  Sibérie  orientale. 

La  Sibérie  orientale  compte  quatre  territoires  et  deux  gouvernements. 

Superficie  des  quatre  territoires  : 

KILOMÈTRES  CARRÉS. 

Amour 449500 

Littoral 1  895  649 

Transbaïkalie 623  596 

Yakoutsk 5  929 192 

Superficie  des  deux  gouvernements  : 

Irkoutsk 800768 

lenisséisk 5571428 

Ce  qui  donne  pour  l'ensemble  de  la  Sibérie  orientale  : 

10  270  155  kilomètres  carrés. 

La  Russie  ayant,  dans  sa  totalité,  22 105  144  kilomètres  carrés  (d'après 
£.  Behm  et  H.Wagner),  on  voit  que  la  Sibérie  orientale  en  constitue  près  de 
la  moitié  (46,46  p.  100).  La  Russie  d'Asie  avait  16  695098  kilomètres  carrés 
(avant  l'annexion  du  Khokand)  ;  la  Sibérie  orientale  y  entre  pour  61,52  pour 
100.  Elle  est  3,15  fl)is  plus  étendue  que  la  Sibérie  occidentale,  1,90  fois 
plus  étendue  que  la  Russie  d'Europe,  et  dépasse  de  365177  kilomètres 
carrés  la  superficie  totale  de  l'Europe. 

La  population  de  la  Sibérie  orientale  était  : 

Gouvernement  d'Iénisséisk 396  783  hab.  (1873). 

Gouvernement  d'Irkoutsk 358  629  —    (1873). 

Territoire  Transbaïkal 430  780  —    (1871). 

Cercle  d'Iakoutsk 236  067—    (1873) 

Territoire  de  l'Amour  * 22  297  —    (1867) 

Territoire  du  Littoral 50  512  ~    (1872). 

Total 1 495  068 

En  admettant  le  chiffre  de  1422259  habitants  pour  la  population  deia 
Sibérie  orientale  (moins  les  territoires  de  l'Amour  et  du  Littoral)  en 
1873,  on  obtient  9,87  habitants  par  mille  carré  de  55,0629  kilomè- 
tres carrés.  C'est  là  une  très-faible  densité  de  population.  Elle  ne  Tient, 
comparée  à  des  territoires  européens,  qu'après  celle  du  gouvernement 
d'Arkangel  (20  hab.  par  mille  carré).  Pour  les  pays  en  dehors  de  l'Eu- 
rope, l'auteur  cite  comme  supérieurs  même  à  la  Sibérie,  au  point  de  vue 
de  la  densité  de  la  population  :  le  Canada  (22  hab.  par  mille  carré), 
l'Australie  et  la  Polynésie  (27  hab.  par  mille  carré),  le  Sahara  (30  hab. 
par  mille  carré).  Quant  aux  territoires  de  l'Amour  et  du  Littoral,  ils 
avaient  en  1873  3.08  et  1,46  habitants  par  mille  carré. 

1.  D'après  une  indication  plus  récente  donnée  à  la  fin  de  l'article  de  la  Aaw- 
aische  Revue,  les  populations  réunies  des  territoires  de  l'Amour  et  du  Littoral 
teraient,  en  1875,  de  76110  habitants. 


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SIBÉRIE.  BËGION  DE  L'ÀMOUtl.  SAKHALLN.  45d 

L'article  qui  fournit  ces  chiffres  en  donne  un  grand  nombre  d'autres 
sur  le  mouvement  de  la  population,  le  rapport  du  décès  aux  naissan- 
ces, etc. 

775.  Expéditions  to  Northern  Siberia.  Geograph.  Magazine  de  Mar- 
A^m.  1876,  n»  10,  p.  27. 

776.  MoszKow  (N.-V.)  et  Mulleu  (F.-F.).  Kivellements  sibériens  et  dé- 
terminations de  hauteurs  (en  russe),  hvestiïa  de  la  Soc.  Imp, 
géogr.  russe.  1876,  vol.  XII,  n"  1,  part.  2«,  p.  37-41,  et  n"  3, 
part.  2%  p.  315-321. 

777 .  Schwedische,  Russische  und  Deutsche  Reisen  nach  West-Sibiiûen. 
MUiheilungen  de  Petermann.  1876,  IV,  p.  152. 

778.  FwscH  (0.).  Forschungsreise  nach  Westsibirien  in  1876.  Verein 
fur  Deutsche  Nordpolarfahrt  in  Bremen.  1876,  p.  436,  454,  474, 
490,  519,  557,  582. 

779.  GzEKANowsKi  (A.).  Yorbericht  ûber  die  |Lena-OIenek-Expedition. 
Russische'Revue  de  RôUger.  1876,  toI.  XXX,  n"  14  et  15.  —  Y, 
aussi  Isvestiïa  de  la  Soc.  Imp.  géogr.  de  Russie.  1876,  t.  XII, 
n«  2,  p.  161. 

780.  Chekanowski  (A.-L.).  The  Expédition  to  the  Lena  and  Olenek.  Geo- 
graph.  Magazine  de  Markham^  1876,  n*  11,  p.  290-301,  suite  de 
l'an  1875,  p.  228etsuiT. 

781 .  The  German  Expédition  to  Northern  Siberia,  Geograph.  Magazine 
de  Markham.  1876,  n-  3,  5, 11. 

782.  Astronomisch  Bcstimmungen  einiger  Punkte  am  Olenek  und  im 
System  der  Fliisse  Lena  und  Jana.  Mittheilungen  de  Petermann, 
VII,  1876,  p.  270. 

M.  Huiler  a  déterminé,  pendant  son  voyage  à  rOlenek,  les  latitudes 
d'un  certain  nombre  de  points,  et  les  latitudes  et  longitudes  de  djeux 
points. 

783.  MuLLER  (F.).  Liste  des  hauteurs  déterminées  par  le  nivellement 
sibérien  entre  Kansk  et  Irkoutsk.  Isvestiïa  de  la  Société  Imp.  geo- 
graph. de  Russie,  1876,  vol.  XII,  ch.  1". 

784.  KoiiN  (A.).  Die  Flûsse  Nordasiers.  Die  Natur.  1876,  n»  16. 

785.  Neue  Expédition  zur  Erforschung  der  Ob  und  Jenisei  Mûnduug. 
Mittheil.  der  Geogr.  Gesellsch,  in  Wien.  1876,  vol.  XIX,  n"  6  et  7, 
p.  374  et  375. 

786.  The  Basin  of  the  Ob  and  Yenisey  Rivers.  Geograph,  Magasine  de 
Markham.  1876,  n»  8,  p.  208  à  210. 

787.  Lathin  (B.).  Der  Obi  und  sein  Flussgebiet.  Globus,  XXIX,  1876, 
p.  254.  Y.  aussi  Verein  fur  Deutsche  Nordpolar  Fahrt  in  Bremen, 
p,.  449. 

788.  Exploration  of  the  rivers  Kel  and  Chulym  in  Siberia,  in  1875,  by 


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460  ASIE.  N- 774-798 

Sidensner  and  J.-A.  Lopatin.  Geograpk.  Magazine  de  Markham, 
1876,  n*  14,  p  309. 

789.  Untersuchungen  zur  Verbindung  des  Ob  mit  dem  Jenissei.  Mit- 
theilungen  de  Petermann^  YII,  p.  270. 

Depuis  longtemps  on  cherche  à  relier  entre  eux  les  cours  de  l'Obi  et 
de  rienisséi.  En  1872-1873,  la  ligne  de  partage  entre  les  cours  de  la  Ket, 
affluent  de  l'Obi,  et  de  la  Kass,  affluent  de  l'Ienisséi,  a  été  explorée.  En 
1875,  H.  Sidensner  ayant  étudié  l'intervalle  de  l'Obi  à  rienis»éi  par  la 
Ket  et  la  Tcboulym,  conclut  que  la  liaison,  était  possible  par  la  Ket.  tan- 
dis que  la  Tclioulym  exigerait  d'immenses  travaux  pour  devenir  lUTi- 
gable. 

790.  A.  Petermann  (docteur).  Die  geographische  Festlegung  des  Mûn- 
dungsgebietes  des  Ob  und  Jenissei  durch  Nordenskjôld's  Expédi- 
tion 1875.  Mitlheilungen  de  Petermann.  1876,  YII,  p.247. 

791.  Survey  of  the  East  Siberian  Coast.  Geographical  Magazine  de 
Markham.  1876,  n-  VI,  p.  168. 

Le  colonel  russe  Bolschef  reçut  en  1874  l'ordre  de  se  rendre  sur  la  càU 
.   de  la  mer  du  hipon,  pour  y  faire  le  levé  du  territoire  russe  de  TAmoar, 
située  entre  la  baie  de  Castries  et  la  baie  Saint-Wladimir. 

L'entreprise  était  difficile  dans  un  pays  inhabité,  montagneux,  boisé, 
coupé  par  une  foule  de  torrents,  et  dont  le  climat  est  des  plus  inhospi- 
taliers. Du  côté  de  la  mer  l'accès  de  la  côte  est  dangereux  et  déjà  La 
Peyrouse  avait  constaté  l'absence  de  baies  sûres  pour  les  navires. 

Même  en  d'aussi  défavorables  conditions,  la  campagne  du  colonel 
Bolschef  et  de  ses  ofliciers  aura  rapporté  à  la  géographie  : 

1*  Le  levé  de  960  kilomètres  de  littoral. 

2*  La  détermination,  par  M.  Bolschef,  de  huit  nouveaux  points  qui, avec 
les  points  précédemment  déterminés  par  M.  Stanzki,  fournissent  de  bons 
points  d'appui  à  la  carte  de  la  mer  du  Japon,  de  Nikolaicwsk  à  la  Corée. 

5*  L'altitude  des  260  sommets  les  plus  élevés  de  la  chaîne  côtière. 

4*  La  profondeur  et  le  régime  des  rivières  dans  la  partie  levée. 

5*  Des  observations  météorologiques  journalières  faites  dans  dix  sta- 
tions. 

6*  Des  collections  de  minéraux,  de  plantes  et  d'insectes  dont  quelques 
espèces  sont  nouvelles. 

7*  La  description  de  toutes  les  espèces  de  bois  du  pays. 

8*  Des  descriptions  topographiques  du  pays  parcouru. 

Nous  devons  maintenant,  avec  le  colonel  Venioukof,  à  une  notice  duquel 
ces  détails  sont  empruntés,  faire  des  vœux  pour  une  prompte  publicatioa 
des  travaux  du  colonel  Bolschef. 

Cet  officier,  depuis  la  campagne  dont  on  vient  de  lire  les  résultats,  a  élé 
envoyé  pour  reconnaître  la  ligne  sur  laquelle  pourrait  être  établie  une 
route  commerciale  allant  en  Mongolie.  En  attendant  les  plénipotentiaires 
chinois,  le  colonel  Bolschef  avait  délerminé  astronomiquement  plus  de  dix 
points  dans  la  Trausbaïkalie. 

792.  Derdritte  internationale  Orientalisten  Kongress  in  St-Pélersburg, 
Yom  20  august  [1  september)  bis  zum  1  (13)  september  1876, 
n- 10,  p.  323. 

Quelques-uns  des  membres  du  congrès  ont  présenté  de  bons  travaux 
sur  diverses  populations  de  la  Sibérie. 


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SIBÉRIE.  RÉGION  DE  L'AMOUR.  SAKHALIN.  461 

.793  Strumpell  (L.  de).  Ueberdie  Katschinzen  in  Sûd-Sibirien.  Mittheil. 
des  Vereins  fur  Erdkunde  zu  Leipzig.  1875  (publié  en  1876]» 
p. '20. 

Au  sud  de  la  Sibérie  russe,  aux  confins  de  la  Sibérie  orientale  et  de  la 
Sibérie  occidentale,  sur  la  rive  gauche  du  haut  Jénisséi,  habitent  les  Kat- 
chinzes  que  Pallas.en  1771,avaitrem«rqués  pour  leur  saleté,  et  dont  M.  de 
Middendorf,  le  docteur  Olhon  de  Duhmberg,  puis  le  docteur  W.  Radloff, 
ont  parlé  plus  récemment.  Le  pays  des  Katchinzes  est  en  partie  plat  et 
entrecoupé  de  lacs  et  de  marais  salants,  en  partie  accidenté  de  montagnes 
avec  de  beaux  pâturages.  Depuis  Pallas,  qui  portait  leur  chiffre  à  mille  tê- 
tes, ils  ont  multiplié,  ils  ont  été  baptisés,  sont  devenus  tributaires  de  la 
Bussie.  Néanmoins  leurs  mœurs  sont  restées  intéressantes.  Le  père  et  la 
mère  de  famille  habitent  une  yourte  h  part,  une  autre  est  réservée  aux 
filles  et  garçons,  tandis  que  les  enfants  mariés  vivent  aussi  à  part.  Selon 
leurs  idées  religieuses,  rentrée  de  la  yourte  est  toujours  du  côté  de  l'o- 
rient. Depuis  un  certain  temps,  cependant,  le  luxe  des  maisons  de  bois 
commence  à  se  répandre  chez  les  Katchinzes.  Toujours  saies  comme  au 
temps  de  Pallas  ils  s'habillent  d'une  toile  grossière  faite  de  chanvre  d'or- 
ties, ou  bien  de  peaux  de  mouton  et  de  chevreuil  garnies  de  leur  pelage. 
En  toilette  de  gala  ils  revêtent  des  habits  de  soie  ou  de  riches  pelisses. 
Moins  laid«s  que  les  femmes  des  Kalmouks,  leurs  femmes  ont  une  certaine 
coquetterie  surtout  dans  la  coiffure. 

Grands  chasseurs,  les  Katchinzes  sont  des  agriculteurs  médiocres,  et 
d'assez  îbons  éleveurs  de  chevaux,  de  bœufs  et  de  moutons.  Le  lait  de 
leurs  juments  sert  à  fabriquer  une  boisson  fermentée.  Leur  nourriture  est 
de  la  bouillie  de  farine,  de  la  viande,  des  racines,  ils  s'abstiennent  de  pois- 
son par  cette  croyance  que  l'esprit  du  mal  habite  les  eaux.  Hommes  et 
femmes  fument  du  tabac  dans  de  petites  pipes. 

Depuis  leur  annexion  à  la  Russie,  les  Katscbinzes  sont  devenus  géné- 
ralement monogames.  Les  mariage  qui  s'opérait  naguère  sous  la  forme 
d'un  feint  enlèvement  suivi  de  poursuites  et  terminé  par  des  bombances 
se  fait  aujourd'hui  d'une  manière  plus  pacifique  sinon  plus  économique, 
puisque  tout  finit  encore  par  des  cadeaux  de  chevaux  au  beau-père  de  la 
future. 

L'usage  veut  qu'après  le  mariage,  le  père  du  marié  ne  voie  plus  sa 
bru  que  voilée  et  ne  mette  pas  les  pieds  dans  la  yourte  du  ménage  du 
côté  de  la  couche  nuptiale.  La  jeune  femme  doit  éviter  de  rencontrer  son 
beau-père  et,  en  cas  de  rencontre,  elle  doit  se  courber  jusqu'à  terre.  D'a- 
près M.Richard  Andrée  (Globwt,  1876,  XXIX,  p.  126),  celte  coutume  se 
retrouve  chez  les  Cafres,  au  Ouâdaï,  au  Darfour  et  chez  les  Bogos,  puis 
chez  les  Indiens  de  l'Amérique  du  Nord,  chez  les  Ranquelas  et  les  Arau- 
caniens,  dans  l'Amérique  méridionale,  enfin  chez  les  indigènes  austra- 
liens. Quelque  réminiscence  s'en  retrouve  aussi  chez  les  Dayaks  de  Bor- 
néo et  des  Yakouls  de  la  Sibérie  orientale. 

Les  femmes  katscbinzes  passent  pour  très-attachées  à  leur  mari  auquel 
souvent  elles  ne  survivent  pas.  Après  les  couches  elles  sont  considérées 
pendant  quelques  semaines  comme  impures  et  une  cérémonie  est  néces- 
saire pour  leur  rendre  leur  pureté. 

Les  morts  sont  enterrés  le  jour  même  du  décès.  On  les  place  dans  une 
bière  qu'on  emporte  sur  un  char  attelé  de  plusieurs  chevaux  tous  mon- 
tés par  des  cavaliers.  Sept  jours  après  les  funérailles,  les  parents  se  réu- 
nissent sur  la  tombe,  immolent  un  cheval  et  font  un  festin. 

L'auteur  de  l'article  sur  les  Katscbinzes  termine  par  des  rapproche- 
ments entre  leurs  coutumes  religieuses  et  celles  d'autres  religions. 


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462  ASIE.  N-   774-798 

794.  NoRDENgBjôLD  (professeuF  Â.).  Diessjâhrige  Expédition  nach  dem 
Jenissei.  MittheiL  der  Geogr.  Gesellsch.  in  Wien.  1876,  t.  XIX, 
n»  10,  p.  53i. 

795.  Du  même.  Voyage  dans  la  Sibérie  septentrionale.  Lettre  adres- 
sée à  M.Daubrée  de  Vlnsiiivit., Bulletin  de  la  Soc,  de  Géogr.,  1876, 
juillet,  p.  78. 

796.  Travaux  de  rexpédition  sibérienne  de  la  Société  Impériale  géogra- 
phique de  Russie.  Partie  physique,  vol.  III.  Sous-division  géognos- 
tique,  livr.  1'*.  Fossiles  du  terrain  crétacé  de  l'île  Sakhalien,  par 
J.-B.  Schmidt,  in-4*,  avec  planches.  Saint-Pétersbourg,  1876  (en 
russe). 

797.  Notes  sur  llle  Sagkalin,  la  baie  de  Gastries  et  Wladivostok.  Retme 
maritime  et  coloniale,  1876,  t.  LI,  p.  905-906. 

Depuis  l'année  dernière  Sakhalin  est  entièrement  à  la  Russie  qui,  en 
échange,  a  cédé  au  Japon  Tarchipel  des  Kouriles.  La  frontière  msso-ja- 
ponaise  dans  ces  parages  passe  donc  par  le  détroit  la  Pérouse. 

798.  ÂiTODTCBiNE  (D.).  Die  Âïnos.  Moscou,  1876,  in-4<>.  Supplément, 
tome  XX*  du  Bulletin  de  la  Société  russe  des  amis  des  sciences 
naturelles,  d'anthropologie  et  d'ethnographie.  — Y.  aussi  Russische 
Bévue  de  Rôttger.  1876,  n»  10,  p.  338. 

L'auteur  a  réuni  tout  ce  qui  a  été  écrit  jusqu'à  ce  jour  sur  les  Aïnos, 
et  complété  les  données  antérieures  par  des  indications  nouvelles,  tirées 
des  collections  mises  à  sa  disposition  par  le  professeur  Â.  Bogdanow.  Le 
mémoire  de  M.  Anoutchine  se  divise  en  quatre  parties.  La  première  ex- 
pose l'historique  des  investigations  sur  les  Aïnos  depuis  le  seizième  siècle, 
et  donne  une  bibliographie  de  cette  question.  Dans  la  deuxième  partie 
est  un  aperçu  morphologique  sur  les  Aïnos.  La  troisième  est  relative  au 
côté  anthropologique  de  l'étude  des  Aïnos.  Enfin  la  quatrième  partie 
expose  les  particularités  ethnographiques  de  cette  peuplade  et  les  rap- 
ports qui  existent  entre  elle  et  les  Japonais,  les  Ghiliaks,  les  Kamtscha- 
dales. 


Voyage  de  M.  Gzekanowski  sur  la  Lena  et  l'Olenek. 

Au  cours  d'un  voyage  accompli  sur  l'Olenek  pendant  l'hiver 
1874,  M.  Gzekanowski*  avait  formé  le  projet  de  visiter  en  1875, 
et  pendant  Tété,  les  parties  inférieures  de  la  Lena  et  de  l'Olenek. 
Grâce  à  la  Société  Impériale  géographique  de  Russie,  il  a  pu 
réaliser  son  projet.  Le  voyage  avait  un  but  plus  spécialement 
géologique  :  étudier  l'âge  précis  des  dépôts  mésozoïques  de  la 
Sibérie  septentrionale,  dont  on  connaissait  l'extension  considé- 


1.  Ce  nom  se  prononce  Tchekanowaki. 


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SIBÉRIE.  RÉGION  DE  L'AMOUR.  SAKHALIN.  463 

rable,  mais  do'nt  Tâge  n'avait  été  déterminé  que  sur  un  point, 
Tembouchure  «le  l'Yénisséi,  par  M.  Lopatine. 

M.  Czekanowski,  parti  dlrkoutsk  le  15  mfii,  arrivait  le 
1®'  juin  à  Yakoutsk,  où  il  utilisa  un  séjour  de  quelque  temps 
à  Fétude  de  la  contrée  circonvoisine.  Il  eut,  entre  autres  cho- 
ses, l'occasion  de  constater  les  progrès  que  fonV  dans  ces  pa- 
rages Tagriculture  et  Télève  des  bestiaux. 

Le  7  juin,  l'expédition  à  laquelle  avait  été  adjoint  un  natu- 
raliste, M.  S.  J.  Wenglowski,  s'embarquait  sur  la  Lena  dans 
une  barque  {dewiaterik)  ;  mais,  contrariée  par  les  conditions 
exceptionnellement  défavorables  de  la  saison,  elle  ne  put  ar- 
river que  le  26  juillet  à  Bouloun,  dernier  centre  de  population 
sur  la  Lena. 

A  cette  époque,  les  indigènes,  adonnés  pendant  une  partie  de 
l'année  à  la  pêche  fluviale,  ont  déjà  émigré  pour  aller  chasser 
le  renne  sur  la  toundra  et  dans  le  delta  du  fleuve.  Comme  on 
le  pense,  les  frimas  sont  précoces  sous  ces  latitudes,  et  il  fallut 
entreprendre  de  gagner  l'Olenek  à  l'aide  des  rennes  de  selle  et 
de  bât. 

L'Olenek  fut  atteint  le  19  août,  après  un  voyage  à  petites 
journées  dans  la  grande  toundra  du  nord  qui  est  sèche,  acci- 
dentée, rocheuse,  et  présente  une  notable  différence  avec  la 
toundra  occidentale.  Le  point  choisi  par  M.  Czekanowski  pour 
son  campement  fut  le  promontoire  de  Toumoul,  dernier  rocher 
sur  la  rive  droite  de  l'Olenek.  Tout  auprès,  deux  tristes  monu- 
ments funéraires,  qu'ont  envahis  les  lichens  et  que  signalent 
deux  petites  croix  vermoulues,  rappelaient  le  souvenir  d'un 
obscur  dévouement  au  pays.  Des  traces  à  peine  visibles  d'in- 
scription indiquent  que  ces  tombes  renferment  les  restes  de 
Prontschitschef  et  de  sa  femme,  victinoes  d'une  expédition  qui, 
en  1735,  allait  chercher  une  route  maritime  entre  la  Russie 
d'Europe  et  le  Kamtschatka  ^  Incidemment,  M.  Czekanowski 


1.  Voir,  pour  l'histoire  des  découvertes  à  TextrÊme  nord  de  la  Sibérie,  Tex- 
cellente  notice  de  M.  Hanemann,  MiWiéU.  de  Petermann,  1873. 


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464  ASIE.  N-  774-798 

déclare  qu'il  ne  croit  pas  à  la  possibilité  d*une  navigation  régu- 
lière dans  ces  parages.  Depuis  lors,  cependant,  le  professeur 
Nordenskjôld  a  pratiquement  soutenu  Topinion  contraire. 

Après  s'être^vancé  jusqu'en  vue  de  Tocéan  Glacial,  Texplo- 
rateur  reprenait,  le  6  septembre,  le  chemin  de  retour.  De  fâ- 
cheux avis  lui  faisaient  redouter  cette  partie  du  voyage,  mais 
elle  fut  favorisée  par  une  sorte  de  renouveau. 

Dans  les  profondes  et  pittoresques  vallées  rocheuses  des 
ruisseaux  qui  sillonnent  la  toundra,  une  flore  brillante  s'épa- 
nouissait à  tous  ses  degrés  de  développement.  Il  n*y  avait  que 
d'insigniûants  tourbillons  de  neige,  sans  influence  sur  la  vé- 
gétation. Le  22  août,  sous  72^,50  de  latitude  nord,  il  y  eut 
une  chaleur  d'été,  un  orage  électrique  et  une  averse.  Vers  le 
27  août  seulement,  la  neige  se  mit  à  tomber  et  couvrit  la 
campagne  ;  en  même  temps  commencèrent  les  gelées  qui  ar- 
rêtèrent net  la  végétation.  Un  radoucissement  de  la  tempéra- 
ture ne  lui  rendit  pas  la  vie,  bien  qu'il  eût  fait  fondre  la  neige, 
et  qu'aux  heures  chaudes  et  calmes  du  midi  les  insectes  fus- 
sent assez  nombreux.  Au  14  septembre,  par  71o,30  de  lati- 
tude, on  pouvait  voir  encore,  dans  la  soirée,  des  essaims  d'é- 
phémères et  de  phryganes  voltigeant  sur  le  sol  tiédi  de  la 
vallée. 

Entre  la  Lena  et  l'Olenek,  l'exploration  n'avait  pas  rencontré 
un  être  humain  ;  sur  l'Olenek  et  aux  abords  du  littoral,  le  pays 
était  moins  désert.  Les  habitants,  Tongouses  et  Jakoutes,  se 
montrèrent  tout  à  fait  bienveillants  et  hospitaliers,  et  four- 
nirent à  M.  Gzekanowski  un  intéressant  sujet  d'études. 

Le  départ  de  Bouloun  pour  revenir  au  sud  eut  lieu  le  il  oc- 
tobre ;  le  27  du  même  mois,  les  voyageurs  étaient  à  Verkhoyansk, 
le  15  novembre  à  Yakoutsk,  et  le  20  décembre  ils  rentraient  à 
Irkoutsk.  En  sept  mois  ils  avaient  fait  un  trajet  de  1173  kilo- 
mètres. 

Cette  exploration,  bien  qu'elle  n'ait  pas  absolument  atteint 
son  but,  a  néanmoins  été  très-fructueuse.  Elle  vaut  à  la  géo- 
graphie un  itinéraire  qui  suit  d'abord  la  Lena  de  Yakoutsk  à 

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SIBÉRIE.  RÉGION  DE  L'AMOUR.  SAKHALIN.  465 

Aïakout,  puis  qui  traverse  obliquement  la  toundra  jusqu*à  1*0- 
lenek  et  descend  ce  fleuve  jusqu'à  son  embouchure.  L'itiné- 
raire peut  être  assujetti  aux  positions  astronomiques  déter- 
minées par  Anjou  (1825)  et  par  M.  Mûller  (1874),  pendant 
une  précédente  exploration  de  TOIenek*.  Les  levés  géologiques 
ont  été,  le  plus  possible,  effectués  en  même  temps  que  les 
levés  topograpbiques.  Toutefois  il  n'a  pas  toujours  été  permis 
aux  explorateurs  de  se  bien  renseigner  sur  les  stratifications.     . 

Les  échantillons  paléontologiques  rapportés  de  soixante-dix 
points,  en  établissant  que  la  Sibérie  orientale  est  plus  riche 
qu'on  ne  le  pensait  à  ce  point  de  vue,  sont  d'une  réelle 
importance  pour  Thistoiie  géologique  de  la  contrée. 

La  botanique  a  été  représentée  par  une  collection  de  8000  es- 
pèces qui,  réunies  aux  précédents  herbiers  de  M.  Czekanowski, 
donnent  de  précieux  éléments  pour  Tétude  de  la  flore  du  terri- 
toire asiatique  situé  entre  56  degrés  et  73  degrés  de  latitude 
nord,  sur  environ  46  degrés  de  longitude. 

Enfin,  M.  Wenglowski  a  rapporté,  pour  sa  part,  un  précieux 
contingent  entomologique  représenté  par  7000  échantillons. 

Nous  aurons  sans  doute  à  revenir  par  la  suite  sur  quelques- 
uns  des  détails  de  ce  beau  voyage,  dont  l'auteur  a  mis  fui  à  se^ 
jours  en  octobre  1876,  dans  un  accès  de  mélancolie 

Voyage  de  H.  Nordenskjôld  aux  embouchures  de  l'Yénisséi,  par  la  mer  de  Kara. 

M.  Nordenskjôld,  poursuivant  avec  autant  de  bonhe  r  que 
de  ténacité  la  démonstration  de  sa  thèse  que  les  parages  de  la 
mer  de  Kara  peuvent  être  régulièrement  fréquentés  par  la  na- 
vigation, a  renouvelé,  cette  année,  sur  YYmer  (voir  n*»  794), 
la  tentative  qu'il  avait  faite  précédemment  sur  le  Prœven 
(voir  n^  795).  Le  25  juillet  1876  il  quittait  Tromsoe,  et  le  50 
il  était  dans  les  eaux  de  la  mer  de  Kara,  après  avoir  franchi  le 
Matotshkin-Sharr.  D'épaisses  glaces  flottantes  arrêtèrent  bien- 

1.  Ces  points  sont,  enlre  autres,  Shighansk,  Gomorowa,^Syktyakh  et  Bouloun 
sur  la  Lena  ;  Bolkolak  sur  TOlenek. 

L*AKNi£  GÉOGR.  XV.  30 

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466  ASIE.  K-  774-798 

tôt  ITmer,  qui,  revenu  à  l'extrémité  orientale  du  détroit,  en 
repartait  le  5  août  et  longeait  rapidement,  sous  vapeur,  la 
côte  sud-est  de  la  Nouvelle-Zemble.  Une  semaine  après  seule- 
ment, il  put  se  lancer  sur  la  haute  mer,  et  le  15  août  il  cons- 
tatait, à  Tembouchure  de  l'Yénisséi,  Texistence  d'une  grande 
île  plate,  longue  de  8  kilomètres  ^  Elle  fut  baptisée  île  de  Si- 
biriakof  en  Thonneur  du  négociant  qui,  avec  le  libéral  M.  Oscar 
Dickson,  a  supporté  les  dépenses  principales  des  explorations 
à  la  Nouvelle-Zemble. 

L'Ymer  remonta  FYénisséi,  se  dirigeant  sur  Mesenkiu,  petite 
station  vers  laquelle  une  partie  de  l'expédition  s'était  dirigée 
par  la  voie  de  terre,  sous  la  direction  de  M.  de  Théel.  Ea 
.  attendant  son  arrivée,  on  alla  recueillir  quelques  fragments  de 
peau  et  d'ossements  d'un  mammouth  conservé  dans  le  sol 
glacé  de  la  toundra.  Une  tentative  pour  remonter  le  fleuve  ne 
conduisit  pas  fort  loin,  et  après  avoir  attendu  tout  le  temps 
possible  l'arrivée  de  M.  de  Théel,  après  avoir  débarqué  les 
marchandises  apportées  par  l'Fmer,  il  fallut  se  remettre  en 
route  pour  n'être  pas  pris  dans  les  glaces  à  l'entrée  de 
l'hiver.  M.  de  Nordenskjôld  repartit  le  1"  septembre;  le  22 
il  était  rendu  à  Tromsoe,  rapportant  d'abondants  matériaux 
pour  l'étude  des  régions  boréales,  et  en  particulier  pour  celle 
du  fond  des  mers  dans  ces  parages.  Tous  les  temps  d'arrêt 
étaient  employés  à  des  sondages  et  des  draguages,  qui  révélè- 
rent dans  les  bas- fonds  de  la  mer  de  Kara  une  faune  et  une 
flore  relativement  riches. 

M.  Nordenskjôld  a  démontré  ainsi  pour  la  seconde  fois 
a  qu'une  navigation  régulière  pendant  une  courte  période  ée 
l'année  (environ  six  semaines)  entre  ces  grands  fleuves  de 
l'Obi  et  de  l'Yénisséi  et  l'océan  Atlantique  n  entraînerait  pas 
de  plus  grandes  difficultés  ni  de  plus  grands  dangers  que  les 
marins  ne  sont  habitués  à  en  affronter  dans  beaucoup  de  pa- 
rages actuellement  visités  par  des  milliers  de  navires.  » 

1.  C'est  par  erreur  que  le  Rapport  annuel  à.la  Société  de  Géographie  pour  M 
allribue  à  l'ileSibiriakof  une  louj^ucur  de  50  kilomèlres. 

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SIBEUIE.  REGION  DE  L'AMOUR.  SAKHALirf.  467 

L'expédition  de  M.  de  Théel,  sur  lequel  M.  de  Nordenskjôld 
avait  eu  quelque  inquiétude,  avait,  de  son  côlé,  fait  un  heu- 
reux voyage  et  rapportait  également  de  précieux  matériaux 
scientifiques. 

Expédition  scientifique  allemande  à  U  presqulle  des  Samoyèdes. 

Voicile  résumé  de  cette  expédition  d'après  le  rapport  annuel 
de  la  Société  de  Géographie  pour  1876  : 

a  La  première  expédition  du  professeur  Nordenskjôld  ayant 
attiré  Tattenlion  sur  cette  immense  Sibérie  qui  n*est  point  sé- 
duisante, mais  qui  renferme  des  richesses  de  toute  nature, 
V Association  brêmoise  pour  les  explorations  polaires  aile- 
mandes^  qu'on  ne  saurait  trop  féliciter  de  son  activité,  s'était 
résolue  à  envoyer  une  mission  scientifique,  complément,  pour 
ainsi  dire,  du  dernier  voyage  de  M.  Nordenskjôld.  La  mission, 
composée  des  docteurs  Finsch  et  Brehm  et  du  comte  Waldburg- 
Zfil,  a  exploré  la  région  située  entre  Obdorsk,  sur  le  bas  Obi, 
et  le  fond  du  golfe  de  Kara,  c'est-à-dire  l'isthme  qui  relie  à 
la  terre  ferme  la  presqu'île  de  Yalmal  ou  des  Samoyèdes.  Les 
explorateurs  allemands,  partis  de  Tomsk  le  2  juillet  1876,  de- 
puis Samarow,  où  les  avait  conduits  un  vapeur,  continuèrent 
en  totfca,  sorte  de  barque  fluviale,  à  redescendre  le  cours  du 
majestueux  Obi. 

«  Arrivés  à  Obdorsk,  ils  trouvèrent  le  village  complètement 
abandonné  de  ses  habitants  qui,  dans  cette  saison  de  l'année, 
vont  se  livrer  à  de  fructueuses  pêches.  Entre  ce  point  et  le  ri" 
vage  dé  la  baie  de  Kara,  auquel  ils  ne  purent  arriver,  la  dis« 
tance  est  d'à  pei^  près  200  kilomètres  ;  elle  fut  parcourue  en 
partie  sur  un  bras  latéral  de  l'Obi,  en  partie  sur  le  Ghloutcha, 
affluent  du  fleuve,  en  partie,  enfln,  à  travers  la  triste  et  mono^ 
tone  toundra. 

«  La  mission  passa  par  Jèinbourra,  petit  centre  peuplé  uni- 
quement de  Samoyèdes.  Faciles  à  confondre  avec  les  Ostiaksi 
à  cause  de  Tidenlité   de  leur  aspect  extérieur  et  de  leurs 

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468  ASIE.  a-  774-798 

mœurs,  ils  s'en  distin^ent  cependant  par  la  langue  que  ces 
derniers,  du  reste,  comprennent  presque  tous,  tandis  que  le 
Samoyède  ne  comprend  que  rarement  la  langue  ostiaque. 

Le  Chtoutcha  coule  enlre  des  rives  parfois  ondulées  de  collines 
de  sable  et  d'argile,  couvertes  d'aunes  et  de  saules,  parfois 
ouvertes  sur  la  toundra.  Aîi  loin,  vers  l'ouest,  on  distingue  la 
chaîne  bleuâtre  de  l'Oural  que  les  Samoyèdes  appeUent  Arka- 
pai  {la  grosse  pierre).  A  l'embouchure  d'un  petit  afQuent  de 
la  Chtoutcha,  le  guide  indigène  déclara  impossible  de  naviguer 
plus  loin.  Auprès  de  là  s'étendait  une  île  du  fleuve  oii  les 
voyageurs  s'arrêtèrent  pour  faire  certaines  études. 

«  On  était  aux  derniers  jours  de  juillet  :  des  fèves,  des  cam- 
panules, des  œillets  mêlés  à  des  myosotis  et  à  des  renoncules 
jaunes,  couvraient  le  sol.  A  partir  de  ce  moment,  le  voyage  se 
fit  à  travers  la  toundra,  avec  un  attelage  de  rennes  ;  point  de 
chemins  autres  que  les  sentiers  frayés  par  les  lemmings  ;  sur 
le  ton  jaune-brun  uniforme  de  la  toundra  couverte  de  mousses 
humides,  se  détachent  en  bleu  des  lacs  et  des  marais  sans  nom- 
bre, entourés  de  verdure  ;  quelques  rares  oiseaux,  des  lem- 
mings, quelques   insev^ces,  papillons  ou  coléoptères,  animent 
cette  solitude  où  la  marche  est  lente  et  difficile.  Comme  ar- 
bres, le  bouleau  nain  est  l'essence  dominante.  La  mission  al- 
lemande a  passé  non  loin  de  la  plus  courte  ligutt  de  partage 
entre  les  eaux  de  la  Chtoutcha  et  celles  de  la  Poderata.  Cet 
élément  géographique  serait  par  lui-même  d'une  mince  im- 
portance, s'il  n'avait  été  question,  en  réunissant  ces   deux 
cours  d'eau  à  l'aide  d'un  canal,  d'éviter  aux  navires  qui  veu- 
lent gagner  l'embouchure  de  l'Obi,  de  contourner  la  longue 
presqu'île  de  Yalmal.  Les  explorateurs  allemancis  revinrent  tous 
persuadés  que  ce  projet  est  irréalisable.  » 


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CHINE.  400 

XIII 

CHINE 

799.  ScHLEGKL  (docteur  Gustave).  Sing-Chin-Khao-Youen,  Uranographie 
chinoise  ou  preuves  directes  que  l'agronomie  primitive  est  origi- 
naire de  la  Chine,  etc.  La  Haye,  2  vol.  in-4,  1875  (note  critique 
et  bibliographique  dans  le  Cosmos  de  Guido  Cora,  1876,  vol.  III, 
cap.  X,  p.  599). 

800.  Heddb  (Isidore).  Hoa-Fa-Ti-Li-Tchi ,  dictionnaire  géographique 
chinois-français.  BulL  de  la  Société  de  Géographie  de  Lyoïty  1. 1, 
p.  491.   . 

L'auteur  de  cet  article  dont  le  sous-titre  est  Géographie  de  la  Chine, 
a  été  délégué  du  Gouyemement  français  en  Chine  (1843-1846)  pour  l'étude 
de  la  soie.  11  est  resté  fort  au  courant  des  questions  relatives  au  com- 
merce chiuois. 

801 .  RiCHTHOFEN  (F.  von).  Uebcr  der  Ursprung  des  namens  China.  Ver- 
handl.  des  Geselhch.  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  1876,  t.  III. 

L'auteur  rejette  l'étymologie  dont  Klaproth  fait  remonter  l'origine  à 
la  campagne  victorieuse  de  l'empereur  Tsin-Schi-hwangti,  en  220  avant 
J.  C.  Go  aurait  alors  donné  à  la  Chine  le  nom  de  la  dynastie  Tsin,  Hais 
la  Clune  méridionale,  qui  alors  avait  été  incorporée  au  grand  Empire, 
s'en  étant  détachée  peu  après  la  chute  de  celte  dynastie,  c'était  plutôt  le 
nom  de  Han  qu'il  fallait  choisir,  car  la  dynastie  de  ce  nom  incorpora 
pour  toujours  le  midi  de  la  Chine  à  l'Empire,  en  l'an  111  avant  J.  C.  — 
M.  de  Richthofen  croit  que  le  nom  de  Jinan  contient  en  germe  le  véri- 
table nom  de  l'empire,  et  doit  avoir  été,  en  même  temps,  le  nom  donné  à 
la  Chine  par  les  Chinois  eux-mêmes  et  par  les  Malais,  ces  antiques  navi- 
gateurs, qui  l'ont  transmis  aux  peuples  de  l'Occident  sous  la  forme  de 
Tschin,  d'où  Marin  de  Tyr  et  de  Ptolémée  ont  fait  Sinai,  Sina,  Sina- 
rum,  etc.  Il  est  vrai  que  tout  le  monde  appliquait  cette  forme  Tchin, 
alors  comme  aujourd'hui,  tant  à  la  Chine  proprement  dite  qu'à  la  Co~ 
chin-Chine.  M.  de  Richthofen  ne  décide  pas  si  ce  nom  de  Tschin  ou 
Jinan  est  un  nom  chinois  ou  un  nom  emprunté  par  les  Chinois  aux  Ma- 
lais. 

802.  Richthofen  (F.  de).  Ueber  den  Seeverkehr  nach  und  von  China 
ira  Alterthura  und  Mittelalter.  Verhandlungen  der  Ges.  fur  Erd' 
kunde  zu  Berlin,  1876,  t.  III,   p.  86-96. 

L'auteur  distingue  les  périodes  suivantes  :  1.  Extension  successive 
(entre  la  seconde  moitié  du  premier  siècle  de  l'ère  et  le  commencement 
du  troisième  siècle)  de  la  navigation  des  peuples  de  l'Ouest  (Europe  et 
Asie  occidentale)  vers  l'Est. 

2.  Depuis  l'an  350  après  J.  C,  extension  de  la  navigation  chinoise  vers 
l'Ouest,  jusqu'à  l'Ile  Pinang,  ensuite  jusqu'à  Ceylan,  enfin  jusqu'à  Hira 
sur  l'Euphrate  et  peut-être  jusqu'au  port  d'Aden. 


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470  ASIE.  N-  7W-836 

5.  Époque  Hes  navigations  des  Arabes  et*  des  Persans  vers  la  Chine, 
de  700  à  878,  jusqu'au  port  de  Klianfou,  près  de  la  grande  roélropote 
d'Hangtchoufoui  Dès  878,  le  commerce  maritime  direct  entre  la  Perse, 
l'Arabie  et  l'Inde,  d'un  côté,  la  Chine,  de  l'autre,  cesse  probablement  toiit 
à  fait  pendant  près  de  quatre  cents  ans. 

A.  Dès  la  seconde  moitié  du  treizième  siècle  une  navigation  active  se 
développe  de  la  part  des  Chinois,  tandis  que,  de  la  part  des  peuples  d'Oc- 
cident, il  n'y  a  que  peu  de  navires  allant  en  Chine.  Cet  état  de  choses 
dure  jusqu'à  1450.  Puis  nouvj.^u  tenpps  d'arrêt. 

5.  La  cinquième  époque  commence  avec  l'an  1517  :  c'est  celle  de  la 
navigation  européenne  vers  la  Chine.  Il  n'y  a  plus  aucune  renaissance 
soit  de  la  navigation  persane  vers  l'Asie  orientale,  soit  de  la  navigation 
chinoise  vers  l'ouest. 

803.  Bretschkeider  (docteur  Emile).  Archseological  and  historical  re- 
searches  on  Peking  and  its  environs.  Shanghai,  1876,  in-S. 

La  véritable  forme  du  nom  est  Peiking,  du  nom  du  fleuve  Peiho.  Elle 
fut  adoptée  lorsque  en  1409  l'empereur  Younglé  y  transporta  sa  résidence. 
Hais  il  faut  remarquer  qu'aujourd'hui  le  nom  de  Péking  n'est  presque  ja- 
mais employé  par  les  Chinois.  Les  hommes  instruits  le  connaissent,  mais, 
en  général,  on  l'appelle  la  ville  King^ch'eng  ou  Kington^  deux  mots  qui 
signifient  capitale. 

H.  Bretschneider  parle  ensuite  de  la  position  et  des  restes  de  TaDcien 
Péking;  puis  des  communications  par  eau  et  des  canaux  qui,  autrefois, 
ont  relié  Péking  an  grand  système  fluvial  de  la  Chine.  On  sait  qae  le 
Hohangho  ayant  au  moins  quatorze  fois  changé  de  lit  dans  les  temps  histo- 
riques et  les  envahissements  du  ÎÔ88  tendant  à  combler  les  canaux, 
Péking,  sous  ce  rapport,  est  aujourd'hui  dans  une  position  précaire. 

804.  Meignan  (V.).  De  Paris  à  Pékin  par  terre.  Paris,  1876,  in-8. 

805.  CHonTztf  (F.).  Pékin  et  le  Nord  de  la  Chine.  —  U  \Taur  du  Monde, 
1876,  n*  801  et  suiv.y^t  820  et  suiv. 

806»  La  province  de  Fob-Kien  en  Chine.  Journal  des  Missions  Évangé- 
liques,  1876,  51"  année,  n*  de  novembre,  p.  424-426. 

807.  OzENHAM  (E.-L.).  On  the  Inundations  of  the  Yang-tse-Kiang.  Jour- 
nal of  the  Roy.  Geogr,  Society,  t.  XLV,  1875  (publié  en  1876). 

808.  Bretschneidkr  (docteur  E.).  Die  Pekinger  Ebene  und  das  benach- 
barte   Gebirgsland.    Ergânzungsheft ,   n»  46,    zu   Petermann's      , 
Geograph,  Mittheil,  1876,  in-4,  p.  44.  —  Voir  aussi  Notice  crili-       , 
que  dans  le  Cosmos  de  Guido  Cora,  1876,  vol.  III,  cah.  V,  p.  392. 

809.  Du  même  :  Le  mont  Bo-Khua-Schan,  dans  les  environs  de  Peking.  | 
Isvestiia  de  la  Soc,  Imp.  géogr,  de  Russie, 

810.  David  (abbé  Armand).  Second  voyage  d'exploration  dans  l'ouest  de  \ 
la  Cbine  de  1868  à  1870.  Bulletin  de  la  Soc.  de  Géogr.,  1876,  j 
n»  de  janvier,  p.  24  à  52;  n*  de  février,  p.  156  à  183  ;  n-  de  mars, 

p.  278  à  303.  I 

811 .  David  (abbé  Armand).  Journey  in  Western  China.  Geograph.  Ma- 
gazine de  Markham,  1876,  n»  6,  p.  146.  ' 


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CHINE.  47i 

812 .  Net  Elias.  A  visit  to  the  valley  of  the  Shueli,  in  the  Western  Yun- 
nan,  february  1875.  Proceeding»  of  the  Roy,  Geogr.  Soc.,  1876, 
vol.  XX,  n*»4,p.  234-241. 

M.  Ney  Elias,-  le  célèbre  voyageur  dont  il  a  été  plusieurs  fois  parlé  dans 
V Année  géographique,  avait  été  envoyé  à  Bamo  pour  y  préparer  les  voies 
et  moyens  de  transport  nécessair€s  à  l'expédition  du  colonel  Browne  à 
travei-s  le  pays  Kakhyen,  sur  le  territoire  chinois.  Il  a  eu  l'occasion  de 
visiter  la  vallée  du  Shuéli,  affluent  de  la  gauche  de  l'Iraouaddi.  Elle  est 
habitée,  comme  les  vallées  voisines,  par  les  Shans  et  les  Kakhyens.  Ces 
derniers  sont  d'une  race  supérieure  aux  autres.  Les  Kakhyens  seraient, 
d'après  M.  Ney  Elias,  originaires  de  la  région  à  Test  de  l'Iraouaddi,  sur  le 
bord  méridional  du  Khamtsi.  Cette  communication  sur  les  vallées  du 
Shuéli  et  les  observations  dont  le  colonel  Yule  l'a  accompagnée  forment  une 
excellente  contribution  à  la  géographie  asiatique. 

813.  Papers  connected  with  the  development  of  trade  between  British 
fiurmah  and  Western  China,  and  with  the  mission  to  Yunnan, 
1874-75.  London,  1870,  in-4. 

814.  AivDEBsoN  (J.).  Mandalay  to  Homien,  a  narrative  of  two  expédi- 
tions to  Western  China  1868  and  1875.  London,  1876.  Voir  article 
cv\\xf\\xe,.Geograph,  Magazine  de  Markham,  1876,  n<'4,  p.  101. 

815.  Margart  (A.-R,).  Extracts  from  the  late  traveller's  diary  from 
Hankow  to  Talifou.  Proceedings  of  the  Roy,  Geogr,  Soc,<,  1875, 
t.  XIX,  n»  4,  p.  288,  et  1876,  t.  XX,  n-  3,  p.  184. 

816.  RuTHERFORD  Alcock  (sir).  The  joumey  of  Augustus-Raymond  Mar^ 
gary  from  Shanghae  to  Bhamo  and  back  to  Manwyne,  from  his 
joumals  and  letters,  with  a  biographical  préface.  Ijondon,  1876, 
1  vol.  in-8.  —  Voir  aussi  Art.  crit.  dans  Geogr.  Magazine,  1876, 
n- 11,  p.  306. 

V Année  géographique  précédente  a  dit  quelques  mots  (p.  248)  de  la 
mort  d'Augustus-Uaymond  Margary,  assassiné  à  Manwyne,  sur  le  terri- 
toire chinois,  mais  tout  près  de  la  frontière  de  la  Birmanie.  M.  Margary, 
partant  de  Shangaï,  avait  remonté  le  Yang-tsé-kiang  jusqu'à  Hankau, 
traversé  le  lac  Tounting,  repris  le  cours  du  Yuan  et  enfln  accompli  par 
terre  le  difficile  voyage  entre  Tchen-yuan-fou  et  Bhamo,  par  les  villes  de 
Yunnan  et  de  Tali.  C'est  une  traversée  complète  de  la  Chine,  en  diago- 
nale, du  nord-est  au  sud-ouest,  qu'avait  accomplie  M.  Margary.  A  vrai 
dire,  il  semblait,  après  la  réussite  d*une  entreprise  de  celte  importance, 
qu'il  n'eût  plus  rien  à  craindre.  Il  rejoignait,  en  effet,  la  mission  du 
colonel  Browne,  chargée  d'aller  étudier  les  moyens  d'ouvrir  de  nouveau 
la  grande  voie  commerciale  qui  régnait  naguère  entre  la  Chine  occiden' 
taie  et  l'Inde.  La  mission  allait  s'engager  sur  le  territoire  chinois  quand 
lui  parvinrent  des  rumeur»  de  dangers,  d'attaque  possible.  Margary 
s'offrit  à  retourner  en  arrière  sur  sa  route  pour  reconnaître  la  situation. 
La  mission,  qui  le  suivait  à  une  journée  de  marche,  fut  brusquement 
attaquée.  Les  Européens,  les  «  démons  étrangers  »  eussent  tous  été  massa- 
crés saus  la  vigoureuse  contenance  de  leur  escorte  composée  de  Birmans 
et  de  Sikhs.  Ainsi,  cette  seconde  mission  anglaise  au  Yun-nan,  si  ellea  été 
plus  maltraitée,  n'a  pas  été  plus  heureuse  que  celle  de  Sladen  en  1868. 
On  devra  loulef'dis,  ù  l'une  et  ù  l'autre,  des  renseignements  sur  les  con- 


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472  ISIE.  N- 799-836 

fins  de  la  Birmanie  «t  de  la  Chine.  L'Année  géographique  a  parlé,  en 
temps  et  lien  (t.  W-Ji,  p.  80,  et  t.  XI,  p.  ifô),  des  publications  du 
major  Sladen  et  du  docteur  John  Anderson  relatives  à  la  première  mission. 
La  mission  du  colonel  Browne  nous  vaut,  outre  un  nouveau  et  intéressant 
volume  du  docteur  J.  Ânderson ,  et  un  bon  chapitre  de  M.  Ney- Elias, 
le  récit  du  voyage  de  Margary  à  travers  la  Chine.  Ce  récit  est  composé  des 
lettres  du  malheureux  voyageur,  qui  alliait  un  esprit  distingué  à  un 
caractère  exceptionnellement  bon  et  dévoué.  L'un  des  hommes  les  plus 
justement  considérés  pour  leur  connaissance  de  l'Orient,  sir  Rutherford 
Alcock,  ancien  ministre  britannique  au  Japon  et  en  Chine,  président  de 
la  Société  Royale  Géographique  de  Londres,  a  terminé  le  livre  par  des 
notes  additionnelles  où  il  recherche  à  qui  incombe  la  responsabilité  de 
l'assassinat  de  Margary.  Est-re  aux  Birmans,  est-ce  aux  Chinois,  est-<^ 
aux  sauvages  Kakhiens  qui  occupent  les  vallées  autour  de  Manwync?  L'é- 
minent  diplomate  pense  qu'il  faut  attendre,  pour  se  prononcer,  les  ré- 
sultat» de  l'enquête  qui  se  poursuit  au  Yunnan,  sous  les  ordres  de 
M.  Grosvenor.  Nous  aurons  l'an  prochain  à  parler  de  la  mission  de  M.  Gros- 
venor  et  des  renseignement!»  qu'elle  aura  recueillis  au  point  de  vue  géo- 
graphique et  commercial. 

817.  MiL80M(Ed.).  Voyage  de  Margary  de  Hankow  à  Ta-li-fu.  Septembre 
à  décembre  1874.  Bulletin  de  la  Soc,  de  Géogr.  de  Tjjon,  1876, 
t.  I,n«»5,  p.  451-471. 

8]  8.  BizEMO!TT  (H.  de).  La  Chine  méridionale  et  le  voyage  de  M.  Margary. 
L'Explorateur,  1876,  lY,  p.  10. 

819.  GoRTTON  (J.).  Trade  Routes  between  British  Burmah  and  Western 
China.  Journal  ofthe  Roy.  Geograph.  Sociely,  London,  t.  LLY, 
1875  (publié  en  1876). 

820.  Rutherford  âlcock  (Sir).  China  and  its  foreign  relations.  —  The 
Fortnightly  Review,  1876. 

821.  DoRAND  Fardel  (docteur).  Le  premier  chemin  de  fer  en  Chine. 
Revue  politique  et  littéraire,  1876,  vol.  X,  n«  47,  p.  457-499. 

Le  premier  chemin  de  fer  de  la  Chine  a  été  ouvert  en  1876.  II  relie 
Shanghai  et  Woosung  (distants  de  17  kilomètres  et  demi),  en  suivant  le 
cours  d'une  petite  rivière,  le  Ouan-Poo,  dont  une  barre  de  sable  entrave 
la  navigation.  L'administration  chinoise  ayant  refusé  les  autorisations  né- 
cessaires à  la  construction  de  cette  courte  li^ne,  des  négociants  étrangers 
s'entendirent  néanmoins  entre  eux,  constituèrent  un  capital  et  firent 
entreprendre  les  études  sur  le  terrain.  11  fut  prouvé  que  rétablissement 
de  la  voie  ne  rencontrerait  pas  de  sérieuses  difficultés.  De  nouveau  on 
s'adressa  donc  ù  l'autorité,  qui  accorda  la  permission  de  «  construire 
une  route  convenable  •  de  Woo-sung  à  Shanghaï.  Le  6  mars  on  faisait  un 
voyage  d'essai  sur  un  parcours  de  un  kilomètre.  Les  autorités  de  la  pro- 
vince, qui  avaient  ignoré  ou  feint  d'ignorer  ce  qui  se  passait,  parurent 
fort  surprises  quand  on  leur  annonça  la  mise  en  train  de  l'œuvre.  Ordre 
fut  donné  d'enlever  les  rails  ;  mais  le  président  de  la  compagnie  réu>sit  à 
démontrer  au  gouvernement  du  district  que  la  route  construite  était 
«  convenable  »,  et  ce  dernier  se  décida  à  en  référer  à  Pékin.  Quelle  que 
soit  l'issue  des  dirUcultés,  il  est  évident  que  le  public  chinois  de  Shanghai 
est  favorable  à  l'exploitation  de  la  ligne  ferrée,  et  on  peut  tenir  pour  cer- 
tain que  le  premier  effort  portera  tôt  ou  tard  ses  fruits. 


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CHINE.  473 

822.  Commercial  report  by  Her  Majesty's  consuls  in  China  1875.  Lon- 
don,  1876,  1  vol.  in-8. 

823.  Lettres  de  Chine.  Commerce  extérieur  de  la  Chine  et  part  qu'y 
prennent  les  diverses  nations.  Économiste  français^  1876,  n**  32, 
p.  186. 

824.  Die  chinesische  Flotte.  Oesierr,  Monatsckr,  fur  den  Orient.  Wien, 
.    1876,  n*»  2,  p.  26. 

825.  La  marine  militaire  de  la  Chine.  Revue  maritime  et  coloniale, 
1876,  t.  L,  p.  537. 

826.  La  marine  et  les  forces  militaires  de  la  Chinp.  (Trad.  de  l'alle- 
mand des  Hamburger  Nachrickten.)  Revue  maritime  et  coloniale, 
1876,  t,  XLIX,  p.  955, 

827 .  Chinesische  Seezôlle.  Oesterr,  Monatschr.  fur  den  Orient,  Wien, 
1876,  n»  1,  p.  12. 

828.  Chinesisches  Papier.  Oesterr.  Monatschr,  fiir  den  Orient.  Wien, 
1876,  n*»  6,  p.  93. 

829.  Russischer  Handel  mit  China  ûber  Kiachta  în  1875.  Preussisch. 
Handelsarchiv,  1876,  n»  37, 

830.  Brooks  (Charles  Wolcott).  Origine  of  the  Chinese  Races.  San- 
Francisco,  1876,  in-8. 

831.  Ratzel  (Friedrich).  Die  chinesische  Ausv^^anderun p.  Ein  Beitrag 
zur  Cultur-  und  Handelsgeographie.  Breslau,  1876,  1  vol.  in-8. 

—  Voir  aussi  un  Résumé  fait  par  l'auteur  môme  de  cet  ouvrage, 
dans  VAusland,  9  oct.  1876. 

832.  Du  même.  Die  Beurtheilung  der  Chinesen.  Oesterreich,  Monatschr. 
fur  den  Orient,  Wien,  1876,  n«  12,  p.  177. 

833.  Sectes  et  sociétés  secrètes  chinoises.  Missions  Catholiques.  Lyon, 
1876,  8-  année,  p.  476,  499,  522. 

834.  Die  Vertragshâfen  im  Chinesischen  Formosa.  Mittheilungen  de 
Petermann,  n»  6, 1876,  p.  195. 

835.  Thomsen.  Reise  auf  Formosa.  Globus,  XXIX,  1876,  p.  305,  321,337. 

836.  Stuhlmann  (€.-W.).  Von  der  Insel  Haïnan.  Erôffnung  eines  Hafens. 

—  ChristUcher  Begrâbnissplatz.   Globus,   XXX,    1876,   p.   15, 
78,  223. 

Au  nombre  des  faits  d'une  certaine  portée  pour  la  géographie  de 
Textrême  Orient,  aussi  bien  que  poiu*  le  commerce  euntpéen  dans  cette 
partie  du  monde,  il  faut  signaler  i'ouverture,  dans  Tlle  de  Haïnan,  d'un 
port  libre,  celui  de  Kioung-chau,  ou  plutôt  de  Hoî-hau,.qui  occupe 
la  baie  par  laquelle  on  accède  h  Kioung-chau.  Ce  point  e&t  situé  au 
nord  de  l'ile,  en  face  de  la  péninsule  de  Sien-chau,  dont  Haïnan  est  sé- 
parée par  un  canal  de  quatre  lieues  d'étendue  et  d'une  navigation  diffi- 
cile. Le  port  de  Hot-han,  le  moins  mauvais  de  ri}e,  n'est  cependant  pas 


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474  ASIE.  N«  799 -836 

un  port  de  première  qualité,  ear  à  marée  hante  seulement,  les  jonques  nn 
peu  grosses  peuvent  y  pénétrer.  Malgré  ses  défauts,  ce  port  est  déjà  le 
siège  d'un  trafic  de  quelque  importance  en  opium,  étoffes,  poterie  et 
objets  comestibles.  Le  principal  article  d'imponation  est  le  sucre,  puis 
viennent  les  noix  d'arec,  l'huile  de  sésame,  les  cornesde  buffle,  etc. 

L'industrie  est  nulle  à  Uaïnan,  et  comme  la  population  y  est  très-pauvre, 
on  doute  que  l'ouverture  du  nouveau  port,  qui  avait  été  stipulée  par  le 
traité  de  Tientsin,  en  1861,  procure  un  débouché  réellement  fructueux 
à  r  industrie  européenne. 

L'île  a  environ  70  lieues  de  longueur  sur  une  trentaine  de  lieues 
de  largeur.  L'intérieur,  très-montagneux,  est  habité  par  des  peuplades 
tout  à  fait  sauvages  et  indépendantes.  Un  voyageur  anglais  qui  a  pu  péné- 
trer, en  1872,  dans  l'intérieur  de  Hainan,  y  a  trouvé^  vivant  misérablement 
et  faisant  peu  de  prosélytes,  un  missionnaire  catholique  français,  M.  Cha- 
got.  Ce  dernier  y  était  arrivé  avec  un  collègue  qui,  parti  pour  une  autre 
région  de  l'Ile,  n'avait  pas  donné  de  ses  nouvelles  depuis  plusieurs  an> 
nées. 


L'émigration  chinoise. 

L'émigration  chinoise,  dont  Id  progrès  reste  encore  à  peu 
près  ignoré  de  l'Occident,  n'est  cependant  point  un  fait  nou- 
veau. Dès  la  plus  haute  antiquité,  vers  Tan  200  ou  250  av. 
J.  C,  elle  se  produit  sous  la  forme  de  grandes  expéditions  mi- 
litaires dirigées  soit  sur  l'Asie  centrale,  soit  sur  Tlndo-Chine. 
Après  des  alternatives  de  grandeur  et  de  décroissance  pendant 
lesquelles  sa  population  oscilla  de  8  à  60  millions,  la  Chine 
avait  57  millions  d'hahitants  en  1644,  à  Tavénement  de  la 
dynastie  des  Mandchous.  Depuis  lors  son  accroissement  ne 
s'est  pas  arrêté,  et  l'émigration  en  a  été  l'une  des  causes  prin- 
cipales. 

Dès  1508,  déjà,  les  premiers  Portugais  qui  parurent  devant 
Malacca  y  trouvèrent  de  nombreux  commerçants  chinois  ;  les 
Espagnols  en  trouvèrent  également  en  arrivant  aux  Philip- 
pines vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  et  des  Chinois  furent 
les  intermédiaires  des  Néerlandais  quand  ceux-ci  entamèrent 
des  relations  commerciales  avec  Bornéo. 

Depuis  ces  époques  Témigration  chinoise  a  suivi  une  marche 
ascendante.  De  militaire  et  politique  qu'elle  fut  naguère,  elle 
est  devenue  commerciale  ;  après  avoir  été  défendue  elle  a  été 
autorisée,  et  de  nos  jours  elle  prend  des  proportions  sur  les- 


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CHINE.  475 

quelles  le  professeur  Ratzel,  dans  son  livre  aussi  consciencieux 
qu'intéressant  (n*»  831),  attire  Tattenlion  des  hommes  de 
science  et  des  économistes. 

C'est  sur  les  territoires  limitrophes  de  la  Chine,  depuis  les 
possessions  russes  de  l'Amour  jusqu'au  Tihet  et  à  Siam,  que 
l'émigration  est  le  phis  active.  Elle  a  porté  à  près  de  25  mil- 
lions le  nombre  des  Chinois  qui  peuplent  ces  contrées.  En 
Mongolie  et  en  Mandchourie,  l'infiltration  a  été  assez  puis- 
sante pour  reculer  les  limites  de  l'empire  chinois. 

Peu  laborieux,  peu  industrieux,  les  Mandchous  et  les  Mongols 
abdiquent  petit  à  petit;  ils  hypothèquent  leur  sol  dont  des 
Chinois  finissent  par  devenir  propriétaires.  Ces  mêmes  Mand- 
chous furent  cependant  assez  forts,  il  y, a  deux  siècles,  pour 
conquérir  la  Chine  et  lui  imposer  une  dynastie. 

Le  professeur  Ratzel  cite  les  agissements  des  Chinois  dans 
l'île  deFormose,  comme  un  spécimen  de  leur  procédé  ordinaire 
de  colonisation  dans  un  pays  sauvage.  En  1662,  commença 
pour  cette  île  l'invasion  chinoise  qui  depuis  lors  n'a  pas 
discontinué,  si  bien  qu'elle  a  enlevé  aux  Malais  autocbthones 
la  moitié  occidentale  et  une  partie  du  nord  de  l'ilc^On 
trouve  ainsi,  sur  une  superficie  à  peu  près  égale  à  celle  de 
la  Suisse,  39  000  kilomètres  carrés  (la  Suisse  a  40  732  kil. 
carrés),  un  contraste  complet  de  culture  et  de  civilisation, 
car  les  aborigènes  occupent  seulement  la  moitié  orien- 
tale de  l'île  où  ils  ont  été  refoulés.  Les  Chinois,  établis  d'abord 
sur  la  côte,  trafiquèrent  avec  les  habitants,  puis  envoyèrent 
peu  à  peu  les  leurs  dans  l'intérieur  du  pays  pour  y  recueillir 
du  camphre.  Les  premiers  bénéfices  furent  appliqués  à  l'achat 
de  terrains  qui  furent  livrés  à  la  culture.  D'autre  part,  tout  en 
se  mettant  à  la  solde  de  tribus  peu  guerrières,  ils  faisaient  des 
contrats  et  payaient  des  indemnités  dans  le  but  d'adoucir  les 
tribus  belliqueuses. 

Cette  conquête  systématique,  secondée  par  le  commerce  de 
l'opium  et  de  l'eau-de-vie  de  riz,  rencontre  certaines  ré- 
sistances, et  plus  d'un  parti  chinois  envoyé  dans  l'intérieur  a 


476  ASIE.  N-  799-856 

été  inexorablement  massacré  ;  mais  le  Chinois  ne  se  rebute 
pas  pour  si  peu  ;  il  a  tenu  bon  contre  de  bien  plus  rudes  as- 
sauts. 

Nous  ne  saurions  détailler  ici  —  ce  point  de  vue  de  la  ques- 
tion étant  plutôt  économique  —  les  diverses  formes  d'engage- 
ments des  Chinois,  tels  que  rengagement  surpris  par  force  ou 
par  ruse,  rengagement  volontaire  pour  s'acquitter  d'une  dette, 
rengagement  des  coolies  pour  un  nombre  déterminé  d'années, 
avec  promesse  de  rapatriement,  enfin  l'engagement  tout  à  fait 
libre. 

Les  provinces  chinoises  qui  fournissent  les  contingents  d'é- 
migrants  sont  :  le  Chen-si,  le  Chan-si  et  le  Kan-sou  pour  l'é- 
migration en  Mongolie  ;  le  Petchily  et  le  Chan-toung  pour  la 
Mandchourie  ;  le  Sse-tchouen  pour  le  Tibet,  la  Mongolie  et  les 
tribus  insoumises.  D'antre  part,  ver»  1q  sud,  le  Yunnan  en- 
voie ses  émigrants  dans  la  Birmanie,  au  laos,  à  Siam,  en  Go- 
chinchine,  tandis  que  les  quatre  provinces  littorales  (Tché- 
kiang,  Kiang-sou,  Fô-kien  et  Kouang- toung  )  fournissent 
l'émigration  maritime  dans  les  péninsules  de  l'Inde  et  de  la 
Malaisiè,  dans  l'archipel  indien,  etc.  Les  ports  d'embarque- 
ment sont  Shangaï,  Hong-kong,  Hamoï,  Swatau,  Macao.  La 
se  mêlent  aux  émigrants  dont  nous  avons  parlé  ceux  qui,  ve- 
nant de  diverses  provinces,  se  dirigent  sur  la  Californie  et 
l'Australie. 

Après  ce  regard  d'ensemble  sur  la  provenance,  examinons 
d'un  peu  plus  près,  avec  M.  F.  Ratzel,  les  objectifs  et  les 
forces  de  l'émigration  chinoise. 

Mandchourie.  On  compte,  en  Mandchourie,  11  millions  de 
Chinois  suri  million  de  Mandchous, Solones  et  Daouriens.  Ces 
chiffres  sont  dans  le  rapport  inverse  de  ceux  de  1644,  qui 
attribuent  à  la  Mandchourie  une  population  d'un  million  de 
Chinois.  —  Les  exportations  pour  la  Chine  de  l'indigo,  du 
froment  et  du  riz,  du  .chanvre  (destiné  à  la  préparation  de 
l'opium),  du  musc,  des  vernis,  des  cires,  de  l'huile  de  divers 
arbres  et  les  lavages  d'or  défrayent  l'activité  des  émigrants. 

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CHINE.  477 

Mongolie.  Ici,  la  culture  des  céréales,  du  millet,  de  l'orge, 
du  chanvre,  l'industrie  du  bois,  le  commerce  du  bétail,  des 
laines,  des  peaux,  sont  la  raison  d'être  de  l'émigration.  —  Le 
thé,  la  farine,  l'opium  constituent  les  objets  d'importation 
chinoise.  On  compte  en  Mongolie  650  000  Chinois. 

Kashgarie,  Les  Chinois  y  sont  recherchés  comme  méde- 
cins. Le*  thé  est  l'article  d'importation.  La  Kashgarie  compte 
10  000  Chinois,  après  en  avoir  compté  50  000.  Il  convient  de 
faire  observer  que  ce  pays  est  assujetti  présentement  à  Yakoub- 
Beg,  auquel  les  Chinois  s'efforcent  de  l'arracher. 

Tibet.  On  n'a  pas  de  chiffre  pour  l'émigration  chinoise  au 
Tibet.  Le  thé  y  est  exporté  annuellement  à  5  ou  4  millions  de 
kilogrammes,  par  la  ville  frontière  de  Ta-tsien-lou.  Le  pays, 
riche  en  mines  d'une  exploitation  difficile,  va  se  dépeuplant 
par  les  progrès  du  lamaïsme  qui  impose  le  célibat. 

Tribus  indépendantes  à  Vouest  et  au  sud-ouest  de  la  Chine, 
Les  chiffres  de  l'émigration  manquent  également.  Toutefois  les 
Chinois  font  avec  ces  peuplades  un  commerce  assez  sérieux 
par  la  ville  de  Kiating-fou,  dans  le  Sse-tchouen. 

Pays  de  V Amour,  Tant  au  delà  qu'en  deçà  de  la  frontière 
russo-chinoise,  on  compte  20  000  Chinois  et  5000  Coréens. 
Les  articles  de  trafic  sont  la  fameuse  racine  de  ginsang,  le 
trépang  (holoturies),  les  algues,  les  champignons  domestiques. 
Ile  Formose.  L'île  renferme  5  millions  de  Chinois  occupés 
à  recueillir  le  camphre,  le  thé,  la  houille,  le  riz,  le  sucre,  le 
pétrole,  le  soufre,  l'indigo,  le  papier  végétal,  les  poissons, 
les  ouvrages  de  filigrane  d'argent. 

Ile  Haînan.  Cette  île,  encore  peu  connue,  serait  habitée 
déjà  par  un  million  de  Chinois. 

En  résumé,  dans  les  pays  plus  ou  moins  dépendants  de  Pé- 
kin et  qui  ont  encore  une  population  de  7  ou  8  millions  d'in- 
digènes parlant  d'autres  langues  que  le  chinois,  les  Chinois 
sont  au  nombre  de  15  835  000. 

Pour  les  pays  indépendants  ou  appartenant  à  des  États  eu- 
ropéens, et  qui  depuis  les  anciens  temps  sont  un  champ  d'é- 

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478  ASIE.  K"  709-836 

niigralioii  chinoise,  voici  les  indications  données  par  M.  Ratzel. 

Philippines,  Les  Chinois  ont,  dans  tous  les  ports  des  Phi- 
lippines, des  comptoirs  et  des  maisons  de  banque.  Ils  sont 
tailleurs,  cordonniers,  charpentiers,  maréchaux,  porteurs  d'eau, 
cuisiniers,  journaliers.  Leur  nombre  est  de  28  000,  auxquels 
il  faut  ajouter  200  000  métis. 

Corée.  Cette  péninsule  est  peuplée  de  descendai^lts  d'une 
colonie  chinoise  établie  en  1270  par  Koubilaï-Khan.  Pendant 
trois  mois  de  Tannée  se  tient  à  Kuolimouu  une  sorte  de  mar- 
ché où  les  Chinois  importent  du  thé,  des  cotonnades,  du  poi- 
vre, et  achètent  du  papier,  du  plomb,  des  vers  à  soie,  de  la 
soie,  des  peaux,  des  pelisses,  du  trépang^  du  bois.  Le  chiffre 
de  rémigration  chinoise  en  Corée  n'est  pas  connu. 

Indoustan.  Dans  presque  toutes  les  grandes  villes  on  trouve 
établis  de  petits  industriels  chinois.  A  Calcutta  ils  sont  cordon- 
niers, à  Bombay  ils  font  des  ouvrages  en  paille.  Dans  cette 
ville  aussi  est  une  colonie  pénitentiaire  appliquée  à  l'exécution 
des  travaux  publics.  Les  émigrants  chinois  établis  dans  Tlnde 
sont  en  nombre  inconnu. 

Japon.  Les  Chinois  dont  l'émigration  au  Japon  n*est  pas  dé- 
terminé par  un  chiftre,  y  sont  commis  et  sous-chefs  dans  des 
maisons  de  commerce  à  Yokohama,  Osaka,  Nangasaki.  Ils  font 
une  concurrence  sérieuse  aux  commerçants  européens  et  con- 
stituent, dans  les  ports,  la  moitié  de  la  population  étrangère. 
On  assure  que  plus  de  cinquante  Chinois  ont  pris  place  dans  la 
haute  administration  du  pays.  11  y  a  également  des  Chinois  en 
nombre  inconnu  aux  îles  Liou-Kiou. 

Tong-King  (Annam).  45  000  Chinois,  sur  7  millions  d'in- 
digènes, habitent  le  Tong-King.  L'exploitation  des  mines  d'or 
situées  près  de  Kécho  occupe  environ  25  000  de  ces  émigranls, 
dont  le  reste  lisse  la  soie  et  fabrique  du  papier  ou  de  fa  porce- 
laine. 

Cochinchine  indépendante  (Annam).  La  population  abo- 
rigène est  de  3  500  000  habitants.  On  évalue  le  chiffre  des 
colonisateurs  à   60  000    Chinois    et  à  100  000  métis  (par 

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CHINE.  479 

croisement  avec  des  femmes  annamites).  Ils  pratiquent  le 
tissage  de  la  soie  et  du  coton,  la  sculpture  des  bois  et  de  la 
corne,  la  fabrication  du  papier  et  de  la  porcelaine.  Les  objets 
importés  de  Chine  sont  le  thé,  la  porcelaine,  les  tissus  de  soie, 
les  cornes  de  bufiQe  sculptées.  En  revànr,he,  cette  partie  de  la 
Cochinchine  exporte  du  sel,  du  riz,  du  sucre,  des  poissons  secs, 
des  peaux,  diverses  espèces  de  bois.  L'exploitation  des  pêche- 
ries de  trépang  et  d'algues  comestibles  à  destination  de  Chine 
est  faite  par  des  Chinois  à  Poulo-Oubi  et  à  Poulo-Pinang. 

Cochinchine  française.  A  côté  de  1  336  000  indigènes  et    , 
Français,  la  Cochinchine  renferme  30  000  Chinois  qui  ont,  en 
général,  peu  à  faire  dans  notre  colonie  où  la  loi  les  grève  de 
trois  impôts  montant,  selon  M.  Ratzel,  à  S  848  000  francs 
par  année. 

Cambodge.  A  côté  des  800  000  indigènes  du  Cambodge, 
vivent  30  à  32  000  Chinois  qui  s'occupent  de  la  culture  et  de 
l'exportation  du  sucre,  du  poivre,  d'une  très-belle  espèce  de 
coton,  du  tabac,  du  sel,  de  la  cire,  de  l'ivoire,  des  peaux,  du 
benjoin,  de  la  gomme-gutte,  de  la  cire  végétale.  Ils  exploitent 
en  outre  des  mines  d'or,  et  tiennent  des  maisons  de  jeu  et 
d'opium,  tout  en  partageant  avec  les  Annamites  (qui  ont  le 
monopole  de  la  sériciculture)  la  coupe  des  bois  et  les  riches 
pêcheries. 

Siam.  Les  Chinois  ont  introduit  la  canne  à  sucre  dans  le 
royaume  de  Siam,  et  ils  la  cultivent  pour  l'exportation  en 
Chine,  ainsi  que  le  poivre  et  le  tabac,  lis  trafiquent,  en  outre, 
sur  les  bois  précieux,  le  trépang  y  les  algues  comestibles,  le 
riz.  Les  mines  de  cuivre  de  Luang-Prabang,  Bassac,  Chieng-maî 
et  les  mines  de  fer  de  Thaïsoung  sont  exploitées  par  les 
Chinois. 

L'importation  se  fait  sur  la  soie,  les  soieries,  les  articles  fa- 
briqués de  fer,  de  cuivre  et  d'acier,  les  glaces,  les  granits  et 
les  marbres.  Les  Chinois  écoulent  à  l'intérieur  des  cotonnades 
anglaises,  ils  fabriquent  des  statues  de  granit',  des  images 
sculptées,  des  vases  de  porcelaine  et  autres  ornements  pour  le 

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480  ASIE.  N-  199-«36 

palais  de  Bangkok.  A  côté  dès  grotesques  images  chinoises, 
ils  imitent  Timage  européenne.  Voilà  pour  Part.  Quant  à  la 
littérature,  ils  importent  et  traduisent  leurs  pièces  dramatiques. 
Revenant  .à  un  ordre  d'idées  plus  pratiques,  nous  ajouterons 
qu'ils  exercent  les  métiers  de  tailleurs,  maréchaux,  tanneurs, 
corroyeurs,  potiers  d'étain,  chaudronniers.  Ils  sont  aussi  mé- 
decins et  pharmaciens. 

Longtemps  les  Chinois  accaparèrent  par  bail  les  impôtjs  mo- 
nopolisés de  rÉtat,  c'est-à-dire,  annuellement,  près  de  400  mil- 
lions de  francs.  Mais,  depuis  1874,  le  gouvernement  siamois  a 
repris  la  perception  de  ses  impôts.  L'émigration  chinoise  est  in- 
génieuse :  elle  a  réussi  à  mettre  en  circulation,  comme  mon- 
naie, des  jetons  de  porcelaine  marqués  de  lettres  chinoises.  Il  est 
vrai  qu'elle  paye  à  Siam  près  de  5  millions  de  francs  d'impôt, 
non  compris  la  régie  de  l'opium,  des  distilleries,  des  raftiDe- 
ries  de  sucre,  des  mines  d'étain,  des  bazars  flottants. 

Dans  le  Siam,  les  indigènes  étant  au  nombre  de  6  millions, 
la  population  chinoise  s'élève  à  1  500  000  âmes,  avec  250  000 
métis.  Elle  entre  pour  une  proportion  considérable  à  Tchanta- 
boun  et  à  Bangkok. 

Birmanie,  Le  commerce  se  fait  par  caravanes  périodiques. 
Les  25  000  Chinois  de  ce  pays  sont  bottiers,  souffleurs  de  verre, 
planteurs  de  canne  à  sucre,  émailleurs  de  laque,  tireurs  de  fili- 
granes, repousseurs  d'argent. 

Leurs  articles  d'exportation  sont  :  le  coton  écru,  les  plumes 
d'oiseaux  pour  les  mandarins,  le  jade,  l'ambre,  les  rubis. 
L'exportation  se  fait  sur  la  soie,  l'or  battu,  le  mercure,  l'étain, 
le  plomb,  le  zinc,  les  vases,  le  drap,  le  lainage. 

Laos,  pays  des  Shan  et  des  Kakhyen,  Le  chiffre  de  l'émi- 
gration chinoise  dispersée  sur  ce  territoire  est  ignoré.  Le  com- 
merce (importation  et  ex|)ortation)  porte  sur  les  thés,  le  coton, 
les  instruments  agricoles  en  fer,  l'opium,  la  soie,  les  vases  de 
cuivre,  les  étoffes  tissées. 

Assam,  Dans  TAssam  un  millier  de  Chinois  vont  chercher 
de  la  poudre  d'or,  du  rubis,  du  jade,  du  musc,   de   l'ivoire, 

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GHIM£.  481 

importent  de  la  soie,  de  la  cotonnade,  des  articles  fabriqués  en 
métal. 

Birmanie  anglaise.  L'émigration  est  représentée  par  15  à 
18  000  Chinois  (sur  une  population  de  4  millions  d'habitants), 
qui  pratiquent  le  petit  commerce  dans  les  villes  et  les  ports, 
et  qui  exploitent  les  mines  d*étain  de  Tenasserim. 

La  péninsule  malaise  est  Tune  des  parties  de  l'Asie  où 
rinvasion  commerciale  des  Chinois  s'est  le  plus  activement 
développée.  Singapore  a  55  000  émigrants,  qui  sont  cultiva- 
teurs, jardiniers,  planteurs  de  poivre  ou  teneurs  de  livres.  Ils 
ont  le  monopole  de  la  vente  de  l'opium  qui  porte  sur  3  à  4 
millions  de  francs.  A  Poulo-Plnang  et  à  Wellesley,  36000  Chi- 
nois cultivent  le  poivre  et  la  canne  à  sucre. 

Malacca  est  l'un  des  points  brillants  de  la  colonisation 
chinoise.  Là,  en  effet,  25  000  Malacco-Chinois  (métis)  tien- 
nent une  grande  place  dans  le  commerce  et  la  classe  riche, 
tandis  que  5000  Chinois  travaillent  aux  mines  d'or  et  d'étain 
voisines  de  la  ville.  A  Tringanau,  Kalantan  et  Pahang  (rad- 
jahs malais  semi-indépendants),  à  Toneah  (royaume  de  Sa- 
langore),  à  Decompah,  à  Peraky  kiQuedah^  les  mines  sont 
exploitées  par  une  trentaine  de  mille  Chinois,  ce  qui  porte 
à  150000  le  chiffre  des  émigrants  chinois  de  la  péninsule 
malaise.  " 

L'archipel  indien  a  reçu  également  son  contingent  de  fils 
du  Céleste-Empire. 

Java  en  a,  pour  sa  part,  181  732,  qui  sont  employés  par 
le  gouvernement  néerlandais  comme  surveillants  des  agricul- 
teurs, comme  sériciculteurs,  planteurs  de  thé,  percepteurs  des 
revenus  des  plantations.  Sumatra,  Banka  et  BUiton  réunissent 
48  000  Chinois,  employés  aux  mines  ou  petits. commerçants. 
Bornéo  a  des  mines  d'or,  d'antimoine  et  de  mercure,  des  gi- 
sements de  pierres  fines,  des  cultures  de  canne  à  sucre,  de 
riz,  de  poivre,  de  camphre.  Toutes  ces  sources  de  lichcsse  sont 
exploitées  par  80  000  Chinois. 

En  réunissant  les  Chinois,  mineurs,  |jêcli<jurs  de  perles  ou 

L'kSXÈE  GÉOGU.   XV.  34  , 

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482  AS1£.  N»  799-«56 

de  trépangy  etc.,  de  Poulo-Labouan,  des  iles  d'Ânambay»  de 
Rio  Jinga  et  Biutang,  de  Bali,  de  Célèbes,  de  Ternate  et  des 
Uoluques,  de  Timor  (19  800),  on  obtient  pour  le  chiffre  lolal 
de  rémigration  chinoise  dans  les  pays  d'ancienne  colouisation, 
trois  millions  de  Chinois  ou  métis. 

Ces  dernières  années  ont  vu  Témigration  se  diriger  vers  des 
pays  nouveaux  :  rAmérique,  FAustralie,  la  Polynésie.  Le  mou- 
vement sur  rAmérique  fut  grandement  accéléré  par  la  décou- 
verte des  mines  d'or  de  la  Californie,  et  on  évalue  actuelle- 
ment à  plus  de  95000  les  Chinois  qui  vivent  comme  mi- 
neurs, fabricants  de  cigares,  portefaix,  ouvriers  de  chemins  de 
fer,  dans  les  États  de  V  Union  du  côté  du  Pacifique.  Sur  le  ver- 
sant de  ï Atlantique,  du  golfe  du  Mexique  et  à  Cuba^  on  en 
compte  60  à  80  000,  occupés  à  quelques  petits  métiers  ou 
planteurs  de  sucre  et  de  riz.  Au  Pérou,  50  à  60  000  Chinois 
exploitent  les  gisements  de  guano,  sont  employés  dans  les 
haciendas,  ou  construisent  le  chemin  de  fer  transandin. 

En  attribuant  au  ChUi,  à  CostorRica,  à  la  Guyane  néerlath 
daise  et  anglaise,  à  V Isthme  de  Panama,  nxxx  Antilles  françai- 
ses, à  h  Jamaïque  et  à  la  Trinité  KbO  Chinois,  rémigration 
qui  nous  occupe  sera  représentée  en  Amérique  par  155  ù 
136  000  individus. 

L'Océaiiie  [Australie,  Hawaï,  Tahiti,  Nouvelle-Calédonie) 
compte  pour  22  à  23  000  Chinois,  enfin  on  en  compte  2000  à 
la  Réunion. 

Une  récapitulation  générale  nous  donnera  les  cliiffres  sui- 
vants pour  rémigration  chinoise  : 

Pays  relevant  plus  ou  moins  de  la  GhiDe,  avec  aborigènes 

parlant  une  autre  langue 15,823,000 

Pays  indépendants  de  la  Chine  ou  appartenant  à  des  États 

européens  «  * 3,000.000 

Amérique  du  Nord  et  du  Sud  ...   - ISîiJXX) 

Océanie Si3,000 

Affiqii^.   .  , 3,000 

Total 18,986|000 

On  comprend  que  ces  chiffres  ne  sauraient  être  admis 

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CHINE.  483 

comme  rigoureux,  mais  ils  donnent  une  notion  suffisamment 
exacte  d'un  phénomène  dont  M.  Ratzel,  dans  son  précieux 
ouvnige,  a  étudié  non-seulement  la  marche,  mais  encore  les 
causes,  les  dangers  et  les  avantages. 

Les  causes  sont  nombreuses,  et  parmi  les  plus  importantes, 
il  faut  signaler  le  surexcédant  de  la  population  chinoise,  le 
morcellement  excessif  et  par  suite  le  prix  élevé  de  la  propriété 
en  Chine,  qui  rend  impossible  aux  gens  peu  aisés  Tacqnisition 
de  terrains,  le  bas  prix  de  la  main-d'œuvre,  l'état  embryon- 
naire de  la  grande  industrie. 

Le  Cinnois,  en  général,  est  dans  des  conditions  excellentes 
pour  émigrer  :  sobre,  laborieux,  ne  se  laissant  rebuter  par  au- 
cune besogne,  aucun  mauvais  traitement. 

H.  Ratzel  nous  donne  ailleurs,  dans  l'article  signalé  au 
n»  831  de  la  bibliographie,  un  résumé  des  opinions  émises 
depuis  Marco-Polo,  au  sujet  des  Chinois.  Cette  galerie  a  son 
intérêt. 

Voici  d'abord  les  philosophes  :  Montesquieu  ne  prête  à  leurs 
acJons  d'autre  mobile  que  la  crainte,  et  à  leur  organisation 
que  l'apparence  de  l'ordre.  Voltaire  les  admire  et  échange  à 
leur  sujet  une  correspondance  poétique  avec  Frédéric  le  Grand* 
Hegel  lient  les  Chinois  pour  les  représentants  d'une  civilisation 
surannée,  dans  laquelle  Herder,  à  son  tour,  ne  voit  que  le  vernis 
et  le  cli(|uelis  que  présentent  les  papiers  peints  de  la  Chine. 
Les  missionnaires  en  général,  depuis  les  Jésuites  des  dix- 
septième  et  dix-huitième  siècles,  jusqu'aux  missionnaires  pro« 
testants  du  dix-neuvième  siècle,  leur  sont  favorables.  ^ 

Les  diplomates  et  voyageurs  anglais  modernes  Medhurst, 
Crawfurd,  lori  Elgin,  Cooper,  Meadow,  Oliphant,  abondent 
dans  ce  sens,  de  même  que  MM.  de  Richthofen,  de  Hûbner, 
de  Scherzer.  Les  plus  grands  panégyristes  des  Chinois  sont  deux 
Allemands.  Le  missionnaire  protestant  Guzlalf,  qui  pendant 
^  trente  années  de  résidence  dans  le  pays  s'était  tellement  iden- 
tifie avec  les  Chinois  qu'il  avait  fini  par  prendre  leur  physio* 
nomic,  écrivait,  en  1847,  dans  son  histoire  de  la  Cliintî,  que 

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484  ASIE.  N- 709-836 

cette  nation  jusqu'à  présent  regardée  comme  morte,  et  à  la- 
quelle une  place  est  à  peine  accordée  dans  Tbistoire  de  l'hu- 
manité, étonnerait  un  jour  le  monde.  L'autre  est  un  auteur  al- 
lemand, M.  Jagor,  qui,  dans  sou  livre  sur  les  Philippines, 
proclame  les  Chinois  et  les  Américains  du  nord  les  deux  races 
destinées  à  se  partager  l'œuvre  de  la  civilisation  sur  les  rives 
du  Grand  Océan. 

Les  pionniers  du  commerce,  les  marchands  de  Shangaï,  de 
Hong-Kong,  de  Canton,  d'Amoy  se  montrent  en  général  peu 
favorables  aux  Chinois,  contre  la  finesse  mercantile  desquels 
ils  ont  à  lutter. 

Les  Américains  du  nord,  surtout  les  Californiens,  sont  fort 
hostiles  à  l'émigration  chinoise  ;  les  Russes  la  repoussent  du 
territoire  du  fleuve  Amour,  et  la  France,  en  Cochinchino,  n'est 
pas  sans  quelque  défiance. 

La  note  éclectique  domine  chez  le  voyageur  russe  Sosnowski, 
pour  lequel  la  classe  des  lettrés  chinois  est  corrompue,  tandis 
qu  il  fait  Téloge  des  artisans  et  des  agriculteurs.  D'autre  part, 
on  trouve  de  grandes  différences  entre  les  populations  fourbes, 
indiscrètes,  parfois  hostiles  des  ports  et  des  centres,  et  les  po- 
pulations des  provinces  de  Chen-si,  de  Se-tchouen,  du  Kausou, 
que  M.  Sosnov^ki  trouva  insupportables  et  que  M.  de  Richt- 
hofen  a  trouvées  aimables. 

Les  inondations  du  flleuTe  Bleu. 

Les  désastres  causés  par  le  fleuve  Jaune,  le  a  Fléau  » 
ou  le  «i  Désespoir  de  la  Chine  »,  sont  généralement  connus. 
Naguère  encore  les  géographes  apprenaient  que  cette  énorme 
masse  d*eau  qui  draine  un  bassin  de  1  800  000  kilomètres 
carrés,  avait  changé  de  direction,  non  sans  causer  d'im- 
menses ravages,  et  qu'à  partir  de  Khaï-foung  elle  coulait 
vers  le  nord-est,  au  lieu  de  couler  au  sud-est  ;  elle  reprenait 
ainsi  une  direction  qu'elle  avait  suivie  et  quittée  à  plusieui*s  re- 
prises. 

On  parle  moins  des  inondations  causées  par  le  coui's  du 

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CHINE.  485 

Yang-tse-kiang;  elles  sont  cependant  redoutables  et  fréquentes. 
M.  Oxenham,  qui  a  résidé  quelques  années  à  Han-kéou,  ville 
de  700000  habitants,  située  au  confluent  de  Yang-tse  et  du 
Han,  a  vu  trois  débordements  successifs,  et  dans  Tarticle  cité, 
il  fournit  dUntéressantes  données  sur  les  causes  de  ces  inonda- 
lions  (n«  807). 

La  ville  de  Hankéou  occupe  la  partie  orientale  de  la  fertile 
province  de  Hou-pé  qui,  dans  ses.paities  plates,  produit  du 
coton  et  du  riz,  tandis  que  le  thé,  la  canne  à  sucre,  la  cire  et 
les  bois  sont  la  richesse  de  ses  parties  plus  accidentées.  Le 
llou-pé,  en  effet,  comprend  d^ux  parties  distinctes  dont  l'une 
est  une  plaine  de  20  à  60  kilomètres  de  largeur,  baignée  par 
deux  grands  fleuves  et  couverte  de  lacs.  C'est  dans  cette  plaine, 
on  le  comprend,  que  sévit  l'inondation.  Les  annales  de  Han- 
kéou conservent  la  trace,  qui  remonte  jusqu  a  l'an  922  avant 
l'ère  chrétietnie,  d'inondations  nombreuses  dont  l'une  des  der- 
nières, celle  de  1849,  fut  une  sorte  de  déluge.  Il  plut  sans 
désemparer  pendant  trois  semaines  à  Han-kéou,  et  la  tempé- 
rature —  on  était  au  mois  de  juin  —  y  fut  si  froide  que  les 
habitants  durent  l'evêtir  des  fourrures. 

Les  inondations  auxquelles  a  assisté  M.  Oxenham  ont  eu 
lieu  en  1869,  1870,  1871.  En  1869,  des  premiers  jours  de 
juin  à  la  fin  de  juillet,  la  ville  fut  submergée  sous  plus  de 
trois  pieds  d'eau.  Âpres  un  abaissement  temporaire,  l'inonda- 
tion recommença  en  septembre,  couvrit  la  ville  de  deux  pieds 
d'eau  et  ne  se  retira  que  lentement.  L'inondation  de  1870 
jeta  près  de  50  pieds  d'eau  sur  la  plaine  ;  on  ne  distinguait 
plus  les  villages  que  par  le  sommet  des  maisons,  et  les  routes 
que  par  le  sommet  des  saules.  Cette  vaste  inondation,  qui 
coïncidait  avec  une  sécheresse  extrême  dans  la  province  de 
Ifou-nan,  au  sud  du  cours  du  Hohang-ho,  provenait  des  eaux 
tombées  dans  la  province  montagneuse  du  Sse-tchouen,  sur 
le  haut  cours  du  fleuve.  En  1872,  nouveau  débordement, 
moins  considérable  et  moins  long  toutefois  que  ceux  des  an- 
nées précédentes. 

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486  ASIE.  K»-  799-836 

En  énuniérant  les  causes  de  ces  désastres,  M.  Oxenham  fait 
observer  que  la  fonte  des  neiges,  dans  les  montagnes  du  Tibet, 
n'y  contribuent  que  pour  une  faible  part.  Les  Cbinois  sont  de 
cet  avis  ;  ils  reconnaissent  d'ailleurs,  à  la  couleur  que  pren- 
nent les  eaux  du  fleuve,  la  région  d'où  provient  le  déborde- 
ment. La  province  de  Sse-tchouan  est  celle  qui  cause  les  plus 
graves  inondations,  sinon  les  plus  prolongées  ;  elles  donnent  au 
Yang-tse  une  nuance  rougeâtre.  Les  crues  provenant  de  la 
province  de  Hou-nan  sont  redoutables  aussi,  mais  n'altèrent 
pas  la-transparence  des  eaux.  Enfin,  le  Han  envoie  au  Yang-tse 
des  débordements  limoneux.  Ces  trois  principales  causes  d'i- 
nondations, suivant  qu'elles  opèrent  simultanément  ou  isolé- 
ment, font  varier  la  durée  ou  l'intensité  du  mal,  et  M.  Oxen- 
ham se  livre  à  une  intéressante  étude  sur  les  divers  éléments 
de  cette  question.  D'après  d'anciennes  traditions  chinoises,  les 
plaines  de  la  province  de  Hou-pé  n'étaient  que  de  vastes  marais, 
dont  l'empereur  Vu,  contemporain  du  déluge,  aurait  com- 
mencé le  drainage,  tout  en  dirigeant  dans  leur  lit  respectif 
le  fleuve  Bleu  et  le  Han.  Depuis  lors,  les  marais  ont  été  rem- 
placés par  40  ou  50  lac^,  longs  de  50  à  60  kilomètres  et  eu 
communication  avec  le  fleuve  sur  les  deux  rives  duquel  ils 
sont  disséminés.  Peu  à  peu,  d'ailleurs,  les  dépôts  opérés  sur 
la  plaine  en  élèvent  le  sol,  et  d'après  M.  Oxenham,  quia  cherché 
à  déterminer  les  éléments  de  la  question,  une  époque  viendra 
où  le  niveau  de  la  plaine  s'élevant,  le  lit  du  fleuve  s'élargira 
et  le  fléau  sera  conjuré.  Il  conseille  aux  Chinois  de  laisser 
opérer  la  nature;  mais  il  ne  dissimule  pas  que  la  guérison  se 
fera  attendre  plusieurs  siècles. 


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JAPON,  CORÉE.  487 

XIV 

JAPON.  CORÉE 


857.  Adahs  (F.-O.).  Geschichte  von  Japan  von  den  firûhesten  Zeiten  bis 
auf  die  Gegenwart.  Vol.  I.  Bis  zum  Jabr  1864.  Gotha,  J.  Perthes. 
1876,  gr.  in-8. 

838.  LAGus(de  Helsingfors).  Ueber  die  ersle  russische  Expédition  nach 
Japan,  unter  dem  Finlânder  Adam  Laxman,  170^1793.  Rmsiscke 
Revue  de  Rôttger,  1876,  n*  10,  p.  351-352. 

839.  Brooks  (Charles  Wollcott).  Japanese  wrecks  stranded  and  picked 
up  adriff  in  the  North  Pacific  Océan.  San-Francisco,  1876,  1  vol. 
iH-8. 

Histoire  des  migrations  japonaises  et  description  du  courant  de  Kouro- 
Shivo. 

# 

840.  Bakaré  (A.).  Mer  de  Chine.  3«  partie.  Le  Séto-utchi,  mer  inté- 
rieure du  Japon,  et  ses  approches.  Instructions  nautiques  rédigées 
d'après  les  documenis  les  plus  récents.  Paris,  1876,  in-8. 

841.  Drasche-Wartinberg  (docteur  Richard  von).  Reisen  auf  Ceylan,  Ar- 
chipel der  Philippinen  undJapan.  MiUheiL  der  geogr.  GeselUch, 
in  Wien.  1876,  vol.  XIX,  n«»  1,  p.  46;  n*  5,  p.  321  à  323,  et 
nMO,p.  528  à  531. 

842.  Du  même.  Reise  in  die  sûdlichen  Provinzen  Japans.  (Marz  bis  Juni 
1876.)  MUtheil.  der  geogr.  Gesellsch.  in  Wien.  1875,  n»  10, 
p.  549;  1870,  n»  2,  p.  76,  et  n*  10,  p.  511. 

M.  Drasche  a  fait  Tascension  de  quatre  à  cinq  volcans: de  TAma-yam a 
(2133  mètres),  du  .Saka-yama  (2438. mètres),  du  Fousi-yama,  couvert  de 
neiges  éternelles  ;  puis,  dans  le  nord  de  l'Ile,  de  riwa-wasi-yama  et  de 
riwaki-yama,  toujours  en  activité,  et  dont  l'ascension  n'avait  jamais  été 
faite.  On  comprend  que  la  plupart  des  lacs  de  montagnes  sont  des  cra- 
tdres  d'anciens  volcans;  tels  sont  le  Tsiousentzi-Iwasero,  le  Suabusiro 
rinova-yiro  et  le  Yowoussotto.  Les  autres  localités  curieuses  au  point  de 
vue  de  la  science  et  de  l'industrie  sont  les  mines  de  cuivre  (sulfo-arsé- 
nialé)  d'Asio,  les  thermes  de  Yormoth,  les  sources  de  pétrole  de  Mizou, 
les  sources  sulfureuses  d'Ysatz.  On  sait  que  le  gouvernement  japonais  a 
ouvert  les  trois  ports  francs  de  Yokohama,  Nigata  etUiogo.  Sous  le  rap- 
port archéologique,  H.  Drasche  a  visité  la  curieuse  tle  à  temples  éPEno- 
sima.  En  même  temps  son  compagnon  le  docteur  Kôrhl  a  fait,  sur  les 
côtes,  de  belles  collections  d'animaux  marins  qui  ont  été  envoyées  à 
Vienne. 

843.  Rein  (docteur).  Reise  von  Tokio  nach  Kioto  in  Japan.  Extraits 
dans  Yerhahdlungen  der  Gesellsch,  fur  Erdkunde  in  Berlin,  vol. 
111,1876,  n»*  1.2,  3. 


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488  ASIB.  N»  837-867 

Le  voyage  effectué  par  le  professeur  Bein,  en  compagnie  dn  docteur 
Kdnigs,  est  celui  de  Yédo  (Tokio)  à  Kiolo.  Deux  grandes  routes  relient  ces 
capitales;  l'une  s'appelle  roule  tokaïdo;  l'autre  route  naktuendo.  La 
première  a  500  kilomètres,  la  seconde  en  a  550.  Les  routes  n'ont  pas  la 
même  largeur  sur  tout  leur  parcours  ;  elles  ne  sont  que  rarement  fer- 
rées ou  pavées.  La  roule  tokaïilo  longe  parfois  le  bord  de  la  mer  et  pré- 
sente une  vue  magnifique.  La  route  uakasendo,  que  suivit  M.  Rein,  passe 
par  l'intérieur  du  pays;  elle  traverse  d'abord  la  province  fertile  de  Kanlo. 
Cette  partie  du  trajet  se  fuit  dans  la  seule  mnlle-postc  instituée  au  Ja- 
pon. A  partir  de  Taka-saki,  la  route,  qui  ne  se  fait  qu'à  pied  ou  à  cheval, 
franchit  une  suite  de  montagnes  dont  les  sommets  culminants  atteignent 
JOOO  à  3000  mètres,  et  qui  forment  la  ligne  de  partage  des  trois  plus  gi-ands 
couri  d'eau  du  Japon.  Les  produits  de  la  province  occupée  par  ces  mon- 
tagnes sont  Vamabatat  sorte  d'ardoise  ou  schiste  bleufttrc  servant  à  faire 
des  coupes  à  boire,  le  miiho  ou  cristal  de  montagne,  qui  était  fort  emptoyé 
avant  la  fabrication  du  verre,  le  fameux  gitueng,  et  enfin  le  ver  à  soie. 
M.  Rein  fil  l'ascension  du  volcan  Asamayama,  et  arrivé  à  la  petite  ville  de 
Tukushima,  il  se  joignit  à  une  caravane  de  iOOO  pèlerins  pour  gravir  l'On- 
také  ou  Hitaké,  volcan  également  en  activité. 

844.  Ras  Ghooke  (Edward).  On  foot  through  Central  Japan.  Geograph. 
Magazine  de  Markham,  1876,  nMl,  p.  285-290. 

M.  Crooke  a  fait  le  contraire  de  ce  qu'avait  fait  M.  Rein:  parti  deKioto 
il  est  arriy^  à  Tokio  par  la  route  de  l'intérieur,  nakatendo.  L'une  des 
étapes  du  voyage  fut  Akasaka,  où,  selon  la  tradition,  le  premier  taicoun 
livra  la  dernière  des  soixante-quinze  bataille»  qu'exigea  son  affermis- 
sement sur  le  trdne.  Le  voyageur  anglais  a  constaté  que  les  habitants  de 
Mi  no  ont  les  traits  plus  beaux  et  plus  réguliers  que  les  habitants  des  autres 
parties  du  Japon  qu'il  eût  visitées.  Dès  qu'on  entre  dans  les  montagnes,  k 
Niegawa,  on  remarque  un  notable  changement.  Au  lac  <le  Shima-no-souwa 
le  voyageur  trouva  des  sources  chaudes  où  il  se  baigna  avec  son  compa- 
gnon, mais  toute  la  population  accourut  pour  les  voir  dans  le  bain. 

La  relation  de  M.  Crooke  donne  une  foule  d'autres  détails  curieux, 
mais  qui  ne  sont  point  du  domaine  de  la  géographie. 

845.  Box  (capitaine  B.-W.).The  Eastern  Seas.  Being  a  narrative  of  the 
voyage  of  II.  M.  S.  Dwarf  in  China,  Japan  and  Formosa.  London, 
Murray,  1875.  —  Article  critique  dans  Geograph.  Magazitte  de 
MarMiam,  1876,  n"  1,  p.  18. 

846.  Savio(P.).  11  Giappone  al  piorno  d*oggi,  viaggio  ncl*  interno  dell' 
isola  e  neicentrj  sericoli,  eseguito  nell*  annol874.  lf<7a;io,  1876. 
1  vol.  in-8. 

847.  Martens  (E.  von).  Die  Preussische  Expédition  nach  Ostasien, 
Zoologische  Ahtheilung,  1.  Band,2.  Hâlfte.£er/iN,1876,  gr.  in-8. 

848.  Deschariies  (Léon).  Itinerary  of  a  journcy  from  Yedo  to  Kusatsu, 
with  notes  upon  the  waters  of  Kusatsu.  Paris,  1^76,  in-8. 

840.  Ile  de  Shikokou  au  Japon.  Journal  des  Missions  Évangélfques, 
1876,  5l«  année,  n»  de  décembre,  p.  466-474. 

850.  Griffis  (W.-E.).  The  Mikado's  empire.  Book  I  :  llistnry  ot  Japan 
from  660  B.  C.  to  1872  A.  D.  Book  11  :  Personal  expérience:^,  ob- 
servations andstudies  in  Japan,  1870-1894.  New-York,  1876. 


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JAPON.  CORÉE.  489 

851 .  Progrès  de  la  civilisation  au  Japon.  Journal  des  Missions  Évangé^ 
ligues,  52*  année,  1876,  n*  de  janvier,  p.  32-37. 

852.  BoDSQUET  (G.).  Le  Japon  contemporain,  les  récents  progrès,  la  si- 
tuation économique  et  financière.  —  Revue  des  Deux  Moïuies, 
1876, 15  septembre. 

853.  La  marine  militaire  du  Japon,  ileviie  maritime  et  coloniale^  1876, 
t.  L,  p.  536-537. 

854.  Metschnikoff  (Léon).  Die  rneuen  administrativen  Eintheilungen 
Japan's.  MittheUungen  de  Petermann,  1876,  XI,  p.  401,  avec  carte. 

Le  Japon  cstdÎTiséen  neuf  circonscri plions  formées  de  qiialre-vingt-nne 
provinces.  Il  y  faut  ajouter  les  Kouriles  qu'un  trailé  avec  la  Russie  (1875) 
a  attribuées  au  Japon,  en  échange  de  ses  derniers  droits  sur  l'île  deSakha- 
line.  c  La  frontière  entre  les  empires  de  Russie  et  du  Japon  dans  ces  pa- 
rages, dit  le  trailé,  passera  par  le  détroit  qui  se  trouve  entre  le  cap  Lo  < 
palka  de  la  péninsule  du  Kamlschalka  et  l'ile  de  Ckourachou.  *  On  sait  que 
l'archipel  des  Kouriles  forme  une  chaîne  de  dix-huit  petites  îles. 

855.  Du  même.  L'empire  desTennos.  U  Globe,  organe  de  la  Société  de 
géographie  de  Genève. 

L'auteur  de  cet  article  cl  du  précédent  prépare,  dit-on,  un  ouvrage  im- 
portant sur  le  Japon. 

856.  Vemoukoff.  Nouvelles  données  statistiques  sur  le  Japon,  hvestita 
de  la  Société  Impériale  géographique  de  Russie.  1870,  vol.  XII, 
n«  1,  p.  140. 

857.  Dampfschiffahrts-Gesellschaften  in  Japan.  Oesierr.  Monatsschrift 
fur  den  Orient.  Wien,  1876,  n»  5,  p.  41. 

Avant  la  grande  révolution  de  1871,  chaque  daîmio  du  Japon  voulut 
avoir  un  ou  deux  bateaux  à  vapeur.  Il  y  avait  ainsi,  en  1868,  plus  de 
deux  cents  vapeurs,  vendus  aux  Japonais  par  des  maisons  de  commerce 
étraugères.  Mais,  vu  l'inexpérience  des  indigène»  et  la  cherté  du  char- 
bon, ces  vapeurs  n'étaient  qu'un  article  de  luxe.  —  La  révolution  de  1871 
mit  tout  aux  mains  du  gouvernement,  qui  organisa  plusieurs  ifociétés  in- 
digènes, dont  la  plus  importante  était  la  Société  nationale  de  navigation 
à  vapeur,  aTec  dix-neuf  vapeurs  et  neuf  voiliers.  Subventionnée  et 
eontrôlée  par  le  gouvernement,  elle  devait  établir  des  communications 
régulières  entre  les  divers  ports  du  pays. 

Des  compagnies  moins  considérables  constituées  alors  entretiennent 
encore  aujourd'hui,  avec  un  succès  douteux,  les  rapports  entre  Yeddo  et  la 
province  d'Owari  d'un  côté,  et  avec  Kagoshimi»  au  sud.  de  l'autre  cèté.Ces 
navires  ont  des  capitaines  japonais  et  quelquefois  des  timoniers  et  des 
matelots  étrangers.  11  faut  y  mentionner  encore  les  navires  du  Bureau 
de  colonitation,  qui  déjà  depuis  plusieurs  années  fait,  à  l'aide  d'Améri- 
cains, de  vaines  tentatives  pour  coloniser  l'île  de  Yeddo. 

Mais  toutes  ces  entreprises  sont  dépasi>ces  par  la  compagnie  dite  Milsou- 
Bishi,  fondée  par  les  deux  frères  Iwasaki,  dont  l'aîné  élait  ancien  Tonc- 
tlonnaire  du  prince  de  Tosa. 

Après  la  révolution  de  1871  il  acheta,  de  ses  propres  fonds,  les  navires  de 
l'on  ancien  prince,  s'établit  à  0.>acca  et  fit  d'abord,  avec  ces  trois  vapeurs 
à  hélices  et  à  aube,  le  service  entre  Osacca,  Yeddo,  Tosa,  etc.  L'expé- 
dition japonaise  de  Formose  en  1874,  où  la  Compagnie  exécuta  les  trans- 


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400  ASIE.  N<- 837-867 

ports  militaires  à  la  grande  snlisraction  du  gouTemément,  la  mit  toat 
à  fait  en  évidenre.  et  lit  abandonner  Taneienne  Société  nationale.  Parmi 
les  Douveaui  navires  qu'il  avait  achetés,  le  gouvernement  en  donna  deux 
.à  la  Société  Mitsou-Bishi,  qui  commença  en  1871  à  étendre  ses  courses 
jusqu'à  Shanghaï  et  fit  une  assez  active  concurrence  aux  grands  vapeurs 
américains,  pour  que  ceux-ci  aient  fini  par  laisser  le  champ  libre  à  la  com- 
pagnie japonaise.  Ils  lui  vendirent  même  les  quatre  vapeurs  qui  avaient 
fait  le  service  ju>qu'aIors.  Cette  compagnie  ja)H)naise  a  présentement  qua- 
rante navires  représentant  36  515  tonnes,  avec  une  force  de  1930  chevaux. 
Elle  dessert  douze  lignes  différentes,  dont  trois  partent  de  Tokio  (Yédo), 
trois  de  Yokohama,  trois  d'Oriaccaet  truis  de  Hakodadé. 

858.  Japanisches  Vaipier.Oesterreich.  Monatssehr.  fur  den  Orient,  Wien, 
1876,  !!•  8,  p.  124-123. 

Le  Japon  a  une  renommée  traditioimeUe  pour  la  fabrication  des  pa- 
piers. Cette  industrie  est  fixée  dans  ceruins  villages  où  la  matière  pre- 
mière se  trouve  en  abondance,  et  où  tous  les  habitants  ont  cette  seule  oc- 
cupatiou  de  fabriquer  du  papier.  Une  autre  habitude  japbnaiseestqueles 
artisans  adoptent  fréquemment  un  jeune  homme  qui  montre  des  disposi- 
tions pour  leur  métier  ;  ainsi  s'établit  la  continuité  de  la  tradition,  qui 
n'exclut  cependant  pas  de  nouveaux  perfectionnements. 

Les  papier»  à  écrire  sont  faits  soit  de  chanvre  de  petite  dimension, 
soit  de  l'aubier  de  YHydrangea  panigulata.  Ces  papiers,  appelés  robiki 
on  bidorogami,  sont  les  seuls  qui  soient  collés  et  blanchis.  Tous  les  au- 
tres papiers  conservent  la  couleur  jaunâtre  ou  verdâtre  de  leur  matière 
première. 

Le  papier  pour  étoffes  et  u»iensiles  est  également  fabriqué  en  eubicr 
de  divers  arbres,  savoir  le  mûrier  à  papier  {Brouasonetia  papyrifera), 
la  Petserina  gampi,  YEdgeworthia  papyrifera.  De  ces  substances  oa 
fait  les  mouchoirs  de  poche  japonais,  des  tapisseries  de  muraille,  des 
paravents  qui  se  plient  et  se  déplient,  des  parois  de  .séparation  entre  deui 
appartements.  Imbibé  d'huHe,  ce  papier  est  utilisé  pour  faire  des  carreaux 
de  fenêtres,  des  parapluies  et  des  waterproofs  ou  des  toiles  d'emballage 
pour  les  marchandises.  Ce  dernier  papier  est  le  papier  de  cuir  appelé 
tozatenkagami,  et  dont  il  faut  coller  plusieurs  feuilles  les  unes  sur  les 
autres.  L'buile  qui  imbibe  ce  papier  provient  du  fruit  du  Celtig  WiUde- 
notviana.  Le  papier-cuir  sert  de  carton  pour  l'exécution  des  travaux  de 
relieur,  de  galnier,  de  coffrelier.  11  sert  aussi  à  faire  des  boites  et  plus 
rarement  des  caisses  qui  reviennent  alors  plus  cher  que  des  caisses  en 
bois.  Ënduii  de  laque,  le  papier-cuir  remplace  ce  que  nous  appelons  pa- 
pier mâché.  On  en  fait  aussi  divers  effets  d'habillement  d'été,  des  mousti- 
quaires, une  certaine  espèee  de  papieis^rêpe. 

Les  papiers  de  fantaisie  sont  le  papier  du  diable,  qui  est  mince  et 
présente  l'apparence  d'un  tissu  ;  on  y  imprime,  au  patron,  des  dessins 
dentelés.  Ce  papier  est  employé  pour  fabriquer  des  lanternes,  des  fenêtres. 
Le  papier  à  éventail,  le  papier  sur  lequel  on  écrit  des  poésies  fugitives,  le 
papier  à  revêtir  les  murs,  et  sur  lequel  on  colle  encore  des  dessins  à  la 
main  ou  des  patrons  découpés,  sont  également  des  papiers  dits  de  fan- 
taisie. 

Le  papier  européen,  surtout  pour  l'éeriture  et  l'imprimerie,  tend  à  se 
substituer  aux  papiers  japonais.  Rappelons  à  ce  propos  que  l'un  de  nos 
compatriotes,  M.  Renard,  donnait  il  y  a  quelques  années,  dans  un  rapport 
au  Ministre  de  l'agriculture  et  du  commerce,  d'intéressants  détails  sur 
l'industrie  du  papier  au  Japon. 


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JAPON.  CORÉE.  491 

8rj9 .  Dcr  Mineralreichlhum  in  Japan.  Oe»terreich,  MonaUschrift  fur  den 
Orient.  Wien,  1876,  n«  3,  p.  43-44.. 

D'aprèii  un  rapport  de  M.  Plunkett,  secrétaire  de  la  légation  angLiise  ù 
Yeddo,  le  Japon  n'occupe  pas  un  ruiig  élevé  au  point  de  vuo  des  ressources 
minérales.  Toute  la  production  de  l'année  1874  représente  une  valeur  de 
752818  livres  sterling'  (18  821)450  rrancs),danâ  laquelle  celle  dos  liuuillcs 
entre  pour  398125  livres  sterling  (9953125  francs);  de  sorte  que  tout 
le  rendement  de  Tor,  de  l'argent,  du  fer,  du  ploinli  et  de  l'étain  est  repré' 
sente  par  354000  livres  sterling-  (8850000  francs)  à  peu  près.  Cette  in- 
fériorité s'explique  par  l'arriéré  des  méthodes  d'exploitation. 

La  plus  grande  partie  de  la  houille  vient  ilu  district  de  Nangasoki.  La 
plus  importante  et  la  plus  féconde  houillère,  et  la  seule  qui  soit  exploitée 
d*une  manière  rationnelle,  est  celle  de  l'Ile  Takasima,  à  Î6  kilomètres  de 
Nangasaki.  Cette  houillère  est  actuellement  entre  les  mains  d'une  Société 
japonaise  qui  a  une  concession  franche  d'impôts  pou^  cinquante  ans.  De 
35000  tonnes,  en  1869,  le  rendement  monta,  en  1874,  à  72000  tonnes. 
Le  charbon  de  Takasima  vaut  le  charbon  anglais.  Il  y  en  a  encore  dans  l'Ile 
Koyaki,  au  district  de  Karatson,  puis  aux  environs  de  Yeddo  et  de  Niégata. 
Elles  sont  inexploitées  jusqu'à  ce  jour.  £a  moyenne,  la  tonne  vaut  une 
livre  sterling. 

Le  cuivre  japonais  est  excellent,  il  est  pur  de  tout  alliage  d'antimoine  et 
d'arsenic.  Les  migrais  donnent  ordinairement  de  2  et  demi  jusqu'à  12 
etdemi  pour  100.  Mais  les  deux  cents  mines  de  cuivre  du  Japon  n'ont  donné, 
en  1874,  que  3000  tonnes  do  cuivre  rafliné;  les  meilleures  sont  celles 
d'Ani,  dans  le  district  d'Akitou.  Le  principal  marché  indigène  pour  le 
cuivre  est  Osacca;  la  plus  grande  masse  se  débite  dans  les  Indes  anglaises. 

L'or  et  l'argent  se  trouvent  au  Japon  en  très-petites  quantités  seule- 
ment. Dans  la  province  d'Hitakhi  on  retire  du  fer  de  riches  minerais.  Les 
mines  se  trouvent  dans  le  voisinage  de  Nakako^ka,  localité  située  sur  une 
rivière  navigable.  —  Dans  la  province  de  Rikoushiou  on  trouve,  non  loin  du 
port  de  Kameishi,  de  riches  dépôts  de  fer  magnétique.  Le  gouvernement  y 
projette  l'établissement  de  grandes  usines.  Comme  la  plus  importante  mine 
de  plomb  on  désigne  celle  d'Ani,  aux  environs  du  lac  de  Biwah. 

M.  Plunkett  con.«tate  l'exclusion  qui  frappe  toujours  les  étrangers  et 
leur  défend  la  qualitéd'nctionnaires  ou  d'associés  dans  une  exploitation  mi- 
nière. Us  ne  peuvent  être  qu'ingénieurs,  mineurs  ou  employés  de  sur- 
veiUance  et  doivent,  à  chaque  engagement,  signer  un  acte  constatant 
qu'ils  n'ont  aucune  part  dans  la  mine.  Même  le  propriétaire  foncier  indi- 
gène d'une  mine  n'a  le  droit  d'ouverture  et  d'exploitation  de  la  mine  que 
lorsqu'il  a  obtenu  une  concession  au  moins  do  quinze  ans.  11  est  probable 
que  sans  les  capitaux  étrangers  et  sans  un  plus  grand  nombre  d'employés 
européens  l'industrie  minière  ne  prospérera  jamais  au  Jupon. 

SCO.  Japaiiische  Eisenbalinen.  Oesterreichische  MonaUschrift  fur  den 
Orient.  Wien,  1876,  «•  2,  p.  29. 

Il  existe  actuellement  an  Japon  deux  lignes  en  exploitation  :  celle  de 
Yokohama-Tokio  (2i^  kilomètres),  puis  celle  de  Kobé  (Hiogo)-Osacca(326 
kilomètres).  La  construction  de  la  ligne  Osacca-Kioto  (434  kilomètres)  fut 
commencée  en  1874;  et  bien  qu'elle  exige  un  grand  nombre  de  travaux  d'art, 
elle  sera  cependant  achevée  sous  peu.  Outre  ces  lignes,  on  a  encore  pro- 
jeté une  communication  ferrée  entre  la  baied'Osacca  et  le  port  deTsou- 
i-ouga,  situés  sur  la  côte  nord.  Le  tracé  longerait  le  côté  est  du  lac  de 
Biwa  et  s'étendrait  de  Kioto  et  Otsou  à  Shiotsou  et  Tsourouga.  Enfin  on 


492  ASIE.  No»  837-867 

projette  encore  une  communication  directe  entre  le  lac  de  Biwa  et  la  .capi« 
tale-résidenee  de  Tokio. 

861 .  Le  commerce  du  Japon  pendant  les  années  1874  et  1875.  V Explo- 
rateur, IV,  1876,  p.  77. 

862.  Mayet  (G.-A.).  La  race  japonaise  et  ses  origines.  Archives  de  Mé- 
decine navale,  1876,  n»  d'août,  p.  104. 

863.  lUczYNSKi.  Ueber  die  geographischen  Karten  der  Lânder  des  âusscr- 
sien  Orients  und  andere  Dokumentc  der  Handels  dieser  f.ander  in 
den  Centralarchiven  von  Moskau.  Russische  Revue  de  Rôtlger, 
1876,  cah.  10,  p.  332. 

864.  Bbukton  (IL).  A  map  of  Mphon.  Scalc  :  20  miles  to  tiie  inch 
(iTs67T<nR})*  ^^^^  l'annonce  dans  le  Geograp/ûcal  Magazine  de 
^ar/îAâm,  1876,  n»6. 

865.  Kempermann  (P.).  Corea  und  dessen  Einfluss  auf  die  Bevôlkerung 
Japan's.  Zeitsch,  fur  Ethnologie,  Sitzungsbericht,yill,  1876,  p.  78. 

866.  RiDEL  (MgrF.-C,  vie.  apost.  de  Corée).  Lettre  sur  la  Corée  et  son 
église  chrétienne.  Bulletin  de  la  Soc.  de  Géogr,  de  Lyon,  1870, 
t.  T,  n«  3,  p.  278-282.  , 

867.  PuziLLo.  Essai  d'un  dictionnaire  russo-coréen  et  coréo-russe.  Ar- 
ticle critique  dans  Vlsvestiïa  de  la  Société  Impériale  géographique 
de  Russie,  1875,  vol.  XI,  n«  6. 

Ambassade  coréenne  au  Japon. 

En  février  1876,  les  envoyés  respectifs  des  gouvernements 
du  Japon  et  de  la  Corée  signaient  un  traité  composé  de  douze 
articles,  dont  Tun  est  un  renoncement  du  Japon  à  sa  suze- 
raineté sur  la  Corée.  Cette  suzeraineté,  qui  remontait,  dit-ou, 
à  2000  ans,  le  Japon  avait  dû  la  défendre  à  plusieurs  reprises 
contre  les  soulèvements  des  Coréens.  Depuis  un  demi-siècle 
cependant,  elle  n'était  plus  guère  que  nominale. 

Le  traité  diplomatique,  dont  il  faut  faire  honneur  à  un 
homme  d'État  japonais,  M.  Kutoda,  a  été  suivi  d'un  traité  de 
commerce  qiii  n'impliquera  que  les  Japonais,  mais  grâce  au- 
quel, bon  gré  mal  gré,  le  commerce,  par  Tac!  ion  de  la  race 
blanche,  pénétrera  dans  un  pays  fermé  inexorablement  jusqu'ici 
aux  étrangers.  A  la  suite  de  ce  traité,  la  Corée,  le  Tchosèn, 
comme  l'appellent  ses  habitants,  a  envoyé  au  Japon  un  ambas- 
sadeur accompagné  d'une  suite  de  quatre-vingts  personnes. 

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Japon,  gorée.  493 

Le  gouYeniemcnt  de  Yeddo  lui  a  montré  les  ressources  de 
sou  pays,  l'a  promené  en  chemin  de  fer  et  sur  un  steamer  di- 
rigé entièrement  par  des  Japonais,  Ta  fait  assister  à  une  grande 
revue  et  à  des  expériences  de  télégraphes,  de  canons  de  gros 
calibre  et  de  torpilles. 

L'envoyé  coréen  est  reste  impassible  et  n'a  manifesté  un  peu. 
d'étonnement  qu'en  chemin  de  fer.  Sa  suite  a  éprouvé  quel- 
que frayeur  au  fracas  de  la  grosse  artillerie.  L'ambassadeur  a 
montré  aussi  fort  peu  d'empressement  vis-à-vis  des  ministres 
étrangers,  marquant  par  là  que  son  pays  n'est  point  disposé  à 
entrer  en  relations  avec  les  peuples  d'Occident. 

C'est  la  première  fois,  croyons-nous,  que  la  Corée  envoie  un 
ambassadeur  en  pays  civilisé.  Toutes  les  années,  rappelons-le 
pôurtiinl,  un  envoyé  coréen,  suivi  de  deux  cents  personnes, 
officiers,  serviteurs  et  mandarins,  se  rend  à  Pékin  pour  y  por- 
ter le  Iribut  de  la  Corée  à  la  Chine.  Le  voyage,  qui  dure  trente 
jours,  se  fait  avec  des  chariots,  en  contournant  le  golfe  de  Liao- 
Toung.  Les  marchands  apportent,  des  quantités  de  ce  fort  pa- 
pier coréen  qui  sert  de  carreaux  pour  les  fenêtres  ;  ils  appor- 
tent aussi  des  étoffes  de  colon  très-serrées  et  quantité  de  poudre 
d'or.  Les  marchands  sont  habillés  en  calicot  blanc  et  les  grands 
personnages  de  la  caravane  portent  des  vêtements  en  soie  de 
couleurs  claires.  La  plupart  ont  des  chapeaux  à  larges  bords, 
dont  les  fines  tresses  de  bambou,  vernies  en  noir,  sont  reliées 
par  dos  crins  de  cheval.  Quelques-uns  ont  comme  coiffure  des 
sortes  de  filets  eu  crins  de  cheval  admirablement  tressés. 

Le  traité  entre  lu  Corée  et  le  Japon  stipule  qu'un  petit  port 
coréen,  Fousan,  sera  immédiatement  ouvert  au  commerce  ja- 
ponais et  que  deux  autres  le  seront  une  vingtaine  de  mois  à 
à  partir  de  la  signature  du  traité.  Les  Japonais  auront  le  droit 
de' dresser  une  carte  hydrographique  des  côtes  coréennes,  et 
chacun  des  deux  pays  se  fora  représenter  auprès  de  l'autre. 

Le  Japon  a  reclierché  quels  produits  il  pourrait  bien  recevoir 
en  échange  de  ses  soies  et  de  ses  thés,  qu'il  compte  introduire 
eu  Corée  ;  n^ais  la  presqu'île  coréenne  est  encore  à  peu  près 

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494  ASIE.  S<»-  837-867 

inculte  et  les  montagnes  y  sont  même  dépourvues  de  forêts. 
Le  tabac,  le  riz,  le  sésame  oriental  sont  les  seules  productions 
végétales  du  pays.  On  ne  connaît,  jusqu'à  présent,  que  des 
mines  de  fer  et  des  mines  de  charbon.  Ce  dernier  produit,  eu 
raison  de  la  pénurie  de  bois,  y  vaut  un  prix  élevé  et  le 
chauffage  est  d'une  cherté  extrême.  Les  Coréens  ont  d  excel- 
lents bœufs  et  des  porcs  d'une  taille  extraordinaire.  La  mon- 
naie d'or  n'existe  pas  en  Corée  et  la  monnaie  d'argent  y  est 
fort  rare.  L'unité  monét^iire  est  le  dzen,  qui  vaut  une  très- 
petite  fraction  de  centime.  D'après  le  correspondant  d'un 
journal  japonais  auquel  ces  détails  ont  été  empruntés  par  le 
Journal  de  Saint-Pétersbourfff  les  Coréens  ne  mangent  pas 
de  poisson. 


XV 

PRESQU'ILE  INMMHINOISE.  BIRMANie.  COCHINCNINE 

868.  Desgooins  (l'abljé).  Le  cours  supérieur  des  fleuves  de  Tlndo- 
Ghine.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  1876,  u<*  d*août, 
p.  202  à  205. 

869.  Heli.wald  (Fried.  Y0^).  Hinterindische  Lânder  und  Yôlkcr  in  den 
Flûssgebieten  des  Irawaddy  und  Menam.  Leipzig,  1876.  1  vol. 
gr.  8«. 

870.  [L.  G.)*  Les  eipéditions européennes  dans  l'extrême  Orient.  L'em- 
pire Birman.  Revue  politique^  2»  série,  t.  X.  Paris,  1876,  p.  Il  à 
19. 

871 .  Thomas  Anquetil.  Aventures  et  chasses  dans  l'extrême  Orient.  3» 
partie.  La  chasse  au  tigre.  Paiis,  1876, 1  vol:  in-18. 

La  région  visitée  par  M.  Anquetil  est  la  Birmanie.  11  est  regrettable  qu6 
l'auteur  n'ait  pas  réuni  en  un  volume  à  partd'exccUenlârenscignemenls 
commerciaux  et  autres  que  renferme  cet  ouvrage,  au  milieu  de  récit»  de 
"  chasse  qui  sont  ce  que  sont  généralement  les  récits  de  chasse. 

822.  TiiéoBALD  (W.).  On  the  geology  of  Pegu,  avec  9  planches  et  une 
carte.  Memories  of  the  Geological  Survey  ofindia.  Vol.  X,  part.  2*. 

875.  Dlyth.  Catalogue  of  the  mammals  and  bii\ls  of  Biirmah.  Journai 
of   the    Asialic  Socieiy  of  Bengal,  part.   11»  août   1870 ,   etc. 


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PRESQU'ILE  INDO-CHINOISE.  BIRMANIE.  GOGIIINGIIlNE.      4Ôb 

Âi^ticle  critique  dans  ie  Geographical  Magazine  de  Markham, 
187(5,  n»  3,  p.  73. 

La  faune  du  Birman  est  une  réunion  «ie  celle  de  l'Indouslan  avec  celle 
de  Sumatra  et  de  la  presqu'île  malaise.  Cest  ainsi  qu*ou  y  trouve  le  lapir 
malais,  espèce  différente  du  tapir  américain,  mais  dont  aucune  ne  se 
trouve  dans  Tlndoustan.  Puis  un  singe  volant,  le  Cobego  {Galeopithecu» 
volans).  Les  mammifères  volants  appartiennent  engcnéralà  TAuslralasie, 
à  la  Malaisie,  et  à  quelques  lies  de  la  Mélaaésie  (écureuil  volant,  kinkajou 
volant).  On  en  a  conclu  que  tout  cet  archipel  devait  former  autrefois  un 
continent. 

874.  I^TZBL  (Fbiedrich).  Ârakan  unler  Britischer  Regierung.  Glolms, 
XXX,  1876,  p.  284. 

875.  Report  on  the  province  of  British  Burmah  in  4874-75.  Rangoon, 
1876,  8».  Yoy.  aussi  Globus,W\,  1876,  p.  208. 

876.  Handelsbericht  aus  Moulmeinfûr  1875.  Preussich.  Handelsarchiv, 
1876,  n-  25. 

877.  IIuREAD  DE  Villeneuve.  La  Birmanie  au  point  de  vue  du  commerce. 
Lille,  1876,  8». 

878.  CoRYTos  (F.).  Trade  routes  between  British  Burmah  and  Western 
China.  Journal  ofthe  Roy.  Geogr,  Society,  XLV,  1876,  p.  229. 

879.  Net  Elias.  Introductory  sketch  ofthe  history  ofthe  Shans  in  Up- 
per  Burmah  und  Western  Yunnan.  Calcutta,  1876,  in-8. 

88U.  Gordon  (Ch.^Alex.V  Our  tripto  Burmah,  with  notes  on  thalcouu- 
try.  Loiidon,  1876,  in-8. 

881.  Les  Carians  dans  la  Birmanie  orientale  et  méridionale.  Missiotts 
Catholiques.  Lyon,  1876,  8*  année,  p.  126,  245,  422,  545,  593. 

882.  Heraitd  (G.),  ingénieur  hydrographe.  Annuaire  des  marées  de  la 
BasseiCochinchine  pour  l'an  1877.  Paris,  1876,  in-32  (publication 
du  Dépôt  de  la  marine). 

Mous  empruntons  à  ce  document  des  positions  géographiques  de  la  Go- 
chincliine  et  duTon-Kin,  d'après  les  plus  récentes  déterminations. 

LAT.  R.        LONG.  EST  (PARIS) 

Saigon  (observatoire) 10«46'47''  104'>2r00? 

Cap  Saint-Jacques  (phare) lO^lS'^O"  iOi'^A^àQ'' 

Ha-.\oï  (lour  de  la  citadelle) 2l«0r57"  iOùHS'Hd" 

Nam-Dinh  (tour  de  la  citadelle).  .   .   .  ÎO^^S'SO"  103«48'27" 

Haï-I»hong  (pagode  de  l'obàcrvatoire)  .  ÎO^ol'iS"  lO^^ig'OS" 

Hon-Dan  (phare) 20'^40'03"  104«26'i:5" 

883.  Brossard-de  Cokbigny.  Carte  générale  de  la  Cochinchine  française, 
réduction  de  la  carte  du  commandant  Bigrel.  Paris,  1876,  2  feuil- 
les. Publication  du  Dépôt  de  la  marine. 

884.  Morice  (docteur  a.).  Voyage  en  Cochinchine  pendant  les  années. 
1873-1874.  Lyon,  1876, in-8.  Yoy.  aussi  :  Bulletin  delà  Société  de 


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496  ASIE.  N-  868-913 

Géographie  de  Lyon,  1876,  1. 1,  n*  3,  p.  193  ;  Tour  du  Mande, 
1876,  n*  779  et  suiv.,  et  Glofmi,  1876,  XXIX,  p.  193,  209,  225. 

Courte  mais  trës-iiit6re>saiite  relation  d'une  tnTeisée  de  la  Gocliinciiioe 
de  l'est  à  l'ouesl,  entre  Saigon  et  l'Ile  riiu-coc. 

885.  Tirant  (docteur  G.).  La  Cochinckiae  fi-auçaise.  Bulletin  delà  So- 
ciélé  de  Géographie  de  Lyon,  1876,  1. 1,  n*  5,  p.  433-4:>0. 

886.  Tr'uokg-Ylih-Kt  (1*etrus).  Petit  cours  de  géographie  de  la  Bassc- 
Gochinchine,  1. 1,  Saigon,  1875,  ia-12. 

Très-lionne  petite  géographie  dont  l'auteur  est  un  Annamite  des  plus 
énidits.  On  y  trouve  les  noms  des  ports,  fleuves,  lies,  montagnes,  en  an- 
namite et  en  chinois. 

887.  Du  même.  Petite  histoire  de  la  province  de  la  Dasse-Gochiu- 
cliine.  Saigon,  1875,  iu-8. 

Ce  premier  volume  va  de  2874  av.  J.  C.à  1428  de  l'ère  chrétienne. 

888.  lIoRiCE  [docteur  A.).  Quelques  mots  sur  racclimatement  des  races 
humaines  et  des  animaux  dans  la  Basse-Cocliinchine.  Revue  d'an- 
thropologie, V,  1874,  p.  489. 

889.  Atmokier  (£.].  Géographie  du  Cambodge.  Paris,  1876,  8«. 

M.  Ayinonier,  auquel  on  devait  déjà  une  excellente  nolice  sur  le  Cam- 
Ijodge  (voy.  Année  géographique^  t.  XllI,  p.  245),  nous  donne  aujour- 
d'hui une  géographie  qui  ue  présente  pas  moins  d'intérêt  et  dont  la  lec- 
ture e:jt  l'acililée  par  uue  petite  carte  très-claire  (l/l,3iK),000)  annexée  au 
volume. 

890.  H  ARMAND  (docteur  J.).  Voyage  au  Cambodge.  Bulletin  de  la  So- 
ciété de  Géographie,  1876,  n»  d'octobre,  p.  337  à  367. 

891.  Haut  (E.  T.).  Notes  sur  les  collections  d'histoire  naturelle  re- 
cueillies par  M.  le  docteur  Harmand  pendant  son  voyage  au  Gaai- 
bodge.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  1876,  vol.  de  juin, 
p.  663  à  6C5. 

892.  WisEuus  (J.-A.-B.).  Aantekening  over  verschillende  volkstammen 
die  het  Koningrgk  Kambodja  bewonen.  Tifdschr.  voor  Nedcr» 
landsch  Indië,  1876,  1,  p.  353. 

893.  TooRKAroMo.  Les  missions  cathoHques  d'Ânnam.  U Explorateur,  Ilf, 
1876,  p.  222. 

894.  BoDiLLEVAOx  (ancien  missionnaire).  L'Annam  et  le  Cambodge. 
Parié,  Palmé,  1825,  in-8.  Article  critique  ddnslai Revue  politique, 
2«  série,  Yi«  année,  1876,  n*  2,  p.  39. 

895.  Handels-und-schiffahrtsbericht  aus  Saigon,  fur  1874.  Preutsisch. 
Handelsarchiv,  1870,  n»  15. 

£96.  Li'RO  (H.),  lieutenant  de  vaisseau.  Cours  d'administration  anna. 
mite.  Saison,  1875,  1  vol.  in-4*. 

Ce  cours,  prorcbscpar  un  ofGcier  d'un  grand  mérite,  n'a  été  publié  qa'ra 
auiogiaphie  et  à  un  petit  nombre  d'exemplaires.  11  ebt  plein  d'utiles  don- 
nées sur  riiiaiuiie  et  la  vie  soVialc  des  Annamites. 


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PBESQUUË  INDO-GHINOISE.  BIRMANIE-.  GOGHINGHINE.      497 

897.  PuiLASTRB  [lieutenant  de  vaisseau).  Gode  annamite,  traduit  etan> 
noté.  Parisy  1876,  2  forts  vol.  in-8. 

898.  Gros  (J.).  L'Annam.  L'Explorateur,  III,  1876,  p.  174. 

899.  GoRniER  (Enrico).  Il  Tongking,  Cosmos  de  Guido  Cora,  1876,  vol. 
XlX,fasc.  8,  p.  281  à  291. 

900.  Meyniard  (Charles).  L'Exploration  française  du  fleuve  Rouge  au 
Tongkin.  Bévue  scientifique,  2«  série,  VI"  année,  1876,  n»  15, 
p.  348  à  356. 

901 .  FosTPERTuis  (A.  F.  de).  L'ouverture  du  Tong-Kin  au  commerce. 
L'exploration  du  Songkoï.  Économiste  français^  1876,  n»  79, 
p.  728  à  750. 

902.  Du  même.  Les  ressources  naturelles  du  Tongkin,  d'après  une 
source  anglaise.  Économiste  français^  1876,  n«  51,  p.  793  à  749. 

905.  RoMANET  DU  Gaillaud  (F.).  De  l'origine  du  nom  de  Tong-King.  £u/- 
letin  de  la  Société  de  Géographie,  1876,  vol.  de  mars,  p.  351 
332. 

904.  CoRDnR  [H.].  Les  voies  commerciales  du  Tong-King.  U  Explorateur  ^ 
IV,  1876,  p.  59. 

9'i}5.  Ddpuis  (J.).  La  route  commerciale  française  du  golfe  de  Tong> 
King  à  la  Chine  par  le  fleuve  Rouge.  V Explorateur,  IV,  1876, 
p.  204. 

906.  Lesserteub  (le  Père  E.).  Étude  sur  le  Tong-King.  Origine  du  nom 
et  Géographie  physique.  Missions  Catholiques.  Lyon,  1876,  8*  an- 
née, p.  201,  212,  222,  234,  247,  260,  273. 

907 .  Monroozier.  Annam.  Le  Tong-JUng  méridional.  Géographie  phy- 
sique. Missions  Catholiques.  Lyon,  1876,  8*  année,  p.  82, 94,  117, 
129,  141,  154,  176. 

908.  Preussich,  Bandelsarchiv,  1876.  Handels  und  Schiffahrtsbericht 
aus  Rankok,  fur  1875.  1876,  n»  35.  —  Rangoons  Handel  und  Schif- 
fahrtinl875.  1876,  n»22. 

909.  MiKLDCBo  Mâclat  (N.  N.).  Tampat-Senang.  Stazione  zoologica  de 
punto  più  méridionale  dell'  Asia.  Cosmos  de  Guido  Cora,  vol.  III, 

1875,  fasc.  II,  III,  p.  117-119. 

» 

910.  Du  même.  Voyage  dans  la  péninsule  malaise  (en  russe).  Isvestiïa 
de  la  Société  Imp,  géographique  russe,  vol.  XII,  1876,  n«  1,  part. 
2",  p.  46-47,  avec  carte. 

911.  Ransonhet  (baron  Eugen  von).  Skizzen  aus  Singapur  und  Djohor. 
Braumchweig,  1876.  Article  critique  par  M.  A.  Becker  dans 
MitlheiL  der  Geogr.  Gesellsch.  in  Wien,  vol.  XIX,  1876,  cah.  4,  p. 
272-273. 

912.  SxiiimER  (A.).  Les  États  malais  et  leurs  conditions  actuelles.  AuS' 
tand,  1876,  n*  11,  p.  205. 

l'année  6É06R.  XV.  3SL^  T 

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408  ASIE.  N- 868-943 

915.  St  JoHy  (Horace).  The  Malayan  Penînsuh.  Geograpk.  Magazine  de 
Markham,  1876,  n«  1,  p.  5  à  7. 

Histoire  à  grands  traits  des  colonisations  et  occnpations,  dans  ces  con- 
trées, des  trois  puissances  européennes,  portugaise,  hollandaise  et  anglaise. 

La  presqu'île  Malaise  est,  dans  toute  sa  longueur,  traversée  par  une 
chaîne  centrale  qui  descend  fusqu'à  la  cAte  dans  les  mêmes  proportions  de 
pente  du  côté  de  l'est  et  du  côté  de  l'ouest.  Le  pays  est  inhospitalier, 
mais  bien  arrosé,  d'une  végétation  luiuriante,  et  riche  en  épaisses  forêis. 
Les  prives  marécageuses  des  nombreux  cours  d'eau  sont  couvertes  de 
palétuviers,  servantp  comme  de  palissades  aux  demeures  suî>pendues  en 
l'air. 

La  grande  richesse  de  la  péninsule  consiste  en  mines  d'étain,  les  meilleures 
du  monde  entier  parla  quantité  comme  par  la  qualité  du  métal;  puis.avee 
un  peu  d'or  et  d'argent,  divers  arbres  à  gomme,  à  cire,  des  denrées  colo- 
niales, enfin  d'excellents  bois.  De  magnifiques  oiseaux  au  plumage  éblonis- 
sant,  qui  sont  aujourd'hui  la  proie  des  serpents,  pourraient  devenir  un 
article  lucratif  de  commerce. 

Les  régions  oôtières  sont  habitées  par  une  population  aux  tribus  les 
plus  diverses  :  ce  sont  les  Bougnis  ou  bohémiens  de  la  mer,  c*esi^-dire 
vagabonds  et  voleurs  en  détail;  les  Samsams  ou  voleurs  en  gros,  les 
Siamois  industriels  un  peu  mous,  puis  les  Malais,  qui  les  dominent  tous: 
ces  deux  derniers  s'occupent  surtout  d'agriculture,  de  commerce,  d'in- 
dustrie et  de  pêche.  Les  Malais  y  ajoutent  au  besoin  la  piraterie.  Mais 
ils  ont,  dans  cette  spécialité,  trouvé  de  rudes  rivaux  et  même  des  en- 
nemis mortels  dans  la  tribu  des  Rayet-Laut,  pirates  ichthyophages,  qui 
ont  adopté  lu  langue  des  Malais,  adoptent  souvent  leur  religion,  mais  n'ont 
pas  de  demeures  fixes.  Ils  construisent  sur  la  côte  des  villages  qu'ils 
aliandonnent  avec  la  fin  de  la  saison  de  la  pêche  ;  puis,  sur  des  barques, 
de  leur  construction,  ils  partent,  au  commencement  du  mois  de  mars,  avec 
le  vent  de  l'est  (dit  «  vent  des  pirates  »)  pour  s'en  aller  écumer  la  mer 
jusqu'au  changement  des  moussons,  en  novembre  et  décembre. 

Les  États  soumis  aux  radjahs  sont,  sur  la  côte  occidentale,  dn  nord 
au  sud,  ceux  de  Quedah,  Pérak,  Salangore,  Malacca,  Johore  ;  tandis 
qu'à  Test  nous  rencontrons,  en  remontant  du  sud  au  nord,  ceux  de 
Pahang,  Kemanan,  Zingaun,  Kalantan,  Patani.  Dans  l'intérieur,  enfin,  on 
trouve  du  nord  au  sud  une  troisième  ligne  d'États  formée  par  le  Jellalon, 
le  Jambole,  le  Sungre,  l'Oujong,  le  Sirmenanti,  le  Rnmbowe,  le  Joiiole, 
le  Jehlje.  et  le  Seganet,  qui  rejoignent  Johore  et  Malacca. 

Les  Etats  centraux  qui  viennent  d'être  énumérés,  presque  inconnus  jus- 
qu'à ce  jour,  sont  restés  indépendants,  tandis  que  les  souverains  des  Étals 
littoraux  de  Quédah,  de  Malacca  et  de  Johore  subissent  plus  ou  moins 
l'influence  anglaise.  La  péninsule  malaise  semble,  du  reste,  destinée  i 
passer  tôt  ou  tard  sous  la  domination  britannique. 


Toyage  du  docteur  Harmand. 

Un  médecin  de  notre  marine,  le  docteur  J.  flarmand,  s*est 
fait,  depuis  quelques  années,  une  place  des  plus  honorables 
au  nombre  des  explorateurs.  Doué  d'une  volonté  et  d'une  santé 
également  robustes,  il  a  pris  comme  terrain  d'exploration  les 


yGoogL 


e 


PRESQU'ILE  INDO-GHINOISE.  BIRMANIE.  GOGHINGHINE.      499 

province^  cambodgiennes  et  siamoises  mal  connues  qui  sont 
situées  au  nord  du  grand  Lac,  sur  la  rive  droite  du  Cambodge 
(no  890). 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  citer,  à  ce  sujet,  des 
passages  d'un  rapport  inédit  présenté  par  M.  de  Quatrefages,  de 
rinstitut,  à  la  Commission  'des  Voyages  et  MismnSy  con- 
stituée au  Ministère  de  l'instruction  publique. 

c  L'espace  parcouru  par  M.  Harmand  est  compris  entre  les 
15*  15'  et  W  50'  de  latitude  nord  et  les  1Û2«  15'  et  103*  40' 
de  longitude  est  de  Paris.  Toute  cette  région  était  restée, 
à  très-peu  près,  entièrement  inexplorée  jusqu'à  ce  jour.  Notre 
voyageur  en  a  rapporté  des  documents  d'un  intérêt  sérieux 
au  point  de  vue  géographique. 

«  En  etTet,  lorsque  Ton  compare  sa  carte  avec  celle  de  l'expé- 
dition du  Mékong,  dressée  par  Francis  Garnier,  on  est  promp- 
tement  frappé  par  d'assez  grandes  différences.  Non-seule- 
ment la  carte  de  M.  Harmand  renferme  des  détails  que  ne 
pouvait  présenter  celle  de  son  héroïque  et  malheureux  prédé- 
cesseur, mais  elle  rectifie  des  erreurs  évidemment  dues  d'ail- 
leurs à  des  observations  incomplètes  ou  à  de  faux  rensie- 
gnements.  Ainsi,  le  Sé-lamphau  ou  Tonlé  Répaii  de  F. 
Garnier  est  figuré  par  ce  dernier,  comme  coulanf  directe- 
ment de  l'ouest  à  Test;  en  réalité,  sa  course  est  de  l'ouest- 
nord-ouest  à  l'est-sud-est.  Mais  l'un  de  ses  affluents  a  bien  la 
direction  indiquée  par  l'expédition  du  Mékong.  On  comprend 
sans  peine  que  H*  de  Lagrée  et  ses  compagnons,  qui  sur  ce 
point  ont  remonté  le  fleuve  sans  s'arrêter,  et  n'ont  dû  jugçr 
que  par  ouï-dire,  aient  pu  être  incomplètement  renseip[nés. 

«  M.  Harmand  a  remonté  Sé-lamphau  jus(|u'à  sa  source  dgn^ 
les  montagnes  de  Dong-rec  (Kmer)  ou  dç  Phu-dep-rQuang  (Lao)  ; 
malheureusement  cette  rivière,  assez  considérable  à  son  pnj» 
bouchure  dans  le  Mékong^  et  quj  semblait;  devoir  ouvrir  au 
commerce  une  vqie  norivelle  pénétrant  au  coepr  des  contrées 
riveraines  un  peu  au-deçsofis  des  cataractes  de  Kong,  ce3se 
d'être  navigable  à  une  distance  fort  courte  de  son  embouchure. 


500  ASIE.  N-  868-013 

Après  quelques  heures  de  pirogue,  notre  voyageur  dut  aban- 
donner la  voie  de  la  rivière,  et  c'est  par  terre  qu'il  poursuivit 
sa  route  jusqu'aux  monts  Dung-rec,  qui  séparent  ce  bassin  de 
celui  du  Sé-mun. 

a  Le  Stung-sen  a  été,  de  la  part  de  M.  Harmand,  l'objet  de 
rectifications  analogues  à  celles  que  je  viens  d'indiquer  :  sur  la 
carte  de  F.  Garnier,  cette  rivière  est  figurée  comme  débouchant 
seule  dans  le  premier  bassin  ou  bassin  oriental  du  grand  lac; 
H.  Harmand  y  ajoute  deux  cours  d'eau  et  un  troisième  dont  l'em- 
bouchure est  dans  le  goulet  qui  réunit  les  deux  bassins.  Quant 
au  Stung-sen  lui-même,  la  carte  des  explorateurs  du  Mékong 
le  représente  comme  formant  une  légère  courbe  simple,  dont 
Taxe  est  à  peu  près  nord-est-sud-ouest.  Telle  est,  en  effet, 
l'orientation  delà  moitié  inférieure  de  la  rivière;  mais  près 
de  son  milieu  elle  s'infléchit  assez  brusquement  vers  le  nord- 
nord-ouest  et  se  dirige  presque  directement  du  côté  des  monts 
Dung-rec,  où  elle  paraît  prendre  sa  source.  Dans  cette  partie 
de  son  trajet,  elle  reçoit  divers  cours  d'eau.  Le  plus  considé- 
rable vient  du  nord  et  atteint,  soit  par  lui-même,  soit  par  des 
afQuents,  le  voisinage  du  Sé-lamphau.  Le  point  de  partage  des 
eaux,  par  conséquent  le  faîte  qui  sépare  le  bassin  du  Mékong 
du  bassin  des  lacs,  se  trouve  dans  une  grande  et  belle  forêt 
marécageuse  qu'a  traversée  M.  Harmand.  Bien  avant  d'avoir 
reçu  ces  affluents,  le  Stung-sen  est  une  rivière  considérable. 
Notre  voyageur  Ta  traversée  à  peu  près  vers  le  premier  cin- 
quième de  son  cours,  et  le  lit  avait  déjà  80  mètres  de  large. 

«  Une  rivière  qui  semble  devoir  être  aussi  importante  que  le 
Stung-sen  est  le  Stung-khinit  ou  Stung-baroung,  qui  se  jette 
dans  le  canal  de  communication  placé  entre  les  grands  lacs  et 
le  fleuve.  Cette  rivière  ne  figure  pas  sur  la  carte  de  F.  Garnier. 
Du  reste,  M.  Harmand  ne  l'a  pas  visitée,  et  l'itinéraire  de 
M.  Garcerie  ne  la  coupe  que  sur  un  seul  point.  C'est  encore 
dans  une  grande  forêt ,  probablement  analogue  à  celle  dont  je 
parlais  tout  à  l'heure,  que  se  fait  le  p:irtage  des  eaux  entre  les 
petits  bassins  de  cetle  rivière  et  de  la  précédente. 

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PRESQU'ILE  INDO-CHlNOiSE.  BIRMANIE.  COCHIKGHINE.      501 

cLa  earte  de  H.  Harmand  renferme  bien  d'autres  détails  qu'il 
pourrait  être  intéressant  de  signaler  ;  mais  je  crois  en  avoir 
dit  assez  pour  que  la  Commission  apprécie  la  sérieuse  impor- 
tance de  cette  partie  des  travaux  de  notre  voyageur. 

<  L'expédition  à  travers  les  contrées  que  je  viens  d'indiquer  a 
été  très-difficile  et  très-rude  pour  M.  Harmand.  Son  compagnon, 
M.  Godefroy,  ancien  aide-botaniste  au  Muséum,  avait  dû  ren- 
trer précipitamment  en  France  pour  cause  de  santé;  M.  Har- 
mand restait  seul.  Il  n'avait  pu  se  procurer  comme  interprète 
qu'un  Annamite  fort  peu  au  courant  de  la  langue  française  et 
ne  parlant  que  sa  langue  et  le  cambodgien.  Deux  autres  Anna- 
mites et  un  Chinois  composaient  le  reste  de  son  escorte,  dbnt 
il  a  eu  souvent  à  se  plaindre.  Tant  qu'on  remonta  le  Cam- 
bodge, on  en  fut  quitte  pour  des  ennuis  et  des  retards,  mais, 
une  fois  parvenu  dans  l'intérieur,  le  voyageur  et  ses  compa- 
gnons eurent  parfois  à  souffrir  de  la  faim;  la  chasse,  à  laquelle 
M.  Harmand  pouvait  seul  se  livrer,  devint  leur  ressource  la 
plus  assurée;  mais  le  gibier  se  faisait  souvent  désirer,  et  quand 
on  le  rencontrait,  le  naturaliste  avait  parfois  le  regret  de  voir 
les  plus  beaux  spécimens  dont  il  aurait  voulu  enrichir  ses  col- 
lections, mis  en  pièces  par  sa  suite  affamée.  » 


•XVI 

ARCHIPEL  MALAIS 

9 14.  Transactions  de  la  Société  des  sciences,  lettres  et  beaux^arts  de 
Batavia  (en  hollandais).  Batavia,  ia-4. 

Le  Tolume  XXXVlf,  1875,  renferme  une  Bibliographie  complète  des 
Inde»  orientales  néerlandaises,  depuis  iGS9  jusqu'en  1870,  par  J.  A.  vau 
der  Chijs. 

915.  F.  T.  TnoM9oy.  Marco  Polo's  six  Kingdomsor  Ciliés  in  Java  minor 
or  Sumatra,  identified  in  translations  from  the  ancient  Malay  An- 
nais.  Proceedings  ofihe  Roy.  Geogr,  Soc,,  1876,  wl.  XX,  n»  III, 
p.  215  à  224. 

916.  Mëessën  (F.  A.].  Indiech  Album,  250  Photograiieu  in  der  Oost-ln< 

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502  ASIE.  N-  914-940 

dJschen  Archipel naar  de  Matur.  AmaierdamyF,  H.  Bussy^lSTO.— 
Article  critique  dans  Geogr,  Magazine  de  Markham,  1876,  n**  6> 
p.  165. 

917.  Metzger  (E.).  De  werkraamheden  van  den  geographischen  dieost 
in  Nederlandsch  IndiS.  Tijdschr.  van  ket  aardrijksk,  Genootsch. 
te  Amêterdam,  II,  1876,  p.  32. 

La  iriangnlalioD  des  Indes  orientales  néerlandaises  a  commencé  en 
1851,  en  m&me  temps  que  les  déterminations  astronomiques  et  baro* 
métriques.  Cest  un  travail  immense  pour  des  pays  tels  que  Sumatra 
dont  Tintérieur,  sur  de  grandes  étendues,  n'est  soumise  que  nominale- 
ment. Après  vingt-cinq  ans  de  travail,  on  paraît  avoir  reconnu  que  le 
personnel  attaché  à  ces  deux  services  était  insuffisant.  G*est  ainsi  qu'en 
n'a  pas  même  terminé  la  triangulation  de  Java,  ou,  si  la  plus  grande 
partie  du  travail  est  faite,  on  n'a  pas  du  moins  relié  encore  complète- 
ment les  trois  sections  Java  ouest,  Java  est,  Java  central,  entre  lesquelles 
^  on  avait  réparti  les  opérations.  Quant  aux  autres  lies,  surtout  'Sumatra, 
le  travail  est  fort  peu  avancé  et  on  songe  à  une  réorganisation  de  ces 
services. 

918.  Cordes  (F.  W.  H.).  De  Djati-Bosschen  in  Nederlandsch  Indiê.  — 
Tijdschr.  van  het  aardrijksk.  Genootsch.  te  Amsterdam,  1, 1875, 
p.  269. 

Les  forêts  de  Djati  sont  très-importantes  'pour  les  colonies  néerlan- 
daises. Djali  est  le  nom  que,  dans  les  îles  de  la  Sonde,  porte  Tarbre  de 
T^  {Tectonia  grandis),  pour  la  construction  des  navires.  Le  tèk  ou  djati 
fournit  de  solides  cuirasses. 

919.  Ybrbeek  (R.  D.  m.).  Barometrische  Hoogte  Taiel  voor  Nedarlandsch 
Indiê.  Tijdschr.  van  het  aardrijksk.  Genootsch.  te  Amsterdam^ 
1876,  t.  II,  n»  3,  p.  150. 

Tableau  de  hauteurs  barométriques,  en  millimètres,  calculées  pour  les 
Indes  néerlandaises,  avec  les  hauteurs  correspondantes  en  mètres,  depuis 
580  millimètres  (2187- ,4)  jusqu'à  763  millimètres  (— 31-,5).  Ce  tableau  a 
été  calculé  pour  rectifier  celui  qu'a  donné  l'ouvrage  d'Holtsche,  dans  le- 
quel les  valeurs  adoptées  étaient  trop  basses. 

9^0.  ScHiŒmER.  Geologische  Uebersicht  ûber  den  HoUândiscben  Ost- 
indischen-Archipel.  Jahrbuch  der  K.  K.  Geologisch.  ReichsanstaU 
in  Wien,  1876,  XXVI,  p.  113. 

921.  Bas  (F.  de).  Raarten  De  Residentie  van  Java  en  Madœra.  Amster- 
dam, 1876,  in-4. 

922.  Veth  (P.  J.).  Java.  Geographisch-etimologisch,  historisch.  Haar- 
lem^  1875.  Article  critique  dans  Geograph.  Magaûne  de  Marl^ 
ham,  1876,  n»  1,  p.  18-19. 

923.  FoxTANEAu.  Le  port  de  Batavia,  trad.  en  extrait  du  journal  anglais 
Engineer,  dans  la  Revue  maritime  et  coloniale  1876,  t.  XLII, 
p.  635-637. 

924.  Verbeek  (R.  D.  A.).  Over  de  Géologie  van  Java.  Tïjdschrift  van 
het  aardrijksk.  Genootsch,  te  Amsterdam,  1876,  n*7,  p.  291. 


yGoogk 


ARCHIPEL  MALAIS.  503 

Deux  faits  curieux  domineal  la  géologie  de  Java  qui  est  presque  iden- 
tique à  celle  de  Bornéo  et  de  Sumatra. 

A  côté  des  terrains  primitifs,  de  transition,  et  de  terrains  dyasiques, 
juanquent  les  autres  terrains  secondaires  (triasiques  et  jurassiques),  et, 
parmi  les  tertiaires,  ceux  de  la  formation  crétacée.  Au  dyas  succède 
brusquement  la  formation  éocène. 

Le  deuxième  fait  est  relatif  au  côté  pratique  de  la  question.  La  houille 
ne  se  rencontre  pas  dans  le  terrain  carbonifère  proprement  dit  (dyas),  ce 
qui  du  reste  ne  doit  pas  nous  surprendre,  mais  se  rencontre  dans  les 
coilcbes  éocènes. 

Tous  les  dépôts  bouillers  se  trouvent  dans  le  terrain  éocène,  qui  se 
composée  de  trois  ou  quatre  étages.  Aux  îles  de  Java  et  de  Bornéo  la 
houille  maigre  et  la  houille  bitumineuse  se  irouvi  ni  dans  l'étage  inférieur 
de  réocène,  étage  du  grès  et  de  la  terre  glai^se,  tandis  qu'à  |Sum«tra  elles 
se  trouvent  dans  [le  deuxième  étage  inférieur,  celui  des  marnes  calcaires. 
Dans  le  troisième  étage,  celui  du  calcaire  nummulitique,  on  trouve  par- 
tout des  coraux. 

Dans  les  terrains  miocène  et  pliocène  on  trouve  des  lignites. 

Dans  le  diluvium  enfin  (terrain  quaternaire)  on  rencontre  aussi  des 
lignites,  des  minerais  de  chromate  de  fer,  puis  des  métaux  tels  que  de 
l'or,  du  platine,  et  enfin  des  diamants. 

Dans  la  dernière  époque  tertiaire  (pliocène)  et  pendant  toute  l'épo- 
que du  diluvium,  des  éruptions  volcaniques  et  des  soulèvements  ont 
donné  leurs  formes  définitives  aux  trois  ou  quatre  grandes  lies  de  la  Sonde, 
ainsi  qu'aux  mers  adjacentes.  Après  avoir  comblé  des  mers,  en  avoir  formé 
d'autres,  après  avoir  soulevé  et  englouti  des  terres,  les  éruptions  ont  mis 
à  découvert  des  minerais  de  métaux  et  des  pierres  iprécieuses.  Les  mines 
d'étain  de  Banca,  Sumatra  et  de  la  presqu'île  de  ilalacca  montrent  du  reste 
que  cette  péninsule  a  jadis  formé  corps  tant  avec  Sumatra,  que  par  cette 
lie  avec  celles  de  Java  et  Bornéo. 

925.  Bote  (Giagomo).  -Note  di  un  \iaggio  a  Bornéo  ed  ascensione  dei 
Kini-Balu  in  1873.  Cosmos  de  Guida  Cora,  187 1',  vol.  III,  part.  \, 
p.  41,  part.  %  p.  267,  part.  3,  p.  291. 

926.  Santvort  (J.  Schodw).  Hooglemelingen  van  eenige  Bergen  in  het 
zuidelijk  en  oostelij  Gedeelte  van  Bomeo.  Tijdschr,  van  het  dar- 
drijksk.  Genoolsch.  te  Amsterdam,  II,  1876,  p.  97. 

Le  géant  de  l'île  de  Bornéo,  le  Kinibalou  (4200  mètres),  se  trouve  sur 
la  côte  nord-ouest.  Les  montagne!*,  mesurées  par  M.  Schouw,  se  trou- 
vent toutes  sur  la  côte  opposée,  celle  du  sud-est.  Ce  sont  des  cimes  de  pe- 
tites chaînes  côtières,  dont  la  plus  haute  montagne,  le  Sœwara,  ne  s'élève 
qu'à  1400  et  quelques  mètres.  Mais,  immédiatement  derrière  lui,  est  un 
chaînon,  le  Buloc-Tempatoeng,  dont  la  principale  cime  s'élève  jusqu'à 
plus  de  1800  mètres.  Cette  progression  se  continue  à  mesure  qu'on 
avance  dans  l'intérieur;  mais  sur  la  côte  opposée,  celle  du  nord-ouist, 
c'est  le  contraire  qui  se  produit;  les  hautes  cimes  ne  sont  pas  loin  de  la 
côte,  et  la  hauteur  des  massifs  diminue  en  allant  vers  l'intérieur. 

927.  Oesterrëicuer  (Tobias  Frehierr  von).  Die  Umschiffung  von  Borrieo 
durch  die  osterr.  corvette  Friedrich.  —  Mittheil.  der  Geogr» 
Gesellsck.  von  Wien,  vol.  XIX,  1876,  cah.  -4,  p.  20Ô-228. 

92S.  Westpalm  VAN  HooRs  TOT  Buucu  (J.  eu.).  Geographischen  en  liy- 


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504  ASIE.  ^••  914-946 

drographische  Aanteekingen  over  Atjeh.  Tijdschr,  veut  het  aar- 
drijksk.  Genootsch.,  II,  1876,  p.  79. 

Si  les  Atchinois  se  sont  si  bien  et  si  longtemps  défendus,  c'est  qu'indé- 
pendamment de  leur  courage,  l'angle  nord-ouest  de  l'Ile  de  Sumatra 
présente  âes  défenses  naturelles  de  tous  les  côtés. 

Il  a  d'abord  devant  sa  pointe  nord  trois  ou  quatre  îlots,  entre  lesquels 
existe  un  chenal,  avec  des  récifs,  qui  rendent  les  approches  d'Atjeh  eu  At- 
jin  excessivement  difficiles.  Une  fois  à  terre,  on  retraverse  la  rivière 
(i'Atjin,  qu'il  faut  remonter  au  milieu  d'établissements  bien  fortiGés. 
Enfin  on  arrive  au  centre  du  gouvernement,  le  Grand-Atjin,  situé  sur  le 
haut  de  la  rivière;  c'^est  un  ensemble  de  Kampongs. 

Le  royaume  d'Atj in  avait  neuf  cents  milles  de  côtes,  tant  à  ^oue^t — 
c'était  encore  l'Atchin  proprement  dit  —  qu'à  Test,  sur  le  territoire  de 
l'ancien  royaume,  naguère  trèS-puissant,  de  Pédir.  Au  milieu  ^'élèvent 
plusieurs  chaînons  de  montagnes,  d'où  descendent  une  foule  de  rivières 
côtières.  ' 

L'intérieur,  presque  inconnu,  est  habité  par  les  Gajos.  Outre  les  Malais, 
restes  du  royaume  de  Menangkaban,  et  les  Pédirois  (habitantsdu  royaume 
de  Pédir,  :\  l'est),  le  fond  de  la  population  est  formé  d'Atjinois-Vralies, 
mêlés  de  Malais,  ce  dont  témoigne  leur  langue.  Ils  sont  mahométans  avec 
quelques  usages  à  part.  Les  femmes  paraissent  avoir  joui  de  plus  de  con- 
sidérations que  dans  d'autres  États  musulmans  :  il  y  eut,  depuis  1650 
jusque  vers  1730,  plus  de  six  sultanes  occupant  le  trône  d'Aljîn. 

Dans  l'intérieur  du  royaume  d'Atjin  vivent  les  deux  tribus  d'Alas  et 
d'Oetoe  Gajos.  Ces  derniers  possèdent  tout  le  territoire  du  centre  depuis 
le  fleuve  Tamiang  jusqu'au  grand  Atjhi.  Ils  reconnaissaient  la  souverai- 
neté du  sultan  d'Aijin.  C'e»t  une  tribu  de  Battaks  qui  se  sont  rapprochés 
des  Malais  dont  ils  parlent  aus<>i  la  langue.  Ils  ont  adopté  rislamisme. 
Outre  l'agriculture,  l'élève  du  gros  et  menu  bétail,  et  des  chevaux,  ils 
•  produisent  le  tabac  et  le  gambir  (gomme-kino). 

929.  Veth  (prof.  P.  J.).  De  Gajo's  een  volksstam  in  de  biimenlanden  \-an 
I  Aljeh  (Atchin).  Tijdschrift  van  het  aardrijktkundig  Genootscliap 

j  te  Amsterdam,  vol.  Il,  1876,  n»  4,  p.  30. 

I  930.  Yeth(P.  J.).  Het  Landsdiap  Deli  op  Sumatra.  Tijdschr.  van  hd 

\  aardrijks,  Genootsch,  te  Amsterdam,  1876,  II,  n»  3,  p.  152  (avec 

j  carte). 

\  Le  pays  de  Dell  est  gouverné  par  un  sultan  malais  mahométan  qui,  en 

!  Wd,  a  reconnu  la  suzeraineté  de  la  Hollande  {  de  sorte  qu'en  1864  le  gou- 

vernement néerlandais  y  envoya  un  résident. 

La  ville  de  Dell  est  située  sur  le  Soeogoe  (rivière)  Deli,  tout  près  du  con- 
fluent du  Soengoe  Mas.  Elle  a  un  bon    port  appelé  Laboean  Deli.  Ce  sul- 
'  Unat  était  au  dix-septième  siècle  un  Etat  féodal  d'Aijin  et  au  dix-liuilièmc 

'  une  dépendance  de  Siak.  Le  prince  de  Deli  reçut  s(  ulement  en  1814  le 

I  titre  de  sultan  que  lui  conféra  celui  de  Siak.  Dès   qu'il  se  fut  mis,  eo 

;  1862,  sous  la  suzeraineté  de  la  Hollande,  les  réclamations  vinrent  de  tous 

les  côtés,  d'abord  de  I'Atjin,   puis  des  princes  feudataires  malais  et  liat- 
\  taks.  De  1872  à  1874  la  Hollande  eut  à  lutter  en  même  temps  contre  les  At- 

jinois  et  les  Battaks.  Mais  la  victoire  leur  resta,  et  après  la  mortdusul- 
I  -  tan  qui  s'était  donné  à  eux,  ils  laissèrent,  en  décembre  1873,  monter  soa 

[  successeur  sur  le  trône,  en  lui  interdisant  seulement  de  disposer  du   sol 

\  pour  dès  concessions,  qu'ils  se  réservèrent. 


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ARCHIPEL  MALAIS.  505 

l/ÉUt  de  Dell  est  divisé  eo  trois  parties  :  le  Deli  proprement  dit,  le 
Langkat  el  Je  Serdang,  séparés  les  uns  des  autres  par  des  fleuves,  courant 
tous  directement  du  sud  au  nord.  Les  principales  cultures  sont  le  tabac,  le 
bois  de  santal,  la  uoii  muscade,  etc.  Il  s'e%t  Tormé  en  Hollande  une  DeU 
Maatschappijf  qui  a  commencé  l'introduction  des  Chinois  el  des  Coolies, 
pui:>  de  nombreuses  concessions  ont  été  obtenues  par  des  Suisses  (Société 
Helvelia),  par  des  Français  (M.  Brau  de  Saint-Pol  Lias),  par  des  Allemands 
de  Munich  et  par  des  Anglais. 

031.  L'Expédition  scientifique  néerlandaise  à  Sumatra.  L'Exploraieur, 
III,  1876,  p.  7. 

952.  Yersteeg  (W.  F.).  De  wetenschappelijke  Expeditie  naar  midden 
Sumatra.  TyV/xc/tr.  vanhetaardrijksk,  GenooUch.  le  Amsterdam j 
4875,  I,  p.  338, 

953 .  le  même.  Raart  van  en  gedeelte  van  midden  Sumatra,  1 :  500,000. 
2  feuilles,  1876. 

934.  Veth  (prof.  P.  F.).  Ilet  Landschap  Aboeng  op  Sumatra.  Tijdschrifl 
van  het  aardrijksk,  GenooUch.  te  Antslerdam,  vol.  II,  1876,  n«  1, 
p.  35-48.  ' 

D'après  le  récit  des  résidents,  reproduit  par  M.  Veth,  les  Aboengs  sont 
des  rejetons  des  Malais  de  Bantam  (Java),  qui  s'y  sont  réfugiés  après  la 
chute  de  ce  puissant  royaume,  et  se  sont  fusionnés  avec  d'autres»  tribus 
de  Sumatra.  Ils  sont  divisés  en  quati'e  tribus  dont  la  principale,  repu- 
tée  aussi  la  plus  ancienne,  est  celle  des  Koebans,  baiiitant  à  Koela  Boemi. 
Cette  tribu  s'est  formée  petit  à  petit.  Koeta  Boemi  est  son  centre,  et  en 
cas  de  révolte  le  gouvernement  tâche  de  mettre  de  suite  la  main  sur  ce 
kampong  (bourg),  comme  en  1859.  Chaque  kampong  a  son  chef,  dont  ce- 
lui de  Koeta  Boemi  est  le  supérieur. 

955  ScHBBiBEB  (docteur  A.).  Die  sûdlichen  Batla-Lânder  auf  Sumatra. 
' UUlheiluiigen  de  Peter mann^  1876,  II,  64-68  (avec  carte). 

L'auteur  avait  écrit,  en  1874,  une  dissertation  où  il  établit  la  thèse  que 
lés  Battas  et  les  Malais  sont  deux  nations  de  même  souche,  comme  on 
peut  le  conclure  de  leurs  langues,  mais  que  leur  séparation  en  deux  na- 
tions très-distinctes  aujourd'hui  s'est  faite  dans  des  temps  immémoriaux. 
M.  Sclireiber  donne  des  indications  topographiques  sur  le  pays,  qu'il 
connaît  à  fond  par  un  séjour  de  dix  ans. 

956  Glercq  (F.  S.  A.  de).  De  Hoofdplaats  Palembang.  Tijdschr.  van  het 

aardrijksk,  Genoolsçh.  te  Amsterdam,  1876,11,  n*3,  p.  174-175. 

L'État  de  Palembang  était,  avant  celui  d'AtjIn,  le  plus  puissant  de  l'Ile 
de  Sumatra.  Sa  capitale,  aujourd'hui  la  capitale  de  la.ré.^idcnce  du  même 
•  nom,  est  un  grand  assemblage  de  kampong»  ou  de  petits  groupes  d'habi- 
talions  sur  les  deux  rives  du  Moesi.  La  partie  de  la  ville  située  sur  la 
rive  gauche  s'appelle  Ilir  et  se  compose  de  trente-sept  kampongs;  celle  de  la 
rive  droite,  ou  Oeloe,  compte  quatorze  kampongs.  Har  suite  de  la  dis|>osition 
de  deux  ou  trois  rivières,  de  leurs  ramifications  naturelles  ou  de  canali- 
sation  artiiicielle,  presque  tous  ces  kampongs  sont  des  îlots  entourés  d'eau, 
de  sorte  qu'on  y  trouve  une  reproduction  des  villes  de  la  Hollande  el  de 
la  Frise.  L'auteur  donne  dans  sou  article  une  petite  liste  do  mots  indi- 
gènes (battas  ou  javanais). 


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50&  ASIE.  N»«  914-946 

937 .  MoNTEAo  (don  Claudio).  Las  Islas  Filipinas.  Boletin  de  la  Sociedad 
geograficade  Madrid,  1876, 1. 1,  n«  4  (octobre),  p.  297-337. 

958.  Man  (F.  de).  Souvenirs  d'un  voyage  aux  Philippines.  Anvers,  1875, 
in-8. 

939.  Centeno  y  Garcia  (J.).  Meinoria  geologico-mineral  de  las  Isias  Fi- 
lipinas.  Publicada  de  Real  Orden.  Madrid,  1876,  in-4. 

940.  Handelsbericht  ans  Gebu  in  archipel  der  Philippinen,  fur  1875.  — 
Preusêich.  Bandeltarchiv.,  1876,  n«»  37. 

941.  Lenthiolle  (Vicomte  de).  Relation  d'un  voyage  aux  îles  de  la  Sonde. 
Rotterdam,  1876,  in-8. 

942.  Yetm  (P.  F.).  Geographische  Âanteekeningen  betreffende  de  Kei- 
Eilanden.  Tijdschr,  van  het  aardrijksk.  Genoolsch,  te  Amsterdam, 
n,  4876,  p.  92. 

943.  Pascœ  (Grawfurd).  The  Island  of  Palawan,  Geogr.  Magazine  de 
Markham,  avril  1876,  p.  93. 

L'ile  de  Palawan,  appelée  Paragua  par  les  Espagnols*  la  plus  excenlri- 
que  du  groupe  des  Philippines  du  côté  de  l'ouest,  est  nominalement  sou- 
mise aux  autorités  de  Manille.  Dans  la  partie  nord  sont  d'excellents  ports 
occupés  et  exploités  par  l'Espagne. 

Il  se  prépare  à  Palawan  quelque  chose  d'analogue  à  ce  qui  s'est  passé  à 
Sarawak  (île  de  Bornéo),  où  James  Brook  est  devenu  Radjah.  Le  capi- 
taine W.  fr.  Bâte  deviendra  sans  doute  Radjah  de  Mallandon  et  fera  ainsi 
prendre  pied  aux  Anglais  dans  les  Philippines* 

944.  Drasche  (Richard  vom).  Einige  Worte  ûber  die  Militârdislrikte  Ben- 
guet,  Lepanto  und  Bontoc  auf  der  Insel  Luzon  und  ihre  Bewohner. 
MittkeiL  der  Geogr,  Gesellsch.  in  Wien,  4876,  vol.  XIX,  n«  40, 
p.  509  à  545,  et  cah.  42,  p,  638  à  643. 

Dans  l'ouest  de  l'Ile  de  Luzon,  le  gouvernement  espagnol  a  constitué 
trois  districts  qui  sont,  du  sUd  au  nord,  Benguet,  Lepanto  et  Bonlok; 
chacun  d'eux  est  placé  sous  une  administration  militaire  séparée.  En 
oiilre,  il  y  a  un  capitaine  dans  chaque  rancheria  ou  grande  agglomé- 
ration d'indigènes.  Un  voyageur  autrichien,  M.  Drasche,  a  eu  la  bonne 
chance  de  trouver  un  compatriote,  H.  MaDoel  Scheldua^el,  clans  le 
gouverneur  militaire  de  Benguet.  Son  voyage,  même  au  milieu  des  plus 
sauvages  tribus,  s'est  donc  passé  très-facileioent. 

M.  Di-asche  distingue  cinq  tribus  ou  groupes  : 

1.  Les  Indiens,  nom  donné  aux  Malais  devenus  chrétiens.  Ils  ont  oublié 
leurs  antiques  coutumes  jusqu'à  leur  langue  maternelle,  dont  M.  Drasche 
a  pu  cependant  se  procurer  un  alphabet.  Ils  passent  leur  temps  à  fumer, 
à  assister  aux  processions  et  aux  combats  de  coqs. 

2.  Les  Tingianes.  Celle  tribu  tranquille,  mais  qui  ne  manque  pas  de 
valeur  physique,  se  trouve  de  préréience  dans  les  districts  de  Benguet  et 
de  Lepanto.  Les  Tingianes  sont  agriculteurs  et  dompteurs  de  chevaux; 
ils  chassent  le  sanglier,  le  chevreuil,  le  cerCet  le  butfle  avec  des  javelots 
et  des  chiens.  Parmi  eux  vivent  un  certain  nombre  d'Ifolotes  ou  Igorroles 
pacifiques,  qui  subissent,  comme  les  Tingianes,  TinHueuce  dfeMulais  chris- 
tianisés. Ils  cultivent  le  riz  monlaguai-d,  le  tabac,  les  pommes  de  terre. 


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ARCHIPEL  HALÂIS.  507 

Ik  croient  aux  bons  et  aux  mauvais  esprits,  à  la  migration  des  âmes  et 
vénèrent  les  vieux  arbres.  Ils  se  sculptent,  à  leur  usage,  une  idole  {Anito), 
qu'à  l'occasion  ils  font  consulter  par  de  vieilles  femmes,  en  dansant  au- 
tour. Si  l'oracle  rendu  ne  s'accomplit  pas,  ils  percent  leur  Anito  à  coups 
de  javelots,  le  jettent  à  la  porte  et  en  sculptent  un  autre.  A  partir  de  l'âge 
de  trois  ans,  garçons  et  filles  sont  ^evés  séparément,  dans  des  huttes 
particulières,  jusqu'à  leur  mariage. 

3.  Les  Igolotes  ou  Igorrotes  occupent  le  district  montagneux  de  Bontoc 
Ce  sont  de  véritables  coupe-tétes,  comme  les  Dayaks  de  Bornéo.  Après 
chaque  expédition  il  y  a  danse  et  festin  de  cannibales,  puis  on  se  tatoue 
mutuellement  en  souvenir  de  l'exploit.  Dans  son  baîce  (tablier)  l'Igolole 
porte  toujours  avec  lui  sa  ligua  (hache)  à  couper  la  tête,  son  hoyau  de 
cultivateur,  et  son  eulata  (bouclier);  tous  ces  instruments  se  transmet- 
tent de  père  en  fiis,  et  rarement  ils  sont  cédés  ou  vendus. 

4.  Les  Balolors  vivent  sur  la  grande  chaîne,  dans  des  arbres  creux.  Ils  ne 
plantent  que  du  tabac,  contre  lequel  ils  échangent  leurs  objets  d'alimen- 
tation. 

5.  Les  Ibilaos,  au  teint  blanc,  passent  pour  descendants  des  compa- 
gnons du  pirate  chinois  I.imaliou,  réfugié  à  Luzon.  Ils  portent  les  cheveux 
rasés.  Ils  sont  très-vaill^nls  à  la  guerre  et  se  tatouent  la  figure  de  re- 
présentations de  serpents  et  de  personnages  humains,  avec  les  bras 
étendus. 

945.  Friederich  (R.).  An  account  of  the  Islaiid  of  Bali.  Journal  ofthe  H, 
Âsiaiic  SocUty  of  London.  New  séries,  VIII.  4876,  p.  157. 

946.  Veth  (P.  F.).  Een  Nederlandsch  reiziger  op  Zuid-Celebes.  Tijd-- 
schr,  van  het  euirdrijkskundig  Genootschap  le  Amsterdam,  1876, 
n«  7,  p.  311-  313. 

Périple  de  l'île  de  Bornéo. 

Le  vaste  et  luxuriant  archipel  qui  s'étend  du  coutinent  a$ia« 
tique  au  continent  austral  renferme  Tune  des  plus  grandes  iles 
du  monde,  Tile  Bornéo,  dont  la  géographie  n*est  encore  fixée 
que  dans  ses  traits  principaux.  Une  grande  partie  des*  côtes 
orientales  de  Bornéo  n'ont  même  pas  encore  été  l'objet  de 
levés  liydrographiques  réguliers.  Quant  à  l'intérieur,  on  n'en 
connaît  guère  que  les  parties  sud  et  sud-est,  grâce  aux  recher- 
ches du  major  néerlandais  Mûller  (1824),  et  du  colonel  Hen- 
ricks,  quelques  années  plus  tard.  La  région  nord-ouest  a  été, 
sur  divers  points,  l'objet  d'études  par  le  fameux  sir  James 
Brooke,  et  l'ensemble  de  ces  notions  a  été  résumé  dans  les 
cartes  du  colonel  Versteeg,  le  savant  continuateur  de  l'atlas 
des  Indes  néerlandaises  commencé  par  l'amiral  Helvill  de 
Garnbee.  Un  périple  de  l'île,  le  premier,  croyons-nous,  a  été  ac- 


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508  ASIE.  N«  914-046 

compli  en  1875,  par  un  navire  autrichien  mixte,  le  Friedrich^ 
et  les  Mittheilungen,  de  la  Société  I.  R.  géographique  de  Vienne 
en  ont  donné  une  relation  sommaire. 

Arrivé  le  21  avril  en  vue  de  l'îlot  Bira-Birakan,  à  la 
pointe  sud-est  de  Tile,  le  Friedrich  remonta  vers  le  nord 
en  suivant  la  côte  orientale  de  l'île,  visitant  le  détroit  de 
Macassar,  traversant  la  mer  de  Célèbes  et  doublant  la  pointe 
nord  de  Bornéo,  pour  revenir  le  long  de  la  côte  occidentale, 
«iprès  47  jours  d'une  navigation  heureuse;  elle  ne  fut  cependant 
pas  exempte  de  difficultés,  dans  des  mers  mal  connues,  sur  des 
côtes  où  abondent  les  bancs  de  limon  et  les  récifs  de  coraux. 
Presque  partout  la  végétation  descend  jusqu'au  rivage»  inter- 
rompue seulement  par  des  cours  d'eau  qui  présentent  tous 
des  bancs  de  sable  prolongés  souvent  fort  avant  en  mer  ;  ils 
sont  formés  des  détritus  de  terres  et  de  matières  organiques 
charriés  par  les  rivières  qui  viennent  de  loin  dans  Tintérieur. 
La  rapidité  de  végétation  est  telle,  en  ces  climats,  que  quelques 
années  sufGsent  pour  transformer  un  banc  en  terre  ferme  ou 
en  îlot.  Près  du  Tanjong  Ares  (cap  Ares),  l'un  des  officiers  du 
Friedrich  a  constaté  Texistence  d'une  rivière  non  marquée  sur 
les  cartes.  Le  pays  aux  environs  du  cap  et  jusqu'à  l'embou- 
chure du  Passir,  l'un  des  grands  cours  d'eau  de  l'île,  est 
tout  à  fait  bas;  le  mont  Balik-Papan,  haut  d'environ  1520 
mètres,  le  domine.  De  Timor- Laut,  au  sud-est  de  Bornéo, 
jusqu'à  la  rivière  Passir,  la  côte  offre  d'excellents  mouillages, 
le  climat  est  bon,  les  moustiques  n'incommodent  pas  trop  le 
voyageur.  * 

Après  avoir  dépassé  le  groupe  d'îlots  nommé  banc  de  Pate- 
nôtres, qui  occupe  presque  toute  la  largeur  du  détroit  de  Ma- 
cassar, on  entre  dans  la  mer  de  Célèbes,  qui  est  profonde  et 
qu'on  traverse  en  ayant  à  sa  droite  le  sommet  du  Sodiolo 
(2230  mètres),  dans  l'île  de  Célèbes. 

Dans  la  partie  du  littoral  marquée  sur  les  cartes  marines 
anglaises  comme  «  Irès-imparfaitement  connue,  »  \e  Friedrich 
put  se  convaincre  que  cette  assertion  est  aussi  bien  fondée 

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ARCHIPEL  MALAIS.  509 

qu'elle  est  prudente.  En  effet,  le  Sibokou,  fleuve  de  quelque 
importance,  est  indiqué  par  les  hydrographes  20  milles  plus  à 
l'ouest  que  sa  vraie  position. 

Du  reste,  le  navigateur  éprouve  là  des  surprises  qui  ont  leurs 
dangers.  C'est  ainsi  qu'ayant  quitté  le  Friedrich  en  pleine 
mer,  pour  une  excursion  à  terre,  l'auteur  delà  relation  à  laquelle 
nous  empruntons  ces  détails  retrouva  ce  navire  à  l'ancre  dans 
un  port  fermé  dont  la  marée  basse  avait  découvert  les  jetées 
naturelles.  Au  loin  s'étendaient,  à  perte  de  vue,  des  bancs  de 
coraux.  t!e  port  recul  le  nom  de  Friedrichshafen,  et  des  chaînes 
de  montagnes  qui  fermaient  l'horizon  reçurent  les  noms  d'An- 
drassj,  Wûllersdorf  et  Pock. 

Deux  matelots  ayant  été  assassinés,  on  pénétra,  à  la  pour- 
suite des  auteurs  du  crime,  dans  une  baie  qui  conduisit  à  un 
réseau  de  chenaux  tracés  en  pleine  forêt  vierge,  et  abrités  sous 
des  palétii^iers  et  d'autres  arbres  immenses.  Aux  branches 
étaient  suspendus  quantité  de  ptéramèles  c^n  chiens  volants  que 
mit  en  émoi  l'arrivée  des  explorateurs. 

Nous  ne  saurions  suivre  le  Friedrich  à  toutes  ses  es» 
cales  ;  toutefois,  il  faut  dire  qu'arrivé  à  Sandawan,  long  golfe 
indenté  semblable  aux  ^ords  Scandinaves,  il  rencontra,  chez 
les  habitants,  beaucoup  de  méfiance.  Ceux-ci,  en  effet,  prirent 
le  pavillon  autrichien  pour  le  pavillon  espagnol,  qui  n'est  pas 
en  faveur  dans  ces  parages  depuis  le  blocus  de  l'archipel  Soulou 
par  l'Espagne.  A  la  suite  de  ce  blocus,  Sandakan  est  devenu  un 
entrepôt  d'approvisionnement  pour  l'archipel  de  Soulou. 

Le  reste  du  voyage  s'accomplit  à  travers  la  mer  de  Soulou, 
dangereuse  et  peu  connue  des  navigateurs,  à  travers  le  chenal 
tortueux  de  Mallawallé,  dans  la  baie  de  Mal-Condon,  lieu  de 
rendez-vous  de  Dayuks,  de  Soulouans,  de  Chinois,  de  Badjans, 
de  Malais  de  Bornéo,  qui,  tous  protégés  par  leur  longue  baie 
et  par  les  massifs  du  Kinibalou,  vivent  sous  des  chefs  spéciaux, 
indépendants  à  la  fois  des  sultans  de  Bruni  et  de  Soulou. 
Le  voyage  du  Friedrich  se  termina  enfin  par  une  station  à 
Port-Victoria,  dans  la  colonie  anglaise  de  Poulo-Labouan. 

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OCÉANIE 


AUSTRALIE 


947.  GooDBNouGH  (Commodore).  Journal  during  his  command  as  senior 
olfîcer  in  the  Australian  station.  1875-1875,  with  maps.  London, 
1876,  in-8. 

048.  Kennedy  (Capitaine  W.  R.).  Sporting  adTcntures  in  the  Paciûc 
whilstin  command  of  the  Reindeer,  London,  1876,  in-8. 

949.  Annales  hydrographiques.  Renseignements  sur  des  îles  deTocéan 
Pacifique.  1876,  p.  189  et  375. 

950.  DoRKSBXFFEN  (J).  De  outdekking  van  Australie.  Tijdschr.  van  het 
aardrijksk,  Genootsch.  te  Amaterdam,  U,  1876,  p.  49. 

L'auteur  soutient  la  thèse  dès  longtemps  dérendue  par  lui,  que  la  dé- 
couverte  de  l'Australie  a  été  faite  en  1606,  par  Willem  Jansz,  du  navire 
hollandais  le  Duyffken,  11  a  donc  repoussé  et  repousse  encore  les  titres 
rivaux  que,  depuis  1861,  M.  Major  a  fait  valoir  en  faveur  du  Portugais 
Emanoet  Godinho  de  Eredia,  lequel  aurait  fait  cette  découverte  en  1601. 

M.  Dornseiffcn  réfute  les  titres  de  Eredia  par  l'observation  que  c'est 
seulement  en  1613  que  ce  voyageur  les  a  fait  valoir  auprès  du  roi  Phi- 
lippe 111.  Les  titres  de  Eredia  ont  été  soutenus  de  nouveau  en  1871,  lors 
du  Congrès  géographique  d'Anvers,  par  M.  Ruelens,  de  Bruxelles,  mais 
M.  Dornseiften  les  repousse  après  comme  avant  ;  il  peut  prouver  qu'un 
second  document  portugais,  trouvé  récemment,  ne  parle  que  de  décou- 
verte» à  faire,  et  non  pas  de  découvertes  faites. 

L'érudit  M.  iMajor  s'est  alors,  depuis  1872,  reporté  aux  vieilles  cartes 
françaises  du  seizième  siècle.  Dans  l'une  d'elles,  tracée  en  1551  par 
Oronce  Fine,  de  Briançon,  on  trouve,  à  la  place  de  l'Australie,  une  im- 
mense masse  de  terres,  beaucoup  plus  étendue  que  toute  l'Australie,  et 
sur  un  certain  point  de  ce  territoire  on  lit  la  légende  vague  de  Terra 
patalis.  M.  Major  n'en  tire  f&a  encore  beaucoup  de  conséquences.  Mais  il  en 


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512  OCBAHFB.  N-  947-983 

est  aatrement  poor  la  carte  de  Jean  Hotx,  de  1549.  U  nous  trovTOns  neu 
teroenl  déterminés  les  conloors4e  ee  grand  continent  appelé  Terra  Am- 
traliê,  qui,  avec  TAustralie,  comprenait  touie  rAustnIasie.  A  Pooest,  la 
ligne  de  la  côte  est  coupée  net  au  39*  degré,  limite  réelle  du  continent 
d'Australie;  et  si  au  sud-est,  durôté  de  la  Tasmanie,  elle  est  moins  nelle, 
elle  montre  néanmoins  notre  Australie  d'aujourd'hui  dégagée  de  ce  ^rand 
continent  imaginaire,  appelé  juiiqu'alors  Terra  AustraHs.  C'est  ]k  un  Tait 
oonfirmé  dans  le  fameux  Atlas  manuscrit  de  Guillaume  le  Testu,  daté  de 
1555,  et  qui  appartient  i  la  bibliothèque  du  Dépôt  de  la  guerre  à  Paris. 

951 .  Ma^r  (R.  h.),  etc.  The  Biscovery  of  Australia  (Atlas  universel  de 
Guillaume  le  TeStu  de  1555).  Geogr.  Magazine  de  Markham,  187tf, 
n»  7,  p.  195-196. 

952.  Vermeintliche  Ueberreste  der  Leichardt-Expedition.  ZeiUchtift 
der  iietelUch,  fur  Erdkvnde  zu  Berlin,  1876,  n*  63,  p.  107. 

La  Zeiischrift  de  Berlin  donnait,  d'après  le  Daily  Telegraph  de  Mel- 
bourne (11  août  1875),  les  détails  suivants  relatifs  à  la  prétendue  décou- 
verte des  restes  de  Leichard  : 

«  Le  docteur  MfiUer,  de  Melbourne,  avait  été  informé  par  M.  Edouard 
Schneider,  établi  à  Tambo  sur  le  Barcoo  River  (colonie  de  (Queensland), 
qu'on  avait  déterré  les  rester  de  deux  cadavres  adultes  à  proximité  de 
l'endroit  où  précédemment  on  avait  trouvé  une  vieille  poire  à  poudre, 
et  où  quelques  arbres  portent  l'inscription  entaillée  L.  L.  Mais  ces 
cadavres  pouvaient  être  ceux  d'indigènes.  Plus  tard,  le  docteur  Mîiller 
reçut  de  M.  Schneider,  qui  est  médecin,  l'assurance  que  les  restes  dérou- 
verts provenaient  incontestablement  d'hommes  blancs.  L'un  des  sque- 
lettes était  entier,  l'autre  était  brisé.  On  avait,  en  outre,  trouvé  une  Bible 
suédoise  et  un  poignard.  > 

Il  est  possible  que  les  restes  d'ossements  trouvés  près  de  Tambo 
(24*>32'  latit.  S.  et  itë^^8^  longit.  E.  de  Greenw.)  soient  ceux  de  deui 
des  six  compagnons  du  docteur  Leichardt.  Mais  le  peu  de  re&tes  qu'on 
a  trouvés  rendront  toujours  difUcile  de  donner  des  conc  usions  sûres. 

La  Zeiischrift  de  1875  avait,  on  se  le  rappelle,  fait  mention  du  voyage 
d'un  squatter,  M.  Tane.  qui,  parti  de  Ghampion-Bay,  s'était  avancé  assez 
loin  dans  l'est,  à  la  recherche  de  nouveaux  pâturages.  En  rente,  il  avait 
appris  des  indigènes  qu'encore  plus  loin  vers  l'est  se  trouvaient  les  os- 
sements de  voyageurs  blancs,  qui  y  avaient  péri  il  y  a  de  longues  années. 
M.  Tane  ne  put  pas  aller  vérifier  le  fait,  mais  il  Ht  nn  rapport  sur  cette 
affaire  au  gouvernement  de  1* Australie  occidentale. 

On  avait  alors  organisé,  au  commencement  de  septembre  IR75,  une 
petite  expédition  ;  elle  découvrit,  h  la  distance  de  3^  milles,  nn  campe- 
ment qui  avait  été  occupé  par  des  blancs,  d'après  le  dire  des  indigènes. 
Tont  autour  gisaient  des  ossements  de  chevaux  et  des  f)ragments  dé 
squelettes  humains. 

Selon  l'opinion  d'un  voyageur  bien  connu,  M.  John  Forrest,  ces  reste» 
proviendraient  de  l'expédition  Austin  (1854);  peut-èlre  aussi  les  ossements 
des  chevnux  proviennent-ils  d'animaux  abattus  à  cette  place  et  les  sque- 
leiies  sont-ils  des  débris  de  quelque  festin  de  cannibales. 

Des  indigènes  ont  raconté  aux  voyageurs  d'une  autre  expédition, 
qu'après  des  privations  inoaies,  les  compagnons  de  Leichardt  insistèrent 
auprès  de  leur  chef  pour  qu'il  entamât  entln  certaines  provisions  laissées 
inUctes  jusqu'alors.  Leicbardt  s'y  étant  refusé,  une  lutte  s'ensuivit,  dans 
laquelle  les  voyageurs,  divisés  en  deux  camps,  s'entre-détruisireut.  On 
n'entendit  plus    parler  des   survivants.  C'est   ainsi    que    les   naturels 


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AUSTRALIE.  513 

expU<|iieni  l'eiiâteDce  de  deui  groupes  d'ossements,  trouvés  non  loin  l'Mn 
de  l'autre.  On  a  cru  reconnaître  ceux  de  Leichardt  à  certaines  particu- 
larités physiques. 

955 .  Zur  Entedeckung8geschichl«  der  West-Australischen  Wûstc.  Mil- 
tfteilungen  de  Petermatm,  1876, 1,  p.  53. 

954.  Greffrath  (H.).  Die  neuèsten  Entdeckungsreisen  in  Australien. 
Zeittchrifl  der  Gesells.  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  1876,  n»  63,  p.  161 . 

955.  Die  Erforschung  der  Kuste  des  Golfs  von  Carpentaria  durch  Lieu-t 
tenant  Gonnor.  Zcitschr,  der  Geselhch,  fiir  Erdkunde  su  Berlin. 
1876,  u«  63,  p.  170. 

Le  gouvernement  colonial  de  Queeni^Iand,  ayant  projeté  rétablissement 
d'un  chemin  de  fer  transcontinental  qui  devait  aboutir  à  un  bon  port  du 
•  golfe  de  Carpentarie,  chargea  le  lieutenant  de  marine  Connor  d'explorer 
la  côte  du  golfe. 

Celle  ex])loration,  faite  entre  Parker-Point  et  Bayley-Point,  a  prouvé 
que  la  partie  du  golfe  qui  appartient  i  Queensland  n'offre  aucun  port 
convenable  pour  de  grands  navires. 

«  La  contrée  de  la  pointe  du  golfe,  dit  M.  Connur,  est  si  plate,  si  bas$e,qu'au 
moment  de  la  marée  différentes  rivières  se  transforment  en  un  lac  d'eau 
fraîche,  long  sur  quelques  endroits  de  500  kilomètres  de  l'est  à  Touest 
et  qui  pénètre  dans  l'intérieur  des  terres  à  plus  de  16U0  kilomètres.  » 

Dans  cet  état  de  chose:»  on  a  pensé  au  Âortheru  Territoi'y,  et  on  y  a 
pris  comme  objectif  Port-Darwin  ou  un  autre  port  sûr,  pour  servir  de 
point  de  départ-  et  d'arrivée  au  commerce  de  Queensland.  ihi  raibvay; 
transcoutiuental  australien  aurait  la  plus  haute  importance  pour  ïo 
Northern  Territory,  et  les  contrées  fertiles  de  Roper  River  et  de  Kallte* 
rine  River  seraient  alors  bien  vite  mises  en  cuitute. 

956.  Greffrath  (H.).  Eine  Forschungsreise  auf  dem  Adélaïde  River,  in 
Nordaustralien.  ZeiUchr,  der  Getclhch.  fiir  Erdkunde  %u  Berlin. 
1876,  n«  63,  p.  169. 

M.  A.  Scott,  résident  du  gouvernement  dans  le  Northern  Territory,  côte 
de  l'Australie,  partit  le  juillet  187o  de  Port>Darwin  pour  aller  explorer 
l'Adélaïde  River. 

L'embouchure  de  l'Adélaïde  River  n'étant  pas  bien  accusée,  le  cutter 
Flying  Cloud  eut  quelque  difficulté  à  y  pénétrer.  Sur  une  longueur  de 
plusieurs  milles  on  navigua  entre  des  forêts  de  palétuviers  qui  b'éten- 
daient  à  perle  de  vue  sur  les  deux  rives.  Le  soi  paraissait  excellent  et 
susceptible  d'une  riche  production  surtout  en  riz  et  maïs.  A  100  kilo- 
mètres en  amont  de  l'embouchure  on  rencontra,  sur  la  rive  gauche,  un 
cours  d'eau  important  que  les  voyageurs  remontèrent  pendant  quelques 
milles.  D'une  chaîne  de  collines  basses,  ils  purent  reconnaître  que  le 
terrain  vers  l'intérieur  était  plus  accidenté,  et  s'approprierait  bien  à 
l'élève  des  bestiaux.  On  rencontra  fréquemment  des  indigènes  qui  men- 
diaient et  auxquels  le  résident  flt  de»  radeaux  en  fariue,  tabac,  pipes  et 
couvertures  de  laine.  Le  gibier  était  abondant  mais  très-sauvage,  et  les 
eaux  éuient  peuplées  de  caïmans.  L'expédition  rentrait  en  bonne  santé  à 
Port-Darwin  le  19  juillet. 

057.  Die  Wiltehire  Exploring  Parly  m  ihe  northern  Territory  of  A us- 
trslia.    Zeilschr.  der  Geselhr/i.  fiir  Erdkunde  zu  Berlin.  1876, 
vol.  XI,  n»  66,  p.  495-496. 
l'anxke  CKOGR.  XV. 

^        le 


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M4  OCEA5IE.  K««947^ 

958.  GmartLkn  (ÎI.].  Gile's  ncue  Forscbungsrcîsen  in  West-und  Sûd- 
Australien.  MitlheiU  der  Grogr.  Geseii.  in  Wieti.  1876,  yoI.  XIX, 
n-  6  et  7,  p.  372 ;  n-  8  et  9,  p.  490;  p*  12,  p.  620. 

959.  Da  même.  TrsYels  in  Qopflnabiid. .  ZeiUehr.  der  GeMelÎMck.  fur 
ErdkmuU  zu  Berlin.  1876,  n»  65,  p.  171. 

La  miffiioii  d*ciptaratioa  dt  H.  VnUigan,  qai  iUÀX  partie  en  18^.  est 
leveona  à  Gooktown  (Qaeeoslaiid)  sans  avoir  tronvé  de  plaeen  d'or.  Ea 
reTancfae  elle  croit  aroir  décoâvert.  sur  le  Bodgkinson  RïTer,  à  100  milles 
an  sad-oneàl  de  Cooklown,  des  quarU  aorifères  et,  ce  qui  serait  plus  pré- 
deox  encore,  d'excellentes  terres  de  labour  à  la  diitaraoe  de  dôme  milles 
de  Prineeu  Cbariotte'a  Bay,  sous  \4nfy  de  latitude  méridionale. 

Une  antre  exploration,  dirigée  par  X.  Hodgktason,  -  avait  quitté,  le  2 
octobre  1875,  Bowen  dans  le  Queeoàlaad.  Elle  était  équipée  ponr  un  ao. 
Son  but  était  l'exploration  de  tout  le  pays  situé  entre  le  placer  d'or 
d*Elberidge  el  le  Cloncurf  River,  ainsi  que  des  contrées  tout  à  fait 
iseonniies,  situées  «i  sud-onest  de  ce  pays. 

960.  FoBftcn  J.)*  Journal  of  tlie  Western  .4ustralian  exploring  expé- 
dition through  the  centre  of  Auslralia,  Irom  Champion  Bay  io 
the  Overland  Telegraph  Une  between  Adélaïde  and  port  Darwin. 
Journal  of  the  Hoy..GôOffr.  Society,  XLY.  1875  (publ.  en  i876\ 
p.  249. 

961.  6iui(Ebiib8t).  Reise  durdi  Westaastralien  in  1875.  MitthrU.  de 
Pelermann.  1876,  V,  p.  177  ;  VII,  p.  254  avec  carte. 

962.  Die  neuesten  Bntdeckungsreisen  in  Australien.  4<«und5*"  Entdec- 
kungsreisen  von  E.  Giles.  Zeilschr.  der  GesefUch.  fur  Erdkunde 
zu  Berlin.  1876,  n»  63,  p.  161. 

M.  Elder  a  fait  encore  les  frais  de  ce  dernier  voyag«  qui  a  duré  de 
décembre  1875  à  août  1876.  M.  Giles  alla  d'abord  directement  au  nord 
sur  Champion,  puis  au  mont  Gonid.  et  de  là  du  côlé  de  Test  vers  les 
sources  de  rAshburlon  River.  Tournant  ensuite  au  nord-est.  il  aUcigoit 
les  Albert-Mary-Ranges,  chaîne  de  collines  basses,  qui  forment  la  ligne 
de  partage  entre  des  rivières  dirigées  toutes  vers  l'Oues^t.  M.  Giiea  ayant 
marché  de  \h  dans  la  direction  est-sud-esl,  sa  route  est  parallèle  à  celle 
du  colonel  Warburton,  plus  au  nord,  et  à  son  propre  itinéraire  plus  aa 
sud.  Il  a  retrouvé  ce  triste  désert  sans  eau,  dont  il  connaissait  déjà  si 
bien  le  caractère.  Cette  fois-ci,  cependant,  des  pluies  un  peu  continues 
remplirent  d'eau  les  excavations  naturelles  ou  artificielles.  Néanmoins, 
il  se  passa  parfois  dix  jours,  sans  qu'on  pût  en  découvrir.  La  route  suivie 
par  M.  Giles  dans  ce  cinquième  voyage  est  un  peu  plus  accidentée  que 
celle  da  voyage  précédent,  mais  moins  que  la  route  suivie  par  Forrest. 
M.  Giles  arriva  sar  le  lac  Eyre,  dont  il  détermina  la  côte  nord  et  le 
6  août  1876  il  rentrait  à  Adélaïde. 

Pendant  re;ipédition,  la  température  (Vit  assex  basse.  L'ophthalmie  fit 
beaucoup  souffrir  les  explorateurs.  On  ne  rencontra  d'aborigènes  que  dans 
les  montagnes  Petermann  et  au  mont  Gould  ;  les  relations  n'eurent  aucun 
caractère  d'hostilité.  M.  Giles  déclare  que  sans  les  ehmieaux  il  n'aurait 
jamais  pu  accomplir  son  voyage.  Ils  avaient  été  prêté*  par  H.  Elder  qui 
entretient  dans  son  domaine  de  Beltana  un  parc  de.  plus  de  six  cenU 
chameaux. 


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AUSTRALIE.  515 

963.  Outlines  of  the  politîcaï  and  physîcal  geography  of  Australia,  Tas- 
mania  and  New-Zealand.  LondoUy  1876,  in-l2. 

964.  Naumann  (Doctedr  F.).  Ueber  Austi»alien  und  Malaisien.  Zeitschr. 
des  Geselhch.  fur  Erdkunde  zu  Berlin.  i«76,  t.  XI,  n»  62,  p.  437. 

L'auteur  accompagnait  le  navire  allemand  Gazelle  pendant  son  grand 
voyage  de  circumnavigation. 

9C5.  FoNTPBBTDis  [Â.  F.  de).  Lcs  sept  colonies  australasiennes  et  leur 
situation  actuelle.  Économiste  français.  1876,  n*  20,  p.  626-^26. 

966.  Greffrath  (Henry).  Statistik  der  Australischen  Golonien  bis  auf 
1875.  Zeitschr.  der  Gesellsch.  fur  Erdkunde  nu  Berlin.  1876,. 
n*  63,  p.  17.  —  Tov.  aussi  Mittheil.  der  Geogr,  Gesellsch.  in 
Wien.  1876,  n"  6  et  7. 

Excellent  résumé  statistique  dont  l'auteur  est  évidemment  fort  au  cou- 
rant des  questions  australiennes. 

967.  Du  même.  Die  Australischen  Colonien  Queensland,  Sfidaustralien 
und  Neusiidwales.  Zeitschr,  der  Gesellsch.  fur  Erdkunde  zu  Ber~ 
/i».  1876,  t.  XI,  n»  63.  p.  171. 

968.  Du  même.  Die  Colonie  Tasmanien.  Geschicbtliche  Kiickblick  und 
slatistiscbe  Uebersicht.  Globus,  XXX,  1876,  p.  205. 

969.  Du  môme.  Die  Colonie  Westaustralien.  Globus,  XXX,  1876,  p.  254, 
266. 

970.  Harcus  (yf.).  South  Australia,  its  history,  resouroes  and  produc- 
tions. Illustrated  from  photographe  taken  in  the  Colony,  with 
maps.  London,  1876,  in-8. 

971.  BooTHBY  (Jôsiah).  Statistical  Sketch  of  South  Australia.  Published 
by  authority.  Wilh  maps  and  tables.  London,  1876,  in-8. 

972.  Collet  (J.-N.).  L'avenir  du  commerce  français  en  Australie. 
L'Explorateur,  III,  1876,  p.  465. 

973.  Preussisch.  Eandelsarchîv.  1876.  Neu  Sûdwales.  Bericht  aus 
Sydney  ûber  die  Wirthctafftlichen.und  Handelsverhfiltnisse  der 
Australischen  Golonien  iiberhaupt  lûr  1873-74  und  1874-75. 
Année  1875,  n«  53.  Année  1876,  n*  28, 

974.  Ihid.  Bericht  aus  Sudaustralien  ûber  Prodoktion,  Handel  und 
Schiffahrt  im  J.  1874.  Année  1876,  n"  13. 

975.  Ibid.  Bericht  liber  Handel  und  Volkswirtschaft  der  Kolonie  Yik- 
toria  lûr  1874.  Année  1876,  n-  59. 

976.  Verminderung  der  Ooldminen  in  Victoria  und  I^euaeeland.  Mit- 
theilungen  der  Geogr,  Gesellsch.  in  Wien.  1876,  n*'  8  et  9,  p.  490. 

En  Australie,  comme  en  Nouvelle-Zélande,  on  a  constaté  la  diminution  du 
rendement  des  placers  d'or.  Dans  les  quatre  premiers  mois  de  1876  on 
n'a  plus  exporté  de  la  colonie  Victoria  que  187  631  onces  *  d'or,  au  lieu 


*  1  once.  >=  kilog.  0,051. 


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516  OCÉANIB.  N»-  947-983 

Ac  273010  onces  qui  avaient  été  exportées  en  1875,  pendant  la  même  pé- 
riode. 

Pour  la  Nouvelle-Zélande,  le  rendement  des  placera  d'or  de  l'année  1875 
avait  été  de  97  591  livres  sterling  (2439775  fraDcs)  moindre  qu'eai814. 
Depuis  le  !•'  avril  1857,  époque  de  leur  ouverture,  jusqu'à  la  tin  de  1875, 
les  placera  de  la  Nouvelle-Zélande  ont  Toumi  un  total  de  7  95^)295  ODces 
d'or  représentant  une  valeur  de  30984  786  livres  sterling  (774619t>j0 
francs). 

977.  ÂBBAT.  Periodicity  of  the  Freshwater  lakes  of  Australia.  MUthel- 
lungen  de  Petcrmann,  1876,  X,  309. 

La  Nonvelle-Gallcs  du  Sud  a  deux  lacs  inégaux,  le  lac  Georges  et  le  lae 
Batliur»t,  qui  présentent  le  phénomène  d'un  agrandissement  et  d'un  ra- 
petissement périodiques,  et  même  d'une  disparition  complète.  Le  plus 
grand,  le  lac  Georges,  long  de  38  kilomètres  et  large  de  11,  avec  une 
profondeur  de  6  à  8  mclrcs,  n'existait  pas  en  1852,  mais,  d'après  tous  lo> 
indices,  il  devait  exister  il  y  a  cent  ans.  A  sa  réapparition  en  18a3.  il 
était  moins  étendu.  La  cause  de  ces  phénomènes  est  attribuée  au  dé- 
boisement et  au  reboisement  des  terrains  environnants. 

978»  FoRRisT  (J.).  The  natives  of  central  and  western  Australia.  Journal 
oftlie  ahthropological  Institute.  1876,  V,  p.  316. 

979.  Grefteath  (H.).  Die  Eingebornen  der  Kolonie  Sûdaustralien.  Mil- 
theilungen  der  Geogr.  Gesellsch.  in  Wien.  1876,  vol.  XIX,  n*  8  et 
9,  p.  479  à  481. 

Les  indigènes  australiens  parais-scnt  voués  à  une  extinction  plus  ou 
moins  prochaine.  Après  la  disparition  de  ceux  de  la  Tasmanie,  voilà  une  tribu 
de  l'Australie  méridionale,  qui.  en  1R42,  comptait  encore  5200  Individus  et 
qui,  aujourd'hui,  est  réduite  à  500.  Celte  tribu  est  celle  des  Narringeries,  à 
Point-MacJeay,  Lake  Alexandrina.  Ce  sont  précisément  les  tribus  qui 
adoptent  le  plus  volontiers  les  mœurs  et  la  civilisation  européennes,  qui 
sont  dans  le  voisinage  des  stations  du  gouvernement  et  des  missionnaires, 
dont  l'amoindrissement  marche  le  plus  vite.  On  a  beau  leur  distribuer 
des  couvertures  de  laine,  des  céréales,  des  médicaments,  rien  n'y  fait.  La 
rougeole,  la  petite  vérole,  la  phtbisie  tuberculeuse  exercent  parmi  eux 
d'afltreiix  ravages.  Leur  constitution  particulière  paraît  rebelle  à  leffet  des 
remèdes.  Puis  le  nombre  des  naissances  diminue.  A  la  station  des  mis- 
sions luthériennes  de  Kopperamanna,  oiî  plus  de  cent  indigènes  trouvent 
du  travail  et  un  abri,  il  n'est  pas  né  un  seul  enfant  dans  toute  l'année  1875. 

Dans  toute  la  population  indigène  de  l'Australie  méridionale,  on  a 
compté,  en  1875,  140  décès  et  seulement  52  naissances.  On  ne  peut  re- 
procher à  ces  indigènes  qu'un  penchant  à  la  boisson,  moins  fort,  cependant, 
que  chez  les  blancs  de  la  colonie.  Le  gouvernement  colonial  a  créé,  pour 
les  indigènes,  des  réserves  de  900  milles  carrés  anglais  et  les  a  placées 
sous  le  contrôle  des  quatre  missions  luthériennes  de  Point-Macleay,  Point- 
Pierce,  Pounindie  et  Kopperamanna. 

Lors  du  recensement  du  8  avril  1861,  on  trouva,  pour  toute  la  popula- 
tion indigène  de  l'Australie  du  Sud,  le  chiffre  de  5046  têtes  (2642  hommes 
et  2404  femmes)  ;  puis,  dans  celui  du  2  avril  1871,  on  ne  constate  plus  que 
3572  têtes  (1833  hommes  et  1839  femmes).  Le  27  mars  1876  eut  lieu  un 
nouveau  recensement  qui  ne  donne  plus  que  2000  indigènes  à  peu  près. 
Cette  progression  amènera  l'extinction  totale  des  Australiens  avant  vin^rt 


ans  d'ici. 


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AUSTUALIE.  517 

980.  On  the  Aborigines  in  South  Australia  (from  tlie  Annual  Report  of 
Ihe  Subprotector).  Miitheilungen  de  Petermann»  1876,  X,  400. 

981.  Aussterben  der  Eingebornen  von  Tasmanien.  Mitth.  der  Geogr. 
Gesellsch.  in  Wien.  1876,  n"8  et  9. 

Le  mois  d'avril  1876  a  vu  s'éteindre  le  dernier  représenlant  dos  indigè- 
nes'de  ]a  Tasraanic  (Terre  van  Diemeo).  C'était  la  veuve  du  roi  Billy,  mort 
lui-même  il  y  a  quelques  années.  Elle  s'appelait  du  nom  poétique  de  Tru- 
cannini,  qui  équivaut  à  celui  de  Lalla  llookh.  Elle  avait  atteint  l'âge 
de  73  ans,  très-inusité  chez  les  indigènes  australiens. 

982.  KiEPERT  (Heinrich).  Physikalische  Schulwandkarten  n*  8.  Der 
Grosse  Océan.  8  Bliitter.  Berlin,  1876.  Voy.  Geogr»  Magazine  de 
Markham.  1876,  n»  4,  p.  103. 

Le  professeur  Kiepert  a  publié  une  série  de  grandes  cartes  murales  des 
diverses  parties  du  globe. 

983.  Brodgh  Smtth  (R.).  First  sketch  of  a  geological  map  of  the  whole 
Australia.  Scale  1 :  7,00).O0O.  Melbourne,  1875.  —  Article  d'an- 
nonce critique  dans  Geogr,  Magasine  de  Markham.  1876,  n"  6, 
p.  167. 

^     Il 
NOUVELLE  GUINÉE 


Eu  devenant  l'objectif  de  nombreux  voyages,  la  Nouvelle-Guinée  Cbt  de- 
venue aussi  le  sujet  de  nombreux  travaux.  S'il  eût  fallu  donner  ici  la  liste 
de  tous  les  articles  écrits  sur  ce  pays,  dans  le  courant  de  1876,  notre  biblio- 
graphie aurait  certainement  compté  trois  fois  plus  de  numéros  qu'elle  n'en 
compte.  Rappelons  que  l'excellent  recueil  de  M.  Guido  Cura,  le  Cosmos,  a  tenu 
ses  lecteurs  particulièrement  au  courant  des  explorations  en  Nouvelle-Guinée. 

984.  Ledpe  (P.  A.).  De  Reizender  Nederlanders  naar  Nieuw-Giiinea  en 
de  Papoesche  Eilanden  in  de  il^^  en  18''"  eeuw.  La  Haycy  1875. 
Article  critique  dans  Gcograph.  Magazine  de  Markham.  1876, 
n«  5,  p.  72-73. 

L'ouvrage  de  M.  Leupe  est  un  histoiique  complet  des  voyages  à  la  Nou- 
velle-Guinée. L'espace  nous  manque  pour  en  présenter  un  résumé  et 
nous  ne  pouvons,  sur  ce  sujet,  que  renvoyer  au  t.  XIII  (p.  266)  de  V An- 
née géographique.    ' 

985.  Le  môme.  De  Engelschen  op  Nieuvv  Guinea  (1792-1793).  Bijdra- 
gcn  toi  de  taal-land  en  volkcnkunde  van  Nederlandêch-Indië. 
3,  vol.  XI,  1876.  p.  158. 

986.  Viaggi  et  publicazioni  Olandcsi  suUa  ^^uova  Guinea.  Cosmos  de 
Giiido  Cora.  1876,  t.  III,  p.  8i  et  p.  546. 

987.  Bhunialti  (A.).  Recenti  Esplorazioni  nella  Nuova  Guinea.  Bollett» 
délia  Soc,  geograf.  Ualiaha.  1876,  vol.  XUI,  fascic.  I,  p.  21-38. 


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518  OCBANIE.  N«  984-1008 

998.  Esploraxioni  Inglesi  délia  Nuova  Guinea.  Cosmos  de  Guido  Cor  a. 
4876,  TOI.  III,  p.  79,  218.  230,  379, 452. 

989.  Esplorasioni  Tedescbe  délia  Nuova  Guinea.  1*>  Viaggio  délia  go- 
letta  Franz;  2*  Spedizione  délia  Gazelle,  Cosmos  de  Guido  Cora. 
1876,  Tol.  m,  p.  238-247. 

990.  MoRESBT  (J.).  New  Guinea  and  Polynesia;  discoveries  and  surveys 
in  New  Guinea  and  the  d'Entrecasteaux  Islands,  on  Torres  Strait. 
H.  H.  S.  Basilisk.  With  map  and  illustrât.  London,  1876,  8\  Voir 
article  critique  dans  le  Geogr,  Magazine,  1876,  n»  5,  p.  134. 

991.  Bu  même.  Dificovery  in  eastern  New  Guinea.  Jqurnal  of  the  Royal 
Geographical  Society.  1875  (publié  en  1876),  XLV,  p.  153. 

992.  RosBHBBRO  (C.  B.  A.).  Reistochten  naar  de  Geelvinkbaai  op  Guinea 
in  de  Jaren,  1869  en  1870.  S'Gravenhage  (!ji  Haye)  1875,  in-4.— 
Article  d'annonce  critique  dans  Geograph.  Magazine  de  Mark/iams 
1876,  n"  3,  p.  75. 

Depuis  1828,  année  de  la  fondation  de  la  colonie  hollandaise  à  la  baie 
de  Triton»  jusqu'à  1848,  il  n'y  a  pas  eu  de  voyages  néerlandais  importants 
en  Nouvelle-Guinée.  jEn  1850,  la  Circé  et  en  1858  YEtna,  y  furent  eo- 
voyés  après  cette  longue  interruption.  H.  Rosenberg,  naturaliste  du  Tri- 
ion,  explora  leslles  papoues  de  Waigioa,deSaIwatti  etdeMisole,  dontil  fît 
aussi  des  levés.  Nommé  gouverneur  de  Ceram  il  ût  un  deuxième  voyage, 
de  décembre  1868  à  juillet  1869,  explorant  Dpré,  Mafour,  les  lies  Schou- 
ten,  les  Ilots  de  Jappen  et  Moosnœm  en  face  la  baie  du  Geelvink,  puis 
Ândaï  dans  la  grande  île,  d'où  il  retourna  à  Ternate.  En  janvier  1870  il  fît 
un  troisième  voyage  à  Andaï,  à  la  baie  de  Geelvink  et  à  Hattam. 

L'ouvrage  ci-dessus  renferme  tout  d'abord  le  récit  des  divers  voyages  de 
M.  Rosenberg,  rédigé  par  le  professeur  Schlégel  et  par  M.  Robidé  vander 
Aa.  Il  donne  des  vocabulaires  de  quatre  ou  cinq  idiomes. 

En  1871  un  voyage  en  Nouvelle-Guinée  fut  fait  par  le  Dassoun  avec 
quelques  botanistes.  Le  Dassoun  y  retourna  eo  1872  et  H.  Coorengel  qui 
le  commandait  explora  Ounis,  le  golfe  de  Mac-Cluer  et  le  groupe  des 
Schouten. 

Le  20  septembre  1875,  enGn,  le  gouvernement  néerlandais  décida  l'ex* 
pédition  du  Sœrabaya,  dirigée  sur  les  alentours  de  la  baie  de  Humboidt. 

993.  Gambiaso  (L.)  et  Loterà  di  Maria  (G.).  Esplorazioni  della  Vettor 
*Pisani  in  Nuova  Guinea,  1872-1873.  Cosmos  de  Guido  Cora,  t  Ilf, 
1876,  p.  77  et  107. 

994.  Kan  (CM.).  De  Reisder  Sœrabaija,  naâr,Nieuw  Guinea,  1876,  mit 
kaart.  Tîjdschr.  van  kel  aardrijksk.  Genoots.  1876,  n»  3,  p.  175. 

'  Le  voyage  du  Soerabaya  avait  surtout  pour  but  de  recueillir  des  nou- 
veaux détails  pour  une  carte  de  la  côte  nord  de  la  Nouvelle-Guinée  et  de 
régulariser  les  conditions  de  la  possession  de  cette  partie  du  pays  par  la 
Hollande. 

Le  Soerabaya  a  visité  de  nombreux  points  que  n'avait  vus  jusqu'ici 
aucun  Européen,  tant  dans  la  grand»  île^  que  dans  les  îlots  et  les  archi- 
pels environnants;  ce  sont  Moom,  Seroul,  les  îles  de  Hou,  Amberpoun, 
Wandammen,  les  baies  de  Sadipié,  Auek,  Saonek,  Waigiou,  etc. 


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NOUVELLE-GUINÉE.  519 

D'autres  localilés  connues,  mais.malrQlevéçs.  et  non  encore  inscrites 
sur  les  cartes  y  figureront  désormais  correctement.  Ce  sont  les  rades  de 
Samate,  d'Ansoes,  d'Andaî,  ]es  baies  de  Seroe'i,  etc. 

995.  Miklucho-Macklat  (N.  N.)-  Esplorazioni  délia  Nuova  Guinea.  Ço«mo« 
de  Giiido  Cora.  4876,  t.  III,  p.  78  et  544. 

906.  Becciri  (Odoarih))j  Lettere  ed  esplorazioni  délia  Nuova  Guinea. 
Cosmos  de  Guido  Cora.  1876,  t.'  III,  p.  73,  216,  305,  343,  364. 

997.  Petebminn  (docteur  A.}.  Flussfahrten  in  Sûdlichen  Neu-Guinea. 
Miftheilungen  de  Pelermann,  1876,  n"  III,  p.  84.  Yoy.  aussi  : 
MUtheil.der  Geogr.  Gesellsck.  in.  Wien.  1876,  p.  167:—  Yelrhand. 
der  Gesellsch.  fur  Erdk.  zu  Berlin.  1876,  p.  66.  —  Entdèckung 
des  Mai-Kassa  Stroms  durch  Mac-Farlane  und  Slone. 

998 .  MACFARr.ANE  (Rev. S.).  Ascent  of  the  Fly  River,  New  Gninëa. Proceed. 
of  the  Royal  Geogr,  Society.  1876,  t.  XX,  n«  lY,  p.  255-266. 

999.  Stoke  (Octavios).  Diacovery  of  the  Maïkassa  or  Baxter  River,  New 
Guinea.  Proceedings  of  the  Roy.  Geogr.  Society.  1876,  t.  XX,n<»II, 
p.  92. 

4000.  Du  même.  Letter  on  his  explorations  in  the  interior  of  New  Gui- 
nea, from  Port  Moresby.  Proceed,  of  the  Roy.  Geogr,  Society, 
t.XX,1876,  p.  266. 

1001.  Du  même.  Description  of  the  country  and  natives  of  Port  Moresby 
and  neighbourhood,  New  Guinea.  Proceedings  ofthe  Roy,  Geogr, 
Soc.  4876,  vol.  XX,  n-  4,  p.  330-343. 

4002.  Albertis  (L.  H.  d').  Lettere  ed  esplorazioni  deila  Nûova  Guinea. 
Cosmos  de  Guido  Cora.  4876,  t.  III,  p.  80,  06,  221,  'm. 

4003.ALBBRTI8  (L.  M.  d')*  Renaarks  on  the  natives  and  product^  of  the 
FJy  River,  New  Guinea.  Proceed.  of  the  Roy,  Geogr,  Soc.  4876, 
t.  XX,  n"  4,  p.  543. 

4004.  WiLLEMŒs-SuHic  (R.  vos).  Ueber  die  Eingebomen  Neu-Guinea's  und 
der  beoachbârten  Insein.  ÀrcfUv*  fur  Anthropoiogie.-  4976^  p.  59> 

4005.Gill(W.  Wyâtt).  Life  in  the  southern  Isles.  scènes  and  incidents 
in  tbe  Soaih  Pacific  aod  New  Guinea.  With  maps  and  illustr. 
London^  in-46,  4876. 

4006.  Nadmann.  Ueber  Land  und  Leute  an  der  Mac-Cluer  Bay,  Neu  Guipea, 
und  in  Mélanésien.  Zcitschr.  fiir  Ethnologie,  8U»ungsberiûhte, 
t.  VlII,  4874,p.67.  •  , 

1007.  Habselt  (J.  B.  van).  Ueber  die  Papuas,  von  Neu-Gulnea.  MitBemef- 
.  kungen  von  Virchow.  Zeilschr,  fiir  Ethnologie,  Sitzungsb&richte, 
t.  YIII,  4876,  p.  62. 

4008.  Veth  (P.  J.).  Geographische  Aanteekeningen  betreffende  de  Kei- 
Eilanden,  met  een  kaartje.  Tijdschr,  van  het  aardrijhsk.  Ge^ 
uooUch,  187(»,  vol.  n,  n"  2»  p.  92-96. 


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j20  OCK.Vr<IE.  ÎS^'UHi-imiS 

Bien  que  le  l«tit  ardiipel  d«  Kei,  sHué  au  »4idM>uo4t  de  la  Nouvelle- 
Giiinée,  disparaisse  en  quelque  sorte  à  côlé  de  la  grande  île,  cepeiidaDl 
il  a  attiré  l'atteolion  par  suite  de  plusieurs  circonstances. 

Les  lies  Kei  ont  été,  bien  avant  les  Néerlandais,  déctni^ertes  par  les 
Portugais,  qui  y  ont  suivi  les  Halais.  Ces  dernier»  parai siient  y  avoir  de 
bonne  heure  introduit  le  maliométisme,  témoin  les  rester  de  la  masquée 
de  Ooullah.  Doullah  est  Ja  capitale  du  groupe  ocotdeatal,  appelé  petites 
lies  Kei  et  qui  e«t  composé  de 'quatre  ilôts. 

Les  Néerlandais  ont,  il  est  vrai,  dirigé  phisieurs  expéditions  aux  îles 
Kei,  mai»  le  meilleur  relevé  de  ce  petit  groupe  est  cependant  dû  aux  Ita- 
liens Cutti  et  Lovera,  d'après  lesquels  M.  Guido  Cora  en  a  donné  une 
carte  dans  son  recueil,  le  CotmMt  qui  suit  si  attentivement  les  vo^ges 
en  Nouvelle-Guinée.  L'intérieur  des  Iles  est  inconnu. 

LMle  Groot  ou  Loet  a  la  forme  allongée  de  la  Nouvelfe-Caléddnie.  C'est  le 
Challenger  qui,  dans  sm  passage,  a  fixé  la  position  des  caps  nord  et  Sud 
de  cette  lie»  On  n'en  connaît  qu'une  partie  des  côtes:  l'intérieur  e^t 
travefbé  par  un  chaînon  de  montagnes. 


LES   EXPLORATIONS   EN   NOUVELLE-GUINÉE. 
M.  Macleay  h  la  riviêi-e  KaUiu. 

M.  AVilliàm  Macleay,  riche  colon  et  naturaliste,  à  Sydney, 
accompagne  de  sept  ou  huit  botanistes,  s'embarqua,  ki^  mai 
1875,  sur  le  Chevert,  Après  avoir  étudie^  pendant  un  mois, 
plusieurs  lies  à  l'est  de  Queensland,  il  entra  enfîn  dans  ia  ri- 
vière Katow  ou  Katau  sur  la  côte  oc^entak  de  la  haïe  des  Pa- 
pous, habitée  par  des  noirs.  De  nombreux  troncs  d'arln^es  cou- 
chés dans  le  lit  de  la  rivière  obligèrent  bientôt  l'embarcation  à 
s'arrêter.  Hostiles  d'abord,  les  indigènes  s'adoucirent  et  en- 
trèrent en  échange  de  marchandises. 

De  retour  à  la  côte,  on  ne  put  y  séjourner  9  cause  d'immen- 
ses marais  couverts  de  palétuviers,  malsains  et  inaccessibles. 

M.  Macleay,  pour  se  dédommager,  visita  ensuite  la  côte 
opposée,  c'est-à-dire  la  côte  est  de  la  baie  des  PapoHâs,  et  l'île 
Yule  d*où  il  remonta  la  rivière  baptisée  Ethe)  par  le  capitaine 
Moresby.  Il  ne  fut  pas  plus  heureuse  là  que  sur  la  rivière  Katau,» 
et  les  mêmes  obstacles  l'arrêtèrent.  Le  pays  est  différent  de 
celui  qu'il  avait  d'abord  visité.  Le  sol  est  plus  accidenté,  et 
renferme  les  belles  chaînes  des  monts  Tuîe  et  Owen^Stanley. 


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^OUVELLK-CUli^EE.  521 

Les  habitants,  de  couleur  claire,  sont  d  origine  malayo-po- 
lynésienne.  Leur  caractère  est  doux,  ils  ont  même  une  cer- 
taine culture,  mais  sont  enclins  au  vol.  Leurs  femmes,  assez 
belles,  paraissent  être  les  maîtresses  au  logis.  Ils  sont  très- 
avancés  dans  la  fabrication  de  In  poterie  et  le  tissage.  Ce  voyage 
n'a  pas  été  d'un  profit  considérable,  sauf  au  point  de  vue  des 
collections  d'histoire  naturelle.  Le  capitaine  du  Cheverty 
M.  Edwards,  qui  avait  déjà  fait  d'autres  voyages,  s'accorde 
avec  M.  Macleay  pour  penser  que  la  grande  île  est  par  tout  peu- 
plée et  qu'en  essayant  de  former  des  colonies  fixes,  on  se  heur- 
terait à  la  fois  contre  la  résistance  de  la  race  jaune  quelque 
douce  qu'elle  paraisse,  et  contre  celle  de  la  race  noire,  la  race 
des  Papous. 


Les  trois'voyages  de  M.  Hacfarlane  au  sud  de  la  Nouveile-Giiinûe. 

i  '  Le  révsérend  Macfarlaxie,  chef  de  la  station  des  Misi^ons  de 
Somerset,  sur  la  péninsule  d'York,  à  la  pointe  nord  de  la  co* 
lonie  de  Queensland,  doit,  en.vertu  de  ces  «attributions,  faire 
tous  les  trois  mois  mi  voyage  d'inspection  des  Missions  envi- 
ronBantes.  Il  a,  jusqu'à  présent,  dirigé  ses  tournées  à  la  côté 
sud  et  suè*est  de  la  Nouvelle-Guinée. 

Le  premier  vopge  l'a  conduit  au  Haï-Kassa  ou  Baxter  River. 
Parti  de  Somerset  le  25  août  4875»  M.  Macfarlaue  décou- 
vrait, le  1*'  septembre,  vis-à-vis  Tile  Talbot  ou  Boïgou, 
«l-embouofaure,  profonde  de  26  mètres,  d'une  ^rivière  large 
de  IftOOinètres.-EUe  était  située  par  9^8'. de  latitude  méri- 
dionaleet  par  142<^i8',  de  longitude  est  (Greenw.).  JM.  Mac- 
farlaoeaddnné  à  cette  rivière  appelée  Maïkassa  par  les  indi- 
gènesy  le  nom  oie  Baxter  River,  en  l'honneur,  de  Miss  Baxter, 
qlii  avait  fait  don  à  la  Société  des  Missions  de  Londres  in  yei- 
peur  £{/en^oi«^n,  sur  lequel  M.  Macfarlane  accomplit  ses 
•tournées.  La  rivière  navigable,  jusq^i'à  96  kilomètres,  pour 
desiiâvires  de  500  tonuqs,  se  partie  Isi  en  deux  bras.  L'un 


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522  OCÉiNlË.  N<»  984-1008 

d'eux,  le  bra&  occidental,  fut  remonté  jusqu'à  16  kilomètres, 
puis  VEllengowan  pénétra  dans  l'autre  bras  qui,  tournant  au 
nord-est,  constitue  en  tout  cas  le  bras  principal.  Après  un  par- 
cours de  40  kilomètres,  le  vapeur  se  trouva  de  nouveau  arrêté 
par  des  troncs  d'arbres. 

Jusqu'à  EUengowan-Junction,  confluent  des  deux  bras,  l'as- 
pect de  la  contrée  est  absolument  celui  des  basses  cotes  de 
l'Australie  septentrionale,  avec  leurs  palétuviers  et  leurs  euca- 
lyptus. A  partir  de  là,  on  entre  dans  la.  zone  des  palmiers,  des 
arbres  et  des  roseaux  gigantesques,  des  oiseaux  de  paradis, 
des  fleurs  à  odeurs  vives,  des  plantations  de  tabac  et  de  sucre. 
On  ne  rencontra  pas  d'indigènes. 

Son  deuxième  voyage,  eu  décembre  1875,  a  conduit  M.  Mac- 
farlane  au  Fly  River,  découvert  de  1843  à  1845,  par  le  capi- 
taine Evans,  qui  avait  relevé  avec  son  navire  Fly  la  côte  sud 
de  la  Nouvelle-Guinée,  sur  une  longueur  de  près  de  160  kilo- 
mètres et  des  deux  côtés  du  golfe  des  Papous. 

Ce  6it  le  8  décembre  1875  que  M.  Macrarlane  partit  avec  un 
voyageur  naturaliste  italien,  M.  de  Albertis.  Il  se  fit,  en  outre, 
accompagner  de  Mainon,  chef  du  pays  du  Katau.  Ce  qu'avait 
prédit  Mainon  se  réali^  à  peu  de  chose  près.  Les  indigènes 
riverains  du  Fly  harcelèrent  sans  discontinuer  l'expédition. 
Hommes  de  haute  stature,  ils  sont  organisés  militairement  et 
obéissent  à  des  chefs  parés,  comme  ceux  des  Peaux-Kouges, 
d'ornements  imposants  ;  l'expédition,  toutefois,  atteignit  son 
but.  Elle  remonta  le  fleuve  assez  loin  et  au  moyen  d'armes  à 
feu  et  d'explosion  de  dynamite,  elle  tint  lea  indigènes  en  res- 
pect jusqu'à  ce  qu'ils  vinssent  à  composition. 

Le  Fly  fut  reconnu  navigable  jusqu'à  plus  de  200  kilo- 
mètres et  probablement  il  le  reste  encore  pendant  une  centaine 
de  kilomètres.  .Jusqu^à  environ  300  kilomètres  les  rives  sont 
basses,  puis  elles  s'accidentent.  Le  cours  inférieur  du  fleuve, 
large  parfois  de  cinq  à  sept  kilomètres,  est  habité  par  des  métis 
de  Papous  et  èe  Malais,  parlant  diverses  langues.  Ils  guerroient 
les  uns  contre  les  autres. 

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KOUVELlE-GUlNÉE.  523 

Ce  deuxième  voyage,  qui  dura  du  9  au  29  décembre,  fut 
très-fécond  au  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle. 

Le  troisiènîe  voyage  fut  également  fructueux,  mais  à  un  autre 
point  de  vue.  M.  Macfarlane,  en  effet,  a  pu  constater  ce  qu'avait 
établi  le  capitaine  Moresby,  quanta  la  terminaison  sud-est  de 
la  Nouvelle-Guinée.  Il  a,  pour  la  première  fois,  signalé  de  nou- 
veaux cours  d'eau  :  le  Dundee-River  et  le  Dewii  t-River,  les  la- 
gunes Shallow  et  Marshall,  les  grands  ports  Robertson  Harbour 
et  Mullens  Harbour,  etc.  11  s'est  assuré  que  ce  qu'on  avait  pris, 
Jusqu'à  présent,  pour  la  côte  et  le  cap  sud  de  la  Nouvelle- 
Guinée  était  en  réalité  un  ensemble  d'archipels.  Partout  la  po- 
pulation, assez  dense,  était  belle,  intelligente  et  pacifique. 


Voyage  de  M.  0.  Slone, 

Dès  la  fin  d'octobre  1875,  de  suite  après  le  retour  de  la  Mis- 
sion qui  avait  visité  leMaïkassa,  M.  Slone,  M.  Lawrance  Har- 
grave  et  le  naturaliste  Broadbent,  entreprirent  un  voyage  dans 
le  sud»est  de  la  Nouvelle-Guinée,  sur  le  steamer  Elkngowan. 
Ell«  se  rendit  aux  environs  de  Port  Moresby.  La  contrée  y  est 
trèsraccidentée,  très-belle  et  très-fertile.  M,  Stone  découvrit 
les  deux  rivières  Votura  et  Laroki,  puis  deux  embouchures  du 
Manoumanou,  dont  un  des  bras  se  rend  au  Redscar  Bay,  l'autre 
au  Karo  Bay.  La  contrée,  à  partir  du  mont  Votura  (365  mètres), 
s'élève  par  terrasses  de  600,  1200,  2000  mètres  jusqu'au 
mont  OwenrStanley  qui  a  3900  mètres. 

On  y  trouve  l'arbre  à  pains,  le  sagoutier,  le  muscadier,  le 
manguier,  l'oranger,  le  cotonnier,  le  gommier,  le  tabac,  le 
bétel,  etc.  Les  indigènes,  moins  vigoureux  que  ceux  du  Fly 
River,  sont  en  revanche  plus  pacifiques  et  plus  intelligent^. 
Les  £ammes  sont  décrites  comme  rentrant  dans  la  catégorie  de 
celles  que  Maoleay  avait  vues  sur  l'Ëthel  River.  M.  Stone  con- 
clut à  la  colonisation  européemie  de  cette  contrée  doi^t  le  cen- 
tre est  le  bourg  d'Auapmata. 


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524  OCEANiK.  K«984-1U08 

H.  d'Albertiâ  à  la  n>ière  Fly. 

Après  avoir  d'abord  exploré  le  nord-ouest  de  la  Nouvelle- 
Guinée  (Monts  Arfak),  où  il  découvrit  deux  magnifiques  espèces 
d'oiseaux  de  paradis,  et  après  avoir  fait  en  1874  un  voyage  en 
Europe,  M.  d'Alberlis  revint  en  Nouvelle-Guinée,  en  mars  i875. 
Il  s'établit  sur  l'île  Yule,  prit  p.irt  à  une  expédition  de  M.  Mac- 
farlane,  puis  aclieta  un  bâtiment  avec  lequel  il  fit  des  excur- 
sions nombreuses  à  la  côte  de  la  terre  ferme. 

Son  bâtiment  lui  ayant  été  volé  par  ses  propres  gens,  il  resta 
six  mois  enfermé  dans  son  île,  vivant  de  serpents  grillés.  De 
nouveau,  après  avoir,  en  décembre  1875,  accompagné  M.  Mac- 
farlane  dans  son  voyage  au  Fly  River,  il  aclieta  un  bâtiment 
pour  recommencer  ses  courses.  Enfin,  dans  le  courant  de 
Tannée  1876,  il  trouva  une  somme  de  500  livres  sterling, 
recueillie  par  quelques-uns  de  ses  amis  de  Sydney.  Le  gou- 
vernement de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud  lui  accorda,  de  plus, 
l'usage  de  soii  petit  vapeur  Eéra, 

Si  M.  d'Albertis,  qui  se  mit  en  route  le  21  avril  1 876,  ne 
réussit  pas  à  atteindre  les  sources  du  Fly,  il  a  du  moios  re- 
monté ce  fleuve  à  560  kilomètres  au  delà  du  point  où  MacKir- 
lane  était  arrivé.  Là,  l'hostilité  continuelle  des  indigènes  de 
race  jaune  et  la  violence  du  courant  le  forcèrent]  à  s'arrêter  : 
c'était  sous  5*50'  de  latitude  méridionale  et  par  14*30' de 
longitude  orientale  (Greenw.).  La  contrée  était  restée  basse  et 
marécageuse,  puis,  dans  les  derniers  120  kilomètres  de  la 
route,  elle  s'éleva  jusqu'à  des  collines  de  100  à  150  mèti*es. 
On  n'aperçoit  de  chaînes  de  montagnes  proprement  dites,  que 
fort  loin  au  nord-ouest.  En  visitant  des  cases  d'indigènes  aban- 
données, M.  d'Albertis  emporta  tout  ce  qu'il  y  trouva  d'inté- 
ressant :  ustensiles,  armes,  bijoux  et  vêtements  (faits  de  che- 
veux humains  et  de  diverses  sortes  d'herbe),  des  travestisse- 
ments et  des  masques  de  danse,  mais  surtout  quarante  crânes 
humains  des  deux  sexes  et  de  tout  âge.  Au  retour  il  rencontra 

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ILES  DU  PACIFIQUE.  ILES  AUSTRALES,  525 

< 

encore,  à  nne  distance  de  64  kilomètres,  un  tributaire  du 
Fly. 

Eipédition  et  mort  du  docteur  James. 

Dans  ces  régions  aussi  les  voyages  font  des  victimes  et  nous 
avons  tous  appris  la  mort  du  docteur  James,  grand  collection- 
neur d'histoire  naturelle.  M.  James,  après  avoir  fait  partie  de 
rexpédition  de  M.  Macleay,  retourna  à  l'île  Yule  pour  y  conti- 
nuer ses  explorations.  Gravement  malade  des  atteintes  du  cli- 
naat  de  cette  contrée  basse  et  marécageuse,  il  fut  recueilli  par 
M.  Macfarlane  et  reconduit,  en  mai,  à  Somerset.  A  peine  re. 
mis  il  regagnait  l'île  Yule  pour  y  recommencer  ses  études, 
lorsque,  le  25  août  1876,  il  fut  assassiné  par  des  naturels 
d'une  puissante  tribu  de  la  côte  est  de  Robert  HaU's  Sound.  Il 
se  trouvait  ce  jour-là  sur  un  petit  schooner  suédois  qui  faisait 
la  pêche  des  perles.  Trop  confiants,  le  capitaine  du  schooner 
et  M.  James  laissèrent,  sans  se  mettre  en  garde,  approcher 
deux  canots  pleins  d'indigènes  armés  qui  tuèrent  les  deux  Eu- 
ropéens à  coups  de  massue.  L'équipage  du  schooner  réussit  ù 
mettre  les  agresseurs  en  fuite. 


III 

ILES  DU  PACIFIQUE.  ILES  AUSTRALES 

lOOO.BizEHONT  (H.  de).  Revue  géographique  de  1872  à  1875  [suite]. 
Voy.  Océanie.  Revue  marit,  et  colon.,  1876,  t.  XLIX,  p.  752-755. 

1010.  Pailhès.  Souvenirs  du  Paciflque.  Revue  politique  y  5*  série,  6*  an- 
née, 1876,  n*  25,  p.  592. 

lOll.MuRRAT  (Rev.  A.  W.).  Forty  year's  mission  work  in  Polynesia  and 
New  Guinea,  from  1874  to  1875.  London,  1876.  In-8. 

1012.  Vincent  (F.).  Through  and  Ihrough  tlie  Tropics.  Thirty  tliousand 
miles  of  travelinPMynesia,  Australasia  and  India.  London,  1870. 
In>8. 

1015.Mein:cke  (Docteur  Carl  E.).  Die  Insein  des  Stillen  Océans,  2  vol. 

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526  »  OCEANIE.  N"  1009-1032 

Leipzig,  1875  et  1876.  Article  critique  du  docteur  Pr.  Toula  dans 
Mitth,  der  Geogr,  Gesellsch.  in  Wien,  1876,  vol.  XIX,  n*  il,  p. 
597-598. 

1014. BiRGHAii  (F.).  Die  Insel  Hawaï  und  ihreYulkane.  Miltheilitngen  de 
Petermann,  1876,  X,  361-362.  Avec  carte. 

1015.  BiRD  (IsABELLA  L.).  Tlie  Hawaiian  Archipelago  :  six  months  among 
the  palmgroves,  eoral  reefs  and  volcanoes  of  the  Sandwich-Islands, 
2'  edit.  with  illustrât.  London,  1876.  Iu-8. 

1016.  GoRTE  Y  RnA?(o  Galderon  (D.  Felipe  de  la).  Les  îles  Mariannes.  Tra- 
duit et  .extrait  de  l'espaguol  par  Fontaneau.  Revue  maritime  et 
coloniale,  1876,  t.  XLYIII,  p.  82-94. 

1017.  Die  naturwissenschaft.  Resuliate  der  Expédition  S.  M.  S.  Gazelle. 
Reisen  in  Neu-Britannien,  Neu-Irland,  Neu-Hannover.  ZeiUchr, 
der  Gesellsch,  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  V.  XI,  1876,  p.  135. 

lOlS.Beschreibung  einigcr  Insein  der  Neu-Hebriden,  und  der  Salomo- 
Gruppe,  sowie  der  Admiralitats  Insel  im  Stillen  Océan.  Annalen 
der  Hydrographie,  lY,  1876,  p.  202. 

1019.  Bemerkungen  ûber  einige  Insein  der  Fiji,  Tonga  und  Samoa-Grup- 
pen.  Annalen  der  Hydrographie,  lY,  1876,  p.  455. 

1020^.Le8son  (A.).  Yanikoro  et  ses  habitants.  Revue  d'anthropologie,  Y, 
1876,  p.  252. 

1021.Lageder  Parry-Inseln  (Gook-Gruppe),  der  Mopelin-Gruppe  und 
der  Scilly-Tnseln.  Annalen  der  Hydrographie,  lY,  1876,  p.  201. 

1022.  GiLL  ^W.  Wyatt).  On  the  origin  of  the  South  Sea  Islanders  and 
on  some  traditions  of  the  Hervey  Islands.  Journal  of  the  Anlhro- 
pological  Insiitute,  YI,  1876,  p.  2. 

1023.  Jacquemart.  Iles  Gambier.  Annales  hydrographiques,  1875,  p.  500. 

1024.  Renseignements  sur  quelques  points  des  iles  Marquises,  sur  di- 
verses îles  des  Tuamotous,  sur  les  Garabiers  et  sur  File  Mehetia. 
Annales  hydrographiques,  1876,  p.  18. 

1025.  Heurte  AU  (E.).  Constitution  géologique  et  recherches  minérales  de 
la  Nouvelle-Calédonie.  En  extrait,  par  M.  Delesse,  Bulletin  de  la 
Soe,  de  Géographie,  numéro  de  décembre,  p.  648. 

1026.  Chahbetrox  (Capitaine  de  frégate).  Le  Grand  Récif  au  nord  de  la 
Nouvelle-Calédonie.  Bulletin  de  la  Soc,  de  Géographie,  1876,  nu- 
méro de  décembre,  p.  634. 

'  Très-intéressante  notice  but  la  conformation  des  côtes  de  la  Nouvelle- 
Calédonie.  Le  commandant  Chambeyron  est  l'un  des  officiers  de  notre  ma- 
rine qui  connaissent  le  mieux  le  littoral  néo-calédonien. 

1027.  Mostrouzibr  (Le  R.  P.).  Note  d'histoire  naturelle  sur  les  îles 
Huon  et  Surprise.  Bulletin  de  la  Soc.  de  Géographie,  1876, 
numéro  de  décembre,  p.  6^5. 


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ILES  DU  PACIFIQUE.  ILES  AUSTRALES.  527 

1028.  Kettler  (J.  J.).  Fortschritte  in  Neu-Seeland.  Miltheilungen  de 
Petermann,  1876,  n"  IV,  p.  128. 

1029.BeinerkuDgen  ûber  einige  Hâfen  von  Neu  Seeland.  Ânnalen  der 
Hydrographie,  IV.  1876,  p.  407. 

1030.  FiLHOL  (H.).  Constitution  physique  de  l'Ile  Campbell,  mémoire 
lu  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris.  Revue  scientifique,  1876, 
t.  X,  p.  117. 

1031  .Expédition S. M.  S.  Gajenc.DieKerguelen.  ZeitschriftderGeselUch» 
fur  Erdkunde  zu  Berlin,  vol.  XI,  62,  p.  94. 

1032.  Stumr.  Ueber  den  Thierleben  auf  den  Kerguelen,  VerhandL  der 
Geselhchafl  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  III,  1876,  p.  159. 


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AMÉRIQUE 
I 

HISTOIRE  DES  DÉCOUVERTES 


1053.  Una  raemoria  della  scoperta  dell'  America.  Bolleltlno  dcUa  Soc, 
geogr,  italiana,  Roma,  187G,  maggio  (fascic.  5),  p.  338-339. 

1034.  Francisco  de  Socza.  La  colonisation  de  l'Amérique  du  Nord  en 
1500,  par  des  émigrés  venus  d*Oporto,  d'Aveiro  et  Texeira;  ma- 
nuscrit de  1570  perdu  dans  le  tremblement  de  terre  de  Lisbonne 
de  1755  et  retrouvé  aux  Açores  tin  1875.  Revue  scientifique^  1876, 
t.  X,  p.  190. 

•1055.  Ferbaro  (Professore  Gidseite).  Relazione  délie  scoperte  fatte  da 
G.  Colombo,  da  A.  Yespucci  e  de  altri  dal  1492  al  1506,  tratta  dci 
manoscritti  délia  Bibliotheca  di  Ferrara,  e  pubblicata  per  la 
prima -volta  ed  annotata  dal  Prof.  G.  Ferraro.  Botogna,  Roma- 
gnoli,  1875,  con4  lavole  di  designi. 

H.  Gabriel  Gravier  a  bien  voulu  nous  remettre  la  uotc  suivante  sur  cet 
ouvrage,  qu'il  a  entre  les  mains  :  «  Le  manuscrit  de  Forrare  est  formé  en 
partie  des  communications  faites  par  Pierre  Uartyr  d'Anghiera.  Il  a  été 
imprimé  plusieurs  fois,  sous  divers  titres,  plus  ou  moins  complètement  et 
exactement,  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle;  mais  les  exem- 
.plaires  de  ces  publications  ne  se  trouvent  plus  que  bien  rarement,  dans 
quelques  bibliothèques  publiques  de  l'Italie.  M.  Giuseppe  Ferraro  croyait 
même  ce  manuscrit  absolument  inédit.  Sa  publication  met  aux  mains  des 
savants  un  document  de  la  plus  grande  valeur.  M.  Cornelio  Desimoni  en  a 
fait  l'objet  d'une  longue  et  savante  étude  qu'il  a  publiée  dans  le  Giornale 
L'tguêtico  (auno  III,  fascicoli  ix  et  x).  Il  y  a  un  tirage  à  part.  » 

1056.  Mdrphy  (HtNRT  G.).  The   voyage  of  Verazzano;  a  chapler  on  the 
car ly  hislory  of  maritime  discovery  in  America.  iVetc- l'y i-A  1875, 

i'akkÉE  GÉOGR.  XV.  34  r^r-»r^olr> 


550  AMÉRIQUE.  »«  1039-1044 

in-8.  Voir  article  critique  dans  le  Geographical  Magazine  de 
Markkam,  1876,  n»  7,  p.  186. 

Le  Florentin  Giovanni  de  Verazzano,  au  service  de  François  I*%  aurait 
entrepris,  en  1524,  un  voyage  à  la  côt^  Ë.  de  l'Araérique  du  Nord,  du  cap 
Roman  (Caroline  du  Sud)  au  cap  Breton.  Les  résultats  de  ce  voyage  sont 
consignés  dans  une  lettre  à  François  I"  (8  juillet  152>i).  Dans  l'ouvrage 
dont  le  titre  est  ci-dessus,  H.  Murphy,  attaquant  l'authenticité  de  cette 
lettre,  fait  de  Verazzano  un  plagiaire  de  Stevam  Gomez,  Portugais  au  ser- 
vice de  l'Espagne,  qui,  en  1525,  accomplit  à  peu  près  le  même  voyage,  et 
d'après  les  données  duquel  son  ami,  l'Espagnol  Bit>ero,  dressa  une  carte 
de  ces  régions.  Une  grande  autorité  en  matière  d'histoire  des  voyages, 
M.  Major,  du  Briiiêh  Muséum^  s'élève,  dans  l'article  dont  le  titre  va 
suivre,  contre  la  thèse  de  M.  Murphy.  licite  comme  un  bon  juge  le  docteur 
J.  G.  Kohi,  qui,  dans  son  History  of  the  Discovery  of  theEast  Coastof 
North  America  (Portland,  1869),  résout  la  question  dans  un  autre  sens  que 
M.  Murphy. 

1037.  Major.  Yerazzano  and  fais  voyage.  Pall-Mall  Gazette,  Voy.  aussi 
Geographical  Magazine,  1876,  n"  7,  p.  186  (voy.  ci-dessus). 

1038.  CoRDEiRO  (Luciano).  De  la  part  prise  par  les  Portugais  dans  la 
découverte  de  l'Amérique.  Lettre  au  Congrès  international  des 
Araéricanistes  (Première  session,  Nancy,  1875).  —  Paris  et 
Lisbonne,  1876. 

Dans  cette  lettre  fort  étendue,  Mi  Luciano  Cordeiro  relève,  avec  toute 
l'érudition  qu'on  lui  connaît,  les  titres  des  Portugais  à  l'honneur  de 
s'être  préoccupés  de  terres  situées  au  loin  vers  l'Ouest.  Sa  revendication 
est  un  document  fort  intéressant  pour  la  grande  question  de  la  décou- 
verte de  l'Amérique. 


II 
'  AMÉRIQUE  ANGLAISEi  CANADA 

lOSb.lEDPE  (P.  A.).  Henry  Hudson  in  Holland,  1608-1609.  Tijdsekr. 
van  het  aardrij/tskundig  Genootsch,  te  'Amsterdam^  1876,  n*  5, 
p.  170. 

Hudson  proposa  alors  à  la  Hollapde  de  chercher  un  passage  le  long  des 
côtes  de  la  Sibérie,  jusqu'en  Chine.  On  sait  qu'il  ne  prit  pas  cette  roule-là. 
mais  qu'il  découvrit  la  baie  immense,  sorte  de  mer  intérieure,  à  laquelle 
il  a  donné  son  nom. 

1040.  Census  of  Canada,  1665  tol871.  Recensements  du  Canada.  (SU- 
tistics  of  Canada.  Statistiques  du  Canada).  Ottawa,  1876. 

Cette  œuvre  officielle  du  gouvernement  canadien  forme  quatre  forts  vo- 
lumes in-S*  publiés  dans  les  deux  langues  anglaise  et  française.  C'est  une 
vaste  compilation  savamment  ordonnée,  présentant  sous  toutes  ses  formes 
les  mouvements  de  la  population,  du  commerce,  de  l'industrie,  des  pro- 


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AMÉRIQUE  ANGLAISE,  CANADA.  531 

duUs  du  s»ol,  des  divers  élaJjlissements  scientifiques,  religieux,  philanthro- 
piques. Les  auteurs  ne  se  bornent  pas  à  donner  l'état  des  personnes  et 
des  choses  à  la  date  de  1871  ;  ils  prennent  la  colonie  à  l'année  1666  et  en 
montrent  le  mouvement  année  par  année.  C'est  une  histoire  où  le  chiffre 
semble  s'animer.  Nous  nous  bornerons  à  extraire,  en  raison  de  son  inté- 
rêt^pour  la  France,  le  chiffre  que  donne  le  Census  pour  la  population  en 

Français 1082940 

Anglais 706469 

Irlandais., 846414 

Ecossais 349946 

Indiens 23035* 

Noirs 21406' 

Nationalités  diverses 255361 

Total 3485  761 

1044.RiBBACH-(C.  A.).  Labrador.  Tijdschrift  van  het  aardrijkskundig 
Genoots.  te  Amsterdam,  1876,  &<>  7,  p.  2^1.  Description  sommaire 
traduite  de  l'allemand  en  hollandais»  par  J.  H.  van  Lennep. 

Découvert  en  1501  par  le  Portugais  Cortereal  qui  lui  donna  le  nom  de 
Labrador  (terre  de  labour),  remplacé  oflicieliemenl  par  celui  de  Nouvelle- 
Bretagne,  ce  pays  a  été  longtemps  négligé.  Il  est  un  des  centres  des 
missions  des  frères  moraves  auxquels  appartient  M.  Ribbach.  Des  voya- 
geurs allemands  et  anglais  l'explorent  aujourd'hui,  f/est  un  pays  à 
extrêmes  températures  :  — 56°  R.  en  hiver  et  4-24*  R.  en  été.  Pour  un  tel 
pays,  plus  f«oid  que  let  Groenland,  il  faut  une  population  d'£squimaux.  Ils 
y  sont,  en  effet,  au  nombre  de  3500,  dont  1100  de  chrétien^,  La  partie 
du  livre  relative  à  cette  tribu  est  la  plus  intéressante.  D'après  rauteùr» 
tous  les  Esquimaux,  ceux  de  la  terre  ferme  d'Amérique  et  ceux  du  Groen- 
land, appartiennent  à  la  même  souche.  Ils  sônl  d'origine  mongole  et 
ont  émigré  du  I^.  E.  de  l'Asie  à  travers  les  mers  polaires;  pendant  quelque 
temps  ils  auraient  occupé  tout  le  N.  de  TAmérique  jusqu'au  centre  des 
Étals-Unis,  puis,  s'étant  heurtés  avec  les  Peaux-Kouges  dans  les  environs 
de  l'État  actuel,  ils  auraient  été  refoulés  jusque  vers  la  baie  d'Hudson. 

1042.Handels  und  Schiffahrtsbericht  aus  Montréal  fur  1874  und  1873, 
n*  41.  Handelsbericht  aus  Toronto,  fiip  1875,  n?  23.  Preu$8. 
Handelsarchiv.f  1876. 

1045.Andèrso!9  (Capt.  S.).  On  theNorth  American  Boundary  frdm  the 
Lake  of  the  Woodîs  to  the  Rocky  Qlountains.  proceedUigs  ofthe 
Royal  geogr.  Soc,  ofLondon,  1876,  n"  2  et  3.  —  Geogi^aphical 
Magasine,  1876,  n«  5,  p.  139-146.   ' 

La  ligne  frontière  entre  les  États-Unis  et  les  possessions  anglaises  de 
l'Amérique  du  Nord  dans  la  partie  centrale  du  continent,  dc^u^s  le  lac  des 
Bois  (tout  près  des  grands  Lacs)  jusqu'aux  Montagnes  Rocheuses,  avait  été 
établie  par  le  traité  de  1818.  Pendant  cinquante  ans,  il  n'a  pas  été  néces- 
saire de  relever  et  de  délimiter  e.\actemeilt  sur  le  terrain  cette  ligne  fron- 
tière. 

1.  En  1765,  au  moment  de  la  cession,  ils  étaient  au  nombre  de  60  000.  les  do- 
cuments anglais  disent  59900  environ. 

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532  AMÉRIQUE.  N— 1045-1007 

Hais  la  colootsalion  <les  Américains  avançait  le  long  du  Bcd-RÎTer  qui 
prend  naissance  sur  le  terrîloire  des  Elats-l'nîs,  et  que  remontaicnl  île 
leur  côté  les  marchands'  de  pelleteries  anglo-canadiens  ât  la  Campagnie 
de  la  haie  d'Hudson  et  les  Français  de  la  Compagnie  du  Nord-One*.  ainsi 
que  certaines  tribus  Indiennes,  telles  qu«  les  Chippaways.  D'autre  part, 
diverses  tribus  indigènes,  après  avoir  commis  des  actes  dé  hrigandagc 
siu-  le  territoire  des  États-Unis,  se  réfugiaient  sur  le  territoire  anglais,  et 
rindccision  des  limites  donnait  lieu  à  des  difficultés  internationales;  il  a 
fallu  procéder  à  une  délimitation  régulière.  L'opération  a  été  faite  par 
une  coraraiîjsion  mixte  anglaise  et  amériraihe  et  s'esl  teminée  au  pnn- 
tempp  de  1875.  Elle  avait  commencé  en  1872. 
1044.  Die  Vermessung  der  Grearo  zwiscljen  den  Yereinigtcn-SUalen 
und  Canada.  Gloimi,  XXX,  1870,  p.  187-200. 


m 

ÉTATS-UNIS 

IQiS.Ejtplorations  faites  sous  la  direction  du  docteur  F.  V.  Hayden, 
pendant  Tannée  1875,  dans  les  territoires  de  l'ouest  des  Êtals- 
.  Unis.  Bulleim  de  la  Soc,  de  Géo^apiùe,  1870,  n»  tf  août,  p.  196- 
199. 

Ï04Ô.  United-States  geological  and  geograpliical  Survey  of  Ihe  Territo- 
ries.  Revue  scienlifigue,  1870,  t.  X,  p.  007  à  009. 

1047.  Topographical  Atlas  of  United-States  projected  to  illustrate  geo- 
graphical  explorations  and  surveys  west  of  .Ihe  100  th.  meridian 
of  longitude,  under  Ihe  aulhority  o£  W.  W.  Belknap,  and  the  direc- 
tion of  A.  A.  Humphreys  and  lieut.  gen.  M.  M'heeler.  Washing- 
ioiXy  1S76.  Article  critique  Geogr.  Magazine  de  Marhfiom,  1876, 

.  .r0,  p.  105  et  166. 

1048.  Publications  de  l'Appalachian  Mountain  Club  dans  le  journal 
«  Appalachia.  »  Boston,  1876. 

Au  commeacement  de  cette  anaée  fut  foudé  à  Boston  leelub  pour  Fei' 
plortttion  systématique  des  montagnes  de  la  MouTeHfr^Angleterre  et  dt>s 
districts  voisins.  Le  prcmfer  miméro  du  recueil  des  travaux  lie  cette  asso- 
ciation a  para  en  1876.  il  renferme  un  article  de  J.  h.  Henck  sur  unenoo- 
tollè  carie  de«  Montegnes-Blanches  (Wbite  Mountain»),  et  ub  autre  de 
'  G^liJ'Bitchoock  sur  le  systôme  des  cbaînes  atlantiques  en  général. 

i049,\VaLUMS  (H.  F.].  The  Paciûc  Tourist  illustrated,  transconlinenJal 
Guide  of  travel  from  the  Atlantic  to  the  Pacilic Océan.  Witli  spécial 
contributloB  by  ilayden,  Powell,  King,  etc.  New-York^  1876. 

lOSO.Tirginîa.  A  geographical  àhd  polilical  Summary,  embracbig  a 
description  of  the  State,  its  geology,  soils,  minerais  and  climate, 
by  the  Board  of  Immigration.  Hichmomi,  1870,  in-8. 


yGoogk 


ÉTATS-UNIS.  533 

i05I.DoiiRAVRN(EARtof).  TlîG  gfeat  Dividc,  travels  in  the  Upper  Yel- 
lowstone  in  the  summerof  1874.  London,  1876,  in-8.  Article  cri- 
tique sur  cet  ouvrag:e  dans  Geograph,  Magazine  4e  Markham, 
1876,  û»  5,  p.  152  à  134. 

1052.  Hamilton  (J.  C).  The  Prairie  province,  sketches  of  travel  from  the 
Lake  Ontario  to  Lake  Winnipeg,  and  an  account  of  the  geographi- 
cal  positions,  civil,  institutions,  climate,  inhabilants,  productions, 
trade  and  resources  of  the  Red  River  Valley.  With  maps  and  il  lus- 
trations.  Torottio,  1876. 

1053.  PixART  (Alphonse).  Lettres  écrites  de  TArizona.  BtttîëliH  de  la 
Soc.  rfeGéJo^r.,jmn  1876,  p.  656^63. 

i054.LANiER  (Sidney).  Fiorida  :  its  scenery,  climate  and  history.  Lon- 
don,  1876,  in-8. 

i055.CiiBLET  (Edww  a.).  Nebraska,  its  advantages, resources  anddraw- 
backs.  Illustrated.  Lotulon,  1875.  Article  critique  dans  Geogr 
Magazine  deMarkltam,  1876,  n»  2,  p.  4445. 

1056.  Baker  (D.  W.  C).  A  Texas  scrap-book.  Made  up  of  the  history, 
biograghy  and  miscellany  of  Texas  ajtd  its  people.  JiewYork, 
1876,  in-8. 

1057.  Simonin  (L.)..  Le  monde  américain,  souvenir  de  mes  voyages  aux 
Etats-Unis.  Paris,  1876,  in-8.  Article  critique  sur  cet  ouvrage 
dans  la  Revue  politique,  2*  série,  6«  année,  1876,  n*  2,  p.  39. 

1058.  Ratzel  (F.).  SlâdteundCulturbilder  Nordamerika's.  Leipzig,  1876. 
2  vol.  in-8. 

i059.TouTAiK  (P.).  Un  Français  en  Amérique  ;  Yankees,  Indiens  et  Mor- 
mons. Paris,  1876,  in-8. 

1060.  Fischer  (Walte»  M.).  The  Galifornhins.  Ixmdon,  1876,  in-8. 

1061.  Bancroft  (Hubert  HoweO.  The  native  Races  of  the  Pacific  States  of 
North  America.  Lotidon  and  New-York^  1875.  5  vol.  Article  cri- 
tique sur  cet  ouvrage  dans  Geographical  Magazine  de  Markham^ 
1876,  n*  3,  p.  70-71. 

Les  aborigùnes  de  l'Amérique  du  Nord  sont  voués  à  ta  destruction,  et 
c'est  dans  le  Nord,  dans  les  colonies  anglo-germaniques  que  «t  anéantis- 
sement marché  avec  le  plus  de  rapidité.  Dans  les  Étals  de  rUnion,  l'homme 
de  race  rouge  sans  mélange  est  devenu  un  rare  pliénomèoe.  Uh  aiâcle  ne 
se  passera  probabKtment  pas  avant  que  les  Indiens  ne  soient  refouléf  au 
loin  dans  le  Sud  ou  loul  à  fait  détruit?.  M.  Bancroft,  de  San  Francisco,  a 
donc  rendu  à  l'histoire  de  l'humanité  un  réel  service,  en  réunissant  tous 
les  matériaux  qu'on  peut  posséder  sur  les  tribus  aboqgènes  établies  na- 
guère ou  vivant  encore  aujourd'hui  dans  l'ouest  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. Ces  matériaux  sont  pour  la  plupart  les  ouvrages  originaux  d'anciens 
missionnaires  et  voyageurs  qui  avaient  pu  voir  les  tribus  aujourd'hui  dé- 
truites. Pour  atteindre  ce  but,  M.  Bancroft  n'a  reculé  devant  aucun  sacrl- 
flce;  lia  hii-mèrae  visité  les  bibliothèques  du  nouveau  et  de  l'ancien  monde  ; 
il  a  réuni  une  collection  de  seize  à  div-iCiit      mille  volumes  dont  quatre  col- 

V 

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534  AirÉRIOTB.  N»»  1068-1075 

htborateurs  iDtelHgr<^nf  s  et  dévoués  l'ont  aidé  î^  extraire  rhistoire  que  nons 
signalons  au  lecteur. 

i062.CATLW  (6.)  niustratiofls  of  the  manners  and  customs  of  the  Horlh 
American  Indians,  2  vol.  Londan,  1876,  in«8. 

i065.ST«TERT  (A).  Les  réserves  indiennes  aux  États-Unis.  Bulletin  de 
la  Soc,  de  Géogr,  de  Lyon,  1876, 1. 1,  n«  5,  p.  400-416. 

li)64.;Gnx  (Th.).  The  Tennessee  Pygmies.  The  Academy,  1876,  n*  195. 

idQb.  Preussiêch,  BandeUarchifi.y  1876.  Summarxsche  Uebersicfat  des 
auswartigen  Handels  und  der  Schiffahrt  der  Yereinigten  Slaaten 
von  Amerika,  von  1876  bis  i875,  n»'  27  et  58. 

1066. /6t£{.  Wirtbscbaftliche  Yerhâltnisse  des  Staates  Minnesota  (n*  41). 
New-York's  Seewerkehr  in  den  Jahren  1871  bis  1875,  und  speziell 
mit Deutschland  in  Jahre  1875  (n«  15).  — Notices  sur  le  commerce 
de  :  Baltimore  (n-  52),  Boston  (n»  23),  Chicago  (n«  18),  Galveston 
(n»  36),  Mobile  (n*  46),  New  Orléans  (n»  26),  Philadelphie  (n* 
55),  Pittshiu'g  (n-  44),  San  Francfsco  (n-  47),  Savannah  (n«  37), 
Wiiminglon  (n«  25). . 

1067.  Jack^ow  (J.).  Les  transformations  du  régime  des  eaux  dans  TAmé- 
rique  du  Nord.  V Explorateur,  lY,  1876,  p.  125. 


IV 

MEXIQUE 

1008.  LoDATo  (Jose-G.).  Meteorologia  de  Mexico.  Boletln  de  la  Sociedad 
de  geografia  y  Eitadiitica  de  la  Republica  mexicana,  Mexico^ 
1876,  t.  llf ,  n"  1-2,  p.  7  à  131. 

1069.  Storch  (J.-B.).  Eine  mexikanische  Bergstadt.  Ans  allen  Welt- 
theiUn,  t.  YII,  1876,  p.  163. 

1070.  Baron  (prof.-doct.).  Ein  Ausflug  nach  dem  Popocatepetl.  Zeitsckr. 
der  Gesells,  fur  Erdkunde  zu  Berlin,  1876,  v.  XI,  n*  62,  p.  156- 
160  (avec  texte.) 

^071.Eine  Besteigung  des  Popocatepetl.  Globtts,  XXX,  1876,  p.  25.  — 
Yoir  aussi  Amland,  1876,  n«  32. 

1072. Mexico's  production.  Handel  mid  Industrie  in  Jahr.  1875,  Prem- 
sisch.  Handelsarchiv.  1878,  n"  45.  —  Guadalajara's  Handel  im 
Jahr  1876.  Ibid.  1876,  n"  25.  —  Schiffahrt  und  Handel  von  Guay- 
mas  in  Jahr  1875.  Ibid.  1876,  n«  37. 

1073.Blondel  (S.).  Recherches  sur  les  bijoux  des  temps  primitife.  — 
Temps    préhistoriques.  —  Sauvagcè   mexicains   et  péruviens. 


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AMÉRIQUE  CENTRALE.  ANTILLES.  535 

Vjfalvy,  Revue  de  philologie  ei  d'ethnographie,  1876,  t.  II,  !!••  3 
et  4,  p.  273-311. 

i074.BASTiAN  (A.).  Die  Monameute  in  Santa-Lucia  Gotzumal-guapa, 
Zeiischr,  fur  Ethnologie,  VIII,  1876,  p.  322. 

1075.  GiiAREivcET  (H.  de).  Mélanges  sur  différents  idiomes  de  la  Non-. 
velle-Espagne,  dans  Ujfalvy,  Revue  de  philologie  et  d^ethnogra- 
phie,  Paris  1876,  t.  II,  n«  2,  p.  168-187. 


V 

AMÉRIQUE  CENTRALE 

1070.  Bererdt  [Hermank-].  Remarks  of  the  countries  of  ancient  civili- 
sation in  Central  America  and  their  geograpbical  institution. 
New-York,  1876,  in-8». 

1077.  Aube  (Th.).  Notes  sur  le  Centre-Amérique.  Revue  maritime  etco" 
loniale,  1876,  t.  XXXI,  p.  613  à  656. 

1078.  Teil  [baron  dd).  Le  Guatemala,  la  propriété  et  le  commerce 
français.  U Explorateur,  III,  1876,  p.  34,  172,  522,  579. 

1079.  PoucHCT  et  Sadtereau.  Examen  comparatif  des  divers  projets  de  ca- 
naux inter-océaniques,  par  l'isthme  du  Darien  et  le  lac  de  Nicara- 
gua. Paris,  1876,  in-4». 

1080.  Drodillet  (Léon).  Des  isthmes  américains  ;  projets  d'une  explora- 
tion géographique  internationale  des  terrains  qui  semblent  pré- 
senter le  plus  de  facilités  pour  le  percement  d'un  canal  inter- 
océanique, Paris,  1876,  in-8*». 

108I.BLANCHET  (A.-P.).  Le  canal  inter-océanique,  par  le  Nicaragua, 
U Explorateur,  III,  1876,  p.  362. 


VI 

ANTILLES 


1082.  Description  de  la  isla  de  Puerto-Rico,  por  Antonio  de  Ilerrera,  in 
1582.  Boleiin  de  la  Sociedad  geografiea  de  Madrid,  1876,  t.  l, 
h«  6,  p.  521  à  559. 

1083.  (J.  M.  P.).  Isla  de  Cuba.  Boleiin  de  la  Sociedad  geografiea  de 
Madrid,  1876,  t.  ï,  n"  4  (octobre),  p.  375-376. 


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535     '  AMÉRIQUE.  ?!<>•  10874097 

1084.PiBo\  (If.).  l/ilcdeCuba,  Santiago,  Pu erto-Principe,  Mantantar. 
La  Havane.  Paris,  i876,  in-18. 

1085.  La  situation  économique  et  financière  de  Tile  de  Cuba.  Econo- 
miste franeais,  1876,  n"  17,  p.  515-526. 

1086.  H.  PnESTOE.  On  the  discoTery  of  a  boiling  lake  in  Dominica 
Island.  Proceedings  of  the  Roy,  geogr,  Society  ^  1876,  y.  XX,  n»  8, 
p.  230-252. 

Dans  les  vallées  Rosea  et  Soufrière,  sont  de  nombreuses  soltatares 
dont  le  Lac  Bouillant  est  la  plus  gigantesque.  C*est  le  cratère  d'un  ▼olcaa 
eteiftt,  rempli  aujourd'hui  par  ce  lac  d'une  profondeur  couàidcrable.  La 
suriace  est  en  ébuUition  continuelle  ;  les  vagues,  projetées  par  la  force 
souterraine  de  la  solfatare,  s'élèvent  jusqu'à  deux  mètres  de  haut.  Xai^ 
deux  torrents  qui  alimentent  le  lac  se  ravinant  et  se  creusant  de  plus  eo 
pius,  cesseront  d'arriver  jusqu'au  lac,  qui  diminuera  ainsi  insensibiemeat 
et  Unira  par  disparaître  tout  à  fait  dans  un  avenir  qui  ne  semble  pas  u-és- 
éloigné. 


VII 

GUYANE,  VENEZUELA,  COLOMBIE,  EQUATEUR 


1087.  Chabaud-Arnadlt.  La  Guyane  française  et  la  province  du  Para. 
Revue  maritime  et  coloniale,  1876,  t.  L,  p.  410-451. 

1088.  Walker  (W.).  Map  of  British  Guiana,  etc.  1  :  440000  in  London, 
1876.  kriicle  critique  ddins  le  Geograph.  Magazine  de  Markluon, 
1876,  n«  4,  p.  103-104. 

1089.Dawce  (C.-D.).  Recollections  of  four  years  in  Venezuela.  With  map 
and  illustrations.  London,  1876,  in-S». 

L'auteur  de  ce  livre  est  missionnaire,  médecin  et  touriste.  Sa  relatioD, 
oiJi  dominent  les  récits  d'un  caractère  personnel,  sans  intérêt  pour  la  géo- 
graphie, nous  fait  assister  aux  luttes  qui  paralysent  le  progrès  en  trou- 
blant la  stabilité  des  républiques  du  Centre  et  du  Sud  Amérique. 

M.  Dance  a  résidé  de  1855  à  1858  dans  la  province  de  la  Nouvelle  Anda- 
lousie et  quelque  peu  dans  celle  de  Barcelone.  Une  fois  seulement,  il  a 
franchi  les  llanos  pour  aller  à  Saint-Thomas  d'Angostura  ou  Bolivar, 
capitale  de  la  Guyane  Vénézuélienne,  sur  l'Orénoque.  Il  cite,  mais  sans 
détails,  divers  massifs  et  chaînons  qui  accidentent  les  ilanos  ;  il  donne 
aussi  quelques  détails  sur  les  cultures  du  gingembre,  du  mais,  delà 
canne  à  sucre,  du  palmier  tamicbi.  D'après  lui,  Bolivar  a  un  certain  ave- 
nir à  cause  de  la  proximité  de  la  Guyane  anglaise.  On  trouve,  dans  cette 
ville  où  s'est  installée  une  compagnie  de  steamers  qui  remontent  l'Oré- 
noque jusqu'à  l'Apure,  des  manufactures  de  tabac,  une  colonie  d'ouvriers 
allemands  (charpentiers,  mennisiers,  ébénistes),  et  une  université  dans  le 
genre  espagnol. 


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GUYANE,  VENEZUELA,  COLOMBIE,  EQUATEUR.  537 

M.  Dauce  pense  que  les  Indiens  du  Venezuela  valent  mieux  que  ceux 
des  pays  voisins.  Les  llaneros,  chasseurs  de  bœufs  sauvages,. nu  lasso, 
•  mériteraient  de  l'intérêt  s'ils  ne  se  lai^aient  trop  souvent  exploiter  par 
les  chefs  des  partis  politiques.  Les  Indiens  Ghaïma  paraissent  à  Bf.  Dance 
constituer  l'élément  sérieUx  de  la  population  vénézuélienne.  Voici  les 
chiffres  de  population  que  M.  Dance  nous  donne,  d'après  le  recense- 
ment de  1859.  Nous  les  reproduisons,  car,  si  la  population  a  augmenté, 
les  proportions  dans  ses  éléments  constitutifs  ne  se  sont  probablement 
pas  beaucoup  modi liées. 

Population  blanche 2C0  000  hab. 

Ptaces  mélangées 414  000 

Esclaves  (nègres) 50  000 

Indiens  civilisés 155  000 

Indiens  catéchisés 14  000 

Indiens  indépendants 53  000 

Total 946  000  habitants. 

1000.  GÔRixG  (Anton).  Die  Sierra  Nevada  von  Merida,  Allgemeines  iiber 
Venezuela  ûberhaupt  :  Miitheil..  des  Vereins  fur  Erdkunde  zu 
Leipzig,  1876,  p.  92, 101, 105. 

M.  Gôring  est  peintre  ;  il  fait  un  tableau  séduisant  de  la  Sierra  de 
Mérida  qui  forme,  dans  le  Venezuela,  la  ligne  de  partage  entre  le  bassin 
de  la  grande  Lagune  de  Maracaîbo,  et  le  cours  du  Rio  Apure.  Le  trajet 
se  fait  en  traversant  la  lagune,  puis  la  plaine  brûlante  dcl  Zulia  pour  arri- 
ver enfîn  au  contre-fort  de  Bettijoque,  d'où  la  vue  embrasse  le  vaste  bassin 
lacustre  de  Maracaîbo.  A  partir  de  \h,  on  est  en  montagne,  et  après  avoir 
suivi  le  cours  de  rio  Chama  aux  fraîches  ondes,  on  arrive,  au  bout  d*uue 
semaine  de  trajet,  sur  un  plateau  occupé  par  la  ville  de  Merida.  Située  au 
milieu  d'une  riche  et  splendide  natdre,  la  ville  de  Merida  compte  6  à  7000 
ftmes,  dont  les  demeures  à  un  seul  étage  sont  habitues  par  une  seule 
famille.  Les  rues  se  coupent  à  angles  droits.  Mérida  est  le  siège  d'un  évê- 
ché  et  d'une  université.  Cette  dernière,  à  vrai  dire,  n'est  guère  qu'une 
haute  école  pour  déjeunes  théologiens.  Les  citadins  sont,  pour  la  plupart, 
des  créoles  espagnols,  mais  les  campagnards  qu'on  peut  voir  le  lundi, 
jour  du  marché,  sont  des  métis  d'indiens  et  de  créoles,  avec  quelques 
Indiens  pur  sang,  descendants  des  Timotes  et  des  Mucuchies.  Rarement 
on  y  voit  des  nègres  ou  des  nègres-métis:  ils  préfèrent  la  vie  des  contrées 
basses  dont  le  cUmat  leur  convient  mieux.  Quelques  commerçants  étran- 
gers, Italiens  pour  la  plupart,  se  sont  établis  à  Merida.  La  notice  de  M.  Gô- 
ring donne  envie  de  iaire  comme  eux. 

1091.  BRosiOLET.  Situation  commerciale  de  Puerto-Cabello  (Venezuela) 
et  de  Barranquilla  (Colombie). Revm  maritime  et  coloniale,  1876, 
t.  LU,  p.  286  à  288. 

1092.  Saenz  (N.).  Abhandlung  ûber  einige  Volksstâmme  in  Terrilorien 
van  San-Martin,  Vereinigte  Staaten  von  Columbia.  (Memoria 
sobre  algunas  tribus  del  territorio  de  San-Martin.)  ZeitschfrU  fur 
Ethnologie,  VIII,  1876,  p.  527-356. 

1093.  La  Colombie  d'après  les  derniers  documents  officiels.  Economiste 
français,  1875,  18  et  25  décembre. 


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558  AMÉRIQUE.  X<»  1087-1097 

10§4.  Reiss  h  STfBRL.  AHiiras  tomadas  en  la  Republiea  de)  Ecuador, 
en  los  afios  de  1870  y  1871,  y  en  la  RepuMica  de  Cdombia  en 
1870.  Deux  brochures,  Quito,  1871  et  1872,  in-8«.  —  Voir  aussi 
un  article  du  professeur  Meinicfee  sur  ce  sujet,  dans  le  XII«  Jah' 
resbericht  des  Vereins  fur  Erdkunde  ;w  Dresden. 

Sous  les  titres  de  Alturns  tomadas  en  la  republica  del  Ecuador  en 
los  anos  de  1870 1/ 1871  (Quito  1871),  et  Alluras  tomadas  en  la  rejmblica 
de  Colombia  (Quito  1872),  deux  géologues,  les  Docteurs  Stûbel  et  Reiss 
avaient  publié  les  résultats  d'environ  i200  mesures  altitudinales  déter- 
minées pendant  leurs  voyages,quelques-unes  à  l'aide  de  triangulations,  mais 
la  plupart  au  baromètre.  Ces  altitudes,  exprimées  en  mètre:»,  avaient  été 
reproduites  (XU*  Jahresbericht  der  Vereins  fur  Erdkunde  zu  Dresden) 
par  le  professeur  Meinicke,  accompagnées'  des  altitudes  recueillies  antérieu* 
rement  sur  divers  des  points  d'observation  de  MM.  Stûbel  et  Reiss.  Dans 
la  note  dont  le  titre  est  ci-dessous,  le  professeur  H.  Kiepert  a  réuni  ces 
cotes  snr  une  carte  publiée  par  la  Zeitsehrift  der  GeselUchaft  f&r 
Erdkunde,  Ces  utiles  indications  permettront  de  donner  plus  de  précision 
aux  cartes  encore  imparfaites  d'une  partie  intéressante  de  rAraérique 
du  Snd.  La  carte  du  D'  Kiepert,  qui  ne  donne  que  la  planimétrie  et  les 
principaux  sommets,  est  à  l'échelle  de  1/2,C00,000. 

1095,  Kiepert  (Professeur  H.).  Zur  Uebersicht  der  Hôbenmessungen  in 
Golumbia  und  Ecuador.  Zâtschrift  der  GeselUchafl  fur  Erd^ 
kunde  zu  Berlin.  1876,  n"  65,  p.  239. 

1096.  Edouard  Steiniieil.  Barometrische  Hôhenbestiramungen  in  Colum- 
hiexi.  Mitlkeilungen  de  Petermann,  1876,  p. '281,  avec  carte  à 
1/1,600,000«  et  profils. 

C'est  pour  des  recherches  ei\iomo1ogiques  que  H.  Steinheil  a  visité  la 
Colombie  de  1872  à  1875.  Ses  itinéraires  ont  été  fructueux  aussi  pour  la 
géographie,  car  ils  nous  ont  valu  un  bon  nombre  d'altitudes.  La  compa- 
raison serait  intéressante  à  faire  entre  ces  chiffres  et  ceux  qui  résultent 
des  voyages  de  MM.  Reiss  et  Stûbel,  dans  la  même  région. 

M.  Steinheil  a  fait  ^es  observations  avec  un  baromètre  de  voyage,  nous 
dit  la  note  publiée  dans  les  Miitheilungen.  Le  contrôle  devait  être 
obtenu  à  l'aide  d'observations  correspondantes  prises  avec  deux  baro- 
mètres, dont  l'un  fut  cassé  par  accident.  Le  voyageur  voulut  alors  recourir 
à  l'observatoire  de  Bogota,  mais  cet  établissement  semble  en  pleine 
décadence  et  M.  Steinheil  ne  fut  même  pas  autorisé  à  y  entrer.  f<'ayant 
pu  faire  des  observations  au  bord  de  la  mer,  il  adopta  comme  station 
de  départ  l'auberge  de  Barranquilla,  à  8,12  mètres  au-dessus  du  uiveatf 
de  la  mer. 

Un  premier  voyage  conduisit  M.  Steinheil  par  le  Paramo  del  Cruz 
Yerde,  à  Test  de  Bogota,  ù  Ubàque,  dans  la  vallée  du  Rio  Meta.  Un 
deuxième  voyage  eut  pour  but  la  Luzera,  cabane  située  snr  la  limite 
nord  du  plateau  de  Bogota.  Au  retour,  l'explorateur  fit  une  pointe  vers 
l'ouest  sur  les  mines  d'émeraude  de  Muzo.  Enfin,  le  plus  long  itinéraire 
de  M.  Steinheil  franchit  le  Rio  Magdalcna  à  Ambaiéma,  traverse  le  col 
de  Quindiù,  pour  redescendre  dans  la  vallée  du  Rio  Cauca,  puis,  à  partir 
de  Cartago,  il  remonte  vers  le  nord  parallèlement  au  Cauca,  jusqu'à 
Medellin.  Pe  là,  prenant  la  direction  de  l'est,  il  arrive  Jusqu'à  r<ara  sur 
le  Magdalena. 

La  ligne  de  partage  des  eaux  da  l'Amazone  et  du  Magdalena,  au  point 


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PÉROU,  BOLIVIE.  530 

où  Ta  franchie  V.  Steinheil  dam  son  premier  voyage,  est  à  -SSôS  mètres 

d'altitude.  La  Luzera  où  le  conduisit  son  deuxième  itinéraire  est  à  2867 

.  mètres.  Le  col  de  Quindiù,  est  â  5448  mètres.  Bogota  est  à  2632  mètres. 

1097.  Geis  (E.).  Neueste  Besteigung  des  Vulkans  Pinchincha  bei  Quito. 
Naturund  Offenbarung,  XXH,  1876,  n»  I. 


YÏII 

PÉROU,  BOLIVIE 


1098.  EvEiticH  (Max).  Die  Sttdamerikanische  Pacifie  Eisenbahn,  Miltkeil. 
de  Petermann,  1876,  n«  9,  p.  345-349. 

1099.  ScHOTz  (Dauiàn  von).  Die  Peruanischcn  Eisenbahnen.  Atts  allen 
WeUiheilen.  VII,  1876,  p.  172. 

1100.  Markham  (Cléments  R.).  Demarcacion  politicadel  Peni,  Lima,  1872, 
et  Antonio  Raimondi,  El  Peru,  Lima,  1874.  Geographical  Maga- 
îiwe,  1876,  n«  4,  p.  89. 

M.  Antoine  Rairoondi,  natif  de  Milan»  arriva  au  Pérou  en  1850.  De  1855 
à  1868  il  en  a  exploré  toutes  les  provinces  et  s'est  résolu  à  publier 
un- ouvrage  d'ensemble  sur  ce  pays.  L'ouvrage  doit  comprendre  non- 
seulement  les  propres  recherches  de  M.  Raimondi«  mais  encore  les 
cléments  puisés  dans  les  Ouvrages  de  tous  les  naturalistes  et  historiens, 
tant  péruviens  qu'étrangers,  qui  ont  étudié  le  Pérou  depuis  le  dix- 
huitième  siècle  jusqu'à  nos  jours.  L'auteur  en  signale  même  un  nou- 
veau, Pedro  de  Osma,  qui,  en  1568,  décrivait  des  plantes  péruviennes. 

Pendant  le  dix-huitième  siècle,  nous  vo^fons  le  Pérou  étudié  à  divers 
points  de  vue  par  le  Père  Feuillée,  Frézier,  de  la  Condamine,  Ruiz,  Pavon, 
Azara,  Hœnke.  Quelques  Péruviens  aussi  ont  marqué  dans  ces  études, 
tel  que l0D'GD8moBeiio,leD' Gabriel  Mweno,  leD'Unanane.Anolre  époque 
enfin,  les  recherches  sur  le  Pérou  ont  surtout  profité  des  travaux  de  Fitzroy 
Pôppig,  Darwin,  Gastelnau,  Tucker,  Humboldt,  Tschudi,  d'Orbigny,  Markham, 
Pentland,  Forbes,  Pissis,  etc.,  et  nous  n'avons  nommé  là  que  les  plus 
célèbres.  11  y  faut  ajouter  quelques  noms  péruviens  :  Nicolas  de  Pierola, 
Hariano  Rivero,  Paz-Sol(lBn,  et  enfin  Manuel  Pardo,  le  Président  de  la 
République.  .11  a  réglé  lui-même,  en  juin  1873,  tous  les  détails  de  l'im- 
pression du  grand  ouvrage  de  Raimondl  aux  frais  de  l'État.  Cette  œuvre 
doit  comprendre  .<«ept  volumes.  Le  premier  est  la  partie  préliminaire  et 
historique.  Il  donne  la  relation  des  voyages  de  M.  Raimondl.  La  carte 
qui  l'accompagne  (1/4,000,000)  donne  les  limites  vagues  des  provinces  vers 
1553,  puis  celles  de  1784.  qui  se  maintinrent  jusqu'à  l'expulsion  des 
Espagnols,  en  1824.  Le  deuxième*  volume  s'occupera  de  la  géographie  et 
de  la  météorologie,  le  troisième  de  la  géologie,  le  quatrième  de  la 
minéralogie,  î  compris  les  sources  thermales.  Lsfs  cinquième  et  sixième 
volumes  seront  consacrés  h  la  zoologie  et  la  botanique.  Enfin  le  Septième 
comprendra  l'ethnologie  des  tribus  du  Pérou,  la  descriptk>n  de  leurs 
vestiges  archéologiques  et  de  leur  industrie  relative  actuelle. 


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540  AMÉRIQUE.  N<»*  11D7-1130 

IKH.Chéhot  (A.)*  I^  Pérou  :  productions,  ^uano,  travaux  publics' 
finances,  etc.  Journal  de$  Econotnistes,  1875,  décembre. 

1102.  RAi]f05Di(A.].  Mapa  para  la  Historia  de  lageografia  del  Pcrù  en 
el  ano  1553  [Epoca  de  la  publicacion  de  la  eronica  del  Perû,  de 
Cieza  de  Léon),  une  feuille  1/4,000,000». 

Très-intéreçsante  carte  sur  laquelle  la  partie  géographique  el  liydrogra- 
pliique  donne  l'état  actuel  des  notions  sur  le  Pérou. 

11 03.  Wagner  (Docteur  HERMàNx).  Das  Bolivianische  littoral.  MUthei- 
lungen  de  Petermann,  1876,  n"  0,  p.  521,  avec  carte. 

Le  littoral  de  la  Bolivie,  celte  étroite  hande  de  terre,  connue  aulre> 
fois  %6\ii  le  nom  vague  de  Désert  d'Aiacama,  a  gagné  une  impor- 
tiBce  internationale,  depuis  1870,  par  la  découverte  des  dépôts  de  guano 
de  Mejillones  des  couches.de  salpêtre  d'Antofaga&ta,  des  riches  mines 
d'argent  de  Caracoles,  ainsi  que  de  mines  de  plomi)  et  de  cuivre  un  peu 
partout.  Des  ports,  des  établissements  industriels,  des  chemins  de  fer  ont 
été  créés  sur  beaucoup  de  points,  et  d'autres  projets  en  résulteront.  L'au- 
teur en  donne  la  description  d'après  plusieurs  sources  récentes.  Puis  il  décrit 
aussi  pour  la  première  fois,  le  soi-disant  Désert  d'Ataeama,  qui  n'e^t  pas 
un  désert,  mais  un  vaste  plateau  ù  terrasses,  coupé  en  cinq  parties  par 
autant  de  chaînes  de  montagnes  de  diverses  hauteurs,  contre-forts  de  la 
grande  Cordillère  volcanique. 

1104.  Geographical  work  in  Bolivia,  or  topographical  fixation  by  com- 
mander Musters  at  Sucre,  and  M.\Hinchin,  civil  engtneer.  6eo- 
graph.  Magazine  de  Markham,  1876,  n«  4,  p.  105. 

1105.  Die  Wuste  Atacama.  (ilohu9,  XXIV,  1876,  n**  1  et  suivants. 

1106.Ueber  die  Galapagos  Insein,  an  der  Weskûste  von  SQdamerika. 
Annalen  der  Hydrographie^  lY,  1876,  p.  405. 


IX 

CHILI,  PATAGONIE,  CONFÉDÉRATION  AMENTINE. 

1107.Annuario  hidrografic»  de  la  marina  de  Ghile,  ano  I,  Santiago  de 
Gliile,  1875.  Article  d'annonce  critique  dans  Geograph.  Magazitte 
de  Markham,  1876,  m  6,  p:  160,  161. 

Le  directeur  de  cette  publication  est  le  capitaine  Vidal  Gormaz,  auquel 
sont  dus  deux  des  articles  du  livre.  C'est  d'abord  le  relevé  du  Maalleos, 
important  fleuve  côtier  du  Chili  méridional,'dont  la  navigation  est  entravée 
par  de  nombreux  rapides. 

Le  deuxième  article  traite  de  deux  îles  ifsolées  de  la  côte  nord  appe- 
lées autrefois  la  hl<u  Deventaduradaê,  par  Juan  Fernandez  qui  les  décou- 
vrit en  1574,  en  même  temps  que  l'autre  groupe  qui  porte  son  nota.  KUe* 
s'appellent  aujoui*d'hui  San  Félix  et  Skm  Ambrosio.  Plusieurs  fois  explorées 
depuis  et  surtout  en  1850  par  le  lieutenant  de  vaisseau  anglais  Parkios, 
qui  espérait  y  trouver  du  guano,  elles  ont  été  enfin  définitivement  décrites 
sons  tous  les  rapports. 


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CHILI,  TATAGONIE,  tOKFÉD$RATION  ARGENTINE.         541 

Un  troisième  artkle  de  YAnuario  est  le  reWé  de  l'Archipel  de  Ghonoi, 
le  plus  méridional  qui  appartienne  au  Cliili,  avec  la  cdte  opposée»  par  le 
capitaine  Don  Enrique  Simpson,  à  bord  de  la  corvette  Chacaùuco  en  1870 
et  1870.  VAnuario  donne  en  outre  plusieurs  détails  sur  leb  Ilots  et 
rochers  nouvcllemimt  découverts,  ainsi  qu'un  certain  nombre  de  bonnes 
cartes. 

IIO8.P1SSIS  (N.).  Geografica  fjsica  de  la  Républica  de  Chile.  (Article 
d'annonce  dans  MUtlieiL  der  Geogmph,  GeselUch.  in  Wien.  v. 
XIX,  1876,  n«  12,  p.  655  à  658.) 

Auteur  de  la  carte  topographique  du  Chili,  M.  Pi:»sis  avait  toute 
qualité  pour  compléter  sa  grande  œuvre  par  une  description  écrite  du 
pays.  Il  a  naturellement  tenu  compte  des  travaux  de  Claude  Gay,  Domeyko, 
Donoso,  Funk,  Cuadro,  Philîppi,  etc.  Cet  ouvrage,  fort  impoitant,  auquel 
Tauleur  à  ajouté  une  série  de  plans,  coupes,  cartes  et  tableaux  figuratifs, 
fait  autorité  au  Chili. 

1100.  Koul  (J.-G.).  Geschichte  der  Enledeckungsreisen  und  Scliiflfehrten 
zur  Magel1ans*Stras8e  und  tu  den  ihr  benadibarten  Lândern  und 
Meeren.  Zeitschr.  der  GeselUch.  fur  Erdkunde  zu  Berlin^  1876, 
Y.  XI,  n-  64-65,  p.  315-404  (avec  8  cartes),  et  n"  66,  p.  405-494. 

Excellent  article  d'un  auteur  dont  les  travaux  sur  l'histoire  de  la  géo- 
graphie sont  justement  estimés. 

4110.  Voyage  du  docteur  Berg  en  Patagonie,  avec  M.  Moreno  et  le  com- 
mandant Cruerrico.  Revue  scienlifif^ue^i^lQ,  t.  X,  p.  391  à  595. 

1111.  QoESABA  ^VicENTs  G.).  La  Patagûuia  y  las  terras  australes  del  con- 
tinente araericano.  Buenos-Ayres,  1876  (article  critique  dans 
MUtheil.  der  Geog.  Geselhch.  in  H^cm,  1876,  v.  XIX,  no«6et  7, 
p.  406  â  408). 

Cet  ouvrage  de  controverse  politique  du  biblioihécaire  de  la  ville  de 
Buenos-Ayres,  est  destiné  à  prouver  la  légitimité  des  prétentions  de  la 
République  Argentine,  touchant  la  Patagonie  et  les  terres  adjacenteir, 
réclamées  et  occupées  partiellement  par  le  Chili.  Quant  aux  anciens  docu- 
ments^espagooN,  l'auteur  en  a  oHuuUé  un  grand  nombre  ;  bien  que, 
dans  la  lettre,  ils  soient  en  général  favorables  à  la  coufédéralion  Argen- 
tine, on  reste  toujours  en  présence  de  l'équivoque  fixant  les  limites  entre 
les  deux  vice-royautés  (aujourd'hui  républiques)  par  les  mots  :  jusqu'aux 
Cordillères  ;  \es  Cordillères^  en  effet,  ne  descendent  pas  jusqu'au  détroit 
de  Magellan.  La  République  Argentine  n'a  jamais  pris  possession  de  fait 
de  la  Patagonie,  tandis  que  le  Chili,  en  poursuivant  les  Araucaniens  au 
delà  des  Cordillères,  peut  invoquer  le  uti  possidetis.  (/est  donc  une 
question  difficile  ù  trancher  autrement  que  par  un  partage. 

11 12.  La  Terre  de  feu  et  ses  habitants.  Journal  des  Missions  Évangéli- 
ques,  51«  année,  1876,  w>  d'août,  p.  511-314. 

iHS.FoRAN  (R.  P.  Japques).  Les  îles  Falkland  (Malouines).  Missions  Ca- 
•    t/to/jÈf  uM,  Lyon  1876,  i$^  année^  p.  506'509. 

111 4, KiBooRT  (contre-amiral).  Note  sur  la  situation  économique  de  la 
République  Argentine  en  1875.  Ucvne  maritime  et  coloniale, 
1876,  t.  XLVIlI,p.950à955. 


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542  âMÉBIQUE.  K*M107-1130 

1115.  PcTRooTOif  DE  LknétkT,  Los  coloiûes  agricoles  de  la  République 
Argentine.  Revue  maritime  et  cotoniale,  1876,  t.  L,  p.  736  à 
755. 

1116*  La  proviricia  delParana.  Bollet.  délia  Soc,  geogr,  Ualiana,l{ome 
1876,  Aprile,  p.  218-221. 

iin.STELZKER  (A.).  Gommunicaciones  sobre  la  geologiay  mineralogia 
de  la  Repùblica  Argentina.  Acta  de  la  Academia  nacional  de 
dencias  esactas  en  la  Univers,  de  Cordova,.!^  1875,  p.  1^ 

IIIS.Bdrmeister  (H.).  Physikalische  Beschreibung  der  Argentinischer 
Republik,  nach  eigenen  und  den  vorhandenen  fremden  Beobach-* 
tungen.  1. 1,  Die  Geschicbte  der  Entdeckung  und  die  geographische 
Skizze  des  Landes  entbaltend.  Buenos-Ayres«  1873,  grand  in-8*. 

IHO.Maupas  (E.);  Traduction  de  cet  ouvrage  en  français,  1. 1,  sous  le 
titre  ;  Description  physique  de  la  République  Argentine,  d'après 
les  observations  personnelles  et  étrangères,  etc.,  Paris,  1876, 
in*^«. 

1120.  Du  même  :  Die  Ureinwohner  der  La  Plata  Slaaten.  Zeiischr.  fur 
hthnologie,  1875,  Verhandlungen,  p.  58. 

1121.  G AY  (le  docteur).  Le  Rio  de  La  Plata,  Bulletin  de  la  Soc.  de 
Géogr.  de  Lyon,  1876,  1. 1.  n»  4,  p.  352-365. 

1122.HuNiKEN  (E.).  Die  Argentiniscbe  Provinz  Rioja.  Iai  Plata  Menait' 
»cAnyi,1876,  n«3,  6. 

1123.  HELCHEai  (F.-L.).  Karte  der  Pampa.  La  Plata  Monats9chrifi,  1876, 
n^S. 

1124.MELCHERO  (F.-L.).  Garta  topograûca  de  la  Pampa  y  de  la  linea  de 
defensa  [actual  y  projectada)  contra  los  Indios,  etc.  1  feuille 
1/2,000,000%  1875. 

1125.  A.  de  Seelstrang  et  A.  Tourmente.  Mapa  de  la  Repùblica  Argentina. 
Buenos-Ayres,  1875, 1  feuille  1/4,000,000'. 

1126.KEITH  JoHNSTOH,  G.  R.  GoNGRBVB  and  R.  STBAGiiAifi  Physical  and 
hypsometrical  observations  in  Paraguay.  Prnceedings  ofthis  Royal 
Geogr.  Soc.  of  London,  v,  XX,  1876,  n«  6,  p.  494  à  508. 

1127.  Du  même.:   Noies  on  the  physical  geography   of   Paraguay. 
•  Proeeedings  of  the   Royal  Geograph.  Society  of  London,  1876, 
v.XX,  n*  6,  p.  494. 

D'uno  façon  générale  le  Paraguay  est  un  platean  caractérisé  par  des 
forêts,  sur  la  richesse  desquelles  repote  maintenant  rayenh- du  pays.  Les 
mootagneK  qui  accèdent  au  plateau  sont  coniques,  pour  la  plupart.  Le 
courant  des  fleuves,  Parana  et  Paraguay,  se  porte  de  préférence  sur  h 
rive  gauche,  qui,  souvent  eutrainée  par  l'eau,  est  toujours  plus  abrupte 
que  la  rive  diroite,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans  le  Nord. 

Le  caractère  distinclif  du  climat  du  Paraguay  est  une  certaine  égalKé 
des  saisons;  du  moins  n'existe-t-il  pas  un  trop  grand  écart  entre  les 
extrêmes  tnaxitna  et  minirna.  En  revanche,  il  y  a  continuelle  variation 

-^—-^ ^.^ 


bkësil.  m 

des  venu  dans  la  même  loornée.  Les  déterminations  hypsométriques  de 
H.  Keith  Jobnston  offrent  beaucoup  de  données  nouvelles  et  d'impor- 
tantes corrections. 

1128.  Letort  (Charles).  L'Uruguay  :  Sa  situation  commerciale  et  écono- 
mique. Economiste  français  y  1876,  n»  9,  p.  269-271. 

1129.  Basse  (baron  Hexrv  de).  La  Plata  :  récils,  souvenirs  et  impres- 
sions de  voyage.  Paris,  1876,  in-8«. 

1130.  Du  même  :  Projet  d'exploitation  générale  des  anciennes  missions 
de  Gorrientes.  Paris,  1875,  in-S*». 


X 

BIIÊSIL 

llSl.MoBiN  (Général).  Les  opérations  géodésiques  au  Brésil»  Comptes 
rendus  de  V Académie  des  Sciences,  1876.  -—  V.  aussi  Revue 
scientifique,  1876,  t.  X,  p.  284. 

1132.  Statistisches  aus  Brasilien.  Zeitschr,  dcr  Gesellsch.  fur  Erdkunde 
%u  Berlin,  1876,  p.  240.  Chilfres  des  populations  de  sept  pro- 
vinces du  Brésil,  ainsi  que  de  la  ville  de  Bio  Janeiro  avec  son 
territoire,  appelé  municipium  neutrum. 

1.  Province  de  Bio  Grande  do  Norto  :  252  S82  habitants,  dont  220385 
libres  (1000  étranger»)  et  12600  esclaves. 

2.  Province  de  Geara,  720094  habitants,  dont  688280  libres  (1692 
étrangers)  et  51 8l4  esclaves. 

3.  Province  d'Alagoas,  544290  habitants,  dont  310927  libres  (3718 
étrangers)  et  33  364  esclaves. 

4.  Province  d'Espiritu  Santo,  82157  habiUnts,  dont  39418  libres 
(4190  étrangers)  et  22660  esclaves; 

5.  Province  de  Santa  Catharina,  159  802  habitants,  dont  144  818  libres 
(13934  étrangers)  et  14  584  esclaves; 

6.  Province  de  Parana,  126722  habitants,  dont  116162  libres  (3627 
étrangers)  et  10560  esclaves. 

7.  Province  de  Matto  GrosSb,  60417  habitants,  dont  55710  libres 
(1670  étrangers)  et  6667  esclaves. 

Ville  de  Rio  Janeiro,  274972  habitailts,  dont  2-26053  libres  (84  280 
étrangers)  et  48900  esclaves. 

1155.  Ortos  (Professeur  James).  The  Andes  and  the  Amazon,  or  across 
thecontinentof  South  America,  3*  édit.  New-York,  1876,  in-8«. 
Article  de  critique  dans  Geograph.  Magazine  de  Markham,  1876, 
n"  9,  p.  252. 

H.  Orton,  pjrofesseur  d'histoire  |  naturelle  au  Yasser  GoUege  de 
Poughkeepsie  (jitat  de  New-York),  chargé  ofiiciellemenl,  avec  quelques 
autres  savants,  du  relevé  géologi(}ue  du  Brésil,  lit  deux  voyages  à  travers 
le  continent  &ud  américain.  Dans  le  premier,  en   1867,  il  partit  de 


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5i4  AMERIQUE.  ^  N"  1131-1145 

Guayaquil,  aHa  à  Quito,  &*einbarqua  sur  le  ftio  Napo,  affluent  de  TÂma- 
20 ne,  «t  descendit  ce  grand  fleuve  jusqu'à  Para. 

Ce  fut,  au  conti^ire,  en  remontant  FAinazone,  qu'il  commença  son 
second  voyage,  en  1873.  Arrivé  à  Yurimaquas,  sur  le  Huallaga,  il  entra 
dans  le  Pérou,  se  dirigea  par  Cayamarca  verâ  Pacasmayu  sur  le  PadGque, 
où  il  visita  Lima,  Arequipa,  puis  le  lac  de  Titicaca.  Les  matières  de  sou 
premier  volume  sont  la  reproduction  d'articles  insérés  au  fur  et  à  mesure 
dans  le  fiew-York'  Evening  Post,  Ces  deux  voyages  renferment  de  cu- 
rieux détails  géologiques,  botaniques  et  zoologiques,  surtout  pour  la 
vallée  de  l'Amazone.  Ils  font  connaître  un  grand  nombre  d'arbres  dont  le 
bois  serait  applicable  à  la  charpente  et  à  la  menuiserie.  Malgré  le 
mémoire  étendu  publié  par  Chandless  dnns  le  Journal  of  the  R.  Geogr. 
Soc,  of  London,  M.  Orton  identifie  à  tort  le  Purus  avec  l'Amarumayudes 
Incns,  et  le  fait  naître  dans  les  Andes.  M.  Orton  a  entrepris,  en  1876,  un 
troisième  voyage  scientillque  dans  l'Amérique  méridionale. 

115i.Arbeiten  der  Grenzregulirungs  Commission  zwischen  Brazilien 
und  Bolivia.  Mitt/ieilungen  de  Petermann^  1876,  n<>  6,  p.  271. 

Depuis  l'automne  de  1874  jusqu'en  mars  1876,  cette  commission  a  relevé 
près  de  !250  milles  £;éographiques  de  frontières  du  sud  au  nord,  à  partir 
du  confluent  de  l'Apa  avec  le  Paraguay.  Elle  aura  difficilement  fini  en 
1877.  Les  commissaires  ont  découvert  dans  le  bassin  du  Paraguay,  près 
de  Corumba,  quatre  grands  lacs  intérieurs,  doot  les  noms  indiens  sont 
Cacérès,  Mandioré,  Gabyba  et  Ouberaba. 

il35.KELLER-LEuzi:«GER  (Frunz).  The  Amazon  and  Madeira  rivers,  skel- 
ches  and  descriptions  from  the  note  book  of  an  explorer.  Ke>v 
edit.,  with  illustrate  London,  1876,  in-8^ 

Ouvrage  sérieux  et  intéressant,  présenté  sous  une  forme  des  plus 
attrayantes  et  dont  les  illustrations  dénotent  en  M.  Franz  Relier  un 
artiste  plein  de  goût. 

1156.  CoxTo  DE  Magalhaes  (Docteur),  ex-président  de  la  province  brési- 
lienne de  Goyas.  Reise  an  den  Araguaya.  MUtheil.  de  Pclotnann, 
1876,  n»  2,  p.  79. 

Descente  et  exploration  d'un  grand  affluent  de  l'Amazone,  presque 
inconnu  jusqu'alors.  Le  président  avait  le  projet  d'attirer  vere  le  fleuve 
les  colonies  éparses  des  Indiens  et  autres  indigènes,  d'animer  la  naviga- 
tion de  l'Araguayas  et  d'entraîner  ainsi  dans  le  commerce  général  par 
la  voie  de  Para,  c(>tte  région  écartée  accessible  aujourd'hui  seulement 
par  un  long  voyage  terrestre.  Kotices  sur  les  raines  d'or  dos  Araés  et 
jes  placers  de  diamants  du  Uio  Claro,  du  Rio  Caiape  Grande,  etc.  Serpents 
gigantesques  légendaires.  Curieux  détails  sur  les  Chavantes,  Indieus  au 
profil  classique,  selon  l'auteur,  sur  les  Carajos,  autre  tribu,  dont  les 
femmes  se  distinguent  par.  une  grande  délicatesse  de  formes  et  de  traits, 
enfin  sur  les  Canoeîros,  tribu  mélangée. 

1157.Stewart-Ci.ouch  (G.-H.).  The  Amazons.  Diary  of  a  twelve  mouth's 
journey,  on  a  mission  of  inquiry,  up  the  river  Amazon  for  the 
South  American  missionai7  Society.  Geograph.  Magazine  de  Mar- 
kham^  1876,  n«>  l,p.  19. 

1138.  BioG-WiTUER  (Tljoms  P.).  The  Valley  of  the  Tibagy.  Brazil.  Ptocee- 


yGoogk 


BkËSIL.  545 

âings  ofthe  Royal  Geograph.  Society ,  toI.  XX,  1876,  n«  6,  p.  455 
à  469. 

1139.REYES  (Raphaël).  Dampfschiff-Verbindung  zwischen  Brésilien  und 
Golumbien.  (Traduit  du  portugais  par  Tingénieur  brésilien 
Eraerich.)  Mittheil.  de  Petermann,  1876,  n"  I,  p.  15-16. 

1140.  Du  même  :  Le  fleuve  des  Amazones  et  ses  affluents.  Bulletin  de 
la  Société  de  Géographie,  août  1876,  n*  185. 

1141.  Renseignements  sur  le  Para.  Bulletin  de  la  Soc,  de  Géogr.  com^ 
mercialê  de  Bordeaux,  1876,  n»  2,  p.  191-193. 

1142.  Fedilleret  (Henri).  Le  chemin  de  fer  des  Andes  et  le  canal  ama- 
zonien. Bulletin  de  la  Soc:  de  Géographie  commerciale  de  Bor- 
deaux, 1876,  n"  1,  p.  196-204. 

1143.  GoRCEu  (H.)«  Les  exploitations  de  l'or  dans  les  provinces  de  Minas 
Geraes,  Brésil.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  1876,  n"  de 
novembre,  p.  530  à  543. 

1144.  Ehericb  (Maximilian).  Die  Sûd-Amerikanische  Pacific-Ëisenbahn. 
•    Mittheil.  de  Petermann,  1876,  n»  9,  p.  347. 

Projet  grandiose  dont  l'idée  a  été  inspirée  par  la  réussite  du  grand 
railway  de  l' Amérique  du  Nord.  Un  ingénieur  anglais  commença  par 
mettre  en  avant  le  projet  modeste  d'une  communication  entre  la  côte  du 
Brésil  et  la  ville  de  Miranda,  province  de  Matto-Grosso,  moitié  par  railway 
et  moitié  par  canal.  On  n'a  encore  rien  exécuté,  mais,  on  a  amplifié 
et  agrandi  l'idée.  Il  y  a  trois  projets  en  vne,  partant  tous  d'un  port  du 
sud  du  Brésil. 

1.  Le  projet  du  capitaine  Cliristian  Palm  :  par  les  provinces  brési- 
liennes de  Parana  et  Matto-Grosso,  le  long  des  vallées  du  Rio  de  la  Plata 
et  du  Paraguay,  puis  en  Bolivie  par  les  villes  de  Chuquisaca  et  l.i  Paz, 
où  il  y  aurait  jonction  avec  le  railway  péruvien  débouchant  aux  ports 
d'islay. 

2.  Le  projet  du  capitaine  du  génie  Monteiro  Tourinho  traverserait  les 
même<  provinces  brésiliennes,  mais  sur  d'autres  routes  ;  il  toucherait  les 
mêmes  villes  boliviennes,  mais  aboutirait  au  port  péruvien  d'Arica. 

o.  Le  piojcl  de  l'ingénieur  Rebonças,  qui,  allant  droit  à  l'ouest,  dessert 
aussi  la  capitale  du  Paraguay,  Assumpcion,  et  qui,  après  Cbuquisaca,  se 
terminerait  au  port  bolivien  de  Gobij a  (important  pour  les  mines  de  cuivre, 
salpêtre,  argent,  guano,  etc.),  ou  bien  à  Iquique,  port  péruvien  du  Sud. 

1145.  ScHREiNER  (Frciherr  von).  Ueber  das  Gommunications-Wesen  in 
Brasilien.  Mittheil.  der  geogr.  GescUsch.  in  Wien^  vol.  XIX,  1876, 
c.  12,  p.  649-654. 

Les  communications  du  Brésil  avec  l'étranger  ainsi  que  la  navigation 
côtière  et  fluviale  de  cet  empire  se  sont,  depuis  quelques  années,  déve- 
loppées, d'une  manière  surprenante.  Les  communications  transatlantiques 
avec  l'Europe,  le  Pa'ji(i(|ue  et  l'Amérique  du  Nord  se  font  presque  exclu- 
sivement par  des  compagnies  étrangères,  dont  cinq  anglaises,  deux 
américaines,  une  portugaise,  une  allemande,  une  brésilienne  (jusqu'aux 
Açores),  et  trois  françaises  (le  Havre,  Bordeaux,  Marseille).  Mais  les 
communications  côtières.  sont  réservées  à  des  compagnies  brésiliennes 
qui  sont  au  nombre  de  dix,  dont  huit  compagnies  de  vapeurs  et  deux 

L*àNXÉE  GÉOGR.  XV.  35 


546  AMÉRIQUE.  N-  llSl-iltè 

de  chemins  de  fer.  La  Davigation  fluviale  de  rAmazoae  et  de  ses  affluents 
jusqu'aux  frontières  du  Pérou,  de  la  Colombie,  du  Venezuela,  etc.,  est 
entre  les  mains  d'une  compagnie  anglaise.  La  naTÎgation  des  autres 
fleuves  est  exploitée  par  des  compagnies  brésiliennes. 

L'article  de  -M.  Schreiner  se  termine  par  des  détails  sur  les  communi- 
cations télégraphiques  du.  Brésil. 


Les  opérations  géodésiques  au  Brésil. 

Une  commission  a  été  instituée  au  Brésil  pour  procéder  à 
des  opérations  géodésiques  d'ensemble  sur  Timmense  terri- 
toire de  Tempire.        ' 

Voici,  d*après  la  communication  du  général  Morin  à  FAca- 
démie  des  sciences  [n^  1131),  la  situation  des  travaux  entre- 
pris jusqu'à  ce  jour. 

«  Cette  commission  a  d*abord  pour  mission  de  détermiiier 
la  position  exacte  d'une  série  de  stations  géodésiques  entre 
l'observatoire  de  Rio  de  Janeiro  et  la  ville  de  Sau-Joan  de  Rio 
Glaro,  extrémité  actuelle  du  chemin  de  fer  de  Rio  à  San^ 
Paolo  et  point  de  départ  du  prolongement  projeté  de  ce  che^ 
min  jusqu'à  l'embouchure  de  la  rivière  Tiele  dans  le  Parana, 
en  continuant  les  triangulations  jusqu'à  cette  embouchure. 

«  D'après  la  position  des  stations  extrêmes,  cette  opération 
aura  pour  résultat  la  mesure  exacte  d'un  arc  de  parallèle  situé 
à  la  latitude  sud  d'environ  23  degrés  et  de  9  à  10  degrés 
d'étendue  en  longitude,  l'eliant  la  capitale  de  l'Empire  au 
grand  méridien  du  Brésil. 

«  D'une  autre  part,  ce  méridien,  qui  est  à  la  longitude 
occidentale  de  10  degrés  par  rapport  à  l'observatoire  de 
Rio,  traverse  tout  le  Brésil,  depuis  la  latitude  nord  de 
2  degrés  à  la  frontière  de  la  Guyane  française  jusqu'à  la 
latitude  sud  d'environ  53  degrés  et  demi,  où  il  se  termine  à 
Tembouchure  de  la  rivière  Chuy,  limite  de  l'État  oriental  de 
l'Uruguay,  embrassant  ainsi  un  arc  de  plus  de  33  degrés  et 
demi,  et  il  atteindrait  38  degrés  si  sa  mesure  était  prolongée, 
vomme  on  doit  le  désirer,  jusqu'au  littoral  de  notre  colonie. 

«  La  mesure  d'un  arc  de  méridien,  partant  de  l'Equateur 

.„,_.,  Google 


BRESIL  547 

et  d'une  amplitude  supérieure  à  tout  ce  qui  a  été  fait  ou  en- 
trepris dans  ce  genre,  est  l'opération  principale  que  doit  exé- 
cuter la  Commission  des  savants  brésiliens  sous  la  direction 
de  notre  compatriote  M.  Liais,  directeur  de  l'observatoire  de 
Rio. 

«  Le  concours  des  directeurs  des  lignes  télégraphiques  de 
terre  et  de  mer  est  assuré  à  ces  opérations,  et,  quand  les  sta- 
tions télégraphiques  feront  défaut,  on  y  suppléera,  pour  la  dé- 
termination des  longitudes,  par  l'emploi  de  signaux  lumineux 
reçus  et  transmis  à  l'aide  d'appareils  chronométriques  enregis- 
treurs, dont  la  marche  aura  été  soigneusement  comparée  avec 
les  observations  horaires  faites  à  l'observatoire  de  Rio. 

<K  Pour  la  détermination  des  latitudes  des  diverses  stations  de 
cet  immense  réseau  géodésique,  on  aura  recours  aux  observa- 
tions zénithales,  pour  lesquelles  on  emploiera  une  lunette  per- 
fectionnée par  les  soins  de  l'observatoire  de  Rio.  » 

Les  communications  fluviales  du  Brésil* 

bien  qu'il  possède  l'un  des  plus  beaux  réseaux  hydrologî- 
ques  du  monde,  le  Brésil  est  encore  assez  arriéré  au  point  de 
vue  de  sa  navigation  intérieure.  A  plusieurs  reprises,  cepen- 
dant, l'attention  du  gouvernement  et  des  ingénieurs  s'est  pré- 
occupée de  cet  état  de  choses.  En  1773,  déjà,  le  gouverneur  de 
la  province  de  Matto-Grosso,  Luiz  de  Albuquerque,  avait  voulu 
réunir  les  sources  du  Rio  Allègre  (affluent  de  l'Amazone)  à 
celles  du  Rio  Aguàpehy  (affluent  du  Paraguay),  qui  ne  sont 
séparées  que  par  5  kilomètres.  L'entreprise  avait  échoué  faute 
dô  ressources.  Récemment,  M.  José  de  Moraes,  ingénieur  du 
gouvernement,  a  repris  l'étude  de  la  question.  Rappelons  à  ce 
propos,  qu'il  a  consacré  à  Texposé  de  ses  idées  un  ouvrage 
intitulé  Navegaçâo  interior  da  Brasil  (Rio  de  Janeiro, 
1869).  11  propose  de  faire  communiquer  le  Paraguay  et  le 
Parana  en  réunissant  par  un  canal  les  têtes  de  leurs  affluents 
respectifs  de  gauche  et  de  droite,  le  Mondego  et  le  Rio  Pardo. 

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548  AMÉRIQUE.  N»*  1131-1145 

Une  communication  serait  aussi  établie  entre  San  Francisco 
et  le  Rio  Grande  ou  Para,  avec  un  débouché  sur  l'océan  par  le 
Rio  Parahiba.  Ainsi  le  Brésil  se  trouverait  pourvu  d'une  double 
ligne  de  navigation  ininterrompue,  aussi  précieuse  pour  le 
commerce  que  pour  la  défense  du  pays. 

Le  développement  de  ligne  fluviale  qui,  par  l'Amazone,  réu- 
nirait Belem,  capitale  du  Para  à  Cuyaba,  capitale  du  Matto- 
Grosso,  serait  d'environ  5500  kilomètres.  La  distance  qui  sépare 
l'embouchure  du  San  Lourenço  (côté  sud  de  Guyaba)  de  Mon- 
tevideo est  d  a  peu  près  3337  kilomètres  ;  en  les  ajoutant  aux 
4976  kilomètres  de  distance  entre  Belem  et  l'embouchure  du 
San  Lourenço,  on  arrive  à  8313  kilomètres  pour  la  ligne  de 
navigation  continue  qu'établirait  le  percement  d'un  canal  de 
5500  mètres. 

Dans  l'état  actuel  la  navigation  existe  de  Montevideo  à 
Cuyaba,  depuis  1856,  date  de  l'affranchissement  du  Paraguay. 
Depuis  19  ans,  l'Amazone  et  son  haut  cours,  le  Solimoes,  sont 
parcourus  jusqu'à  Tabatinga  sur  la  frontière  du  Pérou.  En 
amont  de  Tabatinga  la  navigation  va  jusqu'à  Santa-Cruz,  tan- 
dis que,  dans  la  république  de  l'Equateur,  les  bateaux  remon- 
tent les  Rio  Iça  et  Japura,  et  que,  par  le  RioNegro,  on  pénètre 
dans  le  Venezuela. 

Un  négociant  colombien,  M.  Raphaël  Reyes(n°  1139),  a,  de 
son  côté,  étudié  les  communications  fluviales  à  établir  entre 
le  Brésil  et  la  Bolivie.  11  a  voyagé  pendant  quatre  mois  dans  les 
forêts  du  Far  West  brésilien,  et  navigué  pendant  trois  mois  sur 
le  Rio  Iça  ou  Putumayo.  Il  a  donné  au  sujet  de  ce  fleuve,  dont  le 
cours  n'a  pis  moins  de  150  myriamètres  de  développement, 
des  détails  bons  à  enregistrer.  Le  Rio  Iça  naît,  par  2  degrés 
de  latitude  nord,  dans  les  Andes  de  la  province  de  Pasto. 
Pendant  son  trajet  il  reçoit  25  grands  affluents,  sans  compter 
de  moindres  tributaires  dont  quelques-uns  cependant  compor- 
tent une  navigation.  De  décembre  au  milieu  d'avril,  c'est-à- 
dire  aux  basses  eaux,  llça  a  une  profondeur  de  1",5  pendant 
les  200  premiers  kilomètres  de  son  cours  ;  en  aval,  il  a  de  2™,  10 

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BRÉSIL.  540 

de  profoirdeur.  Cette  profondeur  est  doublée  à  Tépoque  des 
hautes  eaux.  Par  endroits  le  fleuve  a  400  mètres  de  largeur; 
ses  eaux  coulent  avec  une  vitesse  de  5  à  4  milles  par  heure  sur 
un  fond  de  sable.  Ses  rives  boisées  produisent  le  caoutchouc, 
la  salsepareille,  le  cacao,  les  bois  pour  Tindustrie,  les  résines 
précieuses,  etc.  Le  climat  est  aussi  sain  que  celui  de  l'Amazone, 
et  la  température  varie  de  20  à  22  grades.  Les  Indiens  rive- 
rains sont  pacifiques  et  hospitaliers. 

M.  Reyes,  dans  un  article  publié  au  Btdletin  de  la  Société 
de  Géographie  (n^  1140),  expose  les  lignes  de  navigation  à 
suivre  pour  traverser  le  continent  Sud-Âmérique  au  moyen  des 
cours  d'eau,  en  ne  faisant  par  terre  que  quelques  courts  trajets. 


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RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES 


1146.  FiNGER  (docteur  F.-A.).  Die  allmâhliche  Entwickelung  unserer 
Kentniss  yon  der  Arktischen  Région.  Jahres-Bericht  des  Frank- 
furter-Vereim  fur  Géographie  und  Statùtih,  1874-1875  (publié 
en  1876). 

En  dix-huit  petites  cartes  polaires  juxtaposées,  le  docteur  Finger  donne 
le  figuré  des  régions  polaires  tel  qu'il  résultait  des  notions  géographiques 
à  autant  d'époques  correspondantes.  La  première  carte  est  d'après  l'atlas 
de  Ptolémée,  publié  à  Rome  en  1508;  la  dernière,  d'après  l'atlas  de  Kiepert 

.     (1874). 

1147.  P.-L.  SuufONos.  F.  B.  G.  I.  The  arctic  régions  and  polar  disco- 
yeries  during  the  nineteenth  century.  Londres,  1875. 

Réédition  d'un  excellent  aperçu  historique  des  découvertes  aux  régions 
polaires  pendant  le  dix-neuvième  siècle. 

1148.  Ma8on  (James).  IflerWorld  adventiires  :  or  voyages  and  travels  in 
the  arctic  régions  from  the  discovery  of  Iceland  to  the  english 
expédition  of  1875.  Londres,  1876.  1  vol.  in-8,  avec  nombreuses 
gravures. 

Comme  le  précédent  ouvrage,  celui-ci  est  un  très-bon  résumé  de  This» 
toire  des  explorations  arctiques.  U  s'arrête  au  départ  de  l'expédition  an- 
glaise de  XAUri  et  la  ùiscovery»  et  donne  une  table  chronologique  des 
expéditions  aux  mers  polaires  boréales. 

1149.  D.  MuRBAT  Smith.  Arctic  Expéditions  from  british  and  foreign 
shores,  from  the  earliest  to  the  expédition  of  1875.  Edimbourg, 
1875.  Avec  une  carte  et  plusieurs  planches  coloriées. 

Bel  ouvrage  qui  débute  par  un  résumé  de  quelques-unes  des  expédi- 
tions dirigées  vers  les  régions  arctiques  depuis  les  époques  les  plus  an- 
ciennes sur  lesquelles  on  ait  des  renseignements.  C'est  surtout  le  côté  épi- 
sodique  des  campagnes  aux  mers  polaires  qui  domine  dans  cette  publica. 
tion. 


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552  •  RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.         N«  1146-1182 

1150.  Mac  Gaban  (J.  A.).  Under  the  Northern  Lights.  1  vol.  in<-8.  Ion- 
dres,  1876. 

Cet  ouvrage  est  une  relation  du  voyage  entrepris  par  la  Pandora,  sous 
les  ordres  de  H.  Allen  You^g,  dans  le  triple  but  de  tenter  d'efrectuer  en 
une  saison  le  passage  nord-ouest,  de  rechercher,  à  l'île  du  Roi-Goil- 
laume,  des  restes  de  Franklin,  enfin  d'avoir  des  nouvelles  de  YAlert  et 
la  Dticoveryj  alors  engagés  dans  le  Smith-Sound.  La  Pandora  fut  arrêtée 
par  les  glaces  à  l'Ile  delà  Roquette,  mais  elle  trouva  sous  un  catm,  à 
l'Ile  North-Somerset,  un  tube  métallique  renfermant  le  document  suivant, 
déposé  par  le  capitaine  James  Ross  en  1849  : 

<  7  juin  1849.  —  Le  cylindre  contenant  ce  papier  a  été  laissé  ici  par 
une  expédition  détachée  des  vaisseaux  Entreprise  et  Investigator,  sous 
le  commandement  du  capitaine  sir  James  C.  Ross,  de  la  Marine  Royale, 
à  la  recherche  de  l'expédition  de  sir  John  Franklin.  Le  but  est  d'infor- 
mer les  équipages  qui  trouveraient  ce  document,  que  les  vaisseaux  sus- 
mentionnés, après  avoir  hiverné  au  port  Léopold,  ont  laisse,  pour  l'usage 
de  sir  John  Franklin  et  de  ses  compagnons,  un  dépôt  de  provisions  sufU. 
sant  pour  six  mois. 

«  L'expédition  se  prépare  maintenant  à  retourner  aux  vaisseaux,  qui, 
aussitôt  que  possible  dès  le  printemps,  pousseront  jusqu'à  l'Ile  de  Melville 
et  exploreront  la  côte  nord  du  détroit  de  Barrow;  &'ilsne  rencontrent  pas 
ceux  qu'ils  cherchent,  ils  toucheront  au  port  Léopold  à  leur  retour,  puis 
reviendront  en  Angleterre  avant  l'hiver.  —  Jas.  C.  Ross,  capitaine.  • 

Under  the  Northern  lights  a  pour  auteur  M.  Mac  Gahan,  ce  même  re- 
porter du  New-York  Herald  qui  nous  avait  donné  une  intéressante  rela- 
tion sur  l'Aï^ie  centrale;  il  nous  donne  cette  fois,  sur  les  archipels  de 
glace  qui  s'étendent  à  l'O.  du  Groenland,  une  «trentaine  de  chapitres  ani- 
més et  d'une  lecture  tout  à  fait  attrayante. 

1151.LAMoirr  (James).  Yachting  in  the  Arctic  Seas  or  notes  of  iive 
voyages  of  sport  and  Discovery  in  the  neighbourbood  of  Spitx- 
bergen  and  Novaya  Zemlya.  1  vol.  in-8.  Londres^  1876. 

M.  Lamont  a  été  signalé  à  diverses  reprises  par  VAnnée  géographi- 
que. l\  ne  voyage  pus  uniquement  pour  avoir  le  plaisir  «  d'être  revenu,  » 
ou  la  satisfaction  d'avoir  visité  ce  que  personne  n'a  vu;  c'est  un  sport- 
man  sérieux,  désireux  d'être  utile.  Son  livre,  ^'une  lecture  d'ailleurs  in- 
téressante pour  tout  le  monde,  est  riche  en 'informations  utiles  pour  la 
géographie. 

1152.  Ahira;;té  anglaise.  Remarks  pn  Davis  strait.  Baffîn  Bay,  Smith 
Sound.  Londres^  1875,  1  vol.  in-8. 

1153.  MARinAM  ^Gleiicnts  R.).  Les  abords  de  la  région  inconnue,  histoire 
des  voyages  d'exploration  au  Pôle  Nord.  Traduction  de  H.  Gaidoz. 
Paris,  1876. 1  vol.  in-18.  ' 

1154.  Relâche  de  la  Pandora  sur  la  côte  du  Groenland,  hevue  marii,  et 
colon.,  1876,  t.  LXVIIL  p.  637  à  643. 

1155.  (E.-W.).  Voyage  de  la  Pandora  à  la  recherche  des  restes  de  l'ex- 
pédition Franklin.  Revue  marit,  et  colon.,  1876,  yoI.  XLYIIÏ. 
p.  264-275. 

1156.  Climat  et  végétation  du  Groenland.  Heme  scieniif.,  1876.  t.  X. 
p.  163  à  166.  '       . 


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RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.  553 

1157.  Régime  des  marées  dans  la  baie  du  Polaris  [extrait  d'une  lettre 
du  D'  Bessels).  Revîie  marit.  et  colon.,  1876,  t.  L,  p.  297-298. 

1158.  Wetprecht  (Kirl),  Bilder  aus  den  hohen  N'orden.  Mittheil.  de  Pe- 
termann,  1876.  «•  3,  p.  90;  n*  9,  p.  341;  n«  11,  p.  404. 

1159.  Petebmann  (A.).  Die  Entdeckun^  des  Franz  Josef-Landes.  MiitheiL 
de  Petermann,  1876.  W  6,  p.  201. 

1160.  J.  H.  Resultate  der  meteorologischen  auf  Spitzbergen  und  in  Ost 
Grônland.  Nach  Wijkander  und  Koldewey.  Mittheil,  de  Peler- 
marm,  1876.  W  8,  p.  290. 

llOl.WuKASDER  (docteur  Augustin).  Beitrag  zur  Kenntniss  der  Wind- 
verhâltnisse  in  den  Spitzbergen  umgebenden  Theilen  des  Eismee- 
res.  MiUheil,  de  Petermann,  |876.  N»  8,  p.  295. 

1102.  Die  grosse  Englische  Nor^pol-Expedition  unter  Kapilân  Nares. 
Mittheil.  de  Petermann,  1876.  N"  12,  p.  456.     - 

,  L'article  signalé  id  est  Tun  de  ces  excellente  résumés  comme  le  recueil 
géographique  de  Gotfaa  en  oonne  si  souvent. 

1163.  FosviELLB  (W.  de).  L'expédition  du  capitaine  Tîares  au  Pôle  Nord. 
Hemte  scientifique,  W  série,  II*  année,  1872,  n«  21,  p.  500  à  502. 

1164.  Malte-Brus  (V.  A.).  L'expédition  polaire  anglaise  (m  Wl^.  Bulletin 
de  la  Soc.  de  Géogr.,  janvier  1876,  p.  5  (avec  carte  à  âôôoUïïô- 

Très-bonne  notice  sur  les  préparatifs,  l'organisation,  les  instructions  de 
l'expédition. 

1165.  IL  DE  BizEKONT.  Bcvue  géographique  des  années  1872  à  1875. 
Suite  et  fin.  Régions  polaires.  Expéditions  maritimes.  Revue 
marit.  et  colon,,  1876,  t.  L,  p.  84  à  99. 

1166.  Voyage  à  la  Nouvelle-Zemble  et  dans  la  haute  Sibérie,  par 
M.  NoRDENSKJÔLD.  Économistc  français,  1876,  n»  5,  p.  144. 

1167.  E.  Weyl.  L'expédition  anglaise  au  Pôle  Nord.  Revue  marit.  et 
co/on.,  1876,  t.  L,  p.  99  à  114. 

1168.  Capitaine  Adams  [of  the  Whaling  Ship  Arctic),  Remarks  on  Ihe 
welher,  winds,  and  ice  in  the  arctic  seas  during  the  past  season  ; 
from  observations  in  Davis  strait  and  Baflin  Bay,  1875.  Procès- 
dings  of  the  Roy.  Geogr.  Soc,  of  hondon,  1876,  vol>  III,  n*  2, 
p.  160  et  161. 

1169.  Nares  (capitaine)  R.  N.  The  officiai  Report  of  the  récent  arctic 
Expéditions.  Londres,  1876. 

C'est  le  rapport  préliminaire  adressé  à  l'amirauté  par  le  capitaine  Nares, 
à  son  arrivée,  l! Année  géographique  de  l'an  prochain  parlera  du  rapport 
détaillé. 

1170.  La  spedizione  polare  Inglese.  Rollett,  4elL  Soc,  geogr,  ital., 
1876,  mars,  p.  133-155. 


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554  RÉGIONS  POUIftfiS  BORÉALES.         N«*  1146-1182 

1171.  GoiDo  GoRA.  La  spedizione  artica  Inglese,  1B75-1876.  La  Pandara 
sul  capit.  Nares.  Co^moi  de  Guido  Ck)ra,  1876,  vol.  III,  fasc.  III, 
j).  441  à  452. 

1172.  Esplorazioni  Olandesi.  Bollett,  délia  Soc,  geogr.  italiana,  1876, 
juin-juillet,  p.  439. 

1173.  Le  ultime  esplorazioni  nell'  Islanda.  Bollett.  dell.  Soc*  geogr, 
italiana,  1871,  mai,  p.  312-321. 

1174.RÀWLmsoN  (H.)  et  Richards  (G.-H.).  Sulla  rotta  verso  il  Polo  per 
la  aoedizione  artica  del  1875.  Cosmos  de  Guido  Cora,  1876,  vol. 
in,l».  192. 

1175.  Sul  freddo  arlico.  Cosmos  de  Guido  Cora,  1876,  vol.  III,  p.  34. 

1176.  Nuove  spedizioni  artiche.  Bollett,  délia  Soc.  geogr,  italiana, 
1876,  mai,  p.  337.  ^ 

1177.BBCXKR  (Alois  Ritter  V.],  lieutenant  de  vaisseau  de  la  marine  au- 
trichienne. Die  Fahrt  der  Pandora  im  Jahre  1876  von  Plymouth 
nacli  Godthavn  Disko.  Mittheil,  der  geogr*  Gesells,  in  Wien^  1876, 
vol.  XIX,  n»  10,  p.  534  à  540. 

1178.  Allen  Yourg,  Capit.  Bericht  ûber  die  Fahrt  der  Pandora  in  die 
Arktischen  Regionen.  Mittheil,  der  geogr.  Gesells,  in  Wien, 
1876,  vol.  XIX,  n»  11,  p.  585  à  5*. 

1179.Arktische  Forschungen  der  Norvreger  Schiffer.  Mittheil,  der 
geogr.  Ges.  in  Wien,  1876,  vol.  XIX,  n*  10,  p.  553-534. 

118U.  Bericht  der  Reichs  Gonmiission  znr  Begutachtung  von  •  Fragen 
der  Polarforschungen.  Mittheil.  der  géogr,  Gesells.  zu  Wien,W6, 
vol.  XIX,  n«  5,  p.  308  à  3141;  n»*  6  et  7,  p.  375  à  394,  et  n-  8  et 
9,  p.  491  à  495. 

1181.  Payer  (J.).  Die  Œsterreichisch-Ungarische  Nordpol-Expedilion  in 
den  Jahren  1872-1874. 

1182.  Wetprecht  (Charles),  lieutenant  de  ^'aisseau  de  la  marine  impé- 
riale autrichienne.  Discours  prononcé  devant  la  48"  assemblée 
des  naturalistes  et  médecins  à  Graz. 

Dans  ce  discours,  M.  Weyprecht  établit  que  les  résultats  scientifiques 
des  explorations  arctiques*  ne  répondent  point  aux  sacrifices  qu*ils  ont 
coûté.  »  La  cause  en  est  dans  ce  fait  que  presque  toutes  les  expéditions 
avaient,  comme  but  suprôme,  la  découverte  géographique.  Il  en  est  résulté 
que  les  stations  d'observation  se  sont  accumulées  sur  une  seule  zone.  Le 
savant  officier  pose  donc  les  principes  suivants  qu'il  considère  conune  les 
principes  fondamentaux  de  l'exploration  arctique. 

1*  L'exploration  arctique  eat  de  la  plus  haute  importance  pour  U  con- 
naissance des  lois  de  la  nature. 

2*  La  découverte  géographique  effectuée  dans  ces  régions  n'a  de  valenr 
sérieuse  qu'autant  qu'elle  prépare  le  terrain  pour  l'exploratioa  scientifi- 
que proprement  dite. 

3*  U  topographie  arctique  détaillée  est  chose  accessoire. 


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RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.  555 

4*  Le  pôle  géographique  n'a  pas,  pour  la  science,  de  valeur  plus  grande 
qu'aucun  autre  des  points  situés  dans  les  hautes  latitudes. 

5*  Les  stations  d'observation  sont,  sans  égard  aux  latitudes,  d'autant 
plus  favorables  que  les  phénomènes  à  étudier  y  apparaissent  avec  plus 
d'intensité. 
'  6*  Les  séries  d'observations  isolées  n'ont  qu^une  valeur  relative. 

Partant  de  ces  principes,  M.  Weyprecht,  avec  l'appui  du  comte  Wilcaek, ré- 
solut d'entreprendre  des  démarches  pour  obtenir  rétablissement,  dans  les 
régions  circumpolaires,  d'un  certain  nombre  de  stations  où  des  observa- 
tions seraient  faites  simulUnément.  Les  points  désignés  sont  le  nord  de  la 
Nouvelle-Zemble,  par  environ  76"  N.,  le  Spitzberg,  par  environ  80*  N.,  l'une 
des  îles  de  la  Nouvelle-Sibérie,  si  c'est  possible,  par  environ  ^®  N.,  les 
environs  de  Port-Barrow,  à  l'est  du  détroit  de  Bering,  et  CpenRWik.  Une 
«Ution  serait  établie  au  Finmark  norvégien,  pour  relier  la  station  du 
Spitzberg  à  celles  de  l'Europe. 

Une  lettre  adressée  par  M.  Weyprecht  et  le  comte  de  Wilczek  aux  pré- 
sidents des  Sociétés  de  Géographie,  en  marl876,  précisait  les  observations 
à  entreprendre,  sollicitait  l'appui  de  ces  sociétés  et  annonçait  qu'une  ex- 
pédition dans  les  mers  arctiques  devait  être  entreprise  en  1877-1878; 
une  première  station  allait  être  établie  dans  l'un  des  ports  au  nord  de  la 
Nouvelle-Zemble. 


Expédition  polaire  anglaise. 

Le  29  m^i  1875,  deux  navires  de  la  marine  royale  britan- 
nique, YAlert  et  la  Discovery,  quittaient  l'Angleterre  sous  le 
commandement  du  capitaine  George  Nares-pour  tenter  la 
route  du  Pôle  Nord  par  le  Smith  Sound  (canal  Smith).  L'ex- 
pédition, organisée  avec  le  plus  grand  soin,  était  munie  de 
toutes  les  ressources  nécessaires  et  dirigée  par  un  brillant 
état-major  scientifique  qui  ne  comprenait  pas  moins  de  vingt- 
six  officiers.  Le  commandant  de  l'expédition  avait  présidé  à 
une  grande  partie  de  la  remarquable  croisière  du  Challenger. 

Après  une  traversée  difficile,  les  deux  navires  arrivaient  le 
6  juillet  à  l'île  de  Disco,  sur  la  côte  occidentale  du  Groen- 
land, où  leur  premier  soin  fut  de  réparer  leurs  avaries  et 
remplacer  le  charbon  dépensé  pendant  la  route,  au  moyen  des 
provisions  apportées  par  le  Valorous,  qui  les  avait  précédés 
de  quelques  jours.  Us  quittèrent  Disco  le  15  juillet  pour  ga- 
gner Upernavick. 

Le  Valorous  revint  apporter  de  leurs  nouvelles  en  Europe. 
Quelque  temps  après,  au  mois  d'octobre,,  le  capitaine  Alleu 

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556  RÉGIONS  POLAIRES  BOREALES.         N- 1146-1182 

Young,  de  la  Pandora,  envoyé  dans  les  mers  polaires  par 
lady  Franklin,  rapportait  également  des  lettres  de  plusieurs 
officiers  de  Texpédition  ;  à  son  retour  du  détroit  de  BcUot 
qu*il  n*avait  pu  franchir  (n^  1150),  il  était  passé  aux  îles 
Carey,  où  il  avait  trouvé  ces  lettres  dans  un  caim  élevé  par  les 
soins  du  capitaine  Nares. 

L'expédition  avait  quitté  Upernavick  le  22  juillet.  Le  sur- 
lendeiilàin  les  deux  na\  ires  étaient  entrés  dans  la  banquise  de 
la  baie  de  Melville  qu'ils  avaient  franchie,  à  force  de  vapeur, 
dans  Tespace  de  trente-quatre  heures.  Doublant  le  cap  York  et 
traversant  les  eaux  du  Nord,  ils  avaient  atteint  les  îles  Carey  le 
26,  à  minuit. 

  partir  de  ce  moment  on  fut  pendant  une  année  sans  nou- 
velles des  explorateurs.  Tout  à  coup,  le  27  octobre  1876, 
VAlert  arrivait  dans  le  port  de  Yalentia  (Irlande),  (andis  que  la 
Dùcovery.  séparée  de  lui  par  une  tempête,  allait  aborder  à 
Queenstown.  Le  2  novembre,  les  deux  navires  réunis  ren- 
traient à  Porlsmouth,  qu'ils  avaient  quitté  dix-sept  mois  aupa- 
ravant, pour  un  voyage  dont  la  durée  était  fixée  à  trois  ans. 

Quelle  était  la  cause  de  ce  retour  précipité  ?  C'est  ce  que  le 
récit  des  aventures  de  l'expédition  ne  tarda  pas  à  faire  con* 
naître. 

Après  leur  départ  des  îles  Carey,  VAlert  et  la  Discovery 
avaient  gagné  sans  difficulté  l'entrée  du  Smith  Sound.  On  jeta 
l'ancre  au  port  Foulke,  une  des  meilleures  stations  des  mers 
arctiques,  où  les  vents  du  nord  et  les  courants  chauds  entre- 
tiennent un  climat  relativement  doux.  Le  capitaine  Nafes  alla 
faire  une  reconnaissance  jusqu'à  l'île  Littleton,  où  il  retrouva 
quelques  restes  du  deuxième  hivernage  du  Polaris  en  1872- 
1873. 

Le  29  juillet,  les  deux  navires,  traversant  le  détroit,  dépas- 
sèrent le  cap  Isabelle,  au  delà  duquel  se  montra  pour  la  pre- 
mière fois  la  glace  côtière  qui,  dès  le  lendemain,  les  obligea 
de  s'arrêter  pendant  plusieurs  jours  au  sud  du  cap  Sabine, 
dans  le  havre  Payer.  Le  4  août,  la  glace  s'écarta  suffisanunent 

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RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.  557 

pour  permettre  de  doubler  le  cap  Sabine  et  de  pénétrer  dans 
le  détroit  de  Hayes.  Après  une  lutte  énergique  contre  la  ban- 
quise, qui  les  avait  bloqués,  ïAlert  et  la  Discovery  doublè- 
rent à  Test  Tile  qui  ferme  l'entrée  de  ce  détroit  et  arrivèrent, 
le  8,  sur  la  côte  sud  de  la  terre  de  Grinnell,  où  ils  durent 
séjourner  trois  jours  dans  la  baie  Franklin- Pierce.  Le  12, 
ils  purent  doubler  le  cap  Hawkes  et  se  frayer  un  passage  à 
travers  la  glace,  soit  à  force  de  vapeur,  soit  au  moyeîi  de  la 
mine,  vers  le  cap  Frazer  qu'ils  atteignirent  le  16,  pour  le  dou- 
bler seulement  trois  jours  plus  tard. 

Dans  le  canal  Kennedy,  la  route  devint  plus  difficile  encore  ; 
les  monlagnes  de  glace  plus  nombreuses  et  plus  résistantes 
mettaient  à  chaque  instant  les  deux  navires  en  danger  d'être 
écrasés  par  ces  masses  énormes,  tandis  que  le  vent  contraire 
les  obligeait  à  louvoyer  péniblement,  en  se  rapprochant  de  la 
cote  orientale  du  canal.  Le  24aoûf,  le  capitaine  Nares  ayant 
fait  l'ascension  du  cap  Morlon,  àTeritrée  du  grand  fiord  Peter- 
mann,  put  jeter  un  coup  d'oeil  d'ensemble  sur  le  bassin  de 
Hall  et  le  canal  Robeson.   ^ 

Éclairé  sur  l'état  des  glaces,  il  se  remit  immédiatement 
en  route  vers  le  nord.  Le  même  jour  il  doublait  le  cap  Liéber 
et  entrait  dans  la  grande  baie  Lady-Franklin,  oii  le  lendemain 
il  jetait  l'ancre  dans  le  port  Bellot,  par  81^  44'  de  latitude. 
Ce  port  étant  un  lieu  d'hivernage  avantageux,  le  commandant 
résolut  d'y  laisser  la  Discovery  et  de  continuer  au  nord  avec 
VAlert  seul. 

Le  26  août,  les  deux  navires  se  séparèrent.  Pendant  deux 
jours  encore  VAlert  dut  rester  en  vue  de  la  Discovery,  Enfin, 
le  28,  après  un  dernier  signal  d'adieu,  la  glace  étant  plus 
ouverte,  répaif^»  brouillard  qui  l'enveloppait  s'étant  dissipé,  il 
reprit  sa  marche  et  put  doubler  le  cap  Beechey.  Le  lende- 
main il  atteignit  la  baie  Lincoln.  Pris  dans  la  banquise,  il  eut 
grand'peine  à  s'en  dégager  et  à  continuer  sa  route  le  long  de 
la  terre  de  Grant.  Enfin,  le  1®"^  septembre,  il  doublait  le  cap 
Union  et  arrivait  en  vue  du  cap  Sheridan,  par  82"  24',  en  face 

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558  RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.         N  «>  li4&-llS2 

d'un  mur  de  glace  infranchissable.  <}umze  jours  plus  tard,  le 
16  septembre,  cette  banquise  se  soudait  à  la  glace  côtière  et 
imposait  à  VAlert  ses  quartiers  d'hiver. 

Deux  grands  résultats  étaient  déjà  acquis  :  VAlert  avait 
atteint  une  latitude  où  jamais  aucun  navire  n'était  parvenu, 
dépassant  ainsi  de  13'  le  point  extrême  du  Polaris  (82*  11'); 
la  Discovery,  elle-même,  hivernait  à  6'  plus  au  nord  que  ne 
l'avait  fait  le  même  Polaris  en  1871-1872  dans  le  havre  Thank 
God  Larbour  (havre  Dieu-Merci),  par  81°  58'. 

Restait  un  redoutable  rival,  qui  depuis  près  d'un  demi- 
siècle  tenait  la  corde  dans  les  annales  des  expéditions  polaires, 
l'illustre  capitaine  Edward  Parry,  qui,  en  1827,  avec  ses 
traîneaux-barques,  avait  atteint,  au  nord  du  Spitzberg,  la 
latitude  de  82°  45',  la  plus  septentrionale  où  l'homme  fût 
jamais  arrivé.  Celui-là  devait  aussi  être  battu  par  l'expédition 
anglaise  de  1875. 

En  effet,  dès  les  derniers  jours  du  mois  de  septembre,  le 
lieutenant  Pelham  Aldrich,  suivi  de  près  par  le  capitaine  Albert 
Hastings  Markham,  les  lieutenants  Chase  Parr  et  William 
H.  May,  arrivaient  en  traîneaux,  le  long  de  la  côte  septentrion 
nale  de  la  terre  de  Grant,  jusqu'à  82°  48',  latitude  qui  devait 
être  encore  dépassée  au  printemps  suivant. 

Plusieurs  expéditions  de  traîneaux  furent  ainsi  organisées 
au  commencement  de  l'automne,  dans  le  but  de  reconnaître 
le  paysi  et  d'y  installer  des  dépôts  de  vivres  en  vue  des  grandes 
expéditions  de  printemps.  Le  lieutenant  Wyatt  Rawson,  de  la 
Discovery,  passé  sur  Y Alert,  essaya  vainement,  dans  un  voyagé 
de  dix  jours,  de  parvenir  jusqu'au  jJremier  de  (ies  deux  navired. 
Il  dut  y  renoncer  devant  ëes  massés  de  glace  comprimées  ados- 
déés  aux  falaises  et  la  neigé  accumulée  en  maàses  profondes 
dans  lés  ci^vaSses.  En  mêiUe  temps  le  capitaine  Markham, 
l^arti  le  25  septehibré,  suivait  la  côte  de  la  terre  de  Grant,  et 
ne  rentrait  que  vingt  jours  plus  tard,  le  15  octobre,  après 
avoir  parcouru  plus  de  deux  cent  soixantensix kilomètres.  Depuis 
trois  jours  déjà  le  soleil  avait  complètement  disparu  de  l'horizon. 


RÉGIONS  POLAIRES  BORËUËS.  559 

La  longue  nuit  polaire  qui  Tenait  de  commencer  dura  cent 
quarante-deux  Jours  pour  YAlert.  Le  soleil  ne  reparut  que  le 
1^'  mars  1876.  La  Discovery^  relativement  favorisée  par  sa 
position  un  peu  plus  méridionale,  ne  fut  enveloppée  par  la 
Duit  que  cinq  jours  plus  tard. 

Toutes  les  mesures  avaient  été  prises  pour  passer  ce  long 
hiver  dans  les  meilleures  conditions  ;  tout  avait  été  préparé 
pour  combattre  l'inaction  et  Tennui,  les  deux  {dus  grands 
ennemis  qu'on  eût  à  redouter.  Une  école  fut  établie,  où  les 
officiers  firent  à  tour  de  rôle  des  cours  ou  des  conférences. 

«  La  lecture,  l'écriture,  Tarithmétique,  la  navigation  et 
rbistoire  en  étaient  les  sujets  les  plus  ordinaires.  Jamais  on  ne 
vit  une  école  aussi  ordonnée,  aussi  bien  conduite^  et  c'était  un 
plaisir  pour  les  maîtres  de  consacrer  leur  temps  à  des  élèves 
aussi  désireux  de  s'instruire  que  les  bommes  de  VAlerL  Des 
jeux  de  toute  espèce,  d'échecs,  de  trictrac,  de  dames,  étaient 
mis  à  la  disposition  «de  tous.  Les  cartes  firent  fureur  ;  on  alla 
jusqu'à  engager  des  enjeux  énormes,  tels  qu'une  allumette 
(article  bien  précieux)  par  partie.  Un  bomme  fut  même  assess 
téméraire  pour  proposer  de  jouer  une  cbandelle;  mais  c'était 
une  mise  tfop  considérable  et  aucun  n'était  assez  joueur  pour 
accepter  ce  défi;  Tous  les  jeudis  soirs  étaient  consacrés  aux 
représentations  dramatiques,  aux  exhibitions  de  lanterne 
magique^  aux  lectures  instructives,  à  la  musique  vocale  et  ins- 
trumentale. » 

Les  officiers  se  soubaitaient  régulièrement  leurs  anniver- 
saires, et  ces  jours-là  on  ajoutait  un  extra  à  l'ordinaire  du 
bord.  Aucune  occasion  de  distraction  n'était  négligée*  Le  S 
novembre,  on  n'oublia  paâ,  suivant  l'babitude  anglaise»  dé 
brûler  en  effigie  Guy  Faitks,  le  chef  de  la  conspiration  des 
Poudres,  aVec  accompagnement  de  fusées  et  de  feux  de  Ben^ 
gale. 

Le  1*'  décembre, jour  anniversaire  delà  princesse  deGalleè, 
on  inaugura  le  théâtre  Alexandra.  Les  prospectus  imprimés, 
réps^dus  à  profusion,  annonçaient  :  «  Aucune  peine  ni  au- 

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560  RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.        K<»  1146-1182 

cunc  dépense  n'ont  été  épargnées  pour  s'assurer  le  concours 
d'un  grand  nombre  des  plus  grands  talents  de  Fépoque.  La 
pièce  sera  jouée  dans  la  sâlle  commode  et  aérée  de  la  rue  de  la 
Cheminée.  Les  bis  sont  interdits.  Dieu  sauve  la  reine  !  Les  portes 
ouvrent  à  7  heures  50.  On  peut  commander  des  traîneaux  pour 
9  heures.  » 

La  fête  de  Noël  fut  célébrée  avec  plus  d'entrain  que  ja- 
mais. On  mangea  le  plum-pudding  de  la  Vieille  ÂngleteiTC 
en  buvant  à  Li  santé  de  la  reine  et  à  l'heureux  retour  dans  la 
patrie. 

Les  exercices  gymnastiques  avaient  aussi  leur  temps;  un 
skating-rink  fut  organisé  sur  la  glace.  D'autre  part  les  précau- 
tions hygiéniques  furent  bien  observées  ;  la  propreté  la  plus 
scrupuleuse  était  de  rigueur,  la  nourriture  était  variée  autant 
que  possible,  le  jus  de  citron,  l'antiscorbutique  par  excellence, 
était  régulièrement  distribué. 

Grâce  à  toutes  ces  utiles  dispositions,  {'hivernage  se  passa 
bien,  malgré  une  température  très-rigoureuse,  surtout  pendant 
le  mois  de  mars,  oîi  le  thermomètre  descendit  jusqu'à  56%9 
pour  la  Dlscovery,  et  à  58°, 7  pour  VAlert.  Un  matelot  de  la 
Discovery  fut  seul  atteint  du  scorbut. 

Avec  le  retour  du  soleil  commencèrent  les  préparatifs  pour 
les  expéditions  de  printemps.  Dès  le  12  mars  les  lieutenants 
George  Le  Clerc  Egerton  et  Rawson  partirent  de  YAlert  sur  un 
traîneau  attelé  de  chiens  esquimaux,  pour  essayer  de  parvenir 
jusqu'à  la  Discovery,  Mais,  au  bout  de  quatre  jours,  ils  ren- 
traient, ramenant  avec  eux  leur  compagnon  Neils  Christian 
Petersen,  l'interprète  groênlandais  bien  connu,  vétéran  des 
explorations  arctiques,  qui  surpris  par  le  froid  avait  eu  les 
deux  jambes  gelées  ;  les  officiers  avaient  en  vain  tenté  de  le 
réchauffer  par  la  chaleur  de  leurs  corps,  en  se  dépouillant  de 
leurs  propres  vêtements  et  en  se  couchant  sur  lui  dans  le 
traîneau.  Leur  dévouement  fut  inulile  :  le  malheureux  Petersen 
dut  subir  l'amputation  des  deux  jambes,  et  succomba,  le  14 
mai,  aux  suites  de  cette  opération. 

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RÉGIONS  POUIRES  BORÉALES.  561 

A  peine  remis  des  rudes  épreuves  de  ce  premier  voyage,  les 
lieutenaats  Rawson  et  Eger ton  repartirent  (20  mars),  et  plus 
heureux,  cette  fois,  ils  parvinrent  au  bout  de  six  jours  à  Tbi- 
vernage  de  la  Discovery  dont  ils  rapportaient  des  nouvelles  au 
capitaine  Nares  le  4  avril. 

La  veille,  avait  eu  lieu  le  grand  départ  des  traîneaux  de 
VAiert,  au  nombre  de  sept,  formant  deux  divisions. 

La  première  division  comprenait  deux  traîneaux  principaux 
portant  chacun  un  canot  à  glace,  et  placés  sous  '  les  ordres 
du  capitaine  Markham,  commandant  de  YAlert,  et  du  lieu- 
tenant Parr.  Ces  deux  officiers  avaient  mission  d'aller  le 
plus  loin  possible  directement  au  nord.  Trois  traîneaux  auxi- 
liaires commandés  par  le  docteur  Moss,  le  mécanicien  White  et 
le  sous-ofQcier  George  Bryant  devaient  accompagner  les  deux 
traîneaux  principaux  pour  ravitailler  leurs  équipages. 

La  deuxième  division,  celle  de  TOuest,  commandée  par  le 
lieutenant  Aldrich,  se  composait  de  deux  traîneaux  dont  un 
auxiliaire,  placé  sous  les  ordres  du  lieutenant  George  A.  Gif- 
fard.  Cette  division  devait  explorer,  au  nord  et  à  Touest,  la. 
cote  de  la  terre  de  Grant,  déjà  reconnue  en  partie  Tautomne 
précédent. 

En  tout,  cinquante-trois  officiers  et  matelots  sur  soixante- 
six  avaient  quitté  YAlert  le  3  avril  1876,  à  onze  heures  et 
demie  du  matin,  pleins  d'ardeur  et  d'enthousiasme  malgré  la 
perspective  des  difficultés  et  des  dangers  auxquels  ils  allaient 
s'exposer. 

Le  même  jour,  le  lieutenant  Robert  H.  Archer,  l'enseigne 
Crawford  Conybeare  et  le  docteur  Richard  W.  Coppinger,  quit- 
taient la  Discovery  pour  aller  de  l'autre  côté  du  canal  Robeson 
établir  à  la  baie  Polaris  un  dépôt  de  provisions  destiné  à  la 
division  de  l'Est,  chargée  d'explorer  la  côte  du  Groenland; 
ils  devaient  rentrer  l'un  après  l'autre  à  leur  navire. 

Le  8  avril,  le  lieutenant  Lewis  Beaumont,  désigné  pour 
commander  la  division  de  l'Est,  partait  de  la  Discovery  avec 
le  docteur  Coppinger  pour  se  rendre  à  bord  de  V Alerta  où  il  ar- 

l/AISNLr  GÉOGR.  XT.  ^   36       j 

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562  RÉGIONS  POIAIRES  BORÉALES.        K»*  1146-1182 

mait  le  16.  Pendant  ce  temps,  les  lieutenants  Rawson  et 
Egertén  avaient  étudié  la  glace  du  canal  Robeson,  afin  de  re- 
connaître la  meilleure  route  à  suivre  pour  les  traîneaux  de  la 
division  du  Groenland. 

Le  20  avril,  les  lieutenants  Beaumont  et  Rawson  et  le  docteur 
Goppinger  quittaient  VAlert  pour  prendre  la  direction  de  Test. 

Les  trois  grandes  expéditions  étaient  en  route.  Il  ne  restait 
plus  à  bord  des  deux  navires  que  quelques  officiers  et  des  ma- 
telots malades.  Le  capitaine  Henry  F.  Stephenson,  comman- 
dant de  la  Discovery,  accompagné  do  l'officier  HitdieU,  ar- 
riva le  23  avril  auprès  du  capitaine  Nares  pour  s'entendre 
avec  lui  sur  les  dispositions  à  prendre  afin  d'assurer  la  sécurité 
du  retour  des  nombreux  voyageurs  dispersés  sur  toutes  les 
côtes  environnantes,  et  sur  les  études  accessoires  à  faire.  Le 
30  avrili  il  quittait  le  commandant  en  chef  et  retournait  à 
son  bord. 

Jusqu'à  la  fin  de  mai,  les  traîneaux  auxiliaires  qui  étaient 
revenus  les  uns  après  les  autres,  firent  un  c(»itittuel  va-etrvient 
pour  établir  des  dépôts  de  provisions  destinés  aux  expéditions 
lointaines.  Quel(iues-uns  furent  employés  à  de  courtes  excur- 
sions scientifiques.  Les  lieutenants  May  et  Egerton  firent  des 
sondages  et  levèrent  des  plans  hydrographiques  dans  le  canal 
Robeson.  Les  médedns,  et  particulièrement  le  doctair  Moss« 
recueillirent  d'abondantes  collections  d'histoire  naturelle.  Le 
capitaine  d'artillerie  Feilden,  naturaliste  de  l'expédition,  con- 
tinuait avec  un  zèle  infatigable  les  observations  astronomiques, 
magnétiques  et  autres  commencées  pendant  l'hiver,  aveS  le 
concours  de  la  plupart  des  officiers. 

Du  côté  de  la  Discovery^  le  lieutenant  Archer  explorait  la 
baie  Lady-Franklin  jusqu'à  son  extrémité  qui  s'avance  assez 
loin  dans  les  terrea,  démontrant  ainsi  qu'elle  n'était  pas  un 
détroit  comme  on  l'avait  supposé.  Après  lui  le  lieutenanl  Re- 
ginaild  B.  Fulford,  accompagné  par  le  capitaine  Stepheoson, 
le  naturaliste  Hart  et  le  docteur  Goppinger,  conduisit  à  la  baie 
Polaris  des  provisions  et  des  canots,  que  ce.dernier  était  revenu 

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RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.  565 

demander  à  la  Discovery  pour  la  diyision  Beaumont  qu*il 
venait  de  quitter.  Ce  petit  détachement  accomplit  en  outre  un 
pieux  devoir  en  déposant  sur  la  tombe  de  Hall  une  plaque  de 
cuivre  portant  l'inscription  suivante  : 


A   LA  MEMOIRE 
DU   CAPITAINE    C.  F.   HALL 

du  navire  Polarta,  de  la  marine  des  États-Unis,  qui  sacrifia  sa  vie 
à  ravancement  de  la  science,  le  8  novembre  1871 


Cette  plaque  a  été  posée  par  l'expédition  polaire  anglaise  de   1875,  qui, 
^en  suivant  ses  traces,  a  profité' de  son  expérience. 


Cette  cérémonie  s'accomplit  le  15  mai  1876,  avec  solennité 
et  recueillement,  le  pavillon  américain  flottant  à  un  mât 
planté  dans  le  sol. 

Quelques  jours  après,  le  capitaine  Stephenson  rentrait  à 
bord  de  son  navire,  laissant  le  lieutenant  Fulford  et  le  docteur 
Coppinger  explorer  le  fiord  de  Petermann. 

Le  l*""  Juin,  l'enseigne  Crawford  Conybeare  arriva  de  la 
Discovery  à  VAlert  et  rendit  compte  au  commandant  en  chef 
de  ce  qui  s*était  fait  au  Sud,  lui  annonçant  en  même  temps 
que  la  route  qu'il  avait  suivie  commençait  à  devenir  peu  pra* 
ticable  à  cause  des  mouvements  de  la  glace  côtière. 

Mais,  pendant  ce  temps»  le  scorbut  avait  fait  son  apparition 
à  bord  de  VÂlerL  Le  8  juin,  dix-sept  lu)mmes,  la  majorité  des 
marins  présents,  tombèrent  malades.  Le  soir  du  même  jour 
arriva  tout  à  coup  le  lieutenant  Parr,  apportant  de  tristes  nou- 
velles de  la  division  du  Nord,  terriblement  éprouvée  par  les 
fatigues  et  le  scorbut  ;  il  avait  laissé  le  commandant  Harkham 
et  les  hommes  presque  tous  malades  au  cap  Joseph-Henry,  à 
55  milles  du  navire,  et  avait  parcouru  cette  distance  seul,  et  à 


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564  RÉGIONS  POUIRES  BORÉALES.         N"  1146-1182 

pied,  en  vingt-deux  heures  pour  venir  chercher  des  renforts 
qui  furent  immédiatement  expédiés. 

Le  lieutenant  May,  le  docteur  Moss  et  le  gahier  James  Self 
arrivèrent  sur  un  traîneau  à  chiens  au  cap  Joseph-Henry,  cin- 
quante heures  après  le  départ  du  lieutenant  Parr,  apportant 
les  médicaments  et  les  secours  les  plus  urgents;  trop  tard 
encore  néanmoins,  malgré  cette  promptitude,  pour  sauver  un 
des  hommes  mort  du  scorbut  depuis  quelques  heures.  Le  ca- 
pitaine Nares  lui-même  suivait  avec  les  officiers  et  matelots 
valides  de  V Alerta  attelés  tous  sans  distinction  aux  traîneaux 
de  secours.  Grâce  à  ce  ravitaillement,  la  division  du  Nord  put 
rentrer  au  navire  le  14  juin. 

Elle  avait  conquis  un  grand  résultat,  mais  au  prix  de  quelles 
épreuves!  Après  avoir  suivi  la  cote  jusqu'au  cap  Joseph- 
Henry,  le  commandant  Markham  s'était  engagé  droit  au  nord. 
Mais  la  route  présentait  les  plus  grandes  difficultés.  Des  gla- 
çons de  petites  dimensions,  extrêmement  raboteux,  amoncelés 
chaotîquemént  les  uns  sur  les  autres,  rendaient  très-pénible 
la  traction  des  traîneaux  qu'il  fallait  à  chaque  instant  déchar- 
ger et  recharger  pour  franchir  les  crevasses  ou  les  chenaux 
trop  étroits  pour  permettre  l'emploi  des  barques.  Souvent 
il  fallut  faire  la  roUte  en  coupant  des  murailles  de  neige 
ou  en  brisant  la  glace  à  coups  de  pics.  Malgré  tous  ces  obsta- 
cles, on  était  arrivé  le  20  mai,  au  bout  de  trente-deux  jours 
de  rude  travail,  du  cap  Joseph-Henry  (82*>50')  à  la  latitude 
de  85"  20'  26",  la  plus  élevée  que  l'homme  ait  jamais  atteinte, 
à  700  kilomètres  environ  du  Pôle  Nord.  Cependant  la  saison 
s'avançait,  le  scorbut  avait  éclaté  ;  il  avait  fallu  revenir  et  tra- 
verser de  nouveau  les  mêmes  difficultés  avec  des  hommes 
épuisés  et  presque  tous  malades.  Quelques  jours  de  plus,  la 
division  du  Nord  tout  entière  périssait  au  milieu  des  glaces. 
Elle  avait  fait  près  de  970  kilomètres  eu  soixante-douze  jours. 
Cette  terrible  campagne  du  commandant  Markham  et  du 
lieutenant  PaiT  inspira  au  capitaine  Nares  les  plus  vives  in- 
quiétudes au  su)et  de  la  divisi<^n  de  l'Ouest.  Le  lieutenant 

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REGIONS  POLAIRES  BORÉALES.  505 

May  fut  envoyé  au-devant  d'elle,  et  la  renconlara  le  20  juin  au 
cap  Josepb-Henry;  il  était  temps.  Tous  les  hommes  étaient 
fiappés  par  le  scorbut  ;  seuls,  le  lieutenant  Aldrich  et  le  sous- 
oflicier  Adam  Ayles,  réduits  à  tirer  euxrmémes  leur  traîneau 
poriant  les  malades,  pouvaient  encore  marcher,  mais  ils 
étaient  à  bout  de  forces.  Les  secours  apportés  par  le  lieutenant 
Hay  leur  permirent  de  rejoindre  le  navire  Je  26  juin. 

Le  lieutenant  Aldrich  avait  suivi  jusqu'au  1 7  mai  la  cote  de 
la  terre  de  Grant,  pendant  24  degrés  de  longitude.  Cette  côte 
s'élevait,  à  l'ouest,  jusqu'au  cap  Columbia  et  s'infléchissait  en< 
suite  vers  le  sud.  Le  ramollissement  de  la  neige  et  l'apparition 
du  scorbut  avaient  rendu  le  retour  beaucoup  plus  difCcile  que 
l'aller.  En  tout,  la  division  de  l'Ouest  avait  parcouru  près  de 
1014  kilomètres  en  quatre-vingt-quatre  jours. 

La  division  de  l'Est,  commandée  par  le  lieutenant  Beaumont, 
avait  été  au  moins  aussi  éprouvée,  et  te  scorbut  s'y  était  mani- 
festé dès  le  début.  L'expédition  suivit  vers  le  nord^ouest  la 
côte  de  la  terre  de  Hall  jusqu'au  55*  degré  de  longitude.  Les 
vieilles  glaces  de  l'Océan  polaire,  jetées  contre  la  côte  groêii« 
landaise,  rendaiefnt  la  marche  lente  et  difficile.  Le  11  mai,  le 
lieutenant  Rawson  fut  renvoyé  à  la  baie  Polaris  avec  un  traî- 
neau et  trois  hommes  pour  y  mener  le  gabier  James  Iland, 
gravement  atteint  du  scorbut,  et  le  confier,  aux  soins  du 
docteur  Coppinger,  parti  dès  le  5  mai.  Il  eut  grand'peiue 
à  y  arriver  le  5  juin  :  deux  de  ses  hommes  furent  atteints 
en  route  par  le  mal;  Hand  mourut  trois  heures  après  son 
arrivée. 

Le  21  mai,  le  lieutenant  Beaumont  se  vit  obligé  de  battre 
en  retraite.  Le  scorbut  faisait  de  terribles  progrès;  on  ne  put 
aniver  au  dépôt  de  la  baie  Polaris  que  grâce  aux  secoui*s  ame- 
ïkés  par  le  lieutenant  Rawson,  le  docteur  Goppioger  et  l'Esqui- 
mau Hans.  Ce  dernier  rendit  les  plus  graiids  services  à  l'ex- 
pédition pour  la  guérison  des  malades,  en  alimentant  de  viande 
fraîche,  par  la  chasse  au  phoque,  l'infirmerie  du  docteur  Cop- 
pinger. Au  bout  de  six  semaines  seulement,  le  14  août,  P 

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566  REGIONS  POLAIRES  fiOREiLES.         N«*  il4&-tl82 

division  de  TEst  pat  rentrer  à  bord  de  la  Ditcovery,  L'expé- 
dition était  déjà  en  pleine  retraite. 

En  effet,  après  le  retour  des  deux  divisions  du  Nord  et  de 
l'Ouest,  le  capitaine  Nares  apnt  perdu  tout  espoir,  en  présence 
du  déplorable  état  de  santé  de  l'équipage,  avait  décidé  le  r&* 
tour.  Le  dégel  commença  le  1*'  juillet,  mais  ce  ne  fut  que  le 
dernier  jour  du'  même  mois  que  YAlert  se  trouva  suffisam- 
ment dégagé  par  la  débâcle  des  glaces  pour  revenir  au  sud. 
Après  des  difficultés  et  des  dangers  sans  nombre,  le  navire  put 
rejoindre  la  DUcovery  au  bout  de  dix  jours. 

Les  deux  bâtiments  partirent  de  conserve  le  20  août,  au 
milieu  des  vieilles  glaces  qui  dérivaient  au  sud  et  les  mena- 
çaient à  tout  instant  d'être  écrasés,  tandis  que  déjà  la  glace 
nouvelle  se  formait  dans  le  chenal  côtier.  Le  25,  ils  doublaient 
le  cap  Frazer;  le  29t  ils  atteignaient  la  baie  Dobbin.  Retenus 
plusieurs  jours  à  l'entrée  du  détroit  de  Hayes,  ils  arrivaient 
le  9  septembre  au  cap  Isabelle  dans  le  Smith*Sound.  Le  i4 
septembre,  ils  essayaient  vainement  d'aborder  aux  îles  Carey, 
où  la  Pandora  avait  laissé  des  lettres  et  des  paquets  pour 
leurs  équipages  ;  le  16,  ik  étaient  à  l'entrée  du  détroit  de  Lan- 
castre;  enfin,  le  25,  ils  débarquaient  à  Disco.  Un  mois  plus 
tard,  ils  arrivaient  en  Irlande  après  avoir  essuyé  plusieurs' 
tempêtes  dans  l'océan  Atlantique. 

L'accueil  enthousiaste  qui  les  attendait  dans  leur  patrie  de- 
vait les  dédommager  de  tant  de  fatigues  et  de  tant  d'épreuves. 
Quatre  hommes  avaient  succombé  pendant  ce  rude  voyage; 
peu  s'en  était  fallu  que  l'expédition  ne  comptât  un  plus  grand 
nombre  de  victimes. 

L*expédition  polaire  du  capitaine  Nares,  bien  qu'elle  n'ait 
pas  duré  aussi  longtemps  que  le  prévoyaient  ses  instructions, 
n'en  a  pas  moins  conquis  un  certain  nombre  de  résultats  qjÊ 
constituent  de  sérieux  progrès  sur  les  expéditions  précédentes. 

Tout  d'abord  elle  a  rectifié  les  cartes  antérieures  dressées 
plus  ou  moins  à  la  hâte.  La  lenteur  de  sa  marche  vers  le  nord 
lui  a  permis  d  effectuer  ce  travail  avec  un  grand  soin.  Il  résulte 

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UÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.  567 

de  cette  rectification  qae  tout  le  passage,  surtcmt  daxis  la  ré- 
gion du  canal  Kennedy,  est  réduit  à  une  moindre  largeur  ;  les 
latitudes  de  divers  points  doivent  être  ramenées  un  peu  vers  le 
sud.  De  plus  les  côtes  antérieurement  inconnues  de  la  mer 
polaire  ont  été  relevées  depuis  55^  jusqu'à  87^  de  longitude 
ouest,  le  long  des  terres  de  Grant  et  de  Hall.  La  baie  Lady- 
Franklin  et  le  ôord  Petermann,  dont  lés  entrées  seules  étaient 
précédemment  connues,  ont  été  étudiés  en  détail. 

La  terre  du  Président,  que  Hall  avait  cru  voir  dans  le  prolon^ 
gement  du  canal  Robeson,  n'e»ste  pas,  et  aucune  autre  terre 
n'a  été  vue  au  nord,  sauf  un  promontoire  visible  <du  point  le 
plus  éloigné  atteint  par  le  lieutenant  Beaumont  et  désigné  par 
lui  sous  le  nom  de  cap  Britannia.  Enfin  la  latitude  atteinte  au 
nord  par  le  commandant  Markham  (83^  20^  26")  et  ceiles  des 
deux  hivernages  (82*24'  et  81<»  44')  marquent  une  avance 
sensible  sur  toutes  les  expéditions  antérieures. 

Voilà  pour  les  résultats  purement  géographiques.  Quanta  la 
faune  et  à  la  flore,  il  a  été  constaté  qu'elles  diminuaient  très- 
notablement  vers  le  nord.  Tandis  qu'autour  de  la  Diioovery  la 
végétation  était  abondante^  ainsi  que  les  animaux,  il  n'y  avait 
lans  le  voisinage  de  YAlert  que  de»  mousses,  des  lichens, 
quelques  satifrages,  des  saules  nains  et  fort  peu  de  gibier.  Ainsi, 
Téquipage  de  ce  dernier  navire  ne  put  tuer  que  six  bœufs  mus-* 
qués,  pendant  que  celui  de  la  Discovery  en  tuait  cinquante- 
quatre.  Les  phoques  eux-mêmes  disparaissent;  on  n'en  tua 
qu'un  seul  dans  les  parages  du  cap  Sberidan.  Les  oiseaux 
étaient  encore  les  plus  nombreux  ;  c'étaient  surtout  des  oies  et 
des  canards  de  diverses  espèces.  Au  delà  du  cap  Josepb-Henry 
serait,  d'après  le  capitaine  Nares,  le  zéro  de  la  vie  animale; 
Quant  aux  hommes,  on  n'en  vit  aucun  :  on  trouva  seulement 
à  la  latitude  de  8i<»  52'  des  traces  de  migrations  d'Esquimaux  à 
travers  le  canal  Robeson. 

La  température  constatée  a  été  la  plus  basse  que  lliomme 
ait  jamms  eu  à  supporter.  Les  autres  observations  physiques 
ou  météorologique»  auxquelles  se  livra  l'état-majoar  scientifique 

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968  RÉGIONS  POLAIRES  BORÉALES.        K"*  1146-1182 

de  l'expédition  furent  très-nombreases  et  formeront,  quand 
elles  seront  publiées,  un  ensemble  des  plus  importants  pour  le 
progrès  des  connaissances  humaines.  Rien  n'a  été  négligé;  le 
magnétisme,  Télectricité,  l'analyse  spectrale,  les  éclipses,  les 
oscillatioiis  du  pendule,  les  poussières  cosmiques,  la  composi- 
tion chimique  et  la  densité  de  la  glace  et  de  l'eau  de  mer,  l'ana- 
lyse de  l'air,  la  fragilité  des  métaux  par  les  basses  températures, 
Jes  vents,  les  courants,  les  marées,  tout  fut  l'objet  d'études 
approfondies,  auxquelles  le  mérite  des  savants  qui  les  firent 
donne  une  inappréciable  valeur. 

En  ce  qui  concerne  les  glaces,  on  a  constaté  que  leur  épais- 
seur augmentait  avec  la  latitude.  L'énorme  banquise  qui  arrêta 
la  marche  de  VAlert  et  servit  en  même  temps  d'abri  au  navire 
pendant  l'hiver;  d'autre  part,  la  constitution  des  amas  de 
vieilles  glaces  qu'eut  à  franchir  la  division  du  Nord,  amenèrent 
le  capitaine  Nares  à  cette  conclusion  que,  malgré  les  mouve- 
ments que  leur  impriment  les  courants  et  les  marées,  les 
glaces  demeurent  immuables  dans  leur  situation  dont  elles 
n'auraient  pas  bougé  depuis  des  siècles.  Il  a  donné  en  consé- 
quence à  l'océan  Polaire  qu'il  a  vu  le  nom  de  mer  pcdéocrys- 
tique,  ou  de  glace  antique. 

C'est  là  une  conclusion  qui  semble  exagérée.  11  ne  faut  pas 
oublier  que  les  glaces  polaires  subissent  des  changements  con- 
sidérables d'une  saison  à  l'autre,  et  que  les  constatations  faites 
pendant  une  année  ne  prouvent  rien  pour  les  années  suivantes. 
Un  seul  exemple  suffit  pour  en  douner  une  idée. 

En  1871,  Hall  avec  le  Polaris  franchissait  en  trois  jours, 
dans  une  mer  presque  entièrement  libre  de  glaces,  l'espace  qui 
sépare  l'entrée  du  Smith  Sound  de  Textrémitë  du  canal 
Robeson.  Le  capitaine  Nares,  au  contraire,  mettait  un  mois  à 
faire  le  même  trajet,  en  ayant  à  lutter  continuellement  contre 
d'énormes  banquises. 

Il  est  donc  difficile  d'admettre  que  la  glace  de  l'océan  Po- 
laire soit  éternelle  et  qu'elle  doive  être  considérée  comme 
une  barrière  à  jamais  infranchbsable.  Une  saison  moins  ri- 

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RÉGIONS  POLAIHES  BOHÈÂLËS.  569 

goureuse  peut  y  ouvrir  un  passage  à  des  navigateurs  plus 
heureux.  L'été  de  1876  a  été  très-doux  dans  ces  régions,  et  les 
immenses  montagnes  de  glace  qui  dérivaient  au  sud,  dans  la 
baie  de  Baffm,  étaient  peut-être  les  débris  de  la  mer  paléocrys- 
tique.  Si  Texpédition  eût  été  en  état  de  passer  une  année  en- 
core dans  ces  parages,  elle  y  eût  peut-çtre  trouvé  une  roule 
ouverte  vers  des  latitudes  plus  septentrionales  encore. 
I  Quoi  qu'il  en  soit,  le  voyage  de  VAlert  et  de  la  Discovery  a 
produit  des  résultats  sérieux  pour  la  connaissance  de  notre 
globe  et  pour  le  progrès  des  sciences  en  général.  Il  est  digne  de 
prendre  rang  parmi  les  expéditions  polaires  les  plus  utiles  et 
les  plus  fécondes. 

Quanta  l'avenir  de  l'exploration  arctique,  nous  n'avons 
pas  d'hésitation  à  penser  que  le  retour  de  l'expédition  anglaise 
n'arrêtera  en  rien  les  efforts.  Déjà,  aux  États-Unis,  se  mani- 
feste un  mouvement  qui  pourrait  bien  aboutir  à  l'envoi  d'une 
nouvelle  expédition  polaû-e. 


Les  chapitres  relatifs  à  l'Europe  et  aux  généralités, 
pour  1876  et  pour  1877,  formeront  le  commencement 
du  prochain  volume  de  Y  Aimée  géographique. 


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NÉCROLOGIE 


Argohati-Yisgohti  (marquis  Jean-Martin).  Né  à  Pau,  le  il  no- 
yembre  1839,  pendant  l'exil  de  son  père,  à  la  suite  du  mouvement 
national  italien  de  1831.  M.  Arconati-Visconti  commença  ses  études 
en  France,  et  considéra  toujours  ce  pays  comme  une  seconde  patrie. 
Officier  dans  Farmée  piémontaise,  il  assista  au  siège  de  Gaëte  et  prit 
part  à  Texpédition  d'Âncône.  Après  la  campagne  de  1866,  il  fut  at- 
taché aux  missions  diplomatiques  chargées  d'annoncer  à  Bruxelles  et 
Saint-Pétersbourg  la  formation  du  royaume  dltalie.  * 

Ses  débuts  dans  la  carrière  d'oxfdorateur  furent  des  ascensions  et 
des  observations  dans  les  hautes  montagnes  de  sa  patrie  qui  formè-^ 
rent  le  sujet  de  deux  ouvrages  :  Atcemione  al  monte  Rosa  nelV 
agoito  1864,  Turin,  1872,  et  Appunii  mlV  erusiane  del  Vezuvio 
rfe/ 1867-1868.  Turin,  1872. 

Au  cours  de  plusieurs  voyages  en  Egypte,  il  acquit  la  connaissance 
de  la  langue  arabe,  et  résolut  d'entreprendre  des  voyages  plus  loin- 
tains. Il  parcourut  d'abord  l'Arabie  Pétrée  et  en  rapporta  les  matériaux 
de  deux  livres,  les  Canti  d'amore;  saggio  di  traduzione  delVarabo 
(Chants  d'amour;  essai  de  traduction  de  l'arabe),  Turin,  1872,  et  le 
Diarto  di  un  viaggio  in  Arahia  Petrea  (Journal  d'un  voyage  en  Arabie 
Pétrée),  Rome,  1872.  U  s'était  employé  plus  tard  avec  zèle  aux  pré* 
paratifs  et  à  l'organisation  de  la  mission  italienne  vers  l'Afrique  équa- 
toriale  qui  partit,  en  1875,  sous  la  conduite  du  marquis  Antinori. 
Mort  le  23  février  1876. 

Baer  (Karl-£mst  von).  Géographe  et  naturaliste  germano-russe  de 
premier  ordre,  né  le  24  février  1 781  à  Piep,  domaine  de  famflle  en 

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572  NÉCROLOGIE. 

Estonie,  mort  à  Dorpat,  le  28  novembre  1876.  Âpres  avoir  fait  ses 
études  à  Dorpat,  Vienne»  Wûrtzbourg  et  Berlin,  il  devint,  en  1817, 
professeur  d*aiiatomie  et  de  zoologie  à  Kônigsberg  (Prusse),  où  il 
fonda  le  musée  zoologique,  et  resta  jusqu'en  18341;  c'est  alors  qu'il 
s'établit  à  Saint-Pétersbourg.  11  y  fut  attaché  à  TUniversité  et  à 
TÂcadémie,  et  devint  membre  des  comités  scolaires  du  service  sani- 
taire, etc.  Dès  1827,  il  contribua,  par  divers  mémoires  allemands  et 
latins,  à  la  création  de  Tembryologie  comparée.  En  1857  et  1858, 
Baer  explora,  pour  l'Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  la 
Laponie  et  la  Nouvelle-Zemble,  dont  il  fit  le  premier  connaître  la  flore 
dans  les  Mémoires  et  le  Bulletin  scientifique»  De  1831  à  1836,  il  fut 
chargé  par  le  gouvernement  de  constater  l'état  des  pêcheries 
dans  le  lac  Peïpus,  le  Volga,  la  mer  Caspienne,  et  de  proposer 
des  moyens  de  les  ranimer.  Le  long  voyage  qu'il  fit  à  cette  occasion 
enricfiit  la  science  de  renseignements  nouveaux  sur  le  sud-est  de  la 
Russie.     *  ' 

En  1861,  d'accord  avec  Rodolphe  Wagner,  il  convoquait  le  premier 
congrès  d'anthropol<^e  à  Gôttingen;  puis  il  prit  sa  retraite  en  1862. 

Toutefois  il  ne  discontinua  pas  la  publication  de  ses  Beitrage  zur 
Kundê  des  Bxtssichen  Reiehs,  revue  périodique  -qu'il  avait  com- 
mencée avec  Helmenen,  dès  1859.  U  y  inséra  ses  propres  articles 
géographiques,  inlttnlés  :  Ueber  Papiuu  und  Alfuren;  —  Sur  quel- 
ques mémoires  relatifs  aux  colonies  russes  en  Amérique;  —  Ueber 
dos  Klima  von  Silka,  etc.  Les  résultats  de  ses  voyages  parurent 
d'abord  sous  forme  d'ua  Rapport  officiel  en  langue  russe,  en  1854; 
puis  de  1857  à  1859,  également  en  russe,  en  quatre  volumes  in-4*, 
avec  atlas.  Une  édition  allemande  en  fut  publiée  sous  le  titre  de 
Kaspische  Studien.  Cet  outrage  fait  autorité^  d'abord  pour  l'hydro- 
graphie de  la  mer  Caspienne,  puis  par  la  théorie  de  Baer,  relative 
à  l'influence  de  la  rotation  terrestre  sur  les  propriétés  érosives  des 
fleuves  dirigés  selon  des  méridiens.  Dans  l'hémisphère  nord,  les 
fleuves  attaquent  surtout.leur  rive  droite,  et  dans  l'hémisphère  sud» 
leur  rivé  gaudie.  Enfin  Baer  se  place  comme  intermédiaire,  à  côté 
d'Alexandre  de  Humboldt,  d'Oersted  <  et  de  Darwin,  dans  ses  Reden 
gehalien  in  wissenchaftHchen  Versammlungen  und  kleinere  Aufsaize 
vermischten  Inhaltes,  Saint-Pétersbourg,  1864-1875.  Dans  l'article 
Ueber  den  Darwinismus,  il  réfute  la  théorie  de  Darwin  en  rempla- 
cement de  laquelle  il  présente  la  sienne  dans  les  chapitres  :  Ueber 
den  Einfluss  der  aûsseren  Natur  auf  die  soâalen  VerhàUnisse 
der  einzelnen  Vùlker  und  die  Geschid^te  der.  Mensckkeit  iAerhaujU 

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NÉCROLOGIE.  573 

et  Ueber  dei*  Zweck  in  den  Vorgângen  der  NaUtr,  Il  faut  ccnsùlter, 
8ur  Baer,  sa  propre  biographie  (Selbêtbiographie),  rédigée  à  propos 
de  son  jubilé  de  1864. 

Barth-Harmâting  (baron  Armand  von).  Géologue  et  voyageur 
allemand,  né  le  5  juin  1845,  au  château  d'Eurasburg  (Bavière).  Il 
entra  dans  la  magistrature ,  mais  il  conserva  toujours  des  dispositions 
prononcées  pour  les  sciences  naturelles,  et  il  consacra  tous  ses  loiars 
à  faire  des  ascensions  dans  les  parties  les  moins  facilement  acce»* 
sibles  des  Alpes  de  Bavière.  lia  réuni  ces  travaux  en  un  volume  liltu 
den  nœrdlichen  Kalkalpen,  m-S"*,  Géra,  4874.  Il  fut,  à  Augsburg, 
un  collaborateur  àeVAtuland^  et  continua  h  cultiver  la  géologie  et 
la  paléontologie.  Aniené  à  s'occuper  de  zoologie,  il  se  prononça  pour 
la  doctrine  transformiste  de  Darwin  et  de  Hœckel.  L'élude  de. la  difi- 
fribution  des  espèces  animales  sur  le  globe  lui  donna  le  goût  de  la 
géographie  et  plus  spécialement  de  la  géographie  de  l'Afrique.  Le 
livre  qu'il  fit  paraître  à  Leipzig  (0.  Spamer)  en  1875  :  Ost-Afrikà 
vom  Lirhpopo  bis  zum  Somali-Lande,  témoignait  d'une  préparation 
sérieuse  au  voyage  qu'il  avait  déjà  résolu  d'entreprendre.  £q  1876, 
il  venait  d'accepter  du  gouvernement  portugais  la  mission  d'explorer, 
au  point  de-  vue  géologique,  la  province  d'Angola  et  la  partie  infé- 
rieure du  bassin  du  Zaïre,  lorsqu'il  fut  désigné  par  la  Société  alle- 
mande comme  naturaliste  de  l'expédition  qu'Edouard  Mohr  allait 
conduire  dans  les  Ëtats  du  Mata-Yanvo.  Parti  de  Lisbonne  le  7  mars, 
il  arrivait  à  Saint-Paul  de  Loanda  au  commencement  de  juin,  après 
deux  semaines  de  séjour  aux  îles  du  Cap-Vert 

Le  50  juillet,  il  commença  ses  excursions  le  long  du  petit  fleuve 
Bengo,  tributaire  de  l'Océan,  un  peu  au  nord  du  Koanza.  De  là,  pas* 
sant  par  Golungo  Alto,  il  atteignit,  le  tS5  août,  la  localité  appelée 
Duque  de  Braganza,  dans  le  nord-est  de  la  province.  Forcé  d'inter- 
rompre sa  marche  vers  l'est,  il  obliqua  au  sud,  et  arriva  à  Ambaka 
dans  un  état  de  santé  précaire.  D'Ambaka  il  se  dirigea  sur  Dondo, 
d'où  il  regagna  Saint-Paul  de  Loanda  en  descendant  le  cours  du 
Kéanza  en  bateau  à  vapeur.  Il  naourut  à  Saint-Paul  de  Loanda,  de 
la  fièvre  et  de  la  dyssenterie,  le  7  décembr.e  1876. 

Beâuhier  (Jean-Baptiste-Marie-Auguste).  Orientaliste  et  consul  de 
France,  né  à  Marseille,  le  22  février  1825.  Il  débuta  dans  la  carrière 
du  drogmanat,  en  1846,  par  la  gestion  du  poste  de  drogman-chance- 
lier  à  Mogador.  Il  revint  en  France  dans  cette  même  année,  pour 

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!»74  IfÉCROLOGiE. 

accompagner  l'ambassade  marocaine  de  Ben  'Àchàch,  et  fut  confinné 
dans  son  poste,  à  Mogador,  en  1847.  Attaché,  trois  ans  après,  ta 
consulat  général  de  Tanger,  il  reçut  la  mission  d'accompagner  k  Paris 
l'ambassade  de  Ben  Edris.  Nommé  ensuite  deuxième  drogman-chan- 
celier  du  ocrnsniat  générai  à  Tunis,!!.  Beaumier  conunença  dans  cette 
tille,  en  1852,  les  patients  travaux  historiques  auxquels  il  dut  sa 
grande  autorité  en  matière  d'histoire  et  de  géographie  du  nord  de 
TÂfrique.  C'est  là  quMl  entreprit  la  traduction  du  Raû^  El-QarUU 
f Parterre  des  documents),  ouvrage  d'Aboû  Mohammed  Çâlah  Ben 
'Abd  E3-Halim,  de  Grenade,  imprimé  à  Paris,  à  l'Imprimerie  impé- 
riale, en  1860,  qui  traite  de  l'histoire  des  souverains  musulmans  du 
Maroc  et  de  l'Espagne  (788  à  1334),  et  des  annales  de  la  ville  de  Fâs. 
En  1855,  nommé  gérant  de  l'agence  consulaire  à  Rabat,  il  dut,  avant 
de  se  rendre  à  son  nouveau  poste,  accompagner  à  Alexandrie  le  chérif 
d'Ouezzân,  chef  de  la  confrérie  de  Moûlaî  Tayyeb,  qui  partait  pour  le 
pèlerinage  de  la  Mekke.  'An  retour,  il  reçut  le  pontife  marocain  sur  la 
frégate  VAlhairoê^  et  le  reconduisit  à  Tanger  en  passant  par  les  ports  de 
l'Algérie.  La  manière  dont  M.  Beaumier  accomplit  cette  mission  lui 
conquit  les  sympathies  durables  des  habitants  du  Maroc.  De  1854  à 
i859,  sauf  un  intérim  dont  il  fut  chargé,  M.  Beaumier  résida  à  Rabat. 
Tout  en  travaillant  k  développer  le  commerce  français  dans  cette 
ville,  il  inaugtira  par  des  excursions  k  Tanger  et  k  Dâr  Beïdha,  ses 
voyages  dans  la  partie  ouest  du  Maroc.  Nommé  consul  à  Mogador,  en 
1865,  il  relevait  successivement  l'itinéraire  de  Mogador  k  Safy,  les 
deux  itinéraires  de  Mogador  k  Maroc,  et  ceux  de  Tanger  k  Mogador. 
La  Société  de  Géographie  a  publié  dans  son  BvUeiin  (n**  d'avril  et 
d'octobre  1868)  la  description  de  ces  itinéraires.  Il  a  donné  de  plus 
une  série  d'observations  météorologiques  recueillies  soigneusement 
pendant  un  an  à  Mogador,  et  il  les  a  continuées  depuis  pour  la 
Société  de  météorologie.  M.  Beaumier  avait,  en  outre,  adressé  aux 
Annalu  du  commerce  exéirieur  une  excellente  étude  intitulée  Jfo^a- 
dor  et  son  commerce  manitW,  tandis  qu'il  envoyait  k  la  Société  de 
géographie  commerciale  de  Bordeaux  un  mémoire  sur  le  Commerce 
de  Bordeaux  avec  le  Maroc,  Il  avait  publié  naguère  une  description 
abrégée  de  l'empire  du  Maroc  (Bulletin  de  la  Société  de  Géographie, 
n*  de  juillet  1867),  et  une  Note  sur  la  pratique  des  voyages  au  Maroc 
(Explorateur,  n*  49,  4  novembre  1875).  M.  Beaumier  ne  s'est  pas 
contenté  de  reconnaître  par  lui-même  de  longs  itinéraires  au  Maroc, 
il  a  préparé  ou  facilité  les  explorations  de  M.  Gatell,  de  M.  Graig,  de 
M.  Gilbert  et  M.  Balansa  dans  les  provinces  de  Soûs,  de  Haha  et  de 

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NÉCROLOGIE.  ,  575 

Tekna»  et  dans  Titlas;  il  a  formé  des  indigènes  aux  récoltes  bota- 
niques, et  aidé  ainsi  le  botaniste  de  la  Berbérie,  M.  Gosson,  k  réunir 
les  éléments  d'une  flore  presque  complète  des  plus  hautes  moatagnes 
du  nord  de  F  Afrique.  Enfin,  M.  Beaumier  a  fait  connaîtra  un  épisode  ' 
fort  intéressant  de  l'histoire  du  commerce  de  la  Berbérie  avec  la 
Nigritie;  les  voyages  de  quelques  Israélites  marocaina  jusqu'au  Dhioli 
6a  :  Premier  étahlmemeni  des  Israélites  à  TQmhQuktou(BulleUH  de 
la  Société  de  Géographie,  n**  de  mars  et  avril  4871).  Un  de  ces 
Israélites,  le  rabbin  Mardokhaï  Abî  Souroûr,  exercé  ensuite  aux 
levers  d'itinéraires,  a  parfaitement  justifié  (G.  Q,  §  1)  les  espérances 
du  regretté  consul  de  France.  Lorsque  le  choléra  fit  irruption  au 
Maroc, M.  Beaumier  surveilla  les  progrès  de  Tépidémie  sur  les  divers 
points  du  littoral  saharien  et  atlantique;  les  résultats  de  ses  re- 
cherches sont  consignés  dans  un  article  accompagné  de  cartes  : 
Le  choléra,  sa  marche  au  Sahara  et  jusqu'au  Sénégal  en  1868 
(Bulletin  de  la  Société  de  Géographie,  n*  de  mars  1872).  11  a  déduit 
de  Tétude  de .  ce  phénomène  des  indications  sur  la  population  de 
certaines  parties  du  littoral  non  encore  explorées,  et  apporté  incon- 
sciemment la  preuve  que  les  champignons  parasites  des  chaumes  du 
riz,  dont  Tingestion  produit  le  choléra,  résistent  au  climat  du  Sahara, 
pourtant  si  différent  de  celui  des  contrées  de  l'Inde  d'où  ces  végé- 
taux sont  originaires.  Rentré  en  France  au  mois  de  juillet  1875, 
M.  Beaumier  ne  put  y  retrouver  le  rétablissement  de  sa  santé  et 
mourut  à  Bordeaux,  le  30  janvier  1876. 

Bêcher  (A.-B.),  contre-amiral  anglais,  mort  le  15  février  1876. 
Entré  dans  la  marine  depuis  1812,  il  fut  plus  tard  placé  dans  l'ITjf- 
drographic  Office  et  chargé  de  la  rédaction  du  NauUcal  Magazine. 
Il  pi^it  une  grande  part  aux  relevés  des  lacs  canadiens»  des  Açores 
et  des  îles  du  Cap-Yert.  Quelques  autres  travaux  importants  lurent 
publiés  de  lui  dans  le  Jowiml  of  the  Royal  Geographieal  Society; 
ainsi  que  l'historique  des  voyages  de  sir  Martin  Frobisher  et  celui  du 
navire  Chanticleer.  Dans  son  article  The  Land  fall  of  Columbus  on 
his  first  voyage  to  America,  il  fixa  l'idenlité  de  l'île  de  Guanahani 
où  Golomb  avait  abordé  pour  la  première  fois,  aveeWatUng  Island. 

BoLLAERT  (W.),  géographe  et  naturaliste  anglo-améncaia,  né  eà 
1807»  mort  le  15  novembre  1876.  Après  avoir  interrompu  ses 
études,  pour  s'enrôler  sous  les  drapeaux  de  la  reine  de  Portugal,  dona 
Maria  II,  il  se  rendit  vers  1851  dans  rAmérique  du  Sud.  Il  a  été 

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576  NÉCROLOGIE. 

l'un  des  plus  actifs  exploratears  du  Pérou,  de  la  Nouvelle- 
Grenade,  et  plus  tard  du  Centre-Amérique  et  du  Texas.  Ses  notices  se 
trouvent  éparses  dans  quelques  recueils  anglais,  tels  que  le  Journal 
of  the  R.  G^gr.  Soc.,  le  Joum.  of  the  Ethnolog.  Soc,  etc....  Les 
plus  importantes  sont  :  une  géographie  du  Pérou  méridional,  des 
observations  sur  les  Indiens  de  cette  contrée,  avec  des  données  sur 
rhistoire  des  Incas  ;  des  notices  sur  les  Chirituanos  du  Pérou,  et 
leurs  médecines  ;  des  recherches  ethnologiques  au  Quito  et  en  Co- 
lombie ;  un  article  sur  la  langue  maya,  enfin  plusieurs  mémoires  sur 
les  cotes,  la  flore  et  les  tribus  du  Texas. 

BocHBOLz  (Rh.  À.).  Zoologiste  de  Texpédilion  allemande  conduite 
par  le  capitaine  Koldewey  aux  mers  arctiques.  Lors  du  naurrage  delà 
HarnUy  il  se  réfugia,  avec  une  partie  de  Téquipage,  sur  un  glaçon, 
et  vogua  ainsi  à  la  dérive  le  long  des  côtes  du  Groenland.  En  1873, 
il  partit  pour  le  golfe  de  Bini  (Bénin),  en  compagnie  des  docteurs 
E.  Reichenow  ^t  Liihder,  et  il  étudia  plus  spécialement  la  faune  des 
montagnes  dé  Kamaroun,  où  le  docteur  Liihder  succomba  en  1875. 
Resté  seul  dans  le  pays  après  le  départ  de  M.  Reichenow,  il  continua 
le  long  de  la  côte  de  Guinée  des  recherches  zoologiques  sur  lesquelles 
il  a  écrit  des  lettres  imprimées  dans  la  Zeitsciirift  der  Gesellsdiafl 
fur  Erdkunde  de  Berlin  (t.  IX,  p.  161  et  suivantes).  A  son  retour  en 
Allemagne  il  occupais  chaire  de  zoologie  à  Tuniversité  de Greifswald. 
M.  Buchholz  est  mort  dans  cette  ville  le  17  avril  1876. 

BusciiEN  (Arthur  Bogdanowitch  von).  Géographe  et  statisticien 
russe,  né  en  1850,  mort  le  29  septembre  (11  octobre)  1876  à  Saint- 
Pétersbourg.  Peu  de  temps  après  l'achèvement  de  ses  études,  il  se  fit 
recevoir  dans  la  section  de  statistique  de  la  Société  impériale  géogra- 
phique de  Russie.  Il  devint  secrétaire,  puis  président  de  cette  section 
et  fut  nommé  directeur  du  Bureau  de  statistique  (Ministère  des 
finances)  dont  il  organisa  les  publications  périodiques.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  de  géographie  et  de  statistique  sont  :  Ueber 
die  beste  Organisation  der  statistichen  Opei-ationen  bei  Volkszàh'- 
lungen  in  litisslandy  mémoiie  couronné  ;  - —  Die  Bewlkerung  der 
Rumschen  Kaiserreichs  in  den  wichiigsten  statistischen  Verhàlt- 
nissen  dargestellt,  avec  16  cartes,  Gotha,  J.  Perlhes,  1862.  Il 
publia  également  des  articles  sur  la  réforme  des  paysans,  qui 
eurent  une  traduction  anglaise;  puis,  en  français,  un  mémoire  : 
Sur   les  forces  productives    de    la   Russie.   Eu  langue   russe, 

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NÉCROLOGIE.  577 

il  a  inséré  plusieurs  mémoires  dans  les  recueils  de  la  Société  impé- 
riale géographique  russe,  entre  autres  une  curieuse  étude  sur 
Tancienne  Ougrie. 

Caballero  (Fernan),  géographe  et  historien  politique  espagnol  très- 
fécond,  né  le  7  juillet  1800  à  Barajas  de  Melo  (province  de  Guenca), 
mort  k  Madrid  le  17  juin  1876.  C'est  h  côté  de  ses  études  de  droit 
qu*il  s'occupa  de  géographie  et  de  botanique.  Dès  1822  il  était  pro- 
fesseur de  géographie  et  d'histoire  à  Tuniversité  de  Madrid.  Plus  tard 
il  fut  deux  fois  ministre  de  Tintérieur.  Enfin,  une  Société  de  Géogra- 
phie ayant  été  fondée  à  Madrid  à  la  fin  de  1875,  Caballero  en  fut  le 
premier  président.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages  géographiques,  il 
faut  signaler,  outre  quelques  écrits  de  critique  mordante,  les  ouvrages 
suivants  :  Nomenclatura  geografica  de  Eêpana,  1834  ;  —  Periciû 
geografica  de  Cervantes,  1840  ;  —  Interrogatorio  para  la  descrip- 
(iôn  de  los  puehlos,  1841  ;  —  Manual  geografica  de  Espaha,  1844  ; 
—  Sinopsis  geografica,  1848;  —  Resena  geografica  de  Espana 
para  la  Exposicion  de  Paris,  18t)7. 

CoRNELissEM  (Jan  Ë.).  Hydrographe  et  météorologiste  néerlandais, 
né  le  22  janvier  1831  a  Medcmblick,  en  Hollande,  mort  à  Bruxelles 
le  29  mars  1876.  Après  avoir  suivi  les  cours  de  l'Institut  nautique  de 
sa  ville  natale,  il  entra  dans  la  marine.  Pendant  ses  années  de  service 
il  exécuta  des  relevés  dans  le  détroit  de  la  Sonde,  dans  la  mer  de 
Bandas,  au  Japon,  dans  l'ile  de  Bornéo,  dans  les  Indes  occidentales 
néerlandaises  et  dans  TÂmérique  du  sud.  En  1862  il  entra  dans  Tln- 
slitut  météorologique  néerlandais,  où  il  fut  chai^gé  de  la  direction  de 
la  navigation  et  de  la  météorologie  maritimes.  En  collaboration  avec  le 
professeur  Hoek,  il  rédigea  d'excellentes  instructions  pour  les  obser- 
vations magnétiques  à  bord  des  navires,  et  avec  M.  d'Âsperen,  un  mé- 
moire sur  les  vents  et  les  courants  de  la  mer  de  Chine.  Parmi  ses 
écrits  citons  encore  :  On  the  Température  of  the  Sea  at  the  surface, 
ncar  the  sauth  point  ofAfrica;  —  Temperatuur  van  hel  Zeewa.er 
aan  de  opper  vlakte  van  een  gedeelte  van  den  Noardes  Allant. 
Océan,  etc.  Ulrecht,  1872;  —  Gemiddelàe  barometerstand  en  star- 
men  rond  Africa's  zuidpunct.  Utrecht,  1874. 

CzEKAsowsKi  (À.),  explorateur  russe  de  la  Sibérie,  né  en  1832  dans 
le  gouvernement  de  Volhynie,  mort  par  suicide  le  50  octobre  1876  à 
Saint-Pétersbourg.  Il  fit  ses  études  à  Kic\Y  et  à  Dorpat.  Impliqué  duiis- 

L'aNXÉE   GÉ06R.    XV.  57  ^^ 

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578  NECROLOGIE. 

rinsurrection  polonaise  de  1865,  et  interné  successivement  dans 
deuï  forteresses  de  la  Trauscaucasie,  il  put  jouir,  néanmoins,  d'une 
certaine  liberté  relative  au  village  de  Padoun  :  de  1866  à  1868,  il 
en  expédia  périodiquement  de  riches  collections  aux  musées  académi- 
ques. Puis,  mis  en  rapport  avec  la  section  sibérienne  de  la  Société  de 
Géographie  de  Russie,  il  entreprit,  dlrkoutsk,  des  explorations  géolo- 
giques dont  les  résultats  parurent,  avec  une  c^rte,  au  tome  XI  des 
apiski  de  cette  section  (1874).  En  1875,  il  avait  commencé,  pour  le 
^mpte  de  la  Société,  une  deuxième  eiploration  de  la  Toungouska  infé- 
â-ieure  et  de  l'Olének.  En  1875,  enfin,  il  fut  gracié  et  entreprit  sa  troi- 
sième expédition  sur  la  Lena  et  TOlének  inférieur,  qui  fut  très-fé- 
conde au  point  de  vue  de  l'histoire  naturelle.  Au  printemps  1876  il 
livra  le  reste  de  ses  documents  à  Fétat-major  général,  qui  les  a 
utilisés  pour  la  Carte  de  la  Russie  d'Asie.  Il  avait  les  fonds  néces- 
saires pour  un  quatrième  voyage  sur  la  Rhatanga  et  TAnabara,  lors- 
qu'il se  tua  dans  un  accès  de  mélancolie.  L'historique  de  ses  voyages 
se  trouve  dans  les  Mittheilungen  de  Petermann,  et  dans  la  Rmsische 
Revue  de  Rôttger.  Voir  aussi  p.  462  du  présent  volume. 

Dalrvmple  (H.  Elphinstone),  administrateur,  explorateui'  et  géo- 
t^raphe  anglo-australien,  mort  le  22  janvier  1876,  à  Sainl-Léonards- 
on-the-Sea  (Sussex).  Après  la  fondation  de  la  ville  de  Bowen  dans 
le  Queensland,  il  poursuivit,  comme  Commissaire  des  terres  de  la 
Couronne,  ses  explorations  au  nord  ;  il  y  découvrit  le  territoire  de 
l'Herbert  Rivers,  et  fonda  sur  la  baie  Rockingham,  la  ville  de 
Cardwell-  en  même  temps,  il  couvrit  les  nouveaux  districts  de  roules 
et  de  lignes  télégraphiques.  Nommé  Commissaire  aux  mines  d'or, 
pour  le  Nord,  il  découvrit,  en  1872,  une  route  conduisant  des  placers 
d'or  de  Palmer  à  la  côte,  et  fonda  la  ville  de  Cooktown.  De  septembre 
à  décembre  1875,  il  fit,  par  ordre  du  gouvernement,  une  expédition 
pour  l'exploration  des  ports  et  des  rivières  côlières  du  nord-est  de 
Queensland; 'les  résultats  de  cette  mission  conlribuèrent  tout  parti- 
culièrement à  développer  la  colonisation.  En  1874,  il  devint  Résident 
du  Gouvernement  à  Cape  York,  jusqu'en  1875.  Epuisé  et  affaibli, 
il  dut  revenir  en  Angleterre;  il  a  publié  :  1*  Explorations  of  tlie 
districts  near  the  Burdekin,  Suttor  and  Belyando  rivers  in  nortli- 
east  Aâtëiralia  (Proceed.  of  the  Roy.  Geog.  Soc.  XY,  1 861)  ;  2"  Explo- 
rations of  the  lower  course  of  the  river  Burdekin,  and  ils  identifi- 
'  cation  with  tlie  river  Wickham  (Journ.  of  the  Roy.  Geogv.  Soc. 

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NÉGAOLOGIE.  579 

XXXIII,  1865);  5*  Narrative  and  reports  ofthe  Queeruland  north- 
ea$t  coast  expédition,  1872,  Brisbane,  1874. 

Detoulx  (Albert).  Né  en  Algérie,  où  son  père  a  passé  quarante  ans 
de  sa  yie,  M.  Albert  Devoulx  s*est  appliqué  à  des  travaux  historiques 
sur  Fancienne  Régence,  qu'il  a  résumés  dans  une  Hiitoire  d'Alger, 
ouTHige  couronné  au  Concours  académique  en  1870,  et  dont  plusieurs 
parties  ont  été  développées  par  lui  dans  la  Revue  africaine.  Parmi  ces 
travaux,  nous  citerons  :  Leê  Édifices  religieux  de  V ancien  Alger ^  dont 
le  yingt  et  unième  et  dernier  article  a  paru  en  1870,  et  qui  donne  la 
description  et  l'histoire  des  deux  cents  mosquées,  oratoires,  cha- 
pelles, couvents,  écoles  et  tombeaux  de  saints  musulmans  d'Alger  et 
de  sa  banlieue;  Noies  historiques  sur  les  mosquées;  V Angle  sud-est 
de  V Alger  turc,  sans  parler  d'autres  articles  traitant  de  l'administra- 
tion  et  de  la  politique  de  la  régence  :  La  Marine  de  la  régence  d'Al- 
ger; le  Tachrifat,  ou  notes  sur  V administration  de  Vancienne 
régence.  H  laisse  en  outre  une  œuvre  d'une  grande  patience,  la 
Concordance  des  calendriers  Grégorien  et  Hedjirien  pendant  treize 
cents  ans,  à  dater  du  conunencement  de  l'ère  musulmane,  instru- 
ment des  plus  précieux  pour  tous  ceux  qui  ont  à  aborder  des  études 
historiques  dans  les  textes  orientaux.Hortk  Alger,  lel5novembre  1876, 

Ehbehberg  (Ghrétien-^odefroid).  Un  des  naturalistes  marquants  de 
notre  époque.  Ehrenberg  naquit  à  Delitsch (Prusse),  le  19  avril  1795. 
Entré  à  l'Université  de  Leipzig  comme  étudiant  en  théologie,  il  y  suivit 
bientôt  les  cours  de  médecine  et  fut  reçu  docteur  en  1818.  A  l'âge 
de  vingt-cinq  ans,  il  fiit  choisi,  ainsi  que  le  docteur  F.  6.  Hemprich, 
par  FAcadémie  des  Sciences  de  Berlin,  comme  l'un  des  naturalistes 
attachés  à  la  mission  du  baron  de  Minutoli  en  Orient.  Pendant  cette 
mission,  qui  dura  de  1820  k  1826,  Ehrenberg  parcourut  le  désert 
de  Libye  jusqu'à  Siwa,  la  vallée  du  Nil  jusqu'à  Dongola,  le  Kordofân, 
la-presqu'île  du  Sinaï,  la  Syrie  et  les  côtes  de  la  mer  Rouge  jusqu'en 
Ethiopie.  H  n*a  jamais  publié  que  la  première  partie  de  la  relation  de 
ce  long  voyage  :  Naturgeschichtliche  Reise  durch  Nord-Afrika  und 
WestnAsien  (t.  I,  Impartie,  Berlin,  1828).  L'année  suivante,  il  corn-» 
mençait,  avec  Alexandre  de  Humboldt  et  Rose ,  ce  remarquable  voyage 
d'exploration  dans  les  régWs  de  l'Oural,  de  la  Sibérie  et  de  l'Altaï, 
qui  ouvrit  des  aperçus  nouveaux  sur  la  géographie  du  nord  de  l'Asie  ~ 
centrale.  Le  classement  et  l'étude  des  collections  qu'il  avait  rapportées 
de  ces  deux  voyages,  remplirent  une  grande  partie  de  sa  vie  et  iox^ 

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580  NÉCROLOGIE. 

mèrent  le  sujet  de  nombreux  ouvrages  :  Symbolœ  phyêicŒt  9^u  icônes 
et  descriptiones  mammalium,  avium,  insedoi-um  et  ammalium  ever- 
tebralorum  quœ  ex  ilinereper  Africain  borealem  et  Asiam  ocaden- 
talem,  studio  nova  rediei-unt  Ehrenberg  et  Hemprich,  neuf  décades, 
texte  et  planches  in-folio,  Berlin,  1828  à  1845;  Natur  und  Bildung 
der  Korallen-Inseln  und  ILorallen-Bànke  im  Rothen  Meere^  Berlin, 
in-4*,  1834  ;  Die  Akalephen  des  Rothen  Meeres  und  der  Organismus 
der  Medusen  der  Ostsee,  in-folio,  Berlin,  1856.  Mais  c'est  surtout  à 
Taide  du  microscope  qu'Ehrenberg  a  fait  progresser  non-seulement 
les  sciences  naturelles,  mais  l'histoire  de  la  croûte  terrestre.  Les 
résultats  de  ses  études  sur  les  animaux  infiniment  petits  sont  consi- 
gnés dans  diverses  publications  :  Organisation,  Systematik  und  geo- 
graphisches  Verhàltniss  der  Infusions -Thierchen^  1830;  Ueber  das 
Leuchten  des  Meei-es,  1835;  Infusorien  Lager  in  der  LOnéburger 
Haide,  1837;  Ueber  die  Bildung  der  Kreidefelsen  und  des  Kreide- 
mergels  durch  unsichtbare  Organismen;  Die  Infusions-Thierchen  als 
voîlkommene  Organismen ,  Leipzig,  1838,  ouvrage  modèle  en  un 
volume  in-folio,  avec  planches  ;  Die  Bildung  des  europœischen^  liby- 
schen  und  uralischen  Kreidefelsens  durch  mikroskopische  OrgO" 
nismen,  Berlin  et  Leipzig,  1839.  L'étude  de  la  vie  des  infusoires  fut 
désormais  la  spécialité  d  Ëbrenberg,  et  il  étendit  ses  recherches  aux 
formes  du  nouveau  monde  :  Verbreitung  und  Einfluss  des  mikrotko^ 
pischen  Lebens  in  Sûd-und  Nord-Amerika,  Berlin,  1842.  En  étu- 
diant les  caractères  spécifiques  des  infusoires  et  la  distribution  de 
leurs  espèces  fossiles  sur  la  surface  du  globe,  il  reconnut  Finfluence 
des  vents  alizés  qui  les  transportent  loin  de  leur  patrie,  et  qui  les 
déposent  quelquefois  avec  le  phénomène  vulgairement  appelé  pluie  de 
sang:  Passatstaub  und  Blutregen,  in-folio,  Berlin,  1849.  Il  soumit 
plus  tard  au  microscope  des  échantillons  de  la  vase  du  lac  Tsâd, 
envoyés  par  Overweg.  D'autres  travaux  de  ce  savant  ont  un  intérêt 
plus  direct  pour  la  géographie,  tels  que  les  Beitrœge  zur  Kenntniss 
der  NordafrikaniscJien  Wûsten  (  Mémoires  de  l'Académie  des 
Sciences  de  Berlin,  1827),  et  Der  Nil  und  die  Landbildung  im 
Delta,  1852.  Son  dernier  ouvrage  est  la  MikrogeologiCy  Berlin,  1854 
à  1856.  Ëhrenberg  est  mort  à  Berlin,  le  27  juin  1876;  il  était  depuis 
trente- quatre  ans  secrétaire  perpétuel  de  TÀcadémiedes  Sciences  de 
Berlin,  et  depuis  seize  ans  associé  étranger  de  rAcadcmie  des  Sciences 
de  Paris. 

Fenyes  (A.),  gcograi>he  et  statisticien  hongrois,  né  le  T  juillet  1807, 

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NÉCROLOGIE.  581 

à  Gzokâlj\danâ  le  coinitatdeBihâr,  mort  à  Neupest  le  25  juillet  1876. 
Il  vivait  alternativement  à  Budapest  et  dans  son  domaine,  à  Gôdôllô. 
Membre  de  l'Académie  hongroise  des  Sciences  en  1857,  il  devint,  en 
1848,  chef  de  la  section  de  statistique  au  Ministère  de  Tintérieur.  Il 
publia  successivement  :  État  actuel  de  la  Hongrie  et  de  ses  pays 
annexes^  sous  le  rapport  géographique  et  statistique,  ouvrage  cou- 
ronné (en  hongrois,  1856-39);  Statistique  de  la  Hongrie,  1842-45 
(deux  éditions,  en  hongrois  et  en  allemand);  Atlas  manuel, universel^ 
pour  Vusage  général  et  pour  les  écoles,  1845  (en  hongrois)  ;  Des-- 
cription  de  la  Hongrie,  1847  (en  hongrois,  remanié  en  allemand 
par  Horn,  sous  le  titre  :  Ungarn  im  Vorwârz,  1851).  C'est  ce  der- 
nier ouvrage  qui  a  surtout  fait  connaître  le  nom  de  Fényes  au  delà 
des  limites  de  la  Hongrie. 

FoB£ES  (D.),  secrétaire  de  la  Société  anglaise  de  géologie,  et  mem- 
bre du  Comité,  directeur  de  la  Société  d'anthropologie,  né  en  1828, 
mort  le  5  décembre  1876.  —  Ses  ouvrages  sur  la  Norvège,  écrits 
soit  en  anglais,  soit  en  norvégien,  s'occupent  uniquement  de  la  géo- 
logie de  ce  pays,  notamment  des  terrains  siluriens  et  métamorphi- 
ques, puis  de  la  structure  lamellaire  des  roches.  Dans  ses  ouvrages 
sur  le  Pérou  et  la  Bolivie,  où  il  avait  aussi  fait  un  long  séjour,  il 
agrandit  son  cadre.  Outre  un  traité  On  the  geology  of  Bolivia  and 
SoiUhern  Peru  (1861),  il  publia  un  ouvrage  géographique  et  ethno- 
graphique, On  the  Aymaras  of  Bolivia  and  Peru  (1861),  qui  jouit 
d'une  grande  renommée  ainsi  que  la  Grammaire  de  la  langue  ay- 
mara,  éditée  plus  tard.  Dans  les  derniers  cinq  ans  il  publia  encore 
ses  Rapports  semestriels  sur  la  production  de  fer  et  d'acier  sur 
totUe  la  ter^e. 

FûTTERLE  (Franz),  géologue  en  chef  et  vice-directeur  du  Qeolo^ 
gische  Reichs  Anstalt  d'Autriche,  né  le  2  février  18*25  à  Mramotitz, 
en  Moravie,  mort  en  septembre  1876.  —  11  fut  l'un  des  fondateurs 
de  la  Société  de  Géographie  de  Vienne,  et  dirigea  la  publication  des 
dix  premières  années  du  recueil  de  cette  Société  :  Mittheilungen  der 
geogr.  Gesellschaft^  etc.. 

FouRNEL  (Henri).  Ingénieur  des  mines  et  orientaliste,  né  à  Paris* 
le  25  janvier  1799.  —  Il  adopta  les  idées  philosophiques  de  Saint- 
Simon  et  suivit  en  Egypte  le  Père  Enfantin  avec  lequel  il  fit,  en  1855 
et  1854,  les  premières  études  pour  le  percement  de  l'isthme  de  Suez. 

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582  NÉCROLOGIE. 

Chargé  par  le  Ministère  de  la  gaerre  d*une  mission  minéralogique  en 
Algérie,  il  parcourut  pendant  quatre  ans  (1843  à  1846)  les  trois  pro- 
vinces de  la  nouvelle  colonie,  poussant  ses  recherches  au  milieu  de 
tribus  dont  la  soumission  était  douteuse.  Il  atteignit  l'oasis  de  Biskra 
dont  il  mesura  h  hauteur  par  des  observations  barométriq[ues  :  Hau- 
teur du  désert  à  Biskra;  hauteur  de  Constantine;  observations 
météorologiques  faites  dans  le  désert  (Annales  des  mines,  1845); 
Sur  r altitude  de  Biskra  (ibidem,  1845).  C'est  encore  lui  qui  appda 
Tattention  sur  une  question  destinée  à  un  grand  avenir  :  la  recherche 
des  couches  d'eau  ascendante,  dans  le  Hodna  et  le  Sahara,  en  vue  d'y 
créer  de  nouvelles  oasis  et  de  vivifier  celles  qui  sont  menacées  de 
disparaître.  Il  fit  pratiquer  les  premiers  sondages  artésiens  sur  la 
limite  nord  du  Sahara  algérien.  Les  résultats  de  cette  exploration 
géologique  de  toute  la  partie  alors  abordable  du  Tell»  et  de  quelques 
oasis,  ont  paru  sous  le  titre  de  Richesse  minérale  de  VAlgéney  2  gros 
volumes  in-4  et  atlas  in-folio  (Paris,  1849),  et  dans  un  Mémoire  sur 
les  gisements  de  muriate  de  soude  en  Algérie  (Annales  des  mines, 
1846). —  En  dehors  de  ses  travaux  professionnels,  M.  Fonmel  s'était 
occupé  des  indigènes  de  l'Algérie,  et  il  avait  reconnu  qu'on  génârali- 
sait,  à  tort,  à  toute  la  population  musulmane,  le  nom  d'Arabe,  qui 
appartient  exclusivement  à  quelques  tribus  et  à  quelques  familles.  Il 
entreprit  un  examen  approfondi  de  l'ethnographie  et  de  l'histoire 
algériennes.  C'est  ainsi  qu'il  a  donné  ses  Études  sur  la  conquête  de 
r  Afrique  par  les  Arabes,  et  recherches  sur  les  tribus  berbères  qui 
ont  occupé  le  Maghreb  central,  in-4,  1"  et  seul  fascicule,  Paris,  Im- 
primerie impériale  1857,  travail  qu'on  peut  considérer  comme  T^ 
bauche  du  dernier  ouvrage  du  laborieux  érudit  :  Les  Berbers  (voir 
ici  même  n'*  16  et  pages  8-9),  dont  le  deuxième  volume  sera  publié 
par  ses  héritiers,  sous  la  surveillance  de  M.  Gustave  Dugat.  Mort  à 
Paris  le  20  juillet  1876.  Nous  renvoyons  pour  de  plus  amples  détails 
à  la  Notice  biographique  sur  M.  Henri  Foumel,  par  Gustave  Dugat, 
imprimée  (pages  I  k  XVIi)  dans  le  Catalogue  de  la  bibliothèque  de 
M.  Henri  Fournel. 

Fromentin  (Eugène).  Peintre  (élève  de  L.  Cabat),  voyageur  et  écri- 
vain français,  né  k  La  Rochelle,  le  24  octobre  1820.  —  Fromentin  a 
sa  place  indiquée  dans  ce  nécrologe  comme  écrivain  et  comme  ar- 
tiste, car  il  a  vulgarisé  au  milieu  de  nous,  par  son  pinceau  encore 
plus  que  par  sa  plume.  Ta  connaissance  du  Tell  et  du  Sahara  algériens 
et  de  leurs  habitants.  La  peinture  est  un  langage,  et  on  ne  saurait 

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NÉCROLOGIE,  585 

mettre  en  doute  que  l'artiste  apporte  au  géographe  de  précieux  élé- 
ments d'étude.  FromeQtin  parcourut  les  deux  provinces  de  Gonstantine 
et  d'Alger;  il  toucha  le  Sahara,  dans  les  Zibân  (1818)  et  dans  les 
qeçoûr  de  La^houât  (1853),  au  moment  où  ces  oasis  passaient  sous 
l'autorité  française.  Ses  esquisses,  ses  tableaux  et  ses  livres  présen- 
tent aujourd'hui  un  intérêt  particulier  en  ce  qu^ils  se  rapportent  à 
un  tenops  où  les  chemins,  les  cultures  et  les  mœurs  étaient  bien  en- 
core ceux  des  Berbères  ou  des  Arabes  algériens,  où  les  constructions 
françaises  n'avaient  rien  enlevé  aux  oasis  de  leur  caractère  primitif. 
Une  année  dans  le  Sâhel  (1  vol.  in-lS;  Paris,  Michel  Lévy,  i858), 
nous  transmet  vivantes  les  impressions  de  Fromentin  dans  le  nord  de 
l'Algérie,  et  ses  toiles  du  Berger  kabyle  à  cheval^  conduisant  un 
troupeau,  de  la  Tribu  en  marche  traversant  un  gué,  des  Femmes 
arabes  en  voyage,  de  la  Chasse  nu  faucon,  de  la  Chasse  au  héron ^ 
du  Fauconnier  arabe,nous  ont  initiés  aux  paysages  3u  Tell  algérien, 
et  aux  types  et  aux  mœurs  des  Berbers  et  des  Arabes  qui  l'habitent. 
Son  Coup  de  vent  dans  les  plaines  de  halfâ  nous  montre  les  steppes 
de  la  province  d'Alger  sous  un  aspect  qu'offrent  fréquemment  les 
hauts  plateaux  de  l'intérieur  lorsque  les  vents  des  montagnes,  ou 
ceux  du  Sahara  balayent  leurs  hautes  graminées,  dont  ils  font  on- 
doyer les  touffes  éparses.  Les  Courriers  dans  le  pays  des  Oulâd 
Nâïl  traduisent  un  autre  incident  de  la  vie  des  steppes.  Fromentin  a 
publié  son  voyage  à  Laghouât  sous  le  titre  de:  Un  été  dans  le  Sahara 
(1  vol.  in-18,  Paris,  Michel  Lévy,  1856).  Ses  observations  resteront 
toujours  vraies  dans  leur  généralité  ;  quelques-unes,  comme  la  des- 
cription de  l'ancien  Laghouât,  ont  déjà  un  intérêt  historique.  Sa  Li- 
sière d^oasis  pendant  le  sirocco,  sa  Halte  de  marchands  devant 
Laghouât,  son  Abreuvoir  et  son  Audience  chez  un  Khalîfa  ont  com- 
plété, pour  Laghouât,  ce  que  sa  plume  imagée  avait  négligé.  La  Vue 
de  *  Tâdjemoût  et  la  Vue  de  'Aïn  Mâdhy  nous  ont  familiarisés  avec 
les  villages  dépendants  de  Laghouât,  et  dans  les  Femmes  de  *Aïn 
Mâdhy  se  rendant  à  la  mosquée,  il  nous  a  montré  un  exemple  bien 
rare  au  Sahara,  la  partie  féminine  de  la  population  de  ce  berceau  de 
la  confrérie  d'ËI-Tidjâni  participant,  avec  les  hommes,  aux  cérémonies 
du  culte.  Dans  la  dernière  phase  de  son  existence,  Fromentin  visita 
l'Egypte,  où  son  pinceau  put  s'inspirer  de  sujets  tout  différents  tels  • 
que  Les  Canges  sur  le  Nil,  au-dessus  du  Caire;  la  Vtie  d*une  ville 
an  bord  du  Nil;  une  Sâqîyé  près  du  fleuve;  le  Bac  sur  le  Nil  et 
le  Souvenir  d'Esné.  Mort  k  Saint-Maurice,  le  11  août  1876.  (Voir  la 
Notice  biographique,  publiée  par  M.  L.  Gonse,  dans  :  Exposition  des 


yGoogk 


584  KËGROLOGIE. 

œuvres  de  Eugène  Fromentin  à  V École  nationale  d€$  Beaux-ArU^ 
in-16,  Paris.Claye,  1877.) 

Grillant  (le  conseiller  aulique  D'  W.  F.),  né  en  1807,  mort  le  5 
juin  1876,  à  Munich.  —  Il  fut  de  1841  k  1855  bibliothécaire  de  la 
ville  à  Ntirnberg  et  publia,  entre  autres,  un  important  ouvrage  de 
géographie  historique,  intitulé  :  Geschichte  des  Seefahrers  Martin 
Behaim  nach  den  àltesten  vorhandenen  Urkunâen  bearbeitel,  Nûrn- 
berg,  1853. 

GcNUUGSSOR  (Bjôrn),  géographe  et  naturaliste  islandais,  né. le  25 
septembre  1788,  à  Gaarden-Tanstadir,  où  il  mourut  le  17  mars 
1876. 11  avait  été  longtemps  professeur  au  gymnase  de  Reikjavik, 
capitale  de  Tile. -Depuis  1831  il  parcourut  et  releva  tout  l'intérieur 
de  rislande.  Les  fruits  de  ces  voyages  furent  le  traité  :  De  mensura  et 
delineaUone  hlandiœ  interioris,  1834;  et  la  Carte  de  V Islande  en 
quatre  feuilles,  dressée  avec  OIssen  i  Téchelle  de  1  :  480,000  (de 
1845  à  1849). 

Haggemmacher  (Gustave-Adolphe).  Né  à  File  de  Limatau,  canton 
d'Argovie  (Suisse),  le  3  mai  1845.  H  se  rendit  en  Egypte  comme  né- 
gociant en  1865,  s'établit  Tannée  suivante  à  Khartoûm,  et  rayonna 
dans  les  contrées  voisines  jusqu'à  Sawâkin  et  Mouçawwaa',  où  il  se  lia 
avec  son  compatriote  Werner  Munzinger.  Après  une  absence  de  deux 
années  au  Caire  et  en  Europe,  il  revint  à  Mouçawwaa*,  en  1874,  et 
Munzinger-Pacha  le  chargea  d'être  son  représentant  à  Kassala,  dans 
l'intérieur.  M.  Haggenmacher  remplit  dans  la  même  année,  par  ordre 
du  khédive,  une  mission  dans  les  pays  des  Çomàli  (voy.  pages  120 
à  132  et  n"  99  de  ce  volume).  En  1875,  il  entreprit  un  voyage  à  Ira- 
vers  l'Ethiopie,  de  Mouçawwaa'  à  Galabàt,  et,  au  retour,  il  partit 
avec  Munzinger-Pacha  en  mission  politique  à  la  cour  de  Ghôwa.  Sa 
mission  avait*  pour  guide  un  cheïkh  des  Hodeïtou,  parent  du  sultan 
d'Âosa,  qui  tenait  son  investiture  de  Munzinger-Pacha.  Elle  débarqua 
h  Qoubbet-Kharab,  sur  la  côte,  à  l'ouest  de  Toujouira,  et  se  mit  en 
marche  vers  le  iac  Bada  ou  Assal.  Par  une  route  à  travers  des  dé- 
serts brûlants  où  les  soldats  faillirent  mourir  de  soif  et  où  presque 
tous  les  chameaux  périrent,  on  arrivait,  au  bout  de  seize  jours, 
dans  la  dépression  d'Aosa,  à  145  kilomètres  de  Toujourrn.  Le 
guide  s'éloigna  sous  prétexte  d'aller  chercher  des  vivres,  et  le 
lendemain  (14  novembre),  à  deux  heures  du  matin,  les  'Afar  ou  Da- 

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KÉCROLOGIE.  585 

nâf(i!,  habitants  dn  pays,  aidés,  paraîlrait-H,  pnr  des  Ilmorma  ou  Gal- 
las,  tombèrent  en  forces  sur  le  camp,  qu'ils  avaient  cerné  à  la  faveur 
des  ténèbres.  Cent  soixante-dix  soldats  furent  massacrés  ou  blessés 
avant  d'avoir  pu  organiser  la  résistnnce.  Munzinger-Pacha,  percé  de 
quatre  coups  de  coutelas,  mourut  le  lendemain,  et  sa  femmr, 
une  Éthiopienne  civilisée,  ne  survécut  pas  non  plus  à  ses  bles- 
sures. Haggenmacher  n'avait  pas  été  touché  par  les  armes  de 
l'ennemi;  il  suivit  les  débris  du  détachement  égyptien  dans  sa  re- 
traite, que  Tennemi  harcela  sans  cesse.  Pendant  trois  jours  et  trois 
nuits,  il  marcha,  sans  dormir,  ni  boire,  ni  manger.  Arrivant  le  22 
novembre  1875,  dans  un  état  d'épuisement  complet,  au  bord  du  lac 
Bada,  il  se  jeta  avidement  sur  Veau.  Quelques  instants  après,  il  ren- 
dit des  Ûots  de  sang  et  mourut. 

Harcus  (W.).  Clergyman,  publiciste  et  géographe  anglais,  né  en 
1823  k  Newcastle-upon-Tyne,  mort  k  Adélaïde  (Australie  inéridio- 
nale)  le  10  août  1876.  Arrivé  en  Australie  en  1860,  il  séjourna  d'a- 
bord à  Melbourne,  puis  à  Adélaïde.  En  1876,  peu  avant  sa  mort,  il 
publia,  par  ordre  du  goi^vernemcnt,  un  excellent  manuel  de  TAus-» 
tralie  méridionale,  intitulé  :  Souih  Australia  Us  histortfy  resources 
and  productions,  Adélaïde  and  London,  1876  (voy.  n*  970).  C'est  une 
description  complète,  pour  laquelle  le  fameux  voyageur  allemand  R, 
Schomburgk  a  écrit  la  flore,  tandis  que  d'autres  spécialistes  ont  fourni 
les  chapitres  relatifs  aux  mines,  à  là  météorologie,  à  la  iaune,  etc. 
Des  cartes  instructives  et  des  gravures  d'après  des  photographies 
accompagnent  cet  ouvrage,  dont  a.ucune  des  provinces  d'Australie 
n'a  l'équivalent. 

Heugltn  (Martin -Théodore  von).  Né  h  Hirschlanden  (Wurtemberg) 
le  20  mars  1824,  il  s'appliqua  h  l'étude  de  la  zoologie  et  puisa  le 
goût  des  explorations  en  Afrique  dans  le  travail  du  classement  des 
collections  rapportées  par  M.  John  von  Millier,  consul  général  d'Autriche 
h  Rharloûm.  En  1851,  il  fit  avec  M.  Reiz,  successeur  de  M.' von  Mûller, 
le  voyage  d'Alexandrie  à  Kharloûm  ;  il  pénétra  de  là  dans  les  provinces 
chrétiennes  de  l'fithiopie,  et  arriva  à  Blouçawwaa',  en  1855.  Après  la  pu- 
blication de  son  livre  Reise  in  Nordost  Kfrica  Tagehuch  einer  Reise 
vonCharium  nach  Abyssinien j  mit  besonderer  Bucksicht  avf  Zoolo- 
gie und  Géographie^  in-8.  Gotha,  1857,  il  obtint  la  gérance  du  consulat 
deKhartoûm,  et  explora,  avec  l'amiral  Tegetthof,  les  côtes  de  la  mer 

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586  NÉGROLOOIË. 

Rougd  jusqu'au  pays  des  Çômftli,  où  il  fut  YAtssè  par  un  musulman  fa- 
liatique.  On  trouve  les  observations  de  ce  voyage  dans  les  Mitihet- 
lungen  de  Gotha  (1861)  :  Fauna  des  Rothen  Meeres  und  der  Somali 
Kûste,  Désigné  comme  chef  de  l'expédition  allemande  envoyée  trop 
tard  à  la  recherche  d'Edouard  Vogel,  il  se  tourna  vers  le  nord  de 
rËthiopie,  releva,  de  1S61  à  1862,  les  itinéraires  de  Mouçawwaa'  à 
Kéren,  Adwa,  Aksoûm  et  Khartoûm,  d'où  il  visita^  avec  les  dames 
Tinne,  une  partie  des  contrées  du  sud  et  de  l'ouest.  Ces  voyages  sont 
racontés  dans  :  Die  deutsche  Expédition  in  Ost-Afrika,  Ërgânsungs- 
heftn»  15,  des  MiUheilungen;  Die  Tinné'sche  Expédition  imtoestli- 
chen  Nilquellgebiet,  1865-1864.  Ërgânzungheft  n*  15,  des  Mit^ 
theilungen  ;  Reise  nach  AbysHnien,  den  Gallalœndern,  Ott-Sudan 
und  Charlunij  1861-1862, 1  vol.  grand  in-8,  avec  carte,  lena  (Coste- 
noble),  1868;  Reise  in  das^Gebiet  des  Weissen  Nils  und  ^iner 
westlicken  Zuflûsse,  1862-1864, 1  vol.  in-8,  avec  carte  et  planches, 
Leipzig  et  Heidelberg  (Winter),  1869.  Théodore  von  Heuglin  avait 
donné  aux  Mittheilungen,  en  1867,  un  rapport  sur  le  territoire  des 
Benî  'Amer  :  Berickt  ûber  dos  Gebiet  der  Beni-Amer.  Mûri  par  vingt- 
trois  ans  de  voyages  ou  d'études  en  Afrique,  il  entreprit  avec  M.  Yie- 
weg,  dans  cette  même  partie  de  Tancienne  Ethiopie,  un  nouveau  voyage 
dont  nous  trouvons  les  résultats  au  n"  1  du  Bulletin  de  ia  Société 
khédimaîe  de  Géographie  :  Le  territoire  des  Beni-Amer  et  des  Ha- 
baby  avec  carte,  et  dans  le  livre  :  Reise  in  Nordost  Afrika  (voy.  ici 
même  p.  97  à  98  et  107  à  114).  Théodore  von  Heuglin  a  aussi  rédigé 
une  partie  du  grand  ouvrage  du  baron  von  der  Decken  :  Reisen  in  Ost' 
Afrika,  Le  plus  considérable  de  ses  propres  écrits  est  VOrnithologie 
0»UAfrika%  Gassel  (Fischer),  1869-1874,  et  il  a  b^aité  la  mammo- 
logie  des  mêmes  contrées  dans  les  Comptes  rendus  des  séances  de 
l'Académie  des  sciences  devienne  (1866)  :  Systematische  Vebersicht 
der  Sœugeihiere  Nordost  Afrika's,  Deux  voyages  de  découverte  au 
delà  du  cercle  polaire  arctique  marquèrent,  en  1870  «t  en  1871,  une 
phase  nouvelle  de  son  activité  scientifique.  Dans  le  premier,  il  ex- 
plora la  Norvège  et  le  Spitzberg  avec  le  comte  Waldburg-Zeil  ;  dans 
le  second,  la  terre  de  Wicbe  (79**  N.),  la  Novaya-Zemlya  et  l'ile  de 
Waïgatsch,  avee  M.  Rosenthal.  Il  a  publié  la  relation  de  cette  explo- 
ration :  Bme  nach  dem  Nordpolarmeer^  tome  I",  Brunswick,  1872. 
La  géologie  et  la  zoologie  des  terres  arctiques  y  sont  plus  spéciale- 
ment étudiées.  Le  vieux  vopgeur  inéditait  une  nouvelle  exploration 
sur  un  terrain  fort  intéressant,  dont  l'étude  est  à  peine  ébauchée, 
l'ile  de  Sokatra,  lorsque  la  mort  le  surprit  ^  Stuttgart  le  5  novembre 

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NÉCROLOGIE.  587 

1876.  Sa  tombe  est  dans  le  cimetière  dit  de  Prague,  à  côté  de  celle 
de  Charles  Mauch. 

James  (le  docteur).  Jeune  médecin  et  naturaliste  américain,  mort 
le  23  août  1876,  près  de  Pile  Yule,sur  la  côte  delaNoufelle-Guinée. 
Après  avoir  pris  part,  en  1875,  à  Texpédition  du  Chevert,  il  partit 
en  août  1876,  de  Somerset,  pour  entreprendre  à  ses  frais  un  nouveau 
voyage  d'exploration  dans  la  Nouvelle*Guinée  ;  mais  il  fut  un  jour  traî- 
treusement surpris  et  tué  par  les  indigènes  avec  le  patron  suédois  da 
navire,  H.  Thorngren  (vpir  p.  525).  Sans  avoir  fait  de  découvertes, 
M.  James  a,  pendant  un  séjour  de  deux  ans,  ramassé  et  envoyé 
en  Angleterre  de  nombreuses  collections  d'bistoire  naturelle. 

Jellinek  (docteur  Karl).  Conseiller  aulique,  astronome  et  météoro- 
logiste autrichien,  né  le  25  octobre  1822  à  Brunn,  mort  à  Tienne  le 
19  octobre  1876.  Après  avoir  dirigé  les  observatoires  astronomiques 
de  Prague  et  Innsbriick,  il  revint  à  Vienne,  où  il  fonda,  vers  1860, 
la  Société  météorologique  autrichienne  dont  il  rédigea  la  Revue,  en 
commun  avec  M.Jules  Hann.  Il  poussa  aussi  à  la  création  de  Y  Institut 
central  de  météorologie  et  de  magnétisme  terrestre  avec  un  observa- 
toire sur  la  Hohe  Warte,  dont  il  fut  ensuite  le  directeur.  Jellinek  a, 
enfin,  fait  aboutir  Tidée  des  congrès  météorologiques  internationaux, 
et  Tadoption  d'une  méthode  commune  d'observations  et  de  publica« 
tiens. 

Kbl  (F.),  géographe  autrichien  et  auteur  de  cartes  en  i^lief,  né 
le  22  juin  1822,  à  Graslitz  en  Bohême,  mort  à  Marbourg  en  Styrie, 
le  10  mars  1876.  En  même  temps  qu'il  publiait  un  travail  sur  le 
GrosS'Glockner  (1860),  il  exécutait  plusieurs  cartes  en  relief  de  di- 
vers massifs  des  Alpes  autrichiennes.  Son  œuvre  la  plus  considérable 
est  le  relief  de  la  contrée  des  Alpes  de  Salzbourg,  du  Tyrol  oriental 
et  de  la  Carinthie  occidentale  jusqu'au  Sœmmering. 

KofG  (docteur  R.),  géographe  et  ethnologiste  anglais,  mort  le  4  fé- 
vrier 1876.  Il  accompagnait  l'amiral  sir  George Back  dans  son  expédi- 
tion arctique  de  1853-1855.  Puis  il  revint  à  Londres  où  il  fonda  la 
Société  d'ethnologie,  et  rédigea  pendant  longten^s  VEthnological 
Journal t  en  même  temps  qu'il  collabora  à  divers  autres  recueils. 
Parmi  ses  travaux  géographiques  nous  devons  citer  :  The  Franklin 
expediiimi  from  firtt  ta  last  ;  Narrative  ofajoumey  to  the  skores  of 


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588  NÉCROLOGIE. 

ihe  Arctic  Océan;  On  the  iupposed  extinct  inhabitanU  of  Nmo 
Foundland,  1844;  On  the  FM  River  ofthe  Polar  Sea,  1844.  De 
4846  k  1848,  il  a  étudié  les  Esquimaux  aux  points  de  vue  de  leur 
histoire  physique  et  intellectuelle,  de  leur  industrie,  etc. 

Lahe  (Edouard-Guillaume),  né  à  Hereford  (Angleterre),  le  17  sep« 
tembre  1801.  —  Au  sortir  de  Tuniversité  de  Cambridge,  il  se  rendit 
en  Egypte  (1825)  et,  en  1828,  après  avoir  bien  appris  Tarabe,  il  fit 
un  voyage  archéologiq.ue  en  remontant  le  Nil  jusqu'à  la  deuxième  ca- 
taracte; il  en  rapporta  une  description  de  TÉgypte  et  d'une  partie  de 
la  Nubie,  ainsi  que  cent  aquarelles  à  la  sépia,  qui  isont  restées  inédites, 
comme  le  texte,  à  cause  des  frais  qu'en  aurait  entraînés  la  publica- 
tion. De  1833  h  1835  il  continua,  pour  la  Society  of  the  diffusion  of 
usefuî  knowîedge,  l'étude  des  habitants  actuels  de  l'Egypte.  Le  résultat 
de  ses  recherches  a  été  publié  dans  un  ouvrage  qui  restera  un  modèle 
d'observation  sûre  et  minutieuse  :  An  account  of  the  manners  and 
cusioms  of  the  modem  Egyptians,  3  volumes  in-1 2,  1837.  Dans  on 
nouveau  voyage  en  Egypte  (1842),  M.  Lane  composa  le  dictionnaire 
arabe  complet  que  lord  Algernon  Prudhoe,  le  duc  actuel  de  Northura- 
berland,  l'avait  chargé  de  rédiger  à  ses  frais.  €e  travail  considérable, 
qui  épuise  le  fond  et  rhisfoire  de  la  langue  arabe,  a  rempli  trente- 
cinq  ans  de  la  vie  de  M.  Lane.  La  publication  en  a  commencé  sous  le 
titre  de  :  An  Arabic-English  lexicon,  derived  from  the  be$t  and  moti 
copiom  eastern  sources  y  etc.,  grand  in-4,  Londres,  Williams  etNor- 
gâte,  1863.  M.  Lane  est  mort  à  Worthing,  le  10  août  1876. 

LiNÂNT  deBellepokds  (Emost),  né  au  Caire  le  3  avril  1841.  U  était 
fils  du  célèbre  Linant-Pacha,  l'un  des  premiers  explorateurs  du  haut 
Nil  et  de  l'Etbaye,  et  frère  d'Auguste  Linant,  mort  à  Gondokoro  en 
1874.  Sa  notice  nécrologique  commence  où  s'arrête  le  résumé  de  son 
travail  (voy.  n*'  203,  205,  206  et  p.  179-184).  En  partant'de  Doabaga, 
Ernest  Linant  avait  déçu  Tespérance  qu'avait  M'tésa  de  s'attacher  notre 
compatriote,  et  le  despote  d'Ouganda  s'est  vengé  de  cette  déception.  Il 
s'entendit  avec  l'ennemi  des  Égyptiens  Kaba  Réga,  roi  d'Ounyero.  Le 
5  juillet,  Ernest  Linant,  escorté  de  quarante  soldats,  fut  attaqué  sur 
les  bords  du  Kafoû  par  Une  armée  de  huit  à  dix  mille  hommes.  Après 
un  commencement  de  succès,  il,  fit  construire  un  radeau  pour  ses 
soldats,  et,  sous  le  feu  de  l'ennemi; il  passa  lui-même  ii  hi  nage  le 
Kafoû,  alors  en  pleine  inondation.  Il  »rnva  sam  et  sauf  à  Laboré,  au- 
près du  général  Gordon  Pacha,  gouverneur  générai  des  proviikes 

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KÉGROLOGIE.  589 

équatoriales,  qui  so  disposait  à  lui  confier  la  mission  d'étaUir  sur  le 
Nil  des  stations  entre  Foweïra  et  le  Loûla-Nzidjé,  et  de  descendre  le 
Nil,  de  ce  lac  aux.  cataractes  de  Makedo.  Le  26  août,  voulant  faire  re- 
monter un  de  ses  bateaux  sur  le  Nil,  6ordon*Pacha  envoya  quelques 
soldats  sur  la  rive  gauche  pour  détourner  de  cette  oi)ération  Tottention 
des  indigènes;  Ernest  Linant  accompagnait  le  détachement  qui 
fut  bientôt  attaqué  par  des  forces  considérables  et  acculé  sur  le  Nil. 
Les  munitions  s'épuisèrent,  et  Ernest  Linant  fut  tué  à  coups  de  lance 
au  moment  où  il  allait  se  jeter  à  la  nage  pour  traverser  le  fleuve  (26 
août  1875).  On  doit  à  Ernest  Linant,  outre  le  travail  dont  nous  avons 
rendu  compte,  des  observations  météorologiques  faites  dans  F  Afrique 
cquatoriale,  que  le  général  Stone  a  communiquées  k  la  Société  de  Géo- 
graphie de  Londres. 


Lucas  (Louis-\rthur),  né  à  Mandiester,  le  22  septembre  1851, 
fit  ses  études  à  ITniversity  Collège,  et  entreprit  très-jeune  de  pé- 
rilleux ou  lointains  voyages  :  en  1870,  Tascensiondu  Mont-Blanc  ; 
en  1872,  un  voyage  au  Canada  et  dans  Touest  des  Ëtats-Unis  pour 
chasser  le  bison  avec  les  tribus  indigènes.  Arrivé  en  Egypte  l'année 
suivante  pour  y  chercher  la  santé,  il  résolut  de  consacrer  ses  forces 
et  sa  grande  fortune  à  explorer  le  bassin  du  Bahar  El-Ghazàl  et  les 
pays  à  Touest  du  Loûta-Nzidjé.  En  conséquence,  après  avoir  pendant 
quelque  temps  étudié  la  géologie,  la  botanique  et  la  zoologie,  il 
partit,  en  septembre  1875,  avec  un  botaniste,  M.  Freeman.  En  jan- 
vier 1876,  il  était  à  Rhartoûm  avec  son  magnifique  matériel  de 
\oyage.  Après  trois  mois  de  retard,  il  rejoignit  à  Lado  le  général 
Cordon  Pacha.  Celui-ci  ne  jugeant  pas  que  Tescorte  de  M.  Lucas  fût 
une  protection  sufQsante,  refusa  de  lui  laisser  continuer  son  voyage , 
et  lui  conseilla  de  revenir  sur  ses  pas  pour  repartir  de  Zanzibar.  Ce- 
pendant M.  Lucas  fit  avec  le  général  une  excursion  sur  le  lac  Loûta- 
^zidjé,  avant  de  reprendre  le  chemin  de  Khartoûm.  Il  avait  gagné 
la  fièvre  intermittente  pendant  cette  navigation.  Â  Khartoûm,  il  fut 
pris  d'une  fièvre  chaude,  dont  les  accès  violents  obligèrent  à  atta- 
cher le  malheureux  voyageur.  Le  26  octobre  il  continua  sa  route  vers 
Sawâkin,  sous  la  surveillance  de  M.  Russel  de  Tétat-major  égyptien. 
Arrivé  à  Sawâkin  le  18  novembre,  on  le  transporta  à  bord  du  Mas- 
sowah  et  il  succomba  en  mer,  le  20  novembre  1876.  M.  Lucas  a 
été  inhumé  à  Djedda.  Son  compagnon  de  voyage,  Freeman,  était  mort . 
k  Berber  malgré  les  soins  attentifs  des  missionnaires  catholiques* 


yGoogk 


590  2<£G11ÛL0GI£. 

Meinigke  (K.-E.),  géographe  allemand,  né  à  Brandehbourg  le  51 
août  1803,  mort  le  25  août  4870  à  Dresde.  —  Il  professa  pendant 
près  de  trente-cinq  ans  au  gymnase  de  Prenzlau  dont  il  deyint  di- 
recteur. Les  quinze  dernières  années  de  sa  vie  se  passèrent  à  Dresde, 
n  fut  l'un  des  premiers  qui  appliquèrent  le  système  de  Ritter  à  l'en- 
.  seignement  usuel  de  la  géographie.  C'est  en  ce  sens  qu'il  a  rédigé  : 
Lehrbuch  der  Géographie^  Prenzlau,  1839  ;  Leitfaden  der  Geo- 
graphie^  1'*  édition,  1845.  Meinicke  avait  fait  sa  spécialité  de  l'étude 
et  de  la  vulgarisation  des  données  relatives  aux  îles  et  continents  du 
Grand-Océan  et  des  mers  de  FAustralasie,  savoir  la  Malaisie,  la  Mé- 
lanésie,  l'Australie,  la  Polynésie.  Il  a  puhlié  sur  ce  sujet  une  douzaine 
d'ouvrages  estimables  résumés  en  un  seul  qui  a  paru  à  Leipzig,  l'an- 
née même  de  la  mort  de  Fauteur,  sous  le  titre  :  Die  Insein  des  SUl- 
len  OceanSf  2  vol. 

MoHR  (Edouard).  Né  à  Brème  en  1828,  passa  une  partie  de  sa  Jeu- 
nesse à  Baltimore,  à  la  Havane  et  à  San  Francisco,  et  fit  dans  l'océan 
Pacifique  une  croisière  de  chasse  et  de  commerce  dont  il  a  donné  la 
relation  :  Reise  und  Jagdbilder  aus  der  Sûdsee,  Californien  und 
Sûd'Afrika,  Après  un  nouveau  séjour  en  Californie  comme  surveil- 
lant des  mines  de  sel  de  Saint-Quentin,  il  passa  dans  FInde  en  1855, 
et  fonda  avec  son  frère,  à  Akyab  en  Arakan,  une  maison  de  com- 
merce qu'il  transporta  ensuite  k  Rangoun,  capitale  du  Pégou.  Revenu 
en  Europe,  il  fit  un  voyage  à  Batavia,  et  se  prépara  ensuite  à  Fécole 
des  pilotes  de  Brème.  En  1867,  il  accomplit  son  premier  voyage 
d'exploration  dans  le  sud-est  de  l'Afrique.  Ayant  complété  son  instruc- 
tion astronomique  à  Brème,  sous  la  direction  du  professeur  Breusing, 
il  fit  de  1868  à  1871,  avec  le  géologue  Adolphe  Hûhner,  son  deuxième 
voyage,  qui  le  conduisit  aux  chutes  de  Mosi-oa-tounya.  De  nom- 
breuses observations  astronomiques  et  barométriques  (56  latitudes  et 
hauteurs,  et  5  longitudes)  constituent  le  principal  résultat  de  ce  voyage, 
dont  V Année  Géographique  a  parlé  dans  ses  volumes  précédents. 
Une  excellente  relation  en  a  paru  sous  le  titre  de  :  Nach  den  Vic- 
toria Fœllen  des  Zamhesi,  deux  volumes  in-8%  Leipzig  (Hirt),  1875. 
Dans  Fêté  de  1876,  la  Société  africaine  d'Allemagne,  voulant  faire 
poursuivre  au  delà  deKimboundou  les  découvertes  du  lieutenant  Lux, 
confia  k  Edouard  Mohr  une  mission  d'exploration  dans  Finlérieur  par 
la  colonie  d'Angola.  Il  partit  le  1*"  septembre  de  Saint-Paul  de  Loanda 
pour  rejoindre  le  docteur  Pogge  et  poursuivre,  de  concert  avec  lui, 
l'exploration  des  pays  situés  entre  le  Zaïre  et  son  afûuent  le  Kassàbi. 

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KÉCKOLOGIË.  591 

Pussatit  par  Dondo,  il  rencontra  à  Halandjé,  grande  ville  à  l'est  du 
Koanza,  et  à  350  kilomètres  de  la  cdte,  le  docteur  Pogge,  revenant 
d'un  voyage  de  découvertes,  commencé  en  1875  àPoungo  A.ndango, 
et  continué  par  Kimboundou  jusque  dans  le  sud-est  de  Kwinzemena, 
résidence  actuelle  du  mata-yanvo  ou  empereur  d*Oulounda.  Edouard 
Mohr  laissa  son  collègue  revenir  seul  à  Loanda,  et  lui-même  mourut 
presque  subitement  kMalandjé,  le  26  novembre  1876^  par  suite  de 
Tabsorption  d'une  dose  exagérée  d'un  médicament  dangereux. 

MoRLÂNG  (François).  Né  dans  le  Tyrol  autrichien.  11  embrassa  la 
carrière  ecclésiastique  et  fut  envoyé  sur  le  haut  Nil,  comme  mission- 
naire catholique,  en  1855.  En  1859/  il  commença  des  excursions 
dans  les  contrées  au  sud- est  et  à  l'ouest  de  Gondokoro;  la  première 
jusqu'à  Liria  ;  les  autres  chez  les  Sandê  ou  Makraka,  puis  à  l'ouest  de 
la  rivière  Yeyi  ou  Yiaïe,  que  le  docteur  Peney  et  les  frères  Poncet 
avaient  déjà  vue,  et  il  revint  par  le  pays  des  Yangbara.  L'abbé  Mor-^ 
lang  a  publié  sa  relation  dans  le  neuvième  Jahresbericht  des  Marien- 
Vereinê  zur  Befcerderung  der  kathoUschen  Mission  in  Central^ 
Afrika  (Vienne,  1860);  elle  a  été  reproduite  dans  Ylnner-Âfrika  de 
Petermann  et  Uassenstein.  Après  un  séjour  de  huit  années  dans  les 
contrées  sur  la  limite  de  la  région  équatoriale  alors  inexplorée,  Tabbé 
Morlang  quitta  l'Afrique  en  1863.  Mort  au  Pérou  en  1876. 

MuNTBE  (G.),  géographe  norvégien,  mourut  le  15  décembre  1876, 
à  Christiania,  âgé  de  quatre-vingts  ans.  Après  avoir  servi  dans  l'armée 
de  1811  à  1814,  il  s'occupa,  dès  1815,  de  travaux  cartographiques, 
surtout  de  Tédition  de  cartes  spéciales  de  la  Norvège.  En  1840, 
parut  sa  carte  de  l'ancienne  Norvège  :  Det  garnie  Norge  for  aar 
1500. 

Newelski,  amiral  russe,  né  en  1813,  mort  le  29  avril  1876,  à 
Saint'Pélersbourg.  11  est  l'auteur  de  divers  travaux  sur  l'océan  Paci- 
fique et  sur  le  territoire  de  l'Amérique. 

Perron  (le  docteur  Nicolas).  Orientaliste,  né  à  Langres,  le  5  plu- 
viôse an  V  (25  janvier  1797)  ;  mort  à  Paris  le  11  janvier  1876.  Il 
devint,  sous  la  direction  de  Sylvestre  de  Sacy,  un  des  meilleurs  ara- 
bisants de  TËurope.  Désigné  au  choix  de  Mohammed  'Ali,  en  1835, 
il  fut  nommé  professeur  à  l'École  du  médecine  d'Aboû-Zabel,  près  du 
Caire.  CYsl  là  qu'il  eutru  en  rapports  avec  le  cheikJ}  Mohammed  £1- 

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592  NECROLOGIE. 

Toùnsiy  qui  avait  passé  plusieurs  années  dans  les  empires  de  For  et 
de  Ouadaï.  Il  l'engagea  à  rédiger  en  langue  arabe  la  relation  de  ses 
lointains  voyages  dans  la  Nigritie,  que  le  docteur  Perron  traduisit  :  Le 
Voyage  au  Darfour  (For),  un  volume  in- 8%  Paris,  1845,  publié  par 
les  soins  de  M.  Jomard;  et  Le  Voyage  au  Ouaday,  un  volume  in-8*, 
avec  une  introduction  bistorique  et  géographique  de  U.  Jomard,  et 
un  cahier  de  planches,  Paris,  1851.  Le  docteur  Perron  a  surveillé 
lui-même  Tautographie  du  texte  arabe  de  la  relation  du  cheïkh 
Mohammed  El-Toûnsi,  qui  a  paru  à  Paris,  in-4*',  1850.  On  ne  possé- 
dait sur  le  Ouaduï  que  des  indications  très-vagues,  et  la  traduction  du 
voyage  du  Ouadaï  contribua  à  rehausser  Fintérêt  des  renseignements 
que  Henri  Barth  recueillait  alors,  et  qu'il  allait  bientôt  publier.  Rentré 
ca  France  après  un  long  temps  de  professorat  au  Caire,  le  docteur 
Perron,  devenu  membre  de  la  Commission  scientiGque  d'Algérie, 
traduisit  pour  le  gouvernement  le  grand  ouvrage  de  Khâlil  Ibn  Isbâq  : 
PrécU  de  Jurisprudence  musulmane ,  etc.,  travail  considérable  qui 
comprend  sept  volumes  grand  in-8',  Paris,  Imprimerie  nationale, 
1 848  à  1854.  Le  docteur  Perron  a  traduit  ou  composé,  en  outre,  divers 
ouvrages,  tels  que  :  Le  Nâçeri^  traité  d^hippologie  et  d'hippiattie 
arabes,  trois  volumes  in-8%  Paris,  1852  à  1865;  La  Médecine  du 
Prophète,  un  volume  in-8**,  Alger,  1858  ;et/e«  Femmes  Arabes  avant 
et  depuis  rislamisme,  un  volume  in-8',  Alger,  185.8.  En  1857,  il  fut 
ihargé  de  fonder  le  collège  arabe-français  d'Alger.  Les  dernières  fonc- 
tions qu'il  ait  remplies  sont  celles  d'inspecteur  général  de  Tinstruction 
]>ublique  en  Algérie.  Le  docteur  Perron  laisse  en  manuscrit  trois 
ouvrages  que  son  neveu,  M.  Alfred  Clerc,  interprète  principal  à 
Oran,  se  propose  de  publier  :  L'Islamisme  et  son  avenir;  la  traduc- 
tion de  la  Balance  de  la  Loi  musulmane,  par  le  cheikh  El-Cha'  ràni, 
onGu  une  Étude  sur  les  Coptes  ou  Qibt. 

PfiTERMANN  (doctcur  J.  H.),  Orientaliste  et  voyageur  allemand,  né  le 
12  août  1801,  à  Glauchau,  près  de  Halle  (Saxe  pruss.) ,  mort  à 
Manheim-les-Bains  (Messe  électorale),  le  10  juin  1876. 11  était  depuis 
1856  académicien  et  professeur  de  langues  orientales  à  l'Université  de 
Berlin.  De  1 852  à  55,  il  fit  des  voyng(#étendus  dans  PAsie  Mineure,  la 
Mésopotamie,  l'Arménie  et  la  Perse,  et  géra,  de  1867  à  1868,  le  con- 
sulat allemand  à  Jérusalem.  11  a  écrit  :  Reisen  im  Orient,  1860-61. 
Comme  orientaliste,  il  a  été  le  premier  auteur  eiiropéen  d'une  Gram^ 
maire  Arménienne,  écrite  en  lalin,  1857  et  1838.  H  a  écrit  au&si 
d'aulres  travaux  sur  l'hisloirc  et  la  géognu.hie  do  rArinéiiic. 

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NÉCROLOGIE.  593 

P^UND  (le  docteur  Jules).  Né  k  Hambourg  vers  1815.  Il  étudia  ia 
médecine  et  la  botanique;  devenu  conservateur  du  musée  de  Prague, 
il  composa  une  flore  de  la  Bohême,  qui  est  restée  manuscrite.  Il 
pratiqua  la  médecine  à  Alexandrie  et  au  Caire,  de  1848  à  1869,  sauf 
une  absence  faite  pour  accompagner  M.  von  Mtiller  dans  un  Yoyage 
sur  le  haut  Nil.  En  1874,  le  général  Stone  le  fit  attacher  à  une  expé- 
dition militaire  envoyée  dans  la  Nigritie.  Dans  la  dernière  moitié  de 
1875,  il  fut  adjoint  h  la  brigade  du  colonel  Colston,  qui  longea  la 
rive  ouest  du  Nil  jusqu'h  Dabbé,  et  marcha  par  TOuâdi  Mahtoûl  pour 
arriver  à  Ël-Obeïd,  dans  le  Kordofân.  Malgré  ses  soixante  ans,  le  doc- 
teur Pfund  avait  supporté  admirablement  les  fatigues  de  ce  vpynge, 
et  collectionné  tans  relâche  des  échantillons  de  plantes.  Il  parcourut 
ensuite  toute  la  province  de  Kordofân,  et  partit  avec  le  colonel  Purdy, 
qui  allait  opérer  dans  le  Fôr,  où  il  put  continuer  ses  excursions  bota- 
niques sur  un  sol  parfaitement  vierge.  Mort  au  Fâcher  (Fôr),  le 
21  août  1876.^ 

Priîuudaie  (Félix-Hélie  De  la).  Historien,  né  à  Vannes  le  21  jan- 
vier 1814.  Il  consacra  une  partie  de  sa  jeunesse  à  des  voyages  à 
Tétraûger,  principalement  en  Italie.  Il  publia  en  1848  une  Histoire 
du  commerce  de  la  mer  Noire,  et  un  livre  dont  il  avait  puisé  les  do- 
cuments dans  la  bibliothèque  du  monastère  de  Monte  Cassino  :  Les 
Aixihes  et  les  Normands  en  Sicile  et  en  Italie^  1  vol.  in-8,  Paris 
(Challamel),  1868.  Mais  c'est  surtout  le  nord  de  l'Afrique  qui  a 
fourni  des  sujets  d'études  à  M.  de  la  Primaudaie.  Nous  citerons  :  Le 
Commerce  et  la  navigation  de  V Algérie  avant  la  conquête  fran- 
çaisCyi  vol.  in-8,  Paris  (Lahure),  1860;  Le  Littoral  de  la  Tripoli- 
taine,  1  vol.  in-8,  Paiis  (Bertrand),  1865;  Les  Villes' maritimes  du 
Maroc;  commerce t  navigation,  géographie  comparée  (Revue  afri^ 
caine  d'Alger),  1872  à  1875.  Ënfm,  les  manuscrits  espagnols  pro- 
venant de  la  bibliothèque  royale  de  Simancas,  et  qui  sont  conservés 
à  Alger,  lui  livrèrent  les  éléments  de  sa  dernière  œuvre  :  Documents 
inédits  sur  rhistoire  de  V occupation  espagnole  en  Afrique,  de  1505 
à  1574,  en  cours  de  publication  dans  la  Revue  africaine  depuis 
1875.  Mort  à  Alger  le  30  janvi#i876. 

Prokesch  vônOstin  (A.  comte).  Homme  d'État,  géographe  et  orien- 
taliste autrichien,  né  à  Gratz  le  10  décembre  1795,  mort  le  26  oc- 
tobre 1876  à  Vienne.  Après  avoir  pris  paît  aux  campagnes  de  1813 
et  1815  contre  la  France,  il  devint,  en  1817,  professeur  de  mathé- 

L* ANNÉE  6É0GR.   XV.      .  M  .  , 

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504  NÉCROLOGIE. 

matiques  à  Técole  des  cadets  d'Olmfito,  puis,  en  18i8,  adjudant  du 
feld-maréchal  prince  Charles  de  Schwartzenberg,  commandant  en 
chef  des  années  coalisées  de  1813.  En  1821,  il  exécutait  des  lèves 
topographiques  dans  la  haute  Hongrie,  et  en  1824  il  visitait  la  Pa- 
lestine et  rÉgypfe.  G*est  en  1827,  comme  chef  de  Tétat-major  de  la 
flotte  autrichienne  du  Levant,  quMl  fit  ample  connaissance  avec  Mo- 
hammed 'Ali,  dont  il  écrivit  une  biographie  intéressante.^ Anobli  en 
1850  par  le  titre  de  von  Osten,  il  a,  depuis  lors,  toujours  occupé  avec 
distinction  les  postes  diplomatiques  les  plus  délicats.  En  outre  des 
ouvrages  poétiques,  militaires,  historiques,  numismatiques  et  bîogra* 
phiqnes  dont  nous  ne  saurions  donner  ici  une  énumération,  il  a  pu- 
blié, dans  le  domaine  de  la  géographie,  les  travaux  suivants  :  Erin- 
nerungen  ans  Mgypten  und  Kleinasien,  5  vol.,  Vienne,  1829-1831  ; 
Reise  ins  Heilige  Land,  ib,,  1831;  Dm  Land  zwis^en  den  Kor- 
tarakten  des  Nils,  ib,y  1852;  DenkwUrdigkeiten  und  Erintienmgen 
aus  dem  Orient,  1856.  • 

REBMiira  (Jean).  Missionnaire  protestant,  d'origine  helvétique,  né 
en  1820  &  Gerlingen  (Wurtemberg).  La  Church  missionnary  Society 
le  dirigea  sur  la  mission  à  la  côte  orientale  d'Afrique,  fondée,  en 
1844,  par  M.  Jean-Louis  Krapf.  Depuis  son  arrivée  à  Monbâsa  (1846) 
jusqu'en  1875,  Jean  Rebmann,  établi  à  Rabba¥-M*pia,  se  consacra  à 
évangéliser  les  Wanika  et  autres  peuples  de  la  contrée,  et  à  étu- 
dier leurs  idiomes.  Il  fit  plusieurs  voyages  de  découverte  tels 
qu'une  excursion  au  mont  Kadiaro,  en  1847,  et  un  premier  voyage  au 
pays,  alors  inconnu,  de  Djagga,  où  il  découvrit  les  cimes  neigeuses 
du  Kilima-Ndjâro,  en  1848.  Vers  la  fin  de  cette  même  année,  il  re- 
partit pour  le  Djagga  où  il  pénétra  aussi  loin  que  Madjamé  à  Touest, 
et  où  il  retourna  encore  en  1849.  La  relation  de  ces  Toyages  est 
consignée  dans  le  deuxième  volume  du  livre  de  M.  Krapf  :  Rei- 
êen  in  Od-Afrika  ausgefûhrt  in  den  Jahren  1837  bis  1855, 
2  vol.  in-8,  avec  une  carte  au  nTïTTfTs**»  Stuttgart  (Stroh),  1858. 
Après  ces  voyages,  M.  Rebmann  construisit  une  maison  à  Kisou- 
loutouni,  près  de  Rabbaî-M'pia,  et  il  se  perfectionna  dans  Tétude 
des  langues  kisouâheli  et  kinika ,  tout  en  recueillant  avec  le  mission- 
naire Erhardt  des  renseignements  géographiques  qui  servirent  de  base  à 
une  carte  :  Skizzeeiner  Karte  eines  Theils  von  Ost^und  Ceniral-'Âfrika 
mitAngabeder  wahrscheinîichen  Lage  des  See*s  von  (7ntamest,etc., 
dont  la  publication  àmsles  Mittheilungen  de  Petermann  (1856)  amena 
renvoi  de  Texpédition  de  Burton  et  Speke  aux  grands  lacs  TangafSyîka 

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NÉCROLOGIE.  505 

etNiyanza,  qui,  confondus  en  un  seul,  avecleNpssa,  répondaient, sur 
cette  carte,  au  lac  d'Ounyamwezi.  Après  la  retraite  de  M.  Krapf,  Jean 
Rebmann,  resté  à  Kisouloutouni,  se  voua  à  rachèvement  de  ses  travaux 
sur  les  trois  principales  langues  de  la  partie  est  de  TAfrique  équato- 
riale  :  le  kinika,  le  kisouàbéli  et  le  kiniassa.  Il  traduisit  en  kisouâhéli 
Pévangile  de  S.  Luc  :  Engili  ya  Lukan  ;  tfie  gospel  of  StLuke,  trans" 
lated  into  the  kiiuâheli  language  by  the  Rev.  Rebmann,  1  vol. 
in-8.  Saint-Chrishona,  près  Bâle,  1876.  11  composa  des  dictionnaires 
des  langues  kisouâhéli  et  kinika,  ouvrages  encore  manuscrits,  et  un 
dictionnaire  de  la  langue  kiniassa  :  Dictionary  of  the  kiniaisa  lan- 
guage by  the  Rev.  J.  Rébmann,  1  vol.  grand  in-8  ;  Saint-Chrishona, 
1877.  Ayant  perdu  \a^  vue  en  1875,  il  était  venu  rejoindre  son  ancien 
coUaborateiur  et  ami  Krapf  à  Komthal.  La  mort  Ta  surpris  au  milieu 
de  la  correction  des  épreuves  de  ce  dictionnaire  qu'il  faisak  avec  le 
secours  de  M.  Krapf.  Mort  à  Korntbal,  le  4  octobre  1876. 


S£  DA  Bandeirà  (général  Bernard  de  la  Nogueîra,  marquis  de). 
Né  à  Santarem  (Portugal)  en  1876.  Il  •  servait  comme  volontaire 
dans  Tarmée  portugaise  à  Tépoque  des  guerres  contre  Napo- 
léon I"'.  Dangereusement  blessé  dans  une  bataille,  il  tomba  en- 
tre les  mains  des  Français  et  fut  emmené  à  Paris ,  oh  il 
s'attacha,  sous  Gay-Lussac  et  Geoffroy  Saint-Hilaire,  à  Tétude  des 
sciences  physiques  et  naturelles.  Appelé,  en  1837,  à  gouverner  les 
provinces  septentrionales  du  Portugal,  il  remplit  ensuite  les  fonc- 
tions de  ministre  de  la  marine  et  des  colonies,  de  ministre  de  la 
guerre  et  de  président  du  conseil  des  ministres.  C'est  lui  qui  fit  éle- 
ver en  1859,  sur  le  cap  Sagres,  à  la  pointe  sud-K)uest  du  Portugal, 
un  monument  au  prince  Henri  le  Navigateur.  GVst  lui  aussi  qui  prit 
rinitiatite  de  raffranchissement  des  esclaves  dans  les  colonies  por- 
tugaises. Les  courts  loisirs  que  lui  laissaient  ses  hautes  fonctions  po- 
litiques, il  les  consacrait  k  des  études  et  à  des  publications  géogra- 
phiques, parmi  lesquelles  il  faut  citer  ses  Notes  sur  les  fleuves 
Zamhèze  et  Chiré  et  sur  quelques  lacs  de  T Afrique  orientale  (Bul- 
letin de  la  Société  de  géographie  de  Paris,  juin  1862),  mais  sur- 
tout les  cartes  de  l'Afrique  portugaise  :  Zambexi  e  Sofalla,  mappa 
coordenaia  sobre  numerosos  documentos  antiguos  e  modernos,  por^ 
tuguezos  e  eMarangeiros,  Lisbonne,  1861  ;  et  Angola^  en  deux  feuilles, 
celle-ci  dressée  avec  la  collaboration  du  lieutenant-colonel  da  Costa 
LeaL,  Lisbonne,  1805.  Mort  à  J^isbonne,  le  6  anrier  1876, 


yGoogk 


596  Nécrologie:. 

Sainte-Claire  Deville"  (Chaiiès),  géologue  et  méléorologiste  fran- 
çiis,  né  en  1814  h  Tîle  Saint-Thomas  (Indes  occidentales),  mort  le  10 
octobre  1876  à  Paris.  —  Sorti  de  TÉcole  des  mines,  il  fit  de  1859  a 
1843,  dans  les  Antilles,  à  Ténériffe  et  aux  îles  du  cap  Vert,  des  voyages 
scientifiques  sur  les  résultats  desquels  il  publia,  de  1856  à  1864, 
deux  séries  de  mémoires,  dont  les  uns  traitent  surtout  de  la  géologie, 
et  les  autres  de  la  météorologie  des  Antilles.  Il  avait,  en  outre,  exé- 
cuté une  triangulation  et  une  carfe  de  la  Guadeloupe.  En  1855  TAca- 
démie  des  sciences  Tenvoya  en  Italie  pour  observer  l'éruption  du 
Vésuve,  et  ce  voyage  a  valu  à  la  science  divers  mémoires  sur  les 
phénomènes  volcaniques.  Les  dernières  années  de  sa  vie  furent  consa- 
crées à  la  météorologie,  sur  laquelle  nous  avons  de  lui  :  Variations 
périodique»  de  la  température,  comptes  rendus  186^67.  Il  fut  un 
des  fondateurs  delà  Société  météorologique  française,  et  activa,  pen- 
dant sa  présidence,  la  construction  de  TObservatoire  de  Montsouris, 
qu'il  dirigea  jusqu'en  1872.  Nommé  alors  inspecteur  général  de  toutes 
es  stations  météorologiques  de  la  France,  il  visita  en  c^tte  qualité 
l'Algérie,  où  il  fit  établir  des  stations. 

Sabtorius  von  Waltershausbn  (professeur,  docteur  Waîter  baron), 

géographe  et  géologue  allemand,  né  le  17  décembre  1809  à  Goettin- 

gen,  où  il  mourut  le  16  octobre  1876.  —11  eut  pour  parrain  Goethe, 

dont  il  sembla  avoir  subi  l'influence  et  la  direction  dans  ses  travaux  < 

de  géographe  et  de  naturaliste.  Ses  études  terminées,  il  fit,  de  1854 

k  1847,  de  grands  voyages  scientifiques  dans  les  Alpes,  en  Italie,  en 

Sicile,  en  Islande,  en  Angleterre,  aux  Hébrides,  en  Scandinavie,  etc. 

En  1859,  après  quelques  années  de  professorat  à  Goettingen,  il  reprit 

ses  voyages,  qui  l'amenèrent  d'abord  en  Russie,  puis,  de  1864  à 

1870,  encore  deux  fois  en  Sicile.  Il  a  fhit  sa  spécialité  des  volcans 

de  rislande  et  de  la  Sicile.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Die  suh^ 

marinen  vuîcanischen  Aushrûche  im  Fa/di  iVoto,  1846;  Phyghch- 

geographitche  Skizze  von  hland,   1847;  Atlas  des  Aetna,  1848; 

Oie  tulcanischen  Gesteine  von  Sicilien  und  hland,  1855;  Geo- 

logischer  Aila$    von   lêland,    1855;    Uniersuchungen    ûber    die 

Klimate  der  Gegenwart  und  Vonwelty  1865  ;  Der  Aetna  und  seine 

Vmwàlzungen,  1875.  Il  laisse  en  manuscrit  un  grand  ouvrage  sur 

la  topographie  et  l'orographie  de  l'Etna.  —  On  lui  doit  aussi  une 

Biographie  de  Gauss,  le  grand  mathématicien  de  Goettingen  (1856). 

ScROPE  (G.  Poulelt),  géologue  et  géographe  anglais,  né  i  Londres 

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NÉCROLOGIE.  597 

en  1797,  mort  le  18  janvier  1876  près  de  Cobham  (Surrey).  —  Il  fil 
sa  spécialité  des  études  sur  les  volcans.  Après  un  long  séjour  à  Na- 
pies  de  1816  à  1819,  un  voyage  en  Sicile  et  aux  îles  Lipari  en  1820, 
une  visite,  en  1821,  dans  la  région  volcanique  de  la  France  centrale,  . 
et,  enfin,  un  dernier  voyage  dans  TEifel  (Prusse  Rhénane),  Scrope  fixa 
sa  théorie  sur  les  volcans  dans  le  sens  des  idées  de  Lyell,  opposées 
à  celles  de  Weruer.  Ses  principaux  articles  sont  :  On  IheEifel  extinct 
volcanoes  {Edinburgh  Journal  of  Sciences,  1826);  On  ihe  Plilegrœan 
Fields  [Transact.  Geolog.  Soc,  1826)  ;  On  ihe  Ponza  ïslands  (ib., 
1827).  Il  a  ensuite  publié  plusieurs  traités  séparés,  qui  sont  :  On  Uie 
geologyand  extinct  volcanoes  of  central  France,  1827  ;  Cônes  and 
craiers,  et  surtout  Considérations  on  volcanoes j  1862,  avec  une 
description  détaillée  de  tous  les  volcans  et  formation3  volcaniques  con- 
nues du  globe.  Il  a,  de  plus,  dressé  un  relief  géologique  du  Puy-de- 
Dôme  et  des  Puys  voisins. 

Smith  (George),  géographe  et  orientaliste  anglais,  né  le  26  mars 
1840  k  Chelsca,  mort  à  Âlep  le  19  août  1876.  —  Après  ;s'être  oc- 
cupé, dès  1857,  d'études  assyriologiques,  il  obtint,  en  1870,  une 
place  au  British  Muséum.  L'année  suivante  il  partit  pour  INiuive  aux 
frais  du  Daily  Telegraph.  A  la  suite  de  fouilles  heureuses  et  fécour 
des,  Tadministration  de  British  Muséum  se  chargea  des  frais  ultérieurs 
de  Tentreprise,  à  partir  de  1874.  Les  volumes  précédents  de  notre 
Année  ont  rendu  compte  des  découvertes  de  Smith.  Quant  à  la  topo- 
graphie de  I^inive,  aux  listes  des  rois  assyriens  et  babyloniens,  à  ses 
textes  cunéiformes,  tels  qu^une  épopée  mythologique  dans  le  genre 
du  Ramayana,  etc.,  Smith  lui-même  en  a  parlé  dans  ses  Assyrian 
DiscoverieSy  Londres,  1875.  11  se  résume  en  disant  qu'après  sa  dé- 
couverte de  plusieurs  milliers  de  tablettes  cunéiformes,  sou  succes- 
seur pourra  encore  en  trouver  au  moins  six  fois  autant. 

SiRAKGE  (le  colonel),  géodésien  et  topographe  anglais,  né  le  27 
avril  1818,  mort  le  9  mars  1876,  h  Londres.  —  Arrivé  en  1854 
ivux  Indes  orientale»  il  prit  part  à  la  grande  triangulation  entreprise 
alors,  pour  la  mesure  d'un  degré,  depuis  la  base  de  Sirondsch,  par 
les  monts  ArévaUi,  à  travers  le  désert  de  Thurr  et  h  vallée  de  Tlndus 
jusqu'à  Karratschi.  Ce  travail  terminé,  il  présida  à  la  mesure  de  la 
base  de  Karratschi,  de  1854  à  1855,  Il  fut  chargé  plus  tard  de  lever  les 
cô!cs  orientales  de  l'Indouslan.  De  retour  en  Angleterre,  eu  1862,  il 
fut  nommé  Inspeclor  of  scienlific  instruments  at  ihe  ïndia  Office  et 

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598  NÉGROLOGifi. 

chargé,  comme  tel,  de  contrôler  tous  les  instrumeiits  nécessaires  à 
Ta  grande  triangulation  des  Indes  anglaises. 

Ule  (docteur  Olhon),  géographe  et  natoraliste  allemand,  né  le  22 
janvier  1820  à  Lossow,  près  de  Francfort-sur-rOder,  mort  le  7  août 
1876  à  Halle,  en  Saxe,  à  la  suite  des  blessures  reçues  lors  d'un  in- 
cendie dont  il  dirigeait  Textinction.  Il  avait  été  professeur  de  scien- 
ces naturelles  dans  une  école  de  perfectionnement  aux  environs 
de  Halle.  Compromis  dans  les  affaires  politiques  de  1848,  il  dut 
embrasser  le  métier  de  littérateur  et  de  conférencier  libre;  il  y 
réussit  en  popularisant  Tétude  des  sciences  naturelles  et  géographi- 
ques. Il  travailla  activement  à  Tenvoî  d'une  expédition  à  la  recherche 
de  Vogel  au  Ouadaï;  puis  il  fonda  la  Société  de  géographie  de  Halle. 
En  1852  il  créa  la  revue  intitulée  Die  iVafur.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  des  traités  populaires.  En  dernier  lieu  il  a  publié  sous  le  titre 
de  Die  Erde,  une  contrefaçon  dédaigneuse  de  Fouvrage  d'Elisée 
Reclus,  La  Terre, 

WHrrE  (G.-B.),  explorateur  d'Australie,  né  en  août  1802,  dans  le 
comté  de  Cork  en  Irlande,  m(»l  à  Sydney  le  24  mai  1876.  D'abord 
occupé  pendant  sept  ans  à  des  levés  sur  les  côtes  des  Indes  orientales, 
il  arriva  en  1826  à  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  où  il  entra  dans  le  Sur- 
vey  department.  lï  fit  d'abord  des  relevés  autour  de  Windsor,  Porst- 
moutb  et  Sydney;  puis,  en  1827,  celui  du  district  de  Hunter.  En 
1851,  il  accompagnait  sir  Thomas  Mitchell  dans  son  voyage  d'explo- 
ration, un  des  premiers  qui  aient  eu  pour  but  l'intérieur  de  l'Aus- 
tralie. Après  son  retour,  il  coopéra  pendant  assez  longtemps  au 
relevé  des  fleuves  du  nord  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  et  quitta  le 
service  actif  en  1853. 

WuTTKË  (le  professeur  Henri),  polygraphe  allemand,  né  le  12  îé- 
vrier  1818,  à  Brieg  en  Silésie,  mort  à  Leipzig  le  14  juin  1876.  Il 
avait  une  chaire  d'histoire  littéraire  générale  à  l'Université.  H  a  écrit 
sur  une  foule  de  sujets  historiques,  philosophiques  et  littéraires.  Ceux 
qui  intéressent  spécialement  la  géographie  sont  :  Erdkunde  und 
Karten  des  Mittelallers,  1854;  Kosmographie  der  htners  Aithicux^ 
1854.  Dans  ses  traités  sur  Thistoire  des  Universités  allemandes,  se 
trouvent  de  nombreuses  notices  curieuses  sur  des  professeurs  qui  y 
ont  enseigné  Thistoire  et  la  géographie. 


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MËGROLOGiË.  599 

ZicHT  (comte  Guillaume),  membre  d*une  des  familles  les  plus 
nobles  de  Tempire  austro-hongrois.  U  fit  une  excursion  sur  la  côte  * 
aûricaine  de  la  mer  Rouge,  du  port  d*Ed  à  Asalé,  plaine  toute  incrus- 
tée de  sel,  située  au  nord  du  mont  Artali,  volcan  en  activité,  dont  elle 
est  séparée  par  le  lac  Alelbad,  au  milieu  duquel  est  une  ile  de  sel 
gemme.  Le  comte  Zichy  a  trouvé  au  nord  du  lac  d'autres  traces  de 
l'action  volcanique  :  les  solfatares  de  Delol,  des  masses  de  soufre  et  de 
cendres,  et  enfin  plusieurs  geysers  dont  l'orifice,  en  forme  de  calice, 
▼omit  des  jets  de  vapeurs  sulfureuses  (voir  le  n*  81).  Il  prit  part, 
en  1S75,  à  la  campagne  de  TÉgypte  contre  ie  nigoûs  Yôbannis 
d'Ethiopie.  Accompagnant  l'armée  du  général  Arakel-Bey,  il  s'avança 
de  Hottçawwa'  par  les  provinces  du  Hamasen  et  du  Saraë,  et  fit  plu- 
sieurs reconnaissances  du  coté  de  Goundet'AdiHaouala,  en  Tigray,  sur 
la  rive  droite  du  Mâreb.  Le  16  octobre  1875,  il  fut  surpris  avec  • 
Favant-garde  égyptienne  à  Kherad  Iska,  et  fait  prisonnier.  Les  soldats 
éthiopiens  lui  dépouillèrent  le  crâne,  lui  arrachèrent  un  bras  et 
Fabandonnèrent  dans  ce  lamentable  état.  Des  femmes  compatissantes 
lui  donnèrent  des  soins,  et  huit  jours  après  le  commencement  de  son 
martyre,  il  fut  recueilli  par  M.  de  Sarzec,  vice-consul  de  France  à 
Mouçawwa\  Mais  l'empereur  Yôbannis  le  réclama  comme  son  prison- 
nier, et  Tescorte  chargée  de  conduire  auprès  de  lui  le  comte  Zichy, 
l'acheva  en  route. 

Nous  rappellerons  enfin  deux  pertes  qui  remontent  aux  années  an- 
térieures : 

B^ES  (Thomas),  qui  commença  ses  voyages  en  1855  par  l'expédition 
de  Gregory,  dans  l'intérieur  de  l'Australie  septentrionale.  Il  fit  partie 
des  deux  expéditions  de  Livingstone  sur  le  Zambézi,  en  1858  et  1861, 
et  accompagna  en  1861  et  1862  M.  Ghapman  dans  son  voyage  de  la 
côte  ouest  au  lac  Nâmi,  et  aux  cataractes  de  Mosi-oa-tounya.  Il  a  donné 
sur  ce  voyage  :  Explorations  in  South' West  Africa,  Londres,  1864. 
Plus  tard,  il  parcourut  le  Transvaal  et  les  placers  de  la  rivière  Tati. 
Thomas  Baines  a  rédigé,  en  collaboration  avec  M.  Lord,  un  livre 
destiné  à  enseigner  la  pratique  des  voyages  dans  l'Afrique  australe  : 
Shifts  and  expédients  of  camp  life,  Londres,  1871.  Il  est  décédé  le 
8  mai  1874,  en  route  pour  la  rivière  Tati. 

Veame  (le  comte  Ferdinand  dal) ,  ingénieur  des  mines  italien,  né 
k  Zavattarello  (Lombardie).  Sorti  de  l'École  centrale  de  Paris,  il  fut 
d'abord  attaché  à  l'exploitation  de  mines  d'ctain  à  Iglesias  (ile  de  Sar- 

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600  NÉCROLOGIE. 

daigne).  U  partit  ensuite  pour  les  mines  de  cui?re  de  Kargalinskaia , 
près  d*Orenbourg.  À  la  suite  de  diverses  excursions  dans  le  gouver- 
nement  d'Orenbourg  et  dans  les  steppes  de  la  Tartarie,  il  rédigea 
deux  mémoires  géologiques  qui  sont  encore  en  manuscrit.  La  lecture 
des  voyages  de  M.  Stanley  lui  avait  inspiré  la  résolution  d^explorer 
rintérieur  de  TAfrique,  d'y  rechercher  les  mines  d'or  et  de  pour* 
suivre  les  découvertes  de  livingst^ne  du  côté  du  nord. 

A  la  fin  du  mois  de  juin  1875,  il  arrivait  à  Zanzibar,  apportant, 
outre  son  matériel  d'ingénieur,  un  cercle  à  réflexion  et  un  niveau  à 
pendule  de  son  invention,  destiné  à  remplacer,  dans  les  nivellements, 
le  niveau  à  bulle  d'air,  qu'il  jugeait  trop  fragile.  Dans  un  premier 
projet,  il  avait  compté  passer  un  mois  à  Zanzibar  pour  s'acclimater, 
apprendre  la  langue  et  les  usages  arabes,  et  commencer  ensuite  son 
voyage  vers  le  pays  de  Katanga,  où  il  comptait  trouver  des  filous 
d'or  natif  y  et  où  déjà  Livingslone  avait  signalé  des  mines  de  cuivre. 
Le  mois  de  juillet  fut  consacré  aux  préparatifs  du  vopge  et  à  réUide 
de  la  langue  arabe.  A  la  fin  du  mois,  il  se  rendit  sur  le  continent 
avec  des  Ëm-opéens,  chasseurs  d'hippopotames,  pour  remonter  le 
fleuve  Kingani.  Trois  nuits  passées  en  plein  air,  à  l'embouchure  du 
Kingani,  au  milieu  de  marécages  pestilentiels,  suffirent  à  donner  au 
comte  dal  Yerme  une  fièvre  intermittente,  qui  Tobligea  à  renoncer  à 
son  voyage.  Malgré  les  bons  soins  qu'il  reçut  des  missionnaires  catho- 
liques français  de  Bagamoyo,  il  succomba  le  50  juillet  1873,  à  Tàge 
de  vingt-six  ans  et  demi. 


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TABLE  ALPHABÉTIQUE 


DES    INOMS    D£    VOYAGEURS     ET    D  AUTEURS 


Abbav,  ^16. 

Abdallah  Faouii  (l'adju- 
dantrmajor),  100. 101. 

Abhandlunq.  der  Kgl. 
Ges.  der  Wisseruch.  zu 
Berlin,  3î7. 

Abich,  546. 

Abougit  (le  P.),  330. 

Academy  (Ihe),  329. 

Acta  de  la  Acad.  nacion- 
de  cienciat  et  arts  en 
la  univ.  de  Cordova, 
542. 

Adamoli  JGialio)t  16. 

Adams  (F.-O.),  487. 

Adams  (le  capit.),  553. 

Ahmed  Effendi  Hamedi  (le 
capit.  adjudaiit- major), 
222,  223. 

Aladeaize  (H.),  58. 

Albertis  (L-M.  d'),  519, 
524. 

Albiroûni,  396. 

Albuqueratte(Luizde),  547. 

Alert  and  Ditcavery,  552, 
555-569. 

Allen  Young,  552.  554. 

Amicis  (Ed.  de),  16. 

Anderson  (J.),  471. 

Anderson  (capit.  S.),  531, 
532 

Andenoii(G.-J.),  255,285- 
287. 

Andréas  (D'),  357. 

Anker  (M.-U.),  255. 

Annalen  der  Hydrogra- 
phie, 526. 

Annalen  der  Hydrogra- 
phie und  tnaritttnen 
Météorologie,  300. 

Annale*  nydroçraphi 
quêtt  511  • 


Annuariohidrografico  de 
ta  marina  de  Ùkiie,  540. 

Anouicfaini*.  (D.),  444. 

Anquetil  (Thomas).  495. 

Antananarivo  andMada- 
gaêcar  Magazine,  199. 

Anlinori  (marquis  Borace), 
99, 114  Cl  suiv.,  336. 

Appalachian  Mountain 
Club,  532. 

Appleton(T.-G.),  59. 

Archiv.  fur  Anthropolo- 
gie, 519. 

Arcoiiali-Yiscooli  (marquis 
Jean-Martin),  571. 

Ascber^oii  (le  prof.  D'  P.), 
71,  88  et  suiv.,141. 

Aube  (Th.),  301, 535. 

Augêburqer  Allgemeine 
Èeit.   301 . 

Ans  alïen  w'elttheiUn,  97. 

Ausland  de  Stuttgart,  71. 

Avrainville  (A.  d'),  300. 

Avril  (le  baron  d').  134. 

AymoDier  (E.),  496. 

Ayuâo  (Garcia  F.),  36. 

Baedeker,  328. 

Baer  (Karl  Erost  v.),  571, 
572 

Raines  (Thomas),  599. 

Raiuier  (P.),  10. 

Baker  (Yalentine),  399. 

Baker  (sir  Samuel),  135, 
138. 

Baker  (D' Wil.),  533. 

Ballay  (médec.  de  la  ma- 
rine). 187-195. 

Banaré  (A.),  187. 

Bancroft  (Hubert  -  Howe) 
533. 

Banniog  (Emile),  311. 

Barker  (Mme),  255. 


Baron  (prof.  D').  534. 
Banh  m.  Ton),  443. 
Barth-Uarmaiing      (baron 

Armand  von),  d73. 
Barlle  Frère  (ïir),  318. . 
Bary  (0'  Erwin  de),   2  et 

Bas  (F.  de),  502. 
Rastian  (A.).  535. 
Baudot  (capit.  d'étal-maj.), 

15,  39  et  buiv. 
Beaumicr   (  Jean-Baptiste- 

Marie -^Auguste),    16   et 

suiv.,  573  à  575. 
Beauinont  (le  lient.),  563. 
Beccari  (Odoardo),  99, 137, 

519. 
Beclier    (le   contre*amtral  « 

R.-B.),  575. 
Becker  (Alois  Ritter  von). 
Bchm  (E.).  138,  252. 
Bclknap  (W.-W.),  535. 
Bellew  (le  D').  402,409-411. 
Bellucci  (le  D'  G.).  11,  56 

et  siÙT. 
Bellville  (A.).  139. 143. 
Berendt  (Hermann),  535. 
Berg  (le  D').  541. 
Berger  (Philippe),  331. 
Bergmann  (J.),  340. 
Bernai  deOreilly  (A.),  59. 
Bemers  (Gh.-H.),  331. 
Berquin,  300,  306^7. 
Berthelot  (Sabin),  301. 
Bessels  (D'),  552. 
Beveridge  (H.).  376. 
Biddulph  (le  capit.),  402. 
Biuh-Wither  (T..P.),5U. 
Bijdragen   tôt   de   taat- 

land-en    Yolkenkunde 

van  Nederlandtch  in- 

di&,  517. 


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602 

Birch  (S.),  S8. 
Bird  (UafcwUa^.)*  « 
Btrgbam  (F.),  526. 
BisH6t  (le  major-général), 

255. 
Bixeraont(H.  de).472,525. 
Blackwood      Edinburgh 

Magazine,  138. 
Blaixe  (G.).  300. 
Blanc  (Glk),  59. 
Blanc  (P.).  69.  87. 
Blanchet  (A..P.),535. 
Blanford(W.-T.),359,361, 

372. 
Blaramberg  (gén.Tan),397. 
Bleek,  253. 
Bleeker  (P.).  299. 
Bleicher(le  D'),  U.  Voy. 

Lorral. 
Blondel  (S.),  S34. 
Blylh  (the  late).  495. 
Boehr(leD'Maz.),140,Ul. 
Bogdanow  (Modeate),  i04, 

426431. 
BoKdauowitscb(le  colonel). 

Bogies  (George),  384,  390. 
Boguizubsky  (jl  444. 
Boteiin   de    la    Socied. 

geogr,  de  Madrid»  327. 
Bolettn  de  la  Sodedad  de 

Geograph.  y  Ettadis- 

tica  de   la  Republica 

Mexieana,  534. 
BoUaert  (W.),  575, 576. 
Bollett.  délia  Soc.  geo- 

grafica  di  Roma,  11  et 

suiv. 
>  Bolscbef  (le  eolonel),  460. 
Bonnat  (M.  de),  200,  205  à 

220. 
Bonola  (Fred.).  137. 
fioolhby  (Joaiab),  515. 
BorggreTes,  398. 
Bonus  (le  D*),  199. 
Boacbe  (l'abbé  J.*^),  199, 

200.204. 
Boaffard  (A.),  97. 
Bouillevaui    (ancien  mis- 
sion n.},  496. 
Bourde  (Paul).  138,252. 
Bousquet  (6.).  489. 
Bouvier  (A.),  139. 
Borel  ((iiacomo},  503. 
Bowdens,  204. 
Box  (capit.  B.-W.),  488. 
Boyie  (L.-HO,  375. 
Bratt  de  S&4»ol^ias,  505. 
Brébat(A.de),372.^ 
Bretâchneider  (D'  Emile). 

376,  398,  470. 
Brooks  (Cbarlcs  Wolcott), 


TAËLE  Âli'IlABÉTIQUË. 

Brooks,  255. 

Brossard  de  Gorbigny,  496. 

Brossotet.  537. 

BroughSmythrR.),  5IT 

Broussonnet,  301. 

Brown    (J.^.) ,  255-257, 


Brugscb,  58. 
RrunialtWA.),401.5l7. 
Brûning  (6  ),  343,  361. 
Brunton  (H.).  492. 
Bruun     (prof.    D'     Pb.), 

399 
Bucbbolx  (Bh.-A.),  576, 
Buet  (Ch.),  59. 
BQhler.  578. 
Bulletin  de    la   Soc.  de 

Géogr.dé  Bordeaux^&i, 
Bulletin  de  la  Soe,  de 

Géoqr.de  Parie.  \ 
Bullelin  de  la  Soc.  de 

Géogr.  de  Lyon,  14. 
Bulletin  de  la  Soe.  khé- 

diviale  de  Géogr.   du 

Caire,  13. 
Burmeister  (H).  542. 
Bureau   de  Vétat-major 

égyptien,  132. 
Borton  (Isabel).  332. 
Barton  (le  capit.  Richard), 

141. 
Burlon  (R.-F.),  374. 
Bascben  (Arthur  Bogdano- 

wilachvon),  576,  577. 
Gaballero  (Fernan),  577 
Cachet  rF.-Léon),  254. 
Gaddk(  Bey  (lieut.-colonel), 

222. 
Caillât  (Ph.),.  11. 
Calcutta  Review,  375. 
Calderon  (S.),  301. 
Call-Rosenburg  (G.  Frei- 

herrT.))357. 
Cambiaso  (L.),  518. 
Gameron  (le  lieut-  Verney- 

Loyett),251etauiv.,  257 

à  277. 
Camperio  (M.),  99.  252. 
Capitaine  (H.),  100,   300, 

Caracdolo  (Camille),  58. 
Carus  (Th.),  252. 
Catlin  (G.),  534. 
Gegani  (le  f>ror.  G.).  99. 
Centeno  y  Garcia  (J.),  506. 
Cernik  (ingénienr  Josepli), 

Chabaud-Amanit,  536. 
Cbaillé-Long    (le    colonel 

C),  135, 136»  138,  184  à 

186. 
Cbambeyron    (le  capit.). 

255,  526. 


Ghapman  (capit.).  402. 
Charencey  (H.  de},  535. 
Charmeltant  (le  R.  P.),  69 
Ghauveau  (Mgr),  385. 
Chauvey,  11. 

Cbayaniie(le  D'  Joseph),  2. 
Ghérot  (A.),  540. 
Chener^  (le  lieut.  L.),  199. 
Gbiarini   (Fingénienr  B'), 

99,  116. 
Chijs     (J.-A.     Tan    der), 

501. 
Ghil  y  Naranjo  (le  D'  Gre- 

gorio),  301. 
ChippendaU  (le  lieut.  W.- 

eT),  154.  135. 
Chodzko  (J.-J.),  3U. 
Ghootzé(P.).  470. 
Christie  Jjacqueâ),  1291 
Clercq  {V.-S.-k.  de).  505. 
Clermont  -  Ganneau    (G.), 

328,  329. 
Gluzet  (Mgr).  358. 
Godine  (J.),  1. 
Collet  (J..N.),  515. 
CoUton  (le  colonel  d'état- 

^or  R.-E.),  223,  226- 

Gompiégne  (le  marqoisde), 

139. 
Comptes  rendue  dee  séaU' 

ces  de  l'Aoad.  éaseien- 

ees,  10. 
Congreve  (C.-R.).  542. 
Gonnor  (le  lient.),  M3. 
Cook,  330. 

Gooper  (H.-T.-M.),  198. 
Cora  (Guido),  99. 
Gordeiro  (Uiciano),  530. 
Cordes  (F. W.-H^).  802. 
Gordier  (Heinrich  ou  En- 

rico),  497. 
Corippus,  11. 
Gorrenti,  99. 
Correspondenzblatt    der 

Afrikanisch,  Ge9ehieh.f 

140  et  suiv. 
Cornelissen  (Jean-E.^,  577. 
Corte  y  Ruano   GalderoB 

(D.  Felipe  de  la),  526. 
Goryton  (J.),  472,  495. 
Cosmos    de  Guido  cora, 

2,  517  etsuiT. 
Cosson  (EO.  13. 
Golard,  325. 
Gotterill  (H.-B.),  282. 
Cooder  (le  lieut.),  328. 
Conto  de  MagaUiaes  (D'), 

544 

Gorey(Bdwin.A.),533.' 
Gaekanowski  (A.-L.).  459, 

462  à  467,  577-578. 
Daily  Télégraphe  156. 


yGoogk 


DES  NOMS  DE  VOYAGEURS  ET  O'ÂUTEUftS. 


m 


Daly  (le  juge^,  138. 


Dalrymple   (U.  Elpiiin^to- 

ne),  578. 
Daoce  (C.  D.),  538. 
Dausse,  137. 
Daveau  (J.),  11. 
David    ( l'abbé  Armand)» 

470. 
Debcs  (Ernbt),  330. 
Deckea  (baron  Cari  Claus 

Ton  der),  142. 
Dejout(E.),14. 
Del6ol  (L.),  375. 
Denizet.  301,  308,  310. 
Derrien  (capit.  d'état-maj.), 

15,  330. 
Descharmes  (Léon),  489. 
Desgodins  (l'abbé  A.),  386, 

Desideri     (  P.    Ippolito  ), 

384,  387,  388. 
Desimoni  (  Gornelio  ),  529. 
Deutsche  Rundtckau,  59. 
Devin  (Aug.),  332. 
DeToulx  (Albert),  14.  579. 
Diamond  Fiela  of  Kint' 

herley  (thc),  255. 
Dixon  (W.  Hepworlh,  331. 
Dominique  (le  R.  P.),  99. 
Dornseirfen  (J.),  511,  512. 
Doughty  (G.  M.),  332.  342. 
Drasche-Wartinberg  (D' U 

chard  von),  487,  506, 

507. 
Drew  Gray  (J.),  371. 
Drouillel  (Léon),  535. 
Dufr      (  MounUluart     E. 

Grant),  372. 
Doff  Gordon  (lady),  2. 
Dunraven  (earl  o'f),  533. 
Duparquet  (le  P.).  141. 
Duponchel,  69,  85. 
Dupin  (J.),  497. 
Durand   (l'abbé),   2,  2.%, 

371. 
Durand -Fardel    (le  D') 

472. 
Dûrr  (G  ),  532. 
Duveyrier  (H.),  12,13, 15, 

16,  59,  69,  252. 
Dyer  (H.  M.),  199. 
Ebers,  58. 
Economiste  français,  372, 

499. 
Ehrenberg  (Gh  i'étien-Gode> 

froi),  579,'  580. 
EltOD,  138. 

Emerich  (Max.),  539,  545. 
Eraànzungshefte  %u  den 

Miitheil.  dePetermann 

100. 
Ërnouf  (le  baron),  378. 
Erskirie  (V.),  254. 


Euting(Julius).331,  349. 
Evemng  Hours,  255. 
Exploratetfr de  Paris,  10. 
Extrait  des  Annales  du 
Commerce  extérieur,  16. 
Fabrilius  (W.),  343. 
Faidherbe    (Je   général), 

199,201,202. 
Falkenstein,  142. 
Fan-Ghiao-Koul  (voyageur 

diplomate  chinois),  442. 
Karage  (dom),  349. 
Fedtchenko  (A.),  400. 
Fényes(A.),580,581. 
Férand  (L.  Gh.),  14. 
Ferraro  (Prosp.-Giuseppe), 

529. 
Feuilleret  (Henri).  545. 
Filhol(H.),527. 
Fillias  Achille),  14. 
Finaz  (le  R.  P.).  299. 
Finger  (D'  F.  A.),  554. 
Finsch     (C).     459,    467, 

Fischer  (Walter  M.),  533, 
Flek  (C),  372. 
Fleanotde  Langle  (l'ami- 
ral), 199. 
Florenzano  (Gbr.  G.),  137 
Fonlaneau,  502. 
Fontperiuis    (A. -F.    de), 

37i,  497,  515. 
Fonvielle  (W.  de),  553. 
Foran  (R.  P.  Jacques),  541. 
Forbes  (D.),  581. 
Forrest  (J.),  514,  516. 
Forsyth  (sir  Douglas),  492, 

415,418. 
Fôtierlé  (Franz),  581. 
Foumel  Olenri),  2,  8  et 

suiv.,  581,  582. 
Fournier  (A.).  254. 
Fraas  (prof.  D'  Oébar),332, 

340,  541. 
François  (D'  Jules),  343. 
Frazer  Tyller,  366,  367. 
Fiiederich  (R.),  507. 
Fritsche  (H.),  445. 
Fromentin  (Eugène),  582, 

584. 
Fuchs,  13. 
Fnchs  (P.),  346. 
Gaffarel  (P.).  576. 
Galliffet  (génér.  de),  15. 
Cannerai  (A.),  386. 
Garcin  de  Tassy,  375. 
Gay  (Jean),  2. 
Gay  (le  D'),  542. 
Gaxelle  (expédit.).  527. 
Gazettadi  Ken^sia,  99. 
Geis  (E.),  539. 
Gentlemans     Magazine , 

331. 


Géographie.  Maqazine  de 

Markham,  137. 
Gcrold,  136 
Gessi  (Romolo),  135,  135, 

138,  174-179. 
G(gersberg  (Garl  H.  voo). 

Ghillany  (le  conseil!,  anl. 

D' W:F.),584. 
Gilcs  (Eroest),  514.    . 
Gill  (Th.),  534. 
GiU    (W.    Wyatt),   519, 

526. 
Ginoux,  58. 
Gintl  (D'  H.),  360. 
Giomale  Ligustico,  529. 
Girard  de  Rialle,  12,  2)4. 
Globus  (rev.  allemande), 

99. 
Goblet  d'Alviella  (le  comte 

E.).  69. 
Godwin  -  Austen     (  major 

H.  H.),  378. 
Gôring  (Anton).  537. 
Goldsmid    (général  John- 

Frederik),  358,  359. 
Goodenough  (commodore), 

Gorceix  (H.),  545. 
Gordon  (Gh.-.41ex.),  495 
Gordon    (lieulen.-colonel), 

402,  411,  415. 
Gordon  Pacha,  133,  134. 
Grad  (Charles),  71,  327. 
Grandidier  (Alfred),  298, 

301-306. 
Grant  (le  colonel  J.  A.), 

138. 
Gravier  (G.),  196. 
Greffnth  (H.).  513  à  516. 
Griffis  (W.  E.),  489. 
Grigoriew,  399. 
Grommingenger  (le  R.  P.), 

199. 
Gros  (J.),  97, 200,  497.   • 
Gros  (F.),  :327. 
Gross  (W.).  398. 
Guastalla,  99. 
Gnérin  (V.),  329,  333  à 

337. 
Guerrico  (le  commandant), 

541. 
Guillet,  255. 

Gunlaugson  (Bjôrn),  584. 
Gussfeldt    (D'  Paul  von), 

99,  64  et  suiv.,  142. 
Haggenmacher    (  Gustave- 
Adolphe).  97,  100,  120 

à  132,  584,  585. 
Haroid    Efifendi    Rouchdy 

(off.  de  rétttrinig.  gén. 

égypt.),  223. 
Hamilton  (J.-C.),  533. 


yGoogk 


604 

"•i}^(»«  «pii.  c.  r.>, 

■ann  (le  D' J.).  199. 
Hansal,  iU,  176. 
Haroy  (E.  P.).  496. 
Haiuea(J.),«r>2. 
Haou^die   (D'  J.  C).  3U. 
HarcuH(W.),5t5.  .S85. 
■armaiul(D'J.),  496,498, 

501. 
Uarthorne  (Bertrand  F.). 

379,  M3. 
Harimaon  (D*  Rolierl),  3, 

141. 
Hai»M>U  (J.  D.  van).  519. 
HaMensiein  (B.),  14?. 
Hatii^ermann,  11,  15. 
Hay  (le  capit.  J.  S.),  900. 
Hayaux  du  Tilly.  58,  157. 
Havdeo  (P.  V.),  5.>î. 
Hedde  (Isidore).  469. 
Heliwald  (Friedrich-Heller 

ton),  376.  495. 
Benck  (J.  B),  532. 
Henderson,  28i. 
Héraud  (G.),  496. 
Herchar  (R.),  527. 
Herrera  (Anionio  de).  555. 
Hcrix  (G.),  198. 
Hertx  (Charles),  69. 
Heuglin  (Manio-Théodore 

von),  97,  98,  99,  107  el 

8uiv,  585  à  587. 
Heurteau  (E.),  526. 
Uildebrandt  (i.  M.),  299. 
Hitchcock  (C.  H.),  532. 
Uochsleiter  (F.  de),  321. 
Hodgàon  (B.  B.),  376. 
Hormann  (baron  von),  134. 
Holmwood,  138. 
Holuh  (le  D'£.},  253,287- 

Bome'(0.).  375. 
Bomeyer  (von),  141, 142. 
Poworlh  (Heury-B.),  404, 

Budson  (fleuri),  530. 
numijoldt  (Alex,  de),  301. 
Bumphreys  (A.  A.),  532. 
Buniken  (E.).  542. 
Bureau  de  Villeneuve,  495. 
Bnt(hinson  (E.),  138.  ' 
Hydrographie    office   of 

Londorit  101. 
Ihn  Khaldoun,  1. 
IbrAhim  BcUni  (le  lieut.), 

224.  ^  ' 

tndian  Antiquary  (the), 

373. 
Ibsel  (A.).  99. 
isvestiia  de   la  Soc.  de 

Géûg.  ïlu$$e,  sect.  du. 

Caucase,  343,  500.  .      | 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Jackson  (J.).  534. 

Jacolliol  (Louis),  376. 

Jaoïuemarl.  526. 

Jahretberickt  der  Géo- 
araphischOe*.  iu  Ham- 
bourg, 10. 

Jahretberickt  (4.  uad  5.) 
der  Geog,  Getell.  in 
MiMchen,  71. 

Jahretberickt  det  Frank- 
furter Yereint  fur  Geo- 
araph.  und  Slatittik, 
554. 

Jahretberickt  det  Vereint 
fur  Erdkunde  in  Dreë- 
den,  558. 

James  (le  D').  525,  587. 

Jiischke  (A.  B.),  386. 

Jellînek  (le  D'  Karl).  587 

Jordan  (le  prof.  >IV.),  70, 
88  etbuiv 

Journal  det  Mitt.  évan- 
géliquet,  332,  375. 

Journal  de  la  Soc.  Atial. 
de  Parit,  331. 

Journal  of  the  Anlhro- 
polog.  Inttt.  of  Great 
Briian,  254. 

Journal  of  Ihe  Atiatic. 
Society  of  Bengal,  497. 

Journal  des  Economitlet, 

Journal  of  ihe  H.  Gcog. 

Soc.  of  London,  498. 
Junker,  96,112àfU. 
Kan  (C.  M.),  2.  518,  519. 
Kalscher  (L.),  200. 
Kcilh  Johnston,  542. 
Keii  (F.),  587. 
Kcller-Leuzinger  (Fran2), 

<>44. 
Kcmpermann  (P.),  492. 
Kennedy  (capitaine  W.  U.), 

511. 
KerbU  n  (Olh.),  142,  143. 
Ker  (David).  344, 404, 435- 

Ketller  (J  -J.),  527. 
Kiialil  EiTeudi  Faouzy  (off. 

de  l'état-maior  général 

égypt.),  223.  224,  225. 
Kiepeit  (H.),  3,  252,  405, 

517.  5o8. 
Kina  (D'  R.),  587,  588. 
Koldewey,  555. 
Kônig  (D'),  488. 
Kôrbî(D').  487. 
Koerner  (Fr.).  97. 
Kobl  (J.-C;.).530,5il. 
Kohn  (Albin).  443,  459. 
Kossmann  (le  D'  R,),  99. 
Ko^tenko    (L.),    10,   40ob 

440-142.       ' 


Krause  (A.).  70. 

Krviow,  443. 

fiubu     (  .«kxaiidre.    de  ) . 

403  à  405.  419-426. 
Kurz  (S.),  379. 
La  Bcrre  (le   Rév.  Pèiel. 

139.  ' 
Lafitle  (PabW).  199. 
UrTon  de  Lailebert,  300. 
Ugus  (  de  HeUingfors  ) , 

Lamont  (James),  552. 
Lane  (Edouard-G  uiilauuie), 

Lange  (le  D'C).  343. 
Lange  (H.).  141. 
Lanier  (Siduey),  533. 
Linii  (M.),  11. 
La  Plala  Monatt  schrifl, 

542. 
La      Rada      y       Del^ado 

(iion  Juaa  de  Dios  de), 

327. 
Largeau  (Victor),  68,  69, 

Un  et  (Louis),  532,  353. 
Lanen,  254. 
Lalkiu  (R.).  459. 
Uw«(D'),  252.255. 
Le  Châtelier,  12. 
Leichardi-Ëxpeditioo,  5l2, 

513. 
LenthioUe    (vicomte  de), 

506. 
Leva  (le  D'  Oscar),  2,  159, 

140.  196  à  198. 
Léonard  (L  ).  301. 
Lerch  (P.),  398. 
Les?e{is  (Ferdinand  de),  13, 

Lessericux   (le  Père    E.), 

497. 
Lésion  (A.),  526. 
Lelorfc  (Charle>),  543. 
Leupe  (P.-A.),  517.  530. 
Liais  (direct.  d'observaU  de 

Hio),  547. 
Liverani  (K.),  442. 
Lié  vin  (In  frère),  328. 
Linant  de  Bellefonds  (Er- 

ncsl),132,  133,  179-184, 

588,  589. 
Liusilin  (<  olonel,  405. 
Lippincùtt't     Uagaxine, 

Liviugslone,  251. 
Lloyd  (L.).  253,  285. 
Loba  10  (José  G.),  554. 
Lœher  (F.  von),  301. 
Loinakin,  397. 
Lombardini  (E.),  59,  138. 
Lopatin  (J.-A.).  460. 
Lorral  (de),   paeudonyœe 


yGoogk 


DES  NOMS  DE  VOYAGEURS  ET  D'AUTEURS. 


605 


des  D"  Bleicher  et  Re- 
dier),  14. 
lèvera  di  Maria  {G.),  518. 
Lovett,  559. 
Lucas,  137. 

I^ucas  (Louis-Arthur),  589. 
Lûhder  (le  D'),  576. 
l^upandlo,  405. 
Lui\>  (lieut.  de  vaiss.  H .  ). 

496. 
Lux  (le  lieut.  autrichien), 

142. 
Ln^D^s  (le  duc  de),  353. 
Lycklaroa  A  Nijeholt    (le 

chevalier  de),  359. 
Mac   Carlhy   (Oscar),    11 

13. 
Macfarlane  (Rev.  S.),  519, 

521-523. 
Mackeiizie  (Donald).  70,83. 
Maclean,  375. 
Maclean  (WilliamS  520-521 
Bfac  Gahan  (J.-A.),  551. 
Maddaleoa  (l'arehcvèquede 

Corfou),  331. 
IJahir  iïe  lieut.    Moham*^ 

med);  222,224,22a, 
Mahmoud  bey,  U6. 
Mahmoud  Saiiii  (capitaine 

d'état-major,  224,  225. 
Maïnoff     (Vladimir     de), 

59^ 
Major'(R.-U  ),  512.  530. 
Maïuu  (eu.),  255. 
MîiUe-Urun  (V.-A.),  330. 
Malvaiio,  99. 
Man  (F.  de),  506. 
Manu  {b'),  255. 
Mannia^lThomas)  ,381,391 
Maiiniug  {\e  Kcvér.  S.),  59. 
Muraini,  if9. 
Marche  (Alfred),  139,  187 

195. 
Mardochée  Abi  Serour  (le 

rahbin),  16  et  buivg 
Mai'è»  ^l'.;,  13. 
Alargjiry    (Aug.Raymond), 

471.472. 
Mariette  bcy  (Auguste),'  58, 

61  et  suiv.,  U6,  lUl  et 

suiv. 
Markham   (Cléments  R.), 

358,  361,  3'io  et  suiv., 

574,  3S4,  539,  552 
Markham  (le  capit.  Albert 

Haslings),  558. 
Varno  (Ernest),  134. 
Marsti  (capit.  H.-C),  378 
Martens(E.  Ton),  489. 
Martini  (!e   t-upit.    comte 

Sébastien),  99,   116    et 

suiv. 
Naaon  (James),  551. 


Mason    (lîeut.-coî.    dVlat- 

majar),  224. 
Masqueray  (Ëmman.),  14, 
15,  39  et  suiv. 

Mallcucci  (P.),  98. 

Maupas(E.),342. 

Mayelf  (N.).  402. 

Mayet  (G.-A),  492. 

Nayu'ird  (F,  Howard), 
2j9. 

Mayo  (le  comte  du),  97. 

Maxet  (E.  du),  14,  69, 
85. 

Meessen  (P.-A.),  501. 

Meignan  (V.),  470. 

Meinicke  (D' Cari  E),  525, 
520.  538,  50O. 

Melcheri)  ou  Jîelchert  (F.- 
L.),  5i2. 

Melliss,  300. 

Mémoire»  du  Congre»  in- 
ternational de»  Orien' 
tali»te»  de  Paris  ,  de 
1873, 10. 

Mémoire»  du  troisième 
Congrès  international 
de»  Orientaliste»  de  St- 
Pétersb.,  de  1876,  460. 

Mémoire»  de  la  Société  des 
sienc,  nattir.  de  Cher- 
bourg, 301. 

Memones  of  the  Geolog, 
snrvetj  of  India^  494. 

Mercier  (E.|,  1, 

Merensky  (A.)  253,  287. 

Metschnikoft'  (Léon),  489. 

Metzgcr  (E.),  502. 

Meyer  (H.).  530. 

Meyners  d'Eslrey  ('e  com- 
te). 100.  200. 

Meyniard  (Charles),  497. 

Miansnrof,  3 13. 

Michell  (U.îv.  G.),  251. 

Michel!  (Robert),  403, 419- 
426. 

Mieulet  (le  capit.  d'étal- 
major),  330. 

Miklucho-Maclay  (N.-N.), 
497,  519. 

Milne  Edwards  (Alph.), 
298,  2 '9. 

Nilsom  (Ed.).  472. 

Hinchin  (civil,  enginecr), 
5i0. 

Mir  Abdoul  Kerim  Bouk- 
hary,  398. 

Mission  Field  of  London 
{theu  254. 

Mission»  catholiques,  16. 

Mittheil.  der  Geogr.  Ces 
in  Wien,  2. 

Mittheil.  de  Petermann, 
71. 


Mittheil.  de»  Vereins  fftr 

Erdkunde  zu  Leipzig, 

10. 
Mockler  (capit.),  361. 
Mohammed    Mokhtar    (le 

commandant),  100,  101. 
Mohr  (Ed.).  2,  142,   252, 

590,  591. 
Molinier-Yiolle,  14. 
Monrouzier,  497. 
Montciro   (Jean  Joachim), 

254. 
Honteiro  Tourinho  (le  cap. 

de  génie),  545. 
Montero  (don    Claudio), 

508.  .         / » 

Montgomerîe   (lieut. -col. 

T.-G.),  385. 
Montrouzicr   (le   R.    P.), 

526. 
Moraês  (José  de),  5i7. 
Mordtmann,  358. 
Moreno,âil. 
Moresby  (J.),  518. 
Morice  (D')  (A.),  456. 
Morin  (le  général),    513, 

546,  547. 
Merlan  g  (François),  591 . 
Moszkow  (N.-V.),  453. 
Mouchez  (le  cap   de  vaiss. 

E.),  10,  54  et  suiv. 
Mouçtafa  Kâmel  (le  lieut.), 

100,  101. 
Moudjir-ed-Din,  528. 
Hullens,  299. 
MQIlcr  (G.),  138. 
MQller(F.-F.),  459. 
Muller  (David   Heinrich). 

331. 
Munthe  (G),  591. 
Murohy  (Henry  G.),   529, 

Murra'y  Smith  (».),  556. 
Murray     (Rev.    A.    W.  ), 

525. 
Musée  de  Marine,  58. 
Musters  (the  commander), 

540. 
Myers  (A.-B.R.),  136. 
Nachnchten  von  der  Kgb 

Ce*,    der    Wissens,  zu 

Gôttingen,  349. 
Nachligai  (le  D'  Gustave), 

223.  234-251. 
iVaïn-Sing     (the    Lhasa. 

Pandit),  385,  392-393. 
Napier  (capitame  G.),  398, 

Nares\le  capit.).  553-569. 
Nasackin    (^icp!as,    von), 

345,  346: 
Natur  und  Offenbarung, 

252. 

Digitized  by  VjOO^IC 


606 

Nature  (ia),  57%. 
Naamaim   (D'    F.),    515. 

519. 
Nautieal  Magaxine,  100. 
Neveu.  254. 300. 
NeweUki  (ramiral),  59t. 
Mey  Elias.  471,  49S. 
N(Ai>-York  Herald,  138. 
Niemeyer  (V.).  331. 
Nikitin,  402,  419. 
Noble  (J.).  255. 
Nôldeke  (Ph.),  349. 
Nordenskiôld  (prosa.  A.). 

462.465.467. 
Oesterreieher  (TohIasFrei- 

herr  ▼.),  503.  507-109. 
Oesterreich.  MonaUehrifl 

fur  den  Orient,  3S7, 
Ollive  (le  D'  C),  16. 
Orientalistes     { Congrès 

<ftfs),  460. 
Orlon  (professeur  Jamea), 

543,544. 
Oienham  (E.-L.),470,  484- 

486. 
Pad«rin,  443. 
Pagani  (Zacharie),  59. 
Palm  (ChrisUan).  545. 
Pailbès.  525. 
Paiot  (Elie),  300. 
Paladiai  (L.).  137. 
Palestine       Exploration 

Fund,  328. 337-339. 
Panc«ri  (P.)»  137. 
Pandoralhk),  532. 
Paquier  (B.).  397.  400. 
Paris  (le  Tioe^rairal).  58. 
Parisotjcapt.  d'éiat-majOi 

Pascoe(Grawfard),  506. 

Palkanow,  343. 

Payer  (J  ).354. 

Paz  Graells  (Mariano  de), 

301. 
Pechuel-Loesche    (le  D') 

142. 
.  Peck  (M.-A.),  10. 
Peiham  Aldrich  (le  lient.). 

558. 
Perricr  (le  commandant), 

13,  34  et  suiv. 
Perron   (le  I)*    Nicolas), 

591,572. 
Perrot  (G.),  327. 
Petermann  (D'  A.),   460, 

518. 
Petermann  (le  D'  J.-H.), 

592. 
Pétera  (G.-F.),  356. 
Peyrouton  de  Ladébat  .542. 
Pfiind  (le  D' Jules).  595. 
Philastre  (lient  de  taiss.), 
Piaggia  (Chai  les),  136. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Pinart  (Alphonse),  533. 

Piron  (H.).  536. 

Pirona.  59. 

Pissii  (N.),  541. 

Plurokelt,  491. 

Pogge  (D*),  2. 

Potak  (D'   E.),  321,  357, 

359. 
Pollen  (Fr.-P.-L.),  299 
Popoff  (P.).  442. 
Potanine,  414-446. 
Pouchet,  535, 


Poyel  (Mgr),  330. 
Presbyler  Joliannes  (Pré- 

tre-iean),  599. 
Preâtoe  (H.).  538. 
Preussisches  Uandelsar- 

ehiv.,  515. 
Priée  (Rev.  R.),  299. 
Primaodaie  (F.  Elie  de  la), 

14,  593. 
Prjevalsky  (lieut.-col.  N.), 

443,  452  à  457. 
Procend.  of  ihe  R.  geog. 

Soc.  of  London,  134. 
Prokesch   von   (K»ten  (A 

comle),  593,  594. 
Prout  (le  major),  96.  222 

224. 
Prulï  (H.),  331. 
Purdy  Bey  (le  colon,  d'état- 
major).  99, 224. 
Pntte  (Samuel  van   de), 

384,  389,  390. 
Pusillo,  4D2. 

Qualrefagea(A.  de),  318. 
Quesnel  (Léon),  300.  375. 
Quesada  (Viccnte  G.).  541 
Raczynski.  492. 
Radde  (B' G.>.343. 
Rae  Grooke  (Edward),  488. 
RafTray  (Achille),  97. 
Ragot  (le  capit.  W.),  15. 
Raimondi  (Antonio),  539, 

5^. 
Rajendra  -  Hala  >  Mitra, 

376. 
Ransonnet   (baron  Eugen 

von),  497. 
Raoul  Pacba,  100. 
Basse  (baron  Henri  de), 

543. 
Rattray  (Harrict),  332. 
Ralzel    (  Friedrich  ),  473, 

474-484, 495,  553. 
Ravenstein  (B.  G.),  70, 83, 

100. 137. 
Ravert.  444. 
Raw'lin&on(H.),322. 
Reboud  (le  D'  Y.).  14. 
Rebmann  (Jean),  594,593. 
Rebançûs     (  l'ingénieur  ), 

545. 


ReeueO  de  NoUce*  et  Mé- 
moires de  la  Sœ.  Ar- 
chéol.  du  iUpartement 
de  Constantme,  11. 

Rédier,  14.  V.  Lorrain 

Rees(W.-A.  van),  254. 

Reichenow  (le  W  E.),  576. 

Rem  (D'),  488. 

Reiss,  538. 

Remelé  (Ph.).  70. 

Revue  africaine,  11. 

Revue  archéologique»  327. 

Revue  d'anthropologie, 
499. 

Revue  de  France,  138. 

Revue  maritime  et  colo- 
niale,  58. 

Revue  de  philologie  et 
ethnograph,  d*Vjfahy, 
535. 

Revue  politique,  14. 

Revue  scientifique  de  Pa- 
ris, Vi. 

Reyes  (Raphaël),  543, 548. 

Rheinlhal,  402.  418,  419. 

Ribbach  (G.  A.).  531. 

Ribourt  (le  contre^mir.), 
541 

Richards  (G.  H.),  554. 

Richthofen  (baron  F.  de\ 
323,  469, 470. 

Ridel  (Mgr  F.-C.).  492. 

Robert  (G.),  69, 70,  83. 

Robin  (NJ,  14. 

Robiou  (Félix).  581,  327. 

Rochemonteix  (marquis  de 

ia),9. 
Rodet  (Léon).  331. 
Koëpstorff  (F.  Ad.),  379. 
Rohifs  (G.).  2,  10.  59,  68, 

70,  88  et  suiv.  200. 
Roi^el,  301.308.  310. 
Romanet  du  Caillaud  (F.), 

386,  497. 
Romeguère  (G.),  3(H. 
Ross  (James  G  }.  552. 
Roretz(Albrechtvon),  487, 

492  et  suiv. 
Roseuberg     (G.    B»     A.), 

518. 
Roudaire  (le  capit.  d'éut- 

m.E.),l2,13,50etsuiv. 
Roussin  (A.).  300. 
Russische  Revue  de  Rôtt- 

ger,  343,  400. 
Rutherford    Alcock    (sir), 

471,  472. 
Sachau  (Ed.),  398. 
Sa  da  Handeira    (gt^néral 

Bem.    de  la    Nogueira, 

marquis  de),  595. 
Sadebeck  (E.).  142. 
Saenz  (>i.),  537. 


yGoogk 


DES  NOMS  DE  VOYAGEURS  ET  D'AUTEURS. 


607 


Sainle-Claire  Deville  (Ch.)> 

596. 
Saint-John  (Horace),  498. 
Sainte-Marie  (de),  li,  13. 
Sakharow  (F),  443.  444. 
SaiiJaTier(leTicomte  de), 

300. 
SaniTort  (J;  Schouw),  503. 
Saezec  (E.  de),  97. 
Saulcy  (de),  328. 
Sautereau,  535. 
SartoriuSfT.  Waltershausen 

(  proresa.  D'  W.  baron  ), 

Savio'(P.),489. 
Savorgnan  de  Brazza  (P.)» 

139,187-195. 
Say  (Louis).  68,  et  71  à  78. 
Sayce  (A.  H.).  331. 
Schéfer    (Charles),    358, 

398. 
Schenk,  58. 
Schiaparelli  (L.),  58. 
Schiern  (Fr.),  398. 
Schlagintweit-Sakûnlûnski 

jBerm.    von),  199,  399, j 

Schlagintweit   (Emil  ▼.), 

358,  561,  375'  | 

Schlegel      (D'     Gustave), 

Schlich  (W.),  374. 
Schliemann  (H.).  327. 
Schlottmann,  331. 
Schneider,  502. 
Schœnlein  (le  D' Philippe), 

199. 
Schreiber(D'  A.),  505. 
Schreiner  (  Freiherr  ▼.), 

545. 
Schrenk  (le  pasteur  Fr.), 

344. 
Schrenk  (D'  Leopold  von), 

SchOtz  (Damian  Ton),  539. 
Schujler  (Eng.),  400, 405, 

Scropé  (G.  Poulett),  596, 

Schwab  (M.),  357. 
Schioàbùcher      Merkur, 

521. 
Schweiger  -  Lerchenfeld 

(Freiherr  v.),  527,  349, 

Schweinfurth  (le  D'  6.) 
2.  59.  64  et  suiv.,  71, 
136, 138. 

Seott  Russe),  322. 

Seelstrang  (A.  de)^  542. 

Selim  Agha,  141. 

Sepp,  330. 

Seriziat  (D'),  15. 


Shaw  (politic.  agent  R.B.), 

399,  400,  401. 
Sicard  (F.),  360. 
Sidensner,  460. 
Simmonds  (P.  L.),S51. 
Simonin  (L.),  t33. 
Sitzungêberichte  derBap- 

risch,  Akad.  der  Wu- 

sench  xu  MûncheUf  199. 
Smith  (George),  597,  598. 
Skertchley.  139. 
Skinner  (A.),  497. 
Smirnow,361. 
Smith  (Evan),  359. 
Smyth  (lieut.-col.),  370. 
Soboleft  (L.  N  ),  401. 
Socin  (A.),  349. 
Soleillet   (P.),  14,  69,70, 

85. 
SosnoTvski  (le  capit.),  443, 

448,  452. 
Souza  (Francisco  de),-  529. 
Sprenger  (A.),  356. 
Stadie  (G.) ,  15. 
SUnford,  405. 
Stanley  (Henry),  136-138, 

144  à  174. 
Stein  (F.  von),  443. 
Steinheil  (Edmond),  538. 
Steinwenter  (le  D'  A.), 

137. 
Stelzner  (A.)  542. 
Stephenson  (le  cap.  Henry 

F.),  562. 
Steward  (Jacques),  282. 
Stewart-Glough  (G.    B.), 

544. 
Steyert  (A.),  534. 
Stoliczka.402,414,415. 
Stolz  (Alban),  331. 
Stone  (Ocuvius),  519, 523c 
Sione  (G.  M.  P.).  135, 222- 

224. 
Storch  (J.  B.),  534. 
Strajhan  (R.),  542. 
I  Strange  (le  colonel),  597. 
Strauss  (F.  N.  et  0.),  330. 
Streich  (T.  F.),  33Î. 
Stremonschow,  400. 
Strobe!  (le  prof.  P.),  98. 
Strûmpell  (L.  de),  461. 
Stuart,  323. 
Studer,  527. 
Slûl)el.538.    i 
iStuhlmann  (G.  W.),  473. 
|Stumm(H.),  400. 
Svêtozor,  journal  ichèkhe 

de  Prague,  252. 
Syren-Mob,  443. 
Taurin  (Mgr),  99. 
Tauxier  (L.),  11. 
Taylor  (capit.  A.  D.),  370, 
Taylor  (William),  573. 


Teil  (baron  du),  535. 

Teifer  (J.  Buchan),  344. 

Temps,  journal  de  Partit 
311. 

Théobald  (W.).  495. 

Thielmann  (Max  von).  347. 

Tijdschr.  voor  Neder^ 
landseh  Indii.  499. 

rimes  (/A«),  252. 

Thorburn  (S.  S.),  370. 

Thuillier  (colonel  H.-Z.), 
370. 

Thomsen,  473. 

Thomson  (F.-F.),  501. 

Tijdwhrift  van  het  Aar- 
drijksh,  Genootscfuip  te 
Amêterdam,  584. 

Tillo(A.A.).404. 

Tirant  D'  G.),  496. 

Tissot  (Ch.),  15  et  suiv. 

Titre  (chef  d'cscad.  d'éiat- 
maior),  15. 

Toula  (Fr,),  338. 

Tour  du  monde  (le),  14. 

Tourmente  (A.),  542. 

Tournafond,  200,  385, 
496. 

Toutain  (P.),  533. 

Transactions  de  la  Soc* 
des  Scienc,  Lettres  et 
Beaux -Arts  de  Bâta- 
via  (en  holland.),  501. 

Trevisan  (Domenico),  59. 

Tristram  (H.  B.),  331. 

Trotter  (capit.  R.  S.),  402, 
413,  414. 

Tr'uong-Vinh-Ky  (Petms), 
496. 

T»charykow,  398. 

Tschekanousky.  Voy.  Cre- 
kanouskv. 

Tschernik.  Voy.  Cernik. 

Tscherny  (J.  J.),  345. 

Turner  (W.  J.),  251. 

Turton(Zouch  H.),  10. 

Tuve  (G,  et  E.),  255. 

Dle(leD'0lhon).598. 

United  States  Hydrogra- 
phie Office  at  Was- 
kingion,  199. 

Vambery  (A.),  403,    404, 

Van  der  Berg,  374. 
Vélain  (Charles),  299. 
Venioukoff  (A),  4(H,  402, 

443,446,448.  489. 
Verazzano    (Giovanni   de), 

529  et  530. 
Yerbeek  (R.  D.  M.),  502, 

505. 
Verhandlung.    der  Geo- 

log.  Reichtan  stalt  in 

Wien,  139. 


y  Google 


Yerkandlung.  der  Ces. 
fur  Erâhunde  zu  Ber- 
lin, 140. 

Yerkandlung.  de»  Na- 
turhist.  medic.  VereUs 
zu  Heidelberg,  09. 

Terme (1«  comte  Ferdinand 
del),  599,  600. 

Verstecg  (W.  \}\).  505. 

Veth  (P.  J.).  %  584,  502, 
504  à  507,  519,520. 

Viciai  Gormaz  (cani.t.  chi- 
lien), 540. 

Vieweg,  98. 

Vij^ncs  (lient,  de  vais.), 
333. 

Vincent  (P.),  525. 

Virchow  (R  ),  579. 

Visconti  (Arconaii),  355. 

Vogel  (H.  W.),  379. 

Vogué   (comte   E.  M.  D.), 

Voïeikoff   (A.   Z.  ),    572, 

404 
Voss  (le  D'),  140. 
Vylder  (Gustave),  288. 
Wagner   (D'    Hermann), 

Walke'r  (W.),  536. 
Walkf T  (le  cap.  J.  Broom), 

199. 
Walker  (R.  B.  N.),  139. 
Walker  (J.  1.),  370. 


TABLE  ALPIIAfiÉTIQUE. 

V^Tangemann  (F.),  330. 
Warner,  59. 
Waterfield  (Henry),  373. 
Wattemare,  137. 
Weil,  403. 

Weidenbaum(J.),3l5. 
Westp'jim    van    Hoorntot 

Burgh  (J.  G.  U.),  503, 

504 
Weyl  (E.),  5*3. 
Weyprecht  (Charles),  553 

Wheeier(H.),371. 
Wheeler  (lieut.-gén.  M.), 

532. 
Whewcll  (le  commodore 

W.  N.).  141. 
White(G.  B.),598. 
Wiener  Abenapoxt,  321. 
Wnkauder  (D'  Augustin), 

Wiltemoes-Suhm  (R.  von), 

519. 
Williams  m.-F.),  532; 
Wilson    (Francesca     H.), 

372. 
Wilson  (major  C.W.),  361 

363. 
Wiselius  (J.  A.  B.),  496. 
Wilczek  (comte),  555. 
Wood  (major  Herliert  ou 

Ariberto),  404,  4Î1-433, 

438. 


Wattkè^    (prof.     Henri), 

5âè. 
Wyatt  Rawson  (le  lient.), 

658.' 
Toung  (lieut.  de  vaisseau 

E.   D.),  138,    232,  233, 

277-283. 
Yousef  Effendi  Helmi  (ofT. 

de  l'état  major  général 

égyptien),  223. 
Ynle  (colonel  Henry),  401, 

443. 
Zehme  (A.),  556. 
Zeiischrift  der  GeielUch. 

tUr  Erdkunde  zu  Ber- 
lin, 71. 
Zeiischrift  der  Deutsch, 

Morgenland,    Gêa.    in 

Leipiig^  331. 
Zeitschr.      der     Oexter" 

reich.  Ges.  fur.  Meleo* 

rologîe,  59. 
ZeiUchriftfûr  Ethnolog., 

Sitzun^tberichte ,  519. 
Zichy  (le  comte  G.),  98, 

Mi9 
Zittel  (le  D'C.),  71,88. 
Zwiedenek  (J.  von),  331  et 

332,  347,  348,  349. 
Zœpprilz  (prof.,  D*),  199. 
Zweiterjahresbertchtder 

geographischenGesells- 

chaft  in  Hamburg,  10. 


yGoogk 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈBES 


DES  NOMS  DE  PAYS  ET  DE  LOCALITÉS 


Aboeng  et  les  Aboeogers 

(Sumalra),  505. 
Aborigènes,  ou    natives , 

races  des  Etats-Unis,  553, 

534. 
Abyssinie,  97  et  suiv. 
Adélaïde   River   (Austral. 

/Hord),  513. 
Achantis  (pays  et  peuple), 

200,  205  à  220. 
Achouka  (peuple),  140. 
Adbls.  Voy.  CÔTES  obs  Ad 

Ali. 
Aden,  356. 
Adea  (golfe  d'),  96. 
Adouma  (peuple),  HO. 
Afghanistan,  357-561,  365 

à  370. 
Afbique,  1  et  suiv. 
Afrique   australe,  251  et 

^uiv. 
Afrique  centrale,  2, 69, 70, 

135,  223,  224. 
Afrique   équatoriale,   59- 

61,  98,  99, 132  et  suiv. 
Afrique  du  Nord,  2,  8  et 

suiv.,  58  et  suiv. 
Afrique  orientalb,  142-144. 
Afrique.  Côte  occidentale, 

144, 198  et  suiv. 
Ahaggar,  68,  69. 
Aïnos  (tribu),  444. 
Akellé  (peuple),  ou  H'ban- 

gwé,  140. 
Akem,  200. 

Akka  (tribu  nègre),  136. 
Alagoas  (province  brésil.), 

543. 
Ala'i  (chaîne  de),  403. 
Albert  Nyanza  ou  Mwutan, 

ou    Loûla-Nzîdjé,    133- 

133, 144,  178-180. 

l'année- G^OGR.   XV. 


Alexandrie,  58,  59. 
Alger  (la  ville),  14. 
Algérie,  8  et  suiv.,  34  et 

suiv. 
Amazonefi  (le  fleuve  des). 

543  et  544. 
Ambouloulara,299. 
Amérique,  529  et  i'uiv 
Amérique  anglaise,  550  el 

suiv. 
Amérique  centrale,  555. 
Amirauté  (île  a'),  526. 
Amour  (Territoire  d'),444, 

457  et  suiv. 
Andaman  (îles),  379. 
Andjuan  (arcbip.  Comore) 

et  le   pic     Tinghidjou, 

199. 
Angola  (pays),  254. 
Angora,  3127. 
Annam,  496  et  suiv. 
Antananarivo,  299. 
Antilles,  535  et  buiv. 
Aourâs,  15,  59  et  suiv. 
Arabie,  356. 
Arabie  Pétrée,  356. 
Araguaya  (rivière),  544. 
Arakan,  495. 
Aralo-Caspienne   (région), 

357  et  suiv. 
Ararat  (le  grand),  344. 
Archipel  Malais,   ou  Ha- 

LAisiB,  501  et  suiv.,  515. 
Argentine  (Gonfédbhation), 

540  et  suiv. 
Arizona,  553. 
Arménie,  343  et  suiv. 
Âsale  (plaine  salée  d'),  98. 
Aschurada,344. 
Asie,  321  et  suiv. 
Asie  centiule,  397etsuiv. 
Asie  Mineure,  527. 


Asimba  (peuple),  140. 
Assab  (baie  d'),  99. 
Assara,  378. 
Assinié,  203,  204. 
Atacama  (désert  d'),  540. 
Atchin  (ou  Aljeh).  5C>4. 
Atlante»  (peuple  imagin.), 

Atlantide  (V), 'm et  sviiw. 
AusTBAui,  511  et  suiv. 
Australiens  t  (aborigènes) , 

516,  517. 
Avalitis,  113. 
Avares  (tribu),  361. 
Dagamoyo,  251. 
Baedad,  327,  349. 
Bahar-el-Abiad  (Nil  Blanc 

ou  White  Kile),  131  et 

suiv.,  223 et  suiv. 
Babar-Zerâf  (rivière  et  ri- 
verains), 136. 
Baie  de  Baflin,  552. 
Baie  du  Polaris,  S52. 
Bakou,  343  et  suiv. 
Bali  (lie  de),  507. 
Balouchistan,    ou   Bélout- 

chi8tan,361,371. 
Baltimore,  534. 
Bangouens,  139. 
Bankok,  497. 
Bannù,370,  371. 
Banyaka  (peuple),  140. 
Bari  (tribu  nègre),  136. 
Barolong  (tribu),  254. 
Barranquilia,  357. 
Baschkirs,  398. 
Bassin  du  Kwara  eu  Dhio- 

LiBA  (Niger),  198  et  suiv. 
Bassin  du  Nil  en  amont  de 

Khartoum,  132  et  suiv. 
Batavia,  502. 
Bathang,  386. 

59 


yGoogk 


MO 

BatUs  (peuple).  505. 
Béloutcbisun   (ou  Balou 

chistan),  361,  371. 
Béuarès,  375. 
Beoghâzy  (Bérénice),  ii, 
Benguela,  251  et  suiv. 
Benl  'Âmer(lribttetterrit.), 

97, 98,  112-114. 
Berber,  59. 

BERBâRiB  (la),  8  et  suiv. 
Besseriani  {Ad    majorée, 

ruines  de),  15. 
Betsileos  (tribu  malgacbe) , 

299. 
Bilagone  (rinëre),  Ui. 
Bir  Mohammed  Ben-Yoû- 

nés  (ruines  de),  15. 
Birmanie,  495  et  suiv. 
Birmanie  ou  Barmah  an- 
glaise, 495. 
Biskra,  15. 
Bloemfonlein,  255. 
Bo-Khua-Schan  (montagu.), 

470. 
Bolivie,  539  et  suiv. 
Bombay,  375. 
Bdne,  13, 15. 

Bornéo  (Ile).  503,  507-509. 
Bornou,  223. 
Bosi,  254. 
Bosieman   (ou    Bushman. 

Monuments  littéraires), 

253. 
Boston,  534. 
Boukharie,  397  et  suiv. 
Bouloun  Tokhoî,  443. 
Bourètes    (ou    Buriates), 

tribu  tongouso-mongole, 

443. 
Brahouïs  (tribu),  258. 
Brésil,  513  et  suiv. 
Bullfonlein,  253. 
Cachemire,  376-378,  386. 
Caire  (le),  58. 
Galabar-le- Vieux,  200. 
Californiens  (habit.),  533. 
Cambodge,  498  et  suiv. 
Campbell  (Ile),  527. 
Citfiada,  530  et  suiv. 
Canaries  (lies),  306. 
Cap  (colonie),  2. 
Cap   de   Bonne-Espérance 

(colonie  et  ville),  2,255. 
Cap  Lopez,  199. 
Gap  Palmas,  199. 
Caracoles  (mines  de),  540. 
Garajos  (tribu  indienne  du 

Brésil),  5U. 
Carians  (tribu).  495. 
Carpentaria  (golfe  de),  513. 
Carthage,  10  et  11. 
Caspienne  (mer  et  ses  lies), 

344, 345.  " 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

Castries  (baie  de),  462. 
Caucase  et  Caucasie,  343  et 

suiv. 
Cazamance  (riv.  et  colon.), 

198. 
Ceara  (prov.  brésilienne) 

543. 
Cébou  ou  Zébou  (Philip- 

{unes),  506. 
èbes(île),507. 

Geuta(baiede).16. 

Ceylan,  379-384. 

Gha'  ftmba  (tribu),  69. 

Chaïma-lndiens  (Venezue- 
la), 537. 

Chartum  ,  136.  Voy.  Khar- 
toum. 

Chavantes  (trib.  indienne 
du  Brésil),  544. 

Chébé   (riv.  du  bass.  de 
rOgôwéj,  140. 

Chicago,  534. 

Chili, 540  et  suiv. 

Chtre,  469  et  suiv. 

Chinoises  (races  et  sectes), 
473. 

Ghoa  Morou(ouSh«a  Moru),< 
133, 134. 

Chotts  (les,  ouïes  Sciott) 
12,  il 

Chypre  (île  de),  331. 

Circeaium»  Voyez  Karke- 
misch. 

Cochincfaine,  493  et  suiv. 

Cochinchioe  (Basse  ou  fran- 
çaise), 495  et  suiv. 

Colombie,  536  et  suiv. 

Colonies   portugaises    des 
côtes  d'Afrique,  254. 

GONFÉRENCB      GBOGRAPniQCE 

DE  Bruxellbs,311  et  suiv. 
Çoraali  {Cotez  des),  93  et 

suiv. 
Congo  (fleuve),  138,  141, 

144,  252.  Voy.  Zaïre. 
Constantine,  l5, 49  et  suiv. 
Gook  (Perry).    Archipel, 

526. 
Corée,  487  et  suiv. 
Gorrientes  (province  de), 

543. 
Gorumba    (Brésil,    grands 

lacs  de),  544. 
CÔTE    DE  Gdinêe,  198    et 

suiv.,  203,204. 
Côte    des    Esclaves,    199. 

220^221. 
Côle-d'Or,  200. 
CÔTES  DBS  Ad  Alt  ou  Adels, 

96  et  suiv. 
Cuba,  535  et  suiv. 
Cyrénaîque,  11. 
Pagheslao,  361. 


Dahomey,  200. 
Damara  (tribu),  253. 
Damas  (Damascus),  331. 
Danakil    (pays    des),   98, 

99. 
Dar-ès-Salaro,  138. 
Dar-Fôr  ou  Fôr,  2ÎI,  225, 

241-251. 
Dar^o,  361. 

Darien  (isthme  du),  535. 
Debbé.  223. 
Delgado  (cap.),  144. 
Dell  (île   Sumatra),    504, 

503. 
Demavend  (mont),  357. 
Derna  {DernU),  11. 
Désert  LiBTQnB,  68  et  suiv. 
Djebel  ouGebel  Maria,  214, 

241  et  suiv. 
Djebel  Tabayoudt,  16. 
Djebel  tripoliUin,  10. 
Djizak,  40t. 
Djohore.  497. 
D]ouba  (fleuve),  135. 
Djubins  (peuple),  200. 
DominicahlesAntilles),  536. 
Dongola-El-Agoûz  ou  Don- 

gola-Ie<Vieux,96et224. 
Doogola-El-Ordi   ou  Don- 

gola-le-Neuf,  224. 
Dos   Araés  (Brésil,   mines 

d'or),  544. 
Dschalo  (oasis),  70. 
Du&i  (ou  Douffeli),  133. 
Ebân  ou  Eben,  329. 
Ecuador  ou  ÉQnATEDR,  538. 
Edomiies       (  Montagnes 
,  des),  342,  543. 
Egypte,  2,  58  et  suiv. 
Ekoi  (pays),  200. 
El-Fftcher,  66,  224,  225. 
Ël-Golèa,  15,  66. 
El-Khârdjé  (le  grand  Oasis), 

94-93,  105  et  suiv. 
Elminois  (peuple),  200. 
El-0»eïd  ou  Obeyad,  222  et 
,  suiv.,  230-234. 
Eqoatbur,  536  et  suiv. 
Espiritù  Santo  (prov.-1»ré- 

sil.),  543. 
Etats-Unis  dk  l'Av£riqvb 

du  Nord,  532  et  suiv. 
Ethiopie,  96  et  suiv.,  134. 
Euphrate  (vallée  et  chemin 

de  fer),  d49  et  suiv. 
Explorations  a  venie,  511 

et  suiv. 
Falkland    (ou  Valouines, 

lies).  541. 
Fân   (peuple).   140.    Voy. 

Ocheba. 
Fantis  (peuple),  SOO. 
Pascher  (Fascer),  96. 


yGoogk 


DES  NOMS  DE  PAYS  ET  DE  LOCALITÉS. 


611 


Faliko.  152,153,  134. 
Fayal(ile8Açorei»).500. 
Fer  (île  de),  301. 
Ferghana,  405,   4(fê,  419- 

Fernando  Pô  (lie),  300. 
Fês  (royaume  de),  15  et 

suiv. 
Fidji  (groupe  de),  526. 
Firozpour,  374. 
Floriaes,  533. 
Foh-Kien  (province),  470. 
Formosa  (Taïwan,  île  de), 

473. 
Foweïra,  153,  154. 
Gabon  (Deux  Guinées),  159, 

144. 
Gajos  (tribu   de  Sumatra) 

Galapagos  (lies),  540. 
Galilée,  55Ci. 
Gallas  (peuple),  99. 
Galveston,  554. 
Gambie  (fleuve  et  colon.), 

198,  203.  204. 
Gambier  (lies),  596. 
Garmanten  (ou  Garaman- 

tes,  tribu),  70. 
Garos  (tribu),  576. 
Gassr-Daghel    ou   Dakhel 

(oasis),  70, 105  et  suiv. 
Gébûi  ou  Gcbaïi  (Bybios), 

331. 
Geelvink-baie,  518. 
Géorgie,  544. 
Ghadâmès,  68. 
Ghalchah  (tribu  et  souclie 

linguistique),  599. 
Gharwal  (ou  Glierwal),  575. 
Ghiighit  (ou  Gilgit,  vallée 

de),  578. 
Golden  (tribu)»  444. 
Golêa  (Afrique).  Yoy.  El- 

Golêa 
Gondokoro  ou  Isma'ilîya, 

152. 
Gouanches  (tribu  éteinte), 

306. 
Goyaz  (prov.  brésilienne), 

Gran  Canaria  (lie),  301. 
Grand  Bassam,  203,  204. 
Great-Fish  river.  Voy.  Rio- 

Infante. 
Grenna  (Cyrene),  11. 
Groenland.  552  et  suiv. 
Guadalajara,  554. 
Guatemala,  535. 
Guelroa,  14. 
Guyane  anglaise,  530. 
Guyane  française,  536. 
Guaymas,  5ô4. 
Habâb(tribu  et  territ.),  97. 


Hadendoa  (territoire  des) 

Haïnnn  (ile  de),  475,  474. 
Hakkari,  547,  548. 
Hamrân  -  Arabes  (  tribu  ), 

156. 
Hankow,  471,  472 
Harrar  (ou  Herrêr),  100, 

101. 
Hauran,  331. 
Havane  (la),  536. 
Hawaï  (archipel),  526, 
Haydarabad,  574. 
Hébron,  528. 
Hervey  (lies),  526. 
Hillé,  349. 
Himalaya  (monts)  ou  Alpes 

indiennes,  37d. 
Hissar,  402. 
Horta  (baie  de,  îles  Açores), 

Huon  et  Surprise  (lies), 
526. 

Ibrahim  (lac)  ou  Kodja, 
134,  137. 

Idumée,  332. 

Igharghar,  68. 

Iles  d'Afrique,  298  et  suiv. 

Iles  Adstiules,  527. 

Iles  Fortunées  (lies  Cana- 
ries), 301. 

Iles  Mascareignes,  298  et 
suiv. 

Iles  de  l'océan  Atlan 
TIQUE,  278  et  suiv. 

Iles  du  Pacifique  ,  525- 
527. 

Iles  de  la  Sonde,  506. 

Inde,  370. 

Indes  Britanmiqdes  ou  An- 
glaises, 372,  etc. 

Inde  française.  375,  376. 

Indes  Orientales  néerlan- 
daises, 501  et  suiv. 

Indes  portugaises,  371. 

Irawaddy  (fleuve),  495. 

Irtysch-Noir    (le  fleuve), 

Islande,  554. 
Jambi  (rivière),  144. 
Japon,  487  et  suiv. 
Japonaise  (race),  492. 
Java,  502  et  suiv. 
Jérusalem,  328-33'2. 
Johanna  (ile  Comore),  199. 
Kabylie,  14. 
Kanûri  (tribu),  70. 
Karkemisch   (Circesium), 

349. 
Karnak,  58.    61  et  suiv., 

96,  101  et  suiv. 
Karnak  (en  Darfôr),  249. 
Kasbek  (montagne),  345. 


Kaschmir.    V.  Cachemire. 

Kashgarie,  397  et  suiv. 

Katschinzes  (  tribu  sibé- 
rienne), 461. 

Kei  (îles),  506,519,520. 

KelatouKhélate,358.371. 

Kemaon  (prov.  N.  0.  de 
rinde),  375. 

Kerbela,  349. 

Kcrguelen  (Iles),  527. 

Kerkena  (lies),  11. 

Ket  (rivière),  459. 

Khandesh,  573. 

Khârdjé  (grande  oasis).Voy. 
Ei-Khardjé. 

Kharism  ou  Kharezm  (Khi- 
va),  398. 

Khartoûm  (ou  Chartum), 
136,  222  et  suiv. 

Khi  va,  397  et  suiv, 

Khokand,  397  et  suiv. 

Khôr-Baraka  (grand  tor- 
rent), 97,  98, 109-114.     • 

Kilwa,  138, 144. 

Kimbundu,  142. 

Kinibalou  (montagne),  503. 

Kmer,  503. 

Kodja  (lac),  ou  lac  Ibra- 
him, 134. 

Kordcfàn,  222,  234. 

Koulab  (Kulab).  402. 

Kouldja(Kuldja),  400. 

Kourdistan,  348  et  suiv. 

Kru  ou  Krou  (tribu  nè- 
gre), 199. 

Kumaon.  Voy.  Kemaon. 

Kusatsu  (Japon),  489. 

Laboré,  134; 

Labrador,  531. 

La  Galle,  14. 

Lac  des  Bois,  531,  532. 

Lacs  équatoriaux  africains, 
132  \  138,  et  144  à  179. 

Ladak  (Petit-Tibet),  401. 

Lado  (ou  Lardo),  132. 

Lagos,  200. 

Landana  (  baid  et  stat. 
mission.),  141, 144. 

Lao,  502. 

La  Plata  (ou  Répiibliquo 
.Argentine,  et  Uruguay 
compris],  543. 

Lùr  (vallée  du,  ou  Lâr- 
thal),  357. 

Lena,  459.  462,  467. 

Liban,  328,  331.  332,  339. 

Libéria,  204. 

Libyques  et  Libyco-berbè- 
res  (inscriptions),  14. 

Limpopo  (fleuve),  254. 

Liringstonia,  252,  280  et 
suiv. 

Loango(côte  de),  141,142. 


yGoogk 


612 

LoûU-Nzidje  (lac).  Voy< 


Albert  NyaDU. 

Lotalé,  25t. 

Luxon  (  Philippines  ),  506, 
507. 

MadagascaIi,  2b5,  298  el 
suiv. 

Madeira  (fleuve),  544. 

Madère  (lie).  500. 

Madoura  (Java),  502  et 
5<fô; 

Maduré  (ladouslan),  375. 

Haga  (liTière),  144. 

Magellan  (détroit  de),  541 

Magila,  m. 

Ma»;ungo  oa  Magoungo, 
133,  etc. 

Makedo,  133. 

Makololo  (tribu),  289. 

Makraka  Niam-Niaoi  (peu- 
ple etpays),135et»uiv. 

Malabar,  376. 

Malange,  142. 

Malouines  (ou  Falkland, 
îles),  541. 

Mandcliouric,  442. 

Mandéens  (Mandaer,  sccle 
'  arabo-ehrélitmne),  349. 

Hanyouema  (peuple),  257- 
277. 

Mareb.  97. 

Marianoes  (lies),  526. 

Mariotis,  59. 

Maroc,  8  el  suiv.,  16  et 
suiv. 

Maronites,  332. 

Marquises  (îles),  526. 

Mascate,  ^56. 

MaUbélés  (peuplade),  2.4. 

Malanzas,  536. 

Mata-Yanvo  (pays  et  dy- 
nast.),  257,  277. 

Malto-Grosso  (prov.  brés.), 
543. 

Maùritania  Tingitana, 
16. 

M*bangwé  <  peuple),  140. 
Voy.  Akellé. 

Mélanêsic,  519. 

Meuam  (fleuve).  495. 

Mer  Morte,  332.     . 

Mer  Rouge.  96  et  siiiv. 

Merida  (ville  et  sierra  Ne- 
vada de),  537. 

Mesched,  397. 

MésopoTmiE,  348  et  suiv. 

Mestorià  ou  .  Mestoriao, 
397. 

Methlili,  69. 

Mexique,  534  et  suiv. 

Mexico  (ville),  534. 

Minas-Geraês  (prov.  bré- 
silienne), 54o« 


UDL£  ALPUÂBËTIQUË 

Minnesota,  534. 
Moabites,  351. 
Mobile,  531. 
Mo^ador,  16. 
Mojunga.,  299. 
Mongolie,  442. 
Mou^ardou,  204. 
Montagnes  Blanches,  552. 
Montréal,  531. 
Mopelin  (groupe),  526. 
Mordvioes  (tnbu),  599. 
Mormons,  555. 
Nossel  Bav  (cap  de  Boune- 

Esp.),  2S5. 
Mossoi-ongou  (îles  et  pira- 
tes), 141. 
Mossoul,  349. 
Nnulmeîn,  495. 
Moultan.  375. 
Mozambique  (colonie),  25 i. 
M'  pongwé  (peuple),  140. 

Vov.  Osyéba. 
M'  roûli  (ou  M*  rooli),  135, 

134. 
Musawwa  (ou  Mouçawwa), 

ville  et  canal,   97,   98, 

101. 
Mwulan  (lac).  Voy.  Albert 

Nyanza. 
Nagercoî,  575. 
Namangan,  404. 
JNatal  (colonie),  2j5. 
Nebraska,  555. 
Nécrologie,  571  et  suiv. 
Negria  (gm  Négrine,  oasis), 

15. 
Népal,  586. 
Nebtoriens,  547,  348. 
New -York,  531. 
N^ami  (lac), 255. 
Nhanga  (fleuve),  142. 
N  amyocgo,  154. 
Nicaragua  (pays  et  lac  de), 

555. 
Nicobar  (îles),  379. 
Niger  (fleuve),  157,  198  et 

suiv. 

NiGRITlE  IKTÉIUEIRK,  59-61, 

222  et suiv. 

Nigritier  (peuple),  3  el 
suiv. 

Nil  de  Victoria,  133,  134. 

Niphon,  492. 

Nyanza  (ou  lac  Victoria), 
132, 141. 

Nouvel  le  -  Bretagne  (  La- 
brador), 551. 

Nouvelle-Bretagne  (archi- 
pel de),  526. 

Nouvelle-Calédonie,  523. 

Nouvelle-Espagne,  535. 

Nouvelle -Galles  du  Sud, 
515. 


Nouvelle-Guinée  ,   517   et 

suiv.     Indigènes,     519, 

520. 
Nouvelles-Hébrides,  526. 
Nouvelle-Irlande  (groupe), 

526. 
Nouvelle-Orléans.  554. 
Nouvelle  -  Zéelaiidc ,    515 , 

516,  527. 
Nouvelle-Zemble,   552    et 

suiv. 
Nouveau-Hauovre(groupe). 

526. 
Nubie,  58  et  sufv. 
Nyassa  (lac),  252  et  253, 

Oasis  (la  Grande  et  la  Pe- 
tite du  Désert  Libyque), 
70.71. 

Ob  (fleuve),  459,  460,  467, 
4b8. 

Obeïd.  Voy.  El-Obeïd. 

OcÉANiE,  511  et  suiv. 

Ochcba  (peuple),  ou  Fân, 

Oroiiè  (riv.  du  bassin   de 

i'Ogôwé),  140. 
Ogowé    (fleuve),    132  et 

suiv.,  159  et  suiv.,  187- 

193. 
Okanda,  159,  140. 
Okono  (peuple),  140. 
Olrtnek,  459,  462,  467. 
Olûl  (ou  Oelôt  ou  Eleuthes, 

tribu   mongolo-kalmou- 

ke),  443. 
Oman,  356. 
Oiilario  (lac),  553. 
Ormouz  (île),  360. 
Osaka  (peuple),  140. 
0>s«"Mes  et  Os^élie,  344,  345. 
Osyéba,     ou     M'   poagwé 

(peuple),  139.  140. 
Ouâdi-el-Koh,  224,  225. 
Ouâdi-Maha,  ou  Wàdi-El- 

Mek,  224,  248,  249. 
Oulàd-Antar  onAnllieur, 

peuplade,  14. 
Ouargla,  15,  69. 
Ousambara  (ou  l'sambara), 

139. 
Ouàboï.  405.  457  à  440. 
Ovanjpos  (peuple),  253. 
Oxus  (ou  Amou-Daria),  404, 

405. 
Palawan  (île).  506. 
I^alembang,  505. 
Palestine,  328. 
Pamir,  400.  401. 
Pampas  (de  l'Argentinie), 

642. 
Para  (province  de),  536. 
Para  (ville),  545. 


yGoogk 


DES  NOMS  DE  PAYS  ET  DE  LOCALITÉS. 


615 


Paraguay,  542. 

Parana  (province  argen- 
tine), Ui. 

Parana (prov.  brésilienne), 
543. 

Palagonie,  540  et  suiv. 

Pé|;ou  (Pcgu).  495. 

Pékin  (l*ekiHg),470. 

PCMK.-LLE  llALAji>E,497, 498. 

PenUipolu    UaudilG    (  la  ), 
328. 
•  Pérou,  559  et  suiv. 

Pehse,  347,  357-060. 

Pétra,  332. 

Phénicie,  351. 

Philadelphie,  534. 

Philippeville,  14. 

Philippines  (îles),  506-507. 

Phillstée,  Philislins,  329. 

Pico  (il«is  Açores),  300. 

Pinchinclia  (volcan),  539. 

Piihor,  352. 

Piltsbourg,534. 

Plettenbourg-Baie,  257. 

PoLYNÉsu,  V18,  525  el 
suiv. 

Polynésienne  (race),  5i6. 

Pongoué  (langue),  139. 

Popo<-atepetl  (mont.),  554. 

Port  Elisabeth.  255. 

Port  Nolloth,  235, 

Parto-Novo,  205,  204. 

Poul  (langue).  199,  201, 
202. 

Prairie  (province),  553. 

Presqu'île  indo-cuinoise, 
495  et  suiv. 

Province  équaloriale égyp- 
tienne, 154  et  suiv. 

Puerto-C:ibello,  537. 

l'uerlo  Principe,  556. 

Puerio-Itico  (île),  535. 

Pyffmées   du   Tennessee, 

Qua  (fleuve),  200. 

(Jueensland,  514. 

Quillu,  142. 

Quissama  (tribu),  254. 

Ilangoon,  497. 

R'bat.  15,  16. 

Red  River  du  Nord,  532, 

533. 
Rej^âf  (ou  Ragar,  ou  Red- 

)à(},  152.  lo3, 134 
Régions  diamaniiféres  de 

l'Afrique  australe,  255, 

254. 
Régions  polaires  boréales, 

551  et  suiv. 
Répofe  jrivière).  Voy.  Sé- 

(iampiian. 
Républiques    sud  -  africai- 
nes, 2o3,  254. 


Réserve»  indiennes,  534. 
Réservoir  s-laci  du  Nil,  144- 

179 
Réunion  (ile  de  la),  1G9, 

300. 
Rhadames.  Yoy.  Ghadàmèa. 
Rbât,  69. 

Rhemboé  (rivière)»  144. 
Rio  Gaïape  Grande    (Bré- 
sil, placer  de  diamants), 

544 
Rio  Claro  (Brésil,  diamants 

du),  544. 
Rio  Grande  del  Norte(prov. 

bré9il.),  545. 
Rio  Infâme,  1. 
Rio  Janeiro,  543. 
Rio  de  la  Plau  (fleuve), 

512 
RioNiipo,  544. 
Rio  Pongo  (fleuve  et  pays), 

199. 
Rioja  (province  argentine), 

542. 
Riponfalls  (ou   cataractes 

de  Riponi,  134. 
Rodriguez  (ile),  300. 
Saiiaha,  12,  15,  14,  15,68 

et  siiiv. 
Saigon,  496,  497. 
Saint-Joseph  d'Androhibé, 

299. 
Saint-Martin  (territoire  de 

Colombie),  557. 
Saint-Paul  (lie),  199. 
Sainte- Catherine  (caji).  1. 
Sainte-Hélène  (ile),  ùOO. 
Sakhalin  (Ile  de),  444,  457 

et  suiv. 
Salaga,  212-218. 
Salomon  (archipel de),  526. 
Samarcande,  4()  1,402. 
Samoa  (groupe  de),  526. 
Sandarbans,  d7n. 
San  Francisco,  534. 
Sangkol  (ou  fleuve  Rouge 

au  Tongkin),  497. 
Santa  Catharina  (province 

brésil  ),  543. 
Santa  Lucia  Gotzumal-gua- 

pa,  535. 
Santiago  (iles  du  Cap- Vert) , 

300. 
Santiago  de  Cuba,  556. 
Sa  vanna  h,  b.34. 
Scilly  (iles).  526. 
Sebkhat-tl-Melah,  68. 
Séchelles     ou     Seychelles 

(iles),  300. 
Sédamphan  (ou  Sedampon, 

rivière),  502. 
Sénam  tripolilains,  10. 
Sénégal   (fleuve  et   colo- 


nie;»), 137,  198  et  suiv. 
Sékégambie,  198  et  suiv. 
Sératchân,  401. 
Seto-Utcbi  (mer  intér.  ja- 
ponaise). 487. 
Sfax  ou  Sfak's,  11. 
Shans  (trihu),  495. 
Shigatze,  385. 
ShoaMoru.  Voy.  Ckoa  Mo- 

rou. 
Shueli  (vallée  de),  471. 
Sibérie,  457  et  suiv. 
Sibérie  orientale.  457, 458. 
Sierra  Leone,  199. 
Sinaï  et  Péninsule  sinaïti- 

que,  59,  328,  332.  34t- 

34». 
Singapore,  497. 
Sîwah,  105  et  suiv. 
Skikokou  (ou  Sikok,  ilede), 

489. 
Smithsund,  552  et  suiv. 
Smyma,  327. 
Socotora  ou   Sokotra  (ile 

dei.  100. 
Soghd  (ou  Sogdiana),  398* 
Sokotra    ou  Sokotora  (lie 

de),  100. 
Somâli  (peuple).  Yoy.  Ço- 

mdli. 
Soudan,  69  et  suiv.,  96  et 

suiv. 
Souk-Abras,  14. 
Sources  du  Ml,  99, 100. 
Soûs  (province  de),  16  et 

suiv. 
Spilzberg,'552  et  suiv. 
Springbock    (  miss,    afric. 

austr.),  25o.  ' 
Stung-Baroung  ou  Stoung- 

Cliiml,  505. 
Stunu-Sen  (rivière  ),  502, 

503. 
Suez  (canal  de),  15,  58. 
Sumatra,  501  et  buiv. 
Synnadia,  327. 
Syrie,  328. 

Syrtes  (les  deux),  10. 
Tackazzee  (lleuve),  97. 
Tâfelbcrg  (mont  du  rap  de 

Bonne-h>pér.).  235. 
Talifou,  471,  47i. 
Tamnat-Senang  (Malacca), 

Tanganyika  (lac),  251  et 

suiv. 
Tanger,  15, 16. 
Tangoul  (pays  et  peuple), 

Taiich'kent,  404. 
Tasmanie,  515. 
Taûgas  (tribu  ouïghoure). 


yGoogk 


614 

Tchad  (lac),  iOO. 
Tch^rémiftses,  396. 
Tchintchoclio,  i41. 
Tcbouvachet,  398. 
Tcliulym  (rivière),  459. 
Tédû  (tribu).  70. 
TeheniD,  360. 
Tendelti,  96. 
Tengri  Nor  (lac),  365. 
Terre  de  Feu,  5-il. 
Terre  François-Jos..  553. 
Terre  Sainte,  318  et  suit. 
Texas,  533. 
Thami^ad,  14. 
TuÉBAÎDB  {déêerl  de  ia), 

56  et  suiv. 
Tiltaguy   (riT.  du  Brésil), 

544.545. 
TiBBT,346et  SUIT. 
Tlemcen,  14. 
Todas  (tribu),  376. 
Tombouctou,  69, 196.204. 
Tonga  (groupe  de),  5W. 
Tongking  ou  Too-Kio,  496 

et  suiv. 
Toronto,  531. 
Tougourl,  66. 


TABLE  ALPUABETIQUE. 

Touareg-Ahaggar  (tribu), 
69. 

Touareg-Asdier  (  peupla- 
de). 10. 

Transasiatique  (cheuiin  de 
fer),  321  et  suit. 

Transcaucasie ,  343  et 
suiv. 

Transwaal,  254,  294-296. 

Tripolitaine.  8  et  suiv. 

Troade,  TroiOt  327 . 

Tuamotous  (lies  des),  526. 

Tunisie.  8  et  suiv. 

Turan,  Turaniensi  399. 

TurcoDiane  (steppe),  401, 
4.'>4-437. 

TuRKESTAiv.  400,  404,  405. 

TuRQoiB  d'Asie,  327. 

Ugauda,  132, 181  à  184. 

Ukéréwé  (lac).  Voy.  Victo- 
ria Nyanaa. 

Urondogani,  134. 

Uruguay,  543. 

Uzbeki.'tan,  398. 

Vanikoro(ile),  526. 

Venescueia,  536  et  suiv. 

Victoria  (colonie),  515. 


Yictoria  Nyanza  ou  Uké- 
réwé (lac),  132  et  suiv. 

Virginie.  532. 

Volta  (fleuve),  200,  205, 
220. 

Wadal,2?3, 234-241. 

Walda  (Whydah),220. 

Wilmington,  S34. 

Winnipeg  (lac),  555. 

Wiadivostok,  462. 

Yangtsé-Kiang,  470,  484- 

Vellowstoue-River,  533. 

Yénisseï,  459,  ASO,  462- 
465-467. 

Yûnnan  (province),  471. 

Zafranboly,  327. 

Zaïre  (fleuve),  137.  141, 
257  à  277.  Voy.  Congo. 

Zambesi  (fleuve)  et  les  chu- 
tes de  Victoria,  25:2, 
25.>.  2.57-277. 

Zauzibar,  132  et  suiv.,  138, 
139,  143,  lU,  185, 186. 

Zébou  (ou  Cébou,  Philip- 
pines), 506. 

Zeila,  99,  110, 114  et  suiv. 


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[19091].  —  PAIUS,  TYPOGRAPHIE  LAHURE 
rue  de  Fleurus,  9. 


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