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A
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L.
•1
LA PRATIQUE
; DU JARDINAGE.
I PREMIERE PARTIE.
i* .', -« -V -* - ■»- «J
y
riXNATXJS ET nXE DilÔS qVl NOVIT AGRESTES. ^
LA PRATIQUE
BV JARDINAGE,
Par M. rAbbcJJBl<>QÇR SisnABOL,
W Ouvrage rédigé après £a mort fur fe^ Mémoires p
Par M, D^**
Av(c Figuzes ça taille-douce , deffinées éç gnvéçs d'^Pif |
-^ n^tmç. I?u ftîx 4c 7 liv. 4 Ç jrclié,
PREMIERE PART I E,
Nihîl cft .Agriculturâ
mclius ,
mhil ukerius ,
9r-
fiihil hpmine , nîhil lihpro
digniu^.
Ck^ de q£ )i|>.
t.
^«^3^,
%;
v*
4 PARIS,
Chez PEBURE Père , Libraire , X^uai ide,«
Augiiftins j 2 Sair|t Paul. '
•"1111.'. '.,. u: ,'. r.,''. .. ' ',.;■'*
M. DCG. LXX,
*4>Vt Affmbation if Pnviiép au Roi,
^
A MONSEIGNEUR
L'ASBÉ TERRAIS-
MINISTRE D'ÉTAT,
CONTHLOLLEUR GÉNÉRAt DES FINANCES.
Monseigneur,
Les hontes dont vous ave\ honore
feu AL TAbbé Roger Auteur de cet
Ouvrage y m'ontmfpirlla confiance de
vous l'offrir. Cefi entrer dans les vues
d'm Oncle ^ui y aconfacré la plus
401599
grande partie de fa vie ^ que de le
dédier a un Minijire qui connaît ,
comme Vous ^ Mo nseigneur , le
prix de l* Agriculture , & q^if^ plaît u
t encourager. Je me croirai fort heureux ^
fi la Place importante que vous occupe^ y
vous permet de donner quelques momens ci
la lecture d'un Ouvrage a la tête duquel
je fuis trop flatté de pouvoir mettre
votre nom.
Je fuis avec refpecl ,
monseigneur:
Votre très-humble Se ttès-pbéiflant
Scrviteor ,
DE LA VILLEHERVÊ,,
^fjg/r ^^lllF 'Ihtlf^
\
PRÉCIS DE LA VIE
ÏT DES OCCUPATIONS
D£ M. l'Abbé ROGER SCHABOL.
J Ean Roger Schabol naquît en cette Ville en î^^i ^
éc Roger Schabol , Fondeur & Sculpteur , né à Bruxel-
les & mort à Paris en 1717. Deftiné de bonne heure à
rétat Eccléfiaftiqae » il reçut une éducation fupérienre
à fa naiflance , & fit fes études avec diftin^tion dans
une Communauté célèbre par le nombre des élèves
cftimables qu'elle a formés. Il prit des degrés en Sor-
bonnc , 8c fe mit en état de Icrvir TEglife 5 mais il
ne s'cleva pas plus haut que le Diaconat : des obftàcles
<]Qi lui furent communs avec de très - bons fiijets
éloignèrent toujours du Sacerdoce.
Ses lumières , fa prudence 6c un grand amour de
les devoirs lui méritèrent par la fuite Teftime du Gar-
àmï de Noailles , qui le fit Supérieur des Clercs >
Préfet des Catéchifmes & Direâ:eor des Ecoles dans
une des plus grandes Paroiflcs de cette Ville, Il l'ap-
pliqua particulièrement à l'inftrudion des Proteftant ^
& lui donna, la conduite de la Communauté de Sainte
Marthe , Fauxbourg Saint Antoine , od il avoit éta-»
bii XLCi Séminaire de Filles , pour être Maîtrefies
d'Ecole 4^ns les Villages de fon Diocèfe. UAbbé
Roger y faifoit des conférences deux fois la femaine ,
aij
w
«vec le zlk 6c Vtt^âimic qu'dri pôuvoit atccndrc <f un
Eccléfiaftîque éclairé* Bien tôt le Cardinal lui confiai
le miniftére public àc la parole dim Paris, orjinai--
tement 8c excraôrdinairement dans les villes , 8c or^i-'
nairement dans les villages. L*Abbé eût continua k Ce
dîftiriguer dans cette carrière épineufe , fî la fatigue
de toutes les fondions pénibleis dont il éçoit chargé ne
l'eut obligé à la quitter^
Le jeune Roger étoit né avec un goât dominatitr
*p0ur le Jardinage. Cette erpéce de paiHon , fi digne
d'an iage ^ lui avoit fait dédaigner dès fon enfance
les jeux frrvolcs de cet âge inconftant. Il confâcroit
déjà fes momens de récréation à Tétude de la Phyfique
& à l'Hifloire Naturelle des plantes confidérée du coté
de réconomie champêtre.
Un afTez beau ;ardin quavoit Ton père dans un ie»
fkiixbourgs de Paris fut le théâtre de fes premiers
travaux ; le livre de la Quintinye devint fa ledure de
préférence- Il fit par la fuite connoiflance avec le Frere
François , Auteur du Jardinier folitaîre ^It plus fameiuc
Cultivateur de fon tems< Les préceptes de ces Maîtres
furent fldellement pratiqués dans une maifbn de cam-
fagne à Sarcelles qu'il acquit quelques années apresr*
'Abbé fe crut bien tôt un grand jardinier^ il n* étoit:
que i'efclave delà coutume & des préjugés. Un Par-
ticulier lui fit connoitre qu'il marckoit à tâtons dans des .
foutes incertaines ' allcs^ a Montrtuil , lui dit-il , ^qus
y verrei des gens qui ne déférent point aveuglément ^
comme vous ^ aux ûf âges reçus dans le Jardinage^
^ L'Abbé Roger ne tarda point à s'y rendre : les tra-
vaux & rinduftrie de fes habitans lui deffîllérent les
Veux , il entrevit le principe de leur méthode , & parvint
heureufemcnt à faire expliquer ces laborieux Culti-
vateurs y plus confommés dans la pratique que dans.
la théorie de leur Art» Ses relations aÛîdues avec les
Giratdot & les Pépin , le déterminèrent à réformer
eûti^rement fa méthode* Accoutumé a travailler dcj,
fçs proptcsi maiûs.^. il pratiqua bica^tpt lear$ .^gé^;
I tidons , & évita eonftanitiiem it s'en rapporter à
d*attcres témoignages qu'à celui de fes yeux« Auffi,^
dut-il fc féliciter fouvent d'aTOir pris la Nature fur
le fait dans des momens où il lui auroit été impof-
iîble d'y parvenir , en ordonnant feulement & en pref-
crivant. Je ne parle point de fès effais multiplia fox
les différentes parties des végétaux pour en connoître
le méchanifme &: lorganifation , ni des arbres fans
nombre de tout âge & de toute grofleur, qui furenc
^ ' facrifiés pour des expériences.
I UEtude approfondie qu^il fit de 1* Agriculture & de
fes difiérentes branches lui donna Tidée d'an Ouvrage
fur la Théorie & la Pratique du Jardinage ; Ouvrage
immenfe qu'il avoir médite , pour ainfi dire , dès (on
enfance , Bc auquel pendant cinquante ans il rappona
toutes fes études. Il eut employé a le rédiger une partie
du tems qu'il mit à l'augmenter 5 fi trop entier dans
fes fentimens , il eût déféré aux avis qu'on lui donnoic
à cet égard. Ce ne fut qu'un an avant fa mort qu'il fe
! détermina enfin à en commencer l'impreffion. Le pre*
mier volume qu'il a publié , & qui renferme l'expli-
cation des termes du Jardinage , ne doit point etra
confondu avec ces DiéHonnaires alphabétiques propres
à nourrir l'ignorance. L'Abbé écriv oit en homme très-
inftruit & plein de fon fujet.
Quoique fes études de fes travaux lui euflênt fa«
cilité les moyens de reculer les bornes du Jardinage,
il n'avoit point fait de cet Art l'unique objet de Ton
application. Beaucoup d'autres occupations relatives
aux Arts & aux Sciences panageoient fon tems , ôc
loi ont été d'un grand fècours pour pénétrer dans le
/àndluaire de la Nature plus avant que ceux qui juf-
qu'à préfent ont couru la même carrière.
Embarraflé à réfoudre quantité de problcttics qu'elle
lui offiroitfans ceffe dans les végétaux, & à rendre
raifoR des phénomènes de 1- intérieur & de l'extérietu:
des plantes , il prit le parti d'étudier l'Anatomie hu-
maixtf. La relation intime qu'il apperçuc entre Tor^
a iij
'fi
gônîfacia» de f fioïnmc & ceHc^ plantes, laî inf^
pira. ce. deflein. Il s'adrcffa donc au célèbre Vcrdicr qui
voulut biea Tadmettre au nombre de Tes difciples- ^
U il étudia fon excelltikt Traité* PlufieurS Maître»
. confommés dans fArt Taidércnt aufli de leurs lutoières j
-Ôlrec leur Tecôur*, il psirviittà expliquer ce qui juC-
qu'alors avoir été, inintelligible pour lui-
il. eniprunta bien tôt M la^Pharmacie , de la Chî-
. furgie & delà Médecine l«s opérations & lés remèdes
lidcés pour la guérifon de nos maladies & de nos
blcflyres. Les appliquer aux végétaux , rien j^'^plus
extraordinaire en apparence? Mais il elles fo^t auâl
ai fées qu utiles, û Texpérience , feul juge en pareil
ea^, décide en faveur de leur adoption, ne doit-on
pas les admettre , afin de participer aux bienfaits
qui en réfultent î
•JLçs çonnot/Tancç^ que TAbbc Roger puifadans l'é-
tude de TAnatomie, le conduifîrent à faire pratiquer
aux arbrc$ la diette & l'abAinence , à les«faîgner &
à les fcafifier. Il appliqua des cautères aux branches
. Si aux racines , & il uta envers elles de topiques , de
cataptafmes & d'appareils pour leurs plaies, (oit quxlles
fuiTent rciFet du hafard^ Toit qu'elles le fuffent de -
TArt jSf de Tinduftrie* II employa aufH, à l'imita-
tion des Chirurgiens « des écHifcs ^ des bandages , Se
des ligaturer. Il en fera peut être de ces inventions,
comme il en fut probablement lors de rétabliffemenc
des ,gr€&s. Tranfporter un bouton & des rameaux
. d'un arbre fur Técorce, }a (bûche ou fur les branches
; d'un autre ^ a fans doute été regardé d'abord comme
. une folie; & une abfurdité. Mais lorfque la rcuflitc
' de ce^ greffes eut fait revenir de leur préjugé ceux à
qui cette opération avoit femblé bizarre & ridicule , ils
n'héfiterçnt plus à la pratiquer. L'Auteur a eu la fatis-
fadion devoir une pjcrfonne * très-connue dans le Jar-
din^lge,. adopter Sç vanner ^a courbure des branches ,
-1. ■ , ; ■
. « Le Chevalier Çirardpt l'aîné, à Bagnolet.
comnie m moyen fur de faire fruéHfict les arbres en cf-
falicrs pratique qu'elle avoit tournée en ridicule avant
que d'en connoitre les effets merveilleux/
A regard de la faignéc des arbres, elle eft bcu-
icufement pratiquée à Montrcuil depuis plus de cin-
quante ans. On la trouve aufO propofée dans les
écrits du Chancelier Bacon, & dans les Actes Phi-
lofophîques a de la Société Roçrale de Londres.
Les fuccès qui couronnèrent les travaux de TAbbé
Roger, rendirent fon nom célèbre dans la capitale. Il
fut, durant une longue fuite d années , renfermé dans
un cercle d'amis & de connoiffances , & réfifta aux
loilicitarions des Grands empreffés de le cônnoître.
II céda enfin à leurs inftanccs , & ne fréquenta plus
que les perfonnes du premier rang , les Prélats & les
Princes même.
Ses talcns parvinrent bien tôt aux oreilles du Roi
qai lui fit à Choify en ij6z , l'accueil le plus
pcicux. Sa Majesté eut la bonté de le fuivre dans
fo jardins & de s'entretenir avec lui. Un logement,
& l'imprefiion de fon Ouvrage au Louvre lui furent
promis. L'Abbé enflé de ces diftinftions honorables
s'ûnagina que la Nature, de concert avec lui, feroit des
miracles en faveur d'un grand Roi, qui avoit a^réé
jcs fcrvices. Pour cette fois elle refufa de s'y prêter.
l'Envie & la Jaloufie le traverfcrent & le firent ex-
clure de Choify.
Notre Agriculteur vivoit d'un patrimoine modique
«l«c fcs pcre & merc lui avqient laifle. Son déhn-
^eflement lui fit toujours refufer les protcdlions des
Grands , dont il dirîgcoit les pJtagers , & les grâces
ju'oû lui auroit aifément accordées. Il fut confiant
«ans ces fentimens jufqu aux deux dernières années
^c *a vie. Des affaires de famille le forcèrent alors de
préfcnter au Roi & à M.rÉvêque d'Orléans des mémoi-
res pour demander une penfion fur quelque Bénéfice ,
* Pévricr i66^, Tome IV», page ji4.
vSj
moins comme une récompetife de Tes travaux tant dûM
TEglife que dans l'ÂgHculcure , que comme un moyen
de fe dévouer au Public, en formant des éièves pour
Îierpétuer fa méthode après lui. Il mourut fans voit
a réuflîtc de fcs demandes le 5 Avril 1768 , dans la
77*. année de fon âge. Une défaillance de nature fit
périr en trois jours ce Naturalifte eftimablc , dont le
nom doit ccre cher à tous les amateurs du Jardinage
&: de l'Agriculture. Uépitaphe qu'il s'eft faite m*a paru
lui convenir Ci parfaitement , que j'ai cru pouvoir la
placer ici.
Cy gît qui fit tout pour autrui
Et jamais rien pour lui,
L*Abbé Roger avoit beaucoup de littérature , & fai-
foit joliment des vers François , mais avec un peu trop
de facilité furtout dans le genre badin & plaifant ,
parfaitement analogue à fon caraélere. Sa franchifc
& fa vivacité rcndoient fa converfation amufante.
Un peu prévenu en faveur de fon mérite j il difpen-
foit volontiers les autres de le louer. Durefte, c'ctoic
' un fort honnête homme , rempli de fentimens de re-
ligion, généreux, charmé de rendre feryicc, & digne
d'avoir des amis.
"^Ûf^
4*
IX
PRÉFACE
DE V É D I T E U R.
I
if Kk rexpofc que nous venons de faire des ,
travaux & des recherches de M. TAbbé Roger
Schabol , on voit que cet Ouvrage n'eft poinc
la production d'un Auteur novice dans TArc
de cultiver les végétaux , quis'eft laiflc féduiré
par le fuccès douteux de quelques effais paffa-
gers. C'eft au èpntraire le fruit d une pratique
d'environ cinquante ans, durant lefquels on
s'eft fait un principe d'interroger la Nature ,
d'apprendre d'elle feule , & de la choifir en
tout pour giiide.
La -nouvelle Méthode que l'Abbé Roger
ptopofe de fubftituer à l'ancienne , eft , com-
me on l'a vu , moins â lui qu'à un Peuple en-
tier de Cultivateurs réunis dans plufieurs » Vil-
lages ^ qui, depuis plus d'un fiecle , êxcellenc
dans la culture des arbres fruitiers. D'après^
^ Montrcuil , Bagnolet , Vincetuies , Charonno^ &
autres Villages ndjacens*
X PRÉFACE.
CCS induftrieux Jardiniers , l'Auteur découvre
des fecrets que jufqu à nos jours ils fe font
rcfervés , & embraffe des routes nouvelles qui
conduifent à Tabondance. Ses principes & les
Statiques ont pout but de tirer des arbres plus
e profit qu'ils n'en donnent ordinairement ^
& de les faire durer beaucoup au-delà du
terme fatal où l'impéritie des Jardiniers a juf-
qu'ici borne le cours de leur vie , furrout de
celle du pccher,auquel ils attribuent une courte
durée dans nos climats. Nombre de fouches
de cet arbre exiftent à Montreuil y hôtes anti«
ques de fes Jardins > qu'aucun de ceux qui vi-
vent de nos jours n'a vu planter. On y trouve
F lus d'un pêcher de 40 , 5 o & ^o ans ^ dont
étendue eft auQi prodigieufe que les fruits
en font abondans.
L'Auteur apptend de plus à hâter le rems
auquel les arbres commencent à devenir fruc-
tueux. En l'abrégeant , il diminue la dc-
penfe & la difficulté du travail , en ce que fi
la méthode exige plus de foin , d'attention
& d'aflîduièé , on en eft bien dédommagé
pat l'utilité & le profit qui en réfultent. En-
fin il démontre les abus de diverfes opération$
jufqu'ici généralement reçues ; il détruit les
fauilës idées établies par la coutume , & qui
n ont que l'ufage pour principe j. il fait voir
les préjugés , les erreurs & les méprifes pal-
pables fur quantité de points les plus impor*
tans du Jardinage. Tels font les fondemens
de fon Ouvrage deftiné à faire prendre à cet
PRÉFACE. «
Art une nouvelle face i' en ctablîrfànt une
téfbrme univerfeïle dans ce qui concerne la
végétation confidcrée du côté de Tindurtrie
iiumaine. Il y aucoic de la part de fon Auteur
plus que de la témérité d'avoir tenté une fî
haute entreprife, s*il n'eût été autorifé pac
la longue expérience d'habiles Cultivateurs.
Je ne conçois pas qu'un ^ Moderne ait pu
avancer que la réuffite de leur méthode par-
tout ailleurs qu'à Montreuil, eft au moins
très - douteufe. Les ejfais , dit -il , faits dans,
plufiéurs jardins tant de Paris que des en--
virons par des Jardiniers de Montreuil même ,
n*ont pas répondu aux efpérances données par
eux j & connues par les Propriétaires , & prou^-
vent que cette taille ne doit point fortir du lieu
de fa naiffance , & que perfonne ne la tranf^
portera dans un terrein différent » fans préju^
dice de fes arbres & de fon utilité. Il faut que
cet Académicien n'ait jamais vu les jardins
de Madame la Princefle de Conty à Louve-
cienne j de M. l'Archevêque à Conflans;
de M. le Maréchal de Biron à Paris , de
M^ Millin , Secrétaire du Roi , au Perreux >
près Nogent- fur -Marne ; de M. le Mar--
r* 5 de Brunoy , à Brunoy ; de M, l'Abbé
Malherbe , à Livry ; & d'une infinité
d'autres qu'il feroit trop long de citer ici, dans
lefquels la taille de Montreuil eft fuivie avec
m fuccès qui ne laifle rien à defîcer.
^ Traité 4c« Arbres fmncrs«
Kij P R É F ACE,
Les Maîtres font ordinairemenc beaucoup
de dépenfes pour planter leurs jardins. Leur
bur eft d'avoir des arbre& bien formés , qui
pl^ifent aux yeux, & dont la fanté parfaite
ion le gage d'une longue durée. Ils défi-
rent également dQS fruits abondans & ex-
quis , mais ils ne font que trop fouvent la
vidime de l'impéritie de ceux qui pratiquent
le Jardinage. Quelle peut en être la caufe ,
finon la manière vicieufe de traiter les ar-
bres fans autre règle que la coutume & Tulk-
ge ? C'eft pour inftruire les Jardiniers par le
canal des Maîtres que cet ouvrage a été en-
trepris w Convaincus de la néceffité de chan-
{;er de méthode , ils guideront eux-mêmes
eurs ouvriers » en leur rendant raifon de tout,
& ils feront à portée de juger à Tinfpeélion
des ouvrages , de la façon dont ils auront été
faits.
On traite d'abord dans ce volume du Jar-
dinage en général , de fon origine , de fon
ctabliflemcnt & de (es progrès. En le confi-
dérant du côté de l'efprit & des myfteres
impénétrables de la Nature , nous fommes
convaincus que notre intelligence eft très-bor-
née , & forcés d'avouer qu'il eft impoffible
d'arriver à aucune découverte, avec le fecours
de notre feule imagination. Ces idées nous
conduifent à reconnoître la néçédité d'une
Phyfique inttrumentale Se expérimentale pour
être Jardinier. Elle n'eft dans la plupart qu'une
for(e d'inftinâ: machinal de la connoilfance
PRÉFACE. xuj
de Tanatomie des plantes , celle que celle de
Vanacomie humaine , requife dans les GhU
rurgiens de campagne pour les opérations les
fJus communes de leur an. On examine en-
ttite la profeflîon de Jardinier du côté de fes
fondions , en faifanc lexpofé de quelques-uns
de fes exercices les plus pénibles , & on re-
monte à l'origine des diverfes pratiques de
cet Ârc » donc on rapporte les principales.
Dans le Difcours lur Montreuil , rAuteur
prouve que le produit immenfe des terres
de ce Village eft moins TefFet de leur bonté
que de Tinduftrie de fes habitans. 11 dit com-
ment le goût de cultiver le pécher eft né i
Montreuil, & il a recueilli à ce fujet quel-
ques anecdotes curieufes.
Le Traité fuivant a pour objet le pécher 8c
les autres arbres confidérés dans Tenfance , la
jeunefle , lage formé & la vieillefTe» ce qui le
partage en quacre parties. Dans la première ^
il ne s'agit de rien moins que de leur créa-
tion y pour ainfî dire , dans la pépinière , afin
de leur former, un cempérament robufte*
Enfuite, pour perpétuer leur force & leur
£anté y il faut leur procurer une cerre conve-
naUe. On paflfe de- là à la plantation , & on
prefcrit ce qui doit êtte fait devant , pendant
& après.
La féconde partie concerne les treillages,
les différens abris du pêcher , la façon de le
former , les divers ordres de (es branches &
leur diftcibution proporcioanelle ^ d'où mvi
xîv PRÉFACE.
Icquilibre & une forte d'égalité entr'elles*
Elle renferme des maximes pour conduire lô
pêcher durant fes premières années , afin d*eii
tirer tous les avantages poflibles.
Le fujet de la troifieme partie eft le plus
intéreflant. La taille , le tems de la faire , la
manière de cor>vertir les gourmands en btan-
ches fruAueufes , &- divers expédierfs pour
former les arbres & les mettre à fruit , y
paflent fucceflîvement fous les yeux du Lec-
teur. L*ébourgeonnement & le paliflage ter—
minetu cette troifieme partie j l'Auteur en
donne les réglés , &c entre à leur égard dans
le plus grand détail , pour ne rien laiflTet à de*
firer fur ces deux objets eflentiels.
Dans la quatrième partie , qui a pour
objet le régime des arbres âgés ; l'Auteur
5'applîque à examiner leurs défauts de con-
formation extérieurs & apparens, & les in-
ternes , qui dépendent des organes ou int-
trumens de la végétation. 11 fait enfuite Tex-
pofé des maladies du pécher , & de celles
3ui lui font communes avec les autres arbres;
propofedes médicamens & des préfervatifs j
il emploie d^s moyens furs & éprouvés heu-
reufement par d'autres perfonnes ; il donne
des .armes pour les défendre contre le$ en*
nemis nombreux qui les attaquent. £n6n »
après s'être propofé la multiplication des
fruits , leur produârion , leur belle figure &
leur excellence j. il finit par prefcrire de$ pra-
ti^Jues pour les cueillit , les tranfporter 8c les
/ cgnfçrver
PRÉFACE.: xr'
conrerver , & par hite l'énumération des (U^ -
vecfes efpèces de pèches.
le but du Traité faivanc eft d'établir une
analogie entre les plaies des végétaux & celles
des animaux. Dans cec écrie qu'il ne faut pas
regatder comme une fpécalatioû (léiile , tour
eft relatif à la pratique. La prudence apprend
i fe défier de les idées. L'Abbé Roger fou-
rnit donc les (iennes au lugenrent de piufîeurs
Médecins & Chirurgiens célèbres , dont les
{ufFrages le flattèrent infiniment. M. Ao-
douillé y , Premier Chirurgien du Roi en fur*
vivance » parla de ce Traité à Sa Majbsté ,
à qai TAbbé eue 1 honneur de le préfenter.
S. M. , après l'avoir parcouru , ordonna qu'il
fût envoyé à l'Académie Royale de Chirur-
gie , qui nomma le fieur Bordenave pour
lai en faire le rapport. En conféquence » cette
Académie fit délivrer à l'Auteur , par M. Mo-
rand > un certificat honorable , que voici.
Extrait des Regiflres de tAcadémît Royale
de Chirurgie y du 19, Mai 176 ^.
f> M. Bordenave qui avoir été nommé Cora«
^niKTaire par TAcadémie , pour examiner
'> un Ouvrage de M. l'Abbé Koger Schabol,
» intitulé Suite de la taille des arbres , Traité
» des plaies des arbres» . • . • en ayant fait fon
«rapport , l'Académie a ju^c que fon Ou-
» vrage étoit rempli de connoiiTances relatives
»> à la pratique de la Chirurgie , & qui font
b
kvj: PRÉFACE,
ss^voir que là.fcieoce & la. pratique du Jar«
9> dinage ont beaucoup d analogie avec elle ,
» qu'il èft fonde fur une doctrine éclairée par
» Texpéri^ice , & queatoutil mérite d'être
9x accueilli* A Paris-, ce lo Mai 1763. Signé y
s> Morand ^ Secrétaire perpétuel.
Ce volume entièrement confacré à la Pra-
tique , renferme des Traités de TOrân-
gerie y des Choux Fleurs , • Cardons d'Efpa-
gne. Melons, Couches àChampignons , Frai-
fiers , & de la culture de la vigne, le tout
efl terminé par un projet def mol^plicacion
uuiverfelle des végétaux. Les Planches de ce
volume ont été , i l'exception de la der-
nière , tirées du Didiotinaire du Jardinage »
où elles étoient inutiles. On a été obligé de
les placer à la fin pour la commodité du
Lefteur.
Tel eft le plan que je me fuis propofé de
remplir dans cet Ouvrage , qui eut été im-
menfe ^ fi j'eufie (uivi ks vues de l'Auteur.
Son projet étoic , félon, l'annonce inférée
dans V Encyclopédie , tom. 17 , de donner fept .
volumes i«- 1 z , fur le Jardinage , y com-
pris un Diâionnaire des termes de cet Art, &
un catéchifme complet par demandes & par
réponfes. J*ai entcepcis de refondre entière^
ment les manufctits- nombreux de mon Ami ,
que je connoiflfois parfaitement « pour les avoir
lus plufieurs fois , & y avoir fait des remar*
ques. Par un travail aufll pénible quaifidu^
PRÉFACE. wj
]e fuis parvenu à donner à fon Ouvragé une
forme route différence , i le réduire au moins
à un quart , & à rafTembler une multitude
infinie de remarc^ues éparfes dans des Traités
où elles ne dévoient pas ctre. Je ne di/Iimu-
lerai point que j*ai toujours travaillé fur des
manufcrits extrêmement prolixes , remplis
de répétitions & de digreflions , peu analo*
gués au fujet , rédigés par demandes -Se par
réponfes , & écrits d'un ftyle dénué de cor-
xe<aion & d'élégance. Le fond de l'Ouvrage
très-bon en lui-même m'a fait furmoncer ces
difficultés ^ ic employer avec plaifir des ma*
rériaux dont j'ai defiré la propriété dés que
|e les ai connus.
Je ne donne > quanta préfent j que la par«
tie de IXDuvrage relative à la Pratique du
Jardinage* Si elle eft goûtée du Public , ki
Théorie fe fera peu attendre* On y traitera de
h cerre en général , de l'air , de l'anatomie des
arbres , des graines & de la fève , ce qui fera
la matière d'un fécond volume » du même for*
mat que celuiici*
bii
xvîi)
TABLE
DES CHAPITRES ET TITRES .
\^Hapitre Primier. Du Jardinage en général ^
Pag. i
Chap.il Du Jardinage confîdiré du côti dei'ejprit,
^4
Ckap. III. Du Jardinage confidéré du* côté de Vopé*
ration » 44
Chap. IV. Des diverfes pratiques, ufities dans U
Jardinage, jt
PÏSGOURS fur Montreuil ^ ^1
LE PÊCHER , & les autres arbres confidérés dans
leur premier âge.
PREMIERE PARTIE.
Chapitre I. Defcription du pêcher, fon gouverne-^
ment commun aux autres arbres , 116
Chap. II. De la greffe .du pêcher , lit
Chap. Ml, Des terres ^ propres au pêcher, & des
moyens de corriger celles qui ne lui conviennent
point , 1 17
Chap. IV. De la plantation des arbres fruitiers,
LE PÊCHER , & les autres arbres confidér^s dans
le (ccond âge , ou leur jeunefle.
TABLE DES CHAPITRES, kc. xît
«ECONiXE PARTIE.
Chapxtm I. Des Mriss î$4
Chaf. II- D<s tffalitrs & des expofitietU , i6f
CHap. III. Dt la fa(0n de former U pêcher & des
divers ordres de hranckes\ 17I
Chap. IV. Div^fes pouffes du pêcher ^ durant fes
premières annéis t "- ' i^l
Chap. V. De la diMbution proportionnelle des
branches^ i^^
LE PÊCHER , k les autres arbres coafidérés daot
leur âge iotmé.
TROISIÈME PARTIE-
Chap. I. De la taille , 11^
Chap. IL Suite de la taille » du tems de la faire »
& des Ifuiffons > ' xj^a
Chap. III. De la manierrde convertir Us gourmands
en branches ffuBueufes ^, \ ' ij^]
Chap ÏV. Divers expédiens pour former les. arbres
& leur faire rapporter du fruit , xy^
Chap. V. De l*ebourgeonnement\ 2^1
Chap. VL Du paliffage » joj
lE PÊCHER » de les autres arbres çoajid^i-és 4^
leur vieillèHe.
. QUATRIEME PARTIE.
Chap. L Des moyens de renouveller Us vieux pt*
chers , j 10
Chap. IL Des défauts natutds du. pêcher ^ }J4
Chap. III. Des maladies du pêcher qui lui font
communes- avec les autres arbres , f4f
Chap. IV. Des ennemis des arbres, 6? des remèdes
p9ur Us détruire « • fZ§
h iij
it •• TABLE DES CHAPITRES
Chai^, V. Desi ofilTéf immîs des axins , & du
pêcher en particulier ^ 4^f
Çhap. VL Des différentes éffices de piehes^ii^ .de
. ifi fafondt cueiUir l^s fruits & dt Ut c^fofuer ,
. ' TRAITÉ.
Des plaies des arttfis- -44^
T-fe À iVé: ^"^ ï^ '1 .. ~
De la culture des Orangers. 4^<'
^HÀP. ly De ta ferre 'des orangers s 4^^
Chap. 1}* De la terre propre aux' orangers ^ A^6
Chap* IIL Des, orangers de pépins & de leur grtffe <
Chap* IV. Dê^ orangers Proveapaux ou Génois > 6
rftf lei^r gouvernement ,. * .'* ** ' 4^4
Chap. V. Pi? l'eHcaife'méki & defni-encàijglimç'rtt des
orangers i .".,.*' ^9T
ChaP. VL De Varrofemnt dés orangers , ' ' $03
Châp. vil Dtt gouvernenieht des oranjg^S 'dans la
'ferrey ■ ' ''''■;^;]; "":*"' ' ' ■• ;'/ "j^^
ChXp. VIII. Des r^râfigeri 'fioVy de la ferre , isfde leur
" gouvernement au priniems'j . , ' 510
Chxp. IX. De réBourgeonhernent des oràngéri s 517
Chap. X J^es fleurs- & Jruits des orar^gers , 510
tlkïv.^'iX. Des maladies' des orangers"^ & de leur
cure , . J15
Chap. XU*,Dis ennemis des orangers,, £^ des moyens
de les en délivrer & de les en garantir , -' 551
Csap. XIII. Lifle des orangers que nous cultivons ,
53»
PES CHOUX FLEimS, 5T«
Disc ARDONS D'ESPAGNE , . i^f
tàS MELONS, , , . S7i
r"
ET TITRES. nj
m COUCHES A CHAMPIGNONS, 5»
DES FRAISIERS , S9Î
TRAITÉ
De la Culnirç de la Vigne*
Chapitré I* Du gouvernement de ta Vigne , €0%
Chap. il Du fond de terre , du climat , & de
l'expofition proprets à la Vigne. €ep
Chap. III. Ds la plantation de la Vigne » 61%
Chap. IV. Des pèrchéts , éx6
Chap. V. De la taille de la Vigne , €^x
Chap» VI. DeTébourgeomument de iaVigne , 6^4^
Chap. VIL De la fa$on d'attacher & d'ef cuiller la
^^^, ^51
Chap. vUL Du labour de ta Vigne , 660
DE LA MULTtfÛCATION DES VÉGÉTAUX ,
bW
APPROBATION.
J 'Ai lu par ordre de Monfeîgneur le Chan-
celier , un Manufcrit , imttnlé : la Pratiqae <tà
Jardinage^ par M.r À bbé Roger SckaboL Je croîs
^iie cet Ouvrage fera d'autant mieux reçu de?
Attiatctirs du Jardinage , qu'il eft du a. utiç
main habile, exercée, dans cet Art fi interef-
fautj qu'ileft le réfultat xîfi ies obïervations
& de fa pratique heureufo jScconféquente au*
ulages fuivis par les Jardiniers de Montreuil j^
je- crois donc cet Ouvrage , digne à tous ces
titres, dêtre imprimé. Ce 30 Janvier 177©^
GUETTARD.
PRIVILÈGE DU ROI.
LOUIS , par la grâce de Dieu,; Roi de France
& de Navarre : A nos amés &L féaux CQpfeiilers ,
les Gens tenans nos Cours de Parkment , Maîtres des
Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand Confeil ,
Prévôt de Paris , Baillifs , Sénécliaux , leurs Lieutc-
nans Civils Se autres , nos Jufticiers qu*il appar-
tiendra. Salut : Notre amé Guillaumb-Nicoi-as
Desprez , Libraire-Imprimeur , nous a fait expofcr
2u'il deûreroit faire imprimer Se donner au Public :
iU Théorie & la Pratique du Jardinage par principes
d'après la Phyfique des végétaux , ou le Jardinage
& l* Agriculture démontres , précédé d'un DiHion-
liéùfi fur le Jardinage , par M. lAhBi Roger Schaiot ,
«*il Nous plaifoît lui accorder nos Lettres dt Privilège
peut ce néccfTaires. A ces causes , voulant favora-
blement traiter TExpofant , Nous lui avons pctmis
* permettons par ces Préfentes , de faire imprimct
ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera,
& de le vendre , faire vendre & débiter par-tout notre
Royaume pendant le. tems de dix années confécutî-
vcs , à compter du jour de la daèiç des Préfentesi,
Faisons défenfes à tous Imprîhicurs, Libraires, fie
attires pcrfomies ï de quelque qualité & conditîoà
qu'elles foient , d*en introduire d'imprefEon étran*
gère dans aucun lieu de notre obciflancc. A la
CHARGE que ces- Préfente$ feront enregiftrécs tout au
long fur le Regffttc de la Communauté des Impri-
meurs & Libraires de Paris , dans trois mois de la
date é'icellcs : Que l'impreflion dudit Ouvrage fera
fsiitc dans notre Royaume &.non ailleurs, en Bon
papier & beaux ^tirâdèf es : Qtie'flmpétrant fc con-
formera en tout aux Réglcmens de la Librairie, &
notamment à celui du io Avril ijx's » à peine dé
déchéance du préfent Privilège : Qu'avant de rcx-
^fcr «i vente , le ManofcritT qui aura Ctrvï dc^ copie
afimprelTion dtidit Ouvrage, fera remis dans lemêjàie
^tat où TApptobàcion y aura été donnée , es mains
de notre très-cher & féal Chevalier , Chancelier de
ftancc , le' Sieur i>e Lamoignon , & qu'il en fct^
«ûûiitc Kfnnh deux Exemplaires dans nptre Bibliotbè^-
quc publique , .un dans celle de notre Château dtt
Louvre , un dans celle de notredit fieur de Lamoi-
.OKON, & un dans celle de notre très-^îJier & féal
Chevalier, Vicc-Chàncelier & Garde des Sceaux de
^tancc, le Sicnr.t>E Maupeou : le tout à peine
de nullité des Pcéfentes. Du contenu defquelles
Vous Mandons & enjoignons de faire jouir ledit Ex-
pofant & fes ayans-cauTes , pleinement & paifible-
*ﻫit, fins foiiffrir qu'il Iciu: foit fait aucun trouble
ou empêchement. Voulons qu*à la Copie des Pré-
feôtes» qui âria imprimée tout an long « lu eûm*''
inencement ou à la fin dudic Ouvrage, foi foie ajourer
comme à rQjdiginal Commandons au premier noue
Huidler ou Sergem fur ce requis ^ cte faire pour i«zé«
xution dlceiies, tous Adbes requis âçnéceflaireSy fanç
demander autre Permifllon , & iionobftant Clameur
de Haro , Cliarte Normande , & Lettre^ à ce contrai-r
tes; Car tel eft notre plaifir. Donns à Paris le
trente -unième Jour dju. mois d*Aottt , Tan de grâce
mil fept cent foixante-iept^ & de notre Règne le
cinquante-deuxième* Par le Roi en Ton Confeil. Signé
Xebegue..
; Regiflré fur lé R^iftre XVlt de ta Cham&ré
Êjoyaie & Syndicale des Libraires, & Imprinieurs dé
Varis i n^ io§i,foL 171, conforminutU au Regle-^
ment de lyxy^ A Paris ce $ Septembre 17^7.
Ni M. TILLIARD, KàpuiU
J E tbuOSgnJ » tetonnois iiYoîr c^ âc taoiffoné \
M. dDebure père , mes droits & Privilège que k Roi
^'a accorde pour FimpreiCon du livre mtitulé Dic^
tionnairt & Pratique du. Jardinage , fait & compofé
par feu M. TÂbbé Roger Schabol , potu: en jouir es
-dioii lieu &: pèace, comme cbofe à loi appartenance*
fait à Paris se %9 Novembre 17^9. 0£SPR£;z.
Ri^flri ta pr^eatt €efian fur le Régiftre XFIIL
de ia Chambre Royale & Syndicale des Libraires &
Imprimeurs de Paris ^ f^ îOc>. conformknent aux an-^
ùens Ri^iemens ^ confirmés par celui du x% Février
17x3. A Paris s « 4* Décembre 176^.
BRIAS50N, Syndii.
ERRATA.
^Act lî, ligne 8 , Maraifchcr, ///ir MatâgcU
14 14 , MaraifchirsliC Maragers.
30 ï5> à tout le nombre 5 lifei i
tout le monde.
5^ 5a,,nepouvoinet^///.nepoutoicnt^
■ ": ' ' "^ • ' de mufcats.
î I j: 4 J , çwiwTpicïit^ /i/; pio^ïii^-
ïjj «7 » que je niétine, lif que je
• "^' ibiile. ' ' '
ïiô 17 & î8, «c ne la j«i*«ttç^iinefr,
ejftfcer ces mots. *
ï«8 . 31 , Maraifchcrs , /î/: Maragets.
170 Ji, brache , /i/. branche.
Ï77 5 > première , ///^ premier*
195 II , le autres , lif les autres.
ai8 18 , Planche VIL , ///: XVL
a 17 x8 , à récorcc ou d'une branche »
lif. ou à récorcc d*unc
branche.
$ X 8 i5 , je le Fincline , lif- je Tinclinc»
Ibid ^6 , blanche > /i/ branche.
41 j 13, Pojct , lif Tobjet.
474 ii, écortées, ///. ccourtées.
47^ 17 » cotravaféc » ///I cxtravaftc.
ï
Uabondance des tnatieres qui compofenc
ce Volume a obligé de le divifer en deux
Partiels^ pour le re^àdrcf plus commode Se
plun pbrcatif.
LA PRATIQUE j
LA PRATIQUE
DXJ JARDINAGE.
CHAPITRE PREMIER.
Du Jardinage en général.
I'Art dtt Jardinage, portion la
plus noble de l'Agricttlcare » fe
Dorne à cultiver <£ins un efpace
particulier de terre , les arores
fruitiers, les plantes potagères
& ufuelles , les arbres de nmple ornement ,
les fleurs & les plantes curieufes. Il fe pro**
pofe moins le plaiiîr d'avoir un ter rein fourni
de légumes & de fleurs , bien plant^ & orné
de duantitc d arbres chargés de toute efj^èce
de fruits , que Tutilité qui naît du travail ^
de rinduftrie à les faire frmîtiâer.
A
z La i^Râ.ir»Qv.B
Le 5à^tiage tçim» twtts les opérarianir
de rAgrU^tqrt } ti^^is <i^s des vues lûen
f)lus reft^ces. Le Ja^rdinier a,B!>bitt©anir plus
a JQuiâànçè d'un terrain boii » hieti drelfé »
favorâbtemetit expofé 3^ & fQurni de tout ca
qiion p^ut deiirec en chaq^ue faifon , que la
poïïê0îoQ d'un efpace de terre immenfe : il
fuit en cela le confeil d*un Pocte.
Lattdaêo iag$tuut rura »
Exlguum colito.
' Il y a cette différence entre le Jardinier &
5c le Laboureur ^ que celui-ci n*a pour but
que t abondance , & qui! ne cultive la terre
que pQuç le feul ptont , £ms fe ipettre en
peine d orner & d*embellirfon ouvrage. Son
travail , quoique d'une plus grande importance
pour lebîende U Sociétp , eit néantnoins fort
borné. L'art & Tindullrie y ont moins de part
qu'une teft^àe routine &Vufage dès Ueux.Se$
terpei^ une fei| enfenaeikîées ceft^çnt dans la fir
tuation^ il ies a m\ÎQ9 , fans requérir de f^
part que ^^e légères attentions, & ton ouvrage
bien ou isaû fait ne peut être réformé. Tou-
jouts il travaille au hafard , & le fuccès eft
moins le fruit de fes peines que l'eâfec des
faifons & du tems. Le Jardinier au con-
traire» outre l'utilicc & cette abondance qu'il
fe propofe de tirer des différentes façons qu'il
donne à la terre , obferve de plus l'ordre ^
lafymétrie, une méthode réglée & taifon/-
DU Jardikage. ^
ùèà 3t ain0 que U propreei. 11 cbnfuUe le
pUifir des yeux y fes ibins & fa vigilance iti*
Aaenc dU moins autaot fàr lé fuccès de fes
eacreprifes que la Nature & la difpoficion du
cems. 11 fe rend maftre juiqu'à un certain
point des faifons » par les divers moyens que
lui fuggere Tinduttrie» &toajouri8 en garde
ciMitre 1 intempérance de l'ait , il brave pour
ainfi dire' les orages ^ il les prévoit 6c pare
leur n^alisne fureur. Au milieu des ftériles
hivers il uit briller les charmes du printems »
& goûtet les délices des fruits 6c des légu«
mes de TautomneiT
Le Jardinier cHfFere du Vigneron , en ce
que celui-ci » lorfcpi'il plante , taiUe 8c ébour*
Î^eonne y n'envif^qu'ime ample pécdke -, au-
ien que oelui^'U ^ s^ culàve la v^ne daiis
ks jardins y c'eft unixjuement dans^ fimen*
tien de lui faÛBe ptodpite une certailKe quart*
tiré de raifin , dooic tes gsains gros êç caf-*
fans ^ faunes 6c dorés , viennent aabotd ^of--
frir â la vue^ puis flatcer agréablement le
goût. U a grand foin'^ ce colons iimdfe
& délicat 9 que la Nature- d'u^e main lé-
gère y a placé > comme avec un pkiceuû»
ne foit aucunement terni» On ne voitpoiAr
les pampres de fes vignes groffiàremenr raf-
fembléeSf préfenter des grouppes informes
de feuillages , ou ramper , ou pancher^égU^
gemment vers la terre. On les conïidere au
contraire relevés avec art ^ & leurs pampres
allongés y attachés régulièrement fur la mtt^
Ai)
4 La l?KAr^iqvt
raille & chargés de grappes agréablement dif« .
perfées.
Si le Jardinier plante des pleins bois ou d^s
arbres de haute futaie , c*eft pour procurer ait
ombrage , 8c former de riantes promeBades.
Les arbres fruitiers en plein venr» & les
vergers , il les difpofe en quinconces > donc
les allées, aufli variées que les faces , par-
tagent en tourfens , coupent & varient agréa*
blementleterrein. S'tlfeme des graines, c*eft
en obfervant les formes de carres , de plan-
ches , de rigoles , en bordures & toujours avec
fymécrie. En un mot , il met tout en œuvre
pour réunir rurile'avec l'agréable dans les
diverfes opérations de fonarr. . -
Âinfi , le Jardinier enchérit fur tous les
Ouvriers qui tcavaillèm à la terre , 8c qui
donnent plus à la Nature qu à rinduArie. Il
réfléchit iur tout ce qu'il fait , il imagine j
il invente , ôc ûit (e retourner en tant de
façons différentes ^qu'ils n'entreprend rien qui
ne ibit dirigé fuivantiunè méthode toujours
fotttenue, & relativement à des règles & des
.principes. Il n'eft. rien. par i-conféquenc dont
,il ne d^ive rendre raifon^ Il eft tout à la fois
. le feerétaire de la Nature , le /Icpoiîraire fi-
. dele deT: fes fecrecs & de (es oracles , l'éco-
nome & le difpenfaceur de fes rréfors ,
fon condu&eur & fon guide. Toujours en-
tr'elle 8c lai règne un heureux concert. Coin-
(; me la Nacuré le plaît à fe concilier avec Kii ;
jamais il n'entreprend rien fans la confulte;:, |
X)u Jardinage. |
(ans rînterrogér , fans en être avoué. Ceft
d'elle qu'il attend le fuccès de fes entrepri-^
fes ; de même qae de Ton coté y elle veut
bien fe montrer docile à fes intentions. Sans
la coopération de la Nature , \ tout i'Ârc ima-
ginable échoue , & fans le fecours de TArt ;
la Nature brute & grofliere n'offre plus dans
nos jardins qu'un ipedacle hideux. Si dans
fes prodnâions libres elle nous plaît , (i les
pés y les bois touffus y les fombres vallons y
ses montagnes efcarpées j les lieux les plus
délaides ont pour nous quelqu'attrait , ce n'eft
qu'asuant que la Nature s'y joue en variant i
l'ioâni fes ouvrages. Par î^tout l'œil y ren-
contre des objets qui font une agréable di-
,verfîon , & un contrafte charmant avec la
pompe éclatante de nos jardins* Telle une
Beauté négligée nous ravit par fa môdefte
(implicite y & obtient la préférence fur celle
qae relève Téclat de ta parure & des or«
oemens.
Je compare le Jardinier , par rapport aux
{^ém>menes de la Nature , à nos Aftrono--
mes appliqués à étudier les mouvemens des
aftres & les moindres événemens qui furvien^
nent dans l'hémifphere pour les recueillir »
les fuivre & les approfondir. Le Jardinier
non moins exad» ne laiffe rien échapper de
nouveau , de iinguHer &c d'extraordmaire.
Mais il y a cetîce différence eniçre celui qui
obferve les phénomènes de la région fup4^
A iij
f ieûre dH airs • & le Jardinier qui cohtem*
pie la Nature dans le fanâoaire obicar dvL
lein de la cetre , ou dans le mécanifme des
plantes , que le premier n'a fouvent pour mo^
tif qu'usé ample curiôtité très - louable en
elle-même y au - lieu que les obfervations du
fécond tendent toujours à l'utile & à la pra-
tique.
L'Agriculture naiffânte réunifloit les di«
verfes fondions Se les travaux champêtres.
Tous les hommes vaquoient indiftinâement
au labour des terres y à la culture des ar-
bres , des vignes , des plantes potagères , &
même des fleurs. Ce ne fut que long -rems
après que naquirent les profeflions de La-
boureurs proprement dits y de Jardiniers par-
ticuliers , de Vignerons, & des autres. Cette
diftinâion n eft marquée dans aucun endroit
de nos Ecritures.
J apperçois bien la différence dçs terres
de (impie labour davec les Jardins , celle
des fruitiers d'avec les potagers * , kortum
olerum. J'y trouve les enclos « les plants d'ar-
bres , les vignes , les pâturages , les bef-
tiaux \ mais il ne paroît point que les fonc-
tions en fuiTetit attribuées à de$ particuliers
plutôt qu'à d'autres. Il faut en excepter les
bcftiaux qui furent dévolus i certaines per*
* Nomb. Chap. ^4. y. 6, Dcut. ii , 10-, Lit.
l%lit% Rois lo. X y Eccli. 1 , 4. Ifa. tf x , x x , '&c.
9V Jardinags. 7
foimes 9 parce que le foin de ces ani-
vaaxLX les occupoic toac entières. Il n'eft
qa an feul endroit où il foit fait^nention d'un
Jardinier pris dans un fens particulier ;
favoir , au chapitre 20 de Saine Jean , v. 15,
où il eft dit , en parlant de la ^Madeleine ,
exijiimans quod hortulanus effet.
Dans le très-élcgant ouvrage des Gcorgi-
ques , qui renferme de grands détails de la
vie champêtre & de T Agriculture , nous n ap-
percevons point non - plus cette diftinâion.
Le Pocte y attribue aux mêmes Ouvriers les
labottts 6c iemehces > la culture de toutes for-
tes d'arbres fruitiers , les pépinrenes , les vi-
gnes y les bois y fes pues £c les herbages : fous
le nom de Laboâreur ^ Agrkola » Colonus , il
comprend cea« qui vaqusd^iectf ^ quelque fonc-
tion qaë ce pût ètre^ relativement à TAgricul-
ture. Il faut dowc rerrronret au principe, &
examinet commet fe ^ant établies les diffé-
rentes fortes d'Oavtiers qui travaillent à la
terre.
Il en «ft de rétabliifetnent du Jardinage &
des fubdivifions de <>etce profeflîon , comme
de l'Agriculcure elle-même , dont il eft un
démembrement. Deux fortes de Laboureurs
exploiroient les terres \ les uns prenoient foin
enx-mèmes de leurs propres fonds , «comme
les Fabius j les Càtcn > les Cincirmairus , &
tels font parmi noUs beaucoup de Gentils-
hommes dans lès ProviïKes j & les Partijcu-
liers qui font valoir des ifon^acquis en vertu
Aiv
s La Pratiqué
de quelque privilège que ce foit. Les autres
culrivoient ceux ci autrui , à titre de bail à
ferme, ou de loyer en argent. Tous exer-
çoient l'exploitation des terres & les divers
travaux décrits , tant dans les Géorgiques que
dans les ouvrages des Anciens fur l'Agri-
culture. Le tour étoit tellement dépendanc
Tun de l'autre que , Ciceron { de off. ) fai-
fant le détail des occupations champêtres >
réunit dans l'Agriculture les diver(es fonc-
tions de cet Arr. Il dit , entr'autres , en par-
lant de la taille des atbres & des greflFes : Nec
conjitioncs modh dcUclant , fed ctiam mfitîo"
ncs quitus nihil invertit Agricuttura fatenius.
Les greffes » cornue on le verra , étoient du
reflbrt de l'Agriculture en général.
Quant à l'eppque & à l'établi (IJement des
pratiques qui en ont été diftraites , &: qui
ont fait par la fuite des profeffions diftinâes
& féparees , nous n avons rien qui puiflTe nous
fixer ; nous ne pouvons parler que d'après des
conjeftures fondées fur le fait même. Voici
de quelle manière je conçois que cette fépa-
ration a pu avoir li eu , en fuivant la Quinrinye
qui a effleuré ce fujet.
Les fondions de l'Agriculture étant fi mul-
tipliées , fi diverfes & fi étendues , il n'étoit
pas poflîble que les mêmes perfonoes réunif-
ient en elles tous les talens propres à autant
de parties fi diflèmblables , & que les ouvriers
de campagne jpufient y vaquer. Chacun fe
décida donc (uivant fon goùc ic fes talens.
BU Jarpimagb. f
Le labour pt opremenr dit ^ Se roat ce <fn en
eft une fuite néceflaire , fur h pactagc de ceux
qaon nomma Laboureurs^ Se tel qu'il eft niainr
tenant alTez univerfellement ctabli parmi les
diverfes Nations policées.
Quoique les bertiaux fuflènt de fon reflôrt,
je lis néanmoins foit dans TEcrirure /ainte »
loic dans les ouvrages faits fur TAgricuIture ,
qu'il y eut toujours des gens que nos Anciens
nomment Pâtres , Pajloureaux ou Pajleurs de
troupeaux. Ils étoient tellement dévoués à les
nourrir, les conduire» les garder, les paor
fer 3 en élever de jeunes , les tondre » &
en faire trafic, qu'ils s'y confacroient privar
tivementà toute autre occupation. Cette pro-
fe/Con réparée du labourage fut, durant plor
iieurs fiécles , le partage des Patriarches. Oa
voit dans Homère , des Rois & des Princes
travaillant de leurs mains , fe nourriflànt
des fruits de leurs terres , & du produit de
Isurs troupeaux. Çaron pcéféroit à tout les
avantages du labour des champs, la nourriture
des beftiaux, & le produit qui eu rcfulte.
On fit encore diftradtion des vignes , donc
la culture forma dans la fuite une profeffion
aufli coofidérable quetendue. Du tems de
Cicéron , de Virgile & d'Horace , elle dc-
pendoit encore du labour des terres. Mais
je ne vois nulle part, comment elle en fut
féparée.
L'exploitation des bois fut de même un
démembrement de TAgriculture. Des Particq-
fo La Pratique
tiers s^adonnèrent à la plantation , â la fe<-
inence, à la culture , au débit des bois , foit
pour les batimens , foit pour la copftrudion
des vai(!eaux , le commerce de mer , & les
autres ouvrages auxquels ils peuvent être pro-
pres. Alors , ils les fendoient , les coupoient
de longueur , & les difpofoient à erre em-
ployés par les divers Artifans auxquels cha-
que forte de bois convenoit. Il ne faut pour
toutes ces opérations qu'une légère teinture
de TAgriculture. Des hommes robuftes , fans
doute, & afTez dépourvus de talens, fe bor-
nèrent à ces octupations groffieres & pé-
nibles.
Enfin , le Jardinage fut totalement féparé
du corps de l'Agriculture , Se devint aufli
étendu , tant pour la multiplicité de fes fonc-
tions que pour leur importance ; je ne penfe
pas que le Jardinage chez les Anciens fût auffi
chargé d'occupations différentes & détaillées,
. - qu'il l'eft à préfent. Ils avoient bien la prati-
-tj^*<,jXtv que de'^aillôr les arbres , dont nous iifons
'•^ les principes dans Caton & ailleurs ; maîs^
ils ne connoiflbient ni efpaliers , ni contre-
efpaliers , ni l'Art des divers compartimens ,
ni. celui de varier les parties d'un jardin.
On ne peut difconvenir que dans les tems
les plus reculés 3 il n'y eût des Jardins très-
artiftement dreflïs. On en trouve des exem-
ples & dans nos Ecritures Se dans les auteurs
profanes* Les jardins de Sémiramis fuirent une
des fept merveilles du Monde» Qui ne fait
Di; Jardinage. tt
i'hiftoîre de Dédale , auteur du fameux
labyrinthe , où lui-même fut enfermé fuivanc
la fable ?
Tous ces démembremens fucceilîfs arrivés
dans TAgriculture , ont eu lieu par la fuite
dans le Jardinage. Un Jardinier dans Torigine
étoit Fruitier , Fleurifte , Pépinièrifte , Bota-
nifte & Maraifcher. Ceux qui fe fentirent du
goût pour les arbres fruitiers , portèrent de
ce côté là leur induftrie , Se formèrent des
enclos. Sans doute qu'ils les entourèrent de
haies fèches ou vives , de larges foflcs , &
ènfaite de murs de terre , comme ceux de
nos maraifchers autour de Paris , & peut-être
auffi de murailles en forme. Ces Jardiniers
({ne j'appelle fruitiers j cultivoi)snt auffi des
légumes y ce que nous nommons graines ou
^cnailUs » & d'autres herbages ; les fruits
n étant pas fuffifans pour occuper une feule
pe^fonne dans les dinérens tems de Tannée.
Qu'on ne s'imagine point qu'en conftrui-
fane des murailles on fe fôit apperçu' des
avantages qui en pouvoient réfulter, & qu'on
y ait plante des arbres fruitiers » pour en
avoir des productions belles & prématurées.
Il faut faire à ce fujet quelques obfervations
importantes.
D'abord, on n'auroit pu profiter de ces
murailles , & y placer des arbres fuivant no«
Ire ufage , que dans des climats tempérés
ou dans des pays froids ; car dans les pays
thauds les arbres auroient brûlé. De plus ,
1
les anciens jardins écoienc fermés de mars;
fort bas eh dedans , & très -élevés en de-
hors ^ parce qu'ils ne fcrvoienc qu'à foute-
ijir la poulTée des terres. Les Châteaux flan-
qués de tours 6c de baftions croient deftincs
à fe mettre à couverr des incurfions des Peu-
ples barbares , & des attaques des voiGns.
avec lefquels on étoit continuellement en
guerre , & Ton s'occupoit moins des ornemens
des murs que de leur folidité. Lorfque ces
raifons cèrferent , on ne penfa point à pro-
fiter des avantages réfultans de leurs expo-
fitions favorables ; les yeux étant accoutumés
a les voir dénués de verdure.
Les jardins fruitiers étoient ou joints aux
triai fons ou en écoient féparés* Il n'a jamais
été trop poflîble que des Particuliers dans
l'enceînre des Villes , enflent de grands jar-
dins 9 des vergers ou des parcs. Il âllut donc
chercher au - dehors des lieux commodes ,
pour y former des habirations riantes & des
jardins fpacieux. Ceux qui n'en eurent point
les facultés > ou que leurs affaires rappelloienc
incelfammenr à fa Ville , pratiquèrent dans
leurs remparts des jardins , où ils firent conf-
truire de petits réduits ; on en voit quantité
dans beaucoup de Villes de Provinces , cjui
ne font point Villes frontières. La dcpoârion
de leurs plus anciens Habitans fait foi » que
de tems. immémorial il y eut dans ces en^
droits de ces fortes de jardins privés & ifo-.
lés ^ où l'on cultivoit des arbres fruitiers
hv JardikAôe. ï]f
foat Tufage de la maifoh. Telle eft\ à ce que
)e crois , une des premières origines des Jar«
dins en général.
On voulue bientôt y pratiquer des pro-
menades agréables , & s'y procurer on ont-
bràge frais. On travailla de génie , l'émula-
tion fir des curieux. L'art Se les règles mul-
âplièreric beaucoup les ouvrages , 6c pari-
conféquent les Ouvriers, qui y confacrèrent
leur tems & leuts ralens*.
Je penfe que Us vergers eurent d*abord la
préférence i les arbres qu'on y planta furent
apportés des bois dans les enclos, il eft 'i
préfomer que par la fuite on deftina des can-
tons particùliers^ur les y élever. On forma
ùoïs doule des planta provenarir de pépins ,
de noyaux 3 de boutures., & Ton coucha ceux
dont l'expérience fit connoîcre la faciliré :à
prendre racine y tels que la vi^n0^ le figuier
& le mûrier. On greffa ces arbres tranfplan-
tés dans leis fardins, fur les fruits qui fem-
blèrent les meilleurs. Divers efpaces de terre
furent confacrés à des pépinières. Des Jar-
diniers en firent commerce , & telle eft Pori-
gine de ceux que nous nommons Pépïnièrijle^.
Le plus grand nombre des légumes Se d^s
herbes potagères , eft originaire des bas prés ,
àts fonds & des terres graflesou fortes. Ce
fentimeiit eft fondé fut ce que les îégurhes qiii
font maintenant dans nos jardins , fe trou-
vent encore épars aujourd'hui dans ces lieux.
. {«ec différentes contrées "fe font réciprogtt^-
14 La Pratiqvi
ment communiqué les divers légumes xpiA
croiflbienc chez elles. Il n*y a pas plus de qua-
rante ans que les laitues de Siléde Se de Ba<-
tavia ont été apportées dans nos climats »
ainfî que la chicorée d*Efpagne & celle dlta^r
lie > qui ne font connues que récemment parmi
nous. Préfque tous nos légumes confervenr
encore les noms des lieux qui furent leur
patrie , tels que les cardons d'Efpagne , les
choux de Milan , la civette d'Angleterre
& autres. Des Particulier^ deHechèrent des
marais , $c défrichèrent des terreins bas
& enfoncés j doù leur eft venu le nom
de Mataifchers. Ils préférèrent cq% lieux non*
feulement i caufe de rhumidité du fol ,
mais encore parce que les puits font plus pro-
ches de la fuperficie dje la terre , & que fc
tranfport des fumiers, y eft plus facile. Ces
jardins font au/Ii ancieù^ que les vergers*
Lorfqu Achab , Roi d*Ifraël , demanda a
^Naboth fa vigne ^ l'Ecriture dit q^e ce fut
pour en faire un pottigçr , ut faciam mi/u
horaim oUrupi. Reg. L. III. xi. %.
Les Jardins fleuriftes & les parterre^ font
d'une date bien plus récente. Les premiers
hommes, tels que nous les dépeignent les
£critur,esj Se d après elles la faole^ Tanti-
Suite 9 ne s'amufèrent point â la* culture des
eurs. Pourvoir à leur 'nécedàire , fit tout
leur objet. L eppque de rétablifTement de
ces jardins n*eft point connue. Je les trouve
dans les Auteurs & dans Cicéron ( de ScnU\ )
confondus encore avec le labour, lesmoiC-,
fous y les yignes , les beftiaux , les abeilles ^
lotfqae ce dernier décric les plaifirs champè*.
ttts ytum florum omnium varictate.
L origine de la culture des âeurs fe per<l(
dans les cems éloignés, files furent paràca-^
lièremenc employées au culte de religion dan^
les folennicés & dans les fêtes publiques* Do
tout cems elles fer virent à la parure dei
perfonnes du fexe. Il eft croyable qu on Iss
cultivoic çonjointemônc avec les arbres frui--
tiers y ôc que dans les pays chauds où celles
que nous élevons fur couches viennent natu<^
rcUemenc >.on alloit les chercher dans les
prairies & dans les bois. L'exemple des lys
qui croiiTent d'eux-qièmes dans les cha^nips ,
peut être cité qn preuve de ce que j avance*
La Nature qui le plaît dans la diverfitc^ for-
ma les fleurs » & les plaça non dans les en^
droits oii ia terre e(t la meilleure , mais dans
les lieux les plus délai0es, comme pour leur
fervir de parure* Les premiers âeuriftes les
découvrirent le long des ruiflèaux , dans les
forêts fombres , & dans les friches. La na4
ture du terrein qui les produiiit régla leur
culture. La faifqn propre à les femer i-c ^
les élever , fut enfuite étudiée , & leur foiz^
devitit une profeflion fort étendue.
Ce fut alors qu on vit la terre des jardjins
fuperbement ornée en chaque faifon par un
auemblage fymétrifé de fleurs de différentes
nuances^ Elles furprirent d'autant plus , que les
té La Pràtiqut!
premières payèrent dé leurs peines avec ufure
ceux qai les élevèrent ; & qu'elles acquirent
ce coloris brill^uit Se ce volume donc elles
font privées 9 fans le fe cours de TÂrt. Leur
culture devint une forte de padîon » comme
toutes les chofes de la vie dont le plaifir eft
Tobjet. Les Fleuriftes voulurent avoir des
fleurs étrangères j ils en firent venir de tous
les endroits de TUniver^ y 8c les cultivèrent i
grands frais. Encouragés par d'heuceufes cen«
ratives > ils fe livrèrent à cette feule partie du
Jardinage.
Je penfe encore que la fcience de la Bo-
tanique fut anciennement fort bornée , & que
les jardins de plantes curieufes n'ont été for^
mes que très - tard« Ils étoient fans doute
fournis des plantes ufuelles » mais éparfe;^
de tous cotés. On alloit chercher les médi*
cinales , les potagères & les fleurs , pour les
placer pèle - mêle, ou dans un canton fé-*
paré du jardin. Mais on ne pouvoir les avoir
ni en aum grande quantité, ni dans toutes
les faifons. En voici là raifon. On ne con**
noifibit point les couches chaudes , les clo^
ches , lès cbaflis , les ferres , les éruves avec
des poêles > inventions récentes , fiUes de la
délicateiTe Se de la volupté. Elles otit forcée
la Nature à donner prématurément 6c contre
fon gré des fruits dont elle ne nous fait jouir
que beaucoup plus tard.
Dans les premiers 'tems , on fe contenr
toit des plantes ou nées fur les lieux > ou qui
pouvoient
]
pu JaRI) XMA G s. hf
potsvoient y croître naturellement. Les gràfTes
Se exotiques » ainfi nommées , parce qu'elles
viennent des pays étrangers , & qu'elles de-*
mandent un rédme particulier «. ne furent re*
cherchées que les dernières. Leur culture eft
différente. Accoutumées à refpirer dans d au-
tres climats un air entièrement oppoTc à ce-»
lui de nos régions j elles ne doivent , parmi
fKiQs , leur confervationqu'à des foins infi-
nis* Nos Jardiniers ordinaires font peu pro<*
près à içs gouverner j il faut des connoif-
fances particulières & line étude toute diffc«
tente pour entendre la pratique de cette fub-
<itvi/îon du Jardinage » qui en forme une clailè
ftparée«
'? ii: l'égard des jardias de propreté & de fim*
frfè ornement où TArt^femble vouloir affer-
vitales beautés de la Nature } je les crois fort an«
cd^ns; Les Hiftotiens Se ies Poètes des tcms h%
pins reculés» nous les repréfentent très- ornés ^
âh décorés. de figures, dobélifquesjde vafes
l^écieux j de perfpeâives , de cafcades natu*
relies ou artincielles » de canaux» de J^ts-
d'eau & de portiques. Tout ce qui eft du
reflbrt des Beaux*Art$ , fe redèntoit afluré^
ment de leur enfance. Les Princes , pour dé-
voyée leur magnificence, & les riches Par*
ticttliers, pour faire éclater leur fomptupfité»
plantèrent' dans tons les tems des jacdins
uniquement confacrés au plaifir des yeux , 6ç
. à Tagrément de la promenade. Les Uomnpi.es
illuftreSy que leurs ouvrages en ce genre im«
t8 La PflLâiTiQtT je «
moctatifeat , ne liûivsnt point ittf compris
d&nsla olaâe 4es^ Jarctimen } leurs talens pour
le ieflin 8c la diftrîbucion des jardios , les
raiagftot dans celle -des AixJiiteâes»
Aptes avoir parlé de rétabliilèment da Jar-
dinage, & de tes divers Ouvriers >. il eftoacu-
r«l de dirie un mot dès outils conous^ de nos
petes y Se de ceux emplojFés de nos ]oùrs.
Les inftrumens du J ardifiage ont éié ou em-
pruntés d:e l'Agriculture &dfU labour des ter-
res , on trouvés pai? fucçeâion de tems, comme
ceux des autres Arts^ Je compare eiicoce ici les
premiers Hommes, quant à Ntabliifement de
toutes ces dbofes , aux Habitans des Pàjr-s nou-
vellement découvetts , & aux Sauvages^ Ces^
derniers ttavaillent i la terre , ikns «es outils
en tt&gechez les Ipeuples qui ont le ieoDurt
des:Art6 âc des Sciences, ils fe fervent de
piarres f^ct aiguifoes » dos d'animaux Se de
poilfiins , «vec lelquels ils fomlleor la terre »
leudent le bois Se font quanitité d'ouvrages
pour fe procurer les ciiotes miles > ^ comme
des ^tcs , des bêches , desjialTes & des filets*
Je parle des Peuples fauvagcs qui m ùmt
pas en relation avec les &jicopeens de les
autre» cjiez qui les Arcs (ont connus » tels
ou'un grand nombre de Sauvages à la Loui*
uane £c ailleurs.
La defcription que nous lifbns dans Vir-
gile, des ixmrumeqs fer vans au labour, nous
sait crotte qu'ils ont beaucoup de rapport avec
kff n&^s. Nous nçus fommes conrepcés de.
r
-^^
criptioos que nous çn ont laides flnficMis
Auteurs ) & fuF-îont C^ion qqi «9tre d«Q9 le
flus gFaa4 détail fur ce qui i^ft du (eflbrt ^c
Agriculture ; il eft probable quç les Peû{ilf s
anciens & les Romaips patnciklîjécciQient ,
qui on^ porté les Açts, s^ m ^ haut d^c die
peifeâmn , n'aijrfMit pa$ n^oins ei:Qf IW en ce
genre. La différence qui peut être entre nos
outils Se cewf. des Aociens eft h nAme qui
fe trouve entre ceux d^s diverfes Régions.
Nos CoQteliers de Paris , par exemple» font
dfs %pe):te$ qui ne refleni^ient point iceUes
de Ch^^elleraut. Dans oes derniers tema ^
on les a perfeâionnéj^s. On faitdes^denai-ftr-
fiettes ( phnçhç Lfiçnre i. ) pour les mçàvdtts
euy^gffs , ^ deif Cer pillons {fig. t. ) i bug
manche » à lame courte & à petit hec > très-
coipniqdtiis /pour réb^Qi^geonneinent Se l^pa-
liilàge* lis fervent à aller encce d^x bi^an-
ches trop voifînes , iç 4 couper quantité de
brindilles. Il y a at^ des ferpe«tes cenforcées
{pL Jfl^ /g. !•) prêftes à tontes ibrmdVsii-
vrages. Je dirai à ce fuj^t que pour opérer
fiiretoisnt avec ces oufiU, il faut avoir, lains^
gaufij^H an-dçCus dé tja branche , quand on
coupe en en-bai $ & at^defious lorsqu'on fait
/a coupe en-deifas. On fait aller fa ie'rpette
en coulant d'un c&té Ot| d'mi autre , toujours
ei^-<l^bor$ 9 quand on retranche une branche
fjûtr 1^ 4évant. , '
Les fci^sânaainsque | aircadues plus con>
AO La Pr atî qu b
modes , font de différentes fortes. Les unes
font à manche de bois, non-fermantes {pLIIL
f!g. i.)& les autres àvitolle [fig. 2) ou à reflTort
qui ferment {fig. 5. ) Il y en a une que j*ap-
pelle un pafre-par-tout deftince à ôter les bran-
ches en fourches , où la largeur des autres fcies
les rendroit inutiles » 8c à faire une coupe
moins grofliere , ^n égard à la fineflfe de les
dentelures. Ces pafle- par- tour font faits avec
des reflbrts d'acier de vieilles pendules. Se
ils ont huit'à neuf pouces de long fur un pouce
par en-bas. Tout jardinier doit avoir autour
de lui une trouire femblable à celle des Ta*
rpifliets , où il y ait plulieurs poches pour pla-
cer (es différens outils * avec un marteau a
tête fendue : fur le côté de cette troufle on
met un gros bouton deftiné à fufpendre les
fcies i main.
Je joindrai iciTexplication des autres figu«
res de ces trois planches. La 3. {planche I.)
repréfente un échenilloir. A , eft la partie
tranchante paif:en haut. B , le croilTant tran-
chant par-defTus feulement. C, autre croiflànt
' non tranchant» qui calfe en tordant les branches
pendantes qu'on ne peut couper. E , trou pour
recevoir une vis. F , {fig. 4. ) , vis qui entre
dans le trou £ de la douille.
La fig. 4. ( plane. III. ) offre le greffoir.
B , manche arrondi en^dehors plus commode
font le travail. C , le morceau dlVoire en
forme de petite efpatule , pour ouvrir la peau
ea grevant, & y inférer l'écuffon.
Du Jardinage. xt
( PI* IL jig. 2. ) Fourche vue par fa partie
convexe nouvellement incroduite dans le Jar«
dioage , pour fouiller la terre , & lever les
arbres fans pffenfer leurs racines, {fig^ }.)
La même fourche vue par fa partie concave.
Je ne puis me défendre de joindre à ces
outils de Jardinage un inftrument d'Agricul-
ture autant connu dans l'Anjou qu'il l'eft peu
par-tout ailleurs j il fe nomme Ecobut , &
eft recourbé à -peu -près comme une Houe »
avec un long manche de bois, CeftàM, le
Marquis de Turbilly , Fondateur des Sociétés
d'Agriculture en France , que l'on eft rede-
vable de cet inftrument, qu'on connonra plus
parfaitement par la leûiure de fon livre » qui
a mérité les luffrages d'un corps célèbre.
L'ufage des engrais & du fumier eft aufli
ancien que l'Agricipiture & le Jardinage. Je
ne m*arrcte point à établir ce point univer-
fellement reconnu. IL eft pourtant des terres
il favoureufes par ejAçs-mèmes , qu'elles n'ont
pas befoin d'être remontées par des engrais..
Tout le monde fait que l'Egypte eft fécondée
par le débordement pes eaux, du Nil.. Dans les -
pays méridionaux , les fumiers chauds de.
mulet y de mouton & de pigeon , br^leroient
les plantes , s'il n'éroienç fuffifammenc confqm*
mes 3 & employés fqbrement.
Outre les fumiers , il y a différentes fortes
d'engrais j dont parlent les Anciens , qui ont
écrit fur l'Agriculture ^ fur le Jardinage »
dans le tems que ces deoz Arts étoient unis ;
fàvéîr , le marc <fe râîfin & 4 olives ^ auquel
notis jpbâVons joindre cèk^i de pothAi^ , de
nbix & d'amandes. C*éft jprincipàlétîient dans
lés trlimars tempérés de froids , que ces éii-
graii ont lieu pour les tarifes des campagnes
* des Jardins. Leût trop girâttde âb6inrdàtH:e
imit d^n) un fens autant que leur disette.
La Qaintmye s*elforcede prouver (Chap.
XXIV , i« Partie ) ou'aucàn àrbré fàin ou
tnalade» plahté eti q^èlqtie terre que ce foie,
nfe doit jamais être furné* J'ai fait à tt fdfet
diverfes perquifitions à Montreuîl , 5k les
plus anciens du Heu m'ont dit unahiihement
qu*ube tradition de père eft fils leur avbit ap-
pris l'émj^loi du fttitt^. Tant qùun ktëhé
eft fain & vigôureiiîd , il nt pai ^kis feeiôin
de i^cftauràns que rtous ^ lorfqùè ftôrrteftb-
mac fait bien fes fànééï^s j mais i^arïd
on Vôît cet arbrfe déjpérir', un peu de fu-
mier tifen confoîWftie éft ëlïènctel pour le
faire renaître. Je n^ t:bnfiASre ici lès'ertg'râis
que ptft rapport à ïéùt otîgînè. J%ta patte-.
rai plus au long, e» ttaitant dels pt^tîtjates du
jardinage, & des- f^j^aîôns fur leiqùelfes allies
furent ItaMies.
Quoique le funiiëi: ait ité en tifa^e îda-ns
tous les rèms , k A^Jou de Temployet rie fut
pas toujours la même-. L'invention des Goua-
ches chàudefs, par exemple , & des rechauds
mis tout autour eft récente , ainft que \ts
€oUches fourdes & ceîfes A Champignons.
Je ne l«s crois pas plus anciennes qn'un fié-
cU. 7'ifmgiM qtie les meoles à fiimîer & les
foflfeâ^eàoA l^a emadif, ont donné liea à
riAV0mlon des couches^ On a vu que cet
meules VéchaufFoient^ de qoe xjselquesgtaines
apportées pat le venr, y gsrmcMettt, deve-
OKHeM piaules &rfeformoieRr d'abord^ on s'cft
àvifé d'imiter ce qui fut Tefiet du liafam;Oû a
donc entaffêces fumiers, on les a artacigéspar
lits y on a mis de la terse ou du terreau par*def-
fas ^pui^ on 7 a femé de planté. Quand oti a^re^
marqué ^^ la chaleur dé ces cooche^ dimi-
nuoît j Tidée eft vebue d-y appliquer au-^uxur
du fumier chaud. On a arrbie ces couches »
& on $*eft_apperçu que les unes Oc les autr^
donnoient des champignons* Les cloches de
verres , les chaflis, les ferres cch:mfFées par
des fourneaux & des poêles font dus à des
obfervations fubféquen^s. C'eft aux Hol-
landois principalement & aux Anglois , que
nous fommes redevables de ces utiles inven*
rions. Leur climat ne leur permettant pçinc
d avoir des plantes de ^ toute efpèce dans le
memeceitts que nous ;. ils ont invoqué le fe*
cours, de l'Art , pour jouir de ce que la Na-
ture lew lefufoit.
le parietai dans tw autre endroât des murs
coopésde Motttt'ettjJt » de leurs brile^ventsi,
de leurs paillafions » de leurs auvents ûc de
leufsiablifftes, donc lehafard fut lepete. II
€n efr At. même de ce c^'on appelle ados &
ooftià^. Sai^s doute qu a Toccafion de quel-
qu cminence de terre > ou de fumier » oa
B iv
jl4 La -Çfl.4.TtQ^f
aicit rùdts fltLnt&tprékfyiesiaftjoii^.de^
mauvais vents ; & i*pa aara » en conféquence ,
imaginé de creufer la tecre » poar j femer &
planter durant les hivers & les printems. Les
pratiques qui ont été çn ufage avant ooiss » ont
ère perfeâiônnces ^ comme il eft probable que
les nôtres le feront.
Jufqu'ici , j'ai confidcré le lardîpagf rela-
tivement à ion érabliSemenc à fes progrès Se
z fa formation. Je vais préfentement Tenvî-^
fager du côté de i!eipm & des takfis qu'il
xespiiertt -...:.
CHAPITRE IL;
Du Jardinage çonjîdéré 'du côté
d^ l'cfprit.
OU£LQ0*AMv«A)9tE$ que foient- les occu*
parions de cet Art fi. univerfellèment aimé»
quelque brillantes que foient pluiieurs d'«n<-
cr'elles , néanmoins à les bien coniidérer » le
Jardinier ne trouve partout que des. fujets
d'humiliation. Ses connoiffances , relative^
ment aux opérations d^ la Nature , font fi
bornées , les expériences font fi fautives, les
apparences fi trompeufes , & les con|eéhires fi
hafardées que toujours il eft novice dans te
Jardinage. . '
t^v Jardin AGI. t$
De toos les Arts qui ont id démembrés
iàe rAgricalture & qaien font oartie» il eft
lefeul où l'on foie à portée de luivrela^Na^
We , Sc^ de l'obfervet dans fes phénomène^
& fes. variations ; j'ai prefque dit (es ca^
•ptices^ fiioniflant les opérations des autres
Ouvriers occupes du travail de la terre » le
Jardinier apperçoit , comme eqx , les my fteres
delallIarDie; mais comme il éll le fcuLde tous
ceux qui cultivent les végétaux, qui foit àp^
pliqué fans interruption aux fbnâit>n9 qu'il
partage avec eux ; il eft bien plus en état
d'obferver à chaque inftant les événeàditlS
extfaoirdinaires & mervexU^x;
Celte raifbn ^ft y à mon avis , une de celles
^ui démootseotL'impoâibilité de raifonnet^pet;-
tinemment de la végétatbn,. quelque pénécfar
rion|& quelques calenr qu'on ait d'ailleurs ^»
tant qu'on fe contentera dé faire des épreuves
f pallageres! , & des mêdicadons i tèce rëpofée
^ans ibii iiabinet. Je démomirei'ai cette pi^poi-
iitioni en parlant declanéceffité de la phyfi^
que iiiftrumen taie âr expédbientate. - ^ y
Il faut polir fonder les myderes de la Nature
en être l'eipion* Dès- que vous, la perdez de
vue , elle vous écha|)pe. iTou^urs elle prend
plaifir à fe caches , toujours ^iie fe mafqiie^ &
fe trartflttt*: Vous vous' flairez d'être parvetm
À une découverte, en çonféquence de vos cX^
fervacions & de quelques expériences parti-
cttUerès } vous les vax^tez ^ & vous trouyex
roc^ <4»tf^ M) potfit que niilirile^ y« obtêr^
Yacions m cadre air^cxe que k namrë Voo»
a fak apeccevcÂr ^elques mob « qiickp^G
joorS' au^cavanc » de iovireiii du ïnoihQnt oà""
vau$ croyez l'av^f faifie daas (bn vrai< point.
Jf^ me bornerat i destx ex6àa|p£eh cités de
Î pratiques tzèsotdtfttires dans te Jafdinage :
e premier regarde le ravaloiwnc des vieux
.arides , & le changemem de leitcftsetfe ^ le
iecond.eft pris de la cranfplantatÎDa de ces
ji^èfines arbres déjà âges.
: Ducatic plus de qaaàinte aimées, coo&crées
ail Jardinage j il m'eft af rivé d'éb&iter un
grand nombre de yieaxarhlssaaxqoeU je ne
iaîâbifs j^eCcpo . que le trot»: avec qoelcpies
^ro^s bcancàes trds<>écoarcéesr y f^ibivatir Tafib-
ge» Fort pea.opt.céaflr.; im acbn eft :mQx &
caduc , il ne rapporte plus, ilnepoitf&'plaa»
pn 0^ de la pdbe à TaxTacber , 6c i'omip^K
qua la faveur ridr quelques {>abfeinei}s, ,. <i{i
Je vavi6era« On^ le ifaraé à^xic 5 oftte hdîouré >
on le change sâe J»f re! yiSc e^^ en rérve»-
çonne. Reèaaacriks pcentieces années il don^e
de;no(liveaa bois « on t^ peut fe hii^r de l'ad-
fhit^rr^'on £e féltette Se {*oa s'applau^ic d» cee
i^ms trxHxipettra de iecondné qui nê&tu: que
i^s dKbcca d^unè Ofre expirance. Cependant ce
xnème arbre >. après. airoir jeaé ion feu j Se
a'ètre fooitenu dixrant quatre oit omq ans -, re-
vient daiïs fon pfenaiec état ; Se eimsi il fais:
feplanstecjVoiU dt-QQ£:f^«ust aanées de pep»
B0 jAl^AlNAOl. iy
émii , datant iefqudies utr jéutie atbre mis;
i la place t!u vieux ', fe fef oît formé & au-
ririt d^ produit du fntft.
Il eft^Acoft:e fort eivrà&ge de diattgèr ce*
vieux arbtes de greffe ; par la inertie raifon
que tcàk qù^on a voit éboîtéi dnt pouflTe vive-
misax , ceiix^i font admiret la force de leuTS
}<ft$. Ces ; nouvelles ^téff^cs portent aufli quel-
quefois des fruits dont on tire dTiturcux
préfages; Màife au bout dé èoelques années ^
elles meilretit !\iiie SfbtèS Pautre , &' lé^
gros feoii ^ttîent leur ccbrce. X^^^ind f ai ar-
raché ces fortes d'arbres , J'ai prefque tou-
jours bro^ loto tjgnc itttettfent 8^ teurirra-
cines vivefe j les conduit* dé fe tige St de^
btahche»^ cr6*ent é^iih ife pçoJasv. J"^ prtl*
tiifié helirfeufiMttent i 1-égard des uns & iei
aalrés le îràfpptothemefrt V doht rexpKtàtiott^
& le détail fè îirofrt dihs ttxon Traité W)
Pctfief;' -■ ' . • • ' '•'•■ -, '':
Le fècôhd eteteple eft iiié de la tranfpKtr^
tation des atbres de" nibyèri âge. Oh le?
{jlianre 'in tïiôtte ^ avec toutes* les précautionSf
poflîbles y on les furtié -, -dh lès artofe , 'èç
0tt en à- beaucoup de^ foitt. Us reprennerir
& dohtîént du' fruit ;dutatlt plufieuts an-
nées. Ces élâWs de la fève ne font quepîif^
fagets , & forcent êrffiti ^'attacher des 'ar-
bres qu*ôn aurôit mieux fjttt de ne pas con-
ferver.
UeïïètdetîeS dfei^ pratiques très-ufitéet
dans le Jàrditiage , n*a- jamais été heureux.
it La Pkatiqui
pour le pécher , qaoiquil Tait été quelque-
fois a l'égard de certains arbres de fruits i
noyau. Qui croiroit qu'un fuccès de pluiîeurs
années ne duc être çonftanc ? Cependant , je
fiuis aflurer que dans Tun & l'autre exemple ,
iir un cent d'arbres y il en eft tout au plus
un quart qui réuffilTe- Un grai)d défaut de
ceux qui s'appliquent au Jardinage , ç'eft de
n'être point aflez ^n garde contre les. préju-
gés & les préfomprions. Il vient une idée ^
on la met d exécution » elle femble réu0JC
d'a))ord , on Tétend , on la modifie , on
s'en promet des fuites , qui pourtant n ont
point lieu 4 mais nibporte : l'amour-propre
nç veut jamais avouer fpn erreur. Que fait-
çn alors ? On attribue le défaut de fuccès
 quantité de caufes auffi étrangères que chi-
mériques. Âinfi , dans le cours de fa vie ^
L'homme eft induftrieux à s'abufér lui-même.
J^our avoir de la végétation des idées nettes ^
étendues & approfondies » il faudroit con-
npîtrè parriculiérement la fève » fa natu-
re , fon aâioq ,: fon jeu & fes mouvemens
dans toutes les parties des végétaux. Il fau«-
droit favoir commept tant de caufes parti-
culières concourent avec elle , pour procurer
des effets fi difiemblables , & concevoir leur
accord dans la production de ce nombre infini
de plantes diverfes* L'efprit de l'homme
ne comprendra jamais que la fève qui n'eft
qu'une & la même dans tous les végétaux,
puiiTe être modifiée en autant de formes 6c
PU Jardin AGI. ly
de figures » acquérir autant de propriétés , de
qualités > de faveurs ^ d'odeurs & de couleurs,
qu'il y a de plantes particulières & de parties
qui les compofent » que Tadlion du feu 3 de
raie Se de Teau , tant en dehors que dans le
fein de là terre , contribue avec fes fucs à ]a
fermination & à raccrpiflement des végétaux.
Tons ignorerons toujours pourquoi les cou*
loirs Se les réceptacles de la fève » fes tamis
intérieurs , les fiores qu elle a à parcourir , les
loges , les calibres , les trachées , & tant d*aa-
très parties internes des plantes occafionnenc
des effets & des formes fî variés.
Tous ceux qui jufqu'ici ont travaillé furies
végétaux y ont-ils pu pénétrer aflèz avant dans
le ianduaire de la Nature , pour favoir corn*
ment les plantes afpirent & pompent le fuc
nutritif par l'entremife des racines , Se quel*
les font les fondions partlculijexes & détail-
lées de celles-ci ? Quel génie a pu fuivre là
(ève dans fes deux mouveniens bien diftin-
gués i favoir, du bas en haut , de la part des
racines , & du haut dans le bas , brique de
lextrémité des branches 8c des feuilles elle
revient fur fes pas fe répandre toute travaillée
dans les différentes parties des plantes ^ Se y
porter la nourriture Se la vie nécelHiire i
leur accroiflement ? .
Les divers phénomènes qui frappent nos
yeux , Se leS variations de la nature qui
nous déconcertent fans cedè , nou$ forcent i,
faire i chaque inftant rhauûliant aveu de
^j> tA Pkatiqus
PQXïÇi ifitelligence très-bornée. Par-tootno^
tiQ trouvons que ténèbres, ooages obfcars^
Yoiles » éaigmes Se difficultés infttroipnca*
)>les.. J'ofe cependant malgré ces pbft^cles renr
dre raifon de quantité d effets dans la végé-
tation. Je ne prétends point donner des folur
tipns , ni des déwonûrations , mais des .pro-
"b^bilités fondée? fur des conjeûures & des
jiréfompcions d*^près des faits. ^r
Quoiqu'il en foit de ces obfcurités myfté-
rieufôs, oa peut dire que d*un autre côté la
JNature fe prpppttionnant jufqu a i|n certaifi
point à la roihle portée de nott^ efprit « fe
jtnanîfefte à nous en non(ibre d'oçcaiions.
Ceft.un grand livre ouvert à tout le nooibre.,
c'eft un mirpir univerfel où Ton trouve tou-
jours à contemplât î c'eft une fource inéputr
ùhh de réâéxions L'étude de la Nature, quot-
auelb nous rab^lTe & nous humilie, élève
ïagiç au-deflTus d'elle- mcnie , rannoJ^Ut, 1 ar
^tandit Se renrichit. Il n'eft point de fcience
^lus fublime, ni de philofophie plus étendue.
, La végétation qui eft la portion la plus ri-
jphe Se la plus éretidue de la fcience de la Na^
îure , eu je principe de la formation de notre
^ccre. Notre fubfiftance , notre fanré, notre
^ie 9 nos aifes font dépendantes de i^ végéta-
tion. Il faut , afin que nous vivions , labpurer ,
.fumet» femet , herfer , farder , cueillir » moit
donner ^ jufqu à ce qne tirés de ta poufliere
nous y rentrions. Qui pourroit nombrer toutes
}es cauCes particulières qm concourent à pro-
D ir J A a » nï A cr »•" jT
aéer didis iâ ter» iie« t^uoi fcxwnîf i nos t>ii« .
foî&t, âttos pkifirs , à nos comOKiâicés , i noEte
ieofiiiltté ! Qfie deierirkudes de nocre part!
Quel encbaiaftoumc ée (suifet, avant qM de
xecueillir & de moiflemief ? Pac combien
d'écau doi^m paiTer toutes cfaofts avant que
de nous nourrir , de noos vèth » de nous gué*»
rir , de nous loger ôc d'&tt^e unàutt piopres
i nos befoins ! Si le Ciel frappe la ten?e <le
ftétilité > des millioiis d'ïhotnmes périment de
tniiece & de faim* Si <ies cotitiecems fôcheox
interrompent la végétation ^ fi les facs infor •
mes de la. terre <mt p^dTé dans les plantes
eootre Tecdxe de i* Nature, il s'enfuit des ma'*
hdies umverleiles ou des dérangemens de
iàntc & fottvenc des mortalités parmi les hu«
Aiaitts » cc»mme parmi les animaux.
Tout ce ^e la tecre É^k éelorf e de fon
Ceinfëcofideft égalemene immenfe & incom-»
préhen^e. Le moindre des frmts , le plus
petit betb^e ^ les légumes ^ les arbriileaux ,
ds les arbres avant que d'arriver à leur forn-
ication êc â leur maturité , ont été mo«
difiés à l'infini. Ils ont été y comme nous
oiâines , eeuf ou eerme , embryon , fétus. En«
fiiite il leur a faîla » pailer par les différens
d^tés de bi v^gittation , croître fucceflivement
& fe ibtoier. Tout cela n a pu fe faire fans
le coDoenti def faifons, fans les différens af-*
peâs du foteil > les pluies , les rofées , ta
fucceflion de la nuit 6c da four , les diver^
k$ inâttencesderair^ fon aâion ic feà jeu.
n
5* La PftATIQtTl V
Ua fallu qoe les fetiilks zyen% préparé iâ fèir^
aux bouconsqui ont du,, au fortir de leur,
prifon 9 s'allonger y fe former par : gradation
infenfîble , & de fimples bourgeons arriver â
la confiftance de bois dur , & devenir ckefs
d'une poftéricé nombreufe de graines & de
fruits. Toures ces chofesfe fonc avec un or-
dre , un concert & une économie fi parfaire ^
que chacune de ces caufes coopère à cette
grande oeuvre, fans qu'^aucune fe dérapge. Au
défaut d'une feule 9 tout l'ouvrage eft manqué ,
il n*v a plus de végétation.
Malgré cet ordre général & cette écono*
mie dont la Nature paroit ne point fe dcpar'^
tir ; fes variations & fes exceptions la font
paroître dans un certain nombre de végétaux
luivre un cours tout différent que dans les
autres. Toutes les plantes ont pour principe
un germe , une graine qui fe développe pat
gradation dans lefeinde la terre. Là , par fuc-
ceffion de tems j il arrive fuivant fa façon de
végéter â fa croillànce parfaite. Cependant tout
ce bel ordre eQ: changé ailleurs. Au moyea
d'une branche fçparée de fa tige , ou d'une
bouture » d'un refetton t d'une traînage al*
Ipngée , on voit des plantes formées prefqu'â.
l'inftant : en couchant fimplement eh terre
un rameau , fans le féparer , je vois, avec fur-
prife un arbre tout venu , fans avoir paflc
cpmme les autres par ces états progreflifs »
dont |e viens de parler. C'eà ainfi , qu'en
c.o^pant une brancj^e de faule 9 un briu.
dofier
-é^ôfier,:un ram^^u défureau , de grouiller;
& le itieitanc en terre > il prend Caféine;. Un
iarmenc de vigne » Cms être fôpàré dû cep ^ dé-
vient une aurre dle-mème. Tous:les foetfs ies
violiers , les fraifiers^ ^ le houblon ^-le^ cliien-
dent fe multiplient par des traîi^fie^.' - • '
Nul fruit encore qui n'ait été fleut i a^ant
un vafe ^ un calyce ^ des écainines\ 4;les<A)lii«
ciïles & des pouûteres. U faut pour;|iirdinair€
tjue cette fleur venant à houer^' fe défear-
raâè de toutes les ^fpèsoes de riââîHotiJont
la Nature entante^ Son .%etme «[ui eft te
fruit , juiiju'à ce que fevirc peur ainfi» dire,
il n'en aie plus befoin* Ici , au contràÉre , le
fruit > * &illant à la brandbe toême >,"' fort de
1 ccorce & du bout<m , & fe montre d abord
tout formé ^ telle eft la pomme appetlée*
pomme -figtit y qui jamais ne fleurir.
Ailleurs aucune fletir n'eft double ims être
ftérile ^ Se prefque toujours dans les HeUrs doâ<
blés la plante eft privée de la faculté def^ pro-
duîn des graines pour fa multiplication.' Les
giroflées <toubles , par exemple , tant lespsmti*
chées que les faunes , les fulieimes ^ les cam-'
pânelles Se autres, ne portent graine que lorf
qu'elles ibnt {împl^$. Cependant d'autres-fleurs
doubles dontient des preuves de leur fécon-
dité par leurs fem^aces » & tel eft le pêcher
à fleurs doubles , les oeillets, lespiéds-dV
louettes , les rofes àcent feuilles. C'eft ainfi
que pour éclorre du fein de la terre & fe
former , chaque plante » & tout ce que la
1
^4 J^A I^^ATf<2VB
terre produit de nécelTaire» tant à notre ùûkr
lîftatice qu'à celle xle& Mtmaux , a fubi na
nombre infini de incumor|}bofes incernes &
fecreces « que la Nacore noos voile » & donc
^naleré tous fes efforrsi, nocre raifon orgoeil-
leùu ne peur expliquer la caufit.
L'Auteur de la Nature a attribué des ac-
tions particulières aux différentes efpèces de
/plantes qu'il a créées. Il leur a imprintc on
.mouvement de direâion pour fe pocrer en
divers feus» fui vanc leur genre Scieur carac-
tère diftindif. Fidèles aux volontés invaria-
bles de leur. auteur ; iselles^ci rendent vers
le haut \ ceUesrU rampent fur la fupèrficîe
de U tf rre , tandis que d'autres >» ^en aièiDe-
,Xtm^. {{Utiles plongeot dans fon Tein , s*écen<
dent horizoncalement , & s'élèvent à la hau-
teur qui leur eft prefcrite ^ quetqoes-nnes en-
fin (ont de nature i fe cacher dans TobTcu-
jricé du fein de la certe , fans monieer att-de-
hors aucune partie d'elles-mènies. •
Il en eft des plantes comme dts ètees vt-
vanS) pitr rapport aux fondions mainates.
. Elles ont. chacuM > âinâ que leUcs parties ,
leur adion particulière ^ leur fonâion diC-
i tinfte , leur miniftere Se leur môuvemeht.
Tou$ les animaux de mfeme fe meavent &
- piiryieniient à. la fin qui leur cft propre par
. <les voies Se des moyens auQi diffiirens > qu'ils
le font eux -> mêmes. Les fenâions de leurs
. partie internes ne font pas moins' différen-
v.âces. Leur produ^ion^ leur aaccroiffement »
D V J A H 1 ^ A^ «. ^^
feitr £ï^a de vivi^è > de fe thotivàk'y flè fc
'««ranrportër d'un lieu â tiin kmrè , de traVâîHîfc
i leur confei:Va:tfcin'&à leut mfàfnplfcationi^
ftbht riéh de parfaitement reirèriiblâiàft: jcjaièt.
^es rapîpatts panSculiers qu ik jmiffëtrt d'ail-
leurs avoir entr'eux. Les principes,Hjnoi(jA
les ^ftiètnfè^ en trn fens , fotic h^annioins tfrès-
•*ïFèmMà!Mê$ dans 1^ effets. L'ihftintt iyartî-
ctiKër deSianiWrâjix , qui ne fè reffèrtibie ^
rieto dafts iclà^e î2%èce , eft quelqîie chrôft
rf%A:onff^iSHieftnble.ÎJéiniême'tdâttet^^^ dâi»
les -planté* ^ âinfi qu'en tîoù^ , )eft pttrtehi'ént
ttf*chi«ral , dé^d tttiii^emént dé Ira doiîft*-
tiftiort pàrflctrllefè , dé 1 •aflemWagè inttéirtètft:
tt de rkrraïîgfetnènt méchaniqùe des jiàrtièi
tant internes qjtt'eitétftcTff. Que doit îilte ih
Jarditièr ilk rtie dé tbiites des chofes tilyf-
téHèuTes ? Lés dohtèhipler lijc les adiiiît^t aviic
une i^émdà àVeitglè âtikloii de tiètài q'oî
à ^lottlû liii ëh èathfet feitaufei
Une'dei ràîfotls p'dr lerqifeltei cette p^tfftfl
foiiieft réj^utée ^ile , c'cfft c^'il en éft wu fe^ts-
ihi céïbcàtiiVeXétcéfttj, qui cri Jit^flTétleiitiéfe
tafen^. Hte éft atittS tfegard'ée comme frèi-
IWrftéè , j^àr te dëfiUt de cbttnoiffahcè dé là
Phyfiqtié, dû mbfaii dftns ceux qui doiVehk
tfdtitfér te tbh adi àtirrés. Je ne demgïidè
J>ôi"nt qtt*un hbhirnê dfe campagne qui fouvent
ne feit pas litfe , àît dés hptibns de Phyfiqiie ,
ptoptement dite , thais je defire en lui un
ihftinâ^ machinal de cette Science , fondé
(ir des' nbtiôiis particolrercs d'une fotte d'anâr*
Cij
tomie des plantes en général » le tout â £i
portée. Ces notions font tellemenc néceilaires
pour être Jardinier j qu'il eft impoflijble fans
leur feeours de fe bien conduire dans l'art de
gouverner les végétaux > fur - tout les arbres
Fruitiers.
J'entends par Phyfique inftrupientale &
expérimentale , la connoiiïance des parties or-
ganiques des plantes » du moins des princi-
pales , & de l'ordre qui eft entr'elles ^ ainjfi
que du cours ordinaire de la Nature & de fon
action dans les plantes , fuivant leurs efpèces
particulières y c'eft cette fcience qui apprend
a connoitre les chofes dans leurs principes
& dans leurs caufe^ , pour parvenir a dirige^
fon travail quant aux végétaux.
Le Phyficien fpéculajci?& le Jardinier Phy-
ficien t différent en ce que l'un eft un beau
raifonneur , & l'autre un bon ouvrier j te
premier ne vife qu a l'efprit^pour tout appro-
fondir » faiis tendre diredement.à la prati-
que 9 Se l'autre n étudie jufqu à un certain
point la Nature , que pour mieux opérer. Ce-
lui-là ambitionné plus de faire briller, foa
génie fertile , en l'exerçant fur les phénot
menés de la Nature , qu'i la rendre plus fé-
conde par des çonnoiOTances ^Sc. des leçons
utiles , au-lieu que celui-ci ne cîierche qu'à
s'inftruire pour mieux diriger fes opérations »
afin de procurer l'abondance en tout genre
dans fon Art. Comparez le fyflcme des Mon-
treuillois dans le gouvernement des arbre&>
J>V J A R D T N A é c; 17
fcurs principes & les confcquences qu'ils efi
cireût pour la pratique > avec les idées bril-
lantes de nos Phyficiens fublimes , Se vous
verrex combien les premiers l'emportent fur
ces derniers.
Un bon Jardinier , félon moi , & un bon
Phyfîcien font fynonymes j je vais plus loin ,
au rifque de paroître fingulier , & je pré-
tends que pour parvenir à une connoiffancè
parfaite des végétaux , comme à leur gouver-
nement exaâ: , il faut de plus avoir une tein-
ture fuffifante Se de l'anatomie des végétaux
8c de celle des corps vivans^ la réiremblance
de leurs parties organiques ^ l'identité de leurs
fonârions avec celles des erres vivans m'ont
toujours paru bien décidées. Un Jardinier tant
foit peu verfé dans ces connoiflances , fera
très*réfervé pour ne leur point faire de plaie
fans néceffité.
L*anatomie des planies a été inconnue aHX
Anciens , de même qu'une grande partie de
ceHe du corps humain ; faute de microfco-
pe , ils n'ont pu raifonner que fort peu fur le
mécfaanifme intérieur des junes & des autres
fubftances , n'étant point éclairés par le flam-
beau de la Phyfique. Ceft la connoiffancè de
lanatomie des plantes , fcience extrêmenrenc
curieufe & amufante , qui nous élève à celle
de leur organifation *, par le fecours de
cette Phyiiqne , ainfi que par les induâious
qu'elle nous fournit , nous appercevons une
grande conformité de cette^ organifation avec
Cii|
cfilU de notre corps. Ce$ nocioo^. peu^^ew
nqu^s giiid^i: dans, 1^ régime, & la cpndiiÂce
9^9 Qous devons ôbfe];v^i; i kar ^ard^ Quel*
q»lE^ ejc^mple^ vont cQixâcmec cq que* jTar
vance.
Il; eft quellion de.ikvoîj: pottoq^pi les^ braA*
cibes à bois d$ips lejS arbjrqsr d« fruits à pepûii
ne (ont jamais firuâaeufes , pcaty^aoi/ qUcs
montenr verticalement , à moins quQ la^ fuira-
bondançc da fuc noarticiisj: ou quelque caufe
éaangeret ne les faiT^nt pencher , Se pour*
quoi au ccmtraire les branches i frmc ou ne
tu)u{retu point du ^ut en bois ^ ou ne pouf-
fant que foiblemeqc ^ pourquoi au(Ii elles ne
montent point verticalement,, fout pl^icées
obliquement, latéralement » & pointfsnt^eode^
vzati ou fur les côtés en forme de dard»
La, connoiflànce de. la. configuration inté^
rieure des parties des unes & des autres ré-
pand, làrdeutis. un. grandi ;our« Jai, pour cet
eiFet , examiné leur difpofition inrétiewec
l^s branches à bois feulement» & ceiles^de
£iux-bois m'ont paru , au micifofcope , avpir
des fibres droites. ^ allongées. & appkties les
unes fur les autres , occupant toute retendue,
de la branche ,& diminuant i mefiire qu'elle
diminue de groflèur jufqua fon e^trcmité.
Je les ai trouvées fi filandreufes qu'elles fe dé-
tachoient comme des brins de chanvre qui
n*eft point travaillé 5 leurs intetftices , leurs
pores:, ceux par leiî^els la fève fe commua-
nique à ces fibres^ leurs pacois m'oud&m*
1>V lAUeiitA^i; f^^
bié 4U0Î pratiqués dan$ toute la longueur des
branches. Elle fe toidoient aifément , Se la
I plij^rt obéiâbient }afqu à plier eiv forme (pi-
I raie » £uis £e cafTer. Q^and je tes rompois ,
I etles s^éckcoient^ ^ laitToient des efquiles
I inégales , à chacune des parties fôparces.
Les branches à fruit au contraire ont des
fibres courtes & traafv«r(âles , elles font
toutes crihkesde trous femblables à ceux d un
dé à coudre. Quantité de petits Taifleaux ,
dont quelques* uns font prefqa'impercepti-
blés, des valvules, des particules de lève
ama0ees çà & la, dont le tilTu eft phis ferré ,
des Hnus, de petites cavités dont les orifi-^
ces proiffent imiter ceux d*une éponge, font
rcp^ues dans toute la capacité de ces for-'
tes de branches. J'y ai tcouvé nombre de ceU
Iules dans lesquelles étoir contenu le fuc nutri-
tif , plus épais Se plus gluajit que la fève rén<-
ferotee dans l'intérieur des branches à bois
: feulement. En tirant avec une épingk du fond
I de ces loges des particules de ce me , &c les
confidérant dans Je microfcope, elles m'ont
paru coHime de la bouillie , de la couleur
& de la confiftance du glaire d'uh cçuf : les
I branches à fruit ou brindilles , a«!i ^ lieu de
plier & de fe rompre par éclat» £e calTent
net , comme le verre <» ou comme le fer aigre.
Quant aux lambourdes , j'ai trouvé leur '
tiffu ferré , leurs fibres fort menues , appla*
ties, preflces & compactes. En les fùivant
depièsâirlesarbr^Si^ j'ai remarqué les chkn««.
Giv
4^; La Pratique
gemettSrfiiççeflifs quelles éprouvent. Elle»
groffiflient d'abord fore peu , parce que la
fèvà qui leur eft préparée étant extrême-
ment travaillée, forniô un moindre volume
3U.Ç celle 'qui étant crue paflè dire<^n:xenc
ans . l<^s branches amplement à bois. Mais fi
€:lUs ri acquièrent pas une plus ample c^>a^
cité , leurs, yçux ou boutons grofliflent cotn-
iidérablemo^t , & à la troiûemç année qu*ils
deviennent boutons à fruit , ils prennent la
même: r conformation intérieure que ces brin-
dilles dont je viens de parler j c'eft-à-dir^
que de fèekes & de compaâ;es ^ elles de-
viennent dilatées &,poreafes^
Voici maintenant l'uTage que faî fait d©
ces découvertes, J*ai imaginé d'abord pour
ïetidre fruiStueufes ces branches à bois, 6c
celles qu*on appelle de faux-bois dans les poî*
rieurs &' pommiers, do les carter à deux on
trois lignes en-deç^ de leur naiilànce , vers
lendrolE où font çommunéoaent les fojus^
yeux. U s'y fait des efquilés qui ne fe re-
couvrant que. difficilçnient > en ce qu'elles
forment autant d obilacles au pa0age de U
iev6, qiii eft obligé de refluer ailleurs. Se
fur -tout; à celui des çfprits, qui toujours dans
les atbtes , comme dans nos corps^ fe por-
tent inçeflamment à toutes les plaies^ Telle
eft la, différence pour la réunion des parue$
& la prompritude. d^ la guérifon d'unécou-
ppre fimple faite à nos chairs d'avec une^
Iplaie., à loccafioiî dQ la<ju€UQ çlUs a^QÂ^ai
D xr Jardinage* 41 ,
ixi arrachées ou déchirées par lambeaar.
Puifque le rapprochement des fibres & la
conftruâiion des parties occafionnent la for*
oiacion des branches ftttétueofes y 8c quen
oppofant des barrières â la fève, elle fe fil-
tre , & ne paffè que peu à peu dans ces bran-
ches d'un tiffu ferré, j'ai effayé de faire par
arr , ce que fait la Nature dans fon cours or«
dinaire , quand elle fruâifie. J'ai donc caflfe
ane partie de ces branches ftériles par elies'»
mèoies. La fève ne trouvant plus pour faire
|{k:uption au dehors que les fous-yeuï , dont
le calibre eft fort étroit, &dont les orifices
font extrêmement fins , ne peut y pafTer ,
qu'elle ne foit très-affinée , & par-coniéquent
propre à la formation du fruit* L'événement
a tellement repondu à mon attente ^ que de-
puis plus de trente ans ce cafiement m'a. pro-
duit ou lambourde ^ ou brindille , ou boUton*
â fruit pour l'année. -
Ces mêmes, expériences tn^ont guidé dans
Tufage & la direâion des bourfes à fruit
pour en faire des branches à bois , en cas de
néceffité. Nos Jardiniers font prefque toujours
avorter ces branches fi précieufes : elles font
tellement abondantes en certains arbres ,
qu'ils ne pouffent plus de branches à bois :
leur fort eft d'être bientôt épuifés , fi au- lieu
de les foulager on féconde leur intempéran-
ce , en leur taiflant toutes leur branches à
fruit. Mais celui qui connoît la nécefiité deis
ma^afins Se des réfervoirs de la fève» fe
comporta tout differemoiem. U caillé à boisceé
£occe^ d'ambres» qui n'ont que cks lambour-
des & des bottcies à fraie y &i pour cet e£Fet
il cboifit les plus &ctes &c le» miiem: placées ^
qu!il taUIe i un œil feiilen^i^it » & ce feul
<«il produit iiifatUiblemenc un bcmrgéon à
bois.
Si l'acbre , au-liea de lambourdes , n'a que
des brindilles & des boutons^ à fruit , il f^^uc
le rapprocner » le rabattre Se le tailler fur le
vieux bdis y alors on eft afluré d'avoir de»
branches à bois. Je conviens qu'elles ne fe-
ront point dans l'ordre ordinaire > & qu'elle»
ne feront pas forties des boutons à bois dont
l'arbre eft totalement dépourvu j mais j'au-
rai des branches de faux bois , qui percerons
de i'écorce » & par leur moyen je regarnirai
cet arbre de branches i bois y que je taille-
rai fort court y jufqu'à ce qu'il foie entière-
ment renouvelle.
A l'égard des bpurfes à fruit y elles pro-^
duifent a(Iez fouvent deux fortes de bran«*
ches; favoir> des lambourdes & des branches
à bois. Si ce font des lambourdes » nos Jar-*
diniers fe contentent de les cafler par le pe«
titbout, &: fi ce font de branches à bois ils
les fuppriment , afin , difent-ils , que la fève
ne s'y perde points Ce raifonneraent prouve
qu'ils (ont peu au fait de la végétation. En
conféquence de ce principe , Il faut amufcr
la fève ; je taille avec McMitreuil les lam-
bourdes à un ou deux yeux > afin, d'attirer lu
DU J A & D ï M A G à 41.
{^ve de ce cocc-lâ » 6c afin çfle devdDaoC
branches à bois y elle )f trouve un léTervoir*
& un. entrepôt , pour paâèr enfaue dass. U.
bourfe i.hmt , & la foocnir an befi>iQ« Celic*--.
ci eft dans rabondance , & tire de c;fs bt an*
clie^ â bois touce la futrfbocQ néceflàice pour
elle-même» Scpoiir les fruits, qu'elle noucric
ou les boutons à fruit qu^eik forme» Dans^
le cas où la bourfe à fruit fait éclorre une*
branche à bois 9 je la taille à 6x , fepcoo^huit
yeu&> parce, que je ne Vak jamais v» iîippcî*
mer fans que la bourfe k fcuit ait péci.
D'après la connoifTance du tiifu & de la
tonfiguraûon des branches fiuâueufes dâiif
les arbres tant à pépin qu'à noyau , j ai re-
connu que les gens de Momo^iilavoieot beau-
coup de* principes innés de cette Phyfique ^
fonçice fur. la, leule expérience : fans cette
étude je n^euffe Jamais por-jté de leur travail
qu'un jugement faux. C eft auffi d'après leurs
opérations ^ quant au' traitement des gour<*
mands. , qjue je me fuis décidé pour en
faire la baie die mes arbres , coniSéquemmeni!'
aux inceocÎQna de la Namrfif , (i vifiblemenr
Qaraâériféedan& ces branches précieufes , re-
prouvées univerfellemenr par les Jardiniers^
dénués d'intelligence. Les Montrenillois ont
des mofeos d'arrêter & de divifer la fè-
ve » qm. fuppofent une excellente judiciaire.
Parmi les exemples fans nombre » que je
pourcois^ rapporter, y je: choifis celui qu'ils
çnt inventé > favoir, la fuppreâioti du canal
:44 I"^ PRATIQUH
dired de la fève , & de toutes branches vettî-
cales à leurs arbres d*efpaliers. Ce point feut
fait voir que leur fyftcnie rient â un goût de
phyfique, qu'il eft impoffible de ne pas ad-
mirer. Quoique non fuivi par les Jardiniers ,
ce fyftème n'eft pas nouveau dans le Jarditia-
ge , il ne Teft que pour les arbres d'efpaliers j
mais lapplicacion en efl: due aux gens de Moti«
treuil.
Il me refte a confîdérer le Jardinage du côté
des fondions corporelles, & des exercices- fa^
tiguans qui en font inféparables.
CHAPITRE IIL
Du Jardinage conjidéré du côté
de topéraxion.
XjEs tatens particuliers & les qualités re«
quifes du côté de l^efprit ne fuffifenr pas pour
être Jardinier ; il faut , de plus , être doué
pr la Nature de certains avantages corporels
qu elle refufe quelquefois , |e veux dire un
tempéramment robufte , une roideur de corps
& une forte de rudicité pour manœuvrer.
J'ajoute qu'ion doit tout faire par foi-mème.^
Quiconque ne voit que par les yeux d'au-
trui , voit fouveht mal. Il faut donc avoir
pratiqué les diverfesfonâions dm Jardinage y
r~
0^ jARÔXNA'çfe. ^"4f
en qualité de ce qu'on appelle mànouvrîer»
de même qu'il n'eft pas poffible d'être bon
Médecin , ni bon Chirurgien , quelque génie
& quelque pénétration qu*oh ait d*ailleurs^,
fi Ton n a difTéqué & travaillé par foi-mêlne
fur le corps humain.
La profeffîon de Jardinier , quand on veut
la remplir , ne s'accorde guère avec les ai-
fances & les commodités de la vie. La pareife
& l'indépendance font inalliables avec elle. Il
n'eft peut-être point de profeflîon plus affii-
jetriSante. Dans tous les autres états on peut
différer , avancer , fuppléet fuivant les occur*
rences , ici tout afTujettit & preiTe dans cha-
que falfon. Manquez le rems des labours ^
une fécherefle fend la terre , & vous n y re-
venez plus. Différez la taille des arbres , la
fcve perçant alors de toutes parts, vcius cou-
rez rifque de voir les fleurs avorter. D'ail-
leurs vous êtes en danger , quelques précau-
tions que vous pulffiez prendre , d abattre
Quantité de boutons à frijiit extrêmement ten-
tes alors 'y |e parle ici des fruits à pépin : &
vous êtes obligé de faire de fortes amputa-
tions , vous êtes fur d'éventer la fève. Que
vous remettiez à ébourgeonner quand la fève
çft répartie trop abondamment dans les bour-
geons furnuméraires \ c'eft autant de perte
pour ceux qui doivent refter. Si d'un autre
côté vous ébourgeonnez trop tôt pour avancer
l'ouvrage , vous le reculez réellement en ce
que la ieve n'ayant point jette fon feu, vous
^tf Î.A Pratiqwi
ne tûxâea pas 4 r^ccmimencer. Soyee une
rieule nuk ians couvrir vos couches par trop
4e confiance daifis le tems > & quecetce nuit-
là œièpte une gelée inacrendue vcms (mpren-
«ei, Mo$ plantas ibot moiflcmnées fans ref-
iburce.
h^s (sâfCoM ayant donc leors ouvrages dé-,
.tertainés , vous tracent votre devoir 6c vous
^oonnandent. Mais ils eft quelqtse chofe de
. {>ltts i; c'eft <|iie dans chacune , chaque ou-
. vtage a également fa circonftance marquée ,
.par rapport a^u ceji>s particulier qui lui eft
.propre. Manquez «n teuL jour dWofer vos
planes de laitues > de fleurs & autres , lorf-
au'unfoUil brûlant 4arde â plomb fe&tafc^s
. Hir ta terre , vous êtes afluré quVh vingt-
; quatre heurds tout eft monté, defTéché ou
.avorté ; vous avez beau les arrofer après coup,
. b'ai ieft £tiit ^ dès qu'une fois le foleii ^ frappé
. y eeMir de ces plantes. Ne coeillez poitit les
i fruits dans leur faifon , ils tombent , fe froif-
. fent & fe perdeat. CUeillez-les trop tât ou
. par rhuibidité , ils fe famient , n'ont point
. de goût & pourriflènt. Il en eft de même de
tout ce qui n-eft.pas fait dans fan tem^ y ùu
V qui «le Teft pas foivant les règles de l'art^
Mais les fad^ues^ les foins de cette pro«-
: feffion^de J^i^dinifer,. les difgraces même qui
; en .toRt inféparabies ^ font bien autre chofe.
li,*^xfQÇé de quelques-unes de fes principales
fondions en dînera une jufte idée;
Si l'on confidere plus paniculiétement h
Jatdîntg^ du iAté de tes occi]|>anèns xAdu
iiaires , combien de ^vicûâes encore ! Pair
quel tkotc aa reAe tecce mcteffum préœri**
«roit-elle ne point fe teAbiric des anierrap
mes , ^i accotnpi^tntec tatitSs iet vhofca
dlci-bas ? Toujours dans Vkik'xon «flcdans wl
cercle pierpétuel d'occupations & cfe travaux ;
erpofé aux vtcifltrudes des ùiToos , le Jardin
nier brave les intempéries de 4*ait , travail*
kat mal i foa ai£e , Se daos les poftures les
fias gênantes.
Là 9 pour éunciiier k fcn£ ardente ^e fes
pkntes^ dévorées par le foleil , & lui - mihne
en proie à (es ardetirs brokhtes , il lui falit »
cariflâot des puits profonds^ eimlir fucceffi^
Temenc à force de bras de y««f s cuviers ,
puis y chargé de deux arrosoirs , fe tr anfpor-
ter «kitis les dilFérentes parties du jardin pour
^dé£dtérec les vé^canx. A Tinftant même > il
«emplit , à la fueur de fon ^roat , ces mèmei
cuviers «deftinés i. /affermer une proVifion
d'eau impr^née des particules ignées, répan*
dues dans lair. S'il eft af&x keureux pour que
des foutires aboudatites l'exômptem de ce pénî*
hte exenttice , il eft d'autant pins obligé auk
-arrofemens fréquens ^ qu'il eft plus à portée
de les réitérer.
Ici les mdias dàkis k terre huttîide êc le
fumier , à k r^fée durant Se après les pluies:»
il fe trouvé tèms k boue & dans k f;;tnge.;
-comttie anffi durant les féckerefies, ii eft^aA|
milieu é9$ imtnondi^ fc de k pouflsèt^*
%t L A P R A T ï <î Û e;
Là , dés fatigues d'un genre difFétent* laî
font préparées. Ce font des fardeaux pefaiîs 5
de$tranfoorts de terre , de fumier , de terreau^
•des caiflès & des vafes à remplir de terre
& à porcer aux lieux de leur deftination , peut
les renfermer enfuite dans la ferre*. ,
Ailleurs des fruits à cueillir dans leur fai-
Con. Sans parler des précautions néceflaires
pour ne les point froiffer , le Jardinier eft
obligé de les arranger dans de voftes mânes
avant que de les dépofer dans la fruiterie >
chacun à la place deftinée à ceux de fon
tcfpèce*
S*il aime fon état , quels momens trouve*
ra-t-il le long du jour pour goûter les dou*
,ceurs du repos ? Toujours en guerre avec
•des ennemis fans nombre , qui ne lui donnent
aacun relâche j les uns font apportés par les
faifons & par l'air : tels font les vent^ def-
féchans , & brûlans durant l'été , & les noin
aquilons fui vis des frimats & de^^eléps : telles
font encore les brûlantes ardeurs du foleil»
:& les longues féchçrefles , comme les humi»-
dités continues , les brouillards vermineux &
les autres influences malignes. Il eft d'autres
rennemis. non moins à craindre pour les végé-
taux, les uns ofent bmver effrontément lé Jac-
'dinier , & comme lui infulter en plein jour ;
4es autres profitent de l'obfcurité de. la nuit',
pour exercer impunément leur brigandage.
Quel que foit Jçur nombre , le Jardinier vi-
gilant peut lesdécruirèpar quantité de moyens
efficaces 1
efficaces , mais il en eft contre lefquels il ne
lui eft pas facile de fe défendre. Ce font ceux
qui enlevelis dans le fein de la terre, (em-
blent conjurer contre les végétaux , comme
les vers deftruâeurs , qui rongent les racinçs
des plantes ; les mulot^ & Tes taupes donc
Virgile dit qu'ils fe creufent des demeures Sf
des greniers foucerrains , où on ne peut les
attaquer :
Sdpe exiguus mut
h terris pofuitque nîdos , atque korrea f€ci( ,
Aut oçidis çofti fodêrc cuBUia talp^.
La terre elle-même , loin de répondre aux
ittentions du Jardinier , par une prédil^âion
(pi nous paroît bizarre , préfère i nos plan^
tes utiles & les plus falutaires ^ des herbes
inutiles & préjudiciables. Un foin Se une at^
tention aflidus arrêtent le progrès de toutes
ces plantes parafites , qui aâfameroieht les aq^»
tres^ d'autant plus funeftes» quelles rçn^if^
fent à mefure qu on les détruit. .
Que de peines donc , & que de fujettions
pour un Jardinier qui veut tout prévoir., 8ç
fe mettre en garde contre tant d'ennemis li«
gués contre lui ? De. cqmbien de fecrets n'a*
til pas befoin pour s*en garantir ? A com«
bien de rufes, d'artifices & de ftratagêmes
ne faut-il pas qu'il recoure felot^ les divers
obftacles qu'il irencontre ? Tantôt appliqué à
préletver de la gelée &de$ frimats les arbxe$ d9
n
Ja La Pft'AriQû é
Tes efpâtiérs , <Iont les (imts tendres encore 9c
les bottrgeotis naiflans peuvent erre moiflbnnés
éii une nuit j il faut que le foir il tende fes
paiUaflbn^ , Se les détende le lendemain,
' louvenc même dans 1^ joatnée.
Portant fes pas ailleurs , il rend le même
office à quantité de plantes foibles & faciles à
-endommager , auxquelles il a foin de procure^
une chaleur artificielle par le moyen des cou^
ches &: des réchaufs. Avant le lever de TAu-
Toré , & lorfque la doute rofée humeâe en-
core 4a terre, il cherche les limaçons & les
autres in feâes qui dévorent les plus beaux
fruits dans leur nailTance^ comme dans leur
-maturité.
Ici fes efpalîers précieux exigent de lui
les ntèmeS attentions durant le cours de la
'journée , après des plaies abondantes* Là ,
d'autres foins non moins impotrans ^ff^}'
'lent le Jardinier en divers lieux 1 là roi^»
'Ce font des figues exquifes , des mufcats
dorés j éts chafielas délicieux qu'il eft oblige
de garantir de l'avidité des oi féaux & des
mouches. Par -tout il emploie des phioles
emfmieHées , il a recours a des facs de pa^
pîers ou de crin , à de grofles toiles claires
attachées avec des clous a crocher , ou à des
'filets de pécheur, préférables en ce que la
maturité , la faveur & la couleur des fruits
y font bien différentes que dans des facs ou
tous des toiles.
Vn réduit , féparé du jardin par des mu-
9V J;il'K ni H A â 1. ff
railles > ou des bcife-vencs , renferme fous des
cloches de Verre des fleurs 8: des plantes go*
rieo^es > que dans Tindanc même il faut coa*
vrir , parce qae le ciel obfcurcî ^'apprête i
frapper la terre par une horrible grêle. Soa^
vent il s'échappe brufquemenc des brgs du
fommeil au bruic diFrayant du tonnerre »
ipoar couxir dans h jardin rendre i ces plan-*
tes le mcme ofScè : heureux & la rerre {^
.CQndanc fes travaor , fes foins péciibles M
font pas infruâueux.
Je paâe fous filence cet contmcemt ^
ces révolutions fubiiQs Se défefpécat^es , U
^ les ditférens revers autcqaels le Jardinage fft
fiijet prefque tous les ans. Le Jatdinivt né
doit point alors fe décour^iger. Soumis atik
ordres d'en-hMt ^ il adore le Dieu qtn c«m*
mande aux éléttietis \ connut eut , tl obék Si
ferait. Ainii les ctavaax du jfapdinage qutU
qaan^^ufans qu'ils paroiflTenr, quand on ne fait
que s'y prêter , font d'un poids accablant pour
6WIX qdi les eic6tcent par état j ou qui veulent
s'y livrer. C'tft à ce Tiijer t^u^ k #rî»ce éé9
Pocces^a dit;
éi|
5» La Pratiqub
CHAPITRE IV.
Des divcrfcs pratiques ujîtées dans
le Jardinage^
J^Eis Greffes , à ce qae je crois j font
auflî anciennes que le Jardinage. Je penfe
bien qa elles n onc pas été trouvées toutes i
la fois , ni telles que nous les pratiquons »
' mais on connoiflToit les trois principales }
favoir , celle en approche t celle en fente
& celle en écudbn. Du tems de Virgile elles
croient en ufage , fuivant la riche defcription
3u'il nous en a laiiTée dans le fécond livre
e fes. Géorgiques , & qu'il termine par ces
vers :
Iftc longum tempus 6f ingtns
Exiit ad ccelum ronds félicitas arior ,
Miraturque tiùvas frondes Ù non fua poma.
On "ne peut difcon venir que,.quoiaue les
fruits ne loient pas d'une nécellité abfolue
pour la vie de l'homme , ils n'en ayent fait
dans tous les tems une des principales dou«
ceurs. J'ai dit la manière dont la découverte
avoit pu s'en faire* Le befoin enfuite & la
nécefficé de pourvoir à la multiplication des
r
sv Jàrdinagi. 51
fruits doiuc, ont rendu rhomme afïèz indiifl
trieux pour inventer l'art de greffer. Son ori-
zine peut être attribuée au hafard^ ainfi que
la plupart dès découvertes utiles, dotjt il eft
le père. On aura vil deux arbres de diffé-
rente efpèce étendre au loin leurs branches
fouples , qui fe feront croifées. Ces bran-
ches groffiflànt , feront devenues plus pe-
intes â proportion du plus grand n6mbre
<ie leurs rameaux. Celle de deffus paflTaiit en
travers fur l'inférieure « aura appuyé fur fon
écoîce. Le vent , à force de lesbaloter , leur
aaca caufé par leur frottement réitéré des
conrufions , des Séchiremens , puis ui?e dou«
ble excoriation à leur peau. Enfin le poids de
la branche fupérieure devenu plus confidé<»
table , l'aura fixée fur, l'inférieure. La fève
alors venant pour cicatrifer chacune de ces
plaies n'aura pas pu pénétrer dans l'endroit
où leur bois le touchoit ^ Se les deux fèves fe
tencontrant , auront formé deux bourrelers
qui fe feront fondés & confondus , enforte
qtfil n'aura plus éré poflîble de les fcparer
au nqdus qui les jûignoit. Un des deux ar-
bres fera mort , fa branche inoculée par la
Nature n'en aura pas moins fubfîfté , & en
^ura Droduit d'autres avec leurs fruits. De
^^ phénomène , on aura conclu que fi la fève
<i'un arbre fe communique à une branche
.étrangère , on peut , en inférant un œil de
quelque bon arbre fruitier fur la branche ou le
tronc de celui qui n'en porte que de mauvais ,
Diij
14 La PuATiQvt
lUct A^wm fofcs nitttile > un ùx]çt pféciéuXé
Ceft C4 qui fc paâc roas les fours fous nos
)^ux par Id moyen des di&rences greffes ,
^oô aheureuibs expériences ont amenées i
leur perf(^iom
C^ greffes eci elles-mêmes ne doivent pas
plus exciter notre furprife que les diverfes
iftreiitions àe$ auctes arts. Je me repréfence
ftifëmenc que par V'mfânion , un rameau étran«
^ger encé fur un autre arbre » ou un œil ap*
frliqi]jé entre le bois 6c Técorce d'une bran*
cke > ont fait changer la âlcration des fucs
dans tttt arbre. En fupporant ces couloirs tiou*
Wàux , analogues avec les fucs du nouvel
trbre , cette merveille n'ed pas plus furpre^
fiante que les différentes nourritures qui con**
viennent â diverfes' efpèces d'animaux, tan^
dis quelles font contraires à d'autres.
Mais ce qui excite ma curiofité ^ c'eft de
/avoir pourquoi certains fruits y tant ceai
qui naiflent narmi nous » qu'une infkiité
d^aueres dans les pays éloignés y n'ont pas be-
foin d'être greifës , de que quantité de fruits
ekcellens deviennent amers & chéttfs , fi on
snet en terre leurs noyaux ou leurs pépins.
Le figuier » par estemple , Tamandier , le mù<*
rStx ,Te noifetcier raoportent ^ fans j^îre greffés»
les fruits qui lebr k>nt propres ; w^ beurré »
âU contraire > un cerîfier , un pécher en don^
nent de déteftables , quand ils ne font point
greffes. Ce changement d'un fruio^excelleut
dan; un aut;^ d'un goût déf^gcéable > &: tes
r^jj, Jàrdi n A€i« 55
conttaftes que la Nature nous fait apperce-
voir à ce fujer ^ fonc-ils de la première inf-
ricucîon ? Faut -il les aSîmiler aux inifere$
humaines » Se aux maux qui font une fuite
de la prévarication du premier homme ?
Ces queftions aum curieufes qu*inté«
relTaotes , ne peuvent fe réfoudre par des
raifons Phyfiques prifes du fond même de
la IJature. Il faut néceffairement interro-
ger la Morale : elle nous dira que tout eft
conféquent aux intentions d'une Providence
ipéciale du Créateur. Attentive aux befoins
de fes créatures , elle a pourvu par-là à ceux
des nombreux Citoyens de la région des airs t
& â la nourriture d'une infinité d'animaux
qui font faits pour l'homme , tels que les ha-
bitans des forêts. C'eft d'eux que nous vien-
nent ceux qu'on appelle domeftiques. Tous»
& particulièrement les animaux de la plus
grolTe efpèce^ aiment ces fruirs fauvageons »
quand ils peuvent en trouver en pâturant dans
les bois. L'âcreté Se l'amertume ^ qui nods
les rendent infuDDortables > ont une analogie
avec leur goût. Ceux au contraire qui font
analogues à notre palais font moins fpiri-
tueux Se moins fubftanciels pour eux. Leur
durée eft également moins longue , au - lieu
que les fauvageons dont les parties font plus
compaftes & plus cohérentes , & qui font
aufli plus petits pour la plupart que nos fruits
à couteau j reftent bien plus long - tems fur
les arbres fans itre abattus par les vents ^
*^ Diy
5 tf L À P R A T r Q tr È
àitifi aue fur terre , fans fe gâter. Ceux qat
lîous lon^t réfervés font & plus tendres coip-
itiunément & plus gros ; leur cônfiftance eft
BUfïi moindre , à Texception de quelques-uns ;
6 de plus , dès qu'ils tombent , ils tie tar-
dent point à (e pourrir.
Il en eft de ces fruits fauvageons , comme
des herbages des campagnes , des prés , des
bois & des friches. Ceft pour la même Tai-
iîon que TAuteur de la Nature a multiplié
à Tin fini ceux-là , tandis que ceux qui font
propres i notre fubfiftance & i nos befoins ,
font en bien plus petit nombre. U a donné
à rhomme les talens de les chercher & de
les faire croître par fon travail & fon induf-
trie, âu-Iieu qu'ayant privé Tanimal de ces
avantages , il lui a feulement déparri Tinf-
tinA qui lui eft propre , & s'eft chargé de
fournir dîredement à tous fes befoins.
Sans attribuer la néceflfîté de greffer cet*
tains arbres, à la défobéiffance du premier
homme , il me femble qu'on peut fe dif-
penfer d'admettre de fon tems des greffes
pour avoir des fruits doux , par ce cjue
tous le$ arbres lui ayant été abandonnés ,
il étoit libre de laiffer les fruits fauva-
ges aux animaux qui s'en nourriffent s &
de fe réferver les autres. On peut aflSmi-
ler ces fruits amers & fauvageons aux ron-
ces & aux épines que la tetre produifoic ,
en fortant des mains du Créateur ; mais elles
ae pôuvoinec nuire à rhomme innocent. Au
t) tr JÂRDÎNACÎI. 57
ftionient de fa prévarication ^ elles lui font de*
Venues nuifibles. D^ même en fuppofant que
ces fruits fauvages lui * enflent lemblé dé-
fagréables , il faudroit dire que fa défabéif-*
fance ayant occafionné le dérangement de fà'
fanté 5 & fa mortalité , elle auroit auflî opéré
dans fon palais des fenfations différentes ,
& que les fruits devenus amers pour lui
dès cet inftant, pouvoient ne le pas être dans
fon état d'innocence. Enfin il en feroit com-
me de fa nudité dont il n'eut de honte qu'a-
près fon péché.
Il reftera toujours cette difficulté à réfou-
dre , pourquoi un grand nombre d'autres fruits
Il ont pas befoin d'être greffés. Eft-ce que la
malédiûion dont , fui Vant l'Ecriture , le Tout-
PuifTant frappa la terre , n'eft point^ tombée
fur eux , & pourquoi en auroient- ils été
exempts plutôt que les autres ?
En remontant à l'origine des fruits nous
verrons que ceux que nous trouvons fi ex-
cellens & que nous greffons fur des fauva-
geons, font eux-mêmes fauvagepns* La Na-
ture a donné à un certain nombre d'arbres la
faculté de travailler les femences de leurs
fruits, de façon que les uni en rapportent
de femblables à eux-mêmes ,\& d'autres de
tout différens. Pour cet effet , les fucs des
arbres qui ont des graines & des femences ,
produifant leurs femblables , ont des couloirs
intérieurs , capables de les modifier tels ^ Se
les moules internes des autres font propres à
5» Là PjlATiQTJf
donner aiq: graines ôc aux fem^nces une con^
figuraûon di£fécence.
Toac fuit des Ipix fixes dan$ la Nature* J'ai
faic à ce fujec placeurs eflfais : j'ai femé des
pépins des meillears fruits y Se tous ne m ont
produit que des fauvageons. Quelques - uns
m ont donné des fruits paflâbies & du moins
â^uffi mangeables que beaucoup de ceux ou on
gre6^ dans nos jardins> » tels que la vallée ,
& la poire appellée dumas ou criftallinç-mo-
ringoût , la citroli & autres , il a fallu greflfer
ces arbres venus de pépin.
Un Fermier qui avoir une pièce de terre ,
dont le fonds étoit extrêmement chaud , s a-
vifa de la fumer avec du marc de différentes
pommes tombées j dont il venoit de faire du
cidre. Son deffein étoit » après que l'hiver
auroit délayé âc pourri ce marc , de femer
fa terre en graines de Mars , pour la nour-
niure des animaux. Je lui cohfeillai de n'y
rien mettre ^ 6c de lailTer germer tous les
pépins du marc, de faire un large foffé rout
au-tour, de laiiTer croître les fauvageons qui
proviendrpient de ces pépins » & de les faire
iarcler exaâement. Il le lit : Tannée d'après &
les fui vantes il en vendit quelques milliers
pour former des pépinières. D*un nombre
con/idérable qui furent diftribaés dans diffé-
|:ens jardins , pas un feul ne donna ni rai-
nette , ni api » ni calleville j mais toutes pom«
mes douceâtres de ameres , & on fut obligé
de les greffer*
r
B9 JaKDÎN AGI. $9
Pai fetné des nojaox de péchés; la pliipart
ne m'ont donhé qae des frmts fades & mfi-
Eides , fecs âc accès , tels <]as ceu de Cor«
eil. J'en ai eu <|aeiqaes*uas d'exceltens ,* 89
une efpèce parfaitement reflèmblaiite à celU
qu^on nomme l'admirable , que j'ai greffé^
henreufemeot far des pruniers 3c des aman^
diers.
A l'égard des nojsax d'abricots . que |'ai
femés y la plupart des fruits provenant des
fauTageons qu'ils ont pifoduits , étoient fecs ;
leur chair mince 8c applatie touchoic pref^
que au noyau. Un entr autres me donna des
abricots pafllàblement gros & d'un goût ex-
quis > même fi^rieurs à ceux en |^inf vent }
leur chair étoît attachée au noyau.
J'ai voulu faire une autre épreuve , en
grelFant ces ikuvageons , dont aucun n'a réuffi.
Durant quelques années , ils ont médiocre*-
nient rapporté ; mais peu à peu ils ont dé-
péri ) ma^ré mes foins. Pluiieurs font morts'
tout d'un coup au milieu de l'été* J'ai re^
marqué de plus qu'ils étoient beaucoup plus
gommeut que les fouches d'amandiers ic de
pruniers. Ces fauvageons mis de bonne heure
en terre , font quelquefois arbres formés dès la
première année ^ & portent fcuit à la féconde.
CoMniMi la Nature fe hâte i leur égard , elle
les abandonne promptement. Dans les pays
chauds où k t^rre eft plus fpiritueufe Se plus
fubftancielle , on ne greffé point ces fauva-
geons A Se cependant leurs fruits font gros
fO La PRATiQtï B
& exquis. Leur durée n'eft pas longue.
Toutes ces épreuves ont été faites lut des
fauvageons provenant de noyaux de pruniers ,
Se vie cerifiers. Tantôt ces noyaux, quoique
d'une même efpèce , produifoient des prunes
payables , tantôt de fort mauvaifes» & quel-
quefois de très-bonnes. Ceux de cerifes ve-
nues fur des arbres greffés ont donné des
fauvageons qui ont porté ^es cerifes , les
unes auffi belles que celles dont j*avois mis les
noyaux en terre, les autres moindres, quoique
vraies cerifes , &c plufieurs des efpèces de
merifes prefque femblables.â celles du bigar-
reautier & du guignier.
J*ai femé pareillement des p^ins mufcats
& de chadèlas , les uns Se les autres n ont
fait éclorre quetles ceps dont les raifins étoient
petits & acres , ayant de gros pépins , &
prefque point de chair ni de jus. Comment fe
peut-il que de noyaux ou pépins de fruits
de même efpèce , il provienne diverfes for-
tes de fruits à la fois, bons, mauvais, paf-
fables ? Il n'eft pas plus aifé d'en trouver la
c^ufe que de dire la raifon pour laquelle
2uantité de graines de Heurs doubles , ne
onnent que de^^ fleurs iimples , tandis que de
(impies en produifent de doubles. Les œillets
font un exemple de cette bizarrerie de la
Nature.
Il eft tellement confiant que les fruits
fuaves font fauvageons dans leur origine ,
qu'on trouve des fruits nouveaux^ qui font
B V Jardin AGI. éf
exquis. Le hafard a donné lieu à plufieurs
découvertes en ce genre. Quiconque fe dton-
nerofc la peine de parcourir tous les bois dans:
différens climats & d'examiner les fruits. des
diverfes faifons , en trouveroit , fans dou-»
te» quantité d'efpèces excellentes répandues
ci & là.
Plufieursdeces fruits venus de la forte ont
été naturalifés dans nos jardins , & n ont été
connus que récemme^it. Tel entr'autres , fé-
lon la Quincinye , la poire nommée échaf-
ferie : elle n'avoir de ion tems , qu'enviton
unQ vingtaine d'année, d'antiquité : il nous
die encore que la poite de colmart lui avoic
été communiquée par un Curieux de Guien*
ne. L'épine d'hiver , ainû appellée à caufe
des piquans de l'arbre qui la produit 3 eft
un de ces fruits fauvageons dont on greffe
d'aarres poiriers de la mcme efpèce. Qu'on
ne dife point , avec un célèbre Natutalifte »
qu'au bout de vingr ans , un fauvageon pourra
xapporter des fruits doux , & que la fève
i force de filtrer , s'adoucira ennn » & for<-
Oïera de bons fruits. Cette opinion eft conr
tredite par tous ceux qu'on cultive dans nos
jardins. J'ai vu des meriiiers de plus de qua-
rante années y remarquables par la beauté 4^
leurs tètes , qui ne portoient que des merifes
fi petites , qu'elles n'avoient qu'un noyau
couvert d'une peau noire , fort féche , & dé-
nuée de chair.
Ou a fait dans tous les ?ems divetf eflais
4h La Pi^ÂTt^ut
poar grtffer des fruits fur deu arbres non
analogues» comme des ipoiriersiur des noyers^
des cerîfiers fur des châtaigniers > Se des frmx%
à ùojMa fur des arbres de fruits à pépin ,
qui n'ont jamais réuffi. Ou a p^illemenc
lenté de greffer fur des arbres fteriles ^ mais
toutes ces épreures n ont eu de fuccès qud .
dans t'im^nation des PoSres. Ainfî un fruit
1 noyau ne prendroit pas fur un fauvageofi
ni fur un arbre frange à, pépin ^ non ptus qu'un
fruit à pépin fur un fauvageon » ou fur un
franc à noyau. Tous les fruits à noyau ni
peuvent pas être greffes fur leurs pareils. L a^
bricotier , le prunier , l'attiandier Se les pè-»
ehers , qui fe grefient les uns fur les autres «
ne pourroient pas Tètre fur le ceri(ier , noa
plus que le ceriuer fur aucun de ceuic^ià.
Mais voici quelque chofe de plus intére^i^
faut y &'que perfomie n a encore (pratiqué.
Ceft de greffer un même arbns dix à douve
fois de fuite , en pofam foa|ciurs un tioavri
liculTbn fur la greffe faite en dernier lieu, l'ai
greffé un jeune poirier y qui Tavàit déjà été ,
V ^ l'y ^i tnis pendant neuf ans de fuite une
Î greffe en écuiIo«i ^ changeant toujours les
ufets d'efpèce r à la dernière aimée je laiffâi
pouffer Tarbre. Trois ans après f^ecii fitpoi*
tes de bon-chrétieft d'été » monflTifeafbft 6c
d'un goût exquis^ leur figure régulière ri*
poridoit à la g^dlffUt & à la beauté de leur
coloris : elles egaloient les poi^^es de cfttillard,
Ce( ^tbre n'a pas ceifé de rapporter btaiicaup ,
r^
ft quoiqu^oti le déchargeât coAÔdétaUetnent^
fes fraies fubféquens n égalèrent point cette
preniier^ ptoduâion \ ils AirpaiTerent néaiv*
moins leur grofleut ordinaire. Plus une li«
qaeur éft filtrée » plus elle eft épurée » & la
fève éaflànt par tant de couloirs ditfcretis i qui
tous la varient & la modifient , elle doit être
bien autrement travaillée que dans les autres
arbres où elle ne palTe que par les couloirs
d'une feule greffe.
Je ne parlerai ici que^une greffe qui ma
réuffi fur quelques arbres. Je. perçois avec
âne vrille Técorce liffe & unie d'un poi-
rier , 8c j'y faifois un trou d'environ un
pouce de profondeur. Puis avec une gouje
de menttifiet » j'uniflbis la plaie fur-»rout
i l'endroit de Técorce. Je prenois enrfuite
la mefure de la profondeur du trou « ôc |e
diminuois par le bout nion rameaa en for-
me de cheville tonde y en obfervant qu'il fut
de la tnime grodeur que la vrille. Apès l'avoir
^h entrer uti peu à force » ic l'^ivoir enfoncé
jafqu'au fdod du trou 3 j'obfervois que le-'
corce de la tige de l'arbre 6c celle du rameau
|e touchaient de toutes parts » après quoi
fenduifois cet endroit avec Tonguenr de Saint
ciacte. Le ratneau étoit toujours de la poufle
précédente , 8C )e lui laUlbis trois ou quatre
yeux. Cette façon de greffer a lieu i la fia
.de Février ou au commencement de Mars ,
comme la greffe en fente à qui elle eft bien
&pcrieure , quand elle réuffit ; il faut avoir
^4 La Prati>qiîe
ctècé Tarbce qiû l'année foivance devient très-
coufFa.
J'ai efTayé la même greffe d'une autre ma-
nière. Âv^c un cifeau pkc , fore mince &
d'un quart de pouce de large , j'ai fait roue
près cie l'écorce de la tige une entaille pror
fonde d'un demi -pouce. Enfuite d'apiè&.foa
cpaiflTeur , j'ai aplati deflus & deffbus en
forme d'efpatule, T^xtrémité inférieure du
rameau , & je l'ai enfoncé jufqu'à la profon-
deur de l'entaille , faire à la tige. J ai obfervé
Î pareillement que. les écorces fe rapprocKaf^
ent exaâement , fans négliger le cataplafmis
ordinaire.
Les Auteurs font mention des greffes à
rebours , qui confident à pofer dans i entaille
les greffes en fente par le petit bout , auiieu
du gros bout , ou TécufTon , l'œil fens defr
fus defTous. Ces greffes ne laiffent pas de
prendre , avec cette différence que les ra-
meaux qui en proviennent , décrivent un de-
mi-^cintre , ou font un coude , en fortant de
•chaque œil pour s'élever enfuite verticale-
ment. Tout ce qui efl contre nature , & qui
'fans néceflité tend i changer l'ordre de la
végétation ni^ut jamais d'attrait pour moi.
Fbyei à ce fujet le livre du Ooâeur Agri»
cola , part. I j feâ:. III , chap. I.
Je neconfîdére ici le labour des terres
que du côté des raifons foncières far lef-
quelles il efl fondé. Le Laboureur fe borne
à le regarder cpmmç n^cçflT^irç poi^r ràccroif '
ienient
■j
ikinentdes plantes. Célttiqûi fâic plus d*afag($.
^ fa raifon que Touvriec accoutumé a tra*
taîlier machinabmeat, penfe que l'objet dii'
bbeuf doit être le développement des (ucs;
de U terre. En etfet j tant qu^elle eft corn-
Eié^ , que fes patries font ptefTées & ferrée$
s cw^ contre les autres, Tair , le foleil,
les rofëes humeâanres > les pluies fécondes »
ks bfouHtards folphureux , les neiges impre-^
goées de parties nitreufes , ne nolivànt pé-*
niétrer cette croûte dure qui fe forme fur fa
fiiperficie , elle eft privée des biehfairs qu'ellie
a drcMt d*en attendre. Alors tous fes fuc^ font
comme engQordis, 6c ta tetre éprouve une
efpècede Itthargie.Mais par le foulevement de
fes panies qu'occâfionne le labdur en mettant
là faperficie à la place du fond , & le fond i là
place de la fuperncie ^ Tair aidé des influences
d^en*haut fait fermenter les acides renfermés
da&s le fein de k rérre. Rien de plus |u(té', de
plttsconfbrmeà l'expérience &de miethc pehfc.
N*y auroit - il pas néanmoins d*auties rai-
fett» phi» pertinentes & plus foncières du la«
boïur des terres ? £n voici qjdelqifes - unes
cp'une longue eicpérience & que des réfles^îous
mt les rtianeires de la végétation m*ohtfug-
gétces^. Deux chofes , entrVurres conftiruenc
eibntieltèment la: terre, indépendamtftfent de
ce qui forme le fol ; favoir , Tair intérieur
ren^rmé dans fon fern & fqn humidité. Ces
^ deuift principes contribueût ÏGngulîerement à
^ laftioi des fucs de h terre : tant qu'elle eft
' E -
^^6 La Pra,tiqvb
durcie en-deffiis» que Tair intérieur y eCt
renfermé » & que fon humidité refte fans
être renouvellée , ce qui s y trouve planté ne
profite point ou profite bien moins que lorf-
qu'elle eft douce & friable : or » par le lar
bour , qui brife Se met en miettes la fuper-
ficie de la terre > qui en ouvre les pores^pour
répanchement de cet air intérieur, & qui
donne lieu à la tranfpiration de l'humidité »
donc le renouvellement doit également fe
faire 9 le mouvement & l'agitation devien-
nent univerfels. Ârrofez une terre excellente
fur laquelle le haie aura formé une croûte
épaifle j mettez delTus du fumier » jamais rien
n'y profitera par défaut d'air , dont les par-
ties nutritives Se élaftiques auroient mis en
aâion tous les êtres »& opéré la végétation.
11 fe fait un flux perpétuel des influences
d'en-haut , qui , après avoir été dépofées fur
la terre » remontent dans la région fupérieure
de l'air j pour enfutte retomber fur cette terre
qui les reçoit & les afpire. Quant à ce point
que fait le labour ? il lui forme d'une part des
ouvertures & des foupiraux pour levapora'
tion de l'air & de l'humide qu'il renferme ,
& il donne lieu en même - tems à l'entrée
de cet air nouveau , en pratiquant un paf*
fage libre à d'autres humidités, pour rem«
placer celles qui font afpirées par l'air exté*
rieur. On ne peut concevoir que l'air inré*
> rieur de la terre foit toujours le même y fans
qu'il perde fon reflbrt, ni que fon humidité
9V jARDIHAGf. èj
li'éprouYe point de changement. Il faut à cet
élément 9 ainfî qu'à l'eau ^ une fluidité perpé-
taelle , pour que l'un & l'autre fe coniervenc
dans leur pureté & dans leur aâion.
De même que la tranfpiration fenfible 8c
infenfible eft nécelTaire à nos corps , & que
l'air que nous recevons par l'afpiration , s'il
n'étoit poulTé dehors par la refpiration ^ crou-
piroit en féjournant dans nos poumons , de
même l'air , renfermé & comprimé dans fe
fein de la rerre j feroit plus capable de faire
périr les racines , en les pourriflant , que de
contribuer à leur avancement , parce qu'il eft
eflèntiellement uni à l'humidité de la terre»
C'eft pour cette raifon que les terres glaifeu-
fes & argilleufes qui fe fcellent , & les; au-
tres qui font mattes , ne donnent que de
mauvais fruits , en communiquant » iurtouc
i la vigne » divers goûts de terroir , ou que
les arbres après y avoir pouflc vigoureuie-
ment périlfent tout formés ; j'ai examiné plu-
fieurs de ces arbres infortunés » & j'ai trouvé
lears racines noires par les bouts » chancreu«»
fes & pourries. Il en eft de l'air 6c de l'hu-
mide de la t^rre , quand l'un & l'autre font
ou ne font pas renouvelles par cette tranfpi-
ration dont je parle , comme d'une rivière
dont le cours eft rapide j avec une au|:re qui
roale péfamment une eau dormante. Ceci
n'eft point établi fur une conjeâure , mais
fur un point de fait y qui conftate ce quoi|
appelle vapeurs de la terre.
Eij
€9 La PRATIQUB
Non - feulement le labour donne une ifliie
fibre à la tranfmiflion des vapeurs de la cerro
& au renouvellemenc de fon humidité ; mais
il procure encore un cours facile à fes exha^
laifons. On fume cette terre > on y met des
engrais : tant qae la chaleur innée de la
terre ôc celle des rayons du ipleil ne les ont
point cuits » ni travaillés , ils ne font que ce
qa on appelle en chymie le réfidu. Quand au
contraire » leurs parties font développées &
mifes en mouvement par la fermentation » les.
unes plus fpiritueufes & plus volatiles font en-
levées dans les airs , les autres ondueufes ,
balfamiques , anodines pafTent dans la fub-,
ftance des végétaux. Le labour opérant donc
des yuides & des trachées , pour fervir de
paflàges à ces exhalaifons qui par leur fub-
tilité s'évaporent , contribue direâement à la
fécondité de la terre » par la fouftraâion de
ces parties trop fpiritueufes ic pas allez fub*
ftancielles > qui nuiroient plutôt à la vcgé*
tation qu'elles n'y contribueroient. Dan^ les
terres nitreufes Se pleines de falpètre » les
végétaux font chétifs y leurs racines ne gro£i
fiuent ni ne s'étendent , les arbres y croiflènt
peu% &n*y durent pas long-tems » fans comp*,
ter qu'ils ne peuvent jamais être d'une belle
venue.
Une autre raifbn plus particulière du la-»
tour des terres m'a été fuggérée par un fa-
meux Laboureur du coté de Louvres en Pa«
riiîs Se de Dammartin. Une. des cholps qui
3v JaroikAgc. Vf
rnè firent le plus dlmpreffion dans fa façon
de régir fa terme , fut de le voir faire fe$
Cemences différemment des autres. Tous les
laboureurs commencent par difpofer leurs
Terres à recevoir la femence, puis fuivanc
que les tems font favorables , ils les enfemen-
cent fur ces labours cl ^ devant faits. Celui
dont je parle ne donnoit au contraire la der-
nière façon à fes recres qu'en mème-tems il ne
les femât. Toujours le (emeur fuivoit le char-
retier labourant en dernier lieu. Il m'affura
qu'au moyen de fa méthode y quatre cens
arpèns dont fa ferme étoit compofée lui rap-
portoient plus que celle de fon voifin , qui en
exploifoit huit cens.
Je dis d*abord que la raifon la plus e(Ièt>-
"tîelle du labour eft la néceffité d'enfouir les
mauvaifes herbes , en retournant la terre où
il s'en trouve de trois fortes : lés unes ap-
parentes & déjà grandes , les autres germées
'dans fon fein & prêtes à éclorre & un grand
nombre en graine feulement. Perfonne ne
s'ayife de femer fur les mauvaifes herbes
qui hériifènt la fnrface de la terre, ni de
planter parmi celles qui offnfqueroient les
^ végétaux. Par la même raifon, Quoiqu'on ne
* voye aucune mauvaife herbe fur la fuper6cie
de la terre : on ne doit femer ni platiter qu'a-
près un labour fait immédiatement avant la
femence ou la plantation , à caufe des mau-
vaifes herbes en graine ., qui font dqa fur \^
- terre ou dans fon fein.
Buj
7* La Pratique
Ce Laboureur ayant remarqué que les te^
res récemment labourées Se enfemencées touc
<le fuite y rapportoient plus que celles qui
rétoient anciennement, que les grains y le*
voient plus promptement» & qu ily ayoit beau-
coup moins de mauvaifes herbes » voulue
approfondir ce phénomène , & il reconnut
par la comparaifon des femences faites fur
des labours anciens , avec celles faites fur des
labours aâuels, qu'il y avoir le double contre
le (impie pour la prompte végétation » 6c
rabondance.
En ièmant fur un labour ancien , le grain
trouve de mauvaifes herbes déjà germées ou
prêtes à lever entre deux terres y comme les
premières ont de Tavance fur le grain que
vous y femez » il a bien moins de nourritu-
re y & il a plus de peine à lever ; Se durant
le cours de la végétation jufqu à la moiffon les
mauvaifes herbes ont toujours le deûTus.
Lorfque la femence au contraire accom*
pagne ou fuit le labour, les mauvaifes her-
bes germées étant mifes en - deflus & expo*
fées aux injures de lair , périlfent pour la plus
grande partie. Le grain que vous femez^quî
a été leifîvé ou avec de la chaux y ou avec
route autre compofition y l'emporte fur les
mauvaifes herbes qui ne font qu'en graine ,
ou fur celles que lair y apportera par la
fuite. Non-feulement il fe défend contre les
unes & les autres» mais il les étouffe » Se les
affame au point <p'elles ne ctQiiFent que foft
-t:
»0 Taudinagi. 71
peu ,' fans être en état de lui nuire. Quel*
ques foient les avantages du labour » il éft
certain qu'il peut devenir nuifible j lorfqu'il
eft trop fréquent, il effrite la terre &c la rend
veule. Les engrais de Tair qui ont bénéficié
le defTus , n ont pas le tems de pafTer dans
llnrérieur de la terre j & vous remettez en-
deiTus les mauvaifes herbes , ou leurs grai-
nes que vous aviez enfouies.
Dfis ENGRAIS. Tout eft terre ou originaire
de la terre. Comme elle eft le principe des
êtres corporels , elle en eft aufli le terme &
la fin. Ce qui émane d'elle redevient terre ^
pour y reparoître enfuite fous une autre for-
me , s'y replonger enfin , & s'y confondre.
Rien donc qui ne foit , qui ne doive , ou
?ui ne puiffe être engrais de la terre , ce que
irgile appelle pabula utta dans un autre
ièns.
De même que tous les mets ne convien-
nent pas également à tous les eftomacs , ni
\t% mêmes nourritures aux diverfes efpèces
d'animaux ^ de même aufti toutes fortes d'en-
grais ne font pas indiftinâement propres aux
terres , qu'on pourroit dire en avoir chacune
de fpécifiques & de perfonnels.
Il n'eft aucun corps qui n'exhale à chaque
inftanc des, parties (ucceflives de lui-même,
qui vont fe perdre dans les airs. Les pierres &
les métaux même n'en font point exempts. Les
parties humides & liquides des ruifleaux &
des fleuves retombent fur la terre après en
Eiv
L
avoir lécc enlevées , ScfotxnwtUs pIméSt ks
jrofées, les neiges Se le$ ff:iBiai:s«Ce$4roailbiccb
épais éc fouvent ma) - iaîns » ^i ^^mifeat
les terres , fooc formés des parties fiôtreu^
Us , falphureafes Se vitrioliques , émanées
des diTCirens corps qui les renferment. Les
parties ignées , mécaUicjoes , terreftres , com^
pôfent les météores ^ font la matière âvk
tonnerre. Que d'exhalaifons nuifibies autant
que défagréables a^e&^rpient notre odorat ,
auel fpeââcla déboutant fra^eroit aos jfevac
e toutes parles ^ n la tecre omcienfe ne nous
débarralKpit de nos immondices, 5c ne les
çonvertiûbit en fa proprt^ fubftance , pour
fervir enfuite fous aaiicres formea à nos dif-«
lerens ufages !
! Voici les principau2( engrais de la terre prot
près au jardinage.
Les moujfcs doivent être entaffees dans tm
lieu humide y ou mêlées dans le trou à fu«
mier par couches minces pour y pourrir. Non*
Seulement elles ne vallenç rien employées
crues , mais leur graine invisible » enlevée
dans Tair y leveroir fur tous les arbres dq
jardin bien plus qu'auparavant. Sèches par leur
nature & fades » elles atûreroient les fucs de
la terre Se les retiendroient , comme fait Té-v
pon^e i regard de Teau » }ufqa'à ce qu'elles
yinOent à pourrir » ce qui ne leur arrive qu'à
la longue ,, Se que difficilement ; réduites sa
terreau „ elles font très - utiles aux planches
4e graines ôt 4q fl^*n:$. Le«ir ^n^m forç lé*
fer & peu fobftànciél » M peut ^cre em*
f^oré que pour lés tétras forces 8c gralTes }
il feut en duu-^r pkw tjue de tout autre ,
parce qu'il cft ptompteinerit évaporé.
Les gea^ans. J'en diftingue <juâtte fortes ,
ceux des prés , des pkces Vagues & des che*
mîhs , ceux des bruyères & des friches , les
gaasotts de chiendent & de ce qu'on appelle
faux-blés 9 où croient auffi des chardons &
des orties , & ceux des bois 6c des endroits
marécageux.
Le^ premiers font préférables à tou^ les
autres ; ils forment les pâturages les plus fuc-
culens \ auffi ks animaux & le gibier qui s'en
Qourriuent , ont-ib ta chair plus délicate que
ceux qui paiffent dans les bois, dans les prés
& dans Us fonds. Ces gazons dontj l'herbe
eft toujours broutée par ces individus ^ pren-
nent tonte la fubftahce de la terre qu'ils cou-
vrentj leurs fues frappés par les rayons du
foleil 6c faumeâés par les bienfaits de l'air
Cfxi caufe de leur touffu ils retiennent plu^
que les autres, font bien autrement élaborés^
que ceux que les hutttidifés détrempent , ou
que le haie dans les fables arides, defléche.
& dévore.
La manière d*en faire ufage , confifte à les
}etter dans la tranchée, l'herbe en deflbus ,
afin que la terre qui rient aux racines la fafle
pourrir , qu'elle ne repouffe p6int furtout
étant proche de fa fupernciè , & qu'elle fon-^
de aiiément fans i^ croupir ic moifir» Gui^
74 LaPratiqdi
dés par la; (impie Nature , les gens de cam-^
pagne lèvent de^ gazons en automne , les met-
tent par tas , & ^ forment de petits monticu-
les, après avoir gratté la fuperficie de la ter-
re , dont ils les couvrent. Ges gazons juf-
qu au printems , reçoivent les influences hé"
nignes de l'air , qui les fondent & les rédai-
fent en miettes : on les éparpille alors , on les
> etifouit par un labour fubféquent , on plante j»
on féme , & tout vient à fouhait.
C'eft une très-bonne pratique que de dc-
pofer des gazons dans une foUe vers laquelle
on ménage une pente pour Técoulement des
eaux. A mefure qu'on les y décharge , un
homme a foin de les arranger par lit , Se de
les piétiner, en les empilant plus haut que
les Dords de la fofTe. Au bout de Tannée > on
en répand fur les carrés , dont la terre de-
vient douce, maniable & friable. Qu'on ne
les accufe point de faire poulTer quantité de
mauvaifes herbes : en ce cas , il ne faudroit
jamais employer aucune efpèce de fumier. Il
eft hors de doute , que plus les terres font
préparées , plus il y croît de ces fortes d'her-
bes qui y trouvent une meilleure nourriture
que dans les friches.
La féconde efpèce de gazons n'eft autre
chofe que ce que nous nommons peloufe.
Elle eft extrêmement féche, ce qui paroît en
ce qu'elle ne croît ni ne fe fortifie. Ces. ga-
zons pris dans les bruyères & dans les fri-
ches/9 ne doivent être recherchés qu'au dé*
BU Jardinage. 75
faut d'autres ; il n y a que les terres fortes qui
puifTent s'en accommoder.
Ceux de la troifieme efpèce^ exigent des
précautions dans Temploi qu on en fait. Le
chiendent y même à un pied en terre , ne
meurt pas , il y trace au contraire & reparoit
quelquefois fur fa faperficie. J'ai vu des ra-
cines d'arbres qu'il avoir percées d'outre eh
outre y comme une alêne. Ces gazons aux«-
quels font aflfociés communément les faux-
blés , les chardons & les orties font refri-
gérans , crus & fort acres. Néanmoins , avec
ces mauvaifes qualités , ils ne lailfent pas
d'humeâer la terre & de rafraîchir celle qui
eft brûlante ^ en fe fondant, ils font un ter-
reau pafïàble , quoique froid : je ne voudrois
donc pas les bannir des terres chaudes , &
ieches » ou fans faveur , en obfervant de les
couvrir au moins de trois bons pieds de terre
& de les ferrer les uns près des autres.^
Les gazons des bois & des marécages corn-
pofent la dernière efpèce. Le principal ali-
ment des végétaux , après la terre , eft l'air.
Toute plante qui en eft privée , ne peut être
que fade pat elle-même. Par conféquent les
gazons ombragés par le touffu des arbres
doivent être rorc iniipides. Cette raifon leur
donne Texclufion des jardins. Ceux des ma-
récages font pareillement à rejetter : le tiflii
de leur herbe eft épais y large & incifif ; ce '
font des efpèces de rofeaux , qui toujours im-
prégnés d'une humidité morfondante , ne
'T^ L A P ^ ATI Q V H^
{meuvent profiter àti rayons vivifians '<ïu fo-
eil. Les beftiaux qu on mec pâxurer dans ces
endroits, ne donnenr qu*ua lait mat & pe-
fant j les chevaux nourris des foins qui y
ctoidenr» font veuies» maladifs Se toujours
maigres.
Les feuilles font le fumier naturel des ar«
bres. Quoique deiféchées » elles confervem
dès fucs & des parties fpirirueufes j on les
krûle , & leurs cendres font d'une grande uti-
lire pour la leflive. Pourries & transformées
en terreau , elles allègent beaucoup la terre.
Certe forre de fumier peut être prodiguée
aux fleurs délicates , aux plantes curieufes &
aux femiences de conféquence , atteindu qu'elle
ne peut contenir que des efprits fort min«
ces & déliés , ce qui ta rend peu propre aux
' plantes fortes , telles que panais , carottes ,
oignons , choux. Cependant lors àts femen-
ces de rou$ ces herbages, les jardiniers en cou^
vrent de trois ou quatre pouces , leurs plan-
' ches & leurs carrés , parce que ce terreau ne
durcit & ne fe pelotre point, que les mauvaifes
herbes y font plus facilement fardées , que
les pluies coulent aifément à travers fes pores ,
qui font larges , & qu'il empêche que la fé-
* chetefle ne gagne les racines des plantes.
Il y a beaucoup d'autres engrais; tels que les
fleurs fanées , les herbages , leurs mobtans ic
* leurs tiges , les épluchures d'herbes , les tontu-
res , les bourgeons des paliflades , les lifues
-de cuifine, les balayures des cours des mai*
Hms , des apparcemenu > des greniers ; im Jar*
dinier économe , qui en connoîc les avan«
tages , fait en profiter. Il a dans iin endroit
particulier de ion potager , une* fbdè large de
profonde » garnie d'un contre - mur y ou de
dofles avec des pieux pour retenir les terre»*
& où les eaux voifines viennent fe perdre»
Là , il porte habituellement les dépoutUe» de*
Us plantes & de fes âeurs ^ ^ui étant bien-
conlommées , font , d'une atinée a l'autre ,
un terreau excellent pour fes femences & fes
légumes.
Les terres rjapportées font un des plus grand»
fpccifiques pour amander les jardins , j'en-
tends les terres faines , franches , de bon
aloi , fuivant l'avis des gens de l'art. Telles
font celles des prés y du moins jufqu'à une
certaine profondeur. J'entrerai à cet égard
dans un plus grand détail y en parlant de la
façon de planter 6ç de remonter les terres.
Rien de plus commun dans la Qourgogne 8c
dans la Champagne j que de voir le long des
grands chemins '& des voiries quantité d'en*
fans occupés fans ceflè à rama(Ter la fiente des
animaux dans des papiers , qu'ils vendent pour
remonter les terres des vignes , ou qu'ils por-'
tent pour le même ufage chez leurs père Se
mère vignerons.
Oa fait très-bien d'amafler les boues le
lotiK des grands chemins ou dans les rues des
' Villes & des Villages. Après une grande
averfe » ayant. qu'il & ferme une ccpute f«K
78 La Phatiqui
la boue » on balaye & on la relève des denr
cotés pour la porter dans un trou où elle refte
au moins un an. Ces immondices font brû«
lames & crues en même- rems j il eft à pro*
pos que les eaux puiflent s'écouler du coté du
trou » pour qu elles fe confomment plus aifé^^
ment. Vers l'automne de Tannée fuivante »
couvrez de cette terre vos planches , vos car-
rés 9 vos plate -bandes » & rien n'y man-
quera.
On peut placer parmi les engrais, les neiges,
les démolitions des maifons bâties en plâtré, les
décombres des vieux bâtimens , les chaumes
3ui fervent à couvrit les habitations des gens
e campagne , & beaucoup d'autres y donc
je ne fais aucune mention , i caufe qu'ils ap-
partiennent moins au Jardinage qu'au La-
Dourage. Tels font les marcs de raifins , de
bierre , de cidre , d'huile , la marne, lachar-
rée , les curures de puits » de puifards^ vui*
dange de lieux d aifance , qu'on nomme
poudrette , bourbe des rivières , des étangs ,
des pièces d'eau , Se fable de ravines.
On peut confidérer tous les fumiers fous
crois rapports difFérens ; favoir immédiate-
ment après qu'ils font fortis du corps des
animaux , quand ils font entaiTés en forme de
meules ifolées , ou dépofés par monceaux
dans des fofTes, & quand après avoir fermenté
en cet état , ils ont lailTé évaporer leurs par-
ties humides , ainû que les plus acres , & les
plus fpirituçufes > ^ jfç lopt convarti$ ef
B V J A H O I N A 6 F» 7^
terreau. Les principaux fumiers qui appartien-
nent au Jardinage font ;
Celui de cheval : fraîchement forci de def-
fous l'animal » ilfercà faire des couches. Il
s'échauffe alors aifément par le inoyen de
laie y qui agite & déploie routes {q$ parties
fpiritueufes. Le fumier ainfi employé ne ferc
pas feulement à avancer les dons de la Na-*
ture , mais il nous procure quantité de plantes
dont nous ferions privés , fans le fecours des
couches Se des cloches de verre dont la forme
orbiculaire & concave concentre les rayons
du foieil , tandis que les vapeurs douces »
bénignes ôc chaudes de ce fumier enta(fé» por-
tent vers le haut leurs particules humides ôc
chaudes. Par leur moyen nous avons quantité
de plantes qui périroient en pleine terre.
La féconde façon de connderer le fumier
de cheval y & celui des autres animaux , c eft
lorfqu'il eft en meule ou en tas dans des fof-
iès* Comme il n'eft pas poffible que le Jar-
dinier ait toujours du fumier neur fortant de
dedbus les chevaux , & qu il n a pas befoin
d'un il grand nombre de couches à la fois ,
il .a foin d'avoir srHfa portée de femblables
amas pour y recouvrir au befoin ^ & voici ce
qu'il ^pratique à cet égard. Après qu'on a fait
une première couche pour y mettre la fe«
mence » on fait par expérience que fa cha-»
leur va toujours en déclinant , & avant qu'elle
foift tout-à»fait paifée » on la ranime par des
céchaufsj c*eft-àr<iû^e qu'on environne la
%fBh^ IrA PBiATXQIT»
€Qaçbe de fumier mis en meule , 'qui noa*
vellement remué ^ mcle fa duUeur av^
celle de iii couche, &fu£tpoucla^coaf6£ver
en vigueur durant une quintaine de joure»
Quelques * uns font les icck^ifis en tmoie*
rems que la couche , & les cebartenc par la
fuite y en les remettant en place , c^qui^uffir
pour lui procurer une nouvelle chalotu:^
/«^X Cependant la femence a'^nà, elle a for-
mé du plant qui s'e(b fortifié. On^ patique
alors une féconde couche au- devant de la
première > &: lorfque ceHe^i a jette fon feu j
& que celle-là a acquis une chaleur conve-
nable » on y tranfporte ce qui était fur l'autre
& ainfi fucceffivement, à mefore que les^plam»
graodifTans , ont plus befctin d*être eipacés.
On défait la première couche » dt on la re-i^
' bat » en y mêlant da nouveau fumier pris de
la meule. Elle n a jamais la m^e chaleur,
que fi elle étoit entièrement compoice de fîi^
mier neuf \ mais comme le tems s'adoucit
lors de cette opération , la chaleiu? da foleil
fupplée à fon défaut.
Le fumier mis dans les fodes peur fervir
à faire .des couches , quand il ny a pas fé*
jourtié long-tems \ ôc lorfqu'il tiefk qu'à demi
conibxnme , il eft bon à nimer. des camé» â^'
des plate-bandes. Mais quand il a r^é long*
tems dans la &ilè ou qu'il a fervî i faire <ks
couches » il devient terreau. U ne convient
point à tcmtes fortes ,de, terres , furtout i celles
<|ui Xont brûlaa^S;^ on le ré£$rve pour les
froides.
I> tl J A XI S> I K A <^ s. Sx
ffokle3 ^ les humides » le» cpaUTes & les ghi-
feufes.
Aptes le fiunter de cheval , celui de mu«
let & de bêce afinè , tient le premier rang :
la conftruârion interne des animaux & leurs
diâerences nourritures mettent auflî des diffé-
rences dans leurs excrémens. Le fumier de
tnuiet moins onâ:ueux& moelleux, que celui
de cheval , palTe pour être plus chaud. Celui
des bctes afines Teft encore moins. L'un âc
l'autre, quoique non tout-à-fait confommcs j
peuvent fervir pour les terres fermes & fraî-
ches, & quand ils font récemment tirés de
deflbus les animaux , on les admet pour faire
des. couches; ils fe réduifent àufli en un t^r--
teau léger & fort fpiritueux.
La troiileme forte de fumier utilement
employé dans le Jardinage , eft cejui des bê-
tes â corpes , & particulièrement celui de
vache , qui eft gras , pefanc & froid jufqu i
un certain point. Il faut pour erre admis dans
les jardins, qu'il ait féjourné quelque- tems
dans la fofTe. Peu déplantes saccomtnode-
roient de fon humidité grafle , épaifle & vif-
queufe. Il eft pour cette raifon long-ten>s à
le confommer ; fouvent les plantes & les
graines^ pourriiTent , furtout dans les anhées
tendres &. humides , lorfqu il a été dépofé
tout frais en des terres fraîches par elles-
mêmes. La vraie façon de tirer parti de ce
fumier non-confommé , c eft de le répandra
fur U terre après un bon labour , & de Tex.-
Si La Pratiqu»
pofer aux plaies » aux gelées & aux firimats»
il s'y délaye peu à peu ^ & fe fond j le jus
oui s'en oétacke» pénétre la terre , & on
renfbuit au primems. Il eft inutile de dire
qti'il ne couvrent qu'aux terreins fecs » légers
oi| brulans. Le fumier de bœuf eft un peu
itioins humide & froid » à caufe de la corn-
plexion plus féche de cet animal, & du plus
grand f^u de fon eftomac Âuffi fa chair eft
plus compaéle que celle de la vache , qui eil
plus molle , plus lâche & plus dilatée.
Le fumier de mouton plus chaud que les
précédensj s'emploie rareoient feul. Pour en
corriger l'acrimonie & la fécherefTe , on le
mêle avec celui de vache. Il faut de plus qu'il
ait efluyé pendant l'hiver les diverfes in-
âueoces de l'air, afin que le crottin qui le
cômpofe puiffe être attendri , autrement il
bmle les plantes , delTéche la terre , ôc au
lieu de s'incorporer avec elle , il refte en
mottes fôches , ou par menues parcelles. Les
terres froides & humides s'accommodent très-
bien de cette forte de fumier ^ mais Tufage
lé, plus ordinaire qu'on en fait dans le Jar*
dinage , eft pour les orangers.
Le fumier de porc ne doit être employé
dans nos jardins, que lorfqu'il eft bien pourri,
qu'il a paflfé l'hiver fur la terre > & qu'il a
été bien mêlé avec elle ou d'autre fumier.
On eft ^fTe? d'accord fur fa qualité pefante
& matte , médiocremeiu chaude , peu fub-
ftàncielb de, fore Acre. Ou Vaçcufe de pro-
duke ooeififin^cié do ftiadvàifes h«i<bért«fofii^
Cftfis do^cefur la (jwtlàté des noarmures qai
fbnc propres- i l'animal , comme fi par h
di^^ftion <|ii'U a f ai£8 des graines de c^s mau-^
vaifes herbes , reoËscmées dutis fes aKmens ^
elles n'avoienc pas écé broyées 9c confom^''
mées , de forte qu'il eft aufli impo4£ble qa'el*
les lèvent ^ que bs pépins de poires & dé
pommes , qui après atotr réjonrné dians notra
eftomac , pnc pafle par la ftercotarien. La
vraie raifon pour taqueUe le fomier dé porc
femble procurer plus de tsiaavaifes herbes
qu'un aarre , c'e& qa apparemtx^enc fes fac^
font plus ' propres à les faire germer & à les
nourrir , &c qu'elles y trouvent plus de eon^
formité 8c d'analogie.
Les fientes de pigeon » de poule & de vo-*
laille ne s'emploient point feules» ^ excepté fat
{»reqiière. Toutes font fort chaudes , tH& nt
es répand-oft point , mais on les féme , à pei)^^
près çom€âe les graines, dans les terres fortes^
froides & himiides. Elles (ont or dimaiFemenc
confondues & mêlées avec les autres engrais
dont l'ai f»ar]é » & on les fette fiir le gran<l
fumîec qm eft dans b haATe-cour. Je penk
(ja'eUe» doivent être exclues du Jardinage i
caufe deà infeStn 8c àm vermines imper*
cepcible» dom eltes fourmillent , & de leurs
eexifs , qm ne mafli^quent pas dMctorre au grand
air. Cette fiietite ^ à mefore quelles aninfiauz:
la Uiifèoc tQnibet » s'ematfe Se s'aigrit ; 6c
aloâis.ikn^'fWo d'iofeûiss s^ea nourriCent »
84 La Pr ATI QUE
attirée par laigre & la fermentation : comme
on ne la lève que rarement ^ ils ont le tems
<Fy dépofer leurs œufs^ & de -là des ver-
mines lans nombre » qui inondent les jardins »
& qui font périr les_ graines ^ en les criblant
à mefure qu'elles lèvent.
Je n'ai plus qu'un mot à dire de la taille
des arbres , ^ de rébourgeonnertient.
Quel peut être le but de la taille?
Quels font les effets des diverfes formes que
TArr a jugé à propos de faire prendre aux ar-
bres , foit à ceux en plein vent ^ qu'on di-
rige dans nos jardins , foit à ceux qu'on
drefle en buiffons , & en contre - efpa-
liers, foit aux arbres qui s'appliquent contre
les murailles , & dont les branches font éten-
dues ? Quelle peut être l'origine de la taille ?
La fin de cette opération fur les arbres , eft
de leur faire rapporter des fruits , Se d'en
procurer de plus beaux , en fupprimant cer-
taines branches & raccourciffant les autres.
C'eft auffi pour leur donner une forme plus
régulière.- De plus, il eft des fruits dont nous
ferions privés, s'ils étoi^t expofés à la violence
dos vents , comme ceux des vergers & des
campagnes , & tels font en particulier les
fruits qui ont la queue fort longue, ou dont
le volume eft corifidérable. Plufieurs n'acquiè-
rent point en plein vent cette maturité, ce
colons charmant , ni ce goût fin & délicat ,
qui nous les rendent fi précieux. Ainfi , l'Art
aidé: de la taille , dirige le cours de la fève
DU Jardinagi. S5
j& la fixe par la fuppreflion des rameaux fur-
numéraires,, & le raccourciflemenc des autres.
11 faut en outre que les arbres & leurs bran-
ches foient attachés à la muraille ou au treil-
lage , û Ton veut que les fruits reçoivent du
Père de la Nature ces coups de pinceau
cbarmans , que lui feul peut donner , cette
faveur douce , & ce parfum quil leur pro-
cure. De même les autres placés dans les
carrés du jardin » ou dans les plate-bandes »
n'aureient que des fruits d'un verd mat , ou
d^un goût rade , ils feroient privés de cette
couleur tendre , de ce lide & de ce poli qui
brillent fur la peau des fruits aérés de toutes
Erts 9 fi une main habile & intelligente ne
idégageoit au pourtour, & ne lesévuidoit
entièrement dans le milieu. Tels font nos
bons-chrétiens tant d'été que d'hiver , nos
beurrés , nos rouffelets , nos martinfecs , nos
prunes de reine-^claude.
J'ai dit qu'une des raifons de la taille &
l'un de fes effets eft la beauté des fruits. En
Qtant aux arbres quantité de ramiaux y &
en raccourçifiant les autres , que faifons-
nous ? Nous fupprimons autant de canaux
& de réfervoirs où la fève fe feroit dépo*
fée parce que les racines en pompent &
en envoient toujours dans l'arbre la même
quantité , foit qu'on le taille ou non. La fève
ne trouvant plus fes entrepots aufii nombreux
qu'auparavant , lorfqu'ellp enfile les fibres
des rameaux qu'on lui laiffe , rencontre des
Fiij
1
t* La PRATIQTfl
ycttx k bois & des boutons à frott dâhs lef'-
quels elle s'^ncke en Ton emieti Les ûm 8t
les aacres profitent de ce qui auf oit fdifé dans
les branches Tuppriméi^s ou raccourcies t>a¥ la
taille. De-U , on conçoit aifément qu^ii doie
y avoir une plus grande abondance de fuci
.dans les fruits des arbres taillés & dans leurs
rameaux , que dans ceux qu'on ne taille point ,
où cette fève eft répartie en tant de branches
différentes.
D un autre cote , l'expérience nous apprend
que les arbres taillés groiii(Tent moins que
ceux qui ne le font pas. Dans ceux - ci la
fève efl: entièrement confervée ; ceux-là en
ibnt privés en grande patrie par l'attiputation
de leurs rameaux. Dans les arbres qu'on taille >
on la force à faire des efforts & des frais pour
remplacer ce qu'on lut âte \ ce qui n*a point
lieu pour les arbres non-taillés. Par la fao^
{>remon des rameaux on dérange Id cours de
a i^e ) qui fe répand où elle trouve qaeU
qu'iflfue > ou s'en tait une ^ & on en occasionne
une grande difTipatton ^ qui opère un retard
conddérable dans leur accroiflement. On ex^*
pofe i l'air Tintérieur de l'écorce ^ la par^
rie ligneufe & la moelle » ain6 que les fi«
bres & les conduits de la fève ; par toutes
ces ouvertures , il fe fait une évaporation de
fucs conCdérable , qui left bien davantage,
quand la fève eft obligée de faire bourrelet,
£our couvrir chacune de ces plaies faites par
^ taille^ comme on le verra ailleurs*
Je ptA(e que fes Aacears ouc voulu ptëre*
nir prudemment les fâcheux événèmens qu'é*
Et>UYe trop fréquemment le Jardinaeé^
ans les années critiques y les vents font dei
tavages affreux à ces arbres en plein vent ^
ainG oue les gelées tardives , les giboulées &
les grêles , ks neiges fondues , les vents bru-
lans ôc delféchans , (ans parler de quantité
d'animaux , dont le cours eft périodique. Les
uns fourragent la verdure naiHante » tels qu«
les hannetons & les chenilles ; les autres pi-
quent ,1e dedans des fleurs au fond du calyce,
comme ces mouches longuettes qui ont le
corps noir & qui font rougeâtres à leur extré-
mité. Elles ne vivent que quinze jours » du-
rant lefquels elles font beaucoup de dégâts.
Les gens de campagne les nomment mou«
ches de faint Marc » parce qu'elles ont cou-
tume de <paroître vers la fête de ce Saint*
Elles laifTent après elles une nombreufe pof-
térité. On obferve que dans les années où
elles abondent le plus » il y a davantage de
ce venin de Tair fur les fruits ^ & dans leur
intérieur , que lorsqu'elles font moins nom-
breu fes.
Si dans tes contretems dont je viens de
parler , on n'avoit point de reflburce pour les
fruits du côte de U taille ; on feroit privé de
ceux des arbres ifolés des vergers & des cam*
pagnes y qui fou vont font moi donnés dès leur
naiflance , au lieu que (es premiers moins
expofés à tous ces dangers , nous dédomma«-
Fiv
I
t% La : Pjl,ATIQ,UB
gent aloïs de la difecce de ces derniers.
Enfin , il eft à ptéfumer que la facilité
de cueillir les fruits » & l'avantage de les
laiffèr arriver fur. l'arbre même à leur par-
faite maturité , font entrés pour beaucoup
dans la taille des arbres. Par cette opéra-
tion on les tient toujours de court en les
empêchant de s'élever , & on peut attendre
pour en détacher les fruits , qu ils ayent ac-
[uis plus de qualité en muriifant , je parle
e ceux d'été Se d'automne y au lieu que fur
les arbres en plein vent » on eft obligé de
les cueillir avant leur maturité ^ autrement ils
tomberoient les uns après les autres.
Ces raifons fufEfent pour avoir engagé les
hommes i cailler les arbres , fans parler de
celle alléguée par Cicéron ne JUvtfcant, Si
Ton perd du côté de leur force j de leur éten-
due > de leur durée , & même de la quantité
de leurs fruits , on en eft amplement dédom-
magé par les avantages que j'ai expofés.
JL'ÉBouRGEONNEMENT , en dégageant à pro-
pos ou maUà-propos les arbres y leur procure
ou l'abondance ou la difette. Décharger un
arbre de fes rameaux fuperflus , faire choix
avec difçernement de ceux qui font les plus
propres , foit à le former , loit à lui donner
une forme régulière y pourvoir habilement
par ce fage retranchement à fa fécondité pré-
fente & future y lui laiffer fuffifamment de
bourgeons pour le rendre plein partout y dif-
txibaer avec art dans toutfis fes parties »
pu Jari^inagi. 89
les branchas à* bois , & les branches à fruit»
furcharger en certains cas , & foulager en d au-
tres quelques parties de l'arbre pour parvenir
à un bel équilibre , mettre un frein à Tin*
tempérance fougueufe des uns qui s'empor-
tent ou du haut ou d*un feul coté » aider ce-
pendant & foutenir la partie foible , procurer
en un mot cette belle harmonie , cette fage
ordonnance du rapport de chacune des parties
avec le tout y voila quelles font les fondions
& les effets de l'ébourgeonnement.
Le paliflàge ne contribue pas moins à la
régularité de la figure de l'arbre qu'à fa fé-
condité. C'eft l'art d'aflîgner aux bourgeons
leur place , de les diriger avec ordre pour
laifler entr'(
qu'à peu
proches & égalemer
contourner les uns , ni leur faire prendre une
forme défaeréable* Cette féconde opération
exige du. goût & de l'intelligence. Confiderez
un arbre paliifé par une main habile. Vous
y appercevrez la naiflance de chaque bran-
che , & vous la fuivrez de l'œil , aucune ne
croifera fur fa voifine , toutes les parties de
l'arbre tirées & alongées par les extrémités
formeront comme autant de bras étendus fur
la muraille , avec laquelle ils fembleront ne
faire qu'un. Comparez enfuite un arbre ainfî
dreilé, avec ceux de tous nos jardins , où
vous ne voyez, rien que de forcé & hors de fa
place naturelle > où des parties font abfolu-
90 La PkAtiQUË
thent dégarnies , tandis que d'autres font dafis
la cotifuuon , ou au-lieu 4e diriger la Nature
avec art , ch^ue boutgeoli a été jpaliffé com-
me il s*eft préfenré , quelle différence pour
le coup d*œil , la poulTe & le progrès de Tar-
bre , aififi que pour labondance !
Quelques grands que puiflent être les avan-
tages de cette double opération , on ne peut
difconvenir que ce ne foit troubler Tordre de
la végétation, que de priver la' fève d'une
partie des réfervoirs deftinés à lui fervir de
paûTage & de dépôt. Par ces retranchemens ,
on fait aux arbres des plaies vers lefqiielles
elle eft obligée de fe porter en fe détournant
pour les fetriier. Les différentes formes aux-
quelles nous les affujettiffons , font également
Contre nature» Elle Us a faits pour élever
vers le Ciel leur tête altiere , pour étendre
à leur gré leurs rameaux fouples , & faire
briller dans toutes leurs parties cette multi-
tude de branches , de bourgeons dff de pam^
prés, dont chaque année elle embellit leur
tige. L*Art qui s'eft attribué fur la Nature un
empire abfolu , en tftême - tettis qu'il l'affu*
jettit , fait ailflSi la diriger , Torner & la per-
fedionner. Docile à fes loix , elle le féconde
dans tout te qui ite tend point à fa deftruc-
«ion. Ce concours de la Nature & ^e l'Art a
procuré aux arbres en efpaliers cette forme
régulière , qui fait le long des murailles une
tapifferie riche & une riante verdure , en
jaib^ctant les branches de devant & de derrière ,
pv Jar DrilAGl. 9«
poar étencire arec oiilte & fymmétrie celles
d%s cotes.
L ufage d appUaaer les arbres aux ttiurail-
les a été fore négligé jufqu aa Àécle précé-
dent. Le plus grand nombre des anciens cha«
teaux & leurs jardins ne font fermés que par des
haies fortes, ou par des murs de terrafles ,
avec de larges (ottcs. Les guerres continuelles ,
l'inondation des Peuples barbares , la difB«
culte de trouver des ouvriers propres k ces
fortes d ouvrages 5 là défaut de confomma-
tion en certains lieux "éloignés des grandes
Villes, ont pu contribuer â romiffion & au
dcpériÂement ics efpaliers.
Quoiqu'il en foit, jufquau (iécle. de Louis
ÎClv , les bonnes pèches furent très-rares ,
[>arce qu on ne s'étoit point avifé de placer
es pêchers en erpaliers. Les feules pèches
de vignes & celles de Corbeil étoient en re-
commandation. Tandis que la Quinrinye »
l'oracle de fon tems , s*occupoit à former
les efpaliers de Verfailles , & qu'il dirigeoit
les jardins des Seigneurs de fa Cour > les
Montreuillôis humbles , cachés & inconnus
formoient fans bruit le grand ftuvre du Jar-
dinage , & dreflbient leurs efpaliers , tels que
nous les voyons aujourd'hui. Girardot vint
enfaite , qui fe rendit fameux par le débit
confidérable qu'il fit de fes pêches. Depuis
ce tems , leur art de gouverner les arbres eft
inconnu, & leurs talens éminens pour le Jardi-*
nage ont uniquement tourné à leur profita
$1 La Pratique
Toutes ces opérations , telles que je vienf
de les repréfenter , font aifées , quand oq
veut fiaivre la Nature & la féconder. Ua
Jardinier qui les met en ufage d'après de bons!
principes & une bonne judiciaire foutenue
£ar lexpcrience, jouit de l'abondance & de
L fécondité. Mais fi , au lieu de fe confor-
mer à ce que cette Nature exige de lui , fi
au-lieu de l'écouter & de n'écouter qu'elle ,
il prétend fe faire des fyftêmes particuliers j
donnerTeflbr à fon imagination pour forcer
la Nature à produire foit contre fon gré , foit
au-delà de (a capacité fuivant les climats &
les terreins , alors il confond tout , & ren-
verfe Tordre naturel. Les végétaux , vidimes
de fes tentatives hafardées & de fes entre-
prifes audacieufes , fouffrent de rimprudcrice
de cet indifcret novateur.
DU Jaudimagb; 9f.
D I s C O U R s
Sur le Killagc de MontreuiL
M(
Ontreuil eft un Village à deux lieues
de Paris où la culture des arbres fruitiers efK
portée a la perfedion. Ses Habitans font les
feuls qui jufqu'ici ayenr entendu la direâioa
de la fève dans le gouvernement des végétaux.
Lear favoir & leur pratique font fondés fur
une Phyfique expérimentale plus parfaite ,
j ofe le dire , que les fpéculations renfetmées
dans les écrits des PhyHciens les plus pro-
fonds. Ceux -xi ont mis fur le papier leurs
idées & leurs penfées, fans trop s*embarraf-
fer (i elles pouvoient cadrer avec la pratique»
au-lieu que ceux-là ne travaillent que d'après
un fyftème le plus lié & le plus fuivi qui fuç
jamais.
A la faveur de ce fyftcme , les Montreuil-
loisont trouvé le fecret de tirer des arbres
fruitiers tous les avantages poflibles*
Leur méthode a, jufqu'àpréfent, été igno-
rée, ^ceux qui s'imaginent la connoître , n'y
entendent rien. Elle eft tellement conféquen-
le , qu'il eft impoflible d'y rien comprendre
P4 LaPhatIqûe
au premier coup d œil , &c en les rayant trâ-*'
vailler. On ne peut même en porter qu*tm
jugement faux , u Ton n*a approfondi leur tra-
vail & fi Ton n'a eu des relacions particulières
avec eux. Telle eft lorigine de Terreur des
Jardiniers au fujet de cette méthode. Tout
ce qu'ils ont imaginé à cet égard a'eft qu'un
tiffu de chimères. Auffi fe font-ils accordes
pour la bannir du Jardinage » fans favoir ce
qu'ils ont réprouvé.
Comme on pourroit me taxer de préven-
tion en faveur de Montreuil , ou d'une cen-
fure trop févére à Tégard de tous mes Con-
frères > qui fe font ligués contre fa méthode ,
Je me crois obligé d'entrer dans quelque
détail fur le travail des Montréuillpis , leurs
talçns & leur induftrie. Je ferai voir qu'il n'y
a aucune de leurs opérations qui ne ioir fon-
dée fur des régies invariables puifées dans la
Nature : au-lieu que nos Jardiniers n'ont pour
guide qu'une routine aveugle deftituçe de
raifonnement j cette Société erf' en état de
f endrç raifon jufqu à un certain point de toutes
Ces pratiques.
Mes recherches remontent jjifqu'i Téta-
jbliifement du Jardinage à Montreuil ; on y
yerra çoniraent de fimples campagnards ont
Jtrouvé ce qui n'a point été appcrçu des plus
grands phyfiçiens , qui fe font exercés fur les
phénomènes de la Nature. Sans êtrç décou*
yert, fans que fa méthode ait tranfpiré , un
l^i^ujple a^ffi nombrçujc , compofé de plufieiirs
DV Jardimaoïs. 95
villages ^ qui fait depuis plus d'un fîécle un
commerce itnmenfe de toutes fortes de den«
rces dans un efpace de terrein affez borné,
eût attiré les regards de la République Ro-*
maine. En publiant les talens de ce Peuple
enfevelis , Jufqu*â préfent , dans l'obfcurité
ic dans le ulence » je me propofe de détruite
ks fau^fes préventions prifes fur fon compte»
& d'inftrmre en mème-tems ceux qui ne
connoiiïent point fon travail.
La première idée qui fe préfence à reiTprit ,
qaand on fait Tcnumérarion de tout ce qui
croit dans le terrein de Montreuil , e(l loa
excellence pour les produâions de la Nature
que fes haoitans cultivent. C'eft - la , félon
TAateur du Traite du Pêcher , la feule caufe
de £es grands fuccès , &. Tinduftf ie n*y a que
fort peu de part. Or , je prétends que fî le
pécher fe plaît plus dans le terrein de Mon-
treuil que dans un autre , parce qu'il y produit
une fi grande abondance de fruits, il faut
convenir anfli que ce terrein efl: propre à tous
les végétaux qui y croitfent & y rcuflîllènc
également. Il eft plus d'un canton chez ' les
Moncreuillois fort inférieur en bonté à ceux
où rimpéritie d'un grand nombre de Jardiniers
laiflTe (out périr. Les terres les plus mauvaifes
cçffent de Vètre entre leurs mains. Dans le
Jardinage , tout dépend plus de la culture que
de la qualité du terrein : le yice de ce der-
nier peut fe corriger y mais rien ne ré-
pare It défaut du régime. D*où je conclus
9f La Prati^jui^
2uil eft infiniment plus rare de trouver des
îultivateurs auffi ïntelUgens , qu'un terreîn
fembiable au leur.
Je commence par les » enclos de Mon-
treuil que peu de gens connoiffent j il eft
eflentiei d'y conduire thon ledeur. Ses ha-
bicans otit imagine de partager leur terrein
par carrés , & d'y pratiquer des murailles
en tout fens. Qu'y appetçoiton en y entrant ?
Des murs tapifTés aune riante verdure > &
couverts d'une- riche moi(Tbn de fruits , un
arbre feul qui paroît remplir un plus grand
efpace que quatre des nôtres , des pêchers
âgés de dix-huit ans , dont Tétendue eft de
huit à neuf toifes , & nombre d'autres qui
à. 1 âge de douze ans s*étendent à vingt & .
trente pieds.
Si je m'arrête à tous les objets finguliers
offerts à mes regardis , je ne puis me laffer
d!admirer les diverfes inventions de l'art qui
l'es a produites. Pourquoi , demanderai-je ,
ces murailles fi multipliées & pratiquées en
tout fens ? Pourquoi ces tablettes faifanc fait*
ïijs le long de leur larmier. ? A quoi fert cette
rangée d'auvents , portée fur des morceaux
de bois fcellés en travers dans les chaperons ,
«tes enclos dont tous les Culuvateurs ne font
jas propriétaires, font loués depuis cinquante écus,
Jufqji'ï vingt Se vingt-cinq piftolcs Tarpent. Ils ont
4té taxés pour là taille a 50 & ^o livccs : les terres
CA dehors font louées 4g & f o liv, Tarpent,
& l
DU J A R O 1 K A^G 1. 9/
& qui règne .dans toute 1 étendue de ces mu-
railles ? Pourquoi ces divers abris , fi artif-
teinenc placés , Se qu'on nomme dts brife-*
vents ?
En approfondiflant toutes ces chofes, f^^
trouve que ces murs qui coupent le terreiâ
ont été inventés pour garantir les arbres des
mauvais vents , & en détourner les inâuencesi
nùifibles de Tair. Par leur moyen , les gens
de Montreuil ont réuni dans chacun des car-
rés , que forment ces murailles , les rayons
du foleil dont ils ménagent la réverbération ^
lorfqu'il eft palTé , pour en conferver long-
tems après la chaleur. Les autres inventions
qui m'ont frappé me paroiflent tendre â pro-
curer aux fleurs des arbres la facilité de nouer
plus promprement & plus furcment , & aux
fruits les moyens de croître ôc d'acquérir plus
de faveur. Curieux de connoître l'époque &
les auteurs de ces ptatiques ingénieufes ,
tous me répondent que leurs ancêtres appri*
rent d'âge en âge à leurs defcendans , depuis
plus d'un fiécle , à les mettre en iifage , com*
me eux , à leur tour , les tranfmettront à leurs
epfans.
J'examine enfuite les carrés, les ados , les
plate-bandes, & toutes les autres parties du
tcrrein , ainfi fermé de murs , afin de voir ce
qu'on y cultive , quelle forte de végétaux, y
croîflTeht , comment ils y croiffènt , & quel
profit ils rendent à leurs maîtres. Alors , que
dobjcts s'offrent â moi qui caraftèrifent le
G
9S La Pkatiqub
génie inventif de ces laborieux Cultiva-
teurs !
Là , ce font des cerifes hâtives , en abon-
dance» dont les arbres par leur étendue pro-
digieufe & le touffu de leur riche feuillage
forment une tapiflerie la plus régulière. Le
contrafte de leurs petits fruits d*un rouge in-
carnat j avec les feuilles d*un verd. brun,
mat , eft charmant. Que de foins pour ar-
ranger leurs rameaux fouples avec tant d'art !
Près de ces arbres fi renommés à Montreuil
Se qui font partie de fes revenus con(idéra-
bles , fe trouvenr d^s abricotiers non moins
avantageufement placés, lis offrent à mes re*
gards , outre leurs feuilles d'un verd médio-
jprement foncé , des fmits pâles d'un côté 8c
d'un vermillon aufli vif que brillant de l'autre.
J'en vois de deux fortes , dont les branches
font pompeufement étalées fur la murailiCf
Ailleurs , j apperçois ces mêmes fruits en plein
vent. Le haie & le foleil les ont brunis.^ iU
me paroiflTent panachés Se marqués dé petites
taches d'un rouge brunâtre.
' Non loin de-U » les feuillages fimples &
d'un verd brun, des pruniers précoces placés
entre les pêchers , fervent à relever le verd
ttndte de ces derniers^ leurs branches artifte^
ment étendues , préfentent à mes yeux , les
unes des fruits rougeâtr es d'un brun obfcori
les autres, d'un jaune doré , ceux - ci d'un
rouge de cerife, ceux-là d'un blanc pâle.
Mais mtt^ u'excice plus ma furprife que ces
B1& ÎÀUbtiiAdf. jj
reme^-cïaudôs , tâilt en êfoalier & efl éven-
tail , quW Érûiflt)ti à en pieîfi vene, L€yetà
de mer des liné's K U vetdure foncée <fes aa-
tres, a\fec les tàehes de la plupart d^eniY'eil'es
mélangées d'une petite teinte de touge , fof-
menc un coup d'oeil raviflfant.
Ailfcuts ce font àés poiriets de prïmear ,
ainfî que d'été , d'automne & d*hivér. Si j6
confîdere ces arbres iiftinerifes , fiiréhargc»
de fruits , tailles & palifles avec tout Tare
imaginable ; je demande pourquoi on n en
' trouve pbiftt ailleurs de.femfclablès. Mais ceut
qui me charment le plus font , les rouflelets
exquis , les beurtés d'une gtoflTeur prodl-
gieufe, recherchés pour leur coloris & la ré-
gularité de leur forme , les crafannes dé-
nuées de cetfte Ipreté , qili en diminue fi fou-
vent le priit , les Cdlmarts fûcculents , Ié«
martinfecs d'un vermilloh brillant & d*ùne
grolfeuf au-deffus de 4*ôrdinairé, le« bbiis-
chrétîens d'été & d'hiver , où fô trouvent réu-
nies les pêrfedions^ dés' fruits les' pîiïs re-
nommés;
Un fpeâ^cle nouveau attite' encore tttes
regÀftds, Ce èyiït des pommes d'api d'un liffe
& d*un Itrtfanr qu'on prendrait pour un beau
vertir. ÉÎIes ne font ^r^enues à unegtoflèut
S^furpteriante , que parce qu'on a fu leur pro-
diguer une fôve quf ffop partagée n'eût fàtt\.
que des fruits maigres , imparfaits 8c de thau* "
vais goût. Pour leur pfôciifer le rouge écla-
tzht qu'y a appliqué -le grand Peintre de ta
Gij ^
loo La. Pratique.
Nature , ii-a fallu qu'une main habile ait
coupé fagenient les feuilles qui pouvoienc
leur porter une ombre funefte.
Pourrois-jc ne pas jecter les yeux fur les chaf-
felas 5 dont Montreuil fournit fi amplement
nos tables fomptueufes. Ils font roux , dorés ,
clairs , tranfparens » croquans ^ nourris & ornés
de leur fleur« Leurs mufcats ne leur cèdent
en rien. Je remarque qu'il en eft d'une grof-
feur extraordinaire j & que pour éclaircir les
grappes » dont les grains font trop drus , on
en a coupé délicatement un entre deux.
Enfin, par^tout où je porte mes pas dans
ces riches enclos, je ne trouve que des pro-
duâipns perfeârionnéeç par le génie inventif
du Cultivateur ou des effets de fon induftrie.
Les carrés Se les plate -bandes offrent des
fois hâtifs , des haricots , des fraifes, des
ramboifes , des grofeiiles , des violettes re-
cherchées par préférence à celles des bois &
des jardins pour le firop violât. J'apperçois de
tous côtés des bordures & des planches d'o-
feille , qu'on réchauffe en hiver , & qu'on
couvre pour les avoir de primeur. Enfin , je
ne trouve rien de confus , rien de négligé , pas
un coin de terre qui ne foit occupe. Les
murs mêmes du côté du Nord , font garnis
d'arbres aufii touffus , que ceux qui font le
plus favorablement expofés dans nos jardins :
on y a placé les fruits dont la chair plus grof-
fiere eft en état de fe défendre de la rigueur
du froid ^ tels que les poires , les pommes à
Dxj Jardinage. lot
cuire , les meflîrejean , les marcitifecs ^ &
quantité de fruits d'hiver.
Mais i pourquoi ne troUve-t-on point ail-
leurs des arbres auffi-bien paliflcs ? ki ;, on
ne voit ni treillage , ni gaulettes pour les
tenir , ni ofier , ni jonc pour les attacher ;
ce font de petits morceaux d'étoffe qui em-
braflent chaque bourgeon & chaque branche ,
& qui les retiennent avec un clou , comme
plaqués fur la muraille avec laquelle ils fem-
bleht s'unir. Quelle peut être la raifon d'une
{pratique auflî fingulierè ? Tout ce qui vio-
ente la Nature , difeiit les Montreuillois ,
hors le cas de néceffité , efl: contraire à la vé-
eétation. Un lien qui appuyé fur la peau de
la branche , la preffe & y fait contufion. t-es
jeunes bourgeons qui l'ont plus tendre , fôuf-
frent quelqu'altération de tout ce qui les
fêne , les branches ferrées par l'ofier venant
groffir , fes ligatures empêchent la -circula-
lion de la fève : fi elles font lâches , il en
rcfulte que les grands vents agitent & fouvent
brifent les bourgeons & les branchés de l'ar-
bre. Leurs muts font tous enduits en plâtre ,
qui ne peut jamais ofFenfer l'écorce , & pro-
cure à leurs fruits, outre la chaleur du fo-
leij. pour les faire mûrir plus promptement ,
cette faveur 5 cette grofleur & ce coloris »
qui les diftinguent de ceux des autres jar-
dins.
J'approche de plus près , pour mieux con-
templer ces arbres (i bien tenus» Je n'y vois
G iij
m ongjep , pi ctijjots ., ni bois tjaprts , tu
cliancres , nulle gop^^ie » npai* uae ^corce
brilUine, I4 pluwrt font des pêchers où les
fruits fpnt diftwp^s 4^111 Içutjs différentes
parties ^ avec tant d*Qrdre & de profuCon ,
qu'on les croirpit placés p^.r la tt^ain 4^ l'Art
pjuc&t que pat celle de la Nature* Us profitent
tou^ également, ^ parvier^ent tour i tour a
Unçhciiteufe maturité- Ici U petite mignone»
J)ar fon velouté éblouiilànt charme les yçnx ,
à , fe préfçnte la n^adeleine , non avec ce
tçin pâle & cette couleur blafacre qu'on ne
lui voit que trop , mais avec un vermillon
éclatant. Ailleurs la groffe mignone , lad^
mirjible , la pourprée , la nivctte , la hour-
^ine y le téton de Vénus & une infinité d'au*
très qui fe fuccçdenr , cQUWaftent par leur
coloris varié avec le verd tendre du reuillage.
Au refte , ces arbres furchargés de fr^ît ,
n'ep fout point épuifés. , yoas les verrez l'an-
jçiee fuiyanre faire de? pouffes vigoureuft5is »
^ui fembiei^t annoncer , qu'ils acquièrent de
nouvelles forces à force de porter. Cai>fide-
rez leurs membres alç^gés , |e^ez les yeux fur
cette foule innombrable de branches à fruit ,
regardez la groffeur des tiges & l'ijfpace im-
meufe que chacun d'eux occcy>e» toutes ces
chofes font les effets d'une taille raifonnée
faite far les gourmands > qu'ils ont trouvé ^e
moyen de convertir en branches fruâueufes.
Oitte abondance » cette vigueur , cet embon-
poinjc>, ibnt également dus a un ébpiH*g^0Q«
nu Jardinagi. iô|
nèmenc fage & difcret. Là, on ne fait ce que
c'eft que de pincer ôc d*arrêcer les bourgeons
pat les bouts ; là > on ignore Tart pernicieux de
violenter la Nature , de déranger ou de trou-
bler les arbres dans leur aâion de végéter.
Nous ne pouvons quitter ces enclos char-
mans , fans con(idérer avec quelque atten*
tion un objet bien finguHer. C eft la difpofî-
cion de tous les arbres en efpaliers , qui au-lieu
d'être formés en éventail j comme tous ceux
de nos jardins , & de n'avoir que dès bran-
ches montantes , n'en ont aucunes verticales $
perpendiculaires , à la tige ou au tronc. Tou-
tes font obliques , latérales , diagonales , &
le canal diredt de la fève eft fupprimé , fans
que les arbres foient dégarpis ctu bas.
Si nous parcourions les dehors de Mon-
treuil-^ quelle foule d'objets nouveaux fe pré-
fenteroient à nos yeux y des plants de vignes ,
fur des coteaux , des noyers forr élevés , de
vaftes oferaies , des luzernes , des prés , des
blés , des feigles y des graines de toute na-
ture , de petits emplacemens entourés de pail-
laflbns , & deftinés à élever des frai Tés , des
fiantes de chicorée , de petites pépinières,
.es Montreuillois ne cultivent point de fleursj
ce font eux cependant qui en font un des plus
amples commerces. Rien n'égale leur activité
induftrieufe pour fe pourvoir de tout ce qu'ils
n'ont pas, comme a oeufs frais , de kitage»
de crêmc , de petits fromages , qu'ils vendent
dans les faifons qu'ils ne recaeillent point de
Giv
1^4 La Prat I q t? b
frûits..Il ne leur feroit pas poffible de fe livrée
en même-tems^ à tous les foins des bafle-
cours y étant obliges d être fans cefle hors
de leurs habitations pour vaqufr à leurs
affaires.
Après ce que je viens de dire , il eft bien
aifé de décider fi c eft la Nature ou TArt qui
rend le terrein de ces laborieux Villageois
inépûifable , & propre à tous les végétaux ,
oc non pas fimplement au pêcher, & s'il eft
Êoffible qu'ils y ayent adapté leur méthode.
)e huit cens ménages ; il y en a fix cens qui
gouvernent le pêcher & qui cultivent égale-
ment les autres denrées. Là , nul n eft oifîf
ni exempt de peine , pas même celles que la
foibleffe de leur fexe ne difpenfe que trop
fouvent du travail. Plufieurs d'entr'elles en-
tendent parfaitement la diredion des arbres ,
& fe livrent aux ouvrages les plus pénibles.
Chaque jour on les voir prévenir le lever de
l'Aurore , pour apporter fur leurs têtes à nos
marchés les riches productions de leurs en-
clos , dans des mânes d'ofier appellées no*
guets. Quelques-unes ainfi chargées condui-
fenr en même-tems des bêtes de fomme. Ce-
pendant les pères, les maris, &: les enfans.de
tout âge y font les préparatifs du . voyage fub-
féquent. Il n eft retardé ni par les ardeurs
brûlantes du foleil, ni par les pluies , les vents
& les orages. A peine ces femmes laborieux
fes font-elles de retour qu elles prennent un
Ikugal repas 8c un rapide fommeil » Hc revoient
r
DU Jardikagi. 105
danjs les champs s'occuper d'une nouvelle ré-
colte dont elles fe chargeront à deux & trois
heutes du matin , comme le jour précédent.
Lé tetreiiï de ces Villageois , voifin de car-
rières à plâtre > leur a fait naître l'idée d'en
foire ufage. Ils eh tirent la pierre , la cui-
fent y la battent , & leurs mains adroites élè-
vent les murs de leurs enclos. Ils ménagent
tellement leurs arbres , qu'au milieu mcme
de Tété, quand ils font forcés de fe clorre ,
ils n'abattent ni fleurs ni fruits.
On leur fait un reproche qui a quelque
chofe de fpécieux , au lujet des longues tailles
qu ils donnent quelquefois à leurs axbres. La
confiance qu'ils ont en la bonté de leur ter-,
rein eft caufe , dit-on , qu'ils s'embarraflent
peu de les furcharger , au rifque de les f^ire
périr. Je puig démontrer que les gens de Mon-
treuil, dans leur façon de tailler leurs pêchers »
leur laifTent moins de bois , que ne font
ceux qui leur attribuent un tel défaut.
En donnan't k certaines branches , telles que
font quelques gourmands, deux ou trois pieds
de longueur de taille , ils ne fatiguent nul- ,
lement leurs arbres , en ce qu'ils fe gardent
bien lors de la pouffe d'en rogner les bourgeons;
au-lieu que les Jardiniers qui pincent , arrê-
tent , caflent les bouts , forcent la Nature à
repouffer de nouvelles extrémités. De plus ,
ils évuident davantage & déchargent plus leurs
arbres tant à la taille du printems qii'à 1 c-
bourgeoanement. /lU n'alongent que les gour-
toS La PHATIQUI y
mands j Us aocres , au contraire , alpngent
les branches foibles , & taillent court les for-
tes j d'où il arrive qae celles-là s'épuifenc,
langaiiTent & meurent , & que celles - ci ne
pouffent que de nouveaux gourmands , donc
le rerratKhement continuel fatigue ôc mine
en peu de tems les arbres. Mais en fécon-
dant la nature par des tailles longues fur
des branches à qui elle prodigue la nourri-
ture , les Moncreuillois en tirent dès fruits ,
fans nombre , 8c n'altèrent nullement leurs
arbres , qui croiSem rapidement i» rappor-
tent promprement , groffiHfcnt confidérable-
ment j Se ont une étendue prodigieufe ^ en
donnant des fruits abondans. Autant qu'ils
font attentifs à ne paliffer que les bons bois
& à Supprimer tous les autres comme défec-
tueux , ou comme furnuméraires \ autant les
Jardiniers laifTent des forêts de bourgeons* i
leurs arbres^ qui les épui Cent. Jettez les yeux
fur les efpaliers de Montreuil , vous verrez
des efpaces réglés avec jugemenr entre toutes
les branches Se les bourgeons , a6n*qu'ils puif-
fent jouir des bienfaits de Tair , & vous les
-conduirez de lœil , depuis l'endroit où cha-
Îiue bourgeon fort de la mère branche jufqu'i
on extrémité.
Rien de plus étonnant que de voir com-
ment les Montreuillois ont pu , fans avoir
étudié la Phyfique , faifir le point fixe de di-
riger les arbres par principes , Se comment
ils ont pu riuffir â 1 égard du pécher dans le
gottverôeni^ir duquel les perfonnes les plus
verfées dans le Jardinage , 6c la Qaintmye
même ont édioué.
J*ai roo|oiirs été furpris cjtte ceux qui par
eue ToDC dirigé , n'ayenc pas découvert leuf
méthode ; que la Quintinye qui aimoit fi tort
fon axe , & caat d'autres Savans ayenc pris un
parti fi contraire à la nature de cet arbre-,
& qu en fuivant une route toute oppofée ^
une fociécé de Jardiniess ifolés , ait rait aux
portes de Paris , depuis cent cinquante ans ,
tout le commerce des pèches & des autres
fruits.
Quic<xique fe donneroit la peine de re^
cueillir ce que la Quintinye a dit du pécher , ,
feroir alTur émem un aflfez gros volume » mais
. il feroit fiir , en s'y conformant- , d'avoir peu
de fruit y de replanter fouvent & de fuppor-
ter beaucoup de dépenfes infruâueufes. Quant
aux autres Auteurs quiontécrit fur ce fujet, ils
fe font coptes réciproquement , & n'appren-
nent autre chpfe qu'à hâter la perte du pécher.
' J'ai fait différentes perquifitions à Mon-
treuil pour avoir des Anciens quelques éclair-
ciilèmens fur l'époque de la culture de cet
arbre. Je n'ai pu apprendre que diverfes par-^
ticularités , qui m'ont amené à des induâion$
d'après lefquelles j'ai tracé cette efquiffe-
Jettatit par hafard les yeux fur un livre
de Médecine intitulé les Œuvres de Nicolas
Ahrakam de la Framboifiere , Médeciti de Hen-
nW f n^wt de Louis XIU , & de la Reino^
io8 La Pratique
Mère ; je lus ce qui fuie , » les meilleures ,
j> pèches font celles de Corbeii , qui ont k
9> chair féche & foiide , tenant aucanecàent
» au noyau. Les abricots font beaucoup meil-
» leurs que les pèches : car ils ne fe cprrom-
» pent pas Htot au ventricule , & ne s^aigrif-
» fent point , & ont le goût plus fuave , & pour
» ce font plus agréables à leftomac*
Telle écoit Vidée de l'ancienne Médecine
au fujet des pèches ^ celle d'aujourd'hui eft
bien différente , & dans nombre de maladie^
elle les permet avec le correûif du fucre.
Il faut dire audî que nos pèches d'efpalier 3C
celles de Corbeii font auffi diâFérentes que nos
excellens fruits à couteau le font de ceux deP
tinés à faire la boiffon en Normandie. L'Auteur
avoir remarqué qvLcDio/coridc & Galien étaient
en grand débat fur le fait des pêches ; Diof*
coride pour , & Galien contre* :
La Quintinye nous apprend d'un autre
côté , que quoique de fon rems les efpaliers
de pêchers ruiïent très-^en vogue , néanmoins
ils n'eioient pas fort anciens. Voici un fait
certain , qui prouve la vérité de <e qu'avance
cet Auteur , & qui fait voir combien Mon*
treuil étoit alors peu connu.
Pépin , dont la famille étoit établie en ce
lieu oepuis long-tems , quitta fa patrie pour
fe mertre au fervice de la Quintinye à Ver-
failles , en qualité de garçon Jardinier ; c'étoit
dans le rettis que Louis XIV venoit de faire
la dépenfe prodigieufe de fes potagers. La
^
DU Jakdinaoe; joj
manière de conduire le pécher pratiquée aur
joord'hai à Moncreuil exiftoic déjà , mais
elle n'a voit pas encore pénétré jufquau Di-
redeni: des potagers da Roi. Le jeune hotnme
qui ne goûtoit point fa façon d'opérer », tra*
yaiiioit à Verûiiiles fuivant les principes qu'il
avoir reçus dans fon enfance- Le difçiple n'é-
toit rien moins que d'accord avec fotî maître.
Celui-ci laifé d'être toujours contredit, fe
dcbarraflà un peu brufquement d'un ouvrier
indocile y & ils fe féparérçnt fort mécontens
l'un 4e l'autre. Le jeune Pépin reprit le che-
min de Montreuil où la mémoire de fes ancê-
tres fembloit l'inviter à fe fixer , pour y fou-
tenir la gloire que leurs talens leur avoiejt^c
acquife.
En rapprochant ces époques Se ces ^anec-
dotes ^ il eft confiant qu'en 1 6 1 ; , tems au-
S[uel écrivoit la Framboifiere j on ne cpnnoif-
oit d'autres pèches que celles en plein vent ^
qui croifTent encore actuellement dans le ter-
ritoire de Corbeil. Servies alors fur les ta-
bles des Rois , elles font devenues depuis le
partage du menu peuple. On ne parloit point
des pèches deMontreuil, non plus que du tem$
de la Qttintinye , qui a écrit vers Tan 1680.
J'ai conféré fur tous ces difFérens faits av;ec
les principaux, perfoiinages ^ de Montreuil
. a Bou<lio 9 Pepm ^ ft de BeaafTe. le pcre , ce
dernier eft décédé à quatre*-vingr & tant d'aonécs ,
Uè La PkATtQùt
Se de Bâgnolet , & le réfultac a été que dé^
pttis cent cinquante ans , on y cultive le p&
cher comme on fait aujourdliui. Il rtï*CM
déclaré que leurs pères ne Vy avoient point
vu naître. Quelques anciens atbtés de leui'i
jardins font juget par Ul façon do*it ils foht
drefKs , que les fondateurs de Tétablif-
fement du pêcher à Montreull , rfavoient
point atteint cette perfeârion à laquelle on
eft parvenu depuis pour le paliffage. Plu- ^
fieufs fouches de pêchers antiques fur aman- '!
dier , qui ont un pied de diamètre , ce qui j
fait trois pieds de tour , font tout-à-fait en
terte , Bc féches , à l'exception d'un peu
tfécotce vivante par derrière , qui porte la
nourriture à un rejetton greffé en pêches de-
puis vingt ans. Les uns Se les autres peuvent
en avoir quatre- vingt , Se ils ne lairfent pas
de bien pouffer & de donner amplement de
beamc fruits.
Des gens de Montreuil, m'a -t* on dir,
après avoir mangé des pèches de vigne, où de
celles de Corheil dont j'ai parlée jettèreht les
iïoy«ix dans leurs jardins. Quelques-uns ayant
levé le long d'un tùnt , produifitent dts ar-
bres. Il prit fantaifie aux propriétaires de (bu*
fenir leurs branches furchargées de fruit , &
jde les attacher à la muraille. On ignoroit
alors en France l'art d'y appliquer les arbres.
Ces bonnes gens n'ayanfni jonc ni ofier , firent
<les lùqnts avec des morceaux de leurs vieux
ji^bits S£ chadèrent des clous dans la mu^
ou J A 11 6 X )l A G !• lit
taille fat les deux boacs de ces Immes unis
dcmt ils enveloppèrem chaque branche* Telle
«ft l'origine de la méthode de travaillée à la
loqae » pratiquée dans tout, le pays. Les pè-
ches ain£ expofées au grand loleil , prirent
couleur , acquirent du goût & groffitent
davantage. Ce faccès engagea à planter de
nouveaux noyaux \ les fruixs portés au mar-
ché» furent enlevés d'abord & bien ven«
dus. L'Auteur de cette découverte , attacha
bientôt toutes les branches de fes pêchers le
long de fes murailles , qu'il multiplia aufli.
Piufieurs particuliers de Monireuil voyant le
débit favorable de ces fruits , plantèrent pa-
reillement le long de leurs murs de ces ar-
bres venus de noyau. U fe trouva des efpè-
ces plus fucculcntes, plus charnues » plus co-
lorées 9 qu'on s'appliqua à multiplier par la
voie des greffes , & on elTaya fans doute d'é-
cudboner les pruniers fauvageons & les aman^
: diers. Ces pêches prirent le nom de ceux
SI en Erent les premiers la découverte.
Ile , par exemple , qu'on appelle la Bpurr-
dine ( ion vrai nom eft la Boudme ) laquelle
eft très-eft^mée ^ Montreuil & à Bag^olet»
doi( fon exiftence au nommé Boudin.
Les faeeès de ces particuliers donnèrent de.
rémulatioa aux autres. Non - feulement iU
s'appliquèrent à cultiver le pécher ; mais tous
enchérilTant les uns fur les autres , s'emprefr
fèrent de planter & de gouverner tes arbres de
leiir mieux. Dès-lors les pêches de Cofbeii
iix La Pratiqv h
difparurent de nos marchés. Les Jacdiniers'&
les Maîtres des maifons de campagne autoar
de Paris , voulurent avoir de ces fruits fi co-
lorés, d'un goût fi fusjve, &: qui fe ven-
doient fort cher. Bien rot les Pépinieriftes
élevèrent des amandiers & des pruniers fût
lefquels ils greffèrent diverfes fortes de
pècheSé
11 n'y avoit originairement q^i'une douzaine
de Jardins à Montreuil où l'on cultivât le
pêcher ; à la mort d'un des propriétaires
qui poifédoit un terrein d'envirot) ^ISf^''^
arpens > fitué vers l'endroit qu'on nomme la
.Croix- du-bois , fes enfans eurent cl^acun un
arpent qu'ils firent enclorre.de maniiUès»^«Ltt
héritiers d'un de ces derniers , au nombre
de quatre > partagèrent entr'eux l'arpenc de
rerrevprovenant de la fucceflion de leur père.
Tous plantèrent des pêchers le long de leurs
murs de clôture. On s'apperçut alors que
dans les quatre quartiers de terre du derniej:
décédé , les pêches avoient plus de couleur Se
dégoût, que les arbres profitoient mieux,
geloient moins tous les ans , & que te
qu'on avoit planté dans le refte.de chaque
carré , étoit plus hâtif. Bien tôt le terrein
commença à être coupé de murs en tout fens y
ufage préfentement général à Montreuîk
On remplit enfuite les carrés non-feule-
ment de fruits d'un débit fur ^ tels que les
fraifes ^ & les framboifes ; mais encore de
plantes d'un commerce lucratifs abondant.
^ . On
•On planta des primeurs , des vignes , & des
arbres de fruits à pépin de toute nature. Les
expoficions du nord ^ du couchant moins fa-
vorables au pêcher que celles du levant &
du midi , furent deftinées' aux fruits à pe^
pin & à noyau , qui peuvent y réuflîr. L*in-
telligence des Moncreuillois jufqu'alors ren-
fermée dans la feule culture du pêcher, s'é-
tendit infeniîblement aux autres denrées , 3c
aux fruits de toute efpèce. Depuis ce tems-
ii , ils multiplièrent tellement leurs murail-
les que tous les térreins de la campagne
même éloignés en furent coupés^ Pour biea
juger de leur effet , il faut fe tranfporter fur
le haut de la montagne , en venant par Ba-
gnolet. Se coufidérer delà Montreuil à vue
d'oifeau.
Lors des révolutions > que fit éprouver i
la France , lé Syftême qui changea la face «des
affaires de TEtat & des Particuliers » les habi-''
tans de ce lieu qui faifoienc des rentes far
leurs biens , les rembourferent , foit par les
facilités qu'ils trouvèrent à faire des emprunts
en billets , foit'pax les gains immenfesque
leur produifoient la vente de leurs denrées.
Ils firent plus. Us achetèrent les maifonsbour-
geoifes aflez nombreufes. Alors, ils conftrui-
urent des murs de toutes parts, tant dans
leurs enclos qu'en dehors. "Les tablettes , les
auvents , les paillaflons plats & les autres pré-
fctvatifs furent des fmtes de ces aggrandif-
&mens«
H
JI4 La P rat 1 qui
Gitardoc , Ci renommé pour le coihmerce
des pèches à Bagnolec » n'en fut point Tin-
venteur. Une noble émulation le porta à en-
chérir fur les pratiques de Montreuil. Ce
ne fut que vers la fin du dernier iiécle que
xci habile Agriculteur commença fon éta-
bli(Iement;
Pendant une longue fuite d'années « il pré-
fenu affidûment i Louis XIV , qu'il avoit
fervi en qualité de Moufquetaire , les fruits
de fes arbres naiflfkns. 11 n'y avoit pas en-
core long- rems qu'il jouidbit de fes dépenfes
excefEves , lorfque Thiver de 1 709 , u fatal
a tous les végétaux , n'épargna point fes pê-
chers , ni ceux des environs. Les pèches fe
. vendirent cette année jufqu'à quatre francs la
pièce , & Girardot, qui n en recueillit point
. & ne put en trouver , ne fit pas au Roi fes
préfens accoutumés. II. eft certain qu'il tra-
irailloit peu par lui-même à fes arbres , te
qu'il les faifoit façonner par des gens de jour-
née & des garçons Jardiniers. Sa fortune
aifée &c brillante, qu'on (ait mal-â- propos
montfer à 30000 livres par an , doit moins
être attribuée au profit qu'il retiroit de fes
fruits, qu'au difcrédit dans lequel tombèrent
les biens -fonds durant les longues guerres de
Louis X1V« Girardot fit alors diverfes acqui-
. fitions â bas prix , qu'il revendit enfuite ou
qu'il donna à bail à rente , fur lefquelles il
gagna confidérablement. Son terrein con-
Sftoit en ^quatre arpcn$ d'une feule pièce i
en y conftriiific des murailles en tout fen(^,
<\m le parcageoicnc en foixante - douze civ^
tés , ce qui fie nommée damier cette pièce
de terre. Elle a été depuis enclavée dans
le parc de la DuchelTe d'Orléans douairière.
La nature de cette terre franche » pefante &C
tardive j dans un fond extrêmement humide »
ne me paroît pas un terrein propre au pe^
cher. Girardot fit enfuite au même endroit
lacquifition d'un fief appelle ies Guédons %
dofit l'emplacement 9 qui n'eft aue carrière
à plâtre j & rempli de fources a quatre ou
cinq pieds de profondeur , n'étoit pas plus con-
vénaole au pécher que le précédent. Avouons
donc que la bonté du terrein a moins de parc
au fuccès que le gouvernement*
^ij
II(
LE PÉCHER
E T les autres Arbres confidérés dans
leur premier âge.
PREMIERE PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.
Defcription du Pêcher , fon gouvernement
commun^ aux autres arbres.
ijE PicHiR, originaire dePerfe^ eftun
arbre tnédiocretnenç coufFa , de moyenne hau-
teur & grolTear , aflez femblable à i aman-
dier , par fon écorce d'un rouge grifâtre , Tes
feuilles longues % pointues , litTes & denre-
lées f fes fleurs d'un rouge mat , Se fa façon
de poufTer. Ses feuilles , étant écrafées , ré-
pandent une pdeur d'amande , & fes fleurs
en cela différentes de celles des arbres frui-
tiers i pépin ^ fe montrent & s'épanouiffenc
PU Jardikagk. liTt
avant qu'aucune feuille les devance. Ses bou-
tons , au -lieu d'attendre que le printems
leur donne le (îgnal y femblenc s'efforcer de
le prévenir ; & ws la fin de Février ils com-p
mencent à poindre & groi&fTent lentement^
On diroit, a voir la façon dont ils fe déve-
loppent alors » que prévoyant les contretemij^
qu'ils auront à elTuyer , ils femblent s aguérir
contre le ftoid ; & telle eft la raifon pour
laquelle ils font huit J9urs fans s'ouvrir.
Quand on néglige de tailler le pêcher j foit
en plein vent , foit en buiflbn ; fes rameaux
d'une écorce liiTe & tachetée de rouge du côté
du foleil s'alongent toujours , il les fait tombée
négligemment vers fa tige , les yeux du bas
avortent , chaque braache meurt infenfible-
ment, 8c l'arbre périt en peu d'années.
Il eft inconcevable à combien de caprices
le pécher eft fujet dans nos climats. On le
voit tantôt prefque fans vie d'un côté , tan-
dis que de 1 autre il poufle des branches nom-
breufes & fécondes. Le plus fouvent il porté
toute fa fève vers Textrémité de fes bran-^
ches I pendant que îe bas eft vuide & dé-
garni. D'autres fois , il n'en a que de gonr^
mandes , & fi on les lui ôte » il n'en produit
que de chiffonnes ; fouvent il pacoît defféché,,
pais il renaît pour ainfi dire , Se repouffe
avec une finguliere vigueur. On le voit auflS
durant quelque lems maigrir & rechigner i
& lorfqu*on eftl près de l'arracher , il repro-
duit da fa fouchét fttttôut étant greffé far
^**
1
jiS La Pratique:
amaûciîet y des rameaux verdoyans qaî -opC'.
rent fon renouvellement pour une longue
fuite d'années. Ses branches d'un verd écla*
tanc deviennent fanées & deiïechées , fans
qu'on puiffe en deviner la caufe , Se fouvenc
Farbre meurt , ou avec fes fruits avancés >
ou après les avoir amenés à une beureufe ma-
turité.
 tous les arbres fruitiers , foie à pépin ^
foit à noyau ^ le fruit noue foit au bouc des
branches , foit dans le milieu , & mûrit s'il
ne furvient point d'accident. Pour que lapê-
che au contraire tienne Se mûrifTe , il faut
qu'il y ait à côté ou au-delTus une branche
à bois à laquelle elle foit attachée , comme
d fa mère nourrice. S'il arrive que fans elle
une pèche groflifle, elle tombe ordinairement
avant fà maturité. Quelquefois un Jardinier
s*avife de couper la mère nourrice du fruit
après que la Heur a noué ^ ou féduit par le
brillant éclat des branches qui ont des toupil-
lons de fleurs entaffées les unes fur les autres
fans boutons â bois , il taille fur ces branches :
les pèches alors avortent ou tombent toutes
grofles.
Nous n'avons point d'arbres fruitiers aùffi
féconds que le pécher. 11 eft étonnant qu'il
ptritTe fournir à toutes les perres qu'il fait
par le retranchement des braoches dont on
le décharge à la taille , Se de celles qu'on lui
6re lors de réboiirgeonnement. Il ne Teft pas
inpitis qu'il fuffife à la prodigieufe quantité
Dv Xaudikage* 119
de fes fruits pefans fc très- aqueux. On voit
des pêchers à Montreuil Qui produifent un
millier de pèches coûtes fort groiTes , fànt
que Tannée fui van te ils feient cpnifés. £)u«
rant l'été j il s'extravafe quantité de gomme
de plufieurs de leurs branches ; leur verdure
n*eft point altérée » quoiqu'ils foietK appliqués
contre un mur à la merci des rayonst brûlans
du foleil ^ qui les pompent & les defféchenc
cpnrinaellement. Toutes ces chpfes prouvent
Vabondance excefljve de leur fève*
Le pécher eft plus difficile à conduire que
les autres arbres. C'eQ: un étranger qui con«
ferve parmi nous une forte de férocité qui
le tend peu traitable , furtout quand il eft
gouverne par des gens qui n'ont point étudié
fon goût , fon caraâere , fes penchans ni fes
vices. Les naturels du pays réfiftent mieux â un
traitement qui en peu d'années oiufe in«
failliblement la perte du pécher. On peut
iHen gouverner ceux-là , fans être au fait de
celui-ci. Quiconque au contraire excelle à
diriger le pécher , réuffira aux autres ; avec
le fecours d'une bonne judiciaire , il variera
fa méthode , fuifant la différence dé la poufle
& de l'aâion de la fève.
Bien des pratiques font communes à tous
les arbres , telles que la préparation de la
terre avant là pîan ration , la difpofitièh des
racines , les précautions fages qu'exige leur
jeunefle , de les divers foins fui vant^ tes fai-
fonSé L'alongement ^es branches i|4a taille
i,io La Pratiqué
des gourmands., le rapprochement & la fa«
çon de concentrer le pêcher en lui - mcme,
font des exceptions dont .je ferai mention. Se
qui ne conviennent aux autres arbres que dans
certaines circonftances. J*ajoute que le pêcher
eft d'une telle fujettion » qu'une feule maa-
vaife taille, un cbourgeonnement défeâueax^
le défaut mên?e de direâion d^s premières
poufTes après fa plantation , décident de fon
fort. Auiiî fa deftinée » entre les mains des
Jardiniers ordinaires , eft de périr prompte-
ment après avoir donné méaiocrement de
fruits. Sa déiicateiTe s'habitue difficilement i
nos terres franches. Dans les unes il fcche ,
fes branches meurent Tune après lautre. Ces
fruits, quoique bons ,. font petits & rares.
Dans les autres il pou (Te extrêmement eii.
bois, on a beaucoup de peipe à le retenir »
fes fruits agréables aux yeux font dénués de:
cette eau Xuave ôc de ce parfum qui en font
l'excellence. Dans de certaines terres , il ne
leaffit guère mieux -y les brouillards , les mau-,
vais vents j les gelées tardives, les pucerons,
la gomme accélèrent fa fin.
On dit ordinairement que notre climat ne
convient pas au pêcher , & qu'au bout d une^
quinzaine d années fa fin arrive. Il y a mêoie
des jardins où Ton le renouvelle tous les fept
ou huit ans* Il efl Vfai qu'il parvient rarement:
à la vieillefTe comme les autres arbres \ mais
il ne. faut attribuer fon peu de durée ni à
fa nature ;i ni à la terre ,..iu au cUmajUi;.Sa,
vie eft entre nos mains ^ elle dépend de notre
travail & de notre induftrie. J'avance hardi-
ment qu'un pécher bien gouverne doit durer
nn fiecle. Il y en a à Montreuii qui ont plu»
de foixante ans , qui rapportent cinq à fix
cens pêches > &ç qui dureront autant. On voit
a Bagnoiet des arbres peu éloignés d'un fie-
cle y quoiqu'ils ayent palTé par les mains de
diâerens Jardiniers.
CHAPITRE IL
De la greffe du Pêcher.
I lE pfecher fe greffe a œil dormant fur
fauvageon, c*eft-à-dire fur un arbre venu
d une bouture , d'un rejetton , ou d'un noyau j^
ou fur un arbre greffe d'un fruit à noyau
qui lui eft analogue. Quand il vient d'un
noyau de pêche fans êtregreffiê, il refte pê-
cher , & rapporte des fruits tels que ceux
de vignes & de Corbeil. Les arbres , foit
fauvageons , foit greffés , qui conviennent le
)lus au pêcher , font l'amandier , lé prunier ,
'abricotier , le pêcher venu de noyau & ce-
ux qu'on veut changer de greffe. Jufquici
on a cru que les pêchers fur amandier réut-
fiiloient mieux dans les terres légères que le
1
tit L A P RATIQ V 1
prunier , & qu au contraire ceux entés fur pnr
nier faifoient mieux dans les terrei fortes*
La raifon qu'on en apporte eft que le&tiva*
geon de l'amandier fe nourriflant de pea &
ne poûfTant prefque point de chevelu qui
pompe & fuce fans cefle , n'a pas tant be-
foin de fucs ni d'une terre (i fubftancieile ,
au « lieu que ie premier étant un arbre de
plus longue durée , a peu de grofles racines ;
mais quantité de moyennes & de petites qui
exigent plus de noutriTurCi Je m'embartalTe
peu dé la diftindîon des terres fortes ou lé-
gères , de celles qui ont du fond , d'avec
celles qui n'en ont pas, &' j'ai toujours pré-
féré de-^pfinter fur amandier dans quelque
t€;rrein que ce foit.
La greffe eft une opération effentielle. On
ne connoiiToit autrefois que. les pèches de
Corbeil , & il n y a pas plus d'un fiecfe qu'on
s'eft avifé de greffer j j'ai dit que c'eft Mon-
treuil & ks çnvirons qui ont tiré le pécher
de fon état obfcur j en le greffant de le pla-
çant avantageufement , afin de lui- faire rap-
porter de plus beaux & de meilleurs fruits.
Les pépiniériftes, fans attendre que leurs
fauvageons ayent une greffe ur convenable ,.
les greffent dans le tronc même> au moyen
^e quoi on eft fort embarraffé pour lés plan-
ter. Si on les enfonce en terre , teU qji'ils
dpivent être > la greffe eft enterrée ; n ' en
' les plante en fuperficie , leurs racines bru-*
lent. Dans le cas où l'on feroit obligé de
r
1^ tr ^ jARD1HAél« IZ^
tlanter de tels arbres, on n'auroic âu'à les
»oter {afqu'â ce que toute la maflTe fôt def*
? cendae. Les Chartreux grétfenr ordinaire-
ment leurs fauvageons à fix ou fept pouces
au-defifus de la terre , lotfqu'ils en ont 'deux -
ou trois ; au lieu de rebotter ceux qa ils ne
vendent pas » ils greffent un nouveau fruit'
fur la greffe , qui a pouflTé Tannée précédente ;■
; ainfi , les arbres reftent deux années de plus en
f'iace ,' & forment ce qu'on appelle franc fur'
ranc. J'en ai plantés d'une grofleur brodr-
gieufe , avec des racines immenfes , ôc-là quT
je laiflois des tcres de vieux bois j qui tn^ont
donné des fruits Tannée même , & qui à la
troifieme poulïe avoient vingt- cinq pieds d*é-'
[ tendue.
Dans les pépinières , on greffe le pécher
trop tôt fur de maigres ou fur de mauvais^.
fujets , fur des amandiers. d*un an , ou fifi?
j des pruniers trop fluets. L'expérience démon-
tre que fur un fauvageon quin'eft point dune
gro(leur formée , la tige ne prendra que fore
peu de corps durant toute là vie du pêcher.
La greffe s*y trouve communément du dou-
ble de la groffeur de la tige qui refte maigre
& rabougrie. De là vient ce caliis ou ce grosf
bourrelet fi difforme à quantité de pêchers
vers Tcndroit de la greffe. La Quinrinye liê
veut pas qu'on en plante venant de la pépi-
nière , qui n'ayent par le bas un pouce de
diamètre , miand ce font des nains , & dix-
huit lignes qtiand ce font des tiges ou des
114 L^ PHATIQUP
demi-tiges. Il y a en efFet double profit pour
la vigueur , la fatité dç l'arbre , fon prompt
rapport & fa durée , pour l'abondance de
fes fruits & leur bonté. Le choix des pépi-
nières n eft pas indifFérent. On doit toujours .
préférer à celles qui font fumées, tertotces
ou d'excellente terre j les pépinières maigres
& légères , telles que celles de Vitry.
Lorfqu on tranfpîantera les arbces au loin ,
on aura foin de bien couvrir leurs racines
avec des herbages frais & abondans en fève ,
& de mettre par-deflus ce premier lit , quel-
qu'onftueux qui ne s'évapore pas aifëmenr ,
tel que du fumier gras & bien confommé ,
recouvert de mouiFe & cfnveioppé dans une
toile cirée. De tems à autre on les hu-
medera^ en jettant de Teau deflus. Arrivé^
à leur deftination , ces végétaux doivent auffi-
tôt être plongés durant vingt -quatre heures,
dans une marre d'eau de f^iimier , ou dans
,quelqu*eau bourbeufe , pour que fes par-
ticules développent leur huâiide radical. Les
plantes délicates feront dépofées dans du fu-
mier un peu moite » médiocrement chaud »
ou dans du terreau humide. Enfin » (î on
mettoit à couvert les plantes robuiles durant
une journée , après les avoir arrofées , & en-
fuite dans un ruifTeau ou dans un baquet
d*eau , je penfe qu'il en réchaperoit un grand
nombre. -«
Il eft aifé de fe ménager une péjpiniere. On
dreiTe un canton ^ & de trois pieds en trois
DU Jardinage. iic
pieds on y mec , au primeras , à trois pou-»
ces de profondeur des amandes qu'on a fait
germer à la cave dans du fable \ à me-
fure que les amandiers font en état d'être
greffés , on les écuffbnne \ & lorfqu'on veut
\t% planter , on les lève en motte & on les
mec en place. Dans une pépinière ou il n'y
a que des fauvageons nains , je plante au mi«
lieu des rangées à (ix pieds de tout feus , un
arbre greffé de Tefpèce qui me convient. Fort
& vigoureux , tel que je le fuj^ofe , il ne
manque pas de fiûre des poulies très -^ alon*
gées. Alors^ , je greffe en approche tous ces
bons bois au printems fur autant de ccfs fau«
vageons , qui font en érat d'être greffés , &
fur lefquels ces rameaux peuvent s'étendre.
Quand on a des arbres ^eux ou caducs i
on place , entre deux dans le printems » une
amande qu'on aura mis germer dès le mois
de Novembre pour la greffer enfuite , fouvent
dans l'année même. Cette façon de regarnir
fes efpaliers eft très-bonne : lorfqu'une fois
ces ari>res ont pris , ils font d^une très-lon-
gue durée , pourvu qu'ils foient fécondés &
conduits avec intelligence. Je fuppofe qu'on
a auparavant fondé la terre , & qu'on la dé-
foncée. Un fauvageon de prunier peut aufli
être greffé en place , s'il eft bien vif & fuffi-
famment fort.
L'affemblage de différentes greffes fur un
même fujet , réufCt rarement : la dominante
l'emporte toujours fur la plus foible. Je ne
I
ttt La Prat iqv $
iache qu'une occafion où l'on puide y con*
ierver plufieurs greffes. Vous avez des ar-
fcres fort vieux , dont les fruits ne vous con-
viennent point , foit parce qu'ils ne font pas
exceilens » foit parce qu il y en a trop de la
même efpèce. Ces arbres poufTeht de leurs
foucbes des branches gourmandes , qui vien*
nent du fauvageon. On les greffe ^ la même
année , & on projette de les renouveller fut '
ce rejetton greffé » en obfervant de ne ^
les fapper coût d'un coup > de peur de £are
À la fois fur une vieille fouche des plaies &
tropnombreufes & trop confidérables ; mais
id'année en année d'abattre fucceflîvement des
branches.
*. Quand on voit que la fève efl: trop abandante
15^ que rëculTon gromt » au point qu'il y a lieu de
craindre qu'elle ne foie noyée , il faut couper pai
derrière la laine & Técorce , jufqu'au bois » à quatre
ou cinq pouces au-deflbtts de tcnàsoh ou eft placé
l'écuflbn par-devant.
%jf
©U JaRI^I NAOt. «ly
=r
CHAPITRE III.
Des terres propres au Fêcker ^
des moyens de corriger celles qui
ne lui conviennent point.
JL/'ApRés des obferyations certaines » |e
penfe que les arbres & les plantes fe ooar<*
rident des fucs de la terre » non pat voie
de broyement \ mais d*abord par voie de
pompement , enfuite de circularion de la
levé ^ & enfin d'élafticicé des parties organi*
ques y qui préparent les parties fpifitueufest
de cette mênie fève. Ce pompement eft fondé
fur ce que toutes les racines des plantes fonc
ouvertes pac lears extrémités ; & qu'elles dé-
génèrent en pointes arrondies , ati bout des-
quelles eft un petit trou femblable â celui
qui paroît dans chaque graine , & par le*
quel la fubftance des fucs de la terre y eft:
reçue. Telles qu'une éponge qui de plate
qu'elle eft » groffit dans l'eau , en rece-
vant par fes pores les parties liauides qui
les imbibent ic les font gonSer ; les racines
dun arbre déplanté depuis quelques jours »
plates» féches, rentrées eti elles*mèmes, ie
dilatent fie rendent Teau » quand oo les prefla
n
Xit La pKATïQtJi
fortement , après un certain féjour qu elles y
ont fait.
Il eft allez inutile de s'étendre fur la rtc-
ceffité d*ufl "bon. fonds de terre , pour tous les
arbres généralement. Je dirai quel eft le meil-
leur pour le pêcher., en traitant de fa plan-
tation aduel le. J'ajouterai feulement - ici en
faveur des perfonnes qui veulent planter en
toutes (brtes de terres , que le pêcher fe plaît
furtout dans celle qui étant douce , médio-
crement grafle , Se un peu fabloncufe , tient
le milieu entre les terres fortes , & lès terres
légères- On peut corriger le vice de celles
qui ne font- pas conformes au goût de cet
-atbrè.^'- ■-•."■'"
Une terre , quelqu'excellente qu'elle puifle
être , dégénère à mefure qu'elle eft défoncée.
Il y a ordinairement un premier lit , qui à
raifon des pluies , des influences de Pair^ de
.des engrais à des qualités plus avantagen-»
- fes. A un pied ou deux , on trouve un lit
de couleur ' moins foncée & rude au tou-
Jcher. A celui-ci en fuccede un troifieme ,
dont la terre eft jaunâtre , rouffâtre , blan-
châtre , fabloneufe , cendreufe, & enfin ar-
rive le tuf , la craie i la pierre , la grou.
Si |a terre ne vaut rien , il . faut en for-
-mer une , qui approche de celle dont je viens
de patler. Eft-elle trop grafle , il faut l'allé-
ger j quant aux maigres & aux légères on
le&retxtonte pour leur donner du corps. A
l'égard des terres bttmid<^$ 8c froides , je les
defléçhe.
2> V J A a D t M A p Bw I iy
deilSche » & je leur fubfticae de quoi tes ra*
nimer ; enfin , je fais enforte de diminuer la
grande ardeur des fables brulans » en leur
procurant une fraîcheur tempérée.
Pour alléger les rerres trop gtaffes > Se
atfbiblir leurs fuçs trop fubftancieis , je pro-
pofe quatre moyens , qui m'ont également
réuffi i favoir : -
Les savons renverfés^
La cnarcée y
Le fable >
Les plâtras broyés
Les avantages des, gaîons qu^ûne longue
expérience ma fait connoîcre > me détermi^
tient à les confeilter pour en faire la bafe
de toutes Jes plantations. Quand on les a
levés & amenés au bord du trou , on les jette
au fond , en mettant Therbe deflbus & la ra-
cine deffiis. On les étend «enfuite & on fait
plttfiëurs lits , jufqu à^la moitié du trou. Les
gazons étant le fumier naturel de la terre , 6c
fa produ&ion la plus ordinaire , m*opt paru
d'autant plus propres à remonter la terre du
pécher y que cQt arbre demande un fuc doux
& bénin. Quand les extrémités des racines
les ont atteints, elles s'accommodent parfai-
tement de leuir fubftance friable. Ils durent
dix, douze & quinze ans y fans être con-
fommés tout-à-fait, & ne pouniflent que len- ^
tenaem. A mefure que les pluies & les nei-^_
ges humeârent la terre, ces gazons qui for-
KDcnc couune une elpèce d'épongé y portent
i}6 La Pratiqui
avec eut une impreffion d'humidité douce ,
dui jointe à la chaleur des rayons du foléil,
tait pafTer dans les racines de l'arbre ces fucs
qu'ils contiennent. J'ai remarqué que quel-
que fccherefle qu'il arrive , les arbres au
pied defquels on a pratiqué de ces couches
fourdes & fouterraines font toujours ver-
doyans , & poulTent des jets vigoureux.
La jauge ecant à moitié remplie de gazons »
je mêle de la terre du delTus qui vient de la
fouille , avec* un tiers de chaTtée ou de plâtras
broyés que je bats , & quand le tout eft bîea
mélange , je remplis le refte de la jauge &
je plante. Cette cnarrée qui n'eft que de la
cendre détrçmpée par la leflîve j renferme
beaucoup de parties fpiritueufes , & eft très-
fropre à tendre légère une terre groflSere. Si
on employoit delà cendre pure , elle brûle-
roit lés racines , à moins qu'elle n'eût paflc
l'hiver , expofée aux influences de 1 air.
Le iâble Jiont je parle eft différent de ceux
de rivière , Se des fables rouges & inferti-
les. Il eft doux & léger, approchant de ce
qu'on nomme fablon ; on le trouve dans des
fond$ où les ravines l'ont entraîné , & le long
dè$ cheniins & voiries qiii ibnt un peu en
pente.
Je méïahge les plâtras broyés , de ihcme
que les ingrédiens dont je viens de parler.
Quiconque fait les employer à propos , peut
Être aflûré de fertilifer fes terres pour long-
cems. Il faut commencer par les battre & les
pftffer enfutce à k claie* On fait qt» I«i (ki^
petriers trouvent dans ces plaoras de quoi
faire leur nicre, qui forme la poudre» ^
qu'ils en tirent une quantité coniidcipabt^ de
iel cxtcèsnement coriroilf. On peut en infé^et
qae ces plâtras bien broyés & fagement ài£*
penses dnitent remottcer «ne terre encore
mieux que la marne dont on la coufte. U
ne faudvoit pas en faire uËin daas celle qui
feroit légère , brûUnce ou labloneufe.
Inutiienienr pianreroit'-oci des pêchers dans
des terres glaifeuiês & ârgilleu£es , il Foo
fi*enipioyok les moyens convenables pour en
adoucir & en corriger k roideur. U s'agit de
les développer & de les émier , afin que leur
farface ne ptéfente poinc de cromes dium ,
impénétrdiles aux rayons du £diieil Se ù,vëc
pluies^ Je foppofe d ab^d qœ la |aage cft i
moitié remplie de gazons renverféî. Si tonee
la terr« eft graffe , fone &: de même nattire »
fe fais écrouter » pour la teoyplaicast , celle des
graods chemins Se des voiiriie5« Il eft des
cours de fermiers dans lefqudles les ans*
maax (mt dépofé depuis ua tems j«»ne«no-
ml 4les efigrais lavés & détrempés > & dont
les 610S t>ra été âvant^igeafemenc développes
par 'les plaies , ks n^ge^ & l^ ^lées. Les
coars des particuliers contiennent de très-
boimes terres pnov^ena^tes de balayures , de
vannmtes de grains & autres engrais femr^
blabies. Dans les-catreéoairs , les raes 9c les
flzCQs v«gue$ des ViAUges ^ pa tcouve des
l ij
i)Z L A Pu AT I Q xr E
immondices confon^ées & pourries. Après
les avoir fondées» je les faispaffer â la claie
& enlever.
Au défaut de ces expédiens , j'ai recours
aux terres de prés 6c de marres » au fumier
des chevaux & des beftiaux que je mecs pour-
rir dans un grand trou où je fais tomber
toutes les eaux voifines. Quand il s'agit de
.remplir ma jauge ^ je me fers de ces diffé-
rentes, terres y Se i leur défaut je mêle moi-
tié fumier réduit en terreau avec ma terre
argilleufe , & je les broyé bien enfemble.
Quant à ce dernier engrais , je ibis obli-
gé d'y recourir tous les trois , quatre ou cinq
ans , félon que ma terre reprend plus ou
,moins fon ancienne roideur. Ain(î dans un
.fol jugé impropre au pécher » viennent des
arbres admirables , Se des fruits au0î abon-
dans qu'excellens.
A regard des terres maigres & légères » il
faut leur donner de la faveur & de la fécoR-
.dité , fuppléer à la nature > donner un corps
â ce qui n'en a point. Par-defTus les gazons
j'emploie les terres de ruiffeaux , & les dé-
pots faits par les ravines dans des fondrières
où les fucs des termes voifines ont été en-
traînés. Je fais aufli un amas de fiente de
vache, que je laiife pourrir , 6c je mêle
le tout par moitié avec ma terre maigre. Il
eft très-à propos , dans ces fortes de terreins,
d'arrofer les pêchers avec un . feau d'eau de
I fumier tous les ans au printems > ou dans le
BU Jardikaoi; iji
courant de Vété. Cet arrofement qui les tient
frais , les fait poufler & produire comme dans
les meilleures terres.
Il s*agit de deifécher Ôc d'échauffer celle«
qui font humides & froides : voici comme je
m'y prends. Dans ma jauge , je mecs des plâ-
tras Ôc des démolitions à la hauteur a un
pied y j*en excepte les pierres à plâtre ou à
chaux , les moellons tendres « les recoupes
qui fe mettent en bouillie dans Thumidité.
Par-deflus je fais placer les pkisgroflTes pier-
res en forme de parpins , en obfervant qu elles
ne fe joignent pas exàâement pour faciliter
1 écoulement des eaux. Sur cette efpcce de
pierréè ou de puifart » j'établis un lit de ga-
zon d'un pied également de hauteur : ce
gazon renverfé , que je piétine , fe con-
fomme , 6c fert à liaifonner les pierres. Ref-
tent deux pieds de remplifikge pour com-
bler ma jauge. J'ai recours à Ta charrée in-
corporée avec la terre du delTus , ou à des
feuilles pourries & confommées , ou à la pou-
drette. Je mêle ces engrais jufqu'à la con-
currence d'un tiers > avec ma terre humide
& froide. Ils font excellens lorfqu'ils font ré-
duits en terreau, qui devient très-maniable ,'
Se dont la qualité eft chaude. On peut auffi
employer les terres d'égoût , pourvu qu elles
ayent été cuites &c digérées au moins durant
un an au foleil ^ aux pluies & aux gelées. Au'
défaut de toutes ces chofes , on uiera de fu*
mier bien confommé > de cheval » de mu-
liij
Ut , d'âne a dç crouîn 4e rooito» y excepté
4e fiçm? 4^ pigeon qui Ce pâlotte , fe met en
bouillie , s'empuantit & eft nc$ - pernicieufe
aux acbces po^r plu$ 4 une raijQ^n.
Dwx «îQyens dont j'ai fait ufa^ avec fuc-
cès t peuvent fuppléer au défoncement. Le
premie^f dont la dépenfe eft à^peu-prcs égaie ,
confifte à charger h terre le long dts efpa-
liers j & d'en former une forte de terraffe
élevée de deux pieds. Pour la foutènir on
conftruit un petit mur à joi;its apparens , ou
un talus garni par le bas de gazon bien battu.
Cette terraiTe doit avoir au moins fix * pieds
d'étendue > & peut former une coftiére pour
avoir des primeurs , ou pour conferver dans
l'hiver quantité de plantes délicates. Le fé-
cond expédient moins difpçndieux , eft de
donner du devers aux arbres , 5c de les placer
fort loio du mur > à dou^e pieds de diftance
les uns des autres , en les tirant au cordeau.
On choifira , pour cette plantation , des ar-
bres greffés fort haut , & un peu cambrés.
La muraille fait , à lent égard « le même
ejffet » que te penchant d'une colline qui ne
les empêche ni de venir , ni de produire. Les
racines cambrées qui s'étendrofut alors hori-
zontalement fuifironc feules à la nourriture de
l'arbre. Je ne difconviens point que les fc-
cberefles ne foient défavorables à des arbres
ainfi plantés, mais on peut y fuppléer par
des b^ns > & y verfer de Teau au befoin.
Cptte plantation exige Juae précaution et
j>v Jardihagi. s5|
|£bntielle y c'eft de la fumer abondamment
[tous les trois ans. Vers la ToulTaint, on dé*
chauffe les arbres , & on jette autour le fu-
mier. Les neiges & les pluies le détrempent ,
[ & en font paUer le jus aux racines j lors du
printems on ne craint point qu'il les brûle ,
Se on l'enfouit en labourant.
Les fables brûlàns dans lefquels les mau-»
vaifes herbes nofent éclorre, doivent être
traités de même que les terres maigres »
féches 6c légères. Les arrofemens y feront em-
ployés fréquetnment durant l'été j & de peut
que le foleil ce pénétre jufqu'aux racines ,
j'étends fix pouces 4^ fumier fur la fuper-
âcie de la terre à un pied autour de la tige
des arbref. L'afpedfc peut en être défagréable,
je ne crois pas qu'on lui préfère la vue d'ar-
bres brûlés y qui meurent & ne rapportent
rien. On ôte ce fumier l'hiver pour le renou-
veller tous les ans au printems.
Sans fonder la terre» il eft aifé de con-
noître» Ci elle eft mauvaife, à la pâleur , la jau-
nifTe , la pouffe maigre & fluetre des arbres ,
la petitefle & le défaut de faveur de leurs
fruits, leur chute &ç celle des feuilles, aux
bouts dé leurs branches qui fe brûlent y
à la précipitation avec laquelle l'écorce s'aoute
avant que les rameaux ayent atteint leur grof-
feur ordinaire ; enfiii , à tout leur extérieur
qui languit , dépérit Se rechigne y Se dont
les branches meurent jfucçeiGvement. Quel-
quefois auflS les arbres y quoiqu'en lionne
liv
^iS La Pratique
terre ) font fujecs à des dérangemens <Ie fanté»
lorfqu elle s c^uife & fe croave dépourvue de
fucs : alors on la remonte conformément à
ce que j'ai indiqué ci-deflus.
Je me comporte différemment à l'égard des
vieux arbres , que des jeunes qui fe trouvent
dans un mauvais fond. Si ceux-ci peuvent fe
lever en motte , pour être remis en place ,
quand le vice de la terre aura été réformé ;
c eft le parti que je prends j à Tégard des pê-
chers greffés iiiï pruniers » qui ont beaucoup
plus de chevelu & de racines mpyennes que
ceux fur amandier^ 3'ils font anciens & dé«
crépits, on fait uft trou entre -deux pour
irenouvellçr I efpalier. Mais fî ce font des ar-
br^ de douze a quinze ans , qui en vaillent
ia peine , je les rouille durant l'automne de
quatre pieds en tout fens & avec beaucoup
de précautions , pour ne couper aucunes ra-
cines s^ je mets à part les terres du defibus y
$c celles du fond. Quand je les ai bien dé-
gagées, je fappe çn-deflTous l'arbre , laiflànc
une motte au pied , &r je creufe autant qu'il
m'eft poflîble. Les racines qui m'empêchent
de travailler font retrouffees ou attachées â
une vpifîne avec un ofier^ Dans les entre-
deux , où la bêche ni la pioche ne peuvent
aller , je me fers de la houlette » & ave<: la
main j'enlève le mauvais fond de terre à la
Erofbudeur de trois ou quatre pieds jufqu'au
eut des racines ; je coule à fa place la terro
d^ defTus , & avcQ la mm^ fimt^m de k
DU Jaupinags; 137
miette dans les cavités entre les racines re-
mifes â leur place.
Lorfdu'elles font recouvertes de ce premier
lit i je fais mettre un lit de fumier bien con-
fommé , & par-de(ïus fix pouces de bonne
terre alternativement, que je bats enfemblê
en defcendant dans la jauge jufqu'à ce qu'elle
foît entièrement comblée. Plufieurs féaux
d'eau jettes enfui te achèvent de liaifonner le
tout enfemblê. Des arbres ainfi traités font
plus hâtifs que leurs voifins , &c pouflTent aa
printems des jets merveilleux. Je les foulage
alors en les déchargeant amplement de bois
& les taillant court. J'ai employé cet expé-
dient dans le tuf y & dans la grou , & je l'ai
exécuté avec autant de fuccès à l'égard des
arbres, qui jauni(rent& ceflent de rapporter.
Quelquefois des veines de terre dénuées de
ftics affez fubftanciels périffent , & ceflent de
leur fournir les mêmes alimens. L*ufage eft
d'arracher ces arbres : s'ils font bons d'ailleurs
& vigoureux , j'eftime qu'on doit prendre la*
peine de les panfer & de les rétablir de la
même façon.
i}$ La Pkatiqvi
' mmÊÊmÊmmimÊmtmmmÊimmmamÊmm^tmm:r-'^mmmmmÊitmmimmmtmÊmmmmmmÊÊmm mmm
n I ' '|' !J HA. ' '■ . . ' ■ '
CHAPITRE IV.
De la plantation des arbres fruitiers.
1 L eft efTentiel de ne plaater aucun arbre ,
qu'on n'ait aup^rvant défoncé la terre de
Quatre pieds en tout fens , quelqu afliiré qu'on
ioit de fa bonté. Ces quatre pieds font éga-
^ lemenr néceffaires aux pêchers nains , & à
ceux de tige , pour rendre la terre douce 9
meuble, friable & pénétrable jufqu à cette pro-
fondeur aux inâuences d'en-haut y & à l'air
auffî edèntiel aux végétaux que la refpiration
aux animaux. Une des raifons pour tefquel-
les ils languirent au bout de quelques an-
nées , eft le défaut de fouille nece(Iaire dans
Ats terres fouvent fcellées & ufées. Elles cef-
fent d'être meubles à la profondeur de dix-
huit pouces. Or , les filets qui fe forment
aux racines, & qui font extrêmement tendres
& faciles à être offenfés , percent très-diffici-
lement une terre compade, lorfqulls eflayent
d'en piquer le fond. De plus , les humidités
ne peuvent pénétrer cette efpèce de plancher
fur lequel les racines ne font plus que s'é-
tendre furtout le^ long des murs des efpa-
liers : ou fi elles y parviennnent » elles y fc-
journent , chanciflem les racines & les pom^
rifrent ; bientôt larbre jaunit & dépérir,
Perfonne n'ignore que durant ks chaleurs
dévorantes , & tant que foufBent les vents
deflcchans , tout rhujnide des plantes eft enc-
lave , il fe fait fuc la terre une croûte dure,
ù\e fe gerce Se Ce fend , les plantes fouffrenc
prodigieufement de rattradion de la part de
lair & du pompement du foleil. 11 faut alors
que les racines puifTent fournir un humide
au moins équivalent à cette tranfpiration.
Quand donc la terre a été une fois efFon*
drce , les racines font en état d'envoyer fuf-
fifamment à la plante de quoi fournir a l'éva-
poration , & elle n'eft pas incomtpodée des
grandes féchereffes^ le baie ne pénétrant point
^ufS avant en terre que la fouille.
Il n'y a point de terre qui ne foit pierreu-
fe : ces pierres font des remparts impénétra--
blés aux racines naiflTantes , qui les rencon»-
trent. On les trouve en fouillant & on les
ote. Le long d'un efp^lier , dont le mur avoic
une retraite de plus d'un pied d'épaiiTeur à
trois pieds de has^ j'ai fait planter des ai*
bres de dix -huit pouces en avant dans la
plate-bande , en les cambrant par la têce , afin
que les racines ne puffent rencontrer les pier-
res^ & que la icte approchât du mur , en ob-
fervant de leur laiffer.pius de longueur de
tige. Une excellente pratique eft de palTer
À la claie toute la terre du trou & de la tran«
I40 La Pratiqui
chée, lorfqu'elle a les conditions ^requifes
pour le pécher.
Les terres des efpaliers expofés furtout au
midi & au couchant , font extrêmement rem-
plies d'œufs d'infeÂes , qui rongent les ra^
cines & la verdure. £n les défonçant, on dé-
truit tous ces ennemis : les humidités & les
gelées jointes aux labours achèvent de les
faire périr.
C'eft mal planter que de mettre un arbre i
la place d'un autre qui eft mort , fans changer
auparavant toute la terre du trou. Rien de
plus rare que de voir un pêcher prendre vie
dans la même place où un autre a perdu la
fienne , quand il a été recouvert de la même
terre. En conféquence , je n'ai jamais planté
fans avoir rempli le trou de mes arbres de
celle de la fuperfîcie prife à trois ou quatre
pieds , terre imprégnée du nitre de Tair ,
cuite & digérée par le foleil & les influences
bénignes d'en-haut : je fais enfuite joncher à
fa place celle du trou , qui ne peut envoyer
qu'une fève ctue , incapable de rendre les
arbres féconds , 6c qui avec le fecours des in-
fluences du Ciel & des vents deviendra terre
neuve. Si vous faites la fouille en automne,
pour ne planter qu'au printems , vous pouvez
vous contenter de répandre la terre pour la
laiflèr hiverner , ainfi que le trou.
Je vais plus loin , je prétends qu'il ne faut
point planter un arbre à la place d'un autre
DU Jardikagi. 141
arraché , quoique vivant , fans renouveller
aufli la terre > & fans enlever toutes les racines
de celui qu'on ôte. On conçoit aifément que
la rerre- ayant été épuifée pour la nourriture
de Tarbre précédent a befoin d*ètre remontée ,
& que dans un fol occupé par un végétal , la
même efpèce réuflit rarement , fi Ion ne le
change ou fi Ton ne le laifTe repofer. Cette ré-
gie ne foufFce d exception que dans le cas
d'une terre extrêmement féconde ou abondam-
ment fumée. Enfin y les racines de l'arbre dé*
planté , étant encore en terre , y reftent du
tems fans fe pourrir, & ne le feront point
Quand le nouvel hôte du jardin étendra les
hennés , que leur rencontre cmpcchefra de
pouffer.
On obfervera encore , avant que de plan-
ter le pécher , de l'éloigner des plantes vora«
ces , qui efFrittent & mangent la terre , &
& doter.foigneufementles racines de chien*
dent , & de toutes les hetbes qui font des
traînaffes » ainfî que les refettons des arbres
voi(ins 'y le Jardinier qui fe contente de les
enlever de la fuperficie de la terre > les voie
fans ceffe repouSèr.
Ceft affèz Tufage de planter entre deux pê-
chers des vignes j qui couvrent la muraille
jufqu à ce qu'ils foient affez grands' pour la
tapiffer eux-mêmes : on élague enfuite ces
vignes » 8c on pratique le lon^ du chaperon
un cordon qui donne de très-beau raidn. Je
çondj^mne cet ufage ^ £c je dis i^e pour vou-
1
hk trop âToir on n*a rîen , ôu ptefqutt riefl*
Le pèc&ec ne veut point de yotââ , c*eft un
mifancrope^ s'il eft periciis de s^etprimer akifi.
D'aillears , ces vignes par letit làtge fit ép^is
femUoge , forment ane efpèce d'auvent pac-
dedus Tarbre aaquel elles raviffènt les pluies
Se les rofées de la nuit , lui donnent de Tontibre
& empêchent ce renouvèlletnent d'air , qui
fert n^erveiileufement à fa «efpitation. Les
gouttières qu elles occafionntent fuir les bran-
ches & fur les fruits du pécher-, lors des grân^-
des averfes , cavent & carient fes blelTures 6c
fes cicatrices > & font Suer la gomme de tous
les côtés. ?e n'ai jamais vû cet arbre réuffir à
dés pîghons trà il y a des égoâts. De plus ,
les racines des vignes extrêmement voraces
l'ailateent » fe mêlent avec kt fietmes Se fe
eroîfent dans peu de tems. Je n^approûve pas
davantage lels vignes eà cdntr'efpalier ^ <}ue
celles appli^pftées au mur ^ à «noins que les
plate-bandes ne foient fort larges ^ Se que les
vignes ne foient plantées enivre lé) arbres , &
& non en tate. Oa allègue , eft ïeut faveur ,
qu'elles parei>t l&s arbres des grandes ardeurs
du foleil , & qu'elles tiennent la te*re fraî-^
che à leur pied. Le pèdlter s'a^cdïïunode peu
de ces foins Cffficïewt ^ il eft j&loâx de jouit
feul de tous fes droivs , Si des rayons du foleil
fon brenfaiceur. L'ufiige de^ bons ouvriers de
Montreml eft de iplâfcer effile teûrs pêchers ,
on poirier ou un pommic^t ^ à qui ils taif-^
^m Utne tète 9 Se d'çn xit&c, ce (Qu'ils |yeùveûl
daratit quelques années en Vëasgosmi à mé»-
fare qu6 graudiiTent les arbres qui ddivetic
lefter eopucb»
Il eft eflèndel avanc la pkntatiori de vifî<-
ter la cigede fon arbre. Si elle eft nonettfe^
remplie de bleiTures , de calas ^ de froilTures»
& que récorce au^lreu d'être cl^re & nette
foie livide & noirâtre , il faut le rebuter. Sî
au contraire ce ne font que de légères con*-
tufions caufées par le tranfport , on y appli-
que l'onguent de Saini-Fiacre j s'il y a quel-
que chancre peu confidérable , il faut coupet
1 ecorce noire , en ufant du même remède » èc
mettre un tuteur à la tige tortueafe » qui peut
être redreflce.
A l'égard des racines > il eft une prépara-
tion edentielle omife par lès plas habiles Jar^
diniérs , pour habiller ie Pècner Se le mettre
en état d'être placé en wrre.
i^. Sohder toutes tes racines , Se exami-
ner s'il n'y en a point de mortes, de brifées,
d'éclatées^ de rongées par les vers ou d'at-
taquées de chancres. Dans tous ces cas ^ i(
faut fupprimet celles qui font totalement
défeâueufes , raccourcir celles qui font càfér
fées ou fendues. A l'égard des racines en-
dommagées par des plaies ou deà cotitufions 9
& dont le retranchement fetoit tort à l'aïbf d
on les guérira par longuent de Saintr-ÎÇlicre,
précaution tellement effentielle » qu'^^chef
a l'égard duquel on Taura etn|doyée , yiW;^
f 44 L^ PRATIQUI
dra pttts vice en crois ans , qu'aq autre en Gx»
z*. Ménager foigneufemenc les pivots»
bien loin de les couper en-deflous près du
tronc j fuivonc la pratique ordinaire des Jar-
diniers. Il eft ioipoffible que toute plante pi-
votante à qui l'on a fupprimé . fon pivot ,
croiiTe ôc fe fortifie , à moins que la pêne
n'en foit réparée par un nouveau. Ceux qui
ont étudié la Nature j ont vu qu'elle repro-
duit un pivot , & fouvent plufieurs à nom-
bre de plantes qui en ont été privées. Dans
-les amandiers , par exemple y vous trouverez
des racines plongeantes & pivotantes & non
des latérales. Comme elles' font perpendicu-
laires au tronc elles prennent .des mes plus
abondans que celles qui font placées horizon*
talement. J ai remarqué que les arbres frui-
tiers qui pivotent ^ ont toujours rapporté les
fruits les mieux nourris & les [dus fucculens,
& que les plus vigoureux qu'on lève dans les
pépinières font ceux qui ont des pivots. Âinfi
fupprimer aux arbres leur pivot, c*eft dé-
truire leur méchanifme & leur organifation.
J ajoute que fi l'on fouille au bout de crois
femaines à l'endroit de ces plaies confidéra-
bles faites au tronc , on trouvera la^ terre en-
tièrement trempée de l'écoulement de la fève.
On verra le chanci prendre à ces plaies , & des
infeétes picoter leurs lèvres , dont ils empê-
chent la réunion. Par elles > de gros vers
eptrçnt quelijuefoi^ dans le ttonç de l'arbre ,
&
pw Jardin AGI. 14^
9c en moncanr toujours vers fa tige , Hs la iça<r
rient au point qu'il mçurt» Ces obfervationt
ne s*accorcleiît gpère avec le fentiment d*aa
Naturalifte moderne, qui recommande dans
fes écrits de retrancher le pivot des arbres, 8c
de mutiler leurs racines. Suivant lui, on n9
rifque rien en coupant , lors du labour , les
racines du blé , de la vigne & des arbres ; ou
leur rend même un grand fervice , parce qu9
pour quelques fumoirs qu'on leur ôte, il s'en
forme une foule d*autre$.
5^. Planter les atbres avec toutes leurs
i>onnes racines , quand elles auroient une
aune de long ^ c'eft le moyen de leur faire
poùflèr des jets vigoureux , dès la premier^
année » & de les voir tout formés à la fecon<»
de. La règle générale eu; de ne rafraîchir
le bout des raçmes que de Tépaifleur d'une
ligne j en proportionnant la grandeur du troui
leur longueur ; coupées dans l'endroit où elles
font le pUis menues ; elles s'alongent ,en croif?-
fant par la fuite , dans leur groUeur naturelle»
Le contraire arrive , quand on les a ra^cour-*-
cies dans Içur fort : il fe fait alors autour
de la coupe un périt bourrelet environné de
filers , qui deviennem jracinçs moyennes ,
mais jamais auiH gro0es qu'elles auroient du
Tctre. Il m^eft arrivé de faire lever des ar-
bres , foie pour en remplacer de défeâueux ,
foit à caufe de leur proximité : ces arbres
que dans le tems j'avois plantés avec toure$
li^rs i:acines par voie de perpendicuUâté ,
K
1
t^ë La PuATiQtrl
& fans fappcitner le pivot » les avoietic àlon*
xgées jafqu'a cinq pieds de bas , & fit à fepc
au pourtour. J'en ai vu un grand nombre
qui en quatre ou cinq ans avoient des ra-
cines de treize pieds de longueur.
4^^ Ne toucher en aucune taççn au chevela.
Il y a encre routes les racines un rapport des
unes avec les autres , femblable à celui qui
dans le corps humain fe trouve entre les vaif-
féaux qui contiennent le fang , & les liqueurs
néceflTaires à la nutrition & à TaccroifTenient.
Les petites racines portent aux moyennes &
aux grofTes les fucs de la terre les plus fins Se
les plus déliés , ainfi Tordre eft totalement dé-
rangé par la fuppreffion de ces mêmes filets.
5 ^. Faire fa coupe par-deflTous , nette &
, en bec de flûteé Cette maxime eft fondée
fur ce que l'ouverture de la plaie faite â
l'extrémité de la racine ^ fe referme plus aifé-
ment , quand elle répond direébement à la
terre fur laquelle elle pofe » que fi elle fe
trouvoit en-deflTus ou fur le côté , comme la
coupe ordinaire des branches.
6q. Obferver la pofition des racines & une
jufte proportion entr'elles. Tous les arbres
ont plus ou moins de grofles racines efpa-
cées autour du tronc ic entre- mêlées de moyen*
nés. Quelquefois elles fe trouvent toutes du
même c^cé. On plante un pêcher fuivant fon
fens y & on a plus d'égard à la tête & à rem-
placement de la greffe , qu'on n'en a pour la
poûcion des r^tcines. Qu'arrive -t -il dfe-là J
Xxnrfqae Tarbre pouffe , il produit du côté
où Ion a laiffé plus de racines vigoareufes ^
<Jes jets trois fois plus forts que de l'autre»
On ne voit dans tous les jardins que des p}#
chers dont un côté a des membre^ vigoureux ,
tandis que Tautre ne profite point , dépérit
au contraire & meurt infenfiblement. Telb
eft une des. caufes de la courte durée de cet
arbre parmi nous.
Pour éviter cet inconvénient , j obferve en
taillant mes racines , de diftribuer les fortes
& les foibles dans une forte d'égalité. Si mon
arbre ne le permet pas , & que toutes les
groffes racines foient d'un côté , je le planti»
de façon qu'elles fe trouvent en-devant ^ met-
tant le long du mur la partie où, il y en ;|
tnoin^. La pouffe alors fe fait par-devant »
& en tirant mes branches de chaque côté ,
fans les mutiler , ni les écourter , je les dif-
tribue de manière que Fathre eft également
garni. Si c'eft un arbre nain , ou en plein
vent, je place au midi le côté où il y a
mc^ns de racines , pour le faire profiter da^
vantage. Il eft cerrain que de la diftribu-'*
cion proportionnelle des racines , dépend celle
des brandies que j'expliquerai dans la fuite.
La raifon pour laquelle la fève fe porte avec
{Ans d^bondançe du tronc dans le côté de
'arbre qui a pliis de racines , ou de plus
groiles , eft que les orifices des paSages de
la fève font plus nombreux Se plus dilatés ,
&i}a'étant violemment poaffée par tant deo*
Kij
T^f La Pratique
droits à la fois , & faifant fans ceile irruption^
elle ouvre de plas en plus ces paffages. Aiofi
dans b corps humain , le fang fe porte avec
plus d'abondance dans les parties où les vaif*
feaux font plus dilatés.
Ce que j'ai à dire de la plantation aâuelle
des pêchers , concerne leur profondeur en
terre & leur éloignement du mur , la pofîrion
de la greffe j la diftance des arbres entr'eiix
& leur hauteur.
I®. Lorfque la fève eft arrêtée , faire lever
Se déplanter les arbres , & jamais les arra-
cher , terme qui ne doit s'appliquer qu'à une
deftrudlipn totale. On a vu {Flanc. IL Jig. i.)
le modèle d'une fourche très- commode, pour
fouiller la terre & lever les arbres. Les Pé-
pinieriftes ^ toujours prefles ^ au-lieu d'aller
en fond pour avoir les racines , fe contentent
de dégorger leurs arbres au pourtour du tronc ,
puis par fecouffès ils les arrachent ^^ éclatent
^ Les arbres étant aufli près les ans des autres
?[U*ils le font dans les pépinières , je conviens qa*il
aut en facrifier plufieurs pour en lever un feul »
ce qui va- au détriment du Pépinierifte. Mais qu'il
les -vende le doï^ble , & qu'il ncn plante que la
moitié dur fon terrein , cela ne revient-il pas au même \
Il y gagnera de plus amplement y au-lieu d*étrc douze
^ à quinze ans à vuidcr fa pépinière » elle le fera en
cinq ou fix, & fes arbres mis à .des diftanccs con-
venables croîtront du double. Les Chartreux de Paris
qui efpaccnt un peu plus leurs arbres veiidenc les
nains quinze fous ; les demî-dges , vingt-cinq fous 3C
les tiges trente fous. On fait quçl eft leur débit*
2>tJ jAltDtNAGt. 149
les racines , & en laitTent une bonne partie
çn terre* Je penfe quon ne peut trop les nvfe-
tiager en les déplantant » pour ne point faire
tore aux racines. Des qu'on lesécourre, ileft
impoifible de parvenir à une prompte jouif-
fance; ,
2*. Planter plus avant le pécher dans les
terres légères , que dans les fortes. Les ter-
res fabloneules , par exemple , étant plutôt
defféchées en fuperficie par le foleil , il eft
clair que les racines feroient d'abord brûlées ,
fi elles n'étoient pas plus avant que dans les
terrés grafles. Si on n'obfervoit pas le con-
traire dans celles ci , les racines fe fentiroient
difficilement des rayons vivifians du père de
la Nature. Il faut obferver néanmoins que
dans les unes comme dans les autres , le la-
bour puiCTe fe faire fans ofFenfer les racines.
} ^. Planter moins profondément le pêcher
fur amandier que celui qui eft greffé fur pru-
nier. Ceft un proverbe que l'amandier pi-
que & que le prunier trace. Le oremiet
pivotte ; fes racines plongent dans le fond
de la terre : le fécond , au contraire , lès
étend entre deux terres , en produit peu de
grôfles , mais beaucoup de moyennes 8c de
petites , avec un chevelu immenfe* En géné-
ral, tout arbre ne doit jamais être plus pro-
fondément en terre que depuis un pouce au-
defliis du tronc , jufqu'à trois. M. Haies,
{Stat. des Fcg. conclufion^p. î 09.) dit qu » il
»» y a bien des arbres qui font ftériles , parce
» K iij
i^& La Phatiqù*
» que leons raciae^ font à une ttof ff9tiM
i> profondeur ^ & que par - conféquept elUi
M font trop humides & trop éloîgm.es de Tac-
« tion du fàleiL Ces arbres ne tirem donc
4> ^u'arte fève crue , qui n*eft pas propre •a
w tormer ie fruic , quoiqu'elle foit bonne pouf
éà hourrit 6^ faire alimenter ie bois.
4^. Daiis les certes humide^ , fpongieufe*
fc argilleufcs » au -lieu de mettre dans 1^
fond les racines en plongeant , les placer
de façon qu elles foienc touces horizontales*
Quant à celles qui pivotent , les plier autant
qu'elles peuvent le louffrir fans caflfer , & les
eourber en genouilliere y en les faifant planer
environ à un pied de bas , comme loriqu'oo
Î)lante des afperges : alors- Thumidité ne peut
amais les prendre. Mais comme ces fortes
de terres font fujettes i fe fceller 3 il eft i
propos de les labourer fréquemment , & lorf-
qu'elles font fufEfamment eflbrées > de les
couvrir au pourtour de chaque arbre > avec du
fumier réduit en terreau.
5^à LaifTer toujours un pied de diftance
entre le mur & Tarbre. JL ufage de planter
le pécher perpendiculairement à la muraille
ti été reconnu nuifible , Se on commence à fe
téfotmer à cet égard , en lavançant de quel-
ques pouces ; mais ce n'eft point aflez, à
moins que la muraille ayant peu de fonda-
tion y les racines trouvent deHbus fuffifam-
ment de terre pour s'étendre. Voici mes rai-
^fons de cette façon d0 planter a un pied da
•J
fçnu \?. Le.foleil qui darde à plomb fur
'larouche& fur les racines du pêcher , les em-
pêche de relTentir les faveurs de^ influences
du Ciel, des pluies ^ des rofées. Qu'après
4^ forces pluies on fouille au pied de ces
arbres , on trouvera que la terre n'eft point
du tout humeâce : quand même elle pour^
roit l'être , le moindre rayon de foleil Tau-
roit bientôt deflechée, i^. Tout le monde
fait que lorfqu un arbre eft planté , la pre-
mière aâion qui fe paiïe dans Ton intérieur
eft de former & de darder de toutes parts d
travers les pores de la terre de petits filets
blancs au bout & autour de ces racines ,
,qu'on nomme chevelu. Ces filets font , comme
je Tai dit , extrêmement tendres & caflans.
Lors donc qu'ils rencontrent les pierres du
mur & fes fondemens , il faut nccefTairemenc
. qu'ils fe rebroufTent , comme ceux des plantes
renfermées dans des vafes ou dans des caifTes.
A leur défaut les racines du devant & des
côtés font obligées d y fuppléer , mais elles ne
font guère plus à leur aife , comme on va le
voir. 5^, Le fentiér qui règne d'un bouc à
Tautre de Tefpalier , afin de travailler aux
atbres , elt perpétuellement foulé aux pieds î
il fc durcit & devient impénétrable au.% pluies
& aux humidités du moins en été. Dans cette
faifon , il eft fendu ^de tous côtés furcouc
dans lés terres fortes j par ces gerçures les
racines font pour ainfi dire à jour , & le peu
d'humidité eft delféché par les vents , le
Kiv
\
•tfi La Pratique
hâld ic tes rayons du foleil. 4*. Les mulots
6c iés foaris des champs écabiiflTenc leac de*
tiieUre dans le pied des murs à travers les tn^
cines de ces arbres. Leur accroitTemenC & leur
fan té ne reçoivent pas peu de dommage des
difFérens paifages que ces animaux y praci*
quenc. 5^. La tige de l'arbre ainfi appliquée
ftU mur doit être brûlée dans les chaleurs
immodérées qui interceptent la circulation de
la fève t de en diflipent une grande partie.
La (eve lie pouvant plus trouver pallàge par
le devant, qui eft defféché , monte & def-
cend par le derrière^ de l'arbre du coté où il
4eft appliqué au mur. Le méchanifme de la
végétation devient imparfait , dès - que les
•partieà qui doivent y concourir n'agiflfent
{)]us de concert » & enôn celle qui fiiit feule
es fonâriôtis dès autres » doit à la fin s'épuifer
cilé-mème. 6^. Quand on eft obligé de ré*-
pàret les murs « il eft prefqu'impoftible que
des arbres plantés perpendiculairement , ne
fouirent beaucoup de dommage tant de la
pktt des ouvriers que du plâtre ou de la
chaula ^ qui leur eft tunefte : au lieu qu'étartt
éloignes d'un pied ^ on les dépalifle , & on les
tire en devant ^ on les attache à un pieu avec
une côrde ^ & les ouvriers travaillent avec
tltie entiete liberté. Quand on plante un ar-
bre au pied d*un mur , il a environ im pouce ,
mais quand il eft parvenu à en avoir cinqi
fix , que veut-on qu'il devienne ? J'en ai vu
doqt i'écorce écoit fellemenc applacie du coré
1>V jAK.filKA6«. t5Î
ée ta muraille, q^ae la faillie des pierres y
étoit imprimée ; outre l'inconvénient d'tine
telle contrainte , il faut de néceflité les abat*'
tre quand il eft queftion de rebâtir le mur^
Après que le$ trous deftinés â recevoir dei
arbres font remplis à dix-huit pouces près ,
je laide un pied franc depuis le mur jufqu'î
Touverture du trou , & je cambre mon arbre
de façon que fa tète touche au mur , tandis
que fa tige en eft à un pied de diftance. S'il
a un courbe , je mets le côté creux en devant^
& le fort du côté du mur. A l'égard des nains ,
lorfqu'au printems j'abats leur tète , je la
tiens plus longue, fuivant la hauteur de la
greffe , pour qu'elle • approche du mur ^ en ^
fupprimant les yeux du oas & réfervant ceux
d'en-haut , qui fans être forcés doivent join-
dre le mur. Je conviens que fuivant ma mé-
thode les racines du cpté du mur feront fort
enfoncées en terre j tandis que du côté du
fentier elle^ feront en fuperficie- Mais il n'en
réfultera ni inconvénient ni dommage pour
les arbres. Les racines ne fe porteronr que
foiblement du côté de la muraille , tandis
que s'étendant en fuperficie vers le fentier ,
elles plongeront en terre. Le Jardinier en
labourant , ne fera amplement que planer
au pied. Pour éviter qu'on n'ofFenle les fou-
ches de ces jeunes arbres , j'y mets un petit
piquet de chaque côté.
La raifon qu'on m'alléguera, prife du mau-
vais eftec que^ produiront des arbres efpacés
d'un pied da mar avec d'aurfès déjà plantct
perpendiculairement j n'eft pas capable d'ar*
Itérer , à moins qu'on ne ptéfére un peu de
xcgularité à la poiieflion d'arbres fains , abon»
dans en fruits . U d^ longue durée. Cette
raifon de difformicé s'évanouit , en ne plan*
tant que des nains le long des murs d'une
hauteur médiocre , & en les plaçant à la di^»
tance que j'indiquerai ^ au-lieu de les mettre
à fept ou huit pieds.
Le pécher , commetous les autres arbres ,
fe plante de quatre façons } en efpalier y en
cont^'efpalier & en plein vent , foit à haute
rige , foit en buiflbn.
Il réuffit mieux en efpaliçr que des trois
^utres manières. Ceux qu'on met en plein
vent font des efpèçes 4Hsnrans perdus , qu'on
yeut^bien rifquer. Les frs^iits qu'ils produi-
sent , s'ils ceaçnt à ceux des eipaliers » pour
l'éclat Se le coloris brillant , l'emportent fur
eu^ , pour la faveur & l'abondance de leur jus,
comnie les abricots en plein vent furpaflent
ceux des e^pi^r^. Les pêches en buiffon en
approchent , mais ne les égalent pas.
A l'égard des contr'efpaliers , je n'en ai
point vu réuiHr durant l'efpace de cinquante ans
que j'ai confacrés au jardinage j ainu je n'ofe
les çonfeiller. On obfervera de n'en planrer
qu'à dix ou douze pieds au moins de Tefpa-
lier , de ne mettre aucun arbre en face d'un
autre » mais en échiauier » & de ne jamais
^former d^ çputr'efpaUer avec dles pêchers ^
90 3 AK91 KAGB. '15{
Aième au midi* L'expérience apprend que
tous les an$ ili gèlent , font clo()ues , rgngés
de chancres » 9c lujecs à fe dépaniller dubas^ i
caufe des humidités de la terrç donc ils fe ref-
rentehc 5 n'ayant pas , comme à l'efpalier »
la réflexion da ft^il par en^bas. J*ai indiqué
à des perfonnes qui avoient de cts contr'ef-
paliers un moyen d'en tirer quelque parti»
Au- lien de cailler en fleurs ces fortes d'ar-
bres, les cailler en boutons » les palifTer, 6c
appliquer par derrière des paillaCons qui ref-
rène jufqu'à la mi- Avril , & qn on replace
l'année fuivânte vers la fin de Février. J'à-
foure qu'il faut préférer les pêchers dont lç$
fruics font hâîif;s, parce que leur pofition ne
leur permet de mûrir que difficilement*
Les contr'efpaliers ne feront donc formés
que deppiriers, pommiers, pruniers, abri-
cocier/s Sf. vignes \ plants qui réfiftent aux
gelées prinranieres. Comme leur hauteur efl:
ordinairement de quatre pieds , on efpacera
les arbres à quatre toifes les uns des autres ,,
avec 4es yignes entre-deux pour garnir feu-
lemeiit en atcendanr : le régime eft le même ^
route la différence confifte dans la pofirion
de l'arbre , qui doit être droit , foie qu'il y
ait du treillage ou non.
On connoit xleux manières de planter les
arbres , en mannequin > & les racines décou-*
vextes. Ceux qui penfent jouir plutôr adop-
tent la première j.mais je la condamne, i*.
Parce que ces fortc$ d'arbres font commune»
15^^ La Pratiqu*
ment le rebut des pépinières, 2,^. Parce que
foie en les levant » foit en les cranfporcam ,
leurs racines font miles à jour & leur moae
eft ébranlée* j*. Parce que les extrémités
des racines qui ont pouiTé à travers les yeux
du mannequin fe fanent & s'altèrent » en
prenant lair. 4*. Parce que les Jardiniers ,
pour les faire profiter , & fouvcnt pour les
faire rapporter la même année , les fument
amplement , Se les réchauffent ; plantés en*
fuite dans les jardins , ils rechignent & ne
tardent pas à mourir. 5^. Les racines font
gcnées & écourtées dans un mannequin
étroit. Je ne parle point des pêchers mis
dans des pots : il eft aifé, d'après ce que
je viens de dire » de juger du cas qu on doit
en faire.
La vraie façon de planter des arbres en man-
nequin , eft de les avoir chez foi , les raci-
nes découvertes, & de les habiller comme
fi on les plantoit à demeure. Il faut choifir
d^s mannequins d'oHer qui ayent un peu de
confiftance , quoiqu'à claire- voie , afin qu en
le^ tirant de terre ils ne reftent pas dans les
mains à demi-pourris. Leur largeur doit être
de quinze pouces , fur dix huit de profon-
deur : on les remplit de bonne terre , on
étale les racines de l'arbre , fans hiiffer de
jour entr'elles , & on les place enfuite dans
une terre meuble à trois pieds les uns des
autres pour les lever , fans qu'ils endomma*»
gent leurs voifins.
À
DU Jardinagi.' 157
La dernière façon de planter le pécher ,
itficée dans les pays chauds , efl: de mettre ,
en pleine terre , dans une ca^e ou en place
des noyaux de pèches qu'on laifTe croître juf-
qu'à ce qu'ils rapportent du fruit. J'ai eu de
ces fauvageons , dont les fruits fe font trouvés
excellens , & do^t je me fuis fervi pour
greffer de leurs efpèces. Leur durée eft cour-
te , ils pouffent d abord exceflivement ; c'efl:
la raifon pour laquelle on ne pratique point
parmi nous cette façon d'avoir des pêches.
L'ufage eft de placer la greffe du coté du
mur quand on plante en efpalicr , & du coté
du nord quand on plante en plein vent : on
fe fonde lur ce que le foleil & la pluie nui-
fent également au recouvrement de la plaie»
De cette fujétion , il s'enfuit qu'on plante
d'ordinaire fort mal ^ & qu'on a des athres
mal faits & contournés. Pour moi je ne cher-
che que le bon fens de larbre , & je m'em-
barraiïè peu de quel côté fe trouve la greffe.
Mais pour la prélerver tant du foleil que des
pluies , je la couvre d'onguent de Saint- Fia-
cre , aihfi que la coupe faite à la tête de
l'arbre ; avec cette précaution mes arbres
font plutôt repris , & leurs plaies plutôt re-
couvertes en un an , qu elles ne le font en
trois , fuivant la pratiqué ordinaire.
Obfervez toujours en plantant de lalffer la
greffe de votre arbre plus élevée de quelques
pouces que le niveau de la terre. Dans pref^
que tous les jardins » les arbres font enterrés
n
ijfS La PAÂft^uf
tar-defitis la greffe de qaacre à cinq ponces.
Jne terre défoncée s aifailTe otdinairemeat
d*ati pouce par chaque pied. Ainfî y quand aâ
Jardinier fe contente de metrte la greffe à fleut
de la terre qui a été fouillée de quatre à cinq
pieds , il la trouvera engorgée de quatre pou-
ces » lorfdue la terre en s'affaiilànt aura en-
traîné l'arbre avec fes racines.
Cett une attention auilî e(rentielle de ne
jpoint planter trop fuperficiellement , ni du-
rant & aprèi une longue féchereife , ou une
grande numiditc. Je ne m'arrête point à
prouver lés inconvéniens qui réfulcent de la
pratique contraire.
On efpace ordinairement les pêchers. a
3uatre» cinq*'ou fix pieds» & on eft étonné
e leur prompt dépériffèment. Pour moi , je
lie fuis point furpris que det arbres fi pea
diftans les ans des autres ne vivent pas long«
tems j leurs branches ne tardent guère à fe
toucher , & en les arrêtant fans cefle on les
épuife piromptement. La terre eft bientôt
ufée, les racines s'entrelacent dès les pre-
trrieres années » 6c enfin les arbres ne pro*
firent point de la tige , & font toujours éti-
ques. En a-t-on vu donner du fruit Ôc d^rér
long-tems , tandis que la fouche qui eft leur
point d'appui 9 refte dans le même état ?
Lès Maîtres Se les Jardiniers tombent en
cet excès» Dans leipérance de jouir &: de
voit leurs murailles c<>uvertes , ils plan^
fem lëttr9 pêchers dru» mais ils fe rrQuveitf
tb jÀki>iiiA<ÎB; i5|
l^rîvés de ce double avantage. Quiconque
tonnoît la nature de cet arbre , extrême-
ment abondant en fève , doit Tefpacer beau-
coup dans la vue de jouir , afin qu'il ait k
faculté de croître & de s'étendre. On ne pè-
che jamais en lui donnant trop d'étendue »
& le feul défaut en ce genre eft de ne lai ea
point donner aflez.
Quoiqu'il n'y ait point de régie fixe pour
la diftance que doivent avoir les arbres plaa-
tés en efpalier > je vais néanmoins prefcrire ,
d'après les plus grands Maîtres , ce qu'il faut
pratiquer à cet égard. Dans lés terres les plut
chetives 1 cloignement doit être de neuf pieds »
dans les médiocres de douze, Se dans les bon-
nes de dix-huit , jufqu à vingt- quatre. Les mu-
railles de clôture ont ordinairement neuf piexls
compris le chaperon : il n'y faut mettre qub
des pêchers nains ; l'expérience apprendra
'qu'étan,t conduits fuivant ma méthode , ifs
s'élèveront à la hauteur des murs au bout de
quatre à cinq ans.
A l'égard de ceux qui n*ont que fept ou
huit pieds , il fera néccffaire de reculer les
arbres de deux ou trois pieds. Si au contraire
ils s'élèvent à douze ou quinze , on efpa*
ccrafes arbres, comme je viens de le dire,
en mettant une tige entre deux nains , potir
les garnir de verdure plus promptement. Jo
fais que difficilement on conçoit que des ar*
bres plantés à une diftance fi grande en ap-*
parence & donc la tige eft fi petite , puKRtfie
^6q La Pu ATI que
^'approcher de fotc près en quatre ou cinq
aiis : c'eft qu^on ne les confidére que daa$
1^ coup d^Gcil aâuelj & nullement dans le
point de vue où Ton devroit fe les reprcfenter.
Lorfquon plante un arbre , on doit , i^ ,
jetter légèrement de la miette au pied pour
couvrir les racines , Se pour qu'il n'y ait point
de jour 9 & en éloigner les mottes 6c les
.pierres.
i*. Le foulever après qu*il eft planté , en
le tirant obliquement du coté de la muraille
'Se le rabaiflant enfuite de fon côté , afin qu'il
en approche par la tète le plus qu'il eft pof-
iîble f Se que la miette s'iniinue entre les ra*
cines » ayant toujour$ égard à la hauteur de la
greffe.
z^. Laifler la terre meuble « & ne la jamais
piétiner, feulement l'affaifTer avec la main,
autour delà tige. C'eft une pratique meur*
jtriere que de plomber la terre avec les pieds »
pratique que je ptofcrismême à l'égard des
arbres en plein vent, qu'il fufGt de buter
.jufqua l'enjçiere reprife des racines.
4^. Rogner la tête du pêcher à une cer-
taine hauteur. Au moyen de cette fouftraâioo
il reprend plus vîte , Se a afTez de fubfbince
pour noprrir ce qu'on lui laiHe , au- lieu
qu'avec toutes fes branches il ne f^roit que des
!)ou(Ies fort minces , & péricoit après avoir
^ ong-tems langui. Ce retranchement ne doit
être fait qu'au printems. Il peut arriver
qu'ayant coupé ^ en autonine , la tète dç votre
arbrç
ou Jakdinagb. 1(^1
«xbre , une forte gelée accompagnée de ver*
clas toâibe fur les boutons oue vous aurez
laiflës : vous n avez plus alors de refTource , âc
fouventy quoique votre arbre foit jeune» il n'en
perce plus à travers la peau. J'ajoute qu'une
lige qui aura été laiflee courte en automne »
n'ayant que peu de boutons à nourrir , fe hâte
dès les premiers* jours du printems de les faire
éciorre, & il peut furvenir des gelées tar«
dives , qui mordent defliis vivement , 6c font
périr ces mêmes yeux. En 1749 , le 15 Avril ^
il gela à glace de l'épaiffeur d'un quart de
pouce j cette gelée ruina ce que les précé*
dentés avoienc épargné. Une autre raiibn éft
tirée de la crainte de la gomme qui fe met
à la coupe durant l'hiver » & par laquelle la
neige & la pluie s'infinaent entre Técorce &:
le bois , à travers la moelle de l'arbre*
Par rapport à la hauteur à laquelle la tige
doit être coupée ^ la force de l'arbre la dé-»
terminera à un pied » & fouvent à un pied
& demi , quand les yeux du bas font oien
jains. Dès la première année il produira fuf-
fifamment de bourgeons pour qu'on faife
choix de ceux qui font le mieux placés » afin
de former l'arbre. L^ayant planté avec toutes
fes racines , ie puis lui donner plus d'eflbr. Il
eft inutile a ajouter que la coupe fera faite
horizontalement » un peu enbec.de âûre , par
derrière l'œil ^ & à une bonne ligne au-deifus »
en obfervant de œ point ébranler le$ r^f ine9
-de larbre.
itfi La Pratique
On demande s'il faut confervec à ces pè«
chers nouvellemenc plantés quelques branches
i fruit y pour en eflayer la vigueur. Malgré
le fenti^ment de la Quintinye » qui eft de
laKTer un pecit nombre de pèches aux arbres
vigoureux^ je dirai , avec les Mdntreuilloisj
qu oti aura toujours du fruit quand on aura
du bois ) mais qu'il y aura diietce de bois »
lorfque i arbre commencera 'pat donner du
fruit. Si, contre l'ordinaire, des pêchers^ en
donnant du fruit dès la première année , ont
fait en mème-tems de belles pouflès ^ il efi
certain quaprès les avoir amufés â porter
d'abord quelques fruits , ils font long-tems
& prefque toute leur vie étiques. Ces ora^
clés du Jardinage ne laiflent aucune bran-
che fcuâùeufe , la première ni la féconde a^-
née. Si dès la première les fruits nouent , ils
les abattent , s'ils en fouffrent quelquefois à
la féconde , c'eft fur un petit nombre d'ar-
bres d'une force extraordinaire.
Les autres foins néceffaires aux arbres nou-
vellement plantés font de les labourer à tems,
de les prélerver de la>gomme , de la cloque ,
d^s pucerons , de mettre fur la fuperficie de la
terre deux pouces de fumier autour de leur
pied , de fupprimer les pouflès qu'ils pour*
roient faire en-devant ,- foit de leurs yeux , foit
de ta tige même , non en les caifant , ce qui
occafionneroit un flux de gomme , mais en les
coupant proprement près de l'écorce , & enfin
de leur faire un baffin , pour les arrofer do-
tant It fécherelTe. L'effet de cçc arrofemens
eft de décremi^ lés fucs de k terre èc (es
fels nitreux qui doivent pafler dans les raci*
tes des arbres , & leur donner la nourriture.
A la faveur des feux qui font dans la terre
ou de ceux du (oleil qui la pénétrent y il
fe - Ëiit une fernienration ôc un bouillonne-
ment qui occafionnent le foulèvement Se l'a-
gitation des parties fpirituenfe^ de la terre ,
portées rapidement des racines dans la tige »
& de la tige dans les autres parties des plan-
tes. L'eau fait à peu près le même effet dans
la terre que dans la cfaaox. Celle-ci ne fer^
mente ôc ne s'échauffe qu'au moment qu'elle
refiènt tes impreffions de îeau , qui foulé ve
&: développe fes parties. La trop grande abon-
dance d'eau peut devenir iiùifible , en ce
qu'elle noyé ces fucs & ces fels de la terre.
Leur quantité etceffiveémouile &; akere le
poids ae ces acides.
*^.
îH
La Pratiqvv
LE PÊCHER
£ T les autres Arbres confîdërës dam
le fécond âge , ou leur jeuneflè.
SECONDE PARTIE.,
CHAPITRE PREMIER.
Des jibris.
I .Es arbres font plantés , ils ont pouflS des
branches \ leurs fleurs » leurs bourgeons com^
mencent à éclorre ; ils ont aâuelTement be*
foin d'être prtferves des gelées printanieres»
des tems critiques & des froidures tardives.
Il s'agit enfiitte de les diriger » de les éten-
dre & de les attacher » foit fur des treillages
avec de l'ofier & du jonc, foit fur le mur
avec des loques » c'eft-i-dire de petites ban-
des de drap , qui embraflènt leurs branches.
De quelque façon que foient fitués les ;ar*
dins de Montreuil & de Bagnolet > leurs ptj^
3V XaR D X V A G t. itf
ficietaires j pratiquent des enceintes de mars
a cinq i hx toifes les uns des autres , dans
lefquelles ils ra^emiblent les trois expofîtions
du levant ^ du midi 6c du couchant. Et afin
que chacune reçoive i la fois la réverbéra^
tion de la chaleur du fpleil , à mefure (ju'il
pade de Terne i l'autre y toutes ces enceintes
forment autant de culs-de-fac, dofit le fond
répond par derrière au nord , 6c car devant
en face du midi. Le mur qui eu à droite
eft oppofé au levant » & a pour expofi*
tion le couchant : celui qui eft à gauche eft
oppofé au couchant » & a pour expofition le
levant. Uefpace vuide d'un mur à l'autre eft.
employé i cultiver des arbres en buiflbn , ces
chafTelats tant eftimés pour leur couleur do«
rée y des fraifes , des framboifes , des pois 6c
quantité de nouveautés en tout genre.
La plupart de ceux qui élèvent des mui*»
railles , les conftruifent en pierre , avec
du mortier de terre , quelquefois de fable
m&lé avec de la chaux. A Montreuil où le
paliflàge à la loque eft en ufage , les mu-
railles ont un rort enduit de plâtre pour
recevoir les clous. J'eftime beaucoup les murs
i moellons apparens , dont on bouche exaâe-
ment tous les joints ; méthode qui ne peut
convenir qu'aux efpaliers garnis de treillage.
A l'égard de leur hauteur neuf pieds fuffifent »
en ne plantant que des arbres nains ; elle^
peut être portée à quinze pieds > fi on place
une demi-tiee entre deux nains. Les murs
L 11)
\es La Pratîqtti
«levant avoir un doable chaperon , cjut coa-^
tribue autant à leur durée qu'à i'écoulemctnc
des eaux qu*it partage en deux.
Les abris nécefTaires au pécher, font les
tablettes , les rais ou rayons , & cchalats en-
fermés tranfverfalement dans les murs, les
paiilaflons y les brife- vents.
Les tablettes* On fait qu'à rextrémiré An
chaperon on ménage une faillie d'un pouce
environ, nommée larmier , quifert à rejet-
ter loin du mur les eaux pluviales. Ces ta-
blettes faites en plâtre ne font autre chofe
gue le larmier alongé de cinq à fix pouces,
iur deux d'épaiffeur. Leur effet eft le mcme
que de cellôs qu'on place fur les murs de
terraffes , avec cette différence , que ces der-
nières qui font de pierre ont moins de faillie^
Pour leur folidité , on met de diflance en
diftance des fantons ou des morceaux de bois
de chêne qui prennent dans le mur.
Elles fervent , i ^ , à éloigner des pêchers
8c de leurs fruits les eaux du ciel , qui leur
font très - nuifibles , furtout lors des faux-
dégels. 1^. A retarder la fève du pécher , à
Farrcter mcme & à la faire refluer par le
bas à raifon du défaut de circulation d*air ,
dont ces tablettes empêchent la perpendicu-
larité , afin que cet arbre qui fe porte toujours
vers le haut ,! fc trouve égalemenr garni par-
tout, j^- A garantir de la gelée au printems
la partie fuperieure de l'arbre. On a vé-
rifié qu'au moyen de ces tablettes, le pécher
•ouflblc moins vice, ptr \t haut que par U
oas. Le contraire arrive aux efpaliérs ordi?
nairesp 4^. A divifer » b.nrer ic écarter » ce
da*on appelle vents-roux, les brouillards mal-
htifans , qui brouifTent au printems les feuil-
les & endommagent les âéurs. 5^« A com-
primer Tair & à rallentir fon adrion fur les pè«
chers , qui pou0ent vers le haut avec plus de
modération. 6^. La faillie de ces tablettes
brife Tardçur des rayons du foleil & empêche
que les arbres ôc leurs fruits n'en foienr frap-
Îés auffi vivement. 7^. Elles contribuent â la
urée des murailles ^ donc elles éloignent la
chute des eaux.
Les rais ou rayons font les débris des
vieilles roues de carrofTe qu'on fcelle dans les
chaperons des murs , & qui avancent de
toute leur longueur. Comme ils font plus
gros par le tenon qui les enfermoit dans la
mortaife de la jante , & que leur forme eft
carrée , ils tiennent plus folidement attachés
au mur , à la diftance de trois ou quatre pieds*
On peur y fuppléer par des échalats paflTés
traniverfalement dans les murailles , ou par
des fapports de fer avec des planches mifes
â plat par deflus. Leur ufage eft de recevoir
des paillafTons qu'on y appliqué , Se dont la
faillie garantit le haut des arbres des gelées ,
des neiges , & des pluies froides*
Au heu de pofer les paillajfohs , comme
on fait ordinairemeùt , fur les arbres mêmes
&fur leurs branches , il faut les mettre à une
^ Liv
tertàitié dtftancé du mur , & lear donner pldS
lie fôlidicé que n'en ont les pailladbns volans*
Ceui des Montreiiillois beaucoap plus fim-
ples , font auffi de la plus longue durée , quand
on a foin de les ferrer lo^ju ils ne* fervent
plus. Au - Heu de les faire avec de la ficelle
qui tient les pailles à diverfes mailles » ils
choifilTent trois traverfes faites avec le cer-
ceau droit du demi-muid> une dans le mi-
lieu & une à chaque extrémité. Deffus leur
plat, ils pofent un lit fort épais de paille de
leiçle , entretenu par trois autres traverfes
qui répondent à celles de delTous , & ils joi-
gnent le tout enfemble , avec du fil de fer
de diftance en diftance. Vous placez dans le
mur deux chevilles de bois pointues & fait
lantes d'environ un pied , deftinées à rece-
voir le paillaffbn que vous enfoncez à rel éloi-
gneraent du mur que vous voulez , immé-
diatement au-deflbus de fa première traverfe.
Comme il ne touche point aux arbres , l'air
circule par derrière , les boutons , les fleurs
& les bourgeons ne peuvent être attendris ni
* Jaunir.
Lts brife-vtnts. Il y en a de deux fortes :
les uns font des pans de murailles placés à
l'oppoGte des mauvais vents , & faifant Té-
querre à chaque extrémité des efpaliers \ on
en fait beaucoup d'ufage à Montreuil. Les
autres font de fimples paillaflons foutenus
avec des pieux enfoncés en terre , dont les
Maraifchers entourent leurs melonnieres*
Dty" Jardin Aô il. iS^
Je ne parle point ici des auvents ; oa
Îeuc con(alter ce qui en a été dit dans lé
)iâionnaire.
CHAPITRE IL
Des Ef paliers ô des Expofidans,.
Le s treillages ordinaires dans les pays où
tes murs ne font conftruits qu'en caillou-^
tage , & bâtis en chaux & fable , font faits
avec des échalats carrés, drelTés & planés j
ènfuite peints en verd & retenus avec des
crochets fcellés dans la muraille. Il s'en faut
beaucoup que ce foient les plus utiles. Plus
le fruit approche du mur , plus il eft garanti
durant le printems, plus il acquiert de qua-
lité & de maturité. Or , avec ce treillage le
friiit eft éloigné du mur par fon épaiflTeur & par
les inégalités qui s'y rencontrent , ainfi qu au
mur. Ce treillage eft en outre le refuge de tpus
les infeAes nuifibles , qu'il eft prefqu'impof-
fible de détruire quand ils font cachés dans le
mur entre les bois. L'inconvénient des bran*
ches qui fe fourrent derrière malgré les pré-
cautions qu'on prend, eft encore à confiderer.
11 y a une forte de treillage fait avec des
oiremens de pieds de mouton ^ dont on
17^ La^ PaA.TXQtri
garnit U mucaille , qu'ils excédent d'an pou*
ce 9 pour attacher le pécher^ Elle eft bonne ,
quoiqu'elle n'aie pas trop pris faveur » àcaufe
de fon peu d'agrément.
*^ Le paUiTage à la loque ^ comme on Je verra
dans la fui ce , a de grands avantages. Les
Moncreuiliois n'en connoilfent point d autre ;
il leur eft Ci familier qu'ils travaillent pref«-
qu'aufli vite que ceux qui paliflent au jonc.
On peut choifir des gaulettes de la grof-
feur du doigt , les plus droites qu'il eft pof-
fible , & les difpofer en demi-cintre , en les
attachant avec des clous & des ofiers à la
muraille , à la diftance de huit à dix pouces les
unes des autres. Cette forte de treillage n'a
rien de difgracieux, & approche le fruit aflès
pfès du mur.
Le treillage en fil de fer par mailles régulîe*
res peut avoir fon utilité. U abord , pour une
coiie de treillage peint en verd , on en a de
celui-ci fept à huit. A l'égard de la folidité ,
de la durée & de la propreté ^ on n'a rien
à lui reprocher. Quant i la proximité du
fruit à la muraille ôc à l'abri des influences
malignes de l'air & des^ents , il peut avoir
la fupérioriié. La rouille ,,j*ên conviens > rend
les branches gommeufes & les coupe lorf-
qu'elles font tendres. Mais il eft aifé d'y
remédier , en mettant fon ofier autour du
fil de fer après l'avoir croifé , & en prenant
enfuite la branche dans l'ofier. S'il faut jcenir
forcément en place quelque groflè brache ^
»v Jak^ikaôi, tyi
«h frappe un clou dans le mur auquel on
l'attache après ^voir pris par rapport au clou
la même précaution du demi - tour avec
Tofier.
• On ne peut fe difpenfer de peindre le fil de
fer i rhutfe : il y a deux façons de s y ptendre :
la première > c'eft de le tendre d'un bout à
ïautre d'une allée , & de lui donner deux
couches de couleur , foit en blanc , foie en
verd ; puis, quand il eft fec « de l'employer
fans le tortuer , en coupant les montans Se
les traverfes de longueur , & les attachant
avec des clous à la muraille » en mailles cor*
rentes. La deuxième , c'eft de faire des bâtis
avec des échàlats bien drefTés & de. les ap«
pliquer au mur par panneaux y après qu'ils
ont reçu une couche de peinture à l'huile
dés deux cotés.
J'ai fait en petit une nouvelle efpèce de
treillage qui confifte à employer en forme de
panneaux qu'on joint enfemble , en les ap-
pliquant fur la muraille , des lattes deftinées
a la couverture des maifons , & je crois qu'e-
xécutée en grand , elle réuniroit les divers
avantages que procure le treillage. On fcelle
d'abord à trois pouces au-deflbtrs du larmier
un cordon de petits crochets , il n'en faut
Qu'un dans le milieu de chaque latte. Ces lat^
tes de cœur de chêne âpplaties par les bouts
& unies avec des liens de fer , ont quatre
pieds de long fur un pouce & demi de largç
V?» tA Prattqve
& un quart de pouce d'^aiflèur. Une bot»
en contient cinquante , & pat conféquent
tera deux cens pieds qui formeront environ fix
toiles courantes. Etant peintes en verd elles
dureront , quoique minces , plus .que le
treillage ordinaire fait de châtaignier. Il y »
' deux façons de paliflèr fur ces lattes avec le
jonc ou â la loque, en l'attachant fut cha-
cune , avec des clous à tête ronde, ou avec
du petit clou â latte.
Il n'y a point d'expofîtion qui ne tienne 1
quelqu autre : celle du nord , par exemple , »
pendant un certain tems le foleil depuis qu'il
le lève jufqu'à fept ou huit heures du matin
en ctë. De même l'expofition du levant a
auffi un peu du midi , amfi que celle du cou-
chant. Mais chacune potte le nom de la fitua-
tion la plus dominante , par rapport aux re-
gards du foleil. .
La plus favorable eff celle du levant, parce
quele eft fuflSfamment échauffée depuis que
le. foleil paroît fur l'horizon jufqu'à ce qu'il
pafle à fon midi , fans qu'elle foit brûlée pat
les rayons dévorans. En hiver le pêcher y eft
moins incommode des vents & de la gelée ,
* moins que le vent d'Eft ne vienne le frap-
per , comme en 1749 > ce qui eft fort rare. Il
y pouflTe plus fagement, & rapporte des fruits
plus abondans } quoique moins vineor que
ceux du midi , leur eau eft plus fuave , plus
.parfumée & plus exquife. H y dore aaffi plus
Ibtig-tems, & eft fujet i moins de maladies»
attendu la température de l'air qui y règne
fins eu ailleurs.
A lexpofition du midi» il n^eft point de
Êtifon où le pécher n ait cruellement à fouf-
frir. Durant Thiver , il a d combattre les;
rayons du foleil , qui â mefure qu'il avance
vers fon midi fait fondre les neiges & les
frimats. Â fa retraite » ils fe congèlent i
Tinftànt Se £9rment tam fur le bourrelet de
la greffe que fur les branches faillantes, une
încruftarion de verglas » qui dégèlera & fe
fondra de nouveau fuccemvement dans le
cours des hivers. Ce font ces faux dégels Se
ces congélations réitérées qui brûlent le pè«
cher au midi » & non les rayons du foleil en
été y comme on le verra dans la quatrième
Sartie. Durant rété le foleil le [Pénétre ^ le
efléche jufque dans la moelle , & achevé
de détacher l'écorce que les frimats conge^
lés ont déjà fait lever. Si â cette expofitioa
il fe bâte de verdir & de fleurir , ii eft au$
dépouillé plus promptement > fes fruits y font
auflî plus prématurés , &c'eft éette fituation»
qui doit être pré6érée pour tes fruits > qu'on
veut avoir les plus hâtifs j & pour ceux qui
mûriflent moins aifément.
Comme à cette expofition le pécher ^ tout
 fouffrir» il faut le conduire oifFéremment»
Plus hâtif» il doit être taillé , paliiTé Se ébour^
geonné le premier. Plus fouvent attaqué de la
gomme» il demande âêcre foigjné davantage.
174 La. P*ATlQ1»t
Nombre dé fes branches étant fojeites I
tnootrir à cette expofition ^ il faut fe pré-
eau tionner pour en avoir de réfeïve dans
1 occafion : durant les grandes féchereiles » les
arrofemens ne doivent point être oybiiés.
A rexpofition du couchant , il eft aufli un
gouvernement particulier à pbferver. i^.Ne
pas laififer encuirafler la ^omme qui l'attaque
fréquemment, x^* Âdminiftrer de bons en*
grais y pour réparer la diflipation de Vhvh
mide radical caufée par les rayons du foleil.
3^. Faire ufage des gourmands , qui pouf-
^fent incefTamment » en ravalant ^ autant qu'il
eft poffible 9 l'arbre fur ces gourmands , &
les fUrigeant durant l'été , comme jefle di-
rai dans la fuite. 4^. Le bien couvrir tan-
dis que les vents de galerne fouflent. 5^. Le
paliuèr 6c 1-ébourgeonner plus tard à cette
expofition , '8c non dès qu'il a commencé de
faire éclorre fes pouffes. Autrement un ar-
bre dégarni de toutes parts eft confimié , &
s'épuife à produire de nouveaux rameaux a la
place de ceux dont on l'a dépouillé.
hiS J A fc D I M A G !• l/f
«r
CHAPITRE IIL
De la façon de former le pécher , ù
des divers ordres de branches.
jlJÈs Tannée de la plantation d'un arbre»
dès fa première taille» on le difpofera de
façon qu'en rapportant beaucoup il parvien-
ne à une heureufe vieilleffe j n rôle m*ex-
primer ainfi. Pour y réuffir , il faut fubili*
tuer a la méthode uHtée par les Jardiniers»
une méthode fure , infaillible , aifée danis
Texécucion , Se telle que la pratiquent les
Montreuillois depuis un (téde.
£lle fe réduit à trois points principaux.
i^. Â couper au pécher & aulc autres arbres
le canal direéi: de la fève par lequel elle fe
porte perpendiculairement vers le haut , & les
obliger par cette fuppreffion â ne DouÂTer des
branches que fur les côtés. On doit cepen-
dant leur iaiflTer des branches direâes mon*
tant verticalement, lorfqu elles font nécef-
faires 'pour garnir le milieu , & qu'elles ne
font pas perpendiculaires , en partant de la tige
& du tronc , mais perpendiculaires far obli-
ques, û,^. A ne jairiais arrêter par les bouts,
ne jaoïab pincer , rogner » caflèt par le mu
17^ L> PRATÏQUB
lieu aucune branche furtouc du pécher » mail
Us laiflfer poulTer de leur longueur & les
palifler. }®. A fonder fur les gourmaiwls
toute l'économie & la difpofîcion du pêcher»
les palilTer avec tous leurs bourgeons pourvu
qu'ils puifTent trouver place fans contu(ion »
|ans quoi il/audroit les fupprimer. C'eft d af«
ieoir fur ces gourmands fa caille annuelle aa*
tant que l'arbre peut l'exiger, leur donnant
une charge proportionnée à leur vigueur , Se
les alongeant le plus qu'il efi; poâible. On
verra les raifons de ces pratiqui^s fondées fur
l'ufage Se le fuccès de MontreuiL
J'établis préfentement trois clafles de bran-
ches : favoir , i^ , des branchcs^meres , il ne
doit y en avoir que deux dans chaque pc-
cher j l'une à droite , l'autre à gauche j en-
ibrte qu'il repréfente la forme d'un V , un
un peu plus deverfé que de coutume, x^. Des
membres , ou branches montantes & defcen-
dantes , qui croiflent fur les deux branches-
mères , communément à un pied de diftance
Iqs uns des autres. Les branches montantes
garniflènt le dedans , & les dépendantes le
dehors, j*. Des branches appellées croçA^Wj
qui font à bois & à fruit pour Tannée , &
Î[ui en fourniflint d'autres pour les années
ubféquentes. L'habileté du Jardinier con-
jfifte à les ménager , tellement que l'arbre en
foit toujours pourvu.
Pour avoir une idée de ce fyftcme , il fuf-
fit de comparer un pêcher conduit fuiyant^ U
roii ne
felutine ordioair e y avec un autre traité do
la façon qui va être: expliquée. Le pre-
aiiere forme un '"éventail , tel qu'il eft re*
préfente dans la F/anche W. A efk la fou-
che- d'un pied de diamètre j B eft une ex-
coriation occafîonnée par un aux de gomme»
C branche verticale & perpendiculaire, D
cicatrice d'une branche viciée qu'on a été
obligé de couper. E branche qui croife en-
deflbus de la grofle pour remplir le vuide.
Cet arbre , comme on. le voit, eft dégarni du
bas jufqu'en-haut à la lettre C , pour avotic
toujours été tiré de long par voie de perpen-
dicularité : il eft représenté ébourgeonné &
f^Mi y ^Planche XllI.
Le pcchèr au contraire , que je donne pour
lûodéle, forme , tant des maîtrefles branches >
que des brapches-meres , autant d'éventails
particuliers. On remarque fur celui de la
Planche > V un bourrelet A (impie & non
i5onfléde la greffe d'un pêcher fur amandier,
es branches latérales B & ce qu'on notnme
fonies , G les branches-crochets ou lambdwr-
des , qui ont pris naiffance fur les deux bran-
ches-meres D , & fur les fix appellées mem-
l>res £• Ces fortes de branches font le fruit
de l'induftrie du Jardinier , qui a fu les mé-
nager à propos j fuivant un ordre de fymé-
^ic , tel quon le voit dans cette figure. La
lettre F défignè les clous & les loques qui
fervent à pliffer les branches fur les mura
enduits deplâtrç. : -
^ M
1
^7* L A P'HATiQxy 1
Le pécher de la Plane. VI eft tout taillé
& palitTé à la loque : le vaide  fera rem-
pli comme on le verra à la lettre B de la
Plane. XIV. la branche-mere B j plus fo^te ,
parviendra peu-à-peu â une égalité propor*
tionnelle, par le moyen de 1 cbourgeonne-
ment. Les tailles y font différentes fur les
différentes branches y les unes taillées fort
long, pour donner du fruit la même an-
née» & les autres court qui font les bran-
ches de réferve pour tailler deflus Tannée
fuivante.
La différence de ces deux arbres pour la
pouffe efl telle , qu*un pêcher de Montreuil
a lage de cinq ou fix ans eft plus formé,
Î[u'il "occupe plus de terrein ^ que fa tige &
es branches font plus groffes ^ & qu'il donne
plus de fruit que les autres arbres de dix
a douze ans. iJe plus ». à niefure que les
branches qui pouffent perpendiculairement à
la tige ou au tronc groi&flent dans les arbres
ordinaires , celles des côtés meurent fucceffi*
vement après avoir langui , & il ne refte plus
que le milieu & le haut qui profitent. Ces
groffes branches perpendiculaires croiflènt
duili aux dépens de la tige ^ & la furpaflent
en groffeur. Au contraire le pécher étant
dreflTé en forme de \/ y i\ fe fait une diftri-
bution proportionnelle de f^ve > qui àts deux
mères- branches paffe obliquement , & par
conféquent avec moins d'impétuofité dans
toutes les autres. Cette tmniçrç dç fo^ip^r
2>U. JaRDIKAGC* 179^
les arbres en eipalier eft conforme â l'âfag^
pratiqué envers les arbres de tige 8c les buif-
fons auxquels on coupe la tête pour forcer U
fève à fe partager horizontalemenr dans les
branches latérales aucour du tronc & de U
lige.
Les fluides » me difoic un jour un Acadé-^^
xnicîen » agilTent également & en tout fens ;
la fève eft f uide » donc il importe peu qu'elle
foie mue perpendiculairement ou oblique-
meiu. Le fait décide. Un arbre conduit fui-*
vanc la méthode ordinaire eft trè$4ongcems
a fe former & a rapporter : un autre au con*
traire dirigé i la Montreuil , fait des progrès
rapides , & devient extrêmement fruâueux ^
dans le premier , la fève eft portée verticale-
ment 'y dans le fécond , elle Teft obliquetnenCp
Mais qu^ls effets furprenans en ce dernier!
Outre les trois clalTes de branches que j'ai
diftinguées , il y en a un autre ordre , i"" p
des gourmandes qui naiSent communément
de récprce j des yetix^ des boutons , du tronc
ou de la tige » fouvent même des racines
dont elles font des rejettons* i^ Des demi**
gourmands qui viennent également partout»
}9. Des lambourdes ou brindilles qu'on ne
connoît pas, ou que Ton confond fouvent*
4*. Des branches folles ou chiffonnes que l'on
appelle auffi faux-bourgeons , ou branches de
fauX'bois.
Telles font ordinairement toutes celles donc
le pêcher & les autres arbres font compofés^
Mij
'i8ô La Pratique
Pour former les branches-meres qui font le
premier ordre , je commence à drelTer mon
arbre fur deux branches » que je taille à qua-
tre, cinq ou fix yeux ; & dans le cas où il
en a poufle une plus forte d'un coté qut
de laucre > je taille fort long la plus forte &
|e tiens très - coutt la plus foible qui tarde
peu à ratraper la première qui a été beau-
coup chargée pour être réduite* Â mefure que
ces branches s alongent , je lent donne plus
ou moins de charge afin de leur faire occuper
une plus grande étendue fur la muraille. Elles
me produifent une infinité de gourmands qui
pouli^nt à leur extrémité ; je les taille fort
k»ng , à un , deux & trois pieds y fuivant ia
vigueur de Tarbre , &c je rabats le bout de
la branche -mère fur ce gourmand , qui a
poufle le plus près de fon extrémité. Je dé-
tache enfuite du ipur les branches-meres,
pour abaifler chaque côté davantage , afin de
révafer & de retendre.
Le milieu de 1 arbre , loin d'être vuide ,
fe trouve aufli garni que les côtés, au mo}^a
des branches montantes Se defcendantes, qui
font auffi la plupart des gourmands alongés ,
ôc au moyen des branches-crochets placées de
diftance en diftance , pour en garnit les in-
tervalles. Ces branches-meres & ces mem-
bres font éclorre dés bçsjinches-crochets qu'on .
laifle pouffer de toute leur longueur , &
du on taille au printems à bois & ^ froiti
fuivatxr lage & U forée de r*rbrè% /' .
w Jardinagv. i8t
Parmi les branches-crochets qui pouflenc i
coté de chaque œil des gpucmanas cônfervés ^
je fupprime au paliflàge & à Tébourgeonne-
ment toutes celles de devant & de derrière ,
pour palifler celles des côtés ; & â la taille
ioivaate, j'en abats une entre-deux , je taillô
les autres à un ou deux yeux fur les fleur^ qui
fe rencontrent. Ces branches - crochets me
donnent Tannée même du fruit y Se du bois
pour la fuivante.
Quon ne dife point que je me contreâis,
& que je laitTe lur les branches-meres des
branches tirantes qui pouflênt perpendiculai-
rement. Ces dernières quoique perpc-ndicnlai-*
res^ font originaires de branches obliques,
& par conféquent elles ne peuvent attirer à
elles feules toute la nourriture > ni aftamer
les autres > comme (i elles étoienr d'aplomb
à la tige ou au tronc. 11 arrive néanmoins
quelquefois qu'elles prennent trop de nourri-
ture : on les réduit alors, foit en les fup-
• primant, s'il y en a de voifines , pour leur fuc-
céder , foit en les ravalant fur une bafle ,
foit enfin en les courbant forcément pour ar-
rêter la fève , comme je le dirai en parlant de
la courbure des branches.
Par rapport aux branches-crochets qui don-
nent bois & fruit , les fortes dont les yeux
font doubles , avec un bouton à bois au mi-
lieu , reçoivent un peu plus de charge que les
autres. Les demi fortes dont la grofleur eft
moindre , font moins chargées. Quant aux
M iij
1
m La Pratique
foibles qui n'ont qu'un œil à fruit & à boî«,
on les tient court. Mais à torce de tailler
fiicceffivement fur les unes& furies autres,
les branches fur lefquelles on a taillé précédem-
Dlent'5 fe trouvent trop haut montées , on
les rabat d'année en année , & on profite
de celles qui percent aux environs & des
gourmands pour rapprocher fa taille.
Les gourmands pouffent plus promptement,
Î>lus vivement & plus abondamment que
es autres branches. Ils ne viennent fur les
arbres que lorfqu'on les taille trop court,
qu on les décharge trop , ou qu'ils font ex-
trêmement vigoureux. Ce font des efpèccs
d*hémorragie de fève qui vient de pléthore ou
l^lcnirude.. Ils font une fuite du jeu de la Na-
ture* Tel le fang eft porté dans certaines
parties du corps humain , avec plus d'impé-
tUd(îté que dans d'autres. On diftingue trois
fortes de gourmands j les naturels , qui naif-
fent immédiatement de la greffe & des bran-
dies; les fauvageons qui pouffent au-deffous'
de la greffe & du tronc même, & les demi-
gourmands également produits de ces parties
de Tarbre. Je pourrois y ajouter une quatrième
forte de gourmands que j'appelle artificiels , &
qu'un Jardinier induftrieux fait pouffer â tout
arbre pour le renouveller , lorfqu'il commence
i s'ufer , & pour le remplir quand il eft dé-
garni en quelqu'endroir*
Voici les principaux indices pour connoîrre
Us gourmands. i% Leur poficion. La plupart
BU jAADtMilGEi lS|
pouflent de Técorce & non d'un œil. i^ Leoc
empatemenc : foie qu'ils partenc de la peau oit
de roeil > leur bafe eft épatée. Ils font gros du
bas 9 fournis 6c nourrismême en naifTanc, &ils
occupent toujours par leur bafe prefque toute
la capacité delà branche dont ils fortent. 3«v
La précipitation avec laquelle ils s'efforcent .
de pôufler : ils nailTent , croifTent , grcflîf-
fent: & s'alongent comme tout-à-coup. Il en
eft qui durant un été poufTent jufqu a fix à
fepc pieds de haut y Se qui parviennent à la
gtoflear du doigt.>4o. Le tiuu du bois d'un
gourmand & fon écorce > font des mat*
ques certaines auxquelles il fe fait connoî-
tre. Ces fortes de branches commencent de
fort bonne heure à avok par le bas cette cou-
leur brune de la. peau ^ qui n'exifte fur left
bourgeons > que quand ils font convertis en
bois dur. LeuriS feuilles font auflî plus Ion-
gués , plus larges , plus épai0es > Se d'un verd
plus foncé. Ces caraâeres diftinâifs font une
fuite de l'abondance immodérée de la fève.
y. Leurs boutons tout difFérens de ceux des
autres branches font petits y noirâtres y Se fort
diftans les uns des autres, é*". Leur figure les
décelé. Us ne^font point exaâement ronds
comme les branches venues dans l'ordre na-
turel , mais aplatis plus ou moins d'un côté
ou d'un autre » jufqu'à ce qu'ils grandifTent.
70. Leur écorce , au lieu d'être liffe , luifante ,
vernifTée 3 efl ordinairement graveleufe , fie
jraboteufe.
Miy
ï84 La PuATiQtJï
La Nature , en leur prodiguant tant de Cère,
& tant d'embonpoint , a des deiTeins dans lef-*
quels nous devons entrer pour les faire roar-
ner à l'avantage de l'arbre. Rien de plus com-
mun » par exemple , que de voir une branche
ordinaire devenir gourmande au bout d'un an
ou deux* Vous l'aurez railléç à quatre , cinq ou
iîx yeux» pour en faire^un des membres de votre
arbre, mais parce qu'elle e(l perpendiculaire »
quoiq^ue fur oblique , elle prend tellemenc
lïourriiure qu*elle lurpafle en grofleur la mere-
branche & fes voiiînes. Si on ne peut la re--
trancher ^ fans dégarnir l'arbre , il faut chaiTer
dans le mûr un fort clou , qu'on garnir de
linge , puis forcer prefque juqu'à caflfer cette
branche rétive , l'y attacher & l'arrêter de
même par le haut. Tel eft le fecret de faire
d'une branche direâe & féconde , une bran-
che oblique & mère. Une économie judi-
cieufe fupprimera enfuite toutes celles qui
s'entrelacent , & fera choix ^de celles propres
à former l'arbre.
A regard des gourmands fauvageons , je
les laiffe , quand ils font néceiTaires pour le
renouvellera, foit dans fa vieilieife , foit dans
fes épuifemens caufés par le mauvais gouver*
iiement. Je les greffe alors ^ finon je les coupe
forr près , afin que la plaie fe recouvre. Pour
Jes demi-gourmands j j'en fais le même ufage
à peu de chofe près que des gourmands dé*
cidés. J'appelle de ce-nom des branches d'un
Volume au-deilbus de celui des gourmands ,
St au-defTos de celui des bratiches- ordinal-
• res j & qui oat d'ailleurs les mêmes carac-
tères. Quant aux artificiels , j'emploie pour
les "faire naître le ravalement &.le rappro*
chement, D^autres fois je metsen ufage di-
vers expédiens qui feront la matière du Cha*
picre faivant , expédiens cirés de la Médecine
ôc de la Chirurgie , dont je fais TappUcatioa
au Jardinage. Qn eft maître jofquà jtin cer-
tain point de ne pas avoir de gourmands»
ou d'en avoir peu. En les fupprimant:, l'arbre,
chargé* d'une fève furabondante , en produit
toujours de nouveau)^ jufqu'à ce qu'enfin il
foit épùifé. Pour les diminuer , ou s'en pré-
ferver , il fuffit de profiter de ceux* que la
Nature nous préfente , de tirer de0asj,dele$
alonger, & de les charger amplement
Un arbre eft épuifé j je fuppofe qu'il eft
bon , & que fes branches ne iont point tota-
lement deffëchéesrf On lui a ôté tous fes gour-
mands qui faifoient fa richeflfe 3 fa force , fa
fanté & fa fécondité. Il n'a pouffé que de
faux-bourgeons. On a rogné , pincé ou arrêté
par leurs extrémiités le peu de bonnes bran-
ches ou de bourgeons qu'il a fait éclorre , aux-
quels ont fuccedé des branches chiffonnes. D^
-plus 5 il eft dégarni en quantité d'endroits. La
gomme qui le ronge a carié fes branches rem-
plies de chancres. Cet arbre , quoique jeun^ ,
va être la proie du feu. Pour peu que j'ap- ^
perçoive en fouillai^t fes racines qu'elles font
faines > je le renouvelle par le ravalement & .
.'M.*-..
^\
ï8tf La Pratique
le rapprochement , après quoi je patife letf
plaies que j*ai été obligé de loi faire.
Je coupe au princems coûtes les jbranciies
^e vieux bois fur celles qui font les plus voi«
iînes , que je taille à un ou deux yeux» Je le
rapproche en fupprimanr une partie de fes
anciennes, pouffes , &c en obfervant de le met-
tre fur les branches du bas & du milieu qui
annoncent plus' de vigueur. }e fuis fur alors
d'avoir des gourmands , ou même d'antres
. branches qui percent de la peau au-de(Ibus de
mes coupes, lleft inutile a ajouter qde poui
faciliter la végétation^ on doit lui adminif
crer de bons engrais , & que pout le recou-
vrement des plaies » les coupes doivent êtte
nettes • & fans chicot. Je crois que d'après
ce que je viens dire , tout Lefteur fenfé conr
clurra» i^,que les gourmands font comme
les entrepôts & les magafins que la Nature
a pratiqués pour y renfermer des provisions de
ieve 9 afin de la diftribuer enfuite dans toute
la capacité de larbre. Ce font en effet , après
le tronc & la tige , les réfervoirs fécondai-
res qui la contiennent en plus grande abon-
dance , que les branches dont ils reçoivent
1 ctre. 1^. Qu'ils prouvent la fécondité des
arbres '; ceux qui font chetifs , malades »
mourans ou épuifés , n'en produifent point.
Faites-en l'expérience fur deux branches , pour
voir laquelle aura plus profité de celle qui a
été privée des bois réputes gourmands > ou de
celle à qui on lésa laifTés. La première n*aura
4B[tie dès cercles minces , aplatis Se ferrés »
dans la feconde , vous les verrez gonflés 9
nourris & plus efpacés.
On a remarqué qu*en fupprimant les gour-
mands y la tige celle de profiter , & refte à--
peu- près dans le même état ^ qu'en pinçant
ou arrètaint quelques branches au pécher » la
Nature , à qui cette extrémité eft effentielle ,
en reproduit fur le champ une autre.^ De plus
au-lieu d un petit rameau que vous ôtez , il en
croît d'innombrables , qui fubiffent le même
traitement, & qui forment à chaque bouc
rogné, autant de têtes de faule , d'où il ar-
rive que tous les yeux du bas de ces bran-
ches rognées j qui dans le pêcher vous au-
roient donné du fruit l'arnnée fuivante , s'ou-
vrent dès l'année même en pure perte. De-
là , votre arbre s'emporte , vous n'avez plus
^ue des- branches par en haut , tout le bas
périt infailliblement.
Les lambourdes Se brindilles exîftent dans
tous les aibres fruitiers 3 tant à noyau qu'à
pépin , avec "cette différence que dans ceux-là
elles donnent leur fruit la même année qu'elles
ont été produites , au-lieu que dans ceux-ci
les lambourdes font trois ans à fe former en
brindilles pour donner leur fruit.
Les lambourdes font de petites branches
menues & longues, qui ne croiflent guère
fur le pêcher que de cinq à fix pouces , quel-
quefois plus fur les autres arbres ; elles naif-
fent orainairement vers le bas à travers i'c-
i
i88 La Pratique
corce dtt vieux bois y Se même des yetix des
branches de Tannée précédente. Leurs yeux
font drus y de couleur noirâtre , plus gros &
Îlus rebondis que ceux des fortes branches.
.a couleur de leur peau eft d'un beau verd
de nrer , clair & luifant. Lçur extrémité fu*
périeure eft couronnée par une efpèce de bou-
quet ou grouppe de boutons noirâtres , avec
un feul bouton à bois. On peut juger de
leur fécondité , parce qu'une feule nourrir
cinq â fix pêches. Leur durée n^eft que d'un
^n y épuifées enfuitej elles font retranchées
à la taille.
Les brindilles plus précieufes encore font à-
peu-près la^ même chofe , excepté quelles font
moins longues , moins élancées s mais plus
grofTes Se plus nourries ; elles n'excèdent ja«
mais deux ou trois pouces de long : fouvent
elles fe trouvent placées par devant, en for*
me de dard. La Jig. 4 de la 'Plane. XVL
repréfente une brindille avec fes rides & fes
boutons à fruit y marqués D.
Nulle raifon ne peut autorifer i abattre ces
deux fortes de branches, foit à la taille /foit
à rébourgeonnement & au pallidage y quand
même elles fe trouveroient fur le devant.
Heureufe difformité qui naît de l'abondance !
Je préfère des arbres bien fournis de fruits
fi^;.un peu irrcguliers à ceux qui traités félon
le| régies en auroient moins. On retroufle néan-
rèoins ces branches quand le bouton à bois eft
grandi > &on les attache > en leurfaifat^c faire
tant foie pea 1 anfe de panier. 11 11*7 a qu^one
exception à cette règle , c'eft quand l*œil àbots
a gelé ou manque : le fruit du pêcher, comme
on Ta vu , île mûrit point qu'il n'ait à côté
ou au-deâus une branche pour lui ferWr de
mère nourrice , qu'on fait fagement de cou^
per à trois ou quatre yeux , lorfque le fruit
peut être fevrc & qu'il a acquis les deux tiers
de fa grolTeur, afin que la circulation de la fève
ne fojt pas interrompue , ôc que les feuilles
, placées d chaque œil fervent à le défendre
des rayons du foleil. 11 profite alors de la.
fève qui auroit monté dans toute la branche.
J'ai dit qu'on diftinguoit dans le pêcher
trois fortes de branches à fruit » les groiles »
les médiocres , & les petites. Les fortes font
celles qui font de la grofTeur d'une plume à
écrire , qui ont des yeux triples à chaque
nœud } favoir deux yeux à fleur , avec un œil
à bois au milieu. Ces branches , loin de s'aou-
ter comme les gourmands , font d'un verd
un peu foncé ,. avec des marques noirâtres
Se un peu graveleufes. Leurs yeux voifins les
itns des autres > font bien nourris & produi-r
fent des feuilles longues & larges , d'un verd
qui annonce leur fanté. A ces fortes de
branches on donne fept à huit pouces de
taille , félon la vigueur de l'arbre. Mais i
rébourgeonnement on en fupprime une partie
pour peu que les autres s'alongent^ fans les
éclater ni les pincer avec le pouce. Les braur
ches iué4iocte$ à fruit tienfient le milieu en-i^
'90 JLa Phatiqub
tre celles donc je viens de parier & les pe^
tires. Elles ont auffi des yeux criples , comme
les grofTes , leur couleur eft la même , &
leur grofleur peur êcre celle d'un cure-denr :
on les raille à quarre , cinq ou fîx yeux. Les
perires branches fonr de deux forres. Les unes
frudueufes , Se qui onr a chaque nœud un
feul ceil â fruit avec un œil à bois , fonr par*
ticuliéremenr celles que les gens de Monrreuil
nomment branches-crèchers , dont ils fe fer-
vent pour amufer la fève , & fur lefquelles ils
tirenr à fruit au défaut des fortes & des demi-
forces. On les taille à un , deux ou crois
yeux , le fruit y noue également & y mûrit
parfaitement. Taillées à un œil , elles don-
nent pour l année fui van te de très - bonnes
brancnes médiocres , fruâueufes. Beaucoup
de Jardiniers tirent trop à fruit fur elles ,
fauf, difent^ils, à les rabattre, fi le fruic
ne noue point. Mais dénuées de fève pour
nourrir tanr de âeurs & de bourgeons elles
ne produifenc que des feuilles. La féconde
efpèce eft celle des branches folles ou chif-
^ fonnes , donr la ftérilité eft le partage. Elles
ne font pas plus groflfes que des brins de ba-
lai, & nonr que de rrès-petits yeux à côté
de chaque feuille & fort éloignés les uns des
autres. Il faur leur alfocier certaines bran-
ches dénuées d'yeux à bois , mais qui onr un
bouquet de vingt ou trente fleurs. On a dit
plus haut la raifon de leur fuDpreftlo^.
^v Jardikaob; ffC
CHAPITRE ly,
Dzverfes pouffes du Pêcher durant fei
premières années*
\^ N pécher d'un an doit avoir pouffe qua-
tre , cinq ou (îx belles branches qu'on aura
paliâees de toute leur longueur , à moins
qu'occupe à fonder le terrein , il n agifle four-
dement p^r ks racines dans le iein de la
terre. La fig. z. Plancn VU. A , fait voir des
yeux ou boutons a bois fur une pouffe d'ua
an. La conduite tenue à l'égard de cet arbre
la première année fert également de règle
pour la féconde» Au-lieu de ravaler » comme
font les Jardiniers , fur la branche d'en-bas
en la taillant à deux ou trois yeux ,, on
laiiTe une ou deux branches , qu'on taille en
branches - crochets à trois ou quatre yeux ,
puis on en pte une après qu'on coupe tout
près de lecorçe> &oh a^onge celle des exr
trémités : s'il $'y rencontre des gourmands ^
on les rabat deffiis. C^cte pratique conferve
i la fève les agens Se fes réfervoirs , fans
épuifer, dès fon jeune âge, un arbre qui fait
tous les ans à pure perte la pouffe de quatre
o^L cinq jbrançhes* A fa féconde année i.|
19*: La Pu ati çu i
doit avoir trois ou quatre pieds d*étendae i
te Ùl tige une grolTeur coniîdérabie ; s'il ne
poufToic pas aufli vigoureufement , on le tien-
droic plus coure y reiacivemenc à fa force Se
i fes oefoitis.
Bien des gens tirent à fruit fur les ar-
bres dé cet âge. Je penfe au contraire qu'il
eft impbffible qu'un jeune arbre donne à la
fois &c du bois & du fruit. Or , quel eft le
but auquel on doit tendre alors ? C'eft à
former fon arbre ^ & ce n'eft que par les
branches à bois qu'on peut y parvenir. Quant
à rébourgeonnement durant cei deux pre-
mières années je laide fort peu de bois >
choifîdànt toujours le plus fort & le mieux
placé» conformément à mon fyftème du V
déverlé. Si je vois que le jeune arbre produit
beaucoup de gourmands , je lui laiîle plus
de bois qull ne lui en faut , afin d'amufer
la (ève , ^uf à le fupprimer à la taille , &
j'alonge les deux branche s-meres« C'eft le feul
moyen d'avoir des arbres , qui s'étendent ,
croiffent & groffiflTent , & de faire j/rofiter
la têce.& la tige en même-tems. ,
Si ces moyens pe réuffifiToient pas , il fau-
droit recourir à ceux que j'indiquerai ci-après,
Tincifion , la faignée , & ce feroit un fort mau-
vais figne. Voici donc un avis que je donne
à tous les Jardiniers ; c'eft en mcme-
cems qu'ils jettent les yeux fur la .pouffe des-
jeunes arbres , davoir toujours attention à
ifur tigetf Elle eft Ig baie Se le principe da
la
t» jÀKMI^AGt. t$j
la végétation ^ elle doit dominer, il eft im-
p<^ble qujuu -arbre réuffifle , quand la groC^
Tear de fa tige n'eft pas en proportion avec fesr
braiKhes.
Mon arbre à fa troinetne année doit corn--
cnencer non » feulement à oc<£uper une vafte
circonférence > mais encore a donner fufE-
faiiiment du fruit. Voici mon procédé à fon
égard dans le rems de la taille. Quand il tOt
^épaliiTé , j abaifTe de côté & d'autre les deux
branches - mères j & je les étends à chaque
extrémité j en confultant toujours la vigueur
de mon arbre. J'alonge a proportion les
membres, & je leur donne en hauteur Té**
tendue qu'ils peuvent fupporter. Quaht aux
branches- crocnets, je les tiens toujours un
peu de court afin d'avoir du fruit ^ en même-
- tems que des branches f ruâueufes pour la taille
fubféquénte. En les tirant » elles pourroienc
me donner plus de fruit , mais elles n'au-
roient que des branches étiolées pour l'an-
née foivante. Le principe ^ft qu'il faut avoir
du bois avaiit le fruit.
Si cependant l'événement ne répondoit pas
k mon attente, je déchargerois amplement
mon arbre , en Tébourgeonnant. Le peu de
bois que je lui lailTerois ayant toute la fève
. i lui feul , profiteroit néceflairement. Dans
ces commencemens il poufle toujours une
^ infinité de gourmands. Au moyen de b.
charge & de l'alongement dont je viens dç
parl^ ^ il en a beaucoup moins , que (uivaac
tf4 La PaATïQUB
la méthode ordinaire. Les Jardiniers ont cour
tame d'alonger le menu Dois : il arrive de-U
qu'il noue fore peu de fruit , parce que ces
branches foibies & âuetces n'ont pas des rc-
cipiens aflez vaftes » pour contenir fuffifatn-
ment de fève , afin de le nourrir. Alors ou
les (leurs avortent, ou les fruits noués tom-
bent. De plus , en taillant court les gros bois ,
ils pondent avec véhémence : c'eft un fait
inconteftable. Ces ouvriers peu intelligens
arrêtent par les bouts ces branches fortes , Se
raccourcirent fans celle les branches folles
qu'elles ont pouflées de tous les yeqx du bas
qui fe font ouverts contre Tordra de la vé-
gétation. Cette opération meurtrière repétée
tous les ans , prive le Maître de fruit & bientôt
d'arbres.
Malgré TeiTor que j^e donne au pécher ,
il ne laifle pas de produire des gourmands
de toutes parts. Je les pali0e & je n ote que
ceux qui s'entrenuifeiït , où qui font placés
devant. » derrriere , aux extrémités & tout au
haut de l'arbre. Pour ne point Icpuifer i
^^rce de porter des gourmands en pure perte ,
on taille vers le mois de Juin & au coirt-
mencement de Juillet ceux qui^fe trouvent
néceflfàires dans les places où ils fonc nés ,
^ on les ravala fur deux ou trois yeux le^ plus
bas , ({uelquefois mêthe fur un feul. Alors
on voit éclorre de Cts yei^ des branches-
crochets 3 qui feront for méeij eiicof^ afiea à
rems pour donner du fruit l'amiée fuivàace»
S0 jA&DIMAaB; 15;^
Qaand on appréhende que ces gourmands
émû traités ne prennent rrop de force du bas
& ne deviennent branches dominantes , on
commence dès la fin de Mai à les couper à
moitié , tous près d'un oeil \ à la mi - Juin
on les coupe encore plus bas , & au corn-
mencément de Juillet on les met à un feul
œil. Au moyen de toutes ces plaies fur lef-
qaelles lair agit , la fève s'évapore , fon ac-
tion fe rallentit , & le gourmand eft dompté.
Le autres foins qu'il faut prendre de ces
jeunes arbres fe réduifent à le& fumer, quand
la terre eft maigre^ ou <^'il5 ont fouiFerc
de rintempcrie de la faifon, ou des fléaux
de l'air , & à leur donner d^e fréquens labours;
ils font faciles & produifent de grands effets
aux arbres plantés , comme je l'ai dit , à un
pied de diftance du mur. On les arrofera dov
rant les fécherefTes , & on les butera afin d|^ ,
les empêcher de punir durant les huniit^és;
continues , en battant un peu la terre j^è
fus en forme de taiusy ou en plaçant um J
à leor pied , pour en éloigner les eauaoc*
Les arbres ont produit du bois & des
vigoorea^ Ils ne oemandent qn*à être taillés
8c attachés a b muraille. Mais auparavant il
faut ks régler d»ns leurs pio^es, 6c examiner
les expédiensles plus ^opre» à les former Se
à les rendre f tuâueux.
w
Nîj
^
i^€ La Pratiqui
CHAPITRE V.
De la diflribiuion proportionnelle
des branches^
\J'E s T â la troifieme & à la quatrième an*
née qu'il faut ufer envers lés arbres de divers
moyens pour les diriger. Ces moyens font de
deux fortes : les uns appaniennent à la Méde*
cine & à la Chirurgie defquelles je les ai env
:pruntés 5 tels que la dietce , la faignée \ les au-
tres font des inventions particulières , com-
me la courbure des . branches ^ le cajjimenu
Après les avoir long-tems pratiqués avec le
plus grand fuccès > je ne crains point d en
démontrer les avantages.
V Ils ont pour but de régler la poufle des ar-
bres » afin d'opérer une diftribution propor*
tionnelle de la fève dans toutes leurs parties ,
de faire enfone que déformais ils ne s'em-
portent plus j foit du haut enfe dénuant du
bas , foit d'un feul coté , tandis que l'autre
eft foible & languiflànt. Il éft queftion de
renouveller des arbres, malades , & de con-
ferver ceux que les Jardiniers condamnent à
erre remplaces pat d'autres , de faire porter
du fruit aux arbres de quatre & cinq ans en
vv Jarbinag/. I97
plus grande quantité qu'on n a fait jufqQ*ici i
dix ou douze , de leuc donner une dimenHon
immenfe par rapport aux bornes étroites dans'
lefquelles on a coutume de les retenir , de
les faire groflSr de la tige à proportion , enfin
de leur procurer , durant un uécle , une par-
faite fanté , tandis que Texpérience journa*
Uere nous apprend qu a peine tous les arbres y
& furtout les pêchers ont fait paroître une
brillante verdure pendant leurs années de vi-
Î;ueur , qu'ils font alTaillis â la fois par tous
es maux d'une vieilleiTe prématurée. Si je
parviens à ces diflférens points par ma mé-
thode & par les moyens que j'indique , les
^ens fenfés , pourront ils les défapprouver &
lefufer de s'en fervir ?
Je commence par ceux qui font tirés de la
Médecine & de la Chirurgie.
i^. La diette & l'abftinence. ^
a®. L'incifion & la faignée. ••
3^ Le cautère à la tige >.. aux branches &
aux racines.
4**. La fcarification. ^ .'■^..
5*». Les cataplafmes & les topiques. * <i
60. Les écliffes, les bandages & les liga-
tures.
Toutes ces nouvelles inventions font éta-
blies fur des expériences > Se ont pour fonde-
ment les principes de la Phyfique des végé-
taux. Celles dont la Médecine & la Chirur-
gie fe fervent pour la cure de nos maladies ,
ont pour les arbres des vertus & des pro-
trjf9i La Pjratiqve
priécés qtf on ne peut trop admirer;
Ces expédient poar opérer la dîftribution
propoccionaelle Ass branches fervent «iicote
à bieccce à fruit les arbffes qui n'en iàppor--
tenr jamais, comme je le^irai^os tnaa troi*
fieme Partie. Leitr efFet eft auffi ia beiie à^
gare de Tarbre , fa fanté , fa ?igoeor & £x
durée. On n*y parvient qu'en faifant âaer
la fève du cote où elle n*alloit point aupa^*
lavant , & en Tarretant an (Até où elle fe
fjortoic avec trop de vivacité. Par fon cnojen
e pécher eft également fourni de branches
& de fruits , de façon qu'il ne V emporte
point vers le haut , 8c que dans le bas £c
da/ns le milieu il n'oîfre point ide grands m^n-
bres alongés, dégarnis de bcancMs, & qu'il
ne poafle point d'un feul câ}té aux iiépens xle
lautre. Cette diftribution feft , comme 4ans
TArchitedure 3 ce bel enfèmble dans lequel
lq$ parties fe rapportent au tout.
Ce que |^ai à dire fur cette importante
matière a , pour bafe , les trois principes
fuivans > i^'j fixer le pécher <lans fes varia*
lions , fans le violenter. a«.' Faire avantageu-
fement «(âge de l'abondance & de l'impc-
tuofitéde fa fève. J^ Partager toutes fes bran"
cbes de manière qu'elles ne puiflTent fe ^lé-
truire , comme il n'arrive que trop fouvent
par Tentremife des gourmands qu'on lui fait
pouffer de tous côtes. Mais avant que d*en»
trer à cet égard dans aucun détail » j'établis
ici quelques propoiitions q[utfont aitcam de
ibv Jardinage; 199
corollaîres de tout ce que j'ai a#hcé.
1*. Après l'ordre de ù. préparation des ra-
cines , la diftribtttion proportionnelle des
branches dépend abfolumetu de là fuppref^
fîan totale des perpendiculaires au tronc Se
à la tige j & il ne doit y avoir dans tout ar-
bre i qu'on veut rendre régulier en même-
tems que fruâueux , que des branches obli-
ques & latérales d'où procèdent tontes les
autres, l'ai déjà traité ce point.
i*. Le moyen le plus analogue à la façon
4e poulTer du* pécher , & le plus e^cace pour
régale diftribucion des branches dans tout
arbre , c'eft de faire des gourmands , le fon-
dement de fa.taille & de l'harmonie des bran-
dies eiîtr'elles.
}**• Pour avoir un arbre garni de toutes
5 arts, il faut en même- tems qu'on le charge
'un grand nomi^re de branches , lui faire
prendre l'eflor en lalongeant beaucoup , pro-
portionnément à fa vigueur.
4*. Tailler long les branches à bois 8t -
les gourmands , & fobrement les branches à %<
frw.
5*. Rapprocher toujours ôc cenouveller les
branches du pécher , le concentrer pour ainiî
dire , en tirant fur les branches du bas par
préférence à celles du haut.
6**. Quand un arbre a , durant fes pre-
mières années , tetté fon feu , & qu'il pouffe
{kIus fagement , le tenir un peu plus de coure
& ne lai plus tant dswner 1 «Cor. |
Niv
400 . La P r a t I q u-«
7*, R#Durir alors aux engrais & au chan-
gement de terre , furtout pour le pécher.
8*. Lors de rébourgeonnement & du pa-
liflTage cclaircir , élaguer » tirant toujours du
plein au vuide > du plus fourni à ce qui Teft
moins.
9''. Le pccher étant fujet à la mortalité de
fes branches , veiller à ce qu'il y en ait de
rcferve auxquelles on puitte recourir pour
remplacer les mortes , & qu on paifTe attirer
fans rien dégarnir. , -
io«. Dans le cas de rem{5lacement dés
branches mortes , (i dans le voifinage il n'y
a que des branches à fruit , faire d'une braii-
che à fruit une branche à bois.
Il eft queftion de remplir un vuide & je
n'ai que des branches fruftueufes. Si |e les
taille à la longueur ordinaire» c'eftàcÛre à
fruit y elles me donneront bien moins de
bois.. En les taillant à un ou deux yeux feu-
lement, je fuis afTuré d'avoir de bon bois
f)ottr garnir, parce que Tannée fuivance j'a-
onge les branches venues des yeux de celles
que je raille ainfi fort court > & je les mets
à bois & à fruit tout enfemble» Les Jardi-.'
niers au contraire alongent ces menues bran*
ches pour garnir , & au-lieu d'avoir de bon
bois , ils n ont que des poufTes chetives qui
meurent , ou qui ne garniflenr point.
Je vais maintenant rapporter divers expc-
diens tirés de la Médecine & de la Chirurgie »
pour régler la pouCe des arbres^^ demies dirigées
ou Jakoikaûs. IPI
1 o. Xa i/ièrftf & l*àbfiinence. Je remarquai
un four ^ dans la cour d'un Vigneron , un
ttiûrier qui d'un côté faifoic briller une riante
verdure , Tes feuilles étoienc plus grandes
qu*à l'ordinaire , & fes fruits abondans con-
traftoient avec Fautre coté qui étoit étique
& n avoit que des feuilles chetives & des
fruits auffi rares que mefquins. En fouillant
une première racine depuis le pied de l'arbre y
je rencontre une foffe à fumier qui étoit
comble & toute couverte de gazon qui avoic
cru par-deiïus. A travers les terres de cette
foffe, j'apperçois/une multitude innombra-
ble de petites racines & de chevelu oui
pompoient la terre où les parties fpiritueuies
du fumier avoient pénétré. De Tkutre côcé , ce
.n'étoit que gravois » cailloutage , ronces , épi<-
nes fur la luperficie de la terre, & tuf dans
le fond. De>U , je tirai beaucoup de con-
féquences utiles dans la pratique , telles que
ceiie de faire jeûner les arbres en pareil cas ,
& de bien nourrir le côté maigre.
Je fuppofe un arbre plein d'un côté & dé-
garni de l'autre : je commence par charger
amplement le premier \ Se afin que le fé-
cond puiffe fournir au peu que je lui laiffè,
je le aécharge & le tiens fort court. Il s'agit
enfuite de coupet les vivres au côté plein ^
pour qu'il ne raffe que s'entretenir dans fon
embonpoint , &c de les faire paffer au côté
maigre. Je ne parle ici que de ces arbres vî-
goureux qui portent toute leur fève d'un côtjé^
Z04 La PIlATIQu-t-
A la taille faivance , ce côté de l'atbre càap
damné à la diette , a befoin d'être ménagé :
il faut être très - réfervé fur la quantité de
bois quon lui laifTe 9 ainiî que fur la loneueuCi
Quant à l'autre , je lui donne utie caille plus
forte qu'il eft en état de foutenir , au rooyea
de ce qu'il a toutes fes racines dans lerqueiles
{laiïera déformais l'abondance" de la Cève par
es engrais qu'on lui prodigue. On ne tarde
point i s'appercevoir de l'effet de ces opé-
rations, te côté foible fleurit plutôt , ver-
dit de meilleure heure , & eft en tout plus
hâtif, fes bourgeons font plus vigoureux :
dès l'année même il croît prodigieufement ,
tandis que l'autre s'entretient dans fon em<-
bonpoint y fans faire aucunes poutlès vigou-
reules. A mefure néanmoins que s'opère le
recouvrement des plaies faites aux racines »
fes bourgeons vont toujours en augmentant.
Il pourroit mène â fôn tour l'emporter fur
l'autre » mais on y remédie aifément par les
engrais adminiftrés au côté à qui l'on a fait
faire diette.
1^. Vinci/ion & la\faig^é€. Mon mini({:ere
eft rempli par rapport au côté de l'arbre qui
a trop d'embonpoint , il ne l'eft pas i l'égard
de l'autre. Le changement de bonne terre
en mauvaife > la fouftraâion des racines 8c
leur raccourciffement ne peuvent manquer
d'occafionner une divetdon de fève qui » au
moyen des engrais abondans que fai don-
nés au côté foible y va s'y porter^ avec la
Dv Jakdinàgb. 205
même abondance qu elle fe porroic du côté
^içoateux. Il faut donc le difpofer à rece-
iroic cecte afHuence de fève , que récroire ca-
pacité de fes canaux ne peut contenir. J'ap-
pelle lart à mon fecours pour les étendre
£l les dilater. J'y parviens par le moyen de
rincifion que je diftingue de la faignée*
Au printems , avec' la pointe de la fer-
perte , je tire du côté maigre de mon arbre
depuis le tronc jufqu aux premières branches
une incifion , en fendant Técorce jufqu'au
bois. Je la fais latéralement , & je la con-
tinue i cette partie maigre > toujours fur le
coté à la mère -branche & aux grofles bran-
ches , & j*enduis toutes ces incifions de bouze
de vache, fans l'envelopper , dans l'inten-
tion de prévenir le aux de gomme.
Si cette plaie faite par l'incifion ^ au-lieu
de fe fermer, venoit à fe fécher , ce feroit
un mauvais (igné pour l'arbre , qu'il n'y au-
roit point d'elpérance de rétablir. Si la bran-
che maigre ne groffiflbit pas , il faudroit re-
commencer rincifion l'année fuivante ; mais
non dans la même place , foit par derrière ,
foit par devant , avec la précaution d'y ap-
pliquer une douve ^ pour que le foleil ni la
pluie ne frappe point la plaie.
La Nature m'a fait naître l'idée de ces in*
cifions. Je.yoyois des arbres vigoureux fe fen-
dre d'eux-mêmes tant à la tige & aux bran-
ches qu'au tronc , & fouvent du haut en<»
bas , comme fi on les eût incifcs exprès. J'ai
1
aor .La Puât iQ VI
reconnis, en les mefurant » que depufe li
mois de Mai , jufqu à T Autodicie > ils wnsieàc
groffi d'uti pouce. La future de ce^ insifio»
le fait ordinairement dans^ Tannée j & an
endroits qui les ont fouffertes g la peaa eft
plus claire & moins épaifle que lancienne;
Les noyers , les pomn^ierSi les pêchers menées
Se les arbres féconds en fève y fonc fufets.
Il fe fait aux branches fottes de ces derniers
vers leur empâtement , des gerçures de cou-
leur jaunâtre , par lefquelles h Nature y en iti^
diquanc fes beioins , ma appris i recourir i
l'incifion pour gonfler Us récipîens de la fève
du côté maigre de l'arbre*
La faignee n*eâ: proprement qu'une inc^
fîoh dô la longueur de deuâc ou trois pouces^
Elle a également lieu pour les racines , compat
pour le tront » la tige & les branches à bois
leulement. Voici quelques circonftances où
elle eft don- feulement utile mais nceefl&ire.
Un arbre poufle avec véhémence dans fa jeu-
neffe 5 Se fa tige he groffîc pokit à proportion
des branches. Un cali» commence à fe for^
mer â l'endroit de k greffe , & Ton a lien
d'appréhender qu'il ne groffiffe ait point de
faire un mauvais efièt Se de s'approprier une
partie de la fève. Pour opérer alors une di-
version , il tie faut pas (e contencer de fai^
gner l'arbre à la tige feulement, iliais aux
gro(Ies racines. On découvre les pkis pro*
ches de la fuperficie de W terre , & avec la
pointe de la ferpette on ouvre knr oeau de
X>U jARDIllAGf. 1^7
llbiut oil trois pouces de long , qu'on enve*
loppe énfuice d'onguent de Saint-Fiacre»
Rien de plus emcace que cette faignée pour
détourner la gomme. Elle eft encore d'un
grand fecours pour empêcher que les arbres
ne fe jettent trop en gourmands» en produis
fant un éc6ulement de la fève qui fe porte»
roit vers le haut. De plus , la plaie de cette
faignée l'attire à elle pour fa guériibn , ic
forme une obftru6tion dans le canal de la
lève , dont elle modère l'impétuofîté.
Elle fe fait ordinairement entre Tefpace
vuide d'un œil à l'autre de chaque branche »
toujours en ligne droite , & non tgranfverfa*
lement. L'opération deviendroit alors diffé-
renre j fon effet feroit d'interrompre le cours
de la lève dans une partie de l'arbre , ce que
j'appelle fcarification , dont je parlerai dans
la fuite. Au-lieu qjie rhon but i, en employant
la faignée » eft d'attirer la fève & ikhi de l'ar^
rêter.
On en reconnoîc l'utilité dans des pêchers
de cinq à iix ans , ou plus , qui poulTent plus
d'un coté que de l'autre. Pour empêcher la
partie forte d'emporter la partie foible , on
faigne celle-ci , & on donne leflbr à l'autre ;
i^. Afin d'attirer la fève du côté où fe fait la
faignée. i^. Afin q»'en y arrivant elle trouve
des canaux alfez amples pour la contenir. Il eft
dcniontré que dès qu'une plaife eft ouvertQ
à un arbre , la fève y arrive de thème que
Je (àng à une ouverture |>rati<^U€e dans la peav^
loS La Pratiqi/6
luimaiiie* Il ne Teft pas moins que lorfqa'ii
y a une incifion dans la peau de i'aibre > ii
le fait ) ain(i qu a notre chair , un gonflement
dans les parties féparées , que les deux lèvres
de la plaie fe retirant , opèrent entr*elles un
efpace vuide , & qu'enfin la Nature venant
au fecours de la partie affligée , les efprits fe
portent de ce côcé-li avec plus d'abondance.
Si au contraire je faignois le coté vigou-
reux » loin de remédier au mal , je ne ferois
que l'augmenter en dilatant des vaiileaux qui
ne le ibnt déjà que trop. Cependant je taille
fort long le coté vigoureux , je lui laiiTe
quantité de branches y 6c j'alonge lès gour-
mands pour amufer la fève. Il eft ainfi fubja-
gué à force de fournir à tout le bois épar-
gné tant à la taille qu'à Téboûrgeonnement :
3uand il éft devenu plus modéré , je change
e conduite i fon égard , & je le ménage
davantage.
Un arbre nain s'emporte du haut ^ fes
branches exttêmement étendues profitent , &
fa tige demeure toujours au même état. Il
lui raut & l'incifion à la tige & la faignée
aux branches : la première occafionne fon
extenfion , & la féconde empêche la fève de
fe porter aux extrémités. La taille enfuice
maintient l'équilibre entre le haut & le bas,
entre les cotés & la tige.
Une ^eiée aura brûlé nombre de branches,
eu un vice intérieur les aura fait périr , je
mets la faignée en ufage du côté dégarni, ou
même
9V jAlÎDIKAéB. %Of
Kième le caucere en cas de befoin. Elle n'eft
pas non plus à négliger dans certaines niaia«
«lies du pêcher , telles que la cloque , poup
répandre dans les branches du ba$ la fàvf
élancée vers le haut. U peut arriver que Ten-^
duic appliqué à la faignée venant à tomber 9
la gomme s'y mette ^ on la nettoie alory
& on InelFuîe avant que de l'enduire , & U
gomme ne peut jamais Euer.
' La faignée des racines eA la même que cell^
«les branches pour la grandeur- de l'incifion
& l'ouverture de la peau , comme pour Tap»
pUcation de Tonguent de Saint Fiacre. l.e$
lacines les plus propres à cette opération (bns
celles qui font les plu$ grofTes & les plus voif
fines de la fuperficie de la terre. L'endroii;
où elle doit être faite eft vers la bafe de I4
racine dans fon fort , 8c de côté plutôt qu eri
deflTas , parce que la terre y péfe cooins qu en^
delTus.
L^ circonftances où il faut l'employer font»
i* , pour arrêter la produârion ou lespro^-
grè$4es gourmands, i*. Pour opérer la dif^
tribntion proportionnelle des branches dans
les arbres, extrêmement fougueux, j*. Com
tre la gomme qui flue à certains arbres vigou*^
reux, parce qu'elle eft trop abondante. On
obfervera néanmoins que eet effet n'en refaite
pas toujours quand la gomme a pour principe
un mauvais régime-, ou une caufe accidentel
le , telle que des contufions faites par la grèlei
|1 el^ 4os çiç^tn^s mi ne fe font que Iqiit
^ Q
uo La Phatiqub
rnenc i caufe des coapes dcfeâaeiifes »
chicots » argots oa bois morts » par lef*
quels la gomme flae« La foignée eft plos
miifible que falutaire dans ces cas } il raot
alors aller à la caufe du mal. 4^. On l'em*
ploie avec fuccès dans la cure de di£Férenres
maladies que je ne décaillerai point quant i
préfent. 5^. On s'en fert pour Ëôre fruât-
fier les arbres , comme pour empêcher les
fruits de tomber* ^Un poirier ne k met
point à fruit » parce que la fève trop abon*
dante » & poufiée avec trop d'impétaofîté ,
au- lieu d'enfiler les pafiàges étroits qui com-
E>fent le tifTu des branches fruâueufes y eft
ncée d'abord dans les orifices fpacieux des
gourmands 8c des branches i bois qui profi-
tent d autant plus Qu'elles fe tournent moins
â fruits Un autre neurit tous les ans : Tes
fleurs coulent bientôt après » & il n'en noue
qu'un petit nombre. Â celui ci les fruits tom-
bent cnaque année à la moitié de leur «grof*
feur. Par le fecours de la faigûée qui » coita*
Jtte je l'ai dit> amortit ce aux impétueux de
fève j j'arrête cet épanchement defordomié ,
& je réduits ces arbres intempérans.
$^. Le cautère â la tige , aux branches , &
aux racines. Il y a cette différence entre les
cautères humains & ce;ux des arbres , que \ès
premiers fe font par l'application des casrf-*
tiques » d'où vient le mot cautère qui figni*
fie brûler » ou manger les chairs, au -lieu
que les derniets iom. pegp rement l'iucifioa
U W J A-K pi N A « t • ri f
4c la fatsnée ^ imaôs diffiÊremmem modiâées.
5i2iiam; d U ^ jSe a^.dSets U parité eft reUe
que :î^âi ccù pouvoic 'dclnoer ce oom à •cetio
opération mmv^lle du Jacclmage., par la^psellia
fartire les liiimie«irs .f«perâfttes de Tarbre , je
renouvelle & purifie fai tève , & |e k -déroucné
vers les parties dénuées ide Yenrduie.
Lors éa pi7intefDs^ufc)a an .commeftoen^enc
de Jbtn, on fait «ne iociâon de denxàtcoîc
Eoftces éc reti dteite ligne i Fécorce. d'une
raùche ^ire ou/d'ane tige qu'on vent gai^jiâc
d'Hn eècé , rsu fonfia aux.racines. Pea ^utiporse
dans quel endroit <fUe fe faffe ^ pourvu qu'on
en détourne les. rayons du foleil. Cette inci»
fion fe fait avec la poincé de 4a lefpette oa
du greftoir , :ou avec uh ceureau bien aigaifé
de rBctne que fi on Wmloit greffer i eéil dor«-
tnant. On a enfiiite on pedt coin de 'bois dt
la longueuirde l'ouverture , bieaaiilé & ailèp
coupant pour efncrer |uft}a*aa fond et Tinci*
fion , 6c {ans que le tranchant quille reib^
date la plaie. On l'enfoncre un pni H force ^
en fcappamt légèrement «disiras avec le vnan^
che de la ferpette ^pam le &ire tenir plus
ferme. Il faut l'y lalfTer deux ott trois |ours
afin de donner le tems à la fève d'y arriver j
au beat defquels on vifice U pUie & on Àte
le coin. L^écotoe paroik alors retira un peu
dts deux côtés & flétrie.
il arrive à cette partie de Tatbre tncifée la
même chofequ'iWt chair kumaine. Si la plaie
aâué^ elle aura scani^ifi^ «udebars Se dai^s
Oij
J^
%IX hA PiLATIQVB
les cotés de fes ievtes : aux arbres de frtua
à pépin /elle aura fainté ; dans ceux à noyau»
€9g aura produit de la gomme. Dans l'un &
l'a)l9e cas on nettoie la plaie avec une ef-
^fl^le de bois amincie , on l'efluie avec un
''linge, &on remet le coin ; ce panfement
qui fe fait tous les trois jours , cave touiours
un peu la plaie , l'excorie de nouveau & ou-
vre les paiTages de la fève qui ne manque*
fuient pas de fe fermer. Le cautère fe fait
aux branches & à la tige , afin d'attirer la iève
dans les endroits où elle n'iroit pas , fuivant
fon cours ordinaire j aux racines pour fervit
d'égoût aux humeurs de Tarbre , purger la
imaÏÏè de la (eve & la renouvellera
On peut en faire plusieurs : néanmoins il
faut diftinguer; àla tige de l'arbre , il n*en faut
faire qu'un y aux branches Se aux racines on
peut l'appliquer fur celles où il eft néceflaire
Îiour regarnir l'arbre dénué de verdure. Il ne
audroit pas cependant le trop multiplier par**
,ce qu'il occafionneroit une trop grande difli*
nation de ieve ; il vaut mieux remettre à en
faire de nouveaux Tannée fuivante»
Cet écoulement dure quinze jours ou trois
femaines^ quelquefois plus. .Dans les arbres
de fruits à pépin, on n'apperçoit fouvent
qu'une lymphe qui fuinte peu i peu , ou
{»oint du tout , il ne faut pas s'en etosiner ,
e cautère 6'en fait pas moins fon effet ; cette
férofité étant à l'înftant pompée 8c dellechée
par l'air. Qiiant aux fruits, à noyau» la fcve
dv Jauoimagb. 1I|
ietnblablë au fang forci de nos veines ^ fe
fige , fe coagule & fe mec en grumeaux. Il
faut remarquer que dans ces derniers elle de-»
vient au bouc dé quinze jours limpide , corn*
me l'eau qui fore de la viene , quand elle
pleure. On faic égalemenc le panfeihenc du
cautère à Tordinaire.
Lorfqu*on voie que l'écoulemenc n'eft plus
fi abondanc j au bouc de crois femaines ou un
mois on recire le coin cour- à - faic. Enfuice
quand la plaie a écé bien neccoyée & tSuyée >
on la remplie avec de la bouze de vache ou
de la cerregralTe , ou'on recouvre d'une pecice
emplâcre enveloppée d*un linge. Trois mois
font plus que fumfans pour que la plaie foit
encieremenc fermée*
L effec du cautère eft tout naturel 3c très*
curieux. Une première goutce du liquide qui
compofe la fève encre par l'orifice de cha-
que racine : une aucre eft lancée & fouectée
vivement â la fuice de cecce première goucce, de
ainfi jufqu'à la dernière qui toujoius fe renou*
velle » & eft produite i tout inftant. Les ra-
cines envoient de ia même manière cette fève
dans le tronc» & de-là dans la tige , puis
dans toutes les ancres parcies. Le cauccre lui
occaHonne une diverfion , enforce qu'au*liea
de pafTer oucre y elle eft arrècée à l'endroit
de l'ouverture où elle crouve une ifliie plus
fadle. A mefure qu'elle s'habicue à s'y épan<^
cher , fon cours y eft néçefTairemenc décer-
miné. Comme elle a toujours dilacé les ca«
naax des bcanchei» caucérîsrées » elle troHW
{dus èô force poav y être Isakûàe. Evidn c<t
Patries liquider qai ne feac au»€| cfaofe qiK
U« fttcs de la tecre accoucoiâc^ à èf re poiifl^
de ce cocé-lâ &' ^ s'y ftxet , comifHMnr «te
le faire arvec la mèime impécuoâcé. D€^ pk» >
la plaie quoique bouchée , opérer eto cet eit-
dffotc uae ruvKvew & un gonftemeM ». par le£-
quels eft enrrecemfe vers ce«cd partie mie
OouveHe émiffion de fèv« y qui se potfvant
plus s'extravafer y fair «e qme ie« Médecins
ftppellem éruption à v^aVers la peau.
Des brancnes percent de toutes parts de
la |c^att d*un arbre ^in(î cautérifé : iï ^ome
le même fort ^e celui qui a ét4 ravailé en
recépé. Pourquoi ce dernier poufle-t-il en fi
grami nombre d^ jets 9c des gourmands ?
C eft parce que h fève qui julque-là avok
tiirigé fon cours vers le$ branches fupprîmées
y arrive comme auparavant : le pâddge eft
ÎFrayé ^ mais parce qu'elle ne trouve plus è fe
décharger dans ces parties où elle avoit cou-
tume' d être recèle , elle fe porte par ifrap-
tion horizontalement , fe faie jour pat les
endroits de la peau qui prêtent davantage,
les dilate en dedans y les poudè au dehors y
& ouvre despafTages pour en faire éclorre des
bourgeons.
Le cautère fert encore à purifier la fève»
i augmenter fon aârion y ècà faciliter fa cir-
culation en Tarrètant. Il renouvelle Tarbre,
dont il rend la peau Ufle Se unie j fes bout*
LDv Jaudimaoi. zif
font plus nourris , croiflènt plu£ promp*
^w^.^it y &:.fonc briller une éclatante ver-
dure. Par fon moven on a du fruit en abon^-
«lance durant pluueurs années. Je n'ajoute-
rai point que l'arbre un peu atténué par cet
cpanchemenc de fève » a befoin d'engrais ,
teb que de l'eau de fumier prife dans les
bafle-cours , ou de bonne terre fubftituée â
k vieille y qu'on enlève jufqu aux première^
racines.
Le cautère s'applique fur les racines de la
même manière que fur les branches. En Mars
& en Avril on (ouille un pécher malade à un
pied & demi fuivant que les mai trèfles ra-^
cines font plus ou moins en terre , & on les
met a jour , fans les déranger. J'en choifis
trois des plus grollès » ou deux ^ fi l'atbre a
mioins de force » & je fais à chacune fur les
cotés une inciiion de trois pouces où j'infère
un coin de bois , comme aux branches. Je
mets par - deifous dans le fond du trou une
•afiîeftepour recevoir Teau qui aura fluéde'i^
racines , afin de me régler pour l'écoulement
& la vuidange. Je les couvre enfuite de, quel-
que linge , & je mets par^delTus des douves
du des tuiles avec de la grande litière ou des
gazons renverfés. Trois jours fe patient fans
vifiter la pUie » au bout diefquels j'ôte le
coin , j'efTuif la plaie , puis je le remets & re-
couvre le tout pour recodameucer au bout de
trois jours. L'écoulement en doit durer au
mpins quinace. Quand la fève n*eft plus épaiHet
Oiv
j
$\t La PitAtjtQVë
Ie ferme la plaie de la même façoft c|u*aiiir
>rat)ches , & je garnis les racines de bonne
terte après une fuppuratioH fuffifame. Les
ftrbres pouffent inceffamitient des jets admi-
tabUs , & furtout des gourmands précieor
qui percent de l'écorce. Ces cautères aox raci-
nes font très -unies pour iremettre un pcches
cloqué.
4*^- De la fcatïjicatiofi. Scarifier an arbre t
é^eft lui ouvrir la peau à divers endroits pat
des incifîods , afin d'attirer la fève par ce^
différentes plaies j & de 1 empêcher de s'em-
ptjrter en pure perte partout où elle eft lan-
cée trop impécueufement^ Le hâfard ma fug*
géré cette mvention. Je voyais des comii-
* lion^ & des plaies à certaines branches 5 &
je m appercevoisqu*elles profitaient moins'que
celles qui étoient faines & intaâ^es^ que raiit
que le petit boutrelet fe formoit antoer de
la plaie pour en opérer le tecouvrement , les
bdurgecms , & les fi uits de ces branches meur-
ffies ne profitoienr point comme les autres f
et q&e la végétation étoit retardée ou avaa-
tée à proportion de Touverture de la plaie.
îl m*a femblé que cet effet devoir être: attri-
bue à ce que la fève détournée de fon cours
ordinaire , eft forcée de prendre des circaits ,
femblâbïe à un courant d'eau qui trouvant i
fort paflage des corps étrangers, fe détootne
pour couler vers fa pente , d'autant moins ra-
pide que les obftacks font plus confifdérables
ou plus multipliés. De - là ^ j'ai concla cpe
J
Dty Jar oiMAGi. 117
^<i Qu'alors je regardois comme un accident fâ-
eheux , pouvoir en certaines circonftances être
latilement employé*
Une autre fois voyant des branches qu'on
avoir rrop ferrées j japperçusau-deflus & au-
defTous de la ligature un double bourrelet, &
|e remarquai que celles qui n'a voient point un
pareil lien s'étoient beaucoup alongées , aii-
lieu que les premières éroient plus groflTes
du bas que dans la partie au-defTus du fécond
boutrelet. J'ai imaginé de tourner au profit
des arbres , par le moyen de l'art , ce qui
n'étoit que l'effet de la maladreffe de l'ouvrier,
La fcarification eft merveilleufe pour ar-
rêter le flux défordonné de la fève dans les
arbres de pur ornement , qui s'emportent
foit d'un côté , foit du haut fur une feule bran-
che. Â l'égard des arbres dé fruits à pépin
elle eft d'une grande reflfburce pour les
faire fruâifier. Mais quant â ceuxâ noyau il
faut beaucoup de prudence pour la mettre en
* ufage. Je lai fouvent employée fur des gour-
mands d'abricotiers Se de pruniers , à Véçi^zïd
defquels elle a parfaitement réuflli. Il eft vrai
que tous les jours j'effuyois la gomme , fans
lui donner le tems de ik congeler.
Le but de cette opération eft de rendre
féconds des arbres qui ne rapportent point ,
tels que des poiriers & des pommiers fur*
franc , dont toute la poulTe eft en bois , dç
faire nouer les fleurs' de ceux qui rous les ans
âettriiTent fans fe nouer ^ de mettre à fruit
«it La pRÀTIQtTB
les boutons de quancicé d'arbres qui s'alc
Senc & ne s'ouvrent ni ne fleuriiTent points
e dompter en un mot le trop *grand cpan*
chement de la fève. PalTanc avec rapidité dans
les arbres » dont les couloirs font trop dila-
tés & les âbres trop lâches » elle n'a point
le tems de fe cuire ni de fe digérer. Telle
qu'un eau qui dans fbn cours rapide ne fait
que battre la tesre & la durcir, cette (èvtr
s'emporte toutours , inonde certaines bran-
ches & laiHe a fec les fruâueufes , dont les
orifices font trop petits pour la contenir. Dé-
jà , cette ftérilité des boutons à fniît qui , ou
fléurilTent fans fe nouer , ou s alongent fans
s'épanouir , & qui rongés intérieurement par
le trop long féjour d'une fève inutile & trop
délajFce tombent enfin en pourriture.
Toute branche qui n'eft point a ff uit , je
parle des arbres de fruits à pépin 3 a ci di-
nairenient le peau belle , luifante & fort unie.
Celles au contraire qu'on nomme brindilles
fonr pleines de rides. La Quintinye les a^
pelle des anneaux , parce qu'en effet ces ri-
des font placées à ces brindilles comme des
anneaux arrangés les uns près des autres y ce
font autant de petits bourrelets gonflés j qui
fervent de réfervoirs à la fève. La fg. 4 de
\/\/T ^^ P^anc. ^^iC, repréfente une brindille avec
/\ V L fes rides & fes boutons à fruit marqués D.
Chaque année elles fe multiplient , & le bou-
ton croît d'une ride jufqu'à ce que la fève
fe déterminant , en faffe éclorre des fleurs
1» V JAR9IKAGB. 11^
des fruits. La jonâion qui les Katfonne
cft une feAion , par le paflage de laquelle
la fève eft filtrée pour arriver ckns ce petit
loerr^let qui fbrme me ndk. Ces inégalités
xecardem fen pai&ge fueceifivemenc » auliea
^ue dans les Wanches imies n'étant arrêtée
|>ar aucun obftacle , elle entre avec aifance
& fe porte en avant. Je prétends donc par la
fcarificarion , empêcher que la ftve ne fé-
journe niuttlement dans ces brindilles , & lui
procurer une filcration aifée par ces rides
& leurs ièâions qui en abforbent une partie
par l'eniploi que larbre eft forcé d'en faire
pour leue formation. Combien encore ne s'en
extravaie-t-il point par les ouvertures faites i
la peau , 9c qui ibnt pompées 8c afpirées
par l^air ? En mème-tems qu'il en diminue le
volume, il contribue à fa eu i (Ton Ôc à l'af-
finage des fucs , en portant dans l'arbre la
bénignité des fiens. Les moyens que f em-
ploie font les nodus , les calus Se les lx>ur-
relers que Oette opération fait naître de toutes
parts lut les branches pour le recouvrement
des plaies.
On la fait avec la ferpette dans la peau
àé l'arbre ;ufqu au bois , un peu tranfverfa-
lement du bas en haut , â la longueur de
deux ou trois pouces , & i la diftance de cinq^
a fix, toujours à l'oppoGre d'une incifion a
l'autre. Le téms le plus propre pout les ar-
bres de fruits à pépin ,'eft la chute des feuil-
les ^ jttfqu'au printems, avant que la fève
tïo La Pratiç^ub
foie touC'i- fait en mouvement. A ceux i'
noyau , le princems efl; Tunique faifon con-
venable : on obfervera d'effuyet la gomixie
3ui ne manquera pas de fluer. ILeft inutile
e dire que du terreau bien gras ou de la
bouze de vache , font des préfervatifs néceC-
faires pour éloigner les infedes , qui feroienc
de toutes qes plaies des lieux de retraite.
En faifant ces incitions en-de(ïbus , & un
peu de côte , la fève eft ncceflairement ar-
rêtée ou du moins retardée dans fon paiïàge ;
les plaies font plus lentes â fe recouvrit , Se
les arbres i\ont rien à craindre des pluies ni
des gelées. Faites du haut en bas , ces ' in-
cifions formeroient infenfiblement autant de
petits augets propres à retenir les humidités
nuidbles , qui leur cauferoient des chancres.
Enfin leur pofition tant foit peu inclinée in*
tercepte le cours de la fève j en divifant &
féparant les fibres alongées de larbre.
Au r eft e ces plaies (e guéri flent dans Tan^
née même, & fur les fu|ets vigoureux, de
la faifon du printems à celle de l'hiver. Sur
ceux-ci je les fais plus longues & plus drues ;
fouvent je ne fcarifie que la tige ou quelques
branches. A Tégard des gourmands ^ on ob-
fervera de ne faire les incitions que dans lef-
paçe d'un œil à un autre , fans les endom-
mager. Elles opéreront dans Tarbre une plus
ample végétation démontrée par fon accroif-
fement fenfible , fur un jeune abricotier , pat
exemple > dont les refTprts n ont point été
BU Jardin AGI. lit
«fés ni relâchés par des poufTes forcées , Sc
toujours retranchées; il s accommodera beau-*
coup mieux de cette opération qu'un vieil
arbre à qui un mauvais régime continué de*^
puis longues années a ôté la force de la fup*
porter.
J ai dit que la fcari6cation étoit très-utile
.pour mettre à fruit les arbres fur franc , teU
que les vîrgouleufe5& les bergamottes , qu'on
prétend n'être fruâueux qu'au bout de quinze
pu vingt ans* Je fuis parvenu à en cueillir des
fruits dès la quatrième & cinquième année .
mais je n'épuifois point ces arbres dès lent
, premier âge , en leur faifant poufler fans
celfe du bois que chaque année les Jardiniers
leur enlèvent, & qu*ils produifent toujours
avec d'autant plus d'abondance qu'on le leur
coupe plus fréquemment. Je compare ces ar»
bres ain(i retenus , à de jeunes t ne vaux vifs
& fougueux , qu'un mauvais cavalier pique
des deux en même tems qu'il leur retient la
bride : ces animaux fe tourmentent & s'é-
puifent, toujours en fueur, & toujours ar-
lactés dans leur courfe y en leur lâchant un
peu la bride , ils avancent fans fe fatiguer.
5^. Les cataplafmes: La Pharmacie & la
Médecine du Jardinage ont été jufqu'à pré-
fent prefqu'ignorées. Trois/ fortes de topi*
ques indiqués par les Auteurs , font connus
des Jardiniers j favoir , les fimples & les na-
turels , tels que les terres graffes détrempées,
jftfuées pour les greffes en fente , auxquelles
on joint de la monde ou du foin , ic les di-f
verfes cit^s : enfuite les topiques onâœux &
graifTeux. D« ce genre font le vieux oint ,
le beurre , la térébenthine & \zpo\9i y ^'im
applique tant fur les plaies des arbres , t^oe
fur ceux qui font fains. Enfin les topiques
compofés : ce font d^s recettes ou il entré
quantité d'ingiédiens auxquels du attribue des
effets furprenans ^ -foit pour g uétir les mala^
dies des végétaux , foit pour dilater leur
écocce & leurs Âbres , pour les faire tmoae
fruâ:ifier9& faire prendre racine aux bour-
geons ) aux f^uiUes , i des branches ^èmes
inanimées & comme deflféchées. On peut con-
fulter entr autres TOuvragedu DodeûrAgci-
cola , .Médecin â Rati^bonne ^ imprimé en
François à Âmfterdam en lyao » & qui eft
intitulé V Agriculture parfaite*
A l'égard des topiques de la première ef-
Î^èce,, les recettes les f lus (impies font nonr
eulément préférables aux autres » inais les
feules bonnes pour lesârbces , eonfièquemment
aux épreuves & aux expériences que f ai faites
tant de celles indiquas dans les livres , ique
de celles qu'on m a communiquées. Lester^
res graCfes , & la cire font les topiques le
plus en ufage. Par terre graflfe >, on ehtérid
communémennt la terre glaife. Je la crois
nuifible dans le Jardina^ ; décotn^ofée ^ on
la. trouvera infipide & dcpourvoé.de parties
ipiritueufes. £n terre,, elle &it pourrir par ks
çaux <|u'elle retient^ lès ra^es.^ eeà ap*
DU Jardxkacb. 11|
prochent. Lors des féchereïïes elle fe durcit,
Sicor quelle fent le haie » elle fejgerce & fe
Fend de routes pans. Appliquée fur quelque
Ertie d'un arbre , ejle tait entrer Tair & le
le par fes ouvertures.
Je bannis également; Tufage de la cire tant
de la blanche que de la verre employée aux
orangers par goût de propreté. C'eft un deC*
ficatif , & par conféquenr elle rerarde la réu-»
nion des parties -, & fait fendre » fouvent
même éclater Técorce en la féparant do bois
qu elle gerce. Les plaies au contraire enve-
toppées avec longuent de Saint^Fiacre , font
recouvertes infinimenr plutôc. Je dis à ce
fujer que la raifon pour laquelle on met de
la terre détrempée avec du foin ou de la
moufTe » aux greffes en fenre , eft afin que
Tair ne defTéche ni Técorce , ni le bois , ni
les entes qui font appliquées deflTus , 6c que
la terre naturellemenr humeâanre communi*
que aux greffes une force d aliment extérieur
qui , avec le fecpurs d<is plaies , des rofées^
& des brouillards ^paflèpar l'écorce & dans la
parrie de Tarbre fur laquelle on a enté.
Les topiques gras & huileux me femblent
paiement contraires à la végéracion » 8c
pernicieux aux végétaux. En voici les rai-*
fons. L'air fert doublement aux arbres »
d'abord pour les pénétrer , & pour por«
ter à travers les pores de leur peau fes
parties vitales. Âuffi relfèntent-ils fes diffé*
cens bienfaits. Jettes de l'eau fur un arbro
%14 l'A Pratique
lorfque le fo}eil dardant fes rayons le defl^
çhe , à 1 inftanc fes feuilles repliées fe redref*
fenCy s epanoui^Tenc & reverdiflenc, la peaulâ<-
che & aplatie fe gonfle & devient bandée. Ua
fécond effet de Tair , c*efl: non-feulement de
faciliter la xranfpiration néceflaire aux végé-
laux , mais encore le mouvement de la fève
pour la faire monter & defcendre dans toutes
leurs parties. Supprime:^ l'air , tout ce mécha->
nifme ce(fe , & à mefure que les arbres font
plus ou moins pénétrés par lair , on apperçoit
de la différence dans leur aâion de poufler.
Or , que font les matières grafles & onc»
Cueufes , finon de boucher les ouvertures de
k peau par lefquelles lair s'infinue & paffe
danis leur capacité ? La fève qui n'eu: elle»
même qu'une lymphe , une férofité , ne peut
que difBcilement couler par un endroit ou
les fibres font imprégnées de parties huileur
fes. Auflî qu'arrive-t-ilaux arbres auxquels on
9iet des ondueux pour en éloigner les che«
nilles ? Au bout d*an certain tems l'écorce
fe Içve , la peau s'écaille , l'arbre maigrit &
féche infenfiolement,
Les çacaplafmes & les topiques analogues
^ax arbres, fe réduifencaux iuivans ; la bouze
de vache , foie la nouvelle , foit la vieille ,
pourvu qu'elle ne foit point defféchée g ni
trop délayée » mais qu'elle fafle tant foit peu
corps pour tenir fur les pUies des arbres ; le
terreau gras , la bonne terre détrempée avec de
}'$^a de fuipier ) les çerres franches » & celles
DU Iardinags* ^^5
;q[u*on nomme vierges , parce qu'elles font
f>rifes dans des endroits ou jamais elles n pnc
îsrvi , celles de marais Qc de ba$-prés , les ba-r
la^yures des bafle*co4)rs 9c des foifes à fq-r
mier » les amas d'anciennes immondices iqù
cées comme en dépôt dans des lieux aban^
idounésjle limon des mares qui font 1 egoui
de quanÛ4:é de Villages , & où les animaux
ie lavenr Se s'abreuvent* Toutes ces chofes
font excellentes pour faire des cataplafme$
aux arbres. VoiU ma cbymie &: ma pbar»*
ixiacie*
Mes efTences » mes élixirs , mes fomenta*-
xîons, mes leflives ibnr les eaux de fumier
cirées des baiTe- cours , ou les eaux (impies
dans lefquelle^ je kilTe tremper du crottia
d'animaux qu'on remue plufiears fois pen^
danc (|uinze jours. Je les expofe au foleil ^
yen arrofe enfuite mes arbres jaunes Se in-
firmes & je les vivifie. Quelquefois je laiile
iermenrer les lavures de vaiuelle avec les
iSUes de la i:uifine , Se je répartis cette li-*
queur au pied des arbres qui en ont le plus
befoin « après qu'elles ont été frappées par
i air , qui en emporte ce qui feroir rrop ipi-
ritueux & trop mordant. Je recueille foigncu-
fement les neiges imprégnées de parties ni*
creufes qu'elles ont acquifes par rimpreifiou
de l'air ; répandues le long des ef paliers , elles
les préfervent des ajtteiotes d'jufie chaleur ex-
çemve.
^^ Enfin ,/lfx ^clijfcs , ks bandages & /</
txiS Là Pratique
ligatures Ci uficés dans la Chirurgie , â Vcguii
des membres caffés & déboîtés, ont lieu poiyr ,
les arbres dans le cals de diflocations dès bran-
ches , fradures & autres dérangemens forcés*
Tous les Jardiniers ne connoilTenc d autres re-
mèdes â ces accidens que l'amputation ; opé-
ration plus prompte que celle de pofer une
éclifle , & de mettre un appareil fur la plaie*
J'en ai vu néanmoins qui vouloient bien
prendre la peine d'entourer d'un ofiér une
branche éclatée , pour la tenir en place. £ft-ce
là travailler ?
Par un accident imprévu une branche eft
ou éclatée, ou caflée tout-à-fait; mais eUe
tient encore fuffifamment à récoirce. Je rap-
proche les parties les unes contre les autres ,
Je les enduis avec un des topiques ^e j'ai
indiqués ci - de (Tus , & je les envelop|>e d'un
linge double* Je bandé enfûitemon a{^ateil,
avec «n ofier fendu en deux , ou avec une
vieille corde que je déSlé pour <][à*elfe ne
foit point coupante. Je me fuis nfuni aupa-
ravant de motceaux de lattes fort étroite ou
d'éclats de douves fendues en deiix , qiie J'ar-
range autour du topique. Quand cfeis échSts
miles l'une près de l'autre ont rempli toute
la capacité de la branche , je \ds tiéné en
état ^vec un ofier que je ferfe (m peu , & je
mets dans le milieu à' l^eitdroit mçihe ae
la plaie une ligature avec litie cotât un peu
forte que je bande le plus qu'il m'eft poflîblé.
Je proportionne h longueur des écliSh de je
«aii^tlplie les ligjsuiir^s Ibtvani: la pdct^ & i$
|p<niir de k bf smclie» Ces écliCesappa^«iii alorji
^â: fur le chifen & foc b (opi()ue , amS «tiôs
ffie peuvenc entamer ni pceffer n^me Vécwc^,
Cetxe opération fe véïiét^ m% dôu^ bouts i m
poace près-M» branche aiafi panfée eft attachât
enfuke bien ferme y {qh au mar , ibit au treit-^
lage , & je n'attends ppinc <;}uè les ligatures
ibient pourries pour les renouyelter. )e {^i^
ior que ma branche reprendra > qu'elle poufr
iiera ^ qu'elle donnera mèm^ dn huii dans
aonee«
Je fais à ce fujet deux obfervations impor^
tantes : l'une , qu'il faut de la prudence quand
on travaille les arbres , furrout les vieuiç don|
le bois rempli de cicatrices eft fort cafTant ,
Eour ne point rrop forcer certaines branches*
/autre , que dans Iç cas où ils éprouvent
de pareilles fraârurès , on ne peut taire trop-
de diligence pour renouer léur$ membres
difloqués. Si on lailTe agir l'air (Se lé haie
Curies parties ouvertes & féparées, la (eve
deiTéchée au dehors , la ^écriflTure^ des feuil-
les , le retour de la ftye & le ferrement in-
térieur des parjties feront autant d'obftaj[^le$ in^
furmontables à leur réunion..
Il eft des plaies de peu de conféquence 9
telles qu'une écorchure à la peau , à l'écorce
oa d'une branche dont on taille la voifine »
une entamure à quelque partie que ce foit,
Un peu de laine ^ de cocon , de fîla0e , une
hmw d*ftofFç.çn faiî to»t TappatèiK Je cotu
Pi;
[
4iS La PRATiQvr
viens due fans ces (btns , ces plaies légères fe 1
guéridenc tous les jours : mais je demaiicie fi ]
nous n'éprouvons pas des piqûres , des égrad*
gnures , des concuiîons , des coupures que nous
négligeons » & qui après s*ècre guéries d'elles-
mêmes forment des abfcès ^ des ulcères , des
tnaux d'aventure, ôc donnent lieu à des.opé-
rations douloureufes. Aux arbres gommeux
iurtout , ic au pêcher , il n'y a point de petites
5 laies. La gomme fluante onére néceiTairement
. es chancres , quand on néglige d'y pourvoir
par une (impie ligature » ou un peu de terre.
t^tt..vx. ,. V, v:
D V JaK DIMAG I.
**f
LE PÊCHER
Et les autres Arbres confidérés dans
leur âge formé.
TROISIEME PARTIE.
CHAPITRE PREMIER.
De la Taille.
J^'ÉpoQtjE de l'âge formé des arbres èa
général , & furtout des pêchers dont je me
propofe de parler dans cette troiiieme partie »
eft depuis la'iixieme année de leur plantation,
jufque vers le tems où ils commencent à vieil-
lir. Il y a cette différence entre les arbres de
fruits â pépin & ceux à noyau , <]ue les pre-
miers font plus tardifs , &que les féconds. qui
viennent plus vite finifTent auflS de même. Le
pccher en particulier travaillé comme il Teft ,
n*eft guère formé qu'au bout de quinze ou
PiiJ
ifd La fnAtiQtti
vingt aiis ^ au - lieu qu'il Teft à Mofltri
à cinq ou (ix. ïl eft donc tiitérefianc
t^ubht de voir une réforme ^établie dati
culture d'un Atbre dont le frUit fait Te
tnent des jardins & les délices des tables*
La taille fera mon premier objet. Je
l'ai en fuite à Tébourgeonnement & aa ^
fage donc je donnerai les régies. Cette
fiere importante fera traitée conféquenit
i des pratiques peu connues , mais fond
fur un fuccès* cohfhnt.. Le hafârd eti '
, toup d'occafions fut mon maître j la cad
Ûté & là réflexion me guidèrent , 6c Ve
tietice me dccida«
La taille eft Une opération de TArt
pofée à Tintention ' de la Nature , & c^
traire â Tinftitution des arbres. Ils ne fut^
pdint faits pour ctré arrêtés dans leur a^
de végéter^ coupés , raccourcis , élagué
éfeottcs , & affiijettis à des incifions qui trc
blent Tordre & le méchanifme de leurs
tlÊS organiques 6c dérangent k circukti^
dé la ieve à qui elles font prendre un coo^J
dppofé à celui que la Nature a réglé. Les ai;]
bres âes forêts fubfiftent fans qu on les taill 1
& fans qu'on les imonde. Ceux de nos vet-j
gèts & des campagnes portent paiement ddJ
fruits > avec le fecours de la feule Nature i
Cette fage mère pourvoit à leur renouvelle!^
ment par les branches qui remplacent celleti
* qui j après avoir été ufées 6c épuifées , Ci \
defléchetit & tombent d'elles»mëmes«
taille des arbres eft la fuppreilion de
unes branches & le raccourcillemenc des
très , pour les rendre d^une forme plus té^
lie te ) plus hâtifs & plus féconds en fruits
LUX & iavoureux. La Quintinye a bien rai-
de dire que beaucoup de gens coupent^
ytis que peu favent tailler. Je confîdére la
Lille fous deux rapports difFérens ) favoir en
Ue - même j & quant à la méthode qui doit
îrvir de règle dans cette opération.
Qu'on jette les yeux fur tous les arbres de
>s jardins. Qu'y voit - on ? Des chicots »
îs argots , des onglets , des branches mot--
y de la mouffe , de la eale , de vieille
(omme , des chancres , d'anciennes plaies
ion recoiivertes & deflféchées^ des faux-bois ^
tes branches chifFonpes , des coupes défec--
leufes. Ce portrait n'eft furement point outré.
?s Jardiniers y (ont tellement accoutumés
i qu'ils ne s'en apper^oivent pas \ peu de Maî-
\ très fe connoillent en Jardinage , & un fpec-
' tacle qu'ils voient chez leurs voiHns ne les
i touche giaère dans leurs maifons. Je vais tâ-
cher de les mettre en état de juger par eux*
mêmes fi leurs arbres font bien ou mal te-*
nus , & de bannir des objets aufli difgrji-
ciejux que peux dont je viens de faire le dé-
tail
tes chicots Coyit les reftes des branches foie
mottes , foit vives , qu'un Jardinier négli-
Î;ent a laiffces 4e la longueur d'un pouce ^ au-
ieu de les couper prè« de Vécprce {Jig. x«
Piv
L
$$1 La PtLAtiQVÈ
Plane. riL B. ) Je demande fi la Çbrù pôW]
monter par-deifus pour recouvrit la plaie s
tàrtdis qu elle trouve un obftacle à fa rencort*
fre , & comment peut fe faire fa comœa-
tlication dans les parties voifines lotfqa'elle
eft interrompue par defs obftruâions que ces
chancres forment. De^ plus , un bois lattort
Communique fa contagion au bois auquel il
tient , de même que les chairs nïortes & ba-
Veufes dans nos corps aux parties circonvoi*
fifies* Et cooime la fève ne peut plus y par-
venir , il faut de néceffitc que le pourtoat
de la branche à laquelle ce bois mort eft at^
tâché j meure à fon tour.
V argot confondu ordinairemem: avec le
thicot , quoiqu*il en diffère , eft un talus en
forme de coutfdn , laifle à Teadroit où l'on a
tôupé une branche, {fig. i. Plane. VîL C. )
Quoique moins vifible que le chicot, parce
t^\\ n'eft pas fi faillant , il produit les mè«
thés effets & occafionne un flux dégomme,
qui fait naître les chancres ; l'inapplication &
la pâreffe font fermer les yeux fur les argots ,
àitlfi nommés a caufe de leur reffemblance
avec ceux qu'ont ï leurs pattes les poules , .
\q% coqs & les dindes.
On appelle Onglet cette partie qui eft à l'ex-
trémité de la.taille , & qu'on a coupée à quatre
ôu cinq lignes , au-deCTus de l'cjeil ( Jîg. i.
Plane. FIL A, ) On doit taiHer une^ bran-
che uti peu en bec de flûte , plus avant Aqi-
f it-rd l œil qu'au - deffus* Quand ce bec eft
I
j
^
ttrop alongé j il forme au bouc de la branche
coupée une perire faillie nommée onglet , par-
ce qu'elle imite la forme de nos ongles.
11 eft démontré que la fève ne les couvre
fa. mais j qu'ils fe fechent & meurent, que
le bourgeon qui naît de l'œil au-defTus en
foufFcc , & que la réunion de la peau ne peut
£e faire*
Les Jardiniers difent qu'ils les rabattent
4 la taille prochaine» D'abord , il eft cer*
tain qu'ils ne le font pas , mais quand ils
le feroient , ce font toujours deux plaies
pour une ^ & le recouvrement de la cou^
pe fe fait un an plus tard , & par confé*
auent l'arbre en pâcit. Ppur éviter de laiiïer
es onglets , il ne faut pas couper tout près
de l'œiL On courroit rifque de l'abattre , de
reffleurer ou de le faire avorter. Il eft un
jufte milieu » qui eft de tailler environ à une
ligne plus haut que l'œil » un peu au-deflus
de fa petite pointe par derrière en bec de
flûte* On voit à la fig. ^ de la Plane. VIL
A. une coupe tirée & alongée qui auroit du
être d'un tiers plus courte par en bas.
Les bois morts & lés branches féches font
aufli communs fur les arbres. J'ai vu des
Jardiniers les empoigner & les éclater à force;
de-U , ces chicots dont j'ai parlé ci-devant :
d'autres moins parelTeux fe contenter de les
fcier : cela ne luffit pas , il faut avec la fer-
pette aller Jufqu'au vif , & après qu'on a
bien uni fa ççupe y employer ronguent
i|4 l*^ fKAttqvn
de Saint Fiacre , en faifanc à la plaie
poupée > celle qu on en met aux greffes en
fente : les raifons qui engagent à la mettre ess
ufage envers celles- ci ) l'ont les mêpes potur
lëfquelles je l'exige à 1 égard des amputations
des grofTes branches des arbres fruitiers Se
6c furtout du pèçher« §ans cette prçcaution la
^omme flue inceiïamment à ces plaies laiffées
à lair , & fait périr toutes les parties circon-
Voilines.
Comme il n*eft point d'animaux qui ne
Toient tourmentés par d'autres > il n'eft point
de plantes qui n'ayent auffi à redouter leurs
femolables qui s'anachent à elles pour vivre i
leurs dépens» Telles font celles qui prennent
racine fur lecorce des arbres 6c fe nourrif*-
fent des fucs qu elles y puifent. Les moujfes
font de ce nombre } leurs petites griffes qui
leur fervent de racines , entrent dans la peau
de l'arbre & U fucent* Elles eippèchent en
pullulant, la tranfpitation & la refpiration
auffi néceflaires aux arbres qu'à tous les corps
vivans. Ces efpçcçs d'épongés qulfetiçnnenc
les eau;^ , font caufe qu'en hiver elles fe
congèlent , pénétrent l'éoorce , le bois , la
mpëlle des arbres» & leur occadonnenc des
chancres ëc fouvent la mort* Une infinité
-d'infedes durant la belle faifon s'y réfu-
«gient , & y dépofent leurs céufs. Les mouC*
les contribuent auffi beaucoup a faire avorter
les fleurs par la fraîcheur qu elles entretien-
nent » & dans rhiver 6c au printems. EUei
£ont alors , à Tcgard des végétaux , ce que
les humidités font â nos corps quand elles y
f>Todui&nt des fluxions » des rhumes ^ ou des
xhacÉi^ifmes , qui proviennent du défaut de
oirc^tipn dans le fatig , & de férofités étran«
geres« Outre les moulus qu on connoîc ; il en
^ft.une qui n eft prefque pas fenfible j c'eft une
Ibrce de gale d'un verd un peu plus jaunâtre ,
mince & éparfe en forme de tache , qui s*atta«
che également à la peau des arbres^ & qui, vue
au .microfcope ^ eft reconnue pour une plante
& pour une moufTe d'une plus petite efpèce^
Après une pluie , une rofée , un brouillard »
on les ôre aifément , foit avec un morceau
de bois fait en couteau , foit avec des Jbrof*
fes ,. depuis la fin de lauromne jufqu au pri^«
cems. On obfervera de commencer toujours
par le bas , en remontant vers le haut. Ceft
un moyen fur de n^àrracher & de n'endom-
mager aucun bouton.
J'entends par vîeilk gomme i\on celle
qui flue dorant la végétation , & dont je
parlerai dans ma quatrième partie , mais celle
qui pour n'avoir pas été enlevée dans le
tems 9 a par fon •fejour rongé & carié une
infinité de branche^, & a formé des chan-
cres, des rumeurs & des élévations dans la
peau. C'cft à la taille^ qu on remédiera à
tous ces maux. Si les branches font cariées ,
il faut après un tems humide enlever cette
vieille gomme avec la pointe de la fer-
fette 9 & aller jufqu'au vif > du moins par
1
xi6 La Pratique
chaqae côté de la plaie. Cette efpèce d« i
gangrené cède alors d'être funeâ:e«
Les chancres nés de la gomme qui a ca-
rié une branche fe guériflent par les mêmes
moyens. Ce. font de petites taches noires ÔC
livides » foit à la tige , foit aux branches par
lefquelles il s'eft fait une extravafion de fève,
qui en fcchant fur la peau la fait mourir. Les
chancres naitTent auffi des queues des pèches
qui demeurent fur les arbres plus d une an*
née après qu'elles font cueillies j ces queues
fe féchent , meurent & fe durciflent.
Vieilles plaies non recouvertes. On a ccMipé
anciennement de groflfès branches » & ces
coupes font réftées découvertes. Le haie
les a prifes , les gelées ont pénétré , les
humidités ont tran^iré entre Técorce & le
bois, le foleil a enfuite defféchç, & en a
fait féparer les parties, des infedes s'y font
établis. Que faire alors ? Si ce font de vieux
pêchers , il faut les laifler vivre. & en tirer
ce qu'on pourra en attendant que leurs fuc*
ceffeurs les remplacent. S'ils font de moyen
âçe , il faut avec la fcie à main aller jufqu'au
vif, puis avec la ferpette unir les plaies , &
y mettre un topique. En deux ou trois ans ,
elles fe recouvriront entièrement. Pour peu
qu'on connoiffe le méchanifme de la végé-
tation, on fentira Timportance de ces foins»
loin de les traiter de frivoles & d'inutiles.
Les faux bois font certaines branches qui
ne pouffent point d'un œil ni d'un . bouton ,
Dv Jarbtnagi. ftjf
iShais direâemenc de 1 ecorce à travers la«
quelle la ieve fe fait jour j en produifanc un
irsLmeau verdoyant. Ces forces de branches
£onc rarement fruâueufes, & ne ledevien<*
nenc qu'après un très«longcems : on ne taille
deflfos que dans la néceilicé. Elles font vigoa*»
reufes , bien nourries & gourmandes j la rai-
son en eft bien fimple. Quand on caille un
arbre qui regorge ae fève , on lui en ôre les
récipiens : comme les racines en fournident
plus abondamment que les réfervoirs n'en
peuvent concenir , elle s'en fait de nouveaux'^
auffi n'y a-c-il que les arbres fort vigoureux
iartoat parmi ceux de fruits à pépin , qui
produifent de ces faux -bois lorfqu^ils font
taillés trop court. Les Jardiniers s'accordent
à les fupprimer. Mais le moyen de n'en point
avoir ou d'en avoir moins , eft de donner
d'abord aux arbres qui en produifent, une
raille lonsue Se réicérée fur un plus grand
nombre debranphes, & de cafler enfuice ces
faux-bois à un demi-pouce environ des fous-
yeux.
Les branehes folks ou chiffonnes ont une
double origine : elle ctoifTenc nacur ellement
faute de vigueur de la part de l'arbre, ou pat
acx:ident » & par une mite d'un mauvais gou-*
vernement. Dans le premier cas , il faut met*
•tre en ufage les moyens que jHndiquerai pour
remédier à la foiblefle de l'arbre ; dans le
iecond, il faut s'abftenir de donner lieu à la
Moduâtioa de ces fortes de branches > puis à
%it La pRATiQiri
la caUle les réccper , comme infertiles » fil]
tK>u4:v(Hr far les meillettres branches, ôc T»t
battre fur les plus forces ppar faire poaflèi: àê
bon bois. Je £ens que de tels arbres où l't^
Î;norance & la négligence les a épargnées ,
ont très - difficiles à remettre »& que c*eft
l'ouvrage de pluHeurs années.
La coupt défcSueufi peut 1 être en elle*
même par le vice de Tincifion j & dans I4
forme par Timpéritie du Jardinier. Aa-liea
de faire fa coupe courte & horiTOntale, cane
foit peu en bec de âûte » il coupe â un decni*
pouce plus bas , tirant fon incifion en bec à^
flûte alongé , de façon ou elle fe trouve pac
derrière plus balTe que l'o&il qui cft par de*
yant ; ou bien fans regarder fi la branche eft
dans fon feus ou non , il la taille çommç
elle fe préfente fous fa ferpctte à un /des cotés
de l'œil. La coup^ eft encore défeâraeafii
Îuand elle eft faite par devant l'œil y aa-liea
e l'être par derrière , parce que la ieve ne
peut monter fur les onglets que produit cette
double coupe vicieufe , pour opérer le recou-
vrement. On voit à la ^^ I. Plane. J^ 11^
D une coupe vicieufe au-deiTus de l'œil E %
au-lieu d'être près de lui* On combe dans le
même inconvénient , lorfqu'après avoir fcié
une branche , on néglige d'unir avec la ièr^
perte , la plaie qui refte graveleuCe.
Toutes ces façons vicienfes font égalemene
Î)ré}udiciablesau pêcher. i°,Ënfaifam facoop^
ppgue ji on pte à la f^ve fon palTa^ ppur4]:«-
9v Jardinage. %$f
CX^er à Tœil y au-delTas duquel on coupe , ar«
Cendu qu'elle eft plus baflf par derrière » 8K
que toutes les fois qu'on coupe une branche »
le bois meurt i une demi^ligne près de Tez--
rrétnité de cette coupe , d'où il s'enfuit que
Vœû doit périr, i®. On entame la moelle de
l*arbre , & on l'éventé : fa nature fpongieufe
reçoit durant les gelées printanieres les neiges
Se les frimacs qui font runeftes â l'arbre. Le
foleil enfdite fait fccher ce bout de branche
oui devient chicot. } ^. On donne jour à la
iortie de la gomme, 4*. On laifle aux ex-
trémités de cnaque branche coupée » ou fut
les côtés y pu fur le devant autant d'ongleci
qui empêchent le recouvrement des plaies. '
La coupe régulière au contraire {Jig. j B«
Plane. FIL ) eft celle qui eft près de l'œil ,
faffifammem pour ne pas laftamer , courte »
ronde y un peu en bec de Bute , lifife & unie.
Il ne doit y avoir ni c-reox , ni éminence , ni
haut y ni bas, toajoars lecorce doit être i
fleur de ta partie hgneàfe , & aller jufqu'aa
vif. Jamais le bois ni la branche ne doivent
itre éclatés j fendus » ni la peau entamée » ou
pleine de filandres 8c d'efquiles*
^Ka%ff
^4o l'A Pratique
CHAPITRE IL
Suite de la Taille , du tems de la faire ^
ù des Buijfons.
I
L faut d'abord obferver que la caille du
pécher remife auprimems na lieu que dans
les climats expofés au froid , & non dans les
pays chauds ; mais cette pratique n'eft que
locale en ce fens.
!*• La dçlicatefle de cet arbre & fa (enfibi*
lité au froid font telles, que l'hiver brûle quan-
tité de boutons à bois &c à fruit , & altère
beaucoup de branches. Dans cette faifon les
uns & les autres font réellement morts» quoi-
qu un refte de fève qui les foutient encore
les fa0è paroître vivans. Ces apparences trom^
peufes s'évanouiileiit au printems ; le haie
& les premiers coups de foleil achèvent de
de^Técher toutes les parties qui ont été atté-
nuées du froid. Si on avoit taillé plutôt, qu*eo
feroit - il arrivé ? J'ai fait à cet égard une
obfervation qui me femble décifive. En vifi<»
tant mes pêchers durant les tems nébaleux
dans les gelées i glace; j'ai vu quantité de
gouttes d*eau qui tomboient fur les branches»
iVrct^r à chaque petite éminence que fo- e
D JT J A a D I k A'G i. 1411
te'nodas des y eax. Ces gouttes d eaa $*y, conge*^
loiem & formoienc un pecic glaçonx^ui^ force'
j9m& féjourner brûloir les boutons moins ^Durrés
6c moins garnis de cette bourre ,: que la Na-
rinre a pratiquée autour des yeux y en dedans»
pour les préferver de la rigueur du froid. J'ai
ra.iUé iurces branches à ces boutons que j^avois
inarqués > & j ai reconnu que la plupart étoienc
- brûlés en dedans , quoique lors de ' la taille
il me paruiTent auffi fains que les autres ; Se
après le développement de la fève les uns
çtdient gelés en bourre , les autres un peu
mpiris,
1^. Pour ne point tailler le pécher en hiver ,
on allègue les efFers de la gelée & du froid.
La moelle fpongieufe des branches mife à
Tair par louverture de Tincifion , reçoit les
eaux glacées des pluies & des frimats qui (e
congèlent dedus » & Toeil qui y répond doit
périr.
' 3 **. Cet atbre pouffe d abord avec impctuo-»
fité 9 & s'emprette de donner des preuves préi*
maturées de fa fécondité , avant oue les eelées
foient paffées. Si donc au-*lieu de lui laiffec
côut fon bois , toutes fes fleurs 8c tousfes
boutons danslefquels la fève fe diflxibae,on
le déchargeoit de ce fuperflu durant. Thiver »
avec cruelle véhémence ne poufferbit - il pas
au printems ^ livre aux g^ées tardives qui
trouveroient d'autant plus i mordre que lés
bourgeons feroient plus avancés ! Les vignes »
par exemple 9 font plus ou moins endom-
14*' t-A. Prati^vi
màgées , fuivant qot Le bourgeon eft long 8c
formé » 5c moins défendu par les feuilles
naiflknces* Si ce bourgeon encore pedc
vient à être ofiTenfé , la fève qui n'a point
fourni beaucoup à fa fnbfiftance , eft en état
4e réparer ce dommage > foit par une nour-
riture plus abondante aux ix>urgeons épar-
gnés par la gelée > foit en faifant percer des
yeux a travers la peau des branches vigou*
reufes , quoique cela ne foit pas dans Tordre
ordinaire de la poulie du pécher.
4*. J*ai remarqué » en taillant d'hiver ,
qu'il èft furement attaqué de la gomme.
Les partifans de ^ette taille n'y font point
attention ; accoutumés i en voir fur leurs pê-
chers , ils la regardent cotnme une maladie an-
tiexée à leur nature , & ils négligent d'en exa-
miner la fource , les effets & les progrès. Ils en
rejettent aufli la caufe fur le climat, fur le
terrein » fur la faifon , fur le vice même des
arbres eti particulier , &c fur mille autres rai-
fons chimériques , tandis qu'ils fe dîflimu'
4ent la véritable » je veux dire le mauvais
régime.
5^.. Tout étant dans Pinaétion durant Tlti^
ver , les branclîes malades ^ ulcérées & gan*
grénée^, ou mortes » fonr abreuvées par les
humidités, & paroiiTent fous un coup d'oeil
tout différent , que lorfque la fève fe déve-
loppant ail tems de ta taille fait apper-
cevoir (é'cheis ou remplies dune moelle; noi-
râtre 9 ces branches cjjai {larQiilbient vives.
Ces ràiibns tendantes i prouver h nîifteifité
.de diftérerla taille' dtr piîtKèr^iflfijà^âu priii-
cems font fondée* fur mes opfcjrvanèm &
appuyées fur le fehtifciémd un gr^nd* Maître
dans le Jàrdtna^e.
A l'égard du tètfjsdilfdlè' doit être faife,
il n*eft pas aMbliAififéht fixe. Cé(t i là cit^
conftance des faifons j aux climats j'auit pd«
fitions , à la nature du terrein , à Tâge & à ta
qualiré des afl>res à en décider. Pour les fai-
tons & les clirnats on comprend ûct'on raille
Îlutôt ou plus tard , fuivant qu'ils font hâtifii.
>ans un fond, dans une vallée froide 5c
aquatique , |e taille plus tard que fur le fom-
met d'une montagne ou fur le penchàtir d'une
coltine » à catife de^ dangers provenant de
l'humidité. L'expoiition du midi èft li plus
hâtive, & par conféquent j'y taille les pè*
chérs & les jeunes arbres qui ont plus db
feuavant ceux dont la pouffe tardive ne (e
prefle point d'éclotre. Cettaities efpèees dé
fruits 3 telles que l'avant - pèche ; celle de
Troyes & la madeleine hâtive me prefctivent
ce que j'ai à faire. Le terrein feç & chaud
doit auffi avoir la préférence fiir un fable
froid ou fut des terres lourdes Se màflives.
Avant que d'expliquet la manière de pro-
céder i cette taille ,, il eft â propos de parler
des buiflbris auxquels on veut faire prendre
un bon pU, & une figure agréable. Leur ré-
gularité confifte dans la proportion de toutes
les brftochts entr^èllés*» de façon qix'ils foiehs
244 La Pkatiqxjs
pleins fans confolSon , dégagés fans altén^
tion , à |ottr fans aucun vuide y qu'il y regœ
une fage ordonnance $ & que les truies égate-
ment diftribués dans tout l'arbre , jouiiTent
<les bienfaits de l'aie & des regards du foleiI«
Nulle branche ne doit y être. perpendiculaire
ou verticale , mais toutes feront latérales &
obliques , comme autant de foupiraux & dp
ventoufes pour pomper & contenir la fève*
Le poirier de la Plane. VIII a été dcffinç
d'après un buiflbn qu'on voit dans la maifon
de campagne de M. VArchçvèque de Rouen «
â Gaillon. 11 a trente ans » trois* toifes de
diamètre A j & une tige C qui a dixrhuit
)ouces de grofTeur. Les branches horizontales
. } ont été alongées par fucceflion de tems. Cel-
és du dedans D font pour la plupart . des
>ois à fruit. Il eftévafé exï forme de ^odet.
Pour y parvenir , il faut Vy préparer des les
premières années, & cailler toujours fur l'œil
de dehors, jamais fur celui de dedans > à
moins qu'une branche s'échappant trop ^ il
ne fallût pour la remettre en fon rang tailler
lur ce dernier. On alongera lespouifes & on
les chargera fuivant la portée de chaque ar-r
tre fans arrêter les bourgeons. Tous les Jar-
diniers font dans Tulage de raccourcir , en
taillant , les extrémités des branches à la mê-
me hauteur i enforte qu'elles foient de niveau ^
ce qu'ils appellent couronner. Ainfi une braa*
che groffe , con^me le pouce , & de cinq ou
fix^pied^ de hauti ^neû pçasplus alongée que
BU Jardin AGI. 145
lie qui n'a que la grolTeur d'un fétu, &
<3oi a (ix ou fepc pouces de long. Il arrive
«e - là que la première ainiî retenue poufTii
avec plus de vigueur , & que la féconde
prend d'autant moins Teflor qu'on lui a donné
plus d'aiongement. Prétendre que la branche
fluette s'appropriera la fève de la grode qui
a été raillée court , c'eft un paradoxe. Un ar-
bre ainfi couronné eft fjrmmétrifé l'hiver
quand perfonne ne le voit; &c lors de la
belle faifon il eft épaulé : les principes du
Jardinage fondés fur la raifon enfeignent de
tailler les branches fuivant leur force » fauf
à réduire les fortes en Mai , Juin , Juillet
& Août j & à les rabattre fur les infé-
rieures.
Les Jardiniers ont pareillement coutume
de tailler les branches de coté au pourtour
des buifibns à la même longueur , & ils en
font un objet des plus difformes , ce qu'ils
nomment double couronne. Il vaudroit mieux
couper tout près de l'écorce les bourgeons qui
ne peuvent trouver place. Suivant notre mé-
thode on ne taille point les branches du tour »-
mais on les caffe , on pourra eufuite les rap-
procher , comme il fera dit.
On fe plaint tous les jours de ce que les
arbres fur franc ne fe portent point,à fruit ,
malgré les moyens employés pour y réuffir.
Ces plaintes cefieroient bientôt , fi Ton faifoic
attention à la manière dont ils ont été tra-
vaillés & traités dès leur tendre jeuneffe. On
1^6 La Pkxti^v m
A copsmencé.par cooper fort coure & par !bp»
primer prefqu'enâereinenc toutes les poufl^
de ces arbres ordinairement fougueux, De«>
là, qu'eft-il arrivé ? Un épanchement forcé ,
irréguiier & furabondanr de fève , qui a pris
Ton cours vers les extrémirés ,.ou vers la peau
même , au lieu de fe décharger dans les bran*
ches alongées que la Nature lui avoit prati-
quées. La fève accoutumée à s*y porter ^ a
élargi les premiers couloirs , Se a dilaté leurs
fibres > en faifant continuellement effort pour
fe dépofer où elle a pu , étant privée de fes
Tafes & de fes récipiens naturels. Telle un
eau qui eft retenue 6c qui s'eft formée une
pente qu'elle fuit toujours ^ (i on n a foin
de régler fon cours. Il auroit fallu d'abord
amortir la fougue de ces arbres par de lon-
gues tailles, par une grande quannté de bran-
ches éparfes dans route leur capacité : la fcve
trouvant alors fufGfamment de vafes pour
y être reçue , au-heu de fe porter par irrup-
tion , eue coulé plus lentement , & auroit
eu le tems d être travaillée & affinée.
Excepté certains arbres de fruits à noyau ,
tous peuvent être mis en buiiTon. Il en eft que
les Jardiniets n'enrendent point à gouverner ,
tels que les arbres fur franc & la Virgou-
leufe. Ceux-ci demandent à nètre prefque
{)oinr taillés , ic à être fortement alongés fur
es gourmands. ^
Un défaut très- commun dans le Jardinage
eft la. plantation trop prochaine. On peut y
X> y J A R D I K A G E. 247
.aretnédier » i • En otant un arbre encre-deux*
SL^.En plaçant dans Tintérieur de chaque arbre
mxn ou deux cerceaux E ( Plane. FIÎL ) pro-
fK>rdonnés à fon étendue , auxquels on faic
Jtes coches , pour que les branches liées avec
^es ofiers reftenc en place. Ces cerceaux
.reconc attachés à des montans frappés foli-
dement en terre pour leur fervir d'appui. 5^^
En renant fort court un buiflbn entre-deux ^
& le chargeant en lambourdes, il fera dés
poudès vigoureufes , dont on fupprimera en-
tièrement la meilleure partie » & on laiffera
prendre l'efTor aux deux voifins.
Maintenant je réduis à rrois points ce qu'il
faut faire avant > durant &c après la taille.
Jepofe d'abord pour conditions elTentielles
les deux pratiques fuivantçs. La première
confifte dans un coup d!osil général jette fur
l'arbre » & dans une viiite plus exaâe pour
s'affiirer de la diftribution de fes branchei^ y
de leur quantité & de leur Qualité , de fon
état de vigueur ou de foibleiTe , de fanté
ou de maladie , de fa forme i de fes dif-
po(itions à s'emporter , pour fe régler fur la
conduire qu'on doit tenir en le taillant. Lia
féconde efl; de dépalifTer toutes les branches
afin d'être le maître de railler fon arbre , ic
de lui donner une forme régulière ^ autant
qu'il eft poilible. Je ne parle point des mai'
treifes branches , ni des branches-meres > qu'il
} Qe faut détacher qu'en cas de ravalement.
Après avoir viuté mon arbre » -comme je
' Q iv
l'Mdici i^ le dégage de tout le bois mort t
Ms branches ruinées » galeufes & gangréi*
nées » enfaice je coupe cous les chicots Se
ppglets. Les vuides occafionnés tant par la
fuppreflîon des branches défeâueufes que par
je vice même de Tarbre j m'obligeront à ame^
J^er de loin des branches pour les remplJk
J'obferverai de les tirer avec précaution , ea
appuyant légèrement deflus par rextrémité
d en -haut, ou un peu en* deçà à un point
d'appui folide » fans les forcer ni les tordre,
& quand elles feront à leur point, je les at-
tacherai.
Je taille enfuite le côté le plus difficile , en
commençant par le bas» qui ne doit' jamais
être place qu a (ïx pouces au moins au-de.{rus
de la terre ^ & je remonte jufque vers le mi-
lieu , efpaçant mes branches dans une forte
d*égalité afin de ne point lai (fer de grands
vuides en des endroits , & en d'aucres des
branches trop proches. Je me comporte de
même envers l'autre côte , & je m'arrange
pour que le milieu fe trouve garni , & que
les branches reftantes fôient à-peu- près à une
égale diftance qui fera remplie au palidage
futur pac les bourgeons qui vont croître ôc
s'alonger. Je fuis très-exaft à paliflTer & à
Attacher les branches à mefure que je les
taille. Sans. cette attention, celles fur tout qui
ont été lâiffêes de longueur ^ . deviennent le
jouet de$ vents , & le orcpi du mur acbeve
de l^ froiflèr Çc de les écQrcher,
^Dv Jardinage, 24^
rort éloigné de penfer qu'il faille donner
pluiieurs caitles fucceiCves an pécher , je dis
qu'il n'en faut faire qa'une feule au prin*
rems pour ne plus y retoucher j que lors de
l'éfoourgeonnement & du paliflage. La maxi-
xne détenir long une branche â fruit, parce
<|u*on ne fait pas où les fleurs noueront , n'eft
point recevabie, attendu qu'il eft impqffible
c^ue y laiiïant fur une branche fluette une aufli
frande quantité de fleuri , le fruit puiffe pro*
ter & mûrir > fi elles nouent. On en fera de
plus en plus convaincu, en confidérant qu'ou-
tre les pèches que ces branches fluettes font
obligées de nourrir, chacune a une mère nour*
xice, qui doit participer à, la même nour-
riture.
Une autre pratique non-moins vicieufe eft
celle de raccourcir ces branche^ où les fleurs
ont noué , ou de les fupprimer fi elles ne
nouent point. Peut-on difccmvcnir qu'il s*efl:
fait en pure perte une di(Epation confidérable
de fève , ^ui auroit paflc dans le petit nom-
bre de pêches & de bourgeons , proportionné
à la capacité de la branche ? N'eflr-il pas plus
naturel de ménager des fleurs dans l'étendue
de l'arbre, i l'exception de l'extrémité des
branches, 6c de tailler fort court ces bran-
ches menues, incapables de fournir à beau-
coup de fruit une fcve aflèz ample. 11 faut
excepter de cette règle les brindilles & les
gourmands à qui la Nature a coutume de pro-
idiguer la fécondiié, & qui font dans un genre
%$o La Pratique
diSétént des branches ordinaires. Je ne faiij
qulndiquer les fuites funeftes de cette taill
multipliée , Tévaporation de la fève , les ïC^A
fies que ces différentes plaies ouvrent à laHl
gomme , un épuîfement afluré pour Tannée '
même y & pour la fuivante une maigteat
dans la poufTe des nouveaux bourgeons , Se
l'origine d'une infinité de branches chiffonnes.
C eft un principe certain qu'il faut coo-
ferver foigneufement les branches à fruit
ou les branches - crochets , en évitant, néan-
moins la confufion , & les tailler court. Sur
un aibte bien conftitué , les fortes doivent
l'être à cinq & iîx yeux^ & même à huitea
certains cas pour arrêter Timpétuodré de la
fève y fauf à les réduire en l'ébourgeonnant.
Les demi* fortes le feront depuis un œil juf-*
qu'à trois. Il eft un jufte milieu entre railler
trop court 9 ou trop long, ou fur une trop
grande quantité de oranches. Dans le premier
cas on n'a que des gourmands ; dans le fé-
cond y on épuife fon arbre ^ qtis ne poufle
que des branches chiffonnes , & dans le troi-
iieme la place leur manque au palidage. Si
vous en fupprimez trop vous n'aurez point ck
fruit. C'eft au jugemenr & à. l'expérience i
«décider des pratiques qu'exigent les ditfe*
xens cas où l'on fe trouve.
Je dis qu'en taillant long , on ne doit point
craindre d'épnifer fes arbres. Les Jardiniers'
taillent par fuppofition une douzaine de Wan-
ches 9 -& ils laiflent à chacune environ* iix pou*
Dtr Jaudimagb* 151
ces ! douze fois &x pouces font croîs pieds
4'alongement fur douze branches. Je ne con-
ferve au contraire que trois belles branches
bien nourries fur lefquelle^ j*a0ied$ ma taille ,
& je leur donne un pied à chacune. Par con-
fcquenc je ne laifle pas plus de longueur que
les Jardipiers ; mais avec cette diférence ,
3ue ce qui eft partage fuivanc la routine or-
inaire en douze » k trouve réuni dans ma
méthode en trois. Je vais plus loin , & je
dis que ces branches multipliées lai (Tées aux
arbres font très-propres à les ruiner. Elles
confument en pure perte iine ample quantité
^e fcve » aufli font-elles petites \ maigres &
rabcmigries , & font de Tarbre une efpèce de
hériflon. Ses fruits ne ibnt rien moins que
favoureux & nourris. D ailleurs t^nt de pe^
ftts bois sofhifquent réciproquement, & fe
^iérôbent lesrolées, les influences de l'air j
ôc^ les rayons vivifians du foieil.
Le pécher s'emporte vers le haut & fe dé-
garnit du bas. Pour le retenir , il fuffit de rap-
procher en taillant tant fur les branches fortes,
que fur les demi* fortes ; c'eft-à-dirè que (i on a
taillé les fortes Tannée dernière à quatre, cinq
& fix yeux , & les demi fortes i un , deux &
trois i on rabaiife à la taille aâuelle chacune
de ces branches fur celle qui aura pouffé de
l'œil le plus bas. «Mais fi cette dernière étoic
ou défeâueufe ou plus fluette que celle diî
nœud au - deffiis , on tailleroit la foible dja
bas â^deux yeux» Se celle d'au-^deifus à trois
ifl La PrRATiQU E
ou qaatte \ ' au moyen de ce rapprochev
ment de chaque année , on met un hein 9
la fougue du pccher. On a remarqué quîf
plus le fruit eft rapproché de la branche-merCjp
plus la fubftance lui eft fournie abondant^
ment. Le tranfport des alimens eft plus long
& les providons n'arrivent ni auifîcoc ni est
aufli grande quantité aux fruits placés à l'ex-
trémité des branches.
Quoique le; pêcher poqfle rarement de l*c-
corce & du vieux bois , il arrive qu étant rar-
valé & concentré, la ftve s'entretient avec une
forte d'équilibre vers le bas , & qu'accoutu-
mée à s'y porter elle y fixe fdn cours. Eucon-
féquence , elle fait éclorre de tems en tcms ,
a travers .la peau , des branches inespérées ,
qa on confçrve précieufement au paliffàge % le
qui renouvellent une partie de l'arbre l'anncè
luivante. On les taille long , fans appréhen-^
der que les yçux d'en-bas s'éteignent. Ce font
des branches gourmandes très-vigoureufes ,
qui remplacent leurs voifînes ufées , ou trop
alongées , & qui deviennent très- fru&ueufes.
Les lambourdes Se les brindilles ne doivent
être taillées aucunement. On caflera les pre-
mières par le bout , afin de ne point leur
laifler une fi grande quantité de boutons i
fruit à former & à nourrir. La Nature , com-
me je l'ai dit , s'étant chargée feule de pour*
voir à leurs befoins , & de les gouverner ,
nous n'avons d'autre miniftere à exercer en-
vers elles , que de les conferver précieufe-.
j
DU Jardinage^ 15)
lient; Les pèches qu'elles rapportent font
frefijue toujours les meilleures , les plus grofr
hs ôc les plus hâtives. Tant il eft vrai que
?eft la nature des couloirs & la filtration
|€ti fait le fruit , & nullement la groÛèur de
st branche. Dans les années de ftcrilité » ou
orrque les fleurs font gelées , ces brindilles
lenneurent toujours naines^ leurs bourgeons
riennent de leut nature j & de leurs yèuï on
ne voit éclorre que des branches maigres &
Saertes : d'où je conclus que la fève qu'elles
Reçoivent n'eft pas configurée , de même que
celle qui paiTe aux gourmands* Ceux qui
abattent ces derniers , dans l'intention de
faire retirer la f<^ve vers les autres branches »
renverfent l'ordre de la Nature. Il eft auflî
impoflible qu'une fève affinée & purifiée ^ def-
tinée aux brindilles 8c à leurs fruits paiTe
aux gourmands, qu'il l'eft qu'une fève grof*
fiere, matte, épaiue, propre aux gourmands^
fe porte à leur défaut aux lambourdes & bran-
ches fruâueufes , & s'infinue par les orifices
déliés de leurs fibres menues.
Cette ftve néanmoins à force de fe filtrer
dans les petites branches voifines de ces gour->
mands, &c de circuler dans leurs parties or*
ganiques , s'affine & donne des yeux â fleurs
aux uns & aux autres » qui produifent des
fruits l'année fuivante. Telle eft la raiion
pour laquelle on fait ufage à Montreuil des
yeux des gourmands , qui deviennent une
fource intatiffable de branches fruâ;ueuf<^£»
i)4 La P&atiquy
Joac ceci recevra on nouveaa foftr «Uns
Cbapicre iuivam^ où je traiterai de la
des goiuioands.
Ces principes s'appliquent à peu de chd
près «aux fruits à noyau , & moiâff aut frr
â pépin , à caufe de leur façon diverfe
pouuèr , relative i la nature de leurs br;
ches tant à bois qu'à fruit, & à la diff
fition différente de leurs boutons à fraie
Quant à leurs lambourdes & à leui^s brin
dilles y & à la métbode de tirer fur les brao
ches fortes, il n y a nulle différence , fi ce
n'eft qu au-lieu qu'on rapproche 6c concentre
le. p^her » les aoores doivent erre étendus St
prendre Teflon:
ÎE
CHAPITRE IIL
<
De. la manière de convenir Jes gQur*
mands en hranchei fruclueufes,
.jhLVakt que de procéder à la diredicm
& au gouvernement des gourmands» je lei
«onfidererai dans deux rems differens ; favoir,
durant la pouffe depuis le mois d'Avril jaf-
qu'à l'automne , & enfuite à la taille du prin-
teîns fuivant , parce qu'on doit fe comporter
différemment dfans ces deux* circonftances.
9V jARDINAâi; i|5
Qaanc 4 ce qui regarde la pouile , je n'en
gtrlerai ici qu en pallànc , pour en traiter
lus au long à Tanicle de rébourgeonnemenc.
i |*aba(s ces gourmands , je fuis fur que la
tranche à laquelle je les fupprime celTera de
>ou({er » de produire du fruit , & que toute
l'économie de l'arbre i'en reffcntira. 11 dépé-
rira 9 maigrira , & ne me donnera que des
branches luettes > de faux - bourgeons ; la
gomme lattaquera de toutes parcs ^ les yeux
ou boutons qui ne doivent s'ouvrir que l'an-
née fui vante, s'ouvriront prématurément. Les
Jleurs qui naîtront des bourgeons formés a la
Î>lace des gourmands fupprimés avorteront j
aute d'avoir été produites dans l'ordre de la
Nature > & fauté d'une fèveaffez abondante
dont on aura arrêté le cours & coupé le ca^
nal par la fuppreffion <les gourmands deâinés
i la recevoir » pour la tranfmettre aux bran*
ches latérales qui naiflènt d'eux.
D'un autre côté , fi j'en conferve un fi
grand nombre » je ne pourrai les placer non
plus que les branches latérales, rour met«
tre donc un frein à l'intempérance de la fève
& pour l'amufer , je laiiTe pouflèr tous ces
gourmands jufqu'au mois de Juillet » en les
pa^fiTant de mon mieux, & je les rabats dans
ce tems à deux , trois Se quatre yeux , ou à
un feui bourgeon latéral le plus bas* Voici
quel eft l'effet de ce ravaleqpent. Leurs yeux
s'ouvrent par en bas, & il en naît plutieucs
branches truftuettfes appellées crochets , doaii
^$g . La Pratique
les yeux ont le cems de fe former pour faite
produire l'année fuivante à chaque branche
ainfi arrêtée une prodigieufe quantité de pc«>
çhes ; fie on taille ces branches , enfans de
rinduftrie » au princems fuivant, d un , deux (c
trois yeux. Quelquefois aa(& pour ne les pas
fatiguer & en dompter la fougue peu- à-peu }
je commence vers la tin de Mai , à les arrêter
à une d^s branches latétales qu'elles ont pouf^
fées ^ puis dans le courant de Juin je les ra-
haifle a un ou deux bourgeons plus basj &
finalement comme je viens de le dire. Ces
ppéradons réitérées fe font lors de 1 cbour-
geonnement , & n exigent qu'un peu d'atteo*
lion 6c d'application.
J'ai dit qu'autant qu'on doit ménager les
gourmands » autant il falloit les fupprimer
.dans les cas de néceflité j par exemple , lorf-
quiis font mal placés » ou qu'il y auroit a
craitîdre qu'en les laiflTant , l'arbre ne vînt i
s*emporrer. C'eft l'âge & la force qui me dé-
cident ; à un arbre foible j'en lailfe peu Se
je les vaille fort court j à un arbre jeune &
.vif j'isn laide davantage, & je les alonge.
^J'appelle gourmand mal placé celui quinak
fur le devant d'une branche , qui fait le coude i
le cerceau , Tanfe de panier , qui eft par der-
rière» ou trop près d'un aatre, qui croife fur
uneou plufieurs branches , qui poude perpen-.
'4icuUirement 4 l^ tige ou au tronc , fur la
greffe même, fans qu'il foit néceffaire poar
le renouvellement de larbie. Dans cous ces
cas
©u Jardinage. .. . x^f
bas je le fùpprime lots de la poufTe, 8c aii temé
de l'éboutgeonnetnenr.
Un gourmand a pou(Ie dans te milieu d'u^
arbre, &fe trouve bien placé pour garnir,
fe le iaifle croître environ' à deux pieds de .
haut » &: je Je coupe enfuite à moirié à uti
ceil , ou deux , au mois de Mai , 'ce qu'ofi
appelle tailler en coutfon : cous les yeu% dû
bas s^onvrent & font cclorre aurant de" nou-
veaux bourgeons, ils peuvent avoir chacun
vers iz ihi-Juin fepc oU huit pouces de long.
Je coupe de t>ouveau ce rameau à moitié ôc
je rétrahche, trois ou quatre de ces bourgeons
jufqu'â -ee que vers la mi Juillet je le ravale
une troifîeme fois fur un pu deûX de^ ces
bourgeons reftans,"&il eh fortira deux bons
qui âVânt .la riiutê des feuilles s alongetonc
confidérâblèmeot : & auront encdré le cems
de $*aôdter. L'anr^ée fuivante , on taillera
defltis. Ge gourmand ceffe de Têtrè , IS: devient
une bonne branche , qiïi donne du fruit à la
ta.iUe fàbféquétite d'an^^ |ê^ arbres de frufts i
noyati^ & par la fuite 'dans ceux à pépin.
- Si: oii laifle plij^edrs gourmands fut la
même branche , it^falit.,'en taillant , ravaler
fur Tinférieur ^ à moins que la nécefiicé de
garnir l'arbre par le haut ne détermine à
préférer le fupcrieur. te grand art du gou*
yerhem.ent du pêcher ,^ je l'ai dé|a dit , ccm-
jfH^e daiTS le rapprochement. Ainh, tailleT: le
* plus que vous pourrez fur les gourmands &
fot4e$ deïni-goarmands » & taiuezfbrt loog^
ijt La Pratiqvi I
quand il n eft pas poffible de faire antrenwKt
jlaos naire à Tarbre. '^I
S'il n'a pou(ré qae des gourmands , je fuis '
forcé à cailler demis. Je les alonge pour lors
confîdérablemenc» & je caille > iuivanc leur
nacure> le peu de pecices branches qui legar*
niifenc. Je fuis fur d'avoir Tannée fui vante un
nombre prodigieux de bonnes branches i
fruic.Si au concraire je ne lui laifle poioc
|ecter fon feuj ou il ne produira encore que
des gourmands , ou il ne pouffera point du
tout. Celui qui » au-lieu de cailler fur les
gourip^nds» alongeroic ces branches foiblesj
meccroic cec arbre dans un cel écac de dépé-
rilTet^eiic , qu'il ne pourrçic plus fe nsmetcre
ou que crès*difficilemeac.
Pour placer cous les bourgeons né^ dé ces
gourmands, je laiffb è.nvi^rou un pied de dif-
cance encre chacun d'eux^^ Sclqrs du palillage
je remplis ces vuides à di^oice Se i gauche
avec ces J)ourgeons , en \§f pUçanc , .non en
face les uns des autçieis^ tnâis à 1 o^poÇce, de
façon qu*ptanc encrei^cçs -chacun remplit le
yuide qui fe'crouve qmreux, en prçféranc
qtii
bonnes branches fruâueufes , je ne balancé
pas à m'en défaire , quand ces dernières font
en érac de me donner du fruit , & qu'elfes ne
*' peuvent être confervées pour fa taille qu'aux
B V Jtt.ll^ ^ H A G f . t J f
bntralte , fi elles écoktic fbibles de tm^ées*
Mais dans le cas où je peux me fervir des
ieux à la fois , je t^llè fiftV 'ma branche à frùU
comme à l'ordinaire ^ & j'akrtige le gourmand
qui me fournira de (|Hoi remplacer la brata-»
chè frùâueufe 'épuileè rannéé fuivahre , Sc
qui feca ferrée àbas,
. Une des raifons pour lefquelles on doit
être forr réfetvé à abattre des gourmands > eft
tirée de la nature de la plaie qu'on fait â Tarbre»
3c de fon étendue- En conudcranr i h loupe
la tiiTure des parties fraîchement coupées du
gourmand » & le nodus qu'il a fait à la bran<*
che où il eft hé , & dont il vient d être féparé,
on voit à l'un & à l'autre une infinité de
trous» comme ceux d*un dé à coudre, à rra*
vers lefqûels fort une eau limpide. On peut
faire la même remarque fur les autres bran-
ches , avec cette différence que ces orifices
font prefqu'imperceptibles , & qu'il ne s^f
fait point d'écoulement. De ^lus , i la jonc-
tion du gourmand à la branjche , ëft un em*
{lâteptiem beâucouf^ plus gros que le corps de
a branche dont il eft né , lequel s'étend à
dtoite & à gauche i & occupe jiorizotîtale-
ment toute fa capacité. Or» en coupnt les
gourmands , on tranche le fil dès fibres ,
«la fève qui y piffoit avec abondance j, fe
trouve rallentie , parce qu'ellç, n'a pltis lé'
mcme paiTage , & que là plaie eft amortie par
le defleçhement Se lalfétrilTure de cette par*
pe frappée de l'air dt du folèil ^ d*où s'enfuie
tttfo If A P R À T ï\Q tJ^l
le renyerfçinenc de fou méchatiifme
tieur.
En conféquepce de cet empâtement di|.
foucmand^ qu'on juge (î par lampatation la
tanche n'eft pas éventée > fi la moelle & ton*,
tes les patties intérieures^expofées à lak, ne
doivent pas être altérées & delTéchées , ain&
que ce qiii peut refter de vif à cette branche,
à laquelle on ôte un gourmand beaucoup plus
gros qu'elle, puifqu'en coupant une branche
i quelqu'endroit que ce foit , la partie incifée
Îui refte meurt à une ligne près de l'incifion.
elle eft la raifon pour laquelle une branche
à qui on a oté un gourmand ne profite plus ,
& qu avec lui elle croît & produit j quand
ce n'eft point une branche à fruit.
J'ai avancé qu'il falloit tailler fort Iqng fur
les gourmands , & â proportion fur les demi-
gourmands. Je leur donne ordinairement de-
puis un pied jufqu'à di:(;*huit pouces^ Se quel-
quefois trois &<}uatrei>ieds de taille fur cer-
tains arbres qui ont hut dçs pouflfes excefli--
ves , & qu'on ne peut domptée autrement.
£n trois années ils fon&gàrnisde toutes parts
Se formés : la tige & le tronc pouffent à pro-
portion*
Au. refte , cette longueur de trois & quatre,
pieds que je donne aux gojurmands , n a lieu
qu'à l'égard des de^ Ijrancnes-meres néce(-.
faires Poq.r former .mpu .'arbre. Mais après,
aue je lui ai laiflc jpttesr fon feu, je le guide;
uiivant qu'il le d^tfi^i^j/^ auuiit faiécé
rodigue à fon égat^d, autant je deviens éco-
k>nie & ménager , jufqa*à rapprocher ces-
liêtnes branches que par néceffiré j avois-
longées. Il eft alors dans le cas d'un arbre-
ûi auroit eu une trop grande abondance de-,
raies , & qui a befôin de repos &> de foins
|OUr k refaire : je le tiens court l'année
luivante , & même encore après , je lui donne
qaelcfu'engrais , & bientôt il revient. Il n'y
a point à appréhender Tavortement des yeux
d'en-bas de ces gourmands ii gros & fî nour-
ris. Leur vigueur eft telle qu'ils poufleroienc-
des branches de tous leurs yeux % fî on les
abandonnoit à eux-mêmes.
Enfin , je puis aflfurer qu'au moyen du rraî-
tement que je prefcris , les arbres céderont
de poufTèr des gourmands , ou en pouiferonc
en fi petite quantité, qu'ils ne donneront pas
grand exercice au Jardinier : les branches
Frudtueufes les remplaceront. Il eft certain
que dès qu'un arbre fe porte à fruit , il ne
pouflfe plus en bois comme auparavant » Se
qu'il produit d'autant plus de branches à bois
qu'il rapporte nioins.
Les règles pour la conduite ic pour la
taille des gourmandsi font les mêmes pour
leS' arbres' d& fruits à pépin, <que pour ceux
à noyau, tels que h^ ceriders en efpatie^, lés
abricotiers, les pruniers & 'les pêchers. Il n'y
a.de différences que dans le«régimp,tsu:égacd
i leur façon de pouirer ^ diffèrencèsiqa'utté
bonne judiciaire ^ ma alfénrentappetcevoic; .
R iij
On voit ( P/à /JT) ttp poirier en évelitttij
4e } 8 pieds d*ércndtte 9 fie, âgé de qaarant9sj
Ans, dont Us branches Cône di^pofées ctn fotr«. |
tue d^ raypDS qui vont du centre à h circoo-
£érence> U eft daris lesc jardins de M. i'At-^.
çhevêqu^ de Rouen à Gaillon. A , f a fpache
de 18 pouces de diamètre. B , branches laté-
rales partant immédiatement de la foache ,
6f placées horizontalemçnr. C«deux branches-
mères dont les membres garnifTen t larbre haut
& bas. Elles fe trouvent plus fortes que les
autres, ce qui pour roi t innrmer robfervation
fiir les branches perpendiculaires qui pren-
nent toute la nourriture , & dont il a déjà été
parlé. Mais on remarquera que les quatre
branches cottées, Ë n,e forment qu'un rout«
Suivant ma méthode on n'en autoit laiflfé
qu'une , & l'autre mere-branche en aoroit
profité d*autant. D , membres & branches-*
crochets ayant des lambourdes & des brin-
dilles. Les.quatre branches £ partent du corps
même du poirier ♦ & ç'clevent perpendicu-
lairementv' Latbce n'ayant pas été aîrigé de
|eune{!è félon mes principes* Ces branches
font plus fortes du double quç les latérales.
La Py* -Y'teptcfente un Albergier-tige , de
Montgamet en Touraifie ,igé de douate ans :
ileft. eîpofé aulevant & aumidi 5 & appli'
que à une terrafïè de t^ pieds de haut dans le
Eerit potager d'en bas de M. l'Archevêque de
aris Â:Conâans; A , tige de fix pouces do
diaoï/me fur cinq pied^d^ haut* B» \Qn&ÙQÙ
la greffe & fon bourrelet oui Pei^cede »
arbre ayant été greffé fur prunier. C , canal
ireâ de la lïve , coupé & recouvert. D ,
auteur de quinze pieds depuis la greffe juf-
|U*à Textrémiré d'en-haut. E , étendue laté-
àle dé 27 pieds. F , branches du milieu qui
trnident a la* place du canal direû dé là
ve ; elles font perpendicillaires fur obliques*
G y font fix brancnes-meres paralelles d'un
coté comme de Tautre.
A IsilPL XI ^ eft un noirîet de onze ans
planté dans le mèiiie jardm. A, tige de cinq
pieds de haut. B, fa grofleur de fix pouces*
C , canal direâ; de la fève fupprimé. D , ci-
catrices de deux branches-meres inférieures
qui ont été coupées , à caufe de deux poi-
riers voifins qu elles ofFufquoient. £ , les deut
branches-meres avec les membres & les bran-
ches-crochets. F^ étendue de l'arbre de vingt-
deux pieds. G 5 hauteur de trois pieds. H ^
branches coulées à droite & à gauche , 1
caufé du treillage qui ne monte pas plus
haut.
On diftingue dans tes poiriers & pommiers
cinq fortes de branches. 1^. Des gourmands
ou branches de faux-bois que je métis dans la
même claflTe. 1^ Des branchés à bois qui
pouffent fur les yeux de celles qurfonr taillées
tous les ans. 3^. Des lambourdes qui croif-
feht également par tout , & percent auflîdu
vieux bois. 4^. Des brindilles qui nailfent
de* ces lambourdes & des autres patties de
Riv
I
L
lf4 La PRATÏQUI
Tarbre. 5*é Des branches folles ou cbi^
fonnes.
Je fappofe d'abord > comme nne chofe
elTentielle » qu'on leur a fait prendre la for«
me d'un V ouvert , ëc qu'on a fermé le ca-
nal direâ de la fève pour ne leur iaiflèr poni^
fer que des branches obliques. Dès la pre-
mière année , je les alonge par les excrémi*
tés j pour donner aux arbres le moyen de
s'étendre & de grandir , bien entendu que je
me conforme à leur vigueur > au-lieu que les
Jardiniers les épuifenc en les raccourcifTant ,
ibit qu'ils poudenc visoureufement ou non.
Ils ont pour maxime de tes ravaler toujours ;
^nforte que fî lés arbres de fruits à pépin ont
fait quatre poudes » ils abattent les crois pre-
mières d en-haur^ & taillent fur la quatrième
â quatre ou cinq yeux , Se Tannée fuivante ils
ravalent fur la plus baffe de celles qui ont
pouffe , au moyen de quoi ces arbres font
toujours des avortons. Il eft évident que dé-
pouillés d'année en année de leurs produc-
tions , Se forcés de pouffer en vain de nou-
veau bois » ils font un .tems confidérable à
grandir & à fe former. 11 ne faut que du
bon fens , difent les Montreuillois, pour con-
cevoir qu'un homme dont on tire continuel*
lement le fang & la fubfïance , ne peut pro-
fiter y être en embonpoint & travailler.
Ce raifonnement e& Jufle , & je penfe
qu^on ne donne poinc affez d'effor aux arbres
à pépin y foit en efpalier ^ foit en buiflbn*
"ùv Jardin AGIT. x6$
Voyez la différence, pour la force & h grof-
Teur des arbres en plein vent, avec les buiA
fbns du même âge. Aux premiers tout refte
Se leur profite ; aux autte^ leurs plus belles .
& leurs meilleures pouffes fonc en pure
perte.
Si on me demande ce que je fais de ces
branches qui croiffenc au defTous de celle qui
a pouffé à Vextrémité , je répondrai que dans
les pommiers & poiriers de deux & crois
ans , /*en abats de deux une , & je taille long
en faifant de ces branches autant de membres
ôç de crochets fur les branches-mères , & à la
poufTe je les applique fur le mur de toute
leiir longueur. A 1 égard des buiffons , je les
laifTe monter. L'année d'après je me comporte
de même , en chargeant Tarbre à proportion
qu'il s'étend j mais lors de l'ébourgeonne-
ment je ne conferve que ce qui peut trouver
place au treillage , & cependant j*ai du bois
franc « des bourgeons & des fruits en abon-
dance au bout de quatre à cinq ans.
J'ai confondu les gourmands avec les bran-
ches de faux-bois dans les arbres de fruits à
pépin , parce qu'ils pattent également de l'é-
corce & non de boutons ou d'yeux comme
dans Je pêcher. Les Jardiniers les laifTenc
pouffer aux buiiTons , & à la taille ils les cou-
pent près de l'écorce j il ^n renaît bientôt
deux ou trois autour de la plaie. Quant aux
arbres en efpalier,ils lesf coupent dans le mois
do, Jiiin à trois ou quatre yeux} telle eâ: la
/
i!6€ La P k. a t I q 1^ 1
raifon pour laqaelle cous les pommiers &
poiriers de nos jardins fonc comme des hc«
rifTons fur le devant ou des tètes de faute*
Ces yeux ne cardent pais à s'ouvrir , & pro*
duifenr autant de branches qui font aufli coo^
pées à la taille fuivante. La f^ve lafTée d'être
troublée dans Ton cours , abandonne enfin
ces Touches informes qui ne font qa'un tifTa
de cicatrices. Je n'ignore pas qa*ii en naît
quelquefois ^es boutons à fruit, mais ces ar^
bres lont on ne peut pas plus difformes. On
voit à Montreuil des arbres de fruits à pépin
pleins de fancé ^ & qui tapiffent la muraille
prefqu aufli régulièrement que les pêchers.
La féconde efpece de branches eft formée
de celles à bois qui nailTent des yeux des ra-
meaux fur lefquels on a taillé l'année précé*
dènte.Âu-lieu de rabaiffer fur la dernière d'en-
bas ,* & de la tailler à trois ou quatre yeux ^ il
faut tailler fur la phis haute \ & quant à celles
qui font au-deflus', les ôter en partie en les
coupant bien prè^ ; à coté il pouflèra des
la'moourdes. Je proportionne la longueur de
la taille de cetre branche fupérieure à la vi"
gueur de l'arbre ; s'il eft fore , je Itri en don-
ne une dans les commencémens d'un pied
de long; je la porre enfuire à trois & quatre
f>our le dompter & le mettre à fruit , lauf i
e tenir plus court Tannée fuivante , & même
à lui lailter moins de bois à l'ébourgeonne^
ment.
A regard des lambourdes ^ on fe contente
de les cafler par le bout ; fi elles (ont trop
longues , on les raccourcit , afin que la fèvo
ait moins d'yeux i nourrir & de chemin i
faire pourarriver aux derniers. Ces lambour-
des 5 au refte, prefque femblables à des brins
de verges , font longues & étroites ^ elles ont
les yeux gros , saoutent de bonne heure,. fe
forment en bois avant les autres bourgeons ,
& fortenr de Técorce du vieux bois. Lotf-
qu'elles font en trop grand nombre , on les
met à, bois en les taillant à un feul œil durant
deux ou trois atis , après quoi Tarbre ne man-»
?[ue point de véhicules pour faire circuler la
ève dans toutes fes parties , & la dépofer
dans ces lambourdes qui deviennent' fruc-
tueufes. ^
Les brindilles même étant placées fur le
devant , font très-précieufes \ elles croiflent
par tout indifféremment , & font trois ans à
. donner du fruit , chaque bouton paffant par
différens états avant que d*être parfaitement
formé. Dans les vieux arbres furtout qui ne
fe portent qu'à fruit , on eft fouvent forcé
d'6ter de ces brindilles pour faire pouffer de
nouveau bois : on taille aufli fur le vieux ,
& on leur ôte de diftance en diftance quel-
ques branches. S'ils ont des gourmands , on
les taille long , & on fupprime la groffe bran-
che la plus voiâne. C'eft la manière de re-
nouveller peu- à- peu & de rajeunir les vieux
arbres. Quant aux jeunes qui ne donnent que
des brindilles^ leur durée ne fera pas longue
]
%6i La pllATiQUE.
il on n'a foin de rabattre fur le vieux bois pour
I leur en faire pouffer de nouveau.
• Les branches nommées chiffonnes, qui font
la dernière efpece , éprouveront le même fort
que dans les arbres de fruits à pépin , celui
d'être retranchées comme inutiles & infécon*
des, à moins que l'arbre n'en eût pas d'autres,
ou qu'il y eut des vuidcs à remplir qui ne puf-
fent l'être qu'avec leur fecours. Dans ces deux
cas on les railleroit à un feul œil durant deux
ans. Alors la fève , à force d'y arriver , élar-
git peu-à-peu leurs fibres & leurs pores , Sc-
elles deviennent à la fin branches à oois.
Quoique j'aye dans ma féconde partie prof-
crit les branches verticales , je ne laiffe pas.
de m'en fervir dans certains cas , & d'en tirer .
de grands avantages : trop heureux de recou-
rir a ces fortes de branches , en ufant néan-
moins de précautions, lorfqu'un arbre jeane
ou de moyen âge eft dégarni du milieu , Se
qu'il n'y a pas d'autre moyen de le rendre
plein , ou que des arbres déjà âgés font éclorre .
des branches perpendiculaires propres à les
rajeunir. Dans ce double cas , voici deux
moyens d'en faire ufage. Le premier eft de.
les couper dans le fort de leur pouffe à deux
yeux vers la mi -Juillet , pour avoir des.
bourgeons qui deviendront branches fruc-
tueufes, de qui, à la taille fuivante donne-
ront bois & fruit. Le fécond moyen eft de
tailler au printems ces branches à un œil
en çourfon , &c de laiilèr étendre de tqute
DU JAROIKAG& %6^
leur longaeur celles^ qui en proviendront pour
railler delTus l'année d'après. Si les unes 8c
les autres prenaient trop de nourriture , on
les réduitoit à deux ou crois^.yeux.
Ces branches dont je parle , quoique per-
pendiculairies: dans leur origine > étant arrêtées
dans le bas au fort de leur pouûfe 3 Se ceffanc
de monter y leur feu eft amocti j & par la
fouftraâion de la partie la plus confidérablé
d'elles «ipêmes , comme par ia plaie qu'elles
seçoiven; , elles font néceiCtées à fe partager
ôc à repartir leur fève aux yeux fur lefquels
on les a taillées. 'y
Les pêchers en plein vent > loin d'êtres
abandonnés à leur fort , jdoivent être taillés :
les règles font les mêmes*; avjeç cette. diffé* -
rence > qu'ils ont befoin de l'être plus d'une
fois , parce qu'ils font maltraités par, les
vents- loiïx oi^de gaktne > & qu'ils font pre&
que tou^ «les ;an$ gclcs.eo biv^ex ^ & au prinw
tems. C'eft pour cette raifon qu'ils font for^
fnjets àja gpmme. Qn.les taille auflli fort
court y ainH que les nainst en plein vent» Sc
fur un grai^:^d^>î[on;ibr.6 de branches. c.
Quand up àrbte eft achevé «avant que de
paflîer â ua autre , je m'en, éloigne de deu^
ou trois pa^ .pour mieux appercevoir le&iiéc*
fauts qu'une trop grande proxitmté i en tràî-
vaillant, auFoit«K>uftraits à mes yeux. Je crois
cette attention au(fi; elTen^ielle que le vomi
d'oeil générai dont j'ai parlé avant la tail*
le. A T'^xem|je«de çe$ twxew ^Peintres qui
9tyo La pRATiQirs
perdent de vue leurs ouvrages pendant qaekpift»]
tems pour f revenir à tête repofée , foit feuisi j
(bit avec des gens de l'Art ; un habile Jar*!
dinier doit faire la revue de tous fes arbres
géoécaiement , & les vifiter fucceflivemeot
pour une dernière fois , après que fa tailla
eft achevée. |
J'ajoute que » comme un père tendre j il ^
doit étudier leurs befoins, guérir leurs ma-
ladies > prévenir les dangers auxquels ils peu-
vent ètreexpoféS) en6n les dérendre contre
cette foule d'ennemis qui les attaquent fans
cède. Durant la taille , les vents froids y les nei*
ges fondues , la grêle , le givie & les gelées
tardives donnent un continuel exercice au Jar-
dinier. Tous les jours fur les huit heures du
matui , lorfque le foleil commence à paroi*
tre , il eft obligé de lever fes paillaflbns qu'il
abaiiTe promptement dans le cours de la jour*
née ^1 fi des ouragans deftruâeurs ou des nua-
ges de grêle menacent de faire îrtuprion fur
kl fleurs. Sans m arrêter <iux attentions qu'é-
xtgçnt les bourgeons, foit en tes couvrant,
foit en les découvrant ^ je me bornerai à dire
qbe des paillaflTans ne doivent être appliqués
que: dans le bas des efpaliers , un peu au-
deflus de la terre. Les influences nuifibles
den^haur , ne tombent point pe^pendiculai*
rement , mais font fouettées obliquement par
}es vents vers le bas; Rarement les endroits
élevés font^iU incommodés de la gelée \ eib
^-execce ie plus iMvenc fes fureurs inev^^
s>9 Jardxna.gc. Ifl
;cieres contre les végéuux que dansiez bas,.
fc c*èft pourquoi les Vignerpns caillent beau*^
:oup fur des bois longs qu'ils ne courbent
pour les attacher aux cchalacs qu'après que les
grands périls font paflcs. Toujours les bour-*
geons du cep font gelés avant ceux du Kayt.
Immédiatement après , la taille il faut la^
bourer leis arbres , ngi^ - feulement pour que
le foleil puiflTe donner de l^aftion à la fève Se
Xe Faire fentir aux racines » mais ai^ili pour
détruire la démeure des mulpcs ^ retxipllr le^
fouilles des taupes , Pc mettre dans le £3n4
de la terré quantité d'oeufs d'infisi^es ptef
d^éclorre , Se 4 animaux logés dans le pîea de^
arbres. ^
J^ai ditqué le priiitepis eft ,1e tems auqu^el
les brancW^ vivement frappées, de la geléç
périHem lô^^fque les rayions du foleil fe font
lentiy;. Il f/iut dpncj après tes avoir abattues^
détacher dés branches voifiiie^ pour couvrir
la nudité du mur. iJa; somme âue auflijl
quantité, dq. plaies faitejsia^ns le prinremsi : 4
elle féjourp^ , Je m^l devient prefquli^irép^M*
rable. , i ^' . ._
Depuis le. rems de là taille jufqu'à celuji
du paUj^age > le pécher eft fujçt à de gra^^^?
révolutions^ Le fpleil dardant à ploiigJ) fes
rayons fur fa tige & fiir fes racines , fouttà*^
coup dés vents fougueux , acçompagué^l de
froids de(Icchans , interrotnpent le cours dç
la fève, 8c flérriflènt fa beile verdwq. \$(^
feuilles â rinftant fe lécoquill^nt Se ch^tv*
iyi ■ La Prat iqu e
genc de couleur , c'eft là ce qu'on appelle la
cloque , maladie que je traiterai dans vùi
qu.itrietne partie. Un pécher alors- o
tout à- fait de pouffer, & eft fouvent
par ta jauniffe. Le Jardinier foigneux
en chercher la caufe , & employer les reme^
des que j'indiquerai. Il arrofe , il fume 3 il
jette de l'eau de fumier au pied de tels arbres^
il les fouille pour voir (t leurs racines ne font
point chancreufes , gangrenées , rongées des
vers ou attaquées par des fourmis. 11 doit enr
core faire la guerre aui limaçons , aux puccr
xoiis , aux chenillesj arrofer pendant les iechè*
reffes , buter- le pied dé (es pêchers durant les
grandes humidités , en élevant la terre eb
placisppur jetter îes^ éâûx au loin » 8c rabattre
enfuitë ces taluà îotfquè ïé tertis' ett ternis.
■ Son miniftere -exige quiï vîiGtè gênerais
ment tous fes arbres en efpalier,,ftirtour les
abricotiers, potrr lésT^ débarrïifler' des ' bcHS
inbtts gelés durant llîîver , &, 'dont, fa mot-
taRré ne fe déclare ijû'au printerbs. ' De plus
îjuantîté de bourgéoHs hàiffans 'fktlgués àe$
ge,Iées d'hiver 8c, du nrintems avortent, ainfi
Sué 'dés yeux far îefquels il a paillé. Les uns
etrt^ndentà être fiippi^més tdnt-^i- fkit , &
Içs autres à être' rabatrirs fur le bourgeon voi-
fin , le plus vigoiirlçux: Si fon négUge ces
fpin^ & Il l'ôri renier ii là taille fuïvànte â
iotet ces bois , on recule d'un ah la* gucrifon
dé ces plaies , & on rÀet obftaclé à, la commu-
ïïkàttori^deHia ftve^ ' *' ' -» ^
Nombre
PU jARDIMAdl. tjf
Nombre de Jàtuvs qui onc noué » fe çreii-»
^enc i décQuyer^ ; le fiait en proie aux rayçnf
iila (bleil.va êcre couronné. Le. Jardinier ti-
•sera delTus quelque^ feuilles voisines qu'il te^
tiendra avec un jonc , ou y appliquera m^f
feaill^ large pOur lui feryiir 4e paiiafal,
i mmmmmmmmÊÊmmmÊÊÊÊÊiÊÊÊÊmÊKÊÊÊamÊÊÊÊÊmÊmm
ÇÎJAPITRJS IV,
Divers expédiens pour former les arbr^s^
^ iÇr Surfaire rapporter du fruits
JM.AiNTBKANT Iç8 arbres font en bo»
, itac , iSc s'effbrci^nc par leur âgure riante H
\ par Tàbondance de leur$ fruits de récompe^-
- £er le Jardinier de toutes fes peines. Us lem?
blem oaipirer qtt*après 1 ebourgeonoeinent ^
le Le paâiOàge. Avant que d'y prooider > il eft
eâendel.de lesfuivre de nouveau dans le4r$
diverfes façons de poulTer^ à cet âge fermi^ don^
il eft préfentement queftion» A dix ou douze
* lins > ils fe démentent quelquefois au poinf:
^ qu'ils deviennent méconnoiflables* Quel parti
prendre pour les diriger^ fuivant îe|d]if|i)rente$
dévolutions qui leur arrivent ?
Voiei piuliei^rs niQyeQS rrès-9tile^ qui coar
iuifent à cette fin :
^ l^ l4^ç9ai:bsr^4«> b»QçIies.
5
474 La P&Aa'iQus
X*. te^ Relater*
,4*. ^alJ[éF les brauches lors de là laillt
fiç. Iqs i3«9W£iepps  la pouâè jen Juin
5 ^« Pif^nifij: . .pçyoi: sfij^htapt aoflîcot
Isk même place.
L Courbure des branches. Je voalots
CQnferver, yers la jn^-JaUlec , jip gourmand
pour en faire^ Tannée fuivante^la baie d*an<ks
côtés d'un arbre > je m'avifai de le courbée
^ de jp cpuc^içr pr^£aa^ Ip Içsig d^ la mo^
raille ou'il furpafToiç de bçauppup. Pour Im
faire place , je dépalidài entièrement la braor
che fur laquelle il avoir poulTé , Se qaç fi
|ne pcopciibjs dé Cûpptîmer à là caiUe Mvaatfi
«fin 4^ h cem^ctie fuc œ geurmaxKi. Jç m
tfpuvai datxs ù oéceifiie dé forcer tant fiiit
^}i 1^ |>r;»ripb>ip^e four la Êûre daficendre
ËiTi yjfil^ Tarbice | apperçus qu'elle avoir jceffî
4^ {loMiçr» ai^fi que j^^urniai^. Je yisles
yi^u^ç g./ bpiji de C9 damier fe conv^mx eo
i^QUiÇQtiii à fri^cdarvu i^ous les Jbai^r^eoBs do
|a ^i?^i)(;^-Qpie£.e , atRÊ ^rcée > & en moins
de troi^ fçtnaiaes £^ changement .& fir. Ao
goxarmam^ ç^^vhé ^ âubaiffé fe {ormerei{t
^m?Jlt 4fi lirobourdcs iiatl.y ayok d>eu?
dans le bas ^ ^ n^s tlaoïfaoturd^ taillées l'an-»
^A ^a^^mâ .^omïSB\^VBu\(tmtnt du. fruits
ceft de -là que m'eft:KWue l'idée et h
courbure dç^^tfeaiMliea^KSftaxîsft. ituuie choC^
^ . l'adiêH ^e eééA>it à fM^ m «fofté-^
Hieiit ww du |>Mléftk^bHlà^è^ â ^fllèlfl ^at^
r^ter la fève pour la faire refluer dans éNt^*
Wtés. llfi ftthet j fât «^^tttpte » « pdttJTê 4««
A*^n c^cé y il i'étH^te ttU tetxf , le réfl»
làiOè ViMt k KlUfa^ tcnste éég^hte. Je éotîi^
Éàots tes ranieg|ii)t trop ttgôiltëui i Se je lailfê
le^ Mc^e$ iTécéflârë ^tl Ubètté^ Keitéôc }« fo¥(
«ft fiib jt%eé y flt le feibtè ifé uif^ ^èwfi è
Féga^. Toute» fef tel d'arbre» fid dé Etfâii^
«fees qui dtft àt la fèVé fôfi! fiifeepdbté^ H
h e<Hii^iiré. Getnl ^1 i^ttt Ig^s , dkîM fé
bois effi ttUi , chMejTeùx éè e^flati^ , tïé ^€^
v^nt )ôuk dé^ aVMfàgeii âtticbéi à cette pt^
,ri^0. Lé» faifem dâf ptMtéihs & <lé VM
raelé» &r (ief goMr ttia^si
Je edmmUt^ ^ar te hé^mhe-iMfé'CfA
s'emporte #«« feitl côté. Af^têè^ «fc^rd ilTitf*
de foiv cMÉt , ]e far p««etîd* tf «rté rtf^rf ê# la
fkffiftit d>éf^#ffdré , à^xxiiXit (^â à pet^& Hi
tettâifl* Wri^ te haèé ; fé li foôde ^i vôfe
}iifi|u!^A ^elpomtijè pàfe fet cduriWéf. Je Jâ^
rMïetï à 4|lafee fliMtttélte > » è réwdroit dfet
iMtir «à j'à^re^tM^^é <(ié]ë j^oâVdi^s la' fair«
AHfê^dî<ef , fef ctkdfe i» gros etbu- (jiïe^ je g!arhr$J
bîefi* i^oat ta pvéféïvei:* de ht tbuilfe &: de9
cm^aiofi»; té* Ik Khtet^ fcii:' ce eibtt" , pl^teé ï
u^ ti^i^ dâ bttsi de ht htàj^tUe , tanai^ qU^
vêts tfatittre tiers att-dëffks af^yartt ufi» ^*
£iftécMtt > ft-U fài^^këtt^ S6 te ehaf^dâîl»
]
'^jf La PRATIQUE'
le midr uq pareil clou garni , mais en-ddlai^
de la brancne dans rendroic où je Tai un p^
forcée. -•
L'effet s'enfuie dans toute l'étendue df
la peau ^ tsmi fupérieure qu'inférieure, fit
cx>ttrbant ainii la branche avec effort 5 îk
ùxxt qu'en-de(fus l'écorce s'aîonge » Se qu'eiltf
appuyé fur la partie ligneufe ; au concraiia
la partie en «^ de({bus obéit » fe ride & forme
quantité de petits bourrelets repliés » qui oc«
çafionnent autant de nodus. La tenfîon forcée
de l'écorce en-de(Ius caiife une obfttu^oa
qui étrécit &c bouché même les paifages do
la fève s tandis qu'en-^deflous les vuides de
cette écorce opèrent le même effet : il ne
lui refte par conféquent d'iifue que par les
côtés, mais le tout eft tellement comprimé
[u'il fe reflènt de la preffion de récorce&
es nodus* Cette branche ne reçoit donc de
nourriture que pour fon entretien.
jFe ne perds point de vue cependant la bran*
che qui profite peu. Je la dépaliftè aùffi
pour la laiffer dans toute fa liberté , je la re-
drelfe même (i elle efl un peu courbée Se gê^
née^ & je l'aitache uniquement afin qa^elle
ne foit'pas le jouet des vents. Or, tandis
que la fève ne padè (}ue difficilement dans
'h branche courbée , il. s'en fait dans la foi-
ble une effuifion furabondante qui s'y porte
avec une telle impétuofité , que fouvent en
un mois elle égale & furpaiTe l'autre en gcof'
ibqr. On eft même obligé ^^ lâcher tant foie
d<
ESUr la branche courbée, pour tempérer le
aie de fève qui fe porte encieretnenc vers
l'autre* Ce qui déciae du rems que celle-là
iiÉoic refter gênée , c'eft fon dépériuement vîfir
^le , & le progrès de celle-ci. Jufqu'à ce que
les pores de la branche qui ont été bouchés,
les nbresafFailfëes , en un mot les couloirs de
la feVe ayent repris leur jeu & leur reflbrc ^
il fe paâe trois femaines ou un mois. Si elle
refte fougûeufe , on ladécachepour la courbet
davantage*
Si cette branche a du fruit , je .tn*y prends
À plufieurs (oh d'une façon plus modérée ,
qui me mené également à mon but. Je mets
également deux cldtis dans la muraille ^ l'un
en-deflus Se l'autre en -défions > mais Je ne
force que médiocf etïient : huit jours aprè*
je les chaflTe dans le mur deux pouces plus
bas s & je répète la même opération une troi-
iieme fois , enobfervant qu'ils touchent tou-
fours du même endroit de U branche j pout
prévenir une forte dé contufion ^ qui ocça-
fionneroit uh trop grand affaiflement dans les
parties de la peau des branches corréfpondan-
tes aux deux clous. Lorfqu'à la taille pro-
chaine le feu de là branche courbée eft amor-
ti , elle exige beaucoup de ménagements Dans
le cas contraire , il faudroit la charger. La
branche libre qui aura profité aniplement ,
peut être taillée long , (inon elle fera re«*
tènue< •
Ce (][ue j'ai dit jufqu'à préfent ne regarde
S iij ,
f)a«fk 4%S# l« lw»|i d'flR ^bî^ , S( qjjî
cônd , ils feroient un gtand vi;i4t- 4wè
aji.boufe Nppci)fts«it. ç/Ht«igfP« via^Q,^,]^'
«Sî Ifli^i pr«> df c^Bgwr boiwcwïp. cc^ ^aftr-
çj)iî%i feuiti I^. dÂçbafg^ 4 l'4l)ouf^P9ft^,
^m> Ole 4IiWb r<»i>%«r^ 4. Htfiht l|B#rg|0!ii«,„
fjiiiS f^l^i'^ii^» ^;^lç)s,afQJ^îs'(W^ew>c-d^'
les. t€«df%%es ,. «ft l|eç- (pfi]^l^^t^\e^ c««-
dft bçfçili., Spavseijf; j^^(ÇoqFbft ^vf^tfUoftjCel-
îçs,<teflt*^l0r-f<B»!t,f9iÉtiie?. Qi|atïd je. v9(s<4tH!S>
^Rf: h S^Wi^X^^ (ot^érSç I^br^iHiHv-.dGtnt il:
fort fptH::4^pt4*<}! jfijejj taillp- d'wp^ften/
année pl»«,c(^re ». ^ tçuf^ df^uc me, foMmifr
f(yjt; 4jï%brapfh«^,fftq(^ue^fçlS. l^iç Jecfqpff
je puis m'en pàiîer , & que je prévois qae.l«jii^
gjMÙnibâsy fe les^ recrâtiiche éoiM -â -fait.
Cette m^cKôde de coafbôv âiftfi les^ bî'ah^
ches eft utile, i®. Qtcmd ^cà évàh taSM
lofig^ pludeurs floùrmatids* des années pt'écé-i»
dentés >' ib contument de fteitiàte tdote la^ v^ei
&^. A Pégard dTO pkhers j^lîtéis tcop prè^
lés iMs: des aac^ev: je* fo^cê' ks* bbni^eohs eh!
coBcre-lSks , à oommeiiâeir db^ijâs ï£ préWiiere^
branche & toirjooT9 en renAoïita\§t. j^^. Poùif
les arbres qui ont atteint le haul du mut, de
s^enftporteiirau-deflbs da (Shaf^Fôii : bien loitt
dé coupet lettrs brant&e^ pât les botlH^S ]é le^
courbe toutes , & je Us arrange près- Tutid
de laucte iotts le larnnier , eôfbrmedëcbt-
4pn j ôc vci^ la^ âb d'Août ,^ & Ibà^ côHfu^
iion eft trop grande. Je les àxîite nif iHéx!^
tf émité^ fans ajucun rilqae. C^$ afroréà pouf-
feront par la fuite plus modéténiéh't , 8S ri'au*^^
vont (bkit éxéêjp\mèsi
IL Na'Vrer les BRAKiSttËsî NftVWr étî
terme de Jardinier , de Vignetôrt , de' Bû-
cheron,! de Treillag^ur, eftdbHrwTr lïn couçf
de ferpe» à' un bois qui n^eft p6int âtcAV , 6d
y faite une* entaille en biais, j^Mï pèfer' éléù
fos afin- qde fa' partie^ la ^ tettgûV môrtté
for la plus petite. C'ôft d'aptès côlté'ôfcJsrtidri'
^e j'ai eUayc de dotbocfetf dfe^ itbté^ tirèp?
vigoureux , en leur faifktit dé' pfôpô^ dëli*
béré diverfes entailles' feill&labl^ y^éttii
d'abord qu'utiles- aux atbtes cte^ frtiitS à fie-
pi» , eltey ont rarement Beû^ {k)Oi? les' atbre»
ffïtiimçvLX. Cepencbint , en'obfetvatif dre(Rkyet'
S iv
L
lit La Pra TfQ vb
tdus les jours la gomme à mefure qaVIk ûûiiA
dti peut les employet pour le pêcher , cidnimM
je i*ai fait heureufemenr. Je veux affamer vmt
grofle branche ^ qui prend trop de fioarim
tare» je lui donne, avec une (etpe bîéo rraii«]
tti^nte i ou coup à cinq ou fil pouces au^
éeiTus de Tendroit de fa naiflance 5 &^ |e loi |
fai^ uiie entaille à mi-bois » eh«-de(Ibas 00
ftir le côté en biaifant : j'y applique en fuite
l^dftguent de Saint Fiacre^ Cette opérariou
tient un peu de la fcatificatiotr , mais fes foitet
font toutes différentes* Le printems eft Tuni-
Que faifon où il foit permis d'y recourir^
fcfîti que là fève foit retardée dans fon cours $-
et que les parties fe réuni(rent. On peut faire
)}iaueurs de ces entailles aux branchés qui ne
(iouffent que du bois ^ ainfi qu* à celles qui
«emportent trop*
On n'ufe , au refte ^ de fettiblables expédienl
âit*enver$' des arbres fougueux > qui » avec le
iecôurs des opérarions ordinaires , ne Veulent
][^ôint fe mettre à fruits Ce font des remèdes
Violens qui doivent être réfervés pour le cas*
d'une eitrèuie uéceffité* Mais il eft un moyen
fût de n'y jamtiis Recourir 1 c'eft de donner plus
d'edor àuic arbres , fans les épuifer par deJ
tailles courtes qui ne les font poufîèr qu'en
bôis> Oonfidérez les (arbres des champs qui
gronfitTent & produiferlt du fruit abondamment
peu de rems après qu'ils font plantés. Rienn'eft
plus commun que de voir eti Normandie dei
pommiers donner une pipe de cidre pefadC
titr jAtcmiix&t, lit
kl. ^1 500^ indépendamment da matd & dû
toous les fruits tombés oa pourris.
^ L'erfet de ces entailles eft de couper les fî'»
l^esjdc d'altérer le cours de la fève. En donnant
die Tair à rintérieur de la branche , elles ope«
rent une diflipation des parties fubftancielleSé
Pa.r ces plaies vous obligea la fève de fe por-»
ter à ces endroits ehtaitiés afin d*y donner du
Recours ,. d'y former des bourrelets , des no-
dos 5 des cicatrices ^ enfin , vous faites autant
de nouveaux couloirs qui fervefit à la filtrer ^
€^ autant de barrières qui la forcent à féjour*^
lier davantage ^ à fe cuire & à fe digérer «
{>lus qu elle ne faifoit en fe portant avec im«
péruofité.
Dans le printemsj lorfqtfunô branche gouf-»
mande prend toute la nourriture , on l'éclatd
pour les mêmes raifons^ â l'endroit fourcha
d'où elle part , & on y met enfuite de TongUent
de S. Fiacre & des édites, àinfi que je l'ai déjà
prefcrit. Jufqu'à ce que la future (bit faite , la
•maîtrefTe branche & les deux qu^on â éclatées
fe modérenr , 1^ réunion s'en tait avant Tau-^
tomne fuivante. Cette idée m'eft venue en
voyait de femblables éclats furvenus aux ar*
bres de la campagne : j'ai remarqué dans let
brattches éclatées un rallèntiffement d'aâioa
de la fève* Ce que le hafard avoir fait, je l'ai
eflàyé avec fuccès. Un gourmand vorace , par
exemple, je le plie du bas jufqu'à ce. qu'il
éclate > puis avec une ligature je rapproche
les parties , 6c fe fuis affiiré qu'il pouCera
%9% La pR-^TfQtrt
lûovbs^. On il m'eft néceffir»e,^ oa il nsr ^6^
dans le premier cat ,^ tes- j^ei» é» E^affei
cclorire cies bourg^ns à fruit ap^Urs^ bi
ckes-crochecs ; dans le fecodd^ fi ^ laiia^j
f'épuife mon arbre , 8c ce eoorèiand me fôi
nîfiat des faax^bottrgeoiisi Ënt leckfcanfc j^'évni
ces pottâfe^ A^Flues')'& crgoucmaJmd fe^m/à*
dere.
IIL ToitDRB les^ arbres eft izfiearacre (a^aà
d'éclater y qaieomribae beaucoup à l^r fé»
condité. Erl voyant travailler de»» V igne r o»
cpiir cduchoienc des oep^ de vigne pobr faiift
derprohrinsj fài retnarqn^ que certains cepi
ccaqootent étams leurs m^às & fe tordotea^
Ces parties corfes poutToient moins qub les ad*
toer pportrins',( & en les fbutHasit , fa* vu qu'à
FeridTrôie ©ù ibécoient lîordus , il s'crmc formé
an itodàs^âe' un datus sSéz gros. De-lèj'ai'tiré
d«yis!ïdttékt©ns , & jîaîr imajgin'é , pour arrêter
dàès diâSrentes occafidrisces tortens de fève,
ék miAe les brandies Se les bourgeons » a&i
démettre lesrarbres^à frùitl <3ô moTfen m^ teK
leifiènt réuffi, que j'ar éw' forcç^ de dlfcontï-
lîuer , ley ^bVos nè-pouAToient prefique pkis^ai
bdis:, (^ nedontloient que des^^brincÊUes Se des
laihboulbdey. La» farçonrde tordre eft fim^, de
a^Wèa'depui« iWaipirqucfl» Septembre. Vom
prenez une' branclie^jéude oa^un^Bdurgeon- for-
mé ^ & ferrahc bioTi fort-,* vous téutnefls d'une
mai» en-dedàns ,. Se d& l'autre- en-^iehors ,
Côï3AKVCe pour défiler un coedoçe ,' jufqu^ ce
4fM vous eim^ndiess un'ci^^qmnfenti Vow ècel
1»U lJLKÎ>rllÊXqir J^^>
(^ qoe la bsMchd tdrfe s^fiïwàcé> fka de
glOiHrrkQre qiié pcfur fa (ub&lkMce ^ & qu*îeUé.
ft#< looasr^ pôiiu^ snaisr^tan^foivaDielirair*^
. iV. Ci($^.2v Lis ttAVo^ àr U caïUeft: }e9^
^iuer .> )4pp^£§i^8 un^ lieëi:gi^oa< gûS& pax- le»
MeiO* 4^B6; uiivflidc^itdd l-arbcôouilocoif fore*
JDKiee0aH^ : c âjeâct 4 Ibb aii*JuitH A. focce de*
If ep^oiiiiiçr.ai • ^ T^mBoqvkSii <)fi^i l'endïoi'C d«^
e^aviçôi)} q|iiHlz$ ^ j{pus& agfrès: an eorinoenc^menc^
d% vèfâ^^Jfifh'(\Àyi/$ j poucv vei« ce qpi ed)
proviendroic : il y paru& tiM. ]^nlbour4e«^> qâi^
EdF.1a^iaKi6b^fei|i^i& pjiifieur^r boii€oo«' i frufr^
. r^rè$;c€H^ dâçoAi^erre^ sj'ôâa^^ai de oAfStCr
dp ^ropostd^ijibéf-^^ &. Wl^anîc&Qi'afipric'^la^
ûiiivxQ. Çiei^e of^éradon rfa <|\iaa rtippoic'élei^
g||é a»^ ^U^ (|He. lâ/Qili^cînyjd^ a? apalifiée d^
pjbao^mmt ,v& qi^il prefeiîic^Jlégifrddeè'beurr*!
g^oa»f^Ml^^A^ qu'il piûç^^àcinq,fflX^ fiapcf
oi^y^o^>eiir JliÎB & Jiûlbtr» au^Ueaqiierlo Ué^
caflfe prèsideéffauç yiauîc,.j8ï (Juefj'étetids, cet»'
opéraxi^'jtii^l^'^uiç-branpb^s, J« pr«v^ieiÏ5 dîa-^
bord q}ite{le#e>çpnvâent<|i2!ati3é aroreiS'de fruits^
à'pepinfi .§:-» goÎBtrdu^tùaf- ^cfton àvflQ)?a*rs fi'*
cfirq'eftià J*4gt©4de$-'gia»riï*afid$-'f«mumcfiirc»*
dom onW^jWî^iftire'ckj trweliél fwAilettfes ,
& qpon<s^6^ là «moitiés dè$l 1^ pT/emiers jours'
i%4 La P à a 1 1 <i û 1
Deux forcés de branc^he^ fe préfentetif tdUtj
«le la taille , envers lefdaelles le cajfement \ '
lieu y les branches naturelles produites 'par le
yeux de Tannée précédente , & celles de faor^ï
boisé Nos Jardiniers , je l'ai déjà die , ravâlear ^
tous les ans fur la plus balTe des branches qoi-
ûnt pouiTé des yeux laiflfés i la taille précé-
dente; enforce que s'ils ont taillé pat fuppoCU
tion à cinq yeux chaque branche qui en aont
pou{Ie autant , ils jettent 4 bas le» quatre pre**
mieres pour tailler la plus baflfe à cinq yeux*
Les années fuivantes pareille poxitie 6c pareil
ravalement ; deforte que la poofle des quatre
branches fupérieures eft toujours inutile pour
l'arbre qui profite peu ^ & ne rapporte cotnma*
nément que des feuilles.
Le caffenitnty au contraire , en procurant aux
arbres , foit en buiflbn » foit en éventail , une
étendue immenfe , eft la fource d'une grande
abondance de fruits. Les jardiniers ne Tem*
(>toient que pour les lambourdes > 6c moi }e
es prefcris pour routes fortes de- branches*
Lors de la taille je coupe près de Técorce deux
des cinq branches qui ont pouflTé précédem-
ment , & j'en lairfe trois , une entre ces
deux Supprimées ^ une autre dans le bas , Se
celle qui eft placée tout au bout que je taille à
un pied , 6c même à dix-huit pouces dans te
cas d'une extrême vigueur. Je cafle ^ en ap-
puyant fur ma ferpette» les deux btanches que
j'ai laifTées > & je les éclate à l'endroit des
fous-yeux à un quart de pouce de leur empa^
©X7 jAR'DINil^Gl, lt|
tetnént. Quant aux arbres en efpalier» je coupe
auffi les branches die devant & de derrière , fi i
on ne les a point ébourgeonnées > & je taille
en forme 4e crochets deux de ces branches , en
en fupprimant une cntre«deax^ & j'alonge celle
da haut à deux & à trois pieds proportionné-
ment à la vigueur de rarbre. ^
On me demandera pourquoi je cafle aa«
lieu de couper. Si je coupe y la plaie fe re-
couvrira 9 & aux yeux qui font au - deiïoqs
repoutferont de nouveaux bourgeons qui com-
munément deviennent branches à bois. En caf-
fant, au contraire , je fais une plaie inégale Se
pleine d'efquiles ; alors le recouvrement ne
pouvant fe mre que difficilement , ou mèm^
point du tout , la ftve refte da^s la branche,
•'y cuit & s y perfeôionnCt Ceft la longueur
de fon iéjour qui forme le fruit » & non fon
Îialfage rapide à travers les fibres longitudina*
es des branches. La fève trouvant du coté de
ces efquiles autant d ob&acles à fon paflàge ne
peut monter, ni former de bourrelet , mais elle
s'affine Se s'infinue à travers les fous-yeux ^ Se
£iit éclorre des lambourdes» des brindilles »
ou des boutons à fruit pour Tannée fuivante.
On voit Planche XII , figure s j une bran«^
che fru^eufe nouvelle provenant de cajfer
ment y fur laquelle on remarque les rides ou
anneaux A » ainû que les boutons â fruit 3«
Lafig. I A de cette planche repréfente u^ bois
vieux avec des rides & une bourfe à fruit aivt
«ieune, d ^ deux autres bout Ces î fruit pl\|s xi^
mM La FitATi^HE
cfMesftvec les aAcieAtix 4c Us ridf^* €»
4>QiKons i fruic ^Mrdcit dk «leur bourlè*
«lème cbofd eft ré{Nkée > )%• Jf , ^atts 4K^#ci
^msnc confi«Kée. il eftaUéideconcovMr qti*!
itfbftituanr à la fève éss couloits «lOttiS Mt
breux & moin« fpfcieux ^ teU 4^ cet»
branches à bois , 6c ^e formant des^ taoïis
des cribles pins ferrés ^ dite doit èfere plue »{
proehée, plus cenceDorée , A ç»t «dnfêqi
mieux cravaUlée & rnieu^^Utee*
La raifon de la différence de taitte p^ii* IM^
ambres en efpaiier^ èft cicée de ce <]»*i)fi a'^|
qu'une fiace. Tpw te devanc Acledeciien éiêÀ
-fnppriniés , on ne peut ménager èm bois efa$
iur les coeés » & pâr^confiiquenc it s'agît d|
cirer les branches par les extféfnkés pour fol
garnir; de^là les branehes-^fûci^^s qu'on f
Jaifle* De pUià , en dbottrge^tiMant ces^atbre»!
on letir ;6te K>ttr le bofs qoà petit ^e c^e^O'
fion^ U eft donc nécei&ire d^ leor en haàSa
pltts lors de k taiUe qa-aox bciid&)fi$« SiMla > &
vous tes taiiïez cou«t, & fi voufiT if^épvt^iei
pas tes branchee*cf ocb^s , iif0V^ n'avez^ poiac
,cie fritic , n^kis des g«Mrrmiiiid& à Y'fai^ Sâ^
Eriin«a4ee , vous perdes voe «tbies-, fettfW'.
^sioa9, vous faircsxeeéij^oii. Le miliea^eft
donc la conduire ^e^ je cieM«
Le êa^iement h ptaiique papsellemeat i»
tes arbres en e^atiier. Cas.bcan^etf- evo^
chets fur bfquell^ ^ ra^li^r p^^ioifefH à^
branches^ ne pounran&l0& pbo^v Cûafces^^ ft
l^n^ fpH éloigné 4^fe»akatfre«) jt fiQ^)ê
D9 Jardimagi, l9f
pacti 4ie caflèr. Cette opérai ton fe fait en dmx
faifons , v^ers la mî-/uin jioAlii'à ia mi-Juiiiec
poar les bourgeons qui ont pou^é de 1 année ;
9c lors de ia taillé dfhiver , tant pour les bran-*
ches à bois , que pour celles it faux-bois. P^r
fon moyen , lesacmes fur franc qui , dans les
snains des Jardiniers » se peuvent porter do
f ruir^quoiqu'ils les tourmentent toujours à leur
4étriment , deviennent fouvent d'une année i
l'autre les pli|5 féconds du Jardin. Il fapt ce-
pendant en ufer avec fobriété. Un Jardinier
mdifcret quis^avifetoit chaque année de çafler
toutes les branches fecondaires de fes arbres Qc
celles de faux-bpis ^ les mettroit icellement i
iruit , qu'ils ne poutferoienr plus que des brin-^
dilles éc point débranches à bois, ils ceflèroieni:
de plus de groiSIr ic de s'alonger , 8c donnç-*
xotent une telle quantité de fruit > qu-enfin il$
périroieni épuifés.
Le cajjiment des bourgeons fe fait en Içs
appuyant fax le coupant de la ferpette à l'en-^
droit où ils portent à faux ; ils s'éclatent toi|C
M fuite. LÀ fève qui a coutume de coulée
dans les canaux deftinés aux bourgeons ca^fêis
y arrive comme â fon ordinaire , & ne trou-*
vant plus à s'échapper » elb eft forcée de fé-
journer autour des lous-yetix où elle fait effort
pour entrer ;^ & de s'y arrêter faute d'un paf-*
\ fage fufifamment fpacieux. Elle fe filtre donc^;
s'infinue par menues parcelles à travers les ca-
libres de ces fous-yeux , Se enfin elle fait éçlprrf^
une petite vet^re qu^ eft une lambourde ^ un^
%i% La Pratique
brindille ou un bouton à ffuic. Nos Jardt
ainfi que je l'ai rapporté plus baqic , Font c^
le contr^tire ; ils cauent â un 5 deux ou lt<
pouces : U fève alors enfile les yeux du reft^nt
Dourgeon, & forme ces toupillons , d'où &t
fuit lainaigriflemept de la branche-mere , Tét'
puifement de IVbre » ^ enfin la privation dt
tout fruir.
Quant au nombre des branches naturelles»
des faux-bois & des bourgeons qu'il faut caf-
fer , il n y a point d-^utre legle à fuivre que h
force des arbres Se la quantité de leurs poof^
fes. Jf'eftmie qu on peut ca0er le quart des'brao*
çiies fur les arbres les plus vigoureux. S'ils fe
portent à fruit par eux-mêmes» où (1 Ion a^
alongé & Uiflc des branches-crocbets > le ^af-
ftmtnt n*a point lieu, S*ils font foibles èc s'ils
n ont que des poutTes ipédipçres » il faut bien
fe garder de le mettre en ufisige à leur égard.
V. D£P|.AifT£a pour replamtçr en krincme
place. Ce moyen que jai employé rarement
m'a toujours réuflS. J avois été obligé de dé-
placer quelques arbres de mon Jardin ^ & je
jn'ajpper^us qu ils me donnoieh^ beaucoup pins
^e fruit 4:}u'auparavant. Je pris à^\ï occalion
d'eflkyer de lever plufîeurs arbrç« infertiles ,
& de les replanter au même endroit. L'évéïie^
{neat réppndi^ à mon attende 9 ^ ils ne cef^
ferent depuis de nie donner des rroit^ ^boa«
^^imment.
Je fis fouiller un pommier d api) un boo-
^Jjii?tien ^ une bergamotte âges 4*eAviro9
r*Rze «ns, (jai ppaflbî^nc beaucoup ^e boji p
fleuriflbieoc (Quelquefois fans jamais rap^
rrter , & je 4écp^yri$ leurs r^çine^ 4epaif
tronc , luf^ju'aux esccréoiit^s , avec U. pluf
^cai^e açceouon. Quan; à cpUesdu detfous ^
||e 6s jtouc moQ poffible poui: ne les pp^nç écla-
f$er. XofCqoe ces arbrçs furepi: bien d^g^giés S^
pe tinrfjnt plus , je les fis p)çttre de côfé i ftf
. oa trafîfpairca tontc^ U3 certes de leur^ trous.
J'y fubft.it}iai celles du voifinage^je jren^is en?
fuite ces arbres d^n$ leur même place ^ âprèf
3upi jç fis faire un larg^ baiGn , Sç y jecrer unç
emi-dou^aine dç feau^ d'e^u. Cétoiç ijpgri^r
4iacemçnt ^pcès la chute des fei^illes.
Je np propofi^ aii refte ce moye^i ^ ^u^
fomtnç un pi^^emple j fans abfolumenc U cq^
jTeillçr , quoiqu'il n'y ait aucun rifque i courir
çn preAant les irièmes pr.éçajatipns; j^e Tai ef-
faye plufieurs fois fur te pècber , qui'nç sac^
^omiQodç nullement du traitement des autres
jirbre^ , auflî p a-t-il rfytt^ que fur de? fujetf
dç trois ou quAtr^ ajis*
. 4^uelques arbres rébelles $c fougueja^ ne ii
i^çtteut point i frpit; pn peut eflfayer d'abor^:
4e les deoarralfêc (ejalemen^ des bois çpufus ^
.& d atteodr^ ver^ h pi^Âyril quand U (è^9
jaiura été abforbée dans Içs nouvel)ip$ poufiès « ^ .
les rayale.r fur qu.elques^i|ne^ dçi^ ÎAfêrieure^.
Cette pratique que |'aî vu réiiâ^ d^ fondée
.4an$ la nature , en ce que la fève eft rètardéj
jp»r i'ép^pbei^çtu (}ui s'en fait i «tnc dç braQr
tçp Là Pk ATI Q« H
chés 8c de boutons auxquels elle a été difttî-
buée , & que les plaies de$ coupes occafioa*
nent une grande extravafipn de fève que Ton
peut voir lorcic encre Técorce Se le bbis. £q
n hâcanc de les'recoùvtir , elle fe repartit d'au-
tant moins à tout le refte de larbre , qu elle
eft plus rallentie par le foleil , Tair & les vents
2ui amortiflent , deflréchent & refferrenr les
ifFérens endroits qui ont éprouvé des plaies.
Àin(i domptée , elle coule avec moins d'impé-
tuofité , Se eft néceffairement digérée & filtrée,
au point que les jreux à bois fe gonflent , jaf-
qu'à devenir autant de boutons à îftuit pour
1 année fuivante. 11 èft effentiel d obferver que
répanchement trop abondant de la fève dans
toutes les différentes parties de l'arbre , les
rend fi tendres & fi caflances , que le plus léger
froifiement de Thabit , de la main ou de la
ferpette les jette à bas.
Ces remèdes s'appliqueront avec un égal
fuccès à certains pruniers qui ne poulTènt que
des gourmands , ians brinditles ni men^ùs bois ,
Se a quantité d^ pèch:ers , qui n'ayant qoe
des gourmands ou des branches chiffonnes ,
font plufieurs années fans rapporter. A ceux-
ci je ne laiffe ni brindiljles , ni lambour-
des qui ne foient taillées à un feul oeil , Se jq
fupprime les trois quarts de ces branches
rolles , qui pullulenr de/toutes parts, Quan-
tité de poiriers 'Se de pominiers fur franc
pouffent des forêts de bourgeons. Se ne fe
metteht à fruit que fort tard. Des poiriers
gço£r, &• avorcene èn&Q. A ttms? C(^s &i>
Vires, j'cùnploie les. ej:podiens cl- delTaii ioc^
c|aés/ Je poikrois. ranger dans leuccUfit cas
iïhdmduik ftérîles & fiéconds tout eofegpU^^
produifant des fleurs qui avortent , oa qitt
0Ôaeat« mais qui.nétîenneoi^jamatfiL» &.Iaiu^
feot conaher kurs £ruir$ hn$ les aoienei 4 m^
taricé» ou n'en diument que peu ou potmdll
CHAPITRE V.
-f iEs arbrec doivent avoir fâk de rstpîdei^
Mogtès , &: avoir befoin d'être éfcoiirgeonhéi
ji)d^tiis le printems ledt& bourgeons Jiiongés .
ê& milhiipUes forment untoui^ diffi;>rme t té$
fins demandent qu'on leur aflîgne une plice*,
«nies étalant pompeusement Atr la muraille
' eu fur le treillage , le^ autres ietntlent s^ati-
ten^e à^re r^tatidiés , comme membres fa^
perflu^, pour donner i ceux-là plus de nour*
«tureSc de relief. ' '
L'ébourgconnement , f ofé le dire, cft au»
lieSt» de Uhl»ti)k pow FimjK>rrance ; iV)^
'T fi
«lifp(i(e fKHir Tannée fuÎTance. On peot |ttfrâ*|
un certain point fuppiéer i une taille déreo
aiteufe» auUeu qae rien ne peut réparer on
ébourgeonnement vicieux. Oe-ià dépend h
fécondUté de Tarbre» comme fa fanté & ia
durée. Il eft queftion ici de la ùifon de l e«
bourgeonnement & de la méthode qu'il faof
f fuivre..
^ C'eft en conféquence de l'empire abfolu d$
TArt fur la Nature» que les hommes fe font
ftvifés de donner aux arbres en efpalier cette
forme & cette étendue » qui de chaque. bra&r
che fait autant d éventails , & que par le sç-
tffanchement de celles de devant & de àetr
rierc , ils ont forcé la fève de fe porter for
les côtés afin de la rendre féconde , en la
gênant dans fon cours. Le pêcher a plus be»
loin qu'aucun autre arbre d'être ébottrgeonné ;
il produit tous les ans une fi grande quan-
tité de bourgeons , qu^abandonncs i eux me*
pes 9 ils n offriroient i la vue qu'un objet ia^
forme y & que devenant le jouet des vents ,
lis ferpient immanquablement brifés. Lefrnit»
ioutre qu'il profiteroit moins/ acquéreroîc
aurïi moins de faveur.
Lexaâitude de Tébourgeonnement .eft
moins efientielle dans les autres arbres , par<e
3ue le touffu de leurs feuilles, qui font d'or-
inajire plus larges & plus ferrées que celles
du pêcher , en cache la difformité ; & de
p W le préjudice quon peut leur faite t'en
fe$ (Ugarniuant en quelques eadcoits » %^M*
' nv Jar^ikagb* tyi
p&TàUe par ces branches , que f appelle ad«^
^entices^ qui percent à travers, la peau;
' Cet art de réboui^onnertient n'eft iiutre
claofe que la fuppreffion fage & raifoimée deé
iratn^uz ruperflus , que le choix judicieux
<le ceux qu'il faut pah^er » que ce goût 8c
cette inteihgence pour n'en conferver qu une
qpcutntité f umfante. U fe répète autant de fois
<^ae les bourgeons s'aloogeanr & fe multi*
pliant , donnent lieu à le renouveller. Le
point eifentiel éft de fuir éplement la con«
ftifioi» & le vuide. Pour éviter celui-ci , il
• ^ur uiujours tirer du plein au voide , mab.
Cans forcer, fans crcnfer». fans caufer aucune
-^difformité, On évite la confufion , en làif»
iiknc entre les bourgeons un efpace fuffifant^
pour qu'ils ne fe touchent point , & que leurs
Jeuîlles ne jauniffent ni ne tombent.
L'époque de rébourceonnement n'cft pas
plus fixe que celle de Ta taille. On 4oit fe
régler fur la faifon , Tâge > la vigueur des
Arbres , le climat , les exportions dififéreQ-
tes Se les circonftances particulières de l'abon-
dance ou de la difette des fruits.
Les Montreuillois le difFérent jufqu'à la
' mi'Mai , ou dâos le mois de Juin » Idrfque
'les bourgeons de leurs arbres ont un pied ou
~ quinze pouces de long. Ceft moins la pro-
preté & la régularité que lé be foin des arbres
qui les guide. Voici leurs principales raifons :
-'1*. En ébourgeonnant de bonne heure * on
/ùéc le fruit au arand air. Gommer en Avril
Tiij
i94 t9i' 1?fi\'ifi<iyt
Bl aa 'iomtikmmnmt Me Mai , il '^ étiCâl*
forcTemiré » il çft en dittiget. d'être frappé 4ô
IbleH de de tomber. ^^. tià tentàmt & en
taMànc dbngec les bcmrgeons , & ne itip-
prhmtifqaè tard les âirnminftrftîcés ^1» ne*
Dres ne s^^oifent ^intd en pooflibrxle no©*
^m^. 5^i La|^mrmeTeft prliBiportée dé fleet
tti moU d^Âvrii tque^qiiami réconée «ft pl«ss
fohnée. 14.^* A^peiott fes-'aebrcs aarritneàcent-
iU à iê remettre diës^ari^es qu'ils oat.ér«
^yéesi pac les tftîHes^fÂbestà Ibuts ràmeaui,
à peine les cic:itrices lïèmiiheocent eflles a h
tiecouvrir ^ qu'on kilt ién im de hooirellck*
•j^^i Tam^ire lefrtiit.èfti'Xou\^er^^ ccttt
éCpècQ de 'fotèt ^ fccrl(fëfe^de 4A>iQ:geons'^ 5l
Jtnrit'd%nre frâicfaeiin]|m codtfrihie faeaucoé^
m£drv^€ctài(IemeT]t. LérboaigéDnisViQiilei^
fe trouvam i J'aife ipoufférit &• s^arlot^nt^
^hfurs yeiix , lears bomms. peter râoqéé fui*
Vaûte-^ ft~focniênt'& fe fafçomîent* abusées
^avantages v^difparoifTdnt ^n$ rAcmtge^nie-
-ftt«nt précipité. , » ' . v
- Dca t * on éboofgeorttter rpàr ptbvifidft , &
Remettre à.<paiHrer â tin autre tèmi ? Ceéie
-fâÇèn A^ itrâtfuilFer k des fuites 'fficheàfes*
t*. i-es^ fruitst. dénués de T^ippui des bdur-
^«eôn« qu'on leur ^ rôtés font a-bctcus jpâr
îei ?èms. 2^. Lés feurftes des bourgeons, du
"bas, après savoir |auni , tombent 5c fottiAVor-
^ter-tes^eitx pour I^aniiée fiii vante, j^. .De
îl(>o«^diw oca^ri^^ îpafîf-
i -
4^1 coarre rifque de fuppritner certains bout-
fréons mieux placés que ceux que Ton con-'
erve , ou d'épargner ceux qu'il faudroir jet-
ter à bas. Il peut arriver auffi qu on ne trouve
pas fon compte dah$ lè nombre des branchés
<}u'ona laiffcesj comme fuffifanres. 5®. Ces
tnêmes brandies non pa'lKTces , venant à ctrc
caffces par les vents > opèrent encore dés
vuides. En paliflTant au contraire à mefure
qu'on cbourgeonne , on prévient tous ces in-
convéftiens.
Beaucoup de Jardiniers qui n'ènvifagerit
que la régularité & l'uniformité » commen-
cent à palifTer par un bout de t'elpalier & 6nif-
lent par l'autre. Je crois que fei arbres èx-
pofés fur des hauteurs à la fureur dès vents »
ceux qui ont le plus pouffé , qui portent dès
fruits plus hâtifs 8j: plus nombreux , ont d|:oic
d'être travaillés Tes premiers > enfuite les plus
foibles , puis les vieillards & les infirmes. Par*
mi les expoïîtions , celle du miài'exigè toujours
la préférence. Je ne dis point qu'un arbre
vigoureux doit être moînis cbojiirgVonné qu'un
foible , qui n'étant pas foulajgé ne feroit que
des pouiTes chétivès.
On ijie perdra point de vue la nourriture
actuelle du fruit, & la piroviGon pour la ré-
colte fuivante. On pourroît ajouter une troi*
fieme confidération , qui eft la grâce Se là
régularité de l'arbre; Il faut être bon ^cà^
, jftome , & fe ménager fucceflîvement des fruits
cbaS^ue année. On excelle en celaâ Montreuili
• . " Tîy'
?
i^â LA >itA*x^*l
tous Ui àiis leurs àtbres eii donnent , ââ-tiâÉ
^ué dan^ nos jardina on en à àbbodanittiefk-
datis âne ànûie § & pëii oti point tes fiâvaii»
té^4 Ôii laide à cette fin moins dé bdurgecfil
i tin arbre bien chargé dé fruits <j[à'a tin <^
Teft ïAoïM i afin ^ué le pi-etniet poifle lés
hdùfrir. On téferVé eftfdiré des ooilrgeoiii
de bois bieH franc de diftàncè eu diftancé«
fdit pour régàrhir ^ foit pour feniiptàcer l'ànn^
f)Mcnaitie c^iix ^ui fefônc épuifés oà rè*
tranchés^
£n ébodrgeôiinàhc les ârbrès dé dtui ft
lie ttoii àiis » leur difpôfitioh & là diftribd-
tiôh de leuts brandies dôi vêtit être cohfùltéesj
Ce hiôtnent décidé de Utit fort aVet la taille
Aé Tâni^ée fuivàntd. Mais je ddtihe th géné-
ral beàùcou{> de chargé à des à^btes quoi*
âiie feuhéi 3 quand ils lont extrêmement nui
Moh but éft dé leur procdret un plus prompt
àvâticetneht , & dé coiiferver dans leur to-
talité tihe plus atiîple cirtulatidn de fève.
Rieh de plus à évicêt dans te Jardinage 5
due la pratique dé piriter , de ràctourcir te
o afrèrer léis DOur|éoh$. Toutes ces toutilà-
tiôiil font là eauie du dépériffemeiit des àr*
bres» La f>r^téndiié régularité qUoti leurat^
ttibue difpàroît trois femdinés après , par tfn
hoinbté infini de faux - bourgeotis d'àataht
blos âffidùs à poutfer quoii eft plus ôbftin^â
les rétratichér.
Pour l'ebdUrgédâùemëiit il fie faut fé fervi^
' ^tie de la detâi-ferpette. Quand 0fi ikititlh
^hkWUt , on fait avec elle autant dé diligence
' <îu*en caiTant , tuais il faut couper avec la
|>ointé de Toutil toUt près de réeorce les
^branches fatnométaires & |e$ faut4k>utgeon^4
Si ces dôrniers naifletit à côré d uh œil , oA
les retranchera â une ligne aa-defTus de peut
'âe l^endotnmage^ Lorfque Vers le mois de
Septetiibre là fève commence à s*aniortir , 6t
qu'on n*d plus à Craindre la gomme ni Ta ver-*
tetnent des yeiit , près defquels on éclate
de petits bourgeons tardifs, oti peut fanscon^
féqaence caflTet quelquefois , mais hors ce cas
il n'eft pas permis de pincei" par les bouts.
A régai^d des gourmahds ^ on doit i ^ , les
conferver , tant qu'on peut , proportionné-
inetit à la force de Tarbre» i^. Ne Ics abattre
que dans le cas denéceâité. $^; Les palifTèr
oe toute leur longueur avec leurs bourgeons
latéraux ) en ôtant ceu^ de devant & de der«
riere. 4*. Palifler àuflî, fahs rogner ni pincer ,
les bourgeons qui pouffent a droite & à gau-
che des yeux a'eh>baut de ces gourmandsé
\^. au cas qui! n'y eût point de place pour
îes étendre fur le mur ^ les fupprimer , en les
coupant à une ligtie près de chaque cèil ^ le
plus tard qu'il le peut , pour éviter la pouffe
des nouveaux bourgeons*
Je me fuis déjà expliqué fur le traitement i
faire au)£ branches chiffonnes & de faux-bois.
Si Cependanr Tarbte n'en avoir point d'autres
& <)ue f;^ jeunefle pût faire préfumer fôn ré-
•tibbâ^tut ^ on pâMetoit de. toute ieut I06-
i
iji La PaATiQVt
gueur ces bunches foibles , mais en f)et«E
tK)mbre. L*arbre feroic alors en état de l^^j
nourrir ^ & â la caille on les couperoic foct
coure , jajqu'à ce qu il fe remît. S'il n 7 a
|>oinc lieu d'en efpérer ce fuccès ^ il faut hi
chercher un fuccelTeur.
Quatre fortes d'arbres fe prcfencent aâaeU
lemenc pour être ébourgeonnés t les uns font
nc^uvellement plantés , ou le font depuis irois
ou quatre années. Les autres qui ont huit i
dix ans , compofenr la claflTe des jeunes. Cen^
d'un âge formé y Se dont l'embçnpoint eft
aufli parfait que Tctendue eft vafte , vien-
nent enfuite. Les vieillards enfin fe préfen-
tent au dernier rang.
Parmi ces diâférçntes fortes d*arbres 5 je
diftingue ceux qui &nr extrêmement vigou-
reux ) de ce^x qui font plus fages & plus
xéfervés ^ cçux qui font aialades. depuis long'
tems d'avec ceux qui nont que des maladies
itadageres. Les uns ont été bien conduits ;
es autres» & ç'efl: le.plus grand nombre^ l'ont
. été fort mal. Quantité de gourmands , & de
branches tant fécotldes que (lériles^.^e remar^
quent i tous ; enfin la plupart , pour avqjr
«té plantés trop près , fe touchent , & leurs
rameaux alongcs s'entrâlaccnt : il s'agit de
.prefcrire des reglespour ces différentes clafles.
Une des plus c0entielles , efl: de confidérer
la nature des bourgeons qui ne doivent pas
être indifcrétçinent jettes à bas. Comme le
jpèchec eîl le plus difficile à .ébourgeoQoex 9 je
le ^refiuls pour exemple. Sesfruits , au fnremyÀ
palifTage furtont > n'étant pas fort gros \ tt
étant cachés -ibas les ÀtiiUès dpntils. emprunt
tent la couleur , tombent aifément^ fi on nVl
-ibin de tmW Ics-btandies «ço'on veut éfeôur-
-geonner, .afin d*épai^inrttoiis ies boargeot»
-chargés def êche^. Ufaut en omre ^ avant ^ttis
-d'en jetter âuciui àbas , lerpcéfénter en iplace ^
oti cdnnoitra>pat*4â s'ikeft éatm fon ordre dar-
turel » s'ilne iotcetapas oa s il n'éclatera poiac
<dti bas* •
J-ajante qfn'il e(l de conftqpetiœ dans cette
apératton de conferver fbigneirièment , non^
•Tedletwénclés feotlles «kûâSes à préferver liçs
HEruitis dès tajom brûlaos ^du féleil , tnais aofii
rtdutesiéssawrcis', tjaelcçTO parc qu'îles foient.
. • Gette pfbpdâtion iera tf k^tée de minttttepaf
xeux qt ignorent qttel peift^tre le aïiniftere
tdes'feoiHd&daoïsVordre delavégétatioA. GreW
{€h. FL 'p.:i%%S)'àit « que les parties les plus
^ groffit rèsnda-ftirdenseuraint dans les . fenittes,
^ il n'eritre dans 4e fruit qne les «plus pites 6c
>9 les pltts délicates»
Deux fesfiesde biahcKes doivent cite fup-
•primées dans les arbres lors de Tébôtirgeon-
nemesQC , d^*aho'^d celles qui font ftrégulîe^
res , ^fwondes , roVtues , chancreufes » ^om-
meufes , contre Tordre de k nature v mortes
•ou motirantes >-&on he'xfoit lipct que ft/r les
'. borgnes) enAiite les bourgeons^ farnanléfbtres ,
tjtioi^(ueilisaTidies fruébmifiis |>oUif l'anrrée fui*
iraaee pâ& ià^jgottrma&daâiUil^s» Àptts .avaic
|Od La PHATIQVB
fkit ciioix de ceax qtiî font le tnieax pha
on en rupprimera un entre- deox on même d
de fuite félon que la muraille eft plus ou
garnie*
Les mêmes règles doivent s^obrerver i
gârd des arbres en contr'efpaUer & en év(
tail I avec cette différence que let preoiîi
étant moins gènes que jceat d 'efpalier , on {
leur laiiîèr plus de bourgeons , & que les
conds qui préfentent un double parement ,
tnandettt à être éboiirgeonnéspàr-devanc o
me par-derriere. Les bui0bns qu*on évaide
feront dédommagés par la quantité de bc
Î;eons bien placés au pourtour qu on leur 1;
era: il faut pbs d intelligence pour lesébc
. geonner à propos que les autres arl>res« Ot
coupera à ceux eoptein vent tous les bcoirgeoM
maigres qui pouâfent par pelotons , Se on n'ea
laiiiera qu un ou deux bien placés. On leur rf
tranchera les poudès qui fe croifent & s^entrt*
lacent » ^ certains gourmands qui emporte^
roienttout Tarbre en appauvriffant leurs voh
fins. Elaguer peu à peu les bourgeons du hast
de la tige pour ne làififer que ceux qui doivent
former une belle tète , eft le moyen de n^avdr
que des arbres chargés de fruits nonsbreuSi
gros & exquis y & qui préfenteront un .coup
- d*œil charmant»
Un point capital de rébotfrgeonnemem , r^
lativement aux arbres enefpalier^ eft de ne
jamais abattre le bourgeon qui termine la braB*
^ €he> à moios qu'ilne tut mauqué, & que ceki
9V J'ARirilïAOJl. . |0t
dà deflbtts ne fut meilleur. A la taille on t%p«
proche, on relTerre , on concentre ; à l'ébour^^*
geonnement on ne peut donner trop d'exten^
Son aux arbres, quand ils pouflent vigoureufe*
ment > & que tous les milieux font garnis. Il
ie rencontre fouvent de groCes branches de
vieux boisjmortes depuis la taille du printems»
qa on ne (ait û on doit abattre ou laifler ; je
fenk que de forces incifions faites aux ^bres
en Juin 6c en Juillet leur font très préjudicia*
blés , & qu'elles doivent être remifes à Tannée
prochaine. Néanmoins on peut diminuer U
4litfbrmité.caufée par la préfeace de ces bran-
ches , en paliiTant deflus ou â cott des bour«
geons voiiins.
V Rien de plus ordinaire aux gourmands que
de produire i leur extrémité deux ou trois
branches : on ne laiilera que celle, qui fera le
fAus avantageufement placée , & on coupera
es deux autres. A l'égard des bourgeons que
la Nature place uniformément dans tous les
arbres pour fervir de mères- nourrices aux
fruits} loin de les fupprimer ou de les couper
A deux ou trois yeu^x , un bon ouvrier les cou*
liera le long d'une branche de vieux bois , ou
les retournera en anfe de panier fur le devant
0VL fur un côté j cette difformité ^ au refte , n * ^ft
que paflàgerej elle dirparoit lorfque le fruit
eft mûr , ou i la raille luivante. Les bourgeon^
^que la gomme ama pris ,- feront raccourci^ i^/n
iun ceil au^deflos du oui p afin qu'il$ en pQufr r^^^ ^^^^
Amt de Qoay^aiu
ptfî^ La KuA'^i.Qvi
• Point Marbres al ^*arbu(bs<|ubft lie
éboargeonner poux cp'iis prennent tme
régaliere. Les ceriâen ^ gaigniecs Si \3i^tt\
tiers y w exemple > tarit en eipaiier ^ <fM\
contr'eipaiter , reHèniblent &n5 i'éboorgÈoi
nenient à des hértffi>ns. Comme ils pouflèfli
différemment qu'un pécher & qu'un pommier^
ils doivent auffi être èboargeon^és d'uae aocif
manière, ils n'exigent pas non plus h, mem
précifion ni la même correâion* Leurs boutons
toujours gros ic nourris, parce <fxe kjurs ùtm
font par paquets fortant do même œii» U
qu'ils fbnr abondans en fève, ont beibin d'oi
plus grand nombre de branches qui leur fer<-
vent de réfervoirs & de meres-nourrices. Hf
|>bii(Ient moins dès branches à bois fealemeiit ,
4jue des branches â fruit.
Le cerifier feît auffi éclorre fiir le vieux boit
quantité de brindilles en devant qui font pré-
tieufes, 9C des branches fortes, fôuvont apla-
ties avec des cotes , 8c cannelées qui prenneor
beaucoup de fève : on ne çonfervèta ~cetks-d
qu'autant qu'elles feront en nombre égal àt
chaque côté. La figure qu'il dpit avoir eft ceib
4'un éventail régufter. Jamais fes bcancfaes^r'
pendiculaires ou demi^perpendiculaicec' ae
t'approprient tonte la fève , comme cellto au
pécher. S'il s'emporte du haut , quoiqu'il ié
dégarni (Te rarement An bas v'tâf^rocné à h
taille il pouffe a(îez aifôment. La 6sitçon<iele
travailler à l'ébourgeonnement , eft de lui ôter
jl^s rameaux trop noipbreux^ de kiifer tous ceai
D V J A K i> i N Â Ô H. jojr
fcofon peut paliffèr , quand même ils feroient
l^ôp dïus, 8c de conferver les lambourdes des
b&tes & celles qui four droites & courtes en*
Pevant} ces dernières donnent les plus beaui^
l^ults & les plus abondans. On les retranche
fenfuite lorfque de nouvelles lambourdes les
irenriplacent.
^.' Un ceriCer en efpalier au levant, bien
[ârelTé , ébourgeonné I propos , & palifle fui-
yant les règles , forfne un richç coup d'œil ,
furtout lorfqne paré de fes ftuits il étale fes
tameaux fouples , dont le feuillage d'un veid
brun & obfcUr y contrafte avec le bel incarnat
de (es fruits pendions négligemment au bouc
d'une queue alongée.
Les précoces font une clalTe fép^rée ; leur
bois eu: toujours plus fluet \ cep,ei;»dant bien
fouvemés , ils acquièrent une étendue fem-
lable à ceux d*uné conftitution plus robufte.
Il efl; fort commun d*en voir à Montreuil qui
ont trente pieds de face& au-delà.
Tous les arbres fruitiers qu on paliffe con-
tre Tufage ordii;iaire , demandent à être ébour-
gebnnés.Teleft le figuier que des particuliers ,
plus curieux de rexdellence du ftuit > oue 4^
la quantité placent en efpalier, C'eft celui qui
craint le plus la gêne , Se qui pouûe d'autant
plus ^ qu'on lui donne rtioiris TelTor. Pour l^i
faire prendre une forme régulière afin, do
raflujettir au treillage , on eft Ifbrcé de coupeç
quantité de rameaux placés par-derriête qui
empêchent les gros bois d'approcher du mut ^
}04 Xa P&ATfQUl
ainfî que ceux qui dardent de toutes parts
devant, d où il arrive que l^s faux-bourgi
fe multiplient à l'infini.
Le bois du figuier eft rempli d'une moëH
Ffpongieufe , & la fève eft laiteufe. Par la fa(|
redron de fes rameaux , on met la moelle t
air qui la detTéche , la pluie s'introduit tut
fuite dans les petites cellules que la Nature y
a pratiquées , & de-li s'enfuit la pourriture in-
térieure qai occafionne la mortalité de çe$
branches iucifées. Comme fes pores font fort
ouverts Sc (es conduits intérieurs très^dilatés»
il fe fait une extrayafion de cette fève laiteuff
qui flue jufqu à évacuation totale» Telle eft ^
raifon pour laquelle tout figuier qui n*eft pa$
empaillé l'hiver ou qui Teft mal , gelé aiféùnenr,
furtout s'il tombe de la neige » du givre & i^^
frimats 11 fait le plus fouvent éçlorr^ du bas
quantité de btanchettes creufes qui gèlent ea
hiver ou qui féchepr au printems , faute à
cdnfiftance fufHfante, fpit ppur fupporter le
frpid , (bit pour réiîfter au grand air du prier
tems*
Àinfî le régime du figuier fe réduit à ne 1(^
tourmenter aucunement, à lui 6ter feuiemea;
les bois morts , Se à appUqi^er i fes plaies Top-
guent df* S Fiacre , à rempailler amplemed
durant Thiver , & à le tirer de fa prifon versb
fin de Mars quand les dangers font paflSsr
L'cbourgeonnement fait de la manier^ dpot
|e Tai dit , influe tellement fur la fuite de l'o?^
yra^e ^ cju'oo eft fur de ne pas s y reprendre i
pI»ficWf
D0 Jardi.hagk. lOf
^ofieurs fois ; oh , n V pTus q^u uhe^tunple rc*
Kêrche à faite de rèm$ en tèms, ^Les arbre*
iktit eu le loifîr de jeirer îcut fea , deviennent
lus fages, (ans Me épuifés /altérés , ni façi*
tués. . -. .
^M— — — — wpi*i|» Mil l .-i »i II < H m^m^fÊmmtÊÊÊa^
■ * ■ < I . ,1.- ^
CHAPITRE V L
Dk Palifagc
/A R T du palîïFage coniîfte à attacfcèr d***
hord au treillage le côté le plus difficile , puî«
Î^âfler à l'autre, & finir par le devant & le mi*
ieii. Il n'eft pas 'dans Ibtdre de la -Nature^
TToujours elle porre en avant, fes rimeàux pôut
fmvte la direftion & l'imoreffion de laio Tou»
-|ôarsies bourgeons attaches & arrêtés s'écar*
"xént du qriur pat kur extrémité.
^ On diftingue deux-fortes de palitfages , 1 tin
"tRiiver & l'autre d'été/ Tous deux confidérés ,
'4^uant au fond à à la; forme ^onr égalcmehc
pour ob|et l'utilité & Pavantage dé l'arbre ; I9
- àerniet fe pr opofe dej>lus de former un i:oup
â'œrl rfculiet. Toits deux tetident à kii donner
rlus d^itendue , i f?îre naître l'^àbôndànce ,
tccélérer la maturité du fruit , & à lui f>ro-
jcuret, avec un xoloris charttiaiit^ jine faveur
' doûçe & un parfum exauis»
De la façon dont on a traité jufqu^ici les
ait1>res, eb eipatter y ^ui jie parviennent jamais
^otf ^ La PjbiÂtiqvh
^g^qir ,1è$ WraUles.» ^ âifé <^ ço|î
ipevoîjr.qaè le palidagç çoncnb^é a leur ^ioç'^
^iis 4'et9pdue, Oja croiroit que ce feroit j^y
toc l'office de la taille: Rien cependant h' .
plus vrai. Par la taille & rébourgeonnemem|
on ote aux arbres d eipalier toutes lès brancfaît
tant de devant. que aeder4ere* Parmi celb'
qu'on* lailOfe pour être dreflëes en évehrail» ily
en a au moins la ^çitiç qu'ofi fupprime au
différens ébourgeon/iemens. Cette fupptef-
fion peut être eftimée la croifieme partie éfi
J|çiv:s oiefi^es. J^oigxie2;,]^core,â çc^ pro#
•^jieiux jrçfi^qqbem^s^ij^ ^çfë>;#^- Ifeftrcmîîj
j^ leurs rameaux ^jfL'eft ,impoffi{%qu^^^
, W^nt., Je âis sçtas ;, iljs ,i&iroo^ >p m
Xie remS|,îSç la ftcruitc^<^'aiU$ufs,en..fjçraJe
.p^tjtage. jSi ,dpnc au j- i[i^ ^^ jcabrîçîî 44-
^charger ,& de Jeur j.ta^rè j^poaÇlex /tfçt.i»
bourgeons enpui^ ^çrt^.^jof^'laifl^ft^.jt^^^
ram.eaux:|>l.t^. d' é^endi^e. ^f^t^ d[^ Aopgu^dt)
ils pr^iidrçiept l>^cy ^,&^
Supie .de> <^ .qu^iU d^.iyxçnt Wè^^V^^B^
Alyk fortifiefoiençt * le^ç.^urJ5e-fèrQÏtJ?fc
4Q«g»»«2Ç»i%e Mfts Jfeuf QîçfiVîPaj;. ^écej^i
:leiSi r^ijaeajux^ dg 4çvagt.&.,/fe |ternjere>.j^
DQ^r, Jes, dédommager .lç?j^^îejr ^ujfff jfit
hs, côtésj^^ cfçr^rej.,, iu^y^jif jj^tqrU d« ^^
bres , les branche!^ i^9^^.^?ï^^^^^^
parce que tous les JaVdmxers dfecbarg^
tk^fit dé t6tit<t le |fbs bit 'Us pctsv ent : en fei-
Eûîft uïkge dfc Itvtt ïttiîbn, ils ftnttreîçnt qtr'^l
ikut^^àè ié% àtbrès (okrft AétHes on qn'iS?
périiïent ,. lorfquon ote à la fève fon jeti ,
IfeS ¥fei^eiis & fes pàfmes organiques. ^S'ils
^^ ^Idfrgècfertt pKjpbtitfonnJêtitent à teUr^ porifi
*-s , *6h v'arrofitT^tehiiattce feccédôr à la dS*
fttte^ at 'des efoîaarprs 'vaftfcs , €retïdas\, .fû*
i^afbès , faire rfifpàtdîtte Wte (Jtfi , tjùôf^à^
btèh f/^ccsHBc-bi^n*g4vht^ d'arbres., fom i-ii»
-tttodiqote ^^port, ^ -
^ne^es iUgltS *fqtaâattiiîtitales chi ^îiffagt
^ëft a^ateri^r ttilites les %mhicbas ctes è*ttfé*
ttiitcs , tant c^leîs ^Aescèéés que-dfe ïace. ^3)a
i^à Wobjfeâtet qtrë tettfeHrtéthode'fdra tétein-
'iâte%s;yètix du bas , -& que *tes aifbres'ri'w*
'Érorfc plais 'de vetdiitfe qu^aû tfôiit de leurs
BiisiniAes. Si Cela fé t^otrds qijVumnt ipiim
^bfle ikrdiÊ(iér*efrptDdigàè , qaatità IMlob-
igî^ttièiït tte?s feôurgebtîs^Ùa potifffe i autant .^ft-
^^téfttvS â la taille, -ëîfc^eptJé , â'i^td de?
lSft!hl(!bè$ 3e c&të^'fe occupé de rapprocher
& ^è Vdrtcetifref . ^L^rgftoTânt au içoritràir^
Atixi^ li h tiHlé i^ braiîdtes ^ ^frliit , &
, rietit jdèfcichii't tfetots les atttfres. ^ïiofs les
»J>rtiiii)èï'ès ^n'brit prfs tfe'qiK>r/f<xatrfir /& les
ia*ti*és'^otjflrem avec^vélt^ ^ieii n*eft
'pltis i^rdpre à rendire 'l^atbce ^leb , que 'de
falfferi lafèiKe fesurafés-^^fes i^c^ensçout
«'y pottér » ^en ôbfetVâiït â^lengerpat |>tc»
iiSttocc^teîJ tn?*fl^bÇs auilonriiïns le bas d^
joS La Pratiqxjs
yeux francs. S'il arrivoic qu ils fuflenc écein&0
comme le pèchec ne repouiTe point commor ■
némenc » il y a un moyen pour les faire q^
vivre } favoir , de greffer â la pouffe for cm
branches.
La pliifage contribue à une plus protnpie
maturité du fruit y à fon goût & à fon ccho-
ris. Par fon moyen , l'arbre & le fruit oac^
également jparr aux bienfaits de Tair qui sis*
. imue par û$ pores ^ rhumeâe y le rafraîchie,
lui porte la rofée durant la nuit & lui vecfe,
le jour » des pluies fécondes. Dans les larbr»
« de rige 6c en buitfon Tair circule Se pénétre
de toutes parts , aurlieu que contre la ma<
. raille il na ni jeu ^ ni aâion.
Le palifTage fi utile pour tous les arbres a
pour le pécher des avantages particuliers. Nui
ne forme un plus riche tapis verd , & dc
fait un plus beaucoup d œil qu'un pécher bien
palifle , fes branches flexibles & dociles à nos
volonrés y femblept collées fur la muraille &
incorporées avec elle. Dans les autres arbres
nombre de branches pointent fur le devant,
. & y font des éminences ; comme elles font
la bafe du fruit, on ne peut les fupprimer:
mais au pêcher nulle branche faillante , nul
rameau indocile ; excepté les maître Ues bran*
ches , fa fuperficie ne doit point avoir plus
d'un pouce çépaifTeur. La beauté de fon feuil-
lage toujours d'un verd naitfant , le coloris
& le velouté de fes fruits, le font admettre
dans les jardins tes plus K^uliers ^ pour y
^i
x)t7 Jai^dikaoe. 309
^i:iret pompeafemenc avec les âears tares
$£ précieufes.
^- Quelle riche paliiTade qu'un efpalier d*ar-
tbres donc les bcanches font diftribuées d'une
hnaniete taifonnée Se bien entendue , où Tin*
telUgence a ptéddé pour donner à une de leur^
parties plus ou moinjs d'étendue , pour avan*
c«r ou reculer les bourgeons , & dont le vui-*
'^e , la confufion & ta difformité font ban-*
nies ! Les PL XIII Se XI F. en offrent des mo-
dèles. Dans celle-ci , les branches A font fort,
preflees , mais à la taille on peut les éclaitcir*
jLe vuide B fe remplira à melure que les bour-
rïOï\$ s'alongeront.Ceux dé la lettre C s'élèvent
la hauteur duchaperon \ loin de les rogner^ on
les a coulés de côté en les couchant.La branche*
mère D c& plus forte que fa paralèlie, cette
dernière , parcequ'elie a. porté deux membres
a pouffé moins vigoureufement : on les ren*
dra égales en chargeant beaucoup la forte Se
fbulageant la foible. E deux membres dont
le fnpérieur eft plus fort que l'autre. Ce pé-
cher âgé de fepc ans eft greffé fur amandier ^
Se a été planté par TAuteur dans le petit po-
tager de M. rÀbbé de Malherbe à Livry. Il
a feize pieds d'étendue fur onze de haut.
Pour que le paliflTage foit dans les règles y
il faut, pour ainfi dire , qu'on puiÏÏe apper-
cevoir du premier coup d'oeil la généalogie
de chaque branche , & faifir ce bel enfemole
où les parties fe rapportent au tout. J'ai dit
ra parlant de la diftribution des branches p
ViiJ
raçon quô chacuûe formâc aur^Pt 4f f^îii^>
év^niails qa'il y a d^ caeinbies 4^1^^ Têffeçe*;^
Suivant h méthode oM^mm j il n'^tt IfrrîWk'
qu'un » en prenant U figure 4'ttn âemir^fÛMS*
où routes les branches p4i:teB( 4^ ni^iir>
<:0a\me autant i^ wyoni q»i vont 4a MW»
à k circonférence. Rion a'ômpfcgb? qp^ çê
qui ^ qté.ptarit]ué jufqii^ci d^ns U iQ^Ulc 4fl
l'ârbr« ne foir répété dans chacune 4p ff^
^ parties i & que de tcme^ ^n parrioilier c^
ne fa0e fin périt , cô quVn A fm en ^mà
dans (haq<»e arbre. Ces fubdii^iiions qui c^^m-
^feni un tottt fi parfait , outre qtt'elif $ fa-
tisfgi!!! pleinement les )?ei«c., déàommtgmt
par leur avantage Se leur ptiâdaif 4u >cjjty^.
qa'ielie^ oci:afio0neiif.
Je vaif pbs ioîa 5 & j^ piîjtf qés qu'il
faaf nnoicis de rems pour diriger ^ {u)itft?r
tm arbre f&lon ma méthode » ^ue êii^yanc
î-mtciestarte. GauiRemé > conina^ |e l'Wife^^ ,
taht ftour la taille que pom rébourgeonne;*
ipent f |e dinainue Tnae Se laur^re. vu ie^
ûcc^ctpe k flaoe de trahis , il eft évadant
qiû'en y employinr les mêmes miun^s , on
ne peut pas dire que lafomnse du tengis que
le travail exige fok auigmentée*
iè t^re tes branches- n;)eres par le^r j&Kttéf
tBité lant que |e puis iôs écendre ^ ainfi que*
les boutgeons qui en naifTent ^ & Ujs nàern-»
bxes qiii croifl^nt pec|!fcendiculaJtdmeni: d)9<
diitenee eh ^ifli^n^^ ûir^ces hrauflhe^,- mer^
publiques. Enfin » je tire également fur le mi-*
$gUtvi\ en aldngeamà^drcncê'& 'à* gauche' cha-»
.«ke bourgeon ) & c^eft ainfi que |e fbrme àa«
».^Ltic de petits éventails pàhituLiérs dé'xrlracune
^^$ branches*' Les obliques qui ont poùë^ ties
^ur jarnbés de ititm V '^^^^ paliflïés^ avec
l^ciirs faux - bourgeons \ Oc Tervcnt • à garnir
• le rnur: "Je dinttnué la mëtoe^bpcràtîbn d'aii-
■ née en année > & ce travail commencé âe
j l^nne" heure devient par là fufi té ^fl'unc ex*
, trènîe facilité. On' ne leréitérfe qu'amant dé
, fois au^ilfè préfente des bouTjgéonçi- arrêter ,
: è, rnelurè ^u*ifi 'pouOfent de tiouveau & qû*ils
! s*âlbngent. • ■ '■ -'■''•'' •" :-■' '^ :• ^ •*^' ' . .-:
î Le palifTage a la loque l'emporte fur les
\ autrW'fkçôhs d^étenAte les brâircKes , ^& les
bourgeons dès ai;brtV, tant dexeiix qui doh*
^ Àeiit' des fhiîti' dé primeur j qcie ■ du pè-
j èher. Comme cet- arbre délicat left fouvènc
j frappé de la clôguè; plus fes' tatçeaux font
rapprochés du mur, moins il* efl; itijet i être
prîs par les ttiauvais vents. Ses boutons étant
comnie collés fur là' muraille V s'^lo^^gent
pîiïs 'promptémehtj '& ^es fleurs sToUvrent
auffi plutôt qu'au . paliflTage fur 'Te treillage*
XJnt dW'ràifons pour ïefquellesle pê<ïhèr réu(*
ïît mieux à î^orit'reuîl que par ^tôut ailleurs.^
è*cft parce qu'on y attktlie fes * brant^hes fut
lé mur mêlée t lé fruit y reçoit -^ftnmédii-
teniônt la réverbéràtiori des raVéins'yirfolêil»
ïl'^oit auffi' avôîV plus dégoût , parce que h
^cuiiTon &'la dïgeftiôn dés fiics s^én* fait infi-
L
$tx La PiiATiQtJt.
Himent ttiieux que dans ceux qui eti ta
éloignés d*un ou de deux pouces fur un Util.
lage carré. La Nature mas montre des ex*"
ceptions quant à ce point , dans labricotier &î
dans le prunier. L'un & l'autre n ont point de
goût & fort peu de couleur en efpaliet » ed
tdmparaifon de ce qu'ils en ont en pleiol
Vent. L
Il qA maintenant queftion de favoir en quoi;]
le paiilTage a la loque eft utile à larbre. Je fe^l
tai obligé d'entrer à ce fujet dans quelques dc-»i
Uils, peut^tre minucieux , mais nécefTaireal
poiir répondre â\ix difficultés faites par les ad^'l
verfaires de ce paliflage.' L ofier appuyant fuH
Técorce^ puis venant àfécher, fait pat rap-^l
port aux parties mufculeufes dçs arbres ce quel
fait une lisature fur nos membres auxquels elle
calife uti ierrement j qui empêche |ufqu a un
cettain point la circulation des efprits^La Jeune
branche venant à groflir , l'ofier qui entre danj
ion écorce, la coupe^ & il s*y forme deux bour«
telets. De-lâ naît un chancre » & fi c'eft un ar-
bre de fruit à noyau y la gomme s'y met né-*
cefTairement.
Quant aux bourgeons qui font tendres, doftf
la peau e(l fort mince y & ^ui font remplis de
fève I le jonc , furtout celui de Marfeille j^ que
j*exGlus du palilTage , parce qq*il coupe l'écor-
ce j & émouffe les ferpettes , forme toujours ,
lorsqu'on fait la ligature, un petit enfo^ce-
.. tnent dans la furpeau, lequel devient contufiofl
lorfque le bourgeon groiTit. La taifon pogr
biquette tes MomreuiUois bannifTeht toute il-
bature pour dreflet & palifler leurs atbreS , eft
la même que cïelle qui àutorife les OrientâU]^
I retrancher de leur habillement ce qui peut 5
Ibn ferrant le$ membres de leur corps, troublef
la circulation du fartg oU eu arrêter lé cour^*
Ils fe contentent de ceintures femblables i ceU
les de nos gens qui courent h pofte , pour em-
pêcher feulement leurs hardes de flotter autour
«i'eux. La loque qui eft douce , & qui d'ailleurs
ne preffe ni les branches ni les bourgeons , h*à
point les inconvcniens du jonc.
Ceux qui ne font pas habitués à la loque 5
ne peuvent fe perfuader qu'elle foit ptotiipte
Se facile. Que Ion compare le tems de tiret
un ofief & un jonc de fâ poignée ; celui dé'
palTer Tuo ou Tautre derrière le treillage & le-
bourgeon > de les tordre ensuite deux ou trôîi
fois & de les couper ; que Ton le compare ,
dis-je, à ladion de prendre une loque dans fà
trouÛfe , de la plier fur la branche ou fur le
bourgeon , & de chafler le clou> & oti dédidetâ
lequel des deux paliflages doit lempotter fur
Fautrc. Aune longue branche oH met cinq à fix
joncs au-lieu qu'à la loque un ou deux clous
faffifent, & quand le bourgeon s'alonge &
prend fon pU par en-bas , il fuffit de faire une
petite pefée pour lever le clou avec k tête du:
marteau , & le repôfet plus haut.
Un avantage de la loque qui décide de fa
prééminence fur le paliflage au jonc^c'eft qu'elle
You^fotce» pout âiûû dite ^ de ne placer quer
les boprgepns néçedaire^ j & de filpgtuttet.
\^s autres » parce que ii ïiiuraiil^, âne rois gar-^
nie , ne voi^s pçirmet pas d en etnplojrer de ïur*
numéraires s dont les Feuilles mifes les unes
fur lès autres , cauferoienc une cbnfulïon rc-*
VoUahce. De plus» lorfque la lo^ue eft bien
travaillée , quelque vent > quélqû*ouragant qui
furvîehne , il n y a nî brancÈés détachées , ni
bourgeons caflçs' ou ofFénfés. ' * '
Si ce paliifage > me dira-t^ti » eft le ptos
ayaiptâgeux , au moins p*efl:-îrpks le plus hon-^
rièteJ J en conviens pôiir le tems de Vhi vet &
du printems ; les içampàgnés font raretfient hâ*
pi^Wiç^ns ._^_._
'éjî'qiixirs occafigiinés par* un mauvais régime.
i|J^ fî li' f;^çqn de bien conduire les arbres
PpW gf^r.^F ep pep de téms les muridlfds , aVoit
liçu , je penie que le' treillage ne ferbit rien
lÎLoin^ qu^ nccéipraire. Quaiit au cbilp d*œîl
mipp.frpuyp peu décent ,11 ne s*agit que de
fi,y ^ççquturner. Néanmoins jyçcprde^àï par
^^ger^ , fruitiq.rs 8f vergers.
Je ne dirai rien <ie i*ufagequfonrduel<]|ue$
JJ^dipi.ers ^e shiafler un clou dans la muraijlei
^ d a,i;tacher.cj|iaque bourgépri'derfus tK' rouille
4 biei3i;Qt gagné récôrce de la branché ^^' du
r ""
iIWHHg%o%j la gogjHig futvient, epfiûcQ v^^.
La 4ç9Q fip fkçp^ les ^PJjrgpqns iiç yatif|
dlflB fiç fa^î p]i$ ,ai»»^aurgpq|^? , 4 ?»? Us point
■ C^Çfï »i çontoqrQiÇj:, fiç que Torigine & la
^pperçjie ^ ,€^ if s /çoti^^^F^f 4çp!î^5 leqr çip-
pateitietic jufqu'à leur extrémité. Jl faut cjae
i 1^$ bra^c^ Unj^pt toutes pWçéef 4^s uti pt*
dsfi df pixj^ttipû , éf: efpi^c^es^ upe forte a Cr
g^Ujt^j de fa^û qq^ tQUS Les ypides îpienç
t:^im>li$ f^nç pp^ifu^on ^ & qu'aucune branchie
i^e fuLffh le mciifi 9> IV^^e de panier , excepfjc
: ^ji^ l^s c^$ q^ç i §i indiqiji^s.
Ç«ji^ (^ paij^n^ ?u loac auf oiu loîn dp Oft
! lîpiiijt /appsiô^^ ferme fpr (e^ bourgeo^is e,nïe
IHT^^im: i^n , ^Iç VeîfyxCerpifint i .coiURex qu 4
f J9XaiE^r îeiiç ^prce. Us à^yet;it auài ne placer
Lpkt iig'iiqfiB q9f .4»^ r^n,igrvalle d'^jp çéîl !à
un autre » ^ jiamai^ fur ,un oeil , iUr jLe n%u$ »
ftijur i^ feWriie. ^
Qvian4 il ei(l q}i£;ilion d'atteindre à utie in^He
4» jcreiilag?, ,6c que le bqnrgepn ,ep: ery-pré
trop jeune pour être palifle par |e petit,pp^t ,
il Mïiijt inijB^x <|e lajtflèr inçUné , que 4'?/f^yer
^e |e palifïir. JLpf fq^ il vient à grandir il ^
UH^MP i ;^ fil >p*(BÛ: plus p9ffiW^ .4^ ^i IftK.^
prepidre eqf|iiee une autre foçme. Il eddes ca$
pu poM^ (remplir qo^lq^e yui4e;& donner pfi
jïi? La PiiAtîQûË
que trop court , en lui mettant une atôt^ge
avec du jonc •, alonge placée d'une façon aifce
vers fon milieu , dont on attache rextrémité en
forçant médiocrement , à caufe que le jonc
prête quand il feche* Oti doit encore veiller â
ce que le bourgeon ne fe fourre point derrière
le treillage , d*où il eft difficile de le retirer ,
fîirtout quand on l'a laifTé grandir & roidir. Au
palilTage à la loque , on eft difpenfé de ces
précautions.
J'ai parlé de rutilitc de$ feuilles & de leur
Confervation lors du paliflage. Souvent Té-
chelie dont on fe fert les fait tomber y cafle
les bourgeons , & détache les fruits. On a cou-
tume de chercher un vuide au mur pour Vy
pofer entre deux bourgeons,& enfuite de pefet
dedus , afin que le pied entre dans' la terre*
Cependant le poids du corps du JatVlinier la
fait pencher i droite ou à gauche » & le haut
qui defcend endommage les fruits , les feuilles
& les bourgeons. Si pour éviter ces inconvé^
niens , on prend une échelle qui monte jafque
fur le chaperon , il faut lui donner du pieds
l'ouvrier trop éloigné de fon ouvrage , travaille
alors mal à laife, ôc avance peu en fe donnant
beaucoup de peine.
L'échelle la plus commode a > par le haut ,
deux chevilles de bois de la longueur de fix
pouces, placées à trois pouces de l'extrémité de
fes montans. Chaque pied eft encaftré dans une
boule de fix pouces , afin que l'emboîtute eft
ait au moins trois en carré. U eft à propos qae
^e bas de Téchelle roiç un peu plus large que
' le haut pour lui donner plus d ailiecce. Je me
_£uis toujours fervi , tant pour paliffer , qu^
pour cueillir mes fruits de marche-pieds de
<leux pieds de haut : par leur moyen le Jardi*
niera fon aife , n'ayant poinr 1 ouvrage trop
près de lui ni trop loin, comme à Icchelle ,
travaille mieux & plus vice. On fait ces mar^
che-pieds légers , ^ on emboîte les montan»
dans un bout de coulifle , afin qu'ils ne puif-
fenc entrer en terre.
On a expliqué dans le Dictionnaire ce que
c*eft que Taâion de croifer , & on a dit qa elle
étoit vicieufe. Voici quelques occàfions où èlte
' cefle de l'être.
Une.groffe branche de vieux bois eft hors
d'état de fervir j je me propofe de la r écépei:
l'année fuivante. Si je l'abats préfehcèmenr ,
elle occafionnerà un trop grand vuide. Je la
■ laifle donc , mais je fais pafler deflUs un bout*
géon voifin deftiné.à la remplacer.
Je fuis obligé d abattre fur un arbre beau-
coup de branches femblables à la précédente j
Se pour ne. pas multiplier les plaies , j'en re-
mers une partie à l'aniiée prochaine. Je me- ,
nage alors plufieurs bourgeons ou des gour-
mands capables de remplir le viiide qd elles
feront. Si je les paliflTe fui vant les règles , ils au-^
ront pris un pli tout différent de celui qu'il fauc
qu'ils prennent j 9c lorfque je voudrai les ame-
ner , je courrai rifque de les forcer ou de les
cafler. Lors de la poulie , Se quand ils fohc
n
\\^ La pRATiQtri
cl'6'ciïes;, le les pafli en travers, fôît paf-cîëflàs,
loit pr-derriécè ces branches U IreériâftAér.
)e irùppôfe ^*ue j aye Aômb're ëè bi^aticKis
'chargées de fruits; I année fuiVanté elles 5è-
manaeront à ctre tèmplàcc'es par leWrs ^dîiSnes
qui font 'féconaé's. ïe n*ài poln^t if e^Qiàce & je
lie puis m'en procûirfer : je pàliffè alors en coû-
lant qùelques-iTnes âe c'es brancfees , pour lés
dïfpofer a prendre dans teut 'terfts la 'plsicQ de
celks-lâ.
Les termes de fourrer > 'forcer !& 'contour-
ner , ayant ete expliques » tê lié répéterai point
ce qui en a ete dit ; je me contenterai 'd mai*
^qiier qùelqiië'slcas'cfu ces opérations màiiVaîfes
cauTe dejfa àiff^^^^ j'Ôïe'toUtrelpoîr âe
itioh arbre , fi je le tiré de 'côte , 5ù que fe le
couk le long de Jabifàriché^ Il fait un maii-
7 vais eifçt. Je laîlïe dbnoxroîere ce feourfeeon
lurqul la longueur Hè l^x pouces. Alors j*a|>-
Î' juie légèrement' vers ' l*ehdroit où il a pï is hâif-
ance , oc je lei'ihçirne-uh peli en^eiîarit aVeç
du coton U la gf otTe jbrarichè. tjfaerqùes jours
apfcs'je Iç^'fais àpprbçHéruh peu phis, (Scje'le
ji'eflefrejtifqu^à <;equ irait pHs'uh bon pli.'Si
rarihée fïïivarite rabatVra^grofle'brartchfe , fe*la
]tcie en tiec <Je flûte pr?s oe ce 'bourgeon , qui
i prdinaif e éft ^n''g6urman4.
*Ijô'r(qU^én paliuant Vo»a'*dccoùveft céftâtas
BU 7ARDIKA6S. JI^
£r uics qui demanderoient encore à être cachés »
on tire par-de(rus une peutê branche véifine
^'our le$ couvrir. Cette difFormité palTagere
xi*eft-elle pas prcféràbîe à ïéur perle ?
Des arbres font plantés trop près ^ on ne fait
cotnmentlespalifTer.J ote dans ce cas uû arbre
entre deux , ou j'en ébotce un , j'examine audi
les plus vigojireux que jalonge, tandis que je
«èns de court leurs voifins, & je •|>réfere deùk
<]ui ont les bpùj'^eôns les plus francs à ceux
qui le font moins , & que je décharge am«
plement. _ _ _: „ ^
Le paliflTage étant achevé^ pn^ne doit pas
manquer de donner aux aii)rés tin la{)&ùï bÉ^er.
Sa neceffité eft fondée \ i^. fur ce qu'en pa-
UflTant on a battu la terre à leur pied , qui ne
peut plu? çtre pénét'réefd^s raybris Uu Ipteil,
ni humeâée de la pluie* z^. Sur ce que les
plains g]fant jufquâ un certain point occafion-»
ne une diflîpatiôn de fève & troùtlé foh cours ,
le labour en développaiit les fucs de la terre j
les met en inouvement, pour les faire pafTër
>ruVpfoiiptfeihênt'aans j*es pSlrtîés ' fîfe ràrbre.
liéft-encore^ntHey^otirlui la 'facilité
'de, ifecouvtir'Wuèës fes plaieis , d'y rép'àndt^e
'iine <MMitmM, fôrtoùt àp^èslés ÎW-
I
^1« La PRA.TlQWi
LE PECHER
JEx les autres Arbres confîdérés dans
leur vicilleflè. -—
QUATRIEME PARTIE,
, CHAPITRE PREMIER.
Des moyens de renouveller les vieux
Pêchers,
XjE tems où le pêcher approche'de la vieil*
IçflTe n'eft pas aifç i décerminçr. S'il a peu
de beaux jours , il ne faut r.attribuer qu'au
.mauvais régime de ceux oui le cultivent. Bien
conduit, il nefl: jamais vieux dans un fens ,
?|uelque nombreufes que foient fes années j la
écondité , la vigueur & la fancé continuent
d*être fon partage.
Je diftingue deux fortes de pêchers' vieux ;
f çux (jui ont 4té bien gouvernés depuis leur
jeunefle ,
leuneflè., jttfqtt'au tedis où ils tibmÉhéBceoc i :
&crâ£ir le retour v & ceux qiîi l'onk ^ ma^l.
Gotnine les pêchers de là première chm /oc^ .
ment le plus petit nonii)re , |e ^sjogaiemenc
les enviuger foar ce tlemier rapport ), ;& hxçj
prefcrire à leur.éga£d.qa'ud grand ttié^age^
ment, ôcxtrie panie^ de ce que }je vais Bippli^i
<|uer aux àmre^.LesTio^s d'cirîiginé & les vicefc.
accidentels pccafionnent donc les diverfes mar
ladies des pèchefis dadslepr vleillddèi Lesf Inkr
<»:dinaires font d*êcte épuifcs & riiinés ^d'èrre -
nangés de gomme & de chancres » d'avoir Té^
corce deflcdhce , d'ctpe dévoras par la gale ôCj
par la moudè qui entrent dans leur ^urpeau }
enfin de n avoir pic» qu'on r^fte de vie que leur
coinmunique un peu d'écorce veti^e encore ».
4ans la partie feulement qui répond à la mu^
saille.
Ce ne font plus ces branches vigoureafes »
ces gourmands nourris & nuiltipliis , ces beaux*
fets furchargés de bornons > ces^rameat^x «er**
dôyâns , & ce tonffu: deibourigecms pu^lalans^
de tous c&rés» ils fènt'réoîplafltéB ipor des .jets.
chétiÊs y des ^eiix ijontdueibent i Aent' faq^
prenan^abeun botitoài â ;0ois.v & r:^uantité de
£aiÈr4dois^oo d'avqrtbnsx lies 'icaiosmen^'âc les
fetneBer c||ie * |e «àis; iprefcHceipoair iedt ^gûé^
iîfon>Àdntrîboeranptt à |es^j>idp£<iatiipei.i i h :^ . ^
Avant qaei d*èn(rer en matière i, je^ni) puitf
^*appUf|dif à rufâ:gdipcefqiie i^iverfel , de
^la>Étec iln jeune arbre lenere deux ivféiix qu'oQ
«ajgar^Qtke% > juiqa'àccé'qa'iik
Jtt La PRA:T'lQ4rE
devienne aflez fort pour les remplacer.
. Je fuppofe préfencemenc un pécher ancien
2 ni ât encore de la reflburce j quoique privé
e fes gourmands , chargé de branches perpen*
diculaires au tronc & à la tige ^ emporté du
haut ».& dégarni du bas Se dés côtés. On peut
râ>ottet V c'eft-à-dire , ne lui laider que les
{dius grotTes branches qul'on taille très- court;
c*eft un trifte expédient^ après lequeL il n eft
plus bon qu'i brûler , s'il ne fe remet pas ; le
ravalement & le rapprochement font deux
moyens plu$ propres a le rétablir. La première
opération n'eft que trop pratiquée par les Jar-
diniers* Elle confifte.à récéper tout le vieux
bois d*UD arbre , à deflèin de le rajeunir en lui
fifiifant poutTer denouveaux jets. Le rapproche-
ment êft la fuppreffion. de quelques grofles
branches , jointe au raccourciffement des au**
tjres ùxï celles du bas qui font les plus vives.
Le goût ôc le. difcernément nécetlaires pour
faire tourner ces:>opéramns au profit: de i'ar*r
>>re, y 'pf éfident bienirarementi Faut-il rgvaler ?
on abas tout^rarbre jurque:rur la greffe ou. fur
deujt ou mois groâès^branches à ux pouces de
longuénr.'^chadln^. S'agit-sl de rapprocher ? ob
le réèépe entièrement furierjeune bois^ ou âir
la foucnevce qui s'appelle :éttonçoimer« Il ar*
rive de-Ujque Carbrer4^^^uveilt a Técorce.
fon^dure; ne peut pouf&vdé. bourgeons &
meurt 'y ou que la' mult^cité:.de& |Miies lui
cau£p unstel cpui^emeoc^ '4^éyenté il ne;£aiê
^^^ desipwfl^ maigres t-'ifc^<|Sie les^oflei
©y Jai^qimage. j* I
br*nche$ brufcjueipçnp rapproçhéçj ?nçure;)f
en partie..
Si on m'çbjefte l'exemple 4^5 arbres 4^^
forets cjui ♦ étant coupés par le pied ^ fon{
éclorre de leur tronc dé nouveaux jets qui pei>
i:ent immçdiatein^nr dç récorce,, & seleyenf
prodigie^fement ; )e répondrai que le prpnç
iccaqt cpn.tinuelleinent imbibé en tçrre de l'huT
mîdité qui y iréfide , (on éçorce çft beaucoup
plus aifçe à s'ouvrir pour la fortie d§ ce$ jets j
.aiu-lieu que Técôrce ecailleufe de ce^jr oui fpn|
favaléç fur le gros bois , frappée die l air ,^
dès- lors plus icompaâte, plus dure & nioin$
poreufe que celle du trône /ne peut être quf
4ifficilçuient percée par Téruptiop de la fèyç,
pe plus , la coupe de ces vieux bpisét^nt ç;k-
pofé^ au foleil , aux pluies , & au? divçrfef
),ptempéj:ies de Tair ne peut fe guérir , jk tanr
4is que dans les arbtes vigoureux,, lebourrelei
cicatrifant cotnmencç à fe faire , la partie Ji-
gneufç & la mpclle s'attendriflrènt, s'excorienç»
^ rhutiîidipé les lîîiue peu à jpejx- Quoiqu'il
arrive auffi à de vieilles fouchës coupées aan^
jes bois de fe convertir en ppuffipre , l'arbre ne
périt pas ; fes rejêttons fortant du tronc pour
fa plupart, prennent raein^ en tetrè, & font
j^n état de fubfiftet par eux n^èmes.
La délicateffe du pêcher exige que le ravale-
Bjent Se le rapprochement ne (e fafTept que par
partie 8f en ttois ou quatre année?. Alprs 9^
4onne le tems i chaque plaie de fe çicârrifer ^
& h fèvs û'ctanî pi éventée ni évaporé^ , (i^t^
Xi;
3^4 La Pratique
fie , tant pour produire de nouveau bois , que
pour former le bourrelet eflentiel au *recou-
vrement de ces ouvertures fucceffives.
La première année » je ravale trois grolles
branches , une dans le milieu » & une à chaque
côté la féconde & la troifieme \ je double &
triple ce retranchement (i Tarbre eft confidé«-
table. Les bourgeons qui naiflTent font cocn*
munément des gourmands. Je les laifTe pouf-
fer de toute leur longueur, en fupprimant
feulement les faux- bourgeons de devant Se da
derrière , & confervant précieufement ceux
des côtés pour amufer la fève. La féconde an-
née , je taille fort long ces pouflTes merveitleu*
fes j & les faux-bourgeons des côtés me don-
nent des fruits qui, à la troifieme, font plus
abondans encore fur les branches-crochets>nées
immédiatement des yeux de ,tous ces gour-
mands.
On diftineue deux fortes de rapprochement :
Tun fe fait wr le vieux bois des années' précé-
dentes , l'autre fur. les bourgeons de la der-
nière ppuÏÏe. Tous deux s'exécutent au prin-
tems a la taille , mai$ différemment félon la
nature des branches ^ £c. l'état aéfcuel de l'arbre,
en rapprochant celles diii choquent davantage
par leur dépouillement; & leur épuifement. S'il
faut les ravaler ^ & qu'il n'y ait point de pouf-
fes dans le bas, on a b|çntôt pris fon parti :
mais fi dans le bas de çè$ branches épuifées on
trouve quelque bon }>qi^ , on coupe^ au-dèffbs
Se on le. rapproche à deux ou i trois branches.
DU Jardikagb. JXj
Si on n'en laifToit qu'une & qu elle vînt à man-
Î|uer , on n*auroic plus de' tefTourcë , l'arbre
eroit dégarni. Je taille à deux ou trois yeux
ces branches de la poufTe précédente. Lotfqull
eft queftion de rébourgeonnement , je rappro-
che iur le bourgeon d'en-bas ^ & Tannée fui-
van te , j'alonge ou je tién$ de court i propor-
tion de la vigueur des bourgeons. Je corn-»
mencé toujours par ravaler les branches per-
pendiculaires qui font ordinairement la caufe
du mauvais état des arbres.
Pendant quatre ou cinq années % me dîra-
r-on , que durent ce ravalement & ce rappro-
' çhement , vos arbres font ftériles. Je diftingue
les arbres fruitiers â pépin de ceux à noyau. Si
je ravale & rapproche les premiers où le fruit
eft trois ans à le former , je n'en puis avoir que
vers ce tems-U aux nouvelles branches que je
fais pouifer. Mais comme je me reftreins à dé-
barraffer & à rappellçr Tarbre , alors les lam-
bourdes & les brindilles qui reftent, font plus
frudueufes qu'auparavant. Si ce font des ar-
bres de fruits à noyau , comme les (^datons
ufé. La féconde année & la troiiîeme j^Taug-
mentatîon eft fenfible , jufqu à ce que mon
arbre étant tout-à-fait fôrrtié, je fuis en état de
le charger. J oublie alors qu'il eft vieux , Sc je
le conduis comme un jeune.
Sur les vieux arbres on rencontre fréquem-
X 11) • '
iià La pKÀTKixit
tneni des ckaneres , de la gomme , clés plaîel
ftdil recouvertes i des chicots , des ohgïets : je
fais difparoître toaies ces difformités j fa coti-
«détation dé tant de ()laies , indépendammefit
de celles du ravalement & du fapproche-
hlent j eft une des raifons pour léfqùelle^
}d ne fais pas mon opération en iiné feul^
ârinee# Je gratte avec la pointe 4^ la Ser-
pette les vieilles écorces qui fe lèvent pat
égailles I & je coupe tout ce qui éft thort^
|iifqu a ce que j arrive au vif. . Je fais U
ihcme cnofe aux chancres qiie je nettoyé bien^
J ptô les bois morts , j enlevé la vieille goiri-
ihé I èc j*applanis lei lèvres deflechées de ces
plaies. Je creufe jufquau vif dans toutes les
eâVÎt^ avec la pointe de la ferpettéé torique
làrbr^ eft exadtement vifîtc , j'applique thèi
tâtaplafmes fur ces plaies* Àtt réfte la faifon
dû prinrems eft la feule conveilable pour de
fetiiblables parifemens* t*ar de tels môyetis j
là ftve qui ne demande du à fe porter vers
lés blaics poUr opérer la réunîoti des parties,
CÔiilé à la faveur de ces topiques J & ait bout
dtf (jilelques années .î*écorce . foit de la tige ,
feit desbrànches de ces vieillards , fe ttouvô
itim liîft due celle des jeunes arbres.
LêJ différentes fuppreffioris que je viens de
oétâilleri opèrent nécetfairement de grandi
Vttideé aux efpaliers. Je les rehiplîs, oti je
tâche de les rendre tholfts fetifibles en cette
hiàttiêré. Jôdépaliffe mon arbre entièrement,
et îorfque les panfeiileds font achevés, je
cUfttibtie à diftances à^peu-près égales , tous
les bois reftanr, itiais je ne torcc rien,
1^ ne m'avife point àe trop olier les bra»^
ches pont les attirer fl^ remplir un vuide*
elles éclaceroiènt aifémént* On a vu que
la tenfion dei la peau altéroit ta circulation
•& le paffaee de la fève^ AflTez fouvent tes
arbres foibles font des poulTe^s fauvages qui
partent du tronc & deï racines ^ leurs branches
..ufées à force d'y recevoir la fève, ne font
pliis en état de la contenir. Les fibres font
^ rapprochées & comme crifpées , & les pores
de la peaà font fermés. Les racines néan*
moins font encore nerveufes. La fève ne
rencontrant que des obftruiflions dans les par-
ties de l'arbre , produit quelquefois ces fau«
vageons dont je parle : on les greffe &/ils le
renouvellent ; alors ils font préférable^ à de
jeunes arbres« Au lieu de le récéper ^ il vaut
mieux laifler la foûcbe deux ou trois ans afin
de fervir de tutebr à la nouvelle noâflè > Se
lui donner le tems de grodir & de faire lïh
empâtement aiTeas- ample pour pouvoir être
fevréefans altération» - *
Outre les moyens que fai indiqilés pour
remettre les vieux pêchers, il en eft un autfe
qui confifte dans le renouvellement de leurs
.facines. A la chute des feuilles 9 je découvre
Superficiellement le pied de l'arbre , enfuira
.je vais chercher les extrémités des grodés
racines. Je raccourcis les petites &: les moyen*
aies» ainli que lé chevelu 3 & je rafraîchis
Xiv
f^H La P*ati^ui
i^ grojlft. Jq (iippriDie les pâmes ôieeS)
Ïûurritis % cm (ongp<»9 par les vers blancs*
e fais ^f^fb^e eplfter CQiftç la terre poiir
en Aibâici^^r â9 novtnlh mclée avec de
cerrf^ pu <l|i famief btien (x^^fommé ; de
; chcYgl ^yx terr^$ 4ar99 & c^tppaâes y de
vachç ftUY lerces Icgîeesij Se de crpctin de
brebis i selles qui fom fr/eides»
Ce ra£fi9urpi(lèfp^nf des r^ci&es occafionoe
d'abprd le produ^md'un Qpuveaa cheyelii«|
En ^jtpf enfi^te celle* qai w peuvent fairei
fluer verslVt^*'*» qji'i^fle ftye viciée , je Iai!|
E répare d^s çanjiiix . plus pu H & plus fains pafi
.1 rçprodilâkipn des racines qui vont Ce tor-
met. LeppUcacipn de Tanguent de Saint Fia-
cre ^ U terre neuve m^^ donnent lieu à la
{ève 4^ fe pprcer dans icous les téfervoirs de
l'airbire Ans être fei:ai;dée ni arrêtée. Ayant
fuivî cçtce opération duns Tes effets , j'ai re-
. nij^r^. qui Al) princetî^ fuivant les arbres
4vQièM produit une inâniié de filets qui dai*
dpient en teire ^ & que \<m d'avoir paci , ils
étoicfît plus hâriFs Si portoient des fruits
nombseux i parfaite maturité. J'ai cm être
rinvemeur de cette taiUe des racines » mais
J'ai eu . li &tisfaâion , depuis que je l'ai pra*
:tiquée3 de la trouver dans la Quinrtnye.
Lorfqu'i^ y a des boutures ou ufées ou nailHiii*
.tes du tronc , ce qui arrive fréquemment à cet
:Vieux arbres» je les coupe tout près de l'é*
çorce* Si elles viennent du fond > je les re*
tranche fur les racines qui lesx>nt produiteti
Les p2:chers greffés far prunier font fore
^jets i pouffer de ces bpumres ; il eft e(fen*
liel de les ^ter chercher , pour les détruire »
|ofqu au fond'^de la terre.
• La plupart des arbres ne dépéri (lent que
parce que les fucs de là rerre qui les nour*
rit depuis ione-tems font épuifés. Quoique
fon fond foit bon , il eft inaifpenfable de le
renouveller. Ce moyen feul in'a fouvenr réufli
pour remettre de vieux pêchers. Si cechan-*
pgement de terre ne fufnt pas » il faudra un
Mcours plus pniflant, tel que celui des en-
grais.
La néceflité de fumer le pécher fe fera
'fentir à tous ceux qui ont étudié la nature de
cet arbre. Etranger parmi nous , il doit être
traité diffiiremnient que les naturels du pays :
fi on le côniidére enfuite par rapport à la
grande diffip^tion & à Tévaporation de fa fève
' caufées par les bourgeons nombreux qu'il
fait éclorre» par fon flux de gomme , pav
.le defiéchement qu'occafîonne dans toutes
fes parties l'impreflion vive des rayons dci
foleil, & par la difecte des fucs de la terre
ëpuifée 5 il eft certain qu'il a befoin d*ètre
^fumé de tems i autre.
L^automne eft la faifon la plus convenable
pour cette opération. On fait un baflin d'en-"
vÎTon un pied de profondeur j à commencer
vêts Tendtoit où aboutiflent les groffes ra-
cines , & on va en mourant jufqu'au pied de
larbr^. On laiilè ce fumier durant l'hiver
)5o La Pratîcjv:*
fans U couvrir ^ & au printems , lorfciu'il
bien fondu & prefqu'en miettes » on laboi
& on l*encerre. Quand on fume au printemi
le fumier » quoique pourri , a toujours mu
crudité qui ne fournit point des fucs bien tca^
vailles. Le pied des arbres fumés alors eft do
voré par les mauvaifes herbes , ils deviennen
eux-mêmes tout noirs par les divers iofeâe
qui les rongent i prefque toujoujrs les puce
tons & la cloque les attaquent» A. Montreai
on fume les pêchers tous les trois ou auatr^
ans. Ne feToit-il pas mieux de prendre le be^
foin pour la règle & la mefure de la diftribiH
tion du fumier î '
Les vieux pêchers fe mettent beaucoup
i>lus à fruit qu a bois. La raifon en eft qa0
a fève n y coulant plus avec la mêtpe celé»
rite que dans les jeunes, elle ne fe porte
f>lus par élans. Les fucs y font retardés pat
'épaidKTement des liqueurs ^ & parce qufi
leurs pores étant plus ferrés , & prefqae ians
moelle y le parenchyme eft plus aplati >
leurs cribles , leurs couloirs , leurs iepara-
tions font extrêmement prefTés > & il jfe fot'
me par conféquent dans les paflages de la
fève des obftrudions & des embarras qai
opèrent une lenteur dans fon aâion. Qu'ap*
perçoit-on dans l'extérieur de ces vieux ar-
bres ? Une quantité de cicat^içejs qui ont oc-
caHonné des nodus fréquens par Wquels l'aC'
tion de la fève n*eft pas peu retardée» Leur
^corce n*eft point » comme celle jd^s jeunes i
IbV jAkDÎKAGt. ^|t
4Hibiye de liqueur Se de cette lymphe, qui à la
moindre contufîon fe fait appercevoir \ ttiaid
elle eft féche , plate & dure , telle que la peau
des vieillards. Un afFaiflfement univerfel , en
un mot , fait que là fève ôc toutes fes par-
ties organiques n'ont plus leur jeu , ni leur
teiTqrt 5 comme autreroisé L evaporatioti des
parties fpiticueu(es y eft rare , tout y eft em-^
ployé & mis à profit , au-lieu que dans les
jeunes il s'eti fait une diflipation confidérà«^
ble, qu*iU font obligés de réparer aut dé'^
pens de Tabondarlce de la fève« La dureté des
parties qui compofent la racine des vieux
pèchefs ^ eft eau fe. que le^ fucs de la terre y
font admis aVèc moins d'afflueûce , & qu'ils
y font Un plus long féjouri Telles font les eau-
ïts de l'abondance & de r&)ccellence des fi^uitS
nés fouvent fut de vieilles fouches , fruits A
favourenx & & fubftanciels y que ceux des
leunes arbres les plus vigoureux n^ peuvent
leur être comparésé
Les jets que produifetit les pêchers dans
leur vieilleffe , fotit ordinairement très-courts »
les boutons à fruit font plus gros & plus fer-^
tés. Rarement pouflent-ils des gourûiânds $
chaque année ils perdent quelque branche
ufée, qu'il faut tâcher de remplacer par une
Voifîne. \}ti Jardinier qui réfléchit peu j voit
beaucoup de bontons à fruit bien nourris »
Bc tire defTus ampletnent* L*année d-après,
Quantité de branches cpuifée^ bat cette charge
larabpndâhce féchent Se pénfleut» La more
fit La PuAtlQUK
4e l'arbre fuit de près cette fanefte al
liance > donc le Jardinier s'ccoit appUadi.. |
fût réufli à donner â ifon Maître des fn '
cueillis fur un fujec érique ,. s^il Teûc tai
coure 6c conduic avec la plus grande receoi
Deux ou crois yeux laifTés aux bonnet bi
ches , un feul aux foibles > & une diftril
tîon raifonnée, pour que l'arbre foie cou[
plein , conftiruenc toute Téconomie de c
qui tire à fa an. Quant à ceux qui par h
vigueur imitent les jeunes , je leur lâche ^
peu plus la main , en les rapprochant & Uf
concentrant le plus qu'il m eft poffible. Le«|
poulies vigoureufes ne me font point perdid
de vue leur âge* Ce^i^ qui ont été bien coq*
duits & qui donnent des gourmands, je les
traite comme les jeunes , en ne les alongeant
néanmoins à la taille que médiocrement.
L'cboUrgeoni>epent de ces vieillards eft
fondé fur les mêmes raifons. On ne doit leai
laifTer que de bon bois , & ne pas être fédaic
par' des boùrgeoDs^ nôtnbrenx & de belle ap«
parence. Leur petit nombre fur lequel j'ailieds
m^, ^tlle , eft préféraUe à la quantité qui ne
feroit qu'entretenir rarbte foiblément. Dans
les années abon^^inres en pèches, les vieux
Semblent j à l'énvi des jeunes, s'efforcer de
prouver leur fécondité , il faut pour lors les
décharger proportionnément à leur çtat.
.Non-feulement on ne doit, point foufifrir de
mauvaifes herbes, ni même de plantes. utiles
^u pied des arbres > |:ant jeunes que vieux ^
i>U jARPtNAGf.^ Hf
maïs il faut labourer ceux-ci , en hiver & aïK^
ptincems à la bècbe préférablement à la houe.
Cet inftrumenc coupe les racines y & ne réduk
point aiTez en miette la terre dont il n'atteint
pas le fond aufli avant. Outre ces labours que
j^appelle fonciers , il en eft de fuperficiels, au*
trement dits binages , qu'il faut pratiquer tous
les quinze jours ou trois femaines » à moins
au^il ne fît de grandes féchereffes. Mais après
es pluies abondantes > ce foulevement des .
parties fulphAreufes de la terre que le labour
développe , quand il eft fuivi des rayons du
foleil , porr« jufquaux radnes Une chaleur
ilouce 8c bénigne qui s'infinue dans les parties
intérieures de Tarbre. Ces binages légers dont
je parle , empêchent , fans effritter la terre »
les mauvaifes herbes de croître. Celle qui fe-
roit labourée foncièrement tous les quinze
jours , feroit bientôt privée de fes fucs par
Icvaporation.
L numide radical qui n'eft plus le même
dans la vieiirélTe des arbres , que dans leur
jeunefle , démandé à être entretenu durant les
fccher elfes pair les arrofémen^ deux fois k fe-^
maine. Ils lont encore plus nccefTaires vers le
tems de la maturité des pêches , je fuppofe
que les terres fo'nt feches 8c -fabloneufes. Il
n'en eft pas du pêcher comme de la vigne , à
qui les engrais 8c l'humidité font préjudiciii-
bles pour le goût de fqn frt^it. La pêche dans
un tetrein trop fec« eft âpre & petite; dans
un terrein humide , elfe groiSt, mais n a point
$;4 -La PRATIQVf
de goût; elle eft délicieufe lorfqae la terre
famramment hutne^ée , en même * cçms
As facs foD( $tniiné$ &c fpiricQeuXt
:
CHAPITRE IL
Des défauts naturels du Pêcher.
\J N pécher , malgré ces attentions » peut
Ilas répondre à nos foins : il n'en faut pc
o» chercher la caufe que d;ins Tes. défauts o»
furets. Il en eft de deux £prtçs \ les uns evii
rieurs j comme les loupes, les e;$croi (Tances j
les calus & les bourrelets des greffes ^ les aOf
cres intérieurs , tels que les Sauvageons de ptur
nier fur lefquels les pêchers pn^ été grèves,
la délicateiïe de larbre , & fon mauvais tem-
péramment icaufés par le fumier & le rerreai
dans lequel il a^ra été élevé. Ces derniers qui
attaquent fa conformation intérieure Qhh iam
remède , les auxres peuvent ti%ç rjéformés &
corrigés. Tous lui pccaiiQuneiQt fquvçnt cbs
: maladies Sç la mortalité*
La plus confidérable dies difformités du ^
éAitx 6c des. arbres fruitiers, çft ce bpurrelei
iqui fis forme à Tendrolt de le»r greffe* Pen-
dant les trois ou quatre premières ^péeselip
^roffir confîdérableincnt , tandis que la tjgs
jrefte i-peu-pr^s daus.le m^mç éWf AU '
©v Jar©inaoi. $jf
de dix ans, ce bourrelet , donc les progrès ont
été fi fenfibles , commence à fe fendre , en-
fuira U peau s'écaille > &:Jarbre va toujours
en déclinant. Les branches latérales meurent
les unes après les autres. Les perpendiculaires
au troiic & à la tige fubfiftent feules ; leur
Êrolfeut eft quelquefois du triple de celle de
i tige.
. Curieux de connoître la caufç d'un évene<*
ment fi fingulier , j'ai tiré de terre quelques
poiriers fur coignaffier , $c des pêchers fur
Erunier ^ dans lefquels cette difformité du
ourrelet étoit plu^ fenfible : j'en ai difTéquç
les différentes parties y Se j'ai apperçu au itii-*
crofcope des finuofités & des ouvertures fem<-
* blables i celles qui compofent l'éponge. Dans
les jeunes arbres , elles étoient extrêmement
molles» humides, aqueufes y & percées de
Quantité de petits trous , tels que ceux d un
é i coudre j en les coupant l'eau diftilloit de
toutes parts. Dans les arbres vieux & deflfé-
chés \ ces parties devenues aufii dures & auffi
compaâes , qu'elles^ étoient faciles à couper
dans les premiers , avoient leurs pores extrê*^
mement ferrés , à peu-près comme ceux du
tronc niême; Ces oofervations m'ont amené
AU point de regarder ce bourrelet comme un
dérangement de nature* Toutes les fois qu'il
^roflit V f^ns que la tige profite à proportion ,
on qu'il s'étale, fe tuméfie & fé dilate, tandis
iqu'ellè tefte toujours la même , ou à peu -près ^
\ fn ^ut aCiiràr: qae Tasb^e ae viv r» pas lôn^r
1
jjtf . La Pratiqvj
teips ; mais lorfqu elle croie proportionné
au bourrelet , quoiqu'il foit un peu domir
c eft un figne non équivoque de la bonne
plçxion de l'arbre.
Quatre caufes tn*ont paru cqkicouric à
formation de ce difFormc bourrelet » i *. Ui
S\vtSe qui, dans la pépinière , a été appliqoci
iir un lauvagebn trop fluet ou vicieux, 2^
Les branches perperidiculaires à la tige èc aa
tronc ^ }^. Le retranchement des goûrœ^iids,
4'>. Lq pmcement , & la fuppreffion des ex*
trémiccs des bourgeons durant la pouflè.
J'ai greffe des iaùvageons de icmte eipecei
la groueur feulement d'une forre plume i
écrire , & j'ai vu la fève te porter vers Té-
cuiïbn. Quandau printems j'avoiscoppé latete
du fauvageon , je voyois en moins de fix fe*
maines la grefF;^ forimer unWfirrelet du don*
ble de la grolTeur de la ti^e^ « & à mefute
qu'il augmencoit , elle ne ^roétoit qae inc*
diocrement. Le contraire arrivoir quand la
tige du fauvageon étoit en proportion avec la
SrefFe. J'ai une autre fois clioifi une boumre
e prunier > & Une dVnupdier » toutes d^us
remplies de nodus & de trallqÛÈés » tnais jeu-
nes^ elles avoiienc iîi. moelle hbite* Je les ai
récépées pour leur faire : pouilèr (k nouveaux
bourgeoi^s que j'ai vgt-Qffés & qui xsfit pris. Au
bout de huit à dix ans la tige p'avfât que très-
peu grofJi.
La fève ne peut féjoucner damuto faftft^ûi
Juicirc aflaptéç^ qu'aaïai^C qiifil: èft -caf^bW
de
9e la cotiferver & 4ç U &ire courtiçr ifon prg«
^r. Or, touces W fois que la tige pVft pa|
iâèz grofle , ou qu elle a des nodiis & des em*
^tras y la fève qui ne chercha qu*à fe d^char*
gér toujours par préférence vers le ba^t , rroip-
vanc dans réculf<>n plus de jeu & plus de A^
%ihi\îté y y pafle puicoc que dans la tige ou
iclle n*â pas les mcmes facilités. L'écuilon o^
1* greffe eft de nacare poreufe , fpbngieufe »
ââfée à fe dilater î donc il eft plus naturel qut
la fève s'y porte , que dans la tige où ^Ue n'é-
prouve que de la raideur & un rerremept uni-
v^riel dans toutes fes parties. La greffe, au
contraire , molle & fibreùfe prête toujours ;
de - là cette extenfion de la peau formant un
bouri^elet, qui fe gonâe hotizontalçment , juC»
.que-U quon le voir fe po.rter en bas , & re-
^couvrir k tige de deut ou trois pouces. Quand
elle eft proportionnée à TécuSbn , ou quie le
rfufet a la bonté ic Tincégrité requifes ; on con-^
.^oic qu'y ayant de Tefpace Se du }eu pour U
fève ; que ta peau & le parenchyme de la ti^
étant flexibles, cette fève agit fuivant fon cours
^ordinaire , en fe répaâdant également dans U
. tige & 4âns Técuffon.
Examinez tous iéft arbres qui ont des bran-
ches d'i plomb à U tigô âc au ttonc , de ces
branches perpendiculaire â ^^ q^^ le furent
dans leur origine \ votts n'en trciuyerez prefque
pdint dont le bourrelet de la greffe ne ijoit du
double au moins plus gros que la tige « & dont
les branches vmicales n ayent auflî beaucoup
y
'îj8 La Pratique
Îlas de grofTeuc. Il eft contre nature que lei
tanches - mères foient plus gtofles qoe ti
Wge. ^ ^ \'
Leigoarmands » ai- je dît » font les entrepott
& les^ magazins de la fève. Lorfqa'elle en eft
privée 9 il faut qu elle, fe dépofe autre part;
Après s'être portée avec irruption vers Iccuf-
fon y elle fe décharge horizontalement à Ten-
droit de la future qui s*eft faite entre lai & le
fauvàgeon. L'écuuon fe trouvant inondé de
ieve , doit groflîr toujours , & former nécef-
fairement un bourrelet y qui n'eft qu'un corpi
étranger du à l'épanchement d'une fève trop
abondante. Cette fève imprégnée de fels » de
{marries nitreufes » vitrioliques , dont les acides
es poinresë& les efprits font dans une fermen*
tation continuelle » agit fur fon principal réci'
pient, & produit incelTamment ce gonflement
& cette tumeur.
On voit {PLXF) un pécher fur prunier avec
un boutrelet  faillant de la greffe , caufé par
l'etigorgement de la fève. B, canal direft delà
fève qui n^a point été coupé dans le tems j &
qui devra l'être quand les branches inférieures
C feront fuffifantes pour garnir l'arbre. D ,
tige qui profite peu, tandis que tout raccroif*
fement fe fait dans la greffe qui eft en forme
de loupe , & eft ordinairement trois fois plus
grofie. Les fous - yeux de cet arbre ne font
pas marqués , ce font de petits yeux prefqn'im-
perceptibles placés au pédicule de chaque bran-
chée , qui ne grolSlTent jamais davantage > 6c
Dru JaU^I^TNAGH; fjf
f^ui né pottetic que de petites feuillef. On le^^
rerca diftinôemenc à U PL XFILjig^ z 6- j
B. Le bourrelet qui forme refpece de foud^r^
die la furpouâe avec la poufTe primirive ^ eft.
fcepréfentéjff^. z â* ; A de cette mèai^ plan*
cite.
. Tout ce que je yiens de dire n'arrive poinfj|
JLvL inoins à ce degré , lorfque la fève fe dépoli
dans les gourmands comme dans des enrre^
|»&cs. De ce gonflement du bourreiet de l»
^reâe qui attire & contient une (i grande qu^a*.
rite de fève» s'enfuit pécetrairemenc le peu
^'a.ccroi0emenc de la tige , faute de ce mou*»
yemem fucceffif du' haut dans le bas , compi^
il fe fait du bas vers le haut. Ce mouvement
4tanc interrompu, ta fève ce0e d'être diftri-*
buée^ & eft interceptée dans le bourrelet d^ I4
greffe d'où elle ne peiu plus forur^ On con^
jçoit bien par la groHeur des gourmands un en«,
voï de fève du bas vers eux { maisaulli pouE
«qu'elle' Ce communique des gourmands aux
branches inférieures » il faut que la fève y
retourne. Leur confervation contribue à fairç
groflîr ees dernières fentiblement , au pr^judiç^^
de celles qui font au-delà du gourmand.
En tirant toujours du bas en haut , le bai
^épuîfe , comme on vient de le voir. A me*
fore mie la fève monte , loin de lui donner It.
tems'de paflfer dans les fibres tr^nfverfales d«
la tige, par le moyen defî^ueUes feules peut f#
£aicefon accrolKement en grofleur , «nj^a fojc^
èù Yjmi w iwomt 4ç ((MIS k% jets qu'pB
yijv
^4^ La Pràtiqtfit
pbce continuellement, Scàïz pkce à^f^fôAê
elle s'occupe à faire <fe nouyeatâ rameauc/
ne pouvant circuler ni defcendre qae pat leva
D[ioyen.x On ctouble par-Iâ fou cotirs » on Tat*
rète, & (MiToblige à revenir fur fes pas. Ne
trouvant point de canal où elle puifTe le ré6é-
gier qui lui foit plus analogue que la greffe »
elle y féfoume ^ & y opère tme dUatacion ex*
térieure.
Lorfque les arbres font vifs » on peut bien
corriger la difformité de ces bourrelets , 8c
donnei! Keu à la tige de groûir & de prendre
pUis de nourriture , mais il n'eft pas poffible
de la faire difpàrortre. Je ne falis qu'un moyen
pour y réuffir , qai eft PincHion ^ dèiiff j'ai parié
plus hatirt. Elle coff(ifteà fendre au.printems ,
ivec la pointe de la ferpette» récwce de la
tige y depuis le tronc jusqu'à ce bourrelet :, d'a-
bord par derrière l'airbre) l'année fuivaote on
féitere cette opération fur un des cpces , à U
^ôifieme fût Tautre ^ & d la quacrieine par-
devant. ÊUe n'eft tt^ile ^'a ïégitéèès ar«
htes dont técùtce eft liile,^ unie^ & dénuée
de nemài* Au refte on né h f^té qaik pto^
portion des progrès ^ là tige.
il eft cercsJin , i^. que par Tîncifioa ivèus
fixez ta (2ve fur la tige , & vous Templechea
des'élèyér cottime ^upaorâivant, & de fe dé-
èhargèt âitii le bourrelet ; ce qui occafîonne
4he divetfion. i^.Etih forçant de fe porrer
à Vinciftàh pour la guérir,' vous c^rei «iie
, «3ltèti(tôh '&C une dilatations daiis k nge. $^.
i^œuid lus deux lèvres dt la plaie (poc ouvet-
cres » une peau nouvelle fe forme peu-à-peu ^
iqui opère une iiicuré de deux ou crois li^es.
^^ • Cette peau étant plus mince que l^ncien*
«te > pf ète par .la Aiice à cnefure que la ieve fait
«£Eotc |)our y arriver. J*ajoure enfin que loiv-
^aent de S. Fiacre y eft tellement eifentiel ,
qae (ans lui vqus perdez tout le fruit de votre
opération ; les lèvres de la plaie fe féchent ^
Se la réunion des parties eft bien plus dif-
£cile.
%.* i lU « lin 1 ■
CH4.PITÏIE JIL
IDes maladies du Pécher , qui bit font
communes avec les autres arbres.
^VyN peut affigncr deux fortes de caufes ai^x
maladies des arbres j les unes fçut inteoies ou
cachées , les aiuresexternes & apparences.
Les premières font celles qui ne fe mani-
feftent point , & qu'on ne connpu fouirent que
iorfqu'il n'eft plus cems d'y remédlier. Si Ton
s'y ^r. appliqué dans le tems , il eut écérrès-
^ffible de les découvrir, ou du moins de les
conjeàiuer & de les décournêr. Telles font les
lEoivantes : le vice de ia.,tBrre (ànis fond , fté-
riie par elle-même, arida» ^fabloneuf^» f^ei^*
Yiij
J4i t'A PHÀtlQÛÉ
leufe > ou glaifeufe, la trop grande aboli JafiC^
tromtwe la diferte de fève , les racines ch;
treufes ^ pourries > gangrenées , & enfin 11
ttiauvaife plantation de Tarbre.
Il eft d'autres caufes internes des maladie
de^ pêchers , produites par les animaux leurs
trnneinis , comme les gros vers de terre qm
tiiArigent leurs racines, les taupes, les mulots
i]Ui ks mettent à jour , fans que rien pareille
Hu-dehors. • '^ .
Les caufes externes font ou nararelles ft
ordinaires, ou accidentelles. Parmi les pre-
itiieres , on compte la gomme ^ les gelées taot
de rhiver que du printems , les neiges , les
frimats qui font avorter les boutons ou fécher
les bourgeons , l'humidité , la féchereffe qui-
dccâfionne diverfes maladies , telles que la jau-
iH^te, la touille» la brûlure & la lèpre, enfin
toutes les fuites de l'intempérie de l'aifr. Les
ftUttes caufes externes nommée^ accidentelles^
font celles <jui li'ont pas coutume de nuire au
|)5chef , mais qui lui deviennent foùvent fu-
'neftes, foit qu elles foient forcées, foie qu'on
fie puifTe les prévoir. Les fuîvantes foncxie ces
deux genres; fa voir la grêle en été qui abat
les bourgeons , les feuilles & les fruits , &
qui , par fes meurtrifTures > occafionne des flux
de gomme ^ des callo(ité3&: des plaies , les ou*
ragans ^ les vents impétueux ,^^5 galernaux au-
tears de la cloque » les vencs coudis , & les con-
tagieux qui portent avbc tu les vcmiines de
lait & de latertç. :.:
vu Jaupinage. 345
- S^ajoute à ces caufes externes de t»aladies
bs moulTes, la teigne, la gale, & les autres
^tte j'ai décailiëes dans ma croifieme partie. On
peut y comprendre les ennemis qui font k
guerre, au pêcher , tels que la foxirmi , les pu-
aaifes , les limaçons , les limaces > & les perce-
oreilles.
; Ne pourrois^je pas joindre aux caufes des
maladies des arbres , les fuites de Tignorance ,
de Tinapplication & de la maladrede de ceux
qui les gouv.ernent» telles que le défautde cul-^
cure y la mauvaife taille^ les labours fuperficiels
ou trop profonds, le voifinage de plantes vora-
^ ces, plongeantes, traînantes^puantes, de celles
qui portent uneomblre trop épailfe ; en U5 mot
de toutes celles qui ne font pas moins funeftes
aux arbres , comme les pois ^ les fèves , les ba«
ncots, les vignes, le fumier trop chaud ou
employé fans choix , les branches forcées ou
éclatées dans le cerns delà taille, la tropgran-^
de proximité des arbres dont les racines & les
rameauiç fe nuifent réciproquement , le pin-
' cernent des branches & des bourgeons , la lup-*
preffion des gourmands , & la greffe engorgée.
Celle-ci eft faite pour jouir du bienfait de
l'air , fencir les rayons du foleil , & être ifolée.
Il faut qu'après les pluies humeâantes & les
rofées douces qui s'iiifinuent à travers fes po-
tes , elle éprouvele-hâle defféchant d^% vents
dont riialeine eflciie l'humidité qui n'a pu paf-
fcr dans fa JTubftance^» & qui la morfondrôic
• par un trop long féjour.
Yiv
144 ^^ PHATIQUH
QaâtiÀ donc la greffe eft enterrée^cetre Inuei^
dite Kie mclant avec la fève , la lafraichic » & loî
caufe des ciudicés« £lle pailè alors y lans ètr«
digérjée^» à travers les patcies.hamides qui la
pcnérrent ; au moyefi de quoi l'arbre deviem
iujec a quantité de maladies^ furtoiu a U |ao«
lillFe ) ne ptofice plus de la tige , Tes \xanchte
d'en-bas meorent prompteitient , Se les a«ures
déperilTent avec lui*. Son fruit ne n^ooe poiiu ,
au s'il noue , il eft petite pierreux , raboiigri j
& fort ^mauvais ^ il tombe pour peu que Iz £sd^
(du fo.it humide , il n eA point de garde , Se
molik.
Si de& racines ont pouifë contre 1 ordre de
U nature à ces greffes enterrées quon veuf
dégorger^.on les coupe au iprintems tout près
de i'ëcorce , & on y applique longuenr de S.
Kacre. Xesbaifins qu'on a coutume d'y.prati--
i^uer 5 fond trop petits y £e remplirent bientèc
pàt les pluies éc les labours ; ils ne conviennent'
d'âilkurs qufaux vieux atbres , pourvu qu'on
creufe la terre de quelques pouces 4e profon-
deur > & à une certaine diftance de la fouche.
. 11 ne faut point balancer à lever en motte
les jeunes plants pour les xeplacer i leur ali-
gnement, après avoir mis au fond du trou de
la terre qui iès exhauffè ^ & y jetter enfuite
quelques crachées d'eau* Dans les terres qui
ne font point corps , on laille la motte un peo
plus forte qu'elle ne devroit être i & on at-
tend que la gelée. Tait djarcie pouï fai^e cetcai
opération. . .;:.'/;
Quant aux arbres d'encre deux âges r ils
peuvent être levés & mU en place de la fa-
çon fuivance» .On fait une large tranchée, afin
de fouiller jafi^aau booc aes racines. On
pren4 enfake fUMir point d'appui «un tréteau
de ciiarpenrier , ou un tonneau<]u on approche
dti trou , & on garmc de chiffons le cronc de
Tarbre. On coule £ùv cette garmture un cor*
xiage, & oA y palle une lon^e pièce de boil,
^ur le bout de laqueUe on fait une pefée. Ce*
^peiid^it deux hommes coupent en deflfous k
ttto^e de f arbre qu'on tient fufpéndu un peu
jplus haut que l'engorgement de la greffe , i
cauie de l'alfaUlement qu'éprouveront les ter-
ces qu'on mat deflbos. Quand il eft à la hau-
teut requile» on kiflè tout doucement aller
le levier j on fait le reoiplifTage avec la terre
de la fuperficie ^ & Ton arrofe. L'arbre ne fe
teffènt point de cette opération , fi Ton a J'at-
temion de le fumer & de le foulager i k
taille.
Dans une maîfon de campagne où étoit u|&
carré de pommiers de vingt ans qui n'avoieut
jamais ra|)porré , j'apperçus que la terre étoit
beaucoup plus haute que celle du <:arré voifîn.
J'entrepris dé le rabaiflcr ; je fis donc faire
ées tranchées dans les entrenleux des arbres ,
te mettre à part la rerre dedeflus , qtii (ervit
à remplacer celle du fond qu'on enleva , à la
- profondeur d'iin fer de bêche , & on dégorgea
enlmte toutes 4es greâès qui devinrent à la.
hauteitt convenable.
54^ LaPkati.quh
Fouillant au pied de quelques arbres mala*
des pour en vifiter les racines , il nxeit arrivé
en les raillant de les trouver fort faînes , j'jr
ai remarqué feulement une forr^ d'aâFai(r&*
ment j. en eft'et leur peau étoit fort aplatie»
Ce cenoic forcément fur la partie ligneufe
qu elle preflfoit intimement. Âu-lieu que dam
un arbre fain elle eft rebondie , fe détache ai-
fçment , eft abreuvée d'une fève abondance >
* éc imbibée d'un fuc glutineux qui colle les
doigts \ dans les arbres malades la peau eft
feche en plufieurs endroits , & ne s'enlève
qu'avec une forte d'efFort. CetafFaiflement de
la peau ma femblé avoir beaucoup d'a£Enitc
tavec celui de la peau des branches , & en être
la caufe direde ; f ai vifité celles-ci pour m'en
affurer» & j'y ai remarqué lés mêmes fynapco-
mes de maladie. \
J'ai commence par mefurer avec un com-
pas ces racines dans leur fort > un peu au-
delTus de la moitié en remontant vers le tronc,
j*en ai entouré quelques-unes avec de la ficelle
qui avoit trempée dans l'eau durant quelque
tems. A (Taré de la caufe du mal , je me fuis
appliqué à en chercher le remède. Les engrais»
les arrofemens , .&; les fomentations dont je
parlerai ayant été mis en ufage , je vifitai
quinze jours après ces racines afFaiflees « &
je trouvai que la peau étoit augmentée d'une
ligne fur la groflèur d'un pouce ; la ficelle de
lâche qu'elle étoit , bandoit & appuyoit forte-
ment fur la peau. Après les avQii: ouvertes ^
r
D V Jarsxkagb. 547
blttfieurs endroits » j'y recroavai ce gluam &
BMte humidité qui en font inféparables quand
farbre eft en pleine fanté > & la peau fe déta-
phoit aifcnaent.
''F A.U reAe , les fymptomes des maladies du
ipechcr ne décident pas toujours de leur na-
Lture* ils font fouvenc prendre le change ;
.ain£î que les <liagnoftics de nos maladies, ca-
:pables d'induire en erreur les gens de TÂfc.
.G^- n'eft qu avec une grande étude & une lon-
gue expérience qu'on évite la méprife. La
jauniflè , par* exemple » dans le pêcher a
pour principe la fécnereffè Se la trop grande
numidité ^ la pourriture des racines & la
ixiorfure des inledes dans le 'fond de la ter-
re. Comment difcerner alors quelle eft U
vraie caufe . de cette maladie ? Comment fe
décider pour la cure & les remèdes ? C'eft
à quoi je vais m'appliquer , en faifant con*
fioître , autant qu'il eft poffible , leur nature
différente.
Les principales maladies du pécher peuvent
fe réduire à la gomme , à la cloque des feuil-
,< les a à la brûlure , à la jaunide > à la lèpr^ »
autrement dice le meunier. Je les traite féparé«
ment, & je donne'des remèdes pour les faire
ceffer , d'après des expériences fuivies pen-
dant un long cours d'années*
La gomme 3 quoique peu dangereufe par
elle-même , devient la maladie la plus fa-*
cheufe du pécher , & la caufe de fa mort. Ce
. Il eft da^is Ion principe qu'une matière aqueu*
•I
34* l'A PRAtiQOl
fe , une eau cranfparence formée des focs^e
la terre, nommée fève, & uccafionnée ptfj
fon épauchement & fon féjour , faites ordp j
naires d'un défauc de circulation. Le pèchci
Se tous les arbres gommeux ayant le Ixnil
auffi poreux que Técorce tendre , il ii'eft pai I
étonnant que la fève fe décharge par ces po-l
res extrêmement ouverts , qui ont aufiî plttsj
de capacité pour la recevoir. Cette don*]
ble confidération ne peut rendre jes Jardi*!
niers trop circonfpeâs , pour ne 4eur powj
faire de plaies mal - à - propos , ni à concre-l
tems. * I
Il en eft de la fève du pécher comme daj
fang extravafé qui fe caille hors de notre
corps. Sa nature vifqueufe , gluante y lima-
neufe ^ fe coagule dès4orfque fes parties ce(^
fent d'être agirées , elles s'afTaifTent dans le
.repos & fe deflechent par la preflion de Tair.
Les globules épais , onébueux > épars dans
la partie féreufe de la fève ^ & confondus I
avec elle , fe ramaflent & fe ^approchent les
uns des autres.
De même que le fang deftiné par fa natare
i porter la nourriture & la vie^ endommage fwt
le levain mordant qu*il acquiert en croi^iiTant^
les parties charnues , les membranes^ les muC-
cles & les oiTemens même , ce qui produit
enfuice la gangrené ; dès - que la fève ceffè
d*ètre contenue & de circuler dans les vaif-
feaux deftincs à la tranfmettre aux parties du
pêcher , qui en reçoivent la nourriture & lac-
9u Jardinagv. 14^
i^oiflêment , elle produit néceflaircmem fut
la pe^u ôc fur U partie Ugneufe des effets iem^
^sttylesi ceux du fang extravafé. De*U , je
isonclus que le Jardinier doit apporter par ra^
porc â la gomtne , les mêmes foins requis
pour empêdher le fang de faire aucun dépôt
SLVLK parties de notre corps.
Dans les amandiers j les abricotiers, les pru*
niers & les cerifiers, le dommage caufé par
la goôfime fe répare plus facilement. La Na«
cure remplace les branches dépêchées par de
nouvelles qui percent de la peau , & fouvent
: même aux endroits malades. Le pécher
éprouve très - rarement ces heureux événc-
mens -y h, [teau plus tendre & plus poreufe
xdnd plus cdniidcrables les plaies que lui fait
la gomme : les fuites en font aufli plu^ fâ-
cheufes \ non-feulement les branches ne pouf-
iènt plus, mais il n*en revient point d'ordi*
Bâire à leur place,
I Les pêchers fur prunier y font moins
iiijets que fur amandier ^ arbre abondant en
ftve , dorit récorce » la moelle & le bois
ibnc plus tendres relativement à fes pores plus
•dilates. 11 eft â remarquer que ce dernier eft
plus fouvent attaqué de la gomme par la rête
.& les branches , que par la tige qui dans le
prunier y eft fujette.
Je dirai à ce fujet que les abricotiers fe
greffent fut des fauvageons ou des pruniers ,
6c qu'il eft rare d'en voir fur amandiers,Ceux-
ci cependant furpaiTent pour la groiTeut Se la
'550 L A PR AT IQ tir t
durée» ces forces d'âtbres froitièrs^ leiui
fruits plus abondans font auffi plus gros & pi
iàvottreux , foie en efpalier , foie en plein v
La gomme eft très-préjudiciable att pèc
par la grande diilipation de fà fèire que b
rfature eft obligée de tçp^rer. Ses câufes m*^
curelles viennent ou de trop de plénitudeTf
comme dans les arbres vigoureux dont Té-
corçe fe fend d'elle-même , ou de ià conft^
turion défeûueufe , ou de Tinrempérie de 1 air,
du dérangement des faifons par les froids tar-
difs , les vcntsr deftruâreui's y la grêle & le
vice d^ la terre. Lorfqu'au princems j à des
chaleurs prématurées fuccédent des froids ex-
ceilifs , la fève s'arrête au milieu de (on codrs,
la gomme alors congelée paroît de toutes
parts , & quantité de branches Se de bour-
geons meurent • , s
A l'égard des caufes étrangères , elles peiK
vent être prévenues. J'en ai rapporté plu-
iieurs , auxquelles j'ajoute les fuivantés* Un
Jardinier taille l'hiver, ou attend que la ftve
foit toùc-à-fait montée , comme à la mi-Avril,
pour récéper du vieux bois > abattre des mai-
trèfles branches , Jetter à bas des gourmands :
cette fève arrêtée tout-à-coup par des plaie$
& des incifions ^ éprouve une révolution uni*
ye^rfelle. On évente la moelle dans un tems
où le haie & lé foléil deflccheftt tout. A cha-
cune de ces coupes faites contre Tordre de la
faifon , elle bouillonne , & forme â'abord de
petites pleurs comme dés gouttes de rofée^
D t^ Jardikaob; J51
qui fe convercifTenc en aacanc de boulettes
perlées de lagroiTear d'une tête d épingle. Ces
f lobules de gomme y en féjournant fur les
tanches , caufent autant de petits chancres
fur la peau, qui produifent une infinité de
taches noirâtres. De- là ces poutTes & chéri ves
ôc ces branches dont la moelle eft noire &c
|aunâtre. Comment ces ulcères multipliés
n*inrerromproient-ils pas la circulation de la
'fève?
Si on n'a pas foin de couper net, avec la
Terpette /ou d*unir proprement les plaies faites
avec la fcie à la main j (i on néglige d'appli-
quer l'onguent de Saint Fiacre aux amputât-
cions de gros «membres faites dans leur tems^
onxoità toutes ces incifîons autant de petits
grumeaux de gomme* * -
. Le bon gouvernement & la pratique de roue
ce que j'ai dit contribuer à la fanté de Tac*
bre y, font les préfervatifs^ les plus efficaces
contre cette maladie. Quant aux remèdes
aâuels y je n'en connois qu'un qui confifta
à enlever la gomme dès-qu'elle paroît , fans
lui donner le rems de fe fécher ôc de fe dur^
cir. Pour cet effet , que doit faire un Jardi*
nier amoureux de fes arbres ? Les vifiter de
tems--en*tems dans fes^ momens perdus , &
toujours après quelque pluie froide , faire
le tour de fes efpaliers & enlever jusqu'aux
moindres veftiges , foit avec fes doigts , foit
^avec des chiffons mouillés , k gomme qu'il
apperçok. Celle . ^u on laifie » feirt.à en atti^
J.5** L A P H ATI Q Vt
ter de nouvelle. Ainfi les Chirurgiens , floue
arccter la fupparation d'ane phm , eflbyeot i
foml ; ce qu ils fe gardenc bien de .faire tant
qu'elle doit avoir lieu.
' Si la gomme amaflee en grumeftux , l*eft
épaiflie , £échée & duccie , il ne faiic pas l'es*
lever forcément , de peur d'occâtîonner tuie
nouvelle plaie qui ferviroit d'inné à un noa-
veau flux de gomme » nrtais attendre une pluie
qui lait fuffifamment détrempée. Cetre ope-
rarioff ne fuffit pas : pour voir fi la gomme
n'a pas carié en fond , vous fonderas kt plaie
avec une efjpatule de bois que vpas porreres
dans cous (es replis , aiftiranc aa - dehors ce
que vous pourrez avoir de cette gomoie ; &
la ppinte de la fermette vous 1er vira enfui te à
enlever jufqu*auvif lebois rongée & pourri.
L'application de l'onguent de Saint Fiacre em-
pêchera (|ue les pluies he continuent à carier
l'arbre. Si la tige étoir attaquée d^ la gomme
depuis le haut jufquf'en-baà, on fe conren-
teroir de panier les endroits malades 9 fans
envelopper entièrement la tige * qui veut
avoir la liberté de l'air ; les trathées Se les
foupitaux qui doivent en afpirer les parties
fpiritueufes , fdit celles qu'il ctmtknc ^ foît
telles qui viennent de k rofée &: des homi^
liités de la terre « étant bouchés ^ quantité de
hr^nchçs j ainfi qule jô l'ai éprouvé , meurent \
fuèceflSvement. ]
La maladie que les Montreuilloss ap(>ellent
là gorme, eft la même que celte doot Je vietis i
BU Jardi^iaoi. j^I
<fce parler , mais différemmênc modifiée à 1 oc«
canon d'un évenemenc qai fe palTe alors dans
toKce la Nature , & qui eft commun aux végé^
taux. Cerce gorme eft la nielle qui attaque les
gxains , les melons , les fèves , les oignons , ôc
<|ui laiife fur les épis du blé une couleur rou-«
geâtre vers le tems de la fleur; comme ils fone
cendres alors j ils (ont plus faciles à être ron-
Ses & altérés par cette humeur acre & mor««
anre. Il en eft de même du pêcher , fur les
pouilès duquel elle fait des taches livides ,
de couleur de canelle , femblables à celles de
la rouille du fer : les efpeces qui s en reiïea*
cent le plus fonr les pèches hâtives , & les mi^
gnones dont le i3ois eft plus tendre & plus po***
xeux* J'attribue cette maladie qui commence i
la mi-Mai , & dure jufque vers la mi-Juillec >
ccms de la maturité des fruits , à la difponûon
de Tair , à fa conftitution , & au vice intérieur
de la plante occafionné par l'aâion de lair»
£Ile eft fort commune dans les années extrê*»
mement féches ou humides^quand au lever du
£bleil des brouillards s'élèvent lors de la belle
faifon. Les pêchers en reflentenr plus vivemenc
les atteintes après ceux des printems, durant
lefquels ils ont étrangement fouffert de la ge«
lée , comme en 1749. ^^^^ les rerres fortes »
dans les climats chauds & fe^cs elle, eft moins
fâcheufe, & de moindre durée*
La gorme fait un grand tort au. pêcher « &
détruit quantité de beaux bouigeons depuis
Tendroic qu'elle attaque jufqu'à leur extrémité^
Z
354 La Pr a tiq v b
ce font toaioars ceux qui ont poufie depuis lé
ptinceius» lar lefquelselles'éceod Se s'aplatic.
On n'y conooîc point d'autre remède que de
GDUper le bourgeon a un œil plus bas que l'en-
droit malade , & il s'en forme un nouveau i
l'œil aù-deflbus. Comme cette maladie eft con-
tagieufe » & qu elle prend d'une heure à l'autre,
il faut vifîter tous les arbres plutôt deux fois
le jour qu'une , & en arrêter promptement le
progrès.
La cloqub. Vers la fin de Mars ou eo
Avril , les fleurs épanouies & nouées du pé-
cher , fes feuilles verdoyantes , & fes bout*
geons déjà alongés , offriront le fpeûacle briU
tant d'un verd naiflant » lorfque d'une nuit à
une autre , du matin au foir , tout ce fuperbe
appareil fe trouve changé en un défaftre af*
freux. Ses feuilles liffes & unies fe récoqmU
lent ^ â ce beau verd fuccede une couleur
livide , d'un brun noirâtre ôc rougeâtre tout
enfemble. De minces qu'elles étoient , elles
ont acquis fùbitemenc le double 8c le tri*
pie de leur épaiffeur ordinaire ; difformes ,
repliées , elles font grav^leufes » rabpceu-
fts Sç gaieufes. Les bourgeons dont l'écorce
ctmt unie de luifante , & dont la figure étoit
ironde , font remplis de boffes , d'inégalités ,
de calus ; leUr groiTeur par le haut eft du triple |
de celle du bas , Ôc la gomme en découle de '
toutes parts. Les fruits nai^ns , dénués de
l'ombrage des feuilles repliées, qai fe féchenr,
font à U merci des rayons du foleil i & bien*
PU Jardinagi» jJ5
t&c dépourvus de nourriture par U privatipn
de leurs meres-nourrices , ils le fanent &c rom*
lbent« Enfin les pucerons vont fe loger dans U9
replis de ces feuilles brouies , & achèvent do
flinectre le cocnHe à la difgrace de cç$ arbreji
infortunés.
Quelle peuc être la caufe fatale d'une méra*
tnorpKofe û fubite 9c (îécrange ? Le feul foufïlê
Î^aflager d'un vent brûlant peut bien changer
'économie extiérieure de l'arbre , & détruira
cette brillante harmonie , mais non pas ren*
i^erfer en un moment tout fon méchanifm^
antérieur.
Je me fuis tranfporcé, lors de k cloque , en
idiSérens cantons durant nombre d'^'années ^
pour obferver & fuivre cette maladie dans
tous les terreins 8c i toutes les portions, coni^
me auffi pour recueillir les fentimens des plus
experts dans l'Art du Jardinage. Tous s'accor-*
dent à dire que la cloque eft une maladie pef«
cilentielie du pécher » Tune des ^lus bizarres
8C des plus variables de celles qui concourent
à fa perte, Se ils l'attribuent à un mauvais
yent. Mais ce vent perpicieux , autçur de ces
défordres > fouffle tous les ans , Se eft accom-
pagné des gelées meurtrière^ , & néanmoins
ce n eft pas toufours alors qoe cerce maladie
a lieu. Quelques feuilles font rôties » quelques
bourgeons deflTéchés, certaines branches viciées
1 aieurent , nombre de fleurs avor/:ent, Aqs fruits
i nonifCèat grillés 9 iàns que tout l'arbre foit.
55^ La Pratique
Il eft démontré que dans un tel événement
il y a nn dérangement de nature occafîonné par
Une caufe accidentelle qui na pas encore été
découverte. Cet accroiflement fubit , tant dans
les feuilles que dans les bourgeons , qui im*
médiatement après cette métàmorphofe > pe^
fent deux & trois fois plus que les feuilles
épargnées , n eft pas le ieul effet du vent. De
plus 9 ayant mis dans le microfcope & difle-
que ces bourgeons Se ces feuilles doquées ,
je les ai trouvées différemment conformées
3ue les feuilles faines du même arbre. Le flux
e gomme qui paroît incefTamment dans tout
le vieux bois^n'annonce-t-il pas un épanchement
de fève mal préparée,mal cuite,& mal digérée?
11 faut néçeflairement fuppofer qu'il s'eft fait
dans la tige d*abord , eniuite dans le réfervoic
de la greffe , puis dans les groffes branches , Se
enfin dans les bourgeons une forte de caco-
chymie qui a caufé ce boule verfement univer-
fel y & que la fève a pafTé toutâ-coup dans
toutes ces parties différentes , au-lîeu qu'elle
auroit du y couler fucceffivement» fuivanc l'or-
dre réglé par la Nature.
Dans les diverfes obfervations que j'ai
faites fur un événement audi fingulier , j'ai re-
marqué : i^. Que malgré les paillaiïbns , la
cloque prenoit aux pêchers couverts , i**. Que
l'expofition du couchant en étoit la plus mal-
traitée: 3®. Quelle n'ar ri voit jamais durant un
tems mou, brun, obfcur, ni même après les
pluies froides du priacems » ni après certaines
DU jAltDIMAGE. ^57
gelées fortes , durant lefqnelles le foleil ne
p^roiflbit point. 4®. Je n'ai jamais vu les pê-
chers brouis ni cloques lors des plus grands
vent^ du nord & les plus froids , fi ce n'eft
qu'ils fulTent rabattus fur Tefpalier par quelque
roît ou bâtiment voifin , par un mur ou par
une montagne. 5^. Ce)s vents deftruâieurs fouf-
flent du midi au couchant en forme de tour-
billons , & apportent avec eux des exhalaifons
contagieufes , non-feulement aux plantes déli**
cates, telles que les laitues placées fur descof-
tieres , les pois hâtifs, les melons & concom-
bres avancés fur couches , mais aux plantes
robuftes , comme les lilas & les chévre-feuil-
les. Après la rofée qui accompagne ces vents «
on trouve fur ces feuilles brouies une humeur
tant foit peu cotoneufe , qui eft une humidité
de fléchée & coagulée , que les gens de cam-
pagne appellent les fils de la bonne Vierge.
6^. La cloque n'a jamais attaqué un pêcher
après ces vents degalerne^ qu'ils n'ayent été
précédés, accompagnés ou fuivis die coups
paflagers d'un foleil très^ardent, ou de quel-
que chaleur immodérée pour la faifon. 7®» Elle
ne prend pas toujours uniformément , fouvenc
elle arrive tout d'un coup , d'autres fois peu-
à-peu , tantôt avec la naiflance même des
bourgeons 9 tantôt lorfqu'ils font à, cinq ou
fix feuilles.
La cloque n eft donc qu'une indigeftion en
forme , caufée par le contrafte du froid & du
chaud. Elle ne prend > comme je viens de if
Ziij
lî* La PRATtQtff
dire j ,qu*aptès que la terre a été durant qpeW
qoe^teois échauffée par U douceur des zéphirs,
ou qu'après que les rayons pénétrans du fo"
leil ont rois la ft^e dans un mouvemeni, fa-
Int. Alors , pat une révolution foudaine , ce$
Vents de galcrn^ apportent des froids morfan-
dans qui J'arrêtent. Cette révulfion momen-
ttinnee de ta fève , ne hii permet pas de fe
fjréparer ni de (éjourner dans Tes cribles & dans
es canaux propres à la digérer ) elle y arriva
gfoffiere. Elle a bien pu monter , mais s'éranc
morfondue en chemin , elle lie circule plus , &
fe jette alors d^ns les parties les. plus voifi-
nos; favoir , l'extrémité des bourgeons & les
feuillet vers lesquelles elle a été lancée d^abord.
D« cette charge brafque & confufe, naît le
\fel urne énorme de chaque feuille , te le gon-
flentenc des bourgeons épaiffis par leur ex-
trémité*
A Monireuil 4m rie comtoît d'autre remède
â la cloque , que d© laifTer agir la Nature fans
toucher mx arbres » ni aux Veuilles cloquées ,
qu'on laîflfe tomber d*eHe«-mêmes* On attend
patiemment que les nouvelles foient venues,
&c que les ' bourgeons , après s'être remis ,
foient /ttffifamment alongés pour être paliflTcs.
iLes arbres 'fe dcbarraffenc feuls de tous les
bourgeons dêflechés. En 17495 nombre de
kurs pêchers, dont je défefpérois prefque, fe
font remis d'eux-mêmes , & étoienr en Juillet
aisffi pleins &C au/Ii verds que ceux qae la clo-
que avoit épargt)és<
La cloque , difent les Montreuillois , a fait
|>acir les arbres : la première fcvç qui a coulé
inutilement leur a occafionné un cpuifement-
X^eur faire alors pouffer de nouveaux jets , en
iupprimani ou en raccourci (Tant les jets do-
?^ués , c'eft leur demander audeffiis de leurs
orces aâ:uelle$< Mais laiffè^ les fe remettre
de leurs fatigues , donnez le tems aux raci-
nes de travailler pour envoyer i la tige 8c
aux branches de nouveaux fucs , attendez qu'ils
ibient en état de les cuire & de les faire cir-
culer au renouvellement de fève j permette;^
aux parties relâchées & afFaiiïees » de repren-
dre leur jeu & leur reffbrt \ alors la Nature
travaillant 4 loi(ir i réparer ces accidens , le
méchanifme fe rétablira peu à peu«
Je ne puis qu'applaudir à cette pratique
qui a pour bafe un raifonnement aufli jufte*
Néanmoins perfuadé que la Nature veut eti
nombre d'occafions ètre^idée, & qu'elle m'a
paru en avoii^ grand befoin après la cloque ^
je penfe qu'il eft à propos d'adminiftrer aux
arbres cloques des fecours pour l'exciter fans
la forcer. Je les laifle durant quelque - temj
fans leur rien faire , afin que la fève fe re-
produife , èc que celle qui eft extràvafée ^
rentre en partie pour être mieux élaborée ^ ou
forte tout-à*fait & fe décharge. Ce tems île
peut être déterminé que par celui qu'em-
ploient les. arbres à fe remettre de leur ciife,
c!eft-à-dire quand les feuilles broutes com->
mcQcent à U faner. Je préviens. leur ^huce 5
' Ziv
j
f6ù La Pu a 1 1 <}o«
& avant la poufTe des nouvelles , je vsAs le9
bicz Se les recueillir dans un panier pour les
brûler , avec celles qCii ont pu tomber. En
Voici la raifon. La cloque n'arrive jamais
qu elle ne foit fuivie ii'un déluge de pace-
rons qui s'attachent aux feuilles devenues er-
trcmeinent tendre^ , par répanchement trop
abondant de la fève. En laiflànt fur terre ces
feuilles remplies des œufs de cous ces. petits
animaux , ils fe multiplient à Tinâni Tannée
fuivante » & reviennent aflTaillir les pêchers;
Après cette première opération , je jette
à bas les bourgeons rabougris , étiques &
morts , & je Fais aux arbres une forte de
taille. Les arbres font malades , il faut
les foulager j ils font épuifés , il faut leur
fournir les moyens de prendre vigueur. Or,
fi je leur laifle trop de bourgeons à nourrir,
combien auront-ils de peine à fe remettre,
& combien de tems s'écoulera t-il avant leur
récabliffement ! Le refte des bourgeons choi-
iîs que je conferve , profite d*autanc qu'ils
font en moindre quantité. C^eft ainfi qu'en
1749 j'^^ conduit une infinité de pêchers,
& j^ai eu la fatisfaâion de les^ voir rétablis
un mois plutôt que ceux de Montreuil.
Autour du pied de ces arbres appauvris ,
je mets du terreau ; s'ils ont été fumés', ff
jette un peu d'eau. Je répare de cette façon
.leUES^ pertes , ôc leur cpuifement , & je leur
donoe Je moyen d'agir plus promptement. Je
;jue di^ai point qu'après l'enlèvement ^e tomes
les feuilles clôquées , un labour eft eflenticL
La cloque ne fe borne pas aux effets dont
l'ai fait la trifte peinture , elle étend fa mali-
gnité fur la poufle de Tannée & fur le fruit ,
comme fur celle des années fuivantes. D'à*
bord elle fait avorter à chaque bourgeon
cloqué tous les yeux du bas jufqu à fa qua-
trième & cinquième feuille , & par confé-
quant nulle efpérance de fruit à. la taille pro~
chaîne qu'on eft obligé d'alonger à ceux des
yeux qui ont pouffé après coup.
Une autre fuite non moins fâcheufè de la
cloque eft l'avortement de tous les boutons à
fruit des bourgeons. En faifant tomber leurs
. feuilles , elle les force d'ouvrir leurs boutons
pour en reproduire de nouvelles > & cette ré-
f^roduétion ne peut fe faire qu'aux dépens de
a fubftaiDce de chaque ceil qui dès-lors étant
altéré, n'eft plus en état de donner du fruit
pour l'année luivante. Auffi ne doit-on comp-
ter d'en avoir qu'à l'extrémité de quelques
branches.
Plus d'une année un pccher fe reffent des
fuites de cette maladie. Après fa guérifon »
il perce à travers la peau en difFcrens en-
droits , & fait éclorre-des gourmands ou des
branches adventices , dont j'ai tant de fois
parlé. Un Jardinier entendu taille d'année en
année le plus long qu'il lui eft poffible fur ces
fortes de branches , les étend , & rabaiffe in-
fenfiblement les autres fur lefquelles il rappro-
che fon arbre.
}St La pRATiQtJ*
La brûlure du pêcher par la tige y làgreffif.
'& les branches , n'eft que trop commune;
on en ignore le principe , qu'on dit être b
foleil dcté. Il eft étonnant que rinuiilitédei
prcfervatifs employés pour s en garantir , n*iit
pas encore défabufé du préjugé génér;ilemeiit
adopté à cet égard.
Dès la cinquième & fixieme année que U
pêcher eft planté, fur tout à rexpoûcion da
midi , récorce de la greffe commence à fe
rider , infenfiblement elle fe durcit & fe fc»
çhe. Les pluies & les humidités qui pénè*
trent dans ces gerçures ^ jointes à l'itnpreffioB
des rayons dulSleil , font écailler cette écorce
qui fe détache > & tombe enfin en pourriture.
Au bout de quatorze ou de quinze ans , m
pêcher qui doit être dat>s la vigueur de fon
âge , n*eft plus qu'un fquelette > ou eft déji
remplacé.
Aux autres exportions la même' chofe ar-
rive à la tige & aux grolTes branches y mais
avec quelques différences. Les parties en face
du midi 5 qui font d ordinaire de figure rornde
comme toutes les branches , s'affaident &
s*ap)ati(fent dans^ la fuite confidérablement.
Si on lève Técorce en cet endroit ^ on la
-trouvera tellement collée fur le bois , quon
4iura de la peine à la détacher , tandis qui
-cette même branche Técorce de derrière eft
ronde , gonflée comme les autres, pleine de
fève, & quitte aifément le bois. Levjez avec
ia feipette Técoree à Tendro^f où le foUil
Ax tnidi la frappe, vous la trouverez d'un
a.ixne pâle , au lieu que par derrière , elle a
SL verdeur ordinaire. Confiderez également
«s moyennes branches & les groffes ; le de-
i^ii.iir & le côcé qui répond au midi , font
roujours delTéchés. Toutes les fois néanmoins
c\tie la brûlure fait des progrès , elle s'é-
tend aux parties malades , fans qu'on puilTe
crop faire cette diftinâtion. Mais regardez
celles qui commencent à brûler dans les pè-
ohers, & si quelque expofition que ce foit ,
VOU5 les verrez deuéchées à Tendroit où cha-
cune d'elle répond au midi , & non ailleurs.
Ces faits une fois établis , je prétends que
la caufe principale de la briilute du pécher
n'eft point le foleil d été dans fon midi , mais
le froid de la gelée des hivers , & que Ci le
Ibleil y concourt , ce n'eft que comme .caufe
acceflbire & inftrumentale.
Avant que d'cmbrafler un fentiment fi op-
pofé à celui de tout le monde, j'ai pris plu-
sieurs précautions pour garantir mes pêchers
de la brûlure , telles que d'entourer leur tige
de paille , de ti>ile cirée , d'écorces d'arbres ,
de planches , & de douves. Toutes ces ten-
tatives 5 loin de Us préfervet de cette ma-
ladie , leur ont attiré un déluge d infeftes Sc
de vermine , qui s'y trouvoient d'autant plus
à l'abri , qu'on ne s'avifoit point d'aller les y
chercher. Enfin dans une forte gelée , au
mois de Janvier , lorfque le foleil à l'heure
de midi brilloit dans fon plus grand éclat ^
1^4 La Pratique j
j'apperçus un ancien pommier que jarofl
laiflë pour me donner du fruit, en ^tteadaai
aue mes jeunes planes fudènc en état demVsf'
routnir ^ je 1 apperçus , dis-^ je , tour niomll&
Un coup de vent du midi l'avoir courbé veil
le nord par le bas de fa tige. Je reconnql
que cette humidité , qui avoit auffi trempe la
terre de de (Tous , étoit" de ces frimars blancs'
que la nuit , durant l'hiver, fe plaît à verfcr
fur tous les végétaux , & que le foleil fait
fondre alors malgré la fraîcheur de Tair. Sur
les trois heures après midi , je vis que ce
pommier étoit incrufté en face du midi d'une
couche de verglas épaifle d'un demi-pouce,
depuis le commencement de fa courbure jof-
qu'en - bas. Très - fain du côté du nord , il
étoit carié fort avant du côté du midi , à l'en-
droit où fe trouvoit cette incruftation. Je réi«
térai la même obfervation durant trois jours,
au bout defquels, quand les frimàts furent
fondus , j'enlevai avec une éponge toute cette
humidité dans la partie cariée de l'arbre.
Après des incidons faites jufqu'au vif, j'en
remplis la cavité avec de la bouze de vache
que j'entourai de linge, & que je couvris d'une
planche.
Cette découverte me fit penfer à mes ef-
paliers fur lefquels je fis les mçmes^remar-
ques & les remèdes : il n'y eut plus de
brûlure à mes arbres dès cette année ,
ni les fuivantes. i^. Si elle avoit pourprin-
<;ipe la chaleur excedive. du foleil en été ,
f
BU Jardinage. 5^5
jmes Jeunes arbres > avec cous les préfervatifs
4ionc l'ai ufé pendant nombre d'années, au-
iroienc du être exempts de cette maladie. Or,
ils ont brûlé comme les autres , il faut donc
admettre une autre caufe de la brûlure que le
ibieil. 2^. Il n'y a perfonne qui ne convienne
que la glace appliquée fur Técorce du pêcher ,
gèle la fève qui n'eft qu'une eau fort limpide.
Elle doit , ainfi que tous les liquides qui
gèlent , perdre fa faveur & fes propriétés. Les?
pointes des fels & des acides dont elle eft
compofée y floivent être émoulTées par l'effet
de la congélation , d'où il réfulte un déran-
gement dans les organes de la végétation , Sc
un dommage cbnfidérable pour l'arbre. }••
L'écorce étant flétrie & deUéchée , la partie
ligneufe ôc même la moelle doivent s'en ref-
ientir. Coupez quelques-unes de ces bran-
ches , quoiqu'elles ne foient pas mortes ^ vous
trouverez leur moelle noire. Durant les an-
nées où la gelée a été longue & forte , lors-
que le foleil a beaucoup lui en hiver , la
moelle des petites branches eft de couleur
jaune , qu'une nouvelle fève jointe à la vi-
fueur dé l'arbre fait enfuite difparoître. 4^.
fe font-ce pas les faux-dégels qui gâtent les
biens de la terre ? Ils ne font àuflî que trop
de ravages fur les parties des arbres tant de
fois dégelées & regelées. 5^. Tout le monde
convient que la gelée mord davantage fur
l'eau chaude que fur la froide. Eft-il éton-
nant que le foleil échauffant les fômats fut
}SS La Pratiqxib
la tige & (ur les branches du pecKer » pm
fe retirant prefqu aiiflitôt , cet arbre fi p^
reux foit faili d abord & rranfi ? (>**. U tkirdmi
que trop fôuvent à la vigne & aux autres tè^ '
raux d'çtte garés , lorfquil gèle au prinicatt,
& que le foleil paroît enfuue. 7^. Si cetafice
durant 1 été brùloit les pêchers , to\x$ devrôienc
l'être dès la première ou féconde année
tems où ils font plus cendres , où ils opt Te-
corce moins épaiiTe, & où ils ont moins de
fève ic d*humide radical , que quand ils ont
pouffé en terre de profondes racines. 8*,
Enfin , qu*on examine tous les arbres qui fo-
rent gelés en 1709 , & on réconnoîtra qu'ils
font dépouillés de leur écorce 6c cariés eo
face du midi , tandis qu'ils font fort faios àa
côté du nord. Cette brûlure ne doit donc être
attribuée qu'à la fonte fuccedive des frioiats
Se des neiges que le foieil occadonne ^ & qui
eft fuivie d'une nouvelle congélation. Je con-
viens que durant l'été TimpreiHon des rayons
du foleil fur l'écorce attendrie par ces congé-
lations réitérées > la rend plus facile à fe lever
par écailles » mais pour lors elle fait le même
effet que les pluies & les humidkés de cette
faifon.
Les remèdes convenables à la guérifon de
cette maladie regardent la tige , la greffe , &
les çroffes branches faillantes , fur lefquelles I
les mcruftations des frimats fondas convertis |
en verglas^ s'attachent après que le foIeiJa
difparu. A mefure qu'il les fait fondi;# 9 ils 1
00 Jaudinaoe. 3^7
Poulenc de toutes les parties fupérieures de
l'arbf e fur la tige. Celle des nains eft com-
munément plus maltraitée , dépoiiillée de fa
peau & deflfecbée , parce que Phumidité & la
fraîcheur de la terre dont elle eft plus voifine ,
influent beaucoup fur la congélation de ces
frimacs fondus.
Pour s*oppofet à leurs ravages , voici deux
moyens que j*ai conftamment éprouvés. Le
premier. con(ifte à appliquer les paillafTons
fur les atbres , foit dans les tems nébuleux
avant la neige , foit lorfque le folcil darde
vivement fes rayons durant les fortes gelées.
J'ai expliqué plus haut la façon de les fabri-
quer & de les pofer. Le fécond eft d'ôter avec
un petit balai de plumes de volaille les frimats
<3e la nuit & les neiges , en houflTant Tarbre
an haut en-bas furtout à Texpofition du midi^
avant que le foleil puiffe les faire fondre. Je
ne parle ici que des gelées fortes & à glace »
duranç lefquelles les frimats fondus peuvent
former des incruftations de verglas* Lorsqu'ils
fondent d'eux-mêmes , ou par la chaleur du
foleil durant une gelée médiocre , ils tombent
à terre , ou ils (ont pompés par l'air SfC fé-
chés par le foleil. Je puis affurer qu'avec ce
dernier expédient dont il ne faut point fe
faire une chimère , les yeux & les boutons
de mes arbres ne fe font point relféntis de la
gelée : leurs branches , leur greffe & la tige
n'ont point été incruftées de glace , & iU
ont été conféquemment préfervés de la br^-ir
}6S La Pratique
lure. Qaand on voit aue lextrémicé dei
branches eft noire , il eft inconteftable qm
celle des racines l*eft au(E. On les tsucaxu^
cit alors jufqua Tendroitoù elles font rsitêjt'
enobfervanc d ailleurs les précautions quefm»
diquerai en parlant de la viûte des racines
par rapport à la jaunifTe.
La jaunisse , maladie commune à tons
les végétaux , les attaque en difFérens rems de
leur pouife , & fouvent lorfque leur verdare
ne fait que d'éclorre. Elle eft Aiivie d'un ap-
pauvriffement univerfel , de la chute préma*
turée des feuilles , & d'un changement total
dans l'arbre. Sa peau s'aplatit & fe reflerre
contre la partie lieneufe , elle jaunit en dedans
feulement , & devient d'un pâle blafatre :
enfin la patrie de la fève qui l'içibibe tant
dans les branches de la poufTe précédente , que
dans les bourgeons de Tannée , fe féche & ta«
lit peu à peu. Cette maladie tranfpire jufqa'i
la moelle qui , après avoir jauni , noircir.
Les boutons à bois & à fruit travaillés im«
parfaitement , font petits & mal nourris. Les
rameaux chétifs Se maigres féchent par le
bout , & leur extrémité noircit , comme s'ils
avoient palTé par le feu. Les branches pri«
vées de cette fève abondante , principe de
leur clafticité, fe caflent facilement & cèdent
au moindre effort. On n'y voit plus cet hu^,
mide qui leur eft ordrnaire ; & fi l'aibre a !
rapporté des fruits , ils fon,t jaunâtrçs, petits
^ d'un goût fadç. j
^ U '
9V Jardinage. ^S^
1^ jaunifTe prend quelquefois en vingç^
|aatre heures, quoique d'ordinaire elle f^
>rcjpare de loin : les feuiUes des ambres par
Itlent , fe replient & jaunilfent rout-à-fait.
Les jeunes & les vieux , les foibles & lç$
vigoureux en font également attaqués ; nui
cerr^in , nulle expofition n'en peuvent garan-
cit , fa durée n*eft point fixe « elle décida
communément du fort de l'arbre , quand elU
cft à un certain point » & qu'elle 4 été né*
gUgée.^
Après avoir fouillé les racines de quan«
titc d'arbres atteints de la j^uniflfe j j'ai trouvé
•que dans plufieurs cett^ maladie venoit da
vice de la terre qui n'avoit point de fond ,
& que les racines avoient gagné le tuf > la
fable , la ctaie , ou la gUi^ , & étoient de-
venues noires par le bout , comme fi elle«
•eùdènt pafTé par le feu. J'ai mis alors ea
ioeuvre les remèdes prefcrits dans ma pxemi^r-e
patrie.
D'autres fois , f ai vu quantité de ces gro^
vers blancs qui fe transforment en hannetons ,
& qui a voient rongé les moyennes & les per
tites racines , endommagé l'écorce des grottes »
& mangé le chevelu. Au - lieu de découvrir
foutes les racines à la fois , je les prends p^
patties , & à mefure que je les vïfite & qiie
je les travaille , je les recouvre de terreau
onâueuK ou de fumier bien confommé. Je
fais eofuite arrofer amplement avec de TeakU
de fiunier jufqu à ce que Us arbres ayem re^
Ad
J70 La Pratk^ub
pris vigueur. Cette opération faite néceilàî-
reroent dans untems ou les racines ne doiveiv
Joint être mifes à l'air , m'oblige 1 cooFixr
urant le jour ces arbres , avec des paillafioDS
que j ote le foir.
Fouillant au pied de quelques poiriers de
bon-chrétien d niver , je trouvai de pareîh
vers dans leur tronc , qui avoient pénétré juf-
Îu'à k moelle & gagné à la hautear de hidt
neuf pouces. Je hs , avec un cifeaa , o&e
ouverture au tronc à l'endroit par lequel le
gros vers étoit entré , ouverture que je con-
duits à trois pouces en avant dans le corp
de l'arbre. Après, avoir détruic cet animal
vorace » je rendis la plaie de l'arbre unie, &
l'en remplis toute la capacité d'on^oent de
Saint Fiacre > dont je la couvris pareillement.
L'arbce ayant été enfuite beaucoup foulage
tant à rébourgeonnement qu'à la taille ^ rot
reihis parfaitement , & ia plaie fut couverte
au bout de trois ans.
Qjoand jevoyois que les taupes 6c les mu-
lots avoient mis â jour les racines de mes
arbres » £c qu'enfuite la féchereâfe les avoit
pénétrées , j'employois le changement de ter-
xe , les engrais, les labours après des pluies;
ou le foir après des arrofemens faits durant
le jour , j'y jettois de l'eau de fumier , oa
de maires bourbeufes. Avec ces précautions,
qu'aucun Jardinier ne s'avife de prendre ,
j'ai, confervé quantité d'arbres atuqsés de la
jauniHè. « ^
On a vu dans le Diâionhâke la eompod-
tion d'un bouillon ttèi; effieilce ^our la gué-*
rifon de cette maUdie. L eaii des lavares dé
vaîfleile quon a lailTé ferttiértter fuffifartinîent
dans des baquôts eft aafliî une éxéelléme fô«
«nencation aU ptéd des aFbt'es jaunis , (dx lei
premières tacines d^f^uels où la répond. Cècté
eau , ainfi que eetlé ptife dans tes puifàr ts ,
qui fervent de déchargé aux cui fines , eft met-»
veiileufe pour la jaunifle des plantés étran-
gères » telles que lès otangers.
Dans les grandes féchere^Tes , qui occalfion-^
nent fouyent la jaunifle , il faut arrofer am-
plement. Quelquefois j*ai trouvé au pied des
arbres de^ fourmillieres > & des fourmis
jaunes , que j^ai détruites avec les remèdes
qui feront indiqués à la fin de cette partie.
La jaunilfe qui peut ceffer en quinze jdur^ »
dure auflî le refte de Tannée jufqu an prin-
lenas fuivant , qui eft le plus foiTvent fon ter»
me. Les remèdes ont alors produit leur effet.
Les nouveaux fucs , après avoir été portes
dans toutes les parties de rafrbré , ont rem-
placé rhuttteur viciêufe dont ^\ki étoieiit im-
pre^ées. Il eff une cfpèce de jauhilTe qu'on
peut qualifier de mortelle , quand cette ha-
meur a rellemettt gagné Bc dététibté les or-
ganes des végétau^jfe par fon long' féjour , que
toute la marte de la fève eft gâtée. L'unique
remedîe eft de replanter. On s'a^perçoit i^ue
le mal eft incurable , lorfqu'il réufte â tous
)es remèdes indiqués ci^evant.
Âa i|
J71 La PaAT iqu e
La Rouille a pris ce nom de certainei
taches brunâcresde la couleur du fer rouiilc,
qui fe forment fur les feuilles & fur les hmt
ches de la pouiTe nouvelle. Elle eft plus or&«'
naite aux arbres de fruits à pépin qu'à cem
à noy^u , elle attaque communément les pru-
niers en efpalier , & le pêcher n'en eft ps '
exempt. Voici comment elle fe forme* La
furface mince & Içgcre des feuilles eft alors
çnlevçe, & au- lieu de ce beau vernis & de cette
verdure fraîche , on apperçoit une couleur
livide : elles deviennent raboteufes & rudes
au toucher ^ elles font enfuite à jour , comme
un rézeau. Les bourgeons de Tannée. devieiH
nent gravele.ux ; leur éçotce eft un peu bru-
nâtre, & conféqtjiemmentcontufe & eadom-
magée.
La caufe de la rpuille eft quelquefois la
même que celle.de la jaunilTe , & on emploie
auflî le;s mcmes reihedes. Souvent elle eft oc-
cafionnée par un principe étranger qu'il £aat
chercher. Plus extérieure qu'intérieure , fon
fiége eft dans les feuilles & fur Técorce des
arbres , dans les feuilles des plantes & des
fleurs. Elle affeâe rai;ement 3 comme la
jaunifle , les parties npbles des végétaux.
Une des plus facheufes ïuites de cette ma-
ladie eft la chute des feuilles ainii corrodées,
à la place defquelW l'arbre eft forcé d en i
produire d'autres ; ce qui ne peut fe faire '
qu'au dépens du bouton à fruit , qui dèi-
lors avorte pour Tannée fuivante. . 1
r
: ' ' ' '
O t^ J AKD I K AG £• J7I
|»:Il ^uc diftingqer deux fortes de rouille ^
■Ktout dans le pécher » 1 une qui naîc d'un dé-
iingenienc intérieur &: d'un vice de la fève ,
K Vaatre qui a pour principe des caufes exté-
pleures.
La première eft (>roduite par le dérange-
ment même de la faifon. En 17)1 , la pluie
dura prefque depuis le mois de Janvier juf-
<|u'en automne » & à l'exception d'une dou«
zatne de jours fore chauds ver« la fin de Mai »
nous eûmes des matinées & .des journées du-
rant lesquelles on fe chauffa jufqu'au «nois
d'Août , & les imits pendant 1 été furent ex<-
trëmement fraîches. Ces humidités fuccef-
(ives & réitérées , ces contraftes de chaud
& de fcoid arrêtèrent la fève au point qu'on
ne vit jamais une rouille fembla-ole à celle
de 175 1. L'effet de cette maladie fut la chute
prématurée des feuilies \ & par l'abondance
d'une fève mal. cuite, les yeux ou boutons
dèflinés â fleurir l'antiée fuivante , s=*ouvrirent
tous & pouffèrent des branches chiffonnes.
Je remarquai que la plupart des nielons furent
geccés , fendus;, ouverts & fort ti^auvais. Les
pranes , furiôac celles de âdoniieur, furent
dans le mènie càs% Ce qu'on .pUtfair^ de
mieux alors , fut ^Je donner de l'air au pied
des arbres , en fouillant la terre & en décou-
vrant leurs premières racines. * " '
. L'autre efpèce de rouille quia pour prin^*
cipe des caufes extéïicures , vient de Térofion
ou' de. l'enlèvement de la partie^ verte des
A a iij
174 tA PRATIQVI
feuilles , qui forme Içuç fapcrficie place «»-
defTils, On ne peur l'attribuer qu'à des. anir
tp^u:! 4^nc elle fait la paiure durant la nm
L^ Nature ç'eiForce de produire cette parâ
enlevée de deiTus la feuille , mais canme
elle ne peut la réparer dans le même état oà
elle étoit origin|iireinei>c , la feiulle atafi n»
gée prend, un^ copieur bcunatre livide.
Apre» avoir longrf^tns réfléchi fur la casfe
de cette maUdie^ïuPtigînai que les fraichems
de la nuit ^çontrib noient , ainfi aue les brouil-
Urds,les rofées & leshumidités; j allai dans
cette idée: vifitèr fur le mioiiît avec det la la^
miere ceux de mes. pêchers qui en croienc les
plus affligés, G*étoit vers la mi-Mai. Je trouvai
nnc ayant-peche couverte depetits pert:e-K>reil*
les qui en rongeaient le feuillage , & qui
âvoient entamé nombre de fruits les plus avan-
cés. A rafpe.âd^lalumi^e » tous ces animaux
firent une prompte retcaite. Je vis en outre
beaucoup de limn^çoiis , la plupart gros comme
de$ pois & iies noifettes^ ^e fes. faifis aifétoenc*
Je coniiiauai çett« cbaflrenoiftinne , &; ji^ m ap-
perçus bienr&t de fes eifets , nonrieulemeae
par la beaucé du feuillage de mes arbres »
mais par Ti^cégrité de tnts chaflTelas & de mes
muCcats qui.» tous les ans , étoient entamés i.
mefare q»*.iJ$ tournoîentb ...
Lorfque cette rouille deS: feuilles & des
branches tire fon origine de. k féchereflè
£c d'un défaut de fève » on peut la faire
ceiTet par le mpyen de$ arrofemeos. Le
Dv Jakdinags. j*r}
^XoVeil ) durant les grandes ardeurs de Técé ,
•jTocit peu-à-peu la furface des feuilles dont il
i« j>ompe rhumide radical. Alors elles fe féchent
^ ^in-deflus, & il n'en refte, pour âinfi dire ^ que
• \st, carcafTe, elles bruniiTent , fe brouiiTent Se
ii irombem. Je les ai vu fe touiller par les coups
^ ^Atétés de la grêle; & par l'agitation conci-
i ^1 aéll^des vents fougueux , devenir toutes bru*
a xses à force de meurtrifTures & de contufions.
X '^ La rouille eft ordinaire à beaucoup de lé-
^ gumes , tels que le céleri , la laitue , la chi-
h crorée: je l'attribue au vice des arrofemens,
lotfqu'on répand deilus des eaux croupies eu
15 crop fraîches durant les grandes chaleurs , ou
i au défaut de la terre trop légère , & incapable
fi de fournir de nouveaux fucs à la tranfpiration
i: des plantes.
r La maladie tlommée ib blanc , le meu-
fi ^i£R ou LA LipRE , eft Une des plus fô^cheufes'
r pour le pécher ) elle déconcerte tes plus grands
s Maîtres de l'Art qui n'ont pu encore y trouver
i de remède. Dès la fin de Juin , & durant les
{ mois de Juillet &. d'Août , ^ufqù'en Septem-
i bre f il fe forme à Textrétnité des bourgeons »
( aux feuilles & aux rameaux , ainfi qu^au fruit
î même , un duvet blanchâtre aflez reffêm-
[ blant à la chancitTure qui paroît fur les viandes
cuites , & trop long-tems gardées. Cette ma-
tière cotoneufe arrête la tranfpiration des at«
bres , & les prive des bienfaits de l'air.
En fuiv.int la lèpre danî$ fon commencement»
p dans fes progrès^ & dans fa fin » j'ai remarqué :
Aa iv
}7.<t La Prat îQtrjr
1**: Qlie ce duvet blanchâtre attaque cTabcPfil
rexcrémicé du rameau. Toutes les maladies çuî
ftffiigedt les arbres j commencent du bas eo ,
liaut , & s'infinuent en montant , à metwe
que la fève vicieufe y eft portée. Dans celle-d,
kw contraire , Thumeur prend d'abord a la cime
du bourgeon } ce grouppe de feuilles qai
en termine la poaiïe commence à blanchir ,
puis elle defcend infenfiblement vers le gros
du rameau , Se fe communique aux feuilles ,
à la peau, aux yeux, au fruit, & fouvent
au vieux boii. Toute la capacité dé Tarbre en
eft tellement infeftce f qu'il devient farineux;
c'eft ce qui a fait donner à cette maladie le
fiom de blanc ou de meunier. Les fuites en
font funeftes pour Tannée fuivante : il n'y a pas
de fruit à efpérer fur aucune des branches qui
en font anaquées i à caufe de la chute préma-
turée des feuilles qui n'ont point le tems de
travailler la fève pour la faire pa({er au bouton
endommagé lui-même par cette humeur def-*
iéchante.
. x^é Les pruniers , les abricotiers ^ & tous
les végétaux > font fu jets à la lèpre , mais plus
rarement & plus légéremeot , à proportion de
leur délicatefle»
)*?. 11 en eft de cette maladie comme de la
jàunifTe^ elle ne prend pas toujours à toutes
les parties de l'arbre à la fois , & ne nuit
qu'aux bourgeons qui à la taille font jettes i
bas , ou taillés fort court & on eft obligé de les
cofuferver*
»V JARDÎNAGB. 577
4^: Elle attaque également toutes fortes de
f>êchers en tous lieux. Xleux qu'on arrête par
es bouts , qu'on rogne & qu'on pince , en font
T3ien plus maltraités , ainfi que les arbres rem-
J>Jis de moufle, de bois morts,. de chicots,
«ie chancres & de plaies non panfées.
5 ®, Cette maladie eft tellement contagieufe,
cjue les bourgeons de l'arbre le plus fain placé
à coté d'un autre qui en eft attaqué, ne tardent
point à être couverts de lèpre. 11 eft vrai
qu'elle n'y fait pas le même progrès , mais
elle ne laiffe pas de s'étendre.
6o. 1,'humeur j principe de ce duvet blanc
dans le pêcher , vient d'une fève mal cuite &
mal préparée , qui filtre à travers les toupillons
de feuilles dont chaque bourgeon eft couron-
. né , & qui font plus petites que celles des yeux
inférieurs. Eljie commence à diftiller de ces
dernières j Se de Técorce du bourgeon , com-
me une humidité gluante qui colle tant foit
peu les dpigts. Son .principe eft la gomme qui
flue des feuilles où elle eft différemment mo-
difiée , plus amincie , plus déliée que dans les
grands rcfervoirs de la fève.
Je fuppofe, comme unechofe inconteftable,
que la fève, après avoir monté facilement, trou*
vant fes paflages fermés à fon retour , eft obli-
gée de fluer au-dehors, & qu'étant déplacée,
elle produit les mêmesi ravages dans les plantes
que le fang dans- nos corps en lemblable oc-
cafion. Elle ne flue point par bouillons comme
Tautre gomme dont j'ai parlé ci^devant , mais
L
J7* La. PllATIQX7f !
par petites parcelles minces- & faperficielles.
L> aiH>rd frappée de l'air y coagulée enfixite. Se
ftplacie fur les feuilles & fur la peau , elle oc
tarde jpas à ècre deflféchée par le haie y les ve&ts
& le loieil. Le tiiTu de cette humeur vifqueuft
& gluante j m'a paru au microfcope comme
un amas de petites parties filandreufes & col'
lées les unes fur les autres. Je ne puis mieax
les comparer qu'à certains duvets cotoneax
que la Nature forme fur les feuilles & les fruits
du coignaifier , & fur les feuilles des raifins ,
que pour cette raifon on nomme auffi tnea-
niers. Par la diflfeâîon & l'analyfe que j'ai
faite de cette matière , j'ai trouvé , après la-
voir mife dans l'eau , & Tavoir laiflc fécber,
qu'elle avoir beaucoup de rapport avec les fili
de la bonne Vierge que forment dans Tair les
brouillards durant l'automne , 8c dont les at'
bres & les prés font couverts , quand le foleil
les conden(e.
7®, Les arbres attaques de la lèpre en Juin
& au commencement de Juillet , le remettent
au renouvellemem de fève. A la fin de Juillet
& en Août au contraire , tems où la fève eft
lamoctie , & oà te foleil va en rétrogradant ,
ils fe dépouillent de leurs feuilles, & dès-lors
îes yeux ou boutons avortent pour l'année fui-
vante. Il faut à la taille avoir une attention
Particulière au' choix du bon bois, afin de ne
affeoir que fur celui qui eft le plus franc.
Cette lèpre , dont je parle , ne doit pas ctte
confondue avec le blanc qui ne prend qu'aux
»u Jardinais. jyj^
Feuilles du pécher lors 4es chaleurs durant les-
grandes féchereilès. Vers le mois d'Août & au
commencement de Septembre y il eft des coups
de foleil qui frappent vivement les feuilles de
certains pêchers, dont la ùve n'eft pas a(Tez
abondante pour fuffire à la diffipation qui s'en'
fait^ quand le foleil enlevé toute leur fubftan*
ce, & pompe kùr humide radical. Ces feuilles
paroiflènt alors toutes blanches à l'endroit du
oeflus qui répond aii foleil y tandis que le def«
ibus eft verd comme à l'ordinaire. Elles peu-
vent fe remettre fufqu'à un certain point , en'
baquetant de l'eau avec la main pour les hu-
meâer , & en arrofantles tiges. Ce blanc n'eft
pas dangereux , en ce que le bouton eft tout-
à-fait formé, & qu'on n'a point à appréhender
la chute des feuilles ^ ni leur produâion for-*
dée.
' J'ai dit que U tèpre do pécher eft une fève
appauvrie de éépouiilée de fbn baume 3 qui'
étant portée trop abondamment ^ers l'ex-
trémité des bourgeons , n'a plus de jeu pour
defcendre à cau(e des obftruâions qui l'en
empêchent , & eft obligée de fe dégorger au-
tour des feuilles & de la branche par la nou-
velle fève qui la pouilè & qui flue tant qu'elle
ne trouve point de conduits pour la renfer-
mer. Il faut dbnc pour l'arrêter & la fixer ,
lui en fovmer de nouveaux où elle puide
citre digérée & circuler , & par cûnféquent
dans le cas préffent , pincer ôc arrêter les bran-
ches Se les bourgeons attaqués ile la lèpre »
fio La PRATtQUB^
auâî'-côc qu'elle commence. Se les couper i
trois ou quatre yeux plus bas que leur eirré-
mité d'en -haut , afin qu'il s'y forme un mw-
veau bourgeon dont les pores libres & ^
ouverts donneront lieu à la circulation de k
fève. En retranchant cette partie fupérienre
qui eft viciée > vous coupez court infailli*
blement à l'humeur gangreneùfe. Cet expé*
dient employé dès la nailfance du mal m'a
toujours réuffi.
En rabaiflant ces branches , on pbfervera
de ne les point cafler ^ mais de les couper
proprement proche d'un oeil , & de foulager
beaucoup Tarbre à l'ébourgeonnement , en-
fotte que fi une branche de la taille duprin-
tems en a_ pouffé cinq ou fix , on n'en laiffcra
u'une ou deux. Au moyen de cette fuppref-
on , 1 arbre fera plus en état & de fournir à
la circulation de* la fève da;ns les rameaux
qu'on laiffe > & d'en produire de nouveaux à
la place de ceux qui auront été raccourcis.
L'année fuivante » la t:aille fe fera très-courte
fur du bois choifi & en petite quantité.
Perfonne n'efl: plus oppofé que moi à la
mutilation des bourgeons par le bout ; plus
d'une fois dans cet ouvrage je m'élève contre
cette pratique dangereufe ,„mais dans le cas
de ncceffité toutes les règles font obligées de
plier. Ceux qui laiffent leurs arbres atta-
qués de la lèpre ,, ont 4e chagrin de les
perdre. Si par ma méthode les yeux avortent
â caufe des nouvelles pouffes que je Us oblige à
?
BU Jardinage. j^r
le produire j j'ai du moins l'avantage d'ar*
rcter le cours de la gangrené , & d'avoir pour
L'année fui vante des yeux qui peuvent me don-
mer du fruit.
Les autres maladies, du pêcher font les
£entes & les fluxions, h brûlure de l'extrémité
.des branches, le defTéchement des racines >
leur brûlure par le bout , leur chancifliire ,
&c leur pourriture. Elles naiûTent toutes ou
de U quantité ou de la difette de fève.
Loriqu'un arbre eft très-abondant en fève
& trop replet , fon écorce ne pouvant conte-
nir l'exceuive quantité des fucs nourriciers >
le fend quelquefois le long de la tige du haut
en bas , & dans les grofles branches , de telle
ibrte que fe féparant en deux , elle met à
jour la partie ligneufe ; & le bois couvert au«
paravant de fa peau 6c imbibé d'une humidité
nourridante ^^ fe trouve à fec en cet endroit.
Cette peau s'entr'ouvre fouvent de trois &
quatre lignes j l'air alors , le foleil; les pluies,
les gelées , dilatent & font gercer les deuX
parties de la peau féparées Pune de 1 autre.
Par cette ouverture qui imite y lorsqu'elle f«
fait dans les gros arbres , le bruit d'un coup de
piftoiet, la lève s'évapore & flue jufquà la
réunion des parties. La gomme y arrive ,
fuivie de la carie Se du deiféchement de la
peau5qui opèrent des chancres par la fuite.
Si on n'a pas foin d'aider la Nature à fer-
mer ces ouvertures , quantité de pucerons
& de vermine de toute efpèce s'y établiflcnt
iS» La PRATI I^UK-
E^ur Vite , & ea fane leur qiurtidr
aacces animaux non moûis nttifibles ,
que les cloportes » les bètesià cent paccJi,4^ <
les vieux papillons qui fe choi&Skaïc eux-îol* '
mes leur tombeau , pîcocenc fam ceSé\
peau de Tarbre avec leurs petites pinces crafr-
chances, ou leurs trompes pointues, 8c rtn-
dent inutiles tous les eftorts de la Nature ,
pour refermer ^une plaie qu'elle s'eft faire
elle-même. Les oifeaux qui font léots dcli^
ces de cette peuplade d'animaux , percent
avec leur bec aigu cette peau laioce & dé-
liée , tant pour fe nourrir de ies fucs , que
pour détacher les ceufs qui y font dépofés.
Ces divers renouvellemens de plaies occafion*
nent un nouveau tlux de (eve , Se une noiH
velie gomme. Pour comble d'inforfane^ le re-
tout de l'hiver devance h gûéeifon de ces
λlaies , Se y introduit par le fooffle des vents
es humidités morfondantes : au printems
l'écorce fe lève & s'écaille y de- là s'enfuir la
Cralyfie de la tige & des groifes branches ,
; chancres & fouvent la mort des rameanx
Se de l'arbre même.
Par toutes ces fentes la Natutj^ ne femble-
t-elle pas nous itiftruice , & nous prefcrire
ce que nous devons faire ? Le Jardinier fi-
dèle à fa voix recouir à rooéra?ti«ii de Finci-
Hon avec le repique ordinaire qtt'il recouvre
avec des lattes retenues par des o(iers. C'eft
l'unique moyen de détournet des arbres tant
de maux réfultaus de ces ouvein^ure^ tton re«
DU Jar.dikags. J8|
Renées. On a vi^ plus haut la manière de la
Baire.
La brûlure de rextrémité des branches eft
plus fréquente aux arbres de fruits à pépin
qu'à ceux â noyau. Elle confifte dans le dé-
pouilletnenc prématuré des feuilles , & dans
une noirceur qui paroit au bouc des branches*
Trois fortes de pêchers en font attaquées , les
vieux fur leur retour , les jeunes qui font
épuifés , & tous ceux dont les racines touchent
le tuf. Ces marques noires qui fe forment
au bout des bourgeons m ont paru comme
autant de petits chancres occafionnés par l'ap*
pauvriflem^nt Se la difette des fucs nourri-
ciers. Son effet eft la maigreur des bourgeons ^
des y^ux ^ des boutons , les feuilles devien-
nent petites & maigres y le fruit rare & mé«-
diocre annonce que les racines font égale-'
ment noires par leur extrémité. Les arbifes
jeunes & vigoureux fe guériflent par le re*
nouvellemenr & le changement des terres »
par des engrais , &c une taille fort courte dur
tant quelques années.
Le deSechement des racines , leur brûlure
|)arlebout» leur chaniKfure ^ & leur moif-
fiATure ne font p;jis faciles à guérir , quand il^
font invétérés. La difette de fève en eft la
* Ce font de véritables plantes : vues au microt
copc , on y diftingue des racines , des tiges , des
rameaux & des fleurs. Nombre de Savans ^ de
Çi|fi;az ks ont apperçus.
L
)*4 La Pratique
caufe. Comme elle eft interne on ne peut que
la conjedurer. Le Jardinier curieux àeh
arbres , fouille à leur pied & va d'abotdàJi
fource du mal. Lorfqu'il s'apperçoic que lesii-
cines iont noires par le bout ^ il les reraillft
jufqu'à l'endroit où elle font vyv^s 6c faines,
il arrofe , il fume , il chanM la terre , il
la fonde auparavant pour voir a elle a du fond,
en un mot, il n'omet rien de ce que j'ai pref-
crit en pareille occafion. Si les racines font
chancies au point que Tarbre foie défefpcrc,
il fe réfout à replanter.
Cet examen ne doit point erre remis aa
tems de la chute des feuilles , lorfque le bois
eft amplement aouré. Les arbres paroi/lenc
alors fort fains, à l'exception de ceux qoi
ne pouflent plus , des rabougris , des ciaa-
creux , des gangrenés. Mais il en eft qui ioni
des poufles équivoques , qui donnent cfiaquc
année des apparences trompeufes , & ^^^
le dépouillement des feuilles arrive avant le
tems marquée Toutes ces obfervations doivent
ctre faites vers les mois d'Août & de Sep-
tembre , lorfque la fève commence à fe mo*
dcrer dans fon mouvement , foit pour donner
à chacun le traitement convenable^ foit pout
le remplaeemenr.
^{tjr
CHAPITRE
'■-i
&•