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L'ANNÉE
GÉOGRAPHIQUE
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A LA 1£1E LIBRAIRIE
L'ANNÉE GÉOGRAPHIQUE
REVUE ANNUELLE
MS TOfACCS BB TDU BT M IKl
»cs nnoBATioJs, husioxs, relatiobb et mucinoss ntskes
■EUinvES An soEXCEs cÉoMAfaïQns ET EnsKEAramccs
I8€S 1876
M. VIVIEN DE SAINT-MARTIN
Picsideiit hononiie de la Société de géosnpIiM
(14 AKKiES El 13 TOLimS. ^ LES AHKEES 1870 ET 1871 EE POEMBHT QU'CR TOLUHE)
CUmtimm v«l«aM kraehé ■• yr^mà ■ipwri— 1, S Cr. S# O.
LA DEUXIÈME SÉBIE DE l'ANRÉE GÉOGRAPHIQUE EST PUBUfE
DEfOIS 1876 PAS lllf. MadNOIE ET DUTETRISa
Typographie Laliurc, ruo de Fleuras, 9, à Paris
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L'ANNÉE
GÉOGRAPHIQUE
REVUE ANNUELLE
DES VOYAGES DE TERRE ET DE MER
DES EXFLORATIOKS, MISSIOKS, RELATIONS ET FCBUCATIOKS DIVERSES
REUTIVE8 AUX SCIENCES GÉOGRAPHIQUES ET ETHNOGRAPHIQUES
0easlèiiie Série
PAR
C. MAUNOIR & H. DUYEYRIER
Tome I de la 2* série
(QUINZIÈME ANNÉE, 1876)
^ PARIS
LIBRAIRIE HACHETTE ET 0«
79| BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
4878
' 3roiU d« propriété «t d« traduction réMTfia
yGoogk
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Sol
yGoogk
Chargés désormais de rédiger TAnnée géographique,
nous ne saurions commencer mieux ni. autrement qu'en
remerciant M. Vivien de Saint-Martin : tous ceux-là
qu'intéresse l'étude du Globe, ont une dette de recon-
naissance envers l'homme dont le savoir a, pendant
quatorze ans, donné à V Année géographique une valeur
que notre ambition sera de lui conserver. Si les lecteurs
n'ont pas trop à se plaindre du changement, ils le
devront encore à M. Vivien de Saint-Martin qui, absorbé
par d'autres travaux d'une considérable importance
géographique, veut bien cependant nous accorder les
conseils de son expérience et de sa profonde érudition.
Le changement dans la rédaction a été la cause du
relard apporté à la publication du présent volume. Le
volume de 1877 sera publié aux environs du mois de
juin prochain et les volumes suivants paraîtront au
L'A!IV£e 6É0GR. ZT. A
F"
commencement de chaque année. Nous espérons que
M. Ernest Desjardins, de l'Institut, voudra bien se
charger d'y traiter les questions relatives à la géographie
ancienne.
Les Rédacteurs de VANNÉE GÉOGRAPHIQUE
yGoogk
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES
AFRIQUE
I. Généralités. — Histoire des découvertes. — Bibliographie. 1
' Le livre de If .' lé docteur tl. Hartmann ' sûr les races arrjcaines. 3
II. Nord de l'Afrique. La Berbérie tripolitaine, Tunisie, Algérie,
Maroc 8
Explorations françaises dans le Maroc. Travaux géographiques de
M. Tibsot et de M. Beaumier. i- Découvertes archéologiques
importantes dans le nord-ouest du Maroc« — Itinéraire et dé-
couvertes archéologiques du rabbin Mardochée . 16
La géodésie de l'Algérie et rhydrogrâphiè de la grande Syrte ;
nouveaux travaux de M. le chef d*e5cadron d'état-major Perrier
et de H. le capitaine de vaisseau Mouchez • • . 34
Les monts Aou'râs. Exploration historique, archéologique, ethno-
graphique et linguistique de M. Emmanuel Masqueray. Étude
sur l'oasis de Negrin et les ruines romaines de Besseriftni, par
lé capitaine Baudot. La limite sud de Toccupation romaine
dans la province de Constantine. 39
Les résultats scientifiques de la mission des Ch'ott du Sahara de
Constantine, commandée par le capitaine Roudaire. Sa nouvelle
mission aux Chott du Sahara tunisien. État de la question de
l'ancienne mer intérieure. « ...••'•• SO
m. Egypte et Nubie. Désert de la Thébaïde. — Bibliographie. . 58
La phase actuelle des conquêtes de l'Ésypte du côté de l'Ethiopie,
dans la Kigritie intérieure et dans l'Afrique équaloriale. ... 59
Les fouilles de M. Mariette-Bey, à Karnak. Le plan de l'ancienne
ville égyptienne.' ..'••.••. 61
Découvertes dans le désert de la Thébaïde, par MM. le docteur
Schweiufurth et Gûfsfeldt 65
IV. Sahara et désert liby que. — Bibliographie 68
a, au sud de l'Algérie,
\ son premier voyage à
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Les explorations françaises dans le Sahara, au sud de l'Algérie,
contiuuées. M. Largeau, les résultats de son premier voyage à
,v TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
Ghudàmès. Son deuxième voyage nvec M. Louis Sa y. Projet
d'exploratioQ du Ahaggar, par H. L. Say. Ses itinéraires tracés
dans le pays des Cha' ânba 71
Le Sahara occ dental ; le projet de mer intérieure et les projets
de chemin de fer et de ligne télégraphique à travers le Sahara. 82
Le Sahara oriental ou désert lihy(|ue; les travaux de l'expédi-
tion scientifique de MM. G. Rolilfs, Jordan, A&chersou et Zittel. 88
Y. Ethiopie, côtes des Ad'Ali et des Çomâll. Mer Rouge. — Bi-
bliographie 00
Les plus anciennes données sur la géographie de l'Ethiopie et des
pays des Ad'Ali et des Çomâli. découvertes par H. Narielte-Bey.
Espérances fondées sur le déchiffrement des textes géographi-
ques en hiéroglyphes 101
Voyages et découvertes de BI. de lleuglin au pays des Benî* Amer et
des Habâb, et exploration du Khdr Baraka, par le docteur Jun-
ker 107
Expédition itilienne du marquis Antinori vers l'Afrique équato-
rialc. Ses pénibles débuts à Zeiia'. Son arrivée au Ghôwa. . . 114
La relation du voyage de M. Haggenmacher au pays des Çomâli en
1874 120
YI. Afrique équatoriale. Bassin du Nil en amont de Khartoum.
Zanzibar. L'Ogowé. — Bibliographie 132
L'exploration des deux grands réservoirs du Nil complétée. Achè-
vement de la navigation le long des rivages du Niyanza, par
M. Henri Stanley ; son voyage au Loûta-Nzidjè 141
Première reconnaissance d'une grande partie du LoAta Nzidjé par
" M. RomoloGessi. 174
Ernest Linant de Bellefonds et le colonel Ghaillc Long Bey sur le
haut Nil Blanc. Les missions chrétiennes dans l'Afrique équato-
riale. 179
Les expéditions dans l'Afrique équatoriale parle cours de l'Ogôwé.
Expédition française de MM. Savorgnan de Brazza, Marche et le
docteur Ballay. Expédition allemande du docteur Lenz. . . . 187
Voyage du docteur Lenz sur l'Ogôwé et ses affluents ; il revient
en Europe .'.••.'•« 193
Vil. Sénégambie. Côte de Guinée. Bassin du Kwara ou Dhioli-Ba.
— Bibliographie 198
Études de H. le général Faidherbe sur la langue poul 201
Proposition d'échange des possessions de la Gambie<'et de la côle
de Guinée entre l'Angleterre et la France. • . . '• 205
Les voyages de M. Bonnat chez les Achanti. Sa découverte du
cours supérieur du fleuve Volta. Le marché de Salaga visité
pour la première fois ; son avenir 20.H
' Lès Anglais sur l'a tôle dé Gufnée et' sûr le Kwâra 220
YIII. États musulmans* de la Nigritie intérieure. — Bibliographie. 222
Travaux deTétat-major égyptien dans le Kordofàn. Reconnaissance
du colonel Golslon, de Dabbé àEl-Obeïd. Reconnaissance du com-
mandant Prout dans la partie est du Kordoffln ; nouvelle carte de
cette province par le lieutenant Uâhir 225
yGoogk
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES. ▼
Le Ouadaï et le Fdr, etc., d*après le docteur Nachligal 254
La conquête du fàt par l'Egypte; données pi*écieuse8 pour la gco-
■ g:i'aphie. ..-.•.•.■.'. 247
IX. Afrique australe* — Bibliographie 251
Suite et fin du voyage du lieutenant Cameron. Nouveaux lacs du
bassin du Zaïre. Premiers affluents du haut Zambézi 257
Lac Kyab&a connu .touL entier. Ses limites au nord par M. Youiig.
. La mis&ion protestante de Livingstunia 277
L'aridité de l'Afrique australe étudiée par M. Brown 283
Le livre posthume de G. Andersson sur le pays des Uéréro et le
. fleuve Cunéné 285
M. Merensky au Tran»vaal. Le docteur £. Uolub au sud du Zam-
, bé*i 287
EvçnemenU politiques au Transvaal. — Projet d'éublissement
. d'up télégraphe dans toute la longueur de l'Afrique 294
X. Madagascar. Iles d'Afrique. L'Atlantide. — Bibliographie. . 298
Commencement de la publication des travaux de M. A. Grandidier
sur Madagascar. 301
La catastrophe de rUe de la Réunion 306
L'Atlantide 3U8
X|. I^ [Gôntérence géographique de Bruxelles, les explorations à
• venir. ^ Bibliographie 311
ASIE
I. Le chemin de fer transasiatique 521
H. Asie Mineure. — Bibliographie^ < . . . . 327
m. Palestine. Syrie. Liban. Sinaï. — Bibliographie* ..... 328
Pescription de Ja Palestine par M. V. Guérin 333
Travaux du Palestine Exploration Fund 337
Le Liban. 339
La péninsule sinaïtique. , '. ', : . . 340
Montagnes des Édomites 342
IV. Cauéase. Arménie. — Bibliographie. .-•• 543
Y. Mésopotamie. KoOrdistân. -^Bibliographie 348
Le voyage de M. Cernik en Mésopotamie 349
VI. Arabie. — Bibliographie. ..'....... 356
Yll. Perse. Afghanistan. — Bibliographie 357
Géographie physique de la Perse 561
Eut des connaissances géographiques sur l'Afghanistan .... 363
VIII. Inde. — Bibliographie 370
L'Ile de Ceylan 379
yGoogk
VI TABLE ANALYTIQUE DES HATlËhES.
IX. Tibet. — Bibliographie 384
Anciens voyageurs au Tibet. 586
Récentes découvertes du pandit Na'ïn-Singb, au Tibet 392
X. Asie centrale. Kasgliarie. Khokand. Boukharie. KhiTa. Ré-
gion aralo-caspienne. — Bibliographie 597
Les voyages dans l'Asie centrale 405
L'ambassade britannique à Khasgar 409
Le rapport de sir D. Forsyth sur sa mission à Kashgar 415
La nouvelle province russe de Ferghanah 419
Historique des voyages dans la région aralo-caspienne 426
Lesc hangements de niveau de la mer d'Aral et de la mer Caspienne. 431
Liaison de la merd'Azof à la mer Caspienne 435
La steppe et les Turcomans •••• 434
. L'Ousboî, ancien cours de l'Amour-Daria • . 437
L'expédition militaire des Russes sur le Pamir 440
XI. Mongolie. Mandchourie. —Bibliographie 442
Voyage projeté de M. Potanine en Mongolie. • • • • 444
Cartes chinoises et mongoles de la Mongolie 446
L'expédition du capitaine Sosnovski-à travers la Chine et la Mon-
« golie • "118
Voyage du colonel Prjevalski au Kou-kou-nor. •••••••• 452
XII. Sibérie. Région de l'Amour. Sakhalin. — Bibliographie. . 457
Voyage de M. Czekanowski sur la Lena et l'Olenek 46i
M. Nordenskjôld aux embouchures de l'Yenisséi 465
Expédition scientiûque allemande à la presqu'île desSamoyèdes. 467
XIII. Chine.— Bibliographie 469
L'émigration chinoise 474
Les inondations du Fleuve Bleu 484
XIV. Japon. Corée. — Bibliographie. . 487
Ambassade coréenne au Japon ••;..•• 492
XV. Presqu'île indo-chinoise, Birmanie. Cochinchine. — Biblio-
graphie • * • 494
Voyage du docteur Harmand * 498
XVI. Archipel malais. — Bibliographie 501
Périple de l'île de Bornéo. î>07
yGoogk
Table analytique des matières. tu
OCÉANIE
I. Australie. — Bibliographie 511
II. NouYelle-Guinée. — Bibliographie 517
Les explorations en Nouvelle Gainée 520
III. Iles du Pacifique. Iles australes: — Bibliographie 525
AMÉRIQUE
I. Histoire des découvertes. — Bibliographie 52d
II. Amérique anglaise. Canada. — Bibliographie 530
ni. États-Unis. — Bibliographie 552
lY. Mexique. — Bibliographie 534
Y. Amérique centrale. — Bibliographie 535
YI. Antilles. — Bibliographie 535
Al). Cuî.Yenezuela. Colombie. Equateur. — Bibliographie. 536
TIII. Pérou. Bolivie. — Bibliographie 53 9
IX. Chili. Patagonie. Confédération Argentine. —Bibliographie. 540
X. Brésil. — Bibliographie 543
Les opérations géodésiques au Brésil ••.•• 546
Les communications fluviales du Brésil. • • • 547
RÉGIONS POLAIRES BORÉALES
Bibliographie 551
Expédition polaire anglaise. ••,•••••• 555
NÉCROLOGIE
Arconati-Yiscônti, Baer, p. 571. — Barth Harmating, Beaumier, p. 573.
Bêcher, Bollaert, p. 575. — Buchholtz, Buschen, p. 576. — Cabal-
lero, Cornelissen, Czekanowski, p. 577. — Dalrymple, p. 578. — Be
ibyGoogk
III TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
voulx, Ehrenberg, p. 579. — Fênyes, p. 580. — Forbes, Fôtterle,
Fournel, p. 581. — Fromentin, p. 582. — Ghillany, Gunglaugsson,
Haggenmacher, p. 584. — Harcus, de Heuglin, p. 585. — James,
Jellinek, Keil, King, p. 587. — Lane, Linant de Bellefonds, p. 588. —
Lucas, p. 589. — Meinicke, Mohr, p. 590. — Morlang, Munthe, Ne-
welski. Perron, p. 591. — Petermann, p. 592. — Pfund, Primau-
daie, Prokesch von Osten, p. 593. — Rebmann, 594. — Sa da Ban-
deirà, p. 595. — Sainte-Glaire Deville, Sartorius de Waltershausen,
Poutett Scrope, p. 500. — Smith, Strange, p. 597. — Ule, White,
>Vuttke, p. 598. — Zichy, Baines, Dal Yerroe, p. 599.
yGoogk
L'ANNÉE
GÉOGRAPHIQUE
1876
AFRIQUE
I
GÉNÉRALITÉS. HISTOIRE DES DÉCOUVERTES. BIBLIOGRAPHIE
1. Géographie générale. Description physique, politique, adminis-
trative, géographie historique, topographie des lieux célèbres,
histoire naturelle, caractères physiques des peuples, mœiu*s,
coutumes, reUgions. il/W^tie, 2 vol. in-8. Bar-le-Duc^iSl^.
2. Derrotero de las costas occidentales de Africa, redactado en la Direc-
tion de Hidrogratia con presenciade las puhlicaciones mas recientes ;
comprende desde Gabo Espartal hasta Sierra Leona. 1 vol. in-4,
avec 12 pi. Madrid, Fortanet, 1875.
3. GoDiifE (J.). Découverte de la côte d'Afrique, dspuis le cap Sainte-
Catherine jusqu'à la rivière Great Fish (Rio infante), et padrons
plantés sur cette côte par les Portugais pendant les années 1484-
1488. Bulletin de la Société de Géographie de Paris, janvier,
février et mars 1876, réuni en brochure in-8, Paris^ Maininet,
1876.
4. Hercier (E.). Histoire de l'établissement des Arabes dans l'Afrique
septentrionale, selon les documents fournis par les auteurs arabes,
et notamment par Thisloire des Berbères d'Ibn Khaldoûn. 1 vol.
in-8, atecdeux cartes. Constantine et il/^er (Juillet Saint-La ger],
1875. •
L'AKHÉI OÉOUR. XV. Digitized by aOCglc
2 AFRIQUE. N" 1-15
5 . GHAVAimB (le docteur Joseph) . Gentral-Âfrika nachdem gegenwSrtigen
Stande der geographischen Kenntnisse. Mittheilungen der k. k,
geographnchen Geselhchaft in Wieriy grand in-S, 7t p. Vienne^
1876. ^
6. Durand (Fabbé). Les explorateurs du centre de rÂfdque, brochure
in-8. Paris, 1876.
7. ScHWEiiïFDRTH (lo doctcur G.]. L'explorazlone dell* Âfrica setten-
trionale. Cosmoè di Guido Cora, t. III, 1876, p. 278.
8. BoHLFs (G.). BeitrâgezurEntdeckungundErforschungAfrika's.Be-
richteausdenJabren, 1870-1875. 1 vol. in-8. Leipzig, Dûrr, 1875.
Le docteuc Gérard Bohlfs a réuni dans ce Tolnme un choix d'articles
consacrés à des épisodes de ses longs et hardis voyages dans divurses
parties de l'Afrique, et à des études sur certains pays ou groupes de popu-
lation. Nous signaloD« comme les plus intéressants les chapitres suivants :
Les constructions de l'Afrique, chapitre ii; Lagos, chapitre n); Les monts
Gora (situés entre le Tsâd et le Bénoué), chapitre iv; Les relations sociales
chez les Marocains, chapitre t; Les mœurs des Berbères du Maroc, cha-
pitre Yi; Esquisse ethnographique des nomades du Maroc, chapitre xii.
0. E. MoHR, D' Lenz, D' Pogge und D^ von Bary. Expeditionen sur
Ërforschung Afrika's. Mittheilungen der geographischen Gesell^
schaft in Wien, t. XIX, 1876, p. 532 à 533.
10. Gat (Jean). Bibliographie des ouvrages relatifs à l'Afrique et à
l'Arabie, catalogue méthodique de tous les ouvrages fran^is et
des principales langues étrangères traitant de la géographie, de
l'histoire, du commerce, des lettres et des arts de l'Afrique et de
l'Arabie. San Remo (Italie). J. Gay et fils, 1875. 1 vol. in-8 de
312 pages.
Ouvrage des plus précieux pour tous ceux qui veulent étudier une partie
de l'Afrique.
11. Yeth (P.-J.) et Kan (G.-M.). Bibliografîe van nederlandsche boe-
ken, brochures, kaarten enz. over Afrika. Aadrijkskundig Genoot-
schâp gevestigt te. Amsterdam, 1875, n" 7, p. 300-311.
12. Catalogue de la bibliothèque de feu M. Henri Fournel. 1 vol. in-8.
Paris, ChQssonery, 1876.
La biUiothèque de M. Fournel ne contenait pas moins de mille vingU
huit ouvrages, parmi lesquels figurait une précieuse collection de livres et
de brochures anciens et modernes, relatifs à l'Afrique , choisis par ce
connaisseur érudit. Cette collection unique vient d'être dispersée par les
enchères, mais son catalogue rendra encore service & beaucoup de tra-
vailleurs.
13. Ddff Gordok (Lady). Last letters from Egypt ; to which are added
letters from the Cape. With a memoir by her daugther Mrs. Boss.
2« édition. 1 vol. petit in-8. Londres, Macmillan et C'% 1870.
yGoogk
ETHNOORÂPHIE. 3
14. HARnrAnN (docteur Robert). Die Nigtitier, eine anthropologisch-
ethnographische Monographie. Tome I*% 1 vol. grand in-8 ayec
52 pi. lithographiées et 3 ^av. sur bois. Berlin, Wiegand, Hem-
pel et Parey, 1876.
15. KiEPERT (H.). Physikalisthe Wandkarte von ifrika. Berlin, Rei-
mer, 1875.
Le livre de H. le docteur Robert Hartmann sur les races africaines.
On voit rarement les hommes qu'a entraînes la passion des
lointains voyages de découverte, arriver ensuite à ce calme
indispensable pour synthétiser les résultats de leurs observa-
tions, en les rapprochant des résultats acquis par leurs pré-
décesseurs sur le même terrain. Le docteur Robert Hartmann,
qui fut en 1860 le compagnon de voyage du baron Adalbert
von Barnim sur la rivière Abbay et chez les nègres Bertât, est
une de ces exceptions. Il a publié cette année, sous le titre de :
Die I^igritier {n? 14), une monographie anthropologique et
ethnologique des races africaines à la peau de couleur foncée ;
et s'il a choisi ce titre : Les habitants de la Nigritie, c'est pour
éviter d'employer le^ mot de nègres^ dont on a abusé selon lui^
Il est certain que beaucoup de voyageurs, de missionnaires et
d'écrivains, ont confondu, sous le nom de nègres, des races qui
n'ont aucune parenté entre elles. Nous citerons ici les Koï-
koïn ou Hottentots, les Foûlbé, les Haousa, les Bantou et les
Mâba comme exemples d'autant de peuples, ou de grandes
familles des habitants de la Nigritie, entre lesquelles on cher-
cherait vainement de ces caractères communs, physiques, in-
tellectuels et linguistiques, qui ont permis, ailleurs, de faire
rentrer dans un même groupe, soit les peuples indo-européens,
soit les peuples sémitiques, soit les peuples tatars, etc....
Bien que le docteur Hartmann s'attache plus particulière-
ment aux habitants de l'Afrique dont le pigment colore la
peau d'une nuance plus ou moins foncée, il ne laissera pas do
côté les peuples blancs. L'ouvrage aura deux volumes, dont le
4 AFRIQUE. N- 1-15
premier traite de ce que l*auteur appelle les préliminaires du
suj^t, et dont le second contiendra un tableau physique, an-
thropologique et ethnologique, en un mot, l'histoire naturelle
des races africaines. Un tel sujet est des plus vastes et suffirait
à occuper toute la vie d'un homme, en supposant, surtout, que
les voyages se succéderaient assez rapidement pour apporter
les documents qui manquent encore sûr beaucoup de popula-
tions de l'Afrique. Aussi le docteur Hartmann prévient-il que
tout' en embrassant dans son ouvrage toutes les races afri-
caines, il étudie principalement les races du nord-est du conti-
nent, celles sur lesquelles il a fait lui-même des observations.
Le docteur Hartmann a accimoiulé dans son premier volume
une masse énorme de faits, qui témoignent d'un très-grand
labeur, et qui épuisent pour ainsi dire la littérature relative
à l'Afrique ; ce livre restera comme celui du docteur Fritsch :
Die Eingeborenen Sûd-Afrika*s, une des sources auxquelles
devront recourir les hommes qui se préoccupent de l'ethnogra-
phie^ africaine. Mais il semble que la prudence commande de
faire un choix dans ce livre, et tout en en acceptant, comme
parfaitement exacte, la partie relative aux peuples du nord-est
étudiés par le docteur Hartm^aun, d'aborder avec plus de réserve
celle où les observations d'autres voyageurs ou d'autres savants
sont mises à contribution : peut-être ont-elles été un peu trop
détournées de leur portée véritable, dans l'intérêt des vues
générales de l'auteur.
On en voit un exemple dans la division que M. Hartmann
esquisse des peuples de Test et du centre de l'Afrique au nord
de réquateur. l\ les divise en trois races seulement : La pre-
mière est de couleur claire légèrement brune, et elle a les che-
veux lisses ; elle comprend les Berbères des États riverains de
la Méditerranée, les Barâbra de la Nubie et les Rétou ou an-
ciens Égyptiens ainsi que leurs descendants, les Coptes. La
deuxième race renferme les peuples dont la peau est colorée en
brun, variant du noir au jaune ou au rouge, et dont les cheveux
sont le plus souvent lisses, rarement crépus. Le docteur Hart-
ETimOGRAPHIE. 5
mann y range tous les rameaux de la famille Bedja : les Éthio-
piens, les Chobo, les 'Âfar ou Danâqil,lesÂbabdé(ou Bëdja pro-
prement dits), les Bicharin, et les tribus des Baggâra, desHonir
et des Ghouâ, qui élèvent la prélentîonà uae généalogie arabe, et
qui seraient bien réellement des descendants de Qahtân. La troi-
sième race, enfin, comprend les véritables Nègres, à cheveux
laineux, à pigment très-foncé et à figure plate. Toujours d'après
notre auteur, les Tédâ du Sahara et lesNoCiba deKordofân, les
Monboutlou, les Fân, les Foûlbé et les Çômâli occuperaient
des places intermédiaires entre la première et la deuxième, et
la deuxième et la troisième race.
Nous sommes heureux de voir affirmer cette parenté des
Berbères avec les Rétou qui habitaient anciennement TÉgypte ;
nous l'avions signalée dès 1861, dans un travail inséré depuis
au Bulletin de la Société khédiviale de Géographie (deuxième
numéro) et dont M. Hartmann ne pouvait avoir eu connais-
sance. Hais convient-il de faire des Barâbra des parents des
Berbères blancs? La similitude des noms de ces peuples a
exercé une influence fâcheuse sur l'esprit de beaucoup d'au-
teurs. Les Barâbra, d'après la description qu'en a donnée ailleur
le docteur Hartmann lui-même *, sont d'un brun bronzé, qui
passe tantôt au brun-chocolat, tantôt au brun-cannelle et même
au brun noirâtre ; le plat de la main et la plante des pieds
sont plus clairs ; les ongles, au contraire, sont d'un brun d'agate.
Leur transpiration exhale une odeur forte, et leur développe-
ment complet n'est pas aussi précoce que celui des paysans
égyptiens. Parmi ces caractères, il en est deux, celui de la
couleur de la peau et celui de la transpiration, qui, séparant
nettement les Barâbra de la Nubie des Berbères de l'Algérie,
du Maroc et du Sahara, placent les premiers danè les races
nègres. Un autre fait d'une importance considérable, la diffé-
rence complète des deux idiomes, s'ajoute au précédent pour
exclure toute idée de parenté entre les Barâbra et les Berbères
1. Naiurhiatorisch-medizinische Skixze der Nillânder. Leipzig, 1865, p. 258.
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a AFRIQUE. N-1-15
de Fouest : Imôhagh, Imazighen, Mâzerh, etc. Ces derniers ont
la peau blanche, les ongles blancs et une transpiration de race
blanche, sauf dans les cas où il y a eu mélange de sang nègre.
La classification de tojiles les races nègres proprement dites
en un seul groupe est également attaquable. Pour ne citer
ici que quelques exemples pris dans les habitants du bassin du
Dhiôli-Ba et du Tsâd, c'est*-à-dire sur une partie très-circon-
scrite de la Nigritie, comment faire entrer dans un même
groupe le Haousa de Katsena ou de Kanô et le Sonrhay de Gôgô,
le Wakorê et le Kanoûri, le Mâba et le Mousgou, etc., etc.?
Voilà six peuples qui, pour nous, appartiennent à six races
distindtes, dont chacune a son type de visage, ses aptitudes,
presque toujours aussi sa nuance de couleur ; chacune d'elles
parle une langue aussi différente de celle des autres, comme
vocabulaire et comme grammaire, que le français diffère du
tibétain, le basque de Tarabe, ou Tesquimau du tchéroki.
Quant aux Çômâli, aux Foûlbé, aux Fân et aux parents de ces
derniers, lés Monbouttou, dont l'auteur veut faire des groupes
de transition entre ces trois grandes races, ces peuples, comme
tant de subdivisions du deuxième groupe, représentent trois
races, sans lions entre elles, comme sans parenté avec les
nègres du bassin du Nil ou avec les autres groupes que nous
avons nommés. '
L'un des plus curieux chapitres de ce savant ouvragç est
consacré aux monuments, témoins du passé et reliques d'an-
ciennes civilisations, autres que la civilisation égyptienne. Le
docteurHartmann considère commetelles les ruines de Kermân,
dans le pays de Dongola, la nécropole composée de tumulus sur
le' Djebel Maman, entrç Sawâkin et Kassala, les cuvettes
taillées dans le roc pour piler le grain, au Djebel Mandera, au
Djebel' Sagâdi et à Doull Werkât, les grottes taillées de Qol-
dadji, enfin les sculptures du Djebel Harâza. Bien loin de la
Nubie, du Senâr et du Kordofân où^e trouvent ces monuments,
on en a découvert d'autres dont la présence est beaucoup plus
difficile à expliquer. Ce sont ces zimbaoéou. zimbabye (c'est-à-
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ETHNOGRAPHIE. 7
dire : résidences roples) que nous connaissons mieux mainte*
nant, par \e Toyageur Charles Hauch, et que les anciens
historiens portugais, De Barros notamment, avaient men-
tionnées il y a plus de trois cents ans, dans les pays de Bou-
toua et de M|ina-Mtâpa (Monomotapa) ; ce sont encore les an-
ciens tombeaux et les installations pour exploiter le mi[ierai
d'or dans le quartz du canton de Tati ; les ruines splendides,
près des collines de Malopopo dans le pays des Malabélé, dé>
couvertes par le capitaine Walmsley; les sculptures du Taddi
d'dja MVangou sur le fleuve Zaïre. Tous ces derniers monu-
ments ne sont pas encore bien connus, mais il est- remar-
quable qu'on les trouve presque tous dans des pays dont leç
habitants actuels ne s'appliquent ni à l'architecture ni à la
sculpture, tandis que quelques autres tribus de l'Afrique : les
Soaqwa, les Koï-koïn, les Héréro, les Betchouâna, les Sandê,
les Djoûr, les Dôr, les Achanti et les gens du Dahômé, se distin-
guent, au milieu de la nullité artistique commune à tous leurs
voisins, par les peintures ou les dessins gravés dont ils ornent
les rochers et les grottes de leurs pays, leurs demeures et leurs
ustensiles de ménage.
Ici se pose une question : ceux de ces monuments qu'on a
trouvés au sud de l'équateur, chez les Soaqwa, les Koï-koïn,
les Héréro et les Betchouâna, sont-ils les œuvres de ces peuples,
aujourd'hui pour la plupart très-dégradés ? sont-ils plutôt les
œuvres de races qui auraient disparu du sud de l'Afrique? Le
docteur Hartmann n'y donne pas dé réponse, et il est vraisem-
blable que la question comporte une solution complexe. Certains
monuments sont dus à une immigration étrangère, aujourd'hui
disparue; d'autres, au contraire, attestent une période de
civilisation chez quelques races africaines, retombées ensuite
dans la barbarie.
Le premier volume des Nigritier du docteur Hartmann
suit les phases de l'industrie et du commerce des peu-
ples de l'Afrique, depuis l'âge des instruments en pierre,
et depuis les premières tentatives de commerce au long cours
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8 AFRIQUE. N- 16-91
révélées par l'histoire ou par des preuves matérielles. Les
migrations des peuples sont l'objet d'une étude intéressante
où apparaît l'influence des grandes invasions militaires, aussi
bien que celle des conditions naturelles qui forcent maintenant
encore une partie des habitants du continent africain à rester
nomades. L'auteur passe enfin en revue toutes les races connues
de TAfrique, résumant pour chacune ses traits caractéristiques
d'après les éléments réunis par les voyageurs, les peintres et
les historiens.
Ces chapitres de préliminaires sont un volumineux répertoire
des faits et de^ rapprochements de détail, indispensables pour
dominer un sujet ardu et complexe s'il en fut. Nous espérons,
pour les progrès de l'ethnographie africaine, que le savant doc-
teur achèvera son travail, et nous attendons avec intérêt le
second volume où doivent être synthétisés les faits étudiés
dans la première partie de l'œuvre. Nous ne doutons pas que,
par la suite, M. Hartmann ne .modifie quelques-unes des
appréciations enregistrées^ dans le premier volume, et qui
pourraient nuire aux conclusions générales de l'œuvre.
II
NORD DE L'AFRIQUE. LA BERBÉRIE
TRIPOLITADCB, TUNISIE, ALGÉRIE, MAROC
16. FoDRNEL (Henri). LesBerbers. Éhides sur la conquête deTAlgérie
par les Arabes, 4'après les textes arabes imprimés. Tome i«', gr.
in-4, XX et 609 p. Paris, Leroux, 1875.
Cet ouvrage, qui contient le résultat de longues et patientes rechercbes,
est le premier essai d'un groupement raisonné des faits de l'histoire des
Berbères, h partir du moment où commença en Afrique la domination
cartha^rinoiife (818 avant notre ère). M. Fouruel n'hésite pas h admettre
que les Berbères sont une race aulochlhone. 11 exitmine le rôle qu'ils ont
joué aux points de vue politique et religieux. Le premier volume, qui
conduit le lecteur jusqu'au dixième siècle de notre ère , est important
surtout par les résultats de l'étude approfondie d'une des phases les plus
obscures jusqu'ici de l'histoire des Berbères, celle qui correspond à la fin
yGoogk
U BBRBÉRIE. 9
de la domination romaine dans le nord de l'Afriqne, aiusi qu'aux périodes
▼andalè et byiantine.
Noos signalons ici un côté très-intéressant de la Tic nationale des Ber-
bères, que le livre de M. Pournel met en lumière, qni ressort d'ailleurs de
(oate leur histoire , et dont il sera bon de tenir compte dans l'avenir.
Essentiellement attachés à leurs vieilles coutumes, amis de leur liberté et,
en particulier, de la liberté de penser, les groupes de la race berbère
, * ont une histoire religieuse qui reflète sans cesse la tendance au libre
arbitre, à la discussion des principes et à la recherche de la vérité. Les
inscriptions latines de l'Algérie nous donnent la preuve que, dans cette
contrée, les Romains adoptèrent certains points du culte de la population
berbère, tandis que nous ne connaissons pas d'exemples du fait contraire.
Dans le deuxième siècle de notre ère, le christianisme commença à so
répandre au milieu des Berbères, et, dès le commencement du qua-
trième siècle, on assiste à la naissance de scbism'es dans les églises chré-
tienne^ de la Berbérie. L'indignité des membres du haut clergé chrétien
favorisa alors, en Numidie, l'éclosion du schisme des Donalistes, puis le
succès des Circoncellions, comme aussi un retour partiel au paganisme.
Bientôt l'invasion des Vandales apporta, avec l'arianisme, un nouvel élé-
ment de trouble dans les consciences hésitantes des Berbères. En 648 ou
649, 'Abd Allah Ibn Sa'ad, devenu maître d'Alexandrie, décide le khalife
'Othmàn I entreprendre la conquête delà Berbérie, conquête qui est com-
mencée dans les années suivantes, et dans laquelle les généraux arabes
mènent de front la conversion des habitants avec la lutte sur le terrain
militaire, de sorte qu'en 675, lorsque Stdi 'Oq))a Ibn Nâfe' construit la
célèbre mosquée de Qaîrouân, c'est déjà en vue de maintenir dans la nou-
velle foi officielle les Berbères de la Tunisie. A la même époque, Qoçella.
' chef des Berbères de l'Aouràs, qui professaient le judaïsme, est forcé
d*embra^er l'islam pour éviter la mort. Hais on voit combien peu solides
furent ces premières conversions, par un événement qui se produit bien-
tôt <: la révolte de la K&hina, prophétesse et reine des Berbères de l'Aourâs.
Les schismes musulmans, qui se développèrent d'abord dans T'irâq,
eurent ensuite, au milieu des Berbères, les mêmes succès qu'avaient eu les
schismes chrétiens. Parmi ces schismes musulmans, ceux des Çofrlya et
des Ib^dhija surtout, exercèrent sur les populations de la Berbérie une
influence qui a persisté jusqu'à nos jours dans plusieurs parties de ce
vaste pays, de sorte que nous voyons encore maintenant certains groupes
de la race blanche indigène du uord de l'Afrique rési:iter à la pression du
joug intellectuel de l'orthodoxie musulmane. Si nous nous sommes arrêtés
à cet aspect spécial des larges et intéressantes études de Henri Fournel,
c'est qu'il est etseratoujoursutile. Quanta l'œuvre tout entière, elle échappe
à l'analyse. La nouvelle histoire des Berbères restera, pour les siècles
qu'elle embrasse, une hase sûre et solide, sur laquelle on ne pourra que
greffer des monographies, développant certains épisodes, ou traitant plus
en détail les faits qui se rapportent à une localité. La question des origines
berbères est la seule que M. Fournel n'ait pas osé approfondir; il aurait
fallu pour cela quitter le terrain historique proprement dit pour passer
dans le domaine de la linguistique, où on risque fort de s'égarer si on ne
possède pas des connai:^sances tout à fiait spéciales. L'anthropologie et la
linguistique seules donnent les premiers jalons dans cette recherche où
on est guidé ensuite par les indications provenant de la comparaison des
institutions et des coutumes.
17, RocREHONTEix (marquis de la). Essai sur les rapports grammaticaux
qui existent entre l'Égyptien et le Berbère. Extrait des Mémoires
yGOOgl
10 AFRIQUE. N*» 10-91
du Congrès international des orientalistes, première session (Paris,
1873). Br. in-8, 41 p. Paris, Bouchard Huzard, 1870.
Très-bonne étude linguistique concluant, par la comparaison des
règles de l'étymologie et des formes grammaticales dans les deux langues,
à la parenté du Berbère avec l'ancien Égyptien.
18. RoHLFs (G.). Zustânde in Berberien. Zweiter Jahresbericht dergeo-
graphischen Gesellschaft in Hamburg, 1874-1875, p. 104-172.
19. TuRTON (Zouch H.). To the Désert and back; or travels in Spain,
tbe Barbary states, Itafy, etc., in 1875 and 1876. 1 vol. in-8. Lon-
dres, 1876.
20. KosTENKO (L.-Th.). Reise im nôrdlichen Afrika. 1 vol, in-8 (avec
une carte du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie, et un plan de
Carlhage). Saint-Pétersbourg, Transchel, 1876.
21. Perk (M.-A.), Zes jaren te Tripoli in Barbarije. 1 vol. gr. in-8,
294 p. Amsterdam, Kraay, 1875.
22. Bainikr (P.). La Régence de Tripoli, avec une carte. Explorateur,
n* 56 (extrait du Cours de géographie commerciale),
23. RoHLFs (le docteur Gérard). Die Bedeutung Tripolitaniens, an sich,-
und als Ausgangspunkt fur Ëntdeckungsreisende. Br. in-8, 20p.,
avec 1 carte de la Tripolitaine, par A. Petermann. Weimar, 1877 ,
Travail publié après la Conférence de Bruxelles, et répondant à un des
objets de ses délibératioiis. De cette étude sur la Tripolitaine, le docteur
Bohlfs tire les conclusions suivantes : Tripoli et le viyâlet ottoman dont
cette ville est le chef-lieu, sont des points de départ excellents pour des
voyages de découverte ; une exploration méthodique de la Tripolitaine
elle-même est une œuvre qui mériterait d'être entreprise ; enfin il serait
très-utile de fonder, à Tripoli, une station philanthropique pour y arrêter
la traite des esclaves.
24. Von Bary (docteur Erwin). Voyage dans le Djebel tripolitain. Ex-
plorateur, n" 75, p. 47.
25. Du même : Die Senam oder megalithischen Denkmaeler in Tripolis
(Afrika). Mittkeilungen des Vereins fur Erdkunde zu Leipzig,
1876, p, 44 à 48.
Intéressant article de ce voyageur, où il signale une quantité de mo-
numents mégalithiques dans le canton de Tar-bôna, et où il donne des
détails rétrospectifs sur la situation politique chez les Touareg Azdjer.
26. Mouchez (le capitaine de vaisseau E.). Explorations des golfes des
deux Syrtes, entre Sfax et Benghazi. Comptes rendus des séances
de V Académie des sciences. Séances des 8 et 15 janvier 1877,
t. LXXXIV, in-4. Paris, Gautliier-Villars, 1877, n* 2, p. 49-55.
y Google
LA BERBÉRIE. 11
27. Tavxier-(L.). Notice sur Gorippus et sur ]m Jdhmmôe, Bévue afri-
caine, Alger, 1876, n« 118, p. 289-299.
Étude sur ce poëme où sont chantées les trois campagnes de Jean Tro-
glita contre les indigènes de TÀfrique, révoltés sous le règne de Justinien.
M^ Tauxier expose la situation de l'Afrique à cette époque.
28. Hausebmann. Carte de la Tripolitaîne et des pays releyant 4le la
régence de Tunis, échelle du ttsôotôôô** Explorateur^ 187C.
n« 56, p. 203.
29. Carte de la Cyrénaïque, avec ritinéraire suivi par M. J. Daveau,
chef de la section des graines au Muséum d'histoire naturelle.
Paris, Monrocq, 1875.
Cette carte, à l'échelle du gos*si7*> donne un itinéraire du chef de la
section des graines au Muséum d'histoire naturelle de Paris, traversant
le Djebel El-Akhdat de Ben-Ghâzy (ancienne Bérénice) à Derna (ancienne
Demis), par Mar&wa et El- Âmri, revenant à l'oues^, par Grenna (ancienne
Gyrene)à Marsa Soûza (ancienne Apollonia), et reprenant à El-'Amri hi pre-
mière route jusqu'à Ben-Ghâzy. L'itinéraire de Ben-Ghâzy à Derna, en hgne
droite, est particulièrement intéresi>ant ; il passe au sud des itinéraires de
Beecfaey et de Barth, et sa moitié orientale, à partir de Marflwa, est tout
à fait nouvelle.
30. De Sainte-Marie (E.). Les Ruines de Carthage, avec dix figures et
deux cartes. Explorateur, n» 51, p. 60-66; n» 52, p. 87-91 ; n» 53,
p. 105-110.
51 . Du même : Notice sur l'emplacement d'un édifice ancien à Car-
thage, avec un plan. Recueil de notices et mémoires de la Société
archéologique du département de Constantine, tome XYII, in-^.
Constantine, 1876, p. 131-140.
32. Du même : Essai sur Thistoire religieuse de la Tunisie, l'* partie.:
L'Église de Carthage. Les Missions catholiques, 1876, n<" 386-
395, avec une carte ecclésiastique du diocèse de Carthage à l'épo-
que romaine, par Ph. Caillât, un plan et plusieurs figures.
33. Chadvet. La ville deSi'ak's et les îles Kerkena; topographie, climat,
conunerce, avec un plan et une carte. Explorateur, 1876, n* 80,
p. 172-175.
34. MacCarthi (Oscar). La ville de Sfak's et les îles Kerkena; obser-
vations sur le mémoire de M. Chauvey. Explorateur, 1876, n» 81,
p., 200.
35. Lanzi (M.). Spedizione italiana in Tunisia : Le diatomacee. Bollet-
tino délia Societa geografica, t. XIII. Rome, 1876, 1**^ fascicule,
p. 17-20.
36. BKLLuca (le docteur G.). Spedizione geografica italiana nella reg-
genza di Tunis! (1875). Y* partie : L'età délia pietra in Tunisia ;
avec une carte de l'isthme de Gàbès et deux planches d'instru-
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12 AFRIQUE. N" 16-91
ments de pierre. Bollettinô, t. XIII. Rome, 1876, 6* efr7« fascicules,
p. 347-385.
Important travail sur un sujet nouveau : les instruments de l'âge de la
pierre, disques, couteaux, grattoirs, pointes de flèches et balles de fronde,
trouvés dans le sud de la Tunisie par l'expédition italienne. « \
\
37. RouDAiRB (le capitaine d'état-major E.). Rapport sur les opérations
de la mission des Cbotts. Bulletin de la Société de Géographie,
décembre 1875, p. 574-586.
Comparer l'opinion de M. l'ingénieur Le Châtelier sur la question de la
mer intérieure {baie de Triton). Bulletin de la Société de Géographie,
août 1876, p. 211.
38. DuvEYRiER (H.). Spedizione del livellamento degli Sciott. Cosmos
di Guido Cora, t. III, 1876, p. 37 et 198.
39. Girard de Rialle. L^ mer intérieure du Sahara. Revue scienti-
fique., n« 18, 28 octobre 1876, t. XI, p. 409-417.
L'auteur de ce travail reproduit les indications historiques de l'exis-
tence d'une baie de la Méditerranée dans la région des Chott algéro tuni-
siens, et résume les travaux des deux nivellements de M. le capitaine
d'état-major Boudaire, en Algérie et en Tunisie. M. Girard de Rialle con-
clut, dans son élude, à la possibilité de rendre à la Méditerranée les lits
des Chott.
40. Le Châtelier (H.). La mer saharienne. De l'existence dans les temps
historiques d'une mer saharienne en Algérie. Lettre à M. Era. Al-
glave. Revue scientifique, n" du 6 janvier 1877, p. 656-660.
M. l'ingénieur des mines Henri Le Gh&telier, membre de la première
mission des Chott algériens, expose dans cet intéressant travail les obser-
vations qu'il fit pendant le nivellement des Chott du Sahara du départe-
ment de Constantine. L'analyse des sels que M. Le Châtelier a recueillis
dans ces Chott, et oiH iî a trouvé une forte proportion de sulfate de soude
avec le chlorure de sodium, poîisse l'auteur à croire que les sels des Chott
ne sont pas un dépôt marin, et qu'anciennement, mais à une époque anté-
rieure au moins à la fin de l'époque quaternaire, la région des Chott du
Sahara de Constantine était un grand lac d'eau saumfttre , isolé de la
Méditerranée. Tout en acceptant cette conclusion pour une date donnée,
les résultats de l'analyse des sels des Chott, montrant la présence d'uiie
quantité notable de sulfate de soude dans les sels des Chott algériens,
ne nous paraissent pas être une démonstration irréfutable de la non-exis-
tence à une époque très-anciennfe du prolongement de la petite Syrte,
au sud de la Tunisie et du département de Constantine; en effet, l'ana-
lyse des eaux (souvent saumâtres) des rivières qui descendent de l'Aour&s,
et des eaux des puits de l'Igharghar, indiquera peut-être que le sulfate
de soude a été apporté aux Chott, par leurs alUuents du nord et du sud,
postérieurement à la formation de l'isthme de Gftbès. Mous persistons donc
encore dans notre croyance à l'extension de la petite Syrte sur tout le pays
où on trouve aujourd'hui les Chott tunisiens et algériens, à une date
fort reculée, bien que contemporaine de l'homme. Nous croyons aussi à
^a disparition de cette grande haie, par suite d'un ioulèvement du rivage
yGoogk
LÀ BERBÉRIE. 15
actuel de la petite Syrte, soulèTfement comparable k celui qui a liea
de DOS jours sur les côtes de la Norvège. Les eaux thermales des sources
d'El-Hâmma Matmftta , près de G&bès, du Termll de Gafça et des rdis-
seaux des autres oasis au nord de Ghott El-Dj6rld, enfin celles du
Hammam £ç-Çâlahln, près de Biskra, nous paraissent être les indices
de l'action volcanique à laquelle est dû en grande partie ce soulèvement.
41. De Sainte-Marie (E.). La mission du capitaine Roadaire en Tunisie,
et la mer intérieure, avec cai^te. Explorateur, 1876, n* 59.
42. RouDAïKE (capitaine E.]. Nivellement en Tunisie, rapport à la So^
ciété de Géographie. Explorateur ^ n» 73, p. 655-656.
43. FucHs. Esplorazione délia parte degli Sciott situata nel territorio
tunisino. Cosmos di Guido Cora, t. III, 1876, p. 38.
44. De Lesseps [Ferdinand). Sur les lacs amers et autres points de
l'isthme de Suez ; inondation des Chotts algériens et tunisiens.
neoue scientifique, t. X, 1876, p. 527.
45. Mac Cartht (Oscar). Note sur les marées du golfe de Gàbès (d'après
l'amiral Smyth). Explorateur, n» 81, p. 200.
46. Stacbe (G.).Die projectirteVerbindung des Algerisch-tunesischen
Chott-Gebietes mit dem Hittelmeere. Mitt/ieilungen der k. k. geo-
graphischen Gesellschaft in Wien, t. XVllI, 1875, n" 8 et 9,
p. 337-351.
47. CossoN (E.). Note sur le projet d'une mer intérieure en Algérie
7 pages in-4. Comptes rendus des séances de V Académie des
sciences, t. LXXIX.
48. La mer intérieure de l'Afrique septentrionale et la carte de la
navigation des Argonautes, avec une carte du monde primitif
suivant les périples deTimée d'ilécatée, d'Apollonius et d'Onoma-
crite. Explorateur, 1876, n» 67.
49. Géodésie de l'Algérie. Détermination de la longitude et de la lati-
tude de Bône, par le commandant VeTTier.Explorateur,iSlQ, n*58.
L'année prochaine les géodésiens iront à Géry ville et à Laghouât.
^0. DuvETRiER (H.). Les progrès de la géographie en Algérie, depuis
l'année 1868 jusqu'à l'année 1871. Bulletinde la Société khédiviale
de Géographie du Caire, N-2, 1876, p. 141-222.
51. Marès (P.). Note sur l'Algérie; lettre à M. le président du con-
cours régional d'Avignon. Alger, 1876, br. in-8.
Note contenant des renseignements généraux, mais précis, destiaés à
faire connaître l'Algérie dans son état actuel.
yGoOgl
14 AFRIQUE. N- 16-91
52. FiLLiAs (Achille). L'Algérie ancienne et moderne. 1 vol. in-12.
Alger, 1875.
53. MoLiHiER-VioLLB. Géographie historique de l'Algérie, avec 11 pi.
et 1 grav. Explorateur, n« 78, p. 118-120 ; n» 79, p. 146-147 ;
n» 81, p. 200-203.
54. De Là Prihaddaie (F. Êlie). Documents inédits sur l'histoire de l'oc-
cupation espagnole en Afrique (1506-1574). ile«i/e africaine, Alger,
1875-1876, n- 109, 110, 111, 112, 113, 114, 116,117, 118, 119-120.
55. Du Hazet (E.).Le commerce entre l'Algérie et le Maroc. Explora-
teur, n®* 58 et 62, avec une carte de Gourâra.
56. De Lorral (pseudonyme de MM. les docteurs Bleiclier et Redier).
Tlemcen, 1875. Le Tour du Monde, t. XXX, p. 300-368.
57 . Férau» (L.-Ch.). Documents pour servir à l'histoire de Philippeville.
Revue africaine, Alger, 1875-1876, n" 109, 110, 111, 112, 113,
114, 115, 116.
58. Devoulx ^Albert). Alger, étude archéologique ettopographique sur
cette ville aux époques romaine, arabe et turque. Reviie africaine,
Alger, f875-1876, n" 112, 113, lU, 115, 116, 117, 118, 119-120.
59. Dejoux (E.). Une excursion dans la forêt des Oulad Anlheur (Ou*
lâd'Antar). Explorateur, n<»'62, 63, 64, 65.
60. Robin (N.). Notes historiques sur la Grande-Kahylie, de 1830 à
1838. Revue africaine, Alger, 1876, n" ^15, 116.
61. Reboud (docteur V.). Excursion archéologique dans les cercles de
Guelma, de Souk-Abras et de La Galle, avec 12 pi. d'inscriptions
libyco-berbères. Recueil de notices et mémoires de la Société ar-
chéologique du département de Constantine, t. XVIII, in-8. Côn-
stantine, 1876, p. 1-54.
62. Du même : Ordre des inscriptions nouvelles ou déjà connues re-
produites dans les planches. Ibidem, p. 55-58.
63. Du même : Tableau général des localités où l'on a découvert des
inscriptions libyques, ibidem, p. 59-61.
64 SoLEULET (P.). Observations météorologiques dans le Sahara cen-
tral (I). Bulletin de la Société de Géographie de Lyon, 1. 1, 1875,
n** 2, p. 169-171. (Titre mai choisi, car les observations s'arrêtent
à Djelfa avant l'entrée dans le Sahara.)
65. Masqderat (Em.). La Kabylie et le pays heri^re. Reime politique,
26 février 1876.
66. Du même : Lettre sur quelques inscriptions trouvées à Thamgad.
Recueil de notices, t. XYIU, p. 441-448.
67 . Du même : Les ruines de Thamgad. Rapport à M. le général
Chanzy, gouverneur général de l'Algérie. Revue africaine, Alger,
1876, n- 116, 117, 118, 119-120.
yGoogk
UBERBÉRIE. 15
68. Du mémét Voyage dans l'Âourâs. Études historiques. Bulletin de
la Société de Géographie, juillet 1876, p. 39-58.
69. Ra€ot (le capitaine W.)- Le Sahara de la proTince de Gonstantine
Deuxième partie. Recueil de notices ^ t. XYIII, p. 141-326.
70. Sebizut (docteur). Études sur l'oasis de Biskra. 1 toI. in-8. Paris,
1875.
71. Baudot (capitaine d'état-major). Étude sur l'oasis de Négrineetles
ruines de Besseriani (Ad Majores), avec 2 pi. et 1 carte des envi-
rons de Negrîn au gô^ôo'- i^«ctiei/ de notices, t. XVUI, p. 111-
126.
72. Parisot (capitaine d'état-major). Ruines romaines de Bir Moham-
med Ben Yoûnès, situées au sud-ouest de Negrln, avec une carte.
Viecueil de notices, t. XYUI, p. 127-130.
73. Du même : La région entre Ouargla et El-Golêa. Bulletin de la
Société de Géographie, numéro de décembre 1876, p. 577 à 603
(à suivre). Avec^ime carte.
Relation détaillée de la marche de la colonne du général de Galliffet»
qui a opéré de Warglâ contre El-Golêa'a en 1873.
74. Carte générale de l'Algérie à l'échelle du 1,^00.000'- Pressée au
Dépôt de la guerre d'après les cartes particulières des provinces
publiées par le Dépôt de la guerre, les relèvements de la marine,
les itinéraires de M. Duveyrier, les renseignements recueillis en
Afrique, etc.... 2 feuilles. Paris, 1874.
Édition, entièrement remaniée pour le Sahara, de là carte générale
de l'Algérie publiée en 1867 » Malgré la date de cette nouvelle édition elle
n'a été mise en vente qu'à la fin de Tannée 1875.
75. Carte de l'Algérie, dressée au Dépôt de la guerre^ d'après les
travaux de MM. Titre, chef d'escadron d'état-major, Derrien et
Parisot, capitaines d'état-major. Échelle du gôôîôôô*- ^ feuilles.
Paris, 1876.
Cette carte s'étend au sud jusqu'à SO" 24' de latitude nord ; les cours
d'eau sont marqués en bleu, mais les montagnes ont été omises partout.
76. Algérie, plan de Bône. Paris, Dépôt de la marine, n- 3439, 1876.
77. Département de Gonstantine. Paris, Fayard (Atlas national),
1876.
78. Hausermaiw (R.). Algérie d'après les cartes du ministère, feuille
lithographiée. Paris, Fayard, 1876.
79. T188OT (Ch.). Itinéraire de Tanger à Rbat*, avec 1 carte : « Esquisse
topographîque d'une partie du royaume de Fês », à Féchelle du
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i6 AFRIQUE. N«- 16-91
Hôôîboô*' BulUtin de la Société de Géographie, septembre 1876,
p. -225-294.
80. Ricerche di Carlo Tissot sulla geografia comparata délia Mauri-
tania Tingitana. Coêtnos di Guido Cora, t. III, 1876, n*' 1, p. 119;
2-3; 4-5.
81. Beauhier (Aug.). Le Maroc, notes de voyage. Explorateur, 1875,
n» 40.
82. Du même : Itinéraires de Tanger à Mogador, avec une carte au
SSôTôoô* ^^3 voyages de M. Beaumier à la côte du Maroc, de
Tanger à Mogador. Bulletin de la Société de Géographie, mars
1876, p. 241-254.
85. Du même : Mogador et son commerce maritime [Extrait des An^
nales du commerce extérieur). Parie, 1875, br. grand in-8.
84. Oluve (docteur G.). Climat de Mogador, et de son influence sur la
phthisie, avec plan de Mogador. Bulletin de la Société de Géogra-
phie, octobre 1875, p. 365-416.
85. Màrdogh£e Abi Serodr (le rabbin). De Mogador au Djebel Tabayoudt.
Résumé du journal de voyage, par H. Duveyrier, avec une carte à
l'échelle du rriS^TUSQ** Bulletin de la] Société de Géographie, dé-
cembre 1875, p. 561-Ô73.
86. DovETRiER (H.). Les sculptures antiques de U province de Soûs,
découvertes par le rabbin Mardocbée, avec une planche. Bulletin
' de la Société de Géographie, août 1876, p. 129-146.
87. Ambasciata italiana e viaggi di Giulio Adamoli nel Marocco e
Sahara. Cosmos di Guido Cora, t. III, 1876, p. 304.
88. T. L. Le Maroc, notions géographiques, avec une carte. Explorcb-
teur, n» 53, p. 116-120.
89. De Amas (Edm.).^Marocco. 1 vol. in-16, 484 p. Milan, Trêves,
1876.
90. Marocco. Ceuta Bay, échelle du rî^îô** Londres, Hydrographie
Office, n- 2742, 1876.
91 . Hœfen und Ansichten der Marokkanischen Kûste, 2 feuilles grand
in-foiio lithographiées. Carte de l'amirauté allemande n* 43 a. b.
Berlin, Reimer,1876.
§ 1. — Elplorations françaises dans le Maroc. Travaux géographiques de M. Tissot
et de M. Beaumier. Découvertes archéologiques importantes dans le nord-ouest
* du Maroc. Itinéraire et découvertes archéologiques du rabbin Mardochée.
Géographiquement parlant, aucun État du nord de TÂfrique
n'est aujourd'hui aussi intéressant que le Maroc. Deux mers
yGoogk
LA BERBÉRIE. i7
baignent les côtes de ce far-west (Maghreb El-Aqsâ) du
monde musulman, qui touche pour ainsi dire à TËurope par
le cap Spartel. En dépit de cette position géographique, excep-
tionnellement favorable pour recevoir la civilisation, la poli-
tique du gouvernement marocain et, plus encore, Tinsubor-
dination et les craintes jalouses des habitants ont j^it que
l'empire du Maroc est resté jusqu'à nos jours une terre pour
ainsi dire inconnue. Les seules parties du territoire marocain
s\ir lesquelles nous possédions des données de visu en dehors
de la ligne des côtes sont : les chemins qui relient les capitales
de Meknâs (Mequinez) et de Merrâkech (Maroc) aux ports
de Tanger et de Mogador ; le chemin qui conduit de Tanger
aux frontières sud-est de Tempire en franchissant la chaîne de
l'Adrâr-n-Deren ou Montagne des montagnes, c'est-à-dire le
véritable Atlas; enfin le pays des Angâd et TOuâd Guîr, voi-
sins de rAlgérie, et le haut de TOuâdi Dhra'a, fleuve qui coule
ensuite dans le Sahara marocain. Cependant nulle part ail-
leurs, sur le pourtour de la Méditerranée, on trouverait une
contrée qui réunisse autant de points d'attraction pour les
voyageurs. La géographie du Maroc est à peine ébauchée ; Tim-
posante chaîne de l'Atlas, si hardiment marquée sur nos car-
tes, est loin d'être connue tout entière par des itinéraires et
des relèvements satisfaisants, et Ja science n'est pas même en
mesure d'indiquer le point le plus élevé de la chaîne. Au point
de vue des cours d'eau les affirmations ne sont pas plus com-
plètes. 11 en est de même, et à plus forte raison, pour les
mœurs traditionnelles et les dialectes des habitants, pour les
ruines de toutes les époques qui ont laissé des jalons historiques
sur le sol marocain, pour le climat, si dissemblable dans les
différentes parties de l'empire ; enfin pour les productions mi-
nérales, végétales et animales.
Nous sommes heureux de pouvoir, cette année, enregistrer
des travaux français qui contribuent à la connaissance du Ma-
roc. Ils portent sur 900 kilomètres de la zone cotière ouest de
V empire.
L'AiniiE GÉ06R. XV. 2
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18 AFRIQUE! , N- 16^91
Il n'est heureusement pas rare de rencontrer dans le corps
diplon^atique français des hommes désireux de faire profiter la
science des loisirs que peuvent leur laisser leurs fonctions.
Parmi ceux-là il faut placer, en première ligne, M. Charles
Tissot, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire au
MorocS qui ayant fait, en Tunisie et au Maroc, une grande
partie de sa carrière, se livre, depuis bientôt vingt ans, à des
recherches fructueuses pour la géographie et Thistoire ancienne
du nord de TAfrique.
Sa publication la plus récente contient, sous le titre d' Iti-
néraire de Tanger à Rbaf {n^ 79), une description minu-
tieuse des chemins qui longent le littoral ouest du Maroc;
c'est la première partie d'un travail qui comprendra aussi les
observations faites dans un voyage à Fâs, en 1871, et dans un
voyage à Meknâs, en 1874. La carte à l'échelle du g-ôb^ooo* 9***
y est jointe, donne le tracé de ces divers itinéraires, et con-
stitue un document géographique original de premier ordre
pour la partie nord du Maroc. Elle s'arrête du côté du sud au
^¥ de latitude, et à 7** 15' de longitude ouest de Paris.
En dehors des relèvements de M. Tissot, M. Hansen, qui l'a
dressée, n'a fait usage que des cartes de l'hydrographie fran-
çaise, auxquelles il a emprunté la ligne des côtes. Toutes les
données de cette carte sont les résultats d'observations direc-
tes, et sur les points où des massifs montagneux forment une
chaîne continue, la liaison est simplement indiquée en note,
si l'observation ne l'a pas vérifiée. L'auteur de ce travail si-
gnale, chemin faisant, les inexactitudes de la carte des voya-
ges de M. Rohlfs*.
Nous reproduisons ici les quelques lignes dans lesquelles
M. Tissot esquisse la physionomie générale de la province du
Gharb et du bassin inférieur du Seboû. Ces lignes donnent
la première idée juste dé toute cette partie du Maroc' :
1. M. Tissot représente aujourd'hui la France à Athènes.
2. Miitheilungen de Gotha, 1865 .
3. Bulletin de la Société de Géographie, sept. 1876, p. 227 à 229.
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U BERBÉRIE. 19
• De Tanger à Ël-'Aràïch et à Qeçar El-Kebir, le pays offre Taspect
d'un plateau accidenté, incliné vers TOcéan et dont les principales
ondulations sont parallèles à la chaîne du Rîf. La plupart des cours
d'eau qui le traversent^ TOuâd El-KhaiToûb, TOuâd El-'Aïâcha,
rOuâd £l-Haloù, TOuâd Loukkos, coulent du sud-est au nord*<»uest.
Quelques vallées secondaires sont cependant parallèles au littoral et
courent par conséquent du nord-nord-est au sud-sud-ouest ou récipro-
quement. Le plateau que nous décrivons est borné à Test, et à peu de
distance de la route de Tanger à Fâs, par les derniers contre-forts du
massif rîfain, composé de plusieurs chaînes à peu près parallèles au
littoral de la Médi^rranée, et dont la plus occidentale est la seule dont
nous connaissions les principaux sommets.
I La contrée qui s'étend au sud d'Ël-'Âràïch et de Qeçar El-Kebîr,
entre la vallée du Loukkos et le bassin du Seboû, présente un carac-
tère analogue, bien que beaucoup moins marqué. Le plateau projeté
entre les deux fleuves par le massif du Çarçar est moins élevé et
surtout moins accidenté que le précédent ; comme le précédent,
d'ailleurs, il s'abaisse graduellement vers l'Atlantique. Le plateau de
Gharb se termine au sud ^ar une série de collines qui s'étendent
depuis les contre-forts méridionaux du massif de Çarçar jusqu'à l'Océan.
« Au sud de ces hauteurs, le bassin inférieur du Seboû, boiiié au
nord-est par les montagnes du Rif, à l'est et au sud-est par la chaîne
du Tselfat et du Djebel Outita, au sud par les montagnes de Guerouân
et des Zemmoûr Chleuh, forme cette immense plaine d'Asgar qu'une
tradition locale recueillie par Jean Léon affirme avoir été autrefois
baignée par les flots de l'Océan. Élevé de quelques mètres à peine
au-dessus du niveau de la mer, le bassin du Seboû, dans une éten-
due de 20 lieues de l'est à l'ouest, de 12 à 15 lieues du nord au sud,
n'offre aucun accident appréciable. A peine le regard est-il arrêté à
l'horizoïvpar le profil des hauteurs qui limitent la plaine. Le trait
caractéristique de cet immense bassin est son régime hydrographique.
Les eaux descendues de l'amphithéâtre montagneux qui le circonscrit
ne trouvant ni une pente suffisante, ni des accidents de terrain
assez marqués pour déterminer leur écoulement régulier, s'arrêtent
Avant d'arriver au Seboû et foraient, sur ses deux rives, une série de
marais qui ne communiquent avec le fleuve que dans la saison des
pluies. C'est ainsi que TOuâd Medâ, au nord, forme la Merdja El-Gharb
ou Marais de l'Ouest et le lac de Râs Ël-Doûra ; l'Ouâd Beht, au
sud, la Merdja des Benî Ahsen.
<t Le terrain se relève au sud de l'estuaire du Seboû. Depuis Mehdia
jusqu'au Boû Ragpg, le massif montagneux des Zemmoûr Chleuh
projette un troisième plateau qui présente la même physionomie que
les deux précédents. »
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20 AFRIQUE. N- 16-91
Dans la première partie de son remarquable méipoire,
H. Tissot rend compte de ses études sur trois lignes différen-
tes, dans la zone atlantique du Maroc.
Un des buts du voyage de H. Tiçsot, de Tanger à Sala (Salé),
en 1874, était de déterminer 4e tracé de la ^oie romaine qui
4*eliait, entre elles, les deux villes de Tingis, aujourd'hui Tan-
ger, et Sala, aujourd'hui Salé. Cette recherche présentait des
difficultés d'un genre nouveau, car la Hauretanie Tingitaiie
ét^it aux confins extrêmes de l'empire romain. Les voies ro-
maines de ce pays, M. Tissot nous l'apprend, paraissent n'a-
voir jamais existé à l'état de vice stratœ, nous dirions mainte-
nant de routes pavées, comme, elles étaient en Tunisie et
même en Algérie; les agents voyers de l'administration ro-
maine avaient négligé ici de pourvoir à la durée des routes.
Ces routes n'avaient jamais été réellement tracées ou mesu-
rées ; on s'en peut convaincre par la comparaison des distances
entre des points de repère inattaquables, avec les chiffres qui
devaient représenter ces distances dans l'itinéraire romain ou
dans l'ouvrage de Pline.
En partant de Tingis (Tanger), l'ancienne voie romaine allait
droit au sud, et elle passait à Dechar Djedîd, o^ M. Tissot re-
trouve les ruines iïAd Mercuri, Il ne reste plus aujourd'hui
qu'un seul monument bien reconnaissable ; c'est un édifice
rectangulaire de vingt-cinq mètres de longueur sur douze
mètres de largeur, dont les murs jont encore d'un mètre à trois
mètres de haut ; il est adossé à l'escarpement qui couronne le
rempart de la ville moderne. Les murailles, très-épaisses, sont
bâties en blocage revêtu d'un ciment Irsse extrêmemmit dur ;
elles sont soutenues par de puissants contre-forts. H. Tissot en
conclut que ces murs sont les restes d'un réservoir, ou d'une
citerne à ciel ouvert. A la partie est de l'enceinte on voit les
vestiges du castrurriy et le soubassement d'un édifice qui pour-
rait bien avoir été le temple de Mercure auquel la ville romaine
avait emprunté son nom.
Le cours de TOuâd Loukkos, près de son embouchure, fut
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LÀ BERBÉRIE. 21
examiné d'une manière toute spéciale par M. Tissot, et à sa
demande, par H. le docteur Bleicher. D'après l'aspect du littoral
et une distance de Pline, H. Tissot aTait présumé que le Lixos
de l'antiquité (Ouâd Loukkos)' se jetait dans l'Océan sous les
hauteurs de Rekâda, c'est-à-dii% plus au nord qu'à l'époque
actuelle, et que toute la côte atlantique du Maroc devait avoir
subi des transformations depuis l'époque phénicienne et peut-
être depuis l'époque romaine. Non satisfait du résultat de ses
propres observations, il demanda à M. le docteur Bleicher d'aller
examiner la langue de sables qui sépare des hauteurs de Rekâda
l'embouchure actuelle de l'Ouâd Loukkos, et ce botaniste y
trouva seulement de rares plantes, différentes dé celles qui com-
posent la flore des dunes anciennes, ce qui confirme la supposi-
tion qu'on est là sur un sol formé par des apports marins récents.
Cette constatation n*est pas la seule que M. Tissot ait faite en
faveur des transformations de la côte et du cours des petits
fleuves de l'ouest du Maroc. Presque partout le travail des
eaux et des courants y a laissé des traces nombreuses. Et pour
n'en citer qu'une preuve nouvelle, sans sortir du bassin de
L'Ouâd Loukkos, en 1477 les Portugais tentèrent d'occuper
une île de ce cours d'eau sur laquelle existait alors une ville.
Dans l'espace de quatre siècles cette île a disparu, par suite de
l'ensablement d'un des bras du fleuve qui la formaient. Les
hauteurs de Rekâda devaient être autrefois sur un îlot : on y
trouve un tumulus surbaissé, sur la plate-forme duquel est
une substruction antique, de forme rectangulaire, dont les
côtés, mesurant chacun dix-neuf mètres quatre-vingts centi-
mètres de longueur sur un mètre d'épaisseur, sont formés par
une triple rangée de gros moellons, grossièrement équarris, et
posés sur champ. Dans leur état présent ces murs ne dépassent
pas le niveau du sol. M. Tissot, qui incline à voir dans ce mo-
nument le fameux autel d Hercule, fait remarquer qu'on
observe la même disposition des matériaux dans la plupart des
constructions qu'il a trouvées au Maroc, et qu'il n'a pu ratta-
cher ni à l'époque romaine ni aux périodes postérieures.
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22 AFRIQUE. N« 16-«1
Malgré l'épais fourré de caroubiers, de myrtes, de len-
tisques et d'oliviers sauvages, entrelacés de ronces et de lianes,
qui obstruent remplacement de l'antique Lixds, M. Tissot a
exploré la ligne entière des murs de cette ville. Lixus était
divisé en trois parties : une ville haute, une ville basse et un
faubourg près du fleuve. Elle formait un hexagone dont les
côtés mesurent près de mille huit cent mètres. L'enceinte pri-
mitive, celle qu'avaient élevée les Phéniciens, était bâtie en
blocs énormes, soigheusement équarris et assemblés. Toutes
les pierres de chaque assise ont une hauteur uniforme, tandis
que leur longueur varie entre un mètre et un mètre cinquante
centimètres. Mais les angles saillants présentent des blocs qui
ont jusqu'à trois mètres cinquante centimètres de longueur sur
deux mètres de hauteur. Celte muraille phénicienne existe en-
core, haute de quatre à cinq mètres, sur une étendue de cent
cinquante mètres ; on la retrouve en d'autres parties de l'en-
ceinte,^ mais elle cesse au point où commence un mur de
construction romaine. Anciennement TOuâd Loukkos devait
baigner les murs sud de Tençeinte romaine, et le port intérieur
de Lixus devait se trouver dans la partie du fleuve qui entoure
presque entièrement la presqu'île de Techemmis. Depuis cette
époque, le fleuve a déposé des vases qui ont progressivement
reculé sa rive du côté du sud. M. Tissot a recueilli dans les
ruines de l'ancienne Lixus des clous de bronze, des fragments
de verre et des débris de poteries remarquables par la finesse
de la pâte et l'élégance de l'ornementation.
Les, observations de M. Tissot sur la ligne même du littoral
de Tanger à Sala (Salé) ont été faites au cours de deux
voyages. Le savant explorateur établit par un examen comparé
des textes et des lieux que le cap Spartel (Râs Ichbertâl) ne
correspond pas, comme l'indique un document récent, au
Hermœum promontorium des auteurs classiques, mais qu'il
faut l'identifier au cap Kotês ou Kotîs des anciens Mauretaniens
et au cap d'Ampeluse des Grecs. Il nous montre, dans une
contrée où les forêts sont formées de chênes-liéges, FOuâd
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U BERBÉRIE. 25
Heharhar, devenant près de son embouchure un Téritable bras
de mer, qui prend le nom de Tahaddart ; enfin, avant d'arriver
à El-'Arâïcb, M. Tissot trouve des vestiges antiques sur TOuâd
ËSnSebt, en un lieu dédié àLella Djilâliya et qu'il identifie à
l'ancienne Tahemœ.
À l'ouest et un peu au nord de la position de Qeçar El-Kebir,
sur le cbemin d'Ël-'Ârâïch à Sala, il arrive à un lieu appelé
Soûeïr. Ce nom est donné par les Marocains à tous les vestiges
antiques auxquels ne se rattache aucune tradition précise.
Soûeïr est le diminutif du substantif Soûr^ muraille, et nous
ferons remarquer que le vrai nom, Çoûr, de la première reine
des mers, de la vieille Tyr des Phéniciens, a dû impliquer la
même ijdée que ce substantif sémitique. M. Tissot place à
Soûeïr la station de Frigidœ, qui était sur la route romaine de
Lixus à Bana^a, dont lui-même avait retrouvé les ruines à
Sîdi 'Ali Boû-Djenoûn, en 1871. A Soûeïr, les ruines ont la
forme d'un rectangle de cent vingt pas du nord au sud et de
quatre-vingt-seize pas de l'est à l'ouest ; les murs, qui n'eidstent
plus que sur les côtés ouest et sud, sont construits en pierres
de moyen appareil, et présentent les mêmes caractères que
ceux de la partie sud de l'enceinte de Lixus. D'après le
voyageur, ce monument ne pouvait convenir qu'à un posle
militaire.
Si dans la partie inférieure du cours de l'Ouâd Loukkos
M. Tissot nous signale des changements ti^ès-intéressants de-
puis l'époque ancienne, il en est autrement du cours de l'Ouâd
Seboù, du Subur des Romains, qui se jette dans l'Océan à El-
Hehdîya. Ce petit fleuve ne peut avoir eu d'autre lit que celui
de l'époque actuelle, qui, en arrivant près de l'Océan, s'évase
entre des rives profondément marquées, jusqu'à former un
estuaire large comme la Tamise à London Bridge. 11 faut donc
rectifier les données que Pline avait admises, et d'après lesquelles
l'embouchure du Subur (Ouâd Seboû) se trouvait à égale dis-
tance de Lixus et de Sala. Cette partie de la côte est au con-
traire bordée par une ligne de véritables collines, et non de
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24 AFRIQUE. N" 16-91
. dunes de sable, qui isolent de TOcéan le long lac de Râs £d-
Doûra *.
Un voyage de Sala à Er-Arâich, par la vallée du Seboû,
allait conduire M. Tissot à la découverte du deuxième tronçon
de la voie romaine de Tingis à Sala Coloniay dont il avait déjà
trouvé la première partie au nord de Frigidae. Ce voyage sur
le territoire des Benî Ahsen était une entreprise audacieuse ;
car les Benî Abs^n, malgré leur nom engageant d'enfants du
meilleur, ne sont que des pillards incorrigibles, en état de ré-
volte permanente contre Tautorité du sultan du xMai:oc. M. Tis-
sot avait demandé au plus saint personnage du Maroc, au ché-
rîf d'Ouezzân, des lettres qui fussent une recommandation
efficace auprès des Benî Ahsen ; et le chérif, en accédant ami-
calement à celte requête, avait envoyé à M. Tissot une cara-
bjne à seize coups, comme pour indiquer que sa recommanda-
tion pourrait bien ne pas suffire. Aussi toutes les précautions
étaient-elles prises; et, au départ, la caravane de M. Tissot
comptait quarante fusils, portés par des Européens ou leurs
serviteurs.
A mesure qu*on se rapproche du territoire des Benî Ahsen,
on voit que les habitants, craignant leurs dangereux voisins,
se retranchent avec leurs tentes derrière des fortifications dont
des fagots d'épines font les frais. Au iiord-est de Sala,' eu
arrivant sur le Seboû, M. Tissot s'arrêta à la chapelle du
marabout Sîdi 'Alî Ben Hâmed. 11 était sur remplacement
de l'antique Thamusiday qui se trouve à peu près à égale
distance de Sala et de Sîdi *Alî Bou-Dj«noim, ^t dont il voyait
le premier les ruines. De la ville de Thamusida, il ne reste
plus que l'enceinte, flanquée de tours construites sur le même
modèle que les murs de Lixus, et un castrum. Le développe-
1. Sur la carte de M. Tissot, ce lac a été relié au Seboû par ua trait qui indique
un canal de communication. Nous signalons celte indication comme inexacte, car
l'auteur préci&e l'affirmation contraire : c De son embouchure jusqu'à Sidi-*Ai!-
Boû-Djenoûn, et de ce point jusqu'à Mechra'at El-Mesa'ida, la rive droite du
Seboû n'offre aucune trace q^i permette de croire à une ancienne communication
avec la Merdjal El-Gharb et le Ràs Ed-Doûra. »
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U BERBÉRIE. 25
ment total de l'enceinte est de mille cinq cents à mille six cents
mètres ; on Toit sur la berge de TOuâd S^û les restes d'un
quai, qui devait servir aux opérations des relations maritimes
des habitants de Thamusida, et dont Texistence indique cer-
tainement un mouvement commercial considérable. À partir de
Thamusida, la voie romaine longeait la rive ouest du Seboû,
qu'elle traversait sur un pont, pour suivre ensuite sa rive est
jusqu'à la Colonia JElia Banasa, ou Sidi 'Âlî Boû-Djenoûn de la
nomenclature marocaine actuelle. De ce point, elle gagnait Fri-
gidœ au nord.
Malheureusement pour la science et pour tous ceilx qui ont
connu cet homme droit et affable, M. Auguste Beaumier, le
laborieux chercheur, qui occupait le consulat de France à
Mogador, a succombé cette année, laissant inachevée la tâche
qu'il s'était imposée de nous faire connaître en détail la partie
sud-ouest du Maroc. Ceux qiii, marchant sur ses traces, vou-
dront continuer son œuvre trouveront dans le n** 41 de V Explo-
rateur des indications que lui a dictées sa longue expérience
des voyages au Maroc, et dont ils feront sagement de tenir
compte. De Tannée 1854 à l'année 1875, M. Beaumier avait
parcouru et^ étudié toute la partie de la cote marocaine com-
prise entre Tanger et Mogador, ainsi que les routes de Moga-
dor et de Safy à Merràkech (Maroc, ville). Le digne et bien-
veillant consul, qui avait formé le projet de raconter l'ensemble
de ses voyages, avait déjà arrêté le plan et les parties' essen-
tielles de ce travail, que le Bulletin de la Société de Géogra-
phie a publiées (n9 82) dans la forme où elles étaient. La
carte, à l'échelle du ^uôÎôuô*, qui accompagne ce travail
posthume de M. Beauniier, est la première carte terrestre,
dressée à cette échelle, do toute la région maritime ouest
du Maroc. M. J. Hansen, qui en est Fauteur, a heureusement
combiné, en les portant sur une même projection, toutes
les données françaises Relatives à cette partie de l'Afrique
le tracé de la côte a été dessiné d'après la feuille n** 1165 de
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26 AFRIQUE. N- 16-91
la marine (jrançaise, tandis que l'intérieur a été emprunté à
une carte manuscrite établie par H. Beaumier. La Carte des
voyages à la côte du Maroc de Tanger à Mogador, par
Auguste Beaumier, est donc une œuvre originale ; complétée
au nord de Rabat par la carte de M. Tissot, elle rem[)lace avec
avantage les travaux plus anciens, tels que la carte du Maroc,
par le capitaine Baudouin, dressée il y a plus de vingt ans au
Dépôt de la guerre, et la carte du nord-ouest du Maroc, publiée
par A. Petermann, dans les/ Mittheilungen, à l'occasion des
premiers voyages de M. Bohlfs. Indépendamment de son intérêt
géographique pur, elle indique, pour la première fois, l'éten-
due des terrains cultivés et la position des bois de lentisques
et d*a'rganiers, dont les derniers, à cause de leurs produits oléa-
gineux, ont une importance si considérable. C'est ainsi que
nous apprenons, sur la carte des voyages de M. Beaumier, que
la limite nord deia zone végétative de Targanier est au com-
mencement de la province de Ghiadma, sous la latitude du
Djerf El-Gharàba S ou Falaise des Occidentaux,
La zone côtière comprise entre te port d*Ël-'Arâïch, au nord,
et le Râs Tagriwelt, ou cap Sim, au sud, appartient à six
provinces de Tempire, sur lesquelles M. Beaumier nous donne
des renseignements sommaires fort précieux. La première du
côté du nord est celle d*E]l-Gharb, pays de plaines peuplé par
des Arabes qui élèvent des bestiaux, récoltent beaucoup de laine
et cultivent aussi les céréales, et dont les deux grandes tribus
forment autant de commandements politiques. Vient ensuite
la. province de Châwiya, dont le sol accidenté est suffisam-
ment arrosé. Ses habitants, aussi de race arabe, et comptant
180000 âmes, sont divisés en quinze tribus, qm forment
vingt-quatre commandements politiques. La province de Douk-
kalaest un pays de plaines sans arbres, où l'eau est rare, et dont
la population, de race arabe, s'élève au chiffrç de 100 000 âmes,
qui relèvent de six commandements. Les principales occupa-
i. Corriger ainsi DJerf-el-Reratn delà carte.
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LA BBRBÉRIE. 27
lions de ces Arabes sont la. culture des céréales et du Lawso-
nia inermis (L.), ou beimé, ainsi que Télevage des bestiaux
et des abeilles. Au sud de cette proyince commence celle
d'Abda, où de grandes plaines, ahement ayec des collines, et
dans laquelle est le port de Safy^ qui en est le chef-lieu. Les
128 000 habitants de la province d^Abda appartiennent à qua-
torze tribus arabes, réparties entre deux commandements ; ils
cultivent les céréales et élèyent des chevaux. La province de
Chiadma, au sud de la précédente, est arrosée par TOuâd
Tensîit. On y trouve des plaines et des collines, et elle est
habitée pàt neuf tribus de race arabe. Ses principales produc-
tions sont l'huile d'argân, rbuile d'oUve, les céréales, les peaux
de chèvre et le sparte. Enfin, la dernière province du côté sud
est celle de Haha, contrée très-montagneuse, dont la popula-
tion, de race berbère exclusivement, est divisée en douze tri-
bus. Les Berbères du Haha fabriquent de l'huile d'argân et de
l'huile d'olives; ils récoltent des amandes, de l'orge et du blé;
et ils exjiortent les peaux de chèvres de leurs troupeaux.
L'excellent travail posthume de M. Beaumier a trouvé un
continuateur, dont nous allons examiner les découvertes.
Un Israélite, né dans l'oasis d'Âqqa du Sahara marocain, le
rabbin Mardochée Abî Seroûr, que ses affaires avaient conduit,
très-jeune, sur la rive du Dhiôli-Ba, ou haut Niger, avait frappé
H. Beaumier par son courage et son intelligence rares. Notre
regretté consul à Mogador, devinant en lui l'étoffe d'un voya-
geur, l'adressa à li Société de Géographie de Paris. Le rabbin
Mardochée reçut à Paris les instructions nécessaires pour lever
un itinéraire à la boussole ; il apprit à préparer les échantillons
de végétaux pour les herbiers, et, muni de fonds et d'instru-
ments que la Société de Géographie avait mis à sa disposition,
il repartit pour sa patrie, promettant d'envoyer des renseigne-
ments intéressants sur un pays très-imparfaitement connu. 11
a tenu sa promesse, et très-bien justifié jusqu'à ce jour les
espérances de la Société de Géographie (n°»85 et 86).
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28 AFRIQUE. N-16^1
Les provinces de Haha et de Soûs, que baigne l'Atlantique,
au sud de Hogador, et que sépare un cap, Tlguif Oufrâni, sorte
de terminus de TÂtlas, avaient été traversées, en courant, par
de rares voyageurs: les uns peu soucieux de la géographie, les
autres empêchés par la jalouse indépendance des habitants de
se livrer à des observations. Un seul parmi ces voyageurs, le
Français Léopold Panet, venant de Saint-Louis du Sénégal, avait
rapporté un itinéraire utile. Il y a «quelques années, M. Joa-
chim Gatell avait publié une description du Soûs, accompa-
gnée d'un croquis de carte. Désormais, malgré une lacune^ que
ce voyageur comblera, nous l'espérons, l'itinéraire du rabbin
Mardochée est notre meilleur document pour établir la carte du
Soùs et du sud-ouest du Maroc.
La province de Soûs, au sud de la chaîne de l'Atlas, aussi
bien que la province de Haha, qui est au nord, ont un sol
fertile arrosé par des cours d'eau, qu'alimentent les pluies et,
dans la saison d'été, les neiges qui blanchissent en hiver les som-
mets de l'Atlas. Si retendue des cultures des Berbères et des
Arabes ne donne pas toujours une haute idée de la fertilité de
ces provinces, il suffît de voir le nombre des bois marqués sur
la carte du rabbin Mardochée pour être convaincu que là aussi
tf c'est le fonds qui manque le moins ». L'histoire nous apprend
d'ailleurs qu'au onjsième siècle le Soûs était couvert de cultures
de canne à sucre et d'indigotier, dont les produits suffisaient à
la consommation de tout le Maroc. Ces cultupes ont disparu,
mais les contrées montagneuses du Soûs possèdent toujours
une essence spéciale d'arbre, l'arganier, à^i le fruit, sert à
Idre de l'huile ; dans les autres parties du Soûs, l'amandier
et l'olivier remplacent l'arganier.
Par suite d'un accident très-regrettable, le rabbin Mardochée
a perdu les feuillets sur lesquels il avait inscrit une partie de
ses relèvements dans le canton de Tazerouâlt. Toutefois, en
s'aidant de l'itinéraire de Léopold Panet, on voit que le point
extrême sud du voyageur marocain tombe sous le 28^ de lati-
tude nord et le *13® de longitude occidentale, en un lieu' au
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LA BERBÉRIE. 20
nord et tout près de i*Ouâdi Dhra'a, vers les confins de la do-
mination marocaine à notre époque.
Au sud de TAtlas, le rabbin Mardochée a porté sur la carte,
entre 29^ 15' et 27«» 50' de latitude, un certain nombre de
montagnes, le Djebel Tizelmê, le Djebel Ida Ou Saqra, le
Djebel Ida Ou Taltas, lé Djebel Tabayoudt et le Djebel Taska-
le^n, qui forment comme les arêtes séparatives des deux bas-
sins de rOuâd Noûn et de TOuâdi Dhra a ; là florissait ancien-
nement une civilisation ^t generis^ au sujet de laquelle nous
étions dans une ignorance absolue, {je mérite d'avoir découvert
les monuments de cette civilisation mystérieuse appartient au
rabbin Mardochée, dont les notes et les estampages de sculptures
ouvrent des horizons nouveaux à Thistoiredu nord de 1* Afrique.
Ils nous aident à reconstituer un passé qui avait échappé' aux
auteurs classiques grecs et romains, et dont la révélation nous
étonne. N*est-il pas surprenant, en effet, que les Romains, qui
firent campagne dans la Gétulie jusqu'au fleuve Daradus (Ouâdi
Dhra*a), comme les Portugais, qui établirent leur domination
sur la côte au quinzième et au seizième siècle, paraissent avoir
ignoré ces ruines remarquables?
Une rivière, TAsif Tazerouâlt, arrose un canton du Soûs
auquel elle donne son nom, et au sud duquel sont les montagnes
de Tizelmé, Ignân, Ida Ou Saqra, Ida Ou Taltas, Tabayoudt et
Taskale^nn. Dans ces montagnes, et sur la plaine qui les en-
Tiranne, le rabbin Mardochée a découvert des ruines. Elles sont
nombreuses surtout dans le Djebel Ida Ou Taltas. Là on trouve
des tours, de hauts murs et des tombeaux, mais la construction
^a plus grandiose consiste en une longue muraille de deux mètres
cinquante centimètres d'épaisseur qui relie entre eux les deux
chaînons du Djebel Ida Ou Taltas. Celte muraille est surmontée
de tours, dont les murs ont quatre-vingt-^lix centimètres
d'épaisseur; aux environs sont des ruines d'autres construc-
tions, et des tombeaux.
Pour apprécier ces constructions d'une manière définitive,
il faudrait certainement des détails plus précis sur la taille et
yGoogL
30 AFRIQUE. N«* 16-91
les dimensions des pierres qui ont servi à les élever. Hais, dès
maintenant, on est tenté de chercher un rapprochement entre
ce type de construction et celui dont M. Tissot a trouvé le
modèle sur les hauteurs de Bekâda.
A l'ouest de la ville de Taïdalt on voit une source. Au sud-
ouest s'élèvent des collines avec des ruines très-anciennes et
des tombeaux ; plus au sud se dresse un massif montagneux
formé par le Djebel Tabayoudt, le Djebel Taskalewîn et le
Djebel Taskala Oumm Aghrou Ikelân. Là encore Hardochée
découvrit beaucoup de èonstructions, de sculptures et d'in-
scriptions, dont quelques-unes se trouvent dans des cimetières,
sur des tombes remarquables en ce qu'elles mesurent de cinq
mètres soixante centimètres à sept mètres de long4ieur.
Les estampages de ces pierres à inscriptions et à sculptures
ont été le sujet d'une étude que nous avons publiée dans le
Bulletin de la Société de Géographie (n<> 86). Sur les soixante-
huit estampages envoyés par le rabbin Mardochée, trente-
quatre portent des dessins différents, gravés par les anciens
habitants du sud-ouest du Maroc. Les sujets représentés don-
nent déjà une date approximative à ces sculptures ; on y voit,
en effet, des animaux étrangers maintenant au Maroc, tels que
l'éléphant, le rhinocéros J[)icorne et la girafe, avec des che-
vaux, une autruche et quelques petits mammifères. 11 règne
dans ces sculptures, grossières ébauches, un sentiment de
vérité, une exactitude dans les formes générales, dont on
peut conclure que les sculpteurs travaillèrent en ayant sous les
yeux les animaux qu'ils représentaient. Leur œuvre est donc
au moins contemporaine du premier siècle de notre ère ; elle
peut même fort bien remonter à une époque de beaucoup anté-
rieure.
11 y a mille huit cents ans, le témoignage de Pline en fait
foi, l'éléphant vivait en Mauritanie, non-seulement sur les
bords de l'Ouâd Guîr, mais encore aux environs de Sala et
de Tanger, et TOuâdi Dhra'a, au nord duquel s'arrête l'itiné-
raire de Mardochée, était alors un fleuve infesté de crocodiles.
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LA BERBÉRIE. M
Tout nous porte à penser qu*à cette même époque le gigan-
tesque réseau de fleuves et de rivières, maintenant taris, qui
sillonne le Sahara des deux côtés du tropique du Cancer, et
qui, dans la partie occidentale de ce désert, indique encore
trois grands bassins *, n'était pas encore complètement à^sec.
Nous rappellerons ici seulement les poissons et les crocodiles
qui ont trouvé un dernier refuge dans les lacs de Mîhero et de '
Tedjeradjeré situés dans le haut des affluents de l'fgharghar.
Avec un climat si didérent *du climat désertique, toutes les
contrées au sud de TAtlas pouvaient, à l'époque de Pline, être
habitées par des nègres, et Pline appelle en effet Éthiopiens
Daratites, le peuple qui vivait dans le bassin du Daradus
(OuâdiDhra'a).
Jusqu'à ce jour la Science n'avait pas encore osé prédser à
quelle race nègre appartenaient les Éthiopiens Daratites, pre-
miers occupants du sud du Maroc. Des traditions, qui ont toute
la force de preuves historiques, indiquent qu'anciennement les
nègres Azêr et Eadjâga de la souche Djoûli ou Mandingue peu-
plaient le Sahara, au nord du Sénégal, où ils fondèrent FÉtat
de Ghanata, qui s'étendit du grand coude du Dliiôli-Ba à l'O-
céan , et aussi loin que le 24^ de latitude du côté du nord. Des
Azêr et des Kadjâga composent encore le fond de la population
des oasis deChêtou ou Tichît, Ouadân,et Birou ou Oulâta, tan-
dis qu'ils ont abandonné le désert environnant aux races blan-
ches : berbère et arabe, mieux faites que les nègres pour la
vie nomade à laquelle le Sahara oblige ses habitants. Singulier
rapprochement ! Les Azêr et les Kadjâga, aujourd'hui déchus
de leur ancienne importance politique, ont conservé le souve-
nir du temps où ils domestiquaient et dressaient l'éléphant,
qui a disparu depuis des siècles de leur territoire. Pour ces
motifs, il semble naturel de chercher à assimiler à une bran-
1. L'un, celui de l'Igharghar, incliné du côté du nord, vers la Méditerranée
(ancienne baie de Triton); l'autre, celui du Tlrhehért, du côté de l'ouest, vers
l'océan Atlantiqi^e ; et le dernier, celui du Tâfassftsset, incliné du côté sud, vers
le Kwâra ou Mger.
yGoogk
32 AFRIQUE. N- 16-91
che de la famille Handingue les Éthiopiens Daratites de Pline.
La décadence politique de cette race aura entraîné chez elle la
décadence du sentiment artistique, et l'oubli des grands tra-
vaux auxquels elle se livra alors qu'elle était maîtresse des pays
au sud de TAtlas. Cependant, refoulés vers le sud, les Djoûli
n'ont pas entièrement oublié leur ancien goût pour Tarchitec-
ture. Les palais avec leurs hautes murailles flanquées de tours,
que Hungo Park encore vit à Sêgou-Koro, sur le Dhiôli-Ba; les
dessins et les peintures qui ornent les maisons en bois des
Djoûli qui vivent sur les rives du Rio Nunez, démontrent qu'il
n'y a pas bien longtemps, deux rameaux de la famille à laquelle
appartenaient les Ethiopiens Daratites ont donné comme ar-
chitectes et comme décorateurs, des preuves d'un talent qui
manque aujourd'hui à leurs frères opprimés dans les oasis de
l'Adrâr. Enfin, nous devons peut-être tenir compte d*un fait
qui nous paraît appuyer l'hypothèse de l'ancien peuplement du
Sahara occidental et du bassin de TOuâdi Dhra'a par les Djoûli-
Wakorê. Les tribus berbères, connues sous le nom de Maures,
et répandues aujourd'hui dans tout le Sahara occidental, ap-
pellent Ahel MâssQy « gens de Massa », une des subdivisions
des Wakorê, qui se nomme ^lle-niême Sâro. Dans la bouche
des blancs, conquérants de l'ancienne patrie des Wakorê, ce
surnom les rattache au souvenir de leur séjour sur les rives de
rOuâd Massa, qui arrose la partie du Soûs directement au nord
du Tazerouâlt, où le rabbin Mardochée a découvert des monu-
ments anciens si intéressants.
Les résultats du dernier voyage du rabbin Mardochée que
nous venons d'indiquer ont donc une double portée ; au point
de vue géographique, il a tracé un itinéraire détaillé dans une
partie inexplorée et très-intéressante du sud du Maroc; au point
de vue historique, il a envoyé quelques notes et un nombre
considérable d'estampages pris sur des monuments, dont l'exis-
tence n'était même pas soupçonnée, et qui ouvrent des aperçus
entièrement nouveaux sur les premières populations de la par-
tie nord-ouest du Sahara. Envisagées sous ce dernier aspect
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LA BERBÉRIE. 33
seulement, les découvertes du rabbin Mardochce apportent un
élément précieux pour reconstituer le passé du nord-ouest de
TAfrique, antérieurement à l'ère de la domination romaine,
avec laquelle commençait pour nous Thisloire de ces contrées.
On entrevoit déjà un lien de parenté entre certaines épigraplies
taillées sur les rochers des environs de Moghàr en Algérie, dans
la vallée de Telizzarhèn, à Test de Rhât, à Anâï, au sud du
Fezzân, et celles que le rabbin Mardochée a trouvées dans la
province marocaine de Soûs. La manière des graveurs a été sur
tous ces points la même; on ne remarque de difTérences locales
que dans le choix des sujels gravés sur les surfaces des rochers.
Ces différences peuvent s'expliquer soit par un état particulier
de civilisation des peuples qui vivaient anciennement dans les
pays de Test où Tinfluence des idées de TÉgypte s*est faite sen-
tir, soit par un climat relativement plus humide et plus chaud
dans les contrées de l'ouest soumises à l'action du voisinage de
rOcéan, et abritées au nord par de très-hautes montagnes. Et
peut-être ces deux causes se sont-elles traduites simultanément
par les diflerences que nous signalons. Dans tous les points
situés à Test du Maroc, le bœuf est, de tous les animaux, le
plus fréquemment représenté. Jusqu'à présent, l'éléphant et
le rhinocéros n*ont été trouvés que dans les sculptures du sud
du Maroc, où manquent les figures humaines, de même que ces
personnages allégoriques ou divinités à têtes d'animaux que
Barth découvrit dans la vallée de Telizzarhèn, et qui rappellent
tant les dieux et les déesses du panthéon des anciens Égyp-
tiens. Nous ne pensons pas qu'on doive attribuer une
importance trop grande à ce fait que sur les dessins gra-
vés, dont le rabbin Mardochée a envoyé les estampages, on
voit cinq signes de l'écriture teHnagb, employée aujourd'hui
encore par les Touareg, mais alignés verticalement' comme
dans les inscriptions des nécropoles de la Numidie. 11 est fort
possible que ces caractères teiinagh, comme ceux qu'on trouve
sur certains monuments romains, soient des additions relative '
ment récentes.
L*A5H<I GiOGR. XV. Digitized by vâOOgle
34 AFRIQUE. N- 16-91
§ 2. ^ La géodésie de TAlgérie et l'hydrographie de la grande Syrte ; nouveaux
Iravaui de M. le chef d'escadron d'état-major Perrier et de M. le capitaine de
Taiâseau Mouchez.
Dans le courant de 1876, le Dépôt de la guerre et le.
Dépôt de la marine ont fait continuer les travaux de géogra-
phie de précision en Algérie et sur le littoral africain de la
Méditerranée. Les opérations de la nouvelle géodésie de l'Al-
gérie commencées, en 1853, par la mesure de la base de
Qolêa'a, avaient déjà été poussées au delà des limites sud du
département de Gonstaiitine ; le capitaine d'ctat-major Rou-
daire les avait même continuées dans le Sahara, au sud des
monts Aouràs. Mais pour que la géodésie de l'Algérie prît un
caractère définitif, il fallait qu'elle fût contrôlée par de nou-
velles observations, dont le soin a été confié au commandant
d etat-major Perrier, menibre du Bureau des longitudes, assisté
du capitaine d'état-major Bassot. Chargés de déterminer télé-
graphiquement la différence de longitude entre Bône et Alger,
ils ont d'abord fixé la latitude de lobservatoire géodésique de
Bône par deux cent quarante distances zénithales d'étoiles cul-
minant, au nord où au sud, à moins de 30° du zénith, et la
longitude de cet observatoire par de nombreuses observations
télégraphiques. Ces opérations terminées, MM. Perrier et Bassot
ont dii se transporter à Nemours, ville française sur la fron-
tière du Maroc, pour y procéder à la déterminatiou de la lati-
tude, et à la détermination télégraphique de la différence de
longitude entre ce point et Alger.
Le commandant Perrier annonçait qu'il voulait enfin procé-
der à la vérification de ces deux déterminations indépendantes
en faisant des observations directes à Nemours, où il resterait, et
à Bône, où se rendrait dans ce but le capitaine Bassot. La distance
totale qui sépare ces deux points, à vol d'oiseau, est de 1468 ki-
lomètres. Le commandant Perrier écrivait de Bône à la Société
de Géographie : « C'est ainsi qu'on connaîtra l'amplitude astro-
nomique de l'arc du parallèle algérien qui s'étend des fron-
LA BBftBERIË. 35
tières de la Tunisie à celles du Maroc ; la longueur de cet arc
étant calculée au moyen de la triangulation, et la latitude du
parallèle étant donnée par cinq cents ou six cents observa-
tions, on pourra en conclure le rayon équatorial, ou le grand
axe du sphéroïde terrestre. »
Dans la campagne de 1877, le commandant Perrier opérera
à Biskra, à Laghouât et à Géryville, et nous pouvons espérer
que ses observations donneront là aussi des résultats précieux.
La position de Géryville n'a jamais été fixée par des observa-
tions astronomiques : aussi toute la carte du sud du départe-
ment d'Oran msuique-t-elle encore de points de repère sûrs.
M. Émilien Renou, ingénieur français, avait observé en 1855
les positions de Laghouât et de Biskra. La première géodésie de
TAlgérie est arrivée à Biskra, et la position du fort de cette
ville est indiquée dans une inscription sur un de ses murs.
Néanmoins, à Biskra comme à Laghouât, le travail du comman-
dant Perrier sera un travail de vérification extrêmement pré-
cieux.
Aucune partie de la carte du littoral méditeiTanéen n*est
restée, aussi longtemps que la cote de la Tripolitaine, sujette
à des doutes sérieux. Ce n'est qu'en 1818 que le capitaine de
vaisseau anglais Smyth exécuta les preiniers travaux hydro-
graphiques entre Selâqès et Ben-Ghâzy. En 1821, le capitaine
Gautier, sur la gabare de notre marine la Chevrette, fit
l'hydrographie de la grande Syrte, et dans la même année le
capitaine de la marine anglaise F.-W. Beochey commença, par
terre, une reconnaissance géographique qu il aclieva en 1822
après ravoir poussée jusqu'au port de Dema, dans la C;ré-
naïque. Mais leç relèvements de 1818, de 1821 et de 1822,
ne correspondaient plus aux exigences de précision de la
science navale et de la géographie contemporaines, et il incom-
bait certainement plus qu'à toute autre à la marine française,
de donner des renseignements suffisants sur près de 1450 ki-
lomètres formant le développement des côtes des deux Syrtes^
36 AFRIQUE. N»« 16-91
entre les ports de Sefôqès, en Tunisie, et de 6en-Ghâzy, en
Tripolitaine. Le capitaine de vaisseau Mouchez, membre de
rinstitut et du Bureau des longitudes, vient de faire ce travail
complet en surmontant des difficultés heureusement peu ordi-
naires*.
Les côtes remarquablement basses des deux Syrtes sont bor-
dées d*écueils et de bancs de sable. Obéissant à la nécessité
d'une grande prudence, que la situation politique imposait à
des hommes de science européens dans une contrée musul-
mane, M. Mouchez n'a pris terre que sur les points dont il
était mdispensable de déterminer la position par des observa-
tions astronomiques. La côte des deux Syrtes comptait depuis
longtemps parmi les plus inhospitalières. Avec la Marmaiique,
elle est la seule région du littoral de la Méditerranée dont la
masse principale des habitants soit restée nomade. Sauf quel-
ques rares ports, où se sont constitués des centres d'habitation
ûxe, il n'y a, sur les deux Syrtes, que des tribus arabes ou
berbères, qui, de temps à autre, secouent le joug de la domi-
nation ottomane el^ tunisienne, et se livrent continuellement à
des actes de déprédation et de pillage ; leurs victimes sont non-
seulement les naufragés, mais encore les tribus qui vivent à
côté d'elles. Nous faisons allusion ici à des faits dont nous avons
été témoin. Ces habitudes d'indiscipline et de pillage s'obser-
vent surtout chez les Oulâd 'Alî de la Marmarique et chez les
Ourghâmma et autres tribus au sud de Gâbès. La mission hy-
drographique française, arrivant dans un moment de surexci-
tation religieuse des musulmans, rencontra une hostiUté des
plus prononcées chez les habitants de l'oasis maritime appelée
Zaouiya El-Gharbîya (en français : le couvent de Vouest) près
Tripoli de Barbarie. De3cendant là à terre avec deux timo-
niers pour ses observations astronomiques, le commandant Mou-
1. On se rappelle que le commandant Mouchez avait déjà fait, de 1855 à 1860,
es cartes de la rivière de la Plata et de la république du Paraguay, relevé dans
les deux années suivantes, le grand récif des AbroUios, et la côte du Brésil de
Bahia à Rio de Janeiro, et de 1864 à 1866 le re&te de la côte brésilienne, de Bahia
à rembouehure des Amazones.
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LA BERBERIE. 37
chez fdt assailli par des forcenés qui voulurent le faire pri-
sonnier ainsi que ses aides ; il fallut parlementer longtemps
avant de pouvoir se rembarquer.
L*oasis de Zaouiya Ël-Gharbîya, qui s'étend sur une longueur
de plusieurs kilomètres parallèlement au rivage, contient plu-
sieurs villages, dont les habitants emmagasinent les grains de
différentes tribus de la Djefara, grande plaine située entre les
monts Nefoûsa et la Méditerranée. Les habitants de l'oasis
même de Zaouiya Ël-Gharbîya, quoique dépendant du gouver-
nement général de la Tripolitainc, sont les amis des Ourghamma,
tribu turbulente du territoire tunisien, et on trouve ici fréquem-
ment des nomades campés sous les palmiers-dattiers, comme
cela arrive dans toutes les oasis, oii ils viennent à certaines
époques pour acheter des dattes. En 1860, nous avons passé
par Zaouiya El-Gharbîya en nous rendant de Tripoli au Djebel
Nefousa, et nous n*avonseu qu*à nous louer des quarante cava-
liers d'escorte que nous donna le maire de cette oasis pour
traverser la Djefâra, infestée, comme toujours, par des partis
d'Ourghamma et d'autres maraudeurs de la frontière. Un tel '
changement dans les dispositions de la population de Zaouiya
El-Gharbîya pour les Européens mérite d'être étudié, car il
n'est pas indifférent pour nous de connaître à quelle cause il
faut l'attribuer. A différentes reprises, la partie de la Tripoli-
taine où est Zaouiya El-Gharbîya a vu arriver des immigrants
algériens qui, mécontents de vivre sous l'administration des infi-
dèles, allaient chercher une autre patrie sur le territoire ottoman.
Peut-être est-ce là la cause du changement dans les dispositions
des habitants de Zaouiya El-Gharbîya. Mais nous la verrions plu-
tôt dans deux faits qui peuvent avoir agi simultanément. Depuis
de longues années Thostihté contre le progrès et la tolérance,
qui vient de se montrer à jour à Gonstantinople même, chez le
clergé musulman, était aussi le thème favori des prédicateurs
de certaines confréries religieuses qui parcouraient l'Algérie,
et qui, généralement, avaient et ont encore leurs centres d'ac-
tion soit dans le Sahara, soit dans le Maroc ou la TripoHtaine.
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58 AFRIQUE. N- 16-91
Il n*y aurait rien d'impossible à ce que le courant de fanatisme
qui semble rayonner maintenant dans plusieurs parties du
monde musulman, à Constantinople, comme à Kachgar, eût
fait Tibrer aussi 4es musulmans de la Berbérie ; il aura trouvé
là dans les adeptes des confréries dont nous parlons, des auxi-
liaires toujours préparés à obéir à un mot d ordre antichrétien,
ou pour mieux dire antieuropéen.
La mission hydrographique du commandant Mouchez vient de
finir ; Texamen des résultats qu'elle a donnés, et qui ne sont
pas encore rendus publics, trouvera sans doute sa place dans
le prochain volume de Y Année géographique. Cette expédition
avait pour but de compléter l'hydrographie de la côte entre
Sefàqès et Ben-Ghâzy, car les relevés hydrographiques faits par
ordre de l'amirauté anglaise s'arrêtaient à l'ouest à Sefàqès,
sur la côte tunisienne, et à l'est à Ben-Ghâzy, dans la Cyré-
naïque. Entre ces deux points, ils laissaient encore dans le
vague la côte monotone des deux Syrtes, oii le travail de l'hy-
drographe devait être aussi difficile que désagréable.
En raison des circonstances locales, les nouveaux travaux
hydrographiques du commandant Mouchez ont été menés sui-
vant deux méthodes différentes dans la partie ouest et dans la
partie est de la côte. Entre Sefàqès et le Râs Maçrâta (cap.
Maçrâta), la côte de la petite Syrte a été levée avec tous les dé*
taiis nécessaires à l'aide de stations au théodolite, faites à
terre le long du littoral, en vue les unes des autres, et espacées
entre elles d'une lieue en moyenne. Aussi souvent que le né-
cessitait l'exactitude du levé, le commandant Mouchez faisait,
aussi à terre, des stations astronomiques dont il déterminait la
latitude à 5" près, et la longitude à 0»,5 de temps, ou 7'',5
d'arc près, en se servant de cinq excellents chronomètres. On a
levé le plan particulier de tous les points qui offi^nt quelque
abri, ou un mouillage quelque peu convenable. Dans la grande
Syrte, dont le nom classique s'est perpétué dans le nom Sert que
donnent à ses côtes leurs habitants actuels, le commandant
Mouchez a dû faire son levé avec un peu moins de détails, à
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LA BËRBÉ^IE. 59
cause de rhostiliié des populations, bostilitë tellement flagrante
que les Arabes qui accompagnaient la mission française refu-
saient de descendre à terre. Malgré cette situation si défavo-
rable à la poursuite régulière des travaux, le capitaine de
vaisseau Mouchez et ses collaborateurs ont pu déterminer la
position géographique de douze ou quatorze points au moyeu
d'excellentes observations faites, à terre, avec la même précision
que les .observations de la petite Syrte, car la plus grosse
erreur du nouveau tracé sera inférieure à un demi'mille marin,
soit à 927 mètres.
Tandis que le Castor faisait une route parallèle à la cote,
et à une distance moyenne de 2 kilomètres, le canot à vapeur
a suivi la côte à cinquante mètres. L'expédition a levé dans la
grande Syrte les plans de quatre ou cinq points où les bateaux
caboteurs pourront trouver un abri ; mais elle n'a pas reconnu
une seule crique pouvant abriter même un petit navire en
cas de mauvais temps.
Sur les 668 kilomètres des rivages déserts de la grande
Syrte on ne voit pas une seule maison ; on ne trouve plus un
seul arbre. L'unique palmier-dattier qui formait il y a cin-
quante-cinq ans un signal naturel à El-'Âr'ar est mort, et n'a
pas été remplacé. Partout le capitaine de vaisseau Mouchez a
constaté que la population est très-clair-semée ; et la seule
industrie maritime à laquelle elle s'adonne, sur la côte orien-
tale seulement, est celle de la pêche aux éponges.
§ 3.^ Les monts Aourâs. Exploration historique, archéologique, ethnographique et
linguistique de M. Emmanuel Masqueray. Éludes sur l'oasis de Negrin et les
ruines romaines de Besseriâni, par M. le capitaine Baudot. La limite sud de
roccupation romaine dans la province de Gonstautine*
Avec les expéditions militaires d'abord, puis avec les tra-
vaux de colonisation, on a vu se réaliser, depuis 1 830, de grands
progrès dans la connaissance du sol, du climat, des produc-
tions et des habitants de l'Algérie. Et cependant, malgré le.
nombre des hommes qui se sont livrés et qui se livrent encore
yGoogk
40 AFnlQUE. W 16-01
à l'exploration scientifique de TAlgérie, nous sommes loin de
connaître d*une manière satisfaisante toutes les parties du pays,
si on veut les envisager sous leurs aspects variés. Parmi les
contrées de l'Algérie qui méritent une étude approfondie, il faut
citer en première ligne les chaînes de montagnes qui séparent
le Tell, c'est-à-dire la partie cultivable, du Sahara du départe-^
ment de Constantine, et que nous appelons Aourâs, en géné-
ralisant à tout un grand massif le nom d'nne des chaînes qui
le composent ^. Ici, ce ne sont pas tant les lacunes ou les
imperfeclions de la carte que les habitants, leurs mœurs,
leur histoire et leurs œuvres qui faisaient ardemment
souhaiter de voir cette contrée parcourue, et scrutée en
détail, par un voyageur en mesure de bien observer.
Gi souhait vient d'être réalisé. M. Emmanuel Masqueray,
professeur au lycée d'Alger, fut chargé, en 1875, par le gou-
vernement de l'Algérie et par le ministère de l'instruction pu-
blique, d'aller poursuivre des recherches historiques dans TAou-
râs. La Société de Géographie de Paris lui remit des instructions
et voulut ensuite contribuer aux dépenses d'un voyage dont les
résultats ne pouvaient manquer d'être extrêmement intéressants.
A son passage à Constantine, le capitaineParisot, chef du bureau
topographique, donna communication à M. Masqueray d'une
carte manuscrile, à l'échelle du cent-millième, du pays qu'il
allait étudier, dont l'usage devait lui être fort utile.
M. Masqueray commença son exploration à Batna, au mois
de janvier 1876. 11 explora d'abord, à dix kilomètres environ
de Lambèse, sur le versant nord des montagnes, les ruines ro-
maines de Thamugas, appelées aujourd'hui Timgâd, par suite
d'une modification insignifiante de l'ancien nom, Tâmgâd, qui
est conservé dans le nom latin. Les fouilles de M. Masqueray fu-
rent récompensées parla découverte d'inscriptions romaines
qui déterminent rigoureusement l'emplacement de la curie
nord
1. Le nom d'Aourfts appartient en propre à la partie des montagnes comprise
entre les vallées de l'Ouâd El-Ahmar et de TOuâd 'Abdi, et se prolongeant de là au
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LA BEHBëRIE. 41
de Thamugas, et qui donnent en même temps la liste des ma-
gistrats de cette ville à la fin du quatrième siècle (n" 66 et 67).
Le voyageur put aussi reconstituer Taspect du forum et
de ses monuments, et retrouver les amorces des voies qui re-
liaient cette ville aux autres centres de Toccupation romaine.
Il s'assura que, malgré Je témoignage de Procope, la ville ro-
maine de Thamugas était ouverte. Fondée sous le règne de
Trajan, elle reçut des embellissements pendant la domiaation
byzantine, et c'est de cette époque que datent la basilique et
le château, oîi, entre autres matériaux de construction, on em-
ploya les pierres tumulaires, les sépulcres et les débris de mo-
numents plus anciens.
Après cet heureux début de son voyage, M. Masqueray pé-
nétra dans les montagnes, où il arrivait sur le théâtre choisi
pour ses études. En effet; un des principaux buts de sa mis-
sion était de recueillir des données exactes sur les habitants de
TÂourâs, de cette citadelle historique de lanationaUté berbère.
Du mois de mai au mois d'octobre 1876, il a parcouru et tra-
versé TAourâs dans plusieurs directions ; de Lambèse au nord,
à Berânis au sud ; de là en remontant vers le nord par Mena a
et Tarhit à Mazer ; il a visité les pentes nord du Djebel Nouâçer,
continué son voyage par la haute vallée de TOuâd 'Abdi, la
vallée de TOuâd Taga, puis par Ichoukkân à Klienchela, où
la fièvre intermittente l'a obligé de suspendre ses explora-
tions.
Depuis quelques années la science s'occupe des monuments
préhistoriques, des sépultures de types élranges, des aligne-
ments de pierres ou autres monuments primitifs qu'on trouve
dans beaucoup de pays et entre lesquels l'histoire positive ne
nous montre pas de lien. Ces monuments toutefois sont par-
tout le sujet de légendes, sans valeur, mais qui se rattachent
toujours aux plus anciennes traditions. En France et en Angle-
terre, on les appelle généralement pierres druidiques (dolmens,
menhirs, etc.); en Allemagne : tombeaux des Huns; en Algérie :
boutiques, calottes, tombeaux des idolâtres ou des barbares ;
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42 AI'^RIQUE. N" 16-91
il y en a sur la côte des Çômâli , en Russie et dans THimalaya.
Certains types de ces monuments se retrouvent sur de vastes
étendues de pays, d'autres sont particuliers à une ou deux con«
trées ; à première vue, il serait donc illogique de vouloir les
attribuer tous à une seule et même race, qui les aurait semés
dans trois continents au cours de longues migrations sous les
climats les plus divers.
M. Masqueray a eu la bonne fortune de rencontrer un grand
nombre de ces monuments dans les montagnes de TAourâs, et
il les a soumis à une étude attentive (n^ 68). 11 a trouvé quatre
eents tombeaux circulaires dans la plaine de Nerdi, entre le
village de Boû Zîna et le Djebel Mahmel ; d'autres au nord du
Djebel Nouâçer, et aux environs des villages de Hena'a, de
Nâra et de Tisekifîn ; enfin le hasard lui a fait découvrir une
grande nécropole près des ruines d'ichoukkan. Voici la des-
cription des tombeaux circulaires d'ichoukkân telle que la
donne le voyageur. Ces tombeaux sont là au nombre de deux
cents ou trois cents, et les pentes des montagnes voisines,
le Boû Driesen et le Kharroûba, en contiennent au moins trois
mille.
Ils ont la forme de tours de 5 mètre^ de diamètre environ et d'une
épaisseur de 1", 50, quelquefois 2 mètres; ils sont composés de fortes
pierres, grandes et bien ajustées. Ils ont 2",50 ou 3 mètres de hauteur
et sont recouverts de larges dalles. Je dis que ces sortes de monuments
sont des tombeaux parce qu'ils sont tout à fait analogues à d'autres
dans lesquels j'ai trouvé des squelettes ; mais j'avoue que j'en ai fait
ouvrir deux sans résultat. Je n'ai pas pu poursuivre cette recherche
parce que mes moyens étaient insuffisants. Bien que j'eusse huit
hommes à ma disposition et plusieurs leviers, il m'a fallu reculer de«
vant la masse de ces énormes pierres....
Le type de ces tombeaux est constant. Au milieu, une petite chambre
rectangulaire composée de quati*e dalles, deux longues sur les flancs,
deux plus petites à la tête et aux pieds ; autour de cette chambre, huit
ou dix cercles de pierres dont le volume va croissant du centre à la
circonférence; au-dessus une plaque à peu près circulaire. Cependant,
au milieu de ces tombeaux s'élèvent des tours dont l'intérieur offre
la figure d'un carré grossier. Ces tours, composées de grosses pierres
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LA B8RBÉRIE. 45
sèches, sont revêtues d'abord de caillasue, puis de pierres énormes ;
elles sont également couvertes d'une dalle dont les dimensions sont
souvent surprenantes. Ces tours sont-elles des tombeaux de person-
nages considérables ou des habitations ? Leur élévation est d'environ
2 mètres. J'ai toujours trouvé d£S squelettes avec certitude dans ce
que j'appelle proprement les tombeaux, et je n'ai jamais rien trouvé
dans les tours. Toutefois j'ai ouvert trop peu de ces tours pour en
conclure.
Le point capital est l'orientation de la chambre des tombeaux. Cette
orientation est nord-nordH>uest. Quant à leur distribution générale
suivant certaines lignes, je pense maintenant que les inductions qu'on
en tire sont sans valeur. Sur le Kbarroûba comme sur lo Boû Driesen,
et ailleurs, ils sont agglomérés sans direction voulue La seule loi
générale est que, s'ils sont en petit nombre, ils se suivent les uns
derrière \o8 autres le long de la colline qui les porte, en se confor-
mant k l'orientation de cette colline, quelle qu'elle soit. C'est l'orien-
tation de la chambre sépulcrale qui seule peut avoir une valeur
ethnographique.
En second lieu, le squelette se trouve au fond de cette chambre,
reposant sur le sol, accroupi, la tête vers le nord-nord-ouest. On ne
trouve pas toujours de poterie à côté de la tête, dans les tombeaux du
Kharroûba, comme dans ceux de la plaine de Nerdi. J'ai trouvé dans
certains tombeaux la poterie seule et point de squelette. Plusieurs
tombeaux aussi étaient complètement vides, bien que la dalle n'eût
pas été déplacée. J'ai même trouvé dans un tombeau cette exception
singulière : un squelette la tête tournée vers le nord. — Je n'ai ja-
mais rencontré d'ornements, sinon un anneau de cuivre.
Halheureusement le temps a fait là son œuvi^e, et les osse-
ments des nécropoles d*lchoukkân sont dans un tel état de dé-
composition que M. Masqueray les compare à du papier brûlé,
et que la science ne pourrait les faire servir à déterminer le
peuple dont ils proviennent. Il a fallu des précautions extrê-
mes pour extraire plusieurs crânes complets et les emballer,
en y joignant des échantillons de poterie et les coquilles d'hé-
lices trouvées en dessous des ossements.
Le voyageur déclare que les crânes, qui ont une gi'ande res-
semblance avec les nôtres, appartenaient à des Berbères ; son
opinion sera fort probablement confirmée par les anthropolo-
gistes.
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44 AFRIQUE. N- 16-91
Les mollusques terrestres, essentiellement attachés au sol,
sont peut-être de tous les êtres vivants ceux qui, par Tépais-
seur ou la forme générale de leur coquille, rendent le plus
sûrement les traits dominants d'un climat, sous le rapport de
la température et du degré d*humidité. Voilà pourquoi, à
défaut d'inscriptions qui permissent d'assigner une date sûre
à des tombeaux très-antiques, H. Masqueray a eu raison de
recueillir les coquilles contenues dans la couche du sol sur
laquelle reposent les squelettes. Au moyen de ces coquilles, il
est au moins un naturaliste en France qui saura fixer Tâge
des nécropoles d'Ichoukkûn.
11 existait autrefois une ville à Ichoukkân, dont la situation
est adn\irablement choisie pour une forteresse. Ce lieu est sur
le chemin direct de Lambèse ou de Timgâd au pays des Oalâd
Dâoud en passant par Medhia du Ghellîya. On ne saurait faire
ce trajet sans passer sous le plateau d'ichoukkân, étroit et
bordé par des précipices : la Khanga Seba'a Regoûd ou a le
ravin des Sept Dormants d, et la Khanguet El-Akhra ou « le
ravin de l'Autre Monde ». Sur ce plateau qui. domine au nord la
plaine de Firaz fut naguère une ville dont M. Masqueray a décou-
vert et exploré les ruines. Le promontoire de rochers, en forme
de fer delauce,qui sépare Les deux ravins, est isolé du reste du
plateau par une longue muraille, construite eu gros blocs de
pierre mal taillés. A l'intérieur, M. Masqueray a reconnu des
traces de murs et des ruines de grandes maisons, aux pierres
d'une coupe et d'un agencement très-grossiers qui trahissent une
main-d'œuvre de beaucoup inférieure à celle des Romains. Du
côté du ravin des Sept Dormants, juste au bord du précipice,
on trouve les débris d une forteresse bâtie dans le même genre
et, du côté du ravin de l'Autre Monde, des ouvrages ressem-
blants à de grosses tours défendaient l'accès de la ville. L'en-
semble de ces ruines est cyclopéeu. Le nom du fragment de
plateau et de la ville n'est qu'un pluriel de la langue berbère.
En y voyant une autre forme à'ehichkân (pluriel à*ehichk)y
substantif qui a le sens de a les arbres » dans le dialecte des
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LA BERBËRIE. 45
Aouélimmiden, on en pourrait conclure que ce plateau, dénudé
aujourd'hui, fut autrefois couvert d'une forêt ; la supposition
paraît admissible quand on refléchit au déboisement de toutes
les parties de TAlgérie qui a continué pendant des siècles.
M. Masqueray s*cst demandé si lantiquité classique avait
peut-être connu la ville dont il a retrouvé remplacement et,
s'appuyant sur un passage de Procope, il croit que le ôpoç
itTviSoç (la montagne du Bouclier),^ de Procope, où le général
Salomon fut forcé de se retrancher avant de battre en retraite
devant les Berbères, et où il trouva d'anciennes fortifications,
ne peut être que la pointe de rochers d'ichoukkân , dont la
forme et l'apparence rappellent en effet un bouclier avec ses
écailles.
Les anciennes fortifications d'Ichoukkân, auxquelles Salo-
mon n*a certainement rien changé, durent être construites par
les Berbères, dont les traditions les plus anciennes font les
habitants de l'Aourâs. Conservées tlans la population actuelle,
ces traditions attribuent le premier peuplement de TAourâs à
un peuple qu'elles nomment Barbar, c'est-à-dire Berbères, qui
cultivait l'olivier, marchait la tête nue et ne construisait pas
de maisons. Or, si le trait caractéristique de l'absence de coif-
fure peut surprendre qui ne connaît que les Berbères de l'Al-
gérie, il ne surprendra nullement les voyageurs qui ont vu les
Aït Atta du Maroc ou les jeunes hommes parmi les serfs des
Touareg. Longtemps après l'époque des Barbar, d'autres tri-
bus de la même race émigrèrent dans le pays. Mais ces nou-
veaux essaims paraissent avoir été déjà plus ou moins arabisés ;
tels étaient par exemple les Oulâd 'Azzîz, et les Benî Ferah,
dont l'émigration coïncida presque avec l'arrivée de quelques
tribus arabes qui se fixèrent dans la montagne à côté des Ber-
bères. Outre ces fleux éléijçients qui généralement ne se sont
pas assez fondus ensemble pour effacer la démarcation de leur
origine, les habitants de l'Aourâs en comptent un troisième qu'ils
appellent le groupe des Oulâd Roumânïa ou Enfants des fio-
wam«. Chez ces derniers domine la couleur blonde des che-
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46 AFRIQUE. N«- 16-91
veux et de la barbe, qu'on retrouve aussi chez certaines autres
tribus du Tell algérien. Les Oulâd Roumânïa habitent principa-
lement les villages de Mena'a et Nâra ; ils composent le fond des
tribus des 'Abdi, des Touâba, des Oulâd Ya'goûb et des Benî
Boû Selîmân. Cette coloration claire des cheveux et de la barbe
ne nous paraît pas une preuve suffisante que les Oulâd Rou-
mânïa descendent en réalité soit des anciens colons romains,
dont le blond n'était pas la couleur, soit des tribus européennes,
telles que les Vandales, qui envahirent l'Algérie après les
Romains. Le nom d'Oulâd Roumânïa indiquerait plutôt une
assimilation de ces tribus au reste des citoyens romains pour
la religion, pour Tadministration et pour la législation ; il dé-
signerait en quelque sorte des Berbères romanisés. Chez eux,
malgré Tinfluence prolongée de la religion et du droit musul-
mans qu'ils furent forcés d'adopter, la femme jouit de la
même liberté que dans les pays civilisés de l'Europe ; elle sort
et va à de grandes distances, et travaille au dehors avec les
hommes. C'est là un trait qu'on retrouve sur tous les points où
le sang berbère s'est conservé pur, et où les décisi(ms des
commentateurs fanatiques du Coran n'ont pas étouffé le plus
beau côté des mœurs nationales.
Longtemps après la conquête de FAourâs par les armées mu*
sulmanes, et en dépit de la conversion des habitants à la nouvelle
religion, dont le livre est en même temps un code de droit, ils
restèrent fidèles aux anciennes coutvmes d'aprè§ lesquelles la
justice était rendue. Les coutumes de TAourâs avaient force de
loi, hier encore pour ainsi dire, car M. Masqueray a pu recueil-
lir celles de plusieurs villages (chaque groupe avait les siennes
propres). Peut-être grâce à lui, les institutions municipales de
l*Aourâs seront-elles sauvées de l'oubli comme Font été celles
de la Kabylie grâce à MM. Hanoteau et Letourneux. Les Mâ-
zerh ou Berbères de l'Aourâs, que les Arabes appellent Châwi^
c'est-à-dire bergers de moutons^ se gouvernaient par munici-
palités, et dans chaque ville ou village, il y avait tantôt autant
de maires (âmoqrâriy amghâr) qu'il y avait de fractions de tri-
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U BËftBÉRlË. il
bas, et alors les maires des différentes fractions composaient
un conseil qui décidait en dernier ressort des affaires de la
commune et rendait la justice suivant la coutume. Tantôt on
formait le conseil d'un certain nombre de notables, ou de per-
sonnages auxquels l'âge avait donné de Texpérience, et qui
prenaient, comme les précédents, le titre à^amghâr; ce titre §
correspond exactement, comme sens originel, au mot latin
major (plus âgé) dont nous avons fait maire. Pour l'exécution
de ses arrêts et pour la police du village, le conseil municipal
désignait des hommes choisis parmi les plus forts et les plus
braves, qui devenaient ainsi de véritables gendarmes, si ce
n'est que leurs fonctions, tout honorifiques, n'étaient pas rétri-
buées, et qu'ils travaillaient à la terre comme le reste des ci-
toyens. L'esprit de la législation de l'Âourâs était simple et pa-
triarcal. Le vol, les injures, les coups et les blessures étaient
punis d'une amende, que partageait le plaignant avec le conseil
municipal. Dans tous les villages, Nâra excepté, l'homicide était
puni, non par la peine de mort, mais par le ravage complet
des biens du meurtrier, un exil dont la durée variait d'un à
deux ans, et par le payement du prix du sang, La position de
la femme devant la législation des coutumes était très-singu-
lière. Tandis que chez d'autres groupes de la famille berbère,
la loi assurait et assure encore à la femme des droits égaux, en
tout, à ceux de l'homme, sinon des privilèges, chez les Berbères
de l'Aourâs^ la femme était toujours incapable ; elle n'héritait
pas. Hais le délit de paroles ou de gestes outrageants envers
une femme donnait lieu à compensation, et en refusant cette
compensation, le mari avait le droit de tuer le coupable. L'adul-
tère payait le prix du sang exactement comme le meurtrier.
Un fait plus surprenant encore que la vitalité de ces vieilles
coutumes légales, qui ont fini par disparaître, c'est la conser-
Tation jusqu'à notre temps, de fêtes romaines et chrétiennes,
qu'on célèbre encore dans l'Aourâs, tandis que, malgré leur
conversion à l'islam qui date de plus de onze siècles, deux
fêtes de la religion musulmane seulement ont été adoptées
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48 AFRIQUE. N- tô-Ôi
parles Berbères de ces montagnes. Sous le nom àHnnâr (jan-
vier), les Châwïa Roumânïa fêtent le jour de Tan dans la nuit
du 51 décembre. On lave tous les vêtements, on change tous
les ustensiles de ménage usés pour entrer dans une nouvelle
année solaire; chaque famille fait un repas, où figurent de la
, viande et des œufs, et Ton clôt les réjouissances par des chants
et des danses. La fête de Tautomne commence au mois de sep-
tembre, quand tous les^grains sont rentrés et battus, au mo-
ment des mariages ; M. Masqueray la compare avec raison à
notre fête des vendanges. Elle dure trois jours pendant les-
quels on chante, on danse et on joue à la balle.
Les fêtes d'origine chrétienne sont au nombre de deux : d*abord
la Noël, qui n'est pas célébrée par les 'Abdi, et que les Chiiwïa
appellent Boû Ini; ce jour-là on change une pierre du foyer et
renouvelle la terre qui Tentoure. Ensuite les Rogations, dont
la date arrive un mois et demi après le jour de Tan, au com-
mencement du printemps dans TAourâs. C'est la fête du prin-
temps. Les habitants sortent tous à jeun, dès le matin, et font
une promenade au son des flûtes dans la montagne. Ils en rap-
portent des feuillages et des herbes vertes. Pendant trois jours
durent des réjouissances qui consistent en coups de fusil, en
jeux de balle que terminent des chants et des danses.
Un des côtés de leur organisation nationale par lesquels les
Berbères les plus purs se distinguent des Arabes est l'existence
de tribus entières ou de familles de serfs à côté d'autre* tribus
nobles, ayant la prépondérance sur les premières. Jusqu'à ce
jour on n'avait reconnu l'existence de serfs que chez les Berbères
du Sahara : les Touareg, et les Maures qui viennent commer-
cer sur le Sénégal. M. Masqueray a découvert dans ce qu'il
appelle les 'Abdi assimilés^ des hommes vivant incorporés dans
les quatre tribus des Oulâd 'Abdi, mais maintenus par eux
dans un état d'infériorité qui rappelle la condition des serfs
des Touareg.
Continuant son voyage sur le versant nord des montagnes,
M. Masqueray arriva au poste français de Khenchela, où une
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LA BERBÉKIE. 49
forte attaque de fièvre intermittente le força de s'arrêter. Il
payait ainsi les épreuves que son zèle scientifique avait fait
subir à sa santé, en s'exposant dans les vallées malsaines, et
en omettant tous les ménagements dont un voyageur moins
actif se serait entouré. Cependant les jours de sa convalescence
n'auront pas été perdus pour la science : ils ont été employés
à l'étude de la langue cbâwi, et à l'exploration des environs de
Khenchela, riches en ruines très-intéressantes.
Au sud de Tebessa, sur le versant saharien des massifs qu'é-
tudie M. Masqueray, on trouve l'oasis de Negrîn, importante
par sa position près de la frontière de la Tunisie. Le voyageur
y peut admirer les contrastes saisissants formés par les taches
et les bandes de verdure sur les tons chauds de la montagne
et des plaines qui l'entourent. Là l'olivier et le dattier confon-
dent leurs feuillages avec ceux des figuiers et des abricotiers,
et à l'ombre de leurs couronnes les habitants cultivent de
l'orge et quelques légumes.
M. Baudot, lieutenant d'état-major, a publié (n^ 71) le fruit
des observations qu'il a pu faire sur cette oasis, pendant la
première mission des Chott. 11 y fait ressortir tous les détails
intéressants relatifs à la position de Negrîn et à la vie de ses
habitants, auxquels le voisinage de la frontière tunisienne
crée une situation défavorable. Cette étude comprend aussi
la description des ruines romaines de Besseriâni, qu'on
trouve à 4 kilomètres et demi au sud du village de Negrîn.
Le regretté capitaine Ragot* avait le premier identifié ces rui-
nes avec la station à* Ad Majores, eu même temps qu'il recon-
stituait la voie stratégique que les Romains avaient établie,
avec des postes fortifiés, le long du versant sud des montagnes,
jusqu'à Biskra {Ad Piscinam). Cette voie fortifiée avait pour
but de défendre leurs possessions contre les tribus nomades du
Sahara, et de maintenir, dans une certaine mesure, les mon-
1. Le Sahara de ta province de Constantine, 1" parrtie. Recueil des no«
tices, etc., l. XVI, p. 259.
l'aknéb g£ûgb. XV.
dbyGoOgl
50 AFRIQUE. N" 16-91
tagnai*ds de l'Aourâs, et ceux des montagnes plus à Test jus-
qu'au Djebel Mejjoûr. Parmi ses stations aucune n'eut Timpor-
tance d'Ad Majores ; on y trouve encore, outre un camp retran-
ché, ou un fort, formant un parallélogramme long de 11 5 mètres
et large de 76 mètres, plusieurs inscriptions latines, dont quel-
ques-unes sont fort belles. Des décombres et des ruines de
maisons se trouvent jusqu'à la distance de 5 kilomètres du
monument principal.
Au delà à' Ad Majores, la route romaine de Theveste (Te-
bessa) à Ad Piscinam (Biskra) n*avait qu'une station nommée
Ad MediaSy jusqu'à BadicLSy qui correspond exactement au
village de Bâdès sur l'Ouâd El-'Arab ; aucun explorateur
n'a encore suivi le tracé de cette voie stratégique du côté de
Negrîn, mais les distances indiquent qu'elle prenait la direc-
tion de Taddart pour gagner Bâdès. Pendant la mission des
Chott, le capitaine d'état-major Parisot découvrit au sud de
cette voie un petit poste romain dont il vient de publier une
courte description (n» 72). Ce poste est à 35 kilomètres sud-
ouest de Besseriâni, en un point que les Arabes appellent Bîr
Mohammed Ben Yoûnès. Il n'en reste plus que les fondations
d'une construction rectangulaire, qui mesurent 55 mètres de
l'est à Touest, et 7>Z mètres du nord au sud. Cette construction
est flanquée de quelques bâtiments plus petits. A 45 kilomè-
tres au nord-ouest de Bîr Mohammed Ben Yoûnès, et au nord du
Chott Es-Selâm. M. Parisot a rencontré aussi quelques pierres
de taille à Henchîr Hamadja. De ces découvertes, il résulterait
que les Romains avaient de petits postes, au sud de la route,
dans le voisinage immédiat des Chott.
g 4. — Les résultats scientifiques des opérations da la Mission des Choit 4u Sa-
hara de CoBstantine, commandée ))ar le capitaine d'état-major E. Boudaire. Sa
nouvelle mission aux Chott du Sahara Tunisien. État de la question de Tan-
cienne mer intérieure.
Le capitaine Roudaire a publié dans le Bulletin de la Société
de Géographie (n<» 37) un travail important ok il i^éi^upie tous
yGoogk
LÀ BERBÉRIE. 51
les travaux qu'ii a exécutés, avec la coopération de MM. les
capitaines d'état-major Parisot et Martin et de H. le lieutenant
d'état-major Baudot, pendant la mission dont il avait été chargé
dans l'hiver de Tannée 1874 à Tannée 1875. On jse rappelle
que cette mission avait pour but principal de reconnaître d'une
manière exacte le niveau des diiïérents Ghott, ou cuvettes à
fond salin, de la partie du Sahara qui se trouve, en Algérie,
directement au sud de la chaîne de TAourâs, et dans lesquels
vont se perdre les eaux de toutes les rivières de ces monta-
gnes. VAnnée géographique ayant déjà suivi le capitaine
Roudaire pendant le cours de ses travaux sur le terrain,
nous n'aurons ici qu'à passer en revue les résultats défi-
nitifs des opérations du nivellement et des observations
de latitude et de longitude faites par le chef de la mis-
sion. Ces dernières offrent un intérêt particulier pour la
géographie, et aussi pour l'étude des lois de la réfraction
atmosphérique dans les parties basses du Sahara, par des tem-
pératures tempérées, comprises entre — 8 degrés au-dessous
de zéro et + 25 degrés au-dessus de zéro. Dans le Sahara,
les brusques variations de la température sont la règle aussi
bien en hiver qu'en été. Pendant ces deux saisons le rayonne-
ment nocturne y produit, pendant la nuit, un abaissement
considérable dû la température du sol ; cet abaissement con-
traste d'une façon très-sensible avec la température que le
soleil, en s'élevant sur l'horizon, communique à Tair d'abord,
puis à la terre. Là est la première cause du phénomène, du
mirage que M. Roudaire ei^plique ainsi ^ :
(( Les. rayons lumineux rasai>ts subissaient alors des réfirac-'
tions irrégulières, et les objets situés à quelques kilomètres
affec^siieiLt ^ formes bizarres et n)o«|veine«tée$.. Is mûr^e
était très-fréquent et se produirait à de très^petitei^ di&tan<^, :
ainsi à 150 od ^00 m^res;, ^^ jt^j^o^ d^ Wipc^^ i^^l^^ei^
i. BuOeHn du Ib Sociéié â& eéogrmpMt^ immémé^èêstm^af im, p. wm
et 586.
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52 AFRIQUE. N«« 16-91
que nous avons faite au signal géodésique de Sîdi Mohammed
Hoûsa, nous n'étions qu'à 8 kilomètres du camp, composé de
dix tentes coniques de 3™,50 de hauteur. De dix heures du
matin à quatre heures du soir, il nous fut impossible de dis-
tinguer la forme d'une seule tente, quoique nous eussions pris
la précaution de faire hisser un grand drapeau au-dessus de
l'une d'elles. On ne pourrait donc faire de la géodésie régu-
lière dans le Sahara, qu'en recourant aux observations de
nuit. »
f Une autre observation consignée dans le rapport prouve la
difficulté que présente l'emploi de signaux géodésiques dans
les plaines du Sahara. Le signal géddésique de Setah Mouï EI-
Kerrâmîn (plus ordinairement appelé signal de Ghegga) est
à 20 kilomètres sud du signal de Taïr Rassou, dont il est sé-
paré par des plaines. Au lever du soleil ou aperçoit de Ghegga
non-seulement le signal géodésique de Taïr Rassou, mais en-
core la maison de commandement, à un étage, sur laquelle il
est construit. On voit alors la maison de commandement et le
signal de Taïr Rassou s'abaisser rapidement et quarante-cinq
minutes suffisent pour que le signal disparaisse sous Thori-
zon. La différence de hauteur des deux signaux étant connue
d une manière rigoureusement exacte par le nivellement géo-
métrique, M. Roudaire a mesuré leurs distances zénithales
réciproques le matin et le soir : il a trouvé ainsi les coefficients
de réfraction de 0,1200 au lever et au coucher du soleil, et
de 0,0550 quarante-cinq minutes après son lever ou avant son
coucher. Ainsi est démontrée la rapidité avec laquelle, dans
le Sahara, s'échauffent et se refroidissent les couches d'air en
contact avec le sol.
Nous donnons le tableau des latitudes et des longitudes dé-
terminées par le capitaine Roudaire, tant par la géodésie que
par les observations astronomiques, nou^ y ajoutons les décli-
naisons de l'aiguille aimantée, qui sont les premières connues
pour tous les points où le capitaine Roudaire les a observées.
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U BERBÉRIE.
53
DiCLIIfAISON
LATITtmi
LORfilTUDI
HATUBS
ODXST
LIEU.
MORD.
S8T
DU
M PABIS.
OBSIBTATIOIIS.
L'AI«niLLK
AIMANTÉS.
'Ain Ma'&ch, source dans
Djeneyyen
ZA'^W
3'47'U''
Géodésie.
iZf^
El-Meha!mel
3A"32' r
3»55' 7"
—
—
Sldi Mohammed Moâsa . .
34«»33'9'
5»49'3y
—
—
El-Faïdh
34»17' 9"«
4»10'35''
—
i3»5a'
El-Ba'adja, puits
Djebel Chechchâr (Aourâs).
S^'ôd'lT"
4»32'23''
—
—
Blr El-Hachchâna, puits. .
34» TS,r
Astronomie.
—
Bir Ez-Zenlnlm
34» S'î?"
—
Nouîa EUToûnsi ....'.
33»55'32''
_
1i»50'
Bîr EI-Guetâtîe*
33»46'39''
il'oO'
MouîEI-Ghen&dra
35»40'38-
—
lî'O*
Bir Bl-'Arab, puits ....
33»43'i9'
—
_
lî'lO'
El-Behîma, village duSoûf.
33»28'37"
—
—
—
Ei-Ouâd, Tille duSoûf*. .
53»Î1'57''
_
—
Bir El-'Aârâf
33»40'38''
iViiy
BîrEl-Ghabi
34» rzs'
5» 4' 5-
~
—
Bîr El-Tîn
34» 9M4''
13M0'
Negrîn
54»28'13''
—
—
"^
Cette année, le capitaine Roudaire, en mission du Ministère
de rinstruction publique, a complété son nivellement sur
toute la longueur du Sahara tunisien, et c'est avec la somme
modeste de 8000 francs qu'a été menée à bonne fin, sur un
développement de 500 kilomètres, un nivellement de précision
à Toccasion duquel on a rappelé le célèbre nivellement de la
France par Bourdaloue. Cette fois M. Roudaire était seul à
opérer les mesures si délicates et si fatigantes du nivellement
géométrique avec le niveau à bulles d'air et les mires par-
lantes : on est surpris qu'un seul homme ait pu résister aux
fatigues corporelles et intellectuelles d*un travail continu dans
un milieu aussi Ingrat et même aussi dangereux.
Le capitaine Roudaire est entré dans le Chott El-Djericl,
1. Nous avons nous-mêmes trouvé 34** 15' 52" N.
2. Notre position, déterminée en 1860, eut : latitude, 33<> 21' 4(y N.; longitude,
4" 57' 20* E.
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54 AFRIQUE. N- 16-91
par sa pointe est, au nord-ouest de la ville de Gâbès ; il a
cheminé le long du rivage méridional du Chott, qui prend
dans cette partie est le nom local de Chott El-Fejîj. Arrivé à la
pointe de la presqu'île du Nefzâw^a, il a fait un profil en travers
dans la direction du sud, jusqu'au fond de la grande baie du
Chott Ël-Djerîd qui forme cette presqu'île, et, reveau au point
de départ de ce profil, il a traversé le Chott, par le chemin ha-
bituel des voyageurs, en passant par El-Mansof, pour arriver
sur le rivage opposé, entre les villages de Sedàda et de Kerîz.
Suivant ce rivage jusqu'à la ville de Tôzer, il a relié par un
long profil en travers le fond du Chott El-Gharsa (appelé là
Sebkha Boû 'Atîya) à sa nouvelle ligne de nivellement ; puis,
laissant Nafta au nord, il est allé sortir du Choit El-Djerîd, au
sud-est de Bîr Soultân ; enfin, après avoir traversé Tisthme de
Bir Soultân, il a rejoint dans le lit du Chott Ël-Gharsa le pi-
quet qu'il y avait enfoncé, un an auparavant, au point le plus
oriental de ses premières lignes de nivelletiient. — La concor-
dance des deux altitudes obtenues pour ce point du Chott El-
Gharsa, par le nivellement commencé à Biskra, et par le ni-
vellement commencé à Gâbès, est remarquable, puisque l'écart
entre les deux résultats n'est que de 8 centimètres, répartis sur
1150 kilomètres. C'est là le meilleur éloge à faire des deux
nivellements, et la double opération du capitaine Boudaire
conservera ce renom qui ne s'attache qu'aux travaux scienti-
fiques d'un caractère définitif.
En résumant les faits acquis par le nivellement de la région
des Chott d'Algérie et de Tunisie, on arrive aux conclusions
suivantes. Sur le territoire algérien du Sahara, au Chott Mel-
ghîgh (3** 40' est de Paris), conmience une dépression^ dont
le sol est inférieur au niveau le plus bas de la Méditerranée ;
elle s'avance là au nord jusqu'à 34<> 40', au sud jusqu'à 35<* 50'
de latitude. C'est la partie où elle atteint sa plus grande lar-
geur. C'est là aussi qu'on a trouvé jusgu'ici les plus grandes
profondeurs (hauteurs négatives), qui atteignent un chiffre do
vingt-sept mètres à quelques kilomètres est du point oii
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LA BERBÉRIE. 55
rOuâd Sedr se perd dans le Chott Helghtgh. A partir de cette
ligne et sur toute la surface d*un grand triangle dont la pointe
tombe à 4** 51' de longitude, c'est-à-dire à quatre-vingt-quinze
kilomètres plus à Test, le lit du Chott Melghîgh et des autres
petits Chotts (avec les terres qui les séparent) y compris* le
Chott Boû Qeçîba, sont constamment au-dessous du niveau de
la Méditerranée. Entre le Chott Boû Qeçîba, à l'ouest, et le
Chott El-6harsa, à l'est, sur une longueur de dix-sept kilo-
mètres, où se trouve le Chott El-'Âsloûdj, le sol sablonneux du
Sahara est de deux à sept mètres plus haut que la mer ; mais
le lit du Chott El-Gharsa, qui fait suite à l'est, marque une
nouvelle dépression où, déjà par 5<» 13' de longitude, on arrive
à une profondeur de quinze mètres. Ainsi que le capitaine
Roudaire l'avait pressenti, le lit du Cbott El-Gharsa, à Test de
ce point, va en augmentant de profondeur, si bien qu'à qua-
rante-deux kilomètres du point où son lit est au niveau des
plus basses eaux de la Méditerranée il atteint son minimum
de — 20 mètres. 11 se relève ensuite dans une faible mesure,
et, sous le 6® degré de longitude est, il n'a plus que la cote de
— 12 mètres.
Le bassin du Cbott El-Gharsa finit à cent quarante-cinq ki-
lomètres ouest de la mer Méditerranée ; il est séparé du Chott
El-Djerîd (Chott Fira'oûn des géographes arabes du moyen âge)
par un isthme montueux d'au moins dix kilomètres de largeur,
et toute la partie orientale de ce grand Chott qui s'étend du ri-
vage de Kerîz à l'isthme de Gâbès est de six mètres à trente-et-
un mètres au-dessus du niveau le plus bas de la Méditerranée.
Il s'ensuit que le point où on trouve aujourd'hui la cote o dans
le Chott El-Gharsa est à cent quarante-quatre kilomètres des
flots de la Méditerranée. Sur l'isthme rocheux de Gâbès, entre
l'embouchure de l'Ouâd El-Mellah, dans le golfe de Gâbès, et le
commencement du Chotl El-Djerîd (appelé là Chott El-Fejîj), on
trouve un maximum de hauteur de 4- 46 mètres. Sur l'isthme
rocheux de Kerîz, le maximum de hauteur est de -4- 40 mètres,
et enGn l'isthme sablonneux du Chott Ël-'Asloûdj, dans le Sa-
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56 AFRIQUE. N<>- 16-91
hara algérien, présente un maximum de + *2 mètres- Ces
relèvements séparent les trois parties inondables du bassin des
Chott algéro-tunisiens, dont chacune est indiquée par un des
trois grands Chott El-Djerîd, El-Gharsa et Melghîgh.
En parcourant, il y a seize ans, les pays au nord et à l'est du
Chott El-Djerîd, nous avions soupçonné que son lit, qui a cer-
tainement fait partie de la Méditerranée, a dû en être sépare
par une commotion volcanique. Les sources thermales qui ar-
rosent les oasis du Djerîd, au nord de ce Chott, et celles qui
arrosent Toasis d'El-Hàmma Matmâta à Test, nous paraissaient
révéler la cause de la séparation et du dessèchement de Tan-
cienne baie de la mer Méditerranée, dont les Chott ne sont que
les derniers fragments. Or, les deux isthmes qui accusent le
relief le plus fort se trouvent précisément tout près des deux
points d'irruption des eaux thermales ; quant à Tisthme du
Chott El-*Asloûdj, on en peut très-bien expliquer la formation
par l'envahissement des sables du Sahara, sous Taction des
vents dominants ; on peut attribuer à la même cause l'exhaus-
sement du milieu du lit du Chott El-Djerîd.
Le professeur Beliucci, de la mission italienne *, avait déjà
reconnu que les collines de l'isthme de Gâbès témoignent d'un
soulèvement préhistorique fort récent, ce qui justifie la pré-
somption 4'une action volcanique contemporaine de l'homme ;
ainsi serait également expliquée la tradition relative à l'ancienne
baie de Triton, devenue plus tard le lac Triton, puis au moyen
âge et jusqu'à nos jours, la Sebkha Fira'oûn ou le Chott El-
Djerîd. On a beaucoup contesté dernièrement cette théorie ; on
a voulu l'anéantir en s'appuyant sur la composition des sels qui
imprègnent tout le bassin des Chott: elle ne serait pas, d'après
M. Le Châtelier (n° 40) , pareille à celle des dépôts Marins ; de
plus, la coquille du Cardium des Chott n'est pas celle du Car-
dium qui vit maintenant dans la Méditerranée. Voilà des objec-
1. Année géographiquBj i9:i^^ par H. Vivien de Saint-Martin, p. 88.
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LABEKBÉRIE. 57,
lions qui, de prime abord, font naître le doute, mais qui nous pa-
raissent réfutables. Il n'y a rien d*étonnant à ce^que les sels de
la surface des Chott, sur lesquels a porté Tanalyse, contiennent
d'autres éléments que le chlorure de sodium ou sel marin pur ;
en effet, un grand nombre de torrents apportent, chaque année,
dans les Chott un volume d*eau assez considérable qui, prove-
nant de terrains qui n ont jamais été submergés par la mer
quaternaire, peut contenir les diverses parties salines dont
on constate la présence dans le sel des Chott. Quant aux
coquilles de Cardium, trouvées dans les Chott, si elles diffèrent
quelque peu de celles du Cardium edule (L.), auxquelles on
les aura comparées , elles n'en sont pas moins des coquilles
marines. Le Cardium edule est l'espèce la plus commune dans
la Méditerranée, mais elle n'y est pas la seule, et on trouve
aujourd'hui certaines espèces de Cardium végétant dans l'eau
saumâtrede lagunes, isolées de la mer par quelque en^fablement*
La création d'une mer intérieure au sud du département de
Constantiue est possible en fait, et nous examinerons dans le
suivant volume, un Rapport oîi le capitaine Roudaire a abordé
la question au point de vue de l'ingénieur. La géographie
pure, que nous envisageons seule ici, sera reconnaissante
envers l'homme à la persévérance et au savoir duquel elle est
redevable de données de première importance.
Moins bien outillé dans la deuxième mission que dans la
première, le capitaine Roudaire n'avait, cette année, aucun
instrument d'astronomie, et n'a pu faire des observations as-
tronomiques pour déterminer la position des points par lesquels
a passé son nivellement dans le sud de la Tunisie. Un juge
très-compétent, à tous égards, M. Antoine d'Abbadie, de
l'Institut, a fait remarquer dans une des séances de la Société
de Géographie, que les voyageurs isolés pourvus de petits
instruments peuvent s'estimer très-heureux, lorsque avec une
seule observation astronomique ils obtiennent une latitude
exacte à 4" (cent vingt mètres) près, et une longitude exacte
à 3' (quatre mille cinq cents mètres) près sous les latitudes du
yGoogl
58 , AFRIQUE. N»« 92-115
Sahara tunisien. Il ajoutait que les mesures des distances et des
azimuts des douze cents stations du capitaine Roudaire dans le
Sahara tunisien, lorsqu'elles seront mises au net et portées sur
la carte, donneront des positions plus sûres que celles-là.
III
LE NORD DE L'AFRIQUE (suite). EGYPTE ET NUBIE. DÉSERT
DE LA THÉBAÏDE
92. Màbiette-Bet (Auguste). Earnak, étude topographtque et archéo-
logique, avec un appendice comprenant les principaux textes hié-
roglyphiques découverts pendant les fouilles exécutées à Karuak
(publié sous les auspices de S. A. Isma'yl khédive d'Egypte).
1 vol. in-4*, et 1 allas grand in-folio de 157 pi. Leipzig, 1875.
93. BiRCH (S.). Ancient history from the monuments. Egypt from
the earliest times to 300 hefore Christ. London, Society for pro-
moting Christian knowledge, 1876.
94. Ebers et Schenk. Ueber den Papyrus der Leipziger Universitâts
Bibliothek. Mitlheitungen des Vereins fur Erdkunde zu Leipzig,
1876, p. 90 à 92.
95. Hatàux du Tillt. Étude sur la colonne de Pompée à Alexandrie.
Br. in-«*. SenUs, 1875.
96. ScHUPABELLi (L.). La nuova storia dell' Egilto di Brugsch. Cosmoi
di Guido Cora, 1876, t. III, p. 22.
97. RoBioo (Félix). Mémoire sur l'économie politique, Tadministration
et la législation de l'Egypte au temps des Lagides. 1 vol. in-8*.
Paris, 1875.
98. Gwoux. Quelques détails statistiques sur l'Egypte, in-8». Nimes,
1876.
99. Pabis (le vice-amiral). Notice sur le plan en relief du canal mari-
time de Suez. Br. in-12. Paris, 1875. Extrait du Musée de ma-
rine, reproduit en résumé dans la Revue maritime et coloniale,
t. XLVIll, 1876, p. 286 à 292.
100. Aladbnize (H.). Nivellement général de la ville du Caire exé-
cuté en 1874. 1 br. in-8% 166 p. Vichy, 1876.
101. Gabàcgiolo (Camille). L'Egitto ele grandi vie commerciali. £o/^<-
iino délia Societa geographica, t. XIII. Rome, 1876, 6» et 7» fasci-
cules, p. 410 à 417.
yGoogk
EGYPTE ET NUBIE. 59
102. LoMBABDiNi [E.]. L'Âfricanilotica e TEgitto. i Yol. Milan, 1876.
103. Pagaki (Zacharie). Yiaggio di Domenico Trevisan, ambasciatore
Teneto'al gran sultano del Gairo, neir anno 1512. 1 br. in-^*.
Venise, 1875.
iOi. Berkal de Oreillt (A.). Tiaje à Oriente. En Egipto. Precedido
da una carta- prologo da D. R. Mesonero Romanos. 1 vol. in-8».
Madrid, Suarez, 1876.
i05. Bdbt (Ch.). Abord du Mariotis, notes d'un voyageur. 1vol. in-8».
Limoges, Bardou, 1875.
106. Mashihg (le révérend S.). The Lands of the Pharaobs» Egypt and
Sinai, iUustrated by pen and pencil. 1 vol. in-8*». Londres (Bel.
Trac. Society), 1875.
107. Appleton (T.-G.). a Nile journal, iUustrated by E. Bestson. in-8».
Londres, Macmillan, 1876.
108. Pirona's limQâhrige Beobachtungen zu Alexandrien. Zeitschrift
der œster. Gesellschaft fur Météorologie, 1875, n» 19, p. 503-
306.
109. Blanc (Ch.). Voyage de la Haute-Egypte. Observations sur les arts
égyptien et arabe. 1 vol. grand in-8% Paris, Renouard, 1876.
110. RoHtps (docteur G.). Ein. Blick auf ^gypten. Deutsche Rund-
icha^, 1876, n» 7.
111. Waruer. taummies and muslims, 1 vol. in-8». Londres, Low,
1876. ^
112. La station de Berber. Les Missions catholiques, 1876, n° 349.
113. ScHWEiHFORTH (Ic doctcur G.) et GcssFELDT (P.). Reise durch die
Arabische Wûste vora Nil bis zum Rolhen Meer. Mittheilungen der
geographischen Gesellschaft in Wien, t. XIX, 1876, n** 6 et 7,
p. 394 à 399.
iU. BuvsTBiBR (H.). Voyage du docteur Schweinfurth et du docteur
von Gussfeldt dans le désert de la Thébaïde. Bulletin de la So-
ciété de Géographie, août 1876, p. 205-208.
115. Expédition du docteur Schweinfurth et du docteur von Gussfeldt,
en 1876. Explorateur, 1876, n» 71, p. 616. (Consulter aussi les
articles dans VAusland, 1876, n* 26, et dans le Globus, t. XXX,
1876, n» 1).
81. — La phase actnelle des conquêtes de TÉgypte du côté de TÉthiopie, dans la
Nigritie intérieure et dans l'Afrique équatoriale.
Le grand mouvement qui se produit dans l'intérieur de
l'Afrique est dominé par un fait politique et géographique dont
nous avons à saisir autant que possible la phase actuelle :
e
yGoOgI
60 AFRIQUE. N- 92-115
c*est Textension de la puissance égyptienne sur plusieurs par-
ties du continent. ,
Les conquêtes de l'Egypte ont marché depuis quelques an-
nées à pas de géant dans le quart nord-est de l'Afrique, si bien
que le khédive commande aujourd'hui sur un territoire plus
vaste que celui d'aucun autre État, ou d'aucune colonie dans
cette partie dii globe.
Au sud-est, les ports de Sawâkin^ Monçawwa', Toujourra
et Zeïla' avec tout le littoral de l'ancienne Ethiopie sont mainte-
nant égyptiens ; la ville de Herèr a été conquise ; et si une ten-
tative pour établir des rapports constants entre Toujourra
et le Chowa a échoué, l'Egypte n'en conserve pas moins le pays
de Galabàt avec la ville de Matamma sur l'Abbay, les pays de
Taka, d'Ouchéni, des Bilên et des Benî 'Amer. Le nigoûSj le
roi des rois, celui qui se dit le descendant de la reine de Saba,
ne gouverne plus qu'une enclave dans le territoire égyptien,
sans débouché sur la mer. Déjà un fil télégraphique va jus-
qu'à Khartoùm, un autre relie le port de Mouçawwa' au pays
de Taka, et par conséquent au bassin du Nil.
Au sud-ouest, le khédive a fait, en 1875, de l'empire du
Fôr une province égyptienne. La moudîrîyé ou préfecture de
Chegga, au sud du For, était déjà auparavant soumise à l'Egypte,
et le Fertît contient plusieurs établissements égyptiens.
Sur le haut Nil Blanc, après la destruction de Gondokoro
(ïsma'ïlîyà), 1& quartier général de la province égyptienne de
l'Afrique équatoriale a été transféré à Bor. Aux stations
d'Éliab, Latouka, Makraka, Sôbât, Lado, Ragâf, Loboré,
Bedden et Kerri, Gordon Pacha a ajouté, en 1876, un poste
à Magoungo, sur le rivage oriental du Loûta Nzîdjé, un autre
à Ourondogani sur le Nil au sud du lac Ibrahim, et enfin un
dernier aux cataractes de Ripon (Ripon falls), près du Niyanza.
Le roi d'Ounyoro, Kaba Réga, a été mis en fuite cette année,
et les troupes égyptiennes ont investi son rival Aoufina de Tau-
torité royale sous la tutelle de l'Egypte, tandis qu'elles con-
fiaient à Rionga, au même titre, le commandement du dis-
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EGYPTE ET NUBIE. (K
trict de H'rouli, situé au confluent de la rivière Koufou avec
le Nil.
Tenue en échec au sud-est par le vieil État féodal chrétien de
l'Ethiopie, trouvant, sous Téquateur même, dansTOuganda un
Etat qui témoigne d'une certaine vitalité, et dont les habitants
barbares ne sont nullement incapables de progrès, il semblerait
que l'Egypte, si le khédive ne juge pas ses immenses domaines
assez vastes, tournera maintenant les regards vers le sud-ouest,
du côté du Ouadâï , et vers Textrême sud-est,du côté du pays des
Çômâli. Au point de vue de la civilisation, qui est l'aspect su-
périeur de la question, la conquête du pays des Çômâli par
l'Egypte serait un bienfait pour tout le monde, y compris les
Çômâli. Ce peuple fourbe, cruel et exclusif, récemment fana-
tisé par une confrérie religieuse musulmane également en-
nemie des musulmans éclairés et des chrétiens, ne permettra
l'accès de son territoire qu*à une force supérieure qui ouvrira
ainsi la brèche à la civilisation. L'Egypte possède déjà des points
d*appui précieux dans les ports de Zeïla', Boulhâr et Berbera,
situés sur la côte africaine du golfe de *Aden, et un autre point
d'opérations à l'embouchure du fleuve Djouba. La conquête
du Ouadâï peut être plus séduisante pour le khédive, mais
elle serait plus difficile à faire et plus coûteuse à conserver.
La sagesse conseillera au gouvernement du khédive de se
borner à exercer, vis-à-vis du sultan 'Alî du Ouadâï, tant que
les circonstances le permettront, le rôle de conseiller bien-
veillant et d'initiateur aux idées modernes.
§ 2. — Le« fouilles de M. Mariette-Bey, à Rarnak. Le plan de Tancienne ville
égyptienne.
Les ruines de Thèbes, ancienne capitale de l'Egypte, située
dans la province actuelle de Sa'ïd (Haute-Egypte) , n'étaient
pas encore connues dans tous leurs détails, malgré les explo-
rations et les travaux savants de ChampoUion le jeune et de
Lepsius. Ces ruines, nous le rappelons ici, occupent la rive
yGoogk
62 AFRIQUE. N« 92-1 15
est et la rive ouest du Nil; les groupes de monaments appelés
aujourd'hui Kamak, Med *Amoûd et El-Qaçar (Luxor) sont
placés sur la rive est, tandis que les groupes de Kourna et de
Medîuet Abou sont placés sur la rive oue^t du fleuve. Thèbes,
on le sait, fut d'abord la ville sacerdotale de TÉgypte; ce n*est
que sous la quinzième dynastie, deux mille cinq cents ans avant
le commencement de notre ère, que Thèbes remplaça Memphis
comme capitale politique, mais ses plus beaux monuments
datent du règne de Thôth-mès Maï-re\ plus connu sous son
surnom latinisé de Mœris.
Au dix-huitième siècle avant Jésus-Christ, Tancien peuple
de rÉgypte commença à secouer le joug de la domination
étrangère des rois pasteurs. Amen-othf le Grand ou Améno-
phis, premier roi de la dix-huitième dynastie, délivra sa patrie
du joug asiatique. Aussi voit-on, sous cette dynastie, se réta-
blir les mœurs caractéristiques de l'ancienne race égyptienne,
oîi la femme paraît avoir eu les mêmes droits que Thooimè.
Thôth-mès 11, deuxième successeur de Amen-othf, meurt sans
enfants; sa sœur, Amen-sé, fille de Thôth-mès I, lui succède,
et ses deux maris exercent successivement le pouvoir en son
nom, A la mort d'Amen-sé, en 1 736 avant notre ère, com-
mence le règne de son fils Thôth-mès III, surnommé Maî-r^
(Mœris),, sous lequel Apetou, c'est l'ancien nom de Karnak,
reçut de très-notables embellissements, ainsi que cela est con-
signé dans les inscriptions de ses monuments.
Un savant français, H. Auguste Mariette-Bey, avait compris
que Thèbes, et plus particulièrement Karnak, était une mine
encore mal explorée, et à plusieurs reprises, de 1858 à 1874,
il appliqua son vaste savoir égyptologique à restituer Taspect
des monuments et à déchiffrer les textes des pylônes de l'anti-
que Apetou. Indiquons simplement ici ]e$ résult^ta to|)Ogra-
phiques de ces travaul : un chapitte stâvaiit se^ a c^H^acf é au:^
magijiifiqoes déeouvçries de M. Marii«tt%iBey« p9£ k l^^toïCf^ d^^
teites Uérqglyphiqttet de KamakÉ
Le plan de Karn^, jàu ^ôV?» dowi pur % IkrieUe'^Be^s dant
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EGYPTE ET NUBIE. 65
les trois premières planches de son Éliide topographique et
archéologique de Karnak, nous montre Tensemble de la Tille
sainte, qui avait nne longueur de 1450 mètres du nord au
sud, et une largeur maximum de 560 mètres de Test à Touest ;
des teintes particulières y désignent l'âge des divers édifices,
d*après les règnes des souverains qui les ont élevés, c'est-à-
dire depuis une époque antérieure à Toth-mès I jusqu*aux temps
des Ptolémfées.
Nous reproduisons la description générale de la ville sainte
des anciens Égyptiens telle que la donne H. Hariette-Bey
(Karnak, texte p. 5 et 6) en faisant remarquer qu'il ne
s'agit que de la partie de la ville sainte, spécialement réservée
au'culte et au clergé, celle dont nous avons indiqué les dimen*
sions un peu plus haut.
Les édifices religieux qui n'étaient pas des chapelles étaient ren-
fermés dans quatre enceintes principales plus ou moins étroitement
soudées Tune à Tautre. Les deux lacs sur lesquels on promenait les
barques sacrées y étaient contenus. Mais on remarquera que les allées
de sphinx sont situées en dehors des enceintes, d*oti Ton peut con-
clure que les allées de sphinx n'avaient pas de caractère religieux et
ne figuraient en avant des temples qu'à titre d'ornements.
Les enceintes dont les temples égyptiens sont en général entourés
sont, sans aucun doute, construites à plusieurs fins. Elles marquaient
les limites des temples. Elles les protégeaient matériellement contre
toute agressioii extérieure. Quand elles s^élevaient, comme à Dendéra,
3t Sais et en d'autres lieux, à une hauteur considérable, elles pou-
vaient servir de rideau entre les profanes habitants de la ville et les
mystëres qu'on célébrait à l'intérieur. Dans ce dernier cas, elles
étaient construites de telle sorte qu'on ne voyait et n'entendait rien
^e ce qui s'y passait.
11 est probable que les enceintes de Karnak possédaient ce triple
caractère. Elles n'ont ni la hauteç^r ni l'épaisseur de l'encçinte ^
peQdéra, et les assises supérieures des temples étaient du dehors k la
vue de tout le. monde. On peut remarquer cependant qu'elles étaient
%%sez élevées pour que d'aucune partie de la ville on n'aperçût les
cérémonies qu'on célébrait dans les salles, sous les colonnades, dan»
la périmètre des enceintes, sur les lacs. On peut donc adn^ettre qu'en
certaines occasions les enceintes pouvaient faire du teq^p^ v^ a^le
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64 AFRIQUE. N" 92-H5
infranchissable et éloigner du sanctuaire ceux auxquels leur degré
d^initiation ne permettait pas rapproche des lieux saints. A la vérité
les terrasses des tenaples devaient être vues des habitants de la ville.
Mais la différence de hauteur des murailles entre Dendéra et Kamak
s'expliquerait peut-être par ce fait qu'à Dendéra les processions, qui
étaient toujours la partie principale des fêtes, montaient sur les ter-
rasses des temples et qu'elles n'y montaient pas à Karnak. En somme
je ne vois pas de raison d'être à Textrême épaisseur des enceintes de
Kamak que dans la loi religieuse qui interdisait au public, non-seu-
lement la vue de certaines cérémonies sacrées, mais encore l'accès en
temps ordinaire des temples et de leurs alentours.
Les temples principaux de l'antique ville sainte d'Apetou
dont M. Mariette-Bey a retrouvé les ruines dan& les enceintes
de Karnak sont au nombre de douze. Et ces enceintes en ren-
ferment encore d'autres plus petits. Une allée de sphinx de
près de 2000 mètres de longueur sur 23 mètres de largeur,
formait comme un trait d'union entre la ville sainte de Kamak
et le sanctuaire d'EI-Qaçar (Luxor), de sorte que les prêtres
pouvaient aller de l'un à l'autre sans sortir du terrain sacré.
En déchiffrant les hiéroglyphes qu'il venait de découvrir sur
les pylônes de Karnak, M. Mariette-Bey y a trouvé plusieurs
listes géographiques des pays soumis par le roi Thôth-mès III,
ainsi que des pays dont les Égyptiens avaient connaissance à
cette époque. Ces listes, divisées en listes principales et listes
supplémentaires, comprennent : premièrement, trois cent cin-
quante-neuf noms des pays du nord de l'Egypte, que les
Égyptiens appelaient le haut Routen, des contrées des Sati et
des Fenekh-ou, et peut-être d'un pays situé au delà du haut
Routen; secondement, deux cent soixante-neuf noms des
pays de Qouch, de Poun et de la Libye, situés au sud de
l'Egypte. De tels documents, qui se rapportent au dix-huitième
siècle avant Jésus-Christ, présentent, on le comprend, un intérêt
hors ligne, pour la géographie comme pour l'histoire, et la
Société de Géographie de Paris a reconnu les services rendus
par M. Mariette-Bey, en lui décernant Tune de ses médailles
d'or de 1876.
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DÉSERT DE LA THÉBAÎDE. 05
§ 3. — Déconcertes dans le désert de la Thébiïde, par MM. le docteur
Schweinfarth et GQssfeldt.
Le désert de la Thébaïde est cette partie du désert arabique
située entre la mer Rouge et le Nil, à Test de la province du
Sa'ïd (Haute-Egypte). Les premières données exactes sur la
géographie de ce désert datent de Texpédition que la républi*
que française envoya en Egypte sous le général Bonaparte
1799-1801 ; Baffeneau-Delile, membre de Texpédition, avait fait
une reconnaissance de toute la partie comprise entre les villes
de Çiyoût et de Minîyé, à l'ouest, et la mer Rouge, à Test, et, dès
1799, Bachelu avait relevé un itinéraire de Qénéà Qoçeïr. Près
d'un demi-siècle plus tard Lepsius (1845), Henri Barth (1846)
et Wilkinson précisèrent les détails topographiques de quelques
parties du désert de la Thébaïde; Henri Barth, en particulier,
pour les montagnes du littoral de l'antique Bérénice et de
Qoçeïr. Cette contrée néanmoins laissait encore place à des
recherches intéressantes, pour l'histoire naturelle et la géo-
graphie. Deux voyageurs expérimentés, MM. le docteur
Schweinfurth et Gûssfeldt y ont fait, du 15 mars au 22 avril,
en plein épanouissement de la vie végétale dans ces parages,
une excursion qui a donné d'intéressants résultats.
Le docteur Gûssfeldt s'était chargé des déterminations des
positions par les observations astronomiques, des observa-
tions barométriques et magnétiques, tandis que le docteur
Schweinfurth se réservait l'étude de la géologie et de la botani-
que. Partis de Benî Souêf, sur la rive orientale du Nil, ils mar-
chèrent à rest->nord-est en contournant le versant nord du
Djebel Homr et en coupant lesouâiiis qui en descendent. Jusqu'à
la vallée de ^Araba, le pays est un plateau de calcaire nummu-
lithi(|ue, dont la surface, unie comme une table, est sillonnée
de raviiîs à ramifications nombreuses, où se trouvent les seuls
végétaux de ce désert : ils sont les mêmes que ceux du Sahara
algérien.
L*A!ni£c 0£06R. XV 5
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60 AFRIQUE. N- 92-115
L*Ouâdi *Araba est une vallée, large de près de 24 kilomètres;
sa peiile est de Touest-sud-ouest à Test-nord-est. Elle longe et
draine le -versant nord du mont Galâla. Le mont Galâla est de
rélage tertiaire éocène ; les roches de son versant nord appar-
tiennent à la formation nummulithique, mais à la base de la
montagne, du côté du sud-est, les roches sont pétries à*Ostrea,
et ces roches sont coupées par des bancs d'une marne rem-
plie d'hippuritesy d'échinites et d*ammonites, Quelques-unes
de ces dernières mesurant plus de 50 centimètres de diamètre.
Les bancs de marne reposent sur des grès, identiques aux grès
du Sinaï, et forment ici une masse de 66 mètres d'épaisseur,
superposée à des roches primitives, telles que les schistes à
hornblende, le granit, le porphyre et la diorite, qu'on voit
apparaître un peu plus loin du côté du sud. Le docteur
Schweinfurth n'ayant pas trouvé dans le mont Galâla de forma-
tions sédimentaires plus anciennes que la craie supérieure, on
a la certitude que cette montagne ne renferme pas de gise-
ments houillers.
Du Djebel Galâla, les voyageurs passèrent dans le Djebel Garib
qui lui fait suite. De l'examen géologique de ces deux montagnes,
le docteur Schweinfurth a conclu que primitivement, le Djebel
Garib et le Djebel Galâla ne formaient qu'un seul massif avec le
Djebel Sinâ (ou mont Sinaï), dont ils ont été séparés par le
cataclysme auquel la mer Rouge et le golfe de Soueïs (Suez)
doivent l'existence.
Le mont Galâla mérite d'arrêter l'attention, car il renferme
quelques sites pittoresques, véritables émeraudeis perdues dans
un tas de cailloux. Ainsi les voyageurs y trouvèrent, dans
l'Ouâdi Natfa, plusieurs grottes qui ont jusqu'à cinquante pas
de largeur. De leur plafond voûté pendent des stalactites, lon-
gues de 6 à 7 mètres et toutes recouvertes de mousses. Une
source d'eau vive jaillit même d'une de ces groUes.
Au bord de la source de l'Ouâdi Natfa, le docteur Schwein-
furlh a récollé VAdianthum Capillus Vçneris L., fougère que
nous avons vue dans le Djebel Nefoûsa (Tripolitaine), entre les
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DÉSERT DE LA THÉBAIDE. 67
racines des dattiers et sur les pierres qui bordent les canaux
d'irrigation de l'Ouâdi Arhlân. A côté de ces mousses et de ces
fougères, qui rappellent nos climats d'Europe, les crevasses
des rochers du mont Galâla donnent asile à des palmiers sans
tronc,. et à un arbre des tropiques, le Ficus palmata^ F., qui
atteint ici une hauteur de 5 mètres. Mais les fougères et les
Ficus sont une exception dans le prolongement africain du
mont Sinaï ; les autres ouâdis présentent une végétation pure-
ment désertique, qui produit de bons fourrages pour les cha-
meaux. L*Ouâdi Askhâr, c'est-à-dire la Vallée des Enchante-
ments, est un des plus pittoresques, à cause des formes de ses
rochers qui lui ont valu son nom. Ses bords sont garnis de
plantes herbacées et, à une altitude de iOOO mètres, le docteur
Schweinfurth a eu la surprise de trouver réunis des échantU-
lons de la flore du Sinaï, de la Palestine et même de l'Afgha-
nistan.
Il est à peine besoin de rappeler que le désert de la Thé-
baïde est le berceau du monachisme, qui fut institué en
l'an 311 par saint Paul l'ermite. Plus tard, saint Antoine
donna aux couvents qui s'y étaient formés la règle qu'ils ont
suivie. Le docteur Schweinfurth et M. Gûssfeldt ont visité là
le plus ancien couvent du monde chrétien, le couvent de
Saint-Antoine, oii vivent cinquante moines très-hospitaliers.
De làf leur route se poursuivit au nord-est, par le couvent de
Saint-Paul, et continua à contourner la montagne, en pas-
sant plusieurs vallées, dont la dernière, l'Ouâdi Tarfâ (Vallée
des Tamaris) est fort longue. C'est dans l'Ouâdi Tarf^ qu'on
trouve la magnifique citerne de Meghêta, décrite par Raffeneau-
Delile. Les voyageurs rejoignirent ensuite le Nil à Hibé.
Ce voyage, qui n'a eu que la durée d'une rapide excursion,
a valu cependant à la géographie d'importantes données : c'est
ainsi que le docteur von Gûssfeldt a déterminé la longitude et
la latitude de vingt points différents, la déclinaison de l'at-
guille aimantée sur quatre points, et la hauteur de toutes ces
stations.
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68 AFRIQUE. N- 116-167
IV
SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE
116. Largead (Victor). Les explorations de M...; Explorateur, 1875,
n» 26, p. 101 à 104.
117. Du môme: Voyage à Ghadâmès (novembre et décembre 1875);
Explorateur, 1875, n»» 44, 48.
118. Du même: Rapport à M. le président et à MM. les membres de la
Société de Géographie de Genève; accompagné d'une carte à
Véchelle du 4,<>oo00o* donnant le tracé nouveau de Tlgharghar ;
Le Globe, Genève, t. XIV, 1875, p. 25 à 68.
t19. Du même: Voyage à Ghadâmès, Bulletin de la Société de Géo~
graphie de Paris, novembre 1875, p. 503 à 513.
120. Du même: Le Sahara, premier voyage d'exploration. 1 vol. in-8»,
de 516 p., 10 gravures et une carte à l'échelle du b.ooù.ooo*
Paris, Sandoz et Fischbacher,1877.
121. Largeau (Victor) et Say (Louis). Deuxième expédition à Ghadâmès.
Lettres écrites pendant le voyage; Explorateur, 1876, u** 55.
p. 161, n« 59, p. 280 à 290.
122 . Largeau (Victor). Journal de route. Explorateur, 1876, n» 56, p. 180-
193 ; n» 67, p. 489 à 492.
123. Du même: Les Antiquités de Ghadâmès, avec cinq gravures;
Explorateur, WQ, n» 77, p. 98 à 99.
124. Du même : Un village touareg ; la Sebkhat-El-Melah, avec deux
gravures. Explorateur, 1876, n<» 78.
125. Spedizione di V. Largeau nel Sahara centrale. Cosmos di Guido
Cora, T. III, 1876, pages 201, 334 et 382 à 585.
126. Sat (Louis). L'exploration de H. Largeau à Ghadâmëset les plan-
tations de coton de l'oasis de Tougourt, avec une carte des parties
de l'oasis de Tougourt qu'on pourra utiliser pour la culture du
coton. Explorateur, \%1%, n«> 49, p. 11 à 14.
127. Du même : Rapport au ministre de la marine, et projet de voyage
au Ahaggar. Explorateur, 1876, u" 75, p. 42 à 43; n» 77, p. 86
à 87.
128. RoHLFS (le docteur G.). Largeau's zweite Expédition nach Rha-
dames, und einige Worte ûber Algérien. Mittheilungen, Gotha
1876, n» 7, pages 250 à 253. '
yGoogk
SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 60
129. Explorazione del Sahara centrale. Coamoa di Guido Cora. T. 111,
1876, page 186.
130. Exploration française dans l'Afrique occidentale (Ahaggar).
Explorateur, 1876, n» 76, p. 57.
131. DuvEtRiER (Henri). Le Ahaggar, d'après les renseignements indi-
gènes recueillis par H. Barth et lui-même, avec une carte. Ex-
plorateur, 1876, n» 79.
132. Du môme: itinéraires de Methlîli à Hâssi Bergh&wi et d'EU
Goléa*a à Methlîli, d'après un journal de voyage en 1859; avec
une carte des itinéraires dans le pays des Gha'ànba de 1859 à 1873,
au 4ooîooo*' Bulletin de la Société de Géographie, juin 1876,
p 577 à 611.
133. Parisot (le capitaine d'état-major). La région comprise entre
Ouarglâ et El-Golia. Bulletin de la Société de Géographie. Dé-
cembre 1876, pages 577 à 603.
134. Crariiettaut (le R. P.). El-Goléah (Sahara), avec un portrait
d'habitant d'El-Colêa'a. Xe« Missions catholiques, 1876, n* 394.
135. Sahara et Soudan. Les premiers martyrs delà mission de Tom-
bouctou. Les Missions catholiques, 1876, n* 363,
136. L'Assassinat des missionnaires français. Explorateur, 1876^
n» 67 ; n» 69, p. 563 à 564.
137 . Prise et sac de l'oasis de Rhât par les Touareg Ahaggar. Explo-
rateur, n» 76, p. 72.
138. Hbrtz (Charles). Quels sont les débouchés commerciaux du Sou-
dan? Explorateur, n» 81, p. 197.
139. Les Foires du sud de l'Algérie. Explorateur, n» 81, p. 198 à 200.
140. GoBLET d'Alviella (le comte E.). Sahara et Laponie. 1 vol. in-18,
Paris, Pion, 1876.
141 . Dv Hazet. Chemins de fer de l'Afrique centrale, avec une carte.
Explorateur, 1875, n» 41 p. 470 à 471.
142. DuponcHEL et Robert. Le Chemin de fer français dans l'Afrique
centrale, avec une carte. Explorateur, n*» 58, 59, 63 (carte), 64.
143. Largeàu (Victor). Le Chemin de fer transsaharien et le voyage
projeté, avec deux gravures et une carte. Explorateur, 1876,
n* 76, p. 67 à 69.
144. Blakc (P.). Projet d'une ligne télégraphique entre l'Algérie et
le Sénégal, avec une carte. Explorateur, n" 57.
145. SoLEULET (P.). Exploration au Sahara central. Avenir delà France
en Afrique. 1 br. in-8% vu et 106 p. Paris, Chailamel, 1876.
yGoogk
70 AFRIQUE. N" 41M67
146. Du même : Progetto d*esplorazione neir Africa occidentale.
Cosmos di Guida Cora, t. III, 1876, p. 199.
147. Ravenstein. The Western Sahara, avec une carte. Geographical
marasme, janvier 1876, p. 13 à 16.
148. Tentatives des Anglais pour ouvrir une route à travers 1q Sahara
occidental vers le Soudan. Explorateur, 1876, n®» 55 et 66.
149. Le Sahara occidental, avec une carte, d'après le Geographical
magazine. Explorateur^ 1876, n« 55.
150. Mac&bnzie (Donald). La Mer saharienne de l'Ouest, et l'expédition
anglaise. Explorateur, 1876, n» 71, p. 621 à 622 ; n» 75, p. 47;
n«78,p. 132; n» 81, p. 222.
51 . Il mare Saharino nell* ovest dell' Africa. Bollettino délia Societa
geografica italiana, Rome, 1876, n<>* 6 et 7, page 437.
152. Robert (G.). Les Anglais dans le Sahara occidental, et le chemin
de fer vers le Soudan. Explorateur^ 1876, n« 8i, p. 198 à 200.
153. Krause (A.). Zur Yôlkerkunde Nord-Afrika's. l"» Die Tédâ und die
Kanûri ; 2«> Die Tédâ und die Garmanten. Zeitschrift der Geselh-
chaftfûr Erdkunde zu. Berlin, U XI, 1876, nM, p. 21 à 36.
154. RoHLfs (G.). Expédition zur Erforschung der Libyschen Wûste,
unter den Auspicien Seiner Hoheit des Chedive von ^gypten, im
Winter 1873-1874 ausgefuhrt. T. I. Drei Monàte in der Libyschen
"Wûste, mit Beitrâgen von Ascherson, Jordan und Ziltel. 1 vol.
in-S", avec une carte à l'échelle du ttrmtôss* P^'' ^' Jordan,
seize photographies par Ph. Remelé, onze lithographies et dix-
huit vignettes. Cassel, Fischer, 1875.
155. Du même ; Ueber die Oasen, namentlich der Libyschen Wûste.
MUtheilungen des Vereins fur Erdkunde zu I^pzig, 1876, page 93.
156. Jordan (le professeur W.). Expédition zur Erforschung der
Libyschen Wîiste von Gerhard Rohlfs. T. II, Physische Géogra-
phie und Météorologie der Libyschen Wûste. 1 vol. grand in-4«»,
avec quatre cartes géographiques et trois tableaux météorologi-
ques. Cassel, Fischer, 1876.
157 . Du môme : Die geographische Lange der Oase Dschalo. ZeUschrift
der Gesellschaftfûr Erdkunde zu Berlin, 1876, n»62,p.l42 à 145.
158. Du même : Le levé topographique à l'aide de la photographie
(photogramméirie) expliqué par le levé photogram métrique de
l'oasis Gassr-Daghel, dans le désert libyque, avec une planche
démonstrative, contenant les plans et vues de l'oasis. Bulletin
de la Société kkédiviale de géographie, 1876, n» 3, pages 278 à
393.
yGoogk
SAHARA ET DÉSERT LlBYQUÉ. 71
159. AscHERsoir (le professeur docteur P.). Die Libysche Wûste und
ihre Oasen. Dtu Ausland^ 1875, n»' 51, 52.
160. Du même : Reisen nach der kleineu Oase, 10 Marx bis 10 Mai
1876. Mittheilungen der geographUchen Geselhdia/t in Wien.
T. XUL, 1876, n- 8 et 9, pages 484 à 486.
ifii. Du môme: Die RoWfs'sche Expédition zur Erforschung der Li-
byschen Wûste im Winter, 1873-1874. Globus, 187Q, t. XXIX,
n" 10,11,13,14.
162. Du même : Reisenach der kleinen Oase. Globus, 1876, t. XXIX,
n« 27, t. XXX, n» 5.
163. Du même : Reisenach der kleinen Oase.Da* Ausland, 1876, n» 11,
164. ScHWEiNFURTH. Profcssor Ascherson's Reise nach der kleinen Oase.
MiUlieilungen, Gotha, 1876, n» 7, pages 264 à 266.
165. ZiTTEL (docteur C). Die Libysche Wûste nach ihrer Beschaffen-
heit und ihrem landschaftlichen Gharakter, 4»«' und 5*«' Jahres^
bericht der geographUchen Gesellschaft in Mûnchen. Munich,
1875, p. 252 à 269.
166. Spedizioni neV deserto di Libia. Bolletlino délia societa geogra-
fica Ualiana, Home, 1876, n~ 6 et 7, pages 434 à 437.
167. Gbad (Charles). Variations de climat du Sahara. La Nature, revue
dei sciences, illustrée, n<* 184, 7 décembre 1876.
% l.'Les explorations françaises dans le Sahara, au sud deTAIgérie, continuées.
Jf. Largeau, les résultais de son premier voyage k Ghadâmès. Son deuxième
voyage avec M. Louis Say. Projet d'exploration du Âbaggar, par M. Louis Say.
Les itinéraires tracés dans le pays des Cha*ânba.
Il est, dans rexploration du globe, une région qui semble
tout spécialement réservée à la France ; nous voulons parler de
la moitié occidentale du Sahara central, qui suit immédiate-
ment au sud de la limite de nos possessions algériennes. Aussi
les voyageurs français ont-ils commencé, en 1856, à frayer les
premières routes dans cette partie de TAfrique. Depuis vingt ans,
ce pays jadis ignoré a pris figure sur nos cartes. Le désert, sur
lequel on avait des idées entièrement fausses, est maintenant
connu du moins dans ses traits généraux ; il a été étudié par
plusieurs voyageurs français qui ont rapporté, avec des don-
nées précises sur leurs routes, bon nombre de renseignements
recueillis chez . les. habitants, et qui , en attendant mieux,
^.gitized by VjOOQIC
72 AFRIQUE. N- H6-167
constituent le savoir de la géographie sur des contrées non
visitées jusqu'à ce jour.
Parmi ces voyageurs, l'un des plus nouveaux, M. Victor
Largeau, est aussi un des plus entreprenants et des plus heu-
reux. Le dernier volume de Y Année géographique a suivi^
M. Largeau de Biskra à Ghadâmès. Ce premier voyage, com-
mencé le 6 janvier 1875, a fini le 4 avril, mais la relation n'en
a paru que cette année (n<* 120) et elle contient des observations
d*un haut intérêt. M. Largeau, comme M. Dournaux-Duperré
l'avait fait quelques années auparavant, a pris, au sud de Tou-
gourt, un chemin qui suit la vallée de Tlgharghar, mais au
lieu d'entrer dans cette vallée près du village de Temâssîn, il
n'y est entré que beaucoup plus au sud, au nord-est de Ne-
goûssa, en un lieu tout à fait en dehors du tracé de la vallée
donné par M. Dournaux-Duperré. M. Largeau faisait là une
véritable découverte, celle du bras occidental de la vallée de
llgharghar, et sa carte nous montre maintenant cette vallée se
divisant, par 31^25' de latitude nord, en deux bras qui, après
s'être écartés de manière à laisser entre eux une grande île, se
réunissent sous les dunes du Ghourd Seyyâl, par 32"28' de
latitude nord. Les relèvements de M. Dournaux-Duperré nous
avaient fait connaître le bras oriental de i'Igfaarghar; ceux de
M. Largeau nous révèlent le bras ouest, appelé Ouâd El-Ba'adj,
qu'il croit être le bras principal, dont nous avions relevé la
jonction nord en 1860, et qui nous avait paru être moins
large que le bras oriental.
Cette île, formée par l'Egharghar, dans la partie basse de son
cours, a, comme étendue et comme position par rapport à
Tembouchure, son équivalent dans la grande Ile à Horphil
sur le Sénégal.
Lorsque le malheureux M. Dournaux-Duperré voyageait dans
cette région, ses guides et ses chameliers l'induisirent en er-
reur sur le point où ils sortirent de l'Igharghar. Il y avait là
un puits, auquel on donna le nom de Bir £l-'Aclùya, et qui, au
contraire, est 'Âïn El-Khadra. H. Largeau a vu et mesuré lui-
..gitizedby Google
SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 73
même le vrai Bir El-*Achîya, qu*il a trouvé au sud-Kiuest et
loin de 'Aïn El-Kfaadra, dans righarghar,en amont du point où
son lit se divise en deux bras.
Le chemin que le voyageur a suivi pour revenir de Ghadâ-
mès en Algérie passe par Bir Djedîd ; il est nouveau dans une
de ses parties. M. Largeau croit avoir suivi au nord de Sahan
El-Ahrech jusqu'à El-Ouàd le lit de l'ancien fleuve Triton,
caché sous une épaisse couche de sable. La vallée du fleuve
Triton commencerait, d*après M. Largeau, à TOuâd Timîsit,
que traverse la route de Ghadâmès ^ In-Çâlah; continuant,
sous les sables, à lest du chemin de Ghadâmès par Berreçof,
elle suivrait, à partir de Ghourd El-Lîya, le tracé de cette route
jusqu'à El-Ouâd, et, continuant de là au nord nord-ouest, elle
se perdrait dans le Choit Melghîgh et le Chott Es-Selâm. L'idée
que nous rendons ici repose sur un fait réel, mais sa conclu-
sion est tout à fait hypothétique. Qu'il y ait eu, à une époque
géologique^ antérieure à la formation du linceul de sables
mouvants qui couvre aujourd'hui toute celte région, une ri-
vière, partant de 31° ou de 31^30', de latitude et cou-
lant au nord-ouest, où elle formait l'Ouâd Soûf, tributaire lui-
même des Chott, cela est non-seulement possible, maismême
probable. Cette rivière recevait les Ouâdis, qui descendent du
Djebel Nefoûsa, et vont disparaître sous les sables d'El-'Erg,
dans la direction de la ligne que nous venons d'indiquer. Mais
rien n'autorise à admettre que la rivière ancienne ait pu com-
mencer à rOuâd Timisit, qui n'a jamais alimenté qu'un étang,
une gueraUj comme disent les Arabes, dont le lit sans issue
se voit encore au sud de la région des sables.
Au point de vue du commerce de l'Algérie avec l'Afrique
intérieure, un nouveau pas a été fait.
Pendant son premier séjour à Ghadâmès, M. Largeau a abordé
avec le conseil des notables, en présence du gouverneur turc,
la question des relations commerciales à établir entre le marché
de Ghadâmès et les villes françaises de l'Algérie. Tous les
membres du conseil municipal de Ghadâmès et le gouverneur
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74 AFRIQUE. N" 116-167
turc, après s'être fait expliquer le but que poursuit le gou-
vernement de l'Algérie, se sont déclarés à Tunanimité con-
vaincus de l'utilité de rétablir, entre la Nigritie et rAlgéric,
un mouvement d'affaires qui existait il y a plusieurs siècles.
Les gros commerçants de Ghadâmès, qui commencent à nous
connaître autrement que* d'après les rapports mensongers de
nos ennemis, et qui ont des aptitudes remarquables pour les
affaires, profiteront certaineifient des nouveaux débouchés que
M. le général Chanzy, gouverneur de TAlgérie, veut ouvrir à
leur commerce, en créant des foires dans le sud de l'Algérie.
Assurés du respect de leur religion, de la protection de leurs
personnes et de leurs biens, et de la liberté des transactions,
les négociants de Ghadâmès s'empresseront de détourner en
Algérie une grande partie des affaires qu'ils traitent mainte-
nant à Tripoli et même à Tunis, où ik ne jouissent pas tou-
jours des mêmes avantages.
C'est en améliorant les errements séculaires du commerce
transsaharien, en établissant la paix dans l'intérieur aussi loin
que notre action peut s'étendre, en créant des foires ou des
marchés permanents, bien approvisionnés, dans le sud de l'Al-
gérie, que le gouvernement de l'Algérie obtiendra des résul-
tats satisfaisants. M. Largeau est dans la vérité eu se proposant
ce même idéal. Le Sahara, dont l'immensité sépare l'Algérie
de la Nigritie, n'est pas un milieu ordinaire dans lequel on
puisse appliquer de prime saut les moyens perfectionnés de
communication : les charrois par voiture, et à plus forte rai-
son, les transports par chemins de fer. Ces moyens de transport
supposent ce qu'on ne trouvera nulle part aujourd'hui dans le
Sahara : des besoins nombreux existants, et un transit presque
constant dans une direction donnée.
Le chameau, introduit dans le Sahara il y a seulement douze
ou quinze siècles, à une date où le bœuf de somme n'y trou-
vait plus un milieu suffisamment fertile, est devenu depuis lors
le meilleur porteur de fardeaux pour cette région, et sans
doute on ne le remplacera ni par un autre animal, ni par la
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 75
vapeur d'ici à des temps dont nous n'avons pas à nous préoc-
cuper. A notre époque le chameau suffit et suffira à toutes les
demandes de fret; en ayant soin de louer toujours des bêtes nées
sur le sol où elles auront à voyager, on sera sûr de ne jamais
laisser ses marchandises en route. 11 faut savoir, en effet, que
le cuir du pied d*un chameau né sur les plateaux solides s*use
sur les sables fins, et que le chameau né dans les sables n'a
pas les ongles longs et durs qui protègent le pied de l'autre
contre le choc des pierres , et qui l'aident à grimper des
côtes rocheuses.
A peine M. Largeau avait-il achevé son premier voyage, dont
la publication (n*' 117 à 120) n'était même pas encore com-
plète, qu'au mois de novembre 1875 il rentrait dans le Sahara
pour décider les négociants de Ghadâmès, les maîtres actuels
du commerce transsaharien, à porter sur les marchés algériens
les produits de la Nigritie et du Sahara. M. Largeau fit appel
au concours de volontaires que séduirait la perspective dés
études sur un terrain à peine effleuré. Il en trouva trois :
MM. Louis Say, enseigne de vaisseau, Lemay et Faucheux, et
il se dirigea par Tougourt sur l'oasis du Soûf que les circon-
stances rendaient à ce moment le seul point possible de départ.
Chemin faisant, M. Louis Say, frappé par le résultat des cul-
tures de cotonnier qui ont été entreprises dans l'Ouâd Rîgh par
Tagha Mohammed Ben Edrîs, a construit, avec l'aide de
l'agha, la carte des parties de cette contrée, susceptibles
d'être transformées en plantations de cotonnier (n° 126). Au
moment où commençait le voyage, des pillards infestaient, à
l'ouest, le pays que traverse la route de 'Ain El-Khadra, que
voulait d'abord suivre M. Largeau. Il fallut donc se rejeter dans
l'est, et passer par le puits de Berreçof *. Au lieu de retracer
d'El-Ouâd à Berreçof identiquement l'itinéraire que nous-même
1. Berreçof, liltéralement Aboû Er-Beçof, est un nom arabe qui a le sens de
Père du Rocher Plat, et que ce puits doit à la circonstance qu'en le creusant on
a rencontré la nappe d*eau reposant sur une couche horizontale de roche dure.
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76 AFRIQUE. H- 116-167
avons relevé en 1860, H. Largeau a marché au nord de ce che-
min par Bîr El-*Asemïn, El-Dakhla, Bîr 'Amar, Bîr Djebâli et
Bîr El-Touâm, dont la position vraie sera donnée pour la pre-
mière fois par son itinéraire. On sait que Berreçof est le der-
nier puits qui ait été creusé sur la ligne de communication la
plus à l'est entre l'Algérie et Ghadâmès ^ En partant de Berre-
çof le voyageur s'engage dans la région des plus hautes dunes,
où les sables mouvants, souvent aussi fins que ceux de nos
écritoires, s'amoncellent jusqu'à former de véritables mon-
tagnes. 11 y a, à vol d'oiseau, une distance de 288 kilomètres
de Berreçof à Ghadâmès. Sur toute cette distance les caravanes
n'ont plus l'espoir de se ravitailler en eau, et la longueur du
trajet réel est augmentée d'un quart en raison de tous les dé-
tours que les chameaux doivent faire pour éviter ou contour-
ner les plus hauts amoncellements de sables formant, tantôt
des massifs , presque circulaires, tantôt de longues chaînes.
Pour tous les Sahariens, nés dans le pays des sables, cette der-
nière partie de la traversée de la région d'El-'Erg est un sujet
d'appréhensions. Des règlements traditionnels interdisent aux
caravanes de tenter cette traversée avec moins de deux guides
expérimentés; car, même pour les habitants du grand désert
africain, il faut prévoir le cas où une maladie, un accident im-
prévus du guide, laisserait la caravane comme un navire sans
pilote au milieu de mers dangereuses. Nos lecteurs nous per-
mettront d'évoquer ici un souvenir de l'un de nous, qui tra-
versait r'Erg, en 1860. C'était le 10 août, entre Khâdem
Menni et Ghourd Babâni; un des chameaux de notre caravane,
1. A une heure de raprès-midi, le 20 décembre 1875, M. Largeau trouva l'eau
de ce puits, à une profondeur de 23'',49 sous le niveau du sol, à la température
de 22®,8, tandis que l'air n'avait qu'une température de 17". A neuf heures
du soir, le 2 août 1860, nous avons trouvé l'eau de Berreçof, à uue profondeur
un peu moins forte, 22",94, et sa température presque la même, 25°, l'air
ayant au moment de ces mesures 30^7. Cette comparaison prouve qu'à la lati-
tude de Berreçof il n'y a pour ainsi dire pas de variation sensible des saisons dan:>
la température du sol à la profondeur de 23 mètres ; elles prouvent aussi, comme
il fallait s'y attendre, que les saisons n'exercent aucune action régulière
sur le niveau de l'eau dans le puits, ce niveau dépendant non de pluies annuelles,
mais de pluies qui ne reviennent qu'à des intervalles de plusieurs années.
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SAHARA ET DÉSERT LIRYQUE. ' 77
exténué par la fatigue de marches qui duraient vingt heures
ou vingt et une heures par jour, s'agenouilla et refusa d'avan-
cer plus loin. Il fallait ménager notre eau, enfermée dans des
outres de cuir, et que la chaleur torride et la sécheresse de
l'air pompait à travers les pores des outres. Il fallait aussi, au-
tant que possible, sauver ce chameau, et avec lui, sa charge.
Dans un cas comme celui-là, un chameau altéré, si on le laisse
boire jusqu'à satiété, a besoin de cent litres d'eau, et plus,
pour se désaltérer. Notre guide remplit une gamelle, fit tenir
ouvertes les narines du pauvre animal et y versa lentement,
parcimonieusement le contenu de la gamelle, seule et bien
minime quantité du précieux liquide dont il jugeait que nous
pourrions nous passer. Cette « goutte » d'eau suffit pour
ranimer le chameau ; les muqueuses de la tête et le canal di-
gestif étsdent humectés, et le chameau put marcher encore
pendant quinze heures et demie jusqu'à l'oasis de Ghadâmès !
Parmi les observations que M. Largeau a faites dans l"Erg,
au nord, au sud et à l'ouest de Berreçof, il faut s'arrêter à
celles qui ont trait à la formation de ces hautes dunes de sable
qui donnent son caractère distinclif à toute cette partie du Sa^
hara. 11 a trouvé, dans le bassin où est creusé le puits de Ber-
reçof, des places où le £ol débarrassé de sables montre à jour
le grès sahanen, à gros grain, et de couleur pâle, à l'état de
cailloux épais en voie de désagrégation. Déjà aux premières
étapes de ce voyage, à Çahan Boû Loutha, il avait vu des ro-
gnons de calcaire bitumineux qu'il considère comme ayant dû
être emprisonnés primitivement dans une gangue de rociie
solide. Dans son voyage précédent, et là seulement aux massifs
de dunes de Bet-Toboûl et d'El-'Achîya, sur Tlgharghar, les
dunes reposaient sur un banc de grès, que les influences atmo-
sphériques n'ont pas encore commencé à attaquer. Se rappe^
lant le phénomène, si fréquent sur certains points de l'Ouâd
Rîgh, où le vent détache du sol des croûtes d'argile, qu'il
transporte, pulvérisées eh poussière impalpable, sur les pe*
tites dunes plus solides qui bordent la route, et rattachant à
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78 AFRIQUE. N«»' 116-167
cette observation celles qu'il a faites dans la région d'El-'Erg,
M. Largeau conclut que sur le chemin d'El-Ouâd à Ghadâmès
par Berreçof les dunes se sont formées, sur le terrain qu'elles
couvrent, par lusure et la désagrégation d'un banc de grèsrqui
devait composer la croûte primitive du sol, et par l'amoncel-
lement des grains désagrégés sur les points où des obstacles
naturels les arrêtaient dans leur course éolienne du sUd-est au
nord-ouest. M. Largeau combat deux hypothèses antérieures
. dont la première veut que les dunes se soient formées, à la
place qu'elles occupent, par la pulvérisation d'une montagne
de grès ; et dont l'autre fait intervenir une mise au jour de
bancs de sable souterrains, emprisonnés sous une croûte solide
brisée par un soulèvement. Néanmoins, M. Largeau admet
l'existence passée d'une mince croûte de grès, recouvrant le
calcaire, dans tous le pays qui est devenu la région sableuse
d'El-'Erg ; il conçoit que le calcaire inférieur recevant les eaux
pluviales par les crevasses de son couvercle, puis surchauffé
comme une étuve par les rayons solaires, a dû se gonfler,
soulever, et briser le banc de grès supérieur, dont les débris
désagrégés sous l'influence des agents atmosphériques auront
ainsi apporté un appoint à la masse dessables meubles. Cette
assise inférieure de calcaire apparaît à la surface en quelques
rares points de la région des dunes, et partout on a reconnu
qu'elle tire son origine de sédiments anciennement déposés par
des eaux douces, et non par des eaux marines. Non-seulement
M. Largeau a retrouvé à Dourîyet Ma'ammer les gros blocs de
craie savonneuse dans lesquels nous ramassions autrefois les
premiers échantillons de la Planorbis Duveyrieri, mais encore
il a découvert une autre espèce nouvelle de coquillages d'eau
douce du genre Bythinia, assez voisine de la Bythinia Dupote-
tiana, commune dans le ruisseau de la source thermale de Biskra
(Hammam Eç-Çâlaliîn), et dans la vase des rigoles de la source
froide de 'Aïn Temôguet dans le Djebel Nefoûsa. Ces gros blocs
de craie, que M. Largeau a vus dégagés des sables, et dont il a
pu apprécier le volume, affleuraient à peine au sol, lorsque
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SAHARA ET DëSëRT UBYQUE. 79
nous passions là en 4860. 11 y aurait donc mauvaise grâce à
vouloir nier une vérité, reconnue par tous les habitants d*EU
'Ërg, le déplacement des sables sous Tiniluence des vents, dé-
placement qui prend des proportions vraiment colossales en
quelques années.
A Gbadâmès, H. Largeau a étudié et dessiné les ruines de
l'ancienne Gydamus, à peu de distance de Toasis, et dont les
hautes constructions, appelées aujourd'hui El-Ësnâm, c'est-à-
dire /e5Ûi'p/es,sont certainement les parties les plusremarquables.
Il a publié {n^ 1 25) dans V Explorateur les résultats de ces recher-
ches archéologiques. La forme bizarre des hautes et massives
colonnes en maçonnerie d*El-Ësuâm ne rappelle en rien les
travaux de rarcliitecture romaine; cependant H. Largeau a
constaté que dans la base de ces colonnes étaient ménagées
des chambres sépulcrales ; il a même appris qu'on avait trouvé
dans ces chambres des ossements, et des lampes funéraires
dont l'origine est incontestablement romaine. Ce dernier point
restant acquis, on doit pourtant hésiter à admettre que les
Rsnâm ont été dans Forigine bâtis pour servir de dernière de-
meure à des Romains. La présence de lampes romaines dans
les chambres sépulcrales des Esnâm indique seulement, selon
nous, que les Romains employèrent comme caveaux funéraires
ces monuments de la civilisation garamantique. Mais nous ne
saurions admettre avec M. Largeau que les Esnâm de Ghadâ-
mès étaient les tombeaux des rois de Garamaiites. Les anciens
rois des Garamantes avaient leur cimetière à Garama même,
dont les ruines portent le nom de Djerma El-Qedîma (rancienne
Djerma), et les tombes de ce cimetière sont appelées dans le
pays Qeçîrât Er-Roûm « les châtelets romains », par suite de
la conlnsion que font les habitants illettrés entre leurs propres
ancêtres, dont ils devraient être fiers, et qu'ils ont oubliés, et
les Romains, qui les premiers leur imposèrent le joug étranger
auquel ils n'échappèrent plus jamais.
Si du passé nous revenons aux conditions actuelles de l'oa*
sis de Ghadâmès et de ses habitants, nous trouvons là le plus
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80 AFRIQUE. K- 116-167
important. des marchés, ou, pour parler plus exactement, des
entrepôts du commerce saharien, qu'alimentent les productions
naturelles du bassin de la Méditerranée et les produits fabri-
qués de TEurope, aussi bien que les productions naturelles de
la Nigritie et les produits fabriqués de Kanô, de Katsena, et
même de Djinni. Jusqu*à ces temps derniers, les riches négo-
ciants de Ghâdamès, malgré l'esprit d'initiative qu'on ne sau-
rait leur dénier, achetaient et vendaient à Tripoli et à Tunis
les marchandises sur lesquelles roulent leurs affaires. Un sen-
timent vague de défiance, entretenu par nos ennemis, avait
toujours tenu les marchands de Ghadâmès, à de bien rares
exceptions près, éloignes des marchés de l'Algérie, et rien
n'avait pu entraîner vers Biskra les caravanes qu'ils dirigeaient
toujours soit vers Tripoli, siège actuel du gouvernement de
leur province, soit vers .Tunis, la capitale à laquelle ils allaient
verser leur tribut dès le douzième siècle. M. Largeau parait
avoir achevé de vaincre la routine qui présidait en maître
aveugle aux affaires de ces négociants, et le commerce algé-
rien saura, nous l'espérons, profiter des nouveaux débouchés
qui lui sont ouverts.
Arrivés au point oh nous en sommes de la géographie du
Sahara, il reste une grande lacune à remplir. Nous voulons
parler de l'exploration, tant désirée, du Ahaggar {n^ 131), pla-
teau monlueux, hérissé de pics élevés, raviné par de nom-
breuses vallées, qui est sous le tropique du Cancer, entre l'Al-
gérie et le Niger moyen, et qu'aucun Européen n a pu encore
aborder. MM. Victor Largeau et Louis Say sont décidés à atta-
quer cette région, la plus intéressante de toute la moitié ouest
de l'immense Sahara, aux points de vue de la géographie pro-
prement dite, du climat et de l'histoire naturelle. Le Ahaggar
est, on le voit, un beau but à atteindre; puissent les circon-
stances politiques permettre aux deux voyageurs français de
remplir le programme qu'ils ont esquissé! H. Louis Say pren-
dra sur sa fortune personnelle les moven de subvenir à son
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 81
expédition; M. Victor Largcau trouvera, sans cloute, une
somme équivalente dans la souscription publique qui est main-
tenant ouverte. 11 y a pour cela, en France, assez de personnes
qui comprennent la nécessité de connaître la contrée située
entre notre Algérie et le Niger moyen.
Le Bulletin de la Société de Géographie (n» 152) a publié
la carte du pays au sud de TAlgérie, sur lequel le voyageur,
allant au Ahaggar, ferait ses premières étapes jusqu'à la lati-
tude de 50^ 50' N. Cette carte donne les itinéraires relevés
par nous, en 1859, de Ghardâya à El-Golêa'a; par M. le com-
mandant Rose, en 1871, de Warglâ à 'Aïn El-Taïba; et par
M. le capitaine Parisot, en 1875, de Warglâ à El-Golêa a. Elle
renferme encore des plans détaillés de TOuâd Mezâb el d'El-
Golêa'a. Les expéditions militaires du général Lacroix et du
généial de Gallifet, auxquelles étaient attachés le commandant
Rose et le capitaine Parisot, ont fait faire un grand pas à notre
connaissance des pays des Cha'âDba et des Mekhâdema. Nous
voyons maintenant se dessiner les étages du plateau appelé,
au nord, Ghebka des Benî Mezâb, et, plus au sud, Chebka des
Cha'âQba ; la carte se dégarnit â mesure qu'on approche de
la vallée de TOuâd Hîya, qui recevait les eaux de ces vallées
lorsqu'elles contenaient des torrents. Le plateau, tout crevassé,
qu'elles sillonnent, porte le nom arabe de Chebka^ qui veut
dire filet, parce que les Gha'ânba comparent à un gigantesque
filet le réseau des vallées qui sont là serrées, profondes, et
très-ramifiées.
Nous avons réuni, sous une forme descriptive, toutes les
observations géographiques que nous avions faites sur nos deux
chemins d'aller et de retour à Ël-Goléa'a. Nous croyons que les
personnes qui s'occupent des projets de chemins de fer dans le
Sahara auraient tout avantage à étudier très-attentivement la
carte ainsi que le travail.
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82 AFRIQUE. N- 11M67
2.— LeSahara occidental; le projet de mer intérieure et les projets de chemins
de fer et de ligne télégraphique à travers le Sahara
Nous nommons Sahara occidental la partie du grand désert
qui, commençant au sud du Maroc, est limitée à l'est par le
plateau du Ahaggar; à Touest, par Tocéan Atlantique; au sud,
par le Sénégal et le Dhiôli Ba. Ce pays est aujourd'hui encore
fort peu connu. Les Français René Caillié et Léopold Panet
en ont traversé toute la largeur sur deux Ugnes, et d'autres
voyageurs, parmi lesquels il faut citer, au premier rang, le
capitaine d'état-major Vincent et le lieutenant Mage, ont tracé
des itinéraires qui ont précisé nos données sur les pays au
nord du Sénégal, et près de la côte de l'océan Atlantique.
En examinant de près la valeur des documents sur lesquels
repose aujourd'hui la carte de ces contrées, au sud de TOuâdi
Dhra'a et au nord du 18® degré de latitude, on trouve, la côte de
l'océan Atlantique exceptée, qu'il n existe pas une seule déter-
mination de latitude ou de longitude dans un vaste espace de
10 degrés en latitude et de plus de 16 degrés en longitude.
Nous manquons là également de toute détermination de la hau-^
teur du sol par rapport au niveau de l'Océan.
On peut cependant se faire une idée générale du relief de
cette partie du désert, en complétant les notes des rares voya-
geurs, au moyen des indications données par les habitants
eux-mêmes. Au nord de la latitude du cap Bojador, le pays est
rocheux et généralement élevé, comme le prouvent d'ailleurs
les noms arabes, El-Ga'ada et El-Hamâda, qu'on lui donne. Un
degré au sud du cap Bojador commencent des chaînes de col-
lines, qui deviennent presque des montagnes dans le Tîris et
l'Adrâr, comme aussi, plus au sud, dans le Tagânt. Ces hau-
teurs dépassent de quarante-cinq mètres à cent mètres le niveau
des plaines environnantes. Sur la côte, du 25® au !?• degré,
dans les pays de Tîris et d'Aftôt, on voit de larges bandes de
sables, parsemées de dunes, qui continuent dans l'intérieur, en
appuyant aii nord-est, pour aller se fondre dans ces grands
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 8$
sables sahariens appelés Iguidi, Maghtir et Adâfer, séparés de
la cote de TOcéan par un terrain dont Taltitude est suffisam-
ment indiquée par le peu que nous connaissons de son relief
et des vallées qui le sillonnent.
A huit cent cinquante kilomètres à l'est du cap Blanc, c'est-
à-dire deux cent cinquante ou trois cent kilomètres plus à
l!cst que les sables d'El-Maghtîr, tous les renseignements s'ac-
cordent pour indiquer la présence d*un grand espace de terres,
plus basses que celles qui Tentourent, et auquel les Arabes
et les Berbères de cette région ont donné le nom d'El-Djoûf,
c'est-à-dire le Ventre, frappés qu'ils étaient par l'analo-
gie entre son rôle par. rapport aux ouâdis du pays environ-
nant, et le rôle de l'estomac par rapport à l'œsophage d'un
animal. On y trouve fréquemment du sel et, peut-être en rai-
son des particules salines dont la terre de ce canton, comme
celle de tontes les parties creuses du Sahara, est imprégnée, la
végétation y est presque nulle. Mais conclure de là qu'Ël-Djoùf
soit le fond d'un ancien golfe qui pourrait être rendu à l'océan
Atlantique, c'est dépasser la limite permise aux spéculations de
l'esprit ; cette idée est cependant venue à un Anglais, M. Donald
Mackenzie. Le 10 juin 1876, M. Mackenzie est parti de Londres
avec plusieurs compatriotes, dans le but d'aller chercherj aux
environs du cap de Bojador, l'ancien détroit qu'il suppose y avoir
existé, et par lequel la dépression d'El-Djoûf aurait communiqué
autrefois avec l'Océan. Les objections n'ont pas manqué à ce pro-^
jet. M. Ravenstein, notamment, a fait valoir, dans le GeographU
caZifaja;5me(n® 150), d'excellentes raisons pour en montrer le
côté illusoire. Aussi est-ce avec surprise que nous avons lu, au
mois d'août 1876, l'annonce de la découverte, faite par M^ Mac-
kenzie, des bouches de l'ancienne mer saharienne de Touest.
Une barre déterre d'à'peu près deux cent soixante-quinze mètres
de largeur, et deux mille huit cents mètres de longueur, fer-
merait l'embouchure d'un canal, qui, derrière cette barre^
aurait une profondeur de soixante-neuf mètres au-dessous du
niveau de l'Océan. Si les journaux n'ont pas dénaturé ces indi«
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84 AFRIQUE. No- 116-167
cations envoyées par M. Mackenzie, elles ne peuvent se rap-
porter, comme il ressort de la constitution géographique de
cette partie du Sahara, qu'à un accident tout à fait local, et
sans aucune portée en faveur de Tidée de submerger El-Djoûf.
En réalité, la campagne entreprise par M. Donald Mackenzie
a un fond plus sérieux. Elle a un auLre but que celui d'une
mer à créer dans le Sahara occidental. On sait que le marché
de Timbouktou est extrêmement mal partagé au point de vue
des voies de communication. Véritable entrepôt des produits
du haut Dhiôli-Ba et de la Berbérie, ainsi que des marchan-
dises fabriquées en Europe, Timbouktou est séparée des ports
de la côte nord par une distance qui serait diminuée d'un
tiers si, au lieu d'aboutir à Tanger, son commerce trouvait au
cap Bojador un débouché sur l'Océan, et c'est là ce que vou-
drait réaliser M. Mackenzie. Il est allé explorer la côte afin de
choisir l'emplacement convenable pour y créer un port et y éta-
blir une colonie anglaise. Les commerçants de Timbouktou
voient, paraît-il, ce projet avec satisfaction, et certes, ils sont
assez intelligents en affaires pour en comprendre les avantages.
Considéré au point de vue politique, l'établissement d' une colo-
nie anglaise au cap Bojador ne serait pas une infraction aux trai-
tés existants entre la France et l'Angleterre, qui ont établi nos
droits exclusifs sur la côte sud du Sahara occidental jusqu'à la
latitude du cap Blanc, mais qui sont muets sur la partie de la
côte au nord de ce cap. Yis-à-vis des princes chérîfs du
Maroc il n'y aurait probablement pas de difficultés, leur au-
torité sur les tribus qui errent en nomades aux environs du
cap Bojador étant actuellement une autorité purement spiri-
tuelle.
En présence de cet essai tenté par les Anglais pour ouvrir
un nouveau débouché à leur commerce, il est bon de rappeleir
en France que nous avons seuls le droit de trafiquer et de nous
établir à Arguin, petite île près du continent, placée dans des
con étions meilleures que le cap Bojador pour les relations avec
le marché de Timbouktou, comme aussi avec les populations '
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 85
deTAdrâr, du Tagî^nt et d'El-Hôdh. Aux quinzième et dix-
septième siècles, les Portugais et les Hollandais surent profiter
de la position exceptionnellement favorable d'Arguin, et si,
lorsqu*en 1724, Arguin devint possession française, le cours
des événements ne nous a' pas permis d'entretenir longtemps
le courant des caravanes vers cette partie de la côte, Thomme
le plus compétent dans cette question, M. le général Faidherbe,
avait compris, il y a seize ans, Tutilité qu'il y aurait pour nous
à réoccuper Arguin et à y établir un comptoir.
La question du commerce de l'Afrique inlérieure, au point
de vue algérien, a préoccupé depuis longtemps déjà le gouver-
nement de l'Algérie et quelques hommes qui ne pouvaient se
méprendre sur les avantages politiques ou économiques que
tirerait notre nation de la reprise du commerce par caravanes,
entre l'Algérie et la Nigritie.
Notre siècle a apporté une manière nouvelle d'envisager Ips
questions de communications, et on pouvait prévoir que le sys
tème des voies ferrées et des transports à la vapeur serait tôt
ou tard appliqué en Afrique. On n'avait pas encore donné les
premiers coups de pioche sur les lignes des chemins de fer al-
gériens, qu'un ingénieur qui est en même temps un géographe
distingué, avait déjà étudié la réalisation d'une ligne de liai-
son entre l'Algérie et le bassin du Niger.
Cette idée vient d'être reprise par MM. Du Mazet (n«> 141),
Duponchelet Robert (n« 142), Largcau (n? 145), et Soleillet
n° 145). Bien que les questions de chemins de fer ne rentrent
pas directement dans les études géographiques, les géographes
ont cependant leur mot à dire lorsqu'il s'agit d'un chemin de
fer à travers le Sahara. 11 est un point sur lequel tout le monde
sera d'accord : l'existence d'un tel chemin de 1er serait un
bien immense, ne fût-ce qu'au point de vue de la civilisation.
Les avis sont plus partagés, quand il s'agit d'affirmer par
avance qu'un chemin de fer du bassin du Niger à l'Algérie don-
nerait un jour des recettes suffisantes. Enfin, H faut le
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8S AFRIQUE. Jlv 116-167
dire aussi : une question qui n'a pas été envisagée souls^son vé-
ritable aspect, est celle des difficultés particulières d*exécu-
tion des travaux d'établissement d'une voie ferrée de Laghouât
ou de Biskra à Timbouktou.
H. Duponchel, ingénieur en chef du service hydraulique de
TAude, deJ'HéraultetduGard, propose un tracé qui, coupant
au sud de Boghâr en Algérie, le Djebel 'Amour, courrait, à
l'ouest du bord inconnu de la Chebka des Benî Uezâb et des
Glia'ânba, et gravirait forcément ce massif au nord de Zirâra.
Le tracé passerait ensuite dans la vallée de Ueguîden, et de
là par les oasis de l'Aougueroût, du Tîmmi et du Touât ; il ga-
gnerait enfîti Timbouktou en suivant la route des caravanes à
travers le plateau crayeux du Tânezroûll , et TAzaouâd.
M. Largeau propose de modifier ce tracé en faisant de Biskra
son point de départ, en franchissant les plaines de l'Ouâd
Rîgh, passant à Warglâ, et suivant la vallée de l'Ouâd Mîya
pour arriver à In-Çâlah où elle tomberait sur le parcours de la
route de Timbouktou. M. Soleillet, de son côté, a proposé
une ligne dont le point de départ serait Qoçeïr EUBokhâri en
face de Boghâr.
Ces projets divers supposent que la surface du Sahara, au
sud d'In-Çâlah est une suite de plaines unies ; or il n'existe
pas encore un seul itinéraire européen sur les routes d'In-Çâlah
ni d'Âqabli, à Timbouktou; mais les indications précises et
détaillées que nous ont communiquées plusieurs sahariens sur
ces routes, y indiquent un pays de collines appelées Bâten
Ahenet, au sud duquel vient le terrible plateau crayeux du
Tânezroûft, dont la largeur varie de 90 kilomètres à 205 kilo-
mètres, et qui a été jusqu'ici rebelle à tout forage de puits ;
enfin il faut considérer le nombre considérable de vallées qui
traversent les chemins des caravanes et qu'une voie ferrée ne
pourrait traverser qu'à l'aide de nombreux ouvrages d'art.
Ces difficultés, avec lesquelles il faut compter avant d'éta-
blir des devis même approximatifs, on n'en connaîtra réelle-
ment l'importance que lorsqu'un voyageur compétent aura
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 87
étudié les routes d'Aqablî et d'In-Çâlah à Timbouklou, non pas
seulement au point de vue topographique, mais aussi au point
de vue spécial de l'ingénieur. On comprendra notre réserve
sur ce sujet en réfléchissant à un point de détail du projet de
3f . Duponchel. Son tracé passe forcément au nord d*El-Golêa'a,
sur un plateau de roc extrêmement dur, raviné en tous sens
par des vallées et des gorges profondes, où en maints endroits
il £iudrait construire des viaducs. Or, le même cas se repro-
duira certainement très-souvent sur le reste du tracé en pays
inconnu, mais combien de fois et dans quelle mesure, c'est ce
que nous apprendra une bonne exploration des routes d'Âqablî
et dln-Çâlah à Timbouktou.
Le projet d'une ligne télégraphique qui relierait Alger à
Saint-Louis du Sénégal est l'œuvre de M. P. Blanc (n^ 144).
Le (racé qu'il propose passe par El-Golêa'a, et par In-Çâlah ; il
laisse Timbouktou à 350 kilomètres dans le sud-est, afin de
racourcir le trajet jusqu'au Sénégal. M. Blanc fait valoir les
avantages qui résulteraient de celte ligne télégraphique non-
seulement pour l'avenir du Sénégal, mais encore pour assurer les
communications rapides avec l'Amérique du Sud au moyen
d'un nouveau câble transatlantique qui partirait de Saint-Louis
du Sénégal.
Témoignages éloquents de l'activité des esprits, signes évi-
dents de l'approche du moment où l'intérieur de l'Afrique sep-
tentrionale va sentir plus active enfin l'influence de la France,
et entrer dans le mouvement auquel prennent part déjà pres-
que tous les autres pays des zones habitables, ces projets de
chemins de fer et de télégraphes sont encore loin de leur réa-
lisation. Notre devoir est de les accueillir avec une extrême
réserve; mais nous y applaudirions si, passant de la phase des
conceptions vagues à la phase des études positives, ces projets
trouvaient des partisans assez convaincus pour aller se rendre
compte, de visu^ de la possibilité ou de l'impossibilité de cons-
truire un chemin de fer ou un télégraphe seulement d'Alger à
Timbouktou. Un tel voyage, fait par un ingénieur compétent,
88 AFRIQUE. N- 116-167
nous vaudrait des découvertes précieuses, servirait à un haut
degré la cause française en Afrique, et ajouterait certainement
un nom à la liste des grands explorateurs.
§5. — Le Sahara oriental ou désert libyque; publication des travaux de l'expé-
dition scientiûque faite par MM. Gérard Rohlfs, Jordan, Âscherson et Ziltel.
Nous avons parlé de deux points du Sahara dans lesquels
on supposait qu'il serait possible et utile d'amener la mer ;
une idée semblable, celle de la possibilité d'inonder le désert
de Libye, soit avec les eaux du Nil, soit avec les eaux delà
Méditerranée, a valu à la géographie l'expédition que le khédive
y a envoyée en 1875, sous la conduite de M. Gérard Rohlfs,
et qui a terminé ses travaux sur le terrain en 1874. La der-
nière Année géographique esquisse l'itinéraire de cette mis-
sion et touche les points principaux des recherches qui ont
été faites pendant sa durée ; nous ne suivrons donc pas les
voyageurs dans leur marche, mais nous avons maintenant à
rendre compte des ouvrages qui résument les résultats défini-
tifs de leurs travaux (N°» 154 à 165).
Rappelons d'abord que le terrain étudié commence à la rive
ouest du Nil, et s'étend à l'ouest, entre 29<*10' et 24°50' de
latitude, jusqu'au 25® degré de longitude est de Paris ; en
d'autres termes, ce terrain est la partie du désert de Libye
dans laquelle on trouve les grandes oasis de Siwa (ancienne
Ammon), de Khârdjé et de Dâkhel, dont l'ensemble constituait
la grande oasis, Oasis magna, de Farâfra et de Baharîyé (Oa--
sis parva) . Ces points bas et fertiles du désert de Libye sont
distribués sur la surface d'un plateau calcaire de l'âge des
premières couches éocènes ; on ne trouve plus de ce calcaire
à partir du point où, plus à l'ouest, commence sur les grès
nubiens un vaste océan de sables, véritable dédale de très-hautes
dunes ou montagnes de sable fin, qui atteignent 100 mètres et
150 mètres de hauteur, et dont l'extension sud et ouest est to-
talement incoimue.
yGoogk
SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. * 89
Depuis 1816, les voyages de Belzoni, de Gailliaud, d'Er-
mondstone, de Pacho et de Hoskins nous avaient déjà fait con-
naître les oasis du désert de Libye et grâce surtout au Français
Cailliaud, la géographie positive de cette contrée avait beau-
coup progressé. Mais on restait encore dans une grande incer-
titude au sujet de la position véritable de plusieurs points sur
lesquels s'appuient les itinéraires de ces voyageurs, et sur
rétendue et la forme d'un creux du sol saharien, que les ob-
servations barométriques de Cailliaud avaient indiqué, et qui
plaçaient le niveau de Toasis de Sîwa à une grande profondeur
par rapport au niveau de la Méditerranée.
Dans sa Géographie physique et météorologique du désert
de Libye (n^ 156), non-seulement M. Jordan donne les résultats
définitifs de ses propres observations ; mais il les conîpare aux
résultats des observations de ses devanciers, qu'il serait peut-
être intéressant decalculer à nouveau, en se servant des tables
astronomiques nouvelles afin d'obtenir des longitudes beaucoup
plus exactes au moyen des observations de distances lunaires.
Comme le faisaient déjà entrevoir les premiers calculs des lon-
gitudes de M. Jordan, à Texceptiou du seul point de Sîwa,
toutes les longitudes de Cailliaud se trouvent être vérifiées
bonnes, ainsi qu'on peut s'en convaincre par le tableau
ci-dessous :
LONGITUDE EST DE PARIS
DIFFÉRENCES
LIEU
Siwa
BawUi,enBaharîyé
Farâfra
Dâkhel
Khârdjé
d'après CAILLIAUD
23'»38' i"
26*28'3r
25»50'3l''
26»39' l''
28-16' i"
d'après V. JORDAN
23«»10'i6" .
26»36'3l''
25«44'46''
26'>38'16"
28-20' V
EN ARC EN KILOV.
27'15''=41,4
2' 0"= 3,0
5'45''= 8,6
0'45''= 1,1
4' 1"= 6,1
Des différences de 4' et de 6' n'ont rien qui doive étonner
dans les longitudes déterminées par les dislances lunaires, et
en pareil cas la solution la plus sage est de prendre la moyenne
des résultats. .11 n'en est pas de même lorsqu'on est en pré-
sence d'un écart de âT'lS" comme celui qui résulte de la
ô^^
90 , AFRIQUE. N" 116-167
la comparaison des longitudes de Siwa, observées par Cailliaud
et par M. Jordan. L'habile astronome de l'expédition de
M. Rolilfs indique que sa longitude de Sîwa est exacte à 2'30''
ou 3800 mètres près ; il faudrait donc qu'une cause accidentelle
d'erreur eut entaché les observations ou les calculs de Cail-
liaud à Sîwa.
Poussé par le désir de contrôler la longitude de Sîwa,
M. Jordan a été amejié à reprendre le calcul des observations
de Maurice de Beurraann, pour la longitude très-discutée de
Djâlo. 11 a trouvé que, par suite de l'inversion du signe de la
correction d'instrument, les premiers calculs avaient donné
une erreur de^ 32' de longitude ; les observations de Maurice de
Beurmann placent en réalité Djâlo à 17°46'46" est de Paris.
M. Jordan n'accepte pas cette longitude, et il préfère celle
de 18°44'46" est de Paris, qu'on trouve en appuyant sur la
nouvelle position de Sîwa, l'itinéraire de M. Hamilton à Djâlo.
11 est une autre comparaison qui, tout en vérifiant encore
les importants travaux de Téminent explorateur français Cail-
liaud, nous donne une valeur très-précise de la \itesse de la
marche des chameaux en caravane dans les parties solides du
désert de Libye. Cette vitesse est de 4 kilomètres par heure,
pour des chameaux portant la charge moyenne de 150 kilo-
grammes, qui, dans cette partie du Sahara comme dans le
pays des Touareg, est la charge accoutumée de ces animaux.
Les hauteurs du sol ont été déterminées par le calcul des
observations faites à l'aide d'un baromètre à mercure et de huit
baromètres anéroïdes. Ce calcul s'appuie sur des pressions
correspondantes observées au port d'El-Hamra (Çiyoût), dont
l'altitude (53,™1 au-dessus de la mer) est le résultat de nivelle-
menls géométriques exécutés par le savant et consciencieux
astronome égyptien Mahmoûd-Bey. En procédant aux calculs
de ses propres observations, M. Jordan a voulu utiliser aussi
les nombreuses observations barométriques de Cailliaud qui
n'avaient pas encore été calculées. Les résultat^ obtenus pour
les oasis sont les suivants :
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SAHARA ET DESERT LIBYQUE. 01
d'aPRIs les OBSERVAnOflS DE
BA0TBVR9 ADOPTiSS
CAILLIAUD
JORDAH
PAR M. iORDAK.
Sîwa
— 44 mètres
— 36 mètres
— 25 mètres.
Baharîyé
4- 110
+ 113
+ 113
Farâfré
4- 55
-h 76
+ 76
Dâkhel *
4- 69
+ 100
+ 100
Khârdjé
H- 118
+ 68
+ 68
Les terres cultivables de ces cinq oasis ont une superficie
de 103 kilomètres carrés, et leur population s'élève au chiffre
de 34 095 âmes.
On voit d*apr& les hauteurs ci-dessus que quand bien même
un nivellement géométrique prouverait là encore, comme cela
a eu lieu dans le Sahara algérien, que les meilleurs baromè-
tres ne donnent que des valeurs approximatives de la hauteur
d'une contrée, seule Toasis de Sîwa peut et doit être réellement
plus basse que le niveau de la Méditerranée. Au nord, la dé-
pression de Sîwa est bordée de très-près par un plateau beau-
coup plus élevé. De même, au sud des derniers palmiers, le
sol, envahi par les sables, monte dans une proportion qu'on
peut estimer à 3 mètres par kilomètre. II n*en est pas ainsi
dans la direction est-sud-est oh^ sur une distance de 165 kilo-
mètres, on trouve échelonnés, sur un sol plus haut que la mer,
plusieurs creux qui sont à — 20, — 30, — 35 et — 70 mè-
tres plus bas que son niveau, mais qui forment là des excep-
tions extrêmement réduites, et nullement reliées entre elles
par des vallées. Un plateau de 220 kilomètres de largeur
s*étend entre Sîwa et la Méditerranée. Le lit du Nil est à
350 kilomètres dans Test, séparé des creux du désert de Li-
bye par un plateau. Ainsi s'évanouissent Tespérance que
quelques publicistes avaient exprimée de fertiliser de grandes
étendues de terres de ce désert en y dérivant les eaux du Nil,
et cette autre conception d'après laquelle il aurait été possible
de submerger sous les eaux de la mer le désert de Libye tout
entier, c'est-à-dire la partie du Sahara la plus horrible çt la
plus inutile à l'homme.
Ce résultat négatif n'en est pas moins important, et il n*est
. .„_.., Google
92 AFRIQUE. N^« 116-167
pas le dernier que la science doive à H. Jordan et à ses colla-
borateurs. De leurs observations de la déclinaison de Taiguille
aimantée, comparées avec celles que Cailliaud avait faites cin-
quante ans plus tôt, on peut déduire avec certitude que dans
le désert de Libye, comme en Europe, la déclinaison magné-
tique diminue annuellement de 0^,i06. Quant à la température
de Tair, U. Jordan a constaté qu'elle est en hiver plus basse
dans le désert de Libye qu'au Caire. Le thermomètre y marqua
— 5^ dans la première quinzaine de février, et, par un
vent du sud, il s'éleva à 55*^ le 26 mars. Ces mesures prou-
vent que le désert de Libye, comme le reste du Sahara et
tous les déserts, a un climat que caractérisent des tempéra-
tures extrêmes et de brusques changements du froid au chaud.
Dans la plupart des oasis de ce désert, comme dans celles du
Sahara tunisien, l'eau des sources est thermale. Ainsi la
source du Soleil, à Sîwa, a une température constante de 28^,2,
tandis que l'eau du Nil n'atteint ce chiffre que dans le mois
d'août, et les sources de l'oasis de Dâkhel donnent jusqu'à
36^^. Nous signalerons encore un résultat des observations de
M. Jordan; elles montrent que la quantité d'ozone contenue
dans l'air du désert de Libye dépasse de beaucoup la quantité
contenue dans l'air des oasis. Pour la première fois aussi on a
pu mesurer la quantité d'acide carbonique contenue dans l'air
du Sahara, et on a trouvé à Farâfra, pour dix mille parties
d'air ambiant, 4,47 d'acide carbonique; 7,93 par mille parties
de l'air emprisonné dans le sol compact à 50 centimètres de
profondeur; et 51,t2 par mille parties de l'air contenu dans
la terre végétale d'un jardin de dattiers à 1 mètre de profon-
deur.
11 est un point des découvertes de la mission qui ouvre le
champ aux conjectures quant à l'état passé de la partie du dé-
sert de Libye à l'ouest des oasis de Farâfra et de Dàkhel. Au-
jourd'hui les habitants de ces oasis ne s'aventurent jamais dans
ces montagnes de sable ob, ils ne sauraient trouver un chemin,
et ils ignorent même ce qui est au-delà, car les tribus qui
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 03
vivent au loin dans Touest ne viennent jamais cliez eux. En
partant de Dâkhel, à Touest-sud-ouest, pour s'enfoncer dans le
grand désert de sables, M. Jordan fut très-surpris de voir qu'il
marchait sur une ancienne route où, de loin en loin, une
grande pierre, fîcliée en terre, indiquait la direction suivie par
les voyageurs.
D'après sa direction, cette ancienne route devait aboutir à
l'oasis de Koufara; mais, arrivé au commencement des hautes
dunes, le chemin disparait, car une heure d'un vent ordinaire
efface sur les sables du Sahara les traces d'une caravane. Bien
que M. Rohlfs^ refuse de croire à l'existence d'une ancienne
route fréquentée, allant de Dâkhel à Koufara ou au Ouanyanga,
nous ne trouvons pas concluant son principal argument que
voici : les habitants de Dâkhel et les nomades arabes de la con-
trée, à l'est des sables, n'ont jamais entendu parler d'une telle
route. Pour nous, cet argument prouverait tout au plus que
les communications anciennes de Dâkhel avec le Ouanyanga et
Koufara n'étaient pas entretenues par les oasiens de l'est ni
par les Arabes égyptiens. La preuve ne sera complète que si
rien dans leurs traditions ne rappelle aux Ouanya (ou habi-
tants du Ouanyanga), des voyages habituels de leurs ancêtres
vers Dâkhel ; il se pourrait, en effet, que les caravanes qui sui-
vaient la route découverte par M. Jordan fussent conduites par
des Ouanya, ou même par des Tédâ (Tibbous). Cette supposition
nous paraît moins extraordinaire que celle qui attribue à deux
caravanes du sultan du Ouadâï, Sâboûn, la pose des pierres dont
la route est jalonnée. Ces deux caravanes vinrent directement
à Dâkhel, et leur marche hardie n'aurait pas été tentée si le
sultan Sâboûn n'avait pas eu connaissance d'un chemin, autre-
fois fréquenté, reliant les oasis de Koufara ou du Ouanyanga
à l'oasis de Dâkhel.
Que les dunes de sable fin soient aujourd'hui sur ce chemin
un obstacle insurmontable pour^'les caravanes de Vest, cela
* Drel Monaie.,.t p. 154.
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94 AFRIQUE. N" 11M67
n*est pas douteux, après l'expérience faite par H. RoUfs. Mais
les plus hautes dunes de sable ont eu un commencement. Comme
M. Largeau, nous avons assisté à la formation et à la crois-
sance des dunes du Sahara. Dans ces déserts, le moindre objet,
fût-ce une fiente de chameau, devient un noyau d'accumula-
tion, dès que le vent souffle, chassant devant lui le» grains de
sable presque impalpables. Quiconque a pu constater le phéno-
mène, croira comme nous au déplacement des sables, à la for-
mation contemporaine et à la constante transformation des hautes
dunes. Dès lors, il se peut que les dunes en lignes parallèles,
qui arrêtèrent l'expédition de M. Rcdilfs, n'aient pris quedepui.n
un siècle ou deux les proportions d'une barrière infranchis-
sable, tandis qu'à une époque plus reculée les caravanes char-
gées pouvaient les franchir, comme le font encore, avec leur
léger bagage, les pillards Bideyât, sur le chemin direct du
Ouanyanga ou de l'Ënneri à Dâkhel.
Le livre de M. Rohlfs (n^ 154) est rempli de faits et d'aperçus
intéressants sur des sujets très-divers. Nous y avons trouvé
une bonne nouvelle pour tous les voyageurs non-musulmans et
même pour beaucoup des voyageurs musulmans : le souverain
deTÉgyptea compris la nécessité politique de contenir la con-
frérie d'Es-Senoûsi, et d'obliger ses chefs à l'obéissance, même
quand il s'agit de protéger des voyageurs chrétiens.
Il est juste de compléter cette notice sur les résultats des
opérations de la mission khédiviale dans le désert de Libye,
par quelques lignes sur les recherches d'un célèbre voyageur ^
le docteur Georges Schweinfurth, qui ont porté, presque en
même temps que les précédentes, sur le même terrain. Le
docteur Schweinfurth a passé plus de trois mois dans la grande
oasis d'El-Khârdjé ; il y est arrivé par un chemin de 195 kilo-
mètres, qui part de Çiyoût en Egypte ; il en est revenu par
un chemin beaucoup plus court (131 kilomètres) qui touche
le Nil à Guirgué. Les fruits du séjour du docteur Schweinfurth
dans l'oasis d'El-Khârdjé sont importants au point de vue géo-
graphique, car ils nous ont valu la carte topographique de ce
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SAHARA ET DÉSERT LIBYQUE. 95
canton fayorisé du désert de Libye, appuyée sur une triangu-
lation dont toutes les mesures se rapportent à une base de
5500 mètres de longueur.
Le botaniste comme le géologue, pour tirer de ses études
toutes les déductions qu'elles comportent et qui en sont le
couronnement scientifique, doit serrer de près la géographie
ou la topographie du pays qu'il a étudié. Dans ses voyages au
pays des Monbouttou, le docteur Schweinfurth avait précé-
demment montré qu'il comprend ainsi sa tâche. Fidèle à ce
principe, il a porté cette fois son attention sur tous les restes
historiques et sur les côtés divers de la vie des habitants de la
grande oasis.
El-Rhârdjé a, comme oasis, un trait commun' avec les
oasis de TOuâd Rîgh du Sahara algérien; ce sont de ces puits
que noua appelons artésiens et qui arrosent ses cultures. An-
ciennement on y comptait jusqu'à deux cents puits d'eau ascen-
dante, mais, par suite d'un entretien insuffisant, presque tous
les puits d'El-Khârdjé sont maintenant bouchés et ne donnent
plus d'eau courante. Leur profondeur minimum est de
60 mètres. et dépasse de beaucoup celle des puits de TOuâd
Rîgh ; néanmoins on les cure comme on curait ces derniers
avant Tintroduction des appareils français de sondage, par le
travail de plongeurs qui vont ramasser sur le lit de la nappe
d'eau jaillissante les sables accumulés par un courant souterrain ,
ou que le vent du désert y a précipités par l'orifice du puits.
Comme d'autres botanistes, et en particulier le docteur
Gosson, pour les oasis du Sahara algérien, le docteur Schwein-
furth a passé en revue tous les végétaux d'El-Khârdjé, et a réuni
les matériaux d'une monographie complète de la flore de cette
oasis.
Mais le côté le plus intéressant peut-être dés études aux-
quelles il s'est livré, est le côté historique. A ce point de vue,
l'oasis d'El-Kliârdjé, que les anciens Égyptiens nommaient
Heb, offre un champ de recherches extrêmement curieux.
On y trouve des temples égyptiens datant du cinquième siècle
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96 AFRIQUE. N*M68-204
avant notre ère, dont les inscriptions en hiéroglyphes prou-
vent que la religion et les idées de TÉgyple avaient été reçues
par les habitants. Mais ces habitants étaient-ils de la race
égyptienne? Il y a tout lieu de croire le contraire; car nous
savons que vers le commencement du quatrième siècle de notre
ère, Tempereur romain Dioclétien fit appel aux Nubiens de
l'oasis d'El-Khârdjé, pour occuper la Nubie et la défendre contre
les incursions des Blemmyes, de ce peuple si peu connu dans
Tantiquité, que Pline ^ en fait un voisin des Allantes, ajoutant
d'ailleurs que les Blemmyes sont sans tête et qu'ils ont la
bouche et les yeux fixés sur la poitrine !
Les Romains ont laissé dans l'oasis d'El-Khârdjé plusieurs
monuments qui attestent la durée et le caractère de leur domi-
nation ; ce sont des forts qui , dans l'opinion du docteur
Schweinfurlh, pouvaient contenir une garnison de mille hom-
mes. A côté de ces forts, on voit une nécropole chrétienne qui
renferme de nombreux et élégants mausolées, et les inscrip-
tions grecques découvertes par le docteur Schweinfurth mon-
trent quelle était la langue parlée dans les centres chrétiens
d'El-Khârdjé.
ETHIOPIE. CÔTES DES AD 'ALI (ADELS) ET DES ÇOMALi.
MER ROUGE
168. Mabiettb-Bky (A.). Les Listes géographiques des pylônes de Kar-
nak, comprenant la Palestine» l'Ethiopie et le pays des Çomftl.
4 vol. in-4 et 4 atlas in-folio. Leipzig, Hinrichs, 1873.
169. Mahmoud-Bet. Le Recognizioni dello stato maggiore egiziano nel
bacino del Nilo, suUe coste del mar Rosso e golfo d'Aden, e nel
deserto Libico, 1871-1873. Rapporto sulla spedizione del colonelle
Purdf da Yecchio Dgngola a Fascer o Tendelti. Relazione del mag-
giore Prout, Cosmos di Guido Cora, t. III, 1876, p. 55 et suiv.
170. Projets d*extension de TËgypte dans toute T Afrique septentrionale.
Explorateur, 1876, n* 55.
* Liv. V, cap. 8.
yGoogk
ETHIOPIE, ETC. 97
471. Projet d'un chemin de fer de l'Egypte vers le Soudan. Explora-
teur, iSlQ, n"51, p. 69.
172. Affaires d'Abyssinie (guerre de l'Egypte contre l'Ethiopie). Ex-
plorateur, 4876, n» 49, p. 44-50; n» 50, p. 48; n» 53, p. 125-
427; n* 59, p. 63 {Guerre de Hérèr); n» 69, p. 565; n» 70,
p. 587.
473. Abyssinie (pour : pays des Çômftli). Renseignements fournis par
Haggenmacher. Explorateur, n» 59, p. 293-294,
474. Raffrat (Achille). Afrique orientale. Abyssinie. 4 vol. in-48 de
xn et 596 pages, avec une carte : Itinéraire de A. KafTray en
Abyssinie, 4873-1874, dressé par A. Bouffard, et 40 gravures.
ParU, Pion, 4876.
Récit attachant et animé d'an voyage fait en compagnie de M. le comte
E. de Sarzec, vice-consul de France à Mouçawwa', en partant de cette
ville par la province du Hamasen vers 'Adwa, et de là au sud, à traders le
pays des Agaou jusqu'en Baguêmidir, au sud du lac Tâna. Le retour à
Mouçawwa' s'effectua en contournant le rivage est du lac, et en passant
par Gôndar, Aksoum, 'Adwa etHalaï.M. Raffray était chargé d'une mission
scientifique gratuite par le Ministère de l'instruction publique, et il s'est
ooc«pé surtout de recherches de zoologie ; son livre renferme des observa-
tions intéressantes sur les mœurs des animaux de l'Ethiopie. Au cours de
sa relation, l'auteur saisit sur le vif tous les incidents qui peuvent con-
tribuer à faire connaître le caractère des Éthiopien^, et leur organisation
féodale, politique et religieuse. Un de ces incidents faillit être fatal avx
deux voyageurs. Â Ouébeln Mariam le clergé catholique éthiopien ménagea
une attaque contre M. de Sarzec, auquel il ne pouvait pardonner les pro-
messes de bienveillance en faveur des missionnaires catholiques romains
données par le nigoûs sur la sollicitation du vice-consul de France.
175. Gros (J.). Une exploration française en Abyssinie. Explorateur ^
n» 66, p. 474-478 (à propos du voyage de M. Raffray).
176. Hato (le comte de). Sport in Abyssinia, or the Mareb and Tackaz-
zee. 4 vol. in-8 (250 p.). Londres, Murray, 1876.
177. Kœrner (Fr.). Bilder aus Abessinien und Ethiopien. Âus allen
Welttheilen, octobre et novembre 1875.
178. VoN Heugliv ;M.-Th.). Le Territoire des Benî 'Amer et des Habâb.
Bulletin trimestriel de la Société khédiviale de Géographie, n» 1 ,
p. 105-120, avec 4 carte au ni)oô»ooo% dressée par M. von Ileu-
gUn.
179. VoN Heuglin (Martin'4'héodore). Reise in Nordost Atrica. Schil-
derungen aus dem Gebiete der Béni- Amer und Habab nebsl zoo-
logischen Skizzen und einem Fijhrer fii ■ Jagdreisende. 2 volumes
in-8", avec une carte et treize planches. Brunswick (Westermann),
4877 (prix 46 mark 40 pf).
Narration complète d'un voyage fait au commencement de l'année
1875, de Sawâkin, par T6-Kar au Ehôr Baraka et dans les pays des
Benl 'Amer et des Habab en revenant par Mouçawwa*. Le but de Théo-
\!kwx6x, g£o6r. XV. 7
le
yGoogk
98 AFRIQUE. N«> 168-202
dore von Heuglin était d'explorer le pays entre le littoral de la mer
Rouge et la rivière, ou pour mieux dire le torrent (Khôr) Baraka, le plus
à Test des grands cours d'eau qui coulent parallèlement à l'Athara. Il
voulait aussi reconnaître les autres rivières, descendant du plateau de
rÉtliiopie, et qui Tont partie du bassin du Khdr Baraka. La réalisation de
ce plan lui a permis de compléter ses propres travaux sur le pays où
TAnseba prend sa source, sur celui qu'arrose la partie supérieure du
cours du Baraka, ainsi que sur le delta de ce Kbdr, qui se perd au sud
de T6-Rar, avant d'arriver à la mer Bouge. L'ouvrage se compose de
deux volumes. Le premier contient la relation descriptive du voyage,
fait en compagnie de M. Yieweir, en retraçant une partie du même
chemin que H. Munzinger avait déjà exploré de Sawâkin par T6-Kar et
*Âqiq, Aqra, Naqfa et Imakoullou à Houçawwa*. On y trouve aussi un
chapitre d'avis précieux destinés aux chasseurs et aux naturalistes dans
le bassin du Baraka. Au point de vue géographique, il faut être recon-
naissant au vieux voyageur d'avoir publié le détail des observations
de distances et d'azimuts de son itinéraire, de ses tours d'horizon relevés
avec la boussole, et de ses observations barométriques. La liste des
noms de lieux, qui clôt le premier volume, est encore une addition bien-
venue parce qu'on trouve dans cette liste, en regard de l'orthographe
généralement adoptée pour ces noms, leurs véritables orthographe et
prononciation, transcrites d'après un système rationnel. .
Le deuxième volume est entièrement consacré au catalogue raisonné
des mammifères et des oiseaux des pays des Benî 'Amer et des Hab&b,
parmi lesquels se trouvent décrites nombre d'espèces tant de mammi-
fères que d'oiseaux découvertes par le voyageur.
Théodore von Heuglin a dressé lui-même, à l'échelle du nïï5ïï7ô6ô'« ^*
carte des pays qu'il a relevés. Cette carte est intéressante surtout par le
tracé qu'elle donne du long éperon des montagnes brisées et ramifiées des
Habâb, dont le Rôra Asgadié forme la partie la plus remarquable, et qui
se prolonge, au nord de Kérén, sur plus de deux degrés. de latitude ju:^-
qu'au port de 'Aqlq Eç-Çogheîr. Indépendamment de ses propres relè-
vements, M. von Heuglin a utilisé aussi les itinéraires de HM. Munzin-
ger, Lejean, Schweinfurlh et le comte Krokow qui avaient travaillé avant
lui, dans la région comprise entre le 14* et le 19* de latitude nord et
35* 15' et 37-25' de longitude est de Paris.
180. JuNKER. Geographischer Bericht ûber das Ghor Baraka und das
angrenzende Béni 'Amer und Hadendoa Gebiet. Mittheiltmgen,
Gotha, 1878, n» 10, p. 583-588.
Premières indications sur le Khôr Baraka, vallée anciennement tribu-
taire de la mer Bouge, que M. Junker a relevée en aUant de Td-Kar k
Khartoûm, et dont la découverte positive lui appartient.
Voir aux développements, § 2.
181 . ZicHT (le comte G.). Die Salzebene Âsale im Danakil-Lande an der
afrikanischen Osilauste. Das Ausland, 1875, n»41, p. 820-822.
182. Matteooci (P.). La Spedizione italiana aU'Africa equatoriale. Con-
sideraxioni, br. in-8. Bologna, tipografia Felsinea, 1875.
183. SinotEL (le professeur P.). La Spedizione ilaliana aU'Africa equa-
toriale. Discorso letto il 19 décembre 1875, Br. in-8. Parma
1875.
yGoogk
ETHIOPIE, ETC. 99
184. Cegaki (le professeur G.). Délie spedizione geograflche afHcane
e deUa italiana nell'Africa equatoriale. Extrait de la Gatetta di
F«i«2ia,43etl7avril 1876. Br. in-8. Venezia, 1876.
185. GuASTALLA. Spcdlzione geografica italiana nelP Africa equatoriale
Relazione délia commissione composta dai Signori Gorrenti
présidente, Camperio, Malvano, Maraini e Guaslalli. BolUttino
délia Sodeta geografica italiana. Tome XIIL/ionic. 1876 fasci-
cule 3% p. 98-103.
186. Spedizione itaUana in Africa. Bolletlino délia Sociela geografica
Ualtana. Tome XIII, Rome, 1876, fascicules 4-, p. 97 à 111 •
a]\ ^' rf™^"' ^* ^^ ^'' P- ^^^^'' «•, p. 465^14; et
»\) f p. 37d-OU2.
Lettres : de M. le marquis Antinori, datée de 'Aden; de M. le comte
Marlim et da docteur Chiarini, datées de Zeïla', les 16 et 28 mai 1876, etc.
487. Spedizione italiana nell' Africa equatoriale. Cosmos di Guido Cora,
t. III, n»» 6-7, avec une carte, p. 276 et suivantes: n» 11'
26 novembre 1876, p. 425-438.
Lettres et rapports officiels du marquis Horace Antinori, du capitaine
Marlini et de l'mgéuieur Chiarini, rendant compte du voyage de Zeïla' à
Toull Harré.
188. Expédition italienne dans TAfrique equatoriale, sous le comte An-
tinori. Explorateur, n» 59, p. ft4; n» 68, p. 536 ; n» 76 p 80 •
n» 78, p. 133; n» 80, p. 192 ; n» 81, p. 222. ' '
189. DoiinnQUE (le R. P.). Zeïlah, avec une vue de cette ville. Us
Missions catholiques, 1876, n''382.
190. Gallas. Sacre de Mgr Taurin. Zefla. Les Missions catholiaues
1876, n« 358. * '
191. KossHAim (le docteur R.). Bericht ûber eine Reise in die Kûsten-
gebirge des Rothen Meeres zur Erforschung der dortigen Fauna
der Wirbellosen. Verhandlungen des NaturhisL-^medic, Vereins
zu Heidelberg, nouvelle série, 1. 1, n" 2.
192. Spedizione di 0. Antinori, 0. Beccari, A. Issel nel mar Rosso e
sulle falde nord dell' Abissinia (1870-1872). Cosmos de Guido
Cora, Tome III, n» 11, 26 novembre 1876, p. 401 à 409.
193. Goba (Guido). La Baia d'Assab, note cartograiiche. Cosmos, t. III
n» 11, p. 409 à 410; avec deux cartes. ' '
Article accompagnant une carte da la baie d'A«sab dressée à l'échelle
du 600 «000* par ^* Guido Cora, d'après les travaux de Lovera, Sapeto,
Moresby et autres. Cette carte montre l'emplacement des terres que le'
royaume d'Italie a acquises, sur la côte de Danâqil, autour du cap appelé
Rfts Louma, au nord de la rivière Ennat (ou Mara) et de la baie d'Assab.
194. Von HBofeLiK (Th.). Ornithologie Nordost-Afrika's, der Nilquellen
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100 AFRIQUE. N- i«8-202
und Kûstengebiele des rothen Meeres, und dw noerdlichen Somali-
Landes. 2 vol. gr, in-8, avec 51 pi. Cassel, Fischer, 1875.
195. Meyners d'Estret. De l'importance commerciale de la mer Rouge.
Explorateur, n"» 77, p. 92-95; n« 78, p. 120-121.
196. Ravenstein. Sokotra. Description et carte de l'île à sôïïtwto*- ^^^''
tical Magazine, mai 1876.
197. P. B. L'Ile de Socotora. Explorateur, n* 59, p. 300; acquisition de
cette île par l'Angleterre, n» 69, p. 565.
198. CiPiTAiwE (H.). L'Ile de Sokolora. Explorateur, 1876, n« 61,
199. Haggenmacher's Reise im Somali-Lande, 1874. Ergânzungsheft,
n* 47 des Mitiheilungen, avec une carte de l'itinéraire à Téchelle
du TTôïJ^îïôô' dressée par A. Petermann, in-4« de 45 pages.
Gotha, Justus Perthes, 1876.
Voir ci-après, § A, les développements.
200. Mohammed Mokhtar (le commandant] et 'Abd Allah Faouzi (l'adju-
dant-major). flan de la ville de Harrar, fait par MM. les officiers
de Tétat -major général égyptien, attachés à Texpédition de
S. E. Raouf Pacha. Échelle ^u ^•. Le Caire, État-major
général, 1876.
La petite ville éthiopienne de Herèr étail, au moment de la conquête
égyptienne, depuis longtemps déjà convertie du christianisme à l'islflm.
On y trouve cinq mosquées, sans compter les quatre chapelles, dédiées i
des saints musulmans, qui sont hors de l'enceinte, laquelle est percée de
cinq portes. La plus grande partie du terrain qui entoure Herèr e^t
cultivée en jardins. Comparer la description de cette ville dans : Firtt
footatepB in Eastern Africa, par le lieutenant Burlon, que le fanatisme
des habitants avait forcé de se faire passer pour un musulman.
201 . Mohammed Hokrtar (le CQpnmandant) et 'Abd Allah Faouzi (Padju-
dant-major). Carte de la partie du royaume d'Adel située entre
Zeïla' et Harrar, dressée pendant Texpédition de S. E. Raoaf Pa-
cha, et dessinée par le lieutenant Mouçtafa Kàmel. 1 feuille
photographiée ; échelle dn g^ifssî** f^ Caire, État-major général,
1876.
Cette carte va du 9* au 12* de latitude nord, et de 32* 20* au 43* de
longitude est de Paris. L'itinéraire de la colonne égyptienne qui a opéré
contre les Çômflli et les Umorma de Herèr, a suivi, pour traverser le
pays des Ad *A1I en partant du port de Zeïla*, une direction sud légè-
rement ouest jusqu'au Khôr Alai. De là jusqu'à Herèr la direction changea
en ouest-sud-ouest. La ville de Herèr se trouve placée d'après l'itiné-
raire par 9* 26' de latitude nord et par 39* 46' de longitude est de Paris.
— Les événements de la campagne ont fait ensuite pousser les relè-
vements, en pays inconnu, jusqu'à 154 kilomètres ouest un quart sud de
yGoogk
ETHIOPIE, ETC. 101
Herèr, et c'est dans cette partie de la marche qu'ont été liTrés» sons les
hauteurs d'Ego et d'Âftoub, les deux seuls combats de la campagne. Le
chemin suivi au retour, par la colonne, passe au nord du premier, et
traTerse les grandes forêts de Boussa, Armali Magan et Tacha avant
d'arriver à Zeïla*.
202. Red Sea. Husawwa Gbannel. Carte marine à Téchelle du >ô4λ<u*'
Londres t Hydrographie office^ n" 164, 1876.
§ 1. — Les plus anciennes données sur la géographie de l'Ethiopie et des pays
des Ad *Àtl et des Çômâli, découvertes par M. Mariette -Bey. Espérances sur
ce que nous réserve, pour une autre partie de l'Afrique, la suite des déchif-
frements des textes géographiques rédigés en hiéroglyphes.
En abordant un sujet aussi important que celui des connais-
sances des anciens Egyptiens sur la géographie du nord-est de
rÂfrique, où M. Mariette-Bey (voir n<» 168) sera notre guide,
nous nous tiendrons d'abord sur le terrain où il a planté des
jalons sûrs, c est-à-dire dans le bassin du Nil et sur les côtes
de la mer Rouge et de Tocéaii Indien. Nous en sortirons, à
la fin de ce résumé des derniers travaux du célèbre égyp-
tologue français, pour essayer de prévoir sur quelle autre
partie du continent il est vraisemblable que les textes géogra-
phiques égyptiens doivent apporter des données tout aussi
curieuses. Une liste géographique des pays de Qouch, dressée
au dix-huitième siècle avant notre ère, est gravée en trois
exemplaires sur les pylônes de Karnak.. M. Harielte-Bey,
après l'avoir déchiffrée, a recherché les noms modernes de
lieux ou des peuples auxquels ils se rapportent ; il a dressé
ainsi la carte ancienne des pays de Qouch ou de l'Ethiopie
propre et des pays de Poun, qui comprennent les côlog
africaines de l'océan Indien habitées maintenant par les Ad
'Alî (Adel) et les Çômâli*. Pour l'identification du pays de
Qouch à l'Ethiopie propre que nous nommons vulgairement
Abyssinie, M. Mariette-Bey n'avait pas à hésiter; Qouch est
déjà dans le texte hébreu de la Bible le nom de l'Ethiopie et
des peuples éthiopiens. La difficulté commençait avec le nom
1. les lûtes géographiques des pylônes de Karnak; texte p, 51 à 65, et pi.
cartes de la deuxième et de la troisième partie des liste».
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102 AFRIQUE. N- 108-202
Poun-t que les textes hiéroglyphiques mentionnaient seuls
encore comme nom général d'une grande contrée. Un sayant
égyptologue allemand, M. Brugsch-Bey, y avait vu la désigna-
tion de TArabie. M. Mariette-Bey, au contraire, démontre que
le Poun des anciens Égyptiens est la partie nord du pays des
Çômâli, cet immense cap où le continent d'Afrique atteint ses
longitudes les plus orienlales.
Les dessins gravés sur les pylônes de Karnak en regard du
nom Poun-t représentent des habitants à type nègre, ainsi que
les aromates et autres principaux produits de leur patrie. La
reine du Poun y est figurée avec ce développement extraordi-
naire des tissus, avec ces chairs molles et tombantes, particu-
lières aux femmes des Çômâli, chez lesquelles la stéatopyge se
déclare après la naissance d*un premier enfant. Les habitants
du Poun portaient aux jambes des quantités d'anneaux de cui-
vre, comme c'est encore la mode dans beaucoup de contrées
de rAfrique orientale; enfin la girafe était un animal du. Poun.
Ces trois circonstances prouvent irréfutablement qu'il faut
chercher le pays de Poun non pas en Arabie, mais bien à la
pointe orientale de l'Afrique, qui était autrefois considérée
comme le prolongement de l'Ethiopie, et que les Romains ap-
pelaient Aromatifera Regio, le pays aux aromates. Les voya-
geurs, il est vrai, n'ont encore signalé ni au pays des Çômâli»
ni en Arabie, des cabanes, auxquelles on arrive à l'aide d'une
échelle comme les cabanes du pays du Poun figurées sur les
dessins des anciens Égyptiens ; tnais ce que les Çômâli ne font
pas aujourd'hui sur une côte montueuse, où les eaux des pluies
tropicales trouvent un sol fortement incliné vers le golfe
de 'Aden, ils peuvent le faire plus loin dans l'intérieur, dans
un pays plus plat et plus humide, par exemple sur les rives
des Webi qui forment la rivière de Haines, et sur les bords
des lacs.
Les listes géographiques des pylônes de Karnak suivent bien,
en général, un ordre régulier; celles du Poun, par exemple,
énumèrent les lieux en avançant vers Test, c'est-à-dire en sui-
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ETHIOPIE, ETC. 103
vant la direction donifëe par la côte du golfe de *Adea. Mais cet
ordre est parfois interrompu parle nom d'un point qui, d*aprés
les assimilations de H* Mariette-Bey, est inscrit à une place
inexacte. Le savant auteur de ce trayait hérissé de difficultés,
a comparé les noms hiéroglyphiques aux noms modernes des
lieux des pays de rÉthiopie et des Çômâli. Souvent un nom
livré par l'inscription grecqi^ d'Adulis, par le périple grec de
la mer Erythrée, ou enfin par les textes classiques de Pline
et de Ptolémée, lui a permis une assimilation de position aussi
exacte que possible.
Atara ou Atala désigne, dans les listes de Kamak, le port
à'AdtdiSy dont l'ancien nom grec, A^gu^k, prononcé à la ma-
nière des Hellènes, se rapproche beaucoup du nom du village
moderne de Zoulla, situé à quelques kilomètres des ruines du
port, maintenant assez éloignées de l'Océan. (Test par cette
porte naturelle de l'Ethiopie que commence l'énumération des
conquêtes du roi d'Egypte Thôth-mès III. Puis vient le nom de
Maou, que M. Mariette-Bey rapproche de Maïé-wouïoy, où
sont des sources thermales signalées dans les terres des Habâb
par M. Antoine d'Abbadie. A'araqarqa, ou Alaklak, ou encore
Touroiuraq et Tourouraqa désigneraient les iles Dahlaq; Bouqaq
serait le Box^ou vnvoç ou île Bacchias (suivant Pline), et An-
qanina' l'AxavOtyi? vtivaç de Ptolémée, l'une et l'autre près
d'Adulis. M. Mariette-Bey rapproche encore le nom de Kourou-
bou ou Kouloubou du KoXo€bv ôpoç de Ptolémée qui est le mont
Gadam. Jusqu'ici, excepté pour les deux derniers noms que
nous avons interpolés, la liste a suivi la côte de la mer Rouge.
Mais va-t-elle maintenant énumérer des points dans l'intérieur,
ou rester dans la zone du littoral? M. Mariette-Bey adopte cette
dernière supposition : selon lui, les trois noms de Berberata
(ou Berberat), Teqarerer (ou Teqra-ou) et Arem (Alema ou
Alem), « sont destinés à marquer dans la direction du nord
au sud les trois grandes divisions territoriales du pays conquis
par Thôth-mès ». En conséquence, il voit dans le premier,
Berberata, la BapSapixÀ x»P«» c'est-à-dire le pays de Barbara,
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404 AFRIQUE. K»« 168-202
du périple de la mer Erythrée, qui s'Aendait au nord de
rÉthiopie actuelle, entre la mer Rouge et le Nil, où on trouve
encore un canton du nom de Berber. Dans Teqarerer, ou
Teqra-ou, le deuxième de ces noms de grands pays, M. Mariette-
Bey retrouve le nom moderne du Tigraï ; et dans Arem, ou
Arema, ou Alem, le nom moderne de TAmara, qui ne dilïère
de lancien que par une métathèse, dont la liste offre d'ailleurs
beaucoup d'autres exemples.
Les noms qui viennent ensuite seraient distribués sans un
ordre tout à fait méthodique, et ils se rapporteraient en grande
partie à des divisions territoriales ou a des villes du Tigraï et
de TAmara. Ainsi M. Mariette-Bey est tenté de voir le nom
d'imakoullou dans TEmroqera, ou TEmlaqela delà liste égyp-
tienne; celui d'Enderta dans Emtourat; celui du pays de
Taltal près Enderta, dans Teratera ou Teltel ; le mont Wia de
M. d*Abbadie(Oha de Rûppell), et l'Ayij, dans le Wawa-t* de
la liste; le nom du dist^^ict de Tasfay en Agamé, se retrou-
verait dans le Techfou de la liste; la ville de 'Adwa serait
Outa ; la province do Simên (lapivé de l'inscription d'Adulis)
serait le Tàoumen. Le nom d'Anbet rappelle à M. Mariette-
Bey la ville d*ËbeQat près Gôridar, ainsi que l'ancien nom des
NouSa^eç, NubatsB ; pour lui Bouout est la ville de Bouaha à
quelques kilomètres ouest de Gôndar ; Iwaa', le district d'A-
wawa près d'ibaba, entre la source de l'Abbaï et le lac Tana,
et Aspafou, Asfa, au pied de la montagne où l'Abbaï (Nil bleu)
prend sa source.
Nous n'avons donné ici que les exemples les plus frappants,
ceux qui établissent avec une certitude presque complète que
M. Mariette-Bey a bien interprété l'inventaire des conquêtes de
Thôlh-mès 111 dans l'Ethiopie propre. Ces conquêtes, comme
on le voit, suivent la direction générale du sud sud-ouest à
partir du rivage d'Adulis ; elles ne s'arrêtent que dans la pro-
vince actuelle de l'Agaoumidir, au sud du lac Tana, mais elles
1. Au sud-ouesi du lac Tana, il y a une province d*Awawa.
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ÉTfllOPIE, ETC. 105
n'arrivèrent pas dans Test jusqu'au bord du plateau d'Ethio-
pie. Quelques réserves nous paraissent devoir être faites au
sujet d'autres rapprochements de noms proposés par M. Mariette-
Bey ; par exemple il nous semble difficile de retrouver le nom
moderne Alguedcn dans les formes 'Araq, *Araqa, ou 'Alqa de
la liste égyptienne ; les noms modernes, Takoura dans les formes
Tamqer, Tamqera ; Maïe Taman dans la forme * Antem ; et
Djebel Mahiil dans la forme Houafou ; mais ces réserves-là ne
sauraient en rien diminuer le mérite et l'importance du service
que M. Mariette-Bey a rendu à la géographie par sa profonde
connaissance des hiéroglyphes.
Le savant égyptologue nous a en effet révélé les connais-
sances géographiques des Égyptiens sur le littoral de locéan
Indien, il y a trente-six siècles. Si, à partir du cap Gardafui
(dont le véritable nom est Djard Hafoûn), H. Mariette a dû
diminuer le nombre de ses assimilations, c'est peut-être parce
que les données de la géographie actuelle sont insuffisantes
et que les noms propres ont été défigurés par les navigateurs
modernes.
Mais il est un chapitre de la géographie la plus ancienne
de l'Afrique, dont les listes de Karnak pourront former le fond,
et que M. Mariette-Bey rédigera un jour, espérons-le. C'est
celui de la Berbérie et du pays qui est maintenant le Sahara.
Jusqu'à présent, on n'a pas, que nous sachions, abordé les
comparaisons des noms de lieu sur ce terrain, où pourtant les
éléments de comparaison sont maintenant extrêmement nom-
breux, où d'ailleurs des traditions et des monuments d'une
valeur irrécusable indiquent clairement que les Égyptiens ont
traversé le Sahara et certaines parties de la Berbérie.
Les anciens monuments des oasis de Dâkhel, d'Ël-Khârdjé
et de Siwa attestent que les points habitables du désert de
Libye ont été occupés d'une manière permanente, et pendant
longtemps, par les Égyptiens. Ces monuments confirment là
les données historiques contenues dans les livres des Grecs et
des Romains. Au 25* degré de longitude orientale finit le terri-
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106 AFRIQUE. N»' 16S-202
toire de Fandenne Egypte proprement dite ; là, cessent aussi
les monuments de rarchitecture égyptienne, et on pourrait
croire que les Égyptiens n'aient jamais pénétré à Touest de
Sîwa. Mais cette opinion serait fausse. Evidemment Sîwa ne
marque pas plus, à Touest, la limite des connaissances géogra-
phiques positives des anciens Égyptiens que les derniers monu-
ments de la Nubie n'indiquent l'extrême limite sud de leurs
campagnes ou de leurs voyages.
A l'ouest de Sîwa, dans la Gyrénaïque^ notamment à Cyrène
même, on trouve des nécropoles taillées dans le roc d'après des
principes qui rappellent ceux de certaines nécropoles égyptien-
nes. Plus loin, à Guerza, le capitaine Smytba signalé des tom-
bes ayant un caractère égyptien. Encore plus à l'ouest, sur le
sommet des montagnes des Nefoûsa, nous ayons parcouru des
plantations d'oliviers séculaires que les habitants appellent
GhersFira'oûn, « plantations de Pharaon ». Dans le moyen âge
encore le grand Chott du sud de la Tunisie était connu sous le
nom de Chott Fira'oûn, et M. Ch. Tissot y a vu des îles de pal-
miers-dattiers sauvages que les habitants appellent Djezâîr
Fira'oûn (/e« îles du Pharaon), faisant remonter l'originiB de ces
bouquets de palmiers aux noyaux des dattes qui servirent au
repas d'une armée égyptienne. A Ghadâmès (l'ancienne Ku^aftoc,
Cydamus ; la Rhedêmès des Imôhagh) nous avons découvert un
fragment de bas-relief' et un chapiteau qui trahissent clairement
une origine égyptienne. Nous sommes ici déjà à 1600 kilomètres
droit à l'ouest de Sîwa, où l'on croyait autrefois avoir trouvé
les dernières traces de l'art égyptien ! En général les simples
voyageurs ne laissent pas des monuments ou des sculptures
dans les pays qu'ils visitent ; de semblables traces ne peuvent
guère marquer que le passage de conquérants, ou de colons.
Nous n'hésilons pas à admettre qu'à une date très-ancienne
lés Égyptiens envahii'ent la Tripolitaine, le sud de la Tunisie
et le Sahara, jusqu'à Ghadâmès, et que cette invasion fut sui-
i. Voir pi. X, fig. i, des Touareg du fiord, p. 250; le chapiteau est k gauche
de la fig. 2. >
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ETHIOPIE, ETC. 107
vie d'une occupation de la contrée. Peut-être H. Hariette-Bey
trou?era-t>iI, dans les inscriptions qui lui restent à étudier,
les noms des pays et des peuples libyens conquis par Thoth-
mès III, avec des indications géographiques relatives aux con-
quêtes de ce roi d'Egypte, et à des colonies que ses armées
fondèrent dans leurs marches lointaines vers Touest. 11 est peu
probable qu*un fait de l'importance de l'invasion dont nous
parlons, et qui nous semble démontré, ait été omis dans les
annales hiéroglyphiques de l'Egypte, et c'est peut-être dans les
liste? du règne de Thotb-roès III qu'on la découvrira.
§ 2. — Voyages et découvertes dans les pays des Bent 'Amer et des Habftb, par
M. Ton Heuglin, et exploration da Kh6r Baraka, par le docteur J^unker.
AunorddesBilen(ou Bogossi nous prenons leur nom arabe) ,
petit peuple que M. Antoine d'Abbadie a appelé le rempart de
rÉthiopie chrétienne, vivent, sur le littoral de la mer Rouge,
les deux puissantes et nombreuses tribus des Habâb et des
Benî 'Amer. Ces derniers, les plus au nord, confinent aux Bedja
par 18^ 10' de latitude septentrionale, droit à Test de la grande
cataracte qu'on trouve, sur le Nil, au nord d'El-Mekherif, chef-
lieu du cercle égyptien de Berber. Jusqu'à ces derniers temps
le territoire des Benî 'Amer et dès Habâb était resté inconnu ;
on ^e savait rien de l'intérieur de ce pays, et la carte s'arrê-
tait aux accidents de la zone littorale que les marins avaient pu
relever en faisant l'hydrographie de la mer Rouge. C'est au
gouYerneur égyptien du Soudan oriental Werner Munzinger-
Bey, dont le nom rappelle d'excellents travaux sur l'Afrique,
que revient l'honneur d'avoir, le premier, exploré le pays des
Habâb au point de vue géographique ; mais il avait laissé du
i7® 30' au 19* de latitude septentrionale une lacune qui a été
comblée par un vieux voyageur, M. Théodore von Heuglin.
Son voyage eut lieu en 1875, en compagnie de M. Fr. Vieweg;
il en a publié le récit, accompagné d'une belle carte à l'échelle
du TTFoWô» dans le Bulletin trimestriel de la Société khédi-
viole de Géographie du Caire (n« 178).
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108 AFRIQUE. K«» 168-202
Voici en quels termes H. von Heuglin esquisse les traits géné-
raux des pays des Béni 'Amer et des Habâb :
Les versants septentrionaux des chaînes Yolcaniques du plateau
abyssin donnent, par 15* de latitude environ, naissance à plusieurs
torrents, ou lits de riyière, par où s*écoulent avec impétuosité les
pluies des montagnes, et dont quelques-unes se dessèchent après avoir
coulé quelque temps. C'est d'abord le Mareb, qui, sous le nom de
Khôr Ël-Qach, coule au nord-ouest vers TAthâra, et qui, au dire des
indigènes, alimente aussi d'une partie de ses eaux le Baraka ; puis le
Baraka, qui creuse son lit un peu plus vers le nord, et atteint la mer
près de 'iô-Kar; enfin TAnseba, qui est un affluent de ce dernier.
. Toute la partie de terre circonscrite comme une île, d'un côté par
la mer Rouge, et de l'autre par le Barka, est presque exclusivement
habitée par les Benî 'Amer et les Habâb, peuples pasteurs, dont les
premiers pénètrent dans la province de Tâka, et jusqu'au delà de
TAtbâra. Ces deux grandes familles parlent un dialecte éthiopien ou
gui'iz, tandis que les habitants de T6-Kar, ainsi que ceux des régions
nord-ouest du Baraka, parlent l'idiome bedja, le tô-bedâwi ou bedja-
wîyé. Par leur type physique, de même que par leurs mœurs et
usages, ils approchent plutôt de leurs voisins du côté du nord, les
Bedja. 11 existe aussi dans le pays quelques descendants des anciennes
tribus aborigènes, puis des Arabes immigrés de la rive orientale de
mer Rouge. Les Benî 'Amer professent depuis longtemps l'islam. Les
Habâb étaient chrétiens abyssins il y a quelques douzaines d'années,
du moins l'étaient-ils de nom, et l'on peut affirmer la même chose
de leurs voisins du côté du midi, les Dfensa et les Toquoué. ^
Depuis que Moûçawwa' et Sawàkin sont incorporés à l'Egypte, le
khédive a par des voies pacifiques réussi à soumettre ces tribus, qui,
du reste; ne sont pas fort belliqueuses.
Ajoutons qu'on trouve encore chez les Béni 'Amer une
organisation de la société, rappelant la nôtre à Tépoque de
la féodalité, et celle des Imôhagh ou Touareg ; comme ces
derniers, les Benî *Amer sont divisés en familles de nobles et
en familles de serfs.
Du 25 janvier au 5 mars i 875, M. von Heuglin et M. Vieweg
voyagèrent de Sawâkin, parallèlement au rivage de la mer
Rouge, jusqu'à Moùçawwa'. Le pays, dont ils ont levé une carte
détaillée, présente deux aspects très-différents. Le pays des
Bedja, au nord, est généralement plat, si bien que, trente kilo-
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ETHIOPIE, ETC. 109
mètres avant d'arriver à la mer Rouge, le Khdr ou Ouâdi Ba-
raka, qui le traverse, se ramifie, forme un delta et se perd à
T6-Kar, absolument comme nous avons vu TOuâdi El-'Arab et
les cours d*eau voisins se comporter dans la Bakhbakha avant
d'arriver au Ghott Melghîgh. A partir de l'entrée dans le pays
des Benî 'Amer et jusqu'à Moûçawwa', les rivières coulent à la
mer et le pays est montueux. On s'élève insensiblement sur le
premier gradin septentrional du plateau de l'Ethiopie, qui
cesse du côté de Test, à vingt ou trente kilomètres du bord
de la mer Rouge ; sur ce plateau, la ligne d'horizon est brisi'e
par de nombreux sommets, et les eaux y ont tracé de profonds
ravinements.
Le bassin inférieur du Baraka est une plaine basse, semée
de dunes de sable jaune, mais dont le sol est formé de limon et
de terre végétale, où les infiltrations souterraines de la rivière
entretiennent toujours l'humidilé nécessaire au développement
des végétaux ; aussi trouve-t-on même dans les parties du sol
qui sont imprégnées de sel des touffes àeSiLceda moneca. M. von
Heuglin parlant spécialement du del ta du Baraka, oii est le poste
égyptien de T6-Kar (c'est-à-dire Le Puits), dit qu'on pourrait
facilement décupler la production agiicole du district, en éta-
blissant quelques digues pour capter les eaux de la crue du
Baraka, qui commence en juin et juillet, et pour distribuer
ensuite la masse d'eau suivant les besoins des cultures. Le
Suœda moneca est remplacé par un arbuste ligneux, V Acacia
spirocarpa^ quand le terrain est plus élevé, et le fond des
vallées commence à produire quelques herbages, précieux
pour les peuples pasteurs de cette contrée, et que des hordes
d'antilopes disputent à leurs troupeaux. L'eau des puits
creusés dans les vallées est saumâtre.
Au sud du pays Bedja, le petit port de 'Aqîq Eç-Çogheïr est
la porte du pays des Benî 'Amer. Ses habitants ayant aban-
donné aux nouveaux venus, les Arabes Hetêm, une portion de
la zone basse du littoral » vivent principalement dans la partie
montueusc. Aux pluies d'hiver ils gagnent le littoral; les pluies
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410 AFRIQUE. N- 168-202
d'été sont pour eux le signal d*une migration à Touest, vers la
rivière Anseba, et même jusqu'au Barka. Nous retrouvons ici
un jexemple de la loi applicable à tous les peuples pasteurs et
nomades, les phases de la végétation et des saisons leur im-
posent des migrations périodiques. Presque toujours un peuple
pasteur a ses parcours d*hiver et ses parcours d'été; aussi
voyons-nous les Benî 'Amer du nord de l'ancienne Ethiopie
faire comme les tribus arabes nomades de T Algérie.
Leurs voisins, les Habâb, habitent un pays plus montagneux
qui commence à la rivière Falkat; les roches des sommets
appartiennent aux formations primitives ; on y Remarque no-
tamment du granit ou des schistes, dont les fragments éboulés
composent avec un ciment de sable le sol des vallées. M. von
Heuglin, qui est né non loin des Alpes, dit qu'aux bifurcations
des vallées, on rencontre des masses dont les arêtes vives, les
fragments de granit à angles aigus rappellent beaucoup les ca-
ractères propres aux roches des moraines. •
Les villages des Habâb se déplacent deux fois par an. Du mois
de juin au mois d'octobre, pendant l'été, ils restent sur le pla-
teau de Naqfa, à des altitudes de treize cents mètres à deux
mille mètres, où leurs troupeaux de bœufs et de moutons
trouvent une pâture suffisante. En hiver, ils descendent dans
le Sâhel, c'est-à-dire la plaine maritime.
C'est ici que commence, au nord, le domaine du plus gros
quadrupède, l'éléphant, et encore l'éléphant est-il, dans le pays
des Habâb, nomade comme les Habâb eux-mêmes. D arrive du
sud au moment où les habitants commencent leur migration *
vers la côte de la mer Rouge, et dès que l'homme reparaît dans
le haut pays, l'éléphant abandonne les terres où paîtront les
troupeaux.
En résumé, aujourd'hui le pays des Habâb n'a pas un seul
centre d'habitation permanente, l'art des constructions en
pierre y est inconnu, tandis que, dans les temps anciens, il a
dû contenir, ainsi que le pays des Benî 'Amer, une population
plus soucieuse de son installation. A l'extrémité sud-ouest du
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ETHIOPIE, ETC. 411
canton de Naqfa, H. von Heuglin a remarqué une construclion
carrée, à doubles parois de pierres, et fermée par un mur de
clôture d'une trentaine de mètres de diamètre; un peu plus
^oin, il a trouvé de nombreux carreaux de pierre groupés,
comme des sièges, autour d un carreau pareil. Chaque grande
pierre est posée à plat sur le sol contre une autre pierre plate,
dressée verticalement en manière de dossier. Enfin il décrit
aussi des monuments funéraires construits en pierres sèches,
recouvertes quelquefois d'un crépi de plâtre, et dont la forme
est celle de deux ou trois troncs de cylindre superposés, dont
les sections vont diminuant comme les assises d'une pyramide.
Ces monuments, distribués sur les terres des Benî 'Amer et
des Habâb, sont attribués par eux aux Bét Mâhyé, race d'au-
tochthones que représente encore une nombreuse tribu de leur
pays, et qui mériterait assurément d'être étudiée de près.
M. von Heuglin nous la fait connaître sous un nom arabe, Bêt
Mâhyé, qui signifie « gens riches», « gens des trésors », et
dont la variante, Bét Maleha, veut dire a la gent salée » ;
mais il ne nous apprend rien sur la race ainsi désignée. Peut-
être arrivera-t-on à lui assigner une place ethnographique par
la comparaison de ses monuments avec d'autres œuvres
d'architecture.
En attendant, bornons-nous à appeler l'attention sur un fait
peu connu :
A la fin de l'année 1854, le lieutenant Speke, qui découvrit
plus tard le dernier grand réservoir du Nil, débarquait à
Eourayat, sur la côte du pays des Çômâli Warsingali, au sud-
est de 'Aden. Il voulait explorer la rivière de Nogal, qui tra-
verse du nord au sud la pointe est de l'Afrique, terminée par
le cap Djard Hafoûn (Guardalui). Arrivé entre Yafir et Makar,
au sommet du pluteau étage qui borde l'océan Indien, il dé-
couvrit des piles de pierres plates, non taillées, rappelant les
tumulus ou cairns des Tartares. Speke pensa que ces monu-
ments devaient être des tombeaux, car les indigènes retirent
des ossements humains de la chambre ménagée comme pour
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112 AFRIQUE. N- 168-202
contenir un mort, mais qui parfois aussi est lide. Dans quel-
ques-uns de ces tombeaux, les Çômâli ont trouvé des objets
extrêmement curieux : c'est tantôt une barre d'or, un anneau
d'or pareil à celui dont les femmes des Ilmorma (ou Gallas)
ornent leurs narines, tantôt de grands pots de cuivre ou de
terre, ou des bracelets, des verroteries et autres objets à l'usage
des femmes ilmorma. Speke nous apprend cependant qu'un de
ces anciens tombeaux avait été ouvert, peu d'années avant sa
visite, par un Warsingali» pour y enterrer sa femme. Or, chez
les peuplades sauvages, on constate généralement un respect
superstitieux des morts et des tombeaux, allant jusqu'à la
terreur, et, chez les peuplades sauvages converties à la religion
musulmane règne un dédain marqué pour tout ce qui rappelle
les temps antérieurs à leur conversion. L'acte de ce Warsingali
nous paraîtrait donc inexplicable, si en déposant sa femme dans
une vieille sépulture, il n'avait pas obéi précisément aux sen-
timents de l'amour de la tribu et de la famille. Son cœur se
serait soulevé à l'idée de placer les restes de son épouse sur
les ossements d'étrangers, qui étaient de plus des mécréants.
Nous rapprochons ces indications, relatives à des pays sépa-
rés par une distance de mille deux cents kilomètres, à vol
d'oiseau, mais sansoser en tirer une conclusion qui, aujourd'hui,
ne serait pas scientifique. Les voyageurs qui, à l'avenir, par-
courront le pays des Habâb et celui des Çômali Warsingali
feront bien d'examiner les ossements des tombeaux et de les
' comparer, ainsi que les bijoux qui y sont déposés, à ceux des
Ilmorma et des Çômâli. On déterminera ainsi à laquelle des
deux races remontent ces curieuses sépultures- Rappelons,
quant à présent, les conclusions positives -de Mariette-Bey,
d'après lesquelles les Çômâli étaient déjà, il y a trois mille six
cents ans, les habitants de la côte où on trouve aujourd'hui
les Çômâli Warsingali.
C'est avec une vive satisfaction que nous enregistrons ici le
travail d'un voyageur moscovite, M. le docteur Junker (n® 180),
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ETHIOPIE, ETC. 115
dont le Congrès intornational des sciences géographiques de
Paris a éveillé la vocation pour les découvertes en Afrique. Le
docteur Junker connaissait déjà la Tunisie ; il avait fait une
pointe dans le désert de Libye aux lacs de Natron, et voulait
explorer le Fôr. Mais le moment n'était pas propice, et, sur
le conseil de S. E. Isma'yl Ayoûb Pacha, gouverneur général
du Soudan égyptien, il a changé ses plans et choisi les mon-
tagnes des Noûba, au sud du Kordofân^ pour s'y livrer à des
relèvements précis, à des observations météorologiques et, par-
dessus tout, aux recherches zoologiques qui sont sa spécialité.
Avec un instinct de voyageur-né, le docteur Junker a pris,
pour se rendre chez les Noûba, le chemin le plus intéressant,
celui qui le devait mener à des découvertes à quelques kilo-
mètres de la côte. C'est ainsi que la première partie de son
voyage au pays des Noûba précise notre connaissance de k
vallée du khôr Baraka, qui sert de frontière aux Benî 'Amer et
aux Hadendoa.
Parti deT6-Kar le 7 mars 1876, M. Junker arriva sur le Ba-
raka, à une vingtaine de kilomètres sud du poste égyptien, et
il le remontaausud, durant seize jours, en pays inconnu, jusqu a
Belaguenda. Avec les halliers de tamarix de ses bords abrupts,
le khôr Baraka trace une ligne de verdure foncée d'abord
sur le plateau sablonneux, puis ensuite dans un pays monta«
gneux. Son lit est formé d'alluvions de sable fin et blanc, dont
chaque crue périodique augmente la quanlité*; aussi les bras
du delta du Baraka s'ensablent, changent de place d'année en
année, et il ne faut pas chercher ailleurs la raison de ce fait
que le khôr Baraka n'est plus aujourd'hui (en apparence du
moins) un tributaire de la mer Rouge. Les puits creusés dans
le lit du Baraka s'ensablent comme ceux d'Ël-'Erg.
A mesure qu'on remonte ce khôr, son thalweg se creuse, et
bientôt il est encaissé dans les montagnes ; des traces de pas
et des excréments d'éléphants et de lions indiquent que ce»
animaux fréquentent la vallée du Baraka, tandis qu'on voit les
singes gambader sur les tamurix enlacés de lianes.
l^àmtE G«0«R. XV. â^r^r^n]f>
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114 AFRIQUE. N» 168-202
Dans les derniers jours du voyage sur le Baraka, le docteur
Junker remarque que les sables mouvants reparaissent en quan-
tités considérables dans la vallée, dont il faut suivre le bord
pour éviter de marcher dans les dunes. A Hademdemé, le
paysage change totalement d*aspect; la forêt de tamarix qui au
nord de ce point borde, sur une épaisseur de 100 mètres à
1000 mètres, Tune et l'autre des berges, cède la place à une
forêt de Cucifera Thebaica (palmier doûm) et d'icocw,
dont le sol est couvert de hautes herbes luxuriantes. VAdan"
sonia digitata ou baobab commence aussi à se montrer*
Nous signalerons dans les observations géographiques de
M. Junker encore un fait fort intéressant. Werner Hunzinger
et Kinzelbach avaient indiqué à Doungouaz (point extrême des
voyages d'alors) de petits lacs permanents. En réalité, ces lacs
ne sont que des marigots de déversement du trop-plein des
eaux du fleuve. Dès que cesse la crue du Baraka, les Benî 'Amer
labourent le limon apporté par l'inondation ; ils sèment et ré-
coltent du dhoura', et font ensuite paître à leurs troupeaux
l'herbe qui pousse dans ces dépressions fertiles. Les marigots
du khôr Baraka commencent à plusieurs marches au nord de
Belaguenda, et le docteur Junker a trouvé au mois de mars
de l'eau dans ces premiers marigots.
Le voyage de M. Junker est l'un de ceux sur lesquels nous
reviendrons lors de la publication de sa carte du cours entier
du khôr Baraka.
§ 3. -— L'eipédHion italienne du marquis Ântinori vers l'Afrique équatoriale.
Ses pénibles débuts à Zeîla'. Son arrivée en Ghôwa.
La Société italienne de géographie, voulant prendre part à
l'exploration de la région des lacs de l'Afrique équatoriale, avait
décidé, en .1875, d'envoyer une expédition dans l'intérieur par
le nord-est, c'est-à-dire par une voie que les voyageurs n'ont
pas encore prise, et elle avait désigné pour chef de l'expédition
un voyageur naturaliste, le marquis Horace Antinori, qui a
yGoogk
ETHIOPIE, ETC. 115
£dt ses preaTes sur le haut Nil (voir n<» 182 à 188). Nous
donnons comme un témoignage de Tintérêt que litaiie porte
aux découvertes dans Tintérieur de rAfriqne, le chiffre des
souscriptions Tersées en Italie, à la date du i*' novembre 1876,
pour faire face aux dépenses de Texpédition; les souscriptions
s'élevaient alors à 5 475 955 livres, somme énorme, dont l'in-
térêt seul suffirait à tous les besoins de nos voyageurs français
dans rAfrique équatoriale et^ dans le Sahara. Zeïla', port de
l'océan Indien, dans le pays des Çômâli, était le point de départ
de l'expédition qui devait suivre ensuite le chemin direct vers le
Niyaiiza, ou lac Victoria. Gomme toutes les autres portes de l'E-
thiopie, la ville de Zeïla' (Aoudhal ou Aouzhal, dans ]a langue du
pays), qui fait partie de l'empire ottoman, est peuplée de musul«
mans; mais elle se distingue, sous ce rapport, de plusieurs au-
tres villes du littoral, par ce fait que la conversion des habitants
de Zeïla* à la religion de Mohammed est fort ancienne : dès la
première moitié du treizième siècle Tislâm était la religion de
Zeïla, ainsi que nous l'apprend le géographe andalous Ibn Sa'ïd.
Ce côté de la vie politique des habitants a son importance au
point de vue des voyages en pays çômâli, car les voyageurs
sont exposés à se heurter contre le fanatisme qu'une certaine
secte a su inspirer à la race çômâli. Une ville, un port, où
chaque vendredi le crieur public, armé d'un bâton, parcouK
les rues en menaçant de la bastonnade tout individu qui négli-
gera une seule des cinq prières obligatoires, est un point de
départ dangereux pour des voyageurs qui ne sont pas musul-
mans. Hais de tous temps la moderne Zeïla', comme l'antique
AvalUis^ qu'elle a remplacée, a été une ville très-commerçante^
un rendez-vous des caravanes de l'intérieur, et par conséquent
un voyageur devait être tenté par les facilités que donne un
courant actif de relations commerciales extérieures. Il devait
Têtre surtout par la certitude de commencer ses découvertes
i. Aoadhal on Aotizhal». nom çômâli de Zeila*, est prdbablemeut celui d'où
étaient dérivés le nom 'égyptien Ahottar ou Aouhal, le nom grecAi>aX(iTii;),etle
nom latin Aval (itis).
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110 AFRIQUE. N- 168-202
en sortant des murs de Zeïla'. Le projet du marquis Antinori
était de se diriger d'abord sur le royaume de Chôwa , plus
connu chez nous sous le nom de Ghoa. Or le chemin de Zeïla'
au Chôwa passe sur le territoire de la tribu çômâlie des 'Isa,
dont les membres sont des brigands, renommés pour leur traî-
trise. Ces qualités ont quelque peu déteint sur les citadins de
Zeïla*.
L'expédition italienne comprend, outre son chef, M. Chiarini,
int^énieur, et le capitaine comte Sébastien Martini. Elle porte à
MinHihk II, roi de Chôwa, des présents envoyés par S. M. le roi
d'Italie Victor-Emmanuel,, qui est dès longtemps entré en re-
lations avec le souverain de Chôwa, par l'entremise de Mgr Mas-
saja, missionnaire fixé dans le pays depuis trente ans. On
avait calculé que la durée de l'expédition serait de quatre
années, et qu'une somme de 100 000 francs était nécessaire
pour subvenir à ces dépenses. La souscription, ouverte en
Italie, dépassa en peu de temps celte somme. Pour le dire eu
passant, c'est à la fois une preuve de libéralité éclairée de la
part du public italien et un indice du mouvement qui se ma-
nifeste en Europe pour les explorations africaines.
Arrivé à 'Aden, le 25 mars 1876, le marquis Antinori apprit
de fâcheuses nouvelles du pays où il voulait pénétrer. Le che-
min de Zeïla' au Chôwa n'était pas sûr, et tout le pays était
agité; cependant, comme on attendait à Zeïla' une caravane
d'Angobar, capitale du Chôwa, l'expédition se transporta à
Zeïla', afin d'être plus sûrement renseignée, et de profiter, si
possible, du retour de la caravane pour marcher de conserve
avec elle.
Le capitaine Martini, qui avait précédé à 'Aden l'expédition
italienne, s'était déjà rendu à Zeïla', où il avait consacré près
d'un mois de séjour à des études intéressantes que nous résu-
merons ici.
Zeïla' est située sur un promontoire sablonneux, dans une
baie. Sa rade est très-dangereuse pour les navigateurs, à cause
des nombieux bancs de sable qui s'avancent à 20 milles en
r
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ETHIOPIE, ETC. 117
mer. Cette ville était autrefois la capitale des Ad 'Alî ; en i 510
elle fut conquise par Kansou, sultan mamelouk d'Egypte, et
depuis lors elle n'a pas cessé d'être une dépendance de l'Egypte,
puis de la Turquie, pour revenir à la première il y a un an et
demi. Les rapports politiqties de Zeïla' avec TÉgypte n'étaient
pourtant pas tout à fait ceux d'une simple province à l'égard
de la métropole. Zeïla' avait ses princes (émir), qui recevaient
l'investiture, et l'émîr actuel, Aboû Beker, perçoit les revenus
et exerce l'autorité sans autre obligation que de payer chaque
année un tribut au khédive.
L'ancienne capitale des Ad 'Alî a beiaucoup perdu de son im-
portance ; elle est même en pleine décadence. On n'y compte
plus qu'une dizaine de maisons mal construites en matériaux
madréi>oriques, et de trois cents à quatre cents cabanes habi-
tées par des Sômâli et des Ad 'Alî.
Les renseignements que M. Martini avait obtenus sur l'émîr
Aboû Beker le peignaient comme devant être hostile aux projets
de la mission italienne, et aux Européens en général ; il fut
poli et bienveillant en apparence, mais fit entrevoir mille dif-
ficultés, et souleva beaucoup d'objections au voyage vers le
Chôwa. Quant aux habitants de la campagne autour de Zeïla',
voici ce que dit le voyageur* au sujet des deux tribus qu'il a
visitées :
J'ai, en réalité, trouvé un bon accueil auprès de ces sauvages,
nobles autant que fiers; ils sont imposants de manières et d'aspect. Ils
m'ont donné Thospitalité ; ils m'ont accompagné dans mes excursions
et à la chasse ; et, peu à peu, ils m'ont inspiré une grande con-
fiance.
Les armes de ces indigènes consistent en une lance, un couteau
recourbé, et un bouclier généralement en peau d'hippopotame; ils
s'en servent avec une adresse merveilleuse. Leurs femmes sont d'un
type assez beau ; elles ont les traits réguliers et une rare perfection de
formes. La chasse est abondante dans ces campagnes, où j'ai ren-
contré une grande variété de gazelles, de sangliers, de lièvres, de
francolins, de cailles, de tourterelles, une foule d'animaux de toute
- * IlGiomaJe délie Colonie et Explorateur, n« 76, p. 80.]
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118 AFRIQUE. N*« 168-202
espèce et de UixAe» couleurs, sans compter les singes, les chacals et
les renards.
Le capitaine Martini ne précise pas ici à quelle race
appartiennent les indigènes des environs de Zeïla' auxquels se
rapportent ces observations, on peut penser qu'il s'agit de
Çdmâli, car Zeïla' est au sud de la baie de Toujourra, qui
marque la frontière naturelle entre les Ad 'Ali, du coté nord,
et les tribus çômâlies, du côté sud.
. L'expédition italienne tout entière ne partit de 'Aden que
le 2 mai 1876. A peine débarquée à Zeïla', elle s'occupa de
réuair les hommes et les chameaux qui devaient la conduire
en Ghôwa. Ce n'est qu'au prix de sacrifices énormes, et en sur-
montant des difficultés sans nombre qu'elle parvint à s'assurer
de cinquante chameaux, cinq mulets et deux chevaux. La
caravane étant ainsi formée, le frère et le fils de l'émir de
Zeïla* s'offrirent pour lui servir de guides. Le départ, toute-
fois, ne put avoir lieu que le 17 mai. Une fois le masquo
tombé, le marquis Ântinori avait, en effet, trouvé dans Aboû
Beker un fanatique inhospitalier. L'émir de Zeïla' appartient
à rÉglise chafa'ïte, l'une des deux églises musulmanes qui
contribuèrent à faire éclore la manifestation la plus fana-
tique de l'islâu), la secte wahhâbite. 11 se montra tout à fait
malveillant , refusa des tentes à la mission italienne, la força
de camper sans abri sous le soleil brûlant des tropiques, et
la rançonna durement ; les habitants, de leur côté, profitèrent
d'une courte absence du marquis Antinori, endoctrinèrent si
bien les chameliers engagés, que ceux-ci désertèrent, emme-
nant avec eux plusieurs des chameamc et partie des bagages
de la mission. Entre temps, une caravane que l'émîr envoyait
au roi Min-Hilik, et avec laquelle on aurait pu faire route, avait
pris les devants ; d'autre part, on entrait dans la saison des
pluiea tropicales, pendant laquelle le passage de la rivière
Awâch, qui forme la frontière de Ghôwa, devient très-dange-
reux.
Bien que Fémir Aboû Beker soit nominalement un fonction*
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ETHIOPIE, ETa 119
naire égyptien, il est évident qu'il a agi en cette circonstance
de sa propre autorité, comme s'il eût été le prince presque
indépendant d'autrefois. Sa conduite, exclusive jusqu'à la per-
sécution, a été le résultat d'une politique toute locale; c'est
un reflet de la doctrine du cheikh Es-Senoûsi,qui a trouvé tant
d'adhérents dans toute l'Afrique musulmane. La conduite de
l'émîr Aboû Beker et des Çômâli de Zeïla', à l'égard du mar-
quis Antinori, a été le pendant de celle des Çômâli de Bardera,
à l'égard du baron Von der Decken et de ses compagnons.
L'expédition italienne cependant surmonta tous les obsta-
cles, et après une attente de plus de deux mois, elle put enfin
commencer son voyage. La route suivie est si peu connue que
nos cartes ne portent pas encore le nom de la station d'Ada-
galla, où le marquis Antinori a rencontré des officiers égyp-
tiens appartenant à la garnison de Herèr. Cette route passe
au nord de la position de Herèr, et le télégramme, daté
du Caire, qui a annoncé à Borne cette rencontre, indique
seulement qu*AdagalIa est à quatre marches d'Angobar, capi-
tale du Chôwa. On ne connaissait pas mieux le nom des Akouba
'Aîssa, tribu qui fit un accueil cordial à la mission italienne.
On comprend, dès lors, l'importance du voyage, et il est à sou-
haiter que les travaux du marquis Antinori et de ses compa-
gnons n'aient pas été seulement géographiques. Puissent-ils
nous éclairer aussi sur les volcans que Bochet dHéricourt a
indiqués sur la carte de son voyage à Angobar en 1842.
Une dépêche de 'Aden, en date du 19 novembre 1876, an-
nonce que l'expédition italienne avait réussi à atteindre, en
bonne santé, un point du Chôwa où cessaient tous les dangers
sur le restant du chemin jusqu'à la capitale.
Ceux qui s'intéressent au progrès de nos connaissances géogra-
phiques souhaitent, avec nous, que la mission italienne, bien
accueillie à la cour chrétienne d'Angobar, qui est depuis long-
temps amie de la France, trouve des facilités pour continuer
sa marche vers le Niyanza. Des observations bien faites sur un
itinéraire d'Angobar à la baie Baringo du Niyanza ou lac Vic-
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120 AFRIQUE. K<" 168-202
toria auraient un intérêt capital, soit que Fitinéraire looge le
versant ouest de la chaîne de hautes montagnes neigeuses qui
paraît continuer le plateau éthiopien jusqu'au Kilima-Ndjâro,
soit qu'il traverse plus à Touest le pays de Kaffa, où H. An-
toine d'Âbbadie a arrêté la chaîue des triangles dont il a cou-
vert la haute Ethiopie. Dan^ ce dernier cas, le marquis Antinori
pourra préciser le tracé du cours de la rivière Gôjab, et de tant
d'autres tributaires encore inconnus du bassin du Nil.
§ 4. — U relation du voyage de M. Haggenmacher dans le pays des Çômftli
en 1874.
Les récentes explorations militaires des Egyptiens dans les
pays des Ad 'Alî et des Çômâli avaient été précédées par un
voyage d'exploration pacifique, entrepris avec le concours du
gouvernement égyptien, et dont les résultats n'ont été publiés
qu'en 1876 (n° 199). Nous allons les passer en revue.
L'objet principal pour lequel M. Haggenmacher entrepit ce
voyage, qui, malgré sa courte durée et son insuccès, n'en comp-
tera pas moins comme un voynge de découvertes, était d'essayer
d'explorer le fleuve Wobi, le plus grand et le seul navigable
des cours d'eau qui arrosent l'intérieur de ce que les anciens
appelaient le Promontoire des Aromates. Le Wobi naît un peu
au sud de Gouragué, peut-être même dans le lac de Gouragué,
et coule au sud-est, traversant la partie est du royaume
d'Aroussi, et partageant en deux la province d'Annya. Arrivé
au versant nord des chaînes de montagnes parallèles à la cote
de l'océan Indien, il se détourne au nord-est, longeant ce
versant, et, après avoir arrosé les territoires d'Ogadêu et de
|{ahn Ween, il se perd dans un lac, derrière la chaîne côtière,
en face du port de Barawa. Ce fleuve reçoit le Touk * de
Djered et le Touk de Fafan, qui ont leurs sources : le pre-
mier, à l'ouest de Herèr, le second à Etto, dans le [nord-est
1. Dans la langue des Çdmftli le mol touk a le sens de : rivière ayant de
l'eau courante pendant la plus grande partie de l'année.
yGoogk
ETHIOPIE, ETC. 121
de cette ville, et qui, arriyés à Fafan, au milieu du pays
d'Ogadêa, se réunissent sous je simple nom de Touk avant d'ap-
porter au Wobi les eaux que les pluies déversent sur les mon-
tagnes d'Oborro, d'Ëtto, d'Annya, du Guédéboursi, du Guéri, du
Bartera et du pays des limorma (vulgairement appelés Gallas).
Bref, le Wobi reçoit toutes les rivières qui descendent de la
partie est du plateau des Ilmorma, et du versant sud de la
chaîne de montagnes à Fintérieur du pays des çômâli. Le Wobi
pourrait être utilisé pour la navigation^ si la nature lui avait
donné un débouché sur TOcéan. Privé comme il est d'un dé-
bouché, il ne servirait qu'à faciliter les communications à l'in-
térieur du pays ; mais étant un peuple de pasteurs, les Çomâli
n'ont même pas cherché à construire des bateaux. Cependant
la pente de son lit est douce et, au moins dans la partie de son
cours comprise entre Aoul Tahen et le Rahn Ween, il ne forme
pas de cataractes. D'innombrables hippopotames, crocodiles,
tortues et poissons vivent dans ses eaux, qui sont soumises à
une crue pendant la saison des pluies. A ce moment l'eau du
Wobi devient trouble en amont de TOgadên, et en le traversant
elle prend plus bas une couleur sanguine que lui donne la terre
ocreusede ce canton. Lorsque après l'inondation le Wobi rentre
dans son lit, au dire des habitants, sa largeur à Aoul Yahen ne
serait plus que d'une demi-portée de fusil, et on pourrait en-
voyer avec une fronde une pien'e d'une rive à l'autre, quoique
sa profondeur atteigne encore deux mètres.
Tel est en résumé ce que M. Haggenmacher a pu apprendre
touchant le fleuve Wobi, que les circonstances ne lui ont pas
permis de voir, et dont il nous apporte cependant une descrip-
tion ainsi qu'un tracé que nous accueillons avec reconnaissance,
en attendant une plus grande précision dans les détails qui ne
pourra être obtenu qu'après une exploration directe de ce grand
et intéressant cours d'eau. Les péripéties du voyage de M. Haggen-
mâcher sont trop instructives pour que nous ne cherchions pas
à les retracer ici; elles nous montrent la race çômâhe fanatique,
traîtresse et sanguinaire, comme on l'avait déjà vu dans la
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122 AFRIQUE. N* 168-202
plupart des rapports qu'elle a eus avec les Toyageurs européens.
Le 23 décembre 1875, M. Haggenmacher était déposé à Ber-
bera par un vapeur égyptien. En entrant dans la ville il ne fut
pas surpris de voir les habitants, qui ont une mauvaise renom-
mée, tous en armes et avec des physionomies empreintes de
malveillance. A peine le vaisseau égyptien s'était-il éloigné de
la plage, que le pays, relativement tranquille jusqu'alors, Tnt
troublé par des combats hors des Berbera et par des attaques
fréquentes jusque dans les rues de la ville. M. Haggenmacher
dédaigna même les avis, donnés par quelques habitants, plus
bienveillants que les autres, d'après lesquels il aurait dû
renoncer à un voyage, diffidle en temps ordinaires, et dange-
reux alors, vu F état d'effervescence des esprits. Il réunit des
Çômâli d'escorte, faisant trente-deux hommes avec ses propres
serviteurs, acheta quinze chameaux qu'il chargea de provisions
d'étoffes, de verroteries et de tabac, se fit raser complètement
par un wodado ou prêtre çômâli, pour ne pas blesser les sus-
ceptibilités religieuses ; puis il se mit en route.
M. Haggenmacher avait cru bien faire en se confiant à la
tribu çômâlie des Bahawadla, qui habite le canton d'Ogadcu,
et dont il avait trouvé des représentants à Berbera; mais il dut
prendre aussi des guides de la tribu de Ber Ahmed Nôh pour
conduire la caravane dans la première partie de la route, et
cette circonstance lui causa plus tard des embarras. Dans les
premiers jours de marche, il rencontra Hersi, sultan de
la grande tribu des Habar Yoûnis, qui le prévint que les Baha-
wadla seraient des traîtres. Peu après cet incident, M. Haggen-
macher ne put s'empêcher de remarquer que ses Bahawadla
tenaient conseil à l'écart, et envoyaient des émissaires à Ber-
bera ainsi qu'en Ogadên. C'étaient là, pour un homme pré-
venu, des symptômes d'un mauvais augure.
Il traversa une plaine déserte qui cesse à Hog, endroit au
pied de la chaîne de hauteurs de Margo, parallèle à la côte, où
on commence à voir des euphorbes et des asclépiadées. La
pintade multiplie énormément dans les fourrés que forment
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ETHIOPIE, ETC. 125
ces plantes, mais les Çômâli ne la chassent pas ; et peut-être
par un reste des vieilles superstitions païennes, ils ont un grand
dégoût pour la chair de cet oiseau. Les montagnes, la chaîne
de Margo ont à cause de leur végétation tropicale un caractère
plus heau et plus riche que le reste du pays, et il est à remar-
quer que cette observation était faite au mois de mars, avant le
commencement de la saison des pluies. Au khôr Derelaï, dans
un nouveau conseil tenu entre les Bahawadla, on proposa de
tuer H. Haggenmacher et de se partager ce que Ton considérait
déjà cûinme un butin acquis. Par bonheur le voyageur ne se
méprit pas sur le but de la réunion ; il envoya prier deux
hommes influents de s'opposer à ce que la proposition fût
adoptée, en leur promettant une forte récompense s'ils y par-
venaient, et ayant chargé une mule des objets les plus essentiels,
il alla se'cacher dans la vallée jusqu'à ce qu'on vînt lui an-
noncer qu'il pouvait être tranquille. Mais, le lendemain au
départ, les Bahawadla firent bande à part, ce qui est toujours
un indice fâcheux en pareille circonstance, car à moins d'une
hostilité marquée entre les individus qui la composent, une
caravane marche toujours massée dès qu'elle entre dans un
territoire où la sécurité fait défaut.
M. Haggenmacher arriva au pied de la deuxième ligne de
montagnes, qui atteignent leur plus grande hauteur dans la
chaîne du Chilmalé, qu'on doit considérer comme un prolon-
gement sud-ouest du massif d'Assa, bien qu'elle soit presque
complètement isolée des autres montagnes. La chaîne du Chil-
malé forme la séparation de deux bassins fluviaux, nord et sud,
et en même temps la ligne de démarcation des territoires appar-
tenant aux Habar Guerliagui, aux Habar Yoùnis et aux Aya
Deguela. Son sol, très-pierreux, est pauvre en eau ; les végétaux
qui y poussent ne sont guère que des arbrisseaux épineux sur
lesquels les troupeaux de moutons et de chèvres des Gômâli,
qui sont ici exposés aux surprises du lion et du léopard, ne
trouvent qu'une maigre pitance. Le voyageur fit l'ascension
d'un des sommets peu importants de la chaîne» le mont Do-
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124 AFRIQUE. . M- 159-202
bojn, sur lequel il trouva des morceaux de bois pétrifié. De^
cendant ensuite sur le yersanl opposé par le vallon de Hed*Hed*,
il se trouva, à Ganzah, au commencement du plateau 3gs
Çômâli, qui continue sans interruption jusqu'au ô® de latitude.
Ce plateau a un sol composé d'une terre ocreuse, de couleur
rouge, et fertile, où la végétation est luxuriante par endroits ;
mais en été la chaleur y est très-forte, et Teau très-rare. Pendant
les pluies le terrain détrempé donne naissance à des myriades
de moustiques, et exhale des miasmes qui engendrent des fièvres
dangereuses. — Déjà à ce point de l'itinéraire le fanatisme reli-
gieux des habitants se manifesta, mais il fut combattu par un
membre du clergé, moins entiché de préjugés que les autres,
qui lut en public une sourate du Coran, recommandant la
tolérance pour les chrétiens.
La plaine de Toyo forme le commencement du plateau
intérieur ; on n'y voit ni arbres ni arbustes, mais l'herbe
coriace qui la couvre donne des pâturages excellents pour les
innombrables troupeaux de chameaux et même de vaches et
de moutons que les Çômâli y mènent paître.
En arrivant près du territoire de la tribu des Habar Yoûnis,
M. Haggenmacher se vit aux prises avec des difficultés qui
lui inspirèrent des craintes pour l'avenir. 11 eut une dispute
avec les gens de Rer Ahmed Nôh, qui l'accompagnaient, et
lorsqu'il les congédia, ceux-ci lui emmenèrent deux de ses
chameaux, chargés d'une partie de ses marchandises et de
ses provisions. Cependant les Habar Yoûnis, au milieu des-
quels il se trouvait, ne se montrèrent pas hostiles au premier
abord. Hersi Aman, un des chefs djBs Rer Soultân, fraction des
Ayâl SougouUa,. qui sont une tribu des Habar Yoûnis, offrit
même sa fille en mariage à M. Haggenmacher : fait qui paraîtra
inexplicable à ceux qui connaissent la loi mulsumane, et qui
ont présent dans l'esprit le fanatisme outré par lequel les
Çômâli se sont fait remarquer jusqu'ici.
En sortant de la plaine de Toyo, on entra dans une autie
plaine de bons pâturages, où la vue était bornée, à l'horizon
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ETHIOPIE, ETC. i25
sud, par des terrains boisés qui marquent le tracé du Touk de
Fafan. C'est à partir d*ici que, seuls, les Bahawadla devaient
être les guides et compagnons de Haggenmacher. G*eux d'en-
tre eux qu'on lui présenta comme guides demandèrent un
salaire exorbitant, et refusèrent de. prêter le serment de fidé-
lité, que les Çômâli respectent généralement, et qui, à en
juger par son cérémonial, doit être une vieille coutume,
liée à leurs croyances anté-islamiques. Celui qui le prête
donne une tape dans la main et fiche ses lances en terre.
Un seul guide, se ravisant, vint trouver M. Haggenmacher
pendant la nuit; à Tinsu des autres, et s'engagea à le con<
duire et à le protéger jusque sur les bords du Wobi, chez
les Aoul Yahen. Le lendemain, tous les Bahawadla réunis
tinrent un conseil dans lequel ils se montrèrent moins opposés
au projet du voyageur, mais ils refusèrent, après comme avant,
de prendre un engagement solennel par serment, alléguant
que ce serait une formalité inutile. Des difficultés énormes
surgirent à ce moment. Les Rer Hâroûn, qui sont une des
Iribus de TOgadèn, avaient réuni trois cents guerriers pour
attaquer M. Haggenmacher, et afin de se ménager des intelli-
gences dans son propre camp, ils y envoyèrent trois wodado ou
prêtres, qui arrivaient de la Mekke, avec mission d'espionner
le voyageur et d'ameuter ses gens contre lui. Sur ces entre-
faites, une troupe de cavaliers des Âya Deguela arriva au
galop. H. Haggenmacher vit alors dans quelle mesure il pour-
rait compter sur le concours de ces prétendus amis. Tous,
sauf trois, prirent la fuite, et les cavaliers ennemis, après avoir
donné à leurs chevaux toute la provision d'eau qu'ils trouvè-
rent dans le camp, enlevèrent les ballots de marchandises et
les vivres. Hersi Soultân survint heureusement à la tête de ses
cavaliers, et il put faire rendre à l'ennemi la moitié de son
butin. Ceci n'était que le prélude d'une bataille à laquelle
assista M. Haggenmacher. Tandis que les fantassins de Hersi
Soultân attaquaient les Aya Deguela, ses cavaliers se répandi-
rent dans la plaine pour s'emparer des troupeaux de l'ennemi.
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i26 AFRIQUE. N»* 16^-202
Le combat s'engagea à coups de lance, et devint bientôt une
véritable boucherie qui, à la nuit tombante, se termina par
la défaite des Âyà Deguela. Mais H. Haggenmacher comprit
aussitôt quel peu de fond il pouvait faire sur ses protecteurs ;
tout en poursuivant les Aya Deguela, ceux-ci pillèrent les
marchandises du voyageur, et, lorsqu'ils revinrent vainqueurs,
ramenant beaucoup de blessés, mais aussi dix mille chameaux
pris àTennemi, ils exigèrent que M. Haggenmacher leur fît des
présents pour récompenser leur belle conduite, et le voyageur
et ses trois fidèles furent forcés de montrer les canons de
leurs fusils à Tentrée de la tente afin de les empêcher d*y
pénétrer et de piller ce qui lui restait.
Dans une circonstance aussi critique, M. Haggenmacher
estima qu*il n'avait d'autre chance de salut que de fuir rapide-
ment vers Test. 11 partit avec quatre hommes et se jeta dans
un bois, d'où on découvre une grande partie de la plaine de
Toyo. Les Habar Yoûnis avaient fait occuper par des détache-
ments de leur troupe les puits des Aya Deguela afin d'empê-
cher une attaque de leur part, et cette mesure assura le voyage
de retour. En arrivant au lieu de campement de sa première
marche, M. Haggenmacher y trouva Hersi Soultân et ses anciens
compagnons. On tint conseil et on décida que M. Haggenmacher
n'irait pas plus loin dans la direction du Wobi, et qu'on le
conduirait par le chemin de libaheli, à Woro Houmo, dans
le pays des Umorma.
Après s'être vu exposé à des demandes de cadeaux sans
cesse répétées, après avoir assisté à un commencement d'atta-
que des gens de Hersi Soultân sur ses propres hommes, atta-
que dirigée dans le but d'extorquer au voyageur des vivres et
des cadeaux, H. Haggenmacher reçut la visite.de Hersi Soultân
lui-même, accompagné de deux chefs. Événement imjHrévu! le
roi des Çômâli Habar Yoûnis venait déclarer à M. Haggenmacher
qu'il désirait faire sa soumission à l'Egypte, et qu'il ne deman-
dait au khédive, en échange de son hommage, que les moyens
de maintenir l'ordre dans le pays, et d'y mettre un terme aux
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ÈTHIOPIB, ETC. 127
▼ois et aux assassinats qui s*y commettent journellement*
Hersi Soultân voulait enfin que son peuple pût jouir de la paix.
De son côté, Hersi Aman, autre chef des Rer Soultin, arriva ;
il afîecta de se montrer beaucoup plus bienveillant qu'aupara-
vant. Il déclara à M. Haggenmacher qu après une discussion, en
conseil, les Bahawadla avaient décidé qu'on le considérerait
comme un membre de la tribu, et qu'il pouvait rester sans
crainte dans leur paya, mais que les Bahawadla attendaient de
lui une lettre de sûreté qui leur servirait de protection à
Berbera, et enfin quelques provisions en cadeaux. M. Haggenma-
cher consentit à leur donner la lettre demandée, mais il exposa
que ses propres provisions avaient trop diminué, pour qu'il
pût songer à en rien distraire. Les Bahawadla mécontents
prirent, vis-à vis des gens du voyageur, une attitude qui
amena presque la lutte à main armée. D'autres Çômâli,
comme pour montrer au voyageur qu'il est entièrement à la
merci de l'habitant, vinrent lui demander de leur prêter des
chameaux, et sur son refus, les emmenèrent de force.
Enfin le moment du départ arriva. On prit le chemin par
lequel on était venu, en suivant le Dob Weena qui coule à
Test-sud-est, au pied nord du Bor Dap, dans le pays des Toi
Bahanta, puis tourne ensuite au sud et se perd dans les plai-
ne$. Chemin faisant, un lion bondit sur la caravane, mit les
chameaux en fuite, et ceux-ci jetèrent leurs charges. La boite
à alcool contenant la collection d'insectes de H. Haggenmacher,
ainsi que son herbier, furent détruits. En un instant il avait
perdu la récolte de trente jours !
Après avoir passé le khôr Mousenga, il arriva au pi!ed du
Debah Heurired, l'un des sommets du massif du. Chilmalé. Du
haut de cette montagne la vue s'étend sur les monts chauves
du Worsemo Hèt, du Kormo Goreyo et du Dob Ter. H. Haggen-
macher fit aussi l'ascension d'une autre montagne de la même
chaîne, le Goudki, au faîte duquel il trouva des ruines, ex-
trêmement intéressantes, ne serait-ce que par cette con-
sidération que les habitants actuels de toute la contrée ne
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128 AFRIQUE. N- 468-202
connaissent pas du tout l'art de bâtir, ni même celui de tailler
la pierre.
Les ruines, au haut du montGoudki, sont assez nombreuses.
On y remarque une grande salle, taillée dans le roc, qui mesure
vingt mètres de longueur sur dix mètres de largeur. A l'extré-
mité nord de cette salle est un banc de pierre au-dessus duquel
on a percé des trous, les uns grands, les autres petits. L'entrée
est assez grande; on l'emarque sur ses bords des rainures qui
ont dû être destinées à recevoir une porte. Le plafond de la
salle est voûté. Partout on reconnaît les traces de coups de
maillet, qui indiquent de quel instrument on s'est servi. Non
loin de cette salle, M. Haggenmacher découvrit des tombeaux,
hauts de dix mètres et construits sur le même modèle que
ceux qu'on rencontre fréquemment sur la côte est de la mer
Rouge. Les murs de ces tombeaux avaient été jadis blanchis à
la chaux.
Les Çômâli affirmèrent à M. Haggenmacher qu'il y a une
autre ruine importante sur le sommet verdoyant et abondam-
ment arrosé du Gan Libah, haut de 2895 mètres, qui forme
le point culminant de la deuxième chaîne de montagnes paral-
lèles à la côte. Enfin, il faut apparemment rattacher à ces
monuments des réservoirs grandioses dont les uns sont con-
struits avec des pierres, et les autres taillés dans le roc, et qui
contiennent assez d'eau après la saison des pluies pour suffire
à abreuver les nombreux troupeaux, pendant cinq mois, et
même pendant six mois.
 Onounouf, sur la frontière du territoire des Âya Deguela,
M. Haggenmacher apprit que la route du pays des Ilmorma
était fermée pour le moment. Ici ou est à proximité des hautes
montagnes, et un vent qui balaye ses sommets descend glacé
sur l'habitant de la plaine. Une exploration du Gan Libah
promettait d'être très-fructueuse pour la géographie et pour
les sciences naturelles ; aussi, malgré des symptômes de tra-
hison qui n'échappaient pas à M. Haggenmacher, fit-il conti-
nuer la marche dans la direction de cette haute montagne.
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ETHIOPIE, ETC. 129
Hais de mauvaises nouTelles arrivèrent, et la caravane s'ar-
rêta au moment où la guerre éclatait entre les tribus çômâ-
lies. Après un combat sanglant ^ les compagnons de M. Hag-
geninacher décidèrent qu'il serait éloigné du théâtre de la
lutte, et acheminé sur Berbera. Avant que cette décision eût
pu être exécutée, le camp fut assiégé, et le combat se prolongea
pendant toute la nuit. Les deux partis ennemis comptaient
des partisans dans la caravane du voyageur. M. Haggenmacher
jugea la situation désespérée, il écrivit une lettre à sa femme,
et une autre à Munzinger Pacha, et les confia à un garçon qui
alla se cacher dans le bois pour être prêt à tout événement.
Le lendemain, les Çômâli de Tescorte qui avaient la victoire
ramenèrent les chameaux. Mais surexcités par la lutte, ils
vinrent à la cabane de M. Haggenmacher, et y jetèrent leurs
lances pour en forcer l'entrée ; une de ces lances transperça
la main du domestique éthiopien chrétien de M. Haggenmacher.
Une dernière tentative faite pour gravir le Gan Libah resta
infructueuse, de sorte que le voyageur n'eut plus qu'à revenir
sur Berbera. Il passa par Lehelaou, et admira plus ]oin, dans
les montagnes d*Assa, une végétation aussi belle que celle
des paysages de TÉthiopie propre. C'est là qu'il trouva une
colonie des Rer Aynaché, composée exclusivement de femmes.
Enfin, avant d'arriver au confluent du Djerato Yer et du
Djerato Ween, il observa des traces d'éléphant.
En approchant de Berbera, M. Haggenmacher rencontra
quarante hommes que Radouân Bey, gouverneur de Berbera,
avait envoyés pour recueillir ses papiers, car le bruit de la
mort de M. Haggenmacher courait dans, tout le pays. Quarante
jours après son départ de la côte, M. Haggenmacher rentrait à
Berbera.
U rapportait de précieuses observations tant sur le pays que
sur son climat, ses productions et ses habitants, qui ont été
puMiées à Golha, et parmi lesquelles nous ne pouvons qu'ef-
fleurer celles qui donnent lu description du pays oit il a voyagé,
et qui précisent les traits caractéristiques du climat. Le pays à
l'année GÉOGB. XV. ^ ,
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130 AFRIQUE. N- 168-202
l'est des montagnes des Ilmorma et au nord du fleuve Wobi
présente l*aspect d'un plateau qui augmente de hauteur à par-
tir de la côte vers l'intérieur. La côte elle-même ei^t bordée
d'une ligne de petites montagnes, dont la hauteur moyenne
est de cinq cents mètres, et qui dépasse rarement huit cent
trente mètres. Entre cette chaîne et lopéan, le pays est san^
habitants ; il ne commence à être peuplé que derrière la chaîne.
Âpres une interruption qu'on voit à Bosaso dans ces petites
montagnes, la chaîne reprend eu augmentant de hauteur, jus-
qu'à atteindre seize cent soixante-six mètres. Du côté opposé,
c'est-à-dire à l'est, elle s'abaisse devant Guéri, près de Boula-
har, et s'éloigne ensuite au sud-ouest., Derrière cette première
chaîne, qui est parallèle à la côte, on en voit une, plus haute,
mais sans gorges ni vallées, et dans laquelle, on ne trouve
accès que par des défilés très-étroits. C'est là qu'est le
haut Ganlibah. Au sud de cette deuxième chaîne commencent
les plaines de prairies qui continuent, dans la direction du sud,
sans autres limites que l'horizon, et au milieu desquelles se
dresse isolé le volcan de BorDap (altitude 1500 mètres). Ces
plaines, nous l'avons dit, sont bordées à l'ouest par les hautes
montagnes du pays des Ilmorma, qui y envoient leurs eàn%
dans la direction du sud-est. Vers le 5° de latitude des collines
commencentàmamelonner la plaine^et là seulement l'agricul-
teur dispute timidement quelques parcelles du sol au pasteur.
Tout ce pays est sablonneux, aussi n'y a-t^il pas de lacs ; les
eaux pluviales sont bues par le sol ou pompées par le soleil.
Les signes précurseurs bien connus de la saison des pluies sont
des trombes de sable que le vent pVomène dans ces plaines^
Les pluies commencent au mois d'avril dans tout le pays des
Çômâli et durent jusqu'à la fin du mois de juin; c'est la sai-
son qu'en nomme gou; jamais on n'y passe plus de deux
jours consécutifs sans pluie, et quand la pluie commence, elle
tombe sans arrêt pendant deux jours et même trois jours. Dans
les mois de juillet, août et septembre, qui forment la saison
hagut la pluie tombe moins abondante, mais le ciel est constam-
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ETHIOPIE, ETC. 131
ment couTert. Pendant la saison A^eren/ qui c(Mnprend le mois
d'octobre et les premiers jours de novembre» les pluies s'éten-
dent sur les pays à l'ouest; erf novembre, décembre et dans le
conunencement de janvier, c'est-à-dire dans la saison datr, les
pluies passent à l'est et au sud-est. Enfin, dsuis le djiM^ c'est-
à-dire dans les mois de janvier, février et mars, c'est la saison
sèche sur les plateaux, et il pleut dans la plaine.
La publicatiou de M. flaggenmacher contient un chapitre
consacré tout entier à la géographie physique du pays qu'il a
exploré, dans lequel il donne des détails nombreux et fort
intéressants, sur la géologie et le climat, ainsi que sur les
plantes et les animaux. Les habitants forment le sujet d'un
autre chapitre. M. Haggenmacher exa.mine leurs divisions en
tribus, leur langue, leur caractère natiojial, les mœurs, les
usages, la religion, la division dû temps, les lois, l'alimenta-
tion et le vêtement, de telle sorte qu'il sera désormais indis-
pensable de recourir à son « Reise im Somali-Lande » pour
connaître et pour décrire les Çômâli. Notre travail ne com-
porte pas un examen détaillé de ces chapitres qui, nous le
regrettons, dépasserait notie cadre; nous croyons cependant
devoir signaler certains côtés des études de M. Haggenma-
cher qui nous frappent. C'est d'abord ce fait qu'on observe chez
les Çômâli deux types de figure très-différents ; les uns se dis-
tinguent par un nez aquilin et des lèvres minces et serrées ;
les autres, au contraire, par un nez épais et des lèvres épaisses
et proéminentes qui caractérisent le véritable nègre. Cette
grande variété du type de la figure, ainsi que la stéatopyge
qui a été observée par d'autres voyageurs chez des femmes des
tribus çômâlies, dénote évidemment que les Çômâli ont subi
des croisements avec d'autres races qu'ils ont trouvées,
dans les pays oii ils se sont répandus, en rayonnant autour
de leur berceau, originel qui n'est pas encore connu. De
même que les tribu» maures des rivages de l'océan Atlantique
ont leur caste de khoddemâny de même que les Imôhagh
du Sahara ont leur caste AHmghâdy les Çômâli ont aussi
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ins - AFRIQUE. K- 203-518
letirs akhdâm^^ dont la position dans la société corres-
pond exactement à celle qu'avaient autrefois les serfs en
Europe. C'est là un rapprochement d'autant plus intéressant,
qu'il y aurait folie à chercher une parenté de race entre les
Çôraâli et les Berbères;
Au point de vue religieux, il est à regretter que M. Haggen-
macher n'ait pas mieux précisé le rôle des oggal, qu'il nous
montre siégeant dans les conseils. Si notre supposition se véri-
fiait que ce nom est le mot arabe *oqqâly cette origine du
nom aurait une importance, car elle conduirait à l'éclaircisse-
ment de l'histoire de la conversion desÇômâli à l'islam.
Les musulmans des quatre rites orthodoxes ne se servent
pas pour désigner leurs prêtres, ni leurs légistes, du mot
arabe *oqqâl « intelligents », tandis que les Druzes l'em-
ploient pour indiquer les individus de leur secte qui ^oot
arrivés à un degré de l'initiation religieuse.
VI
AFRIQUE ÉQUATORIALE. BASSIN DU NIL EN AMONT DE KHARTOUM.
ZANZIBAR. L'OGOWÉ
203. LiNANT DE Bellefonds (Emest). Itinéraire et notes; voyage de
service fait entre le poste militaire de Fatiko et la capitale de
M'tésa, roi d'Uganda (février à juin 1875). Btdleiin trimestriel de
la Société khédiviale de Géographie du Caire, n* 1, 4876, p. 1
à 104; avec une carte à l'échelle du rrôïîiïrôôô' dressée par
G. Schweinfurth d'après les observations du voyageur.
Nous sommes heureux de pouvoir donner ici l'indication complète des
beaux travaux cartographitlues de rÉtat-major égyptien sur le Nil, en
amont de Gondokoro ou Isma'iiiya.
204. Ragaf to Lardo (pour I^do), une feuille manuscrite, comprenant
le Nil à Gondokoro. Échelle du sao!o95*. -
205. LiNANT DE Bellefonds |(E.). Croquis d'une reconnaissance faite
du mois de février au mois de juin 1875, entre Regâf et le lac
Victoria. Le Caire, État-major général, 1875.
1. En arabe, àMtdâm et khoddemân sont deux synonymes; leur sens est :
travailleurs.
yGoogk
AFRIQUE ËQUÀTORIALE. 133
206. Du même : Croquis du relevé de la route entre Begàf et Fatiko,
exécuté d'après les ordres de S. E. le général Gordon Pacha.
Échelle du >. 000*060*» ^ CairCf État-major général, 1875.
207 . Croquis d'une reconnaissance faite, par M. E. Linant de Bellefohds,
entre Ragaf (Re^jâf) et le lac Victoria (février à juin 1875) : une
feuille photographiée dans la 3« section de l'État-major général.
Échelle du j.oftl.igs*» ^ Caire, 11 décembre 1875.
Cette longue partie du Nil a été relevée plus en détail sur les docu-
ments suivants, qui comblent aussi les lacunes laissées par Ernest Linant
de Bellefonds.
208. Le Nil de. Ragai (Redjâf) à Makedo. Croquis fait sous les ordres
de S. E. le général Gordon Pacha, en 1875, photographié dans
la 3" section de TÉtat-major général égyptien. Une femile. Échelle
du nëffsïï'' ^ Caire, 10 janvier 1876.
209. Carte du cours du Nil entre Dufli (Douffeli) et Magungo {Ma-
goungo], faite par S. E. Gordon Pacha en juillet 1876. Une feuille.
Échelle du sTsfjôe'* ^-^ Caire, Bureau de l'État-major égyptien,
octobre 1876. '
210. Carte du cours du Nil de Dufli à Magungo, relevé par S. E. Gordon
Pacha. Une feuille manuscrite à l'échelle du xt 1*000** ^ Caire,
1876.
- Cette carte donne des détails très-nombreux sur le fleuve et ses lies.
21 li Carte du lac Albert, dressée à l'État-major général égyptien, d'a-
près un croquis- fait sous les ordres de S. E. Gordon Pacha, par
M. Gessi. Juillet 1876. Échelle du bçôtôôô'- ^"^ feuille gravée
à l'imprimerie de l'État-major général. Le Caire, 1876.
Les noms sont écrits en français et en caractères arabes.
212. Victoria Nile from Magungo to Shoa Moru {relèvements de Gordon
Pacha). Carte manuscrite très-détaillée, à Téchelle du sgçviSs*'
sur la photographie. Le Caire, 1876.
213. Nil de Victoria de Shoa Morou à Foweïra. Croquis fait par S. E. le
général Gordon Pacha, à Foweïra, le 13 août 1876; copié à la
3* section de l'État-ms^or général égyptien. Une feuille litho-
graphiée; échelle du ttttsT**- ^ Caire, imprimerie de l'État-
major général, 22 octobre 1876.
214. Foweïra to Mrooli. Relèvements de Gordon Pacha. Une feuille
manuscrite à l'échelle du ïôë^^fE*-
Cette carte a été réduite et publiée sous le^ n» suivant.
215. Carte du cours du Nil entre Foweïra et M'rooli, dressée à la 5" sec-
tion de l'État-msgor général égyptien, d'après un croquis, fait par
S. E. Gordon Pacha, d'une reconnaissance faite par lui-même.
Échelle du g,ft*„5o\ Le Caire, imprimerie de l'État-ma^or général,
1876. -
yCoogk
134 AFRIQUE. N»* 203-518
216. The Victoria Nile, from Mrooli to Niamyongo, une feuille manu-
scrite à l'échelle du jgçî-gïjï*.
Cette carte donne la suite du cours du fleuve, en amont de MVoûIi,
jusqu'à un point un peu en amont de Niamyongo, par 1*10' de latitude
nord, où s'arrêtent actuellement les leyers de l'ét^t-major égyptien. On
y voit un tracé fort intéressant du lac Kodja, découvert par le colonel
Ghaillé-Long, qui le nomma lac Ibrfthîm. La partie du cours du Mil au
sud de i' iV de latitude nord a été ajoutée, mais elle ne mérite pas la
même conBance que les parties plus au nord, qui sont appuyées main-
tenant sur une suite continue de relèvements.
217. The Victoria Nile, from Riponfalls to Urondogani. Crocpiis manu-
scrit à l'échelle du 5537105'.
Ce croquis n'est que l'agrandissement de la partie correspondante de
la carte du capitaine Speke.
218. Gordon Pacha. Lettres de S.-E. le général Gordon' Pacha, accom-
pagnant quatre cartes du cours du Nil dans la région des grands
lacs. Bulletin trimestriel de la Société khédiviale de Géographie
du Caire, 1876, n» 3, p. 294-296.
Ces quatre cartes sont celles de Foweïra à tf'roûU, au -sfTTSôô'» de
Magoungo à Ghoa-Horou, au 577^574*; de Ghoa-Horou à Foweïra, au
S^o^»ooO*î ®^ de Doufli à Magoungo, au gyr^gn*, réduites des n" 216,
213, 214, 210.
219. Garta del corso del Nilo da Regaf a Laboré. Bollettino délia
Société geografica italiana, Rotne, mars 1876, p. 141 à 142.
220. Expédition du colonel Gordon. Progress of colonel Gordon 's expé-
dition. Proceedings of the R. geographical society, t. XX, n* 1,
p. 50-54; n" 6, p. 41Z. Bollettino délia Société geografica italiana.
Rome, 1876, p. 244.
221. Voyage sur le haut Nil par le colonel Gordon. Bulletin de la
Société de Géographie, novembre 1875, p. 514-520. Explorateur,
n» 51, p. 68; n" 54, p. 149;n» 62, p. 67.— Affaires de Zanribar.
Explorateur, n"» 71, p. 614; n- 75, p. 47.
222. Haîisal et VON HoFMANir. Die neuesten Ereignisse im Aequatoriali-
schen Africa, besonders in der ^gyptischen ÎEquatorial-Provinz.
Mittheilungên der geographischen Gesellschaft in Wien, t. XIX,
1876, n" 8 et 9, p. 482-484 ; n« 10, p. 520-522.
225. D'AvBiL (le baron). Missione nelF Alta Etiopia del Colonelle Gordon.
Cosmos di Guido Cora, t. IIÎ, 1876, p. 39.
224. Ueber die neuesten lEreignisse am obem Nil. Mittheilungên der
geographischen Gesellschafl in Wien, t. XIX, 1876, n*» 5, p. 323.
225. Marno (E.). Résumé seiner Forschungs-Reisen in Aft*ika, 1874-
1876. Mittheilungên der k. k. geographischen Gesellschafl in
Wien, t.-XIX, 1876, n» 5, p. 326-328.
226. Ghippendall (lieutenant W.-H.). Joumey beyond the calaracts of
yGoogk
AFRIQUE ËQUATORIALE. 155
the Upper Nîle,'towards the Albert Wyanza. Procéedingê ofihe R,
geographical society, t, XI, n** 1, p. 67-69.
W, Gessi (Romolo). Exploration du lac Albert Nyanza. Bulleiin de la
Société de Géographie^ juin, 1876, p. 632*643, avec 1 carte du
lac Kwoutan (Albert Nyansa) au !t,ipô»ooft*> ^"^ ^^ texte.
32^. Du même : Esplorazioni nella regione dei laghi equatoriali, Bol-
Uttmo délia Société geografica Ualiana. Rome, 1876, n** 6 et 7,
p. 418-426.
229. Du même : Die Erforschung und UmschifTung des Hwutan
(Albeft Nyanza) Sees* MiUheilungen der geographischen Geselh-
chaftin Wien, t. XIX, 1876, n« 10, p. 522-528.
230. Stohb (G.-M.-P.) et Baker (sir Samuel). Letters on the circumna-
vigation of the lake Albert Myanza by M. Gessi. Proceedings ofthe
R, G. Society, t. XX, n« 6, p. 470-474.
231. GiiAiLLé-LonG (le colonel G.). Central Afrlca : Naked truths of
naked people. An account bf expéditions to the lake Victoria
Riyanza and the Makraka Niam-Niam west of the Bahar-El-Abiad
(ll?hite^ile). 1 volume in-^ (xvi-550 pages), illustré d'un por-
trait du colonel Ghaillé-Long, de vingt gravures et d'une carte
des itinéraire^ de. cet officier dans TAIrique équatoriaie. Londres,
Sampson, Low et C% 1876.
Relation instructive des deux expédition^ dn colonel Chaillé-Long dans
la province égyptienne de l'Equateur en 1874 et 1875, à laquelle Fauteur
a joint un petit vocabulaire de. sept langues parlées dans ces con-
tréesy et une courte note relative à une entreprise égyptienne sur le
Djouba, moins connue que les précédentes, et qui eut lieu vers la fin de
FanBéel875. Le kliédive avait eonfiéà Me Killop Pacha le commandement
en chef de cette expédition, dont le but était d'ouvrir, parallèlement à Té-
quateur, du fleuve Djouba au Niyanza, une route par laquelle le commerce
et la civilisation auraient pu pénétrer au cœur de l'Afrique équatoriaie.
Le colonel Ghaillé-Long faisait partie de cette expédition. On eut beaucoup
de peine à faire franchir la barre dangereuse du Djouba à -une chaloupe
à vapeur montée par vingt-cinq hommes. Le colonel Ghaillé-Long, qui
commandait cette chaloupe, remonta ensuite le fleuve Djouba à deux cent
soixanle-dix-kuit kilomètres de son embouchure. Avant qu'elle eût obtenu
le résultat pour lequel on ravâil envoyée, l'expédition de Me Killop Pacha
fut rappelée eu Egypte. En attendant le nouveau livre : Note» of travel
and exploration ofthe riv^Juba, que le colonel Chaillé-Long prépare
sur ce voyage, nous recueillerons ici un fait important pour la géogra-
phie de l'Afrique équatoriaie. Sir Samuel Baker avait trouvé, à l'est de
Fatiko, une rivière appelée Djouba, et il croyait que cette rivière était le
commencement du fleuve Djouba. Le colonel Chaillé-Long réfute cette
opinion. En remontant le fleuve Djouba, il a reinarqué que souvent ses
eaux se coloraient en rouge, ce qui, d'après lui, indique que ce fleuve
prend sa source dans une montagne et non pas dans les plaines plus au
nord, que le colonel Chaillé-Long connaît de visu pour les avoir parcou-
rues comme l'a fait sir Samuel Baker.
Nous pensons, de notre côté, que la coulear des hautes eaux du
Djouba s'expliquerait aussi bien par la natui'e ocreuse des plaines de
ICgadén, si ce fleuve y prenait sa source.
yGoogk
456 AFRIQUE. K- 205-518
232. Du même : Notes sur les nègres qui habitent du Bahar El-Abiad
jusqu'à l'équateur, et à l'ouest du Bahar El-Abiad jusqu'à Malo^ka
Niam-Niam. Bulletin trimestriel de la Société khédimaUf n* 2,
1876, p. 223-234.
233. Htebs (A.-B.-R.). Life with the Hamrân Arabs : An account of a
sporting tour of some offîcers of the Guards in the Soudan during
the winter 1874-1875. 1 yoI. in-8 (avec des photographies). London,
Smyth et Elder, 4876.
234. Notizen aus der egyptischen Aequatorîal proYinz. Mittheilungen
der geographischen Geselhchaft in Wien, t. XIX, 18^6, n» 11,
p. 596^97.
235. Hansal. DieBari Neger, Mittheilungen der k,k. geogr. Gesellscha/l
in Wien, t. XIX, 1876, n" 5, p. 294 à 307.
236. Du même : N.achrichten aus Ghartum. Mittheilungen der geogra-
phischen Gesellschaft in Wien, t. XIX, 1876, n*' 6 et 7, p. 370-
372.
237 . Les Riverains du Bahar Zerâf (d'après M. Gérold). Explorateur,
n» 52, p. 99-100.
238. ScEWEirvuRTH (G.). I due Akka, Bollettino délia Soc. geogr. ital.,
vol. Xni, fascic. 8 et 10, p. 562-565'.
Le docteur Schweiafurth communique des notes sur les deux Akka éle-
vés chez la comtesse Hiniscalchi-Erizzo à Vérone. L'un de ces pygmées,
haut de 1 mèlre 37 centimètres, berait âgé de seize ans; Tautre, haut de
1 mètre 23 centimètres, serait âgé de treize ans et demi ou quatorze ans.
239. Le esplorazioni ai grandi laghi Africani. Bollettino delta Soc.
geogr. ital., vol. XIII, fasc. 8 à 10. Rome, oct. 1876.
^ Nouvelles de Charles Piaggia, datées de Khartoûm le 15 juillet 1876. Il
rend compte de son voyage au lac Loûta Nzidjé, et de sa découverte d'un
nouveau cours d'eau qui en sort. L'article est accompagné d'un profil du
Loûta Nzidjé, au sud de la bouche du Mil, et d'un profil du massif monta-
gneux du M'karôli, situé sur le rivage ouest.
240. Stahlet (Henri). Lettres au journal le Daily Telegraph {SLchève-
ment de l'exploration du lac Victoria Niyanza, et exploration du
lac Loûta Nzîdjé). The Daily Telegraph, n» du 7 août 1876, avec
1 carte de la partie sud-ouest du Myanza à l'échelle du ygr^igô'»
N" du 10 et du 14 août 1876. Explorateur, n« 80, p. 178-179, avec
1 carte; n» 81. p. 208-209. Mittheilungen, Gotha, 1876, n» 1,
p. 56 et 38 ; Proceedings of the Royal geographical society,
t. XX, 1876, n"* 2, p. 134 à 160 ; Cosmos di Guido Cora, t. III,
1876, p. 124 et 150.
241. Die £rlbrschuug des Ukerewe (Victoria Nyanza) durch Henry
M. Stanley und sein Zug zum Mv^ulân (Albert Nyanza). MacJi
yGoogk
AFRIQUE ÉQUATORULB. 137
Auszfigen seiner Brie/e. MiUheilungen der géographUchen Ge^
telUchaft in Wien, t. XIX, 1876, n».U,p. 572-585.
242. Rayerstein (E.-G.). Stanley 's exploration of tbe Victoria Nyanza,
avec 4 cartes comparatiires. Geographical Magazine, décembre
1875, p. 369-373.
243. Seconda spedlzione di Stanley nell' Africa equatoriale, 16744875,
HTec 1 carte. Cotmos, t. III, 1875, p. 782-786.
244. Stanley 's African discoYeries.^iVa^t/re, n<> 357. London, 31 août
1876.
245. Esplorazioni de! laghi Yittoria ed Ibrahim (bacino superiore del
Kilo Bianco). Cosmos di Guido Cora, t. III, 1876, p. 33.
246. Explorations nouvelles commencées en 1876. M. Lucas. Exploror
Uur, 1876, n» 76, p. 79 ; n- 78, p. 133.
247. Wattemare. Les anciennes explorations dansia vallée du Nil. Ex-
plorateur, n» 77, p. 96-97; n» 78, p. 122-123; n» 79, p. 248-249;
n- 80, p. 176-177.
248. Flobekzaro (Chr.-6.), Paucebi (P.) et Paladini (L.). Conferenic
tenute in Napoli sulie spedizioni in Africa, sulle sorgenti del Nilo
ecc. BolleUino délia Societâ geografica italiàna, BomCf mars
1876, p. 143-145.
249. BoNOLA (Fred.). I viaggiatori italiani nell' Africa. Cosmos di Guido
Cora, t. III, 1876, n» 11, p. 418 à 424,
250. Dausse. Note sur les variations annuelles, simples et pareilles du
Sénégal et du Nil, et probablement aussi du Niger et du Zaïre.
Br. in*. Paris, 1875.
La conclusion de cette note est que les fleuves de TAfrique équatoriale
seraient soumis à un régime unique et constant de crues.
251 . Hataux du Tnj.T. Sur l'état de la question des sources du Nil. Ex-
plorateur, n« 77, p. 102.
252. Steutwerter (doct. A.). Yersuch einer zusammenhângendeu Dar-
stellung des Systems des oberen Nils. Br. in-8, avec carte. JWar-
burg, 1875.
253. 11 Nilo esce dal lago Alberto ? Bollettino délia Société geografica
italiàna, Rome y février 1876, p. 82 à 86.
254. Esplorazioni liella regione dei laghi equatoriali. Bollettino delta
Socielâ geografica italiàna, Rome, n<** 6 et T (juin-juillet), 1876,
p.. 418-419.
255. Becgabi. La questione del Nilo e la Società geografica italiàna. Bro-
chure in-16, Florence, Le Mônnier, 1875.
yGoogk
138 AFRIQUE. K" 203-318
256. LonABMiri (E.)* L'Africa nilotica e l'Egitto. Stinto del saggîo
uU' idrologia del Nilo e délie sue appendici eec. Bollettino délia
Socielâ geografica italiama. Rome, 1870, n*" 6 et 7, p. 440-
444.
257. Beu (E.). Der endiiche Aeschluss der Nilquellen Frage. MUthei-
lungen. Gotha, 1876, n* 7, p. 266 à 268.
258. Gbaiit (colonel J.-A.). Speke's Nile, Lmngstone*s Congo. Black-
wood*s Edinhurgh Magazine, juillet 1875, p. 100-111.
259. Du même : On H. Stanley 's exploration of the Tictoria Nyanza.
Proeeedingê of the R. geographieal êodehf, t. XX, n* 1 (décembre
1875), p. 54-50.
260. Dai,t (le juge). On African exploration. NeuhYork Herald, n* du
15 novembre 1875.
H. Daly, qui à diverses reprises s*est occupé des questions soulevées
par les découvertes dans IMnlérieur de l'Afrique, établit d'après l'étude des
découvertes de M. Stanley dans la partie est de l'Afrique équatoriale, que
ce voyageur appçrte la conGrmation des données reçues et pnblié4$s dans
l'antiquité par Aristote et Ptolémée.
261. BouBOE (Paul). Le Bassin du Kil. Expédition de sir Samuel Baker.
Voyages de MM. Scbweinfurtb, Stanley, Ghaillé-Long et Linant-
Bey, avec une carte du bassin du Nil à l'échelle du ittihAïtôôs**
Revue de France, t. XYII. Paris, 29 février 1876.
262. Die jûngsten Forschungen im See'ngebiet des œquatorialen Osl-
Afrika, von Young, Gessi, Stanley, 1874-1876. MUthejlungen,
nt irf. Gotha, 1876, p. 573-583, et carte au iïtsArots"* par
A. Petermann.
263. MuLLER (G.). Musci Schweinfurthiani-in itineribns duobus in Afiri-
cam centralem per annos 1868-1871 coUecti, determinati et eipo-
siti. 1 vol. in-8. Berlin, Friedlsender, 1875.
264. Hdtchinsoii (E.). The Victoria Nyanza : a fieldfor missionary enter-
prize. 1 vol. in-8. Zomfon, Murray, 1876.
265. La Mission anglicane en Ouganda. Explorateur, n* 75, p. 48.
266. Voyage de M. Holmwood, résident anglais sur la Côte orientale.
Explorateur, 1 876, n» 8.
267. Elton. Da Dar-es-Salam a Kilwa. .Cosmos di Guido Cura, 1. 111,
1876, p. 4Ô.
268. Les Possessions du sultan de Zanzibar, d'après le « Nautical ma-
gazine », avec ime carte. Explorateur, n« 50, p. 30 et 31..
260. Les Égyptiens dans les États du sultan de Zanzibar. Explorateur,
n» 51, p. 55-56.
yGoogk
AFRIQUE ÉQUATORIALE. 139
270. Abolition de Tesclavage à Zanzibar. Explorateur, n» 75, p. 48 ;
n* 78, p. 13^134.
271. Bexltille [A.]. A trip to the universities mission station of Ma-
gila, on the borders of the Usambara country. Proceedings of the
R.geoffrapfdcal Society, t. XX, n» l,p. 74-78.
272. Expédition française de MM. Savorgnan de Brazza et Marche sur
rOgôwé. Lettres écrites de l'Ogôwé et journal de M. Marche.
Explorateur', 1876, n» 54, p. 135; n» 62, p. 371 ; n« 63, p. 385 ;
n» 70, p. 588; n» 71, p.' 614-616 ; n» 74, journal de M. Marche,
p. 2-3 ; n? 78, p. 132. Bulletùt de la Société de Géographie, juin
1876, p. 643-655:
273. G. U. Spedizione al fiume Ogouè dal conte Pietro Savorgnan di
Brazzà. Bolletiino delta Societâ geografica italiana, tome XIII.
Rome, 1876, fascicule 4% p. 193-208.
Cet article contient les lettres écrites par M. Savorgnan de Brazza à sa
mère pendant son voyage de découverte sur rOgdwé.
274. Spedizione del Sig. Savorgnan di Brazza nel bacino del Ogovai
(lettres du voyageur à sa mère, allant jusqu'au 22 avril 1876).
Bollettino delta Societd geogr, ital., vol. XIII, fascicules 8 à 10.
Rome, 1876.
275. De Compiêgne (le marquis). L'Afrique équatoriale. Okanda, Ban-
gouens, Osyéba. 1 vol. in-18, avec 1 carte nouvelle du fleuve
Ogôwé à l'échelle du jfnçnjôô" et 8 gravures. 2« édition, Paris,
Pion, 1876.
Ce volume fait suite' à Gabonais, Pahouins, Gallois, et complète la nar-
ration du voyage de MM. le marquis de Gompiègne et Marche, dans la
partie ouest de l'Afrique équatoriale.
276. Du même : Notes sur le commerce dans. l'Afrique équatoriale.
Bulletin de la Société de Géographie de Lyon, t. I, 1875, n» 2,
p. 127-136.
277. BoDviER (A.). Catalogue des oiseaux rapportés par MM. le marquis
de Gompiègne et Alfred Marche, et déterminés par A. Bouvier,
40 p. à la fin du dernier volume < l'Afrique équatoriale > par le
marquis de Gompiègne.
278. Walier (R.-B.-N.). M. Skertchley on the Ogowe. Geographical
Magazine, août et septembre 1875.
279. La Berbe (le rév. père). Grammaire de la langue pongouée.
1 voL in-12, Paris, Raçon, 1875.
280. Du même : Gabon (Deux-Guinées). Le nouveau roi Félix-Denis
Adandé. Les Missions catholiques, n9 390.
281. Lehz (le docteur Othon). Reisen in Afrika. Verhandlungen der
h, k, geologischen Reichsanstalt. Vienne, 1875, n*" 9, p. 149-152
yGoogk
140 AFRIQUE. N- 205-51 8
• (lettre du Gabon, datée du 1" mars 1875» contenant des observa-
tioiis géologiques).
282. Du môme ; Reise am Ogôwe. Correspondenxblait der Afrikor-
* nischen Gesellschafl, 4876, n» 16.
283. Du même : .Die Expédition des Doctor Lenz am Ogôwe. Yerhand-
lungen der Gesellschaft fur Erdkunde zu Berlin, t. II, 1876,
n- 9 et 10, p. 549-555.
284. Du même : Rriefe an den Vorstand der deutschen afrikanischen
Gesellschaft. Correspondenzblatt, etc..., n» 19, 1876, p. 355-543 ;
n» 20, p. 349-362.
Lettres écrites du pays dés Okanda sur le haut Ogôwé, au mois de fé-
vrier 1876. Le docteur Lenz y rend compte d'une tentative infructaeuse
qu'il fit pour pénétrer chez les Ochébo, peuplade différente des Osyéba ou
M*poDgwé, et d'une excursion faite en remontant la rivière Ofoué, où il a
visité des villages d'une peuplade nafne : les Akellé ou M'bangwé. Il donne
' aussi des renseignements intéressants sur les Asimba, les Okoha, les
Ochébo, et la question de la religion ou plulôt des superstitions des Okanda
y est traitée avec un soin particulier. Le docteur Lenz résume ensuite ses
observations sur la géologie du pays. Au point de vue purement géogra-
phique nous devons signaler les hauteurs au-dessus de ro<^éan qu'il a dé-
terminées avec un hypsemàtre, en rapportant ses lectures à Tindication
précédemment trouvée au Gabon avec le même instrument. Ce sont les
premiers chiffres connus pour la hauteur du pays arrosé par l'Ogôwé :
Elimbaréni (Lambaréné des voyageurs français), le milieu du
village, à 10 mètres au-dessus de rOgôwé Id6",2
Lopé, village sur l'Ogôwé, à 10 mètres au-dessus des eaux du
fleuve..*. . r 169*,4
Station sur TC^ôwé, dans le pays des Âchouka, à 10 mètres au-
dessus des eaux du fleuve 190",8
Station sur l'Ofoué, pays des Âsimba, à 10 mèlr«s au-dessus des
eaux de la rivière • . . . . 213", 3
Ngobo, village des Achouka.. .' 259",3
Village du roi N£[oé, chez les Asimba . . . 326Mâ
Un village d'Obongo, dans le pays des Asimba. ...«•••• 564",4
Une dernière lettre, datée de la factorerie de M. Wœrmann, sur l'O-
gôwé, le 25 juillet 1876, contient des détails sur un voyage que le docteur
Lenz entreprit, par terre, sous la conduite des Fân (ou Ochéba) jusque
chez les Osaka, les Adouma et les Banyaka, qui habitent près du confluent
du Ghébé avec rOgôwé. Au retour, le docteur Lenz fut attaqué par les Fân.
285. Du même : Reisen im Okandalande und Asimbalande in Afrika.
Mittheilungen der geographischen Gesellschaft in fFtcn, t. XIX,
1876, nM, p. 47 à 48.
286. Voss (le docteur). Bericht ûber die durch die deutsche Expédition
an der Westkûste Afrika's in das kônigliche Muséum zu Berlin
gelangte Sammlung elhnologiacber Gegenstânde.... Correspondenz-
blatt der afrikanischen Gesellschaft, n»17, 1876.
287 . BoEHB (le docteur Maximillen). Bericht ijiber die Leistungen der
yGoogk
AFRIQUE ÉQUâTORIÂLE. 141
deutschen. Expédition an der Loango-Kûste in mediziniscber
Beziebung.... CorrespondenzbltUt, n* 18, 1876.
288. Hartmahn (le docteur Robert]. Ueber die loologiscb-iootoniischen
Sammiungen der Higtlieder der deutscben Âfrikaniscben Expédi-
tion. Verhandlungen der GegelUchaft (ur Erdkunde, 1876 n** 4
et -5.
289. AscHERsoN (1^ docteur P.). Bericht ûber die botaniscben Samm-
iungen der deutschen Expédition nach Westafrika. Corretpondeiv^
hlatt, etc..., n* 19, 1876, p. 351-332.
290. Albuna der Deutschen Gesellschaft zur Erforschung .£quatorial-
Afrika's.
Partie pittoresque, 60 photographies de Tchintchocho, la vallée
du Ki-Loango, la côte et le bas Zaïre, avec un texte par les doc-
teurs Boehr, Hartmann et H. Lange. Berlin^ 1876 (prix
32 mark).
Partie anthropologique, 1^ photographies, et texte par les
docteurs Hartmann, Boebr et H. Lange. Berlin^ 1876 (prix
32 mark).
291. BuBTOK (le capitaine Richard) et Skldc Agha. A trip up the Congo
or Zaïre river. Geographical Magazine, juin 1875, p. 205-209.
Article ne concernant que le bas du Zaïre.
292. DuPARQUBT (le père). Une excursion sur le Congo. Explorateur ,
1876, n» 62, p. 371-573 (reproduit dans le BoUettino délia Soc.
geogr, ital. d'avril, p. 221-224).
295. Du même : Voyage au Zaïre; lettre à l'abbé Durand. Bulletin de
la Société de Géographie, n» d'octobre 1876, p. 413-426.
Cette lettre est datée de la mission catholique de Landana. le 3 décem-
bre 1875. On y trouve -une description du bas Zaïre, et des factoreries fran-
çaises établies par M. Régis, de Marseille, sur la rive droite du fleuve,
depuis 1857, etau sujet desquelles on n*avait pour ainsi dire aucunes don-
nées. La lettre du père Djparquet contient un historique de nos connais-
sances sur le Zaïre, ainsi qu'une notice sur les pirates Mossorongou, qui
vivent sur les deux rives et dans les lies du Zaïre, entre les points de Ba-
nana et de Borna. Au mois d'août 1875. le commodore anglais Whewett
parcourut les criques et les lies des Uossorongou pour obtenir satisfaction
d'outrages commis sur un schooner anglais. Celte satisfaction ayant été
refusée, il fit incendier tous les villages et détruire toutes les plantations
des Mossorongou qu'il trouva à proximifé de la rive du fleuve.
Voir, sur celte démonstration militaire, de plus amples détails dans :
294. Whewett (le commodore W.-N.). The Congo pirates. Lettre dans
The Standard (de Londres), n** du 2 novembre 1875.
295. Congo. Établissement de la mission. Les Miêêions catholiques^
n* 358.
296. VoN HoMBTBR. Die von Homeyer'sche Expédition. Correspondent-
yGoogk
442 ' AFRIQUE. K«>» 205-518
bkitt der Afrikanuchen Geiellschaft, 1875, n» 15, p. 258-262; ^
n» 16, p. 292-297 (extraits des lettres du voyageur).
297. GûssFELDT (Paul). Expédition ^lemandç dans le Loango. Lettres
de MM. Gûssfeldt et Falkenstein. Correspondenzblatt der Afrika-
nischen Geselhchafl, n»» 12 et 13.
298. Du même : Bericht ûber seine Reise an den Khanga .(avec une
carte). Zeilschrift der Gesellschaft fur Erdkunde. Berlin, t. X,
1875, p. 142-159, 161-181.
299. Du même: Bericht ûber die von ihm. geleitete Expédition an der
Loango Kiiste. Verhandlungen der Gesellschaft fur Erdkunde,
Berlin, 1875, n» 8, p. 195-218.
300. Du même ; Die Grundlagen der Karle von der Loango Kûste, avec
une carte du sud-ouest de l'Afrique équatoriale, à l'échelle du
TTSôî.ôôô*» dressée par A. Petermann, MiUheilungen.... Gotha,
1876, n? 2, p. 41 à 42 et planche 3. .
301 . Du même : Reise nach der Loangokûste im sequatorischen Afnka.
Mittheilungen des Vereins fur Erdkunde zù Leipzig. 1876, p. 107
à 108.
302. Du même : Voyage à la côte occidentale d'Afrique. Bulletin de la
Société khédiviale de Géographie du Caire, n"» 3, 1876, p. 249-
266.
Tableau vivant et fort intéressant des mœurs des indigènes du Loango.
503, Pechijel-Lœsch8 (le docteur). Bericht tiber die zweite. Quillu-
Reise. Correspondenzblatt der Afrikaniachen Gesellschaftf 1876,
n"» 16, p. 271-281.
304. Lux (le lieutenant). Reise von Malange bis Kimbundu und zu-
ruck. Verhandlungen der Gesellschaft fur Erdkunde. Berlin,
1876, t. m, n- 1 et 2.
305. Nachrichten von Lieutenant Lux aus Kimbundu in Westafrika.
Mittheilungen der geographischen Gesellschaft in îVïen, t. XIX,
1876^ n» 1, p. 37-38 et 48.
306. Les explorations allemandes dans l'Afrique occidentale. Explora-
tion du lieutenant autrichien Lux. Explorateur, n» 57. Explora-
tion projetée, par Edouard Mohr. Explorateur, n® 63.
307. Baron Garl Claus von der Decken's Reisen in Ost-Afrika in den
Jahren 1859 bis 1865. Band III, Wissensçhaftliche Ergebnisse.
3" partie, contenant la géologie, par A. Sadebeck ; la météorologie,
les observations astronomiques, géodésiques et magnétiques, et
un mémoire sur les cartes, par 0. Kersten; un tableau historique
de l'Afrique orientale, par 0. Kersten, et une bibliographie de
l'Afrique occidentale, par B.'Hassenstein. 1 vol. gr. in-8. Leipzig,
chez G.-F. Winter (sous presse) .
yGoogk
AFRIQUE ÉQUATORULE. 145
308. Kbrstsr (Othon). Météorologie von Zanzibar in Honatsmitteln.
(Extrait du Yolume précédent.) Brochure grand ln-8 de 36. p.,
25 grands tableaux de chiffres, et 5 grandes planches lithogra-
phiées. Leipzig et Heidelberg, Winter, 1876.
Ce travail, anssi savant que conscieDcieux, émane d'un des compagnons
de» voyages du baron vonder Decken, qui a rédigé aussi les deux premiers
volumes de la relation de ces voyages. M. Othon Kersten résume ici,
non-seulement les observations météorologiques faites à Zanzibar pen-
dant l'expédition du baron von der Decken, mais encore tous les maté-
riaux recueillis jusqu'à ce jour, sur la météorologie de llle. Il tire les
conclusions de ces observations sous la forme d'un exposé complet du
climat de Zanzibar. Les résultats numériques sont groupés dans six grands
tableaux hors texte, et dans cinq grandes planches de courbes. — Les
observations météorologiques faites sur le continent pendant le voyage
de découverte paraîtront dans la partie du grand ouvrage consacrée à la
géodésie.
La Météorologie de Zanzibar^ par M. othon Kersten, est le trava iJle
mieux fait et le seul complet sur le climat de la région des moussons dans
la partie occidentale de l'océan Indien. Nous en extrayons les caractéris-
tiques suivantes de ce climat :
Moyenne annuelle de la hauteur barométrique au niveau de
l'océan 761-.00
Moyenne annuelle de la température de l'air 2V,3
Propo/tion moyenne annuelle de la vapeur d'eau contenue
dans l'air 0,89
Hauteur moyenne d'eau pluviale tombant chaque année. . . . 1*,3723
Le vent dominant est la mousson du sud-ouest, qui commence au mois
d'avril et cesse avec le mois d'octobre ; celui dont la fréquence est la plus
grande ensuite^ est la mousson du nord-est, qui dure depuis le mois de
décembre jusqu'à la fin du mois de février. Ces deux saisons, bien tran-
diées, sont séparées par deux mois de calmes : novembre et mars.
On observe à Zanzibar deux saisons des4)luies : la grande saison des
plui«s, appelée tnazika par les Souahéli, qui commence le 15 mars, dure
«ans interruption jusqu'au 30 avril, et se prolonge ensuite avec des al-
ternances de ciel serein jusqu'au 10 juin. Dans les derniers jours de ce
mois, il se produit un regain de pluies, que les Souahéli appelent tntchéo.
La petite saison des pluies, le voulé des Souahéli, commence vers la fin
du mois de septembre, et dure jusqu'au commencement du mois d'octo-
bre. A la fin du mois de novembre les pluies deviennent plus abondantes,
et elles continuent jusqu'à la fin du mois de décembre.
309. Hydrographie notice n» 16, published in Ijondon, may 18»' 1875.
Contient les travaux hydrographiques du bâtiment <( Shearwater »,
commandant Wharton, sur Zanzibar.
310. BEixyu.LB (A.). A trip round tbe south end çf Zanzibar islaiid.
Proceedings of the Hoyal geograpkkal Society, Yol. XX, n» 1,
p. 60-74.
311 . Die Insel Zanzibar, ihre Natur, Klima, Rûstenbeschreibung (avec
une carte), Annalen der Hydrographie und marUimen Météoro-
logie, 1875, n- 13-16.
yGpogk
144 AFRIQUE. N«* 205-31 8
512. Zanzibar (les démêlés avec VËgypte). Explorateur, ii* 59.
513. Africa. East Coast. Cape Delgado to Kilwa. Carte marine à l'échelle
du ssifrss** Londres, 1876, Hydrographie Office, n* lS08.
314. Africa, East Coast. Kilwa point to Zanzibar Channel. Carte marine
à l'échelle du «igiuo*. Londres, 1876, Hydrographie Office,
n» 662.
315. Africa, West Coast. Congo River. Carte marine à l'échelle du
riio»'- Lotidres, 1876, Hydrographie Office, n» 638.^
316. Côte occidentale d'Afrique. Croquis de la baie de Aandana. Paris,
1876. Dépôt de la marine.
317. Côte occidentale d'Afrique. Gabon. Croquis de l'ensemble des
rivières Rhemboé, Maga, Jambi, Bilagone, etc. Paris, .1876.
Dépôt de la mai*ine.
318. Christie (Jacques). Choiera épidémies in East Africa. An account
of the several diffusions of the disease in that country from 1821
till 1872, with an outline of the geography, ethnograpliy and
trade connections. 1 vol. avec cartes. Londres (Macmillan), 1876.
§ 1. — L'exploration des deux grandi réservoirs du Nil complétée. Achèvemenl
de la navigation le long des rivages du Niyanza, par M. Henri Stanley; son
voyage au Loûta Nzidjé.
Mieux que de longues phrases, certaiivs rapprochements de
dates démontrent la rapidité avec laquelle se rétrécit Tespjce
de la terra incognita de l'intérieur de l'Afrique qui simplifiait,
pour nos pères, Tétude de cette partie de la géographie.
Le rivage du Niyanza ou lac Victoria fut aperçu, pour la
première fois, le 30 juillet 1858, par le capitaine Johu Hanning
Speke; au mois de juillet 1875, M. Henri Stanley achevait* la
reconnaissance intégrale des rivages et des principales îles de
ce grand lac d*eau douce. Le 16 mars 1864, M. et Mme Samuel
Baker découvraient, à Vakovia, le Loûta Nzîdjé ou lac Albert ; au
mois d*avril 1876, M. Romolo Gessi effectuait, sur ce lac, un
voyage jusqu'à 30 kilomètres sud-ouest de Vakovia, et presque
simuilanément M. Stanley découvrait le prolongement du Loûta
yGoogk
LES RËSERYOIRS DU NIL. 145
Nzîdjé, au sud du point où M. Gessi ayait cru en apercevoir
la fin.
Prenons tout d'abord l'exploration de M. > Stanley (voir
n^ 240), au point où la laissaient les derniers ei^ traits de ses
litres publiés dans la précédente Année géographique.
Au moment où il se séparait de notre malheureux compa-
triote Ernest Linant de Bellefonds pour continuer la découverte
des rivages du Nipnza ou lac Victoria, M. Henri Stanley em-
menait une escorte de M'ganda^ embarqués sur deux grands
bateaux mis à sa disposition par le roi H'tésa. Malgré la pro-
messe faite au voyageur américain de trente bateaux montés
par cinq cents hommes, chargés d'assurer sa sûreté, M. Stan-
ley préféra ne pas s'exposer aux retards inséparables de la réa-
lisation de cette promesse, car Magassa, grand amiral d'Ou-
ganda, &isait ses préparatifs avec lenteur.
En partant d'Oulagalla, capitale de M'tésa, au fond de la
baie de Hûrchison, l'expédition se dirigea à l'ouest, suivant
la côte d'Ouganda. Elle a dû passer ainsi devant la rivière
Kafoâ, que le capitaine Speke faisait sortir du Niyanza sous le
nom de Hwérango, à l^uest du Louaserri, et tomber dans le
Nil près de Tchagouzi. Le 20 avril 1875, M. Stanley arriva à
l'embouchure de la rivière Katonga, où le chef des M'ganda
lui déclara qu'il avait reçu l'ordre d'aller à l'Ue de Sassé et
d'y prendre le nombre de canots nécessaire pour compléter
l'escorte. Cette île, une des plus grandes du Niyanza, était
inconnue jusqu'alors. Sa distance du rivage, comptée de
l'embouchure du Katonga, est ide 22 kilomètres. M. Stanley
laissa partir le chef de son escorte, et lui-même il continua
avec deux bateaux ses travaux de relèvement sur le rivage du
Nipnza.
A 45 kilomètres ouest-sud-ouest de l'embouchure du Ka-
tonga, il trouva celle d'une autre rivière, l'Amionzi, qui avait
échappé au capitaine Speké, puis il longea le rivage du pays
1. Les M'ganda sont les habitants du pays d'Ouganda.
dbyASoOgIc
L^AMNiK oéOGB. XV,
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146 AFRIQUE. N«< 205-318
d*Ougounga jusqu'à 0^i(y de latitude )sud, à l'embouchure du
Kadjera (ou Kitangoulé), grand cours d'eau qui joue ua rôle
important dans l'alimentation du Niyanza, et sur lequel le
lecteur trouvera plus loin des détails.
Un plateau appelé Ouzongora borde le Niyanza au sud du
Kadjera, et son versant oriental plonge pour ainsi dire à pic
da^s les eaux du lac. La première étape de H. Stanley finit
dans la baie de Kadiya. Les habitants lui firent des démonstra-
tions amicales, d'où il conclut, bien à tort, qu'il trouverait des
dispositions aussi hospitalières chez tous les indigènes de la
côte d'Ouzongora. La déception n'allait pas se faire longtemps
attendre. Le lendemain, en débarquant à Makongo, M. Stanley
fut d'abord reçu en ami par les habitants : ils étaient alors
gravement occupés à prendre du pombé (bière du pays)^ à
l'aide de longs fétus de paille, absolument comme on fait aux
États-Unis pour avaler certaines boissons.' Grâce à ce liquide
capiteux, le chef de Hakongo titubait en venant à la^rencontre
de H. Stanley; néanmoins le chef et4es siens paraissaient doués
d'un bon naturel, et ils se montrèrent ^satisfaits de l'anivée
des étrangers. « Vers dix heures du soir, dit M. Stanley, nous
fûmes tous réveillés par une tambourinacb furieuse, accompa-
gnée de hurlements aigus. Les M'ganda prétendirent que
c'était une manière d'honorer l'étranger blanc. Je ne les crus
pas, et par conséquent je mis mes gens sur leurs gardes, leur
ordonnant de charger leurs fusils et de les placer sous les nattes
qui leur servaient de lits ; je préparai toutes mes armes pour
les avoir sous la main, et à l'abri de toute surprise. Sauf la
continuation du même bruit, rien ne survint pendant la nitit ;
mais à la pointe du jour^ nous nous trouvâmes en présence dé
cinq cents guerriers^ armés d'arcs, de boucliers et de lances, qui
avaient rampé silencieusement jusque tout près du camp,- et
qui, formant là un demi-cercle, nous barraient le passage excepté
du côté du lac. La soudaine apparition d'un tel nombre
d'hommes armés me surprit tellement que je ne pouvais
croire que nous fussions encore suries terresde H'tésa. L'attitude
LES RÉSERVOIRS DU NIL. 147
de nos assaillants avait aussi quelque chose de très-ctirieux :
ces hommes ne criaient et ne hurlaient pas plus qu'ils ne se
livraient à de ces démonstrations que nous considérons comme
de la folie furieuse, et dont nous avions été souvent témoins de la
part d'autres saùVages disposés à commetjtre un acte désespéré.
Leur aspect à tous était sérieux en même temps que menaçant
et déterminé. Ce fut pour nous un moment terrible. Nous ne
savions comment prendre ces centaines de sauvages, qui per-
sistaient dans leur silence, et dont rien n'aurait trahi les inten-
tions si la forêt de leurs lances n'avait clairement révélé qu'ils
étaient venus ^dans un but sanguinaire. Nous craignions de
faire un mouvement pour ne pas précipiter une catastrophe
qu'on pouvait peut-être éviter; et pendant quelques minutes
nous nous surveillâmes réciproquement. Cependant ce silence
fut bientôt rompu à l'arrivée du chef qui, la veille, étant ivre,
nous avait souhaité la bienvenue. Il tenait un long bâton et,
faisant le moulinet au-devant des sauvages, il les obligea à
reculer de quelques pas. Il s'avança ensuite, frappa le bateau,
nous donna l'ordre de partir, et nous prêta même la main
pour remettre à l'eau notre petit esquif. Tandis qu'il glissait
dans l'eau, un autre chef s'approcha et nous demanda à quoi
nous avions songé lorsque nous avions tiré le bateau si loin à
terre. Nous répondîmes que nous faisions ainsi pour le proté-
ger contre les brisants et le choc des lames, et nous allions
ajouter d'autres raisons, lorsque le premier cheTf coupa court
à ^la discussion en nous réitérant Tordre de partir sur-le-
champ et d'aller camper sur l'île Housira, â sept kilomètres et
demi du rivage du lac, où il ne tarderait pas à nous rejoindre
avec des vivres. Il ne nous r&tait plus qu'à suivre un si bon
conseil, et en un instant nous avions mis une distance de cent
mètres entre nous et le rivage ennemi. Mais comme les
M'ganda n'étaient pas encore hors de tout danger, nous ap-
prêtâmes nos fusils pour balayer la plage^ La foule des
hommes armés était si compacte au bord de l'eau, que nous
aurions pu prendre une revanche terrible si nous l'avions
L^.gitized by VjO ^^ j. » ^
148 AFRIQUE. N- 205-318
voulu, OU si la nécessité de secourir les M ganda nous avait
contraints à faire feu. Par bonheur, cependant, nos amis s*em-
barquèrent sans combat, mais non sans beaucoup d'aigres
chicanes et de bruyantes discussions, et ils nous rejoignirent
à nie Mousira. Le chef lui-même arriva un peu plus tard;
ayant appris quels étaient nos besoins et notre but, il envoya
chercher trois régimes de bananes dont il nous fit présent,
puis il se retira, nous abandonnant à notre sort. »
Dans Taprès-midi, M. Stanley vit la flotte du grand amiral
Magassa aborder à une île voisine de Mousira et y débarquer
les honmies pour passer la nuit à tprre. Espérant activer les
mouvements de Magassa, il fit voile de Mousira* à Tîle Alice,
qui est à 65 kilomètres de la première. Les comman-
dants des deux canots m*ganda l'accompagnèrent pendant
quelques kilomètres^, mais ensuite, alarmés par l'aspect du
ciel, ils retournèrent en arrière, criant qu'ils suivraient aussitôt
que le vent tomberait. Il était près de minuit quand H. Stan-
ley prit terre à File Alice, dans une anse bien abritée', où des
pêcheurs de Bambiré, accroupis autour d'un feu, s'occupaient
de préparer les poissons qu'ils avaient capturés et dont ils cé-
dèrent une provision aux équipages affamés. Le lieu où on
avait débarqué était au pied d'un inamense roc dont certaines
parties surplombaient le sol.
A l'aurore du lendemain, les habitants de l'île descendirent
sur la plage, tenant dans leurs mains des gerbes d'herbe verte,
en signe de paix et de bonne volonté. Leur conduite fut assez
amicale, mais ils demandèrent de tels prix de leurs vivres que,
pour ne pas arriver à la famine, M. Stanley se mit en route
vers le sudrouest, dans la direction de Bambiré, île située à
46 kilomètres de l'île Alice. Un orage avec pluie, éclairs
et tonnerre, soulevant les vagues de tous côtés, il fallut jeter
l'ancre vers minuit à l'île de Barker ; mais le jour suivant, une
forte brise du nord-est poussa en trois heures k Lady Alice
dans une jolie petite anse près du village de Kadjouri, situé à
la pointe sud-est de l'île de Bambiré. Ici se déroule l'un
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LES RÉSERVOIRS DU NIL. 149
des épisodes les plus émouvants du voyage de M. Stanley.
« En contemplant les pentes verdoyantes, couvertes de
grandes plantations de bananiers, au milieu desquelles on dis-
tinguait, semblables à des taches, de nombreux troupeaux de
bétail, nous nous promettions une abondance de bonne nour-
riture, des bananes mûres, une chèvre grasse, du lait en
quantité, et d'autres choses fort désirables pour des hommes
affamés. Mais ces rêves s'évanouirent au cri de guerre d'un
grand nombre d'habitants, postés sur un plateau qui domine le
village. Malgré cet avertissement, nous nous approchons de la
plage ; la faim nous donnait confiance, et nous étions sûrs
qu'un riche cadeau rendrait pacifique le chef le plus belli- ,
queux. Voyant que nous persistions à vouloir aborder,
les habitants descendirent en hâte du plateau pour courir à
notre rencontre sur la plage .*La prudence me suggéra de tenir
au moins nos fusils prêts, ce que je fis, et je ramai ensuite len-
tement vers la plage, comptant bien qu'en cas d'attaque quel-
que indice en trahirait l'intention assez à temps pour me per-
mettre de me retirer.
« Nous nous arrêtâmes à 15 ou 20 mètres de la terre,
et je remarquai que l'attitude sauvage des habitants se chan-
geait en affabilité à mesure qu'ils approchaient. Nous échan-
geâmes les saints amicaux qui sont d'usage, et on nous invita
à descendre sur la plage, dans des termes tels, que nos derniers
soupçons se dissipèrent. Mais à peine la quille de la Lady Alice
avait-elle touché le fond, que les indigènes s'élancèrent tous
ensemble sur nous, saisirent le bateau et le tirèrent à sec sur
le rivage avec tout ce qu'il contenait. Le lecteur pourra se
figurer combien nombreux étaient les gens qui firent ce bel
exploit, lorsqu'il saura que le bateau, les bagages et l'équi*
page pesaient 1500 kilogrammes! Deux fois je levai mes
revolvers pour tuer et mourir ensuite ; mais l'équipage me re-
tint ^ disant qu'il serait prématuré de combattre parce que ces
gens étaient des amis et que tout finirait bien. En conséquence
je m'assis à la poupe, et j'attendis en patience le moment dé-
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150 AFRIQUE. H-* 205^S
cisif. Le nombre des sauvages augmentait rapidement, et le
tmnulte devenait de plus en plus fort ; nous reçûmes sans y
répondre les injures et lea violences. Les habitants de Bambiré
brandissaient leurs lances comme prêts à nous les envoyer ;
ils bandaient leurs arcs sur nous^ et nous fixaient alternative-
ment avec des regards furieux ; les yeux leur sortaient pres-
que de la tête. Ces gens pacifiques en apparence étaient méta-
morphosés en véritables furies. Dans aucune scène de la vie
civilisée ou de la vie sauvage, je n'avais jamais vu la rage folle
et la fureur cruelle peintes aussi complètement sur des figures
humaines. Ces passions conduisirent les habitants- de Bambiré
aux dernières limites de l'absurde. Ils frappaient sur le sol et
sur le bateau, ils piétinaient la bouche écumanie, grinçant des
dents et fouettant l'air avec leurs lances, mais sans en venir à
l'effusion du sang. Leur chef, Ghekka, empêcha qu'on fît usage
des armes ; je suppose qu'il les réservait pour un moment plus
opportun où il aurait fallu produire une nouvelle excitation.
Pendant la scène que je décris nos interprètes ne s'épargnaient
pas ; sans montrer ni servilité ni bassesse, ils faisaient appel à
toutes les facultés de persuasion dont les avait dotés la na-
ture, ou la peur. En vérité j'é(ais saisi d'admiration devant
leur calme apparent et la manière virile dont ils expliquaient
le but de notre voyage sur le Niyanza. Ce calme n'écïiappa pas
aux sauvages eux-mêmes, et ils le commentaient entre eux
avec surprise; L'attitude tranquille de l'équipage apaisa tout
d'abord l'impétuosité et les vociférations, qui ne tardèrent pas
à recommencer accompagnées des gestes les pluç provoquants
et les plus belliqueux. Trois heures durant, je restai assis à la
poupe du bateau, observant tous ces préliminaires d'une tra-
gédie qui, j'en étais persuadé, allait commencer. Je n'ouvrais
la bouche que pour donner de temps en temps un conseil aux
interprètes ; en apparence je pouvais passer pour un spectateur
désintéressé. Il n'en était point ainsi cependant; mais je voulais
en imposer aux sauvages, et je m'occupais activement de com-
biner un plan de résistance et de trouver les moyens de fuir.
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L£S BÉSJgRyOIRS DU MIL. IM
Nous étions &k leur pouvoir; nous n'avions plus ({u'à nous tenir
traïupiilles jusqu'au premier acte de violence^ et, en attendant,
à essayer d'acheter la paix ou au moins' de reculer l'heure An
combat. Cooformément à ces idées, les interprètes reçurent
l'ordre d'offrir des étoffes et des verroteries au chef Chekka
qai, à en juger par le respect et l'obéissance absolue qu'on
lui témoignait, paraissait exercer une autorité despotique sur
tous les assaillants. Chekka demanda quatre pièces d'étoile et
dix colliers de grosse verroterie comme prix de la faculté de
partir en paix. On les lui donna ; mais à peine les eut-il reçus,
qu'il ordonna dé s'emparer de nos aVirons ; Tordre fut exécuté
avant que nous eussions compris de quoi il s'agissait. C'était la
deuxième fois que Chekka agissait en traître rusé, et un rire
moqueur prolongé montra combien ses sujets appréciaient son
esprit.
« En possession de nos avirons, Chekka et ses gens s'en allè-
rent tranquillement dîner au village, et y discuter quelles autres
mesures on devrait prendre contre les étrangers. Une femme
s'approcha de nous, et nous, dit de manger du miel avec Chekka.
Elle ajouta que c'était le seul moyen que nous avions de sauver
nos vies, parce que son peuple et lui avaient résolu de nous
tuer et de s'emparer de toutes nos richesses. J'envoyai au roi
le quartier-maître porteur de paroles fraternelles ; le roi lui dit
de ne rien craindre, qu'on ne voulait nous faire aucun mal, et
qu'à viendrait le lendemain manger le miel avec moi pour ci-
menter ainsi une fraternité sûre et durable. Le quartier-maître
revint triomphant, et communiqua de suite son assurance à
l'équipage. Mais je combattis cette confiance exagérée dans un
peuple rusé et traître, et je dis aux hommes de ne compter
que sur leur propre intelligence et de ne pas s'éloigner du ba-
teau parce que la première chose que Chekka allait faire, était
de s'emparer des fusils de la même manière qu'il s'était em-
paré des avirons. L'équipage comprit la justesse de ces conseils,
et je n'ai pas à lui reprocher de ne m'avoir pas écouté.
« A;trois heures de l'après-midi les indigènes commencè-
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152 AFRIQUE. N- 205-348
rent à s'assembler sur le sommet d*une colline basse à une
centaine de mètres du bateau ; en même temps nous enten-
dîmes les tambours battre Fappel au combat. Dans l'espace
d'une demi-heure cinq cents guerriers, à peu près, furent
réunis autour de Ghekka, qui, assis à terre, les haranguait. Lors-
qu'il eut fini, une cinquantaine de guerriers se précipitèrent
vers nous, prirent notre tambour et nous dirent avec bonté de
préparer nos fusils pour la bataille, parce qu'on allait venir
nous couper la gorge. Dès que je vis ces cinquante sauvages
revenus, avec le tambour, à leur poste autour de Chekka, je
criai à mes hommes de lancer le bateau à l'eau. D'un eflbrl
désespéré l'équipage, composé de onze hommes, le souleva et le
poussa loin dans le lac ; l'impulsion fut telle qu'elle les en-
traîna tous .dans l'eau profonde. Au même moment les sau-
vages poussèrent le hurlement du désappointement et de la
rage déçue et se précipitèrent comme un tourbillon du côté de
leurs canots. Je déchargeai au milieu d'eux les deux balles
coniques de ma carabine de chasse à l'éléphant ; puis, aidant
un de mes hommes à monter dans le bateau, je lui dis de
rendre le même service à ses camarades, tandis que je conti-
nuerais à me battre. Je fis feu d'abord de mon fusil à deux
coups chargé de chevrotines qui produisirent des effets ter-
ribles; car, sans bander un seul arc ni envoyer une seule lance,
l'ennemi se retira sur la pente de la colline, nous laissant
libres d'exercer notre sagacité pour sortir de l'anse avant ^u'il
se fût décidé à faire usage de ses canots. Mon équipage, com-
posé d'hommes d'élite, justifia bien, dans la terrible extrémité
où nous étions, le choix que j'avais fait d'eux. Quoique privés de
leurs avirons, ils trouvèrent vite moyen de les remplacer.
Aussitôt embarqués, ils arrachèrent les bancs et les planches
d,*appui avec lesquels ils se mirent à pagayer, tandis qu'armé
de mes carabines et libre de mes mouvements, je choisissais
comme points de mire les chefs et les hommes les plus auda-
cieux parmi mes ennemis. Deux fois de suite, je réussis à faire
tomber des hommes eu train de mettre à l'eau des canots, et
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LES RÉSERVOIRS DU NIL. 155
reconnaissant le chef subalterne des hommes qui m'avaient
pris mon tambour, je le visai avec ma carabine de chasse à
réléphant. Cette balle-là, on me l'a raconté depuis, tua le chef
et deux hommes qui se tenaient à quelques pas derrière lui ;
je me figure que ce résultat surprenant eut plus d'effet sur
l'esprit superstitieux des indigènes que tous les coups précé-
dents et ceux qui suivirent. Pendant que nous sortions de
l'anse nous vîmes deux canots chargés de monde partir d'un
petit îlot. Je les laissai approcher à une centaine de mètres, et
je me servis de ma carabine à éléphants chargée de balles ex-
plosives. Quatre coups de feu suffirent pour tuer cinq hommes
et pour couler à fond les canots. Celte affaire décisive décou-
ragea Fennemi, qui nous laissa continuer notre route sans
autres molestalions. Mais' une voix stridente fit retentir à nos
oreilles ce cri : <( Allez ! et mourez dans le Niyanza ! » Lorsque
les sauvages comptèrent leurs pertes, ils trouvèrent quatorze
hommes morts ou blessés par les balles et les chevrotines ;
c'était, selon moi, payer trop cher le vol de huit rames en
frêne et d'un tambour ; mais tout compte fait, ce n'était qu'une
faible expiation du massacre général qu'ils avaient résolu, n
Livrée désormais au souffle des vents, la Lady Alice vo-
gua au sud-est. Après Al kilomètres, le vent du nord-ouest
fraîchit et la marche du bateau s'accéléra, si bien que, au cou-
cher du soleil, il était à 22 kilomètres nord-est de l'île
Sosoua ou Gosoua. Mais le vent devint rafale, et on ne fut plus
maître du bateau ; malgré les efforts désespérés de l'équipage,
la Lady Alice dépassa l'île de Sosoua. Il fallut se résigner à sti-
Jbir la tempête sur le lac, avec les crocodiles sous les pieds, des
écueils et des îles inconnus devant soi, et à côté de soi des po-
pulations inhospitalières. Le bateau ne portait pas de vivres,
aussi pendant quarante-huit heures on se soutint avec du café
moulu. Enfin la tempête ayant cessé, une légère brise de l'ouejst
permit d'aborder, à l'est de Sosoua, dans une île de 4 kilo-
mètres de circonférence, que M. Stanley nomma l'île du Refuge.
A sa grande joie, il y trouva des bananes vertes en quantité,
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154 AFRIQUE. N» 205^»
ainsi qu'un petit fruit mûr, semblable aux cerises pourla fonne
et aux dattes pour le goût. Il abattit aussi quelques paires de
grands canards. L'île du Refuge était autrefois habitée et cul<
tivée, mais il a'y restait plus que les plantes vivaces naguère
cultivées par les habitants.
DeTUe du Refuge, M. Stanley fit voile vers Tile de Singo. Se
croyant assez près de TOusoukouma pour essayer de visiter File
d'Ito, à 1800 mètres sud de Singo, et dont les pen-
tes couvertes du frais feuillage des bananiers invitaient les voya-
geurs; mais des volées de pierres lancées avec des frondes aver-
tirent qu'on n'était pas encore en pays ami. Les derniers temps
pluvieux avaient détrempé les cartouches ; on remit donc à la
voile pour une plage plus hospitalière.
Deux jours après, la Lady Alice contournait la pointe sud-
ouest de la presqu'île de Wiro d'Oukerêwé, et elle glissait dans
les eaux grises du golfe de Speke, ayant en vue, à 40 kilo-
mètres , la ligne des côtes d'Ousoukouma. Le vent con-
traire força de relâcher dans une petite Baie sur la presqu'île
de Wiro, où on put acheter des provisions : viande, patates,
lait, miel, bananes, œufs el volailles. À minuit, croyant le
' temps changé, on remit à la voile, et on était arrivé presque
au milieu du golfe, lorsque le vent tomba. Après une courte
accalmie, une tempête accompagnée d'une chute de grêlons gros
comme des noisettes se déchaîna sur le lac. Le ciel était d'un
noir d'encre ; des éclairs suivis d'un tonnerre bruyant éclai-
raient seuls la scène. Un vent terrible du nord-nord-est soulevait
les vagues, qui menaçaient d'écraser la L(idy Alice. M. Stanley
crut que la malédiction des habitants de Rambiré allait se réa-
liser ! Lorsque parut le jour, on était à 19 kilomètres dans
le nord de Rwoma et à 57 kilomètres au nord-ouest de
Kadjehyi. La tempête s'était un peu apaisée, et la Lady
Alice, glissant sur les hautes vagues, le long des côtes d'Ou-
soukouma, cingla droit sur le camp, où elle arriva cinquante-
sept jours après son départ.
De graves complications avaient failli compromettre l'exis-
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LES RESERVOIRS DU NIL. 155
tence même d« camp de K^4Jehyi pendant Tabsence du chef
de l'expédition. D'abord, par deux fois, le bruit d'un désastre
qui mettait fin à rexpédition avait été apporté au camp. Puis
les princes Yoisins : Kapindjiri de Loutari, Kourréré de Kayenzi
et celui d'Igousa, avaient ourdi une conspiration pour surprendre
le camp et s'emparer des richesses qu'il renfermait. Non-seule-
ment Kadouma, prince de Kadjehyi, refusa d'entrer dans le
complot, mais il le révéla et les hommes purent prendre, à
temps, les mesures de défense. Cette menaçante coalition fut dis-
soute par lamortdu chef d'Igousa. Cependant la dyssenterie et la
fièvre intermittente avaient fait apparition dans le camp, et dix
Africains, ainsi queFrédéric Barker, avaient succombé. Fatigués
d'une longue attente, découragés par les sinistres rumeurs qui
leur parvenaient, et inquiets de l'avenir, les scddats et les por-
teurs de H. Stanley avaient décidé que si leur chef ne reve-
nait pas dans un délai de quinze jours, ils partiraient tous
pour rOunyanyembé. Le délai devait expirer le lendemain du
jour où ils revirent M. Stanley. — Une politique sage conseillait
de faire séjour à Kadjehyi, et la nécessité y forçait puisque la
flotte de Hagassa, sur laquelle on aurait pu embarquer tous les
honuHes et tous les bagages, était restée en arrière depuis le
jour où elle avait rallié à l'île de Housira. Dix jours se passè-
rent en yaine attente; les préparatifs étaient achevés et on al-
lait se mettre en route pour l'Ouganda, en suivant par terre le
rivage ouest du lac, lorsqu'un ambassadeur de Rwoma, roi du
Hiveri (Ouzinza méridional), vint apporter le message suivant
de son maitre : a Salut au blanc ! Rwoma ne désire aucun
de ses cadeaux ; il veut qu'il ne passe pas chez lui, pas plus
qa'aucun autre homme blanc, à longs cheveux rouges et à
grands yeux rouges. Rwomo n'a pas peur du blanc ; si malgré
cet avis il vient, Rwoma et Mirambo réunis le combattront. »
Or, l'amiral Hagassa n'arrivant pas, et le royaume de Rwoma
étant le premier pays à traverser sur la seule route qui parût
ouverte, le voyage d'0ugan4a n'était plus possible. Rwoma dis-
posait de cent cinquante mousquets et de milliers de soldats
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156 AFRIQUE. N-* 205-318
armés de lances ; Mirambo était à une marche de l'Ourima et à
trois marches du camp ; il eût donc été impossible de forcer le
passage par terre sans s'exposer à perdre des vies précieuses.
Avant d'abandonner le projet d'explorer le Loûta Nzîdjé ou
lac Albert et le pays si- intéressant qui sépare ce lac du Tan-
ganjika, M. Stanley recueillit des renseignements sur les forces
navales des chefs riterains du Niyanza. Il apprit ainsi que
Loukondjé, roi d'Oukérêwé, était le seul de ces chefs qui pût
l'aider utilement. Mais l'inquiétude s'ajoutant tiux effets du
séjour prolongé sur le Niyanza, le voyageur tomba gravement
malade. Au lieu d'aller en personne trouver le roi Loukondjé,
il lai dépécha Henri Pocock> et le prince Kadouma chargés de
demander les quarante bateaux, faute desquels il ne pouvait
transport» l'expédition en Ouganda. Douze jours après, Pocodc
rentrait à Kadjehyi, amenant cinquante canots, montés par
trois cents Wakérêwé ou M'kérêwé* que commandait le ffère
même du roi Loukondjé. Le prince avait mission de transporter
toute l'expédition, d'abord en Oukérêwé, mais M. Stanley ue
voulant pas mettre tous ses moyens d'action* au pouvoir d'un
chef inconnu, partit pour aller négocier avec Loukondjé. En deux
journées de navigation il arriva à la capitale de l'Ookérêw^.
Le roi Loukondjé, jeune homme de couleur claire et de ma-
nières affables, était là, \êtù de robes de soie rouge et jaune et
de satin, prêt à recevoir le voyageur. Il se montra bien disposé,
et, après lui avoir exprimé les craintes que lui inspirait le mau-
vais état de sa flotte, il promit tous les canots que désirait
M. Stanley, le priant d'accepter son hospitalité pour quelques
jours. Loukondjé se montra fort hospitalier pendant quinze
jours, au bout desquels il communiqua lui-même à M. Stanley
ses instructions secrètes. Cinquante canots iraient en Ousou-
kouma avec M. Stanley ; mais le roi n'était pas tout à fait sûr
que les équipages de cinquante canots obéissent à cet ordre
parce qu'ils avaient entendu parier du voyage d'Ouganda, pays
que personne en Oukérêwé ne voulait visiter. 11 fallait donc
1. H'kérêwéf oa Wakérêwé : habitanU de l'Oukéréwé. '
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LES RËSERTOIRS DU »IL. 15?
déployer beaucoup de diplomatie. Il avait répandu le bruit
qu'il avait décidé H. Stanley à se fixer dans le pays. A l'arrivée
en Ousoukouma, dès que les bateaux seraient mis à sec, ilcon-
seillait à M. Stanley de s'en emparer, ainsi que des avirons, el
d'expliquer seulement alors son projet aux Wakérêwé. Pour
prêter dans cette circonstance à M. Stanley une part de son au-
torité, il fit partir avec lui son premier ministre et deux de se»
favoris.
Pendant sa courte visite à Loukondjé, il paraît que H. Stan-
ley fit de^ découvertes historiques du plus haut intérêt. 11 ap-
prit à connaître les annales d'Oukérêwé, dans lesquelles il
trouve l'explication de Thistoire de toutes les races nègres qui
peuplent l'intérieur de l'Afrique Orientale, de la Cafrerie, au
sud, à la Nubie, au nord.
Yingt-trois bateaux seulement abordèrent en Ousoukouma
en même temps que M. Stanley. Malgré l'insuffisance de cette
flottille, M. Stanley résolut d'eu tirer le meilleur parti possible,
et écoutant la recomni^ndation de Loukondjé, il fit saisir par
ses hommes les bateaux et les avirons des Wakérêwé. Ceux-ci
déclarèrent aussitôt la guerre à M. Stanley, qui les fit charger
par ses hommes, et refouler hors du camp et loin du rivage,
sans leur causer d'autre mal que quelques contusions. Gela fait,
le voyageur embarqua ses munitions et ses marchandises, et
mit le cap sur l'île du Refuge qu'il atteignit en cinq journées
de navigation. 11 y établit un camp retranché dans une position
fortifiée par la nature, afin de laisser cinquante soldats à l'abri
des entreprises' des habitants du continent, qui est à il kilo-
mètres de l'île, puis il revint à Kadjehyi qumze jours après
son départ.
Le prince de Kadjehyi, Kadouma, avait été un moment sur le
point d'entrer dans la conspiration où son frère Kapindjiri
avait figuré. M. Stanley, instruit par l'expérience, prévoyait
quelque méfait de ce côté-là. Le jour du départ, Kadouma et
Kapindjiri, entourés de forces respectables, se présentèrent
sur la plage. M. Stanley affecta de plaisanter avec eux et leur
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158 AFRIQUE. N- 205-318
fit quelques^ petits cadeaux tandis qu'on achevait d'embarquer
les marchandises, puis au moment où il ne restait plus qu*â
lancer à l'eau h Lady Alice ^ on protégea cette manœuvre par
la menace des fusils. Kadoàma, désappointé de voir lui échap-
per une proie sur laquelle il avait compté» se retira, et Kapind-
jiri, apercevant les fusils, laissa partir le dernier bateau.
En anîvant à Tile du Refuge, il ne restait plus que quinze
bateaux ; les huit autres, dont le bois était pourri, avaient
coulé à fond pendant la traversée. Mais tout le personnel de
M. Stanley était réuni, et l'expédition sauvée. Grâce aux pré-
cautions qui avaient été prises, on avait vécu en paix au camp
pendant Tabsence du chef de l'expédition. Le roi Kidjadjou,
qui possède toutes les îles du lac, la presqu'île d'Oukérêwé et
le pays d'ihandjiro, et son fils, roi d'itawagoumba, sur la terre
ferme, voyant qu'il fallait renoncer à s'emparer de l'île du
Refuge, avaient fait la paix avec l'expédition. lis persistèrent
dans ces heureuses dispositions, vendirent trois canots et four-
nirent même uii pilote pour le reste du voyage sur le lac.
De l'île du Refuge, M. Stanley fit voile vers Tile Mahyiga,
située à 1800 mètres sud de l'île d'Iroba, et à 9 kilomè-
tres sud de la grande île de Bambiré. M. Stanley paraît avoir
un principe, que les voyageurs eft général, et surtout les
voyageurs isolés, ne devront pas chercher à suivre : c'est de
ne jamais laisser au temps ni à d'autres que le voyageur, le
soin de punir ses ennemis. En conséquence, il voulut se venger
ou obtenir une réparation du peuple à longues jambes, qui
habite 111e de Bambiré et qui s'était conduit traîtreusement à
son égard.
Il fit sommer les habitants de Bambiré de lui livrer, «ous
peine de guerre, leur roi et ses deux plus grands chefs, et le
mên^e message fut porté aux gens de l'île d'Iroba. Le roi de
cette île arriva accompagné de trois de ses chefs ; mais le roi
de Bambiré ne répondit que par le mépris. M. Stanley fit alors
savoir aux habitants d'Iroba qu'il leur réclamait la personne du
roi de Bambiré comme rançon de la liberté de leur propre roi.
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LES RÉSERVOIRS DU NIL. 159
Cette ruse réussit; le roi de Bambiré fut bientôt entre les mains
de M. Stanley, qui le fit mettre aux fers, tandis qu'il laissait,
libre et comblait de témoignages de paix et d'amitié le roi
d'Iroba. Une fois maître du roi de Bambiré, M. Stanley adressa
un message à son suzerain, Antari, roi d'Ihandjiro, sur le con-
tinent, le priant de racheter son île de la guerre. Antari en-«
voya au voyageur son fils et deux chefs pour traiter de la paix ;
mais ceux-ci débitèrent de tels mensonges, et leurs physiono-
mies respiraient si bien la traîtrise, .qu'on les mit aux fers,
comme otages, en lieu et place de deux chefs de Bambiré.
Sur ces entrefaites, sept grands' canots appartenant au roi
M'tésa abordèrent à l'île Hahyiga. Leur commandant, Sabadou,
était chargé do conduire en Ousoukouma un négociant arabe
avec ses marchandises. Sabadou apprit à M. Stanley que l'ami-
ral Magassâ était revenu en Ouganda ; et ayant annoncé à M'tésa
la mort de M. Stanley, il avait été enchaîné, puis envoyé à la
recherche de nouvelles positivés du voyageur.
Un incident propice surviYit. Des M'ganda de la flotte allant
à Bambiré, pour y acheter des vivres, furent attaqués par les
insulaires qui leur tuèrent un homme et en blessèrent huit.
M. Stanley saisit cette occasion pour exercer sa vengeance ; il
embarqua deux cent quatre-vingts hommes» dont cinquante
fusiliers, et rama siu* Bambiré, où on s'attendait à des repré-
sailles. Les indigènes allèrent s'emlmsquer dans une plantation
de bananiers située près d'un petit port à la pointe de Tîle. Un
simulacre de débarquement fit débusquer l'ennemi, dans la
direction duquel oh rama doucement pour lui donner le temps
d'arriver à une centaine de mètres de la plage. A ce moment,
des bateaux placés en ligne, le bord tourné vers la terre, par-
tit une volée dirigée contre un groupe de cinquante individus,
dont un grand nombre tombèrent morts ou blessés. Les sau-
vages, dispersés alors en tirailleurs, commencèrent à répondre
à coups de fronde ; mais les bateaux s'approchaùt à cinquante
mètres du rivage, recommencèrent le feu avec un succès si
complet, qu'en une heure Fennemi, vaincu, était en fuite. Un
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160 ' AFRIQUE* N« 205-518
retour offensif à coups de lances contre les bateaux, gui avaient
continué à s'approcher, fut accueilli par une nouvelle décharge,
qui acheva la déroute. H. Stanley jugeant le châtiment suffi-
sant, refusa à ses hommes de débarquer pour compléter le car-
nage. L'ennemi laissait quarante-deux morts sur le terrain, et
iine centaine des siens se retirèrent blessés. Du côté de l'expé-
dition il n'y eut que quelques meurtrissures causées par les.
pierres des frondes.
Revenu à l'île de Hahyiga, M. Stanley trouva d'autres ba-
teaux, arrivés d'Ouganda. [1 put donc continuer son voyage
avec trepte-deux bateaux. En longeant la côte de Bambiré, il
constata l'effet de son châtiment. Car un seul coup de carabine
mit en fuite des centaines d'habitants ; d'autres accouraient sur
le rivage et priaient M. Stanley de ne pas débarquer. Le len-
demain, il campait sur la terre ferme près du village du roi
Kattawa, qui le reçut magnifiquement : ayant eu plusieurs de
ses sujets tués par les habitants de Bambiré, il se trouvait
vengé par la victoire de M. Stanley.
Cette victoire, dont la nouvelle s'était répandue, fut d'autre
part fajrorable à. l'expédition, qui trouva sur sa route des dis-
positions moins hostiles.
Après un voyage de près de 600 kilomètres, à partir de
rOusoukouma, et pendant lequel une balle de cotonnades avait
suffi pour subvenir aux dépenses de l'entretien de tout son
monde, M. Stanley arriva au port de Doumo, dans le mois
d'août 1875. Ce port, situé dans la partie sud-ouest de l'Ou-
ganda, est à deux marches au nord de l'embouchure du Kad-
jera,et àdeux marches au sud de celle du Katonga. H. Stanley
avait espéré pouvoir commencer à Doumo un voyage au Loûta-
Nzîdjéou lac Albert; mais les Wasagora, les Waroiianda et les
Wasangora, peuplades fortes et belliqueuses du pays situé en-
tre les deux lacs, étaient continuellement en guerre avec H'iésa.
H. Stanley demanda conseil à ce souverain, qui lui promit de
l'aider dans la réalisation de son projet, et lui' donna effective-
ment deux mille hommes d'élite, armés de lances, et comman-
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AFRIQUE ÉQUATORIALE. 161
dés par le gcnéral Sambouzi, pour traverser le pays ennemi du
roi Kaba Rega. Ce pays est l'Oanyoro, le noyau de lancien
royaume de Kitfara. Kaba Rega avait été placé par M'iésa
lui-même sur le trône de Kamrasi, le roi qui, en 1862, ac-
cueillait avec bonté les capitaines Speke et Grant. Depuis Tavé-
nement de Kaba Rega de graves événements avaient complè-
tement changé les dispositions favorables des habitants de
rOunyoro ; les troupes égyptiennes, commandées par Sir Sa-
muel Baker Pacha, s'étant posées en ennemies, rOunyoro étuit
fermé aux Européens comme aux Égyptiens. D autres dangers
étaient aussi à craindre du côté de TAnkori, qui fait suite à
rOunyoro du côté du sud, et dont les habitants, extrêmement
hostiles aux étrangers, avaient eu plus d'une fois maille à partir
avec H*tésa. Cinquante mille hommes ou soixante mille hom-
mesy selon M. Stanley, étaient nécessaires pour arriver au Loûta
Nzîdjé ; M'tésa^ au contraire, pensait que deux mille hom*
mes suffiraient, qu'on pourrait compter sur le concours de son
obligé le roi Kaba Réga.
L'expédition se mit en marche à l'ouest et au nord-ouest à
travers les pâturages de l'Ouganda, où le gibier est si abondant
que le chef de l'expédition tua, pour sa part, vingt-sept Antilope
Caama Cuv. En arrivant sur la frontière d'Ounyoro, le 5 jan-
vier 1876, on fit des préparatifs guerriers, et les habitants, ef-
frayés par Tapparition d'une armée aussi considérable, fuyaient
en abandonnant dans leurs cabanes les provisions, qui étaient
immédiatement utilisées. Le 9 janvier on campa, à une hauteur
de 1676 mètres, au pied de l'énorme massif du Kabougo, que
personne ne connaissait encore et qui restera désormais l'un
des traits saillants de la carte d'Afrique.
A l'est de la crête basse sur laquelle on avait planté les ten-
tes, leKatonga serpente du nord à l'est, courant versleNiyanza;
à l'ouest, la rivière Rousango, semée de nombreuses cataractes
et de rapides, se précipite avec un bruit de tonnerre du côté du
Loûta Nzidjé. De l'un des contre-forts du Kabouga, H. Stanley
contempla la vue magnifique du géant de ces montagnes, le
L'iHVÉE 6É06R. XV. 11^ ,
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168 AFRIQUE. N- 205-3i8
mont Gambaragara^ qui atteint une altitude de 3900 à 4600
mètres. La neige recouvre souvent son sommet, bien qu'elle n'y
soit pas persistante. Divers indices font penser que le Gamba-
ragara est un volcan éteint ; on trouve au sommet un lac,
long de 450 mètres, rempli d'une eau transparente comme
le cristal, qui pourrait bien être le cratère de Tancien
volcan, et au milieu duquel se dresse, comme une colonne, un
très-haut rocher ; tout le tour du sommet règne une muraille de
pierres à Tintérieur de laquelle sont bâtis plusieurs villages.
Les habitants n'en sont pas moins intéressants que la monta-
gne elle-même ; ils appartiennent à une race spéciale d'hom-
mes, au teint blanc comme les Européens, et ils remplissent les
fonctions de sorciers auprès des rois d*Ounyoro.
Lorsqu'on 1872, explorant lé lac Tangafiyika, Livingstone
et Stanley avaient entendu parler d'un peuple de blancs qui
habitait au nord de l'Ouzi^jé, ils avaient souri : l'exactitude de
cette assertion se trouvait maintenafit vérifiée. « C'est une belle
race, dit le voyageur, et quelques-unes de leurs femmes sont
réellement très-jolies. lis ont des cheveux crépus de couleur
brunâtre. Leurs traits sont réguliers, leurs lèvres minces; le
nez, quoique bien conformé, est cependant un peu épais à la
pointe. — N'était le caractère négroïde des cheveux, on les pren-
drait pour des Européens ou pour des Syriens. » Déjà aupara-
vant, à la cour de M'tésa, M. Stanley avait rencontré le prince
Namiondjou, frère de Nyika, roi du Gambaragara, et à première
vue il avait pris cet homme pour un Arabe du Caire. Un des
capitaines du général Sambouzi avait dans sa compagnie deux
hommes de la même race. Ceux-ci se montrèrent très-réservés,
renfermés même, et H. Stanley ne put tirer d'eux aucun ren-
seignement. Des représentants de cette race étrange se ren-
contrent disséminés par tout l'Ounyoro, l'Ankori et le Rouanda.
La famille royale de ce dernier pays en particulier se distin-
guerait par un teint clair, et la reine des îles Sosoua sur le
Niyanza descend aussi de la tribu du mont Gambaragara.
Comme presque tous les autres peuples de l'Afrique équato«
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AFKIQtJB ËQUATORIALE. 163
riale, ce peuple blanc a pour principale occupation Télevage
des bœufs, et le fond de son alimentation se compose de lait et
de bananes. Aussi les seuls individus de Tarmée de Sambouzi
qui menassent en campagne plus de deux vaches laitières,
étaient précisément les deux hommes pâles dont nous avons
parlé. H. Stanley a vainement cherché à savoir d'où étaient
venus les blancs du mont Gambaragara. La tradition se borne à
indiquer que le premier roi d'Ounyoro leur concéda les terres
qui entourent le Gambaragara, et qu'ils ont continué à y ré-
sider pendant des siècles. L'approche d'une armée envahis-
sante leur fit chercher une retraite sur le sommet de la mon-
tagne, où l'intensité du froid est leur meilleure défense contre
les ennemis les plus déterminés. Dans l'année 1874, le roi
M'tésa envoya contre eux et contre l'Ousongoro son premier
ministre avec une armée de cent mille hommes. Ce général oc-
cupa bien les pentes du Gambaragara, et essaya de faire grim-
per ses troupes jusqu'au repaire des sorciers blancs, mais elles
furent forcées, par le froid, de renoncer à cette poursuite.
Voilà une découverte bien faite pour justifier le renom de
continent des merveilles, dont l'Afrique jouit depuis l'époque
romaine. Ce n'est pas la seule d'ailleurs que M. Stanley men*
tionne en parlant des populations de ces contrées : on lui avait
signalé dans l'Ousoukouma un peuple vivant dans le nord et
possédant de très-grands chiens qu'il conduisait en guerre et
dont il avait su se faire des auxiliaires. Par la suite, il vérifia
le fait chez les Wakedi, et il apprit qu'on avait vu les Wakedi
porter des armures en fer dans leurs guerres contre l'Ouganda*
H. Stanley continua sa marche dans la direction du sud en
longeant le Rousango qui va serpentant, et sautant de rapide
en cataracte. Il traversa le pays désert d'Ankori et retomba
ensuite en Ounyoro, dans le Kitagwenda, district bien peuplé
et cultivé. A l'apparition de l'armée qui s'avançait musique
en tête, la panique se répandit et tous les cultivateurs s'enfui-
rent de leurs champs et de leurs habitations, abandonnant
tout, même le repas sur le feu; Le 9 janvier, on n'était plus
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164 AFRIQUE, N- 205-318
qu'à 6 kilomètres du Loûta Nzîdjé. Le général Sambouzi
envoya en éclaireurs deux cents hommes chargés de capturer
quelques indigènes pour entrer en communications avec les
habitants et le chef du Kitagwenda, les assurer des disposi-
tions pacifiques de M. Stanley, et demander la permission de
séjourner pendant deux mois dans le pays. Bien que le chei'
du Kitagwenda résidât sur une montagne près du camp, il ne
daigna pas répondre. On se transporta alors à deux kilomètres
des bords du plateau, sous lequel, trois cents mètres plus bas,
commence le lac, et on campa sur le territoire d*Ounyampaka
par 0<^25' de latitude septentrionale et 29°4' de longitude
orientale de Paris, à 28 iîlomètres en ligne droite à Test du
promontoire d'Ousongora. Aucune réponse n'arrivant, M. Stan-
ley envoya cinquante de ses hommes et cinq cents M Uganda
choisir un emplacement convenable pour un poste fortifié, . et
réquisitionner tous les canots disponibles sur la côte. L'alarme
était répandue partout, les riverains croyaient avoir affaire à des
ennemis et le détachement ne put trouver que cinq petits
canots. M. Stanley essaya de décider le général Sambouzi à des-
cendre au bord du lac pour s'y établir solidement et lancer le
« Lady Alice », mais, par bonheur, ce fut en vain ; car les habi-
tants ayant recouvré leurs esprits et, renforcés par les contin-
gents des districts voisins, ils préparaient une attaque. Le géné-
ral Sambouzi ne voulant ni aller plus loin, ni rester plus long-
temps, M. Stanley se résigna à revenir sur ses pas, pour
essayer ensuite d'explorer le Loûta Nzîdjé par une autre direc-
tion. L'ennemi inquiéta plusieurs fois la retraite, mais le
18 janvier l'expédition rentrait en Ouganda au village de
Kawanga.
Ce court voyage au Loûta Nzîdjé, H. Stanley, bon juge en
pareille matière, le considère comme l'entreprise la plus au-
dacieuse qu'il ait jamais tentée. Quelque court qu'il ait été, il
aura produit des résultats géographiques précieux. Outre la
connaissance du pays entre le Niyanza et le Loûta Nzîdjé,
avec ses hautes montagnes et ses rivières, nous lui devons
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AFRIQUE ÉQUATORÏALE. 165
ensuite un progrès notable dans le tracé du rivage est du
Loûta Nzîdjé au sud de Vakovia, où s'était arrêté sir Samuel
Baker. Le littoral du lac, courant là dans la direction sud-sud-
ouest, décrit un vaste golfe, que bordent les pays d'Irangara,
d'Ounyampaka, de Bouhoudjou et de Mpororo, et auquel le
voyageur a donné le nom de golfe de Béatrice ^ Il est formé par
le promontoire d'Ousongora, qui commence à 18 kilomètres
nord d'Ounyampaka, et s'avance jusqu'à 56 kilomètres dans
le sud-ouest. Le golfe de Béatrice, entre les cotes du Mpororo
et de rOusongora, renferme des îles, formant l'État maritime
d'Outombi. A Touest de l'Ousongora, sur le rivage ouest du
lac est le pays d'Oukondjou, peuplé par des anthropophages.
Au nord de l'Oukondjou , on tombe dans le grand pays
d'Oulegga. Sur le rivage oriental, M. Stanley nous ap-
prend que le pays de Rouanda s'étend du Mpororo, à l'est, à
rOukondjou, à l'ouest, et qu'il englobe tous les rivages du sud
et du sud-est du lac. Au nord-est de l'Ounyampaka on trouve
le pays d'Irangara, borné à son tour du côté du nord par le
canton de Toro. Toute la côte orientale à partir des ^cataractes
de Murchison, sur le Nil de Victoria jusqu'au Mpororo, appar-
tient au royaume d'Ounyoro, car TOnnyampaka, le Toro, le
Bouboudjou et l'Irangara sont des provinces de ce royaume.
Le grand promontoire d'Ousongora qui enferme à moitié le
golfe de Béatrice est soumis à Kaba Réga, bien que ce soit
Nyika, roi du Gambaragara, qui le gouverne directement.
Une .richesse minérale d'une valeur incalculable appelle l'at-
tention sur l'Ousongora ; ce pays fournit tout le sel qui se con-
somme dans un rayon fort étendu. On y trouve un lac salé de
dimension considérable, plusieurs collines de sel gemme, et
une grande plaine entièrement incrustée de sel et d'alcali. On
parle aussi d'une montagne qui vomit des flammes et des
pierres. La population elle-même offre des côtés encore plus
extraordinaires : à en croire leurs voisins, il y aurait chez les
1. Du nom de ]a princesse Béatrice, le dernier-né des cnrants de la reine
d'Angleterre.
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166 AFRIQUE. N- 205-318
Wasongora une race à jambes si longues qu'ils ne peuvent
les contempler sans un étonnement mêlé de crainte. GoiQine
les habitants de FÂnkori^ les Wasongora ne tiennent qu*au lait,
base de leur nourriture, et aux peaux de chèvre avec lesr
quelles ils se vêtent. Très-soucieux de conserver* la pureté
de leur sang, ils ne permettent pas les mariages avec des
étrangers. lis n'ont d'autre occupation que de mener paître
leurs vaches, dont ils possèdent des quantités. Leur courage
froid déconcerta les M'ganda, lorsqu'ils voulurent envahir
rOusongora pour enlever des vaches. Le roi d'Ouganda avait
envoyé cent mille hommes dans ce but, mais malgré l'avantage
du nombre, et leur adresse bien connue dans le maniement de
l'arc et du bouclier, les M'ganda durent se retirer avec vingt
mille vaches payées par un sacrifice tel de vies humaines,
qu'ils ne recommenceront sans doute pas une pareille entre-
prise.
Avant de se séparer de M. Stanley, le général Sambouzi vou-
lut s'approprier quelques charges de verroterie, mais sur une
plainte de l'explorateur, le roi H'tésa fit dépouiller d'abord
son général de tous ses bestiaux, de toutes ses femmes, de
tous ses enfants et esclaves ; on enchaîna ensuite Sambouzi et
on le traîna devant le roi. Cet acte de sévérité ne fut pas la
seule réparation accordée à M. Stanley, H'tésa lui promit de
lui donner quatre-vingt-dix mille hommes pour retourner au
Loûta Nzîdjé. Ne voulant plus se fier aux M'ganda, et malgré
son regret de manquer une occasion qui pouvait être bonne,
M. Stanley refusa ces offres, abandonna son premier projet
d'explorer le Loûta Nzîdjé par le côté est, et se mit en marche
au sud vers le Karagwé. Chemin faisant, il apprit des indigènes
que derrière le Hpororo, près du Loûta Nzîdjé était un pays,
l'Outoumbi, où on le recevrait en ami. Hais le bonRoumanika,
roi de Karagv^é, l'avertit que les habitants du Hpororo ne lais-
saient pénétrer personne chez eux ; il informa de plus son hôte,
que par la route du pays d'Ouzidjé, entre le Loûta Nzîdjé et
le Tanganyika, on rencontre les Warandi ou habitants de l'Ou-
APRIQUE ÉQUATORIALE. i67
rontidi» pires eneore que les Warouanda. Un vieillard fixé
depuis douze ans en Karagwé appuya et précisa encore le dire
du Toi; il était dès lors évident qu'on ne pourrait pas explorer
le Loôta Nzîdjé par uae route partant de Test.
Le Karagwé proprement dit offrait un beau champ d'explo-
rations, car nous n'en connaissions encore que la ligne suivie
par Speke et Grant qui traversèrent le pays du sud au nord.
Roumanîka, fidèle à ses traditions de bienveillance envers les
voyageurs européens, non-seulement accorda à H. Stanley
l'autorisation de parcourir et d'étudier le Karagwé jusqu'au
Hpororo, au nord, et à l'Ougoufou, au sud, sur une étendue
d'à peu près 150 kilomètres, mais encore il voulut fournir lui-
même les bateaux nécessaires, et subvenir à l'entretien de
toute sa troupe. Sa bonté naturelle lui dicta ainsi la conduite
qu'aur^t suggérée la politique la plus clairvoyante de l'avenir.
La « Lady Alice » fut immédiatement remontée sur les
bords du lac Windermere, situé à l'ouest de la capitale du
Karagwé, et M. Stanley compléta l'exploration de ce lac,
découvert par le capitaine Speke ^. Le lac a une profondeur de
12 mètres ; alimenté par le Kadjera, il constitue un des réser-
voirs de cette rivière qui, passant près delà ville de Kitangoulé,
en avait reçu le nom avant le voyage de M. Stanley. Sur la
carte du capitaine Speke, le Kadjera est formé par la réunion
de deux cours d'eau, le Loutchouro et l'Indjezi ; ce nom de
Loutchouro — nous apprend M. Stanley, — n'est qu'une
mauvaise orthographe du mol loukaro, qui, dans la langue du
pays, signifie « en amont », et la rivière ainsi désignée est le
vrai Kadjera, appelé Indjezi plus près de sa source.
En arrivant à l'embouchure du Kadjera, M. Stanley avait été
frappé par la profondeur et le volume d'eau de cette rivière
qui, à 50 kilomètres de son embouchure, à Kitangoulé, est
large de 100 mètres et profonde de plus de 25 mètres. Ces
1. Le lac Windermere fut ainsi baptisé par Speke, à cause de sa ressemblance
avec le lac du même nom, situé aux confins du Westmoreiand et du Lancashire,
en Angleterre..
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168 AFRIQUE. N- 203-318
dimensions donnaient à penser que le Kadjera devait être,
sinon la première, du moins la plus forte artère du Niyanza ou
lac Victoria, et pouvait ainsi disputer au Ghimiyou la qualité
de source du Nil ; il y avait donc intérêt à suivre le cours du
Kadjera.
M. Stanley ne s'était pas arrêté à l'opinion des indigènes
que Kadjera était un réservoir du Loûta Nzîdjé; mais, le
Kadjera, charriant un volume d'eau supérieur à celui du drai-
nage de tout le Karagwé et le Rouanda, devait sortir d'un lac
situé entre le Loûta Nzîdjé et le Tangaflyika.
Le réservoir principal du Kadjera ne pouvait pas être le lac
Windermere, car, à son entrée dans ce lac Windermere, par la
pointe sud, la rivière a encore plus de 45 mètres de largeur et
près de 16 mètres de profondeur. M. Stanley la rencontra à
partir de ce point pendant trois jours, et parvint à un autre lac,
long d'à peu près 17 kilomètres et large de 1800 mètres.
Après s'être frayé un passage à l'extrémité sud du lac, on arrive
à une lie, appelée Ounyamoubi, d'où M. Stanley put voir les rela-
tions entre rindjézi et le Kadjera. La rive orientale du lac, sur
le territoire du Karagwé, est à 5600 mètres, et la rive ouest, sur
le teiritoire du Kichakka, est à pareille distance du centre de
l'iie d'Ounyamoubi, ce qui donne à l'indjézi, sur ce point,
une largeur d'au moins 11 kilomètres. Du côté sud, la rivière
s'élargit encore jusqu'à de vastes champs de papyrus, entre-
coupés de larges flaques d'eau. Ces papyrus flottent eux-
niêmes dans une eau profonde de 2*^,60 à 4^,85; en réalité
ils cachent un lac, au milieu duquel la rivière trace un simple
courant. Ce lac n'a pas moins de 148 kilométras de longueur,
sur une largeur variable de 9 à 26 kilomètres.
Redescendant Tludjézi ou Kadjera, jusqu'à 9 kilomètres
d'Ounyamoubi, la « Lady Alice » entra dans un autre lac situé
sur la rive ouest, qui se trouva être long de 24 kilomètres et
large de 15 kilomètres. Son rivage ouest est séparé de la
terre ferme de Karagwé par une dislance de 26 kilomètres,
'dont 15 kilomètres d'eau libre, et le reste couvert de champs
AFRIQUE ÉQUATORIÀLE. 169
de papyrus, flottant en grosses masses ou îles qui vont et
viennent d'une côte à Tautre. En suivant ce lac jusqu'à son
extrémité sud, M. Stanley pénétra entre le Kichakka et le
Rouanda.
c Dans toute sa longueur, dit le voyageur, le Kadjera con-
serve à peu près la même profondeur ; il se déverse à droite et à
gauche, alimentant ainsi, par des canaux dissimulés, ce qu'un
observateur placé à terre appellerait dix-sept lacs séparés ; ce
n'est en réalité qu'un lac unique divisé en plusieurs nappes
d'eau couvertes de champs de papyrus flottants, entre lesquels
de^i(sauaux serpentent d'une nappe d'eau à l'autre. Les babi-
tanls appellent un de ces espaces d'eau libre rwéroUj c'est-à-
dire lac ; ils appellent indjezi les espaces couverts de roseaux
ainsi que les lagunes dont ces deriiiers sont sillonnés. Le lac
Windermere, long de 17 kilomètres et large de 2 à 6 kilomè-
tres, n'est qu'un de ces rwéroti; sa hauteur calculée par
rébuUitîon de l'eau est de 1146 mètres, soit 97 ou 98 mè-
tres de plus que la hauteur du Niyanza de Victoria. De sa
pointe sud, en Ouhimba, à sa pointe nord, il court au nord-est.
Tout son rivage oriental est en Karagwé ; au nord-est il est
bordé par le Kichakka, à l'ouest par le canton de Mouvari en
Rouanda, au nord-ouest par le Hpororo et au nord-est par
l'Ânkcri. A l'endroit où l'Ankori fait face au Karagwé, le lac se
létrécit pour devenir une rivière tumultueuse et bruyante qui,
après avoir formé quantité de tourbillons, se jette sur des ro-
chers et tombe en écume, avec un épouvantable fracas, du
haut d'une paroi de rochers haute de 4 mètres. Ce lieu est
nommé Morongo, c'est-à-dire : les chutes bruyantes. »
Revenu auprès de Roumanîka, M. Stanley obtint l'autorisa-
tion d'aller aux sources thermales de Mlagata, vantées dans
toute cette région pour leurs propriétés curatives. Deux jour-
nées de marche vers le nord amenèrent le voyageur à la gorge
profonde et boisée où sont ces sources, et où croit une variété
surprenante.de plantes, d'herbes, de broussailles et d'arbres.
« Les végétaux s'y étouffent les uns les autres faute d'espace.
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170 AFRIQUE. N<» 205-318
On voit de9 collines de Tégétation dont les plantes du faîte
compriment et fixent celles du bas, et du sein desquelles s^é-
laucent de grands arbres qui portent vers les nues leurs cou-
ronnes de feuillage. »
Au moment de Tarrivée de M. Stanley, de nombreux mala-
des faisaient leur cure. Tous, femmes et hommes étaient con-
fondus ensemble ; on les voyait couchés à moitié endormis
dans les mares d'eau chaude. Les eaux les plus chaudes s'é-
chappent en ruisseaux de la base d*une colline rocheuse.
M. Stanley leur trouva la température de 53^,89 (centi-
grades). Quatre autres sources sortent d*un sol boueui^de
couleur foncée; elles ont une tempéraure de 45^,33, et ce
sont celles dont les indigènes font usage lorsqu'ils viennent
demander leur guérison à Mlagata. H. Slanley ajoute qu'elles
n'ont aucune propriété laxative.
Le 25 mars 1876, M. Stanley était de retour à Kafourro, dé-
pôt des marchands arabes près de la capitale du Karagwé. Il en
repartait, dès le 27, pour aller explorer le rivage est du grand
lac du Kadjera, et compléter ses découvertes. Il ne pouvait
renoncer facilement à découvrir la source du Kadjera, qui
pouvait être en même temps la source du Nil ! Ayant donc fait
des provisions pour dix jours, il arriva en deux marches sur
le rivage est du lac Windermere qu'il suivit, au sud^ sur une
longueur de 67 kilomètres. Du sommet d'un mouvement de
terrain il put voir cette rivière lacustre se prolonger dans le
sud et le sud-ouest. A Oubimba, à six marches de la capitale
du Karagwé, il aperçut la pointe sud du lac et put constater
un changement complet dans la vallée du Kadjera. « Les hau-
teurs montueuses, qui bordent sa rive ouest et qui commençant
dans le Mpororo au sud, continuent au sud-ouest, deviemient
brisées et confuses dans le sud du Kichakka. Une large vallée
les coupe là au nordH)uest, et par cette vallée débouche dans
le Kadjera une autre rivière lacustre, TAkanyarou. Du côté du
«ud-ouest, en amont du confluent de l'Akanyarou, on voit le
cours du Kadjera réduit aux proportions d*une modeste ri-
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AFRIQUE ÉQUATORIALE. 171
vière, telle que le drainage de la partie est de rOuroti>idi et
de la partie est de FOubba peut suffire à ralimenter. » Tandis
que le voyageur portait toute son attention sur rAkanyarou, ses
guides lui assurèrent que cette rivière sortait du Kadjera
pour aller tomber dans le Loûta Nzîdjé; mais il s'assura en
étudiant le poMt de jonction de TAkanyarou et du Kadjera,
que la première est bien au contraire un affluent de l'autre.
Le voyageur n'osa pas s'aventurer au delà du confluent, car
les indigènes du Kichakka, sur la rive est, et ceux de l'Ougou-
fou, sur la rive ouest, sont trop sauvages pour admettre chez
eux un étranger. A Touest de l'Ouganda, du Karagwé et de
rOuwi, M. Stanley retrouve les hommes à longues jambes de
rOuzongora et de File de Bambiré, avec leur aversion mor-
telle pour tout ce qui est étranger. « La seule vue d'un chien
étranger à leur pays suffit, à ce qu'il parait, pour les jeter
dans une folle rage, leur faire brandir .convulsivement leurs
lances et bander leurs arcs. Telle est leur peur de perdre des
bestiaux que, si une vache meurt de maladie, on fouille tout
le pays pour découvrir l'étranger qui a dû ensorceler la bête
et, y trouve-t-on un étranger, sa vie est immédiatement sa-
crifiée par ces êtres sots et bornés. Partout les humains s'é-
tonnent réciproquement par des stupidités telles qu'un amour
excessif pour l'or, les chevaux, les chiens, les chats, les vête-
ments, les oiseaux, etc..., mais l'amour que montrent pour
les bestiaux les Wasongora, les Wanyankori, les Warouanda,
les Wakichakka, les Wagafou, les Wanyambou et les Watousi
est un amour extrême, extravagant, avaricieux. Chez tous ces
peuples, un étranger mourrait faute d'une goutte de lait,
qu'on ne la lui donnerait pas. Si généreux et si amical que
Roumanika se soit montré à mon égard, jamais il ne m'offrit
même une cuillerée de lait pendant mon séjour auprès de
lui, et s'il m'en avait donné un pot ses sujets l'auraient écar-
lelé. » Ce trait si particulier du caractère des peuples qui
vivent à l'ouest du Niyanza tendrait à les rattacher à la famille
Banlou qui comprend, comme on sait, les Zoulou de la Ca-
.„_.., Google
172 AFRIQUE, H- 205-318
frerie aussi bien que les Djagga du Kilima-Ndjâro, chez les-
quels le noyau de chaque village fut un enclos à bœufs.
Ainsi serait encore reculé au nord-ouest le domaine déjà si vaste
de cette race noire, primitivement nomade et pastorale, dont les
envahissements, surtout dans la partie de l'Afrique au sud de
l'équateur, ont anéanti, refoulé, ou assefVvi des groupes
préexistants d'hommes avec des types à part, et dont nous
retrouvons les débris dans les Koïkoïn ou Hottentots, dans
les Soaqwa ou Bosjesmans, et dans les nains Obongo et
Akka.
Voici comment H. Stanley résume la question géographi-
que du bassin de la rivière Kadjéra. « D*une chaîne de mon-
tagnes à 1980 mètres au-dessus de TOcéan, près des sources
thermales de MIagata, je vis les montagnes d'Oufoumbiro ^,
qui ont une hauteur d'à peu près 3657 mètres. Ce massif se
compose de deux cônes en forme de pain de sucre, et d'une
chaîne. Il est situé à 74 kilomètres environ ouest-nord-ouest
de Hlagata, et forme une barrière entre le Mpororo et le
Rouanda. Entre le Rouanda (ou même le Loûta Nzîdjé) et le
Niyanza la direction générale de toutes les chaînes de monta-
gnes et de toutes les vallées principales parait être nord-est et
sud-ouest ; les montagnes y sont plus hautes et les vallées
plus profondes et plus étroites que dans les terres environ-
nantes... Du haut de la montagne de MIagata on distingue, du
côté des cônes d'Oufoumbiro, plusieurs* chaînes élevées que
séparent de lai^ges vallées : premièrement, la chaîne d'Ichango
et de Houvari, à Touest du lac et de la vallée de Kadjera ; à
.ouest de celle-ci on voit quatre chaînes^, dont les deux plus
orientales sont séparées par la vallée de Houvari, et les
deux plus occidentales par la vallée du Rouanda. Ces deux der-
nières paraissent courir, parallèlement, de Test à Touest des
1. Ces montagnes aTaienlété déjà aperçues de loin par le capilaine Speke, qui
estimait leur hauteur à 3048 mètres. Speke écrivait Hfoumbiro.
2. Le texte anglais porte trois.
5 Le texte anglais porte deux.
yGoogk
AFRIQUE ÊQUATORIALE. 173
montagnes d*Oufoumbiro, et renfermer la vallée du Ni Nawa-
rongo ou rivière de Nawarongo qui» naissant dans les monts
d'Oufoumbiro, coule au sud-ouest, entre le Houvari et
)e Rouanda, et se jette dans le lac Akanyarou, long de
56 kilomètres et large de 37. La rivière Akanyarou sort
de ce lac et se jette dans le Kadjéra, entre l'Ougoufou et
le Kichakka. Venant du sud-ouest, le Kadjcra proprement dit
entre aussi dans le lac Akanyarou, mais il en sort au sud
de rOugoufou et décrit ensuite une courbe au nord-est en
passant entre TOugoufou et la partie ouest de TOusoui. »
M. Stanley a complété ses propres observations par les
renseignements des indigènes de l'Oubimba, de TOugoufou,
du Kichakka, de TOuroundi et du Rouanda, mais il n'a pas pu
obtenir d'indications aussi précises sur le pays à Touest de
l'Akanyarou. Il a entendu parler d*un lac qu'on y trouverait,
mais sans pouvoir apprendre d'une manière précise s'il com-
munique avec le Kadjéra, ni quelle serait la nature de cette
communication. Les uns disent que ce lac est une baie de
Loûta Nzîdjé ou Niyanza d'Albert, les autres prétendent que
c'est un lac indépendant.
La famine en Ousoui et l'hostilité déclarée des Waroundt
(habitants de l'Ouroundi) placèrent M. Stanley dans l'impossi-
bilité de poursuivre la découverte de la source du Kadjéra en
remontant cette rivière et de pénétrer plus avant du côté du
Loûta Nzîdjé. Il résolut en conséquence d'y arriver par une au-
tre direction. Passant en revue les chances qui lui restaient
de faire un bon travail sans compromettre tout ce qui lui
restait de santé et de ressources, il se décida à aborder le lac
Loûta Nzîdjé par Vouest, et le 24 avril 1876 il arrivait à Ou-
bagwé dans la partie est de l'Ounyanyembé, à quinze marches
d'Oudjîdji, canton riverain du Tangaîiyikà. Une fois arrivé en
Oudjidji il comptait explorer en bateau le lac Tanganyika.
Bien qu'il connût la découverte du Loukoûga par le lieutenant
Cameron, il tenait à conipléter ses propres relèvements sur
les deux tiers du lac qu'il n'avait pas visités personnellement
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174 AFRIQUE. N- 205-M8
avec le docteur Livingstone. De la pointe nord du Tanganyika,
en Ouzidjé, il mai^cherait droit au nord pour atteindre le Loùta
Nzîdjé. Si cette partie du projet n'était pas réalisable, il voulait
traverser le Tanganyika et, par un long détour, revenir de son
rivage ouest vers le Loûta Nzîdjé. A la fin d'avril M. Stanley
se doutait bien que Texpédition égyptienne, commandée par
S. E. Gordon Pacha, pouvait avoir exploré déjà le Loûta Nzîdjé,
mais il voulait en faire le tour complet en bateau ou chercher
ailleurs d'autres découvertes jusqu'à ce qu'il fût contraint à
revenir faute de ressources. Nous pouvons compter qu'il tien-
dra son engagement jusqu'au bout.
S i. ~ Première reconnaissance d*une grande partie du Loûta Nzl^jé
par H. Romolo Gessi.
Au moment même où M. Stanley écrivait sa dernière lettre,
la question du Loûta Nzîdjé faisait un pas considérable. Du 10
au 21 avril 1876, M. Romolo Gessi, envoyé par Gordon Paclia,
faisait le tour presque complet du lac, sur deux bateaux longs
de 9 mètres, construits en feuilles d'acier épaisses d'un ou
deux millimètres et gréés en cotres (n*»211 et n'« 227 à 228).
Ils étaient montés par dix-huit hommes d'équipage, avec
une escorte de douze soldats. Le 7 mars, H. Gessi partit
du poste égyptien de Douili et remonta le Nil sur 304 kilo^
mètres pour arriver au point où le fleuve sort du lac Loûta
Nzîdjé ou Albert. Dans toute cette partie de son cours, le Nil,
large, profond et facile à naviguer, coule dans un beau et riche
pays, qu'habite une population nombreuse. Elle cultive la
terre, et élève de grands troupeaux de bœufs et de chèvres,
dont les peaux lui fournissent ses vêtements. Aux deux tiers
du chemin, à partir de Doufli , M. Gessi vit un grand bras du
fleuve remontant vers le pays des Makrakaé Ainsi, outre le bras
principal du Nil, qui va directement à Doufli, il en existe un
autre, large de 180 mètres, qui se sépare du cours principal
aufondd'un coude, pour coulerau nord-nord-ouest. S. Exe. Gor-
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AFRIQUE ÉOUATOtOALE. 17^
don Pacha, dont l'autorité est ici d un grand poids, émet Tavis
que ce bras nouvellement découvert doit être le cours d*eau
qui tombe dans le Nil, sur sa rive ouest, là où le Bahar Ez-Zerâf
^n sort. D se pounait aussi que ce fût la rivière Kado, ou
Aam Rohly qui se jette dans le Nil beaucoup plus loin vecs le
nord, près du village d'Ëliab. Dans l'un et l'autre cas, cette
découverte mérite d'être complétée, car on trouvera peut-être
ce cours d'eau exempt des cataractes et des rapides qui gênent
la navigation sur le bras principal du Nil entre le 3® et le
5' degré de latitude.'
Le 18 mars, M. Gessi» entrait dans le lac. C'était Fépoque des
tempêtes équinoxiales et des gros temps, terribles sur les lacs de
l'Afrique équatoriale. Il fallut attendre jusqu'au 20 avant de
pouvoir transporter par eau les munitions destinées au com-
mandant des troupes égyptiennes stationnées près du village
du chef AouËna, sur la partie du Nil qui relie le Niyanza au
Loûta Nzîdjé , et que nous appelons Nil de Victoria. Lors-
que après avoir été chassés à plus de 60 kilomètres en dehors
de leur route les bateaux voulurent aborder, ils trouvèrent
réunis sur le rivage des milliers d'indigènes armés de lances
et de flèches. L'Egypte était en guerre ouverte avec Kaba
Réga, roi d'Ounyoro, et les ennemis que M. Gessi trouvait là
étaient précisément ceux qui, peu de temps auparavant, avaient
inquiété la garnison du village d'Aoufma. M. Gessi côtoya le
rivage, espérant laisser ses ennemis derrière lui , mais ils le
suivirent, et il fallut recourir aux moyens violents pour arrê-
ter leur poursuite. La tempête, qui s'était calmée, après avoir
fait le tour de l'horizon, recommença dans la nuit. Les ancres
dérapèrent, et l'un des u . *&àux fut jeté à la côte, en face de
milliers d'habitants hostiles qui, fort heureusement, ne s'aper-
çurent pas de ce naufrage ; en sacrifiant une voile on put réparer
les avaries, renflouer la barque. A Magounga, M. Gessi trouva
encore les mdigènes disposés à l'attaquer, et il remonta le Nil de
Victoria jusque sous les cataractes de Murchison, dont le bruit
&e fait entendre môme à Magoungo, qui en est à 23 kilomètres.
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176 AFRIQUE. N- 205-M8
C*est là qu'il trouva un village soumis à TÉgypie et put com-
inuniquer avecÂoufiua, pour faire remettre les provisions desti-
nées aux troupes du Khédive.
M. Gessi partit le 12 avril de Magoungo pour faire le tour
du Loûta Nzîdjé, en commençant par côtoyer le rivage oriental
du côté du sud. Le long de celte partie de la côte, pendant
56 kilomètres, les eaux sont couvertes de roseaux, ce qui in-
dique un fond très-bas. On y trouve aussi plusieurs îles sur
lesquelles s'étaient réfugiés un grand nombre d'indigènes
qui s'opposèrent au débarquement. Le 14, les bateaux,
après avoir passé devant le point où avait eu lieu le naufrage
quelques jours auparavant , arrivaient à l'embouchure de la
rivière Tîza, qui vient de fort loin, en Ouganda, et que H. Gessi
pense être la même rivière que le Kaïdjiri de sir Samuel Baker.
Elle se divise en trois branches, qui se précipitent en cataractes
du haut du plateau dans le lac. Les noms des trois cataractes sont
Houima, Wahamba et Nanza. Dne nouvelle tempête assaillit là
les bateaux, et les hautes vagues apprirent aux mariniers du
Nil à connaître le mal de mer. M. Gessi arriva le 16 au port
qu'il baptisa du nom de Choubra, sans doute ea souvenir du
palais du Khédive, près du Caire. C'est là qu'était, en 1864,
le village de Vakovia, dont sir Samuel Baker avait déterminé la
position, mais qu'avaient fait disparaître les bouleversements
politiques de la contrée. Les habitants en avaient été remplaces
par d'autres, avec lesquels M. Gessi essaya vainement de
traiter.
Du port de Choubra, il fit 74 kilomètres, au bout desquels il
arriva en vue d'îles et de masses flottantes de végétaux de l'es-
pèce Herminiera Elaphroxylon (ambatch des indigènes), qui
est commune sur le haut Nil, et dont les proches parentes se
trouvent dans le Sénégal*. Ici, l'eau est colorée d'une teinte
rougeâtre par la décomposition de l'écorce des Herminiera.
18 kilomètres plus loin, les embarcations entraient dans un
1. Ces plantes, de la famille des légumineuses, sont surtout remarqu.-ible» pur
la légèreté de leur bois, qui dépasse même la légèreté du. Uége.
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AFRIQUE BQUATORIALE. 177
cours d'eau important, le Missisi, qui a 1800 mètres de lar-
geur à son confluent dans le lac, mais qui se rétrécit bien-
tôt jusqu'à n'avoir plus que 180 mètres d'une rive à l'autre.
Cette rivière coulait alors avec une rapidité de 5200 à
3700 mètres à l'heure. Malgré ces mesures, qui indiqueraient
un cours d'eau considérable, le Missisi n'est qu'un torrent qui
tarit après la saison des pluies. A 13 kilomètres de sou
embouchure, il descend de la montagne en formant la cala-
racte de Niomba, haute de 150 à 180 mètres. Des îles et
des champs de papyrus embarrassent le lit du Missisi et em-
pêchèrent M. Gessi de remonter jusqu'aux cataractes.
Le 19 avril, les bateaux sortant de l'estuaire du Missisi se
voyaient arrêtés dans leur marche -par l'épaisseur des Her-
miniera flottants. Ces plantes continuent sur les 74 kilomètres
de la largeur totale du lac à cet endroit. Au sud-ouest appa-
raissaient les lignes de montagnes qui enserrent les deux ri-
vages du lac et dessinent ce que M. Gessi crut être une
grande baie, à fond sableux , entièrement couverte d'Hermi-
niera, et dont la profondeur va diminuant jusqu'à 60 ou
75 centimètres. L'eau, colorée en noir, est rendue impotable
par l'écorce des Herminiera. Cette coloration confirmerait l'as-
sertion des habitants, d'après laquelle aucune rivière ne se
jette dans la baie. En effet, un courant d'eau emporterait au
nord du lac les parties colorantes.
Évidemment, M. Gessi a été induit en erreur par les rive-
rains de cette partie du Loûta Nzîdjé. Les observations directes
de M. Stanley, beaucoup plus loin vers le sud, prouvent que le
lac continue au delà des montagnes qui enferment presque la
baie stagnante où s'arrête la navigation de M. Gessi. Il est pro-
bable que le mont Adjîf (latitude de 0^14' N.), de la carte de
M. Gessi, où cesse la chaîne de montagnes qui borde les ri-
vages, est un sommet du promontoire d'Ousongora , découvert
par M. Stanley. Si les Herminiera n'avaient pas barré le che-
min à ses bateaux, M. Gessi aurait doublé le mont Adjîf et
vogué sur le golfe de Béatrice !
l'année GéOGR. XV. i<^ ,
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178 AFRIQUE. N- 203-518
Par l'heureuse coïncidence des deux voyages, le lac Loùta
Nzidjé n'aura pas été remanié deux fois, coup sur coup, sur
les cartes d'Afrique. Mais, dans Tétat présent, notre connais-
sance de la partie sud du Loûta Nzîdjé reste fort incomplète.
Elle en est au même point où sir Samuel Baker Ta laissée
en 1864, et rien jusqu'ici n'est venu infirmer son tracé du lac
continué, sur la foi des indigènes, jusqu'entre le 1®' et le 2« de-
gré de latitude S., avec un prolongement à l'ouest. C'est sans
doute à M. Stanley qu'il reviendra de nous dire où finit en réa-
lité le Loûta Nzîdjé. Si ce hardi et heureux voyageur réaUse son
projet d'aller au lac Loûta Nzîdjé, en partant du lac Tanga-
ôyika, il découvrira en chemin que le lac que les indigènes
lui ont signalé dans l'ouest du lac Âkauyarou, qui n'est autre
chose que la dernière partie sud du Loûta Nzîdjé.
Le retour de M. Gessi ise fit le long du rivage nord-ouest du
Loûta Nzîdjé, qui est bordé de montagnes non interrompues,
plongeant à pic sur le lac. Elles sont habitées par des tribus
suspectées d'anthropophagie, et qui tentèrent vainement d'at-
tirer M. Gessi au milieu d'elles. La chaîne de montagnes
atteint son maximuni d'élévation au nord, dont le mont Mak-
koûrti, qui domine de 549 mètres les eaux du Loûta Nzîdjé.
Contrairement à ce qu'on aurait pu supposer, aucune grande
rivière ne traverse ces montagnes pour se jeter dans le lac ;
M. Gessi n'y a noté d'autres cours d'eau que trois petites ri-
vières, dont la plus au nord forme des cataractes , et qui ont
leurs embouchures sur le rivage ouest.
En résumé, le voyagé de M. Gessi nous vaut la carte du
Loûta Nzîdjé, sur 280 kilomètres de longueur, dans une partie
du lac dont la largeur varie de 37 à lH kilomètres. Nulle
part n'a pu être constaté un courant constant à travers le lac.
Des traces sur les rochers indiquaient d'ailleurs, en quelques
endroits, que les eaux du lac s'élèvent parfois d'environ 1 dé-
cimètre au-dessus du niveau qu'elles avaient au mois d'avril.
M. Gessi ne paraît pas avoir trouvé sur le Loûta Nzîdjé un
état de la navigation indigène aussi avancé que celui dont les
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AFRIQUE ÉQUATORIALE. 179
flottes du roi H'tésa sont la prettve sûr le Niyanza. Peut-être
faut-il attribuer cette iofériorité aux teinpêtes, qui se reuou-
vellent jusqu'à vingt fois par jour sur le Loûta Nzîdjë et dont
la cause est sans doute dans le resserrement du lac par des
montagnes assez élevées.
§ 3.— Ernest Lisant de Béllefonds et le colonel Chaillé Long-Bey, sur le haut Nil
Blanc. Les mission^ chrétiennes dans l'Afrique équatoriale.
Le premier numéro du Bulletin trimestriel de la Société
khédiviale de Géographie du Caire débutait par (n» 203) l'iti-
néraire et les notes de voyage de lïotre regretté compatriote
M. Ernest Linunt de Béllefonds, qui mourut victime d*une tra-
hison sur le haut Nil Blanc en'i875, après avoir perdu à Gon-
dokoro son frère, M. Auguste Liuant^
Le travail de M. Ernest Linant est le fruit d un voyage de
service qu'il fit de février à juin 1875, entre le poste militaire
égyptien fie Redjâf et le Niyanza, ou lac de Victoria, en pre-
nant à Test de Titinéi-aire suivi par Speke et Grant. Ses notes
et ses croquis ont été mis en œuvre par le docteur Schwein-
furth pour établir la carte à i.ooo.ooo ^™6 fl^î accompagne ce
travail, et qui constitue l'un des meilleurs documents à con-
sulter pour la géographie du bassin du haut Nil blanc, des
pays des Hougui, des Madi et de l'Ouganda. M. Ernest Linant
avait tenu un journal circonstancié, écrit dans un style vivant,
que le Bulletin de la Société khédiviale de Géographie repro-
duit textuellement, et dans lequel le vopgeur décrit les
paysages et les mœurs des contrées nouvelles.
Au sud de la station égyptienne de Fatîko, il arrive dans le
village de Ghaka, situé près de la source de la rivière Ounyâma,
un affluent du Nil. « Les Ghaka sont complètement nus,
n'ayant que le costume des Bâri; cela m'a surpris, attendu
i. MM, E. et A. Linant, ofllciers dans l'armée égyptienne, étaient les Gis de
l'illustre Linant-Pacha, dont le nom ligure au premier rang parmi les hommes
qui noos ont fait connaître les contrées du Nil, et qui avait arcompli lui-même
un voyage de découverte sur le Mil Diane,
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^80 AFRIQUE. N" S08-M8
que depuis que j'ai iiénétré dans le pays des Madi, chaque
nègre cache plus ou moins sa nudité soit par une peau de
chèvre, soit au moyen de feuillages. Mais, par contre, leurs
cartilages sont diargfe d'ornements : l'oreille est criblée de
trous dans lesquels ils fixent des morceaux d'ivoire on de bois,
des dents, des verroteries, des fils de cuivre, enfin tout ce qui
leur paraît constituer un ornement. La séparation des narines
supporte un anneau de métal ou d'ivoire, qui vient couvrir la
lèvre supérieure. L'ornement le plus étrange consiste à char-
ger la lèvre inférieure, préalablement percée, d'un appendice
conique, dont le sommet est dirigé en Us ; dans sa momdrc
dimension il a 7 à 8 millimètres de long et 6 à 8 mil-
limètres de diamètre maximum ; il est en bois, os, cuivre
ou simplement en roseau. J'ai vu une femme iwrlant un orne
ment de ce genre, en cuivre, long de 32 centimètres,
d'un diamètre maximum de 43 millimètres. Son aspect
produit un pénible eflet, car à chaque mouvement de la tête la
lèvre inférieure est tirée et l'ornement vient frapper les sems,
quoique la femme n'en paraisse cependant nullement incom-
modée'.» Quant aux hommes, quelques-uns d'entre eux portent
un collier montant des clavicules au maxillaire inférieur.
Il est composé d'anneaux de fer, parfaitement entretenus, et
d'autant plus nombreux que leur possesseur a été plus heureux
à la guerre. Certains guerriers portent ainsi quatorze anneaux
de fer superposés ; il leur est alors impossible de remuer le cou.
Tandis que sur le plateau de Fatîko les arbres sont rares,
et qu'à la fin de la saison sèche l'herije y avait été bnllée, en
revanche les vaUées des environs de Chaka étaient tapissées
d'une fraîche verdure: des forêts d'arbres élancés et des ro-
seaux aux reflets dorés et argentés couvraient les parties hautes
du sol. La i-osée, extraordinairement abondante pendant la
nuit, expliquait cette fraîcheur de tous les végétaux en pleine
saison sèche; et dans ses iparches de nnit, M. Ernest Linant
1. B«B««n de la SociéU khidivUU, n' I, p. 3 el 4.
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AFRIQUE ÉQUATORULE. 181
recevait comme des douches de rosée chaque fois qu'il frôlait
quelque plante élevée. Les forêts et les fourrés de roseaux con-
tinuent du côté du sud jusqu'au pays deKaboûIi, où est établie
la station égyptienne de Foweïra, sur la partie du Nil qui relia
le Niyanza (lac Victoria) au Loûta Nzîdjé (lac Albert).
C'est de Foweîra que H. Ernest Liuant ut, le long de la rivé
gauche du Nil (Somerset River), une excursion qui lui permit
d'étudier de près les huit barrières de rapides qui seront sans
doute un obstacle très-sérieux aux communications sur le ma-
gniGque réseau des lacs et des rivières du haut Nil.
En traversant le district de M*roûrîS dépendance du
royaume d'Ounyoro, M. Ernest Linant recueillit des données
précieuses sur Thistoire de ce royaume qui appartenait autre-
fois au grand empire de Kittara. L'empire s'étendait au nord jus-
qu'au point ou le Nil se jette dans le lac Loûta Nzîdjé; à Touesf ,
jusqu'aux rivages de ce lac ; au sud, jusqu'aux rivages sud du
Niyanza, y compris quelques îles, comme par exemple celle
d'Ouvouma ; à l'est, il comprenait les tribus des Lango et le pays
d'Ousoga.
Aujourd'hui, c'est M'tésa, le descendant d'un frère de l'an-
cien empereur de Kittara, qui est devenu le maître d'une
grande partie du pays de ses ancêtres. On afûrmait à H. Liuant
Bey que Kaba Réga, roi d'Ounyoro, Rionga, souverain d'une
île sur le Nil au sud de Foweîra, et Aoufîna, roi d'une autre
île en aval de Foweîra, n'étaient que des ministres de M'tésa.
Le voyageur put, en effet, constater partout que les dignitaires
wagand^ dont il était accompagné exerçaient, comme repré-
sentants de M'tésa, une autorité même sur les peuples et sur
les princes vassaux d'Ounyoro. Mais, en réalité, le gouvernement
d'Ounyoro était indépendant de M'tésa, si bien que par la suite
M'tésa fit sonder les intentions de M. Liuant Bey> à l'effet de
savoir s'il consentirait à aider ses troupes dans une attaque
contre Kaba Réga et le chef de l'île d'Otlvouma.
1. Plus connu depuis le voyage du capitaine Speke sous le nom de M'roûli
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183 AFRIQUE. « N«* 205-318
Le récit de la première entrevae d'un Français a^ec M'tésa
est intéressant à plusieurs égards. Neus le donnons ici^ dans
les termes mêmes où l'infortuné Ernest Linant Ta rédigé. Je
12 avril 1875 :
Ma réception chez le roi M'tésa était fixée pour ce matin, mais la
pluie qui n*a cessé de tomber jusqu'à midi a mis obstacle au
projet.
A deux heures, le temps s*étant mis au beau, M'tésa m'a expédié
un messager pour m'informer qu'il était prêt à me recevoir. Avis est
donné au camp, chacun endosse ses plus frais costumes. Nous sommes
prêts; mes braves Soudaniens sont superbes sous leur jaquette rouge
et leur culotte blanche. Je me mets à leur tête, les trompettes et les
tambours résonnent ; nous suivons Une avenue large de quatre-vingts
à cent mètres, allant droit du nord au sud et aboutissant à la résidence
de M'tésa. Le palais de M'tésa se présente devant nous, bâti sur une
colline qui domine ses voisines ; le long de l'avenue, des jardins en-
tourés d'enceintes en roseaux forment les habitations des grands capi-
taines et hauts fonctionnaires. Au bout de vingt-cinq minutes de
marche, nous atteignons la première porte du palais; nous traversons
aussi cinq cours où grouille une population nombreuse de m'tongali*;
la dernière cour sert d'habitation aux exécuteurs dont l'indice con-
siste en une corde de fibres de ban» nier parfaitement tressée (instru*
tuent de supplice). — En pénétrant dans cette cour, un vacarme
épouvantable m'accueille; mille instruments, les uns plus étranges que
les autres, font entendrt; les sons les plus discordants et les plus
étourdissants. — La garde de M'tésa, armée de fusils, me présente
les armes; le roi est debout à l'entrée de la salle de réception. Je
m'approche et le salue à la turque. Il me tend la main que je serre ;
j'aperçois àl'instant à la gauche du roi une figure d'Européen basanée.
C'est un voyageur, je crois que c^est Gameron ! Nous nous observons
sans nous adresser la parole.
M'tésa pénètre dans la salle de réception; nous le suivons. C'est un
couloir long de douze mètres et large de-quatre mètres, dont le pla-
fond incliné vers l'entrée est supporté par une série de colonnes en
bois de doûm, qui divisent la pièce en deux nefs. La pièce centrale
principale est libre et conduit au trône du roi ; les deux nefs sont oc- .
cupées par les grands dignitaires et les grands officiers. A chaque
colonne est adossé un garde du roi, h grand manteau rouge, turban
1. Musiciens de la cour.
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AFRIQUE ÉQUiTORIALE. 183
blanc, orné de poils de singe, culotte blanche, blouse noire avec
bandes rouges; tous sont armés de fusils.
M'tésa prend place sur son trône qui est une chaise en bois,
en forme de fauteuil de bureau; ses pieds reposent sur un coussin, le
tout placé sur une peau de léopard, fixée elle-même sur un tapis de
Smyme. Devant le roi, une dent d'éléphant parfaitement polie sert de
parade et, à ses pieds, se trouvent deux boîtes contenant des fétiches ;
de chaque côté du trône on remarque une lance (Fune en cuivre,
l'autre en fer), maintenues chacune par un garde; ce sont les attributs
d'Ouganda; le chien dont parle Speke a été supprimé. Aux pieds du
roi sont accroupis le vizir et deux écrivains.
M'tésa a beaucoup de dignité et ne manque pas d'une certaine dis-
tinction naturelle ; son costume est élégant : un qouflàn blanc, ter-
miné par une bande rouge, bas, babouches, veste en drap noir bro-
dée d^or, tarbouch avec plaque d'argent au sommet. Il porte un sabre
h poignée d'ivoire incrustée d'argent (arme de Zanzibar) et un
bâton.
J'ai fait l'exhibition de mes présents que M'tésa a feint de regarder
à peine, sa dignité ne lui permettant pas d'être curieux.
Je m'adresse à l'étranger qui est assis en face de moi à la gauche
du roi.
— C'est à monsieur Gameron que j'ai l'honneur de parler?
— Non, monsieur; monsieur Stanley. .
Nous renvoyons au Bulletin de la Société khédiviale pour
tous les détails de la vie et du gouvernement des M gnnda,
qui forment une population de 2,000,000 d'âmes,, ainsi que
pour la description de leur pays. Toutefois, il est un fait
sur lequel nous devons nous arrêter. M. Ernest Linant ren-
contra en Ouganda le roi de Koki, tributaire de M'tésa, qui ap-
prit au voyageur Torigine de l'ancien empire de Kittara. Cet
empire fut fondé par les Wahoûma, qui peuplent aujourd'hui le
Koti, le Kittara à Touest d'Ouganda, et toutes les terres de ces pa-
rages oii ils trouvent de bons pâturages pour leurs bestiaux, car
ils sont pasteurs par excellence. Ils ne sont pas originaires de ces
contrées, mais bien d'autres contrées plus au nord. Leur type est
ce beau type éthiopien, fin et délicat ; ils n'ont ni la couleur, ni les
yeux, ni le nez des nègres ; leur teint est simplement cuivré
et leurs tiaits sont fins : aussi les femmes de race wahoûma
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184 APRIQOE. N- 203-318
pure sont-elles très-recherchées en Ouganda. Après avoir duré
plusieurs siècles, le grand empire de Kittara se démembra, et
il n*y aurait rien d'étonnant à ce que le jeune prince du Kokî
fût réellement ce qu'il prétend être, l'héritier de l'empire de
Kittara. C'est à la suite d'alliances répétées avec des femmes
wahoûma que les grands d'Ouganda ont pris la teinte
bronzée qui les distingue des gens du peuple.
Après plusieurs excursions fructueuses en Ouganda, le 15
juin 1875 M. Ernest Linant prenait congé de M'tésa. La suite
de ses voyages que la mort a interrompus, appartient au cha-
pitre : Nécrologie.
Le colonel Ghaillé Long-Bey a donné dans le BiUletin de la
Société khédiviale de Géographie une note importante (n« 204),
dans laquelle il résume ses observations ethnographiques sur
les peuplades qui vivent entre Foweïra et Ourondogané, dans la
partie du cours du Nil qu'il a le premier explorée en 1874, où
il découvrit le lac Ibrahim, et sur les peuplades qu'il visita
sur la partie du Nil située entre Foweïra et les chutes de Karouma,
enfin sur les Makraka. Ce travail est très-intéressant soit par les
renseignements qu'il contient sur la couleur, le costume, la re-
ligion et les mœurs des habitants du centre de l'Afrique équa-
toriale, soit par les conclusions auxquelles ils ont conduit le
colonel Chaillé Long-Bey.
D'après la comparaison des caractères de ces peuples, il y
aurait trois grandes familles, et un nombre encore plus grand
de rameaux séparés, Sans parenté entre eux ni. avec les trois
grands groupes. Les Bari, les Mougui, les Laboré et les Yam-
bari paraissent appartenir à une même famille nègre; le$
M'ganda, les Wanyoro et les Riongui ont (sauf une partie des
M'ganda qui est croisée avec le sang nègre) un teint cuivré
comme les véritables Éthiopiens, et dans ce deuxième groupe,
les Wanyoro et les Riongui sont moins cuivrés que les
M'ganda. Les Monbouttou, les Hittou et les Makraka forment la
troisième race. Quant aux peuplades des Madi, des Moundo,
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AFRIQUE ÉQUiTORIALE. 185
des Mouro, des Kijé et des Aboker, le colonel Chaillé Long-Bey
ne peut les classer dans aucun de ces trois groupes, et il les
considère comme appartenant chacun à une famille distincte.
•
Un pays riche et peuplé comme Tintérieur de rAfrique
équatoriale devait séduire le zèle religieux de TAngleterre, et
devenir bientôt un champ d'évangélisation. Voici le plan qui a
été arrêté entre les différentes Églises et sociétés de missions
d'Angleterre pour couvrir de missionnaires TAfrique équato-
riale. La Church Missionary Society avait déjà» depuis 1844,
une mission à Monbâsa, qui lui coûte 96 000 francs par an ;
elle l'a renforcée de six membres anglais. Elle va consacrer une
somme de 55 000 francs à envoyer, par la voie de Monbâsa et
de rOusagara, dans le Karagwé et TOuganda, une mission
composée de six missionnaires, dirigés, comme les premiers,
par un officier de marine; ils doivent fonder en route un éta-
blissement dans rOusagara.
L'œuvre à laquelle coopère la Ckurch Missionary Society est
poursuivie également par une autre société anglaise, celle des
Missions des Universités {Universities' Missions) y qui a com-
mencé à s'établir à Zanzibar, en 1864, pour recueillir les en-
fants esclaves libérés par les croiseurs anglais, et secourir
aussi les esclaves adultes. Depuis sa fondation, cette société a
établi des centres analogues à Mbouiri et à Kioungani, points
respectivement situés à sept et à deux kilomètres de Zanzibar,
mais toujours sur l'île. Elle a, de plus, constitué une station
sur la côte voisine du continent. Si on en jugeait d'après le
premier semestre de 1876, elle reçoit des souscriptions s'éle-
vant à 85000 francs par an. M. Steere, l'évêque qui dirige les
tmvaux de ces missionnaires, doit être parti maintenant pour
fonder une mission sur le lac Nyassa. Une autre société, celle
des Missions de Londres (London Missionary Society) y envoie
un groupe de six ou huit personnes à Oudjîdji, sur le lac
Tangaûyîka. Elle a chargé un.anglais, M. Price, de cherdier,
entre la côte de l'océan Indien et Oudjîdji un chemin où pour-
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186 AFRIQUE. «•• 205-518
raient passer des chariots traînés par des bœufs, comme ceux
de la colonie du cap de Bonne-Espérance. Dans ce but, on ayait
recueilli 197 000 francs il y a déjà plusieurs mois, et on
croyait pouvoir commencer avec un capital de pliis de
250 000 francs.
C'est rÉglise libre d'Ecosse (Fréîg Church ofSeoUand) qui a
fondé la mission et la colonie de Livingstonia, à la pointe sud
du lac Nyassa; elle a reçu pour cela 265000 francs, et, aux
huit Européens déjà fixés à Livingstonia, elle en a ajouté quatre
nouveaux. Une autre Église écossaise, FÉglise établie d'Ecosse
(Establisked Church of Scotland)^ a profité du départ de ces
missionnaires pour envoyer aussi au lac Nyassa, pour y fonder
une mission, sept ou huit Européens conduits par M, Uenderson.
Dans toute cette partie de TÀfrique, il n'existe plus aujour-
d'hui qu'une seule mission catholique, celle qu'un prêtre fran-
çais, le révérend père Borner, dirige avec succès depuis de
longues années à Bagamoyo, en face de Zanzibar. Elle a pour
tâche non-seulement de convertir, mais aussi de civiliser le
peuple au milieu duquel elle est établie. Livingstone a fait con-
naître la mission catholique française de Bagamoyo, et avec lui
beaucoup de voyageurs anglais ont rendu justice au révérend
père Horner et ses auxiliaires, qui, tout en catéchisant les
populations, enseignent à chacun de leurs néophytes un métier
qui le mette à même de gagner sa vie. Les missionnaires fran-
çais de Bagamoyo sont aussi une providence pour tous les voya-
geui^ européens qui viennent les trouver.
Les missions protestantes anglaises dont nous avons parlé
ont dans leur personnel des officiers de marine et des mate-
lots, des médecins, des ingénieurs, des charpentiers, des for-
gerons, des agriculteurs, des tisserands, et même un impri-
meur. On peut, par conséquent, s'attendre à les voir marcher
dans la même voie que la mission catholique française de Baga-
moyo, au grand avantage des populations de l'intérieur de
l'Afrique équatoriale et australe.
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AFRIQUE ÉQUATORULE. 187
S 4. — Les expéditions dans TArrique éqnatoriale par le cours de i'Ogôwé. Expé-
dition française de MM. Savorgnan de Braxaa, Marche et le docteur Ballay. —
Expédition allemande du docteur Lenz. -^ Dernières nouvelles de l'expédition
française.
Pénibles débuts de l'expédition française : un naufrage sur l'Ogdwé.
Un grand fleuve, TOgowé, se jette dans TAtlantique, direc-
tement à l'ouest des grands lacs Loûta Nzicyé et Niyanza, à
cent vingt-cinq kilomètres au sud de. Libreville, que nous con-
sidérons comme le centre politique de notre possession du
Gabon. La partie inférieure de son cours avait été reconnue
par les officiers de notre marine nationale, sous les ordres de
]*amiral Fleuriot de Langle^ et au nombre desquels nous nom-
merons Tun des derniers : M, Aymes. Depuis lors, MH. le mar-
quis de Compiègne et Marche s'étaient avancés plus loin sur
rOgôwé ; le confluent de Tlvindo, qui marque le terme de leur
exploration en 1873, tomberait, d'après leurs relèvements, à
quatre cent soixante-dix kilomètres est légèrement nord du cap
Lopez. Ces courageux voyageurs S auxquels leur dévouement
avait iailli coûter la vie, peuvent maintenant se réjouir en voyant
leur tâche reprise et continuée par l'enseigne de vaisseau Savor-
gnan de Brazza, auquel s'est joint H. Marche, ainsi que
M. Ballay, médecin de marine. Un quartier-maître de la flotte,
Hamon, accompagne Texpédition.
Cette expédition (voir n<»* 272 à 274) entrait dans I'Ogôwé,
à la fln de 1875, et le bateau à vapeur le Marabout dé-
posait à Lambaréné ou Eiimbareni (à deux cent vingt-deux
kilomètres de l'embouchure de I'Ogôwé) le personnel et les
bagages de la mission. Dès les premiers pas, surgit une difii-
culté qui a déjà arrêté beaucoup de voyageurs dans ces pu-
rages. Les peuples de TAfrique équatoriale n'ont pas de bêtes
de somme; chez eux, tous les transports sont faits à dos
d'homme ou en bateau ; et, dans ce dernier cas, il faut des
1. Nous n'avons pas changé cette phrase, qui était écrite avant la flu tragique
de M. le marquis de Compiègne.
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188 AFRIQUE. N*< 205-518
pagayeurs. Dans Test de TAfrique équatoriale, il existe des
Etals constitués, et les marchands musulmans ont créé, pour
leurs besoins, des traditions commerciales; on trouve donc
une classe de la population qui vit du métier de porteurs,
et un trafic continuel a résolu la question d'organisation dé
ce service. Mais il n*en est point ainsi à la cote occiden-
tale, où le voyageur éprouve des difGcultés inimaginables pour
avancer. L'époque favorable du voyage sur le haut Ogôwé
arriva donc avant que M. de Brazza eût pu recruter un nombre
suffisant de pagayeurs. Les peuplades des Galoa et des Inenga
élevaient des prétentions si exorbitantes que, pour aller de
Lambaréné à Sam Kita S c'est-à-dire pour un trajet de quatre-
vingts kilomètres sur TOgôwé, il aurait fallu payer 100 francs
par pagayeur. Les Galoa et les Inenga étant en rivalité avec les
Ba'kellé' de Sam Kita, M. Savorgnan de Brazza essaya de profiter
des bonnes dispositions de ces derniers pour envoyer M. Marche
et H. Ballay demander aux Okanda, habitants du haut fleuve,
de descendre cherclier l'expédition à Lambaréné. Quatre jours
après, M. Ballay revenait malade, ramenant avec lui des lap-
tots (mariniers nègres du Sénégal), sans Taide desquels le chef
de l'expédition n'aurait pu sortir de Lambaréné.
Laissant M. Ballay à Lambaréné, M. de Brazza paitit, le
27 décembre, sur le bateau à vapeur de M. Schmider, négo-
ciant européen, qui remorquait une grande pirogue chargée des
marchandises que M. Marche devait emporter sur le haut fleuve.
Il profita de cette occasion pour faire, aussi exactement que
les circonstances le permettaient, les observations nécessaires
pour la carte de TOgôwé entre Lambaréné et Sam Kita, où il
arriva le !«' janvier 1876, malade par excès de fatigue. Depuis
le départ de Lambaréné jusqu'à l'arrivée à Sam Kita, M. de
Brazza avait fait, au sextant, la triangulation du fleuve^ et de
1. On a écrit jusqu'à présent Sam Quita ; mais comme le nom de ce village n*est
ni français ni portugais, nous l'orthographions d'après le principe simple et juste
d'éviter l'emploi de toute lettre inutile.
2. Telle paraît être la véritable orthographe du nom du peuple qu'on donnait
jusqu'ici sous la forme de Bakalais.
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AFRIQUE ÉQUATORIALE. i89
ses rives ; cette chaîne de triangles est interrompue en denx
points, à cause de Tabsence totale de signaux naturels, qui
sont indispensables pour un semblable travail. 11 avait aussi
fait des observations astrojiomiques donnant la latitude de
Lambaréné, et la différence de longitude de Sam Kita à Lam-
baréné ; car l'époque de Tannée ne lui avait pas permis d'ob-
server des occultations d'étoiles, ni des immersions des satel-
lites de Jupiter, pour trouver les longitudes d'une manière
directe et sûre. Le 2 janvier, le voyageur repartait de Sam Kita,
trop malade pour songer à faire des observations. « Le soir, à
sept heures ^, le vapeur de M. Schmider, qui marchait avec
toute sa vitesse et celle que le courant lui donnait, rencontrait
un énorme arbre ensablé au milieu du fleuve; il s'arrêtait net,
et le roufle sous lequel était pendu mon hamac atteignait
le fleuve. Heureusement que mes instruments n'ont pas souf-
fert de cet accident, excepté pourtant mon grand compas de
relèvement, qui a été écrasé par un des montants du roufle.
Celte perte est sans conséquence, parce que je possède d'au-
tres compas de relèvement, plus petits, mais mieux appropriés
au service auquel ils sont destinés. Une perte que je regrette
plus est celle du cahier où j'avais mis au net les tours d'hori-
zon pris en montant. )> Espérons que M. de Brazza n'aura pas
perdu les résultats de son travail en perdant le cahier sur lequel
il les avait mis au net, et qu'il avait encore le cahier des mi-
nutes, qu'un voyageur ne doit jamais détruire.
H. de Brazza ne séjourna pas longtemps à Lambaréné; le
3 janvier il en partait pour aller rejoindre M. Marche, avec dix
grandes pirogues, montées pai* cent vingt hommes des Galoa et
des Inenga. Malgré ce nombre de bateaux, il se voyait forcé de
laisser à Sam Kita les caisses les moins importantes du bagage
de l'expédition".
1. Lettres de M. de Braiza, Bulletin, juin 1876, p. 644-645.
%. n faut rappeler ici que dans ces contrées la monnaie est remplacée par des
marchandises Tolumineuses et pesantes. Tout indigène étant d'ailleurs plus ou
moins un marchand, les pirogues louées arrivent déjà chargées d'une quantité
yGoogk
190 AFRIQUE. N- 203-318
En arrivant à Sam Kita, le docteur BalUy, qui avait beau-
coup souffert de la fièvre intermittenie à Lambaréné, était
dans un état de santé peu satisfaisant. Le chef de rexpédition
se décida donc à attendre quelques jours le rétablissement de
son compagnon de route; toutefois, après un certain délai, il
continua' le voyage, le 18 janvier, n'emmenant avec lui que
six laptots sénégalais et neuf pirogues. Pendant les trois jours
suivants, il put continuer ses relèvements détaillés du fleure;
mais la fatigue causée par un pareil travail sous le soleil ar-
dent de réquateur, jointe à celle de mettre au net, chaque
soir, les opérations de la journée *, le contraignit à cesser toutes
les observations régulières pour se contenter d'un croquis levé
à la boussole.
Le 22 janvier, il rejoignait M. Marche chez les Okota, à San-
galati, où il était retenu par le manque d'hommes. Poussés par
l'appât des profits qu'ils comptaient tiier de la présence d'un
voyageur blanc, les Okota avaient engagé les pagayeurs ba'kellé
de M. Marche à Tabandonner. Ils consolaient en même temps
M. Marche, en lui promettant de remplacer eux-mêmes les
déserteurs, qui partaient même souvent en emportant quelques-
unes des marchandises. Les choses avaient été poussées si
loin, qu'un jour M. Marche voyant s'éloigner une pirogue des
Okota, montée par trois de ises Ba'kellé, qui venaient de lui
enlever des marchandises et des fusils, avait dû tirer un
coup de feu sur les fuyards pour les contraindre à s'anrêter, et
il avait blessé l'un d'eux.
de produits avec lesquels les rameurs espèrent se livrer à des spéculations avan-
tageuses.
1. Si nous avions à donner un conseil à un voyageur dans des contrées incon-
nues de l'Afrique, nous l'engagerions à conserver très-précieusement ses obser»
valions courantes, et à ne pas les copier au net chaque soir. Généralement,
surtout dans de longs voyages, on a, dans la soirée, à faire des observations de
toute nature, à causer avec les habitants, pour apprendre d'eux ce qu'eux seuls
savent, et ce genre de travail vient là, à son heure, comme une récréation de
l'esprit. Il n'interrompt pas le repos des facultés qui ont été mises à contribution
dans la journée, et, étant une distraction , il contribue à la conservation de la
santé. La mise au net des observations courantes doit être réservée pour les longs
séjours forcés.
yGoogk
AFRIQUE ËQUATORIALE. i9i
Aa iiMïment de l*arriTée de M. de Brazxa à Sangalaii,
M. Marche n'avait plus avec lui que cinq Ba'kellé, et les Okota,
malgré leurs promesses réitérées, ne voulaient plus lui donner
d'hommes. La résistance calculée des Okota céda aux remon-
trances très-énergiques de M. de Brazza, et leurs chefs décla-
rèrent qu'ils donneraient les hommes demandés. Peu confiant,
toutefois, (ians les promesses des cheîs de Sangalaii et crai-
gnant de voir ses Galoa endoctrinés par eux, comme l'avaient
été lesBa'kellé, M. de Brazza continua le voyage en remontant
rOgôwé, et, le 25 janfvier au soir, il arriva au village du chef
• Ëdibé qui, de son vivant, jouissait d'une certaine influence sur
tous les Okota, mais qui venait de mourir. Là, un nouvel et
sévère accès de fièvre arrêta l'explorateur, et M. Marche dut
venir le chercher.
Ce dernier avait dû menacer de brûler le village de Sanga-
lati pour décider ses Okota au départ. Une fois réunis, les deux
voyageurs ne pensèrent plus qu'à gagner le plus tôt possible
le haut Ogôwé.
Le 26 janvier, l'expédition partait avec ses onze pirogues ; elle
passait chez les Jalimbonga et chez les Apindji, d'où elle repar-
tait, le 2 février, pour arriver le soir à un dangereux passage
de rapides où l'on a coutume de décharger les pirogues. « Ce
jour-là devait être un jour de malheur, écrivait M. de Brazza.
A midi, les chefs Inenga venaient me dire que le passage, si
mauvais sur la rive gauche, ne nécessiterait pas le décharge-
ment des pirogues si Ton passait sur la rive droite, où il était
moins mauvais que bien d'autres que nous avions franchis.
Seulement, la crainte des Pahouins les empêchait de prendre
la rive droite, où ils passeraient néanmoins, à la condition que
mes laptots descendraient à terre pour éclairer la rive du
fleuve.
n J'acceptai avec plaisir cette nouvelle qui m'épargnait un
déchargement et im rechargement des pirogues qui eût duré
plus de deux jours et, avant ce mauvais passage, je descendis
à terre avec mes laptots, laissant seulement trois hommes avec
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192 AFRIQUE. ^- 205^18
M. Marche pour Teiller sur les pirogues au sujet desquelles,
d'après le dire des Inenga, je pouvais n'éprouver aucune in-
quiétude.
« La route était parfaitement éclairée; deux hommes dans le
bois qui borde la rive et les autres sur la crête des collines.
Seulement, il m'était impossible d'apercevoir les pirogues
cachées par les arbres qui couvraient le banc de roche for-
mant le rapide.
« Je pensais que tout allait bien, quand des hommes envoyés
par M. Marche vinrent me prévenir que ma pirogue avait chavire
dans le passage du rapide. J'arrivai tout essoufflé; les caisses,
jetées pêle-mêle sur les roches, me prouvèrent trop bien k
réalité de ce malheur ! Celles qui descendaient le rapide à la
dérive ue montraient que j'aurais, de glandes pertes à regret-
ter, car, croyant ma pirogue la plus sûre, j'y avais réuni ce
que j'avais de plus précieux, une grande partie de mes instru-
ments, etc., etc.
ff Sur les rochers, je vis les cantines renfermant mes instru-
ments suinter l'eau de tous côtés. J'ouvris une de mes boîtes
à chronomètre; l'instrument était arrêté par l'eau qui avait
pénétré dans l'intérieur ; le baromètre qui se trouvait dans la
même boîte était perdu. Heureusement l'autre boîte à chrono-
mètre n'avait pas souffert.
i Je comptai le nombre des caisses, il avait beaucoup di-
minué.
a Ma pirogue était à peine vidée que nous apprenions qu'une
autre avait chaviré dans le rapide, à environ deux cents
mètres plus haut. Laissant un homme à la garde des bagages,
je courus et vis, en effet, une de mes grandes pirogues chavi-
rée en travers sur un rocher au milieu du passage.
« L'eau se précipitait avec furie dans l'embarcation et faisait
ballotter les caisses, bien qu'elles eussent été fortement amar-
rées ensemble et à la pirogue. Je craignais à chaque instant
de voir celle-ci se briser sur le rocher et toutes les caisses par-
ties en dérive. Les laptots, se mettant à la nage et se laissant
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AFRIQUE ÉQUATORIALE. 103
dériver par le courant, parvinrent à amarrer une longue corde
à V\m des bouts de la pirogue, et, de la plage, nous la déhalâ-
mes à terre. Les amarrages des caisses avaient bien tenu, et grâce
à cela aucune d'elles ne fut perdue.
« A peine commençait-on à vider cette pirogue, que deux
autres s'emplissaient; on put les haler sans difficulté à
terre.
« Pendant qu*on vidait toutes ces pirogues, mes laptots,
échelonnés le long du fleuve, veillaient les caisses qui descen-
daient le courant, mais il était déjà trop tard : les pirogues des
Apindji, accourus immédiatement à la nouvelle du désastrCv
avaient pratiqué pour leur propre compte le sauvetage des cais-
ses qu'ils avaient remontées ; une seule nous fut conservée,
grâce à l'un des laptots qui, avec son fusil, avait arrêté les pil-
lards qui la cachaient sur l'autre rive.
ff Exténués de fatigue, nous campâmes le soir, n'ayant même
plus une seule casserole pour faire la cuisine. Je tâchai de sau-
ver mes papiers, mes livres, mes notes, qui étaient complète-
ment mouillés ; mais, à peine couchés, le factionnaire vint nous
dire qu'une pirogue était partie en dérive dans les rapides.
Celle-là contenait vingt et une caisses en bois, c'est-à-dire
quarante-deux caisses à porteur en tôle. Si elle était trouvée
par d'autres que mes hommes, elle serait certainement pillée.
Je partis immédiatement en descendant le cours du fleuve le
long des roches et des cailloux de la rive, et je laissai sur ma
route des laptots échelonnés afin de veiller, au jour, le cours du
fleuve. Après trois heures de marche je m'arrêtai à un endroit
oïl la rivière se resserre entre deux grands rochers, pensant
quela pirogue, arrêtée par les roches qu'elle aurait rencontrées
en route, ne m'aurait pas devancé. J'allumai un énorme feu
qui, grâce à une concavité du rocher, ne se projetait que sur les
eaux de la rivière, et j'attendis le jour en regardant si les dé-
bris chariés ne viendraient pas m'annoncer la perte de mes ri-
chesses. Au jour, j'étais récompensé des fatigues de la nuit :
à 500 mètres plus haut que l'endroit oîi je m'étais arrêté, j'a-
l'anKÉE 6é06R. XV. C^Kf^n]r>
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i04 AFWQUB. N- 205-318
perçus la pirogue intacte, échouée en trayers sur un rocher;
elle n'était même pas remplie. J'oubliai les pertes de la Teîlle,
et deux coups de revolver, répétés par les mousquetons des
hommes que j'avais échelonnés sur la rive, allèrent annoncera
M. Marche que la piroge était retrouvée *. »
Il fallut consacrer deux jours à faire sécher les marchandises
sauvées du naufrage, et M. de Brazza constata avec peine qne
les plus avariées étaient celles dont il ressentait déjà la pénurie.
Dix caisses, la plus grande partie des étoffes achetées dans les
factoreries de Lambaréné, un ballot de tabac, et toute une caisse
remplie d'objets d'histoire naturelle destinés au muséum de
Paris, avaient été perdus. Cependant on put continuer le voyage
le 5 février, et le 10 au soir, on arrivait à Lopé, chez les
Okanda, non sans avoir vu deux nouvelles pirogues faire eau en
passant des rapides, qui sont peut-être les rapides d'Elandja
marqués sur la carte de H. de Compiègne. Lopé est un village
placé sur la rive droite de l'Ogôwé, par 0* 26' de latitude sep-
tentrionale et 9** 3' de longitude est de Paris, d'après les relè-
vements du cours de ce fleuve faits par HH. le marquis de
Compiègne et Marche ; là on est encore à cent dix-neuf kilo-
mètres en deçà du confluent de la grande rivière Ivindo où
avaient été arrêtés ces deux entreprenants voyageurs.
Par une sage prévoyance, M. de Brazza résolut de s'installer
complètement dans le pays des Okanda avant d'essayer de re-
monter plus haut rOgôwé. Il voulait se faire de Lopé un lieu
de ravitaillement en cas d'accident. M. le docteur Ballay, qui
était rétabli, allait avoir le temps d'arriver avec Hamon et les
laptots, et ils apporteraient les marchandises prises à la facto-
rerie de la maison Hatton et Cookson, la plus voisine de Sam
Kita. Ces marchandises répareraient, en partie, les pertes faites
au piissage des rapides et devaient servir à payer les Galoa et les
Inengâ engagés à Lambaréné. Le 26 février, date de la dernière
lettre de H. de Brazza à la Société de géographie, Boaya,
1 . Jinllfitin de la Société de Géographie^ juin 1876| p. 6S0 à 652.
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AFRIQUE ËQUATORIALE. 495
chef des Okanda, devait descendre TOgôwé pour chercher le
docteur BaUay et le ramener à Lopé.
Cinq mois après la date de cette lettre, des nouvelles parti-
euJières du docteur Ballay faisaient connaître Tétat de Tezpédi-
tion à la date du 21 juillet 1876. M. de Brazza avait fait
quelques excursions dans, le pays des Osyëba, et, ayant été
très-bien reçu partout, il s'était fait conduire par eux, par
voie de terre» au pays des Adouma, qu'aucun voyageur n'a-
vait encore vu. Il y était arrivé sans difficulté. Chez les Adou-
ma» il avait trouvé à louer des pirogues que lui refusaient
l'es Okanda, et s'occupait de les faire descendre à Lopé, pour
embarquer son matériel et continuer le voyage. L'honneur d'a-
voir le premier franchi ce passage difficile, en 1876, revient à
M. de Brazza, et si les moyens d'action ne lui ont pas fait dé-
faut au moment où il avait vaincu les difficultés, on peut comp-
ter que l'énergie du chef de l'expédition assurera à la géogra-
phie des découTertes importantes sur le cours de l'Ogôwé.
Déjà l'excursion au pays des Adouma a valu à H. de Brazza
h découTcrte de cette peuplade qui avait été signalée à HM. de
Gompiègne et Marche comme habitant à soixante-dix kilomè-
tres en amont du confluent de Tlvindo.
M. de Brazza pense que l'Ogôviré vient du sud, et le voya-
geur était au mois de juillet par un degré de latitude sud,
c'est4-dire en un point de TOgôviré situé à près de 1^ ZV plus
au sud qu'aucun de ceux des relèvements de tlH. de Gompiè-
gne et Marche. H. de Brazza avait donc ouvert la brèche dans
le terrain inconnu, et il était en bonne voie de poursuivre ses
précieuses découvertes lentement, mais sûrement, pour peu
que l'aide de la mère-patrie ne lui fit pas défaut, et que sa santé
soutint sa noble ardeur.
yGoogk
196 AFRIQUE. . «-205-518
§ 5. — Voyage da docleur Leta sur l'Ogftwé et ses affluents; il revient
en Europe.
Le detnier Tolume de Y Année géographique * a laissé sur
le hautOgôwé un voyageur parti sous les auspices delà société
africaine d'Allemagne, le docteur Oscar Lenz (voir n«» 281 à
285). Depuis le commencement de Tannée 1875, le docteur
Lenz était dans le pays des Okanda (ou Okandé suivant son ortho-
graphe).Il y avait perdu un temps précieux sans pouvoircontinuer
son voyage lorsque, dans le courant de l'automne, au moment
où Ton attendait l'arrivée de MM. de Brazza etMàrche, il parvint
à décider les Okanda à remonter avec lui l'Ogôwé jusque chez
les Osyéba*. Le docteur Lenz arrivait en effet au confluent de
l'Ofoué, où commence le pays des Osyéba et où le plus grand
nombre des hommes qu'il avait engagés désertèrent par crainte
de cette peuplade. Il remonta alors l'Ofoué jusque chez les
Asimha, pour chercher parmi eux des guides qui le condui-
sissent par un chemin qui éviterait les points habités par les
Osyéba. En cas d'insuccès, s'il ne pouvait pas réaliser ce
projet, il serait resté sur un terrain inexploré en attendant un
revirement favorable dans l'esprit des Okanda. La rivière
Ofoué, qui vient du sud et se jette dans TOgôviré au sud-est
des colHnes de Djiéo, avait été découverte par MM. de Gom-
piègneet Marche; mais le docteur Lenz est le premier voyageur
qui ait levé une partie de son cours. Il dutvoyager en marchant
pendant un jour le long de la rive, car tout près de son con-
fluent cette rivière forme une série de rapides et de cataractes
très-dangereux qui ne permettent pas l'emploi des bateaux.
Le docteur Lenz arriva au village de Ngobo, appartenant aux
Achouka, à une forte journée en bateau des villages des
Asimha. Il avait acheté, pour continuer le voyage, des pirogues
qui lui furent volées. Un peu plus loin, un chef des Asimba lui
1. Pages 105 à 108.
2. M. de Braua a écrit Osaiébo, M. le docteur BaHay, Oseyba, le docteur Leni.
Ochéba.
yGoogk
AFRIQUE ÉQUATORIALE. 197
procura un bateau et des hommes, avec lesquels il avança en-
core quelque peu, mais il fut bientôt forcé à une inaction qui
dura trois mois. Les habitants lui avaient promis de l'accom-
pagner sur rOfôué, jusque chez les Okona, et de lui donner là
Jes moyens d'arriver ensuite chez les Opové, qui vivent sur le
Lolo, d*où il aurait pu aisément passer chez les Nchavi, autre
peuplade qui l'aurait ramené sur l'Ogôwé. Mais les Okanda vou-
laient garder le voyageur, ou plutôt ses marchandises, pour eux
seuls.
En désespoir de cause il tenta de remonter TOfoué, seul dans
une pirogue ; mais sa volonté vint se briser devant des rapides,
et, bien à contre cœur^ il dut se livrer entièretnent aux puis-
sants Okanda, qui étaient venus lui apporter la nouvelle de
l'arrivée de l'expédition française, et lui annoncer qu'eux-mê-
mes étaient disposés à l'accompagner chez les Osyéba.
L'Ofoué est l'un des plus grands affluents de l'Ogôwé : il
coule du sud vers le nord, parallèlement au Rhembo Ngounié
et au Lolo. A son confluent avec TOgôwé, il a cent huit mè-
tres de largeur ; dans la partie moyenne de son cours, il a en-
core de soixante à quatre-vingts mètres. C'est une rivière pro-
fonde, avec un courant rapide.
Les Asimba, peu nombreux, puisqu'ils ne possèdent que
quatre villages, sont entièrement sous la dépendance des
Okanda. Ils parlent un dialecte de la langue des Okanda. Il est
intéressant de constater qu'on trouve chez les Asimba un petit
établissement de nains Obongo, composé de six huttes. Sur la
rive droite de l'Ofoué sont les Fân (M'pangwé), qui paraissent
continuer à s'étendre du côté de l'ouest, et qui auraient déjà
passé en un point sur la rive gauche de l'Ofoué. En remontant
la rivière on arrive chez les Okona, proches parents des Asimba,
mais plus nombreux et pins forts que ceux-ci. Il y a aussi sur
leur territoire des établissements d'Obongo. Le canton des
Okona est montueux comme celui des Asimba, quoiqu'il n'y ait
de hautes montagnes ni dans l'un ni dans l'autre.
Reconnaissant qu'il était impossible de persister dans sa ré-
..gitizedby Google
i9S AFRIQUE. N* 310-351
solution, H. le docteur Lenz revint s'établir chez les Okanda,
à moitié route entre Lopé et la rivière Ofoué. Il voulait em-
ployer ses dernières ressources à faire quelque chose d'utile,
et profita de l'arrivée de M. de Brazza pour remonter TOgôwé,
et pénétrer ainsi chez les Osyéba. Il parvint, en effet, à suivre
la piste frayée quelques jours auparavant par M. de Brazza, et
il dépassa même de trois journées de pirogue le point où
s'était arrêté le chef de l'expédition française. Mais cette heu-
reuse et, sans doute, fructueuse excursion [ayant épuisé ses
ressources, le docteur Lenz dut reprendre le chemin de la
côte, où il a apporté la dernière lettre du docteur Ballay.
VII
SÉNÉGAMBIE. COTE DE GUINÉE. BASStN DU KWARA OU DHIOLI BA
(NIGER)
319. P. B. Les établissements anglais delà Gambie, Explorateur ^ 1876,
n» 56.
320. Correspondence respecting the affairs of the Gambia, and the
proposed exchange with French possessions on the west coast of
Africa (officiel). Br. in-folio, avec carte. I.onrfon, 1876.
321. P. B. Question de la Gambie. Explorateur, 1876, n» 59. Agita-
tion et difficultés soulevées en Angleterre au siget du projet de
cession de la Gambie à la France.
322. Hertz (G.). La (îambie et la Cazamance. Explorateur, n" 71, avec
une carte.
Article d'actualité à propos de la cession projetée.
323. GoopER (H. T. M.). On a proposed trade route from the Gambia to
Timbuctoo. Proccedings of the R, gèographical Society. Vol. 20,
nM,p. 78-79.
324. Gravier (G.). Navigations européennes sur les côtes occidentales
d'Afrique en dehors des navigations portugaises; pour extraits :
Explorateur, 1876, n««55, 56, 57.
Cet intéressant travail de M. Gravier, ^ui y montions ses étaded sur
Thistoire des découvertes dans l'ouest de l'Afrique au moyen âge, a été lu
yGoogk
SËNÉGAMBIE ET GUINÉE. 190
derant la Société de Géographie et on le trouvera bientôt dans son Bii{-
letin.
325. BoRins [le docteur). Recherches stir le climat du Sénégal. Revue
maritime et coloniale, t. XLYIII, 1876, p. 650-651.
5S8. Hann (le docteur J.). Klima Ton Senegambien. Zeitêchrifi der
€e$terreichichen GeeelUchaft fur Météorologie, 1875, n* 24.
327. FAiDHERim (le général). Essai sur la langue poul. Grammaire et
▼ocabulaire, 1 vol. in-8, 131 p. Pam^Maisonneuve, 1875.
Voir les développements au § 1.
328. Sénégal et dépendances. Tableau de la mission. Les Missiom ca^
tholiqucs, 1876, n« 357.
329. Ghehert (le lieutenant L;]. The west coast of Africa. Part II, from
Sierra Leone to GapeLopez. 1 toI. in-8. Washington, United-States'
hydrographie office, n* 47, 1875.
330. Dteb (H. M.). The west coast of Âfrica as seen from the^ deck of a
man-of-war. 1 vol. in-8. Londres, Griffin, 1876.
531 . GROMMmcEKGER (lo R. P.) . Le Rio Pongo, avec une carte. Ijes Mis-
sions catholiques, 1876, n" 344, 345. VËxplorateur, n* 52, p. «9.
332. Expédition militaire anglaise à Sierra Leone. VËxplorateur, n^M,
p. 155.
333. YoK ScHLAGiNTWEiT S&Kirin.n98Ki (H.). Angaben zur Charakteristik
der Kru Neger. Sitzungsberichte der mathem. Classe der k,
Bayerischen Akademie der Wissenschaften» Munich, juin, 1875,
p. 178-201.
334. ScHŒKLEiN (le docteur Philippe). Rap Palmas und seine Umge-
bungen. Aus den nachgelassenen Brielen, von Prof. D' Zœppritz,
avec une carte. Zeitschrift der Gesellschaft fur Erkunde zu Berlin,
t. X, 1875.
Intéressant résumé des excursions d'un botaniste allemand qui mourut
sur la côte de Guinée le 8 janvier 1856.
335. Bouche (abbé J.-E.). Les établissements de la côte des Esclaves et
les visées de l'Angleterre. Revue de France, 1876, n" 52.
336. Du même : Carte de la côte des Esclaves, d'après les cartes anté-
rieures et des renseignements personnels. Echelle de -jû^^sô"**
Explorateur, 1876, n« 70.
337. Lafitte (Fabbé). Le pays des nègres et la côte des Esclaves, 1 vol.
in-8. Tours, Marne, 1876. .
338. Fleuriot db Larglb (amiral). Croisière à la côte d'Afrique. Tour
du Monde, t. XXXI. 1» semestre 1876, n» 797-800.
yGoogk
20e AFRIQUE. . N- 319-35Î
539. Gros (J.). Les Âchantis d'après les relations de M. Donnât. £xp/o-
raiewr, n»49,p. 1-3; n» 50, p. 36-38; n« 51, p. 55-55 ; n° 52, p. 82-
83; n« 53, p. 112-113; n" 54, p. 139-141, avec une figure.
340. BoNNAT (J.). Bonnat chez les Achantis. Explorateur, 1875, n» 45,
p. 565-568.
341. Du même : Côte de Guinée. Reconnaissance du fleuve Volta. Ex-
plorateur, n" 73, p. 663-668, avec une carte du fleuve ; n« 74, p. 3-
5 ;n« 75, p. 36-37.
Voir ci-après, § 3.
342. Du même : Garantie d'un droit dé monopole commercial sur le
fleuve Yolta, par le roi des Achantis. Explorateur, 1876, n" 57,
p. 238.
343. Hat (le capitaine J. S.)- On the district of Akem, in West Africa.
(D'après une reconnaissance faite en 18^5, à l'occasion de la cam-
pagne anglaise sur la Côte-d'Or). Proceedings of the R, geogra-
phical Society, vol. 20, n» 6 ; août 1876, p. 475-482.
344. Metners d'EsTRET (le comte). Les Hollandais en Afrique, les
Achantis, les Fantis et les Ëlminois. Explorateur^ 1875, n"" 41.
345. Les Achantis et les Djuabins (à propos de la guerre). Explorateur,
1876, n» 49, p. 14; n- 53, p. 127.
346. Bouche (abbé). Les établissements anglais de la Côte-d'Or et nos
entreprises en Afrique. Explorateur, 1876, n* 66.
347. Du même : Le Dahomey, son histoire. Explorateur, 1876,
n- 70, p. 581-584; n- 71, p. 605-609; n- 72, p. 626-629, avec
ime carte du Dahomey, d'après celle du missionnaire Borghéro.
348. Affairesdu Dahomey (guerre de l'Angleterre). Explorateur , n»69.
p. 564.
349. ToDRNAroND (p.). Le Dahomey (affaires politiques récentes). Explo-
rateur, n» 81, p. 209-212, avec 4 grav.
350. Katsgher (L.). Der Afrikanische Œl-Handel. Das Auslatid, 1876
n« 21, p. 406-409.
351. Walker (le capitaine James Broom). Notes of a visit, in may 1875,
to the Old Kalabar and Qua rivers, the Ekoi country and the Qua
rapids. Proceedings of the R. geogr, Society, t. 20 , n" III, 1876,
.p. 224-230.
552. RoHLFS (Gérard) . Quer durch Afrika; Reise vom Mittelmeer nach
dem Tschad-See, und zum Golf von Guinea. 2 vol. in-8, avec deux
cartes. Leipzig, Brockhaus, 1874 et 1875.
Relation du grand voyage de Tripoli k Lagos, accompli de 1865 à 1867
yGoogk
SÉNiGAMBIE ET GUINÉE. 201
§ 1. — Études de M. le général Faidherbe sur la langue pou].
É(ant gouverneur du Sénégal, en 1854, le général Faidherbe ,
recueillit de nombreux matériaux sur la langue poul, dialecte
du foulfouldé parlé dans le Foûta, et il vient de rendre un
nouveau service aux études africaines en publiant (n*» 327) le
résultat de son étude de ce dialecte. Le foulfouldé est la langue
propre à la race cuivrée des pasteurs Foûlbé, que nous avons
d'abord connue sous les noms de Peuls, Foulas ou Toukouleurs.
Cette race est étraugère au milieu des populations nègres de la
Nigritie occidentale, où Von rencontre ses différents rameaux.
Aussi trouve-t-on que la» langue foulfouldé est basée sur des
principes tout à fait autonomes.
Dans les dix-neuf pages d'introduction de son livre, le gé-
néral Faidherbe examine la distribution géographique des
rameaux de la race des Foûlbé, et reconstitue leur histoire
autant qu'il est possible de le faire aujourd'hui. C'est au
treizième et au quatorzième siècle que nous voyons les Foûlbé
donner les premiers signes de vitalité comme race. Ils s'allièrent
et se croisèrent de bonne heure avec deux autres peuples,
les Serères et les Wolofs, qui vivent aujourd'hui près du
rivage de l'océan Atlantique, au Sénégal. Dans le courant du
dix-huitième siècle, les Foûlbé commencèrent à tirer parti
de l'influence que leurs facultés intellectuelles supérieures leur
avaient donnée sur les populations nègres, et ils fondèrent le
premier des sept États qu'ils ont constitués depuis le Foûta à
l'ouest, jusqu'au lac Tsâd à l'est, sur un vaste territoire de.
1,560,000 kilomètre3 carrés où ils commandent maintenant
encore en maîtres.
La partie linguistique du précieux petit volume du général
Faidherbe commence par une étude phonologique et gramma-
ticale de la langue poul : un vocabulaire français-poul la com-
plète. Cette langue est agglutinante et n'a pas de conjugaison
proprement dite. La numération des Foûlbé fut d'abord quinale.
yGoogk
202 AFRIQUE. N«' 319-352
c'est-à-dire que les premiers Foûlbé, au lieu de compter par di-
zaines, s'arrêtaient ^u nombre cinq pour recommencer une nou-
velle série de nombres. Il n*y a que deux genres, qui ne sont pas,
comme dans tant d'autres langues, le masculin et le féminin,
mais bien : le genre hominin, pour tous les êtres humains,
et le genre brutey qui est celui de tous les autres êtres, et des
objets en général. Dans la plupart des autres langues, on se
contente, pour marquer la distinction des genres, d'un chan-
gement des lettres finales du mot ; en foulfouldé, un change-
ment beaucoup plus grand a lieu dans le corps même du mot,
et il s'attaque aux consonnes aussi bien qu'aux voyelles, de
manière à produire une modification euphonique radicale, in-
diquant, de prime abord, s'il est question d*un être humain on
d'un animal, d'une plante, etc.
Quant aux analogies du foulfouldé avec d'autres langues,
le général Faidherbe reconnaît que les quatre premiers noms
de nombre ont, comme H. Gustave d'Eichthal l'avait autrefois
découvert, une lointaine analogie avec les noms correspondants
des langues de l'archipel Indien. Pour le savant auteur de
V Essai sur la langue poul^ cette ressemblance des quatre pre-
miers noms de nombre n'est pas une preuve qui permette
d'établir le classement de la langue foulfouldé dans une des
familles linguistiques connues, car le reste des vocabulaires,
ainsi que les grammaires des langues parlées dans le grand
archipel Indien, s'écartent du vocabulaire et de la grammaire
foulfouldé. Seules, les langues parlées au Sénégal par les Wo-
lofs et les Serères présentent des analogies avec le foulfouldé.
Ces langues sont, comme elle, agglutinantes et n'ont pas de
conjugaisons du verbe, mais elles possèdent le son arabe kh^
qui manque dans la langue foulfouldé, et par contre, elles n'ont
pas de désinences du pluriel, forme grammaticale qui existe
en foulfouldé.
yGoogk
SÉNÉGAIIBIE ET GUINÉE. 203
§ 2. — La proposition d'échange des possessions de la Gambie et dé la cdte
de Gainée entre l'Angleterre et la France.
De toutes les puissances européennes qui ont possède des
établissements sur la côte de Guinéei, rÂngleterre est celle
dont l'influence semble être aujourd'hui le plus solidement
assise dans cette partie de rAfrique. Â une autre époque, alors
qu'une rivalité, regrettable en général pour les deux États, et
certainement très-nuisible au progrès de la civilisation en
Afrique, opposait là les intérêts anglais aux intérêts français,
il eût été fort difficile à la France comme à l'Angleterre d'en-
tamer des négociations pour un échange de territoire.
Bans l'état présent des traités sur cette matière, la France
seule a le droit de fonder des établissements sur la côte ouest
d'Afrique, au sud de la baie du Lévrier, par 21^ de latitude
septentrionale, jusqu'à la Gambie. La Gambie, fleuve qui con-
fine à notre vieille et importante colonie du Sénégal, appar-
tient, comme on sait, tout entière à l'Angleterre, depuis que
nous avons cédé à cette puissance le poste militaire et le comp-
toir commercial d'Albréda, que nous y possédions isolé. Mais
au sud de la Gambie, en suivant la côte, on trouve une autre
possession française à l'embouchure de la Cazamance. D'après ce
simple état de la situation géographique des .établissements
français et anglais sur cette partie de la côte occidentale
d'Afrique, il est facile de reconnaître que les pays indépen-
dants de l'intérieur qui ont des relations avec elle, sont des-
tinés à recevoir, de plus en plus, l'influence de la France, et à
devenir les tributaires de notre commerce.
Sur la côte de Guinée proprement dite, la situation des
deux États est renversée. Ici, à des forts.et à des comptoirs déjà
nombreux qu'elle ppssédait l'Angleterre a ajouté (par voie
d'achat) les forts et les comptoirs de la Hollande, et la France
n'a sur cette côte que les petits établissements d'Assinie, du
du Grand-Bassam, et le protectorat du village de Porto-Novo,
qui, jusqu'à présent, ont été des charges au budget de la mé-
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204 AFRIQUE. K* 310-352
tropole. Hâisy dans les questions de cette nature, on ne doit
pas juger l'importance d'une colonie sur des considérations
purement budgétaires ; il est nécessaire de tenir compte aussi
d'une donnée, moins facile à posséder, nous voulons parler des
bénéfices que les armateurs et les négociants de la mère-patrie
tirent de leurs affaires dans cette colonie; ces bénéfices, en
effet, peuvent transformer en gain réel pour le pays la perte
apparente résultant de l'excédant des dépenses sur les recettes
dans le budget de l'année. Relativement à Assinie et à Grand*
Bassam, nous avouons que cette donnée nous fait entièrement
défaut.
Les négociations entre la France et l'Angleterre OQt porté
sur un projet de transaction ayant pour objet la cession de ia
Gambie à la France, et la cession à l'Angleterre d' Assinie, du
Grand-Bassam et du protectorat de Porto -Novo.
Toutes les questions relatives au vaste empire colonial de la
Grande-Bretagne ont le privilège d'émouvoir le public anglais,
et il fallait s'attendre à ce que cette proposition d'échange fût
combattue en Angleterre. Cette prévision s'est réalisée.
H.Cooper a exposéà la Société de géographie de Londres (n<^ 325)
qu'au lieu de céder la Gambie l'Angleterre devait diriger ses
efforts vers l'ouverture d'une route commerciale de la Gambie
à Timbouktou. Un compatriote de H. Cooper, M. Bowden, a
préconisé devant la British Association for the advancement of
science une autre nouvelle route partant de Libéria, et pas-
sant par Mousardou (ville que nous a fait connaître H. B. An-
derson) pour arriver aux sources du Niger. De notre côté, un
ancien missionnaire au Dahômé, l'abbé Bouche, a publié les
raisons qui militent, au point de vue français, en faveur de la
conservation de nos établissements sur la côte de Guinée
{n? 546), idées que viendraient appuyer les résultats du vojage
dont nous allons nous occuper.
yGoogk
SÉNÉGAMBIE ET GUINÉE. 205
S 3. — Les voyages de M. M.-J. Bonnat chez les Achanti.SadécouTerte du cours
supérieur du fleave Volta. Le marché de Salaga visité pour la première fois ;
son avenir.
Un de nos compatriotes, H. H.-J. Bonnat, de retour d*une
captivité de cinq ans chez les Achanti, nous a donné dans V Ex-
plorateur (voir n*^* 540 à 542) d'intéressants détails sur les
habitants de cet empire Achanti qui forme comme un monde
à part au milieu des populations noires de l'Afrique.
Le tjpe, ainsi que les institutions et les coutumes des
Àchantis, n'avaient pas encot'e été étudiés, avec toute l'atten-
tion qu'ils méritaient, par un Européen ayant séjourné long-
temps dans leur pays.
Isolés jusqu'à ces derniers temps du contact des musulmans,
et n'ayant eu avec les Européen^ que des rapports éphémères,
les Achanti ont conservé intactes leur religion, leurs mœurs et
leur forme de gouvernement primitives. Ces particularités du
caractère du peuple Achanti lui assigne une place à part au
milieu des autres races qui peuplent les pays voisins et même
au milieu de tous les autres peuples africains. La race Achanti
se distingue de la plupart de ses voisines par les droits qu'elle
accorde à la femme qui, malgré la polygamie illimitée, y est
considérée comme l'égale de l'homme. Dans le ménage, la
femme remplace pour toutes les transactions son mari absent ;
lorsque le roi est un mineur, sa mère exerce le pouvoir en son
nom, et après sa majorité elle reste encore son premier con-
seiller. Un roi meurt-il sans laisser d'héritiers mâles directs,
une femme peut même être appelée à lui succéder. Aussi
n'est-il pas étonnant de rencontrer ordinairement, chez les
femmes Achanti, avec un développement physique presque aussi
tardif que celui des Européennes, une grande intelligence et
une énergie remarquable.
Les Achanti croient à l'immortalité de l'âme et à un dieu
supérieur, mais en même temps ils rendent un culte à d'in*
nombrables fétiches qui sont tantôt des statues grossièrement
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206 AFRIQUE. ' N- 319-352
ébauchées, et tantôt des objets tels que des têtes d'animaux,
des morceaux de fer ou des boules de terre ornées de plumer.
Peut-être la croyance à l'immortalité de l'âme, avec continuité
de la vie dans le monde des esprits, a-t-elle rendu plus facile
à accepter par le peuple les sanguinaires pratiques de la célé-
bration d'un culte barbare? A la mort d'un personnage impor-
tant ou d'un parent, on choisit les victimes qui devront le servir
dans l'autre monde et, suivant son rang, on égorge les guer-
riers, les serviteurs libres, les femmes et les esclaves qui doi-
vent lui permettre de faire bonne figure dans la vie nouvelle
où il est entré. Par une singulière coutradiction, ce même
peuple professe un respect outré pour la vie de certains végé-
taux arborescents.
Le clergé Achanti a étendu la qualité de fétiches à des arbres,
et tous les arbres de la capitale Koumassi, par exemple, sont
fétiches. On plante les arbres fétiches avec certaines cérémo-
nies ; on les laisse croître ensuite sans gêner en rien leur dé-
veloppement, et il n'est plus permis d'en couper une seule
branche.
Les musulmans ont commencé, il y a quelque temps déjà,
à pénétrer comme négociants dans le royaume d' Achanti. Us y
sont à la fois très-respectés et très-craints, évidemment en
raison de leur culture supérieure, mais aussi parce qu'ils ont
appliqué cette supériorité à la fabrication et à la vente d'amu-
lettes rédigées suivant les formules admises chez les musul-
mans, et qu'ils ont su faire rechercher par les païens Achanti.
Le respect et la crainte superstitieuse qu'inspirent les musul-
mans vont si loin qu'on n'ose pas refuser le prix qu'ils offrent
d'une marchandise, parce que personne ne serait assez hardi
pour braver les sortilèges des musulmans, fabricants et mar-
chands d'amulettes.
Bien vu par les Achanti, M. Bonnat apprit d'eux l'existence
et l'importance du marché de Salaga, dont ils convoitaient la
possession ou du moinsle droit d'y renouer des affaires commer-
ciales, interrompues depuis quelque temps. Les Achanti fondè-
SENÉ6AHBIE ET GUINÉE. 207
rent ensuite de grandes espérances sur le projet de H. Bonnat
d* aller en personne ouvrir ce marché. L*empôreur lui donna
Vaulorisation de faire le voyage de Salaga, et le 5 août 1875
il partit de Koumassi. Arrivé en six marches à la ville de Lote-
babo, qui fait partie d'un petit royaume tributaire de TAchanti,
il trouva ce royaume en pleine rébellion. Lui et ses guides furent
faits prisonniers et emmenés à la capitale, Djouabîn. Les
Achanti ressentirent le coup de l'arrestation de M. Bonnat
conmie une injure personnelle ; ils décidèrent de faire un su-
prême effort pour étouffer le soulèvement de ce royaume vassal,
pour punir son chef qui, en ruinant le commerce, menaçait de
perdre l'empire Achanti, enfin pour délivrer leur ami français.
En même temps qu'on prenait ces dispositions à Koumassi, on
tenait conseil à Djouabîn. Quelques chefs, attribuant la destruc-
tion de Koumassi par l'armée anglaise au fait de la première
captivité de M. Bonnat, et eu augurant pareil sort pour Djouabîn,
firent reconduire le voyageur à la côte. Au moment où celui-ci
arrivait sur le territoire de la colonie anglaise d'Akkra, l'armée
de l'empereur d'Achanti entrait en campagne contre Djouabîn
et détruisait cette ville et les autres villes principales du
royaume tributaire révolté.
Dans les derniers mois de 1875. M. Bonnat, décidé à faire le
voyage de Salaga, choisit une autre voie que celle de Kou-
massi et Djouabîn. Il partit de Cape Goast Castle, principal
établissement des Anglais sur la côte d'Or, pour remonter le
fleuve Yolta, qui débouche dans le golfe de Bini (ou Bénin),
un peu à l'ouest de la ville d*Atoko, entre les royaumes
d'Achanti et de Dahômé. Ce voyage fut couronné par le suc-
cès (voir ïi^ 541). M. Bonnat a étendu dans une grande mesure
notre connaissance d'un fleuve de l'Afrique, qui est probable-
ment destiné à devenir une voie d'actif commerce avec les
contrées encore vierges du Gourma et des Hôssi, situées à
rinlérieur de la grande courbe décrite par le Dhiôli-Ba. Il n'y
avait pas longtemps que la partie inférieure du Volta nous
était connue. Le capitaine Glover, de la marine anglaise, en
.„,_., — ogle
208 AFRIQUE. N- 319-352
avait déjà relevé 117 kilomètres, depuis la pointe Dolben
jusqu'à la ville de Kpong, sur sa rive ouest, en face des ra-
pides de Medika. Ces relèvements, complétés par des obser-
vations de Tannée 1873, servent de base à la carte n9 597
de Tamiraulé anglaise, qui s'arrête à Kpong, à 101 kilomètres
à vol d'oiseau de la pointe Dolben. Dans cette partie du fleuve,
les indigènes pèchent en quantité une espèce dhuitre, dont
ranimai, séché au soleil, devient un objet important de com-
merce. Les rapides de Hedika sont ainsi nommés d'après la
ville de Hedika qu'on trouve, un peu en deçà, sur la rive ouest
du fleuve. Elle est séparée par un marais du village d'Âkoussi,
où sont établies les factoreries de MM. Miller et Swanzy, -los
dernières du côté de l'intérieur. M. Donnât nous apprend que,
pendant plus de neuf mois de l'année, il n'y a que les embar-
cations plates des habitants qui puissent naviguer dans les
rapides de Medika, mais que pendant les mois d'août et de
septembre, et une partie du mois d'octobre, les eaux du fleuve
s'y élèvent d'au moins 10 mètres au-dessus de l'étiage, et
qu'alors l'obstacle à la navigation n'existe plus même pour de
gros bateaux à vapeur. Â Test de Medika commence le pays de
Krépé qui est montagneux, très-accidenlé, fertile et salubre
Dans les magnifiques plaines qui séparent entre elles les monta-
gnes du Krépé, le palmier et le cotonnier croissent en abon-
dance, des essais de culture du caféier et du cacaoyer ont très-
bien réussi, et tout fait penser que les fruits de la zone tropi-
cale réussiraient également. Dans le haut pays, on cultive le riz
avec beaucoup de succès. Le Krépé, bien que toujours très-
peuplé, a souffert néanmoins de l'invasion des Achanti en 1869.
Au nord de Kpong, les cinq pirogues de M. Donnât arrivè-
rent au rapide de Sinkey qui compte comme un des plus im-
portants de ceux du Yolta. Ils sont dans le grand pays d'Akoua-
mou, dont Akouamou, la capitale, se trouve, un peu plus haut,
sur la rive est du fleuve. Le 7 décembre 1875, l'explorateur
français continua son voyage de découvertes. Au lieu de couler
au sud-est, comme dans la partie comprise entre Kpong et son
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SÉNÉGAMBIE ET GUINÉE. 209
embouchure, le Volta arrive maintenant du nord-nord-est, et
sa belle nappe d'eau, mue par un fort courant, est semée de
belles îles et d'ilôts. Bientôt M. Bonnat s'engagea dans les
rapides de Pessé, que ses vingt-sept rameurs eurent beaucoup
de peine à franchir pour atteindre le petit village d'Aourahaye,
bâti sur la rive droite (ouest) du Volta, près du confluent dé la
rivière Aframé.
Au nord d'Aourahaye, le Volta forme de nouveaux rapides,
dans lesquels les canots de M. Bonnat n'avancèrent encore
qu'avec peine. Le fleuve est bordé ici par une forêt de palmiers
et d'autres arbres, si épaisse qu'elle serait impénétrable sans les
hippopotames qui se sont chargés d'y frayer des chemins. Le
iO décembre, M. Bonnat arriva à 84 kilomètres de Kpong, aux
rapides de Woopé, qu'il put remonter en serrant de près la
rive droite, et en amont desquels le fleuve est très-profond, bien
que son courant soit plus lent qu'ailleurs. — Voici comment
H. Bonnat décrit cette partie du Volta : « Depuis Woopé, le
fleuve est splendide et se déroule gradeusement en vastes con-
tours. Sur les deux rives, un rideau de forêts d'une centaine
de mètres de profondeur le sépare de la plaine. Dans la prairie
croissent, çà et là, des groupes d'arbres à beurre végétal
[Elaeis Guineense) qui font ressembler ce pays à un beau
parc. A gauche (ouest) s'étend l'immense prairie déserte que
j'ai traversée dans mon voyage d'Atebobo, tandis qu'à droite
(est) on aperçoit les montagnes de Krépé. Le soleil est lourd
et laisse tomber ses rayons sur la surface tranquille du fleuve,
qui contraste avec l'agitation des rapides que nous venons de
ti:averser. »
Il est peut-être utile de direâci que sur toute la partie du
Volta vue par M. Bonnat s'étendent des plaines immenses et
fertiles couvertes de prairies. En attendant la culture de
plantes d'un meilleur rapport, cette contrée possède donc,
dès maintenant, des herbages, sur lesquels on pourrait
élever des quantités de bêtes à cornes et récolter en même
temps les fruits de YElaeis Guineense^ dont le fruit bouilh
l'année ftÉOGR. XV. ,14
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210 , AFRIQUE, N« M9^S2
donne ce beurre végétal employé déjà en Ei^*ope pour, grais-
ser les machines à vapeur.
Du village de Nkami, en Awoumé, où il avait fondé un éta-
blissement de dépôt, M. Bonnat fit une excursion à Test du
Yolta jusqu'à Kpando, qui a 2 500 habitants. Kpando est un
ancien centre de population , composé de trois villages. Les
Achanti l'avaieit entièrement détruit, mais au moment de Tar-
rivée de' H. Bonnat il était déjà rebâti en grande partie. C'est
. à l'action vivifiante du commerce que cette résurrection ra-
pide est due. En effet, Kpando fut jadis le grand marché où
les tribus environnantes échangeaient leurs produits : le beurre
végétal, l'huile de palmier, les pelleteries, le riz, le coton et
les pagnes qu'ils fabriquent et qui trouvent un débouché facile
sur la côte. Il était donc naturel que ces tribus songeassent à
faire renaître de ses cendres Kpando, vers lequel d'ailleurs
convergent des routes dans plusieurs directions. M. Bonnat est
le premier Européen qui aii vu Kpando.- Il y a été reçu avec
une crainte respectueuse. Ceux des habitants que le roi desr
Achanti n'avait pas emmenés en captivité avaient déjà deux
cents maisons complètement bâties, et cinq cents autres mai-
sons étaient en construction, sans coH^)ter les petites tours qif i
servent de greniers.
M. Bonnat, accompagné de son associé M. Bonnerman, re-
monta ensuite le Volta en passant les rapides de Sempé. Près
de ces rapides, un peu en amont,- à Bobokroum, « on jouit
d'un vaste point de vue, écrit le voyageur. Au nord-e^t,
la rivière est visible à plus de dix-huit kilomètres, en ligne
droite, avec ses bords escarpés et couverts de lianes aux mille
couleurs.... L'eau est claire et le courant n'est pas assez fort
pour faire entendre ce murmure favori des romanciers quand
ils décrivent a lovely place, A environ dix-sept ou dix-huit kir
lomètres à l'est, j'aperçois une chadne de montagnes assez haute
qui court du nord au sud. L'une d'elles, de forme arrondie,
s'élève isolée au milieu de la plaine. C'est au pied de ces mon-
tagnes qu'habitent les Nkagnan, qui comptent vingt-sept villa-
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SËNÊGAHBI£ Et fiUlKÉE* 2ll
ges assez importants, paraît-il, quoiqu'ils aient eu beaucoup à
souf&ir de l'invasion des Achanti en 1869. Mais un grand
nombre ont profité des troubles causés ensuite par Texpêdition
anglaise pour revenir dans leur pays.... Près d'ici, à environ
900 mètres au nord, est le confluent de la rivière Bossom, qui
vient du nord-ouest, et dont j'ai traversé les sources dans mon
voyage d'Atebobo *. »
Au pied des montagnes des Nkagnan est le village de Ntou-^
mena, caché dans une forêt de palmiers, au milieu des plus
riches plantations. M. Bonnat et son compagnon de route allèrent
le visiter, et les indigènes, attirés par la curiosité, accouraient
en foule sur le passage des deux premiers hommes blancs qu'ils
eussent vus ; mais ils se tenaient respectueusement à distance.
La plupart des habitants étaient vêtus de pagnes ; d'autres, et
spécialement les jeunes filles, n'avaient pas le plus léger vête*
ment. M. Bonnat trouva une grande ressemblance physique
entre les habitants de Ntoumena et les Achanti; comme ces
derniers, ils sont également très-supérieurs aux autres peuples
de la côte de Guinée.
Au-dessus des rapides deSempé, que les voyageurs quittèrent
le 11 janvier 1876, des bancs de gravier rendent les eaux très-
basses ; les berges sont formées de rochers de quartz contenant
du minerai de fer. Après le confluent de la rivière Âssoukoko
(c'est-à-<iire rivière rouge) y le lit du fleuve est obstrué par une
muraille de rochers formée d'un conglomérat de cailloux rou-
lés, unis ensemble par un ciment couleur de fer. Les eaux du
Voila se précipitent avec violence dans un passage assez étroit,
entre les parois de rochers. Cet étranglement du fleuve a reçu,
de M. Bonnat, le nom de « la Porte de fer ». Plus haut encore,
à Kraké Dinté, d'autres rapides gênent la marche des bateaux,
et une chute de 4 à 5 mètres de hauteur oblige à rompre
charge, pour rembarquer les ^larchandises au-dessus du pas-
sage difficile.
U Explorateur f n» 74. p. 4.
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212 ' AFRIQUE. ^' 319-552
A Kraké, les habitants, surtout le clergé fétichiste et le roi,
montrèrent de la répugnance à laisser M. Bonnat, l'ami des
Achanti, continuer son voyage vers Salaga; mais l'attitude
ferme du voyageur en imposa à ces indigènes. Leurs disposi-
tions défiantes n'étaient qu'une conséquence de leurs sympa-
thies marquées pour la causé des insurgés de Djouabîn ; un
certain nombre de ceux-ci avaient trouvé un asile dans le pays
de Kraké.
A partir de ce point, M. Bonnat fît la route à pied, marchant,
sur la rive orientale du Volta, dans un pays où Ton cultive acti-
vement le tabac et le millet, et où les prix de certaines mar-
chandises indiquent que le marché n'avait jamais été gâté. Au
village de Talessou, qui est composé de cinq ou six hameaux,
renfermant de 15 000 à 18 000 habitants, on pouvait acheter
deux défenses d'hippopotame pour cent kourdi (coquilles de la
Cyprea moneta). Le 29 janvier, M. Bonnat arrivait à Pémé,
capitale du pays de Sérima, appelé aussi Ntah, dont fait partie
le marché de Saraha ou Salaga. Il fut reçu avec honneur par le
roi, qui déclara son pays tout entier ouvert au commerce avec
l'Europe. Le lendemain, une promenade de 4 ou 5 kilomètres
conduisit les voyageurs à Salaga. Quelle ne fut pas leur surprise
de trouver là, sous un arbre de la place du marché, M. Golds-
bury, commandant du poste anglais d'Akkra? Jaloux de pré-
céder M. Bonnat dans le royaume de Sérima, il y était arrivé,
à marches forcées, par la route de l'Achanti, quarante-huit
heures après notre compatriote.
C'est pendant sa longue captivité au pays Achanti que
M. Bonnat avait entendu parler de Salaga comme d'un marché
important ; dès lors il avait conçu le désir de visiter cette ville,
célèbre chez tous les noirs de la côte de Guinée, et restée jus-
qu'ici en dehors des voies frayées par les voyageurs européens.
Cependant, nous connaissions d^à Salaga de réputation; la
précieuse collection d'itinéraires que Henri Barth a réunie, en
interrogeant les voyageurs africains pendant ses explorations
dans l'ouest de la Nigritie, contenait la première mention de
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SËNÉGAMBIE ET GUINÉE. 215
Salaga ou Selga, Cette Tille s'y trouvait déjà désignée comme un
centre important du commerce de l'intérieur, où aboutissaient
des chemins partant de Komba, au nord, sur le Kwâra, dans le
royaume de Gandô et de Tagnéra, à l'ouest, dans le pays de
Foulouna. En 1854, année où Henri Barth recueillait ces pre-
mières indications sur Salaga, cette ville, chef-lieu de la pro-
vince de Gondja, était la résidence d'un gouverneur; elle payait
tribut aux Achanti. On estimait alors à 1 000 habitants seule-
ment le chiffre de sa population, mais le rôle de Salaga était
déjà exactement celui que M. Bonnat lui donne : le grand mar-
ché de commerce de la noix de goûro. Mais les informateurs
de Barth n'avaient pas su lui apprendre ce fait capital que le
Vplta coule à une petite distance de Salagat
Voici maintenant en quels termes M. Bonnat décrit Salaga,
dans une note adressée à Sa Majesté le roi des Belges, prési-
dent de la Commission internationale d'exploration et de
civilisation de V Afrique.
Salaga est située sous le même méridien que Greenwich et par
T'SS' de latitude nord environ, à vingt milles (37 kilomètres) des
bords du Volta. De la côte on peut y arriver facilement, en pirogue, par
le fleuve en douze ou quatorze jours .
La ville est au milieu d'une immense plaine d'herbes, parsemée de
gommiers et d'arbre à beurre végétal [Elaeis Guineense), ce qui lui
donne Taspect d'un parc. Cette plaine abonde en gibier de toute ^orte ;
on y trouve le buffle, le sanglier, des ruminants du genre Antilope,
et comme carnassiers l'hyène, le léopard et le lion.
La ville est composée de neuf à dix mille cases ou maisons rondes,
couvertes en chaume. Chaque famille a un certain nombres de cases,
selon le nombre de ses membres ou son degré de prospérité. Toutes
les cases d'une famille sont entourées d'un mur demi-circulaire allant
d'une case à l'autre; il n'y a dans le corps de logis qu'une seule en-
trée, qui est par la plus grande case d'où Ton entre dans la cour in-
térieure, où toutes les autres communiquent. Chose singulière, cette
grande case de Feutrée, qui est toujours la plus aérée, est Fétable
des chevaux.
Dans chaque corps de logis, on trouve un certain nombre de cases
disponibles servant à l'hospitalité des étrangers. Les riches et les
nobles ont même des corps de logis tout entiers à cet effet. Aucun
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244 AFRIQUE. N- 319-552
loyer ou frais de logement D*est demandé par le propriétaire aux voya-
geurs ou aux marchands qui peuvent rester en possession des logis
qu'ils ont choisis aussi longtemps que boa leur semble.
La monnaie en usage à Salaga, comme dans toute T Afrique cen-
trale, consiste en ces petits coquillages de mer qu'on appelle cawris
(kourdi), ainsi qu'en poudre d'or.
Les principaux articles de commerce sont : le sel qui atteint des
prix très-élevés (j'en avais apporté une tonne pour essai et je la ven-
dis à raison de 800 francs '), les verroteries et mosaïques, les petits
miroirs, les étoffes d'indienne où dominentlerougeainsi que les autres
couleurs voyantes, les spiritueux, la poudre et les armes, le fer, la
coutellerie, la poterie coloriée, les bracelets de cuivre, colliers,
chaînes et bagues en argent, les tapis, la flanelle, la parfumerie et
quantités d'articles de fantaisie.
Les produits que l'on obtient des naturels sont, en première ligne,
le beurre de chi ou beurre végétal, produit d'un arbre qui croit en
très-grande quantité sur toutes les plaines de cet immense plateau
qui s'étend des bords du Volta aux bords du Niger ; l'ivoire et les
plumes d'autruche. Ces deux articles cependant, jusqu'à mon arrivée,
y jouaient un rôle comparativement petit, car ils étaient utilisés seu-
lement par les naturels, le premier pour en faire des bracelets et des
oliphants, et le second pour orner, je devrais dire couvrir, les vête-
ments des chefs et des principaux guerriers ; mais la plus grande
partie de ces produits ont été jusqu'ici portés par les naturels à 200
milles (571 kilomètres) dans le nord-est, sur la grande route que sui-
vent les caravanes de Berbères, de Maures et d'Arabes, venant du
Bornou et du Uaousa, et retournant à Timbouktou'. Les autres produits
s6nt les peaux et la cire; l'indigo, qui croit en abondance dans tout
le pays, ainsi que les gommes et beaucoup de graines oléagineuses
qui pourraient devenir des articles de commerce importants.
Parmi les produits manufacturés du pays, je dois citer les peaux
tannées et coloriées. Avec ces peaux, les naturels font des sacs de
fantaisie, des coussins, des sandales, des babouches et des pantalons
pour les cavaliers, en même temps que des harnais pour les che-
vaux.
Je fus tout étonné de trouver sur le marché de Salaga des soies de
Lyon, d'Algérie et de Tunisie. J'y trouvai aussi une petite quantité
d'étoffes anglaises et françaises et des burnous arabes en drap et en
flanelle rouge, blanche ou d'autres couleurs, doublés de soie et bro-
1 . Cela fait 88 centimes le kilogramme.
2. Il y a vingt ans, les relations commerciales entre les marchés du Bornou
et Timbouktou étaient complètement nulles.
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SEMÉ6AMBIE ET GUINÉE. 215
dés artisfement avec des fils d*or. Des fez de Tunis, et ceux plus com-
muns qu'on fabrique en France, étaient étalés près de ces mêmes
articles. Je trouvai des parfums d'Arabie et une quantité d'autres pe-
tits articles. J'y trouvai jusqu'à de l'ail qui, certainement comme
toutes ces ^dernières marchandises, avait dû traverser le grand désert,
les régions intertropicales n'en produisant point.
Les autres produits qui tiennent une grande place sur le marché de
Salaga sont les tissus de Bornou, du Haousa et de différentes tribus
renommées de T Afrique.
n se fait aussi beaucoup d'àfTaires sur les bestiaux, amenés à Sa-
laga par les tribus pastorales des Foulbé qui habitent dans le nord-
ouest. Les bœufs et les moutons s'y vendent à des prix excessivement
bas: les volailles et le gibier proportionnellement. Un beau cheval se
vend 50 francs, payés en marchandises, un âne 20 francs, une mule
de 40 k 60 francs. €es deux derniers animaux, ainsi que le bœuf,
sont les bêtes dont on se sert pour les transports; il y en a toujours
une quantité considérable paissant dans les prairies environnant Sa-
laga.
Mais le commerce le plus important est, avant tout, celui des
esclaves. ,
Les provisions de toutes sortes abondent et sont d'un bon mardié
étonnant. On trouve à une place spéciale du grand marché toutes les
provisions et même*les mets tout préparés que l'on peut rencontrer
sur n'importe quel point du continent africain. Le Poulo y trouve son
lait frais et son millet blanc ; le Berbère et le Haousa leur kouskous-
sou ; le Môssi, le Groussi *■ et le Goureman * son igname bouillie et sa
fiàrine de manioc, d^autres tribus leur gftteau de maïs, et ainsi de
suite. Le musulman s'y désaltère avec son eau fraîche, mélangée avec
de la farine de millet, tandi» que l'infidèle ou fétichiste y boit sa
bière de millet et de miel, espèce d'hydromel très-fort et très-eni-
vrant, quelquefois aussi du vin de palmier ou de dattes, mais cela
assez rarement, le palmier étant très-clair-semé dans les plaines envi-
ronnantes '.
Le marché de Salaga offre assurément le tableau le plus vivant et
le plus extraordinaire que j'aie rencontré en Afrique. Chaque com-
merce ou industrie y a son emplacement particulier. Chaque grande
1. Serait.cerhabitaQt du Thogochi, pays au sud de celui des Môssi?
2. ÉTidemment un nom anglais Toulant dire : habitant du Gourma, le pays sur
la me sud du Niger moyen.
Z. La présenoe du palmier-dattier dans les plaines de Salaga, et sa finictifi-
cation, sont des constatations de géographie botanique extrêmement intéres-
&antes.
yGoogk
216 AFRIQUE. N"< 31»-35^
triba y habite aussi un quartier spécial, auquel elle a douné sqd
nom.
n y a trois mosquées à Salaga, et leur construction massiye con-
traste singulièrement avec le style léger des maisons ordinaires. Les
habitants musulmans, ainsi que les étrangers qui professent cette re-
ligion (ils forment la grande majorité), quoique très-ignorants pour
la plupart, semblent cependant très-attachés à leur culte, qu'ils pra-
tiquent régulièrement. Je remarquai avec plaisir qu'ils étaient beau-
coup plus avancés dans l'industrie que les peuplades païennes prati-
quant le fétichisme et habitant les côtes. L'habitude de rencontrer
toute espèce de gens dans leurs pérégrinations commerciales dans le
centre de l'Afrique les a rendus polis et sociables, et surtout leur a
enlevé toute espèce de fanatisme. Les chefs des caravanes ayec les-
quels je causai m'assurèrent qu'il en était ainsi partout dans le Sou-
dan, et me dirent combien ils seraient heureux de voir les Européens
venir à eux. Gela me donna l'idée de leur demander s'ils aimeraient à
avoir une école où leurs enfants pourraient apprendre les langues eu-
ropéennes ; ils me répondirent qu'ils en seraient très-heureux.
Quoique l'impression que me fit Salaga fût bien celle que j'avais
rêvée, cette ville n'était cependant, paraît-il, que l'ombre de ce qu'elle
avait été deux ans auparavant. Depuis que la grande révolte dont j'ai
parlé plus haut avait éclaté en Achanti (fin de 1874), les routes de
l'intérieur, infestées de rebelles, devinrent le théâtre sanglant où des
milliers d' Achanti furent pillés et égorgés, en représailles du joug que
leur souverain et les grands de leur pays avaient trop lourdement et
trop longtemps fait peser sur les populations de Tintérieur qui leur
étaient tributaires. Le désordre et la désorganisation qui suivirent la
chute de Koumassi, ainsi que d'autres raisons, avaient laissé le gou-
vernement sans forces suffisantes pour étouffer cette révolte, de sorte
que le marché de Salaga fut forcément abandonné par les Achanti, au
grand détriment de la prospérité de cette ville, dont le commerce
tomba énormément, attendu que le kola ou goûro, qui attirait la
plus grande partie des caravanes, ne pouvait être obtenu que des
Achanti. Toutes les autorités du pays, ainsi que les marchands étran-
gers, se plaignaient amèrement de cet état de choses, et d'être privés
de ce fruit, si précieux à leurs yeux, pour lequel quelques-uns d'entre
eux avaient fait des voyages de 700 à 800 milles '(1500 à 1480 kilo-
mètres) dans l'espoir de se le procurer. C'était une plainte générale ;
ils me montraient plusieurs quartiers de la ville, déserts et tombant
en ruine, ajoutant que Salaga, tel que je le voyais, n'était qu'une
ombre, déclinant tous les jours, de ce qu'il avait été. Us m'assuraient
que si les kola abondaient sur leur marché comme autrefois, chaque
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SËNÉGAMBIE ET GUINÉE. 217
jour j'aurais tu plus de dix mille étrangers à Salaga, ce que je crois
facilement, car j'ai pu en juger par la quantité extraordinaire de ces
fruits que chaque jour je voyais expédier du pays Âchanti pendant
ma captivité. Aussi tous me prièrent instamment dé faire mon pos-
sible pour trouTer le moyen d'introduire ce fruit sur leur marché,
vœu qu'avec Faide de Dieu j'aurais été probablement à même de
satisfaire, si des circonstances auxquelles j'ai fait allusion n'étafent
pas inopinément arrivées m'en empêcher.
 en juger par les maisons vides et tombant en ruine, qui
couvrent aujourd'hui le sol des trois quarts de la superficie
de la ville, H. Bonnat estime que, dans l'ère de sa prospérité,
elle devait avoir 40 000 ou 45 000 habitants, auxquels s'ajou-
tait encore une immense population flottante. La guerre que
Sâlaga a soutenue contre les Achanti, et qui a causé sa ruine
passagère, avait réduit à 15 000 ou iSOOO le chiffre de ses
habitants.
Pour revenir à la côte, après avoir fait le commerce pendant
un mois à Salaga, le voyageur français fit transporter ses mar-
chandises à Yegyî, près de la rive ouest du Volga, à 42 kilo-
mètres sud-sud-ouest de Salaga. Il releva alors une nouvelle
partie du fleuve, jusqu'aux cataractes de Kraké Dinté, point
où il avait pris la route de terre pour aller à Pémé et à Salaga,
et il descendit ensuite le Voita jusqu'à la côte.
Résumons maintenant les notions nouvelles que nous devons
à H. Bonnat sur les pays qu'arrose le Yolta, et examinons la
situation de ces pays aux points de vue de la politique et du
commerce.
A 130 kilomètres de la côte malsaine de la Guinée, on
arrive, par le Volta, dans un pays montagneux, au climat
salubre, dont le sol est fertile et qui est peuplé par des tribus
laborieuses. Ce pays produit les amandes de palme, l'huile de
palme, le copruy Taracbide et d'autres graines oléagineuses,
l'indigo, le gingembre, plusieurs variétés de coton, le café,
des bois de construction, d'ébénisterie et de teinture, des mar-
bres remarquablement beaux et une quantité de minerais. Le
fleuve Volta coule pendant plus de 290 kilomètres à travers ce
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218 AFRIQUE. ^ 319-552
pays; plus loin au nord, et jusqu'à Salaga, il arrose une con-
trée tout aussi fertile, mais dont les produits ne sont plus les
mêmes. Les Hdssi, qui vivent au sud de TomboucioUj et qui
sont arrrivés, en dehors de Tislâm, comme les Acfaanti, à un
certain degré de civilisation, fréquentent Salaga, où M. Bonnat
a rencontré leur chef. Ce sont les Môssi qui enlevaient sur ce .
marché une notable partie des noix de goûro qu*on y vendait
jadis. Par les tribus voisines, le marché de Salaga est approvi-
sionné en esclaves, qui sont l'article le plus important, en cire
d'abeilles, en défenses d'éléphant et dents d'hippopotame. La
monnaie est le kourdi, et, pour faire ses achats, H. Bonnat a
dû établir la valeur de cette coquille en monnaie d'Europe;
elle est d'une fraction (0,125) de centime, soit 1 fr. 25 c. pour
1000 kourdi. A ce cours, on vendait à Salaga les petites
défenses d'éléphant à raison de 1 fr. 20 c. le kilogramme, et
la cire d'abeilles à raison de 60 centimes le kilogramme.
Quinze grands rapides, sans parler d'autres plus petits, font
obstacle à la navigation régulière sur le Volta entre Salaga et
l'Océan. Il est à espérer que les richesses des pays de l'intérieur
arrosés par le Volta devenant mieux connues, on songera bien-
tôt à améliorer ici les conditions de la navigation au moyen de
travaux exécutés dans ces rapides. C'est là l'idéal que poursuit
M. Bonnat. Âmi des Achanti, et connaissant bien tout le pays,
il est d'avis que Salaga, qui est avant tout un marché de goûro,
perdrait son importance commerciale sans les Achanti, qui y
apportent ce fruit. En cela, notre voyageur est sans contredit
dans la vérité, et il voudrait favoriser les vues politique^ des
Achanti. Le gouverneur anglais d'Akkra, H. Goldsbury, est
allé à Salaga, par ordre de lord Gamarvon, avec mission d'ou-
vrir, en attendant que la voie du fleuve soit rendue praticable,
une route par terre à Salaga, le long de la rive ouest du Volta,
et de travailler, d'autre part, à empêcher l'extension de la puis-
sance des Achanti sur Salaga. L'avenir nous apprendra laquelle
de ces deux politiques était la meilleure ; cependant, les faits
que M. Bonnat a rapportés de son voyage rendent désirable de
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SÉNËGAHBIE ET GUINÉE. 219
voir s'étencire sur Salaga et sur le Volta la puissance d'un
peuple, encore barbare, il est vrai, sous beaucoup de rapports,
mais intelligent et susceptible de progrès rapides.
Ici nous sommes forcés de toucher enfin à un sujet extrême«-
meat délicat. Sur le Volta, comme dans l'empire Âchanti,
nous Toyons se produire le commencement d^un nouvel épisode
du grand mouvement de la propagande musulmane en Afrique.
Les musulmans arrivent d'abord comme marchands, et, comme
nous l'avons dit, celle de leurs marchandises à laquelle ils
ménagent le plus grand succès est Tamulette, rédigée par
leurs marabouts. Ils ne pouvaient pas trouver un moyen d'ini-
tiation plus adroit, ni mieux adapté que celui-là au caractère
des peuples du Sérima et du Kraké, aussi bien qu*à celui des
Achanti. Évidemment la conception élevée et relativement
tolérante de Tislâm, tel que l'enseigne l'école des Bakkaï, se-
rait un progrès intellectuel pour ces peuples. Mais, actuelle-
ment, il convient de se tenir en garde contre les tendances des
missionnaires musulmans, qui ne sont pas tous de l'école
éclairée des princes-marabouts dç rAzaouâd et de Timbouktou.
Pour les pays de la côte de Guinée qui nous occupent, il est
à désirer que TEurope, de son côté, cherche à en civiliser les
habitants. H. Bonnat nous apprend que les races qui les
peuplent sont capables de progrès, et nul doute qu'au point
de vue de l'avenir il ne soit préférable pour tous de voir la
civilisation introduite sûr les rives du Volta par des commer-
çants européens qui peuvent vivre, sans leur faire une con-
currence ouverte, à côté des musulmans vendeurs de gris-gris.
Une fois convei-ties à Tislâm, ces populations seraient peut-être
moins souples, et pourraient devenir, comme tant d'autres,
réfractaires aux notions modernes de la justice, de la tolérance
et du progrès.
Nous souhaitons à H. Bonnat bonne chance dans la pour-
suite du but élevé vers lequel il dirige ses efforts, et dans les-
quels il mérite d'être encouragé. Il a déjà bien mérité auprès
des géographes par sa reconnaissance hardie de 425 kilomètres
220 AFMQUB. N" 319-552
d'une partie inconnue du fleuve Yolta, et par son voyage à la
ville de Salaga, à 450 kilomètres de la côte de Guinée.
f
§ 4. — Les Anglais sur la côte de Guinée et sur le Kwftra (Niger).
Au moment où un échange de possessions, européennes sur
la côte de Guinée a été projeté, et où un explorateur vient non-
seulement 'de faire connaître avantageusement le nom de la
France dans le pays des Achanti et chez les peuples riverains
du Yolta, mais encore d'obtenir une concession de 15 kilo-
mètres carrés sur la rive est de ce fleuve, vis-à-vis Nkami, il y
a intérêt à suivre la ligne de conduite dé l'Angleterre au milieu
des complications qui ont surgi pour elle, en 1876, sur la côte
de Guinée.
Au commencement de cette année, le roi du Dahômé fit
commettre, par un de ses officiers, un outrage sur la personne
de H. Turnbull, seul négociant anglais résidant à Waîda
(Whidah), ville qui communique par une lagune avec le centre
voisin de Porto Novo, placé sous le protectorat de la France.
Le Commodore Hewett, commandant de la division anglaise sur
les côtes ouest d'Afrique, réclama une indemnité, menaçant de
fstire le blocus de la côte en cas de refus. Le roi de Dahômé
répondit à cette réclamation en s'emparant de tous les rési-
dents européens, français pour la plupart, sauf quelques por-
tugais (car la maison anglaise s'était sagement retirée), et en
groupant ses forces le long de la côte. Le 1" juillet 1876, le
Commodore anglais déclara le blocus par mer; le 18 juillet, les
autorités du Dahômé fermaient rigoureusement tous les che-
mins et toutes les lagunes autour de Waïda, aussi bien du côté
de l'intérieur que du côté de la mer ; elles interdisaient aussi
toute transaction commerciale aux factoreries européennes*.
Le roi du Dahômé faisait savoir aux négociants français et por-
tugais, qui se trouvaient rendus responsables de la démons-
1. Voir les lettres intéressantes publiées à ce sujet dans le Sémaphort de
Marseille, reproduites dans le XIX' Siècle^ numéro du 19 septembre 1876.
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SÉNÉGAMBÏE ET GUINÉE. 221
tralion de TAnglelerre, que le commodore Hewett ayant eu le
tort de le frapper d'une amende de 500 banques d'huile de
palmier, alors qu'il était absent de sa capitale et par consé-
quent dans impossibilité de prendre connaissance de la récla-
mation anglaise, il acceptait la guerre contre l'Angleterre
plutôt que de soumettre à ses exigences. En même temps, il
annonçait l'inlenlion de mettre à mort les résident^ européens
si l'Angleterre ouvrait les hostilités.
Nous ne connaissons pas la suite donnée au blocus de la
Côte des Esclaves ; les journaux anglais ne parlaient de rien
moins que de faire, s'il le fallait, une campagne par terre pour
atteindre le roi jusque dans Abomé, sa capitale. Mais nous
avons confiance dans la vigilance du commandant de l'escadre
française pour toutes les mesures utiles à sauvegarder la vie et
les biens de nos nationaux établis à Waïda.
Peu de temps après la déclaration du blocus de la côte du
Dahômé, le commodore Hewett ^remontait le Kwâra (bas Niger)
pour infliger un châtiment à .un peuple qui vit sur ses bords,
et qui avait construit un barrage en racines de palétuviers,
armé de trois canons, dans le but d'empêcher un bâtiment de
commerce anglais de redescendre à la mer. Cette démonstration
hostile des habitants du Kwâra devait être d'autant plus vive-
ment sentie par l'Angleterre, que cette puissance possède,
comme on sait, une langue de terre sur le confluent du Bénoué
avec le K^âra et que de beaucoup la plus grande partie du com -
merce extérieur de ce fleuve est entre les mains d'armateurs
et de négociants anglais. Le commodore Hev^ett détruisit la
barrière'; il remonta le Kwâra et attaqua la ville de Sobogrega,
fortifiée, comme toutes celles de cette partie du fleuve, par des
enceintes de palissades garnies de meurtrières, et défendue
par des canons. Le feu des canonnières anglaises fut impuissant
à réduire la place, et il fallut livrer l'assaut deux jours de suite
pour s'en emparer. Les Anglais ont brûlé Sobogrega, une autre
1. The Timeft numéros du 14 et du 15 septembre 18T6.
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222 • AFMQCE. N- 355-370
ville située en amont de celle-ci, et enfin la ville auprès de la-
quelle on avait construit le barrage.
VIII
ÉTÀT8 MUSULMANS DE LA NIQRITIE INTÉRIEURE
353. Pbout (le commandant H. G.)* Traduction d'un rapport général
sur le Rordofân, adressé à Son Ex. le général Stone, br.in-4 lithog.
U Caire, imprimerie de TEtat-major général, 1876.
354. Du môme : Rapport sur le Rordofân, abrégé. Explorateur^ 1876,
n» 59, p. 294-295.
355. Mahir (le lieutenant Mohammed) . Carte de la route reconnue entre.
Khartoûm et El-Obeïd en Rordofân, par le commandant Prout,
en 1875. Échelle du iôô^*- ^ feuille gravée, lettre en langue
arabe. Le Caire, État-major général égyptien, 1875.
Cet itinéraire part de Oumm Dourmftn, sur la rive ouest <lu Bahar El-
Abiod, Tis-à-v)8 de Rhartoûm ; il suit la rive du fleuve au sud jusqu'à
Tîra El-Hadra, et prend de là la direction des villages de Rhoursi et de
Bflra pour arriver à El-Obeld.
356. Du même : Expédition Prout, 1875-1876. Province de Rordofân.
Carte à Téchelle du 800Î006*** photographiée, en mai 1876, au
bureau de TÉtatmajor général du Caire, par le lieutenant-colonel
Çaddîq-Bey.
Cette carte dépasse au nord la latitude de 15* 30' et va au sud jusqa'à
11* 3(y. A l'ouest elle commence à S9* 30% et elle s'arrête à Test au 33* de
longitude est de Greenwich. Elle comprend donc un cadre limité par 27*
10' et 30* 40' de longitude est de Paris. Les itinéraires sont appuyés sur
des déterminations astronomiques faites à Tira El-Hadra, Douém, Kara-
nek, Djebel Rohn, Nnaouéli, Fakl Rohi, Chirkélé, Takoba, Djebel Wadelki,
Tayara, un point jprès de Ring El>Hoba, El-Obeïd, Fertangoul, Goumbarra,
un point dans le Dàr Hamid et un point sur l'Ouàdi lin-Mla. On a tenu
compte de la déclinaison de l'aiguille aimantée 6* ht' 27' ouest, observée
à El>Obeïd pendant l'expédition. Les hauteurs des différents points sont
données en mètres; elles montrent que le sol du Rordofân est en général
à une altitude de 400 mètres à 600 mètres au-dessus du niveau de la
mer. Enfln on a indiqué les limites des zones de végétation des trois ar-
bres caractéristiques de cette région : le Borassuê flabelliformis (deléb)
le sycomore, et VAdamonia digitata (baobab).
357. AiiMBD Effemm Hamboi [le capitaine adjudant-major). Carte d'une
reconnaissance de la partie est .du Rordofân (expédition du com-
mandant Prout). Echelle du '^jsî^ïyî* s^ Texemplaire de la
yGoogk
ÉTATS KUSULMANS DE LA NIGRITIE. 223
Société de Géographie. Une feuille photographiée. hR Oavrt^ état-
major général, 1876.
Intéressant lever des parties du Kordofftn au aord et an nord-est d'Ël-
Obeïd, chef-lieu de cette province, allant aussi loin qu'Ech-Chakik El-Ma-
ghiriyé à l'est. Entre autres renseignements précieux nous y notons les in-
dications des parties du pays qui sont boisées, celles des puits d'eau salée
qu'on exploite pour la fià)rication du sel par Tébullition, et des mines de
fer pour lesquelles le Kordofân était depuis longtemps célèbre.
^. Khalh. Efperi)! Faouzt, Hamir Effekdi Rouchdt, Yousef Effbhdi Helu
(officiers de TÉtat-major général égyptien). Plan de la ville
d'El-Obeyad, relev^ à la planchette sous les ordres de M. le com-
mandanjt Prout. 1 feuille photographiée ; échelle du i^^f^ sur
Texemplaire de la Société de géographie. Le Caire^ bureau de
rËtat-major général égyptien, 1876.
Gomme beaucoup d'autres villes de la Nigritie, El-Obeîd se compose de
groupes de maisons isolés les uns des autres. Nous remarquons qu'outre
le palais du gouvernement, la caserne, le bazar, la mosquée et le cime-
tière musulmans, cette ville possède maintenant aussi un hôpital, ainsi
qu'une église, et un cimetière chrétien.
359. GouTON (le colonel d'état-majorR. E.). Extrait d'un rapport sur le
Kordotàn, adressé à S. E. le général Stone, chef de l'Ëtat-major
•général égyptien, le 15 noTembre 1875. 1 br. in-41ithogr. le Caire,
imprimerie de Tétat-major général, 1876.
360. Du même : Notes sur les tribus de bédouins da Soudan et du
Kordofân. Bulletinde la société khédiviale de Géographie du Caire^
1876, n» 3, pages 267-277.
361 . Du même : Itinerary from Bébbé, on the upper Nile, to El-Obeyad,
with détails of places of some importance. Proceedings oftlie R.
geographical Society, t. XX, n<* 4, p. 357-362 (traduction du numéro
précédent.] *
362. Du même : Le Kordofân, Explorateur, 1876, n<> 58.
363. Du même : Carte du* pays entre Dabbé, sur le Nil, et Obeiyad,
en Kordofân, d'après une reconnaissance faite par l'expédition
sous ses ordres, du mois de mars au mois de mai 1875* Le Cpiire,
ËUt-m^ûor général, 1876.
364. Nachtigal (le docteur Gustave). lYoyage dans UAfrique centrale,
1860-4874. Bulletin de la Société de Géographie. 1876, février,
p. 129-155, avec une carte générale dressée par M. J. Hansen;
mars, p. 255-277.
365. Du même : Reisen im œstlichen Nord- und Central- Africa. Meine
Mission nach Bomu. Deutsche Rundschau, 1876, n<* 7.
366. Du même : Ueber Hofstaat, Gerichtspflege, Administration uhd
Heerwesen in Wadaï. Verhandlungen der Gesellschafl fur Erd-
kunde zu Berlin, t. II, 1875, n- 6 et 7, p. 143-155.
Cet article complète la partie du travail préoédjont, consacrée au Ouada!;
yGoogk
224 AFRIQUE. N** 355-570
il donne un tableau complet de la cour, du rendement de U justice, de
Tadministration proprement dite et de l'état militaire dans cet État.
367. PuRDT Bey (le colonel d'Ètat-inajor). Carte de l'itinéraire suivi par
le colonel d*É*,at-major Purdy, de Dongola El-'Agoûz à EUFâcher
dans Tannée 1292 de Thégire (1875). 1 feuille gravée; échelle
du T75ô5T5ïRi*- ^ Caire^ bureau de rÉtat-major général.
Cette carte, rédigée en langue arabe, est appuyée sur les calculs du lieu>
tenant-colonel d*État-major Mason pour les latitudes et les longitudes.
Elle donne le premier tracé complet de visu du grand Ouâdi Mabal, qui
^ . commence dans ta partie est du Fôr et tombe, dans la vallée du Nil, un peu
au sud deHakromar ou Dongola El-'Agoûz. Cet Ou&di Mabal est sans doute
identique à l'Ouàdi Él-Hek {vallée du roi) que le docteur Guny avait
porté sur sa carte (n* d'octobre 1862 des Nouvelles Annales des Voyages),
après eo avoir vu une partie. Nous trouvons aussi sur la carte du colonel
PÎirdy rOuftdi El-Qàb, tracé, dans le désert de Libye, à l'ouest de Hâoniq,
Dongola El- Ordi et Handaq. Il est intéressant de comparer aujourd'bui à
celte partie de la carte égyptienne les renseignements que le docteur Cuny
avait réunis sur l'Ouâdi £1-Qab et les nombreuses oasis qu'il renferme.
— La position d'El-^âcher donnée par l'itinéraire du colonel Purdy est
13* 40* de latitude nord, 15* 13' de longitude est de Green wich, ou 22* 53'
de longitude est de Paris, c'est-à-dire un peu au sud de la position indi-
quée par l'ancien itinéraire de Browne et par les renseignements recueillis
par Barth, mais à peu près dans la position donnée par l'itinéraire du
docteur Guny. La longitude se trouve être beaucoup plus occidenUle qu'on
ne croyait, car la carte de Browne serait ici en erreur de 275 kilomètres,
celle de Bartb de 175 kilomètres, et celle de Cuny de 1* 15' trop à l'est.
36^. pRouT (le commandant). Expédition du commandant Prout. Carte
du Gebel Marrah, 1876. Copiée à la troisième section de rÉtat-
major général égyptien par le lieutenant Ibrahim Helmi. Échelle
du 5ooîooo*-
Les déterminations astronomiques des points principaux de cette carte
sont de M. le commandant Prout; l'itinéraire a été levé par le lieutenant
Mâbir, et le tracé est du lieutenant H. Faouzy. Les longitudes partent du
méridien de Greenvrich.
Le Djebel Marra est un grandmassif de montagnes du Fôr, situé au sud-
ouest d'El- Fâcher. Pour la première fois les orficiers de l'état-major égyp-
• tien en ont fait le tour, mais ils n'y ont pas pénétré, et ils n'ont pas encore
pu mesurer la hauteur de ses principaux sommets. El-Fâcher étant à une
hauteur de 767 mètres au-dessus du niveau de l'Océan, le village de Toura,
au pied nord du massif du Marra, est à 1440 mètres, chiffre qui donne en
même temps l'altitude mesurée la plus forte. Sur le versant est on trouve
Nartafal à 1056 mètres et Tourouna à 1006 mètres; à l'ouest, les inonta-
gnes finissent dans les altitudes de 1152 mètres à Kébé, et de 1275 mètres
à Mouné. Le versant sud-est est un peu plus bas que le versant ouest ;
ainsi le village de Lassera Dftr 'Abd Er-Rahmân, au pied des montagnes,
n'est plus qu'à 1066 mètres.
369. Mahmoud Sami (le capitaine d'Êtat^major). Carte d'une reconnais-
sance des pays à l'est de l'Ouàdi El-Koh, faite sous les ordres de
M. le colonel Purdy, chef de l'expédition au Dâr Four. 1 feuille
photographiée. Échelle du inTTii* ^^ l'exemplaire de la Société
yGoogk
ETATS MUSULMANS DE LA KIGRITIE. 225
de Géographie. Ia Caire, État-major géaéral égyptien, février
1876.
Cette carte est orientée, sur le nord magnétique qui a été trouvé, dans
le Fôr, faisant un angle de 8* 30' ouest avec le nord vrai. Elle s'étend au
sud-est jusqu'à Ai-Touécha, à 140 kilomètres d'Ei-Fâcher, en pays jusque
alors entièrement inconnu, et elle donne, sur une longueur de 107 kilo-
mètres, le tracé de l'Ouâdi £l-Koli. On appelle ainsi une très-large vallée
qui commence un peu à l'ouest du méridien d'EUFârher, et qui court du
Dord au sud légèrement est, Tormant aini<i avec le Djebel Marra un Aq^
traits fondamentaux de la carie du Fdr. Par exception, cette carie ne porlu
pas de chiffres d'altitude. Il est pourtant probable que la pente de l'Ouâdi
El-Koh est du nord au sud, et que celte vallée suit l'inclinaiàon générale
du pays, indiquée par la position du Djebel Marra, inclinaison qui se tra-
duit dans la différence de hauteur des deux versants, nord et sud, de ce
massif montagneux.
370. Mahib (Mohammed) et Faoozt (Khalil), lieutenants d'État-major*
.Carte de la roule d'El-Obeyad à El-Fâcher, dressée sur les données
de M. le commandant Prout. Échelle d'un sôôToôô*- Une grande
feuille, gravée sur pierre. Le Caire, bureau de l'Eiat-major général
égyptien, 1876.
Des positions astronomiques ont été observées dans le cadre de cette
carte à El-Obeîd, Medjenis, Gouradi, Fddja, Djebel Hella, El-tâcher. Les
longitudes parient du premier méridien do Greeuwicb ; les hauteurs sont
exprimées en pieds anglais. Nous réduisons ici les principales en mètres :
El-Obeïd, 579"; Aboû Senoûn, village à mi-côte de la montagne de ce nom,
versant ouest, 799* ; Medjenis, village, b65"; Gouradi, puiis, 569-; Fôdja,
village, 600- ; Djebel Hella, montagne, 370» ; El-Fâcher, capitale du Fdr,
713- (?).
§ 1. — Travaux de l'État-màjor égyptien dans le Kordofàn. Reconnaissance du
colonel Colston de Dabbé à El-Obeïd. Reconnaissance du commandant Prout dans
la partie est du Kordofàn; nouvelle carte de cette province par le lieutenant
Mâhir.
A la fin du siècle dernier, le Kordofàa était le premier des
Etats musulmans de la Nigritie qu'on trouvait à louest du
Bahar £1-Abiad ou Nil blanc ; c*était alors un vas;sai de Fempire
de For ^, qui avait conquis ce pays sur le Senâr. Bientôt après
l'annexion définitive duKordoiàu à i'Ëgyple, en 1821, sous le
règne du célèbre vice-roi Mohammed 'Alî, des voyageurs euro-
péens {Kûppell (1825), l'ingénieur des mines Russegger et
Pallme (1837), puis l'ingénieur des mines Lambert-Bey et
d'autres explorèrent plusieurs parties du Kordofàn au point de
1. Sur l'autorité du docteur Nachiigal, nous adoptons cette orthographe du
nom de l'État; nous rejetons la forme arabe DftrPôr (Dur voulant dire à la fois:
maison et pays) qui avait déjà pris droit de citj ou Lurope.
l'année géogr. XV. 15
le
yGoogk
226 AFRIQUE. K- 353-370
vue géographique, et au point de vue de l'histoire naturelle.
Malgré les observations astronomiques de Rûppell, même en
se servant de celles de Lambert-BeyS et de sa triangulation
encore inédite d'une ligne traversant le Kordofân du nord au
sud, on n'aurait pas pu dresser une carte spéciale, quelque
peu complète, du Kordofân. Cette lacune a été comblée en
1875 et 1876 par les travaux de deux officiers d'état-major
égyptien, le colonel R. E. Colston et le commandant Prout.
La carte de la province de Kordofân, au 8ôô*ôôô*> dressée par
le lieutenant M. Mâhir à l'aide des reconnaissancejs du comman-
dant Prout (n* 356), donne tout le pays borné par les latitudes
de 11^45' et 15^^45' nord, et par les longitudes 27M0' et
50^40' est de Paris. Elle embrasse donc le cours du Bahar
El-Abiad de Khartoûm à Tira El-Hadra ; le pays des Qabâbîch
avec Eç-Çâfi au nord; la montagne Kagga EUOmm dans le
nord-ouest; le pays Tagalla* au sud-est, et le pays des Nouba
au sud-ouest. Les latitudes de beaucoup de points ont été
obtenues par des observations astronomiques, et on a orienté
les relèvements d'itinéraires employés sur cette carte en
tenant compte de la déclinaison de l'aiguille aimantée vérifiée
à El-Obeïd.
Le Kordofân est un plateau dont la hauteur varie entre
400 et 600 mètres ; il est surmonté à son centre de
petites montagnes, clairsemées et sans lien entre eUes. Dans
la partie sud de la province, aux pays de Tagalla, de Daêr et
des Noûba, les montagnes se groupent en massifs. Un trait
caractéristique du Kordofân c'est qu'on n'y trouve nulle part de
cours d'eau permanents ; les ouâdi, ou si nous voulons employer
le nom local, les khôr, sont des torrents qui coulent pendant
la saison des pluies et tarissent à la saison sèche. Cette parti-
cularité démontre l'influence très-sensible ici du climat déser-
tique ; mais l'eau dort presque partout à peu de profondeur
1. Elles sont encore inédites, ainsi que la carte qui les accompagne.
2. C'est ainsi que le colonel Colston et le commandant Prout écrivent le nom
de ce pays ^, que les voyageurs précédents orthographiaient Taggalé.
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIE. 227
SOUS la surface du sol, et les arbres de rAfrique tropicale ne
manquent pas dans le Kordofân. La carte du lieutenant Mâhir
donne à ce sujet des renseignements précis et fort intéres-
sants ; on y trouye indiquée la limite nord de la zone de végé-
tation de ÏAdansonia digitata L. ou baobab, du sycomore et
du palmier-delêb. Pour ÏAdansonia digitata^ le géant de Tordre
des sterculiacées, sa limite nord décrit une courbe générale^
du sud-est au nord-ouest, qui à elle seule trahirait la nature
exceptionnellement sèche du climat du Kordofân, comparé
à celui du Fôr et surtout des autres contrées plus à Touest.
Ainsi, dans le Tagalla, il commence à se montrer par 12®25'
de latitude; de là à l'ouest il va gagnant du terrain vers le
nord, et on le rencontre, à El-Obeïd, par 13*9' de latitude;
et à partir de cette ville, la ligne qui marque la fin de son
domaine court dans le nord-ouest plein. Le sycomore, arbre
dont les figues croissent sur son tronc, atteint, du côté du nord,
une ligne qui augmente en latitude de Touest à Test d'une ma-
nière insensible. A l'ouest, sous les montagnes des Noûba, cette
ligne passe par 12*18' de latitude nord ; plus à Test dans le pays
de Tagalla, elle se retrouve par 12*20' de latitude nord. Le pal-
mier-delêb ou Borassus flabelliformis^ que Barth a trouvé au
nord de Katsena par 15*15' de latitude nord, et qui compose
la principale essence des forêts du pays de Mousgou, par 10*45^
de latitude nord, suit, dans le Kordofân, une courbe un peu plus
ascendante à l'est que celle du sycomore. On le rencontre par
12*6' de latitude nord, à l'est des monts Noûba, et il fait son
apparition déjà par 12*17' de latitude dans le Tagalla qui n'est
que de 20' plus à l'est.
Les Noûbâ qui habitent le sud du Kordofân parlent un dia-
lecte de la langue noûba qui est celle des habitants de lu Nu-
bie : ils seraient les descendants de l'ancien peuple de Héroë,
et ils ont évidemment été refoulés dans la contrée où on les
trouve aujourd'hui, par les tribus nomades ou en partie no-
mades des Qabâbich, des Hassanîyé, des Haramra, des Gowâmé,
des Maganîn,desBaggâra et des Ghodiât, répandues dans tout le
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gjg AFRIQUE. N-35W10
Kordofân Toutes ces tribus, disons-le en passant, élèvent,
bien à tort pour la plupart, la prétention à une origine arabe,
c'est4-dire à la seule noblesse qui soit enviée chez les habi-
tants du Kofdofân depuis leur conversion à l'islam.
Les deux reconnaissances du colonel Colston et du comman-
dant Prout eurent lieu presque simultanément. La reconnais-
sancedu colonelColston (n" 359 à 365) ,accompagné du docteur
Pfund, commença le 20 avril 1875 sur le coude que décrit le
Nil en Nubie, au village de Dabbé, tête de la route du Kordo-
fân pour les voyageurs venant du nord. Le colonel marcha dans
la direction du sud, traversant à partir de la rive du Nil un dé-
sert des plus stériles, où il faUut creuser le puiU de Bargaguel
jusqu'à 40 mètres de profondeur pour trouver de l'eau, tandis
que par sa végéution fraîche et vigoureuse l'Ouâdi Gmmri
révèle la présence de l'eau à une beaucoup momdre profon-
deur. Il en est ainsi de la station suivante de Brêga, où l'eau
n'est qu'à 3 ou 4 mètres. Aussi les nomades y ont-Us creusé
douze puite pour abreuver plus vile leurs nombreux troupeaux.
La plaine désolée qui sépare Brêga de Missalami est entre-
coupée de crêtes rocheuses. On avait raconté au colonel Col-
ston que près de Missalami, dans la grande vallée d*El-Qâb
(ou El-Gâb) qui a dû anciennement renfermer un cours d'eau
très-considérable, il se trouvait des ruines; le chef de la co-
lonne expéditionnaire voulut vérifier cette affirmation. A 10 ki-
lomètres est de Missalami il trouva en effet, dans un ouàdi
étroit, un espace circulaire entouré d'un mur en pierre sans
mortier (schistes, ardoises et trachytes), sur une hauteur de
1*».,20 à 1»,50, et dont la largeur varie de 1"',30 à ^"40. Le
diamètre du cercle est de 240 mètres. Le colonel Colston pense
que cet enclos servait probablement à parquer le bétail d'une
tribu, car sa forme et sa situation ne conviennent nullement
pour une fortification. On n'y voit pas tracé d'inscriptions, de
sépultures, ni aucun autre ouvrage, sauf trois anciens puits
taris, murés de pierre. Les puits voisins, dans l'Ouâdi Hacbîm,
qui contiennent beaucoup de bonne eau à 4 mètres de profon-
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NÏGRITIE. 2Î9
deur, auront peut-être fait abandonner les trois puits dans
Tancienne enceinte. Quoi qu'il en soit, cette grande muraille
circulaire, dans une contrée où on ne construit plus rien en
pierres, est une découverte qui mérite Tattention des voyageurs
à venir et servira peut-être à éclaircir l'histoire des migrations
des anciens peuples de la haute Nubie.
Plus loin sur sa route le colonel Colston rencontra les Qabâ-
bîch, tribu nomade dont les hommes, de taille moyenne et bien
proportionnés, ont le teint couleur de bronze; leurs femmes,
très-belles de forme, ont une physionomie assez agréable. Ces
Qabâbîch vivraient heureux dans leur désert s'ils n'étaient
eiposés aux incursions de Bédouins maraudeurs, sujets du
Fôr, qui viennent les piller malgré la distance de vingt
jours de marche, et aux incursions des Noûba du Djebel
Harâza.
Au sud d'El-Aye, le colonel Colston arriva aux puits inta-
rissables d'Eç-Çâfi, où notre compatriote, le docteur Cuny,
s'était arrêté, en 1858, sur sa route de Dongola à El-Obeïd.
Les puits sont creusés au fond d'un grand bassin qui de-
vient un lac pendant les pluies estivales, et qui reste tel trois
ou quatre mois après leur cessation. A la mi-mai, époque du
passage de la colonne égyptienne, le bassin d'Eç-Çâfi était à
sec, et son sol crevassé, comme celui des bords du Nil après
l'inondation. Chaque jour les Qabâbîch (ce qui prouve leur bien-
être comme nomades) conduisaient aux puits des milliers de
chameaux et de têtes de bétail. Avec des différences de détails,
à l'ouest comme à l'est et à latitudes égales, le Sahara est
soumis sur toute son étendue aux mêmes lois physiques ; ainsi
ces bassins avec des lacs temporaires dont le colonel Colston
décrit un spécimen, on les trouve, présentant tous les mêmes
caractères, au nord-est du Sénégal, dans les contrées d'El-
Hôdh et de Tagânt où ils portent le nom arabe de dhâya.
Les premières cultures de la graminée, appelée doukhn,
commencent au sud de Goz Ël-Harr, et au nord de Kagmar,
village du Kordofân, dont la description, esquissée par le co-
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230 AFRIQUE. N« 353-370
lonel Colston dans les lignes suivantes, peut servir de type pour
beaucoup d'autres centres de la province : a Même à la fin de
la saison sèche, Kagmar est une oasis charmante dans un dé-
sert aride. L'œil fatigué des sables brûlants se repose avec
délice sur ce qui semble être une grande prairie serpentante,
d'un vert d'émeraude. Pendant quatre mois, cette prairie est
un lac ; le reste de Tannée, l'eau se trouve très-près de la sur-
face du sol, et on l'y puise dans plus de deux cents trous qui
se trouvent au bord de la zone de verdure. Tous les jours on y
voit des milliers de chameaux qu'on mène s'y abreuver de tous
les déserts environnants. Aussitôt que quelques centaines de
ces animaux s'en vont, ils sont immédiatement remplacés par
d'autres, et continuellement on a, sous les yeux, le spectacle
de quatre à cinq mille chameaux couvrant un espace de vingt
à trente arpents de terrain. De grands troupeaux de bœufs, de
chèvres et de moutons viennent aussi s'abreuver à ces puits
^ précieux. Sur les bords de la tache de verdure, on voit une
douzaine de palmiers dattiers et autant de palmiers doûm
(Cuciféra thebaica)^ ainsi que quelques figuiers. Ici les habi-
tants, qui sont des Qabâbîch, cultivent le doukhn, le blé, le
coton, la bâmïa. — Des myriades d'oiseaux, d'espèces variées,
parmi lesquels prédomine la cigogne noire et blanche, contri-
buent à animer le paysage. »
De Kagmar à El-Obeïd, des villages peuplés d'habitants séden-
taires se succèdent sans interruption. Ils sont composés de
tokoul, sorte de chaumière au mur circulaire, en chaume de
doukhn (Penicillaria spicata)^ élevé de un mètre à un mètre et
demi, et surmonté d'un toit conique. Près des tokoul on trouve
fréquemment des abris nommés rakoûha^ qui consistent sim-
plement en quelques pieux, enfoncés dans le sol, et soutenant
des perches horizontales sur lesquelles on arrange une couche
plus ou moins épaisse de chaume. Ces abris sont ouverts aux
deux bouts, et le colonel Colston déclare que tant qu'il ne
pleut pas, ils sont une demeure bien préférable aux tokoul. Les
villages sont entourés de champs cultivés, et les habitants se
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ÉTATS HUSULMANS DE U NIGRITIE. 251
procurent l'eau dans des puits profonds de 15 à 18 mètres.
Le commandant Prout, venant de Khartoûm, fit sa jonction
avec^ le colonel Colston, le 2 juin, à Greguikh, et le 4 juin,
toute l'expédition arrivait à Bâra. Bâra est une oasis encore
plus riche que celle de Kagmar, où Teau se trouve à 6 ou 8 mè-
tres de profondeur; les habitants peuvent donc arroser leurs
champs durant la saison sèche, en répandant l'eau des puits
dans des canaux d'irrigation. C'est ce qui se pratique aussi
dans les oasis de l'Ouâd Hezâb et du Soûf dans le Sahara algé-
rien.
Le 11 juin 1875, la veille du jour de l'arrivée à El-Obeïd,
éclata un orage très-violent, précurseur de la saison des pluies.
Cet orage était accompagné d'une grêle très-grosse, t En deux
minutes, raconte le colonel Colston, alors malade, toutes les
tentes furent abattues. J'étais étendu sur mon angareb (lit
portatifdes nègres du Kordofân), sous une pluie battante, et
incapable de faire le moindre mouvement. Mou fidèle et dévoué
domestique Thomas Ferranti et mes ordonnances accoururent
et me couvrirent le mieux qu'il leur fut possible. Pendant cin-
quante minutes, ils furent obligés d'employer toutes leurs for-
ces à maintenir, contre le vent et la pluie, les couvertures qui
m'abritaient, tandis qu'ils restaient ' eux-mêmes, exposés à la
fureur de la tempête. Au bout de plus d'une heure ou relevâtes
tentes; mais vers neuf heures du soir, la mienne, qui était ce-
pendant soutenue extérieurement par de grandes cordes, fut
déchirée et emportée par le vent. Cet orage nous donna une
idée fort exagérée de ce que devait être la saison pluvieuse, car
nous en attendions un pareil tous les jours, mais il n'y en eut
pas d'autre, dans la suite, qui pût y être comparé en vio-
lence. » #
Du sommet d'une colline appelée Djebel Kourbadj (c'est-à-
dire montagne du fouet à esclaves), et qui est à quelques kilo-
mètres dans le nord d'El-Obeïd, le colonel Colston vit se dé-
rouler une plaine immense, assez bien garnie de grands arbres,
et dont l'horizon était limité par plusieurs pics quartzeux isolés,
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232 AFRIQUE. N- 353-370
tels que ceux du Djebel Kordofân, du Djebel Aboû-Senoûn et
autres. Au pied de la colline, du côté du sud, commencent à
se montrer les disgracieux Adansonia digitata^ dispersés comme
des solitaires. L'un de ces arbres mesurait une hauteur de i4 à
15 mètres, 2i",30 de circonférence. Le colonel a remarqué
que tous les Adansonia des environs de El^beîd, et jusqu'à
i80 kilomètres au sud, sont très-vieux ; vu la longévité remar-
quable des Adansonia^, cette indication pourrait bien indiquer
que le climat du Kordofân s*est modifié, en devenant plus sect
depuis la germination de ces arbres, dont les dimensions sur-
prennent le voyageur européen dans la plaine d'EI-Obeïd,
El-Obeïd est le terme de la reconnaissance du colonel Cols-
ton. Nous reproduisons, d'après le rapport, la description de
cette ville, depuis longtemps connue quant à sa position géo-
graf>hîque, mais dont Taspect nous est moins familier ; c La
ville d'El-Obeïd est située dans une plaine très-plate et très-
unie. A distance, elle semble se cacher presque entièrement
dans des bosquets àeBalanites Mgyptiaca (hadjilidj). Elle cou-
vre une surface assez vaste, et l'on dit qu'elle contient de
20 000 à 30 000 âmes. Les bâtiments de la prélecture {mou-
dirîye) sont en forme de rectangle, avec une cour intérieure.
La façade a environ 90 mètres de longueur, et au milieu s'é-
lève une tour carrée en briques cuites. Les maisons d'EI-Obeïd,
même les meilleures, sont bien inférieures à celles de Khar-
toûm et de Berber ; la plupart sont des tokoul, avec des murs
circulaires en briques crues, qu'on bâtit de la manière sui-
vante : on pétrit la terre et Ton en forme des boules, qui
sont transportées au mur en construction, et façonnées sur
place en briques grossières, qu'on pose immédiatement, et qui
adhèrent ensemble sans l'adjonction d'aucun portier ; après
que le mur est fini on le badigeonne en dedans et au dehors
1. Af^ansoD, naturaliste français, qui fil la première description scientifique
du baibab en 1761, avait calculé qu'un de ces arbres, mesuré par lui au Sénégal,
devait avoir six mille ans d*ftge, d'après le nombre des couches concentriques
du bois de son tronc,
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIE. * 235
avec de la boue plus liquide. Là-dessus on pose un toit conique
soutenu sur des perches en bois ; à la pointe de ce toit on place
une gerbe cylindrique de trois à quatre pieds de haut, bien liée,
du centre de laquelle sort un bâton rarement tout à fait droit
ou vertical. Si le propriétaire peut enfiler sur ce bâton une
bouteille ordinaire entre deux œufs d'autruche, ce luxe archi-
tectural devient Tadmiration, et excite probablement Tenvie
de tous ses voisins. Ces toits de chaume sont impénétrables à
la pluie. Les tokoul les plus grands ont six mètres de diamè-
tre, et n'ont pas d'autre ouverture que celle de la porte qui se
ferme par une natte ou une claie.
« Les marchands et les gens aisés bâtissent aussi des mai*
sons carrées, à un étage, nommées douldour, qu'on recouvre
de la même espèce de toit. Mais les habitations les plus préten-
lieuses d'El-Obeïd sont rectangulaires; les murs intérieurs,
d'environ 4 mètres 50 centimètres de hauteur, sont enduits
d'une argile plus fine sur laquelle reluisent d'innombrables
paillettes de mica, et qui forme une surface assez polie. Comme
la chaux manque à El-Obeïd,. la couleur de ces murs est celle
du café au lait. Le plancher est fait comme les murs. Le toit
de ces maisons est presque plat, et il est formé avec des poutres
sur lesquelles on pose un réseau de cordes, puis des nattes de
paille; on recouvre ces nattes d'une couche de terre, pétrie
avec de la bouse de vache, qui se durcit au soleil. Mais ces
toits ne sont pas comme les toits de chaume, à l'épreuve de la
pluie, et ils exigent de fréquentes réparations dans la saison
des pluies. Les chambres qu'on bâtit ainsi sont spacieuses,
élevées, et elles sont garnies de portes et de fenêtres grossiè-
rement laites^ais assez solides ; ces chambres sont donc fraî-
ches et bien Mées. Dans celle que j'ai occupée pendant six
mois, le thermomètre s'est rarement élevé à 32^2 centigrades
et j'ai moins souffert de la chaleur qu'au Caire. »
Une maladie grave empêcha le colonel Colston de prendre
part aux reconnaissances qui devaient être dirigées dans le
Kordofân même, en rayonnant autour d'El-Obeïd. Ces travaux
234 • AFWQUE. H- 355-570
furent confiés au commandant Prout, qui en a rendu compte,
d'une manière très-sommaire, dans un premier rapport (n® 555)
reproduit par l Explorateur (n^Z^à). Ils ont duré quaranle-sept
jours et ont permis au commandant Prout de relever un itiné-
raire de 1260 kilomètres de longueur, d'El-Obeïd, dans une
direction sud 25° ouest, au Djebel Dillingqui est un des sommets
des montagnes des Noûba, situé sous le i2° de latitude, puis en
remontant quelque peu vers le nord, d'El-Bii*ké à Test et au sud-
est par Er-Rahad au Djebel Daïer ou Daêr et au Djebel Wadelki ;
ce dernier appartient à la chaîne duTagalla, dont ]e commandant
Prout suivit les deniières pentes nord, et qu'il ne quitta que
pour revenir à El-Obeïd en faisant un détour par Faki Kohé
et Douêm, sur le fleuve Blanc. L'itinéraire du commandant
Prout est contrôlé par treize latitudes observées par Fexcellente
méthode des hauteurs circumméridiennes d'étoiles au sud et
au nord. Nous aurons à revenir sur ce travail important, lors-
que le rapport complet du commandant Prout aura paru.
La partie du Kordofân, au sud d'El-Obeïd, et de là à Test
jusqu'au Nil, était celle qui était la moins connue au point de
vue géographique. Le commandant Prout, dans son premier
rapport officiel, fait ressortir que cette région du Kordofân est
celle qui mérite le plus l'attention du gouvernement égyptien,
parce que c'est, de toute la province, la seule partie où lagri-
cutture peut recevoir un développement considérable.
§ 2. — Le Ouada! et le Fdr; leurs habitants, leur gouvernement et leur admini-
stration, d'après le docteur G. Machtigal.
Depuis le 22 novembre 1874, où, après cinq ans et neuf
mois de fatigues, le docteur Gustave Nachtigal d%osa au Caire
son bâton de voyageur, il n'a pas encore publié une relation
complète et suivie de ses longues et audacieuses pérégrinations
dans le Sahara, le Bomou, le Baguirmi, le Kânem, le Ouadaï et
le For. 11 faut espérer qu'après avoir mis, comme il la fait,
le public au courant des résultats généraux de sa belle explo-
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIE. 235
ration, le docteur Nachtigal se décidera à en publier une rela-
tion détaillée.
Le Bulletin de la Société de Géographie a imprimé cette
année uue description abrégée, mais fort bien étudiée, de^
pays visités par le docteur Nachtigal. Le voyageur lui-même
l'a rédigée en français {n° 564); il n*a pu naturellement
qu'effleurer le sujet. Le docteur Nachtigal est encore jeune ;
nous voudrions qu il rédigeât, pour la partie est de la Nigritie
musulmane, le pendant de Touvrage instructif* de son émule
Henri Barth, pour les contrées à Touest du Tsâd.
Le Ouadaï.
Notre éminent prédécesseur a conduit les lecteurs de l'iln-
née géographique * sur les traces du docteur Nachtigal, jus-
qu'à son arrivée dans le For, où le voyageur s'arrêta pendant
quatre mois. Nous ne le suivrons pas, étape par étape, sur sa
route à travers le Kordofan jusqu'à Khartoûm, et ensuite au
Caire. Mais nous devons parler ici de travaux que le docteur ^
Nachtigal a publiés cette année (n9^ 563 à 565) et qui jettent
une lumière toute nouvelle sur l'ethnographie, l'histoire, le
gouvernement et la vie actuels des peuples du Ouadaï et du
for. Ce sujet mérite d'être envisagé d'un peu près, car le doc-
teur Nachtigal est le premier Européen qui ait constaté sur les
lieux ce qu'il nous apprend du Ouadaï, et d'autre part, un jour
ou l'autre, des circonstances analogues à celles qui viennent
d'amener la conquête du Pôr, pourraient bien pousser l'Egypte
à englober le Ouadaï dans ses possessions déjà si vastes.
Avant le voyage du docteur Nachtigal, on n'avait sur le
Ouadaï que dénotions puisées, soit dans le récit des voyages
d'un musulman de Tunis fort intelligent, le cheikh Mohammed
El-Toûnsi, qu'un savant français, le docteur Perron', a traduit
i. Keisen und Enldecknngen in Nord- und Central-Àfrika in den Jahren 1849
bis 18fô; 5 volumes in-8, Gotha (Justus Perthes), 1857-18o8.
1 T. Xni, 1875 p. 5^62.
^. Voir à la nécrologie, l'article consacré au docteur Perron.
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236 AFRIQUE. W^ 353-570
dans notre langue, soit dans la remarquable enquête a laquelle
s'était livré un consul de France, Fulgence Fresnel, soit enfin,
dans la description du Ouadaï, que Barth avait patiemment
composée, en réunissant, comme Fresnel, un nombre consi-
dérable d'itinéraires et de renseignements fournis par les Oua-
dayens qu'il avait rencontrés dans le Bornou et le Baguirmi. Le
grand mérite de Henri Barth, c'est d'avoir non-seulement fait
faire un grand pas à la carte du Ouadaï, sans y avoir jamais
pénétré, mais aussi et surtout d'avoir commencé à débrouiller
les questions complexes de l'ethnographie et de l'histoire de
cet Élat. Mais le docteur Nachtigal est le premier voyageur scien-
tifique qui ait pu étudier le Ouadaï, sans intermédiaires et sur
place. Nous lui empruntons ^ un tableau du milieu dans lequel
se déroulent les faits ethnographiques et historiques qu'il a re-
cueillis.
Le Ouadaï proprement dit commence à peu près par 16<>10' de lon-
gitude est de Paris. Laissaut le Bathâ au sud, on traverse la province
de Zyoûd et on passe par la contrée des Eondongo pour gagner (à
' Test) Àbêché, résidence du roi et capitale actuelle du pays. Sous le
méridien d'Àbéché, cVst-à-dire à peu près par 18^40' de longitude
est de Paris, le Ouadaï proprement dit a une étendue de quatre degrés
de latitude (du 15^ au 11^), et sous le 13^ de latitude nord, il a la
même attitude de l'est à l'ouest, mais son territoire n*est pas bien
arrondi. Le tout peut donner une étendue d'environ 165 000 kilo-
mètres carrés et contenir environ 3 000 000 d'habitants. La frontière
nord est le grand désert, la frontière sud la rivière appelée Bahar Es-
Salamât, celle de Touest le Fittri, celle de Test le Fôr. Mais si Ton
veut compter les états et pays vassaux, le Ouadaï naturellement de-
vient beaucoup plus vaste et gagne à peu près 2000000 d'habitants.
Car, au nord, le sultan du Ouadaï est suzerain d'une partie des Et-
déyât et des Tibbous ; à l'ouest, du Fittri, du Baguirmi, d'une partie
du Kânem et du Fédé ou Bahar El-Ghazâl. Au sud^e Bounga et le
Kouti sont soumis à son gouvernement.
La partie septentrionale n'est pas bien fertile et assez souvent l'eau
y est rare. Le nord-est, l'est et le centre sont assez montagneux et
donnent naissance aux nombreux cours d'eau qui forment le Betéba
1. Voyage dans l'Afrique centrale, 1869-1S74, par le docteur Gustave Nach-
tigal. Bulletin de la Société de Géographie, mars i876, p. 257-260.
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIE. 237
et leBathâ. Ces deux torrents se réunissent au centre du pays et vont,
sous le nom de Bathâ, au lac Fittri. Us sont pour les contrées parcou-
rues, les distributeurs d'eau, car même à sec ils renferment par-ci
par-là de petits lacs, et partout ils contiennent de Teau à peu de
profondeur sous leur sable. Au sud, le terrain argileux domine, d'oili
résultent une plus grande fertilité, mais aussi un climat movas sa-
lubre. Dans les provinces du nord Tautruche abonde ; les pays vas-
saux du midi, le Rounga et le Kouti, et les pays du Bahr £s-Salamât
fournissent bon nombre de dents d'éléphant. Le centre et le midi
sont riches en rhinocéros à deux cornes, et tout le pays abonde en
antilopes^
La culture du sol embrasse celle du blé , qui se trouve en minime
quantité au nord ; celle du doukhn (Penicillaria) au nord et au
centre; celle du dourrn (Sorghum) et du maïs, qui dominent au sud ;
le sésame, les haricots, Tarachide, le voandjeïa, le coton, enfin Tin-
digo en faible quantité.
n n^y a pas de pays où Tindustrie soit aussi peu développée qu'au
Ouadaï. Ses manufactures de coton sont bien inférieures à celles du
Baguirmi et du Bornou ; ses huttes en tiges de dourra et d'autres
herbacées sont mal faites, et les maisons en terre ne se construisent
au Ouadaï que par Taide des gens du Bornou et du Baguirmi. Les
Ouadaïens eux-mêmes ne savent rien faire, ne veulent rien faire et
n'apprennent rien des étrangers, qu'ils détestent. Peu à peu le roi
"Ali les a initiés au commerce qui fleurit plus qu'au Bornou et qu'au
Pôr, mais dont la plus grande partie est encore entre les mains des
étrangers (Djellaba, Kotokô et gens du Bornou).
Les produits du Ouadaï s'écoulent par deux courants principaux :
l'un, dont le trafic est entre les mains des Modjâbra de l'oasis de
Djâlo et des Tripolitains, va au nord aboutir à la Méditerranée
(Egypte, Ben-Ghâzy, Tripoli), par deux routes, dont la première passe
par le Borkou, le Tihesti, le Fezzân, et dont la deuxième par le Oua-
nyanga, Kouffera et Djâlo. L'autre courant commercial so* dirige vers
l'est; son trafic* est entre les mains des Djellaba, et il aboutit, par le
For, aussi en Egypte. Les objets d'exportation sont Tivoire, les
plumes d'autruches et par-dessus tout les esclaves que Vàgutd ou
préfet des Salamât, et d'autres fonctionnaires amènent annuellement
du sud et du sud-ouest. La chasse aux esclaves se fait toujours pour
le compte du roi, qui ne délivre pas de permis de chasse.
Quant aux habitants du Ouadaï, comme du reste ceux de tous les
États soudaniens, ils nous offrent un grand mélange de tribus.
Le groupe fondamental de l'empire est le groupe Mâba, qui com-
prend les tribus nobles prépondérantes des Kodoï, des Oulâd Djemma,
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258 AFWQUE. N** 355-370
des Malanga, Madala, Madaba, Matlamba, qni sont unis par le même
dialecte, la même histoire, les mêmes caractères physiques et moraux.
On dit le Dâr Ouadaï, comme on dit aussi le Dâr Mâba. Le groupe
Nâba occupe le nord et le nord-est. Leurs parents sont les Kondongo,
les Kadjanga, les Kachemere, les îaranga, les Marfa, les Kadjaksé, les
Massalât. Au nord des Mâba se trouvent les Mimi, è Test les Mararit.
Au nord et au nord-ouest de Fempire habitent les Gora*ân (Dâza) et
les Zoghàwa; dans Touestles Koûka avec les Boulâlaetles Masmadjé;
au sud-ouest les Moubi, les Dadjo, les Aboû-Telfân; au sud les Man-
gari, les Kibet, les Birguid, les Dadjo, les Rounga ; au sud-est les
Massalit, et à Test enfin les Soungôr et les Tama.
Les Arabes sont plus nombreux au Ouadaî qu^au Bomou et se divi-
sent en ihâla ou pâtres de chameaux, et en heggâra ou pâtres de
bœufs. Ceux-là sont représentés par les Mahâmid et leurs parents les
Zebbeda; ceux-ci par les Salamât, Oulâd Râchid, Djaatena, Hiçirîyc,
Khozâm, Deggena, Heïmât, etc., etc.
On voit par cette citation que les données générales sur
l'ethnographie du Ouadaî se précisent et se simplifient. C'est
un phénomène auquel nous assistons souvent, que celui du grou-
pement en familles, de peuplades et de tribus qu'on avait d'a-
bord considérées comme faisant autant de souches distinctes.
Plus que les États voisins, le Fôr et le Bornou, le Ouadaî présente
des difficultés ethnographiques dues à la multiplicité des élé-
mentsde sa population.Henri Barth avait reconnu dans le Ouadaî
proprement dit et les pays tributaires deux grandes races : li
race Mâba, subdivisée en vingt-deux tribus, et la race Abiî ou
Aboû Chârib, subdivisée en onze tribus, qui avaient pour pa-
rentes plus éloignées cinq autres tribus ; il avait encore eu
connaissance de vingt-neuf groupes étrangers aux deux pre-
mières races. Parmi ces derniers, nous citerons les Guêmir,
tribu qui a donné au Ouadaî ses anciens rois ; les Koûka,
avec les Boulâla et les Dadjô qui habitent maintenant le Fittri,
et qui forment un groupe à part, remontant à la même souche
que les Bagrimma des bords du Ghâri ; enfin les Zoghâwa, et
les Dâza ou Gora'ân, qui forment une des subdivisions, de la
race Tédâ ou tibboue. Le docteur Nachtigal range dans les
Mâba propres, une tribu que son prédécesseur avait placée
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ÉTATS MUStLHAIÏS DE LA NIGRITIE. . 230
parmi les Âbii ou Aboû Chârib ; et il rattache aux Hâba de la
deuxième catégorie les Kondongo et les Kadjagsé que Barth n'a-
vait pas pu classer.
Passant à un autre point de vue, essaje-t-on de se rendre
compte du résultat politique de Tagglomération de tant d'élé-
ments étrangers les uns aux autres, on est frappé par les
causes de faiblesse qui en découlent pour le gouvernement du
Ouadaï. A l'ouest, sur la frontière du Baguirmi, vivent plu-
sieurs tribus puissantes, formant le groupe des Koûka, et dont
les sympathies doivent être acquises plutôt à leurs parents du
Baguirmi, qu'à leurs voisins du Ouadaï. Vers le quinzième
siècle, les Koûka possédaient un des plus grands empires que
la Nigritie ait vus se former, car tous les pays à Test du Ba-
guirmi, le Ouadaï entier et une grande partie du For compo-
saient le domaine des Koûka. Plus tard ceux-ci furent assujettis
par les Boulâla, sortis du Kânem, auxquels échut la supré-
matie sur les autres races, et qui fondèrent un nouvel empire
sur les débris du premier. Le peuple idolâtre des Tundjour,
s'avançant de l'est, battit en brèche l'édifice construit par les
Boulâla, et se rendit maître de tout le pays, des frontières de
Fôr à celles du Baguirmi. Pour nous, son rôle historique au
Ouadaï peut se caractériser par un temps d'arrêt dans la propa-
gation de l'islam, que les Boulâla avaient commencé à intro-
duire. C'est seulement vers 1612 qu'un fanatique hardi, 'Abd
EUKerîm El-'Abbâssi, mit un terme à la domination des Tund-
jour, en formant le Ouadaï actuel et en y instituant définiti-
vement l'islam, religion d'État. Il ne faudrait pas croire pour-
tant que tous les Ouadaïens soient maintenant de bons musul-
mans. Loin de là. Sans parler de tribus telles que les Aboû
Tellân, voisins des Tundjour dans l'ouest de l'empire, et des
Massalît, voisins du Fôr, qui sont restés idolâtres, et même
pour ce qui regarde les derniers, qui n'ont pas encore renoncé
à Tanthropophagie, non-seulement les Ouadaïens sont (( très-
x>rgueilleux, très-courageux, très-attachés aux anciennes habi-
tudes, très-entêtés, querelleurs, hostiles à tout ce qui est
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240 AFRIQUE. N- 353-370
étranger, barbares, arriérés en tout ce qui regarde Tindustrie,
le commerce, etc.. » mais, malgré leur conversion, € ils font
un grand abus de boissons fermentées, de merîsa, sous Tia-
fluence de laquelle ils se livrent à toutes sortes d*actes de sau-
vagerie et de brutalité. Il ne se passe pas une semaine à Abêclié
sans qu'on n'entende parler de quelques assassinats, par suite
de querelles d'ivrognes ^. »
Si, à un moment qui n'est pas encore loin de nous , 'Abd
Ël-Kerîm Çâboûn, sultan du Ouadaï, osa mettre son pays en
relation avec la Méditerranée par la route directe du nord,
son quatrième successeur Çâlah Darret, un véritable tyran,
obéit à cette haine des étrangers qui, malheureusement, est
un trait caractéristique des Ouadaïens ; c'est lui qui fit mettre
à mort Edouard Vogel. Le docteur Nachtigal eut le bonheur
de trouver dans son fils 'Ali un prince éclairé, plutôt bienveil-
lant pour les étrangers, qu'il a su attirer dans ses États, etavec eux
le commerce, en établissant une justice indépendante et respec-
tée, à laquelle il sesoumet lui-même. D'aprèsledocteur Nachtigal,
le sultan 'Ali est d'une énergie étonnante. Doué d'un caractère
très-guerrier, fier et sévère, il maintient un gouvernement de
fer, et il règne par la crainte et le respect, les deux seuls
moyens de gouverner un peuple comme les Ouadaïens.
En supposant que l'énergie du sultan 'Alî suffise à contenir
dans sa main, unis comme les épis d'une gerbe, les cinq mil-
lions d'habitants de ses États, les forces qu'il opposerait à une
aggression de l'Egypte ne devraient pas être dédaignées, car si
les guerriers ouadaïens pèchent par l'armement, ils ne le
cèdent à nuls autres quant au courage. Mais nous avons vu
qu'en cas de gueri*e extérieure, il est des éléments de la popu-
lation qui pourraient chercher à saisir Toccasion de secouer le
joug ; il y aurait peut-être un soulèvement dans le Fittri, où le
parti des Boulâla subsiste, une attaque de la part du Baguirmi,
qui voudi*ait se venger de ses récentes défaites, une rébellion
1. Bulletin de la Société de Géographie, mars 1876, p. 262.
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIE. 241
des sujets idolâtres du Ouadaï proprement dit et de son puis-
sant tributaire du sud, le Rounga. Voilà, suivant nous, les
causes qui doivent devenir fatales au Ouadaï, le jour où cet
État se trouvera en présence d'une aggression sérieuse, venant
d'un ennemi tenace et adroit, et disposant des moyens d'at-
taque les plus perfectionnés.
Lfl Fôr.
Parti d'Abêché, le 17 janvier 18741, le docteur Nachtigal
arriva en quelques marches sur la frontière du Ouadaï, sépa-
rée sur toute sa longueur de la frontière du Fôr par une bande
' de terrain neutre, d'au moins 50 kilomètres de largeur. Ce
passage est rendu dangereux par des fractions indépendantes
des Massalât qui cherchent à détrousser les voyageurs, et n'y
réus»ssent que trop souvent. Pour protéger le trafic entre le
Ouadaï et le Fôr, le préfet ou aguîd ouadaïen de la frontière
est à charge d'accompagner chaque caravane avec quelques
centaines de cavaliers jusqu'à Tiuéat, résidence du préfet
fôrien de la province de l'ouest.
Tandis que le sol du Ouadaï est généralement très-plat, il
n'en est pas de même du Fôr, car au centre de ce dernier pays
on trouve le massif des monts Marra, qui séparent le bassin du
Nil de celui du Tsâd et de son afQuent le Châri. Le docteur
Nachtigal estime à 1200 ou 1350 mètres la hauteur des som-
mets du massif du Marra, et à 1050 mètres celle du col par
lequel on passe ces montagnes, entre Kabkabiya et le Fâcher,
autrement dit la capitale, située au bord de l'étang de Ten-
delti. A partir de ce col, le terrain s'abaisse du côté de l'ouest
d'une manière constante jusqu'au rivage du Tsâd, qui est à
240 mètres au-dessus du niveau de la mer; il va de même,
s'abaissant. plus ou moins régulièrement à l'est, jusqu'au Nil,
et à l'un de ses afduents, le Bahar Ël-'Arab. Mais les cours
d'eau des monts Marra n'arrosent que les parties ouest, sud-
ouest et sud du Fôr, qui sont les plus riches, les mieux peu*
l'année «êogr. x?« 1^
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242 AFRIQUE. N- 553-370
plëes et celles où Tagriculture est florissante. Le nord, Touest
et le nord-ouest du royaume, exposés aux sécheresses, sont
moins peuplés et aussi beaucoup moins bien cultivés, tandis
que le nord-est, du côté du grand désert de Libye, est inhaUté.
Le Fôr tout entier a, d'après M. Nachtigal, une population de
quatre millions d'habitants, répartie sur un territoire qui me-
sure à peu près k degrés en latitude et 4^30' en longitude, et
dont la superficie serait donc de 212 000 kilomètres carrés.
Ce pays, avec ses montagnes et son niveau général plus élevé
que celui du Ouadaï, jouit d'un climat très-salubre, sauf dans
la partie sud dont le sol argileux n'absorbe pas la grande quan-
tité d'eau versée par la saison des pluies.
Des richesses minérales restent enfouies sous le sol du Fôr,
et elles seraient mieux connues, si l'exploitation n'en avait pas
été entravée par le gouvernement. La renommée des gisements
de cuivre du pays des Chala, et le nom même de la célèbre
mine de Hofrat En-Nehâs, d'où on tire ce métal, étaient seuls
parvenus jusqu'à nous. Le docteur Nachtigal signale mainte-
nant dans les monts Marra des gisements d'antimoine, dont
les habitants tirèrent parti jusqu'au commencement de ce
siècle. Le fer est extrait de mines situées dans la province du
sud-ouest, et le mont Kouttoum, dans la province de l'ouest,
renferme des minerais de plomb. Dans plusieurs endroits, le
sol est assez chargé de sel, pour qu'on l'extraye en soumettant
la terre à un lavage à l'eau chaude; mais la plus grande partie
du sel consommé dans le Fôr, provient des mines situées au
nord-ouest du royaume, sur le territoire des Zoghâwa, ou au
nord-onest de ce territoire, dans les montagnes del'Ennedi.
« La végétation est assez riche (dit le docteur Nachtigal S
parlant de la partie ouest du Fôr) ; les vallées des torrents favo-
risent naturellement la formation de forêts dont leurs bords
sont ornés, tandis que loin des cours d'eau le paysage a plutôt
le caractère de steppes. Les acacias, et surtout le harâza et
1. Bulletin de la Société de Géographie, mars 1876, p. 266-267.
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIË. 345
V Acacia Nilotiêa^ plus rarement le hachab^ le sayâiy le Attttr,
le Zhyphus Spma-Chmti et ses congénères, le «erroA *, le Aom-
medy le djakhdjakk, le, makhêt, quelquefois le huhân, le
sycomore, le 'ochar(Calûtropi8procera),hhadjlidj{Balanite8
JSgyptioca), enfin dans les monts Marra, VEuphorbia Candela-
bmm^ sont les arbres qui frappent surtout l'œil du voyageur.
« La culture copiprend celle du blé, surtout dans les mon-
tagnes, du doukhn {Penicillaria) et du dourra (Sorghum);
celle du coton, de l'arachide, du voandjeia, du bâmia, du
tabac, des melons et des autres cucurbitacées, des tomates, des
oignons et du poivre rouge dans les montagnes, etc. »
Chez les Fôriens, l'élève des bestiaux est en grand honneur.
Ils ont de fort belles races de bœufs, de moutons, de chèvres
et de chameaux ; en raison du voisinage du Sahara, ces derniers
animaux occupent la plus grande place dans les troupeaux des
provinces du nord; les bœufs sont plus communs dans les pro-
vinces du centre et du sud, où la nature est moins avare ; enGn,
quant aux chèvres et aux moutons, il sont nombreux pai'tout,
sauf au nord et à l'est. Les chevaux indigènes du For et du
Ouadaï, ne brillent pas par une haute taille, mais ils rachètent
ce défaut par des qualités de force, de sobriété et de vivacité. Si
parfois on voit dans les écuries, des fonctionnaires des ani-
maux d'un type plus noble, on peut être sûr qu'ils ont été
importés du Dongola.
Une unité de race ne correspondait pas dans le Fôr à l'unité
politique. Malgré cela, et contrairement à ce qu'on observe au
Ouadaï, on trouve ici une race ayant donné son nom au pays,
et y ayant formé une nationalité. Nous voulons parler de la
race Fôr. Les Fors sont des nègres de couleur presque noire,
de taille moyenne ; ils ont les traits peu réguUers et le carac-
tère désagréable. Le docteur Nachtigal leur reproche un orgueil
excessif, joint à la traîtrise et à la lâcheté, et par-dessus tout,
1. Le Serrah, ou mieux Sarah. est le Mxrua rigida, R. Br., arbre de ]a
famiUe des.Gapparidées, qui commence à se montrer déjà par sb^SCK dans U
pays des Azdjer.
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244 AFRIQUE. W» 353-370
à une profonde antipathie pour tout individu qui n*est pas des
leurs. Parmi les nombreuses subdivisions de la race For, celles
qui ont la prééminence sur les autres, sont les Dougounga, les
Koundjâra et les Kéra. Il faut compter comme apparte-
nant originairement à celte race, la tribu des Hassabât qui,
s*étant de bonne heure séparée du groupe principal pour se
mêler au): Arabes, a oublié la langue de ses frères, le forang
béle\ et se sert maintenant exclusivement de Tarabe. A côté
des rameaux de cette race bien définie, nous trouvons des élé-
ments étrangers à elle ; ce sont d'abord les Zoghâwa, dans le
nord-ouest, et répandus même dans toute la province nord du
For. Le docteur Nachtigal a, le premier, trouvé des liens de
parenté entre les Zoghâwa el les Bideyât et les Ouanya ou habi-
tants du Ouanyanga, pays qui est au nord-ouest du leur. Dans
les temps anciens, antérieurement à la domination des Boulâla,
les Zoghâwa avaient fondé un empire, qui devint assez fort
pour traiter même avec le puissant Bornou» et ces événements
ont laissé de tels souvenirs, que les orgueilleux Fôriens trai-
tent encore les Zoghâwa sur le pied d'égalité.
Ënsiiite viennent les Tundjour, auxquels le docteur Nachtigal
reconnaît une origine arabe. Certainement étrangers dans le
For, comme dans le Ouadaï, ici comme là, les Tundjour ont
été réfractaires au prodigieux mouvement de conversion à
l'islam ; car si tous ne sont pas restés fidèles aux croyances
païennes de leurs pères, nul d'entre eux n'a accepté le mono-
théisme pur de Mohammed. D'autres races étrangères aussi, les
Berti, au nord-est, lesDadjo, au sud et au sud-ouest, les Bir-
guid et les Bégo, à Test, enfin les Massalit, à l'ouest, complè-
tent les éléments ethnographiques de la population du Fôr.
Aux races et au tribus qui viennent d'être énumérées, il
faut ajouter des colonies des peuples du Ouadaï et du Baguir-
mi, et enfin deux éléments plus particulièrement intéres-
sants. Dans les parties centrales et méridionales du Fôr, on
rencontre des groupes de Foulbé, ou Fellâta, si nous adoptons
leur nom arabe, de ce peuple nomade, au teint cuivré, à la
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ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIË. 245
taille élancée, aux traits loin du type négroïde qui, répandu
dans tous les pays de la Nigritie à l'ouest du Fôr, jusqu'à
l'océan Atlantique, ne nous apparaît nulle part comme étant
dans son milieu originel. Dans les parties du nord et de Test,
ainsi que sur la périphérie de l'empire, vivent de nombreuses
tribus arabes, dont les unes ayant probablement subi Tin-
Hueace de l'exemple de leurs voisins nègres, sont devenues sé-
dentaires, et ont échangé le chameau pour le bœuf, tandis que
les autres, profitant des espaces presque inoccupés, qui fer-
ment les frontières du Fôr, ont pu continuer de vaquer libre-
ment en paissant leur chameaux, aux occupations pastorales, si
chères à cette branche de la famille sémite.
L'histoire du Fôr commence dans les monts Marra, où, à une
date assez ancienne, les Dadjo s'établirent en maîtres, mais
sans chercher à soun^ettre les peuplades des plaines environ-
nantes. Ils se soumirent plus tard aux Tundjour, qui eurent
une suite de rois sur lesquels les traditions nous apprennent
peu dé choses. Les faits ne se précisent qu'à partir du moment
où le dernier roi Tundjour épousa la fille du chef des Kéra
(Fôriens), et où Dali, l'enfant issu de ce mariage, arracha le
pouvoir à son frère. Dès lors, l'état fôrien qui était encore en
Toie de formation, eut une dynastie vraiment nationale; toute,
fois, il n'atteignit que dans les premières années du dix* huitième
siècle, l'étendue qu'il conserva jusqu'à sa chute. Le roi Dali,
comme ses prédécesseurs, était païen, et il faut lui rendre cette
justice, que sans avoir puisé aux notions juridiques découlant
du Coran, il rédigea un code de lois bien établies dont le texte
confié d'abord à la mémoire des fonctionnaires, fut plus tard
mis par écrit; malgré l'introduction de l'islam, il resta jus-
qu'à nos jours, le code en vigueur dans le Fôr. Sous un prince
guerrier, Soliman Solon, c'est-à-dire Soliman le Rouge S qui
régna à partir de 1596, le Fôr devient le grand État qu'il resta
jusqu'à nos jours, et l'islam est la rehgion de l'empereur et
1. L'adjectif solon indique la couleur rouge et sert aussi pour désigner un
Arabe.
«
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246 AFRIQUE. R- 353-570
des grands dignitaires. Le règne de son successeur est signalé
par l'arriTée de colonies des gens du Bomou, du Baguirmi, de
Foulbé et de ces commerçants blancs des oasis et des provinces
égyptiennes, qu'on désigne sous le nom de Djellaba. En 1759,
le For fut vaincu par les armées du Ouadaï, et Tempereur
'Orner Lélé fut emmené prisonnier. A partir de son avènement,
en 1752, Mohammed Tirâb, prince assez juste, instruit et
d'un caractère belliqueux, rendit quelque prestige au gouverne-
ment fôrien ; il fut victorieux contre les Birguid et les Massabât
révoltés, mais il échoua contre les Rizégât, et perdit la vie
en 1785, dans une expédition guerrière au Kordofôn, qui resta
province fôrienne jusqu' en 1821 , où TÉgypte s'en empara^.
Rien de marquant n'est à relever dans les événements qui se
déroulèrent au Fôr postérieurement à la mort de Mohammed-
Tirâb. En 1838, avec le règne de Mohammed El-Hassîn, suc-
cesseur de Mohammed El-FadI, conunença sur la frontière sud-
est du Fôr un mouvement qui dut bientôt inspirer de graves
inquiétudes au gouvernement. Un Français, M. de Malzac, et
après lui, d'autres Européens et des particuliers égyptiens s'a-
vancèrent à l'ouest du Nil, créant jusque dans le Fertît des
établissements de chasse et de commerce. Un des plus puissants
directeurs de ces entreprises mixtes fut l'Égyptien Zibêr, dont
le docteur Georges Schweinfurth visita la zerîba^. Zibêr avait
réuni automr de lui assez d'aventuriers, les auxiliaires de ses
grandes chasses, pour composer une petite armée. Bientôt il
se sentit assez fort pour attaquer et vaincre un prétendant au
trône du Fôr, issu de la famille des Boulâla du Fittri, qui ten-
tait de ressaisir, morceau par morceau, le vaste empire que ses
ancêtres avaient gouverné jadis.
1. Pour cette partie de l'histoire du Fôr, on consultera avec profit le cha-
pitre XY du 2* volume de VÉgypte et la Nubie, par HM. de Caldavène et de
Breuvery. Paris, 1841.
2. Dans un autre milieu, et à une autre époque, on remplacerait, et non sans
grande justesse, par château fort ce mot xeriba, qui, au propre , a le sens de
cahane, ou chaumière en palmes.
yGoogk
ÉTATS MUSULMANS DE LA NIGRITIE. 2|7
§ 3. — La conquête du F6r par l'Egypte. ~ Elle nous vaut des données pré-
cieuses pour la géographie.
Vers la même époque la turbulente tribu arabe des Rizegât
BaggâraS cantonnée sur la frontière fôrienne du Fertît, et dont
le chef, Mounsel, un des plus grands marchands d'esclaves de
toute cette contrée, résidait au milieu des fortifications de
Ghêgga, avait fait sa soumission au gouvernement d*El-Fâcher.
Mounsel se sentant peut-être appuyé à la capitale du Fôr, com-
mit Fimprudence de piller sur le chemin du Kordofan au
Fertît, une caravane appartenant à Zibêr. Voulant venger cette
audacieuse agression, Zibêr marcha contrôles Rizegât en 1873;
il les défît et s'établit en maître dans leur forteresse de Ghêgga.
— On peut considérer cet événement comme le point de départ
des difficultés qui surgirent ensuite entre le Fôr et TÉgypte,
car, le gouvernement d*El-Fâcher ne distingua pas entre le
particulier égyptien Zibêr et Tautorité dont relevait ce parti-
culier. Le sultan du Fôr, Brâhîm, attaqua Zibêr, dans le Fertît,
et fut complètement battu au commencement de Tannée 1874.
L'heureux Zibêr, aussitôt promu au grade de pacha et nommé
par le gouvernement égyptien préfet {moûdir) de la nouvelle
préfecture de Ghêgga, incorporée à l'Egypte, alla au Caire de^
mander la conquête du Fôr.
Deux expéditions égyptiennes partirent simultanément, en
1874. L'une d'elles, sous les ordres d'ïsma'ïl Ayâb-Pacha, se
mettait en marche d'El-Obeïd, au moment où le docteur
Nachtigal arrivait sur le territoire égyptien, ayant pu sortir du
Fôr tout juste à temps pour échapper aux rancunes qui allaient
surgir. Nous ne suivrons pas la marche de la colonne du
gouverneur général du Soudan égyptien Isma'ïl Ayâb-Pacha
jusqu'à la jonction qu'elle opéra avec les huit mille hommes
et Tartillerie de Zibêr-Pacha. Se sentant menacé du côté du
sud, l'empereur de Fôr, Brâhîm, qui était monté sur le trône
1. Baggâra est un surnom, indiquant une tribu arabe de bouviers.
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248 AFRIQUE. N- 353-370
au printemps de i875, s*avaQça avec toute son armée à la
rencontre de Ziber-Pacha. 11 lui livra bataille à Menowatchi
(i50 kilomètres sud, un peu ouest d'Ël-Fâcher), mais il
tomba frappé à mort dans le combat, et le victorieux Zibêr-
Pacha. acheva la conquête de ses États en forçant à se sou-
mettre le prince Haseb-Allab qui fut, dans les monts Marra,
le dernier défenseur de Tindépendance de sa patrie.
Donnons ici quelques détails sur les travaux exécutés pen-
dant la marche de la colonne du colonel d*état-major égyptien
Purdy-Bey; ces travaux (n<>» 369 et 372) le méritent à tous
égards. La colonne partit de Maraka ou le Vieux Dongola, en
Nubie, emmenant avec elle le lieutenant-colonel A. Macoumb
Mason-Bey, chargé de fixer, par des observations astrono-
miques, la position des points principaux, et un naturaliste,
le docteur Pfund. Les troupes égyptiennes entrées dans le
désert libyque suivirent les bords d une grande vallée, appelée
Ouâdi Hahal S qui a dû servir de lit à un affluent du Nil. Ses
rives sont souvent dominées par des montagnes isolées et,
sous le 17^ de latitude, TOuâdi Mahal passe à Test d'un haut
plateau, qui, sur la carte arabe porte le nom peu précis de
Djebel 'Aïn (montagne de la source), sans doute parce qu*à
son pied sud on trouve le 'Aïn Hamir (source des ânes). Le
véritable nom de ce plateau est Djebel Hamir, comme il est
indiqué sur la carte du docteur Guny.
Un changement d'aspect s'opère sous le 16^ de latitude. Là,
le pays à Test de TOuâdi Mahal devient boisé, et il serait sus-
ceptible d'être cultivé avec fruit. Du côté opposé, le Djebel Fers,
le Djebel Medjâfa et le Djebel Aboû-Laou sont comme les pre-
miers contre-forts d'un massif qui se prolongerait au sud-
est pour rejoindre le Djebel Harâza.
l.L'Oaftdi Mahal est identique à la vallée de TOuâdiEl-Mek.quele docteur Cuny
avait traversée en 1857, sur son chemin de Maraka à El-Obe!d, et dont le tracé
est indiqué pour la première fois sur la carte de ce voyage, dressée par M. V.-A.
Malte-Brun.
yGoogk
ÉTATS MUSULMANS DE U NIGRITIE. 249
A Kamak ^, point situé ^ Touest-sud-K^uest da mont Souroûdj ,
la colonne égyptienne touchait le premier point habité du ter-
ritoire fôrien. Elle Tenait de traverser TOaâdi Melek, qui n'est
autre chose que haut de l'Ouâdi Mahal, et dont le nouveau
nom de « Vallée du Roi » se trouve être la forme complète de
Ouâdi El-Mek, car on sait depuis longtemps que les Nubiens
transforment en mek le substantif arabe melek^ qui corres-
pond au nôtre roi. La carte itinéraire de la colonne Purdy-Bey
porte marquée, dans sa partie nord, à l'ouest du Nil, une autre
vallée, rOuâdi El-Qàb (ou El-Gâb), qui descendrait d'une
montagne , sous la latitude du Vieux Dongola , et tomberait
dans la vallée du Nil à Hannik. Le docteur Cuny avait laissé
sur les deux oasis du Gâb des renseignements assez nombreux,
d'après lesquels il y aurait là un champ neuf et très-produc-
tif de travaux pour les officiers de l'état-major égyptien.
De Karnak à El-Fâcher, Titinéraire de la reconnaissance
coïncide, à quelque variantes près, avec celui du docteur
Nachtigal ; il coupe un peu à l'est d'El-Fâcher une large vallée
sans eaux courantes, dont l'orientation parallèle à celle de
rOuâdi-Hahal indique qu'elle doit être un de ses tributaires.
Jusqu'à l'année 1875 on était resté dans une incertitude
absolue relativement à la véritable position géographique des
points de la carte du Fôr, et de sa capitale même. L'ancienne
position de Kobé, publiée par Browne, il y a soixante-quinze
ans, avait été déjà reconnue inexacte et on l'avait rejetée; elle
plaçait Kobé, qui est au nord-ouest d' El-Fâcher, à peu de chose
près sous la longitude d'El-Obeïdh, c'est-à-dire en plein Kordo-
fân. Le docleur Nachtigal, avec un simple itinéraire, approcha
beaucoup plus de la vérité ; car El-Fàcher (du Fôr) tombe sur
sa carte à 9' 40" nord et 44' 2" est de la position obtenue
par le lieutenant-colonel Mason-Bey, de l'état-major égyptien.
Cet officier a observé, à El-Fâcher, trois hauteurs (sans doute
1. Ce nom se ceproduit d*uae manière étrange dans des contrées de l'Afrique
séparéea par d'énormes distances. Outre le Karnak du désert de Libye, il y en
u un dans la haute Egypte^ et uu autre au sud du Bornou.
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250 AFRIQUE. N»» 353-570
méridiennes) d'étoiles pour trouver la latitude du lieu, qui est
13*37' 20" nord, et au moyen d'observations chronométriques,
il a trouvé 25® 2' 28* est de Paris pour la longitude. Les chif-
fres que nous citons ont une importance considérable dans le
tracé de la carte de toute la Nigritie orientale, où ils servi-
ront de point d'appui pour remanier le tracé du For, et du
Ouadai.
Sous le gouvernement national, le For était divisé en cinq
grandes provinces, qui se subdivisaient encore en départements
pour répondre aux exigences d'une administratiou et d'une
hiérarchie de fonctionnaires fort bien ordonnée. Tout le nord
de l'empire formait le Dâr Tokognawi ; le centre, avec la par-
tie moyenne des monts Marra, dont le versant ouest, le point
le plus fertile du For était le domaine particulier de l'empe-
reur, formait le Dâr Torra, qui fut le noyau de l'empire et qui
resta le dernier asile des superstitions païennes ; l'est formait
le Dâr Àboû Dali, province toujours administrée par le chef des
eunuques du souverain, et dans laquelle se trouve la capitale
El-Fâcher ; le sud-est formait le Dâr Aboû Ouma ; le sud-ouest
le Dâr Aboû Dima, et enfin Tonest formait le Dâr Ël-Gbarb.
L'Egypte, en s'emparaut de ce grand État, a changé seulement
le titre des fonctionnaires des provinces, et nous avons mainte-
nant les mot^îHt^e de Tokognawi, de Dali, d'Ouma, de Dima,
d'El-Gharb auxquelles s'ajoute l'ancienne moudîrîyé de
Cliêgga. Seule, l'ancienne circonscription de Torra a disparu
dans les nouvelles divisions administratives du For, et en pro-
cédant ainsi, le gouvernement égyptien a fait preuve d'une
politique prévoyante, soucieuse de faire tomber dans l'oubli
les souvenirs que le nom de Torra éveille dans le cœur des
patriotes fôriens, et des amis de la maison souveraine qu'il
vient de déposséder.
On ne peut qu'envisager avec une grande satisfaction cet
événement inattendu de la conquête du For par l'Egypte. For-
cément, par l'influence du contact avec des hommes civilisés,
leshabitantsdece pays verront s'adoucir leurs mœurs et s'amé-
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AFRIQUE AUSTRALE. 251
liorer les conditions générales de leur existence. Si les nou-
veaux administrateurs des provinces persévèrent dans les tra-
ditions de bienveillance et de justice inaugurées par Isma'îl
Ayab Pacha, nul doute qu'ils ne réalisent bientôt Tapaisement
complet des esprits des Fôriens. Alors s'ouvrira une ère toute
nouvelle pour les explorations dans le For, et peut-être dans
les pays qui le bordent au sud. Les voyageurs pourront aller
scruter les mystères du grand massif du Marra, avec son lac
Daribé, et y explorer les sources des longs afQuents du Babar
El-'Arab et du Châri ; entrer enfin dans les deux provinces du
sud, qui sont un terrain absolument inconnu, et pénétrer de là
peut-être dans les mystérieuses contrées du GouUa, au sud-
ouest du Fôr.
IX
AFRIQUE AUSTRALE
371. Cambrow (lieutenant Verney Lovett). Letters detailing the jourrey
of the Livingstone East coast expedititJn from Lake Tanganyika to
the West coast of Africa. Proceedings of the R. geographical
Society, t. XX, 1876, n- 2, p. H8-134.
372. Du même : Journey accross Africa, frora Bagamoyo to Benguela.
Proceedings ofthe R. geographical Society, t. XX, n*» 4, p. 304-
329.
373. TuRREK (W.-J.). Réduction of lieutenant Cameron's preliminarymap
of his route and the adjacent country between Lake Tanganyika
and Lovalè, 1874-1875, with continuation from the maps of
D' Livingstone and other \TA\e\\ers. Proceedings ofthe R. geogra-
phical Sodetxj, t. XX, 187b, n" 2.
374. Livingstone East coast Expédition. Lieutenant Cameron's arrivai
at the West coast of Africa. Proceedings ofthe Royal geographical
Society, t. XX, n» 2, pages 117 à 134.
375. Le lieutenant Cameron. Explorateur, n* 54, p. 153-134; n" 65,
p. 449454, avec carte ; n* 75, b. 48.
376. Livingstone East coast expédition. Arrangements for Lieut. Came-
ron's retum. Proceedings.,., Vol. XX, n«» 3, p. 164-183; n«4,
p. 234-274 et 303-328.
yGoogk
252 AFRIQUE. W 37142
377. DuTETRiiB (H.). Traversée de la zone sud deTÂii^ique équatoriale,
4873-1874, parle lieutenant Verney Lovett Cameron, de la marine
anglaise, avec -une carte au jtôôotôôô"'» P^^ J- Hansen. Bulletin
de la Société de Géographie, février 1876, p. 113-128.
378. KiBPBBT (R.). Ueber Lieutenant Cameron's Reise quer durch Afrika.
Verhandlungen der GeselUchaft fur Erdkunde %u Berlin, 1876,
n- 3, p. 59-60.
379. Cameron's Reise durch Afrika, und seine neueste Karte des Ge-
bietes westlich von Tanganyika. Der Kongo und sein Gebiet. Wd-
theUungen, Gotha, 1876, n* 3, p. 105-107.
380. Spedizione di V. L. Cameron 1873-1875, attraverso l'AMca equa-
toriale, tra TOceano Indiano e TAtlantico. Cosmos di Guido Cora*
t. III, 1876, pages 246 et suivantes.
381 . Lieutenant Cameron. Reise durch Afrika. Mittheilungen der geo-
phischen Gesellschafl in Wien, t. XIX, 1876, n» 1, pages 40 et 41.
382. Reim (E.). y. L. Cameron's Reise quer durch Afrika, Mittheilun-
gen, Gotha, 1876, n» 4, p. 121-124, avec une carte à réchelle du
ïTïôoTôôô"* en teintes, par A. Petermann.
383. BouBDB (Paul). Le Congo. Le Dernier journal de Livingstone;
traversée de l'Afrique par le lieutenant Cameron, avec une carte
de l'Afrique australe à l'échelle du ti7tÂ7¥^'' R^^^e de France,
t. XVIII, Paris, mai 1876, p. 403-495.
384. Campebio (M.). Yiaggi del luogotenente Cameron traverso l'Africa
equatoriale. BoUettino délia Société geograficaitaliana. T. XIII-
iîomej 876, fascicule 2, pages 67-79.
385. Carus (Th.). Ed. Mohr's Reise nach den Victoria Fâllen des Zambesi.
NaturundOffenbarung, i. XXII, 1876, n" 4, 7.
386. Le cadute dello Zambesi. Bolleltino délia Société geografica ita'
liana, Rome, février 1876, p. 86-89.
387. YodHG (E.-D.). Lake Nyassa mission. Proceedings oftheR. geogr,
Society, t. XX, n» 6, p. 451-455. Mittheilungen, Gotha, 1876, n' 7,
p. 271.
Ce travail esi accompagné d'une carte du lac Nyassa, la première qui
soit basée sur des relèvements du lac tout entier. Elle montre que sa
rive N. esta 185 kilomètres plus au N. que Livingstone ne pensait.
Pour les autres lettres de M. Young, voir The Times, n'' Jul^
décembre 1875 ; Cape Argus, n« du 22 juin 1876; The Times, m-
méros du 29 août et 15 septembre 1876.
388. Mission Livingstonia. Lettres de H. Young, chef de la Mission, et du
docteur Laws. Explorateur, 1876, n" 49, p. 15; n« 54, p. 155 î
yGoogk
AFRIQUE AUSTRALE. 253
n« 59, n*> 65. Transfert de la mission à Zanzibar : n* 69, p. 564;
n» 70, p. 589. Exploration du Nyassa ; n^ 72, p. 641. Id., suite:
n* 76, p. 79-80.
389. La missione Livingstohia sul lago Nyassa. Bolleitino delta Société
geografica Ualiana. Home, mars 1876, page 138.
390. D' Young. La missione Livingstonia al lago Nyassa. Bollettino.».
Rome, juin-juillet 1876, n«* 6 et 7, pages 457-439.
391 . HoLUB [le docteur E.). Reisen in Sûd-Afrika. MiUheilungen, 1876,
n* 5, p. 172-177.
392. Du même : Observations, recherches et aventures sur le Zambézi
central (en langue tchèque)— dans le journal Svêtozorde Prague,
à partir dun* 32, 11 juillet 1876.
393. Du même : The interior. Lettre au directeur de t The Diamond
Field, ]> datée de Bultfontein, le 5 décembre 1876. The Diamond
Field, journal de Kimberley (intérieur de l'Afrique australe),
n« 84 du 13 décembre 1876.
Tableau, très-digne d*étre médité, des conditions morales et légales
de l'existence des peuples qui vivent sur le Zambézi, et spécialement
de ceux qui sont soumis à Sepopo. Ce tyran répète souvent ces paro-
les : « Moi, Sepopo, je suis le propriétaire des habitants de mes États. Je
puis les tuer, ou les traiter comme il me plait. * Ses actes sont conformes
à l'idée qu'il a de sa puissance et de ses droits. Non-seulement l'esclavage
florit, à l'intérieur de son empire, avec les formes les plus cruelles et les
plus révoltantes, mais les mulâtres portugais chrétiens do la côte oue^t,
qu'on appelle mambari, viennent y acheter et enlever des quantités d'es-
claves en même temps que de l'ivoire. Dans l'empire de Sepopo on évalue
le prix d'un esclave à seulement cinq couvertures de coton ou vingt-ciuq
livres d'ivoire. Le docteur Holub croit que les mambari se débarrassent
de leurs esclaves en traCquant avec les peuplades qu'ils rencontrent avant
de rentrer dans les possessions portugaises.
594. Bleek. a brief account of Bushman Folk-lore and olher texts.
Cape Town, 1875.
395. Anderssor (G.-J.). Notes of travel in South Africa, edited by L.
Lloyd. 1 vol. in-8, Londres, Hurst et Blackett, 1875.
Histoire de la formation d'un établissement de commerce dans le pays
des Daniara, et de guerres entre les Damara et les Narnakwa, écrite par le
chasseur suédois Charles Jean Andersson, aifquel nous devions déjà les
deux relations estimées qui ont pour titres : Lake Ngami, et The Oka-
vango river. On trouve aussi dans ce livre le Journal posthume d'un
voyage, fait par Andersson, du pays des Damara au pays des Ovampo et au
fleuve Cunené. Ce journal va jusqu'au 5 juillet 1867, jour où Andersson
mourut de fièvre intermittente à son retour chez les Ovampo. Les J^olea
oftravelt, éditées par L. Lloyd, sont surtout intéressantes par l'indica-
tion précise que le voyageur y donne des espèces d'animaux vertébrés qu'il
a rencontrées dans chaque partie des pays de l'Afrique centrale où il a vécu,
et par de nombreux détails sur les mœurs de ces animaux.
396. Mererskt (A.). Eine neue Karte der sûd-afrikanischeu Republik.
yGoogk
254 AFRIQUE. N^ 371-428
(Article et carte). ZeUêchrifl der Geselhchaft fur Erdhunde. Ber-
lin, t. X, 1875, n« 5.
507. Cachet (F. Lion). Yijftien jaar in Zuid-Afri]ui. 1 vol. gr. in-S.
Leeuwarden, Bokma, 1875.
398. Fédération des États de l'Afrique australe. Explorateur, 1876,
n« 71, p. 621; n« 80, p. 192.
399. Rees (W.-A. van). Naar de Transyaal, in-8 et carte. Amsterdam,
1876.
4()0. De Zuid-afrikaansche republieken met de diamant yelden, avec
une carte. Amsterdam, Seyf£ardt, 1871.
401. MicHELL (Rev. G.). Some account of thé Barolong, a south african
tribe. The Mission Field. Londres, 1875, numéros d'août et sep
tembre.
402. Lanen. Note sur les Matabeles. Bulletin de la Société de Géogra^
phie, décembre 1875, p. 646-647.
403. FouRNiER (A.). Renseignements sur la province de Mozambique et
sur les productions du Zambèze. Bulletin de la Société^ Géogra^
phie, décembre 1875, p. 606-617.
404. I^EVEu. Notes sur Mozambique. Revue maritime et coloniale,
T. XLVIII, p. 646-648.
405. Le Mozambique (d'après les renseignements du résident anglais).
Explorateur, 1876, n» 67.
406. Exploration du Mozambique (annonce du départ de M. J.-J. Mon-
teiro pour une exploration des productions naturelles de la pro-
vince). Explorateur, 1876, n» 74, p. 22.
407. Esplorazioni di V. Ërskine dal Limpopo al fiosi, 1871 à 1873.
Cosmos di Guido Cora. T. III, 1876, p. 30.
408. Contrées inconnues de l'Afrique australe, région située entre K
Zambèze et le Limpopo. Explorateur, n* 53, p. 111.
409. Le colonie portoghese délia costa africana. BolleUino délia Sa-
cietâ geografica ifaliana. Rome, n« 5, mai 1876, pages 340 à 342.
410. MoMTEiRO. On theQuissama tribes of Angola. Journal of the An-
thropological Institute ofGreat Britain and Ireland, t. Y, n" 2,
octobre 1875.
411. G»ABD DE RuLLE. L* Afrique australe. Le pays d'Angola. Revue
scientifique, 1876, n" 13, pages 298-303. Compte rendu de Toù-
vrage de M. Joachim-Jean Monteiro : Angola and the river Congo,
publié à Londres en 1875.
yGoogk
AFRIQUE AUSTRALE. 255
412. N(»ie(J.). Descriptive Handbook ofthe Cape colony; its condition
and ressources. 1 vol. in-8. Cape Town, Juta, 4875.
413. Ghàmbetron (le capitaine). Un mois à GapeTown, Mossel Bay et Port
Elizabelh. Revue maritime et coloniale, décembre, 1875, p. 775-
804.
414. Yiaggio scientifîco belga neir Africa méridionale. Bollettino délia
Societâ geografica italiana, 1876, n» 5 (mai), page 342.
415. DuRAiu) (l'abbé). De Port Nolloth à Spr^ng bock (Afrique australe).
lbr.in-8. Paris, 1876.
Renseignements sur les stations de missionnaires catholiques français.
416. Malau (C.-H.). South african Missions. 1 vol. in-12. Ijondon^ Nis-
bet, 1876.
417. AmsR (M.-U.). KortfattetOversigtover det norske Missionsselkabs
Virksomhed i Sydafrika og paa Madagascar. Bergen^ Beyer, 1876.
Court aperçu des travaux des missionnaires aorTégiens dans l'Afrique
australe et à Madagascar.
418. Bbooks. Natal : Ahi&tory and description of the Colony, including
its natural features, productions, industiùal condition and pros-
pects, edited by D' Mann. 1 vol. in-8 avec .cartes. Londres, Reeve
et C«, 1876.
419. Barker (Madame). First days in Natal. Evening Hours, n* de février
1876.
420. De la même : First impressions of South Africa. Evening Hours,
février, 1876.
421. De la même : Letlers from South Africa. Lippincott's Magazine,
février-mai 1876.
422 . BissET (le major général) . Sport and war ; or recolleclions of fighting
and hunting in South Africa from the year 1834 to 1867. 1 vol.
in-8. Londres, Murray, 1875.
425. GuiLLET. Excursion dans la colonie du Gap. Bulletin de ta Société
de Géographie de Lyon, t. I, n» 3, p. 226-267, avec une carte à
réchelle du 3,000,000»».
424. TuvE (G.).^in Tagin der Kapstadtund eine Besteigung desTafel-
berges. Aus allen Welttheilen, avril 1876.
425. TuvE (E.). Eine Landreise in Sûd-Afrika. Yon Port Elizabeth nach
Bloemfontein. Aus allen Welttheilen, juin 1876.
426. Brown J.-C). Hydrology of South Africa, or détails ot the former
hydrographie condition of the Cape of Good Hope, and the causes
of its présent aridity, with suggestions of appropriate remédies
for this aridity. 1 vol. in 8. Londres, H.-S. King, 1875.
Un eumen deTétat ancien du régime des eau dans la colonie du Gap
de Bonne-Espérance et des causes de son aridité à l'époque actuelle, fait
y Google
251 AFRIQUE. H- 371-428
fMir un homme aussi compétent dans la matière que le botaniste du gou*
vernement de cette colonie, est tout à fait digne d'exciter Tintérèt général.
Hais nous en recommandons tout spécialement l'étude aux agents fores-
tiers des départements de l'Algérie. Les deux parties nord et sud de l'A-
frique, en remontant jusqu'aux tropiques du Cancer et du Capricorne,
donnent, dans la période des temps historiques, des preuves d'un dessèche-
ment progressif, général, qui est bien fait pour appeler les méditations
des hommes qui se préoccupent de l'aTenir. Le Kalahari, dans l'Afrique
australe, et le Sahara, dans TAfrique septentrionale, n'ont pas toujours
été les déserts qu'on voit aujourd'hui. Ces contrées étaient autrefois sil-
lonnées de fleuves et de rivières et parsemées de lacs dont il ne reste plus
que les lits, et les coquilles ou les ossements des animaux qui vivaient
dans leurs eaux. M. Brown dénonce comme étant les deux causes principa-
les de l'aridité de l'Afrique australe : 1* le soulèvement récent de son sol à
un niveau supérieur ; 2* la dislocation de ce sol, qui a fait disparaître sous
terre les eaux des rivières qui arrosaient sa surface. A ces deux causes
principales vient, d'après M. Brown, s'ajouter une cause secondaire : la
dénudation du pays, par suite do la destruction des herbages et des forêts
par le feu, dénu^^on qui a eu pour conséquence la diminution de la
quantité des pluies, et leur irrégularité de plus en plus grande, enfin, une
évaporation de plus en plus forte par l'action des rayons solaires. M. Brown
établit en principe que la terre végétale possède des propriétés hygromé-
triques et qu'elle attire l'humidité contenue dans l'air, mais d'autre part
l'action des rayons solaires décompose cette terre, lorsqu'elle est à nu, et
lui fait perdre ses propriétés hygrométriques. Ainsi décomposée la terre
végétale est facilement entraînée par les vents et par les eaux pluviales.
Après avoir énuméré et discuté les faits constatés relativement à l'ari-
dité ou au régime a es eaux de l'Afrique australe au nord de Ja colonie du
Cap, l'auteur passe aux faits du même ordre : aux déluges succédant k des
sécheresses, qui ont élé observés exactement depuis l'année 1863, jusqu'à
l'année 1874 inclusivement, daus les territoires des colonies anglaises et
des républiques des Boers de l'Afrique australe.
M. Brown propose de combattre ces phénomènes menaçants par l'adop-
tion des mesures préservatives suivantes : 1« établir sur les rivières et les
melâpo, ou ouâdi, des digues qui empêcheraient une partie des eaux plu-
viales de s'écouler vers la mer, et la retiendraient sur le sol des contrées
de l'intérieur; 2* interdire absolument, ou tout au moins soumettre à des
règlements sévères, la combustion des foréis et des fourrés de broussailles
qui a été jusqu'ici pratiquée d'une manière barbare et imprévoyante ;
3* adopter des mesures pour la conservation et l'agrandissement des. fo-
rêts existantes, et imiter, sur une grande échelle, l'exemple donné par la
France dans les travaux de reboisement et de gazonnement du pays, en vue
d'empêcher la formation des torrents dont les crues fbudaines sont une
cause de destruction pour les terrains mis en culture.
Trois chiffres montrent quelle importance a pour l'Afrique australe le
sujet étudié par H. Brown dans ce livre. Les établissements européens de la
pointe sud de l'Afrique ont perdu dans le court espace de huit années
(1866-1873) ;
Par les inondations, 1 000000 fr. par an ;
Par les incendies des herbages et des bois, 1 SfôOOO fr. par an ;
Par ces deux causes réunies, ils ont perdu dans la seule année 1874 la
somme énorme de 8 750000 fr. I
L'auteur de ce livre utile en prépare un nouveau sur le « Reboisement
en France »,dans lequel il étudiera les travaux de plantation ou de sdmis
yGoogk
VOYAGE DE CAMERON. 257
d'arbres, de broussailles et d'herbages, exénités dans les Alpes, les Géyen-
nés et les Pyrénées, par les soins do gouvernement français, pour arrêter
les ravages des torreuts.
427 . Sketch map of the Cape colony to accompany M. Scott 's report, dated
May 14'k 1874. Cape Town, 1874.
428. South Africa. Plettenburg Bay. Carte marine à l'échelle du ^rm*'
Londres, Hydrographie Office, n» 385, 1876.
§ 1. — Suite et fin du voyage du lieutenant Verney-Lovett Cameron, d*0n4j1dji
à Benguela. Le Zafre* à Nyangwé, ches les Manyouéma. Nouveaux lacs du
bassin du Zaïre. L'empire du Mata Yanvo. Les premiers affluents du haut
Zambézi.
Un voyageur, dont les débuts avaient été pleins de promes-
ses, le lieutenant de vaisseau, maintenant capitaine de frégate,
Yemey-Lovett Cameron, de la marine anglaise, a répondu, et
au delà, aux espérances qu'avait fait concevoir son énergique
entrée en scène. Parti de Bagamoyo, petit port sur l'océan
Indien, en face de Zanzibar, au mois de mars 1875, il arrivait
en novembre 1875 au port de Katombéla sur l'océan Atlan-
tique, après avoir traversé toute la largeur de l'Afrique, entre
le 4« et le 13<» de latitude australe (voir n°* 371 à 384).
Rappelons d'abord l'origine d'une entreprise qui a sa place
glorieuse marquée dans l'bistoire des découvertes en Afrique.
Le lieutenant Cameron avait été envoyé pour porter secours
à David Livingstoné. Il n'arriva que pour trouver les dévoués
compagnons et les notes de ce grand explorateur dont la fi-
gure est déjà légendaire. Hais il semblerait qu'ime fois sur la
terre d'Afrique M. Cameron eût hérité de l'âme de Livingstoné,
car jamais voyageur, au lendemain de sa mort, n'a vu sa tâ-
che continuée avec un tel éclat.
Le premier soin de M. Cameron fut d'explorer, par eau, la
moitié sud du lac Tangaôyîka que Livingstoné n'avait pas visi-
tée. Il reconnut ainsi les embouchures de quatre-vingt-seize riviè-
res afQuents de cette partie du lac, ainsi que le point où le Lou-
koogasort du Tangaôyîka, entraînant vers l'ouest les eaux de cette
mer intérieure dont il a fixé l'altitude à 823 mètres, et dont
la superficie est de 58400 kilomètres carrés. On comprend
L* ANNÉE GÉOriR. XV. 17
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258 AFRIQUE. N- 371428
l'intérêt qu'il y avait à découvrir le trajet de ce Loukouga qui
peut devenir un Jour l'un des chemins de la civilisation atta-
quant par l'ouest le continent africain ; en tout cas, il fallait
reconnaître de quel fleuve il était le tributaire ou peut-être le
brafi principal.
Suivre le Loukouga jusqu'à son débouché dans là mer, tel
fut dès lors le but du lieutenant Cameron. Le lac et le Loa-
kouga, à leur point de séparation, sont tellement obstrués par
les roseaux que la tâche était difficile à réaliser sans un guide
qui connût bien la route de terre; le lieutenant Cameron n'en
trouva pas. Tout ce qu'il put apprendre des indigènes, c'est
que le Loukouga continue à l'ouest en inclinant un peu au sud,
dans le Louvwa (que Livingstone appelait Loualâba) au sud
du lac Landji*.
A son retour à Kawélé, capitale de TOudjîdji, M. Cameron
trouva que le poids de vingt-six charges d'homme de verrote-
ries, destinées au voyage, avaient été gaspillées ou volées pen-
dant son voyage sur le Tangaîlyîka. C'est avec quatre charges,
seul reste de ses ressources, que le hardi voyageur osa affron-
ter la traversée du continent. Toutefois, avant de partir, il con-
gédia tous ceux de ses hommes qui avaient faibli devant la
perspective des fatigues et des dangers.
Il traverse le lac, et, le 20 mai 1874, il commence à
Kasendjé, au nord de la bouche du Loukouga, son long iti-
néraire, dont toutes les parties sont nouvelles jusqu'au pre-
mier poste portugais de la province de Benguela, qu'il attei-
gnit à la fin de 1875. Nous allons essayer de résumer les péri-
/péties de ce remarquable voyage..
i. Au moment où nous corrigeons les épreuves de cette feuille, nous recerons
le II* du 96 murs 1877 du Daily TeUgraph contenant la relation du voyage df>
M. Sianlej sur le Loukouga. D*après les constatations de M. Stanley, le Tanga-
nytka était au moment de sa visite un bassin sans écoulement vers l'océan
Atlantique, mais ses eaux qui se sont déversées Jadis par le Loukouga, main-
tenant un marigot, à courant intermittent dans les directions sud-est et nord-
duest, travaillent à reprendre leur ancien cours permanent vers le Loualftbt. Ce
tohénomène dépendrait ie variations considérables dans le niveau des eaux du
lac.
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VOYAGE DE GAMERON. 259
Après avoir laissé derrière lui les montagnes d'Ougoma, sur
lariTe ouest du Tangaiijika, le lieutenant Gameron s'avança
dans le pays d*Ougouhha, en coupant une quantité de cours
d*eaa qui descendent des montagnes d'Ougouma pour former
le Louama, un des grands affluents du Loualâba. Il signale,
sur le terrain parcouru dans ces premières marches, une source
thermale où fourmillent des grenouilles et d'autres reptiles,
et qui est entourée d'une végétation luxuriante. Les habitants
del'Ougouhha, comme certains autres peuples vivant dans une
nudité presque complète, prennent un soin extraordinaire de
leur chevelure. Ils la tressent en coiffures aussi élégantes
qu'originales ; les femmes ont la poitrine tatouée de dessins
très-compliqués. Bien qu'il ait paru au lieutenant tiameron
extrêmement rudimentaire, le vêtement des Wagouhha est
très-convenable, comparé à celui des nations qui vivent plus
loin.
Ce pays d'Ougouhha est une province de l'État d'Ouroua,
dont Livingstone avait vu la partie sud lorsqu'il découvrit le
lac Moero, mais dont il n'avait pas pu déterminer l'étendue. On
sait actuellement que l'Ouroua touche, à l'est, au lac Tanga-
nyîka, et qu'il est traversé, à l'ouest, par le Loualâba et par d'au-
tres grandes rivières. Il paraît appelé à jouer un rôle, considé-
rable peut-être, quand les Européens chercheront à exploiter
les richesses de cette partie de l'Afrique.
Après le pays d'Ougouhha, le lieutenant Gameron, continuant
son voyage au nord -ouest, passa sur le territoire de plu-
sieuFs tribus qui ont conservé leur indépendance, entre le
grand empire d'Ouroua et le pays des Hanyouéma. La chaîne des
montagnes de Bambarré marque de. ce côté le commencement
du pays des Manyouéma. «( En arrivant au pied de ces mon-
tagn^, je constatai un changement complet, a dit le voyageur
dans sa communication à la Société de géographie de Londres.-
Les cabanes, basses, formaient de .longues rues, au milieu
desquelles étaient plantés des palmiers à huile. Les ooilfures
des femmes étaient des plus extraordinaires ; certaines de ces
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260 AFRIQUE. N- 571-428
coiffures rappelaient un chapeau des anciennes modes porté
par les dames anglaises, mais dont on aurait enlevé le fond,
avec les cheveux pendant en longues boucles sur le cou. Les
hommes enduisent d*argile leurs cheveux, et les maintiennent
ainsi en forme de cornes ou nattés, de manière quils ont
Tair de porter des casques. Entre les places couvertes d*argile,
les cheveux sont rasés et la peau du crâne est à nu, comme
si l'individu avait été scalpé. Dans les gorges des montagnes
de Bambarré, il y a des arbres qui peuvent compter parmi
les plus grands que j'aie vus. Ces gorges ont souvent de
50 mètres à 4i5 mètres de profondeur. En y plongeant le
regard, on voit au fond des arbres dont la cime dépasse la
berge de pareille hauteur. Pendant nos marches dans le pays
des Manyouéma, nous éprouvâmes les mêmes difficultés que
le docteur Livingstone ; la principale est causée par une herbe
dont jes tiges, plus épaisses que le doigt, atteignent jusqu'à
3"*,45 de hauteur. Il est presque impossible d'avancer, à
moins de brûler ces herbes devant soi.
« Les habitants sont d une très-belle race, mais leur armement
primitif ne se compose que de boucliers et de lourdes piques ;
ils ne connaissent ni les arcs ni les flèches. On travaille beau-
coup le fer dans ce pays, et les Manyouéma sont d'habiles for-
gerons. Le minerai de fer est d'un noir brillant. »
Nous rappellerons ici que, suivant le docteur Livingstone,
qui le premier a parlé de ce peuple, les Manouyéma pratiquent
l'anthropophagie, comme les Monbouttbu des rives de Quelle,
chez lesquels le docteur Schweinfurth, s'étant arrêté un jour à
la résidence du roi Mounza devant un étal de viandes appétis-
santes, proprement exposées sur des feuilles de bananiers,
apprit que cette marchandise était de la chair de vieilles femmes
engraissées pour les gourmets ^
A l'ouest de Bambarré, le lieutenant Cameron, après avoir
1. Le docteur Schweinfurth recommande avec raison aux voyageurs natura-
listes de toujours visiter les marchés, parce qu'ils y trouveront réunis tous les
produits du sol et de l'industrie des pays.
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VOYAGE DE CAMERON. 261
traversé plusieurs autres affluents du Loualâba, vit pour la
première fois ce fleuve, au village de Koumbwi, et il résolut
de le suivre; mais, ayant éprouvé beaucoup de difficultés à
trouver seulement quelques canots, il s'embarqua, avec un
petit nombre d'hommes, sur le Loualâba, laissant le gros de
sa troupe marcher le long du fleuve pour aller à Nyangwé, le
dernier point du Loualâba reconnu par Livingstone en 1871.
Cameron a mesuré la largeur du Loualâba à Nyangwé : elle
est de 932 mètres ; et sur d'autres points, près de Nyangwé,
elle est même plus considérable. Le courant est très-rapide,
car il fait trois ou quatre nœuds à l'heure . A la fin de la sai-
son sèche, le Loualâba avait une profondeur moyenne de plus
de 1"80, mais son lit était sillonné de canaux où on ne trou-
vait le fond qu à près de 5 mètres et demi. Le lieutenant Came-
ron a calculé qu'à Tétiage, le débit du Loualâba, à Nyangwé,
est de 126000 pieds cubes par seconde, c'est-à-dire un débit
égal à plus d*une fois et demi celui du Gange en temps de
crue, et à trois fois celui du Nil à Gondokoro (maintenant
Isma'ilîya). Quand on réfléchit que les mesures du lieutenant
Cameron s'appliquent à une partie du Zaïre ou Congo (éar le
Loualâba paraît bien être le Zaïre sOus un autre nom), qui n'est
qu'à 427 mètres d'altitude, et à plus de 1750 kilomètres de
son embouchure dans l'océan Atlantique, on entrevoit de suite
quel parti on tirera plus tard de ce grand cours d'eau.
Nyangwé est un repaire d'Arabes et de Wamerima trafiquants
d'eslaves, qu'on rencontre à 1500 kilomètres nord des cata-
ractes de Mosi-oa-Tounya (Victoria Falls), sur le Zambézi. C'était
alors le dernier point connu tant au nord qu'à l'ouest. Ce n'est
que 740 kilomètres plus loin, au sud, que l'itinéraire du lieu-
tenant Cameron coupera le chemin que Ladislas Magyar traça
en 1851, et à 930 kilomètres sud-ouest de Nyangwé, il cou-
pera un des premiers itinéraires de Livingstone.
Le lieutenant Cameron fut obligé de s'y arrêter pendant trois
semaines. Il y rencontra Hâmed Ibn Hâmed, le premier Arabe
qui, venu du sud-est, soit arrivé sur le Lomâmi, dernier grand
-^—^ ^.^
262 AFRIQUE. N« 371-428
affluent sud du Loualâba, en amoutdu lac Sankorra. Hâmed
Ibn Hâmed, plus connu des nègres de Nyangwé sous le surnom
de Tippo Tippo, venait pour régler un différend entre un roi
nègre de ses amis et des Arabes qui lavaient attaqué. Oubliant
que les croiseurs anglais de l'océan Indien sont ses ennemis
naturels, Hâmed Ibn Hâmed aida gracieusement le lieutenant
Gameron ; et c*est à ce marchand de « bois. d*ébène » , comme
on disait poliment autrefois, que le voyageur doit la première
indication du lac Sankorra. Le négrier arabe lui offrit de le
conduire à son camp, lui promettant qu'il trouverait là les
moyens d'arriver au lac Sankorra, et le voyageur accepta cette
offre.
Au camp de Hâmed Ibn Hâmed, il entendit parler d'un lac
Iki situé un peu à Touest du cours du Lomâmi et alimenté par
une rivière appelée le Louwembi. Il apprit aussi de la bouche
de voyageurs qui lavaient vu et traversé des détails positifs sur
le grand lac Sankorra, à dix ou quinze jours de marche du
camp. Les indigènes en rapportent des marchandises euro-
péennes achetées, sur le bord du lac, à des hommes vêtus de
pantalons et de chapeaux; ces hommes, qui viennent sur des
bateaux à voile, pouvant contenir cent quatre-vingts et même
deux cents personnes, et sur lesquels on fait la cuisine^ ne
pouvaient être que des pombeiros, c'est-à-dire des agents indi-
gènes de marchands portugais, ou même des Portugais blancs !
Le lieutenant Gameron n'avait pas besoin de ces révélations
inattendues au sujet du grand lac Sankorra pour chercher,
par tous les moyens possibles, à en reconnaître la position. Il
partit pour la résidence du kasongo (chef) du district où se
trouve le camp de Hâmed, en Ouroua^ La route qui y conduit
remonte la rive droite du Lomâmi dans la direction sud ; elle
traverse un pays où, à côté de populations amies, on en rencon-
trait d'autres qui, terrorisées par les chasses aux esclaves, pre-
1. Le nom de cet empire nous était conna, depuis longtemps déjà, &ous lii
forme un peu différente de Molua (M'Oioua, pour M'Oroua).
.„_.., Google
VOYAGE DE CAMERON. 263
ndent la fuite à l'approche de la caravane, qu'elles prenaient
pour une troupe de leurs agresseurs. Ces pauvres noirs n'avaient
jamais vu que les caravanes des chasseurs et des marchands
Depuis son départ d'Oudjîdji rien n'était venu déranger la
tournure pacifique de son voyage, mais ici les dispositions des
habitants ont changé du tout au tout. Au passage du Lomâmi,
près d'une île couverte d'une foi;pt vierge, quelques indigènes
attaquèrent le lieutenant Gameron, qui faillit être blessé. Le
Toyageur s'étant jeté sur son agresseur, lui administra une
correction méritée, mais il eut la grande sagesse d'empêcher
ses hommes de le tuer. Un palabrCj habilement conduit avec
d'autres indigènes qui se trouvaient en avant, calma leurs
craintes ou leurs dispositions hostiles, et le lieutenant anglais
devint leur meilleur ami. Il traversa un bras du Lomâmi, ap-
pelé le Loukazi, et passant par un pays où les villages sont
bâtis au milieu^ de forêts vierges, il arriva à Kamwawi, oii il
se procura des guides qu'il espérait devoir être plus sûrs que
les précédents. Nous laissoris maintenant le lieutenant Gameron
lui-même rendre compte du passage critique de son voyage qui
coiûmencc à l'arrivée à Kamwawi ^ « Dans l'après-midi, les
femmes et les enfants vinrent dans le camp pour nous vendre
des vivres, et tout prenait une tournure des plus pacifiques.
Le lendemain matin, pendant qii'on faisait les paquets, je vis
que ma chèvre manquait et, demandant où elle était, on me
répondit qu'elle avait passé la nuit hors du camp. Je partis
pour la chercher, et me dirigeai dans ce but vers le village ; je
soupçonnais si peu quelque malheur, que j'avais laissé fusil et
pistolets, et que l'homme qui m'accompagnait était aussi sans
armes. A nos questions au sujet de la chèvre, les habitants
commencèrent à nous envoyer des flèches. Quelques-uns de
mes hommes accoururent, m'apportant ma carabine et mes
pistolets ; les autres achevèrent d^emballer et entrèrent dans
1. Proceedings, t. XX, n* 4. «6 juin 1876, p. 315 et 314.
Digiti^dbyCiOOglC
264 AFRIQUE. N- 371-428
le village. Pendant longtemps je ne pennis pas de faire feu.
Enfin, comme les indigènes s'assemblaient et qu'une troupe
forte de quatre ou cinq cents hommes arrivait sur la route que
. nous voulions prendre, je laissai tirer deux ou trois coups et je
crois qu'un des indigènes eut la jambe traversée par une balle.
Après cela nous commençâmes à parlementer ; on proposa de
rendre ma chèvre et il fut convenu qu'un de mes hommes
deviendrait le frère du chef, d'après le rite usité dans une
grande partie de l'Afrique éqtiatoriale et australe, et qu'ensuite
on échangerait des présents et on resterait bons amis. Tandis
que ces pourparlers étaient échangés, arriva une autre troupe
nombreuse, dont le chef insinua aux habitants du village de
ne pas avoir la naïveté de faire la paix avec moi, parce que ma
caravane étant très-petite, ils pouvaient facilement ou nous
tuer tous, ou nous réduire en esclavage, et se partager nos verro-
teries et nos provisions. Les villageois écoutèrent ce conseil et
recommencèrent à nous envoyer des projectiles. Je ne voulus
pas permettre de tirer, de crainte de rompre définitivement les
négociations. Mais les indigènes s'assemblant et nous envoyant
des lances, je tirai de près sur deux ou trois d'entre eux, et
j'incendiai une des cabanes en prévenant le chef que s'il ne
faisait pas retirer ses hommes je brûlerais tout le village,
comme ils avaient brûlé notre camp. Il répondit que si nous
partions du village on nous laisserait aller en paix, et les guides
que nous avait donnés Hâmed Ibn Hâmed nous dirent qu'en
marchant à l'est sur une distance de 20 kilomètres, nous y
trouverions un autre village dont les habitants se comporte-
raient amicalement avec nous. De dix heures du matin au cou-
cher du soleil nous marchâmes à travers des herbes serrées et
une forêt de broussailles et de roseaux. A chaque fourré les
naturels arrivaient sur nous en tirant des flèches, et nous
eûmes deux ou trois hommes blessés, mais il était presque inu-
tile de répondre à leurs projectiles parce que nous ne pouvions
pas voir les ennemis ; il fallait d'ailleurs ménager les muni-
tions, dont je commençais à être à court. Au coucher du soleil
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VOYAGE DE CAMERON. 265
nous arrivâmes près d'un village appelé Mkatété*, et j'engageai
le guide à dire que nous venions en amis, et que nous voulions
camper ; pour toute réponse nous reçûmes une volée de flè-
ches. Comme il était impossible de camper dans le jungle en-
tourés de tous ces gens-là, je commandai à mes hommes de
me suivre et d'emporter le village d'assaut. Quatre hommes
obéirent ; les autres prirent la fuite, excepté deux ou trois qui
Bevaieut surveiller les bagages avec Bombay. Par bonheur, les
naturels aussi se sauvèrent du côté opposé. Une fois dans le
village, je fis brûler toutes les huttes sauf qu'aire, et mes
hommes s'étant ralliés furent mis au travail pour construire
une fortification; les quatre huttes épargnées servirent de
blockhaus aux angles, on tailla des meurtrières dans les murs,
et le toit fut enlevé de crainte d'incendie. Nous.fîmes une palis-
sade avec des bananiers et les portes et les poutres des huttes
incendiées, à l'intérieur nous creusâmes une* tranchée, eu reje-
tant la terre sur la palissade et en y aménageant une banquette.
D'autres portes de cabanes nous servirent a faire un abri contre
lesprojectiles venant du côté opposé. Nous restâmes là cinq jours,
pendant lesquels on ne discontinua pas de tirer sur nous, et
quelques-uns de mes hommes furent blessés. Heureusement
nous étions près de l'eau et des plantations de cassave, de sorte
que nous avions à boire et à manger. Le guide me dit que
nous ne sortirions pas de notre prison avant d'avoir tué quel-
ques indigènes ; à la fin je me vis obligé de faire usage de ma
grosse carabine dont bientôt ils apprirent à respecter le son. A
la fin du cinquième jour, nous fîmes la paix ; ils étaient enfui
intimidés par la mort ou les blessures de quelques-uns des
leurs. Nous découvrîmes qu'une partie de nos ennemis étaient
des parents de notre propre guide ; malgré ce fait, les guides
nous étaient restés fidèles pendant tout le temps de la lutte.
Lorsque le combat eut cessé, les habitants nous offrirent une
!• Sur la carte du lieutenant Gameron, ce point porte le nom de Fort-Dinab,
qui est celui de la chèvre du voyageur. Mmh conservons ici, comme partout, le
nom iodigèue.
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266 . AFRIQUE. »~ 371^28
indemnité, que je refusai, mais nous échangeâmes des cadeaux
en signe d'amitié. »
Mkatété, où se passaient ces incidents, est à peu prèsà égale
distance de l'océan Indien et de l'océan Atlantique, et presque
à la même latitude que Bagamoyo, et que Cabo do Engano,près
de rembouchure du fleuve Zaïre. De Mkatété, le lieutenant
Cameron continua sa marche au sud. Il avait pour chef de ses
guides le fils d'un petit gouverneur de l'empire d'Ouroua, qui
avait négligé d'apporter à son souverain le tribut obligatoire;
le kasongo ou empereur d'Ouroua pour le punir, avait détruit
son village. Aussi le chef des guides, effrayé de conduire la
caravane sur le chemin de la capitale d'Ouroua, la dirigea pen-
dant près de 50 kilomètres à l'est, du côté du Loualâba. Il
fallut ensuite revenir sur ses pas sur toute cette distance. Plus
tard il rencontra des hommes, appartenant à un marchand mu-
sulman appelé Djouma' Marikâni *, qui parcouraient le pays,
en quête de vivres, et cherchant aussi à se procurer des dé-
fenses d'éléphants; ces hommes donnèrent au lieutenant
Cameron un guide pour le conduire à leur camp.
Arrivé au grand camp permanent de Djouma' Marikâni à
Kilemba, M. Cameron y apprit qu'un marchand portugais se trou-
vait près de là. Ce marchand nommé Alvez, et natif de Dondo
sur le Koanza, s'était établi depuis trente ans à Bihé en Ben-
guela. Comme il se disposait à partir bientôt soit pour Bibé,
soit pour Kassandji, dernier poste portugais dans l'intérieur
de la province d'Angola, il offrit d'accompagner le Ueutenant
Cameron, et celui-ci consentit à l'attendre.
Pour utiliser son temps, M. Cameron fit une excursion au
nord, à un petit lac Mohrya où sont des villages de huttes
bâties sur pilotis, véritables palaiîtes modernes analogues aux
palafites préhistoriques des lacs de la Suisse. Mais alors, reçu-
1. Marikftni est l'adjectif arabe correspondant au nôtre « américain », mais qai
est devenu un substantif qui désigne « les cotonnades fabriquées en Amérique ».
Marikâni, comme nom d'homme, est donc un surnom de métier, comme nos
noms de famille Boucher, Lefebvre, etc.
yGoogk
VOYAGE DE CAMERON. ^ 267
lant toujours son ^part, et le kasongo ne reyenant pas dans
sa capitale, le voyageur, après avoir vainement cherché des
guides, se résolut à partir seul pour un grand lac qu'on lui
disait être sur le cours du Loualâba. A six ou sept heures
de marche du lac, un chef lui barra le passage, en s'appuyant
sur les ordres qu'il avait reçus de ne laisser personne traver-
ser la rivière Lovoî, qui se jette dans le lac Kassali (ou
Kikondja). Le voyageur dut se contenter de voir le lac de loin,
et de recueillir les observations apportées par ses hommes
durant une traversée qu'on leur permit de faire.
Le lac Kassali est très-grand. Il est couvert de végétaux flot-
tants sur lesquels les habitants, à l'aide de troncs d'arbres et
de terre, établissent des îles flottantes, comme le font les Chi-
nois. Ces îles, qui supportent même des cultures, peuvent voya-
ger, au gré de leurs maîtres, d'un rivage du lac à l'autre. Le
lac Kassali est très-poissonneux, et le lieutenant Cameron croit
qu'une des raisons pour lesquelles on l'empêcha d'y arriver a
été la crainte des sorciers de Kilemba que la venue du voya-
geur anglais ne fît mourir tous les poissons, aliment principal
des habitants.
Livingstone est le premier qui ait porté son attention sur les
loualâba de l'Afrique équatoriale. Nous rappellerons que,
dans ces contrées, le substantif loualâba désigne toute rivière
large, peu profonde, au courant très-faible. Le lieutenant Came-
ron s'est assuré que le Loualâba de Livingstone, celui que le
grand explorateur appelait aussi rivière de Webb, et qui, sor-
tant du lac Bangweolo, alimente ensuite les lacs Moero et
Oulendjé (Laiidji de Cameron), porte le nom spécial de Louvwa.
C'est la rivière lacustre qui alimente et draine à la fois le lac
Kassali, qui est le Loualâba proprement dit. Mais la question
de noms mise de côté, et à ne considérer que la longueur et
l'importance du Louvwa (loualâba de Webb, d'après Livingstone) ,
et du Loualâba proprement dit de Cameron (loualâba de Toung,
selon Livingstone), on trouve que le Louvwa est la plus consi-
dérable des deux rivières, celle aussi qui traverse le plus grand
.„,_., — ogle
268 AFRIQUE. K»* 571428
des lacs situés dans le bassin du Zaïre, ie lac Bangweolo.
Géographiquement, il conviendrait donc de considérer le Louvwa
comme la véritable artère-mère du Zaïre, et le Loualâba comme
le plus grand affluent du Louvwa.
Une situation politique, en présence de laquelle le lieutenant
Cameron s'est trouvé impuissant, Ta empêché d'explorer le
Loualâba ; mais il a pu s'assurer que le lacKassali, ou Kikondja,
est à la hauteur de 555 mètres; il a de plus appris qu'en
amont de ce lac, le Loualâba en formait un autre, appelé
Lohemba, et qu'en aval, avant de se jeter dans la rivière
Louvwa, au sud du lac Landji, il s'évasait, à cinq reprises,
en autant de petits lacs : Kowamba, Kahando, Âhimbé, Bembé^
et Siwambo. Deux autres petits lacs, ceux de Kinwéra et de Kat-
tara, appartiennent encore au bassin hydrographique du Loua-
lâba ; ils sont situés sur le cours d'une rivière qui se jette
dans la pointe nord-est du lacKassali. Enfin, la rivière Lowembi,
affluent ouest du Lomâmi, qui est lui-même un affluent sud du
Loualâba, traverse aussi un petit lac appelé Iki.
Fidèle à ces habitudes de majestueuse lenteur qui font le
désespoir des Européens, mais qui paraissent être aux yeux de
tous les princes africains, aussi bien dans les marais de Loua-
lâba que dans les plateaux arides du Sahara, un des privilèges
de leur dignité, le kasongo d'Ouroua se fit attendre encore six
semaines. Lorsqu'enfin il arriva à sa capitale, le deuil d'une
de ses sœurs et d'autres causes ajournèrent encore l'audience
que sollicitait le lieutenant Cameron. Bien plus, le voyageur
lut forcé d'attendre qu'Alvez eût construit une maison dans
un nouveau comptoir qu'établissait ce marchand portugais. Le
kasongo d'Ouroua refusait d'ailleurs de laisser embarquer le
lieutenant Cameron seul sur le Lomâmi, pour achever son
voyage par le Zaïre. Ce nouveau retard faillit causer un immense
préjudice à l'expédition; quelques-uns des hommes, s'étant
1. A De pas confondre avec le lac Bangweolo, auquel on donne qudquefoib le
nom de Bembé.
yGoogk
VOYAGE DE GAMERON. 269
enivrés, mirent le feu au camp, et c'est à grand*peine qu'on
parvint à sauver le journal et les papiers de M. Gameron.
Enfin arriva le jour du départ, et le lieutenant Cameron
continua sa marche au sud-sud-ouest, pour arriver au village
de Lounga Mandi, l'un des chefs les plus puissants qui relèvent
du kaspngo d'Ourpua. Là encore il fallut s'arrêter pour donner
à un noir du territoire portugais, nommé Kwaroumba, le temps
de faire une chasse aux esclaves. Nous traduisons le passage ^
relatif au retour de cette expédition; il caractérise bien, en
effet, la traite dans l'intérieur de l'Afrique équatonale. « Kwa-
roumba revint avec une file de cinquante ou soixante pauvres
femmes chargées de* gros ballots de butin, et dont quelques-
unes avaient en outre leurs petits enfants dans leurs bras.
Elles avaient été capturées dans quarante ou cinquante villages,
qu'on avait détruits et ruinés; le plus grand nombre des
hommes avaient été tués; les autres, chassés dans le jungle, y
chercheront leur subsistance, ou y mourront de faim. Je suis
persuadé que ces quarante ou cinquante esclaves représen-
taient plus de cinq cents êtres humains tués en défendant leurs
foyers, ou morts de faim, sans parler d'un plus grand nombre
qui sont maintenant sans abri. Toutes ces femmes étaient atta-
chées ensemble par la ceinture avec de grosses cordes à nœuds,
et, si elles hésitaient en marche, on les battait sans pitié. Ces
mulâtres portugais et ces marchands noirs sont très-brutaux
dans le traitement de leurs esclaves; les Arabes, au contraire,
les traitent généralement avec bonté. Habituellement, les
esclaves de l'intérieur, comme étaient ceux-ci, n'arrivent pas
sur la cote : on les conduit au pays de Sékélétou, où, pour des
causes diverses, la population est assez clair-semée, et oii il y
a une grande demande d'esclaves. Ils sont troqués contre de
l'ivoire, qu'on apporte ensuite sur la côte. » Le lieutenant
Cameron montre ainsi clairement que, au nord du Zambezi,
et au sud du Zaïre, le développement du commerce de l'ivoire,
i. Proceeding», vol. XX, n* A, p. 318.
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270 AFRIQUE. N" 371428
que certains philanthropes ont proposé comme un moyen de
tuer le commerce des esclaves, ne servirait certainement qu'à
rendre ce dernier plus florissant, et à multiplier les horreurs
par lesquelles on l'entretient.
Le pays que traverse maintenant l'itinéraire du voyageur ren-
ferme les sources du Louâmi, et divers ruisseaux qui vont for-
mer le Loubouri, autre affluent du Loualâba. Cette contrée est
très-pittoresque, à cause de ses collines boisées et de sa fertilité
merveilleuse. On sort insensiblement de la large vallée du
Loualâba, oîi le palmier à huile est extrêmement commun, et,
à l'altitude de 842 mètres, cet arbre ne prospère plus. Politi-
quement on est là, en Oussambi, sur un terrain en litige ; car,
en réalité, l'Oussambi fait partie de l'Ouroua, ce qui n'empêche
pas les habitants de payer tribut à la fois au kasongo et au
mata yanvo. Après l'Oussambi, le voyageur entre dans les jun-
gles de rOuloûnda; les villages, ou pour mieux dire les
petits hameaux, y sont étabhs dans les rares clairières.
Une révolution venait de s'accomplir dans le Moropoué, où
règne le mata yanvo. A la suite de querelles de famille, ce sou-
verain avait dû fuir, presque seul, pom* aller demander l'ap-
pui de son voisin et ami le kasongo.
Dans le Lovalé, où on élève des vaches, le lieutenant Came-
ron passa près des sources du Louloua et du Zambezi, et entra
dans des plaines immenses qui continuent sur toute la ligue de
partage entre le Zaïre et le Zambezi; elles sont inondées pen-
dant les deux saisons des pluies de ces latitudes. Le caractère
marécageux de cette ligne de partage avait autrefois frappé le
docteur Livingstone, et le lac Dilolo, qu'il découvrit sur sa
route en allant à Loanda, est situé non loin du point où le
lieutenant Gameron dut faire une ample provision de poissons
secs, seule monnaie ayant cours dans les districts où il allait
entrer.
Il marcha ensuite parallèlement au cours du Kassâbi, af-
fluent du Zake, qui longe cette ligne de terrains périodique-
ment submergés, et, un peu plus loin, il passa au sud de sa
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VOYAGE DE CAMEROS. 271
source, dans le pays* de Kibokwé, dont les rois, il y a un siècle,
possédaient aussi le Lovalé. Ici les caractères de la contrée
ont changé ; à Cha-Kalembi, on sort des plaines pour entrer
dans un pays de collines bien arrosées et couvertes de forêts ;
les habitants trouvent une source de richesse dans les pro-
duits de nombreux essaims d'abeilles. Aujourd'hui, la cire et
le miel sont, pour ainsi dire, les seuls produits du Kibokwé;
des caravanes y viennent de Bihé et de Bailoûnda pour enle-
ver les énormes quantités de cire, et le miel, sous la forme
d*hydromel, entre pour une part dans Falimentation de la
population.
La ligne séparative des bassins de Zambézi et du Kwanza,
que nos cartes indiquent sous le nom de montagnes de Hos-
samba, ne serait qu'une chaîne de collines, d'après la descrip-
tion abrégée du lieutenant Cameron. Après avoir descendu leur
versant ouest, il traversa le fleuve Kwanza, qui a là une lar-
geur de 110 à 120 mètres, et une profondeur de 3 mètres et
demi. Bientôt il arriva à Bihé, résidence de Kagnombi, ou du
roi Antonio, comme il aime à s'appeler lui-même, chef de la
province de Bihé. Cette ville était la plus grande que le lieute-
nant Cameron eût vue en Afrique; elle peut avoir entre 7 ki-
lomètres et 9 kilomètres de circuit, jnais il est juste d'ajouter
que l'intérieur n'est pas rempli par des maisons serrées les
unes contre les autres, et que des enclos pour les porcs et pour
les bestiaux, ainsi que des cultures de tabac, y occupent une
certaine place. Laissons le lieutenant Cameron faire le tablean
de sa réception solennelle : « Je devais donner au roi Antonio
un fusil et une peau de panthère que j'avais moi-même reçue
en cadeau, et que j'avais étendue dans la hutte qu'on m'avait
assignée comme domicile. Lorsque le secrétaire du roi (ce se-
crétaire ne sait pas écrire) vint me voir, il me dit qu'il fallait
lui donner quelque chose, faute de quoi les affaires prendraient
une mauvaise tournure. Le lendemain, au matin, j'allai voir
Antonio. J'entrai d'abord dans une petite cour extérieure, dont
les portes étaient gardées par des hommes vêtus de vestes
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272 AFRIQUE. N- 571-4%
rouges à dos blanc, que le roi appelle ses soldats, et qui étaient
armés les uns d'arcs, d'autres de lances, quelques-uns enfin de
vieux mousquets à pierre. Ils approchèrent un tabouret sur
lequel je devais m'asseoir, et apportèrent pour le roi une grande
chaise garnie en cuir et parsemée de clous en cuivre ; ce*que
voyant, je fis chercher ma propre chaise dans ma cabane. Au
bout d'un certain temps, le roi Antonio arriva, portant un
vêtement noir complet, avec un vieux chapeau à haute forme,
mais il n'avait pas d^ chaussures; derrière lui, un petit garçon
soutenait le bout d'un plaid écossais jeté sur les épaules du roi,
qui du reste avait l'air tout à fait ivre. Antonio m'apprit d'abord
qu'il était un très-grand personnage ; néanmoins, sachant que
j'avais fait une longue route, il n'exigeait pas de moi un pré-
sent considérable ; mais si jamais je devais revenir, il fallait
que je me souvinsse de lui. 11 me fit observer aussi qu'il n'était
pas à confondre avec les autres chefs de l'Afrique, parce qu'il
s'appelait Antonio Kagnombé, et qu'on avait emporté son por-
trait à Lisbonne; enfin il me priait de ne pas croire que les
habits qu'il avait revêtus pour la circonstance fussent ses plus
beaux ; il en avait d'autres bordés de galons d'or, sans parler
de beaucoup d'autres pièces de toilette. » Après avoir obligé le
lieutenant Gameron à boire de l'eau-de-vie avec lui dans l'in-
térieur du palais, il le congédia. En sortant de chez ce préten-
tieux roitelet, il se rendit à la maison du marchand portugais
Senhor Gonçalves. Là, à son grand étonnement, il se trouva,
pour la première fois, rentré dans le milieu civilisé, bien que
540 kilomètres le séparassent encore de la côte. La salle à man-
ger tout entière était peinte d'une couleur uniforme, une étoffe
blanche formait le plafond, et sur la table était étendue une
nappe propre. L'intendant de Senhor Gonçalves offrit au voya-
geur un repas composé d'excellente cuisine et de conserves de
viandes arrosées de vin, de thé, de café et d'eau-de-vie.
A partir de ce moment, l'itinéraire du lieutenant Gameron
le fit passer par les établissements ou les comptoirs de plu-
sieurs Portugais, parmi lesquels nous nommerons Jean-Baptiste
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VOYAGE DE CAMERON. 273
Ferreira, auquel ses nombreux voyages dans rintérieur ont
valu la position de juge d'un canton, et Silva Porto, dont le
nom et les travaux géographiques nous étaient déjà connus K
A^l'ouest du royaume de Bihé, le voyageur entra dans la
province de Bailounda, dont^ii fait le tableau suivant. « Un
cours d'eau de moyenne grandeur arrivait du sud-est, mais là
où nous le passâmes, toutes les pentes des collines ruisselaient
de cascades qui apportent à la rivière au moins les deux tiers
des eaux qu'elle charrie plus bas; ces cascades rappelaient
celles du Palais de cristal, mais elles sont infiniment plus pit-
toresques. De là, nous avançâmes à travers un des plus jolis
pays que l'imagination puisse rêver ; dans toutes les directions,
des montagnes aux beaux contours, et dont plusieurs sont cou-
vertes de végétation ; de petits mamelons couronnés par des
villages qu'ombragent des arbres énormes, tout cela avait un
aspect très-européen. D faudrait être un Longfellow ou un Ten-
nyson pour décrire certains sites de ce canton ; il faudrait être
un Claude ou un Tumer pour les peindre. »
Les pluies surprirent le lieutenant Gameron dans cette der-
nière partie du voyage ; à Houmbi, ses hommes commencèrent
à ployer sous la fatigue : ils mettaient huit ou neuf heures à
parcourir la distance qui leur demandait autrefois trois heures de
marche. Le bateau en caoutchouc fut jeté, le bagage réduit au
strict nécessaire, et H. Gameron, laissant derrière lui le gros de la
troupe, partit en avant avec les cinq ou six hommes les plus
robustes. A 215 kilomètres de la côte, il franchit la plus haute
chaîne de montagnes qu'il ait trouvé^ pendant tout le voyage ;
son camp était à une altitude de 1870 mètres, et les sommets
de la montagne ont une hauteur relative de 120 à 150 mètres
au-dessus du point où il campait, ce qui donne à ces sommets
1. Silva Porto est le premier Européen qui, de notre temps, ait traversé tout
l'intérieur de l'Afrique australe en partant des établissements portugais du Ben-
guela, et en arrivant dans ceux de la province de Quelimané. Et il est juste de
faire remarquer que cette traversé (1855-1854) est de deux ans antérieure à celle
du docteur Livingstone qui valut d'emblée à son auteur une réputation euro-
péenne.
l'amkée géogh. XV.
yéfoogk
274 AFWQUE. î^»* 571-428
iQ90 OU 3020 mètres d'altitude. Désormais il n*y avait plus
qu'à descendre jusqu'à la côte, à travers un pays où cest à
p^e si les villages, perchés sur des collines de pierre, peuvent
se distinguer du terrain rocheux où. ils sont construits^ Les
vallées sont bien cultivées. Eisandji est le premier village où
le lieutenant Cameron put se procurer du lait de vache depuis
se sortie du pays de Lovalé.
En approchant de la côte, il observa des rochers de craie
^enfermant des coquilles d'ammonites et d'autres fossiles ma-
rins. A l'exception de quelques gisements à la pointe sud du
Tangaiiyîka, ces rocliers étaient les premiers de formation cal-
caire que le voyageur eût rencontrés depuis son départ de la
côte orientale.
Deux ans et huit mois après son départ de Bagamoyo, au
mois de novembre 1875, Cameron touchait l'océan Atlantique
à Katombéla, un peu au nord de Benguéla, et le premier visage
européen qu'il aperçut, la première main européenae qui serra
cordialement la sienne, furent ceux d'un Français, M. Gau-
choix, négociant à Katombéla, qui alla au-devant de Cameron^
et s'empressa de lui venir en aide, avec une bonté dont le
voyageur a conservé un souvenir reconnaissant. Après une
route de plus de 5500 kilomètres faite à pied, l'état de sa
santé était des plus alarmants : une attaque de scorbut se dé-
clarait, et pendant trois ou quatre jours il ne put rien avaler;
il ne pouvait même plus parler. Mais nous avons eu tout
récemment, à la Conférence de Bruxelles, où il a été l'objet
d'attentions si bien méritées, et à la fête que la Société de
géographie lui a donnée à Paris, la satisfaction de constater
que ce hardi et méritant voyageur a heureusement surmonta
la crise qui attend tous les hommes à leur retour de longs
voyages dans l'intérieur de l'Afrique.
Nous ne saurions mieux clore ce paragraphe qu'en citant
l'opinion du lieutenant Cameron sur l'avenir possible des con-
trées de l'Afrique australe visitées par cet éminent explorateur ^
1. Procesdinqs, t. XX, n«4, p. 323-324.
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VOYAGE DE GiMERON* 275
« Presque tout le pays, du Tangaîiyîka à la côte occidentale,
est d'une richesse indescriptible. Parmi les métaux, on y trouve
le fer, le cuivre, l'argent et Tor ; on y trouve aussi de la
houille. Les produits végétaux sont l'huile de palme, le coton,
les nutmeg$t outre plusieurs espèces de poivre et de café. Les
habitants cultivent beaucoup de plantes oléagineuses, telles que
l'arachide et le seni-ieni. Aussi loin que les Arabes ont péné-
tré, ils ont introduit le riz, le froment, l'oignon, et quelques
arbres fruitiers qui paraissent bien réussir. Les contrées de Bibé
et de Bailoûnda sont assez élevées pour comporter une occupa-
lion européenne ; elles produiraient tout ce qui peut être cul-
tivé dans le midi de l'Europe.' Les orangers que Senhqr Gon-
çalves a plantés à Bihé^ où il a passé plus de trente ans, étaient
pins beaux qu'aucun de ceux que j!aie vus en Espagne ou en
Italie. Ses rosiers et ses vignes avaient poussé d'une manière
exubérante ; mais, comme il était resté trois années absent, il
avait perdu beaucoup de végétaux, tels que la pomme de terre
et des plantes d'agrément* Il m'assura que lorsqu'il prenait
lui«>même soin de son jardin, elles avaient par&itement réussi....
a Le centre de l'Afrique présente un système hydrographique
susceptible d'être utilisé pour le commerce, et tel qu'on n'en
trouve de pareil nulle part ailleurs. En creusant un canal de
37 à 56 kilomètres de longueur dans la plaine sablonneuse et
unie qui sépare les affluents du Zaïre des hauts affluents du
Zambézi, on établirait un lien entre les deux systèmes fluvia-
tiles, et, d'autre part, la rivière Tchambézi, qui doit être con-
sidérée comme la première partie du cours du Zaïre, est navi-
gable jusqu'à une distance de 370 kilomètres de l'extrémité
nord du Nyassa. A Test du pays de Lovalé, il existe des quan-
tités étonnantes d'ivoire. Chez les marchands musulmans de
Nyangwéy le prix était de 215 milligrammes de verroterie, ou
143 milligrammes des coquillages marins appelés Cyprea mo-
neta, par kilogramme d'ivoire ^ ; les caravanes qui partaient de
1. Nons rapportons aa système métrique français les poids donnés en Ivfre»
et fractions de livre anglaises.
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276 AFRIQUE. K«« 371-428
ce point, eu quête d'ivoire, achetaient une dent d'éléphant,
quel que fût son poids, pour un vieux couteau, un bracelet de
cuivre, ou pour tout autre objet inutile qui pouvait séduire les
indigènes. La tache honteuse de ce beau pays, c'est que la traite
des esclaves y persiste, qu'elle est même la base d'affaires con-
sidérables, activées par la nécessité de combler les vides des
pays dépeuplés par l'ancien commerce des esclaves sur la côte.
Les chefs, comme par exemple le kasongo et le mata yanvo,
sont complètement irresponsables, et, pour un présent de
deux ou trois fusils, ils autoriseraient un homme à détruire
autant de villages et à réduire en esclavage autant de gens qu'il
pourrait. Quant aux Waroua (habitants de l'Ouroua), en parti-
culier, ils préféreraient mourir plutôt que d'être faits esclaves.
On m'a cité des cas de Waroua, emmenés conmie esclaves
jusqu'à l'île de Zanzibar, et qui ont trouvé le moyen de revenir
dans leur patrie. Des Portugais sont les principaux agents de
ce conmierce, parce qu'ils sont en situation de se débarrasser
avantageusement des esclaves, en les vendant en plusieurs
pays, contre de l'ivoire et d'autres marchandises. Les Arabes
(les musulmans), en général, n'achètent d'esclaves qu'autant
qu'ils en ont besoin comme porteurs et serviteurs pour cultiver
le sol autour de leurs camps permanents. Les gens de Bihé,
qui travaillent eh sous-ordre pour des Portugais traitauls,
malmènent ces malheureux de la manière la plus cruelle et la
plus brutale. Quelquefois je me suis interposé, et je l'aurais
fait bien plus souvent, si je n'avais vu que mon intervention
amenait, dès que j'avais le dos tourné, un châtiment plus
lourd sur ces êtres dignes de pitié *. Le seul moyen de faire
disparaître l'esclavage, c'est d'ouvrir l'Afrique à un commerce
régulier, et, dans ce but, le mieux serait d'utiliser le magni-
fique réseau des fleuves et des rivières de l'intérieur. »
1. En reproduisant ce passage, il est juste et nécessaire de rappeler aussi les
protestations qu'il a soulevées en Portugal. Nul doute que des accusations qu'on
a fait remonter jusqu'aux Portugais ne soient méritées seulement par les
nègres, leurs sujeu, qui n'ont encore reçu d'eux et adopté que les dehors de
la civilisation.
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UC NYASSA. 277
Les travaux du lieutenant Cameron sont de ceux sur lesquels
nous aurons à revenir, lorqu'ils auront été publiés dans leur '
ensemble. La géographie exacte, tout spécialement, y gagnera,
dans une mesure qui dépasse beaucoup les contributions
habituelles des voyageurs. Combien en est-il qui, même dans
des pays moins inconnus, ont rapporté, comme le lieutenant
Cameron, un itinéraire de 5500 kilomètres, et près de cinq
mille observations tant de latitude que de longitude et d'alti-
tude?
§ 1 — Le lac Nyassa est enfin connu tout entier. — Découverte de ses limites
au nord par M. le lieutenant de vaisseau Young. — La mission protestante de
Livingstonia.
Depuis que les voyages d'Albert Roscher et surtout ceux du
docteur Livingstone ont apporté des indications précises sur le
grand lac Nyassa, que les Portugais connaissaient vaguement
depuis quelques siècles, les Anglais, avec leur esprit éminem-
ment pratique, avaient vu dans ce lac Nyassa (ou Niandja
Mkouba, c'est-à-dire grande mer y comme l'appellent aussi les
indigènes) un point d'attaque favorable pour la civilisation.
Livingstone, qui avait déjà vu tant et de si belles contrées de
l'intérieur de TAfrique tropicale, considérait le pays du Nyassa
comme le plus beau de tous ceux qu'il connût. Un climat,
tempéré par 396 mètres d'altitude, devait épargner la santé
des Européens affectée par le dangereux climat du Zambézi ;
de plus, une vaste nappe d'eau ouvrait accès chez différents
peuples, qu'on pourrait ainsi soumettre à des influences civili-
satrices.
En 1875, le comité des Missions unies d'Ecosse s'étant dé-
cidé à fonder une mission sur le Nyassa, choisit, pour l'y con-
duire, un officjer de marine, M. E. D. Young, qui avait voyagé
avec Livingstone pendant son expédition du Zambézi et du
Chiré, et qui, en 1867, avait été s'assurer si le grand explo-
rateur était encore vivant.
En août 1875, la nouvelle expédition entrait dans Zambézi
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278 AFRIQUE. N- 57M28
sur un petit vapeur en acier, T/Wa, construit de manière
à pouToir franchir les passes étroites et les hauts fonds du
fleuve, et celles du Chiré. Malgré ses petites dimensions,
Yllala n'avança qu'avec difficulté, car on était à l'époque des
basses eaux. Deux accidents n'empêchèrent pas l'expédition
d'arriver le 16 août à Mazaro. Là le fonctionnaire portugais
donna les renseignements nécessaires, et deux jours plus tard
M. Young commençait à remonter le Chiré. Au-dessus de
Tchibisa, où reposent les restes du jeune géodésien anglais
Thornton, la rivière forme une cataracte appelée cataracte de
Murchison, et en amont, sur une longueur de IH kilomètres,
son lit est si resserré,'sa pente est si forte, qu'il fallut démon-
ter le bateau et en transporter les pièces à dos d'hommes
jusqu'au point où la rivière redevient navigable. Quatre cents
porteurs furent employés à ce travail.
Dès l'entrée dans le Nyassa, M. Young désigna comme le
point le plus convenable pour un établissement la pointe du
cap Maclear qui di^îse en deux parties l'extrémité sud du
lac. On se mit à l'œuvre, et avant le commencement des
pluies tropicales les maisons étaient construites, les mission-
naires y étaient installés, et ils avaient trouvé partout autour
d'eux chez les habitants les dispositions les plus bienveillantes.
Les quelques cas de fièvre intermittente qui s'étaient déclarés
à la suite des fatigues du voyage sur le bas Zambézi, et dont
M. Young avait souffert plus que ses compagnons, ne tardèrent
pas à disparaître. H. Young, désormais rassuré au sujet des
missionnaires, pouvait revenir en Europe ; il préféra croiser
sur le Nyassa, pour faire connaître aux tribus riveraines l'éta-
blissement fondé par l'Angleterre, et pour vérifier si le doc-
teur Kirk et Charles Livingstone avaient bien réellement vu,
en 1861, l'extrémité nord du lac. M. Young fut accompagné
par quatre membres de la mission écossaise, et sa croisière,
qui dura un mois, le conduisit à une découverte importante.
Le Nyassa, loin de finir vers le 11<» de latitude sud, ainsi qu'on
le croyait, continue du côté du nord jusqu'à 9<»20' de latitude
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LAC MYâSSâ. 279
sud. Sa largeur varie de 31 à 117 kilomètres. Sa longueur
totale, de la baie sud-est à la pointe nord, est de 560 kilo-
mètres.^ Le développement de ses côtes est de 1480 kilo-
mètres.
Nous empruntons à M. Young (voir n®* 387) quelques-uns
des passages où il résume les observations recueillies par lui
pendant sa rapide et mémorable navigation du lac Nyassa :
« Dans la plupart des points, le Nyassa est très-profond ; ou
ne touchait pas le fond avec une ligne de sondage longue de
91 mètres, et à pareille distance du rivage, sur quelques
points de la partie nord-est ; il y a là une chaîne de montagnes,
qui s'étend sur une longueur de 185 kilomètres, et dont la
hauteur au-dessus du niveau du lac est de 3000 ou 3600
mètres. Un grand nombre de rivières se jettent dans le lac,
mais elles ne sont pas navigables : à l'extrémité nord du lac il
en est une que les indigènes appellent Revoma (Rouma bu
Rovouma), et qui sort du Nyassa. Tandis que nous cherchions
le point où elle commence au bord d*un marais, un épouvan-
table ouragan s'abattit sur nous ; nous fûmes forcés de rester
toute la nuit sur nos deux ancres tout en faisant encore mar-
cher la vapeur pour maintenir le bateau en position. La côte
étant sous le vent, nous n*avions presque plus de provisions
ni de combustible, et nous étions forcés de repartir dès que
cela serait possible. Je m'attendais, à chaque minute, à voir
le bateau jeté à la côte où nous serions tombés aux mains des
sanguinaires Hazitou ; il est vrai que ce moment de Tannée est
le plus mauvais de tous pour un voyage comme celui-ci....
a Les rivages du lac ne sont plus aussi peuplés qu'autrefois,
car le plus grand nombre des habitants ont été emmenés en
esclavage. J'ai visité tous les établissements des négriers
arabes, et la seule vue du bateau à vapeur a répandu la ter-
reur au milieu d'eux ; il y a cinq dhaous * qui servent à trans-
porter les esclaves d'un rivage à l'autre. D'après ce que j'ai pu
1. Bâtiments pareils à ceux des marins arabes derOoéan Indien.
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280 AFRIQUE. N«' 57l-i2JÎ
apprendre au sujet de ce trafic, je croirais volontiers qu'on n'en
transporte pas moins de 20,000 par an. Au sud et à l'ouest,
la population est groupée autour des chefs que les Arabes em-
ploient à faire la guerre aux tribus de l'intérieur du côté de
l'ouest, et tous leurs prisonniers sont réduits en esclayage et
emmenés par les marchands arabes. Je crois fermement qu'une
douzaine d'Anglais, bien décidés, ayant un bateau comme le
nôtre et quelques balles de calicot, arrêteraient tout ce com-
merce. Je serais ravi si je pouvais, m'emparer de suite des
dhaouSf mais j'ai les mains liées pour le moment.
« Presque partout le paysage a des aspects grandioses.
« Les Arabes furent si frappés d'étonnement et d'effroi eu
apprenant l'arrivée des Anglais avec un bateau à vapeur, que
pendant un mois il ne passa pas un seul esclave du rivage
ouest au rivage est, preuve évidente qu'ils savent que nous
pouvons être maîtres du lac. Oh ! combien je désire engager la
lutte avec eux, et débarrasser ce beau pays de ces misérables
altérés de sang î Le bas peuple se réjouit de notre présence, et
à beaucoup de kilomètres autour de nous l'esclavage a cessé,
car il n'y a pas d'Arabes assez braves pour venir près de
nous...
<(.... Kota Rota est le centre principal des Arabes et des
esclaves, et quoiqu'il y eût là plus de cent Arabes et trois
dhaoïts , ils furent tellement effrayés qu'ils demandèrent au
docteur Laws ce que je comptais faire de leurs navires.
« Jusqu'au milieu du mois de janvier il n'y eut pas de crue
des eaux du lac, et il tomba peu de pluie, excepté à son extré-
mité nord, où il plut et venta terriblement.
« Dans quelques parties du lac on voit des quantités de vil-
lages bâtis dans l'eau sur pilotis ; en d'autres endroits beau-
coup d'habitants vivent sur des rochers nus. Ce sont le peu des
habitants qui ont échappé dans leurs canots aux négriers.
Pauvres infortunés ! Ils traînent une existence bien misé-
rable....
« Nous avons visité quelques sites délicieux, et les empla-
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UG NYASSÂ. 281
céments de nombreux villages où le sol était couTert de mil-
liers de squelettes, restes de pauvres êtres qui avaient été
tués en essayant d'échapper aux chasseurs d'esclaves. »
Pour peu qu'on rapproche le témoignage de M. Young de
celui du lieutenant Gameron, et d'autres faits connus depuis
longtemps et relatifs à la pointe sud de l'Afrique, on y découvre
cette humiliante vérité que les races blanches, qui avaient
missiou de civiliser les populations de l'intérieur de l'Afrique
australe, agissent au milieu d'elles comme un dissolvant et me-
nacent de les anéantir tout à fait.
Ce voyage n'a été que le prélude d'une exploration [plus
complète que M. Young veut faire, et dans laquelle il achèvera
certainement les observations auxquelles il s'est livré. Cepen-
dant on entrevoit déjà les caractères du lac Nyassa, dont la
profondeur remarquable, ainsi que la forme allongée, indiquent
qu'il remplit une sorte de crevasse ou de faille dans la surface
du sud-est de l'Afrique tropicale. Les montagnes riveraines du
Njassa qui, sur beaucoup de ses parties, serrent la nappe
d'eau de très-près, accusent encore plus le trait dont nous par-
lons. Du côté du nord-est, ces montagnes ont une altitude de
5400 à 4000 mètres. Si l'on ajoute à ces chiffres de M. Young
la profondeur de 91 mètres, qui est loin d'être le maximum,
le fond du lac ou de la crevasse serait à 3500 mètres ou
4100 mètres plus bas que leur crête. M. Young a nommé
« chaîne de Livingstone » la partie nord-est des montagnes.
Cette chaîne doit être considérée comme un fragment du
soulèvement, parallèle à la côte de l'Océan Indien, dont
les cimes neigeuses du Kilima-Ndjâro et l'Orldoïnio Eïbor ou
Kénia marquent les points les plus élevés dans l'état actuel
de nos connaissances, et qui, se prolongeant ensuite au nord
de l'équateur, partagent les deux bassins du Nil et du
Djouba.
On a vu qu'après avoir constaté, à la suite de Livingstone,
que la rivière Chiré porte au Zambézi les eaux du Nyassa, en
suivant une pente rapide, H. Young trouve, à l'extrémité op-
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282 AFRIQUE. N- 371-428
posée du lac, la rivière Revoma,Rovoumâ ou Rouma, qu'B dit
être un autre canal de décharge du trop-plein de ses eaux. Si
le fait était bien prouvé, le Nyassa serait, en Afrique, le seul
lac s'écoulant par ses deux extrémités opposées. Mais il convient
peut-être de considérer que le seul moment où M. Young ait
pu observer le point de jonction du Revoma et du Nyassa a été
un moment de teinpête, qui ne lui aura peut-être pas laissé
toute la tranquilité d'esprit voulue pour constater ce fait , un
fait que sa nouvelle exploration éclaircira. Peut-être le voya-
geur aura-t-il été entraîné par une similitude de noms, qui
devait le frapper, mais qui s'expliquerait, nous le croyons, si
l'on connaissait tous les termes géograpbiquesdans les langues
de l'Afrique, orientale. [Un fleuve Rovouma débouche dans
l'Océan Indien sous le cap Delgado, et ce fleuve draine, comme
on sait, tout le pays situé à l'est des hautes montagnes des
bords du Nyassa ; mais partout ces mêmes montagnes forment
une barrière entre le Nyassa et les affluents du Rovouma, dont
le bassin comprend tout leur versant oriental. Il ne peut donc
pas y avoir un écoulement du Nyassa, par le fleuve Rovouma,
dans rOcéan Indien. Quant à une liaison entre le Nyassa et un
des affluents du Loufidji, sans vouloir la nier d'une manière
absolue, nous la croyons extrêmement peu probable.
La nouvelle des heureux débuis de la mission a stimulé le
zèle religieux des habitants de la Grande-Bretagne, et une
deuxième expédition a été envoyée au Nyassa par l'éghse écos-
saise sous la conduite d'un missionnaire, M. le docteur Jacques
Stewart; enfin M. H. B. Cotterill, fils de l'évêque d'Edimbourg,
est parti également pour nouer des relations commerciales
entre la Livingstonia, les riverains du Nyassa et les tribus de
l'intérieur. Ces deux expéditions emmènent deux vapeurs con-
struits en acier : ÏAnsgarius et le Herga. On espérait arriver
au Nyassa à la fin du mois de septembre, mais on prévoyait
aussi que le voyage sur le Zambézi, et le long du Ghiré, pour-
rait durer plus longtemps. H. Henderson, l'un des fondateurs
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AFRIQUE AUSTRALE. 285
de Livingstonia, conduira une des deux etpéditions à S70 ki-
lomètres nord de Uvingstonia, sur le rivage est du lac, où Ton
établira une mission. Nous apprenons à cette occasion que les
langues parlées par les riverains du Nyassa ont une telle res-
semblance avec les dialectes des Bàsouto et des Makalaka, habi-
tants des pays placés au sud et au nord du Limpopo, que la
nouvelle expédition dirigée sur le rivage nord-est du Nyassa
emmène des interprètes choisis parmi les Basouto et les habi-
tants du pays des Matabélé. Voilà une nouvelle preuve de
Tunité de race des peuples indigènes de la région de l'Afrique
située entre l'équateur et le tropique du Capricorne. Plus en-
core peut*être que les Cafres, les tribus de Tintérieur au sud
du Kilima-Ndjâro, jusqu'au bord du Nyassa, sont remuantes
et en grande partie nomades. Comme leurs parents les Djagga,
qui menacèrent, il y a trois siècles, l'Angola et le Kongo, lés
Mazitou mènent une vie de brigands ; ils saccagent les pays
sur leur route. On peut très-bien comparer ces grandes mi-
grations, que continuent depuis deux ou trois siècles des
peuples de la race Bantou ou Cafre, aux invasions des Bar-
bares en Europe aux quatrième, cinquième et sixième siècles.
En ce qui concerne les peuples de la race Bantou, leurs enva-
bissements sont funestes aux vieilles et faibles races des abori-
gènes qu'ils refoulent, asservissent ou exterminent, tandis que
dans l'oiiest de l'Europe les hordes tudesques, magyares et
tartares ne firent que passer, lorsqu'elles ne se fondirent pas
dans les populations celtiques et gallo-romaines.
§ 3. ~ L'aridité de TAfrique 9U8trale étudiée par M. Brown
au point de vue de Tavenir.
Pour qui embrasse l'état présent et passé des contrées de
l'Afrique, il est un phénomène menaçant, dont les manifesta-
tions se produisent sur deux zones parallèles à l'équateur,
entre le 18* et le 28« de latitude nord, et entre le 18* et le
SS*» de latitude sud. Il s'agit d'une sécheresse toujours crois-
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284 AFRIQUE. N"' 371-428
santé du climat, et, comme conséquence, la transformation,
en déserts, de vastes étendues de pays autrefois bien arrosés
et fertiles. Ici, c'est le Kalahari, là, c'est le Sahara. Dans la
zone au nord de l'équateur, ce n'est pas seulement le réseau
complet de lits des cours d'eau qui atteste l'ancienne fertilité,
on trouve sur quelques points privilégiés, dans des lacs qui
ont échappé au dessèchement, les animaux qui peuplaient ces
fleuves et ces rivières ; on voit, sur des rochers, des dessins
représentant des troupeaux de bœufs allant à l'abreuvoir, là
où, de nos jours, il faut attendre dix ans la pluie nécessaire
à abreuver les chameaux des caravanes. Ces preuves d'un
changement de climat concordent, pour le Sahara, avec les
indications des auteurs classiques grecs et latins. Quant à la
zone au sud de l'équateur, inconnue dans l'antiquité, il faut
se contenter des témoignages du sol et des traditions contem-
poraines. Mais là aussi le sol parle ; les onâdi du Sahara s'y
retrouvent avec un nom différent, celui de melapo; des sculp-
tures rupestres, existantes dans les endroits où l'homme mour-
rait de soif, prouvent que naguère des tribus y stationnaient
et que les difficultés matérielles de l'existence n'étaient pas
pour elles tellement dures qu'elle leur interdît toute ten-
dance artistique.
Dans un travail qui remonte à quelques années, M. J. F.
Wilson avait envisagé la question du dessèchement du bassin
du 'Gariêp (fleuve Oranje) ; l'année dernière, le savant bota-
niste de la colonie du cap de Bonne-Espérance, M. Jean Croum-
bie Brown, a publié sur l'Hydrologie du sud de l'Afrique un
livre (n° 426) qui embrasse et discute toutes les observations
relatives au dessèchement du sud de l'Afrique. Après avoir
signalé les forêts fossiles dont on retrouve les emplacements,
et les lacs qui, ainsi que l'ancien lac de la vallée de Barotse,
ne sont plus qu'une plaine traversée par une rivière, il examine
les preuves contemporaines de l'aridité croissante dans la durée
d'un demi-siècle. En 1821, M. Moffat s'établissait à Latakou,
dans le pays des Betchouâna. Les habitants avaient alors
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AFRIQUE AUSTRALE. 285
conservé un souvenir très-vivant des inondations d'autrefois,
des pluies continuelles qui faisaient pousser des herbes sur les
rochers de leur pays, des forêts de très-grands arbres qui
ombrageaient les collines de Hamhan; le Kouriman et les
autres meiapo au sud du Kalahari étaient des torrents si larges
et si rapides, qu'ils ne pouvaient pas les traverser.
Parmi les causes auxquelles M. Brown attribue le dessèche-
ment du sud de TÂfrique figurent en première ligne un exhaus-
sement du niveau général du sol attribué à rabaissement d'une
partie du lit de TOcéan, puis la destruction, par des courants
de plus en plus rapides, des talus qui retenaient les eaux et
formaient des lacs ; enfin le déboisement dû aux incendies
allumés par les indigènes ^.
M. Brown indique le reboisement de l'Afrique australe
comme le seul moyen d'arrêter le dessèchement de toutes ces
contrées ; il propose donc au gouvernement anglais d'imiter,
dans la colonie du cap de Bonnc-Ëspérance, l'exemple donné
par le gouvernement français en reboisant les Alpes, les Pyré-
nées et les montagnes du centre de la France pour régulariser
les crues des fleuves et des rivières. Le travail de M. Brown
mériterait d'être lu et étudié au point de vue des sécheresses
en Algérie, et des reboisements qu'on y a commeacés il y a
quelques années.
g 4. — Le livre posthume de Charles Anderssoa sur le pays des Héi'éio
et le fleuve Cunéné.
Nous devons à M. L. Lloyd la publication d'un travail pos-
thume (u? 395) contenant les dernières notes d'un chasseur
et naturaliste suédois, Charles-Jean Andersson, qui consacra la
meilleure partie de sa vie aux découvertes dans le sud de
l'Afrique, et fut l'un des premiers explorateurs du lac Ngâmi.
Andersson était mort en 1867 dans le pays des Ovampo.
1. On se rappelle que déjà, en 1495, Vasco da Gama avait appelé TÂfrique
australe Terfz do fumât terre de la fumée.
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386 AFRIQUE. N" 371-428
Ce livre, trèsànstruciif, donne un tableau des misères- et
des dangers qui menacent les négociants européens au nord de
la colonie du cap de Bonne-Espérance. L'explorateur Cbarles-
Jean Ândersson s*y présente à nous, en effet, comme chef
d*un grand établissement comn^ercial dans le pays des Da-
mara, peuplade asservie par les Nama-kwa, et qui, devenue
forte, voulait secouer son joug. Andersson, ayant pris parti
pour ses voisins, les accompagna dans leurs guerres contre
les Nama-kwa ; il y reçut même une blessure très-grave qui le
laissa estropié pour le reste de ses jours. Hais ni cette bles-
sure, ni les entreprises commerciales ne purent retenir le
voyageur dans ses foyers ; il parcourut le pays dans difîérentes
directions, et atteignit même, du côté du nord, Ondonga, lo-
calité du pays des Ovampo, où lavait précédé H. Fraocis
Galton. Dans toutes ses excursions, H. C. Ândersson redevient
le naturaliste , peintre si attachant des mœurs des animaux,
qu'on avait admiré dans le livre du « Lake Ngami ».
Le côté tout à fait nouveau de son ouvrage posthume est la
relation d'un voyage d'Ondonga à la colonie portugaise de
Hcssamedes, située au sud de Benguela. G^est la première fois
qu'un voyageur, parti de la colonie du cap de Bonne-Espé-
rance, soit parvenu à l'une des possessions portugaises, sans
passer par le Zambézi. Ce fut le dernier voyage de Charles Ân-
dersson. Andersson avait coutume de dresseï' la carte des con'
trées qu'il parcourait, et nous ne pouvons que regretter que
l'éditeur, qui possède les papiers du voyageur, n'ait pas joint
au volume au moins une réduction de ces itinéraires^ surtout
de la carte du voyage d'Ondonga au fleuve Cunéné, avec la
liste des latitudes observées.
En partant d'Ondonga, dans la direction nord, M. C. Anders-
son traversa d'abord un pays rempli de broussailles, puis des
savanes herbues pour arriver à Ov^wambi. Plus loin, au nord,
les Adansonia donnent un nouveau caractère à la contrée.
M. Andersson arriva sur le Cunéné le 12 juin. Le fleuve était
caché au milieu d'une plaine inondée et couverte de fourrés
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AFRIQtJE âUSTKâLE. 287
de roseaux et de bois. Il y aura bientôt cent ans que le docteur
portugais de Lacerda appelait Tattention du gouvernement
portugais sur Timportance du fleuve Gunéné et la nécessité
d en faire rexploration. D'autres voyageurs avaient ensuite con-
firmé les rens^eignements publiés par le docteur de Lacerda ;
aussi M. G. Aiidersson int-il bien étonné de trouver un fleuve
qui ne répondait pas à ces données. Il s'expliqua le fait par la
nature plate du terrain, sur lequel il toucha le Gunéné ; le
fleuve s^étend là en vastes marécages.
C'est sur le Gunéné que H. G. Andersson nota ses dernières
observations ; épuisé par la fièvre intermittente et les fatigues,
il mourut en route, dans le pays d'Ovampo, le 5 juillet i867.
§. 5. — Partie est de TAfrique australe. M. Merensky. dans la république de
Transvaal. ~ Voyage du docteur Émilien Holub dans les .contrées au sud du
Zambézi. — Le royaume de Sépopo.
M. A. Merensky, missionnaire protestant, a publié (n^* 396)
une carte de la république sud-africaine, appelée aussi répu-
blique de Transvaal, à cause de sa position au nord du fleuve
'Gariêp ou Orange, auquel les premiers colons hollandais ont
donné le nom peu précis de Vaal (vallée). Gette carte complète
les travaux récents de Gharles Haucb sur le même terrain ;
elle sera complétée elle-même par les travaux d'un voyageur
tchèque, le docteur Émilien Holub^ qui se sont étendus au
nord jusqu'à Zambézi.
Le docteur Holub est un jeune géologue et naturaliste, qui,
après deux excursions dans l'intérieur de la colonie anglaise
du cap de Bonne-Espérance et de la république de TransvaaU
a commencé, au mois de mars 1875, un voyage de découverte
dans la direction du Zambézi (n°" 591 à 395). Dans la pre-
mière partie de sa route de Dutoitspan à Moïloa, il a examiné
avec soin, entre les rivières Vaal et Holopo, les sait-pans^ ou
lacs salés, qu'on rencontre à Hallwater et ailleurs. Continuant
son voyage vers le Holopo, il en a exploré les affluents intéres-
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288 AFRIQUE. N- 371-428
sants, et de Hoïloa il a gagné le confluent du HarikO| dans
le Limpopo. Dans cette partie du pays de Tintérieur, il a
trouvé des mines aujourd'hui abandonnées qui, suivant lui,
auraient été jadis exploitées par les Hachouna, peuplade qui vit
maintenant au nord-est des Matabélé. A une vingtaine de kilo-
mètres nord du confluent du Notouani, le docteur Holub prit
la direction du nord-nord-ouest, et arriva ainsi à Chochong.
Non loin de là, le voyageur fit une découverte réelle, qui
avait échappé à Livingstone. On croyait, jusqu'à ce jour, que
la rivière Zouga était un affluent du lac Ngâmi, et que ce lac
marquait le point le plus bas d'un bassin en communication
avec le Zambézi. Au lieu d*être uu affluent du lac Ngâmi, la
rivière Zouga en est un effluent lorsqu'il y a abondance de
pluies; elle se jette alors dans la Chacha, affluent du Limpopo.
Par conséquent, la pente générale de tout le bassin du lac
Ngâmi est du nord-ouest au sud-est.
Un des points les plus intéressants qu'ait visités le docteur
Holub est situé sur le chemin de Chochong à Panda-ma-Tenka,
dans un pays qui, en termes généraux, appartient au bassin
du Limpopo. C*est cependant un bassin indépendant, couvert
de forêts, et dont les points les plus bas sont des lacs salés.
Les trois plus grands qu'ait découverts le docteur Holub sont
appelés Tsitani, Karrirkarri et Soa; ils communiquent directe-
ment ou indirectement avec la rivière Zouga, et leurs bords
sont formés d'une profonde ma^se de sable qui continue jus-
qu'au nord du fleuve Zambézi.
Nous aurons bientôt, sans doute, à enregistrer de nouveaux
et très-importants travaux sur cette partie de l'Afrique aus-
trale. Un naturaliste suédois, M. Gustave Vylder, s'est préparé
en vue d une exploration des massifs de montagnes au nord
du lac Ngâmi, et de la région du pays des Betchouâna où on
trouve des bassins à fond salin, qui rappellent si bien les
chott et les sebkha du Sahara. M. Vylder a quitté l'Europe
en 1876. On est en droit d'espérer cpi'il pourra faire des
observations qui donneront les premières données exactes sur
AFAIQUE AUSTRALE. 280
l'âge, la composition et la richesse du sol de la contrée à Test
du lac Ngâmi» où sont les chott de TAfrique australe.
Plus loin sur sa route, le docteur Holub découvrait encore
des sources et de petits lacs, et entrait ensuite, par le Teïkha,
dans le bassin du Zambézi. Il était là dans une région où des
animaux de toute sorte, magots, lions, panthères, hyènes,
chacals gris, antilopes, buffles, éléphants, rhinocéros, autru-
ches, trouvent une abondante pâture.
On n'a pas encore reçu la description des pays de Panda-
ma-Tenka à Séchek, capitale des Makololo, sur la rive gauche
du Zambézi, où il arriva le 31 juillet 1875 ; mais nous devons
à Tobligeance de M. le docteur François Holub, père du voya-
geur, communication de plusieurs parties inédites de son jour-
nal, à partir de l'arrivée sur le Zambézi. Voici comment est
relatée sa première audience du roi Sépopo :
« En approchant du Nouveau-Séchek, ville en voie de créa-
tion, mon compagnon blanc et moi nous criâmes notre salut :
onmelaj et Sépopo y répondit de même. Il donnait à ce mo-
ment Tordre de faire mesurer, pour la première fois, la ville
du Nouveau-Séchek. A peine étions-nous débarqués, et comme
je me dirigeais vers la foule compacte qui nous attendait, que
le roi Sépopo vint à notre rencontre. C'est un homme d'environ
trente-cinq ans, de taille haute, élancée, ayant un t^int foncé
et des traits agréables. Il portait un costume européen, qui
jurait avec les simples couvertures dont étaient vêtus tous ceux
de ses sujets (au nombre de deux cents) qui travaillaient au-
tour de lui. Les autres n'avaient que des pagnes ou des cein-
tures. Ce qui me frappa le plus dans Son Altesse Royale, ce fut
un collier qu'il portait exactement comme on porte les chaînes
d*or; des bracelets ornaient son bras droit. Je prenais tout cela
pour des ornements, mais j'appris ensuite que c'étaient des
« molemo », c'est-à-dire des médecines, ou plus exactement
des amulettes. Le roi avait également des « koubebo )), ou
petites cuillères à nez, qui pendaient sur la poitrine avec le
collier.
l'année CÉOOR. XV. . I Digitized ifGoOgl^
290, AFRIQUE. W» 371-428
« Le roi me dit, ea me tendant la main, qu*ii m'attendait
depuis longtemps. Un garçon, qui le suivait, apporta quatre
sièges pour nous ; bientôt on eut amassé un tas d*herbes sèches,
que le roi lia en petites bottes et rangea par terre. Alors la
musique de la cour, composée d'un piano en calebasses et de
tambours, commença à jouer sur un rhythme monotone, et un
homme plaça devant nous des poissons servis dans un plat en
bois. Je crus d'abord qu'ils n'avaient pas été vidés, mais je me
trompais : ici on vide les poissons j)ar ouverture des ouïes, à
l'aide d'un crochet en bois. Le roi, ayant pris une part, et
l'ayant distribuée à ceux qui étaient assis à ses côtés, se mit à
manger. On nous servit aussi, et sans nous donner de four-
chettes ni de couteaux, bien que le roi en ait une provision,
qu'il prête même aux hommes blancs. Lorsque nous eûmes
mangé, on apporta :Un vase avec de l'eau, dans laquelle le roi
d'abord, et nous ensuite, nous lavâmes nos mains, et, pour
mieux enlever Ja graisse des doigts, on fit circuler des boulettes
de bouse de vache, avec lesquelles on se frotte; après quoi, on
se rince de nouveau. C'est à chacun à trouver un essuie-main,
et il ne me resta plus qu'à envoyer chercher ma serviette. Je
m'étais assis sur un banc de terre, en face de Sépopo, et j'at-
tendais avec curiosité de voir comment il se tirerait d'affaire.
Comptant qu'il allait emprunter le pagne d'un de ses sij^ets, je
le vis, à ma grande surprise, se servûr de sa cuillère à nez
pour se gratter si bien les doigts, que le brillant graisseux en
disparut complètement.
« Cette cérémonie accomplie, nous remontâmes dans les ba-»
teaux, et partîmes pour le Vieux-Séchek, situé à 3600 mètres
du nouveau. Sépopo entra dans sa demeure, et moi dans la
hutte de Westbedh, oii je m'habillai. Bientôt le roi vint me
faire visite avec sa suite. Je lui fis cadeau d'un fusil à deux
coups, se chargeant par la culasse, avec deux cents cartouches^
posées dans un vase en fer qui faisait partie du cadeau.
(( Ce jour (31 juillet 1875) est le premier que je passai dans
le nouveau et le vieux Séchek, et je souhaitai ardemment de
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AFRIQUE AUSTRXLE. S9i
voir arriver le moment où je pourrais continuer mon voyage. »
Malgré ce souhait prématuré, le docteur Holub est resté
dans le royaume de Sépopo au moins jusqu'à la fin du mois de
novembre. Il ne faut point le regretter, car ses observations
nous montrent sous un jour tout nouveau ce royaume et ses
habitants. Le consciencieux et intelligent voyageur tchèque
saisit avec justesse tous les côtés de la vie intérieure des peu-
ples, et sait les peindre en couleurs exactes et vives. Nous choi-
sirons id quelques-uns des traits principaux destinés à faire
mieux connaître les Hakololo du Zambézi central, peuple ori-
ginaire, d'après le docteur Livingstone, des montagnes à Test
de la colonie de Natal ^ En comparant les Makololo aux Zoulou,
aux Betchouâna, aux Basouto, aux Hakalaka, aux Hakalahari
et aux autres tribus qu'il a pu voir, le docteur Holub trouve
que, pris en général, les premiers ont atteint un degré supé-
rieur de civilisation. Si dans le royaume de Sépopo, comme
dans les pays plus au sud, certaines tribus se distinguent par
leur développement, l'explication en est dans le voisinage de
la ville de Séchek. Le docteur Holub est persuadé qu'en avan-
çant dans l'intérieur on ne trouvera pas, comme on le suppo-
sait jadis, des peuplades tout à fait sauvages, mais, au con-
traire, des peuples encore plus civilisés que les sujets de Sépopo.
Il en voit la preuve dans une ambassade envoyée à Séchek par
les Masoumkouloumbé, qui vivent à 540 kilomètres au nord
du Zambézi. Elle était composée d'hommes à la tenue et aux
allures beaucoup plus convenables que celles des peuplades en
relations avec les blancs. Le docteur Holub attribue ce phéno-
mène à l'influence de la vie dans les pays plus fertiles, qui
commencent au Zambézi pour s'étendre, au nord, jusqu'au delà
de la région des grands lacs. Les Makololo font des chefs-
d'œuvre avec les roseaux géants du Zambézi et avec le bois de
ses forêts, tandis que les Betchouâna et les habitants du Kala-
hari, qui n'ont pas chez eux cette espèce de roseau, les Mata-
1. Les Makololo ont établi leurs dernières colonies sur le Zambézi, au com-
mencement de ce siècle.
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292 AFRIQUE. N<- 371-428
bêlé et les Makalaka, qui n'ont d'autre bois que celui du Salix
babylonica et d'un buisson épineux, manquent des matériaux
indispensables pour les travaux d'art. Au point de vue moral,
au contraire, les peuples de Sépopo sont bien inférieurs à
toutes les autres tribus qm vivent plus au sud, les Koi-koïn ;
et, plus on s'enfonce dans l'intérieur, plus on constate un
abaissement du moral.
« Les instruments de musique sont faits des mêmes maté-
riaux que ceux des Bamangwato et des Batlepo ; de petites plan-
ches, des arcs, des citrouilles, et des troncs d'arbres creux en
fournissent les éléments. Quant à la façon, il y a, entre les
instruments de musique des uns et des autres, une différence
du tout au tout en faveur des fabricants makololo ; elle se re-
trouve jusque dans l'ornementation de leurs cuillères, sur les-
quelles ils sculptent des dessins jolis et même spirituels *. »
Le docteur Holub déclare que, sans le despotisme du gouverne-
ment, qui ne permet pas à un sujet de Sépopo de posséder rien
qui surpasse en beauté le mobilier de son roi, on rencontre-
rait plus souvent dans le pays de véritables œuvres d'art. Sous
le régime actuel, un Makololo, qui a exécuté un chef-d'oeuvre
artistique, n'a plus qu'à l'offrir en cadeau à Sépopo, et cette
perspective étouffe évidemment beaucoup de vocations. Quant
aux dispositions pour les ouvrages industriels, un sujet de
Sépopo a su démonter une batterie de fusil, sans avoir appris
nulle part le métier d'armurier.
Signalons ici un fait bien digne de l'attention des ethnolo-
gistes et même des philosophes. Le docteur Holub, après ce
tableau des facultés artistiques des Makololo, reconnaît que
deux tribus du sud de l'Afrique surpassent les Makololo dans
les arts. Ces deux tribus sont les Betchouâna (de race bantoue),
supérieurement adroits pour orner leurs karos^ et encore plus
les Soaqwa ou Bosjesmans de la colonie du Gap, qui donnent la
preuve d'un véritable talent dans les dessins et les peintures
1. Une collection de cent cuillères sculptées et d'autres objets envoyés par le
docteur Holub est exposée maintenant dans le musée de Prague.
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AFMQOE AUSTRALE. 293
dont ils ornent les parois lisses de leurs grottes. Est-il besoin
de rappeler ici que les Soaqwa sont une race primitive, per-
sécutée» pourchassée, et refoulée de tous cotés par les peuples
africains et européens, qui lui disputent les dernières parcelles
cte son domaine?
Le docteur Holub se réservait de porter un jugement défini-
tif sur les facultés intellectuelles des peuples obéissant à Sépopo,
lorsque, vers le. mois de février 1876, il aurait parcouru et
étudié tout le royaume; mais déjà, dans une lettre du 24 no-
vembre 1875, adressée à son père, il donnait des indications
utiles sur le degré de civilisation des peuples du royaume de
Sépopo. Le roi et son fils s'habillent à Teuropéenne. Toutefois,
le soir des jours où la chaleur a été insupportable, ou lorsqu'il
veut danser la danse de l'éléphant, il se met nu jusqu'à la
ceinture. Les reines portent les imes des vêtements faits en
manbara^ ou simplement un court jupon arrivant au-dessus
des genoux, et fait d'une peau tannée avec le poil en dedans;
elles ont toutes sur les épaules un karos fait de pelages divers
et doublé avec une couverture de laine européenne ou du calicot ;
ce karos est parfois fait de six morceaux d'étoffe. Toujours,
d'ailleurs, ces femmes savent porter leur vêtement avec une
grande coquetterie, tantôt comme un manteau, tantôt comme
un paletot, en laissant un bras nu. Les Makololo sont aussi
d'une propreté absolue; aucun de ceux des souverains du sud
de l'Afrique qui ont adopté le costume européen n'est aussi
propre que le commun des indigènes du moyen Zambézi. Les
hommes de cette classe portent une ceinture faite du cuir d'un
petit animal, et d'où pendent, par devant et par derrière, des
peaux de carnivores. Les personnages les plus aisés, surtout les
Maroutzo, y ajoutent souvent un ou deux coquillages. Ils pré-
fèrent ce vêtement à tous les autres.
Le roi Sépopo, outre les droits qu'il perçoit sur les grains,
les peaux, etc., oblige ses sujets à lui apporter tout l'ivoire
qu'ils se procurent. Il achète lui-même aux marchands qui
viennent dans son royaume toutes leurs marchandises, telles
294 AFRIQUE, N- 371-428
que la poudre, les fusils, etc., et il les distribue ensuite en
cadeaux. Sépopo ne donne rien : il prête par exemple un fusil
à un homme, qui devient alors en quelque sorte sa propriété.
La petite tribu des Matonga, qui vit sur la rive gauche du Zam-
bézi, en bas des cataractes de Mosi-oa-Tounya (Victoria Falls
des Anglais), et qui est tributaire de Sépopo, fabrique, avec la
soie d'une espèce de cotonnier, de grandes couvertures qui ont
jusqu'à 2 mètres carrés, et dont le bord est garni d'une frange,
ainsi que des serviettes et des pagnes. Cette tribu est aussi
forcée d'apporter au roi les plus beaux échantillons de son in-
dustrie, et il lui est défendu, sous peine de mort, d'en vendre
aucun aux marchands.
Le docteur Holub a déjà enrichi le musée de Prague de col-
lections fort précieuses ; il poursuit ses voyages et ses recher-
ches de naturaliste sur le Zambézi et dans les Etats de Sépopo,
et il faut s'attendre, d'un moment à l'autre, à recevoir des
communications intéressantes de ce sympathique voyageur.
I 6. — Projet de fédération des républiques fondées par les descendants des
premiers colons hollandais^ — La guerre de Transvaal*. — Projet de con-
struire un télégraphe à trayers toute la longueur de l'Afrique.
L'année dernière (1875), le gouvernement anglais adressait
à sir H. Barkly, gouverneur de la colonie du cap de Bonne-
Espérance, une dépêche extrêmement importante pour l'ave-
nir politique du sud de l'Afrique. Il s'agissait de réunir en
conférence des délégués de la colonie du Cap, de la colonie de
Natal, de la province appelée West Griqua Land, de la répu-
blique de Transvaal, et de l'État libre du fleuve Orange, pour
s'occuper, en commun avec un délégué de l'Angleterre, des
questions de la politique locale; en particulier, il y avait à
examiner la situation que la législation des divers États et co-
lonies fait aux indigènes qui vivent sur le territoire de chacun
1. Voir à ce sujet un excellent article dans le Journal de$ Débats t du 12 juin
1875, auquel nous avons emprunté l'historique de la question.
% The Times f numéros des 16 et 29 septembre et du 5 octobre 1876.
yGoogk
AFRIQUE AUSTRALE. 295
d'eux. Les vues du gouvernement anglais tendent à assurer
Tordre, en donnant plus de force à Télément européen, anglais
ou hollandais. Une ligne de conduite uniforme à cet égard ga-
rantirait contre les soulèvements éventuels d'indigènes, que la
colonisation européenne dépossède de leurs terres, pour les
refouler de plus en plus.
L'écueil de ce projet de confédération, c'était l'antipathie
séculaire des deux races européennes qui se partageaient la
colonisation du sud de l'Afrique australe. La colonie du cap de
Bonne-Espérance, fondée par les Hollandais en 1652, est deve-
nue définitivement possession anglaise en 1806. Soixante ans
après, l'Angleterre créait, au nord-est de la première, la Cafre-
rie anglaise; en 1868, elle prenait possession des pays des
Nama-kwa et des Basouto, et, en 1871, du pays des Gri-kwa
de l'ouest. A dater de ce moment, le grand fleuve ne formait
déjà plus la limite nord des possessions anglaises dans l'Afrique
australe. Dès l'année 1857, les descendants des premiers colons
hollandais, connus sous le nom de Boers (cultivateurs), sen-
tirent le besoin de se soustraire aux exigences du gouverne-
ment anglais, et commencèrent à quitter la colonie du Cap
pour émigrer dans la terre de Natal, afin d'y jouir d'une vie
politique indépendante. Ils se firent place au milieu des tribus
belliqueuses des Zoulou; mais les Anglais, ayant pris pied sur
le même sol, déclarèrent Natal colonie anglaise. A partir de
1856, le gouvernement de Natal fut séparé de celui de la colo-
nie du Cap. L'incompatibilité d'bumeur entre les Boers et les
Anglais ii'avait pas disparu. Aussi Natal étant devenue terre
anglaise, les Boers de ce pays allèrent-ils se fixer au nord et au
sud de la branche principale du fleuve 'Gariép, appelée Kaï
Gariêp par les Koï-koïn, Vaal par les Boers. Les colons hollan-
dais, établis au sud du Kû' 'Gariêp, formèrent une république :
l'État libre d'Orange, qui touche, au sud, à la colonie du
Cap; ceux qui s'étaient établis au nord du Kaï 'Gariêp, et de
là jusqu'au Umpopo, formèrent une autre république, la Répu-
blique sud-africaine ou de Transvaal, ainsi nommée parce qu'elle
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296 AFRIQUE. N~ 371-428
se trouve « au delà de la vallée » du 'Gariêp, pour les voya-
geurs ou les colons venant du sud. Ces deux républiques, gou-
vernées chacune par un président, ont été invitées à entrer
dans une confédération avec les colonies anglaises, leurs voi-
sines.
n était facile de prévoir une forte opposition au projet de
lord Camarvon : les anciens colons hollandais des républiques
d*Orange et de Transvaal ont, en effet, gardé un vif ressenti-
ment contre les Anglais qui les ont forcés d'abandonner les
terres où ils étaient nés et qu'ils possédaient jadis. Âusài, la
législature de l'État libre d'Orange accueillit-elle le projet de
conférence en se déclarant disposée à faire partie d'une confé-
dération, pourvu que V Angleterre en fût exclue. D'autre part,
la colonie du Gap et la république de Transvaal avaient refusé
de conférer sur un projet qu'elles rejetaient à l'avance. Le pro-
jet de grande confédération semblait donc être mort-né. Cepen-
dant la situation des Boers n'était plus tenable vis-à-vis des
populations voisines, et déjà, en 1875, de nombreuses familles
émigrèrent dans le pays des Damara, avec l'idée de fonder une
nouvelle république.
Au moment même oh on échangeait ces vues, les Basouto,
tribu bantou indigène, conduite par son chef Jobannes, me-
naçait la république de Transvaal, et disputait au gouverne-
ment la propriété du terrain sur lequel s'élève Lydenbqrg,
une des villes principales du Transvaal. I^a république voulut
opposer la force aux prétentions du chef Sikakouni, qui venait
de succéder à Jobannes; mais son armée, mise en déroute par
les vingt mille hommes de Sikakouni, presque tous armés de
fusils, fut repoussée jusqu'à la ville centrale de Pretoria.
Sans la tribu amie des Ama-Swazi, elle aurait été exterminée.
Là s'opéra un changement subit dans les dispositions de la na-
tion, et le Yolksraad (assemblée nationale) du Transvaal fit
parvenir au gouvernement anglais une requête qui ne tendait
à rien moins qu'à l'admission pure et simple de la répu-
blique de Transvaal dans la colonie du Cap. Il faut bien le re-
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AFRIQUE AUSTRALE. 297
connaître, les Boers récoltent, en 1876, les fruits de haine que
leurs traitements barbares ont semés, depuis un siècle, dans
les cœurs de tous les indigènes du sud de TAfrique. L'appel
désespéré de l'assemblée nationale du Transvaal a trouvé la
presse anglaise insensible. Le gouvernement, de son côté, a
compris qu'il avait comme premier devoir d'empêcher les tri-
bus des colonies anglaises de subir la contagion de la révolte,
et que tout d'abord il fallait, pour cela, éviter de paraître
faire cause commune avec les Boers du Transvaal. Hais, en
même temps, la presse anglaise a laissé clairement entrevoir
la possibilité de reprendre l'idée d'une confédération des colo-
nies et des États européens du sud de l'Afrique, ou de leur
fusion en une seule dominion de la couronne d'Angleterre. Ce
serait là le seul moyen de garantir la sûreté des colons ou des
mineurs anglais du Gap, de Natal et du pays des Gri-kwa de
l'ouest, contre des agressions qui ne manqueraient pas de suivre
l'anéantissement possible des républiques de Boers par les
tribus bantou. Cette éventualité est d'autant plus admissible
que les Boers ont indisposé contre eux beaucoup d'autres chefs
bantou au nord de l'Oliphant River, et un autre chef dont le
territoire est voisin des établissements anglais de Natal ; ce
dernier a sous ses ordres trente régiments de mille hommes
chacun, suffisamment bien instruits et armés.
Un missionnaire anglais, M. Carlyle, président de la Société
des missions de Natal, estime que si les Bantou, ennemis des
Boers, concertaient une attaque contre eux, ils pourraient au-
jourd'hui mettre en ligne plus de cent mille fusils et quelque
artillerie. D'ailleurs, la race bantou est pleine de vitalité, et ne se
laissera jamais écraser comme deux autres races, plus faibles
et usées, les Koï-koîn et les Soaqwa. Aussi, M. Carlyle con-
seille-t-il au gouvernement anglais de prendre le rôle de média-
teur, afin d'empêcher le massacre de tous les Boers, qui pour-
rait être le prélude d'autres événements.
Tandis que s'agitent ce^ graves questions politiques dans
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298 AFRIQUE. N«> 429472
rAfnque australe, 'en Angleterre on songe à établir des com-
munications télégraphiques^entre la colonie du cap de Bonne-
Espérance et la Méditerranée, par l'intérieur de l'Afrique. Ce
projet hardi et grandiose, belle affirmation de la solidité des
établissements anglais dans l'Afrique australe, comprend la
pose, d'un fil télégraphique de la baie de Lagoa, où s'arrête la
ligne du Gap déjà construite, à la ville de Khartoûm, qui est
déjà reliée à Alexandrie (2,000 kilomètres) et à l'Europe. La
nouvelle ligne télégraphique serait sous-marine seulement sur
les 2,000 kilomètres formant la distance de la baie Delagoa
à l'embouchure du Zambézi. 11 y aurait, à partir de ce point,
un fil électrique aérien, long de 2,780 kilomètres, qui pas-
serait le long du Zambézi et du Chiré, et toucherait le lac
Tanganyîka à Oudjîdji. Un embranchement irait d'Oudjidji sur
Zanzibar, et la ligne principale continuerait dans la direction
nord par le Niyanza de Victoria et le Nil jusqu'à Khartoûm.
On espère pouvoir éviter le plus souvent l'emploi de poteaux
en fixant le fil aux arbres de ces contrées, et on ose déjà
alïirmer que les résultats financiers de l'entreprise seraient
très-lucratifs. Mais on prévoit aussi une difficulté d'un ordre
tout nouveau, celle d'empêcher les habitants de couper le fil
métallique dans lé but de l'employer à leur usage.
X
MADAGASCAR. — ILES D'AFRIQUE: ILES MASCAREIQNES, ILES DE
L'OCÉAN ATLANTIQUE. — L'ATLANTIDE
429, Grandidiem (Alf.). — Histoire physique, naturelle et politique de
Madagascar. Tome YI, Histoire naturelle des mammifôres (Indri-
sinés) par Alph. Milne Edwards et Âlf. Grandidier. 1 vol. gr. in-
4\ Paris, Hachette, 1876.
430. Tome IX. Atlas de la famille des Indrisinés. 1 vol. gr. in-4*, illus-
tré de 123 pi., dont 12 chromolithograpbiées. Paris^ Hachette,
yGoogk
MADAGASCAR. — ILES D'AFRIQUE. 209
431. Tomes Xn et XIII. Histoire naturelle des perroquets, des rapaoes
et des cuculidés malgaches; 2 vol. gr. in A", illustrés de 41 pi.
chromolithographiées. Paru, Hachette, 187G.
432. Pollen (Fr. P.-L.). Recherches sur la faune de Madagascar et de
ses dépendances. 4* partie : Poissons et pêches, par P. Bleekeret
Fr. Pollen. 1 wl. in-4% avec 21 pi. Leyde, Brill, 1875.
433. FiRAZ (le Rév. Père). Album malgache. Villes et villages Betsiléos.
Le$ Missions catholiques, Paris, 1876, n*' 352 à 356, avec neuf
Yues gravées sur bois.
434. The Antananariro annual and Madagascar Magazine, n*l, 1875.
455. Pbice (R.). Report by the Rev. R. Price of a visit to Madagascar,
1875.
436. La léproserie d'Ambouloutara. Les Missions catholiques. Paris,
1876, n* 350.
437. Tue de la mission de Saint-Joseph d'Androhibé. Tjes Missions
catholiques. Paris, 1876, n* 372.
438. R. A. Zur Vœlkerkunde Madagaskar's. Globus, 1876, t. XXX, n*" 3.
439. MuLLEiis. On the origin and progress of the people of Madagascar.
Journal of the Anthropological Institution of Great Britain and
Jreland, t. V, n» 2, octobre 1875.
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441. Matrard (J. Howard). Joumey from Antananarivo to Mojunga.
Proceedings of the R. geogr. Society. London, t. XX, 1876, n*" %
p. 110-114.
442. HiLDEBRANDT (J.-M.). Naturhistorischo Skizze der Gomoro Insel Jo-
hanna. Zeitschnjft der Gesellschaft fur Erdkunde zu Berlin,
t. XI. 1876, n* 1.
443. Hildebrandts' barometrische Messung der HÔhe des Tingi(j|ja-
Berges (Johanna Peak) auf der Insel Anjuana des Comoren Ar-
chipels. Mit Bemerkungen von D' 0. Kersten, Zeilschrift der Ge»
sellschaft fur Erdkunde, t. XI, 1876, n» 1.
444. YiLÂiN (Charles), membre de la mission scientifique à l'île Saint-
Paul. Les oiseaux de l'Ue Saint-Paul. Revue scientifique, t. X,
1876, pages 405 à 415.
445. Du même : L'Ile de la Réunion. Explorateur, n* 52, p. 95-94.
446. YonDrascbe (le docteur;. Eme Besteigung des Vulkans von Bour-
bon, nebst einigen vorlâufigen Bemerkungen ûber die Géologie
dieser Insel. /aAr6ticA^ der h. k. Reichs-Anstalt in Wien, t. XXY,
1875, n« 4.
yGoogk
300 AFRIQUE. ^••ISWTÎ
447. Camtaikb (H.). Une excursion au volcan de Tîle de la Réunion. Ex-
phrateur, n* 54, p. 138.
448. Berqu». Catastrophe de Tile de la Réunion. Explorateur ^ n* 50,
p. 45.
449. D'AvRAiNYiLus (A.). Résumé comparatif de la statistique agricole et
commerciale de la Réunion en 1872 et 1873. iiertie fnan^tmee^
coloniale, t. XLIX, n* 175.
450. Roussra (A), ilbum de l'île delà Réunion. Recueil de dessins
représentant les sites les plus pittoresques et les principaux
monuments de la colonie. 1 vol. in-4*. Saint-Denis (Réunion],
1867-1869.
451. Pajot (Elie). Les îles Séchelles. Explorateur, n* 68, p. 523-526.
452. Capitaine (H.). Les îles Séchelles, avec carte. Expl<n*ateur, n'12,
p. 629^31.
453. Beschreibung der Insel Rodriguez im indischen Océan. Annaïen
der Hydrographie und maritimen Météorologie, 1875, n** 17 et
18, p. 334-338 (d'après les travaux des officiers du « Shearwater»,
en 1874, publiés dans le Hydrographie Notice, n? 21. Londres,
1875).
454. MEU.IS8. Saint-Helena, a physical and topographical description ot
the Island, including its geology, fauna and meteorology. 1 vol.
in-8«, 440 p. Xom/re«,1875.
455. Gapitaink (H.). L'Oe Sainte-Hélène. £j;p/ora^^r, 1876, n* 73.
456. Db Sam Javier (le vicomte). Très Afios en Fernando Pôo. Viajeâ
Africa. 1 vol. in-8». Madrid, Manini, 1875.
457. Laffon de Lao^bat. Le port de Pousa, île de Santiago, Gap-Yert.
Revue maritime et coloniale, 1876, T. LI, pages 586 à 590.
458. QuESNEL (L.). Llle de Madère. Le Correspondant, 25 février 1876.
459. BuizE (C). Madère. Explorateur, n» 80, p. 181-182.
460. Neveu. Projet de port artificiel dans la baie de Horta, Açorcs.
Hevue maritime et coloniale, 1876, t. XLVIII, pages 634-635.
Extrait d'un travail portugais.
461 . Du même : Notes sur Tîle de Fayal. Revue maritime coloniale,
1876, t. XLVIII, pages 954 à 958.
Extrait d'un travail portugais.
462. Du même : Notes sur File de Pico. Revue maritime et coloniale,
1876, t. XLIX, p. 637 à 640.
Eitrait d'un travail portugais.
yGoogk
MADAGASCAR. — ILES D'AFRIQUE. 301
^§63. De Paz Graells (Hariano). Exploration scientifique des cMes du
département de Ferrol. Traduit de l'espagnol et résumé par
H. Fontanier. Revue maritime et coloniale, 1876, t. L, pages 54
à 67.
464. Galderon (S.). Resefia de las rocas de la isla volcanica de Gran-
Canaria. In-4». Madridy Fortanet, 1876.
465. BBBTHEI.OT (Sabin). Nouvelles découvertes d'inscriptions lapidaires
à l'île de Fer. Bulletin de la Société de Géographie, septembre
1876, p. 326-331.
466. RoMEGuÈRE (G.). Correspondance de Broussonet avec Alexandre de
Humboldt au sujet de l'histoire naturelle des lies Canaries. Extrait
des Mémoires de la Société des sciences naturell/ss de Cherbowrg,
Br. in-8». Cherbourg, 1874.
467 . Aube (Tb.)* Kotes sur les îles Canaries. Revue maritime et coloniale,
1876, t. L, pages 335 à 347.
468. Ghil t'Naraiijo (le docteur Gregorio). Estudios histéricos, climato-
lôgicos 7 patolôgicos de las islas Canarias. — Première partie
historique, t. I*', 1 volume grand in-4*. Las Palmas de Gran-
Canaria (Miranda); 1876.
Il sera rendu compte de cet utile ouvrage sur les îles Canaries, lorsque
la publication en sera assez avancée.
469. Voir Lœher (F.). Nach den glûcklichen Insein. Canarische Reisetage,
1 vol. in-8. Bielefeld, Yelhagen et Klasing, 1876.
L'auteur de ce livre a publié aussi dans VAugsburger allgemeine
ZeitunÇf 1876, n* 59-118, un travail par lequel il cherche à prouver que
les Gouanches ne sont que les descendants des Vandales, et que leur nom
véritable devait être Wandschen I Une telle thèse aurait été k sa place
au commencement de l'ère moderne. Ajourd'hui, elle n*e8t qu'un pas
rétrograde, qu'il est regrettable d'ayoir à enregistrer*
470. RoisBL. Études anté-historiques. Les Atlantes, 1 vol. in-8*. Paris,
Germer Baillière, 1874.
471 . Dehizet. L'Atlantide, avec 1 carte. Explorateur, n» 54, p. 141-148.
472. Léoitard (L.). Du cap de Bonne-Espérance en Europe, à bord de
r « European i>. Revue maritime et coloniale f 1876, t. XLIX»
pages 117 à 128.
§ 1. — Commencement de la publication des travaux de H. Alfred Grandidier
sur Madagascar.
Les géographes rangent l'île de Madagascar parmi les dépen-
dances du continent d'Afrique. Ek effet, il n'y a qu'une
yGoogk
302 AFRIQUE. N- 429472
distance de 414 kilomètres du cap Saint-André (ou Vila Androu)
de Madagascar, à la pointe Mokamba, au sud de Mozambique,
tandis que sa côte orientale est encore à plus d*un degré à
Fouest du méridien du Djourd flafoûn ou cap Guardafiii, et qu'en
raison de cette position géographique, toutes les cartes de
TAfrique donnent forcément aussi la carte de Madagascar. Mais,
dans la réalité, en passant de la côte de Mozambique à Mada-
gascar, on constate un changement complet de milieu. Les
formes générales du relief de l'île, aussi bien que tout ce qui
vit sur ce sol, désorientent le voyageur, en lui rappelant pour
ainsi dire à chaque pas qu'il entre dans un monde à part.
Madagascar, cette grande île de 600 000 kilomètres carrés,
comparable à la superficie de tous les départements français
de TEurope continentale et de l'Algérie, et dont presque tout
le territoire est compris dans la zone tropicale sud, est, depuis
1642, une possession française. Nous ne devons pas oublier en
France ce drqit, constaté une fois de plus par les traités de
1816; l'insuccès de nos premiers essais de colonisation, très-
mal dirigés à Madagascar, ne saurait condamner définitivement
toute tentative ultérieure pour tirer parti de ce domaine, un
peu trop oublié chez nous.
En tout état de cause, il appartenait bien aux Français de
faire l'exploration scientifique de Madagascar, et, à l'exception
des cartes modernes des côtes, qui furent dressées par le com-
mandant Owen, de la marine anglaise, puis complétées et cor-
rigées par l'hydrographie française, la connaissance, incom-
plète encore, des contrées de l'intérieur reposait, en 1865,
principalement sur des travaux français. Le caractère perfide
et défiant de la race Ova, sœur des Malais de l'archipel indien,
qui, après s'être implantée à Madagascar, y a pris la supréma-
tie sur les races indigènes, a toujours été un obstacle sérieux
aux recherches des voyageurs. Un Français, M. Alfred Grandi-
dier, n'a point reculé devant cette difficulté. A trois reprises
différentes, en 1865, en 1866, et de 1868 à 1870, H. Grair
didier s'est appliqué, avec autant de savoir que de bonheur, à
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MADÂaSGÀH. 303
étudier le pays, ses productions, ses habitants. Il a visité nom-
bre de points des côtes ouest, sud et est, et parcouru Fintérieur
de nie, dont il a plusieurs fois traversé toute la largeur. Pour
ne toucher ici que le point le plus saillant de ses découvertes
géographiques, il suffit de se rappeler ce qu'était, avant ses
voyages, Torographie de l'île sur les meilleures cartes. Ces
certes nous montrent une seule ligne centrale de montagnes .
partageant l'île, du nord-est au sud-ouest, en deux versants;
la nouvelle carte de M. Çrandidier remplacera cette ligne cen-
trale par cinq chaînes de montagnes, orientées plus ou moins
du nord-nord-est au sud-sud-est. Mais la configuration du sol
n'a pas seule préoccupé M. Grandidier; il a voulu réunir toutes
les données nécessaires à la connaissance de cette grande île :
le ma{[nétisme terrestre, la géologie et la paléontologie, la bo-
tanique, la zoologie, l'anthropologie, l'ethnographie et l'his-
toire du pays. L'ouvrage oii seront consignés les résultats de ses
recherches constituera vraiment bien la première Histoire phy-
sique ^ naturelle et politique de Madagascar (n<* 429). Elle ne
comprendra pas moins de vingt-quatre volumes grand in-4°,
dont un pour la géographie physique et mathématique, un pour
la météorologie et le magnétisme, deux pour l'ethnographie,
l'anthropologie et la linguistique, un pour l'histoire politique,
coloniale et commerciale, six pour l'histoire naturelle des mam-
mifères, trois pour l'histoire naturelle des oiseaux, un pour
l'histoire naturelle des poissons et un pour celle des reptiles,
cinq pour l'histoire naturelle des crustacés, des insectes, des
mollusques terrestres et fluviatiles et des annélides, trois pour
la botanique, un enfin pour la géologie et la paléontologie.
M. Grandidier a fait don des précieuses et riches collections
qu'il a rapportées au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il
est à peine besoin d'ajouter que pour classer, nommer et dé-
crire tous ces sujets, appartenant aux trois règnes de la nature,
le plus savant des naturalistes aurait dû recourir aux lumières
de ses confrères ; à plus forte raison, M. Grandidier devait-il
8'adres8(Sr à des collaborateurs qui ont acquis une renommée .
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304 AFRIQUE. N- 429472
dans leur spécialité, et il a trouvé dans HM. Alphonse Milne
Edwards, le docteur Sauvage, Lucas, Oustalet, Fisher, Vail-
lant et Bâillon, le concours désirable.
La partie des observations et des études de H. Grandidier
qui nous revient de droit, c'est-à-dire la géographie, l'ethno-
graphie et l'histoire politique de Madagascar, est encore iné-
dite; mais Y Année géographique en parlera en temps et lieu.
La publication du grand ouvrage a commencé cette année par
les tomes YI et IX, et par la première partie des tomes XII et
XIII, qui contiennent Thistoire naturelle des Indrisinés (Mam-
mifères), et l'histoire naturelle des perroquets, des rapaces
et des cuculidés ou coucous. Bien que l'histoire naturelle
des mammifères et des oiseaux soit étrangère à la géogra-
phie proprement dite, elle a, pour Tîle de Madagascar; une
portée géographique ; en effet, et ici nous citons M. Grandi-
dier, la faune, comme la géologie, la flore, et même la popu-
lation de cette île, montrent qu'elle est restée comme le témoin
d'une vaste contrée aujourd'hui disparue. On peut prendre
pour exemple ce qu'on y observe dans les Lémuriens, qui, à
Madagascar, remplacent les quadrumanes. Les Lémuriens, ou
makis, considérés par Haeckel, dans sa Généalogie transfor-
miste, comme le lien de transition entre les quadrupèdes et les
quadrumanes, comptent, dans la seule île de Madagascar, une
dizaine de genres et près de cinquante espèces, tandis que dans
les vastes continents de l'Asie, de TOcéanie et de l'Afrique, où
l'ordre des Lémuriens est également représenté, on ne compte
que quatre genres, comprenant un petit nombre d'espèces ap-
partenant au bas de la série. M. Grandidier en conclut, avec
raison, qu'on peut regarder Madagascar comme le centre d'ap-
parition de ces curieux animaux, et comme un centre d'appa-
rition alors, aussi bien que maintenant, tout à fait ou presque
complètement isolé des terres de l'Afrique, de l'Asie et de
rOcéanie, les plus rapprochées de Madagascar. Cette manière
d'envisager la question est justifiée par un examen plus appro-
fondi. La famille des Indrisinés, où on trouve l'organisation la
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MADAGASCAR. :05
phis éieyée, la plus parfaite, dans Tordre des Lémuriens,
n'existe précisément qu'à Madagascar. Avant les voyages de
M. Grandidier, on ne connaissait les animaux de cette famille
que par quelques rares individus empaillés, précieusement
conservés dans les musées de Paris et de Londres. En dehors
de ces peaux et de quelques débris de squelettes, on n'avait
rien pour étudier Torganisation des Indrisinés. Non-seulement
M. Grandidier a découvert à Madagascar plusieurs espèces ou
races nouvelles d*lndrisinés, mais il a rapporté en France des
individus des deux sexes et de tous les âges, en squelette ou
conservés entiers dans de l'alcool, ce qui lui a permis d'en
publier, avec M. Alphonse Milne Edwards, l'anatomie complète
et l'embryologie, en les comparant à celles des singes, tandis
que le voyageur traitait seul le chapitre des mœurs. Les
conclusions de ce travail, non moins importantes pour l'his-
toire de la terre que pour la zoologie et l'anatomie com-
parée, sont que les Lémuriens doivent former un ordre tout
à fait distinct des quadrumanes, avec lesquels ils n'ont de
commun que les quatre mains. On a appliqué pour la première
fois, dans cet ouvrage, des tracés graphiques donnant les di-
mensions relatives des divers os des Indrisinés, d'une part, et
des singes, de l'autre. On saisit bien ainsi les différences qui
séparent nettement les squelettes de ces animaux.
Plus encore peut-être que les mammifères, les oiseaux de
Madagascar forment une faune intéressante au point de vue
géographique; car, si l'on excepte les oiseaux de haut vol
(rapaces, échassiers ou palmipèdes), qui se transportent au
loin jusque sur les îlots perdus au milieu de l'Océan, il n'est
pas un seul oiseau de Madagascar qui ne lui soit particulier,
et M. Grandidier indique surtout une dizaine de genres d'oi-
seaux vivants tout à fait curieux.
Mais ce n'est pas seulement par sa faune actuelle que Mada-
gascar accuse un centre propre d'épanouissement de la vie ani-
male. Les recherches de M. Grandidier sur les animaux fossiles
l'ont conduit de même à isoler Madagascar de toutes les terres
L'ANRâE 6l^.0GR. JTV. 20
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306 AFRIQUE. N«' 429412
voisines. Il y a découvert, à côté des ossements du colossal
oiseau, YJEpyomis maximus^ ceux de deux tortues gigantes-
queâ : la Testudo abrupta Gr. et VEmys gigantea Gr.; et le
squelette d'une espèce d'hippopotame, Hippopotamus Lemer-
/euGr.,qui est différente tant de celle d'Afrique que des
espèces fossiles de l'Europe.
A Madagascar, la science trouve donc des indices aussi variés
que multiples de l'existence d'un ancien continent austral,
dont cette île serait le témoin.
§ 2. — La catastrophe de TUe delà Réunion.
Le 26 novembre 1875, un événement terrible jetait la
consternation dans une de nos plus anciennes colonies S l'île
de la Réunion, qui, par sa fertilité et sa position géographique,
est aussi une des plus utiles. Vers le milieu de l'île, mais un
peu plus près de la côte nord-ouest que de la côte sud-ouest, se
développent les deux grands cirques de Salazie et de Cilaos, qui
forment respectivement la tête des bassins de la rivière du Mât et
de la rivière Saint-Etienne. Ces deux cirques sont séparés entre
eux par un cap de montagnes, haut de 3069 mètres, à pentes
abruptes, qu'on appelle le Piton des Neiges. Dne' autre mon-
tagne, à peu près de même hauteur, le Gros-Morne, domine
aussi le cirque de Salazie. Le Piton des Neiges et le Gros-Mome,
et on pourrait dire l'île tout entière, sont de formation volca-
nique. Dans la période contemporaine, le fôu souterrain a con-
centré son action dans la partie sud-est de l'île de la Réunion, oà se
trouve un volcan actif qui vomit des torrents de lave. Autrefois
c'était le centre et le nord-ouest de l'île qui étaient le centre
de l'action volcanique.
On observe à l'île de la Réunion deux faits, déjà signalés
M. L. Maillard*, qui peuvent contribuer à l'explication deca-
1. La prise de possession de Hle de la Réunion, par la France, daiada meH
de septembre 1643.
% Notes aur Vtte de la Réunion, t. L Paris (Deatu), 1863.
..gitizedby Google
ILES D'AFRIQUE. 307
tastrophes comme celle de 1875. D'une part, les coulées de
lave s'y sont refroidies et se refroidissent d'abord à la surface,
tandis qu'à Fintérieur de la coulée la lave liquide continue
à suivre la pente de la montagne ou de la plaine, si bien que,
l'éruption cessant, la croûte solidifiée seule reste en place et
forme comme une croûte qui cède quelquefois sous les pas des
chevaux ou même des hommes. D'autre part, les laves et les
pumites de l'île de la Réunion sont poreuses, quelquefois fria-
bles, et, dans une certaine mesure, attaquables par les agents
atmosphériques. Aussi les pluies et les crues des torrents arra-
chent-elles aux remparts des cirques et aux berges des vallées
des pierres et des rochers, qui, devenant d'abord des galets
roulés, finissent par être pulvérisés. Il n'est donc pas besoin de
tremblements de terre pour occasionner des éboulements de
roches et de parties de montagnes dans les cirques de l'île de la
Réunion ; la composition du sol, et la continuité de l'action des
eaux et de l'air sur les roches d'un pays sans forêts, suffisent
pour expliquer des catastrophes comme celle du 26 novem-
bre 1875.
A six heures du soir, une partie du Piton des Neiges et du
Gros-Home s'écroulèrent dans le cirque de Salazie, recouvrant
150 hectares de terre de leurs décombres, accumulés sur une
hauteur qui varie de 40 mitres à 60 mètres. Le village du
Grand-Sable, placé au bord du torrent de la Fleur-Jaune, ainsi
que d'autres villages, étaient ensevelis, avec soixante victimes
surprises par le terrible écroulement. Une rivière de plus de
150 mètres de largeur a été fermée, des ravins de plus de
100 mètres de profondeur ont été comblés. La commotion pro-
duite par le phénomène s'est fait sentir si fortement, à 800 mè-
tres de distance, qu'une immense couche de terre végétale, sur
laquelle étaient des arbres, des plantations et des maisons, s'est
détachée d'un autre pic, et a glissé jusqu'au bord du précipice
formé par le cirque, où elle s'est heureusement arrêtée.
M. Charles Vélain, qui a visité l'île de la Réunion, comme
membre de la mission scientifique de l'île Saint-Paul, pour
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308 AFRIQUE. N- 429472
l'observation du passage de Vénus sur le Soleil, en 1874,
avait étudié la topographie et la géologie de ces districts de
notre belle colonie, et il a fait à la Société de Géographie ^ une
communication intéressante sur Fétat du pays avant l'événe-
ment. 11 est naturel que les habitants d'une île volcanique
aient songé tout d*abord à un ébranlement de roches peu
solides causé par une secousse volcanique, comme celles qui,
en 1772, produisirent, dans la république actuelle de l'Equa-
teur, unéboulement du sommet du volcan Tungurahua'.Mais,
à nie de la Réunion, le désastre s'est accompli sans qu'on ait
ressenti le moindre tremblement de terre précurseur, même
dans la partie sud-est de l'île, et il n'est pas douteux que le
terrible phénomène ne soit dû à l'action séculaire des eaux
pluviales et de l'air sur des roches perméables dont les massts
étaient mal équilibrées.
8 3. — L'AUantide.
M. Roisel, il y a deux ans (n<> 470), et M. Denizet, cette
année (n® 471), ont repris une question de géographie pré-
historique, la légende de l'Atlantide, que le sage Soïon reçut
des prêtres égyptiens de Sais dans le sixième siècle avant
notre ère, et que les traditions du peuple le plus civilisé et le
mieux informé de l'Afrique, transmises à nous par Platon, fai-
saient remonter à neuf mille cinq cents ans ou neuf mille six
cents ans avant le commencement de notre ère. Le clergé de
l'ancienne Egypte conservait, il y a vingt-quatre siècles, le sou-
venir d'une grande île, ou d'un continent, qui se trouvait au-
trefois au milieu de l'océan Atlantique. Cette terre était peu-
plée, et ses habitants reçurent des Grecs, qui ne les connais-
1. Séance du 19 janvier 1876.
2. Bouger et La Condamine, au siècle dernier, avaient trouvé ce volcan haut de
5,11^ mètres ; Alexandre de Humboldt, en 1802, constata qu'il n'avait plus
que 5,026 mètres. Dans Tespace de quelques années, qui avaient suivi les men-
surations de Bouguer et La Condamine, la grande irruption de 1772 et le tremble-
ment de terre de Riobamba avaient détaché assez de parties du sommet du Tungu-
rahua pour réduire son altitudede 86 mètres.
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L'ATLANTIDE. 309
sdient pas par eux-mêmes, le nom d'Atlantes. Hérodote, auquel
la tradition égyptienne paraît être restée cachée, appliqua en-
smtele nom d'Atlantes à Tune des tribus des Libyens d'Afrique*
Nous ne savons si les textes hiéroglyphiques qui ont encore
échappé aux égyptologues contiennent une mention de l'Atlan-
tide, dont ils nous apprendraient peut-être le nom réel. Mais
c'est vraisemblablement par un reflet de l'idée égyptienne que
les Grecs donnèrent comme premier roi aux Atlantes Nep-
tune, le dieu de la mer, et peut-^tre faut-il chercher l'expli-
cation de l'horreur qu'inspire encore aujourd'hui la mer
aux Imôhagh ou Touareg, dans la tradition du tremblement
de terre qui a englouti l'Atlantide sous les eaux de l'Océan,
et qui aurait fait émerger des eaux de la Méditerranée une
partie du Chott El-Djerid. « Les mythes des peuples, mêlés
à l'histoire et à la géographie, ne sont pas en entier du
monde idéal », a dit Alexandre de Humboldt^ Nous pen-
sons que, malgré sa date préhistorique, la légende de l'At-
lantide est de celles qu'il y aurait légèreté à rejeter. Tout en
faisant nos réserves sur l'hypothèse admise par MM. Roisel
et Denizet, et dans laquelle le nord de l'Afrique et le sud-
ouest de l'Europe furent jadis reliés à l'Amérique par une
bande de terre ferme qui aurait servi à un premier peuplement
de l'ancien monde par les races américaines, nous acceptons
comme probable l'existence, à une date très-reculée, d'une
grande terre dans l'océan Atlantique, au nord et près du tro-
pique du Cancer, grande terre qui, en s'effondrant sous les
feaux, a peut-être laissé comme des témoins les sommets de ses
plus hautes montagnes, qu'on retrouverait formant aujour-
d'hui les îles des archipels de ces parages. Si les notions des
prêtres de Sais étaient exactes, on pourrait chercher à identi-
fier l'archipel des Canaries avec un groupe des montagnes de
l'ancienne Atlantide, car, suivant les prêtres égyptiens, cette
terre touchait presque à l'Afrique.
* Examen critique de VhUtoire de la géographie au quinzième siècle t. I.
page 112.
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310 AFRIQUE. N- 429472
H. Denizet, comme H. Boisel, pense avec raison que les
prairies d*algues marines que nous appelons la mer de Sar-
gasses, et qu*on trouve à l'ouest des iles Canaries, indiquent la
partie de TOcéan où étaient les terres les plus occidentales de
TAtlantide. Passant en revue les anciens textes, depuis ceux
du sixième siècle de notre ère, où il est question de la mer de
Sargasses, il nous montre ce coin de l'Océan rempli de bancs
sous-marins et d'écueils, qui n'existent plus de notre temps.
M. Denizet en conclut que les terribles tremblements de terre
et les inondations qui, au dire des Égyptiens, firent dispa-
raître l'Atlantide en vingt^iuatre heures, n'ont été qu'une ma-
nifestation extrêmement violente de phénomènes géologiques,
qui durèrent inaperçus longtemps après, et que les hauts fonds
formés par cette terre engloutie ont continué à s'affaisser de
plus en plus à travers les siècles. Les courants océaniques au-
raient aussi contribué à augmenter la profondeur du nouveau
sol sous-marin, en balayant et en entraînant au loin toutes les
parties de ce sol que les eaux pouvaient désagréger ou délayer.
Ce coup d'œil rapide, jeté sur une question si délicate qui
sera certainement reprise un jour sous d'autres aspects, suffit
cependant pour suggérer d'établir un parallèle entre l'Atlan-
tide et cet autre continent dont il ne reste plus qu'un grand
lambeau dans la terre ferme de Madagascar. Si les îles Canaries
ne se distinguent pas, comme Madagascar, du continent voisin
par des formes animales et végétales en majeure partie spé-
ciales et nettement caractérisées, elles comptent du moins plu-
sieurs espèces des deux règnes organiques, et notamment de
grands végétaux arborescents, qu'on ne retrouve ni en Afrique,
ni en Europe, ni en Amérique. Ce fait est d'autant plus digne
d'attention qu'un grand courant océanique rase sans cesse
leurs cotes, car la participation des courants marins à la dis-
tribution des végétaux dans les différentes parties du monde
est maintenant une vérité mise hors de doute.
yGoogk
LA CONFÉRENCE DE BRUXELLES. 311
XI
LA CONFÉRENCE GÉOGRAPHIQUE DE BRUXELLES. LES EXPLORATIONS
A VENIR
473. Procès-Yerbaux manuscrits des séances.
474. Journal le Temps, n*« des 44, 45, 47 septembre 1876.
475. MittheUungen, Gotha, n« X, pages 588-303.
476. BAififjN& (Emile). L'Afrique et la Conférence géographique de
Bruxelles. 1 yoI. in-8« et carte. Bitixelles, 4877.
L'année i 876 marquera dans Thistoire de T Afrique ; elle a
▼u, en effet, se produire une première tentative pour donner
un caractère international aux explorations de découvertes dans
l'intérieur du continent.
Cette tentative est due à Sa Majesté Léopold II , roi des
Belges ; il en avait longtemps mûri Tidée avant de lui donner
le conmiencement d'exécution qu'elle a reçu.
Pour trouver une manifestation des aspirations scientifiques
et humanitaires, relativement àTAfrique, comparable à celle-ci,
mais encore essentiellement nationale, il faut se reporter à
l'année 1788, où un groupe de savants, de philanthropes,
d'hommes d*État et de commerçants appartenant à Télite de
la société anglaise, formèrent VAfrican Association (l'Asso-
ciation africaine) dans le but d'activer la découverte, à
peine commencée, de l'intérieur de l'Afrique. A cette date,
les relations des voyages de Sparrman, Paterson et Le Vaillant,
dans la pointe sud du continent, venaient de sortir des
presses ; l'ouvrage de Sir James Bruce n'avait pas encore paru ;
Thomas Shaw avait bien ébauché un premier monument
à la connaissance de la Berbérie, mais on se figurait encore
que le Sahara était un océan de sables. Dans l'ouest de
l'Afrique, les chutes de Fêlou, sur le Sénégal, formaient la
limite où s'étaient arrêtés les voyageurs; enfin, on ne savait
yGoogk
312 AFRIQUE. N«- 473-476
pas au juste si le Dhiôli Bâ, le Niger, était un fleuve^ ou un
a£Queut soit du Sénégal, soit du Nil ! car ce n*esf que qua-
rante-deux ans plus tard que les frères Lander, partis de la
côte de Guinée, trouvèrent à Boûsa le vêtement de Hungo
Park, embarqué à Sêgou sur le Dhiôli Bâ, et qu'ils descendi-
rent ce fleuve jusqu'à son embouchure dans le golfe de Bénin.
— A plus forte raison, l'Afrique équatoriale était-elle absolu-
ment inconnue.
Depuis l'époque dont nous parlons, les lacunes de la carte et
de la description de l'Afrique ont été fortement attaquées ; en
quatre-vingt huit ans, de grands progrès ont été réalisés, grâce
au dévouement et à la ténacité de nombreux voyageurs anglais,
français, allemands, italiens, qui, ne comptant pas combien
de leurs devanciers avaient succombé à la tâche, ont couru
sur leurs traces dans l'espoir d'arracher à l'Afrique quelques-
uns de ses secrets.
Grâce à eux, la géographie de l'Afrique est sortie de ses
limbes ! Ils nous révèlent l'existence de pays extrêmement fer-
tiles, sillonnés par de magnifiques cours d'eau, ou baignés par
des lacs d'eau douce si grands, que l'un d'eux, le Niyanza, est
d'un tiers plus grand que la mer d'Aral, et que plusieurs îles
de la superficie du lac de Genève tiendraient à Taise dans le
Nyassa ou le Tangaflyika, et même dans le Loûta Nzîdjé. Ces
contrées, vraiment privilégiées, sont peuplées par des races hu-
maines encore dans l'enfance, que le progrès moderne n'a pas
même touchées, et dont les millions de représentants doivent
entrer enfin dans le mouvement de la civilisation. L'Europe et
l'Amérique ont là une belle mission à remplir, non pas en sui-
vant les précédents inscrits aux premières pages de l'histoire
moderne, non pas en balayant devant elles, comme cela eut
lieu en Amérique, les peuples vierges de l'intérieur de l'Afrique
tropicale, mais en leur envoyant des explorateurs chargés de
les étudier, de nous faire connaître leurs besoins, et de leur
apprendre surtout que nous voulons leur bien. Plus tard, et
il ne s'écoulera pas longtemps d'ici là, des hommes de race
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LA CONFÉRENCE DE BRUXELLES. 313
européenne s'établiront sur les points les plus salubres, à
proxin»ité de ces peuples, pour leur enseigner les meilleurs
procédés de culture , l'art d'exploiter les gisements métaUi-
fères et les mines de houille de leurs pays, et pour les initier
aux travaux de l'industrie. Pour peu qu'on connaisse le carac-
tère des populations nègres de l'Afrique, c'est par ces moyens
matériels et non par des moyens abstraits, qui ne sont pas à
la portée de toutes les intelligences, et qui souvent blessent
des traditions, des convictions chéries, que le progrès péné-
trera dans l'intérieur de l'Afrique équatoriaie.
Telle est la situation, digne du plus haut intérêt, qui a
amené le roi des Belges à réunir dans une conférence les pré-
sidents des sociétés de géographie des principales capitales de
l'Europe, ainsi que les voyageurs auxquels nous devons les
progrès les plus récents de nos connaissances sur l'Afrique, et
les hommes qui se sont voués aux questions philanthropiques
soulevées par l'état des populations de l'intérieur *.
La première séance de la conférence fut ouverte, le 12 sep-
tembre, par Sa Msgesté le roi des Belges, qui prononça le dis-
cows suivant :
Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier chaleureusement de TaimabL
empressement avez lequel vous avez bien voulu vous rendre à mon
invitation. Outre la satisfaction que j^aurai à entendre discuter ici
les problèmes à la solution desquels nous nous intéressons, j^éprouve
le plus vif plaisir à me rencontrer avec les honunos distingués dont
1. Voici la liste des membres de la Conférence de Bruxelles : pour l'Allema-
gne : MM. le baron de Richthofen, Nachtigal, Schweinfurth, Gérard Rohlfs;
pour l'Autriche-Hongrie : MM. le baron de Hofmann, )e comte Edmond Ziehy,
de Hochstetter, le lieutenant Lux ; pour la Belgique : MM. le baron Lamber-
moDt, Banning, Emile de Borchgrave, Couvreur, le comte Goblet d'AWiella,
James, De Laveleye, Quairier, Sainctelette, Smolders, Van Bienrliet, Léon Van
den Bossche, Jean Van Volxem ; pour la France : MM. le vic&-amiral baron de
La Roncière Le -Noury, Maunoir, le marquis de Gompiègne, Duveyrier ; pour la
Grande-Bretagne: Sir Bartle Frère, Sir Rutherford Alcock, Tamiral Sir Leopold
Heath, le magor général Sir Henry Rawlinson, le colonel Grant, le commandeur
Gameron, M. Mackinnon, Sir Fowell Burton, Sir John Kennenway, Sir Harry Ver-
Qey, Sir Brummond Hay; pour l'Italie : MM. le commandeur Negri, Gorreati;
pour la Russie : M. de Semenoff.
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314 AFRIQUE. N- 473-476
j*ai saivi depuis des années les trayaux et les valenreux efforts en
faveur de la civilisation.
Le sujet qa\ nous réunit aujourd'hui est de ceux qui méritent au
premier chef d'occuper les amis de Thumanité. Ouvrir à la civilisa-
tion la seule partie de notre globe où elle n*aît point encore pénétré,
percer les ténèbres qui enveloppent des populations entières, c*est,
j'ose le dire, une croisade digne de ce siècle de progrès, et je suis
heureux de constater combien le sentiment public est favorable à son
accomplissement ; le courant est avec nous.
Messieurs, parmi ceux qui ont le plus étudié TAfrique, bpn nombre
ont été amenés à penser qu'il y aurait avantage pour le but commun
qu'ils poursuivent à ce que Ton pût se réunir et conférer en vue de
régler la marche, de combiner les efforts, de tirer paiti de toutes
les ressources, d'éviter les doubles emplois.
n m'a paru que la Belgique, État central et neutre, serait un ter-
rain bien choisi pour une semblable réunion et c'est ce qui m'a en-
hardi à vous appeler tous, ici, chez moi, dans la petite conférence
que j'ai la grande satisfaction d'ouvrir aujourd'hui. Ai-je besoin de
dire qu'en vous conviant à Bruxelles, je n'ai pas été guidé par des
vues égoïstes? Non« Messieurs, si la Belgique est petite, elle est heu-
reuse et satisfaite de son sort ; je n'ai pas d'autre ambition que de
la bien servir. Mais je n'irai pas jusqu'à affinner que je serais insen-
sible k rhonneur qui résulterait pour mon pays de ce qu'un progrès
important dans une question qui marque dans notre époque fût
daté de Bruxelles. Je serais beureux que Bruxelles devînt en
quelque sorte le quartier général de ce mouvement civilisateur.
Je me suis donc laissé aller à croire qu'il pourrait entrer dans
vos convenances de venir discuter et préciser en commun, avec l'au-
torité qui vous appartient, les voies à suivre, les moyens à employer
pour planter définitivement l'étendard de la civilisation sur le sol de
l'Afrique centrale ; de convenir de ce qu'il y aurait à faire pour inté-
resser le public à votre noble entreprise et pour l'amener à y appor-
ter son obole. Car, Messieurs, dans les œuvres de ce genre, c'est le
concours du grand nombre qui fait le succès, c'est la sympathie des
masses qu'il faut solliciter et savoir obtenir.
De quelles ressources ne disposerait-on pas, en effet, si tous ceux
pour lesquels un franc n'est rien ou peu de chose consentaient à le
verser à la caisse destinée à supprimer la traite dans l'intérieur de
l'Afrique !
De grands progrès ont déjà été accomplis, l'inconnu a été atta-
qué de bien des côtés ; et si ceux ici présents qui ont enrichi la
science de si importantes découvertes voulaient nous en retracer
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U G0NFËREMG6 DE BRUXELLES. 515
les points principaux, leur exposé serait pour tous un puissant encou-
ragement.
Parmi les questions qui seraient encore à examiner, on a cité les
suWantes :
i* Désignation précise des bases d'opération à acquérir, entre autres
sur la côte de Zanzibar et près de Fembouchure du Congo, soit par
cooTenlions avec les chefs, soit par achats ou locations à régler avec
les particuliers ;
2* Désignation des routes à ouvrir successivement vers l'intérieur,
et des stations hospitalières, scientifiques et pacificatrices ^ organiser
comme moyen d'abolir Tesclavage, d'établir la concorde entre les
cheCs, de leur procurer des arbitres justes, désintéressés, etc.
3° Création, Tœuvre étant bien définie, d'un comité international
et central et de comités nationaux pour en poursuivre Texécution,
chacun en ce qui le concernera, eu exposer le but au public de tous
les pays et faire au sentiment charitable un appel qu'aucune bonne
cause ne lui a jamais adressé en vain.
Tels sont, Messieurs, divers points qui semblent mériter votre
attention ; s'il en est d'autres, ils se dégageront de vos discussions et
vous ne manquerez pas de les éclairer.
Mon vœu est de servir, comme vous me l'indiquerez, la grande
cause pour laquelle vous avez déjà tant fait. Je me mets à votre
disposition dans ce but et je vous souhaite cordialement la bienvenue.
'Conformément au programme tracé dans le discours du
roi, les trois séances consacrées aux délibérations de la confé-
rence de Bruxelles portèrent sur trois questions : fondation de
stations scientifiques et hospitalières dans rAfriqueéquatoriale ;
détermination de remplacement de ces stations; constitution
d une commission internationale pour l'exploration et la civi-
lisation de l'Afrique équatoriale.
L'idée des st«itions scientifiques et hospitalières rallia les
avis unanimes. L'excellence en apparaît quand on voit par
l'histoire des voyages en Afrique les magnifiques résultats
qu'auraient pu obtenir certains voyageurs si, au moment cri-
tique de leur entreprise ils avaient trouvé un point de ravi-
taillement, les soins et le concours d'un résident. Quant au
caractère à donner à ces stations, la conférence a pensé qu'elles
doivent être, avant tout, des postes hospitaliers, des foyers de
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516 AFRIQUE. N- 473-476
civilisation, restant en dehors des questions purement reli-
• gieuses, politiques ou commerciales. A ce sujet, il n'est pas
sans intérêt de recueillir un chifire apporté par sir Fowell
Buxton, car il dénote la générosité avec laquelle le public an-
glais a voulu participer à la fondation de missions religieuses
dans la région des grands lacs nouvellement découverts. Plus
d'un million de francs a été donné dans ce but par des sous-
cripteurs anglais, et déjà, comme nous l'avons vu, deux mis-
sions protestantes anglaises sont établies entre le Loûta Nzîdjé
et le Niyanza de Victoria ; une autre est en voie de formation
sur le bord du Nyassa, enfin, une expédition s'organise pour
constituer sur les bords du Tangaôyîka un quatrième centre
d*évangélisation.
Le choix des stations scientifiques et hospitalières domia
lieu à un examen, dans lequel sir Rutherford Âlcock fit res-
sortir que ces points, destinés à devenir les centres d'opéra-
tion, devront être situés sur les côtes. La côte ouest est trop
peu connue encore; vouloir commencer de ce côté serait s'ex-
poser tout d'abord à bien des recherches et à de longs tâtonne-
ments, entraînant de grandes dépenses. Bagamoyo, sur la cote
e^st, est le point que propose sir Rutherford Âlcock, qui a pour
lui une expérience personnelle de ces parages; sir Bartle
Frère est d'avis que sur cette côte, de l'embouchure du fleuve
Djouba à la Ijiaie de Lagoa, on n'aura que le choix de bons
endroits, où on créera facilement des ports, et plus tard, eu
s'appuyant sur les bases qu'ils offriront, des stations dans
l'intérieur de la zone correspondante du littoral.
Diverses autres idées furent successivement mises en ayant,
mais l'accord qui régnait au fond des diverses propositions
soumises à la conférence a permis d'arriver aisément à une
commune entente, sous la forme que voici :
Déclaration de la Conférence
Pour atteindre le but de la conférence internationale de Bruxelles,
c'estnà-dire : explorer scientifiquement les parties inconnues de
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U CONFÉRENCE DE BRUIEUES. M7
TAfrique, faciliter l'ouTerture des voies qui fessent pénétrer la
ciyilisation dans l'intérieur du continent africain, rechercher des
moyens pour la suppression de la traite des nègres en Afri<{ue, il
faut:
1* Organiser, sur un plan international commun, l'exploration
des parties inconnues de l'Afrique, en limitant la région à explorer,
à l'orient et à l'occident par les deux mers; au midi, par le bassin de
ZAmbézi ; au nord, par la frontière du nouveau territoire égyptien et
le Soudan indépendant. Le moyen le mieux approprié à cette explo-
ration sera l'emploi d'un nombre suffisant de voyageurs isolés, pai^-
tant de diverses bases d'explorations ;
2*" Ëtablir comme bases de ces explorations un certain nombre de
stations scientifiques et hospitalières, tant sur les c6tes de l'Afrique
que dans l'intérieur du continent.
De ces stations, les unes devront être établies, en nombre restreint,
sur les cotes orientale et occidentale d'Afrique, aux points où la
civilisation européenne est déjà représentée, à B^amoyo et à Loanda,
par exemple. Les stations auraient le caractère d'entrepôts destinés
à fournir aux voyageurs des moyens d'existence et d'exploration.
Elles pourraient être fondées à peu de frais, car elles seraient con-
fiées à la charge des européens résidant sur ces points.
Les autres stations seraient établies sur les points de l'intérieur les
mieux appropriés pour servir de base immédiate aux explorations.
On commencerait l'établissement de ces dernières stations par les
points qui se recommandent dès aujourd'hui comme les plus favo-
rables au but proposé. On pourrait signaler, par exemple, Oudjidji,
I^yangvré, la résidence du roi ou un point quelconque situé dans les
domaines du Mata-Yanvo. Les explorateurs pourraient indiquer
plus tard d'autres points où il conviendrait de constituer des stations
du même genre.
Laissant à l'avenir le soin d'établir des communications sûres entre
les stations, là conférence exprime surtout le vœu que, dans la suite,
s'établissent des lignes d'opération dans la direction nord-sud.
La conférence fait appel dès aujourd'hui au bon vouloir et à la
coopération de tous les voyageurs qui entreprendront des explorations
scientifiques en Afrique, qu'ils voyagent ou non sous les auspic^^ de
la Commission internationale instituée par ses soins.
Le cadre du champ d'action, le but à atteindre et les moyens
à employer étant ainsi arrêtés, la conférence compléta ses
travaux en prenant les résolutions suivantes, pour assurer le
fonctionnement de la nouvelle institution:
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518 AFRIQUE. N- 473476
Résolutions de la Conférence.
D sera constitué une Commission internationale d'exploration et
de civilisation de TÀfrique centrale et des Comités nationaux qui se
tiendront en rapport avec la Commission dans le but de centraliser
autant que possible les efforts faits par leurs nationaux et de faciliter
par leur concours Texécution des résolutions de la Conunission.
Les Comités nationaux se constitueront d*api;ès le mode qui leur
paraîtra préférable.
La Conunission sera composée des présidents des sociétés de géo-
graphie représentées à la conférence de Bruxelles et de deux mem-
bres choisis par chaque Comité national.
Le président aura la faculté d'admettre dans l'association les pays
qui n'étaient pas représentés à la Conférence.
La Commission centrale, après avoir £iit son règlement, aura pdar
mission de diriger, par Torgane d'un comité exécutif, les entreprises
et les travaux tendant à atteindi*e le but de l'association, et gérer les
fonds fournis par les gouvernements, par les Comités nationaux et
par les particuliers.
Le Comité exécutif sera constitué auprès du président et composé
de trois ou quatre membres désignés préalablement par la Gonféreaœ
actuelle, et, plus tard, par la Conunission internationale.
Les membre/s du Comité se tiendront prêts à répondre à l'appel
du président.
Le président désigne un secrétaire général qui, par le fait même
de sa nomination, deviendra membre de la Conunission internatio-
nale et du Comité exécutif, ainsi qu'un trésorier.
Avant de se séparer» la conférence décerna à Tunanimité la
présidence de la commission internationale à Sa Hajesté le roi
des Belges, qui voulut bien l'accepter à la condition quechaqae
année le président serait changé dans le but d'affirmer le ca-
ractère international de Toeuvre. Le comité exécutif est com-
posé du docteur Nachtigal (Allemagne), de sir Bartle Frère
(Angleterre) et de M. de Quatrefages (France). Ce choix est une
garantie que Tœuvre sera dirigée dans les voies les plus larges.
11 reste maintenant à espérer que le monde civilisé, s'asso-
ciant à la noble pensée de Sa Majesté le roi des Beiges, eii
rendra la réalisation possible. Il faut aux voyages des res-
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U CONFERENCE DE BRUXELLES. 319
sources considérables, car le « métal si précieux » a partout,
sous une forme ou' une autre, sa « magique puissance ». Les
classes qui aspirent à être appelées dirigeantes, le haut com •
merce, l'industrie, voudront prendre part à cette croisade
d'un ordre essentiellement généreux et pacifique, mais dont
les résultats seront certainement aussi un accroissement de
la richesse du monde.
yGoogk
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ASIE
LE CHEMIN DE FER TRANSASIATIQUE
477. F. DE UocHSTETTER. ÂsieD, seine Zukunftsbahnen und seine Kohlens*
châtze. Ëine geographische Studie, etc.. 1 vol. avec une carte.
Vienne, 4876. A. Holder.
478. Dr. Polak. Article critique sur l'ouvrage de M. de lïocbstetter :
Asien, seine Zukunftsbahnen und seine Kohlenschâtze. Wien,1876
{MUtheil. der geogr. Gesellsch. in Wien, i876. vol. XIX, »•• 6 et
7, p. 401 à 403).
Il a paru également un bon article critique sur le livre de H. de
ochstetter dans le supplément du Wiener Abendpoitf 1876 (n** 241 , 242,
245). L'auteur en est le docteur D. de Grûn. — Autre article dans le
Schwâbische Merkurj suppl, 27 juillet 1876.
Si nous nous sommes attardés à l'Afrique, c'est qu'elle cons-
titue encore le continent par excellence des découvertes et
des inconnus. Les problèmes géographiques, pour ne parler
que de ceux-là, y restent nombreux. D'ailleurs, ce continent
qui s'ouvre au seuil de l'Europe, offre à l'activité et à l'ex-
pansion de la race blanche trois milliards d'hectares évidem-
ment destinés à jouer un rôle considérable dans la richesse du
monde.
L'Asie nous appelle maintenant, et ici encore nous voyons la
civilisation étendre rapidement son champ d'activité par la
L'kUmfS GÉ06R. zv. 21
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science, par le commerce, trop souvent aussi par les armes.
L'envahissement du continent asiatique a Heu, à la fois par le
nord où de proche en proche, à travers la Sibérie, les Russes
ont marché jusqu'au littoral de la mer du Japon, et par le sud
où la puissance britannique, de son côté, gagne du terrain et
veut maintenir libre sa route des Indes. L'Asie est ainsi prise
entre deux courants qui se heurteront peut-être un jour, mais
que n'arrêteront ni les gigantesques montagnes, ni les steppes,
ni les sables.
Une question de premier ordre pom* l'avenir de TAsie, on
peut même dire pour l'avenir diijnonde, aété nettemenl posée,
il y a quatre ou cinq ans ^, par un homme d'une haute auto-
rité, notre illustre compatriote Ferdinand de Lesseps : nous
voulons parler de l'ouverture d'un cheoùn de fer qui relierait
sept cents millions d'Orientaux à trois cents millions d'Euro-
péens.
Des entreprises aussi considérables que celle-là ne «auraient
entrer de plain-pied dans leur période de réalisation ; elles
veulent être examinées sous toutes les faces, mûries lentement,
et la solution la plus favorable ne saurait résulter que d'une
vaste étude à laquelle contribuent la science et les parties
intéressées ; c'est une sorte d'enquête de commodo et incom-
modo faite par les géographes et les économistes, les ingé-
nieurs et les statisticiens, les hommes politiques et les finan-
ciers. Actuellement, sans être grand clerc, on peut assurer
qu'il ï aura, quelque jour, au moins un chemin de fera travers
l'Asie centrale, que cette voie ira, comme le grand chemin
Américain, de l'Atlantique au Pacifique, mais nul encore ne
pourrait dire par où il passera, ni quand il s'exécutera.
A la fin de. Tannée dernière, quatre projets étaient en pré-
sence. Il est utile, peut-être, de les rappeler ici, sans tenir
compte des variantes de détail: i^ projet dit anglais (sir
H. Rawlinson et M. Scott Russel) : ligne Turco-Persane. —
1. Voir Année géographique, 1873 (p. 55).
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LE CHEMIN DE FER TRANSASIATIQUE. 323
2** projet dit français (MM. F. de Lesseps, Gotard et Stuart *) :
ligne Russo-ceiitre-Asiatique. Ces deux lignes oi»t comme
termes extrêmes l'Europe et Tlnde anglaise. — 3* projet dit
russe (colonel Bogdanowitch) : ligne Russo-Mongolienne. —
4'* projet dit allemand (baron de Richthofen) : ligne Russo-
Dzoungarienne. Ces deux derniers projets rattacheraient l'Eu-
rope à la Chine.
Depuis lors a surgi un projet autrichien, exposé dans l'ou-
vrage intitulé : Asien, seine Zukunftsbahnen und seine
Kohlenschâtze. L'auteur en est M. Ferdinand de Hochstetter,
président de la Société de géographie de Vienne. Résumons
sommairement le nouTcau projet. L'éminent auteur fait ob-
server tout d'aborJ, après un exposé des systèmes orogra-
pliiqiies de l'Asie centrale, que les conditions géographiques
de la contrée à traverser imposent aux lignes certaines direc-
tions générales : « Nous voyons ainsi l'Asie occidentale et
l'Asie orientale séparées l'une de l'autre par les chaînes de
montagnes les plus saillantes du globe, tout comme sont sépa-
rées l'Asie méridionale et l'Asie septentrionale. La direction
des lignes possibles de railways est donc déterminée par la
configuration naturelle du sol, de telle sorte que, devant ce
nœud oii se rencontrent les chaînes de montagnes du centre
de l'Asie venant de l'est, les lignes de chemin de fer dirigées
de l'ouest à Test doivent dévier soit vers le sud, soit vers le
nord, tandis que les lignes cheminant du nord au sud doivent
dévier à l'ouest ou à l'est. )) A vrai dire, la force dont les
ingénieurs disposent actuellement fait en quelque mesure
fléchir ces principes : les chemins de fer qui, de l'Ilalie,
gagnent la France ou l'Allemagne, ont bien su couper droit
au (ravers des Alpes.
Partant de Moscou pris comme centre des chemins de fer
russes, le projet de M. de Hochstetter prolonge la ligne de
Nijni-Novogorod vers Test, jusqu'à Ekaterinebourg et à ïiou-
1. Voir Année géographique, 1875 (p. îlî)»
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3M ASIE. N- 477-478
men, pour le diriger ensuite au sud, par Omsk, sur Semipala-
tinsk, centre des districts miniers de TAltaï, métropole du
commerce de TAsie centrale avec la Mongolie et la Chine. Une
nouvelle courbe Tinfléchit vers le sud, pour l'amener, à ti avers
le district de Semiretchinsk (des Sept Rivières), dans la vallée
de rUi, entre le lac Balkash et TIssi-Koul, à Wernojé (140 m.
d'altitude), point important des possessions russes sur les
pentes septentrionales du Thian-Shan. De ce point, le railway
quitterait la vallée du Tshou pour gagner celle du Talas par
la passe de Kastek (2280 m.), puis longeant le pied de la
chaîne Alexandre, direction est-Quest, il desservirait Âoulié-
Ata, Tchemkend et Tachkend. De cette dernière ville, à travers
la Boukharie et la vallée du Syr Daria, il atteindrait Balch et
Haimana, en Afghanistan, pour emprunter ensuite le territoire
persan et, par Mesched, Sharouhd, Téhéran, aller se raccorder
à la ligne Vladikaukas-Moscou.
On a de la sorte un chemin de fer circulaire de 9800 kilo-
mètres de développement, qui coupe les diverses lignes proje-
tées ; c'est ainsi qu'à Omsk, serait Tembranchement du projet
Bogdanowilch, qui a Pékin comme gare extrême (projet 3);
que, de Semipalatinsk, partirait le projet Ricbthofen, dirigé
sur Shanghaï (projet 4) ; que le projet de Lesseps et Go-
tard (projet 2), aurait son origine à Balch et s'achemine-
rait de là sur Peschawur; enGn, que le projet anglais
(projet 1), avec ses variantes, se souderait en quelque point
du trajet de la ligne à travers la Perse et la région du Cau-
case.
On fait, autour des grandes cités dont les traversées sont
coûteuses pour les voies ferrées, des chemins de fer de cein-
ture ; dans le projet de H. de Hochstetter, au contraire, on
évite la traversée des terrains sans valeur, des steppes et
des déserts du bassin aialo-caspien. A vrai dire, il est tout à
l'avantage des Russes dont il dessert les plus riches provinces.
Toutefois, l'auteur s'est préoccupé comme il le devait des
intérêts autrichiens, auxquels donnerait seul satisfaction le
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LE CHEMIN DE FER TRANSASIATIQUE. 325
projet anglais qui traverse la Turquie, TAsie Mineure et gagne
riiide par la Perse.
M. de Hochstetter ne se fait pas d'illusion sur les chances
de rapide exécution de ces lignes : « II faut, dit-il, reléguer
dans un avenir d'un lointain indéfini, la réalisation d'une
ligne ferrée directe continentale à travers la Turquie, la
Perse et rAfghanistan, jusque dans l'Inde. » Le raiiway circu-
laire qu'il propose, et dont un sixième est déjà exécuté (de
Moscou à Vladikaukas), lui semble devoir déterminer la
construction des chemins de fer turco-persans qui, prolongés
jusqu'aux Indes, compléteraient ainsi une ligne avantageuse
pour l'Autriche.
Il est probable, en effet, que la voie ferrée transasiatique
ne s'exécutera pas d'une seule pièce. Peu à peu et selon les
circonstances, les tronçons s'ajouteront les uns aux autres,
jusqu'au complet achèvement de la gigantesque ligne.
Quoi qu'il en doive êlrc, les géographes sauront gréa M. de
Hochstetter d'avoir consacré ses vastes connaissances à traiter
la question desdicmins de fer transasiatiques ; son étude est
de belle et bonne géographie, et la solution qu'il propose
n'est point à dédaigner. Elle est plus pratique peut-être, et
pourrait mener aussi vite à un résultat, qu'aucun des autres
projets mis en avant. Les économistes et les commerçants
trouveront, à la fin du livre de M. de Hochstetter, un chapitre
dont le charbon, ce c diamant noir » , fait le sujet spé-
cial.
C'est un exposé des ressources de l'Asie au point de vue
houiller. Il va sans dire que l'auteur est fort réservé dans ses
évaluations puisque, pour la plupart des contrées dont il parle,
les données précises manquent encore ; toutefois, des indica-
tions auxquelles on peut se fier établissent que la civilisation
n'est point encore menacée d'arrêt par le manque de combus-
tible minéral. On sait que cette crainte s'est produite il y .a
quelques années, et que le Parlement anglais Ta ressentie
puisqu'il a provoqué des calculs d'après lesquels le charbon
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d'Angleterre, au taux de la consommation actuelle, mant(uerait
en Tannée 3100.
Les hommes éclairés ne sauraient rester indifférents à une
question si grosse d'avenir que celle des chemins de fer asia-
tiques. Tout d'abord, au point de vue des voyages, il faut
constater, avec M. de Hochstetler, qu'une fois l'Asie traversée
comme l'est l'Amérique, par une voie ferrée, le tour du
monde entre les parallèles 20° et 50°, ne ser'\it plus qu'une
promenade de vacances. En deux mois anchirait deux
grands continents et deux grands océans ; gi e au conforta-
ble des paquebots et des chemins de fer, ce trdjet n'aurait
d'ailleurs rien de trop redoutable. Mais c'est là le moindre'
côté des choses.
Mieux vaut se représenter ce que gagnera le commerce,
à des relations rapides entre des centres de production
et de consommation tels que TEurope, l'Inde et la Chine.
L'horrible famine décime périodiquement- les populations de
ces deux derniers pays. Que de gens, sans compter ceux qui
meurent de faim, trouveraient leur compte à de prompts
transports de blé? Le commerce actuel de l'Europe avec la
Chine seule est évalué à trois milliards de francs. Quelles
proportions ne prendra-t-il pas quand il sera servi par de
puissants moyens, quand la rapidité des communications aura
mis à notre porte des contrées d'une richesse infinie? 11 ne faut
pas s'y tromper, d'ailleurs, les Chinois — c'est là un sujet
sur lequel nous aurons à revenir — les Chinois réservent des
surprises à l'Occident dédaigneux. Le jour oii l'initiative indi-
viduelle aura commencé à se développer chez eux, ils briseront
vite la torpeur où les maintiennent leurs lois et leur passé,
et sauront bien alors, commerçants avisés, se faire une place
dans le monde des affaires.
En attendant, il y a quelque intérêt pour la philosophie
de l'histoire à constater cette revanche de l'Occident refluant
vers l'Orient dont les hordes l'ont tant de fois envahi. La
victoire définitive n'est pas douteuse : les Indiens ont suc-
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ASIE MINEURE. 327
combe, les Persans et ce qui reste des Turcomans sont
réservés au même sort, malgré leurs défenses naturelles, et si
quelque chose doit sauver la société chinoise ce ne sera ni
sa hiérarchie de mandarins, ni ses traditions de séculaire
immobilité.
II
ASIE MINEURE
419. Grad (Charles). Projet de chemin de fer de la Méditerranée au
golfe Persique. — VExplortUeur, 111, 1876, p. 334.
fôO. Gros (F.). La Turquie d'Asie, Bagdad.— L'^x/j/oro/ewr, III, 1876,
p. 574.
481. Perrot (G.). Note sur la situation de Synnada. — Revue archéol.,
1876, p. 190.
482. RoBiov (Félix). Questions homériques. Paris, 1876, 1 vol. in-8».
Reconstitution, entre autres, de l'emplacement de Troie.
483. ScBLiEVAinf (H ]. Troia und seine Ruinen. Yortrag. Waren, 1876^
grand in-4*.
484. \jJL Rada t Delgado [don Juan de Dios de). Sobre su viaje a la
Troade en 1871. Boletin de la Sociedad geographica de Madrid,
t. I, 1876, n« 3, p. 203-219.
48b. Hercber (R.). Ueber die Homerische Ebene von Troja. AhhandL
der K, Akad, der Wissenach, zu Berlin, 1876, in-^"».
486. Smyrna's Handel und Schiffahrt in 1875. — Preutsische Handeh-
archiv,, 1876, p. 28.
487. Schweigbr-Lerchewfeld (Freiherr. v.). Zur Cultur des Safran in
Zafranboly in Anadoly. Oesterr. Monatschr, fur den Orient. Wien.,
1876, n« 11, p. 168-170.
488. Schweiger-Lerchenfeld (Freiherr. v.). Die Angora Ziege. Oester-
reich, Monalschr. fur den Orient. Wien, 1876, n" 6, p. 83-85
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528 ASIK. N-«a^
III
PALESTINE. SYRIE. LIBAN. SINAÏ
480. Baedekeb. Palestine and'Syria, 1876 (Nouvelle édition améliorée
et complétée). Londres, 1876.
490. Lié VIN (le frère). Guide-indicateur de la Terre-Sainte. Louvain^
1876.
Nouvelle édition d*un livre excellent, eous une forme naïve. Il e»t fait
par un homme qui connaît parfaitement le pays, pour y avoir vécu pendant
plusieurs années.
4^1 . MouDjiR-BD-DiN, Histoire de Jérusalem et d'Hébron, traduite par-
tiellement de l'arabe par Sauvaire. Marseille, 1876.
Ouvrage très-important, qui contient beaucoup de données géographi-
ques et topographiques.
492. DeSaulct, Notes sur la Pentapole maudite. Bévue archéologigue
(novembre 1875). Les ruines de Gomorrhe, lettre à M. Clermont-
Ganneau, Revue archéologique (novembre 1876).
495. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement. Janvier, avril,
juillet, octobre 1876. Au point de vue géographique, les plus
intéressants articles de ce recueil, sont : Early Christian topograpby,
page 11. — Proposed lexts for the survey, page 66. — The first
travcUer in Palestine, page 74 (C'est l'examen de la relation d'un
voyage accompli en Palestine par un officier égyptien delalO*
ou de "la 20* dynastie). Palestine before Joshua, p. 37. — The
Fertilly ol ancient Palestine, par le lieutenant Conder, p. 120. —
Samaritan Topograpby, par le lieutenant Conder, p. 182.
494. C. Clerhont-Ganneàu. Horus et saint Georges. Revue archéolo-
gique (septembre 1876).
A propos d'un bas-relief du Musée égyptien du Louvre, l'auteiu* de cette
note fait dériver du culte d'Horus le culte de saint Georges, qui 8*est de
bonne heure étendu sur toute TÉgypte et qui a pris en Syrie un dévelop-
pement considérable. C'est tout d'abord sur des considérations géographi-
ques que M. Ciermonl-Ganneau appuyé sa thèse. « Une base essentielle
sur laquelle je me suis, en dehors de l'iconographie, constamment appuyé
pour essayer de reconstruire celte fable étrangement déformée et transfor-
mée, c'est la localisation géographique ; il y a à observer, dans le déve-
loppement sémitique de celte légende, une véritable unité de lieux prê-
tant aux identifications obtenues une solidité qu'on ne saurait demander
aux rapprochements purement philologiques.
« Tout se joue sur un théâtre parfaitement circonscrit : la scène peut
être représentée par un triangle dont les sommets sont les trois villes de
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PALESTINE. SïaiE. LIBAN. SlNAl. 329
Palestine : Arsouf, Lydda et Asdoud, et dont le grand cdté est le rivage de
la Méditerranée au nord et au sud de JafTa.
« Le culte de saint Georges, qui s'est de bonne heure étendu sur toute
l'Egypte, a pris un caractère spécial et a reçu un développement considé-
rable en Syrie, où il a pour centre principal Lydda, la Diospolis des Gréco-
Bomains. »
Le triangle Asdoud (Echdod, Azote), Lydda (Diospolis) et Arsouf (Apol-
lonia), avec la Méditerranée comme grand côté, forme la contrée où s'est
surtout développé ce culte. Lydda, qui en a été le centre principal, avait
une porte dite de Dàdjoûn. Or, Djaddoun, identifié jusqu'ici à Beit-Djadian,
doit être, d'après Hauteur du travail que nous citons, Dàdjoûn, point re-
trouvé par lui en 1874. « D'anciens géographes arabes nous parlent for-
mellement d'une porte de Dàdjoûn à Lydda; entre Lydda et Yabné, l'Ono-
masticon signale un Capher Dagon qu'on identiûait jusqi'ici avec le village
de Beth Dadjan ; mais je crois que c'est un lieu appelé encore Dàdjoûn, que
j'ai retrouvé en 1874; Dàdjoûn répond beaucoup mieux, en effet, aux in-
dications deTOnomasticon. 11 se peut que le village se soit déplacé et ait
été transpoirté, de l'endroit aujourd'hui inhabité de Dàdjoûn. à Beil Dadjan ;
dans ce cas nous aurions une preuve pertinente extrêmement solide de la
transition phonétique de Dàdjoûn à Dadjdjàl, Dadjan fournissant un état
intermédiaire du mot. La forme archaïque Dàdjoûn se serait, comme de
coutume, conservée dans le nom de l'emplacement ancien. A ce compte, il
faudrait voir dans Dàdjoûn, non-seulement le Capher Dagon de TOnomasti-
con, mais [aussi le Beth Dagon, mentionné par le livre de Josué, dans le
territoire de Juda. »
D'après lui, également, le nom de la localité d' Arsouf serait dérivé de
Beseph, nom d'un personnage mythologique assimilable à Apollon et à
Horus. « Ce qui n'était qu'une présomption devient un fait certain par l'ob-
servation suivante : le nom moderne de la ville d'Arsouf, située au nord
et tout près de Jaffa, est formé régulièrement avec le nom du dieu Be-
seph; or les Grecs l'avaient appelée Apollonia, exactement comme, en
Egypte, Edfou, centre principal du culte d'florus, avait été nommé par
eux Apollonopolis, parce que Horus, dans leur Panthéon, correspondait à
Apollon.... Beseph est donc Apollon au même titre qu'Horus. »
Le point d'Arsouf prendrait ainsi une importance archéologique inat-
tendue et il y faudrait procéder, soit dans le sol, soit dans les traditions,
à des recherches dont les résultats seraient considérables.
Pour des raisons également philologiques, Esdoud peut cacher le nom
de Sed ou Set, c'est-à-dire le nom du dieu amphibie que combat Horus
dans le bas-relief étudié par H. Clermont-Ganneau.
La notice du sagace découvreur de la Stèle de Mesa fait apprécier la
portée pratique des recherches de l'érudition et la place qu'y tient
l'élément géographique.
495. Clermont-Ganneau. Deir Ebàn, the great Eben, and Eben^ha-ezer*
The Academy, 28 octobre 1876. Discussion sur les sites bibliques
du grand Eben, d'Eben ha-ezer et sur le trajet suivi par les Phi-
listins ramenant l'arche sainte d'Ëkron à l'imnath.
496. Glermoxt^Ganneav. La Palestine inconnue. Paris y 1876, in-8».
497. \. GuÉRix. Descinption géographique, historique et archéologique
de la Palestine, 2 vol. gr. in-8*, avec cartes et planches. Paris,
1875. Qiallamel.
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530 ASIE. N" 489-554
498. Y.-A. Malte-Brun. Compte rendu de l'ouvrage ci-dessus, au
Bulletin de la Société de Géographie^ ^876, p. 588.
499. MiBULET ET Derrien, capitaines d'état-major. Levés en Galilée
faisant suite à la carte du Liban, de Tétat-major français. Exé-
éutés en 1870.
II y a quelques années, à la suite des affaires, en Syrie, qui avaient
' déterminé renvoi d'un corps d'armée français, le Dépôt de la guerre
publia une carte du Liban (1/900,000*) ; l'œuvre de MJI. Hieulet et Der-
rien la prolonge vers le sud. Elle repose sur une triangulation qui assure
la jusle position des localités et des sommets.- Les mouvements du sol
sont rendus en courbes de niveau, avec de nombreuses cotes d'altitude.
Le terrain représenté est compris entre Safed, au nord-ouest du lac de
Tibériade, Nazareth, Gaïffa et le littoral. Celte carte d'un terrain trop
restreint sera néanmoins et certainement l'un des bons éléments de la
carte d'ensemble dont la Palestine Exploration Futld prépare la
publication. Il est regrettable que nos officiers, deui topographes
distingués, n'aient pas publié un mtooire — • dont ils ont les données —
sur leurs opérations. Les archéologues trouveront sur la carte de
Mtf. HieuTet et Derrien des signes pour les identifications avec les localités
signalées par la Bible, Josèphe, Pline, le Talmud et les histoires des
Croisades.
500. Debbs (Ërnst). Ueber die vom 4 Palestine Exploration Fund » aus-
gefûhrten Expeditionen zur Àufnahme und Erforschung PalSstina.
MiltheU, der Vereins fur Erdkunde zu Leipzig, 1876, p. iO(X-
101).
501. R. Metxb. tber die Amerikanischen Aufnahmen in Palastina.
Verhandlungen der Gesellsch. fur Erdkunde in Berlin, 1876,
vol. III. cah.4et5, p. 80 à 85).
502. Bergmarn (J.). Palastina und die angrânzenden Lander. Reichen*
berg, 1876, in- 8».
503. Vogué (comte E.-M. de). Syrie, Palestine, Mont-Athos. Article
critique dans VOesterr. Monatschr, fur den Orient, Wien, 1876,
u« 12.
504. Strauss (F.-N.) et Strauss ^0,), Die Lander und Stâlten der Hei-
ligen Sehrift, 2"»« édit. Leipzig, 1876, in-4«.
505. Jeïp. Jérusalem und das Heilige Land. Pilgerbuch nach PalSstina,
Syrien und ^gypten, 2« édit. Regensburg (Ratisbonne), 1875 et
187t),
506. PoYET(Mgr) et le P. Abougit. Notes sur la Terre Sainte, surtout
sur Jérusalem, XV à XIX. —le» Missions Catholiques. Lyon, 1876,
8» année, p. 165, '177, 190, 214, 226, 518.
507. Cook's. Touristes Handbook for Palestine and Syria.Xomioif, 1876,
in-12.
508. Wangemann (F.).Reise durch das Gelobte Land. 2« Ausgabe. Ber/in,
1876, grand in-8*.
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PALESTINE. S\R1E. LIBAN. SINAÏ. 331
509. (C. G.). A Fortnight's tour amonçst the Arabs on Mount Lebanon,
including a visit to Damascus, Baalbeck, tbe Cedars, etc. ^'ith
illustrations. London, 1876, iQ-16.
510. Bersers (Ch-H.).Two months in Syrie, in 1875, or réminiscences
of lentlife. fjondotiy 1876, in-8».
511. Tristram (H.-B.). Land of Israël : Journal of travels in Palestine,
3« é(Mt. London, 1876, in-8«.
512. Maddalbhjl (archevêque cathol. de Corfou). Un pèlerinage en
Terre-Sainte. — Les Missions Catholiques. Lyon, 1876, 8« année,
p. 598, 410, 422.
513. (J.). Walks about Jérusalem. A search after the land marks of
primitive Chris tianily. Cincinnati^ 1876, in-12.
514. DixoN (W. Hepworth). Recovery of Palestine. Tfie Goitleman^s
Magazine, 1876, numéro d'octobre.
515. Stou (Alban). Besuch bei Sera, Cbam und Japhet, oder Reise in
das Hei]ige Land. Freibourg im Breisgau, 1876, grand in-8».
516. RoDET (Léon). Sur le déchiffrement des inscriptions prétendues
anariennes de Tile de Chypre. Paris, Leroux, 1876, in-8».
Sn. Protz (H.). Aus Phônizien. Geographische Skizzen und liistorische
Studien. Leipzig, 1876, grand in- S».
Compte rendu de cet ouvrage, Zeitschr. der Geselli. fur Erdkunde,
1876, t. XI, nM, p. 78.
518. Offert (J,). Note sur Tinscription d'Esmunazar. Journal de la
Soc. asiatique de Paris, 1876, n» 2 (mars-avril), p. 381.
519. EuTiNo (Julius). Inschrift von Gébâl oder Gebaïl (Byblos) in
Pbônicien. Zeilschrifl der Deutschen Morgenland, Gesells, zu
Leipzig, vol. XXX, 1876, cah. I", p. 132-137.
520. Moller (David Heinrich). Die Harra Inschriflen im Hauran, ent-
deckt durch D' Wetzstein und ihre Bedentung. Zeilschrifl der
Deutsch. Morgenlând. Gesellsch., vol. XXX, 1876, cah. 3, p. 514-
524.
521 . V. NiEMBTER et ScHLOTTMANir. Eiu neugefundenes kleines Fragment
des Mesasteines (Moabiter). Zeitschr. der Deutsch. Morgenlând.
Gesells. zu Leipzig, vol. XXX, 1876, cart. 2, p. 321 à 329.
522. Berger (Philippe). Note sur les pierres sacrées appelées en phé-
nicien Neçib-Mylac-Baal. Journal de la Soc. Asiatique de Paris,
1876, tom. \III, n» 2 (août-septembre), p. 2à3 à 270.
523. Sayce (A.-H.). The site of Pithor. — The Academy, 1876, n» 228.
524. ZwiEOEMEK (J. von). Die deutschen Ansiedelungen in Palastina.
Oesterreich. Monalschr, fur den Orient. Wien, 1876, n» 2, p. 21,22.
En 1818, s'est constituée dans le Wurtemberg une secte religieuse
particulière, la Société du Temple, dont le but est de provoquer le retour
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332 ASIE. N- 489-534
au Christianisme primitif. Ne trouvant ni en Europe, ni en Amérique un
milieu favorable à la réalisation de son idée, cette Société s'est établie
sur la terre biblique. Recrutée au nombre de près de 5000 adhérents,
elle s'est constituée en quatre communes, dont trois, très-rapprochées
les unes des autres, à JafTa, Gipha et Sarona, au pied du mont Tbabor.
La quatrième est à Jérusalem. Groupés par 20, 30 ou M familles, les
nouveaux sectaires ont donné à la bourgade de Sarona et au port de
Gipha une certaine importance. Us exercent là divers métier^ ont établi
des moulins à vent, planté des vignobles, fondé des écoles. A laffa, la
Société du Temple a constitué une sorte d'école supérieure on s'appren-
nent les langues anciennes et modernes, les mathématiques, les sciences
naturelles, l'histoire, la géographie. Elle a établi aussi une banque de
prêt dont les opérations s'élèvent à environ 500 000 francs.
Malgré ses dispositions morales, son esprit de bienveillance et ses
succès agricoles qui ont transformé en jarJins des terrains autrefois
déserts, la Société du Temple est obligée de lutter contre le mauvais
vouloir des autres congrégations religieuses, et l'inertie des populations. .
525. Les Juifs à Jérusalem. Journal des Missiotis Évangéliques, 1876,
bi* année, numéro de décembre, p. 477-478.
526. DerNothstand der Syrisclien' Seiôencaitur, Oesterreich, Monats-
chrifl fur den Orient, 1876, Wien, n* 12, p. 188.
527. Devin (Ang.l. Les Maronites.— Les MUsions Catholiques. Jjjoh,
1876, 8» année, p. 431, 446, 458.
528. Rattrat (Harriet) Gountry life in Syria : passages of letters writ-
ten from anti-Lebanon. London, 1876, in-12.
529. BuRTON (Isabel). The inner life of Syria, Palestina, and the lloly
Land, 2* édit., 2 vol. Ijondon, 1876, in-8*.
530. Duna (G.) et Streich (T.-F.). Palâstina. Geographische Beschrei-
bung des Heiligen Landes. Plusieurs édit. Esslingen, 1876, in-8*.
551. Fraas (Prof. D' Oscar). DreiMonate am Libanon. Stuttgart , 1876
(Article critique de Fr. Toula dans Mittheil. der geogr. Gesellseft.
in Wien, 1876, vol. XIX, n« 11 (pages 598-599).
532, G.-M. DouGHTT. Die Sinaï-Halbinsel, nach dem Hscript des Autor,
ûbersetzt von J. Doblhof. MittheiL der geogr. Gesellsch. in
Wien, 1876 (pages 268-272).
533, De Lutkes (Le duc de). Voyage d'eiploration à la mer Morte, à
Pétra et sur la rive gauche du Jourdain, t. II. Paris, 1 vol. in-foL,
1876, chez Arthus Bertrand.
554. Lartet (Louis). Exploration géologique de la mer Morte, de la
Palestine et de l'Idumée, 1 vol. fol. 1876, avec de nombreuses
planches coloriées (Arthus Bertrand).
Un homme noble par l'esprit autant que pnr la naissance, le regretté
duc de Luynes fit, en 1874, Tesploration de la mer Morte accompagné de
tout un état-jnajor scientiGque engagé à ses frais. Nous avons vu paraître
cette année les deux derniers des volumes où sont consignés les princi-
paux résultats de l'exploration. L'un (533) est le tome 11 de la relation
yGoogk
PALESTINE. SYRIE. LIBAN. SINAÏ. 333
de voyagé, l'autre (534) est la partie géologique des observations. Le
premier de ces volumes renferme les précieuses notes d'un officier des
plus distingués. H. Vignes, alors lieutenant de vaisseau, reLtivcment à la
mer Morte et au Wadi-Arabah, c'est-à-dire à la zone de terre qui sépare
la mer Morte du golfe d'Akabah, sur la mer Rouge. M. Vignes donne
aussi l'itinéraire de Jérusalem à Damas par la rive gauche du Jourdain,
et la description de la route de Tripoli à Palmyre, avec les observations
météorologiques recueillies pendant toute la durée de la campagne.
Enfin le volume est terminé par la relation du voyage archéologique de
MM. Mauss et Sauvaire, architectes, de Jérusalem à Karak et à Chaubak.
Voici les principales positions déterminées par M. Vignes :
JtRUSAUlf.
Lai. 31», 46' 30" nord. — Long. 32», 53', 08 est.
Altitude aurdessus de la Méditerranée. 779 mètres. .
» an-dessus d« la mer Morte . • 1171 »
Dépression de la mer Morte 392 mètres.
» dulacdeTibériade. ... 189 »
Lat. 34», 32' 30" nord. — Long. 35», 54', 56" est.
Altitude 405 mètres.
Point de partage des eaux de la mer Morte et du golfe d'Akabah (mer Rouge),
2i0 mètres.
La partie géologique, traitée par M. Lartet, n*est pas moins intéressante
que les deux volumes de la relation. Le volume s'ouvre par un exposé *
descriptif de la région de la mer Morte, chapitre excellent pour la géo-
graphie physique de rOrient. Ceux qu'intéresse l'historique des explora-
tions géologiques en Palestine, en trouveront un fort complet dans le
deuxième chapitre du livre. La seconde partie est entièrement consacrée
5 une étude spéciale de la mer Morte, qui débute par des considérations
sur l'origine des lacs salés de djépression. M. Lartet réfute aussi l'hypo-
thèse d'une ancienne communication entre la mer Morte et la mer Rouge
à travers l'isthme d'Arabah. Il termine par une étude sur la salure et
les émanations bitumineuses de la mer Morte. De nombreuses planches
de géologie et de paléontologie complètent cette belle monographie
luxueusement éditée.
I i. Description géographique, historique et archéologique de la Palestine.
Un énidit voyageur français, ancien membre de recelé
d'Athènes, M. Victor Guérin, qui s'était déjà fait connaître par
des publications importantes sur les îles de Patmos et de
Samos, sur l'île de Rhodes, sur la partie du littoral de la
Palestine comprise entre le mont Carmel et Jaffa, enfin sur la
régence de Tunis, a entrepris une description géographique et
archéologique de la Palestine (497), œuvre considérable dont
la deuxième partie a paru en 1876.
yGoogk
334 ASIE. K*« 489-534
Les lecteurs nous sauront gré de rappeler d'abord en quel-
ques mots, pour faire apprécier Tensemble de l'œuvre, ce
qu'en était la première partie, publiée en 1869. Avant de
prendre la plume pour composer cet ouvrage, M, V. Guérin
avait visité à trois reprises le pays qu*il voulait décrire. La
première fois (1852), il n'avait étudié que les grandes roules
fréquentées par les pèlerins et les caravanes. La deuxième
fois (1854), au cours d'une autre mission, il avait débai^qué
en Palestine et, sortant des voies battues, il avait fait en Sama-
rie et en Judée une- exploration qu'il dut interrompre pour
se rendre sur le terrain spécial de sa mission. En 1865, à
son troisième voyage, il accomplit une exploration méthodi-
que et complète de la Judée, jusqu'au désert qui la sépare de
l'Egypte. Des investigations analogues commencées en Samarie,
puis continuées dans la haute et la basse Galilée, furent malheu-
reusement interrompues par la maladie qui contraignit l'ex-
plorateur à rentrer en France.
Avant de retourner une quatrième fois sur le terrain, il
publia, en trois gros volumes, le résultat de ses explorations
en Judée. Une carte qui accompagne cette publication
permet de s'orienter dans le réseau complexe des marches
multipliées du voyageur.
Dans le premier volume, M. Guérin décrit les trois routes
entre Jaffa et Jérusalem, indiquant pour chaque localité son
état actuel, son passé, les souvenirs ou les traditions qui s'y
rattachent, discutant et contrôlant avec soin les textes qui s'y
rapportent. Il décrit aussi les principaux environs de Jérusa-
lem, se réservant de revenir plus tard sur la topographie et
l'archéologie de la Ville Sainte.
Le second volume est consacré à l'immense plaine occupée
jadis par les Philistins, de Jaffa à El-Arich, l'antique Rhinoko-
loura. Les cinq centres de la pcntapole philistine, les ruines
de Serar où, d'après la Bible, séjournèrent Abraham et Isaac,
les restes solitaires d'El-Rhalasah (l'ancienne Elusaj, Bir-es-
Seba, la Bersabée des livres saints, sont successivement visités
..gitizedby Google
PALESTINE. SYRIE. LIBAN. SINAÏ. 335
par l'explorateur infatigable'; il traverse ensuite la partie
occidentale des monts de la Judée, s'arrétant à chaque pas
pour consulter des ruines déjà connues ou qu'il élait le pre-
mier à visiter.
Le territoire de la tribu de Benjamin occupe les premières
pages du troisième volume, que complètent une étude sur le pla-
teau oriental du massif de Juda, et une description minutieuse
d'Hébron.
En 1870, diargé encore d'une mission par le Ministère de
l'Instruction publique, M. Guérin repartait avec MM. Mieulet
et Derrien, capitaines d*état-major, auxquels nous devons une
excellente carte de la Galilée dont il a été question plus haut
(499). Les résultats de cette nouvelle mission ont été consignés
dans l'ouvrage indiqué au n® 497.
Us sont relatifs au pays actuel de Naplouse, à l'ancienne
Samarie, dont l'historien Josèphe faisait une description sédui-
sante qui n'est plus aujourd'hui l'expression de la stricte
vérité. Nous voyons M. Guérin visiter successivement les ruines
des villes du Carmel et de la cité même de Carmel qu'il iden-
tifie avec la localité moderne de Kharbet-Doubeul, le mont
Garizim et le mont Ë'Bal, auxquels se rattachent tant de sou-
•Tenirs bibliques, puis le moutGelboé et la gracieuse Naplouse
(Flavia Neapolis), qui a remplacé l'antique Sichem ; il donne
une intéressante description de Kaisarieh (Caesarea), assimile
le village de Sanour à la Béthulie de l'Ancien Testament, et
constate une fois de plus, d'après le dire des indigènes, que le
Nahr-Zerkha, petit cours d'eau sans importance, renferme
encore des crocodiles, comme aux temps de Pline et des Croi-
sades. C'est pendant celte exploration que notre voyageur a
visité, pour la seconde fois, des excavations sépulcrales où il
croit retrouver le tombeau de Josué et celui des Machabées.
A peine avait-il publié la deuxième partie de sa description,
que M. Guérin reprenait pour la cinquième fois le chemin de
la Palestine, avec une nouvelle mission du Ministre de Tin-
struction publique. Pendant sept mois consécutifs, par des
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336 ASIE. N<» 489-534
chaleurs suffocantes et malgré le choléra qui sévissait sur une
partie de la contrée, il a continué ses pénibles investigations.
Les principaux résultats en ont été consignés dans des rap-
ports, encore inédits, au Ministre de Tlnstruction publique. Le
premier est surtout relatif à Texamen de Kharbet-el-Medieh,
TantiqueModin, dont M, V. Guérin, en 1870, avait signalé un
monument comme étant le tombeau des Machabées. Il persiste
dans cette attribution qui a été contestée par les explorateurs
anglais.
Le second rapport nous conduit en Galilée. L'auteur com-
mence Tétude de ce pays par la plaine d'Esdrelon, puis au delà
du Jourdain, il explore tour à tour les ruines de Tabakhat Fahil,
l'ancienne Pella, qui fut Tune des villes principales de la
Pérée ; Oumm Keis, jadis Gadara, dont les ruines imposantes
attestent la splendeur passée, et dont la nécropole égalait en
étendue et en magnificence la cité des vivants ; Amatha, célèbre
station thermale de l'antiquité, Aphek, et Gamala, aujourd'hui
Kalat-el-Hasen. M. Guérin étudie ensuite les environs du lac de
Tibériade, et parcourt les localités ruinées ou encore debout,
qui étaient situées entre le lac de Tibériade à l'est, et Nazareth
à l'ouest.
L'exploration des montagnes de la basse Galilée, de la plaine
de Saint-Jean d'Acreetle commencement de l'étude delà haute
Galilée, forment le sujet du troisième rapport de M. Guérin.
Dans un quatrième rapport, enfin, il donne des détails
circonstanciés sur Tyr et ses différents ports. Par un itinéraire
très-sinueux et recoupé, il se transporte sur le sommet du
grand Hermon d'où l'œil peut embrasser presque toute la
Palestine ; il visite Damas, Abila, Chalas, Ball3ek, pour termi-
ner sa laborieuse mission par l'étude d'une grande partie du
district de Saïda, l'ancienne Sidon.
Au cours de son dernier voyage, M. Guérin a visité 800 loca-
lités plus ou moins importantes, dont plus de la moitié sont
actuellement inhabitées, et dont une centaine ne figurent sur
aucune carte. La Description de la Palestine de M. V. Guérin
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PALESTINE. SYRIE. LIBAN. SINAÏ. 357
constituera, dans son ensemble, un document considérable,
auquel devront toujours recourir désormais les voyageurs
comme les érudits qui porteront leurs recherches sur une
contrée intéressante à tant de titres.
I 2. — Travaux du Palestine Exploration Fund.
Le répertoire critique de Titus Tobler cite plus de quinze
cents ouvrages différents sur la Palestine, et cependant, dit
M. Ë. Debes, dans sa communication à la Société géographique
de Leipzig (500), la Terre-Sainte n*a pas encore été l'objet d'une
exploration systématique et continue. La carte du pays est
encore à faire, celle de Van de Yelde ne reposant pas sur des
levés réguliers. De 1860 à 1870, le Palestine Exploration
Fund a travaillé à combler cette lacune. Ses premiers travaux
ont porté sur Jérusalem, dont un levé a été fait à Téchelie
de 1/2500. Puis ont été effectués des nivellements enîre Jaffa,
Jérusalem, la mer Morte, l'étang de Salomon. Tous ces pre-
miers travaux, avec quelques reconnaissances sur le haut
Jourdain, ont été consignés dans Touvrage de MM. Wilson et
Warren, The Recovery of Jérusalem.
En 1871 fut conçu le projet d'uue triangulation d'ensemble
de la Terre-Sainte en deçà du Jourdain, et les levés dont on a
pu voir des spécimens à l'exposition du Congrès géographique
de Paris en 1875, furent commencés à l'échelle de 1/63 360.
Le pays dont il s'agit de dresser la carte a environ
15500 kilomètres carrés. Les trois quarts de celle superficie
sont levés ; ils comprennent la Judée méridionale et le nord
de la Galilée.
Outre la topographie, on a fait la géologie de la contrée; on
s'est occupé des mines, de l'histoire naturelle, de la météoro-
logie. Un second ouvrage intitulé Our Work in Palestine a
résumé cette série de travaux. Depuis 1870, un recueil trimes-
triel spécial, le Quarterly Statement, met les lecteurs au
courant des travaux accomplis pour le compte du comité de
l'amhéb géocr. xy. ^ ,,.^.?2__3Qle
338 ASIE. K** 489-534 .
Palestine. La carteà 1/65 360 est déjà en cours d*cxécution.
Elle aura vingt-six feuilles dont chacune sera accompagnée
d*un mémoire sur la géographie et la topographie bibliques
ainsi que sur Tarchéoiogie. Une liste en arabe et en anglais
donnera tous les noms de villes, localités, ruines, tombes, et
particularités physiques du pays ; des chapitres de ces mémoires
seront consacrés aux légendes et traditions et à la géologie.
Une carte réduite à d/190 080 complétera la grande carte.
Pour les opérations sur le terrain qui se continuent, le capitaine
Kitchener, des ingénieurs royaux, a été désigné en rempla-
cement du major Wilson appelé à d'autres fonctions.
On sait qu'aux États-Unis s'est également constituée une
société d'exploration de la Terre-Sainte. Elle porte plus spé-
cialement ses recherches sur la rive gauche du Jourdain.
Jusqu'ici le public a été peu renseigné sur ses travaux. Tou-
tefois on trouve dans le numéro d'octobre i 876 du QuarUrly
Stdtement, une lettre où le révérend Selah Merrill rend
compte des explorations qu'il a faites entre le lac de^Tibériade
et la mer Morte ; c'est surtout dans le sens de l'archéologie
biblique qu'elles ont été dirigées.
On trouve également, dans la Zeitschrift (501) de la Société
de géographie de Berlin, l'aperçu d'un voyage exécuté de
septembre à novembre 1875, par une mission chargée de
reconnaître le terrain sur lequel porteront ultérieurement les
opérations de la Palestine Exploration Society. L'un des
premiers soins de la mission a été de faire l'ascension du Kasr-
Hantar (3000 mètrts), sommet culminant de l'Hermon, d'oii
la vue embrasse un horizon immense. Après avoir parcouru
les environs de Banias^ visitant la principale source du Jour-
dain dans le Tell-el-Kadi, ainsi que les curieux châteaux de la
contrée» la mission a abordé la rugueuse et difficile Ledja
Trachonitide, dont la formation volcanique s'annonce déjà à
une lieue de Banias. Là, grâce à des relations avec les Druscs,
les vopgeurs purent étudier les ru'mes bien conservées du
beau temple grec de Mismieh, et les ruiues uou moins reoiar-
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TALESTINB. SYRIE. LIBAN. SINAÏ. 339
quables de Kanawat, sur les versants occidentaux de THauran ;
ils gravirent le pic volcanique de Kouiaïb-Hauran, dont l'alti-
tude fut déterminée à 1768 mètres. De Bosra, au sud-ouest
de THaurau, ils firent une excursion sur Oum-el-Djemal, puis
se portèrent sur Djerash dont les monuments, contemporains
du deuxième ou du troisième siècle après J. C, ont été bou-
leversés par des tremblements de terre ; ils attestent le passé
d'une grande cité. Là plusieurs des membres de la mission
furent sérieusement éprouvés par les fatigues et le climat.
La reconnaissance se poursuivit néanmoins vers le sud, par
Es'Salt, Rabbat-Amman, Hesbon, mais il fallut, vu la saison,
renoncer à aller jusqu'à Kerak; El-Haïn, à l'ouest de la mer
Morte, marqua l'extrémité sud du voyage dont les dernières
journées furent consacrées à remonter la vallée du Jourdain.
De nombreux documents, entre autres une abondante col-
lection de photographies, ont été recueillies par les explora-
teurs, et on annonce qu'une publication accompagnée d'une
carte permettra d'apprécier les résultats recueillis pendant
l'intéressant voyage dont nous venons d'esquisser l'itinéraire.
§ 3. — Le Liban.
11 y a quelque dix ans, M. Fraas, un géologue bavarois,
croyons-nous, rapportait, dans un ouvrage intitulé Au$ dent
Orient t ses observations sur le Nil, la presqu'île de Sinaï, la
Syrie. Un nouvel ouvrage du même auteur» Drei Monate am
LibaruMj nous conduit cette fois au Liban que H. Fraas, sur
l'invitation de l'autorité turque de la province ^ a visité pout
en étudier les ressources minières. « Ses descriptions, dit
M. Franz Toula, — dans un compte rendu de ce livre, inséré au
recueil de la Société géographique de Vienne (531), — sont
pittoresques et pleines d'originalité ; l'auteur saisit d'un coiip
d'œil sûr et sérieux le degré de civilisation de la contrée» et
trace d'un pinceau brillant le tableau des hommes et du pays; i
M. Fraas conduit en particulier le lecteuf sdus ces fameux
5i0 ASIE. N- 489-554
cèdres qui, pour une foule de personnes, sont la caractéris-
tique, peut-être la seule notion du Liban. Les restes de la
forêt de cèdres occupent le versant occidental du mont
Mekmel, à une altitude de près de 2000 mètres; massés
sur sept collines de détritus rocheux provenant d'anciennes
moraines, les vénérables arbres sont au nombre de 377 et
occupent d 00 000 mètres carrés. Le plus grand a 13 mètres de
circonférence. Les sujets les plus anciens ont 2000. ans, les
plus jeunes ont deux siècles.
En dehors de cet espace, on ne rencontre plus un seul cèdre.
Quand on s'élève sur les montagnes, on trouve une flore al-
pestre de rhododendrons, de saxifrages, de pavots jaunes, de
jusquiames d'un rouge brun, de scylles, de crocus, etc.
Dans les régions basses, de 1000 a environ 1500 mètres,
règne la zone des bois à feuilles caduques, le noyer, Tabri-
cotier, le pêcher et la vigne. Au-dessous de cette zone crois-
sent l'olivier et les arbustes à feuilles persistantes, le figuier,
le mûrier. Enfin, la zone inférieure est caractérisée par le
cactus-figuier {Opuntia ficus indica) et par le dattier (Phœnix
dactylifera). Le palmier ne quitte pas la côte.
§ 4. — La Péninsule sinallique.
Cette péninsule qui s'avance entre le golfe de Suez et le
golfe d'Akhabah, mériterait, à vrai dire, plutôt le nom de cap.
Un explorateur anglais, M. C.-M. Doughty a communiqué au
baron J. de Doblhof des notes manuscrites que ce dernier a
reproduites dans le recueil de la Société géographique de
Vienne (532) et qui sont loin de manquer d'intérêt.
» Le Sinaï se compose d'un noyau central, d'origine plutoni-
que, sur lequel reposent des couches de grès et de calcaire. Le
milieu du massif est sillonné de vallées en labyrinthes, cou-
vertes de sables et de blocs de rochers jetés pêle-mêle. Ces
vallées présentent aussi des remparts et des collines de sable
qui résultent d'affaissements et, de loin, offrent l'aspect de
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PALESTINE. SYRIE. LIBAN. SINAÏ. 341
constructions. D'après M. Doughty, le Sinaï serait une terre
émergée à une époque géologique récente. Il n'a trouvé de
fossiles qu'à Tor. En revanche, il a vu un grand nombre de
perched blocks^ qu'il ne considère point comme blocs erratiques
au sens ordinaire de ce terme, c'est-à-dire comme blocs
charriés par des glaciers. Les vallées où ils se trouvent sont,
il est vrai, lissées et polies, mais c'est par l'action des sables,
qui tiennent une place considérable dans la structure du
Sinai.
M. Doughty donne aussi d'intéressants détails sur les
noamas arabes (cabanes à moustiques) du Sinaï. Ce sont des
constructions basses, de forme généralement ronde ou ovale,
de onze ou douze pieds de diamètre et sans autre ouverture
qu'une porte grossièrement taillée. Les gros blocs qui les
composent sont assemblés jointivementj sans mortier.
De nos jours, les Arabes utilisent ces cabanes comme caveaux
pour leurs morts. D'après eux, le territoire desséché qu'elles
occupent était naguère arrosé et peuplé ; mais d'innombrables
essaims d'insectes tourmentaient les habitants, qui construi-
sirent les noamas pour y chercher un refuge la nuit. On trouve
les cabanes à moustiques deux à deux ou assemblées en plus
grand nombre, mais toujours sur les points les plus solitaires
et les plus désolés. Jusqu'ici aucun objet n'a été trouvé dans
l'intérieur de ces habitations, et difficilement on peut leur
assigner une date. Le chmat est tel que les pierres conservent
leurs arêtes vives, aussi les noamas peuvent-ils être aussi bien
de construction ancienne que de construction récente. L'au-
teur de la note émet l'hypothèse que les noamas auraient été
les huttes des Ermites qui, depuis le temps d^Antonius,
s'étaient établis dans tous les déserts égyptiens.
Les Arabes du Sinaï ont la peau d'un rouge foncé, qui tourne
au brun noir après la cinquantaine. Ceux que M. Doughty a
vus sur le bord de la mer étaient noirs comme des nègres,
vivaient sans toits ni vêtements, et se nourrissaient d'une
manière fort précaire.
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542 ASIE. K- 489-534
*% Montagnes des Édomites. (T
Au nord du golfe d*Âkhâbah, dans son prolongement, s'étend
du sud au nord, jusqu'à la mer Morte, la vallée dite Ouady
Arabah ; elle est dominée à Test par les montagnes des Édo-
mites ou de Seïr, parcourues également par le voyageur auquel
nous sommes redevables des détails qu'on vient de lire au
sujet du Sinaï. Le Djebel Scherrah — c'est le nom que les
Arabes donnent à cette cliaîne — est une région de hauts
plateaux calcaires, longue de trois journées de marche, et
large d'une journée. Les Européens ne visitent pas celte région,
favorisée au point de vue des eaux et du climat. Elle fut, dans
l'antiquité, cultivée et bien peuplée ; partout on voit des restes
de villes et villages — les Arabes en comptent 560 — con-
struits en gros blocs de silex et de calcaire. Quelques-uns de
ces groupes de ruines présentent même un édifice régulier,
avec voûtes en plein cintre, qu'on peut attribuer à des archi-
tectes romains.
A l'est des montagnes des Édomites, près de la ville de Maân,
en Idumée, sont de célèbres villes troglodytes que l'insécurité
du pays a empêché M. Doughty de visiter. Il n'en révoque
pas en doute l'existence. Plusieurs personnes, y compris le
pacha de Damas, lui en ont parlé comme de demeures sembla-
bles aux demeures rupestres de Petra. On pourrait à la rigueur
attribuer aux unes et aux autres les mêmes maçons. Au-dessus
de chaque porte sont sculptés une inscription et un oiseau de
proie aux ailes déployées.
Les centres des Troglodytes sont appelés par les Arabes
hedjer (enceintes de pierre) et par les pèlerins sahlih (peut-
être une corruption de Salah, nom biblique de Petra). Bur-
khardt en avait eirtendu parler, mais ne les avait pas visitées.
Selon M. Doughty, les inscriptions des villes troglodytes de
l'idumée doivent ressembler à quelques inscriptions qu'il a
trouvées à Petra* Une visite à ces villes serait sans doute
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CAUCASE. ARMÉME. 345
d'un haut intérêt pour l'histoire biblique; on ne pourrait trop
attirer là-dessus l'attention du Palestine Exploration Fund.
IV
CAUCASE. ARMÉNIE
J535. MiANSAROF. Bîbliographia Gaucasica et Transcaucasica. Essai d'une
bibliographie systématique relative au Caucase, à la Transcaucasie
et aux populations de ces contrées. Saint-Pétersbourg ^ 1874,
ln-8% t. I.
Commencement d'un ouvrage considérable qui doit être signalé ici
bien qu'il ne soit pas de 1876. *
536. Radde (Dr. G.). Yorlâufiger Bericht fiber die im Jahre 1875 ausge-
iûhrten Reisen in Kaukasien und dem Armenischen Hochlande.
Mittheil, de Petermann, 1876, lY, 139-152.
Rapport provisoire sur de nouvelles explorations d'un voyageur bien
connu par les services qu'il a rendus à la géographie du Caucase, Je
docteur Radde 11 a voyagé, cette fois encore, avec le docteur Sievers,
géologue. A leur expédilion s'étaient joints deux entomologistes, le docteur
K. Fiersen et le docteur F. Morawitz, et un numismate, M. Brûning,
consul allemand à Tiflis.
537. TscHERNY (J.-J.). Voyage dans le Caucase et en Transcaucasie.
Isvcstiïa de {a Section du Caucase de la Société géographique
russe, 1874, vol III, cahier 4.
538. Geyeksbdrg [Cari H. von]. Meine Reise in der Kaukasus in den
lahren, 1871-1872. Mannheim, 1875, in-8». Article critique
étendu dans les Isvestiïa de la section du Caucase de la Société
géographique russe, 1876, vol. lY, n*> 3, p. 164-175.
539. Ferrovie del Caucaso. Bollett, délia Soc. geogr. italiana. 1876,
mars, p. 139-141.
540. W. Fabritius. Baku als Centralpunkt des Ueberland Wegs nach
Indien. Russische Revue de Rôttger, à Saint-Pétersbourg, 1876,
n- 11, p. 421-444.
L'auteur de cet article fait observer qu'un arc de grand cercle, c'est-à-
dire la ligne théoriquement la plus courte, entre TEurope centrale et
l'Inde, passe par le Caucase; par là également devrait passer le chemin
de fer entre l'Occident et l'Orient. Cette voie reliée à celle de Yladikaukas,
longerait la côte occidentale de la mer Caspienne, pour arriver à Bakou,
se diriger sur Téhéran, Ispahan, Bender-Abbas, suivre ensuite le littoral
du golfe Persique et se souder enfin au réseau de l'Inde, au fort Hanoura
sur rindus. D'après M. W. Fabritius, le tracé long de 3500 kilomètres à
yGoogk
541 ASI£. N-&35^560
panir de Bakou, ne présenlerait de difCcnltés d'établissement que pour
s'élever sur les plateaux de la Perse, et pour la traversée des chaiaes qui
séparent Ispahan du golfe Persique. Le lilloral de la mer Caspienne est
assez riche en produits naturels et manufacturés pour justifier et défrayer
la création d'un chemin de fer.
541. Chodzko (J.-J.)- Souvenir d'une excursion au grand Ararat, en
1850 (en russe dans Isvestiia de la Section caucasienne de la
Société géographique russe, 1876, vol. IV, p. 157-169).
Le général Chodzko est l'éminent géodésicn qui a exécuté la belle
triangulation du Caucase. L'Ararat (5157 mètres) étant l'un des plus
importants sommets des triangles, l'exactitude de l'opération voulait qu'on
fît l'ascension de ce sommet pour diriger, de là, des visées sur les
sommets cnvironnauts. L'ascension eut lieu en 1850.
542. François (D' Jules). Le Caucase et ses eaux minérales. Paris, 1876,
in-8'*, et Comptes rendus de V Académie des sciences, n** 22
(29 mai 1877).
Par or^re de l'empereur de Russie, l'auteur a accompli, en 1874-1875,
une mission qui consistait à rechercher les sources minérales au Caucdse
et à en préparer l'exploitation. Ses conclusions sont que, sur un espace
relativement restreint, les eaux minérales du Nord-Caucase ont les
analogies les plus remarquables avec les eaux de l'Europe occidentale.
543 Lakgb (le D' C.)> Sources minérales du Caucase. Article critique.
Isvestiïa de la Section caucasienne de la Société géographique
russe, 1876, vol. IV, cah. 3«.
5ii. ScuREKK (le pasteur Fr.). Histoire et tableaux des colonies al-
lemandes dans la Transcaucasie. Pour la célébration de leur jubilé
de cinquante ans de durée. Tiflis, 1869 (article critique dans
VIsvestiïa de la Section caucasienne de la Société géographique
russe, 1875, vol. lY, n- 2),
545. Telfer (J. Buchan), The Crimea and Transcaucasia ; being a
narrative of a journey in the Kouban, in Gourih, Georgia, Arrae-
nia, Ossety, Imeretias, Swennety, and Mingrelia, and in tbe Tauric
range, avec 2 caries et de nombreuses illustrations, 1876, 2 vol.
in-8<*. London.
546. Ker (David). Is it possible lo unité the Black sea and the Caspian?
Geograph. Magazine, 1876, n» 1, p. 11 à 13.
Celte question sera examinée avec celle de la communication entre la
Caspienne et l'Aral.
547. Hastzsche (D' J.-C). Aschurada, études des pays caucasiens.
. XII* Rapport annuel de l'Association scientifique de Dresde.
' Partie scientifique, 1875, p. 80-88. Traduit en russe sous le nom
d'Aschir, dans VIsvestita de la Soc. géogr. russe, Section du Cau-
case, 1876, vol. IV, livrais. 5«.
548. Description de plusieurs îles de la mer Caspienne, surtout de
l'ile Tscbetscheff dans le bassin N. 0. de cette mer et de Tiie
yGoogk
CAUCASE. ARMÉNIE. 545
Loss, dans la pai*tie S.-O. hvestifa de la Section du Caucase delà
Société géographique russe, 1870, vol. IV, cah. 3«.
L'ile de Loss est particalièrement intéressante par ses éruptions volca-
niques, qui sont en rapport avec les sources de naphle éternelies de
Bakou. Cette partie de Varticle est empruntée au Journal de Bakou.
5i9. FuGHs (P.l. Description ethnologique des Ossétes. Ausland, 1876,
n- 9. p. 161-166.
Cet article est rédigé d'après un mémoire russe du docteur Pfaff.
550. Patkanow. Ueber die wahren Urbeber der a Armenischen Geo-
graphie » des Pseudo Moses von Rhorene, und der < Christlichen
Topographie» des Pseudo-Cosmas-Indicopleustes. Russische Revue,
1876« art. X, p. 335. — Discussion dans le sein du Congrès des
Orientalistes, 1-13 seplembr. 1876.
551 . Weidekbauii (J.). Observations sur les armes datant de Tftge de
pierre trouvées dans le Caucase. Isvestiîa de la Section du Cau"
case de la Société géographique rmse, 1874, vol. III, n« 4).
55*2. Le même : Sur les avalanches des glaciers du Kasbek [ibid.,
1875, vol. III, n- 5).
553. Weidewbauii (E.). Observations sur l'usage delà pierre et des mé-
taux chez les peuples csMcasiens^svestita de la Section du Cau^
case de la Soc. géogr. russe, 1874, vol. III, p. 115-123, et 1876,
vol. lY. p. 121-147),
554. Nasackw (Nicolas von). Kaukasiens Berginduslrie. Oesterreich.
Monatschr. fur den Orient. Wien, 1876, n° 12, p. 189-190.
Les sources de naphte et de pétrole sont Tane des richesses de la
région caucasique. On sait qu'une zone de ces sources règne au nord du
Caucase et autour de la mer Caspienne, sur le tt^rritoirc russe et le terri-
toire persan. D'après divers géologues le nord-ouest du Caucase serait
plus riche encore que les abords de la mer Caspienne en sources de
naphte et pétrole. Malheureusement les conditions industrielles et com-
merciales de la contrée ne comportent pas une exploitation régulière.
Comme richesse au point de vue de ces source;;, le premier rang ap-
partiendrait au territoire des cosaques du Kouban, sur l'une et l'autre
rive du fleuve, y compris la presqu'île du Taraad. L'exploitation en a été
jusqu'ici entre les mains des particuliers. On cite un propriétaire,
M. Novossilxoff, dont les sources fournissent 10000 à 15000 pouds * de
naphte par jour.
Quant au pétrole, c'est aux sources plus étendues de Bakou que se
rattachent celles du territoire du Terek, du Daghestan et du gouverne-
ment de Tiflis. Toutefois, Teiploitation et l'épuration en sont si défec-
tueuses que la Russie tire de l'Amérique du Nord la majeure partie de
ses pétroles. Depuis quelques années seulement, des Sociétés se sont
constituées pour l'exploitation des pétroles de Russie.
Le rendement actuel du naphte est évalué à près de deux millions et
1. Le poad vauliekil. 381.
yGoogk
346 ASIE. N- 535-560
demi de pouds (près de 40 millions de kilugr.)*. On trooTo aussi dans
l'intérieur du pays de puissantes couches de minerais de fer, également
peu exploitées. Les minerais der cuivre sont exploités dans les mines de
Kedabekaky, Kawartsky, Kalorsky et Ssitsimadansky. La .plus grande
quantité de euivre du Caucase prend le chemin de l'Angleterre et de
Télranger en général ; il en reste peu en Russie.
Le rendement de l'or et de Targent, au Caucase, est insignifiant. La
seule raine d'argent en exploitation est celle d'Alaghir dont la renommée
est ancienne.
Les mines de plomb, en revanche, sont riches. On trouve aussi du
cobalt exploité par une importante usine qui donne annuellement plus
de 40 000 kilogrammes de cobalt pur.
Les mines de sel gem ne de Kulpinsky et de Nachitchewansky, dans la
Transcaucasle russe, peuvent être comparées aux meilleures mines de
l'Autriche.
Quant aux houillères, les seules qu'on exploite actuellement sont celles
du Kouban et du Karadaksky.
555. Statistiche Nachrichten ûber der Zustand des Industrie in der
Kaukasischen Statthalterschaft, im 1875. Preuss. Handelsarchiv.
1876, p. 50 et suiv.
556. Handel und wirthschafftliche Zustânde der Kaukasischen Statthal-
terschaft, in der Jaliren 1872 und 1873. PreussUch, BandeU-
archiv.f 1876, n« 217 et suiv.
557 . Statistische Nachrichten ûber der Weinbau in der Kaukasischer
Statthalterscbaft. Preuss, Handelsarchiv,, 1876, n«19.
558 . Der Weinbau im Kaukasus. Russische Revue de RôUger, 1876, cahier
2, p. 203 à 206).
L'invasion du phylloxéra sur les vignobles de l'Ocddent donne un in-
térêt particulier à l'étude des points du globe où se cultive la vigne. Voici,
d'après la Russische Revue de RôUger^ le résumé de la produciion du vin
dans le Caucase et la Transcaucasie.
Territoire du Terek (rayons de Kisliar et Terek et plaine de la KoomaK
— 2921015 eimer*.
Gouvernement de Stavropol. — 259582 eimer.
Territoire de Kouban. -> 5965 eimer.
District de la mer Noire et rayon de Soukhoum. — 50000 eimer.
Gouvernement de Koutais (rayoa d'Imérétie, de Ragbino-Legoum, de
Gourie, de Mingrélie^. — 2803600 oimer.
Gouvernement de Titlis (Kakhélie, cercles de Tiflis, de Douschet, de
Gori, d'Akhaltzik). — 3603 214 eimer.
Gouvernement d'Érivan (cercles d'Érivan, d'Etschmiadzin, de Nakhit-
chewan avec Ordoubad). — 459981 eimer.
Gouvernement d'Ëlizabethpol. — 30 000 eimer.
Gouvernement de Bakou (cercles de Chemakhia et de Goktchaîsk). —
67484 eimer.
1. On peut consulter, sur ce sujet, les deux ouvrages de Abich : Elémenti
géologiques du Caucase et des montagnes de l'Arménie et de la Perse, et
Esquisses géologiques des presqu'îles de Kertch et de Taman.
2. L'eimer est une mesure allemande et russe qui vaut 12o0 décalitres.
yGoogk
CAUCASE. AfîMÉNlE. 547
Territoire du Daghestan (villes de Temir-Khan-Choura, de Pelrowsk et
de Deibend ; Daghestan occidental, DaghesUn central). — 67298 eimer.
La somme totale de celte production est de 10 Î68 634 eimer. Les ter-
rains qu'elle occupe ont une superficie de 11 956 107 ares.
Les vins les moins chers sont ceux du Terek, d'Etschmiadiin, de
Nakbitchewan. Le prix* en est de 1 fr. 60 à 4 francs l'eimer. — Les plus
chers sont ceux d'Imérétie, du cercle de Douschet et de la Khakélie ; ceux-
là valent 16 à 20 francs l'eimer. Un dessiatine (129 ares) de vignoble se
vend, en Khakétie, jusqu'à 16000 francs, tandis qu'il ne vaut que 200
à 400 francs autour de Derbend et à Akhaltzik.
559. Thielmaïw [Hax von). Journeyinthe Caacasus, Penîa, and Turkey
in Asia. Londres, 1875, 2 vol.
Traduction anglaise par M. C. Heneage, d'une bonne relation de voyage.
L'auteur a visité le sud de la Crimée> le littoral oriental de la mer Noire,
il a traversé et parcoura le Caucase dont il fait l'objet d'un chapitre géo-
graphique spécial. U est revenu par Bakou, Tebriz, Uossoul, Bagdad,
Hillah sur l'Euphrate; enOn, il a traversé le désert pour gagner Beyrouth
par Palmyre et Damas.
D'après M. de Thiehnann, c^est à tort que le désert entre Bagdad et la
Syrie est appelé désert syrien ou désert syrio-arabe. « La Syrie ne com«
mence, dit-il, qu'à l'endroit où cesse effectivement le désert et ce dernier
est le domaine incontesté des Bédouins arabes. Le dé&ert devrait donc
s'appeler désert d'Arabie.» En le traversant pour regagner la Syrie, le voya-
geur, qui est évidemment un homme de mérite, a occupé ses loisirs à
déterminer son itinéraire à la boussole et à la montre. Prenant comme
point de départ Kerbela au S. S. 0. de Bagdad, dont la position est sur la
plupart des cartes 32*,40' nord et 61*,40' est (lie de Fer), il a déterminé
l'emplacement des étapes du voyage, et à l'arrivée à Palmyre (34«,25' N.,
56* E.), la différence, dit-il, entre la position actuelle de ce point et la
position obtenue par ses calculs, se trouva être insignifiante. Des élé-
ments déterminés de cette manière ne sauraient être tenus pour aussi
exacts que s'ils l'avaient été par des observations astronomiques, mais
ils ne sont point à dédaigner quand il s'agit d'un pays où les observations
astronomiques n'ont pas encore été faites et ne le seront sans doute pas
de longtemps. 11 faut remarquer que, pour le point de Palmyre, la longi-
tude obtenue par M. de Thielmann ne diffère que de 0*,5'de la longitude
déterminée par M. Vigoes.
L'ouvrage de M. de Thielmann se termine par des avis précieux pour les
touristes au Caucase, en Perse, en Asie Mineure.
560. ZwiEDiNEK [J. von), Historisch-geographische Notizen ûber den
Nestorianer District Hakkari. Mittheil, der Kais, Kœnigl, geogra-
j)hischen GeselUchaft, 1876, p. 82-88.
En tirant une ligne droite tangente aux extrémités des lacs de Wan et
d'Ourmia, on traverserait le massif montagneux d'Hakkari oi^ se sont
réfugiés les Nestoricns successivement chassés des nombreux territoires
qu'ils occupèrent autrefois. Rappelons que les Nestoriens, sectateurs de
l'hérésie propagée par le patriarche Nestoriu8,vers 428 après Jésus-Christ,
eurent sous les Khalifes leur apogée pendant laquelle il» s'étendirent jus-
qu'en Chine. La décadence du Khalifat, l'accroissement de la puissance
des dynasties mogolcs et turkomanes, enfin des dissensions intestines
amenèrent peu à peu la déchéance de la secte. Vers la fin du seizième
yGoogk
348 ASIE. K-555-Ô60
siècle, elle foi refoolée dans la partie septentrionale de U Mésopotamie et
dans Tooest de l'Adzerbeidjan. Là encore, elle fat eiposée aux surprises
et i l'oppression des Rourdes, et finalement une partie des Nestoriens se
réfugia dans le difBcile massif d'Hakkari où, malgré des luttes cootre
les Kourdes possesseurs du pays, — lutles habilement exploitées par
l'autorité ottomane, — ils sont parvenus i se maintenir.
M. Zwiedinek a donné, dans le recueil de la Société I.-R. géographique
de Vienne, des détails intéressants sur le district inexploré d'Hakkari,
qu'il n*a point, à vrai dire, visité lui-même, mais au sujet duquel il s*est
appliqué k recueillir des renseignements pendant un séjour î Wan, en
1872.
Le district d'Hakkari (situé entre 40* et 4i* de longitude est de Paris ,
37 et 38* de latitude nord) qui dépend du MuieuarifUk de Wan et du
Vilayet d'Erxeroum, est divisé en quatre KhalmàkanaU ou arrondisse-
menu. Sa population totale est évaluée i 2Î0000 âmes, dont 112000
Kourdes musulmans et 108000 Nestoriens. Le Khaimakanat de Djoula-
merk où se trouve Djoulamerk, chef-lieu du district, comprend 8 Nahié
(communes).
Le massif d'Hakkari, placé aux conBns de la Perse, est composé de mon-
tagnes dénudées d'un accès très-diflicile et dont les neiges persistantes
couvrent les principaux sommets. D'abruptes parois ferment des TaUées
étroites. U est isolé des montagnes avoisinantes par le cours du Zabi ou
Nihil, bras du haut Tigre. Çà et là dans la vallée du Zabi, on trouve des
espaces fertiles et quelques arbres fruitiers. liCS matériaux de chauffage,
qui sont rares, se composent d'un arbuste résineux rabougri, le Zaher^ et
de fumier de bétail, découpé en plaques. Le climat del'Hakkari est salubre
quoiqu'il soit, en blyer, très-rigoureux et qu'en été la chaleur soit suf-
focante entre les parois étroiles des vallées. La liaya de Tyari, au sud
de Djoulamerk, renferme du minerai de fer utilisé parles habitants pour
confectionner leurs grossiers outils d'agriculture.
Les Nestoriens, qui sont en général agriculteurs, sauf ceux de deux ou
trois fiahié qui partagent les habitudes nomades des Kourdes, déployant
une grande activité à disputer aux rochers les moindres parcelles de
terre cultivable.
Une exploration de l'Hakkari offrirait des difficultés, mais elle serait
tout à fait intéressante i plus d'un point de vue, y compris le point de
vue ethnographique.
MÉSOPOTAMIE. KOURDISTAN
561 . Gernik's (Ingénieur Joseph), technische Studien-Expedition durch
die Gebiete des Eupbrat und Tigris, nebst Ein-und Ausgang^s-
routen durch Nord-Syrien. Nach den TagebûcherB, topographis-
chen Anfnahmen und mûndlichen Mittheilungen der Ëxpeditions-
leiler's, bearbeitet und herausgegeben von Amand Freiherm
Ton Scbweiger-Lerchenfeld. Ergânzungskefi n* 44 zu Petermann's
geographiêchen MUtheilungen, 2 cahiers avec cartes.
yGoogk
MÉSOPOTAMIE. KURDISTAN. 349
562. Scbweiger-Lerchbnfeld (Amand Freiherr Yon). Topographie der
projectitirten Syrisch-Kurdisch-Mesopotamiich en Sch ienenwege.
MUtheil. der geogr. Gesellsch. in Wien, 1876, vol. XIX, n» 5
(pages 281.293).
Bon article général où sont résumées les éludes faites en 1872, pour le
tracé de chemins de fer au delà du Taurus et en Syrie.
563. Schweigek-Lerchenfeld (Freiherr v.). Die Euphralbahn. Oester-
reichuche Monatschrifl fur den Orient, II, 1, 1876,
564. Scrweiger-Lerchenfeld [Freiherr y.). Der Uandel Mosuls (Kurdis-
tan). Oeêterreich. Monalschr. fur den Orient, Wien, 1875, »• 5,
p. 75-77.
565. Farage (Dom), curé arménien. Notes sur la Mésopotamie. I. Dara*
II, Rus-el-Haïn. Les Mission» Catholiques. i[,i/on, 1876, 8* année,
p. 467-468 et p. 479.
566. ZwiEDixEK (J. Yon). Der Handel Bagdad's. Oesterreich. Monalschr,
fur den Orient. Wien, 1858, n» 4, p. 56-59.
567. Le commerce de la vallée de l'Euphrate de 1874 à 1875. L'Explo-
rateur, in, 1876, p. 576.
5''>8. Kurdiscbe Textil-und Bekleidungs Industrie. Oesterreich. Mo-
natschr. fur den Orient. Wien, 1876, n»8,p. 126-127.
569. NôLDEKE (Ph.]. Karkemisch, Gircesium und andere Euphratûber-
gânge. Nachrichten von der K, Gesells, der Wissensch, %u Gotlin-
gen. 1876, nM.
570. SociN (A.). Kerbela und Hitte. Ausland. 1876, n» 24.
571 . EuTntG. Die Mandâer (secte curieuse du Bas Tigre). Ausland, 1876,
nM2.
Le voyage de H. Gernik en Mésopotamie.
Le voyage dont nous allons essayer de donner un aperçu est
des plus importants : il a été accompli en 1872-73 par Tin-
génieur Josef Cernik*, chargé d'étudier un tracé de chemin de
fer des côtes de Syrie aux rives du Tigre, pour relier sans
doute le réseau de TAsie Mineure, projeté par M. W. Pressel,
au réseau futur des chemins de fer asiatiques proprement dits.
A vrai dire, la réalisation de ces grands projets semble assez
éloignée, mais du moins la géograpliie a-t-elle dès maintenant,
dans la relation de M. Cernik, rédigée par le baron de Schwei-
ger-Lerchenfeld, un morceau d'un intérêt de premier ordre
1. Ce nom doit se i>rononccr Tchcruik.
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350 ASlB. N- 561-571
par la nature comme par la variété et la précision des données
qu'il renferme.
Le 21 octobre 1872, M. Cernik et sa caravane quittaient
Tripoli de Syrie et ne tardaient pas à atteindre Homs, à la limite
du désert syrien. L'Oronle, en effet, forme ia ligne de sépa-
ration géologique entre les terrains du' littoral et ceux du
désert.
Au moment où le voyageur va entrer dans une région sil-
lonnée par des troupes de bédouins pillards, pour aborder plus
tard les territoires des tribus insoumises, disons de suite, dût
le récit y perdre Tattrait des émotions, que M. Cernik était
pourvu d ordres qui lui assuraient Tappui et l'obéissance des
fonctionnaires. Il eut toujours à sa disposition une escorte
assez nombreuse, mais assez mal armée.
Après Homs, la caravane traversa la glorieuse Palmyre avec
ses colonnes innombrables de marbre blanc, et à partir de là
elle se trouvait en pays peu connu. Le long de l'itinéraire se
dressaient des hauteurs dénudées, de 500 à 800 mètres, dont
les noms apparaissent pour la première fois ; elles font partie
des massifs du Djebel Abouchir et du Djebel Ghougour. C'est
à Deïr que M. Cernik atteignit l'Euphrate, dont il devait dé-
sormais suivre la vallée jusqu'à la latitude de Bagdad. A partir
d'A'Bouseira, site supposé de l'antique Kirkesium, et tout le-
long de l'Euphrate, on est sur le territoire de tribus de l'Ara-
bie centrale, les Auéizés, les Shamaras, les Moutéfîks. Attirées
par Bagdad, ces tribus se sont successivement repoussées vers
Touest, et vivent entre elles dans un état d'hostilité dont le gou-
vernement turc tire bon parti dans l'intérêt de sa domination.
A une centaine de kilomètres de Hit, l'expédition passait
TEuphrate et atteignait Bagdad, Ce n'est plus la cité splendide
des Khalifes; toutefois, avec sa ceinture de jardins, elle est
restée l'une des plus belles villes de l'Orieat. En passant,
M. Cernik signale aux archéologues tout ce que les environs
de Bagdad leur offrent encore de richesses inexplorées.
En remontant la vallée fertile du Tigre et de son affluent le
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MÉSOPOTAMIE. KURDISTAN. 3Sl
Diaia-Tchai, on arrive aux premières terrasses des hautes moa-
lagnes de Tlraii occidental, dont les cimes atteignent iA 000
et 15000 pieds, sur les limites de la Perse et de Tempire
ottoman. L'itinéraire de M. Cernik a suivi le pied de ces con-
tre-forts sur lesquels nous avons désormais des données un peu
précises.
Aux environs de Kerkouk, la première ville importante du
Kourdistan, sont des sources de naphte et des feux sortant de
terre. Sur ce point vivent en contact et en hostilité des tribus de
Turcomans et de Kourdes. A 90 kilomètres, au nord de Kerkouk,
nous sommes à Erbil, l'antique Ârbelles; ce point est séparé de
celui où on place Gaugamela par le massif du Dehir-Dagh, haut
de près de 500 mètres ; aussi, d'après M, Cernik, la bataille
qui, en 531 avant Jésus-Christ, décida du sort de la monar-
chie des Perses, ne peut-elle avoir eu lieu dans ces deux localités
à la fois. Selon lui, c'est Kermelis, ancien emplacement de Gau-
gamela, qui dut être le théâtre de l'action . Le plateau de Kermelis
est habité par des chrétiens Jacobites ou Nesloriens. Mossoul,
à Touest d'Erbil, est du reste un point de contact de toutes
sortes de confessions chrétiennes orientales et de sectes musul-
manes. Faut-il rappeler qu'en face Mossoul, sur l'autre rive du
Tigre, on trouve les ruines de Ninive? Au tome I (1865),
p. 208, de V Année géographique^ M. Vivien de Saint-Martin a
exposé, avec autant de clarté que d'érudition, les décou-
vertes faites à Ninive, et leur imiiortance pour l'histoire de
l'Asie sémitique. Au-dessus de Mossoul, le Tigre se fraye un
passage tortueux à travers des parois d'argile et de marne. La
composition géologique de cette portion du pays est assez
complexe. Le Tcl^-spi, au pied duquel serpente le fleuve, est
un chaînon continu courant de l'ouest à l'est.
C'est pendant l'une de ses nombreuses courses autour de ce
massif que M. Cernik put apprécier l'utilité de son escorte.
Le kaïmakan turc de Zakho ayant montré à l'expédition une
malveillance trop caractérisée, l'escortô cerna la ville et le
contraignit à de meilleurs sentiments.
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352 ASIE. ««>• 561-571
L'expédition quitta la vallée du Tigre à Feish-Kabour, dans
la haute Mésopotamie, pour cheminer vers l'ouest en suivant
à peu près la ligne de partage des bassins du Tigre et de
rSuphrate. La haute Mésopotamie s'abaisse vers le sud par
une série de gradins qui, entourant les affluents supérieurs du
Kabour-tchai, gros tributaire de TEuphrate, conduisent ainsi,
sans transition brusque, aux basses terres de la Mésopotamie.
Les petites localités de Nisibin (l'ancienne Nisibis des Ro-
mains), de Dara, avec des ruines byzantines, de Mardin
(1190 mètres), porte de la Mésopotamie supérieure, la ville
de Diarbekr S avec sa population de 4(0 000 habitants Kourdes,
Arméniens, Turcomans, Bulgares exilés, furent les étapes suc-
cessives qui amenèrent l'expédition au Karadjah-Dagh. Ce massif
est basaltique ; il se divise en deux groupes dont le plus méri-
dional s'abaisse jusqu'auprès d'Ourfa, tandis que le groupe
nord n'est qu'un rameau de la grosse chaîne de Wan. En lon-
geant les versants nord et ouest du Karadjah-Dagh, on atteint,
à Orfa (l'Edesse des Croisades), dans le Pachalik d'Alep, l'in-
tersection des lignes de trafic entre la Syrie septentrionale, la
Mésopotamie, le Kourdistan et la Karamanie.
De ce point à Biredjik où Ton traverse l'Euphrate, s'étend une
sorte de steppe à l'altitude de 720 mètres. M. Gemik ne tarde
pas à se retrouver sur les versants d'eau tributaires de la •
Méditerranée. Le nœud de toutes les chaînes de la Haute-Syrie
est à l'ouest de la petite ville d'Aïn-Tab, non loin des sources
de l'Afrim-Tchaï qui envoie ses eaux à l'Oronte, à travers le
lac fialouk (Balouk-Gôl). La ligne séparative des versants mé-
sopotamien et méditerranéen est la puissante chaîne dolomi-
tique du Karadede-Dagh que le voyageur sillonna d'un réseau
d'itinéraires, pour revenir enfin à Alexandrette (au printemps
de 1873) par la vallée de l'Afrim-Tchaï et Beilan.
Tel a été l'itinéraire de la mission dirigée par M. Gernik.
1. L'itinéraire de M. Cernii^ recule de près d'un demi-dcgrc vers l'est la iH)si-
lion que les caries assignent i Diarbékir. Cette modilicalion importanle doit en •
entraîner d'autres pour le figuré géograplùquc de cette partie de rAsie Mineure.
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MÉSOPOTAUIE. KURDISTAN. 353
Toute étude pour un tracé de chemin de fer dans un
pays mal connu, exige la réunion de données de nature
diverse. Les premières sont imposées par les nécessités tech-
niques d'exécution : elles &e rapportent au figuré et à la
nature du sol» c'est-à-dire au relief des montagnes, aux yallées,
aux cols et passages les plus accessibles, à la composition gcc
logique des terrains* Mais il est d'autres éléments dont Tingé-
nieur doit faire également la part dans son projet ; ils ont trait
à la fertilité du sol, à l'activité du commerce, à Tétat de la
viabilité, à la densité de la population. Un chemin de fer pour
être rémunérateur, c'est-à-dire pour exister, ne saurait tra-
verser uniquement des déserts et le choix d'un tracé doit être
subordonné aux romdiiions économiques et statistiques les plus
favorables. H. Cernik n'a négligé aucune de ces recherches.
Outre des éléments géographiques aussi nombreux que nou-
veaux, il a recueilli des indications intéressantes sur la valeur
économique du pays.
Pour les cours moyens du Tigre et de TEuphrate, nous ap-
prend M. Cernik, nous avons, de Hit sur FEuplirate, à Zacho
sur le Tigre, une zone ininterrompue de terrains cultivables,
sans aucune place stérile, mais dont 1/3, 1/2 et même 5/4
sont laissés en friches. Les conditions les plus favorables se
rencontrent sur le plateau d'Erbil (Ârbelles) à l'est deMossoul,
où 90 p. 100 des terres cultivables sont cultivées. Les condi-
tions sont presque aussi bonnes à Mossoul, dans les districts de
Kermelis, de Schermanlik à Test de cette ville, puis deNahrvan
et de Zakho sur le Tigre, oii le rapport des terres cultivées aux
terres cultivables est de 70 à 90 p. 100.
Les conditions les [)lus défavorables se trouvent dans le
territoire de Hit, sur TEupluate, au sortir du désert de Syrie,
qui a 80 p. 100 de terres stériles, tandis que certaines régions
du haut Tigre (au nord de Mossoul) et du Tigre moyen, ayant
50 à 60 p. 100 de terres stériles, laissent incultes 50 à 40
p. 100 du reste.
La différence des populations est pour beaucoup dans ces
l'anhée oÉoon. xv. 23
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354 ASIE. N«« 5G1-571
difTérences de rendement des terres. Les chrétiens sont bons
agriculteurs, puis, parmi les musulmans, les Turcomans. Les
terres habitées par les Arabes et les nomades Lourdes restent
incultes.
Dans la haute Mésopotamie et la haute Syrie, les seub terrains
vi*aiment fertiles sont situés autour d'Édesse (Ouria), et
dans la zone des rilles de Nisibin, Dara et Hardin. D y a là, en
général, 70 à 80 p. 100 de culture. Hais, à partir d'Édesse,
en se dirigeant sur la Tallée de TEuphrate, et sur celle de
rOronte, la moyenne agricole redevient mauvaise*
La densité de population a été également l'objet des re-
cherches de M. Gernik. 11 donne cette indication pour les envi-
rons de vingt-cinq villes.
La densité de population par mille carré allemand^, est,
pour Nisibin et les environs, de 2000, pour Bagdad de 1200,
pour Hardin de 1800, pour Dara de 1600, pour Erbil et pour
Kermelis de 1000. Pour les autres points elle varie de 600
à 30.
L'état du commerce dans les pays à traverser constitue éga-
lement l'un des éléments à examiner pour l'établissement
d'une voie ferrée. D'après H. Cernik, ta vallée de l'Euphrate
serait, à ce point de vue, une ligne éminemment défavomble,
bien qu elle soit ta ligne favorite des Anglais. Du désert à
Bagdad, on ne trouve que deux petites villes, Anah (iOOO ha-
bitants) et Hit (2000 habitants) dont la mince importance
ne justifierait point l'adoption ie, ce tracé.
Selon le voyageur, Atexandrette ne devrait pas être la tête
de la ligne. Ville malsaine, peu au delà de laquelle on aurait
à forer un tunnel de 10 kilomètres, Alexandretle semble devoir
être sacrifiée à Alep, métropole de tous les trafiquants arabes
et kourdes, dépôt commercial des produits de la Syrie et de
la Héfopotamie. Le tabac, les laines appoi tées par les Bédouins
et les Kourdes, les peaux de mouton, d'agneaux et de chèvies
1. Uq mille carré allemand vaut 55,06 s 9 kilomètres carrés.
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MÉSOPOTAMIE. KURDISTAN. 355
y affluent, ainsi que le coton produit par qirelques districts
du gouvernement d'Alep, et en général tous les produits de la
Syrie du nord.
Enfin, quant aux routes qui alimenteraient la grande artère
ferrée. M, Cernik en présente un tableau qui n est rien moins
que flatteur. Sans entrer dans les considérations que l'auteur
émet au sujet de Tadministration turque, nous devons enregis-
trer son assertion qu'en Anatolie, comme en Syrie et dans le
Djezireh, les routes font défaut. La route internationale qui
conduisait naguère de la côte de Syrie à Bagdad, par Palmyre,
n'est plus aujourd'hui qu'un sentier traversant des cités rui-
nées. On eu peut dire de même de la viabilité entre Bagdad et
le petit Kourdistan. Trois semaines sont nécessaires aux por-
teurs de dépêches pour aller d'Alexandiette à Bagdad, par
Alep, Ourfa, Diarbekîr, Mardin, Mossoul. Souvent ils ont soit
à passer à la nage des torrents débordés, soit à franchir des
défilés où ne peut s'engager plus d'un cavalier. Çà et là,
quelques tronçons de routes amorcées ont été abandonnés par
suite du changement du gouverneur i|ui les avait fait com-
mencer, ou du changement dans la direction des fonds af-
f3ctés à l'entreprise. En de telles conditions, M. de Schweiger-
Lerchenfeld, d'après M. Gernik, sans doute, pense que Tidée
d^un chemin de fer mcsopotamien est au moins prématurée.
La ligne que propose l'auteur du beau voyage dont nous venons
d'entretenir le lecteur, partirait de quelque point de la côte
de Syrie, telqueSoueidia, passerait par Alep, Ourfa, Diarbekir,
Mnrdin, Djezireh-lbn-Omar, Mossoul, Erbil, Kerkouk et Bagdad
d'où elle gagnerait le golfe Persiquc.
Nous avons insisté sur cette exploration, qui, au point de vue
géographique, a d-mné les résultats aussi étudiés qu'étendus.
Elle fait honneur à M. Pressel, l'auteur des projets de voies
ferrées en Asie Mineure, par Tinitialive duquel elle s'est
accomplie, et à l'éminent ingénieur qui Ta si bien dirigée. On
doit remercier également le baron de Schweiger-Lerchenfeld
de la publication du document où sont consignées les obser-
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356 ASIE. W* 572-578
vations et les conclasions de H. Cernik, éclairées par des
cartes d'un haut intérêt.
VI
ARABIE
572. Spreicger (À.)* Die alte Géographie Arabiens als Grundiage der
Geschichte des Semitismus. Bern, 1875, in-S». Article critique
dans Zeitschr, der deiUsch* Morgerland. Gesells. zu Leipzig,
vol. XXX, 1876, cahier i, p. 195-197.
573. Adbr. Notices statistiques et historiques. Les Missions Catholiques
Lyon, 1876, pp. 37, 43. 46, 49^.54, 59, 61, 67, 71.
574. Capitaine (U.). La Tille de Mascate. V Explorateur, lil, 1876,
p. 472.
575. YiscoxTi (Arconati). Diario di un viairgio in Arabia Petrea. Tormo,
1876, in-8«.
576. Antinobi (0.). Aden. BollelL delta Soc, geogr. italiana, XIII',
1876, p. 307.
577. ZsHME (À.). Aus und ûber Arabien. Glohus, 1876, XXIX, p. 294.
578. Peters(G.-T.]. The hotsprings of Bosher and Ghullas, in Oman.
Geographical Magazine, 1876, p. 277.
Ces ihermes, au nombre de six, sont connus depuis 1859 où le lieute-
nant surf les visita el les décrivit dans le journal de la Société géogra'
pbique de Bombay. La visite de M. Peters est de mars 1875. Le plus
chaud de ces thermes (112* Fareuheit) est appelé Hammam, c'est-à-dire
bain chaud : le deuxième est appelé Mansouk (100* Fahr.); les quatre
autres ont 83* à 100* (Fahr.). Les sources en question sont situâss les
unes près des autres, entre Maltraih et Mascate. Leurs visiteurs ordinaires
appartiennent à la population qui fait le commerce, d'une part avec la
Perse et*l'Inde, de l'autre avec Zanzibar. Ces sources, dont l'analyse n'a
pas encore été faite, renferment des carbonates de chaux, et après avoir
servi pour les bains, elles sont conduites dans des réservoirs. (Jne fois
refroidies, elles vont fertiliser les terres avoisinantes où poussent en
abondance les orangers, les citronniers, les dattiers, etc.
yGoogk
PERSE. AFGHANISTAN. 357
VII
PERSE. AFGHANISTAN
579. Schwab (M.). Bibliographie de la Perse. Paris, i8î5, in-8*.
580. D' Andréas. Gcographisclie und archâologische Forschungen in
Persieii. Bericht von D' Polak nach dein a limes of India » MU-
iheil. der geogr, Geielhch, Wien, 1870, vol. XIX, cah. 4, p. 205 &
268.
581. Nolizie sulla Persia. BolleU. délia Soc. geogr. italiana, 1876,
mars, p. 137-138.
582. Cau. Rosenbubg (G. Freiherr von). Das Lârihal bei Téhéran und
der Dcmavend. Mittheil. der geogr. Geselhch. in Wien, vol. XIX,
1870, cah. 3, p. 113-142.
En i^ié Ifr séjour de Téhéran est rendu insupportable par la chaleur et
la pAussière. Les Persans vont alors chercher la ri-aicheur dans les vallées
de l'Ëlbourz qui sépare Téhéran de la mer Caspienne. En 1875, le baron de
Call ' osenburg a choisi celte saison pour faire l'ascension du Deroavend.
L'ascension proprement dite commence à Abegerm (12060 mètres d'après
la détermination barométrique et hyp^oraélrique de M. Cali Rosenburg).
Nous ne pouvons suivre dans ses détails le récit de cette excursion, mais
en voici le teite, pour la partie la plus caractéristique: « Nous arrivâmes
ainsi, sans encombre, sur le haut du Bemsbibend (paroi de rochers de
laves). A peine y fûmes-nous que nous vîmes un second cône d'éruption
à escalader. 11 s'élevait à une hauteur vertigineuse. C'était le cône de
soufre, siège de phénomènes volcaniques tels que formation de soufrot
effluves d'air chaud sortant de crevasses, dégagement de vapeur. Ces
phénomènes indiquent que si le Demavend n'est plus un volcan en acti-
vité, il peut le redevenir, les forces pluloniques continuant à agir dans ses
flancs.
« A partir de ce point la montagne commence, selon l'expression des
guides, à exercer sou « charme ». Quatre guides successivement, et même
le domestique indien du capitaine, extrêmement bon ascensionninUt
furent contraints par répuisement de leurs forces à se coucher à terre,
non sans avoir essayé de se réconforter en mangeant de l'ail et de l'oignon
crus. »
C'était évidemment le mal des montagnes qui exerçait son influence,
rendue plus pénible par l'effet des émanations volcaniques ; elle apparaît
mieux encore dans le passage suivant : « Hais nous ne montûmes plus que
de 180 mètres par heure. Nos tôtes étaient prises, nos poitrines oppressées
par les émanations sulfureuses qui se déga}^eatent des profondeurs d'un
gros sable blanc, renfermant aussi des cristaux de soufre dont quelques-
uns atteignaient même le volunie d'une tète d'homme. Entremêlés d'abord
de scories de laves vertes, rouges, brunes, noires, ces cristaux de soufre
par devenaient de plus en plus abondants. Enfin nous atteignlmen le
sommet quelques minutes avant midi, complètement épuisés et avec un
pouls fiévreux qui battait 130 pulsations à la minute. >
yGoogk
358 ASIE. »•• 570-607
« L'anéroïde Dous donna, pour la cime duDemavend, 19700 pieds anglais
(6004 mètres), auxquels il convient d'ajouter un peu au delà de 200 pieds
(61 métrés) parce que Tinstniment n*était pas réglé pour le niveau de la
mer; nous aurions ainsi 20000 pieds (6065 mèires) pour l'altitude du
Demavend*. »
« N'ayant pu réussir à faire brûler la lampe à alcool, nous dûmes
renoncer à déterminer une altitude par rébuUilion de l'eau. >
Du sommet du Demavend on ne découvre pas un panorama Irès-éteoda.
« Nous avons pu constater, avec bien d'autres voyageurs, que les mon-
tagnes les plus élevées ne sont pas celles qui ofrreni la plus belle per-
spective. Notre horizon était borné, au sud et au nord, par des nuages,
des vapeurs ou des brouillards secs d'une couleur jaune rougedtre. Ainsi,
nous pouvions voir au-dessous de nous la vallée du Lâr ou Ilaras, tandis
que plus loin, dans le sud, nous apercevions à peine Téhéran. »
583. GoLDSMiD [General Frédéric], Capfain Kapier*s Journey on tlie
Tiircoman Frontier of Persia. Proceedings of the Royal geograph.
Soc, 1876, p. 166.
Relation d'un voyage que le capitaine Napier a fait, en 1874, à la fron-
tière orientale de la Perse. Cette relation est complétée par le$ remarques
de réminent général RawKnson, qui revendique pour les explorateurs
anglais et en particulier pour ConoUy (1826) la découverte de l'ancien
lit de rOxus. Cette découverte éclaire l'histoire du développement et de
la puissance de l'ancien empire des Parthes. M. Rawlin&on préseiite des
considérations pleines d'intérêt sur Nissa, capitale de cet empire, et sur
la célèbre ville de Dehistan (ilestorian), aujourd'hui Me-^hed-i-Mesryan.
584. Harkhah (CI. R.). Afghan geography. Proceed» of the Roy, geogr.
Soc, 1876, vol. XX, n« IV, p. 241 à 252.
585. ScHLAGisTWEiT (E.). Das Kelat, Reich der Brahuï (aux bords méri-
dionaux de l'Iran). Auslaud, 1876, n« 15, p. 281-286.
586. Iter persicum ou Description de l'ambassade du sieur Etienne
Kakasch de Zakoukemeny, envoyé par l'empereur Rodolphe II
d'Allemagne à la cour du czar de Moscou et auprès du chah
Abbas de Perse en 1602. Relation faite par George Tehenda von
der Jabel. Traduction annotée de l'allemand par Charles Scliéfer.
Paris, 1876, in-8°.
587. Rawlinson (H.). The seventh great oriental raonarcliy, or the
geography, bistory and antiquities of the Sassanian or new Per-
sian Empire, collected and illustraded from ancient and modem
sources. London, 1876, in-8.
588. MoRDTMANic. Zur vergleichenden Géographie Persiens. S**' Beitrag.
SUzungsherichie der philos, philoL Class. der bayer. Akad. der
Wissensch: 1876, I, p. 359.
589. Cluzel (Mgr). Voyage en Perse. Les Missions Calholigttes^ Lyon,
1876, 8* année, p. 238, 250, 262, 274, 285, 298, 308, 533, 345.
1. Ce chiffre est notablement supérieur à ceux qui ont été précédemment
obtenus : 18 464 pieds et 17325 pieds. Le major St-John, sur sa carte, lui donne
18600 pieds (5669 mètres).
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PERSE. AFGHANISTAN. 359
590. Ltcklâva k NiJEHOLT (le chevalier de). Voyage en Russie, au Cau-
case et en Pei*se, dans la Mésopotamie, le Kurdistan, la Palestine
et la Turquie, pendant les années 1865-1868, 2* partie, t. III et lY,
2 Tol. gr. in-8. Part», 1876. Article critique par M. V.-A. Malte-
Brun, Bulletin de la Soc, de Géogr, de Paris, 1876, n« de jaillet,
p. 59.
591. Eastern Persia; an açconnt of the joumeys of the Persian Boun-
dary Commission, 1870-72. Vol. I. The geography with narratives
of majors St. Jobn,Lovett and Evan Smith and an Introduction by
major-general sir Frédéric John Goldsmid. Vol. II. The Zoology
and geography, by W. T. Blanford. With numerous illustrations.
Published by the authority or the govemment pf India. Lotidon,
1876. Article critique dans Geograph, Magazine de Markham,
1876, n« 10, p. 275-274.
592 . Du même. Persia compiled principally from original authorities
by captain (local m^'or) O.-B.-G. Saint-John, R. E. 6 feuilles à
16 milles pour 1 pouce (1/1 013760).
Celte carte, 4ui repose sur les itinéraires des missions anglaises de déli-
mi talion de la Perse et sur les positions déterminées par le major
0 -B.-G. Saint-John, est traître tout à fait scientiflquement, c'est-à-dire
qu'elle ne donne les indications qu'avec la mesure du degré de certitude
qu'elles présentent. Cest l'un des traTaux cartographiques les plus ié-
rfeux qui aient été faits sur la Perse.
593. PoLAi (D' X.-E). Das Postwesen in Persien. Oesterreich. Ma-
nalschr. fur den Orient, 1876. Wien, n* 12, p. 186-188.
594. Uebersicht des Transi thandels durch die Kaukasische Statthal-
terschaft nach Persien, von 1872 bis 1874. Preu$8i»cheê Han»
delsarchiv, 1875, n» 49; 1876, n» 18.
595. PoLAK (D'). Persische Lederindustrie. Oesterreich, Monatschr, fur
den Orient, Wien, 1876, n« 8, p. 126.
596. Persisches Opium. Oesterreich, Monatschr, fur den Orient, Wien,
1876, n» 5, p. 79.
La culture de l'opium a été introduite en Perse depuis une disaine
d'années ; elle a pris une grande extension dans les environs de Téliéran
oà les habitants arrachèrent les céréales pour leur substftuer l'opium.
Cette imprévoyance a été punie en 1871 et 1873, lors des terribles famines
dont furent victimes des milliers de Persans. On a bien, depuis lors,
cherché à restreindre la culture de Topiilm, mais elle gagne néanmoins
encore du terrain.
Les ports d'embarquement de l'opium de Perse sont Boushir, pour les
produits d'Ispahan et de Fars, et Boushir avec Bender-Abbas pour ceux
du Khorassan, de Kherman et de Yezd. Les pays de destination sont l'An-
gleterre et la Chine (en Chine on n'aime pas beaucoup l'opium chinois,
trop souvent falsifié). A Londres il est apprécié à cause de sa fortefpropor-
iiou de morphine. De Londres il se répand sur l'Europe et en Amérique.
La Perse elle-même consomme peu d'opium. De 1873 à 1875, la produc-
tion d'opium penan a été de 2060 caisses. L'année dernière on en a ex-
yGoogk
560 ASIE. ^•• 5:9-607
pédié 383 caisses pour Londres et 1419 caisses pour la Chine et les Strails-
SetllemenU.
597. GisTL (D' H.)- Die Petroleum Gcbiet Baku's und Persiens. Oesterr.
UonaU, fur der Orient. 187(5, n» 7, p. 103-106, et n» 16, p. 156.
On a longtemps regardé la production de naplite et de pétrole aux
environs de Bakou comme un phénomèoe isolé. M. Gintl a trouvé des
sources de ces substances sur le territoire persan, au bord snd-ei»t de la
mer Caspienne, dans les environs d'Asterabad. Là elles sont encore entre
les mains des Turcomans. On en rencontre aussi duns toute la chaîne de
l'Elbourz où elles b'iuflltrenl parfois dans des sources d'eau potable. Après
avoir disparu dans l'immense désert de sable de Jezd et de Kirroan, elles
reparait'sent près d'Hamadan, dans la chaîne de l'Elwend qu'elles sui-
vent jusqu'à Kirmanshah et à la frontière turco-persane ; puis elles
disparaissent de nouveau et se retrouvent à Mossoul plus pures et pins
abondantes que jamais. On en remplit des kelleks, sortes d'outrés en
cuivre qui descendent le Tigre jusqu'à Bagdad et Bo^ra.
Quant à une manipulation quelconque de ces huiles minérales, on n'y
a jamais songé en Turquie ni en Perse. Ce dernier pays ignore même se»
richesses, car il fait venir de Russie son péirole d'éclairage.
Dans l'un de ses articles sur les sources d'huile 'minérale de Bakou,
M. Gintl nous fait savoir qu'en 1860, il y availà Bakou 100 puits de naphle
exploités et qu'en 187i il y en avait 250. Des compagnies se sont consti-
tuées. La production va maintenant jusqu'à SOOOO pouds (390000 kiL) de
naphte par jour.' Toutefois le pétrole de Russie est encore plus cher que
celui d'Amérique.
598. SACfT-Jonir (Oliver). The position of Téhéran. Geographical Ma-
gazine de Markkam, 1877, n* 2, p. 54.
Pendant les observations pour le passage de Vénus, le colonel russe
Stebnitzki avait déterminé, en 1875, la longitude Je Téhéran à l'aide du
télé<;rapho électrique, c*est>à-dire par le transport presque instantané
du temps. A propos d'une note du Geographical Magazine, sur cette
détermination, le major St-John rappelle que le capitaine Pierson, le capi-
taine Stiff et lui-même avaient, en 1871, déterminé également la position
de Téhéran. Le colonel Stebnitzki avait opéré par rapport à Eriwan, les
officiers anglais par rapport h Londres et à Bouchir. De plus, le poiot
exact des observations anglai&es et russes n'était pas le même; les unes
avaient été faites à l'ancien poste du télégraphe indo-européen, les autres
au nouveau télégraphe. Voici les résultats obtenus tels que les donne
le maj3r St-^ohn :
Ancienne station du télégraphe, d'après les observateurs anglais :
Lat. N. 35*, 40',50*. Long. E. 51'. 24', 54" (Greenwich;.
Station actuelle du télégraphe, d'après les observateurs anglais :
Lat. N. 36',41M0'. Long. E. 51', 25', 10" (Gr.).
D'après le colonel Stebniizki :
Lat. N. 3o-,41',7\ Long. E. blvSS'.iS* (Gr.).
L'altitude de Téhéran, d'après le major St-Johu, serait de 3810 pieds
(1161 mètres).
599. Ashurada and ihe new Persian fort on the south east shore of tbe
Gaspian. Geograph, Magazine de Markham, 1876, n* 3, p. 78.
600. SicARD (F.). L'île d'Ormuz. V Explorateur, III, 1876, p. 589.
yGoogk
PERSE. AFGHAISISTÂN. 301
601. BRUNIN6 (G.). Zwei Wochen im Distrikt Ton Dargo im Daghestan,
im Jahre 1875. Zeitsckr, der GeselU, fur Erdkunde, Berlin,
1876, vol. XI, n« 63, p. 198-208.
602. Smirnow. Notices sur les Avares du Daghestan. Revtie d^anthropo-
logie, Y, 1876, p. 84.
603. Sghla6I!ttweit (Emil). Indiens Grenznachbaren gegen Afghanistan.
Globus, XXX, 1876, p. 107, 125.
601. Markham (Cléments R.). Afghan geography. Proceedings of the
Royal geogr. Soc. ofLondon, XX, 1876, p. 241.
605. New Maps of northern Pei^sia and of Afghanistan by capit. G.
Napier et major C.-W. Wilson are being preparcd for the
Secretary of State of India. Geograph. Magaz, de Markham,
1870, n» 8, p. 223.
Le capitaine iNapier dresse la carte de sa route en 1875, avec des
modifications aux caries de MM. Baker et Gill. II donnera une nouvelle
route de marche dans la vallée du Juven, au nord de Sabzawa. D'autre
part, le major Wilson est occupé à dresser une carie de rAfgliani&tan,
qu'il sera intéressant de comparer avec celle de M. Frazer Tyller.
606. Aiuso (Garcia F.). Iran 6 del Indo al Tigris. Descrlpcion geogra-
6ca de los paeses iranios Afghanistan, Belucliistan, Persia y Ar-
menia. Madrid^ 1876, in-4.
607. ÎIocKLER (capit.). Ancient dwcllings and tumbs in Baluchislan.
Rapport de M. F. Blanford. Proceedings of the Asiat, Society of
Bengal, 1876, n» 8, août, p. 172-174.
Géographie physique de la Perse.
De 1870 à 1872, des missions anglaises chargées de délimi*
talions de frontières ou d établissements de- ligues télégraphi-
ques, ont parcouru la Perse et notablement ajouté à ce^que nous
savons sur cette contrée. Elles ont, en particulier, précisé des
données encore vagues, et nous leur devrons de connaître mieux
les lignes générales de la contrée. V Année géographique, dans
ses volumes précédents, avait cité divers travaux et publica-
tions des officiers attachés à ces missions, tels que le colonel
Goldsmid, le colonel Baker, le major Lovett, le capitaine G. G.
Napier. L'ensemble des résultats géographiques recueillis par
les commissions de délimitation a été présenté par le major
Olivier B. SaintJohn dans un chapitre de Touvrage intitulé :
yGoogk
362 ASIE. N- 570-Ô07
Eagtem Perna, an account of fhe Jaumey^ of the Pertian
Boundary Commission 1870, 1871 , 1872 (n^ 591). Ce chapitre
est une excellente étude sur la géographie physique du plateau
d'Iran et de la Perse.
Entre les vallées du Tigre et de Tlndus, des rives méridio-
nales de la mer Caspienne aux rives du golfe Persique, s'étend,
sur plus de 1 600 000 kilomètres carrés, le plateau iranien,
appuyé au Caucase et à l'Himalaya, bordé au nord par les sables
du Turkestan et par la dépression aralo-caspienne. La Perse
comprend la partie occidentale de cet immense esp.'ice dont le
niveau général, variant de 150 à 240 mètres, est accidenté de
sommets qui dépassent celui du Mo;it-Blanc. Les limites orien-
tales de la Perse, vers Test, sont approximativement aussi la
limite hydrologique des affluents du lac HiJmend ou lac du
Séistan, qui draine la partie orientale du plateau d'Iran.
La Perse forme une sorte de triangle dont le grand côté, lé-
gèrement recourbé en une direction sud-ouest, a plus de 1600
kilomètres, tandis que les autres côtés, dirigés nord et est, me-
surent chacun près de 1 1 00 kilomètres.
Le major Oliver B. Saint-John donne au sujet de l'orogra-
phie de la Perse des considérations qui seront lues avec in-
térêt.
« C'est pour l'orographie de la Perse que les récentes explo-
rations ont amené les plus grands changements dans nos cartes.
Un simple regard jeté sur la carte montre que le trait domi-
nant dans le système orographique de la Perse est l'uniformité
de direction de ses chaînes de montagnes, dont le gisement est,
pour presque toutes, à peu près du sud-est au nord-ouest. Les
seules exceptions remarquables à cette règle générale se trou-
vent dans les chaînes à Test du Demavend et les chaînes paral-
lèles subalpines placées en avant de celles-ci, du côté dp nord;
puis dans les croupes qui traversent le plateau du Beloutchistan.
Dans les cartes publiées avuntl860, toutes les chaînes à Test de
la grande roule principale Ghira^Ispahan-Téhéran, c'est-à-dire
à peu près selon le 52<^ méridien, le gisement des montagnes
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PERSE. AFGHANISTAN. 363
est de l'est à l'ouest, c*es1>^-dire parallèle aux chaînes cdtières
de la mer Arabique et à la vallée de Hérat, les seules parties du
pays dont il existât des levés. M. N. de Khanikof prouva , le
premier, que non-seulement les chaînes du Khorassan courent
à peu près parallèlement à celles de la Perse occidentale,
c'est-à-dire du nord-ouest au sud-est» mais que la Perse cen-
trale aussi est partagée par plusieurs chaînes continues dont les
ates suivent tous la même direction.
< Le voyage de H. de Khanikof a provoqué un revirement
dans les idées dominantes sur Torographie de la Perse orieiH
taie; les relevés du major Lovett et ceux de l'auteur de cet ar-
ticle ont dû produire le même résultat pour la Perse méridio-
nale. Le premier voyage du major Lovett, en 1870 et 1871, a
enrichi la géographie de la connaissance de deux faits. C'est,
d'ubord, l'existence d'une ligne de démarcation hydrographique
du Beloutchistan, qui, distante à peu près de 160 kilomètres
de la côte, sépare le. bassin de THilmend de ceux des déver-
soirs océaniques. C'est ensuite le fait de l'inflexion très-saillante
vers le sud-ouest des axes des chaînes orographiques situées au
sud de Bampour. L'année suivante, nous démontrâmes la con-
nexité du grand plateau à l'ouest du Séistan avec les chaînons
de Sarhadd et de Sianeh. On a constaté que Pottinger, dans
son texte, avait distingué avec raison deux volcans éteints ou
assoupis, le Kouh-i-Nauschadour et le Kouh-i-Basman, tandis
que ses cartes, par erreur, n'en donnent qu'un seul. Plus
loin, à l'ouest, nous avons suivi la grande chaîne centrale que
Khanikof trouvait à l'ouest de Yezd, dans la direction du sud,
jusqu'à 27^50' de latitude septentrionale; nous constatâmes
que les croupes ou chaînons entre Chiras et Kirman ont aussi
un gisement uniforme dans la même direction ; ce parallélisme,
je l'avais déjà auparavant rencontré dans toutes les chaînes
situées sur la grande route Bouschehr-Chiras-Ispahan.
« La hauteur des chaînes de Perse est en général beaucoup
plus considérable qu'on ne le suppose ordinairement. Le volcan
endormi du Demavend auquel nos cartes donnaient 4480 mè-
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364 ASIE. N- 579-607
très de haut, les levés russes dans la région Caspienne l*onl
trouvé haut de 5669 mètres. Le Sawalan, dans l'Adzerbéidjan,
s'élève, d après les mêmes autorités, jusqu'à 4267 mètres. Je
constatai moi-même que le Kouh-i-Ilazar, au sud de Kirnian,
dépasse encore cette dernière altitude et les cimes do la chaîne
voisine de Jaraal-Baris ne sont pas moins élevées. Mais la prin-
cipale chaîne continue de la Perse est» d'après mon avis, le
Kouh-Dinar, chaîne encore inexplorée du Farsistan, dont le pic
le plus méri'lional, le Kouh-i-Dena, n'a sur nos cartes, il est
vrai,' que la hauteur de 5352 mètres. Ces sommets sont visibles
de U mer, près de Bouschehr, c'est-à-dire à une distance de 200
kilomètres, et par delà des croupes dont la hauteur monlet
comme on le sait, à 5000 mètres. Moi-même, des montagnes
voisines de Yesdekhast, j'ai vu la chaîne du Kouh-Diuar en
août : cette chaîne m'a paru semblable, pour retendue, à celle
des Alpes bernoises, et la masse.couverle de neige m'en a paru
avoir aussi la même grandeur. Comme dans cette saison de
l'année la ligne des neiges ne se trouve certes pas au-dessous
de 4260 mètres, je suis porté à supposer aux pics de la chaîne
du Dinar une hauteur moyenne de 3000 à 5400 mètres.
Beaucoup d'autres cimes de l'Arménie, du Kourdistan et du
Lauristan ne se dépouillent non plus jamais entièrement de
leur neige, et ne peuvent par conséquent avoir beaucoup moins
de 4570 mètres de hauteur.
(( Les pics, dans la ligne de partage de l'Ëlbourz, ne dépas-
sent pas 3900 mètres ; mais, lorsque dans l'été de i 871 ik
étaient débarrassés de neige, je reconnus au nord de cette
ligne une croupe qui en était encore couveile près de la fron-
tière de Mazandéran. Dans la Perse centrale et orientale, il n'y
a pas de chaînes très-hautes, mais les cimes les plus élevées
des chaînons entre Ispahun et Kachan dépassent cependant en-
core 3300 mètres. C'est cette même hauteur qu'atteignent pro-
bablement les cliaînes du Khoiassan.
« L'absence de ramitications bien prononcées, voilà la grande
marque distinctive de toutes les chaînes de la Perse; l'Ëlbourz
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PERSE. AFGHANISTAN. 365
et, sur une plus petite échelle, les montagnes de Kborassan
constituent la seule exception à cette règle. »
Le major Oliver Saint-John termine son excellent chapitre
par les indications ci-dessous, relatives aux frontières de. la
Perse :
a Au nord-ouest, la frontière de la Perse qui touche à la Rus-
sie est déterminée par des traités. La même observation s'ap-
plique maintenant à la frontière du côté du Bcioulchistan, de-
puis la mer jusqu'à Maschkid, ainsi qu'à la frontière du
Séistan. Mais, entre ces deux sections et plus au nord, tout est
incertain excepté les noms des villes frontières. A Touest, la
frontière turque entre TArarat et Basra, bien que la commission
anglo-russe de 1851-1854 Tait assez bien définie, n'est cepen-
dantjiulle part nettement fixée. Des cartes récentes, basées sur
des documents russes, assignent comme limite du territoire
russe à Test de la mer Caspienne le cours de TAtrek, depuis
son embouchure jusqu'à Tendroit où il reçoit son affluent le
plus septentrional, mais plus à l'est tout est indéterminé. Les
Persans occupent Sarakhs, tandis que le Daman-i-Kouh est tenu
par les Turkmènes-Tekkés. Les vassaux kourdes du Shah, trans-
portés ici il y a trois siècles, habitent les pentes orientales et
méridionales des montagnes de cette région, tandis que depuis
Déréglas jusqu'à la frontière russe, les versants appartiennent
probablement aux Turkmènes-Goklan. »
L*éiat des connaissances géographiques sur l'Afghanistan.
La frontière des Russes en Asie se rapprochant chaque jour
de la frontière de Tinde anglaise, l'Afghanistan devient chaque
jour aussi d'un intérêt plus considérable pour rAngleterrc.
Cette difficile région est cependant encore fort peu connue, et
nous ayons à ce sujet un chapitre digne d'attention dans la Géo-
graphie de r Afghanistan, par M. Cléments Mark ham (n^584).
L'Afghanistan, qu'on peut diviser en deux pariies arrosées Tune,
celle de l'est, par la rivière de Kaboul, l'autre, celle de Touesti
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366 ASIE. N- 57»4>07
par le Helmend, est fort imparfuitement counu. L*occupatiou
anglaise (1858 à 1842) a rencontré trop de difficuliés politi-
ques et militaires pour qu'il lui ait été possible de se préoccu-
per des ques'ions géographiques. Du grand quadrilatère Bala-
Mourghab, Herat, Kandahar, Kaboul, on ne connaît que la con-
figuration générale. Grâce aux voyages de Conolly» de Pottin-
ger, de Ferrier, on sait que le pays est montagneux et (l'un
parcours difficile. Un certain nombre de documents recueillis
sur celte région par des officiers anglais sont perdus ou Lieu
ont été oubliés depuis 184*2. M. Markliam a rappelé quatre
voyages faits par le général Lynch, en 1841, dans les hautes
vallées de TÂrgandab et de Tornouk (Tarnak de la carte du co-
lonel Walker), tributaires de THelmend, auquel ils n'arrivent
qu'à peine par suite des saignées que leur pratiquent les néces-
sités de l'irrigation.
Les têtes de l'Helmend et de TÂrgaudab sont dans le pays
des Djagouri-Hazarehs, peuplade mal connue encore, qui, physi-
quement, se distingue des Afghans par l'absence de barbe et
par le nez éciasé des Kalmouks ou Tartares. Musulmans de la
secte chiite, ib sont en hostilité avec les Afghans, qui sont sun-
nites. Leur nom leur vient du mot turk Hamrah, qui signifie
wii/ier, car ils furent dans l'origine introduits dans le pays
sous forme de quatre bataillons turks de mille hommes chacun.
D'après M. Markham, les Hazarehs auraient vaincu et rem-
placé dans le pays une population' de Tadjiks; mais le général
Rawlinson pense que ces autjchthoues furent, au dernier >iècle
avant J. G., des Youélchis ou Saces, de race scjthiqtie, lesquels
devaient avoir déjà le type kalmouk.
Les vallées voisines de celles du Tournouk et de TArgandab
sont décrites parle général Lynch comme pittoresques, riches,
bien cultivées, et peuplées d'habitants qui accueillirent hospi«
talièrement le voyageur.
Outre le général Lynch, M. Markham cite comme ayant réuni
des matériaux sur cette contrée, entre 1858 et 1842, les colo-
nel Frazer ïytler, alors quartier-maître général de l'armée
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PERSE. AFGHANISTAN. 367
d'occupation. C'est à lui qu*oa doit la conservation des levés
de route faits par quelques officiers du génie dans le district
de Nesh, la vallée de Bougrane, la vallée de THelmend, depuis
le confluent de l'Argandab jusqu'à Rudbor.
Tous les matériaux recueillis, M. Frazer tytier les a employés
à dresser une carte générale des pays compris entre les bouches
de rindus et Bokhara, le lac du Séistan et la longitude de
Dehli. Cette précieuse carte est encore inédite, et nous devons,
avec beaucoup d'autres personnes, exprimer le vœu qu'elle soit
prochainement publiée, bien qu'elle ne représente pas encore
exactement le détail de la contrée.
La communication de M. Cléments Markham à la Soci«Hé
Royale géographique de Londres a été suivie d'observations de
diverses personnes; celles qu'a présentées le colonel HacGregor
valent la peine d'être lues et nous les reproduisons en partie,
car elles montrent bien les lacunes de nos connaissances sur
l'Afghanistan :
« Bien que, depuis le commencement de ce siècle, l'Angle-
terre ait été, comme puissance asiatique, en situation de diri-
ger ses études et ses observations du côté de l'Afghanistan,
bien que depuis une trentaine d'années elle ait à compter avec
ce pays, devenu pour elle État frontière, nous avons cependant
négligé de nous en occuper sérieusement depuis ces trente
dernières années. J'ai été personnellement bien à même de le
constater. En effet, chargé en 1869, par le gouvernement de
l'Inde, de préparer un ouvrage d'après les documents existants
sur la topographie de l'Afghanistan, je terminai cet ouvrage en
1871, sans avoir eu de données plus récentes que celles de nos
vaillants officiers, recueillies en 1841 et 1842. n
Le colonel Mac Gregor expose ensuite la rareté des docu-
ments sur les parties de l'Afghanistan voisines du territoire
indien :
« En commençant même par les parties les plus voisines de nos
frontières, on peut s'ajierccvoir de suite que, à l'exception de
quelques places où les troupes anglaises ont pénétré dans les
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368 ASIE. N- 579-607
diverses expéditions de 1858 à 1842» on n'en sait pas plas des
frontières que de l'intérieur de l'Afghanistan. Nous ne connais-
sons même pas le cours de llndus entre Boundji et Tahkote;
nous ne connaissons guère que de nom les yallées du Dardis-
tan qui, entre ces deux points, débouchent à droite et à gauclie
de la vallée de Tlndus» notamment celles de Khaïlas» de Koli,
dcPalous, deDareP.
« Quant à celles de Yassin, Koungout, Hunza, Nagar et au-
tres vallées tributaires du Gbilghit, nous n'en savons pas le
quarl. On en peut dire autant du Ouakhan, du fiadakshan et
de tout Tensemble des vallées de Tdiitral et de Kashkar.
« Plus au sud, les notions sont extrêmement limitées sur la
contrée accidentée du clan des Yousofisaï, c'est-à-dire sur le
Cbaksar, leGhorband, le Bouner, le Souât, leDir, le Bedjaouâr
et le pays retiré de Mohmoud.
« Je pourrais continuer celte liste en longeant toute la
frontière jusqu'au Sind, et démontrer que le pays des Afridis,
du Zouemousht, de Bangoucb et de Touris, de Khast et de
Dewar, ainsi que la vallée du Zhob, sont pour nous à peu près livre
clos. Pour montrer que je n'exagère pas, je vous dirai qu'à trois
reprises j'ai inutilement fourni les listes de dix-sept importan-
tes routes militaires, conduisant de l'intérieur de l'Afghanistan
à notre frontière, et sur lesquelles nous n'avons aucun ren-
seignement suffisant pour mettre le gouvernement à même de
se former une opinion raisonnable.
« Vous avez tous lu l'important ouvrage où sir Henri Raw-
linson dit que si les Russes vont à Herv, les Anglais doivent
aller à Hérat. Or, je vous le demande, par où une grande année
pénétrera-t-eile dans l'Afghanistan? — Par le Bolan ! — Hais
pourquoi par le Bolan? Notre principale force militaire nest
pas dans le Sind; elle est dans le Pundjab, et les hommes aussi
1. Il faal cependant fuire ob&ervet* que les géodésiens de l'Inde ont visé, pour
en faire des sommets de leurs triangles, plusieurs des pics qui demi
Tallées dont parle le colonel Hac-Gregor. (Aéc(.).
yGoogk
PERSE. AFGHANISTAN. S69
bien que le matériel seraient plus facilement concentrés à
Honltan qu'à Sakkar.
« Néanmoins, dirai-je» la route à choisir sera toujours celle
du Bolan, parce que nous ne connaissons pas assez bien les au-
tres. Cependant la liste à laquelle j'ai fait allusion ne comprend
pas moins de six autres routes qui ne sont, sous aucun rapport,
moins bonnes que celles du Bolan.
« Ainsi, bien que notre plus récente et meilleure carte de
l'Asie centrale, celle du colonel Walker, dessine d'une touche
yigoureureuse et apparente les montagnes et les rivières du pays
au nord de Kandahar et à Test d'Uérat, nous n'avons aucune
garantie pour y faire figurer autre chose qu'un espace blanc !...
C'est pourtant une contrée du plus grand intérêt pour uous,
car elle est traversée par les importantes routes militaires de
Haimana à Kaboul et de Bala-Mourghab à Kaboul ; par deux
routes d'Hérat à Kaboul, dont l'une passe parBamian et l'autre
par Besoud ; puis une route va d'Hérat à Ghasni, et une route
directe relie Kaboul à Ferrah.
¥ Outre toutes ces routes inconnues, je trouve une série
de passes dont le nombre n'est pas inférieur à treize, qui
conduisent de Balkh et de Khoundouz à Kaboul, à travers Tln-
dou-Kouch. 11 serait important de savoir, car nous l'ignorons
absolument, si elles sont praticables au point de vue militaire.
« En résumé, nous sommes trop ignorants au sujet de la
contrée située sur la ligne directe entre Khelât et le Séis<
tan. »
Le savant colonel Yule a insisté, de sou côté, sur les diffé
rences qu'on remarque entre une même donnée prise sur une
carte ou sur une autre. Voulant évaluer la distance entre Ka-
boul et Tcharikar, il a trouvé, suivant les cartes, 42 milles,
27 milles, 54 milles.
Le général Rawlinson a fait connaître à la Société que ré-
cemment, il y a deux ou trois mois, le capitaine Sandiman,
partant de la vallée de l'Indus, avait marché dans la direction
de Kettahet, par une route facile, avait atteint le point nommé
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370 ASIE. N- 60S-e76
Bibi-Nani, lête de la passe de Bolan. Sans franchir la passe, il
avait pu déboucher sur le haut plateau où se trouve Keltah.
Yin
INDE
608. New gênerai charts of India Goasts, on the scale of 3 inches
to a degree, in course of préparation. Geogr, Magazine de
Markham, 1876, n* 4, p. 106.
Dn barean spécial, relevant de Fautorité coloniale, a été Gonstitné pour
faire Thydrographie des côtes de l'Inde. Placé sous la direction da capi-
taine A.-D. Taylor, il a commencé ses travaux et ses publications. Des
caries générales des côtes vont être publiées à réehelle de trois ponces
au degré. La partie nord de Tlnde. en quatre feuilles, donnera le littoral
de Kurrachie à Tenasserim. Une feuille donnera le Sud, avec Tile de
Geylan, les Maldives et les Laquedives. L'Hydrographie Office de CakolU
a publié une liste des phares de l'Iode et de la mer Bouge, pour juillet
1876. Des notices, ce que nous appelons des pilotes, ont été eonsacrées à
la baie du Bengale et à la côte du Burinafa, d'après les levés du lienteiianl
de vaisseau Jarrad dans la rivière de Bungoun qui présente, dit <%t ofG-
cier, des diflieultés particulières aux hydrographes. Le cominaudaat
Taylor lui-même a donné une description uautique de la côte du
Burmah.
609. Theindian Marine Survey Department and its labours. Geograph,
Magazine de Markham, 1876, n« 10, p. 276-277.
610. Indian ra»rine Survey. iVanItcal Ifa^astne, 1876, p. 506.
611. Marine Sixrveys in British India. Geograph, Magazine de
Markham, 1876, n» 3, p. 78.
612. The Indian suryeys, 1873-75. Geograph. Magazine de Markham,
1876, n» 12, p. 330-332.
613. Walkeb (J.-I.). General report on the opérations of the great Iri-
gonometrical Survey of India, during 1875-1876. Dehra-Doon,
1876, in-4*.
614. Thoillier (colonel H.-L.) et Shttr (lieut.-colonel). A Vanaslof
Surveying for India, 3« é^jt. Calcutta, 1871. Article critique,
Geograph. Magazine de Markham^ 1876, n* 4, p. 404.
615. Thobbdrn (S. S.). Bannû or our Afghan frontier, London, 1876,
in-8. Geograph. Magazine de Markham, 1876, n* 8, p. 2^.
Au sud et à une centaine de kilomètres de Peschawour, ce terminia
des chemins de fer de l'Inde du côté de l'Europe, s'étend un petit lerri*
yGoogk
INDE. 371
toire de 9740 kilomètres carrés (c*est la superficie du départemeat de la
Gironde, un peu plus que la moitié de celle du comté de Galles), où sont
parsemés environ 4U) villages. Ce territoire qui confine à rAfghanistan
est le territoire de Bannu, placé depuis 1848 sous la domination anglaise.
Hannu, l'un des 32 districts du Pundjab, est partagé en deux portions
à peu près égales par deux vallées, celle de Tlndus et celle du Khurm.
Du côté de l'ouest, il est dominé par des montagnes nues et abruptes,
derniers ressauts des hautes terrasses de l'Afghanistan et dont la hauteur
varie de 600 à 1800 mètres. La pente générale du district est vers le
sud-est, et son point le plus bas est à 298 mètres d'altitude. La partie
haute de la vallée du Khurm est d'une beauté et d'une fertiKté remar-
quables. « La nature a eu tant de sourires pour Bannu, dit le lieutenant
Herbert Edwarde auquel a été due par des moyens pacifiques la conquête
du pays, que l'étranger croit être au paradis ; puis quand il se tourne
vers la population, il s'étonne que tant d'esprits du mal aient jamais pu
y être admis. < Le Khurm vient se jeter dans Tlndus en franchissant
par le Tang Darrah {pane étroite) la chaîne de collines qui partage le
Bannu en deux régions de caractères asseï différents. Le Bannu, xône
interméiliaire entre les hautes terres du Caboul et les plaines de l'indus,
est d'une grande importance stratégique. 11 a vu passer Alexandre,
Séleucus, les Arabes, les Mongols, sans compter les nombreuses popu-
lations afghanes en route pour leurs invasions vers le sud-esl.
U. Thorburn n'est pas le premier qui ait écrit sur le. Bannu : il y a
une vingtaine d'années Herbert Edwarde avait publié A year on the
Pundjab frontier. Après a^oir pris part à la conquête du Bannu, de
1848 à 1850, H. Edwarde avait fort habilement pacifié le pays.
La monographie de H. Thorburn se termine par une série curieuse
d'histoires populaires, légendes, ballades, etc., des Pathans, habitants du
Bannu, et par une longue suite de proverbes traduits du Pashto.
Puisque nous sommes sur les confins de l'Inde et de l'Afghanistan, en-
registrons rétablissement officiel de Tinflucnce anglaise sur le petit KhAnat
de Khêlate situé à 1*0. de Tlndus, dans la partie inférieure de son cours. Le
Khêlate Ciit partie du Béloutchistan. Cest un pays montagneux, au climat
violent, c'est-à-dire glacial on hiver et torride en été. il est habité par un
peuple vigoureux autant que sauvage. Khêlate, la capitale du Kbânat, est
une localité peu opulente située à environ 2000 mètres d'altitude. Lé
gouvernement de l'Inde avait d'autant plus d'intérêt à exercer son action
sur le Khêlate qu'au nord de cet état se trouve la passée de Bôlan, par la-
quelle une armée d'invasion pourrait être dirigée sur l'Inde.
616. Ddrahd (l'abbé). Les Indes portugaises. Bulletin de la Soc, de
Géogr. 187d. Décembre, p. 60i à 613. •
G17. Whebler (H.). India in 187&-76, tlie visitot the Prince of Wales.
A chronicle of his Uoyal Highness joumeying in India, Ceylan,
Spain and Portugal. With maps and diaries. Jjondres, 1876» in-8.
018. Du même. Five months with the Prince in India; containing a
glance at the inner lit'e of the in habitants, and narratiug the chief
romantic and pieturesque incidents in connection with the yisit
of ihe Prince of Wales. îjondon, 1876, in-12.
019. Drew Gbat (J.). From Pall Mal to the Paiyaub or with the Prince
in India. 1 vol. in-8' avec illustrations.
yGoogk
572 ASIE. N- 608-676
Nous ne pouvons rien dire des deux ouvrages précédents que nous
n'avons pas vus. Celui-ci est la relation de voyage d'un correspondant du
Daily-Telegraph et présente surtout des épisodes, des scènes de mœurs
ei de chasse.
620. DuFF (MouNSTUART E. Graht). Notes ûf an Indian, joamey with route
map. London, 1876, in-8.
Ouvrage d'une lecture attrayante. L'auteur en est un homme éminent
dont les études sur l'Inde, fussent-elle», comme celles-ci, des impression:!
de voyage écrites au jour le jour, ne sauraient jamais être sans valeur.
621. FoxTPERTuis [Â.-F. de). L'exploration géographique de l'Inde an-
glaise, depuis la fin du dernier siècle jusqu'à nos jours. La Aa-
tore, 1875,11 et 25.
622. BiiiHAT (A. de). Souvenirs de l'Inde anglaise. Parts, Lévy, 1876,
in-12.
623. Tatlor (William). Four years' campaign in India. London, 1876,
iu-8.
624. YoLEÎKOFF. (Â.-Z.). Voyage dans l'Inde (en russe), ôaûasVIsvestita de
la Soc. Imp. géogr. de Russie, vol. III, 1876, n« 3, part. 2«, p. 322-
332.
625. WiLsoR (Francesca H.). Rambles in Northern India, with incidents
and descriptions of many scènes of the meeting, including Agra,
Delhi, Lucknow, Gawnpore, Aliahabad, etc. with 12 large Tiews.
London, 1875, iu-4».
626. Blanford (W.-F.). On the Physical Geography of the great Indian
Désert, with spécial référence to the former existence ol the Sea
in the Indus valiey, etc. Journal of thé Asialic Society of Bengal,
Geogr. Magazine de Markham, 1876, n- 12, p. 534.
627. Flee (0.). Pflanzerleben in Indien. Kulturgeschichtliche Bilder
aus Assam, 2« édit. Berlin, 1876, gr. in-8».
628. FoNTPERTois (A.-F. de). Le Commerce de l'Inde britannique de
1874-75. Economiste français, 1876, n*47, p. 665-665.
629. FoNTPERTDis (A.-F. de). Les chemins de fer de l'Inde britannique et
leur sit.uation actuelle. Économiste français, 1876, n*ll, p. 326-
828.
Aui renseignements donnés par l'article ci-dessus, il faut ajouter que,
d'après le dernier rapport ofliciel de H. Juland-Danvers, directeur de:i
Compagnies de chemins de fer de l'Inde, il a été dépensé, jusqu'à ce jour,
un capital de 2 milliards ^53 millions, représenté par 9161 kilomètres
de chemins de fer construits. 800 kilomètres sont en construction. —
C'esit dans l'hiver 1854-1855 que fut ouverte aux Indes la première ligne
de chemins de 1er ; elle partait de Calcutia. L* Assam et le Kachar seuls
sont encore dépourvus de voies ferrées. Certes il faut faire honneur
aux ingénieurs anglais de leur œuvre qui présentait de grandes difii-
cuUés. Les fleuves et rjvièreb, par exemple, out un régime si variable
que les travaux d'art à établir le long de leur cours doivent être coa-
yGoogk
INDE. 373
struils dans àe$ conditions particulières. Cest ainsi qu'on sera peut-être
obligé de laisser une interruption de ligne à Goalundo, sur le Gange. Ce
point, où existait une station, a été, en 1875, emporté par le fleuve
malgré une puissante digue de protection qui a disparu en peu de jours.
. Sur la ligne de Bombay à Baroda, un pont de llfô pieds de long, avec
18 arches, a été également enlevé.
630. The statistical Survey of India. Geogr, Magazine de Markham,
1876, n" 9, p. 240-243.
L'organisation du grand Bureau de Statistique des Indes anglaises
date de l'an 1869, sous l'administration du gouvtrniur-général lord Mayo.
Le travail que poursuit ce service est en quelque sorte la combinaison
et la codiflcation do tous les aonuaires réunis; à cinquante ans en
amère, chaque présidence agissait i>elon sa volonté. De 1740 à 1770, on
accumuiait à Madras le magnifique Orme Collection, de 200 registres
manuscrits. Une autre collection d'annuaires de statistique fut faite à
Bombay. Une troisième collection existe dans la présidence du Ben-
gale: elle est composée de ^) volumes et resta également enfouie sans
profit jusqu'en 1872.
Avec 1828 commença la période des Gazetteers imprimés aux frais
du gouvernement Indien et dre»i^cs par Walter Hamillon, en 2 volumes.
Elle fut suivie par des Gazetteers spéciaux des provinces et districts,
réunis de temps en temps en un Gazeiieer général, dont l'un, celui
de Thomfon de 1854, a une certaine renommée. Ils comprenaient non-
seulement les territoires de la Compagnie, mais aussi les Etats indigènes
libres ou demi-indépendants. Depuis lors le travail a marché: en 1867,
le gouvernement de Madras lit rédiger une série de Manuels de statis-
tiques de districts par les fonctionnaires locaux. Aujourd'hui, des 255 dis-
tricts de rinde anglaise, 162 ont leur Manuel de statistique. Puis il y a
des Gazetteers pour hs provinces ou divisions indigènes, Sind, Inde
centrale, piovinces du Nord-Ouest, Pendjab, etc.
Cette masse de documents a paru sullisaute au gouvernement central
de l'Inde pour ordonner l'impression d'un Impérial Gazetteer of
India, statistique générale, par article, dans l'ordre alphabétique; les
articles peuvent comprendre jusqu'à 20 pages. La rédaction en devait
commencer le l»' février 1875 ; sa durée est calculée pour 4 ans.
631. The Kbandesh Atlas, or The Revenue Survey and Assessment Atlas
of Ihe khandesh Collectorale, printed by tbe Bombay Survey De-
partment in 1875. Bombay, 1876. Article crilique, Geogr, Maga-
zine de Markham, 1876, n" 4, p. 103.
Excellent atlas d'un district situé sur le Tapti, et touchant à la fameuse
principauté mahratte de Baroda.
632. "Waterfield (Henry). Mémorandum on the Census of British India
of 1871-1872. JA)ndon, 1875, in-4«. Résumé dans les Mittheilun-
gcn de Petermann, 1876, III, 110.
Compilation des census spéciaux de chaque province. La population de
l'Inde anglaise y est évaluée à 190 563048 habitants. En y ajoutant les
États des feudalaires, avec 48267510 habitants, on trouve comme popula-
tion de toute rinde cisgangétique 23$8309o8 habitants. Dans la moitié
nord la population est plus dense que dans le sud; elle est de 480 habitants
par mille carré anglais (environ 2,6 kil. carrés), c'est-à-dire 7 0/0 pli^s
dense qu'en Belgique, et 14 0/0 plus dense qu'en Angleterre.
yGoogk
574 ASIE. N<« 608-676
633. ScBLicH (W.). The Indian Forrester. Â Quarteley Magazine of Fo-
reslry. N<> 4, avril 1876, n* % Calcutta. Compte rendu critique dans
le Geoçraph. Magazine de Markham, 1876, n« % p. 46.
634. Ginchona GultiTation in India. Geogr. Magazine de Markham,
1876, n« 2, p. 49, et n» 5, p. 136.
Ce précieux végéta] {Cinchona officinalis) ayant commencé à «'épuiser
'un peu dans l'Amérique méridionale (Colombie, Equateur et Pérou), les
Hollandais ont acclimaté les arbres à quinquina dans l*tle de Java, et
les Anglais dans le continent et les lies de leur empire de l'Inde. C'est aux
deux bords du continent que cet arbre prospère également, savoir dans
la principauté de Sikkim (au nord), et dans les monts Nilgherries an sud,
où l'on comptait, en 1875, 2 millions et demi de plants dans les forêts
du gouvernement. L'arbre prospère également dans l'Ue de GeyUn. Il y
a, en outre, de nombreuses plantations privées.
635. Introduction of the cultivation of Gaoutchouc-yielding trees into
British India. Geographical Magaz, de Markham, 1876, n'' 2,
p. 51-54.
Les arbres à caoutchouc indigènes de l'Inde sont le Ficuê elastica,
potassant spontanément dans l'Assan^j et le Chavannensia eseulenta de la
Birmanie anglaise. De sauvages, le gouvernement indo-britannique en a
d'abord fait des arbres de culture. Puis ces deux arbres étoufl'ant la végé-
tation d'autres arbres également utiles, on a, depuis une quinzaine d'an-
néea, naturalisé certaines espèces plus productives, qui donnent un meil-
leur caoutchouc et qui, en outre, sont moins nuisibles à leurs voisins. Ce
sont les quatre espèces de la Ca«^i//oa (appelée Vlé dani son pays natal,
l'Amériqne méridionale et centrale), savoir : C. elastica^ C. Markhamiana
et C. offieinalU, qui ont le mieux réussi jusqu'à présent; puisi le
Eevea Braiiliemiê, poussant le long de l'Amazone, et dont l'acclima-
tation est moins avancée, de même que celle de la Vahea de Madagascar.
Toutes ces espèces sont supérieures au Ficus elastica pour la quantité de
caoutchouc. Les espèces inférieures en valeur sont la Landolphia de l'A-
frique tropicale, et YUrceola elastica de Bornéo.
636. Marihaii (déments R.). The irrigfation of Firoxpur. Geographical
Magazine, 1876, n* 3, p. 58-60.
Le gouvernement anglaisa fait exécuter en deux ou trois ans dix canaux
dans le territoire de Firozpour, au nord -ouest de l'Inde et entre le SutMge
et son affluent le Vjasa ou Bias : c'est l'ancien pays des Sikhs. Ce pays était
exposé à de terribles sécheresses, suivies de famine. Le travail s'est fait
par coi'vée, et les campagnards qui y ont contribué ont été divisés en deai
classes, selon la part qu'ils avaient prise à l'œuvre. Ceux de .l'une des
classes sont appelés abnosh (buveuri^ d'eau), et reçoivent, pour leurs irri-
gations, le contingent d'un canal entier. Ceux de l'autre cfause s'appelleet
ghaïfHibnosh (qui ne boivent pas d'eau) et ne sont arrosés que par de
petits bras supplémentaires de l'un des grands canaux.
637. BuRToif (R.-F.). Haydaràbàd ed i diamanti dell'India. Cotmof de
Guido Cora. Vol. III, 1876, fasc. IX, p. 328-534.
638. Van den Bebg. La tenure des terres dans l'Inde anglaise. Bévue
êcientif., 1876, t. X, p. 319 à 324.
yGoogk
IKDË. 375
639. Maclean. Guide to Bombay. Geography, history, trade, industry,
government and revenue. London, 1876.
640. Britisch-Ostindien auswârliger Handel nnd Scîiiffahpt, indemmit
dem31 Marzl874beendigtea Fiskaijahre. Preuasisc/ies Handels-
artihiv, 1876, n«29.
641 . BoTLE [I.-H ). The ûsheries of southem India. Calcutta Review,
1876, n» d'avril.
642. L'école des dentelières de Nagercoïl. Journal des Missions Évan-
géliques, 51" année, 1876, n** de septembre, p. 849-356.
643. Annuaire des établissements français dans ilnde. Pondtchéry^
1876, in-18.
644. ScHUQiNTWEiT (E. de). Dîe Englischen Himalaya Besitzungen.
Globus, XXIX, 1876, p. 248, 281 , 314, 376.
645. The Indian Alps, and how we crossed them, by a Lady Pioneer.
Ijondon^ 1876. Article critique dans Geogr. Magazine de Markham^
1876, n» 4, p. 100-101.,
616. HovB (0.). Notes on villages in Ilimalayas, in Kumaon, Gai^bwall
and on the Satlej. The Indian Antiquary, V, 1876, p. 161.
647. QuESNEL (Léo). Les explorations dans l'Inde, les monts Himalaya.
Revue polilique et littéraire, 2" série, vol. XI, 1876, n» 17,
p. 389-394.
Rébumé de quatre voyages particuliers faits par des Anglais, savoir : •
Andrews Wilson, le docteur Bellew, miss Goo^tance Gordon Cumming et
une « Lady Pioneer » (anonyme).
648. Mountaineering in the Himalaya. Blackwood's Magazine, 1876,
cahier d'avril.
649. Delsol (L.) missionnaire à Taiyore. Scènes de Maduré. I. Rumse-
ram. II. Ranmad. Les Missions Catholiques. Lyon, 1876, 8* an-
née, p. 1, 11, 13, 19, 23, 30, 31, 34.
650. Le temple de Dourga-Kound à Bénarès et la tribu des singes-dieux.
iio Revue scientif., 1876, liv. X, p. 191-192.
651. Sur les tours du silence à Bombay. Revue scientif., 1876, liv. 10,
p. 408.
b52. La ville et la mission &e^o\y\\ajï.. Journal des Missions Evangé^
ligues y 51» année, 1876, n» de mai, p. 180-187.
653. Gabgin de Tasst. La langue et la littérature hindoustanies en 1875.
Paris, 1876. in-8».
Précieuse revue annuelle publiée par l'un des savants les mieux placés
pour lui donner toute sa valeur. Elle renferme l'indication des principaux
ouvrages ou documents qui se publient aux Indes en liinduustani. Geite
revue permet de se faire une idée du mouvement littéraire indigène dans
les Indes anglaises.
yGoogk
376 ASIE. N- 606-676
654. HoDGsoN (B.-U.). Âborigines of India. Calcuita, 1876, in-8*.
655. La tribti des Garos dans l'Inde. Journal des Missions Evançi-
ligues, 51* année, 1876, n» de mai, p. 191-198.
656. Du même. Les Todas des ïïeilgherries ou Montagnes Bleues. Jour-
nal des Missions EvangétiqueSf 51" année, 1876, n* de septembre,
p. 544-347.
657. Jacolliot (Louis). Les traditions indo-européennes et africaines.
Paris, 1876, in-8".
658. Du même. La femme dans l'Inde. Paris, 1876, iri-8».
6(>9. The Hindu woman real and idéal. The British Quaterly Review.,
1876, n«de janvier.
660. nEYERinGE (H.). Were Sandarbans inhabited in ancient tlmes?/otfr-
nal of tlie Asiatic Soc, of Bengal. XLV, 1876, p. 71.
661 Bbetschneider (ë.). Notice of the mediseval geography and liistory
of central and western India. Drawn from Chinese and mongol
wriling and compared with the observations of western auiiiors
in Ihe middle âge. Shanghai, 1876, in-S"».
Ce travail, que nous n'avons point vu, se recommande par le nom de
son auteur auquel la géographie est redevable déjà de plusieurs recher-
ches estimables sur la Chine, etc.
662. Les Chaldéo-Catholiques, anciens Nestoriens du Malabar. Lu
Missions Catholiques, Lyon, 1876, 8« année, p. 55.
665. Rajekdra-Hala-Mitra. On the human sacriGces in ancient India.
Journal oftheAsiat. Soc. of Bengal. XYL, 1871, p. 76.
664. Gaffarel 'P.). L'Inde française, de 1503 à 1741. VExploratatr,
m, 1876, p. 358,493,517.
665. Hellwald (Friedrich Ileller von). Ein Dlick auf Kashmir. Oester-
reich. Monalschr. fur den Orient. Wien, 1876, n« 7, p. 100-103.
Haute vallée, fond d*un grand lac écoulé ou desséché, identifié par les
uns avec le Paradis terrestre, regardé par les autres comme l'un des ber-
ceaux de la première colonisation aryenne, le Gachemyr a longtemps véco
isolé sous diverses dynasties indigènes brahmaniques. Mais il a été en-
traîné dans le mouvement qui a porté au mahoméiisme une partie des
peuples de l'Orient. ]>epuis la chute de la dynastie des Sikhs, le Cacbemyr
est devenu un royaume quasi indépendant sous un ancien feudalaire îles
princes Sikhs. Ce fut d'abord Gholub Singh (depuis 1840) qui régna sur
le majestueux pays de Cacbemyr, aujourd'hui gouverné pai' son lib Rang-
bhir Singh. Ces souverains sont vis-à-vis des Anglais dans une position nal
définie. Tout en ayant laissé comprendre leur territoire dans le nomiire
de ceux dont les r'fiiciers anglais ont fait la géodésie, ils ont cependant
conservé la prérogative qu'aucun Anglais ne peut s'établir dans la coalrée,
ou y acquérir un pouce de terrain.
Le maharadjah de Cacbemyr règne, en outre, sur les territoires de
Leh ou Ladakh, sur le Ealtistan et sur le Ghilghit, territoire écarté visité
récemment par le voyageur hongrois Leitner.
yGoogk
INDE. 377
Gachemyr, la capital andenne du pays, m troata un pea au-dessous de
la capitale actuelle, sur leDjeloum, l'Hydaspes des Grecs, le Vedusta des
Iiidotts. On y Toit les ruines d'un temple indou très-ancien dont le toit
est couvert de sculptures d'un dessin vraiment classique. Cont: airement h
l'opinion commune qui avait trouvé dans ce monument une imitation de
l'art grec, un voyageur récent, M. Andrew Wilson, donne ces restes pour
des originaux d'une haute antiquité et qui auraient inspiré l'art hellé-
nique. Due autre curieuse ruine du même genre est celle du temple de
Mastand, que H. de Heliwald déclare être le reste le plus merveilleux et le
plus l%marqu»b!e de l'antiquité.
La capitale actuelle, Srinagar (en sanscrit : Siirit-Nagara, ViUe du So-
leil), est une cité moderne à laquelle l'auteur du travail dont nous par-
lons, voit des ressemblances avec Florence, Venise et Messine. En effet, si
la vaste^étendue de la vallée qui a une lieue et demie de longueur, et les
belles constructions de la ville rappellent Florence, l'analogie avec Venise
re.'-sorl des nombreux ponls (faits en troncs de cèdre déodora), canaux,
écluses qui traversent la ville et la font communiquer soit avec le Djelouiii,
soit avec le lac Dal. Les jardins flottants du Dal rappellent les anciens cM-
nampoi du lac Tezcuco, près Mexico. Le second grand lac de Cacbemyr
est le lac Wollar, dont les eaux sont couvertes par la riche végétation
d'une espèce de noix d'eau, la drups cornus (Druba bispinosa) dont les
Gachemyrieos retirent annuel'ement ju^u'à 60000 tonneaux destinés k
faire d'excellente farine et de bon pain. Mais le plus beau lac du Cache-
myr est le Manasa-Koul.~ >
Nous n'insisterons pas sur les beautés naturelles tant de fois vantées de
Ce pays : les fraîches prairies, les forêts magnifiques, les gorges pitto-
resques, les vergers et les jardins, l'air pur et le climat salubre. Le Ca-
chemyr occupe une superficie de 176113 kilomètres carrés et renferme
un million et demi d'habitants dont un tiers habitent la vallée même de
Cacheitiyr qui pourrait en nourrir plus du double.
Les Cachemyriens se divisent en population aryepne et 'non aryenne.
D'après le docteur Drew, les aryens du Cacbemyr peuvent se diviser en cinq
familles ou races: les Dogras, les Chibach, les Paharis, les Kachemiris et
les Dardes. Les Dardes, beaux musulmans sunnites du Dardistan et de
Ghilghit, sont considérés par le docteur Leilner comme les véritables
ancêtres des Hongrois et Magyars, qui seraient, en conséquence, de purs
Aryens. Il ne faudrait donc plus chercher cette origine dans les tribus
Ougro-altaïques telles que les Meschtcheriaks, entre le Volga et l'Oural, ni
dans le Tibet comme le fait Csoma de Kôros. Toute la race aryenne de ces
parties du Cachemyr a le type quasi européen.
Les Cachemyriens ont les épaules larges, la stature herculéenne, le nez
aquilin et les traits bien proportionnés. Leurs femmes, dont le teint rap-
pelle celui des Italiennes et dont les traits sont ceux des belles juives,
sont très -recherchées pour les harems de Tlndouslan.
Moralement parlant le Cachemyrien n'est pas aussi beau qu'il l'est phy-
siquement; fin, spirituel et rusé, il est très-corrompu, insouciant et sale.
Lu fabrication des fameux châles de poils de chèvre auxquels le pays a
donné leur nom est fort en déclin, car les tisserands sont trop pauvres
pour acheter les toisons de l'espèce la plus Une qui vient de Tousfar près
de Yarkaml. En revanche, le souverain actuel, le Maharadjah Rangbhir-
Singh, a introduit dans ses Étals Tindustiie de la soie; il a même décidé
les Brahminos à faire instruire leurs enfants dans l'ait de filer la soie.
C'est là un grand progrès, car au Cachemyr le brahmanisme, avec ses
castes, fleurit encore dans tout son fanatisme.
yGoogk
578 ASIE, N- 6 8-676
La popalation non aryenne det pays anneiés au Gachemyr eomprend les
BaUis, les Ladakhis et les Ghampas. Ces derniers, tous bouddhistes, prati-
quent la polyandrie, c'est-à-dire que cfaei eux une femme peut avoir plu-
sieurs maris. Ils paraissent avoir les poumons coostitués.d'unefaçoa par-
ticulière, car ils ne peuvent vivre qu'à des altitudes de 3300 à 4000 mètres,
dans les cols et les défilés.
Les Boltis et les Ladakhis, également bouddhistes et polyandrisles. habi-
tent les plaines du Baltistan et du Ladak; toutefois, une partie de ces
deui races, en embrassant l'islamisme, a échangé la polyandrie contre la
polygamie. Il en est résulté un surcroit de population auquA ne peuvent
subvenir les ressources asses maigres de la contrée.
666. BûHLER. Reise nach Kaschœir. GlobuSyWW, 1876, n» 9, p. 134,
148, etnMO, p. 148-151.
667. Ernodf [le baron). Le commerce de Cachemire au xtii" et au ux's.
Revue de France, 1876, n» d'avril.
668. Marsh (captain H.-G.). Description of a trip to the Gilgit-Yalley, a
dependancy of the Maliaradja of Kashmir. Journal of the Asiatic
Society of Bengal. Vol. XLV, part. 1, n» 2, 1876, p. 119.
Le capitaine Marsh a fait une tournée de chasse de quelques semaines
dans le Gilgilf pays montagneux situé sur un affluent du haut Indus, et
dont le Maharadjah de Gachemyr s'est emparé depuis 1874. Le Gilgit fait
partie de Kafiri&tan, cette patrie d'une belle population de souche arjeone
qui n'a voulu reconnaître aucune suprématie. Établis aux défilés delHin-
dou-Rouch, du Moustag, du Karakoroum, de l'Himalaya, les Kafiristaois
pouvaient en effet prétendre à rester indépendants. Mais, séparés les uns
des autres, ils ont fini par être peu à peu absorbés; de même que leChi-
tral et le Yassin, ils ont été soumis à l'Afghanistan ; le Gilgit et l'Iskardo
ont passé sous la dépendance du souverain du Gachemyr.
M. Marsh a appris, pendant son excursion, que le Mir Wali de Yassin qui
fit assassiner le voyageur anglais fiayward, en 1871, a été lui-même tué
dans une embuscade, tandis qu'il cherchait à reconquérir la domioatioo
dont il avait été exclu.
Le C;tchemyr subissant l'influence de TAngleterre, les explorations dans
les parties reculées de son territoire seront désormais moins périlleuses
qu'elles ne l'avaient été jusqu'à ce jour.
669. GoDWiN-AnsTEv (Major H.-H.). The évidence of past glacial action
in the Nàgâ Hills, Âssam. Journal of Ihe Royal Âsiatic Society,
part. II, n" III, 1875.
Toute la région des Négâ Hills a été recouverte par une croûte de gla-
ciers qui ont laissé, comme témoignages de leur présence, d'immenses
moraines. Toutefois, ces moraines diffèrent de celles de l'Himalaya et des
Alpes en ce qu'elles sont fréquemment composées de pierres désagrégées.
arrondies, réduites en limon et en sable. Il a dû y avoir une série de lacs
qui se seraient étendus jusqu'au Yunnan et sont actuellement à sec. Le
lac Loglak, près Munipour, serait le seul reste de cette chaîne lacustre.
De plus, on remarque, dans la v-jlléc de Berak, des terrasses alluviales,
hautes de 120 pieds et formées probablement par l'action des rivières i
l'époque des diluviens ou des alluvions.
Il convient de rapprocher ces faits de ceux que M. Severtzof étudiait en
1875 devant le Congrès international des sciences géographiques, i Paris.
yGoogk
INDE. S70
Cet émhieiit explontrar s'est, en efléti préoecope de la question des an-
ciens glaciers du centre de l'Asie.
670. Kl'bz (S.)- A sketQhof the Nicobar Islands. Journal ofihe Âsiatic
Soc. of Bengal, 1876, vol. XLV, part. II, n» 3, p. 105 à 164.
671. Gbtlon. a gênerai description of the Tsland, historical, physical
and statistical, containing the most récent information, by an Of-
ficer late of the Geylon Rifles. With a map. 2 vol. in-8». London,
1876.
672. Urbevôlkerung von Geylan. Âu8 allen Welttheilen, lil, 1876,
p. 283.
673. IIaiit8or5e^ertrand F.). De Wedda op Geylon. Tijdschrift van
het Aardrijkêkundig Genostschap, Amsterdam, 1876, n» 2, p. 126.
674. YoGEL (H.-W.). Die Bewohner der Micobaren. ZeiUchr. fur Ethno-
logie, Sitiungsberichle, VIU, 1876, p. 135.
675. YiRCHow (R.). Ueber die Andamanen und ihre Bewohner. Zeitsch,
fur Ethnologie, Sitzungsberichte, III, 1876, p. 101.
676. RdEPSTORFF (F.-Ad.). The Andaman Islands. Geogr. Magazine de
Markham, 1876, n« 7, p. 182-184.
Les lies Andaman, sur lesquelles l'attention a été attirée, il y a quatre
ans, par Tassassinat de lord Mayo, jouissent d'un Bon climat et d'une tem-
pérature chaude, mais inégale, et tempérée par des brises de mer. Les
parties non encore habitées sont couvertes d'épaisses forêts tropicales.
Le sol est ondulé et présente des hauteurs de 7 à 800 mètres.
Avant l'établissement des Anglais, les indigènes des Andaman menaient
une eiistence assez misérable ; ils vivaient surtout du produit de leur po-
che ; on trouve sur les cdies de fréquents tumulit accumulations de co-
quillages et des os, restes des repas de plusieurs générations d'indigènes.
Bans les parties écartées de l'tle, les Andamanais oootinuent ce genre de
vie, et on peut voir là se former des kiôkken tnoddings analogues à ceux
où la science a trouvé, en Danemark et en Ecosse, de si précieuses don»
nées préhistoriques.
L'archipel des Andam comprend quatre grandes lies avec une série d'Ilots.
L'une des lies est un lieu de déportation pour les condamnés de l'Inde
anglaise. On y pourrait faire une curieuse étude anthropologique, ^r elle
renferme des Arabes et des Persans, des Cachemyriens et des habitants
du Pundjab, desTanials et des Bengalis, des Malais, des Chinois, des Bir-
mans, des Telingis, des Cingalais.
L'Ile dp Ceylan.
Depuis quelques années Geylan a été l'objet d'études inté-
ressantes et approfondies. Maîtres incontestés de Tîle depuis .
1816, les Anglais ont cherché, dès cette époque, à lever un coin
du voile qui, jusqu*au dix-neuvième siècle, semblait envelop-
yGoogk
380 ASIE. N«« 608-676
per les origines de la belle île, si fameuse dans Tantiquité hin-
doue, sous le nom de Lanka^ et dans Tantiquité classique,
sous celui de Taprobane, Les travaux de Tennent, de sir Henri
Elliot et du colonel Yule ont fait la lumière complète sur plus
d*un point jusque-là controversé ; ils ont modifié le résultat
des études antérieures de Heeren et Ch. Lassen.
L*un des ouvrages les plus étendus (n^ 671) qui aient été
écrits sur ce sujet date de quelques mois. L'auteur anonyme
est un ancien oilScier des carabiniers (Riûes) de Geylan, que de
longues années de séjour dans Tile ont mis à même de réunir
un grand nombre de matériaux et de corriger ou compléter
les données de ses devaiiciers. Son travail comprend deux vo-
lumes dont l'un est consacré à l'histoire, l'autre à la géogi*a-
phie actuelle de cette région.
La première partie n'est pas, sans contredit, la moins en-
rieuse à lire ou à étudier. Nous y voyons comment, dès l'anti-
quité la plus reculée, Geylan a joué un rôle important dans
l'histoire primitive de l'Inde et dans les relations maritimes qui,
) ar l'intermédiaire des Phéniciens et des Arabes, n'avaient pas
tardé à s'établir entre la mer Erythrée et le bassin oriental de
la mer Intérieure ; car l'île actuelle de Geylan (il ne paraît pas
qu'il y ait désormais de doute à conserver sur ce point) est
bien l'antique Taprobane dont tous les géognphes de l'anti-
quité grecque et romaine ont parlé.
Nous savons que cette île s^appelait primitivement Lanka
Duripa (nom qu'elle a conservé, du reste, dans les traditions
religieuses des Hindous) et qu'elle fut plusieurs fois envahie,
longtemps avant notre ère, par des conquérants partis de la
vallée du Gange. Le plus célèbre d'entre eux est le fameux
Rama, dont le Ramayuna a chanté les exploits. Un autre, que
M. Turnour a fait connaître par sa traduction du Mahawama
(1827), esiWidjaya, qui, vers Tan 545 av. J. G., s*empara de
l'île et changea son nom en celui de Tamrapanni^ origine du
nom de Taprobane.
G'esl sous cette dénomination que la déciîvirent la plupart
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INDE. 381
des géographes anciens, bien que Ptolémëe l'appelle encore Pa-
loesimundu et Salice. he nom de Salice^ à en croire Eug.
Bumouf et Lassen, aurait seul survécu et se serait changé en
Ceylan.
Quelle croyance faut-il ajouter aux traditions hindoues qui
nous montrent Tîle de Lanka beaucoup plus étendue que n'est
aujourd'hui Geylàn, et nous parlent des inondations nombreu-
ses qu'elle aurait eu à subir du fait de FOcéan? L'ofljcier
anglais semble croire que primitivement cette île se rattachait
à tout un monde aujourd'hui sous les eaux de l'océan Indien ;
il cite à l'appui de son opinion les découvertes récentes faites
par la géologie sur les côtes de l'Afrique méridionale et des
îles de la Sonde. C'est un peu s'aventurer, croyons-nous;
de même aussi nous avons quelque peine à admettre l'iden-
tification de la Taprobane avec VOphir ou le Tarsis de TÉ-
criture sainte, que visitèrent les Phéniciens du temps d'Hi-
ram et de Salomon. Nous ne pouvons rien savoir de précis à
ce sujet.
Hais quand l'auteur nous fait assister au développement des
relations maritimes et commerciales que les Arabes, les Grecs,
les Romains, les Chinois et plus tard les Européens durent en-
tretenir avec le sud de l'Inde et l'île de Taprobane, nous mar-
chons alors sur un terrain plus solide; grâce aux textes
nombreux qu'il sait trouver dans les classiques anciens ou dans
les relations bouddhiques, nous ne pouvons douter que dès une
époque relativement éloignée, les parages de la mer Erythrée
ne fussent connus et fréquentés des peuples de l'extrême Occi-
dent et de l'extrême Orient. Nous constatons aussi que Ceylan
a dû être une des premières conquêtes de la religion bouddhi-
que qui y domine encore dans toute sa pureté ; la rivalité par-
fois sanglante qui mit aux prises le brahmanisme des Veddas
et le bouddhisme des Palis dans la vallée du Gange et le De-
khan, s'est arrêtée aux rivages de cette île privilégiée. Ce n'est
donc pas sans raison (}ue nous voyons Uioueji-Thsang et les
pèlerins chinois traverser tout le continent asiatique pour venir
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382 ASIE. N- 608-676
«
recueillir, àTrincomale ou à Candy, les traditions les plus an-
ciennes du culte de Bouddha.
Grâce à cet historique étendu et habilement présenté, Tau-
teur nous fait mieux comprendre cette juxtaposition de races
différentes qui forment aujourd'hui la population de Ceylan,
en même temps qu'il nous indique Torigine de chacune
d'elles.
Les peuples primitifs, les aborigènes, ont été les Vedda
qui aujourd'hui vivent dans les bois, loin des villes et des cô-
tes, poursuivis par le mépris ou la haine des autres habitants.
Puis sont venus les Cinghalais, descendants, dit le Mabawa-
ma, des compagnons de Widjaya, émigrés de la vallée du
Gange. Plus tard les Malabars ont occupé la partie occidentale
de nie, depuis le golfe de Manaar jusqu'à Colombo où les at-
tiraient la pêche des perles, la chasse des éléphants et la cul-
ture de la cannelle. Ils ne tardèrent pas à être suivis des
Maures et des musulmans qui, peu après la mort de Mahomet,
se répandirent sur tous les rivages de l'océan Indien. Les
Portugais, les Hollandais ont laissé, eux aussi, des traces nom-
breuses de leur passage, et les idiomes parlés dans la plus
grande partie de l'ile sont un mélange confus des dialectes
qui rappellent ces dilférentes nationalités. L'anglais n'est guère
parlé que dans les ports et par la colonie européenne.
Les productions variées du Ceylan actuel nous expliquent
l'ancienne renommée de la Taprobane, et nous comprenons que
les Romains aient tenu en grande estime ces denrées ou ces
richesses que les contemporains de Pline recherchaient avec
passion. En effet, aujourd'hui encore, Ceylan est célèbre par
ses perles, ses éléphants et ses épices, sans compter les plan-
tations nouvelles qu'y ont importées les peuples modernes, et
parmi lesquelles le café et le cacaoyer tiennent le premier
rang.
C'est aux environs du golfe de Manaar que se recueillent
les perles les plus estimées de l'Orient, après celles du golfe
Persique^ et cette pêche produit aujourd'hui près de cinquante-
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INDE. 98S
deux mille livres sterling. La cannelle de Ceyian a de tout
temps été considérée comme la meilleure et la plus estimée ;
les Orientaux en faisaient et en font encore le plus grand cas.
Aussi le gouvernement anglais en a-t-il développé partout la cul-
ture, qui produisit en d 868 plus de cent deux mille livres ster-
ling. Le café, la canne à sucre et le cacaoyer sont également
une source inépuisable de richesses, et les chiffres donnés par
l'auteur témoignent de l'importance exceptionnelle de ces pro-
duits dans l'exportation de l'ile.
. Quant aux éléphants qui paissent dans la partie méridionale
de Tile, ils ont conservé, eux aussi, leur ancienne renommée;
un détail est digne de mention : jusqu'à l'établissement défi-
nitif des Anglais dans le pays, les rois de Candy ou de l'inté-
rieur les employaient comme exécuteurs des hautes œuVres,
et les chargeaient de broyer les victimes cond unnées à mort.
Quant à la faune et à la flore de l'île entière, elles sont des
pins variées, et Fauteur entre dans des détails nombreux qu'ap-
firécieront surtout les naturalistes.
A combien peut aujourd'hui s'élever la population de l'ile?
Sans l'évaluer à un chiffre bien exact, on la fixe à deux mil-
lions cinq cent mille habitants répartis sur une superficie de
six millions quatre cent mille hectares.
11 a été question, ci-dessus, des Vedda de Ceyian. Nous
trouvons, dans une note de M. Harthorne {n^ 673), quelques
renseignements sur cette population. Elle vit dans les mon-
tagnes des districts de Ouva et de Medama, divisée en Gan-
Yedda, ou Vedda sédentaires, et en Kélé- Vedda ou Vedda no-
mades. Ces derniers sont h vrai dire plus vagabonds encore
que nomades; ils n'ont pas d'abri, vivent en plein air, et par
Torage seulement ils se réfugient dans un arbre ou dans le
creux d'un rocher. Petits de taille, ils ont les extrémités fines.
Ils sont d'une malpropreté repoussante et occupent lés derniers
degrés de l'échelle humaine. D'idées, ils n'en ont aucune, pas
plus que de notions sur l'avenir et de souvenir du passé ou de
leurs ancêtres; ils oublient vite jusqu'au nom même de leurs
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S84 ASIE. N- 6774)97
plus proches parents. Leur idiome, très-pauvre, se limite aux
termes nécessaires pour désigner les objets les plus indispen-
sables. Ils ne savent même pas compter sur leurs doigts. L'au-
teur constate comme une particularité que les Yedda pleurent
souvent mais ne rient jamais ; rire en leui* présence, c est les
eifaroucher ou les choquer.
IX
TIBET
677. Discovery of Fatber Ippolito Desideri's Journal in Tibet. Geo-
graph. Magazine de Markham, 1876, n* 1, p. 21 , et n* 9,
p. 253-254.
678. Veth (P.-Z.). De Nederlandsche Reiziger Samuel van de PuUe.
Tijdschrift van het Aardrijkskundig Geno9Uchap, Anuterdanif
1876, 1, p. 1-19.
679. Habeham [Cléments R.). Narratives of the mission of George Rogle
to Thibet and of tbe Journey of Thomas Manning to Lhasa. Edited
with notes, an introduction, and lives of Mr. Bogie and Mr. Man-
ning. Ijjndon, 1876. Carte et illustrations.
680. Markham (G. R.). Travels in Great Tibeit, and Trade betwen Tibet
and Bengal. Journal of the Royal Geographical Society, t. ILV
(1875), p. 299. London, 1876.
Dans cet article, où il a résumé les relations de Bogie et Manniog.
M. G. Markham donne aussi une description générale du Tibet dont nous
extrayons les passages suivants :
« Ce grand plateau peut ôtre, à certains égards, comparé au CoUao du
Pérou, situé entre les Cordillères maritimes et orientales des Andes. L'un
et Tautre des plateaux nourrit de grands troupeaux, et sur tous les deui
c'est un ruminant qui sert d'animal de transport : le lama au Pérou, le
mouton au Tibet. Au Péiou, le lac Titicaca, situé à 3600" d'altitude, »ert
de moyen de communication par une ligne de steamers ; au Tibet, 1<
transport est une grande route fluviale pour les marchands et leurs mar-
chandises; elle est également située à 3600* au-dessus de la mer. Le
Tibet et le CoUao du Pérou abondent en métaux précieux, en sel et en
borax. Au Tibet, cea richesses sont d'un plus difiiciie accès. D'un côté le
Gollao est bordé par la Cordillère littorale avec des passes qui conduisent
à la côte du Pacilique, de l'autre il a la chaîne aurifère des Andes orien-
tales qui dominent les riches plaines alluviales de l'Amazone. Le Grand
Tibet est plus isolé. Au sud, les puissantes masses extérieures de l'Hima-
laya ne peuvent être traversées que par des passes d\uie extrdme dilft-
yGoogk
TIBET. 385
culte, Termccs par les neiges pendant une partie de l'année. Du côté du
nord, la perspective de plusieurs mois d'un voyage plus redoutable encore
à travers des plateaux glacés et d'erfrayantes gorges de montagne, dé-
tourne le voyageur qui voudrait passer du Tibet en Chine. »
68i. Mo.NTGoiiEBiE (Ueut-col. T. G.). Narrative of an Exploration of tlie
Namcho, or Tengri Nûr Lake, in Great Tibet, made by a Native
Explorer, during 1871-1872. Journal ofthe Royal Geographical
Society, t. XLV (1875), p. 315. London, 1876.
Cet arlîc'e est composé d'extraits du Journal de voyage d'un explora-
teur tibélain qui a visité le Tengri-Nor, et dont il a été précédemment
question dans V Année géographique, t. XllI. p. 184.
682. MoNTGoiiEniE ilieut.-col. T. G). Mémorandum on Ihe Results of
the above Exploration. Journal of the Royal Geographical So-
ciety, t. XLV (1875), p. 325. London, 1876.
Le colonel Mont^omerie expose, dans cette note, les résultats du voyage
de l'un de ses indigènes au lac Tengri-Nor ou Nam-(cbo (Lac du Ciel). Des
observations de latitude ont été faites à dix endroits, et des détermina-
tions d'allilude à vingt-quatre endroits. La différence de longitude entre
Shigatzé et L'flassa, déterminée par cet explorateur indigène, est de 9*
inférieure à celle qu'avait donnée le Pundit qui se rendit à L'Hassa il y a
quelques années. La différence étant peu considérable, autorise l'idée que
les itinéraires ont été soigneusement mesurés. Le baromètre anéroïde a
donné de mauvais résultats, comme on pouvait s'y attendre à de pareilles
hauteurs.
083. MoNTGOMERiE (lleut.-col. T. G.). Journey to Shigatzé, in Tibet, and
Return by Dingri Maindan into Nepaul, in 1871, by the Native
Explorer n» 9. Journal of the Royal Geographical Society, t. XLV,
p. 330.
Relation abrégée de l'exploration d'un indigène, de Darjiling à Shigatzé,
à Sliakia, à Dingri-Maidan, à Niham, à Katmandou. — Voici, d'après les
déterminations du voyageur, discutées par le colonel Montgomerie, la po-
sition des principales étapes du voyage :
Darjiling.... Lat.N. 27*2' Long. E. (Greenwich) 88*19' Altit. 2210-
Shigatzé 29*17' 88*47' 3603-
Katmaudou.. 27*41' 85*18' »»>»
684. Du même : Eitracts from an Exploreras Narrative of his Journey
firom Pitcragarh in Kumaon, via Jumla, to Tadum and back, along
the Kali Gandak to British Territory. Journal of the Royal Geo-
graphical Society, t. XLV, p. 350.
685. Nain Singh. The Lhasa Pandit, Geographical Discoveries in Tibet.
Geograph, Magazine de Markham, 1876, n" 6, p. 145-141. His
retirement from service, ib., 1875, n® 5, p. 156.
686. Chadvead (Mgr). Le Thibet en 1875. Les Missions Catholiques,
Lyon, 1876, 8* année, p. 79 et 92.
687. TouRNAFOND (P.). Les mines du Thibet. VExplorateur, IV, 1876,
p. 151.
l'année tïÉuGU. XV. 25
yGoogk
' î^ \ ASIE. K- 677-69
688. Desgodins (A.). Le Thibet et le Bouddhisme. Les Missions Catho-
liques. ÏAfon, 1870, 8- année, p. 378, 59i, 404.
689. Desgodins (l'abbé). Lettre sur les pays frontières du Thibet, de
là Birmanie et du Xunn&n. Bulîetin de la Société de Géographie ^
1876, cahier d'octobre, p. 4Ôi â 4ll
690. iAscHBE (A. H.). Erklârung der in Desgodins « Mission du Thibet •
vorkommenden Tibetischen Wôrter und Namen. Zeitschrift der
Geselîsch. in Uipzi'g, Vol. XXX, i87*6, cah. î, p. 107-ii4.
691. Desgodins (l'abbé). î^otes ^OlogiqueS sur la route de Yerkalo à
Patang. BuUeiiA de la Société de Géogt^aphie, 1876, novem-
bre, p. 942 Â 508.
692 . Desgodins (Fabbé) . lé Tert-itoire de Bathang (Thibet) . BulktiH de la
Société de Géographie, 1876, décembre^ p. 614 à 625.
693. Desgodins (l'abbq). Notice sur lé Thibet. Bulletin de la Société
de Géegraphiet 1876, septembre, p. 515 à 326.
Les notices que lé laborieux abbé Desgoditts envoie si régulièremenl à
la Société de géographie de Paris forment une collectroil où les géogra-
phes trouveront des données précieuses sur une partie de l'Asie encore
fort imparfaitement connue.
604. Forschungen in Kasclimir, Népal und Tibet. Àusland^ 1876, n«' 5
et 7.
695. Caiuaud (F. Romanet du). Voyage d'un pionnier du commerce bri-
tannique de Schangaï au Tibet oriental. V Explorateur, lîl, 1876,
p. 496,519,556.
Extrait de la relation de voyage de Cooper.
696. Ganneval (A.). Le Thibet et la Chine occidentale. Bulletin de la
Société de géographie de Lyon, 1876, t. I, n« 5, p. 385-399.
697. Geographische Entdeckungen in Tibet. Ausland, 1870, n* 27,
p. 537.
Anciens voyageurs au Tibet.
Le tibet se dégage peu J peu des nuages. Aujourd'hui nous
aurons à signaler, pour cette partie de TAsie, cinq nouveaux
voyages, dont quatre, il e^t vrai, remontent au commence-
ment du siècle dernier ou du présent siècle. Toutefois, le qua-
lificatif de « nouveaux » ne paraîtra pas trop déplacé â ceux
qui savent combien le Tibet est d'un accès difficile, et combien
est restreint le nombre des voyageurs qui ont réussi à y pé-
nétrer.
Qu'on nous permette à ce sujet quelques pages sur l'histoire
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TIBET. ZSl
des explorations au Tibet. Nous en prenons la substance dans
le remarquable chapitre dont M. Cléments Markham a fait pré-
céder la relation des voyages de Bogie et Manning au Tibet.
FjCS premiers voyages d'Européens au Tibet eurent lieu à
l'époque où le bouddhisme s'établit dans ce pays. Entre 1316
et 1530, le Frère Odoric de Poidenone, dit le colonel Yule
dans son Cathay and the Way Thither, api es un voyage de
plusieurs jours à travers le Kansan (le Shen si el le Ssc-
tcliuen), îirriva dans la cité royale du Tibet, L'IIassa, entière-
ment bâlie en murs noirs et blancs. Là, dit le Frère Odoric,
personne n'oserait répandre le sang même d'un animal, et là
également demeure YAhassi, c'est-à-dire le pape.
Plus de trois siècles s'écoulèrent pendant lesquels aucun
voyageur européen ne ^isita le Tibet. Le jésuite Antonio An-
drada, en 1624, partit d'Agra, passa par le col qui domine les
sources du Gange et, après de terribles souffrances, il attei-
gnit le lac sacré de Mansaïawar, source du Sutledje. Son re-
tour en Chine eut lieu par la passe de Rudok et probablement
par le pays des Tungouls.
Les voyageurs suivants, les Pères Grueber et Dorville, firent
plus encore, puisqu'ils allèrent de la Chine aux hides par
L'Hassa.lUeur fallut six mois pour faire la route de Pékin à la
capitale du Tibet oii i's restèrent deux mois à étudier la religion
bouddhiste. Ils revinrent à Khatmandou, dans le Népaul, eu
passant par « d'efiroyables précipices », et deux cent quatorze
jours après avoir quitté Pékin, ils étaient à Agrah oii mourut
le P. Dorville. Grueber, continuant seul son voyage à pied à
travers l'Inde et la Perse, s'embarqua enfin à Smyrne pour re-
tourner à Rome. Il mourut au cours d'un second voyage en
Chine. (1665). Malheureusement, sa relation se résume enfoit
peu de chose*
A Grueber et Dorville succédèrent deux autres jésuites, le
P. Hippolilo Desideri et le P. Manoel Fi-eyre. S'élant rencon-
trés à Delhi en 1714, ils allèrent au Cachemyr, traversèrent la
passe de Mariam, atteignirent L'Hassa en mars 1716. Desideri
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388 ASIE. N- 077-C07
resta dans cette ville jusqu'à 1729, époque à laqucUe il fut
rappelé par le pape.
Ce Desiileri n'avait pas laissé, croyait-on, plus de noies qî'e
Grueber. On ne connaissait de lui que quelques lettres publiées
au t. Xn des Lettres édifiantes et une lettre insérée dans la
Bibliotheca PistoiensiSj par Zaccaria, quand M. Carlo Puini,
ancien secrétaire de la Société géographique italienne, déœu-
vrit dans la bibliothèque de la Propagande, à Rome [n? 677) , deux
lettres de Desideri au pape (1717). M. C. Puini a eu, de plus,
la bonne fortune de trouver dans la bibliothèque d'un parti-
culier, à Pistoie, la patrie de Desideri, un manuscrit de plus
de cinq cents pages, portant la date de 1 727, oii le mission-
naire avait réuni ses notes sur la géographie du Tibet. Voilà
qui promet une intéressante publication.
Desideri avait été rappelé en Europe par suite de plaintes
que les Capucins établis à L'flassa avaient, à tort ou à raison,
dirigées contre lui. En effet, une mission dé douze capucins*
dirigée par Orazio délia Penna (de Macerata), s'était établie
au Tibet, vers 1719, et y prospéra pendant près d'un quart
de siècle. Délia Penna, après vingt-deux ans de séjour à L'Ilassa,
oii étaient morts neuf de ses compagnons, revint à Rome en
1755. 11 en repartit accompagné de neuf missionnaires et se
retrouvait à L'Hassa en 174!0. En 1749, il mourut à Palan, où
l'avaient appelé les intérêts de la mission. Les renseignemenis
qu'on lui doit sur le Tibet sont nombreux, et ses lettres ont
été publiées par Klaproth dans le Journal Asiatique. On peut
voir, d'après ces documenls, que, grâce à l'intelligente pro-
tection des lamas du Tibet et du souverain du Népaul, les rela-
tions étaient libres alors entre l'Inde et le Tibet.
Il faut rappeler qu'aux premières années du siède der-
nier, le grand empereur chinois Kang-Hi avait envoyé à L'Hassa
une ambassade chargée de réconcilier entre elles les sectes des
lamas à bonnets rouges et à bonnets jaunes. Pendant les deux
années de son séjour au Tibet, l'ambassade réunit les éléments
d'une carte qui fut remise au P. Régis, l'un des jésuites cliar-
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. TIBET. 389
gés par Kang-Hi de dresser une grande carte de la Chine. Le
P. Régis ayant refusé de faire entrer ces matériaux d'une
exactitude insuffisante, dans la carte d'ensemble de rempire
qui avait été dressée avec certains soins, Tempercùr décida de
faire faire des levés spéciaux du Tibet. En conséquence, deux
hmas furent formés à la pratique des observations et rappor-
tèrent les données sur lesquelles aujourd'hui encore reposent,
pour leur plus grande partie, les cartes du Tibet.
Ici doit prendre place la mention des voyages d'un Hollan-
dais, Samuel Van de Putte, issu d'une excellente famille et
qui, lui-même, avait été maire de Flessingue, sa ville natale. •
Parti d'Alep à la suite d'une caravane, il atteignait d'abord Ispa-
han, se ti-ouvait au port de Gochin en 1724, et visitait le sud
de rinde avec l'île de Ceylan ; puis, costumé en marchand indi-
gène, il parcourait les « États du grand Mogol ». C'est ainsi
qu'il arriva à L'Hassa, où il fit un assez long séjour pour se fa-
miliariser avec la langue tibétaine et nouer des relations avec
plusieurs lamas. Sous le costume d'un mandarin chinois, il
partit enfin a la suite d'une ambassade de lamas envoyés à Pé-
kin, et fut sans doute le premier Européen qui ait vu le haut
cours du Yang-tséKiang ainsi que la région du Konkou-Nor,
récemment visité par le voyageur russe Prjevalski. Dans tous
los cas, il est le seul qui ait jamais accompli entièrement le
voyage de l'Inde en Chine par L'Hassa.
Plus tard, déguisé en prêtre tartar, en chamelier, en man-
daj'in, il revint au Tibet par l'Assam. En 1737, il assiste an
sac de Delhi par Nadir-Shah, puis on le perd de vue jusqu'en
1743, où il repart du Bengale pour visiter Java, Sumatia et la
presqu'île malaise.
Van de Putte mourut à Batavia le 27 septembre, à l'âge de
cinquante-cinq ans et au moment où il se diî^posait à regagner
son pays. On assure qu'au Tibet, comme dans tontes les parties
de l'Orient qu'il visita, Van de Putte fut considéré comme un
saint, à cause de la pureté de sa vie et de l'étendue de ses con-
naissances. Tousses papiers devaient être brûlés, d'après le vœu
.„_.., Google
390 ASIE. N«» 677-697
même du voyageur qui craignait que, faute de les bien dé-
chifTrer et coordonner, on ne publiât des erreurs avec la sanc-
tion de son nom. Le journal principal a donc été malheureuse-
ment détruit. Toutefois, quelques notes écrites sur de petites
feuilles et renfermant des indications intéressantes ont été con-
servées au muséum de Middelburg, avec un croquis donnant la
région comprise entre le cours du Gange et Chi-Katzé, au
Tibet.
M. Vetb, Térudit président de la Société de géographie
d'Amsterdam, a consacré à la mémoire de Van de Putte une no-
. ticc (n** 678) où il a bien mis enlumière cette intéressante per-
sonnalité.
Mais voici, pour la géographie du Tibet, un livre important;
il est intitulé : Narrative of the mission of George Bogie to
Thibet and ofthe Joumey of S. Thomas Manning to Lhasa
(n^ 679). C'est, d'une part, le récit de la première mission
anglaise au Tibet, celle de G. Bogie, en 1774, et d'autre part
le journal de Thomas Manning (1811), le seul voyageur anglais
qui ait jusqu'à présent visité L'Hassa. Bogie fut envoyé en
mission par Warren-Haslings, premier gouverneur de Tlnde
anglaise, dont les actes si diversement appréciés, même en
Angleterre, n'ont pas moins contribué à établir solidement
l'autorité britannique sur les rives de l'Indus et du Gange. Le
récit de celte mission qui était resté manuscrit, a été édité par
les soins de M. Clemeiits M^rkbam, l'éminent secrétaire de k
Société de géographie de Londres.
Bogie s'était montré l'un des plus actifs agents de la politi-
que de Warren Hastings, et comme tel, il fut choisi pour en-
trer en relations avec le Teshou-Lama^ qui résidait au monas-
tère de Tashi-Lourabo.
Bogie donne les détails les plus circonstanciés sur l'Âssam et
le Boutan, sur les passages et les routes, sur la théocratie des
lamas, son origine, son influence, sur les coutumes des habi-
tants, et notamment sur la polyandrie : « Les femmes, dit-il,
prennent leur revanche de ce qq'elles subissent dans les autres
.y,_.., Google
TIBET. 391
contrées de TAsie; car, là, chacune d'elles soumet plusieurs
époux à ses moindres volontés. »
Quant à la seconde relation, celle de S. Thomas Manning,
elle est d^un personnage ibrt excentrique du commencement
de ce siècle, dit M. Cléments Markham, et qui consacra sa for-
lune à visiter, dans un but de curiosité personnelle, la partie
centrale du Tibet. George Bogie avait vu le Teshou-Lama à Tashi-
Loumho; Thomas Manning se rendit à L'Hassa, auprès du Da/ai-
Lama ou grand Lama. 11 vécut quelque temps dans cette vilJe,
exerçant la profession de médecin et fort apprécié des indi-
gènes. Il put parcourir en toute sécurité une partie de la
vallée du Tsampou, reconnaître le laç Palti,, ui^e des plus g^anjes
masses d*eau du Tibet, et toutes ses information!;, bien (jju'çlles
ne soient pas d*Vf^ caractère géograpliioue, viennent s*£\jouter
à celles que les Pères jésuites avaient déjà publiées suj^ ces pays,
dans le courant du dix-builième siècle.
Ainsi que nous l'avons dit, l'état de qos connaissances sur
le Tibet çst tel que malgré leii^r date, les rela|ion$ de Bogie
et de Hanning présentent encore un ^rand intérêt. Au point
de vue de Thistoire (les découvertes elles Tauraiei^t présenté,
d'ailleurs, en toutes circonstances, et il faut signaler encore
une fois l'intrQçluction que H. Cléments llarkham ^ 4onnée
au livre, avec le concours des hommes les plus ériidits en ces
matière^, le colonel Yule, le colonel Hontgpmerie, M. Major,
le docteur IlQokçr, H. Yeth, etc.
Après l'exposé 4es phases par lesquelles a pas^ la géograpbie
duTibetf vient la c|esçriptiori du pays d'après les voyageurs qui
se sont succédé de 1860 a 1875. Les explorations des frères
Schiagintweit avaient déjà modifia sensiblement l'idée qu'on
se faisait du plateau tibétain; mais les données acquises de-
puis lors, surtout grâce aux voyages des pandits hindous ^n
colonel Hontgomerie, dont nous allons avoir à parler, ont ar-
rêté nettement pour les géographes, les lignes générales de ce
plateau, le.plus élevé à la fois, et le plus considérable du globe.
Dans son introduction, H. Cléments Markham tient pour vidée
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592 ASIE. «"617-697
la fameuse question géographique de Tidentité du Tzang-Lo-
tcliou et du Bi ahinapoutra, bien qu*à vrai dire une certaine
longueur du fleuve n'ait encore été vue par aucun voyageur ^
Ce n*est pas aux géographes seulement que nous devons re-
commander la lecture de ce livre plein de détails piquants.
Bogie et Hanning s'y montrent comme des hommes de carac-
tère et d'esprit en compagnie desquels il est bon de parcourir
le Tibet. ,
Récentes découvertes du pandit Nam-Singh, dans le Haut-Tibet.
La publication de ces anciens voyages n'est pas le seul fait
à signaler cette année pour la géographie du Tibet, car voici
un voyage tout récent, dont Timportance n'échappera pas à
nos lecteurs.
L'un des indigènes que le colonel Montgomerie avait si ha-
bilement formés à la pratique des voyages, a réussi à traverser
le Tibet, de Noh, près des lacs Pangong, à L*Has$a. Il est revenu
delà sur la province d'Assam en franchissant la haute ligne de
partage entre les tributaires du Tzang-bo-tchou et ceux du
Brahmapoutra.
Les lecteurs se rappellent que le tome VII (1868) de V Année
géographique les avait entretenus d'une eiploration remarqua-
ble aux sources de Tlndus, du Sutledj et du Tzang-bo-tchou,
avec un itinéraire du cours de ce fleuve et une détermination
de la latitude et de l'altitude de L'Hassa. On ne connaissait
point alors par son nom l'indigène aussi heureux qu'énergique
auquel étaient dus ces importants résultats : il avait fallu, eu
effet, dans l'intérêt de sa sécurité, lui conserver l'anonyme.
Nous savons aujourd'hui qu'il s'appelait Naïn-Singh, et c'est
lui encore qui a fait, du 21 juillet 1875 au 11 mars 1875,
le voyage dont nous allons parler. Mais il faut donner d'abord
quelques détails biographiques sur ce voyageur si méritant.
Nain-Singh est uatif de Milani, dans le district montagneux
* Voir, au sujet de ceUe qu(:»tion : Année géographique, 1. 1, p. 3M.
.„,_., Google
TIBET. 593
de Kumaon, tout près de la frontière sud-ouest du Tibet. Il
avait été, en 1856 et 1857, au service des frères Sihlagintweil,
alors qu'ils exploraient le Cachemyr et le Ladak. De 1858 à
1859, il fut directeur de l'école indigène de Milani. Depuis
lors, préparé par le colonel Montgomerie, il n'a pas ces-sé d être
attaché au levé trigonométrique de Tlnde, et en 1873 il ac-
compagnait la mission de H. Douglas Forsyth à Yarkand.
Le voyage par lequel Naïn-Sing a couronné sa laborieuse et
utile carrière, eut comme point de départ, -Tankse, d'où il se
mit en route le 21 juillet 1875 pour pénétrer au Tibet sous le
costume d'un lama pèlerin.
Franchissant les cols de Changchenmo et de Massimik, qui
atteignent 5000 mètres d'altitude et au delà, il tournait à
Test et arrivait au village de Noh, à quelque dislance de la
rive septentrionale des lacs Paiigong. La marche était lente,
car le transport des bagages se faisait à dos de mouton, cha-
que animal portant de sejjt à neuf kilogrammes et se nourris-
sant de rherbe qu'il rencontrait le long de la route. Sur vingt-
six moutons dont le troupeau se composait au départ, quatre
seulement parvinrent à L*Hassà, après un trajet de 1600 kilo-
mètres.
La légion que Naïn-Singh traversa de Tankse à Noh est la
partie nord du Tibet occidental ou Nari-Korsum. La route de
Noh à Khotan s'élève peu à peu jusqu'à 4700 mètres et à
5000 mètres, pour redescendre assez brusquement sur les plai-
nes de la Kashgarie.
Le pandit a, pour la première fois, déterminé l'extrémité orien-
tale des lacs Pangong, que coupe en deux la frontière du La-
dak et du Tibet. Ces lacs, longs de 160 kilomètres, sur une
largeur très-peu considérable, présentent la particularité que
ceux de l'extrémité orientale *ont des eaux douces et po:ables,
et ceux de l'extrémité opposée, des eaux saumâtros. Ils ne
sont, du reste, que les derniers à l'ouest d'une série de lacs
dont le pandit a constaté l'existence entre la frontière du La-
dak et le Tengri-Nor, c'est-à-dire sur près de 1200 kilomètres.
394 ASIE. N" 677-607
Le chemin qui part de Noh et se dirige vers l'est suit une
vallée longue et riche en pâturages, où çà et là seulement
apparaît une butte de berger; de nombreux troupeaux d'ânes
sauvages, d'antilopes et de moutons énormes {Ovis Ammon) ani-
ment le paysage. On rencontre fréquemment de grandes éten-
dues d'eau généralement salées, mais parfois aussi alimentées
par des courants d'eau douce.
La région se maintient à une altitude générale de 40Q0
à 4500 mètres. Elle est habitée par des Khampas qui vinrent
des environs du Koukou-Nor, a l'est du Tibet, il y a environ
vingt-cinq ans. Cette peuplade est décrite par Naïn-Singh
comme appartenant à une race fortement constituée et large
d^s épaules. Les hommes sont habillés de peaux de mouton,
avec des coiffures en feutre et des bottes de cuir à pointe re-.
courbée. Tous biens armés, les Khampas sont de grands
sportsmen; hommes et femmes vivent presque constamment
à cheval. Leurs tentes, faites de poil de yak, sont noires. Il est
permis d'admettre que ces Khampas venus de l'est sont les
Kara-Tangouts de M. Prjevalski.
Le 17 septembre, Naïn-Singh. atteignait les mines d'or de
Thok-Daurakpa, inoins impoi tantes que celles de Thok-Djalung,
qil'il avait visitées en 1867. Avec deux autres mines situées
plus à l'est, les mines de Thok-Daurakpa sont sous la direction
d'un fonctionnaire de L'Hassa qui porte le titre de Sarpon» La
production annuelle s'élève à environ 200000 francs, qui sont
envoyés à tiartokh.
Pendant plusieurs marches, le voyageur traversa de hautes
plaines couvertes de prairies que parcourent d'innombrables
troupeaux d'antilopes. Au sud s'élevaient les pics neigeux de
la chaîne la plus septentrionale de l'Himalaya, celle du Gang-
disri que Naïn-Singh put suivre pendant 500 kilomètres et dont
le sommet culminant, le Targot-Yap, sëlève à près de 7600
mètres. Le pied de ce massif baigne dans un vaste lac, à l'autre
extrémité duquel est le district de Nakchang-Ombo, dominé
par des montagnes neigeuses, et remarquable en ce qu'il pré-
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TIBET. 395
sente de vastes cultures d'orge, bien qu*il ne soit pas à une
moindre altitude que le reste du plateau tibétain. Depuis
Chabuk-Zinga, non loin des lacs Pangong, à 55 marches à
l'ouest, jusqu'aux environs de L'Hassa, à 39 marches vers
l'est, Ombo est le seul point où le voyageur ail rencontré des
cultures.
Du district d'Ombo au grand lac Tengrl-Nor ou Nam-Cho, le
pays se maintient à 4500 ou 4800 mèlres. Les eaux des grandes
montagnes du sud s'y déversent dans la chaîne de lacs décou-
verts par le pandit, et dont les plus considérables sont le Dan-
gra-Yum-Cho, au pied du Targot-Yap, et le Kyaring-Cho, un
peu plus à lest. Le premier a 70 kilomètres de longueur, sur
40 de largeur ; le second a 60 kilomètres, sur 12 à 20. Ils sont
en général poissonneux et fréquentés par des myriades d'oi-
seaux sauvages.
Naïn-Singb, après avoir vu le Tengri-Nor, immense nappe
^'eau qu'un de ces prédécesseurs avait visitée en 1872, attei-
gnit enfin L'Hassa, le 18 novembre, mais il n'y put rester que
deux jours, certains indices lui faisant craindre d'avoir été dé-
couvert. Il visita ensuite Tancien monastère de Sama-yé-Gonpa,
dont toutes les idoles sont d'or pur et qui renferme une riche
bibliothèque de théologie bouddhiste.
Il se remit de là en route vers le sud en traversant le Zang-
bo-tchou au point le plus éloigné qu'on connaisse aujourd'hui
de ses sources. Sur ce point le fleuve avait environ 500 mè-
tres de large, 6 mètres de profondeur et un cours très^lent.
A Chatang, la première ville que rencontra le pandit sur la
rive droite du Tsampou, il apprit que le fleuve continue peu.
dant 48 kilomètres à l'est, puis tourne au sud-est. C'est sur
cette seule donnée que repose, quant à présent, Tidentification
du Zang-bo avec le Brahmapoqtra.
Après avoir traversé divers cols dont l'un, celui de Karkang,
a 4900 mètres, le pandit revint sain et sauf à Odalguri, dans
l'Assam, le 11 mars 1875, après avoir parcouru, à partir du
lac Pangong, 2100 kilomètres, dont 1900 en pays tout à fait
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39Ô » ASIE. K- 677-097
inconnu. Il a, durant ce voyage, fait 276 observalions astrono-
miques de latitude, et 497 observalions d'altitude, qui, avec
la série des lacs dont on lui doit la découverte, vont modifier
et compléter nos cartes du Tibet; enfin, il a reconnu la route
qui, du cours du Zang-bo, conduit aux Indes par la vallée de
Tawang. Nous aurons sans doute à revenir Tannée prochaine
sur certaines particularités de ce voyage qui nous seront alors
mieux connues.
Il est permis d*espérer que les explorations au Tibet seront
désormais facilitées par un article que le gouvernement anglais
a introduit dans son récent traité avec la cour de Pékin, à la
suite de l'assassinat de Margary, et qui stipule la libre circu-
lation des voyageurs dans cette partie reculée de l'empire
chinois.
Naguère , un commerce actif avait lieu entre le Bengale
et le Tibet ; arrêté à la suite des conquêtes du mahométisme
dans rinde, il est resté interdit par la jalouse surveillance
du gouvernement chinois; ce commerce, qui portait princi-
palement sur Tor, le musc, la laine, le sel, était favorisé
par le gouvernement tibétain qui ne le soumettait à aucun
impôt ; aussi, des commerçants venaient-ils du Cachemyr se fixer
à L'Hassa et dans les principaux centres de population. Les
Gosaïns, pèlerins commerçants de Tlnde, se rendaient en grand
nombre au Tibet où ils trafiquaient d'objets de beaucoup de
valeur sous un petit volume. Des Kalmouks, avec leurs chameaux
chargés de fourrures de Sibérie, y venaient même en caravane
annuelle faire leurs dévotions auprès des Lamas, tandis que les
Bhoutanis y apportaient les produits du Bengale et de l'Assam.
Les Chinois, de leur côté, arrivaient nombreux à L'Hassa, oii ils
apportaient le thé , les porcelaines , les riches étoffes , et les
Bengalais y faisaient affluer les étoffes, les perles, le corail, les
épices, le tabac.
Actuellement, les transactions commerciales avec le Tibet
sont presque nulles.
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ASIE CENTRALE. 397
ASIE CENTRALE
KASHGARIE, KHOKANn, BOTJKHARIE, KHIVA, RÉGION ARALO-CASPIB!tSNE
098. Paqcier (J. B.). DeCaspianâ atque Aralicâ regione Asiae veferes
géographes cura recentioribus conferendos suscepit.... Paris,
1876, 8».
699 LoMAEiN. Besuch der Ruinen der beiden alten Stadte Mestorian und
Mesched. Globus, XXIX, 1876, 4 vol. ; 75 d'après Yhvestiîa de la
Section Caucasienne de la Société imp. géogr. de Russie, IV,
cahier I, 1875.
700. Blaramberg (général Von-). Ruinen der alten Stadte Mestorià und
Mesched in der Turkomannen Steppe. Mittheilungen de Peter-
matin, 187t), L, 16-18.
C'est la traduction d'un article russe, inséré par le général Loraakin,
dans VIsveatiîa de la Section Caucasienne de la Société géogr. russe,
1875, vol. I, nM.
A la suite de la reconnaissance de l'Oushoî, le général Lomakinea fait,
entre Mouliah Kari et le cours de i'Atrek, une exploration d'un haut inté-
rêt archéologique. Elle a en effet révélé, au sud- est et à 36 kilomètres du
puits de Bougdaïly, les restes d'une grande cité, Mestorian ou Mestdovran»
vestige probable des temps khovarezmiens (994 à 1251). Un aqueduc de
plus de 150 mètres de long, avec des ramifications assez nombreuses, al-
lait chercher l'eau de TAtrek et du Sumbar, pour là distribuer soit à la
ville, soit à d'autres centres dont il ne reste pas de traces. La ville, qui
renfermait une citadelle en forme de carré irrégulier de 600 à 1200 mè-
tres (le côté, devait s'étendre à plus de 2 kilomètres de tons côtés de Ja
citadelle, comme l'indiquent les décombres et les fragments: de briques
d'une qualité extrêmement résistante. Certains édifices d'une fort belle ar-
chitecture sont recouverts d'arabesques et d'inscriptions sur des briques
émaillées.
A 5 kilomètres au sud-est de Mestorian, le général Lomakine a visité aussi
une localité du nom de Meched, qui n'est à propremeut parler qu'une an-
cienne nécropole, car on n'y voit que des chapelles, des tombes, des pier-
res commémoratives, des mosquées dont quelques-unes sont encore de-
bout. L'une, celle du Cbir-Rabir, renferme, dit-on, des livres et des ob-
jets sacrés auxquels personne ne songe à loucher, bien que ces reliques
soient placées dans un coffre constamment ouvert. Un crâne, exhumé d'un
tumulus voii>in de cette mosquée, semblait appartenir à un individu de la
race mongole.
On trouvera plus loin, sur la steppe turcomane et ses habitants, quelques
détails qui sufliront à donner une idée générale de cette région qu'on peut
désormais considérer comme ouverte aux explorateurs, du moins aux ex-
plorateurs russes.
yGoogk
M
398 ASIE. N- 698.756
701. ScHiERN (Fr.). Das Federniand. Bemerkungen ûber einige Stellen
des A^" Buchs von Herodot. Mittheilungen de Petermann^ 1876.
1, p. 40, d'après le Bullet, de VAcad, Boy, Danoise des Sciences et
Lettres, pour 1875.
Les Baschkirs préparent encore aujourd'hui, sous le nom d'Afchouî,
avec lus baies de prunellier, une boisson appelée Slçiu par Hérodote. —
Plus au nord, les Ostiaks, avec leurs peaux de chèvres, représentent bien
c les hommes aux pieds de bouc » d'Hérodote. — Les Tchouvatcbes,
enfin, et les Tchcrémisses sont les gens du c Pays des plumes », car ils
ont toujours l'habitude de répandre sur les terres, avant les semailles,
les plumes de volailles égorgées en masses. C'est là l'interprétation que
M. Schiern propose pour remplacer Tcxpliiation reçue qui voyait dans
ces c plumes » les profondes couches de neige dont le pays est recou>
vert pendant une grande partie de l'année.
702. BoBGGBEVE. Nochmals das Federniand Ilerodol's. Aùsland, 1876,
n" 7 et n« ^2.
703. Gross (W.). Soghd [ou la Sogdi^na), le plus beau des quatre pa-
radis, Ausland, 1875, n» 31, 611-618.
L'auteur tend à prouver que l'hypothèse d'un paradis primitif étant
adoptée, la Transoxiane ou Sogdiane (pays de Samarkaiide), serait, sans
contredit, la région à laquelle il faudrait s'arrêter; suit la description
générale du pays.
704. ScHEFER (Charles). Relation de l'ambassade au kharezm (Kiwa)
de Riza Gouly Khan. Texte persan avec tradnct. francise, Parisy •
1870, 1 vol. iii-8». Publication de l'École des Langues orienlalcs
vivantes.
705. MiR Abdool Kerim Boukiiary. Histoire de F Asie centrale ^ texte
persan, publié par Charles Sche'er, Paris, 1875, 1 vol. in-4«.
Publication de l'École des langues orientales vivantes.
700. 1d. Traduit en français, par Charles Schefer, Paris 187G, 1 vol.
grand in-8°. Publication de l'École des Langues orientales vivantes.
Cet ouvrage est précis pour les États du Turkestan occidental.
707 . TscHARTKow» Uebcr die Reise des Pasukhin Geiandten des Czaren
Alexis, nach Usbekîstan im Jahrc 1671-1672, liussische Revue ûe
mttger, 1876, cah. X, p. 329.
Résumé d'un rapport au Congrès des Orientalistes à Saint-Péters-
bourg, 1-13 septembre 1876.
708. Ed. S/lchau (à Berlin). Chronologie orientalischer Yôlker von Albi-
rotlni, herausgegeben von der Deutscher Morgenlând, Gesellsch,
Article critique de P. Lerch dans la Rwssische Revue de Rôtlger,
1876, cab. XII, p. 565 à 570.
C'est un ouvrage intéressant pour la connaissance des anciennes épo-
ques du khanat de Khiva et des possessioBs russes dans le TarkesUn.
709. Bretschneider. Notices of the mediaeval geography and history of
central and western Asia* London» 1876, in-8.
yGoogk
ASIE CENTRALE. m
710. Bruun (Prof. D' Ph.) à Odessa. Die Verwandlungren des Presbyters
Johannes. Zeitschr. der Gesellsch. fur Erdkunde zu Berliriy 1876i
vol. XI, cali. Ô4-65, p. 2?«-315.
711. Baker (Yalentine). Gloudsin the East. Article critique dans Geo^
graph. Magazine de Markham, 1876, vol. 16, p. 161 à 164. —
D'autres articles sur le même, ihid,, n*9, p. 254-255, et n<*10,
p. 279.
N'ayant point lu cet ouvHige qui a fait quelque bruit en Angleterre,
nous n'en pouvons parler que d'après le compte rendu spirituel donné
par le Geogr. Magasine. Des 328 pages qui composent les relations du
voyage à. la froillière turco-persane, lOO seulement sont consacrées à la
géographie. Elles sont intéressantes par les détails qu'elles présentent
sur le Kouren-Dagh que les voyageurs traversèrent entre Meshed et Khé-
hit, par une passe de 2000 mètres environ. Au sud s'étendent les pLiines
sans fin du Turkestah. Le Kouren-Dagh court ouest-nord-ouest à est-
sud-est, comme un immense rempart. Dans son titre un peu fantaisiste de
Clouds in the East (Nuages à l'Orient), l'auteur a voulu désigner le
vague, les nuages qui régnent encore sur les pays qu'il a visités en 1873,
c'est-à-dire les frontières entre la Turquie et la Perse.
712. Grigorïew. Ueber den Sinrt der Namett Turûn und Turanîer Rus-
sische Revue de Rôttger, 1876, cah. X, p. 528.
Résumé d'une discussion au Congrès des Orientalistes à Saint-
Pétersbourg, du 1«' au 13 septembre 1876.
713. Sur le pit)iet d'un Dictionnaire géographique de l'Asie centrale.
Avis de la Commission, hvestiîa de la Société imp. gëograph.
de Russie, 1876, vol. XII, cah. 1".
714. Maïnoff (VLADiina de). Les Mordviiies, d'après les données de Melki-
noff, Pauly, Pallâs, etc. Revue de philolog. et d' ethnographe Paris,
1876, t. II, 4 vol., 3-4, p. 566-376.
715. Shaw (R. B. political agent). On the Ghalchah languages. Journal
of ihe Asiatic Society of Bengai, Calcutta^ 1876, vol. XLV,
part. I, chap. 2, p. 138-278.
Les habiunts de l'Asie centrale d'origine turque appellent Ghalchach
tous leurs voisins d'autre origine qui habitent Kuulab, Makas, Minjan,
Sangbich, Karateguine, Darwaz, Roshan, Shugnan, Wakhan, Buiiakshan,
Zeibak, etc. Tous occupent le haut cours de l'Oxus et de ses aflluents, ex-
cepté les Sarikoli, au de là de Pamir, qui habitent un affluent de la ri'^
vicrc Yarkand. Tous aussi sont Chiites et parlent ou le persau propre-
ment dit ou l'un des dialectes ghalchach dont s'occupe M. V. B. Shaw. Ces
dialectes sont des dérivés du type vieux-persan ou zend; ils n'ont passé
ni par le pehlvi^ ni par le persan moderne ni mélangé d'arabe* Les tri-
bus qui les parlent ont donc vécu depuis une haute antiquité dans les
montagnes qu'elles habitent et sont plus pures> ethnographiquement, que
les Persans proprement dits.
Die Bewohner. des Schwarzen Irlysch-thales. Zeitsc/trift fur
Ethnologie, VII, 1876, p. 62»
716 Si hlagintweii-SaiiOnlOkski (Hebuann vofi). Klimatischer Karakler der
yGoogk
400 ASIE. K«- 69^156
Pflanzen geographischen Regionen Hochasiens, mit vergleicben-
den Dateii ûber die angrenzenden Gebiete. Munich, 1876, in-4*.
717. pAQLiER (J. B.)- Les exportalions russes et anglaises dans l'Asie
centrale. Bulletin de la Soc, de géogr, de Paris, 1876, cah. de
décembre, p. 561 à 570.
Excellent historique des efforts auxquels la géographie doit ses nolioos
sur l'Asie centrale. Les Busses et les Anglais ont eu la principale part
dans ces explorations; leurs intérêts politiques et commerciaux, la posi-
tion relatiye de leurs conquêtes en Asie devaient les porter à étudier le
pays.
718. Paquier [J. B.). Le Pamir, Étude de géographie physique et histo-
rique sur l'Asie Centrale. Parit, 1876, in-8.
Professeur dans Tun de nos lycées, M. Paquior a dirigé ses travaux
personnels vers l'étude de l'Asie centrale. Le premier article de ceUe
bibliographie donne le titre d'une thèse latine pour le doctorat es lettres
où M. Paquier a retracé l'histoire du bassin Aralo-Caspien, et on vient
de voir le titre d'un article sur l'Asie centrale. Cette fois c'est une étode
savante et consciencieuse sur le Pamir qu'il a présentée comme tbèse
française. Les lecteurs qui voudraient être renseignés sur l'état actuel
de nos connaissances au sujet du Pamir et sur l'histoire des explorations
dans cette partie de l'Asie ne sauraient mieux faire que de recourir à
l'ouvrage de M. Paquier.
719. Fkdtschenko (A.). Reise nach Turkestan. I. Historischer Theilfûr
Khokandiscben Ghanat. IL Zoologiscber Theil (sect. 9-11). 111.
Botanischer Theil (secU 1). Moskau, 1876, grand in-4* (en langue
russe).
720. ScHOTLER (EoG.). Turklstan. Noies of a journey in Russian Tor-
l^estan, Khokand, Bukbara and Kuldja, with 3 maps etc.... 2 vol.
London, 1876. V, article critique sur cet ovLxrdigey Geographical
Magazine, 1876, n» 12, p. 333-331.
721. Stumm (H.). Derrussische Feldzugnach Khiva, t. î, Berlin, 1875,
1 vol. in-8, avec caries.
Ouvrage très-important dont l'auteur est le seul officier étranger qui
ait été autorisé à accompagner l'expédition russe à Khiva. Ce premier
volume est relatif à la géographie, la statistique, l'état de civilisation do
pays sur lequel les Russes ont établi leur domination en 1875. Cartes par
le professeur H. Kiepert.
Une traduction française de cet ouvrage a été faite par M. Wachier
(Dumaine, libraire, à Paris).
722. Stbemohchow. Reise nach Buchara, nach den Tagebuch des Rei-
senden, etc., traduction du russe par H. von Lankenau, Glolws,
1876, p. 74,86,118.
723. Shaw (R. B.). a Prince of Kashghar on the geography of eastern
Turkestan. Proceedings of the Boy. Geogr, Society, t. XX, 1876,
n* 6, p. 482-493
yGoogk
ASIE CENTRALE. 401
Celte commuaicalion est importante par les renseignements qu'elle
reurerme sur la topographie du Turkestan oriental, encore obscure sur
plus d'un point malgré les voyageurs qui ont parcouru le pays pen-
dant ces dernières années. H. R. B. Sltaw.l'eiplorateurbien connu (qui est de
plus un élégant écriTain), ayant eu entre les mains le manuscrit de Mirza-
Haïdar, prince de la famille royale de Kashgar, contemporain et parent
du fameux empereur Baber, a étudié ce document et l'a commenté de-
vant la Société royale géographique de Londres. Nous ne pouvons suivre
M. Shaw dans le détail de ses déductions. Toutefois, voici les conclurions
qu'il donne sur les points principaux auxquels il touche à l'occasion du
mémoire de Mirza-Haïdar.
Au sujet du Pamir, M. Shaw se rallie à l'opinion qui veut que cet
énorme plateau soit sillonné de chaînes montagneuses qui, courant de
l'est à l'ouest, reproduiraient en quelque sorte les directions générales des
monts Alaî, et formeraient les divisions des divers Pamirs. M. Shaw invo-
que à l'appui de cette thèse l'opinion du regretté docteur Stolicxka et les
conclusions du capitaine Biddulph.
Quant à la région du Balor ou Bolor, elle serait, à proprement parler,
le fiardistan et comprendrait le Kaflristan, le Chitral, le Yassin, le
Ghilghit actuels et s'étendrait au sud de l'Indus jusqu'à Astor etChilas.
Le Wakham ferait partie du Badak»han. Le colonel Yule, dont la profonde
érudition a tant contribué au progrès de la géographie de ces contrées,
avait déjà conclu comme l'a fait M. Shaw en cette occasion.
On se rappelle que H. Shaw, dans une précédente communication, avait
modifié les idées antérieures sur les passes du Kara-Korum. Il revient
là-dessus et voici son appréciation : < U est évident que la soi-disant
chaîne du Kara-Korum n'a plus de raison d'être. »
724. Bhunulti (A.). La steppa Turcomanna, Bolletino de la Soc. geogr,
Italtana, Ronui, 1876, avril, p. 177 à 192.
725. VENYOuKOPr. An Itinerary from Aksu to Yarkand and Ladak.
D'après les Iwatixa de la Soc. imp. géogr. de Russie, XII, 1876,
p. 22. V. Geograph. Magazine, n* 9, p. 239-240.
Itinéraire sur la frontière russo-kasbgaro-chinoise de Mongolie, par la
Kashgarie, et jusque dans le petit Tibet. U a été dressé d'après tous les docu-
ments que le colonel Yenyoukoff a pu réunir. Sur plusieurs points il pré-
sente des divergences, pour les noms surtout, avec les caries du colonel
Walker (Turkeatan) et du capitaine Trotter (de Cachemyr à Kashgar).
La distance totale d'Aksou à Ladak est de 1400 kilomètres environ.
726. Der Theehandel in Turkestan. Russische Revue de Rôltger, 1876,
n» 10, p. 358.
Autrefois les Chinois ou les Dounganes apportaient le thé .chinois sur
les marchés du Turkestan et de la Sibérie, et en fixaient le !prix et les
conditions de vente. Aujourd'hui ce sont les Russes qui vont le chercher
dans la Chine même, aux principaux lieux de production. Ils ont le mo-
nopole de la vente sur les marchés de l'Asie centrale dont lOb Chinois sont
rigoureusement exclus. Toutefois il y a une redoutable concurrence an-
glaise.
727. SoBOLBFP (L. N.). Notices statistiques et géographiques sur le cer-
cle du Serafchân avec d'autres deuils ethnographiques surtout
relativement à la ville de Samarkand et les environs. Sapiski ou
l'ANKÉt GÉOGK. XV.
yGoogk
M
ASIK, N- 698-756
Mémoires de la Soc. imp. géogr. de Russie, Section statistique,
1874, voUY (en russe).
Mémoire détaillé et consciencieux. Le chiffre des habilanU du cercle de
Serafchân est évalué, pour 1873, à 280 950 personnes, dont 16Î5Û0 habi-
tants pour la ville de Samarkande.
728 Forsyth (Sir Dodglas). Report of a mission to Yarkand in 1875,
* withistoricalandgeûgraptiicalinfûrpttîitiQns, etc.... Calcutta, 1875,
in-4% 570 pages avec nombreuses pbotogi^aphies e^ une carte.
Voir aussi un article critique dans le Gea^, Magazine, 1876,
n» 11, p. 304 à 506.
Mous parlerons plus Iqip de cet ouvrage considérable dont Vimportance
nous §pmci^ $1 résupier la taille des matière^ ," ^ , ^ , .
Hécit du vQyatge de la mission. — Pescnpiion générale de la Kashgane
par le docteur Bellew et le capitaine Chapman : géographie physique,
Dûlitique, ethnographique, économique et administrative. — Histoire de
la Kashgarie par le doctepr Bellew. - Exploration du lieutenant-colonel
Gprdon au Chadir-Koul et au Tian-Shan. — Explorations du capiUioe
Biddulph à Maralbachi. — Exploration du lieutenant-colonel Gprdon au
Pamir et au Wakhan. — Exploration scientifique faite par le capiuine
Trotter R. S. et ses adjoints. — Notes géologiques (lues à feu le docteur
StoUczka. — Le commerce de la Kashgarie, par le capitaine Chaproan.
Swr les épreuves photographiques insérées dans l'ouvrage, par le capitaine
Chaproan. — Métnoirc siir l'élevage des moi»tOQS. par le capitaine
Chapman. — Mémoire sur les monnaies, poids et mesures, par le doctenr
Bellew. — Le calendrier. — Observations météorologiques, par le docteur
Bellew. —Vocabulaire par le docteur Bellew et le capiuine Biddulph.
729 Yenioukoff. Les plus récentes explorations russes en Asie.
* 1. M. Rheinthal à Kashgar. 2. M. Hilatin à Khokand. Htmêche
Berne, 1876, np lU, p. 351.
750. Gordon (Lieutenant-Colonel). The Roof ofthe World.lv. in4» avec
cartes et planches. Londres, 1876.
131 Maïeîf (H.), lïissar aflii KulaJ), d'après Vhvesti^fi ^p la Soc. imp.
' géogr. de Russie. Geograp^ih Mdçmt^ de 4(«r*A<imi 1§7Q. n* l*.
p. 326-550.
Voir aussi : MUtheilungen derGeograph.Geselhch. in Wien, 1876,
vpl.XlX, n«î,p. 38,59,
A son extrémité occidentale, la grande chaîne du Thian-Shen s'abaisse
en se rapprochant du cours de T Amou-Darya. Les derniers chaînons, qui
présentent cependant encore une certaine hauteur, et les vallées qu'ils en-
serrent étaient assez mal connus il y a quelques années. Fedsehenko, se
basant sur des phénomènes atmosphériques, avait même avancé l'opiaiou
que le désert de Boukhara devait s'étendre dans celle direction. Dn voyage
accompli par des Russes en ces années dernières a doté la géographie de
faits plus po!«itifs et plus exacts. Les membres de l-expédition étaient
M. Mayeff, éditeur de la Gazette du Turkestan, le lieulenaul Vichnewski,
M.Schwarlz, astronome, et M. Kasbekof, interprète. Le Geographical Ma-
gazine et le recueil de la Société de géograjphie de Vienne Ont exposé,
d'après VIsvestîîa (Je la Société impériale géographique de Rassie, les ré-
sultats de ce voyage. L*un des principaux a été de conrtatev que le Shir*
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ASIE CENTRALE. 405
Abad-Darya et le Kousar-Darya sont des cours d*eau de quelque impor-
tance. Ge dernier est formé par la rencontre de deui Civières venant de.
Test. La mission s^est assurée aussi d^ l'existfncè du Spur*Ehan, grand
affluent de l'Oxus, et a relégué au second rang le Toupoulan.
Les explorateurs ont visité la Porte de Fer qui n'avait été vue eucorç
que par un bouddhiste du traisième sièelo de notre ère, et par le célè-
bre Gonzalez de Glavijo, amlnis^a^i^r dil^ptign^ \ U CQur de Tamerlan
(1405).
Le climat du Hissar est bon, les vallées abritées ^es veq^s du nord s'ou-
vrent en général vers le sud; elles sont généralement peu élevées. La
p)(|s éleyée, ce^le 0e Çaisoun. a environ içpp niètr^^ ; je ccnurs ^e VAiij<|i|-
Darya, au sud et sur le méridien de §héhr j^ebs, n^est'g^ière gv^k 90 mètres
d'altitude. ' * . • t-^
Pi«bs«r et Kau)«)i pcp^w#flni \i» fl^iséftlfii 9t hf fM\m à» jardin du mb-
trfi ^e l'4p|e. i^ SWr^Abafl çr^lç^en^ \f{ çf^on et le ^gflier. ^liiflan, His-
sar, Dpushambe enypient du blé et de 1^ pire à Boukhîira. ^ ^1 djt c ro-
che fàlée de'RhoiizâV » se trouve t une soixantaine de |;iloinèlres de
Khouzâr et sur plusieurs autres points et s*en Va jusqu'à tash)iént. Le
trafic se fait à dos de cliameaux, de mulets et de chevaux, car il n'existe
pa« HP «^u) fsbav d»n$ )a PPPlf^.
Hissar et Koulab sont respectivement divisés en sept et en ^x sous-
districts.
La population est composée d<Ousb«ks et de Tadjiks. (9es derniers,
en minorité, sont P«u ^ peu refoiilés dans le» hautes vallées; plus qu'ail-
leurs, ils se sont conservés sans mélange dans les communes montagnar-
des de Bissar. Derbeot est etclusivemen( habité par de< Tadjiks qui ne par-
lent même pas la langue pusbek. On tropve aussi, dans le pays, des Lyouli
(gipsies), df;s ^ougoift (jujfs), des Hindous et des afghans. A Boukhara, le
ffîs'sar est connu sous"e nôpâ à'Ousbekistan à. cau^e de jfi prédominance
marquée des 0^sbeks ^uir le reste de la population.
732. Weil. La campagne des Russes dans le khanat de Kokhand
a'août 1875 à janvier 1876; Paris, 1876, in-8. Extrait du Journal
ides Sciences militaires, ' . " '.'
733. Vambért (A.). The Russian Campaigii in Khpjçand, Qeographical
Maçazine de Markham, 1875, i vol. in-*», p. 85-89.
734. MicHELL {^obem), Yergh^n^i, Qçographical Jjfaaoiin^ àe Markham,
1876, n*5,p. 124-127 î et n- 6, p. 141 à 152. * ' '
755. KTJH!f (Alexandre de). Esquisse géograpliique et historique du khanat
de Khokand, ancien ï'erghana. hvestHk de la Soç. împ. fféograph.
de Russie, 1876, vol. XII, cah. 1" (en russe), trad. en'allfemand
dans lu Rtm^kçM Qffvm Ap ^ti$m i.??6i fiâbiei: p, p. m-m^.
Un très-bon résumé de cette notice a paru, en français, au Journal de
Saint-Péiénbourg qui renferme fréqu^mniènt des iodieatio'kis pr^ieuses
sqr les tecrilpires russ§§ 4e rAsj^,
755. Du même. Das Gebiet Fergbana, das frûhere Khanat Chokand.
756. Kdhn (A. L. ?en). Das neueuworbenp Gebiet irpn Namangan im
PaiQ^^ vç|n Khokand. Russische. Revue de RôU^erf ^876, n» |
p. 108-110. ' ' . »
yGoogk
â
404 ASIE. N-698-7a(>
757. Ker (David). A peop into Kokan; or, irom Djizak to Tashkent,
via Khodjeut. Geogr, Magazine de Markham, 1876, n* 10, p. 267>
270.
738. Vambért (H). Ghokand ou Khokand? OesterreichiscJie MonaUchrifl
fur den Orient, 1876, n» 1, p. 1-3.
L'auteur adopte la transcription de Chokand» qu*il traduit pir « Belle-
ville », d'après deux racines des laugues turco-allaïques.
739. WooD (AamERTo). L*Oxus al tempo de Alexandro Cosmos de
G. Cara, 1876, vol. III, p. 213.
740. BoaDAKow(HoDEST).Uebersicht der Reisen und natur-bistorischen
Untersuchungen im Aralo-Kaspischen Gebiet, seit dem Jahre
1720 bis zum Jahre 1874. Russische Revue de RÔUger, 1876,
cah. 2% p. 145 à 139; cah. 5% p. 440 à 458, et cah. 6% p. 558 i
576.
Série d'articles dont on trouvera un résumé ft la suite de la bibliogra-
phie.
741. HowoRTH (Henrt h.]. Tbe Basins of the Gaspian and the Aral.
Geogr, Magazine de Markham, 1876, n* 4, p. 106-107.
742. Woeïropf (A.). Former physical aspects of the Gaspian. Geogr,
Magazine de Markham, 1876, n* 8, p. 224, 225.
743. TiLLO (A. A.). Riassunto dei résultat! délia spedizione della Soc.
geogr. Russa e dalla sua sczione di Oremburgo per la livellazione
tra il mar Gaspio e l'Aral. Cosmos de Guido Cora, 1876» vol. III,
p. 9.
744. WooD (Major Herrert). On former physical aspects of the Gaspian
basin. Geogr. Magazine deMarkham, 1876, n* 1, p. 8 à 11 ; n* 2,
p. 34 à 38; n» 12, p. 336,537.
745 WooD (H.). The Aralo-Caspian dépression. Geograph, Magazine
de Markham, 1876, n* 5, p. 136, 137.
746. WooD (Herrert). The sbores of Lake Aral, fjondon, 187G, 1 toI.
in-8. Article cri|iquedans le Geogr, Magasine de Markham, iSlQ^
n» 7, p. 190.
747. M^ooD (Major Herrert). Notes on the lower Amu-darya, Syr-da-
rya and Lake Aral, in 1874. Journal ofthe Royal Geograpkicai
Society, t. XLV (1875), p. 367 — Avec carte et figures.
C'est là un article des plus importants sur le sujet. Nous en parlerons
ci-dessous.
748. WooD (Major Herrert). Geological Exploration in the Amu-dar)'a
District. Geograpfu Magazine de Markham, 1876, 1, p. 22-23.
749; WooD (Ariserto). LePaludi deU' Amu iuferiore. Cosmos du Guido
Cora, 1876, vol. III, p. 173.
yGoogk
ASIE CENTRALE. 405
750. Kdhn (â.). Lupandin's Aufnahme im Usboi, 1875. Ghbus, XXIX,
1876, p. 184. Gompar. Lomakin. Recognoscirung des Us))oî
Isvestiïa de la Sect. Caucasienne de la Soc. imp. géogr. de Russie,
lY, 1875, n« 1.
751. Spedizione russa air Usboi, letto anticodel fiurae Amu. Bollet,
délia Soc, geogr, Italiana, Borna, 1876, février, p. 79, 82.
752. Zur Beschiffungder Amu Darja. Bussische Bévue de RÔttger, 1876,
n* 10, p. 359, 360.
Au mois d'août 1876, le vapeur le Samarkhand, sous les ordres de
l'officier tle marine russe firioukow I", quitta Petro-Alexandrowsk et re-
monta l'Amou-Darya, jusqu'au delà de Pitniak, c'ei^t-à-dire à quelques
kilomètres en amont du point qui avait été atteint l'année précédente. Le
coraman'lant du 5amarfc^nd estime que le fleuve est navigable jusqu'à
Mescbekli, limite du territoire russe, mais que eette navigation exigerait
un vapeur plus puissant que celui dont il disposait.
753. KosTENKo (L.). Die Expédition in das Alaï-Gebirge, Rwtsiscke Revue
de RôUger, 1876, cah. 12, p. 535 à 565.
Ce travail a été partiellement traduit au Bulletin de la Société de
Géographie, mai 1876, et un résumé en a été donné au Geogr. Magazine
de Markham, 1876, n» 12, p. 335.
A la suite He leur prise de possession du Khokand (actuellement pro-
vince de Ferghana), les Russes ont eu à réprimer plusieurs insurrections,
après l'une desquelles ils ont éié amenés à franchir l'Alal, la Transalal
et à aborder le plateau de Pamir. Le récit de cette expédition a été l'ait par
un savant ofGcier, le colonel Kostenko.
754. LiusiUN (Colonel). Map of the district ofFergh&na, with tbe adja-
cent parts of Turkistan : 20 verstes pour un pouce (en langue
russe). Voy. l'article critique dans Geogr. Magazitie, 1876, n* 7,
p. 195.
755. KiEpERT (H.). Karte von Touran oder Turkistan, zuifi 3*«'> Maie neu
bearbeitet fc,ooS>6o()- Berlin, 1876, 1 feuille.
756. Stanford. Map of Central Asia, constructed from the latest En>
glish and Russian Documents, etc., by the late John Arrowsmith
with additions and corrections to 1870, Article critique dans
Geogr. Magazine de Markham, 1876, n* 7, p. 193.
Les voyages dans l'Asie centrale.
Les expéditions de ces dernières années dans l'Asie centrale
ont eu, pour la plupart, un but politique plus ou moins dissi-
mulé sous des dehors scientifiques. Deux grandes puissances
européennes, qui forment au cœur de FAsie Tavaiit-garde de
noire civilisation, ont vu peu à peu, par la force des choses.
yGoogk
406 ASIE. K** 698-756
leurs frontières se rapprocher, leurs lignes de contact s'étendre
dans côs contrées reculées. Aittsi ont augmenté poulr rtine et
l'autre le nombre des points vulnérables en cas de guerre entre
lés métirobbles. L'Angleterre, qui sait ce que l'înde lui â coûté
et ce qu'elle lui rapporte, veille avec une inquiète sollicitude
sur ses possessions dont il importe que le 6héttlin M lui soit
pas barré. Elle à^ il iaut lé reconnaître^ ^luS de raisons de
craindre qiié là Hûssié. Mais le coté politique de la question
n'est pas celui qui doit nous prêdceu{)ejh id : % oeux de nos
lecteurs qui désireraient le connaître» nous ne pcmrnons que
conseiller la lectui^ de duell|ûes-iitià dôS ôutfàgés ël articles
ihdiqùéis â là bibliographie.
Les avantages que la géographie a trouvés à cette marche
aes Russes et des Anglais en Asie sont considérables et ache-
mineront sans nul doute à de nouveaux progrèâ. Noiis allons
essayer de donner Une idée de la pari que peut revendiquer
l'année 1876 dans la 6omi6iissàiice de l'Asie centrale. Nous
n Wns aucune décoùverle proprement dite à constater dans
le Turkestan oriental ou la région du Pamir^ mais un certain
ttmiibré d'dUt)*àg^ dtit pàftt ([lii dêvëlôpt)eilt et répandent
la cohnàis^aiicë de contrées iînpàrfaitement connues jos-
qu'ici«
De ce nombre est la relation qUe nous d^Mme tin voyageur
américain, H. Schuyler; de ses voyt^ dans les possessiiMift
rtisséâ à Test de la mer d*Ai^l, lors de rek{)éditioii hksée qui a
livré le khanat de Khokand à la Russie. Les Américains, dont
l'esprit d'entreprise, le tempérament énergique ont mis en
pleine exploitation un continent immense à peine connu au
commencement du siècle, ont fourni ces dernières années leur
contingent à l'exploration de l'ancien monde. Tandis quelle
hardi Stanley s'avance dans la région des grands lacs de l'Afri-
que, Tun de ses compatriotes, M. Schuyier, suit les colonnes
russes après leur marche sur Khiva, et nous apporte de ses
voyage une relation qui est loin d'être sans valeur au point
de vue de la géographie. L Année géographique de 1875
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ASIE GERTHALË. 407
avait déjà signalé les récits d'un reporter du Netu-York-Herald^
M. Mac Gahan^ également américain^ croyons-nous^
L'ouvrage de M. Schuylet* est plus étendu; il a pour titre :
Turkistan (a^ 720), et nous fait parcourir le Tuikestan, le
Khokand, les pays de Boukara et deKoudlja.
Tashkêiid, le point de départ, a pris déjà les allures d'uiie
ville européenne^ depuis qu'elle est devenue capitale du gou«-
vernement nis^e du Turkestan. Elle a palais, villas, squares,
boulevards, et les églises s'y élèvent à côté des mosquées. D'ici
à quelques années elle priendra sans doute une importance con-
sidérable.
Saiiiarcaifide, la première provinde que visite M. Schujler,
est à rentrée de la vallée du Zarafchan : là, nous sommés en
pleine terre historique, et Tétude des ruines dont le sol est
semé nous vaudra de précieuses révélations. Conquise en
1868, Samarcande conserve encore Faspect d'une ville orien-
tale. Elle semble relier le passé de l'Europe à celui de l'Asie :
fondée par le fameux Afrosiab, héros légendaire, et prise par
Iskander, elle renfertne la tombe de Tamerlan.
En parcourant le Zarafshan, M. Schuyler a ajouté de bons
renseignements à ceux qu'avaient antérieurement recueillis le
général Abramof et Fedschenko ; il a précisé la direction et
la hauteur du Kara-Tau, au sud, et celles du Kuh-i-stan; il a
donné sur le climat, sur les richesses agricoles et industrielles
de la vallée, dès iiidications nombreuses.
Après le Zarafshail, c'est le Khokand, encore indépendant
alors, que M. Schiiylèr a visité. On sait qu'il est aujourd'hui
incorporé aux pos>essioris russes sous son ancien njDm de Fer-
ghanah, et nous eh parlerons plus loin. Les renseignements
qu'il a recueillis sur les ressources minières de la contrée
ont été, depuis lors, confirmés par le rapport que le professeur
Romanowsky a adressé au général Kauffinann.
De Khokand, le voyageur revenant sur ses pas, s'engage dans
la vallée de Shahr-i-Sebz, que commande la grande ville de
Boukhara. Les habitants de ce pays contrastent par leur carac-
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èm ASIE. N-6î)8-75(i
tère 9\ec ceux da Khokand. Ces derniers, en effet, sont rudes,
grossiers, soopçonneax; chei les autres, on trouve queli^ue
chose de rafiabilité européenne : Boukhara, du reste, a été de
tout temps renommée pour la finesse de sa diplomatie. Gomme
le Zarafslian et le Fergfaanah, le Shahr-i-Sabz est une vallée
dirigée de Test à rouest,aTec son débouché sur le bassin arab-
GKpien et la grande plaine tartaro-moscovite. Les montagnes
qui Tentourent sont hautes, escarpées, couvertes souvent de
neiges et de glaciers, mais les villes sont assez populeuses et
commerçantes. L'une d'elles, Kartchi, qui a vu naîti*e Tamer-
lan, semble appelée à un bel avenir commercial.
Une circonstance de détail ayant empêdié M. Schuyler de se
rendre à Khiva qui venait de tomber entre les mains des
Russes, il revint sur Tashkend pour prendre la route de Tlssyk-
Koiil. Il passa d'abord par Aoulié-Ata, Tancienne Toi las ou
Taras, qui occupe une position exceptionnelle et qui faillit rem-
porter sur Tashkend dans le choix d'une résidence pour le
gouverneur général. C'est à Oulié-Ata, sur la rivière torren-
tueuse de Taras, que se trouvaient les mille sources de
Hiouen-Tlisang ; par là passait la grande route d'Occident eu
Mongolie et en Chine; aussi rencontre-t-on dans ces parages
de nombreux vestiges d'une civilisation éteinte, tels que
monnaies, poteries, vaisselle métallique, ruines de monu-
ments, etc.
M. Schuyler termine son livre par des chapitres auxquels
nous ne devons faire ici qu'une discrète allusion, à cause des
susceptibilitrs qu'ils ont soulevées en Russie ^ 11 nous apprend
que la totalité des possessions russes dans le Turkestan s'éle-
vait, en 1873, à 791 386 kilomètres carrés, avec une popula-
tion de 1 600 000 habitants. La conquête récente du Khokand
* Les assertions de M. Schuyler, en ce qu'eUes avaient d'hostile à la politique
rus»e. ont été combattues dans un livre publié à Saint-Pétersbourg par M. Te-
rentier, sous le titre de : La Busaie et l'Angleterre dans VAsie centrale. 11
nous est impossible de rien dire de cet ouvrage, dont nous ne connaissons que le
titre et qui, d'ailleurs, est sans doute en russe.
yGoogk
ASIE CENTRALE. 409
a porté ces chiffres à 1 i40 880 kilomètres carrés* (près de
deux fois la superficie de la France), et à 2 500 000 âmes
(la population de la Siiisse).
L'ambassade britaniiiqae à Kashgar.
Les Anglais ont porté depuis longtemps leur attention sur
cette partie de l'Asie intérieure qui leur offrait le terrain le
plus propre à étendre à la fois leur influence politique et
commerciale, où d'ailleurs ils pouvaient entrevoir des dangers
pour rinde : nous voulons parler de la Kashgarie ou Alti-
shahr. Tranquille, quant à présent, du côté de Herw et de
Hérat, — depuis le traité de 1873 si habilement négocié par sir
Henri Rawliuson, — assuré de sa domination sur l'Himalaya
occidental juqu'à TOxus supérieur et au Sary-Koul (lac Sary
ou lac rouge), le gouvernement anglo-indien devait surtout
s'intéresser à la Kashgarie et à son aventureux souverain
Mohammed-Yakoub. Quatre ambassades lui avaient été en-
voyées de 1870 à 1875, mais la plus importante, sans contre-
dit, fut celle de 1873-1874, que conduisit sir Douglas
Forsyth. V Année géographique a eu déjà l'occasion de parler
de celte mission. Depuis lors, quelques-uns de ceux qui
en faisaient partie ont publié des relations individuelles et
la géographie de TAsie n'a pu que gagner à ces publications.
Signalons aujourd'hui les ouvrages du docteur Bellew, médecin
à l'armée du Bengale, Kashmir and Kashgar (\ 875) et du
lieutenant-colonel Gordon, The Roofofthe World (n^lZO),
enfin le beau volume (publié à Calcutta) intitulé : Report ofa
mission to Yarkand in 1873, où sont consignés l'historique
et les résultats de l'ambassade de sir Douglas Forsyth.
M. Bellew, dans sa publication, reprend, complète, rectifie
parfois, les notions données par les documents aniérieurs.
* D'après E. Behm et H. Wagner,(Z)te Bevôlkentng der Erde, 1876, p. 21), leg
possessions russes du Turkestan ont une suporficie de 1 1 51 0T7,* kilomètres
carrés et une population do 2 846 505 habitants.
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410 ASIE. N-* 698-756
Soi! ouvrage ne lious apprehd rien de bieti noilTéait siir les
Bimalayas, cal* depuis les frères Schîaginlweit plusieurs toya-
geurs se sont succédé dans Texploratiori de ces montagnes. En
revanche, il consacre à la Kashgarie en général, à Kashgar et
à Yiirkand en particulier, quelques chapitres d*un grand
intérêt qui nous font connaître sous toutes ses faces ce
nouvel Ëtat fondé dans TÂsie centrale. « C'est à Sandjou,
dit-il, au sortir de ces masses montagneuses dont la traversée
exige trois semaines de nomblreuses falîgiie^ et de dangers
réels, au milieu des déserts, des glaciers ou d*arides vallées,
que Ton arrive enGn sur la limite de la Tartairié orientale.
On se croirait alors en face d*uh paradis qili étalé en toute
liberté aux regards ses plaines herbeuses et parfaitement arro-
sées. » La Kashgarie, en effet, forme un contraste saisissant
avec les arides plateaux qui l*envirohrient.
Sur les derniers contfe-forts du Kuen-Lueh et des Tsoung-
Ling qui enserrent le Kashgar au sud et â Touest, s'étendent
jiisqu'à une assez grande distance dans la plaine diiTarim, des
champs cultivés, des bois, des prairies, au milieu desquels
apparaissent des villes populeuses et d'assez grahdes bour-
gades. Mais le pays n'est pas seulement propre à l'agricultùte}
il renferme aussi de nombreuses miiies (fui, bien exploitées,
deviendraient une importante source de richesses : c'est l'or et
le jade de Khalan, le cuivre du Khalistan, le plëmb argen-
tifère de Cocharab, et surtout le zinc et le charbon d'Aksou.
Plus encore que les richesses agrîcdles et minières, ce qui
frappe M. Bellew, c'est le spectacle que présentent Yarkand,
Yanghi-Hissàr, Kashgar. On se croirait au sein des cités civi-
lisées et européennes : on y trouve des écoles de filles et de
garçons, des bains, des hôtels, des restaurants servis comme
à Calcutta et à Londres ; des bazars, des marchés de bestiaux
oîi l'on coudoie les habitants des villes et ceux des campagnes;
partout cependant régnent Tordre et la tranquillité. La police,
fort bien faite, n'a que peu d'occasions d'intervenir, et pendant
tout le séjour de la mission à Kashgar, c'est à peine s'il s'est
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ASIE CENTRALE. 411
commis un nieiirtre bù un vol. Oh ^ônt là inàih d*Uii sou-
verain qui malgré les obstacles a foildé une [Puissance forte et
respectée contre laquelle bnt échoué juàqù'à ce jour les efforts
des Chinois pour reconquérir le territoire de Ik Rashgarîe.
Hohaitimed-Takoub, dont M. Bellie\v tràbe le portrait^ est un
hoihme froid, digne, quèlijuë peu ëoiîij)âssé et très-circbhs*
jpect, qui observa et f étlê'chit beaucoup àVànt d'àgit*. a Sbii abord
ins{)ire lé i'espéct H la tirainte pliié que là éytnpàthie, il né
pataîi pas po^ulaiïe ; mais seâ ordres sont tbujbû)^s ^crùpù-
léiiséitient obéis. »
L*ouvrâge dé M. BelléAV se recommandé dette suHbut pàl* leâ
nombreux détails qù*iî foiirnit sur lés usages ôt lels mœiii^s dëé
foshgariens, sUr Je gouVerfaetiient et radrniiiistt^atibn de Témir
Yakoub.
M. Belléw ]tt*est péûl-êlre pas darts le \^rai ëii croyant â là
solidité du nouvel Etat. tàkoub-Bek est, en effet, phis qù'impo-
ptilait*e, et les Chinois ont eiitrepris contre lui une campagne
dont l'es évéiiemeiib iie lui ont pas toujours été favorables. Là
jpbsition de l'émi)^ de Kashgàr entre le^ Btisses et les Anglais,
est du reste assez délicate.
La reiatioii du colottel Gordoi^, the Èoof ôf (hè Wbrtâj
diffère entièrement dé celle dé M. Bellew. C'est uH ouviâgè
sciéiltiGqUe plutôt qù*ùne relâlioh ëpîsodique et pittoresque.
L^àiltôtir donne bien ^ur Tarkand et Kasiigar quelques flêtailâ
qui viennent compléter ceux de Touvrage précédent ; thàis,
ce qu'il a plus particulièrement en vue, c*ëst Téipûsé des
découvertes géographiques par lesquelles la mission de sir
Dbuglas Forsyth a mérité la reconiialssahce du monde savant.
Nous ne dirons rien des deiit oti trois première chapitres où
le colonel Gordon décrit la route de Sirinagar a Leh, piiis a
Kargalik et à Tarkand. Ce voyage à travers les Himalayas et le
Moustag noiis est assez connu déjà par les précédentes rela-
tions. Mais, à partir de Kargalik, « point de jonction des routes
qui, venant de Leh et de Tachkourgàn, se dirigent d'une part
sur Yarkand, de Tàutre sur Ghouma et Kliotan, » il faut
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412 ASIE. N«« 698-756
suivre de plus près le voyageur dans les deux villes principales
de la Kashgarie.occidcntaie, dans le massif du Thian-Shan, la
région du Tchalyr-Koul, la vallée du Sarikol, enfin sur le
plateau de Pamir.
Le colonel Gordon complète la relation de H. Bellew au
sujet des Kashgariens par quelques détails dignes de fixer
Tattention. Il fait une peinture curieuse des costumes et modes
et surtout de ce qu'il appelle la a haute fashion > du pays :
nous sommes bien décidément en contrée civilisée. Les points
de ressemblance que le docteur Bellew signalait entre Yarkand
et les villes anglo-indiennes sont très-nombreux» et ressor-
tent encore dans l'ouvrage The Roofofthe World.
Comme on devait s'y attendre, Tauteur s'est préoccupé de
l'organisation militaire de la Kasiigarie, et sans entrer dans
des détails, nous pouvons, du moins, indiquer les renseigne-
ments principaux sur ce sujet. Le colonel ne donne pas le
chiffre des troupes de Yakoub-Bik; n a-t-il pas pu le connaître
ou Ta-t-il volontairement passé sous silence? Il n'y a pas,
dans l'armée kashgarienne, de cavalerie propi*ement dite, l'in-
fanterie combattant à cheval (Jigils) ou à pied (Sarbaz) selon
les circonstances. L'artillerie, bien montée, est pourvue de
canons dont la portée est assez longue. Il y a, entre ces deux
armes, une sorte de garde d'élite, les TaïfourchiSj composée
en majeure partie de Chinois et de Tunganisou Chinois musul-
mans.
La division en compagnies, bataillons et brigades n'existe
pas, mais les troupes sont réparties par 5, 10, 50, 100, 500
et 1000 hommes. Chacune de ces unités est commandée par
un chef particulier. Le commandant de 1000 hommes (tnin^
bashi) a une certaine importance.
La première excursion considérable qu'ait faite la mission
hors de la Kashgarie, eut comme terme le Tchatyr-Koul, lac
situé sur la frontière de la Russie et de la Tartarie orientale.
On suivit la route directe qui, de Kashgar, conduit à
Vernoïé ou Almati. Cette voie de commerce, praticable pour
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ASIE CENTRALE. 413
la marche des troupes et même de l'artilierie, peut, à un mo-
ment donné, favoriser Tinvasion ; aussi est-elle dominée par
quelques forts.
En arrivant par le sud, comme l'expédition de H. Forsyth,
on atteint le Tchatyr-Koul après avoir franchi le TourgâtDiwan,
passe de 3884 mètres, à travers la chaîne du Tourgât qui
domine les rives méridionales du lac. Le Tchatyr-Koul, situé,
d'après les Russes, à 3368 mètres, est allongé de l'est à
Touest sur 22 kilom. avec une largeur moyenne de 9600 mè-
tres. Le plateau sur lequel reposent ses eaux saumâtres, sans
affluents, envoie uue rivière au bassin de Kashgar, à Test,
tandis que ses versants occidentaux sont ouverts sur la vallée
de TArpa, tributaire du Syr-Daria.
Au delà du lac est la limite du Turkestan russe que les
explorateurs ne pouvaient franchir. C'est pendant cette course
dans le Thian-Shan méridional qu'ils aperçurent pour la
première fois des troupeaux de VOvis Poli, ce mouton décrit
par Harco-Polo et dont on avait cru la vace éteinte. D'après
la minutieuse description qu'en aVait donnée le célèbre voya-
geur vénitien, il n'était d'ailleurs pas permis de douter
que cet animal n'eût existé. Les moutons de montagnes vus
par l'expédition anglaise sont bien tels que les présentait cette
description. Les proportions des cornes, en particulier, frap-
pèrent les explorateurs comme elles avaient frappé Marco-Polo.
On s'en fait une idée assez nette par les dessins qui accom-
pagnent la relation du colonel Gordon.
• Revenu à Kashgar, le colonel, accompagné du capitaine
Trotter, partit pour les massifs du Sarikol et du Pamir, tandis
que le capitaine Biddulph se dirigeait, à l'est de Kashgar,
vers Haralbachi qu'il a été le premier à visiter. Cette der-
nière expédition ayant déjà été mentionnée dans V Année
géographique *, nous nous bornerons à un exposé des résultats
de la visite des Anglais au Pamir.
1. Année géographique^ t. XUI, p. 181.
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414 A$IÇ. N<>- 698-756
]^^ ei^ploniteurs ^pchirent d'abord, au sud de Kashgar^
des plaines de 120Q ipètres d'altitude, pour s'élever ensuite
à travers diverses chaînes de montagnes jusqu's^ux passes de
Tdiitcbiklik (4413 mètres) et au Sarjkol proprement dit,
^ont le nom prait signifier ^ sommet de 1^ i^ontaçne », du
persçin Sir-i-Kçhf La vallée du Sarikol ou se trouve h vUle
de Tashkourgau, fi?t a l'altituclP d'enyiroq 3120. mètre§. Elle
§st habitée par une population d'orjgine mêlée çt différçiUe de
celle des autres pitiés du Turkestan. Jte TashkQurgaR Qii y<mI
$6 4resçer, yers Je nprd, ^ç pjc neigeux du Tagarwa îjveç §ef
7700 îpètres d'altitude.
Trois jqvirs î|pr^s§Lvoir quitté Tash]cpurgan, l^colpi^elGordo»
atteignait le col de Naza-Tash (4540 niètrei^), puis la triste
vallée d'Ak-Ta^h Çt enfln l'Oî-Koul, pu lac du petit Pî^mir,
qui ^e déverse par l'Aksqu dans le Hurgliabi. %n rpu|e, leç
voyageurs apprjrent que vers }e nord ^1 ei^iste deui| Kf^fa-Koul
(lacs pojr^), le petit et le gr^nd, dont le premier serait si(\ié pop
jojn du pic df^ Tagarn)», tandis que le seppnd es^ sur )a rovite
du Kixil-^rt et d^ l'^lal le principal résultat d§ l'eipéditipp
a été )a reconnaissance complète des deux branches sup^ieures
de rO^us pt des deux lac^ dvi Paiitir piéridioiml, {p Sfir^-Kpul
pt ('Oi-^oul. A pesi détails, d^^ Çpi\nu8, rautpur en ajoute
d'autres sur le Wâkan, s^ pppulatioft, ses prçductions, ç( \es
rei^eigr^eflients du çolqnel Qordo^ çQufirfpenj qç^}^ quf; je
lievitpnant Wopd avait recueillis eu 183^,
Les hautes vallées du jPainir pntj ^n ^spec^ i(pposanf • mais
triste e^ déi^udé. Ou pi| peut prepdr^ uqe idép par le$ ^essips
évidemmept exacts ç|Y^ colone} Gprdon.
I^a n^ission anglaisa {lyait eu d'abofd rinten^ioi) de regagna
La)hore f^r les passes de rHindou-Kouch, majs p)|ç f)il, fçrq^e
de redescendre sur la rivière Yarkand pour rpjpindre une
))artie de ses membres qui revenaient par les passes du K^ra-
Koroum. En route elle eut le malbeuf de perdrp son géplogqe,
le docteur Stoliczka.
Ce savant regretté a fait, pour sa part, d?? p^sprr^tîpns
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ASIE CENTRALE. 415
dont le détail pppsirtient à h géologie proprementdile,^ nj^is dont
les conclusions doivent être mentionnées ; elles ont paru d^ns
les VerhauHtmgm der Ges^Uch, fur Erdkunde (1 8 74, p , 1 83) ,
avec des annotaitipns dues prpbableinent à un savant autorisé,
le baron de Richtbofen, président de la Société de géographie
de Berlin. *
Au cours de ses yoyiiges précédents, M. Stoliczka avait con-
staté dans la structure de THiinalî^ya toutes les plus importante^
formations sédimentaires. Ayec la vallée de Tlndu^, cette
structure est interrompue. Dès le point où le Karakasb se
fraye un passage à travers le Kuen-Luen et sur la route qui
franchit le défilé de Sandjou» les formations du K^ra-Koroum
gont remplacées par des rochei^ anciennes. « Plus on apprend à
connaître le Knen-rLuen^ dit le baron de l^iQbtbofen, plus il se
dessine comme une chaîne indépendante et, en même temps,
comme la chaîne la plus aupienne, cotpn^e le véritable nœud
de ce continent. ^ Aujour4*bui le Kuen-Luen et VHin^alaya
sont des chaînes tout à fait distinctes, et le l^ara-Koroun)» plus
jeune que le Ku^n-LuQUi présente ansjsi un caractère in4é-
pendant. » Les derniers soulèvements 4^ l'Himalaya sont d'un^
époque relativement récente, Au del^ 4ç l^ Çbaîne du Kuen-
Luen, on entre dans la mn^ des Qp{liniâs en amphithéâtre qui
forment les dernières pentes yprs la plaine, fl est superflu ^l'in-
sister sur rimportancQ de ç^^ données pour rintelligen^^ 4qs
masses orographiques si compliquées de TAsie centrale.
Is rapport de ?ir |). forsyth sur W fission à Kashgar.
Les volumes antérieurs ç|^ VArinçe qéoqrafhi^ue avaient
parlé i divergea reprispp de |a ifli^siQn de M. Douglas Forsyth
à Kashgar, en 1875, et le^ principaux résultats de cefte nn's-
sion, au point de. vue de la géqgraphie, ont- été déjà indiqués
par les relation? dont UQUs venons de présenter un aperçu. Le
rapport officiel de M. Forsyth a parn à Pi^lcntta en 1875, et
yGoogk
416 ASIE. N** 698-756
nous ne saurions laisser passer ce document de premier ordre
sans lui consacrer une mention spéciale.
Dans le rapport de M. Forsyth, nous retrouvons, mais am-
plifiées, les relations dont il vient d*être parlé, et dont la rén-
nion forme aujourd'hui l'ouvrage le plus complet qu'on pos-
sède sur la Kashgarie.
Située au centre du continent asiatique qui a vu s'accom-
plir tant de révolutions, la Kashgarie a été le théâtre sur le-
quel se heurtèrent les conquérants et les hordes venues de
l'est, du nord et de l'ouest. Touraniens et Iraniens s'en dis-
putèrent d'abord la possession. Aux luttes de cet âge prinûtif
se rattache le souvenir de l'un des plus grands héros que cé-
lèbrent les annales orientales, Afrosyab, qui fut le Cyrus ou le
Sésostris de cette partie de l'Asie. Puis vinrent les Youtchis
ou Tokhars, les Chinois, les Arabes, avec lesquels s'implan-
tèrent dans la vallée du Tarim des idées religieuses nouvelles,
le bouddhisme et l'islamisme. Cette dernière religion a pré-
valu par l'effort des khodjahs, musulmans fanatiques de la
Boukharie, qui envahirent le pays vers le quatorzième siècle
et furent détrônés par les Chinois vers le milieu du siècle der-
nier. Le docteur Bellew, puisant aux meilleures sources, re-
trace en détail l'histoire dont nous venons d'indiquer les gran-
des époques, et nous fait arriver jusqu'au gouvernement de
Yacoub-Khan, au sujet duquel il fournit des indications pleines
d'intérêt.
C'est au même auteur qu'est due la description géogra-
pliique de la Kashgarie. La Kashgarie est une haute plaine de
1100 à 1200 mètres d'altitude moyenne. Elle est adossée à de
puissants massifs au nord, au sud et à l'est, et dans la direc-
tion de l'est, elle confine au grand désert de Gobi. Le Thian-
shan, le Pamir, le Kuen-Luen lui forment ainsi des remparts
naturels contre une invasion. C'est sur les dernières pentes de
ces massifs que sont établis les centres de population. En ef-
fet, à mesure que, des hauteurs, on descend vers la plaine, on
voit prédominer d'immenses étendues sablonneuses et sté-
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ASIE CENTRALE. 417
riles au sein desquelles viennent se dessécher les rivières de
Kashgar, d'Yarkand, du Kara-Kash.
Le docteur Bellew divise la Kashgarie en cinq régions phy-
siques principales : la haute terre, la basse terre, le désert, les
marécages, les lacs.
La population, groupée dans la basse terre, est évaluée à
i 045 000 âmes, réparties entre 70 centres principaux, dont
7 villes importantes : Khotan (42 000 hab.), Tarkand (70 000
hab.), Kashgar (55 000 hab.), Yangi-ffissar (4200 hab.),Aksou
(42 000 hab.), Tourfan (5600 hab.), Marabalschi (2800 hab.).
L'un des spectacles qui frappent le plus l'étranger est la va-
riété des physionomies et des types qu'on rencontre dans les
villes de la Kashgarie. Les données fournies à ce sujet par le
docteur Bellew contredisent l'opinion émise par Hayward et
par M. Shaw, qui ont fait des Kashgariens des représentants
de la race aryenne.
La population de la Kashgarie, dit M. Bellew, consiste en un
mélange de tribus ou de races qui appartiennent à l'une ou à
l'autre de ces deux grandes familles de l'Asie centrale, le Turc
et le Tartar.
Le compte rendu donné par le Geographical Magazine
ajoute ceci :
a La partie qui restera comme la plus importante dans les
résultats de la mission de sir Douglas Forsyth est celle des ob-
servations géographiques et des découvertes faites par le
capitaine Trotter. C'a été une heul-efuSë tné^té que d'avoir
attaché à la mission un officier du «ervico géodésique de
rinde.... Le capitaine TrqUer fut désigné,.* Çtlsûr la route de
Leh à Ghahidoula, dès la passe de Changohenrao, il commença
ses observations. Plus loin, il fit des sondages dans le lac Pan-
gong, dont il détermina à 43 mètres la profondeur maxima.
« M. Trotter fit aussi une reconnaissance du Karakash, pour y
chercher une nouvelle route. Son rapport donne une excellente
description des routes entre Ladak et le Turkestan, surtout de
la route du Kara-Koroum, qui conduit à Yarkand, de la route
l'année ^-^OGR. XV. fi? T
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418 ASIE. N- 698-756
de Changchenmo qui conduit à Yarkand et Khotan, de la route
de Raudok qui conduit à Khotan. De Leh, dans le Ladak, à
Yarkand, la voie la plus courte est celle des Kara-Koroum qui a
700 kilomètres. »
Deux excursions du capitaine Trotter ont procuré à la
géographie des renseignements entièrement nouveaux. L'une
fut dirigée vers la frontière russe, au lac Tchatyr-Koul (3400
mètres). L'autre dans la direction d'Ouch-Tourfan. Mais le
travail le plus important du capitaine Trotter a été son levé du
Wakan et de portion du plateau de Pamir, pendant l'expédi-
tion du colonel Gordon. Il gagna le Wakan par Tach-Kourgan
et le petit" Pamir,' pour effectuer son retour par le grand
Pamir. Il suivit ensuite une route encore nouvelle, tandis que
Tun de ses adjoints, le munshi Abdoul-Louthau, descendait le
cours de TOxus et fixait la position des villes de Shighuan et
de Roshan.
A son retour, M. Trotter a calculé les observations de ses
autres adjoints indigènes, le Havildar, le Hullah, et enfin le
pundit Nain Singh, et on a, de la sorte, un ensemble de levés
très-importants pour fixer les lignes géographiques du grand
plateau de l'Asie centrale.
Voici, du reste, quelques-unes des principales détermina-
tions que la mission Forsyth a obtenues en Kashgarie :
Latitude. Longitude Est Altitude
(Greenwich). (mètres).
Yarkand. SS^^SS',!" 77M5',55'' 1195
Khoun 37», 7'.36'' 7»»,59MO' 1368
Kargalik 37»,55',15'' 77«,27',0(r 1353
Kashgar 39»,24',26'' Wfi6',4r 123Î
Payiabad 39»,29',|r 76«,46',l(r 1216
Tash-Kourgan 37M6',8' 75«,19',01'' 3118
Nous ne quitterons pas le pays dé Kashgar sans dire quelque
chose du voyage qu*y a Mi en 1875 M. Rheintal, par ordi-e du
gouvernement russe toujours attentif, comme on doit s*j
attendre, à veiller sur les Etats de Yakoub-Beg.
C'est au printemps de 1875 que partit de Wiemoie
M. Rheinta], dont le colonel Venioukoff a résumé le voyage
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ASIE CENTRALE. 419
dans la Russische Revue de 1876 (n° 10). Il était porteur de
cadeaux pour rémir de Kashgar qui en avait envoyé naguère
à l'empereur de Bussie.
Le 8 mai, M. Rheinthal abordait le territoire kasgarien au
poste frontière de Kara-Koroum et quelques étapes le condui-
sirent, par des routes assez difficiles d'ailleurs, jusqu'à la ville
de Kashgar. Il y séjourna trois jours, pendant lesquels, s'il ne
lui fut pas possible de visiter la ville en détail, il put au moins
recueillir quelques renseignements relatifs à l'influence de
l'Angleterre sur le Kashgar. Les Anglais ont fait cadeau à
Yakoub-Beg d'un nombre considérable de fusils à percussion
qui ne sont du reste pas maintenus en bon état. Une fabrique
a été établie à Kashgar, pour la transformation des anciens
fusils en fusils à tir rapide. M. Rheinthal a tu aussi quatre
canons rayés, en fonte, qu'on lui dît avoir été coulés à Kash-
gar. Des ingénieurs anglais président à ces travaux. En
revanche, l'armée, que le voyageur russe évalue à 6000 hom-
mes, a pour instructeurs des Turcs.
Yakoub-Beg n'est pas aimé de ses sujets. Il est sombre et
cruel, et fait son entourage habituel de Douvaneê, moines
mendiants, qui chantent des versets du Khoran pendant son
sommeil.
Il faut encore signaler le voyage de M. Nikitin, négociant
russe, qui a été d'Ousch à Kashgar, puis à Khotan, dans un
but commercial. A Kashgar, il fut très-bien reçu, et certaines
facilités lui furent données pour son entreprise.
Malheureusement ce voyage et celui de M. Rheinthal ne
nous sont guère connus que par Tassez sèche analyse qu'en a
donné le colonel Venioukoff dans la Russische Revue.
La Qoiurelle province russe de Ferghanah.
Les Busses ont définitivement réuni à leur territoire asia-
tique le khanat de Khokind, qti'ils ont désigné sous le nom
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420 ASIE. N- 098-756
de province de Fergbanah et qui dépend» administrativement,
du gouverneur général du Turkestan ^
Nous allons donner quelques détails géographiques sur cette
nouvelle province. Ils sont empruntés au travail de M. Alexandre
de Kuhn, qui accompagnait Texpédition russe à Khokand.
L'ancien khanat de Khokand est une vaste vallée dirigée de
Test à Touest, et ouverte seulement du côté de Touest. Au
nord, au sud et à Test, il est limité par de hauts contre>forls
du prolongement des monts Thian-Shan, étages en terrasses
parallèles à là direction de la vallée.
A l'ouest, la vallée s'ouvre largement sur le reste des pos-
sessions russes du Turkestan et du Syr-Daria.
Abritée des vents du nord par de hautes montagnes, abon-
damment arrosée par le Syr-Daria et ses nombreux tributaires,
la vallée de Ferghanah est, d'après M. de Kuhn, l'une des
plus belles, des plus riches contrées de l'Asie centrale. Son
climat excellent forme la transition entre le climat trop chaud
des rives du bas Syr-Daria et l'âpre climat des montagnes.
Le sol est d'une puissance de production vraiment remar-
quable : il produit le froment, le riz, le sorgho, diverses
espèces de blé, des fruits abondants et savoureux, du mûrier,
du coton et du tabac.
Les montagnes qui font du Khokand une sorte d'immense
amphithéâtre elliptique, sont encore peu explorées» mais on
a des raisons de les croire riches en substances minérales telles
que sel, houilles, naphte, plomb et turquoises.
Le Syr-Daria, dont le cours entier est maintenant sur le ter-
ritoire russe, porte dans son trsget supérieur le nom indigène
de Kara-Daria; c'est seulement après sa jonction avec le Naryn
* Ferghanah est l'ancienne dénominaiion du Khokand. On trouve ee nom
mentionné dans des manuscrits arabes des huitième et neuvième siècles. Mais il
était connu dès le quatrième siècle, dans une transcription altérée par les Chi-
nois. Étymologiquement il appartient aux langues iraniennes, proches du per-
san, et signifiait probablement : Pays de pasêage (firaghanah) ou passage (de la
Transoxiane au Turkestan oriental). J. de St-Pétenbourg, 2 (14) avril 1876,
yGoogk
ASIE CENTRALE. . 421
qu'il prend le nom générai de Syr-Daria sous lequel il se jette
dans la mer d'Aral. Dès son origine, il alimente de nombreux
canaux d'irrigation.
La richesse du pays est surtout concentrée au sud, sur la
rive gauche du Syr-Daria. Là se voient partout les traces d'une
culture incessante et avancée. « Un voyage dans cette partie du
khanat, dit M. de Kuhn, ne peut se comparer qu'à une agréable
promenade dans un grand et vaste parc oii de nombreux vil-
lages et de petits domaines interrompent à souhait l'uniformité
du paysage. »
Les versants au nord du fleuve, placés dans d'autres condi*
tiens, sont surtout habités par des nomades, qui trouvent là
de vastes pâturages pour leurs troupeaux et qui, pendant l'été,
gagnent les hautes régions.
Ainsi, le Syr-Daria forme une limite naturelle entre les po-
pulations nomades au nord, et les populations sédentaires au
sud de la vallée de Ferghanah. Toutefois on trouve également
des nomades dans la partie orientale de la vallée.'
La population du Ferghanah n'est pas ancienne dans le
pays dont les plus anciens habitants sont les Tadjiks, derniers
restes d'une belle race qui tend à disparaître; ils s'y sont
établis antérieurement à l'islamisme. Des débris de tribus pour
la plupart d'origine turque, qui sont venues là de la partie du
Turkestan située au nord et à l'ouest, forment le reste de la
populalion.
Les Eusbeks, les Tadjiks et les Sartes constituent le noyau
de la partie sédentaire du Khokand, et, pour ainsi dire, l'élé-
ment conservateur et industriel du pays. Ils occupent le sud et
l'ouest de la vallée.
La population nomade est représentée par les Kara-Kirghiz,
dont le type se rapproche du type mongol, et par la belle race
des Kiptchaks.
Par leur genre de vie, leurs croyances, leurs mœurs, les
Khokandiens ne se distinguent point de leurs frères de race
dans le reste du Turkestan. Il faut compter enfin quelques
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422 ASIE. K"^ 698-756
Juifs, des Bohémiens (Gipsies), des Indiens et des Afghans. Les
représentants de ces deux derniers peuples ne viennent qu'en
passage à Khokand, pour y faire du commerce ou de lusure.
On comprend, du reste, que les croisements possibles de
tant de populations rendent difficile l'ethnographie de celte
nouvelle province du Czar blanc.
Le chiffre de la population du Khokand est difficile à déter-
miner faute de données que fournira plus tard, sans doute,
l'administration russe. M. de Kuhn a appris des fonctionnaires
du pays qu'on pouvait compter 152 000 maisons pour l'élément
sédentaire et 60 000 tentes pour l'élément nomade de la po-
pulation^ c'est un total de 192 000 habitations qui, sur le
pied de cinq individus par habitation, donnent le chiffre ap-
proximatif de 960 000 âmes. La superficie du Ferghanah est
de 73 215 kilomètres carrés, d'après E. Behm et H. Wagner*.
Les divers impôts en nature et ea argent payés naguère au
khan de Khokand par ses sujets s'élevait annuellement à près
de 8 millions de francs. 11 va sans dire que les exactions te-
naient, dans la perception des impôts, une part assez consi-
dérable.
Les villes principales du Ferghanah sont construites sur le
modèle de presque toutes les villes de l'Asie centrale, c'est-
à-dire qu'elles sont entourées de murs flanqués de loin en loin
par des tours.
Khokand, l'ancienne capitale du khanat, est situé à une alti-
tude de 469 mètres. Elle compte 10 à 12 000 maisons et une
soixantaine de mille habitants, dont la plus grande partie sont
des Sartes. La ville a reçu des indigènes l'épithète de Liatibj
c'est-à-dire « l'Agréable ».' Ce surnom, paraît-il, n'est pas en-
tièrement mérité ; ainsi, en été, le séjour de la ville est -rendu
insupportable par un vent brûlant de l'ouest, le gharmsaL Le
goitre est une infirmité très-fréquente chez les habitants de la
cité khokandienne, et le gouvernement russe, pour cette rai-
* nie Bevôlkerting der Erde, 1876.
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ASIE CENTRALE. 423
son ou pour d'autres, a transporté sa capitale à Harghilan.
Khokand n offre rien de remarquable en monuments anciens
ou modernes.
Après Khokand, les deux villes les plus importantes sont
Marghelan et Andidjan. La première est fort ancienne. C'est le
principal dépôt de la fabrication de soie du Khokand. Quant à
Andidjan, elle présente le même beau bazar, les mêmes rues
étroites, les mêmes maisons enduites de couleur que le reste
de§ villes commerciales de la contrée. On y remarque toute-
fois une manufacture d'armes fondée par un Afghan. M. de
Kuhn et son compagnon de route, le capitaine Petrofsk, sont
les premiers Russes qui aient visité Andidjan ; encore un sou-
lèvement populaire les obligea-t-il à s'en éloigner à la
hâte.
Une autre ville à signaler est Sharikan, l'ancienne métro-
pole commerciale du Khokand. Elle est déchue de sa richesse
passée, ce que les habitants attribuent à la fondation de la
petite ville d'Assaké.
Assaké a été construite il y a quelques années par Khou-
doiar-Khan, qui voulait en faire une résidence d'été. Elle oc-
cupe une belle position à quelques kilomètres au sud de
Sharikhan. Les autres centres de quelque importance sont :
Namangan, Ousgend, Baliktchi.
Sous le rapport indùslriel, le Ferghanah est fort arriéré. Le
tissage d'une étoffe nommée Mas a un certain développement,
et l'intendance russe a trouvé jusqu'à 500 métiers dans le
seul village de Bisch-Aryk; mais l'outillage est des plus pri-
mitifs. Cependant on fabrique çà et là, dans le Khokand, des
tissus de soie, de satin, de velours, et' des tapis de qualité in-
férieure.
Le commerce extérieur li'est point très-développé non plus.
Avant la prise de Khokand, le pays envoyait à Tashkénd ses
produits naturels et quelques étoffes. 11 recevait, en échange,
des articles manufacturés et des objets de fer et de fonte, du
thé et du café. Un certain commerce se faisait également avec
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424 ASIE. N- 608-756
le khanat de Bokhara et avec les provinces situées au sud de
la vallée de Ferghanah.
Le Khokand avait aussi avec la Kashgarie un mouvement
commercial assez actif, bien que la seule route entre les deux
pays, la passe de Terek, ne soit praticable que du mois de mai
au milieu de septembre. Le Kashgar envoyait des tapis de
Yarkand, de la porcelaine et du thé.
M. Robert Michell, l'auteur de Fouvrage The Russians in
central Asia et d'autres travaux sur l'Asie centrale, a donné,
dans le Geographical Magazine (n® 754-), im aperçu des
voyages effectués au Khokand avant la conquête russe, et des
travaux dont ce pays avait été l'objet. Le pèlerin Hiouen-Tsaag,
au septième siècle, désigne le Khokand sous le nom de Feïhan.
On ne savait que peu de chose sur cet État quand Klaproth
fit connaître la relation du Russe Nazarof, qui passa quinze
mois au Khokand, en 1813-1814. Plus tard, le Journal of
the Bengal Asiatic Society donna la relation des pèlerins mabo-
métans (1834). Les livres chinois sont sans grande valeur
quant au Ferghanah. En 1826, Klaproth publia la relation du
voyage (1812) du Persan Mir-Izzet-Ullah. Le voyage de Tim-
kowsky renferme un passage sur Khokand, sans doute, dit
M. Michell, d'après un Juif du Caboul, Agha-Mehdi, qui dès le
commencement du siècle traversa l'Asie.
Les documents russes permettent maintenant une description
historique et topographique du Khokand. Voici l'indication des
principaux : Relations de Pospelofet Burnashef(iS00)yNoté8
sur le Khokand y par Potanin (1830); l'excellent ouvrage de
Veliaminof Zernof, et un autre ouvrage russe écrit en 1849, les
Khoroshkin (1869), l'ouvrage de Fcdchenko.
Le portrait du Ferghanah par M. de Kuhn semble trop
brillantà M. Michell, qui s'applique à y jeter quelques ombres;
avec lui, la belle vallée devient un creux, un amphithéâtre ou
l'intérieur d'un cratère aux parois escarpées. Sans doute l'oasis
même de Khokand est belle et fertile, mais elle ne le doit qu'à
l'activité de l'homme. Au delà règne le désert, ou tout au
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ASIE CENTRALE. 425
moins la steppe ; il prédomine sur les bords mêmes du Jaxar-
lès, entre Khokand et Khodjend, dans le quadrilatère de Kho-
kand, Namangan, Andidjan, Marghilan. a De Khokand à
Varukh, dit M. Michell, le voyageur peut avoir faim et soif;
d*Oush à Uzgend, il peut faire mourir sou cheval d'épuise-
ment; d'Andidjan à Namangan, il peut faire Tun et Tautre;
de Marghilan à Kokhand, il peut faire Tun ou l'autre ; de Kho-
kand à Khodjend, il peut périr. Hais, à chacun de ces points
d'arrêt, il aura la faculté de déguster les fruits les plus déli-
cieux de la terre et de se prononcer sur leurs mérites res-
pectifs. »
Le charme attribué par M. de Kuhn au climat de Khokand
est quelque peu altéré par le gharmsalj vent de l'ouest, jqui
soufflant presque quotidiennement à travers les gorges par les-
quelles la vallée débouche sur le Turkestan, remplit Tair d'une
fine poussière dont l'atmosphère est parfois obscurcie.
Le chiffre de 960 000 habitants indiqué par de Kuhn paraît
un peu exagéré à son contradicteur. En admettant ce chiffre et
celui de 300 000 pour les nomades, on a, par mille carré, en-
viron 22 Ousbegs sédentaires pour 10 Kirghiz ou Kiptchaks
sédentaires. M. Michell conclut à la faible proportion du ter-
rain cultivé et, par suite, à la pauvreté du pays. Il termine
son article, un peu sévère pour les Russes, par l'opinion qu'ils
n'ont point à craindre le fanatisme religieux des musulmans
autant que l'antipathie de races et l'amour de l'indépen-
dance.
M. A. Vambéry, dans son article signalé au n^ 735, pense
que le Khokand, avec les défilés du haut Naryn et lés chaînes
de FAlaï et du Transalaï,peut devenir pour les Russes un nou-
veau Caucase, où surgira bien quelque Schamyl.
Il est vraisemblable que M. de Kuhn et M. Michell, tout en
jugeant l'état des choses chacun à son point de vue, ont fourni
les éléments d'une juste appréciation. On ne peut admettre que
le Khokand, dans ses parties basses, soit absolument soustrait à
l'influence des déserts de Kizil-Koum et de Kara-Koum, dont
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426 ASIE. K- 698-756
les sables mobiles occupent d'immenses étendues et ense^e*
lissent des cités. Mais les eaux qui descendent de la ceinture
de montagnes du Ferghanah luttent avec succès contre cet en-
yahissement ; elles fertilisent ces belles oasis dont la richesse
s'épanouit au milieu des steppes, des graviers et des sables.
Enfin, les contre-forts des montagnes doivent présenter toute
une zone où l'ardeur du gharmsal et le froid des régions
alpestres se tempèrent à souhait.
La région aralo-caspienne. — Historique des voyages daas cette régioo.
Avant d'entamer la question aralo-caspienne, nous signale-
rons, dans la Russische Reviie, un long article de ST. Modeste
Bôgdanow sur l'historique des • recherches scientifiques dont
cette région a été le théâtre depuis le siècle dernier (n" 740).
L'auteur do ce travail donne d'abord les frontières de la ré-
gion aralo-caspienne qu'il étend jusqu'à Vertchotourié, au pied
derOural.
En 1720, Daniel Messefschmidt, de Dantzig, envoyé de
Pierre le Grand, et en 1754, Georges Gmelin, chargé de mis-
sion par l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, visi-
taient une partie du territoire de la région Caspienne. Succes-
sivement vinrent Jean Heinzelmann (1754), Traugott Heiiber
(1759), Erik Laxmann (1765), qui allèrent respectivement
étudier la faune et la flore du pays d'Orenbourg, de la contrée
comprise entre le Don inférieur et le Volga, et la partie nord de
cette région.
1766 vit paraître, en langue russe, sous le titre de Topo-
graphie d*Orenbourg , la première géographie physique des
steppes, et l'année suivante, Catherine II, à l'occasion dupas-
sage de Vénus, ordonnait l'exploration de ce territoire par cinq
commissions fonctionnant simultanément sous la direction
d'autant de savants distingués. Le célèbre Pierre-Simon Pa^'^*)
de Berlin, en avait la haute direction d'ensemble. Elles durèrent
jusqu'en 1774 et portèrent leur enquête sur toutes les steppes
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ASIE CENTRALE. 427
entre TOural et rAltaï, sur le cours de TObi, sur le Nor-Saïsan,
et le fleuve Tourgaï , sur la rive gauche de rOiu*!! , daus les
steppes du Kouma-Manytcb, dans la Transcaucasîô.
Plusieurs des voyageurs parlèrent alors de TAral et du Bal-
kash, mais ce ne fut que par ouï-dire. On avait bien constaté,
dans certaines parties du champ de ces explorations, que
Vhumus était remplacé par de Targile jaunâtre avec des efflo-
rescences salines, et que îe sol formait une dépression ; toutefois
personne encore, sauf Pallas, n'avait abordé l'hypothèse alors
hardie que la région Caspienne eût été, à une certaine époque
géologique, recouverte par une grande mer intérieure. Pallas
n'ayant pas vu la mer d'Aral, le lac Balkhash, rissyk-koul,
n'avait point étendu jusque-là son hypothèse. Il ne parle pas
non plus du changement de lit de TOxus ; en revanche, il
établit que la mer Caspienne rejoignait autrefois la mer d'Azof
par la dépression du Kouma-Manytcb.
Le commencement du siècle ouvre, pour les voyages dans la
contrée de la Caspienne, une ère nouvelle qui commence par
l'expédition de Mouraview à Khiva, en i819. L'aimée suivante
partait pour Bokhara une ambassade accompagnée d'un assez
nombreux personnel de savants. Le lac d'Aral et les khanats
entraient dès lors dans la sphère d'activité de la science.
De 1825 à 1827, Eischwald étudiait spécialement la mer
Caspienne et en particulier l'ancienne embouchure de l'Oxus.
En 1 826, trois botanistes rapportaient des trésors pour la con-
naissance de la flore de l'Altaï; enfin, en 1829, eut lieu le
voyage d'Alexandre de Humboldt. C'est à l'illustre savant que
nous devons les termes de dépression touranienne, bassin aralo-
caspien, qu'il a employés en reprenant l'idée de Pallas sur la
mer intérieure asiatique ; il y ajouta Thypothèse d'un détroit
qui aurait existé entre l'Oural et l'Altaï, et posa la question
du lac Aral et de l'ancien cours de l'Oxus.
A la. même époque, l'Académie des sciences de Saint-Péters-
bourg faisait étudier la faune et la flore du Caucase et de la
Transcaucasie, tandis que de 1834 à 1836, cette région, ainsi
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428 ASIE. K- 698-756
que le bas Oural et le Volga, était l'objet de recherches chiraico-
physiques. C'est vers ce temps aussi que Bènjamiu Bergmann
publiait ses curieuses promenades dans les steppes des
Kalmouks, et que Helmersen parcourait le haut Oural en
faisant des recherches géologiques.
Peu après, vers 1840, vient se placer le commencement des
vingt années de travaux d'Eversmann sur la zoologie des steppes
kirghizes, dont les résultats sont contenus dans son Histoire
naturelle du territoire d'Orenhourg; il y donne aussi des
idées générales sur la formation du bassin aralo-caspien. Vers
1840 encore, Paul Romanow faisait le premier de ses trois
voyages à FAltaï, jusqu'aux lacs Zaissan, Âla et aux monts
Alatau. Il visitait ensuite (1847-1848) le bassin méridional de
l'Oural et le nord-est de la mer d'Ara^l.
EnBn un troisième naturaUste, Karelin, dont Tactivité a
égalé celle de Romanow, a travaillé, de 1 824 à 1 872, à recueillir
des données sur le pays des Bachkirs (où l'avait envoyé le
comte Essen pour y chercher des topazes et des cristaux de
roche), sur une des hordes kirghizes, sur. la côte orientale de la
Caspienne (explorée par lui avec Dandeville, Blaramberg et
Volkner), sur l'ancien lit de l'Oxus. Les monts Tarbagatai,
Altaï et Sayan, avec le cours du Naryn, furent visités par Ka-
relin dont les collections immenses furent dispersées aux quatre
points de l'horizon , et dont les manuscrits furent consumés à
Gourief dans un incendie.
Le botaniste A. de Schrenck avait, de son côté, et simulta-
nément avec Karelin, exploré à peu près la même région.
Enfin, d'importantes explorations minières furent faites
aux Tarbagataï par M. Vlangali, directeur des mines, à la
suite de rapports adressés par Karelin à l'admiiMstration des
finances.
Après deux voyages préalables à Bokhara, en 1839 et 1840
(Gerngross et Kowalewski, dans l'ouest de la steppe kirghiz, et
Lehmann dans l'Oust-Ourt, l'Oural et la Bachkirie), eut lieu la
seconde expédition de Bokhara, à laquelle prit part rim des
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ASIE CENTRALE. 429
orientalistes les plus connus et les plus éminents de notre
époque, M. Nicolas Khanikof.
Mais Bokhara n'appartient pas à la contrée qui nous occupe,
aussi est-ce des expéditions de Khiva qu*il faut dire quelques
mots. Les Russes, après Tavoir vainement attaqué en 1840, y
envoyèrent, en 1845, Tambassade de Danilewsky, à laquelle
nous devons , outre des données botaniques de Basiner, une
Esquisse générale de Khiva, par le chef lui-même de la
mission.
Les forts de Novo-Alexandrowsk et de Novo-Petrov?sk , suc-
cessivement construits sur les rives nord-est de ta mer Caspienne
contre les Khiviens, servirent de centres à diverses explorations ;
il en fut de même du fort Rabim, au nord-est de la mer d'Aral,
construit contre les Kliokandiens, avec lequel les Russes com-
mençaient à avoir des difficultés.
La mer d*Aral, jusque-là mal connue, fut levée et complète-
ment décrite, en 1848, par A.-J. Boutakof et A. Makchéiéf.
En collaboration avec M. J. de Khanikof, le frère du célèbre
orientaliste, ils publièrent aussi de précieuses études sur Khiva
et le cours inférieur du Syr.
Des considérations économiques relatives aux pêcheries firent
faire (1853-1854) pour la mer Gaspieune ce qui airait été
fait dans un intérêt militaire pour la mer d*Aral. Une étude
complète du Volga inférieur et de ses embouchures, puis de la
dépression du Kouma-Hanytch , précédèrent le relevé hydro-
graphique total de la mer Caspienne, par Iwaschinzorf, Kosch-
kull et Simonof. Ces deux derniers furent engloutis avec le
vapeur Kouba, sur lequel se faisaient les travaux, et tous
les matériaux se perdirent dans ce sinistre. Iwaschinzoff dut
recommencer, et son œuvre, continuée par Pouschtschin, est à
peu près terminée aujourd'hui.
L'étude de la flore et de la faune du territoire aralo-caspien
fut le but des voyages de MM. J.-G. Borschtschef (botaniste) et
A. Ssewertzof (zoologiste) le long de THek et de TEmba, aux
monts Moukhatjar, sur les versants nord de TOust-Ourt, dans
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430 ASIE. N*« 698-756
les déserts de Barsouki, sur le Syr-Daria et le Djani-Daria, le
Kara-koum, etc. Toutefois c'est à la botanique surtout que pro-
fitèrent ces voyages à la suite desquels parut la Géographie
phytographique et botanique du territoire aralo^aspien. Di-
verses recherches relatives à la zoologie furent faites plus tard et
conduisent jusqu'en 1860. C*est là, selon M. Bogdanow, que
commence la troisième période des études aralo-caspiennes.
Le cercle s'est agrandi, les problèmes sont mieux posés,
quelques questions sont déjà résolues. Il reste alors à explorer
le lac Balkash et ses environs, à étudier l'ancien lit de TOxus,
avec les causes du changement de cours du fleuve, à examiner
la possibilité de relier, par le canal Kouma-Manytch, la mer
Caspienne à la mer Noire, à déterminer la formation dite Cas-
pienne, à expliquer certaines singularités zoologiques.
L'exploration la plus complète, au point de vue de la com-
munication à établir entre la mer Caspienne et la mer Noire, fut
celle du géologue Barbot de Marny dont les conclusions ue
sont pas favorables au projet; toutefois la discussion reste
ouverte, car on ne saurait se dissimuler l'importance qu'aurait
pour la Russie l'ouverture de cette communication, surtout si
rOxus, rétabli dans son ancien lit, mettait un jour la Caspienne
en communication directe avec le cœur de l'Asie.
De 1862 à 1870, la place est surtout aux naturalistes. Ce
sont le professeur de Filippi, E.-D. de Peltzam, Fedschenko,
A. Kowalewski; enfin, tout récemment, M. Bogdanow, au-
teur de l'historique dont nous essayons de donner un résumé.
Il s'est occupé, entre autres choses, de déterminer les an-
ciennes limites de la Caspienne, en remontant le Terek.
La science a largement profité de trois beaux voyages accom-
plis de 1870 à 1872 : celui de Middendorf dans la steppe trans-
ouraliemie et l'Altaï, celui de O.-O. Baum et Jacobi dans les
steppes de Tlrtysh. La formation Caspienne, d'après M. Bogda-
now, demande à êlre encore fort étudiée par les géologues.
Il ne faut pas négliger, dans cet aperçu des acquisitions de
la science sur le bassin aralo-caspien, les données précises réu-
ASIE CENTRALE. 431
nies pendant et après la dernière expédition de Khiva. A cet
égard , le lecteur sera pleinement édifié en se reportant aux
précédents volumes de V Année géographique.
Les changements de niveau de la mer d'Aral et de la mer Caspienne.
C'est une histoire curieuse que celle des changements de
niveau de l'Aral et de la Caspienne : elle a été reprise à Tocca-
sion des projets de communication entre l'Europe et la haute.
Asie par le rétablissement de TOxus dans son ancien lit, et par
la canalisation du Kouma-Hanytch qui relierait la mer Caspienne
à la mer d'Azof.
Les intermittences attribuées à la mer d'Aral firent, 'il y a
quelques années, l'objet de savantes discussions qui ont été
mentionnées dans les volumes précédents de V Année géogra-
phique.
Le major Wood, un fils, croyons-nous, du célèbre explorateur
du Pamir, revient sur cette question dans un intéressant ou-
vrage intitulé The Shores of Lake Aral {n^ 746) . Il en ) etrace
l'historique, ainsi que celui du cours de l'Oxus, et arrive à cette
conclusion formulée déjà par Pallas, puis reprise par Humboldt,
que le lac d'Aral et la mer Caspienne sont le fond d'une an-
cienne mer intérieure dont les «eaux mêlées à celles du Pont^
Ëuxin d une part, allaient baigner, d'autre part, les* pieds du
Thian-Shan et de l'Himalaya.
L'Oxus, aujourd'hui Amou-Daria , après avoir été jusqu'à la
moitié du seizième siècle affluent de la Caspienne, a porté ses
eaux dans le lac Aral. La cause en est dans les drainages
nécessités par la culture, qui affaiblissent le fleuve au point
d'arrêter son cours vers l'ouest, en ne lui laissant ni le volume
ni la force nécessaires pour affronter les steppes et les sables
du pays turcoman.
Les vaiiations de nivejtu de la Caspienne ont suscité aussi
de nouvelles études, entre autres, celle du major Wood,
dans le Gtographical Uayazine de janvier 1876 (n<* 744).
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432 ASIE. N- 098-756
Reprenant les données de Thistoire, il constate » d*après les
passages de Strabon, PJine, Quinte-Curce , que la mer Cas-
pienne a pu être, dans l'antiquité, divisée en deux lacs corres-
pondant à ses parties nord et sud et séparés par un isthme,
prolongement de la presqu'île de Bakou.
Selon Pallas, les Russes naviguant sur la mer Caspienne dès
1556, trouvèrent six pieds dé fond à neuf lieues au large de
rîle de Tchetiné Bogorié. Dans les mêmes parages, Pierre le
Grand, en 1722, trouvait i°»,80, tandis qu'à la fin du dix-
huitième siècle on y constatait une profondeur de 5"»,60.
Visitant Bakou, en 1724, Pierre le Grand avait été frappé de
l'existence de ruines à une quinzaine de mètres de profon-
deur,* et préoccupé déjà de l'idée de relier le Don au Volga,
c'est-à-dire la Caspienne à la mer Morte, il fit établir, à Bakou
même, une échelle pour mesurer la variation de hauteur des
eaux. Oe détail parait avoir échappé à Humboldt qui, une
centaine d*années plus tard, suggérait de son côté l'établisse*
ment de ce limnimètre.
Des routes, des espaces cultivés existaient naguère sur des
parties aujourd'hui submergées du littoral caspien.
Au sud-est de la mer Caspienne, la muraille du Kizyl-Alan
se prolonge actuellement vers l'ouest sous les eaux, et dut
être nécessairement construite à une époque où elles occu-
paient un niveau plus bas qu'il ne l'est aujourd'hui.
Enfin, la tradition veut qu'une route ait jadis régné sur le
prolongement de la pointe de Bakou, se dirigeant vers le sud-est,
c'est-à-dire dans la direction actuelle de Krasnovodsk.
En ces conditions, les embouchures des tributaires de la
Caspienne devaient être distribuées autrement qu'elles ne le
sont à notre époque. M. Wood infère d'un passage de Slrabon,
relatif aux affluents du littoral sud, une preuve nouvelle en
faveur de la thèse que le niveau de la mer Caspienne a été no-
tablement moins élevé que de nos jours.
M. Wood voit la cause de cette élévation passée des
eaux caspiennes, dans une dérivation du Volga qui, à des
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ASIE CENTRALE. 433
époques antérieures, devait se déverser en totalité ou en partie
dansle Palus Mœotis, c'est-à-dire dans la mer d'Azof. En effet,
un abaissement de 1200 pieds dans le niveau laisserait à sec
une bande de terrain entre le 40** et le Al^ parallèles. Au
nord et au sud elle séparerait deux lacs dont le plus méridional
serait, en superficie , d'un quart plus grand que Tautre. Tel
dut être Tétat des choses dans l'antiquité, selon le major
Wood : les lacs étaient entourés de marais immenses, alimentés
au nord-ouest et au sud de la mer d'Aral, par un bras du
Volga, par le Maiijtch qui drainait le Palus Mœotis, enfin par
rOxus qui a depuis lors changé la direction de son cours.
Les auteiu*s anciens, qui fout du Tanaïs la limite de l'Eu-
rope et de l'Asie, en font du même coup un fleuve immense et
qui ne peut répondre qu'au Don seul ; celui-ci devait donc être
augmenté du cours du Volga. Le Palus Mœotis, où ils se déver-
saient simultanément, était plus haut et plus étendu alors
qu'aujourd'hui et ses eaux étaient moins chargées de seir
Quant aux causes qui ont ramené à la mer Caspienne le
Volga naguère tributaire du Palus Mœotis, l'auteur de l'article
n'en dit rien, il conclut seulement qu'à part les variations de
quantité d'eau dans les divers bassins qui restent de l'ancienne
Méditerranée asiatique , le fond de cette mer n'a subi aucun
changement : conclusion imprévue d'uu travail — et d'un bon
travail -r- écrit pour démontrer que, dans les temps histo-
riques, le Volga, l'un des grands fleuves du monde, l'un des
grands facteurs du bassin aralo-caspien , a changé de lit et
modifié totalement les conditions hydrologiques de la contrée.
Liaison de la mer d*Azof à la mer Caspieniine.
M. Ker, qui considère comme impraticable de ramener le
cours de l'Oxus à la mer Caspienne, n'admet pas non plus qu'il
soit possible de réunir celle-ci à la mer Noire par le Kouma-
Manjtch : « Quiconque, dit- il , a vu le Manjlch et la Kouma
dans leur état actuel, n'estimera pas qu'il faille même penser
L*AViSiiK GÉOG&. XV. 28^ j
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434 ASIE. N- 698-756
à les employer pour le trajet de vaisseaux d'aucune dimen-
sion. » Sans doute , les ressources des ingénieurs trioniphe-
raient des difficultés du sol, mais l'obstacle est dans l'exiguïté
des cours d'eau à réunir.
En revanche, M. Wood, à la suite de son article sur les an-
ciens aspects physiques de la mer Caspienne (n° 744), fait ob-
server que la mer Caspienne est à 25 mètres au-dessous de la
Méditerranée, et que le point le plus élevé du cours du Manytch,
entre les deux mers, n'est qu'à 7 mètres d'altitude. Donc, une
coupure de cette profondeur amènerait à la Caspienne les eaux
de la nier d'Azof.
Cette opération entraînerait, il est vrai, la submersion d'As-
trakhan et de tout ce qui est inférieur au niveau de la Médi-
terranée; mais le bassin de la Caspienne, presque doublé,
améliorerait, par son évaporation, les conditions physiques du
Turkestan occidental : cet avantage compenserait largement
les pertes d'autre part.
Un savant russe, M. Woieïkof, vient, à son tour, contredire
quelques-uns des faits allégués par M. Wood, et termine en
déclarant qu'il ne saurait partager la robuste foi de l'officier
anglais dans la possibilité et l'opportunité de conduire à la
Caspienne les eaux de la mer d'Azof; les dépenses de l'entre-
prise seraient, selon lui, de beaucoup supérieures aux profits.
A sou toiir, M. Wood répond à M. Woieïkof en réfutant cer-
taines assertions de son contradicteur et en maintenant ses
conclusions.
Il est évident que des projets aussi considérables demandent
à être étudiés à tous les points de vue, et que l'étude en exige
beaucoup de temps*
La steppe et les Turcomans.
Depuis l'occupation de Krasnovodsk(1869), nous avons vu,
grâce aux exportations et aux expéditions des Russes, se garnir
peu à peu la carte des pays situés par delà la mer Caspienne.
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ASIE CEISTRâLÏ); 435
Parmi les explorateurs qui, en ces dernières années, ont le plus
activement contribué à ce progrès, il faut citer le colonel Steb-
nitzky, chef de la section topograplrique du Caucase, auquel
sont dues des notions abondantes et précises sur la région
aralof-caspienne. Quant aux expéditions militaires, celle de
Kiya, celle des colonnes de Kraânovodosk, et les marches du
général Lomakine, en 1875, elles ont aussi fourni un contin-
gent considérable de données à l'aide desquelles le Journal
de Saint-Pétersbourg a publié, d'après VInvalide russe, un
aperçu ethnographique sur la steppe en 1875. Nous croyons
que les lecteurs de V Année géographique nous sauront gré de
leur en présenter un résumé.
Au point de vue météorologique, la steppe turcomane est
tantôt brûlée par une chaleur sèche qui s'élève jusqu'à 30°
Réaumur, tantôt engourdie par des froids qui vont jusqu'à
— 20° Réaumur. Les vents violents y soulèvent soit des nuages
d'un sable aveuglant, soit des tourbillons de neige. En sep*
tembre et en octobre tombent des pluies parfois assez abon-
dantes.
Outre l'Oxus et ses dérivations canalisées, deux cours d'eau
seulement arrosent la steppe dans laquelle est compris le ver-
sant caspien des Kourendagh et de sa prolongation. Ces cours
d'eau sont TAtrek, limite russo-persane actuelle, et le Gour-
gan. Les versants nord du Kourendagh arrosent de torrents
au cours très-limité la vallée des Tékés, l'Arkalch. Partout
ailleurs qu'aux environs des cours d'eau le pays est pauvre en
puits, et il ne semble pas que le forage de puits artésiens offre
des chances de réussite. Le sel se trouve presque partout à
la surface de la steppe, jusque sur les bords de TAtrek et du
Gourgan.
Cette contrée peii séduisante est habitée par des Turcomans,
vigoureuse population de race turque. Ils sont généralement
homades et appartiennent, sans être toutefois très-fanatiques,
à la secte sunnite. Ils épousent plusieurs femmes e*t s'unissent
même à des prisonnières persanes ou kourdes ; mais en matière
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436 ASIE. W 698-756
d'héritage, les enfants des Turcoraanes proprement dites sont
avantagés. Les femmes, qui ne sont point recluses comme elles
le sont chez les Persans, s'occupent des travaux intérieurs, du
tissage des tapis et de la confection des feutres. Les hommes
ne font guère autre chose que du brigandage et des incur-
sions chez les voisins.
Les Turcomans se divisent en Yomoudes, Goklans et Tékés.
Les premiers, en majorité cantoxmés du bas Ousboï aux vallées
de TAtrek et du Gourgan, se divisent en Baïram-Ghali, qui
peuplent le nord du kanat de Khi va, et en Tchouka. Ceux-ci,
suivant qu'ils sont sédentaires ou nomades, prennent le nom
de Tcharva ou de Tchomoum. La pêche, la culture du fro-
ment, du millet, de l'orge, du coton, du sésame, l'élève de
nombreux troupeaux de bêtes à cornes, telles sont les res-
sources des Yomoudes Tchojnoura. Ils vivent par groupes nom-
breux et ne se déplacent qu'à de petites distances. Quant aux
Yomoudes Tcharva, après les trois mois de l'hiver, ils quittent
les bords de l'Âtrek pour aller parcourir la région comprise
pepuis le golfe de Karabougaz, sur lu mer Caspienne, jus-
qu'au puits d'Igdy. Durant tout le temps de leur séjour
en territoire russe , ils doivent se soumettre aux chefs
russes, près desquels ils se font représenter pai' des khans
spéciaux.
Les Tchomoura deviennent souvent Tcharva et réciproque-
ment, suivant les circonstances. On évalue à 77 000 âmes la
population yomoude.
Plus au sud que les Yomoudes, vivent les Goklans dont on
sait peu de chose. Presque tous s'occupent d'agriculture, car
leurs terres sont mieux arrosées que celles des Youmoudes.
les fourgons {kibitkï) dans lesquels ils vivent sont estimés
au nombre de 3000.
Les Tékés habitent TArkatch, la partie riche du pays tur-
coman. Arrosé par des ruisseaux qui descendent de la conti-
nuation sud-est du Kourandag, l'Arkatch, oasis étroite et
longue qui paraît se rétrécir chaque jour, sous l'action des
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ASIE CENTRALE. 437
vents du nord, par l'envahissement des sables, est une région
fertile, un sol glaiseux. Une plante nommée djoghéna ou
djongara forme la ressource principale du pays. Son grain
sert de nourriture aux hommes et aux animaux ; sa tige est
utilisée comme fourrage. Chez les Tékés, le système com-
munal n'existe point comme chez le reste des Turcomans;
chacun peut aliéner sa propriété. Les Tékés ont une organi-
sation supérieure à celle dçs autres tribus et passent pour
les plus forts. Pendant longtemps, grâce à leurs rapides
chevaux, ils ont poussé parfois jusqu'à Meched et à Herat
des incursions (allaman) dont ils ramenaient des prisonnières
destinées aux marchés de Khiva et de Boukhara.
Tout le long de TArkatch, au pied des contr&-forts du
Kourendah, sont échelonnés à 20 ou 25 kilomètres l'un de
l'autre, 43 forts ou fortins, généralement de forme carrée et
construits en terre battue. Jusqu'à ces dernières années, les
deux fractions des Tékés, les Tokhtamych et les Outeinich, ont
été en lutte. Enfin, en 1875, les forteresses furent placées
sous quatre commandements, répartis entre les fractions
rivales.
Pour compléter ces notes quant aux populations de la steppe
turcomane, il faut mentionner les Kourdes persans qui habi-
tent, dans là haute vallée de l'Atrek, l'angle compris entre ce
fleuve et son principal affluent de droite, le Sumbar.On a peu
de renseignements sur ces Kourdes, qui luttent parfois avec
avantage contre les Tékés, et occupent un certain nombre de
positions fortifiées à peu de distance de la ligne de forts de ces
derniers. L'Atrek étant désormais la frontière russe, on peut
être certain que la géographie et l'ethnographie ne tarderont
pas à s'enrichir de données nouvelles sur cette peuplade.
' L'Ousboï, ancien cours de l'Âmou-daria.
L'un des résultats géographiques de l'expédition des Russes
à KivA aura été la reconnaissance de TOushoï, ancien cours de
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458 ASIE. N- 698-756
rOxus, depuis la mer Caspienne, où il se jetait jadis, jusqu'à
Kounieh-Ourgendj, non loin du cours actuel de l*Amou-
daria.
Dans l'ancien état de choses, TAmou-daria accomplissait un
trajet de 500 kilomètres de plus qu'aujourd'hui, et son lit aban-
donné est la partie la plus basse de la steppe turcomane.
En termes généraux, l'Ousboï est limité du côté du noitl
par les pentes du grand plaleau d'Oust-Ourt, les sables de
Tchil-Named-Koum et le massif du grand Balkhan (1661 met.
au-idessus de la mer Caspienne) qui se prolonge jusqu'à Kras-
novodsk. Du côté du sud, ses rives bordent une sorte de Sahara
large de 100 kilomètres en certains endroits et qui s'étend
jusqu'au Kouren-Dagh.
L'historique du cours de l'Oxus a été dessiné à grands traits
par le major Herbert Wood, dans un excellent morceau intitulé
Notes an the hwer Amour-Darya (n° 747), etc. « Depuis Héro-
dote (458 av. J. C), qui donne un court aperçu de l'Araxe et
des directions que suivaient ses deux bras, jusqu'au dixième
siècle de rère chrétienne, les indications sur l'Oxus sont rares.
Elles suffisent cependant pour établir que, jusqu'à tfois quarts
de siècle au moins avant J. C, le trafic entre l'Inde et l'Europe
descendait la mer Caspienne par l'Oxus. Plus tard, ce fleuve
semble avoir adopté l'un de ses bras septentrionaux, pour se
jeter dans l'angle sud-est du lac Aral. Avant le quinzième
siècle, rOxus ou Amou-daria changea de nouveau son cours et
se déversa dans la Caspienne. En dernier lieu, vers la fin du
seizième siècle, il abandonna ce trajet et se jeta vers l'extrémité
sud-ouest du lac Aral. »
La cause de ces changements est sans doute dans les sai-
gnées plus ou moins actives que les habitants du cours moyen
de rOxus ont fait subir au fleuve pour fertiliser leurs terres,
et dans les ensablements qui en ont été là conséquence.
L'Ousboï avait été traversé en 1820 par Hourawief, en
1825 par Eichwald, en 1856 par Karelin, en 1863 par Vara-
béry, mais son parcours n'était connu que sur des points. Ou
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ASIE CENTRALE. 439
Ta suivi depuis lors dans toute son étendue. Eu 1872, comme
nous Tavons dit, le colonel Stebnitzky Tavait étudié de la
mer Caspienne au puits d'Igdi ; eu 1878, le colonel Gloukovski
en fit la reconnaissance, du marais lacustre de Sary-Kamysh à
Kounieh-Ourgendj ; en 1875, le général Lomakin suivit tout
rOusboï, de la Caspienne à Kounieh-Ourgendj, et reconnut du
même coup les 280 kilomètres laissés inexplorés jusque-là
entre les environs dlgdi et le Sary-Kamysh.
A partir de la Caspienne jusqu'au puits de Bala-Ischem, on
distingue nettement le lit d'un fleuve encaissé entre des col-
lines de sable. Le thalweg est en partie couvert de lacs d'eau
salée ou d'eau douce. Depuis Bala-Ischem, le fond de la vallée
se compose soit de marais salins, soit de rochers ; on y ren-
contre des coquilles fluviales.. Çà' et là, cependant, les sables
mouvants ont effacé le lit du fleuvei, que traversent même obli-
quement quelques collines de la rive gauche. M. Loupandin,
topographe attaché à la colonne du général Lomakin, pense
que Teau une fois ramenée dans son ancien sillon, en chasse-
rait vite les sables et les barrages.
Les rives de l'Ousboï ont parfois 17 à 21 mètres à partir du
fond du ravin dont la largeur, très-variable, va jusqu'à 2 ou
5 kilomètres. Quelques-uns des lacs qui subsistent dans la
vallée sont assez considérables pour donner l'illusion d'un
fleuve. Les puits sont assez nombreux, aussi rencontre-t-on
beaucoup de petits jardins (bagtchi) ou de cimetières dont la
végétation forme contraste avec l'aridité de la steppe envi-
ronnante. Toutes les formations du sol renferment des coquilles
d'eau douce.
L'intérêt manifeste des Russes à faire rentrer l'Âmou-daria
dans son ancien cours a provoqué l'examen des possibilités
et des chances de succès d'une pareille entreprise. Les avis
sont généralement favorables, et en particulier celui du major
Wood, qui s'est voué aux recherches sur ce sujet, dont il a plus
spécialement examiné le côté historique. Il l'a fait d'une ma-
n'èrc complète dans l'ouvrage et les articles déjà cités, qui pré-
440 ASIE, N*' 698-756
sentent aussi un grand intérêt au point de vue de la géographie
physique de la région aralo-caspienne.
On comprend sans peine qu'une opération comme celle de
changer le cours d'un fleuve ne soit pas tentée à la légère. Le
retour de FÂmou-daria à son ancien lit ne pourrait s'effectuer
qu'au détriment de l'oasis kliivienne, fertilisée par un inextri-
cable réseau de canaux dérivés du fleuve. Des mesures prises en
i864, du 23 juin au 10 septembre, établissent que la moitié
du volume d'eau de TAmou-daria est détournée par l'irrigation.
La moitié qui reste aurait-elle la force nécessaire pour accom-
plir à travers des sables un trajet de 500 kilomètres?
L'Amou-daria, en amont de Kliiva, est difficile à naviguer, à
cause de ses sinuosités et de la force de son courant. A une
vingtaine de kilomètres au-dessus de Petro-Alexandrovsk, il
fait deux coudes brusques oii le courant, très-étroit, est em-
barrassé de rochers. En 1874, le petit vapeur de Peroffsky
remonta de l'Aral à Petro-Alexandrovsk, pendant les hautes
eaux. En 1876, le Samarcande partant de Petro-Alexan-
drovsk atteignait Pitnyak, c'est-à-dire qu'il gagnait environ
70 kilomètres sur le trajet du Peroffsky. Évidemment le pi us ou
moins de facilité que présentera la navigation sur TAmou-daria
est l'un des éléments à considérer dans le projet de restituer
à ce fleuve son cours des temps historiques.
L'expédition militaire des Russes sur le Pamir.
Vers le milieu de l'année, le gouverneur général du Turkes-
tan résolut de mettre fin aux abus d'indépendance des Kara-
Kirghizes qui habitent les montagnes situées au sud du
Kokhand. Cette peuplade, qui n'avait jamais reconnu effecti-
vement l'autorité du ci-devant khan de Kokhand, prétendait
conserver, malgré l'annexion du Kokhand à la Russie, sa demi-
indépendance, et en usait pour piller des caravanes ou agiter
le territoire nouvellement soumis au czar. Les Eara-Kirghizes
sont très-difficiles à atteindre, car ils n'apparaissaient dans la
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Googk
ASIE CENTRALE. 441
plaine qu'en hiver, et se transportaient Tété sur le plateau
d'Alaï ; ils se dérobaient dans la vallée du Kizyl-Sou ou Sourk-
Ab, affluent supérieur de rOxus. En conséquence, le général
Skobélef résolut d'opérer une démonstration militaire jusque
dans les montagnes situées au sud de Fergbanah. Les troupes
furent divisées en trois corps, accompagnés chacun de topo-
graphes et d'hommes de science. Un colonel d'état-raajor,
M. Kostenko, bien connu par ses travaux sur l'Asie centrale,
fut attaché à Tune des colonnes qui, a travers l'Alaï et le
Transalaï, se porta sur le Pamir où l'avait devancé une re-
connaissance. Voici quelques notes sur cette expédition, d'a-
près une correspondance du colonel Kostenko, publiée par le
Journal de Saint-Pétersbourg.
La colonne s'engagea, pour franchir le Transalaï, dans le
défilé de Kizyl-Art et arriva sans trop de peine au col, qui a
3560 mètres d'altitude. « De ce point, dit le colonel, la vue
embrasse le Pamir : on aperçoit des chaînes de montagnes dé-
nudées, dont quelques sommités atteignent la région des nei-
ges. » Une seconde chaîne qui suit la vallée du Kouroun-Saï,
à 5350 mètres sur ce point, fut franchie, et au delà on des-
cendait sur le lac Kara-Koul, dont le vaste bassin est entouré
de toutes parts de montagnes en grande partie couvertes de
neiges éternelles.
Le lac, allongé dans la direction nord-sud, est long d'en-
viron 35 kilomètres et demi; sa largeur est de près de 27 ki-
lomètres et demi, a Une grande partie du lac est occupée par
des îles et des presqu'îles qui forment une ligne coupant le
lac dans la direction du nord au sud. La plus grande de ces
îles est située près de la rive nord, à laquelle elle se rattache
par un isthme long de 200 toises et large d'une dizaine de
toises. Cet isthme, qui ne s'élève qu'à peine au-dessus du ni-
veau des eaux, s'est formé successivement par l'amoncelle-
ment des sables. » Sur l'île, qui est déserte et aride, se dres-
sent des collines qui atteignent jusqu'à 180 ou 200 mètres de
hauteur. Tous les après-midi, à partir de deux heures à trois
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442 ASIE. W 757-775
heures, s'établit un vent du nord qui souffle en violentes ra-
fales. « Les eaux du lac ne s*écoulent point, ainsi que l'avait
supposé M. Fedschenko ; il reçoit, au contraire, plusieurs pe-
tites rivières qui descendent des montagnes ; tous ces cours
d'eau sont peu profonds et traversent, avant de se jeter dans le
lac, des terrains bas et plats qui doivent avoir été jadis recou-
verts par ses eaux. » La distance entre le lac et les montagnes
qui Tenvironnent varie de 16 k i kilomètres. Vers l'ouest, le
lac baigne le pied des montagnes,
« L'eau du Kara-Koul est fraîche et très-transparente, même
lorsqu'elle est violemment agitée par le vent. Elle est sau-
mâtre, et les chevaux n'en boivent que pressés par la soif. La
présence de poissons dans le lac est révélée par de nombreux
vols d'oiseaux aquatiques que nous avons observés sur les
bords du lac. »
« Pendant notre séjour sur les bords du Kara-Koul, le temps
était très-chaud ; la nuit, cependant, le thermomètre descen-
dait jusqu'à zéro. Les pluies, à ce que disent les indigènes,
sont rares près du Kara-Koul ; il neige même en été. En hiver,
les neiges sont promptemeut balayées par les vents du nord,
très-violents, qui soufflent presque constamment. »
XI
MONGOLIE. MANDCHOURIE
757. LivERANi (F.). Fra Giovanni da Pian de Garpinô nel contado di
M agionc, viggiatore e descrittore di Tartaria e Mongoiia nel Se-
colo XIII. Perugia, 1876. — Y. aussi Auiland, 1876, n*44.
758. PopWF (Pj). Journal de voyage de Fan-Ghikakouï dans TOcci-
dent, traduit du chinois en russe. Sapiskt de la Soc. de Géogr.
de Russie [Section de Géogr. générale), 1875, vol. V, p. 14! à 211).
Fan-Ghiao-Kouï faisait partie de Vexpédition envoyée en 1721 par
l>raperour, Kanf^hi dan» la Hongolie centrale, pour l'ortiGer les postes
depuis Kukukhoto jusqu'à Kobdo.
yGoogk
MONGOLIE. MANDCHOURIE. 443
759. Veniodkoff (A.). New maps of Mongolia. Geographical Magazine
de Markham, 1876, n»Y, p. 127.
760. PRJEVAL8KT (lieut.-colonel N.). Mongolie, the Tangut country and
the solitudes of Northern Tibet, translated in english by E. Del-
mar Morgan, with introduction and notes by colonel Henry Yule,
2 vol. in-8». London, 1876. (L'ouvrage original est en langue
russe.)
761 . Du même. Édition allemande sous le titre de Reisen in die Mon-
golei, im Gebiet der Tanguten, etc., traduction par À. Kohn,
Jeoa, 1876.
De nombreux articles et analyses sur cette importante relation
ont été publiés, savoir : dans VAmland (n** 5, 6, 7, 8), par
H. V. Bartb; dans les Mittheilungen de Petermann(h IH» Y), avec
une carte; dans Die Nalur (n*" 7), par Albin Kobn; dans le Globuê
(XXIX, XXX), par le môme; dans le Bollet, délia Soc, Geogr, Ita-
liana (n* 5); dans le Geographical Magazine (n« 9); dans le BuU
letin de la Société de Géographie (Rapport sur le jnrix annuel,
par W. Hûber), n» de juillet 1876, p. 27.
762. Fbitsche (U.). Déterminations géographiques et magnétiques ob«
tenues en vingt-six endroits pendant un voyage de Saint-Péters-
bourg à Pékin, en 1874. (Répertoire pour la Méléorologie, publié
par l'Acad. Impér. des Sciences de Saint-Pétersbourg. 1878,
vol. IV, n« 8.)
765. SosNowsEï (capitaine). Rapports sur l'expédition de Bouloun-To-
khoï, avec carte. Sapiski de la Société Imp. géographique de
Busne, t. V, 1875 (en russe). V. aussi Geographical Magazine.
1876, n» 9, p. 243.
764. Paderim. Nivellement barométrique de la Mongolie, {hvestiïa de
la Société Impériale géographique de Russie, 1876, vol. XII,
cahier 1*'.)
765. Barometrical Heights in Mongolia, Geograph. Magaûne de Mar-
kham, 1876, n« 9, p. 253.
Bien que les hauteurs déterminées barométriquement n'oIXrent point
toujours la rigueur désirable, nous donnons ci-dessous quelques-unes des
altitudes obtenues par H. Paderin pendant son voyage d'Oui^a à Onlias-
soutal et à Ousio, et calculées par M. Fritsch.
Ourga, 1150 mètres, — Khohol (source du Kara-sou), 2014 mètres. —
Ouliassoutaï, 1414 mètres. — Source du Narin, 1810 mètres. -~ Confluont
des deux Yénisséi, 530 mètres.
766. Steir (F. von). Die Mongolen, die Tanguten, trad. du russe :
Zeitschrift fur Ethnologie. Berlin j 1876.
767 . Stren-Mob, Sakharow, Krtlow. Ueber die Buriaten. Bussische Bévue
de Bôttger. 1876, n* XI, p. 400-4Ô2 et 415-416.
768. KoHN (Albin). Die Chara-Tanguten und Olut-Mongolen. Globus,
444 ASIE. N- 757-773
XXX, 4876, p. 13, 27. V. aussi Zeitschrift fur Ethnologie, 1875,
VIÏ, p. 381.
769. HowoRTH (Henrt h.). The Taugas. Geographical Magazine de
Markham. 1876, n» 2, pages 50 et 51.
Les Taugas, appelés par les Arabes Tagazgaz, furent probablement les
Ouîghours, tribu bouddhiste très-cultivée dans les lettres, les arts, etc.,
habitant sur la limite N. 0. de la Chine et au N. du Tibet.
770. Ravert et Howorth. Ueber die ursprùnglichen namen der Mon-
golen. BuêsUche Revue de Rôttger, 1876, n* 10, p. 327.
771. Sakharow (F.). Matériaux pour l'étude delà langue des Golden
dans le territoire de l'Amour et en Mandchourie. hvestiïa de la
Société Imp. géographique de Russie. 1876, t. XII, n* 1.
772. BoGULZDBSKT (J,). Abriss des Amur-Gebietes, des sûdlicben Theiles
des Kûstengebietes und der Insel Sachalin, in geologischer-und
berg industrielles Beziehung. 1876, Saint-Pétersbourg, in-8».
773. ScHRENGK (D. LéopoLD von). Aeisen und Forschungen im Amur-
lande, in den Jahren 1854-56, im Auftrage der Kaiserl. Acad.
der Wissensch., in St-Pétersbourg ausgefuhrt und in Verbind.
mit mehreren Gelehrten herausgegeben, vol. I?. Saint-Péters-
bourg, 1876, gr. in-4** (renferme les résultats des observations
météorologiques).
Yoyage projeté de M. Potaniue en Mongolie.
Un résumé historique des voyages dans le sud de la Mongo-
lie est peut-être ici à sa place. Nous l'empruntons à l'exposé
des motifs présentés par H. Potanine à la Société Impériale
géographique de Riissie, pour obtenir de cette Société d'être
chargé d'une exploration.
m La portion de la Mongolie qui est si^iée au sud des gou-
vernements de Tomsk et de Jénisséi est la moins connue des
régions de l'Asie centrale qui confinent à la Sibérie. Les voya-
geurs russes qui se sont dirigés à Test vers Pékin, ou à Touest
sur le Tian-Schan, ont laissé de côté ou n'ont fait qu'entre-
voir cette contrée, sur laquelle on ne possède que peu de ren-
seignements. Tchikhatchew, qui a suivi le Tchuï jusqu'à l'A-
bakan, n'a parcouru que la chaîne du Saïan depuis sa nais-
sance jusqu'aux limites nord-ouest de la région dont il s'agit;
Gastren et Radlow n'en ont visité que quelques points dans le
yGoogk
MONGOLIE. MAMDGUOURIE. 445
nord ; Schwartz et Kryjiue y ont pénétré plus avant, mais sans
cependant descendre plus bas au midi que les cours de TOu-
lou-Kaii et du Houa-Kem ; le voyage le plus long qui y ait été
effectué est celui de M. Matoussovsky, qui Ta traversée d'a-
bord de l'ouest à Test, de Khobdo à Ouliassoutaï, et ensuite du
sud au nord d'Ouliassoutaï jusqu'au Jénisséi; M. Vesselkow a
fait le trajet du Tes au lac Kossogol. Les itinéraires de M. Scbis-
chnaarew, d'Ourga à Ouliassoutaï, de M. Elias, d'Ouliassoutaï
à Kbobdo, et de M. Prinz, se rapportent à cette partie de la
Mongolie; si l'on y ajoute les notes inédites de M. Rovinsky,
qui a visité le lac Targoun-Noor, et celles de M. Apakidze,
qui a voyagé sur les bords de l'Ouss, c'est tout ce que nous
possédons de renseignements sur cette contrée lointaine. Mal-
gré le grand intérêt qu'elle présente sous beaucoup de rap-
ports, sa partie centrale est encore à peu près inconnue au
point de vue de l'histoire naturelle.
« Les rapports des bassins de l'Oubs et de l'Ike-Aral entre
eux et avec les systèmes des eaux de l'Océan sont restés un
problème; l'exploration scientifique n'a pas abordé la chaîne
du Hingaï, dont Schischmarew a apergu de loin les cimes nei-
geuses en se rendant d'Ourga à Ouliassoutaï. En botanique,
la Ûore de cette région forme une lacune importante entre
celles du Saïan et du Tian-Schan d'une part, et entre celles des
steppes du Turkestan et du Gobi; la présence de plusieurs
plantes du midi sous la latitude du lac Zaïssan permet de sup-
poser l'existence d'une intéressante flore intermédiaire dans
la steppe entre Khom et Ouliassoutaï. La même lacune se pré-
sente par rapport à la faune des poissons, des mollusques et
des animaux inférieurs en général. Les explorations de M. Fedt-
chenko en Turkestan et celles de MM. Hersfeldt, Schrenk et
Dybovsky sur l'Amour et aux environs du lac Baïkal prouvent
qu'il y a beaucoup à attendre de l'étude de cette partie de la
Mongolie qui forme un chaînon intermédiaire entre le Turkes-
tan et la Daourie. Enûn, nous manquons complètement de ren-
seignements sur la population de cette contrée, par exemple,
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446 ASIE. îî" 757-115
sur une branche particulière de la race kirgyze, qui habite le
Hangam, et à Tégard de laquelle nous n'avons que quelques
notions vagues de son existence. 9
A la suite de cet exposé, M. Potanine a été chargé de diriger
une expédition qui doit explorer pendant deux ans la partie de
la Mongolie limitrophe de la Sibérie occidentale et orientale,
du poste de Zaissan au lac Kossogol. Le voyage se fait avec le
concours du ministère des finances. H. Potanine avait quitté
Saint-Pétersbourg au printemps de 1876. Le 5 août, il écrivait de
Bouloun-Tokhoï, en Dzoungarie, à l'est des monts Tarbagataï,
que des détails d'organisation avaient retardé jusqu'au 20 juil-
let (!«' août) son départ de Zaissan. Entre ce point et Bouloun-
Tokhoï, le trajet se fait sur une route carrossable. Le. volume
prochain de Y Année géographique donnera des détails sur cette
exploration.
Cartes chinoises et mongoles de la Mongolie.
Au moment oîji les voyages en Mongolie vont se multipliant,
il est utile de dire un mot des matériaux cartographiques qui
existent actuellement sur ce pays. Voici, d'après le colonel Ve-
nioukoff (n? 759), l'état actuel des choses.
En 1869 M. Weber a commencé, à l'aide de matériaux chi-
nois, la préparation d'une carte de la Mongolie et de la province
de Petchili. Pour sa carte de la Chine, le baron de Richthofen
a utilisé un atlas chinois construit avant 1868 par ordre du
gouverneur général Ohou-Gouani.
M." Venioukoff cite, de plus, sept copies faites par M.Karmazof,
interprète du consulat russe à Ourga, sur des cartes chinoises
ou mongoles. En voici les indications :
1^ Grande carte détaillée de VAlmak (tribu et régioti) du
Touschetou Khan^ dressée'en 1868, sur l'ordre du gouverne-
ment chinois, par les autorités mongoles d'Ourga, à l'échelle
de 11 verstes au pouce (i/4C200o), avec méridiens et paral-
lèles de 15' en 15'. Cette carte complète la géographie de la
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MONGOLIE. HâNDGHOUHIE. 447
Mongolie septentrionale, surtout des bassins de TOrkhon, du
Kharakah, du Bùkhaïrgol, et les parties du Gobi que traver-
sent œs cours d'eau. On y trouve indiqués tous les Khoshoungs
ou subdivisions administratives.
2° Grande carte de toute la Mongolicy depuis le Soungari et
le Nouna, à Test, jusqu'aux monts Alatau, à Touest. Elle a été
copiée sur la plus récente carte de l'empire chinois à l'échelle
de 65 verstes au pouce (1/2,730,000). Les limites des districts y
sont très-bien marquées.
3<* Carte de la frontière russo-chinoise (dressée par un Mon-
gol), à l'ouest de Kiakhta, entre les postes frontières mongols
de Tshagan-ousou et de Khatkoulboun. On y distingue nette-
ment les stations mongoles et chinoises.
4** Carte d'une autre partie de cette même frontière, dres-
sée aussi par un Mongol, et comprenant le pays situé entre les
postes mongols de Bayan-Boulan et Biltis.
5** Carte de toutes les routes de caravanes entre Ourga et
Kalgan, avec indications de toutes les bifurcations et carre-
fours, ainsi que des limites des Khoshoungs (drapeau ou pi-
quets, sous-divisions). Cette carte a été rédigée par M. Kar-
mazof d'après les indications d'un Mongol bien familiarisé
avec le pays.
6** Une feuille (avec deux esquisses riches en détails géo-
graphiques) de la partie de la Mongolie située au sud-est des
lacs Dalaï (Koulou) et Buyir, Elle s'étend jusqu'au massif de
Khinghan. Dressée par le prince Chung-Wang» elle fut appor-
tée d' Ourga pour régulariser les limites de ce prince du côté
de ses voisins les Bargon-Solones.
7® Supplément h la carie n® 2, avec tracé des quatre grandes
toutes à travers le désert de Gobi, en partant d'Ourga, et
l'indication de toutes les stations.
11 faut aussi se reporter à la carte de Mongolie que H. Ve-
nioukofT avait tracée en 1872 pour VIsvestiïa de la Société Im-
périale géographique de Russie^
11 est évident qu'à l'aide de ces matériaux et des données re-
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448 ASIE. N- 757-773
cueillies par les derniers voyageurs, on dresserait actuellement
une carte de la Mongolie bien supérieure à toutes les précé-
dentes.
L'expédition du capitaine SosnoTski à traven la Cliino et la Mongolie.
Voici une nouvelle traversée du continent asiatique dont il
faut donner un aperçu. La relation de ce voyage a paru dans
Yhvestiia (1876) de la Société Impériale géographique de
Russie, et nous en parlerons d'après une analyse publiée par
le Geographical Magazine.
La lutte entre les armées chinoises et les insurgés du Tur-
kestan oriental ayant arrêté tout commerce avec Tchougout-
chak et Kouldja, le gouvernement russe dut chercher d*autres
débouchés au commerce de la Russie dans cette partie de TAsie
centrale; mais des informations précises étaient indispensa-
bles pour la fixation des points à adopter. Le capitaine Sos-
novski reçut donc la mission d'explorer la route de Pékin à
Zaissan à travers le Sse-tchouen. U devait aussi se renseigner
sur rëtat et les chances de &uccès de la rébellion des Toun-
ganis.
Un médecin naturaliste (le docteur Pyasetzky), un topo-
graphe (H. Ha.tousovski), un interprète (H. Andreyevski), un
photographe (M. Royarski), enfin un Chinois nommé Syui,
furent attachés à M. Sosnowski.
L'interprète et le Chinois, quand l'expédition fut rendue à
Pékin, se mirent en route pour aller par terre à Han-kéou.
Le reste de la mission gagna par mer l'embouchure du
Yang-tse.
U va sans dire que les voyageurs étaient pourvus d'un passe-
port des autorités centrales et de hautes recommandations;
mais telle est en Chine la décentralisation, que les vice-rois
des provinces peuvent, en pareil cas, ne tenir aucun compte
des avis du gouvernement de Pékin. D'Han-kéou l'expédition
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MONGOLIE. HANDGHOURIE. 440
fit une reconnaissance du Hang-kiang, grand affluent du Yang-
tse, qui traverse les trois provinces de Sse-tchouen, Shen-si et
Hou-pé.
Le Hang-kiang inférieur est navigable même pour de grands
steamers ; son cours est lent, ses rivages spnt tantôt bas et sa
blonneux, tantôt élevés et formés de terre glaise. Des planta-
tions de colon, des rizières, une suite ininterrompue de vil-
lages et de fermes, cacbés derrière des saules et des cytises,
bordaient' le fleuve, sur lequel naviguaient un grand nombre
d'embarcations. Ye-kia-kou et Than-yang, où se fait un grand
commerce de riz et de papier de coton, Fan-ching, Lo-khe-kou,
sont les principales villes qu'on rencontre le long de ce trajet.
Vers le milieu de son cours, le Hang-kiang traverse une chaîne
de montagnes riche en charbon et en ardoises. Il forme là
560 rapides, dont le courant parcourt près de trois mètres
par seconde: aussi les naufrages sont-ils fréquents sur ce
point, ce qui n'arrête pas l'activité du trafic fait avec des jon-
ques chinoises. Le haut Hang-kiang serait difficilement navi-
gable, car il est étroit et encombré de bancs de sable.
Dans la province de Shen-si, le capitaine Sosnovski a ren-
contré des indigènes chrétiens dont l'extérieur l'a frappé
comme étant moins désagréable que celui de leurs compa-
triotes. Us ont la figure ovale, le nez droit, les yeux très-légè-
rement obliques, et leurs pommettes ne sont pas saillantes. En
revanche, les habitants du Hou-pé représentent le type chinois
dans ses traits les plus caractérisés.
Les voyageurs eurent fort à se plaindre de l'indiscrétion du
peuple. On se pressait autour d'eux pour examiner leurs bras,
leurs jambes et s'étonner qu'ils les eussent ajustés au corps de
la même façon que les Chinois. Dans les villes, la superstition
qu'ils étaient en relation avec les esprits malins leur attira
souvent des pierres; l'un des Cosaques de l'escorte en eut
même un œil crevé. Le photographe fut généralement bien
accueilli et recevait des invitatioris à dîner, ses hôtes espérant
obtenir ainsi leur portrs^it.
l'akhée géogr. XV. 20
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45U ASIE. K- 757-773
Vers le milieu d'avril, M. Sosnovski arrivait à Han-lchung-
fou, ville de 80000 habitants, sur le Hang-kiang supérieur.
Cette ville a été ravagée pendant Tinsurrection des Taï-
pings, ce qu'attestent encore plusieurs maisons ruinées et
des os humains qu^on retrouve dans certaines rues. L'accueil
fut bienveillant à Han-tchung-fou, car on y a le désir de voir
se multiplier les relations commerciales avec les provinces
russes de Semiretchinsk et de Semipalatinsk.
De Han-tchung, en s'élevant vers le nord, la mission passa
du bassin du Yang-tse h celui de Hohang-ho. Les monts de
Ling, étages en deux terrasses dont la plus septentrionale
atteint 2255 mètres de hauteur, forment la ligne de partage.
La végétation tropicale s*y mêle à la végétation des zones tem-
pérées. La traversée en est partout praticable aux chameaux.
Lan-tchan-fou, sur le Pei-ho, est la dernière ville qu'on
rencontre avant d'arriver au désert de Gobi, dont on s'ap-
proche en traversant un pays où alternent de riches pâturages
et d'arides plaines de sable. Le pays a terriblement souffert de
rinsurrection, mais les habitants ont repris leurs habitudes
sous la garde de postes militaires établis de loin en loin.
Lan-tchan-fou est la résidence d'un gouverneur général,
Tso-tsum-tan, dont M. Sosnovski n'eut qu'à se louer. C'est un
homme cultivé et des plus honorables qui, depuis 1868, ad-
ministre fort bien lé Shen-si, le Kan-sou et le Kou-Kou-nor. Il
fournit à la mission toutes les faciUtés désirables pour conti-
nuer son voyage, et, grâce à lui, elle put envoyer en recon-
naissance un Cosaque jusqu'à Zaïssan.
A quelque distance au nord de Lan-tchan-fou, la végétation
cesse brusquement; elle est remplacée par des plaines cou-
vertes de pierres ou de collines rocheuses ; toutefois l'eau est
à peu de profondeur, et par-ci par-là des pâturages assex
étendus nourrissent de nombreux troupeaux de chevaux sau-
vages, d'ânes et de mulets.
Il fallut huit jours de marche pour atteindre l'oasis de Kha-
mi, où s'élève la ville florissante du même nom. A Khami,
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MONGOLIE. MANDCHOURIE. 451
les laines de Tourfan et les produits du Turkeslan viennent
s'échanger contre les productions de la Chine centrale. La po-
pulation mahométane de la ville est composée d'émigranls dé
Djitishar, de Boukhara, de Samarcande et de descendants des
Ouïgours.
A une journée de marche au nord de Khami, on entre dans
la Thian-Shan dont on aperçoit de loin les crêtes grises. La
chaîne est accessible aux chars et M. Sosnovski la franchit à
une hauteur de 2757 mètres. Khami, au sud de la chaîne, est
à 960 mètres, et Barkoul, au nord, est à 2042 mètres. De Bar-
koul une route suffisamment praticable conduit à Zaïs-an, sur
la frontière russe par Goutchen, Bouloun-Tokhoï, et la vallée
de rirtych noir. L'expédition, qui avait quitté Han-kéou le 23
janvier 1875, atteignait Zaïssan le 26 octobre suivant. Elle
avait parcouru plus de 5000 kilomètres dont environ 1300 en
embarcation.
Sauf sur 520 kilomètres, la route peut être faite avec dos
chariots et, à l'exception des huit jours de traversée du Gobi,'
elle se tient toujours dans des pays habités. Comparée à la
route de Kiakhta, elle fait gagnei» sur cette dernière 1700 ki-
lomètres entre Han-kéou et Tioumen, et 2980 kilomètres en-
tre Han-kéou et les districts à thé du Sse-tchouen.
Les étapes sans eau sont peu étendues et des caravanes par-
tant de Lan-tchéou-fou peuvent aller jusqu'à Tioumen sans dé-
chargement. L'établissement du chemin de fer jusqu a Tiou-
men et de la navigation sur l'Irtych noir, semble donc assurer
un grand avenir commercial à la route étudiée par le capitaine
Sosnovski.
Les données scientifiques recueillies pendant ce voyage ont
été douze déterminations astronomiques de positions, avec des
observations magnétiques sur dix points et de nombreuses me-
sures de hauteurs à Tanéroïde et à Thypsomètre. Les voyageurs
ont rapporté, en outre, 500 photographies, des collections zoo-
logiques et botaniques et de nombreux échantillons de mar-
chandises.
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452 ASIE. N- 757-775
A la fin de rexpéditioii le transport de tous ces objets n'exi-
geait pas moins de cinquante chameaux.
• M. Sosnowski avait promis au vice-roi Tso, à Lan-tchan-fou,
que la garnison chinoise de Goutchen serait approvisionnée de
blés russes, et nous voyons qu'en effet le capitaine d'état-major
Pevtsof en a conduit un convoi, du poste russe de Zajssan à
Goutchen. Chemin faisant il s'est livré à des observations géo-
graphiques qui ont été communiquées à la Société impériale
géographique de Saint-Pétersbourg. « M. Pevtsof, nous apprend
un compte rendu des séances de cette Société, a déterminé
sur sa route sept positions astronomiques ; il a effectué sur
trois points des observations magnétiques et a déterminé barô-
métriquement, sur quinze points, la hauteur des montagnes
du Thian-Shan ; il a relevé, entre autres, l'altitude des neiges
éternelles sur cette chaîne. Ses recherches géographiques ont
également enrichi la science d'un grand nombre de faits. Enfin
il a rapporté un herbier renfermant un millier de plantes» une
collection ornithologique de cent vingt-trois espèces d*oiseaux,
une collection zoologique de trente-quatre types de mammi-
fères, un levé itinéraire qui comprend un trajet de 845 verstes
(900 kilomètres), des plans des villes de Bouloun-Tokhoï et
de Goutchen, avec leurs environs dans un rayon de 200 verstes
(2 i 3 kilomètres), ainsi que de tous les points relevés astrono-
miquement. »
Voyage du colonel Prjevalski au Kou-Rou-nor et à travers le désert de Gobi.
h^Armée géographique (t. XII, p. 200) a dit seulement
quelques mots du voyage de M. Prjevalski, alors qu'il venait
de s'accomplir. Depuis lors, des relations détaillées ont
fait ressortir l'importance de ce voyage, qui a repris, entre le
nord-ouest de la Chine et le nord-est du Tibet, l'itinéraire
suivi par les PP. Hue et Gabet *.
1. n faut reconnaître avec queUe délicatesse critique le colonel Tnle, dans ses
Bemarques préliminaireê à Védition anglaise, apprécie les jugements qus
M. Prjevabki avait portés contre la relation du P. Hue.
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MONGOLIE. HANDGUOURIE. 453
Le colonel Prjevalski (capitaine lorsqu'il accomplit son
exploration) avait obtenu en 1867 d'être attaché à des troupes
cantonnées en Sibérie, afin de pouvoir occuper les loisirs du
service à des recherches d'histoire naturelle, pour lesquelles
il avait un goill prononcé. A son retour, en 1869, il publia des
Notes sur VOtissouri, qui renferment un grand nombre d'in-
formations sur les frontières orientales de la Russie asiatique.
Dès son retour à Saint-Pétersbourg, il projetait une plus
grande entreprise, et, vers la fin de i 870, accompagné du
lieutenant PyltseiT, il quittait Kiakhta pour Pékin, qui devait
être son point de départ. Mais l'insurrection des Tounganis ou
mahométans chinois était en pleine ardeur vers le nord-ouest
de la Chine, et il fallut ajourner le départ.
En attendant, M. Prjevalski fit une excursion d'essai jusqu'au
lac salé de Dalaï-nor, en Mongolie. Enfin, quittant la petite
ville de Kalgan, où ils avaient terminé leurs préparatifs, les
voyageurs gravissaient, le 15 mai 1871, les pentes du plateau
mongolien, dont ils suivaient le bord sud à travers les pays de
Toumet. Puis, traversant le Hohang-ho en face Bau-tou, ils
suivirent la rive dfoite, c'est-à-dire la rive méridionale du
fleuve, jusqu'à la hauteur de Ding-hou. Les 480 kilomètres de
ce parcours traversent le territoire des Ordos, compris dans la
courbe que décrit le cours du Hohang-ho, entre les deux points
oii il coupe la grande muraille. C'est une steppe sablonnneuse,
d'une altitude approximative de 900 à 1600 mètres. La plu-
part des cartes figurent le Hohang-ho comme formé, dans cette
partie de son cours, de trois lits dont le plus important serait
le lit septentrional. Ce lit, au contraire, est aujourd'hui des-
séché comme le lit intermédiaire, et c'est par le lit méridional
que le fleuve écoule ses eaux.
De Ding-hou, après un second passage du fleuve Jaune, la
route fut vers le sud-ouest, dans i'Ala-shan, le pays des Tan-
goutanes, les Tangoutes de Marco-Polo ^
1. « Les Tangoute» de Prjevalski, dit le colonel Yule, sont probablement ceux
du Tibet orienlal, appelés par le» Chinois Si-fan^ ou Barbares occidentaux. Us
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454 ' ASIE. N« 757-773
A Din-youang-ing, où il fut bien reçu par le prince, —
et il signale cet accueil comme ne s'étant guère reproduit
pendant le reste de son voyage, — M. Prjevalski fit une excur-
sion à la région montagneuse de TAla-slian, dont le sommet
principal a 5350 mètres. La capitale de l'Ala-shan fut le terme
de cette tentative, car le manque de ressources contraignit les
voyageurs à revenir à Pékin. Le retour eut lieu par la rive
gauche du fleuve.
Après de nouveaux préparatifs, ils repartaient de Kalgau
en mars 1872, et le 26 mai suivant, ils se retrouvaient à
Din-youang-ing. Quelques jours plus tard, réunis à une cara-
vane, ils se dirigeaient sur le monastère lamaïque de Chobsen,
où ils parvinrent en un mois de marche. La route traverse,
sur à peu près 150 kilomètres, un désert des plus arides, au
nord du Khan-sou. En continuant à l'ouest, dans les massifs
qui dominent la rive septentrionale du Kou-Kou-nor, M. Prje-
valski fit de belles collections d'histoire naturelle; il vit en
particulier pour la première fois la rhubarbe (Bheum palnia-
tum) sur son terrain de première origine.
La région où il fit cette découvçrle présente, à vrai dire,
comme particularité physique, son extrême humidité qui ex-
plique sa richesse végétale. Le colonel Yule rapproche les indi-
cations données à se sujet par M. Prjevalski de celles de Tahbé
Armand David dans son voyage au sud du Kou-Kou-nor, et
de celles de Cooper dans sa tentative pour atteindre le Tibet
oriental ; il infère de ce rapprochement que les Alpes du Kan-
sou, avec leurs grosses pluies et leur riche végétation, semblent
rentrer dans la limite du territoire où régnent \e^ abondantes
pluies d'été qui, aux Indes, accompagnent la mousson du sud-
ouest.
Convaincu de l'impossibilité de gagner L'Hassa comme il
avait projeté de le faire, M. Prjevalski voulut du moins explorer
habitent le district de Kou-Kou-nor et s'étendent aussi le long des limites
occidentales du Ssé-tciiouau. » Le nom des Tangoulaus est parfois attribué à
tous les babitanis du Tibet.
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MONGOLIE. MâNDGUOURIE. 455
le bassin du Kou-Kou-nor, et s'avancer le plus loin possible
dans l'ouest. La résolution était audacieuse, car elle obligeait
à passer entre le camp des armées chinoises et celui des
rebelles. Toutefois, la bonne contenance des voyageurs, le
renom de leurs armes et de leur adresse suffirent à les
préserver des Tounganis. Le 14 octobre, ils campaient sur la
rive occidentale du Kou-Kou-nor, à 1600 mètres d'altitude
envirx)n. Le pays est peuplé de Mongols et de Tangouts, ces
derniers parlant un idiome tibétain.
Quelques chameaux ayant été achetés sur des ressources
déjà fort diminuées, on se remit en route vers l'ouest. La nou-
velle région parcourue, le Tsaïdam, est un vaste marécage
salin qui dut être le lit d'un lac ; les Chinois disent qu'il
s^étend à l'ouest et au nord, jusqu'au fameux Lob-nor.
Ce sont les environs du Lob-nor que certains textes assi-
gnent au chameau comme habitat originel. Aussi comprend-
on les regrets du capitaine Prjevalski lorsque, faute de res-
sources, il se vit obligé de renoncer à franchir l'espace qui le
séparait d'une contrée où il eût chassé le chameau sauvage,
dont l'existence a été révoquée en doute *.
Au delà de Tchaïdam, les explorateurs franchirent une série
de montagnes pour se retrouver sur le cours supérieur du
Yang-tse, désigné là, par les Mongols, sous le nom de Mou-
rouï-Oussou, la « rivière tortueuse ». Sur ce terrain encore, la
chasse est abondante : les loups, Timmense mouton sauvage
des montagnes {Ovis Argali), des antilopes de tout genre, et
d'innombrables troupeaux de yaks sauvages parcourent le pays.
Le haut Yang-tse fut la limite de l'itinéraire. La route de
retour fut des plus pénibles. C'est à Din-youang-ing seulement
que M. Prjevalski trouva un subside envoyé par les soins du
ministre de Russie à Pékin.
* Bien que mentionnée par divers textes, l'existence des chameaux sauvages
n'avait pas encore été, à notre époque, constatée de visu. Il faut se reporter aux
quelques pages consacrées à ce sujet par le colonel Yule dans les Introductory
hemarks à l'édition anglaise des voyages de M. Prjevalski,
yGoogk
456 ASIE. N- 757-773
Trois semaines, pendant lesquelles on mit au vert les cha-
meaux exténués, furent employées en courses zoologiques aux
environs de Din-youang-ing ; puis l'intrépide chef de l'expédi-
tion résolut de tenter un voyage entièrement nouveau, la tra-
versée du désert de Gobi du nord au sud, entre l'Ala-shan et
Ourga ; or on était en plein été, au 26 juillet. La traversée
exigea jusqu'au 17 septembre. En parlant du Galpin-Gobi, la
partie du désert qui n'est qu'à une centaine de mètres d'altitude,
M. Prjevalski peint cette étendue de terre comme la plus triste,
la plus inhospitalière qui se puisse imaginer.
Après quelques jours de repos à Ourga, oii ils rentraient au
sein d'une civilisation relative, les voyageurs se retrouvaient,
le 1*" octobre 1873, à Kiakhta, sur territoire russe.
Mais le colonel Prjevalski ne s'est point rejposé sur ses lau-
riers : au mois de mai 1876, il reprenait la route de la haute
Asie, accompagné de l'enseigne Povalo-Schveikovski, de l'engagé
volontaire Eklon et de sept Cosaques.
La fm de juillet le trouve à Kouldja, achevant ses préparatifs,
et au commencement d'août il s'était mis en route pour Kara-
shar, en franchissant le Thian-shan et le Jouldous. Au 14 oc-
tobre il était à une cinquantaine de kilomètres de Karashar et
traversait un pays désert. Il évaluait à 2135 mètres l'altitude
du Jouldous.
L'un des buts du colonel Prjevalski était de visiter le Lob-
nor, où, jusqu'à ce jour, n'est parvenu aucun Européen. Le
Lob-nor, on le sait, est un de ces nombreux lacs qui constellent
la haute Mongolie et le Turkestan oriental. Sa position exacte
n'est point encore bien déterminée ; il est en plein désert, dans
cette immense région aux sables mobiles que les vents soulè-
vent en nuages assez épais pour voiler le soleil. D'après
les renseignements recueillis à Khami par le capitaine Sos-
novski, les rives septentrionales du lac seraient cependant ha-
bitées par des Doulanes, en partie mahométans, en partie boud-
dhistes, et les rives occidentales par des Tangouts. Les Doulanes
seraient sédentaires ; leur langage et leurs mœurs seraient ana-
SIBÉRIE. RÉGION DE L'AMOUR. SAKHALIN. 457
logues à ceux des habitants de Tourfan. Sur une ile du lac vi-
vraient quelques Kirgiiiz livrés à 1 élève du bétail et à la pêche,
et qui visitent parfois Tourfan, situé à douze jours de marche.
M- Prjevalski devait chercher à constater un fait important
pour l'histoire naturelle, l'existence du chameau sauvage qu'on
dit habiter ces coutrés, et faire des éludes sur les migrations
des oiseaux. Du Lob-nor il projetait de se rendre à L'Hassa,
d'explorer le haut Brahmapoutra, le versant nord de THima-
laya, le Tibet oriental, la Chine méridionale et revenir, si pos-
sible, par fouest du Tibet et la Kashgarie.
Le volume prochain de V Année géographique ne manquera
pas de mettre les lecteurs au courant des suites de ce projet.
Ëa attendant, la traversée du Thian-shan oriental que vient de
faireH. Prjevalski, permettra d'apprécier l'étude consacrée à ce
massif par'M. Mouschkétow, membre de la Société géographique
russe. Elle partage le Thian-Shan en trois groupes principaux
dont chacun présente des caractères géologiques et orogra-
phiques particuliers.
XII
SIBÉRIE. RÉGION DE L'AMOUR. SAKHALIN
774. (G.-J.). Areal und Bevolkerung von Ostsibirien, Russische Revue
de Rôttger, 1876, n» 10, 285.
La Russische Revue nous apprend qu'il a été fondé, depuis peu de
temps, une publication (en russe) dont le but est de faire connaître la
Sibérie, et qui a pour titre Recueil des données historiques et statisti-
ques sur la Sibérie et les pays limitrophes, le premier volume, le seul
qui ait paru jusqu'ici, débute par une notice sur la superficie et la
population de la Sibérie orientale.
La Sibérie a traversé bien des phases administratives jusqu*en 1822, où
elle a été définitivement divisée par les Russes en deux grands gouverne-
ments : Siliérie occidentale et Sibérie orientale. Cette dernière est trois
fois plus étendue que l'autre.
En 1583 furent nommés les premiers vaîvodes de Sibérie ; Tobolsk fut
fondée en 1590 pour être la capitale du pays dont Tlrtysh formait alors la
frontière.
En 1600 les Russes avancèrent vers Test ; en 1626 ils sont au cours de
rienisséi, et deux ans plus tard ils atteignent la Lena. C'est à la lin du dix>
yGoogk
458 ASIE. N- 774-798
septième siècle qu'ils achevèrent la conquête du Kamtschatka. La Sibérie
devint, en 1708, un gouvernement avec Tobolsk pour chef-lieu. En 1750 les
province» de Tobolsk et Irkoutsk ^cette dernière augmentée des territoi-
res de Yakoutsk et d'Okhotsk) furent érigées en gouvernements, et en 1806
on nomma un gouverneur général de la Sibérie.
La division adoptée en 1822 (Sibérie occidentale et Sibérie orientale) sub-
siste aujourd'hui, sauf de légères modi6calions qui ont fait de la Transbaï-
kalie (1851) et de l'Amour (1857) des territoires particuliers. Ces deux ter-
ritoires sont, du reste, rattachés géographiquement à la Sibérie orientale.
La Sibérie orientale compte quatre territoires et deux gouvernements.
Superficie des quatre territoires :
KILOMÈTRES CARRÉS.
Amour 449500
Littoral 1 895 649
Transbaïkalie 623 596
Yakoutsk 5 929 192
Superficie des deux gouvernements :
Irkoutsk 800768
lenisséisk 5571428
Ce qui donne pour l'ensemble de la Sibérie orientale :
10 270 155 kilomètres carrés.
La Russie ayant, dans sa totalité, 22 105 144 kilomètres carrés (d'après
£. Behm et H.Wagner), on voit que la Sibérie orientale en constitue près de
la moitié (46,46 p. 100). La Russie d'Asie avait 16 695098 kilomètres carrés
(avant l'annexion du Khokand) ; la Sibérie orientale y entre pour 61,52 pour
100. Elle est 3,15 fl)is plus étendue que la Sibérie occidentale, 1,90 fois
plus étendue que la Russie d'Europe, et dépasse de 365177 kilomètres
carrés la superficie totale de l'Europe.
La population de la Sibérie orientale était :
Gouvernement d'Iénisséisk 396 783 hab. (1873).
Gouvernement d'Irkoutsk 358 629 — (1873).
Territoire Transbaïkal 430 780 — (1871).
Cercle d'Iakoutsk 236 067— (1873)
Territoire de l'Amour * 22 297 — (1867)
Territoire du Littoral 50 512 ~ (1872).
Total 1 495 068
En admettant le chiffre de 1422259 habitants pour la population deia
Sibérie orientale (moins les territoires de l'Amour et du Littoral) en
1873, on obtient 9,87 habitants par mille carré de 55,0629 kilomè-
tres carrés. C'est là une très-faible densité de population. Elle ne Tient,
comparée à des territoires européens, qu'après celle du gouvernement
d'Arkangel (20 hab. par mille carré). Pour les pays en dehors de l'Eu-
rope, l'auteur cite comme supérieurs même à la Sibérie, au point de vue
de la densité de la population : le Canada (22 hab. par mille carré),
l'Australie et la Polynésie (27 hab. par mille carré), le Sahara (30 hab.
par mille carré). Quant aux territoires de l'Amour et du Littoral, ils
avaient en 1873 3.08 et 1,46 habitants par mille carré.
1. D'après une indication plus récente donnée à la fin de l'article de la Aaw-
aische Revue, les populations réunies des territoires de l'Amour et du Littoral
teraient, en 1875, de 76110 habitants.
yGoogk
SIBÉRIE. BËGION DE L'ÀMOUtl. SAKHALLN. 45d
L'article qui fournit ces chiffres en donne un grand nombre d'autres
sur le mouvement de la population, le rapport du décès aux naissan-
ces, etc.
775. Expéditions to Northern Siberia. Geograph. Magazine de Mar-
A^m. 1876, n» 10, p. 27.
776. MoszKow (N.-V.) et Mulleu (F.-F.). Kivellements sibériens et dé-
terminations de hauteurs (en russe), hvestiïa de la Soc. Imp,
géogr. russe. 1876, vol. XII, n" 1, part. 2«, p. 37-41, et n" 3,
part. 2% p. 315-321.
777 . Schwedische, Russische und Deutsche Reisen nach West-Sibiiûen.
MUiheilungen de Petermann. 1876, IV, p. 152.
778. FwscH (0.). Forschungsreise nach Westsibirien in 1876. Verein
fur Deutsche Nordpolarfahrt in Bremen. 1876, p. 436, 454, 474,
490, 519, 557, 582.
779. GzEKANowsKi (A.). Yorbericht ûber die |Lena-OIenek-Expedition.
Russische'Revue de RôUger. 1876, toI. XXX, n" 14 et 15. — Y,
aussi Isvestiïa de la Soc. Imp. géogr. de Russie. 1876, t. XII,
n« 2, p. 161.
780. Chekanowski (A.-L.). The Expédition to the Lena and Olenek. Geo-
graph. Magazine de Markham^ 1876, n* 11, p. 290-301, suite de
l'an 1875, p. 228etsuiT.
781 . The German Expédition to Northern Siberia, Geograph. Magazine
de Markham. 1876, n- 3, 5, 11.
782. Astronomisch Bcstimmungen einiger Punkte am Olenek und im
System der Fliisse Lena und Jana. Mittheilungen de Petermann,
VII, 1876, p. 270.
M. Huiler a déterminé, pendant son voyage à rOlenek, les latitudes
d'un certain nombre de points, et les latitudes et longitudes de djeux
points.
783. MuLLER (F.). Liste des hauteurs déterminées par le nivellement
sibérien entre Kansk et Irkoutsk. Isvestiïa de la Société Imp. geo-
graph. de Russie, 1876, vol. XII, ch. 1".
784. KoiiN (A.). Die Flûsse Nordasiers. Die Natur. 1876, n» 16.
785. Neue Expédition zur Erforschung der Ob und Jenisei Mûnduug.
Mittheil. der Geogr. Gesellsch, in Wien. 1876, vol. XIX, n" 6 et 7,
p. 374 et 375.
786. The Basin of the Ob and Yenisey Rivers. Geograph, Magasine de
Markham. 1876, n» 8, p. 208 à 210.
787. Lathin (B.). Der Obi und sein Flussgebiet. Globus, XXIX, 1876,
p. 254. Y. aussi Verein fur Deutsche Nordpolar Fahrt in Bremen,
p,. 449.
788. Exploration of the rivers Kel and Chulym in Siberia, in 1875, by
yGoogk
460 ASIE. N- 774-798
Sidensner and J.-A. Lopatin. Geograpk. Magazine de Markham,
1876, n* 14, p 309.
789. Untersuchungen zur Verbindung des Ob mit dem Jenissei. Mit-
theilungen de Petermann^ YII, p. 270.
Depuis longtemps on cherche à relier entre eux les cours de l'Obi et
de rienisséi. En 1872-1873, la ligne de partage entre les cours de la Ket,
affluent de l'Obi, et de la Kass, affluent de l'Ienisséi, a été explorée. En
1875, H. Sidensner ayant étudié l'intervalle de l'Obi à rienis»éi par la
Ket et la Tcboulym, conclut que la liaison, était possible par la Ket. tan-
dis que la Tclioulym exigerait d'immenses travaux pour devenir lUTi-
gable.
790. A. Petermann (docteur). Die geographische Festlegung des Mûn-
dungsgebietes des Ob und Jenissei durch Nordenskjôld's Expédi-
tion 1875. Mitlheilungen de Petermann. 1876, YII, p.247.
791. Survey of the East Siberian Coast. Geographical Magazine de
Markham. 1876, n- VI, p. 168.
Le colonel russe Bolschef reçut en 1874 l'ordre de se rendre sur la càU
. de la mer du hipon, pour y faire le levé du territoire russe de TAmoar,
située entre la baie de Castries et la baie Saint-Wladimir.
L'entreprise était difficile dans un pays inhabité, montagneux, boisé,
coupé par une foule de torrents, et dont le climat est des plus inhospi-
taliers. Du côté de la mer l'accès de la côte est dangereux et déjà La
Peyrouse avait constaté l'absence de baies sûres pour les navires.
Même en d'aussi défavorables conditions, la campagne du colonel
Bolschef et de ses ofliciers aura rapporté à la géographie :
1* Le levé de 960 kilomètres de littoral.
2* La détermination, par M. Bolschef, de huit nouveaux points qui, avec
les points précédemment déterminés par M. Stanzki, fournissent de bons
points d'appui à la carte de la mer du Japon, de Nikolaicwsk à la Corée.
5* L'altitude des 260 sommets les plus élevés de la chaîne côtière.
4* La profondeur et le régime des rivières dans la partie levée.
5* Des observations météorologiques journalières faites dans dix sta-
tions.
6* Des collections de minéraux, de plantes et d'insectes dont quelques
espèces sont nouvelles.
7* La description de toutes les espèces de bois du pays.
8* Des descriptions topographiques du pays parcouru.
Nous devons maintenant, avec le colonel Venioukof, à une notice duquel
ces détails sont empruntés, faire des vœux pour une prompte publicatioa
des travaux du colonel Bolschef.
Cet officier, depuis la campagne dont on vient de lire les résultats, a élé
envoyé pour reconnaître la ligne sur laquelle pourrait être établie une
route commerciale allant en Mongolie. En attendant les plénipotentiaires
chinois, le colonel Bolschef avait délerminé astronomiquement plus de dix
points dans la Trausbaïkalie.
792. Derdritte internationale Orientalisten Kongress in St-Pélersburg,
Yom 20 august [1 september) bis zum 1 (13) september 1876,
n- 10, p. 323.
Quelques-uns des membres du congrès ont présenté de bons travaux
sur diverses populations de la Sibérie.
yGoogk
SIBÉRIE. RÉGION DE L'AMOUR. SAKHALIN. 461
.793 Strumpell (L. de). Ueberdie Katschinzen in Sûd-Sibirien. Mittheil.
des Vereins fur Erdkunde zu Leipzig. 1875 (publié en 1876]»
p. '20.
Au sud de la Sibérie russe, aux confins de la Sibérie orientale et de la
Sibérie occidentale, sur la rive gauche du haut Jénisséi, habitent les Kat-
chinzes que Pallas.en 1771,avaitrem«rqués pour leur saleté, et dont M. de
Middendorf, le docteur Olhon de Duhmberg, puis le docteur W. Radloff,
ont parlé plus récemment. Le pays des Katchinzes est en partie plat et
entrecoupé de lacs et de marais salants, en partie accidenté de montagnes
avec de beaux pâturages. Depuis Pallas, qui portait leur chiffre à mille tê-
tes, ils ont multiplié, ils ont été baptisés, sont devenus tributaires de la
Bussie. Néanmoins leurs mœurs sont restées intéressantes. Le père et la
mère de famille habitent une yourte h part, une autre est réservée aux
filles et garçons, tandis que les enfants mariés vivent aussi à part. Selon
leurs idées religieuses, rentrée de la yourte est toujours du côté de l'o-
rient. Depuis un certain temps, cependant, le luxe des maisons de bois
commence à se répandre chez les Katchinzes. Toujours saies comme au
temps de Pallas ils s'habillent d'une toile grossière faite de chanvre d'or-
ties, ou bien de peaux de mouton et de chevreuil garnies de leur pelage.
En toilette de gala ils revêtent des habits de soie ou de riches pelisses.
Moins laid«s que les femmes des Kalmouks, leurs femmes ont une certaine
coquetterie surtout dans la coiffure.
Grands chasseurs, les Katchinzes sont des agriculteurs médiocres, et
d'assez îbons éleveurs de chevaux, de bœufs et de moutons. Le lait de
leurs juments sert à fabriquer une boisson fermentée. Leur nourriture est
de la bouillie de farine, de la viande, des racines, ils s'abstiennent de pois-
son par cette croyance que l'esprit du mal habite les eaux. Hommes et
femmes fument du tabac dans de petites pipes.
Depuis leur annexion à la Russie, les Katscbinzes sont devenus géné-
ralement monogames. Les mariage qui s'opérait naguère sous la forme
d'un feint enlèvement suivi de poursuites et terminé par des bombances
se fait aujourd'hui d'une manière plus pacifique sinon plus économique,
puisque tout finit encore par des cadeaux de chevaux au beau-père de la
future.
L'usage veut qu'après le mariage, le père du marié ne voie plus sa
bru que voilée et ne mette pas les pieds dans la yourte du ménage du
côté de la couche nuptiale. La jeune femme doit éviter de rencontrer son
beau-père et, en cas de rencontre, elle doit se courber jusqu'à terre. D'a-
près M.Richard Andrée (Globwt, 1876, XXIX, p. 126), celte coutume se
retrouve chez les Cafres, au Ouâdaï, au Darfour et chez les Bogos, puis
chez les Indiens de l'Amérique du Nord, chez les Ranquelas et les Arau-
caniens, dans l'Amérique méridionale, enfin chez les indigènes austra-
liens. Quelque réminiscence s'en retrouve aussi chez les Dayaks de Bor-
néo et des Yakouls de la Sibérie orientale.
Les femmes katscbinzes passent pour très-attachées à leur mari auquel
souvent elles ne survivent pas. Après les couches elles sont considérées
pendant quelques semaines comme impures et une cérémonie est néces-
saire pour leur rendre leur pureté.
Les morts sont enterrés le jour même du décès. On les place dans une
bière qu'on emporte sur un char attelé de plusieurs chevaux tous mon-
tés par des cavaliers. Sept jours après les funérailles, les parents se réu-
nissent sur la tombe, immolent un cheval et font un festin.
L'auteur de l'article sur les Katscbinzes termine par des rapproche-
ments entre leurs coutumes religieuses et celles d'autres religions.
yGoogk
462 ASIE. N- 774-798
794. NoRDENgBjôLD (professeuF Â.). Diessjâhrige Expédition nach dem
Jenissei. MittheiL der Geogr. Gesellsch. in Wien. 1876, t. XIX,
n» 10, p. 53i.
795. Du même. Voyage dans la Sibérie septentrionale. Lettre adres-
sée à M.Daubrée de Vlnsiiivit., Bulletin de la Soc, de Géogr., 1876,
juillet, p. 78.
796. Travaux de rexpédition sibérienne de la Société Impériale géogra-
phique de Russie. Partie physique, vol. III. Sous-division géognos-
tique, livr. 1'*. Fossiles du terrain crétacé de l'île Sakhalien, par
J.-B. Schmidt, in-4*, avec planches. Saint-Pétersbourg, 1876 (en
russe).
797. Notes sur llle Sagkalin, la baie de Gastries et Wladivostok. Retme
maritime et coloniale, 1876, t. LI, p. 905-906.
Depuis l'année dernière Sakhalin est entièrement à la Russie qui, en
échange, a cédé au Japon Tarchipel des Kouriles. La frontière msso-ja-
ponaise dans ces parages passe donc par le détroit la Pérouse.
798. ÂiTODTCBiNE (D.). Die Âïnos. Moscou, 1876, in-4<>. Supplément,
tome XX* du Bulletin de la Société russe des amis des sciences
naturelles, d'anthropologie et d'ethnographie. — Y. aussi Russische
Bévue de Rôttger. 1876, n» 10, p. 338.
L'auteur a réuni tout ce qui a été écrit jusqu'à ce jour sur les Aïnos,
et complété les données antérieures par des indications nouvelles, tirées
des collections mises à sa disposition par le professeur Â. Bogdanow. Le
mémoire de M. Anoutchine se divise en quatre parties. La première ex-
pose l'historique des investigations sur les Aïnos depuis le seizième siècle,
et donne une bibliographie de cette question. Dans la deuxième partie
est un aperçu morphologique sur les Aïnos. La troisième est relative au
côté anthropologique de l'étude des Aïnos. Enfin la quatrième partie
expose les particularités ethnographiques de cette peuplade et les rap-
ports qui existent entre elle et les Japonais, les Ghiliaks, les Kamtscha-
dales.
Voyage de M. Gzekanowski sur la Lena et l'Olenek.
Au cours d'un voyage accompli sur l'Olenek pendant l'hiver
1874, M. Gzekanowski* avait formé le projet de visiter en 1875,
et pendant Tété, les parties inférieures de la Lena et de l'Olenek.
Grâce à la Société Impériale géographique de Russie, il a pu
réaliser son projet. Le voyage avait un but plus spécialement
géologique : étudier l'âge précis des dépôts mésozoïques de la
Sibérie septentrionale, dont on connaissait l'extension considé-
1. Ce nom se prononce Tchekanowaki.
yGoogk
SIBÉRIE. RÉGION DE L'AMOUR. SAKHALIN. 463
rable, mais do'nt Tâge n'avait été déterminé que sur un point,
Tembouchure «le l'Yénisséi, par M. Lopatine.
M. Czekanowski, parti dlrkoutsk le 15 mfii, arrivait le
1®' juin à Yakoutsk, où il utilisa un séjour de quelque temps
à Fétude de la contrée circonvoisine. Il eut, entre autres cho-
ses, l'occasion de constater les progrès que fonV dans ces pa-
rages Tagriculture et Télève des bestiaux.
Le 7 juin, l'expédition à laquelle avait été adjoint un natu-
raliste, M. S. J. Wenglowski, s'embarquait sur la Lena dans
une barque {dewiaterik) ; mais, contrariée par les conditions
exceptionnellement défavorables de la saison, elle ne put ar-
river que le 26 juillet à Bouloun, dernier centre de population
sur la Lena.
A cette époque, les indigènes, adonnés pendant une partie de
l'année à la pêche fluviale, ont déjà émigré pour aller chasser
le renne sur la toundra et dans le delta du fleuve. Comme on
le pense, les frimas sont précoces sous ces latitudes, et il fallut
entreprendre de gagner l'Olenek à l'aide des rennes de selle et
de bât.
L'Olenek fut atteint le 19 août, après un voyage à petites
journées dans la grande toundra du nord qui est sèche, acci-
dentée, rocheuse, et présente une notable différence avec la
toundra occidentale. Le point choisi par M. Czekanowski pour
son campement fut le promontoire de Toumoul, dernier rocher
sur la rive droite de l'Olenek. Tout auprès, deux tristes monu-
ments funéraires, qu'ont envahis les lichens et que signalent
deux petites croix vermoulues, rappelaient le souvenir d'un
obscur dévouement au pays. Des traces à peine visibles d'in-
scription indiquent que ces tombes renferment les restes de
Prontschitschef et de sa femme, victinoes d'une expédition qui,
en 1735, allait chercher une route maritime entre la Russie
d'Europe et le Kamtschatka ^ Incidemment, M. Czekanowski
1. Voir, pour l'histoire des découvertes à TextrÊme nord de la Sibérie, Tex-
cellente notice de M. Hanemann, MiWiéU. de Petermann, 1873.
yGoogk
464 ASIE. N- 774-798
déclare qu'il ne croit pas à la possibilité d*une navigation régu-
lière dans ces parages. Depuis lors, cependant, le professeur
Nordenskjôld a pratiquement soutenu Topinion contraire.
Après s'être^vancé jusqu'en vue de Tocéan Glacial, Texplo-
rateur reprenait, le 6 septembre, le chemin de retour. De fâ-
cheux avis lui faisaient redouter cette partie du voyage, mais
elle fut favorisée par une sorte de renouveau.
Dans les profondes et pittoresques vallées rocheuses des
ruisseaux qui sillonnent la toundra, une flore brillante s'épa-
nouissait à tous ses degrés de développement. Il n*y avait que
d'insigniûants tourbillons de neige, sans influence sur la vé-
gétation. Le 22 août, sous 72^,50 de latitude nord, il y eut
une chaleur d'été, un orage électrique et une averse. Vers le
27 août seulement, la neige se mit à tomber et couvrit la
campagne ; en même temps commencèrent les gelées qui ar-
rêtèrent net la végétation. Un radoucissement de la tempéra-
ture ne lui rendit pas la vie, bien qu'il eût fait fondre la neige,
et qu'aux heures chaudes et calmes du midi les insectes fus-
sent assez nombreux. Au 14 septembre, par 71o,30 de lati-
tude, on pouvait voir encore, dans la soirée, des essaims d'é-
phémères et de phryganes voltigeant sur le sol tiédi de la
vallée.
Entre la Lena et l'Olenek, l'exploration n'avait pas rencontré
un être humain ; sur l'Olenek et aux abords du littoral, le pays
était moins désert. Les habitants, Tongouses et Jakoutes, se
montrèrent tout à fait bienveillants et hospitaliers, et four-
nirent à M. Gzekanowski un intéressant sujet d'études.
Le départ de Bouloun pour revenir au sud eut lieu le il oc-
tobre ; le 27 du même mois, les voyageurs étaient à Verkhoyansk,
le 15 novembre à Yakoutsk, et le 20 décembre ils rentraient à
Irkoutsk. En sept mois ils avaient fait un trajet de 1173 kilo-
mètres.
Cette exploration, bien qu'elle n'ait pas absolument atteint
son but, a néanmoins été très-fructueuse. Elle vaut à la géo-
graphie un itinéraire qui suit d'abord la Lena de Yakoutsk à
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SIBÉRIE. RÉGION DE L'AMOUR. SAKHALIN. 465
Aïakout, puis qui traverse obliquement la toundra jusqu*à 1*0-
lenek et descend ce fleuve jusqu'à son embouchure. L'itiné-
raire peut être assujetti aux positions astronomiques déter-
minées par Anjou (1825) et par M. Mûller (1874), pendant
une précédente exploration de TOIenek*. Les levés géologiques
ont été, le plus possible, effectués en même temps que les
levés topograpbiques. Toutefois il n'a pas toujours été permis
aux explorateurs de se bien renseigner sur les stratifications. .
Les échantillons paléontologiques rapportés de soixante-dix
points, en établissant que la Sibérie orientale est plus riche
qu'on ne le pensait à ce point de vue, sont d'une réelle
importance pour Thistoiie géologique de la contrée.
La botanique a été représentée par une collection de 8000 es-
pèces qui, réunies aux précédents herbiers de M. Czekanowski,
donnent de précieux éléments pour Tétude de la flore du terri-
toire asiatique situé entre 56 degrés et 73 degrés de latitude
nord, sur environ 46 degrés de longitude.
Enfin, M. Wenglowski a rapporté, pour sa part, un précieux
contingent entomologique représenté par 7000 échantillons.
Nous aurons sans doute à revenir par la suite sur quelques-
uns des détails de ce beau voyage, dont l'auteur a mis fui à se^
jours en octobre 1876, dans un accès de mélancolie
Voyage de H. Nordenskjôld aux embouchures de l'Yénisséi, par la mer de Kara.
M. Nordenskjôld, poursuivant avec autant de bonhe r que
de ténacité la démonstration de sa thèse que les parages de la
mer de Kara peuvent être régulièrement fréquentés par la na-
vigation, a renouvelé, cette année, sur YYmer (voir n*» 794),
la tentative qu'il avait faite précédemment sur le Prœven
(voir n^ 795). Le 25 juillet 1876 il quittait Tromsoe, et le 50
il était dans les eaux de la mer de Kara, après avoir franchi le
Matotshkin-Sharr. D'épaisses glaces flottantes arrêtèrent bien-
1. Ces points sont, enlre autres, Shighansk, Gomorowa,^Syktyakh et Bouloun
sur la Lena ; Bolkolak sur TOlenek.
L*AKNi£ GÉOGR. XV. 30
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466 ASIE. K- 774-798
tôt ITmer, qui, revenu à l'extrémité orientale du détroit, en
repartait le 5 août et longeait rapidement, sous vapeur, la
côte sud-est de la Nouvelle-Zemble. Une semaine après seule-
ment, il put se lancer sur la haute mer, et le 15 août il cons-
tatait, à Tembouchure de l'Yénisséi, Texistence d'une grande
île plate, longue de 8 kilomètres ^ Elle fut baptisée île de Si-
biriakof en Thonneur du négociant qui, avec le libéral M. Oscar
Dickson, a supporté les dépenses principales des explorations
à la Nouvelle-Zemble.
L'Ymer remonta FYénisséi, se dirigeant sur Mesenkiu, petite
station vers laquelle une partie de l'expédition s'était dirigée
par la voie de terre, sous la direction de M. de Théel. Ea
. attendant son arrivée, on alla recueillir quelques fragments de
peau et d'ossements d'un mammouth conservé dans le sol
glacé de la toundra. Une tentative pour remonter le fleuve ne
conduisit pas fort loin, et après avoir attendu tout le temps
possible l'arrivée de M. de Théel, après avoir débarqué les
marchandises apportées par l'Fmer, il fallut se remettre en
route pour n'être pas pris dans les glaces à l'entrée de
l'hiver. M. de Nordenskjôld repartit le 1" septembre; le 22
il était rendu à Tromsoe, rapportant d'abondants matériaux
pour l'étude des régions boréales, et en particulier pour celle
du fond des mers dans ces parages. Tous les temps d'arrêt
étaient employés à des sondages et des draguages, qui révélè-
rent dans les bas- fonds de la mer de Kara une faune et une
flore relativement riches.
M. Nordenskjôld a démontré ainsi pour la seconde fois
a qu'une navigation régulière pendant une courte période ée
l'année (environ six semaines) entre ces grands fleuves de
l'Obi et de l'Yénisséi et l'océan Atlantique n entraînerait pas
de plus grandes difficultés ni de plus grands dangers que les
marins ne sont habitués à en affronter dans beaucoup de pa-
rages actuellement visités par des milliers de navires. »
1. C'est par erreur que le Rapport annuel à.la Société de Géographie pour M
allribue à l'ileSibiriakof une louj^ucur de 50 kilomèlres.
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SIBEUIE. REGION DE L'AMOUR. SAKHALirf. 467
L'expédition de M. de Théel, sur lequel M. de Nordenskjôld
avait eu quelque inquiétude, avait, de son côlé, fait un heu-
reux voyage et rapportait également de précieux matériaux
scientifiques.
Expédition scientifique allemande à U presqulle des Samoyèdes.
Voicile résumé de cette expédition d'après le rapport annuel
de la Société de Géographie pour 1876 :
a La première expédition du professeur Nordenskjôld ayant
attiré Tattenlion sur cette immense Sibérie qui n*est point sé-
duisante, mais qui renferme des richesses de toute nature,
V Association brêmoise pour les explorations polaires aile-
mandes^ qu'on ne saurait trop féliciter de son activité, s'était
résolue à envoyer une mission scientifique, complément, pour
ainsi dire, du dernier voyage de M. Nordenskjôld. La mission,
composée des docteurs Finsch et Brehm et du comte Waldburg-
Zfil, a exploré la région située entre Obdorsk, sur le bas Obi,
et le fond du golfe de Kara, c'est-à-dire l'isthme qui relie à
la terre ferme la presqu'île de Yalmal ou des Samoyèdes. Les
explorateurs allemands, partis de Tomsk le 2 juillet 1876, de-
puis Samarow, où les avait conduits un vapeur, continuèrent
en totfca, sorte de barque fluviale, à redescendre le cours du
majestueux Obi.
« Arrivés à Obdorsk, ils trouvèrent le village complètement
abandonné de ses habitants qui, dans cette saison de l'année,
vont se livrer à de fructueuses pêches. Entre ce point et le ri"
vage dé la baie de Kara, auquel ils ne purent arriver, la dis«
tance est d'à pei^ près 200 kilomètres ; elle fut parcourue en
partie sur un bras latéral de l'Obi, en partie sur le Ghloutcha,
affluent du fleuve, en partie, enfln, à travers la triste et mono^
tone toundra.
« La mission passa par Jèinbourra, petit centre peuplé uni-
quement de Samoyèdes. Faciles à confondre avec les Ostiaksi
à cause de Tidenlité de leur aspect extérieur et de leurs
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468 ASIE. a- 774-798
mœurs, ils s'en distin^ent cependant par la langue que ces
derniers, du reste, comprennent presque tous, tandis que le
Samoyède ne comprend que rarement la langue ostiaque.
Le Chtoutcha coule enlre des rives parfois ondulées de collines
de sable et d'argile, couvertes d'aunes et de saules, parfois
ouvertes sur la toundra. Aîi loin, vers l'ouest, on distingue la
chaîne bleuâtre de l'Oural que les Samoyèdes appeUent Arka-
pai {la grosse pierre). A l'embouchure d'un petit afQuent de
la Chtoutcha, le guide indigène déclara impossible de naviguer
plus loin. Auprès de là s'étendait une île du fleuve oii les
voyageurs s'arrêtèrent pour faire certaines études.
« On était aux derniers jours de juillet : des fèves, des cam-
panules, des œillets mêlés à des myosotis et à des renoncules
jaunes, couvraient le sol. A partir de ce moment, le voyage se
fit à travers la toundra, avec un attelage de rennes ; point de
chemins autres que les sentiers frayés par les lemmings ; sur
le ton jaune-brun uniforme de la toundra couverte de mousses
humides, se détachent en bleu des lacs et des marais sans nom-
bre, entourés de verdure ; quelques rares oiseaux, des lem-
mings, quelques insev^ces, papillons ou coléoptères, animent
cette solitude où la marche est lente et difficile. Comme ar-
bres, le bouleau nain est l'essence dominante. La mission al-
lemande a passé non loin de la plus courte ligutt de partage
entre les eaux de la Chtoutcha et celles de la Poderata. Cet
élément géographique serait par lui-même d'une mince im-
portance, s'il n'avait été question, en réunissant ces deux
cours d'eau à l'aide d'un canal, d'éviter aux navires qui veu-
lent gagner l'embouchure de l'Obi, de contourner la longue
presqu'île de Yalmal. Les explorateurs allemancis revinrent tous
persuadés que ce projet est irréalisable. »
yGoogk
CHINE. 400
XIII
CHINE
799. ScHLEGKL (docteur Gustave). Sing-Chin-Khao-Youen, Uranographie
chinoise ou preuves directes que l'agronomie primitive est origi-
naire de la Chine, etc. La Haye, 2 vol. in-4, 1875 (note critique
et bibliographique dans le Cosmos de Guido Cora, 1876, vol. III,
cap. X, p. 599).
800. Heddb (Isidore). Hoa-Fa-Ti-Li-Tchi , dictionnaire géographique
chinois-français. BulL de la Société de Géographie de Lyoïty 1. 1,
p. 491. .
L'auteur de cet article dont le sous-titre est Géographie de la Chine,
a été délégué du Gouyemement français en Chine (1843-1846) pour l'étude
de la soie. 11 est resté fort au courant des questions relatives au com-
merce chiuois.
801 . RiCHTHOFEN (F. von). Uebcr der Ursprung des namens China. Ver-
handl. des Geselhch. fur Erdkunde zu Berlin, 1876, t. III.
L'auteur rejette l'étymologie dont Klaproth fait remonter l'origine à
la campagne victorieuse de l'empereur Tsin-Schi-hwangti, en 220 avant
J. C. Go aurait alors donné à la Chine le nom de la dynastie Tsin, Hais
la Clune méridionale, qui alors avait été incorporée au grand Empire,
s'en étant détachée peu après la chute de celte dynastie, c'était plutôt le
nom de Han qu'il fallait choisir, car la dynastie de ce nom incorpora
pour toujours le midi de la Chine à l'Empire, en l'an 111 avant J. C. —
M. de Richthofen croit que le nom de Jinan contient en germe le véri-
table nom de l'empire, et doit avoir été, en même temps, le nom donné à
la Chine par les Chinois eux-mêmes et par les Malais, ces antiques navi-
gateurs, qui l'ont transmis aux peuples de l'Occident sous la forme de
Tschin, d'où Marin de Tyr et de Ptolémée ont fait Sinai, Sina, Sina-
rum, etc. Il est vrai que tout le monde appliquait cette forme Tchin,
alors comme aujourd'hui, tant à la Chine proprement dite qu'à la Co~
chin-Chine. M. de Richthofen ne décide pas si ce nom de Tschin ou
Jinan est un nom chinois ou un nom emprunté par les Chinois aux Ma-
lais.
802. Richthofen (F. de). Ueber den Seeverkehr nach und von China
ira Alterthura und Mittelalter. Verhandlungen der Ges. fur Erd'
kunde zu Berlin, 1876, t. III, p. 86-96.
L'auteur distingue les périodes suivantes : 1. Extension successive
(entre la seconde moitié du premier siècle de l'ère et le commencement
du troisième siècle) de la navigation des peuples de l'Ouest (Europe et
Asie occidentale) vers l'Est.
2. Depuis l'an 350 après J. C, extension de la navigation chinoise vers
l'Ouest, jusqu'à l'Ile Pinang, ensuite jusqu'à Ceylan, enfin jusqu'à Hira
sur l'Euphrate et peut-être jusqu'au port d'Aden.
yGoogk
470 ASIE. N- 7W-836
5. Époque Hes navigations des Arabes et* des Persans vers la Chine,
de 700 à 878, jusqu'au port de Klianfou, près de la grande roélropote
d'Hangtchoufoui Dès 878, le commerce maritime direct entre la Perse,
l'Arabie et l'Inde, d'un côté, la Chine, de l'autre, cesse probablement toiit
à fait pendant près de quatre cents ans.
A. Dès la seconde moitié du treizième siècle une navigation active se
développe de la part des Chinois, tandis que, de la part des peuples d'Oc-
cident, il n'y a que peu de navires allant en Chine. Cet état de choses
dure jusqu'à 1450. Puis nouvj.^u tenpps d'arrêt.
5. La cinquième époque commence avec l'an 1517 : c'est celle de la
navigation européenne vers la Chine. Il n'y a plus aucune renaissance
soit de la navigation persane vers l'Asie orientale, soit de la navigation
chinoise vers l'ouest.
803. Bretschkeider (docteur Emile). Archseological and historical re-
searches on Peking and its environs. Shanghai, 1876, in-S.
La véritable forme du nom est Peiking, du nom du fleuve Peiho. Elle
fut adoptée lorsque en 1409 l'empereur Younglé y transporta sa résidence.
Hais il faut remarquer qu'aujourd'hui le nom de Péking n'est presque ja-
mais employé par les Chinois. Les hommes instruits le connaissent, mais,
en général, on l'appelle la ville King^ch'eng ou Kington^ deux mots qui
signifient capitale.
H. Bretschneider parle ensuite de la position et des restes de TaDcien
Péking; puis des communications par eau et des canaux qui, autrefois,
ont relié Péking an grand système fluvial de la Chine. On sait qae le
Hohangho ayant au moins quatorze fois changé de lit dans les temps histo-
riques et les envahissements du ÎÔ88 tendant à combler les canaux,
Péking, sous ce rapport, est aujourd'hui dans une position précaire.
804. Meignan (V.). De Paris à Pékin par terre. Paris, 1876, in-8.
805. CHonTztf (F.). Pékin et le Nord de la Chine. — U \Taur du Monde,
1876, n* 801 et suiv.y^t 820 et suiv.
806» La province de Fob-Kien en Chine. Journal des Missions Évangé-
liques, 1876, 51" année, n* de novembre, p. 424-426.
807. OzENHAM (E.-L.). On the Inundations of the Yang-tse-Kiang. Jour-
nal of the Roy. Geogr, Society, t. XLV, 1875 (publié en 1876).
808. Bretschneidkr (docteur E.). Die Pekinger Ebene und das benach-
barte Gebirgsland. Ergânzungsheft , n» 46, zu Petermann's ,
Geograph, Mittheil, 1876, in-4, p. 44. — Voir aussi Notice crili- ,
que dans le Cosmos de Guido Cora, 1876, vol. III, cah. V, p. 392.
809. Du même : Le mont Bo-Khua-Schan, dans les environs de Peking. |
Isvestiia de la Soc, Imp. géogr, de Russie,
810. David (abbé Armand). Second voyage d'exploration dans l'ouest de \
la Cbine de 1868 à 1870. Bulletin de la Soc. de Géogr., 1876, j
n» de janvier, p. 24 à 52; n* de février, p. 156 à 183 ; n- de mars,
p. 278 à 303. I
811 . David (abbé Armand). Journey in Western China. Geograph. Ma-
gazine de Markham, 1876, n» 6, p. 146. '
yGoogk
CHINE. 47i
812 . Net Elias. A visit to the valley of the Shueli, in the Western Yun-
nan, february 1875. Proceeding» of the Roy, Geogr. Soc., 1876,
vol. XX, n*»4,p. 234-241.
M. Ney Elias,- le célèbre voyageur dont il a été plusieurs fois parlé dans
V Année géographique, avait été envoyé à Bamo pour y préparer les voies
et moyens de transport nécessair€s à l'expédition du colonel Browne à
travei-s le pays Kakhyen, sur le territoire chinois. Il a eu l'occasion de
visiter la vallée du Shuéli, affluent de la gauche de l'Iraouaddi. Elle est
habitée, comme les vallées voisines, par les Shans et les Kakhyens. Ces
derniers sont d'une race supérieure aux autres. Les Kakhyens seraient,
d'après M. Ney Elias, originaires de la région à Test de l'Iraouaddi, sur le
bord méridional du Khamtsi. Cette communication sur les vallées du
Shuéli et les observations dont le colonel Yule l'a accompagnée forment une
excellente contribution à la géographie asiatique.
813. Papers connected with the development of trade between British
fiurmah and Western China, and with the mission to Yunnan,
1874-75. London, 1870, in-4.
814. AivDEBsoN (J.). Mandalay to Homien, a narrative of two expédi-
tions to Western China 1868 and 1875. London, 1876. Voir article
cv\\xf\\xe,.Geograph, Magazine de Markham, 1876, n<'4, p. 101.
815. Margart (A.-R,). Extracts from the late traveller's diary from
Hankow to Talifou. Proceedings of the Roy, Geogr, Soc,<, 1875,
t. XIX, n» 4, p. 288, et 1876, t. XX, n- 3, p. 184.
816. RuTHERFORD Alcock (sir). The joumey of Augustus-Raymond Mar^
gary from Shanghae to Bhamo and back to Manwyne, from his
joumals and letters, with a biographical préface. Ijondon, 1876,
1 vol. in-8. — Voir aussi Art. crit. dans Geogr. Magazine, 1876,
n- 11, p. 306.
V Année géographique précédente a dit quelques mots (p. 248) de la
mort d'Augustus-Uaymond Margary, assassiné à Manwyne, sur le terri-
toire chinois, mais tout près de la frontière de la Birmanie. M. Margary,
partant de Shangaï, avait remonté le Yang-tsé-kiang jusqu'à Hankau,
traversé le lac Tounting, repris le cours du Yuan et enfln accompli par
terre le difficile voyage entre Tchen-yuan-fou et Bhamo, par les villes de
Yunnan et de Tali. C'est une traversée complète de la Chine, en diago-
nale, du nord-est au sud-ouest, qu'avait accomplie M. Margary. A vrai
dire, il semblait, après la réussite d*une entreprise de celte importance,
qu'il n'eût plus rien à craindre. Il rejoignait, en effet, la mission du
colonel Browne, chargée d'aller étudier les moyens d'ouvrir de nouveau
la grande voie commerciale qui régnait naguère entre la Chine occiden'
taie et l'Inde. La mission allait s'engager sur le territoire chinois quand
lui parvinrent des rumeur» de dangers, d'attaque possible. Margary
s'offrit à retourner en arrière sur sa route pour reconnaître la situation.
La mission, qui le suivait à une journée de marche, fut brusquement
attaquée. Les Européens, les « démons étrangers » eussent tous été massa-
crés saus la vigoureuse contenance de leur escorte composée de Birmans
et de Sikhs. Ainsi, cette seconde mission anglaise au Yun-nan, si ellea été
plus maltraitée, n'a pas été plus heureuse que celle de Sladen en 1868.
On devra loulef'dis, ù l'une et ù l'autre, des renseignements sur les con-
yGoogk
472 ISIE. N- 799-836
fins de la Birmanie «t de la Chine. L'Année géographique a parlé, en
temps et lien (t. W-Ji, p. 80, et t. XI, p. ifô), des publications du
major Sladen et du docteur John Anderson relatives à la première mission.
La mission du colonel Browne nous vaut, outre un nouveau et intéressant
volume du docteur J. Ânderson , et un bon chapitre de M. Ney- Elias,
le récit du voyage de Margary à travers la Chine. Ce récit est composé des
lettres du malheureux voyageur, qui alliait un esprit distingué à un
caractère exceptionnellement bon et dévoué. L'un des hommes les plus
justement considérés pour leur connaissance de l'Orient, sir Rutherford
Alcock, ancien ministre britannique au Japon et en Chine, président de
la Société Royale Géographique de Londres, a terminé le livre par des
notes additionnelles où il recherche à qui incombe la responsabilité de
l'assassinat de Margary. Est-re aux Birmans, est-ce aux Chinois, est-<^
aux sauvages Kakhiens qui occupent les vallées autour de Manwync? L'é-
minent diplomate pense qu'il faut attendre, pour se prononcer, les ré-
sultat» de l'enquête qui se poursuit au Yunnan, sous les ordres de
M. Grosvenor. Nous aurons l'an prochain à parler de la mission de M. Gros-
venor et des renseignement!» qu'elle aura recueillis au point de vue géo-
graphique et commercial.
817. MiL80M(Ed.). Voyage de Margary de Hankow à Ta-li-fu. Septembre
à décembre 1874. Bulletin de la Soc, de Géogr. de Tjjon, 1876,
t. I,n«»5, p. 451-471.
8] 8. BizEMO!TT (H. de). La Chine méridionale et le voyage de M. Margary.
L'Explorateur, 1876, lY, p. 10.
819. GoRTTON (J.). Trade Routes between British Burmah and Western
China. Journal ofthe Roy. Geograph. Sociely, London, t. LLY,
1875 (publié en 1876).
820. Rutherford âlcock (Sir). China and its foreign relations. — The
Fortnightly Review, 1876.
821. DoRAND Fardel (docteur). Le premier chemin de fer en Chine.
Revue politique et littéraire, 1876, vol. X, n« 47, p. 457-499.
Le premier chemin de fer de la Chine a été ouvert en 1876. II relie
Shanghai et Woosung (distants de 17 kilomètres et demi), en suivant le
cours d'une petite rivière, le Ouan-Poo, dont une barre de sable entrave
la navigation. L'administration chinoise ayant refusé les autorisations né-
cessaires à la construction de cette courte li^ne, des négociants étrangers
s'entendirent néanmoins entre eux, constituèrent un capital et firent
entreprendre les études sur le terrain. 11 fut prouvé que rétablissement
de la voie ne rencontrerait pas de sérieuses difficultés. De nouveau on
s'adressa donc ù l'autorité, qui accorda la permission de « construire
une route convenable • de Woo-sung à Shanghaï. Le 6 mars on faisait un
voyage d'essai sur un parcours de un kilomètre. Les autorités de la pro-
vince, qui avaient ignoré ou feint d'ignorer ce qui se passait, parurent
fort surprises quand on leur annonça la mise en train de l'œuvre. Ordre
fut donné d'enlever les rails ; mais le président de la compagnie réu>sit à
démontrer au gouvernement du district que la route construite était
« convenable », et ce dernier se décida à en référer à Pékin. Quelle que
soit l'issue des dirUcultés, il est évident que le public chinois de Shanghai
est favorable à l'exploitation de la ligne ferrée, et on peut tenir pour cer-
tain que le premier effort portera tôt ou tard ses fruits.
yGoogk
CHINE. 473
822. Commercial report by Her Majesty's consuls in China 1875. Lon-
don, 1876, 1 vol. in-8.
823. Lettres de Chine. Commerce extérieur de la Chine et part qu'y
prennent les diverses nations. Économiste français^ 1876, n** 32,
p. 186.
824. Die chinesische Flotte. Oesierr, Monatsckr, fur den Orient. Wien,
. 1876, n*» 2, p. 26.
825. La marine militaire de la Chine. Revue maritime et coloniale,
1876, t. L, p. 537.
826. La marine et les forces militaires de la Chinp. (Trad. de l'alle-
mand des Hamburger Nachrickten.) Revue maritime et coloniale,
1876, t, XLIX, p. 955,
827 . Chinesische Seezôlle. Oesterr, Monatschr. fur den Orient, Wien,
1876, n» 1, p. 12.
828. Chinesisches Papier. Oesterr. Monatschr, fiir den Orient. Wien,
1876, n*» 6, p. 93.
829. Russischer Handel mit China ûber Kiachta în 1875. Preussisch.
Handelsarchiv, 1876, n» 37,
830. Brooks (Charles Wolcott). Origine of the Chinese Races. San-
Francisco, 1876, in-8.
831. Ratzel (Friedrich). Die chinesische Ausv^^anderun p. Ein Beitrag
zur Cultur- und Handelsgeographie. Breslau, 1876, 1 vol. in-8.
— Voir aussi un Résumé fait par l'auteur môme de cet ouvrage,
dans VAusland, 9 oct. 1876.
832. Du même. Die Beurtheilung der Chinesen. Oesterreich, Monatschr.
fur den Orient, Wien, 1876, n« 12, p. 177.
833. Sectes et sociétés secrètes chinoises. Missions Catholiques. Lyon,
1876, 8- année, p. 476, 499, 522.
834. Die Vertragshâfen im Chinesischen Formosa. Mittheilungen de
Petermann, n» 6, 1876, p. 195.
835. Thomsen. Reise auf Formosa. Globus, XXIX, 1876, p. 305, 321,337.
836. Stuhlmann (€.-W.). Von der Insel Haïnan. Erôffnung eines Hafens.
— ChristUcher Begrâbnissplatz. Globus, XXX, 1876, p. 15,
78, 223.
Au nombre des faits d'une certaine portée pour la géographie de
Textrême Orient, aussi bien que poiu* le commerce euntpéen dans cette
partie du monde, il faut signaler i'ouverture, dans Tlle de Haïnan, d'un
port libre, celui de Kioung-chau, ou plutôt de Hoî-hau,.qui occupe
la baie par laquelle on accède h Kioung-chau. Ce point e&t situé au
nord de l'ile, en face de la péninsule de Sien-chau, dont Haïnan est sé-
parée par un canal de quatre lieues d'étendue et d'une navigation diffi-
cile. Le port de Hot-han, le moins mauvais de ri}e, n'est cependant pas
yGoogk
474 ASIE. N« 799 -836
un port de première qualité, ear à marée hante seulement, les jonques nn
peu grosses peuvent y pénétrer. Malgré ses défauts, ce port est déjà le
siège d'un trafic de quelque importance en opium, étoffes, poterie et
objets comestibles. Le principal article d'imponation est le sucre, puis
viennent les noix d'arec, l'huile de sésame, les cornesde buffle, etc.
L'industrie est nulle à Uaïnan, et comme la population y est très-pauvre,
on doute que l'ouverture du nouveau port, qui avait été stipulée par le
traité de Tientsin, en 1861, procure un débouché réellement fructueux
à r industrie européenne.
L'île a environ 70 lieues de longueur sur une trentaine de lieues
de largeur. L'intérieur, très-montagneux, est habité par des peuplades
tout à fait sauvages et indépendantes. Un voyageur anglais qui a pu péné-
trer, en 1872, dans l'intérieur de Hainan, y a trouvé^ vivant misérablement
et faisant peu de prosélytes, un missionnaire catholique français, M. Cha-
got. Ce dernier y était arrivé avec un collègue qui, parti pour une autre
région de l'Ile, n'avait pas donné de ses nouvelles depuis plusieurs an>
nées.
L'émigration chinoise.
L'émigration chinoise, dont Id progrès reste encore à peu
près ignoré de l'Occident, n'est cependant point un fait nou-
veau. Dès la plus haute antiquité, vers Tan 200 ou 250 av.
J. C, elle se produit sous la forme de grandes expéditions mi-
litaires dirigées soit sur l'Asie centrale, soit sur Tlndo-Chine.
Après des alternatives de grandeur et de décroissance pendant
lesquelles sa population oscilla de 8 à 60 millions, la Chine
avait 57 millions d'hahitants en 1644, à Tavénement de la
dynastie des Mandchous. Depuis lors son accroissement ne
s'est pas arrêté, et l'émigration en a été l'une des causes prin-
cipales.
Dès 1508, déjà, les premiers Portugais qui parurent devant
Malacca y trouvèrent de nombreux commerçants chinois ; les
Espagnols en trouvèrent également en arrivant aux Philip-
pines vers le milieu du seizième siècle, et des Chinois furent
les intermédiaires des Néerlandais quand ceux-ci entamèrent
des relations commerciales avec Bornéo.
Depuis ces époques Témigration chinoise a suivi une marche
ascendante. De militaire et politique qu'elle fut naguère, elle
est devenue commerciale ; après avoir été défendue elle a été
autorisée, et de nos jours elle prend des proportions sur les-
yGoogk
CHINE. 475
quelles le professeur Ratzel, dans son livre aussi consciencieux
qu'intéressant (n*» 831), attire Tattenlion des hommes de
science et des économistes.
C'est sur les territoires limitrophes de la Chine, depuis les
possessions russes de l'Amour jusqu'au Tihet et à Siam, que
l'émigration est le phis active. Elle a porté à près de 25 mil-
lions le nombre des Chinois qui peuplent ces contrées. En
Mongolie et en Mandchourie, l'infiltration a été assez puis-
sante pour reculer les limites de l'empire chinois.
Peu laborieux, peu industrieux, les Mandchous et les Mongols
abdiquent petit à petit; ils hypothèquent leur sol dont des
Chinois finissent par devenir propriétaires. Ces mêmes Mand-
chous furent cependant assez forts, il y, a deux siècles, pour
conquérir la Chine et lui imposer une dynastie.
Le professeur Ratzel cite les agissements des Chinois dans
l'île deFormose, comme un spécimen de leur procédé ordinaire
de colonisation dans un pays sauvage. En 1662, commença
pour cette île l'invasion chinoise qui depuis lors n'a pas
discontinué, si bien qu'elle a enlevé aux Malais autocbthones
la moitié occidentale et une partie du nord de l'ilc^On
trouve ainsi, sur une superficie à peu près égale à celle de
la Suisse, 39 000 kilomètres carrés (la Suisse a 40 732 kil.
carrés), un contraste complet de culture et de civilisation,
car les aborigènes occupent seulement la moitié orien-
tale de l'île où ils ont été refoulés. Les Chinois, établis d'abord
sur la côte, trafiquèrent avec les habitants, puis envoyèrent
peu à peu les leurs dans l'intérieur du pays pour y recueillir
du camphre. Les premiers bénéfices furent appliqués à l'achat
de terrains qui furent livrés à la culture. D'autre part, tout en
se mettant à la solde de tribus peu guerrières, ils faisaient des
contrats et payaient des indemnités dans le but d'adoucir les
tribus belliqueuses.
Cette conquête systématique, secondée par le commerce de
l'opium et de l'eau-de-vie de riz, rencontre certaines ré-
sistances, et plus d'un parti chinois envoyé dans l'intérieur a
476 ASIE. N- 799-856
été inexorablement massacré ; mais le Chinois ne se rebute
pas pour si peu ; il a tenu bon contre de bien plus rudes as-
sauts.
Nous ne saurions détailler ici — ce point de vue de la ques-
tion étant plutôt économique — les diverses formes d'engage-
ments des Chinois, tels que rengagement surpris par force ou
par ruse, rengagement volontaire pour s'acquitter d'une dette,
rengagement des coolies pour un nombre déterminé d'années,
avec promesse de rapatriement, enfin l'engagement tout à fait
libre.
Les provinces chinoises qui fournissent les contingents d'é-
migrants sont : le Chen-si, le Chan-si et le Kan-sou pour l'é-
migration en Mongolie ; le Petchily et le Chan-toung pour la
Mandchourie ; le Sse-tchouen pour le Tibet, la Mongolie et les
tribus insoumises. D'antre part, ver» 1q sud, le Yunnan en-
voie ses émigrants dans la Birmanie, au laos, à Siam, en Go-
chinchine, tandis que les quatre provinces littorales (Tché-
kiang, Kiang-sou, Fô-kien et Kouang- toung ) fournissent
l'émigration maritime dans les péninsules de l'Inde et de la
Malaisiè, dans l'archipel indien, etc. Les ports d'embarque-
ment sont Shangaï, Hong-kong, Hamoï, Swatau, Macao. La
se mêlent aux émigrants dont nous avons parlé ceux qui, ve-
nant de diverses provinces, se dirigent sur la Californie et
l'Australie.
Après ce regard d'ensemble sur la provenance, examinons
d'un peu plus près, avec M. F. Ratzel, les objectifs et les
forces de l'émigration chinoise.
Mandchourie. On compte, en Mandchourie, 11 millions de
Chinois suri million de Mandchous, Solones et Daouriens. Ces
chiffres sont dans le rapport inverse de ceux de 1644, qui
attribuent à la Mandchourie une population d'un million de
Chinois. — Les exportations pour la Chine de l'indigo, du
froment et du riz, du .chanvre (destiné à la préparation de
l'opium), du musc, des vernis, des cires, de l'huile de divers
arbres et les lavages d'or défrayent l'activité des émigrants.
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CHINE. 477
Mongolie. Ici, la culture des céréales, du millet, de l'orge,
du chanvre, l'industrie du bois, le commerce du bétail, des
laines, des peaux, sont la raison d'être de l'émigration. — Le
thé, la farine, l'opium constituent les objets d'importation
chinoise. On compte en Mongolie 650 000 Chinois.
Kashgarie, Les Chinois y sont recherchés comme méde-
cins. Le* thé est l'article d'importation. La Kashgarie compte
10 000 Chinois, après en avoir compté 50 000. Il convient de
faire observer que ce pays est assujetti présentement à Yakoub-
Beg, auquel les Chinois s'efforcent de l'arracher.
Tibet. On n'a pas de chiffre pour l'émigration chinoise au
Tibet. Le thé y est exporté annuellement à 5 ou 4 millions de
kilogrammes, par la ville frontière de Ta-tsien-lou. Le pays,
riche en mines d'une exploitation difficile, va se dépeuplant
par les progrès du lamaïsme qui impose le célibat.
Tribus indépendantes à Vouest et au sud-ouest de la Chine,
Les chiffres de l'émigration manquent également. Toutefois les
Chinois font avec ces peuplades un commerce assez sérieux
par la ville de Kiating-fou, dans le Sse-tchouen.
Pays de V Amour, Tant au delà qu'en deçà de la frontière
russo-chinoise, on compte 20 000 Chinois et 5000 Coréens.
Les articles de trafic sont la fameuse racine de ginsang, le
trépang (holoturies), les algues, les champignons domestiques.
Ile Formose. L'île renferme 5 millions de Chinois occupés
à recueillir le camphre, le thé, la houille, le riz, le sucre, le
pétrole, le soufre, l'indigo, le papier végétal, les poissons,
les ouvrages de filigrane d'argent.
Ile Haînan. Cette île, encore peu connue, serait habitée
déjà par un million de Chinois.
En résumé, dans les pays plus ou moins dépendants de Pé-
kin et qui ont encore une population de 7 ou 8 millions d'in-
digènes parlant d'autres langues que le chinois, les Chinois
sont au nombre de 15 835 000.
Pour les pays indépendants ou appartenant à des États eu-
ropéens, et qui depuis les anciens temps sont un champ d'é-
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478 ASIE. K" 709-836
niigralioii chinoise, voici les indications données par M. Ratzel.
Philippines, Les Chinois ont, dans tous les ports des Phi-
lippines, des comptoirs et des maisons de banque. Ils sont
tailleurs, cordonniers, charpentiers, maréchaux, porteurs d'eau,
cuisiniers, journaliers. Leur nombre est de 28 000, auxquels
il faut ajouter 200 000 métis.
Corée. Cette péninsule est peuplée de descendai^lts d'une
colonie chinoise établie en 1270 par Koubilaï-Khan. Pendant
trois mois de Tannée se tient à Kuolimouu une sorte de mar-
ché où les Chinois importent du thé, des cotonnades, du poi-
vre, et achètent du papier, du plomb, des vers à soie, de la
soie, des peaux, des pelisses, du trépang^ du bois. Le chiffre
de rémigration chinoise en Corée n'est pas connu.
Indoustan. Dans presque toutes les grandes villes on trouve
établis de petits industriels chinois. A Calcutta ils sont cordon-
niers, à Bombay ils font des ouvrages en paille. Dans cette
ville aussi est une colonie pénitentiaire appliquée à l'exécution
des travaux publics. Les émigrants chinois établis dans Tlnde
sont en nombre inconnu.
Japon. Les Chinois dont l'émigration au Japon n*est pas dé-
terminé par un chiftre, y sont commis et sous-chefs dans des
maisons de commerce à Yokohama, Osaka, Nangasaki. Ils font
une concurrence sérieuse aux commerçants européens et con-
stituent, dans les ports, la moitié de la population étrangère.
On assure que plus de cinquante Chinois ont pris place dans la
haute administration du pays. 11 y a également des Chinois en
nombre inconnu aux îles Liou-Kiou.
Tong-King (Annam). 45 000 Chinois, sur 7 millions d'in-
digènes, habitent le Tong-King. L'exploitation des mines d'or
situées près de Kécho occupe environ 25 000 de ces émigranls,
dont le reste lisse la soie et fabrique du papier ou de fa porce-
laine.
Cochinchine indépendante (Annam). La population abo-
rigène est de 3 500 000 habitants. On évalue le chiffre des
colonisateurs à 60 000 Chinois et à 100 000 métis (par
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CHINE. 479
croisement avec des femmes annamites). Ils pratiquent le
tissage de la soie et du coton, la sculpture des bois et de la
corne, la fabrication du papier et de la porcelaine. Les objets
importés de Chine sont le thé, la porcelaine, les tissus de soie,
les cornes de bufiQe sculptées. En revànr,he, cette partie de la
Cochinchine exporte du sel, du riz, du sucre, des poissons secs,
des peaux, diverses espèces de bois. L'exploitation des pêche-
ries de trépang et d'algues comestibles à destination de Chine
est faite par des Chinois à Poulo-Oubi et à Poulo-Pinang.
Cochinchine française. A côté de 1 336 000 indigènes et ,
Français, la Cochinchine renferme 30 000 Chinois qui ont, en
général, peu à faire dans notre colonie où la loi les grève de
trois impôts montant, selon M. Ratzel, à S 848 000 francs
par année.
Cambodge. A côté des 800 000 indigènes du Cambodge,
vivent 30 à 32 000 Chinois qui s'occupent de la culture et de
l'exportation du sucre, du poivre, d'une très-belle espèce de
coton, du tabac, du sel, de la cire, de l'ivoire, des peaux, du
benjoin, de la gomme-gutte, de la cire végétale. Ils exploitent
en outre des mines d'or, et tiennent des maisons de jeu et
d'opium, tout en partageant avec les Annamites (qui ont le
monopole de la sériciculture) la coupe des bois et les riches
pêcheries.
Siam. Les Chinois ont introduit la canne à sucre dans le
royaume de Siam, et ils la cultivent pour l'exportation en
Chine, ainsi que le poivre et le tabac, lis trafiquent, en outre,
sur les bois précieux, le trépang y les algues comestibles, le
riz. Les mines de cuivre de Luang-Prabang, Bassac, Chieng-maî
et les mines de fer de Thaïsoung sont exploitées par les
Chinois.
L'importation se fait sur la soie, les soieries, les articles fa-
briqués de fer, de cuivre et d'acier, les glaces, les granits et
les marbres. Les Chinois écoulent à l'intérieur des cotonnades
anglaises, ils fabriquent des statues de granit', des images
sculptées, des vases de porcelaine et autres ornements pour le
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480 ASIE. N- 199-«36
palais de Bangkok. A côté dès grotesques images chinoises,
ils imitent Timage européenne. Voilà pour Part. Quant à la
littérature, ils importent et traduisent leurs pièces dramatiques.
Revenant .à un ordre d'idées plus pratiques, nous ajouterons
qu'ils exercent les métiers de tailleurs, maréchaux, tanneurs,
corroyeurs, potiers d'étain, chaudronniers. Ils sont aussi mé-
decins et pharmaciens.
Longtemps les Chinois accaparèrent par bail les impôtjs mo-
nopolisés de rÉtat, c'est-à-dire, annuellement, près de 400 mil-
lions de francs. Mais, depuis 1874, le gouvernement siamois a
repris la perception de ses impôts. L'émigration chinoise est in-
génieuse : elle a réussi à mettre en circulation, comme mon-
naie, des jetons de porcelaine marqués de lettres chinoises. Il est
vrai qu'elle paye à Siam près de 5 millions de francs d'impôt,
non compris la régie de l'opium, des distilleries, des raftiDe-
ries de sucre, des mines d'étain, des bazars flottants.
Dans le Siam, les indigènes étant au nombre de 6 millions,
la population chinoise s'élève à 1 500 000 âmes, avec 250 000
métis. Elle entre pour une proportion considérable à Tchanta-
boun et à Bangkok.
Birmanie, Le commerce se fait par caravanes périodiques.
Les 25 000 Chinois de ce pays sont bottiers, souffleurs de verre,
planteurs de canne à sucre, émailleurs de laque, tireurs de fili-
granes, repousseurs d'argent.
Leurs articles d'exportation sont : le coton écru, les plumes
d'oiseaux pour les mandarins, le jade, l'ambre, les rubis.
L'exportation se fait sur la soie, l'or battu, le mercure, l'étain,
le plomb, le zinc, les vases, le drap, le lainage.
Laos, pays des Shan et des Kakhyen, Le chiffre de l'émi-
gration chinoise dispersée sur ce territoire est ignoré. Le com-
merce (importation et ex|)ortation) porte sur les thés, le coton,
les instruments agricoles en fer, l'opium, la soie, les vases de
cuivre, les étoffes tissées.
Assam, Dans TAssam un millier de Chinois vont chercher
de la poudre d'or, du rubis, du jade, du musc, de l'ivoire,
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GHIM£. 481
importent de la soie, de la cotonnade, des articles fabriqués en
métal.
Birmanie anglaise. L'émigration est représentée par 15 à
18 000 Chinois (sur une population de 4 millions d'habitants),
qui pratiquent le petit commerce dans les villes et les ports,
et qui exploitent les mines d*étain de Tenasserim.
La péninsule malaise est Tune des parties de l'Asie où
rinvasion commerciale des Chinois s'est le plus activement
développée. Singapore a 55 000 émigrants, qui sont cultiva-
teurs, jardiniers, planteurs de poivre ou teneurs de livres. Ils
ont le monopole de la vente de l'opium qui porte sur 3 à 4
millions de francs. A Poulo-Plnang et à Wellesley, 36000 Chi-
nois cultivent le poivre et la canne à sucre.
Malacca est l'un des points brillants de la colonisation
chinoise. Là, en effet, 25 000 Malacco-Chinois (métis) tien-
nent une grande place dans le commerce et la classe riche,
tandis que 5000 Chinois travaillent aux mines d'or et d'étain
voisines de la ville. A Tringanau, Kalantan et Pahang (rad-
jahs malais semi-indépendants), à Toneah (royaume de Sa-
langore), à Decompah, à Peraky kiQuedah^ les mines sont
exploitées par une trentaine de mille Chinois, ce qui porte
à 150000 le chiffre des émigrants chinois de la péninsule
malaise. "
L'archipel indien a reçu également son contingent de fils
du Céleste-Empire.
Java en a, pour sa part, 181 732, qui sont employés par
le gouvernement néerlandais comme surveillants des agricul-
teurs, comme sériciculteurs, planteurs de thé, percepteurs des
revenus des plantations. Sumatra, Banka et BUiton réunissent
48 000 Chinois, employés aux mines ou petits. commerçants.
Bornéo a des mines d'or, d'antimoine et de mercure, des gi-
sements de pierres fines, des cultures de canne à sucre, de
riz, de poivre, de camphre. Toutes ces sources de lichcsse sont
exploitées par 80 000 Chinois.
En réunissant les Chinois, mineurs, |jêcli<jurs de perles ou
L'kSXÈE GÉOGU. XV. 34 ,
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482 AS1£. N» 799-«56
de trépangy etc., de Poulo-Labouan, des iles d'Ânambay» de
Rio Jinga et Biutang, de Bali, de Célèbes, de Ternate et des
Uoluques, de Timor (19 800), on obtient pour le chiffre lolal
de rémigration chinoise dans les pays d'ancienne colouisation,
trois millions de Chinois ou métis.
Ces dernières années ont vu Témigration se diriger vers des
pays nouveaux : rAmérique, FAustralie, la Polynésie. Le mou-
vement sur rAmérique fut grandement accéléré par la décou-
verte des mines d'or de la Californie, et on évalue actuelle-
ment à plus de 95000 les Chinois qui vivent comme mi-
neurs, fabricants de cigares, portefaix, ouvriers de chemins de
fer, dans les États de V Union du côté du Pacifique. Sur le ver-
sant de ï Atlantique, du golfe du Mexique et à Cuba^ on en
compte 60 à 80 000, occupés à quelques petits métiers ou
planteurs de sucre et de riz. Au Pérou, 50 à 60 000 Chinois
exploitent les gisements de guano, sont employés dans les
haciendas, ou construisent le chemin de fer transandin.
En attribuant au ChUi, à CostorRica, à la Guyane néerlath
daise et anglaise, à V Isthme de Panama, nxxx Antilles françai-
ses, à h Jamaïque et à la Trinité KbO Chinois, rémigration
qui nous occupe sera représentée en Amérique par 155 ù
136 000 individus.
L'Océaiiie [Australie, Hawaï, Tahiti, Nouvelle-Calédonie)
compte pour 22 à 23 000 Chinois, enfin on en compte 2000 à
la Réunion.
Une récapitulation générale nous donnera les cliiffres sui-
vants pour rémigration chinoise :
Pays relevant plus ou moins de la GhiDe, avec aborigènes
parlant une autre langue 15,823,000
Pays indépendants de la Chine ou appartenant à des États
européens « * 3,000.000
Amérique du Nord et du Sud ... - ISîiJXX)
Océanie Si3,000
Affiqii^. . , 3,000
Total 18,986|000
On comprend que ces chiffres ne sauraient être admis
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CHINE. 483
comme rigoureux, mais ils donnent une notion suffisamment
exacte d'un phénomène dont M. Ratzel, dans son précieux
ouvnige, a étudié non-seulement la marche, mais encore les
causes, les dangers et les avantages.
Les causes sont nombreuses, et parmi les plus importantes,
il faut signaler le surexcédant de la population chinoise, le
morcellement excessif et par suite le prix élevé de la propriété
en Chine, qui rend impossible aux gens peu aisés Tacqnisition
de terrains, le bas prix de la main-d'œuvre, l'état embryon-
naire de la grande industrie.
Le Cinnois, en général, est dans des conditions excellentes
pour émigrer : sobre, laborieux, ne se laissant rebuter par au-
cune besogne, aucun mauvais traitement.
H. Ratzel nous donne ailleurs, dans l'article signalé au
n» 831 de la bibliographie, un résumé des opinions émises
depuis Marco-Polo, au sujet des Chinois. Cette galerie a son
intérêt.
Voici d'abord les philosophes : Montesquieu ne prête à leurs
acJons d'autre mobile que la crainte, et à leur organisation
que l'apparence de l'ordre. Voltaire les admire et échange à
leur sujet une correspondance poétique avec Frédéric le Grand*
Hegel lient les Chinois pour les représentants d'une civilisation
surannée, dans laquelle Herder, à son tour, ne voit que le vernis
et le cli(|uelis que présentent les papiers peints de la Chine.
Les missionnaires en général, depuis les Jésuites des dix-
septième et dix-huitième siècles, jusqu'aux missionnaires pro«
testants du dix-neuvième siècle, leur sont favorables. ^
Les diplomates et voyageurs anglais modernes Medhurst,
Crawfurd, lori Elgin, Cooper, Meadow, Oliphant, abondent
dans ce sens, de même que MM. de Richthofen, de Hûbner,
de Scherzer. Les plus grands panégyristes des Chinois sont deux
Allemands. Le missionnaire protestant Guzlalf, qui pendant
^ trente années de résidence dans le pays s'était tellement iden-
tifie avec les Chinois qu'il avait fini par prendre leur physio*
nomic, écrivait, en 1847, dans son histoire de la Cliintî, que
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484 ASIE. N- 709-836
cette nation jusqu'à présent regardée comme morte, et à la-
quelle une place est à peine accordée dans Tbistoire de l'hu-
manité, étonnerait un jour le monde. L'autre est un auteur al-
lemand, M. Jagor, qui, dans sou livre sur les Philippines,
proclame les Chinois et les Américains du nord les deux races
destinées à se partager l'œuvre de la civilisation sur les rives
du Grand Océan.
Les pionniers du commerce, les marchands de Shangaï, de
Hong-Kong, de Canton, d'Amoy se montrent en général peu
favorables aux Chinois, contre la finesse mercantile desquels
ils ont à lutter.
Les Américains du nord, surtout les Californiens, sont fort
hostiles à l'émigration chinoise ; les Russes la repoussent du
territoire du fleuve Amour, et la France, en Cochinchino, n'est
pas sans quelque défiance.
La note éclectique domine chez le voyageur russe Sosnowski,
pour lequel la classe des lettrés chinois est corrompue, tandis
qu il fait Téloge des artisans et des agriculteurs. D'autre part,
on trouve de grandes différences entre les populations fourbes,
indiscrètes, parfois hostiles des ports et des centres, et les po-
pulations des provinces de Chen-si, de Se-tchouen, du Kausou,
que M. Sosnov^ki trouva insupportables et que M. de Richt-
hofen a trouvées aimables.
Les inondations du flleuTe Bleu.
Les désastres causés par le fleuve Jaune, le a Fléau »
ou le «i Désespoir de la Chine », sont généralement connus.
Naguère encore les géographes apprenaient que cette énorme
masse d*eau qui draine un bassin de 1 800 000 kilomètres
carrés, avait changé de direction, non sans causer d'im-
menses ravages, et qu'à partir de Khaï-foung elle coulait
vers le nord-est, au lieu de couler au sud-est ; elle reprenait
ainsi une direction qu'elle avait suivie et quittée à plusieui*s re-
prises.
On parle moins des inondations causées par le coui's du
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CHINE. 485
Yang-tse-kiang; elles sont cependant redoutables et fréquentes.
M. Oxenham, qui a résidé quelques années à Han-kéou, ville
de 700000 habitants, située au confluent de Yang-tse et du
Han, a vu trois débordements successifs, et dans Tarticle cité,
il fournit dUntéressantes données sur les causes de ces inonda-
lions (n« 807).
La ville de Hankéou occupe la partie orientale de la fertile
province de Hou-pé qui, dans ses.paities plates, produit du
coton et du riz, tandis que le thé, la canne à sucre, la cire et
les bois sont la richesse de ses parties plus accidentées. Le
llou-pé, en effet, comprend d^ux parties distinctes dont l'une
est une plaine de 20 à 60 kilomètres de largeur, baignée par
deux grands fleuves et couverte de lacs. C'est dans cette plaine,
on le comprend, que sévit l'inondation. Les annales de Han-
kéou conservent la trace, qui remonte jusqu a l'an 922 avant
l'ère chrétietnie, d'inondations nombreuses dont l'une des der-
nières, celle de 1849, fut une sorte de déluge. Il plut sans
désemparer pendant trois semaines à Han-kéou, et la tempé-
rature — on était au mois de juin — y fut si froide que les
habitants durent l'evêtir des fourrures.
Les inondations auxquelles a assisté M. Oxenham ont eu
lieu en 1869, 1870, 1871. En 1869, des premiers jours de
juin à la fin de juillet, la ville fut submergée sous plus de
trois pieds d'eau. Âpres un abaissement temporaire, l'inonda-
tion recommença en septembre, couvrit la ville de deux pieds
d'eau et ne se retira que lentement. L'inondation de 1870
jeta près de 50 pieds d'eau sur la plaine ; on ne distinguait
plus les villages que par le sommet des maisons, et les routes
que par le sommet des saules. Cette vaste inondation, qui
coïncidait avec une sécheresse extrême dans la province de
Ifou-nan, au sud du cours du Hohang-ho, provenait des eaux
tombées dans la province montagneuse du Sse-tchouen, sur
le haut cours du fleuve. En 1872, nouveau débordement,
moins considérable et moins long toutefois que ceux des an-
nées précédentes.
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486 ASIE. K»- 799-836
En énuniérant les causes de ces désastres, M. Oxenham fait
observer que la fonte des neiges, dans les montagnes du Tibet,
n'y contribuent que pour une faible part. Les Cbinois sont de
cet avis ; ils reconnaissent d'ailleurs, à la couleur que pren-
nent les eaux du fleuve, la région d'où provient le déborde-
ment. La province de Sse-tchouan est celle qui cause les plus
graves inondations, sinon les plus prolongées ; elles donnent au
Yang-tse une nuance rougeâtre. Les crues provenant de la
province de Hou-nan sont redoutables aussi, mais n'altèrent
pas la-transparence des eaux. Enfin, le Han envoie au Yang-tse
des débordements limoneux. Ces trois principales causes d'i-
nondations, suivant qu'elles opèrent simultanément ou isolé-
ment, font varier la durée ou l'intensité du mal, et M. Oxen-
ham se livre à une intéressante étude sur les divers éléments
de cette question. D'après d'anciennes traditions chinoises, les
plaines de la province de Hou-pé n'étaient que de vastes marais,
dont l'empereur Vu, contemporain du déluge, aurait com-
mencé le drainage, tout en dirigeant dans leur lit respectif
le fleuve Bleu et le Han. Depuis lors, les marais ont été rem-
placés par 40 ou 50 lac^, longs de 50 à 60 kilomètres et eu
communication avec le fleuve sur les deux rives duquel ils
sont disséminés. Peu à peu, d'ailleurs, les dépôts opérés sur
la plaine en élèvent le sol, et d'après M. Oxenham, quia cherché
à déterminer les éléments de la question, une époque viendra
où le niveau de la plaine s'élevant, le lit du fleuve s'élargira
et le fléau sera conjuré. Il conseille aux Chinois de laisser
opérer la nature; mais il ne dissimule pas que la guérison se
fera attendre plusieurs siècles.
yGoogk
JAPON, CORÉE. 487
XIV
JAPON. CORÉE
857. Adahs (F.-O.). Geschichte von Japan von den firûhesten Zeiten bis
auf die Gegenwart. Vol. I. Bis zum Jabr 1864. Gotha, J. Perthes.
1876, gr. in-8.
838. LAGus(de Helsingfors). Ueber die ersle russische Expédition nach
Japan, unter dem Finlânder Adam Laxman, 170^1793. Rmsiscke
Revue de Rôttger, 1876, n* 10, p. 351-352.
839. Brooks (Charles Wollcott). Japanese wrecks stranded and picked
up adriff in the North Pacific Océan. San-Francisco, 1876, 1 vol.
iH-8.
Histoire des migrations japonaises et description du courant de Kouro-
Shivo.
#
840. Bakaré (A.). Mer de Chine. 3« partie. Le Séto-utchi, mer inté-
rieure du Japon, et ses approches. Instructions nautiques rédigées
d'après les documenis les plus récents. Paris, 1876, in-8.
841. Drasche-Wartinberg (docteur Richard von). Reisen auf Ceylan, Ar-
chipel der Philippinen undJapan. MiUheiL der geogr. GeselUch,
in Wien. 1876, vol. XIX, n«» 1, p. 46; n* 5, p. 321 à 323, et
nMO,p. 528 à 531.
842. Du même. Reise in die sûdlichen Provinzen Japans. (Marz bis Juni
1876.) MUtheil. der geogr. Gesellsch. in Wien. 1875, n» 10,
p. 549; 1870, n» 2, p. 76, et n* 10, p. 511.
M. Drasche a fait Tascension de quatre à cinq volcans: de TAma-yam a
(2133 mètres), du .Saka-yama (2438. mètres), du Fousi-yama, couvert de
neiges éternelles ; puis, dans le nord de l'Ile, de riwa-wasi-yama et de
riwaki-yama, toujours en activité, et dont l'ascension n'avait jamais été
faite. On comprend que la plupart des lacs de montagnes sont des cra-
tdres d'anciens volcans; tels sont le Tsiousentzi-Iwasero, le Suabusiro
rinova-yiro et le Yowoussotto. Les autres localités curieuses au point de
vue de la science et de l'industrie sont les mines de cuivre (sulfo-arsé-
nialé) d'Asio, les thermes de Yormoth, les sources de pétrole de Mizou,
les sources sulfureuses d'Ysatz. On sait que le gouvernement japonais a
ouvert les trois ports francs de Yokohama, Nigata etUiogo. Sous le rap-
port archéologique, H. Drasche a visité la curieuse tle à temples éPEno-
sima. En même temps son compagnon le docteur Kôrhl a fait, sur les
côtes, de belles collections d'animaux marins qui ont été envoyées à
Vienne.
843. Rein (docteur). Reise von Tokio nach Kioto in Japan. Extraits
dans Yerhahdlungen der Gesellsch, fur Erdkunde in Berlin, vol.
111,1876, n»* 1.2, 3.
yGoogk
488 ASIB. N» 837-867
Le voyage effectué par le professeur Bein, en compagnie dn docteur
Kdnigs, est celui de Yédo (Tokio) à Kiolo. Deux grandes routes relient ces
capitales; l'une s'appelle roule tokaïdo; l'autre route naktuendo. La
première a 500 kilomètres, la seconde en a 550. Les routes n'ont pas la
même largeur sur tout leur parcours ; elles ne sont que rarement fer-
rées ou pavées. La roule tokaïilo longe parfois le bord de la mer et pré-
sente une vue magnifique. La route uakasendo, que suivit M. Rein, passe
par l'intérieur du pays; elle traverse d'abord la province fertile de Kanlo.
Cette partie du trajet se fuit dans la seule mnlle-postc instituée au Ja-
pon. A partir de Taka-saki, la route, qui ne se fait qu'à pied ou à cheval,
franchit une suite de montagnes dont les sommets culminants atteignent
JOOO à 3000 mètres, et qui forment la ligne de partage des trois plus gi-ands
couri d'eau du Japon. Les produits de la province occupée par ces mon-
tagnes sont Vamabatat sorte d'ardoise ou schiste bleufttrc servant à faire
des coupes à boire, le miiho ou cristal de montagne, qui était fort emptoyé
avant la fabrication du verre, le fameux gitueng, et enfin le ver à soie.
M. Rein fil l'ascension du volcan Asamayama, et arrivé à la petite ville de
Tukushima, il se joignit à une caravane de iOOO pèlerins pour gravir l'On-
také ou Hitaké, volcan également en activité.
844. Ras Ghooke (Edward). On foot through Central Japan. Geograph.
Magazine de Markham, 1876, nMl, p. 285-290.
M. Crooke a fait le contraire de ce qu'avait fait M. Rein: parti deKioto
il est arriy^ à Tokio par la route de l'intérieur, nakatendo. L'une des
étapes du voyage fut Akasaka, où, selon la tradition, le premier taicoun
livra la dernière des soixante-quinze bataille» qu'exigea son affermis-
sement sur le trdne. Le voyageur anglais a constaté que les habitants de
Mi no ont les traits plus beaux et plus réguliers que les habitants des autres
parties du Japon qu'il eût visitées. Dès qu'on entre dans les montagnes, k
Niegawa, on remarque un notable changement. Au lac <le Shima-no-souwa
le voyageur trouva des sources chaudes où il se baigna avec son compa-
gnon, mais toute la population accourut pour les voir dans le bain.
La relation de M. Crooke donne une foule d'autres détails curieux,
mais qui ne sont point du domaine de la géographie.
845. Box (capitaine B.-W.).The Eastern Seas. Being a narrative of the
voyage of II. M. S. Dwarf in China, Japan and Formosa. London,
Murray, 1875. — Article critique dans Geograph. Magazitte de
MarMiam, 1876, n" 1, p. 18.
846. Savio(P.). 11 Giappone al piorno d*oggi, viaggio ncl* interno dell'
isola e neicentrj sericoli, eseguito nell* annol874. lf<7a;io, 1876.
1 vol. in-8.
847. Martens (E. von). Die Preussische Expédition nach Ostasien,
Zoologische Ahtheilung, 1. Band,2. Hâlfte.£er/iN,1876, gr. in-8.
848. Deschariies (Léon). Itinerary of a journcy from Yedo to Kusatsu,
with notes upon the waters of Kusatsu. Paris, 1^76, in-8.
840. Ile de Shikokou au Japon. Journal des Missions Évangélfques,
1876, 5l« année, n» de décembre, p. 466-474.
850. Griffis (W.-E.). The Mikado's empire. Book I : llistnry ot Japan
from 660 B. C. to 1872 A. D. Book 11 : Personal expérience:^, ob-
servations andstudies in Japan, 1870-1894. New-York, 1876.
yGoogk
JAPON. CORÉE. 489
851 . Progrès de la civilisation au Japon. Journal des Missions Évangé^
ligues, 52* année, 1876, n* de janvier, p. 32-37.
852. BoDSQUET (G.). Le Japon contemporain, les récents progrès, la si-
tuation économique et financière. — Revue des Deux Moïuies,
1876, 15 septembre.
853. La marine militaire du Japon, ileviie maritime et coloniale^ 1876,
t. L, p. 536-537.
854. Metschnikoff (Léon). Die rneuen administrativen Eintheilungen
Japan's. MittheUungen de Petermann, 1876, XI, p. 401, avec carte.
Le Japon cstdÎTiséen neuf circonscri plions formées de qiialre-vingt-nne
provinces. Il y faut ajouter les Kouriles qu'un trailé avec la Russie (1875)
a attribuées au Japon, en échange de ses derniers droits sur l'île deSakha-
line. c La frontière entre les empires de Russie et du Japon dans ces pa-
rages, dit le trailé, passera par le détroit qui se trouve entre le cap Lo <
palka de la péninsule du Kamlschalka et l'ile de Ckourachou. * On sait que
l'archipel des Kouriles forme une chaîne de dix-huit petites îles.
855. Du même. L'empire desTennos. U Globe, organe de la Société de
géographie de Genève.
L'auteur de cet article cl du précédent prépare, dit-on, un ouvrage im-
portant sur le Japon.
856. Vemoukoff. Nouvelles données statistiques sur le Japon, hvestita
de la Société Impériale géographique de Russie. 1870, vol. XII,
n« 1, p. 140.
857. Dampfschiffahrts-Gesellschaften in Japan. Oesierr. Monatsschrift
fur den Orient. Wien, 1876, n» 5, p. 41.
Avant la grande révolution de 1871, chaque daîmio du Japon voulut
avoir un ou deux bateaux à vapeur. Il y avait ainsi, en 1868, plus de
deux cents vapeurs, vendus aux Japonais par des maisons de commerce
étraugères. Mais, vu l'inexpérience des indigène» et la cherté du char-
bon, ces vapeurs n'étaient qu'un article de luxe. — La révolution de 1871
mit tout aux mains du gouvernement, qui organisa plusieurs ifociétés in-
digènes, dont la plus importante était la Société nationale de navigation
à vapeur, aTec dix-neuf vapeurs et neuf voiliers. Subventionnée et
eontrôlée par le gouvernement, elle devait établir des communications
régulières entre les divers ports du pays.
Des compagnies moins considérables constituées alors entretiennent
encore aujourd'hui, avec un succès douteux, les rapports entre Yeddo et la
province d'Owari d'un côté, et avec Kagoshimi» au sud. de l'autre cèté.Ces
navires ont des capitaines japonais et quelquefois des timoniers et des
matelots étrangers. 11 faut y mentionner encore les navires du Bureau
de colonitation, qui déjà depuis plusieurs années fait, à l'aide d'Améri-
cains, de vaines tentatives pour coloniser l'île de Yeddo.
Mais toutes ces entreprises sont dépasi>ces par la compagnie dite Milsou-
Bishi, fondée par les deux frères Iwasaki, dont l'aîné élait ancien Tonc-
tlonnaire du prince de Tosa.
Après la révolution de 1871 il acheta, de ses propres fonds, les navires de
l'on ancien prince, s'établit à 0.>acca et fit d'abord, avec ces trois vapeurs
à hélices et à aube, le service entre Osacca, Yeddo, Tosa, etc. L'expé-
dition japonaise de Formose en 1874, où la Compagnie exécuta les trans-
yGoogk
400 ASIE. N<- 837-867
ports militaires à la grande snlisraction du gouTemément, la mit toat
à fait en évidenre. et lit abandonner Taneienne Société nationale. Parmi
les Douveaui navires qu'il avait achetés, le gouvernement en donna deux
.à la Société Mitsou-Bishi, qui commença en 1871 à étendre ses courses
jusqu'à Shanghaï et fit une assez active concurrence aux grands vapeurs
américains, pour que ceux-ci aient fini par laisser le champ libre à la com-
pagnie japonaise. Ils lui vendirent même les quatre vapeurs qui avaient
fait le service ju>qu'aIors. Cette compagnie ja)H)naise a présentement qua-
rante navires représentant 36 515 tonnes, avec une force de 1930 chevaux.
Elle dessert douze lignes différentes, dont trois partent de Tokio (Yédo),
trois de Yokohama, trois d'Oriaccaet truis de Hakodadé.
858. Japanisches Vaipier.Oesterreich. Monatssehr. fur den Orient, Wien,
1876, !!• 8, p. 124-123.
Le Japon a une renommée traditioimeUe pour la fabrication des pa-
piers. Cette industrie est fixée dans ceruins villages où la matière pre-
mière se trouve en abondance, et où tous les habitants ont cette seule oc-
cupatiou de fabriquer du papier. Une autre habitude japbnaiseestqueles
artisans adoptent fréquemment un jeune homme qui montre des disposi-
tions pour leur métier ; ainsi s'établit la continuité de la tradition, qui
n'exclut cependant pas de nouveaux perfectionnements.
Les papier» à écrire sont faits soit de chanvre de petite dimension,
soit de l'aubier de YHydrangea panigulata. Ces papiers, appelés robiki
on bidorogami, sont les seuls qui soient collés et blanchis. Tous les au-
tres papiers conservent la couleur jaunâtre ou verdâtre de leur matière
première.
Le papier pour étoffes et u»iensiles est également fabriqué en eubicr
de divers arbres, savoir le mûrier à papier {Brouasonetia papyrifera),
la Petserina gampi, YEdgeworthia papyrifera. De ces substances oa
fait les mouchoirs de poche japonais, des tapisseries de muraille, des
paravents qui se plient et se déplient, des parois de .séparation entre deui
appartements. Imbibé d'huHe, ce papier est utilisé pour faire des carreaux
de fenêtres, des parapluies et des waterproofs ou des toiles d'emballage
pour les marchandises. Ce dernier papier est le papier de cuir appelé
tozatenkagami, et dont il faut coller plusieurs feuilles les unes sur les
autres. L'buile qui imbibe ce papier provient du fruit du Celtig WiUde-
notviana. Le papier-cuir sert de carton pour l'exécution des travaux de
relieur, de galnier, de coffrelier. 11 sert aussi à faire des boites et plus
rarement des caisses qui reviennent alors plus cher que des caisses en
bois. Ënduii de laque, le papier-cuir remplace ce que nous appelons pa-
pier mâché. On en fait aussi divers effets d'habillement d'été, des mousti-
quaires, une certaine espèee de papieis^rêpe.
Les papiers de fantaisie sont le papier du diable, qui est mince et
présente l'apparence d'un tissu ; on y imprime, au patron, des dessins
dentelés. Ce papier est employé pour fabriquer des lanternes, des fenêtres.
Le papier à éventail, le papier sur lequel on écrit des poésies fugitives, le
papier à revêtir les murs, et sur lequel on colle encore des dessins à la
main ou des patrons découpés, sont également des papiers dits de fan-
taisie.
Le papier européen, surtout pour l'éeriture et l'imprimerie, tend à se
substituer aux papiers japonais. Rappelons à ce propos que l'un de nos
compatriotes, M. Renard, donnait il y a quelques années, dans un rapport
au Ministre de l'agriculture et du commerce, d'intéressants détails sur
l'industrie du papier au Japon.
yGoogk
JAPON. CORÉE. 491
8rj9 . Dcr Mineralreichlhum in Japan. Oe»terreich, MonaUschrift fur den
Orient. Wien, 1876, n« 3, p. 43-44..
D'aprèii un rapport de M. Plunkett, secrétaire de la légation angLiise ù
Yeddo, le Japon n'occupe pas un ruiig élevé au point de vuo des ressources
minérales. Toute la production de l'année 1874 représente une valeur de
752818 livres sterling' (18 821)450 rrancs),danâ laquelle celle dos liuuillcs
entre pour 398125 livres sterling (9953125 francs); de sorte que tout
le rendement de Tor, de l'argent, du fer, du ploinli et de l'étain est repré'
sente par 354000 livres sterling- (8850000 francs) à peu près. Cette in-
fériorité s'explique par l'arriéré des méthodes d'exploitation.
La plus grande partie de la houille vient ilu district de Nangasoki. La
plus importante et la plus féconde houillère, et la seule qui soit exploitée
d*une manière rationnelle, est celle de l'Ile Takasima, à Î6 kilomètres de
Nangasaki. Cette houillère est actuellement entre les mains d'une Société
japonaise qui a une concession franche d'impôts pou^ cinquante ans. De
35000 tonnes, en 1869, le rendement monta, en 1874, à 72000 tonnes.
Le charbon de Takasima vaut le charbon anglais. Il y en a encore dans l'Ile
Koyaki, au district de Karatson, puis aux environs de Yeddo et de Niégata.
Elles sont inexploitées jusqu'à ce jour. £a moyenne, la tonne vaut une
livre sterling.
Le cuivre japonais est excellent, il est pur de tout alliage d'antimoine et
d'arsenic. Les migrais donnent ordinairement de 2 et demi jusqu'à 12
etdemi pour 100. Mais les deux cents mines de cuivre du Japon n'ont donné,
en 1874, que 3000 tonnes do cuivre rafliné; les meilleures sont celles
d'Ani, dans le district d'Akitou. Le principal marché indigène pour le
cuivre est Osacca; la plus grande masse se débite dans les Indes anglaises.
L'or et l'argent se trouvent au Japon en très-petites quantités seule-
ment. Dans la province d'Hitakhi on retire du fer de riches minerais. Les
mines se trouvent dans le voisinage de Nakako^ka, localité située sur une
rivière navigable. — Dans la province de Rikoushiou on trouve, non loin du
port de Kameishi, de riches dépôts de fer magnétique. Le gouvernement y
projette l'établissement de grandes usines. Comme la plus importante mine
de plomb on désigne celle d'Ani, aux environs du lac de Biwah.
M. Plunkett con.«tate l'exclusion qui frappe toujours les étrangers et
leur défend la qualitéd'nctionnaires ou d'associés dans une exploitation mi-
nière. Us ne peuvent être qu'ingénieurs, mineurs ou employés de sur-
veiUance et doivent, à chaque engagement, signer un acte constatant
qu'ils n'ont aucune part dans la mine. Même le propriétaire foncier indi-
gène d'une mine n'a le droit d'ouverture et d'exploitation de la mine que
lorsqu'il a obtenu une concession au moins do quinze ans. 11 est probable
que sans les capitaux étrangers et sans un plus grand nombre d'employés
européens l'industrie minière ne prospérera jamais au Jupon.
SCO. Japaiiische Eisenbalinen. Oesterreichische MonaUschrift fur den
Orient. Wien, 1876, «• 2, p. 29.
Il existe actuellement an Japon deux lignes en exploitation : celle de
Yokohama-Tokio (2i^ kilomètres), puis celle de Kobé (Hiogo)-Osacca(326
kilomètres). La construction de la ligne Osacca-Kioto (434 kilomètres) fut
commencée en 1874; et bien qu'elle exige un grand nombre de travaux d'art,
elle sera cependant achevée sous peu. Outre ces lignes, on a encore pro-
jeté une communication ferrée entre la baied'Osacca et le port deTsou-
i-ouga, situés sur la côte nord. Le tracé longerait le côté est du lac de
Biwa et s'étendrait de Kioto et Otsou à Shiotsou et Tsourouga. Enfin on
492 ASIE. No» 837-867
projette encore une communication directe entre le lac de Biwa et la .capi«
tale-résidenee de Tokio.
861 . Le commerce du Japon pendant les années 1874 et 1875. V Explo-
rateur, IV, 1876, p. 77.
862. Mayet (G.-A.). La race japonaise et ses origines. Archives de Mé-
decine navale, 1876, n» d'août, p. 104.
863. lUczYNSKi. Ueber die geographischen Karten der Lânder des âusscr-
sien Orients und andere Dokumentc der Handels dieser f.ander in
den Centralarchiven von Moskau. Russische Revue de Rôtlger,
1876, cah. 10, p. 332.
864. Bbukton (IL). A map of Mphon. Scalc : 20 miles to tiie inch
(iTs67T<nR})* ^^^^ l'annonce dans le Geograp/ûcal Magazine de
^ar/îAâm, 1876, n»6.
865. Kempermann (P.). Corea und dessen Einfluss auf die Bevôlkerung
Japan's. Zeitsch, fur Ethnologie, Sitzungsbericht,yill, 1876, p. 78.
866. RiDEL (MgrF.-C, vie. apost. de Corée). Lettre sur la Corée et son
église chrétienne. Bulletin de la Soc. de Géogr, de Lyon, 1870,
t. T, n« 3, p. 278-282. ,
867. PuziLLo. Essai d'un dictionnaire russo-coréen et coréo-russe. Ar-
ticle critique dans Vlsvestiïa de la Société Impériale géographique
de Russie, 1875, vol. XI, n« 6.
Ambassade coréenne au Japon.
En février 1876, les envoyés respectifs des gouvernements
du Japon et de la Corée signaient un traité composé de douze
articles, dont Tun est un renoncement du Japon à sa suze-
raineté sur la Corée. Cette suzeraineté, qui remontait, dit-ou,
à 2000 ans, le Japon avait dû la défendre à plusieurs reprises
contre les soulèvements des Coréens. Depuis un demi-siècle
cependant, elle n'était plus guère que nominale.
Le traité diplomatique, dont il faut faire honneur à un
homme d'État japonais, M. Kutoda, a été suivi d'un traité de
commerce qiii n'impliquera que les Japonais, mais grâce au-
quel, bon gré mal gré, le commerce, par Tac! ion de la race
blanche, pénétrera dans un pays fermé inexorablement jusqu'ici
aux étrangers. A la suite de ce traité, la Corée, le Tchosèn,
comme l'appellent ses habitants, a envoyé au Japon un ambas-
sadeur accompagné d'une suite de quatre-vingts personnes.
..gitizedby Google
Japon, gorée. 493
Le gouYeniemcnt de Yeddo lui a montré les ressources de
sou pays, l'a promené en chemin de fer et sur un steamer di-
rigé entièrement par des Japonais, Ta fait assister à une grande
revue et à des expériences de télégraphes, de canons de gros
calibre et de torpilles.
L'envoyé coréen est reste impassible et n'a manifesté un peu.
d'étonnement qu'en chemin de fer. Sa suite a éprouvé quel-
que frayeur au fracas de la grosse artillerie. L'ambassadeur a
montré aussi fort peu d'empressement vis-à-vis des ministres
étrangers, marquant par là que son pays n'est point disposé à
entrer en relations avec les peuples d'Occident.
C'est la première fois, croyons-nous, que la Corée envoie un
ambassadeur en pays civilisé. Toutes les années, rappelons-le
pôurtiinl, un envoyé coréen, suivi de deux cents personnes,
officiers, serviteurs et mandarins, se rend à Pékin pour y por-
ter le Iribut de la Corée à la Chine. Le voyage, qui dure trente
jours, se fait avec des chariots, en contournant le golfe de Liao-
Toung. Les marchands apportent, des quantités de ce fort pa-
pier coréen qui sert de carreaux pour les fenêtres ; ils appor-
tent aussi des étoffes de colon très-serrées et quantité de poudre
d'or. Les marchands sont habillés en calicot blanc et les grands
personnages de la caravane portent des vêtements en soie de
couleurs claires. La plupart ont des chapeaux à larges bords,
dont les fines tresses de bambou, vernies en noir, sont reliées
par dos crins de cheval. Quelques-uns ont comme coiffure des
sortes de filets eu crins de cheval admirablement tressés.
Le traité entre lu Corée et le Japon stipule qu'un petit port
coréen, Fousan, sera immédiatement ouvert au commerce ja-
ponais et que deux autres le seront une vingtaine de mois à
à partir de la signature du traité. Les Japonais auront le droit
de' dresser une carte hydrographique des côtes coréennes, et
chacun des deux pays se fora représenter auprès de l'autre.
Le Japon a reclierché quels produits il pourrait bien recevoir
en échange de ses soies et de ses thés, qu'il compte introduire
eu Corée ; n^ais la presqu'île coréenne est encore à peu près
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494 ASIE. S<»- 837-867
inculte et les montagnes y sont même dépourvues de forêts.
Le tabac, le riz, le sésame oriental sont les seules productions
végétales du pays. On ne connaît, jusqu'à présent, que des
mines de fer et des mines de charbon. Ce dernier produit, eu
raison de la pénurie de bois, y vaut un prix élevé et le
chauffage est d'une cherté extrême. Les Coréens ont d excel-
lents bœufs et des porcs d'une taille extraordinaire. La mon-
naie d'or n'existe pas en Corée et la monnaie d'argent y est
fort rare. L'unité monét^iire est le dzen, qui vaut une très-
petite fraction de centime. D'après le correspondant d'un
journal japonais auquel ces détails ont été empruntés par le
Journal de Saint-Pétersbourfff les Coréens ne mangent pas
de poisson.
XV
PRESQU'ILE INMMHINOISE. BIRMANie. COCHINCNINE
868. Desgooins (l'abljé). Le cours supérieur des fleuves de Tlndo-
Ghine. Bulletin de la Société de Géographie, 1876, u<* d*août,
p. 202 à 205.
869. Heli.wald (Fried. Y0^). Hinterindische Lânder und Yôlkcr in den
Flûssgebieten des Irawaddy und Menam. Leipzig, 1876. 1 vol.
gr. 8«.
870. [L. G.)* Les eipéditions européennes dans l'extrême Orient. L'em-
pire Birman. Revue politique^ 2» série, t. X. Paris, 1876, p. Il à
19.
871 . Thomas Anquetil. Aventures et chasses dans l'extrême Orient. 3»
partie. La chasse au tigre. Paiis, 1876, 1 vol: in-18.
La région visitée par M. Anquetil est la Birmanie. 11 est regrettable qu6
l'auteur n'ait pas réuni en un volume à partd'exccUenlârenscignemenls
commerciaux et autres que renferme cet ouvrage, au milieu de récit» de
" chasse qui sont ce que sont généralement les récits de chasse.
822. TiiéoBALD (W.). On the geology of Pegu, avec 9 planches et une
carte. Memories of the Geological Survey ofindia. Vol. X, part. 2*.
875. Dlyth. Catalogue of the mammals and bii\ls of Biirmah. Journai
of the Asialic Socieiy of Bengal, part. 11» août 1870 , etc.
yGoogk
PRESQU'ILE INDO-CHINOISE. BIRMANIE. GOGIIINGIIlNE. 4Ôb
Âi^ticle critique dans ie Geographical Magazine de Markham,
187(5, n» 3, p. 73.
La faune du Birman est une réunion «ie celle de l'Indouslan avec celle
de Sumatra et de la presqu'île malaise. Cest ainsi qu*ou y trouve le lapir
malais, espèce différente du tapir américain, mais dont aucune ne se
trouve dans Tlndoustan. Puis un singe volant, le Cobego {Galeopithecu»
volans). Les mammifères volants appartiennent engcnéralà TAuslralasie,
à la Malaisie, et à quelques lies de la Mélaaésie (écureuil volant, kinkajou
volant). On en a conclu que tout cet archipel devait former autrefois un
continent.
874. I^TZBL (Fbiedrich). Ârakan unler Britischer Regierung. Glolms,
XXX, 1876, p. 284.
875. Report on the province of British Burmah in 4874-75. Rangoon,
1876, 8». Yoy. aussi Globus,W\, 1876, p. 208.
876. Handelsbericht aus Moulmeinfûr 1875. Preussich. Handelsarchiv,
1876, n- 25.
877. IIuREAD DE Villeneuve. La Birmanie au point de vue du commerce.
Lille, 1876, 8».
878. CoRYTos (F.). Trade routes between British Burmah and Western
China. Journal ofthe Roy. Geogr, Society, XLV, 1876, p. 229.
879. Net Elias. Introductory sketch ofthe history ofthe Shans in Up-
per Burmah und Western Yunnan. Calcutta, 1876, in-8.
88U. Gordon (Ch.^Alex.V Our tripto Burmah, with notes on thalcouu-
try. Loiidon, 1876, in-8.
881. Les Carians dans la Birmanie orientale et méridionale. Missiotts
Catholiques. Lyon, 1876, 8* année, p. 126, 245, 422, 545, 593.
882. Heraitd (G.), ingénieur hydrographe. Annuaire des marées de la
BasseiCochinchine pour l'an 1877. Paris, 1876, in-32 (publication
du Dépôt de la marine).
Mous empruntons à ce document des positions géographiques de la Go-
chincliine et duTon-Kin, d'après les plus récentes déterminations.
LAT. R. LONG. EST (PARIS)
Saigon (observatoire) 10«46'47'' 104'>2r00?
Cap Saint-Jacques (phare) lO^lS'^O" iOi'^A^àQ''
Ha-.\oï (lour de la citadelle) 2l«0r57" iOùHS'Hd"
Nam-Dinh (tour de la citadelle). . . . ÎO^^S'SO" 103«48'27"
Haï-I»hong (pagode de l'obàcrvatoire) . ÎO^ol'iS" lO^^ig'OS"
Hon-Dan (phare) 20'^40'03" 104«26'i:5"
883. Brossard-de Cokbigny. Carte générale de la Cochinchine française,
réduction de la carte du commandant Bigrel. Paris, 1876, 2 feuil-
les. Publication du Dépôt de la marine.
884. Morice (docteur a.). Voyage en Cochinchine pendant les années.
1873-1874. Lyon, 1876, in-8. Yoy. aussi : Bulletin delà Société de
yGoogk
496 ASIE. N- 868-913
Géographie de Lyon, 1876, 1. 1, n* 3, p. 193 ; Tour du Mande,
1876, n* 779 et suiv., et Glofmi, 1876, XXIX, p. 193, 209, 225.
Courte mais trës-iiit6re>saiite relation d'une tnTeisée de la Gocliinciiioe
de l'est à l'ouesl, entre Saigon et l'Ile riiu-coc.
885. Tirant (docteur G.). La Cochinckiae fi-auçaise. Bulletin delà So-
ciélé de Géographie de Lyon, 1876, 1. 1, n* 5, p. 433-4:>0.
886. Tr'uokg-Ylih-Kt (1*etrus). Petit cours de géographie de la Bassc-
Gochinchine, 1. 1, Saigon, 1875, ia-12.
Très-lionne petite géographie dont l'auteur est un Annamite des plus
énidits. On y trouve les noms des ports, fleuves, lies, montagnes, en an-
namite et en chinois.
887. Du même. Petite histoire de la province de la Dasse-Gochiu-
cliine. Saigon, 1875, iu-8.
Ce premier volume va de 2874 av. J. C.à 1428 de l'ère chrétienne.
888. lIoRiCE [docteur A.). Quelques mots sur racclimatement des races
humaines et des animaux dans la Basse-Cocliinchine. Revue d'an-
thropologie, V, 1874, p. 489.
889. Atmokier (£.]. Géographie du Cambodge. Paris, 1876, 8«.
M. Ayinonier, auquel on devait déjà une excellente nolice sur le Cam-
Ijodge (voy. Année géographique^ t. XllI, p. 245), nous donne aujour-
d'hui une géographie qui ue présente pas moins d'intérêt et dont la lec-
ture e:jt l'acililée par uue petite carte très-claire (l/l,3iK),000) annexée au
volume.
890. H ARMAND (docteur J.). Voyage au Cambodge. Bulletin de la So-
ciété de Géographie, 1876, n» d'octobre, p. 337 à 367.
891. Haut (E. T.). Notes sur les collections d'histoire naturelle re-
cueillies par M. le docteur Harmand pendant son voyage au Gaai-
bodge. Bulletin de la Société de Géographie, 1876, vol. de juin,
p. 663 à 6C5.
892. WisEuus (J.-A.-B.). Aantekening over verschillende volkstammen
die het Koningrgk Kambodja bewonen. Tifdschr. voor Nedcr»
landsch Indië, 1876, 1, p. 353.
893. TooRKAroMo. Les missions cathoHques d'Ânnam. U Explorateur, Ilf,
1876, p. 222.
894. BoDiLLEVAOx (ancien missionnaire). L'Annam et le Cambodge.
Parié, Palmé, 1825, in-8. Article critique ddnslai Revue politique,
2« série, Yi« année, 1876, n* 2, p. 39.
895. Handels-und-schiffahrtsbericht aus Saigon, fur 1874. Preutsisch.
Handelsarchiv, 1870, n» 15.
£96. Li'RO (H.), lieutenant de vaisseau. Cours d'administration anna.
mite. Saison, 1875, 1 vol. in-4*.
Ce cours, prorcbscpar un ofGcier d'un grand mérite, n'a été publié qa'ra
auiogiaphie et à un petit nombre d'exemplaires. 11 ebt plein d'utiles don-
nées sur riiiaiuiie et la vie soVialc des Annamites.
yGoogk
PBESQUUË INDO-GHINOISE. BIRMANIE-. GOGHINGHINE. 497
897. PuiLASTRB [lieutenant de vaisseau). Gode annamite, traduit etan>
noté. Parisy 1876, 2 forts vol. in-8.
898. Gros (J.). L'Annam. L'Explorateur, III, 1876, p. 174.
899. GoRniER (Enrico). Il Tongking, Cosmos de Guido Cora, 1876, vol.
XlX,fasc. 8, p. 281 à 291.
900. Meyniard (Charles). L'Exploration française du fleuve Rouge au
Tongkin. Bévue scientifique, 2« série, VI" année, 1876, n» 15,
p. 348 à 356.
901 . FosTPERTuis (A. F. de). L'ouverture du Tong-Kin au commerce.
L'exploration du Songkoï. Économiste français^ 1876, n» 79,
p. 728 à 750.
902. Du même. Les ressources naturelles du Tongkin, d'après une
source anglaise. Économiste français^ 1876, n« 51, p. 793 à 749.
905. RoMANET DU Gaillaud (F.). De l'origine du nom de Tong-King. £u/-
letin de la Société de Géographie, 1876, vol. de mars, p. 351
332.
904. CoRDnR [H.]. Les voies commerciales du Tong-King. U Explorateur ^
IV, 1876, p. 59.
9'i}5. Ddpuis (J.). La route commerciale française du golfe de Tong>
King à la Chine par le fleuve Rouge. V Explorateur, IV, 1876,
p. 204.
906. Lesserteub (le Père E.). Étude sur le Tong-King. Origine du nom
et Géographie physique. Missions Catholiques. Lyon, 1876, 8* an-
née, p. 201, 212, 222, 234, 247, 260, 273.
907 . Monroozier. Annam. Le Tong-JUng méridional. Géographie phy-
sique. Missions Catholiques. Lyon, 1876, 8* année, p. 82, 94, 117,
129, 141, 154, 176.
908. Preussich, Bandelsarchiv, 1876. Handels und Schiffahrtsbericht
aus Rankok, fur 1875. 1876, n» 35. — Rangoons Handel und Schif-
fahrtinl875. 1876, n»22.
909. MiKLDCBo Mâclat (N. N.). Tampat-Senang. Stazione zoologica de
punto più méridionale dell' Asia. Cosmos de Guido Cora, vol. III,
1875, fasc. II, III, p. 117-119.
»
910. Du même. Voyage dans la péninsule malaise (en russe). Isvestiïa
de la Société Imp, géographique russe, vol. XII, 1876, n« 1, part.
2", p. 46-47, avec carte.
911. Ransonhet (baron Eugen von). Skizzen aus Singapur und Djohor.
Braumchweig, 1876. Article critique par M. A. Becker dans
MitlheiL der Geogr. Gesellsch. in Wien, vol. XIX, 1876, cah. 4, p.
272-273.
912. SxiiimER (A.). Les États malais et leurs conditions actuelles. AuS'
tand, 1876, n* 11, p. 205.
l'année 6É06R. XV. 3SL^ T
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408 ASIE. N- 868-943
915. St JoHy (Horace). The Malayan Penînsuh. Geograpk. Magazine de
Markham, 1876, n« 1, p. 5 à 7.
Histoire à grands traits des colonisations et occnpations, dans ces con-
trées, des trois puissances européennes, portugaise, hollandaise et anglaise.
La presqu'île Malaise est, dans toute sa longueur, traversée par une
chaîne centrale qui descend fusqu'à la cAte dans les mêmes proportions de
pente du côté de l'est et du côté de l'ouest. Le pays est inhospitalier,
mais bien arrosé, d'une végétation luiuriante, et riche en épaisses forêis.
Les prives marécageuses des nombreux cours d'eau sont couvertes de
palétuviers, servantp comme de palissades aux demeures suî>pendues en
l'air.
La grande richesse de la péninsule consiste en mines d'étain, les meilleures
du monde entier parla quantité comme par la qualité du métal; puis.avee
un peu d'or et d'argent, divers arbres à gomme, à cire, des denrées colo-
niales, enfin d'excellents bois. De magnifiques oiseaux au plumage éblonis-
sant, qui sont aujourd'hui la proie des serpents, pourraient devenir un
article lucratif de commerce.
Les régions oôtières sont habitées par une population aux tribus les
plus diverses : ce sont les Bougnis ou bohémiens de la mer, c*esi^-dire
vagabonds et voleurs en détail; les Samsams ou voleurs en gros, les
Siamois industriels un peu mous, puis les Malais, qui les dominent tous:
ces deux derniers s'occupent surtout d'agriculture, de commerce, d'in-
dustrie et de pêche. Les Malais y ajoutent au besoin la piraterie. Mais
ils ont, dans cette spécialité, trouvé de rudes rivaux et même des en-
nemis mortels dans la tribu des Rayet-Laut, pirates ichthyophages, qui
ont adopté lu langue des Malais, adoptent souvent leur religion, mais n'ont
pas de demeures fixes. Ils construisent sur la côte des villages qu'ils
aliandonnent avec la fin de la saison de la pêche ; puis, sur des barques,
de leur construction, ils partent, au commencement du mois de mars, avec
le vent de l'est (dit « vent des pirates ») pour s'en aller écumer la mer
jusqu'au changement des moussons, en novembre et décembre.
Les États soumis aux radjahs sont, sur la côte occidentale, dn nord
au sud, ceux de Quedah, Pérak, Salangore, Malacca, Johore ; tandis
qu'à Test nous rencontrons, en remontant du sud au nord, ceux de
Pahang, Kemanan, Zingaun, Kalantan, Patani. Dans l'intérieur, enfin, on
trouve du nord au sud une troisième ligne d'États formée par le Jellalon,
le Jambole, le Sungre, l'Oujong, le Sirmenanti, le Rnmbowe, le Joiiole,
le Jehlje. et le Seganet, qui rejoignent Johore et Malacca.
Les Etats centraux qui viennent d'être énumérés, presque inconnus jus-
qu'à ce jour, sont restés indépendants, tandis que les souverains des Étals
littoraux de Quédah, de Malacca et de Johore subissent plus ou moins
l'influence anglaise. La péninsule malaise semble, du reste, destinée i
passer tôt ou tard sous la domination britannique.
Toyage du docteur Harmand.
Un médecin de notre marine, le docteur J. flarmand, s*est
fait, depuis quelques années, une place des plus honorables
au nombre des explorateurs. Doué d'une volonté et d'une santé
également robustes, il a pris comme terrain d'exploration les
yGoogL
e
PRESQU'ILE INDO-GHINOISE. BIRMANIE. GOGHINGHINE. 499
province^ cambodgiennes et siamoises mal connues qui sont
situées au nord du grand Lac, sur la rive droite du Cambodge
(no 890).
Nous ne pouvons mieux faire que de citer, à ce sujet, des
passages d'un rapport inédit présenté par M. de Quatrefages, de
rinstitut, à la Commission 'des Voyages et MismnSy con-
stituée au Ministère de l'instruction publique.
c L'espace parcouru par M. Harmand est compris entre les
15* 15' et W 50' de latitude nord et les 1Û2« 15' et 103* 40'
de longitude est de Paris. Toute cette région était restée,
à très-peu près, entièrement inexplorée jusqu'à ce jour. Notre
voyageur en a rapporté des documents d'un intérêt sérieux
au point de vue géographique.
« En etTet, lorsque Ton compare sa carte avec celle de l'expé-
dition du Mékong, dressée par Francis Garnier, on est promp-
tement frappé par d'assez grandes différences. Non-seule-
ment la carte de M. Harmand renferme des détails que ne
pouvait présenter celle de son héroïque et malheureux prédé-
cesseur, mais elle rectifie des erreurs évidemment dues d'ail-
leurs à des observations incomplètes ou à de faux rensie-
gnements. Ainsi, le Sé-lamphau ou Tonlé Répaii de F.
Garnier est figuré par ce dernier, comme coulanf directe-
ment de l'ouest à Test; en réalité, sa course est de l'ouest-
nord-ouest à l'est-sud-est. Mais l'un de ses affluents a bien la
direction indiquée par l'expédition du Mékong. On comprend
sans peine que H* de Lagrée et ses compagnons, qui sur ce
point ont remonté le fleuve sans s'arrêter, et n'ont dû jugçr
que par ouï-dire, aient pu être incomplètement renseip[nés.
« M. Harmand a remonté Sé-lamphau jus(|u'à sa source dgn^
les montagnes de Dong-rec (Kmer) ou dç Phu-dep-rQuang (Lao) ;
malheureusement cette rivière, assez considérable à son pnj»
bouchure dans le Mékong^ et quj semblait; devoir ouvrir au
commerce une vqie norivelle pénétrant au coepr des contrées
riveraines un peu au-deçsofis des cataractes de Kong, ce3se
d'être navigable à une distance fort courte de son embouchure.
500 ASIE. N- 868-013
Après quelques heures de pirogue, notre voyageur dut aban-
donner la voie de la rivière, et c'est par terre qu'il poursuivit
sa route jusqu'aux monts Dung-rec, qui séparent ce bassin de
celui du Sé-mun.
a Le Stung-sen a été, de la part de M. Harmand, l'objet de
rectifications analogues à celles que je viens d'indiquer : sur la
carte de F. Garnier, cette rivière est figurée comme débouchant
seule dans le premier bassin ou bassin oriental du grand lac;
H. Harmand y ajoute deux cours d'eau et un troisième dont l'em-
bouchure est dans le goulet qui réunit les deux bassins. Quant
au Stung-sen lui-même, la carte des explorateurs du Mékong
le représente comme formant une légère courbe simple, dont
Taxe est à peu près nord-est-sud-ouest. Telle est, en effet,
l'orientation delà moitié inférieure de la rivière; mais près
de son milieu elle s'infléchit assez brusquement vers le nord-
nord-ouest et se dirige presque directement du côté des monts
Dung-rec, où elle paraît prendre sa source. Dans cette partie
de son trajet, elle reçoit divers cours d'eau. Le plus considé-
rable vient du nord et atteint, soit par lui-même, soit par des
afQuents, le voisinage du Sé-lamphau. Le point de partage des
eaux, par conséquent le faîte qui sépare le bassin du Mékong
du bassin des lacs, se trouve dans une grande et belle forêt
marécageuse qu'a traversée M. Harmand. Bien avant d'avoir
reçu ces affluents, le Stung-sen est une rivière considérable.
Notre voyageur Ta traversée à peu près vers le premier cin-
quième de son cours, et le lit avait déjà 80 mètres de large.
« Une rivière qui semble devoir être aussi importante que le
Stung-sen est le Stung-khinit ou Stung-baroung, qui se jette
dans le canal de communication placé entre les grands lacs et
le fleuve. Cette rivière ne figure pas sur la carte de F. Garnier.
Du reste, M. Harmand ne l'a pas visitée, et l'itinéraire de
M. Garcerie ne la coupe que sur un seul point. C'est encore
dans une grande forêt , probablement analogue à celle dont je
parlais tout à l'heure, que se fait le p:irtage des eaux entre les
petits bassins de cetle rivière et de la précédente.
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PRESQU'ILE INDO-CHlNOiSE. BIRMANIE. COCHIKGHINE. 501
cLa earte de H. Harmand renferme bien d'autres détails qu'il
pourrait être intéressant de signaler ; mais je crois en avoir
dit assez pour que la Commission apprécie la sérieuse impor-
tance de cette partie des travaux de notre voyageur.
< L'expédition à travers les contrées que je viens d'indiquer a
été très-difficile et très-rude pour M. Harmand. Son compagnon,
M. Godefroy, ancien aide-botaniste au Muséum, avait dû ren-
trer précipitamment en France pour cause de santé; M. Har-
mand restait seul. Il n'avait pu se procurer comme interprète
qu'un Annamite fort peu au courant de la langue française et
ne parlant que sa langue et le cambodgien. Deux autres Anna-
mites et un Chinois composaient le reste de son escorte, dbnt
il a eu souvent à se plaindre. Tant qu'on remonta le Cam-
bodge, on en fut quitte pour des ennuis et des retards, mais,
une fois parvenu dans l'intérieur, le voyageur et ses compa-
gnons eurent parfois à souffrir de la faim; la chasse, à laquelle
M. Harmand pouvait seul se livrer, devint leur ressource la
plus assurée; mais le gibier se faisait souvent désirer, et quand
on le rencontrait, le naturaliste avait parfois le regret de voir
les plus beaux spécimens dont il aurait voulu enrichir ses col-
lections, mis en pièces par sa suite affamée. »
•XVI
ARCHIPEL MALAIS
9 14. Transactions de la Société des sciences, lettres et beaux^arts de
Batavia (en hollandais). Batavia, ia-4.
Le Tolume XXXVlf, 1875, renferme une Bibliographie complète des
Inde» orientales néerlandaises, depuis iGS9 jusqu'en 1870, par J. A. vau
der Chijs.
915. F. T. TnoM9oy. Marco Polo's six Kingdomsor Ciliés in Java minor
or Sumatra, identified in translations from the ancient Malay An-
nais. Proceedings ofihe Roy. Geogr, Soc,, 1876, wl. XX, n» III,
p. 215 à 224.
916. Mëessën (F. A.]. Indiech Album, 250 Photograiieu in der Oost-ln<
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502 ASIE. N- 914-940
dJschen Archipel naar de Matur. AmaierdamyF, H. Bussy^lSTO.—
Article critique dans Geogr, Magazine de Markham, 1876, n** 6>
p. 165.
917. Metzger (E.). De werkraamheden van den geographischen dieost
in Nederlandsch IndiS. Tijdschr. van ket aardrijksk, Genootsch.
te Amêterdam, II, 1876, p. 32.
La iriangnlalioD des Indes orientales néerlandaises a commencé en
1851, en m&me temps que les déterminations astronomiques et baro*
métriques. Cest un travail immense pour des pays tels que Sumatra
dont Tintérieur, sur de grandes étendues, n'est soumise que nominale-
ment. Après vingt-cinq ans de travail, on paraît avoir reconnu que le
personnel attaché à ces deux services était insuffisant. G*est ainsi qu'en
n'a pas même terminé la triangulation de Java, ou, si la plus grande
partie du travail est faite, on n'a pas du moins relié encore complète-
ment les trois sections Java ouest, Java est, Java central, entre lesquelles
^ on avait réparti les opérations. Quant aux autres lies, surtout 'Sumatra,
le travail est fort peu avancé et on songe à une réorganisation de ces
services.
918. Cordes (F. W. H.). De Djati-Bosschen in Nederlandsch Indiê. —
Tijdschr. van het aardrijksk. Genootsch. te Amsterdam, 1, 1875,
p. 269.
Les forêts de Djati sont très-importantes 'pour les colonies néerlan-
daises. Djali est le nom que, dans les îles de la Sonde, porte Tarbre de
T^ {Tectonia grandis), pour la construction des navires. Le tèk ou djati
fournit de solides cuirasses.
919. Ybrbeek (R. D. m.). Barometrische Hoogte Taiel voor Nedarlandsch
Indiê. Tijdschr. van het aardrijksk. Genootsch. te Amsterdam^
1876, t. II, n» 3, p. 150.
Tableau de hauteurs barométriques, en millimètres, calculées pour les
Indes néerlandaises, avec les hauteurs correspondantes en mètres, depuis
580 millimètres (2187- ,4) jusqu'à 763 millimètres (— 31-,5). Ce tableau a
été calculé pour rectifier celui qu'a donné l'ouvrage d'Holtsche, dans le-
quel les valeurs adoptées étaient trop basses.
9^0. ScHiŒmER. Geologische Uebersicht ûber den HoUândiscben Ost-
indischen-Archipel. Jahrbuch der K. K. Geologisch. ReichsanstaU
in Wien, 1876, XXVI, p. 113.
921. Bas (F. de). Raarten De Residentie van Java en Madœra. Amster-
dam, 1876, in-4.
922. Veth (P. J.). Java. Geographisch-etimologisch, historisch. Haar-
lem^ 1875. Article critique dans Geograph. Magaûne de Marl^
ham, 1876, n» 1, p. 18-19.
923. FoxTANEAu. Le port de Batavia, trad. en extrait du journal anglais
Engineer, dans la Revue maritime et coloniale 1876, t. XLII,
p. 635-637.
924. Verbeek (R. D. A.). Over de Géologie van Java. Tïjdschrift van
het aardrijksk. Genootsch, te Amsterdam, 1876, n*7, p. 291.
yGoogk
ARCHIPEL MALAIS. 503
Deux faits curieux domineal la géologie de Java qui est presque iden-
tique à celle de Bornéo et de Sumatra.
A côté des terrains primitifs, de transition, et de terrains dyasiques,
juanquent les autres terrains secondaires (triasiques et jurassiques), et,
parmi les tertiaires, ceux de la formation crétacée. Au dyas succède
brusquement la formation éocène.
Le deuxième fait est relatif au côté pratique de la question. La houille
ne se rencontre pas dans le terrain carbonifère proprement dit (dyas), ce
qui du reste ne doit pas nous surprendre, mais se rencontre dans les
coilcbes éocènes.
Tous les dépôts bouillers se trouvent dans le terrain éocène, qui se
composée de trois ou quatre étages. Aux îles de Java et de Bornéo la
houille maigre et la houille bitumineuse se irouvi ni dans l'étage inférieur
de réocène, étage du grès et de la terre glai^se, tandis qu'à |Sum«tra elles
se trouvent dans [le deuxième étage inférieur, celui des marnes calcaires.
Dans le troisième étage, celui du calcaire nummulitique, on trouve par-
tout des coraux.
Dans les terrains miocène et pliocène on trouve des lignites.
Dans le diluvium enfin (terrain quaternaire) on rencontre aussi des
lignites, des minerais de chromate de fer, puis des métaux tels que de
l'or, du platine, et enfin des diamants.
Dans la dernière époque tertiaire (pliocène) et pendant toute l'épo-
que du diluvium, des éruptions volcaniques et des soulèvements ont
donné leurs formes définitives aux trois ou quatre grandes lies de la Sonde,
ainsi qu'aux mers adjacentes. Après avoir comblé des mers, en avoir formé
d'autres, après avoir soulevé et englouti des terres, les éruptions ont mis
à découvert des minerais de métaux et des pierres iprécieuses. Les mines
d'étain de Banca, Sumatra et de la presqu'île de ilalacca montrent du reste
que cette péninsule a jadis formé corps tant avec Sumatra, que par cette
lie avec celles de Java et Bornéo.
925. Bote (Giagomo). -Note di un \iaggio a Bornéo ed ascensione dei
Kini-Balu in 1873. Cosmos de Guida Cora, 187 1', vol. III, part. \,
p. 41, part. % p. 267, part. 3, p. 291.
926. Santvort (J. Schodw). Hooglemelingen van eenige Bergen in het
zuidelijk en oostelij Gedeelte van Bomeo. Tijdschr, van het dar-
drijksk. Genoolsch. te Amsterdam, II, 1876, p. 97.
Le géant de l'île de Bornéo, le Kinibalou (4200 mètres), se trouve sur
la côte nord-ouest. Les montagne!*, mesurées par M. Schouw, se trou-
vent toutes sur la côte opposée, celle du sud-est. Ce sont des cimes de pe-
tites chaînes côtières, dont la plus haute montagne, le Sœwara, ne s'élève
qu'à 1400 et quelques mètres. Mais, immédiatement derrière lui, est un
chaînon, le Buloc-Tempatoeng, dont la principale cime s'élève jusqu'à
plus de 1800 mètres. Cette progression se continue à mesure qu'on
avance dans l'intérieur; mais sur la côte opposée, celle du nord-ouist,
c'est le contraire qui se produit; les hautes cimes ne sont pas loin de la
côte, et la hauteur des massifs diminue en allant vers l'intérieur.
927. Oesterrëicuer (Tobias Frehierr von). Die Umschiffung von Borrieo
durch die osterr. corvette Friedrich. — Mittheil. der Geogr»
Gesellsck. von Wien, vol. XIX, 1876, cah. -4, p. 20Ô-228.
92S. Westpalm VAN HooRs TOT Buucu (J. eu.). Geographischen en liy-
yGoogk
504 ASIE. ^•• 914-946
drographische Aanteekingen over Atjeh. Tijdschr, veut het aar-
drijksk. Genootsch., II, 1876, p. 79.
Si les Atchinois se sont si bien et si longtemps défendus, c'est qu'indé-
pendamment de leur courage, l'angle nord-ouest de l'Ile de Sumatra
présente âes défenses naturelles de tous les côtés.
Il a d'abord devant sa pointe nord trois ou quatre îlots, entre lesquels
existe un chenal, avec des récifs, qui rendent les approches d'Atjeh eu At-
jin excessivement difficiles. Une fois à terre, on retraverse la rivière
(i'Atjin, qu'il faut remonter au milieu d'établissements bien fortiGés.
Enfin on arrive au centre du gouvernement, le Grand-Atjin, situé sur le
haut de la rivière; c'^est un ensemble de Kampongs.
Le royaume d'Atj in avait neuf cents milles de côtes, tant à ^oue^t —
c'était encore l'Atchin proprement dit — qu'à Test, sur le territoire de
l'ancien royaume, naguère trèS-puissant, de Pédir. Au milieu ^'élèvent
plusieurs chaînons de montagnes, d'où descendent une foule de rivières
côtières. '
L'intérieur, presque inconnu, est habité par les Gajos. Outre les Malais,
restes du royaume de Menangkaban, et les Pédirois (habitantsdu royaume
de Pédir, :\ l'est), le fond de la population est formé d'Atjinois-Vralies,
mêlés de Malais, ce dont témoigne leur langue. Ils sont mahométans avec
quelques usages à part. Les femmes paraissent avoir joui de plus de con-
sidérations que dans d'autres États musulmans : il y eut, depuis 1650
jusque vers 1730, plus de six sultanes occupant le trône d'Aljîn.
Dans l'intérieur du royaume d'Atjin vivent les deux tribus d'Alas et
d'Oetoe Gajos. Ces derniers possèdent tout le territoire du centre depuis
le fleuve Tamiang jusqu'au grand Atjhi. Ils reconnaissaient la souverai-
neté du sultan d'Aijin. C'e»t une tribu de Battaks qui se sont rapprochés
des Malais dont ils parlent aus<>i la langue. Ils ont adopté rislamisme.
Outre l'agriculture, l'élève du gros et menu bétail, et des chevaux, ils
• produisent le tabac et le gambir (gomme-kino).
929. Veth (prof. P. J.). De Gajo's een volksstam in de biimenlanden \-an
I Aljeh (Atchin). Tijdschrift van het aardrijktkundig Genootscliap
j te Amsterdam, vol. Il, 1876, n» 4, p. 30.
I 930. Yeth(P. J.). Het Landsdiap Deli op Sumatra. Tijdschr. van hd
\ aardrijks, Genootsch, te Amsterdam, 1876, II, n» 3, p. 152 (avec
j carte).
\ Le pays de Dell est gouverné par un sultan malais mahométan qui, en
! Wd, a reconnu la suzeraineté de la Hollande { de sorte qu'en 1864 le gou-
vernement néerlandais y envoya un résident.
La ville de Dell est située sur le Soeogoe (rivière) Deli, tout près du con-
fluent du Soengoe Mas. Elle a un bon port appelé Laboean Deli. Ce sul-
' Unat était au dix-septième siècle un Etat féodal d'Aijin et au dix-liuilièmc
' une dépendance de Siak. Le prince de Deli reçut s( ulement en 1814 le
I titre de sultan que lui conféra celui de Siak. Dès qu'il se fut mis, eo
; 1862, sous la suzeraineté de la Hollande, les réclamations vinrent de tous
les côtés, d'abord de I'Atjin, puis des princes feudataires malais et liat-
\ taks. De 1872 à 1874 la Hollande eut à lutter en même temps contre les At-
jinois et les Battaks. Mais la victoire leur resta, et après la mortdusul-
I - tan qui s'était donné à eux, ils laissèrent, en décembre 1873, monter soa
[ successeur sur le trône, en lui interdisant seulement de disposer du sol
\ pour dès concessions, qu'ils se réservèrent.
yGoogk
ARCHIPEL MALAIS. 505
l/ÉUt de Dell est divisé eo trois parties : le Deli proprement dit, le
Langkat el Je Serdang, séparés les uns des autres par des fleuves, courant
tous directement du sud au nord. Les principales cultures sont le tabac, le
bois de santal, la uoii muscade, etc. Il s'e%t Tormé en Hollande une DeU
Maatschappijf qui a commencé l'introduction des Chinois el des Coolies,
pui:> de nombreuses concessions ont été obtenues par des Suisses (Société
Helvelia), par des Français (M. Brau de Saint-Pol Lias), par des Allemands
de Munich et par des Anglais.
031. L'Expédition scientifique néerlandaise à Sumatra. L'Exploraieur,
III, 1876, p. 7.
952. Yersteeg (W. F.). De wetenschappelijke Expeditie naar midden
Sumatra. TyV/xc/tr. vanhetaardrijksk, GenooUch. le Amsterdam j
4875, I, p. 338,
953 . le même. Raart van en gedeelte van midden Sumatra, 1 : 500,000.
2 feuilles, 1876.
934. Veth (prof. P. F.). Ilet Landschap Aboeng op Sumatra. Tijdschrifl
van het aardrijksk, GenooUch. te Antslerdam, vol. II, 1876, n« 1,
p. 35-48. '
D'après le récit des résidents, reproduit par M. Veth, les Aboengs sont
des rejetons des Malais de Bantam (Java), qui s'y sont réfugiés après la
chute de ce puissant royaume, et se sont fusionnés avec d'autres» tribus
de Sumatra. Ils sont divisés en quati'e tribus dont la principale, repu-
tée aussi la plus ancienne, est celle des Koebans, baiiitant à Koela Boemi.
Cette tribu s'est formée petit à petit. Koeta Boemi est son centre, et en
cas de révolte le gouvernement tâche de mettre de suite la main sur ce
kampong (bourg), comme en 1859. Chaque kampong a son chef, dont ce-
lui de Koeta Boemi est le supérieur.
955 ScHBBiBEB (docteur A.). Die sûdlichen Batla-Lânder auf Sumatra.
' UUlheiluiigen de Peter mann^ 1876, II, 64-68 (avec carte).
L'auteur avait écrit, en 1874, une dissertation où il établit la thèse que
lés Battas et les Malais sont deux nations de même souche, comme on
peut le conclure de leurs langues, mais que leur séparation en deux na-
tions très-distinctes aujourd'hui s'est faite dans des temps immémoriaux.
M. Sclireiber donne des indications topographiques sur le pays, qu'il
connaît à fond par un séjour de dix ans.
956 Glercq (F. S. A. de). De Hoofdplaats Palembang. Tijdschr. van het
aardrijksk, Genoolsçh. te Amsterdam, 1876,11, n*3, p. 174-175.
L'État de Palembang était, avant celui d'AtjIn, le plus puissant de l'Ile
de Sumatra. Sa capitale, aujourd'hui la capitale de la.ré.^idcnce du même
• nom, est un grand assemblage de kampong» ou de petits groupes d'habi-
talions sur les deux rives du Moesi. La partie de la ville située sur la
rive gauche s'appelle Ilir et se compose de trente-sept kampongs; celle de la
rive droite, ou Oeloe, compte quatorze kampongs. Har suite de la dis|>osition
de deux ou trois rivières, de leurs ramifications naturelles ou de canali-
sation artiiicielle, presque tous ces kampongs sont des îlots entourés d'eau,
de sorte qu'on y trouve une reproduction des villes de la Hollande el de
la Frise. L'auteur donne dans sou article une petite liste do mots indi-
gènes (battas ou javanais).
yGoogk
50& ASIE. N»« 914-946
937 . MoNTEAo (don Claudio). Las Islas Filipinas. Boletin de la Sociedad
geograficade Madrid, 1876, 1. 1, n« 4 (octobre), p. 297-337.
958. Man (F. de). Souvenirs d'un voyage aux Philippines. Anvers, 1875,
in-8.
939. Centeno y Garcia (J.). Meinoria geologico-mineral de las Isias Fi-
lipinas. Publicada de Real Orden. Madrid, 1876, in-4.
940. Handelsbericht ans Gebu in archipel der Philippinen, fur 1875. —
Preusêich. Bandeltarchiv., 1876, n«» 37.
941. Lenthiolle (Vicomte de). Relation d'un voyage aux îles de la Sonde.
Rotterdam, 1876, in-8.
942. Yetm (P. F.). Geographische Âanteekeningen betreffende de Kei-
Eilanden. Tijdschr, van het aardrijksk. Genoolsch, te Amsterdam,
n, 4876, p. 92.
943. Pascœ (Grawfurd). The Island of Palawan, Geogr. Magazine de
Markham, avril 1876, p. 93.
L'ile de Palawan, appelée Paragua par les Espagnols* la plus excenlri-
que du groupe des Philippines du côté de l'ouest, est nominalement sou-
mise aux autorités de Manille. Dans la partie nord sont d'excellents ports
occupés et exploités par l'Espagne.
Il se prépare à Palawan quelque chose d'analogue à ce qui s'est passé à
Sarawak (île de Bornéo), où James Brook est devenu Radjah. Le capi-
taine W. fr. Bâte deviendra sans doute Radjah de Mallandon et fera ainsi
prendre pied aux Anglais dans les Philippines*
944. Drasche (Richard vom). Einige Worte ûber die Militârdislrikte Ben-
guet, Lepanto und Bontoc auf der Insel Luzon und ihre Bewohner.
MittkeiL der Geogr, Gesellsch. in Wien, 4876, vol. XIX, n« 40,
p. 509 à 545, et cah. 42, p, 638 à 643.
Dans l'ouest de l'Ile de Luzon, le gouvernement espagnol a constitué
trois districts qui sont, du sUd au nord, Benguet, Lepanto et Bonlok;
chacun d'eux est placé sous une administration militaire séparée. En
oiilre, il y a un capitaine dans chaque rancheria ou grande agglomé-
ration d'indigènes. Un voyageur autrichien, M. Drasche, a eu la bonne
chance de trouver un compatriote, H. MaDoel Scheldua^el, clans le
gouverneur militaire de Benguet. Son voyage, même au milieu des plus
sauvages tribus, s'est donc passé très-facileioent.
M. Di-asche distingue cinq tribus ou groupes :
1. Les Indiens, nom donné aux Malais devenus chrétiens. Ils ont oublié
leurs antiques coutumes jusqu'à leur langue maternelle, dont M. Drasche
a pu cependant se procurer un alphabet. Ils passent leur temps à fumer,
à assister aux processions et aux combats de coqs.
2. Les Tingianes. Celle tribu tranquille, mais qui ne manque pas de
valeur physique, se trouve de préréience dans les districts de Benguet et
de Lepanto. Les Tingianes sont agriculteurs et dompteurs de chevaux;
ils chassent le sanglier, le chevreuil, le cerCet le butfle avec des javelots
et des chiens. Parmi eux vivent un certain nombre d'Ifolotes ou Igorroles
pacifiques, qui subissent, comme les Tingianes, TinHueuce dfeMulais chris-
tianisés. Ils cultivent le riz monlaguai-d, le tabac, les pommes de terre.
yGoogk
ARCHIPEL HALÂIS. 507
Ik croient aux bons et aux mauvais esprits, à la migration des âmes et
vénèrent les vieux arbres. Ils se sculptent, à leur usage, une idole {Anito),
qu'à l'occasion ils font consulter par de vieilles femmes, en dansant au-
tour. Si l'oracle rendu ne s'accomplit pas, ils percent leur Anito à coups
de javelots, le jettent à la porte et en sculptent un autre. A partir de l'âge
de trois ans, garçons et filles sont ^evés séparément, dans des huttes
particulières, jusqu'à leur mariage.
3. Les Igolotes ou Igorrotes occupent le district montagneux de Bontoc
Ce sont de véritables coupe-tétes, comme les Dayaks de Bornéo. Après
chaque expédition il y a danse et festin de cannibales, puis on se tatoue
mutuellement en souvenir de l'exploit. Dans son baîce (tablier) l'Igolole
porte toujours avec lui sa ligua (hache) à couper la tête, son hoyau de
cultivateur, et son eulata (bouclier); tous ces instruments se transmet-
tent de père en fiis, et rarement ils sont cédés ou vendus.
4. Les Balolors vivent sur la grande chaîne, dans des arbres creux. Ils ne
plantent que du tabac, contre lequel ils échangent leurs objets d'alimen-
tation.
5. Les Ibilaos, au teint blanc, passent pour descendants des compa-
gnons du pirate chinois I.imaliou, réfugié à Luzon. Ils portent les cheveux
rasés. Ils sont très-vaill^nls à la guerre et se tatouent la figure de re-
présentations de serpents et de personnages humains, avec les bras
étendus.
945. Friederich (R.). An account of the Islaiid of Bali. Journal ofthe H,
Âsiaiic SocUty of London. New séries, VIII. 4876, p. 157.
946. Veth (P. F.). Een Nederlandsch reiziger op Zuid-Celebes. Tijd--
schr, van het euirdrijkskundig Genootschap le Amsterdam, 1876,
n« 7, p. 311- 313.
Périple de l'île de Bornéo.
Le vaste et luxuriant archipel qui s'étend du coutinent a$ia«
tique au continent austral renferme Tune des plus grandes iles
du monde, Tile Bornéo, dont la géographie n*est encore fixée
que dans ses traits principaux. Une grande partie des* côtes
orientales de Bornéo n'ont même pas encore été l'objet de
levés liydrographiques réguliers. Quant à l'intérieur, on n'en
connaît guère que les parties sud et sud-est, grâce aux recher-
ches du major néerlandais Mûller (1824), et du colonel Hen-
ricks, quelques années plus tard. La région nord-ouest a été,
sur divers points, l'objet d'études par le fameux sir James
Brooke, et l'ensemble de ces notions a été résumé dans les
cartes du colonel Versteeg, le savant continuateur de l'atlas
des Indes néerlandaises commencé par l'amiral Helvill de
Garnbee. Un périple de l'île, le premier, croyons-nous, a été ac-
yGoogk
508 ASIE. N« 914-046
compli en 1875, par un navire autrichien mixte, le Friedrich^
et les Mittheilungen, de la Société I. R. géographique de Vienne
en ont donné une relation sommaire.
Arrivé le 21 avril en vue de l'îlot Bira-Birakan, à la
pointe sud-est de Tile, le Friedrich remonta vers le nord
en suivant la côte orientale de l'île, visitant le détroit de
Macassar, traversant la mer de Célèbes et doublant la pointe
nord de Bornéo, pour revenir le long de la côte occidentale,
«iprès 47 jours d'une navigation heureuse; elle ne fut cependant
pas exempte de difficultés, dans des mers mal connues, sur des
côtes où abondent les bancs de limon et les récifs de coraux.
Presque partout la végétation descend jusqu'au rivage» inter-
rompue seulement par des cours d'eau qui présentent tous
des bancs de sable prolongés souvent fort avant en mer ; ils
sont formés des détritus de terres et de matières organiques
charriés par les rivières qui viennent de loin dans Tintérieur.
La rapidité de végétation est telle, en ces climats, que quelques
années sufGsent pour transformer un banc en terre ferme ou
en îlot. Près du Tanjong Ares (cap Ares), l'un des officiers du
Friedrich a constaté Texistence d'une rivière non marquée sur
les cartes. Le pays aux environs du cap et jusqu'à l'embou-
chure du Passir, l'un des grands cours d'eau de l'île, est
tout à fait bas; le mont Balik-Papan, haut d'environ 1520
mètres, le domine. De Timor- Laut, au sud-est de Bornéo,
jusqu'à la rivière Passir, la côte offre d'excellents mouillages,
le climat est bon, les moustiques n'incommodent pas trop le
voyageur. *
Après avoir dépassé le groupe d'îlots nommé banc de Pate-
nôtres, qui occupe presque toute la largeur du détroit de Ma-
cassar, on entre dans la mer de Célèbes, qui est profonde et
qu'on traverse en ayant à sa droite le sommet du Sodiolo
(2230 mètres), dans l'île de Célèbes.
Dans la partie du littoral marquée sur les cartes marines
anglaises comme « Irès-imparfaitement connue, » \e Friedrich
put se convaincre que cette assertion est aussi bien fondée
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ARCHIPEL MALAIS. 509
qu'elle est prudente. En effet, le Sibokou, fleuve de quelque
importance, est indiqué par les hydrographes 20 milles plus à
l'ouest que sa vraie position.
Du reste, le navigateur éprouve là des surprises qui ont leurs
dangers. C'est ainsi qu'ayant quitté le Friedrich en pleine
mer, pour une excursion à terre, l'auteur delà relation à laquelle
nous empruntons ces détails retrouva ce navire à l'ancre dans
un port fermé dont la marée basse avait découvert les jetées
naturelles. Au loin s'étendaient, à perte de vue, des bancs de
coraux. t!e port recul le nom de Friedrichshafen, et des chaînes
de montagnes qui fermaient l'horizon reçurent les noms d'An-
drassj, Wûllersdorf et Pock.
Deux matelots ayant été assassinés, on pénétra, à la pour-
suite des auteurs du crime, dans une baie qui conduisit à un
réseau de chenaux tracés en pleine forêt vierge, et abrités sous
des palétii^iers et d'autres arbres immenses. Aux branches
étaient suspendus quantité de ptéramèles c^n chiens volants que
mit en émoi l'arrivée des explorateurs.
Nous ne saurions suivre le Friedrich à toutes ses es»
cales ; toutefois, il faut dire qu'arrivé à Sandawan, long golfe
indenté semblable aux ^ords Scandinaves, il rencontra, chez
les habitants, beaucoup de méfiance. Ceux-ci, en effet, prirent
le pavillon autrichien pour le pavillon espagnol, qui n'est pas
en faveur dans ces parages depuis le blocus de l'archipel Soulou
par l'Espagne. A la suite de ce blocus, Sandakan est devenu un
entrepôt d'approvisionnement pour l'archipel de Soulou.
Le reste du voyage s'accomplit à travers la mer de Soulou,
dangereuse et peu connue des navigateurs, à travers le chenal
tortueux de Mallawallé, dans la baie de Mal-Condon, lieu de
rendez-vous de Dayuks, de Soulouans, de Chinois, de Badjans,
de Malais de Bornéo, qui, tous protégés par leur longue baie
et par les massifs du Kinibalou, vivent sous des chefs spéciaux,
indépendants à la fois des sultans de Bruni et de Soulou.
Le voyage du Friedrich se termina enfin par une station à
Port-Victoria, dans la colonie anglaise de Poulo-Labouan.
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yGoogk
OCÉANIE
AUSTRALIE
947. GooDBNouGH (Commodore). Journal during his command as senior
olfîcer in the Australian station. 1875-1875, with maps. London,
1876, in-8.
048. Kennedy (Capitaine W. R.). Sporting adTcntures in the Paciûc
whilstin command of the Reindeer, London, 1876, in-8.
949. Annales hydrographiques. Renseignements sur des îles deTocéan
Pacifique. 1876, p. 189 et 375.
950. DoRKSBXFFEN (J). De outdekking van Australie. Tijdschr. van het
aardrijksk, Genootsch. te Amaterdam, U, 1876, p. 49.
L'auteur soutient la thèse dès longtemps dérendue par lui, que la dé-
couverte de l'Australie a été faite en 1606, par Willem Jansz, du navire
hollandais le Duyffken, 11 a donc repoussé et repousse encore les titres
rivaux que, depuis 1861, M. Major a fait valoir en faveur du Portugais
Emanoet Godinho de Eredia, lequel aurait fait cette découverte en 1601.
M. Dornseiffcn réfute les titres de Eredia par l'observation que c'est
seulement en 1613 que ce voyageur les a fait valoir auprès du roi Phi-
lippe 111. Les titres de Eredia ont été soutenus de nouveau en 1871, lors
du Congrès géographique d'Anvers, par M. Ruelens, de Bruxelles, mais
M. Dornseiften les repousse après comme avant ; il peut prouver qu'un
second document portugais, trouvé récemment, ne parle que de décou-
verte» à faire, et non pas de découvertes faites.
L'érudit M. iMajor s'est alors, depuis 1872, reporté aux vieilles cartes
françaises du seizième siècle. Dans l'une d'elles, tracée en 1551 par
Oronce Fine, de Briançon, on trouve, à la place de l'Australie, une im-
mense masse de terres, beaucoup plus étendue que toute l'Australie, et
sur un certain point de ce territoire on lit la légende vague de Terra
patalis. M. Major n'en tire f&a encore beaucoup de conséquences. Mais il en
,,_ .y Google
512 OCBAHFB. N- 947-983
est aatrement poor la carte de Jean Hotx, de 1549. U nous trovTOns neu
teroenl déterminés les conloors4e ee grand continent appelé Terra Am-
traliê, qui, avec TAustralie, comprenait touie rAustnIasie. A Pooest, la
ligne de la côte est coupée net au 39* degré, limite réelle du continent
d'Australie; et si au sud-est, durôté de la Tasmanie, elle est moins nelle,
elle montre néanmoins notre Australie d'aujourd'hui dégagée de ce ^rand
continent imaginaire, appelé juiiqu'alors Terra AustraHs. C'est ]k un Tait
oonfirmé dans le fameux Atlas manuscrit de Guillaume le Testu, daté de
1555, et qui appartient i la bibliothèque du Dépôt de la guerre à Paris.
951 . Ma^r (R. h.), etc. The Biscovery of Australia (Atlas universel de
Guillaume le TeStu de 1555). Geogr. Magazine de Markham, 187tf,
n» 7, p. 195-196.
952. Vermeintliche Ueberreste der Leichardt-Expedition. ZeiUchtift
der iietelUch, fur Erdkvnde zu Berlin, 1876, n* 63, p. 107.
La Zeiischrift de Berlin donnait, d'après le Daily Telegraph de Mel-
bourne (11 août 1875), les détails suivants relatifs à la prétendue décou-
verte des restes de Leichard :
« Le docteur MfiUer, de Melbourne, avait été informé par M. Edouard
Schneider, établi à Tambo sur le Barcoo River (colonie de (Queensland),
qu'on avait déterré les rester de deux cadavres adultes à proximité de
l'endroit où précédemment on avait trouvé une vieille poire à poudre,
et où quelques arbres portent l'inscription entaillée L. L. Mais ces
cadavres pouvaient être ceux d'indigènes. Plus tard, le docteur Mîiller
reçut de M. Schneider, qui est médecin, l'assurance que les restes dérou-
verts provenaient incontestablement d'hommes blancs. L'un des sque-
lettes était entier, l'autre était brisé. On avait, en outre, trouvé une Bible
suédoise et un poignard. >
Il est possible que les restes d'ossements trouvés près de Tambo
(24*>32' latit. S. et itë^^8^ longit. E. de Greenw.) soient ceux de deui
des six compagnons du docteur Leichardt. Mais le peu de re&tes qu'on
a trouvés rendront toujours difUcile de donner des conc usions sûres.
La Zeiischrift de 1875 avait, on se le rappelle, fait mention du voyage
d'un squatter, M. Tane. qui, parti de Ghampion-Bay, s'était avancé assez
loin dans l'est, à la recherche de nouveaux pâturages. En rente, il avait
appris des indigènes qu'encore plus loin vers l'est se trouvaient les os-
sements de voyageurs blancs, qui y avaient péri il y a de longues années.
M. Tane ne put pas aller vérifier le fait, mais il Ht nn rapport sur cette
affaire au gouvernement de 1* Australie occidentale.
On avait alors organisé, au commencement de septembre IR75, une
petite expédition ; elle découvrit, h la distance de 3^ milles, nn campe-
ment qui avait été occupé par des blancs, d'après le dire des indigènes.
Tont autour gisaient des ossements de chevaux et des f)ragments dé
squelettes humains.
Selon l'opinion d'un voyageur bien connu, M. John Forrest, ces reste»
proviendraient de l'expédition Austin (1854); peut-èlre aussi les ossements
des chevnux proviennent-ils d'animaux abattus à cette place et les sque-
leiies sont-ils des débris de quelque festin de cannibales.
Des indigènes ont raconté aux voyageurs d'une autre expédition,
qu'après des privations inoaies, les compagnons de Leichardt insistèrent
auprès de leur chef pour qu'il entamât entln certaines provisions laissées
inUctes jusqu'alors. Leicbardt s'y étant refusé, une lutte s'ensuivit, dans
laquelle les voyageurs, divisés en deux camps, s'entre-détruisireut. On
n'entendit plus parler des survivants. C'est ainsi que les naturels
yGoogk
AUSTRALIE. 513
expU<|iieni l'eiiâteDce de deui groupes d'ossements, trouvés non loin l'Mn
de l'autre. On a cru reconnaître ceux de Leichardt à certaines particu-
larités physiques.
955 . Zur Entedeckung8geschichl« der West-Australischen Wûstc. Mil-
tfteilungen de Petermatm, 1876, 1, p. 53.
954. Greffrath (H.). Die neuèsten Entdeckungsreisen in Australien.
Zeittchrifl der Gesells. fur Erdkunde zu Berlin, 1876, n» 63, p. 161 .
955. Die Erforschung der Kuste des Golfs von Carpentaria durch Lieu-t
tenant Gonnor. Zcitschr, der Geselhch, fiir Erdkunde su Berlin.
1876, u« 63, p. 170.
Le gouvernement colonial de Queeni^Iand, ayant projeté rétablissement
d'un chemin de fer transcontinental qui devait aboutir à un bon port du
• golfe de Carpentarie, chargea le lieutenant de marine Connor d'explorer
la côte du golfe.
Celle ex])loration, faite entre Parker-Point et Bayley-Point, a prouvé
que la partie du golfe qui appartient i Queensland n'offre aucun port
convenable pour de grands navires.
« La contrée de la pointe du golfe, dit M. Connur, est si plate, si bas$e,qu'au
moment de la marée différentes rivières se transforment en un lac d'eau
fraîche, long sur quelques endroits de 500 kilomètres de l'est à Touest
et qui pénètre dans l'intérieur des terres à plus de 16U0 kilomètres. »
Dans cet état de chose:» on a pensé au Âortheru Territoi'y, et on y a
pris comme objectif Port-Darwin ou un autre port sûr, pour servir de
point de départ- et d'arrivée au commerce de Queensland. ihi raibvay;
transcoutiuental australien aurait la plus haute importance pour ïo
Northern Territory, et les contrées fertiles de Roper River et de Kallte*
rine River seraient alors bien vite mises en cuitute.
956. Greffrath (H.). Eine Forschungsreise auf dem Adélaïde River, in
Nordaustralien. ZeiUchr, der Getclhch. fiir Erdkunde %u Berlin.
1876, n« 63, p. 169.
M. A. Scott, résident du gouvernement dans le Northern Territory, côte
de l'Australie, partit le juillet 187o de Port>Darwin pour aller explorer
l'Adélaïde River.
L'embouchure de l'Adélaïde River n'étant pas bien accusée, le cutter
Flying Cloud eut quelque difficulté à y pénétrer. Sur une longueur de
plusieurs milles on navigua entre des forêts de palétuviers qui b'éten-
daient à perle de vue sur les deux rives. Le soi paraissait excellent et
susceptible d'une riche production surtout en riz et maïs. A 100 kilo-
mètres en amont de l'embouchure on rencontra, sur la rive gauche, un
cours d'eau important que les voyageurs remontèrent pendant quelques
milles. D'une chaîne de collines basses, ils purent reconnaître que le
terrain vers l'intérieur était plus accidenté, et s'approprierait bien à
l'élève des bestiaux. On rencontra fréquemment des indigènes qui men-
diaient et auxquels le résident flt de» radeaux en fariue, tabac, pipes et
couvertures de laine. Le gibier était abondant mais très-sauvage, et les
eaux éuient peuplées de caïmans. L'expédition rentrait en bonne santé à
Port-Darwin le 19 juillet.
057. Die Wiltehire Exploring Parly m ihe northern Territory of A us-
trslia. Zeilschr. der Geselhr/i. fiir Erdkunde zu Berlin. 1876,
vol. XI, n» 66, p. 495-496.
l'anxke CKOGR. XV.
^ le
, Google
M4 OCEA5IE. K««947^
958. GmartLkn (ÎI.]. Gile's ncue Forscbungsrcîsen in West-und Sûd-
Australien. MitlheiU der Grogr. Geseii. in Wieti. 1876, yoI. XIX,
n- 6 et 7, p. 372 ; n- 8 et 9, p. 490; p* 12, p. 620.
959. Da même. TrsYels in Qopflnabiid. . ZeiUehr. der GeMelÎMck. fur
ErdkmuU zu Berlin. 1876, n» 65, p. 171.
La miffiioii d*ciptaratioa dt H. VnUigan, qai iUÀX partie en 18^. est
leveona à Gooktown (Qaeeoslaiid) sans avoir tronvé de plaeen d'or. Ea
reTancfae elle croit aroir décoâvert. sur le Bodgkinson RïTer, à 100 milles
an sad-oneàl de Cooklown, des quarU aorifères et, ce qui serait plus pré-
deox encore, d'excellentes terres de labour à la diitaraoe de dôme milles
de Prineeu Cbariotte'a Bay, sous \4nfy de latitude méridionale.
Une antre exploration, dirigée par X. Hodgktason, - avait quitté, le 2
octobre 1875, Bowen dans le Queeoàlaad. Elle était équipée ponr un ao.
Son but était l'exploration de tout le pays situé entre le placer d'or
d*Elberidge el le Cloncurf River, ainsi que des contrées tout à fait
iseonniies, situées «i sud-onest de ce pays.
960. FoBftcn J.)* Journal of tlie Western .4ustralian exploring expé-
dition through the centre of Auslralia, Irom Champion Bay io
the Overland Telegraph Une between Adélaïde and port Darwin.
Journal of the Hoy..GôOffr. Society, XLY. 1875 (publ. en i876\
p. 249.
961. 6iui(Ebiib8t). Reise durdi Westaastralien in 1875. MitthrU. de
Pelermann. 1876, V, p. 177 ; VII, p. 254 avec carte.
962. Die neuesten Bntdeckungsreisen in Australien. 4<«und5*" Entdec-
kungsreisen von E. Giles. Zeilschr. der GesefUch. fur Erdkunde
zu Berlin. 1876, n» 63, p. 161.
M. Elder a fait encore les frais de ce dernier voyag« qui a duré de
décembre 1875 à août 1876. M. Giles alla d'abord directement au nord
sur Champion, puis au mont Gonid. et de là du côlé de Test vers les
sources de rAshburlon River. Tournant ensuite au nord-est. il aUcigoit
les Albert-Mary-Ranges, chaîne de collines basses, qui forment la ligne
de partage entre des rivières dirigées toutes vers l'Oues^t. M. Giiea ayant
marché de \h dans la direction est-sud-esl, sa route est parallèle à celle
du colonel Warburton, plus au nord, et à son propre itinéraire plus aa
sud. Il a retrouvé ce triste désert sans eau, dont il connaissait déjà si
bien le caractère. Cette fois-ci, cependant, des pluies un peu continues
remplirent d'eau les excavations naturelles ou artificielles. Néanmoins,
il se passa parfois dix jours, sans qu'on pût en découvrir. La route suivie
par M. Giles dans ce cinquième voyage est un peu plus accidentée que
celle da voyage précédent, mais moins que la route suivie par Forrest.
M. Giles arriva sar le lac Eyre, dont il détermina la côte nord et le
6 août 1876 il rentrait à Adélaïde.
Pendant re;ipédition, la température (Vit assex basse. L'ophthalmie fit
beaucoup souffrir les explorateurs. On ne rencontra d'aborigènes que dans
les montagnes Petermann et au mont Gould ; les relations n'eurent aucun
caractère d'hostilité. M. Giles déclare que sans les ehmieaux il n'aurait
jamais pu accomplir son voyage. Ils avaient été prêté* par H. Elder qui
entretient dans son domaine de Beltana un parc de. plus de six cenU
chameaux.
yGoogk
AUSTRALIE. 515
963. Outlines of the politîcaï and physîcal geography of Australia, Tas-
mania and New-Zealand. LondoUy 1876, in-l2.
964. Naumann (Doctedr F.). Ueber Austi»alien und Malaisien. Zeitschr.
des Geselhch. fur Erdkunde zu Berlin. i«76, t. XI, n» 62, p. 437.
L'auteur accompagnait le navire allemand Gazelle pendant son grand
voyage de circumnavigation.
9C5. FoNTPBBTDis [Â. F. de). Lcs sept colonies australasiennes et leur
situation actuelle. Économiste français. 1876, n* 20, p. 626-^26.
966. Greffrath (Henry). Statistik der Australischen Golonien bis auf
1875. Zeitschr. der Gesellsch. fur Erdkunde nu Berlin. 1876,.
n* 63, p. 17. — Tov. aussi Mittheil. der Geogr, Gesellsch. in
Wien. 1876, n" 6 et 7.
Excellent résumé statistique dont l'auteur est évidemment fort au cou-
rant des questions australiennes.
967. Du même. Die Australischen Colonien Queensland, Sfidaustralien
und Neusiidwales. Zeitschr, der Gesellsch. fur Erdkunde zu Ber~
/i». 1876, t. XI, n» 63. p. 171.
968. Du même. Die Colonie Tasmanien. Geschicbtliche Kiickblick und
slatistiscbe Uebersicht. Globus, XXX, 1876, p. 205.
969. Du môme. Die Colonie Westaustralien. Globus, XXX, 1876, p. 254,
266.
970. Harcus (yf.). South Australia, its history, resouroes and produc-
tions. Illustrated from photographe taken in the Colony, with
maps. London, 1876, in-8.
971. BooTHBY (Jôsiah). Statistical Sketch of South Australia. Published
by authority. Wilh maps and tables. London, 1876, in-8.
972. Collet (J.-N.). L'avenir du commerce français en Australie.
L'Explorateur, III, 1876, p. 465.
973. Preussisch. Eandelsarchîv. 1876. Neu Sûdwales. Bericht aus
Sydney ûber die Wirthctafftlichen.und Handelsverhfiltnisse der
Australischen Golonien iiberhaupt lûr 1873-74 und 1874-75.
Année 1875, n« 53. Année 1876, n* 28,
974. Ihid. Bericht aus Sudaustralien ûber Prodoktion, Handel und
Schiffahrt im J. 1874. Année 1876, n" 13.
975. Ibid. Bericht liber Handel und Volkswirtschaft der Kolonie Yik-
toria lûr 1874. Année 1876, n- 59.
976. Verminderung der Ooldminen in Victoria und I^euaeeland. Mit-
theilungen der Geogr, Gesellsch. in Wien. 1876, n*' 8 et 9, p. 490.
En Australie, comme en Nouvelle-Zélande, on a constaté la diminution du
rendement des placers d'or. Dans les quatre premiers mois de 1876 on
n'a plus exporté de la colonie Victoria que 187 631 onces * d'or, au lieu
* 1 once. >= kilog. 0,051.
yGoogk
516 OCÉANIB. N»- 947-983
Ac 273010 onces qui avaient été exportées en 1875, pendant la même pé-
riode.
Pour la Nouvelle-Zélande, le rendement des placera d'or de l'année 1875
avait été de 97 591 livres sterling (2439775 fraDcs) moindre qu'eai814.
Depuis le !•' avril 1857, époque de leur ouverture, jusqu'à la tin de 1875,
les placera de la Nouvelle-Zélande ont Toumi un total de 7 95^)295 ODces
d'or représentant une valeur de 30984 786 livres sterling (774619t>j0
francs).
977. ÂBBAT. Periodicity of the Freshwater lakes of Australia. MUthel-
lungen de Petcrmann, 1876, X, 309.
La Nonvelle-Gallcs du Sud a deux lacs inégaux, le lac Georges et le lae
Batliur»t, qui présentent le phénomène d'un agrandissement et d'un ra-
petissement périodiques, et même d'une disparition complète. Le plus
grand, le lac Georges, long de 38 kilomètres et large de 11, avec une
profondeur de 6 à 8 mclrcs, n'existait pas en 1852, mais, d'après tous lo>
indices, il devait exister il y a cent ans. A sa réapparition en 18a3. il
était moins étendu. La cause de ces phénomènes est attribuée au dé-
boisement et au reboisement des terrains environnants.
978» FoRRisT (J.). The natives of central and western Australia. Journal
oftlie ahthropological Institute. 1876, V, p. 316.
979. Grefteath (H.). Die Eingebornen der Kolonie Sûdaustralien. Mil-
theilungen der Geogr. Gesellsch. in Wien. 1876, vol. XIX, n* 8 et
9, p. 479 à 481.
Les indigènes australiens parais-scnt voués à une extinction plus ou
moins prochaine. Après la disparition de ceux de la Tasmanie, voilà une tribu
de l'Australie méridionale, qui. en 1R42, comptait encore 5200 Individus et
qui, aujourd'hui, est réduite à 500. Celte tribu est celle des Narringeries, à
Point-MacJeay, Lake Alexandrina. Ce sont précisément les tribus qui
adoptent le plus volontiers les mœurs et la civilisation européennes, qui
sont dans le voisinage des stations du gouvernement et des missionnaires,
dont l'amoindrissement marche le plus vite. On a beau leur distribuer
des couvertures de laine, des céréales, des médicaments, rien n'y fait. La
rougeole, la petite vérole, la phtbisie tuberculeuse exercent parmi eux
d'afltreiix ravages. Leur constitution particulière paraît rebelle à leffet des
remèdes. Puis le nombre des naissances diminue. A la station des mis-
sions luthériennes de Kopperamanna, oiî plus de cent indigènes trouvent
du travail et un abri, il n'est pas né un seul enfant dans toute l'année 1875.
Dans toute la population indigène de l'Australie méridionale, on a
compté, en 1875, 140 décès et seulement 52 naissances. On ne peut re-
procher à ces indigènes qu'un penchant à la boisson, moins fort, cependant,
que chez les blancs de la colonie. Le gouvernement colonial a créé, pour
les indigènes, des réserves de 900 milles carrés anglais et les a placées
sous le contrôle des quatre missions luthériennes de Point-Macleay, Point-
Pierce, Pounindie et Kopperamanna.
Lors du recensement du 8 avril 1861, on trouva, pour toute la popula-
tion indigène de l'Australie du Sud, le chiffre de 5046 têtes (2642 hommes
et 2404 femmes) ; puis, dans celui du 2 avril 1871, on ne constate plus que
3572 têtes (1833 hommes et 1839 femmes). Le 27 mars 1876 eut lieu un
nouveau recensement qui ne donne plus que 2000 indigènes à peu près.
Cette progression amènera l'extinction totale des Australiens avant vin^rt
ans d'ici.
yGoogk
AUSTUALIE. 517
980. On the Aborigines in South Australia (from tlie Annual Report of
Ihe Subprotector). Miitheilungen de Petermann» 1876, X, 400.
981. Aussterben der Eingebornen von Tasmanien. Mitth. der Geogr.
Gesellsch. in Wien. 1876, n"8 et 9.
Le mois d'avril 1876 a vu s'éteindre le dernier représenlant dos indigè-
nes'de ]a Tasraanic (Terre van Diemeo). C'était la veuve du roi Billy, mort
lui-même il y a quelques années. Elle s'appelait du nom poétique de Tru-
cannini, qui équivaut à celui de Lalla llookh. Elle avait atteint l'âge
de 73 ans, très-inusité chez les indigènes australiens.
982. KiEPERT (Heinrich). Physikalische Schulwandkarten n* 8. Der
Grosse Océan. 8 Bliitter. Berlin, 1876. Voy. Geogr» Magazine de
Markham. 1876, n» 4, p. 103.
Le professeur Kiepert a publié une série de grandes cartes murales des
diverses parties du globe.
983. Brodgh Smtth (R.). First sketch of a geological map of the whole
Australia. Scale 1 : 7,00).O0O. Melbourne, 1875. — Article d'an-
nonce critique dans Geogr, Magasine de Markham. 1876, n" 6,
p. 167.
^ Il
NOUVELLE GUINÉE
Eu devenant l'objectif de nombreux voyages, la Nouvelle-Guinée Cbt de-
venue aussi le sujet de nombreux travaux. S'il eût fallu donner ici la liste
de tous les articles écrits sur ce pays, dans le courant de 1876, notre biblio-
graphie aurait certainement compté trois fois plus de numéros qu'elle n'en
compte. Rappelons que l'excellent recueil de M. Guido Cura, le Cosmos, a tenu
ses lecteurs particulièrement au courant des explorations en Nouvelle-Guinée.
984. Ledpe (P. A.). De Reizender Nederlanders naar Nieuw-Giiinea en
de Papoesche Eilanden in de il^^ en 18''" eeuw. La Haycy 1875.
Article critique dans Gcograph. Magazine de Markham. 1876,
n« 5, p. 72-73.
L'ouvrage de M. Leupe est un histoiique complet des voyages à la Nou-
velle-Guinée. L'espace nous manque pour en présenter un résumé et
nous ne pouvons, sur ce sujet, que renvoyer au t. XIII (p. 266) de V An-
née géographique. '
985. Le môme. De Engelschen op Nieuvv Guinea (1792-1793). Bijdra-
gcn toi de taal-land en volkcnkunde van Nederlandêch-Indië.
3, vol. XI, 1876. p. 158.
986. Viaggi et publicazioni Olandcsi suUa ^^uova Guinea. Cosmos de
Giiido Cora. 1876, t. III, p. 8i et p. 546.
987. Bhunialti (A.). Recenti Esplorazioni nella Nuova Guinea. Bollett»
délia Soc, geograf. Ualiaha. 1876, vol. XUI, fascic. I, p. 21-38.
y Google
518 OCBANIE. N« 984-1008
998. Esploraxioni Inglesi délia Nuova Guinea. Cosmos de Guido Cor a.
4876, TOI. III, p. 79, 218. 230, 379, 452.
989. Esplorasioni Tedescbe délia Nuova Guinea. 1*> Viaggio délia go-
letta Franz; 2* Spedizione délia Gazelle, Cosmos de Guido Cora.
1876, Tol. m, p. 238-247.
990. MoRESBT (J.). New Guinea and Polynesia; discoveries and surveys
in New Guinea and the d'Entrecasteaux Islands, on Torres Strait.
H. H. S. Basilisk. With map and illustrât. London, 1876, 8\ Voir
article critique dans le Geogr, Magazine, 1876, n» 5, p. 134.
991. Bu même. Dificovery in eastern New Guinea. Jqurnal of the Royal
Geographical Society. 1875 (publié en 1876), XLV, p. 153.
992. RosBHBBRO (C. B. A.). Reistochten naar de Geelvinkbaai op Guinea
in de Jaren, 1869 en 1870. S'Gravenhage (!ji Haye) 1875, in-4.—
Article d'annonce critique dans Geograph. Magazine de Mark/iams
1876, n" 3, p. 75.
Depuis 1828, année de la fondation de la colonie hollandaise à la baie
de Triton» jusqu'à 1848, il n'y a pas eu de voyages néerlandais importants
en Nouvelle-Guinée. jEn 1850, la Circé et en 1858 YEtna, y furent eo-
voyés après cette longue interruption. H. Rosenberg, naturaliste du Tri-
ion, explora leslles papoues de Waigioa,deSaIwatti etdeMisole, dontil fît
aussi des levés. Nommé gouverneur de Ceram il ût un deuxième voyage,
de décembre 1868 à juillet 1869, explorant Dpré, Mafour, les lies Schou-
ten, les Ilots de Jappen et Moosnœm en face la baie du Geelvink, puis
Ândaï dans la grande île, d'où il retourna à Ternate. En janvier 1870 il fît
un troisième voyage à Andaï, à la baie de Geelvink et à Hattam.
L'ouvrage ci-dessus renferme tout d'abord le récit des divers voyages de
M. Rosenberg, rédigé par le professeur Schlégel et par M. Robidé vander
Aa. Il donne des vocabulaires de quatre ou cinq idiomes.
En 1871 un voyage en Nouvelle-Guinée fut fait par le Dassoun avec
quelques botanistes. Le Dassoun y retourna eo 1872 et H. Coorengel qui
le commandait explora Ounis, le golfe de Mac-Cluer et le groupe des
Schouten.
Le 20 septembre 1875, enGn, le gouvernement néerlandais décida l'ex*
pédition du Sœrabaya, dirigée sur les alentours de la baie de Humboidt.
993. Gambiaso (L.) et Loterà di Maria (G.). Esplorazioni della Vettor
*Pisani in Nuova Guinea, 1872-1873. Cosmos de Guido Cora, t Ilf,
1876, p. 77 et 107.
994. Kan (CM.). De Reisder Sœrabaija, naâr,Nieuw Guinea, 1876, mit
kaart. Tîjdschr. van kel aardrijksk. Genoots. 1876, n» 3, p. 175.
' Le voyage du Soerabaya avait surtout pour but de recueillir des nou-
veaux détails pour une carte de la côte nord de la Nouvelle-Guinée et de
régulariser les conditions de la possession de cette partie du pays par la
Hollande.
Le Soerabaya a visité de nombreux points que n'avait vus jusqu'ici
aucun Européen, tant dans la grand» île^ que dans les îlots et les archi-
pels environnants; ce sont Moom, Seroul, les îles de Hou, Amberpoun,
Wandammen, les baies de Sadipié, Auek, Saonek, Waigiou, etc.
yGoogk
NOUVELLE-GUINÉE. 519
D'autres localilés connues, mais.malrQlevéçs. et non encore inscrites
sur les cartes y figureront désormais correctement. Ce sont les rades de
Samate, d'Ansoes, d'Andaî, ]es baies de Seroe'i, etc.
995. Miklucho-Macklat (N. N.)- Esplorazioni délia Nuova Guinea. Ço«mo«
de Giiido Cora. 4876, t. III, p. 78 et 544.
906. Becciri (Odoarih))j Lettere ed esplorazioni délia Nuova Guinea.
Cosmos de Guido Cora. 1876, t.' III, p. 73, 216, 305, 343, 364.
997. Petebminn (docteur A.}. Flussfahrten in Sûdlichen Neu-Guinea.
Miftheilungen de Pelermann, 1876, n" III, p. 84. Yoy. aussi :
MUtheil.der Geogr. Gesellsck. in. Wien. 1876, p. 167:— Yelrhand.
der Gesellsch. fur Erdk. zu Berlin. 1876, p. 66. — Entdèckung
des Mai-Kassa Stroms durch Mac-Farlane und Slone.
998 . MACFARr.ANE (Rev. S.). Ascent of the Fly River, New Gninëa. Proceed.
of the Royal Geogr, Society. 1876, t. XX, n« lY, p. 255-266.
999. Stoke (Octavios). Diacovery of the Maïkassa or Baxter River, New
Guinea. Proceedings of the Roy. Geogr. Society. 1876, t. XX,n<»II,
p. 92.
4000. Du même. Letter on his explorations in the interior of New Gui-
nea, from Port Moresby. Proceed, of the Roy. Geogr, Society,
t.XX,1876, p. 266.
1001. Du même. Description of the country and natives of Port Moresby
and neighbourhood, New Guinea. Proceedings ofthe Roy, Geogr,
Soc. 4876, vol. XX, n- 4, p. 330-343.
4002. Albertis (L. H. d'). Lettere ed esplorazioni deila Nûova Guinea.
Cosmos de Guido Cora. 4876, t. III, p. 80, 06, 221, 'm.
4003.ALBBRTI8 (L. M. d')* Renaarks on the natives and product^ of the
FJy River, New Guinea. Proceed. of the Roy, Geogr, Soc. 4876,
t. XX, n" 4, p. 543.
4004. WiLLEMŒs-SuHic (R. vos). Ueber die Eingebomen Neu-Guinea's und
der beoachbârten Insein. ÀrcfUv* fur Anthropoiogie.- 4976^ p. 59>
4005.Gill(W. Wyâtt). Life in the southern Isles. scènes and incidents
in tbe Soaih Pacific aod New Guinea. With maps and illustr.
London^ in-46, 4876.
4006. Nadmann. Ueber Land und Leute an der Mac-Cluer Bay, Neu Guipea,
und in Mélanésien. Zcitschr. fiir Ethnologie, 8U»ungsberiûhte,
t. VlII, 4874,p.67. • ,
1007. Habselt (J. B. van). Ueber die Papuas, von Neu-Gulnea. MitBemef-
. kungen von Virchow. Zeilschr, fiir Ethnologie, Sitzungsb&richte,
t. YIII, 4876, p. 62.
4008. Veth (P. J.). Geographische Aanteekeningen betreffende de Kei-
Eilanden, met een kaartje. Tijdschr, van het aardrijhsk. Ge^
uooUch, 187(», vol. n, n" 2» p. 92-96.
yGoogk
j20 OCK.Vr<IE. ÎS^'UHi-imiS
Bien que le l«tit ardiipel d« Kei, sHué au »4idM>uo4t de la Nouvelle-
Giiinée, disparaisse en quelque sorte à côlé de la grande île, cepeiidaDl
il a attiré l'atteolion par suite de plusieurs circonstances.
Les lies Kei ont été, bien avant les Néerlandais, déctni^ertes par les
Portugais, qui y ont suivi les Halais. Ces dernier» parai siient y avoir de
bonne heure introduit le maliométisme, témoin les rester de la masquée
de Ooullah. Doullah est Ja capitale du groupe ocotdeatal, appelé petites
lies Kei et qui e«t composé de 'quatre ilôts.
Les Néerlandais ont, il est vrai, dirigé phisieurs expéditions aux îles
Kei, mai» le meilleur relevé de ce petit groupe est cependant dû aux Ita-
liens Cutti et Lovera, d'après lesquels M. Guido Cora en a donné une
carte dans son recueil, le CotmMt qui suit si attentivement les vo^ges
en Nouvelle-Guinée. L'intérieur des Iles est inconnu.
LMle Groot ou Loet a la forme allongée de la Nouvelfe-Caléddnie. C'est le
Challenger qui, dans sm passage, a fixé la position des caps nord et Sud
de cette lie» On n'en connaît qu'une partie des côtes: l'intérieur e^t
travefbé par un chaînon de montagnes.
LES EXPLORATIONS EN NOUVELLE-GUINÉE.
M. Macleay h la riviêi-e KaUiu.
M. AVilliàm Macleay, riche colon et naturaliste, à Sydney,
accompagne de sept ou huit botanistes, s'embarqua, ki^ mai
1875, sur le Chevert, Après avoir étudie^ pendant un mois,
plusieurs lies à l'est de Queensland, il entra enfîn dans ia ri-
vière Katow ou Katau sur la côte oc^entak de la haïe des Pa-
pous, habitée par des noirs. De nombreux troncs d'arln^es cou-
chés dans le lit de la rivière obligèrent bientôt l'embarcation à
s'arrêter. Hostiles d'abord, les indigènes s'adoucirent et en-
trèrent en échange de marchandises.
De retour à la côte, on ne put y séjourner 9 cause d'immen-
ses marais couverts de palétuviers, malsains et inaccessibles.
M. Macleay, pour se dédommager, visita ensuite la côte
opposée, c'est-à-dire la côte est de la baie des PapoHâs, et l'île
Yule d*où il remonta la rivière baptisée Ethe) par le capitaine
Moresby. Il ne fut pas plus heureuse là que sur la rivière Katau,»
et les mêmes obstacles l'arrêtèrent. Le pays est différent de
celui qu'il avait d'abord visité. Le sol est plus accidenté, et
renferme les belles chaînes des monts Tuîe et Owen^Stanley.
yGoogk
^OUVELLK-CUli^EE. 521
Les habitants, de couleur claire, sont d origine malayo-po-
lynésienne. Leur caractère est doux, ils ont même une cer-
taine culture, mais sont enclins au vol. Leurs femmes, assez
belles, paraissent être les maîtresses au logis. Ils sont très-
avancés dans la fabrication de In poterie et le tissage. Ce voyage
n'a pas été d'un profit considérable, sauf au point de vue des
collections d'histoire naturelle. Le capitaine du Cheverty
M. Edwards, qui avait déjà fait d'autres voyages, s'accorde
avec M. Macleay pour penser que la grande île est par tout peu-
plée et qu'en essayant de former des colonies fixes, on se heur-
terait à la fois contre la résistance de la race jaune quelque
douce qu'elle paraisse, et contre celle de la race noire, la race
des Papous.
Les trois'voyages de M. Hacfarlane au sud de la Nouveile-Giiinûe.
i ' Le révsérend Macfarlaxie, chef de la station des Misi^ons de
Somerset, sur la péninsule d'York, à la pointe nord de la co*
lonie de Queensland, doit, en.vertu de ces «attributions, faire
tous les trois mois mi voyage d'inspection des Missions envi-
ronBantes. Il a, jusqu'à présent, dirigé ses tournées à la côté
sud et suè*est de la Nouvelle-Guinée.
Le premier vopge l'a conduit au Haï-Kassa ou Baxter River.
Parti de Somerset le 25 août 4875» M. Macfarlaue décou-
vrait, le 1*' septembre, vis-à-vis Tile Talbot ou Boïgou,
«l-embouofaure, profonde de 26 mètres, d'une ^rivière large
de IftOOinètres.-EUe était située par 9^8'. de latitude méri-
dionaleet par 142<^i8', de longitude est (Greenw.). JM. Mac-
farlaoeaddnné à cette rivière appelée Maïkassa par les indi-
gènesy le nom oie Baxter River, en l'honneur, de Miss Baxter,
qlii avait fait don à la Société des Missions de Londres in yei-
peur £{/en^oi«^n, sur lequel M. Macfarlane accomplit ses
•tournées. La rivière navigable, jusq^i'à 96 kilomètres, pour
desiiâvires de 500 tonuqs, se partie Isi en deux bras. L'un
yGoogk
522 OCÉiNlË. N<» 984-1008
d'eux, le bra& occidental, fut remonté jusqu'à 16 kilomètres,
puis VEllengowan pénétra dans l'autre bras qui, tournant au
nord-est, constitue en tout cas le bras principal. Après un par-
cours de 40 kilomètres, le vapeur se trouva de nouveau arrêté
par des troncs d'arbres.
Jusqu'à EUengowan-Junction, confluent des deux bras, l'as-
pect de la contrée est absolument celui des basses cotes de
l'Australie septentrionale, avec leurs palétuviers et leurs euca-
lyptus. A partir de là, on entre dans la. zone des palmiers, des
arbres et des roseaux gigantesques, des oiseaux de paradis,
des fleurs à odeurs vives, des plantations de tabac et de sucre.
On ne rencontra pas d'indigènes.
Son deuxième voyage, eu décembre 1875, a conduit M. Mac-
farlane au Fly River, découvert de 1843 à 1845, par le capi-
taine Evans, qui avait relevé avec son navire Fly la côte sud
de la Nouvelle-Guinée, sur une longueur de près de 160 kilo-
mètres et des deux côtés du golfe des Papous.
Ce 6it le 8 décembre 1875 que M. Macrarlane partit avec un
voyageur naturaliste italien, M. de Albertis. Il se fit, en outre,
accompagner de Mainon, chef du pays du Katau. Ce qu'avait
prédit Mainon se réali^ à peu de chose près. Les indigènes
riverains du Fly harcelèrent sans discontinuer l'expédition.
Hommes de haute stature, ils sont organisés militairement et
obéissent à des chefs parés, comme ceux des Peaux-Kouges,
d'ornements imposants ; l'expédition, toutefois, atteignit son
but. Elle remonta le fleuve assez loin et au moyen d'armes à
feu et d'explosion de dynamite, elle tint lea indigènes en res-
pect jusqu'à ce qu'ils vinssent à composition.
Le Fly fut reconnu navigable jusqu'à plus de 200 kilo-
mètres et probablement il le reste encore pendant une centaine
de kilomètres. .Jusqu^à environ 300 kilomètres les rives sont
basses, puis elles s'accidentent. Le cours inférieur du fleuve,
large parfois de cinq à sept kilomètres, est habité par des métis
de Papous et èe Malais, parlant diverses langues. Ils guerroient
les uns contre les autres.
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KOUVELlE-GUlNÉE. 523
Ce deuxième voyage, qui dura du 9 au 29 décembre, fut
très-fécond au point de vue de l'histoire naturelle.
Le troisiènîe voyage fut également fructueux, mais à un autre
point de vue. M. Macfarlane, en effet, a pu constater ce qu'avait
établi le capitaine Moresby, quanta la terminaison sud-est de
la Nouvelle-Guinée. Il a, pour la première fois, signalé de nou-
veaux cours d'eau : le Dundee-River et le Dewii t-River, les la-
gunes Shallow et Marshall, les grands ports Robertson Harbour
et Mullens Harbour, etc. 11 s'est assuré que ce qu'on avait pris,
Jusqu'à présent, pour la côte et le cap sud de la Nouvelle-
Guinée était en réalité un ensemble d'archipels. Partout la po-
pulation, assez dense, était belle, intelligente et pacifique.
Voyage de M. 0. Slone,
Dès la fin d'octobre 1875, de suite après le retour de la Mis-
sion qui avait visité leMaïkassa, M. Slone, M. Lawrance Har-
grave et le naturaliste Broadbent, entreprirent un voyage dans
le sud»est de la Nouvelle-Guinée, sur le steamer Elkngowan.
Ell« se rendit aux environs de Port Moresby. La contrée y est
trèsraccidentée, très-belle et très-fertile. M, Stone découvrit
les deux rivières Votura et Laroki, puis deux embouchures du
Manoumanou, dont un des bras se rend au Redscar Bay, l'autre
au Karo Bay. La contrée, à partir du mont Votura (365 mètres),
s'élève par terrasses de 600, 1200, 2000 mètres jusqu'au
mont OwenrStanley qui a 3900 mètres.
On y trouve l'arbre à pains, le sagoutier, le muscadier, le
manguier, l'oranger, le cotonnier, le gommier, le tabac, le
bétel, etc. Les indigènes, moins vigoureux que ceux du Fly
River, sont en revanche plus pacifiques et plus intelligent^.
Les £ammes sont décrites comme rentrant dans la catégorie de
celles que Maoleay avait vues sur l'Ëthel River. M. Stone con-
clut à la colonisation européemie de cette contrée doi^t le cen-
tre est le bourg d'Auapmata.
yGoogk
524 OCEANiK. K«984-1U08
H. d'Albertiâ à la n>ière Fly.
Après avoir d'abord exploré le nord-ouest de la Nouvelle-
Guinée (Monts Arfak), où il découvrit deux magnifiques espèces
d'oiseaux de paradis, et après avoir fait en 1874 un voyage en
Europe, M. d'Alberlis revint en Nouvelle-Guinée, en mars i875.
Il s'établit sur l'île Yule, prit p.irt à une expédition de M. Mac-
farlane, puis aclieta un bâtiment avec lequel il fit des excur-
sions nombreuses à la côte de la terre ferme.
Son bâtiment lui ayant été volé par ses propres gens, il resta
six mois enfermé dans son île, vivant de serpents grillés. De
nouveau, après avoir, en décembre 1875, accompagné M. Mac-
farlane dans son voyage au Fly River, il aclieta un bâtiment
pour recommencer ses courses. Enfin, dans le courant de
Tannée 1876, il trouva une somme de 500 livres sterling,
recueillie par quelques-uns de ses amis de Sydney. Le gou-
vernement de la Nouvelle-Galles du Sud lui accorda, de plus,
l'usage de soii petit vapeur Eéra,
Si M. d'Albertis, qui se mit en route le 21 avril 1 876, ne
réussit pas à atteindre les sources du Fly, il a du moios re-
monté ce fleuve à 560 kilomètres au delà du point où MacKir-
lane était arrivé. Là, l'hostilité continuelle des indigènes de
race jaune et la violence du courant le forcèrent] à s'arrêter :
c'était sous 5*50' de latitude méridionale et par 14*30' de
longitude orientale (Greenw.). La contrée était restée basse et
marécageuse, puis, dans les derniers 120 kilomètres de la
route, elle s'éleva jusqu'à des collines de 100 à 150 mèti*es.
On n'aperçoit de chaînes de montagnes proprement dites, que
fort loin au nord-ouest. En visitant des cases d'indigènes aban-
données, M. d'Albertis emporta tout ce qu'il y trouva d'inté-
ressant : ustensiles, armes, bijoux et vêtements (faits de che-
veux humains et de diverses sortes d'herbe), des travestisse-
ments et des masques de danse, mais surtout quarante crânes
humains des deux sexes et de tout âge. Au retour il rencontra
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ILES DU PACIFIQUE. ILES AUSTRALES, 525
<
encore, à nne distance de 64 kilomètres, un tributaire du
Fly.
Eipédition et mort du docteur James.
Dans ces régions aussi les voyages font des victimes et nous
avons tous appris la mort du docteur James, grand collection-
neur d'histoire naturelle. M. James, après avoir fait partie de
rexpédition de M. Macleay, retourna à l'île Yule pour y conti-
nuer ses explorations. Gravement malade des atteintes du cli-
naat de cette contrée basse et marécageuse, il fut recueilli par
M. Macfarlane et reconduit, en mai, à Somerset. A peine re.
mis il regagnait l'île Yule pour y recommencer ses études,
lorsque, le 25 août 1876, il fut assassiné par des naturels
d'une puissante tribu de la côte est de Robert HaU's Sound. Il
se trouvait ce jour-là sur un petit schooner suédois qui faisait
la pêche des perles. Trop confiants, le capitaine du schooner
et M. James laissèrent, sans se mettre en garde, approcher
deux canots pleins d'indigènes armés qui tuèrent les deux Eu-
ropéens à coups de massue. L'équipage du schooner réussit ù
mettre les agresseurs en fuite.
III
ILES DU PACIFIQUE. ILES AUSTRALES
lOOO.BizEHONT (H. de). Revue géographique de 1872 à 1875 [suite].
Voy. Océanie. Revue marit, et colon., 1876, t. XLIX, p. 752-755.
1010. Pailhès. Souvenirs du Paciflque. Revue politique y 5* série, 6* an-
née, 1876, n* 25, p. 592.
lOll.MuRRAT (Rev. A. W.). Forty year's mission work in Polynesia and
New Guinea, from 1874 to 1875. London, 1876. In-8.
1012. Vincent (F.). Through and Ihrough tlie Tropics. Thirty tliousand
miles of travelinPMynesia, Australasia and India. London, 1870.
In>8.
1015.Mein:cke (Docteur Carl E.). Die Insein des Stillen Océans, 2 vol.
■ DigitizedbyVjOOQlC
526 » OCEANIE. N" 1009-1032
Leipzig, 1875 et 1876. Article critique du docteur Pr. Toula dans
Mitth, der Geogr, Gesellsch. in Wien, 1876, vol. XIX, n* il, p.
597-598.
1014. BiRGHAii (F.). Die Insel Hawaï und ihreYulkane. Miltheilitngen de
Petermann, 1876, X, 361-362. Avec carte.
1015. BiRD (IsABELLA L.). Tlie Hawaiian Archipelago : six months among
the palmgroves, eoral reefs and volcanoes of the Sandwich-Islands,
2' edit. with illustrât. London, 1876. Iu-8.
1016. GoRTE Y RnA?(o Galderon (D. Felipe de la). Les îles Mariannes. Tra-
duit et .extrait de l'espaguol par Fontaneau. Revue maritime et
coloniale, 1876, t. XLYIII, p. 82-94.
1017. Die naturwissenschaft. Resuliate der Expédition S. M. S. Gazelle.
Reisen in Neu-Britannien, Neu-Irland, Neu-Hannover. ZeiUchr,
der Gesellsch, fur Erdkunde zu Berlin, V. XI, 1876, p. 135.
lOlS.Beschreibung einigcr Insein der Neu-Hebriden, und der Salomo-
Gruppe, sowie der Admiralitats Insel im Stillen Océan. Annalen
der Hydrographie, lY, 1876, p. 202.
1019. Bemerkungen ûber einige Insein der Fiji, Tonga und Samoa-Grup-
pen. Annalen der Hydrographie, lY, 1876, p. 455.
1020^.Le8son (A.). Yanikoro et ses habitants. Revue d'anthropologie, Y,
1876, p. 252.
1021.Lageder Parry-Inseln (Gook-Gruppe), der Mopelin-Gruppe und
der Scilly-Tnseln. Annalen der Hydrographie, lY, 1876, p. 201.
1022. GiLL ^W. Wyatt). On the origin of the South Sea Islanders and
on some traditions of the Hervey Islands. Journal of the Anlhro-
pological Insiitute, YI, 1876, p. 2.
1023. Jacquemart. Iles Gambier. Annales hydrographiques, 1875, p. 500.
1024. Renseignements sur quelques points des iles Marquises, sur di-
verses îles des Tuamotous, sur les Garabiers et sur File Mehetia.
Annales hydrographiques, 1876, p. 18.
1025. Heurte AU (E.). Constitution géologique et recherches minérales de
la Nouvelle-Calédonie. En extrait, par M. Delesse, Bulletin de la
Soe, de Géographie, numéro de décembre, p. 648.
1026. Chahbetrox (Capitaine de frégate). Le Grand Récif au nord de la
Nouvelle-Calédonie. Bulletin de la Soc, de Géographie, 1876, nu-
méro de décembre, p. 634.
' Très-intéressante notice but la conformation des côtes de la Nouvelle-
Calédonie. Le commandant Chambeyron est l'un des officiers de notre ma-
rine qui connaissent le mieux le littoral néo-calédonien.
1027. Mostrouzibr (Le R. P.). Note d'histoire naturelle sur les îles
Huon et Surprise. Bulletin de la Soc. de Géographie, 1876,
numéro de décembre, p. 6^5.
yGoogk
ILES DU PACIFIQUE. ILES AUSTRALES. 527
1028. Kettler (J. J.). Fortschritte in Neu-Seeland. Miltheilungen de
Petermann, 1876, n" IV, p. 128.
1029.BeinerkuDgen ûber einige Hâfen von Neu Seeland. Ânnalen der
Hydrographie, IV. 1876, p. 407.
1030. FiLHOL (H.). Constitution physique de l'Ile Campbell, mémoire
lu à l'Académie des sciences de Paris. Revue scientifique, 1876,
t. X, p. 117.
1031 .Expédition S. M. S. Gajenc.DieKerguelen. ZeitschriftderGeselUch»
fur Erdkunde zu Berlin, vol. XI, 62, p. 94.
1032. Stumr. Ueber den Thierleben auf den Kerguelen, VerhandL der
Geselhchafl fur Erdkunde zu Berlin, III, 1876, p. 159.
yGoogk
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AMÉRIQUE
I
HISTOIRE DES DÉCOUVERTES
1053. Una raemoria della scoperta dell' America. Bolleltlno dcUa Soc,
geogr, italiana, Roma, 187G, maggio (fascic. 5), p. 338-339.
1034. Francisco de Socza. La colonisation de l'Amérique du Nord en
1500, par des émigrés venus d*Oporto, d'Aveiro et Texeira; ma-
nuscrit de 1570 perdu dans le tremblement de terre de Lisbonne
de 1755 et retrouvé aux Açores tin 1875. Revue scientifique^ 1876,
t. X, p. 190.
•1055. Ferbaro (Professore Gidseite). Relazione délie scoperte fatte da
G. Colombo, da A. Yespucci e de altri dal 1492 al 1506, tratta dci
manoscritti délia Bibliotheca di Ferrara, e pubblicata per la
prima -volta ed annotata dal Prof. G. Ferraro. Botogna, Roma-
gnoli, 1875, con4 lavole di designi.
H. Gabriel Gravier a bien voulu nous remettre la uotc suivante sur cet
ouvrage, qu'il a entre les mains : « Le manuscrit de Forrare est formé en
partie des communications faites par Pierre Uartyr d'Anghiera. Il a été
imprimé plusieurs fois, sous divers titres, plus ou moins complètement et
exactement, dans la première moitié du seizième siècle; mais les exem-
.plaires de ces publications ne se trouvent plus que bien rarement, dans
quelques bibliothèques publiques de l'Italie. M. Giuseppe Ferraro croyait
même ce manuscrit absolument inédit. Sa publication met aux mains des
savants un document de la plus grande valeur. M. Cornelio Desimoni en a
fait l'objet d'une longue et savante étude qu'il a publiée dans le Giornale
L'tguêtico (auno III, fascicoli ix et x). Il y a un tirage à part. »
1056. Mdrphy (HtNRT G.). The voyage of Verazzano; a chapler on the
car ly hislory of maritime discovery in America. iVetc- l'y i-A 1875,
i'akkÉE GÉOGR. XV. 34 r^r-»r^olr>
550 AMÉRIQUE. »« 1039-1044
in-8. Voir article critique dans le Geographical Magazine de
Markkam, 1876, n» 7, p. 186.
Le Florentin Giovanni de Verazzano, au service de François I*% aurait
entrepris, en 1524, un voyage à la côt^ Ë. de l'Araérique du Nord, du cap
Roman (Caroline du Sud) au cap Breton. Les résultats de ce voyage sont
consignés dans une lettre à François I" (8 juillet 152>i). Dans l'ouvrage
dont le titre est ci-dessus, H. Murphy, attaquant l'authenticité de cette
lettre, fait de Verazzano un plagiaire de Stevam Gomez, Portugais au ser-
vice de l'Espagne, qui, en 1525, accomplit à peu près le même voyage, et
d'après les données duquel son ami, l'Espagnol Bit>ero, dressa une carte
de ces régions. Une grande autorité en matière d'histoire des voyages,
M. Major, du Briiiêh Muséum^ s'élève, dans l'article dont le titre va
suivre, contre la thèse de M. Murphy. licite comme un bon juge le docteur
J. G. Kohi, qui, dans son History of the Discovery of theEast Coastof
North America (Portland, 1869), résout la question dans un autre sens que
M. Murphy.
1037. Major. Yerazzano and fais voyage. Pall-Mall Gazette, Voy. aussi
Geographical Magazine, 1876, n" 7, p. 186 (voy. ci-dessus).
1038. CoRDEiRO (Luciano). De la part prise par les Portugais dans la
découverte de l'Amérique. Lettre au Congrès international des
Araéricanistes (Première session, Nancy, 1875). — Paris et
Lisbonne, 1876.
Dans cette lettre fort étendue, Mi Luciano Cordeiro relève, avec toute
l'érudition qu'on lui connaît, les titres des Portugais à l'honneur de
s'être préoccupés de terres situées au loin vers l'Ouest. Sa revendication
est un document fort intéressant pour la grande question de la décou-
verte de l'Amérique.
II
' AMÉRIQUE ANGLAISEi CANADA
lOSb.lEDPE (P. A.). Henry Hudson in Holland, 1608-1609. Tijdsekr.
van het aardrij/tskundig Genootsch, te 'Amsterdam^ 1876, n* 5,
p. 170.
Hudson proposa alors à la Hollapde de chercher un passage le long des
côtes de la Sibérie, jusqu'en Chine. On sait qu'il ne prit pas cette roule-là.
mais qu'il découvrit la baie immense, sorte de mer intérieure, à laquelle
il a donné son nom.
1040. Census of Canada, 1665 tol871. Recensements du Canada. (SU-
tistics of Canada. Statistiques du Canada). Ottawa, 1876.
Cette œuvre officielle du gouvernement canadien forme quatre forts vo-
lumes in-S* publiés dans les deux langues anglaise et française. C'est une
vaste compilation savamment ordonnée, présentant sous toutes ses formes
les mouvements de la population, du commerce, de l'industrie, des pro-
yGoogk
AMÉRIQUE ANGLAISE, CANADA. 531
duUs du s»ol, des divers élaJjlissements scientifiques, religieux, philanthro-
piques. Les auteurs ne se bornent pas à donner l'état des personnes et
des choses à la date de 1871 ; ils prennent la colonie à l'année 1666 et en
montrent le mouvement année par année. C'est une histoire où le chiffre
semble s'animer. Nous nous bornerons à extraire, en raison de son inté-
rêt^pour la France, le chiffre que donne le Census pour la population en
Français 1082940
Anglais 706469
Irlandais., 846414
Ecossais 349946
Indiens 23035*
Noirs 21406'
Nationalités diverses 255361
Total 3485 761
1044.RiBBACH-(C. A.). Labrador. Tijdschrift van het aardrijkskundig
Genoots. te Amsterdam, 1876, &<> 7, p. 2^1. Description sommaire
traduite de l'allemand en hollandais» par J. H. van Lennep.
Découvert en 1501 par le Portugais Cortereal qui lui donna le nom de
Labrador (terre de labour), remplacé oflicieliemenl par celui de Nouvelle-
Bretagne, ce pays a été longtemps négligé. Il est un des centres des
missions des frères moraves auxquels appartient M. Ribbach. Des voya-
geurs allemands et anglais l'explorent aujourd'hui, f/est un pays à
extrêmes températures : — 56° R. en hiver et 4-24* R. en été. Pour un tel
pays, plus f«oid que let Groenland, il faut une population d'£squimaux. Ils
y sont, en effet, au nombre de 3500, dont 1100 de chrétien^, La partie
du livre relative à cette tribu est la plus intéressante. D'après rauteùr»
tous les Esquimaux, ceux de la terre ferme d'Amérique et ceux du Groen-
land, appartiennent à la même souche. Ils sônl d'origine mongole et
ont émigré du I^. E. de l'Asie à travers les mers polaires; pendant quelque
temps ils auraient occupé tout le N. de TAmérique jusqu'au centre des
Étals-Unis, puis, s'étant heurtés avec les Peaux-Kouges dans les environs
de l'État actuel, ils auraient été refoulés jusque vers la baie d'Hudson.
1042.Handels und Schiffahrtsbericht aus Montréal fur 1874 und 1873,
n* 41. Handelsbericht aus Toronto, fiip 1875, n? 23. Preu$8.
Handelsarchiv.f 1876.
1045.Andèrso!9 (Capt. S.). On theNorth American Boundary frdm the
Lake of the Woodîs to the Rocky Qlountains. proceedUigs ofthe
Royal geogr. Soc, ofLondon, 1876, n" 2 et 3. — Geogi^aphical
Magasine, 1876, n« 5, p. 139-146. '
La ligne frontière entre les États-Unis et les possessions anglaises de
l'Amérique du Nord dans la partie centrale du continent, dc^u^s le lac des
Bois (tout près des grands Lacs) jusqu'aux Montagnes Rocheuses, avait été
établie par le traité de 1818. Pendant cinquante ans, il n'a pas été néces-
saire de relever et de délimiter e.\actemeilt sur le terrain cette ligne fron-
tière.
1. En 1765, au moment de la cession, ils étaient au nombre de 60 000. les do-
cuments anglais disent 59900 environ.
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532 AMÉRIQUE. N— 1045-1007
Hais la colootsalion <les Américains avançait le long du Bcd-RÎTer qui
prend naissance sur le terrîloire des Elats-l'nîs, et que remontaicnl île
leur côté les marchands' de pelleteries anglo-canadiens ât la Campagnie
de la haie d'Hudson et les Français de la Compagnie du Nord-One*. ainsi
que certaines tribus Indiennes, telles qu« les Chippaways. D'autre part,
diverses tribus indigènes, après avoir commis des actes dé hrigandagc
siu- le territoire des États-Unis, se réfugiaient sur le territoire anglais, et
rindccision des limites donnait lieu à des difficultés internationales; il a
fallu procéder à une délimitation régulière. L'opération a été faite par
une coraraiîjsion mixte anglaise et amériraihe et s'esl teminée au pnn-
tempp de 1875. Elle avait commencé en 1872.
1044. Die Vermessung der Grearo zwiscljen den Yereinigtcn-SUalen
und Canada. Gloimi, XXX, 1870, p. 187-200.
m
ÉTATS-UNIS
IQiS.Ejtplorations faites sous la direction du docteur F. V. Hayden,
pendant Tannée 1875, dans les territoires de l'ouest des Êtals-
. Unis. Bulleim de la Soc, de Géo^apiùe, 1870, n» tf août, p. 196-
199.
Ï04Ô. United-States geological and geograpliical Survey of Ihe Territo-
ries. Revue scienlifigue, 1870, t. X, p. 007 à 009.
1047. Topographical Atlas of United-States projected to illustrate geo-
graphical explorations and surveys west of .Ihe 100 th. meridian
of longitude, under Ihe aulhority o£ W. W. Belknap, and the direc-
tion of A. A. Humphreys and lieut. gen. M. M'heeler. Washing-
ioiXy 1S76. Article critique Geogr. Magazine de Marhfiom, 1876,
. .r0, p. 105 et 166.
1048. Publications de l'Appalachian Mountain Club dans le journal
« Appalachia. » Boston, 1876.
Au commeacement de cette anaée fut foudé à Boston leelub pour Fei'
plortttion systématique des montagnes de la MouTeHfr^Angleterre et dt>s
districts voisins. Le prcmfer miméro du recueil des travaux lie cette asso-
ciation a para en 1876. il renferme un article de J. h. Henck sur unenoo-
tollè carie de« Montegnes-Blanches (Wbite Mountain»), et ub autre de
' G^liJ'Bitchoock sur le systôme des cbaînes atlantiques en général.
i049,\VaLUMS (H. F.]. The Paciûc Tourist illustrated, transconlinenJal
Guide of travel from the Atlantic to the Pacilic Océan. Witli spécial
contributloB by ilayden, Powell, King, etc. New-York^ 1876.
lOSO.Tirginîa. A geographical àhd polilical Summary, embracbig a
description of the State, its geology, soils, minerais and climate,
by the Board of Immigration. Hichmomi, 1870, in-8.
yGoogk
ÉTATS-UNIS. 533
i05I.DoiiRAVRN(EARtof). TlîG gfeat Dividc, travels in the Upper Yel-
lowstone in the summerof 1874. London, 1876, in-8. Article cri-
tique sur cet ouvrag:e dans Geograph, Magazine 4e Markham,
1876, û» 5, p. 152 à 134.
1052. Hamilton (J. C). The Prairie province, sketches of travel from the
Lake Ontario to Lake Winnipeg, and an account of the geographi-
cal positions, civil, institutions, climate, inhabilants, productions,
trade and resources of the Red River Valley. With maps and il lus-
trations. Torottio, 1876.
1053. PixART (Alphonse). Lettres écrites de TArizona. BtttîëliH de la
Soc. rfeGéJo^r.,jmn 1876, p. 656^63.
i054.LANiER (Sidney). Fiorida : its scenery, climate and history. Lon-
don, 1876, in-8.
i055.CiiBLET (Edww a.). Nebraska, its advantages, resources anddraw-
backs. Illustrated. Lotulon, 1875. Article critique dans Geogr
Magazine deMarkltam, 1876, n» 2, p. 4445.
1056. Baker (D. W. C). A Texas scrap-book. Made up of the history,
biograghy and miscellany of Texas ajtd its people. JiewYork,
1876, in-8.
1057. Simonin (L.).. Le monde américain, souvenir de mes voyages aux
Etats-Unis. Paris, 1876, in-8. Article critique sur cet ouvrage
dans la Revue politique, 2* série, 6« année, 1876, n* 2, p. 39.
1058. Ratzel (F.). SlâdteundCulturbilder Nordamerika's. Leipzig, 1876.
2 vol. in-8.
i059.TouTAiK (P.). Un Français en Amérique ; Yankees, Indiens et Mor-
mons. Paris, 1876, in-8.
1060. Fischer (Walte» M.). The Galifornhins. Ixmdon, 1876, in-8.
1061. Bancroft (Hubert HoweO. The native Races of the Pacific States of
North America. Lotidon and New-York^ 1875. 5 vol. Article cri-
tique sur cet ouvrage dans Geographical Magazine de Markham^
1876, n* 3, p. 70-71.
Les aborigùnes de l'Amérique du Nord sont voués à ta destruction, et
c'est dans le Nord, dans les colonies anglo-germaniques que «t anéantis-
sement marché avec le plus de rapidité. Dans les Étals de rUnion, l'homme
de race rouge sans mélange est devenu un rare pliénomèoe. Uh aiâcle ne
se passera probabKtment pas avant que les Indiens ne soient refouléf au
loin dans le Sud ou loul à fait détruit?. M. Bancroft, de San Francisco, a
donc rendu à l'histoire de l'humanité un réel service, en réunissant tous
les matériaux qu'on peut posséder sur les tribus aboqgènes établies na-
guère ou vivant encore aujourd'hui dans l'ouest de l'Amérique septentrio-
nale. Ces matériaux sont pour la plupart les ouvrages originaux d'anciens
missionnaires et voyageurs qui avaient pu voir les tribus aujourd'hui dé-
truites. Pour atteindre ce but, M. Bancroft n'a reculé devant aucun sacrl-
flce; lia hii-mèrae visité les bibliothèques du nouveau et de l'ancien monde ;
il a réuni une collection de seize à div-iCiit mille volumes dont quatre col-
V
Digitized by VjOOQ IC
534 AirÉRIOTB. N»» 1068-1075
htborateurs iDtelHgr<^nf s et dévoués l'ont aidé î^ extraire rhistoire que nons
signalons au lecteur.
i062.CATLW (6.) niustratiofls of the manners and customs of the Horlh
American Indians, 2 vol. Londan, 1876, in«8.
i065.ST«TERT (A). Les réserves indiennes aux États-Unis. Bulletin de
la Soc, de Géogr, de Lyon, 1876, 1. 1, n« 5, p. 400-416.
li)64.;Gnx (Th.). The Tennessee Pygmies. The Academy, 1876, n* 195.
idQb. Preussiêch, BandeUarchifi.y 1876. Summarxsche Uebersicfat des
auswartigen Handels und der Schiffahrt der Yereinigten Slaaten
von Amerika, von 1876 bis i875, n»' 27 et 58.
1066. /6t£{. Wirtbscbaftliche Yerhâltnisse des Staates Minnesota (n* 41).
New-York's Seewerkehr in den Jahren 1871 bis 1875, und speziell
mit Deutschland in Jahre 1875 (n« 15). — Notices sur le commerce
de : Baltimore (n- 52), Boston (n» 23), Chicago (n« 18), Galveston
(n» 36), Mobile (n* 46), New Orléans (n» 26), Philadelphie (n*
55), Pittshiu'g (n- 44), San Francfsco (n- 47), Savannah (n« 37),
Wiiminglon (n« 25). .
1067. Jack^ow (J.). Les transformations du régime des eaux dans TAmé-
rique du Nord. V Explorateur, lY, 1876, p. 125.
IV
MEXIQUE
1008. LoDATo (Jose-G.). Meteorologia de Mexico. Boletln de la Sociedad
de geografia y Eitadiitica de la Republica mexicana, Mexico^
1876, t. llf , n" 1-2, p. 7 à 131.
1069. Storch (J.-B.). Eine mexikanische Bergstadt. Ans allen Welt-
theiUn, t. YII, 1876, p. 163.
1070. Baron (prof.-doct.). Ein Ausflug nach dem Popocatepetl. Zeitsckr.
der Gesells, fur Erdkunde zu Berlin, 1876, v. XI, n* 62, p. 156-
160 (avec texte.)
^071.Eine Besteigung des Popocatepetl. Globtts, XXX, 1876, p. 25. —
Yoir aussi Amland, 1876, n« 32.
1072. Mexico's production. Handel mid Industrie in Jahr. 1875, Prem-
sisch. Handelsarchiv. 1878, n" 45. — Guadalajara's Handel im
Jahr 1876. Ibid. 1876, n" 25. — Schiffahrt und Handel von Guay-
mas in Jahr 1875. Ibid. 1876, n« 37.
1073.Blondel (S.). Recherches sur les bijoux des temps primitife. —
Temps préhistoriques. — Sauvagcè mexicains et péruviens.
yGoogk
AMÉRIQUE CENTRALE. ANTILLES. 535
Vjfalvy, Revue de philologie ei d'ethnographie, 1876, t. II, !!•• 3
et 4, p. 273-311.
i074.BASTiAN (A.). Die Monameute in Santa-Lucia Gotzumal-guapa,
Zeiischr, fur Ethnologie, VIII, 1876, p. 322.
1075. GiiAREivcET (H. de). Mélanges sur différents idiomes de la Non-.
velle-Espagne, dans Ujfalvy, Revue de philologie et d^ethnogra-
phie, Paris 1876, t. II, n« 2, p. 168-187.
V
AMÉRIQUE CENTRALE
1070. Bererdt [Hermank-]. Remarks of the countries of ancient civili-
sation in Central America and their geograpbical institution.
New-York, 1876, in-8».
1077. Aube (Th.). Notes sur le Centre-Amérique. Revue maritime etco"
loniale, 1876, t. XXXI, p. 613 à 656.
1078. Teil [baron dd). Le Guatemala, la propriété et le commerce
français. U Explorateur, III, 1876, p. 34, 172, 522, 579.
1079. PoucHCT et Sadtereau. Examen comparatif des divers projets de ca-
naux inter-océaniques, par l'isthme du Darien et le lac de Nicara-
gua. Paris, 1876, in-4».
1080. Drodillet (Léon). Des isthmes américains ; projets d'une explora-
tion géographique internationale des terrains qui semblent pré-
senter le plus de facilités pour le percement d'un canal inter-
océanique, Paris, 1876, in-8*».
108I.BLANCHET (A.-P.). Le canal inter-océanique, par le Nicaragua,
U Explorateur, III, 1876, p. 362.
VI
ANTILLES
1082. Description de la isla de Puerto-Rico, por Antonio de Ilerrera, in
1582. Boleiin de la Sociedad geografiea de Madrid, 1876, t. l,
h« 6, p. 521 à 559.
1083. (J. M. P.). Isla de Cuba. Boleiin de la Sociedad geografiea de
Madrid, 1876, t. ï, n" 4 (octobre), p. 375-376.
yGoogk
535 ' AMÉRIQUE. ?!<>• 10874097
1084.PiBo\ (If.). l/ilcdeCuba, Santiago, Pu erto-Principe, Mantantar.
La Havane. Paris, i876, in-18.
1085. La situation économique et financière de Tile de Cuba. Econo-
miste franeais, 1876, n" 17, p. 515-526.
1086. H. PnESTOE. On the discoTery of a boiling lake in Dominica
Island. Proceedings of the Roy, geogr, Society ^ 1876, y. XX, n» 8,
p. 230-252.
Dans les vallées Rosea et Soufrière, sont de nombreuses soltatares
dont le Lac Bouillant est la plus gigantesque. C*est le cratère d'un ▼olcaa
eteiftt, rempli aujourd'hui par ce lac d'une profondeur couàidcrable. La
suriace est en ébuUition continuelle ; les vagues, projetées par la force
souterraine de la solfatare, s'élèvent jusqu'à deux mètres de haut. Xai^
deux torrents qui alimentent le lac se ravinant et se creusant de plus eo
pius, cesseront d'arriver jusqu'au lac, qui diminuera ainsi insensibiemeat
et Unira par disparaître tout à fait dans un avenir qui ne semble pas u-és-
éloigné.
VII
GUYANE, VENEZUELA, COLOMBIE, EQUATEUR
1087. Chabaud-Arnadlt. La Guyane française et la province du Para.
Revue maritime et coloniale, 1876, t. L, p. 410-451.
1088. Walker (W.). Map of British Guiana, etc. 1 : 440000 in London,
1876. kriicle critique ddins le Geograph. Magazine de Markluon,
1876, n« 4, p. 103-104.
1089.Dawce (C.-D.). Recollections of four years in Venezuela. With map
and illustrations. London, 1876, in-S».
L'auteur de ce livre est missionnaire, médecin et touriste. Sa relatioD,
oiJi dominent les récits d'un caractère personnel, sans intérêt pour la géo-
graphie, nous fait assister aux luttes qui paralysent le progrès en trou-
blant la stabilité des républiques du Centre et du Sud Amérique.
M. Dance a résidé de 1855 à 1858 dans la province de la Nouvelle Anda-
lousie et quelque peu dans celle de Barcelone. Une fois seulement, il a
franchi les llanos pour aller à Saint-Thomas d'Angostura ou Bolivar,
capitale de la Guyane Vénézuélienne, sur l'Orénoque. Il cite, mais sans
détails, divers massifs et chaînons qui accidentent les ilanos ; il donne
aussi quelques détails sur les cultures du gingembre, du mais, delà
canne à sucre, du palmier tamicbi. D'après lui, Bolivar a un certain ave-
nir à cause de la proximité de la Guyane anglaise. On trouve, dans cette
ville où s'est installée une compagnie de steamers qui remontent l'Oré-
noque jusqu'à l'Apure, des manufactures de tabac, une colonie d'ouvriers
allemands (charpentiers, mennisiers, ébénistes), et une université dans le
genre espagnol.
yGoogk
GUYANE, VENEZUELA, COLOMBIE, EQUATEUR. 537
M. Dauce pense que les Indiens du Venezuela valent mieux que ceux
des pays voisins. Les llaneros, chasseurs de bœufs sauvages,. nu lasso,
• mériteraient de l'intérêt s'ils ne se lai^aient trop souvent exploiter par
les chefs des partis politiques. Les Indiens Ghaïma paraissent à Bf. Dance
constituer l'élément sérieUx de la population vénézuélienne. Voici les
chiffres de population que M. Dance nous donne, d'après le recense-
ment de 1859. Nous les reproduisons, car, si la population a augmenté,
les proportions dans ses éléments constitutifs ne se sont probablement
pas beaucoup modi liées.
Population blanche 2C0 000 hab.
Ptaces mélangées 414 000
Esclaves (nègres) 50 000
Indiens civilisés 155 000
Indiens catéchisés 14 000
Indiens indépendants 53 000
Total 946 000 habitants.
1000. GÔRixG (Anton). Die Sierra Nevada von Merida, Allgemeines iiber
Venezuela ûberhaupt : Miitheil.. des Vereins fur Erdkunde zu
Leipzig, 1876, p. 92, 101, 105.
M. Gôring est peintre ; il fait un tableau séduisant de la Sierra de
Mérida qui forme, dans le Venezuela, la ligne de partage entre le bassin
de la grande Lagune de Maracaîbo, et le cours du Rio Apure. Le trajet
se fait en traversant la lagune, puis la plaine brûlante dcl Zulia pour arri-
ver enfîn au contre-fort de Bettijoque, d'où la vue embrasse le vaste bassin
lacustre de Maracaîbo. A partir de \h, on est en montagne, et après avoir
suivi le cours de rio Chama aux fraîches ondes, on arrive, au bout d*uue
semaine de trajet, sur un plateau occupé par la ville de Merida. Située au
milieu d'une riche et splendide natdre, la ville de Merida compte 6 à 7000
ftmes, dont les demeures à un seul étage sont habitues par une seule
famille. Les rues se coupent à angles droits. Mérida est le siège d'un évê-
ché et d'une université. Cette dernière, à vrai dire, n'est guère qu'une
haute école pour déjeunes théologiens. Les citadins sont, pour la plupart,
des créoles espagnols, mais les campagnards qu'on peut voir le lundi,
jour du marché, sont des métis d'indiens et de créoles, avec quelques
Indiens pur sang, descendants des Timotes et des Mucuchies. Rarement
on y voit des nègres ou des nègres-métis: ils préfèrent la vie des contrées
basses dont le cUmat leur convient mieux. Quelques commerçants étran-
gers, Italiens pour la plupart, se sont établis à Merida. La notice de M. Gô-
ring donne envie de iaire comme eux.
1091. BRosiOLET. Situation commerciale de Puerto-Cabello (Venezuela)
et de Barranquilla (Colombie). Revm maritime et coloniale, 1876,
t. LU, p. 286 à 288.
1092. Saenz (N.). Abhandlung ûber einige Volksstâmme in Terrilorien
van San-Martin, Vereinigte Staaten von Columbia. (Memoria
sobre algunas tribus del territorio de San-Martin.) ZeitschfrU fur
Ethnologie, VIII, 1876, p. 527-356.
1093. La Colombie d'après les derniers documents officiels. Economiste
français, 1875, 18 et 25 décembre.
yGoogk
558 AMÉRIQUE. X<» 1087-1097
10§4. Reiss h STfBRL. AHiiras tomadas en la Republiea de) Ecuador,
en los afios de 1870 y 1871, y en la RepuMica de Cdombia en
1870. Deux brochures, Quito, 1871 et 1872, in-8«. — Voir aussi
un article du professeur Meinicfee sur ce sujet, dans le XII« Jah'
resbericht des Vereins fur Erdkunde ;w Dresden.
Sous les titres de Alturns tomadas en la republica del Ecuador en
los anos de 1870 1/ 1871 (Quito 1871), et Alluras tomadas en la rejmblica
de Colombia (Quito 1872), deux géologues, les Docteurs Stûbel et Reiss
avaient publié les résultats d'environ i200 mesures altitudinales déter-
minées pendant leurs voyages,quelques-unes à l'aide de triangulations, mais
la plupart au baromètre. Ces altitudes, exprimées en mètre:», avaient été
reproduites (XU* Jahresbericht der Vereins fur Erdkunde zu Dresden)
par le professeur Meinicke, accompagnées' des altitudes recueillies antérieu*
rement sur divers des points d'observation de MM. Stûbel et Reiss. Dans
la note dont le titre est ci-dessous, le professeur H. Kiepert a réuni ces
cotes snr une carte publiée par la Zeitsehrift der GeselUchaft f&r
Erdkunde, Ces utiles indications permettront de donner plus de précision
aux cartes encore imparfaites d'une partie intéressante de rAraérique
du Snd. La carte du D' Kiepert, qui ne donne que la planimétrie et les
principaux sommets, est à l'échelle de 1/2,C00,000.
1095, Kiepert (Professeur H.). Zur Uebersicht der Hôbenmessungen in
Golumbia und Ecuador. Zâtschrift der GeselUchafl fur Erd^
kunde zu Berlin. 1876, n" 65, p. 239.
1096. Edouard Steiniieil. Barometrische Hôhenbestiramungen in Colum-
hiexi. Mitlkeilungen de Petermann, 1876, p. '281, avec carte à
1/1,600,000« et profils.
C'est pour des recherches ei\iomo1ogiques que H. Steinheil a visité la
Colombie de 1872 à 1875. Ses itinéraires ont été fructueux aussi pour la
géographie, car ils nous ont valu un bon nombre d'altitudes. La compa-
raison serait intéressante à faire entre ces chiffres et ceux qui résultent
des voyages de MM. Reiss et Stûbel, dans la même région.
M. Steinheil a fait ^es observations avec un baromètre de voyage, nous
dit la note publiée dans les Miitheilungen. Le contrôle devait être
obtenu à l'aide d'observations correspondantes prises avec deux baro-
mètres, dont l'un fut cassé par accident. Le voyageur voulut alors recourir
à l'observatoire de Bogota, mais cet établissement semble en pleine
décadence et M. Steinheil ne fut même pas autorisé à y entrer. f<'ayant
pu faire des observations au bord de la mer, il adopta comme station
de départ l'auberge de Barranquilla, à 8,12 mètres au-dessus du uiveatf
de la mer.
Un premier voyage conduisit M. Steinheil par le Paramo del Cruz
Yerde, à Test de Bogota, ù Ubàque, dans la vallée du Rio Meta. Un
deuxième voyage eut pour but la Luzera, cabane située snr la limite
nord du plateau de Bogota. Au retour, l'explorateur fit une pointe vers
l'ouest sur les mines d'émeraude de Muzo. Enfin, le plus long itinéraire
de M. Steinheil franchit le Rio Magdalcna à Ambaiéma, traverse le col
de Quindiù, pour redescendre dans la vallée du Rio Cauca, puis, à partir
de Cartago, il remonte vers le nord parallèlement au Cauca, jusqu'à
Medellin. Pe là, prenant la direction de l'est, il arrive Jusqu'à r<ara sur
le Magdalena.
La ligne de partage des eaux da l'Amazone et du Magdalena, au point
yGoogk
PÉROU, BOLIVIE. 530
où Ta franchie V. Steinheil dam son premier voyage, est à -SSôS mètres
d'altitude. La Luzera où le conduisit son deuxième itinéraire est à 2867
. mètres. Le col de Quindiù, est â 5448 mètres. Bogota est à 2632 mètres.
1097. Geis (E.). Neueste Besteigung des Vulkans Pinchincha bei Quito.
Naturund Offenbarung, XXH, 1876, n» I.
YÏII
PÉROU, BOLIVIE
1098. EvEiticH (Max). Die Sttdamerikanische Pacifie Eisenbahn, Miltkeil.
de Petermann, 1876, n« 9, p. 345-349.
1099. ScHOTz (Dauiàn von). Die Peruanischcn Eisenbahnen. Atts allen
WeUiheilen. VII, 1876, p. 172.
1100. Markham (Cléments R.). Demarcacion politicadel Peni, Lima, 1872,
et Antonio Raimondi, El Peru, Lima, 1874. Geographical Maga-
îiwe, 1876, n« 4, p. 89.
M. Antoine Rairoondi, natif de Milan» arriva au Pérou en 1850. De 1855
à 1868 il en a exploré toutes les provinces et s'est résolu à publier
un- ouvrage d'ensemble sur ce pays. L'ouvrage doit comprendre non-
seulement les propres recherches de M. Raimondi« mais encore les
cléments puisés dans les Ouvrages de tous les naturalistes et historiens,
tant péruviens qu'étrangers, qui ont étudié le Pérou depuis le dix-
huitième siècle jusqu'à nos jours. L'auteur en signale même un nou-
veau, Pedro de Osma, qui, en 1568, décrivait des plantes péruviennes.
Pendant le dix-huitième siècle, nous vo^fons le Pérou étudié à divers
points de vue par le Père Feuillée, Frézier, de la Condamine, Ruiz, Pavon,
Azara, Hœnke. Quelques Péruviens aussi ont marqué dans ces études,
tel que l0D'GD8moBeiio,leD' Gabriel Mweno, leD'Unanane.Anolre époque
enfin, les recherches sur le Pérou ont surtout profité des travaux de Fitzroy
Pôppig, Darwin, Gastelnau, Tucker, Humboldt, Tschudi, d'Orbigny, Markham,
Pentland, Forbes, Pissis, etc., et nous n'avons nommé là que les plus
célèbres. 11 y faut ajouter quelques noms péruviens : Nicolas de Pierola,
Hariano Rivero, Paz-Sol(lBn, et enfin Manuel Pardo, le Président de la
République. .11 a réglé lui-même, en juin 1873, tous les détails de l'im-
pression du grand ouvrage de Raimondl aux frais de l'État. Cette œuvre
doit comprendre .<«ept volumes. Le premier est la partie préliminaire et
historique. Il donne la relation des voyages de M. Raimondl. La carte
qui l'accompagne (1/4,000,000) donne les limites vagues des provinces vers
1553, puis celles de 1784. qui se maintinrent jusqu'à l'expulsion des
Espagnols, en 1824. Le deuxième* volume s'occupera de la géographie et
de la météorologie, le troisième de la géologie, le quatrième de la
minéralogie, î compris les sources thermales. Lsfs cinquième et sixième
volumes seront consacrés h la zoologie et la botanique. Enfin le Septième
comprendra l'ethnologie des tribus du Pérou, la descriptk>n de leurs
vestiges archéologiques et de leur industrie relative actuelle.
yGoogk
540 AMÉRIQUE. N<»* 11D7-1130
IKH.Chéhot (A.)* I^ Pérou : productions, ^uano, travaux publics'
finances, etc. Journal de$ Econotnistes, 1875, décembre.
1102. RAi]f05Di(A.]. Mapa para la Historia de lageografia del Pcrù en
el ano 1553 [Epoca de la publicacion de la eronica del Perû, de
Cieza de Léon), une feuille 1/4,000,000».
Très-intéreçsante carte sur laquelle la partie géographique el liydrogra-
pliique donne l'état actuel des notions sur le Pérou.
11 03. Wagner (Docteur HERMàNx). Das Bolivianische littoral. MUthei-
lungen de Petermann, 1876, n" 0, p. 521, avec carte.
Le littoral de la Bolivie, celte étroite hande de terre, connue aulre>
fois %6\ii le nom vague de Désert d'Aiacama, a gagné une impor-
tiBce internationale, depuis 1870, par la découverte des dépôts de guano
de Mejillones des couches.de salpêtre d'Antofaga&ta, des riches mines
d'argent de Caracoles, ainsi que de mines de plomi) et de cuivre un peu
partout. Des ports, des établissements industriels, des chemins de fer ont
été créés sur beaucoup de points, et d'autres projets en résulteront. L'au-
teur en donne la description d'après plusieurs sources récentes. Puis il décrit
aussi pour la première fois, le soi-disant Désert d'Ataeama, qui n'e^t pas
un désert, mais un vaste plateau ù terrasses, coupé en cinq parties par
autant de chaînes de montagnes de diverses hauteurs, contre-forts de la
grande Cordillère volcanique.
1104. Geographical work in Bolivia, or topographical fixation by com-
mander Musters at Sucre, and M.\Hinchin, civil engtneer. 6eo-
graph. Magazine de Markham, 1876, n« 4, p. 105.
1105. Die Wuste Atacama. (ilohu9, XXIV, 1876, n** 1 et suivants.
1106.Ueber die Galapagos Insein, an der Weskûste von SQdamerika.
Annalen der Hydrographie^ lY, 1876, p. 405.
IX
CHILI, PATAGONIE, CONFÉDÉRATION AMENTINE.
1107.Annuario hidrografic» de la marina de Ghile, ano I, Santiago de
Gliile, 1875. Article d'annonce critique dans Geograph. Magazitte
de Markham, 1876, m 6, p: 160, 161.
Le directeur de cette publication est le capitaine Vidal Gormaz, auquel
sont dus deux des articles du livre. C'est d'abord le relevé du Maalleos,
important fleuve côtier du Chili méridional,'dont la navigation est entravée
par de nombreux rapides.
Le deuxième article traite de deux îles ifsolées de la côte nord appe-
lées autrefois la hl<u Deventaduradaê, par Juan Fernandez qui les décou-
vrit en 1574, en même temps que l'autre groupe qui porte son nota. KUe*
s'appellent aujoui*d'hui San Félix et Skm Ambrosio. Plusieurs fois explorées
depuis et surtout en 1850 par le lieutenant de vaisseau anglais Parkios,
qui espérait y trouver du guano, elles ont été enfin définitivement décrites
sons tous les rapports.
yGoogk
CHILI, TATAGONIE, tOKFÉD$RATION ARGENTINE. 541
Un troisième artkle de YAnuario est le reWé de l'Archipel de Ghonoi,
le plus méridional qui appartienne au Cliili, avec la cdte opposée» par le
capitaine Don Enrique Simpson, à bord de la corvette Chacaùuco en 1870
et 1870. VAnuario donne en outre plusieurs détails sur leb Ilots et
rochers nouvcllemimt découverts, ainsi qu'un certain nombre de bonnes
cartes.
IIO8.P1SSIS (N.). Geografica fjsica de la Républica de Chile. (Article
d'annonce dans MUtlieiL der Geogmph, GeselUch. in Wien. v.
XIX, 1876, n« 12, p. 655 à 658.)
Auteur de la carte topographique du Chili, M. Pi:»sis avait toute
qualité pour compléter sa grande œuvre par une description écrite du
pays. Il a naturellement tenu compte des travaux de Claude Gay, Domeyko,
Donoso, Funk, Cuadro, Philîppi, etc. Cet ouvrage, fort impoitant, auquel
Tauleur à ajouté une série de plans, coupes, cartes et tableaux figuratifs,
fait autorité au Chili.
1100. Koul (J.-G.). Geschichte der Enledeckungsreisen und Scliiflfehrten
zur Magel1ans*Stras8e und tu den ihr benadibarten Lândern und
Meeren. Zeitschr. der GeselUch. fur Erdkunde zu Berlin^ 1876,
Y. XI, n- 64-65, p. 315-404 (avec 8 cartes), et n" 66, p. 405-494.
Excellent article d'un auteur dont les travaux sur l'histoire de la géo-
graphie sont justement estimés.
4110. Voyage du docteur Berg en Patagonie, avec M. Moreno et le com-
mandant Cruerrico. Revue scienlifif^ue^i^lQ, t. X, p. 391 à 595.
1111. QoESABA ^VicENTs G.). La Patagûuia y las terras australes del con-
tinente araericano. Buenos-Ayres, 1876 (article critique dans
MUtheil. der Geog. Geselhch. in H^cm, 1876, v. XIX, no«6et 7,
p. 406 â 408).
Cet ouvrage de controverse politique du biblioihécaire de la ville de
Buenos-Ayres, est destiné à prouver la légitimité des prétentions de la
République Argentine, touchant la Patagonie et les terres adjacenteir,
réclamées et occupées partiellement par le Chili. Quant aux anciens docu-
ments^espagooN, l'auteur en a oHuuUé un grand nombre ; bien que,
dans la lettre, ils soient en général favorables à la coufédéralion Argen-
tine, on reste toujours en présence de l'équivoque fixant les limites entre
les deux vice-royautés (aujourd'hui républiques) par les mots : jusqu'aux
Cordillères ; \es Cordillères^ en effet, ne descendent pas jusqu'au détroit
de Magellan. La République Argentine n'a jamais pris possession de fait
de la Patagonie, tandis que le Chili, en poursuivant les Araucaniens au
delà des Cordillères, peut invoquer le uti possidetis. (/est donc une
question difficile ù trancher autrement que par un partage.
11 12. La Terre de feu et ses habitants. Journal des Missions Évangéli-
ques, 51« année, 1876, w> d'août, p. 511-314.
iHS.FoRAN (R. P. Japques). Les îles Falkland (Malouines). Missions Ca-
• t/to/jÈf uM, Lyon 1876, i$^ année^ p. 506'509.
111 4, KiBooRT (contre-amiral). Note sur la situation économique de la
République Argentine en 1875. Ucvne maritime et coloniale,
1876, t. XLVIlI,p.950à955.
yGoogk
542 âMÉBIQUE. K*M107-1130
1115. PcTRooTOif DE LknétkT, Los coloiûes agricoles de la République
Argentine. Revue maritime et cotoniale, 1876, t. L, p. 736 à
755.
1116* La proviricia delParana. Bollet. délia Soc, geogr, Ualiana,l{ome
1876, Aprile, p. 218-221.
iin.STELZKER (A.). Gommunicaciones sobre la geologiay mineralogia
de la Repùblica Argentina. Acta de la Academia nacional de
dencias esactas en la Univers, de Cordova,.!^ 1875, p. 1^
IIIS.Bdrmeister (H.). Physikalische Beschreibung der Argentinischer
Republik, nach eigenen und den vorhandenen fremden Beobach-*
tungen. 1. 1, Die Geschicbte der Entdeckung und die geographische
Skizze des Landes entbaltend. Buenos-Ayres« 1873, grand in-8*.
IHO.Maupas (E.); Traduction de cet ouvrage en français, 1. 1, sous le
titre ; Description physique de la République Argentine, d'après
les observations personnelles et étrangères, etc., Paris, 1876,
in*^«.
1120. Du même : Die Ureinwohner der La Plata Slaaten. Zeiischr. fur
hthnologie, 1875, Verhandlungen, p. 58.
1121. G AY (le docteur). Le Rio de La Plata, Bulletin de la Soc. de
Géogr. de Lyon, 1876, 1. 1. n» 4, p. 352-365.
1122.HuNiKEN (E.). Die Argentiniscbe Provinz Rioja. Iai Plata Menait'
»cAnyi,1876, n«3, 6.
1123. HELCHEai (F.-L.). Karte der Pampa. La Plata Monats9chrifi, 1876,
n^S.
1124.MELCHERO (F.-L.). Garta topograûca de la Pampa y de la linea de
defensa [actual y projectada) contra los Indios, etc. 1 feuille
1/2,000,000% 1875.
1125. A. de Seelstrang et A. Tourmente. Mapa de la Repùblica Argentina.
Buenos-Ayres, 1875, 1 feuille 1/4,000,000'.
1126.KEITH JoHNSTOH, G. R. GoNGRBVB and R. STBAGiiAifi Physical and
hypsometrical observations in Paraguay. Prnceedings ofthis Royal
Geogr. Soc. of London, v, XX, 1876, n« 6, p. 494 à 508.
1127. Du même.: Noies on the physical geography of Paraguay.
• Proeeedings of the Royal Geograph. Society of London, 1876,
v.XX, n* 6, p. 494.
D'uno façon générale le Paraguay est un platean caractérisé par des
forêts, sur la richesse desquelles repote maintenant rayenh- du pays. Les
mootagneK qui accèdent au plateau sont coniques, pour la plupart. Le
courant des fleuves, Parana et Paraguay, se porte de préférence sur h
rive gauche, qui, souvent eutrainée par l'eau, est toujours plus abrupte
que la rive diroite, contrairement à ce qui a lieu dans le Nord.
Le caractère distinclif du climat du Paraguay est une certaine égalKé
des saisons; du moins n'existe-t-il pas un trop grand écart entre les
extrêmes tnaxitna et minirna. En revanche, il y a continuelle variation
-^—-^ ^.^
bkësil. m
des venu dans la même loornée. Les déterminations hypsométriques de
H. Keith Jobnston offrent beaucoup de données nouvelles et d'impor-
tantes corrections.
1128. Letort (Charles). L'Uruguay : Sa situation commerciale et écono-
mique. Economiste français y 1876, n» 9, p. 269-271.
1129. Basse (baron Hexrv de). La Plata : récils, souvenirs et impres-
sions de voyage. Paris, 1876, in-8«.
1130. Du même : Projet d'exploitation générale des anciennes missions
de Gorrientes. Paris, 1875, in-S*».
X
BIIÊSIL
llSl.MoBiN (Général). Les opérations géodésiques au Brésil» Comptes
rendus de V Académie des Sciences, 1876. -— V. aussi Revue
scientifique, 1876, t. X, p. 284.
1132. Statistisches aus Brasilien. Zeitschr, dcr Gesellsch. fur Erdkunde
%u Berlin, 1876, p. 240. Chilfres des populations de sept pro-
vinces du Brésil, ainsi que de la ville de Bio Janeiro avec son
territoire, appelé municipium neutrum.
1. Province de Bio Grande do Norto : 252 S82 habitants, dont 220385
libres (1000 étranger») et 12600 esclaves.
2. Province de Geara, 720094 habitants, dont 688280 libres (1692
étrangers) et 51 8l4 esclaves.
3. Province d'Alagoas, 544290 habitants, dont 310927 libres (3718
étrangers) et 33 364 esclaves.
4. Province d'Espiritu Santo, 82157 habiUnts, dont 39418 libres
(4190 étrangers) et 22660 esclaves;
5. Province de Santa Catharina, 159 802 habitants, dont 144 818 libres
(13934 étrangers) et 14 584 esclaves;
6. Province de Parana, 126722 habitants, dont 116162 libres (3627
étrangers) et 10560 esclaves.
7. Province de Matto GrosSb, 60417 habitants, dont 55710 libres
(1670 étrangers) et 6667 esclaves.
Ville de Rio Janeiro, 274972 habitailts, dont 2-26053 libres (84 280
étrangers) et 48900 esclaves.
1155. Ortos (Professeur James). The Andes and the Amazon, or across
thecontinentof South America, 3* édit. New-York, 1876, in-8«.
Article de critique dans Geograph. Magazine de Markham, 1876,
n" 9, p. 252.
H. Orton, pjrofesseur d'histoire | naturelle au Yasser GoUege de
Poughkeepsie (jitat de New-York), chargé ofiiciellemenl, avec quelques
autres savants, du relevé géologi(}ue du Brésil, lit deux voyages à travers
le continent &ud américain. Dans le premier, en 1867, il partit de
yGoogk
5i4 AMERIQUE. ^ N" 1131-1145
Guayaquil, aHa à Quito, &*einbarqua sur le ftio Napo, affluent de TÂma-
20 ne, «t descendit ce grand fleuve jusqu'à Para.
Ce fut, au conti^ire, en remontant FAinazone, qu'il commença son
second voyage, en 1873. Arrivé à Yurimaquas, sur le Huallaga, il entra
dans le Pérou, se dirigea par Cayamarca verâ Pacasmayu sur le PadGque,
où il visita Lima, Arequipa, puis le lac de Titicaca. Les matières de sou
premier volume sont la reproduction d'articles insérés au fur et à mesure
dans le fiew-York' Evening Post, Ces deux voyages renferment de cu-
rieux détails géologiques, botaniques et zoologiques, surtout pour la
vallée de l'Amazone. Ils font connaître un grand nombre d'arbres dont le
bois serait applicable à la charpente et à la menuiserie. Malgré le
mémoire étendu publié par Chandless dnns le Journal of the R. Geogr.
Soc, of London, M. Orton identifie à tort le Purus avec l'Amarumayudes
Incns, et le fait naître dans les Andes. M. Orton a entrepris, en 1876, un
troisième voyage scientillque dans l'Amérique méridionale.
115i.Arbeiten der Grenzregulirungs Commission zwischen Brazilien
und Bolivia. Mitt/ieilungen de Petermann^ 1876, n<> 6, p. 271.
Depuis l'automne de 1874 jusqu'en mars 1876, cette commission a relevé
près de !250 milles £;éographiques de frontières du sud au nord, à partir
du confluent de l'Apa avec le Paraguay. Elle aura difficilement fini en
1877. Les commissaires ont découvert dans le bassin du Paraguay, près
de Corumba, quatre grands lacs intérieurs, doot les noms indiens sont
Cacérès, Mandioré, Gabyba et Ouberaba.
il35.KELLER-LEuzi:«GER (Frunz). The Amazon and Madeira rivers, skel-
ches and descriptions from the note book of an explorer. Ke>v
edit., with illustrate London, 1876, in-8^
Ouvrage sérieux et intéressant, présenté sous une forme des plus
attrayantes et dont les illustrations dénotent en M. Franz Relier un
artiste plein de goût.
1156. CoxTo DE Magalhaes (Docteur), ex-président de la province brési-
lienne de Goyas. Reise an den Araguaya. MUtheil. de Pclotnann,
1876, n» 2, p. 79.
Descente et exploration d'un grand affluent de l'Amazone, presque
inconnu jusqu'alors. Le président avait le projet d'attirer vere le fleuve
les colonies éparses des Indiens et autres indigènes, d'animer la naviga-
tion de l'Araguayas et d'entraîner ainsi dans le commerce général par
la voie de Para, c(>tte région écartée accessible aujourd'hui seulement
par un long voyage terrestre. Kotices sur les raines d'or dos Araés et
jes placers de diamants du Uio Claro, du Rio Caiape Grande, etc. Serpents
gigantesques légendaires. Curieux détails sur les Chavantes, Indieus au
profil classique, selon l'auteur, sur les Carajos, autre tribu, dont les
femmes se distinguent par. une grande délicatesse de formes et de traits,
enfin sur les Canoeîros, tribu mélangée.
1157.Stewart-Ci.ouch (G.-H.). The Amazons. Diary of a twelve mouth's
journey, on a mission of inquiry, up the river Amazon for the
South American missionai7 Society. Geograph. Magazine de Mar-
kham^ 1876, n«> l,p. 19.
1138. BioG-WiTUER (Tljoms P.). The Valley of the Tibagy. Brazil. Ptocee-
yGoogk
BkËSIL. 545
âings ofthe Royal Geograph. Society , toI. XX, 1876, n« 6, p. 455
à 469.
1139.REYES (Raphaël). Dampfschiff-Verbindung zwischen Brésilien und
Golumbien. (Traduit du portugais par Tingénieur brésilien
Eraerich.) Mittheil. de Petermann, 1876, n" I, p. 15-16.
1140. Du même : Le fleuve des Amazones et ses affluents. Bulletin de
la Société de Géographie, août 1876, n* 185.
1141. Renseignements sur le Para. Bulletin de la Soc, de Géogr. com^
mercialê de Bordeaux, 1876, n» 2, p. 191-193.
1142. Fedilleret (Henri). Le chemin de fer des Andes et le canal ama-
zonien. Bulletin de la Soc: de Géographie commerciale de Bor-
deaux, 1876, n" 1, p. 196-204.
1143. GoRCEu (H.)« Les exploitations de l'or dans les provinces de Minas
Geraes, Brésil. Bulletin de la Société de Géographie, 1876, n" de
novembre, p. 530 à 543.
1144. Ehericb (Maximilian). Die Sûd-Amerikanische Pacific-Ëisenbahn.
• Mittheil. de Petermann, 1876, n» 9, p. 347.
Projet grandiose dont l'idée a été inspirée par la réussite du grand
railway de l' Amérique du Nord. Un ingénieur anglais commença par
mettre en avant le projet modeste d'une communication entre la côte du
Brésil et la ville de Miranda, province de Matto-Grosso, moitié par railway
et moitié par canal. On n'a encore rien exécuté, mais, on a amplifié
et agrandi l'idée. Il y a trois projets en vne, partant tous d'un port du
sud du Brésil.
1. Le projet du capitaine Cliristian Palm : par les provinces brési-
liennes de Parana et Matto-Grosso, le long des vallées du Rio de la Plata
et du Paraguay, puis en Bolivie par les villes de Chuquisaca et l.i Paz,
où il y aurait jonction avec le railway péruvien débouchant aux ports
d'islay.
2. Le projet du capitaine du génie Monteiro Tourinho traverserait les
même< provinces brésiliennes, mais sur d'autres routes ; il toucherait les
mêmes villes boliviennes, mais aboutirait au port péruvien d'Arica.
o. Le piojcl de l'ingénieur Rebonças, qui, allant droit à l'ouest, dessert
aussi la capitale du Paraguay, Assumpcion, et qui, après Cbuquisaca, se
terminerait au port bolivien de Gobij a (important pour les mines de cuivre,
salpêtre, argent, guano, etc.), ou bien à Iquique, port péruvien du Sud.
1145. ScHREiNER (Frciherr von). Ueber das Gommunications-Wesen in
Brasilien. Mittheil. der geogr. GescUsch. in Wien^ vol. XIX, 1876,
c. 12, p. 649-654.
Les communications du Brésil avec l'étranger ainsi que la navigation
côtière et fluviale de cet empire se sont, depuis quelques années, déve-
loppées, d'une manière surprenante. Les communications transatlantiques
avec l'Europe, le Pa'ji(i(|ue et l'Amérique du Nord se font presque exclu-
sivement par des compagnies étrangères, dont cinq anglaises, deux
américaines, une portugaise, une allemande, une brésilienne (jusqu'aux
Açores), et trois françaises (le Havre, Bordeaux, Marseille). Mais les
communications côtières. sont réservées à des compagnies brésiliennes
qui sont au nombre de dix, dont huit compagnies de vapeurs et deux
L*àNXÉE GÉOGR. XV. 35
546 AMÉRIQUE. N- llSl-iltè
de chemins de fer. La Davigation fluviale de rAmazoae et de ses affluents
jusqu'aux frontières du Pérou, de la Colombie, du Venezuela, etc., est
entre les mains d'une compagnie anglaise. La naTÎgation des autres
fleuves est exploitée par des compagnies brésiliennes.
L'article de -M. Schreiner se termine par des détails sur les communi-
cations télégraphiques du. Brésil.
Les opérations géodésiques au Brésil.
Une commission a été instituée au Brésil pour procéder à
des opérations géodésiques d'ensemble sur Timmense terri-
toire de Tempire. '
Voici, d*après la communication du général Morin à FAca-
démie des sciences [n^ 1131), la situation des travaux entre-
pris jusqu'à ce jour.
« Cette commission a d*abord pour mission de détermiiier
la position exacte d'une série de stations géodésiques entre
l'observatoire de Rio de Janeiro et la ville de Sau-Joan de Rio
Glaro, extrémité actuelle du chemin de fer de Rio à San^
Paolo et point de départ du prolongement projeté de ce che^
min jusqu'à l'embouchure de la rivière Tiele dans le Parana,
en continuant les triangulations jusqu'à cette embouchure.
« D'après la position des stations extrêmes, cette opération
aura pour résultat la mesure exacte d'un arc de parallèle situé
à la latitude sud d'environ 23 degrés et de 9 à 10 degrés
d'étendue en longitude, l'eliant la capitale de l'Empire au
grand méridien du Brésil.
« D'une autre part, ce méridien, qui est à la longitude
occidentale de 10 degrés par rapport à l'observatoire de
Rio, traverse tout le Brésil, depuis la latitude nord de
2 degrés à la frontière de la Guyane française jusqu'à la
latitude sud d'environ 53 degrés et demi, où il se termine à
Tembouchure de la rivière Chuy, limite de l'État oriental de
l'Uruguay, embrassant ainsi un arc de plus de 33 degrés et
demi, et il atteindrait 38 degrés si sa mesure était prolongée,
vomme on doit le désirer, jusqu'au littoral de notre colonie.
« La mesure d'un arc de méridien, partant de l'Equateur
.„,_., Google
BRESIL 547
et d'une amplitude supérieure à tout ce qui a été fait ou en-
trepris dans ce genre, est l'opération principale que doit exé-
cuter la Commission des savants brésiliens sous la direction
de notre compatriote M. Liais, directeur de l'observatoire de
Rio.
« Le concours des directeurs des lignes télégraphiques de
terre et de mer est assuré à ces opérations, et, quand les sta-
tions télégraphiques feront défaut, on y suppléera, pour la dé-
termination des longitudes, par l'emploi de signaux lumineux
reçus et transmis à l'aide d'appareils chronométriques enregis-
treurs, dont la marche aura été soigneusement comparée avec
les observations horaires faites à l'observatoire de Rio.
<K Pour la détermination des latitudes des diverses stations de
cet immense réseau géodésique, on aura recours aux observa-
tions zénithales, pour lesquelles on emploiera une lunette per-
fectionnée par les soins de l'observatoire de Rio. »
Les communications fluviales du Brésil*
bien qu'il possède l'un des plus beaux réseaux hydrologî-
ques du monde, le Brésil est encore assez arriéré au point de
vue de sa navigation intérieure. A plusieurs reprises, cepen-
dant, l'attention du gouvernement et des ingénieurs s'est pré-
occupée de cet état de choses. En 1773, déjà, le gouverneur de
la province de Matto-Grosso, Luiz de Albuquerque, avait voulu
réunir les sources du Rio Allègre (affluent de l'Amazone) à
celles du Rio Aguàpehy (affluent du Paraguay), qui ne sont
séparées que par 5 kilomètres. L'entreprise avait échoué faute
dô ressources. Récemment, M. José de Moraes, ingénieur du
gouvernement, a repris l'étude de la question. Rappelons à ce
propos, qu'il a consacré à Texposé de ses idées un ouvrage
intitulé Navegaçâo interior da Brasil (Rio de Janeiro,
1869). 11 propose de faire communiquer le Paraguay et le
Parana en réunissant par un canal les têtes de leurs affluents
respectifs de gauche et de droite, le Mondego et le Rio Pardo.
L^.gitized by VjO^^ j. »^
548 AMÉRIQUE. N»* 1131-1145
Une communication serait aussi établie entre San Francisco
et le Rio Grande ou Para, avec un débouché sur l'océan par le
Rio Parahiba. Ainsi le Brésil se trouverait pourvu d'une double
ligne de navigation ininterrompue, aussi précieuse pour le
commerce que pour la défense du pays.
Le développement de ligne fluviale qui, par l'Amazone, réu-
nirait Belem, capitale du Para à Cuyaba, capitale du Matto-
Grosso, serait d'environ 5500 kilomètres. La distance qui sépare
l'embouchure du San Lourenço (côté sud de Guyaba) de Mon-
tevideo est d a peu près 3337 kilomètres ; en les ajoutant aux
4976 kilomètres de distance entre Belem et l'embouchure du
San Lourenço, on arrive à 8313 kilomètres pour la ligne de
navigation continue qu'établirait le percement d'un canal de
5500 mètres.
Dans l'état actuel la navigation existe de Montevideo à
Cuyaba, depuis 1856, date de l'affranchissement du Paraguay.
Depuis 19 ans, l'Amazone et son haut cours, le Solimoes, sont
parcourus jusqu'à Tabatinga sur la frontière du Pérou. En
amont de Tabatinga la navigation va jusqu'à Santa-Cruz, tan-
dis que, dans la république de l'Equateur, les bateaux remon-
tent les Rio Iça et Japura, et que, par le RioNegro, on pénètre
dans le Venezuela.
Un négociant colombien, M. Raphaël Reyes(n° 1139), a, de
son côté, étudié les communications fluviales à établir entre
le Brésil et la Bolivie. 11 a voyagé pendant quatre mois dans les
forêts du Far West brésilien, et navigué pendant trois mois sur
le Rio Iça ou Putumayo. Il a donné au sujet de ce fleuve, dont le
cours n'a pis moins de 150 myriamètres de développement,
des détails bons à enregistrer. Le Rio Iça naît, par 2 degrés
de latitude nord, dans les Andes de la province de Pasto.
Pendant son trajet il reçoit 25 grands affluents, sans compter
de moindres tributaires dont quelques-uns cependant compor-
tent une navigation. De décembre au milieu d'avril, c'est-à-
dire aux basses eaux, llça a une profondeur de 1",5 pendant
les 200 premiers kilomètres de son cours ; en aval, il a de 2™, 10
Digitized by VjOOQ IC
BRÉSIL. 540
de profoirdeur. Cette profondeur est doublée à Tépoque des
hautes eaux. Par endroits le fleuve a 400 mètres de largeur;
ses eaux coulent avec une vitesse de 5 à 4 milles par heure sur
un fond de sable. Ses rives boisées produisent le caoutchouc,
la salsepareille, le cacao, les bois pour Tindustrie, les résines
précieuses, etc. Le climat est aussi sain que celui de l'Amazone,
et la température varie de 20 à 22 grades. Les Indiens rive-
rains sont pacifiques et hospitaliers.
M. Reyes, dans un article publié au Btdletin de la Société
de Géographie (n^ 1140), expose les lignes de navigation à
suivre pour traverser le continent Sud-Âmérique au moyen des
cours d'eau, en ne faisant par terre que quelques courts trajets.
yGoogk
yGoogk
RÉGIONS POLAIRES BORÉALES
1146. FiNGER (docteur F.-A.). Die allmâhliche Entwickelung unserer
Kentniss yon der Arktischen Région. Jahres-Bericht des Frank-
furter-Vereim fur Géographie und Statùtih, 1874-1875 (publié
en 1876).
En dix-huit petites cartes polaires juxtaposées, le docteur Finger donne
le figuré des régions polaires tel qu'il résultait des notions géographiques
à autant d'époques correspondantes. La première carte est d'après l'atlas
de Ptolémée, publié à Rome en 1508; la dernière, d'après l'atlas de Kiepert
. (1874).
1147. P.-L. SuufONos. F. B. G. I. The arctic régions and polar disco-
yeries during the nineteenth century. Londres, 1875.
Réédition d'un excellent aperçu historique des découvertes aux régions
polaires pendant le dix-neuvième siècle.
1148. Ma8on (James). IflerWorld adventiires : or voyages and travels in
the arctic régions from the discovery of Iceland to the english
expédition of 1875. Londres, 1876. 1 vol. in-8, avec nombreuses
gravures.
Comme le précédent ouvrage, celui-ci est un très-bon résumé de This»
toire des explorations arctiques. U s'arrête au départ de l'expédition an-
glaise de XAUri et la ùiscovery» et donne une table chronologique des
expéditions aux mers polaires boréales.
1149. D. MuRBAT Smith. Arctic Expéditions from british and foreign
shores, from the earliest to the expédition of 1875. Edimbourg,
1875. Avec une carte et plusieurs planches coloriées.
Bel ouvrage qui débute par un résumé de quelques-unes des expédi-
tions dirigées vers les régions arctiques depuis les époques les plus an-
ciennes sur lesquelles on ait des renseignements. C'est surtout le côté épi-
sodique des campagnes aux mers polaires qui domine dans cette publica.
tion.
yGoogk
552 • RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. N« 1146-1182
1150. Mac Gaban (J. A.). Under the Northern Lights. 1 vol. in<-8. Ion-
dres, 1876.
Cet ouvrage est une relation du voyage entrepris par la Pandora, sous
les ordres de H. Allen You^g, dans le triple but de tenter d'efrectuer en
une saison le passage nord-ouest, de rechercher, à l'île du Roi-Goil-
laume, des restes de Franklin, enfin d'avoir des nouvelles de YAlert et
la Dticoveryj alors engagés dans le Smith-Sound. La Pandora fut arrêtée
par les glaces à l'Ile delà Roquette, mais elle trouva sous un catm, à
l'Ile North-Somerset, un tube métallique renfermant le document suivant,
déposé par le capitaine James Ross en 1849 :
< 7 juin 1849. — Le cylindre contenant ce papier a été laissé ici par
une expédition détachée des vaisseaux Entreprise et Investigator, sous
le commandement du capitaine sir James C. Ross, de la Marine Royale,
à la recherche de l'expédition de sir John Franklin. Le but est d'infor-
mer les équipages qui trouveraient ce document, que les vaisseaux sus-
mentionnés, après avoir hiverné au port Léopold, ont laisse, pour l'usage
de sir John Franklin et de ses compagnons, un dépôt de provisions sufU.
sant pour six mois.
« L'expédition se prépare maintenant à retourner aux vaisseaux, qui,
aussitôt que possible dès le printemps, pousseront jusqu'à l'Ile de Melville
et exploreront la côte nord du détroit de Barrow; &'ilsne rencontrent pas
ceux qu'ils cherchent, ils toucheront au port Léopold à leur retour, puis
reviendront en Angleterre avant l'hiver. — Jas. C. Ross, capitaine. •
Under the Northern lights a pour auteur M. Mac Gahan, ce même re-
porter du New-York Herald qui nous avait donné une intéressante rela-
tion sur l'Aï^ie centrale; il nous donne cette fois, sur les archipels de
glace qui s'étendent à l'O. du Groenland, une «trentaine de chapitres ani-
més et d'une lecture tout à fait attrayante.
1151.LAMoirr (James). Yachting in the Arctic Seas or notes of iive
voyages of sport and Discovery in the neighbourbood of Spitx-
bergen and Novaya Zemlya. 1 vol. in-8. Londres^ 1876.
M. Lamont a été signalé à diverses reprises par VAnnée géographi-
que. l\ ne voyage pus uniquement pour avoir le plaisir « d'être revenu, »
ou la satisfaction d'avoir visité ce que personne n'a vu; c'est un sport-
man sérieux, désireux d'être utile. Son livre, ^'une lecture d'ailleurs in-
téressante pour tout le monde, est riche en 'informations utiles pour la
géographie.
1152. Ahira;;té anglaise. Remarks pn Davis strait. Baffîn Bay, Smith
Sound. Londres^ 1875, 1 vol. in-8.
1153. MARinAM ^Gleiicnts R.). Les abords de la région inconnue, histoire
des voyages d'exploration au Pôle Nord. Traduction de H. Gaidoz.
Paris, 1876. 1 vol. in-18. '
1154. Relâche de la Pandora sur la côte du Groenland, hevue marii, et
colon., 1876, t. LXVIIL p. 637 à 643.
1155. (E.-W.). Voyage de la Pandora à la recherche des restes de l'ex-
pédition Franklin. Revue marit, et colon., 1876, yoI. XLYIIÏ.
p. 264-275.
1156. Climat et végétation du Groenland. Heme scieniif., 1876. t. X.
p. 163 à 166. ' .
yGoogk
RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. 553
1157. Régime des marées dans la baie du Polaris [extrait d'une lettre
du D' Bessels). Revîie marit. et colon., 1876, t. L, p. 297-298.
1158. Wetprecht (Kirl), Bilder aus den hohen N'orden. Mittheil. de Pe-
termann, 1876. «• 3, p. 90; n* 9, p. 341; n« 11, p. 404.
1159. Petebmann (A.). Die Entdeckun^ des Franz Josef-Landes. MiitheiL
de Petermann, 1876. W 6, p. 201.
1160. J. H. Resultate der meteorologischen auf Spitzbergen und in Ost
Grônland. Nach Wijkander und Koldewey. Mittheil, de Peler-
marm, 1876. W 8, p. 290.
llOl.WuKASDER (docteur Augustin). Beitrag zur Kenntniss der Wind-
verhâltnisse in den Spitzbergen umgebenden Theilen des Eismee-
res. MiUheil, de Petermann, |876. N» 8, p. 295.
1102. Die grosse Englische Nor^pol-Expedition unter Kapilân Nares.
Mittheil. de Petermann, 1876. N" 12, p. 456. -
, L'article signalé id est Tun de ces excellente résumés comme le recueil
géographique de Gotfaa en oonne si souvent.
1163. FosviELLB (W. de). L'expédition du capitaine Tîares au Pôle Nord.
Hemte scientifique, W série, II* année, 1872, n« 21, p. 500 à 502.
1164. Malte-Brus (V. A.). L'expédition polaire anglaise (m Wl^. Bulletin
de la Soc. de Géogr., janvier 1876, p. 5 (avec carte à âôôoUïïô-
Très-bonne notice sur les préparatifs, l'organisation, les instructions de
l'expédition.
1165. IL DE BizEKONT. Bcvue géographique des années 1872 à 1875.
Suite et fin. Régions polaires. Expéditions maritimes. Revue
marit. et colon,, 1876, t. L, p. 84 à 99.
1166. Voyage à la Nouvelle-Zemble et dans la haute Sibérie, par
M. NoRDENSKJÔLD. Économistc français, 1876, n» 5, p. 144.
1167. E. Weyl. L'expédition anglaise au Pôle Nord. Revue marit. et
co/on., 1876, t. L, p. 99 à 114.
1168. Capitaine Adams [of the Whaling Ship Arctic), Remarks on Ihe
welher, winds, and ice in the arctic seas during the past season ;
from observations in Davis strait and Baflin Bay, 1875. Procès-
dings of the Roy. Geogr. Soc, of hondon, 1876, vol> III, n* 2,
p. 160 et 161.
1169. Nares (capitaine) R. N. The officiai Report of the récent arctic
Expéditions. Londres, 1876.
C'est le rapport préliminaire adressé à l'amirauté par le capitaine Nares,
à son arrivée, l! Année géographique de l'an prochain parlera du rapport
détaillé.
1170. La spedizione polare Inglese. Rollett, 4elL Soc, geogr, ital.,
1876, mars, p. 133-155.
yGoogk
554 RÉGIONS POUIftfiS BORÉALES. N«* 1146-1182
1171. GoiDo GoRA. La spedizione artica Inglese, 1B75-1876. La Pandara
sul capit. Nares. Co^moi de Guido Ck)ra, 1876, vol. III, fasc. III,
j). 441 à 452.
1172. Esplorazioni Olandesi. Bollett, délia Soc, geogr. italiana, 1876,
juin-juillet, p. 439.
1173. Le ultime esplorazioni nell' Islanda. Bollett. dell. Soc* geogr,
italiana, 1871, mai, p. 312-321.
1174.RÀWLmsoN (H.) et Richards (G.-H.). Sulla rotta verso il Polo per
la aoedizione artica del 1875. Cosmos de Guido Cora, 1876, vol.
in,l». 192.
1175. Sul freddo arlico. Cosmos de Guido Cora, 1876, vol. III, p. 34.
1176. Nuove spedizioni artiche. Bollett, délia Soc. geogr, italiana,
1876, mai, p. 337. ^
1177.BBCXKR (Alois Ritter V.], lieutenant de vaisseau de la marine au-
trichienne. Die Fahrt der Pandora im Jahre 1876 von Plymouth
nacli Godthavn Disko. Mittheil, der geogr* Gesells, in Wien^ 1876,
vol. XIX, n» 10, p. 534 à 540.
1178. Allen Yourg, Capit. Bericht ûber die Fahrt der Pandora in die
Arktischen Regionen. Mittheil, der geogr. Gesells, in Wien,
1876, vol. XIX, n» 11, p. 585 à 5*.
1179.Arktische Forschungen der Norvreger Schiffer. Mittheil, der
geogr. Ges. in Wien, 1876, vol. XIX, n* 10, p. 553-534.
118U. Bericht der Reichs Gonmiission znr Begutachtung von • Fragen
der Polarforschungen. Mittheil. der géogr, Gesells. zu Wien,W6,
vol. XIX, n« 5, p. 308 à 3141; n»* 6 et 7, p. 375 à 394, et n- 8 et
9, p. 491 à 495.
1181. Payer (J.). Die Œsterreichisch-Ungarische Nordpol-Expedilion in
den Jahren 1872-1874.
1182. Wetprecht (Charles), lieutenant de ^'aisseau de la marine impé-
riale autrichienne. Discours prononcé devant la 48" assemblée
des naturalistes et médecins à Graz.
Dans ce discours, M. Weyprecht établit que les résultats scientifiques
des explorations arctiques* ne répondent point aux sacrifices qu*ils ont
coûté. » La cause en est dans ce fait que presque toutes les expéditions
avaient, comme but suprôme, la découverte géographique. Il en est résulté
que les stations d'observation se sont accumulées sur une seule zone. Le
savant officier pose donc les principes suivants qu'il considère conune les
principes fondamentaux de l'exploration arctique.
1* L'exploration arctique eat de la plus haute importance pour U con-
naissance des lois de la nature.
2* La découverte géographique effectuée dans ces régions n'a de valenr
sérieuse qu'autant qu'elle prépare le terrain pour l'exploratioa scientifi-
que proprement dite.
3* U topographie arctique détaillée est chose accessoire.
yGoogk
RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. 555
4* Le pôle géographique n'a pas, pour la science, de valeur plus grande
qu'aucun autre des points situés dans les hautes latitudes.
5* Les stations d'observation sont, sans égard aux latitudes, d'autant
plus favorables que les phénomènes à étudier y apparaissent avec plus
d'intensité.
' 6* Les séries d'observations isolées n'ont qu^une valeur relative.
Partant de ces principes, M. Weyprecht, avec l'appui du comte Wilcaek, ré-
solut d'entreprendre des démarches pour obtenir rétablissement, dans les
régions circumpolaires, d'un certain nombre de stations où des observa-
tions seraient faites simulUnément. Les points désignés sont le nord de la
Nouvelle-Zemble, par environ 76" N., le Spitzberg, par environ 80* N., l'une
des îles de la Nouvelle-Sibérie, si c'est possible, par environ ^® N., les
environs de Port-Barrow, à l'est du détroit de Bering, et CpenRWik. Une
«Ution serait établie au Finmark norvégien, pour relier la station du
Spitzberg à celles de l'Europe.
Une lettre adressée par M. Weyprecht et le comte de Wilczek aux pré-
sidents des Sociétés de Géographie, en marl876, précisait les observations
à entreprendre, sollicitait l'appui de ces sociétés et annonçait qu'une ex-
pédition dans les mers arctiques devait être entreprise en 1877-1878;
une première station allait être établie dans l'un des ports au nord de la
Nouvelle-Zemble.
Expédition polaire anglaise.
Le 29 m^i 1875, deux navires de la marine royale britan-
nique, YAlert et la Discovery, quittaient l'Angleterre sous le
commandement du capitaine George Nares-pour tenter la
route du Pôle Nord par le Smith Sound (canal Smith). L'ex-
pédition, organisée avec le plus grand soin, était munie de
toutes les ressources nécessaires et dirigée par un brillant
état-major scientifique qui ne comprenait pas moins de vingt-
six officiers. Le commandant de l'expédition avait présidé à
une grande partie de la remarquable croisière du Challenger.
Après une traversée difficile, les deux navires arrivaient le
6 juillet à l'île de Disco, sur la côte occidentale du Groen-
land, où leur premier soin fut de réparer leurs avaries et
remplacer le charbon dépensé pendant la route, au moyen des
provisions apportées par le Valorous, qui les avait précédés
de quelques jours. Us quittèrent Disco le 15 juillet pour ga-
gner Upernavick.
Le Valorous revint apporter de leurs nouvelles en Europe.
Quelque temps après, au mois d'octobre,, le capitaine Alleu
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556 RÉGIONS POLAIRES BOREALES. N- 1146-1182
Young, de la Pandora, envoyé dans les mers polaires par
lady Franklin, rapportait également des lettres de plusieurs
officiers de Texpédition ; à son retour du détroit de BcUot
qu*il n*avait pu franchir (n^ 1150), il était passé aux îles
Carey, où il avait trouvé ces lettres dans un caim élevé par les
soins du capitaine Nares.
L'expédition avait quitté Upernavick le 22 juillet. Le sur-
lendeiilàin les deux na\ ires étaient entrés dans la banquise de
la baie de Melville qu'ils avaient franchie, à force de vapeur,
dans Tespace de trente-quatre heures. Doublant le cap York et
traversant les eaux du Nord, ils avaient atteint les îles Carey le
26, à minuit.
 partir de ce moment on fut pendant une année sans nou-
velles des explorateurs. Tout à coup, le 27 octobre 1876,
VAlert arrivait dans le port de Yalentia (Irlande), (andis que la
Dùcovery. séparée de lui par une tempête, allait aborder à
Queenstown. Le 2 novembre, les deux navires réunis ren-
traient à Porlsmouth, qu'ils avaient quitté dix-sept mois aupa-
ravant, pour un voyage dont la durée était fixée à trois ans.
Quelle était la cause de ce retour précipité ? C'est ce que le
récit des aventures de l'expédition ne tarda pas à faire con*
naître.
Après leur départ des îles Carey, VAlert et la Discovery
avaient gagné sans difficulté l'entrée du Smith Sound. On jeta
l'ancre au port Foulke, une des meilleures stations des mers
arctiques, où les vents du nord et les courants chauds entre-
tiennent un climat relativement doux. Le capitaine Nafes alla
faire une reconnaissance jusqu'à l'île Littleton, où il retrouva
quelques restes du deuxième hivernage du Polaris en 1872-
1873.
Le 29 juillet, les deux navires, traversant le détroit, dépas-
sèrent le cap Isabelle, au delà duquel se montra pour la pre-
mière fois la glace côtière qui, dès le lendemain, les obligea
de s'arrêter pendant plusieurs jours au sud du cap Sabine,
dans le havre Payer. Le 4 août, la glace s'écarta suffisanunent
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RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. 557
pour permettre de doubler le cap Sabine et de pénétrer dans
le détroit de Hayes. Après une lutte énergique contre la ban-
quise, qui les avait bloqués, ïAlert et la Discovery doublè-
rent à Test Tile qui ferme l'entrée de ce détroit et arrivèrent,
le 8, sur la côte sud de la terre de Grinnell, où ils durent
séjourner trois jours dans la baie Franklin- Pierce. Le 12,
ils purent doubler le cap Hawkes et se frayer un passage à
travers la glace, soit à force de vapeur, soit au moyeîi de la
mine, vers le cap Frazer qu'ils atteignirent le 16, pour le dou-
bler seulement trois jours plus tard.
Dans le canal Kennedy, la route devint plus difficile encore ;
les monlagnes de glace plus nombreuses et plus résistantes
mettaient à chaque instant les deux navires en danger d'être
écrasés par ces masses énormes, tandis que le vent contraire
les obligeait à louvoyer péniblement, en se rapprochant de la
cote orientale du canal. Le 24aoûf, le capitaine Nares ayant
fait l'ascension du cap Morlon, àTeritrée du grand fiord Peter-
mann, put jeter un coup d'oeil d'ensemble sur le bassin de
Hall et le canal Robeson. ^
Éclairé sur l'état des glaces, il se remit immédiatement
en route vers le nord. Le même jour il doublait le cap Liéber
et entrait dans la grande baie Lady-Franklin, oii le lendemain
il jetait l'ancre dans le port Bellot, par 81^ 44' de latitude.
Ce port étant un lieu d'hivernage avantageux, le commandant
résolut d'y laisser la Discovery et de continuer au nord avec
VAlert seul.
Le 26 août, les deux navires se séparèrent. Pendant deux
jours encore VAlert dut rester en vue de la Discovery, Enfin,
le 28, après un dernier signal d'adieu, la glace étant plus
ouverte, répaif^» brouillard qui l'enveloppait s'étant dissipé, il
reprit sa marche et put doubler le cap Beechey. Le lende-
main il atteignit la baie Lincoln. Pris dans la banquise, il eut
grand'peine à s'en dégager et à continuer sa route le long de
la terre de Grant. Enfin, le 1®"^ septembre, il doublait le cap
Union et arrivait en vue du cap Sheridan, par 82" 24', en face
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558 RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. N «> li4&-llS2
d'un mur de glace infranchissable. <}umze jours plus tard, le
16 septembre, cette banquise se soudait à la glace côtière et
imposait à VAlert ses quartiers d'hiver.
Deux grands résultats étaient déjà acquis : VAlert avait
atteint une latitude où jamais aucun navire n'était parvenu,
dépassant ainsi de 13' le point extrême du Polaris (82* 11');
la Discovery, elle-même, hivernait à 6' plus au nord que ne
l'avait fait le même Polaris en 1871-1872 dans le havre Thank
God Larbour (havre Dieu-Merci), par 81° 58'.
Restait un redoutable rival, qui depuis près d'un demi-
siècle tenait la corde dans les annales des expéditions polaires,
l'illustre capitaine Edward Parry, qui, en 1827, avec ses
traîneaux-barques, avait atteint, au nord du Spitzberg, la
latitude de 82° 45', la plus septentrionale où l'homme fût
jamais arrivé. Celui-là devait aussi être battu par l'expédition
anglaise de 1875.
En effet, dès les derniers jours du mois de septembre, le
lieutenant Pelham Aldrich, suivi de près par le capitaine Albert
Hastings Markham, les lieutenants Chase Parr et William
H. May, arrivaient en traîneaux, le long de la côte septentrion
nale de la terre de Grant, jusqu'à 82° 48', latitude qui devait
être encore dépassée au printemps suivant.
Plusieurs expéditions de traîneaux furent ainsi organisées
au commencement de l'automne, dans le but de reconnaître
le paysi et d'y installer des dépôts de vivres en vue des grandes
expéditions de printemps. Le lieutenant Wyatt Rawson, de la
Discovery, passé sur Y Alert, essaya vainement, dans un voyagé
de dix jours, de parvenir jusqu'au jJremier de (ies deux navired.
Il dut y renoncer devant ëes massés de glace comprimées ados-
déés aux falaises et la neigé accumulée en maàses profondes
dans lés ci^vaSses. En mêiUe temps le capitaine Markham,
l^arti le 25 septehibré, suivait la côte de la terre de Grant, et
ne rentrait que vingt jours plus tard, le 15 octobre, après
avoir parcouru plus de deux cent soixantensix kilomètres. Depuis
trois jours déjà le soleil avait complètement disparu de l'horizon.
RÉGIONS POLAIRES BORËUËS. 559
La longue nuit polaire qui Tenait de commencer dura cent
quarante-deux Jours pour YAlert. Le soleil ne reparut que le
1^' mars 1876. La Discovery^ relativement favorisée par sa
position un peu plus méridionale, ne fut enveloppée par la
Duit que cinq jours plus tard.
Toutes les mesures avaient été prises pour passer ce long
hiver dans les meilleures conditions ; tout avait été préparé
pour combattre l'inaction et Tennui, les deux {dus grands
ennemis qu'on eût à redouter. Une école fut établie, où les
officiers firent à tour de rôle des cours ou des conférences.
« La lecture, l'écriture, Tarithmétique, la navigation et
rbistoire en étaient les sujets les plus ordinaires. Jamais on ne
vit une école aussi ordonnée, aussi bien conduite^ et c'était un
plaisir pour les maîtres de consacrer leur temps à des élèves
aussi désireux de s'instruire que les bommes de VAlerL Des
jeux de toute espèce, d'échecs, de trictrac, de dames, étaient
mis à la disposition «de tous. Les cartes firent fureur ; on alla
jusqu'à engager des enjeux énormes, tels qu'une allumette
(article bien précieux) par partie. Un bomme fut même assess
téméraire pour proposer de jouer une cbandelle; mais c'était
une mise tfop considérable et aucun n'était assez joueur pour
accepter ce défi; Tous les jeudis soirs étaient consacrés aux
représentations dramatiques, aux exhibitions de lanterne
magique^ aux lectures instructives, à la musique vocale et ins-
trumentale. »
Les officiers se soubaitaient régulièrement leurs anniver-
saires, et ces jours-là on ajoutait un extra à l'ordinaire du
bord. Aucune occasion de distraction n'était négligée* Le S
novembre, on n'oublia paâ, suivant l'babitude anglaise» dé
brûler en effigie Guy Faitks, le chef de la conspiration des
Poudres, aVec accompagnement de fusées et de feux de Ben^
gale.
Le 1*' décembre, jour anniversaire delà princesse deGalleè,
on inaugura le théâtre Alexandra. Les prospectus imprimés,
réps^dus à profusion, annonçaient : « Aucune peine ni au-
..gitizedby Google
560 RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. K<» 1146-1182
cunc dépense n'ont été épargnées pour s'assurer le concours
d'un grand nombre des plus grands talents de Fépoque. La
pièce sera jouée dans la sâlle commode et aérée de la rue de la
Cheminée. Les bis sont interdits. Dieu sauve la reine ! Les portes
ouvrent à 7 heures 50. On peut commander des traîneaux pour
9 heures. »
La fête de Noël fut célébrée avec plus d'entrain que ja-
mais. On mangea le plum-pudding de la Vieille ÂngleteiTC
en buvant à Li santé de la reine et à l'heureux retour dans la
patrie.
Les exercices gymnastiques avaient aussi leur temps; un
skating-rink fut organisé sur la glace. D'autre part les précau-
tions hygiéniques furent bien observées ; la propreté la plus
scrupuleuse était de rigueur, la nourriture était variée autant
que possible, le jus de citron, l'antiscorbutique par excellence,
était régulièrement distribué.
Grâce à toutes ces utiles dispositions, {'hivernage se passa
bien, malgré une température très-rigoureuse, surtout pendant
le mois de mars, oîi le thermomètre descendit jusqu'à 56%9
pour la Dlscovery, et à 58°, 7 pour VAlert. Un matelot de la
Discovery fut seul atteint du scorbut.
Avec le retour du soleil commencèrent les préparatifs pour
les expéditions de printemps. Dès le 12 mars les lieutenants
George Le Clerc Egerton et Rawson partirent de YAlert sur un
traîneau attelé de chiens esquimaux, pour essayer de parvenir
jusqu'à la Discovery, Mais, au bout de quatre jours, ils ren-
traient, ramenant avec eux leur compagnon Neils Christian
Petersen, l'interprète groênlandais bien connu, vétéran des
explorations arctiques, qui surpris par le froid avait eu les
deux jambes gelées ; les officiers avaient en vain tenté de le
réchauffer par la chaleur de leurs corps, en se dépouillant de
leurs propres vêtements et en se couchant sur lui dans le
traîneau. Leur dévouement fut inulile : le malheureux Petersen
dut subir l'amputation des deux jambes, et succomba, le 14
mai, aux suites de cette opération.
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RÉGIONS POUIRES BORÉALES. 561
A peine remis des rudes épreuves de ce premier voyage, les
lieutenaats Rawson et Eger ton repartirent (20 mars), et plus
heureux, cette fois, ils parvinrent au bout de six jours à Tbi-
vernage de la Discovery dont ils rapportaient des nouvelles au
capitaine Nares le 4 avril.
La veille, avait eu lieu le grand départ des traîneaux de
VAiert, au nombre de sept, formant deux divisions.
La première division comprenait deux traîneaux principaux
portant chacun un canot à glace, et placés sous ' les ordres
du capitaine Markham, commandant de YAlert, et du lieu-
tenant Parr. Ces deux officiers avaient mission d'aller le
plus loin possible directement au nord. Trois traîneaux auxi-
liaires commandés par le docteur Moss, le mécanicien White et
le sous-ofQcier George Bryant devaient accompagner les deux
traîneaux principaux pour ravitailler leurs équipages.
La deuxième division, celle de TOuest, commandée par le
lieutenant Aldrich, se composait de deux traîneaux dont un
auxiliaire, placé sous les ordres du lieutenant George A. Gif-
fard. Cette division devait explorer, au nord et à Touest, la.
cote de la terre de Grant, déjà reconnue en partie Tautomne
précédent.
En tout, cinquante-trois officiers et matelots sur soixante-
six avaient quitté YAlert le 3 avril 1876, à onze heures et
demie du matin, pleins d'ardeur et d'enthousiasme malgré la
perspective des difficultés et des dangers auxquels ils allaient
s'exposer.
Le même jour, le lieutenant Robert H. Archer, l'enseigne
Crawford Conybeare et le docteur Richard W. Coppinger, quit-
taient la Discovery pour aller de l'autre côté du canal Robeson
établir à la baie Polaris un dépôt de provisions destiné à la
division de l'Est, chargée d'explorer la côte du Groenland;
ils devaient rentrer l'un après l'autre à leur navire.
Le 8 avril, le lieutenant Lewis Beaumont, désigné pour
commander la division de l'Est, partait de la Discovery avec
le docteur Coppinger pour se rendre à bord de V Alerta où il ar-
l/AISNLr GÉOGR. XT. ^ 36 j
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562 RÉGIONS POIAIRES BORÉALES. K»* 1146-1182
mait le 16. Pendant ce temps, les lieutenants Rawson et
Egertén avaient étudié la glace du canal Robeson, afin de re-
connaître la meilleure route à suivre pour les traîneaux de la
division du Groenland.
Le 20 avril, les lieutenants Beaumont et Rawson et le docteur
Goppinger quittaient VAlert pour prendre la direction de Test.
Les trois grandes expéditions étaient en route. Il ne restait
plus à bord des deux navires que quelques officiers et des ma-
telots malades. Le capitaine Henry F. Stephenson, comman-
dant de la Discovery, accompagné do l'officier HitdieU, ar-
riva le 23 avril auprès du capitaine Nares pour s'entendre
avec lui sur les dispositions à prendre afin d'assurer la sécurité
du retour des nombreux voyageurs dispersés sur toutes les
côtes environnantes, et sur les études accessoires à faire. Le
30 avrili il quittait le commandant en chef et retournait à
son bord.
Jusqu'à la fin de mai, les traîneaux auxiliaires qui étaient
revenus les uns après les autres, firent un c(»itittuel va-etrvient
pour établir des dépôts de provisions destinés aux expéditions
lointaines. Quel(iues-uns furent employés à de courtes excur-
sions scientifiques. Les lieutenants May et Egerton firent des
sondages et levèrent des plans hydrographiques dans le canal
Robeson. Les médedns, et particulièrement le doctair Moss«
recueillirent d'abondantes collections d'histoire naturelle. Le
capitaine d'artillerie Feilden, naturaliste de l'expédition, con-
tinuait avec un zèle infatigable les observations astronomiques,
magnétiques et autres commencées pendant l'hiver, aveS le
concours de la plupart des officiers.
Du côté de la Discovery^ le lieutenant Archer explorait la
baie Lady-Franklin jusqu'à son extrémité qui s'avance assez
loin dans les terrea, démontrant ainsi qu'elle n'était pas un
détroit comme on l'avait supposé. Après lui le lieutenanl Re-
ginaild B. Fulford, accompagné par le capitaine Stepheoson,
le naturaliste Hart et le docteur Goppinger, conduisit à la baie
Polaris des provisions et des canots, que ce.dernier était revenu
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RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. 565
demander à la Discovery pour la diyision Beaumont qu*il
venait de quitter. Ce petit détachement accomplit en outre un
pieux devoir en déposant sur la tombe de Hall une plaque de
cuivre portant l'inscription suivante :
A LA MEMOIRE
DU CAPITAINE C. F. HALL
du navire Polarta, de la marine des États-Unis, qui sacrifia sa vie
à ravancement de la science, le 8 novembre 1871
Cette plaque a été posée par l'expédition polaire anglaise de 1875, qui,
^en suivant ses traces, a profité' de son expérience.
Cette cérémonie s'accomplit le 15 mai 1876, avec solennité
et recueillement, le pavillon américain flottant à un mât
planté dans le sol.
Quelques jours après, le capitaine Stephenson rentrait à
bord de son navire, laissant le lieutenant Fulford et le docteur
Coppinger explorer le fiord de Petermann.
Le l*"" Juin, l'enseigne Crawford Conybeare arriva de la
Discovery à VAlert et rendit compte au commandant en chef
de ce qui s*était fait au Sud, lui annonçant en même temps
que la route qu'il avait suivie commençait à devenir peu pra*
ticable à cause des mouvements de la glace côtière.
Mais, pendant ce temps» le scorbut avait fait son apparition
à bord de VÂlerL Le 8 juin, dix-sept lu)mmes, la majorité des
marins présents, tombèrent malades. Le soir du même jour
arriva tout à coup le lieutenant Parr, apportant de tristes nou-
velles de la division du Nord, terriblement éprouvée par les
fatigues et le scorbut ; il avait laissé le commandant Harkham
et les hommes presque tous malades au cap Joseph-Henry, à
55 milles du navire, et avait parcouru cette distance seul, et à
yGoogk
564 RÉGIONS POUIRES BORÉALES. N" 1146-1182
pied, en vingt-deux heures pour venir chercher des renforts
qui furent immédiatement expédiés.
Le lieutenant May, le docteur Moss et le gahier James Self
arrivèrent sur un traîneau à chiens au cap Joseph-Henry, cin-
quante heures après le départ du lieutenant Parr, apportant
les médicaments et les secours les plus urgents; trop tard
encore néanmoins, malgré cette promptitude, pour sauver un
des hommes mort du scorbut depuis quelques heures. Le ca-
pitaine Nares lui-même suivait avec les officiers et matelots
valides de V Alerta attelés tous sans distinction aux traîneaux
de secours. Grâce à ce ravitaillement, la division du Nord put
rentrer au navire le 14 juin.
Elle avait conquis un grand résultat, mais au prix de quelles
épreuves! Après avoir suivi la cote jusqu'au cap Joseph-
Henry, le commandant Markham s'était engagé droit au nord.
Mais la route présentait les plus grandes difficultés. Des gla-
çons de petites dimensions, extrêmement raboteux, amoncelés
chaotîquemént les uns sur les autres, rendaient très-pénible
la traction des traîneaux qu'il fallait à chaque instant déchar-
ger et recharger pour franchir les crevasses ou les chenaux
trop étroits pour permettre l'emploi des barques. Souvent
il fallut faire la roUte en coupant des murailles de neige
ou en brisant la glace à coups de pics. Malgré tous ces obsta-
cles, on était arrivé le 20 mai, au bout de trente-deux jours
de rude travail, du cap Joseph-Henry (82*>50') à la latitude
de 85" 20' 26", la plus élevée que l'homme ait jamais atteinte,
à 700 kilomètres environ du Pôle Nord. Cependant la saison
s'avançait, le scorbut avait éclaté ; il avait fallu revenir et tra-
verser de nouveau les mêmes difficultés avec des hommes
épuisés et presque tous malades. Quelques jours de plus, la
division du Nord tout entière périssait au milieu des glaces.
Elle avait fait près de 970 kilomètres eu soixante-douze jours.
Cette terrible campagne du commandant Markham et du
lieutenant PaiT inspira au capitaine Nares les plus vives in-
quiétudes au su)et de la divisi<^n de l'Ouest. Le lieutenant
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REGIONS POLAIRES BORÉALES. 505
May fut envoyé au-devant d'elle, et la renconlara le 20 juin au
cap Josepb-Henry; il était temps. Tous les hommes étaient
fiappés par le scorbut ; seuls, le lieutenant Aldrich et le sous-
oflicier Adam Ayles, réduits à tirer euxrmémes leur traîneau
poriant les malades, pouvaient encore marcher, mais ils
étaient à bout de forces. Les secours apportés par le lieutenant
Hay leur permirent de rejoindre le navire Je 26 juin.
Le lieutenant Aldrich avait suivi jusqu'au 1 7 mai la cote de
la terre de Grant, pendant 24 degrés de longitude. Cette côte
s'élevait, à l'ouest, jusqu'au cap Columbia et s'infléchissait en<
suite vers le sud. Le ramollissement de la neige et l'apparition
du scorbut avaient rendu le retour beaucoup plus difCcile que
l'aller. En tout, la division de l'Ouest avait parcouru près de
1014 kilomètres en quatre-vingt-quatre jours.
La division de l'Est, commandée par le lieutenant Beaumont,
avait été au moins aussi éprouvée, et te scorbut s'y était mani-
festé dès le début. L'expédition suivit vers le nord^ouest la
côte de la terre de Hall jusqu'au 55* degré de longitude. Les
vieilles glaces de l'Océan polaire, jetées contre la côte groêii«
landaise, rendaiefnt la marche lente et difficile. Le 11 mai, le
lieutenant Rawson fut renvoyé à la baie Polaris avec un traî-
neau et trois hommes pour y mener le gabier James Iland,
gravement atteint du scorbut, et le confier, aux soins du
docteur Coppinger, parti dès le 5 mai. Il eut grand'peiue
à y arriver le 5 juin : deux de ses hommes furent atteints
en route par le mal; Hand mourut trois heures après son
arrivée.
Le 21 mai, le lieutenant Beaumont se vit obligé de battre
en retraite. Le scorbut faisait de terribles progrès; on ne put
aniver au dépôt de la baie Polaris que grâce aux secoui*s ame-
ïkés par le lieutenant Rawson, le docteur Goppioger et l'Esqui-
mau Hans. Ce dernier rendit les plus graiids services à l'ex-
pédition pour la guérison des malades, en alimentant de viande
fraîche, par la chasse au phoque, l'infirmerie du docteur Cop-
pinger. Au bout de six semaines seulement, le 14 août, P
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566 REGIONS POLAIRES fiOREiLES. N«* il4&-tl82
division de TEst pat rentrer à bord de la Ditcovery, L'expé-
dition était déjà en pleine retraite.
En effet, après le retour des deux divisions du Nord et de
l'Ouest, le capitaine Nares apnt perdu tout espoir, en présence
du déplorable état de santé de l'équipage, avait décidé le r&*
tour. Le dégel commença le 1*' juillet, mais ce ne fut que le
dernier jour du' même mois que YAlert se trouva suffisam-
ment dégagé par la débâcle des glaces pour revenir au sud.
Après des difficultés et des dangers sans nombre, le navire put
rejoindre la DUcovery au bout de dix jours.
Les deux bâtiments partirent de conserve le 20 août, au
milieu des vieilles glaces qui dérivaient au sud et les mena-
çaient à tout instant d'être écrasés, tandis que déjà la glace
nouvelle se formait dans le chenal côtier. Le 25, ils doublaient
le cap Frazer; le 29t ils atteignaient la baie Dobbin. Retenus
plusieurs jours à l'entrée du détroit de Hayes, ils arrivaient
le 9 septembre au cap Isabelle dans le Smith*Sound. Le i4
septembre, ils essayaient vainement d'aborder aux îles Carey,
où la Pandora avait laissé des lettres et des paquets pour
leurs équipages ; le 16, ik étaient à l'entrée du détroit de Lan-
castre; enfin, le 25, ils débarquaient à Disco. Un mois plus
tard, ils arrivaient en Irlande après avoir essuyé plusieurs'
tempêtes dans l'océan Atlantique.
L'accueil enthousiaste qui les attendait dans leur patrie de-
vait les dédommager de tant de fatigues et de tant d'épreuves.
Quatre hommes avaient succombé pendant ce rude voyage;
peu s'en était fallu que l'expédition ne comptât un plus grand
nombre de victimes.
L*expédition polaire du capitaine Nares, bien qu'elle n'ait
pas duré aussi longtemps que le prévoyaient ses instructions,
n'en a pas moins conquis un certain nombre de résultats qjÊ
constituent de sérieux progrès sur les expéditions précédentes.
Tout d'abord elle a rectifié les cartes antérieures dressées
plus ou moins à la hâte. La lenteur de sa marche vers le nord
lui a permis d effectuer ce travail avec un grand soin. Il résulte
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UÉGIONS POLAIRES BORÉALES. 567
de cette rectification qae tout le passage, surtcmt daxis la ré-
gion du canal Kennedy, est réduit à une moindre largeur ; les
latitudes de divers points doivent être ramenées un peu vers le
sud. De plus les côtes antérieurement inconnues de la mer
polaire ont été relevées depuis 55^ jusqu'à 87^ de longitude
ouest, le long des terres de Grant et de Hall. La baie Lady-
Franklin et le ôord Petermann, dont lés entrées seules étaient
précédemment connues, ont été étudiés en détail.
La terre du Président, que Hall avait cru voir dans le prolon^
gement du canal Robeson, n'e»ste pas, et aucune autre terre
n'a été vue au nord, sauf un promontoire visible <du point le
plus éloigné atteint par le lieutenant Beaumont et désigné par
lui sous le nom de cap Britannia. Enfin la latitude atteinte au
nord par le commandant Markham (83^ 20^ 26") et ceiles des
deux hivernages (82*24' et 81<» 44') marquent une avance
sensible sur toutes les expéditions antérieures.
Voilà pour les résultats purement géographiques. Quanta la
faune et à la flore, il a été constaté qu'elles diminuaient très-
notablement vers le nord. Tandis qu'autour de la Diioovery la
végétation était abondante^ ainsi que les animaux, il n'y avait
lans le voisinage de YAlert que de» mousses, des lichens,
quelques satifrages, des saules nains et fort peu de gibier. Ainsi,
Téquipage de ce dernier navire ne put tuer que six bœufs mus-*
qués, pendant que celui de la Discovery en tuait cinquante-
quatre. Les phoques eux-mêmes disparaissent; on n'en tua
qu'un seul dans les parages du cap Sberidan. Les oiseaux
étaient encore les plus nombreux ; c'étaient surtout des oies et
des canards de diverses espèces. Au delà du cap Josepb-Henry
serait, d'après le capitaine Nares, le zéro de la vie animale;
Quant aux hommes, on n'en vit aucun : on trouva seulement
à la latitude de 8i<» 52' des traces de migrations d'Esquimaux à
travers le canal Robeson.
La température constatée a été la plus basse que lliomme
ait jamms eu à supporter. Les autres observations physiques
ou météorologique» auxquelles se livra l'état-majoar scientifique
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968 RÉGIONS POLAIRES BORÉALES. K"* 1146-1182
de l'expédition furent très-nombreases et formeront, quand
elles seront publiées, un ensemble des plus importants pour le
progrès des connaissances humaines. Rien n'a été négligé; le
magnétisme, Télectricité, l'analyse spectrale, les éclipses, les
oscillatioiis du pendule, les poussières cosmiques, la composi-
tion chimique et la densité de la glace et de l'eau de mer, l'ana-
lyse de l'air, la fragilité des métaux par les basses températures,
Jes vents, les courants, les marées, tout fut l'objet d'études
approfondies, auxquelles le mérite des savants qui les firent
donne une inappréciable valeur.
En ce qui concerne les glaces, on a constaté que leur épais-
seur augmentait avec la latitude. L'énorme banquise qui arrêta
la marche de VAlert et servit en même temps d'abri au navire
pendant l'hiver; d'autre part, la constitution des amas de
vieilles glaces qu'eut à franchir la division du Nord, amenèrent
le capitaine Nares à cette conclusion que, malgré les mouve-
ments que leur impriment les courants et les marées, les
glaces demeurent immuables dans leur situation dont elles
n'auraient pas bougé depuis des siècles. Il a donné en consé-
quence à l'océan Polaire qu'il a vu le nom de mer pcdéocrys-
tique, ou de glace antique.
C'est là une conclusion qui semble exagérée. 11 ne faut pas
oublier que les glaces polaires subissent des changements con-
sidérables d'une saison à l'autre, et que les constatations faites
pendant une année ne prouvent rien pour les années suivantes.
Un seul exemple suffit pour en douner une idée.
En 1871, Hall avec le Polaris franchissait en trois jours,
dans une mer presque entièrement libre de glaces, l'espace qui
sépare l'entrée du Smith Sound de Textrémitë du canal
Robeson. Le capitaine Nares, au contraire, mettait un mois à
faire le même trajet, en ayant à lutter continuellement contre
d'énormes banquises.
Il est donc difficile d'admettre que la glace de l'océan Po-
laire soit éternelle et qu'elle doive être considérée comme
une barrière à jamais infranchbsable. Une saison moins ri-
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RÉGIONS POLAIHES BOHÈÂLËS. 569
goureuse peut y ouvrir un passage à des navigateurs plus
heureux. L'été de 1876 a été très-doux dans ces régions, et les
immenses montagnes de glace qui dérivaient au sud, dans la
baie de Baffm, étaient peut-être les débris de la mer paléocrys-
tique. Si Texpédition eût été en état de passer une année en-
core dans ces parages, elle y eût peut-çtre trouvé une roule
ouverte vers des latitudes plus septentrionales encore.
I Quoi qu'il en soit, le voyage de VAlert et de la Discovery a
produit des résultats sérieux pour la connaissance de notre
globe et pour le progrès des sciences en général. Il est digne de
prendre rang parmi les expéditions polaires les plus utiles et
les plus fécondes.
Quanta l'avenir de l'exploration arctique, nous n'avons
pas d'hésitation à penser que le retour de l'expédition anglaise
n'arrêtera en rien les efforts. Déjà, aux États-Unis, se mani-
feste un mouvement qui pourrait bien aboutir à l'envoi d'une
nouvelle expédition polaû-e.
Les chapitres relatifs à l'Europe et aux généralités,
pour 1876 et pour 1877, formeront le commencement
du prochain volume de Y Aimée géographique.
yGoogk
yGoogk
NÉCROLOGIE
Argohati-Yisgohti (marquis Jean-Martin). Né à Pau, le il no-
yembre 1839, pendant l'exil de son père, à la suite du mouvement
national italien de 1831. M. Arconati-Visconti commença ses études
en France, et considéra toujours ce pays comme une seconde patrie.
Officier dans Farmée piémontaise, il assista au siège de Gaëte et prit
part à Texpédition d'Âncône. Après la campagne de 1866, il fut at-
taché aux missions diplomatiques chargées d'annoncer à Bruxelles et
Saint-Pétersbourg la formation du royaume dltalie. *
Ses débuts dans la carrière d'oxfdorateur furent des ascensions et
des observations dans les hautes montagnes de sa patrie qui formè-^
rent le sujet de deux ouvrages : Atcemione al monte Rosa nelV
agoito 1864, Turin, 1872, et Appunii mlV erusiane del Vezuvio
rfe/ 1867-1868. Turin, 1872.
Au cours de plusieurs voyages en Egypte, il acquit la connaissance
de la langue arabe, et résolut d'entreprendre des voyages plus loin-
tains. Il parcourut d'abord l'Arabie Pétrée et en rapporta les matériaux
de deux livres, les Canti d'amore; saggio di traduzione delVarabo
(Chants d'amour; essai de traduction de l'arabe), Turin, 1872, et le
Diarto di un viaggio in Arahia Petrea (Journal d'un voyage en Arabie
Pétrée), Rome, 1872. U s'était employé plus tard avec zèle aux pré*
paratifs et à l'organisation de la mission italienne vers l'Afrique équa-
toriale qui partit, en 1875, sous la conduite du marquis Antinori.
Mort le 23 février 1876.
Baer (Karl-£mst von). Géographe et naturaliste germano-russe de
premier ordre, né le 24 février 1 781 à Piep, domaine de famflle en
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572 NÉCROLOGIE.
Estonie, mort à Dorpat, le 28 novembre 1876. Âpres avoir fait ses
études à Dorpat, Vienne» Wûrtzbourg et Berlin, il devint, en 1817,
professeur d*aiiatomie et de zoologie à Kônigsberg (Prusse), où il
fonda le musée zoologique, et resta jusqu'en 18341; c'est alors qu'il
s'établit à Saint-Pétersbourg. 11 y fut attaché à TUniversité et à
TÂcadémie, et devint membre des comités scolaires du service sani-
taire, etc. Dès 1827, il contribua, par divers mémoires allemands et
latins, à la création de Tembryologie comparée. En 1857 et 1858,
Baer explora, pour l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, la
Laponie et la Nouvelle-Zemble, dont il fit le premier connaître la flore
dans les Mémoires et le Bulletin scientifique» De 1831 à 1836, il fut
chargé par le gouvernement de constater l'état des pêcheries
dans le lac Peïpus, le Volga, la mer Caspienne, et de proposer
des moyens de les ranimer. Le long voyage qu'il fit à cette occasion
enricfiit la science de renseignements nouveaux sur le sud-est de la
Russie. * '
En 1861, d'accord avec Rodolphe Wagner, il convoquait le premier
congrès d'anthropol<^e à Gôttingen; puis il prit sa retraite en 1862.
Toutefois il ne discontinua pas la publication de ses Beitrage zur
Kundê des Bxtssichen Reiehs, revue périodique -qu'il avait com-
mencée avec Helmenen, dès 1859. U y inséra ses propres articles
géographiques, inlttnlés : Ueber Papiuu und Alfuren; — Sur quel-
ques mémoires relatifs aux colonies russes en Amérique; — Ueber
dos Klima von Silka, etc. Les résultats de ses voyages parurent
d'abord sous forme d'ua Rapport officiel en langue russe, en 1854;
puis de 1857 à 1859, également en russe, en quatre volumes in-4*,
avec atlas. Une édition allemande en fut publiée sous le titre de
Kaspische Studien. Cet outrage fait autorité^ d'abord pour l'hydro-
graphie de la mer Caspienne, puis par la théorie de Baer, relative
à l'influence de la rotation terrestre sur les propriétés érosives des
fleuves dirigés selon des méridiens. Dans l'hémisphère nord, les
fleuves attaquent surtout.leur rive droite, et dans l'hémisphère sud»
leur rivé gaudie. Enfin Baer se place comme intermédiaire, à côté
d'Alexandre de Humboldt, d'Oersted < et de Darwin, dans ses Reden
gehalien in wissenchaftHchen Versammlungen und kleinere Aufsaize
vermischten Inhaltes, Saint-Pétersbourg, 1864-1875. Dans l'article
Ueber den Darwinismus, il réfute la théorie de Darwin en rempla-
cement de laquelle il présente la sienne dans les chapitres : Ueber
den Einfluss der aûsseren Natur auf die soâalen VerhàUnisse
der einzelnen Vùlker und die Geschid^te der. Mensckkeit iAerhaujU
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NÉCROLOGIE. 573
et Ueber dei* Zweck in den Vorgângen der NaUtr, Il faut ccnsùlter,
8ur Baer, sa propre biographie (Selbêtbiographie), rédigée à propos
de son jubilé de 1864.
Barth-Harmâting (baron Armand von). Géologue et voyageur
allemand, né le 5 juin 1845, au château d'Eurasburg (Bavière). Il
entra dans la magistrature , mais il conserva toujours des dispositions
prononcées pour les sciences naturelles, et il consacra tous ses loiars
à faire des ascensions dans les parties les moins facilement acce»*
sibles des Alpes de Bavière. lia réuni ces travaux en un volume liltu
den nœrdlichen Kalkalpen, m-S"*, Géra, 4874. Il fut, à Augsburg,
un collaborateur àeVAtuland^ et continua h cultiver la géologie et
la paléontologie. Aniené à s'occuper de zoologie, il se prononça pour
la doctrine transformiste de Darwin et de Hœckel. L'élude de. la difi-
fribution des espèces animales sur le globe lui donna le goût de la
géographie et plus spécialement de la géographie de l'Afrique. Le
livre qu'il fit paraître à Leipzig (0. Spamer) en 1875 : Ost-Afrikà
vom Lirhpopo bis zum Somali-Lande, témoignait d'une préparation
sérieuse au voyage qu'il avait déjà résolu d'entreprendre. £q 1876,
il venait d'accepter du gouvernement portugais la mission d'explorer,
au point de- vue géologique, la province d'Angola et la partie infé-
rieure du bassin du Zaïre, lorsqu'il fut désigné par la Société alle-
mande comme naturaliste de l'expédition qu'Edouard Mohr allait
conduire dans les Ëtats du Mata-Yanvo. Parti de Lisbonne le 7 mars,
il arrivait à Saint-Paul de Loanda au commencement de juin, après
deux semaines de séjour aux îles du Cap-Vert
Le 50 juillet, il commença ses excursions le long du petit fleuve
Bengo, tributaire de l'Océan, un peu au nord du Koanza. De là, pas*
sant par Golungo Alto, il atteignit, le tS5 août, la localité appelée
Duque de Braganza, dans le nord-est de la province. Forcé d'inter-
rompre sa marche vers l'est, il obliqua au sud, et arriva à Ambaka
dans un état de santé précaire. D'Ambaka il se dirigea sur Dondo,
d'où il regagna Saint-Paul de Loanda en descendant le cours du
Kéanza en bateau à vapeur. Il naourut à Saint-Paul de Loanda, de
la fièvre et de la dyssenterie, le 7 décembr.e 1876.
Beâuhier (Jean-Baptiste-Marie-Auguste). Orientaliste et consul de
France, né à Marseille, le 22 février 1825. Il débuta dans la carrière
du drogmanat, en 1846, par la gestion du poste de drogman-chance-
lier à Mogador. Il revint en France dans cette même année, pour
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!»74 IfÉCROLOGiE.
accompagner l'ambassade marocaine de Ben 'Àchàch, et fut confinné
dans son poste, à Mogador, en 1847. Attaché, trois ans après, ta
consulat général de Tanger, il reçut la mission d'accompagner k Paris
l'ambassade de Ben Edris. Nommé ensuite deuxième drogman-chan-
celier du ocrnsniat générai à Tunis,!!. Beaumier conunença dans cette
tille, en 1852, les patients travaux historiques auxquels il dut sa
grande autorité en matière d'histoire et de géographie du nord de
TÂfrique. C'est là quMl entreprit la traduction du Raû^ El-QarUU
f Parterre des documents), ouvrage d'Aboû Mohammed Çâlah Ben
'Abd E3-Halim, de Grenade, imprimé à Paris, à l'Imprimerie impé-
riale, en 1860, qui traite de l'histoire des souverains musulmans du
Maroc et de l'Espagne (788 à 1334), et des annales de la ville de Fâs.
En 1855, nommé gérant de l'agence consulaire à Rabat, il dut, avant
de se rendre à son nouveau poste, accompagner à Alexandrie le chérif
d'Ouezzân, chef de la confrérie de Moûlaî Tayyeb, qui partait pour le
pèlerinage de la Mekke. 'An retour, il reçut le pontife marocain sur la
frégate VAlhairoê^ et le reconduisit à Tanger en passant par les ports de
l'Algérie. La manière dont M. Beaumier accomplit cette mission lui
conquit les sympathies durables des habitants du Maroc. De 1854 à
i859, sauf un intérim dont il fut chargé, M. Beaumier résida à Rabat.
Tout en travaillant k développer le commerce français dans cette
ville, il inaugtira par des excursions k Tanger et k Dâr Beïdha, ses
voyages dans la partie ouest du Maroc. Nommé consul à Mogador, en
1865, il relevait successivement l'itinéraire de Mogador k Safy, les
deux itinéraires de Mogador k Maroc, et ceux de Tanger k Mogador.
La Société de Géographie a publié dans son BvUeiin (n** d'avril et
d'octobre 1868) la description de ces itinéraires. Il a donné de plus
une série d'observations météorologiques recueillies soigneusement
pendant un an à Mogador, et il les a continuées depuis pour la
Société de météorologie. M. Beaumier avait, en outre, adressé aux
Annalu du commerce exéirieur une excellente étude intitulée Jfo^a-
dor et son commerce manitW, tandis qu'il envoyait k la Société de
géographie commerciale de Bordeaux un mémoire sur le Commerce
de Bordeaux avec le Maroc, Il avait publié naguère une description
abrégée de l'empire du Maroc (Bulletin de la Société de Géographie,
n* de juillet 1867), et une Note sur la pratique des voyages au Maroc
(Explorateur, n* 49, 4 novembre 1875). M. Beaumier ne s'est pas
contenté de reconnaître par lui-même de longs itinéraires au Maroc,
il a préparé ou facilité les explorations de M. Gatell, de M. Graig, de
M. Gilbert et M. Balansa dans les provinces de Soûs, de Haha et de
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NÉCROLOGIE. , 575
Tekna» et dans Titlas; il a formé des indigènes aux récoltes bota-
niques, et aidé ainsi le botaniste de la Berbérie, M. Gosson, k réunir
les éléments d'une flore presque complète des plus hautes moatagnes
du nord de F Afrique. Enfin, M. Beaumier a fait connaîtra un épisode '
fort intéressant de l'histoire du commerce de la Berbérie avec la
Nigritie; les voyages de quelques Israélites marocaina jusqu'au Dhioli
6a : Premier étahlmemeni des Israélites à TQmhQuktou(BulleUH de
la Société de Géographie, n** de mars et avril 4871). Un de ces
Israélites, le rabbin Mardokhaï Abî Souroûr, exercé ensuite aux
levers d'itinéraires, a parfaitement justifié (G. Q, § 1) les espérances
du regretté consul de France. Lorsque le choléra fit irruption au
Maroc, M. Beaumier surveilla les progrès de Tépidémie sur les divers
points du littoral saharien et atlantique; les résultats de ses re-
cherches sont consignés dans un article accompagné de cartes :
Le choléra, sa marche au Sahara et jusqu'au Sénégal en 1868
(Bulletin de la Société de Géographie, n* de mars 1872). 11 a déduit
de Tétude de . ce phénomène des indications sur la population de
certaines parties du littoral non encore explorées, et apporté incon-
sciemment la preuve que les champignons parasites des chaumes du
riz, dont Tingestion produit le choléra, résistent au climat du Sahara,
pourtant si différent de celui des contrées de l'Inde d'où ces végé-
taux sont originaires. Rentré en France au mois de juillet 1875,
M. Beaumier ne put y retrouver le rétablissement de sa santé et
mourut à Bordeaux, le 30 janvier 1876.
Bêcher (A.-B.), contre-amiral anglais, mort le 15 février 1876.
Entré dans la marine depuis 1812, il fut plus tard placé dans l'ITjf-
drographic Office et chargé de la rédaction du NauUcal Magazine.
Il pi^it une grande part aux relevés des lacs canadiens» des Açores
et des îles du Cap-Yert. Quelques autres travaux importants lurent
publiés de lui dans le Jowiml of the Royal Geographieal Society;
ainsi que l'historique des voyages de sir Martin Frobisher et celui du
navire Chanticleer. Dans son article The Land fall of Columbus on
his first voyage to America, il fixa l'idenlité de l'île de Guanahani
où Golomb avait abordé pour la première fois, aveeWatUng Island.
BoLLAERT (W.), géographe et naturaliste anglo-améncaia, né eà
1807» mort le 15 novembre 1876. Après avoir interrompu ses
études, pour s'enrôler sous les drapeaux de la reine de Portugal, dona
Maria II, il se rendit vers 1851 dans rAmérique du Sud. Il a été
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576 NÉCROLOGIE.
l'un des plus actifs exploratears du Pérou, de la Nouvelle-
Grenade, et plus tard du Centre-Amérique et du Texas. Ses notices se
trouvent éparses dans quelques recueils anglais, tels que le Journal
of the R. G^gr. Soc., le Joum. of the Ethnolog. Soc, etc.... Les
plus importantes sont : une géographie du Pérou méridional, des
observations sur les Indiens de cette contrée, avec des données sur
rhistoire des Incas ; des notices sur les Chirituanos du Pérou, et
leurs médecines ; des recherches ethnologiques au Quito et en Co-
lombie ; un article sur la langue maya, enfin plusieurs mémoires sur
les cotes, la flore et les tribus du Texas.
BocHBOLz (Rh. À.). Zoologiste de Texpédilion allemande conduite
par le capitaine Koldewey aux mers arctiques. Lors du naurrage delà
HarnUy il se réfugia, avec une partie de Téquipage, sur un glaçon,
et vogua ainsi à la dérive le long des côtes du Groenland. En 1873,
il partit pour le golfe de Bini (Bénin), en compagnie des docteurs
E. Reichenow ^t Liihder, et il étudia plus spécialement la faune des
montagnes dé Kamaroun, où le docteur Liihder succomba en 1875.
Resté seul dans le pays après le départ de M. Reichenow, il continua
le long de la côte de Guinée des recherches zoologiques sur lesquelles
il a écrit des lettres imprimées dans la Zeitsciirift der Gesellsdiafl
fur Erdkunde de Berlin (t. IX, p. 161 et suivantes). A son retour en
Allemagne il occupais chaire de zoologie à Tuniversité de Greifswald.
M. Buchholz est mort dans cette ville le 17 avril 1876.
BusciiEN (Arthur Bogdanowitch von). Géographe et statisticien
russe, né en 1850, mort le 29 septembre (11 octobre) 1876 à Saint-
Pétersbourg. Peu de temps après l'achèvement de ses études, il se fit
recevoir dans la section de statistique de la Société impériale géogra-
phique de Russie. Il devint secrétaire, puis président de cette section
et fut nommé directeur du Bureau de statistique (Ministère des
finances) dont il organisa les publications périodiques. Ses prin-
cipaux ouvrages de géographie et de statistique sont : Ueber
die beste Organisation der statistichen Opei-ationen bei Volkszàh'-
lungen in litisslandy mémoiie couronné ; - — Die Bewlkerung der
Rumschen Kaiserreichs in den wichiigsten statistischen Verhàlt-
nissen dargestellt, avec 16 cartes, Gotha, J. Perlhes, 1862. Il
publia également des articles sur la réforme des paysans, qui
eurent une traduction anglaise; puis, en français, un mémoire :
Sur les forces productives de la Russie. Eu langue russe,
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NÉCROLOGIE. 577
il a inséré plusieurs mémoires dans les recueils de la Société impé-
riale géographique russe, entre autres une curieuse étude sur
Tancienne Ougrie.
Caballero (Fernan), géographe et historien politique espagnol très-
fécond, né le 7 juillet 1800 à Barajas de Melo (province de Guenca),
mort k Madrid le 17 juin 1876. C'est h côté de ses études de droit
qu*il s'occupa de géographie et de botanique. Dès 1822 il était pro-
fesseur de géographie et d'histoire à Tuniversité de Madrid. Plus tard
il fut deux fois ministre de Tintérieur. Enfin, une Société de Géogra-
phie ayant été fondée à Madrid à la fin de 1875, Caballero en fut le
premier président. Parmi ses nombreux ouvrages géographiques, il
faut signaler, outre quelques écrits de critique mordante, les ouvrages
suivants : Nomenclatura geografica de Eêpana, 1834 ; — Periciû
geografica de Cervantes, 1840 ; — Interrogatorio para la descrip-
(iôn de los puehlos, 1841 ; — Manual geografica de Espaha, 1844 ;
— Sinopsis geografica, 1848; — Resena geografica de Espana
para la Exposicion de Paris, 18t)7.
CoRNELissEM (Jan Ë.). Hydrographe et météorologiste néerlandais,
né le 22 janvier 1831 a Medcmblick, en Hollande, mort à Bruxelles
le 29 mars 1876. Après avoir suivi les cours de l'Institut nautique de
sa ville natale, il entra dans la marine. Pendant ses années de service
il exécuta des relevés dans le détroit de la Sonde, dans la mer de
Bandas, au Japon, dans l'ile de Bornéo, dans les Indes occidentales
néerlandaises et dans TÂmérique du sud. En 1862 il entra dans Tln-
slitut météorologique néerlandais, où il fut chai^gé de la direction de
la navigation et de la météorologie maritimes. En collaboration avec le
professeur Hoek, il rédigea d'excellentes instructions pour les obser-
vations magnétiques à bord des navires, et avec M. d'Âsperen, un mé-
moire sur les vents et les courants de la mer de Chine. Parmi ses
écrits citons encore : On the Température of the Sea at the surface,
ncar the sauth point ofAfrica; — Temperatuur van hel Zeewa.er
aan de opper vlakte van een gedeelte van den Noardes Allant.
Océan, etc. Ulrecht, 1872; — Gemiddelàe barometerstand en star-
men rond Africa's zuidpunct. Utrecht, 1874.
CzEKAsowsKi (À.), explorateur russe de la Sibérie, né en 1832 dans
le gouvernement de Volhynie, mort par suicide le 50 octobre 1876 à
Saint-Pétersbourg. Il fit ses études à Kic\Y et à Dorpat. Impliqué duiis-
L'aNXÉE GÉ06R. XV. 57 ^^
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578 NECROLOGIE.
rinsurrection polonaise de 1865, et interné successivement dans
deuï forteresses de la Trauscaucasie, il put jouir, néanmoins, d'une
certaine liberté relative au village de Padoun : de 1866 à 1868, il
en expédia périodiquement de riches collections aux musées académi-
ques. Puis, mis en rapport avec la section sibérienne de la Société de
Géographie de Russie, il entreprit, dlrkoutsk, des explorations géolo-
giques dont les résultats parurent, avec une c^rte, au tome XI des
apiski de cette section (1874). En 1875, il avait commencé, pour le
^mpte de la Société, une deuxième eiploration de la Toungouska infé-
â-ieure et de l'Olének. En 1875, enfin, il fut gracié et entreprit sa troi-
sième expédition sur la Lena et TOlének inférieur, qui fut très-fé-
conde au point de vue de l'histoire naturelle. Au printemps 1876 il
livra le reste de ses documents à Fétat-major général, qui les a
utilisés pour la Carte de la Russie d'Asie. Il avait les fonds néces-
saires pour un quatrième voyage sur la Rhatanga et TAnabara, lors-
qu'il se tua dans un accès de mélancolie. L'historique de ses voyages
se trouve dans les Mittheilungen de Petermann, et dans la Rmsische
Revue de Rôttger. Voir aussi p. 462 du présent volume.
Dalrvmple (H. Elphinstone), administrateur, explorateui' et géo-
t^raphe anglo-australien, mort le 22 janvier 1876, à Sainl-Léonards-
on-the-Sea (Sussex). Après la fondation de la ville de Bowen dans
le Queensland, il poursuivit, comme Commissaire des terres de la
Couronne, ses explorations au nord ; il y découvrit le territoire de
l'Herbert Rivers, et fonda sur la baie Rockingham, la ville de
Cardwell- en même temps, il couvrit les nouveaux districts de roules
et de lignes télégraphiques. Nommé Commissaire aux mines d'or,
pour le Nord, il découvrit, en 1872, une route conduisant des placers
d'or de Palmer à la côte, et fonda la ville de Cooktown. De septembre
à décembre 1875, il fit, par ordre du gouvernement, une expédition
pour l'exploration des ports et des rivières côlières du nord-est de
Queensland; 'les résultats de cette mission conlribuèrent tout parti-
culièrement à développer la colonisation. En 1874, il devint Résident
du Gouvernement à Cape York, jusqu'en 1875. Epuisé et affaibli,
il dut revenir en Angleterre; il a publié : 1* Explorations of tlie
districts near the Burdekin, Suttor and Belyando rivers in nortli-
east Aâtëiralia (Proceed. of the Roy. Geog. Soc. XY, 1 861) ; 2" Explo-
rations of the lower course of the river Burdekin, and ils identifi-
' cation with tlie river Wickham (Journ. of the Roy. Geogv. Soc.
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NÉGAOLOGIE. 579
XXXIII, 1865); 5* Narrative and reports ofthe Queeruland north-
ea$t coast expédition, 1872, Brisbane, 1874.
Detoulx (Albert). Né en Algérie, où son père a passé quarante ans
de sa yie, M. Albert Devoulx s*est appliqué à des travaux historiques
sur Fancienne Régence, qu'il a résumés dans une Hiitoire d'Alger,
ouTHige couronné au Concours académique en 1870, et dont plusieurs
parties ont été développées par lui dans la Revue africaine. Parmi ces
travaux, nous citerons : Leê Édifices religieux de V ancien Alger ^ dont
le yingt et unième et dernier article a paru en 1870, et qui donne la
description et l'histoire des deux cents mosquées, oratoires, cha-
pelles, couvents, écoles et tombeaux de saints musulmans d'Alger et
de sa banlieue; Noies historiques sur les mosquées; V Angle sud-est
de V Alger turc, sans parler d'autres articles traitant de l'administra-
tion et de la politique de la régence : La Marine de la régence d'Al-
ger; le Tachrifat, ou notes sur V administration de Vancienne
régence. H laisse en outre une œuvre d'une grande patience, la
Concordance des calendriers Grégorien et Hedjirien pendant treize
cents ans, à dater du conunencement de l'ère musulmane, instru-
ment des plus précieux pour tous ceux qui ont à aborder des études
historiques dans les textes orientaux.Hortk Alger, lel5novembre 1876,
Ehbehberg (Ghrétien-^odefroid). Un des naturalistes marquants de
notre époque. Ehrenberg naquit à Delitsch (Prusse), le 19 avril 1795.
Entré à l'Université de Leipzig comme étudiant en théologie, il y suivit
bientôt les cours de médecine et fut reçu docteur en 1818. A l'âge
de vingt-cinq ans, il fiit choisi, ainsi que le docteur F. 6. Hemprich,
par FAcadémie des Sciences de Berlin, comme l'un des naturalistes
attachés à la mission du baron de Minutoli en Orient. Pendant cette
mission, qui dura de 1820 k 1826, Ehrenberg parcourut le désert
de Libye jusqu'à Siwa, la vallée du Nil jusqu'à Dongola, le Kordofân,
la-presqu'île du Sinaï, la Syrie et les côtes de la mer Rouge jusqu'en
Ethiopie. H n*a jamais publié que la première partie de la relation de
ce long voyage : Naturgeschichtliche Reise durch Nord-Afrika und
WestnAsien (t. I, Impartie, Berlin, 1828). L'année suivante, il corn-»
mençait, avec Alexandre de Humboldt et Rose , ce remarquable voyage
d'exploration dans les régWs de l'Oural, de la Sibérie et de l'Altaï,
qui ouvrit des aperçus nouveaux sur la géographie du nord de l'Asie ~
centrale. Le classement et l'étude des collections qu'il avait rapportées
de ces deux voyages, remplirent une grande partie de sa vie et iox^
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580 NÉCROLOGIE.
mèrent le sujet de nombreux ouvrages : Symbolœ phyêicŒt 9^u icônes
et descriptiones mammalium, avium, insedoi-um et ammalium ever-
tebralorum quœ ex ilinereper Africain borealem et Asiam ocaden-
talem, studio nova rediei-unt Ehrenberg et Hemprich, neuf décades,
texte et planches in-folio, Berlin, 1828 à 1845; Natur und Bildung
der Korallen-Inseln und ILorallen-Bànke im Rothen Meere^ Berlin,
in-4*, 1834 ; Die Akalephen des Rothen Meeres und der Organismus
der Medusen der Ostsee, in-folio, Berlin, 1856. Mais c'est surtout à
Taide du microscope qu'Ehrenberg a fait progresser non-seulement
les sciences naturelles, mais l'histoire de la croûte terrestre. Les
résultats de ses études sur les animaux infiniment petits sont consi-
gnés dans diverses publications : Organisation, Systematik und geo-
graphisches Verhàltniss der Infusions -Thierchen^ 1830; Ueber das
Leuchten des Meei-es, 1835; Infusorien Lager in der LOnéburger
Haide, 1837; Ueber die Bildung der Kreidefelsen und des Kreide-
mergels durch unsichtbare Organismen; Die Infusions-Thierchen als
voîlkommene Organismen , Leipzig, 1838, ouvrage modèle en un
volume in-folio, avec planches ; Die Bildung des europœischen^ liby-
schen und uralischen Kreidefelsens durch mikroskopische OrgO"
nismen, Berlin et Leipzig, 1839. L'étude de la vie des infusoires fut
désormais la spécialité d Ëbrenberg, et il étendit ses recherches aux
formes du nouveau monde : Verbreitung und Einfluss des mikrotko^
pischen Lebens in Sûd-und Nord-Amerika, Berlin, 1842. En étu-
diant les caractères spécifiques des infusoires et la distribution de
leurs espèces fossiles sur la surface du globe, il reconnut Finfluence
des vents alizés qui les transportent loin de leur patrie, et qui les
déposent quelquefois avec le phénomène vulgairement appelé pluie de
sang: Passatstaub und Blutregen, in-folio, Berlin, 1849. Il soumit
plus tard au microscope des échantillons de la vase du lac Tsâd,
envoyés par Overweg. D'autres travaux de ce savant ont un intérêt
plus direct pour la géographie, tels que les Beitrœge zur Kenntniss
der NordafrikaniscJien Wûsten ( Mémoires de l'Académie des
Sciences de Berlin, 1827), et Der Nil und die Landbildung im
Delta, 1852. Son dernier ouvrage est la MikrogeologiCy Berlin, 1854
à 1856. Ëhrenberg est mort à Berlin, le 27 juin 1876; il était depuis
trente- quatre ans secrétaire perpétuel de TÀcadémiedes Sciences de
Berlin, et depuis seize ans associé étranger de rAcadcmie des Sciences
de Paris.
Fenyes (A.), gcograi>he et statisticien hongrois, né le T juillet 1807,
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NÉCROLOGIE. 581
à Gzokâlj\danâ le coinitatdeBihâr, mort à Neupest le 25 juillet 1876.
Il vivait alternativement à Budapest et dans son domaine, à Gôdôllô.
Membre de l'Académie hongroise des Sciences en 1857, il devint, en
1848, chef de la section de statistique au Ministère de Tintérieur. Il
publia successivement : État actuel de la Hongrie et de ses pays
annexes^ sous le rapport géographique et statistique, ouvrage cou-
ronné (en hongrois, 1856-39); Statistique de la Hongrie, 1842-45
(deux éditions, en hongrois et en allemand); Atlas manuel, universel^
pour Vusage général et pour les écoles, 1845 (en hongrois) ; Des--
cription de la Hongrie, 1847 (en hongrois, remanié en allemand
par Horn, sous le titre : Ungarn im Vorwârz, 1851). C'est ce der-
nier ouvrage qui a surtout fait connaître le nom de Fényes au delà
des limites de la Hongrie.
FoB£ES (D.), secrétaire de la Société anglaise de géologie, et mem-
bre du Comité, directeur de la Société d'anthropologie, né en 1828,
mort le 5 décembre 1876. — Ses ouvrages sur la Norvège, écrits
soit en anglais, soit en norvégien, s'occupent uniquement de la géo-
logie de ce pays, notamment des terrains siluriens et métamorphi-
ques, puis de la structure lamellaire des roches. Dans ses ouvrages
sur le Pérou et la Bolivie, où il avait aussi fait un long séjour, il
agrandit son cadre. Outre un traité On the geology of Bolivia and
SoiUhern Peru (1861), il publia un ouvrage géographique et ethno-
graphique, On the Aymaras of Bolivia and Peru (1861), qui jouit
d'une grande renommée ainsi que la Grammaire de la langue ay-
mara, éditée plus tard. Dans les derniers cinq ans il publia encore
ses Rapports semestriels sur la production de fer et d'acier sur
totUe la ter^e.
FûTTERLE (Franz), géologue en chef et vice-directeur du Qeolo^
gische Reichs Anstalt d'Autriche, né le 2 février 18*25 à Mramotitz,
en Moravie, mort en septembre 1876. — 11 fut l'un des fondateurs
de la Société de Géographie de Vienne, et dirigea la publication des
dix premières années du recueil de cette Société : Mittheilungen der
geogr. Gesellschaft^ etc..
FouRNEL (Henri). Ingénieur des mines et orientaliste, né à Paris*
le 25 janvier 1799. — Il adopta les idées philosophiques de Saint-
Simon et suivit en Egypte le Père Enfantin avec lequel il fit, en 1855
et 1854, les premières études pour le percement de l'isthme de Suez.
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582 NÉCROLOGIE.
Chargé par le Ministère de la gaerre d*une mission minéralogique en
Algérie, il parcourut pendant quatre ans (1843 à 1846) les trois pro-
vinces de la nouvelle colonie, poussant ses recherches au milieu de
tribus dont la soumission était douteuse. Il atteignit l'oasis de Biskra
dont il mesura h hauteur par des observations barométriq[ues : Hau-
teur du désert à Biskra; hauteur de Constantine; observations
météorologiques faites dans le désert (Annales des mines, 1845);
Sur r altitude de Biskra (ibidem, 1845). C'est encore lui qui appda
Tattention sur une question destinée à un grand avenir : la recherche
des couches d'eau ascendante, dans le Hodna et le Sahara, en vue d'y
créer de nouvelles oasis et de vivifier celles qui sont menacées de
disparaître. Il fit pratiquer les premiers sondages artésiens sur la
limite nord du Sahara algérien. Les résultats de cette exploration
géologique de toute la partie alors abordable du Tell» et de quelques
oasis, ont paru sous le titre de Richesse minérale de VAlgéney 2 gros
volumes in-4 et atlas in-folio (Paris, 1849), et dans un Mémoire sur
les gisements de muriate de soude en Algérie (Annales des mines,
1846). — En dehors de ses travaux professionnels, M. Fonmel s'était
occupé des indigènes de l'Algérie, et il avait reconnu qu'on génârali-
sait, à tort, à toute la population musulmane, le nom d'Arabe, qui
appartient exclusivement à quelques tribus et à quelques familles. Il
entreprit un examen approfondi de l'ethnographie et de l'histoire
algériennes. C'est ainsi qu'il a donné ses Études sur la conquête de
r Afrique par les Arabes, et recherches sur les tribus berbères qui
ont occupé le Maghreb central, in-4, 1" et seul fascicule, Paris, Im-
primerie impériale 1857, travail qu'on peut considérer comme T^
bauche du dernier ouvrage du laborieux érudit : Les Berbers (voir
ici même n'* 16 et pages 8-9), dont le deuxième volume sera publié
par ses héritiers, sous la surveillance de M. Gustave Dugat. Mort à
Paris le 20 juillet 1876. Nous renvoyons pour de plus amples détails
à la Notice biographique sur M. Henri Foumel, par Gustave Dugat,
imprimée (pages I k XVIi) dans le Catalogue de la bibliothèque de
M. Henri Fournel.
Fromentin (Eugène). Peintre (élève de L. Cabat), voyageur et écri-
vain français, né k La Rochelle, le 24 octobre 1820. — Fromentin a
sa place indiquée dans ce nécrologe comme écrivain et comme ar-
tiste, car il a vulgarisé au milieu de nous, par son pinceau encore
plus que par sa plume. Ta connaissance du Tell et du Sahara algériens
et de leurs habitants. La peinture est un langage, et on ne saurait
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NÉCROLOGIE, 585
mettre en doute que l'artiste apporte au géographe de précieux élé-
ments d'étude. FromeQtin parcourut les deux provinces de Gonstantine
et d'Alger; il toucha le Sahara, dans les Zibân (1818) et dans les
qeçoûr de La^houât (1853), au moment où ces oasis passaient sous
l'autorité française. Ses esquisses, ses tableaux et ses livres présen-
tent aujourd'hui un intérêt particulier en ce qu^ils se rapportent à
un tenops où les chemins, les cultures et les mœurs étaient bien en-
core ceux des Berbères ou des Arabes algériens, où les constructions
françaises n'avaient rien enlevé aux oasis de leur caractère primitif.
Une année dans le Sâhel (1 vol. in-lS; Paris, Michel Lévy, i858),
nous transmet vivantes les impressions de Fromentin dans le nord de
l'Algérie, et ses toiles du Berger kabyle à cheval^ conduisant un
troupeau, de la Tribu en marche traversant un gué, des Femmes
arabes en voyage, de la Chasse nu faucon, de la Chasse au héron ^
du Fauconnier arabe,nous ont initiés aux paysages 3u Tell algérien,
et aux types et aux mœurs des Berbers et des Arabes qui l'habitent.
Son Coup de vent dans les plaines de halfâ nous montre les steppes
de la province d'Alger sous un aspect qu'offrent fréquemment les
hauts plateaux de l'intérieur lorsque les vents des montagnes, ou
ceux du Sahara balayent leurs hautes graminées, dont ils font on-
doyer les touffes éparses. Les Courriers dans le pays des Oulâd
Nâïl traduisent un autre incident de la vie des steppes. Fromentin a
publié son voyage à Laghouât sous le titre de: Un été dans le Sahara
(1 vol. in-18, Paris, Michel Lévy, 1856). Ses observations resteront
toujours vraies dans leur généralité ; quelques-unes, comme la des-
cription de l'ancien Laghouât, ont déjà un intérêt historique. Sa Li-
sière d^oasis pendant le sirocco, sa Halte de marchands devant
Laghouât, son Abreuvoir et son Audience chez un Khalîfa ont com-
plété, pour Laghouât, ce que sa plume imagée avait négligé. La Vue
de * Tâdjemoût et la Vue de 'Aïn Mâdhy nous ont familiarisés avec
les villages dépendants de Laghouât, et dans les Femmes de *Aïn
Mâdhy se rendant à la mosquée, il nous a montré un exemple bien
rare au Sahara, la partie féminine de la population de ce berceau de
la confrérie d'ËI-Tidjâni participant, avec les hommes, aux cérémonies
du culte. Dans la dernière phase de son existence, Fromentin visita
l'Egypte, où son pinceau put s'inspirer de sujets tout différents tels •
que Les Canges sur le Nil, au-dessus du Caire; la Vtie d*une ville
an bord du Nil; une Sâqîyé près du fleuve; le Bac sur le Nil et
le Souvenir d'Esné. Mort k Saint-Maurice, le 11 août 1876. (Voir la
Notice biographique, publiée par M. L. Gonse, dans : Exposition des
yGoogk
584 KËGROLOGIE.
œuvres de Eugène Fromentin à V École nationale d€$ Beaux-ArU^
in-16, Paris.Claye, 1877.)
Grillant (le conseiller aulique D' W. F.), né en 1807, mort le 5
juin 1876, à Munich. — Il fut de 1841 k 1855 bibliothécaire de la
ville à Ntirnberg et publia, entre autres, un important ouvrage de
géographie historique, intitulé : Geschichte des Seefahrers Martin
Behaim nach den àltesten vorhandenen Urkunâen bearbeitel, Nûrn-
berg, 1853.
GcNUUGSSOR (Bjôrn), géographe et naturaliste islandais, né. le 25
septembre 1788, à Gaarden-Tanstadir, où il mourut le 17 mars
1876. 11 avait été longtemps professeur au gymnase de Reikjavik,
capitale de Tile. -Depuis 1831 il parcourut et releva tout l'intérieur
de rislande. Les fruits de ces voyages furent le traité : De mensura et
delineaUone hlandiœ interioris, 1834; et la Carte de V Islande en
quatre feuilles, dressée avec OIssen i Téchelle de 1 : 480,000 (de
1845 à 1849).
Haggemmacher (Gustave-Adolphe). Né à File de Limatau, canton
d'Argovie (Suisse), le 3 mai 1845. H se rendit en Egypte comme né-
gociant en 1865, s'établit Tannée suivante à Khartoûm, et rayonna
dans les contrées voisines jusqu'à Sawâkin et Mouçawwaa', où il se lia
avec son compatriote Werner Munzinger. Après une absence de deux
années au Caire et en Europe, il revint à Mouçawwaa*, en 1874, et
Munzinger-Pacha le chargea d'être son représentant à Kassala, dans
l'intérieur. M. Haggenmacher remplit dans la même année, par ordre
du khédive, une mission dans les pays des Çomàli (voy. pages 120
à 132 et n" 99 de ce volume). En 1875, il entreprit un voyage à Ira-
vers l'Ethiopie, de Mouçawwaa' à Galabàt, et, au retour, il partit
avec Munzinger-Pacha en mission politique à la cour de Ghôwa. Sa
mission avait* pour guide un cheïkh des Hodeïtou, parent du sultan
d'Âosa, qui tenait son investiture de Munzinger-Pacha. Elle débarqua
h Qoubbet-Kharab, sur la côte, à l'ouest de Toujouira, et se mit en
marche vers le iac Bada ou Assal. Par une route à travers des dé-
serts brûlants où les soldats faillirent mourir de soif et où presque
tous les chameaux périrent, on arrivait, au bout de seize jours,
dans la dépression d'Aosa, à 145 kilomètres de Toujourrn. Le
guide s'éloigna sous prétexte d'aller chercher des vivres, et le
lendemain (14 novembre), à deux heures du matin, les 'Afar ou Da-
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KÉCROLOGIE. 585
nâf(i!, habitants dn pays, aidés, paraîlrait-H, pnr des Ilmorma ou Gal-
las, tombèrent en forces sur le camp, qu'ils avaient cerné à la faveur
des ténèbres. Cent soixante-dix soldats furent massacrés ou blessés
avant d'avoir pu organiser la résistnnce. Munzinger-Pacha, percé de
quatre coups de coutelas, mourut le lendemain, et sa femmr,
une Éthiopienne civilisée, ne survécut pas non plus à ses bles-
sures. Haggenmacher n'avait pas été touché par les armes de
l'ennemi; il suivit les débris du détachement égyptien dans sa re-
traite, que Tennemi harcela sans cesse. Pendant trois jours et trois
nuits, il marcha, sans dormir, ni boire, ni manger. Arrivant le 22
novembre 1875, dans un état d'épuisement complet, au bord du lac
Bada, il se jeta avidement sur Veau. Quelques instants après, il ren-
dit des Ûots de sang et mourut.
Harcus (W.). Clergyman, publiciste et géographe anglais, né en
1823 k Newcastle-upon-Tyne, mort k Adélaïde (Australie inéridio-
nale) le 10 août 1876. Arrivé en Australie en 1860, il séjourna d'a-
bord à Melbourne, puis à Adélaïde. En 1876, peu avant sa mort, il
publia, par ordre du goi^vernemcnt, un excellent manuel de TAus-»
tralie méridionale, intitulé : Souih Australia Us histortfy resources
and productions, Adélaïde and London, 1876 (voy. n* 970). C'est une
description complète, pour laquelle le fameux voyageur allemand R,
Schomburgk a écrit la flore, tandis que d'autres spécialistes ont fourni
les chapitres relatifs aux mines, à là météorologie, à la iaune, etc.
Des cartes instructives et des gravures d'après des photographies
accompagnent cet ouvrage, dont a.ucune des provinces d'Australie
n'a l'équivalent.
Heugltn (Martin -Théodore von). Né h Hirschlanden (Wurtemberg)
le 20 mars 1824, il s'appliqua h l'étude de la zoologie et puisa le
goût des explorations en Afrique dans le travail du classement des
collections rapportées par M. John von Millier, consul général d'Autriche
h Rharloûm. En 1851, il fit avec M. Reiz, successeur de M.' von Mûller,
le voyage d'Alexandrie à Kharloûm ; il pénétra de là dans les provinces
chrétiennes de l'fithiopie, et arriva à Blouçawwaa', en 1855. Après la pu-
blication de son livre Reise in Nordost Kfrica Tagehuch einer Reise
vonCharium nach Abyssinien j mit besonderer Bucksicht avf Zoolo-
gie und Géographie^ in-8. Gotha, 1857, il obtint la gérance du consulat
deKhartoûm, et explora, avec l'amiral Tegetthof, les côtes de la mer
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586 NÉGROLOOIË.
Rougd jusqu'au pays des Çômftli, où il fut YAtssè par un musulman fa-
liatique. On trouve les observations de ce voyage dans les Mitihet-
lungen de Gotha (1861) : Fauna des Rothen Meeres und der Somali
Kûste, Désigné comme chef de l'expédition allemande envoyée trop
tard à la recherche d'Edouard Vogel, il se tourna vers le nord de
rËthiopie, releva, de 1S61 à 1862, les itinéraires de Mouçawwaa' à
Kéren, Adwa, Aksoûm et Khartoûm, d'où il visita^ avec les dames
Tinne, une partie des contrées du sud et de l'ouest. Ces voyages sont
racontés dans : Die deutsche Expédition in Ost-Afrika, Ërgânsungs-
heftn» 15, des MiUheilungen; Die Tinné'sche Expédition imtoestli-
chen Nilquellgebiet, 1865-1864. Ërgânzungheft n* 15, des Mit^
theilungen ; Reise nach AbysHnien, den Gallalœndern, Ott-Sudan
und Charlunij 1861-1862, 1 vol. grand in-8, avec carte, lena (Coste-
noble), 1868; Reise in das^Gebiet des Weissen Nils und ^iner
westlicken Zuflûsse, 1862-1864, 1 vol. in-8, avec carte et planches,
Leipzig et Heidelberg (Winter), 1869. Théodore von Heuglin avait
donné aux Mittheilungen, en 1867, un rapport sur le territoire des
Benî 'Amer : Berickt ûber dos Gebiet der Beni-Amer. Mûri par vingt-
trois ans de voyages ou d'études en Afrique, il entreprit avec M. Yie-
weg, dans cette même partie de Tancienne Ethiopie, un nouveau voyage
dont nous trouvons les résultats au n" 1 du Bulletin de ia Société
khédimaîe de Géographie : Le territoire des Beni-Amer et des Ha-
baby avec carte, et dans le livre : Reise in Nordost Afrika (voy. ici
même p. 97 à 98 et 107 à 114). Théodore von Heuglin a aussi rédigé
une partie du grand ouvrage du baron von der Decken : Reisen in Ost'
Afrika, Le plus considérable de ses propres écrits est VOrnithologie
0»UAfrika% Gassel (Fischer), 1869-1874, et il a b^aité la mammo-
logie des mêmes contrées dans les Comptes rendus des séances de
l'Académie des sciences devienne (1866) : Systematische Vebersicht
der Sœugeihiere Nordost Afrika's, Deux voyages de découverte au
delà du cercle polaire arctique marquèrent, en 1870 «t en 1871, une
phase nouvelle de son activité scientifique. Dans le premier, il ex-
plora la Norvège et le Spitzberg avec le comte Waldburg-Zeil ; dans
le second, la terre de Wicbe (79** N.), la Novaya-Zemlya et l'ile de
Waïgatsch, avee M. Rosenthal. Il a publié la relation de cette explo-
ration : Bme nach dem Nordpolarmeer^ tome I", Brunswick, 1872.
La géologie et la zoologie des terres arctiques y sont plus spéciale-
ment étudiées. Le vieux vopgeur inéditait une nouvelle exploration
sur un terrain fort intéressant, dont l'étude est à peine ébauchée,
l'ile de Sokatra, lorsque la mort le surprit ^ Stuttgart le 5 novembre
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NÉCROLOGIE. 587
1876. Sa tombe est dans le cimetière dit de Prague, à côté de celle
de Charles Mauch.
James (le docteur). Jeune médecin et naturaliste américain, mort
le 23 août 1876, près de Pile Yule,sur la côte delaNoufelle-Guinée.
Après avoir pris part, en 1875, à Texpédition du Chevert, il partit
en août 1876, de Somerset, pour entreprendre à ses frais un nouveau
voyage d'exploration dans la Nouvelle*Guinée ; mais il fut un jour traî-
treusement surpris et tué par les indigènes avec le patron suédois da
navire, H. Thorngren (vpir p. 525). Sans avoir fait de découvertes,
M. James a, pendant un séjour de deux ans, ramassé et envoyé
en Angleterre de nombreuses collections d'bistoire naturelle.
Jellinek (docteur Karl). Conseiller aulique, astronome et météoro-
logiste autrichien, né le 25 octobre 1822 à Brunn, mort à Tienne le
19 octobre 1876. Après avoir dirigé les observatoires astronomiques
de Prague et Innsbriick, il revint à Vienne, où il fonda, vers 1860,
la Société météorologique autrichienne dont il rédigea la Revue, en
commun avec M.Jules Hann. Il poussa aussi à la création de Y Institut
central de météorologie et de magnétisme terrestre avec un observa-
toire sur la Hohe Warte, dont il fut ensuite le directeur. Jellinek a,
enfin, fait aboutir Tidée des congrès météorologiques internationaux,
et Tadoption d'une méthode commune d'observations et de publica«
tiens.
Kbl (F.), géographe autrichien et auteur de cartes en i^lief, né
le 22 juin 1822, à Graslitz en Bohême, mort à Marbourg en Styrie,
le 10 mars 1876. En même temps qu'il publiait un travail sur le
GrosS'Glockner (1860), il exécutait plusieurs cartes en relief de di-
vers massifs des Alpes autrichiennes. Son œuvre la plus considérable
est le relief de la contrée des Alpes de Salzbourg, du Tyrol oriental
et de la Carinthie occidentale jusqu'au Sœmmering.
KofG (docteur R.), géographe et ethnologiste anglais, mort le 4 fé-
vrier 1876. Il accompagnait l'amiral sir George Back dans son expédi-
tion arctique de 1853-1855. Puis il revint à Londres où il fonda la
Société d'ethnologie, et rédigea pendant longten^s VEthnological
Journal t en même temps qu'il collabora à divers autres recueils.
Parmi ses travaux géographiques nous devons citer : The Franklin
expediiimi from firtt ta last ; Narrative ofajoumey to the skores of
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588 NÉCROLOGIE.
ihe Arctic Océan; On the iupposed extinct inhabitanU of Nmo
Foundland, 1844; On the FM River ofthe Polar Sea, 1844. De
4846 k 1848, il a étudié les Esquimaux aux points de vue de leur
histoire physique et intellectuelle, de leur industrie, etc.
Lahe (Edouard-Guillaume), né à Hereford (Angleterre), le 17 sep«
tembre 1801. — Au sortir de Tuniversité de Cambridge, il se rendit
en Egypte (1825) et, en 1828, après avoir bien appris Tarabe, il fit
un voyage archéologiq.ue en remontant le Nil jusqu'à la deuxième ca-
taracte; il en rapporta une description de TÉgypte et d'une partie de
la Nubie, ainsi que cent aquarelles à la sépia, qui isont restées inédites,
comme le texte, à cause des frais qu'en aurait entraînés la publica-
tion. De 1833 h 1835 il continua, pour la Society of the diffusion of
usefuî knowîedge, l'étude des habitants actuels de l'Egypte. Le résultat
de ses recherches a été publié dans un ouvrage qui restera un modèle
d'observation sûre et minutieuse : An account of the manners and
cusioms of the modem Egyptians, 3 volumes in-1 2, 1837. Dans on
nouveau voyage en Egypte (1842), M. Lane composa le dictionnaire
arabe complet que lord Algernon Prudhoe, le duc actuel de Northura-
berland, l'avait chargé de rédiger à ses frais. €e travail considérable,
qui épuise le fond et rhisfoire de la langue arabe, a rempli trente-
cinq ans de la vie de M. Lane. La publication en a commencé sous le
titre de : An Arabic-English lexicon, derived from the be$t and moti
copiom eastern sources y etc., grand in-4, Londres, Williams etNor-
gâte, 1863. M. Lane est mort à Worthing, le 10 août 1876.
LiNÂNT deBellepokds (Emost), né au Caire le 3 avril 1841. U était
fils du célèbre Linant-Pacha, l'un des premiers explorateurs du haut
Nil et de l'Etbaye, et frère d'Auguste Linant, mort à Gondokoro en
1874. Sa notice nécrologique commence où s'arrête le résumé de son
travail (voy. n*' 203, 205, 206 et p. 179-184). En partant'de Doabaga,
Ernest Linant avait déçu Tespérance qu'avait M'tésa de s'attacher notre
compatriote, et le despote d'Ouganda s'est vengé de cette déception. Il
s'entendit avec l'ennemi des Égyptiens Kaba Réga, roi d'Ounyero. Le
5 juillet, Ernest Linant, escorté de quarante soldats, fut attaqué sur
les bords du Kafoû par Une armée de huit à dix mille hommes. Après
un commencement de succès, il, fit construire un radeau pour ses
soldats, et, sous le feu de l'ennemi; il passa lui-même ii hi nage le
Kafoû, alors en pleine inondation. Il »rnva sam et sauf à Laboré, au-
près du général Gordon Pacha, gouverneur générai des proviikes
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KÉGROLOGIE. 589
équatoriales, qui so disposait à lui confier la mission d'étaUir sur le
Nil des stations entre Foweïra et le Loûla-Nzidjé, et de descendre le
Nil, de ce lac aux. cataractes de Makedo. Le 26 août, voulant faire re-
monter un de ses bateaux sur le Nil, 6ordon*Pacha envoya quelques
soldats sur la rive gauche pour détourner de cette oi)ération Tottention
des indigènes; Ernest Linant accompagnait le détachement qui
fut bientôt attaqué par des forces considérables et acculé sur le Nil.
Les munitions s'épuisèrent, et Ernest Linant fut tué à coups de lance
au moment où il allait se jeter à la nage pour traverser le fleuve (26
août 1875). On doit à Ernest Linant, outre le travail dont nous avons
rendu compte, des observations météorologiques faites dans F Afrique
cquatoriale, que le général Stone a communiquées k la Société de Géo-
graphie de Londres.
Lucas (Louis-\rthur), né à Mandiester, le 22 septembre 1851,
fit ses études à ITniversity Collège, et entreprit très-jeune de pé-
rilleux ou lointains voyages : en 1870, Tascensiondu Mont-Blanc ;
en 1872, un voyage au Canada et dans Touest des Ëtats-Unis pour
chasser le bison avec les tribus indigènes. Arrivé en Egypte l'année
suivante pour y chercher la santé, il résolut de consacrer ses forces
et sa grande fortune à explorer le bassin du Bahar El-Ghazàl et les
pays à Touest du Loûta-Nzidjé. En conséquence, après avoir pendant
quelque temps étudié la géologie, la botanique et la zoologie, il
partit, en septembre 1875, avec un botaniste, M. Freeman. En jan-
vier 1876, il était à Rhartoûm avec son magnifique matériel de
\oyage. Après trois mois de retard, il rejoignit à Lado le général
Cordon Pacha. Celui-ci ne jugeant pas que Tescorte de M. Lucas fût
une protection sufQsante, refusa de lui laisser continuer son voyage ,
et lui conseilla de revenir sur ses pas pour repartir de Zanzibar. Ce-
pendant M. Lucas fit avec le général une excursion sur le lac Loûta-
^zidjé, avant de reprendre le chemin de Khartoûm. Il avait gagné
la fièvre intermittente pendant cette navigation. Â Khartoûm, il fut
pris d'une fièvre chaude, dont les accès violents obligèrent à atta-
cher le malheureux voyageur. Le 26 octobre il continua sa route vers
Sawâkin, sous la surveillance de M. Russel de Tétat-major égyptien.
Arrivé à Sawâkin le 18 novembre, on le transporta à bord du Mas-
sowah et il succomba en mer, le 20 novembre 1876. M. Lucas a
été inhumé à Djedda. Son compagnon de voyage, Freeman, était mort .
k Berber malgré les soins attentifs des missionnaires catholiques*
yGoogk
590 2<£G11ÛL0GI£.
Meinigke (K.-E.), géographe allemand, né à Brandehbourg le 51
août 1803, mort le 25 août 4870 à Dresde. — Il professa pendant
près de trente-cinq ans au gymnase de Prenzlau dont il deyint di-
recteur. Les quinze dernières années de sa vie se passèrent à Dresde,
n fut l'un des premiers qui appliquèrent le système de Ritter à l'en-
. seignement usuel de la géographie. C'est en ce sens qu'il a rédigé :
Lehrbuch der Géographie^ Prenzlau, 1839 ; Leitfaden der Geo-
graphie^ 1'* édition, 1845. Meinicke avait fait sa spécialité de l'étude
et de la vulgarisation des données relatives aux îles et continents du
Grand-Océan et des mers de FAustralasie, savoir la Malaisie, la Mé-
lanésie, l'Australie, la Polynésie. Il a puhlié sur ce sujet une douzaine
d'ouvrages estimables résumés en un seul qui a paru à Leipzig, l'an-
née même de la mort de Fauteur, sous le titre : Die Insein des SUl-
len OceanSf 2 vol.
MoHR (Edouard). Né à Brème en 1828, passa une partie de sa Jeu-
nesse à Baltimore, à la Havane et à San Francisco, et fit dans l'océan
Pacifique une croisière de chasse et de commerce dont il a donné la
relation : Reise und Jagdbilder aus der Sûdsee, Californien und
Sûd'Afrika, Après un nouveau séjour en Californie comme surveil-
lant des mines de sel de Saint-Quentin, il passa dans FInde en 1855,
et fonda avec son frère, à Akyab en Arakan, une maison de com-
merce qu'il transporta ensuite k Rangoun, capitale du Pégou. Revenu
en Europe, il fit un voyage à Batavia, et se prépara ensuite à Fécole
des pilotes de Brème. En 1867, il accomplit son premier voyage
d'exploration dans le sud-est de l'Afrique. Ayant complété son instruc-
tion astronomique à Brème, sous la direction du professeur Breusing,
il fit de 1868 à 1871, avec le géologue Adolphe Hûhner, son deuxième
voyage, qui le conduisit aux chutes de Mosi-oa-tounya. De nom-
breuses observations astronomiques et barométriques (56 latitudes et
hauteurs, et 5 longitudes) constituent le principal résultat de ce voyage,
dont V Année Géographique a parlé dans ses volumes précédents.
Une excellente relation en a paru sous le titre de : Nach den Vic-
toria Fœllen des Zamhesi, deux volumes in-8% Leipzig (Hirt), 1875.
Dans Fêté de 1876, la Société africaine d'Allemagne, voulant faire
poursuivre au delà deKimboundou les découvertes du lieutenant Lux,
confia k Edouard Mohr une mission d'exploration dans Finlérieur par
la colonie d'Angola. Il partit le 1*" septembre de Saint-Paul de Loanda
pour rejoindre le docteur Pogge et poursuivre, de concert avec lui,
l'exploration des pays situés entre le Zaïre et son afûuent le Kassàbi.
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KÉCKOLOGIË. 591
Pussatit par Dondo, il rencontra à Halandjé, grande ville à l'est du
Koanza, et à 350 kilomètres de la cdte, le docteur Pogge, revenant
d'un voyage de découvertes, commencé en 1875 àPoungo A.ndango,
et continué par Kimboundou jusque dans le sud-est de Kwinzemena,
résidence actuelle du mata-yanvo ou empereur d*Oulounda. Edouard
Mohr laissa son collègue revenir seul à Loanda, et lui-même mourut
presque subitement kMalandjé, le 26 novembre 1876^ par suite de
Tabsorption d'une dose exagérée d'un médicament dangereux.
MoRLÂNG (François). Né dans le Tyrol autrichien. 11 embrassa la
carrière ecclésiastique et fut envoyé sur le haut Nil, comme mission-
naire catholique, en 1855. En 1859/ il commença des excursions
dans les contrées au sud- est et à l'ouest de Gondokoro; la première
jusqu'à Liria ; les autres chez les Sandê ou Makraka, puis à l'ouest de
la rivière Yeyi ou Yiaïe, que le docteur Peney et les frères Poncet
avaient déjà vue, et il revint par le pays des Yangbara. L'abbé Mor-^
lang a publié sa relation dans le neuvième Jahresbericht des Marien-
Vereinê zur Befcerderung der kathoUschen Mission in Central^
Afrika (Vienne, 1860); elle a été reproduite dans Ylnner-Âfrika de
Petermann et Uassenstein. Après un séjour de huit années dans les
contrées sur la limite de la région équatoriale alors inexplorée, Tabbé
Morlang quitta l'Afrique en 1863. Mort au Pérou en 1876.
MuNTBE (G.), géographe norvégien, mourut le 15 décembre 1876,
à Christiania, âgé de quatre-vingts ans. Après avoir servi dans l'armée
de 1811 à 1814, il s'occupa, dès 1815, de travaux cartographiques,
surtout de Tédition de cartes spéciales de la Norvège. En 1840,
parut sa carte de l'ancienne Norvège : Det garnie Norge for aar
1500.
Newelski, amiral russe, né en 1813, mort le 29 avril 1876, à
Saint'Pélersbourg. 11 est l'auteur de divers travaux sur l'océan Paci-
fique et sur le territoire de l'Amérique.
Perron (le docteur Nicolas). Orientaliste, né à Langres, le 5 plu-
viôse an V (25 janvier 1797) ; mort à Paris le 11 janvier 1876. Il
devint, sous la direction de Sylvestre de Sacy, un des meilleurs ara-
bisants de TËurope. Désigné au choix de Mohammed 'Ali, en 1835,
il fut nommé professeur à l'École du médecine d'Aboû-Zabel, près du
Caire. CYsl là qu'il eutru en rapports avec le cheikJ} Mohammed £1-
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592 NECROLOGIE.
Toùnsiy qui avait passé plusieurs années dans les empires de For et
de Ouadaï. Il l'engagea à rédiger en langue arabe la relation de ses
lointains voyages dans la Nigritie, que le docteur Perron traduisit : Le
Voyage au Darfour (For), un volume in- 8% Paris, 1845, publié par
les soins de M. Jomard; et Le Voyage au Ouaday, un volume in-8*,
avec une introduction bistorique et géographique de U. Jomard, et
un cahier de planches, Paris, 1851. Le docteur Perron a surveillé
lui-même Tautographie du texte arabe de la relation du cheïkh
Mohammed El-Toûnsi, qui a paru à Paris, in-4*', 1850. On ne possé-
dait sur le Ouaduï que des indications très-vagues, et la traduction du
voyage du Ouadaï contribua à rehausser Fintérêt des renseignements
que Henri Barth recueillait alors, et qu'il allait bientôt publier. Rentré
ca France après un long temps de professorat au Caire, le docteur
Perron, devenu membre de la Commission scientiGque d'Algérie,
traduisit pour le gouvernement le grand ouvrage de Khâlil Ibn Isbâq :
PrécU de Jurisprudence musulmane , etc., travail considérable qui
comprend sept volumes grand in-8', Paris, Imprimerie nationale,
1 848 à 1854. Le docteur Perron a traduit ou composé, en outre, divers
ouvrages, tels que : Le Nâçeri^ traité d^hippologie et d'hippiattie
arabes, trois volumes in-8% Paris, 1852 à 1865; La Médecine du
Prophète, un volume in-8**, Alger, 1858 ;et/e« Femmes Arabes avant
et depuis rislamisme, un volume in-8', Alger, 185.8. En 1857, il fut
ihargé de fonder le collège arabe-français d'Alger. Les dernières fonc-
tions qu'il ait remplies sont celles d'inspecteur général de Tinstruction
]>ublique en Algérie. Le docteur Perron laisse en manuscrit trois
ouvrages que son neveu, M. Alfred Clerc, interprète principal à
Oran, se propose de publier : L'Islamisme et son avenir; la traduc-
tion de la Balance de la Loi musulmane, par le cheikh El-Cha' ràni,
onGu une Étude sur les Coptes ou Qibt.
PfiTERMANN (doctcur J. H.), Orientaliste et voyageur allemand, né le
12 août 1801, à Glauchau, près de Halle (Saxe pruss.) , mort à
Manheim-les-Bains (Messe électorale), le 10 juin 1876. 11 était depuis
1856 académicien et professeur de langues orientales à l'Université de
Berlin. De 1 852 à 55, il fit des voyng(#étendus dans PAsie Mineure, la
Mésopotamie, l'Arménie et la Perse, et géra, de 1867 à 1868, le con-
sulat allemand à Jérusalem. 11 a écrit : Reisen im Orient, 1860-61.
Comme orientaliste, il a été le premier auteur eiiropéen d'une Gram^
maire Arménienne, écrite en lalin, 1857 et 1838. H a écrit au&si
d'aulres travaux sur l'hisloirc et la géognu.hie do rArinéiiic.
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NÉCROLOGIE. 593
P^UND (le docteur Jules). Né k Hambourg vers 1815. Il étudia ia
médecine et la botanique; devenu conservateur du musée de Prague,
il composa une flore de la Bohême, qui est restée manuscrite. Il
pratiqua la médecine à Alexandrie et au Caire, de 1848 à 1869, sauf
une absence faite pour accompagner M. von Mtiller dans un Yoyage
sur le haut Nil. En 1874, le général Stone le fit attacher à une expé-
dition militaire envoyée dans la Nigritie. Dans la dernière moitié de
1875, il fut adjoint h la brigade du colonel Colston, qui longea la
rive ouest du Nil jusqu'h Dabbé, et marcha par TOuâdi Mahtoûl pour
arriver à Ël-Obeïd, dans le Kordofân. Malgré ses soixante ans, le doc-
teur Pfund avait supporté admirablement les fatigues de ce vpynge,
et collectionné tans relâche des échantillons de plantes. Il parcourut
ensuite toute la province de Kordofân, et partit avec le colonel Purdy,
qui allait opérer dans le Fôr, où il put continuer ses excursions bota-
niques sur un sol parfaitement vierge. Mort au Fâcher (Fôr), le
21 août 1876.^
Priîuudaie (Félix-Hélie De la). Historien, né à Vannes le 21 jan-
vier 1814. Il consacra une partie de sa jeunesse à des voyages à
Tétraûger, principalement en Italie. Il publia en 1848 une Histoire
du commerce de la mer Noire, et un livre dont il avait puisé les do-
cuments dans la bibliothèque du monastère de Monte Cassino : Les
Aixihes et les Normands en Sicile et en Italie^ 1 vol. in-8, Paris
(Challamel), 1868. Mais c'est surtout le nord de l'Afrique qui a
fourni des sujets d'études à M. de la Primaudaie. Nous citerons : Le
Commerce et la navigation de V Algérie avant la conquête fran-
çaisCyi vol. in-8, Paris (Lahure), 1860; Le Littoral de la Tripoli-
taine, 1 vol. in-8, Paiis (Bertrand), 1865; Les Villes' maritimes du
Maroc; commerce t navigation, géographie comparée (Revue afri^
caine d'Alger), 1872 à 1875. Ënfm, les manuscrits espagnols pro-
venant de la bibliothèque royale de Simancas, et qui sont conservés
à Alger, lui livrèrent les éléments de sa dernière œuvre : Documents
inédits sur rhistoire de V occupation espagnole en Afrique, de 1505
à 1574, en cours de publication dans la Revue africaine depuis
1875. Mort à Alger le 30 janvi#i876.
Prokesch vônOstin (A. comte). Homme d'État, géographe et orien-
taliste autrichien, né à Gratz le 10 décembre 1795, mort le 26 oc-
tobre 1876 à Vienne. Après avoir pris paît aux campagnes de 1813
et 1815 contre la France, il devint, en 1817, professeur de mathé-
L* ANNÉE 6É0GR. XV. . M . ,
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504 NÉCROLOGIE.
matiques à Técole des cadets d'Olmfito, puis, en 18i8, adjudant du
feld-maréchal prince Charles de Schwartzenberg, commandant en
chef des années coalisées de 1813. En 1821, il exécutait des lèves
topographiques dans la haute Hongrie, et en 1824 il visitait la Pa-
lestine et rÉgypfe. G*est en 1827, comme chef de Tétat-major de la
flotte autrichienne du Levant, quMl fit ample connaissance avec Mo-
hammed 'Ali, dont il écrivit une biographie intéressante.^ Anobli en
1850 par le titre de von Osten, il a, depuis lors, toujours occupé avec
distinction les postes diplomatiques les plus délicats. En outre des
ouvrages poétiques, militaires, historiques, numismatiques et bîogra*
phiqnes dont nous ne saurions donner ici une énumération, il a pu-
blié, dans le domaine de la géographie, les travaux suivants : Erin-
nerungen ans Mgypten und Kleinasien, 5 vol., Vienne, 1829-1831 ;
Reise ins Heilige Land, ib,, 1831; Dm Land zwis^en den Kor-
tarakten des Nils, ib,y 1852; DenkwUrdigkeiten und Erintienmgen
aus dem Orient, 1856. •
REBMiira (Jean). Missionnaire protestant, d'origine helvétique, né
en 1820 & Gerlingen (Wurtemberg). La Church missionnary Society
le dirigea sur la mission à la côte orientale d'Afrique, fondée, en
1844, par M. Jean-Louis Krapf. Depuis son arrivée à Monbâsa (1846)
jusqu'en 1875, Jean Rebmann, établi à Rabba¥-M*pia, se consacra à
évangéliser les Wanika et autres peuples de la contrée, et à étu-
dier leurs idiomes. Il fit plusieurs voyages de découverte tels
qu'une excursion au mont Kadiaro, en 1847, et un premier voyage au
pays, alors inconnu, de Djagga, où il découvrit les cimes neigeuses
du Kilima-Ndjâro, en 1848. Vers la fin de cette même année, il re-
partit pour le Djagga où il pénétra aussi loin que Madjamé à Touest,
et où il retourna encore en 1849. La relation de ces Toyages est
consignée dans le deuxième volume du livre de M. Krapf : Rei-
êen in Od-Afrika ausgefûhrt in den Jahren 1837 bis 1855,
2 vol. in-8, avec une carte au nTïTTfTs**» Stuttgart (Stroh), 1858.
Après ces voyages, M. Rebmann construisit une maison à Kisou-
loutouni, près de Rabbaî-M'pia, et il se perfectionna dans Tétude
des langues kisouâheli et kinika , tout en recueillant avec le mission-
naire Erhardt des renseignements géographiques qui servirent de base à
une carte : Skizzeeiner Karte eines Theils von Ost^und Ceniral-'Âfrika
mitAngabeder wahrscheinîichen Lage des See*s von (7ntamest,etc.,
dont la publication àmsles Mittheilungen de Petermann (1856) amena
renvoi de Texpédition de Burton et Speke aux grands lacs TangafSyîka
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NÉCROLOGIE. 505
etNiyanza, qui, confondus en un seul, avecleNpssa, répondaient, sur
cette carte, au lac d'Ounyamwezi. Après la retraite de M. Krapf, Jean
Rebmann, resté à Kisouloutouni, se voua à rachèvement de ses travaux
sur les trois principales langues de la partie est de TAfrique équato-
riale : le kinika, le kisouàbéli et le kiniassa. Il traduisit en kisouâhéli
Pévangile de S. Luc : Engili ya Lukan ; tfie gospel of StLuke, trans"
lated into the kiiuâheli language by the Rev. Rebmann, 1 vol.
in-8. Saint-Chrishona, près Bâle, 1876. 11 composa des dictionnaires
des langues kisouâhéli et kinika, ouvrages encore manuscrits, et un
dictionnaire de la langue kiniassa : Dictionary of the kiniaisa lan-
guage by the Rev. J. Rébmann, 1 vol. grand in-8 ; Saint-Chrishona,
1877. Ayant perdu \a^ vue en 1875, il était venu rejoindre son ancien
coUaborateiur et ami Krapf à Komthal. La mort Ta surpris au milieu
de la correction des épreuves de ce dictionnaire qu'il faisak avec le
secours de M. Krapf. Mort à Korntbal, le 4 octobre 1876.
S£ DA Bandeirà (général Bernard de la Nogueîra, marquis de).
Né à Santarem (Portugal) en 1876. Il • servait comme volontaire
dans Tarmée portugaise à Tépoque des guerres contre Napo-
léon I"'. Dangereusement blessé dans une bataille, il tomba en-
tre les mains des Français et fut emmené à Paris , oh il
s'attacha, sous Gay-Lussac et Geoffroy Saint-Hilaire, à Tétude des
sciences physiques et naturelles. Appelé, en 1837, à gouverner les
provinces septentrionales du Portugal, il remplit ensuite les fonc-
tions de ministre de la marine et des colonies, de ministre de la
guerre et de président du conseil des ministres. C'est lui qui fit éle-
ver en 1859, sur le cap Sagres, à la pointe sud-K)uest du Portugal,
un monument au prince Henri le Navigateur. GVst lui aussi qui prit
rinitiatite de raffranchissement des esclaves dans les colonies por-
tugaises. Les courts loisirs que lui laissaient ses hautes fonctions po-
litiques, il les consacrait k des études et à des publications géogra-
phiques, parmi lesquelles il faut citer ses Notes sur les fleuves
Zamhèze et Chiré et sur quelques lacs de T Afrique orientale (Bul-
letin de la Société de géographie de Paris, juin 1862), mais sur-
tout les cartes de l'Afrique portugaise : Zambexi e Sofalla, mappa
coordenaia sobre numerosos documentos antiguos e modernos, por^
tuguezos e eMarangeiros, Lisbonne, 1861 ; et Angola^ en deux feuilles,
celle-ci dressée avec la collaboration du lieutenant-colonel da Costa
LeaL, Lisbonne, 1805. Mort à J^isbonne, le 6 anrier 1876,
yGoogk
596 Nécrologie:.
Sainte-Claire Deville" (Chaiiès), géologue et méléorologiste fran-
çiis, né en 1814 h Tîle Saint-Thomas (Indes occidentales), mort le 10
octobre 1876 à Paris. — Sorti de TÉcole des mines, il fit de 1859 a
1843, dans les Antilles, à Ténériffe et aux îles du cap Vert, des voyages
scientifiques sur les résultats desquels il publia, de 1856 à 1864,
deux séries de mémoires, dont les uns traitent surtout de la géologie,
et les autres de la météorologie des Antilles. Il avait, en outre, exé-
cuté une triangulation et une carfe de la Guadeloupe. En 1855 TAca-
démie des sciences Tenvoya en Italie pour observer l'éruption du
Vésuve, et ce voyage a valu à la science divers mémoires sur les
phénomènes volcaniques. Les dernières années de sa vie furent consa-
crées à la météorologie, sur laquelle nous avons de lui : Variations
périodique» de la température, comptes rendus 186^67. Il fut un
des fondateurs delà Société météorologique française, et activa, pen-
dant sa présidence, la construction de TObservatoire de Montsouris,
qu'il dirigea jusqu'en 1872. Nommé alors inspecteur général de toutes
es stations météorologiques de la France, il visita en c^tte qualité
l'Algérie, où il fit établir des stations.
Sabtorius von Waltershausbn (professeur, docteur Waîter baron),
géographe et géologue allemand, né le 17 décembre 1809 à Goettin-
gen, où il mourut le 16 octobre 1876. —11 eut pour parrain Goethe,
dont il sembla avoir subi l'influence et la direction dans ses travaux <
de géographe et de naturaliste. Ses études terminées, il fit, de 1854
k 1847, de grands voyages scientifiques dans les Alpes, en Italie, en
Sicile, en Islande, en Angleterre, aux Hébrides, en Scandinavie, etc.
En 1859, après quelques années de professorat à Goettingen, il reprit
ses voyages, qui l'amenèrent d'abord en Russie, puis, de 1864 à
1870, encore deux fois en Sicile. Il a fhit sa spécialité des volcans
de rislande et de la Sicile. Ses principaux ouvrages sont : Die suh^
marinen vuîcanischen Aushrûche im Fa/di iVoto, 1846; Phyghch-
geographitche Skizze von hland, 1847; Atlas des Aetna, 1848;
Oie tulcanischen Gesteine von Sicilien und hland, 1855; Geo-
logischer Aila$ von lêland, 1855; Uniersuchungen ûber die
Klimate der Gegenwart und Vonwelty 1865 ; Der Aetna und seine
Vmwàlzungen, 1875. Il laisse en manuscrit un grand ouvrage sur
la topographie et l'orographie de l'Etna. — On lui doit aussi une
Biographie de Gauss, le grand mathématicien de Goettingen (1856).
ScROPE (G. Poulelt), géologue et géographe anglais, né i Londres
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NÉCROLOGIE. 597
en 1797, mort le 18 janvier 1876 près de Cobham (Surrey). — Il fil
sa spécialité des études sur les volcans. Après un long séjour à Na-
pies de 1816 à 1819, un voyage en Sicile et aux îles Lipari en 1820,
une visite, en 1821, dans la région volcanique de la France centrale, .
et, enfin, un dernier voyage dans TEifel (Prusse Rhénane), Scrope fixa
sa théorie sur les volcans dans le sens des idées de Lyell, opposées
à celles de Weruer. Ses principaux articles sont : On IheEifel extinct
volcanoes {Edinburgh Journal of Sciences, 1826); On ihe Plilegrœan
Fields [Transact. Geolog. Soc, 1826) ; On ihe Ponza ïslands (ib.,
1827). Il a ensuite publié plusieurs traités séparés, qui sont : On Uie
geologyand extinct volcanoes of central France, 1827 ; Cônes and
craiers, et surtout Considérations on volcanoes j 1862, avec une
description détaillée de tous les volcans et formation3 volcaniques con-
nues du globe. Il a, de plus, dressé un relief géologique du Puy-de-
Dôme et des Puys voisins.
Smith (George), géographe et orientaliste anglais, né le 26 mars
1840 k Chelsca, mort à Âlep le 19 août 1876. — Après ;s'être oc-
cupé, dès 1857, d'études assyriologiques, il obtint, en 1870, une
place au British Muséum. L'année suivante il partit pour INiuive aux
frais du Daily Telegraph. A la suite de fouilles heureuses et fécour
des, Tadministration de British Muséum se chargea des frais ultérieurs
de Tentreprise, à partir de 1874. Les volumes précédents de notre
Année ont rendu compte des découvertes de Smith. Quant à la topo-
graphie de I^inive, aux listes des rois assyriens et babyloniens, à ses
textes cunéiformes, tels qu^une épopée mythologique dans le genre
du Ramayana, etc., Smith lui-même en a parlé dans ses Assyrian
DiscoverieSy Londres, 1875. 11 se résume en disant qu'après sa dé-
couverte de plusieurs milliers de tablettes cunéiformes, sou succes-
seur pourra encore en trouver au moins six fois autant.
SiRAKGE (le colonel), géodésien et topographe anglais, né le 27
avril 1818, mort le 9 mars 1876, h Londres. — Arrivé en 1854
ivux Indes orientale» il prit part à la grande triangulation entreprise
alors, pour la mesure d'un degré, depuis la base de Sirondsch, par
les monts ArévaUi, à travers le désert de Thurr et h vallée de Tlndus
jusqu'à Karratschi. Ce travail terminé, il présida à la mesure de la
base de Karratschi, de 1854 à 1855, Il fut chargé plus tard de lever les
cô!cs orientales de l'Indouslan. De retour en Angleterre, eu 1862, il
fut nommé Inspeclor of scienlific instruments at ihe ïndia Office et
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598 NÉGROLOGifi.
chargé, comme tel, de contrôler tous les instrumeiits nécessaires à
Ta grande triangulation des Indes anglaises.
Ule (docteur Olhon), géographe et natoraliste allemand, né le 22
janvier 1820 à Lossow, près de Francfort-sur-rOder, mort le 7 août
1876 à Halle, en Saxe, à la suite des blessures reçues lors d'un in-
cendie dont il dirigeait Textinction. Il avait été professeur de scien-
ces naturelles dans une école de perfectionnement aux environs
de Halle. Compromis dans les affaires politiques de 1848, il dut
embrasser le métier de littérateur et de conférencier libre; il y
réussit en popularisant Tétude des sciences naturelles et géographi-
ques. Il travailla activement à Tenvoî d'une expédition à la recherche
de Vogel au Ouadaï; puis il fonda la Société de géographie de Halle.
En 1852 il créa la revue intitulée Die iVafur. Ses principaux ouvrages
sont des traités populaires. En dernier lieu il a publié sous le titre
de Die Erde, une contrefaçon dédaigneuse de Fouvrage d'Elisée
Reclus, La Terre,
WHrrE (G.-B.), explorateur d'Australie, né en août 1802, dans le
comté de Cork en Irlande, m(»l à Sydney le 24 mai 1876. D'abord
occupé pendant sept ans à des levés sur les côtes des Indes orientales,
il arriva en 1826 à la Nouvelle-Galles du Sud, où il entra dans le Sur-
vey department. lï fit d'abord des relevés autour de Windsor, Porst-
moutb et Sydney; puis, en 1827, celui du district de Hunter. En
1851, il accompagnait sir Thomas Mitchell dans son voyage d'explo-
ration, un des premiers qui aient eu pour but l'intérieur de l'Aus-
tralie. Après son retour, il coopéra pendant assez longtemps au
relevé des fleuves du nord de la Nouvelle-Galles du Sud, et quitta le
service actif en 1853.
WuTTKË (le professeur Henri), polygraphe allemand, né le 12 îé-
vrier 1818, à Brieg en Silésie, mort à Leipzig le 14 juin 1876. Il
avait une chaire d'histoire littéraire générale à l'Université. H a écrit
sur une foule de sujets historiques, philosophiques et littéraires. Ceux
qui intéressent spécialement la géographie sont : Erdkunde und
Karten des Mittelallers, 1854; Kosmographie der htners Aithicux^
1854. Dans ses traités sur Thistoire des Universités allemandes, se
trouvent de nombreuses notices curieuses sur des professeurs qui y
ont enseigné Thistoire et la géographie.
yGoogk
MËGROLOGiË. 599
ZicHT (comte Guillaume), membre d*une des familles les plus
nobles de Tempire austro-hongrois. U fit une excursion sur la côte *
aûricaine de la mer Rouge, du port d*Ed à Asalé, plaine toute incrus-
tée de sel, située au nord du mont Artali, volcan en activité, dont elle
est séparée par le lac Alelbad, au milieu duquel est une ile de sel
gemme. Le comte Zichy a trouvé au nord du lac d'autres traces de
l'action volcanique : les solfatares de Delol, des masses de soufre et de
cendres, et enfin plusieurs geysers dont l'orifice, en forme de calice,
▼omit des jets de vapeurs sulfureuses (voir le n* 81). Il prit part,
en 1S75, à la campagne de TÉgypte contre ie nigoûs Yôbannis
d'Ethiopie. Accompagnant l'armée du général Arakel-Bey, il s'avança
de Hottçawwa' par les provinces du Hamasen et du Saraë, et fit plu-
sieurs reconnaissances du coté de Goundet'AdiHaouala, en Tigray, sur
la rive droite du Mâreb. Le 16 octobre 1875, il fut surpris avec •
Favant-garde égyptienne à Kherad Iska, et fait prisonnier. Les soldats
éthiopiens lui dépouillèrent le crâne, lui arrachèrent un bras et
Fabandonnèrent dans ce lamentable état. Des femmes compatissantes
lui donnèrent des soins, et huit jours après le commencement de son
martyre, il fut recueilli par M. de Sarzec, vice-consul de France à
Mouçawwa\ Mais l'empereur Yôbannis le réclama comme son prison-
nier, et Tescorte chargée de conduire auprès de lui le comte Zichy,
l'acheva en route.
Nous rappellerons enfin deux pertes qui remontent aux années an-
térieures :
B^ES (Thomas), qui commença ses voyages en 1855 par l'expédition
de Gregory, dans l'intérieur de l'Australie septentrionale. Il fit partie
des deux expéditions de Livingstone sur le Zambézi, en 1858 et 1861,
et accompagna en 1861 et 1862 M. Ghapman dans son voyage de la
côte ouest au lac Nâmi, et aux cataractes de Mosi-oa-tounya. Il a donné
sur ce voyage : Explorations in South' West Africa, Londres, 1864.
Plus tard, il parcourut le Transvaal et les placers de la rivière Tati.
Thomas Baines a rédigé, en collaboration avec M. Lord, un livre
destiné à enseigner la pratique des voyages dans l'Afrique australe :
Shifts and expédients of camp life, Londres, 1871. Il est décédé le
8 mai 1874, en route pour la rivière Tati.
Veame (le comte Ferdinand dal) , ingénieur des mines italien, né
k Zavattarello (Lombardie). Sorti de l'École centrale de Paris, il fut
d'abord attaché à l'exploitation de mines d'ctain à Iglesias (ile de Sar-
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600 NÉCROLOGIE.
daigne). U partit ensuite pour les mines de cui?re de Kargalinskaia ,
près d*Orenbourg. À la suite de diverses excursions dans le gouver-
nement d'Orenbourg et dans les steppes de la Tartarie, il rédigea
deux mémoires géologiques qui sont encore en manuscrit. La lecture
des voyages de M. Stanley lui avait inspiré la résolution d^explorer
rintérieur de TAfrique, d'y rechercher les mines d'or et de pour*
suivre les découvertes de livingst^ne du côté du nord.
A la fin du mois de juin 1875, il arrivait à Zanzibar, apportant,
outre son matériel d'ingénieur, un cercle à réflexion et un niveau à
pendule de son invention, destiné à remplacer, dans les nivellements,
le niveau à bulle d'air, qu'il jugeait trop fragile. Dans un premier
projet, il avait compté passer un mois à Zanzibar pour s'acclimater,
apprendre la langue et les usages arabes, et commencer ensuite son
voyage vers le pays de Katanga, où il comptait trouver des filous
d'or natif y et où déjà Livingslone avait signalé des mines de cuivre.
Le mois de juillet fut consacré aux préparatifs du vopge et à réUide
de la langue arabe. A la fin du mois, il se rendit sur le continent
avec des Ëm-opéens, chasseurs d'hippopotames, pour remonter le
fleuve Kingani. Trois nuits passées en plein air, à l'embouchure du
Kingani, au milieu de marécages pestilentiels, suffirent à donner au
comte dal Yerme une fièvre intermittente, qui Tobligea à renoncer à
son voyage. Malgré les bons soins qu'il reçut des missionnaires catho-
liques français de Bagamoyo, il succomba le 50 juillet 1873, à Tàge
de vingt-six ans et demi.
yGoogk
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES INOMS D£ VOYAGEURS ET D AUTEURS
Abbav, ^16.
Abdallah Faouii (l'adju-
dantrmajor), 100. 101.
Abhandlunq. der Kgl.
Ges. der Wisseruch. zu
Berlin, 3î7.
Abich, 546.
Abougit (le P.), 330.
Academy (Ihe), 329.
Acta de la Acad. nacion-
de cienciat et arts en
la univ. de Cordova,
542.
Adamoli JGialio)t 16.
Adams (F.-O.), 487.
Adams (le capit.), 553.
Ahmed Effendi Hamedi (le
capit. adjudaiit- major),
222, 223.
Aladeaize (H.), 58.
Albertis (L-M. d'), 519,
524.
Albiroûni, 396.
Albuqueratte(Luizde), 547.
Alert and Ditcavery, 552,
555-569.
Allen Young, 552. 554.
Amicis (Ed. de), 16.
Anderson (J.), 471.
Anderson (capit. S.), 531,
532
Andenoii(G.-J.), 255,285-
287.
Andréas (D'), 357.
Anker (M.-U.), 255.
Annalen der Hydrogra-
phie, 526.
Annalen der Hydrogra-
phie und tnaritttnen
Météorologie, 300.
Annale* nydroçraphi
quêtt 511 •
Annuariohidrografico de
ta marina de Ùkiie, 540.
Anouicfaini*. (D.), 444.
Anquetil (Thomas). 495.
Antananarivo andMada-
gaêcar Magazine, 199.
Anlinori (marquis Borace),
99, 114 Cl suiv., 336.
Appalachian Mountain
Club, 532.
Appleton(T.-G.), 59.
Archiv. fur Anthropolo-
gie, 519.
Arcoiiali-Yiscooli (marquis
Jean-Martin), 571.
Ascber^oii (le prof. D' P.),
71, 88 et suiv.,141.
Aube (Th.), 301, 535.
Augêburqer Allgemeine
Èeit. 301 .
Ans alïen w'elttheiUn, 97.
Ausland de Stuttgart, 71.
Avrainville (A. d'), 300.
Avril (le baron d'). 134.
AymoDier (E.), 496.
Ayuâo (Garcia F.), 36.
Baedeker, 328.
Baer (Karl Erost v.), 571,
572
Raines (Thomas), 599.
Raiuier (P.), 10.
Baker (Yalentine), 399.
Baker (sir Samuel), 135,
138.
Baker (D' Wil.), 533.
Ballay (médec. de la ma-
rine). 187-195.
Banaré (A.), 187.
Bancroft (Hubert - Howe)
533.
Banniog (Emile), 311.
Barker (Mme), 255.
Baron (prof. D'). 534.
Banh m. Ton), 443.
Barth-Uarmaiing (baron
Armand von), d73.
Barlle Frère (ïir), 318. .
Bary (0' Erwin de), 2 et
Bas (F. de), 502.
Rastian (A.). 535.
Baudot (capit. d'étal-maj.),
15, 39 et buiv.
Beaumicr ( Jean-Baptiste-
Marie -^Auguste), 16 et
suiv., 573 à 575.
Beauinont (le lient.), 563.
Beccari (Odoardo), 99, 137,
519.
Beclier (le contre*amtral «
R.-B.), 575.
Becker (Alois Ritter von).
Bchm (E.). 138, 252.
Bclknap (W.-W.), 535.
Bellew (le D'). 402,409-411.
Bellucci (le D' G.). 11, 56
et siÙT.
Bellville (A.). 139. 143.
Berendt (Hermann), 535.
Berg (le D'). 541.
Berger (Philippe), 331.
Bergmann (J.), 340.
Bernai deOreilly (A.), 59.
Bemers (Gh.-H.), 331.
Berquin, 300, 306^7.
Berthelot (Sabin), 301.
Bessels (D'), 552.
Beveridge (H.). 376.
Biddulph (le capit.), 402.
Biuh-Wither (T..P.),5U.
Bijdragen tôt de taat-
land-en Yolkenkunde
van Nederlandtch in-
di&, 517.
yGoogk
602
Birch (S.), S8.
Bird (UafcwUa^.)* «
Btrgbam (F.), 526.
BisH6t (le major-général),
255.
Bixeraont(H. de).472,525.
Blackwood Edinburgh
Magazine, 138.
Blaixe (G.). 300.
Blanc (Glk), 59.
Blanc (P.). 69. 87.
Blanchet (A..P.),535.
Blanford(W.-T.),359,361,
372.
Blaramberg (gén.Tan),397.
Bleek, 253.
Bleeker (P.). 299.
Bleicher(le D'), U. Voy.
Lorral.
Blondel (S.), S34.
Blylh (the late). 495.
Boehr(leD'Maz.),140,Ul.
Bogdanow (Modeate), i04,
426431.
BoKdauowitscb(le colonel).
Bogies (George), 384, 390.
Boguizubsky (jl 444.
Boteiin de la Socied.
geogr, de Madrid» 327.
Bolettn de la Sodedad de
Geograph. y Ettadis-
tica de la Republica
Mexieana, 534.
BoUaert (W.), 575, 576.
Bollett. délia Soc. geo-
grafica di Roma, 11 et
suiv.
> Bolscbef (le eolonel), 460.
Bonnat (M. de), 200, 205 à
220.
Bonola (Fred.). 137.
fioolhby (Joaiab), 515.
BorggreTes, 398.
Bonus (le D*), 199.
Boacbe (l'abbé J.*^), 199,
200.204.
Boaffard (A.), 97.
Bouillevaui (ancien mis-
sion n.}, 496.
Bourde (Paul). 138,252.
Bousquet (6.). 489.
Bouvier (A.), 139.
Borel ((iiacomo}, 503.
Bowdens, 204.
Box (capit. B.-W.), 488.
Boyie (L.-HO, 375.
Bratt de S&4»ol^ias, 505.
Brébat(A.de),372.^
Bretâchneider (D' Emile).
376, 398, 470.
Brooks (Cbarlcs Wolcott),
TAËLE Âli'IlABÉTIQUË.
Brooks, 255.
Brossard de Gorbigny, 496.
Brossotet. 537.
BroughSmythrR.), 5IT
Broussonnet, 301.
Brown (J.^.) , 255-257,
Brugscb, 58.
RrunialtWA.),401.5l7.
Brûning (6 ), 343, 361.
Brunton (H.). 492.
Bruun (prof. D' Pb.),
399
Bucbbolx (Bh.-A.), 576,
Buet (Ch.), 59.
BQhler. 578.
Bulletin de la Soc. de
Géogr.dé Bordeaux^&i,
Bulletin de la Soe, de
Géoqr.de Parie. \
Bullelin de la Soc. de
Géogr. de Lyon, 14.
Bulletin de la Soe. khé-
diviale de Géogr. du
Caire, 13.
Burmeister (H). 542.
Bureau de Vétat-major
égyptien, 132.
Borton (Isabel). 332.
Barton (le capit. Richard),
141.
Burlon (R.-F.), 374.
Bascben (Arthur Bogdano-
wilachvon), 576, 577.
Gaballero (Fernan), 577
Cachet rF.-Léon), 254.
Gaddk( Bey (lieut.-colonel),
222.
Caillât (Ph.),. 11.
Calcutta Review, 375.
Calderon (S.), 301.
Call-Rosenburg (G. Frei-
herrT.))357.
Cambiaso (L.), 518.
Gameron (le lieut- Verney-
Loyett),251etauiv., 257
à 277.
Camperio (M.), 99. 252.
Capitaine (H.), 100, 300,
Caracdolo (Camille), 58.
Carus (Th.), 252.
Catlin (G.), 534.
Gegani (le f>ror. G.). 99.
Centeno y Garcia (J.), 506.
Cernik (ingénienr Josepli),
Chabaud-Amanit, 536.
Cbaillé-Long (le colonel
C), 135, 136» 138, 184 à
186.
Cbambeyron (le capit.).
255, 526.
Ghapman (capit.). 402.
Charencey (H. de}, 535.
Charmeltant (le R. P.), 69
Ghauveau (Mgr), 385.
Chauvey, 11.
Cbayaniie(le D' Joseph), 2.
Ghérot (A.), 540.
Chener^ (le lieut. L.), 199.
Gbiarini (Fingénienr B'),
99, 116.
Chijs (J.-A. Tan der),
501.
Ghil y Naranjo (le D' Gre-
gorio), 301.
ChippendaU (le lieut. W.-
eT), 154. 135.
Chodzko (J.-J.), 3U.
Ghootzé(P.). 470.
Christie Jjacqueâ), 1291
Clercq {V.-S.-k. de). 505.
Clermont - Ganneau (G.),
328, 329.
Gluzet (Mgr). 358.
Godine (J.), 1.
Collet (J..N.), 515.
CoUton (le colonel d'état-
^or R.-E.), 223, 226-
Gompiégne (le marqoisde),
139.
Comptes rendue dee séaU'
ces de l'Aoad. éaseien-
ees, 10.
Congreve (C.-R.). 542.
Gonnor (le lient.), M3.
Cook, 330.
Gooper (H.-T.-M.), 198.
Cora (Guido), 99.
Gordeiro (Uiciano), 530.
Cordes (F. W.-H^). 802.
Gordier (Heinrich ou En-
rico), 497.
Corippus, 11.
Gorrenti, 99.
Correspondenzblatt der
Afrikanisch, Ge9ehieh.f
140 et suiv.
Cornelissen (Jean-E.^, 577.
Corte y Ruano GalderoB
(D. Felipe de la), 526.
Goryton (J.), 472, 495.
Cosmos de Guido cora,
2, 517 etsuiT.
Cosson (EO. 13.
Golard, 325.
Gotterill (H.-B.), 282.
Cooder (le lieut.), 328.
Conto de MagaUiaes (D'),
544
Gorey(Bdwin.A.),533.'
Gaekanowski (A.-L.). 459,
462 à 467, 577-578.
Daily Télégraphe 156.
yGoogk
DES NOMS DE VOYAGEURS ET O'ÂUTEUftS.
m
Daly (le juge^, 138.
Dalrymple (U. Elpiiin^to-
ne), 578.
Daoce (C. D.), 538.
Dausse, 137.
Daveau (J.), 11.
David ( l'abbé Armand)»
470.
Debcs (Ernbt), 330.
Deckea (baron Cari Claus
Ton der), 142.
Dejout(E.),14.
Del6ol (L.), 375.
Denizet. 301, 308, 310.
Derrien (capit. d'état-maj.),
15, 330.
Descharmes (Léon), 489.
Desgodins (l'abbé A.), 386,
Desideri ( P. Ippolito ),
384, 387, 388.
Desimoni ( Gornelio ), 529.
Deutsche Rundtckau, 59.
Devin (Aug.), 332.
DeToulx (Albert), 14. 579.
Diamond Fiela of Kint'
herley (thc), 255.
Dixon (W. Hepworlh, 331.
Dominique (le R. P.), 99.
Dornseirfen (J.), 511, 512.
Doughty (G. M.), 332. 342.
Drasche-Wartinberg (D' U
chard von), 487, 506,
507.
Drew Gray (J.), 371.
Drouillel (Léon), 535.
Dufr ( MounUluart E.
Grant), 372.
Doff Gordon (lady), 2.
Dunraven (earl o'f), 533.
Duparquet (le P.). 141.
Duponchel, 69, 85.
Dupin (J.), 497.
Durand (l'abbé), 2, 2.%,
371.
Durand -Fardel (le D')
472.
Dûrr (G ), 532.
Duveyrier (H.), 12,13, 15,
16, 59, 69, 252.
Dyer (H. M.), 199.
Ebers, 58.
Economiste français, 372,
499.
Ehrenberg (Gh i'étien-Gode>
froi), 579,' 580.
EltOD, 138.
Emerich (Max.), 539, 545.
Eraànzungshefte %u den
Miitheil. dePetermann
100.
Ërnouf (le baron), 378.
Erskirie (V.), 254.
Euting(Julius).331, 349.
Evemng Hours, 255.
Exploratetfr de Paris, 10.
Extrait des Annales du
Commerce extérieur, 16.
Fabrilius (W.), 343.
Faidherbe (Je général),
199,201,202.
Falkenstein, 142.
Fan-Ghiao-Koul (voyageur
diplomate chinois), 442.
Karage (dom), 349.
Fedtchenko (A.), 400.
Fényes(A.),580,581.
Férand (L. Gh.), 14.
Ferraro (Prosp.-Giuseppe),
529.
Feuilleret (Henri). 545.
Filhol(H.),527.
Fillias Achille), 14.
Finaz (le R. P.). 299.
Finger (D' F. A.), 554.
Finsch (C). 459, 467,
Fischer (Walter M.), 533,
Flek (C), 372.
Fleanotde Langle (l'ami-
ral), 199.
Florenzano (Gbr. G.), 137
Fonlaneau, 502.
Fontperiuis (A. -F. de),
37i, 497, 515.
Fonvielle (W. de), 553.
Foran (R. P. Jacques), 541.
Forbes (D.), 581.
Forrest (J.), 514, 516.
Forsyth (sir Douglas), 492,
415,418.
Fôtierlé (Franz), 581.
Foumel Olenri), 2, 8 et
suiv., 581, 582.
Fournier (A.). 254.
Fraas (prof. D' Oébar),332,
340, 541.
François (D' Jules), 343.
Frazer Tyller, 366, 367.
Fiiederich (R.), 507.
Fritsche (H.), 445.
Fromentin (Eugène), 582,
584.
Fuchs, 13.
Fnchs (P.), 346.
Gaffarel (P.). 576.
Galliffet (génér. de), 15.
Cannerai (A.), 386.
Garcin de Tassy, 375.
Gay (Jean), 2.
Gay (le D'), 542.
Gaxelle (expédit.). 527.
Gazettadi Ken^sia, 99.
Geis (E.), 539.
Gentlemans Magazine ,
331.
Géographie. Maqazine de
Markham, 137.
Gcrold, 136
Gessi (Romolo), 135, 135,
138, 174-179.
G(gersberg (Garl H. voo).
Ghillany (le conseil!, anl.
D' W:F.),584.
Gilcs (Eroest), 514. .
Gill (Th.), 534.
GiU (W. Wyatt), 519,
526.
Ginoux, 58.
Gintl (D' H.), 360.
Giomale Ligustico, 529.
Girard de Rialle, 12, 2)4.
Globus (rev. allemande),
99.
Goblet d'Alviella (le comte
E.). 69.
Godwin - Austen ( major
H. H.), 378.
Gôring (Anton). 537.
Goldsmid (général John-
Frederik), 358, 359.
Goodenough (commodore),
Gorceix (H.), 545.
Gordon (Gh.-.41ex.), 495
Gordon (lieulen.-colonel),
402, 411, 415.
Gordon Pacha, 133, 134.
Grad (Charles), 71, 327.
Grandidier (Alfred), 298,
301-306.
Grant (le colonel J. A.),
138.
Gravier (G.), 196.
Greffnth (H.). 513 à 516.
Griffis (W. E.), 489.
Grigoriew, 399.
Grommingenger (le R. P.),
199.
Gros (J.), 97, 200, 497. •
Gros (F.), :327.
Gross (W.). 398.
Guastalla, 99.
Gnérin (V.), 329, 333 à
337.
Guerrico (le commandant),
541.
Guillet, 255.
Gunlaugson (Bjôrn), 584.
Gussfeldt (D' Paul von),
99, 64 et suiv., 142.
Haggenmacher ( Gustave-
Adolphe). 97, 100, 120
à 132, 584, 585.
Haroid Efifendi Rouchdy
(off. de rétttrinig. gén.
égypt.), 223.
Hamilton (J.-C.), 533.
yGoogk
604
"•i}^(»« «pii. c. r.>,
■ann (le D' J.). 199.
Hansal, iU, 176.
Haroy (E. P.). 496.
Haiuea(J.),«r>2.
Haou^die (D' J. C). 3U.
HarcuH(W.),5t5. .S85.
■armaiul(D'J.), 496,498,
501.
Uarthorne (Bertrand F.).
379, M3.
Harimaon (D* Rolierl), 3,
141.
Hai»M>U (J. D. van). 519.
HaMensiein (B.), 14?.
Hatii^ermann, 11, 15.
Hay (le capit. J. S.), 900.
Hayaux du Tilly. 58, 157.
Havdeo (P. V.), 5.>î.
Hedde (Isidore). 469.
Heliwald (Friedrich-Heller
ton), 376. 495.
Benck (J. B), 532.
Henderson, 28i.
Héraud (G.), 496.
Herchar (R.), 527.
Herrera (Anionio de). 555.
Hcrix (G.), 198.
Hertx (Charles), 69.
Heuglin (Manio-Théodore
von), 97, 98, 99, 107 el
8uiv, 585 à 587.
Heurteau (E.), 526.
Uildebrandt (i. M.), 299.
Hitchcock (C. H.), 532.
Uochsleiter (F. de), 321.
Hodgàon (B. B.), 376.
Hormann (baron von), 134.
Holmwood, 138.
Holuh (le D'£.}, 253,287-
Bome'(0.). 375.
Bomeyer (von), 141, 142.
Poworlh (Heury-B.), 404,
Budson (fleuri), 530.
numijoldt (Alex, de), 301.
Bumphreys (A. A.), 532.
Buniken (E.). 542.
Bureau de Villeneuve, 495.
Bnt(hinson (E.), 138. '
Hydrographie office of
Londorit 101.
Ihn Khaldoun, 1.
IbrAhim BcUni (le lieut.),
224. ^ '
tndian Antiquary (the),
373.
Ibsel (A.). 99.
isvestiia de la Soc. de
Géûg. ïlu$$e, sect. du.
Caucase, 343, 500. . |
TABLE ALPHABÉTIQUE
Jackson (J.). 534.
Jacolliol (Louis), 376.
Jaoïuemarl. 526.
Jahretberickt der Géo-
araphischOe*. iu Ham-
bourg, 10.
Jahretberickt (4. uad 5.)
der Geog, Getell. in
MiMchen, 71.
Jahretberickt det Frank-
furter Yereint fur Geo-
araph. und Slatittik,
554.
Jahretberickt det Vereint
fur Erdkunde in Dreë-
den, 558.
James (le D'). 525, 587.
Jiischke (A. B.), 386.
Jellînek (le D' Karl). 587
Jordan (le prof. >IV.), 70,
88 etbuiv
Journal det Mitt. évan-
géliquet, 332, 375.
Journal de la Soc. Atial.
de Parit, 331.
Journal of the Anlhro-
polog. Inttt. of Great
Briian, 254.
Journal of Ihe Atiatic.
Society of Bengal, 497.
Journal des Economitlet,
Journal of ihe H. Gcog.
Soc. of London, 498.
Junker, 96,112àfU.
Kan (C. M.), 2. 518, 519.
Kalscher (L.), 200.
Kcilh Johnston, 542.
Keii (F.), 587.
Kcller-Leuzinger (Fran2),
<>44.
Kcmpermann (P.), 492.
Kennedy (capitaine W. U.),
511.
KerbU n (Olh.), 142, 143.
Ker (David). 344, 404, 435-
Ketller (J -J.), 527.
Kiialil EiTeudi Faouzy (off.
de l'état-maior général
égypt.), 223. 224, 225.
Kiepeit (H.), 3, 252, 405,
517. 5o8.
Kina (D' R.), 587, 588.
Koldewey, 555.
Kônig (D'), 488.
Kôrbî(D'). 487.
Koerner (Fr.). 97.
Kobl (J.-C;.).530,5il.
Kohn (Albin). 443, 459.
Kossmann (le D' R,), 99.
Ko^tenko (L.), 10, 40ob
440-142. '
Krause (A.). 70.
Krviow, 443.
fiubu ( .«kxaiidre. de ) .
403 à 405. 419-426.
Kurz (S.), 379.
La Bcrre (le Rév. Pèiel.
139. '
Lafitle (PabW). 199.
UrTon de Lailebert, 300.
Ugus ( de HeUingfors ) ,
Lamont (James), 552.
Lane (Edouard-G uiilauuie),
Lange (le D'C). 343.
Lange (H.). 141.
Lanier (Siduey), 533.
Linii (M.), 11.
La Plala Monatt schrifl,
542.
La Rada y Del^ado
(iion Juaa de Dios de),
327.
Largeau (Victor), 68, 69,
Un et (Louis), 532, 353.
Lanen, 254.
Lalkiu (R.). 459.
Uw«(D'), 252.255.
Le Châtelier, 12.
Leichardi-Ëxpeditioo, 5l2,
513.
LenthioUe (vicomte de),
506.
Leva (le D' Oscar), 2, 159,
140. 196 à 198.
Léonard (L ). 301.
Lerch (P.), 398.
Les?e{is (Ferdinand de), 13,
Lessericux (le Père E.),
497.
Lésion (A.), 526.
Lelorfc (Charle>), 543.
Leupe (P.-A.), 517. 530.
Liais (direct. d'observaU de
Hio), 547.
Liverani (K.), 442.
Lié vin (In frère), 328.
Linant de Bellefonds (Er-
ncsl),132, 133, 179-184,
588, 589.
Liusilin (< olonel, 405.
Lippincùtt't Uagaxine,
Liviugslone, 251.
Lloyd (L.). 253, 285.
Loba 10 (José G.), 554.
Lœher (F. von), 301.
Loinakin, 397.
Lombardini (E.), 59, 138.
Lopatin (J.-A.). 460.
Lorral (de), paeudonyœe
yGoogk
DES NOMS DE VOYAGEURS ET D'AUTEURS.
605
des D" Bleicher et Re-
dier), 14.
lèvera di Maria {G.), 518.
Lovett, 559.
Lucas, 137.
I^ucas (Louis-Arthur), 589.
Lûhder (le D'), 576.
l^upandlo, 405.
Lui\> (lieut. de vaiss. H . ).
496.
Lux (le lieut. autrichien),
142.
Ln^D^s (le duc de), 353.
Lycklaroa A Nijeholt (le
chevalier de), 359.
Mac Carlhy (Oscar), 11
13.
Macfarlane (Rev. S.), 519,
521-523.
Mackeiizie (Donald). 70,83.
Maclean, 375.
Maclean (WilliamS 520-521
Bfac Gahan (J.-A.), 551.
Maddaleoa (l'arehcvèquede
Corfou), 331.
IJahir iïe lieut. Moham*^
med); 222,224,22a,
Mahmoud bey, U6.
Mahmoud Saiiii (capitaine
d'état-major, 224, 225.
Maïnoff (Vladimir de),
59^
Major'(R.-U ), 512. 530.
Maïuu (eu.), 255.
MîiUe-Urun (V.-A.), 330.
Malvaiio, 99.
Man (F. de), 506.
Manu {b'), 255.
Mannia^lThomas) ,381,391
Maiiniug {\e Kcvér. S.), 59.
Muraini, if9.
Marche (Alfred), 139, 187
195.
Mardochée Abi Serour (le
rahbin), 16 et buivg
Mai'è» ^l'.;, 13.
Alargjiry (Aug.Raymond),
471.472.
Mariette bcy (Auguste),' 58,
61 et suiv., U6, lUl et
suiv.
Markham (Cléments R.),
358, 361, 3'io et suiv.,
574, 3S4, 539, 552
Markham (le capit. Albert
Haslings), 558.
Varno (Ernest), 134.
Marsti (capit. H.-C), 378
Martens(E. Ton), 489.
Martini (!e t-upit. comte
Sébastien), 99, 116 et
suiv.
Naaon (James), 551.
Mason (lîeut.-coî. dVlat-
majar), 224.
Masqueray (Ëmman.), 14,
15, 39 et suiv.
Mallcucci (P.), 98.
Maupas(E.),342.
Mayelf (N.). 402.
Mayet (G.-A), 492.
Nayu'ird (F, Howard),
2j9.
Mayo (le comte du), 97.
Maxet (E. du), 14, 69,
85.
Meessen (P.-A.), 501.
Meignan (V.), 470.
Meinicke (D' Cari E), 525,
520. 538, 50O.
Melcheri) ou Jîelchert (F.-
L.), 5i2.
Melliss, 300.
Mémoire» du Congre» in-
ternational de» Orien'
tali»te» de Paris , de
1873, 10.
Mémoire» du troisième
Congrès international
de» Orientaliste» de St-
Pétersb., de 1876, 460.
Mémoire» de la Société des
sienc, nattir. de Cher-
bourg, 301.
Memones of the Geolog,
snrvetj of India^ 494.
Mercier (E.|, 1,
Merensky (A.) 253, 287.
Metschnikoft' (Léon), 489.
Metzgcr (E.), 502.
Meyer (H.). 530.
Meyners d'Eslrey ('e com-
te). 100. 200.
Meyniard (Charles), 497.
Miansnrof, 3 13.
Michell (U.îv. G.), 251.
Michel! (Robert), 403, 419-
426.
Mieulet (le capit. d'étal-
major), 330.
Miklucho-Maclay (N.-N.),
497, 519.
Milne Edwards (Alph.),
298, 2 '9.
Nilsom (Ed.). 472.
Hinchin (civil, enginecr),
5i0.
Mir Abdoul Kerim Bouk-
hary, 398.
Mission Field of London
{theu 254.
Mission» catholiques, 16.
Mittheil. der Geogr. Ces
in Wien, 2.
Mittheil. de Petermann,
71.
Mittheil. de» Vereins fftr
Erdkunde zu Leipzig,
10.
Mockler (capit.), 361.
Mohammed Mokhtar (le
commandant), 100, 101.
Mohr (Ed.). 2, 142, 252,
590, 591.
Molinier-Yiolle, 14.
Monrouzier, 497.
Montciro (Jean Joachim),
254.
Honteiro Tourinho (le cap.
de génie), 545.
Montero (don Claudio),
508. . / »
Montgomerîe (lieut. -col.
T.-G.), 385.
Montrouzicr (le R. P.),
526.
Moraês (José de), 5i7.
Mordtmann, 358.
Moreno,âil.
Moresby (J.), 518.
Morice (D') (A.), 456.
Morin (le général), 513,
546, 547.
Merlan g (François), 591 .
Moszkow (N.-V.), 453.
Mouchez (le cap de vaiss.
E.), 10, 54 et suiv.
Mouçtafa Kâmel (le lieut.),
100, 101.
Moudjir-ed-Din, 528.
Hullens, 299.
MQIlcr (G.), 138.
MQller(F.-F.), 459.
Muller (David Heinrich).
331.
Munthe (G), 591.
Murohy (Henry G.), 529,
Murra'y Smith (».), 556.
Murray (Rev. A. W. ),
525.
Musée de Marine, 58.
Musters (the commander),
540.
Myers (A.-B.R.), 136.
Nachnchten von der Kgb
Ce*, der Wissens, zu
Gôttingen, 349.
Nachligai (le D' Gustave),
223. 234-251.
iVaïn-Sing (the Lhasa.
Pandit), 385, 392-393.
Napier (capitame G.), 398,
Nares\le capit.). 553-569.
Nasackin (^icp!as, von),
345, 346:
Natur und Offenbarung,
252.
Digitized by VjOO^IC
606
Nature (ia), 57%.
Naamaim (D' F.), 515.
519.
Nautieal Magaxine, 100.
Neveu. 254. 300.
NeweUki (ramiral), 59t.
Mey Elias. 471, 49S.
N(Ai>-York Herald, 138.
Niemeyer (V.). 331.
Nikitin, 402, 419.
Noble (J.). 255.
Nôldeke (Ph.), 349.
Nordenskiôld (prosa. A.).
462.465.467.
Oesterreieher (TohIasFrei-
herr ▼.), 503. 507-109.
Oesterreich. MonaUehrifl
fur den Orient, 3S7,
Ollive (le D' C), 16.
Orientalistes { Congrès
<ftfs), 460.
Orlon (professeur Jamea),
543,544.
Oienham (E.-L.),470, 484-
486.
Pad«rin, 443.
Pagani (Zacharie), 59.
Palm (ChrisUan). 545.
Pailbès. 525.
Paiot (Elie), 300.
Paladiai (L.). 137.
Palestine Exploration
Fund, 328. 337-339.
Panc«ri (P.)» 137.
Pandoralhk), 532.
Paquier (B.). 397. 400.
Paris (le Tioe^rairal). 58.
Parisotjcapt. d'éiat-majOi
Pascoe(Grawfard), 506.
Palkanow, 343.
Payer (J ).354.
Paz Graells (Mariano de),
301.
Pechuel-Loesche (le D')
142.
. Peck (M.-A.), 10.
Peiham Aldrich (le lient.).
558.
Perricr (le commandant),
13, 34 et suiv.
Perron (le I)* Nicolas),
591,572.
Perrot (G.), 327.
Petermann (D' A.), 460,
518.
Petermann (le D' J.-H.),
592.
Pétera (G.-F.), 356.
Peyrouton de Ladébat .542.
Pfiind (le D' Jules). 595.
Philastre (lient de taiss.),
Piaggia (Chai les), 136.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Pinart (Alphonse), 533.
Piron (H.). 536.
Pirona. 59.
Pissii (N.), 541.
Plurokelt, 491.
Pogge (D*), 2.
Potak (D' E.), 321, 357,
359.
Pollen (Fr.-P.-L.), 299
Popoff (P.). 442.
Potanine, 414-446.
Pouchet, 535,
Poyel (Mgr), 330.
Presbyler Joliannes (Pré-
tre-iean), 599.
Preâtoe (H.). 538.
Preussisches Uandelsar-
ehiv., 515.
Priée (Rev. R.), 299.
Primaodaie (F. Elie de la),
14, 593.
Prjevalsky (lieut.-col. N.),
443, 452 à 457.
Procend. of ihe R. geog.
Soc. of London, 134.
Prokesch von (K»ten (A
comle), 593, 594.
Prout (le major), 96. 222
224.
Prulï (H.), 331.
Purdy Bey (le colon, d'état-
major). 99, 224.
Pntte (Samuel van de),
384, 389, 390.
Pusillo, 4D2.
Qualrefagea(A. de), 318.
Quesnel (Léon), 300. 375.
Quesada (Viccnte G.). 541
Raczynski. 492.
Radde (B' G.>.343.
Rae Grooke (Edward), 488.
RafTray (Achille), 97.
Ragot (le capit. W.), 15.
Raimondi (Antonio), 539,
5^.
Rajendra - Hala > Mitra,
376.
Ransonnet (baron Eugen
von), 497.
Raoul Pacba, 100.
Basse (baron Henri de),
543.
Rattray (Harrict), 332.
Ralzel ( Friedrich ), 473,
474-484, 495, 553.
Ravenstein (B. G.), 70, 83,
100. 137.
Ravert. 444.
Raw'lin&on(H.),322.
Reboud (le D' Y.). 14.
Rebmann (Jean), 594,593.
Rebançûs ( l'ingénieur ),
545.
ReeueO de NoUce* et Mé-
moires de la Sœ. Ar-
chéol. du iUpartement
de Constantme, 11.
Rédier, 14. V. Lorrain
Rees(W.-A. van), 254.
Reichenow (le W E.), 576.
Rem (D'), 488.
Reiss, 538.
Remelé (Ph.). 70.
Revue africaine, 11.
Revue archéologique» 327.
Revue d'anthropologie,
499.
Revue de France, 138.
Revue maritime et colo-
niale, 58.
Revue de philologie et
ethnograph, d*Vjfahy,
535.
Revue politique, 14.
Revue scientifique de Pa-
ris, Vi.
Reyes (Raphaël), 543, 548.
Rheinlhal, 402. 418, 419.
Ribbach (G. A.). 531.
Ribourt (le contre^mir.),
541
Richards (G. H.), 554.
Richthofen (baron F. de\
323, 469, 470.
Ridel (Mgr F.-C.). 492.
Robert (G.), 69, 70, 83.
Robin (NJ, 14.
Robiou (Félix). 581, 327.
Rochemonteix (marquis de
ia),9.
Rodet (Léon). 331.
Koëpstorff (F. Ad.), 379.
Rohifs (G.). 2, 10. 59, 68,
70, 88 et suiv. 200.
Roi^el, 301.308. 310.
Romanet du Caillaud (F.),
386, 497.
Romeguère (G.), 3(H.
Ross (James G }. 552.
Roretz(Albrechtvon), 487,
492 et suiv.
Roseuberg (G. B» A.),
518.
Roudaire (le capit. d'éut-
m.E.),l2,13,50etsuiv.
Roussin (A.). 300.
Russische Revue de Rôtt-
ger, 343, 400.
Rutherford Alcock (sir),
471, 472.
Sachau (Ed.), 398.
Sa da Handeira (gt^néral
Bem. de la Nogueira,
marquis de), 595.
Sadebeck (E.). 142.
Saenz (>i.), 537.
yGoogk
DES NOMS DE VOYAGEURS ET D'AUTEURS.
607
Sainle-Claire Deville (Ch.)>
596.
Saint-John (Horace), 498.
Sainte-Marie (de), li, 13.
Sakharow (F), 443. 444.
SaiiJaTier(leTicomte de),
300.
SaniTort (J; Schouw), 503.
Saezec (E. de), 97.
Saulcy (de), 328.
Sautereau, 535.
SartoriuSfT. Waltershausen
( proresa. D' W. baron ),
Savio'(P.),489.
Savorgnan de Brazza (P.)»
139,187-195.
Say (Louis). 68, et 71 à 78.
Sayce (A. H.). 331.
Schéfer (Charles), 358,
398.
Schenk, 58.
Schiaparelli (L.), 58.
Schiern (Fr.), 398.
Schlagintweit-Sakûnlûnski
jBerm. von), 199, 399, j
Schlagintweit (Emil ▼.),
358, 561, 375' |
Schlegel (D' Gustave),
Schlich (W.), 374.
Schliemann (H.). 327.
Schlottmann, 331.
Schneider, 502.
Schœnlein (le D' Philippe),
199.
Schreiber(D' A.), 505.
Schreiner ( Freiherr ▼.),
545.
Schrenk (le pasteur Fr.),
344.
Schrenk (D' Leopold von),
SchOtz (Damian Ton), 539.
Schujler (Eng.), 400, 405,
Scropé (G. Poulett), 596,
Schwab (M.), 357.
Schioàbùcher Merkur,
521.
Schweiger - Lerchenfeld
(Freiherr v.), 527, 349,
Schweinfurth (le D' 6.)
2. 59. 64 et suiv., 71,
136, 138.
Seott Russe), 322.
Seelstrang (A. de)^ 542.
Selim Agha, 141.
Sepp, 330.
Seriziat (D'), 15.
Shaw (politic. agent R.B.),
399, 400, 401.
Sicard (F.), 360.
Sidensner, 460.
Simmonds (P. L.),S51.
Simonin (L.), t33.
Sitzungêberichte derBap-
risch, Akad. der Wu-
sench xu MûncheUf 199.
Smith (George), 597, 598.
Skertchley. 139.
Skinner (A.), 497.
Smirnow,361.
Smith (Evan), 359.
Smyth (lieut.-col.), 370.
Soboleft (L. N ), 401.
Socin (A.), 349.
Soleillet (P.), 14, 69,70,
85.
SosnoTvski (le capit.), 443,
448, 452.
Souza (Francisco de),- 529.
Sprenger (A.), 356.
Stadie (G.) , 15.
SUnford, 405.
Stanley (Henry), 136-138,
144 à 174.
Stein (F. von), 443.
Steinheil (Edmond), 538.
Steinwenter (le D' A.),
137.
Stelzner (A.) 542.
Stephenson (le cap. Henry
F.), 562.
Steward (Jacques), 282.
Stewart-Glough (G. B.),
544.
Steyert (A.), 534.
Stoliczka.402,414,415.
Stolz (Alban), 331.
Stone (Ocuvius), 519, 523c
Sione (G. M. P.). 135, 222-
224.
Storch (J. B.), 534.
Strajhan (R.), 542.
I Strange (le colonel), 597.
Strauss (F. N. et 0.), 330.
Streich (T. F.), 33Î.
Stremonschow, 400.
Strobe! (le prof. P.), 98.
Strûmpell (L. de), 461.
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Slûl)el.538. i
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Tillo(A.A.).404.
Tirant D' G.), 496.
Tissot (Ch.), 15 et suiv.
Titre (chef d'cscad. d'éiat-
maior), 15.
Toula (Fr,), 338.
Tour du monde (le), 14.
Tourmente (A.), 542.
Tournafond, 200, 385,
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Transactions de la Soc*
des Scienc, Lettres et
Beaux -Arts de Bâta-
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Trevisan (Domenico), 59.
Tristram (H. B.), 331.
Trotter (capit. R. S.), 402,
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Tr'uong-Vinh-Ky (Petms),
496.
T»charykow, 398.
Tschekanousky. Voy. Cre-
kanouskv.
Tschernik. Voy. Cernik.
Tscherny (J. J.), 345.
Turner (W. J.), 251.
Turton(Zouch H.), 10.
Tuve (G, et E.), 255.
Dle(leD'0lhon).598.
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phie Office at Was-
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Vambery (A.), 403, 404,
Van der Berg, 374.
Vélain (Charles), 299.
Venioukoff (A), 4(H, 402,
443,446,448. 489.
Verazzano (Giovanni de),
529 et 530.
Yerbeek (R. D. M.), 502,
505.
Verhandlung. der Geo-
log. Reichtan stalt in
Wien, 139.
y Google
Yerkandlung. der Ces.
fur Erâhunde zu Ber-
lin, 140.
Yerkandlung. de» Na-
turhist. medic. VereUs
zu Heidelberg, 09.
Terme (1« comte Ferdinand
del), 599, 600.
Verstecg (W. \}\). 505.
Veth (P. J.). % 584, 502,
504 à 507, 519,520.
Viciai Gormaz (cani.t. chi-
lien), 540.
Vieweg, 98.
Vij^ncs (lient, de vais.),
333.
Vincent (P.), 525.
Virchow (R ), 579.
Visconti (Arconaii), 355.
Vogel (H. W.), 379.
Vogué (comte E. M. D.),
Voïeikoff (A. Z. ), 572,
404
Voss (le D'), 140.
Vylder (Gustave), 288.
Wagner (D' Hermann),
Walke'r (W.), 536.
Walkf T (le cap. J. Broom),
199.
Walker (R. B. N.), 139.
Walker (J. 1.), 370.
TABLE ALPIIAfiÉTIQUE.
V^Tangemann (F.), 330.
Warner, 59.
Waterfield (Henry), 373.
Wattemare, 137.
Weil, 403.
Weidenbaum(J.),3l5.
Westp'jim van Hoorntot
Burgh (J. G. U.), 503,
504
Weyl (E.), 5*3.
Weyprecht (Charles), 553
Wheeier(H.),371.
Wheeler (lieut.-gén. M.),
532.
Whewcll (le commodore
W. N.). 141.
White(G. B.),598.
Wiener Abenapoxt, 321.
Wnkauder (D' Augustin),
Wiltemoes-Suhm (R. von),
519.
Williams m.-F.), 532;
Wilson (Francesca H.),
372.
Wilson (major C.W.), 361
363.
Wiselius (J. A. B.), 496.
Wilczek (comte), 555.
Wood (major Herliert ou
Ariberto), 404, 4Î1-433,
438.
Wattkè^ (prof. Henri),
5âè.
Wyatt Rawson (le lient.),
658.'
Toung (lieut. de vaisseau
E. D.), 138, 232, 233,
277-283.
Yousef Effendi Helmi (ofT.
de l'état major général
égyptien), 223.
Ynle (colonel Henry), 401,
443.
Zehme (A.), 556.
Zeiischrift der GeielUch.
tUr Erdkunde zu Ber-
lin, 71.
Zeiischrift der Deutsch,
Morgenland, Gêa. in
Leipiig^ 331.
Zeitschr. der Oexter"
reich. Ges. fur. Meleo*
rologîe, 59.
ZeiUchriftfûr Ethnolog.,
Sitzun^tberichte , 519.
Zichy (le comte G.), 98,
Mi9
Zittel (le D'C.), 71,88.
Zwiedenek (J. von), 331 et
332, 347, 348, 349.
Zœpprilz (prof., D*), 199.
Zweiterjahresbertchtder
geographischenGesells-
chaft in Hamburg, 10.
yGoogk
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈBES
DES NOMS DE PAYS ET DE LOCALITÉS
Aboeng et les Aboeogers
(Sumalra), 505.
Aborigènes, ou natives ,
races des Etats-Unis, 553,
534.
Abyssinie, 97 et suiv.
Adélaïde River (Austral.
/Hord), 513.
Achantis (pays et peuple),
200, 205 à 220.
Achouka (peuple), 140.
Adbls. Voy. CÔTES obs Ad
Ali.
Aden, 356.
Adea (golfe d'), 96.
Adouma (peuple), HO.
Afghanistan, 357-561, 365
à 370.
Afbique, 1 et suiv.
Afrique australe, 251 et
^uiv.
Afrique centrale, 2, 69, 70,
135, 223, 224.
Afrique équatoriale, 59-
61, 98, 99, 132 et suiv.
Afrique du Nord, 2, 8 et
suiv., 58 et suiv.
Afrique orientalb, 142-144.
Afrique. Côte occidentale,
144, 198 et suiv.
Ahaggar, 68, 69.
Aïnos (tribu), 444.
Akellé (peuple), ou H'ban-
gwé, 140.
Akem, 200.
Akka (tribu nègre), 136.
Alagoas (province brésil.),
543.
Ala'i (chaîne de), 403.
Albert Nyanza ou Mwutan,
ou Loûla-Nzîdjé, 133-
133, 144, 178-180.
l'année- G^OGR. XV.
Alexandrie, 58, 59.
Alger (la ville), 14.
Algérie, 8 et suiv., 34 et
suiv.
Amazonefi (le fleuve des).
543 et 544.
Ambouloulara,299.
Amérique, 529 et i'uiv
Amérique anglaise, 550 el
suiv.
Amérique centrale, 555.
Amirauté (île a'), 526.
Amour (Territoire d'),444,
457 et suiv.
Andaman (îles), 379.
Andjuan (arcbip. Comore)
et le pic Tinghidjou,
199.
Angola (pays), 254.
Angora, 3127.
Annam, 496 et suiv.
Antananarivo, 299.
Antilles, 535 et buiv.
Aourâs, 15, 59 et suiv.
Arabie, 356.
Arabie Pétrée, 356.
Araguaya (rivière), 544.
Arakan, 495.
Aralo-Caspienne (région),
357 et suiv.
Ararat (le grand), 344.
Archipel Malais, ou Ha-
LAisiB, 501 et suiv., 515.
Argentine (Gonfédbhation),
540 et suiv.
Arizona, 553.
Arménie, 343 et suiv.
Âsale (plaine salée d'), 98.
Aschurada,344.
Asie, 321 et suiv.
Asie centiule, 397etsuiv.
Asie Mineure, 527.
Asimba (peuple), 140.
Assab (baie d'), 99.
Assara, 378.
Assinié, 203, 204.
Atacama (désert d'), 540.
Atchin (ou Aljeh). 5C>4.
Atlante» (peuple imagin.),
Atlantide (V), 'm et sviiw.
AusTBAui, 511 et suiv.
Australiens t (aborigènes) ,
516, 517.
Avalitis, 113.
Avares (tribu), 361.
Dagamoyo, 251.
Baedad, 327, 349.
Bahar-el-Abiad (Nil Blanc
ou White Kile), 131 et
suiv., 223 et suiv.
Babar-Zerâf (rivière et ri-
verains), 136.
Baie de Baflin, 552.
Baie du Polaris, S52.
Bakou, 343 et suiv.
Bali (lie de), 507.
Balouchistan, ou Bélout-
chi8tan,361,371.
Baltimore, 534.
Bangouens, 139.
Bankok, 497.
Bannù,370, 371.
Banyaka (peuple), 140.
Bari (tribu nègre), 136.
Barolong (tribu), 254.
Barranquilia, 357.
Baschkirs, 398.
Bassin du Kwara eu Dhio-
LiBA (Niger), 198 et suiv.
Bassin du Nil en amont de
Khartoum, 132 et suiv.
Batavia, 502.
Bathang, 386.
59
yGoogk
MO
BatUs (peuple). 505.
Béloutcbisun (ou Balou
chistan), 361, 371.
Béuarès, 375.
Beoghâzy (Bérénice), ii,
Benguela, 251 et suiv.
Benl 'Âmer(lribttetterrit.),
97, 98, 112-114.
Berber, 59.
BERBâRiB (la), 8 et suiv.
Besseriani {Ad majorée,
ruines de), 15.
Betsileos (tribu malgacbe) ,
299.
Bilagone (rinëre), Ui.
Bir Mohammed Ben-Yoû-
nés (ruines de), 15.
Birmanie, 495 et suiv.
Birmanie ou Barmah an-
glaise, 495.
Biskra, 15.
Bloemfonlein, 255.
Bo-Khua-Schan (montagu.),
470.
Bolivie, 539 et suiv.
Bombay, 375.
Bdne, 13, 15.
Bornéo (Ile). 503, 507-509.
Bornou, 223.
Bosi, 254.
Bosieman (ou Bushman.
Monuments littéraires),
253.
Boston, 534.
Boukharie, 397 et suiv.
Bouloun Tokhoî, 443.
Bourètes (ou Buriates),
tribu tongouso-mongole,
443.
Brahouïs (tribu), 258.
Brésil, 513 et suiv.
Bullfonlein, 253.
Cachemire, 376-378, 386.
Caire (le), 58.
Galabar-le- Vieux, 200.
Californiens (habit.), 533.
Cambodge, 498 et suiv.
Campbell (Ile), 527.
Citfiada, 530 et suiv.
Canaries (lies), 306.
Cap (colonie), 2.
Cap de Bonne-Espérance
(colonie et ville), 2,255.
Cap Lopez, 199.
Gap Palmas, 199.
Caracoles (mines de), 540.
Garajos (tribu indienne du
Brésil), 5U.
Carians (tribu). 495.
Carpentaria (golfe de), 513.
Carthage, 10 et 11.
Caspienne (mer et ses lies),
344, 345. "
TABLE ALPHABÉTIQUE
Castries (baie de), 462.
Caucase et Caucasie, 343 et
suiv.
Cazamance (riv. et colon.),
198.
Ceara (prov. brésilienne)
543.
Cébou ou Zébou (Philip-
{unes), 506.
èbes(île),507.
Geuta(baiede).16.
Ceylan, 379-384.
Gha' ftmba (tribu), 69.
Chaïma-lndiens (Venezue-
la), 537.
Chartum , 136. Voy. Khar-
toum.
Chavantes (trib. indienne
du Brésil), 544.
Chébé (riv. du bass. de
rOgôwéj, 140.
Chicago, 534.
Chili, 540 et suiv.
Chtre, 469 et suiv.
Chinoises (races et sectes),
473.
Ghoa Morou(ouSh«a Moru),<
133, 134.
Chotts (les, ouïes Sciott)
12, il
Chypre (île de), 331.
Circeaium» Voyez Karke-
misch.
Cochincfaine, 493 et suiv.
Cochinchioe (Basse ou fran-
çaise), 495 et suiv.
Colombie, 536 et suiv.
Colonies portugaises des
côtes d'Afrique, 254.
GONFÉRENCB GBOGRAPniQCE
DE Bruxellbs,311 et suiv.
Çoraali {Cotez des), 93 et
suiv.
Congo (fleuve), 138, 141,
144, 252. Voy. Zaïre.
Constantine, l5, 49 et suiv.
Gook (Perry). Archipel,
526.
Corée, 487 et suiv.
Gorrientes (province de),
543.
Gorumba (Brésil, grands
lacs de), 544.
CÔTE DE Gdinêe, 198 et
suiv., 203,204.
Côte des Esclaves, 199.
220^221.
Côle-d'Or, 200.
CÔTES DBS Ad Alt ou Adels,
96 et suiv.
Cuba, 535 et suiv.
Cyrénaîque, 11.
Pagheslao, 361.
Dahomey, 200.
Damara (tribu), 253.
Damas (Damascus), 331.
Danakil (pays des), 98,
99.
Dar-ès-Salaro, 138.
Dar-Fôr ou Fôr, 2ÎI, 225,
241-251.
Dar^o, 361.
Darien (isthme du), 535.
Debbé. 223.
Delgado (cap.), 144.
Dell (île Sumatra), 504,
503.
Demavend (mont), 357.
Derna {DernU), 11.
Désert LiBTQnB, 68 et suiv.
Djebel ouGebel Maria, 214,
241 et suiv.
Djebel Tabayoudt, 16.
Djebel tripoliUin, 10.
Djizak, 40t.
Djohore. 497.
D]ouba (fleuve), 135.
Djubins (peuple), 200.
DominicahlesAntilles), 536.
Dongola-El-Agoûz ou Don-
gola-Ie<Vieux,96et224.
Doogola-El-Ordi ou Don-
gola-le-Neuf, 224.
Dos Araés (Brésil, mines
d'or), 544.
Dschalo (oasis), 70.
Du&i (ou Douffeli), 133.
Ebân ou Eben, 329.
Ecuador ou ÉQnATEDR, 538.
Edomiies ( Montagnes
, des), 342, 543.
Egypte, 2, 58 et suiv.
Ekoi (pays), 200.
El-Fftcher, 66, 224, 225.
Ël-Golèa, 15, 66.
El-Khârdjé (le grand Oasis),
94-93, 105 et suiv.
Elminois (peuple), 200.
El-0»eïd ou Obeyad, 222 et
, suiv., 230-234.
Eqoatbur, 536 et suiv.
Espiritù Santo (prov.-1»ré-
sil.), 543.
Etats-Unis dk l'Av£riqvb
du Nord, 532 et suiv.
Ethiopie, 96 et suiv., 134.
Euphrate (vallée et chemin
de fer), d49 et suiv.
Explorations a venie, 511
et suiv.
Falkland (ou Valouines,
lies). 541.
Fân (peuple). 140. Voy.
Ocheba.
Fantis (peuple), SOO.
Pascher (Fascer), 96.
yGoogk
DES NOMS DE PAYS ET DE LOCALITÉS.
611
Faliko. 152,153, 134.
Fayal(ile8Açorei»).500.
Fer (île de), 301.
Ferghana, 405, 4(fê, 419-
Fernando Pô (lie), 300.
Fês (royaume de), 15 et
suiv.
Fidji (groupe de), 526.
Firozpour, 374.
Floriaes, 533.
Foh-Kien (province), 470.
Formosa (Taïwan, île de),
473.
Foweïra, 153, 154.
Gabon (Deux Guinées), 159,
144.
Gajos (tribu de Sumatra)
Galapagos (lies), 540.
Galilée, 55Ci.
Gallas (peuple), 99.
Galveston, 554.
Gambie (fleuve et colon.),
198, 203. 204.
Gambier (lies), 596.
Garmanten (ou Garaman-
tes, tribu), 70.
Garos (tribu), 576.
Gassr-Daghel ou Dakhel
(oasis), 70, 105 et suiv.
Gébûi ou Gcbaïi (Bybios),
331.
Geelvink-baie, 518.
Géorgie, 544.
Ghadâmès, 68.
Ghalchah (tribu et souclie
linguistique), 599.
Gharwal (ou Glierwal), 575.
Ghiighit (ou Gilgit, vallée
de), 578.
Golden (tribu)» 444.
Golêa (Afrique). Yoy. El-
Golêa
Gondokoro ou Isma'ilîya,
152.
Gouanches (tribu éteinte),
306.
Goyaz (prov. brésilienne),
Gran Canaria (lie), 301.
Grand Bassam, 203, 204.
Great-Fish river. Voy. Rio-
Infante.
Grenna (Cyrene), 11.
Groenland. 552 et suiv.
Guadalajara, 554.
Guatemala, 535.
Guelroa, 14.
Guyane anglaise, 530.
Guyane française, 536.
Guaymas, 5ô4.
Habâb(tribu et territ.), 97.
Hadendoa (territoire des)
Haïnnn (ile de), 475, 474.
Hakkari, 547, 548.
Hamrân - Arabes ( tribu ),
156.
Hankow, 471, 472
Harrar (ou Herrêr), 100,
101.
Hauran, 331.
Havane (la), 536.
Hawaï (archipel), 526,
Haydarabad, 574.
Hébron, 528.
Hervey (lies), 526.
Hillé, 349.
Himalaya (monts) ou Alpes
indiennes, 37d.
Hissar, 402.
Horta (baie de, îles Açores),
Huon et Surprise (lies),
526.
Ibrahim (lac) ou Kodja,
134, 137.
Idumée, 332.
Igharghar, 68.
Iles d'Afrique, 298 et suiv.
Iles Adstiules, 527.
Iles Fortunées (lies Cana-
ries), 301.
Iles Mascareignes, 298 et
suiv.
Iles de l'océan Atlan
TIQUE, 278 et suiv.
Iles du Pacifique , 525-
527.
Iles de la Sonde, 506.
Inde, 370.
Indes Britanmiqdes ou An-
glaises, 372, etc.
Inde française. 375, 376.
Indes Orientales néerlan-
daises, 501 et suiv.
Indes portugaises, 371.
Irawaddy (fleuve), 495.
Irtysch-Noir (le fleuve),
Islande, 554.
Jambi (rivière), 144.
Japon, 487 et suiv.
Japonaise (race), 492.
Java, 502 et suiv.
Jérusalem, 328-33'2.
Johanna (ile Comore), 199.
Kabylie, 14.
Kanûri (tribu), 70.
Karkemisch (Circesium),
349.
Karnak, 58. 61 et suiv.,
96, 101 et suiv.
Karnak (en Darfôr), 249.
Kasbek (montagne), 345.
Kaschmir. V. Cachemire.
Kashgarie, 397 et suiv.
Katschinzes ( tribu sibé-
rienne), 461.
Kei (îles), 506,519,520.
KelatouKhélate,358.371.
Kemaon (prov. N. 0. de
rinde), 375.
Kerbela, 349.
Kcrguelen (Iles), 527.
Kerkena (lies), 11.
Ket (rivière), 459.
Khandesh, 573.
Khârdjé (grande oasis).Voy.
Ei-Khardjé.
Kharism ou Kharezm (Khi-
va), 398.
Khartoûm (ou Chartum),
136, 222 et suiv.
Khi va, 397 et suiv,
Khokand, 397 et suiv.
Khôr-Baraka (grand tor-
rent), 97, 98, 109-114. •
Kilwa, 138, 144.
Kimbundu, 142.
Kinibalou (montagne), 503.
Kmer, 503.
Kodja (lac), ou lac Ibra-
him, 134.
Kordcfàn, 222, 234.
Koulab (Kulab). 402.
Kouldja(Kuldja), 400.
Kourdistan, 348 et suiv.
Kru ou Krou (tribu nè-
gre), 199.
Kumaon. Voy. Kemaon.
Kusatsu (Japon), 489.
Laboré, 134;
Labrador, 531.
La Galle, 14.
Lac des Bois, 531, 532.
Lacs équatoriaux africains,
132 \ 138, et 144 à 179.
Ladak (Petit-Tibet), 401.
Lado (ou Lardo), 132.
Lagos, 200.
Landana ( baid et stat.
mission.), 141, 144.
Lao, 502.
La Plata (ou Répiibliquo
.Argentine, et Uruguay
compris], 543.
Lùr (vallée du, ou Lâr-
thal), 357.
Lena, 459. 462, 467.
Liban, 328, 331. 332, 339.
Libéria, 204.
Libyques et Libyco-berbè-
res (inscriptions), 14.
Limpopo (fleuve), 254.
Liringstonia, 252, 280 et
suiv.
Loango(côte de), 141,142.
yGoogk
612
LoûU-Nzidje (lac). Voy<
Albert NyaDU.
Lotalé, 25t.
Luxon ( Philippines ), 506,
507.
MadagascaIi, 2b5, 298 el
suiv.
Madeira (fleuve), 544.
Madère (lie). 500.
Madoura (Java), 502 et
5<fô;
Maduré (ladouslan), 375.
Haga (liTière), 144.
Magellan (détroit de), 541
Magila, m.
Ma»;ungo oa Magoungo,
133, etc.
Makedo, 133.
Makololo (tribu), 289.
Makraka Niam-Niaoi (peu-
ple etpays),135et»uiv.
Malabar, 376.
Malange, 142.
Malouines (ou Falkland,
îles), 541.
Mandcliouric, 442.
Mandéens (Mandaer, sccle
' arabo-ehrélitmne), 349.
Hanyouema (peuple), 257-
277.
Mareb. 97.
Marianoes (lies), 526.
Mariotis, 59.
Maroc, 8 el suiv., 16 et
suiv.
Maronites, 332.
Marquises (îles), 526.
Mascate, ^56.
MaUbélés (peuplade), 2.4.
Malanzas, 536.
Mata-Yanvo (pays et dy-
nast.), 257, 277.
Malto-Grosso (prov. brés.),
543.
Maùritania Tingitana,
16.
M*bangwé < peuple), 140.
Voy. Akellé.
Mélanêsic, 519.
Meuam (fleuve). 495.
Mer Morte, 332. .
Mer Rouge. 96 et siiiv.
Merida (ville et sierra Ne-
vada de), 537.
Mesched, 397.
MésopoTmiE, 348 et suiv.
Mestorià ou . Mestoriao,
397.
Methlili, 69.
Mexique, 534 et suiv.
Mexico (ville), 534.
Minas-Geraês (prov. bré-
silienne), 54o«
UDL£ ALPUÂBËTIQUË
Minnesota, 534.
Moabites, 351.
Mobile, 531.
Mo^ador, 16.
Mojunga., 299.
Mongolie, 442.
Mou^ardou, 204.
Montagnes Blanches, 552.
Montréal, 531.
Mopelin (groupe), 526.
Mordvioes (tnbu), 599.
Mormons, 555.
Nossel Bav (cap de Boune-
Esp.), 2S5.
Mossoi-ongou (îles et pira-
tes), 141.
Mossoul, 349.
Nnulmeîn, 495.
Moultan. 375.
Mozambique (colonie), 25 i.
M' pongwé (peuple), 140.
Vov. Osyéba.
M' roûli (ou M* rooli), 135,
134.
Musawwa (ou Mouçawwa),
ville et canal, 97, 98,
101.
Mwulan (lac). Voy. Albert
Nyanza.
Nagercoî, 575.
Namangan, 404.
JNatal (colonie), 2j5.
Nebraska, 555.
Nécrologie, 571 et suiv.
Negria (gm Négrine, oasis),
15.
Népal, 586.
Nebtoriens, 547, 348.
New -York, 531.
N^ami (lac), 255.
Nhanga (fleuve), 142.
N amyocgo, 154.
Nicaragua (pays et lac de),
555.
Nicobar (îles), 379.
Niger (fleuve), 157, 198 et
suiv.
NiGRITlE IKTÉIUEIRK, 59-61,
222 et suiv.
Nigritier (peuple), 3 el
suiv.
Nil de Victoria, 133, 134.
Niphon, 492.
Nyanza (ou lac Victoria),
132, 141.
Nouvel le - Bretagne ( La-
brador), 551.
Nouvelle-Bretagne (archi-
pel de), 526.
Nouvelle-Calédonie, 523.
Nouvelle-Espagne, 535.
Nouvelle -Galles du Sud,
515.
Nouvelle-Guinée , 517 et
suiv. Indigènes, 519,
520.
Nouvelles-Hébrides, 526.
Nouvelle-Irlande (groupe),
526.
Nouvelle-Orléans. 554.
Nouvelle - Zéelaiidc , 515 ,
516, 527.
Nouvelle-Zemble, 552 et
suiv.
Nouveau-Hauovre(groupe).
526.
Nubie, 58 et sufv.
Nyassa (lac), 252 et 253,
Oasis (la Grande et la Pe-
tite du Désert Libyque),
70.71.
Ob (fleuve), 459, 460, 467,
4b8.
Obeïd. Voy. El-Obeïd.
OcÉANiE, 511 et suiv.
Ochcba (peuple), ou Fân,
Oroiiè (riv. du bassin de
i'Ogôwé), 140.
Ogowé (fleuve), 132 et
suiv., 159 et suiv., 187-
193.
Okanda, 159, 140.
Okono (peuple), 140.
Olrtnek, 459, 462, 467.
Olûl (ou Oelôt ou Eleuthes,
tribu mongolo-kalmou-
ke), 443.
Oman, 356.
Oiilario (lac), 553.
Ormouz (île), 360.
Osaka (peuple), 140.
0>s«"Mes et Os^élie, 344, 345.
Osyéba, ou M' poagwé
(peuple), 139. 140.
Ouâdi-el-Koh, 224, 225.
Ouâdi-Maha, ou Wàdi-El-
Mek, 224, 248, 249.
Oulàd-Antar onAnllieur,
peuplade, 14.
Ouargla, 15, 69.
Ousambara (ou l'sambara),
139.
Ouàboï. 405. 457 à 440.
Ovanjpos (peuple), 253.
Oxus (ou Amou-Daria), 404,
405.
Palawan (île). 506.
I^alembang, 505.
Palestine, 328.
Pamir, 400. 401.
Pampas (de l'Argentinie),
642.
Para (province de), 536.
Para (ville), 545.
yGoogk
DES NOMS DE PAYS ET DE LOCALITÉS.
615
Paraguay, 542.
Parana (province argen-
tine), Ui.
Parana (prov. brésilienne),
543.
Palagonie, 540 et suiv.
Pé|;ou (Pcgu). 495.
Pékin (l*ekiHg),470.
PCMK.-LLE llALAji>E,497, 498.
PenUipolu UaudilG ( la ),
328.
• Pérou, 559 et suiv.
Pehse, 347, 357-060.
Pétra, 332.
Phénicie, 351.
Philadelphie, 534.
Philippeville, 14.
Philippines (îles), 506-507.
Phillstée, Philislins, 329.
Pico (il«is Açores), 300.
Pinchinclia (volcan), 539.
Piihor, 352.
Piltsbourg,534.
Plettenbourg-Baie, 257.
PoLYNÉsu, V18, 525 el
suiv.
Polynésienne (race), 5i6.
Pongoué (langue), 139.
Popo<-atepetl (mont.), 554.
Port Elisabeth. 255.
Port Nolloth, 235,
Parto-Novo, 205, 204.
Poul (langue). 199, 201,
202.
Prairie (province), 553.
Presqu'île indo-cuinoise,
495 et suiv.
Province équaloriale égyp-
tienne, 154 et suiv.
Puerto-C:ibello, 537.
l'uerlo Principe, 556.
Puerio-Itico (île), 535.
Pyffmées du Tennessee,
Qua (fleuve), 200.
(Jueensland, 514.
Quillu, 142.
Quissama (tribu), 254.
Ilangoon, 497.
R'bat. 15, 16.
Red River du Nord, 532,
533.
Rej^âf (ou Ragar, ou Red-
)à(}, 152. lo3, 134
Régions diamaniiféres de
l'Afrique australe, 255,
254.
Régions polaires boréales,
551 et suiv.
Répofe jrivière). Voy. Sé-
(iampiian.
Républiques sud - africai-
nes, 2o3, 254.
Réserve» indiennes, 534.
Réservoir s-laci du Nil, 144-
179
Réunion (ile de la), 1G9,
300.
Rhadames. Yoy. Ghadàmèa.
Rbât, 69.
Rhemboé (rivière)» 144.
Rio Gaïape Grande (Bré-
sil, placer de diamants),
544
Rio Claro (Brésil, diamants
du), 544.
Rio Grande del Norte(prov.
bré9il.), 545.
Rio Infâme, 1.
Rio Janeiro, 543.
Rio de la Plau (fleuve),
512
RioNiipo, 544.
Rio Pongo (fleuve et pays),
199.
Rioja (province argentine),
542.
Riponfalls (ou cataractes
de Riponi, 134.
Rodriguez (ile), 300.
Saiiaha, 12, 15, 14, 15,68
et siiiv.
Saigon, 496, 497.
Saint-Joseph d'Androhibé,
299.
Saint-Martin (territoire de
Colombie), 557.
Saint-Paul (lie), 199.
Sainte- Catherine (caji). 1.
Sainte-Hélène (ile), ùOO.
Sakhalin (Ile de), 444, 457
et suiv.
Salaga, 212-218.
Salomon (archipel de), 526.
Samarcande, 4() 1,402.
Samoa (groupe de), 526.
Sandarbans, d7n.
San Francisco, 534.
Sangkol (ou fleuve Rouge
au Tongkin), 497.
Santa Catharina (province
brésil ), 543.
Santa Lucia Gotzumal-gua-
pa, 535.
Santiago (iles du Cap- Vert) ,
300.
Santiago de Cuba, 556.
Sa vanna h, b.34.
Scilly (iles). 526.
Sebkhat-tl-Melah, 68.
Séchelles ou Seychelles
(iles), 300.
Sédamphan (ou Sedampon,
rivière), 502.
Sénam tripolilains, 10.
Sénégal (fleuve et colo-
nie;»), 137, 198 et suiv.
Sékégambie, 198 et suiv.
Sératchân, 401.
Seto-Utcbi (mer intér. ja-
ponaise). 487.
Sfax ou Sfak's, 11.
Shans (trihu), 495.
Shigatze, 385.
ShoaMoru. Voy. Ckoa Mo-
rou.
Shueli (vallée de), 471.
Sibérie, 457 et suiv.
Sibérie orientale. 457, 458.
Sierra Leone, 199.
Sinaï et Péninsule sinaïti-
que, 59, 328, 332. 34t-
34».
Singapore, 497.
Sîwah, 105 et suiv.
Skikokou (ou Sikok, ilede),
489.
Smithsund, 552 et suiv.
Smyma, 327.
Socotora ou Sokotra (ile
dei. 100.
Soghd (ou Sogdiana), 398*
Sokotra ou Sokotora (lie
de), 100.
Somâli (peuple). Yoy. Ço-
mdli.
Soudan, 69 et suiv., 96 et
suiv.
Souk-Abras, 14.
Sources du Ml, 99, 100.
Soûs (province de), 16 et
suiv.
Spilzberg,'552 et suiv.
Springbock ( miss, afric.
austr.), 25o. '
Stung-Baroung ou Stoung-
Cliiml, 505.
Stunu-Sen (rivière ), 502,
503.
Suez (canal de), 15, 58.
Sumatra, 501 et buiv.
Synnadia, 327.
Syrie, 328.
Syrtes (les deux), 10.
Tackazzee (lleuve), 97.
Tâfelbcrg (mont du rap de
Bonne-h>pér.). 235.
Talifou, 471, 47i.
Tamnat-Senang (Malacca),
Tanganyika (lac), 251 et
suiv.
Tanger, 15, 16.
Tangoul (pays et peuple),
Taiich'kent, 404.
Tasmanie, 515.
Taûgas (tribu ouïghoure).
yGoogk
614
Tchad (lac), iOO.
Tch^rémiftses, 396.
Tchintchoclio, i41.
Tcbouvachet, 398.
Tcliulym (rivière), 459.
Tédû (tribu). 70.
TeheniD, 360.
Tendelti, 96.
Tengri Nor (lac), 365.
Terre de Feu, 5-il.
Terre François-Jos.. 553.
Terre Sainte, 318 et suit.
Texas, 533.
Thami^ad, 14.
TuÉBAÎDB {déêerl de ia),
56 et suiv.
Tiltaguy (riT. du Brésil),
544.545.
TiBBT,346et SUIT.
Tlemcen, 14.
Todas (tribu), 376.
Tombouctou, 69, 196.204.
Tonga (groupe de), 5W.
Tongking ou Too-Kio, 496
et suiv.
Toronto, 531.
Tougourl, 66.
TABLE ALPUABETIQUE.
Touareg-Ahaggar (tribu),
69.
Touareg-Asdier ( peupla-
de). 10.
Transasiatique (cheuiin de
fer), 321 et suit.
Transcaucasie , 343 et
suiv.
Transwaal, 254, 294-296.
Tripolitaine. 8 et suiv.
Troade, TroiOt 327 .
Tuamotous (lies des), 526.
Tunisie. 8 et suiv.
Turan, Turaniensi 399.
TurcoDiane (steppe), 401,
4.'>4-437.
TuRKESTAiv. 400, 404, 405.
TuRQoiB d'Asie, 327.
Ugauda, 132, 181 à 184.
Ukéréwé (lac). Voy. Victo-
ria Nyanaa.
Urondogani, 134.
Uruguay, 543.
Uzbeki.'tan, 398.
Vanikoro(ile), 526.
Venescueia, 536 et suiv.
Victoria (colonie), 515.
Yictoria Nyanza ou Uké-
réwé (lac), 132 et suiv.
Virginie. 532.
Volta (fleuve), 200, 205,
220.
Wadal,2?3, 234-241.
Walda (Whydah),220.
Wilmington, S34.
Winnipeg (lac), 555.
Wiadivostok, 462.
Yangtsé-Kiang, 470, 484-
Vellowstoue-River, 533.
Yénisseï, 459, ASO, 462-
465-467.
Yûnnan (province), 471.
Zafranboly, 327.
Zaïre (fleuve), 137. 141,
257 à 277. Voy. Congo.
Zambesi (fleuve) et les chu-
tes de Victoria, 25:2,
25.>. 2.57-277.
Zauzibar, 132 et suiv., 138,
139, 143, lU, 185, 186.
Zébou (ou Cébou, Philip-
pines), 506.
Zeila, 99, 110, 114 et suiv.
yGoogk
[19091]. — PAIUS, TYPOGRAPHIE LAHURE
rue de Fleurus, 9.
3dby Google
Digitized by VjOOQIC
yGoogk
yGoogk
Digitized by VjOOQIC
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