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Full text of "La pratique du jardinage"

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A 



\^. 



SB 

453 



i 



\^ 



L. 



•1 



LA PRATIQUE 

; DU JARDINAGE. 

I PREMIERE PARTIE. 



i* .', -« -V -* - ■»- «J 



y 




riXNATXJS ET nXE DilÔS qVl NOVIT AGRESTES. ^ 



LA PRATIQUE 

BV JARDINAGE, 

Par M. rAbbcJJBl<>QÇR SisnABOL, 

W Ouvrage rédigé après £a mort fur fe^ Mémoires p 
Par M, D^** 

Av(c Figuzes ça taille-douce , deffinées éç gnvéçs d'^Pif | 
-^ n^tmç. I?u ftîx 4c 7 liv. 4 Ç jrclié, 

PREMIERE PART I E, 



Nihîl cft .Agriculturâ 


mclius , 


mhil ukerius , 


9r- 


fiihil hpmine , nîhil lihpro 


digniu^. 










Ck^ de q£ )i|>. 


t. 



^«^3^, 

%; 




v* 



4 PARIS, 

Chez PEBURE Père , Libraire , X^uai ide,« 
Augiiftins j 2 Sair|t Paul. ' 

•"1111.'. '.,. u: ,'. r.,''. .. ' ',.;■'* 
M. DCG. LXX, 

*4>Vt Affmbation if Pnviiép au Roi, 



^ 




A MONSEIGNEUR 

L'ASBÉ TERRAIS- 
MINISTRE D'ÉTAT, 

CONTHLOLLEUR GÉNÉRAt DES FINANCES. 



Monseigneur, 

Les hontes dont vous ave\ honore 

feu AL TAbbé Roger Auteur de cet 

Ouvrage y m'ontmfpirlla confiance de 

vous l'offrir. Cefi entrer dans les vues 

d'm Oncle ^ui y aconfacré la plus 

401599 



grande partie de fa vie ^ que de le 
dédier a un Minijire qui connaît , 
comme Vous ^ Mo nseigneur , le 
prix de l* Agriculture , & q^if^ plaît u 
t encourager. Je me croirai fort heureux ^ 
fi la Place importante que vous occupe^ y 
vous permet de donner quelques momens ci 
la lecture d'un Ouvrage a la tête duquel 
je fuis trop flatté de pouvoir mettre 
votre nom. 

Je fuis avec refpecl , 

monseigneur: 



Votre très-humble Se ttès-pbéiflant 
Scrviteor , 

DE LA VILLEHERVÊ,, 






^fjg/r ^^lllF 'Ihtlf^ 

\ 

PRÉCIS DE LA VIE 

ÏT DES OCCUPATIONS 
D£ M. l'Abbé ROGER SCHABOL. 

J Ean Roger Schabol naquît en cette Ville en î^^i ^ 
éc Roger Schabol , Fondeur & Sculpteur , né à Bruxel- 
les & mort à Paris en 1717. Deftiné de bonne heure à 
rétat Eccléfiaftiqae » il reçut une éducation fupérienre 
à fa naiflance , & fit fes études avec diftin^tion dans 
une Communauté célèbre par le nombre des élèves 
cftimables qu'elle a formés. Il prit des degrés en Sor- 
bonnc , 8c fe mit en état de Icrvir TEglife 5 mais il 
ne s'cleva pas plus haut que le Diaconat : des obftàcles 
<]Qi lui furent communs avec de très - bons fiijets 
éloignèrent toujours du Sacerdoce. 

Ses lumières , fa prudence 6c un grand amour de 
les devoirs lui méritèrent par la fuite Teftime du Gar- 
àmï de Noailles , qui le fit Supérieur des Clercs > 
Préfet des Catéchifmes & Direâ:eor des Ecoles dans 
une des plus grandes Paroiflcs de cette Ville, Il l'ap- 
pliqua particulièrement à l'inftrudion des Proteftant ^ 
& lui donna, la conduite de la Communauté de Sainte 
Marthe , Fauxbourg Saint Antoine , od il avoit éta-» 
bii XLCi Séminaire de Filles , pour être Maîtrefies 
d'Ecole 4^ns les Villages de fon Diocèfe. UAbbé 
Roger y faifoit des conférences deux fois la femaine , 

aij 



w 

«vec le zlk 6c Vtt^âimic qu'dri pôuvoit atccndrc <f un 
Eccléfiaftîque éclairé* Bien tôt le Cardinal lui confiai 
le miniftére public àc la parole dim Paris, orjinai-- 
tement 8c excraôrdinairement dans les villes , 8c or^i-' 
nairement dans les villages. L*Abbé eût continua k Ce 
dîftiriguer dans cette carrière épineufe , fî la fatigue 
de toutes les fondions pénibleis dont il éçoit chargé ne 
l'eut obligé à la quitter^ 

Le jeune Roger étoit né avec un goât dominatitr 
*p0ur le Jardinage. Cette erpéce de paiHon , fi digne 
d'an iage ^ lui avoit fait dédaigner dès fon enfance 
les jeux frrvolcs de cet âge inconftant. Il confâcroit 
déjà fes momens de récréation à Tétude de la Phyfique 
& à l'Hifloire Naturelle des plantes confidérée du coté 
de réconomie champêtre. 

Un afTez beau ;ardin quavoit Ton père dans un ie» 
fkiixbourgs de Paris fut le théâtre de fes premiers 
travaux ; le livre de la Quintinye devint fa ledure de 
préférence- Il fit par la fuite connoiflance avec le Frere 
François , Auteur du Jardinier folitaîre ^It plus fameiuc 
Cultivateur de fon tems< Les préceptes de ces Maîtres 
furent fldellement pratiqués dans une maifbn de cam- 

fagne à Sarcelles qu'il acquit quelques années apresr* 
'Abbé fe crut bien tôt un grand jardinier^ il n* étoit: 
que i'efclave delà coutume & des préjugés. Un Par- 
ticulier lui fit connoitre qu'il marckoit à tâtons dans des . 
foutes incertaines ' allcs^ a Montrtuil , lui dit-il , ^qus 
y verrei des gens qui ne déférent point aveuglément ^ 
comme vous ^ aux ûf âges reçus dans le Jardinage^ 

^ L'Abbé Roger ne tarda point à s'y rendre : les tra- 

vaux & rinduftrie de fes habitans lui deffîllérent les 
Veux , il entrevit le principe de leur méthode , & parvint 
heureufemcnt à faire expliquer ces laborieux Culti- 
vateurs y plus confommés dans la pratique que dans. 
la théorie de leur Art» Ses relations aÛîdues avec les 
Giratdot & les Pépin , le déterminèrent à réformer 
eûti^rement fa méthode* Accoutumé a travailler dcj, 

fçs proptcsi maiûs.^. il pratiqua bica^tpt lear$ .^gé^; 



I tidons , & évita eonftanitiiem it s'en rapporter à 
d*attcres témoignages qu'à celui de fes yeux« Auffi,^ 
dut-il fc féliciter fouvent d'aTOir pris la Nature fur 
le fait dans des momens où il lui auroit été impof- 
iîble d'y parvenir , en ordonnant feulement & en pref- 
crivant. Je ne parle point de fès effais multiplia fox 
les différentes parties des végétaux pour en connoître 
le méchanifme &: lorganifation , ni des arbres fans 
nombre de tout âge & de toute grofleur, qui furenc 

^ ' facrifiés pour des expériences. 

I UEtude approfondie qu^il fit de 1* Agriculture & de 

fes difiérentes branches lui donna Tidée d'an Ouvrage 
fur la Théorie & la Pratique du Jardinage ; Ouvrage 
immenfe qu'il avoir médite , pour ainfi dire , dès (on 
enfance , Bc auquel pendant cinquante ans il rappona 
toutes fes études. Il eut employé a le rédiger une partie 
du tems qu'il mit à l'augmenter 5 fi trop entier dans 
fes fentimens , il eût déféré aux avis qu'on lui donnoic 
à cet égard. Ce ne fut qu'un an avant fa mort qu'il fe 

! détermina enfin à en commencer l'impreffion. Le pre* 

mier volume qu'il a publié , & qui renferme l'expli- 
cation des termes du Jardinage , ne doit point etra 
confondu avec ces DiéHonnaires alphabétiques propres 
à nourrir l'ignorance. L'Abbé écriv oit en homme très- 
inftruit & plein de fon fujet. 

Quoique fes études de fes travaux lui euflênt fa« 
cilité les moyens de reculer les bornes du Jardinage, 
il n'avoit point fait de cet Art l'unique objet de Ton 
application. Beaucoup d'autres occupations relatives 
aux Arts & aux Sciences panageoient fon tems , ôc 
loi ont été d'un grand fècours pour pénétrer dans le 
/àndluaire de la Nature plus avant que ceux qui juf- 
qu'à préfent ont couru la même carrière. 

Embarraflé à réfoudre quantité de problcttics qu'elle 
lui offiroitfans ceffe dans les végétaux, & à rendre 
raifoR des phénomènes de 1- intérieur & de l'extérietu: 
des plantes , il prit le parti d'étudier l'Anatomie hu- 
maixtf. La relation intime qu'il apperçuc entre Tor^ 

a iij 



'fi 

gônîfacia» de f fioïnmc & ceHc^ plantes, laî inf^ 
pira. ce. deflein. Il s'adrcffa donc au célèbre Vcrdicr qui 
voulut biea Tadmettre au nombre de Tes difciples- ^ 
U il étudia fon excelltikt Traité* PlufieurS Maître» 
. confommés dans fArt Taidércnt aufli de leurs lutoières j 
-Ôlrec leur Tecôur*, il psirviittà expliquer ce qui juC- 
qu'alors avoir été, inintelligible pour lui- 

il. eniprunta bien tôt M la^Pharmacie , de la Chî- 
. furgie & delà Médecine l«s opérations & lés remèdes 
lidcés pour la guérifon de nos maladies & de nos 
blcflyres. Les appliquer aux végétaux , rien j^'^plus 
extraordinaire en apparence? Mais il elles fo^t auâl 
ai fées qu utiles, û Texpérience , feul juge en pareil 
ea^, décide en faveur de leur adoption, ne doit-on 
pas les admettre , afin de participer aux bienfaits 
qui en réfultent î 

•JLçs çonnot/Tancç^ que TAbbc Roger puifadans l'é- 
tude de TAnatomie, le conduifîrent à faire pratiquer 
aux arbrc$ la diette & l'abAinence , à les«faîgner & 
à les fcafifier. Il appliqua des cautères aux branches 
. Si aux racines , & il uta envers elles de topiques , de 
cataptafmes & d'appareils pour leurs plaies, (oit quxlles 
fuiTent rciFet du hafard^ Toit qu'elles le fuffent de - 
TArt jSf de Tinduftrie* II employa aufH, à l'imita- 
tion des Chirurgiens « des écHifcs ^ des bandages , Se 
des ligaturer. Il en fera peut être de ces inventions, 
comme il en fut probablement lors de rétabliffemenc 
des ,gr€&s. Tranfporter un bouton & des rameaux 
. d'un arbre fur Técorce, }a (bûche ou fur les branches 
; d'un autre ^ a fans doute été regardé d'abord comme 
. une folie; & une abfurdité. Mais lorfque la rcuflitc 
' de ce^ greffes eut fait revenir de leur préjugé ceux à 
qui cette opération avoit femblé bizarre & ridicule , ils 
n'héfiterçnt plus à la pratiquer. L'Auteur a eu la fatis- 
fadion devoir une pjcrfonne * très-connue dans le Jar- 
din^lge,. adopter Sç vanner ^a courbure des branches , 

-1. ■ , ; ■ 

. « Le Chevalier Çirardpt l'aîné, à Bagnolet. 



comnie m moyen fur de faire fruéHfict les arbres en cf- 
falicrs pratique qu'elle avoit tournée en ridicule avant 
que d'en connoitre les effets merveilleux/ 

A regard de la faignéc des arbres, elle eft bcu- 
icufement pratiquée à Montrcuil depuis plus de cin- 
quante ans. On la trouve aufO propofée dans les 
écrits du Chancelier Bacon, & dans les Actes Phi- 
lofophîques a de la Société Roçrale de Londres. 

Les fuccès qui couronnèrent les travaux de TAbbé 
Roger, rendirent fon nom célèbre dans la capitale. Il 
fut, durant une longue fuite d années , renfermé dans 
un cercle d'amis & de connoiffances , & réfifta aux 
loilicitarions des Grands empreffés de le cônnoître. 
II céda enfin à leurs inftanccs , & ne fréquenta plus 
que les perfonnes du premier rang , les Prélats & les 
Princes même. 

Ses talcns parvinrent bien tôt aux oreilles du Roi 
qai lui fit à Choify en ij6z , l'accueil le plus 
pcicux. Sa Majesté eut la bonté de le fuivre dans 
fo jardins & de s'entretenir avec lui. Un logement, 
& l'imprefiion de fon Ouvrage au Louvre lui furent 
promis. L'Abbé enflé de ces diftinftions honorables 
s'ûnagina que la Nature, de concert avec lui, feroit des 
miracles en faveur d'un grand Roi, qui avoit a^réé 
jcs fcrvices. Pour cette fois elle refufa de s'y prêter. 
l'Envie & la Jaloufie le traverfcrent & le firent ex- 
clure de Choify. 

Notre Agriculteur vivoit d'un patrimoine modique 
«l«c fcs pcre & merc lui avqient laifle. Son déhn- 
^eflement lui fit toujours refufer les protcdlions des 
Grands , dont il dirîgcoit les pJtagers , & les grâces 
ju'oû lui auroit aifément accordées. Il fut confiant 
«ans ces fentimens jufqu aux deux dernières années 
^c *a vie. Des affaires de famille le forcèrent alors de 
préfcnter au Roi & à M.rÉvêque d'Orléans des mémoi- 
res pour demander une penfion fur quelque Bénéfice , 

* Pévricr i66^, Tome IV», page ji4. 



vSj 

moins comme une récompetife de Tes travaux tant dûM 
TEglife que dans l'ÂgHculcure , que comme un moyen 
de fe dévouer au Public, en formant des éièves pour 

Îierpétuer fa méthode après lui. Il mourut fans voit 
a réuflîtc de fcs demandes le 5 Avril 1768 , dans la 
77*. année de fon âge. Une défaillance de nature fit 
périr en trois jours ce Naturalifte eftimablc , dont le 
nom doit ccre cher à tous les amateurs du Jardinage 
&: de l'Agriculture. Uépitaphe qu'il s'eft faite m*a paru 
lui convenir Ci parfaitement , que j'ai cru pouvoir la 
placer ici. 

Cy gît qui fit tout pour autrui 
Et jamais rien pour lui, 

L*Abbé Roger avoit beaucoup de littérature , & fai- 
foit joliment des vers François , mais avec un peu trop 
de facilité furtout dans le genre badin & plaifant , 
parfaitement analogue à fon caraélere. Sa franchifc 
& fa vivacité rcndoient fa converfation amufante. 
Un peu prévenu en faveur de fon mérite j il difpen- 
foit volontiers les autres de le louer. Durefte, c'ctoic 
' un fort honnête homme , rempli de fentimens de re- 
ligion, généreux, charmé de rendre feryicc, & digne 
d'avoir des amis. 



"^Ûf^ 



4* 



IX 




PRÉFACE 

DE V É D I T E U R. 

I 

if Kk rexpofc que nous venons de faire des , 
travaux & des recherches de M. TAbbé Roger 
Schabol , on voit que cet Ouvrage n'eft poinc 
la production d'un Auteur novice dans TArc 
de cultiver les végétaux , quis'eft laiflc féduiré 
par le fuccès douteux de quelques effais paffa- 
gers. C'eft au èpntraire le fruit d une pratique 
d'environ cinquante ans, durant lefquels on 
s'eft fait un principe d'interroger la Nature , 
d'apprendre d'elle feule , & de la choifir en 
tout pour giiide. 

La -nouvelle Méthode que l'Abbé Roger 
ptopofe de fubftituer à l'ancienne , eft , com- 
me on l'a vu , moins â lui qu'à un Peuple en- 
tier de Cultivateurs réunis dans plufieurs » Vil- 
lages ^ qui, depuis plus d'un fiecle , êxcellenc 
dans la culture des arbres fruitiers. D'après^ 

^ Montrcuil , Bagnolet , Vincetuies , Charonno^ & 
autres Villages ndjacens* 



X PRÉFACE. 

CCS induftrieux Jardiniers , l'Auteur découvre 
des fecrets que jufqu à nos jours ils fe font 
rcfervés , & embraffe des routes nouvelles qui 
conduifent à Tabondance. Ses principes & les 

Statiques ont pout but de tirer des arbres plus 
e profit qu'ils n'en donnent ordinairement ^ 
& de les faire durer beaucoup au-delà du 
terme fatal où l'impéritie des Jardiniers a juf- 
qu'ici borne le cours de leur vie , furrout de 
celle du pccher,auquel ils attribuent une courte 
durée dans nos climats. Nombre de fouches 
de cet arbre exiftent à Montreuil y hôtes anti« 
ques de fes Jardins > qu'aucun de ceux qui vi- 
vent de nos jours n'a vu planter. On y trouve 
F lus d'un pêcher de 40 , 5 o & ^o ans ^ dont 
étendue eft auQi prodigieufe que les fruits 
en font abondans. 

L'Auteur apptend de plus à hâter le rems 
auquel les arbres commencent à devenir fruc- 
tueux. En l'abrégeant , il diminue la dc- 
penfe & la difficulté du travail , en ce que fi 
la méthode exige plus de foin , d'attention 
& d'aflîduièé , on en eft bien dédommagé 
pat l'utilité & le profit qui en réfultent. En- 
fin il démontre les abus de diverfes opération$ 
jufqu'ici généralement reçues ; il détruit les 
fauilës idées établies par la coutume , & qui 
n ont que l'ufage pour principe j. il fait voir 
les préjugés , les erreurs & les méprifes pal- 
pables fur quantité de points les plus impor* 
tans du Jardinage. Tels font les fondemens 
de fon Ouvrage deftiné à faire prendre à cet 



PRÉFACE. « 

Art une nouvelle face i' en ctablîrfànt une 
téfbrme univerfeïle dans ce qui concerne la 
végétation confidcrée du côté de Tindurtrie 
iiumaine. Il y aucoic de la part de fon Auteur 
plus que de la témérité d'avoir tenté une fî 
haute entreprife, s*il n'eût été autorifé pac 
la longue expérience d'habiles Cultivateurs. 

Je ne conçois pas qu'un ^ Moderne ait pu 
avancer que la réuffite de leur méthode par- 
tout ailleurs qu'à Montreuil, eft au moins 
très - douteufe. Les ejfais , dit -il , faits dans, 
plufiéurs jardins tant de Paris que des en-- 
virons par des Jardiniers de Montreuil même , 
n*ont pas répondu aux efpérances données par 
eux j & connues par les Propriétaires , & prou^- 
vent que cette taille ne doit point fortir du lieu 
de fa naiffance , & que perfonne ne la tranf^ 
portera dans un terrein différent » fans préju^ 
dice de fes arbres & de fon utilité. Il faut que 
cet Académicien n'ait jamais vu les jardins 
de Madame la Princefle de Conty à Louve- 
cienne j de M. l'Archevêque à Conflans; 
de M. le Maréchal de Biron à Paris , de 
M^ Millin , Secrétaire du Roi , au Perreux > 
près Nogent- fur -Marne ; de M. le Mar-- 

r* 5 de Brunoy , à Brunoy ; de M, l'Abbé 
Malherbe , à Livry ; & d'une infinité 
d'autres qu'il feroit trop long de citer ici, dans 
lefquels la taille de Montreuil eft fuivie avec 
m fuccès qui ne laifle rien à defîcer. 

^ Traité 4c« Arbres fmncrs« 



Kij P R É F ACE, 

Les Maîtres font ordinairemenc beaucoup 
de dépenfes pour planter leurs jardins. Leur 
bur eft d'avoir des arbre& bien formés , qui 
pl^ifent aux yeux, & dont la fanté parfaite 
ion le gage d'une longue durée. Ils défi- 
rent également dQS fruits abondans & ex- 
quis , mais ils ne font que trop fouvent la 
vidime de l'impéritie de ceux qui pratiquent 
le Jardinage. Quelle peut en être la caufe , 
finon la manière vicieufe de traiter les ar- 
bres fans autre règle que la coutume & Tulk- 
ge ? C'eft pour inftruire les Jardiniers par le 
canal des Maîtres que cet ouvrage a été en- 
trepris w Convaincus de la néceffité de chan- 
{;er de méthode , ils guideront eux-mêmes 
eurs ouvriers » en leur rendant raifon de tout, 
& ils feront à portée de juger à Tinfpeélion 
des ouvrages , de la façon dont ils auront été 
faits. 

On traite d'abord dans ce volume du Jar- 
dinage en général , de fon origine , de fon 
ctabliflemcnt & de (es progrès. En le confi- 
dérant du côté de l'efprit & des myfteres 
impénétrables de la Nature , nous fommes 
convaincus que notre intelligence eft très-bor- 
née , & forcés d'avouer qu'il eft impoffible 
d'arriver à aucune découverte, avec le fecours 
de notre feule imagination. Ces idées nous 
conduifent à reconnoître la néçédité d'une 
Phyfique inttrumentale Se expérimentale pour 
être Jardinier. Elle n'eft dans la plupart qu'une 
for(e d'inftinâ: machinal de la connoilfance 



PRÉFACE. xuj 

de Tanatomie des plantes , celle que celle de 
Vanacomie humaine , requife dans les GhU 
rurgiens de campagne pour les opérations les 

fJus communes de leur an. On examine en- 
ttite la profeflîon de Jardinier du côté de fes 
fondions , en faifanc lexpofé de quelques-uns 
de fes exercices les plus pénibles , & on re- 
monte à l'origine des diverfes pratiques de 
cet Ârc » donc on rapporte les principales. 

Dans le Difcours lur Montreuil , rAuteur 
prouve que le produit immenfe des terres 
de ce Village eft moins TefFet de leur bonté 
que de Tinduftrie de fes habitans. 11 dit com- 
ment le goût de cultiver le pécher eft né i 
Montreuil, & il a recueilli à ce fujet quel- 
ques anecdotes curieufes. 

Le Traité fuivant a pour objet le pécher 8c 
les autres arbres confidérés dans Tenfance , la 
jeunefle , lage formé & la vieillefTe» ce qui le 
partage en quacre parties. Dans la première ^ 
il ne s'agit de rien moins que de leur créa- 
tion y pour ainfî dire , dans la pépinière , afin 
de leur former, un cempérament robufte* 
Enfuite, pour perpétuer leur force & leur 
£anté y il faut leur procurer une cerre conve- 
naUe. On paflfe de- là à la plantation , & on 
prefcrit ce qui doit êtte fait devant , pendant 
& après. 

La féconde partie concerne les treillages, 
les différens abris du pêcher , la façon de le 
former , les divers ordres de (es branches & 
leur diftcibution proporcioanelle ^ d'où mvi 



xîv PRÉFACE. 

Icquilibre & une forte d'égalité entr'elles* 
Elle renferme des maximes pour conduire lô 
pêcher durant fes premières années , afin d*eii 
tirer tous les avantages poflibles. 

Le fujet de la troifieme partie eft le plus 
intéreflant. La taille , le tems de la faire , la 
manière de cor>vertir les gourmands en btan- 
ches fruAueufes , &- divers expédierfs pour 
former les arbres & les mettre à fruit , y 
paflent fucceflîvement fous les yeux du Lec- 
teur. L*ébourgeonnement & le paliflage ter— 
minetu cette troifieme partie j l'Auteur en 
donne les réglés , &c entre à leur égard dans 
le plus grand détail , pour ne rien laiflTet à de* 
firer fur ces deux objets eflentiels. 

Dans la quatrième partie , qui a pour 
objet le régime des arbres âgés ; l'Auteur 
5'applîque à examiner leurs défauts de con- 
formation extérieurs & apparens, & les in- 
ternes , qui dépendent des organes ou int- 
trumens de la végétation. 11 fait enfuite Tex- 
pofé des maladies du pécher , & de celles 

3ui lui font communes avec les autres arbres; 
propofedes médicamens & des préfervatifs j 
il emploie d^s moyens furs & éprouvés heu- 
reufement par d'autres perfonnes ; il donne 
des .armes pour les défendre contre le$ en* 
nemis nombreux qui les attaquent. £n6n » 
après s'être propofé la multiplication des 
fruits , leur produârion , leur belle figure & 
leur excellence j. il finit par prefcrire de$ pra- 
ti^Jues pour les cueillit , les tranfporter 8c les 
/ cgnfçrver 



PRÉFACE.: xr' 

conrerver , & par hite l'énumération des (U^ - 
vecfes efpèces de pèches. 

le but du Traité faivanc eft d'établir une 
analogie entre les plaies des végétaux & celles 
des animaux. Dans cec écrie qu'il ne faut pas 
regatder comme une fpécalatioû (léiile , tour 
eft relatif à la pratique. La prudence apprend 
i fe défier de les idées. L'Abbé Roger fou- 
rnit donc les (iennes au lugenrent de piufîeurs 
Médecins & Chirurgiens célèbres , dont les 
{ufFrages le flattèrent infiniment. M. Ao- 
douillé y , Premier Chirurgien du Roi en fur* 
vivance » parla de ce Traité à Sa Majbsté , 
à qai TAbbé eue 1 honneur de le préfenter. 
S. M. , après l'avoir parcouru , ordonna qu'il 
fût envoyé à l'Académie Royale de Chirur- 
gie , qui nomma le fieur Bordenave pour 
lai en faire le rapport. En conféquence » cette 
Académie fit délivrer à l'Auteur , par M. Mo- 
rand > un certificat honorable , que voici. 

Extrait des Regiflres de tAcadémît Royale 
de Chirurgie y du 19, Mai 176 ^. 

f> M. Bordenave qui avoir été nommé Cora« 
^niKTaire par TAcadémie , pour examiner 
'> un Ouvrage de M. l'Abbé Koger Schabol, 
» intitulé Suite de la taille des arbres , Traité 
» des plaies des arbres» . • . • en ayant fait fon 
«rapport , l'Académie a ju^c que fon Ou- 
» vrage étoit rempli de connoiiTances relatives 
»> à la pratique de la Chirurgie , & qui font 

b 



kvj: PRÉFACE, 

ss^voir que là.fcieoce & la. pratique du Jar« 
9> dinage ont beaucoup d analogie avec elle , 
» qu'il èft fonde fur une doctrine éclairée par 
» Texpéri^ice , & queatoutil mérite d'être 
9x accueilli* A Paris-, ce lo Mai 1763. Signé y 
s> Morand ^ Secrétaire perpétuel. 

Ce volume entièrement confacré à la Pra- 
tique , renferme des Traités de TOrân- 
gerie y des Choux Fleurs , • Cardons d'Efpa- 
gne. Melons, Couches àChampignons , Frai- 
fiers , & de la culture de la vigne, le tout 
efl terminé par un projet def mol^plicacion 
uuiverfelle des végétaux. Les Planches de ce 
volume ont été , i l'exception de la der- 
nière , tirées du Didiotinaire du Jardinage » 
où elles étoient inutiles. On a été obligé de 
les placer à la fin pour la commodité du 
Lefteur. 

Tel eft le plan que je me fuis propofé de 
remplir dans cet Ouvrage , qui eut été im- 
menfe ^ fi j'eufie (uivi ks vues de l'Auteur. 
Son projet étoic , félon, l'annonce inférée 
dans V Encyclopédie , tom. 17 , de donner fept . 
volumes i«- 1 z , fur le Jardinage , y com- 
pris un Diâionnaire des termes de cet Art, & 
un catéchifme complet par demandes & par 
réponfes. J*ai entcepcis de refondre entière^ 
ment les manufctits- nombreux de mon Ami , 
que je connoiflfois parfaitement « pour les avoir 
lus plufieurs fois , & y avoir fait des remar* 
ques. Par un travail aufll pénible quaifidu^ 



PRÉFACE. wj 

]e fuis parvenu à donner à fon Ouvragé une 
forme route différence , i le réduire au moins 
à un quart , & à rafTembler une multitude 
infinie de remarc^ues éparfes dans des Traités 
où elles ne dévoient pas ctre. Je ne di/Iimu- 
lerai point que j*ai toujours travaillé fur des 
manufcrits extrêmement prolixes , remplis 
de répétitions & de digreflions , peu analo* 
gués au fujet , rédigés par demandes -Se par 
réponfes , & écrits d'un ftyle dénué de cor- 
xe<aion & d'élégance. Le fond de l'Ouvrage 
très-bon en lui-même m'a fait furmoncer ces 
difficultés ^ ic employer avec plaifir des ma* 
rériaux dont j'ai defiré la propriété dés que 
|e les ai connus. 

Je ne donne > quanta préfent j que la par« 
tie de IXDuvrage relative à la Pratique du 
Jardinage* Si elle eft goûtée du Public , ki 
Théorie fe fera peu attendre* On y traitera de 
h cerre en général , de l'air , de l'anatomie des 
arbres , des graines & de la fève , ce qui fera 
la matière d'un fécond volume » du même for* 
mat que celuiici* 



bii 



xvîi) 

TABLE 

DES CHAPITRES ET TITRES . 

\^Hapitre Primier. Du Jardinage en général ^ 

Pag. i 
Chap.il Du Jardinage confîdiré du côti dei'ejprit, 

^4 
Ckap. III. Du Jardinage confidéré du* côté de Vopé* 

ration » 44 

Chap. IV. Des diverfes pratiques, ufities dans U 

Jardinage, jt 

PÏSGOURS fur Montreuil ^ ^1 

LE PÊCHER , & les autres arbres confidérés dans 
leur premier âge. 

PREMIERE PARTIE. 

Chapitre I. Defcription du pêcher, fon gouverne-^ 
ment commun aux autres arbres , 116 

Chap. II. De la greffe .du pêcher , lit 

Chap. Ml, Des terres ^ propres au pêcher, & des 
moyens de corriger celles qui ne lui conviennent 
point , 1 17 

Chap. IV. De la plantation des arbres fruitiers, 

LE PÊCHER , & les autres arbres confidér^s dans 
le (ccond âge , ou leur jeunefle. 



TABLE DES CHAPITRES, kc. xît 

«ECONiXE PARTIE. 

Chapxtm I. Des Mriss î$4 

Chaf. II- D<s tffalitrs & des expofitietU , i6f 
CHap. III. Dt la fa(0n de former U pêcher & des 

divers ordres de hranckes\ 17I 

Chap. IV. Div^fes pouffes du pêcher ^ durant fes 

premières annéis t "- ' i^l 

Chap. V. De la diMbution proportionnelle des 

branches^ i^^ 

LE PÊCHER , k les autres arbres coafidérés daot 
leur âge iotmé. 

TROISIÈME PARTIE- 

Chap. I. De la taille , 11^ 

Chap. IL Suite de la taille » du tems de la faire » 

& des Ifuiffons > ' xj^a 

Chap. III. De la manierrde convertir Us gourmands 

en branches ffuBueufes ^, \ ' ij^] 

Chap ÏV. Divers expédiens pour former les. arbres 

& leur faire rapporter du fruit , xy^ 

Chap. V. De l*ebourgeonnement\ 2^1 

Chap. VL Du paliffage » joj 

lE PÊCHER » de les autres arbres çoajid^i-és 4^ 
leur vieillèHe. 

. QUATRIEME PARTIE. 

Chap. L Des moyens de renouveller Us vieux pt* 
chers , j 10 

Chap. IL Des défauts natutds du. pêcher ^ }J4 

Chap. III. Des maladies du pêcher qui lui font 
communes- avec les autres arbres , f4f 

Chap. IV. Des ennemis des arbres, 6? des remèdes 
p9ur Us détruire « • fZ§ 

h iij 



it •• TABLE DES CHAPITRES 

Chai^, V. Desi ofilTéf immîs des axins , & du 
pêcher en particulier ^ 4^f 

Çhap. VL Des différentes éffices de piehes^ii^ .de 
. ifi fafondt cueiUir l^s fruits & dt Ut c^fofuer , 

. ' TRAITÉ. 

Des plaies des arttfis- -44^ 

T-fe À iVé: ^"^ ï^ '1 .. ~ 

De la culture des Orangers. 4^<' 

^HÀP. ly De ta ferre 'des orangers s 4^^ 

Chap. 1}* De la terre propre aux' orangers ^ A^6 
Chap* IIL Des, orangers de pépins & de leur grtffe < 

Chap* IV. Dê^ orangers Proveapaux ou Génois > 6 
rftf lei^r gouvernement ,. * .'* ** ' 4^4 

Chap. V. Pi? l'eHcaife'méki & defni-encàijglimç'rtt des 
orangers i .".,.*' ^9T 

ChaP. VL De Varrofemnt dés orangers , ' ' $03 

Châp. vil Dtt gouvernenieht des oranjg^S 'dans la 

'ferrey ■ ' ''''■;^;]; "":*"' ' ' ■• ;'/ "j^^ 

ChXp. VIII. Des r^râfigeri 'fioVy de la ferre , isfde leur 

" gouvernement au priniems'j . , ' 510 

Chxp. IX. De réBourgeonhernent des oràngéri s 517 

Chap. X J^es fleurs- & Jruits des orar^gers , 510 

tlkïv.^'iX. Des maladies' des orangers"^ & de leur 

cure , . J15 

Chap. XU*,Dis ennemis des orangers,, £^ des moyens 

de les en délivrer & de les en garantir , -' 551 

Csap. XIII. Lifle des orangers que nous cultivons , 

53» 
PES CHOUX FLEimS, 5T« 

Disc ARDONS D'ESPAGNE , . i^f 

tàS MELONS, , , . S7i 



r" 



ET TITRES. nj 

m COUCHES A CHAMPIGNONS, 5» 

DES FRAISIERS , S9Î 

TRAITÉ 
De la Culnirç de la Vigne* 

Chapitré I* Du gouvernement de ta Vigne , €0% 
Chap. il Du fond de terre , du climat , & de 
l'expofition proprets à la Vigne. €ep 

Chap. III. Ds la plantation de la Vigne » 61% 
Chap. IV. Des pèrchéts , éx6 

Chap. V. De la taille de la Vigne , €^x 

Chap» VI. DeTébourgeomument de iaVigne , 6^4^ 
Chap. VIL De la fa$on d'attacher & d'ef cuiller la 
^^^, ^51 

Chap. vUL Du labour de ta Vigne , 660 

DE LA MULTtfÛCATION DES VÉGÉTAUX , 




bW 



APPROBATION. 

J 'Ai lu par ordre de Monfeîgneur le Chan- 
celier , un Manufcrit , imttnlé : la Pratiqae <tà 
Jardinage^ par M.r À bbé Roger SckaboL Je croîs 
^iie cet Ouvrage fera d'autant mieux reçu de? 
Attiatctirs du Jardinage , qu'il eft du a. utiç 
main habile, exercée, dans cet Art fi interef- 
fautj qu'ileft le réfultat xîfi ies obïervations 
& de fa pratique heureufo jScconféquente au* 
ulages fuivis par les Jardiniers de Montreuil j^ 
je- crois donc cet Ouvrage , digne à tous ces 
titres, dêtre imprimé. Ce 30 Janvier 177©^ 

GUETTARD. 



PRIVILÈGE DU ROI. 

LOUIS , par la grâce de Dieu,; Roi de France 
& de Navarre : A nos amés &L féaux CQpfeiilers , 
les Gens tenans nos Cours de Parkment , Maîtres des 
Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Confeil , 
Prévôt de Paris , Baillifs , Sénécliaux , leurs Lieutc- 
nans Civils Se autres , nos Jufticiers qu*il appar- 
tiendra. Salut : Notre amé Guillaumb-Nicoi-as 
Desprez , Libraire-Imprimeur , nous a fait expofcr 

2u'il deûreroit faire imprimer Se donner au Public : 
iU Théorie & la Pratique du Jardinage par principes 
d'après la Phyfique des végétaux , ou le Jardinage 
& l* Agriculture démontres , précédé d'un DiHion- 



liéùfi fur le Jardinage , par M. lAhBi Roger Schaiot , 
«*il Nous plaifoît lui accorder nos Lettres dt Privilège 
peut ce néccfTaires. A ces causes , voulant favora- 
blement traiter TExpofant , Nous lui avons pctmis 
* permettons par ces Préfentes , de faire imprimct 
ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera, 
& de le vendre , faire vendre & débiter par-tout notre 
Royaume pendant le. tems de dix années confécutî- 
vcs , à compter du jour de la daèiç des Préfentesi, 
Faisons défenfes à tous Imprîhicurs, Libraires, fie 
attires pcrfomies ï de quelque qualité & conditîoà 
qu'elles foient , d*en introduire d'imprefEon étran* 
gère dans aucun lieu de notre obciflancc. A la 
CHARGE que ces- Préfente$ feront enregiftrécs tout au 
long fur le Regffttc de la Communauté des Impri- 
meurs & Libraires de Paris , dans trois mois de la 
date é'icellcs : Que l'impreflion dudit Ouvrage fera 
fsiitc dans notre Royaume &.non ailleurs, en Bon 
papier & beaux ^tirâdèf es : Qtie'flmpétrant fc con- 
formera en tout aux Réglcmens de la Librairie, & 
notamment à celui du io Avril ijx's » à peine dé 
déchéance du préfent Privilège : Qu'avant de rcx- 
^fcr «i vente , le ManofcritT qui aura Ctrvï dc^ copie 
afimprelTion dtidit Ouvrage, fera remis dans lemêjàie 
^tat où TApptobàcion y aura été donnée , es mains 
de notre très-cher & féal Chevalier , Chancelier de 
ftancc , le' Sieur i>e Lamoignon , & qu'il en fct^ 
«ûûiitc Kfnnh deux Exemplaires dans nptre Bibliotbè^- 
quc publique , .un dans celle de notre Château dtt 
Louvre , un dans celle de notredit fieur de Lamoi- 
.OKON, & un dans celle de notre très-^îJier & féal 
Chevalier, Vicc-Chàncelier & Garde des Sceaux de 
^tancc, le Sicnr.t>E Maupeou : le tout à peine 
de nullité des Pcéfentes. Du contenu defquelles 
Vous Mandons & enjoignons de faire jouir ledit Ex- 
pofant & fes ayans-cauTes , pleinement & paifible- 
*ﻫit, fins foiiffrir qu'il Iciu: foit fait aucun trouble 
ou empêchement. Voulons qu*à la Copie des Pré- 



feôtes» qui âria imprimée tout an long « lu eûm*'' 
inencement ou à la fin dudic Ouvrage, foi foie ajourer 
comme à rQjdiginal Commandons au premier noue 
Huidler ou Sergem fur ce requis ^ cte faire pour i«zé« 
xution dlceiies, tous Adbes requis âçnéceflaireSy fanç 
demander autre Permifllon , & iionobftant Clameur 
de Haro , Cliarte Normande , & Lettre^ à ce contrai-r 
tes; Car tel eft notre plaifir. Donns à Paris le 
trente -unième Jour dju. mois d*Aottt , Tan de grâce 
mil fept cent foixante-iept^ & de notre Règne le 
cinquante-deuxième* Par le Roi en Ton Confeil. Signé 

Xebegue.. 

; Regiflré fur lé R^iftre XVlt de ta Cham&ré 
Êjoyaie & Syndicale des Libraires, & Imprinieurs dé 
Varis i n^ io§i,foL 171, conforminutU au Regle-^ 
ment de lyxy^ A Paris ce $ Septembre 17^7. 

Ni M. TILLIARD, KàpuiU 



J E tbuOSgnJ » tetonnois iiYoîr c^ âc taoiffoné \ 
M. dDebure père , mes droits & Privilège que k Roi 
^'a accorde pour FimpreiCon du livre mtitulé Dic^ 
tionnairt & Pratique du. Jardinage , fait & compofé 
par feu M. TÂbbé Roger Schabol , potu: en jouir es 
-dioii lieu &: pèace, comme cbofe à loi appartenance* 
fait à Paris se %9 Novembre 17^9. 0£SPR£;z. 

Ri^flri ta pr^eatt €efian fur le Régiftre XFIIL 
de ia Chambre Royale & Syndicale des Libraires & 
Imprimeurs de Paris ^ f^ îOc>. conformknent aux an-^ 
ùens Ri^iemens ^ confirmés par celui du x% Février 
17x3. A Paris s « 4* Décembre 176^. 

BRIAS50N, Syndii. 



ERRATA. 

^Act lî, ligne 8 , Maraifchcr, ///ir MatâgcU 
14 14 , MaraifchirsliC Maragers. 

30 ï5> à tout le nombre 5 lifei i 

tout le monde. 
5^ 5a,,nepouvoinet^///.nepoutoicnt^ 

■ ": ' ' "^ • ' de mufcats. 

î I j: 4 J , çwiwTpicïit^ /i/; pio^ïii^- 

ïjj «7 » que je niétine, lif que je 

• "^' ibiile. ' ' ' 

ïiô 17 & î8, «c ne la j«i*«ttç^iinefr, 

ejftfcer ces mots. * 
ï«8 . 31 , Maraifchcrs , /î/: Maragets. 

170 Ji, brache , /i/. branche. 

Ï77 5 > première , ///^ premier* 

195 II , le autres , lif les autres. 

ai8 18 , Planche VIL , ///: XVL 

a 17 x8 , à récorcc ou d'une branche » 

lif. ou à récorcc d*unc 

branche. 
$ X 8 i5 , je le Fincline , lif- je Tinclinc» 

Ibid ^6 , blanche > /i/ branche. 

41 j 13, Pojct , lif Tobjet. 

474 ii, écortées, ///. ccourtées. 

47^ 17 » cotravaféc » ///I cxtravaftc. 



ï 



Uabondance des tnatieres qui compofenc 
ce Volume a obligé de le divifer en deux 
Partiels^ pour le re^àdrcf plus commode Se 
plun pbrcatif. 



LA PRATIQUE j 




LA PRATIQUE 

DXJ JARDINAGE. 



CHAPITRE PREMIER. 

Du Jardinage en général. 

I'Art dtt Jardinage, portion la 
plus noble de l'Agricttlcare » fe 
Dorne à cultiver <£ins un efpace 
particulier de terre , les arores 
fruitiers, les plantes potagères 
& ufuelles , les arbres de nmple ornement , 
les fleurs & les plantes curieufes. Il fe pro** 
pofe moins le plaiiîr d'avoir un ter rein fourni 
de légumes & de fleurs , bien plant^ & orné 
de duantitc d arbres chargés de toute efj^èce 
de fruits , que Tutilité qui naît du travail ^ 
de rinduftrie à les faire frmîtiâer. 

A 




z La i^Râ.ir»Qv.B 

Le 5à^tiage tçim» twtts les opérarianir 
de rAgrU^tqrt } ti^^is <i^s des vues lûen 

f)lus reft^ces. Le Ja^rdinier a,B!>bitt©anir plus 
a JQuiâànçè d'un terrain boii » hieti drelfé » 
favorâbtemetit expofé 3^ & fQurni de tout ca 
qiion p^ut deiirec en chaq^ue faifon , que la 
poïïê0îoQ d'un efpace de terre immenfe : il 
fuit en cela le confeil d*un Pocte. 

Lattdaêo iag$tuut rura » 
Exlguum colito. 

' Il y a cette différence entre le Jardinier & 
5c le Laboureur ^ que celui-ci n*a pour but 
que t abondance , & qui! ne cultive la terre 
que pQuç le feul ptont , £ms fe ipettre en 
peine d orner & d*embellirfon ouvrage. Son 
travail , quoique d'une plus grande importance 
pour lebîende U Sociétp , eit néantnoins fort 
borné. L'art & Tindullrie y ont moins de part 
qu'une teft^àe routine &Vufage dès Ueux.Se$ 
terpei^ une fei| enfenaeikîées ceft^çnt dans la fir 
tuation^ il ies a m\ÎQ9 , fans requérir de f^ 
part que ^^e légères attentions, & ton ouvrage 
bien ou isaû fait ne peut être réformé. Tou- 
jouts il travaille au hafard , & le fuccès eft 
moins le fruit de fes peines que l'eâfec des 
faifons & du tems. Le Jardinier au con- 
traire» outre l'utilicc & cette abondance qu'il 
fe propofe de tirer des différentes façons qu'il 
donne à la terre , obferve de plus l'ordre ^ 
lafymétrie, une méthode réglée & taifon/- 



DU Jardikage. ^ 

ùèà 3t ain0 que U propreei. 11 cbnfuUe le 

pUifir des yeux y fes ibins & fa vigilance iti* 

Aaenc dU moins autaot fàr lé fuccès de fes 

eacreprifes que la Nature & la difpoficion du 

cems. 11 fe rend maftre juiqu'à un certain 

point des faifons » par les divers moyens que 

lui fuggere Tinduttrie» &toajouri8 en garde 

ciMitre 1 intempérance de l'ait , il brave pour 

ainfi dire' les orages ^ il les prévoit 6c pare 

leur n^alisne fureur. Au milieu des ftériles 

hivers il uit briller les charmes du printems » 

& goûtet les délices des fruits 6c des légu« 

mes de TautomneiT 

Le Jardinier cHfFere du Vigneron , en ce 
que celui-ci » lorfcpi'il plante , taiUe 8c ébour* 

Î^eonne y n'envif^qu'ime ample pécdke -, au- 
ien que oelui^'U ^ s^ culàve la v^ne daiis 
ks jardins y c'eft unixjuement dans^ fimen* 
tien de lui faÛBe ptodpite une certailKe quart* 
tiré de raifin , dooic tes gsains gros êç caf-* 
fans ^ faunes 6c dorés , viennent aabotd ^of-- 
frir â la vue^ puis flatcer agréablement le 
goût. U a grand foin'^ ce colons iimdfe 
& délicat 9 que la Nature- d'u^e main lé- 
gère y a placé > comme avec un pkiceuû» 
ne foit aucunement terni» On ne voitpoiAr 
les pampres de fes vignes groffiàremenr raf- 
fembléeSf préfenter des grouppes informes 
de feuillages , ou ramper , ou pancher^égU^ 
gemment vers la terre. On les conïidere au 
contraire relevés avec art ^ & leurs pampres 
allongés y attachés régulièrement fur la mtt^ 

Ai) 



4 La l?KAr^iqvt 

raille & chargés de grappes agréablement dif« . 
perfées. 

Si le Jardinier plante des pleins bois ou d^s 
arbres de haute futaie , c*eft pour procurer ait 
ombrage , 8c former de riantes promeBades. 

Les arbres fruitiers en plein venr» & les 
vergers , il les difpofe en quinconces > donc 
les allées, aufli variées que les faces , par- 
tagent en tourfens , coupent & varient agréa* 
blementleterrein. S'tlfeme des graines, c*eft 
en obfervant les formes de carres , de plan- 
ches , de rigoles , en bordures & toujours avec 
fymécrie. En un mot , il met tout en œuvre 
pour réunir rurile'avec l'agréable dans les 
diverfes opérations de fonarr. . - 

Âinfi , le Jardinier enchérit fur tous les 
Ouvriers qui tcavaillèm à la terre , 8c qui 
donnent plus à la Nature qu à rinduArie. Il 
réfléchit iur tout ce qu'il fait , il imagine j 
il invente , ôc ûit (e retourner en tant de 
façons différentes ^qu'ils n'entreprend rien qui 
ne ibit dirigé fuivantiunè méthode toujours 
fotttenue, & relativement à des règles & des 
.principes. Il n'eft. rien. par i-conféquenc dont 
,il ne d^ive rendre raifon^ Il eft tout à la fois 
. le feerétaire de la Nature , le /Icpoiîraire fi- 
. dele deT: fes fecrecs & de (es oracles , l'éco- 
nome & le difpenfaceur de fes rréfors , 
fon condu&eur & fon guide. Toujours en- 
tr'elle 8c lai règne un heureux concert. Coin- 
(; me la Nacuré le plaît à fe concilier avec Kii ; 
jamais il n'entreprend rien fans la confulte;:, | 



X)u Jardinage. | 

(ans rînterrogér , fans en être avoué. Ceft 
d'elle qu'il attend le fuccès de fes entrepri-^ 
fes ; de même qae de Ton coté y elle veut 
bien fe montrer docile à fes intentions. Sans 
la coopération de la Nature , \ tout i'Ârc ima- 
ginable échoue , & fans le fecours de TArt ; 
la Nature brute & grofliere n'offre plus dans 
nos jardins qu'un ipedacle hideux. Si dans 
fes prodnâions libres elle nous plaît , (i les 
pés y les bois touffus y les fombres vallons y 
ses montagnes efcarpées j les lieux les plus 
délaides ont pour nous quelqu'attrait , ce n'eft 
qu'asuant que la Nature s'y joue en variant i 
l'ioâni fes ouvrages. Par î^tout l'œil y ren- 
contre des objets qui font une agréable di- 
,verfîon , & un contrafte charmant avec la 
pompe éclatante de nos jardins* Telle une 
Beauté négligée nous ravit par fa môdefte 
(implicite y & obtient la préférence fur celle 
qae relève Téclat de ta parure & des or« 
oemens. 

Je compare le Jardinier , par rapport aux 
{^ém>menes de la Nature , à nos Aftrono-- 
mes appliqués à étudier les mouvemens des 
aftres & les moindres événemens qui furvien^ 
nent dans l'hémifphere pour les recueillir » 
les fuivre & les approfondir. Le Jardinier 
non moins exad» ne laiffe rien échapper de 
nouveau , de iinguHer &c d'extraordmaire. 
Mais il y a cetîce différence eniçre celui qui 
obferve les phénomènes de la région fup4^ 

A iij 



f ieûre dH airs • & le Jardinier qui cohtem* 
pie la Nature dans le fanâoaire obicar dvL 
lein de la cetre , ou dans le mécanifme des 
plantes , que le premier n'a fouvent pour mo^ 
tif qu'usé ample curiôtité très - louable en 
elle-même y au - lieu que les obfervations du 
fécond tendent toujours à l'utile & à la pra- 
tique. 

L'Agriculture naiffânte réunifloit les di« 
verfes fondions Se les travaux champêtres. 
Tous les hommes vaquoient indiftinâement 
au labour des terres y à la culture des ar- 
bres , des vignes , des plantes potagères , & 
même des fleurs. Ce ne fut que long -rems 
après que naquirent les profeflions de La- 
boureurs proprement dits y de Jardiniers par- 
ticuliers , de Vignerons, & des autres. Cette 
diftinâion n eft marquée dans aucun endroit 
de nos Ecritures. 

J apperçois bien la différence dçs terres 
de (impie labour davec les Jardins , celle 
des fruitiers d'avec les potagers * , kortum 
olerum. J'y trouve les enclos « les plants d'ar- 
bres , les vignes , les pâturages , les bef- 
tiaux \ mais il ne paroît point que les fonc- 
tions en fuiTetit attribuées à de$ particuliers 
plutôt qu'à d'autres. Il faut en excepter les 
bcftiaux qui furent dévolus i certaines per* 

* Nomb. Chap. ^4. y. 6, Dcut. ii , 10-, Lit. 
l%lit% Rois lo. X y Eccli. 1 , 4. Ifa. tf x , x x , '&c. 



9V Jardinags. 7 

foimes 9 parce que le foin de ces ani- 
vaaxLX les occupoic toac entières. Il n'eft 
qa an feul endroit où il foit fait^nention d'un 
Jardinier pris dans un fens particulier ; 
favoir , au chapitre 20 de Saine Jean , v. 15, 
où il eft dit , en parlant de la ^Madeleine , 
exijiimans quod hortulanus effet. 

Dans le très-élcgant ouvrage des Gcorgi- 
ques , qui renferme de grands détails de la 
vie champêtre & de T Agriculture , nous n ap- 
percevons point non - plus cette diftinâion. 
Le Pocte y attribue aux mêmes Ouvriers les 
labottts 6c iemehces > la culture de toutes for- 
tes d'arbres fruitiers , les pépinrenes , les vi- 
gnes y les bois y fes pues £c les herbages : fous 
le nom de Laboâreur ^ Agrkola » Colonus , il 
comprend cea« qui vaqusd^iectf ^ quelque fonc- 
tion qaë ce pût ètre^ relativement à TAgricul- 
ture. Il faut dowc rerrronret au principe, & 
examinet commet fe ^ant établies les diffé- 
rentes fortes d'Oavtiers qui travaillent à la 
terre. 

Il en «ft de rétabliifetnent du Jardinage & 
des fubdivifions de <>etce profeflîon , comme 
de l'Agriculcure elle-même , dont il eft un 
démembrement. Deux fortes de Laboureurs 
exploiroient les terres \ les uns prenoient foin 
enx-mèmes de leurs propres fonds , «comme 
les Fabius j les Càtcn > les Cincirmairus , & 
tels font parmi noUs beaucoup de Gentils- 
hommes dans lès ProviïKes j & les Partijcu- 
liers qui font valoir des ifon^acquis en vertu 

Aiv 



s La Pratiqué 

de quelque privilège que ce foit. Les autres 
culrivoient ceux ci autrui , à titre de bail à 
ferme, ou de loyer en argent. Tous exer- 
çoient l'exploitation des terres & les divers 
travaux décrits , tant dans les Géorgiques que 
dans les ouvrages des Anciens fur l'Agri- 
culture. Le tour étoit tellement dépendanc 
Tun de l'autre que , Ciceron { de off. ) fai- 
fant le détail des occupations champêtres > 
réunit dans l'Agriculture les diver(es fonc- 
tions de cet Arr. Il dit , entr'autres , en par- 
lant de la taille des atbres & des greflFes : Nec 
conjitioncs modh dcUclant , fed ctiam mfitîo" 
ncs quitus nihil invertit Agricuttura fatenius. 
Les greffes » cornue on le verra , étoient du 
reflbrt de l'Agriculture en général. 

Quant à l'eppque & à l'établi (IJement des 
pratiques qui en ont été diftraites , &: qui 
ont fait par la fuite des profeffions diftinâes 
& féparees , nous n avons rien qui puiflTe nous 
fixer ; nous ne pouvons parler que d'après des 
conjeftures fondées fur le fait même. Voici 
de quelle manière je conçois que cette fépa- 
ration a pu avoir li eu , en fuivant la Quinrinye 
qui a effleuré ce fujet. 

Les fondions de l'Agriculture étant fi mul- 
tipliées , fi diverfes & fi étendues , il n'étoit 
pas poflîble que les mêmes perfonoes réunif- 
ient en elles tous les talens propres à autant 
de parties fi diflèmblables , & que les ouvriers 
de campagne jpufient y vaquer. Chacun fe 
décida donc (uivant fon goùc ic fes talens. 



BU Jarpimagb. f 

Le labour pt opremenr dit ^ Se roat ce <fn en 
eft une fuite néceflaire , fur h pactagc de ceux 
qaon nomma Laboureurs^ Se tel qu'il eft niainr 
tenant alTez univerfellement ctabli parmi les 
diverfes Nations policées. 

Quoique les bertiaux fuflènt de fon reflôrt, 
je lis néanmoins foit dans TEcrirure /ainte » 
loic dans les ouvrages faits fur TAgricuIture , 
qu'il y eut toujours des gens que nos Anciens 
nomment Pâtres , Pajloureaux ou Pajleurs de 
troupeaux. Ils étoient tellement dévoués à les 
nourrir, les conduire» les garder, les paor 
fer 3 en élever de jeunes , les tondre » & 
en faire trafic, qu'ils s'y confacroient privar 
tivementà toute autre occupation. Cette pro- 
fe/Con réparée du labourage fut, durant plor 
iieurs fiécles , le partage des Patriarches. Oa 
voit dans Homère , des Rois & des Princes 
travaillant de leurs mains , fe nourriflànt 
des fruits de leurs terres , & du produit de 
Isurs troupeaux. Çaron pcéféroit à tout les 
avantages du labour des champs, la nourriture 
des beftiaux, & le produit qui eu rcfulte. 

On fit encore diftradtion des vignes , donc 
la culture forma dans la fuite une profeffion 
aufli coofidérable quetendue. Du tems de 
Cicéron , de Virgile & d'Horace , elle dc- 
pendoit encore du labour des terres. Mais 
je ne vois nulle part, comment elle en fut 
féparée. 

L'exploitation des bois fut de même un 
démembrement de TAgriculture. Des Particq- 



fo La Pratique 

tiers s^adonnèrent à la plantation , â la fe<- 
inence, à la culture , au débit des bois , foit 
pour les batimens , foit pour la copftrudion 
des vai(!eaux , le commerce de mer , & les 
autres ouvrages auxquels ils peuvent être pro- 
pres. Alors , ils les fendoient , les coupoient 
de longueur , & les difpofoient à erre em- 
ployés par les divers Artifans auxquels cha- 
que forte de bois convenoit. Il ne faut pour 
toutes ces opérations qu'une légère teinture 
de TAgriculture. Des hommes robuftes , fans 
doute, & afTez dépourvus de talens, fe bor- 
nèrent à ces octupations groffieres & pé- 
nibles. 

Enfin , le Jardinage fut totalement féparé 
du corps de l'Agriculture , Se devint aufli 
étendu , tant pour la multiplicité de fes fonc- 
tions que pour leur importance ; je ne penfe 
pas que le Jardinage chez les Anciens fût auffi 
chargé d'occupations différentes & détaillées, 
. - qu'il l'eft à préfent. Ils avoient bien la prati- 
-tj^*<,jXtv que de'^aillôr les arbres , dont nous iifons 
'•^ les principes dans Caton & ailleurs ; maîs^ 
ils ne connoiflbient ni efpaliers , ni contre- 
efpaliers , ni l'Art des divers compartimens , 
ni. celui de varier les parties d'un jardin. 
On ne peut difconvenir que dans les tems 
les plus reculés 3 il n'y eût des Jardins très- 
artiftement dreflïs. On en trouve des exem- 
ples & dans nos Ecritures Se dans les auteurs 
profanes* Les jardins de Sémiramis fuirent une 
des fept merveilles du Monde» Qui ne fait 



Di; Jardinage. tt 

i'hiftoîre de Dédale , auteur du fameux 
labyrinthe , où lui-même fut enfermé fuivanc 
la fable ? 

Tous ces démembremens fucceilîfs arrivés 
dans TAgriculture , ont eu lieu par la fuite 
dans le Jardinage. Un Jardinier dans Torigine 
étoit Fruitier , Fleurifte , Pépinièrifte , Bota- 
nifte & Maraifcher. Ceux qui fe fentirent du 
goût pour les arbres fruitiers , portèrent de 
ce côté là leur induftrie , Se formèrent des 
enclos. Sans doute qu'ils les entourèrent de 
haies fèches ou vives , de larges foflcs , & 
ènfaite de murs de terre , comme ceux de 
nos maraifchers autour de Paris , & peut-être 
auffi de murailles en forme. Ces Jardiniers 
({ne j'appelle fruitiers j cultivoi)snt auffi des 
légumes y ce que nous nommons graines ou 
^cnailUs » & d'autres herbages ; les fruits 
n étant pas fuffifans pour occuper une feule 
pe^fonne dans les dinérens tems de Tannée. 

Qu'on ne s'imagine point qu'en conftrui- 
fane des murailles on fe fôit apperçu' des 
avantages qui en pouvoient réfulter, & qu'on 
y ait plante des arbres fruitiers » pour en 
avoir des productions belles & prématurées. 
Il faut faire à ce fujet quelques obfervations 
importantes. 

D'abord, on n'auroit pu profiter de ces 
murailles , & y placer des arbres fuivant no« 
Ire ufage , que dans des climats tempérés 
ou dans des pays froids ; car dans les pays 
thauds les arbres auroient brûlé. De plus , 



1 



les anciens jardins écoienc fermés de mars; 
fort bas eh dedans , & très -élevés en de- 
hors ^ parce qu'ils ne fcrvoienc qu'à foute- 
ijir la poulTée des terres. Les Châteaux flan- 
qués de tours 6c de baftions croient deftincs 
à fe mettre à couverr des incurfions des Peu- 
ples barbares , & des attaques des voiGns. 
avec lefquels on étoit continuellement en 
guerre , & Ton s'occupoit moins des ornemens 
des murs que de leur folidité. Lorfque ces 
raifons cèrferent , on ne penfa point à pro- 
fiter des avantages réfultans de leurs expo- 
fitions favorables ; les yeux étant accoutumés 
a les voir dénués de verdure. 

Les jardins fruitiers étoient ou joints aux 
triai fons ou en écoient féparés* Il n'a jamais 
été trop poflîble que des Particuliers dans 
l'enceînre des Villes , enflent de grands jar- 
dins 9 des vergers ou des parcs. Il âllut donc 
chercher au - dehors des lieux commodes , 
pour y former des habirations riantes & des 
jardins fpacieux. Ceux qui n'en eurent point 
les facultés > ou que leurs affaires rappelloienc 
incelfammenr à fa Ville , pratiquèrent dans 
leurs remparts des jardins , où ils firent conf- 
truire de petits réduits ; on en voit quantité 
dans beaucoup de Villes de Provinces , cjui 
ne font point Villes frontières. La dcpoârion 
de leurs plus anciens Habitans fait foi » que 
de tems. immémorial il y eut dans ces en^ 
droits de ces fortes de jardins privés & ifo-. 
lés ^ où l'on cultivoit des arbres fruitiers 



hv JardikAôe. ï]f 

foat Tufage de la maifoh. Telle eft\ à ce que 
)e crois , une des premières origines des Jar« 
dins en général. 

On voulue bientôt y pratiquer des pro- 
menades agréables , & s'y procurer on ont- 
bràge frais. On travailla de génie , l'émula- 
tion fir des curieux. L'art Se les règles mul- 
âplièreric beaucoup les ouvrages , 6c pari- 
conféquent les Ouvriers, qui y confacrèrent 
leur tems & leuts ralens*. 

Je penfe que Us vergers eurent d*abord la 
préférence i les arbres qu'on y planta furent 
apportés des bois dans les enclos, il eft 'i 
préfomer que par la fuite on deftina des can- 
tons particùliers^ur les y élever. On forma 
ùoïs doule des planta provenarir de pépins , 
de noyaux 3 de boutures., & Ton coucha ceux 
dont l'expérience fit connoîcre la faciliré :à 
prendre racine y tels que la vi^n0^ le figuier 
& le mûrier. On greffa ces arbres tranfplan- 
tés dans leis fardins, fur les fruits qui fem- 
blèrent les meilleurs. Divers efpaces de terre 
furent confacrés à des pépinières. Des Jar- 
diniers en firent commerce , & telle eft Pori- 
gine de ceux que nous nommons Pépïnièrijle^. 
Le plus grand nombre des légumes Se d^s 
herbes potagères , eft originaire des bas prés , 
àts fonds & des terres graflesou fortes. Ce 
fentimeiit eft fondé fut ce que les îégurhes qiii 
font maintenant dans nos jardins , fe trou- 
vent encore épars aujourd'hui dans ces lieux. 
. {«ec différentes contrées "fe font réciprogtt^- 



14 La Pratiqvi 

ment communiqué les divers légumes xpiA 
croiflbienc chez elles. Il n*y a pas plus de qua- 
rante ans que les laitues de Siléde Se de Ba<- 
tavia ont été apportées dans nos climats » 
ainfî que la chicorée d*Efpagne & celle dlta^r 
lie > qui ne font connues que récemment parmi 
nous. Préfque tous nos légumes confervenr 
encore les noms des lieux qui furent leur 
patrie , tels que les cardons d'Efpagne , les 
choux de Milan , la civette d'Angleterre 
& autres. Des Particulier^ deHechèrent des 
marais , $c défrichèrent des terreins bas 
& enfoncés j doù leur eft venu le nom 
de Mataifchers. Ils préférèrent cq% lieux non* 
feulement i caufe de rhumidité du fol , 
mais encore parce que les puits font plus pro- 
ches de la fuperficie dje la terre , & que fc 
tranfport des fumiers, y eft plus facile. Ces 
jardins font au/Ii ancieù^ que les vergers* 

Lorfqu Achab , Roi d*Ifraël , demanda a 
^Naboth fa vigne ^ l'Ecriture dit q^e ce fut 
pour en faire un pottigçr , ut faciam mi/u 
horaim oUrupi. Reg. L. III. xi. %. 

Les Jardins fleuriftes & les parterre^ font 
d'une date bien plus récente. Les premiers 
hommes, tels que nous les dépeignent les 
£critur,esj Se d après elles la faole^ Tanti- 

Suite 9 ne s'amufèrent point â la* culture des 
eurs. Pourvoir à leur 'nécedàire , fit tout 
leur objet. L eppque de rétablifTement de 
ces jardins n*eft point connue. Je les trouve 
dans les Auteurs & dans Cicéron ( de ScnU\ ) 



confondus encore avec le labour, lesmoiC-, 
fous y les yignes , les beftiaux , les abeilles ^ 
lotfqae ce dernier décric les plaifirs champè*. 
ttts ytum florum omnium varictate. 

L origine de la culture des âeurs fe per<l( 
dans les cems éloignés, files furent paràca-^ 
lièremenc employées au culte de religion dan^ 
les folennicés & dans les fêtes publiques* Do 
tout cems elles fer virent à la parure dei 
perfonnes du fexe. Il eft croyable qu on Iss 
cultivoic çonjointemônc avec les arbres frui-- 
tiers y ôc que dans les pays chauds où celles 
que nous élevons fur couches viennent natu<^ 
rcUemenc >.on alloit les chercher dans les 
prairies & dans les bois. L'exemple des lys 
qui croiiTent d'eux-qièmes dans les cha^nips , 
peut être cité qn preuve de ce que j avance* 

La Nature qui le plaît dans la diverfitc^ for- 
ma les fleurs » & les plaça non dans les en^ 
droits oii ia terre e(t la meilleure , mais dans 
les lieux les plus délai0es, comme pour leur 
fervir de parure* Les premiers âeuriftes les 
découvrirent le long des ruiflèaux , dans les 
forêts fombres , & dans les friches. La na4 
ture du terrein qui les produiiit régla leur 
culture. La faifqn propre à les femer i-c ^ 
les élever , fut enfuite étudiée , & leur foiz^ 
devitit une profeflion fort étendue. 

Ce fut alors qu on vit la terre des jardjins 
fuperbement ornée en chaque faifon par un 
auemblage fymétrifé de fleurs de différentes 
nuances^ Elles furprirent d'autant plus , que les 



té La Pràtiqut! 

premières payèrent dé leurs peines avec ufure 
ceux qai les élevèrent ; & qu'elles acquirent 
ce coloris brill^uit Se ce volume donc elles 
font privées 9 fans le fe cours de TÂrt. Leur 
culture devint une forte de padîon » comme 
toutes les chofes de la vie dont le plaifir eft 
Tobjet. Les Fleuriftes voulurent avoir des 
fleurs étrangères j ils en firent venir de tous 
les endroits de TUniver^ y 8c les cultivèrent i 
grands frais. Encouragés par d'heuceufes cen« 
ratives > ils fe livrèrent à cette feule partie du 
Jardinage. 

Je penfe encore que la fcience de la Bo- 
tanique fut anciennement fort bornée , & que 
les jardins de plantes curieufes n'ont été for^ 
mes que très - tard« Ils étoient fans doute 
fournis des plantes ufuelles » mais éparfe;^ 
de tous cotés. On alloit chercher les médi* 
cinales , les potagères & les fleurs , pour les 
placer pèle - mêle, ou dans un canton fé-* 
paré du jardin. Mais on ne pouvoir les avoir 
ni en aum grande quantité, ni dans toutes 
les faifons. En voici là raifon. On ne con** 
noifibit point les couches chaudes , les clo^ 
ches , lès cbaflis , les ferres , les éruves avec 
des poêles > inventions récentes , fiUes de la 
délicateiTe Se de la volupté. Elles otit forcée 
la Nature à donner prématurément 6c contre 
fon gré des fruits dont elle ne nous fait jouir 
que beaucoup plus tard. 

Dans les premiers 'tems , on fe contenr 
toit des plantes ou nées fur les lieux > ou qui 

pouvoient 



] 



pu JaRI) XMA G s. hf 

potsvoient y croître naturellement. Les gràfTes 
Se exotiques » ainfi nommées , parce qu'elles 
viennent des pays étrangers , & qu'elles de-* 
mandent un rédme particulier «. ne furent re* 
cherchées que les dernières. Leur culture eft 
différente. Accoutumées à refpirer dans d au- 
tres climats un air entièrement oppoTc à ce-» 
lui de nos régions j elles ne doivent , parmi 
fKiQs , leur confervationqu'à des foins infi- 
nis* Nos Jardiniers ordinaires font peu pro<* 
près à içs gouverner j il faut des connoif- 
fances particulières & line étude toute diffc« 
tente pour entendre la pratique de cette fub- 
<itvi/îon du Jardinage » qui en forme une clailè 
ftparée« 

'? ii: l'égard des jardias de propreté & de fim* 
frfè ornement où TArt^femble vouloir affer- 
vitales beautés de la Nature } je les crois fort an« 
cd^ns; Les Hiftotiens Se ies Poètes des tcms h% 
pins reculés» nous les repréfentent très- ornés ^ 
âh décorés. de figures, dobélifquesjde vafes 
l^écieux j de perfpeâives , de cafcades natu* 
relies ou artincielles » de canaux» de J^ts- 
d'eau & de portiques. Tout ce qui eft du 
reflbrt des Beaux*Art$ , fe redèntoit afluré^ 
ment de leur enfance. Les Princes , pour dé- 
voyée leur magnificence, & les riches Par* 
ticttliers, pour faire éclater leur fomptupfité» 
plantèrent' dans tons les tems des jacdins 
uniquement confacrés au plaifir des yeux , 6ç 
. à Tagrément de la promenade. Les Uomnpi.es 
illuftreSy que leurs ouvrages en ce genre im« 



t8 La PflLâiTiQtT je « 

moctatifeat , ne liûivsnt point ittf compris 
d&nsla olaâe 4es^ Jarctimen } leurs talens pour 
le ieflin 8c la diftrîbucion des jardios , les 
raiagftot dans celle -des AixJiiteâes» 

Aptes avoir parlé de rétabliilèment da Jar- 
dinage, & de tes divers Ouvriers >. il eftoacu- 
r«l de dirie un mot dès outils conous^ de nos 
petes y Se de ceux emplojFés de nos ]oùrs. 

Les inftrumens du J ardifiage ont éié ou em- 
pruntés d:e l'Agriculture &dfU labour des ter- 
res , on trouvés pai? fucçeâion de tems, comme 
ceux des autres Arts^ Je compare eiicoce ici les 
premiers Hommes, quant à Ntabliifement de 
toutes ces dbofes , aux Habitans des Pàjr-s nou- 
vellement découvetts , & aux Sauvages^ Ces^ 
derniers ttavaillent i la terre , ikns «es outils 
en tt&gechez les Ipeuples qui ont le ieoDurt 
des:Art6 âc des Sciences, ils fe fervent de 
piarres f^ct aiguifoes » dos d'animaux Se de 
poilfiins , «vec lelquels ils fomlleor la terre » 
leudent le bois Se font quanitité d'ouvrages 
pour fe procurer les ciiotes miles > ^ comme 
des ^tcs , des bêches , desjialTes & des filets* 
Je parle des Peuples fauvagcs qui m ùmt 
pas en relation avec les &jicopeens de les 
autre» cjiez qui les Arcs (ont connus » tels 
ou'un grand nombre de Sauvages à la Loui* 
uane £c ailleurs. 

La defcription que nous lifbns dans Vir- 
gile, des ixmrumeqs fer vans au labour, nous 
sait crotte qu'ils ont beaucoup de rapport avec 
kff n&^s. Nous nçus fommes conrepcés de. 



r 



-^^ 



criptioos que nous çn ont laides flnficMis 
Auteurs ) & fuF-îont C^ion qqi «9tre d«Q9 le 

flus gFaa4 détail fur ce qui i^ft du (eflbrt ^c 
Agriculture ; il eft probable quç les Peû{ilf s 
anciens & les Romaips patnciklîjécciQient , 
qui on^ porté les Açts, s^ m ^ haut d^c die 
peifeâmn , n'aijrfMit pa$ n^oins ei:Qf IW en ce 
genre. La différence qui peut être entre nos 
outils Se cewf. des Aociens eft h nAme qui 
fe trouve entre ceux d^s diverfes Régions. 
Nos CoQteliers de Paris , par exemple» font 
dfs %pe):te$ qui ne refleni^ient point iceUes 
de Ch^^elleraut. Dans oes derniers tema ^ 
on les a perfeâionnéj^s. On faitdes^denai-ftr- 
fiettes ( phnçhç Lfiçnre i. ) pour les mçàvdtts 
euy^gffs , ^ deif Cer pillons {fig. t. ) i bug 
manche » à lame courte & à petit hec > très- 
coipniqdtiis /pour réb^Qi^geonneinent Se l^pa- 
liilàge* lis fervent à aller encce d^x bi^an- 
ches trop voifînes , iç 4 couper quantité de 
brindilles. Il y a at^ des ferpe«tes cenforcées 
{pL Jfl^ /g. !•) prêftes à tontes ibrmdVsii- 
vrages. Je dirai à ce fuj^t que pour opérer 
fiiretoisnt avec ces oufiU, il faut avoir, lains^ 
gaufij^H an-dçCus dé tja branche , quand on 
coupe en en-bai $ & at^defious lorsqu'on fait 
/a coupe en-deifas. On fait aller fa ie'rpette 
en coulant d'un c&té Ot| d'mi autre , toujours 
ei^-<l^bor$ 9 quand on retranche une branche 
fjûtr 1^ 4évant. , ' 

Les fci^sânaainsque | aircadues plus con> 



AO La Pr atî qu b 

modes , font de différentes fortes. Les unes 
font à manche de bois, non-fermantes {pLIIL 
f!g. i.)& les autres àvitolle [fig. 2) ou à reflTort 
qui ferment {fig. 5. ) Il y en a une que j*ap- 
pelle un pafre-par-tout deftince à ôter les bran- 
ches en fourches , où la largeur des autres fcies 
les rendroit inutiles » 8c à faire une coupe 
moins grofliere , ^n égard à la fineflfe de les 
dentelures. Ces pafle- par- tour font faits avec 
des reflbrts d'acier de vieilles pendules. Se 
ils ont huit'à neuf pouces de long fur un pouce 
par en-bas. Tout jardinier doit avoir autour 
de lui une trouire femblable à celle des Ta* 
rpifliets , où il y ait plulieurs poches pour pla- 
cer (es différens outils * avec un marteau a 
tête fendue : fur le côté de cette troufle on 
met un gros bouton deftiné à fufpendre les 
fcies i main. 

Je joindrai iciTexplication des autres figu« 
res de ces trois planches. La 3. {planche I.) 
repréfente un échenilloir. A , eft la partie 
tranchante paif:en haut. B , le croilTant tran- 
chant par-defTus feulement. C, autre croiflànt 
' non tranchant» qui calfe en tordant les branches 
pendantes qu'on ne peut couper. E , trou pour 
recevoir une vis. F , {fig. 4. ) , vis qui entre 
dans le trou £ de la douille. 

La fig. 4. ( plane. III. ) offre le greffoir. 
B , manche arrondi en^dehors plus commode 
font le travail. C , le morceau dlVoire en 
forme de petite efpatule , pour ouvrir la peau 
ea grevant, & y inférer l'écuffon. 



Du Jardinage. xt 

( PI* IL jig. 2. ) Fourche vue par fa partie 
convexe nouvellement incroduite dans le Jar« 
dioage , pour fouiller la terre , & lever les 
arbres fans pffenfer leurs racines, {fig^ }.) 
La même fourche vue par fa partie concave. 

Je ne puis me défendre de joindre à ces 
outils de Jardinage un inftrument d'Agricul- 
ture autant connu dans l'Anjou qu'il l'eft peu 
par-tout ailleurs j il fe nomme Ecobut , & 
eft recourbé à -peu -près comme une Houe » 
avec un long manche de bois, CeftàM, le 
Marquis de Turbilly , Fondateur des Sociétés 
d'Agriculture en France , que l'on eft rede- 
vable de cet inftrument, qu'on connonra plus 
parfaitement par la leûiure de fon livre » qui 
a mérité les luffrages d'un corps célèbre. 

L'ufage des engrais & du fumier eft aufli 
ancien que l'Agricipiture & le Jardinage. Je 
ne m*arrcte point à établir ce point univer- 
fellement reconnu. IL eft pourtant des terres 
il favoureufes par ejAçs-mèmes , qu'elles n'ont 
pas befoin d'être remontées par des engrais.. 
Tout le monde fait que l'Egypte eft fécondée 
par le débordement pes eaux, du Nil.. Dans les - 
pays méridionaux , les fumiers chauds de. 
mulet y de mouton & de pigeon , br^leroient 
les plantes , s'il n'éroienç fuffifammenc confqm* 
mes 3 & employés fqbrement. 

Outre les fumiers , il y a différentes fortes 
d'engrais j dont parlent les Anciens , qui ont 
écrit fur l'Agriculture ^ fur le Jardinage » 
dans le tems que ces deoz Arts étoient unis ; 



fàvéîr , le marc <fe râîfin & 4 olives ^ auquel 
notis jpbâVons joindre cèk^i de pothAi^ , de 
nbix & d'amandes. C*éft jprincipàlétîient dans 
lés trlimars tempérés de froids , que ces éii- 
graii ont lieu pour les tarifes des campagnes 
* des Jardins. Leût trop girâttde âb6inrdàtH:e 
imit d^n) un fens autant que leur disette. 

La Qaintmye s*elforcede prouver (Chap. 
XXIV , i« Partie ) ou'aucàn àrbré fàin ou 
tnalade» plahté eti q^èlqtie terre que ce foie, 
nfe doit jamais être furné* J'ai fait à tt fdfet 
diverfes perquifitions à Montreuîl , 5k les 
plus anciens du Heu m'ont dit unahiihement 
qu*ube tradition de père eft fils leur avbit ap- 
pris l'émj^loi du fttitt^. Tant qùun ktëhé 
eft fain & vigôureiiîd , il nt pai ^kis feeiôin 
de i^cftauràns que rtous ^ lorfqùè ftôrrteftb- 
mac fait bien fes fànééï^s j mais i^arïd 
on Vôît cet arbrfe déjpérir', un peu de fu- 
mier tifen confoîWftie éft ëlïènctel pour le 
faire renaître. Je n^ t:bnfiASre ici lès'ertg'râis 
que ptft rapport à ïéùt otîgînè. J%ta patte-. 
rai plus au long, e» ttaitant dels pt^tîtjates du 
jardinage, & des- f^j^aîôns fur leiqùelfes allies 
furent ItaMies. 

Quoique le funiiëi: ait ité en tifa^e îda-ns 
tous les rèms , k A^Jou de Temployet rie fut 
pas toujours la même-. L'invention des Goua- 
ches chàudefs, par exemple , & des rechauds 
mis tout autour eft récente , ainft que \ts 
€oUches fourdes & ceîfes A Champignons. 
Je ne l«s crois pas plus anciennes qn'un fié- 



cU. 7'ifmgiM qtie les meoles à fiimîer & les 
foflfeâ^eàoA l^a emadif, ont donné liea à 
riAV0mlon des couches^ On a vu que cet 
meules VéchaufFoient^ de qoe xjselquesgtaines 
apportées pat le venr, y gsrmcMettt, deve- 
OKHeM piaules &rfeformoieRr d'abord^ on s'cft 
àvifé d'imiter ce qui fut Tefiet du liafam;Oû a 
donc entaffêces fumiers, on les a artacigéspar 
lits y on a mis de la terse ou du terreau par*def- 
fas ^pui^ on 7 a femé de planté. Quand oti a^re^ 
marqué ^^ la chaleur dé ces cooche^ dimi- 
nuoît j Tidée eft vebue d-y appliquer au-^uxur 
du fumier chaud. On a arrbie ces couches » 
& on $*eft_apperçu que les unes Oc les autr^ 
donnoient des champignons* Les cloches de 
verres , les chaflis, les ferres cch:mfFées par 
des fourneaux & des poêles font dus à des 
obfervations fubféquen^s. C'eft aux Hol- 
landois principalement & aux Anglois , que 
nous fommes redevables de ces utiles inven* 
rions. Leur climat ne leur permettant pçinc 
d avoir des plantes de ^ toute efpèce dans le 
memeceitts que nous ;. ils ont invoqué le fe* 
cours, de l'Art , pour jouir de ce que la Na- 
ture lew lefufoit. 

le parietai dans tw autre endroât des murs 
coopésde Motttt'ettjJt » de leurs brile^ventsi, 
de leurs paillafions » de leurs auvents ûc de 
leufsiablifftes, donc lehafard fut lepete. II 
€n efr At. même de ce c^'on appelle ados & 
ooftià^. Sai^s doute qu a Toccafion de quel- 
qu cminence de terre > ou de fumier » oa 

B iv 



jl4 La -Çfl.4.TtQ^f 

aicit rùdts fltLnt&tprékfyiesiaftjoii^.de^ 
mauvais vents ; & i*pa aara » en conféquence , 
imaginé de creufer la tecre » poar j femer & 
planter durant les hivers & les printems. Les 
pratiques qui ont été çn ufage avant ooiss » ont 
ère perfeâiônnces ^ comme il eft probable que 
les nôtres le feront. 

Jufqu'ici , j'ai confidcré le lardîpagf rela- 
tivement à ion érabliSemenc à fes progrès Se 
z fa formation. Je vais préfentement Tenvî-^ 
fager du côté de i!eipm & des takfis qu'il 
xespiiertt -...:. 



CHAPITRE IL; 

Du Jardinage çonjîdéré 'du côté 
d^ l'cfprit. 

OU£LQ0*AMv«A)9tE$ que foient- les occu* 
parions de cet Art fi. univerfellèment aimé» 
quelque brillantes que foient pluiieurs d'«n<- 
cr'elles , néanmoins à les bien coniidérer » le 
Jardinier ne trouve partout que des. fujets 
d'humiliation. Ses connoiffances , relative^ 
ment aux opérations d^ la Nature , font fi 
bornées , les expériences font fi fautives, les 
apparences fi trompeufes , & les con|eéhires fi 
hafardées que toujours il eft novice dans te 
Jardinage. . ' 



t^v Jardin AGI. t$ 

De toos les Arts qui ont id démembrés 

iàe rAgricalture & qaien font oartie» il eft 

lefeul où l'on foie à portée de luivrela^Na^ 

We , Sc^ de l'obfervet dans fes phénomène^ 

& fes. variations ; j'ai prefque dit (es ca^ 

•ptices^ fiioniflant les opérations des autres 

Ouvriers occupes du travail de la terre » le 

Jardinier apperçoit , comme eqx , les my fteres 

delallIarDie; mais comme il éll le fcuLde tous 

ceux qui cultivent les végétaux, qui foit àp^ 

pliqué fans interruption aux fbnâit>n9 qu'il 

partage avec eux ; il eft bien plus en état 

d'obferver à chaque inftant les événeàditlS 

extfaoirdinaires & mervexU^x; 

Celte raifbn ^ft y à mon avis , une de celles 
^ui démootseotL'impoâibilité de raifonnet^pet;- 
tinemment de la végétatbn,. quelque pénécfar 
rion|& quelques calenr qu'on ait d'ailleurs ^» 
tant qu'on fe contentera dé faire des épreuves 
f pallageres! , & des mêdicadons i tèce rëpofée 
^ans ibii iiabinet. Je démomirei'ai cette pi^poi- 
iitioni en parlant declanéceffité de la phyfi^ 
que iiiftrumen taie âr expédbientate. - ^ y 

Il faut polir fonder les myderes de la Nature 
en être l'eipion* Dès- que vous, la perdez de 
vue , elle vous écha|)pe. iTou^urs elle prend 
plaifir à fe caches , toujours ^iie fe mafqiie^ & 
fe trartflttt*: Vous vous' flairez d'être parvetm 
À une découverte, en çonféquence de vos cX^ 
fervacions & de quelques expériences parti- 
cttUerès } vous les vax^tez ^ & vous trouyex 



roc^ <4»tf^ M) potfit que niilirile^ y« obtêr^ 
Yacions m cadre air^cxe que k namrë Voo» 
a fak apeccevcÂr ^elques mob « qiickp^G 
joorS' au^cavanc » de iovireiii du ïnoihQnt oà"" 
vau$ croyez l'av^f faifie daas (bn vrai< point. 
Jf^ me bornerat i destx ex6àa|p£eh cités de 

Î pratiques tzèsotdtfttires dans te Jafdinage : 
e premier regarde le ravaloiwnc des vieux 
.arides , & le changemem de leitcftsetfe ^ le 
iecond.eft pris de la cranfplantatÎDa de ces 
ji^èfines arbres déjà âges. 
: Ducatic plus de qaaàinte aimées, coo&crées 
ail Jardinage j il m'eft af rivé d'éb&iter un 
grand nombre de yieaxarhlssaaxqoeU je ne 
iaîâbifs j^eCcpo . que le trot»: avec qoelcpies 
^ro^s bcancàes trds<>écoarcéesr y f^ibivatir Tafib- 
ge» Fort pea.opt.céaflr.; im acbn eft :mQx & 
caduc , il ne rapporte plus, ilnepoitf&'plaa» 
pn 0^ de la pdbe à TaxTacber , 6c i'omip^K 
qua la faveur ridr quelques {>abfeinei}s, ,. <i{i 
Je vavi6era« On^ le ifaraé à^xic 5 oftte hdîouré > 
on le change sâe J»f re! yiSc e^^ en rérve»- 
çonne. Reèaaacriks pcentieces années il don^e 
de;no(liveaa bois « on t^ peut fe hii^r de l'ad- 
fhit^rr^'on £e féltette Se {*oa s'applau^ic d» cee 
i^ms trxHxipettra de iecondné qui nê&tu: que 
i^s dKbcca d^unè Ofre expirance. Cependant ce 
xnème arbre >. après. airoir jeaé ion feu j Se 
a'ètre fooitenu dixrant quatre oit omq ans -, re- 
vient daiïs fon pfenaiec état ; Se eimsi il fais: 
feplanstecjVoiU dt-QQ£:f^«ust aanées de pep» 



B0 jAl^AlNAOl. iy 

émii , datant iefqudies utr jéutie atbre mis; 
i la place t!u vieux ', fe fef oît formé & au- 
ririt d^ produit du fntft. 

Il eft^Acoft:e fort eivrà&ge de diattgèr ce* 
vieux arbtes de greffe ; par la inertie raifon 
que tcàk qù^on a voit éboîtéi dnt pouflTe vive- 
misax , ceiix^i font admiret la force de leuTS 
}<ft$. Ces ; nouvelles ^téff^cs portent aufli quel- 
quefois des fruits dont on tire dTiturcux 
préfages; Màife au bout dé èoelques années ^ 
elles meilretit !\iiie SfbtèS Pautre , &' lé^ 
gros feoii ^ttîent leur ccbrce. X^^^ind f ai ar- 
raché ces fortes d'arbres , J'ai prefque tou- 
jours bro^ loto tjgnc itttettfent 8^ teurirra- 
cines vivefe j les conduit* dé fe tige St de^ 
btahche»^ cr6*ent é^iih ife pçoJasv. J"^ prtl* 
tiifié helirfeufiMttent i 1-égard des uns & iei 
aalrés le îràfpptothemefrt V doht rexpKtàtiott^ 
& le détail fè îirofrt dihs ttxon Traité W) 
Pctfief;' -■ ' . • • ' '•'•■ -, '': 

Le fècôhd eteteple eft iiié de la tranfpKtr^ 
tation des atbres de" nibyèri âge. Oh le? 
{jlianre 'in tïiôtte ^ avec toutes* les précautionSf 
poflîbles y on les furtié -, -dh lès artofe , 'èç 
0tt en à- beaucoup de^ foitt. Us reprennerir 
& dohtîént du' fruit ;dutatlt plufieuts an- 
nées. Ces élâWs de la fève ne font quepîif^ 
fagets , & forcent êrffiti ^'attacher des 'ar- 
bres qu*ôn aurôit mieux fjttt de ne pas con- 
ferver. 

UeïïètdetîeS dfei^ pratiques très-ufitéet 
dans le Jàrditiage , n*a- jamais été heureux. 



it La Pkatiqui 

pour le pécher , qaoiquil Tait été quelque- 
fois a l'égard de certains arbres de fruits i 
noyau. Qui croiroit qu'un fuccès de pluiîeurs 
années ne duc être çonftanc ? Cependant , je 

fiuis aflurer que dans Tun & l'autre exemple , 
iir un cent d'arbres y il en eft tout au plus 
un quart qui réuffilTe- Un grai)d défaut de 
ceux qui s'appliquent au Jardinage , ç'eft de 
n'être point aflez ^n garde contre les. préju- 
gés & les préfomprions. Il vient une idée ^ 
on la met d exécution » elle femble réu0JC 
d'a))ord , on Tétend , on la modifie , on 
s'en promet des fuites , qui pourtant n ont 
point lieu 4 mais nibporte : l'amour-propre 
nç veut jamais avouer fpn erreur. Que fait- 
çn alors ? On attribue le défaut de fuccès 
 quantité de caufes auffi étrangères que chi- 
mériques. Âinfi , dans le cours de fa vie ^ 
L'homme eft induftrieux à s'abufér lui-même. 
J^our avoir de la végétation des idées nettes ^ 
étendues & approfondies » il faudroit con- 
npîtrè parriculiérement la fève » fa natu- 
re , fon aâioq ,: fon jeu & fes mouvemens 
dans toutes les parties des végétaux. Il fau«- 
droit favoir commept tant de caufes parti- 
culières concourent avec elle , pour procurer 
des effets fi difiemblables , & concevoir leur 
accord dans la production de ce nombre infini 
de plantes diverfes* L'efprit de l'homme 
ne comprendra jamais que la fève qui n'eft 
qu'une & la même dans tous les végétaux, 
puiiTe être modifiée en autant de formes 6c 



PU Jardin AGI. ly 

de figures » acquérir autant de propriétés , de 
qualités > de faveurs ^ d'odeurs & de couleurs, 
qu'il y a de plantes particulières & de parties 
qui les compofent » que Tadlion du feu 3 de 
raie Se de Teau , tant en dehors que dans le 
fein de là terre , contribue avec fes fucs à ]a 

fermination & à raccrpiflement des végétaux. 
Tons ignorerons toujours pourquoi les cou* 
loirs Se les réceptacles de la fève » fes tamis 
intérieurs , les fiores qu elle a à parcourir , les 
loges , les calibres , les trachées , & tant d*aa- 
très parties internes des plantes occafionnenc 
des effets & des formes fî variés. 

Tous ceux qui jufqu'ici ont travaillé furies 
végétaux y ont-ils pu pénétrer aflèz avant dans 
le ianduaire de la Nature , pour favoir corn* 
ment les plantes afpirent & pompent le fuc 
nutritif par l'entremife des racines , Se quel* 
les font les fondions partlculijexes & détail- 
lées de celles-ci ? Quel génie a pu fuivre là 
(ève dans fes deux mouveniens bien diftin- 
gués i favoir, du bas en haut , de la part des 
racines , & du haut dans le bas , brique de 
lextrémité des branches 8c des feuilles elle 
revient fur fes pas fe répandre toute travaillée 
dans les différentes parties des plantes ^ Se y 
porter la nourriture Se la vie nécelHiire i 
leur accroiflement ? . 

Les divers phénomènes qui frappent nos 
yeux , Se leS variations de la nature qui 
nous déconcertent fans cedè , nou$ forcent i, 
faire i chaque inftant rhauûliant aveu de 



^j> tA Pkatiqus 

PQXïÇi ifitelligence très-bornée. Par-tootno^ 
tiQ trouvons que ténèbres, ooages obfcars^ 
Yoiles » éaigmes Se difficultés infttroipnca* 
)>les.. J'ofe cependant malgré ces pbft^cles renr 
dre raifon de quantité d effets dans la végé- 
tation. Je ne prétends point donner des folur 
tipns , ni des déwonûrations , mais des .pro- 
"b^bilités fondée? fur des conjeûures & des 
jiréfompcions d*^près des faits. ^r 

Quoiqu'il en foit de ces obfcurités myfté- 
rieufôs, oa peut dire que d*un autre côté la 
JNature fe prpppttionnant jufqu a i|n certaifi 
point à la roihle portée de nott^ efprit « fe 
jtnanîfefte à nous en non(ibre d'oçcaiions. 
Ceft.un grand livre ouvert à tout le nooibre., 
c'eft un mirpir univerfel où Ton trouve tou- 
jours à contemplât î c'eft une fource inéputr 
ùhh de réâéxions L'étude de la Nature, quot- 
auelb nous rab^lTe & nous humilie, élève 
ïagiç au-deflTus d'elle- mcnie , rannoJ^Ut, 1 ar 
^tandit Se renrichit. Il n'eft point de fcience 
^lus fublime, ni de philofophie plus étendue. 

, La végétation qui eft la portion la plus ri- 
jphe Se la plus éretidue de la fcience de la Na^ 
îure , eu je principe de la formation de notre 
^ccre. Notre fubfiftance , notre fanré, notre 
^ie 9 nos aifes font dépendantes de i^ végéta- 
tion. Il faut , afin que nous vivions , labpurer , 
.fumet» femet , herfer , farder , cueillir » moit 
donner ^ jufqu à ce qne tirés de ta poufliere 
nous y rentrions. Qui pourroit nombrer toutes 
}es cauCes particulières qm concourent à pro- 



D ir J A a » nï A cr »•" jT 

aéer didis iâ ter» iie« t^uoi fcxwnîf i nos t>ii« . 

foî&t, âttos pkifirs , à nos comOKiâicés , i noEte 

ieofiiiltté ! Qfie deierirkudes de nocre part! 

Quel encbaiaftoumc ée (suifet, avant qM de 

xecueillir & de moiflemief ? Pac combien 

d'écau doi^m paiTer toutes cfaofts avant que 

de nous nourrir , de noos vèth » de nous gué*» 

rir , de nous loger ôc d'&tt^e unàutt piopres 

i nos befoins ! Si le Ciel frappe la ten?e <le 

ftétilité > des millioiis d'ïhotnmes périment de 

tniiece & de faim* Si <ies cotitiecems fôcheox 

interrompent la végétation ^ fi les facs infor • 

mes de la. terre <mt p^dTé dans les plantes 

eootre Tecdxe de i* Nature, il s'enfuit des ma'* 

hdies umverleiles ou des dérangemens de 

iàntc & fottvenc des mortalités parmi les hu« 

Aiaitts » cc»mme parmi les animaux. 

Tout ce ^e la tecre É^k éelorf e de fon 
Ceinfëcofideft égalemene immenfe & incom-» 
préhen^e. Le moindre des frmts , le plus 
petit betb^e ^ les légumes ^ les arbriileaux , 
ds les arbres avant que d'arriver à leur forn- 
ication êc â leur maturité , ont été mo« 
difiés à l'infini. Ils ont été y comme nous 
oiâines , eeuf ou eerme , embryon , fétus. En« 
fiiite il leur a faîla » pailer par les différens 
d^tés de bi v^gittation , croître fucceflivement 
& fe ibtoier. Tout cela n a pu fe faire fans 
le coDoenti def faifons, fans les différens af-* 
peâs du foteil > les pluies , les rofées , ta 
fucceflion de la nuit 6c da four , les diver^ 
k$ inâttencesderair^ fon aâion ic feà jeu. 



n 



5* La PftATIQtTl V 

Ua fallu qoe les fetiilks zyen% préparé iâ fèir^ 
aux bouconsqui ont du,, au fortir de leur, 
prifon 9 s'allonger y fe former par : gradation 
infenfîble , & de fimples bourgeons arriver â 
la confiftance de bois dur , & devenir ckefs 
d'une poftéricé nombreufe de graines & de 
fruits. Toures ces chofesfe fonc avec un or- 
dre , un concert & une économie fi parfaire ^ 
que chacune de ces caufes coopère à cette 
grande oeuvre, fans qu'^aucune fe dérapge. Au 
défaut d'une feule 9 tout l'ouvrage eft manqué , 
il n*v a plus de végétation. 

Malgré cet ordre général & cette écono* 
mie dont la Nature paroit ne point fe dcpar'^ 
tir ; fes variations & fes exceptions la font 
paroître dans un certain nombre de végétaux 
luivre un cours tout différent que dans les 
autres. Toutes les plantes ont pour principe 
un germe , une graine qui fe développe pat 
gradation dans lefeinde la terre. Là , par fuc- 
ceffion de tems j il arrive fuivant fa façon de 
végéter â fa croillànce parfaite. Cependant tout 
ce bel ordre eQ: changé ailleurs. Au moyea 
d'une branche fçparée de fa tige , ou d'une 
bouture » d'un refetton t d'une traînage al* 
Ipngée , on voit des plantes formées prefqu'â. 
l'inftant : en couchant fimplement eh terre 
un rameau , fans le féparer , je vois, avec fur- 
prife un arbre tout venu , fans avoir paflc 
cpmme les autres par ces états progreflifs » 
dont |e viens de parler. C'eà ainfi , qu'en 
c.o^pant une brancj^e de faule 9 un briu. 

dofier 



-é^ôfier,:un ram^^u défureau , de grouiller; 
& le itieitanc en terre > il prend Caféine;. Un 
iarmenc de vigne » Cms être fôpàré dû cep ^ dé- 
vient une aurre dle-mème. Tous:les foetfs ies 
violiers , les fraifiers^ ^ le houblon ^-le^ cliien- 
dent fe multiplient par des traîi^fie^.' - • ' 

Nul fruit encore qui n'ait été fleut i a^ant 
un vafe ^ un calyce ^ des écainines\ 4;les<A)lii« 
ciïles & des pouûteres. U faut pour;|iirdinair€ 
tjue cette fleur venant à houer^' fe défear- 
raâè de toutes les ^fpèsoes de riââîHotiJont 
la Nature entante^ Son .%etme «[ui eft te 
fruit , juiiju'à ce que fevirc peur ainfi» dire, 
il n'en aie plus befoin* Ici , au contràÉre , le 
fruit > * &illant à la brandbe toême >,"' fort de 
1 ccorce & du bout<m , & fe montre d abord 
tout formé ^ telle eft la pomme appetlée* 
pomme -figtit y qui jamais ne fleurir. 

Ailleurs aucune fletir n'eft double ims être 
ftérile ^ Se prefque toujours dans les HeUrs doâ< 
blés la plante eft privée de la faculté def^ pro- 
duîn des graines pour fa multiplication.' Les 
giroflées <toubles , par exemple , tant lespsmti* 
chées que les faunes , les fulieimes ^ les cam-' 
pânelles Se autres, ne portent graine que lorf 
qu'elles ibnt {împl^$. Cependant d'autres-fleurs 
doubles dontient des preuves de leur fécon- 
dité par leurs fem^aces » & tel eft le pêcher 
à fleurs doubles , les oeillets, lespiéds-dV 
louettes , les rofes àcent feuilles. C'eft ainfi 
que pour éclorre du fein de la terre & fe 
former , chaque plante » & tout ce que la 



1 



^4 J^A I^^ATf<2VB 

terre produit de nécelTaire» tant à notre ùûkr 
lîftatice qu'à celle xle& Mtmaux , a fubi na 
nombre infini de incumor|}bofes incernes & 
fecreces « que la Nacore noos voile » & donc 
^naleré tous fes efforrsi, nocre raifon orgoeil- 
leùu ne peur expliquer la caufit. 

L'Auteur de la Nature a attribué des ac- 
tions particulières aux différentes efpèces de 
/plantes qu'il a créées. Il leur a imprintc on 

.mouvement de direâion pour fe pocrer en 
divers feus» fui vanc leur genre Scieur carac- 
tère diftindif. Fidèles aux volontés invaria- 
bles de leur. auteur ; iselles^ci rendent vers 
le haut \ ceUesrU rampent fur la fupèrficîe 
de U tf rre , tandis que d'autres >» ^en aièiDe- 

,Xtm^. {{Utiles plongeot dans fon Tein , s*écen< 
dent horizoncalement , & s'élèvent à la hau- 
teur qui leur eft prefcrite ^ quetqoes-nnes en- 
fin (ont de nature i fe cacher dans TobTcu- 
jricé du fein de la certe , fans monieer att-de- 
hors aucune partie d'elles-mènies. • 

Il en eft des plantes comme dts ètees vt- 
vanS) pitr rapport aux fondions mainates. 

. Elles ont. chacuM > âinâ que leUcs parties , 
leur adion particulière ^ leur fonâion diC- 

i tinfte , leur miniftere Se leur môuvemeht. 
Tou$ les animaux de mfeme fe meavent & 

- piiryieniient à. la fin qui leur cft propre par 

. <les voies Se des moyens auQi diffiirens > qu'ils 
le font eux -> mêmes. Les fenâions de leurs 

. partie internes ne font pas moins' différen- 

v.âces. Leur produ^ion^ leur aaccroiffement » 



D V J A H 1 ^ A^ «. ^^ 

feitr £ï^a de vivi^è > de fe thotivàk'y flè fc 
'««ranrportër d'un lieu â tiin kmrè , de traVâîHîfc 
i leur confei:Va:tfcin'&à leut mfàfnplfcationi^ 
ftbht riéh de parfaitement reirèriiblâiàft: jcjaièt. 
^es rapîpatts panSculiers qu ik jmiffëtrt d'ail- 
leurs avoir entr'eux. Les principes,Hjnoi(jA 
les ^ftiètnfè^ en trn fens , fotic h^annioins tfrès- 
•*ïFèmMà!Mê$ dans 1^ effets. L'ihftintt iyartî- 
ctiKër deSianiWrâjix , qui ne fè reffèrtibie ^ 
rieto dafts iclà^e î2%èce , eft quelqîie chrôft 
rf%A:onff^iSHieftnble.ÎJéiniême'tdâttet^^^ dâi» 
les -planté* ^ âinfi qu'en tîoù^ , )eft pttrtehi'ént 
ttf*chi«ral , dé^d tttiii^emént dé Ira doiîft*- 
tiftiort pàrflctrllefè , dé 1 •aflemWagè inttéirtètft: 
tt de rkrraïîgfetnènt méchaniqùe des jiàrtièi 
tant internes qjtt'eitétftcTff. Que doit îilte ih 
Jarditièr ilk rtie dé tbiites des chofes tilyf- 
téHèuTes ? Lés dohtèhipler lijc les adiiiît^t aviic 
une i^émdà àVeitglè âtikloii de tiètài q'oî 
à ^lottlû liii ëh èathfet feitaufei 

Une'dei ràîfotls p'dr lerqifeltei cette p^tfftfl 
foiiieft réj^utée ^ile , c'cfft c^'il en éft wu fe^ts- 
ihi céïbcàtiiVeXétcéfttj, qui cri Jit^flTétleiitiéfe 
tafen^. Hte éft atittS tfegard'ée comme frèi- 
IWrftéè , j^àr te dëfiUt de cbttnoiffahcè dé là 
Phyfiqtié, dû mbfaii dftns ceux qui doiVehk 
tfdtitfér te tbh adi àtirrés. Je ne demgïidè 
J>ôi"nt qtt*un hbhirnê dfe campagne qui fouvent 
ne feit pas litfe , àît dés hptibns de Phyfiqiie , 
ptoptement dite , thais je defire en lui un 
ihftinâ^ machinal de cette Science , fondé 
(ir des' nbtiôiis particolrercs d'une fotte d'anâr* 

Cij 



tomie des plantes en général » le tout â £i 
portée. Ces notions font tellemenc néceilaires 
pour être Jardinier j qu'il eft impoflijble fans 
leur feeours de fe bien conduire dans l'art de 
gouverner les végétaux > fur - tout les arbres 
Fruitiers. 

J'entends par Phyfique inftrupientale & 
expérimentale , la connoiiïance des parties or- 
ganiques des plantes » du moins des princi- 
pales , & de l'ordre qui eft entr'elles ^ ainjfi 
que du cours ordinaire de la Nature & de fon 
action dans les plantes , fuivant leurs efpèces 
particulières y c'eft cette fcience qui apprend 
a connoitre les chofes dans leurs principes 
& dans leurs caufe^ , pour parvenir a dirige^ 
fon travail quant aux végétaux. 

Le Phyficien fpéculajci?& le Jardinier Phy- 
ficien t différent en ce que l'un eft un beau 
raifonneur , & l'autre un bon ouvrier j te 
premier ne vife qu a l'efprit^pour tout appro- 
fondir » faiis tendre diredement.à la prati- 
que 9 Se l'autre n étudie jufqu à un certain 
point la Nature , que pour mieux opérer. Ce- 
lui-là ambitionné plus de faire briller, foa 
génie fertile , en l'exerçant fur les phénot 
menés de la Nature , qu'i la rendre plus fé- 
conde par des çonnoiOTances ^Sc. des leçons 
utiles , au-lieu que celui-ci ne cîierche qu'à 
s'inftruire pour mieux diriger fes opérations » 
afin de procurer l'abondance en tout genre 
dans fon Art. Comparez le fyflcme des Mon- 
treuillois dans le gouvernement des arbre&> 



J>V J A R D T N A é c; 17 

fcurs principes & les confcquences qu'ils efi 
cireût pour la pratique > avec les idées bril- 
lantes de nos Phyficiens fublimes , Se vous 
verrex combien les premiers l'emportent fur 
ces derniers. 

Un bon Jardinier , félon moi , & un bon 
Phyfîcien font fynonymes j je vais plus loin , 
au rifque de paroître fingulier , & je pré- 
tends que pour parvenir à une connoiffancè 
parfaite des végétaux , comme à leur gouver- 
nement exaâ: , il faut de plus avoir une tein- 
ture fuffifante Se de l'anatomie des végétaux 
8c de celle des corps vivans^ la réiremblance 
de leurs parties organiques ^ l'identité de leurs 
fonârions avec celles des erres vivans m'ont 
toujours paru bien décidées. Un Jardinier tant 
foit peu verfé dans ces connoiflances , fera 
très*réfervé pour ne leur point faire de plaie 
fans néceffité. 

L*anatomie des planies a été inconnue aHX 
Anciens , de même qu'une grande partie de 
ceHe du corps humain ; faute de microfco- 
pe , ils n'ont pu raifonner que fort peu fur le 
mécfaanifme intérieur des junes & des autres 
fubftances , n'étant point éclairés par le flam- 
beau de la Phyfique. Ceft la connoiffancè de 
lanatomie des plantes , fcience extrêmenrenc 
curieufe & amufante , qui nous élève à celle 
de leur organifation *, par le fecours de 
cette Phyiiqne , ainfi que par les induâious 
qu'elle nous fournit , nous appercevons une 
grande conformité de cette^ organifation avec 

Cii| 



cfilU de notre corps. Ce$ nocioo^. peu^^ew 
nqu^s giiid^i: dans, 1^ régime, & la cpndiiÂce 
9^9 Qous devons ôbfe];v^i; i kar ^ard^ Quel* 
q»lE^ ejc^mple^ vont cQixâcmec cq que* jTar 
vance. 

Il; eft quellion de.ikvoîj: pottoq^pi les^ braA* 
cibes à bois d$ips lejS arbjrqsr d« fruits à pepûii 
ne (ont jamais firuâaeufes , pcaty^aoi/ qUcs 
montenr verticalement , à moins quQ la^ fuira- 
bondançc da fuc noarticiisj: ou quelque caufe 
éaangeret ne les faiT^nt pencher , Se pour* 
quoi au ccmtraire les branches i frmc ou ne 
tu)u{retu point du ^ut en bois ^ ou ne pouf- 
fant que foiblemeqc ^ pourquoi au(Ii elles ne 
montent point verticalement,, fout pl^icées 
obliquement, latéralement » & pointfsnt^eode^ 
vzati ou fur les côtés en forme de dard» 

La, connoiflànce de. la. configuration inté^ 
rieure des parties des unes & des autres ré- 
pand, làrdeutis. un. grandi ;our« Jai, pour cet 
eiFet , examiné leur difpofition inrétiewec 
l^s branches à bois feulement» & ceiles^de 
£iux-bois m'ont paru , au micifofcope , avpir 
des fibres droites. ^ allongées. & appkties les 
unes fur les autres , occupant toute retendue, 
de la branche ,& diminuant i mefiire qu'elle 
diminue de groflèur jufqua fon e^trcmité. 
Je les ai trouvées fi filandreufes qu'elles fe dé- 
tachoient comme des brins de chanvre qui 
n*eft point travaillé 5 leurs intetftices , leurs 
pores:, ceux par leiî^els la fève fe commua- 
nique à ces fibres^ leurs pacois m'oud&m* 



1>V lAUeiitA^i; f^^ 

bié 4U0Î pratiqués dan$ toute la longueur des 
branches. Elle fe toidoient aifément , Se la 
I plij^rt obéiâbient }afqu à plier eiv forme (pi- 
I raie » £uis £e cafTer. Q^and je tes rompois , 
I etles s^éckcoient^ ^ laitToient des efquiles 
I inégales , à chacune des parties fôparces. 
Les branches à fruit au contraire ont des 
fibres courtes & traafv«r(âles , elles font 
toutes crihkesde trous femblables à ceux d un 
dé à coudre. Quantité de petits Taifleaux , 
dont quelques* uns font prefqa'impercepti- 
blés, des valvules, des particules de lève 
ama0ees çà & la, dont le tilTu eft phis ferré , 
des Hnus, de petites cavités dont les orifi-^ 
ces proiffent imiter ceux d*une éponge, font 
rcp^ues dans toute la capacité de ces for-' 
tes de branches. J'y ai tcouvé nombre de ceU 
Iules dans lesquelles étoir contenu le fuc nutri- 
tif , plus épais Se plus gluajit que la fève rén<- 
ferotee dans l'intérieur des branches à bois 
: feulement. En tirant avec une épingk du fond 
I de ces loges des particules de ce me , &c les 
confidérant dans Je microfcope, elles m'ont 
paru coHime de la bouillie , de la couleur 
& de la confiftance du glaire d'uh cçuf : les 
I branches à fruit ou brindilles , a«!i ^ lieu de 
plier & de fe rompre par éclat» £e calTent 
net , comme le verre <» ou comme le fer aigre. 
Quant aux lambourdes , j'ai trouvé leur ' 
tiffu ferré , leurs fibres fort menues , appla* 
ties, preflces & compactes. En les fùivant 
depièsâirlesarbr^Si^ j'ai remarqué les chkn««. 

Giv 



4^; La Pratique 

gemettSrfiiççeflifs quelles éprouvent. Elle» 
groffiflient d'abord fore peu , parce que la 
fèvà qui leur eft préparée étant extrême- 
ment travaillée, forniô un moindre volume 

3U.Ç celle 'qui étant crue paflè dire<^n:xenc 
ans . l<^s branches amplement à bois. Mais fi 
€:lUs ri acquièrent pas une plus ample c^>a^ 
cité , leurs, yçux ou boutons grofliflent cotn- 
iidérablemo^t , & à la troiûemç année qu*ils 
deviennent boutons à fruit , ils prennent la 
même: r conformation intérieure que ces brin- 
dilles dont je viens de parler j c'eft-à-dir^ 
que de fèekes & de compaâ;es ^ elles de- 
viennent dilatées &,poreafes^ 

Voici maintenant l'uTage que faî fait d© 
ces découvertes, J*ai imaginé d'abord pour 
ïetidre fruiStueufes ces branches à bois, 6c 
celles qu*on appelle de faux-bois dans les poî* 
rieurs &' pommiers, do les carter à deux on 
trois lignes en-deç^ de leur naiilànce , vers 
lendrolE où font çommunéoaent les fojus^ 
yeux. U s'y fait des efquilés qui ne fe re- 
couvrant que. difficilçnient > en ce qu'elles 
forment autant d obilacles au pa0age de U 
iev6, qiii eft obligé de refluer ailleurs. Se 
fur -tout; à celui des çfprits, qui toujours dans 
les atbtes , comme dans nos corps^ fe por- 
tent inçeflamment à toutes les plaies^ Telle 
eft la, différence pour la réunion des parue$ 
& la prompritude. d^ la guérifon d'unécou- 
ppre fimple faite à nos chairs d'avec une^ 
Iplaie., à loccafioiî dQ la<ju€UQ çlUs a^QÂ^ai 



D xr Jardinage* 41 , 

ixi arrachées ou déchirées par lambeaar. 

Puifque le rapprochement des fibres & la 
conftruâiion des parties occafionnent la for* 
oiacion des branches ftttétueofes y 8c quen 
oppofant des barrières â la fève, elle fe fil- 
tre , & ne paffè que peu à peu dans ces bran- 
ches d'un tiffu ferré, j'ai effayé de faire par 
arr , ce que fait la Nature dans fon cours or« 
dinaire , quand elle fruâifie. J'ai donc caflfe 
ane partie de ces branches ftériles par elies'» 
mèoies. La fève ne trouvant plus pour faire 
|{k:uption au dehors que les fous-yeuï , dont 
le calibre eft fort étroit, &dont les orifices 
font extrêmement fins , ne peut y pafTer , 
qu'elle ne foit très-affinée , & par-coniéquent 
propre à la formation du fruit* L'événement 
a tellement repondu à mon attente ^ que de- 
puis plus de trente ans ce cafiement m'a. pro- 
duit ou lambourde ^ ou brindille , ou boUton* 
â fruit pour l'année. - 

Ces mêmes, expériences tn^ont guidé dans 
Tufage & la direâion des bourfes à fruit 
pour en faire des branches à bois , en cas de 
néceffité. Nos Jardiniers font prefque toujours 
avorter ces branches fi précieufes : elles font 
tellement abondantes en certains arbres , 
qu'ils ne pouffent plus de branches à bois : 
leur fort eft d'être bientôt épuifés , fi au- lieu 
de les foulager on féconde leur intempéran- 
ce , en leur taiflant toutes leur branches à 
fruit. Mais celui qui connoît la nécefiité deis 
ma^afins Se des réfervoirs de la fève» fe 



comporta tout differemoiem. U caillé à boisceé 
£occe^ d'ambres» qui n'ont que cks lambour- 
des & des bottcies à fraie y &i pour cet e£Fet 
il cboifit les plus &ctes &c le» miiem: placées ^ 
qu!il taUIe i un œil feiilen^i^it » & ce feul 
<«il produit iiifatUiblemenc un bcmrgéon à 
bois. 

Si l'acbre , au-liea de lambourdes , n'a que 
des brindilles & des boutons^ à fruit , il f^^uc 
le rapprocner » le rabattre Se le tailler fur le 
vieux bdis y alors on eft afluré d'avoir de» 
branches à bois. Je conviens qu'elles ne fe- 
ront point dans l'ordre ordinaire > & qu'elle» 
ne feront pas forties des boutons à bois dont 
l'arbre eft totalement dépourvu j mais j'au- 
rai des branches de faux bois , qui percerons 
de i'écorce » & par leur moyen je regarnirai 
cet arbre de branches i bois y que je taille- 
rai fort court y jufqu'à ce qu'il foie entière- 
ment renouvelle. 

A l'égard des bpurfes à fruit y elles pro-^ 
duifent a(Iez fouvent deux fortes de bran«* 
ches; favoir> des lambourdes & des branches 
à bois. Si ce font des lambourdes » nos Jar-* 
diniers fe contentent de les cafler par le pe« 
titbout, &: fi ce font de branches à bois ils 
les fuppriment , afin , difent-ils , que la fève 
ne s'y perde points Ce raifonneraent prouve 
qu'ils (ont peu au fait de la végétation. En 
conféquence de ce principe , Il faut amufcr 
la fève ; je taille avec McMitreuil les lam- 
bourdes à un ou deux yeux > afin, d'attirer lu 



DU J A & D ï M A G à 41. 

{^ve de ce cocc-lâ » 6c afin çfle devdDaoC 

branches à bois y elle )f trouve un léTervoir* 

& un. entrepôt , pour paâèr enfaue dass. U. 

bourfe i.hmt , & la foocnir an befi>iQ« Celic*--. 

ci eft dans rabondance , & tire de c;fs bt an* 

clie^ â bois touce la futrfbocQ néceflàice pour 

elle-même» Scpoiir les fruits, qu'elle noucric 

ou les boutons à fruit qu^eik forme» Dans^ 

le cas où la bourfe à fruit fait éclorre une* 

branche à bois 9 je la taille à 6x , fepcoo^huit 

yeu&> parce, que je ne Vak jamais v» iîippcî* 

mer fans que la bourfe k fcuit ait péci. 

D'après la connoifTance du tiifu & de la 
tonfiguraûon des branches fiuâueufes dâiif 
les arbres tant à pépin qu'à noyau , j ai re- 
connu que les gens de Momo^iilavoieot beau- 
coup de* principes innés de cette Phyfique ^ 
fonçice fur. la, leule expérience : fans cette 
étude je n^euffe Jamais por-jté de leur travail 
qu'un jugement faux. C eft auffi d'après leurs 
opérations ^ quant au' traitement des gour<* 
mands. , qjue je me fuis décidé pour en 
faire la baie die mes arbres , coniSéquemmeni!' 
aux inceocÎQna de la Namrfif , (i vifiblemenr 
Qaraâériféedan& ces branches précieufes , re- 
prouvées univerfellemenr par les Jardiniers^ 
dénués d'intelligence. Les Montrenillois ont 
des mofeos d'arrêter & de divifer la fè- 
ve » qm. fuppofent une excellente judiciaire. 
Parmi les exemples fans nombre » que je 
pourcois^ rapporter, y je: choifis celui qu'ils 
çnt inventé > favoir, la fuppreâioti du canal 



:44 I"^ PRATIQUH 

dired de la fève , & de toutes branches vettî- 
cales à leurs arbres d*efpaliers. Ce point feut 
fait voir que leur fyftcnie rient â un goût de 
phyfique, qu'il eft impoffible de ne pas ad- 
mirer. Quoique non fuivi par les Jardiniers , 
ce fyftème n'eft pas nouveau dans le Jarditia- 
ge , il ne Teft que pour les arbres d'efpaliers j 
mais lapplicacion en efl: due aux gens de Moti« 
treuil. 

Il me refte a confîdérer le Jardinage du côté 
des fondions corporelles, & des exercices- fa^ 
tiguans qui en font inféparables. 



CHAPITRE IIL 

Du Jardinage conjidéré du côté 
de topéraxion. 

XjEs tatens particuliers & les qualités re« 
quifes du côté de l^efprit ne fuffifenr pas pour 
être Jardinier ; il faut , de plus , être doué 
pr la Nature de certains avantages corporels 
qu elle refufe quelquefois , |e veux dire un 
tempéramment robufte , une roideur de corps 
& une forte de rudicité pour manœuvrer. 
J'ajoute qu'ion doit tout faire par foi-mème.^ 
Quiconque ne voit que par les yeux d'au- 
trui , voit fouveht mal. Il faut donc avoir 
pratiqué les diverfesfonâions dm Jardinage y 



r~ 



0^ jARÔXNA'çfe. ^"4f 

en qualité de ce qu'on appelle mànouvrîer» 
de même qu'il n'eft pas poffible d'être bon 
Médecin , ni bon Chirurgien , quelque génie 
& quelque pénétration qu*oh ait d*ailleurs^, 
fi Ton n a difTéqué & travaillé par foi-mêlne 
fur le corps humain. 

La profeffîon de Jardinier , quand on veut 
la remplir , ne s'accorde guère avec les ai- 
fances & les commodités de la vie. La pareife 
& l'indépendance font inalliables avec elle. Il 
n'eft peut-être point de profeflîon plus affii- 
jetriSante. Dans tous les autres états on peut 
différer , avancer , fuppléet fuivant les occur* 
rences , ici tout afTujettit & preiTe dans cha- 
que falfon. Manquez le rems des labours ^ 
une fécherefle fend la terre , & vous n y re- 
venez plus. Différez la taille des arbres , la 
fcve perçant alors de toutes parts, vcius cou- 
rez rifque de voir les fleurs avorter. D'ail- 
leurs vous êtes en danger , quelques précau- 
tions que vous pulffiez prendre , d abattre 
Quantité de boutons à frijiit extrêmement ten- 
tes alors 'y |e parle ici des fruits à pépin : & 
vous êtes obligé de faire de fortes amputa- 
tions , vous êtes fur d'éventer la fève. Que 
vous remettiez à ébourgeonner quand la fève 
çft répartie trop abondamment dans les bour- 
geons furnuméraires \ c'eft autant de perte 
pour ceux qui doivent refter. Si d'un autre 
côté vous ébourgeonnez trop tôt pour avancer 
l'ouvrage , vous le reculez réellement en ce 
que la ieve n'ayant point jette fon feu, vous 



^tf Î.A Pratiqwi 

ne tûxâea pas 4 r^ccmimencer. Soyee une 
rieule nuk ians couvrir vos couches par trop 
4e confiance daifis le tems > & quecetce nuit- 
là œièpte une gelée inacrendue vcms (mpren- 
«ei, Mo$ plantas ibot moiflcmnées fans ref- 
iburce. 

h^s (sâfCoM ayant donc leors ouvrages dé-, 

.tertainés , vous tracent votre devoir 6c vous 

^oonnandent. Mais ils eft quelqtse chofe de 

. {>ltts i; c'eft <|iie dans chacune , chaque ou- 

. vtage a également fa circonftance marquée , 

.par rapport a^u ceji>s particulier qui lui eft 

.propre. Manquez «n teuL jour dWofer vos 

planes de laitues > de fleurs & autres , lorf- 

au'unfoUil brûlant 4arde â plomb fe&tafc^s 

. Hir ta terre , vous êtes afluré quVh vingt- 

; quatre heurds tout eft monté, defTéché ou 

.avorté ; vous avez beau les arrofer après coup, 

. b'ai ieft £tiit ^ dès qu'une fois le foleii ^ frappé 

. y eeMir de ces plantes. Ne coeillez poitit les 

i fruits dans leur faifon , ils tombent , fe froif- 

. fent & fe perdeat. CUeillez-les trop tât ou 

. par rhuibidité , ils fe famient , n'ont point 

. de goût & pourriflènt. Il en eft de même de 

tout ce qui n-eft.pas fait dans fan tem^ y ùu 

V qui «le Teft pas foivant les règles de l'art^ 

Mais les fad^ues^ les foins de cette pro«- 

: feffion^de J^i^dinifer,. les difgraces même qui 

; en .toRt inféparabies ^ font bien autre chofe. 

li,*^xfQÇé de quelques-unes de fes principales 

fondions en dînera une jufte idée; 

Si l'on confidere plus paniculiétement h 



Jatdîntg^ du iAté de tes occi]|>anèns xAdu 
iiaires , combien de ^vicûâes encore ! Pair 
quel tkotc aa reAe tecce mcteffum préœri** 
«roit-elle ne point fe teAbiric des anierrap 
mes , ^i accotnpi^tntec tatitSs iet vhofca 
dlci-bas ? Toujours dans Vkik'xon «flcdans wl 
cercle pierpétuel d'occupations & cfe travaux ; 
erpofé aux vtcifltrudes des ùiToos , le Jardin 
nier brave les intempéries de 4*ait , travail* 
kat mal i foa ai£e , Se daos les poftures les 
fias gênantes. 

Là 9 pour éunciiier k fcn£ ardente ^e fes 
pkntes^ dévorées par le foleil , & lui - mihne 
en proie à (es ardetirs brokhtes , il lui falit » 
cariflâot des puits profonds^ eimlir fucceffi^ 
Temenc à force de bras de y««f s cuviers , 
puis y chargé de deux arrosoirs , fe tr anfpor- 
ter «kitis les dilFérentes parties du jardin pour 
^dé£dtérec les vé^canx. A Tinftant même > il 
«emplit , à la fueur de fon ^roat , ces mèmei 
cuviers «deftinés i. /affermer une proVifion 
d'eau impr^née des particules ignées, répan* 
dues dans lair. S'il eft af&x keureux pour que 
des foutires aboudatites l'exômptem de ce pénî* 
hte exenttice , il eft d'autant pins obligé auk 
-arrofemens fréquens ^ qu'il eft plus à portée 
de les réitérer. 

Ici les mdias dàkis k terre huttîide êc le 
fumier , à k r^fée durant Se après les pluies:» 
il fe trouvé tèms k boue & dans k f;;tnge.; 
-comttie anffi durant les féckerefies, ii eft^aA| 
milieu é9$ imtnondi^ fc de k pouflsèt^* 



%t L A P R A T ï <î Û e; 

Là , dés fatigues d'un genre difFétent* laî 
font préparées. Ce font des fardeaux pefaiîs 5 
de$tranfoorts de terre , de fumier , de terreau^ 
•des caiflès & des vafes à remplir de terre 
& à porcer aux lieux de leur deftination , peut 
les renfermer enfuite dans la ferre*. , 

Ailleurs des fruits à cueillir dans leur fai- 
Con. Sans parler des précautions néceflaires 
pour ne les point froiffer , le Jardinier eft 
obligé de les arranger dans de voftes mânes 
avant que de les dépofer dans la fruiterie > 
chacun à la place deftinée à ceux de fon 
tcfpèce* 

S*il aime fon état , quels momens trouve* 
ra-t-il le long du jour pour goûter les dou* 
,ceurs du repos ? Toujours en guerre avec 
•des ennemis fans nombre , qui ne lui donnent 
aacun relâche j les uns font apportés par les 
faifons & par l'air : tels font les vent^ def- 
féchans , & brûlans durant l'été , & les noin 
aquilons fui vis des frimats & de^^eléps : telles 
font encore les brûlantes ardeurs du foleil» 
:& les longues féchçrefles , comme les humi»- 
dités continues , les brouillards vermineux & 
les autres influences malignes. Il eft d'autres 
rennemis. non moins à craindre pour les végé- 
taux, les uns ofent bmver effrontément lé Jac- 
'dinier , & comme lui infulter en plein jour ; 
4es autres profitent de l'obfcurité de. la nuit', 
pour exercer impunément leur brigandage. 
Quel que foit Jçur nombre , le Jardinier vi- 
gilant peut lesdécruirèpar quantité de moyens 

efficaces 1 



efficaces , mais il en eft contre lefquels il ne 
lui eft pas facile de fe défendre. Ce font ceux 
qui enlevelis dans le fein de la terre, (em- 
blent conjurer contre les végétaux , comme 
les vers deftruâeurs , qui rongent les racinçs 
des plantes ; les mulot^ & Tes taupes donc 
Virgile dit qu'ils fe creufent des demeures Sf 
des greniers foucerrains , où on ne peut les 
attaquer : 

Sdpe exiguus mut 
h terris pofuitque nîdos , atque korrea f€ci( , 
Aut oçidis çofti fodêrc cuBUia talp^. 

La terre elle-même , loin de répondre aux 
ittentions du Jardinier , par une prédil^âion 
(pi nous paroît bizarre , préfère i nos plan^ 
tes utiles & les plus falutaires ^ des herbes 
inutiles & préjudiciables. Un foin Se une at^ 
tention aflidus arrêtent le progrès de toutes 
ces plantes parafites , qui aâfameroieht les aq^» 
tres^ d'autant plus funeftes» quelles rçn^if^ 
fent à mefure qu on les détruit. . 

Que de peines donc , & que de fujettions 
pour un Jardinier qui veut tout prévoir., 8ç 
fe mettre en garde contre tant d'ennemis li« 
gués contre lui ? De. cqmbien de fecrets n'a* 
til pas befoin pour s*en garantir ? A com« 
bien de rufes, d'artifices & de ftratagêmes 
ne faut-il pas qu'il recoure felot^ les divers 
obftacles qu'il irencontre ? Tantôt appliqué à 
préletver de la gelée &de$ frimats les arbxe$ d9 



n 



Ja La Pft'AriQû é 

Tes efpâtiérs , <Iont les (imts tendres encore 9c 
les bottrgeotis naiflans peuvent erre moiflbnnés 
éii une nuit j il faut que le foir il tende fes 
paiUaflbn^ , Se les détende le lendemain, 
' louvenc même dans 1^ joatnée. 

Portant fes pas ailleurs , il rend le même 
office à quantité de plantes foibles & faciles à 
-endommager , auxquelles il a foin de procure^ 
une chaleur artificielle par le moyen des cou^ 
ches &: des réchaufs. Avant le lever de TAu- 
Toré , & lorfque la doute rofée humeâe en- 
core 4a terre, il cherche les limaçons & les 
autres in feâes qui dévorent les plus beaux 
fruits dans leur nailTance^ comme dans leur 
-maturité. 

Ici fes efpalîers précieux exigent de lui 

les ntèmeS attentions durant le cours de la 

'journée , après des plaies abondantes* Là , 

d'autres foins non moins impotrans ^ff^}' 

'lent le Jardinier en divers lieux 1 là roi^» 

'Ce font des figues exquifes , des mufcats 

dorés j éts chafielas délicieux qu'il eft oblige 

de garantir de l'avidité des oi féaux & des 

mouches. Par -tout il emploie des phioles 

emfmieHées , il a recours a des facs de pa^ 

pîers ou de crin , à de grofles toiles claires 

attachées avec des clous a crocher , ou à des 

'filets de pécheur, préférables en ce que la 

maturité , la faveur & la couleur des fruits 

y font bien différentes que dans des facs ou 

tous des toiles. 

Vn réduit , féparé du jardin par des mu- 



9V J;il'K ni H A â 1. ff 

railles > ou des bcife-vencs , renferme fous des 
cloches de Verre des fleurs 8: des plantes go* 
rieo^es > que dans Tindanc même il faut coa* 
vrir , parce qae le ciel obfcurcî ^'apprête i 
frapper la terre par une horrible grêle. Soa^ 
vent il s'échappe brufquemenc des brgs du 
fommeil au bruic diFrayant du tonnerre » 
ipoar couxir dans h jardin rendre i ces plan-* 
tes le mcme ofScè : heureux & la rerre {^ 
.CQndanc fes travaor , fes foins péciibles M 
font pas infruâueux. 

Je paâe fous filence cet contmcemt ^ 
ces révolutions fubiiQs Se défefpécat^es , U 
^ les ditférens revers autcqaels le Jardinage fft 
fiijet prefque tous les ans. Le Jatdinivt né 
doit point alors fe décour^iger. Soumis atik 
ordres d'en-hMt ^ il adore le Dieu qtn c«m* 
mande aux éléttietis \ connut eut , tl obék Si 
ferait. Ainii les ctavaax du jfapdinage qutU 
qaan^^ufans qu'ils paroiflTenr, quand on ne fait 
que s'y prêter , font d'un poids accablant pour 
6WIX qdi les eic6tcent par état j ou qui veulent 
s'y livrer. C'tft à ce Tiijer t^u^ k #rî»ce éé9 
Pocces^a dit; 



éi| 



5» La Pratiqub 



CHAPITRE IV. 

Des divcrfcs pratiques ujîtées dans 
le Jardinage^ 

J^Eis Greffes , à ce qae je crois j font 
auflî anciennes que le Jardinage. Je penfe 
bien qa elles n onc pas été trouvées toutes i 
la fois , ni telles que nous les pratiquons » 
' mais on connoiflToit les trois principales } 
favoir , celle en approche t celle en fente 
& celle en écudbn. Du tems de Virgile elles 
croient en ufage , fuivant la riche defcription 

3u'il nous en a laiiTée dans le fécond livre 
e fes. Géorgiques , & qu'il termine par ces 
vers : 

Iftc longum tempus 6f ingtns 
Exiit ad ccelum ronds félicitas arior , 
Miraturque tiùvas frondes Ù non fua poma. 

On "ne peut difcon venir que,.quoiaue les 
fruits ne loient pas d'une nécellité abfolue 
pour la vie de l'homme , ils n'en ayent fait 
dans tous les tems une des principales dou« 
ceurs. J'ai dit la manière dont la découverte 
avoit pu s'en faire* Le befoin enfuite & la 
nécefficé de pourvoir à la multiplication des 



r 



sv Jàrdinagi. 51 

fruits doiuc, ont rendu rhomme afïèz indiifl 
trieux pour inventer l'art de greffer. Son ori- 
zine peut être attribuée au hafard^ ainfi que 
la plupart dès découvertes utiles, dotjt il eft 
le père. On aura vil deux arbres de diffé- 
rente efpèce étendre au loin leurs branches 
fouples , qui fe feront croifées. Ces bran- 
ches groffiflànt , feront devenues plus pe- 
intes â proportion du plus grand n6mbre 
<ie leurs rameaux. Celle de deffus paflTaiit en 
travers fur l'inférieure « aura appuyé fur fon 
écoîce. Le vent , à force de lesbaloter , leur 
aaca caufé par leur frottement réitéré des 
conrufions , des Séchiremens , puis ui?e dou« 
ble excoriation à leur peau. Enfin le poids de 
la branche fupérieure devenu plus confidé<» 
table , l'aura fixée fur, l'inférieure. La fève 
alors venant pour cicatrifer chacune de ces 
plaies n'aura pas pu pénétrer dans l'endroit 
où leur bois le touchoit ^ Se les deux fèves fe 
tencontrant , auront formé deux bourrelers 
qui fe feront fondés & confondus , enforte 
qtfil n'aura plus éré poflîble de les fcparer 
au nqdus qui les jûignoit. Un des deux ar- 
bres fera mort , fa branche inoculée par la 
Nature n'en aura pas moins fubfîfté , & en 
^ura Droduit d'autres avec leurs fruits. De 
^^ phénomène , on aura conclu que fi la fève 
<i'un arbre fe communique à une branche 
.étrangère , on peut , en inférant un œil de 
quelque bon arbre fruitier fur la branche ou le 
tronc de celui qui n'en porte que de mauvais , 

Diij 



14 La PuATiQvt 

lUct A^wm fofcs nitttile > un ùx]çt pféciéuXé 
Ceft C4 qui fc paâc roas les fours fous nos 
)^ux par Id moyen des di&rences greffes , 
^oô aheureuibs expériences ont amenées i 
leur perf(^iom 

C^ greffes eci elles-mêmes ne doivent pas 
plus exciter notre furprife que les diverfes 
iftreiitions àe$ auctes arts. Je me repréfence 
ftifëmenc que par V'mfânion , un rameau étran« 
^ger encé fur un autre arbre » ou un œil ap* 
frliqi]jé entre le bois 6c Técorce d'une bran* 
cke > ont fait changer la âlcration des fucs 
dans tttt arbre. En fupporant ces couloirs tiou* 
Wàux , analogues avec les fucs du nouvel 
trbre , cette merveille n'ed pas plus furpre^ 
fiante que les différentes nourritures qui con** 
viennent â diverfes' efpèces d'animaux, tan^ 
dis quelles font contraires à d'autres. 

Mais ce qui excite ma curiofité ^ c'eft de 
/avoir pourquoi certains fruits y tant ceai 
qui naiflent narmi nous » qu'une infkiité 
d^aueres dans les pays éloignés y n'ont pas be- 
foin d'être greifës , de que quantité de fruits 
ekcellens deviennent amers & chéttfs , fi on 
snet en terre leurs noyaux ou leurs pépins. 
Le figuier » par estemple , Tamandier , le mù<* 
rStx ,Te noifetcier raoportent ^ fans j^îre greffés» 
les fruits qui lebr k>nt propres ; w^ beurré » 
âU contraire > un cerîfier , un pécher en don^ 
nent de déteftables , quand ils ne font point 
greffes. Ce changement d'un fruio^excelleut 
dan; un aut;^ d'un goût déf^gcéable > &: tes 



r^jj, Jàrdi n A€i« 55 

conttaftes que la Nature nous fait apperce- 
voir à ce fujer ^ fonc-ils de la première inf- 
ricucîon ? Faut -il les aSîmiler aux inifere$ 
humaines » Se aux maux qui font une fuite 
de la prévarication du premier homme ? 

Ces queftions aum curieufes qu*inté« 
relTaotes , ne peuvent fe réfoudre par des 
raifons Phyfiques prifes du fond même de 
la IJature. Il faut néceffairement interro- 
ger la Morale : elle nous dira que tout eft 
conféquent aux intentions d'une Providence 
ipéciale du Créateur. Attentive aux befoins 
de fes créatures , elle a pourvu par-là à ceux 
des nombreux Citoyens de la région des airs t 
& â la nourriture d'une infinité d'animaux 
qui font faits pour l'homme , tels que les ha- 
bitans des forêts. C'eft d'eux que nous vien- 
nent ceux qu'on appelle domeftiques. Tous» 
& particulièrement les animaux de la plus 
grolTe efpèce^ aiment ces fruirs fauvageons » 
quand ils peuvent en trouver en pâturant dans 
les bois. L'âcreté Se l'amertume ^ qui nods 
les rendent infuDDortables > ont une analogie 
avec leur goût. Ceux au contraire qui font 
analogues à notre palais font moins fpiri- 
tueux Se moins fubftanciels pour eux. Leur 
durée eft également moins longue , au - lieu 
que les fauvageons dont les parties font plus 
compaftes & plus cohérentes , & qui font 
aufli plus petits pour la plupart que nos fruits 
à couteau j reftent bien plus long - tems fur 
les arbres fans itre abattus par les vents ^ 

*^ Diy 



5 tf L À P R A T r Q tr È 

àitifi aue fur terre , fans fe gâter. Ceux qat 
lîous lon^t réfervés font & plus tendres coip- 
itiunément & plus gros ; leur cônfiftance eft 
BUfïi moindre , à Texception de quelques-uns ; 

6 de plus , dès qu'ils tombent , ils tie tar- 
dent point à (e pourrir. 

Il en eft de ces fruits fauvageons , comme 
des herbages des campagnes , des prés , des 
bois & des friches. Ceft pour la même Tai- 
iîon que TAuteur de la Nature a multiplié 
à Tin fini ceux-là , tandis que ceux qui font 
propres i notre fubfiftance & i nos befoins , 
font en bien plus petit nombre. U a donné 
à rhomme les talens de les chercher & de 
les faire croître par fon travail & fon induf- 
trie, âu-Iieu qu'ayant privé Tanimal de ces 
avantages , il lui a feulement déparri Tinf- 
tinA qui lui eft propre , & s'eft chargé de 
fournir dîredement à tous fes befoins. 

Sans attribuer la néceflfîté de greffer cet* 
tains arbres, à la défobéiffance du premier 
homme , il me femble qu'on peut fe dif- 
penfer d'admettre de fon tems des greffes 
pour avoir des fruits doux , par ce cjue 
tous le$ arbres lui ayant été abandonnés , 
il étoit libre de laiffer les fruits fauva- 
ges aux animaux qui s'en nourriffent s & 
de fe réferver les autres. On peut aflSmi- 
ler ces fruits amers & fauvageons aux ron- 
ces & aux épines que la tetre produifoic , 
en fortant des mains du Créateur ; mais elles 
ae pôuvoinec nuire à rhomme innocent. Au 



t) tr JÂRDÎNACÎI. 57 

ftionient de fa prévarication ^ elles lui font de* 
Venues nuifibles. D^ même en fuppofant que 
ces fruits fauvages lui * enflent lemblé dé- 
fagréables , il faudroit dire que fa défabéif-* 
fance ayant occafionné le dérangement de fà' 
fanté 5 & fa mortalité , elle auroit auflî opéré 
dans fon palais des fenfations différentes , 
& que les fruits devenus amers pour lui 
dès cet inftant, pouvoient ne le pas être dans 
fon état d'innocence. Enfin il en feroit com- 
me de fa nudité dont il n'eut de honte qu'a- 
près fon péché. 

Il reftera toujours cette difficulté à réfou- 
dre , pourquoi un grand nombre d'autres fruits 
Il ont pas befoin d'être greffés. Eft-ce que la 
malédiûion dont , fui Vant l'Ecriture , le Tout- 
PuifTant frappa la terre , n'eft point^ tombée 
fur eux , & pourquoi en auroient- ils été 
exempts plutôt que les autres ? 

En remontant à l'origine des fruits nous 
verrons que ceux que nous trouvons fi ex- 
cellens & que nous greffons fur des fauva- 
geons, font eux-mêmes fauvagepns* La Na- 
ture a donné à un certain nombre d'arbres la 
faculté de travailler les femences de leurs 
fruits, de façon que les uni en rapportent 
de femblables à eux-mêmes ,\& d'autres de 
tout différens. Pour cet effet , les fucs des 
arbres qui ont des graines & des femences , 
produifant leurs femblables , ont des couloirs 
intérieurs , capables de les modifier tels ^ Se 
les moules internes des autres font propres à 



5» Là PjlATiQTJf 

donner aiq: graines ôc aux fem^nces une con^ 
figuraûon di£fécence. 

Toac fuit des Ipix fixes dan$ la Nature* J'ai 
faic à ce fujec placeurs eflfais : j'ai femé des 
pépins des meillears fruits y Se tous ne m ont 
produit que des fauvageons. Quelques - uns 
m ont donné des fruits paflâbies & du moins 
â^uffi mangeables que beaucoup de ceux ou on 
gre6^ dans nos jardins> » tels que la vallée , 
& la poire appellée dumas ou criftallinç-mo- 
ringoût , la citroli & autres , il a fallu greflfer 
ces arbres venus de pépin. 

Un Fermier qui avoir une pièce de terre , 
dont le fonds étoit extrêmement chaud , s a- 
vifa de la fumer avec du marc de différentes 
pommes tombées j dont il venoit de faire du 
cidre. Son deffein étoit » après que l'hiver 
auroit délayé âc pourri ce marc , de femer 
fa terre en graines de Mars , pour la nour- 
niure des animaux. Je lui cohfeillai de n'y 
rien mettre ^ 6c de lailTer germer tous les 
pépins du marc, de faire un large foffé rout 
au-tour, de laiiTer croître les fauvageons qui 
proviendrpient de ces pépins » & de les faire 
iarcler exaâement. Il le lit : Tannée d'après & 
les fui vantes il en vendit quelques milliers 
pour former des pépinières. D*un nombre 
con/idérable qui furent diftribaés dans diffé- 
|:ens jardins , pas un feul ne donna ni rai- 
nette , ni api » ni calleville j mais toutes pom« 
mes douceâtres de ameres , & on fut obligé 
de les greffer* 



r 



B9 JaKDÎN AGI. $9 

Pai fetné des nojaox de péchés; la pliipart 

ne m'ont donhé qae des frmts fades & mfi- 

Eides , fecs âc accès , tels <]as ceu de Cor« 
eil. J'en ai eu <|aeiqaes*uas d'exceltens ,* 89 
une efpèce parfaitement reflèmblaiite à celU 
qu^on nomme l'admirable , que j'ai greffé^ 
henreufemeot far des pruniers 3c des aman^ 
diers. 

A l'égard des nojsax d'abricots . que |'ai 
femés y la plupart des fruits provenant des 
fauTageons qu'ils ont pifoduits , étoient fecs ; 
leur chair mince 8c applatie touchoic pref^ 
que au noyau. Un entr autres me donna des 
abricots pafllàblement gros & d'un goût ex- 
quis > même fi^rieurs à ceux en |^inf vent } 
leur chair étoît attachée au noyau. 

J'ai voulu faire une autre épreuve , en 
grelFant ces ikuvageons , dont aucun n'a réuffi. 
Durant quelques années , ils ont médiocre*- 
nient rapporté ; mais peu à peu ils ont dé- 
péri ) ma^ré mes foins. Pluiieurs font morts' 
tout d'un coup au milieu de l'été* J'ai re^ 
marqué de plus qu'ils étoient beaucoup plus 
gommeut que les fouches d'amandiers ic de 
pruniers. Ces fauvageons mis de bonne heure 
en terre , font quelquefois arbres formés dès la 
première année ^ & portent fcuit à la féconde. 
CoMniMi la Nature fe hâte i leur égard , elle 
les abandonne promptement. Dans les pays 
chauds où k t^rre eft plus fpiritueufe Se plus 
fubftancielle , on ne greffé point ces fauva- 
geons A Se cependant leurs fruits font gros 



fO La PRATiQtï B 

& exquis. Leur durée n'eft pas longue. 

Toutes ces épreuves ont été faites lut des 
fauvageons provenant de noyaux de pruniers , 
Se vie cerifiers. Tantôt ces noyaux, quoique 
d'une même efpèce , produifoient des prunes 
payables , tantôt de fort mauvaifes» & quel- 
quefois de très-bonnes. Ceux de cerifes ve- 
nues fur des arbres greffés ont donné des 
fauvageons qui ont porté ^es cerifes , les 
unes auffi belles que celles dont j*avois mis les 
noyaux en terre, les autres moindres, quoique 
vraies cerifes , &c plufieurs des efpèces de 
merifes prefque femblables.â celles du bigar- 
reautier & du guignier. 

J*ai femé pareillement des p^ins mufcats 
& de chadèlas , les uns Se les autres n ont 
fait éclorre quetles ceps dont les raifins étoient 
petits & acres , ayant de gros pépins , & 
prefque point de chair ni de jus. Comment fe 
peut-il que de noyaux ou pépins de fruits 
de même efpèce , il provienne diverfes for- 
tes de fruits à la fois, bons, mauvais, paf- 
fables ? Il n'eft pas plus aifé d'en trouver la 
c^ufe que de dire la raifon pour laquelle 

2uantité de graines de Heurs doubles , ne 
onnent que de^^ fleurs iimples , tandis que de 
(impies en produifent de doubles. Les œillets 
font un exemple de cette bizarrerie de la 
Nature. 

Il eft tellement confiant que les fruits 
fuaves font fauvageons dans leur origine , 
qu'on trouve des fruits nouveaux^ qui font 



B V Jardin AGI. éf 

exquis. Le hafard a donné lieu à plufieurs 
découvertes en ce genre. Quiconque fe dton- 
nerofc la peine de parcourir tous les bois dans: 
différens climats & d'examiner les fruits. des 
diverfes faifons , en trouveroit , fans dou-» 
te» quantité d'efpèces excellentes répandues 
ci & là. 

Plufieursdeces fruits venus de la forte ont 
été naturalifés dans nos jardins , & n ont été 
connus que récemme^it. Tel entr'autres , fé- 
lon la Quincinye , la poire nommée échaf- 
ferie : elle n'avoir de ion tems , qu'enviton 
unQ vingtaine d'année, d'antiquité : il nous 
die encore que la poite de colmart lui avoic 
été communiquée par un Curieux de Guien* 
ne. L'épine d'hiver , ainû appellée à caufe 
des piquans de l'arbre qui la produit 3 eft 
un de ces fruits fauvageons dont on greffe 
d'aarres poiriers de la mcme efpèce. Qu'on 
ne dife point , avec un célèbre Natutalifte » 
qu'au bout de vingr ans , un fauvageon pourra 
xapporter des fruits doux , & que la fève 
i force de filtrer , s'adoucira ennn » & for<- 
Oïera de bons fruits. Cette opinion eft conr 
tredite par tous ceux qu'on cultive dans nos 
jardins. J'ai vu des meriiiers de plus de qua- 
rante années y remarquables par la beauté 4^ 
leurs tètes , qui ne portoient que des merifes 
fi petites , qu'elles n'avoient qu'un noyau 
couvert d'une peau noire , fort féche , & dé- 
nuée de chair. 

Ou a fait dans tous les ?ems divetf eflais 



4h La Pi^ÂTt^ut 

poar grtffer des fruits fur deu arbres non 
analogues» comme des ipoiriersiur des noyers^ 
des cerîfiers fur des châtaigniers > Se des frmx% 
à ùojMa fur des arbres de fruits à pépin , 
qui n'ont jamais réuffi. Ou a p^illemenc 
lenté de greffer fur des arbres fteriles ^ mais 
toutes ces épreures n ont eu de fuccès qud . 
dans t'im^nation des PoSres. Ainfî un fruit 
1 noyau ne prendroit pas fur un fauvageofi 
ni fur un arbre frange à, pépin ^ non ptus qu'un 
fruit à pépin fur un fauvageon » ou fur un 
franc à noyau. Tous les fruits à noyau ni 
peuvent pas être greffes fur leurs pareils. L a^ 
bricotier , le prunier , l'attiandier Se les pè-» 
ehers , qui fe grefient les uns fur les autres « 
ne pourroient pas Tètre fur le ceri(ier , noa 
plus que le ceriuer fur aucun de ceuic^ià. 

Mais voici quelque chofe de plus intére^i^ 
faut y &'que perfomie n a encore (pratiqué. 
Ceft de greffer un même arbns dix à douve 
fois de fuite , en pofam foa|ciurs un tioavri 
liculTbn fur la greffe faite en dernier lieu, l'ai 
greffé un jeune poirier y qui Tavàit déjà été , 
V ^ l'y ^i tnis pendant neuf ans de fuite une 

Î greffe en écuiIo«i ^ changeant toujours les 
ufets d'efpèce r à la dernière aimée je laiffâi 
pouffer Tarbre. Trois ans après f^ecii fitpoi* 
tes de bon-chrétieft d'été » monflTifeafbft 6c 
d'un goût exquis^ leur figure régulière ri* 
poridoit à la g^dlffUt & à la beauté de leur 
coloris : elles egaloient les poi^^es de cfttillard, 
Ce( ^tbre n'a pas ceifé de rapporter btaiicaup , 



r^ 



ft quoiqu^oti le déchargeât coAÔdétaUetnent^ 
fes fraies fubféquens n égalèrent point cette 
preniier^ ptoduâion \ ils AirpaiTerent néaiv* 
moins leur grofleut ordinaire. Plus une li« 
qaeur éft filtrée » plus elle eft épurée » & la 
fève éaflànt par tant de couloirs ditfcretis i qui 
tous la varient & la modifient , elle doit être 
bien autrement travaillée que dans les autres 
arbres où elle ne palTe que par les couloirs 
d'une feule greffe. 

Je ne parlerai ici que^une greffe qui ma 
réuffi fur quelques arbres. Je. perçois avec 
âne vrille Técorce liffe & unie d'un poi- 
rier , 8c j'y faifois un trou d'environ un 
pouce de profondeur. Puis avec une gouje 
de menttifiet » j'uniflbis la plaie fur-»rout 
i l'endroit de Técorce. Je prenois enrfuite 
la mefure de la profondeur du trou « ôc |e 
diminuois par le bout nion rameaa en for- 
me de cheville tonde y en obfervant qu'il fut 
de la tnime grodeur que la vrille. Apès l'avoir 
^h entrer uti peu à force » ic l'^ivoir enfoncé 
jafqu'au fdod du trou 3 j'obfervois que le-' 
corce de la tige de l'arbre 6c celle du rameau 
|e touchaient de toutes parts » après quoi 
fenduifois cet endroit avec Tonguenr de Saint 
ciacte. Le ratneau étoit toujours de la poufle 
précédente , 8C )e lui laUlbis trois ou quatre 
yeux. Cette façon de greffer a lieu i la fia 
.de Février ou au commencement de Mars , 
comme la greffe en fente à qui elle eft bien 
&pcrieure , quand elle réuffit ; il faut avoir 



^4 La Prati>qiîe 

ctècé Tarbce qiû l'année foivance devient très- 
coufFa. 

J'ai efTayé la même greffe d'une autre ma- 
nière. Âv^c un cifeau pkc , fore mince & 
d'un quart de pouce de large , j'ai fait roue 
près cie l'écorce de la tige une entaille pror 
fonde d'un demi -pouce. Enfuite d'apiè&.foa 
cpaiflTeur , j'ai aplati deflus & deffbus en 
forme d'efpatule, T^xtrémité inférieure du 
rameau , & je l'ai enfoncé jufqu'à la profon- 
deur de l'entaille , faire à la tige. J ai obfervé 
Î pareillement que. les écorces fe rapprocKaf^ 
ent exaâement , fans négliger le cataplafmis 
ordinaire. 

Les Auteurs font mention des greffes à 
rebours , qui confident à pofer dans i entaille 
les greffes en fente par le petit bout , auiieu 
du gros bout , ou TécufTon , l'œil fens defr 
fus defTous. Ces greffes ne laiffent pas de 
prendre , avec cette différence que les ra- 
meaux qui en proviennent , décrivent un de- 
mi-^cintre , ou font un coude , en fortant de 
•chaque œil pour s'élever enfuite verticale- 
ment. Tout ce qui efl contre nature , & qui 
'fans néceflité tend i changer l'ordre de la 
végétation ni^ut jamais d'attrait pour moi. 
Fbyei à ce fujet le livre du Ooâeur Agri» 
cola , part. I j feâ:. III , chap. I. 

Je neconfîdére ici le labour des terres 
que du côté des raifons foncières far lef- 
quelles il efl fondé. Le Laboureur fe borne 
à le regarder cpmmç n^cçflT^irç poi^r ràccroif ' 

ienient 



■j 



ikinentdes plantes. Célttiqûi fâic plus d*afag($. 
^ fa raifon que Touvriec accoutumé a tra* 
taîlier machinabmeat, penfe que l'objet dii' 
bbeuf doit être le développement des (ucs; 
de U terre. En etfet j tant qu^elle eft corn- 

Eié^ , que fes patries font ptefTées & ferrée$ 
s cw^ contre les autres, Tair , le foleil, 
les rofëes humeâanres > les pluies fécondes » 
ks bfouHtards folphureux , les neiges impre-^ 
goées de parties nitreufes , ne nolivànt pé-* 
niétrer cette croûte dure qui fe forme fur fa 
fiiperficie , elle eft privée des biehfairs qu'ellie 
a drcMt d*en attendre. Alors tous fes fuc^ font 
comme engQordis, 6c ta tetre éprouve une 
efpècede Itthargie.Mais par le foulevement de 
fes panies qu'occâfionne le labdur en mettant 
là faperficie à la place du fond , & le fond i là 
place de la fuperncie ^ Tair aidé des influences 
d^en*haut fait fermenter les acides renfermés 
da&s le fein de k rérre. Rien de plus |u(té', de 
plttsconfbrmeà l'expérience &de miethc pehfc. 
N*y auroit - il pas néanmoins d*auties rai- 
fett» phi» pertinentes & plus foncières du la« 
boïur des terres ? £n voici qjdelqifes - unes 
cp'une longue eicpérience & que des réfles^îous 
mt les rtianeires de la végétation m*ohtfug- 
gétces^. Deux chofes , entrVurres conftiruenc 
eibntieltèment la: terre, indépendamtftfent de 
ce qui forme le fol ; favoir , Tair intérieur 
ren^rmé dans fon fern & fqn humidité. Ces 
^ deuift principes contribueût ÏGngulîerement à 
^ laftioi des fucs de h terre : tant qu'elle eft 

' E - 



^^6 La Pra,tiqvb 

durcie en-deffiis» que Tair intérieur y eCt 
renfermé » & que fon humidité refte fans 
être renouvellée , ce qui s y trouve planté ne 
profite point ou profite bien moins que lorf- 
qu'elle eft douce & friable : or » par le lar 
bour , qui brife Se met en miettes la fuper- 
ficie de la terre > qui en ouvre les pores^pour 
répanchement de cet air intérieur, & qui 
donne lieu à la tranfpiration de l'humidité » 
donc le renouvellement doit également fe 
faire 9 le mouvement & l'agitation devien- 
nent univerfels. Ârrofez une terre excellente 
fur laquelle le haie aura formé une croûte 
épaifle j mettez delTus du fumier » jamais rien 
n'y profitera par défaut d'air , dont les par- 
ties nutritives Se élaftiques auroient mis en 
aâion tous les êtres »& opéré la végétation. 
11 fe fait un flux perpétuel des influences 
d'en-haut , qui , après avoir été dépofées fur 
la terre » remontent dans la région fupérieure 
de l'air j pour enfutte retomber fur cette terre 
qui les reçoit & les afpire. Quant à ce point 
que fait le labour ? il lui forme d'une part des 
ouvertures & des foupiraux pour levapora' 
tion de l'air & de l'humide qu'il renferme , 
& il donne lieu en même - tems à l'entrée 
de cet air nouveau , en pratiquant un paf* 
fage libre à d'autres humidités, pour rem« 
placer celles qui font afpirées par l'air exté* 
rieur. On ne peut concevoir que l'air inré* 
> rieur de la terre foit toujours le même y fans 
qu'il perde fon reflbrt, ni que fon humidité 



9V jARDIHAGf. èj 

li'éprouYe point de changement. Il faut à cet 
élément 9 ainfî qu'à l'eau ^ une fluidité perpé- 
taelle , pour que l'un & l'autre fe coniervenc 
dans leur pureté & dans leur aâion. 

De même que la tranfpiration fenfible 8c 
infenfible eft nécelTaire à nos corps , & que 
l'air que nous recevons par l'afpiration , s'il 
n'étoit poulTé dehors par la refpiration ^ crou- 
piroit en féjournant dans nos poumons , de 
même l'air , renfermé & comprimé dans fe 
fein de la rerre j feroit plus capable de faire 
périr les racines , en les pourriflant , que de 
contribuer à leur avancement , parce qu'il eft 
eflèntiellement uni à l'humidité de la terre» 
C'eft pour cette raifon que les terres glaifeu- 
fes & argilleufes qui fe fcellent , & les; au- 
tres qui font mattes , ne donnent que de 
mauvais fruits , en communiquant » iurtouc 
i la vigne » divers goûts de terroir , ou que 
les arbres après y avoir pouflc vigoureuie- 
ment périlfent tout formés ; j'ai examiné plu- 
fieurs de ces arbres infortunés » & j'ai trouvé 
lears racines noires par les bouts » chancreu«» 
fes & pourries. Il en eft de l'air 6c de l'hu- 
mide de la t^rre , quand l'un & l'autre font 
ou ne font pas renouvelles par cette tranfpi- 
ration dont je parle , comme d'une rivière 
dont le cours eft rapide j avec une au|:re qui 
roale péfamment une eau dormante. Ceci 
n'eft point établi fur une conjeâure , mais 
fur un point de fait y qui conftate ce quoi| 
appelle vapeurs de la terre. 

Eij 



€9 La PRATIQUB 

Non - feulement le labour donne une ifliie 
fibre à la tranfmiflion des vapeurs de la cerro 
& au renouvellemenc de fon humidité ; mais 
il procure encore un cours facile à fes exha^ 
laifons. On fume cette terre > on y met des 
engrais : tant qae la chaleur innée de la 
terre ôc celle des rayons du ipleil ne les ont 
point cuits » ni travaillés , ils ne font que ce 
qa on appelle en chymie le réfidu. Quand au 
contraire » leurs parties font développées & 
mifes en mouvement par la fermentation » les. 
unes plus fpiritueufes & plus volatiles font en- 
levées dans les airs , les autres ondueufes , 
balfamiques , anodines pafTent dans la fub-, 
ftance des végétaux. Le labour opérant donc 
des yuides & des trachées , pour fervir de 
paflàges à ces exhalaifons qui par leur fub- 
tilité s'évaporent , contribue direâement à la 
fécondité de la terre » par la fouftraâion de 
ces parties trop fpiritueufes ic pas allez fub* 
ftancielles > qui nuiroient plutôt à la vcgé* 
tation qu'elles n'y contribueroient. Dan^ les 
terres nitreufes Se pleines de falpètre » les 
végétaux font chétifs y leurs racines ne gro£i 
fiuent ni ne s'étendent , les arbres y croiflènt 
peu% &n*y durent pas long-tems » fans comp*, 
ter qu'ils ne peuvent jamais être d'une belle 
venue. 

Une autre raifbn plus particulière du la-» 
tour des terres m'a été fuggérée par un fa- 
meux Laboureur du coté de Louvres en Pa« 
riiîs Se de Dammartin. Une. des cholps qui 



3v JaroikAgc. Vf 

rnè firent le plus dlmpreffion dans fa façon 
de régir fa terme , fut de le voir faire fe$ 
Cemences différemment des autres. Tous les 
laboureurs commencent par difpofer leurs 
Terres à recevoir la femence, puis fuivanc 
que les tems font favorables , ils les enfemen- 
cent fur ces labours cl ^ devant faits. Celui 
dont je parle ne donnoit au contraire la der- 
nière façon à fes recres qu'en mème-tems il ne 
les femât. Toujours le (emeur fuivoit le char- 
retier labourant en dernier lieu. Il m'affura 
qu'au moyen de fa méthode y quatre cens 
arpèns dont fa ferme étoit compofée lui rap- 
portoient plus que celle de fon voifin , qui en 
exploifoit huit cens. 

Je dis d*abord que la raifon la plus e(Ièt>- 
"tîelle du labour eft la néceffité d'enfouir les 
mauvaifes herbes , en retournant la terre où 
il s'en trouve de trois fortes : lés unes ap- 
parentes & déjà grandes , les autres germées 
'dans fon fein & prêtes à éclorre & un grand 
nombre en graine feulement. Perfonne ne 
s'ayife de femer fur les mauvaifes herbes 
qui hériifènt la fnrface de la terre, ni de 
planter parmi celles qui offnfqueroient les 
^ végétaux. Par la même raifon, Quoiqu'on ne 
* voye aucune mauvaife herbe fur la fuper6cie 
de la terre : on ne doit femer ni platiter qu'a- 
près un labour fait immédiatement avant la 
femence ou la plantation , à caufe des mau- 
vaifes herbes en graine ., qui font dqa fur \^ 
- terre ou dans fon fein. 

Buj 



7* La Pratique 

Ce Laboureur ayant remarqué que les te^ 
res récemment labourées Se enfemencées touc 
<le fuite y rapportoient plus que celles qui 
rétoient anciennement, que les grains y le* 
voient plus promptement» & qu ily ayoit beau- 
coup moins de mauvaifes herbes » voulue 
approfondir ce phénomène , & il reconnut 
par la comparaifon des femences faites fur 
des labours anciens , avec celles faites fur des 
labours aâuels, qu'il y avoir le double contre 
le (impie pour la prompte végétation » 6c 
rabondance. 

En ièmant fur un labour ancien , le grain 
trouve de mauvaifes herbes déjà germées ou 
prêtes à lever entre deux terres y comme les 
premières ont de Tavance fur le grain que 
vous y femez » il a bien moins de nourritu- 
re y & il a plus de peine à lever ; Se durant 
le cours de la végétation jufqu à la moiffon les 
mauvaifes herbes ont toujours le deûTus. 

Lorfque la femence au contraire accom* 
pagne ou fuit le labour, les mauvaifes her- 
bes germées étant mifes en - deflus & expo* 
fées aux injures de lair , périlfent pour la plus 
grande partie. Le grain que vous femez^quî 
a été leifîvé ou avec de la chaux y ou avec 
route autre compofition y l'emporte fur les 
mauvaifes herbes qui ne font qu'en graine , 
ou fur celles que lair y apportera par la 
fuite. Non-feulement il fe défend contre les 
unes & les autres» mais il les étouffe » Se les 
affame au point <p'elles ne ctQiiFent que foft 



-t: 



»0 Taudinagi. 71 

peu ,' fans être en état de lui nuire. Quel* 
ques foient les avantages du labour » il éft 
certain qu'il peut devenir nuifible j lorfqu'il 
eft trop fréquent, il effrite la terre &c la rend 
veule. Les engrais de Tair qui ont bénéficié 
le defTus , n ont pas le tems de pafTer dans 
llnrérieur de la terre j & vous remettez en- 
deiTus les mauvaifes herbes , ou leurs grai- 
nes que vous aviez enfouies. 

Dfis ENGRAIS. Tout eft terre ou originaire 
de la terre. Comme elle eft le principe des 
êtres corporels , elle en eft aufli le terme & 
la fin. Ce qui émane d'elle redevient terre ^ 
pour y reparoître enfuite fous une autre for- 
me , s'y replonger enfin , & s'y confondre. 
Rien donc qui ne foit , qui ne doive , ou 

?ui ne puiffe être engrais de la terre , ce que 
irgile appelle pabula utta dans un autre 
ièns. 

De même que tous les mets ne convien- 
nent pas également à tous les eftomacs , ni 
\t% mêmes nourritures aux diverfes efpèces 
d'animaux ^ de même aufti toutes fortes d'en- 
grais ne font pas indiftinâement propres aux 
terres , qu'on pourroit dire en avoir chacune 
de fpécifiques & de perfonnels. 

Il n'eft aucun corps qui n'exhale à chaque 
inftanc des, parties (ucceflives de lui-même, 
qui vont fe perdre dans les airs. Les pierres & 
les métaux même n'en font point exempts. Les 
parties humides & liquides des ruifleaux & 
des fleuves retombent fur la terre après en 

Eiv 



L 



avoir lécc enlevées , ScfotxnwtUs pIméSt ks 
jrofées, les neiges Se le$ ff:iBiai:s«Ce$4roailbiccb 
épais éc fouvent ma) - iaîns » ^i ^^mifeat 
les terres , fooc formés des parties fiôtreu^ 
Us , falphureafes Se vitrioliques , émanées 
des diTCirens corps qui les renferment. Les 
parties ignées , mécaUicjoes , terreftres , com^ 
pôfent les météores ^ font la matière âvk 
tonnerre. Que d'exhalaifons nuifibies autant 
que défagréables a^e&^rpient notre odorat , 

auel fpeââcla déboutant fra^eroit aos jfevac 
e toutes parles ^ n la tecre omcienfe ne nous 
débarralKpit de nos immondices, 5c ne les 
çonvertiûbit en fa proprt^ fubftance , pour 
fervir enfuite fous aaiicres formea à nos dif-« 
lerens ufages ! 

! Voici les principau2( engrais de la terre prot 
près au jardinage. 

Les moujfcs doivent être entaffees dans tm 
lieu humide y ou mêlées dans le trou à fu« 
mier par couches minces pour y pourrir. Non* 
Seulement elles ne vallenç rien employées 
crues , mais leur graine invisible » enlevée 
dans Tair y leveroir fur tous les arbres dq 
jardin bien plus qu'auparavant. Sèches par leur 
nature & fades » elles atûreroient les fucs de 
la terre Se les retiendroient , comme fait Té-v 
pon^e i regard de Teau » }ufqa'à ce qu'elles 
yinOent à pourrir » ce qui ne leur arrive qu'à 
la longue ,, Se que difficilement ; réduites sa 
terreau „ elles font très - utiles aux planches 
4e graines ôt 4q fl^*n:$. Le«ir ^n^m forç lé* 



fer & peu fobftànciél » M peut ^cre em* 
f^oré que pour lés tétras forces 8c gralTes } 
il feut en duu-^r pkw tjue de tout autre , 
parce qu'il cft ptompteinerit évaporé. 

Les gea^ans. J'en diftingue <juâtte fortes , 
ceux des prés , des pkces Vagues & des che* 
mîhs , ceux des bruyères & des friches , les 
gaasotts de chiendent & de ce qu'on appelle 
faux-blés 9 où croient auffi des chardons & 
des orties , & ceux des bois 6c des endroits 
marécageux. 

Le^ premiers font préférables à tou^ les 
autres ; ils forment les pâturages les plus fuc- 
culens \ auffi ks animaux & le gibier qui s'en 
Qourriuent , ont-ib ta chair plus délicate que 
ceux qui paiffent dans les bois, dans les prés 
& dans Us fonds. Ces gazons dontj l'herbe 
eft toujours broutée par ces individus ^ pren- 
nent tonte la fubftahce de la terre qu'ils cou- 
vrentj leurs fues frappés par les rayons du 
foleil 6c faumeâés par les bienfaits de l'air 
Cfxi caufe de leur touffu ils retiennent plu^ 
que les autres, font bien autrement élaborés^ 
que ceux que les hutttidifés détrempent , ou 
que le haie dans les fables arides, defléche. 
& dévore. 

La manière d*en faire ufage , confifte à les 
}etter dans la tranchée, l'herbe en deflbus , 
afin que la terre qui rient aux racines la fafle 
pourrir , qu'elle ne repouffe p6int furtout 
étant proche de fa fupernciè , & qu'elle fon-^ 
de aiiément fans i^ croupir ic moifir» Gui^ 



74 LaPratiqdi 

dés par la; (impie Nature , les gens de cam-^ 
pagne lèvent de^ gazons en automne , les met- 
tent par tas , & ^ forment de petits monticu- 
les, après avoir gratté la fuperficie de la ter- 
re , dont ils les couvrent. Ges gazons juf- 
qu au printems , reçoivent les influences hé" 
nignes de l'air , qui les fondent & les rédai- 
fent en miettes : on les éparpille alors , on les 
> etifouit par un labour fubféquent , on plante j» 
on féme , & tout vient à fouhait. 

C'eft une très-bonne pratique que de dc- 
pofer des gazons dans une foUe vers laquelle 
on ménage une pente pour Técoulement des 
eaux. A mefure qu'on les y décharge , un 
homme a foin de les arranger par lit , Se de 
les piétiner, en les empilant plus haut que 
les Dords de la fofTe. Au bout de Tannée > on 
en répand fur les carrés , dont la terre de- 
vient douce, maniable & friable. Qu'on ne 
les accufe point de faire poulTer quantité de 
mauvaifes herbes : en ce cas , il ne faudroit 
jamais employer aucune efpèce de fumier. Il 
eft hors de doute , que plus les terres font 
préparées , plus il y croît de ces fortes d'her- 
bes qui y trouvent une meilleure nourriture 
que dans les friches. 

La féconde efpèce de gazons n'eft autre 
chofe que ce que nous nommons peloufe. 
Elle eft extrêmement féche, ce qui paroît en 
ce qu'elle ne croît ni ne fe fortifie. Ces. ga- 
zons pris dans les bruyères & dans les fri- 
ches/9 ne doivent être recherchés qu'au dé* 



BU Jardinage. 75 

faut d'autres ; il n y a que les terres fortes qui 
puifTent s'en accommoder. 

Ceux de la troifieme efpèce^ exigent des 
précautions dans Temploi qu on en fait. Le 
chiendent y même à un pied en terre , ne 
meurt pas , il y trace au contraire & reparoit 
quelquefois fur fa faperficie. J'ai vu des ra- 
cines d'arbres qu'il avoir percées d'outre eh 
outre y comme une alêne. Ces gazons aux«- 
quels font aflfociés communément les faux- 
blés , les chardons & les orties font refri- 
gérans , crus & fort acres. Néanmoins , avec 
ces mauvaifes qualités , ils ne lailfent pas 
d'humeâer la terre & de rafraîchir celle qui 
eft brûlante ^ en fe fondant, ils font un ter- 
reau pafïàble , quoique froid : je ne voudrois 
donc pas les bannir des terres chaudes , & 
ieches » ou fans faveur , en obfervant de les 
couvrir au moins de trois bons pieds de terre 
& de les ferrer les uns près des autres.^ 

Les gazons des bois & des marécages corn- 
pofent la dernière efpèce. Le principal ali- 
ment des végétaux , après la terre , eft l'air. 
Toute plante qui en eft privée , ne peut être 
que fade pat elle-même. Par conféquent les 
gazons ombragés par le touffu des arbres 
doivent être rorc iniipides. Cette raifon leur 
donne Texclufion des jardins. Ceux des ma- 
récages font pareillement à rejetter : le tiflii 
de leur herbe eft épais y large & incifif ; ce ' 
font des efpèces de rofeaux , qui toujours im- 
prégnés d'une humidité morfondante , ne 



'T^ L A P ^ ATI Q V H^ 

{meuvent profiter àti rayons vivifians '<ïu fo- 
eil. Les beftiaux qu on mec pâxurer dans ces 
endroits, ne donnenr qu*ua lait mat & pe- 
fant j les chevaux nourris des foins qui y 
ctoidenr» font veuies» maladifs Se toujours 
maigres. 

Les feuilles font le fumier naturel des ar« 
bres. Quoique deiféchées » elles confervem 
dès fucs & des parties fpirirueufes j on les 
krûle , & leurs cendres font d'une grande uti- 
lire pour la leflive. Pourries & transformées 
en terreau , elles allègent beaucoup la terre. 
Certe forre de fumier peut être prodiguée 
aux fleurs délicates , aux plantes curieufes & 
aux femiences de conféquence , atteindu qu'elle 
ne peut contenir que des efprits fort min« 
ces & déliés , ce qui ta rend peu propre aux 

' plantes fortes , telles que panais , carottes , 
oignons , choux. Cependant lors àts femen- 
ces de rou$ ces herbages, les jardiniers en cou^ 
vrent de trois ou quatre pouces , leurs plan- 

' ches & leurs carrés , parce que ce terreau ne 
durcit & ne fe pelotre point, que les mauvaifes 
herbes y font plus facilement fardées , que 
les pluies coulent aifément à travers fes pores , 
qui font larges , & qu'il empêche que la fé- 

* chetefle ne gagne les racines des plantes. 

Il y a beaucoup d'autres engrais; tels que les 
fleurs fanées , les herbages , leurs mobtans ic 

* leurs tiges , les épluchures d'herbes , les tontu- 
res , les bourgeons des paliflades , les lifues 

-de cuifine, les balayures des cours des mai* 



Hms , des apparcemenu > des greniers ; im Jar* 
dinier économe , qui en connoîc les avan« 
tages , fait en profiter. Il a dans iin endroit 
particulier de ion potager , une* fbdè large de 
profonde » garnie d'un contre - mur y ou de 
dofles avec des pieux pour retenir les terre»* 
& où les eaux voifines viennent fe perdre» 
Là , il porte habituellement les dépoutUe» de* 
Us plantes & de fes âeurs ^ ^ui étant bien- 
conlommées , font , d'une atinée a l'autre , 
un terreau excellent pour fes femences & fes 
légumes. 

Les terres rjapportées font un des plus grand» 
fpccifiques pour amander les jardins , j'en- 
tends les terres faines , franches , de bon 
aloi , fuivant l'avis des gens de l'art. Telles 
font celles des prés y du moins jufqu'à une 
certaine profondeur. J'entrerai à cet égard 
dans un plus grand détail y en parlant de la 
façon de planter 6ç de remonter les terres. 

Rien de plus commun dans la Qourgogne 8c 
dans la Champagne j que de voir le long des 
grands chemins '& des voiries quantité d'en* 
fans occupés fans ceflè à rama(Ter la fiente des 
animaux dans des papiers , qu'ils vendent pour 
remonter les terres des vignes , ou qu'ils por-' 
tent pour le même ufage chez leurs père Se 
mère vignerons. 

Oa fait très-bien d'amafler les boues le 

lotiK des grands chemins ou dans les rues des 

' Villes & des Villages. Après une grande 

averfe » ayant. qu'il & ferme une ccpute f«K 



78 La Phatiqui 

la boue » on balaye & on la relève des denr 
cotés pour la porter dans un trou où elle refte 
au moins un an. Ces immondices font brû« 
lames & crues en même- rems j il eft à pro* 
pos que les eaux puiflent s'écouler du coté du 
trou » pour qu elles fe confomment plus aifé^^ 
ment. Vers l'automne de Tannée fuivante » 
couvrez de cette terre vos planches , vos car- 
rés 9 vos plate -bandes » & rien n'y man- 
quera. 

On peut placer parmi les engrais, les neiges, 
les démolitions des maifons bâties en plâtré, les 
décombres des vieux bâtimens , les chaumes 

3ui fervent à couvrit les habitations des gens 
e campagne , & beaucoup d'autres y donc 
je ne fais aucune mention , i caufe qu'ils ap- 
partiennent moins au Jardinage qu'au La- 
Dourage. Tels font les marcs de raifins , de 
bierre , de cidre , d'huile , la marne, lachar- 
rée , les curures de puits » de puifards^ vui* 
dange de lieux d aifance , qu'on nomme 
poudrette , bourbe des rivières , des étangs , 
des pièces d'eau , Se fable de ravines. 

On peut confidérer tous les fumiers fous 
crois rapports difFérens ; favoir immédiate- 
ment après qu'ils font fortis du corps des 
animaux , quand ils font entaiTés en forme de 
meules ifolées , ou dépofés par monceaux 
dans des fofTes, & quand après avoir fermenté 
en cet état , ils ont lailTé évaporer leurs par- 
ties humides , ainû que les plus acres , & les 
plus fpirituçufes > ^ jfç lopt convarti$ ef 



B V J A H O I N A 6 F» 7^ 

terreau. Les principaux fumiers qui appartien- 
nent au Jardinage font ; 

Celui de cheval : fraîchement forci de def- 
fous l'animal » ilfercà faire des couches. Il 
s'échauffe alors aifément par le inoyen de 
laie y qui agite & déploie routes {q$ parties 
fpiritueufes. Le fumier ainfi employé ne ferc 
pas feulement à avancer les dons de la Na-* 
ture , mais il nous procure quantité de plantes 
dont nous ferions privés , fans le fecours des 
couches Se des cloches de verre dont la forme 
orbiculaire & concave concentre les rayons 
du foieil , tandis que les vapeurs douces » 
bénignes ôc chaudes de ce fumier enta(fé» por- 
tent vers le haut leurs particules humides ôc 
chaudes. Par leur moyen nous avons quantité 
de plantes qui périroient en pleine terre. 

La féconde façon de connderer le fumier 
de cheval y & celui des autres animaux , c eft 
lorfqu'il eft en meule ou en tas dans des fof- 
iès* Comme il n'eft pas poffible que le Jar- 
dinier ait toujours du fumier neur fortant de 
dedbus les chevaux , & qu il n a pas befoin 
d'un il grand nombre de couches à la fois , 
il .a foin d'avoir srHfa portée de femblables 
amas pour y recouvrir au befoin ^ & voici ce 
qu'il ^pratique à cet égard. Après qu'on a fait 
une première couche pour y mettre la fe« 
mence » on fait par expérience que fa cha-» 
leur va toujours en déclinant , & avant qu'elle 
foift tout-à»fait paifée » on la ranime par des 
céchaufsj c*eft-àr<iû^e qu'on environne la 






%fBh^ IrA PBiATXQIT» 

€Qaçbe de fumier mis en meule , 'qui noa* 
vellement remué ^ mcle fa duUeur av^ 
celle de iii couche, &fu£tpoucla^coaf6£ver 
en vigueur durant une quintaine de joure» 
Quelques * uns font les icck^ifis en tmoie* 
rems que la couche , & les cebartenc par la 
fuite y en les remettant en place , c^qui^uffir 
pour lui procurer une nouvelle chalotu:^ 
/«^X Cependant la femence a'^nà, elle a for- 
mé du plant qui s'e(b fortifié. On^ patique 
alors une féconde couche au- devant de la 
première > &: lorfque ceHe^i a jette fon feu j 
& que celle-là a acquis une chaleur conve- 
nable » on y tranfporte ce qui était fur l'autre 
& ainfi fucceffivement, à mefore que les^plam» 
graodifTans , ont plus befctin d*être eipacés. 
On défait la première couche » dt on la re-i^ 
' bat » en y mêlant da nouveau fumier pris de 
la meule. Elle n a jamais la m^e chaleur, 
que fi elle étoit entièrement compoice de fîi^ 
mier neuf \ mais comme le tems s'adoucit 
lors de cette opération , la chaleiu? da foleil 
fupplée à fon défaut. 

Le fumier mis dans les fodes peur fervir 
à faire .des couches , quand il ny a pas fé* 
jourtié long-tems \ ôc lorfqu'il tiefk qu'à demi 
conibxnme , il eft bon à nimer. des camé» â^' 
des plate-bandes. Mais quand il a r^é long* 
tems dans la &ilè ou qu'il a fervî i faire <ks 
couches » il devient terreau. U ne convient 
point à tcmtes fortes ,de, terres , furtout i celles 
<|ui Xont brûlaa^S;^ on le ré£$rve pour les 

froides. 



I> tl J A XI S> I K A <^ s. Sx 

ffokle3 ^ les humides » le» cpaUTes & les ghi- 
feufes. 

Aptes le fiunter de cheval , celui de mu« 
let & de bêce afinè , tient le premier rang : 
la conftruârion interne des animaux & leurs 
diâerences nourritures mettent auflî des diffé- 
rences dans leurs excrémens. Le fumier de 
tnuiet moins onâ:ueux& moelleux, que celui 
de cheval , palTe pour être plus chaud. Celui 
des bctes afines Teft encore moins. L'un âc 
l'autre, quoique non tout-à-fait confommcs j 
peuvent fervir pour les terres fermes & fraî- 
ches, & quand ils font récemment tirés de 
deflbus les animaux , on les admet pour faire 
des. couches; ils fe réduifent àufli en un t^r-- 
teau léger & fort fpiritueux. 

La troiileme forte de fumier utilement 
employé dans le Jardinage , eft cejui des bê- 
tes â corpes , & particulièrement celui de 
vache , qui eft gras , pefanc & froid jufqu i 
un certain point. Il faut pour erre admis dans 
les jardins, qu'il ait féjourné quelque- tems 
dans la fofTe. Peu déplantes saccomtnode- 
roient de fon humidité grafle , épaifle & vif- 
queufe. Il eft pour cette raifon long-ten>s à 
le confommer ; fouvent les plantes & les 
graines^ pourriiTent , furtout dans les anhées 
tendres &. humides , lorfqu il a été dépofé 
tout frais en des terres fraîches par elles- 
mêmes. La vraie façon de tirer parti de ce 
fumier non-confommé , c eft de le répandra 
fur U terre après un bon labour , & de Tex.- 



Si La Pratiqu» 

pofer aux plaies » aux gelées & aux firimats» 
il s'y délaye peu à peu ^ & fe fond j le jus 
oui s'en oétacke» pénétre la terre , & on 
renfbuit au primems. Il eft inutile de dire 
qti'il ne couvrent qu'aux terreins fecs » légers 
oi| brulans. Le fumier de bœuf eft un peu 
itioins humide & froid » à caufe de la corn- 
plexion plus féche de cet animal, & du plus 
grand f^u de fon eftomac Âuffi fa chair eft 
plus compaéle que celle de la vache , qui eil 
plus molle , plus lâche & plus dilatée. 

Le fumier de mouton plus chaud que les 
précédensj s'emploie rareoient feul. Pour en 
corriger l'acrimonie & la fécherefTe , on le 
mêle avec celui de vache. Il faut de plus qu'il 
ait efluyé pendant l'hiver les diverfes in- 
âueoces de l'air, afin que le crottin qui le 
cômpofe puiffe être attendri , autrement il 
bmle les plantes , delTéche la terre , ôc au 
lieu de s'incorporer avec elle , il refte en 
mottes fôches , ou par menues parcelles. Les 
terres froides & humides s'accommodent très- 
bien de cette forte de fumier ^ mais Tufage 
lé, plus ordinaire qu'on en fait dans le Jar* 
dinage , eft pour les orangers. 

Le fumier de porc ne doit être employé 
dans nos jardins, que lorfqu'il eft bien pourri, 
qu'il a paflfé l'hiver fur la terre > & qu'il a 
été bien mêlé avec elle ou d'autre fumier. 
On eft ^fTe? d'accord fur fa qualité pefante 
& matte , médiocremeiu chaude , peu fub- 
ftàncielb de, fore Acre. Ou Vaçcufe de pro- 



duke ooeififin^cié do ftiadvàifes h«i<bért«fofii^ 
Cftfis do^cefur la (jwtlàté des noarmures qai 
fbnc propres- i l'animal , comme fi par h 
di^^ftion <|ii'U a f ai£8 des graines de c^s mau-^ 
vaifes herbes , reoËscmées dutis fes aKmens ^ 
elles n'avoienc pas écé broyées 9c confom^'' 
mées , de forte qu'il eft aufli impo4£ble qa'el* 
les lèvent ^ que bs pépins de poires & dé 
pommes , qui après atotr réjonrné dians notra 
eftomac , pnc pafle par la ftercotarien. La 
vraie raifon pour taqueUe le fomier dé porc 
femble procurer plus de tsiaavaifes herbes 
qu'un aarre , c'e& qa apparemtx^enc fes fac^ 
font plus ' propres à les faire germer & à les 
nourrir , &c qu'elles y trouvent plus de eon^ 
formité 8c d'analogie. 

Les fientes de pigeon » de poule & de vo-* 
laille ne s'emploient point feules» ^ excepté fat 

{»reqiière. Toutes font fort chaudes , tH& nt 
es répand-oft point , mais on les féme , à pei)^^ 
près çom€âe les graines, dans les terres fortes^ 
froides & himiides. Elles (ont or dimaiFemenc 
confondues & mêlées avec les autres engrais 
dont l'ai f»ar]é » & on les fette fiir le gran<l 
fumîec qm eft dans b haATe-cour. Je penk 
(ja'eUe» doivent être exclues du Jardinage i 
caufe deà infeStn 8c àm vermines imper* 
cepcible» dom eltes fourmillent , & de leurs 
eexifs , qm ne mafli^quent pas dMctorre au grand 
air. Cette fiietite ^ à mefore quelles aninfiauz: 
la Uiifèoc tQnibet » s'ematfe Se s'aigrit ; 6c 
aloâis.ikn^'fWo d'iofeûiss s^ea nourriCent » 



84 La Pr ATI QUE 

attirée par laigre & la fermentation : comme 
on ne la lève que rarement ^ ils ont le tems 
<Fy dépofer leurs œufs^ & de -là des ver- 
mines lans nombre » qui inondent les jardins » 
& qui font périr les_ graines ^ en les criblant 
à mefure qu'elles lèvent. 

Je n'ai plus qu'un mot à dire de la taille 
des arbres , ^ de rébourgeonnertient. 

Quel peut être le but de la taille? 
Quels font les effets des diverfes formes que 
TArr a jugé à propos de faire prendre aux ar- 
bres , foit à ceux en plein vent ^ qu'on di- 
rige dans nos jardins , foit à ceux qu'on 
drefle en buiffons , & en contre - efpa- 
liers, foit aux arbres qui s'appliquent contre 
les murailles , & dont les branches font éten- 
dues ? Quelle peut être l'origine de la taille ? 
La fin de cette opération fur les arbres , eft 
de leur faire rapporter des fruits , Se d'en 
procurer de plus beaux , en fupprimant cer- 
taines branches & raccourciffant les autres. 
C'eft auffi pour leur donner une forme plus 
régulière.- De plus, il eft des fruits dont nous 
ferions privés, s'ils étoi^t expofés à la violence 
dos vents , comme ceux des vergers & des 
campagnes , & tels font en particulier les 
fruits qui ont la queue fort longue, ou dont 
le volume eft corifidérable. Plufieurs n'acquiè- 
rent point en plein vent cette maturité, ce 
colons charmant , ni ce goût fin & délicat , 
qui nous les rendent fi précieux. Ainfi , l'Art 
aidé: de la taille , dirige le cours de la fève 



DU Jardinagi. S5 

j& la fixe par la fuppreflion des rameaux fur- 
numéraires,, & le raccourciflemenc des autres. 
11 faut en outre que les arbres & leurs bran- 
ches foient attachés à la muraille ou au treil- 
lage , û Ton veut que les fruits reçoivent du 
Père de la Nature ces coups de pinceau 
cbarmans , que lui feul peut donner , cette 
faveur douce , & ce parfum quil leur pro- 
cure. De même les autres placés dans les 
carrés du jardin » ou dans les plate-bandes » 
n'aureient que des fruits d'un verd mat , ou 
d^un goût rade , ils feroient privés de cette 
couleur tendre , de ce lide & de ce poli qui 
brillent fur la peau des fruits aérés de toutes 

Erts 9 fi une main habile & intelligente ne 
idégageoit au pourtour, & ne lesévuidoit 
entièrement dans le milieu. Tels font nos 
bons-chrétiens tant d'été que d'hiver , nos 
beurrés , nos rouffelets , nos martinfecs , nos 
prunes de reine-^claude. 

J'ai dit qu'une des raifons de la taille & 
l'un de fes effets eft la beauté des fruits. En 
Qtant aux arbres quantité de ramiaux y & 
en raccourçifiant les autres , que faifons- 
nous ? Nous fupprimons autant de canaux 
& de réfervoirs où la fève fe feroit dépo* 
fée parce que les racines en pompent & 
en envoient toujours dans l'arbre la même 
quantité , foit qu'on le taille ou non. La fève 
ne trouvant plus fes entrepots aufii nombreux 
qu'auparavant , lorfqu'ellp enfile les fibres 
des rameaux qu'on lui laiffe , rencontre des 

Fiij 



1 



t* La PRATIQTfl 

ycttx k bois & des boutons à frott dâhs lef'- 
quels elle s'^ncke en Ton emieti Les ûm 8t 
les aacres profitent de ce qui auf oit fdifé dans 
les branches Tuppriméi^s ou raccourcies t>a¥ la 
taille. De-U , on conçoit aifément qu^ii doie 
y avoir une plus grande abondance de fuci 
.dans les fruits des arbres taillés & dans leurs 
rameaux , que dans ceux qu'on ne taille point , 
où cette fève eft répartie en tant de branches 
différentes. 

D un autre cote , l'expérience nous apprend 
que les arbres taillés groiii(Tent moins que 
ceux qui ne le font pas. Dans ceux - ci la 
fève efl: entièrement confervée ; ceux-là en 
ibnt privés en grande patrie par l'attiputation 
de leurs rameaux. Dans les arbres qu'on taille > 
on la force à faire des efforts & des frais pour 
remplacer ce qu'on lut âte \ ce qui n*a point 
lieu pour les arbres non-taillés. Par la fao^ 

{>remon des rameaux on dérange Id cours de 
a i^e ) qui fe répand où elle trouve qaeU 
qu'iflfue > ou s'en tait une ^ & on en occasionne 
une grande difTipatton ^ qui opère un retard 
conddérable dans leur accroiflement. On ex^* 
pofe i l'air Tintérieur de l'écorce ^ la par^ 
rie ligneufe & la moelle » ain6 que les fi« 
bres & les conduits de la fève ; par toutes 
ces ouvertures , il fe fait une évaporation de 
fucs conCdérable , qui left bien davantage, 
quand la fève eft obligée de faire bourrelet, 

£our couvrir chacune de ces plaies faites par 
^ taille^ comme on le verra ailleurs* 



Je ptA(e que fes Aacears ouc voulu ptëre* 
nir prudemment les fâcheux événèmens qu'é* 

Et>UYe trop fréquemment le Jardinaeé^ 
ans les années critiques y les vents font dei 
tavages affreux à ces arbres en plein vent ^ 
ainG oue les gelées tardives , les giboulées & 
les grêles , ks neiges fondues , les vents bru- 
lans ôc delféchans , (ans parler de quantité 
d'animaux , dont le cours eft périodique. Les 
uns fourragent la verdure naiHante » tels qu« 
les hannetons & les chenilles ; les autres pi- 
quent ,1e dedans des fleurs au fond du calyce, 
comme ces mouches longuettes qui ont le 
corps noir & qui font rougeâtres à leur extré- 
mité. Elles ne vivent que quinze jours » du- 
rant lefquels elles font beaucoup de dégâts. 
Les gens de campagne les nomment mou« 
ches de faint Marc » parce qu'elles ont cou- 
tume de <paroître vers la fête de ce Saint* 
Elles laifTent après elles une nombreufe pof- 
térité. On obferve que dans les années où 
elles abondent le plus » il y a davantage de 
ce venin de Tair fur les fruits ^ & dans leur 
intérieur , que lorsqu'elles font moins nom- 
breu fes. 

Si dans tes contretems dont je viens de 
parler , on n'avoit point de reflburce pour les 
fruits du côte de U taille ; on feroit privé de 
ceux des arbres ifolés des vergers & des cam* 
pagnes y qui fou vont font moi donnés dès leur 
naiflance , au lieu que (es premiers moins 
expofés à tous ces dangers , nous dédomma«- 

Fiv 



I 



t% La : Pjl,ATIQ,UB 

gent aloïs de la difecce de ces derniers. 

Enfin , il eft à ptéfumer que la facilité 
de cueillir les fruits » & l'avantage de les 
laiffèr arriver fur. l'arbre même à leur par- 
faite maturité , font entrés pour beaucoup 
dans la taille des arbres. Par cette opéra- 
tion on les tient toujours de court en les 
empêchant de s'élever , & on peut attendre 
pour en détacher les fruits , qu ils ayent ac- 
[uis plus de qualité en muriifant , je parle 
e ceux d'été Se d'automne y au lieu que fur 
les arbres en plein vent » on eft obligé de 
les cueillir avant leur maturité ^ autrement ils 
tomberoient les uns après les autres. 

Ces raifons fufEfent pour avoir engagé les 
hommes i cailler les arbres , fans parler de 
celle alléguée par Cicéron ne JUvtfcant, Si 
Ton perd du côté de leur force j de leur éten- 
due > de leur durée , & même de la quantité 
de leurs fruits , on en eft amplement dédom- 
magé par les avantages que j'ai expofés. 

JL'ÉBouRGEONNEMENT , en dégageant à pro- 
pos ou maUà-propos les arbres y leur procure 
ou l'abondance ou la difette. Décharger un 
arbre de fes rameaux fuperflus , faire choix 
avec difçernement de ceux qui font les plus 
propres , foit à le former , loit à lui donner 
une forme régulière y pourvoir habilement 
par ce fage retranchement à fa fécondité pré- 
fente & future y lui laiffer fuffifamment de 
bourgeons pour le rendre plein partout y dif- 
txibaer avec art dans toutfis fes parties » 



pu Jari^inagi. 89 

les branchas à* bois , & les branches à fruit» 
furcharger en certains cas , & foulager en d au- 
tres quelques parties de l'arbre pour parvenir 
à un bel équilibre , mettre un frein à Tin* 
tempérance fougueufe des uns qui s'empor- 
tent ou du haut ou d*un feul coté » aider ce- 
pendant & foutenir la partie foible , procurer 
en un mot cette belle harmonie , cette fage 
ordonnance du rapport de chacune des parties 
avec le tout y voila quelles font les fondions 
& les effets de l'ébourgeonnement. 

Le paliflàge ne contribue pas moins à la 
régularité de la figure de l'arbre qu'à fa fé- 
condité. C'eft l'art d'aflîgner aux bourgeons 
leur place , de les diriger avec ordre pour 
laifler entr'( 
qu'à peu 

proches & égalemer 
contourner les uns , ni leur faire prendre une 
forme défaeréable* Cette féconde opération 
exige du. goût & de l'intelligence. Confiderez 
un arbre paliifé par une main habile. Vous 
y appercevrez la naiflance de chaque bran- 
che , & vous la fuivrez de l'œil , aucune ne 
croifera fur fa voifine , toutes les parties de 
l'arbre tirées & alongées par les extrémités 
formeront comme autant de bras étendus fur 
la muraille , avec laquelle ils fembleront ne 
faire qu'un. Comparez enfuite un arbre ainfî 
dreilé, avec ceux de tous nos jardins , où 
vous ne voyez, rien que de forcé & hors de fa 
place naturelle > où des parties font abfolu- 




90 La PkAtiQUË 

thent dégarnies , tandis que d'autres font dafis 
la cotifuuon , ou au-lieu 4e diriger la Nature 
avec art , ch^ue boutgeoli a été jpaliffé com- 
me il s*eft préfenré , quelle différence pour 
le coup d*œil , la poulTe & le progrès de Tar- 
bre , aififi que pour labondance ! 

Quelques grands que puiflent être les avan- 
tages de cette double opération , on ne peut 
difconvenir que ce ne foit troubler Tordre de 
la végétation, que de priver la' fève d'une 
partie des réfervoirs deftinés à lui fervir de 
paûTage & de dépôt. Par ces retranchemens , 
on fait aux arbres des plaies vers lefqiielles 
elle eft obligée de fe porter en fe détournant 
pour les fetriier. Les différentes formes aux- 
quelles nous les affujettiffons , font également 
Contre nature» Elle Us a faits pour élever 
vers le Ciel leur tête altiere , pour étendre 
à leur gré leurs rameaux fouples , & faire 
briller dans toutes leurs parties cette multi- 
tude de branches , de bourgeons dff de pam^ 
prés, dont chaque année elle embellit leur 
tige. L*Art qui s'eft attribué fur la Nature un 
empire abfolu , en tftême - tettis qu'il l'affu* 
jettit , fait ailflSi la diriger , Torner & la per- 
fedionner. Docile à fes loix , elle le féconde 
dans tout te qui ite tend point à fa deftruc- 
«ion. Ce concours de la Nature & ^e l'Art a 
procuré aux arbres en efpaliers cette forme 
régulière , qui fait le long des murailles une 
tapifferie riche & une riante verdure , en 
jaib^ctant les branches de devant & de derrière , 



pv Jar DrilAGl. 9« 

poar étencire arec oiilte & fymmétrie celles 
d%s cotes. 

L ufage d appUaaer les arbres aux ttiurail- 
les a été fore négligé jufqu aa Àécle précé- 
dent. Le plus grand nombre des anciens cha« 
teaux & leurs jardins ne font fermés que par des 
haies fortes, ou par des murs de terrafles , 
avec de larges (ottcs. Les guerres continuelles , 
l'inondation des Peuples barbares , la difB« 
culte de trouver des ouvriers propres k ces 
fortes d ouvrages 5 là défaut de confomma- 
tion en certains lieux "éloignés des grandes 
Villes, ont pu contribuer â romiffion & au 
dcpériÂement ics efpaliers. 

Quoiqu'il en foit, jufquau (iécle. de Louis 
ÎClv , les bonnes pèches furent très-rares , 

[>arce qu on ne s'étoit point avifé de placer 
es pêchers en erpaliers. Les feules pèches 
de vignes & celles de Corbeil étoient en re- 
commandation. Tandis que la Quinrinye » 
l'oracle de fon tems , s*occupoit à former 
les efpaliers de Verfailles , & qu'il dirigeoit 
les jardins des Seigneurs de fa Cour > les 
Montreuillôis humbles , cachés & inconnus 
formoient fans bruit le grand ftuvre du Jar- 
dinage , & dreflbient leurs efpaliers , tels que 
nous les voyons aujourd'hui. Girardot vint 
enfaite , qui fe rendit fameux par le débit 
confidérable qu'il fit de fes pêches. Depuis 
ce tems , leur art de gouverner les arbres eft 
inconnu, & leurs talens éminens pour le Jardi-* 
nage ont uniquement tourné à leur profita 



$1 La Pratique 

Toutes ces opérations , telles que je vienf 
de les repréfenter , font aifées , quand oq 
veut fiaivre la Nature & la féconder. Ua 
Jardinier qui les met en ufage d'après de bons! 
principes & une bonne judiciaire foutenue 

£ar lexpcrience, jouit de l'abondance & de 
L fécondité. Mais fi , au lieu de fe confor- 
mer à ce que cette Nature exige de lui , fi 
au-lieu de l'écouter & de n'écouter qu'elle , 
il prétend fe faire des fyftêmes particuliers j 
donnerTeflbr à fon imagination pour forcer 
la Nature à produire foit contre fon gré , foit 
au-delà de (a capacité fuivant les climats & 
les terreins , alors il confond tout , & ren- 
verfe Tordre naturel. Les végétaux , vidimes 
de fes tentatives hafardées & de fes entre- 
prifes audacieufes , fouffrent de rimprudcrice 
de cet indifcret novateur. 




DU Jaudimagb; 9f. 



D I s C O U R s 

Sur le Killagc de MontreuiL 



M( 



Ontreuil eft un Village à deux lieues 

de Paris où la culture des arbres fruitiers efK 
portée a la perfedion. Ses Habitans font les 
feuls qui jufqu'ici ayenr entendu la direâioa 
de la fève dans le gouvernement des végétaux. 
Lear favoir & leur pratique font fondés fur 
une Phyfique expérimentale plus parfaite , 
j ofe le dire , que les fpéculations renfetmées 
dans les écrits des PhyHciens les plus pro- 
fonds. Ceux -xi ont mis fur le papier leurs 
idées & leurs penfées, fans trop s*embarraf- 
fer (i elles pouvoient cadrer avec la pratique» 
au-lieu que ceux-là ne travaillent que d'après 
un fyftème le plus lié & le plus fuivi qui fuç 
jamais. 

A la faveur de ce fyftcme , les Montreuil- 
loisont trouvé le fecret de tirer des arbres 
fruitiers tous les avantages poflibles* 

Leur méthode a, jufqu'àpréfent, été igno- 
rée, ^ceux qui s'imaginent la connoître , n'y 
entendent rien. Elle eft tellement conféquen- 
le , qu'il eft impoflible d'y rien comprendre 



P4 LaPhatIqûe 

au premier coup d œil , &c en les rayant trâ-*' 
vailler. On ne peut même en porter qu*tm 
jugement faux , u Ton n*a approfondi leur tra- 
vail & fi Ton n'a eu des relacions particulières 
avec eux. Telle eft lorigine de Terreur des 
Jardiniers au fujet de cette méthode. Tout 
ce qu'ils ont imaginé à cet égard a'eft qu'un 
tiffu de chimères. Auffi fe font-ils accordes 
pour la bannir du Jardinage » fans favoir ce 
qu'ils ont réprouvé. 

Comme on pourroit me taxer de préven- 
tion en faveur de Montreuil , ou d'une cen- 
fure trop févére à Tégard de tous mes Con- 
frères > qui fe font ligués contre fa méthode , 
Je me crois obligé d'entrer dans quelque 
détail fur le travail des Montréuillpis , leurs 
talçns & leur induftrie. Je ferai voir qu'il n'y 
a aucune de leurs opérations qui ne ioir fon- 
dée fur des régies invariables puifées dans la 
Nature : au-lieu que nos Jardiniers n'ont pour 
guide qu'une routine aveugle deftituçe de 
raifonnement j cette Société erf' en état de 
f endrç raifon jufqu à un certain point de toutes 
Ces pratiques. 

Mes recherches remontent jjifqu'i Téta- 
jbliifement du Jardinage à Montreuil ; on y 
yerra çoniraent de fimples campagnards ont 
Jtrouvé ce qui n'a point été appcrçu des plus 
grands phyfiçiens , qui fe font exercés fur les 
phénomènes de la Nature. Sans êtrç décou* 
yert, fans que fa méthode ait tranfpiré , un 
l^i^ujple a^ffi nombrçujc , compofé de plufieiirs 



DV Jardimaoïs. 95 

villages ^ qui fait depuis plus d'un fîécle un 
commerce itnmenfe de toutes fortes de den« 
rces dans un efpace de terrein affez borné, 
eût attiré les regards de la République Ro-* 
maine. En publiant les talens de ce Peuple 
enfevelis , Jufqu*â préfent , dans l'obfcurité 
ic dans le ulence » je me propofe de détruite 
ks fau^fes préventions prifes fur fon compte» 
& d'inftrmre en mème-tems ceux qui ne 
connoiiïent point fon travail. 

La première idée qui fe préfence à reiTprit , 
qaand on fait Tcnumérarion de tout ce qui 
croit dans le terrein de Montreuil , e(l loa 
excellence pour les produâions de la Nature 
que fes haoitans cultivent. C'eft - la , félon 
TAateur du Traite du Pêcher , la feule caufe 
de £es grands fuccès , &. Tinduftf ie n*y a que 
fort peu de part. Or , je prétends que fî le 
pécher fe plaît plus dans le terrein de Mon- 
treuil que dans un autre , parce qu'il y produit 
une fi grande abondance de fruits, il faut 
convenir anfli que ce terrein efl: propre à tous 
les végétaux qui y croitfent & y rcuflîllènc 
également. Il eft plus d'un canton chez ' les 
Moncreuillois fort inférieur en bonté à ceux 
où rimpéritie d'un grand nombre de Jardiniers 
laiflTe (out périr. Les terres les plus mauvaifes 
cçffent de Vètre entre leurs mains. Dans le 
Jardinage , tout dépend plus de la culture que 
de la qualité du terrein : le yice de ce der- 
nier peut fe corriger y mais rien ne ré- 
pare It défaut du régime. D*où je conclus 



9f La Prati^jui^ 

2uil eft infiniment plus rare de trouver des 
îultivateurs auffi ïntelUgens , qu'un terreîn 
fembiable au leur. 

Je commence par les » enclos de Mon- 
treuil que peu de gens connoiffent j il eft 
eflentiei d'y conduire thon ledeur. Ses ha- 
bicans otit imagine de partager leur terrein 
par carrés , & d'y pratiquer des murailles 
en tout fens. Qu'y appetçoiton en y entrant ? 
Des murs tapifTés aune riante verdure > & 
couverts d'une- riche moi(Tbn de fruits , un 
arbre feul qui paroît remplir un plus grand 
efpace que quatre des nôtres , des pêchers 
âgés de dix-huit ans , dont Tétendue eft de 
huit à neuf toifes , & nombre d'autres qui 
à. 1 âge de douze ans s*étendent à vingt & . 
trente pieds. 

Si je m'arrête à tous les objets finguliers 
offerts à mes regardis , je ne puis me laffer 
d!admirer les diverfes inventions de l'art qui 
l'es a produites. Pourquoi , demanderai-je , 
ces murailles fi multipliées & pratiquées en 
tout fens ? Pourquoi ces tablettes faifanc fait* 
ïijs le long de leur larmier. ? A quoi fert cette 
rangée d'auvents , portée fur des morceaux 
de bois fcellés en travers dans les chaperons , 

«tes enclos dont tous les Culuvateurs ne font 
jas propriétaires, font loués depuis cinquante écus, 
Jufqji'ï vingt Se vingt-cinq piftolcs Tarpent. Ils ont 
4té taxés pour là taille a 50 & ^o livccs : les terres 
CA dehors font louées 4g & f o liv, Tarpent, 

& l 



DU J A R O 1 K A^G 1. 9/ 

& qui règne .dans toute 1 étendue de ces mu- 
railles ? Pourquoi ces divers abris , fi artif- 
teinenc placés , Se qu'on nomme dts brife-* 
vents ? 

En approfondiflant toutes ces chofes, f^^ 
trouve que ces murs qui coupent le terreiâ 
ont été inventés pour garantir les arbres des 
mauvais vents , & en détourner les inâuencesi 
nùifibles de Tair. Par leur moyen , les gens 
de Montreuil ont réuni dans chacun des car- 
rés , que forment ces murailles , les rayons 
du foleil dont ils ménagent la réverbération ^ 
lorfqu'il eft palTé , pour en conferver long- 
tems après la chaleur. Les autres inventions 
qui m'ont frappé me paroiflent tendre â pro- 
curer aux fleurs des arbres la facilité de nouer 
plus promprement & plus furcment , & aux 
fruits les moyens de croître ôc d'acquérir plus 
de faveur. Curieux de connoître l'époque & 
les auteurs de ces ptatiques ingénieufes , 
tous me répondent que leurs ancêtres appri* 
rent d'âge en âge à leurs defcendans , depuis 
plus d'un fiécle , à les mettre en iifage , com* 
me eux , à leur tour , les tranfmettront à leurs 
epfans. 

J'examine enfuite les carrés, les ados , les 
plate-bandes, & toutes les autres parties du 
tcrrein , ainfi fermé de murs , afin de voir ce 
qu'on y cultive , quelle forte de végétaux, y 
croîflTeht , comment ils y croiffènt , & quel 
profit ils rendent à leurs maîtres. Alors , que 
dobjcts s'offrent â moi qui caraftèrifent le 

G 



9S La Pkatiqub 

génie inventif de ces laborieux Cultiva- 
teurs ! 

Là , ce font des cerifes hâtives , en abon- 
dance» dont les arbres par leur étendue pro- 
digieufe & le touffu de leur riche feuillage 
forment une tapiflerie la plus régulière. Le 
contrafte de leurs petits fruits d*un rouge in- 
carnat j avec les feuilles d*un verd. brun, 
mat , eft charmant. Que de foins pour ar- 
ranger leurs rameaux fouples avec tant d'art ! 

Près de ces arbres fi renommés à Montreuil 
Se qui font partie de fes revenus con(idéra- 
bles , fe trouvenr d^s abricotiers non moins 
avantageufement placés, lis offrent à mes re* 
gards , outre leurs feuilles d'un verd médio- 
jprement foncé , des fmits pâles d'un côté 8c 
d'un vermillon aufli vif que brillant de l'autre. 
J'en vois de deux fortes , dont les branches 
font pompeufement étalées fur la murailiCf 
Ailleurs , j apperçois ces mêmes fruits en plein 
vent. Le haie & le foleil les ont brunis.^ iU 
me paroiflTent panachés Se marqués dé petites 
taches d'un rouge brunâtre. 

' Non loin de-U » les feuillages fimples & 
d'un verd brun, des pruniers précoces placés 
entre les pêchers , fervent à relever le verd 
ttndte de ces derniers^ leurs branches artifte^ 
ment étendues , préfentent à mes yeux , les 
unes des fruits rougeâtr es d'un brun obfcori 
les autres, d'un jaune doré , ceux - ci d'un 
rouge de cerife, ceux-là d'un blanc pâle. 
Mais mtt^ u'excice plus ma furprife que ces 



B1& ÎÀUbtiiAdf. jj 

reme^-cïaudôs , tâilt en êfoalier & efl éven- 
tail , quW Érûiflt)ti à en pieîfi vene, L€yetà 
de mer des liné's K U vetdure foncée <fes aa- 
tres, a\fec les tàehes de la plupart d^eniY'eil'es 
mélangées d'une petite teinte de touge , fof- 
menc un coup d'oeil raviflfant. 

Ailfcuts ce font àés poiriets de prïmear , 
ainfî que d'été , d'automne & d*hivér. Si j6 
confîdere ces arbres iiftinerifes , fiiréhargc» 
de fruits , tailles & palifles avec tout Tare 
imaginable ; je demande pourquoi on n en 
' trouve pbiftt ailleurs de.femfclablès. Mais ceut 
qui me charment le plus font , les rouflelets 
exquis , les beurtés d'une gtoflTeur prodl- 
gieufe, recherchés pour leur coloris & la ré- 
gularité de leur forme , les crafannes dé- 
nuées de cetfte Ipreté , qili en diminue fi fou- 
vent le priit , les Cdlmarts fûcculents , Ié« 
martinfecs d'un vermilloh brillant & d*ùne 
grolfeuf au-deffus de 4*ôrdinairé, le« bbiis- 
chrétîens d'été & d'hiver , où fô trouvent réu- 
nies les pêrfedions^ dés' fruits les' pîiïs re- 
nommés; 

Un fpeâ^cle nouveau attite' encore tttes 
regÀftds, Ce èyiït des pommes d'api d'un liffe 
& d*un Itrtfanr qu'on prendrait pour un beau 
vertir. ÉÎIes ne font ^r^enues à unegtoflèut 
S^furpteriante , que parce qu'on a fu leur pro- 
diguer une fôve quf ffop partagée n'eût fàtt\. 
que des fruits maigres , imparfaits 8c de thau* " 
vais goût. Pour leur pfôciifer le rouge écla- 
tzht qu'y a appliqué -le grand Peintre de ta 

Gij ^ 



loo La. Pratique. 

Nature , ii-a fallu qu'une main habile ait 
coupé fagenient les feuilles qui pouvoienc 
leur porter une ombre funefte. 

Pourrois-jc ne pas jecter les yeux fur les chaf- 
felas 5 dont Montreuil fournit fi amplement 
nos tables fomptueufes. Ils font roux , dorés , 
clairs , tranfparens » croquans ^ nourris & ornés 
de leur fleur« Leurs mufcats ne leur cèdent 
en rien. Je remarque qu'il en eft d'une grof- 
feur extraordinaire j & que pour éclaircir les 
grappes » dont les grains font trop drus , on 
en a coupé délicatement un entre deux. 

Enfin, par^tout où je porte mes pas dans 
ces riches enclos, je ne trouve que des pro- 
duâipns perfeârionnéeç par le génie inventif 
du Cultivateur ou des effets de fon induftrie. 
Les carrés Se les plate -bandes offrent des 

fois hâtifs , des haricots , des fraifes, des 
ramboifes , des grofeiiles , des violettes re- 
cherchées par préférence à celles des bois & 
des jardins pour le firop violât. J'apperçois de 
tous côtés des bordures & des planches d'o- 
feille , qu'on réchauffe en hiver , & qu'on 
couvre pour les avoir de primeur. Enfin , je 
ne trouve rien de confus , rien de négligé , pas 
un coin de terre qui ne foit occupe. Les 
murs mêmes du côté du Nord , font garnis 
d'arbres aufii touffus , que ceux qui font le 
plus favorablement expofés dans nos jardins : 
on y a placé les fruits dont la chair plus grof- 
fiere eft en état de fe défendre de la rigueur 
du froid ^ tels que les poires , les pommes à 



Dxj Jardinage. lot 

cuire , les meflîrejean , les marcitifecs ^ & 
quantité de fruits d'hiver. 

Mais i pourquoi ne troUve-t-on point ail- 
leurs des arbres auffi-bien paliflcs ? ki ;, on 
ne voit ni treillage , ni gaulettes pour les 
tenir , ni ofier , ni jonc pour les attacher ; 
ce font de petits morceaux d'étoffe qui em- 
braflent chaque bourgeon & chaque branche , 
& qui les retiennent avec un clou , comme 
plaqués fur la muraille avec laquelle ils fem- 
bleht s'unir. Quelle peut être la raifon d'une 

{pratique auflî fingulierè ? Tout ce qui vio- 
ente la Nature , difeiit les Montreuillois , 
hors le cas de néceffité , efl: contraire à la vé- 
eétation. Un lien qui appuyé fur la peau de 
la branche , la preffe & y fait contufion. t-es 
jeunes bourgeons qui l'ont plus tendre , fôuf- 
frent quelqu'altération de tout ce qui les 

fêne , les branches ferrées par l'ofier venant 
groffir , fes ligatures empêchent la -circula- 
lion de la fève : fi elles font lâches , il en 
rcfulte que les grands vents agitent & fouvent 
brifent les bourgeons & les branchés de l'ar- 
bre. Leurs muts font tous enduits en plâtre , 
qui ne peut jamais ofFenfer l'écorce , & pro- 
cure à leurs fruits, outre la chaleur du fo- 
leij. pour les faire mûrir plus promptement , 
cette faveur 5 cette grofleur & ce coloris » 
qui les diftinguent de ceux des autres jar- 
dins. 

J'approche de plus près , pour mieux con- 
templer ces arbres (i bien tenus» Je n'y vois 

G iij 



m ongjep , pi ctijjots ., ni bois tjaprts , tu 
cliancres , nulle gop^^ie » npai* uae ^corce 
brilUine, I4 pluwrt font des pêchers où les 
fruits fpnt diftwp^s 4^111 Içutjs différentes 
parties ^ avec tant d*Qrdre & de profuCon , 
qu'on les croirpit placés p^.r la tt^ain 4^ l'Art 
pjuc&t que pat celle de la Nature* Us profitent 
tou^ également, ^ parvier^ent tour i tour a 
Unçhciiteufe maturité- Ici U petite mignone» 

J)ar fon velouté éblouiilànt charme les yçnx , 
à , fe préfçnte la n^adeleine , non avec ce 
tçin pâle & cette couleur blafacre qu'on ne 
lui voit que trop , mais avec un vermillon 
éclatant. Ailleurs la groffe mignone , lad^ 
mirjible , la pourprée , la nivctte , la hour- 
^ine y le téton de Vénus & une infinité d'au* 
très qui fe fuccçdenr , cQUWaftent par leur 
coloris varié avec le verd tendre du reuillage. 
Au refte , ces arbres furchargés de fr^ît , 
n'ep fout point épuifés. , yoas les verrez l'an- 
jçiee fuiyanre faire de? pouffes vigoureuft5is » 
^ui fembiei^t annoncer , qu'ils acquièrent de 
nouvelles forces à force de porter. Cai>fide- 
rez leurs membres alç^gés , |e^ez les yeux fur 
cette foule innombrable de branches à fruit , 
regardez la groffeur des tiges & l'ijfpace im- 
meufe que chacun d'eux occcy>e» toutes ces 
chofes font les effets d'une taille raifonnée 
faite far les gourmands > qu'ils ont trouvé ^e 
moyen de convertir en branches fruâueufes. 
Oitte abondance » cette vigueur , cet embon- 
poinjc>, ibnt également dus a un ébpiH*g^0Q« 



nu Jardinagi. iô| 

nèmenc fage & difcret. Là, on ne fait ce que 
c'eft que de pincer ôc d*arrêcer les bourgeons 
pat les bouts ; là > on ignore Tart pernicieux de 
violenter la Nature , de déranger ou de trou- 
bler les arbres dans leur aâion de végéter. 

Nous ne pouvons quitter ces enclos char- 
mans , fans con(idérer avec quelque atten* 
tion un objet bien finguHer. C eft la difpofî- 
cion de tous les arbres en efpaliers , qui au-lieu 
d'être formés en éventail j comme tous ceux 
de nos jardins , & de n'avoir que dès bran- 
ches montantes , n'en ont aucunes verticales $ 
perpendiculaires , à la tige ou au tronc. Tou- 
tes font obliques , latérales , diagonales , & 
le canal diredt de la fève eft fupprimé , fans 
que les arbres foient dégarpis ctu bas. 

Si nous parcourions les dehors de Mon- 
treuil-^ quelle foule d'objets nouveaux fe pré- 
fenteroient à nos yeux y des plants de vignes , 
fur des coteaux , des noyers forr élevés , de 
vaftes oferaies , des luzernes , des prés , des 
blés , des feigles y des graines de toute na- 
ture , de petits emplacemens entourés de pail- 
laflbns , & deftinés à élever des frai Tés , des 

fiantes de chicorée , de petites pépinières, 
.es Montreuillois ne cultivent point de fleursj 
ce font eux cependant qui en font un des plus 
amples commerces. Rien n'égale leur activité 
induftrieufe pour fe pourvoir de tout ce qu'ils 
n'ont pas, comme a oeufs frais , de kitage» 
de crêmc , de petits fromages , qu'ils vendent 
dans les faifons qu'ils ne recaeillent point de 

Giv 



1^4 La Prat I q t? b 

frûits..Il ne leur feroit pas poffible de fe livrée 

en même-tems^ à tous les foins des bafle- 

cours y étant obliges d être fans cefle hors 

de leurs habitations pour vaqufr à leurs 

affaires. 

Après ce que je viens de dire , il eft bien 
aifé de décider fi c eft la Nature ou TArt qui 
rend le terrein de ces laborieux Villageois 
inépûifable , & propre à tous les végétaux , 
oc non pas fimplement au pêcher, & s'il eft 

Êoffible qu'ils y ayent adapté leur méthode. 
)e huit cens ménages ; il y en a fix cens qui 
gouvernent le pêcher & qui cultivent égale- 
ment les autres denrées. Là , nul n eft oifîf 
ni exempt de peine , pas même celles que la 
foibleffe de leur fexe ne difpenfe que trop 
fouvent du travail. Plufieurs d'entr'elles en- 
tendent parfaitement la diredion des arbres , 
& fe livrent aux ouvrages les plus pénibles. 
Chaque jour on les voir prévenir le lever de 
l'Aurore , pour apporter fur leurs têtes à nos 
marchés les riches productions de leurs en- 
clos , dans des mânes d'ofier appellées no* 
guets. Quelques-unes ainfi chargées condui- 
fenr en même-tems des bêtes de fomme. Ce- 
pendant les pères, les maris, &: les enfans.de 
tout âge y font les préparatifs du . voyage fub- 
féquent. Il n eft retardé ni par les ardeurs 
brûlantes du foleil, ni par les pluies , les vents 
& les orages. A peine ces femmes laborieux 
fes font-elles de retour qu elles prennent un 
Ikugal repas 8c un rapide fommeil » Hc revoient 



r 



DU Jardikagi. 105 

danjs les champs s'occuper d'une nouvelle ré- 
colte dont elles fe chargeront à deux & trois 
heutes du matin , comme le jour précédent. 

Lé tetreiiï de ces Villageois , voifin de car- 
rières à plâtre > leur a fait naître l'idée d'en 
foire ufage. Ils eh tirent la pierre , la cui- 
fent y la battent , & leurs mains adroites élè- 
vent les murs de leurs enclos. Ils ménagent 
tellement leurs arbres , qu'au milieu mcme 
de Tété, quand ils font forcés de fe clorre , 
ils n'abattent ni fleurs ni fruits. 

On leur fait un reproche qui a quelque 
chofe de fpécieux , au lujet des longues tailles 
qu ils donnent quelquefois à leurs axbres. La 
confiance qu'ils ont en la bonté de leur ter-, 
rein eft caufe , dit-on , qu'ils s'embarraflent 
peu de les furcharger , au rifque de les f^ire 
périr. Je puig démontrer que les gens de Mon- 
treuil, dans leur façon de tailler leurs pêchers » 
leur laifTent moins de bois , que ne font 
ceux qui leur attribuent un tel défaut. 

En donnan't k certaines branches , telles que 
font quelques gourmands, deux ou trois pieds 
de longueur de taille , ils ne fatiguent nul- , 
lement leurs arbres , en ce qu'ils fe gardent 
bien lors de la pouffe d'en rogner les bourgeons; 
au-lieu que les Jardiniers qui pincent , arrê- 
tent , caflent les bouts , forcent la Nature à 
repouffer de nouvelles extrémités. De plus , 
ils évuident davantage & déchargent plus leurs 
arbres tant à la taille du printems qii'à 1 c- 
bourgeoanement. /lU n'alongent que les gour- 



toS La PHATIQUI y 

mands j Us aocres , au contraire , alpngent 
les branches foibles , & taillent court les for- 
tes j d'où il arrive qae celles-là s'épuifenc, 
langaiiTent & meurent , & que celles - ci ne 
pouffent que de nouveaux gourmands , donc 
le rerratKhement continuel fatigue ôc mine 
en peu de tems les arbres. Mais en fécon- 
dant la nature par des tailles longues fur 
des branches à qui elle prodigue la nourri- 
ture , les Moncreuillois en tirent dès fruits , 
fans nombre , 8c n'altèrent nullement leurs 
arbres , qui croiSem rapidement i» rappor- 
tent promprement , groffiHfcnt confidérable- 
ment j Se ont une étendue prodigieufe ^ en 
donnant des fruits abondans. Autant qu'ils 
font attentifs à ne paliffer que les bons bois 
& à Supprimer tous les autres comme défec- 
tueux , ou comme furnuméraires \ autant les 
Jardiniers laifTent des forêts de bourgeons* i 
leurs arbres^ qui les épui Cent. Jettez les yeux 
fur les efpaliers de Montreuil , vous verrez 
des efpaces réglés avec jugemenr entre toutes 
les branches Se les bourgeons , a6n*qu'ils puif- 
fent jouir des bienfaits de Tair , & vous les 
-conduirez de lœil , depuis l'endroit où cha- 

Îiue bourgeon fort de la mère branche jufqu'i 
on extrémité. 

Rien de plus étonnant que de voir com- 
ment les Montreuillois ont pu , fans avoir 
étudié la Phyfique , faifir le point fixe de di- 
riger les arbres par principes , Se comment 
ils ont pu riuffir â 1 égard du pécher dans le 



gottverôeni^ir duquel les perfonnes les plus 
verfées dans le Jardinage , 6c la Qaintmye 
même ont édioué. 

J*ai roo|oiirs été furpris cjtte ceux qui par 
eue ToDC dirigé , n'ayenc pas découvert leuf 
méthode ; que la Quintinye qui aimoit fi tort 
fon axe , & caat d'autres Savans ayenc pris un 
parti fi contraire à la nature de cet arbre-, 
& qu en fuivant une route toute oppofée ^ 
une fociécé de Jardiniess ifolés , ait rait aux 
portes de Paris , depuis cent cinquante ans , 
tout le commerce des pèches & des autres 
fruits. 

Quic<xique fe donneroit la peine de re^ 
cueillir ce que la Quintinye a dit du pécher , , 
feroir alTur émem un aflfez gros volume » mais 
. il feroit fiir , en s'y conformant- , d'avoir peu 
de fruit y de replanter fouvent & de fuppor- 
ter beaucoup de dépenfes infruâueufes. Quant 
aux autres Auteurs quiontécrit fur ce fujet, ils 
fe font coptes réciproquement , & n'appren- 
nent autre chpfe qu'à hâter la perte du pécher. 
' J'ai fait différentes perquifitions à Mon- 
treuil pour avoir des Anciens quelques éclair- 
ciilèmens fur l'époque de la culture de cet 
arbre. Je n'ai pu apprendre que diverfes par-^ 
ticularités , qui m'ont amené à des induâion$ 
d'après lefquelles j'ai tracé cette efquiffe- 

Jettatit par hafard les yeux fur un livre 
de Médecine intitulé les Œuvres de Nicolas 
Ahrakam de la Framboifiere , Médeciti de Hen- 
nW f n^wt de Louis XIU , & de la Reino^ 



io8 La Pratique 

Mère ; je lus ce qui fuie , » les meilleures , 
j> pèches font celles de Corbeii , qui ont k 
9> chair féche & foiide , tenant aucanecàent 
» au noyau. Les abricots font beaucoup meil- 
» leurs que les pèches : car ils ne fe cprrom- 
» pent pas Htot au ventricule , & ne s^aigrif- 
» fent point , & ont le goût plus fuave , & pour 
» ce font plus agréables à leftomac* 

Telle écoit Vidée de l'ancienne Médecine 
au fujet des pèches ^ celle d'aujourd'hui eft 
bien différente , & dans nombre de maladie^ 
elle les permet avec le correûif du fucre. 
Il faut dire audî que nos pèches d'efpalier 3C 
celles de Corbeii font auffi diâFérentes que nos 
excellens fruits à couteau le font de ceux deP 
tinés à faire la boiffon en Normandie. L'Auteur 
avoir remarqué qvLcDio/coridc & Galien étaient 
en grand débat fur le fait des pêches ; Diof* 
coride pour , & Galien contre* : 

La Quintinye nous apprend d'un autre 
côté , que quoique de fon rems les efpaliers 
de pêchers ruiïent très-^en vogue , néanmoins 
ils n'eioient pas fort anciens. Voici un fait 
certain , qui prouve la vérité de <e qu'avance 
cet Auteur , & qui fait voir combien Mon* 
treuil étoit alors peu connu. 

Pépin , dont la famille étoit établie en ce 
lieu oepuis long-tems , quitta fa patrie pour 
fe mertre au fervice de la Quintinye à Ver- 
failles , en qualité de garçon Jardinier ; c'étoit 
dans le rettis que Louis XIV venoit de faire 
la dépenfe prodigieufe de fes potagers. La 



^ 



DU Jakdinaoe; joj 

manière de conduire le pécher pratiquée aur 
joord'hai à Moncreuil exiftoic déjà , mais 
elle n'a voit pas encore pénétré jufquau Di- 
redeni: des potagers da Roi. Le jeune hotnme 
qui ne goûtoit point fa façon d'opérer », tra* 
yaiiioit à Verûiiiles fuivant les principes qu'il 
avoir reçus dans fon enfance- Le difçiple n'é- 
toit rien moins que d'accord avec fotî maître. 
Celui-ci laifé d'être toujours contredit, fe 
dcbarraflà un peu brufquement d'un ouvrier 
indocile y & ils fe féparérçnt fort mécontens 
l'un 4e l'autre. Le jeune Pépin reprit le che- 
min de Montreuil où la mémoire de fes ancê- 
tres fembloit l'inviter à fe fixer , pour y fou- 
tenir la gloire que leurs talens leur avoiejt^c 
acquife. 

En rapprochant ces époques Se ces ^anec- 
dotes ^ il eft confiant qu'en 1 6 1 ; , tems au- 
S[uel écrivoit la Framboifiere j on ne cpnnoif- 
oit d'autres pèches que celles en plein vent ^ 
qui croifTent encore actuellement dans le ter- 
ritoire de Corbeil. Servies alors fur les ta- 
bles des Rois , elles font devenues depuis le 
partage du menu peuple. On ne parloit point 
des pèches deMontreuil, non plus que du tem$ 
de la Qttintinye , qui a écrit vers Tan 1680. 

J'ai conféré fur tous ces difFérens faits av;ec 
les principaux, perfoiinages ^ de Montreuil 

. a Bou<lio 9 Pepm ^ ft de BeaafTe. le pcre , ce 
dernier eft décédé à quatre*-vingr & tant d'aonécs , 



Uè La PkATtQùt 

Se de Bâgnolet , & le réfultac a été que dé^ 
pttis cent cinquante ans , on y cultive le p& 
cher comme on fait aujourdliui. Il rtï*CM 
déclaré que leurs pères ne Vy avoient point 
vu naître. Quelques anciens atbtés de leui'i 
jardins font juget par Ul façon do*it ils foht 
drefKs , que les fondateurs de Tétablif- 
fement du pêcher à Montreull , rfavoient 
point atteint cette perfeârion à laquelle on 
eft parvenu depuis pour le paliffage. Plu- ^ 
fieufs fouches de pêchers antiques fur aman- '! 
dier , qui ont un pied de diamètre , ce qui j 
fait trois pieds de tour , font tout-à-fait en 
terte , Bc féches , à l'exception d'un peu 
tfécotce vivante par derrière , qui porte la 
nourriture à un rejetton greffé en pêches de- 
puis vingt ans. Les uns Se les autres peuvent 
en avoir quatre- vingt , Se ils ne lairfent pas 
de bien pouffer & de donner amplement de 
beamc fruits. 

Des gens de Montreuil, m'a -t* on dir, 
après avoir mangé des pèches de vigne, où de 
celles de Corheil dont j'ai parlée jettèreht les 
iïoy«ix dans leurs jardins. Quelques-uns ayant 
levé le long d'un tùnt , produifitent dts ar- 
bres. Il prit fantaifie aux propriétaires de (bu* 
fenir leurs branches furchargées de fruit , & 
jde les attacher à la muraille. On ignoroit 
alors en France l'art d'y appliquer les arbres. 
Ces bonnes gens n'ayanfni jonc ni ofier , firent 
<les lùqnts avec des morceaux de leurs vieux 
ji^bits S£ chadèrent des clous dans la mu^ 



ou J A 11 6 X )l A G !• lit 

taille fat les deux boacs de ces Immes unis 
dcmt ils enveloppèrem chaque branche* Telle 
«ft l'origine de la méthode de travaillée à la 
loqae » pratiquée dans tout, le pays. Les pè- 
ches ain£ expofées au grand loleil , prirent 
couleur , acquirent du goût & groffitent 
davantage. Ce faccès engagea à planter de 
nouveaux noyaux \ les fruixs portés au mar- 
ché» furent enlevés d'abord & bien ven« 
dus. L'Auteur de cette découverte , attacha 
bientôt toutes les branches de fes pêchers le 
long de fes murailles , qu'il multiplia aufli. 

Piufieurs particuliers de Monireuil voyant le 
débit favorable de ces fruits , plantèrent pa- 
reillement le long de leurs murs de ces ar- 
bres venus de noyau. U fe trouva des efpè- 
ces plus fucculcntes, plus charnues » plus co- 
lorées 9 qu'on s'appliqua à multiplier par la 
voie des greffes , & on elTaya fans doute d'é- 
cudboner les pruniers fauvageons & les aman^ 
: diers. Ces pêches prirent le nom de ceux 

SI en Erent les premiers la découverte. 
Ile , par exemple , qu'on appelle la Bpurr- 
dine ( ion vrai nom eft la Boudme ) laquelle 
eft très-eft^mée ^ Montreuil & à Bag^olet» 
doi( fon exiftence au nommé Boudin. 

Les faeeès de ces particuliers donnèrent de. 
rémulatioa aux autres. Non - feulement iU 
s'appliquèrent à cultiver le pécher ; mais tous 
enchérilTant les uns fur les autres , s'emprefr 
fèrent de planter & de gouverner tes arbres de 
leiir mieux. Dès-lors les pêches de Cofbeii 



iix La Pratiqv h 

difparurent de nos marchés. Les Jacdiniers'& 
les Maîtres des maifons de campagne autoar 
de Paris , voulurent avoir de ces fruits fi co- 
lorés, d'un goût fi fusjve, &: qui fe ven- 
doient fort cher. Bien rot les Pépinieriftes 
élevèrent des amandiers & des pruniers fût 
lefquels ils greffèrent diverfes fortes de 
pècheSé 

11 n'y avoit originairement q^i'une douzaine 
de Jardins à Montreuil où l'on cultivât le 
pêcher ; à la mort d'un des propriétaires 
qui poifédoit un terrein d'envirot) ^ISf^''^ 
arpens > fitué vers l'endroit qu'on nomme la 
.Croix- du-bois , fes enfans eurent cl^acun un 
arpent qu'ils firent enclorre.de maniiUès»^«Ltt 
héritiers d'un de ces derniers , au nombre 
de quatre > partagèrent entr'eux l'arpenc de 
rerrevprovenant de la fucceflion de leur père. 
Tous plantèrent des pêchers le long de leurs 
murs de clôture. On s'apperçut alors que 
dans les quatre quartiers de terre du derniej: 
décédé , les pêches avoient plus de couleur Se 
dégoût, que les arbres profitoient mieux, 
geloient moins tous les ans , & que te 
qu'on avoit planté dans le refte.de chaque 
carré , étoit plus hâtif. Bien tôt le terrein 
commença à être coupé de murs en tout fens y 
ufage préfentement général à Montreuîk 

On remplit enfuite les carrés non-feule- 
ment de fruits d'un débit fur ^ tels que les 
fraifes ^ & les framboifes ; mais encore de 
plantes d'un commerce lucratifs abondant. 

^ . On 



•On planta des primeurs , des vignes , & des 
arbres de fruits à pépin de toute nature. Les 
expoficions du nord ^ du couchant moins fa- 
vorables au pêcher que celles du levant & 
du midi , furent deftinées' aux fruits à pe^ 
pin & à noyau , qui peuvent y réuflîr. L*in- 
telligence des Moncreuillois jufqu'alors ren- 
fermée dans la feule culture du pêcher, s'é- 
tendit infeniîblement aux autres denrées , 3c 
aux fruits de toute efpèce. Depuis ce tems- 
ii , ils multiplièrent tellement leurs murail- 
les que tous les térreins de la campagne 
même éloignés en furent coupés^ Pour biea 
juger de leur effet , il faut fe tranfporter fur 
le haut de la montagne , en venant par Ba- 
gnolet. Se coufidérer delà Montreuil à vue 
d'oifeau. 

Lors des révolutions > que fit éprouver i 
la France , lé Syftême qui changea la face «des 
affaires de TEtat & des Particuliers » les habi-'' 
tans de ce lieu qui faifoienc des rentes far 
leurs biens , les rembourferent , foit par les 
facilités qu'ils trouvèrent à faire des emprunts 
en billets , foit'pax les gains immenfesque 
leur produifoient la vente de leurs denrées. 
Ils firent plus. Us achetèrent les maifonsbour- 
geoifes aflez nombreufes. Alors, ils conftrui- 
urent des murs de toutes parts, tant dans 
leurs enclos qu'en dehors. "Les tablettes , les 
auvents , les paillaflons plats & les autres pré- 
fctvatifs furent des fmtes de ces aggrandif- 
&mens« 

H 



JI4 La P rat 1 qui 

Gitardoc , Ci renommé pour le coihmerce 
des pèches à Bagnolec » n'en fut point Tin- 
venteur. Une noble émulation le porta à en- 
chérir fur les pratiques de Montreuil. Ce 
ne fut que vers la fin du dernier iiécle que 
xci habile Agriculteur commença fon éta- 
bli(Iement; 

Pendant une longue fuite d'années « il pré- 
fenu affidûment i Louis XIV , qu'il avoit 
fervi en qualité de Moufquetaire , les fruits 
de fes arbres naiflfkns. 11 n'y avoit pas en- 
core long- rems qu'il jouidbit de fes dépenfes 
excefEves , lorfque Thiver de 1 709 , u fatal 
a tous les végétaux , n'épargna point fes pê- 
chers , ni ceux des environs. Les pèches fe 
. vendirent cette année jufqu'à quatre francs la 
pièce , & Girardot, qui n en recueillit point 
. & ne put en trouver , ne fit pas au Roi fes 
préfens accoutumés. II. eft certain qu'il tra- 
irailloit peu par lui-même à fes arbres , te 
qu'il les faifoit façonner par des gens de jour- 
née & des garçons Jardiniers. Sa fortune 
aifée &c brillante, qu'on (ait mal-â- propos 
montfer à 30000 livres par an , doit moins 
être attribuée au profit qu'il retiroit de fes 
fruits, qu'au difcrédit dans lequel tombèrent 
les biens -fonds durant les longues guerres de 
Louis X1V« Girardot fit alors diverfes acqui- 
. fitions â bas prix , qu'il revendit enfuite ou 
qu'il donna à bail à rente , fur lefquelles il 
gagna confidérablement. Son terrein con- 
Sftoit en ^quatre arpcn$ d'une feule pièce i 



en y conftriiific des murailles en tout fen(^, 
<\m le parcageoicnc en foixante - douze civ^ 
tés , ce qui fie nommée damier cette pièce 
de terre. Elle a été depuis enclavée dans 
le parc de la DuchelTe d'Orléans douairière. 
La nature de cette terre franche » pefante &C 
tardive j dans un fond extrêmement humide » 
ne me paroît pas un terrein propre au pe^ 
cher. Girardot fit enfuite au même endroit 
lacquifition d'un fief appelle ies Guédons % 
dofit l'emplacement 9 qui n'eft aue carrière 
à plâtre j & rempli de fources a quatre ou 
cinq pieds de profondeur , n'étoit pas plus con- 
vénaole au pécher que le précédent. Avouons 
donc que la bonté du terrein a moins de parc 
au fuccès que le gouvernement* 




^ij 



II( 




LE PÉCHER 

E T les autres Arbres confidérés dans 
leur premier âge. 

PREMIERE PARTIE. 



CHAPITRE PREMIER. 

Defcription du Pêcher , fon gouvernement 
commun^ aux autres arbres. 



ijE PicHiR, originaire dePerfe^ eftun 
arbre tnédiocretnenç coufFa , de moyenne hau- 
teur & grolTear , aflez femblable à i aman- 
dier , par fon écorce d'un rouge grifâtre , Tes 
feuilles longues % pointues , litTes & denre- 
lées f fes fleurs d'un rouge mat , Se fa façon 
de poufTer. Ses feuilles , étant écrafées , ré- 
pandent une pdeur d'amande , & fes fleurs 
en cela différentes de celles des arbres frui- 
tiers i pépin ^ fe montrent & s'épanouiffenc 



PU Jardikagk. liTt 

avant qu'aucune feuille les devance. Ses bou- 
tons , au -lieu d'attendre que le printems 
leur donne le (îgnal y femblenc s'efforcer de 
le prévenir ; & ws la fin de Février ils com-p 
mencent à poindre & groi&fTent lentement^ 
On diroit, a voir la façon dont ils fe déve- 
loppent alors » que prévoyant les contretemij^ 
qu'ils auront à elTuyer , ils femblent s aguérir 
contre le ftoid ; & telle eft la raifon pour 
laquelle ils font huit J9urs fans s'ouvrir. 
Quand on néglige de tailler le pêcher j foit 
en plein vent , foit en buiflbn ; fes rameaux 
d'une écorce liiTe & tachetée de rouge du côté 
du foleil s'alongent toujours , il les fait tombée 
négligemment vers fa tige , les yeux du bas 
avortent , chaque braache meurt infenfible- 
ment, 8c l'arbre périt en peu d'années. 

Il eft inconcevable à combien de caprices 
le pécher eft fujet dans nos climats. On le 
voit tantôt prefque fans vie d'un côté , tan- 
dis que de 1 autre il poufle des branches nom- 
breufes & fécondes. Le plus fouvent il porté 
toute fa fève vers Textrémité de fes bran-^ 
ches I pendant que îe bas eft vuide & dé- 
garni. D'autres fois , il n'en a que de gonr^ 
mandes , & fi on les lui ôte » il n'en produit 
que de chiffonnes ; fouvent il pacoît defféché,, 
pais il renaît pour ainfi dire , Se repouffe 
avec une finguliere vigueur. On le voit auflS 
durant quelque lems maigrir & rechigner i 
& lorfqu*on eftl près de l'arracher , il repro- 
duit da fa fouchét fttttôut étant greffé far 



^** 






1 



jiS La Pratique: 

amaûciîet y des rameaux verdoyans qaî -opC'. 
rent fon renouvellement pour une longue 
fuite d'années. Ses branches d'un verd écla* 
tanc deviennent fanées & deiïechées , fans 
qu'on puiffe en deviner la caufe , Se fouvenc 
Farbre meurt , ou avec fes fruits avancés > 
ou après les avoir amenés à une beureufe ma- 
turité. 

 tous les arbres fruitiers , foie à pépin ^ 
foit à noyau ^ le fruit noue foit au bouc des 
branches , foit dans le milieu , & mûrit s'il 
ne furvient point d'accident. Pour que lapê- 
che au contraire tienne Se mûrifTe , il faut 
qu'il y ait à côté ou au-delTus une branche 
à bois à laquelle elle foit attachée , comme 
d fa mère nourrice. S'il arrive que fans elle 
une pèche groflifle, elle tombe ordinairement 
avant fà maturité. Quelquefois un Jardinier 
s*avife de couper la mère nourrice du fruit 
après que la Heur a noué ^ ou féduit par le 
brillant éclat des branches qui ont des toupil- 
lons de fleurs entaffées les unes fur les autres 
fans boutons â bois , il taille fur ces branches : 
les pèches alors avortent ou tombent toutes 
grofles. 

Nous n'avons point d'arbres fruitiers aùffi 
féconds que le pécher. 11 eft étonnant qu'il 
ptritTe fournir à toutes les perres qu'il fait 
par le retranchement des braoches dont on 
le décharge à la taille , Se de celles qu'on lui 
6re lors de réboiirgeonnement. Il ne Teft pas 
inpitis qu'il fuffife à la prodigieufe quantité 



Dv Xaudikage* 119 

de fes fruits pefans fc très- aqueux. On voit 
des pêchers à Montreuil Qui produifent un 
millier de pèches coûtes fort groiTes , fànt 
que Tannée fui van te ils feient cpnifés. £)u« 
rant l'été j il s'extravafe quantité de gomme 
de plufieurs de leurs branches ; leur verdure 
n*eft point altérée » quoiqu'ils foietK appliqués 
contre un mur à la merci des rayonst brûlans 
du foleil ^ qui les pompent & les defféchenc 
cpnrinaellement. Toutes ces chpfes prouvent 
Vabondance excefljve de leur fève* 

Le pécher eft plus difficile à conduire que 

les autres arbres. C'eQ: un étranger qui con« 

ferve parmi nous une forte de férocité qui 

le tend peu traitable , furtout quand il eft 

gouverne par des gens qui n'ont point étudié 

fon goût , fon caraâere , fes penchans ni fes 

vices. Les naturels du pays réfiftent mieux â un 

traitement qui en peu d'années oiufe in« 

failliblement la perte du pécher. On peut 

iHen gouverner ceux-là , fans être au fait de 

celui-ci. Quiconque au contraire excelle à 

diriger le pécher , réuffira aux autres ; avec 

le fecours d'une bonne judiciaire , il variera 

fa méthode , fuifant la différence dé la poufle 

& de l'aâion de la fève. 

Bien des pratiques font communes à tous 
les arbres , telles que la préparation de la 
terre avant là pîan ration , la difpofitièh des 
racines , les précautions fages qu'exige leur 
jeunefle , de les divers foins fui vant^ tes fai- 
fonSé L'alongement ^es branches i|4a taille 



i,io La Pratiqué 

des gourmands., le rapprochement & la fa« 
çon de concentrer le pêcher en lui - mcme, 
font des exceptions dont .je ferai mention. Se 
qui ne conviennent aux autres arbres que dans 
certaines circonftances. J*ajoute que le pêcher 
eft d'une telle fujettion » qu'une feule maa- 
vaife taille, un cbourgeonnement défeâueax^ 
le défaut mên?e de direâion d^s premières 
poufTes après fa plantation , décident de fon 
fort. Auiiî fa deftinée » entre les mains des 
Jardiniers ordinaires , eft de périr prompte- 
ment après avoir donné méaiocrement de 
fruits. Sa déiicateiTe s'habitue difficilement i 
nos terres franches. Dans les unes il fcche , 
fes branches meurent Tune après lautre. Ces 
fruits, quoique bons ,. font petits & rares. 
Dans les autres il pou (Te extrêmement eii. 
bois, on a beaucoup de peipe à le retenir » 
fes fruits agréables aux yeux font dénués de: 
cette eau Xuave ôc de ce parfum qui en font 
l'excellence. Dans de certaines terres , il ne 
leaffit guère mieux -y les brouillards , les mau-, 
vais vents j les gelées tardives, les pucerons, 
la gomme accélèrent fa fin. 

On dit ordinairement que notre climat ne 
convient pas au pêcher , & qu'au bout d une^ 
quinzaine d années fa fin arrive. Il y a mêoie 
des jardins où Ton le renouvelle tous les fept 
ou huit ans* Il efl Vfai qu'il parvient rarement: 
à la vieillefTe comme les autres arbres \ mais 
il ne. faut attribuer fon peu de durée ni à 
fa nature ;i ni à la terre ,..iu au cUmajUi;.Sa, 



vie eft entre nos mains ^ elle dépend de notre 
travail & de notre induftrie. J'avance hardi- 
ment qu'un pécher bien gouverne doit durer 
nn fiecle. Il y en a à Montreuii qui ont plu» 
de foixante ans , qui rapportent cinq à fix 
cens pêches > &ç qui dureront autant. On voit 
a Bagnoiet des arbres peu éloignés d'un fie- 
cle y quoiqu'ils ayent palTé par les mains de 
diâerens Jardiniers. 



CHAPITRE IL 

De la greffe du Pêcher. 

I lE pfecher fe greffe a œil dormant fur 
fauvageon, c*eft-à-dire fur un arbre venu 
d une bouture , d'un rejetton , ou d'un noyau j^ 
ou fur un arbre greffe d'un fruit à noyau 
qui lui eft analogue. Quand il vient d'un 
noyau de pêche fans êtregreffiê, il refte pê- 
cher , & rapporte des fruits tels que ceux 
de vignes & de Corbeil. Les arbres , foit 
fauvageons , foit greffés , qui conviennent le 
)lus au pêcher , font l'amandier , lé prunier , 
'abricotier , le pêcher venu de noyau & ce- 
ux qu'on veut changer de greffe. Jufquici 
on a cru que les pêchers fur amandier réut- 
fiiloient mieux dans les terres légères que le 



1 



tit L A P RATIQ V 1 

prunier , & qu au contraire ceux entés fur pnr 
nier faifoient mieux dans les terrei fortes* 
La raifon qu'on en apporte eft que le&tiva* 
geon de l'amandier fe nourriflant de pea & 
ne poûfTant prefque point de chevelu qui 
pompe & fuce fans cefle , n'a pas tant be- 
foin de fucs ni d'une terre (i fubftancieile , 
au « lieu que ie premier étant un arbre de 
plus longue durée , a peu de grofles racines ; 
mais quantité de moyennes & de petites qui 
exigent plus de noutriTurCi Je m'embartalTe 
peu dé la diftindîon des terres fortes ou lé- 
gères , de celles qui ont du fond , d'avec 
celles qui n'en ont pas, &' j'ai toujours pré- 
féré de-^pfinter fur amandier dans quelque 
t€;rrein que ce foit. 

La greffe eft une opération effentielle. On 
ne connoiiToit autrefois que. les pèches de 
Corbeil , & il n y a pas plus d'un fiecfe qu'on 
s'eft avifé de greffer j j'ai dit que c'eft Mon- 
treuil & ks çnvirons qui ont tiré le pécher 
de fon état obfcur j en le greffant de le pla- 
çant avantageufement , afin de lui- faire rap- 
porter de plus beaux & de meilleurs fruits. 

Les pépiniériftes, fans attendre que leurs 
fauvageons ayent une greffe ur convenable ,. 
les greffent dans le tronc même> au moyen 
^e quoi on eft fort embarraffé pour lés plan- 
ter. Si on les enfonce en terre , teU qji'ils 
dpivent être > la greffe eft enterrée ; n ' en 
' les plante en fuperficie , leurs racines bru-* 
lent. Dans le cas où l'on feroit obligé de 



r 



1^ tr ^ jARD1HAél« IZ^ 

tlanter de tels arbres, on n'auroic âu'à les 
»oter {afqu'â ce que toute la maflTe fôt def* 
? cendae. Les Chartreux grétfenr ordinaire- 
ment leurs fauvageons à fix ou fept pouces 
au-defifus de la terre , lotfqu'ils en ont 'deux - 
ou trois ; au lieu de rebotter ceux qa ils ne 
vendent pas » ils greffent un nouveau fruit' 
fur la greffe , qui a pouflTé Tannée précédente ;■ 
; ainfi , les arbres reftent deux années de plus en 

f'iace ,' & forment ce qu'on appelle franc fur' 
ranc. J'en ai plantés d'une grofleur brodr- 
gieufe , avec des racines immenfes , ôc-là quT 
je laiflois des tcres de vieux bois j qui tn^ont 
donné des fruits Tannée même , & qui à la 
troifieme poulïe avoient vingt- cinq pieds d*é-' 

[ tendue. 

Dans les pépinières , on greffe le pécher 
trop tôt fur de maigres ou fur de mauvais^. 
fujets , fur des amandiers. d*un an , ou fifi? 

j des pruniers trop fluets. L'expérience démon- 
tre que fur un fauvageon quin'eft point dune 
gro(leur formée , la tige ne prendra que fore 
peu de corps durant toute là vie du pêcher. 
La greffe s*y trouve communément du dou- 
ble de la groffeur de la tige qui refte maigre 
& rabougrie. De là vient ce caliis ou ce grosf 
bourrelet fi difforme à quantité de pêchers 
vers Tcndroit de la greffe. La Quinrinye liê 
veut pas qu'on en plante venant de la pépi- 
nière , qui n'ayent par le bas un pouce de 
diamètre , miand ce font des nains , & dix- 
huit lignes qtiand ce font des tiges ou des 



114 L^ PHATIQUP 

demi-tiges. Il y a en efFet double profit pour 
la vigueur , la fatité dç l'arbre , fon prompt 
rapport & fa durée , pour l'abondance de 
fes fruits & leur bonté. Le choix des pépi- 
nières n eft pas indifFérent. On doit toujours . 
préférer à celles qui font fumées, tertotces 
ou d'excellente terre j les pépinières maigres 
& légères , telles que celles de Vitry. 

Lorfqu on tranfpîantera les arbces au loin , 
on aura foin de bien couvrir leurs racines 
avec des herbages frais & abondans en fève , 
& de mettre par-deflus ce premier lit , quel- 
qu'onftueux qui ne s'évapore pas aifëmenr , 
tel que du fumier gras & bien confommé , 
recouvert de mouiFe & cfnveioppé dans une 
toile cirée. De tems à autre on les hu- 
medera^ en jettant de Teau deflus. Arrivé^ 
à leur deftination , ces végétaux doivent auffi- 
tôt être plongés durant vingt -quatre heures, 
dans une marre d'eau de f^iimier , ou dans 
,quelqu*eau bourbeufe , pour que fes par- 
ticules développent leur huâiide radical. Les 
plantes délicates feront dépofées dans du fu- 
mier un peu moite » médiocrement chaud » 
ou dans du terreau humide. Enfin » (î on 
mettoit à couvert les plantes robuiles durant 
une journée , après les avoir arrofées , & en- 
fuite dans un ruifTeau ou dans un baquet 
d*eau , je penfe qu'il en réchaperoit un grand 
nombre. -« 

Il eft aifé de fe ménager une péjpiniere. On 
dreiTe un canton ^ & de trois pieds en trois 



DU Jardinage. iic 

pieds on y mec , au primeras , à trois pou-» 
ces de profondeur des amandes qu'on a fait 
germer à la cave dans du fable \ à me- 
fure que les amandiers font en état d'être 
greffés , on les écuffbnne \ & lorfqu'on veut 
\t% planter , on les lève en motte & on les 
mec en place. Dans une pépinière ou il n'y 
a que des fauvageons nains , je plante au mi« 
lieu des rangées à (ix pieds de tout feus , un 
arbre greffé de Tefpèce qui me convient. Fort 
& vigoureux , tel que je le fuj^ofe , il ne 
manque pas de fiûre des poulies très -^ alon* 
gées. Alors^ , je greffe en approche tous ces 
bons bois au printems fur autant de ccfs fau« 
vageons , qui font en érat d'être greffés , & 
fur lefquels ces rameaux peuvent s'étendre. 

Quand on a des arbres ^eux ou caducs i 
on place , entre deux dans le printems » une 
amande qu'on aura mis germer dès le mois 
de Novembre pour la greffer enfuite , fouvent 
dans l'année même. Cette façon de regarnir 
fes efpaliers eft très-bonne : lorfqu'une fois 
ces ari>res ont pris , ils font d^une très-lon- 
gue durée , pourvu qu'ils foient fécondés & 
conduits avec intelligence. Je fuppofe qu'on 
a auparavant fondé la terre , & qu'on la dé- 
foncée. Un fauvageon de prunier peut aufli 
être greffé en place , s'il eft bien vif & fuffi- 
famment fort. 

L'affemblage de différentes greffes fur un 
même fujet , réufCt rarement : la dominante 
l'emporte toujours fur la plus foible. Je ne 



I 



ttt La Prat iqv $ 

iache qu'une occafion où l'on puide y con* 
ierver plufieurs greffes. Vous avez des ar- 
fcres fort vieux , dont les fruits ne vous con- 
viennent point , foit parce qu'ils ne font pas 
exceilens » foit parce qu il y en a trop de la 
même efpèce. Ces arbres poufTeht de leurs 
foucbes des branches gourmandes , qui vien* 
nent du fauvageon. On les greffe ^ la même 
année , & on projette de les renouveller fut ' 
ce rejetton greffé » en obfervant de ne ^ 
les fapper coût d'un coup > de peur de £are 
À la fois fur une vieille fouche des plaies & 
tropnombreufes & trop confidérables ; mais 
id'année en année d'abattre fucceflîvement des 
branches. 

*. Quand on voit que la fève efl: trop abandante 
15^ que rëculTon gromt » au point qu'il y a lieu de 
craindre qu'elle ne foie noyée , il faut couper pai 
derrière la laine & Técorce , jufqu'au bois » à quatre 
ou cinq pouces au-deflbtts de tcnàsoh ou eft placé 
l'écuflbn par-devant. 



%jf 



©U JaRI^I NAOt. «ly 



=r 



CHAPITRE III. 

Des terres propres au Fêcker ^ 
des moyens de corriger celles qui 
ne lui conviennent point. 

JL/'ApRés des obferyations certaines » |e 
penfe que les arbres & les plantes fe ooar<* 
rident des fucs de la terre » non pat voie 
de broyement \ mais d*abord par voie de 
pompement , enfuite de circularion de la 
levé ^ & enfin d'élafticicé des parties organi* 
ques y qui préparent les parties fpifitueufest 
de cette mênie fève. Ce pompement eft fondé 
fur ce que toutes les racines des plantes fonc 
ouvertes pac lears extrémités ; & qu'elles dé- 
génèrent en pointes arrondies , ati bout des- 
quelles eft un petit trou femblable â celui 
qui paroît dans chaque graine , & par le* 
quel la fubftance des fucs de la terre y eft: 
reçue. Telles qu'une éponge qui de plate 
qu'elle eft » groffit dans l'eau , en rece- 
vant par fes pores les parties liauides qui 
les imbibent ic les font gonSer ; les racines 
dun arbre déplanté depuis quelques jours » 
plates» féches, rentrées eti elles*mèmes, ie 
dilatent fie rendent Teau » quand oo les prefla 



n 



Xit La pKATïQtJi 

fortement , après un certain féjour qu elles y 
ont fait. 

Il eft allez inutile de s'étendre fur la rtc- 
ceffité d*ufl "bon. fonds de terre , pour tous les 
arbres généralement. Je dirai quel eft le meil- 
leur pour le pêcher., en traitant de fa plan- 
tation aduel le. J'ajouterai feulement - ici en 
faveur des perfonnes qui veulent planter en 
toutes (brtes de terres , que le pêcher fe plaît 
furtout dans celle qui étant douce , médio- 
crement grafle , Se un peu fabloncufe , tient 
le milieu entre les terres fortes , & lès terres 
légères- On peut corriger le vice de celles 
qui ne font- pas conformes au goût de cet 
-atbrè.^'- ■-•."■'" 

Une terre , quelqu'excellente qu'elle puifle 
être , dégénère à mefure qu'elle eft défoncée. 
Il y a ordinairement un premier lit , qui à 
raifon des pluies , des influences de Pair^ de 
.des engrais à des qualités plus avantagen-» 
- fes. A un pied ou deux , on trouve un lit 
de couleur ' moins foncée & rude au tou- 
Jcher. A celui-ci en fuccede un troifieme , 
dont la terre eft jaunâtre , rouffâtre , blan- 
châtre , fabloneufe , cendreufe, & enfin ar- 
rive le tuf , la craie i la pierre , la grou. 

Si |a terre ne vaut rien , il . faut en for- 
-mer une , qui approche de celle dont je viens 
de patler. Eft-elle trop grafle , il faut l'allé- 
ger j quant aux maigres & aux légères on 
le&retxtonte pour leur donner du corps. A 
l'égard des terres bttmid<^$ 8c froides , je les 

defléçhe. 



2> V J A a D t M A p Bw I iy 

deilSche » & je leur fubfticae de quoi tes ra* 
nimer ; enfin , je fais enforte de diminuer la 
grande ardeur des fables brulans » en leur 
procurant une fraîcheur tempérée. 

Pour alléger les rerres trop gtaffes > Se 
atfbiblir leurs fuçs trop fubftancieis , je pro- 
pofe quatre moyens , qui m'ont également 
réuffi i favoir : - 

Les savons renverfés^ 

La cnarcée y 

Le fable > 

Les plâtras broyés 

Les avantages des, gaîons qu^ûne longue 
expérience ma fait connoîcre > me détermi^ 
tient à les confeilter pour en faire la bafe 
de toutes Jes plantations. Quand on les a 
levés & amenés au bord du trou , on les jette 
au fond , en mettant Therbe deflbus & la ra- 
cine deffiis. On les étend «enfuite & on fait 
plttfiëurs lits , jufqu à^la moitié du trou. Les 
gazons étant le fumier naturel de la terre , 6c 
fa produ&ion la plus ordinaire , m*opt paru 
d'autant plus propres à remonter la terre du 
pécher y que cQt arbre demande un fuc doux 
& bénin. Quand les extrémités des racines 
les ont atteints, elles s'accommodent parfai- 
tement de leuir fubftance friable. Ils durent 
dix, douze & quinze ans y fans être con- 
fommés tout-à-fait, & ne pouniflent que len- ^ 
tenaem. A mefure que les pluies & les nei-^_ 
ges humeârent la terre, ces gazons qui for- 
KDcnc couune une elpèce d'épongé y portent 



i}6 La Pratiqui 

avec eut une impreffion d'humidité douce , 
dui jointe à la chaleur des rayons du foléil, 
tait pafTer dans les racines de l'arbre ces fucs 
qu'ils contiennent. J'ai remarqué que quel- 
que fccherefle qu'il arrive , les arbres au 
pied defquels on a pratiqué de ces couches 
fourdes & fouterraines font toujours ver- 
doyans , & poulTent des jets vigoureux. 

La jauge ecant à moitié remplie de gazons » 
je mêle de la terre du delTus qui vient de la 
fouille , avec* un tiers de chaTtée ou de plâtras 
broyés que je bats , & quand le tout eft bîea 
mélange , je remplis le refte de la jauge & 
je plante. Cette cnarrée qui n'eft que de la 
cendre détrçmpée par la leflîve j renferme 
beaucoup de parties fpiritueufes , & eft très- 

fropre à tendre légère une terre groflSere. Si 
on employoit delà cendre pure , elle brûle- 
roit lés racines , à moins qu'elle n'eût paflc 
l'hiver , expofée aux influences de 1 air. 

Le iâble Jiont je parle eft différent de ceux 
de rivière , Se des fables rouges & inferti- 
les. Il eft doux & léger, approchant de ce 
qu'on nomme fablon ; on le trouve dans des 
fond$ où les ravines l'ont entraîné , & le long 
dè$ cheniins & voiries qiii ibnt un peu en 
pente. 

Je méïahge les plâtras broyés , de ihcme 
que les ingrédiens dont je viens de parler. 
Quiconque fait les employer à propos , peut 
Être aflûré de fertilifer fes terres pour long- 
cems. Il faut commencer par les battre & les 



pftffer enfutce à k claie* On fait qt» I«i (ki^ 
petriers trouvent dans ces plaoras de quoi 
faire leur nicre, qui forme la poudre» ^ 
qu'ils en tirent une quantité coniidcipabt^ de 
iel cxtcèsnement coriroilf. On peut en infé^et 
qae ces plâtras bien broyés & fagement ài£* 
penses dnitent remottcer «ne terre encore 
mieux que la marne dont on la coufte. U 
ne faudvoit pas en faire uËin daas celle qui 
feroit légère , brûUnce ou labloneufe. 

Inutiienienr pianreroit'-oci des pêchers dans 
des terres glaifeuiês & ârgilleu£es , il Foo 
fi*enipioyok les moyens convenables pour en 
adoucir & en corriger k roideur. U s'agit de 
les développer & de les émier , afin que leur 
farface ne ptéfente poinc de cromes dium , 
impénétrdiles aux rayons du £diieil Se ù,vëc 
pluies^ Je foppofe d ab^d qœ la |aage cft i 
moitié remplie de gazons renverféî. Si tonee 
la terr« eft graffe , fone &: de même nattire » 
fe fais écrouter » pour la teoyplaicast , celle des 
graods chemins Se des voiiriie5« Il eft des 
cours de fermiers dans lefqudles les ans* 
maax (mt dépofé depuis ua tems j«»ne«no- 
ml 4les efigrais lavés & détrempés > & dont 
les 610S t>ra été âvant^igeafemenc développes 
par 'les plaies , ks n^ge^ & l^ ^lées. Les 
coars des particuliers contiennent de très- 
boimes terres pnov^ena^tes de balayures , de 
vannmtes de grains & autres engrais femr^ 
blabies. Dans les-catreéoairs , les raes 9c les 
flzCQs v«gue$ des ViAUges ^ pa tcouve des 

l ij 



i)Z L A Pu AT I Q xr E 

immondices confon^ées & pourries. Après 
les avoir fondées» je les faispaffer â la claie 
& enlever. 

Au défaut de ces expédiens , j'ai recours 
aux terres de prés 6c de marres » au fumier 
des chevaux & des beftiaux que je mecs pour- 
rir dans un grand trou où je fais tomber 
toutes les eaux voifines. Quand il s'agit de 
.remplir ma jauge ^ je me fers de ces diffé- 
rentes, terres y Se i leur défaut je mêle moi- 
tié fumier réduit en terreau avec ma terre 
argilleufe , & je les broyé bien enfemble. 
Quant à ce dernier engrais , je ibis obli- 
gé d'y recourir tous les trois , quatre ou cinq 
ans , félon que ma terre reprend plus ou 
,moins fon ancienne roideur. Ain(î dans un 
.fol jugé impropre au pécher » viennent des 
arbres admirables , Se des fruits au0î abon- 
dans qu'excellens. 

A regard des terres maigres & légères » il 
faut leur donner de la faveur & de la fécoR- 
.dité , fuppléer à la nature > donner un corps 
â ce qui n'en a point. Par-defTus les gazons 
j'emploie les terres de ruiffeaux , & les dé- 
pots faits par les ravines dans des fondrières 
où les fucs des termes voifines ont été en- 
traînés. Je fais aufli un amas de fiente de 
vache, que je laiife pourrir , 6c je mêle 
le tout par moitié avec ma terre maigre. Il 
eft très-à propos , dans ces fortes de terreins, 
d'arrofer les pêchers avec un . feau d'eau de 
I fumier tous les ans au printems > ou dans le 



BU Jardikaoi; iji 

courant de Vété. Cet arrofement qui les tient 
frais , les fait poufler & produire comme dans 
les meilleures terres. 

Il s*agit de deifécher Ôc d'échauffer celle« 
qui font humides & froides : voici comme je 
m'y prends. Dans ma jauge , je mecs des plâ- 
tras Ôc des démolitions à la hauteur a un 
pied y j*en excepte les pierres à plâtre ou à 
chaux , les moellons tendres « les recoupes 
qui fe mettent en bouillie dans Thumidité. 
Par-deflus je fais placer les pkisgroflTes pier- 
res en forme de parpins , en obfervant qu elles 
ne fe joignent pas exàâement pour faciliter 
1 écoulement des eaux. Sur cette efpcce de 
pierréè ou de puifart » j'établis un lit de ga- 
zon d'un pied également de hauteur : ce 
gazon renverfé , que je piétine , fe con- 
fomme , 6c fert à liaifonner les pierres. Ref- 
tent deux pieds de remplifikge pour com- 
bler ma jauge. J'ai recours à Ta charrée in- 
corporée avec la terre du delTus , ou à des 
feuilles pourries & confommées , ou à la pou- 
drette. Je mêle ces engrais jufqu'à la con- 
currence d'un tiers > avec ma terre humide 
& froide. Ils font excellens lorfqu'ils font ré- 
duits en terreau, qui devient très-maniable ,' 
Se dont la qualité eft chaude. On peut auffi 
employer les terres d'égoût , pourvu qu elles 
ayent été cuites &c digérées au moins durant 
un an au foleil ^ aux pluies & aux gelées. Au' 
défaut de toutes ces chofes , on uiera de fu* 
mier bien confommé > de cheval » de mu- 

liij 



Ut , d'âne a dç crouîn 4e rooito» y excepté 
4e fiçm? 4^ pigeon qui Ce pâlotte , fe met en 
bouillie , s'empuantit & eft nc$ - pernicieufe 
aux acbces po^r plu$ 4 une raijQ^n. 

Dwx «îQyens dont j'ai fait ufa^ avec fuc- 
cès t peuvent fuppléer au défoncement. Le 
premie^f dont la dépenfe eft à^peu-prcs égaie , 
confifte à charger h terre le long dts efpa- 
liers j & d'en former une forte de terraffe 
élevée de deux pieds. Pour la foutènir on 
conftruit un petit mur à joi;its apparens , ou 
un talus garni par le bas de gazon bien battu. 
Cette terraiTe doit avoir au moins fix * pieds 
d'étendue > & peut former une coftiére pour 
avoir des primeurs , ou pour conferver dans 
l'hiver quantité de plantes délicates. Le fé- 
cond expédient moins difpçndieux , eft de 
donner du devers aux arbres , 5c de les placer 
fort loio du mur > à dou^e pieds de diftance 
les uns des autres , en les tirant au cordeau. 
On choifira , pour cette plantation , des ar- 
bres greffés fort haut , & un peu cambrés. 
La muraille fait , à lent égard « le même 
ejffet » que te penchant d'une colline qui ne 
les empêche ni de venir , ni de produire. Les 
racines cambrées qui s'étendrofut alors hori- 
zontalement fuifironc feules à la nourriture de 
l'arbre. Je ne difconviens point que les fc- 
cberefles ne foient défavorables à des arbres 
ainfi plantés, mais on peut y fuppléer par 
des b^ns > & y verfer de Teau au befoin. 

Cptte plantation exige Juae précaution et 



j>v Jardihagi. s5| 

|£bntielle y c'eft de la fumer abondamment 
[tous les trois ans. Vers la ToulTaint, on dé* 
chauffe les arbres , & on jette autour le fu- 
mier. Les neiges & les pluies le détrempent , 
[ & en font paUer le jus aux racines j lors du 
printems on ne craint point qu'il les brûle , 
Se on l'enfouit en labourant. 

Les fables brûlàns dans lefquels les mau-» 
vaifes herbes nofent éclorre, doivent être 
traités de même que les terres maigres » 
féches 6c légères. Les arrofemens y feront em- 
ployés fréquetnment durant l'été j & de peut 
que le foleil ce pénétre jufqu'aux racines , 
j'étends fix pouces 4^ fumier fur la fuper- 
âcie de la terre à un pied autour de la tige 
des arbref. L'afpedfc peut en être défagréable, 
je ne crois pas qu'on lui préfère la vue d'ar- 
bres brûlés y qui meurent & ne rapportent 
rien. On ôte ce fumier l'hiver pour le renou- 
veller tous les ans au printems. 

Sans fonder la terre» il eft aifé de con- 
noître» Ci elle eft mauvaife, à la pâleur , la jau- 
nifTe , la pouffe maigre & fluetre des arbres , 
la petitefle & le défaut de faveur de leurs 
fruits, leur chute &ç celle des feuilles, aux 
bouts dé leurs branches qui fe brûlent y 
à la précipitation avec laquelle l'écorce s'aoute 
avant que les rameaux ayent atteint leur grof- 
feur ordinaire ; enfiii , à tout leur extérieur 
qui languit , dépérit Se rechigne y Se dont 
les branches meurent jfucçeiGvement. Quel- 
quefois auflS les arbres y quoiqu'en lionne 

liv 



^iS La Pratique 

terre ) font fujecs à des dérangemens <Ie fanté» 
lorfqu elle s c^uife & fe croave dépourvue de 
fucs : alors on la remonte conformément à 
ce que j'ai indiqué ci-deflus. 

Je me comporte différemment à l'égard des 
vieux arbres , que des jeunes qui fe trouvent 
dans un mauvais fond. Si ceux-ci peuvent fe 
lever en motte , pour être remis en place , 
quand le vice de la terre aura été réformé ; 
c eft le parti que je prends j à Tégard des pê- 
chers greffés iiiï pruniers » qui ont beaucoup 
plus de chevelu & de racines mpyennes que 
ceux fur amandier^ 3'ils font anciens & dé« 
crépits, on fait uft trou entre -deux pour 
irenouvellçr I efpalier. Mais fî ce font des ar- 
br^ de douze a quinze ans , qui en vaillent 
ia peine , je les rouille durant l'automne de 
quatre pieds en tout fens & avec beaucoup 
de précautions , pour ne couper aucunes ra- 
cines s^ je mets à part les terres du defibus y 
$c celles du fond. Quand je les ai bien dé- 
gagées, je fappe çn-deflTous l'arbre , laiflànc 
une motte au pied , &r je creufe autant qu'il 
m'eft poflîble. Les racines qui m'empêchent 
de travailler font retrouffees ou attachées â 
une vpifîne avec un ofier^ Dans les entre- 
deux , où la bêche ni la pioche ne peuvent 
aller , je me fers de la houlette » & ave<: la 
main j'enlève le mauvais fond de terre à la 

Erofbudeur de trois ou quatre pieds jufqu'au 
eut des racines ; je coule à fa place la terro 
d^ defTus , & avcQ la mm^ fimt^m de k 



DU Jaupinags; 137 

miette dans les cavités entre les racines re- 
mifes â leur place. 

Lorfdu'elles font recouvertes de ce premier 
lit i je fais mettre un lit de fumier bien con- 
fommé , & par-de(ïus fix pouces de bonne 
terre alternativement, que je bats enfemblê 
en defcendant dans la jauge jufqu'à ce qu'elle 
foît entièrement comblée. Plufieurs féaux 
d'eau jettes enfui te achèvent de liaifonner le 
tout enfemblê. Des arbres ainfi traités font 
plus hâtifs que leurs voifins , &c pouflTent aa 
printems des jets merveilleux. Je les foulage 
alors en les déchargeant amplement de bois 
& les taillant court. J'ai employé cet expé- 
dient dans le tuf y & dans la grou , & je l'ai 
exécuté avec autant de fuccès à l'égard des 
arbres, qui jauni(rent& ceflent de rapporter. 
Quelquefois des veines de terre dénuées de 
ftics affez fubftanciels périffent , & ceflent de 
leur fournir les mêmes alimens. L*ufage eft 
d'arracher ces arbres : s'ils font bons d'ailleurs 
& vigoureux , j'eftime qu'on doit prendre la* 
peine de les panfer & de les rétablir de la 
même façon. 



i}$ La Pkatiqvi 

' mmÊÊmÊmmimÊmtmmmÊimmmamÊmm^tmm:r-'^mmmmmÊitmmimmmtmÊmmmmmmÊÊmm mmm 

n I ' '|' !J HA. ' '■ . . ' ■ ' 

CHAPITRE IV. 

De la plantation des arbres fruitiers. 

1 L eft efTentiel de ne plaater aucun arbre , 
qu'on n'ait aup^rvant défoncé la terre de 
Quatre pieds en tout fens , quelqu afliiré qu'on 
ioit de fa bonté. Ces quatre pieds font éga- 
^ lemenr néceffaires aux pêchers nains , & à 
ceux de tige , pour rendre la terre douce 9 
meuble, friable & pénétrable jufqu à cette pro- 
fondeur aux inâuences d'en-haut y & à l'air 
auffî edèntiel aux végétaux que la refpiration 
aux animaux. Une des raifons pour tefquel- 
les ils languirent au bout de quelques an- 
nées , eft le défaut de fouille nece(Iaire dans 
Ats terres fouvent fcellées & ufées. Elles cef- 
fent d'être meubles à la profondeur de dix- 
huit pouces. Or , les filets qui fe forment 
aux racines, & qui font extrêmement tendres 
& faciles à être offenfés , percent très-diffici- 
lement une terre compade, lorfqulls eflayent 
d'en piquer le fond. De plus , les humidités 
ne peuvent pénétrer cette efpèce de plancher 
fur lequel les racines ne font plus que s'é- 
tendre furtout le^ long des murs des efpa- 
liers : ou fi elles y parviennnent » elles y fc- 



journent , chanciflem les racines & les pom^ 
rifrent ; bientôt larbre jaunit & dépérir, 

Perfonne n'ignore que durant ks chaleurs 
dévorantes , & tant que foufBent les vents 
deflcchans , tout rhujnide des plantes eft enc- 
lave , il fe fait fuc la terre une croûte dure, 
ù\e fe gerce Se Ce fend , les plantes fouffrenc 
prodigieufement de rattradion de la part de 
lair & du pompement du foleil. 11 faut alors 
que les racines puifTent fournir un humide 
au moins équivalent à cette tranfpiration. 
Quand donc la terre a été une fois efFon* 
drce , les racines font en état d'envoyer fuf- 
fifamment à la plante de quoi fournir a l'éva- 
poration , & elle n'eft pas incomtpodée des 
grandes féchereffes^ le baie ne pénétrant point 
^ufS avant en terre que la fouille. 

Il n'y a point de terre qui ne foit pierreu- 
fe : ces pierres font des remparts impénétra-- 
blés aux racines naiflTantes , qui les rencon»- 
trent. On les trouve en fouillant & on les 
ote. Le long d'un efp^lier , dont le mur avoic 
une retraite de plus d'un pied d'épaiiTeur à 
trois pieds de has^ j'ai fait planter des ai* 
bres de dix -huit pouces en avant dans la 
plate-bande , en les cambrant par la têce , afin 
que les racines ne puffent rencontrer les pier- 
res^ & que la icte approchât du mur , en ob- 
fervant de leur laiffer.pius de longueur de 
tige. Une excellente pratique eft de palTer 
À la claie toute la terre du trou & de la tran« 



I40 La Pratiqui 

chée, lorfqu'elle a les conditions ^requifes 
pour le pécher. 

Les terres des efpaliers expofés furtout au 
midi & au couchant , font extrêmement rem- 
plies d'œufs d'infeÂes , qui rongent les ra^ 
cines & la verdure. £n les défonçant, on dé- 
truit tous ces ennemis : les humidités & les 
gelées jointes aux labours achèvent de les 
faire périr. 

C'eft mal planter que de mettre un arbre i 
la place d'un autre qui eft mort , fans changer 
auparavant toute la terre du trou. Rien de 
plus rare que de voir un pêcher prendre vie 
dans la même place où un autre a perdu la 
fienne , quand il a été recouvert de la même 
terre. En conféquence , je n'ai jamais planté 
fans avoir rempli le trou de mes arbres de 
celle de la fuperfîcie prife à trois ou quatre 
pieds , terre imprégnée du nitre de Tair , 
cuite & digérée par le foleil & les influences 
bénignes d'en-haut : je fais enfuite joncher à 
fa place celle du trou , qui ne peut envoyer 
qu'une fève ctue , incapable de rendre les 
arbres féconds , 6c qui avec le fecours des in- 
fluences du Ciel & des vents deviendra terre 
neuve. Si vous faites la fouille en automne, 
pour ne planter qu'au printems , vous pouvez 
vous contenter de répandre la terre pour la 
laiflèr hiverner , ainfi que le trou. 

Je vais plus loin , je prétends qu'il ne faut 
point planter un arbre à la place d'un autre 



DU Jardikagi. 141 

arraché , quoique vivant , fans renouveller 
aufli la terre > & fans enlever toutes les racines 
de celui qu'on ôte. On conçoit aifément que 
la rerre- ayant été épuifée pour la nourriture 
de Tarbre précédent a befoin d*ètre remontée , 
& que dans un fol occupé par un végétal , la 
même efpèce réuflit rarement , fi Ion ne le 
change ou fi Ton ne le laifTe repofer. Cette ré- 
gie ne foufFce d exception que dans le cas 
d'une terre extrêmement féconde ou abondam- 
ment fumée. Enfin y les racines de l'arbre dé* 
planté , étant encore en terre , y reftent du 
tems fans fe pourrir, & ne le feront point 
Quand le nouvel hôte du jardin étendra les 
hennés , que leur rencontre cmpcchefra de 
pouffer. 

On obfervera encore , avant que de plan- 
ter le pécher , de l'éloigner des plantes vora« 
ces , qui efFrittent & mangent la terre , & 
& doter.foigneufementles racines de chien* 
dent , & de toutes les hetbes qui font des 
traînaffes » ainfî que les refettons des arbres 
voi(ins 'y le Jardinier qui fe contente de les 
enlever de la fuperficie de la terre > les voie 
fans ceffe repouSèr. 

Ceft affèz Tufage de planter entre deux pê- 
chers des vignes j qui couvrent la muraille 
jufqu à ce qu'ils foient affez grands' pour la 
tapiffer eux-mêmes : on élague enfuite ces 
vignes » 8c on pratique le lon^ du chaperon 
un cordon qui donne de très-beau raidn. Je 
çondj^mne cet ufage ^ £c je dis i^e pour vou- 



1 

hk trop âToir on n*a rîen , ôu ptefqutt riefl* 
Le pèc&ec ne veut point de yotââ , c*eft un 
mifancrope^ s'il eft periciis de s^etprimer akifi. 
D'aillears , ces vignes par letit làtge fit ép^is 
femUoge , forment ane efpèce d'auvent pac- 
dedus Tarbre aaquel elles raviffènt les pluies 
Se les rofées de la nuit , lui donnent de Tontibre 
& empêchent ce renouvèlletnent d'air , qui 
fert n^erveiileufement à fa «efpitation. Les 
gouttières qu elles occafionntent fuir les bran- 
ches & fur les fruits du pécher-, lors des grân^- 
des averfes , cavent & carient fes blelTures 6c 
fes cicatrices > & font Suer la gomme de tous 
les côtés. ?e n'ai jamais vû cet arbre réuffir à 
dés pîghons trà il y a des égoâts. De plus , 
les racines des vignes extrêmement voraces 
l'ailateent » fe mêlent avec kt fietmes Se fe 
eroîfent dans peu de tems. Je n^approûve pas 
davantage lels vignes eà cdntr'efpalier ^ <}ue 
celles appli^pftées au mur ^ à «noins que les 
plate-bandes ne foient fort larges ^ Se que les 
vignes ne foient plantées enivre lé) arbres , & 
& non en tate. Oa allègue , eft ïeut faveur , 
qu'elles parei>t l&s arbres des grandes ardeurs 
du foleil , & qu'elles tiennent la te*re fraî-^ 
che à leur pied. Le pèdlter s'a^cdïïunode peu 
de ces foins Cffficïewt ^ il eft j&loâx de jouit 
feul de tous fes droivs , Si des rayons du foleil 
fon brenfaiceur. L'ufiige de^ bons ouvriers de 
Montreml eft de iplâfcer effile teûrs pêchers , 
on poirier ou un pommic^t ^ à qui ils taif-^ 
^m Utne tète 9 Se d'çn xit&c, ce (Qu'ils |yeùveûl 



daratit quelques années en Vëasgosmi à mé»- 
fare qu6 graudiiTent les arbres qui ddivetic 
lefter eopucb» 

Il eft eflèndel avanc la pkntatiori de vifî<- 
ter la cigede fon arbre. Si elle eft nonettfe^ 
remplie de bleiTures , de calas ^ de froilTures» 
& que récorce au^lreu d'être cl^re & nette 
foie livide & noirâtre , il faut le rebuter. Sî 
au contraire ce ne font que de légères con*- 
tufions caufées par le tranfport , on y appli- 
que l'onguent de Saini-Fiacre j s'il y a quel- 
que chancre peu confidérable , il faut coupet 
1 ecorce noire , en ufant du même remède » èc 
mettre un tuteur à la tige tortueafe » qui peut 
être redreflce. 

A l'égard des racines > il eft une prépara- 
tion edentielle omife par lès plas habiles Jar^ 
diniérs , pour habiller ie Pècner Se le mettre 
en état d'être placé en wrre. 

i^. Sohder toutes tes racines , Se exami- 
ner s'il n'y en a point de mortes, de brifées, 
d'éclatées^ de rongées par les vers ou d'at- 
taquées de chancres. Dans tous ces cas ^ i( 
faut fupprimet celles qui font totalement 
défeâueufes , raccourcir celles qui font càfér 
fées ou fendues. A l'égard des racines en- 
dommagées par des plaies ou deà cotitufions 9 
& dont le retranchement fetoit tort à l'aïbf d 
on les guérira par longuent de Saintr-ÎÇlicre, 
précaution tellement effentielle » qu'^^chef 
a l'égard duquel on Taura etn|doyée , yiW;^ 



f 44 L^ PRATIQUI 

dra pttts vice en crois ans , qu'aq autre en Gx» 
z*. Ménager foigneufemenc les pivots» 
bien loin de les couper en-deflous près du 
tronc j fuivonc la pratique ordinaire des Jar- 
diniers. Il eft ioipoffible que toute plante pi- 
votante à qui l'on a fupprimé . fon pivot , 
croiiTe ôc fe fortifie , à moins que la pêne 
n'en foit réparée par un nouveau. Ceux qui 
ont étudié la Nature j ont vu qu'elle repro- 
duit un pivot , & fouvent plufieurs à nom- 
bre de plantes qui en ont été privées. Dans 
-les amandiers , par exemple y vous trouverez 
des racines plongeantes & pivotantes & non 
des latérales. Comme elles' font perpendicu- 
laires au tronc elles prennent .des mes plus 
abondans que celles qui font placées horizon* 
talement. J ai remarqué que les arbres frui- 
tiers qui pivotent ^ ont toujours rapporté les 
fruits les mieux nourris & les [dus fucculens, 
& que les plus vigoureux qu'on lève dans les 
pépinières font ceux qui ont des pivots. Âinfi 
fupprimer aux arbres leur pivot, c*eft dé- 
truire leur méchanifme & leur organifation. 
J ajoute que fi l'on fouille au bout de crois 
femaines à l'endroit de ces plaies confidéra- 
bles faites au tronc , on trouvera la^ terre en- 
tièrement trempée de l'écoulement de la fève. 
On verra le chanci prendre à ces plaies , & des 
infeétes picoter leurs lèvres , dont ils empê- 
chent la réunion. Par elles > de gros vers 
eptrçnt quelijuefoi^ dans le ttonç de l'arbre , 

& 



pw Jardin AGI. 14^ 

9c en moncanr toujours vers fa tige , Hs la iça<r 
rient au point qu'il mçurt» Ces obfervationt 
ne s*accorcleiît gpère avec le fentiment d*aa 
Naturalifte moderne, qui recommande dans 
fes écrits de retrancher le pivot des arbres, 8c 
de mutiler leurs racines. Suivant lui, on n9 
rifque rien en coupant , lors du labour , les 
racines du blé , de la vigne & des arbres ; ou 
leur rend même un grand fervice , parce qu9 
pour quelques fumoirs qu'on leur ôte, il s'en 
forme une foule d*autre$. 

5^. Planter les atbres avec toutes leurs 
i>onnes racines , quand elles auroient une 
aune de long ^ c'eft le moyen de leur faire 
poùflèr des jets vigoureux , dès la premier^ 
année » & de les voir tout formés à la fecon<» 
de. La règle générale eu; de ne rafraîchir 
le bout des raçmes que de Tépaifleur d'une 
ligne j en proportionnant la grandeur du troui 
leur longueur ; coupées dans l'endroit où elles 
font le pUis menues ; elles s'alongent ,en croif?- 
fant par la fuite , dans leur groUeur naturelle» 
Le contraire arrive , quand on les a ra^cour-*- 
cies dans Içur fort : il fe fait alors autour 
de la coupe un périt bourrelet environné de 
filers , qui deviennem jracinçs moyennes , 
mais jamais auiH gro0es qu'elles auroient du 
Tctre. Il m^eft arrivé de faire lever des ar- 
bres , foie pour en remplacer de défeâueux , 
foit à caufe de leur proximité : ces arbres 
que dans le tems j'avois plantés avec toure$ 
li^rs i:acines par voie de perpendicuUâté , 

K 



1 



t^ë La PuATiQtrl 

& fans fappcitner le pivot » les avoietic àlon* 
xgées jafqu'a cinq pieds de bas , & fit à fepc 
au pourtour. J'en ai vu un grand nombre 
qui en quatre ou cinq ans avoient des ra- 
cines de treize pieds de longueur. 

4^^ Ne toucher en aucune taççn au chevela. 
Il y a encre routes les racines un rapport des 
unes avec les autres , femblable à celui qui 
dans le corps humain fe trouve entre les vaif- 
féaux qui contiennent le fang , & les liqueurs 
néceflTaires à la nutrition & à TaccroifTenient. 
Les petites racines portent aux moyennes & 
aux grofTes les fucs de la terre les plus fins Se 
les plus déliés , ainfi Tordre eft totalement dé- 
rangé par la fuppreffion de ces mêmes filets. 
5 ^. Faire fa coupe par-deflTous , nette & 
, en bec de flûteé Cette maxime eft fondée 
fur ce que l'ouverture de la plaie faite â 
l'extrémité de la racine ^ fe referme plus aifé- 
ment , quand elle répond direébement à la 
terre fur laquelle elle pofe » que fi elle fe 
trouvoit en-deflTus ou fur le côté , comme la 
coupe ordinaire des branches. 

6q. Obferver la pofition des racines & une 
jufte proportion entr'elles. Tous les arbres 
ont plus ou moins de grofles racines efpa- 
cées autour du tronc ic entre- mêlées de moyen* 
nés. Quelquefois elles fe trouvent toutes du 
même c^cé. On plante un pêcher fuivant fon 
fens y & on a plus d'égard à la tête & à rem- 
placement de la greffe , qu'on n'en a pour la 
poûcion des r^tcines. Qu'arrive -t -il dfe-là J 



Xxnrfqae Tarbre pouffe , il produit du côté 
où Ion a laiffé plus de racines vigoareufes ^ 
<Jes jets trois fois plus forts que de l'autre» 
On ne voit dans tous les jardins que des p}# 
chers dont un côté a des membre^ vigoureux , 
tandis que Tautre ne profite point , dépérit 
au contraire & meurt infenfiblement. Telb 
eft une des. caufes de la courte durée de cet 
arbre parmi nous. 

Pour éviter cet inconvénient , j obferve en 
taillant mes racines , de diftribuer les fortes 
& les foibles dans une forte d'égalité. Si mon 
arbre ne le permet pas , & que toutes les 
groffes racines foient d'un côté , je le planti» 
de façon qu'elles fe trouvent en-devant ^ met- 
tant le long du mur la partie où, il y en ;| 
tnoin^. La pouffe alors fe fait par-devant » 
& en tirant mes branches de chaque côté , 
fans les mutiler , ni les écourter , je les dif- 
tribue de manière que Fathre eft également 
garni. Si c'eft un arbre nain , ou en plein 
vent, je place au midi le côté où il y a 
mc^ns de racines , pour le faire profiter da^ 
vantage. Il eft cerrain que de la diftribu-'* 
cion proportionnelle des racines , dépend celle 
des brandies que j'expliquerai dans la fuite. 
La raifon pour laquelle la fève fe porte avec 

{Ans d^bondançe du tronc dans le côté de 
'arbre qui a pliis de racines , ou de plus 
groiles , eft que les orifices des paSages de 
la fève font plus nombreux Se plus dilatés , 
&i}a'étant violemment poaffée par tant deo* 

Kij 



T^f La Pratique 

droits à la fois , & faifant fans ceile irruption^ 
elle ouvre de plas en plus ces paffages. Aiofi 
dans b corps humain , le fang fe porte avec 
plus d'abondance dans les parties où les vaif* 
feaux font plus dilatés. 

Ce que j'ai à dire de la plantation aâuelle 
des pêchers , concerne leur profondeur en 
terre & leur éloignement du mur , la pofîrion 
de la greffe j la diftance des arbres entr'eiix 
& leur hauteur. 

I®. Lorfque la fève eft arrêtée , faire lever 
Se déplanter les arbres , & jamais les arra- 
cher , terme qui ne doit s'appliquer qu'à une 
deftrudlipn totale. On a vu {Flanc. IL Jig. i.) 
le modèle d'une fourche très- commode, pour 
fouiller la terre & lever les arbres. Les Pé- 
pinieriftes ^ toujours prefles ^ au-lieu d'aller 
en fond pour avoir les racines , fe contentent 
de dégorger leurs arbres au pourtour du tronc , 
puis par fecouffès ils les arrachent ^^ éclatent 

^ Les arbres étant aufli près les ans des autres 

?[U*ils le font dans les pépinières , je conviens qa*il 
aut en facrifier plufieurs pour en lever un feul » 
ce qui va- au détriment du Pépinierifte. Mais qu'il 
les -vende le doï^ble , & qu'il ncn plante que la 
moitié dur fon terrein , cela ne revient-il pas au même \ 
Il y gagnera de plus amplement y au-lieu d*étrc douze 
^ à quinze ans à vuidcr fa pépinière » elle le fera en 
cinq ou fix, & fes arbres mis à .des diftanccs con- 
venables croîtront du double. Les Chartreux de Paris 
qui efpaccnt un peu plus leurs arbres veiidenc les 
nains quinze fous ; les demî-dges , vingt-cinq fous 3C 
les tiges trente fous. On fait quçl eft leur débit* 



2>tJ jAltDtNAGt. 149 

les racines , & en laitTent une bonne partie 
çn terre* Je penfe quon ne peut trop les nvfe- 
tiager en les déplantant » pour ne point faire 
tore aux racines. Des qu'on lesécourre, ileft 
impoifible de parvenir à une prompte jouif- 
fance; , 

2*. Planter plus avant le pécher dans les 
terres légères , que dans les fortes. Les ter- 
res fabloneules , par exemple , étant plutôt 
defféchées en fuperficie par le foleil , il eft 
clair que les racines feroient d'abord brûlées , 
fi elles n'étoient pas plus avant que dans les 
terrés grafles. Si on n'obfervoit pas le con- 
traire dans celles ci , les racines fe fentiroient 
difficilement des rayons vivifians du père de 
la Nature. Il faut obferver néanmoins que 
dans les unes comme dans les autres , le la- 
bour puiCTe fe faire fans ofFenfer les racines. 
} ^. Planter moins profondément le pêcher 
fur amandier que celui qui eft greffé fur pru- 
nier. Ceft un proverbe que l'amandier pi- 
que & que le prunier trace. Le oremiet 
pivotte ; fes racines plongent dans le fond 
de la terre : le fécond , au contraire , lès 
étend entre deux terres , en produit peu de 
grôfles , mais beaucoup de moyennes 8c de 
petites , avec un chevelu immenfe* En géné- 
ral, tout arbre ne doit jamais être plus pro- 
fondément en terre que depuis un pouce au- 
defliis du tronc , jufqu'à trois. M. Haies, 
{Stat. des Fcg. conclufion^p. î 09.) dit qu » il 
»» y a bien des arbres qui font ftériles , parce 
» K iij 



i^& La Phatiqù* 

» que leons raciae^ font à une ttof ff9tiM 
i> profondeur ^ & que par - conféquept elUi 
M font trop humides & trop éloîgm.es de Tac- 
« tion du fàleiL Ces arbres ne tirem donc 
4> ^u'arte fève crue , qui n*eft pas propre •a 
w tormer ie fruic , quoiqu'elle foit bonne pouf 
éà hourrit 6^ faire alimenter ie bois. 

4^. Daiis les certes humide^ , fpongieufe* 
fc argilleufcs » au -lieu de mettre dans 1^ 
fond les racines en plongeant , les placer 
de façon qu elles foienc touces horizontales* 
Quant à celles qui pivotent , les plier autant 
qu'elles peuvent le louffrir fans caflfer , & les 
eourber en genouilliere y en les faifant planer 
environ à un pied de bas , comme loriqu'oo 

Î)lante des afperges : alors- Thumidité ne peut 
amais les prendre. Mais comme ces fortes 
de terres font fujettes i fe fceller 3 il eft i 
propos de les labourer fréquemment , & lorf- 
qu'elles font fufEfamment eflbrées > de les 
couvrir au pourtour de chaque arbre > avec du 
fumier réduit en terreau. 

5^à LaifTer toujours un pied de diftance 
entre le mur & Tarbre. JL ufage de planter 
le pécher perpendiculairement à la muraille 
ti été reconnu nuifible , Se on commence à fe 
téfotmer à cet égard , en lavançant de quel- 
ques pouces ; mais ce n'eft point aflez, à 
moins que la muraille ayant peu de fonda- 
tion y les racines trouvent deHbus fuffifam- 
ment de terre pour s'étendre. Voici mes rai- 
^fons de cette façon d0 planter a un pied da 



•J 



fçnu \?. Le.foleil qui darde à plomb fur 
'larouche& fur les racines du pêcher , les em- 
pêche de relTentir les faveurs de^ influences 
du Ciel, des pluies ^ des rofées. Qu'après 
4^ forces pluies on fouille au pied de ces 
arbres , on trouvera que la terre n'eft point 
du tout humeâce : quand même elle pour^ 
roit l'être , le moindre rayon de foleil Tau- 
roit bientôt deflechée, i^. Tout le monde 
fait que lorfqu un arbre eft planté , la pre- 
mière aâion qui fe paiïe dans Ton intérieur 
eft de former & de darder de toutes parts d 
travers les pores de la terre de petits filets 
blancs au bout & autour de ces racines , 
,qu'on nomme chevelu. Ces filets font , comme 
je Tai dit , extrêmement tendres & caflans. 
Lors donc qu'ils rencontrent les pierres du 
mur & fes fondemens , il faut nccefTairemenc 
. qu'ils fe rebroufTent , comme ceux des plantes 
renfermées dans des vafes ou dans des caifTes. 
A leur défaut les racines du devant & des 
côtés font obligées d y fuppléer , mais elles ne 
font guère plus à leur aife , comme on va le 
voir. 5^, Le fentiér qui règne d'un bouc à 
Tautre de Tefpalier , afin de travailler aux 
atbres , elt perpétuellement foulé aux pieds î 
il fc durcit & devient impénétrable au.% pluies 
& aux humidités du moins en été. Dans cette 
faifon , il eft fendu ^de tous côtés furcouc 
dans lés terres fortes j par ces gerçures les 
racines font pour ainfi dire à jour , & le peu 
d'humidité eft delféché par les vents , le 

Kiv 



\ 



•tfi La Pratique 

hâld ic tes rayons du foleil. 4*. Les mulots 
6c iés foaris des champs écabiiflTenc leac de* 
tiieUre dans le pied des murs à travers les tn^ 
cines de ces arbres. Leur accroitTemenC & leur 
fan té ne reçoivent pas peu de dommage des 
difFérens paifages que ces animaux y praci* 
quenc. 5^. La tige de l'arbre ainfi appliquée 
ftU mur doit être brûlée dans les chaleurs 
immodérées qui interceptent la circulation de 
la fève t de en diflipent une grande partie. 
La (eve lie pouvant plus trouver pallàge par 
le devant, qui eft defféché , monte & def- 
cend par le derrière^ de l'arbre du coté où il 
4eft appliqué au mur. Le méchanifme de la 
végétation devient imparfait , dès - que les 
•partieà qui doivent y concourir n'agiflfent 

{)]us de concert » & enôn celle qui fiiit feule 
es fonâriôtis dès autres » doit à la fin s'épuifer 
cilé-mème. 6^. Quand on eft obligé de ré*- 
pàret les murs « il eft prefqu'impoftible que 
des arbres plantés perpendiculairement , ne 
fouirent beaucoup de dommage tant de la 
pktt des ouvriers que du plâtre ou de la 
chaula ^ qui leur eft tunefte : au lieu qu'étartt 
éloignes d'un pied ^ on les dépalifle , & on les 
tire en devant ^ on les attache à un pieu avec 
une côrde ^ & les ouvriers travaillent avec 
tltie entiete liberté. Quand on plante un ar- 
bre au pied d*un mur , il a environ im pouce , 
mais quand il eft parvenu à en avoir cinqi 
fix , que veut-on qu'il devienne ? J'en ai vu 
doqt i'écorce écoit fellemenc applacie du coré 



1>V jAK.filKA6«. t5Î 

ée ta muraille, q^ae la faillie des pierres y 
étoit imprimée ; outre l'inconvénient d'tine 
telle contrainte , il faut de néceflité les abat*' 
tre quand il eft queftion de rebâtir le mur^ 

Après que le$ trous deftinés â recevoir dei 
arbres font remplis à dix-huit pouces près , 
je laide un pied franc depuis le mur jufqu'î 
Touverture du trou , & je cambre mon arbre 
de façon que fa tète touche au mur , tandis 
que fa tige en eft à un pied de diftance. S'il 
a un courbe , je mets le côté creux en devant^ 
& le fort du côté du mur. A l'égard des nains , 
lorfqu'au printems j'abats leur tète , je la 
tiens plus longue, fuivant la hauteur de la 
greffe , pour qu'elle • approche du mur ^ en ^ 
fupprimant les yeux du oas & réfervant ceux 
d'en-haut , qui fans être forcés doivent join- 
dre le mur. Je conviens que fuivant ma mé- 
thode les racines du cpté du mur feront fort 
enfoncées en terre j tandis que du côté du 
fentier elle^ feront en fuperficie- Mais il n'en 
réfultera ni inconvénient ni dommage pour 
les arbres. Les racines ne fe porteronr que 
foiblement du côté de la muraille , tandis 
que s'étendant en fuperficie vers le fentier , 
elles plongeront en terre. Le Jardinier en 
labourant , ne fera amplement que planer 
au pied. Pour éviter qu'on n'ofFenle les fou- 
ches de ces jeunes arbres , j'y mets un petit 
piquet de chaque côté. 

La raifon qu'on m'alléguera, prife du mau- 
vais eftec que^ produiront des arbres efpacés 



d'un pied da mar avec d'aurfès déjà plantct 
perpendiculairement j n'eft pas capable d'ar* 
Itérer , à moins qu'on ne ptéfére un peu de 
xcgularité à la poiieflion d'arbres fains , abon» 
dans en fruits . U d^ longue durée. Cette 
raifon de difformicé s'évanouit , en ne plan* 
tant que des nains le long des murs d'une 
hauteur médiocre , & en les plaçant à la di^» 
tance que j'indiquerai ^ au-lieu de les mettre 
à fept ou huit pieds. 

Le pécher , commetous les autres arbres , 
fe plante de quatre façons } en efpalier y en 
cont^'efpalier & en plein vent , foit à haute 
rige , foit en buiflbn. 

Il réuffit mieux en efpaliçr que des trois 
^utres manières. Ceux qu'on met en plein 
vent font des efpèçes 4Hsnrans perdus , qu'on 
yeut^bien rifquer. Les frs^iits qu'ils produi- 
sent , s'ils ceaçnt à ceux des eipaliers » pour 
l'éclat Se le coloris brillant , l'emportent fur 
eu^ , pour la faveur & l'abondance de leur jus, 
comnie les abricots en plein vent furpaflent 
ceux des e^pi^r^. Les pêches en buiffon en 
approchent , mais ne les égalent pas. 

A l'égard des contr'efpaliers , je n'en ai 
point vu réuiHr durant l'efpace de cinquante ans 
que j'ai confacrés au jardinage j ainu je n'ofe 
les çonfeiller. On obfervera de n'en planrer 
qu'à dix ou douze pieds au moins de Tefpa- 
lier , de ne mettre aucun arbre en face d'un 
autre » mais en échiauier » & de ne jamais 
^former d^ çputr'efpaUer avec dles pêchers ^ 



90 3 AK91 KAGB. '15{ 

Aième au midi* L'expérience apprend que 
tous les an$ ili gèlent , font clo()ues , rgngés 
de chancres » 9c lujecs à fe dépaniller dubas^ i 
caufe des humidités de la terrç donc ils fe ref- 
rentehc 5 n'ayant pas , comme à l'efpalier » 
la réflexion da ft^il par en^bas. J*ai indiqué 
à des perfonnes qui avoient de cts contr'ef- 
paliers un moyen d'en tirer quelque parti» 
Au- lien de cailler en fleurs ces fortes d'ar- 
bres, les cailler en boutons » les palifTer, 6c 
appliquer par derrière des paillaCons qui ref- 
rène jufqu'à la mi- Avril , & qn on replace 
l'année fuivânte vers la fin de Février. J'à- 
foure qu'il faut préférer les pêchers dont lç$ 
fruics font hâîif;s, parce que leur pofition ne 
leur permet de mûrir que difficilement* 

Les contr'efpaliers ne feront donc formés 
que deppiriers, pommiers, pruniers, abri- 
cocier/s Sf. vignes \ plants qui réfiftent aux 
gelées prinranieres. Comme leur hauteur efl: 
ordinairement de quatre pieds , on efpacera 
les arbres à quatre toifes les uns des autres ,, 
avec 4es yignes entre-deux pour garnir feu- 
lemeiit en atcendanr : le régime eft le même ^ 
route la différence confifte dans la pofirion 
de l'arbre , qui doit être droit , foie qu'il y 
ait du treillage ou non. 

On connoit xleux manières de planter les 
arbres , en mannequin > & les racines décou-* 
vextes. Ceux qui penfent jouir plutôr adop- 
tent la première j.mais je la condamne, i*. 
Parce que ces fortc$ d'arbres font commune» 



15^^ La Pratiqu* 

ment le rebut des pépinières, 2,^. Parce que 
foie en les levant » foit en les cranfporcam , 
leurs racines font miles à jour & leur moae 
eft ébranlée* j*. Parce que les extrémités 
des racines qui ont pouiTé à travers les yeux 
du mannequin fe fanent & s'altèrent » en 
prenant lair. 4*. Parce que les Jardiniers , 
pour les faire profiter , & fouvcnt pour les 
faire rapporter la même année , les fument 
amplement , Se les réchauffent ; plantés en* 
fuite dans les jardins , ils rechignent & ne 
tardent pas à mourir. 5^. Les racines font 
gcnées & écourtées dans un mannequin 
étroit. Je ne parle point des pêchers mis 
dans des pots : il eft aifé, d'après ce que 
je viens de dire » de juger du cas qu on doit 
en faire. 

La vraie façon de planter des arbres en man- 
nequin , eft de les avoir chez foi , les raci- 
nes découvertes, & de les habiller comme 
fi on les plantoit à demeure. Il faut choifir 
d^s mannequins d'oHer qui ayent un peu de 
confiftance , quoiqu'à claire- voie , afin qu en 
le^ tirant de terre ils ne reftent pas dans les 
mains à demi-pourris. Leur largeur doit être 
de quinze pouces , fur dix huit de profon- 
deur : on les remplit de bonne terre , on 
étale les racines de l'arbre , fans hiiffer de 
jour entr'elles , & on les place enfuite dans 
une terre meuble à trois pieds les uns des 
autres pour les lever , fans qu'ils endomma*» 
gent leurs voifins. 



À 



DU Jardinagi.' 157 

La dernière façon de planter le pécher , 
itficée dans les pays chauds , efl: de mettre , 
en pleine terre , dans une ca^e ou en place 
des noyaux de pèches qu'on laifTe croître juf- 
qu'à ce qu'ils rapportent du fruit. J'ai eu de 
ces fauvageons , dont les fruits fe font trouvés 
excellens , & do^t je me fuis fervi pour 
greffer de leurs efpèces. Leur durée eft cour- 
te , ils pouffent d abord exceflivement ; c'efl: 
la raifon pour laquelle on ne pratique point 
parmi nous cette façon d'avoir des pêches. 

L'ufage eft de placer la greffe du coté du 
mur quand on plante en efpalicr , & du coté 
du nord quand on plante en plein vent : on 
fe fonde lur ce que le foleil & la pluie nui- 
fent également au recouvrement de la plaie» 
De cette fujétion , il s'enfuit qu'on plante 
d'ordinaire fort mal ^ & qu'on a des athres 
mal faits & contournés. Pour moi je ne cher- 
che que le bon fens de larbre , & je m'em- 
barraiïè peu de quel côté fe trouve la greffe. 
Mais pour la prélerver tant du foleil que des 
pluies , je la couvre d'onguent de Saint- Fia- 
cre , aihfi que la coupe faite à la tête de 
l'arbre ; avec cette précaution mes arbres 
font plutôt repris , & leurs plaies plutôt re- 
couvertes en un an , qu elles ne le font en 
trois , fuivant la pratiqué ordinaire. 

Obfervez toujours en plantant de lalffer la 
greffe de votre arbre plus élevée de quelques 
pouces que le niveau de la terre. Dans pref^ 
que tous les jardins » les arbres font enterrés 



n 



ijfS La PAÂft^uf 

tar-defitis la greffe de qaacre à cinq ponces. 
Jne terre défoncée s aifailTe otdinairemeat 
d*ati pouce par chaque pied. Ainfî y quand aâ 
Jardinier fe contente de metrte la greffe à fleut 
de la terre qui a été fouillée de quatre à cinq 
pieds , il la trouvera engorgée de quatre pou- 
ces » lorfdue la terre en s'affaiilànt aura en- 
traîné l'arbre avec fes racines. 

Cett une attention auilî e(rentielle de ne 
jpoint planter trop fuperficiellement , ni du- 
rant & aprèi une longue féchereife , ou une 
grande numiditc. Je ne m'arrête point à 
prouver lés inconvéniens qui réfulcent de la 
pratique contraire. 

On efpace ordinairement les pêchers. a 

3uatre» cinq*'ou fix pieds» & on eft étonné 
e leur prompt dépériffèment. Pour moi , je 
lie fuis point furpris que det arbres fi pea 
diftans les ans des autres ne vivent pas long« 
tems j leurs branches ne tardent guère à fe 
toucher , & en les arrêtant fans cefle on les 
épuife piromptement. La terre eft bientôt 
ufée, les racines s'entrelacent dès les pre- 
trrieres années » 6c enfin les arbres ne pro* 
firent point de la tige , & font toujours éti- 
ques. En a-t-on vu donner du fruit Ôc d^rér 
long-tems , tandis que la fouche qui eft leur 
point d'appui 9 refte dans le même état ? 

Lès Maîtres Se les Jardiniers tombent en 
cet excès» Dans leipérance de jouir &: de 
voit leurs murailles c<>uvertes , ils plan^ 
fem lëttr9 pêchers dru» mais ils fe rrQuveitf 



tb jÀki>iiiA<ÎB; i5| 

l^rîvés de ce double avantage. Quiconque 
tonnoît la nature de cet arbre , extrême- 
ment abondant en fève , doit Tefpacer beau- 
coup dans la vue de jouir , afin qu'il ait k 
faculté de croître & de s'étendre. On ne pè- 
che jamais en lui donnant trop d'étendue » 
& le feul défaut en ce genre eft de ne lai ea 
point donner aflez. 

Quoiqu'il n'y ait point de régie fixe pour 
la diftance que doivent avoir les arbres plaa- 
tés en efpalier > je vais néanmoins prefcrire , 
d'après les plus grands Maîtres , ce qu'il faut 
pratiquer à cet égard. Dans lés terres les plut 
chetives 1 cloignement doit être de neuf pieds » 
dans les médiocres de douze, Se dans les bon- 
nes de dix-huit , jufqu à vingt- quatre. Les mu- 
railles de clôture ont ordinairement neuf piexls 
compris le chaperon : il n'y faut mettre qub 
des pêchers nains ; l'expérience apprendra 
'qu'étan,t conduits fuivant ma méthode , ifs 
s'élèveront à la hauteur des murs au bout de 
quatre à cinq ans. 

A l'égard de ceux qui n*ont que fept ou 
huit pieds , il fera néccffaire de reculer les 
arbres de deux ou trois pieds. Si au contraire 
ils s'élèvent à douze ou quinze , on efpa* 
ccrafes arbres, comme je viens de le dire, 
en mettant une tige entre deux nains , potir 
les garnir de verdure plus promptement. Jo 
fais que difficilement on conçoit que des ar* 
bres plantés à une diftance fi grande en ap-* 
parence & donc la tige eft fi petite , puKRtfie 



^6q La Pu ATI que 

^'approcher de fotc près en quatre ou cinq 
aiis : c'eft qu^on ne les confidére que daa$ 
1^ coup d^Gcil aâuelj & nullement dans le 
point de vue où Ton devroit fe les reprcfenter. 

Lorfquon plante un arbre , on doit , i^ , 
jetter légèrement de la miette au pied pour 
couvrir les racines , Se pour qu'il n'y ait point 
de jour 9 & en éloigner les mottes 6c les 
.pierres. 

i*. Le foulever après qu*il eft planté , en 
le tirant obliquement du coté de la muraille 
'Se le rabaiflant enfuite de fon côté , afin qu'il 
en approche par la tète le plus qu'il eft pof- 
iîble f Se que la miette s'iniinue entre les ra* 
cines » ayant toujour$ égard à la hauteur de la 
greffe. 

z^. Laifler la terre meuble « & ne la jamais 
piétiner, feulement l'affaifTer avec la main, 
autour delà tige. C'eft une pratique meur* 
jtriere que de plomber la terre avec les pieds » 
pratique que je ptofcrismême à l'égard des 
arbres en plein vent, qu'il fufGt de buter 
.jufqua l'enjçiere reprife des racines. 

4^. Rogner la tête du pêcher à une cer- 
taine hauteur. Au moyen de cette fouftraâioo 
il reprend plus vîte , Se a afTez de fubfbince 
pour noprrir ce qu'on lui laiHe , au- lieu 
qu'avec toutes fes branches il ne f^roit que des 

!)ou(Ies fort minces , & péricoit après avoir 
^ ong-tems langui. Ce retranchement ne doit 
être fait qu'au printems. Il peut arriver 
qu'ayant coupé ^ en autonine , la tète dç votre 

arbrç 



ou Jakdinagb. 1(^1 

«xbre , une forte gelée accompagnée de ver* 
clas toâibe fur les boutons oue vous aurez 
laiflës : vous n avez plus alors de refTource , âc 
fouventy quoique votre arbre foit jeune» il n'en 
perce plus à travers la peau. J'ajoute qu'une 
lige qui aura été laiflee courte en automne » 
n'ayant que peu de boutons à nourrir , fe hâte 
dès les premiers* jours du printems de les faire 
éciorre, & il peut furvenir des gelées tar« 
dives , qui mordent defliis vivement , 6c font 
périr ces mêmes yeux. En 1749 , le 15 Avril ^ 
il gela à glace de l'épaiffeur d'un quart de 
pouce j cette gelée ruina ce que les précé* 
dentés avoienc épargné. Une autre raiibn éft 
tirée de la crainte de la gomme qui fe met 
à la coupe durant l'hiver » & par laquelle la 
neige & la pluie s'infinaent entre Técorce &: 
le bois , à travers la moelle de l'arbre* 

Par rapport à la hauteur à laquelle la tige 
doit être coupée ^ la force de l'arbre la dé-» 
terminera à un pied » & fouvent à un pied 
& demi , quand les yeux du bas font oien 
jains. Dès la première année il produira fuf- 
fifamment de bourgeons pour qu'on faife 
choix de ceux qui font le mieux placés » afin 
de former l'arbre. L^ayant planté avec toutes 
fes racines , ie puis lui donner plus d'eflbr. Il 
eft inutile a ajouter que la coupe fera faite 
horizontalement » un peu enbec.de âûre , par 
derrière l'œil ^ & à une bonne ligne au-deifus » 
en obfervant de œ point ébranler le$ r^f ine9 
-de larbre. 



itfi La Pratique 

On demande s'il faut confervec à ces pè« 
chers nouvellemenc plantés quelques branches 
i fruit y pour en eflayer la vigueur. Malgré 
le fenti^ment de la Quintinye » qui eft de 
laKTer un pecit nombre de pèches aux arbres 
vigoureux^ je dirai , avec les Mdntreuilloisj 
qu oti aura toujours du fruit quand on aura 
du bois ) mais qu'il y aura diietce de bois » 
lorfque i arbre commencera 'pat donner du 
fruit. Si, contre l'ordinaire, des pêchers^ en 
donnant du fruit dès la première année , ont 
fait en mème-tems de belles pouflès ^ il efi 
certain quaprès les avoir amufés â porter 
d'abord quelques fruits , ils font long-tems 
& prefque toute leur vie étiques. Ces ora^ 
clés du Jardinage ne laiflent aucune bran- 
che fcuâùeufe , la première ni la féconde a^- 
née. Si dès la première les fruits nouent , ils 
les abattent , s'ils en fouffrent quelquefois à 
la féconde , c'eft fur un petit nombre d'ar- 
bres d'une force extraordinaire. 

Les autres foins néceffaires aux arbres nou- 
vellement plantés font de les labourer à tems, 
de les prélerver de la>gomme , de la cloque , 
d^s pucerons , de mettre fur la fuperficie de la 
terre deux pouces de fumier autour de leur 
pied , de fupprimer les pouflès qu'ils pour* 
roient faire en-devant ,- foit de leurs yeux , foit 
de ta tige même , non en les caifant , ce qui 
occafionneroit un flux de gomme , mais en les 
coupant proprement près de l'écorce , & enfin 
de leur faire un baffin , pour les arrofer do- 



tant It fécherelTe. L'effet de cçc arrofemens 
eft de décremi^ lés fucs de k terre èc (es 
fels nitreux qui doivent pafler dans les raci* 
tes des arbres , & leur donner la nourriture. 
A la faveur des feux qui font dans la terre 
ou de ceux du (oleil qui la pénétrent y il 
fe - Ëiit une fernienration ôc un bouillonne- 
ment qui occafionnent le foulèvement Se l'a- 
gitation des parties fpirituenfe^ de la terre , 
portées rapidement des racines dans la tige » 
& de la tige dans les autres parties des plan- 
tes. L'eau fait à peu près le même effet dans 
la terre que dans la cfaaox. Celle-ci ne fer^ 
mente ôc ne s'échauffe qu'au moment qu'elle 
refiènt tes impreffions de îeau , qui foulé ve 
&: développe fes parties. La trop grande abon- 
dance d'eau peut devenir iiùifible , en ce 
qu'elle noyé ces fucs & ces fels de la terre. 
Leur quantité etceffiveémouile &; akere le 
poids ae ces acides. 






*^. 







îH 



La Pratiqvv 




LE PÊCHER 

£ T les autres Arbres confîdërës dam 
le fécond âge , ou leur jeuneflè. 

SECONDE PARTIE., 



CHAPITRE PREMIER. 

Des jibris. 

I .Es arbres font plantés , ils ont pouflS des 
branches \ leurs fleurs » leurs bourgeons com^ 
mencent à éclorre ; ils ont aâuelTement be* 
foin d'être prtferves des gelées printanieres» 
des tems critiques & des froidures tardives. 
Il s'agit enfiitte de les diriger » de les éten- 
dre & de les attacher » foit fur des treillages 
avec de l'ofier & du jonc, foit fur le mur 
avec des loques » c'eft-i-dire de petites ban- 
des de drap , qui embraflènt leurs branches. 
De quelque façon que foient fitués les ;ar* 
dins de Montreuil & de Bagnolet > leurs ptj^ 



3V XaR D X V A G t. itf 

ficietaires j pratiquent des enceintes de mars 
a cinq i hx toifes les uns des autres , dans 
lefquelles ils ra^emiblent les trois expofîtions 
du levant ^ du midi 6c du couchant. Et afin 
que chacune reçoive i la fois la réverbéra^ 
tion de la chaleur du fpleil , à mefure (ju'il 
pade de Terne i l'autre y toutes ces enceintes 
forment autant de culs-de-fac, dofit le fond 
répond par derrière au nord , 6c car devant 
en face du midi. Le mur qui eu à droite 
eft oppofé au levant » & a pour expofi* 
tion le couchant : celui qui eft à gauche eft 
oppofé au couchant » & a pour expofition le 
levant. Uefpace vuide d'un mur à l'autre eft. 
employé i cultiver des arbres en buiflbn , ces 
chafTelats tant eftimés pour leur couleur do« 
rée y des fraifes , des framboifes , des pois 6c 
quantité de nouveautés en tout genre. 

La plupart de ceux qui élèvent des mui*» 
railles , les conftruifent en pierre , avec 
du mortier de terre , quelquefois de fable 
m&lé avec de la chaux. A Montreuil où le 
paliflàge à la loque eft en ufage , les mu- 
railles ont un rort enduit de plâtre pour 
recevoir les clous. J'eftime beaucoup les murs 
i moellons apparens , dont on bouche exaâe- 
ment tous les joints ; méthode qui ne peut 
convenir qu'aux efpaliers garnis de treillage. 
A l'égard de leur hauteur neuf pieds fuffifent » 
en ne plantant que des arbres nains ; elle^ 
peut être portée à quinze pieds > fi on place 
une demi-tiee entre deux nains. Les murs 

L 11) 



\es La Pratîqtti 

«levant avoir un doable chaperon , cjut coa-^ 
tribue autant à leur durée qu'à i'écoulemctnc 
des eaux qu*it partage en deux. 

Les abris nécefTaires au pécher, font les 
tablettes , les rais ou rayons , & cchalats en- 
fermés tranfverfalement dans les murs, les 
paiilaflons y les brife- vents. 

Les tablettes* On fait qu'à rextrémiré An 
chaperon on ménage une faillie d'un pouce 
environ, nommée larmier , quifert à rejet- 
ter loin du mur les eaux pluviales. Ces ta- 
blettes faites en plâtre ne font autre chofe 
gue le larmier alongé de cinq à fix pouces, 
iur deux d'épaiffeur. Leur effet eft le mcme 
que de cellôs qu'on place fur les murs de 
terraffes , avec cette différence , que ces der- 
nières qui font de pierre ont moins de faillie^ 
Pour leur folidité , on met de diflance en 
diftance des fantons ou des morceaux de bois 
de chêne qui prennent dans le mur. 

Elles fervent , i ^ , à éloigner des pêchers 
8c de leurs fruits les eaux du ciel , qui leur 
font très - nuifibles , furtout lors des faux- 
dégels. 1^. A retarder la fève du pécher , à 
Farrcter mcme & à la faire refluer par le 
bas à raifon du défaut de circulation d*air , 
dont ces tablettes empêchent la perpendicu- 
larité , afin que cet arbre qui fe porte toujours 
vers le haut ,! fc trouve égalemenr garni par- 
tout, j^- A garantir de la gelée au printems 
la partie fuperieure de l'arbre. On a vé- 
rifié qu'au moyen de ces tablettes, le pécher 



•ouflblc moins vice, ptr \t haut que par U 
oas. Le contraire arrive aux efpaliérs ordi? 
nairesp 4^. A divifer » b.nrer ic écarter » ce 
da*on appelle vents-roux, les brouillards mal- 
htifans , qui brouifTent au printems les feuil- 
les & endommagent les âéurs. 5^« A com- 
primer Tair & à rallentir fon adrion fur les pè« 
chers , qui pou0ent vers le haut avec plus de 
modération. 6^. La faillie de ces tablettes 
brife Tardçur des rayons du foleil & empêche 
que les arbres ôc leurs fruits n'en foienr frap- 

Îés auffi vivement. 7^. Elles contribuent â la 
urée des murailles ^ donc elles éloignent la 
chute des eaux. 

Les rais ou rayons font les débris des 

vieilles roues de carrofTe qu'on fcelle dans les 

chaperons des murs , & qui avancent de 

toute leur longueur. Comme ils font plus 

gros par le tenon qui les enfermoit dans la 

mortaife de la jante , & que leur forme eft 

carrée , ils tiennent plus folidement attachés 

au mur , à la diftance de trois ou quatre pieds* 

On peur y fuppléer par des échalats paflTés 

traniverfalement dans les murailles , ou par 

des fapports de fer avec des planches mifes 

â plat par deflus. Leur ufage eft de recevoir 

des paillafTons qu'on y appliqué , Se dont la 

faillie garantit le haut des arbres des gelées , 

des neiges , & des pluies froides* 

Au heu de pofer les paillajfohs , comme 
on fait ordinairemeùt , fur les arbres mêmes 
&fur leurs branches , il faut les mettre à une 
^ Liv 



tertàitié dtftancé du mur , & lear donner pldS 
lie fôlidicé que n'en ont les pailladbns volans* 
Ceui des Montreiiillois beaucoap plus fim- 
ples , font auffi de la plus longue durée , quand 
on a foin de les ferrer lo^ju ils ne* fervent 
plus. Au - Heu de les faire avec de la ficelle 
qui tient les pailles à diverfes mailles » ils 
choifilTent trois traverfes faites avec le cer- 
ceau droit du demi-muid> une dans le mi- 
lieu & une à chaque extrémité. Deffus leur 
plat, ils pofent un lit fort épais de paille de 
leiçle , entretenu par trois autres traverfes 
qui répondent à celles de delTous , & ils joi- 
gnent le tout enfemble , avec du fil de fer 
de diftance en diftance. Vous placez dans le 
mur deux chevilles de bois pointues & fait 
lantes d'environ un pied , deftinées à rece- 
voir le paillaffbn que vous enfoncez à rel éloi- 
gneraent du mur que vous voulez , immé- 
diatement au-deflbus de fa première traverfe. 
Comme il ne touche point aux arbres , l'air 
circule par derrière , les boutons , les fleurs 
& les bourgeons ne peuvent être attendris ni 
* Jaunir. 

Lts brife-vtnts. Il y en a de deux fortes : 
les uns font des pans de murailles placés à 
l'oppoGte des mauvais vents , & faifant Té- 
querre à chaque extrémité des efpaliers \ on 
en fait beaucoup d'ufage à Montreuil. Les 
autres font de fimples paillaflons foutenus 
avec des pieux enfoncés en terre , dont les 
Maraifchers entourent leurs melonnieres* 



Dty" Jardin Aô il. iS^ 

Je ne parle point ici des auvents ; oa 

Îeuc con(alter ce qui en a été dit dans lé 
)iâionnaire. 



CHAPITRE IL 

Des Ef paliers ô des Expofidans,. 

Le s treillages ordinaires dans les pays où 
tes murs ne font conftruits qu'en caillou-^ 
tage , & bâtis en chaux & fable , font faits 
avec des échalats carrés, drelTés & planés j 
ènfuite peints en verd & retenus avec des 
crochets fcellés dans la muraille. Il s'en faut 
beaucoup que ce foient les plus utiles. Plus 
le fruit approche du mur , plus il eft garanti 
durant le printems, plus il acquiert de qua- 
lité & de maturité. Or , avec ce treillage le 
friiit eft éloigné du mur par fon épaiflTeur & par 
les inégalités qui s'y rencontrent , ainfi qu au 
mur. Ce treillage eft en outre le refuge de tpus 
les infeAes nuifibles , qu'il eft prefqu'impof- 
fible de détruire quand ils font cachés dans le 
mur entre les bois. L'inconvénient des bran* 
ches qui fe fourrent derrière malgré les pré- 
cautions qu'on prend, eft encore à confiderer. 
11 y a une forte de treillage fait avec des 
oiremens de pieds de mouton ^ dont on 



17^ La^ PaA.TXQtri 

garnit U mucaille , qu'ils excédent d'an pou* 

ce 9 pour attacher le pécher^ Elle eft bonne , 

quoiqu'elle n'aie pas trop pris faveur » àcaufe 

de fon peu d'agrément. 

*^ Le paUiTage à la loque ^ comme on Je verra 

dans la fui ce , a de grands avantages. Les 

Moncreuiliois n'en connoilfent point d autre ; 

il leur eft Ci familier qu'ils travaillent pref«- 

qu'aufli vite que ceux qui paliflent au jonc. 

On peut choifir des gaulettes de la grof- 
feur du doigt , les plus droites qu'il eft pof- 
fible , & les difpofer en demi-cintre , en les 
attachant avec des clous & des ofiers à la 
muraille , à la diftance de huit à dix pouces les 
unes des autres. Cette forte de treillage n'a 
rien de difgracieux, & approche le fruit aflès 
pfès du mur. 

Le treillage en fil de fer par mailles régulîe* 
res peut avoir fon utilité. U abord , pour une 
coiie de treillage peint en verd , on en a de 
celui-ci fept à huit. A l'égard de la folidité , 
de la durée & de la propreté ^ on n'a rien 
à lui reprocher. Quant i la proximité du 
fruit à la muraille ôc à l'abri des influences 
malignes de l'air & des^ents , il peut avoir 
la fupérioriié. La rouille ,,j*ên conviens > rend 
les branches gommeufes & les coupe lorf- 
qu'elles font tendres. Mais il eft aifé d'y 
remédier , en mettant fon ofier autour du 
fil de fer après l'avoir croifé , & en prenant 
enfuite la branche dans l'ofier. S'il faut jcenir 
forcément en place quelque groflè brache ^ 



»v Jak^ikaôi, tyi 

«h frappe un clou dans le mur auquel on 

l'attache après ^voir pris par rapport au clou 

la même précaution du demi - tour avec 

Tofier. 

• On ne peut fe difpenfer de peindre le fil de 
fer i rhutfe : il y a deux façons de s y ptendre : 
la première > c'eft de le tendre d'un bout à 
ïautre d'une allée , & de lui donner deux 
couches de couleur , foit en blanc , foie en 
verd ; puis, quand il eft fec « de l'employer 
fans le tortuer , en coupant les montans Se 
les traverfes de longueur , & les attachant 
avec des clous à la muraille » en mailles cor* 
rentes. La deuxième , c'eft de faire des bâtis 
avec des échàlats bien drefTés & de. les ap« 
pliquer au mur par panneaux y après qu'ils 
ont reçu une couche de peinture à l'huile 
dés deux cotés. 

J'ai fait en petit une nouvelle efpèce de 
treillage qui confifte à employer en forme de 
panneaux qu'on joint enfemble , en les ap- 
pliquant fur la muraille , des lattes deftinées 
a la couverture des maifons , & je crois qu'e- 
xécutée en grand , elle réuniroit les divers 
avantages que procure le treillage. On fcelle 
d'abord à trois pouces au-deflbtrs du larmier 
un cordon de petits crochets , il n'en faut 
Qu'un dans le milieu de chaque latte. Ces lat^ 
tes de cœur de chêne âpplaties par les bouts 
& unies avec des liens de fer , ont quatre 
pieds de long fur un pouce & demi de largç 



V?» tA Prattqve 

& un quart de pouce d'^aiflèur. Une bot» 
en contient cinquante , & pat conféquent 
tera deux cens pieds qui formeront environ fix 
toiles courantes. Etant peintes en verd elles 
dureront , quoique minces , plus .que le 
treillage ordinaire fait de châtaignier. Il y » 

' deux façons de paliflèr fur ces lattes avec le 
jonc ou â la loque, en l'attachant fut cha- 
cune , avec des clous à tête ronde, ou avec 
du petit clou â latte. 

Il n'y a point d'expofîtion qui ne tienne 1 
quelqu autre : celle du nord , par exemple , » 
pendant un certain tems le foleil depuis qu'il 
le lève jufqu'à fept ou huit heures du matin 
en ctë. De même l'expofition du levant a 
auffi un peu du midi , amfi que celle du cou- 
chant. Mais chacune potte le nom de la fitua- 
tion la plus dominante , par rapport aux re- 
gards du foleil. . 

La plus favorable eff celle du levant, parce 
quele eft fuflSfamment échauffée depuis que 
le. foleil paroît fur l'horizon jufqu'à ce qu'il 
pafle à fon midi , fans qu'elle foit brûlée pat 
les rayons dévorans. En hiver le pêcher y eft 
moins incommode des vents & de la gelée , 
* moins que le vent d'Eft ne vienne le frap- 
per , comme en 1749 > ce qui eft fort rare. Il 
y pouflTe plus fagement, & rapporte des fruits 
plus abondans } quoique moins vineor que 
ceux du midi , leur eau eft plus fuave , plus 

.parfumée & plus exquife. H y dore aaffi plus 



Ibtig-tems, & eft fujet i moins de maladies» 
attendu la température de l'air qui y règne 
fins eu ailleurs. 

A lexpofition du midi» il n^eft point de 

Êtifon où le pécher n ait cruellement à fouf- 

frir. Durant Thiver , il a d combattre les; 

rayons du foleil , qui â mefure qu'il avance 

vers fon midi fait fondre les neiges & les 

frimats. Â fa retraite » ils fe congèlent i 

Tinftànt Se £9rment tam fur le bourrelet de 

la greffe que fur les branches faillantes, une 

încruftarion de verglas » qui dégèlera & fe 

fondra de nouveau fuccemvement dans le 

cours des hivers. Ce font ces faux dégels Se 

ces congélations réitérées qui brûlent le pè« 

cher au midi » & non les rayons du foleil en 

été y comme on le verra dans la quatrième 

Sartie. Durant rété le foleil le [Pénétre ^ le 
efléche jufque dans la moelle , & achevé 
de détacher l'écorce que les frimats conge^ 
lés ont déjà fait lever. Si â cette expofitioa 
il fe bâte de verdir & de fleurir , ii eft au$ 
dépouillé plus promptement > fes fruits y font 
auflî plus prématurés , &c'eft éette fituation» 
qui doit être pré6érée pour tes fruits > qu'on 
veut avoir les plus hâtifs j & pour ceux qui 
mûriflent moins aifément. 

Comme à cette expofition le pécher ^ tout 
 fouffrir» il faut le conduire oifFéremment» 
Plus hâtif» il doit être taillé , paliiTé Se ébour^ 
geonné le premier. Plus fouvent attaqué de la 
gomme» il demande âêcre foigjné davantage. 



174 La. P*ATlQ1»t 

Nombre dé fes branches étant fojeites I 
tnootrir à cette expofition ^ il faut fe pré- 
eau tionner pour en avoir de réfeïve dans 
1 occafion : durant les grandes féchereiles » les 
arrofemens ne doivent point être oybiiés. 

A rexpofition du couchant , il eft aufli un 
gouvernement particulier à pbferver. i^.Ne 
pas laififer encuirafler la ^omme qui l'attaque 
fréquemment, x^* Âdminiftrer de bons en* 
grais y pour réparer la diflipation de Vhvh 
mide radical caufée par les rayons du foleil. 
3^. Faire ufage des gourmands , qui pouf- 
^fent incefTamment » en ravalant ^ autant qu'il 
eft poffible 9 l'arbre fur ces gourmands , & 
les fUrigeant durant l'été , comme jefle di- 
rai dans la fuite. 4^. Le bien couvrir tan- 
dis que les vents de galerne fouflent. 5^. Le 
paliuèr 6c 1-ébourgeonner plus tard à cette 
expofition , '8c non dès qu'il a commencé de 
faire éclorre fes pouffes. Autrement un ar- 
bre dégarni de toutes parts eft confimié , & 
s'épuife à produire de nouveaux rameaux a la 
place de ceux dont on l'a dépouillé. 






hiS J A fc D I M A G !• l/f 



«r 



CHAPITRE IIL 

De la façon de former le pécher , ù 
des divers ordres de branches. 

jlJÈs Tannée de la plantation d'un arbre» 
dès fa première taille» on le difpofera de 
façon qu'en rapportant beaucoup il parvien- 
ne à une heureufe vieilleffe j n rôle m*ex- 
primer ainfi. Pour y réuffir , il faut fubili* 
tuer a la méthode uHtée par les Jardiniers» 
une méthode fure , infaillible , aifée danis 
Texécucion , Se telle que la pratiquent les 
Montreuillois depuis un (téde. 

£lle fe réduit à trois points principaux. 
i^. Â couper au pécher & aulc autres arbres 
le canal direéi: de la fève par lequel elle fe 
porte perpendiculairement vers le haut , & les 
obliger par cette fuppreffion â ne DouÂTer des 
branches que fur les côtés. On doit cepen- 
dant leur iaiflTer des branches direâes mon* 
tant verticalement, lorfqu elles font nécef- 
faires 'pour garnir le milieu , & qu'elles ne 
font pas perpendiculaires , en partant de la tige 
& du tronc , mais perpendiculaires far obli- 
ques, û,^. A ne jairiais arrêter par les bouts, 
ne jaoïab pincer , rogner » caflèt par le mu 



17^ L> PRATÏQUB 

lieu aucune branche furtouc du pécher » mail 
Us laiflfer poulTer de leur longueur & les 
palifler. }®. A fonder fur les gourmaiwls 
toute l'économie & la difpofîcion du pêcher» 
les palilTer avec tous leurs bourgeons pourvu 
qu'ils puifTent trouver place fans contu(ion » 
|ans quoi il/audroit les fupprimer. C'eft d af« 
ieoir fur ces gourmands fa caille annuelle aa* 
tant que l'arbre peut l'exiger, leur donnant 
une charge proportionnée à leur vigueur , Se 
les alongeant le plus qu'il efi; poâible. On 
verra les raifons de ces pratiqui^s fondées fur 
l'ufage Se le fuccès de MontreuiL 

J'établis préfentement trois clafles de bran- 
ches : favoir , i^ , des branchcs^meres , il ne 
doit y en avoir que deux dans chaque pc- 
cher j l'une à droite , l'autre à gauche j en- 
ibrte qu'il repréfente la forme d'un V , un 
un peu plus deverfé que de coutume, x^. Des 
membres , ou branches montantes & defcen- 
dantes , qui croiflent fur les deux branches- 
mères , communément à un pied de diftance 
Iqs uns des autres. Les branches montantes 
garniflènt le dedans , & les dépendantes le 
dehors, j*. Des branches appellées croçA^Wj 
qui font à bois & à fruit pour Tannée , & 

Î[ui en fourniflint d'autres pour les années 
ubféquentes. L'habileté du Jardinier con- 
jfifte à les ménager , tellement que l'arbre en 
foit toujours pourvu. 

Pour avoir une idée de ce fyftcme , il fuf- 
fit de comparer un pêcher conduit fuiyant^ U 

roii ne 



felutine ordioair e y avec un autre traité do 
la façon qui va être: expliquée. Le pre- 
aiiere forme un '"éventail , tel qu'il eft re* 
préfente dans la F/anche W. A efk la fou- 
che- d'un pied de diamètre j B eft une ex- 
coriation occafîonnée par un aux de gomme» 
C branche verticale & perpendiculaire, D 
cicatrice d'une branche viciée qu'on a été 
obligé de couper. E branche qui croife en- 
deflbus de la grofle pour remplir le vuide. 
Cet arbre , comme on. le voit, eft dégarni du 
bas jufqu'en-haut à la lettre C , pour avotic 
toujours été tiré de long par voie de perpen- 
dicularité : il eft représenté ébourgeonné & 
f^Mi y ^Planche XllI. 

Le pcchèr au contraire , que je donne pour 
lûodéle, forme , tant des maîtrefles branches > 
que des brapches-meres , autant d'éventails 
particuliers. On remarque fur celui de la 
Planche > V un bourrelet A (impie & non 

i5onfléde la greffe d'un pêcher fur amandier, 
es branches latérales B & ce qu'on notnme 
fonies , G les branches-crochets ou lambdwr- 
des , qui ont pris naiffance fur les deux bran- 
ches-meres D , & fur les fix appellées mem- 
l>res £• Ces fortes de branches font le fruit 
de l'induftrie du Jardinier , qui a fu les mé- 
nager à propos j fuivant un ordre de fymé- 
^ic , tel quon le voit dans cette figure. La 
lettre F défignè les clous & les loques qui 
fervent à pliffer les branches fur les mura 
enduits deplâtrç. : - 

^ M 



1 



^7* L A P'HATiQxy 1 

Le pécher de la Plane. VI eft tout taillé 
& palitTé à la loque : le vaide  fera rem- 
pli comme on le verra à la lettre B de la 
Plane. XIV. la branche-mere B j plus fo^te , 
parviendra peu-à-peu â une égalité propor* 
tionnelle, par le moyen de 1 cbourgeonne- 
ment. Les tailles y font différentes fur les 
différentes branches y les unes taillées fort 
long, pour donner du fruit la même an- 
née» & les autres court qui font les bran- 
ches de réferve pour tailler deflus Tannée 
fuivante. 

La différence de ces deux arbres pour la 
pouffe efl telle , qu*un pêcher de Montreuil 
a lage de cinq ou fix ans eft plus formé, 

Î[u'il "occupe plus de terrein ^ que fa tige & 
es branches font plus groffes ^ & qu'il donne 
plus de fruit que les autres arbres de dix 
a douze ans. iJe plus ». à niefure que les 
branches qui pouffent perpendiculairement à 
la tige ou au tronc groi&flent dans les arbres 
ordinaires , celles des côtés meurent fucceffi* 
vement après avoir langui , & il ne refte plus 
que le milieu & le haut qui profitent. Ces 
groffes branches perpendiculaires croiflènt 
duili aux dépens de la tige ^ & la furpaflent 
en groffeur. Au contraire le pécher étant 
dreflTé en forme de \/ y i\ fe fait une diftri- 
bution proportionnelle de f^ve > qui àts deux 
mères- branches paffe obliquement , & par 
conféquent avec moins d'impétuofité dans 
toutes les autres. Cette tmniçrç dç fo^ip^r 



2>U. JaRDIKAGC* 179^ 

les arbres en eipalier eft conforme â l'âfag^ 
pratiqué envers les arbres de tige 8c les buif- 
fons auxquels on coupe la tête pour forcer U 
fève à fe partager horizontalemenr dans les 
branches latérales aucour du tronc & de U 
lige. 

Les fluides » me difoic un jour un Acadé-^^ 
xnicîen » agilTent également & en tout fens ; 
la fève eft f uide » donc il importe peu qu'elle 
foie mue perpendiculairement ou oblique- 
meiu. Le fait décide. Un arbre conduit fui-* 
vanc la méthode ordinaire eft trè$4ongcems 
a fe former & a rapporter : un autre au con* 
traire dirigé i la Montreuil , fait des progrès 
rapides , & devient extrêmement fruâueux ^ 
dans le premier , la fève eft portée verticale- 
ment 'y dans le fécond , elle Teft obliquetnenCp 
Mais qu^ls effets furprenans en ce dernier! 

Outre les trois clalTes de branches que j'ai 
diftinguées , il y en a un autre ordre , i"" p 
des gourmandes qui naiSent communément 
de récprce j des yetix^ des boutons , du tronc 
ou de la tige » fouvent même des racines 
dont elles font des rejettons* i^ Des demi** 
gourmands qui viennent également partout» 
}9. Des lambourdes ou brindilles qu'on ne 
connoît pas, ou que Ton confond fouvent* 
4*. Des branches folles ou chiffonnes que l'on 
appelle auffi faux-bourgeons , ou branches de 
fauX'bois. 

Telles font ordinairement toutes celles donc 
le pêcher & les autres arbres font compofés^ 

Mij 



'i8ô La Pratique 

Pour former les branches-meres qui font le 
premier ordre , je commence à drelTer mon 
arbre fur deux branches » que je taille à qua- 
tre, cinq ou fix yeux ; & dans le cas où il 
en a poufle une plus forte d'un coté qut 
de laucre > je taille fort long la plus forte & 
|e tiens très - coutt la plus foible qui tarde 
peu à ratraper la première qui a été beau- 
coup chargée pour être réduite* Â mefure que 
ces branches s alongent , je lent donne plus 
ou moins de charge afin de leur faire occuper 
une plus grande étendue fur la muraille. Elles 
me produifent une infinité de gourmands qui 
pouli^nt à leur extrémité ; je les taille fort 
k»ng , à un , deux & trois pieds y fuivant ia 
vigueur de Tarbre , &c je rabats le bout de 
la branche -mère fur ce gourmand , qui a 
poufle le plus près de fon extrémité. Je dé- 
tache enfuite du ipur les branches-meres, 
pour abaifler chaque côté davantage , afin de 
révafer & de retendre. 

Le milieu de 1 arbre , loin d'être vuide , 
fe trouve aufli garni que les côtés, au mo}^a 
des branches montantes Se defcendantes, qui 
font auffi la plupart des gourmands alongés , 
ôc au moyen des branches-crochets placées de 
diftance en diftance , pour en garnit les in- 
tervalles. Ces branches-meres & ces mem- 
bres font éclorre dés bçsjinches-crochets qu'on . 
laifle pouffer de toute leur longueur , & 
du on taille au printems à bois & ^ froiti 
fuivatxr lage & U forée de r*rbrè% /' . 



w Jardinagv. i8t 

Parmi les branches-crochets qui pouflenc i 
coté de chaque œil des gpucmanas cônfervés ^ 
je fupprime au paliflàge & à Tébourgeonne- 
ment toutes celles de devant & de derrière , 
pour palifler celles des côtés ; & â la taille 
ioivaate, j'en abats une entre-deux , je taillô 
les autres à un ou deux yeux fur les fleur^ qui 
fe rencontrent. Ces branches - crochets me 
donnent Tannée même du fruit y Se du bois 
pour la fuivante. 

Quon ne dife point que je me contreâis, 
& que je laitTe lur les branches-meres des 
branches tirantes qui pouflênt perpendiculai- 
rement. Ces dernières quoique perpc-ndicnlai-* 
res^ font originaires de branches obliques, 
& par conféquent elles ne peuvent attirer à 
elles feules toute la nourriture > ni aftamer 
les autres > comme (i elles étoienr d'aplomb 
à la tige ou au tronc. 11 arrive néanmoins 
quelquefois qu'elles prennent trop de nourri- 
ture : on les réduit alors, foit en les fup- 
• primant, s'il y en a de voifines , pour leur fuc- 
céder , foit en les ravalant fur une bafle , 
foit enfin en les courbant forcément pour ar- 
rêter la fève , comme je le dirai en parlant de 
la courbure des branches. 

Par rapport aux branches-crochets qui don- 
nent bois & fruit , les fortes dont les yeux 
font doubles , avec un bouton à bois au mi- 
lieu , reçoivent un peu plus de charge que les 
autres. Les demi fortes dont la grofleur eft 
moindre , font moins chargées. Quant aux 

M iij 



1 



m La Pratique 

foibles qui n'ont qu'un œil à fruit & à boî«, 
on les tient court. Mais à torce de tailler 
fiicceffivement fur les unes& furies autres, 
les branches fur lefquelles on a taillé précédem- 
Dlent'5 fe trouvent trop haut montées , on 
les rabat d'année en année , & on profite 
de celles qui percent aux environs & des 
gourmands pour rapprocher fa taille. 

Les gourmands pouffent plus promptement, 

Î>lus vivement & plus abondamment que 
es autres branches. Ils ne viennent fur les 
arbres que lorfqu'on les taille trop court, 
qu on les décharge trop , ou qu'ils font ex- 
trêmement vigoureux. Ce font des efpèccs 
d*hémorragie de fève qui vient de pléthore ou 
l^lcnirude.. Ils font une fuite du jeu de la Na- 
ture* Tel le fang eft porté dans certaines 
parties du corps humain , avec plus d'impé- 
tUd(îté que dans d'autres. On diftingue trois 
fortes de gourmands j les naturels , qui naif- 
fent immédiatement de la greffe & des bran- 
dies; les fauvageons qui pouffent au-deffous' 
de la greffe & du tronc même, & les demi- 
gourmands également produits de ces parties 
de Tarbre. Je pourrois y ajouter une quatrième 
forte de gourmands que j'appelle artificiels , & 
qu'un Jardinier induftrieux fait pouffer â tout 
arbre pour le renouveller , lorfqu'il commence 
i s'ufer , & pour le remplir quand il eft dé- 
garni en quelqu'endroir* 

Voici les principaux indices pour connoîrre 
Us gourmands. i% Leur poficion. La plupart 



BU jAADtMilGEi lS| 

pouflent de Técorce & non d'un œil. i^ Leoc 
empatemenc : foie qu'ils partenc de la peau oit 
de roeil > leur bafe eft épatée. Ils font gros du 
bas 9 fournis 6c nourrismême en naifTanc, &ils 
occupent toujours par leur bafe prefque toute 
la capacité delà branche dont ils fortent. 3«v 
La précipitation avec laquelle ils s'efforcent . 
de pôufler : ils nailTent , croifTent , grcflîf- 
fent: & s'alongent comme tout-à-coup. Il en 
eft qui durant un été poufTent jufqu a fix à 
fepc pieds de haut y Se qui parviennent à la 
gtoflear du doigt.>4o. Le tiuu du bois d'un 
gourmand & fon écorce > font des mat* 
ques certaines auxquelles il fe fait connoî- 
tre. Ces fortes de branches commencent de 
fort bonne heure à avok par le bas cette cou- 
leur brune de la. peau ^ qui n'exifte fur left 
bourgeons > que quand ils font convertis en 
bois dur. LeuriS feuilles font auflî plus Ion- 
gués , plus larges , plus épai0es > Se d'un verd 
plus foncé. Ces caraâeres diftinâifs font une 
fuite de l'abondance immodérée de la fève. 
y. Leurs boutons tout difFérens de ceux des 
autres branches font petits y noirâtres y Se fort 
diftans les uns des autres, é*". Leur figure les 
décelé. Us ne^font point exaâement ronds 
comme les branches venues dans l'ordre na- 
turel , mais aplatis plus ou moins d'un côté 
ou d'un autre » jufqu'à ce qu'ils grandifTent. 
70. Leur écorce , au lieu d'être liffe , luifante , 
vernifTée 3 efl ordinairement graveleufe , fie 
jraboteufe. 

Miy 



ï84 La PuATiQtJï 

La Nature , en leur prodiguant tant de Cère, 
& tant d'embonpoint , a des deiTeins dans lef-* 
quels nous devons entrer pour les faire roar- 
ner à l'avantage de l'arbre. Rien de plus com- 
mun » par exemple , que de voir une branche 
ordinaire devenir gourmande au bout d'un an 
ou deux* Vous l'aurez railléç à quatre , cinq ou 
iîx yeux» pour en faire^un des membres de votre 
arbre, mais parce qu'elle e(l perpendiculaire » 
quoiq^ue fur oblique , elle prend tellemenc 
lïourriiure qu*elle lurpafle en grofleur la mere- 
branche & fes voiiînes. Si on ne peut la re-- 
trancher ^ fans dégarnir l'arbre , il faut chaiTer 
dans le mûr un fort clou , qu'on garnir de 
linge , puis forcer prefque juqu'à caflfer cette 
branche rétive , l'y attacher & l'arrêter de 
même par le haut. Tel eft le fecret de faire 
d'une branche direâe & féconde , une bran- 
che oblique & mère. Une économie judi- 
cieufe fupprimera enfuite toutes celles qui 
s'entrelacent , & fera choix ^de celles propres 
à former l'arbre. 

A regard des gourmands fauvageons , je 
les laiffe , quand ils font néceiTaires pour le 
renouvellera, foit dans fa vieilieife , foit dans 
fes épuifemens caufés par le mauvais gouver* 
iiement. Je les greffe alors ^ finon je les coupe 
forr près , afin que la plaie fe recouvre. Pour 
Jes demi-gourmands j j'en fais le même ufage 
à peu de chofe près que des gourmands dé* 
cidés. J'appelle de ce-nom des branches d'un 
Volume au-deilbus de celui des gourmands , 



St au-defTos de celui des bratiches- ordinal- 
• res j & qui oat d'ailleurs les mêmes carac- 
tères. Quant aux artificiels , j'emploie pour 
les "faire naître le ravalement &.le rappro* 
chement, D^autres fois je metsen ufage di- 
vers expédiens qui feront la matière du Cha* 
picre faivant , expédiens cirés de la Médecine 
ôc de la Chirurgie , dont je fais TappUcatioa 
au Jardinage. Qn eft maître jofquà jtin cer- 
tain point de ne pas avoir de gourmands» 
ou d'en avoir peu. En les fupprimant:, l'arbre, 
chargé* d'une fève furabondante , en produit 
toujours de nouveau)^ jufqu'à ce qu'enfin il 
foit épùifé. Pour les diminuer , ou s'en pré- 
ferver , il fuffit de profiter de ceux* que la 
Nature nous préfente , de tirer de0asj,dele$ 
alonger, & de les charger amplement 

Un arbre eft épuifé j je fuppofe qu'il eft 
bon , & que fes branches ne iont point tota- 
lement deffëchéesrf On lui a ôté tous fes gour- 
mands qui faifoient fa richeflfe 3 fa force , fa 
fanté & fa fécondité. Il n'a pouffé que de 
faux-bourgeons. On a rogné , pincé ou arrêté 
par leurs extrémiités le peu de bonnes bran- 
ches ou de bourgeons qu'il a fait éclorre , aux- 
quels ont fuccedé des branches chiffonnes. D^ 
-plus 5 il eft dégarni en quantité d'endroits. La 
gomme qui le ronge a carié fes branches rem- 
plies de chancres. Cet arbre , quoique jeun^ , 
va être la proie du feu. Pour peu que j'ap- ^ 
perçoive en fouillai^t fes racines qu'elles font 
faines > je le renouvelle par le ravalement & . 



.'M.*-.. 






^\ 



ï8tf La Pratique 

le rapprochement , après quoi je patife letf 
plaies que j*ai été obligé de loi faire. 

Je coupe au princems coûtes les jbranciies 
^e vieux bois fur celles qui font les plus voi« 
iînes , que je taille à un ou deux yeux» Je le 
rapproche en fupprimanr une partie de fes 
anciennes, pouffes , &c en obfervant de le met- 
tre fur les branches du bas & du milieu qui 
annoncent plus' de vigueur. }e fuis fur alors 
d'avoir des gourmands , ou même d'antres 
. branches qui percent de la peau au-de(Ibus de 
mes coupes, lleft inutile a ajouter qde poui 
faciliter la végétation^ on doit lui adminif 
crer de bons engrais , & que pout le recou- 
vrement des plaies » les coupes doivent êtte 
nettes • & fans chicot. Je crois que d'après 
ce que je viens dire , tout Lefteur fenfé conr 
clurra» i^,que les gourmands font comme 
les entrepôts & les magafins que la Nature 
a pratiqués pour y renfermer des provisions de 
ieve 9 afin de la diftribuer enfuite dans toute 
la capacité de larbre. Ce font en effet , après 
le tronc & la tige , les réfervoirs fécondai- 
res qui la contiennent en plus grande abon- 
dance , que les branches dont ils reçoivent 
1 ctre. 1^. Qu'ils prouvent la fécondité des 
arbres '; ceux qui font chetifs , malades » 
mourans ou épuifés , n'en produifent point. 
Faites-en l'expérience fur deux branches , pour 
voir laquelle aura plus profité de celle qui a 
été privée des bois réputes gourmands > ou de 
celle à qui on lésa laifTés. La première n*aura 



4B[tie dès cercles minces , aplatis Se ferrés » 
dans la feconde , vous les verrez gonflés 9 
nourris & plus efpacés. 

On a remarqué qu*en fupprimant les gour- 
mands y la tige celle de profiter , & refte à-- 
peu- près dans le même état ^ qu'en pinçant 
ou arrètaint quelques branches au pécher » la 
Nature , à qui cette extrémité eft effentielle , 
en reproduit fur le champ une autre.^ De plus 
au-lieu d un petit rameau que vous ôtez , il en 
croît d'innombrables , qui fubiffent le même 
traitement, & qui forment à chaque bouc 
rogné, autant de têtes de faule , d'où il ar- 
rive que tous les yeux du bas de ces bran- 
ches rognées j qui dans le pêcher vous au- 
roient donné du fruit l'arnnée fuivante , s'ou- 
vrent dès l'année même en pure perte. De- 
là , votre arbre s'emporte , vous n'avez plus 
^ue des- branches par en haut , tout le bas 
périt infailliblement. 

Les lambourdes Se brindilles exîftent dans 
tous les aibres fruitiers 3 tant à noyau qu'à 
pépin , avec "cette différence que dans ceux-là 
elles donnent leur fruit la même année qu'elles 
ont été produites , au-lieu que dans ceux-ci 
les lambourdes font trois ans à fe former en 
brindilles pour donner leur fruit. 

Les lambourdes font de petites branches 
menues & longues, qui ne croiflent guère 
fur le pêcher que de cinq à fix pouces , quel- 
quefois plus fur les autres arbres ; elles naif- 
fent orainairement vers le bas à travers i'c- 



i 



i88 La Pratique 

corce dtt vieux bois y Se même des yetix des 
branches de Tannée précédente. Leurs yeux 
font drus y de couleur noirâtre , plus gros & 

Îlus rebondis que ceux des fortes branches. 
.a couleur de leur peau eft d'un beau verd 
de nrer , clair & luifant. Lçur extrémité fu* 
périeure eft couronnée par une efpèce de bou- 
quet ou grouppe de boutons noirâtres , avec 
un feul bouton à bois. On peut juger de 
leur fécondité , parce qu'une feule nourrir 
cinq â fix pêches. Leur durée n^eft que d'un 
^n y épuifées enfuitej elles font retranchées 
à la taille. 

Les brindilles plus précieufes encore font à- 
peu-près la^ même chofe , excepté quelles font 
moins longues , moins élancées s mais plus 
grofTes Se plus nourries ; elles n'excèdent ja« 
mais deux ou trois pouces de long : fouvent 
elles fe trouvent placées par devant, en for* 
me de dard. La Jig. 4 de la 'Plane. XVL 
repréfente une brindille avec fes rides & fes 
boutons à fruit y marqués D. 

Nulle raifon ne peut autorifer i abattre ces 
deux fortes de branches, foit à la taille /foit 
à rébourgeonnement & au pallidage y quand 
même elles fe trouveroient fur le devant. 
Heureufe difformité qui naît de l'abondance ! 
Je préfère des arbres bien fournis de fruits 
fi^;.un peu irrcguliers à ceux qui traités félon 
le| régies en auroient moins. On retroufle néan- 
rèoins ces branches quand le bouton à bois eft 
grandi > &on les attache > en leurfaifat^c faire 



tant foie pea 1 anfe de panier. 11 11*7 a qu^one 
exception à cette règle , c'eft quand l*œil àbots 

a gelé ou manque : le fruit du pêcher, comme 
on Ta vu , île mûrit point qu'il n'ait à côté 
ou au-deâus une branche pour lui ferWr de 
mère nourrice , qu'on fait fagement de cou^ 
per à trois ou quatre yeux , lorfque le fruit 
peut être fevrc & qu'il a acquis les deux tiers 
de fa grolTeur, afin que la circulation de la fève 
ne fojt pas interrompue , ôc que les feuilles 

, placées d chaque œil fervent à le défendre 
des rayons du foleil. 11 profite alors de la. 
fève qui auroit monté dans toute la branche. 
J'ai dit qu'on diftinguoit dans le pêcher 
trois fortes de branches à fruit » les groiles » 
les médiocres , & les petites. Les fortes font 
celles qui font de la grofTeur d'une plume à 
écrire , qui ont des yeux triples à chaque 
nœud } favoir deux yeux à fleur , avec un œil 
à bois au milieu. Ces branches , loin de s'aou- 
ter comme les gourmands , font d'un verd 
un peu foncé ,. avec des marques noirâtres 
Se un peu graveleufes. Leurs yeux voifins les 
itns des autres > font bien nourris & produi-r 
fent des feuilles longues & larges , d'un verd 
qui annonce leur fanté. A ces fortes de 
branches on donne fept à huit pouces de 
taille , félon la vigueur de l'arbre. Mais i 
rébourgeonnement on en fupprime une partie 
pour peu que les autres s'alongent^ fans les 
éclater ni les pincer avec le pouce. Les braur 
ches iué4iocte$ à fruit tienfient le milieu en-i^ 



'90 JLa Phatiqub 

tre celles donc je viens de parier & les pe^ 
tires. Elles ont auffi des yeux criples , comme 
les grofTes , leur couleur eft la même , & 
leur grofleur peur êcre celle d'un cure-denr : 
on les raille à quarre , cinq ou fîx yeux. Les 
perires branches fonr de deux forres. Les unes 
frudueufes , Se qui onr a chaque nœud un 
feul ceil â fruit avec un œil à bois , fonr par* 
ticuliéremenr celles que les gens de Monrreuil 
nomment branches-crèchers , dont ils fe fer- 
vent pour amufer la fève , & fur lefquelles ils 
tirenr à fruit au défaut des fortes & des demi- 
forces. On les taille à un , deux ou crois 
yeux , le fruit y noue également & y mûrit 
parfaitement. Taillées à un œil , elles don- 
nent pour l année fui van te de très - bonnes 
brancnes médiocres , fruâueufes. Beaucoup 
de Jardiniers tirent trop à fruit fur elles , 
fauf, difent^ils, à les rabattre, fi le fruic 
ne noue point. Mais dénuées de fève pour 
nourrir tanr de âeurs & de bourgeons elles 
ne produifenc que des feuilles. La féconde 
efpèce eft celle des branches folles ou chif- 
^ fonnes , donr la ftérilité eft le partage. Elles 
ne font pas plus groflfes que des brins de ba- 
lai, & nonr que de rrès-petits yeux à côté 
de chaque feuille & fort éloignés les uns des 
autres. Il faur leur alfocier certaines bran- 
ches dénuées d'yeux à bois , mais qui onr un 
bouquet de vingt ou trente fleurs. On a dit 
plus haut la raifon de leur fuDpreftlo^. 



^v Jardikaob; ffC 



CHAPITRE ly, 

Dzverfes pouffes du Pêcher durant fei 
premières années* 

\^ N pécher d'un an doit avoir pouffe qua- 
tre , cinq ou (îx belles branches qu'on aura 
paliâees de toute leur longueur , à moins 
qu'occupe à fonder le terrein , il n agifle four- 
dement p^r ks racines dans le iein de la 
terre. La fig. z. Plancn VU. A , fait voir des 
yeux ou boutons a bois fur une pouffe d'ua 
an. La conduite tenue à l'égard de cet arbre 
la première année fert également de règle 
pour la féconde» Au-lieu de ravaler » comme 
font les Jardiniers , fur la branche d'en-bas 
en la taillant à deux ou trois yeux ,, on 
laiiTe une ou deux branches , qu'on taille en 
branches - crochets à trois ou quatre yeux , 
puis on en pte une après qu'on coupe tout 
près de lecorçe> &oh a^onge celle des exr 
trémités : s'il $'y rencontre des gourmands ^ 
on les rabat deffiis. C^cte pratique conferve 
i la fève les agens Se fes réfervoirs , fans 
épuifer, dès fon jeune âge, un arbre qui fait 
tous les ans à pure perte la pouffe de quatre 
o^L cinq jbrançhes* A fa féconde année i.| 



19*: La Pu ati çu i 

doit avoir trois ou quatre pieds d*étendae i 
te Ùl tige une grolTeur coniîdérabie ; s'il ne 
poufToic pas aufli vigoureufement , on le tien- 
droic plus coure y reiacivemenc à fa force Se 
i fes oefoitis. 

Bien des gens tirent à fruit fur les ar- 
bres dé cet âge. Je penfe au contraire qu'il 
eft impbffible qu'un jeune arbre donne à la 
fois &c du bois & du fruit. Or , quel eft le 
but auquel on doit tendre alors ? C'eft à 
former fon arbre ^ & ce n'eft que par les 
branches à bois qu'on peut y parvenir. Quant 
à rébourgeonnement durant cei deux pre- 
mières années je laide fort peu de bois > 
choifîdànt toujours le plus fort & le mieux 
placé» conformément à mon fyftème du V 
déverlé. Si je vois que le jeune arbre produit 
beaucoup de gourmands , je lui laiîle plus 
de bois qull ne lui en faut , afin d'amufer 
la (ève , ^uf à le fupprimer à la taille , & 
j'alonge les deux branche s-meres« C'eft le feul 
moyen d'avoir des arbres , qui s'étendent , 
croiffent & groffiflTent , & de faire j/rofiter 
la têce.& la tige en même-tems. , 

Si ces moyens pe réuffifiToient pas , il fau- 
droit recourir à ceux que j'indiquerai ci-après, 
Tincifion , la faignée , & ce feroit un fort mau- 
vais figne. Voici donc un avis que je donne 
à tous les Jardiniers ; c'eft en mcme- 
cems qu'ils jettent les yeux fur la .pouffe des- 
jeunes arbres , davoir toujours attention à 
ifur tigetf Elle eft Ig baie Se le principe da 

la 



t» jÀKMI^AGt. t$j 

la végétation ^ elle doit dominer, il eft im- 
p<^ble qujuu -arbre réuffifle , quand la groC^ 
Tear de fa tige n'eft pas en proportion avec fesr 
braiKhes. 

Mon arbre à fa troinetne année doit corn-- 
cnencer non » feulement à oc<£uper une vafte 
circonférence > mais encore a donner fufE- 
faiiiment du fruit. Voici mon procédé à fon 
égard dans le rems de la taille. Quand il tOt 
^épaliiTé , j abaifTe de côté & d'autre les deux 
branches - mères j & je les étends à chaque 
extrémité j en confultant toujours la vigueur 
de mon arbre. J'alonge a proportion les 
membres, & je leur donne en hauteur Té** 
tendue qu'ils peuvent fupporter. Quaht aux 
branches- crocnets, je les tiens toujours un 
peu de court afin d'avoir du fruit ^ en même- 
- tems que des branches f ruâueufes pour la taille 
fubféquénte. En les tirant » elles pourroienc 
me donner plus de fruit , mais elles n'au- 
roient que des branches étiolées pour l'an- 
née foivante. Le principe ^ft qu'il faut avoir 
du bois avaiit le fruit. 

Si cependant l'événement ne répondoit pas 
k mon attente, je déchargerois amplement 
mon arbre , en Tébourgeonnant. Le peu de 
bois que je lui lailTerois ayant toute la fève 
. i lui feul , profiteroit néceflairement. Dans 
ces commencemens il poufle toujours une 
^ infinité de gourmands. Au moyen de b. 
charge & de l'alongement dont je viens dç 
parl^ ^ il en a beaucoup moins , que (uivaac 



tf4 La PaATïQUB 

la méthode ordinaire. Les Jardiniers ont cour 
tame d'alonger le menu Dois : il arrive de-U 
qu'il noue fore peu de fruit , parce que ces 
branches foibies & âuetces n'ont pas des rc- 
cipiens aflez vaftes » pour contenir fuffifatn- 
ment de fève , afin de le nourrir. Alors ou 
les (leurs avortent, ou les fruits noués tom- 
bent. De plus , en taillant court les gros bois , 
ils pondent avec véhémence : c'eft un fait 
inconteftable. Ces ouvriers peu intelligens 
arrêtent par les bouts ces branches fortes , Se 
raccourcirent fans celle les branches folles 
qu'elles ont pouflées de tous les yeqx du bas 
qui fe font ouverts contre Tordra de la vé- 
gétation. Cette opération meurtrière repétée 
tous les ans , prive le Maître de fruit & bientôt 
d'arbres. 

Malgré TeiTor que j^e donne au pécher , 
il ne laifle pas de produire des gourmands 
de toutes parts. Je les pali0e & je n ote que 
ceux qui s'entrenuifeiït , où qui font placés 
devant. » derrriere , aux extrémités & tout au 
haut de l'arbre. Pour ne point Icpuifer i 
^^rce de porter des gourmands en pure perte , 
on taille vers le mois de Juin & au coirt- 
mencement de Juillet ceux qui^fe trouvent 
néceflfàires dans les places où ils fonc nés , 
^ on les ravala fur deux ou trois yeux le^ plus 
bas , ({uelquefois mêthe fur un feul. Alors 
on voit éclorre de Cts yei^ des branches- 
crochets 3 qui feront for méeij eiicof^ afiea à 
rems pour donner du fruit l'amiée fuivàace» 



S0 jA&DIMAaB; 15;^ 

Qaand on appréhende que ces gourmands 
émû traités ne prennent rrop de force du bas 
& ne deviennent branches dominantes , on 
commence dès la fin de Mai à les couper à 
moitié , tous près d'un oeil \ à la mi - Juin 
on les coupe encore plus bas , & au corn- 
mencément de Juillet on les met à un feul 
œil. Au moyen de toutes ces plaies fur lef- 
qaelles lair agit , la fève s'évapore , fon ac- 
tion fe rallentit , & le gourmand eft dompté. 

Le autres foins qu'il faut prendre de ces 
jeunes arbres fe réduifent à le& fumer, quand 
la terre eft maigre^ ou <^'il5 ont fouiFerc 
de rintempcrie de la faifon, ou des fléaux 
de l'air , & à leur donner d^e fréquens labours; 
ils font faciles & produifent de grands effets 
aux arbres plantés , comme je l'ai dit , à un 
pied de diftance du mur. On les arrofera dov 
rant les fécherefTes , & on les butera afin d|^ , 
les empêcher de punir durant les huniit^és; 
continues , en battant un peu la terre j^è 
fus en forme de taiusy ou en plaçant um J 
à leor pied , pour en éloigner les eauaoc* 

Les arbres ont produit du bois & des 
vigoorea^ Ils ne oemandent qn*à être taillés 
8c attachés a b muraille. Mais auparavant il 
faut ks régler d»ns leurs pio^es, 6c examiner 
les expédiensles plus ^opre» à les former Se 
à les rendre f tuâueux. 




w 



Nîj 



^ 



i^€ La Pratiqui 



CHAPITRE V. 

De la diflribiuion proportionnelle 
des branches^ 

\J'E s T â la troifieme & à la quatrième an* 
née qu'il faut ufer envers lés arbres de divers 
moyens pour les diriger. Ces moyens font de 
deux fortes : les uns appaniennent à la Méde* 
cine & à la Chirurgie defquelles je les ai env 
:pruntés 5 tels que la dietce , la faignée \ les au- 
tres font des inventions particulières , com- 
me la courbure des . branches ^ le cajjimenu 
Après les avoir long-tems pratiqués avec le 
plus grand fuccès > je ne crains point d en 
démontrer les avantages. 
V Ils ont pour but de régler la poufle des ar- 
bres » afin d'opérer une diftribution propor* 
tionnelle de la fève dans toutes leurs parties , 
de faire enfone que déformais ils ne s'em- 
portent plus j foit du haut enfe dénuant du 
bas , foit d'un feul coté , tandis que l'autre 
eft foible & languiflànt. Il éft queftion de 
renouveller des arbres, malades , & de con- 
ferver ceux que les Jardiniers condamnent à 
erre remplaces pat d'autres , de faire porter 
du fruit aux arbres de quatre & cinq ans en 



vv Jarbinag/. I97 

plus grande quantité qu'on n a fait jufqQ*ici i 
dix ou douze , de leuc donner une dimenHon 
immenfe par rapport aux bornes étroites dans' 
lefquelles on a coutume de les retenir , de 
les faire groflSr de la tige à proportion , enfin 
de leur procurer , durant un uécle , une par- 
faite fanté , tandis que Texpérience journa* 
Uere nous apprend qu a peine tous les arbres y 
& furtout les pêchers ont fait paroître une 
brillante verdure pendant leurs années de vi- 

Î;ueur , qu'ils font alTaillis â la fois par tous 
es maux d'une vieilleiTe prématurée. Si je 
parviens à ces diflférens points par ma mé- 
thode & par les moyens que j'indique , les 
^ens fenfés , pourront ils les défapprouver & 
lefufer de s'en fervir ? 

Je commence par ceux qui font tirés de la 
Médecine & de la Chirurgie. 

i^. La diette & l'abftinence. ^ 

a®. L'incifion & la faignée. •• 

3^ Le cautère à la tige >.. aux branches & 
aux racines. 

4**. La fcarification. ^ .'■^.. 

5*». Les cataplafmes & les topiques. * <i 

60. Les écliffes, les bandages & les liga- 
tures. 

Toutes ces nouvelles inventions font éta- 
blies fur des expériences > Se ont pour fonde- 
ment les principes de la Phyfique des végé- 
taux. Celles dont la Médecine & la Chirur- 
gie fe fervent pour la cure de nos maladies , 
ont pour les arbres des vertus & des pro- 



trjf9i La Pjratiqve 

priécés qtf on ne peut trop admirer; 

Ces expédient poar opérer la dîftribution 
propoccionaelle Ass branches fervent «iicote 
à bieccce à fruit les arbffes qui n'en iàppor-- 
tenr jamais, comme je le^irai^os tnaa troi* 
fieme Partie. Leitr efFet eft auffi ia beiie à^ 
gare de Tarbre , fa fanté , fa ?igoeor & £x 
durée. On n*y parvient qu'en faifant âaer 
la fève du cote où elle n*alloit point aupa^* 
lavant , & en Tarretant an (Até où elle fe 

fjortoic avec trop de vivacité. Par fon cnojen 
e pécher eft également fourni de branches 
& de fruits , de façon qu'il ne V emporte 
point vers le haut , 8c que dans le bas £c 
da/ns le milieu il n'oîfre point ide grands m^n- 
bres alongés, dégarnis de bcancMs, & qu'il 
ne poafle point d'un feul câ}té aux iiépens xle 
lautre. Cette diftribution feft , comme 4ans 
TArchitedure 3 ce bel enfèmble dans lequel 
lq$ parties fe rapportent au tout. 

Ce que |^ai à dire fur cette importante 
matière a , pour bafe , les trois principes 
fuivans > i^'j fixer le pécher <lans fes varia* 
lions , fans le violenter. a«.' Faire avantageu- 
fement «(âge de l'abondance & de l'impc- 
tuofitéde fa fève. J^ Partager toutes fes bran" 
cbes de manière qu'elles ne puiflTent fe ^lé- 
truire , comme il n'arrive que trop fouvent 
par Tentremife des gourmands qu'on lui fait 
pouffer de tous côtes. Mais avant que d*en» 
trer à cet égard dans aucun détail » j'établis 
ici quelques propoiitions q[utfont aitcam de 



ibv Jardinage; 199 

corollaîres de tout ce que j'ai a#hcé. 

1*. Après l'ordre de ù. préparation des ra- 
cines , la diftribtttion proportionnelle des 
branches dépend abfolumetu de là fuppref^ 
fîan totale des perpendiculaires au tronc Se 
à la tige j & il ne doit y avoir dans tout ar- 
bre i qu'on veut rendre régulier en même- 
tems que fruâueux , que des branches obli- 
ques & latérales d'où procèdent tontes les 
autres, l'ai déjà traité ce point. 

i*. Le moyen le plus analogue à la façon 
4e poulTer du* pécher , & le plus e^cace pour 
régale diftribucion des branches dans tout 
arbre , c'eft de faire des gourmands , le fon- 
dement de fa.taille & de l'harmonie des bran- 
dies eiîtr'elles. 

}**• Pour avoir un arbre garni de toutes 

5 arts, il faut en même- tems qu'on le charge 
'un grand nomi^re de branches , lui faire 
prendre l'eflor en lalongeant beaucoup , pro- 
portionnément à fa vigueur. 

4*. Tailler long les branches à bois 8t - 
les gourmands , & fobrement les branches à %< 
frw. 

5*. Rapprocher toujours ôc cenouveller les 
branches du pécher , le concentrer pour ainiî 
dire , en tirant fur les branches du bas par 
préférence à celles du haut. 

6**. Quand un arbre a , durant fes pre- 
mières années , tetté fon feu , & qu'il pouffe 
{kIus fagement , le tenir un peu plus de coure 
& ne lai plus tant dswner 1 «Cor. | 

Niv 



400 . La P r a t I q u-« 

7*, R#Durir alors aux engrais & au chan- 
gement de terre , furtout pour le pécher. 

8*. Lors de rébourgeonnement & du pa- 
liflTage cclaircir , élaguer » tirant toujours du 
plein au vuide > du plus fourni à ce qui Teft 
moins. 

9''. Le pccher étant fujet à la mortalité de 
fes branches , veiller à ce qu'il y en ait de 
rcferve auxquelles on puitte recourir pour 
remplacer les mortes , & qu on paifTe attirer 
fans rien dégarnir. , - 

io«. Dans le cas de rem{5lacement dés 
branches mortes , (i dans le voifinage il n'y 
a que des branches à fruit , faire d'une braii- 
che à fruit une branche à bois. 

Il eft queftion de remplir un vuide & je 
n'ai que des branches fruftueufes. Si |e les 
taille à la longueur ordinaire» c'eftàcÛre à 
fruit y elles me donneront bien moins de 
bois.. En les taillant à un ou deux yeux feu- 
lement, je fuis afTuré d'avoir de bon bois 
f)ottr garnir, parce que Tannée fuivance j'a- 
onge les branches venues des yeux de celles 
que je raille ainfi fort court > & je les mets 
à bois & à fruit tout enfemble» Les Jardi-.' 
niers au contraire alongent ces menues bran* 
ches pour garnir , & au-lieu d'avoir de bon 
bois , ils n ont que des poufTes chetives qui 
meurent , ou qui ne garniflenr point. 

Je vais maintenant rapporter divers expc- 
diens tirés de la Médecine & de la Chirurgie » 
pour régler la pouCe des arbres^^ demies dirigées 



ou Jakoikaûs. IPI 

1 o. Xa i/ièrftf & l*àbfiinence. Je remarquai 
un four ^ dans la cour d'un Vigneron , un 
ttiûrier qui d'un côté faifoic briller une riante 
verdure , Tes feuilles étoienc plus grandes 
qu*à l'ordinaire , & fes fruits abondans con- 
traftoient avec Fautre coté qui étoit étique 
& n avoit que des feuilles chetives & des 
fruits auffi rares que mefquins. En fouillant 
une première racine depuis le pied de l'arbre y 
je rencontre une foffe à fumier qui étoit 
comble & toute couverte de gazon qui avoic 
cru par-deiïus. A travers les terres de cette 
foffe, j'apperçois/une multitude innombra- 
ble de petites racines & de chevelu oui 
pompoient la terre où les parties fpiritueuies 
du fumier avoient pénétré. De Tkutre côcé , ce 
.n'étoit que gravois » cailloutage , ronces , épi<- 
nes fur la luperficie de la terre, & tuf dans 
le fond. De>U , je tirai beaucoup de con- 
féquences utiles dans la pratique , telles que 
ceiie de faire jeûner les arbres en pareil cas , 
& de bien nourrir le côté maigre. 

Je fuppofe un arbre plein d'un côté & dé- 
garni de l'autre : je commence par charger 
amplement le premier \ Se afin que le fé- 
cond puiffe fournir au peu que je lui laiffè, 
je le aécharge & le tiens fort court. Il s'agit 
enfuite de coupet les vivres au côté plein ^ 
pour qu'il ne raffe que s'entretenir dans fon 
embonpoint , &c de les faire paffer au côté 
maigre. Je ne parle ici que de ces arbres vî- 
goureux qui portent toute leur fève d'un côtjé^ 



Z04 La PIlATIQu-t- 

A la taille faivance , ce côté de l'atbre càap 
damné à la diette , a befoin d'être ménagé : 
il faut être très - réfervé fur la quantité de 
bois quon lui laifTe 9 ainiî que fur la loneueuCi 
Quant à l'autre , je lui donne utie caille plus 
forte qu'il eft en état de foutenir , au rooyea 
de ce qu'il a toutes fes racines dans lerqueiles 

{laiïera déformais l'abondance" de la Cève par 
es engrais qu'on lui prodigue. On ne tarde 
point i s'appercevoir de l'effet de ces opé- 
rations, te côté foible fleurit plutôt , ver- 
dit de meilleure heure , & eft en tout plus 
hâtif, fes bourgeons font plus vigoureux : 
dès l'année même il croît prodigieufement , 
tandis que l'autre s'entretient dans fon em<- 
bonpoint y fans faire aucunes poutlès vigou- 
reules. A mefure néanmoins que s'opère le 
recouvrement des plaies faites aux racines » 
fes bourgeons vont toujours en augmentant. 
Il pourroit mène â fôn tour l'emporter fur 
l'autre » mais on y remédie aifément par les 
engrais adminiftrés au côté à qui l'on a fait 
faire diette. 

1^. Vinci/ion & la\faig^é€. Mon mini({:ere 
eft rempli par rapport au côté de l'arbre qui 
a trop d'embonpoint , il ne l'eft pas i l'égard 
de l'autre. Le changement de bonne terre 
en mauvaife > la fouftraâion des racines 8c 
leur raccourciffement ne peuvent manquer 
d'occafionner une divetdon de fève qui » au 
moyen des engrais abondans que fai don- 
nés au côté foible y va s'y porter^ avec la 



Dv Jakdinàgb. 205 

même abondance qu elle fe porroic du côté 
^içoateux. Il faut donc le difpofer à rece- 
iroic cecte afHuence de fève , que récroire ca- 
pacité de fes canaux ne peut contenir. J'ap- 
pelle lart à mon fecours pour les étendre 
£l les dilater. J'y parviens par le moyen de 
rincifion que je diftingue de la faignée* 

Au printems , avec' la pointe de la fer- 
perte , je tire du côté maigre de mon arbre 
depuis le tronc jufqu aux premières branches 
une incifion , en fendant Técorce jufqu'au 
bois. Je la fais latéralement , & je la con- 
tinue i cette partie maigre > toujours fur le 
coté à la mère -branche & aux grofles bran- 
ches , & j*enduis toutes ces incifions de bouze 
de vache, fans l'envelopper , dans l'inten- 
tion de prévenir le aux de gomme. 

Si cette plaie faite par l'incifion ^ au-lieu 
de fe fermer, venoit à fe fécher , ce feroit 
un mauvais (igné pour l'arbre , qu'il n'y au- 
roit point d'elpérance de rétablir. Si la bran- 
che maigre ne groffiflbit pas , il faudroit re- 
commencer rincifion l'année fuivante ; mais 
non dans la même place , foit par derrière , 
foit par devant , avec la précaution d'y ap- 
pliquer une douve ^ pour que le foleil ni la 
pluie ne frappe point la plaie. 

La Nature m'a fait naître l'idée de ces in* 
cifions. Je.yoyois des arbres vigoureux fe fen- 
dre d'eux-mêmes tant à la tige & aux bran- 
ches qu'au tronc , & fouvent du haut en<» 
bas , comme fi on les eût incifcs exprès. J'ai 



1 

aor .La Puât iQ VI 

reconnis, en les mefurant » que depufe li 
mois de Mai , jufqu à T Autodicie > ils wnsieàc 
groffi d'uti pouce. La future de ce^ insifio» 
le fait ordinairement dans^ Tannée j & an 
endroits qui les ont fouffertes g la peaa eft 
plus claire & moins épaifle que lancienne; 
Les noyers , les pomn^ierSi les pêchers menées 
Se les arbres féconds en fève y fonc fufets. 
Il fe fait aux branches fottes de ces derniers 
vers leur empâtement , des gerçures de cou- 
leur jaunâtre , par lefquelles h Nature y en iti^ 
diquanc fes beioins , ma appris i recourir i 
l'incifion pour gonfler Us récipîens de la fève 
du côté maigre de l'arbre* 

La faignee n*eâ: proprement qu'une inc^ 
fîoh dô la longueur de deuâc ou trois pouces^ 
Elle a également lieu pour les racines , compat 
pour le tront » la tige & les branches à bois 
leulement. Voici quelques circonftances où 
elle eft don- feulement utile mais nceefl&ire. 
Un arbre poufle avec véhémence dans fa jeu- 
neffe 5 Se fa tige he groffîc pokit à proportion 
des branches. Un cali» commence à fe for^ 
mer â l'endroit de k greffe , & Ton a lien 
d'appréhender qu'il ne groffiffe ait point de 
faire un mauvais efièt Se de s'approprier une 
partie de la fève. Pour opérer alors une di- 
version , il tie faut pas (e contencer de fai^ 
gner l'arbre à la tige feulement, iliais aux 
gro(Ies racines. On découvre les pkis pro* 
ches de la fuperficie de W terre , & avec la 
pointe de la ferpette on ouvre knr oeau de 



X>U jARDIllAGf. 1^7 

llbiut oil trois pouces de long , qu'on enve* 
loppe énfuice d'onguent de Saint-Fiacre» 

Rien de plus emcace que cette faignée pour 

détourner la gomme. Elle eft encore d'un 

grand fecours pour empêcher que les arbres 

ne fe jettent trop en gourmands» en produis 

fant un éc6ulement de la fève qui fe porte» 

roit vers le haut. De plus , la plaie de cette 

faignée l'attire à elle pour fa guériibn , ic 

forme une obftru6tion dans le canal de la 

lève , dont elle modère l'impétuofîté. 

Elle fe fait ordinairement entre Tefpace 
vuide d'un œil à l'autre de chaque branche » 
toujours en ligne droite , & non tgranfverfa* 
lement. L'opération deviendroit alors diffé- 
renre j fon effet feroit d'interrompre le cours 
de la lève dans une partie de l'arbre , ce que 
j'appelle fcarification , dont je parlerai dans 
la fuite. Au-lieu qjie rhon but i, en employant 
la faignée » eft d'attirer la fève & ikhi de l'ar^ 
rêter. 

On en reconnoîc l'utilité dans des pêchers 
de cinq à iix ans , ou plus , qui poulTent plus 
d'un coté que de l'autre. Pour empêcher la 
partie forte d'emporter la partie foible , on 
faigne celle-ci , & on donne leflbr à l'autre ; 
i^. Afin d'attirer la fève du côté où fe fait la 
faignée. i^. Afin q»'en y arrivant elle trouve 
des canaux alfez amples pour la contenir. Il eft 
dcniontré que dès qu'une plaife eft ouvertQ 
à un arbre , la fève y arrive de thème que 
Je (àng à une ouverture |>rati<^U€e dans la peav^ 



loS La Pratiqi/6 

luimaiiie* Il ne Teft pas moins que lorfqa'ii 
y a une incifion dans la peau de i'aibre > ii 
le fait ) ain(i qu a notre chair , un gonflement 
dans les parties féparées , que les deux lèvres 
de la plaie fe retirant , opèrent entr*elles un 
efpace vuide , & qu'enfin la Nature venant 
au fecours de la partie affligée , les efprits fe 
portent de ce côcé-li avec plus d'abondance. 
Si au contraire je faignois le coté vigou- 
reux » loin de remédier au mal , je ne ferois 
que l'augmenter en dilatant des vaiileaux qui 
ne le ibnt déjà que trop. Cependant je taille 
fort long le coté vigoureux , je lui laiiTe 
quantité de branches y 6c j'alonge lès gour- 
mands pour amufer la fève. Il eft ainfi fubja- 
gué à force de fournir à tout le bois épar- 
gné tant à la taille qu'à Téboûrgeonnement : 
3uand il éft devenu plus modéré , je change 
e conduite i fon égard , & je le ménage 
davantage. 

Un arbre nain s'emporte du haut ^ fes 
branches exttêmement étendues profitent , & 
fa tige demeure toujours au même état. Il 
lui raut & l'incifion à la tige & la faignée 
aux branches : la première occafionne fon 
extenfion , & la féconde empêche la fève de 
fe porter aux extrémités. La taille enfuice 
maintient l'équilibre entre le haut & le bas, 
entre les cotés & la tige. 

Une ^eiée aura brûlé nombre de branches, 
eu un vice intérieur les aura fait périr , je 
mets la faignée en ufage du côté dégarni, ou 

même 



9V jAlÎDIKAéB. %Of 

Kième le caucere en cas de befoin. Elle n'eft 

pas non plus à négliger dans certaines niaia« 

«lies du pêcher , telles que la cloque , poup 

répandre dans les branches du ba$ la fàvf 

élancée vers le haut. U peut arriver que Ten-^ 

duic appliqué à la faignée venant à tomber 9 

la gomme s'y mette ^ on la nettoie alory 

& on InelFuîe avant que de l'enduire , & U 

gomme ne peut jamais Euer. 

' La faignée des racines eA la même que cell^ 

«les branches pour la grandeur- de l'incifion 

& l'ouverture de la peau , comme pour Tap» 

pUcation de Tonguent de Saint Fiacre. l.e$ 

lacines les plus propres à cette opération (bns 

celles qui font les plu$ grofTes & les plus voif 

fines de la fuperficie de la terre. L'endroii; 

où elle doit être faite eft vers la bafe de I4 

racine dans fon fort , 8c de côté plutôt qu eri 

deflTas , parce que la terre y péfe cooins qu en^ 

delTus. 

L^ circonftances où il faut l'employer font» 
i* , pour arrêter la produârion ou lespro^- 
grè$4es gourmands, i*. Pour opérer la dif^ 
tribntion proportionnelle des branches dans 
les arbres, extrêmement fougueux, j*. Com 
tre la gomme qui flue à certains arbres vigou*^ 
reux, parce qu'elle eft trop abondante. On 
obfervera néanmoins que eet effet n'en refaite 
pas toujours quand la gomme a pour principe 
un mauvais régime-, ou une caufe accidentel 
le , telle que des contufions faites par la grèlei 
|1 el^ 4os çiç^tn^s mi ne fe font que Iqiit 
^ Q 



uo La Phatiqub 

rnenc i caufe des coapes dcfeâaeiifes » 
chicots » argots oa bois morts » par lef* 
quels la gomme flae« La foignée eft plos 
miifible que falutaire dans ces cas } il raot 
alors aller à la caufe du mal. 4^. On l'em* 
ploie avec fuccès dans la cure de di£Férenres 
maladies que je ne décaillerai point quant i 
préfent. 5^. On s'en fert pour Ëôre fruât- 
fier les arbres , comme pour empêcher les 
fruits de tomber* ^Un poirier ne k met 
point à fruit » parce que la fève trop abon* 
dante » & poufiée avec trop d'impétaofîté , 
au- lieu d'enfiler les pafiàges étroits qui com- 

E>fent le tifTu des branches fruâueufes y eft 
ncée d'abord dans les orifices fpacieux des 
gourmands 8c des branches i bois qui profi- 
tent d autant plus Qu'elles fe tournent moins 
â fruits Un autre neurit tous les ans : Tes 
fleurs coulent bientôt après » & il n'en noue 
qu'un petit nombre. Â celui ci les fruits tom- 
bent cnaque année à la moitié de leur «grof* 
feur. Par le fecours de la faigûée qui » coita* 
Jtte je l'ai dit> amortit ce aux impétueux de 
fève j j'arrête cet épanchement defordomié , 
& je réduits ces arbres intempérans. 

$^. Le cautère â la tige , aux branches , & 
aux racines. Il y a cette différence entre les 
cautères humains & ce;ux des arbres , que \ès 
premiers fe font par l'application des casrf-* 
tiques » d'où vient le mot cautère qui figni* 
fie brûler » ou manger les chairs, au -lieu 
que les derniets iom. pegp rement l'iucifioa 



U W J A-K pi N A « t • ri f 

4c la fatsnée ^ imaôs diffiÊremmem modiâées. 
5i2iiam; d U ^ jSe a^.dSets U parité eft reUe 
que :î^âi ccù pouvoic 'dclnoer ce oom à •cetio 
opération mmv^lle du Jacclmage., par la^psellia 
fartire les liiimie«irs .f«perâfttes de Tarbre , je 
renouvelle & purifie fai tève , & |e k -déroucné 
vers les parties dénuées ide Yenrduie. 

Lors éa pi7intefDs^ufc)a an .commeftoen^enc 
de Jbtn, on fait «ne iociâon de denxàtcoîc 

Eoftces éc reti dteite ligne i Fécorce. d'une 
raùche ^ire ou/d'ane tige qu'on vent gai^jiâc 
d'Hn eècé , rsu fonfia aux.racines. Pea ^utiporse 
dans quel endroit <fUe fe faffe ^ pourvu qu'on 
en détourne les. rayons du foleil. Cette inci» 
fion fe fait avec la poincé de 4a lefpette oa 
du greftoir , :ou avec uh ceureau bien aigaifé 
de rBctne que fi on Wmloit greffer i eéil dor«- 
tnant. On a enfiiite on pedt coin de 'bois dt 
la longueuirde l'ouverture , bieaaiilé & ailèp 
coupant pour efncrer |uft}a*aa fond et Tinci* 
fion , 6c {ans que le tranchant quille reib^ 
date la plaie. On l'enfoncre un pni H force ^ 
en fcappamt légèrement «disiras avec le vnan^ 
che de la ferpette ^pam le &ire tenir plus 
ferme. Il faut l'y lalfTer deux ott trois |ours 
afin de donner le tems à la fève d'y arriver j 
au beat defquels on vifice U pUie & on Àte 
le coin. L^écotoe paroik alors retira un peu 
dts deux côtés & flétrie. 

il arrive à cette partie de Tatbre tncifée la 
même chofequ'iWt chair kumaine. Si la plaie 
aâué^ elle aura scani^ifi^ «udebars Se dai^s 

Oij 



J^ 



%IX hA PiLATIQVB 

les cotés de fes ievtes : aux arbres de frtua 
à pépin /elle aura fainté ; dans ceux à noyau» 
€9g aura produit de la gomme. Dans l'un & 
l'a)l9e cas on nettoie la plaie avec une ef- 
^fl^le de bois amincie , on l'efluie avec un 
''linge, &on remet le coin ; ce panfement 
qui fe fait tous les trois jours , cave touiours 
un peu la plaie , l'excorie de nouveau & ou- 
vre les paiTages de la fève qui ne manque* 
fuient pas de fe fermer. Le cautère fe fait 
aux branches & à la tige , afin d'attirer la iève 
dans les endroits où elle n'iroit pas , fuivant 
fon cours ordinaire j aux racines pour fervit 
d'égoût aux humeurs de Tarbre , purger la 
imaÏÏè de la (eve & la renouvellera 

On peut en faire plusieurs : néanmoins il 
faut diftinguer; àla tige de l'arbre , il n*en faut 
faire qu'un y aux branches Se aux racines on 
peut l'appliquer fur celles où il eft néceflaire 

Îiour regarnir l'arbre dénué de verdure. Il ne 
audroit pas cependant le trop multiplier par** 
,ce qu'il occafionneroit une trop grande difli* 
nation de ieve ; il vaut mieux remettre à en 
faire de nouveaux Tannée fuivante» 

Cet écoulement dure quinze jours ou trois 
femaines^ quelquefois plus. .Dans les arbres 
de fruits à pépin, on n'apperçoit fouvent 
qu'une lymphe qui fuinte peu i peu , ou 

{»oint du tout , il ne faut pas s'en etosiner , 
e cautère 6'en fait pas moins fon effet ; cette 
férofité étant à l'înftant pompée 8c dellechée 
par l'air. Qiiant aux fruits, à noyau» la fcve 



dv Jauoimagb. 1I| 

ietnblablë au fang forci de nos veines ^ fe 
fige , fe coagule & fe mec en grumeaux. Il 
faut remarquer que dans ces derniers elle de-» 
vient au bouc dé quinze jours limpide , corn* 
me l'eau qui fore de la viene , quand elle 
pleure. On faic égalemenc le panfeihenc du 
cautère à Tordinaire. 

Lorfqu*on voie que l'écoulemenc n'eft plus 
fi abondanc j au bouc de crois femaines ou un 
mois on recire le coin cour- à - faic. Enfuice 
quand la plaie a écé bien neccoyée & tSuyée > 
on la remplie avec de la bouze de vache ou 
de la cerregralTe , ou'on recouvre d'une pecice 
emplâcre enveloppée d*un linge. Trois mois 
font plus que fumfans pour que la plaie foit 
encieremenc fermée* 

L effec du cautère eft tout naturel 3c très* 
curieux. Une première goutce du liquide qui 
compofe la fève encre par l'orifice de cha- 
que racine : une aucre eft lancée & fouectée 
vivement â la fuice de cecce première goucce, de 
ainfi jufqu'à la dernière qui toujoius fe renou* 
velle » & eft produite i tout inftant. Les ra- 
cines envoient de ia même manière cette fève 
dans le tronc» & de-là dans la tige , puis 
dans toutes les ancres parcies. Le cauccre lui 
occaHonne une diverfion , enforce qu'au*liea 
de pafTer oucre y elle eft arrècée à l'endroit 
de l'ouverture où elle crouve une ifliie plus 
fadle. A mefure qu'elle s'habicue à s'y épan<^ 
cher , fon cours y eft néçefTairemenc décer- 
miné. Comme elle a toujours dilacé les ca« 



naax des bcanchei» caucérîsrées » elle troHW 
{dus èô force poav y être Isakûàe. Evidn c<t 
Patries liquider qai ne feac au»€| cfaofe qiK 
U« fttcs de la tecre accoucoiâc^ à èf re poiifl^ 
de ce cocé-lâ &' ^ s'y ftxet , comifHMnr «te 
le faire arvec la mèime impécuoâcé. D€^ pk» > 
la plaie quoique bouchée , opérer eto cet eit- 
dffotc uae ruvKvew & un gonftemeM ». par le£- 
quels eft enrrecemfe vers ce«cd partie mie 
OouveHe émiffion de fèv« y qui se potfvant 
plus s'extravafer y fair «e qme ie« Médecins 
ftppellem éruption à v^aVers la peau. 

Des brancnes percent de toutes parts de 
la |c^att d*un arbre ^in(î cautérifé : iï ^ome 
le même fort ^e celui qui a ét4 ravailé en 
recépé. Pourquoi ce dernier poufle-t-il en fi 
grami nombre d^ jets 9c des gourmands ? 
C eft parce que h fève qui julque-là avok 
tiirigé fon cours vers le$ branches fupprîmées 
y arrive comme auparavant : le pâddge eft 
ÎFrayé ^ mais parce qu'elle ne trouve plus è fe 
décharger dans ces parties où elle avoit cou- 
tume' d être recèle , elle fe porte par ifrap- 
tion horizontalement , fe faie jour pat les 
endroits de la peau qui prêtent davantage, 
les dilate en dedans y les poudè au dehors y 
& ouvre despafTages pour en faire éclorre des 
bourgeons. 

Le cautère fert encore à purifier la fève» 
i augmenter fon aârion y ècà faciliter fa cir- 
culation en Tarrètant. Il renouvelle Tarbre, 
dont il rend la peau Ufle Se unie j fes bout* 



LDv Jaudimaoi. zif 

font plus nourris , croiflènt plu£ promp* 
^w^.^it y &:.fonc briller une éclatante ver- 
dure. Par fon moven on a du fruit en abon^- 
«lance durant pluueurs années. Je n'ajoute- 
rai point que l'arbre un peu atténué par cet 
cpanchemenc de fève » a befoin d'engrais , 
teb que de l'eau de fumier prife dans les 
bafle-cours , ou de bonne terre fubftituée â 
k vieille y qu'on enlève jufqu aux première^ 
racines. 

Le cautère s'applique fur les racines de la 
même manière que fur les branches. En Mars 
& en Avril on (ouille un pécher malade à un 
pied & demi fuivant que les mai trèfles ra-^ 
cines font plus ou moins en terre , & on les 
met a jour , fans les déranger. J'en choifis 
trois des plus grollès » ou deux ^ fi l'atbre a 
mioins de force » & je fais à chacune fur les 
cotés une inciiion de trois pouces où j'infère 
un coin de bois , comme aux branches. Je 
mets par - deifous dans le fond du trou une 
•afiîeftepour recevoir Teau qui aura fluéde'i^ 
racines , afin de me régler pour l'écoulement 
& la vuidange. Je les couvre enfuite de, quel- 
que linge , & je mets par^delTus des douves 
du des tuiles avec de la grande litière ou des 
gazons renverfés. Trois jours fe patient fans 
vifiter la pUie » au bout diefquels j'ôte le 
coin , j'efTuif la plaie , puis je le remets & re- 
couvre le tout pour recodameucer au bout de 
trois jours. L'écoulement en doit durer au 
mpins quinace. Quand la fève n*eft plus épaiHet 

Oiv 



j 



$\t La PitAtjtQVë 

Ie ferme la plaie de la même façoft c|u*aiiir 
>rat)ches , & je garnis les racines de bonne 
terte après une fuppuratioH fuffifame. Les 
ftrbres pouffent inceffamitient des jets admi- 
tabUs , & furtout des gourmands précieor 
qui percent de l'écorce. Ces cautères aox raci- 
nes font très -unies pour iremettre un pcches 
cloqué. 

4*^- De la fcatïjicatiofi. Scarifier an arbre t 
é^eft lui ouvrir la peau à divers endroits pat 
des incifîods , afin d'attirer la fève par ce^ 
différentes plaies j & de 1 empêcher de s'em- 
ptjrter en pure perte partout où elle eft lan- 
cée trop impécueufement^ Le hâfard ma fug* 
géré cette mvention. Je voyais des comii- 
* lion^ & des plaies à certaines branches 5 & 
je m appercevoisqu*elles profitaient moins'que 
celles qui étoient faines & intaâ^es^ que raiit 
que le petit boutrelet fe formoit antoer de 
la plaie pour en opérer le tecouvrement , les 
bdurgecms , & les fi uits de ces branches meur- 
ffies ne profitoienr point comme les autres f 
et q&e la végétation étoit retardée ou avaa- 
tée à proportion de Touverture de la plaie. 
îl m*a femblé que cet effet devoir être: attri- 
bue à ce que la fève détournée de fon cours 
ordinaire , eft forcée de prendre des circaits , 
femblâbïe à un courant d'eau qui trouvant i 
fort paflage des corps étrangers, fe détootne 
pour couler vers fa pente , d'autant moins ra- 
pide que les obftacks font plus confifdérables 
ou plus multipliés. De - là ^ j'ai concla cpe 



J 



Dty Jar oiMAGi. 117 

^<i Qu'alors je regardois comme un accident fâ- 
eheux , pouvoir en certaines circonftances être 
latilement employé* 

Une autre fois voyant des branches qu'on 
avoir rrop ferrées j japperçusau-deflus & au- 
defTous de la ligature un double bourrelet, & 
|e remarquai que celles qui n'a voient point un 
pareil lien s'étoient beaucoup alongées , aii- 
lieu que les premières éroient plus groflTes 
du bas que dans la partie au-defTus du fécond 
boutrelet. J'ai imaginé de tourner au profit 
des arbres , par le moyen de l'art , ce qui 
n'étoit que l'effet de la maladreffe de l'ouvrier, 
La fcarification eft merveilleufe pour ar- 
rêter le flux défordonné de la fève dans les 
arbres de pur ornement , qui s'emportent 
foit d'un côté , foit du haut fur une feule bran- 
che. Â l'égard des arbres dé fruits à pépin 
elle eft d'une grande reflfburce pour les 
faire fruâifier. Mais quant â ceuxâ noyau il 
faut beaucoup de prudence pour la mettre en 
* ufage. Je lai fouvent employée fur des gour- 
mands d'abricotiers Se de pruniers , à Véçi^zïd 
defquels elle a parfaitement réuflli. Il eft vrai 
que tous les jours j'effuyois la gomme , fans 
lui donner le tems de ik congeler. 

Le but de cette opération eft de rendre 
féconds des arbres qui ne rapportent point , 
tels que des poiriers & des pommiers fur* 
franc , dont toute la poulTe eft en bois , dç 
faire nouer les fleurs' de ceux qui rous les ans 
âettriiTent fans fe nouer ^ de mettre à fruit 



«it La pRÀTIQtTB 

les boutons de quancicé d'arbres qui s'alc 

Senc & ne s'ouvrent ni ne fleuriiTent points 
e dompter en un mot le trop *grand cpan* 
chement de la fève. PalTanc avec rapidité dans 
les arbres » dont les couloirs font trop dila- 
tés & les âbres trop lâches » elle n'a point 
le tems de fe cuire ni de fe digérer. Telle 
qu'un eau qui dans fbn cours rapide ne fait 
que battre la tesre & la durcir, cette (èvtr 
s'emporte toutours , inonde certaines bran- 
ches & laiHe a fec les fruâueufes , dont les 
orifices font trop petits pour la contenir. Dé- 
jà , cette ftérilité des boutons à fniît qui , ou 
fléurilTent fans fe nouer , ou s alongent fans 
s'épanouir , & qui rongés intérieurement par 
le trop long féjour d'une fève inutile & trop 
délajFce tombent enfin en pourriture. 

Toute branche qui n'eft point a ff uit , je 
parle des arbres de fruits à pépin 3 a ci di- 
nairenient le peau belle , luifante & fort unie. 
Celles au contraire qu'on nomme brindilles 
fonr pleines de rides. La Quintinye les a^ 
pelle des anneaux , parce qu'en effet ces ri- 
des font placées à ces brindilles comme des 
anneaux arrangés les uns près des autres y ce 
font autant de petits bourrelets gonflés j qui 
fervent de réfervoirs à la fève. La fg. 4 de 
\/\/T ^^ P^anc. ^^iC, repréfente une brindille avec 
/\ V L fes rides & fes boutons à fruit marqués D. 
Chaque année elles fe multiplient , & le bou- 
ton croît d'une ride jufqu'à ce que la fève 
fe déterminant , en faffe éclorre des fleurs 



1» V JAR9IKAGB. 11^ 

des fruits. La jonâion qui les Katfonne 
cft une feAion , par le paflage de laquelle 
la fève eft filtrée pour arriver ckns ce petit 
loerr^let qui fbrme me ndk. Ces inégalités 
xecardem fen pai&ge fueceifivemenc » auliea 
^ue dans les Wanches imies n'étant arrêtée 
|>ar aucun obftacle , elle entre avec aifance 
& fe porte en avant. Je prétends donc par la 
fcarificarion , empêcher que la ftve ne fé- 
journe niuttlement dans ces brindilles , & lui 
procurer une filcration aifée par ces rides 
& leurs ièâions qui en abforbent une partie 
par l'eniploi que larbre eft forcé d'en faire 
pour leue formation. Combien encore ne s'en 
extravaie-t-il point par les ouvertures faites i 
la peau , 9c qui ibnt pompées 8c afpirées 
par l^air ? En mème-tems qu'il en diminue le 
volume, il contribue à fa eu i (Ton Ôc à l'af- 
finage des fucs , en portant dans l'arbre la 
bénignité des fiens. Les moyens que f em- 
ploie font les nodus , les calus Se les lx>ur- 
relers que Oette opération fait naître de toutes 
parts lut les branches pour le recouvrement 
des plaies. 

On la fait avec la ferpette dans la peau 
àé l'arbre ;ufqu au bois , un peu tranfverfa- 
lement du bas en haut , â la longueur de 
deux ou trois pouces , & i la diftance de cinq^ 
a fix, toujours à l'oppoGre d'une incifion a 
l'autre. Le téms le plus propre pout les ar- 
bres de fruits à pépin ,'eft la chute des feuil- 
les ^ jttfqu'au printems, avant que la fève 



tïo La Pratiç^ub 

foie touC'i- fait en mouvement. A ceux i' 
noyau , le princems efl; Tunique faifon con- 
venable : on obfervera d'effuyet la gomixie 
3ui ne manquera pas de fluer. ILeft inutile 
e dire que du terreau bien gras ou de la 
bouze de vache , font des préfervatifs néceC- 
faires pour éloigner les infedes , qui feroienc 
de toutes qes plaies des lieux de retraite. 

En faifant ces incitions en-de(ïbus , & un 
peu de côte , la fève eft ncceflairement ar- 
rêtée ou du moins retardée dans fon paiïàge ; 
les plaies font plus lentes â fe recouvrit , Se 
les arbres i\ont rien à craindre des pluies ni 
des gelées. Faites du haut en bas , ces ' in- 
cifions formeroient infenfiblement autant de 
petits augets propres à retenir les humidités 
nuidbles , qui leur cauferoient des chancres. 
Enfin leur pofition tant foit peu inclinée in* 
tercepte le cours de la fève j en divifant & 
féparant les fibres alongées de larbre. 

Au r eft e ces plaies (e guéri flent dans Tan^ 
née même, & fur les fu|ets vigoureux, de 
la faifon du printems à celle de l'hiver. Sur 
ceux-ci je les fais plus longues & plus drues ; 
fouvent je ne fcarifie que la tige ou quelques 
branches. A Tégard des gourmands ^ on ob- 
fervera de ne faire les incitions que dans lef- 
paçe d'un œil à un autre , fans les endom- 
mager. Elles opéreront dans Tarbre une plus 
ample végétation démontrée par fon accroif- 
fement fenfible , fur un jeune abricotier , pat 
exemple > dont les refTprts n ont point été 



BU Jardin AGI. lit 

«fés ni relâchés par des poufTes forcées , Sc 
toujours retranchées; il s accommodera beau-* 
coup mieux de cette opération qu'un vieil 
arbre à qui un mauvais régime continué de*^ 
puis longues années a ôté la force de la fup* 
porter. 

J ai dit que la fcari6cation étoit très-utile 

.pour mettre à fruit les arbres fur franc , teU 

que les vîrgouleufe5& les bergamottes , qu'on 

prétend n'être fruâueux qu'au bout de quinze 

pu vingt ans* Je fuis parvenu à en cueillir des 

fruits dès la quatrième & cinquième année . 

mais je n'épuifois point ces arbres dès lent 

, premier âge , en leur faifant poufler fans 

celfe du bois que chaque année les Jardiniers 

leur enlèvent, & qu*ils produifent toujours 

avec d'autant plus d'abondance qu'on le leur 

coupe plus fréquemment. Je compare ces ar» 

bres ain(i retenus , à de jeunes t ne vaux vifs 

& fougueux , qu'un mauvais cavalier pique 

des deux en même tems qu'il leur retient la 

bride : ces animaux fe tourmentent & s'é- 

puifent, toujours en fueur, & toujours ar- 

lactés dans leur courfe y en leur lâchant un 

peu la bride , ils avancent fans fe fatiguer. 

5^. Les cataplafmes: La Pharmacie & la 
Médecine du Jardinage ont été jufqu'à pré- 
fent prefqu'ignorées. Trois/ fortes de topi* 
ques indiqués par les Auteurs , font connus 
des Jardiniers j favoir , les fimples & les na- 
turels , tels que les terres graffes détrempées, 
jftfuées pour les greffes en fente , auxquelles 



on joint de la monde ou du foin , ic les di-f 
verfes cit^s : enfuite les topiques onâœux & 
graifTeux. D« ce genre font le vieux oint , 
le beurre , la térébenthine & \zpo\9i y ^'im 
applique tant fur les plaies des arbres , t^oe 
fur ceux qui font fains. Enfin les topiques 
compofés : ce font d^s recettes ou il entré 
quantité d'ingiédiens auxquels du attribue des 
effets furprenans ^ -foit pour g uétir les mala^ 
dies des végétaux , foit pour dilater leur 
écocce & leurs Âbres , pour les faire tmoae 
fruâ:ifier9& faire prendre racine aux bour- 
geons ) aux f^uiUes , i des branches ^èmes 
inanimées & comme deflféchées. On peut con- 
fulter entr autres TOuvragedu DodeûrAgci- 
cola , .Médecin â Rati^bonne ^ imprimé en 
François à Âmfterdam en lyao » & qui eft 
intitulé V Agriculture parfaite* 

A l'égard des topiques de la première ef- 

Î^èce,, les recettes les f lus (impies font nonr 
eulément préférables aux autres » inais les 
feules bonnes pour lesârbces , eonfièquemment 
aux épreuves & aux expériences que f ai faites 
tant de celles indiquas dans les livres , ique 
de celles qu'on m a communiquées. Lester^ 
res graCfes , & la cire font les topiques le 
plus en ufage. Par terre graflfe >, on ehtérid 
communémennt la terre glaife. Je la crois 
nuifible dans le Jardina^ ; décotn^ofée ^ on 
la. trouvera infipide & dcpourvoé.de parties 
ipiritueufes. £n terre,, elle &it pourrir par ks 
çaux <|u'elle retient^ lès ra^es.^ eeà ap* 



DU Jardxkacb. 11| 

prochent. Lors des féchereïïes elle fe durcit, 
Sicor quelle fent le haie » elle fejgerce & fe 
Fend de routes pans. Appliquée fur quelque 

Ertie d'un arbre , ejle tait entrer Tair & le 
le par fes ouvertures. 
Je bannis également; Tufage de la cire tant 
de la blanche que de la verre employée aux 
orangers par goût de propreté. C'eft un deC* 
ficatif , & par conféquenr elle rerarde la réu-» 
nion des parties -, & fait fendre » fouvent 
même éclater Técorce en la féparant do bois 
qu elle gerce. Les plaies au contraire enve- 
toppées avec longuent de Saint^Fiacre , font 
recouvertes infinimenr plutôc. Je dis à ce 
fujer que la raifon pour laquelle on met de 
la terre détrempée avec du foin ou de la 
moufTe » aux greffes en fenre , eft afin que 
Tair ne defTéche ni Técorce , ni le bois , ni 
les entes qui font appliquées deflTus , 6c que 
la terre naturellemenr humeâanre communi* 
que aux greffes une force d aliment extérieur 
qui , avec le fecpurs d<is plaies , des rofées^ 
& des brouillards ^paflèpar l'écorce & dans la 
parrie de Tarbre fur laquelle on a enté. 

Les topiques gras & huileux me femblent 
paiement contraires à la végéracion » 8c 
pernicieux aux végétaux. En voici les rai-* 
fons. L'air fert doublement aux arbres » 
d'abord pour les pénétrer , & pour por« 
ter à travers les pores de leur peau fes 
parties vitales. Âuffi relfèntent-ils fes diffé* 
cens bienfaits. Jettes de l'eau fur un arbro 



%14 l'A Pratique 

lorfque le fo}eil dardant fes rayons le defl^ 
çhe , à 1 inftanc fes feuilles repliées fe redref* 
fenCy s epanoui^Tenc & reverdiflenc, la peaulâ<- 
che & aplatie fe gonfle & devient bandée. Ua 
fécond effet de Tair , c*efl: non-feulement de 
faciliter la xranfpiration néceflaire aux végé- 
laux , mais encore le mouvement de la fève 
pour la faire monter & defcendre dans toutes 
leurs parties. Supprime:^ l'air , tout ce mécha-> 
nifme ce(fe , & à mefure que les arbres font 
plus ou moins pénétrés par lair , on apperçoit 
de la différence dans leur aâion de poufler. 

Or , que font les matières grafles & onc» 
Cueufes , finon de boucher les ouvertures de 
k peau par lefquelles lair s'infinue & paffe 
danis leur capacité ? La fève qui n'eu: elle» 
même qu'une lymphe , une férofité , ne peut 
que difBcilement couler par un endroit ou 
les fibres font imprégnées de parties huileur 
fes. Auflî qu'arrive-t-ilaux arbres auxquels on 
9iet des ondueux pour en éloigner les che« 
nilles ? Au bout d*an certain tems l'écorce 
fe Içve , la peau s'écaille , l'arbre maigrit & 
féche infenfiolement, 

Les çacaplafmes & les topiques analogues 
^ax arbres, fe réduifencaux iuivans ; la bouze 
de vache , foie la nouvelle , foit la vieille , 
pourvu qu'elle ne foit point defféchée g ni 
trop délayée » mais qu'elle fafle tant foit peu 
corps pour tenir fur les pUies des arbres ; le 
terreau gras , la bonne terre détrempée avec de 
}'$^a de fuipier ) les çerres franches » & celles 



DU Iardinags* ^^5 

;q[u*on nomme vierges , parce qu'elles font 

f>rifes dans des endroits ou jamais elles n pnc 
îsrvi , celles de marais Qc de ba$-prés , les ba-r 
la^yures des bafle*co4)rs 9c des foifes à fq-r 
mier » les amas d'anciennes immondices iqù 
cées comme en dépôt dans des lieux aban^ 
idounésjle limon des mares qui font 1 egoui 
de quanÛ4:é de Villages , & où les animaux 
ie lavenr Se s'abreuvent* Toutes ces chofes 
font excellentes pour faire des cataplafme$ 
aux arbres. VoiU ma cbymie &: ma pbar»* 
ixiacie* 

Mes efTences » mes élixirs , mes fomenta*- 
xîons, mes leflives ibnr les eaux de fumier 
cirées des baiTe- cours , ou les eaux (impies 
dans lefquelle^ je kilTe tremper du crottia 
d'animaux qu'on remue plufiears fois pen^ 
danc (|uinze jours. Je les expofe au foleil ^ 
yen arrofe enfuite mes arbres jaunes Se in- 
firmes & je les vivifie. Quelquefois je laiile 
iermenrer les lavures de vaiuelle avec les 
iSUes de la i:uifine , Se je répartis cette li-* 
queur au pied des arbres qui en ont le plus 
befoin « après qu'elles ont été frappées par 
i air , qui en emporte ce qui feroir rrop ipi- 
ritueux & trop mordant. Je recueille foigncu- 
fement les neiges imprégnées de parties ni* 
creufes qu'elles ont acquifes par rimpreifiou 
de l'air ; répandues le long des ef paliers , elles 
les préfervent des ajtteiotes d'jufie chaleur ex- 
çemve. 

^^ Enfin ,/lfx ^clijfcs , ks bandages & /</ 



txiS Là Pratique 

ligatures Ci uficés dans la Chirurgie , â Vcguii 
des membres caffés & déboîtés, ont lieu poiyr , 
les arbres dans le cals de diflocations dès bran- 
ches , fradures & autres dérangemens forcés* 
Tous les Jardiniers ne connoilTenc d autres re- 
mèdes â ces accidens que l'amputation ; opé- 
ration plus prompte que celle de pofer une 
éclifle , & de mettre un appareil fur la plaie* 
J'en ai vu néanmoins qui vouloient bien 
prendre la peine d'entourer d'un ofiér une 
branche éclatée , pour la tenir en place. £ft-ce 
là travailler ? 

Par un accident imprévu une branche eft 
ou éclatée, ou caflée tout-à-fait; mais eUe 
tient encore fuffifamment à récoirce. Je rap- 
proche les parties les unes contre les autres , 
Je les enduis avec un des topiques ^e j'ai 
indiqués ci - de (Tus , & je les envelop|>e d'un 
linge double* Je bandé enfûitemon a{^ateil, 
avec «n ofier fendu en deux , ou avec une 
vieille corde que je déSlé pour <][à*elfe ne 
foit point coupante. Je me fuis nfuni aupa- 
ravant de motceaux de lattes fort étroite ou 
d'éclats de douves fendues en deiix , qiie J'ar- 
range autour du topique. Quand cfeis échSts 
miles l'une près de l'autre ont rempli toute 
la capacité de la branche , je \ds tiéné en 
état ^vec un ofier que je ferfe (m peu , & je 
mets dans le milieu à' l^eitdroit mçihe ae 
la plaie une ligature avec litie cotât un peu 
forte que je bande le plus qu'il m'eft poflîblé. 
Je proportionne h longueur des écliSh de je 



«aii^tlplie les ligjsuiir^s Ibtvani: la pdct^ & i$ 

|p<niir de k bf smclie» Ces écliCesappa^«iii alorji 

^â: fur le chifen & foc b (opi()ue , amS «tiôs 

ffie peuvenc entamer ni pceffer n^me Vécwc^, 

Cetxe opération fe véïiét^ m% dôu^ bouts i m 

poace près-M» branche aiafi panfée eft attachât 

enfuke bien ferme y {qh au mar , ibit au treit-^ 

lage , & je n'attends ppinc <;}uè les ligatures 

ibient pourries pour les renouyelter. )e {^i^ 

ior que ma branche reprendra > qu'elle poufr 

iiera ^ qu'elle donnera mèm^ dn huii dans 

aonee« 

Je fais à ce fujet deux obfervations impor^ 
tantes : l'une , qu'il faut de la prudence quand 
on travaille les arbres , furrout les vieuiç don| 
le bois rempli de cicatrices eft fort cafTant , 

Eour ne point rrop forcer certaines branches* 
/autre , que dans Iç cas où ils éprouvent 
de pareilles fraârurès , on ne peut taire trop- 
de diligence pour renouer léur$ membres 
difloqués. Si on lailTe agir l'air (Se lé haie 
Curies parties ouvertes & féparées, la (eve 
deiTéchée au dehors , la ^écriflTure^ des feuil- 
les , le retour de la ftye & le ferrement in- 
térieur des parjties feront autant d'obftaj[^le$ in^ 
furmontables à leur réunion.. 

Il eft des plaies de peu de conféquence 9 
telles qu'une écorchure à la peau , à l'écorce 
oa d'une branche dont on taille la voifine » 
une entamure à quelque partie que ce foit, 
Un peu de laine ^ de cocon , de fîla0e , une 
hmw d*ftofFç.çn faiî to»t TappatèiK Je cotu 

Pi; 



[ 



4iS La PRATiQvr 

viens due fans ces (btns , ces plaies légères fe 1 
guéridenc tous les jours : mais je demaiicie fi ] 
nous n'éprouvons pas des piqûres , des égrad* 
gnures , des concuiîons , des coupures que nous 
négligeons » & qui après s*ècre guéries d'elles- 
mêmes forment des abfcès ^ des ulcères , des 
tnaux d'aventure, ôc donnent lieu à des.opé- 
rations douloureufes. Aux arbres gommeux 
iurtout , ic au pêcher , il n'y a point de petites 

5 laies. La gomme fluante onére néceiTairement 
. es chancres , quand on néglige d'y pourvoir 
par une (impie ligature » ou un peu de terre. 




t^tt..vx. ,. V, v: 



D V JaK DIMAG I. 



**f 




LE PÊCHER 

Et les autres Arbres confidérés dans 
leur âge formé. 



TROISIEME PARTIE. 
CHAPITRE PREMIER. 

De la Taille. 

J^'ÉpoQtjE de l'âge formé des arbres èa 
général , & furtout des pêchers dont je me 
propofe de parler dans cette troiiieme partie » 
eft depuis la'iixieme année de leur plantation, 
jufque vers le tems où ils commencent à vieil- 
lir. Il y a cette différence entre les arbres de 
fruits â pépin & ceux à noyau , <]ue les pre- 
miers font plus tardifs , &que les féconds. qui 
viennent plus vite finifTent auflS de même. Le 
pccher en particulier travaillé comme il Teft , 
n*eft guère formé qu'au bout de quinze ou 

PiiJ 



ifd La fnAtiQtti 

vingt aiis ^ au - lieu qu'il Teft à Mofltri 
à cinq ou (ix. ïl eft donc tiitérefianc 
t^ubht de voir une réforme ^établie dati 
culture d'un Atbre dont le frUit fait Te 
tnent des jardins & les délices des tables* 

La taille fera mon premier objet. Je 
l'ai en fuite à Tébourgeonnement & aa ^ 
fage donc je donnerai les régies. Cette 
fiere importante fera traitée conféquenit 
i des pratiques peu connues , mais fond 
fur un fuccès* cohfhnt.. Le hafârd eti ' 
, toup d'occafions fut mon maître j la cad 
Ûté & là réflexion me guidèrent , 6c Ve 
tietice me dccida« 

La taille eft Une opération de TArt 
pofée à Tintention ' de la Nature , & c^ 
traire â Tinftitution des arbres. Ils ne fut^ 
pdint faits pour ctré arrêtés dans leur a^ 
de végéter^ coupés , raccourcis , élagué 
éfeottcs , & affiijettis à des incifions qui trc 
blent Tordre & le méchanifme de leurs 
tlÊS organiques 6c dérangent k circukti^ 
dé la ieve à qui elles font prendre un coo^J 
dppofé à celui que la Nature a réglé. Les ai;] 
bres âes forêts fubfiftent fans qu on les taill 1 
& fans qu'on les imonde. Ceux de nos vet-j 
gèts & des campagnes portent paiement ddJ 
fruits > avec le fecours de la feule Nature i 
Cette fage mère pourvoit à leur renouvelle!^ 
ment par les branches qui remplacent celleti 
* qui j après avoir été ufées 6c épuifées , Ci \ 
defléchetit & tombent d'elles»mëmes« 



taille des arbres eft la fuppreilion de 
unes branches & le raccourcillemenc des 
très , pour les rendre d^une forme plus té^ 
lie te ) plus hâtifs & plus féconds en fruits 
LUX & iavoureux. La Quintinye a bien rai- 
de dire que beaucoup de gens coupent^ 
ytis que peu favent tailler. Je confîdére la 
Lille fous deux rapports difFérens ) favoir en 
Ue - même j & quant à la méthode qui doit 
îrvir de règle dans cette opération. 
Qu'on jette les yeux fur tous les arbres de 
>s jardins. Qu'y voit - on ? Des chicots » 
îs argots , des onglets , des branches mot-- 
y de la mouffe , de la eale , de vieille 
(omme , des chancres , d'anciennes plaies 
ion recoiivertes & deflféchées^ des faux-bois ^ 
tes branches chifFonpes , des coupes défec-- 
leufes. Ce portrait n'eft furement point outré. 
?s Jardiniers y (ont tellement accoutumés 
i qu'ils ne s'en apper^oivent pas \ peu de Maî- 
\ très fe connoillent en Jardinage , & un fpec- 
' tacle qu'ils voient chez leurs voiHns ne les 
i touche giaère dans leurs maifons. Je vais tâ- 
cher de les mettre en état de juger par eux* 
mêmes fi leurs arbres font bien ou mal te-* 
nus , & de bannir des objets aufli difgrji- 
ciejux que peux dont je viens de faire le dé- 
tail 

tes chicots Coyit les reftes des branches foie 
mottes , foit vives , qu'un Jardinier négli- 

Î;ent a laiffces 4e la longueur d'un pouce ^ au- 
ieu de les couper prè« de Vécprce {Jig. x« 

Piv 



L 



$$1 La PtLAtiQVÈ 

Plane. riL B. ) Je demande fi la Çbrù pôW] 
monter par-deifus pour recouvrit la plaie s 
tàrtdis qu elle trouve un obftacle à fa rencort* 
fre , & comment peut fe faire fa comœa- 
tlication dans les parties voifines lotfqa'elle 
eft interrompue par defs obftruâions que ces 
chancres forment. De^ plus , un bois lattort 
Communique fa contagion au bois auquel il 
tient , de même que les chairs nïortes & ba- 
Veufes dans nos corps aux parties circonvoi* 
fifies* Et cooime la fève ne peut plus y par- 
venir , il faut de néceffitc que le pourtoat 
de la branche à laquelle ce bois mort eft at^ 
tâché j meure à fon tour. 

V argot confondu ordinairemem: avec le 
thicot , quoiqu*il en diffère , eft un talus en 
forme de coutfdn , laifle à Teadroit où l'on a 
tôupé une branche, {fig. i. Plane. VîL C. ) 
Quoique moins vifible que le chicot, parce 
t^\\ n'eft pas fi faillant , il produit les mè« 
thés effets & occafionne un flux dégomme, 
qui fait naître les chancres ; l'inapplication & 
la pâreffe font fermer les yeux fur les argots , 
àitlfi nommés a caufe de leur reffemblance 
avec ceux qu'ont ï leurs pattes les poules , . 
\q% coqs & les dindes. 

On appelle Onglet cette partie qui eft à l'ex- 
trémité de la.taille , & qu'on a coupée à quatre 
ôu cinq lignes , au-deCTus de l'cjeil ( Jîg. i. 
Plane. FIL A, ) On doit taiHer une^ bran- 
che uti peu en bec de flûte , plus avant Aqi- 
f it-rd l œil qu'au - deffus* Quand ce bec eft 



I 

j 



^ 



ttrop alongé j il forme au bouc de la branche 
coupée une perire faillie nommée onglet , par- 
ce qu'elle imite la forme de nos ongles. 
11 eft démontré que la fève ne les couvre 
fa. mais j qu'ils fe fechent & meurent, que 
le bourgeon qui naît de l'œil au-defTus en 
foufFcc , & que la réunion de la peau ne peut 
£e faire* 

Les Jardiniers difent qu'ils les rabattent 
4 la taille prochaine» D'abord , il eft cer* 
tain qu'ils ne le font pas , mais quand ils 
le feroient , ce font toujours deux plaies 
pour une ^ & le recouvrement de la cou^ 
pe fe fait un an plus tard , & par confé* 

auent l'arbre en pâcit. Ppur éviter de laiiïer 
es onglets , il ne faut pas couper tout près 
de l'œiL On courroit rifque de l'abattre , de 
reffleurer ou de le faire avorter. Il eft un 
jufte milieu » qui eft de tailler environ à une 
ligne plus haut que l'œil » un peu au-deflus 
de fa petite pointe par derrière en bec de 
flûte* On voit à la fig. ^ de la Plane. VIL 
A. une coupe tirée & alongée qui auroit du 
être d'un tiers plus courte par en bas. 

Les bois morts & lés branches féches font 
aufli communs fur les arbres. J'ai vu des 
Jardiniers les empoigner & les éclater à force; 
de-U , ces chicots dont j'ai parlé ci-devant : 
d'autres moins parelTeux fe contenter de les 
fcier : cela ne luffit pas , il faut avec la fer- 
pette aller Jufqu'au vif , & après qu'on a 
bien uni fa ççupe y employer ronguent 



i|4 l*^ fKAttqvn 

de Saint Fiacre , en faifanc à la plaie 
poupée > celle qu on en met aux greffes en 
fente : les raifons qui engagent à la mettre ess 
ufage envers celles- ci ) l'ont les mêpes potur 
lëfquelles je l'exige à 1 égard des amputations 
des grofTes branches des arbres fruitiers Se 
6c furtout du pèçher« §ans cette prçcaution la 
^omme flue inceiïamment à ces plaies laiffées 
à lair , & fait périr toutes les parties circon- 
Voilines. 

Comme il n*eft point d'animaux qui ne 
Toient tourmentés par d'autres > il n'eft point 
de plantes qui n'ayent auffi à redouter leurs 
femolables qui s'anachent à elles pour vivre i 
leurs dépens» Telles font celles qui prennent 
racine fur lecorce des arbres 6c fe nourrif*- 
fent des fucs qu elles y puifent. Les moujfes 
font de ce nombre } leurs petites griffes qui 
leur fervent de racines , entrent dans la peau 
de l'arbre & U fucent* Elles eippèchent en 
pullulant, la tranfpitation & la refpiration 
auffi néceflaires aux arbres qu'à tous les corps 
vivans. Ces efpçcçs d'épongés qulfetiçnnenc 
les eau;^ , font caufe qu'en hiver elles fe 
congèlent , pénétrent l'éoorce , le bois , la 
mpëlle des arbres» & leur occadonnenc des 
chancres ëc fouvent la mort* Une infinité 
-d'infedes durant la belle faifon s'y réfu- 
«gient , & y dépofent leurs céufs. Les mouC* 
les contribuent auffi beaucoup a faire avorter 
les fleurs par la fraîcheur qu elles entretien- 
nent » & dans rhiver 6c au printems. EUei 



£ont alors , à Tcgard des végétaux , ce que 
les humidités font â nos corps quand elles y 
f>Todui&nt des fluxions » des rhumes ^ ou des 
xhacÉi^ifmes , qui proviennent du défaut de 
oirc^tipn dans le fatig , & de férofités étran« 
geres« Outre les moulus qu on connoîc ; il en 
^ft.une qui n eft prefque pas fenfible j c'eft une 
Ibrce de gale d'un verd un peu plus jaunâtre , 
mince & éparfe en forme de tache , qui s*atta« 
che également à la peau des arbres^ & qui, vue 
au .microfcope ^ eft reconnue pour une plante 
& pour une moufTe d'une plus petite efpèce^ 
Après une pluie , une rofée , un brouillard » 
on les ôre aifément , foit avec un morceau 
de bois fait en couteau , foit avec des Jbrof* 
fes ,. depuis la fin de lauromne jufqu au pri^« 
cems. On obfervera de commencer toujours 
par le bas , en remontant vers le haut. Ceft 
un moyen fur de n^àrracher & de n'endom- 
mager aucun bouton. 

J'entends par vîeilk gomme i\on celle 
qui flue dorant la végétation , & dont je 
parlerai dans ma quatrième partie , mais celle 
qui pour n'avoir pas été enlevée dans le 
tems 9 a par fon •fejour rongé & carié une 
infinité de branche^, & a formé des chan- 
cres, des rumeurs & des élévations dans la 
peau. C'cft à la taille^ qu on remédiera à 
tous ces maux. Si les branches font cariées , 
il faut après un tems humide enlever cette 
vieille gomme avec la pointe de la fer- 
fette 9 & aller jufqu'au vif > du moins par 



1 



xi6 La Pratique 

chaqae côté de la plaie. Cette efpèce d« i 
gangrené cède alors d'être funeâ:e« 

Les chancres nés de la gomme qui a ca- 
rié une branche fe guériflent par les mêmes 
moyens. Ce. font de petites taches noires ÔC 
livides » foit à la tige , foit aux branches par 
lefquelles il s'eft fait une extravafion de fève, 
qui en fcchant fur la peau la fait mourir. Les 
chancres naitTent auffi des queues des pèches 
qui demeurent fur les arbres plus d une an* 
née après qu'elles font cueillies j ces queues 
fe féchent , meurent & fe durciflent. 

Vieilles plaies non recouvertes. On a ccMipé 
anciennement de groflfès branches » & ces 
coupes font réftées découvertes. Le haie 
les a prifes , les gelées ont pénétré , les 
humidités ont tran^iré entre Técorce & le 
bois, le foleil a enfuite defféchç, & en a 
fait féparer les parties, des infedes s'y font 
établis. Que faire alors ? Si ce font de vieux 
pêchers , il faut les laifler vivre. & en tirer 
ce qu'on pourra en attendant que leurs fuc* 
ceffeurs les remplacent. S'ils font de moyen 
âçe , il faut avec la fcie à main aller jufqu'au 
vif, puis avec la ferpette unir les plaies , & 
y mettre un topique. En deux ou trois ans , 
elles fe recouvriront entièrement. Pour peu 
qu'on connoiffe le méchanifme de la végé- 
tation, on fentira Timportance de ces foins» 
loin de les traiter de frivoles & d'inutiles. 

Les faux bois font certaines branches qui 
ne pouffent point d'un œil ni d'un . bouton , 



Dv Jarbtnagi. ftjf 

iShais direâemenc de 1 ecorce à travers la« 
quelle la ieve fe fait jour j en produifanc un 
irsLmeau verdoyant. Ces forces de branches 
£onc rarement fruâueufes, & ne ledevien<* 
nenc qu'après un très«longcems : on ne taille 
deflfos que dans la néceilicé. Elles font vigoa*» 
reufes , bien nourries & gourmandes j la rai- 
son en eft bien fimple. Quand on caille un 
arbre qui regorge ae fève , on lui en ôre les 
récipiens : comme les racines en fournident 
plus abondamment que les réfervoirs n'en 
peuvent concenir , elle s'en fait de nouveaux'^ 
auffi n'y a-c-il que les arbres fort vigoureux 
iartoat parmi ceux de fruits à pépin , qui 
produifent de ces faux -bois lorfqu^ils font 
taillés trop court. Les Jardiniers s'accordent 
à les fupprimer. Mais le moyen de n'en point 
avoir ou d'en avoir moins , eft de donner 
d'abord aux arbres qui en produifent, une 
raille lonsue Se réicérée fur un plus grand 
nombre debranphes, & de cafler enfuice ces 
faux-bois à un demi-pouce environ des fous- 
yeux. 

Les branehes folks ou chiffonnes ont une 
double origine : elle ctoifTenc nacur ellement 
faute de vigueur de la part de l'arbre, ou pat 
acx:ident » & par une mite d'un mauvais gou-* 
vernement. Dans le premier cas , il faut met* 
•tre en ufage les moyens que jHndiquerai pour 
remédier à la foiblefle de l'arbre ; dans le 
iecond, il faut s'abftenir de donner lieu à la 
Moduâtioa de ces fortes de branches > puis à 



%it La pRATiQiri 

la caUle les réccper , comme infertiles » fil] 
tK>u4:v(Hr far les meillettres branches, ôc T»t 
battre fur les plus forces ppar faire poaflèi: àê 
bon bois. Je £ens que de tels arbres où l't^ 

Î;norance & la négligence les a épargnées , 
ont très - difficiles à remettre »& que c*eft 
l'ouvrage de pluHeurs années. 

La coupt défcSueufi peut 1 être en elle* 
même par le vice de Tincifion j & dans I4 
forme par Timpéritie du Jardinier. Aa-liea 
de faire fa coupe courte & horiTOntale, cane 
foit peu en bec de âûte » il coupe â un decni* 
pouce plus bas , tirant fon incifion en bec à^ 
flûte alongé , de façon ou elle fe trouve pac 
derrière plus balTe que l'o&il qui cft par de* 
yant ; ou bien fans regarder fi la branche eft 
dans fon feus ou non , il la taille çommç 
elle fe préfente fous fa ferpctte à un /des cotés 
de l'œil. La coup^ eft encore défeâraeafii 

Îuand elle eft faite par devant l'œil y aa-liea 
e l'être par derrière , parce que la ieve ne 
peut monter fur les onglets que produit cette 
double coupe vicieufe , pour opérer le recou- 
vrement. On voit à la ^^ I. Plane. J^ 11^ 
D une coupe vicieufe au-deiTus de l'œil E % 
au-lieu d'être près de lui* On combe dans le 
même inconvénient , lorfqu'après avoir fcié 
une branche , on néglige d'unir avec la ièr^ 
perte , la plaie qui refte graveleuCe. 

Toutes ces façons vicienfes font égalemene 

Î)ré}udiciablesau pêcher. i°,Ënfaifam facoop^ 
ppgue ji on pte à la f^ve fon palTa^ ppur4]:«- 



9v Jardinage. %$f 

CX^er à Tœil y au-delTas duquel on coupe , ar« 
Cendu qu'elle eft plus baflf par derrière » 8K 
que toutes les fois qu'on coupe une branche » 
le bois meurt i une demi^ligne près de Tez-- 
rrétnité de cette coupe , d'où il s'enfuit que 
Vœû doit périr, i®. On entame la moelle de 
l*arbre , & on l'éventé : fa nature fpongieufe 
reçoit durant les gelées printanieres les neiges 
Se les frimacs qui font runeftes â l'arbre. Le 
foleil enfdite fait fccher ce bout de branche 
oui devient chicot. } ^. On donne jour à la 
iortie de la gomme, 4*. On laifle aux ex- 
trémités de cnaque branche coupée » ou fut 
les côtés y pu fur le devant autant d'ongleci 
qui empêchent le recouvrement des plaies. ' 
La coupe régulière au contraire {Jig. j B« 
Plane. FIL ) eft celle qui eft près de l'œil , 
faffifammem pour ne pas laftamer , courte » 
ronde y un peu en bec de Bute , lifife & unie. 
Il ne doit y avoir ni c-reox , ni éminence , ni 
haut y ni bas, toajoars lecorce doit être i 
fleur de ta partie hgneàfe , & aller jufqu'aa 
vif. Jamais le bois ni la branche ne doivent 
itre éclatés j fendus » ni la peau entamée » ou 
pleine de filandres 8c d'efquiles* 



^Ka%ff 



^4o l'A Pratique 



CHAPITRE IL 

Suite de la Taille , du tems de la faire ^ 
ù des Buijfons. 



I 



L faut d'abord obferver que la caille du 
pécher remife auprimems na lieu que dans 
les climats expofés au froid , & non dans les 
pays chauds ; mais cette pratique n'eft que 
locale en ce fens. 

!*• La dçlicatefle de cet arbre & fa (enfibi* 
lité au froid font telles, que l'hiver brûle quan- 
tité de boutons à bois &c à fruit , & altère 
beaucoup de branches. Dans cette faifon les 
uns & les autres font réellement morts» quoi- 
qu un refte de fève qui les foutient encore 
les fa0è paroître vivans. Ces apparences trom^ 
peufes s'évanouiileiit au printems ; le haie 
& les premiers coups de foleil achèvent de 
de^Técher toutes les parties qui ont été atté- 
nuées du froid. Si on avoit taillé plutôt, qu*eo 
feroit - il arrivé ? J'ai fait à cet égard une 
obfervation qui me femble décifive. En vifi<» 
tant mes pêchers durant les tems nébaleux 
dans les gelées i glace; j'ai vu quantité de 
gouttes d*eau qui tomboient fur les branches» 
iVrct^r à chaque petite éminence que fo- e 



D JT J A a D I k A'G i. 1411 

te'nodas des y eax. Ces gouttes d eaa $*y, conge*^ 

loiem & formoienc un pecic glaçonx^ui^ force' 

j9m& féjourner brûloir les boutons moins ^Durrés 

6c moins garnis de cette bourre ,: que la Na- 

rinre a pratiquée autour des yeux y en dedans» 

pour les préferver de la rigueur du froid. J'ai 

ra.iUé iurces branches à ces boutons que j^avois 

inarqués > & j ai reconnu que la plupart étoienc 

- brûlés en dedans , quoique lors de ' la taille 

il me paruiTent auffi fains que les autres ; Se 

après le développement de la fève les uns 

çtdient gelés en bourre , les autres un peu 

mpiris, 

1^. Pour ne point tailler le pécher en hiver , 
on allègue les efFers de la gelée & du froid. 
La moelle fpongieufe des branches mife à 
Tair par louverture de Tincifion , reçoit les 
eaux glacées des pluies & des frimats qui (e 
congèlent dedus » & Toeil qui y répond doit 
périr. 

' 3 **. Cet atbre pouffe d abord avec impctuo-» 
fité 9 & s'emprette de donner des preuves préi* 
maturées de fa fécondité , avant oue les eelées 
foient paffées. Si donc au-*lieu de lui laiffec 
côut fon bois , toutes fes fleurs 8c tousfes 
boutons danslefquels la fève fe diflxibae,on 
le déchargeoit de ce fuperflu durant. Thiver » 
avec cruelle véhémence ne poufferbit - il pas 
au printems ^ livre aux g^ées tardives qui 
trouveroient d'autant plus i mordre que lés 
bourgeons feroient plus avancés ! Les vignes » 
par exemple 9 font plus ou moins endom- 



14*' t-A. Prati^vi 

màgées , fuivant qot Le bourgeon eft long 8c 
formé » 5c moins défendu par les feuilles 
naiflknces* Si ce bourgeon encore pedc 
vient à être ofiTenfé , la fève qui n'a point 
fourni beaucoup à fa fnbfiftance , eft en état 
4e réparer ce dommage > foit par une nour- 
riture plus abondante aux ix>urgeons épar- 
gnés par la gelée > foit en faifant percer des 
yeux a travers la peau des branches vigou* 
reufes , quoique cela ne foit pas dans Tordre 
ordinaire de la poulie du pécher. 

4*. J*ai remarqué » en taillant d'hiver , 
qu'il èft furement attaqué de la gomme. 
Les partifans de ^ette taille n'y font point 
attention ; accoutumés i en voir fur leurs pê- 
chers , ils la regardent cotnme une maladie an- 
tiexée à leur nature , & ils négligent d'en exa- 
miner la fource , les effets & les progrès. Ils en 
rejettent aufli la caufe fur le climat, fur le 
terrein » fur la faifon , fur le vice même des 
arbres eti particulier , &c fur mille autres rai- 
fons chimériques , tandis qu'ils fe dîflimu' 
4ent la véritable » je veux dire le mauvais 
régime. 

5^.. Tout étant dans Pinaétion durant Tlti^ 
ver , les branclîes malades ^ ulcérées & gan* 
grénée^, ou mortes » fonr abreuvées par les 
humidités, & paroiiTent fous un coup d'oeil 
tout différent , que lorfque la fève fe déve- 
loppant ail tems de ta taille fait apper- 
cevoir (é'cheis ou remplies dune moelle; noi- 
râtre 9 ces branches cjjai {larQiilbient vives. 



Ces ràiibns tendantes i prouver h nîifteifité 
.de diftérerla taille' dtr piîtKèr^iflfijà^âu priii- 
cems font fondée* fur mes opfcjrvanèm & 
appuyées fur le fehtifciémd un gr^nd* Maître 
dans le Jàrdtna^e. 

A l'égard du tètfjsdilfdlè' doit être faife, 
il n*eft pas aMbliAififéht fixe. Cé(t i là cit^ 
conftance des faifons j aux climats j'auit pd« 
fitions , à la nature du terrein , à Tâge & à ta 
qualiré des afl>res à en décider. Pour les fai- 
tons & les clirnats on comprend ûct'on raille 

Îlutôt ou plus tard , fuivant qu'ils font hâtifii. 
>ans un fond, dans une vallée froide 5c 
aquatique , |e taille plus tard que fur le fom- 
met d'une montagne ou fur le penchàtir d'une 
coltine » à catife de^ dangers provenant de 
l'humidité. L'expoiition du midi èft li plus 
hâtive, & par conféquent j'y taille les pè* 
chérs & les jeunes arbres qui ont plus db 
feuavant ceux dont la pouffe tardive ne (e 
prefle point d'éclotre. Cettaities efpèees dé 
fruits 3 telles que l'avant - pèche ; celle de 
Troyes & la madeleine hâtive me prefctivent 
ce que j'ai à faire. Le terrein feç & chaud 
doit auffi avoir la préférence fiir un fable 
froid ou fut des terres lourdes Se màflives. 

Avant que d'expliquet la manière de pro- 
céder i cette taille ,, il eft â propos de parler 
des buiflbris auxquels on veut faire prendre 
un bon pU, & une figure agréable. Leur ré- 
gularité confifte dans la proportion de toutes 
les brftochts entr^èllés*» de façon qix'ils foiehs 



244 La Pkatiqxjs 

pleins fans confolSon , dégagés fans altén^ 
tion , à |ottr fans aucun vuide y qu'il y regœ 
une fage ordonnance $ & que les truies égate- 
ment diftribués dans tout l'arbre , jouiiTent 
<les bienfaits de l'aie & des regards du foleiI« 
Nulle branche ne doit y être. perpendiculaire 
ou verticale , mais toutes feront latérales & 
obliques , comme autant de foupiraux & dp 
ventoufes pour pomper & contenir la fève* 

Le poirier de la Plane. VIII a été dcffinç 
d'après un buiflbn qu'on voit dans la maifon 
de campagne de M. VArchçvèque de Rouen « 
â Gaillon. 11 a trente ans » trois* toifes de 
diamètre A j & une tige C qui a dixrhuit 
)ouces de grofTeur. Les branches horizontales 
. } ont été alongées par fucceflion de tems. Cel- 
és du dedans D font pour la plupart . des 
>ois à fruit. Il eftévafé exï forme de ^odet. 
Pour y parvenir , il faut Vy préparer des les 
premières années, & cailler toujours fur l'œil 
de dehors, jamais fur celui de dedans > à 
moins qu'une branche s'échappant trop ^ il 
ne fallût pour la remettre en fon rang tailler 
lur ce dernier. On alongera lespouifes & on 
les chargera fuivant la portée de chaque ar-r 
tre fans arrêter les bourgeons. Tous les Jar- 
diniers font dans Tulage de raccourcir , en 
taillant , les extrémités des branches à la mê- 
me hauteur i enforte qu'elles foient de niveau ^ 
ce qu'ils appellent couronner. Ainfi une braa* 
che groffe , con^me le pouce , & de cinq ou 
fix^pied^ de hauti ^neû pçasplus alongée que 



BU Jardin AGI. 145 

lie qui n'a que la grolTeur d'un fétu, & 
<3oi a (ix ou fepc pouces de long. Il arrive 
«e - là que la première ainiî retenue poufTii 
avec plus de vigueur , & que la féconde 
prend d'autant moins Teflor qu'on lui a donné 
plus d'aiongement. Prétendre que la branche 
fluette s'appropriera la fève de la grode qui 
a été raillée court , c'eft un paradoxe. Un ar- 
bre ainfi couronné eft fjrmmétrifé l'hiver 
quand perfonne ne le voit; &c lors de la 
belle faifon il eft épaulé : les principes du 
Jardinage fondés fur la raifon enfeignent de 
tailler les branches fuivant leur force » fauf 
à réduire les fortes en Mai , Juin , Juillet 
& Août j & à les rabattre fur les infé- 
rieures. 

Les Jardiniers ont pareillement coutume 
de tailler les branches de coté au pourtour 
des buifibns à la même longueur , & ils en 
font un objet des plus difformes , ce qu'ils 
nomment double couronne. Il vaudroit mieux 
couper tout près de l'écorce les bourgeons qui 
ne peuvent trouver place. Suivant notre mé- 
thode on ne taille point les branches du tour »- 
mais on les caffe , on pourra eufuite les rap- 
procher , comme il fera dit. 

On fe plaint tous les jours de ce que les 
arbres fur franc ne fe portent point,à fruit , 
malgré les moyens employés pour y réuffir. 
Ces plaintes cefieroient bientôt , fi Ton faifoic 
attention à la manière dont ils ont été tra- 
vaillés & traités dès leur tendre jeuneffe. On 



1^6 La Pkxti^v m 

A copsmencé.par cooper fort coure & par !bp» 
primer prefqu'enâereinenc toutes les poufl^ 
de ces arbres ordinairement fougueux, De«> 
là, qu'eft-il arrivé ? Un épanchement forcé , 
irréguiier & furabondanr de fève , qui a pris 
Ton cours vers les extrémirés ,.ou vers la peau 
même , au lieu de fe décharger dans les bran* 
ches alongées que la Nature lui avoit prati- 
quées. La fève accoutumée à s*y porter ^ a 
élargi les premiers couloirs , Se a dilaté leurs 
fibres > en faifant continuellement effort pour 
fe dépofer où elle a pu , étant privée de fes 
Tafes & de fes récipiens naturels. Telle un 
eau qui eft retenue 6c qui s'eft formée une 
pente qu'elle fuit toujours ^ (i on n a foin 
de régler fon cours. Il auroit fallu d'abord 
amortir la fougue de ces arbres par de lon- 
gues tailles, par une grande quannté de bran- 
ches éparfes dans route leur capacité : la fcve 
trouvant alors fufGfamment de vafes pour 
y être reçue , au-heu de fe porter par irrup- 
tion , eue coulé plus lentement , & auroit 
eu le tems d être travaillée & affinée. 

Excepté certains arbres de fruits à noyau , 
tous peuvent être mis en buiiTon. Il en eft que 
les Jardiniets n'enrendent point à gouverner , 
tels que les arbres fur franc & la Virgou- 
leufe. Ceux-ci demandent à nètre prefque 

{)oinr taillés , ic à être fortement alongés fur 
es gourmands. ^ 

Un défaut très- commun dans le Jardinage 
eft la. plantation trop prochaine. On peut y 



X> y J A R D I K A G E. 247 

.aretnédier » i • En otant un arbre encre-deux* 
SL^.En plaçant dans Tintérieur de chaque arbre 
mxn ou deux cerceaux E ( Plane. FIÎL ) pro- 
fK>rdonnés à fon étendue , auxquels on faic 
Jtes coches , pour que les branches liées avec 
^es ofiers reftenc en place. Ces cerceaux 
.reconc attachés à des montans frappés foli- 
dement en terre pour leur fervir d'appui. 5^^ 
En renant fort court un buiflbn entre-deux ^ 
& le chargeant en lambourdes, il fera dés 
poudès vigoureufes , dont on fupprimera en- 
tièrement la meilleure partie » & on laiffera 
prendre l'efTor aux deux voifins. 

Maintenant je réduis à rrois points ce qu'il 
faut faire avant > durant &c après la taille. 

Jepofe d'abord pour conditions elTentielles 

les deux pratiques fuivantçs. La première 

confifte dans un coup d!osil général jette fur 

l'arbre » & dans une viiite plus exaâe pour 

s'affiirer de la diftribution de fes branchei^ y 

de leur quantité & de leur Qualité , de fon 

état de vigueur ou de foibleiTe , de fanté 

ou de maladie , de fa forme i de fes dif- 

po(itions à s'emporter , pour fe régler fur la 

conduire qu'on doit tenir en le taillant. Lia 

féconde efl; de dépalifTer toutes les branches 

afin d'être le maître de railler fon arbre , ic 

de lui donner une forme régulière ^ autant 

qu'il eft poilible. Je ne parle point des mai' 

treifes branches , ni des branches-meres > qu'il 

} Qe faut détacher qu'en cas de ravalement. 

Après avoir viuté mon arbre » -comme je 
' Q iv 



l'Mdici i^ le dégage de tout le bois mort t 
Ms branches ruinées » galeufes & gangréi* 
nées » enfaice je coupe cous les chicots Se 
ppglets. Les vuides occafionnés tant par la 
fuppreflîon des branches défeâueufes que par 
je vice même de Tarbre j m'obligeront à ame^ 
J^er de loin des branches pour les remplJk 
J'obferverai de les tirer avec précaution , ea 
appuyant légèrement deflus par rextrémité 
d en -haut, ou un peu en* deçà à un point 
d'appui folide » fans les forcer ni les tordre, 
& quand elles feront à leur point, je les at- 
tacherai. 

Je taille enfuite le côté le plus difficile , en 
commençant par le bas» qui ne doit' jamais 
être place qu a (ïx pouces au moins au-de.{rus 
de la terre ^ & je remonte jufque vers le mi- 
lieu , efpaçant mes branches dans une forte 
d*égalité afin de ne point lai (fer de grands 
vuides en des endroits , & en d'aucres des 
branches trop proches. Je me comporte de 
même envers l'autre côte , & je m'arrange 
pour que le milieu fe trouve garni , & que 
les branches reftantes fôient à-peu- près à une 
égale diftance qui fera remplie au palidage 
futur pac les bourgeons qui vont croître ôc 
s'alonger. Je fuis très-exaft à paliflTer & à 
Attacher les branches à mefure que je les 
taille. Sans. cette attention, celles fur tout qui 
ont été lâiffêes de longueur ^ . deviennent le 
jouet de$ vents , & le orcpi du mur acbeve 
de l^ froiflèr Çc de les écQrcher, 



^Dv Jardinage, 24^ 

rort éloigné de penfer qu'il faille donner 
pluiieurs caitles fucceiCves an pécher , je dis 
qu'il n'en faut faire qa'une feule au prin* 
rems pour ne plus y retoucher j que lors de 
l'éfoourgeonnement & du paliflage. La maxi- 
xne détenir long une branche â fruit, parce 
<|u*on ne fait pas où les fleurs noueront , n'eft 
point recevabie, attendu qu'il eft impqffible 
c^ue y laiiïant fur une branche fluette une aufli 

frande quantité de fleuri , le fruit puiffe pro* 
ter & mûrir > fi elles nouent. On en fera de 
plus en plus convaincu, en confidérant qu'ou- 
tre les pèches que ces branches fluettes font 
obligées de nourrir, chacune a une mère nour* 
xice, qui doit participer à, la même nour- 
riture. 

Une autre pratique non-moins vicieufe eft 
celle de raccourcir ces branche^ où les fleurs 
ont noué , ou de les fupprimer fi elles ne 
nouent point. Peut-on difccmvcnir qu'il s*efl: 
fait en pure perte une di(Epation confidérable 
de fève , ^ui auroit paflc dans le petit nom- 
bre de pêches & de bourgeons , proportionné 
à la capacité de la branche ? N'eflr-il pas plus 
naturel de ménager des fleurs dans l'étendue 
de l'arbre, i l'exception de l'extrémité des 
branches, 6c de tailler fort court ces bran- 
ches menues, incapables de fournir à beau- 
coup de fruit une fcve aflèz ample. 11 faut 
excepter de cette règle les brindilles & les 
gourmands à qui la Nature a coutume de pro- 
idiguer la fécondiié, & qui font dans un genre 



%$o La Pratique 

diSétént des branches ordinaires. Je ne faiij 
qulndiquer les fuites funeftes de cette taill 
multipliée , Tévaporation de la fève , les ïC^A 
fies que ces différentes plaies ouvrent à laHl 
gomme , un épuîfement afluré pour Tannée ' 
même y & pour la fuivante une maigteat 
dans la poufTe des nouveaux bourgeons , Se 
l'origine d'une infinité de branches chiffonnes. 

C eft un principe certain qu'il faut coo- 
ferver foigneufement les branches à fruit 
ou les branches - crochets , en évitant, néan- 
moins la confufion , & les tailler court. Sur 
un aibte bien conftitué , les fortes doivent 
l'être à cinq & iîx yeux^ & même à huitea 
certains cas pour arrêter Timpétuodré de la 
fève y fauf à les réduire en l'ébourgeonnant. 
Les demi* fortes le feront depuis un œil juf-* 
qu'à trois. Il eft un jufte milieu entre railler 
trop court 9 ou trop long, ou fur une trop 
grande quantité de oranches. Dans le premier 
cas on n'a que des gourmands ; dans le fé- 
cond y on épuife fon arbre ^ qtis ne poufle 
que des branches chiffonnes , & dans le troi- 
iieme la place leur manque au palidage. Si 
vous en fupprimez trop vous n'aurez point ck 
fruit. C'eft au jugemenr & à. l'expérience i 
«décider des pratiques qu'exigent les ditfe* 
xens cas où l'on fe trouve. 

Je dis qu'en taillant long , on ne doit point 
craindre d'épnifer fes arbres. Les Jardiniers' 
taillent par fuppofition une douzaine de Wan- 
ches 9 -& ils laiflent à chacune environ* iix pou* 



Dtr Jaudimagb* 151 

ces ! douze fois &x pouces font croîs pieds 
4'alongement fur douze branches. Je ne con- 
ferve au contraire que trois belles branches 
bien nourries fur lefquelle^ j*a0ied$ ma taille , 
& je leur donne un pied à chacune. Par con- 
fcquenc je ne laifle pas plus de longueur que 
les Jardipiers ; mais avec cette diférence , 

3ue ce qui eft partage fuivanc la routine or- 
inaire en douze » k trouve réuni dans ma 
méthode en trois. Je vais plus loin , & je 
dis que ces branches multipliées lai (Tées aux 
arbres font très-propres à les ruiner. Elles 
confument en pure perte iine ample quantité 
^e fcve » aufli font-elles petites \ maigres & 
rabcmigries , & font de Tarbre une efpèce de 
hériflon. Ses fruits ne ibnt rien moins que 
favoureux & nourris. D ailleurs t^nt de pe^ 
ftts bois sofhifquent réciproquement, & fe 
^iérôbent lesrolées, les influences de l'air j 
ôc^ les rayons vivifians du foieil. 

Le pécher s'emporte vers le haut & fe dé- 
garnit du bas. Pour le retenir , il fuffit de rap- 
procher en taillant tant fur les branches fortes, 
que fur les demi* fortes ; c'eft-à-dirè que (i on a 
taillé les fortes Tannée dernière à quatre, cinq 
& fix yeux , & les demi fortes i un , deux & 
trois i on rabaiife à la taille aâuelle chacune 
de ces branches fur celle qui aura pouffé de 
l'œil le plus bas. «Mais fi cette dernière étoic 
ou défeâueufe ou plus fluette que celle diî 
nœud au - deffiis , on tailleroit la foible dja 
bas â^deux yeux» Se celle d'au-^deifus à trois 



ifl La PrRATiQU E 

ou qaatte \ ' au moyen de ce rapprochev 
ment de chaque année , on met un hein 9 
la fougue du pccher. On a remarqué quîf 
plus le fruit eft rapproché de la branche-merCjp 
plus la fubftance lui eft fournie abondant^ 
ment. Le tranfport des alimens eft plus long 
& les providons n'arrivent ni auifîcoc ni est 
aufli grande quantité aux fruits placés à l'ex- 
trémité des branches. 

Quoique le; pêcher poqfle rarement de l*c- 
corce & du vieux bois , il arrive qu étant rar- 
valé & concentré, la ftve s'entretient avec une 
forte d'équilibre vers le bas , & qu'accoutu- 
mée à s'y porter elle y fixe fdn cours. Eucon- 
féquence , elle fait éclorre de tems en tcms , 
a travers .la peau , des branches inespérées , 
qa on confçrve précieufement au paliffàge % le 
qui renouvellent une partie de l'arbre l'anncè 
luivante. On les taille long , fans appréhen-^ 
der que les yçux d'en-bas s'éteignent. Ce font 
des branches gourmandes très-vigoureufes , 
qui remplacent leurs voifînes ufées , ou trop 
alongées , & qui deviennent très- fru&ueufes. 
Les lambourdes Se les brindilles ne doivent 
être taillées aucunement. On caflera les pre- 
mières par le bout , afin de ne point leur 
laifler une fi grande quantité de boutons i 
fruit à former & à nourrir. La Nature , com- 
me je l'ai dit , s'étant chargée feule de pour* 
voir à leurs befoins , & de les gouverner , 
nous n'avons d'autre miniftere à exercer en- 
vers elles , que de les conferver précieufe-. 



j 



DU Jardinage^ 15) 

lient; Les pèches qu'elles rapportent font 
frefijue toujours les meilleures , les plus grofr 
hs ôc les plus hâtives. Tant il eft vrai que 
?eft la nature des couloirs & la filtration 
|€ti fait le fruit , & nullement la groÛèur de 
st branche. Dans les années de ftcrilité » ou 
orrque les fleurs font gelées , ces brindilles 
lenneurent toujours naines^ leurs bourgeons 
riennent de leut nature j & de leurs yèuï on 
ne voit éclorre que des branches maigres & 
Saertes : d'où je conclus que la fève qu'elles 
Reçoivent n'eft pas configurée , de même que 
celle qui paiTe aux gourmands* Ceux qui 
abattent ces derniers , dans l'intention de 
faire retirer la f<^ve vers les autres branches » 
renverfent l'ordre de la Nature. Il eft auflî 
impoflible qu'une fève affinée & purifiée ^ def- 
tinée aux brindilles 8c à leurs fruits paiTe 
aux gourmands, qu'il l'eft qu'une fève grof* 
fiere, matte, épaiue, propre aux gourmands^ 
fe porte à leur défaut aux lambourdes & bran- 
ches fruâueufes , & s'infinue par les orifices 
déliés de leurs fibres menues. 

Cette ftve néanmoins à force de fe filtrer 
dans les petites branches voifines de ces gour-> 
mands, &c de circuler dans leurs parties or* 
ganiques , s'affine & donne des yeux â fleurs 
aux uns & aux autres » qui produifent des 
fruits l'année fuivante. Telle eft la raiion 
pour laquelle on fait ufage à Montreuil des 
yeux des gourmands , qui deviennent une 
fource intatiffable de branches fruâ;ueuf<^£» 



i)4 La P&atiquy 

Joac ceci recevra on nouveaa foftr «Uns 
Cbapicre iuivam^ où je traiterai de la 
des goiuioands. 

Ces principes s'appliquent à peu de chd 
près «aux fruits à noyau , & moiâff aut frr 
â pépin , à caufe de leur façon diverfe 
pouuèr , relative i la nature de leurs br; 
ches tant à bois qu'à fruit, & à la diff 
fition différente de leurs boutons à fraie 
Quant à leurs lambourdes & à leui^s brin 
dilles y & à la métbode de tirer fur les brao 
ches fortes, il n y a nulle différence , fi ce 
n'eft qu au-lieu qu'on rapproche 6c concentre 
le. p^her » les aoores doivent erre étendus St 
prendre Teflon: 



ÎE 



CHAPITRE IIL 

< 

De. la manière de convenir Jes gQur* 
mands en hranchei fruclueufes, 

.jhLVakt que de procéder à la diredicm 
& au gouvernement des gourmands» je lei 
«onfidererai dans deux rems differens ; favoir, 
durant la pouffe depuis le mois d'Avril jaf- 
qu'à l'automne , & enfuite à la taille du prin- 
teîns fuivant , parce qu'on doit fe comporter 
différemment dfans ces deux* circonftances. 



9V jARDINAâi; i|5 

Qaanc 4 ce qui regarde la pouile , je n'en 
gtrlerai ici qu en pallànc , pour en traiter 
lus au long à Tanicle de rébourgeonnemenc. 
i |*aba(s ces gourmands , je fuis fur que la 
tranche à laquelle je les fupprime celTera de 
>ou({er » de produire du fruit , & que toute 
l'économie de l'arbre i'en reffcntira. 11 dépé- 
rira 9 maigrira , & ne me donnera que des 
branches luettes > de faux - bourgeons ; la 
gomme lattaquera de toutes parcs ^ les yeux 
ou boutons qui ne doivent s'ouvrir que l'an- 
née fui vante, s'ouvriront prématurément. Les 
Jleurs qui naîtront des bourgeons formés a la 

Î>lace des gourmands fupprimés avorteront j 
aute d'avoir été produites dans l'ordre de la 
Nature > & fauté d'une fèveaffez abondante 
dont on aura arrêté le cours & coupé le ca^ 
nal par la fuppreffion <les gourmands deâinés 
i la recevoir » pour la tranfmettre aux bran* 
ches latérales qui naiflènt d'eux. 

D'un autre côté , fi j'en conferve un fi 
grand nombre » je ne pourrai les placer non 
plus que les branches latérales, rour met« 
tre donc un frein à l'intempérance de la fève 
& pour l'amufer , je laiiTe pouflèr tous ces 
gourmands jufqu'au mois de Juillet » en les 
pa^fiTant de mon mieux, & je les rabats dans 
ce tems à deux , trois Se quatre yeux , ou à 
un feui bourgeon latéral le plus bas* Voici 
quel eft l'effet de ce ravaleqpent. Leurs yeux 
s'ouvrent par en bas, & il en naît plutieucs 
branches truftuettfes appellées crochets , doaii 



^$g . La Pratique 

les yeux ont le cems de fe former pour faite 
produire l'année fuivante à chaque branche 
ainfi arrêtée une prodigieufe quantité de pc«> 
çhes ; fie on taille ces branches , enfans de 
rinduftrie » au princems fuivant, d un , deux (c 
trois yeux. Quelquefois aa(& pour ne les pas 
fatiguer & en dompter la fougue peu- à-peu } 
je commence vers la tin de Mai , à les arrêter 
à une d^s branches latétales qu'elles ont pouf^ 
fées ^ puis dans le courant de Juin je les ra- 
haifle a un ou deux bourgeons plus basj & 
finalement comme je viens de le dire. Ces 
ppéradons réitérées fe font lors de 1 cbour- 
geonnement , & n exigent qu'un peu d'atteo* 
lion 6c d'application. 

J'ai dit qu'autant qu'on doit ménager les 
gourmands » autant il falloit les fupprimer 
.dans les cas de néceflité j par exemple , lorf- 
quiis font mal placés » ou qu'il y auroit a 
craitîdre qu'en les laiflTant , l'arbre ne vînt i 
s*emporrer. C'eft l'âge & la force qui me dé- 
cident ; à un arbre foible j'en lailfe peu Se 
je les vaille fort court j à un arbre jeune & 
.vif j'isn laide davantage, & je les alonge. 
^J'appelle gourmand mal placé celui quinak 
fur le devant d'une branche , qui fait le coude i 
le cerceau , Tanfe de panier , qui eft par der- 
rière» ou trop près d'un aatre, qui croife fur 
uneou plufieurs branches , qui poude perpen-. 
'4icuUirement 4 l^ tige ou au tronc , fur la 
greffe même, fans qu'il foit néceffaire poar 
le renouvellement de larbie. Dans cous ces 

cas 



©u Jardinage. .. . x^f 
bas je le fùpprime lots de la poufTe, 8c aii temé 
de l'éboutgeonnetnenr. 

Un gourmand a pou(Ie dans te milieu d'u^ 
arbre, &fe trouve bien placé pour garnir, 
fe le iaifle croître environ' à deux pieds de . 
haut » &: je Je coupe enfuite à moirié à uti 
ceil , ou deux , au mois de Mai , 'ce qu'ofi 
appelle tailler en coutfon : cous les yeu% dû 
bas s^onvrent & font cclorre aurant de" nou- 
veaux bourgeons, ils peuvent avoir chacun 
vers iz ihi-Juin fepc oU huit pouces de long. 
Je coupe de t>ouveau ce rameau à moitié ôc 
je rétrahche, trois ou quatre de ces bourgeons 
jufqu'â -ee que vers la mi Juillet je le ravale 
une troifîeme fois fur un pu deûX de^ ces 
bourgeons reftans,"&il eh fortira deux bons 
qui âVânt .la riiutê des feuilles s alongetonc 
confidérâblèmeot : & auront encdré le cems 
de $*aôdter. L'anr^ée fuivante , on taillera 
defltis. Ge gourmand ceffe de Têtrè , IS: devient 
une bonne branche , qiïi donne du fruit à la 
ta.iUe fàbféquétite d'an^^ |ê^ arbres de frufts i 
noyati^ & par la fuite 'dans ceux à pépin. 
- Si: oii laifle plij^edrs gourmands fut la 
même branche , it^falit.,'en taillant , ravaler 
fur Tinférieur ^ à moins que la nécefiicé de 
garnir l'arbre par le haut ne détermine à 
préférer le fupcrieur. te grand art du gou* 
yerhem.ent du pêcher ,^ je l'ai dé|a dit , ccm- 
jfH^e daiTS le rapprochement. Ainh, tailleT: le 
* plus que vous pourrez fur les gourmands & 
fot4e$ deïni-goarmands » & taiuezfbrt loog^ 



ijt La Pratiqvi I 

quand il n eft pas poffible de faire antrenwKt 
jlaos naire à Tarbre. '^I 

S'il n'a pou(ré qae des gourmands , je fuis ' 
forcé à cailler demis. Je les alonge pour lors 
confîdérablemenc» & je caille > iuivanc leur 
nacure> le peu de pecices branches qui legar* 
niifenc. Je fuis fur d'avoir Tannée fui vante un 
nombre prodigieux de bonnes branches i 
fruic.Si au concraire je ne lui laifle poioc 
|ecter fon feuj ou il ne produira encore que 
des gourmands , ou il ne pouffera point du 
tout. Celui qui » au-lieu de cailler fur les 
gourip^nds» alongeroic ces branches foiblesj 
meccroic cec arbre dans un cel écac de dépé- 
rilTet^eiic , qu'il ne pourrçic plus fe nsmetcre 
ou que crès*difficilemeac. 

Pour placer cous les bourgeons né^ dé ces 
gourmands, je laiffb è.nvi^rou un pied de dif- 
cance encre chacun d'eux^^ Sclqrs du palillage 
je remplis ces vuides à di^oice Se i gauche 
avec ces J)ourgeons , en \§f pUçanc , .non en 
face les uns des autçieis^ tnâis à 1 o^poÇce, de 
façon qu*ptanc encrei^cçs -chacun remplit le 
yuide qui fe'crouve qmreux, en prçféranc 




qtii 

bonnes branches fruâueufes , je ne balancé 

pas à m'en défaire , quand ces dernières font 

en érac de me donner du fruit , & qu'elfes ne 

*' peuvent être confervées pour fa taille qu'aux 



B V Jtt.ll^ ^ H A G f . t J f 

bntralte , fi elles écoktic fbibles de tm^ées* 
Mais dans le cas où je peux me fervir des 
ieux à la fois , je t^llè fiftV 'ma branche à frùU 
comme à l'ordinaire ^ & j'akrtige le gourmand 
qui me fournira de (|Hoi remplacer la brata-» 
chè frùâueufe 'épuileè rannéé fuivahre , Sc 
qui feca ferrée àbas, 

. Une des raifons pour lefquelles on doit 
être forr réfetvé à abattre des gourmands > eft 
tirée de la nature de la plaie qu'on fait â Tarbre» 
3c de fon étendue- En conudcranr i h loupe 
la tiiTure des parties fraîchement coupées du 
gourmand » & le nodus qu'il a fait à la bran<* 
che où il eft hé , & dont il vient d être féparé, 
on voit à l'un & à l'autre une infinité de 
trous» comme ceux d*un dé à coudre, à rra* 
vers lefqûels fort une eau limpide. On peut 
faire la même remarque fur les autres bran- 
ches , avec cette différence que ces orifices 
font prefqu'imperceptibles , & qu'il ne s^f 
fait point d'écoulement. De ^lus , i la jonc- 
tion du gourmand à la branjche , ëft un em* 
{lâteptiem beâucouf^ plus gros que le corps de 
a branche dont il eft né , lequel s'étend à 
dtoite & à gauche i & occupe jiorizotîtale- 
ment toute fa capacité. Or» en coupnt les 
gourmands , on tranche le fil dès fibres , 
«la fève qui y piffoit avec abondance j, fe 
trouve rallentie , parce qu'ellç, n'a pltis lé' 
mcme paiTage , & que là plaie eft amortie par 
le defleçhement Se lalfétrilTure de cette par* 
pe frappée de l'air dt du folèil ^ d*où s'enfuie 



tttfo If A P R À T ï\Q tJ^l 

le renyerfçinenc de fou méchatiifme 
tieur. 

En conféquepce de cet empâtement di|. 

foucmand^ qu'on juge (î par lampatation la 
tanche n'eft pas éventée > fi la moelle & ton*, 
tes les patties intérieures^expofées à lak, ne 
doivent pas être altérées & delTéchées , ain& 
que ce qiii peut refter de vif à cette branche, 
à laquelle on ôte un gourmand beaucoup plus 
gros qu'elle, puifqu'en coupant une branche 
i quelqu'endroit que ce foit , la partie incifée 

Îui refte meurt à une ligne près de l'incifion. 
elle eft la raifon pour laquelle une branche 
à qui on a oté un gourmand ne profite plus , 
& qu avec lui elle croît & produit j quand 
ce n'eft point une branche à fruit. 

J'ai avancé qu'il falloit tailler fort Iqng fur 
les gourmands , & â proportion fur les demi- 
gourmands. Je leur donne ordinairement de- 
puis un pied jufqu'à di:(;*huit pouces^ Se quel- 
quefois trois &<}uatrei>ieds de taille fur cer- 
tains arbres qui ont hut dçs pouflfes excefli-- 
ves , & qu'on ne peut domptée autrement. 
£n trois années ils fon&gàrnisde toutes parts 
Se formés : la tige & le tronc pouffent à pro- 
portion* 

Au. refte , cette longueur de trois & quatre, 
pieds que je donne aux gojurmands , n a lieu 
qu'à l'égard des de^ Ijrancnes-meres néce(-. 
faires Poq.r former .mpu .'arbre. Mais après, 
aue je lui ai laiflc jpttesr fon feu, je le guide; 
uiivant qu'il le d^tfi^i^j/^ auuiit faiécé 



rodigue à fon égat^d, autant je deviens éco- 
k>nie & ménager , jufqa*à rapprocher ces- 
liêtnes branches que par néceffiré j avois- 
longées. Il eft alors dans le cas d'un arbre- 
ûi auroit eu une trop grande abondance de-, 
raies , & qui a befôin de repos &> de foins 
|OUr k refaire : je le tiens court l'année 
luivante , & même encore après , je lui donne 
qaelcfu'engrais , & bientôt il revient. Il n'y 
a point à appréhender Tavortement des yeux 
d'en-bas de ces gourmands ii gros & fî nour- 
ris. Leur vigueur eft telle qu'ils poufleroienc- 
des branches de tous leurs yeux % fî on les 
abandonnoit à eux-mêmes. 

Enfin , je puis aflfurer qu'au moyen du rraî- 
tement que je prefcris , les arbres céderont 
de poufTèr des gourmands , ou en pouiferonc 
en fi petite quantité, qu'ils ne donneront pas 
grand exercice au Jardinier : les branches 
Frudtueufes les remplaceront. Il eft certain 
que dès qu'un arbre fe porte à fruit , il ne 
pouflfe plus en bois comme auparavant » Se 
qu'il produit d'autant plus de branches à bois 
qu'il rapporte nioins. 

Les règles pour la conduite ic pour la 
taille des gourmandsi font les mêmes pour 
leS' arbres' d& fruits à pépin, <que pour ceux 
à noyau, tels que h^ ceriders en efpatie^, lés 
abricotiers, les pruniers & 'les pêchers. Il n'y 
a.de différences que dans le«régimp,tsu:égacd 
i leur façon de pouirer ^ diffèrencèsiqa'utté 
bonne judiciaire ^ ma alfénrentappetcevoic; . 

R iij 



On voit ( P/à /JT) ttp poirier en évelitttij 
4e } 8 pieds d*ércndtte 9 fie, âgé de qaarant9sj 
Ans, dont Us branches Cône di^pofées ctn fotr«. | 
tue d^ raypDS qui vont du centre à h circoo- 
£érence> U eft daris lesc jardins de M. i'At-^. 
çhevêqu^ de Rouen à Gaillon. A , f a fpache 
de 18 pouces de diamètre. B , branches laté- 
rales partant immédiatement de la foache , 
6f placées horizontalemçnr. C«deux branches- 
mères dont les membres garnifTen t larbre haut 
& bas. Elles fe trouvent plus fortes que les 
autres, ce qui pour roi t innrmer robfervation 
fiir les branches perpendiculaires qui pren- 
nent toute la nourriture , & dont il a déjà été 
parlé. Mais on remarquera que les quatre 
branches cottées, Ë n,e forment qu'un rout« 
Suivant ma méthode on n'en autoit laiflfé 
qu'une , & l'autre mere-branche en aoroit 
profité d*autant. D , membres & branches-* 
crochets ayant des lambourdes & des brin- 
dilles. Les.quatre branches £ partent du corps 
même du poirier ♦ & ç'clevent perpendicu- 
lairementv' Latbce n'ayant pas été aîrigé de 
|eune{!è félon mes principes* Ces branches 
font plus fortes du double quç les latérales. 

La Py* -Y'teptcfente un Albergier-tige , de 
Montgamet en Touraifie ,igé de douate ans : 
ileft. eîpofé aulevant & aumidi 5 & appli' 
que à une terrafïè de t^ pieds de haut dans le 

Eerit potager d'en bas de M. l'Archevêque de 
aris Â:Conâans; A , tige de fix pouces do 
diaoï/me fur cinq pied^d^ haut* B» \Qn&ÙQÙ 



la greffe & fon bourrelet oui Pei^cede » 
arbre ayant été greffé fur prunier. C , canal 
ireâ de la lïve , coupé & recouvert. D , 
auteur de quinze pieds depuis la greffe juf- 
|U*à Textrémiré d'en-haut. E , étendue laté- 
àle dé 27 pieds. F , branches du milieu qui 
trnident a la* place du canal direû dé là 
ve ; elles font perpendicillaires fur obliques* 
G y font fix brancnes-meres paralelles d'un 
coté comme de Tautre. 

A IsilPL XI ^ eft un noirîet de onze ans 
planté dans le mèiiie jardm. A, tige de cinq 
pieds de haut. B, fa grofleur de fix pouces* 
C , canal direâ; de la fève fupprimé. D , ci- 
catrices de deux branches-meres inférieures 
qui ont été coupées , à caufe de deux poi- 
riers voifins qu elles ofFufquoient. £ , les deut 
branches-meres avec les membres & les bran- 
ches-crochets. F^ étendue de l'arbre de vingt- 
deux pieds. G 5 hauteur de trois pieds. H ^ 
branches coulées à droite & à gauche , 1 
caufé du treillage qui ne monte pas plus 
haut. 

On diftingue dans tes poiriers & pommiers 
cinq fortes de branches. 1^. Des gourmands 
ou branches de faux-bois que je métis dans la 
même claflTe. 1^ Des branchés à bois qui 
pouffent fur les yeux de celles qurfonr taillées 
tous les ans. 3^. Des lambourdes qui croif- 
feht également par tout , & percent auflîdu 
vieux bois. 4^. Des brindilles qui nailfent 
de* ces lambourdes & des autres patties de 

Riv 






I 

L 



lf4 La PRATÏQUI 

Tarbre. 5*é Des branches folles ou cbi^ 
fonnes. 

Je fappofe d'abord > comme nne chofe 
elTentielle » qu'on leur a fait prendre la for« 
me d'un V ouvert , ëc qu'on a fermé le ca- 
nal direâ de la fève pour ne leur iaiflèr poni^ 
fer que des branches obliques. Dès la pre- 
mière année , je les alonge par les excrémi* 
tés j pour donner aux arbres le moyen de 
s'étendre & de grandir , bien entendu que je 
me conforme à leur vigueur > au-lieu que les 
Jardiniers les épuifenc en les raccourcifTant , 
ibit qu'ils poudenc visoureufement ou non. 
Ils ont pour maxime de tes ravaler toujours ; 
^nforte que fî lés arbres de fruits à pépin ont 
fait quatre poudes » ils abattent les crois pre- 
mières d en-haur^ & taillent fur la quatrième 
â quatre ou cinq yeux , Se Tannée fuivante ils 
ravalent fur la plus baffe de celles qui ont 
pouffe , au moyen de quoi ces arbres font 
toujours des avortons. Il eft évident que dé- 
pouillés d'année en année de leurs produc- 
tions , Se forcés de pouffer en vain de nou- 
veau bois » ils font un .tems confidérable à 
grandir & à fe former. 11 ne faut que du 
bon fens , difent les Montreuillois, pour con- 
cevoir qu'un homme dont on tire continuel* 
lement le fang & la fubfïance , ne peut pro- 
fiter y être en embonpoint & travailler. 

Ce raifonnement e& Jufle , & je penfe 
qu^on ne donne poinc affez d'effor aux arbres 
à pépin y foit en efpalier ^ foit en buiflbn* 



"ùv Jardin AGIT. x6$ 

Voyez la différence, pour la force & h grof- 
Teur des arbres en plein vent, avec les buiA 
fbns du même âge. Aux premiers tout refte 
Se leur profite ; aux autte^ leurs plus belles . 
& leurs meilleures pouffes fonc en pure 
perte. 

Si on me demande ce que je fais de ces 
branches qui croiffenc au defTous de celle qui 
a pouffé à Vextrémité , je répondrai que dans 
les pommiers & poiriers de deux & crois 
ans , /*en abats de deux une , & je taille long 
en faifant de ces branches autant de membres 
ôç de crochets fur les branches-mères , & à la 
poufTe je les applique fur le mur de toute 
leiir longueur. A 1 égard des buiffons , je les 
laifTe monter. L'année d'après je me comporte 
de même , en chargeant Tarbre à proportion 
qu'il s'étend j mais lors de l'ébourgeonne- 
ment je ne conferve que ce qui peut trouver 
place au treillage , & cependant j*ai du bois 
franc « des bourgeons & des fruits en abon- 
dance au bout de quatre à cinq ans. 

J'ai confondu les gourmands avec les bran- 
ches de faux-bois dans les arbres de fruits à 
pépin , parce qu'ils pattent également de l'é- 
corce & non de boutons ou d'yeux comme 
dans Je pêcher. Les Jardiniers les laifTenc 
pouffer aux buiiTons , & à la taille ils les cou- 
pent près de l'écorce j il ^n renaît bientôt 
deux ou trois autour de la plaie. Quant aux 
arbres en efpalier,ils lesf coupent dans le mois 
do, Jiiin à trois ou quatre yeux} telle eâ: la 



/ 



i!6€ La P k. a t I q 1^ 1 

raifon pour laqaelle cous les pommiers & 
poiriers de nos jardins fonc comme des hc« 
rifTons fur le devant ou des tètes de faute* 
Ces yeux ne cardent pais à s'ouvrir , & pro* 
duifenr autant de branches qui font aufli coo^ 
pées à la taille fuivante. La f^ve lafTée d'être 
troublée dans Ton cours , abandonne enfin 
ces Touches informes qui ne font qa'un tifTa 
de cicatrices. Je n'ignore pas qa*ii en naît 
quelquefois ^es boutons à fruit, mais ces ar^ 
bres lont on ne peut pas plus difformes. On 
voit à Montreuil des arbres de fruits à pépin 
pleins de fancé ^ & qui tapiffent la muraille 
prefqu aufli régulièrement que les pêchers. 

La féconde efpece de branches eft formée 
de celles à bois qui nailTent des yeux des ra- 
meaux fur lefquels on a taillé l'année précé* 
dènte.Âu-lieu de rabaiffer fur la dernière d'en- 
bas ,* & de la tailler à trois ou quatre yeux ^ il 
faut tailler fur la phis haute \ & quant à celles 
qui font au-deflus', les ôter en partie en les 
coupant bien prè^ ; à coté il pouflèra des 
la'moourdes. Je proportionne la longueur de 
la taille de cetre branche fupérieure à la vi" 
gueur de l'arbre ; s'il eft fore , je Itri en don- 
ne une dans les commencémens d'un pied 
de long; je la porre enfuire à trois & quatre 

f>our le dompter & le mettre à fruit , lauf i 
e tenir plus court Tannée fuivante , & même 
à lui lailter moins de bois à l'ébourgeonne^ 
ment. 
A regard des lambourdes ^ on fe contente 



de les cafler par le bout ; fi elles (ont trop 
longues , on les raccourcit , afin que la fèvo 
ait moins d'yeux i nourrir & de chemin i 
faire pourarriver aux derniers. Ces lambour- 
des 5 au refte, prefque femblables à des brins 
de verges , font longues & étroites ^ elles ont 
les yeux gros , saoutent de bonne heure,. fe 
forment en bois avant les autres bourgeons , 
& fortenr de Técorce du vieux bois. Lotf- 
qu'elles font en trop grand nombre , on les 
met à, bois en les taillant à un feul œil durant 
deux ou trois atis , après quoi Tarbre ne man-» 

?[ue point de véhicules pour faire circuler la 
ève dans toutes fes parties , & la dépofer 
dans ces lambourdes qui deviennent' fruc- 
tueufes. ^ 

Les brindilles même étant placées fur le 
devant , font très-précieufes \ elles croiflent 
par tout indifféremment , & font trois ans à 
. donner du fruit , chaque bouton paffant par 
différens états avant que d*être parfaitement 
formé. Dans les vieux arbres furtout qui ne 
fe portent qu'à fruit , on eft fouvent forcé 
d'6ter de ces brindilles pour faire pouffer de 
nouveau bois : on taille aufli fur le vieux , 
& on leur ôte de diftance en diftance quel- 
ques branches. S'ils ont des gourmands , on 
les taille long , & on fupprime la groffe bran- 
che la plus voiâne. C'eft la manière de re- 
nouveller peu- à- peu & de rajeunir les vieux 
arbres. Quant aux jeunes qui ne donnent que 
des brindilles^ leur durée ne fera pas longue 



] 



%6i La pllATiQUE. 

il on n'a foin de rabattre fur le vieux bois pour 
I leur en faire pouffer de nouveau. 
• Les branches nommées chiffonnes, qui font 
la dernière efpece , éprouveront le même fort 
que dans les arbres de fruits à pépin , celui 
d'être retranchées comme inutiles & infécon* 
des, à moins que l'arbre n'en eût pas d'autres, 
ou qu'il y eut des vuidcs à remplir qui ne puf- 
fent l'être qu'avec leur fecours. Dans ces deux 
cas on les railleroit à un feul œil durant deux 
ans. Alors la fève , à force d'y arriver , élar- 
git peu-à-peu leurs fibres & leurs pores , Sc- 
elles deviennent à la fin branches à oois. 

Quoique j'aye dans ma féconde partie prof- 
crit les branches verticales , je ne laiffe pas. 
de m'en fervir dans certains cas , & d'en tirer . 
de grands avantages : trop heureux de recou- 
rir a ces fortes de branches , en ufant néan- 
moins de précautions, lorfqu'un arbre jeane 
ou de moyen âge eft dégarni du milieu , Se 
qu'il n'y a pas d'autre moyen de le rendre 
plein , ou que des arbres déjà âgés font éclorre . 
des branches perpendiculaires propres à les 
rajeunir. Dans ce double cas , voici deux 
moyens d'en faire ufage. Le premier eft de. 
les couper dans le fort de leur pouffe à deux 
yeux vers la mi -Juillet , pour avoir des. 
bourgeons qui deviendront branches fruc- 
tueufes, de qui, à la taille fuivante donne- 
ront bois & fruit. Le fécond moyen eft de 
tailler au printems ces branches à un œil 
en çourfon , &c de laiilèr étendre de tqute 



DU JAROIKAG& %6^ 

leur longaeur celles^ qui en proviendront pour 
railler delTus l'année d'après. Si les unes 8c 
les autres prenaient trop de nourriture , on 
les réduitoit à deux ou crois^.yeux. 

Ces branches dont je parle , quoique per- 

pendiculairies: dans leur origine > étant arrêtées 

dans le bas au fort de leur pouûfe 3 Se ceffanc 

de monter y leur feu eft amocti j & par la 

fouftraâion de la partie la plus confidérablé 

d'elles «ipêmes , comme par ia plaie qu'elles 

seçoiven; , elles font néceiCtées à fe partager 

ôc à repartir leur fève aux yeux fur lefquels 

on les a taillées. 'y 

Les pêchers en plein vent > loin d'êtres 

abandonnés à leur fort , jdoivent être taillés : 

les règles font les mêmes*; avjeç cette. diffé* - 

rence > qu'ils ont befoin de l'être plus d'une 

fois , parce qu'ils font maltraités par, les 

vents- loiïx oi^de gaktne > & qu'ils font pre& 

que tou^ «les ;an$ gclcs.eo biv^ex ^ & au prinw 

tems. C'eft pour cette raifon qu'ils font for^ 

fnjets àja gpmme. Qn.les taille auflli fort 

court y ainH que les nainst en plein vent» Sc 

fur un grai^:^d^>î[on;ibr.6 de branches. c. 

Quand up àrbte eft achevé «avant que de 

paflîer â ua autre , je m'en, éloigne de deu^ 

ou trois pa^ .pour mieux appercevoir le&iiéc* 

fauts qu'une trop grande proxitmté i en tràî- 

vaillant, auFoit«K>uftraits à mes yeux. Je crois 

cette attention au(fi; elTen^ielle que le vomi 

d'oeil générai dont j'ai parlé avant la tail* 

le. A T'^xem|je«de çe$ twxew ^Peintres qui 



9tyo La pRATiQirs 

perdent de vue leurs ouvrages pendant qaekpift»] 
tems pour f revenir à tête repofée , foit feuisi j 
(bit avec des gens de l'Art ; un habile Jar*! 
dinier doit faire la revue de tous fes arbres 
géoécaiement , & les vifiter fucceflivemeot 
pour une dernière fois , après que fa tailla 
eft achevée. | 

J'ajoute que » comme un père tendre j il ^ 
doit étudier leurs befoins, guérir leurs ma- 
ladies > prévenir les dangers auxquels ils peu- 
vent ètreexpoféS) en6n les dérendre contre 
cette foule d'ennemis qui les attaquent fans 
cède. Durant la taille , les vents froids y les nei* 
ges fondues , la grêle , le givie & les gelées 
tardives donnent un continuel exercice au Jar- 
dinier. Tous les jours fur les huit heures du 
matui , lorfque le foleil commence à paroi* 
tre , il eft obligé de lever fes paillaflbns qu'il 
abaiiTe promptement dans le cours de la jour* 
née ^1 fi des ouragans deftruâeurs ou des nua- 
ges de grêle menacent de faire îrtuprion fur 
kl fleurs. Sans m arrêter <iux attentions qu'é- 
xtgçnt les bourgeons, foit en tes couvrant, 
foit en les découvrant ^ je me bornerai à dire 
qbe des paillaflTans ne doivent être appliqués 
que: dans le bas des efpaliers , un peu au- 
deflus de la terre. Les influences nuifibles 
den^haur , ne tombent point pe^pendiculai* 
rement , mais font fouettées obliquement par 
}es vents vers le bas; Rarement les endroits 
élevés font^iU incommodés de la gelée \ eib 
^-execce ie plus iMvenc fes fureurs inev^^ 



s>9 Jardxna.gc. Ifl 

;cieres contre les végéuux que dansiez bas,. 
fc c*èft pourquoi les Vignerpns caillent beau*^ 
:oup fur des bois longs qu'ils ne courbent 
pour les attacher aux cchalacs qu'après que les 
grands périls font paflcs. Toujours les bour-* 
geons du cep font gelés avant ceux du Kayt. 

Immédiatement après , la taille il faut la^ 

bourer leis arbres , ngi^ - feulement pour que 

le foleil puiflTe donner de l^aftion à la fève Se 

Xe Faire fentir aux racines » mais ai^ili pour 

détruire la démeure des mulpcs ^ retxipllr le^ 

fouilles des taupes , Pc mettre dans le £3n4 

de la terré quantité d'oeufs d'infisi^es ptef 

d^éclorre , Se 4 animaux logés dans le pîea de^ 

arbres. ^ 

J^ai ditqué le priiitepis eft ,1e tems auqu^el 
les brancW^ vivement frappées, de la geléç 
périHem lô^^fque les rayions du foleil fe font 
lentiy;. Il f/iut dpncj après tes avoir abattues^ 
détacher dés branches voifiiie^ pour couvrir 
la nudité du mur. iJa; somme âue auflijl 
quantité, dq. plaies faitejsia^ns le prinremsi : 4 
elle féjourp^ , Je m^l devient prefquli^irép^M* 
rable. , i ^' . ._ 

Depuis le. rems de là taille jufqu'à celuji 
du paUj^age > le pécher eft fujçt à de gra^^^? 
révolutions^ Le fpleil dardant à ploiigJ) fes 
rayons fur fa tige & fiir fes racines , fouttà*^ 
coup dés vents fougueux , acçompagué^l de 
froids de(Icchans , interrotnpent le cours dç 
la fève, 8c flérriflènt fa beile verdwq. \$(^ 
feuilles â rinftant fe lécoquill^nt Se ch^tv* 



iyi ■ La Prat iqu e 

genc de couleur , c'eft là ce qu'on appelle la 
cloque , maladie que je traiterai dans vùi 
qu.itrietne partie. Un pécher alors- o 
tout à- fait de pouffer, & eft fouvent 
par ta jauniffe. Le Jardinier foigneux 
en chercher la caufe , & employer les reme^ 
des que j'indiquerai. Il arrofe , il fume 3 il 
jette de l'eau de fumier au pied de tels arbres^ 
il les fouille pour voir (t leurs racines ne font 
point chancreufes , gangrenées , rongées des 
vers ou attaquées par des fourmis. 11 doit enr 
core faire la guerre aui limaçons , aux puccr 
xoiis , aux chenillesj arrofer pendant les iechè* 
reffes , buter- le pied dé (es pêchers durant les 
grandes humidités , en élevant la terre eb 
placisppur jetter îes^ éâûx au loin » 8c rabattre 
enfuitë ces taluà îotfquè ïé tertis' ett ternis. 
■ Son miniftere -exige quiï vîiGtè gênerais 
ment tous fes arbres en efpalier,,ftirtour les 
abricotiers, potrr lésT^ débarrïifler' des ' bcHS 
inbtts gelés durant llîîver , &, 'dont, fa mot- 
taRré ne fe déclare ijû'au printerbs. ' De plus 
îjuantîté de bourgéoHs hàiffans 'fktlgués àe$ 
ge,Iées d'hiver 8c, du nrintems avortent, ainfi 

Sué 'dés yeux far îefquels il a paillé. Les uns 
etrt^ndentà être fiippi^més tdnt-^i- fkit , & 
Içs autres à être' rabatrirs fur le bourgeon voi- 
fin , le plus vigoiirlçux: Si fon négUge ces 
fpin^ & Il l'ôri renier ii là taille fuïvànte â 
iotet ces bois , on recule d'un ah la* gucrifon 
dé ces plaies , & on rÀet obftaclé à, la commu- 

ïïkàttori^deHia ftve^ ' *' ' -» ^ 

Nombre 



PU jARDIMAdl. tjf 

Nombre de Jàtuvs qui onc noué » fe çreii-» 

^enc i décQuyer^ ; le fiait en proie aux rayçnf 

iila (bleil.va êcre couronné. Le. Jardinier ti- 

•sera delTus quelque^ feuilles voisines qu'il te^ 

tiendra avec un jonc , ou y appliquera m^f 

feaill^ large pOur lui feryiir 4e paiiafal, 

i mmmmmmmmÊÊmmmÊÊÊÊÊiÊÊÊÊmÊKÊÊÊamÊÊÊÊÊmÊmm 

ÇÎJAPITRJS IV, 

Divers expédiens pour former les arbr^s^ 
^ iÇr Surfaire rapporter du fruits 

JM.AiNTBKANT Iç8 arbres font en bo» 

, itac , iSc s'effbrci^nc par leur âgure riante H 

\ par Tàbondance de leur$ fruits de récompe^- 

- £er le Jardinier de toutes fes peines. Us lem? 

blem oaipirer qtt*après 1 ebourgeonoeinent ^ 

le Le paâiOàge. Avant que d'y prooider > il eft 

eâendel.de lesfuivre de nouveau dans le4r$ 

diverfes façons de poulTer^ à cet âge fermi^ don^ 

il eft préfentement queftion» A dix ou douze 

* lins > ils fe démentent quelquefois au poinf: 

^ qu'ils deviennent méconnoiflables* Quel parti 

prendre pour les diriger^ fuivant îe|d]if|i)rente$ 

dévolutions qui leur arrivent ? 

Voiei piuliei^rs niQyeQS rrès-9tile^ qui coar 
iuifent à cette fin : 
^ l^ l4^ç9ai:bsr^4«> b»QçIies. 

5 



474 La P&Aa'iQus 

X*. te^ Relater* 

,4*. ^alJ[éF les brauches lors de là laillt 
fiç. Iqs i3«9W£iepps  la pouâè jen Juin 

5 ^« Pif^nifij: . .pçyoi: sfij^htapt aoflîcot 
Isk même place. 

L Courbure des branches. Je voalots 
CQnferver, yers la jn^-JaUlec , jip gourmand 
pour en faire^ Tannée fuivante^la baie d*an<ks 
côtés d'un arbre > je m'avifai de le courbée 
^ de jp cpuc^içr pr^£aa^ Ip Içsig d^ la mo^ 
raille ou'il furpafToiç de bçauppup. Pour Im 
faire place , je dépalidài entièrement la braor 
che fur laquelle il avoir poulTé , Se qaç fi 
|ne pcopciibjs dé Cûpptîmer à là caiUe Mvaatfi 
«fin 4^ h cem^ctie fuc œ geurmaxKi. Jç m 
tfpuvai datxs ù oéceifiie dé forcer tant fiiit 
^}i 1^ |>r;»ripb>ip^e four la Êûre daficendre 
ËiTi yjfil^ Tarbice | apperçus qu'elle avoir jceffî 
4^ {loMiçr» ai^fi que j^^urniai^. Je yisles 
yi^u^ç g./ bpiji de C9 damier fe conv^mx eo 
i^QUiÇQtiii à fri^cdarvu i^ous les Jbai^r^eoBs do 
|a ^i?^i)(;^-Qpie£.e , atRÊ ^rcée > & en moins 
de troi^ fçtnaiaes £^ changement .& fir. Ao 
goxarmam^ ç^^vhé ^ âubaiffé fe {ormerei{t 
^m?Jlt 4fi lirobourdcs iiatl.y ayok d>eu? 
dans le bas ^ ^ n^s tlaoïfaoturd^ taillées l'an-» 
^A ^a^^mâ .^omïSB\^VBu\(tmtnt du. fruits 
ceft de -là que m'eft:KWue l'idée et h 
courbure dç^^tfeaiMliea^KSftaxîsft. ituuie choC^ 



^ . l'adiêH ^e eééA>it à fM^ m «fofté-^ 
Hieiit ww du |>Mléftk^bHlà^è^ â ^fllèlfl ^at^ 
r^ter la fève pour la faire refluer dans éNt^* 
Wtés. llfi ftthet j fât «^^tttpte » « pdttJTê 4«« 
A*^n c^cé y il i'étH^te ttU tetxf , le réfl» 
làiOè ViMt k KlUfa^ tcnste éég^hte. Je éotîi^ 
Éàots tes ranieg|ii)t trop ttgôiltëui i Se je lailfê 
le^ Mc^e$ iTécéflârë ^tl Ubètté^ Keitéôc }« fo¥( 
«ft fiib jt%eé y flt le feibtè ifé uif^ ^èwfi è 
Féga^. Toute» fef tel d'arbre» fid dé Etfâii^ 
«fees qui dtft àt la fèVé fôfi! fiifeepdbté^ H 
h e<Hii^iiré. Getnl ^1 i^ttt Ig^s , dkîM fé 
bois effi ttUi , chMejTeùx éè e^flati^ , tïé ^€^ 
v^nt )ôuk dé^ aVMfàgeii âtticbéi à cette pt^ 
,ri^0. Lé» faifem dâf ptMtéihs & <lé VM 

raelé» &r (ief goMr ttia^si 

Je edmmUt^ ^ar te hé^mhe-iMfé'CfA 
s'emporte #«« feitl côté. Af^têè^ «fc^rd ilTitf* 
de foiv cMÉt , ]e far p««etîd* tf «rté rtf^rf ê# la 
fkffiftit d>éf^#ffdré , à^xxiiXit (^â à pet^& Hi 
tettâifl* Wri^ te haèé ; fé li foôde ^i vôfe 
}iifi|u!^A ^elpomtijè pàfe fet cduriWéf. Je Jâ^ 
rMïetï à 4|lafee fliMtttélte > » è réwdroit dfet 
iMtir «à j'à^re^tM^^é <(ié]ë j^oâVdi^s la' fair« 
AHfê^dî<ef , fef ctkdfe i» gros etbu- (jiïe^ je g!arhr$J 
bîefi* i^oat ta pvéféïvei:* de ht tbuilfe &: de9 
cm^aiofi»; té* Ik Khtet^ fcii:' ce eibtt" , pl^teé ï 
u^ ti^i^ dâ bttsi de ht htàj^tUe , tanai^ qU^ 
vêts tfatittre tiers att-dëffks af^yartt ufi» ^* 
£iftécMtt > ft-U fài^^këtt^ S6 te ehaf^dâîl» 



] 



'^jf La PRATIQUE' 

le midr uq pareil clou garni , mais en-ddlai^ 
de la brancne dans rendroic où je Tai un p^ 
forcée. -• 

L'effet s'enfuie dans toute l'étendue df 
la peau ^ tsmi fupérieure qu'inférieure, fit 
cx>ttrbant ainii la branche avec effort 5 îk 
ùxxt qu'en-de(fus l'écorce s'aîonge » Se qu'eiltf 
appuyé fur la partie ligneufe ; au concraiia 
la partie en «^ de({bus obéit » fe ride & forme 
quantité de petits bourrelets repliés » qui oc« 
çafionnent autant de nodus. La tenfîon forcée 
de l'écorce en-de(Ius caiife une obfttu^oa 
qui étrécit &c bouché même les paifages do 
la fève s tandis qu'en-^deflous les vuides de 
cette écorce opèrent le même effet : il ne 
lui refte par conféquent d'iifue que par les 
côtés, mais le tout eft tellement comprimé 
[u'il fe reflènt de la preffion de récorce& 
es nodus* Cette branche ne reçoit donc de 
nourriture que pour fon entretien. 

jFe ne perds point de vue cependant la bran* 
che qui profite peu. Je la dépaliftè aùffi 
pour la laiffer dans toute fa liberté , je la re- 
drelfe même (i elle efl un peu courbée Se gê^ 
née^ & je l'aitache uniquement afin qa^elle 
ne foit'pas le jouet des vents. Or, tandis 
que la fève ne padè (}ue difficilement dans 
'h branche courbée , il. s'en fait dans la foi- 
ble une effuifion furabondante qui s'y porte 
avec une telle impétuofité , que fouvent en 
un mois elle égale & furpaiTe l'autre en gcof' 
ibqr. On eft même obligé ^^ lâcher tant foie 



d< 



ESUr la branche courbée, pour tempérer le 
aie de fève qui fe porte encieretnenc vers 
l'autre* Ce qui déciae du rems que celle-là 
iiÉoic refter gênée , c'eft fon dépériuement vîfir 
^le , & le progrès de celle-ci. Jufqu'à ce que 
les pores de la branche qui ont été bouchés, 
les nbresafFailfëes , en un mot les couloirs de 
la feVe ayent repris leur jeu & leur reflbrc ^ 
il fe paâe trois femaines ou un mois. Si elle 
refte fougûeufe , on ladécachepour la courbet 
davantage* 

Si cette branche a du fruit , je .tn*y prends 
À plufieurs (oh d'une façon plus modérée , 
qui me mené également à mon but. Je mets 
également deux cldtis dans la muraille ^ l'un 
en-deflus Se l'autre en -défions > mais Je ne 
force que médiocf etïient : huit jours aprè* 
je les chaflTe dans le mur deux pouces plus 
bas s & je répète la même opération une troi- 
iieme fois , enobfervant qu'ils touchent tou- 
fours du même endroit de U branche j pout 
prévenir une forte dé contufion ^ qui ocça- 
fionneroit uh trop grand affaiflement dans les 
parties de la peau des branches corréfpondan- 
tes aux deux clous. Lorfqu'à la taille pro- 
chaine le feu de là branche courbée eft amor- 
ti , elle exige beaucoup de ménagements Dans 
le cas contraire , il faudroit la charger. La 
branche libre qui aura profité aniplement , 
peut être taillée long , (inon elle fera re«* 
tènue< • 

Ce (][ue j'ai dit jufqu'à préfent ne regarde 

S iij , 



f)a«fk 4%S# l« lw»|i d'flR ^bî^ , S( qjjî 
cônd , ils feroient un gtand vi;i4t- 4wè 




aji.boufe Nppci)fts«it. ç/Ht«igfP« via^Q,^,]^' 
«Sî Ifli^i pr«> df c^Bgwr boiwcwïp. cc^ ^aftr- 
çj)iî%i feuiti I^. dÂçbafg^ 4 l'4l)ouf^P9ft^, 
^m> Ole 4IiWb r<»i>%«r^ 4. Htfiht l|B#rg|0!ii«,„ 

fjiiiS f^l^i'^ii^» ^;^lç)s,afQJ^îs'(W^ew>c-d^' 
les. t€«df%%es ,. «ft l|eç- (pfi]^l^^t^\e^ c««- 
dft bçfçili., Spavseijf; j^^(ÇoqFbft ^vf^tfUoftjCel- 
îçs,<teflt*^l0r-f<B»!t,f9iÉtiie?. Qi|atïd je. v9(s<4tH!S> 
^Rf: h S^Wi^X^^ (ot^érSç I^br^iHiHv-.dGtnt il: 
fort fptH::4^pt4*<}! jfijejj taillp- d'wp^ften/ 
année pl»«,c(^re ». ^ tçuf^ df^uc me, foMmifr 
f(yjt; 4jï%brapfh«^,fftq(^ue^fçlS. l^iç Jecfqpff 
je puis m'en pàiîer , & que je prévois qae.l«jii^ 



gjMÙnibâsy fe les^ recrâtiiche éoiM -â -fait. 

Cette m^cKôde de coafbôv âiftfi les^ bî'ah^ 
ches eft utile, i®. Qtcmd ^cà évàh taSM 
lofig^ pludeurs floùrmatids* des années pt'écé-i» 
dentés >' ib contument de fteitiàte tdote la^ v^ei 
&^. A Pégard dTO pkhers j^lîtéis tcop prè^ 
lés iMs: des aac^ev: je* fo^cê' ks* bbni^eohs eh! 
coBcre-lSks , à oommeiiâeir db^ijâs ï£ préWiiere^ 
branche & toirjooT9 en renAoïita\§t. j^^. Poùif 
les arbres qui ont atteint le haul du mut, de 
s^enftporteiirau-deflbs da (Shaf^Fôii : bien loitt 
dé coupet lettrs brant&e^ pât les botlH^S ]é le^ 
courbe toutes , & je Us arrange près- Tutid 
de laucte iotts le larnnier , eôfbrmedëcbt- 
4pn j ôc vci^ la^ âb d'Août ,^ & Ibà^ côHfu^ 
iion eft trop grande. Je les àxîite nif iHéx!^ 
tf émité^ fans ajucun rilqae. C^$ afroréà pouf- 
feront par la fuite plus modéténiéh't , 8S ri'au*^^ 
vont (bkit éxéêjp\mèsi 

IL Na'Vrer les BRAKiSttËsî NftVWr étî 
terme de Jardinier , de Vignetôrt , de' Bû- 
cheron,! de Treillag^ur, eftdbHrwTr lïn couçf 
de ferpe» à' un bois qui n^eft p6int âtcAV , 6d 
y faite une* entaille en biais, j^Mï pèfer' éléù 
fos afin- qde fa' partie^ la ^ tettgûV môrtté 
for la plus petite. C'ôft d'aptès côlté'ôfcJsrtidri' 
^e j'ai eUayc de dotbocfetf dfe^ itbté^ tirèp? 
vigoureux , en leur faifktit dé' pfôpô^ dëli* 
béré diverfes entailles' feill&labl^ y^éttii 
d'abord qu'utiles- aux atbtes cte^ frtiitS à fie- 
pi» , eltey ont rarement Beû^ {k)Oi? les' atbre» 
ffïtiimçvLX. Cepencbint , en'obfetvatif dre(Rkyet' 

S iv 



L 



lit La Pra TfQ vb 

tdus les jours la gomme à mefure qaVIk ûûiiA 
dti peut les employet pour le pêcher , cidnimM 
je i*ai fait heureufemenr. Je veux affamer vmt 
grofle branche ^ qui prend trop de fioarim 
tare» je lui donne, avec une (etpe bîéo rraii«] 
tti^nte i ou coup à cinq ou fil pouces au^ 
éeiTus de Tendroit de fa naiflance 5 &^ |e loi | 
fai^ uiie entaille à mi-bois » eh«-de(Ibas 00 
ftir le côté en biaifant : j'y applique en fuite 
l^dftguent de Saint Fiacre^ Cette opérariou 
tient un peu de la fcatificatiotr , mais fes foitet 
font toutes différentes* Le printems eft Tuni- 
Que faifon où il foit permis d'y recourir^ 
fcfîti que là fève foit retardée dans fon cours $- 
et que les parties fe réuni(rent. On peut faire 
)}iaueurs de ces entailles aux branchés qui ne 
(iouffent que du bois ^ ainfi qu* à celles qui 
«emportent trop* 

On n'ufe , au refte ^ de fettiblables expédienl 
âit*enver$' des arbres fougueux > qui » avec le 
iecôurs des opérarions ordinaires , ne Veulent 
][^ôint fe mettre à fruits Ce font des remèdes 
Violens qui doivent être réfervés pour le cas* 
d'une eitrèuie uéceffité* Mais il eft un moyen 
fût de n'y jamtiis Recourir 1 c'eft de donner plus 
d'edor àuic arbres , fans les épuifer par deJ 
tailles courtes qui ne les font poufîèr qu'en 
bôis> Oonfidérez les (arbres des champs qui 
gronfitTent & produiferlt du fruit abondamment 
peu de rems après qu'ils font plantés. Rienn'eft 
plus commun que de voir eti Normandie dei 
pommiers donner une pipe de cidre pefadC 



titr jAtcmiix&t, lit 

kl. ^1 500^ indépendamment da matd & dû 
toous les fruits tombés oa pourris. 
^ L'erfet de ces entailles eft de couper les fî'» 
l^esjdc d'altérer le cours de la fève. En donnant 
die Tair à rintérieur de la branche , elles ope« 
rent une diflipation des parties fubftancielleSé 
Pa.r ces plaies vous obligea la fève de fe por-» 
ter à ces endroits ehtaitiés afin d*y donner du 
Recours ,. d'y former des bourrelets , des no- 
dos 5 des cicatrices ^ enfin , vous faites autant 
de nouveaux couloirs qui fervefit à la filtrer ^ 
€^ autant de barrières qui la forcent à féjour*^ 
lier davantage ^ à fe cuire & à fe digérer « 
{>lus qu elle ne faifoit en fe portant avec im« 
péruofité. 

Dans le printemsj lorfqtfunô branche gouf-» 
mande prend toute la nourriture , on l'éclatd 
pour les mêmes raifons^ â l'endroit fourcha 
d'où elle part , & on y met enfuite de TongUent 
de S. Fiacre & des édites, àinfi que je l'ai déjà 
prefcrit. Jufqu'à ce que la future (bit faite , la 
•maîtrefTe branche & les deux qu^on â éclatées 
fe modérenr , 1^ réunion s'en tait avant Tau-^ 
tomne fuivante. Cette idée m'eft venue en 
voyait de femblables éclats furvenus aux ar* 
bres de la campagne : j'ai remarqué dans let 
brattches éclatées un rallèntiffement d'aâioa 
de la fève* Ce que le hafard avoir fait, je l'ai 
eflàyé avec fuccès. Un gourmand vorace , par 
exemple, je le plie du bas jufqu'à ce. qu'il 
éclate > puis avec une ligature je rapproche 
les parties , 6c fe fuis affiiré qu'il pouCera 



%9% La pR-^TfQtrt 

lûovbs^. On il m'eft néceffir»e,^ oa il nsr ^6^ 
dans le premier cat ,^ tes- j^ei» é» E^affei 
cclorire cies bourg^ns à fruit ap^Urs^ bi 
ckes-crochecs ; dans le fecodd^ fi ^ laiia^j 
f'épuife mon arbre , 8c ce eoorèiand me fôi 
nîfiat des faax^bottrgeoiisi Ënt leckfcanfc j^'évni 
ces pottâfe^ A^Flues')'& crgoucmaJmd fe^m/à* 
dere. 

IIL ToitDRB les^ arbres eft izfiearacre (a^aà 
d'éclater y qaieomribae beaucoup à l^r fé» 
condité. Erl voyant travailler de»» V igne r o» 
cpiir cduchoienc des oep^ de vigne pobr faiift 
derprohrinsj fài retnarqn^ que certains cepi 
ccaqootent étams leurs m^às & fe tordotea^ 
Ces parties corfes poutToient moins qub les ad* 
toer pportrins',( & en les fbutHasit , fa* vu qu'à 
FeridTrôie ©ù ibécoient lîordus , il s'crmc formé 
an itodàs^âe' un datus sSéz gros. De-lèj'ai'tiré 
d«yis!ïdttékt©ns , & jîaîr imajgin'é , pour arrêter 
dàès diâSrentes occafidrisces tortens de fève, 
ék miAe les brandies Se les bourgeons » a&i 
démettre lesrarbres^à frùitl <3ô moTfen m^ teK 
leifiènt réuffi, que j'ar éw' forcç^ de dlfcontï- 
lîuer , ley ^bVos nè-pouAToient prefique pkis^ai 
bdis:, (^ nedontloient que des^^brincÊUes Se des 
laihboulbdey. La» farçonrde tordre eft fim^, de 
a^Wèa'depui« iWaipirqucfl» Septembre. Vom 
prenez une' branclie^jéude oa^un^Bdurgeon- for- 
mé ^ & ferrahc bioTi fort-,* vous téutnefls d'une 
mai» en-dedàns ,. Se d& l'autre- en-^iehors , 
Côï3AKVCe pour défiler un coedoçe ,' jufqu^ ce 
4fM vous eim^ndiess un'ci^^qmnfenti Vow ècel 



1»U lJLKÎ>rllÊXqir J^^> 

(^ qoe la bsMchd tdrfe s^fiïwàcé> fka de 
glOiHrrkQre qiié pcfur fa (ub&lkMce ^ & qu*îeUé. 
ft#< looasr^ pôiiu^ snaisr^tan^foivaDielirair*^ 

. iV. Ci($^.2v Lis ttAVo^ àr U caïUeft: }e9^ 

^iuer .> )4pp^£§i^8 un^ lieëi:gi^oa< gûS& pax- le» 
MeiO* 4^B6; uiivflidc^itdd l-arbcôouilocoif fore* 
JDKiee0aH^ : c âjeâct 4 Ibb aii*JuitH A. focce de* 
If ep^oiiiiiçr.ai • ^ T^mBoqvkSii <)fi^i l'endïoi'C d«^ 

e^aviçôi)} q|iiHlz$ ^ j{pus& agfrès: an eorinoenc^menc^ 
d% vèfâ^^Jfifh'(\Àyi/$ j poucv vei« ce qpi ed) 
proviendroic : il y paru& tiM. ]^nlbour4e«^> qâi^ 

EdF.1a^iaKi6b^fei|i^i& pjiifieur^r boii€oo«' i frufr^ 
. r^rè$;c€H^ dâçoAi^erre^ sj'ôâa^^ai de oAfStCr 
dp ^ropostd^ijibéf-^^ &. Wl^anîc&Qi'afipric'^la^ 
ûiiivxQ. Çiei^e of^éradon rfa <|\iaa rtippoic'élei^ 
g||é a»^ ^U^ (|He. lâ/Qili^cînyjd^ a? apalifiée d^ 
pjbao^mmt ,v& qi^il prefeiîic^Jlégifrddeè'beurr*! 
g^oa»f^Ml^^A^ qu'il piûç^^àcinq,fflX^ fiapcf 
oi^y^o^>eiir JliÎB & Jiûlbtr» au^Ueaqiierlo Ué^ 
caflfe prèsideéffauç yiauîc,.j8ï (Juefj'étetids, cet»' 
opéraxi^'jtii^l^'^uiç-branpb^s, J« pr«v^ieiÏ5 dîa-^ 
bord q}ite{le#e>çpnvâent<|i2!ati3é aroreiS'de fruits^ 
à'pepinfi .§:-» goÎBtrdu^tùaf- ^cfton àvflQ)?a*rs fi'* 
cfirq'eftià J*4gt©4de$-'gia»riï*afid$-'f«mumcfiirc»* 
dom onW^jWî^iftire'ckj trweliél fwAilettfes , 
& qpon<s^6^ là «moitiés dè$l 1^ pT/emiers jours' 



i%4 La P à a 1 1 <i û 1 

Deux forcés de branc^he^ fe préfentetif tdUtj 
«le la taille , envers lefdaelles le cajfement \ ' 
lieu y les branches naturelles produites 'par le 
yeux de Tannée précédente , & celles de faor^ï 
boisé Nos Jardiniers , je l'ai déjà die , ravâlear ^ 
tous les ans fur la plus balTe des branches qoi- 
ûnt pouiTé des yeux laiflfés i la taille précé- 
dente; enforce que s'ils ont taillé pat fuppoCU 
tion à cinq yeux chaque branche qui en aont 
pou{Ie autant , ils jettent 4 bas le» quatre pre** 
mieres pour tailler la plus baflfe à cinq yeux* 
Les années fuivantes pareille poxitie 6c pareil 
ravalement ; deforte que la poofle des quatre 
branches fupérieures eft toujours inutile pour 
l'arbre qui profite peu ^ & ne rapporte cotnma* 
nément que des feuilles. 

Le caffenitnty au contraire , en procurant aux 
arbres , foit en buiflbn » foit en éventail , une 
étendue immenfe , eft la fource d'une grande 
abondance de fruits. Les jardiniers ne Tem* 

(>toient que pour les lambourdes > 6c moi }e 
es prefcris pour routes fortes de- branches* 
Lors de la taille je coupe près de Técorce deux 
des cinq branches qui ont pouflTé précédem- 
ment , & j'en lairfe trois , une entre ces 
deux Supprimées ^ une autre dans le bas , Se 
celle qui eft placée tout au bout que je taille à 
un pied , 6c même à dix-huit pouces dans te 
cas d'une extrême vigueur. Je cafle ^ en ap- 
puyant fur ma ferpette» les deux btanches que 
j'ai laifTées > & je les éclate à l'endroit des 
fous-yeux à un quart de pouce de leur empa^ 



©X7 jAR'DINil^Gl, lt| 

tetnént. Quant aux arbres en efpalier» je coupe 
auffi les branches die devant & de derrière , fi i 
on ne les a point ébourgeonnées > & je taille 
en forme 4e crochets deux de ces branches , en 
en fupprimant une cntre«deax^ & j'alonge celle 
da haut à deux & à trois pieds proportionné- 
ment à la vigueur de rarbre. ^ 

On me demandera pourquoi je cafle aa« 
lieu de couper. Si je coupe y la plaie fe re- 
couvrira 9 & aux yeux qui font au - deiïoqs 
repoutferont de nouveaux bourgeons qui com- 
munément deviennent branches à bois. En caf- 
fant, au contraire , je fais une plaie inégale Se 
pleine d'efquiles ; alors le recouvrement ne 
pouvant fe mre que difficilement , ou mèm^ 
point du tout , la ftve refte da^s la branche, 
•'y cuit & s y perfeôionnCt Ceft la longueur 
de fon iéjour qui forme le fruit » & non fon 

Îialfage rapide à travers les fibres longitudina* 
es des branches. La fève trouvant du coté de 
ces efquiles autant d ob&acles à fon paflàge ne 
peut monter, ni former de bourrelet , mais elle 
s'affine Se s'infinue à travers les fous-yeux ^ Se 
£iit éclorre des lambourdes» des brindilles » 
ou des boutons à fruit pour Tannée fuivante. 

On voit Planche XII , figure s j une bran«^ 
che fru^eufe nouvelle provenant de cajfer 
ment y fur laquelle on remarque les rides ou 
anneaux A » ainû que les boutons â fruit 3« 
Lafig. I A de cette planche repréfente u^ bois 
vieux avec des rides & une bourfe à fruit aivt 
«ieune, d ^ deux autres bout Ces î fruit pl\|s xi^ 



mM La FitATi^HE 

cfMesftvec les aAcieAtix 4c Us ridf^* €» 
4>QiKons i fruic ^Mrdcit dk «leur bourlè* 
«lème cbofd eft ré{Nkée > )%• Jf , ^atts 4K^#ci 
^msnc confi«Kée. il eftaUéideconcovMr qti*! 
itfbftituanr à la fève éss couloits «lOttiS Mt 
breux & moin« fpfcieux ^ teU 4^ cet» 
branches à bois , 6c ^e formant des^ taoïis 
des cribles pins ferrés ^ dite doit èfere plue »{ 
proehée, plus cenceDorée , A ç»t «dnfêqi 
mieux cravaUlée & rnieu^^Utee* 

La raifon de la différence de taitte p^ii* IM^ 
ambres en efpaiier^ èft cicée de ce <]»*i)fi a'^| 
qu'une fiace. Tpw te devanc Acledeciien éiêÀ 
-fnppriniés , on ne peut ménager èm bois efa$ 
iur les coeés » & pâr^confiiquenc it s'agît d| 
cirer les branches par les extféfnkés pour fol 
garnir; de^là les branehes-^fûci^^s qu'on f 
Jaifle* De pUià , en dbottrge^tiMant ces^atbre»! 
on letir ;6te K>ttr le bofs qoà petit ^e c^e^O' 
fion^ U eft donc nécei&ire d^ leor en haàSa 
pltts lors de k taiUe qa-aox bciid&)fi$« SiMla > & 
vous tes taiiïez cou«t, & fi voufiT if^épvt^iei 
pas tes branchee*cf ocb^s , iif0V^ n'avez^ poiac 
,cie fritic , n^kis des g«Mrrmiiiid& à Y'fai^ Sâ^ 

Eriin«a4ee , vous perdes voe «tbies-, fettfW'. 
^sioa9, vous faircsxeeéij^oii. Le miliea^eft 
donc la conduire ^e^ je cieM« 

Le êa^iement h ptaiique papsellemeat i» 
tes arbres en e^atiier. Cas.bcan^etf- evo^ 
chets fur bfquell^ ^ ra^li^r p^^ioifefH à^ 
branches^ ne pounran&l0& pbo^v Cûafces^^ ft 
l^n^ fpH éloigné 4^fe»akatfre«) jt fiQ^)ê 



D9 Jardimagi, l9f 

pacti 4ie caflèr. Cette opérai ton fe fait en dmx 
faifons , v^ers la mî-/uin jioAlii'à ia mi-Juiiiec 
poar les bourgeons qui ont pou^é de 1 année ; 
9c lors de ia taillé dfhiver , tant pour les bran-* 
ches à bois , que pour celles it faux-bois. P^r 
fon moyen , lesacmes fur franc qui , dans les 
snains des Jardiniers » se peuvent porter do 
f ruir^quoiqu'ils les tourmentent toujours à leur 
4étriment , deviennent fouvent d'une année i 
l'autre les pli|5 féconds du Jardin. Il fapt ce- 
pendant en ufer avec fobriété. Un Jardinier 
mdifcret quis^avifetoit chaque année de çafler 
toutes les branches fecondaires de fes arbres Qc 
celles de faux-bpis ^ les mettroit icellement i 
iruit , qu'ils ne poutferoienr plus que des brin-^ 
dilles éc point débranches à bois, ils ceflèroieni: 
de plus de groiSIr ic de s'alonger , 8c donnç-* 
xotent une telle quantité de fruit > qu-enfin il$ 
périroieni épuifés. 

Le cajjiment des bourgeons fe fait en Içs 
appuyant fax le coupant de la ferpette à l'en-^ 
droit où ils portent à faux ; ils s'éclatent toi|C 
M fuite. LÀ fève qui a coutume de coulée 
dans les canaux deftinés aux bourgeons ca^fêis 
y arrive comme â fon ordinaire , & ne trou-* 
vant plus à s'échapper » elb eft forcée de fé- 
journer autour des lous-yetix où elle fait effort 
pour entrer ;^ & de s'y arrêter faute d'un paf-* 
\ fage fufifamment fpacieux. Elle fe filtre donc^; 
s'infinue par menues parcelles à travers les ca- 
libres de ces fous-yeux , Se enfin elle fait éçlprrf^ 
une petite vet^re qu^ eft une lambourde ^ un^ 



%i% La Pratique 

brindille ou un bouton à ffuic. Nos Jardt 
ainfi que je l'ai rapporté plus baqic , Font c^ 
le contr^tire ; ils cauent â un 5 deux ou lt< 
pouces : U fève alors enfile les yeux du reft^nt 
Dourgeon, & forme ces toupillons , d'où &t 
fuit lainaigriflemept de la branche-mere , Tét' 
puifement de IVbre » ^ enfin la privation dt 
tout fruir. 

Quant au nombre des branches naturelles» 
des faux-bois & des bourgeons qu'il faut caf- 
fer , il n y a point d-^utre legle à fuivre que h 
force des arbres Se la quantité de leurs poof^ 
fes. Jf'eftmie qu on peut ca0er le quart des'brao* 
çiies fur les arbres les plus vigoureux. S'ils fe 
portent à fruit par eux-mêmes» où (1 Ion a^ 
alongé & Uiflc des branches-crocbets > le ^af- 
ftmtnt n*a point lieu, S*ils font foibles èc s'ils 
n ont que des poutTes ipédipçres » il faut bien 
fe garder de le mettre en ufisige à leur égard. 

V. D£P|.AifT£a pour replamtçr en krincme 
place. Ce moyen que jai employé rarement 
m'a toujours réuflS. J avois été obligé de dé- 
placer quelques arbres de mon Jardin ^ & je 
jn'ajpper^us qu ils me donnoieh^ beaucoup pins 
^e fruit 4:}u'auparavant. Je pris à^\ï occalion 
d'eflkyer de lever plufîeurs arbrç« infertiles , 
& de les replanter au même endroit. L'évéïie^ 
{neat réppndi^ à mon attende 9 ^ ils ne cef^ 
ferent depuis de nie donner des rroit^ ^boa« 
^^imment. 

Je fis fouiller un pommier d api) un boo- 
^Jjii?tien ^ une bergamotte âges 4*eAviro9 



r*Rze «ns, (jai ppaflbî^nc beaucoup ^e boji p 
fleuriflbieoc (Quelquefois fans jamais rap^ 
rrter , & je 4écp^yri$ leurs r^çine^ 4epaif 
tronc , luf^ju'aux esccréoiit^s , avec U. pluf 
^cai^e açceouon. Quan; à cpUesdu detfous ^ 
||e 6s jtouc moQ poffible poui: ne les pp^nç écla- 
f$er. XofCqoe ces arbrçs furepi: bien d^g^giés S^ 
pe tinrfjnt plus , je les fis p)çttre de côfé i ftf 
. oa trafîfpairca tontc^ U3 certes de leur^ trous. 
J'y fubft.it}iai celles du voifinage^je jren^is en? 
fuite ces arbres d^n$ leur même place ^ âprèf 

3upi jç fis faire un larg^ baiGn , Sç y jecrer unç 
emi-dou^aine dç feau^ d'e^u. Cétoiç ijpgri^r 
4iacemçnt ^pcès la chute des fei^illes. 

Je np propofi^ aii refte ce moye^i ^ ^u^ 
fomtnç un pi^^emple j fans abfolumenc U cq^ 
jTeillçr , quoiqu'il n'y ait aucun rifque i courir 
çn preAant les irièmes pr.éçajatipns; j^e Tai ef- 
faye plufieurs fois fur te pècber , qui'nç sac^ 
^omiQodç nullement du traitement des autres 
jirbre^ , auflî p a-t-il rfytt^ que fur de? fujetf 
dç trois ou quAtr^ ajis* 

. 4^uelques arbres rébelles $c fougueja^ ne ii 
i^çtteut point i frpit; pn peut eflfayer d'abor^: 
4e les deoarralfêc (ejalemen^ des bois çpufus ^ 
.& d atteodr^ ver^ h pi^Âyril quand U (è^9 
jaiura été abforbée dans Içs nouvel)ip$ poufiès « ^ . 
les rayale.r fur qu.elques^i|ne^ dçi^ ÎAfêrieure^. 
Cette pratique que |'aî vu réiiâ^ d^ fondée 
.4an$ la nature , en ce que la fève eft rètardéj 
jp»r i'ép^pbei^çtu (}ui s'en fait i «tnc dç braQr 



tçp Là Pk ATI Q« H 

chés 8c de boutons auxquels elle a été difttî- 
buée , & que les plaies de$ coupes occafioa* 
nent une grande extravafipn de fève que Ton 
peut voir lorcic encre Técorce Se le bbis. £q 
n hâcanc de les'recoùvtir , elle fe repartit d'au- 
tant moins à tout le refte de larbre , qu elle 
eft plus rallentie par le foleil , Tair & les vents 

2ui amortiflent , deflréchent & refferrenr les 
ifFérens endroits qui ont éprouvé des plaies. 
Àin(i domptée , elle coule avec moins d'impé- 
tuofité , Se eft néceffairement digérée & filtrée, 
au point que les jreux à bois fe gonflent , jaf- 
qu'à devenir autant de boutons à îftuit pour 
1 année fuivante. 11 èft effentiel d obferver que 
répanchement trop abondant de la fève dans 
toutes les différentes parties de l'arbre , les 
rend fi tendres & fi caflances , que le plus léger 
froifiement de Thabit , de la main ou de la 
ferpette les jette à bas. 

Ces remèdes s'appliqueront avec un égal 
fuccès à certains pruniers qui ne poulTènt que 
des gourmands , ians brinditles ni men^ùs bois , 
Se a quantité d^ pèch:ers , qui n'ayant qoe 
des gourmands ou des branches chiffonnes , 
font plufieurs années fans rapporter. A ceux- 
ci je ne laiffe ni brindiljles , ni lambour- 
des qui ne foient taillées à un feul oeil , Se jq 
fupprime les trois quarts de ces branches 
rolles , qui pullulenr de/toutes parts, Quan- 
tité de poiriers 'Se de pominiers fur franc 
pouffent des forêts de bourgeons. Se ne fe 
metteht à fruit que fort tard. Des poiriers 



gço£r, &• avorcene èn&Q. A ttms? C(^s &i> 
Vires, j'cùnploie les. ej:podiens cl- delTaii ioc^ 
c|aés/ Je poikrois. ranger dans leuccUfit cas 
iïhdmduik ftérîles & fiéconds tout eofegpU^^ 
produifant des fleurs qui avortent , oa qitt 
0Ôaeat« mais qui.nétîenneoi^jamatfiL» &.Iaiu^ 
feot conaher kurs £ruir$ hn$ les aoienei 4 m^ 
taricé» ou n'en diument que peu ou potmdll 



CHAPITRE V. 

-f iEs arbrec doivent avoir fâk de rstpîdei^ 
Mogtès , &: avoir befoin d'être éfcoiirgeonhéi 
ji)d^tiis le printems ledt& bourgeons Jiiongés . 
ê& milhiipUes forment untoui^ diffi;>rme t té$ 
fins demandent qu'on leur aflîgne une plice*, 
«nies étalant pompeusement Atr la muraille 
' eu fur le treillage , le^ autres ietntlent s^ati- 
ten^e à^re r^tatidiés , comme membres fa^ 
perflu^, pour donner i ceux-là plus de nour* 
«tureSc de relief. ' ' 

L'ébourgconnement , f ofé le dire, cft au» 
lieSt» de Uhl»ti)k pow FimjK>rrance ; iV)^ 

'T fi 



«lifp(i(e fKHir Tannée fuÎTance. On peot |ttfrâ*| 
un certain point fuppiéer i une taille déreo 
aiteufe» auUeu qae rien ne peut réparer on 
ébourgeonnement vicieux. Oe-ià dépend h 
fécondUté de Tarbre» comme fa fanté & ia 
durée. Il eft queftion ici de la ùifon de l e« 
bourgeonnement & de la méthode qu'il faof 
f fuivre.. 

^ C'eft en conféquence de l'empire abfolu d$ 
TArt fur la Nature» que les hommes fe font 
ftvifés de donner aux arbres en efpalier cette 
forme & cette étendue » qui de chaque. bra&r 
che fait autant d éventails , & que par le sç- 
tffanchement de celles de devant & de àetr 
rierc , ils ont forcé la fève de fe porter for 
les côtés afin de la rendre féconde , en la 
gênant dans fon cours. Le pêcher a plus be» 
loin qu'aucun autre arbre d'être ébottrgeonné ; 
il produit tous les ans une fi grande quan- 
tité de bourgeons , qu^abandonncs i eux me* 
pes 9 ils n offriroient i la vue qu'un objet ia^ 
forme y & que devenant le jouet des vents , 
lis ferpient immanquablement brifés. Lefrnit» 
ioutre qu'il profiteroit moins/ acquéreroîc 
aurïi moins de faveur. 

Lexaâitude de Tébourgeonnement .eft 
moins efientielle dans les autres arbres , par<e 

3ue le touffu de leurs feuilles, qui font d'or- 
inajire plus larges & plus ferrées que celles 
du pêcher , en cache la difformité ; & de 
p W le préjudice quon peut leur faite t'en 
fe$ (Ugarniuant en quelques eadcoits » %^M* 



' nv Jar^ikagb* tyi 

p&TàUe par ces branches , que f appelle ad«^ 

^entices^ qui percent à travers, la peau; 

' Cet art de réboui^onnertient n'eft iiutre 

claofe que la fuppreffion fage & raifoimée deé 

iratn^uz ruperflus , que le choix judicieux 

<le ceux qu'il faut pah^er » que ce goût 8c 

cette inteihgence pour n'en conferver qu une 

qpcutntité f umfante. U fe répète autant de fois 

<^ae les bourgeons s'aloogeanr & fe multi* 

pliant , donnent lieu à le renouveller. Le 

point eifentiel éft de fuir éplement la con« 

ftifioi» & le vuide. Pour éviter celui-ci , il 

• ^ur uiujours tirer du plein au voide , mab. 

Cans forcer, fans crcnfer». fans caufer aucune 

-^difformité, On évite la confufion , en làif» 

iiknc entre les bourgeons un efpace fuffifant^ 

pour qu'ils ne fe touchent point , & que leurs 

Jeuîlles ne jauniffent ni ne tombent. 

L'époque de rébourceonnement n'cft pas 
plus fixe que celle de Ta taille. On 4oit fe 
régler fur la faifon , Tâge > la vigueur des 
Arbres , le climat , les exportions dififéreQ- 
tes Se les circonftances particulières de l'abon- 
dance ou de la difette des fruits. 

Les Montreuillois le difFérent jufqu'à la 
' mi'Mai , ou dâos le mois de Juin » Idrfque 
'les bourgeons de leurs arbres ont un pied ou 
~ quinze pouces de long. Ceft moins la pro- 
preté & la régularité que lé be foin des arbres 
qui les guide. Voici leurs principales raifons : 
-'1*. En ébourgeonnant de bonne heure * on 
/ùéc le fruit au arand air. Gommer en Avril 

Tiij 



i94 t9i' 1?fi\'ifi<iyt 

Bl aa 'iomtikmmnmt Me Mai , il '^ étiCâl* 
forcTemiré » il çft en dittiget. d'être frappé 4ô 
IbleH de de tomber. ^^. tià tentàmt & en 
taMànc dbngec les bcmrgeons , & ne itip- 
prhmtifqaè tard les âirnminftrftîcés ^1» ne* 
Dres ne s^^oifent ^intd en pooflibrxle no©* 
^m^. 5^i La|^mrmeTeft prliBiportée dé fleet 
tti moU d^Âvrii tque^qiiami réconée «ft pl«ss 
fohnée. 14.^* A^peiott fes-'aebrcs aarritneàcent- 
iU à iê remettre diës^ari^es qu'ils oat.ér« 
^yéesi pac les tftîHes^fÂbestà Ibuts ràmeaui, 
à peine les cic:itrices lïèmiiheocent eflles a h 
tiecouvrir ^ qu'on kilt ién im de hooirellck* 
•j^^i Tam^ire lefrtiit.èfti'Xou\^er^^ ccttt 

éCpècQ de 'fotèt ^ fccrl(fëfe^de 4A>iQ:geons'^ 5l 
Jtnrit'd%nre frâicfaeiin]|m codtfrihie faeaucoé^ 
m£drv^€ctài(IemeT]t. LérboaigéDnisViQiilei^ 
fe trouvam i J'aife ipoufférit &• s^arlot^nt^ 
^hfurs yeiix , lears bomms. peter râoqéé fui* 
Vaûte-^ ft~focniênt'& fe fafçomîent* abusées 
^avantages v^difparoifTdnt ^n$ rAcmtge^nie- 
-ftt«nt précipité. , » ' . v 

- Dca t * on éboofgeorttter rpàr ptbvifidft , & 
Remettre à.<paiHrer â tin autre tèmi ? Ceéie 
-fâÇèn A^ itrâtfuilFer k des fuites 'fficheàfes* 
t*. i-es^ fruitst. dénués de T^ippui des bdur- 
^«eôn« qu'on leur ^ rôtés font a-bctcus jpâr 
îei ?èms. 2^. Lés feurftes des bourgeons, du 
"bas, après savoir |auni , tombent 5c fottiAVor- 
^ter-tes^eitx pour I^aniiée fiii vante, j^. .De 
îl(>o«^diw oca^ri^^ îpafîf- 



i - 



4^1 coarre rifque de fuppritner certains bout- 

fréons mieux placés que ceux que Ton con-' 
erve , ou d'épargner ceux qu'il faudroir jet- 
ter à bas. Il peut arriver auffi qu on ne trouve 
pas fon compte dah$ lè nombre des branchés 
<}u'ona laiffcesj comme fuffifanres. 5®. Ces 
tnêmes brandies non pa'lKTces , venant à ctrc 
caffces par les vents > opèrent encore dés 
vuides. En paliflTant au contraire à mefure 
qu'on cbourgeonne , on prévient tous ces in- 
convéftiens. 

Beaucoup de Jardiniers qui n'ènvifagerit 
que la régularité & l'uniformité » commen- 
cent à palifTer par un bout de t'elpalier & 6nif- 
lent par l'autre. Je crois que fei arbres èx- 
pofés fur des hauteurs à la fureur dès vents » 
ceux qui ont le plus pouffé , qui portent dès 
fruits plus hâtifs 8j: plus nombreux , ont d|:oic 
d'être travaillés Tes premiers > enfuite les plus 
foibles , puis les vieillards & les infirmes. Par* 
mi les expoïîtions , celle du miài'exigè toujours 
la préférence. Je ne dis point qu'un arbre 
vigoureux doit être moînis cbojiirgVonné qu'un 
foible , qui n'étant pas foulajgé ne feroit que 
des pouiTes chétivès. 

On ijie perdra point de vue la nourriture 
actuelle du fruit, & la piroviGon pour la ré- 
colte fuivante. On pourroît ajouter une troi* 
fieme confidération , qui eft la grâce Se là 
régularité de l'arbre; Il faut être bon ^cà^ 
, jftome , & fe ménager fucceflîvement des fruits 
cbaS^ue année. On excelle en celaâ Montreuili 

• . " Tîy' 



? 



i^â LA >itA*x^*l 

tous Ui àiis leurs àtbres eii donnent , ââ-tiâÉ 
^ué dan^ nos jardina on en à àbbodanittiefk- 
datis âne ànûie § & pëii oti point tes fiâvaii» 
té^4 Ôii laide à cette fin moins dé bdurgecfil 
i tin arbre bien chargé dé fruits <j[à'a tin <^ 
Teft ïAoïM i afin ^ué le pi-etniet poifle lés 
hdùfrir. On téferVé eftfdiré des ooilrgeoiii 
de bois bieH franc de diftàncè eu diftancé« 
fdit pour régàrhir ^ foit pour feniiptàcer l'ànn^ 
f)Mcnaitie c^iix ^ui fefônc épuifés oà rè* 
tranchés^ 

£n ébodrgeôiinàhc les ârbrès dé dtui ft 
lie ttoii àiis » leur difpôfitioh & là diftribd- 
tiôh de leuts brandies dôi vêtit être cohfùltéesj 
Ce hiôtnent décidé de Utit fort aVet la taille 
Aé Tâni^ée fuivàntd. Mais je ddtihe th géné- 
ral beàùcou{> de chargé à des à^btes quoi* 
âiie feuhéi 3 quand ils lont extrêmement nui 
Moh but éft dé leur procdret un plus prompt 
àvâticetneht , & dé coiiferver dans leur to- 
talité tihe plus atiîple cirtulatidn de fève. 

Rieh de plus à évicêt dans te Jardinage 5 
due la pratique dé piriter , de ràctourcir te 
o afrèrer léis DOur|éoh$. Toutes ces toutilà- 
tiôiil font là eauie du dépériffemeiit des àr* 
bres» La f>r^téndiié régularité qUoti leurat^ 
ttibue difpàroît trois femdinés après , par tfn 
hoinbté infini de faux - bourgeotis d'àataht 
blos âffidùs à poutfer quoii eft plus ôbftin^â 
les rétratichér. 

Pour l'ebdUrgédâùemëiit il fie faut fé fervi^ 
' ^tie de la detâi-ferpette. Quand 0fi ikititlh 



^hkWUt , on fait avec elle autant dé diligence 

' <îu*en caiTant , tuais il faut couper avec la 

|>ointé de Toutil toUt près de réeorce les 

^branches fatnométaires & |e$ faut4k>utgeon^4 

Si ces dôrniers naifletit à côré d uh œil , oA 

les retranchera â une ligne aa-defTus de peut 

'âe l^endotnmage^ Lorfque Vers le mois de 

Septetiibre là fève commence à s*aniortir , 6t 

qu'on n*d plus à Craindre la gomme ni Ta ver-* 

tetnent des yeiit , près defquels on éclate 

de petits bourgeons tardifs, oti peut fanscon^ 

féqaence caflTet quelquefois , mais hors ce cas 

il n'eft pas permis de pincei" par les bouts. 

A régai^d des gourmahds ^ on doit i ^ , les 
conferver , tant qu'on peut , proportionné- 
inetit à la force de Tarbre» i^. Ne Ics abattre 
que dans le cas denéceâité. $^; Les palifTèr 
oe toute leur longueur avec leurs bourgeons 
latéraux ) en ôtant ceu^ de devant & de der« 
riere. 4*. Palifler àuflî, fahs rogner ni pincer , 
les bourgeons qui pouffent a droite & à gau- 
che des yeux a'eh>baut de ces gourmandsé 
\^. au cas qui! n'y eût point de place pour 
îes étendre fur le mur ^ les fupprimer , en les 
coupant à une ligtie près de chaque cèil ^ le 
plus tard qu'il le peut , pour éviter la pouffe 
des nouveaux bourgeons* 

Je me fuis déjà expliqué fur le traitement i 
faire au)£ branches chiffonnes & de faux-bois. 
Si Cependanr Tarbte n'en avoir point d'autres 
& <)ue f;^ jeunefle pût faire préfumer fôn ré- 
•tibbâ^tut ^ on pâMetoit de. toute ieut I06- 



i 



iji La PaATiQVt 

gueur ces bunches foibles , mais en f)et«E 
tK)mbre. L*arbre feroic alors en état de l^^j 
nourrir ^ & â la caille on les couperoic foct 
coure , jajqu'à ce qu il fe remît. S'il n 7 a 
|>oinc lieu d'en efpérer ce fuccès ^ il faut hi 
chercher un fuccelTeur. 

Quatre fortes d'arbres fe prcfencent aâaeU 
lemenc pour être ébourgeonnés t les uns font 
nc^uvellement plantés , ou le font depuis irois 
ou quatre années. Les autres qui ont huit i 
dix ans , compofenr la claflTe des jeunes. Cen^ 
d'un âge formé y Se dont l'embçnpoint eft 
aufli parfait que Tctendue eft vafte , vien- 
nent enfuite. Les vieillards enfin fe préfen- 
tent au dernier rang. 

Parmi ces diâférçntes fortes d*arbres 5 je 
diftingue ceux qui &nr extrêmement vigou- 
reux ) de ce^x qui font plus fages & plus 
xéfervés ^ cçux qui font aialades. depuis long' 
tems d'avec ceux qui nont que des maladies 

itadageres. Les uns ont été bien conduits ; 
es autres» & ç'efl: le.plus grand nombre^ l'ont 
. été fort mal. Quantité de gourmands , & de 
branches tant fécotldes que (lériles^.^e remar^ 
quent i tous ; enfin la plupart , pour avqjr 
«té plantés trop près , fe touchent , & leurs 
rameaux alongcs s'entrâlaccnt : il s'agit de 
.prefcrire des reglespour ces différentes clafles. 
Une des plus c0entielles , efl: de confidérer 
la nature des bourgeons qui ne doivent pas 
être indifcrétçinent jettes à bas. Comme le 
jpèchec eîl le plus difficile à .ébourgeoQoex 9 je 



le ^refiuls pour exemple. Sesfruits , au fnremyÀ 
palifTage furtont > n'étant pas fort gros \ tt 
étant cachés -ibas les ÀtiiUès dpntils. emprunt 
tent la couleur , tombent aifément^ fi on nVl 
-ibin de tmW Ics-btandies «ço'on veut éfeôur- 
-geonner, .afin d*épai^inrttoiis ies boargeot» 
-chargés def êche^. Ufaut en omre ^ avant ^ttis 
-d'en jetter âuciui àbas , lerpcéfénter en iplace ^ 
oti cdnnoitra>pat*4â s'ikeft éatm fon ordre dar- 
turel » s'ilne iotcetapas oa s il n'éclatera poiac 
<dti bas* • 

J-ajante qfn'il e(l de conftqpetiœ dans cette 

apératton de conferver fbigneirièment , non^ 

•Tedletwénclés feotlles «kûâSes à préferver liçs 

HEruitis dès tajom brûlaos ^du féleil , tnais aofii 

rtdutesiéssawrcis', tjaelcçTO parc qu'îles foient. 

. • Gette pfbpdâtion iera tf k^tée de minttttepaf 

xeux qt ignorent qttel peift^tre le aïiniftere 

tdes'feoiHd&daoïsVordre delavégétatioA. GreW 

{€h. FL 'p.:i%%S)'àit « que les parties les plus 

^ groffit rèsnda-ftirdenseuraint dans les . fenittes, 

^ il n'eritre dans 4e fruit qne les «plus pites 6c 

>9 les pltts délicates» 

Deux fesfiesde biahcKes doivent cite fup- 
•primées dans les arbres lors de Tébôtirgeon- 
nemesQC , d^*aho'^d celles qui font ftrégulîe^ 
res , ^fwondes , roVtues , chancreufes » ^om- 
meufes , contre Tordre de k nature v mortes 
•ou motirantes >-&on he'xfoit lipct que ft/r les 
'. borgnes) enAiite les bourgeons^ farnanléfbtres , 
tjtioi^(ueilisaTidies fruébmifiis |>oUif l'anrrée fui* 
iraaee pâ& ià^jgottrma&daâiUil^s» Àptts .avaic 



|Od La PHATIQVB 

fkit ciioix de ceax qtiî font le tnieax pha 
on en rupprimera un entre- deox on même d 
de fuite félon que la muraille eft plus ou 
garnie* 

Les mêmes règles doivent s^obrerver i 
gârd des arbres en contr'efpaUer & en év( 
tail I avec cette différence que let preoiîi 
étant moins gènes que jceat d 'efpalier , on { 
leur laiiîèr plus de bourgeons , & que les 
conds qui préfentent un double parement , 
tnandettt à être éboiirgeonnéspàr-devanc o 
me par-derriere. Les bui0bns qu*on évaide 
feront dédommagés par la quantité de bc 

Î;eons bien placés au pourtour qu on leur 1; 
era: il faut pbs d intelligence pour lesébc 

. geonner à propos que les autres arl>res« Ot 
coupera à ceux eoptein vent tous les bcoirgeoM 
maigres qui pouâfent par pelotons , Se on n'ea 
laiiiera qu un ou deux bien placés. On leur rf 
tranchera les poudès qui fe croifent & s^entrt* 
lacent » ^ certains gourmands qui emporte^ 
roienttout Tarbre en appauvriffant leurs voh 
fins. Elaguer peu à peu les bourgeons du hast 
de la tige pour ne làififer que ceux qui doivent 
former une belle tète , eft le moyen de n^avdr 
que des arbres chargés de fruits nonsbreuSi 
gros & exquis y & qui préfenteront un .coup 

- d*œil charmant» 

Un point capital de rébotfrgeonnemem , r^ 
lativement aux arbres enefpalier^ eft de ne 
jamais abattre le bourgeon qui termine la braB* 

^ €he> à moios qu'ilne tut mauqué, & que ceki 



9V J'ARirilïAOJl. . |0t 

dà deflbtts ne fut meilleur. A la taille on t%p« 
proche, on relTerre , on concentre ; à l'ébour^^* 
geonnement on ne peut donner trop d'exten^ 
Son aux arbres, quand ils pouflent vigoureufe* 
ment > & que tous les milieux font garnis. Il 
ie rencontre fouvent de groCes branches de 
vieux boisjmortes depuis la taille du printems» 
qa on ne (ait û on doit abattre ou laifler ; je 
fenk que de forces incifions faites aux ^bres 
en Juin 6c en Juillet leur font très préjudicia* 
blés , & qu'elles doivent être remifes à Tannée 
prochaine. Néanmoins on peut diminuer U 
4litfbrmité.caufée par la préfeace de ces bran- 
ches , en paliiTant deflus ou â cott des bour« 



geons voiiins. 

V Rien de plus ordinaire aux gourmands que 
de produire i leur extrémité deux ou trois 
branches : on ne laiilera que celle, qui fera le 

fAus avantageufement placée , & on coupera 
es deux autres. A l'égard des bourgeons que 
la Nature place uniformément dans tous les 
arbres pour fervir de mères- nourrices aux 
fruits} loin de les fupprimer ou de les couper 
A deux ou trois yeu^x , un bon ouvrier les cou* 
liera le long d'une branche de vieux bois , ou 
les retournera en anfe de panier fur le devant 
0VL fur un côté j cette difformité ^ au refte , n * ^ft 
que paflàgerej elle dirparoit lorfque le fruit 
eft mûr , ou i la raille luivante. Les bourgeon^ 
^que la gomme ama pris ,- feront raccourci^ i^/n 
iun ceil au^deflos du oui p afin qu'il$ en pQufr r^^^ ^^^^ 
Amt de Qoay^aiu 



ptfî^ La KuA'^i.Qvi 

• Point Marbres al ^*arbu(bs<|ubft lie 
éboargeonner poux cp'iis prennent tme 
régaliere. Les ceriâen ^ gaigniecs Si \3i^tt\ 
tiers y w exemple > tarit en eipaiier ^ <fM\ 
contr'eipaiter , reHèniblent &n5 i'éboorgÈoi 
nenient à des hértffi>ns. Comme ils pouflèfli 
différemment qu'un pécher & qu'un pommier^ 
ils doivent auffi être èboargeon^és d'uae aocif 
manière, ils n'exigent pas non plus h, mem 
précifion ni la même correâion* Leurs boutons 
toujours gros ic nourris, parce <fxe kjurs ùtm 
font par paquets fortant do même œii» U 
qu'ils fbnr abondans en fève, ont beibin d'oi 
plus grand nombre de branches qui leur fer<- 
vent de réfervoirs & de meres-nourrices. Hf 
|>bii(Ient moins dès branches à bois fealemeiit , 
4jue des branches â fruit. 

Le cerifier feît auffi éclorre fiir le vieux boit 
quantité de brindilles en devant qui font pré- 
tieufes, 9C des branches fortes, fôuvont apla- 
ties avec des cotes , 8c cannelées qui prenneor 
beaucoup de fève : on ne çonfervèta ~cetks-d 
qu'autant qu'elles feront en nombre égal àt 
chaque côté. La figure qu'il dpit avoir eft ceib 
4'un éventail régufter. Jamais fes bcancfaes^r' 
pendiculaires ou demi^perpendiculaicec' ae 
t'approprient tonte la fève , comme cellto au 
pécher. S'il s'emporte du haut , quoiqu'il ié 
dégarni (Te rarement An bas v'tâf^rocné à h 
taille il pouffe a(îez aifôment. La 6sitçon<iele 
travailler à l'ébourgeonnement , eft de lui ôter 
jl^s rameaux trop noipbreux^ de kiifer tous ceai 



D V J A K i> i N Â Ô H. jojr 

fcofon peut paliffèr , quand même ils feroient 
l^ôp dïus, 8c de conferver les lambourdes des 
b&tes & celles qui four droites & courtes en* 
Pevant} ces dernières donnent les plus beaui^ 
l^ults & les plus abondans. On les retranche 
fenfuite lorfque de nouvelles lambourdes les 
irenriplacent. 

^.' Un ceriCer en efpalier au levant, bien 
[ârelTé , ébourgeonné I propos , & palifle fui- 
yant les règles , forfne un richç coup d'œil , 
furtout lorfqne paré de fes ftuits il étale fes 
tameaux fouples , dont le feuillage d'un veid 
brun & obfcUr y contrafte avec le bel incarnat 
de (es fruits pendions négligemment au bouc 
d'une queue alongée. 

Les précoces font une clalTe fép^rée ; leur 
bois eu: toujours plus fluet \ cep,ei;»dant bien 

fouvemés , ils acquièrent une étendue fem- 
lable à ceux d*uné conftitution plus robufte. 
Il efl; fort commun d*en voir à Montreuil qui 
ont trente pieds de face& au-delà. 

Tous les arbres fruitiers qu on paliffe con- 
tre Tufage ordii;iaire , demandent à être ébour- 
gebnnés.Teleft le figuier que des particuliers , 
plus curieux de rexdellence du ftuit > oue 4^ 
la quantité placent en efpalier, C'eft celui qui 
craint le plus la gêne , Se qui pouûe d'autant 
plus ^ qu'on lui donne rtioiris TelTor. Pour l^i 
faire prendre une forme régulière afin, do 
raflujettir au treillage , on eft Ifbrcé de coupeç 
quantité de rameaux placés par-derriête qui 
empêchent les gros bois d'approcher du mut ^ 



}04 Xa P&ATfQUl 

ainfî que ceux qui dardent de toutes parts 
devant, d où il arrive que l^s faux-bourgi 
fe multiplient à l'infini. 
Le bois du figuier eft rempli d'une moëH 

Ffpongieufe , & la fève eft laiteufe. Par la fa(| 
redron de fes rameaux , on met la moelle t 
air qui la detTéche , la pluie s'introduit tut 
fuite dans les petites cellules que la Nature y 
a pratiquées , & de-li s'enfuit la pourriture in- 
térieure qai occafionne la mortalité de çe$ 
branches iucifées. Comme fes pores font fort 
ouverts Sc (es conduits intérieurs très^dilatés» 
il fe fait une extrayafion de cette fève laiteuff 
qui flue jufqu à évacuation totale» Telle eft ^ 
raifon pour laquelle tout figuier qui n*eft pa$ 
empaillé l'hiver ou qui Teft mal , gelé aiféùnenr, 
furtout s'il tombe de la neige » du givre & i^^ 
frimats 11 fait le plus fouvent éçlorr^ du bas 
quantité de btanchettes creufes qui gèlent ea 
hiver ou qui féchepr au printems , faute à 
cdnfiftance fufHfante, fpit ppur fupporter le 
frpid , (bit pour réiîfter au grand air du prier 
tems* 

Àinfî le régime du figuier fe réduit à ne 1(^ 
tourmenter aucunement, à lui 6ter feuiemea; 
les bois morts , Se à appUqi^er i fes plaies Top- 
guent df* S Fiacre , à rempailler amplemed 
durant Thiver , & à le tirer de fa prifon versb 
fin de Mars quand les dangers font paflSsr 

L'cbourgeonnement fait de la manier^ dpot 
|e Tai dit , influe tellement fur la fuite de l'o?^ 
yra^e ^ cju'oo eft fur de ne pas s y reprendre i 

pI»ficWf 



D0 Jardi.hagk. lOf 

^ofieurs fois ; oh , n V pTus q^u uhe^tunple rc* 
Kêrche à faite de rèm$ en tèms, ^Les arbre* 
iktit eu le loifîr de jeirer îcut fea , deviennent 
lus fages, (ans Me épuifés /altérés , ni façi* 
tués. . -. . 

^M— — — — wpi*i|» Mil l .-i »i II < H m^m^fÊmmtÊÊÊa^ 

■ * ■ < I . ,1.- ^ 

CHAPITRE V L 

Dk Palifagc 

/A R T du palîïFage coniîfte à attacfcèr d*** 
hord au treillage le côté le plus difficile , puî« 

Î^âfler à l'autre, & finir par le devant & le mi* 
ieii. Il n'eft pas 'dans Ibtdre de la -Nature^ 
TToujours elle porre en avant, fes rimeàux pôut 
fmvte la direftion & l'imoreffion de laio Tou» 
-|ôarsies bourgeons attaches & arrêtés s'écar* 
"xént du qriur pat kur extrémité. 
^ On diftingue deux-fortes de palitfages , 1 tin 
"tRiiver & l'autre d'été/ Tous deux confidérés , 
'4^uant au fond à à la; forme ^onr égalcmehc 

pour ob|et l'utilité & Pavantage dé l'arbre ; I9 
- àerniet fe pr opofe dej>lus de former un i:oup 

â'œrl rfculiet. Toits deux tetident à kii donner 

rlus d^itendue , i f?îre naître l'^àbôndànce , 
tccélérer la maturité du fruit , & à lui f>ro- 
jcuret, avec un xoloris charttiaiit^ jine faveur 
' doûçe & un parfum exauis» 

De la façon dont on a traité jufqu^ici les 
ait1>res, eb eipatter y ^ui jie parviennent jamais 



^otf ^ La PjbiÂtiqvh 

^g^qir ,1è$ WraUles.» ^ âifé <^ ço|î 

ipevoîjr.qaè le palidagç çoncnb^é a leur ^ioç'^ 
^iis 4'et9pdue, Oja croiroit que ce feroit j^y 
toc l'office de la taille: Rien cependant h' . 
plus vrai. Par la taille & rébourgeonnemem| 
on ote aux arbres d eipalier toutes lès brancfaît 
tant de devant. que aeder4ere* Parmi celb' 
qu'on* lailOfe pour être dreflëes en évehrail» ily 
en a au moins la ^çitiç qu'ofi fupprime au 
différens ébourgeon/iemens. Cette fupptef- 
fion peut être eftimée la croifieme partie éfi 
J|çiv:s oiefi^es. J^oigxie2;,]^core,â çc^ pro# 
•^jieiux jrçfi^qqbem^s^ij^ ^çfë>;#^- Ifeftrcmîîj 
j^ leurs rameaux ^jfL'eft ,impoffi{%qu^^^ 
, W^nt., Je âis sçtas ;, iljs ,i&iroo^ >p m 
Xie remS|,îSç la ftcruitc^<^'aiU$ufs,en..fjçraJe 
.p^tjtage. jSi ,dpnc au j- i[i^ ^^ jcabrîçîî 44- 
^charger ,& de Jeur j.ta^rè j^poaÇlex /tfçt.i» 
bourgeons enpui^ ^çrt^.^jof^'laifl^ft^.jt^^^ 
ram.eaux:|>l.t^. d' é^endi^e. ^f^t^ d[^ Aopgu^dt) 
ils pr^iidrçiept l>^cy ^,&^ 
Supie .de> <^ .qu^iU d^.iyxçnt Wè^^V^^B^ 
Alyk fortifiefoiençt * le^ç.^urJ5e-fèrQÏtJ?fc 
4Q«g»»«2Ç»i%e Mfts Jfeuf QîçfiVîPaj;. ^écej^i 
:leiSi r^ijaeajux^ dg 4çvagt.&.,/fe |ternjere>.j^ 

DQ^r, Jes, dédommager .lç?j^^îejr ^ujfff jfit 
hs, côtésj^^ cfçr^rej.,, iu^y^jif jj^tqrU d« ^^ 
bres , les branche!^ i^9^^.^?ï^^^^^^ 




parce que tous les JaVdmxers dfecbarg^ 



tk^fit dé t6tit<t le |fbs bit 'Us pctsv ent : en fei- 

Eûîft uïkge dfc Itvtt ïttiîbn, ils ftnttreîçnt qtr'^l 

ikut^^àè ié% àtbrès (okrft AétHes on qn'iS? 

périiïent ,. lorfquon ote à la fève fon jeti , 

IfeS ¥fei^eiis & fes pàfmes organiques. ^S'ils 

^^ ^Idfrgècfertt pKjpbtitfonnJêtitent à teUr^ porifi 

*-s , *6h v'arrofitT^tehiiattce feccédôr à la dS* 

fttte^ at 'des efoîaarprs 'vaftfcs , €retïdas\, .fû* 

i^afbès , faire rfifpàtdîtte Wte (Jtfi , tjùôf^à^ 

btèh f/^ccsHBc-bi^n*g4vht^ d'arbres., fom i-ii» 

-tttodiqote ^^port, ^ - 

^ne^es iUgltS *fqtaâattiiîtitales chi ^îiffagt 

^ëft a^ateri^r ttilites les %mhicbas ctes è*ttfé* 

ttiitcs , tant c^leîs ^Aescèéés que-dfe ïace. ^3)a 

i^à Wobjfeâtet qtrë tettfeHrtéthode'fdra tétein- 

'iâte%s;yètix du bas , -& que *tes aifbres'ri'w* 

'Érorfc plais 'de vetdiitfe qu^aû tfôiit de leurs 

BiisiniAes. Si Cela fé t^otrds qijVumnt ipiim 

^bfle ikrdiÊ(iér*efrptDdigàè , qaatità IMlob- 

igî^ttièiït tte?s feôurgebtîs^Ùa potifffe i autant .^ft- 

^^téfttvS â la taille, -ëîfc^eptJé , â'i^td de? 

lSft!hl(!bè$ 3e c&të^'fe occupé de rapprocher 

& ^è Vdrtcetifref . ^L^rgftoTânt au içoritràir^ 

Atixi^ li h tiHlé i^ braiîdtes ^ ^frliit , & 

, rietit jdèfcichii't tfetots les atttfres. ^ïiofs les 

»J>rtiiii)èï'ès ^n'brit prfs tfe'qiK>r/f<xatrfir /& les 

ia*ti*és'^otjflrem avec^vélt^ ^ieii n*eft 

'pltis i^rdpre à rendire 'l^atbce ^leb , que 'de 

falfferi lafèiKe fesurafés-^^fes i^c^ensçout 

«'y pottér » ^en ôbfetVâiït â^lengerpat |>tc» 

iiSttocc^teîJ tn?*fl^bÇs auilonriiïns le bas d^ 



joS La Pratiqxjs 

yeux francs. S'il arrivoic qu ils fuflenc écein&0 

comme le pèchec ne repouiTe point commor ■ 

némenc » il y a un moyen pour les faire q^ 

vivre } favoir , de greffer â la pouffe for cm 

branches. 

La pliifage contribue à une plus protnpie 
maturité du fruit y à fon goût & à fon ccho- 
ris. Par fon moyen , l'arbre & le fruit oac^ 
également jparr aux bienfaits de Tair qui sis* 

. imue par û$ pores ^ rhumeâe y le rafraîchie, 
lui porte la rofée durant la nuit & lui vecfe, 
le jour » des pluies fécondes. Dans les larbr» 

« de rige 6c en buitfon Tair circule Se pénétre 
de toutes parts , aurlieu que contre la ma< 

. raille il na ni jeu ^ ni aâion. 

Le palifTage fi utile pour tous les arbres a 
pour le pécher des avantages particuliers. Nui 
ne forme un plus riche tapis verd , & dc 
fait un plus beaucoup d œil qu'un pécher bien 
palifle , fes branches flexibles & dociles à nos 
volonrés y femblept collées fur la muraille & 
incorporées avec elle. Dans les autres arbres 
nombre de branches pointent fur le devant, 

. & y font des éminences ; comme elles font 
la bafe du fruit, on ne peut les fupprimer: 
mais au pêcher nulle branche faillante , nul 
rameau indocile ; excepté les maître Ues bran* 
ches , fa fuperficie ne doit point avoir plus 
d'un pouce çépaifTeur. La beauté de fon feuil- 
lage toujours d'un verd naitfant , le coloris 
& le velouté de fes fruits, le font admettre 
dans les jardins tes plus K^uliers ^ pour y 



^i 



x)t7 Jai^dikaoe. 309 

^i:iret pompeafemenc avec les âears tares 

$£ précieufes. 

^- Quelle riche paliiTade qu'un efpalier d*ar- 
tbres donc les bcanches font diftribuées d'une 
hnaniete taifonnée Se bien entendue , où Tin* 
telUgence a ptéddé pour donner à une de leur^ 
parties plus ou moinjs d'étendue , pour avan* 
c«r ou reculer les bourgeons , & dont le vui-* 
'^e , la confufion & ta difformité font ban-* 
nies ! Les PL XIII Se XI F. en offrent des mo- 
dèles. Dans celle-ci , les branches A font fort, 
preflees , mais à la taille on peut les éclaitcir* 
jLe vuide B fe remplira à melure que les bour- 

rïOï\$ s'alongeront.Ceux dé la lettre C s'élèvent 
la hauteur duchaperon \ loin de les rogner^ on 
les a coulés de côté en les couchant.La branche* 
mère D c& plus forte que fa paralèlie, cette 
dernière , parcequ'elie a. porté deux membres 
a pouffé moins vigoureufement : on les ren* 
dra égales en chargeant beaucoup la forte Se 
fbulageant la foible. E deux membres dont 
le fnpérieur eft plus fort que l'autre. Ce pé- 
cher âgé de fepc ans eft greffé fur amandier ^ 
Se a été planté par TAuteur dans le petit po- 
tager de M. rÀbbé de Malherbe à Livry. Il 
a feize pieds d'étendue fur onze de haut. 

Pour que le paliflTage foit dans les règles y 
il faut, pour ainfi dire , qu'on puiÏÏe apper- 
cevoir du premier coup d'oeil la généalogie 
de chaque branche , & faifir ce bel enfemole 
où les parties fe rapportent au tout. J'ai dit 
ra parlant de la diftribution des branches p 

ViiJ 



raçon quô chacuûe formâc aur^Pt 4f f^îii^> 
év^niails qa'il y a d^ caeinbies 4^1^^ Têffeçe*;^ 
Suivant h méthode oM^mm j il n'^tt IfrrîWk' 
qu'un » en prenant U figure 4'ttn âemir^fÛMS* 
où routes les branches p4i:teB( 4^ ni^iir> 
<:0a\me autant i^ wyoni q»i vont 4a MW» 
à k circonférence. Rion a'ômpfcgb? qp^ çê 
qui ^ qté.ptarit]ué jufqii^ci d^ns U iQ^Ulc 4fl 
l'ârbr« ne foir répété dans chacune 4p ff^ 
^ parties i & que de tcme^ ^n parrioilier c^ 
ne fa0e fin périt , cô quVn A fm en ^mà 
dans (haq<»e arbre. Ces fubdii^iiions qui c^^m- 
^feni un tottt fi parfait , outre qtt'elif $ fa- 
tisfgi!!! pleinement les )?ei«c., déàommtgmt 
par leur avantage Se leur ptiâdaif 4u >cjjty^. 
qa'ielie^ oci:afio0neiif. 

Je vaif pbs ioîa 5 & j^ piîjtf qés qu'il 
faaf nnoicis de rems pour diriger ^ {u)itft?r 
tm arbre f&lon ma méthode » ^ue êii^yanc 
î-mtciestarte. GauiRemé > conina^ |e l'Wife^^ , 
taht ftour la taille que pom rébourgeonne;* 
ipent f |e dinainue Tnae Se laur^re. vu ie^ 
ûcc^ctpe k flaoe de trahis , il eft évadant 
qiû'en y employinr les mêmes miun^s , on 
ne peut pas dire que lafomnse du tengis que 
le travail exige fok auigmentée* 

iè t^re tes branches- n;)eres par le^r j&Kttéf 
tBité lant que |e puis iôs écendre ^ ainfi que* 
les boutgeons qui en naifTent ^ & Ujs nàern-» 
bxes qiii croifl^nt pec|!fcendiculaJtdmeni: d)9< 
diitenee eh ^ifli^n^^ ûir^ces hrauflhe^,- mer^ 



publiques. Enfin » je tire également fur le mi-* 

$gUtvi\ en aldngeamà^drcncê'& 'à* gauche' cha-» 

.«ke bourgeon ) & c^eft ainfi que |e fbrme àa« 

».^Ltic de petits éventails pàhituLiérs dé'xrlracune 

^^$ branches*' Les obliques qui ont poùë^ ties 

^ur jarnbés de ititm V '^^^^ paliflïés^ avec 

l^ciirs faux - bourgeons \ Oc Tervcnt • à garnir 

• le rnur: "Je dinttnué la mëtoe^bpcràtîbn d'aii- 

■ née en année > & ce travail commencé âe 

j l^nne" heure devient par là fufi té ^fl'unc ex* 

, trènîe facilité. On' ne leréitérfe qu'amant dé 

, fois au^ilfè préfente des bouTjgéonçi- arrêter , 

: è, rnelurè ^u*ifi 'pouOfent de tiouveau & qû*ils 

! s*âlbngent. • ■ '■ -'■''•'' •" :-■' '^ :• ^ •*^' ' . .-: 

î Le palifTage a la loque l'emporte fur les 

\ autrW'fkçôhs d^étenAte les brâircKes , ^& les 

bourgeons dès ai;brtV, tant dexeiix qui doh* 

^ Àeiit' des fhiîti' dé primeur j qcie ■ du pè- 

j èher. Comme cet- arbre délicat left fouvènc 

j frappé de la clôguè; plus fes' tatçeaux font 

rapprochés du mur, moins il* efl; itijet i être 

prîs par les ttiauvais vents. Ses boutons étant 

comnie collés fur là' muraille V s'^lo^^gent 

pîiïs 'promptémehtj '& ^es fleurs sToUvrent 

auffi plutôt qu'au . paliflTage fur 'Te treillage* 

XJnt dW'ràifons pour ïefquellesle pê<ïhèr réu(* 

ïît mieux à î^orit'reuîl que par ^tôut ailleurs.^ 

è*cft parce qu'on y attktlie fes * brant^hes fut 

lé mur mêlée t lé fruit y reçoit -^ftnmédii- 

teniônt la réverbéràtiori des raVéins'yirfolêil» 

ïl'^oit auffi' avôîV plus dégoût , parce que h 

^cuiiTon &'la dïgeftiôn dés fiics s^én* fait infi- 



L 



$tx La PiiATiQtJt. 

Himent ttiieux que dans ceux qui eti ta 
éloignés d*un ou de deux pouces fur un Util. 
lage carré. La Nature mas montre des ex*" 
ceptions quant à ce point , dans labricotier &î 
dans le prunier. L'un & l'autre n ont point de 
goût & fort peu de couleur en efpaliet » ed 
tdmparaifon de ce qu'ils en ont en pleiol 
Vent. L 

Il qA maintenant queftion de favoir en quoi;] 
le paiilTage a la loque eft utile à larbre. Je fe^l 
tai obligé d'entrer à ce fujet dans quelques dc-»i 
Uils, peut^tre minucieux , mais nécefTaireal 
poiir répondre â\ix difficultés faites par les ad^'l 
verfaires de ce paliflage.' L ofier appuyant fuH 
Técorce^ puis venant àfécher, fait pat rap-^l 
port aux parties mufculeufes dçs arbres ce quel 
fait une lisature fur nos membres auxquels elle 
calife uti ierrement j qui empêche |ufqu a un 
cettain point la circulation des efprits^La Jeune 
branche venant à groflir , l'ofier qui entre danj 
ion écorce, la coupe^ & il s*y forme deux bour« 
telets. De-lâ naît un chancre » & fi c'eft un ar- 
bre de fruit à noyau y la gomme s'y met né-* 
cefTairement. 

Quant aux bourgeons qui font tendres, doftf 
la peau e(l fort mince y & ^ui font remplis de 
fève I le jonc , furtout celui de Marfeille j^ que 
j*exGlus du palilTage , parce qq*il coupe l'écor- 
ce j & émouffe les ferpettes , forme toujours , 
lorsqu'on fait la ligature, un petit enfo^ce- 
.. tnent dans la furpeau, lequel devient contufiofl 
lorfque le bourgeon groiTit. La taifon pogr 



biquette tes MomreuiUois bannifTeht toute il- 
bature pour dreflet & palifler leurs atbreS , eft 
la même que cïelle qui àutorife les OrientâU]^ 
I retrancher de leur habillement ce qui peut 5 
Ibn ferrant le$ membres de leur corps, troublef 
la circulation du fartg oU eu arrêter lé cour^* 
Ils fe contentent de ceintures femblables i ceU 
les de nos gens qui courent h pofte , pour em- 
pêcher feulement leurs hardes de flotter autour 
«i'eux. La loque qui eft douce , & qui d'ailleurs 
ne preffe ni les branches ni les bourgeons , h*à 
point les inconvcniens du jonc. 

Ceux qui ne font pas habitués à la loque 5 

ne peuvent fe perfuader qu'elle foit ptotiipte 

Se facile. Que Ion compare le tems de tiret 

un ofief & un jonc de fâ poignée ; celui dé' 

palTer Tuo ou Tautre derrière le treillage & le- 

bourgeon > de les tordre ensuite deux ou trôîi 

fois & de les couper ; que Ton le compare , 

dis-je, à ladion de prendre une loque dans fà 

trouÛfe , de la plier fur la branche ou fur le 

bourgeon , & de chafler le clou> & oti dédidetâ 

lequel des deux paliflages doit lempotter fur 

Fautrc. Aune longue branche oH met cinq à fix 

joncs au-lieu qu'à la loque un ou deux clous 

faffifent, & quand le bourgeon s'alonge & 

prend fon pU par en-bas , il fuffit de faire une 

petite pefée pour lever le clou avec k tête du: 

marteau , & le repôfet plus haut. 

Un avantage de la loque qui décide de fa 
prééminence fur le paliflage au jonc^c'eft qu'elle 
You^fotce» pout âiûû dite ^ de ne placer quer 



les boprgepns néçedaire^ j & de filpgtuttet. 
\^s autres » parce que ii ïiiuraiil^, âne rois gar-^ 
nie , ne voi^s pçirmet pas d en etnplojrer de ïur* 
numéraires s dont les Feuilles mifes les unes 
fur lès autres , cauferoienc une cbnfulïon rc-* 
VoUahce. De plus» lorfque la lo^ue eft bien 
travaillée , quelque vent > quélqû*ouragant qui 
furvîehne , il n y a nî brancÈés détachées , ni 
bourgeons caflçs' ou ofFénfés. ' * ' 

Si ce paliifage > me dira-t^ti » eft le ptos 
ayaiptâgeux , au moins p*efl:-îrpks le plus hon-^ 
rièteJ J en conviens pôiir le tems de Vhi vet & 
du printems ; les içampàgnés font raretfient hâ* 




pi^Wiç^ns ._^_._ 



'éjî'qiixirs occafigiinés par* un mauvais régime. 

i|J^ fî li' f;^çqn de bien conduire les arbres 
PpW gf^r.^F ep pep de téms les muridlfds , aVoit 
liçu , je penie que le' treillage ne ferbit rien 
lÎLoin^ qu^ nccéipraire. Quaiit au cbilp d*œîl 
mipp.frpuyp peu décent ,11 ne s*agit que de 
fi,y ^ççquturner. Néanmoins jyçcprde^àï par 




^^ger^ , fruitiq.rs 8f vergers. 

Je ne dirai rien <ie i*ufagequfonrduel<]|ue$ 
JJ^dipi.ers ^e shiafler un clou dans la muraijlei 
^ d a,i;tacher.cj|iaque bourgépri'derfus tK' rouille 
4 biei3i;Qt gagné récôrce de la branché ^^' du 



r "" 

iIWHHg%o%j la gogjHig futvient, epfiûcQ v^^. 
La 4ç9Q fip fkçp^ les ^PJjrgpqns iiç yatif| 

dlflB fiç fa^î p]i$ ,ai»»^aurgpq|^? , 4 ?»? Us point 
■ C^Çfï »i çontoqrQiÇj:, fiç que Torigine & la 

^pperçjie ^ ,€^ if s /çoti^^^F^f 4çp!î^5 leqr çip- 
pateitietic jufqu'à leur extrémité. Jl faut cjae 

i 1^$ bra^c^ Unj^pt toutes pWçéef 4^s uti pt* 
dsfi df pixj^ttipû , éf: efpi^c^es^ upe forte a Cr 
g^Ujt^j de fa^û qq^ tQUS Les ypides îpienç 
t:^im>li$ f^nç pp^ifu^on ^ & qu'aucune branchie 
i^e fuLffh le mciifi 9> IV^^e de panier , excepfjc 

: ^ji^ l^s c^$ q^ç i §i indiqiji^s. 

Ç«ji^ (^ paij^n^ ?u loac auf oiu loîn dp Oft 

! lîpiiijt /appsiô^^ ferme fpr (e^ bourgeo^is e,nïe 
IHT^^im: i^n , ^Iç VeîfyxCerpifint i .coiURex qu 4 
f J9XaiE^r îeiiç ^prce. Us à^yet;it auài ne placer 
Lpkt iig'iiqfiB q9f .4»^ r^n,igrvalle d'^jp çéîl !à 
un autre » ^ jiamai^ fur ,un oeil , iUr jLe n%u$ » 
ftijur i^ feWriie. ^ 

Qvian4 il ei(l q}i£;ilion d'atteindre à utie in^He 
4» jcreiilag?, ,6c que le bqnrgepn ,ep: ery-pré 
trop jeune pour être palifle par |e petit,pp^t , 
il Mïiijt inijB^x <|e lajtflèr inçUné , que 4'?/f^yer 
^e |e palifïir. JLpf fq^ il vient à grandir il ^ 
UH^MP i ;^ fil >p*(BÛ: plus p9ffiW^ .4^ ^i IftK.^ 
prepidre eqf|iiee une autre foçme. Il eddes ca$ 
pu poM^ (remplir qo^lq^e yui4e;& donner pfi 



jïi? La PiiAtîQûË 

que trop court , en lui mettant une atôt^ge 
avec du jonc •, alonge placée d'une façon aifce 
vers fon milieu , dont on attache rextrémité en 
forçant médiocrement , à caufe que le jonc 
prête quand il feche* Oti doit encore veiller â 
ce que le bourgeon ne fe fourre point derrière 
le treillage , d*où il eft difficile de le retirer , 
fîirtout quand on l'a laifTé grandir & roidir. Au 
palilTage à la loque , on eft difpenfé de ces 
précautions. 

J'ai parlé de rutilitc de$ feuilles & de leur 
Confervation lors du paliflage. Souvent Té- 
chelie dont on fe fert les fait tomber y cafle 
les bourgeons , & détache les fruits. On a cou- 
tume de chercher un vuide au mur pour Vy 
pofer entre deux bourgeons,& enfuite de pefet 
dedus , afin que le pied entre dans' la terre* 
Cependant le poids du corps du JatVlinier la 
fait pencher i droite ou à gauche » & le haut 
qui defcend endommage les fruits , les feuilles 
& les bourgeons. Si pour éviter ces inconvé^ 
niens , on prend une échelle qui monte jafque 
fur le chaperon , il faut lui donner du pieds 
l'ouvrier trop éloigné de fon ouvrage , travaille 
alors mal à laife, ôc avance peu en fe donnant 
beaucoup de peine. 

L'échelle la plus commode a > par le haut , 
deux chevilles de bois de la longueur de fix 
pouces, placées à trois pouces de l'extrémité de 
fes montans. Chaque pied eft encaftré dans une 
boule de fix pouces , afin que l'emboîtute eft 
ait au moins trois en carré. U eft à propos qae 






^e bas de Téchelle roiç un peu plus large que 
' le haut pour lui donner plus d ailiecce. Je me 
_£uis toujours fervi , tant pour paliffer , qu^ 
pour cueillir mes fruits de marche-pieds de 
<leux pieds de haut : par leur moyen le Jardi* 
niera fon aife , n'ayant poinr 1 ouvrage trop 
près de lui ni trop loin, comme à Icchelle , 
travaille mieux & plus vice. On fait ces mar^ 
che-pieds légers , ^ on emboîte les montan» 
dans un bout de coulifle , afin qu'ils ne puif- 
fenc entrer en terre. 

On a expliqué dans le Dictionnaire ce que 
c*eft que Taâion de croifer , & on a dit qa elle 
étoit vicieufe. Voici quelques occàfions où èlte 
' cefle de l'être. 

Une.groffe branche de vieux bois eft hors 
d'état de fervir j je me propofe de la r écépei: 
l'année fuivante. Si je l'abats préfehcèmenr , 
elle occafionnerà un trop grand vuide. Je la 
■ laifle donc , mais je fais pafler deflUs un bout* 
géon voifin deftiné.à la remplacer. 

Je fuis obligé d abattre fur un arbre beau- 
coup de branches femblables à la précédente j 
Se pour ne. pas multiplier les plaies , j'en re- 
mers une partie à l'aniiée prochaine. Je me- , 
nage alors plufieurs bourgeons ou des gour- 
mands capables de remplir le viiide qd elles 
feront. Si je les paliflTe fui vant les règles , ils au-^ 
ront pris un pli tout différent de celui qu'il fauc 
qu'ils prennent j 9c lorfque je voudrai les ame- 
ner , je courrai rifque de les forcer ou de les 
cafler. Lors de la poulie , Se quand ils fohc 



n 



\\^ La pRATiQtri 

cl'6'ciïes;, le les pafli en travers, fôît paf-cîëflàs, 
loit pr-derriécè ces branches U IreériâftAér. 

)e irùppôfe ^*ue j aye Aômb're ëè bi^aticKis 
'chargées de fruits; I année fuiVanté elles 5è- 
manaeront à ctre tèmplàcc'es par leWrs ^dîiSnes 
qui font 'féconaé's. ïe n*ài poln^t if e^Qiàce & je 
lie puis m'en procûirfer : je pàliffè alors en coû- 
lant qùelques-iTnes âe c'es brancfees , pour lés 
dïfpofer a prendre dans teut 'terfts la 'plsicQ de 
celks-lâ. 

Les termes de fourrer > 'forcer !& 'contour- 



ner , ayant ete expliques » tê lié répéterai point 

ce qui en a ete dit ; je me contenterai 'd mai* 

^qiier qùelqiië'slcas'cfu ces opérations màiiVaîfes 




cauTe dejfa àiff^^^^ j'Ôïe'toUtrelpoîr âe 

itioh arbre , fi je le tiré de 'côte , 5ù que fe le 
couk le long de Jabifàriché^ Il fait un maii- 
7 vais eifçt. Je laîlïe dbnoxroîere ce feourfeeon 
lurqul la longueur Hè l^x pouces. Alors j*a|>- 

Î' juie légèrement' vers ' l*ehdroit où il a pï is hâif- 
ance , oc je lei'ihçirne-uh peli en^eiîarit aVeç 
du coton U la gf otTe jbrarichè. tjfaerqùes jours 
apfcs'je Iç^'fais àpprbçHéruh peu phis, (Scje'le 
ji'eflefrejtifqu^à <;equ irait pHs'uh bon pli.'Si 
rarihée fïïivarite rabatVra^grofle'brartchfe , fe*la 
]tcie en tiec <Je flûte pr?s oe ce 'bourgeon , qui 
i prdinaif e éft ^n''g6urman4. 
*Ijô'r(qU^én paliuant Vo»a'*dccoùveft céftâtas 



BU 7ARDIKA6S. JI^ 

£r uics qui demanderoient encore à être cachés » 
on tire par-de(rus une peutê branche véifine 
^'our le$ couvrir. Cette difFormité palTagere 
xi*eft-elle pas prcféràbîe à ïéur perle ? 

Des arbres font plantés trop près ^ on ne fait 
cotnmentlespalifTer.J ote dans ce cas uû arbre 
entre deux , ou j'en ébotce un , j'examine audi 
les plus vigojireux que jalonge, tandis que je 
«èns de court leurs voifins, & je •|>réfere deùk 
<]ui ont les bpùj'^eôns les plus francs à ceux 
qui le font moins , & que je décharge am« 
plement. _ _ _: „ ^ 

Le paliflTage étant achevé^ pn^ne doit pas 
manquer de donner aux aii)rés tin la{)&ùï bÉ^er. 



Sa neceffité eft fondée \ i^. fur ce qu'en pa- 
UflTant on a battu la terre à leur pied , qui ne 
peut plu? çtre pénét'réefd^s raybris Uu Ipteil, 
ni humeâée de la pluie* z^. Sur ce que les 
plains g]fant jufquâ un certain point occafion-» 
ne une diflîpatiôn de fève & troùtlé foh cours , 
le labour en développaiit les fucs de la terre j 
les met en inouvement, pour les faire pafTër 
>ruVpfoiiptfeihênt'aans j*es pSlrtîés ' fîfe ràrbre. 
liéft-encore^ntHey^otirlui la 'facilité 

'de, ifecouvtir'Wuèës fes plaieis , d'y rép'àndt^e 
'iine <MMitmM, fôrtoùt àp^èslés ÎW- 



I 
^1« La PRA.TlQWi 




LE PECHER 

JEx les autres Arbres confîdérés dans 
leur vicilleflè. -— 



QUATRIEME PARTIE, 



, CHAPITRE PREMIER. 

Des moyens de renouveller les vieux 
Pêchers, 

XjE tems où le pêcher approche'de la vieil* 
IçflTe n'eft pas aifç i décerminçr. S'il a peu 
de beaux jours , il ne faut r.attribuer qu'au 
.mauvais régime de ceux oui le cultivent. Bien 
conduit, il nefl: jamais vieux dans un fens , 

?|uelque nombreufes que foient fes années j la 
écondité , la vigueur & la fancé continuent 
d*être fon partage. 

Je diftingue deux fortes de pêchers' vieux ; 
f çux (jui ont 4té bien gouvernés depuis leur 

jeunefle , 



leuneflè., jttfqtt'au tedis où ils tibmÉhéBceoc i : 
&crâ£ir le retour v & ceux qiîi l'onk ^ ma^l. 
Gotnine les pêchers de là première chm /oc^ . 
ment le plus petit nonii)re , |e ^sjogaiemenc 
les enviuger foar ce tlemier rapport ), ;& hxçj 
prefcrire à leur.éga£d.qa'ud grand ttié^age^ 
ment, ôcxtrie panie^ de ce que }je vais Bippli^i 
<|uer aux àmre^.LesTio^s d'cirîiginé & les vicefc. 
accidentels pccafionnent donc les diverfes mar 
ladies des pèchefis dadslepr vleillddèi Lesf Inkr 
<»:dinaires font d*êcte épuifcs & riiinés ^d'èrre - 
nangés de gomme & de chancres » d'avoir Té^ 
corce deflcdhce , d'ctpe dévoras par la gale ôCj 
par la moudè qui entrent dans leur ^urpeau } 
enfin de n avoir pic» qu'on r^fte de vie que leur 
coinmunique un peu d'écorce veti^e encore ». 
4ans la partie feulement qui répond à la mu^ 
saille. 

Ce ne font plus ces branches vigoureafes » 
ces gourmands nourris & nuiltipliis , ces beaux* 
fets furchargés de bornons > ces^rameat^x «er** 
dôyâns , & ce tonffu: deibourigecms pu^lalans^ 
de tous c&rés» ils fènt'réoîplafltéB ipor des .jets. 
chétiÊs y des ^eiix ijontdueibent i Aent' faq^ 
prenan^abeun botitoài â ;0ois.v & r:^uantité de 
£aiÈr4dois^oo d'avqrtbnsx lies 'icaiosmen^'âc les 
fetneBer c||ie * |e «àis; iprefcHceipoair iedt ^gûé^ 
iîfon>Àdntrîboeranptt à |es^j>idp£<iatiipei.i i h :^ . ^ 
Avant qaei d*èn(rer en matière i, je^ni) puitf 
^*appUf|dif à rufâ:gdipcefqiie i^iverfel , de 
^la>Étec iln jeune arbre lenere deux ivféiix qu'oQ 
«ajgar^Qtke% > juiqa'àccé'qa'iik 



Jtt La PRA:T'lQ4rE 

devienne aflez fort pour les remplacer. 
. Je fuppofe préfencemenc un pécher ancien 

2 ni ât encore de la reflburce j quoique privé 
e fes gourmands , chargé de branches perpen* 
diculaires au tronc & à la tige ^ emporté du 
haut ».& dégarni du bas Se dés côtés. On peut 
râ>ottet V c'eft-à-dire , ne lui laider que les 
{dius grotTes branches qul'on taille très- court; 
c*eft un trifte expédient^ après lequeL il n eft 
plus bon qu'i brûler , s'il ne fe remet pas ; le 
ravalement & le rapprochement font deux 
moyens plu$ propres a le rétablir. La première 
opération n'eft que trop pratiquée par les Jar- 
diniers* Elle confifte.à récéper tout le vieux 
bois d*UD arbre , à deflèin de le rajeunir en lui 
fifiifant poutTer denouveaux jets. Le rapproche- 
ment êft la fuppreffion. de quelques grofles 
branches , jointe au raccourciffement des au** 
tjres ùxï celles du bas qui font les plus vives. 
Le goût ôc le. difcernément nécetlaires pour 
faire tourner ces:>opéramns au profit: de i'ar*r 
>>re, y 'pf éfident bienirarementi Faut-il rgvaler ? 
on abas tout^rarbre jurque:rur la greffe ou. fur 
deujt ou mois groâès^branches à ux pouces de 
longuénr.'^chadln^. S'agit-sl de rapprocher ? ob 
le réèépe entièrement furierjeune bois^ ou âir 
la foucnevce qui s'appelle :éttonçoimer« Il ar* 
rive de-Ujque Carbrer4^^^uveilt a Técorce. 
fon^dure; ne peut pouf&vdé. bourgeons & 
meurt 'y ou que la' mult^cité:.de& |Miies lui 
cau£p unstel cpui^emeoc^ '4^éyenté il ne;£aiê 
^^^ desipwfl^ maigres t-'ifc^<|Sie les^oflei 



©y Jai^qimage. j* I 

br*nche$ brufcjueipçnp rapproçhéçj ?nçure;)f 
en partie.. 

Si on m'çbjefte l'exemple 4^5 arbres 4^^ 

forets cjui ♦ étant coupés par le pied ^ fon{ 

éclorre de leur tronc dé nouveaux jets qui pei> 

i:ent immçdiatein^nr dç récorce,, & seleyenf 

prodigie^fement ; )e répondrai que le prpnç 

iccaqt cpn.tinuelleinent imbibé en tçrre de l'huT 

mîdité qui y iréfide , (on éçorce çft beaucoup 

plus aifçe à s'ouvrir pour la fortie d§ ce$ jets j 

.aiu-lieu que Técôrce ecailleufe de ce^jr oui fpn| 

favaléç fur le gros bois , frappée die l air ,^ 

dès- lors plus icompaâte, plus dure & nioin$ 

poreufe que celle du trône /ne peut être quf 

4ifficilçuient percée par Téruptiop de la fèyç, 

pe plus , la coupe de ces vieux bpisét^nt ç;k- 

pofé^ au foleil , aux pluies , & au? divçrfef 

),ptempéj:ies de Tair ne peut fe guérir , jk tanr 

4is que dans les arbtes vigoureux,, lebourrelei 

cicatrifant cotnmencç à fe faire , la partie Ji- 

gneufç & la mpclle s'attendriflrènt, s'excorienç» 

^ rhutiîidipé les lîîiue peu à jpejx- Quoiqu'il 

arrive auffi à de vieilles fouchës coupées aan^ 

jes bois de fe convertir en ppuffipre , l'arbre ne 

périt pas ; fes rejêttons fortant du tronc pour 

fa plupart, prennent raein^ en tetrè, & font 

j^n état de fubfiftet par eux n^èmes. 

La délicateffe du pêcher exige que le ravale- 
Bjent Se le rapprochement ne (e fafTept que par 
partie 8f en ttois ou quatre année?. Alprs 9^ 
4onne le tems i chaque plaie de fe çicârrifer ^ 
& h fèvs û'ctanî pi éventée ni évaporé^ , (i^t^ 

Xi; 



3^4 La Pratique 

fie , tant pour produire de nouveau bois , que 
pour former le bourrelet eflentiel au *recou- 
vrement de ces ouvertures fucceffives. 

La première année » je ravale trois grolles 
branches , une dans le milieu » & une à chaque 
côté la féconde & la troifieme \ je double & 
triple ce retranchement (i Tarbre eft confidé«- 
table. Les bourgeons qui naiflTent font cocn* 
munément des gourmands. Je les laifTe pouf- 
fer de toute leur longueur, en fupprimant 
feulement les faux- bourgeons de devant Se da 
derrière , & confervant précieufement ceux 
des côtés pour amufer la fève. La féconde an- 
née , je taille fort long ces pouflTes merveitleu* 
fes j & les faux-bourgeons des côtés me don- 
nent des fruits qui, à la troifieme, font plus 
abondans encore fur les branches-crochets>nées 
immédiatement des yeux de ,tous ces gour- 
mands. 

On diftineue deux fortes de rapprochement : 
Tun fe fait wr le vieux bois des années' précé- 
dentes , l'autre fur. les bourgeons de la der- 
nière ppuÏÏe. Tous deux s'exécutent au prin- 
tems a la taille , mai$ différemment félon la 
nature des branches ^ £c. l'état aéfcuel de l'arbre, 
en rapprochant celles diii choquent davantage 
par leur dépouillement; & leur épuifement. S'il 
faut les ravaler ^ & qu'il n'y ait point de pouf- 
fes dans le bas, on a b|çntôt pris fon parti : 
mais fi dans le bas de çè$ branches épuifées on 
trouve quelque bon }>qi^ , on coupe^ au-dèffbs 
Se on le. rapproche à deux ou i trois branches. 



DU Jardikagb. JXj 

Si on n'en laifToit qu'une & qu elle vînt à man- 

Î|uer , on n*auroic plus de' tefTourcë , l'arbre 
eroit dégarni. Je taille à deux ou trois yeux 
ces branches de la poufTe précédente. Lotfqull 
eft queftion de rébourgeonnement , je rappro- 
che iur le bourgeon d'en-bas ^ & Tannée fui- 
van te , j'alonge ou je tién$ de court i propor- 
tion de la vigueur des bourgeons. Je corn-» 
mencé toujours par ravaler les branches per- 
pendiculaires qui font ordinairement la caufe 
du mauvais état des arbres. 

Pendant quatre ou cinq années % me dîra- 
r-on , que durent ce ravalement & ce rappro- 
' çhement , vos arbres font ftériles. Je diftingue 
les arbres fruitiers â pépin de ceux à noyau. Si 
je ravale & rapproche les premiers où le fruit 
eft trois ans à le former , je n'en puis avoir que 
vers ce tems-U aux nouvelles branches que je 
fais pouifer. Mais comme je me reftreins à dé- 
barraffer & à rappellçr Tarbre , alors les lam- 
bourdes & les brindilles qui reftent, font plus 
frudueufes qu'auparavant. Si ce font des ar- 
bres de fruits à noyau , comme les (^datons 




ufé. La féconde année & la troiiîeme j^Taug- 
mentatîon eft fenfible , jufqu à ce que mon 
arbre étant tout-à-fait fôrrtié, je fuis en état de 
le charger. J oublie alors qu'il eft vieux , Sc je 
le conduis comme un jeune. 
Sur les vieux arbres on rencontre fréquem- 

X 11) • ' 



iià La pKÀTKixit 

tneni des ckaneres , de la gomme , clés plaîel 
ftdil recouvertes i des chicots , des ohgïets : je 
fais difparoître toaies ces difformités j fa coti- 
«détation dé tant de ()laies , indépendammefit 
de celles du ravalement & du fapproche- 
hlent j eft une des raifons pour léfqùelle^ 
}d ne fais pas mon opération en iiné feul^ 
ârinee# Je gratte avec la pointe 4^ la Ser- 
pette les vieilles écorces qui fe lèvent pat 
égailles I & je coupe tout ce qui éft thort^ 
|iifqu a ce que j arrive au vif. . Je fais U 
ihcme cnofe aux chancres qiie je nettoyé bien^ 
J ptô les bois morts , j enlevé la vieille goiri- 
ihé I èc j*applanis lei lèvres deflechées de ces 
plaies. Je creufe jufquau vif dans toutes les 
eâVÎt^ avec la pointe de la ferpettéé torique 
làrbr^ eft exadtement vifîtc , j'applique thèi 
tâtaplafmes fur ces plaies* Àtt réfte la faifon 
dû prinrems eft la feule conveilable pour de 
fetiiblables parifemens* t*ar de tels môyetis j 
là ftve qui ne demande du à fe porter vers 
lés blaics poUr opérer la réunîoti des parties, 
CÔiilé à la faveur de ces topiques J & ait bout 
dtf (jilelques années .î*écorce . foit de la tige , 
feit desbrànches de ces vieillards , fe ttouvô 
itim liîft due celle des jeunes arbres. 

LêJ différentes fuppreffioris que je viens de 
oétâilleri opèrent nécetfairement de grandi 
Vttideé aux efpaliers. Je les rehiplîs, oti je 
tâche de les rendre tholfts fetifibles en cette 
hiàttiêré. Jôdépaliffe mon arbre entièrement, 
et îorfque les panfeiileds font achevés, je 



cUfttibtie à diftances à^peu-près égales , tous 
les bois reftanr, itiais je ne torcc rien, 
1^ ne m'avife point àe trop olier les bra»^ 
ches pont les attirer fl^ remplir un vuide* 
elles éclaceroiènt aifémént* On a vu que 
la tenfion dei la peau altéroit ta circulation 
•& le paffaee de la fève^ AflTez fouvent tes 
arbres foibles font des poulTe^s fauvages qui 
partent du tronc & deï racines ^ leurs branches 
..ufées à force d'y recevoir la fève, ne font 
pliis en état de la contenir. Les fibres font 
^ rapprochées & comme crifpées , & les pores 
de la peaà font fermés. Les racines néan* 
moins font encore nerveufes. La fève ne 
rencontrant que des obftruiflions dans les par- 
ties de l'arbre , produit quelquefois ces fau« 
vageons dont je parle : on les greffe &/ils le 
renouvellent ; alors ils font préférable^ à de 
jeunes arbres« Au lieu de le récéper ^ il vaut 
mieux laifler la foûcbe deux ou trois ans afin 
de fervir de tutebr à la nouvelle noâflè > Se 
lui donner le tems de grodir & de faire lïh 
empâtement aiTeas- ample pour pouvoir être 
fevréefans altération» - * 

Outre les moyens que fai indiqilés pour 
remettre les vieux pêchers, il en eft un autfe 
qui confifte dans le renouvellement de leurs 
.facines. A la chute des feuilles 9 je découvre 
Superficiellement le pied de l'arbre , enfuira 
.je vais chercher les extrémités des grodés 
racines. Je raccourcis les petites &: les moyen* 
aies» ainli que lé chevelu 3 & je rafraîchis 

Xiv 



f^H La P*ati^ui 

i^ grojlft. Jq (iippriDie les pâmes ôieeS) 

Ïûurritis % cm (ongp<»9 par les vers blancs* 
e fais ^f^fb^e eplfter CQiftç la terre poiir 
en Aibâici^^r â9 novtnlh mclée avec de 
cerrf^ pu <l|i famief btien (x^^fommé ; de 
; chcYgl ^yx terr^$ 4ar99 & c^tppaâes y de 
vachç ftUY lerces Icgîeesij Se de crpctin de 
brebis i selles qui fom fr/eides» 

Ce ra£fi9urpi(lèfp^nf des r^ci&es occafionoe 
d'abprd le produ^md'un Qpuveaa cheyelii«| 
En ^jtpf enfi^te celle* qai w peuvent fairei 
fluer verslVt^*'*» qji'i^fle ftye viciée , je Iai!| 

E répare d^s çanjiiix . plus pu H & plus fains pafi 
.1 rçprodilâkipn des racines qui vont Ce tor- 
met. LeppUcacipn de Tanguent de Saint Fia- 
cre ^ U terre neuve m^^ donnent lieu à la 
{ève 4^ fe pprcer dans icous les téfervoirs de 
l'airbire Ans être fei:ai;dée ni arrêtée. Ayant 
fuivî cçtce opération duns Tes effets , j'ai re- 
. nij^r^. qui Al) princetî^ fuivant les arbres 
4vQièM produit une inâniié de filets qui dai* 
dpient en teire ^ & que \<m d'avoir paci , ils 
étoicfît plus hâriFs Si portoient des fruits 
nombseux i parfaite maturité. J'ai cm être 
rinvemeur de cette taiUe des racines » mais 
J'ai eu . li &tisfaâion , depuis que je l'ai pra* 
:tiquée3 de la trouver dans la Quinrtnye. 

Lorfqu'i^ y a des boutures ou ufées ou nailHiii* 
.tes du tronc , ce qui arrive fréquemment à cet 
:Vieux arbres» je les coupe tout près de l'é* 
çorce* Si elles viennent du fond > je les re* 
tranche fur les racines qui lesx>nt produiteti 



Les p2:chers greffés far prunier font fore 
^jets i pouffer de ces bpumres ; il eft e(fen* 
liel de les ^ter chercher , pour les détruire » 
|ofqu au fond'^de la terre. 
• La plupart des arbres ne dépéri (lent que 
parce que les fucs de là rerre qui les nour* 
rit depuis ione-tems font épuifés. Quoique 
fon fond foit bon , il eft inaifpenfable de le 
renouveller. Ce moyen feul in'a fouvenr réufli 
pour remettre de vieux pêchers. Si cechan-* 
pgement de terre ne fufnt pas » il faudra un 
Mcours plus pniflant, tel que celui des en- 
grais. 

La néceflité de fumer le pécher fe fera 
'fentir à tous ceux qui ont étudié la nature de 
cet arbre. Etranger parmi nous , il doit être 
traité diffiiremnient que les naturels du pays : 
fi on le côniidére enfuite par rapport à la 
grande diffip^tion & à Tévaporation de fa fève 
' caufées par les bourgeons nombreux qu'il 
fait éclorre» par fon flux de gomme , pav 
.le defiéchement qu'occafîonne dans toutes 
fes parties l'impreflion vive des rayons dci 
foleil, & par la difecte des fucs de la terre 
ëpuifée 5 il eft certain qu'il a befoin d*ètre 
^fumé de tems i autre. 

L^automne eft la faifon la plus convenable 
pour cette opération. On fait un baflin d'en-" 
vÎTon un pied de profondeur j à commencer 
vêts Tendtoit où aboutiflent les groffes ra- 
cines , & on va en mourant jufqu'au pied de 
larbr^. On laiilè ce fumier durant l'hiver 



)5o La Pratîcjv:* 

fans U couvrir ^ & au printems , lorfciu'il 
bien fondu & prefqu'en miettes » on laboi 
& on l*encerre. Quand on fume au printemi 
le fumier » quoique pourri , a toujours mu 
crudité qui ne fournit point des fucs bien tca^ 
vailles. Le pied des arbres fumés alors eft do 
voré par les mauvaifes herbes , ils deviennen 
eux-mêmes tout noirs par les divers iofeâe 
qui les rongent i prefque toujoujrs les puce 
tons & la cloque les attaquent» A. Montreai 
on fume les pêchers tous les trois ou auatr^ 
ans. Ne feToit-il pas mieux de prendre le be^ 
foin pour la règle & la mefure de la diftribiH 
tion du fumier î ' 

Les vieux pêchers fe mettent beaucoup 

i>lus à fruit qu a bois. La raifon en eft qa0 
a fève n y coulant plus avec la mêtpe celé» 
rite que dans les jeunes, elle ne fe porte 

f>lus par élans. Les fucs y font retardés pat 
'épaidKTement des liqueurs ^ & parce qufi 
leurs pores étant plus ferrés , & prefqae ians 
moelle y le parenchyme eft plus aplati > 
leurs cribles , leurs couloirs , leurs iepara- 
tions font extrêmement prefTés > & il jfe fot' 
me par conféquent dans les paflages de la 
fève des obftrudions & des embarras qai 
opèrent une lenteur dans fon aâion. Qu'ap* 
perçoit-on dans l'extérieur de ces vieux ar- 
bres ? Une quantité de cicat^içejs qui ont oc- 
caHonné des nodus fréquens par Wquels l'aC' 
tion de la fève n*eft pas peu retardée» Leur 
^corce n*eft point » comme celle jd^s jeunes i 



IbV jAkDÎKAGt. ^|t 

4Hibiye de liqueur Se de cette lymphe, qui à la 
moindre contufîon fe fait appercevoir \ ttiaid 
elle eft féche , plate & dure , telle que la peau 
des vieillards. Un afFaiflfement univerfel , en 
un mot , fait que là fève ôc toutes fes par- 
ties organiques n'ont plus leur jeu , ni leur 
teiTqrt 5 comme autreroisé L evaporatioti des 
parties fpiticueu(es y eft rare , tout y eft em-^ 
ployé & mis à profit , au-lieu que dans les 
jeunes il s'eti fait une diflipation confidérà«^ 
ble, qu*iU font obligés de réparer aut dé'^ 
pens de Tabondarlce de la fève« La dureté des 
parties qui compofent la racine des vieux 
pèchefs ^ eft eau fe. que le^ fucs de la terre y 
font admis aVèc moins d'afflueûce , & qu'ils 
y font Un plus long féjouri Telles font les eau- 
ïts de l'abondance & de r&)ccellence des fi^uitS 
nés fouvent fut de vieilles fouches , fruits A 
favourenx & & fubftanciels y que ceux des 
leunes arbres les plus vigoureux n^ peuvent 
leur être comparésé 

Les jets que produifetit les pêchers dans 
leur vieilleffe , fotit ordinairement très-courts » 
les boutons à fruit font plus gros & plus fer-^ 
tés. Rarement pouflent-ils des gourûiânds $ 
chaque année ils perdent quelque branche 
ufée, qu'il faut tâcher de remplacer par une 
Voifîne. \}ti Jardinier qui réfléchit peu j voit 
beaucoup de bontons à fruit bien nourris » 
Bc tire defTus ampletnent* L*année d-après, 
Quantité de branches cpuifée^ bat cette charge 
larabpndâhce féchent Se pénfleut» La more 



fit La PuAtlQUK 

4e l'arbre fuit de près cette fanefte al 
liance > donc le Jardinier s'ccoit appUadi.. | 
fût réufli à donner â ifon Maître des fn ' 
cueillis fur un fujec érique ,. s^il Teûc tai 
coure 6c conduic avec la plus grande receoi 
Deux ou crois yeux laifTés aux bonnet bi 
ches , un feul aux foibles > & une diftril 
tîon raifonnée, pour que l'arbre foie cou[ 
plein , conftiruenc toute Téconomie de c 
qui tire à fa an. Quant à ceux qui par h 
vigueur imitent les jeunes , je leur lâche ^ 
peu plus la main , en les rapprochant & Uf 
concentrant le plus qu'il m eft poffible. Le«| 
poulies vigoureufes ne me font point perdid 
de vue leur âge* Ce^i^ qui ont été bien coq* 
duits & qui donnent des gourmands, je les 
traite comme les jeunes , en ne les alongeant 
néanmoins à la taille que médiocrement. 

L'cboUrgeoni>epent de ces vieillards eft 
fondé fur les mêmes raifons. On ne doit leai 
laifTer que de bon bois , & ne pas être fédaic 
par' des boùrgeoDs^ nôtnbrenx & de belle ap« 
parence. Leur petit nombre fur lequel j'ailieds 
m^, ^tlle , eft préféraUe à la quantité qui ne 
feroit qu'entretenir rarbte foiblément. Dans 
les années abon^^inres en pèches, les vieux 
Semblent j à l'énvi des jeunes, s'efforcer de 
prouver leur fécondité , il faut pour lors les 
décharger proportionnément à leur çtat. 

.Non-feulement on ne doit, point foufifrir de 
mauvaifes herbes, ni même de plantes. utiles 
^u pied des arbres > |:ant jeunes que vieux ^ 



i>U jARPtNAGf.^ Hf 

maïs il faut labourer ceux-ci , en hiver & aïK^ 
ptincems à la bècbe préférablement à la houe. 
Cet inftrumenc coupe les racines y & ne réduk 
point aiTez en miette la terre dont il n'atteint 
pas le fond aufli avant. Outre ces labours que 
j^appelle fonciers , il en eft de fuperficiels, au* 
trement dits binages , qu'il faut pratiquer tous 
les quinze jours ou trois femaines » à moins 

au^il ne fît de grandes féchereffes. Mais après 
es pluies abondantes > ce foulevement des . 
parties fulphAreufes de la terre que le labour 
développe , quand il eft fuivi des rayons du 
foleil , porr« jufquaux radnes Une chaleur 
ilouce 8c bénigne qui s'infinue dans les parties 
intérieures de Tarbre. Ces binages légers dont 
je parle , empêchent , fans effritter la terre » 
les mauvaifes herbes de croître. Celle qui fe- 
roit labourée foncièrement tous les quinze 
jours , feroit bientôt privée de fes fucs par 
Icvaporation. 

L numide radical qui n'eft plus le même 
dans la vieiirélTe des arbres , que dans leur 
jeunefle , démandé à être entretenu durant les 
fccher elfes pair les arrofémen^ deux fois k fe-^ 
maine. Ils lont encore plus nccefTaires vers le 
tems de la maturité des pêches , je fuppofe 
que les terres fo'nt feches 8c -fabloneufes. Il 
n'en eft pas du pêcher comme de la vigne , à 
qui les engrais 8c l'humidité font préjudiciii- 
bles pour le goût de fqn frt^it. La pêche dans 
un tetrein trop fec« eft âpre & petite; dans 
un terrein humide , elfe groiSt, mais n a point 



$;4 -La PRATIQVf 

de goût; elle eft délicieufe lorfqae la terre 
famramment hutne^ée , en même * cçms 
As facs foD( $tniiné$ &c fpiricQeuXt 



: 



CHAPITRE IL 

Des défauts naturels du Pêcher. 

\J N pécher , malgré ces attentions » peut 

Ilas répondre à nos foins : il n'en faut pc 
o» chercher la caufe que d;ins Tes. défauts o» 
furets. Il en eft de deux £prtçs \ les uns evii 
rieurs j comme les loupes, les e;$croi (Tances j 
les calus & les bourrelets des greffes ^ les aOf 
cres intérieurs , tels que les Sauvageons de ptur 
nier fur lefquels les pêchers pn^ été grèves, 
la délicateiïe de larbre , & fon mauvais tem- 
péramment icaufés par le fumier & le rerreai 
dans lequel il a^ra été élevé. Ces derniers qui 
attaquent fa conformation intérieure Qhh iam 
remède , les auxres peuvent ti%ç rjéformés & 
corrigés. Tous lui pccaiiQuneiQt fquvçnt cbs 
: maladies Sç la mortalité* 

La plus confidérable dies difformités du ^ 
éAitx 6c des. arbres fruitiers, çft ce bpurrelei 
iqui fis forme à Tendrolt de le»r greffe* Pen- 
dant les trois ou quatre premières ^péeselip 
^roffir confîdérableincnt , tandis que la tjgs 
jrefte i-peu-pr^s daus.le m^mç éWf AU ' 



©v Jar©inaoi. $jf 

de dix ans, ce bourrelet , donc les progrès ont 
été fi fenfibles , commence à fe fendre , en- 
fuira U peau s'écaille > &:Jarbre va toujours 
en déclinant. Les branches latérales meurent 
les unes après les autres. Les perpendiculaires 
au troiic & à la tige fubfiftent feules ; leur 

Êrolfeut eft quelquefois du triple de celle de 
i tige. 

. Curieux de connoître la caufç d'un évene<* 
ment fi fingulier , j'ai tiré de terre quelques 
poiriers fur coignaffier , $c des pêchers fur 

Erunier ^ dans lefquels cette difformité du 
ourrelet étoit plu^ fenfible : j'en ai difTéquç 
les différentes parties y Se j'ai apperçu au itii-* 
crofcope des finuofités & des ouvertures fem<- 
* blables i celles qui compofent l'éponge. Dans 
les jeunes arbres , elles étoient extrêmement 
molles» humides, aqueufes y & percées de 

Quantité de petits trous , tels que ceux d un 
é i coudre j en les coupant l'eau diftilloit de 
toutes parts. Dans les arbres vieux & deflfé- 
chés \ ces parties devenues aufii dures & auffi 
compaâes , qu'elles^ étoient faciles à couper 
dans les premiers , avoient leurs pores extrê*^ 
mement ferrés , à peu-près comme ceux du 
tronc niême; Ces oofervations m'ont amené 
AU point de regarder ce bourrelet comme un 
dérangement de nature* Toutes les fois qu'il 
^roflit V f^ns que la tige profite à proportion , 
on qu'il s'étale, fe tuméfie & fé dilate, tandis 
iqu'ellè tefte toujours la même , ou à peu -près ^ 
\ fn ^ut aCiiràr: qae Tasb^e ae viv r» pas lôn^r 



1 



jjtf . La Pratiqvj 

teips ; mais lorfqu elle croie proportionné 
au bourrelet , quoiqu'il foit un peu domir 
c eft un figne non équivoque de la bonne 
plçxion de l'arbre. 

Quatre caufes tn*ont paru cqkicouric à 
formation de ce difFormc bourrelet » i *. Ui 

S\vtSe qui, dans la pépinière , a été appliqoci 
iir un lauvagebn trop fluet ou vicieux, 2^ 
Les branches perperidiculaires à la tige èc aa 
tronc ^ }^. Le retranchement des goûrœ^iids, 
4'>. Lq pmcement , & la fuppreffion des ex* 
trémiccs des bourgeons durant la pouflè. 

J'ai greffe des iaùvageons de icmte eipecei 
la groueur feulement d'une forre plume i 
écrire , & j'ai vu la fève te porter vers Té- 
cuiïbn. Quandau printems j'avoiscoppé latete 
du fauvageon , je voyois en moins de fix fe* 
maines la grefF;^ forimer unWfirrelet du don* 
ble de la grolTeur de la ti^e^ « & à mefute 
qu'il augmencoit , elle ne ^roétoit qae inc* 
diocrement. Le contraire arrivoir quand la 
tige du fauvageon étoit en proportion avec la 

SrefFe. J'ai une autre fois clioifi une boumre 
e prunier > & Une dVnupdier » toutes d^us 
remplies de nodus & de trallqÛÈés » tnais jeu- 
nes^ elles avoiienc iîi. moelle hbite* Je les ai 
récépées pour leur faire : pouilèr (k nouveaux 
bourgeoi^s que j'ai vgt-Qffés & qui xsfit pris. Au 
bout de huit à dix ans la tige p'avfât que très- 
peu grofJi. 

La fève ne peut féjoucner damuto faftft^ûi 
Juicirc aflaptéç^ qu'aaïai^C qiifil: èft -caf^bW 

de 



9e la cotiferver & 4ç U &ire courtiçr ifon prg« 
^r. Or, touces W fois que la tige pVft pa| 
iâèz grofle , ou qu elle a des nodiis & des em* 
^tras y la fève qui ne chercha qu*à fe d^char* 
gér toujours par préférence vers le ba^t , rroip- 
vanc dans réculf<>n plus de jeu & plus de A^ 
%ihi\îté y y pafle puicoc que dans la tige ou 
iclle n*â pas les mcmes facilités. L'écuilon o^ 
1* greffe eft de nacare poreufe , fpbngieufe » 
ââfée à fe dilater î donc il eft plus naturel qut 
la fève s'y porte , que dans la tige où ^Ue n'é- 
prouve que de la raideur & un rerremept uni- 
v^riel dans toutes fes parties. La greffe, au 
contraire , molle & fibreùfe prête toujours ; 
de - là cette extenfion de la peau formant un 
bouri^elet, qui fe gonâe hotizontalçment , juC» 
.que-U quon le voir fe po.rter en bas , & re- 
^couvrir k tige de deut ou trois pouces. Quand 
elle eft proportionnée à TécuSbn , ou quie le 
rfufet a la bonté ic Tincégrité requifes ; on con-^ 
.^oic qu'y ayant de Tefpace Se du }eu pour U 
fève ; que ta peau & le parenchyme de la ti^ 
étant flexibles, cette fève agit fuivant fon cours 
^ordinaire , en fe répaâdant également dans U 
. tige & 4âns Técuffon. 

Examinez tous iéft arbres qui ont des bran- 
ches d'i plomb à U tigô âc au ttonc , de ces 
branches perpendiculaire â ^^ q^^ le furent 
dans leur origine \ votts n'en trciuyerez prefque 
pdint dont le bourrelet de la greffe ne ijoit du 
double au moins plus gros que la tige « & dont 
les branches vmicales n ayent auflî beaucoup 

y 



'îj8 La Pratique 

Îlas de grofTeuc. Il eft contre nature que lei 
tanches - mères foient plus gtofles qoe ti 
Wge. ^ ^ \' 

Leigoarmands » ai- je dît » font les entrepott 
& les^ magazins de la fève. Lorfqa'elle en eft 
privée 9 il faut qu elle, fe dépofe autre part; 
Après s'être portée avec irruption vers Iccuf- 
fon y elle fe décharge horizontalement à Ten- 
droit de la future qui s*eft faite entre lai & le 
fauvàgeon. L'écuuon fe trouvant inondé de 
ieve , doit groflîr toujours , & former nécef- 
fairement un bourrelet y qui n'eft qu'un corpi 
étranger du à l'épanchement d'une fève trop 
abondante. Cette fève imprégnée de fels » de 

{marries nitreufes » vitrioliques , dont les acides 
es poinresë& les efprits font dans une fermen* 
tation continuelle » agit fur fon principal réci' 
pient, & produit incelTamment ce gonflement 
& cette tumeur. 

On voit {PLXF) un pécher fur prunier avec 
un boutrelet  faillant de la greffe , caufé par 
l'etigorgement de la fève. B, canal direft delà 
fève qui n^a point été coupé dans le tems j & 
qui devra l'être quand les branches inférieures 
C feront fuffifantes pour garnir l'arbre. D , 
tige qui profite peu, tandis que tout raccroif* 
fement fe fait dans la greffe qui eft en forme 
de loupe , & eft ordinairement trois fois plus 
grofie. Les fous - yeux de cet arbre ne font 
pas marqués , ce font de petits yeux prefqn'im- 
perceptibles placés au pédicule de chaque bran- 
chée , qui ne grolSlTent jamais davantage > 6c 



Dru JaU^I^TNAGH; fjf 

f^ui né pottetic que de petites feuillef. On le^^ 
rerca diftinôemenc à U PL XFILjig^ z 6- j 
B. Le bourrelet qui forme refpece de foud^r^ 
die la furpouâe avec la poufTe primirive ^ eft. 
fcepréfentéjff^. z â* ; A de cette mèai^ plan* 
cite. 

. Tout ce que je yiens de dire n'arrive poinfj| 

JLvL inoins à ce degré , lorfque la fève fe dépoli 

dans les gourmands comme dans des enrre^ 

|»&cs. De ce gonflement du bourreiet de l» 

^reâe qui attire & contient une (i grande qu^a*. 

rite de fève» s'enfuit pécetrairemenc le peu 

^'a.ccroi0emenc de la tige , faute de ce mou*» 

yemem fucceffif du' haut dans le bas , compi^ 

il fe fait du bas vers le haut. Ce mouvement 

4tanc interrompu, ta fève ce0e d'être diftri-* 

buée^ & eft interceptée dans le bourrelet d^ I4 

greffe d'où elle ne peiu plus forur^ On con^ 

jçoit bien par la groHeur des gourmands un en«, 

voï de fève du bas vers eux { maisaulli pouE 

«qu'elle' Ce communique des gourmands aux 

branches inférieures » il faut que la fève y 

retourne. Leur confervation contribue à fairç 

groflîr ees dernières fentiblement , au pr^judiç^^ 

de celles qui font au-delà du gourmand. 

En tirant toujours du bas en haut , le bai 
^épuîfe , comme on vient de le voir. A me* 
fore mie la fève monte , loin de lui donner It. 
tems'de paflfer dans les fibres tr^nfverfales d« 
la tige, par le moyen defî^ueUes feules peut f# 
£aicefon accrolKement en grofleur , «nj^a fojc^ 
èù Yjmi w iwomt 4ç ((MIS k% jets qu'pB 

yijv 



^4^ La Pràtiqtfit 

pbce continuellement, Scàïz pkce à^f^fôAê 
elle s'occupe à faire <fe nouyeatâ rameauc/ 
ne pouvant circuler ni defcendre qae pat leva 
D[ioyen.x On ctouble par-Iâ fou cotirs » on Tat* 
rète, & (MiToblige à revenir fur fes pas. Ne 
trouvant point de canal où elle puifTe le ré6é- 
gier qui lui foit plus analogue que la greffe » 
elle y féfoume ^ & y opère tme dUatacion ex* 
térieure. 

Lorfque les arbres font vifs » on peut bien 
corriger la difformité de ces bourrelets , 8c 
donnei! Keu à la tige de groûir & de prendre 
pUis de nourriture , mais il n'eft pas poffible 
de la faire difpàrortre. Je ne falis qu'un moyen 
pour y réuffir , qai eft PincHion ^ dèiiff j'ai parié 
plus hatirt. Elle coff(ifteà fendre au.printems , 
ivec la pointe de la ferpette» récwce de la 
tige y depuis le tronc jusqu'à ce bourrelet :, d'a- 
bord par derrière l'airbre) l'année fuivaote on 
féitere cette opération fur un des cpces , à U 
^ôifieme fût Tautre ^ & d la quacrieine par- 
devant. ÊUe n'eft tt^ile ^'a ïégitéèès ar« 
htes dont técùtce eft liile,^ unie^ & dénuée 
de nemài* Au refte on né h f^té qaik pto^ 
portion des progrès ^ là tige. 

il eft cercsJin , i^. que par Tîncifioa ivèus 
fixez ta (2ve fur la tige , & vous Templechea 
des'élèyér cottime ^upaorâivant, & de fe dé- 
èhargèt âitii le bourrelet ; ce qui occafîonne 
4he divetfion. i^.Etih forçant de fe porrer 
à Vinciftàh pour la guérir,' vous c^rei «iie 
, «3ltèti(tôh '&C une dilatations daiis k nge. $^. 



i^œuid lus deux lèvres dt la plaie (poc ouvet- 

cres » une peau nouvelle fe forme peu-à-peu ^ 

iqui opère une iiicuré de deux ou crois li^es. 

^^ • Cette peau étant plus mince que l^ncien* 

«te > pf ète par .la Aiice à cnefure que la ieve fait 

«£Eotc |)our y arriver. J*ajoure enfin que loiv- 

^aent de S. Fiacre y eft tellement eifentiel , 

qae (ans lui vqus perdez tout le fruit de votre 

opération ; les lèvres de la plaie fe féchent ^ 

Se la réunion des parties eft bien plus dif- 

£cile. 



%.* i lU « lin 1 ■ 



CH4.PITÏIE JIL 

IDes maladies du Pécher , qui bit font 

communes avec les autres arbres. 

^VyN peut affigncr deux fortes de caufes ai^x 
maladies des arbres j les unes fçut inteoies ou 
cachées , les aiuresexternes & apparences. 

Les premières font celles qui ne fe mani- 
feftent point , & qu'on ne connpu fouirent que 
iorfqu'il n'eft plus cems d'y remédlier. Si Ton 
s'y ^r. appliqué dans le tems , il eut écérrès- 
^ffible de les découvrir, ou du moins de les 
conjeàiuer & de les décournêr. Telles font les 
lEoivantes : le vice de ia.,tBrre (ànis fond , fté- 
riie par elle-même, arida» ^fabloneuf^» f^ei^* 

Yiij 



J4i t'A PHÀtlQÛÉ 

leufe > ou glaifeufe, la trop grande aboli JafiC^ 

tromtwe la diferte de fève , les racines ch; 



treufes ^ pourries > gangrenées , & enfin 11 
ttiauvaife plantation de Tarbre. 

Il eft d'autres caufes internes des maladie 
de^ pêchers , produites par les animaux leurs 
trnneinis , comme les gros vers de terre qm 
tiiArigent leurs racines, les taupes, les mulots 
i]Ui ks mettent à jour , fans que rien pareille 
Hu-dehors. • '^ . 

Les caufes externes font ou nararelles ft 
ordinaires, ou accidentelles. Parmi les pre- 
itiieres , on compte la gomme ^ les gelées taot 
de rhiver que du printems , les neiges , les 
frimats qui font avorter les boutons ou fécher 
les bourgeons , l'humidité , la féchereffe qui- 
dccâfionne diverfes maladies , telles que la jau- 
iH^te, la touille» la brûlure & la lèpre, enfin 
toutes les fuites de l'intempérie de l'aifr. Les 
ftUttes caufes externes nommée^ accidentelles^ 
font celles <jui li'ont pas coutume de nuire au 
|)5chef , mais qui lui deviennent foùvent fu- 
'neftes, foit qu elles foient forcées, foie qu'on 
fie puifTe les prévoir. Les fuîvantes foncxie ces 
deux genres; fa voir la grêle en été qui abat 
les bourgeons , les feuilles & les fruits , & 
qui , par fes meurtrifTures > occafionne des flux 
de gomme ^ des callo(ité3&: des plaies , les ou* 
ragans ^ les vents impétueux ,^^5 galernaux au- 
tears de la cloque » les vencs coudis , & les con- 
tagieux qui portent avbc tu les vcmiines de 
lait & de latertç. :.: 



vu Jaupinage. 345 

- S^ajoute à ces caufes externes de t»aladies 
bs moulTes, la teigne, la gale, & les autres 
^tte j'ai décailiëes dans ma croifieme partie. On 
peut y comprendre les ennemis qui font k 
guerre, au pêcher , tels que la foxirmi , les pu- 
aaifes , les limaçons , les limaces > & les perce- 
oreilles. 

; Ne pourrois^je pas joindre aux caufes des 
maladies des arbres , les fuites de Tignorance , 
de Tinapplication & de la maladrede de ceux 
qui les gouv.ernent» telles que le défautde cul-^ 
cure y la mauvaife taille^ les labours fuperficiels 
ou trop profonds, le voifinage de plantes vora- 
^ ces, plongeantes, traînantes^puantes, de celles 
qui portent uneomblre trop épailfe ; en U5 mot 
de toutes celles qui ne font pas moins funeftes 
aux arbres , comme les pois ^ les fèves , les ba« 
ncots, les vignes, le fumier trop chaud ou 
employé fans choix , les branches forcées ou 
éclatées dans le cerns delà taille, la tropgran-^ 
de proximité des arbres dont les racines & les 
rameauiç fe nuifent réciproquement , le pin- 
' cernent des branches & des bourgeons , la lup-* 
preffion des gourmands , & la greffe engorgée. 
Celle-ci eft faite pour jouir du bienfait de 
l'air , fencir les rayons du foleil , & être ifolée. 
Il faut qu'après les pluies humeâantes & les 
rofées douces qui s'iiifinuent à travers fes po- 
tes , elle éprouvele-hâle defféchant d^% vents 
dont riialeine eflciie l'humidité qui n'a pu paf- 
fcr dans fa JTubftance^» & qui la morfondrôic 
• par un trop long féjour. 

Yiv 



144 ^^ PHATIQUH 

QaâtiÀ donc la greffe eft enterrée^cetre Inuei^ 
dite Kie mclant avec la fève , la lafraichic » & loî 
caufe des ciudicés« £lle pailè alors y lans ètr« 
digérjée^» à travers les patcies.hamides qui la 
pcnérrent ; au moyefi de quoi l'arbre deviem 
iujec a quantité de maladies^ furtoiu a U |ao« 
lillFe ) ne ptofice plus de la tige , Tes \xanchte 
d'en-bas meorent prompteitient , Se les a«ures 
déperilTent avec lui*. Son fruit ne n^ooe poiiu , 
au s'il noue , il eft petite pierreux , raboiigri j 
& fort ^mauvais ^ il tombe pour peu que Iz £sd^ 
(du fo.it humide , il n eA point de garde , Se 
molik. 

Si de& racines ont pouifë contre 1 ordre de 
U nature à ces greffes enterrées quon veuf 
dégorger^.on les coupe au iprintems tout près 
de i'ëcorce , & on y applique longuenr de S. 
Kacre. Xesbaifins qu'on a coutume d'y.prati-- 
i^uer 5 fond trop petits y £e remplirent bientèc 
pàt les pluies éc les labours ; ils ne conviennent' 
d'âilkurs qufaux vieux atbres , pourvu qu'on 
creufe la terre de quelques pouces 4e profon- 
deur > & à une certaine diftance de la fouche. 
. 11 ne faut point balancer à lever en motte 
les jeunes plants pour les xeplacer i leur ali- 
gnement, après avoir mis au fond du trou de 
la terre qui iès exhauffè ^ & y jetter enfuite 
quelques crachées d'eau* Dans les terres qui 
ne font point corps , on laille la motte un peo 
plus forte qu'elle ne devroit être i & on at- 
tend que la gelée. Tait djarcie pouï fai^e cetcai 
opération. . .;:.'/; 



Quant aux arbres d'encre deux âges r ils 
peuvent être levés & mU en place de la fa- 
çon fuivance» .On fait une large tranchée, afin 
de fouiller jafi^aau booc aes racines. On 
pren4 enfake fUMir point d'appui «un tréteau 
de ciiarpenrier , ou un tonneau<]u on approche 
dti trou , & on garmc de chiffons le cronc de 
Tarbre. On coule £ùv cette garmture un cor* 
xiage, & oA y palle une lon^e pièce de boil, 
^ur le bout de laqueUe on fait une pefée. Ce* 
^peiid^it deux hommes coupent en deflfous k 
ttto^e de f arbre qu'on tient fufpéndu un peu 
jplus haut que l'engorgement de la greffe , i 
cauie de l'alfaUlement qu'éprouveront les ter- 
ces qu'on mat deflbos. Quand il eft à la hau- 
teut requile» on kiflè tout doucement aller 
le levier j on fait le reoiplifTage avec la terre 
de la fuperficie ^ & Ton arrofe. L'arbre ne fe 
teffènt point de cette opération , fi Ton a J'at- 
temion de le fumer & de le foulager i k 
taille. 

Dans une maîfon de campagne où étoit u|& 

carré de pommiers de vingt ans qui n'avoieut 

jamais ra|)porré , j'apperçus que la terre étoit 

beaucoup plus haute que celle du <:arré voifîn. 

J'entrepris dé le rabaiflcr ; je fis donc faire 

ées tranchées dans les entrenleux des arbres , 

te mettre à part la rerre dedeflus , qtii (ervit 

à remplacer celle du fond qu'on enleva , à la 

- profondeur d'iin fer de bêche , & on dégorgea 

enlmte toutes 4es greâès qui devinrent à la. 

hauteitt convenable. 



54^ LaPkati.quh 

Fouillant au pied de quelques arbres mala* 
des pour en vifiter les racines , il nxeit arrivé 
en les raillant de les trouver fort faînes , j'jr 
ai remarqué feulement une forr^ d'aâFai(r&* 
ment j. en eft'et leur peau étoit fort aplatie» 
Ce cenoic forcément fur la partie ligneufe 
qu elle preflfoit intimement. Âu-lieu que dam 
un arbre fain elle eft rebondie , fe détache ai- 
fçment , eft abreuvée d'une fève abondance > 
* éc imbibée d'un fuc glutineux qui colle les 
doigts \ dans les arbres malades la peau eft 
feche en plufieurs endroits , & ne s'enlève 
qu'avec une forte d'efFort. CetafFaiflement de 
la peau ma femblé avoir beaucoup d'a£Enitc 
tavec celui de la peau des branches , & en être 
la caufe direde ; f ai vifité celles-ci pour m'en 
affurer» & j'y ai remarqué lés mêmes fynapco- 
mes de maladie. \ 

J'ai commence par mefurer avec un com- 
pas ces racines dans leur fort > un peu au- 
delTus de la moitié en remontant vers le tronc, 
j*en ai entouré quelques-unes avec de la ficelle 
qui avoit trempée dans l'eau durant quelque 
tems. A (Taré de la caufe du mal , je me fuis 
appliqué à en chercher le remède. Les engrais» 
les arrofemens , .&; les fomentations dont je 
parlerai ayant été mis en ufage , je vifitai 
quinze jours après ces racines afFaiflees « & 
je trouvai que la peau étoit augmentée d'une 
ligne fur la groflèur d'un pouce ; la ficelle de 
lâche qu'elle étoit , bandoit & appuyoit forte- 
ment fur la peau. Après les avQii: ouvertes ^ 



r 



D V Jarsxkagb. 547 

blttfieurs endroits » j'y recroavai ce gluam & 
BMte humidité qui en font inféparables quand 
farbre eft en pleine fanté > & la peau fe déta- 
phoit aifcnaent. 

''F A.U reAe , les fymptomes des maladies du 
ipechcr ne décident pas toujours de leur na- 
Lture* ils font fouvenc prendre le change ; 
.ain£î que les <liagnoftics de nos maladies, ca- 
:pables d'induire en erreur les gens de TÂfc. 
.G^- n'eft qu avec une grande étude & une lon- 
gue expérience qu'on évite la méprife. La 
jauniflè , par* exemple » dans le pêcher a 
pour principe la fécnereffè Se la trop grande 
numidité ^ la pourriture des racines & la 
ixiorfure des inledes dans le 'fond de la ter- 
re. Comment difcerner alors quelle eft U 
vraie caufe . de cette maladie ? Comment fe 
décider pour la cure & les remèdes ? C'eft 
à quoi je vais m'appliquer , en faifant con* 
fioître , autant qu'il eft poffible , leur nature 
différente. 

Les principales maladies du pécher peuvent 
fe réduire à la gomme , à la cloque des feuil- 
,< les a à la brûlure , à la jaunide > à la lèpr^ » 
autrement dice le meunier. Je les traite féparé« 
ment, & je donne'des remèdes pour les faire 
ceffer , d'après des expériences fuivies pen- 
dant un long cours d'années* 

La gomme 3 quoique peu dangereufe par 

elle-même , devient la maladie la plus fa-* 

cheufe du pécher , & la caufe de fa mort. Ce 

. Il eft da^is Ion principe qu'une matière aqueu* 



•I 



34* l'A PRAtiQOl 

fe , une eau cranfparence formée des focs^e 
la terre, nommée fève, & uccafionnée ptfj 
fon épauchement & fon féjour , faites ordp j 
naires d'un défauc de circulation. Le pèchci 
Se tous les arbres gommeux ayant le Ixnil 
auffi poreux que Técorce tendre , il ii'eft pai I 
étonnant que la fève fe décharge par ces po-l 
res extrêmement ouverts , qui ont aufiî plttsj 
de capacité pour la recevoir. Cette don*] 
ble confidération ne peut rendre jes Jardi*! 
niers trop circonfpeâs , pour ne 4eur powj 
faire de plaies mal - à - propos , ni à concre-l 
tems. * I 

Il en eft de la fève du pécher comme daj 
fang extravafé qui fe caille hors de notre 
corps. Sa nature vifqueufe , gluante y lima- 
neufe ^ fe coagule dès4orfque fes parties ce(^ 
fent d'être agirées , elles s'afTaifTent dans le 
.repos & fe deflechent par la preflion de Tair. 
Les globules épais , onébueux > épars dans 
la partie féreufe de la fève ^ & confondus I 
avec elle , fe ramaflent & fe ^approchent les 
uns des autres. 

De même que le fang deftiné par fa natare 
i porter la nourriture & la vie^ endommage fwt 
le levain mordant qu*il acquiert en croi^iiTant^ 
les parties charnues , les membranes^ les muC- 
cles & les oiTemens même , ce qui produit 
enfuice la gangrené ; dès - que la fève ceffè 
d*ètre contenue & de circuler dans les vaif- 
feaux deftincs à la tranfmettre aux parties du 
pêcher , qui en reçoivent la nourriture & lac- 



9u Jardinagv. 14^ 

i^oiflêment , elle produit néceflaircmem fut 
la pe^u ôc fur U partie Ugneufe des effets iem^ 
^sttylesi ceux du fang extravafé. De*U , je 
isonclus que le Jardinier doit apporter par ra^ 
porc â la gomtne , les mêmes foins requis 
pour empêdher le fang de faire aucun dépôt 
SLVLK parties de notre corps. 

Dans les amandiers j les abricotiers, les pru* 

niers & les cerifiers, le dommage caufé par 

la goôfime fe répare plus facilement. La Na« 

cure remplace les branches dépêchées par de 

nouvelles qui percent de la peau , & fouvent 

: même aux endroits malades. Le pécher 

éprouve très - rarement ces heureux événc- 

mens -y h, [teau plus tendre & plus poreufe 

xdnd plus cdniidcrables les plaies que lui fait 

la gomme : les fuites en font aufli plu^ fâ- 

cheufes \ non-feulement les branches ne pouf- 

iènt plus, mais il n*en revient point d'ordi* 

Bâire à leur place, 

I Les pêchers fur prunier y font moins 
iiijets que fur amandier ^ arbre abondant en 
ftve , dorit récorce » la moelle & le bois 
ibnc plus tendres relativement à fes pores plus 
•dilates. 11 eft â remarquer que ce dernier eft 
plus fouvent attaqué de la gomme par la rête 
.& les branches , que par la tige qui dans le 
prunier y eft fujette. 

Je dirai à ce fujet que les abricotiers fe 
greffent fut des fauvageons ou des pruniers , 
6c qu'il eft rare d'en voir fur amandiers,Ceux- 
ci cependant furpaiTent pour la groiTeut Se la 



'550 L A PR AT IQ tir t 

durée» ces forces d'âtbres froitièrs^ leiui 
fruits plus abondans font auffi plus gros & pi 
iàvottreux , foie en efpalier , foie en plein v 
La gomme eft très-préjudiciable att pèc 
par la grande diilipation de fà fèire que b 
rfature eft obligée de tçp^rer. Ses câufes m*^ 
curelles viennent ou de trop de plénitudeTf 
comme dans les arbres vigoureux dont Té- 
corçe fe fend d'elle-même , ou de ià conft^ 
turion défeûueufe , ou de Tinrempérie de 1 air, 
du dérangement des faifons par les froids tar- 
difs , les vcntsr deftruâreui's y la grêle & le 
vice d^ la terre. Lorfqu'au princems j à des 
chaleurs prématurées fuccédent des froids ex- 
ceilifs , la fève s'arrête au milieu de (on codrs, 
la gomme alors congelée paroît de toutes 
parts , & quantité de branches Se de bour- 
geons meurent • , s 
A l'égard des caufes étrangères , elles peiK 
vent être prévenues. J'en ai rapporté plu- 
iieurs , auxquelles j'ajoute les fuivantés* Un 
Jardinier taille l'hiver, ou attend que la ftve 
foit toùc-à-fait montée , comme à la mi-Avril, 
pour récéper du vieux bois > abattre des mai- 
trèfles branches , Jetter à bas des gourmands : 
cette fève arrêtée tout-à-coup par des plaie$ 
& des incifions ^ éprouve une révolution uni* 
ye^rfelle. On évente la moelle dans un tems 
où le haie & lé foléil deflccheftt tout. A cha- 
cune de ces coupes faites contre Tordre de la 
faifon , elle bouillonne , & forme â'abord de 
petites pleurs comme dés gouttes de rofée^ 



D t^ Jardikaob; J51 

qui fe convercifTenc en aacanc de boulettes 
perlées de lagroiTear d'une tête d épingle. Ces 

f lobules de gomme y en féjournant fur les 
tanches , caufent autant de petits chancres 
fur la peau, qui produifent une infinité de 
taches noirâtres. De- là ces poutTes & chéri ves 
ôc ces branches dont la moelle eft noire &c 
|aunâtre. Comment ces ulcères multipliés 
n*inrerromproient-ils pas la circulation de la 
'fève? 

Si on n'a pas foin de couper net, avec la 
Terpette /ou d*unir proprement les plaies faites 
avec la fcie à la main j (i on néglige d'appli- 
quer l'onguent de Saint Fiacre aux amputât- 
cions de gros «membres faites dans leur tems^ 
onxoità toutes ces incifîons autant de petits 
grumeaux de gomme* * - 

. Le bon gouvernement & la pratique de roue 
ce que j'ai dit contribuer à la fanté de Tac* 
bre y, font les préfervatifs^ les plus efficaces 
contre cette maladie. Quant aux remèdes 
aâuels y je n'en connois qu'un qui confifta 
à enlever la gomme dès-qu'elle paroît , fans 
lui donner le rems de fe fécher ôc de fe dur^ 
cir. Pour cet effet , que doit faire un Jardi* 
nier amoureux de fes arbres ? Les vifiter de 
tems--en*tems dans fes^ momens perdus , & 
toujours après quelque pluie froide , faire 
le tour de fes efpaliers & enlever jusqu'aux 
moindres veftiges , foit avec fes doigts , foit 
^avec des chiffons mouillés , k gomme qu'il 
apperçok. Celle . ^u on laifie » feirt.à en atti^ 



J.5** L A P H ATI Q Vt 

ter de nouvelle. Ainfi les Chirurgiens , floue 
arccter la fupparation d'ane phm , eflbyeot i 
foml ; ce qu ils fe gardenc bien de .faire tant 
qu'elle doit avoir lieu. 
' Si la gomme amaflee en grumeftux , l*eft 
épaiflie , £échée & duccie , il ne faiic pas l'es* 
lever forcément , de peur d'occâtîonner tuie 
nouvelle plaie qui ferviroit d'inné à un noa- 
veau flux de gomme » nrtais attendre une pluie 
qui lait fuffifamment détrempée. Cetre ope- 
rarioff ne fuffit pas : pour voir fi la gomme 
n'a pas carié en fond , vous fonderas kt plaie 
avec une efjpatule de bois que vpas porreres 
dans cous (es replis , aiftiranc aa - dehors ce 
que vous pourrez avoir de cette gomoie ; & 
la ppinte de la fermette vous 1er vira enfui te à 
enlever jufqu*auvif lebois rongée & pourri. 
L'application de l'onguent de Saint Fiacre em- 
pêchera (|ue les pluies he continuent à carier 
l'arbre. Si la tige étoir attaquée d^ la gomme 
depuis le haut jufquf'en-baà, on fe conren- 
teroir de panier les endroits malades 9 fans 
envelopper entièrement la tige * qui veut 
avoir la liberté de l'air ; les trathées Se les 
foupitaux qui doivent en afpirer les parties 
fpiritueufes , fdit celles qu'il ctmtknc ^ foît 
telles qui viennent de k rofée &: des homi^ 
liités de la terre « étant bouchés ^ quantité de 
hr^nchçs j ainfi qule jô l'ai éprouvé , meurent \ 
fuèceflSvement. ] 

La maladie que les Montreuilloss ap(>ellent 
là gorme, eft la même que celte doot Je vietis i 



BU Jardi^iaoi. j^I 

<fce parler , mais différemmênc modifiée à 1 oc« 
canon d'un évenemenc qai fe palTe alors dans 
toKce la Nature , & qui eft commun aux végé^ 
taux. Cerce gorme eft la nielle qui attaque les 
gxains , les melons , les fèves , les oignons , ôc 
<|ui laiife fur les épis du blé une couleur rou-« 
geâtre vers le tems de la fleur; comme ils fone 
cendres alors j ils (ont plus faciles à être ron- 

Ses & altérés par cette humeur acre & mor«« 
anre. Il en eft de même du pêcher , fur les 
pouilès duquel elle fait des taches livides , 
de couleur de canelle , femblables à celles de 
la rouille du fer : les efpeces qui s en reiïea* 
cent le plus fonr les pèches hâtives , & les mi^ 
gnones dont le i3ois eft plus tendre & plus po*** 
xeux* J'attribue cette maladie qui commence i 
la mi-Mai , & dure jufque vers la mi-Juillec > 
ccms de la maturité des fruits , à la difponûon 
de Tair , à fa conftitution , & au vice intérieur 
de la plante occafionné par l'aâion de lair» 
£Ile eft fort commune dans les années extrê*» 
mement féches ou humides^quand au lever du 
£bleil des brouillards s'élèvent lors de la belle 
faifon. Les pêchers en reflentenr plus vivemenc 
les atteintes après ceux des printems, durant 
lefquels ils ont étrangement fouffert de la ge« 
lée , comme en 1749. ^^^^ les rerres fortes » 
dans les climats chauds & fe^cs elle, eft moins 
fâcheufe, & de moindre durée* 

La gorme fait un grand tort au. pêcher « & 
détruit quantité de beaux bouigeons depuis 
Tendroic qu'elle attaque jufqu'à leur extrémité^ 

Z 



354 La Pr a tiq v b 

ce font toaioars ceux qui ont poufie depuis lé 
ptinceius» lar lefquelselles'éceod Se s'aplatic. 
On n'y conooîc point d'autre remède que de 
GDUper le bourgeon a un œil plus bas que l'en- 
droit malade , & il s'en forme un nouveau i 
l'œil aù-deflbus. Comme cette maladie eft con- 
tagieufe » & qu elle prend d'une heure à l'autre, 
il faut vifîter tous les arbres plutôt deux fois 
le jour qu'une , & en arrêter promptement le 
progrès. 

La cloqub. Vers la fin de Mars ou eo 
Avril , les fleurs épanouies & nouées du pé- 
cher , fes feuilles verdoyantes , & fes bout* 
geons déjà alongés , offriront le fpeûacle briU 
tant d'un verd naiflant » lorfque d'une nuit à 
une autre , du matin au foir , tout ce fuperbe 
appareil fe trouve changé en un défaftre af* 
freux. Ses feuilles liffes & unies fe récoqmU 
lent ^ â ce beau verd fuccede une couleur 
livide , d'un brun noirâtre ôc rougeâtre tout 
enfemble. De minces qu'elles étoient , elles 
ont acquis fùbitemenc le double 8c le tri* 
pie de leur épaiffeur ordinaire ; difformes , 
repliées , elles font grav^leufes » rabpceu- 
fts Sç gaieufes. Les bourgeons dont l'écorce 
ctmt unie de luifante , & dont la figure étoit 
ironde , font remplis de boffes , d'inégalités , 
de calus ; leUr groiTeur par le haut eft du triple | 
de celle du bas , Ôc la gomme en découle de ' 
toutes parts. Les fruits nai^ns , dénués de 
l'ombrage des feuilles repliées, qai fe féchenr, 
font à U merci des rayons du foleil i & bien* 



PU Jardinagi» jJ5 

t&c dépourvus de nourriture par U privatipn 
de leurs meres-nourrices , ils le fanent &c rom* 
lbent« Enfin les pucerons vont fe loger dans U9 
replis de ces feuilles brouies , & achèvent do 
flinectre le cocnHe à la difgrace de cç$ arbreji 

infortunés. 

Quelle peuc être la caufe fatale d'une méra* 

tnorpKofe û fubite 9c (îécrange ? Le feul foufïlê 

Î^aflager d'un vent brûlant peut bien changer 
'économie extiérieure de l'arbre , & détruira 
cette brillante harmonie , mais non pas ren* 
i^erfer en un moment tout fon méchanifm^ 
antérieur. 

Je me fuis tranfporcé, lors de k cloque , en 
idiSérens cantons durant nombre d'^'années ^ 
pour obferver & fuivre cette maladie dans 
tous les terreins 8c i toutes les portions, coni^ 
me auffi pour recueillir les fentimens des plus 
experts dans l'Art du Jardinage. Tous s'accor-* 
dent à dire que la cloque eft une maladie pef« 
cilentielie du pécher » Tune des ^lus bizarres 
8C des plus variables de celles qui concourent 
à fa perte, Se ils l'attribuent à un mauvais 
yent. Mais ce vent perpicieux , autçur de ces 
défordres > fouffle tous les ans , Se eft accom- 
pagné des gelées meurtrière^ , & néanmoins 
ce n eft pas toufours alors qoe cerce maladie 
a lieu. Quelques feuilles font rôties » quelques 
bourgeons deflTéchés, certaines branches viciées 
1 aieurent , nombre de fleurs avor/:ent, Aqs fruits 
i nonifCèat grillés 9 iàns que tout l'arbre foit. 



55^ La Pratique 

Il eft démontré que dans un tel événement 
il y a nn dérangement de nature occafîonné par 
Une caufe accidentelle qui na pas encore été 
découverte. Cet accroiflement fubit , tant dans 
les feuilles que dans les bourgeons , qui im* 
médiatement après cette métàmorphofe > pe^ 
fent deux & trois fois plus que les feuilles 
épargnées , n eft pas le ieul effet du vent. De 
plus 9 ayant mis dans le microfcope & difle- 
que ces bourgeons Se ces feuilles doquées , 
je les ai trouvées différemment conformées 

3ue les feuilles faines du même arbre. Le flux 
e gomme qui paroît incefTamment dans tout 
le vieux bois^n'annonce-t-il pas un épanchement 
de fève mal préparée,mal cuite,& mal digérée? 
11 faut néçeflairement fuppofer qu'il s'eft fait 
dans la tige d*abord , eniuite dans le réfervoic 
de la greffe , puis dans les groffes branches , Se 
enfin dans les bourgeons une forte de caco- 
chymie qui a caufé ce boule verfement univer- 
fel y & que la fève a pafTé toutâ-coup dans 
toutes ces parties différentes , au-lîeu qu'elle 
auroit du y couler fucceffivement» fuivanc l'or- 
dre réglé par la Nature. 

Dans les diverfes obfervations que j'ai 
faites fur un événement audi fingulier , j'ai re- 
marqué : i^. Que malgré les paillaiïbns , la 
cloque prenoit aux pêchers couverts , i**. Que 
l'expofition du couchant en étoit la plus mal- 
traitée: 3®. Quelle n'ar ri voit jamais durant un 
tems mou, brun, obfcur, ni même après les 
pluies froides du priacems » ni après certaines 



DU jAltDIMAGE. ^57 

gelées fortes , durant lefqnelles le foleil ne 
p^roiflbit point. 4®. Je n'ai jamais vu les pê- 
chers brouis ni cloques lors des plus grands 
vent^ du nord & les plus froids , fi ce n'eft 
qu'ils fulTent rabattus fur Tefpalier par quelque 
roît ou bâtiment voifin , par un mur ou par 
une montagne. 5^. Ce)s vents deftruâieurs fouf- 
flent du midi au couchant en forme de tour- 
billons , & apportent avec eux des exhalaifons 
contagieufes , non-feulement aux plantes déli** 
cates, telles que les laitues placées fur descof- 
tieres , les pois hâtifs, les melons & concom- 
bres avancés fur couches , mais aux plantes 
robuftes , comme les lilas & les chévre-feuil- 
les. Après la rofée qui accompagne ces vents « 
on trouve fur ces feuilles brouies une humeur 
tant foit peu cotoneufe , qui eft une humidité 
de fléchée & coagulée , que les gens de cam- 
pagne appellent les fils de la bonne Vierge. 
6^. La cloque n'a jamais attaqué un pêcher 
après ces vents degalerne^ qu'ils n'ayent été 
précédés, accompagnés ou fuivis die coups 
paflagers d'un foleil très^ardent, ou de quel- 
que chaleur immodérée pour la faifon. 7®» Elle 
ne prend pas toujours uniformément , fouvenc 
elle arrive tout d'un coup , d'autres fois peu- 
à-peu , tantôt avec la naiflance même des 
bourgeons 9 tantôt lorfqu'ils font à, cinq ou 
fix feuilles. 

La cloque n eft donc qu'une indigeftion en 
forme , caufée par le contrafte du froid & du 
chaud. Elle ne prend > comme je viens de if 

Ziij 



lî* La PRATtQtff 

dire j ,qu*aptès que la terre a été durant qpeW 
qoe^teois échauffée par U douceur des zéphirs, 
ou qu'après que les rayons pénétrans du fo" 
leil ont rois la ft^e dans un mouvemeni, fa- 
Int. Alors , pat une révolution foudaine , ce$ 
Vents de galcrn^ apportent des froids morfan- 
dans qui J'arrêtent. Cette révulfion momen- 
ttinnee de ta fève , ne hii permet pas de fe 

fjréparer ni de (éjourner dans Tes cribles & dans 
es canaux propres à la digérer ) elle y arriva 
gfoffiere. Elle a bien pu monter , mais s'éranc 
morfondue en chemin , elle lie circule plus , & 
fe jette alors d^ns les parties les. plus voifi- 
nos; favoir , l'extrémité des bourgeons & les 
feuillet vers lesquelles elle a été lancée d^abord. 
D« cette charge brafque & confufe, naît le 
\fel urne énorme de chaque feuille , te le gon- 
flentenc des bourgeons épaiffis par leur ex- 
trémité* 

A Monireuil 4m rie comtoît d'autre remède 
â la cloque , que d© laifTer agir la Nature fans 
toucher mx arbres » ni aux Veuilles cloquées , 
qu'on laîflfe tomber d*eHe«-mêmes* On attend 
patiemment que les nouvelles foient venues, 
&c que les ' bourgeons , après s'être remis , 
foient /ttffifamment alongés pour être paliflTcs. 
iLes arbres 'fe dcbarraffenc feuls de tous les 
bourgeons dêflechés. En 17495 nombre de 
kurs pêchers, dont je défefpérois prefque, fe 
font remis d'eux-mêmes , & étoienr en Juillet 
aisffi pleins &C au/Ii verds que ceux qae la clo- 
que avoit épargt)és< 



La cloque , difent les Montreuillois , a fait 

|>acir les arbres : la première fcvç qui a coulé 

inutilement leur a occafionné un cpuifement- 

X^eur faire alors pouffer de nouveaux jets , en 

iupprimani ou en raccourci (Tant les jets do- 

?^ués , c'eft leur demander audeffiis de leurs 
orces aâ:uelle$< Mais laiffè^ les fe remettre 
de leurs fatigues , donnez le tems aux raci- 
nes de travailler pour envoyer i la tige 8c 
aux branches de nouveaux fucs , attendez qu'ils 
ibient en état de les cuire & de les faire cir- 
culer au renouvellement de fève j permette;^ 
aux parties relâchées & afFaiiïees » de repren- 
dre leur jeu & leur reffbrt \ alors la Nature 
travaillant 4 loi(ir i réparer ces accidens , le 
méchanifme fe rétablira peu à peu« 

Je ne puis qu'applaudir à cette pratique 
qui a pour bafe un raifonnement aufli jufte* 
Néanmoins perfuadé que la Nature veut eti 
nombre d'occafions ètre^idée, & qu'elle m'a 
paru en avoii^ grand befoin après la cloque ^ 
je penfe qu'il eft à propos d'adminiftrer aux 
arbres cloques des fecours pour l'exciter fans 
la forcer. Je les laifle durant quelque - temj 
fans leur rien faire , afin que la fève fe re- 
produife , èc que celle qui eft extràvafée ^ 
rentre en partie pour être mieux élaborée ^ ou 
forte tout-à*fait & fe décharge. Ce tems île 
peut être déterminé que par celui qu'em- 
ploient les. arbres à fe remettre de leur ciife, 
c!eft-à-dire quand les feuilles broutes com-> 
mcQcent à U faner. Je préviens. leur ^huce 5 

' Ziv 



j 



f6ù La Pu a 1 1 <}o« 

& avant la poufTe des nouvelles , je vsAs le9 
bicz Se les recueillir dans un panier pour les 
brûler , avec celles qCii ont pu tomber. En 
Voici la raifon. La cloque n'arrive jamais 
qu elle ne foit fuivie ii'un déluge de pace- 
rons qui s'attachent aux feuilles devenues er- 
trcmeinent tendre^ , par répanchement trop 
abondant de la fève. En laiflànt fur terre ces 
feuilles remplies des œufs de cous ces. petits 
animaux , ils fe multiplient à Tinâni Tannée 
fuivante » & reviennent aflTaillir les pêchers; 

Après cette première opération , je jette 
à bas les bourgeons rabougris , étiques & 
morts , & je Fais aux arbres une forte de 
taille. Les arbres font malades , il faut 
les foulager j ils font épuifés , il faut leur 
fournir les moyens de prendre vigueur. Or, 
fi je leur laifle trop de bourgeons à nourrir, 
combien auront-ils de peine à fe remettre, 
& combien de tems s'écoulera t-il avant leur 
récabliffement ! Le refte des bourgeons choi- 
iîs que je conferve , profite d*autanc qu'ils 
font en moindre quantité. C^eft ainfi qu'en 
1749 j'^^ conduit une infinité de pêchers, 
& j^ai eu la fatisfaâion de les^ voir rétablis 
un mois plutôt que ceux de Montreuil. 

Autour du pied de ces arbres appauvris , 
je mets du terreau ; s'ils ont été fumés', ff 
jette un peu d'eau. Je répare de cette façon 
.leUES^ pertes , ôc leur cpuifement , & je leur 
donoe Je moyen d'agir plus promptement. Je 
;jue di^ai point qu'après l'enlèvement ^e tomes 



les feuilles clôquées , un labour eft eflenticL 

La cloque ne fe borne pas aux effets dont 
l'ai fait la trifte peinture , elle étend fa mali- 
gnité fur la poufle de Tannée & fur le fruit , 
comme fur celle des années fuivantes. D'à* 
bord elle fait avorter à chaque bourgeon 
cloqué tous les yeux du bas jufqu à fa qua- 
trième & cinquième feuille , & par confé- 
quant nulle efpérance de fruit à. la taille pro~ 

chaîne qu'on eft obligé d'alonger à ceux des 
yeux qui ont pouffé après coup. 

Une autre fuite non moins fâcheufè de la 

cloque eft l'avortement de tous les boutons à 

fruit des bourgeons. En faifant tomber leurs 
. feuilles , elle les force d'ouvrir leurs boutons 

pour en reproduire de nouvelles > & cette ré- 

f^roduétion ne peut fe faire qu'aux dépens de 
a fubftaiDce de chaque ceil qui dès-lors étant 
altéré, n'eft plus en état de donner du fruit 
pour l'année luivante. Auffi ne doit-on comp- 
ter d'en avoir qu'à l'extrémité de quelques 
branches. 

Plus d'une année un pccher fe reffent des 
fuites de cette maladie. Après fa guérifon » 
il perce à travers la peau en difFcrens en- 
droits , & fait éclorre-des gourmands ou des 
branches adventices , dont j'ai tant de fois 
parlé. Un Jardinier entendu taille d'année en 
année le plus long qu'il lui eft poffible fur ces 
fortes de branches , les étend , & rabaiffe in- 
fenfiblement les autres fur lefquelles il rappro- 
che fon arbre. 



}St La pRATiQtJ* 

La brûlure du pêcher par la tige y làgreffif. 
'& les branches , n'eft que trop commune; 
on en ignore le principe , qu'on dit être b 
foleil dcté. Il eft étonnant que rinuiilitédei 
prcfervatifs employés pour s en garantir , n*iit 
pas encore défabufé du préjugé génér;ilemeiit 
adopté à cet égard. 

Dès la cinquième & fixieme année que U 
pêcher eft planté, fur tout à rexpoûcion da 
midi , récorce de la greffe commence à fe 
rider , infenfiblement elle fe durcit & fe fc» 
çhe. Les pluies & les humidités qui pénè* 
trent dans ces gerçures ^ jointes à l'itnpreffioB 
des rayons dulSleil , font écailler cette écorce 
qui fe détache > & tombe enfin en pourriture. 
Au bout de quatorze ou de quinze ans , m 
pêcher qui doit être dat>s la vigueur de fon 
âge , n*eft plus qu'un fquelette > ou eft déji 
remplacé. 

Aux autres exportions la même' chofe ar- 
rive à la tige & aux grolTes branches y mais 
avec quelques différences. Les parties en face 
du midi 5 qui font d ordinaire de figure rornde 
comme toutes les branches , s'affaident & 
s*ap)ati(fent dans^ la fuite confidérablement. 
Si on lève Técorce en cet endroit ^ on la 
-trouvera tellement collée fur le bois , quon 
4iura de la peine à la détacher , tandis qui 
-cette même branche Técorce de derrière eft 
ronde , gonflée comme les autres, pleine de 
fève, & quitte aifément le bois. Levjez avec 
ia feipette Técoree à Tendro^f où le foUil 



Ax tnidi la frappe, vous la trouverez d'un 
a.ixne pâle , au lieu que par derrière , elle a 
SL verdeur ordinaire. Confiderez également 
«s moyennes branches & les groffes ; le de- 
i^ii.iir & le côcé qui répond au midi , font 
roujours delTéchés. Toutes les fois néanmoins 
c\tie la brûlure fait des progrès , elle s'é- 
tend aux parties malades , fans qu'on puilTe 
crop faire cette diftinâtion. Mais regardez 
celles qui commencent à brûler dans les pè- 
ohers, & si quelque expofition que ce foit , 
VOU5 les verrez deuéchées à Tendroit où cha- 
cune d'elle répond au midi , & non ailleurs. 

Ces faits une fois établis , je prétends que 
la caufe principale de la briilute du pécher 
n'eft point le foleil d été dans fon midi , mais 
le froid de la gelée des hivers , & que Ci le 
Ibleil y concourt , ce n'eft que comme .caufe 
acceflbire & inftrumentale. 

Avant que d'cmbrafler un fentiment fi op- 
pofé à celui de tout le monde, j'ai pris plu- 
sieurs précautions pour garantir mes pêchers 
de la brûlure , telles que d'entourer leur tige 
de paille , de ti>ile cirée , d'écorces d'arbres , 
de planches , & de douves. Toutes ces ten- 
tatives 5 loin de Us préfervet de cette ma- 
ladie , leur ont attiré un déluge d infeftes Sc 
de vermine , qui s'y trouvoient d'autant plus 
à l'abri , qu'on ne s'avifoit point d'aller les y 
chercher. Enfin dans une forte gelée , au 
mois de Janvier , lorfque le foleil à l'heure 
de midi brilloit dans fon plus grand éclat ^ 



1^4 La Pratique j 

j'apperçus un ancien pommier que jarofl 
laiflë pour me donner du fruit, en ^tteadaai 
aue mes jeunes planes fudènc en état demVsf' 
routnir ^ je 1 apperçus , dis-^ je , tour niomll& 
Un coup de vent du midi l'avoir courbé veil 
le nord par le bas de fa tige. Je reconnql 
que cette humidité , qui avoit auffi trempe la 
terre de de (Tous , étoit" de ces frimars blancs' 
que la nuit , durant l'hiver, fe plaît à verfcr 
fur tous les végétaux , & que le foleil fait 
fondre alors malgré la fraîcheur de Tair. Sur 
les trois heures après midi , je vis que ce 
pommier étoit incrufté en face du midi d'une 
couche de verglas épaifle d'un demi-pouce, 
depuis le commencement de fa courbure jof- 
qu'en - bas. Très - fain du côté du nord , il 
étoit carié fort avant du côté du midi , à l'en- 
droit où fe trouvoit cette incruftation. Je réi« 
térai la même obfervation durant trois jours, 
au bout defquels, quand les frimàts furent 
fondus , j'enlevai avec une éponge toute cette 
humidité dans la partie cariée de l'arbre. 
Après des incidons faites jufqu'au vif, j'en 
remplis la cavité avec de la bouze de vache 
que j'entourai de linge, & que je couvris d'une 
planche. 

Cette découverte me fit penfer à mes ef- 
paliers fur lefquels je fis les mçmes^remar- 
ques & les remèdes : il n'y eut plus de 
brûlure à mes arbres dès cette année , 
ni les fuivantes. i^. Si elle avoit pourprin- 
<;ipe la chaleur excedive. du foleil en été , 



f 



BU Jardinage. 5^5 

jmes Jeunes arbres > avec cous les préfervatifs 
4ionc l'ai ufé pendant nombre d'années, au- 
iroienc du être exempts de cette maladie. Or, 
ils ont brûlé comme les autres , il faut donc 
admettre une autre caufe de la brûlure que le 
ibieil. 2^. Il n'y a perfonne qui ne convienne 
que la glace appliquée fur Técorce du pêcher , 
gèle la fève qui n'eft qu'une eau fort limpide. 
Elle doit , ainfi que tous les liquides qui 
gèlent , perdre fa faveur & fes propriétés. Les? 
pointes des fels & des acides dont elle eft 
compofée y floivent être émoulTées par l'effet 
de la congélation , d'où il réfulte un déran- 
gement dans les organes de la végétation , Sc 
un dommage cbnfidérable pour l'arbre. }•• 
L'écorce étant flétrie & deUéchée , la partie 
ligneufe ôc même la moelle doivent s'en ref- 
ientir. Coupez quelques-unes de ces bran- 
ches , quoiqu'elles ne foient pas mortes ^ vous 
trouverez leur moelle noire. Durant les an- 
nées où la gelée a été longue & forte , lors- 
que le foleil a beaucoup lui en hiver , la 
moelle des petites branches eft de couleur 
jaune , qu'une nouvelle fève jointe à la vi- 

fueur dé l'arbre fait enfuite difparoître. 4^. 
fe font-ce pas les faux-dégels qui gâtent les 
biens de la terre ? Ils ne font àuflî que trop 
de ravages fur les parties des arbres tant de 
fois dégelées & regelées. 5^. Tout le monde 
convient que la gelée mord davantage fur 
l'eau chaude que fur la froide. Eft-il éton- 
nant que le foleil échauffant les fômats fut 



}SS La Pratiqxib 

la tige & (ur les branches du pecKer » pm 
fe retirant prefqu aiiflitôt , cet arbre fi p^ 
reux foit faili d abord & rranfi ? (>**. U tkirdmi 
que trop fôuvent à la vigne & aux autres tè^ ' 
raux d'çtte garés , lorfquil gèle au prinicatt, 
& que le foleil paroît enfuue. 7^. Si cetafice 
durant 1 été brùloit les pêchers , to\x$ devrôienc 
l'être dès la première ou féconde année 
tems où ils font plus cendres , où ils opt Te- 
corce moins épaiiTe, & où ils ont moins de 
fève ic d*humide radical , que quand ils ont 
pouffé en terre de profondes racines. 8*, 
Enfin , qu*on examine tous les arbres qui fo- 
rent gelés en 1709 , & on réconnoîtra qu'ils 
font dépouillés de leur écorce 6c cariés eo 
face du midi , tandis qu'ils font fort faios àa 
côté du nord. Cette brûlure ne doit donc être 
attribuée qu'à la fonte fuccedive des frioiats 
Se des neiges que le foieil occadonne ^ & qui 
eft fuivie d'une nouvelle congélation. Je con- 
viens que durant l'été TimpreiHon des rayons 
du foleil fur l'écorce attendrie par ces congé- 
lations réitérées > la rend plus facile à fe lever 
par écailles » mais pour lors elle fait le même 
effet que les pluies & les humidkés de cette 
faifon. 

Les remèdes convenables à la guérifon de 
cette maladie regardent la tige , la greffe , & 
les çroffes branches faillantes , fur lefquelles I 
les mcruftations des frimats fondas convertis | 
en verglas^ s'attachent après que le foIeiJa 
difparu. A mefure qu'il les fait fondi;# 9 ils 1 



00 Jaudinaoe. 3^7 

Poulenc de toutes les parties fupérieures de 
l'arbf e fur la tige. Celle des nains eft com- 
munément plus maltraitée , dépoiiillée de fa 
peau & deflfecbée , parce que Phumidité & la 
fraîcheur de la terre dont elle eft plus voifine , 
influent beaucoup fur la congélation de ces 
frimacs fondus. 

Pour s*oppofet à leurs ravages , voici deux 
moyens que j*ai conftamment éprouvés. Le 
premier. con(ifte à appliquer les paillafTons 
fur les atbres , foit dans les tems nébuleux 
avant la neige , foit lorfque le folcil darde 
vivement fes rayons durant les fortes gelées. 
J'ai expliqué plus haut la façon de les fabri- 
quer & de les pofer. Le fécond eft d'ôter avec 
un petit balai de plumes de volaille les frimats 
<3e la nuit & les neiges , en houflTant Tarbre 
an haut en-bas furtout à Texpofition du midi^ 
avant que le foleil puiffe les faire fondre. Je 
ne parle ici que des gelées fortes & à glace » 
duranç lefquelles les frimats fondus peuvent 
former des incruftations de verglas* Lorsqu'ils 
fondent d'eux-mêmes , ou par la chaleur du 
foleil durant une gelée médiocre , ils tombent 
à terre , ou ils (ont pompés par l'air SfC fé- 
chés par le foleil. Je puis affurer qu'avec ce 
dernier expédient dont il ne faut point fe 
faire une chimère , les yeux & les boutons 
de mes arbres ne fe font point relféntis de la 
gelée : leurs branches , leur greffe & la tige 
n'ont point été incruftées de glace , & iU 
ont été conféquemment préfervés de la br^-ir 



}6S La Pratique 

lure. Qaand on voit aue lextrémicé dei 
branches eft noire , il eft inconteftable qm 
celle des racines l*eft au(E. On les tsucaxu^ 
cit alors jufqua Tendroitoù elles font rsitêjt' 
enobfervanc d ailleurs les précautions quefm» 
diquerai en parlant de la viûte des racines 
par rapport à la jaunifTe. 

La jaunisse , maladie commune à tons 
les végétaux , les attaque en difFérens rems de 
leur pouife , & fouvent lorfque leur verdare 
ne fait que d'éclorre. Elle eft Aiivie d'un ap- 
pauvriffement univerfel , de la chute préma* 
turée des feuilles , & d'un changement total 
dans l'arbre. Sa peau s'aplatit & fe reflerre 
contre la partie lieneufe , elle jaunit en dedans 
feulement , & devient d'un pâle blafatre : 
enfin la patrie de la fève qui l'içibibe tant 
dans les branches de la poufTe précédente , que 
dans les bourgeons de Tannée , fe féche & ta« 
lit peu à peu. Cette maladie tranfpire jufqa'i 
la moelle qui , après avoir jauni , noircir. 
Les boutons à bois & à fruit travaillés im« 
parfaitement , font petits & mal nourris. Les 
rameaux chétifs Se maigres féchent par le 
bout , & leur extrémité noircit , comme s'ils 
avoient palTé par le feu. Les branches pri« 
vées de cette fève abondante , principe de 
leur clafticité, fe caflent facilement & cèdent 
au moindre effort. On n'y voit plus cet hu^, 
mide qui leur eft ordrnaire ; & fi l'aibre a ! 
rapporté des fruits , ils fon,t jaunâtrçs, petits 
^ d'un goût fadç. j 

^ U ' 



9V Jardinage. ^S^ 

1^ jaunifTe prend quelquefois en vingç^ 

|aatre heures, quoique d'ordinaire elle f^ 

>rcjpare de loin : les feuiUes des ambres par 

Itlent , fe replient & jaunilfent rout-à-fait. 

Les jeunes & les vieux , les foibles & lç$ 

vigoureux en font également attaqués ; nui 

cerr^in , nulle expofition n'en peuvent garan- 

cit , fa durée n*eft point fixe « elle décida 

communément du fort de l'arbre , quand elU 

cft à un certain point » & qu'elle 4 été né* 

gUgée.^ 

Après avoir fouillé les racines de quan« 
titc d'arbres atteints de la j^uniflfe j j'ai trouvé 
•que dans plufieurs cett^ maladie venoit da 
vice de la terre qui n'avoit point de fond , 
& que les racines avoient gagné le tuf > la 
fable , la ctaie , ou la gUi^ , & étoient de- 
venues noires par le bout , comme fi elle« 
•eùdènt pafTé par le feu. J'ai mis alors ea 
ioeuvre les remèdes prefcrits dans ma pxemi^r-e 
patrie. 

D'autres fois , f ai vu quantité de ces gro^ 

vers blancs qui fe transforment en hannetons , 

& qui a voient rongé les moyennes & les per 

tites racines , endommagé l'écorce des grottes » 

& mangé le chevelu. Au - lieu de découvrir 

foutes les racines à la fois , je les prends p^ 

patties , & à mefure que je les vïfite & qiie 

je les travaille , je les recouvre de terreau 

onâueuK ou de fumier bien confommé. Je 

fais eofuite arrofer amplement avec de TeakU 

de fiunier jufqu à ce que Us arbres ayem re^ 

Ad 



J70 La Pratk^ub 

pris vigueur. Cette opération faite néceilàî- 

reroent dans untems ou les racines ne doiveiv 

Joint être mifes à l'air , m'oblige 1 cooFixr 
urant le jour ces arbres , avec des paillafioDS 
que j ote le foir. 

Fouillant au pied de quelques poiriers de 
bon-chrétien d niver , je trouvai de pareîh 
vers dans leur tronc , qui avoient pénétré juf- 

Îu'à k moelle & gagné à la hautear de hidt 
neuf pouces. Je hs , avec un cifeaa , o&e 
ouverture au tronc à l'endroit par lequel le 
gros vers étoit entré , ouverture que je con- 
duits à trois pouces en avant dans le corp 
de l'arbre. Après, avoir détruic cet animal 
vorace » je rendis la plaie de l'arbre unie, & 
l'en remplis toute la capacité d'on^oent de 
Saint Fiacre > dont je la couvris pareillement. 
L'arbce ayant été enfuite beaucoup foulage 
tant à rébourgeonnement qu'à la taille ^ rot 
reihis parfaitement , & ia plaie fut couverte 
au bout de trois ans. 

Qjoand jevoyois que les taupes 6c les mu- 
lots avoient mis â jour les racines de mes 
arbres » £c qu'enfuite la féchereâfe les avoit 
pénétrées , j'employois le changement de ter- 
xe , les engrais, les labours après des pluies; 
ou le foir après des arrofemens faits durant 
le jour , j'y jettois de l'eau de fumier , oa 
de maires bourbeufes. Avec ces précautions, 
qu'aucun Jardinier ne s'avife de prendre , 
j'ai, confervé quantité d'arbres atuqsés de la 
jauniHè. « ^ 



On a vu dans le Diâionhâke la eompod- 
tion d'un bouillon ttèi; effieilce ^our la gué-* 
rifon de cette maUdie. L eaii des lavares dé 
vaîfleile quon a lailTé ferttiértter fuffifartinîent 
dans des baquôts eft aafliî une éxéelléme fô« 
«nencation aU ptéd des aFbt'es jaunis , (dx lei 
premières tacines d^f^uels où la répond. Cècté 
eau , ainfi que eetlé ptife dans tes puifàr ts , 
qui fervent de déchargé aux cui fines , eft met-» 
veiileufe pour la jaunifle des plantés étran- 
gères » telles que lès otangers. 

Dans les grandes féchere^Tes , qui occalfion-^ 
nent fouyent la jaunifle , il faut arrofer am- 
plement. Quelquefois j*ai trouvé au pied des 
arbres de^ fourmillieres > & des fourmis 
jaunes , que j^ai détruites avec les remèdes 
qui feront indiqués à la fin de cette partie. 

La jaunilfe qui peut ceffer en quinze jdur^ » 
dure auflî le refte de Tannée jufqu an prin- 
lenas fuivant , qui eft le plus foiTvent fon ter» 
me. Les remèdes ont alors produit leur effet. 
Les nouveaux fucs , après avoir été portes 
dans toutes les parties de rafrbré , ont rem- 
placé rhuttteur viciêufe dont ^\ki étoieiit im- 
pre^ées. Il eff une cfpèce de jauhilTe qu'on 
peut qualifier de mortelle , quand cette ha- 
meur a rellemettt gagné Bc dététibté les or- 
ganes des végétau^jfe par fon long' féjour , que 
toute la marte de la fève eft gâtée. L'unique 
remedîe eft de replanter. On s'a^perçoit i^ue 
le mal eft incurable , lorfqu'il réufte â tous 
)es remèdes indiqués ci^evant. 

Âa i| 



J71 La PaAT iqu e 

La Rouille a pris ce nom de certainei 
taches brunâcresde la couleur du fer rouiilc, 
qui fe forment fur les feuilles & fur les hmt 
ches de la pouiTe nouvelle. Elle eft plus or&«' 
naite aux arbres de fruits à pépin qu'à cem 
à noy^u , elle attaque communément les pru- 
niers en efpalier , & le pêcher n'en eft ps ' 
exempt. Voici comment elle fe forme* La 
furface mince & Içgcre des feuilles eft alors 
çnlevçe, & au- lieu de ce beau vernis & de cette 
verdure fraîche , on apperçoit une couleur 
livide : elles deviennent raboteufes & rudes 
au toucher ^ elles font enfuite à jour , comme 
un rézeau. Les bourgeons de Tannée. devieiH 
nent gravele.ux ; leur éçotce eft un peu bru- 
nâtre, & conféqtjiemmentcontufe & eadom- 
magée. 

La caufe de la rpuille eft quelquefois la 
même que celle.de la jaunilTe , & on emploie 
auflî le;s mcmes reihedes. Souvent elle eft oc- 
cafionnée par un principe étranger qu'il £aat 
chercher. Plus extérieure qu'intérieure , fon 
fiége eft dans les feuilles & fur Técorce des 
arbres , dans les feuilles des plantes & des 
fleurs. Elle affeâe rai;ement 3 comme la 
jaunifle , les parties npbles des végétaux. 
Une des plus facheufes ïuites de cette ma- 
ladie eft la chute des feuilles ainii corrodées, 
à la place defquelW l'arbre eft forcé d en i 
produire d'autres ; ce qui ne peut fe faire ' 
qu'au dépens du bouton à fruit , qui dèi- 
lors avorte pour Tannée fuivante. . 1 



r 

: ' ' ' ' 

O t^ J AKD I K AG £• J7I 

|»:Il ^uc diftingqer deux fortes de rouille ^ 
■Ktout dans le pécher » 1 une qui naîc d'un dé- 
iingenienc intérieur &: d'un vice de la fève , 
K Vaatre qui a pour principe des caufes exté- 
pleures. 

La première eft (>roduite par le dérange- 
ment même de la faifon. En 17)1 , la pluie 
dura prefque depuis le mois de Janvier juf- 
<|u'en automne » & à l'exception d'une dou« 
zatne de jours fore chauds ver« la fin de Mai » 
nous eûmes des matinées & .des journées du- 
rant lesquelles on fe chauffa jufqu'au «nois 
d'Août , & les imits pendant 1 été furent ex<- 
trëmement fraîches. Ces humidités fuccef- 
(ives & réitérées , ces contraftes de chaud 
& de fcoid arrêtèrent la fève au point qu'on 
ne vit jamais une rouille fembla-ole à celle 
de 175 1. L'effet de cette maladie fut la chute 
prématurée des feuilies \ & par l'abondance 
d'une fève mal. cuite, les yeux ou boutons 
dèflinés â fleurir l'antiée fuivante , s=*ouvrirent 
tous & pouffèrent des branches chiffonnes. 
Je remarquai que la plupart des nielons furent 
geccés , fendus;, ouverts & fort ti^auvais. Les 
pranes , furiôac celles de âdoniieur, furent 
dans le mènie càs% Ce qu'on .pUtfair^ de 
mieux alors , fut ^Je donner de l'air au pied 
des arbres , en fouillant la terre & en décou- 
vrant leurs premières racines. * " ' 
. L'autre efpèce de rouille quia pour prin^* 
cipe des caufes extéïicures , vient de Térofion 
ou' de. l'enlèvement de la partie^ verte des 

A a iij 



174 tA PRATIQVI 

feuilles , qui forme Içuç fapcrficie place «»- 
defTils, On ne peur l'attribuer qu'à des. anir 
tp^u:! 4^nc elle fait la paiure durant la nm 
L^ Nature ç'eiForce de produire cette parâ 
enlevée de deiTus la feuille , mais canme 
elle ne peut la réparer dans le même état oà 
elle étoit origin|iireinei>c , la feiulle atafi n» 
gée prend, un^ copieur bcunatre livide. 

Apre» avoir longrf^tns réfléchi fur la casfe 
de cette maUdie^ïuPtigînai que les fraichems 
de la nuit ^çontrib noient , ainfi aue les brouil- 
Urds,les rofées & leshumidités; j allai dans 
cette idée: vifitèr fur le mioiiît avec det la la^ 
miere ceux de mes. pêchers qui en croienc les 
plus affligés, G*étoit vers la mi-Mai. Je trouvai 
nnc ayant-peche couverte depetits pert:e-K>reil* 
les qui en rongeaient le feuillage , & qui 
âvoient entamé nombre de fruits les plus avan- 
cés. A rafpe.âd^lalumi^e » tous ces animaux 
firent une prompte retcaite. Je vis en outre 
beaucoup de limn^çoiis , la plupart gros comme 
de$ pois & iies noifettes^ ^e fes. faifis aifétoenc* 
Je coniiiauai çett« cbaflrenoiftinne , &; ji^ m ap- 
perçus bienr&t de fes eifets , nonrieulemeae 
par la beaucé du feuillage de mes arbres » 
mais par Ti^cégrité de tnts chaflTelas & de mes 
muCcats qui.» tous les ans , étoient entamés i. 
mefare q»*.iJ$ tournoîentb ... 

Lorfque cette rouille deS: feuilles & des 
branches tire fon origine de. k féchereflè 
£c d'un défaut de fève » on peut la faire 
ceiTet par le mpyen de$ arrofemeos. Le 



Dv Jakdinags. j*r} 

^XoVeil ) durant les grandes ardeurs de Técé , 

•jTocit peu-à-peu la furface des feuilles dont il 

i« j>ompe rhumide radical. Alors elles fe féchent 

^ ^in-deflus, & il n'en refte, pour âinfi dire ^ que 

• \st, carcafTe, elles bruniiTent , fe brouiiTent Se 

ii irombem. Je les ai vu fe touiller par les coups 

^ ^Atétés de la grêle; & par l'agitation conci- 

i ^1 aéll^des vents fougueux , devenir toutes bru* 

a xses à force de meurtrifTures & de contufions. 

X '^ La rouille eft ordinaire à beaucoup de lé- 

^ gumes , tels que le céleri , la laitue , la chi- 

h crorée: je l'attribue au vice des arrofemens, 

lotfqu'on répand deilus des eaux croupies eu 

15 crop fraîches durant les grandes chaleurs , ou 

i au défaut de la terre trop légère , & incapable 

fi de fournir de nouveaux fucs à la tranfpiration 

i: des plantes. 

r La maladie tlommée ib blanc , le meu- 

fi ^i£R ou LA LipRE , eft Une des plus fô^cheufes' 
r pour le pécher ) elle déconcerte tes plus grands 
s Maîtres de l'Art qui n'ont pu encore y trouver 
i de remède. Dès la fin de Juin , & durant les 
{ mois de Juillet &. d'Août , ^ufqù'en Septem- 
i bre f il fe forme à Textrétnité des bourgeons » 
( aux feuilles & aux rameaux , ainfi qu^au fruit 
î même , un duvet blanchâtre aflez reffêm- 
[ blant à la chancitTure qui paroît fur les viandes 
cuites , & trop long-tems gardées. Cette ma- 
tière cotoneufe arrête la tranfpiration des at« 
bres , & les prive des bienfaits de l'air. 
En fuiv.int la lèpre danî$ fon commencement» 
p dans fes progrès^ & dans fa fin » j'ai remarqué : 

Aa iv 



}7.<t La Prat îQtrjr 

1**: Qlie ce duvet blanchâtre attaque cTabcPfil 
rexcrémicé du rameau. Toutes les maladies çuî 
ftffiigedt les arbres j commencent du bas eo , 
liaut , & s'infinuent en montant , à metwe 
que la fève vicieufe y eft portée. Dans celle-d, 
kw contraire , Thumeur prend d'abord a la cime 
du bourgeon } ce grouppe de feuilles qai 
en termine la poaiïe commence à blanchir , 
puis elle defcend infenfiblement vers le gros 
du rameau , Se fe communique aux feuilles , 
à la peau, aux yeux, au fruit, & fouvent 
au vieux boii. Toute la capacité dé Tarbre en 
eft tellement infeftce f qu'il devient farineux; 
c'eft ce qui a fait donner à cette maladie le 
fiom de blanc ou de meunier. Les fuites en 
font funeftes pour Tannée fuivante : il n'y a pas 
de fruit à efpérer fur aucune des branches qui 
en font anaquées i à caufe de la chute préma- 
turée des feuilles qui n'ont point le tems de 
travailler la fève pour la faire pa({er au bouton 
endommagé lui-même par cette humeur def-* 
iéchante. 

. x^é Les pruniers , les abricotiers ^ & tous 
les végétaux > font fu jets à la lèpre , mais plus 
rarement & plus légéremeot , à proportion de 
leur délicatefle» 

)*?. 11 en eft de cette maladie comme de la 
jàunifTe^ elle ne prend pas toujours à toutes 
les parties de l'arbre à la fois , & ne nuit 
qu'aux bourgeons qui à la taille font jettes i 
bas , ou taillés fort court & on eft obligé de les 
cofuferver* 



»V JARDÎNAGB. 577 

4^: Elle attaque également toutes fortes de 

f>êchers en tous lieux. Xleux qu'on arrête par 
es bouts , qu'on rogne & qu'on pince , en font 
T3ien plus maltraités , ainfi que les arbres rem- 
J>Jis de moufle, de bois morts,. de chicots, 
«ie chancres & de plaies non panfées. 

5 ®, Cette maladie eft tellement contagieufe, 
cjue les bourgeons de l'arbre le plus fain placé 
à coté d'un autre qui en eft attaqué, ne tardent 
point à être couverts de lèpre. 11 eft vrai 
qu'elle n'y fait pas le même progrès , mais 
elle ne laiffe pas de s'étendre. 

6o. 1,'humeur j principe de ce duvet blanc 
dans le pêcher , vient d'une fève mal cuite & 
mal préparée , qui filtre à travers les toupillons 
de feuilles dont chaque bourgeon eft couron- 
. né , & qui font plus petites que celles des yeux 
inférieurs. Eljie commence à diftiller de ces 
dernières j Se de Técorce du bourgeon , com- 
me une humidité gluante qui colle tant foit 
peu les dpigts. Son .principe eft la gomme qui 
flue des feuilles où elle eft différemment mo- 
difiée , plus amincie , plus déliée que dans les 
grands rcfervoirs de la fève. 

Je fuppofe, comme unechofe inconteftable, 
que la fève, après avoir monté facilement, trou* 
vant fes paflages fermés à fon retour , eft obli- 
gée de fluer au-dehors, & qu'étant déplacée, 
elle produit les mêmesi ravages dans les plantes 
que le fang dans- nos corps en lemblable oc- 
cafion. Elle ne flue point par bouillons comme 
Tautre gomme dont j'ai parlé ci^devant , mais 



L 



J7* La. PllATIQX7f ! 

par petites parcelles minces- & faperficielles. 
L> aiH>rd frappée de l'air y coagulée enfixite. Se 
ftplacie fur les feuilles & fur la peau , elle oc 
tarde jpas à ècre deflféchée par le haie y les ve&ts 
& le loieil. Le tiiTu de cette humeur vifqueuft 
& gluante j m'a paru au microfcope comme 
un amas de petites parties filandreufes & col' 
lées les unes fur les autres. Je ne puis mieax 
les comparer qu'à certains duvets cotoneax 
que la Nature forme fur les feuilles & les fruits 
du coignaifier , & fur les feuilles des raifins , 
que pour cette raifon on nomme auffi tnea- 
niers. Par la diflfeâîon & l'analyfe que j'ai 
faite de cette matière , j'ai trouvé , après la- 
voir mife dans l'eau , & Tavoir laiflc fécber, 
qu'elle avoir beaucoup de rapport avec les fili 
de la bonne Vierge que forment dans Tair les 
brouillards durant l'automne , 8c dont les at' 
bres & les prés font couverts , quand le foleil 
les conden(e. 

7®, Les arbres attaques de la lèpre en Juin 
& au commencement de Juillet , le remettent 
au renouvellemem de fève. A la fin de Juillet 
& en Août au contraire , tems où la fève eft 
lamoctie , & oà te foleil va en rétrogradant , 
ils fe dépouillent de leurs feuilles, & dès-lors 
îes yeux ou boutons avortent pour l'année fui- 
vante. Il faut à la taille avoir une attention 

Particulière au' choix du bon bois, afin de ne 
affeoir que fur celui qui eft le plus franc. 
Cette lèpre , dont je parle , ne doit pas ctte 
confondue avec le blanc qui ne prend qu'aux 



»u Jardinais. jyj^ 

Feuilles du pécher lors 4es chaleurs durant les- 
grandes féchereilès. Vers le mois d'Août & au 
commencement de Septembre y il eft des coups 
de foleil qui frappent vivement les feuilles de 
certains pêchers, dont la ùve n'eft pas a(Tez 
abondante pour fuffire à la diffipation qui s'en' 
fait^ quand le foleil enlevé toute leur fubftan* 
ce, & pompe kùr humide radical. Ces feuilles 
paroiflènt alors toutes blanches à l'endroit du 
oeflus qui répond aii foleil y tandis que le def« 
ibus eft verd comme à l'ordinaire. Elles peu- 
vent fe remettre fufqu'à un certain point , en' 
baquetant de l'eau avec la main pour les hu- 
meâer , & en arrofantles tiges. Ce blanc n'eft 
pas dangereux , en ce que le bouton eft tout- 
à-fait formé, & qu'on n'a point à appréhender 
la chute des feuilles ^ ni leur produâion for-* 
dée. 

' J'ai dit que U tèpre do pécher eft une fève 
appauvrie de éépouiilée de fbn baume 3 qui' 
étant portée trop abondamment ^ers l'ex- 
trémité des bourgeons , n'a plus de jeu pour 
defcendre à cau(e des obftruâions qui l'en 
empêchent , & eft obligée de fe dégorger au- 
tour des feuilles & de la branche par la nou- 
velle fève qui la pouilè & qui flue tant qu'elle 
ne trouve point de conduits pour la renfer- 
mer. Il faut dbnc pour l'arrêter & la fixer , 
lui en fovmer de nouveaux où elle puide 
citre digérée & circuler , & par cûnféquent 
dans le cas préffent , pincer ôc arrêter les bran- 
ches Se les bourgeons attaqués ile la lèpre » 



fio La PRATtQUB^ 

auâî'-côc qu'elle commence. Se les couper i 
trois ou quatre yeux plus bas que leur eirré- 
mité d'en -haut , afin qu'il s'y forme un mw- 
veau bourgeon dont les pores libres & ^ 
ouverts donneront lieu à la circulation de k 
fève. En retranchant cette partie fupérienre 
qui eft viciée > vous coupez court infailli* 
blement à l'humeur gangreneùfe. Cet expé* 
dient employé dès la nailfance du mal m'a 
toujours réuffi. 

En rabaiflant ces branches , on pbfervera 
de ne les point cafler ^ mais de les couper 
proprement proche d'un oeil , & de foulager 
beaucoup Tarbre à l'ébourgeonnement , en- 
fotte que fi une branche de la taille duprin- 
tems en a_ pouffé cinq ou fix , on n'en laiffcra 
u'une ou deux. Au moyen de cette fuppref- 
on , 1 arbre fera plus en état & de fournir à 
la circulation de* la fève da;ns les rameaux 
qu'on laiffe > & d'en produire de nouveaux à 
la place de ceux qui auront été raccourcis. 
L'année fuivante » la t:aille fe fera très-courte 
fur du bois choifi & en petite quantité. 

Perfonne n'efl: plus oppofé que moi à la 
mutilation des bourgeons par le bout ; plus 
d'une fois dans cet ouvrage je m'élève contre 
cette pratique dangereufe ,„mais dans le cas 
de ncceffité toutes les règles font obligées de 
plier. Ceux qui laiffent leurs arbres atta- 
qués de la lèpre ,, ont 4e chagrin de les 
perdre. Si par ma méthode les yeux avortent 
â caufe des nouvelles pouffes que je Us oblige à 



? 



BU Jardinage. j^r 

le produire j j'ai du moins l'avantage d'ar* 
rcter le cours de la gangrené , & d'avoir pour 
L'année fui vante des yeux qui peuvent me don- 
mer du fruit. 

Les autres maladies, du pêcher font les 

£entes & les fluxions, h brûlure de l'extrémité 

.des branches, le defTéchement des racines > 

leur brûlure par le bout , leur chancifliire , 

&c leur pourriture. Elles naiûTent toutes ou 

de U quantité ou de la difette de fève. 

Loriqu'un arbre eft très-abondant en fève 
& trop replet , fon écorce ne pouvant conte- 
nir l'exceuive quantité des fucs nourriciers > 
le fend quelquefois le long de la tige du haut 
en bas , & dans les grofles branches , de telle 
ibrte que fe féparant en deux , elle met à 
jour la partie ligneufe ; & le bois couvert au« 
paravant de fa peau 6c imbibé d'une humidité 
nourridante ^^ fe trouve à fec en cet endroit. 
Cette peau s'entr'ouvre fouvent de trois & 
quatre lignes j l'air alors , le foleil; les pluies, 
les gelées , dilatent & font gercer les deuX 
parties de la peau féparées Pune de 1 autre. 
Par cette ouverture qui imite y lorsqu'elle f« 
fait dans les gros arbres , le bruit d'un coup de 
piftoiet, la lève s'évapore & flue jufquà la 
réunion des parties. La gomme y arrive , 
fuivie de la carie Se du deiféchement de la 
peau5qui opèrent des chancres par la fuite. 

Si on n'a pas foin d'aider la Nature à fer- 
mer ces ouvertures , quantité de pucerons 
& de vermine de toute efpèce s'y établiflcnt 



iS» La PRATI I^UK- 

E^ur Vite , & ea fane leur qiurtidr 
aacces animaux non moûis nttifibles , 
que les cloportes » les bètesià cent paccJi,4^ < 
les vieux papillons qui fe choi&Skaïc eux-îol* ' 
mes leur tombeau , pîcocenc fam ceSé\ 
peau de Tarbre avec leurs petites pinces crafr- 
chances, ou leurs trompes pointues, 8c rtn- 
dent inutiles tous les eftorts de la Nature , 
pour refermer ^une plaie qu'elle s'eft faire 
elle-même. Les oifeaux qui font léots dcli^ 
ces de cette peuplade d'animaux , percent 
avec leur bec aigu cette peau laioce & dé- 
liée , tant pour fe nourrir de ies fucs , que 
pour détacher les ceufs qui y font dépofés. 
Ces divers renouvellemens de plaies occafion* 
nent un nouveau tlux de (eve , Se une noiH 
velie gomme. Pour comble d'inforfane^ le re- 
tout de l'hiver devance h gûéeifon de ces 
λlaies , Se y introduit par le fooffle des vents 
es humidités morfondantes : au printems 
l'écorce fe lève & s'écaille y de- là s'enfuir la 

Cralyfie de la tige & des groifes branches , 
; chancres & fouvent la mort des rameanx 
Se de l'arbre même. 

Par toutes ces fentes la Natutj^ ne femble- 
t-elle pas nous itiftruice , & nous prefcrire 
ce que nous devons faire ? Le Jardinier fi- 
dèle à fa voix recouir à rooéra?ti«ii de Finci- 
Hon avec le repique ordinaire qtt'il recouvre 
avec des lattes retenues par des o(iers. C'eft 
l'unique moyen de détournet des arbres tant 
de maux réfultaus de ces ouvein^ure^ tton re« 



DU Jar.dikags. J8| 

Renées. On a vi^ plus haut la manière de la 
Baire. 

La brûlure de rextrémité des branches eft 
plus fréquente aux arbres de fruits à pépin 
qu'à ceux â noyau. Elle confifte dans le dé- 
pouilletnenc prématuré des feuilles , & dans 
une noirceur qui paroit au bouc des branches* 
Trois fortes de pêchers en font attaquées , les 
vieux fur leur retour , les jeunes qui font 
épuifés , & tous ceux dont les racines touchent 
le tuf. Ces marques noires qui fe forment 
au bout des bourgeons m ont paru comme 
autant de petits chancres occafionnés par l'ap* 
pauvriflem^nt Se la difette des fucs nourri- 
ciers. Son effet eft la maigreur des bourgeons ^ 
des y^ux ^ des boutons , les feuilles devien- 
nent petites & maigres y le fruit rare & mé«- 
diocre annonce que les racines font égale-' 
ment noires par leur extrémité. Les arbifes 
jeunes & vigoureux fe guériflent par le re* 
nouvellemenr & le changement des terres » 
par des engrais , &c une taille fort courte dur 
tant quelques années. 

Le deSechement des racines , leur brûlure 
|)arlebout» leur chaniKfure ^ & leur moif- 
fiATure ne font p;jis faciles à guérir , quand il^ 
font invétérés. La difette de fève en eft la 



* Ce font de véritables plantes : vues au microt 
copc , on y diftingue des racines , des tiges , des 
rameaux & des fleurs. Nombre de Savans ^ de 
Çi|fi;az ks ont apperçus. 



L 



)*4 La Pratique 

caufe. Comme elle eft interne on ne peut que 
la conjedurer. Le Jardinier curieux àeh 
arbres , fouille à leur pied & va d'abotdàJi 
fource du mal. Lorfqu'il s'apperçoic que lesii- 
cines iont noires par le bout ^ il les reraillft 
jufqu'à l'endroit où elle font vyv^s 6c faines, 
il arrofe , il fume , il chanM la terre , il 
la fonde auparavant pour voir a elle a du fond, 
en un mot, il n'omet rien de ce que j'ai pref- 
crit en pareille occafion. Si les racines font 
chancies au point que Tarbre foie défefpcrc, 
il fe réfout à replanter. 

Cet examen ne doit point erre remis aa 
tems de la chute des feuilles , lorfque le bois 
eft amplement aouré. Les arbres paroi/lenc 
alors fort fains, à l'exception de ceux qoi 
ne pouflent plus , des rabougris , des ciaa- 
creux , des gangrenés. Mais il en eft qui ioni 
des poufles équivoques , qui donnent cfiaquc 
année des apparences trompeufes , & ^^^ 
le dépouillement des feuilles arrive avant le 
tems marquée Toutes ces obfervations doivent 
ctre faites vers les mois d'Août & de Sep- 
tembre , lorfque la fève commence à fe mo* 
dcrer dans fon mouvement , foit pour donner 
à chacun le traitement convenable^ foit pout 
le remplaeemenr. 






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CHAPITRE 



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