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X
V
LA
PUISSANCE MILITAIRE
DES ANGLAIS DANS L'INDE.
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Paris. — ^ Imprimerie de L. Marthiet, nie lUfOon, 2.
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• ••• • --•
PUISSANCE MILITAIRE
DES AN6LAIS DANS L'INDE
ET
L'INSURRECTION DES CIPAYES
RÉSUMÉ HISTORIQUE ET CRITIQUE
DES CAMPAGNES DE L'ARMÉE ANGLAISE DANS L'INDE
£N 1857 ET 1858,
AVEC
UFE CARTE GÉNÉRALE DE L'iNDE, UN TABLEAU DU THÉATRETDE LA G1T£RRE,
LE» ITniÉRAIRSS DES GÉNÉRAUX SIR COLIN CAMPBELL ET SlR HENRY HAVELOCK,
LES PLANS DES SIÈGES DE DELHI ET LUCKNOW, ETC.,
PAR
I^e Commaiidaiit €H. MARTIN,
Chef U'escadrons aux dragoris de S. M. rimpératrica,
ancien capitaine d'Élal-migor ,
Officier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur,
et des ordres royaux de Ldopold , des SS. Maurice et Lazare et du Sauveur,
Chevalier de Tordre d'Isabelle.
■«>0«w
PARIS,
L. HACHETTE ct &,
UBRAIRES-éDITEURS ,
BUE PIERRE-SARRA23N, i4.
CH. TANERA,
LIBRAIKE-ÉDITBUR POUR L'ART MIUTAIRB ,
QUAI DES AUGUSTLNS, 27.
JSÔ9.
Droits de traduction et de reproduction réserrés.
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MeHRYN-ofoet-F-"'^-»
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PRÉFACE.
Les études contenues dans ce livre sont le fruit d'une col-
laboration trop constante et trop précieuse pour nous au
Spectateur militaire j pour que nous ne soyons pas heureux
de transporter ici le témoignage de leur origine, comme on
aime è dire la maison d'où Ton sort et d'où l'on est. A ce
préambule, nous devons ajouter une explication d'autant plus
nécessaire, que le titre sous lequel se produit notre livre se-
rait insuffisant pour faire pressentir au lecteur la pensée qui
Ta dicté.
En offrant au monde militaire le tableau succinct de la
conquête anglaise en Asie, et le résumé plus succinct encore
des événements contemporains par lesquels cette conquéle a
paru, pendant un moment, devoir être remise en question,
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VI PRÉFACE.
nous n'avons eu en aucune façon la prétention de donner k
nos lecteurs une histoire complète de l'empire anglo-indien.
Notre but était tout autre.
Depuis longtemps, malheureusement, à l'exemple» il faut
le dire , de ce qui se pratique dans certaines régions de la
presse anglaise, nous voyons en France quelques journaux se
donner pour mission spéciale de saper, par tous les moyens,
la bonne entente qui existe entre ifi France et l'Angleterre.
Cette alliance, que tout homme de sens, dans les deux pays,
est désireux de voir maintenue intacte, non-seulement dans
leur intérêt réciproque, mais encore dans celui du monde
civilisé ; cette heureuse entente, à l'occasion de la révolte des
Indes , est devenue , de la part de quelques représentants
d'une cause à jamais perdue en France, l'objet des manœu-
vres et des diatribes les plus regrettables.
Grâces à Dieu , depuis trente ans on est bien revenu dans
les deux pays de ces préventions, de ces sentiments haineux,
de cet esprit d'animosité et de rivalité misérable qui, à d'au-
tres époques, et au grand préjudice du progrès et de la civi-
lisation, ont divisé !a France et l'Angleterre. Les écrivains
qui ont cherché à réveiller ces passions et ces rancunes d'un
autre âge devaient échouer, d'un côté comme de l'autre du
détroit, devant le bon sens public. Toutefois, au milieu des
étonnements sans nombre du temps où nous vivons, ce n'a
eertes pas été un spectacle peu curieux que de voir préci-
sément attelés à cette œuvre misérable les derniers partisans
du seul régime qui ait fait appel aux baïonnettes étrangères
pour s'imposer à la France; et, en ce qui touche plus parti-
eulièrement à la question indienne, on ne pourra jamais
s'émerveiller assez de la singulière attitude adoptée par les
organes de la branche atnée. N'est-ce donc pas, en effet, à
l'incapacité, à l'ineptie du triste régime que ces mêmes écri-
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PRÉFACB. Vil
vains voudraient ressusciter en France, n*est-ce pa9 aux hon-
ieuses concessions faites ^ rAngleterre pendant la dernière
moitié du xyiii* siècle par la dynastie décrépite dont ils ap-
pellent le retour, qu'il faut attribuer la ruine et la perte des
splendides possessions dont les LabourdounaiS| les Duplçix,
les de Bussy, avaient doté la France en Asie.
La faiblQ portion delà presse dont nous parlons, il est
presque oiseux d'insister sur ce point , est loin de repré-i
senter l'opinion publique eq France. Esclave d*un esprit de
parti qu'elle subit' et courtise tour à tour, dominée par l'ex-
clusivisme des intérêts de l'Ë^flise et des questions religieuses
dont elle se préoccupe avant tout, elle n'a jamais montré ni
lumières ni élévation. Dans les questions politiques, elle q'«
jamais été^ elle ne sera jamais loyale ni (généreuse. Exagé-
rant jusqu'au]^ théories les plus discutables dQ i^n ultra-
montaine patronne, elle traite sans merci quiconque ne marche
pas sous sa bannière, et, qu'ils soient Russç^ ou Anglais^
Juifs ou Chinois, les hérétiques, les 3chismatiques, les ido-
lâtres, sont des ennemis pareils, qui ne doivent a(tendre ni
justice ni bienveillance, pas même la reconnaissance pour les
services rendus.
C'est au moment où la révolte des Indes fournissais à ce?
sentiments Toecasion de se déch^tner avec plus de violencOi
que ridée nous est venue de faire entendre une parole im-
partiale, et pourquoi ne le dirions-qous pas, une parole
bienveillante en même temps quç juste, sur cette graode
épreuve subie par nos alliés.
Cette pensée résume l'esprit de notre livre.
On l*a déjà dit, et l'on nç saurait trop le répéter, dans les
conditions où se trouvent aujourd'hui les nations modernes,
a Vaccard de la France et de l'Angleterre est indispen"
> sable à l'avenir du monde cimlUé* Cette alliance éloignef
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Vm PRIÎPAGB.
» en effet, le$ idées de conquête; elle garantit la sécu»
> rite et la liberté de l'Europe^ les intérêts des puis^
> sances occidentales étant identiques sur tous les
> points du globe lorsqu'il s'agit d* humanité et de civi-
» lisation (1). >
Ceux qui, dans le but d'affaiblir cette alliance, ont spéculé
dans ces derniers temps mr l'esprit guerrier qui caractérise
la nation française; ceux qui ont fait appel aux idées belli-
queuses de tout temps caressées chez nous, ont commis un
véritable anachronisme : il faut bien s'y résigner, la guerre
pourra toujours conserver son charme, mais elle a perdu son
utilité pour notre pays. Les conquêtes ont fait leur temps et
accompli leur mission ; elles ne sont plus un moyen aujour-
d'hui, elles seraient un obstacle et un danger. C'est à la ci-
vilisation qu'il appartient désormais de résumer tous les
intérêts, de les départager et d'y satisfaire. L'époque actuelle
a son expression morale dans le système de la paix, son ex-
pression intellectuelle dans la restauration énergique du
principe de l'autorité dans les gouvernements, son expression
personnelle et dirigeante dans la modération, l'équité, l'es-
prit réparateur des souverains.
D'autres ont dit, plus éloquemment que nous ne pourrions
le répéter après eux, ce que l'esprit de conquête aurait de
funeste au temps où nous vivons. Certes, la guerre n'est pas
toujours un mal , et nous sommes aussi loin de désirer une
paix à tout prix que de partager, sur l'utilité des armées, les
opinions des adeptes du Congrès de la paix. A de certaines
époques, la guerre est dans la nature des choses, dans la na-
ture de l'homme. Elle favorise alors, comme sous le premier
Empire, le développement des plus grandes idées d'un siècle
(I) l'Empereur Napoléon 111 et V Angleterre. Brochure in-S.
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PREFACE. IX
i
oa celui des{rfus belles facultés d'une nation. Hais pour que
ta guerre produise ces avantages, il faut qu'elle soit le ré-
sultat naturel de la situation des faits ou de l'esprit national
des peuples. — Est-il besoin de le dire, nous ne parlons pas
d'une nation obligée à défendre sa place et son rang, d'une
nation attaquée et qui repousse une agression, ou d'une na-
tion asservie qui cherche à reconquérir son indépendance ;
dans le premier cas, la défense légitime, dans le second, le
patriotisme excusent, motivent une guerre où l'esprit de con-
quête n'a rien à faire ; — c'est ce dernier, bien plus que la
guerre elle-même, qui n'est plus de notre siècle.
La politique d'agrandissement par la conquête est une
vieille politique; — mauvaise, car elle est brutale à une
époque ou tendent à prévaloir dans le concert européen les
sentiments d'équité et de justice proclamés dans le Congrès
de Paris ; — impuissante, à une époque où l'on sait que tout
peut finir par la coalition de tous les faibles contre un fort;
— presque impraticable enfin , pour la plupart des gouver-
nements, devant l'autorité des budgets, cette loi des lois,
cette clef du temple de Jauus aussi bien que du trésor
public.
Autrefois, l'influence et la grandeur ne pouvaient s'obtenir
que par la conquête territoriale et l'assimilation matérielle.
Aujourd'hui , elles peuvent s'obtenir par l'assimilation mo-
rale et sociale, par l'empire des idées, par la communauté
comprise des intérêts et des esprits. — C'est pour cela
qu'une voix solennelle l'a proclamé à si juste titre : c VEm-
> pire, en France^ cest la paixy > consacrant ainsi, dès
le début, cette condition éternelle, inhérente à tout gouver-
nement, de représenter à la fois son époque, son pays, sa
nation.
L'influence du second Empire français sur l'Europe, c'est
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X PRÉFACE.
rinfluenee de Têtempld, — la plus active et la plus conta-
gieuse à la fois. La puissance qui sied à la France, c'est celle
des heureux résultats de son régime actuel; Tautorité qu'elle
ambitionne, c'est celle de la justice; son ascendant est par-
dessus tout, moral. C'est A ce prix seulement qu'une nation
peut encore acquérir de la gloire; aussi, l'Empire n'est-il
point venu faire une France ou une Europe nouvelles, mais
8on mérite étemel sera d'avoir su s'adapter si parfaitement à
l'une comme à l'autre. C'est ainsi que son avènement s'est
distingué de tous les autres, et qu'au lieu d'être une san-
glante copie des époques de terreur ou de conquêtes qu'on
lui proposerait d'imiter, il est devenu la réalisation d'une
œuvre aussi longtemps que vainement poursuivie par les es-
prits éclairés de notre pays : l'œuvre de la civilisation et du
progrès par les gages irrécusables donnés à la paix à l'exté-
rieur, par le maintien de l'ordre et le développement de la
sécurité A l'intérieur.
Pour entreprendre cette œuvre, il était sage, indispen-
sable de former Talliance anglaise; aujourd'hui, dans l'in-
térêt réciproque des deux nations, comme dans l'intérêt
général, il n'est pas moins utile de la maintenir.
Plaçons-nous, en effet, successivement à ce double point
de vue; examinons quel est pour la France l'avantage de
l'alliance anglaise : est-il besoin de parler de cette solidarité
d'intérêts matériels qui unit les deux nations, solidarité telle,
comme on l'a si bien dit, qu'un désastre ne peut frapper
Londres ou Paris sans que le contre-coup en soit ressenti
presque avec la même violence dans les deux pays? — L*al-
liance de l'Angleterre nous assure en commun l'empire des
mers ; — nos frontières sont inattaquables ; — toute coali-
tion contre nous devient impossible. La paix générale as-
surée, toutes les forces vives de notre pays peuvent s'exercer
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PRlâFACB. XI .
ntilementy notre puissance de production se développe sans
entraves, et, dans les admirables conditions qui résultent de
notre position géographique, de la constitution physique de
notre territoire , le bien-être , la richesse des populations
s'accroissent sans limites.
Isolée du continent, limitée dans son extension par sa po-
sition insulaire, TÂngleterre a dû chercher dans la supré-
matie maritime et coloniale la base de son influence en
Europe. C*esl à conquérir celte suprématie qu'elle a dû con-
sacrer toute son activité, employer toutes ses ressources. De
nos jours ce but est atteint. La guerre ou la rupture de son
alliance avec la France ne pourrait que compromettre cette
situation, sans rien donner de plus & TÂngleterre. Enfin,
dans les circonstances particulières où elle se trouve, au mi-
lieu des embarras momentanés que lui crée la révolte in-
dienne, il est incontestable qu'elle aurait beaucoup à risquer,
(brt peu è gagner dans cette rupture.
D'une part comme de l'autre, l'avantage de Talliance
anglo-française n'est donc pas moins évident.
Unies, l'Angleterre et la France doivent dominer le monde,
et ce n'est pas seulement aux flottes de l'une, aux armées
eontinentales de l'autre, que cette domination est acquise.
Dans la poursuite d'un but commun, il en est des nations
comme des individus ; les associations les plus profitables
seront toujours celles où chacune des parties contractantes
apportera précisément à l'autre ce que celle-ci possède à un
degré moindre ou ce qui lui fait défaut. Cet irrésistible as-
cendant, qui doit être le plus puissant véhicule de la civili-
sation dont l'Europe occidentale est le foyer, c'est dans l'en-
thousiasme et l'entrain français doublés du calme et du
sang-froid britanniques ; c'est dans la persévérance et l'esprit
de suite du peuple anglais unis à l'audace, à l'esprit d'ini-
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XII PRiéFACB.
tiative qui nous distinguent; c'est, enfin, dans le contraste
même oGfert par le génie particulier des deux peuples, qu'il
faut en chercher le secret et la base. Ce n'est pas sans des-
sein que la Providence a voulu que parmi les nations mo-
dernes on n'en pût rencontrer deux plus admirablement
constituées, plus parfaitement douées que la France et l'An-
gleterre pour augmenter et compléter réciproquement leur
puissance efficiente.
Il n'est pas de question importante résolue depuis qua-
rante ans par la politique contemporaine, sans que l'on ait
évoqué la nécessité de l'équilibre européen, sans que l'on
ait travaillé, plus ou moins heureusement, à garantir sa sta-
bilité. De nos jours, en dehors des causes bien définies qui
peuvent compromettre la paix et que le passé a léguées au
présent, il est deux points opposés de l'horizon sur lesquels
l'attention des nations modernes doit se concentrer plus par-
ticulièrement. A moins d'événements imprévus, il est im-
possible de ne pas reconnaître que dans cent ans, dans un
demi-siècle peut-être, la Russie et l'Amérique, si elles sui-
vent leur progression continue, seront numériquement les
deux plus puissants empires du monde. Ce n'est point avec
un sentiment de jalousie que nous constatons ce fait : d'un
côté comme de l'autre de la Manche, nous n'avons rien à
envier à personne; mais, malgré le respect et l'intérêt que
commande le travail intérieur qui s'accomplit dans ces États,
malgré l'estime et la sympathie qui résultent de la lutte
même , soutenue récemment contre l'un d'eux, on ne peut
se dissimuler qu'ils recèlent tous les deux dans leur sein
les plus sérieuses menaces de l'avenir. — Menace pour
la liberté des mers, menace pour l'indépendance des
peuples.
Cet accroissement inouï des Étals-Unis et de la Russie,
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PRÉFACE. XIII
combiné chez les premiers avec cette sorte d'indiscipline qui
les porte à enfreindre si souvent les règles les plus élémen-
taires du code international accepté par les nations euro-
péennes ; corroboré chez la seconde par une organisation es-
sentiellement conçue pour l'agression, et qui se résume, pour
ainsi dire, dans un vaste cadre militaire où sont immatriculées
toutes les classes de la nation ; cet accroissement numérique,
disons-nous, doit constituer tôt ou tard pour les autres peu-
ples un danger véritable. Une position d'infériorité n'est, en
e£fet, jamais satisfaisante, elle n'est pas toujours sâre. Si
l'Europe occidentale ne veut point Taccepler, si elle veut
maintenir son rang, ce ne peut être qu'au moyen d'une al-
liance étroite et persévérante entre ses deux principales
puissances.
Nous avons dit qu'en France, pas plus qu'en Angleterre,
il ne convenait de rendre l'opinion publique responsable des
écarts de quelques enfants perdus de la presse, qui ne sau-
raient en être les organes. Les déclamations de quelques
feuilles anglaises au sujet de la campagne de notre armée
d'Afirique dans le Dahra, ont trouvé leur équivalent dans les
diatribes auxquelles l'armée britannique a été récemment en
butte sur le continent. Que ce soit en Australie, comme en
1826; au Cap, comme en 1828; en Algérie, comme en
18&5, partout où la civilisation s'est trouvée aux prises avec
la barbarie, elle s'est vue, malgré ses répugnances, obligée
à de trop légitimes représailles. Pour que la lutte, dans une
guerre de ce genre, devienne décisive, il est nécessaire
de la rendre rigoureuse; c'est l'humanité elle-même qui
l'exige. Point de fausse philanthropie aujourd'hui ; c'est le
moyen y ce sera le droit acquis d'en faire de la véritable
demain.
Faut-il mentionner ici, comme explication des sentiments
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fui se sont fait jour chei nous, à propos de U révolte ia-
(lienne, le souvenir de la jalousie témoignée par l'Angleterre
à l'époque de notre expédition d'Alger? On a touché aussi
cette corde. Certes, depuis quarante ans, pour l'Angleterre
comme pour la France, les jalousies extérieures n'ont pas
manqué de se produire, sinon de se satisfaire» il en est de
cela comme des calomnies débitées dans les deux pays sur
le courage ou lliumamté de leurs armées respectives. Au
reste, les mauvais vouloirs prêtés à l'Angleterre relative-
ment à notre colonie algérienne ont été singulièrement exa-
gérés, et pour le méconnaître, il faut ignorer la véritable
opinion de ses hommes d'État sur cette question ; nous allons
en donner l'expression, et si Ton veut bien réfléchir que ce
document est antérieur à notre expédition d'Alger, on ju-
gera, par les réserves mêmes du gouvernement anglais^ com-
bien elle doit être peu suspecte.
Voici comment s'exinrimait^ dès le mois de mai 1630, le
journal anglais qui recevait alors les confidences du cabinet
de Saint-James {The Globe and travelUr)* Qu'on nous
pardonne cette longue citation*, ce n'était point un article
de GaneîUy c'était un document, c'était un acte politique, et
l'on reconnaît d'ailleurs, i la mesure du langage, Torigine
élevée de ce manifeste.
H Une certaine jalousie semble exister en Angleterre, par
» suite de l'idée que l'expédition française dirigée contre
» Alger amènera la colonisation, par nos voisins, de l'Afrique
» septentrionale. On a la plus grande raison de supposer
» que le gouvernement français envisage la possibilité de
» former des établissements sur la côte africaine.
> Quelques-uns de nos contemporains ont décrit, en des
» termes animés, le danger que courrait l'équilibre euro-
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;i péen, si les pOBBessions françaises s'étendaieQt adsêE loin
» sur la côle septentrionale d'Afrique ^ pour donner à la
9 France la suprématie dans cette partie importante des
> bords de la Méditerranée; mais nous espérons que Talanne
» excitée à ce siget ne fera pas oublier les avantages que le
» monde civilisé peut recueillir de l'expédition dirigée contre
> Alger. Ce serait une honte commune à toute la chré-
> Henté que de voir ^ette mmgnifique eœpédUion^ qui a
> d^'à mis à la voihf eontrainie^ apriê avmr réprimé
» temparairemefU Vineokme des piratesy à laisser cette
> portion d» mowis en proie à la barbarie, pares que les
» pui$sance$ de VEnripe sent toutes jalouses de la pros-^
j périti ffnm d'entrs eUes.
» Pour notre part» si les Français, ayant un juste motif
» de guerre contre Algeri veulent user du droit ordinaire
9 des vainqueurs en c(mservant le territoire qu'ils sont forcés
9 d'MiTabir^ nous ne voyons pas que la Grande-Bretagne ait
• lieu de s'en pluitidre. Si c'est une ofiense commise envers
1 d'autres Etats que de répandre les bienfaits de la civilisa*-
1 tien dans des contrées incultes et barbares, nous sommes
• alors les premiers offenseurs. Outre nos garnisons dans la
» Méditerranée et nos nombreuses lles^ nous poésédons une
> grande partie de l'Amérique; nous avons conquis la plus
» riche portion de l'Asie j et ayant perdu les États-Unis
» d'Amérique» nous nous sommes approprié et avons en^
> fermé dans le cercle de nos possession^ lli dernière seo-
M tion des terres qui ont été découvertes. Dans de telles
» cireonstancesi l'Angleterre aurait très mauvaise grftce à
» s'opposer à rétablissement de colonies françaises sur les
> ruines d'Alger, alors môme que ces colonies seraient
» fondées sur les principes les plus restreints et les plus
^ exclusifs.
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XVI PBIÎPAGB.
» Il existe (nous Tavouons) d'autres nations qui, en res^
' » sentant la même jalousie que celle élevée dans l'esprit des
» Anglais, auraient plus de droits de l'eipriraer; mais il ne
» saurait y avoir, dans ce sentiment, aucune raison plau*
» sible pour chercher à entraver la colonisation du nord de
» l'Afrique. >
Ce langage, nous n'insisterons pas davantage sur ce point,
est encore celui de tous les hommes d'État de la Grande-Bre-
tagne; nous n'ajouterons qu'un mot aux considérations qui
précèdent: Nous sommes partisan déclaré'de l'alliance anglaise
et nous croyons en avoir suffisamment indiqué les motifs.
Non-seulement ce n'est point avec plaisir, mais c'est avec
une peine réelle que nous avons vu éclater cette tempête
indienne, dont les dernières vagues, au moment où nous
écrivons, viennent se briser' contre l'énergique persévérance
de nos alliés. Les intérêts de la France et de l'Angleterre
étant identiques sur tous les points du globe lorsqu'il s'agit
d'humanité et de civilisation, nous devions assister à ces
événements avec le regret sincère que doit inspirer tout fait
de nature à diminuer la force, à gêner la liberté d'action
de l'une ou l'autre des puissances occidentales.
Aucune incertitude ne peut donc exister, quant à la cou-
leur du livre où nous avons résumé ces événements. L'esprit
qui l'a dicté devait être sympathique à nos alliés. Ce n'est
point à dire pour cela, qu'à propos de cette question in-
dienne, nous nous soyons donné pour tâche de faire sur tous
les points le panégyrique des gens où l'éloge des choses de
l'Angleterre. Sans entrer dans les détails circonstanciés des
faits (ce que ne comportait pas notre svyet), nous pensons
cependant en avoir dit assez pour permettre de les juger
d'après les vues élevées de la philosophie de l'histoire et
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PRÉFACE» XVII
d'une politique généreuse. — Nous avons dit ce qui était
bien, comme nous n'avons rien dissimulé de ce qui nous
semblait mal. L'impartialité nous en faisait une loi tout au-
tant que la connaissance que nous croyons avoir de la ma-
nière de penser et de sentir de nos alliés. De toutes les
nations, le peuple anglais est celui qui consent le moins vo-
lontiers à se calomnier, ou seulement à médire de lui-même,
mais Torgueil et la fierté qui ne sont le plus souvent chez
lui que des formes exagérées du patriotisme, ne doivent pas
l'aveugler. I) ne sera pas inutile pour nos voisins de savoir
<|ue, sur le continent, ils ne passent pas pour des modèles en
tout genre (1); nous ne craindrons pas de le leur dire, et cette
opinion, en piquant leur amour-propre, servira mieux que
la fiatterie à les faire progresser dans les voies où les autres
puissances européennes les ont devancés. Avec les Anglais il
faut se montrer juste et loyal, mais sincère en même temps;
car, si orgueilleux qu'ils soient, il n'est rien au monde qu'ils
méprisent plus que la flagornerie.
Quant au procès de ces vieilles et puériles rancune^ qui
divisèrent jadis l'Angleterre et la France, et dont le bon sens
aussi bien que le temps a fait justice, nous le considérons
comme complètement vidé. Chaque jour, en dépit des efforts
tentés pour reveiller ces passions, des faits signiûcatifs vien-
nent consacrer leur extinction.
Quelle surprise pour les fondateurs du Spectateur mili-
taire, pour ces généraux illustres qui s'étaient donné la
llàiâsion de venger les gloires de la Révolution et de l'Em-
(1) Ceci s'applique surtout aux bases sur lesqueUes repose Torgatiisa*
tion militaire de la Grande-Bretagne. L'examen critique de cette impor-
tante question fera l'objet d'un nouveau travail dont nous donnons le pro-
gramme à la fin de ce volume.
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pire des attaques de leurs détracteurs; quelle surprise pour
nos pères, s'ils pouvaient voir aujourd'hui le Spectateur
plaidant la cause de l'Angleterre ! Que penseraient aussi ces
héroïques soldats qui vécurent avec les haines d'un autre âge,
c s'ils pouvaient voir l'armée anglaise portant avec
fierté y sur sa poitrine y l'effigie du martyr de Sainte-
BélênCy et les fils des soldats de Waterloo porter, avec le
même orgueilyla médaille sur laquelle est gravée Vimage
de la reine d'Angleterre (1). >
Telles sont cependant les transformations profondes qu'a-
mène le temps ; le temps I... ce premier ministre de Dieu,
comme l'a dit un orateur. C'est lui qui viendra en aide à nos
alliés dans l'Inde, et les vœux des nations modernes doivent
les suivre dans l'accomplissement de leur mission civilisa-
trice. Douter de leur succès, n'est-ce pas renier notre propre
origine et les desseins providentiels qui ne se révèlent à nous
que par des effets; n'est-ce pas renier l'histoire et la divi-
nité, que de prononcer froidement, sans retour, sur la des-
tinée d'une race entière ?
En retournant aux Indes par l'intermédiaire des Anglais,
la civilisation ne fera que remonter à sa source ; car c'est
dans cette Asie, aujourd'hui si barbare, que l'histoire a placé
le berceau de la première et de la plus haute civilisation de
l'antiquité. Les enseignements de Brahma, de Bouddha, de
Confucius, de Zoroastre y ont bien trouvé assez de fer-
tilité pour jeter de profondes racines. Pourquoi , avec les
mêmes soins, une nouvelle transformation sera\^t-elle
moins praticable? Que sait-on de l'avenir des nations et des
races ?
Sans doute, la civilisation de l'Asie ne sera pas l'œuvre
(I) V Empereur Xapoléon III et VAnglelere. Brochure in-8.
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PRRFÀCB. XIX
d*un jour. Mais qu*étaii la France actuelle avant que les ai-
gles des légions de César y parussent, et qu*est-elle demeurée
longtemps encore après? Qu'était la Grande-Bretagne?
Qu'était enfin, il y a quatorze siècles, cette Germanie qui
jetait ses hordes barbares sur le vieux monde, succombant
lui-même sous le poids d'une civilisation ruinée et cr<m«
lante!
Gh. Martin.
Heaiix , 1 0 janvier 1 859.
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T4BUE DES BIATrèBE5.
Introduction
Chapitre I. — Plati et limites de cette étude. — Division
adoptée. — Ouvrages et documents consultés : . . . . 33
Chapitrb 11. — L*lDde avant la con()uéte d'Alexandre. —
ÂpparitioD des Arabes.— Mohalib» Mahmoud et les Glia»-
nevides.— Conquèle des Mongols : Ghengiz^Khan, Tlmour
et Baber-ScbAb. — Humaionn , Sbçre-Kbaa , Akbar I*'.
— Gonstitutiûn politique de Tempire mogot sous Akbar.
— Aboul-Fazel. t^ DJibangire, Scbàb-DJihan. — Aureng-
Zeb. ^ Organisation politique et militaire de Tempire
mogol sous Aureug-Zeb. — Origine et premières con-
quêtes des Mabrattes. — Scbah-Alum. — Origine des
Sykbs; leurs révoltes contre les empereurs mogols.— Mo-
hammed-Scbâh.— Guerres avec la Perse; révoltes; sac de
Dehli par Nadir-Scb^)) • roi de Perse. — Décadence de
remplie muûgol 39
CHAPrrRE m. -^ Découverte du cap de Bonne-Espérance.—
LesIPôrtngaîs débaVqtient \ Calicut. — Vasco de Gama,
Albuquérque, Jean de Castro, Âtaïde. — Comptoirs por-
tugais ^ Goa, Méllnde, Mozambique, JSofala, etc. -^
Compagnie hollandaise. — Rivalité des Portugais et des
Hollandais. Caractère distinct des établissements de cesr
dent peuples d^ns Tînde. '^ Apparition des Anglais. -^
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XXII (TABLE
Ambassade de sir Thomas Roê. —Chartes d'Elisabeth,
de Charles H, de Jacques II, de la reine Anne, du roi
Guillaume, etc. — Comptoirs de Bombay, Madras et
Calcutta. — Tentatives des Français dans l*lnde. ^ Gon-
neville, Pirard . Gérard le Flamand. — Compagnie des
Moluques. >- Première compagnie des Indes organisée
par Richelieu. — Deuxième compagnie créée par Colbert
— Comptoirs de Pondichéry, Chandernagor, KarilLal. —
Martin, Lenoir, Dumas, Dupielx, gouverneurs de Tlnde.
— Labourdonnais 59
Chapitre IV. — Histoire de la présidence de Madras jus~
qu'au commencement du xix* siècle : Guerre de 1744. —
Dupleixet Labourdonnais. —Prise de Madras. — Bataille
de San-Thomé. — Sièges de Saint-David, Knddalore par
les Français. — Siège de Pondichéry par les Anglais. —
Saunders et Dupleix. — Lutte des deux gouverneurs pour
la nomination du soubah du Deccan et du nabab d*ArlLOt.
— Mazafer-Sing et Chunda-Saheb; Ahnaverdi-Khan
et Nazer-Sing.— Bataille d'Ambour.— Combat de Saint-
David.— Prise de Tripetty et de Gingi par les Français.
— Débuts de Robert Clive dans le Karnatic. — Prise de
Devieatah par les Anglais. — Prise d'Arkot et de Rondje-
veram par les Anglais. — Prise de Kovelong et de Chin*
gleput par le major Lawrence.—Dupleix se fait nommer
nabab d*Arl[0t par le Grand Mogol. — Succès du marquis
de Bussy dans le haut Deccan.— Les districts de Kondavir
et Mazulipatam, les circars du nord, etc.» cédés à la
France par le Soubah. —Dupleix est rappelé en France.
— Godeheu, gouverneur de Pondichéry. — Traité de
Madras (31 décembre 175/i). — M. de Leyrit remplace
Godeheu. — Guerre de 175/1. - Campagne de Bussy dans
le nord.— Prise de VIzagapalam. — Lally-Tolendal, gou-
verneur de Pondichéry. — Désastres qui signalent son
administration. — 11 échoue dans le Tandjaore et devant
Madras. Succès du colonel Eyre Coote. - Prise de Pondi-
chéry le ià janvier 1761. — La France ne possède plus un
seul œmptoir dans les Indes. «- Jugement et mort de
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DES MATIÈRES. XXllI
•Lally.— Traité deParis (1763).— Lord PIgot, gouverneur
de Nadras. — Banqueroute de la compagnie des Indes
françaises. — Polîtiqae envahissante des Anglais. — Le
marquis Law de Lauristou , gouverneur de Pondichéry.
— Halder-Âly , roi de Mysore. — Première guerre des
Anglais avec Haider. — Tippoo-Salb. — Le roi de Mysore
aollicile ralliance des Français.— Traité du 3 avril 1769.
-^ Sir Thomas Rumbold , gouverneur de Madras. —
Guerre de 1778 entre la France et TAngleterre.— Belle-
combe, gouverneur de Pondichéry. — Prise de Mahé,
Karikal et Pondichéry par les Anglais (1779).— Deuxième
guerre des anglais avec Haider-Aly. — Désastre du 10 sep-
tembre 1780 , défaite du colonel Baillie. — Hastings
rétablit les affaires de la Compagnie anglaise. — Lord
Macartoey, gouverneur de Madras.— Traité de Versailles
(1783). —Mort d'Haider-Aly. — Traité de Bangalore
entre Tippoo-Salb et les Anglais 73
Chapitre V. — Histoire de la présidence de Bombay jus-
qu'au commencement du xix* siècle : La présidence de
Bombay ne joue qu*un rôle purement commercial jus-
qu'en 1768. — La confédération des princes mahrattes. —
Sevadji. — Révolution de caste sous Sahodji. — Établis-
sement des peifchawa dePoonah. —Divisions deTempire
mahratte. — Mahadji-Scindiah. — Toukhadji. — Holkar.
— Le radjah de Berar. — Les Gulkowar de Guzerate. —
Les Mahrattes veulent substituer une dynastie hindoue
à la dynastie musulmane de Dehli. —Bataille de Paniput
(1762). — Le conseil de Bombay s'empare de Barotch et
des Iles de Salsette et de Karandja. — Traité de Surate
(1775).— Le colonel Uplon envoyékPoonah par Warren-
Hastings. — Traité de i*erraïnda. — Guerre contre les
Mahrattes. — Désastre de WorgaOm. — Le colonel God-
dart s'empare d*Abmedabad, et le capitaine Popham de
Gottàlior. - Alliance des Mahrattes avec Haider- Aly. ... 105
Chapitre V h '^Histoire de la présidence du Bengale jus-
qu'au commencement du xix* siècle : Première lutte des
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XXI y TABLE
Anglais avec le soubah du Bengale. ^ Allayer4y-Khtn
et Souraja-Doula. — Prise de Calcutta par les Indiens
(20 juin 1756). - The Black-Bole at Calcutta. •- Clive
nommé gouverneur de Calcutta. — Prise de Chander-
nagor par les Anglais ( I7ô7), -- Bauille de Plassey
(23 juin 1757). — Déchéance de Souraja-Ooula et avè-
nement de Mir-Jaffier. — Décadence de Tempire mogol:
Acbmed-Schàh, AUûm-Ghuîr, Schâh-Zadda. — C|ive est
rappelé en Angleterre (1760) ; Holwell et Van-Sittart ses
successeurs dans la présidence de Calcutta. -- Massacre
des Anglaisa Patna; déposition de Mir-4affier; son rem-
placement par Mir-Cossiro.— Restauration de Mir-Jaffier«
— Mir-Cossim se réfugie auprès du roi d'Oude. — Un mot
sur la fondation du royaume d'Oude. — Souja-^Doula .
vainqueur à Paniput, sauve l'empire mogol. — Bataille
deBouxar (^66). — Schâh-Allum cède aux Anglais le
district de Benarès. — Le fils de Mir-Jaffier leur aban-
donne les provinces de Midnapour, Burdwân et Tcliitta-
gong. — Firmans du 12 août 1765 qui rendent les
Anglais maîtres absolus du Bengale. — Premier traité
des rois d'Oude avec la Compagnie anglaise (1765).—
Réflexions sur radministralion de lord Clive. — Il est
remplacé par Verelts (1767) et Cartier (1770), — Mau-
vaise administration de ces deux gouverneurs. —Crise
financière et réforme de lord Norlh. — Warren-Hastings
nommé gouverneur de Calcutta; son génie, ses défauts,
ses services. — Il sauve les colonies anglaises, et continue
les projets de Clive. — Amoindrissement du royaume
d'Oude. — Lord Cornwallis. — Coup d'œil général sur
l'empire anglo-indien à la fin du xvui* siècle 111
Chapitre VU. — Guerre contre Tippoo-Saïb ; Arrivée du
comte de Mornington comme gouverneur-général des
Indes anglaises. — Son frère sir Arthur Wellesley. —
Licenciement des troupes françaises du KizHm. — Inva-
sion du Mysore. — Combat de Sedeaser. — Bataille de
Malavelly. ^ Siège et prise de Seringapatam. —Mort de
Tippoo-Saib.*- Sir Arthur Wellesley est nommé fouver-
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DKS liATlàRBS. %XV
neur du Mysore. — Son a()miDistniUoD. — Ses opinions
au ^e\ ie Torganisation et de la reparution des troupes.
—Expédition contre Hoondiah-Waugh et les aventuriers
de rinde centrale 131
CsAPFFRE Vin. ~ Guerre des Mabrattes. — Holkar. —
Scindiah. — - Le radjah de Berar. — Le Peischwah de
Pootiah.'— Le général Perron. — Traité de Bassefn et
plan de campagne. — Bataille de Laswari. -— ftétablisse-
ment dû Peischwah.— ^ Prise d* Ahmed nuggûr.— Bataille
d'Assy^. — Siège de Bourhampoor et d'AssIrghur. —
Opinion de Wellesley au sujet du licenciement des troupes
indigènes. - Bataille d'Aii^aum. — Prise de Gawilghur.
— Traités de paix. —Lord Cornwallis remplace le comte
de Mornington. — Résultats obtenus par les deux Wel-
lesley. '— Guerre des Pindarries (1818). ^ Annexion Ae&
Ëtats du Peischwah — Administration des lords Hastings,
Moira et Bentindt. — Guerre des Birmans. — Cession de
Rangoun et de Tenasserim 1^5
Chapitre IX. — Situation de l'Inde à Tissue de la première
guerre des Birmans. — Expédition contre le radjah de
Burtpoor. — Fondation et développements du royaume
. de Lahore. Rundget-Sing. — Le général Allart. — Pre-
mières tentatives d'intervention de la Russie dans les
affaires de rinde. — Expédition du général Peroswski
contre le khan de Khiva. — Monarchie des Afghans. —
Schah Soudja et les Barrakzis. — Guerres de l'Afgha-
nistan. — Prise de Ghazna. — Occupation de Caudahar
et de Caboul. — Conspiration du radjah de Kurnaul.
— Châtiment des Radjpoots. — Retraite des troupes de
Caboul à travers les déûlés de Khyber. — Deuxième
campagne et évacuation de TAfghanistan. — Guerre du
Scinde. — Bataille de Miannie. — Guerres des Sickhs. —
Batailles de Ferozeshah et de Sobraon.— Traité d'Amritsir.
— Goolab-Sing. — Deuxième guerre du Pendjaub. —
Batailles de Chillianwallah et de Goudjerate 165
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XXVI TABLE
Chapitre X. — Description générale physique et politique
de l'Inde anglaise. — Bornes et orographie. — Bassins
principaux. — Description des provinces baignées par le
Gange. — Provinces de Tlnde centrale. — Contrées bai-
gnées par rindus. — Presqu'île du Deccan. — Divisions
politiques et administratives. — Tableau des possessions
immédiates de la Compagnie. — Tableau des possessions
médiates, ou États vassaux. — Superûcie et population.
— Gouvernement de la Compagnie. — Bill du 24 août 1853.
— La Cour des directeurs, le gouverneur-général, le
Conseil suprême, le bureau de contrôle. — Organisation
de l'armée. — Tableau et comi>osition des forces militaires
de la Compagnie ^^
Chapitre XII.— La révolte des Indes en 1857 a été un
mouvement militaire et non un soulèvement nationaL —
Circonstances exceptionnelles qui ont donné à la rébellion
des cipayes d'autres proportions que celles des iusurrec-
lions militaires précédentes. — Coup d'oeil sur ces insur-
rections. — Révoltes de Vellore, do Barrackpore, de
Bangalore, etc. —Leur analogie parfaite avec la révolte
de 1857. —Situation des Anglais au début de l'insurrec-
lion. — Affaire du 19* et du 3û\ —Révolte de Meerut.
— Choix de Dehll comme principal foyer de l'Insurrec-
tion. — Massacre des Anglais dans cette ville. — Restau-
ration du trône des Grands Mogols. — Manifeste des in-
surgés de Dehll. — Proclamation du gouverneur-général.
— Emplacement des troupes européennes au début de
l'insurrection. —Position critique des Anglais.— Conduite
de sir John Lawrence dans le Pendjaub.— Désarmement
des cipayes à Lahore et Pe^hawer. — Les généraux Reid
Cotton , Chamberlain , Van Cortland ; le brigadier Cor-
bett. — Les colonels Edwards et Nicholson. — Révolte
de Ferozepôur. — Affaires de Pbillour et de Sealkote. —
Influence exercée par l'obéissance du Pendjaub sur l'en-
semble des opérations. — Rébellion des sapeurs-mineurs
à Bourkee.- Soulèvement du y a Alyghur.— Désarmement
des i/' et 60* à Umballah. — Sir Henry Lawrence à Luck-
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DES MATIÈRES. XXVII
DOW. — Atrocités commises par les cipayes dans le
Rohilcund; révoltes du 18- et du 68* à Bareilly; du 28* k
Scbadjihanpour. — Insurrections du 17« à Azimgurh. —
Affaire de Benarès.— Révolte du 6* à Âliahabad, du iV et
du ià^ à Ihansi. ~ Le ^9*^ k Moradabad et le 22* à
Fyzabad. — Altitude des présidences de Bombay et de
Uadras. — Ordre du jour des lanciers de Nusserabad.
—Défection du contingent de Goûalior. — Situation de
rinde centrale au moment du siège de Delhi 2*J6
Chapitre XHl. — Insurrection des 1*', ôa*" et ôG* a Cawn-
pour.— Nana-Saib.— Siège de Tbôpital par les cipayes.
— Capitulation du général Wheeler.— Relation du raas<
sacre de Cawnpour par un domestique indigène. — Le
puits de Cawnpour.— Massacre des fugitifs de Futteghar.
— Admirable courage des dames anglaises. — Premières
dispositions des Anglais pour repi*endre Toffensive. —
Le général Anson à Umballah.— Marche du commandant
en chef sur Dehli— Efforts du gouvernement anglais pour
venir en aideà l^armée des Indes. — Renforts expédiés.—
Nomination du général sir Colin Campbell. —Le général
sir Patrick Granl. — Situation critique des garnisons
d*Agra et de Luclinow.— Biographie du général Havelock.
—Organisation de la colonne expéditionnaire d*AIlaha*
bad.— Le général NeilL— Combats de Fultehpoor et de
Pandoo-Nuddy. — Affaire du 17 juillet. —Reprise de
Cawnpour. — Destruction de Bithoor. — Rapports du
général Havelock. — Première marche sur Lucknow, le
21 juilIeL — Combats d*Oonao et de Busserut-Gunge
(20 iuillet).— Retraite sur Mungharwar.- Seconde mar-
che sur Lucknow (!^ août). — Deuxième combat de Bus-
senit-iïunge. — Le général Havelock est obligé de battre
une seconde fois en retraite. — Deuxième œmbatd'Oonao
(11 août). — I^ colonne repasse le 13 août sur la rive
droite du Gange. — Combat du 16 août. — Combat
d'Agra. — Affaire de Dinapore et d*Arrah.— Le général
Lloyd.— Résumé de la situatiou dans les trois présidences. 269
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XXVIII TABLE
Chapitre XIV. — Le siège de Delhi. — Description de
DelhL — Son importance sous les princes afghans. •—
Dévastations de Timour et de Nadir-Shah. — Sa restau-
ration par Shah-Djihan. —Sa splendeur sous la dynastie
mongole. — Sa décadence depuis Toccupation anglaise.
— Description de l'enceinte et des fortifications de Delhi.
— Le rôle joué par la place de Delhi pendant Tinsur-
rection a trompé toutes les prévisions qui avaient dicté son
établissement militaire.— Population, statistique de Delhi.
— - Considérations qui ont dicté le plan suivi par Tétat-
major anglais à regard de Delhi. — Marche du général
Ànson sur Delhi. — Combats du 30 mai et du 1*' Juin
livrés par le général Wilson. — Mort du général Atison ,
remplacé par le général Earnard. — Jonction des troupes
de Simla et de MeeruL — Leur arrivée sous les murs de
Delhi. — Considérations qui ont déterminé le choix du
fronjt d'attaque. — Affaire du 8 juin , rapport du général
Barnard. — Ëtablissement du camp et des avant-postes
anglais. -— Journal du siège de Delhi pendant le mois
de juin ; affaires des 9, iO, 12 et 13. — Destruction des
travaux extérieurs de la porte de Caboul par les assié-
geants, le 17 juin.— Attaques des insurgés de Nusserabad
le 19 et le 20.— Affaire de Subzee-Mundee, le 23.— Mort
du général Barnard, le 5 juillet. — Sorties du 3 et du
9 juilIeL — Situation critique des Anglais au mois de
juillet. —Affaires du iU, du 18 et du 23. — Le brigadier
Chamberlayn, blessé. — Le général en chef T. Reid suc-
combe, comme ses deux prédécesseurs, au choléra. — Le
brigadier général Wilson le remplace. — Sorties du
1" août —Arrivée du général Nicholson. — Pertes des
Anglais en officiers et soldats pendant la première pé-
riode du siège. — Aversion des Anglais pour les travaux
de siège. —Ordre du jour du général Wilson. — Compo-
sition dé l'armée de siège au commencement de septembre.
— Combat de NujjufTghur. — Arrivée du train de siège,
le k septembre. — Ouverture du feu contre la place le
8 septembre.-- Continuation du bombardement pendant
les joumâes des 9, io, il, 12 et 13 septembre. — Assaut
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DBS MATIÈRES. Xxlx
du 1^. — Combats dans la ville pendant les journées
des 45, 16, 17, 18 et 19 septembre. — Évacuation de
la ville parles insurgés. ^Conséquences de la prise de
Delhi 303
Chapitre XV. —La guerre d'Oude et le siège de Lucknow.
—Traités de la Compagnie avec les souverains de TOude*
— Détails sur le prince dépossédé et sur sa famille. —
Situation du dernier roi vis-à-vis des taloukdars ou
grands propriétaires.— Anarchie résultant de la faiblesse
du gouvernement. — Caractère de la révolte dans TOude.
— Elle n'est pas plus nationale dans cette province que
dans le reste de Tlnde. — Villes principales de TOude,
description de Lucknow ; esprit de sa population. —
Forces militaires, européennes et indigènes, au début de
la révolte. — Mesures adoptées par sir Henry Lawrence.
— Affaire de Chinât. — Évacuation des cantonnements
et du Muchee-Bawan. — Description de la Résidence ,
son enceinte, son système de défenses. — Mort de sir
Henry Lawrence. — Souffrances inouïes des assiégés. —
Mort du major Banks, second commandant de la Rési-
dence. — Le Français Duprat. ^ Assauts du 2, du 8, et
du 20 juillet; du 18 août et du 5 septembre.— Les gêné-
raux Havelock et Outram. — Forces et composition de
la colonne de Cawnpour. — Passage du Gange (19 sep-,
tembre). — Combat de Mungarwar (21 septembre). —
Combat d*Alumbagh (23 septembre).— Ravitaillement de
la Résidence et mort du général Neill (25 septembre). —
Ordre du jour du gouverneur-général. — Second siège
de la Résidence. — Expédition du général en chef sir
Colin Campbell. — Seconde délivrance de la Résidence.
— Évacuation du poste. — Mort du général Havelock.
— Rapport du colonel Inglis, troisième et dernier com-
mandant de la Résidence. — Ordre publié par le gou-
verneur-général en conseil , à Toccasion des sièges de
Lucknow 347
Chapitre XVI. — Situation générale après la délivrance de
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XXX TABLE
la Résidence par le général en chef. — Ajournement de
roccupation définitive de I.ucknow— Situation des pro-
vinces de rinde centrale. — Les résidcnls de Sangor. -—
Occupation de Calpy par le conlingcnl de Gouâlior. —
Affaires du général Windham.— Combats du 6 décembre.
— Affaire de Seraï-Ghat (10 décembre). — Plan de cam-
pagne adopté pour la destruction des rebelles dans TOude.
— Emplacement cl opérations des divers corps d'armée.
^Colonne du Rohilcund (brigadier Penny). — Colonne
du Radjopoutna septentrional (brigadier Showers). —
Colonne du Doab (colonel Seaton}. — Colonne du Radje-
poutna méridional (brigadier Roberts et major Raines).
— Colonne de Tlndc centrale ou armée de la Nerbuddah
(général sir II. Rose et brigadier Stuart). — Colonne de
Madras ou du Candouana (colonel Whitelock). - Colonne
de la frontière méridionale de TOude (brigadier Franks).
— Colonne de la frontière orientale (colonel Rowcroft).
— Colonne de la frontière septentrionale (Jung Bahadoor,
colonel Mac-Gregor). — Opérations préliminaires, marche
du général en chef sur Futtehghur et du général Walpole
sur Ëtawah (24 décembre 1857). — Hésitations et incer-
titudes de l'état-major anglais. — Divergences d'opinion
à l'égard de la conduite des opérations. — On renonce à
Texpédition du Rohilcund. — Le quartier-général est
réinstallé & Cawnpour (janvier et février 1858). — Prise
de Ratgurh et délivrance de Sangor. — Force de l'armée
de sir C. Campbell. — Prise de Lucknow. — Dispersion
des forces de l'armée de Lucknow. — Colonnes des
généraux Hope Grant, E. Lugard et Walpole. —Prise de
Ibansi.— Prise de Kotah. — Combat de Kounch. — Prise
de Calpy.— Les insurgés s'emparent de Gouâlior. — Rs
reperdent cette ville le 19 juin. — Opérations dans le
Rohilcund. — Prise de Schahdjihanpour et de Bareilly.—
Affaire du général Walpole. — Opérations du général
Lugard dans les districts du sud de l'Oude.— Les troupes
anglaises prennent leurs quartiers d'été. — Situation
générale au moment de la cessation des hostilités. —
Appréciation des résultats obtenus. —Discussion critique
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Des MATliRKS. XXXI
des opérations de 1857-1858. — Résultat probable de la
prochaine campagne. 393
Chapitre XVII. — Politique nouvelle à pratiquer dans
r/nrf« ; Oraison funèbre de l'honorable Compagnie.—
Transformation du gouvernemenl de Tlnde. — Procès de
Tancien gouvernement. - Ce que doit être la domination
anglaise en Asie. —La Compagnie a exploité Tlnde au
lieu de la civiliser.— Les vices et Timmoralilé du système
ne pouvaient être compensés par la bonne volonté et
rhonnêteté des agents.— Nouvelle organisation. — C*est
à juste titre que la Compagnie a été la victime expiatoire
des derniers événements. — Amélioration réelle de la
situation. — Bilan de Tannée 1858. — Comment T An-
gleterre parviendra à civiliser et à christianiser Tlnde. —
Un mot sur la sitiiation des catholiques romains en
Asie. — Llnde a été cx>nquise par Tépée et doit être con-
servée par répée.— Le parti des poltrons. -» Sentiment
de Tarmée. - L'amnistie et la conciliation. Ml
Chapitre XVIIL — Béorgânisation de la puissance int/i-
taire des Anglais dans l'Inde. — Les enrôlements volon-
taires en Angleterre. — Discussion du système adopté
pour le recrutement de Tarmée. ^Le Hanovre et rémi-
gration irlandaise.-— Épreuves auxquelles a été soumis
le système militaire de TAngleterre depuis quelques
années. — La Crimée et la révolte indienne. — Le patrio-
tisme d*une nation ne sufflt pas à sauvegarder son terri-
toire.— Double problème à résoudre dans Tétat militaire
d*un pay.s.— Opinion de Wellington surTarmée anglaise.
— Nouvelle phase dans laquelle est entrée la guerre
des Indes. — Obligations imposées à la Grande-Bretagne
par la situation de sa colonie A67
Chapitre XIX et dernier.— Programme d'un projet d'é-
tude des institutions militaires de la Grande-Bretagne,
Organisation générale de Tarmée anglaise, composition
et division. — Recrutement de Tarmée anglaise ; discus-
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XXXII . TABLB DES MATIÈRES.
sion des systèmes par enrôlement et par appel forcé. —
Législation anglaise en matière d*avancement dans
Tarmée. •— Élude et mérite comparatif des différentes
armes qai entrent dans la composition de Tarmée anglaise.
— Organisation des services administratifs dans Tarmée
britannique. — Réorganisation de la puissance militaire
des Anglais dans Tlnde. — Mode de guerre à adopter pour
arriver à la pacification de Tlnde. — Analogies entre la
guerre d'Afrique et la guerre indienne ; examen compa-
ratif des armées française et anglaise employées en
Algérie et dans Tlnde. A81
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DE L'ORGANISATION
DE LA
PUISSANCE MILITAIRE
DES ANGLAIS DANS L'IHDE.
La France élabore au centre de TEnrope la
civilisation que I*Ângleterre porte à tous les
coins du monde. Si ces deux reines des sociétés
modernes n*avaient pas absurdement dépensé
Tune cx>ntre Tautre des torrents d'or et de sang,
elles auraient par leur union avancé de plu-
sieurs siècles les progrès derhumanité.
INTRODUCTION.
La lutte sanglante et toujours indécise que TAn-
gleterre soutient depuis six mois contre ses sujets ré-
voltés du Bengale présente au monde un spectacle
assez grand, assez nouveau, pour expliquer ladiver-
site des sentiments et des opinions qu'elle a provoqués
en Europe, et particulièrement en France. Un instinct
que Ton peut regarder comme infaillible révèle aux
plus ignorants comme aux plus instruits que les évé-
nements dont rinde est le théâtre ne peuvent man-
quer de produire, et même assez prochainement, des
résultats dont Tinfluence se fera sentir au monde
entier.
1
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2 DA Ik PDiantSCB IUI.17AIRB
Nous abordons aujourd'hui seulement Thistoire de
cette grande catastrophe.
jiujwrd'huiseukmmtj di60pa-nou9;-*-*c*e$t qu'es
effet beaucoup d'autres nous ont devancé sur cette
grave question. Cependant» nous Tavouons, en pré-
sence (l99 erreura étranges, dos epéculations sans
nombre, des hypothèses à perte de vue auxquelles la
question anglo-indienne a ouvert le champ, nous ne
regrettons pas d'avoir à constater la prudence d'un
retard que la conscience et la sincérité apportées à
cette élude nouB feront sans doute {fardonner.
La France et l'Angleterre ne diffèrent pas seule-
ment par leur manière de faire la guerre, elles ont
chacune leur façon distincte de la raconter. 11 faut
avoir suivi, comme nous l'avons faik^ dans les jour-
naux anglais, cette phase si intéressante de l'histoire
contemporaine, pour avoir une idée du pêle-mêle, du
décousu, du chaos qui ont régné longtemps dans
toutes les nouvelles ayant trait aux affaires de l'Inde.
Documents officiels, correspondances privées, détails
curieux, tout abonde ; mais ce n'est point un mince
embarras que de discerner et de choisir dans ce tour-
billon, et alors même qu'on a choisi, la place et le
temps font défaut. Chez nous, les rapports officiels
sont, en général, pleins d'intérêt, et représentent vi-
vement les actes militaires dont on doit le compte
rendu à l'autorité supérieure* En revanche, les cor-
respondances de nos journaux laissent singulièrement
à désirer, et, quant aux lettres particulières, le petit
nombre de celles que l'on publie ne donne pas sou-
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DUS ANGLAIS PANS I.*INDB. 3
vent lieu de regretter celles que Ton ignore. En un
mot, à la guerre comme partout, nous aimons assez
à charger quelqu'un de parler pour tout le monde.
Les rapports des généraux anglais sont, au con-
traire, d'une sécheresse incomparable. La littérature
militaire est h, créer chez nos voisins. Du grand au
petit, cbacuQ se contente ordinairement dMudiquert
avec un sang-froid imperturbable, dans son rapport,
les mouvements des corps ornés de leurs numéros, et
de constater brièvement le résultat de leur action.
Les plus terribles engagements sont racontés commQ
des revues, et peut*être même racontons-nous les
revues avec plus d'animation et d'éloquence. Mais ca
n'est pas là que les Anglais cherchent l'histoire de
leurs guerres. Ils la cherchent et ils la trouveiri dans
les libres et vives correspondances de leurs journaux,
et dans les lettres sincères que les officiers de Par**
mée, la plupart très cultivés, écrivent à leurs familles.
C'est par ]& qu'on sait la vérité, et qu'on la voit sous
les plus vives couleurs ; chacun raconte ses aventures
et les commente avec l'énergie et V humour habituels
à nos voisns. C'est par ces récits individuels que le
public anglais apprend h la fois et ce qui se passe et
ce qu'il faut faire ; — ils satisfont la curiosité et en
Q)ême temps ils forment l'opinion.
Nous reconnaissons, sans difficulté, tout ce qu'il y
a parfois d'instructif et d'attachant dans les corres-
pondances privées que les familles qui ont des amis
ou des parents dans l'Inde communiquent incessam-
ment aux journaux anglais; toutefois leur multipli-
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/l DE Lk PDISSANCIS MlLlTiLIfiB
cité, les contradictions qu'elles offrent trop souvent,
compliquent singulièrement la tâche de Thistorien :
obligés de puiser exclusivement à cette source, nous
y chercherons de notre mieux Thistoire vraie de la
guerre indienne, mais sans dissimuler à nos lecteurs
que nos matériaux, en ce qui touche aux opérations
militaires proprement (Utes, sont loin de ressembler
aux Bullelins de notre grande armée.
Au reste, nous devons le constater tout d^abord,
dans l'épouvantable guerre qui désole aujourd'hui le
Bengale (comme dans toutes les guerres d'insurrec-
tion), la partie épisodique a tenu jusqu'ici la première
place. La science militaire, la stratégie ou la tactique
n'avaient rien à faire dans ce gigantesque guet-
apens. Surpris sur tous les points, au sein de la plus
profonde comme aussi de la plus trompeuse sécurité,
les Anglais se sont trouvés dispersés en petites bandes,
traquées, acculées, affamées, disséminées et partout
désespérées; mordant d'un côté, mordant de l'autre,
déployant sur tous les points un courage héroïque,
une énergie surhumaine, mais, par la force même des
choses, sans conduite, sans ordre, sans direction pos-
sible et sans communications praticables* Jusqu'au
moment où le général Campbell a pu entrer en cam-
pagne, et ce jour date h, peine d'hier, les malheureux
débris, harassés, malades et mutilés, qui tenaient gar-
nison dans les districts de Delhi et de Meerut n'ont
pu, le siège de la première de ces villes excepté, ten-
ter aucune opération suivie contre les révoltés.
Gr&ce à Dieu! une phase nouvelle commence au-
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DES ANGLAIS DANS l/lNDB. 5
jourd^hui; rhumanité y était intéressée. Depuis six'
mois» les récits qui nous arrivent de l'Inde à chaque
courrier ont soulevé tous les cœurs et toutes les con-
sciences. Les détails qui nous sont parvenus sur la
situation de ce malheureux pays, pendant cette lamen-
.table période, sont sans précédents dans Thistoire.
Toutes les atrocités, tous les crimes que la per-
versité la plus infernale peut suggérer aux organisa-
tions les plus basses, les plus ignobles, ont été ac-
complis par les Indiens sur la personne des Anglais,
de leurs femmes et de leurs enfants. Nous disons que
ces faits sont sans précédents, car les autres révoltes
qui ont éclaté dans les différentes parties du monde
ont pu être signalées par des crimes horribles et des
atrocités sanguinaires envers les dominateurs ou les
conquérants étrangers, mais c'est la première fois que
des femmes et des enfants ont été sacrifiés. C'est la
première fois que l'obscénité, le pillage, la trahison
se trouvent réunis à un degré aussi diabolique. Un
voile doit être jeté sur des horreurs que la bouche ne
peut répéter, que la plume se refuse à retracer , de-
vant lesquelles Timagination elle-même recule.
Il ne peut y avoir, il n'y a pas deux manières de
Yoir et de sentir sur le spectacle d'horreurs et d'atro-
cités que présente aujourd'hui l'Inde anglaise au
inonde civilisé. Le sentiment qui devrait apimer
avant tout en France, comme ailleurs, est celui de la
sympathie pour les victimes, et de l'indignation contre
les bourreaux. Pour nous, en présence d'une pareille
ifttoation, et quels que soient nos regrets à l'égard de
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6 DB L/i PUISSANCE MILITAIRE
ces contrées lointaines, où notre pavillon, glorieuse-
ment porté par les Labourdonnaye et les Dupleix, n'a
dû la perte de son ascendant qu*aux fautes et à l'inep-
tie d'une dynastie énervée et décrépite ; — pour nous,
!â France, assez riche de sa gloire acquise, assez
forte de sa grandeur actuelle, peut contempler sans
envie la puissance anglaise dans Tlnde et dans
Textrême Orient; — pour nous, la cause de l'Angle^
terre dans ces contrées est aujourd'hui la cause de la
civilisation ; la cause de l'insurrection indienne est la
cause de la barbarie. Entre ces deux drapeaux, nous
ne pouvons raisonnablement hésiter : — aussi souhai-
tons-nous, espérons-nous fermement le triomphe de
TAngleterre sur ses sujets révoltés du Bengale,
Le gouvernement français n'a pas hésité à se faire
l'interprète de ces sentiments , et l'Angleterre a dû
voir un gage nouveau de la stabilité et de la sincérité
de l'alliance dans le témoignage de sympathie que
l'Empereur et la Garde impériale ont donné aux fa-
milles des victimes de la cruauté des cipayes. Dans
un autre ordre d'idées, l'offre du passage des ren-
forts anglais à travers la France émane d'uiie
source non moins noble et non moins généreuse.
Lorsqu'on veut bien y réfléchir, quel événement,
en effet, plus propre à exciter la loyale sympathie de
la France que cette insurrection indienne , dont les
journaux, qui n'ont pu tout dire, ont raconté cepen-
dant de si révoltants, de si horribles détails I Sans
doute^ ces malheurs ne ressemblent pas aux inonda-
tions qui nous ont éprouvés, et à l'occasion desquelles
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MB ANGLAIS DANS l'iNDB. 7
nos voisins et leurs souverains ont montré tant d'hu-
manité» — sans doute ces malheurs sont les effets,
non d*un de ces fléaux naturels contre lesquels la sa-
gesse et rhabileté hunaaines sont impuissantes, mais
bien d'une insurrection terrible d'indigènes armés,
après un siècle de domination étrangère, contre les
conquérants de leur pays.
Notre sympathie ne nous rend pas aveugles^
Nous n'ignorons pas qu'on ait eu le droit d'attri-
buer aux Anglais eux-mêmes la responsabilité de ces
calamités, qui jettent dans ce moment le deuil parmi
un si grand nombre de familles de leur nation. On
peut se demander comment il se fait que leur autorité,
si longtemps exercée dans l'Inde, ait abouti à un ré-
sultat si lamentable, et que, sous leur influence di-
recte, les cipayes soient, ou restés ce qu'ils étaient,
ou devenus ce qu'ils sont.
Nous-mêmes, on le verra plus loin, nous regarde^
rons comme un devoir de signaler les causes qui ont
amené, suivant notre humble opinion, la révolte des
armées indiennes. Mais quelle que soit la nature du
malheur qui frappe nos alliés, de qui nous avons reçu
une marque si éclatante de sympathie quand nous
avons été nous-mêmes fatalement éprouvés, et quelles
que soient les causes qui aient pu amener ce malheur,
nous le répétons, entre les victimes et les bourreaux
nous ne saurions hésiter.
Et quelles victimes, en effet, plus dignes de com-
passion et d'activé sympathie que ces familles d'offi-
cio^setde soldatscruellement massacrées, dépouillées
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8 DB LA PUISSANCE MIliITiKIftB
tout à coup de tout ce qu'elles possédaient; chas-
sées de leurs habitations incendiées ; privées, loin de
leur pays, de toutes ressources, et ne sachant à qui
demander les nooyens de quitter cette terre souillée
de crimes, eu leur vie est constamment en péril 1 —
que ces femmes, naguère entourées de toutes les ai-
sances de \sl vie, aujourd'hui entassées dans les forts,
presque réduites au déuûment, pleurant leurs maris
affreusement mutilés sous leurs yeux , et tre^nblant
sans cesse d'avoir à subir les mêmes traitements in-
dignes et le sort affreux que les cipayes ont infligés
à tant d'autres dames anglaises délicatement élevées!
-— Quelles victimes plus dignes de pitié que ces en-
fants, maintenant orphelins, échappés jusqu'à ce jour
au massacre général, et dont le salut est confié, soit
à des amis de leurs parents défunts, soit même à des
domestiques indigènes, dont la fidélité peut être à
chaque instant ébranlée I
Si de telles situations inspirent une pitié profonde,
combien de scènes atroces, d'affreux épisodes, soulè-
vent l'indignation ! Nous n'oserions répéter ici cer-
tains détails de férocité inouïe dont le récit s'est
glissé dans quelques feuilles anglaises; mais nous ne
pouvons nous dispenser de citer quelques faits qui
puissent au moins expliquer les sentiments d'indigna-
tion et la soif de vengeance que révèlent tant de
lettres écrites de l'Inde par des Anglais appartenant
à l'armée. L'imagination diabolique des cipayes a
inventé des complications de torture, des raffinements
de supplice, des mélanges do souffrances physiques
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QBft ANGLAIS DANS L*lfïDB. 9
et morales que Timagination européenne la plus har-
die ne saurait deviner. Ce ne sont pas seulement des
hommes égorgés, des femmes violées, assassinées :
ce sont, par exemple, un officier et sa femme, cha-
cun lié à un arbre, et, sous leurs yeux, leur petit
enfant, dont les misérables coupent lentement les
doigts, dont i(s déchirent les chairs, et qu'ils finis-
sent par écarteler la tête en bas et jeter dans les
flammes, auxquelles le père et la mère sont livrés à
leur tour, mais non sans avoir subi préalablement
des tortures et des avanies que nous ne saurions dé-
crire.
Ailleurs, ce sont des enfants exposés à dessein la
tête nue au soleil brûlant, jusqu'à ce que l'ardeur
des rayons et une soif extrême les aient rendus fous.
C'est une mère qui s'écrie : « Tuez-moi, et donnez un
verre d'eau à mon enfant ! » et dont l'enfant est
comme elle à l'instant massacré. C'est une femme et
sa fille qui, après avoir été témoins du supplice de
leur père et époux, sont forcées de tremper. leurs mains
dans son sang. C'est une mère, à qui le nez et les
oreilles ont été coupés, et qu'on renvoie avec son
enfant sans orteils et sans doigts. La liste de ces atro-
cités serait interminable, et, si nous voulions la pour-
suivre, le cœur le plus ferme n'y résisterait pas.
Yeut-on des faits d'un autre caractère? On a ra-
conté la barbare trahison de ce radjah de Bithouf ,
Nana-Salb, qui jusque-là l'hôte fêté des Anglais, qu'il
invitait souvent à son château et comblait de poli-
tesses orientales, s'est tout à coup transformé en en-
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10 DB LA P0IS8ANGB UILltAIllB
nemî mortel et en bourreau. C'est lui qui, après
s*être rendu maître de Cawnpoore, et avoir accordé k
la garnison la faculté de se retirer de Tautre côté de
la rivière, donna le signal de couler bas les quarante
bateaux portant un nombre considérable d'Anglais,
avec leurs femmes et leurs enfants. — Un colonel «
M. Platt, commandait depuis longtemps un régiment
indigène, dont il paraissait avoir gagné toute raiTec-
tion ; peu de temps avant la révolte, la Compagnie
des Indes lui avait offert, dit-on, le commandement
d'un régiment anglais, qu'il était disposé k accepter;
les cipayes lui adressent une pétition pour le supplier
de rester avec eux, tant ils se disaient attachés à lui.
Ces mêmes cipayes l'ont tué I&chement à Mhow, eo
le criblant de balles. — Au fort d'AIlababad, tandis
que les soldats égorgeaient les officiers du 6* régi-
ment, surpris à table, la musique, composée de
mahométans, joignant au meurtre l'insulte et la dé-
rision, exécutait le God save the Çueen^ cet hymne
sacré et national de l'Angleterre t
Nous ne saurions le répéter assez, il n'est pas de
châtiments trop sévères pour de pareils forfaits, et si
nous avons cité ces exemples parmi tant d'autres im-
possibles à raconter, c'est parce qu'ils doivent faire
comprendre au lecteur ces sentiments d'exaspération,
cette soif de vengeance dont les Anglais sont aujour-
d'hui dévorés.
Nous ^avouons humblement, nous sommes loin de
partager cet esprit de sentimentalité , cette philan-
tropie exagérée, qui ne vont rien moins qu'à retenir
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB. fi
le bras fevé aujourd'hui pour punir cette race iil-
dienne, qui a couvert de honte la forme humaine
dont elle est revêtue. Instruit pour notre compte,
par une pratique de dix ans, de toutes les nécessités
de cette guerre sans merci que la France a soutenue
en Afrique, nous retrouvons en Asie, dans les égor-
geurs de Cawnpoore, de Meerut, de Ihansi, les égor-
geurs de la Mitidja, de Gonstantine, de Sidi-Brahin).
Nous comprenons Timpression que peuvent produire
âur les Anglais les récits de ces Vêpres indiennes ; -^
h nous aussi il est arrivé, en songeant à nos frères
d*armes prisonniers et lâchement massacrés, de trou-
ver la vérité si affreuse que nous n'osions la raconter
à leurs familles. Nous aussi, pour emprunter les pa-
roles de cet olBcier anglais, qui peint si bien Tétat
moral de l*armée britannique, « nous évitions ce su-
jet, nous en parlions peu, de peur de devenir fous ;
Texpression de nos visages devenait étrange lorsque
Ton y faisait allusion; toutes les lèvres se serraient,
et un sombre éclair jaillissait de nos yeux. » Triste
retour des événements de ce monde : TAngleterre se
plaint de trouver aujourd'hui en France ses Cobden
et autres adeptes du Congrès de lapaico, dont l'armée
africaine subissait en 18&d les injurieuses déclama-
tions lorsqu'elle ch&tiait les tribus révoltées de l'Al-
gérie, lorsqu'elle purgeait la province d'Oran de ses
bandits, en nettoyant les grottes et les repaires du
Dahra.
Punir les ooupables est aujourd'hui pour l'Angle-
tMTe an devoir aussi impérieux que d'épargner \u
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12 DB LA PUISSANCB MlLlTAïaS
innocents, que de réconopenseï: la bravoare et te dé-
vouement de ses généraux. Punir le coupable selon
son crime, comme Ta dit un homme d'État illui^tre,
est au-dessU9 du pouvoir de tout homme civilisé ; cette
tâche est donc au-dessus du pouvoir de Tarmée an-
glaise, car les atrocités qui ont été commises par les
cipayes sont de celles que des démons pouvaient seuls
imaginer et commettre. C'est dans un esprit de sé«
vérité et non de vengeance que le ch&timent devra
être infligé, afin que l'exemple puisse prévenir le
retour de semblabiee crimes. Qu^on ne s^y trompe
pas, il y va de l'avenir de la puissance anglaise dans
les Indes : ce n'est pas par la puissance militaire
qu'un empire aussi grand peut être maintenu dans
l'obéissance, c'est par la puissance morale. Qui pour-
rait contester que dans la situation où se trouve au-
jourd'hui l'Angleterre & l'égard de ses colonies, sa
puissance morale ne doive être fatalement basée sur
le souvenir de la sévérité et des rigueurs qu'elle est
obligée de déployer?
Épargner les populations, qui, pour la plus grande
partie, n'ont point trempé dans la révolte, n'ont point
pris part aux énormités qui ont été commises, est un
devoir rigoureux ; si les coupables se comptent par
milliers, les innocents, l'homme d'État que nous ci-
tions tout à l'heure l'a proclamé, les innocents se
comptent par millions. On a dit que la question de
savoir comment l'insurrection sera étouffée présen-
tait d'immenses difficultés : prétendre, comme quel*
ques personnes l'ont fait en Angleterre, que l'on doit
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PBS AI^GLAld DANS L*INDB. 18
toQt abattre; — qu'il faut brûler les villages; —
•exterminer les habitants, ce serait plus qu^une folie,
ce serait le suicide.
Daqs l'aceomplissement de cette tâche ingrate et
fatale qui incombe aujourd'hui à Tarmée anglaise, le
vrai, le praticable ne s'éloigne pas moins d'une guerre
d^extermination que d'une clémence imprudente et
ridicule.
La guerre d'extermination n'est plus , grâce au
ciel, dans les mœurs des nations modernes. Quelle
que soit la sympathie que mérite la situation actuelle
de l'Angleterre dans l'Inde, quelle que soit la part
que nous croyons juste de faire à l'indignation pro-
voquée par les cruautés des cipayes, quelle que soit
aussi la part que l'on fasse aux nécessités de cette
lutte effroyable entre la civilisation et la barbarie,
dépasser la mesure ne serait pas seulement impoli-
tique, ce serait une faute au point de vue des sympa-
thies méritées que l'Europe impartiale est loin de re-
fuser à l'Angleterre. Il y a plusieurs siècles que les
guerres d'extermination sont finies et oubliées dans
le monde civilisé ; les peuples modernes en ont désap-
pris les instincts, les procédés, le vocabulaire sau-
vage. Aucun d'eux n'a le droit ni la puissance de
remettre ce langage, ces procédés, ces instincts en
pratique et en honneur, aucun ne peut en relever le
drapeau sanglant et hideux sans s'exposer à la répro-
bation universelle. Dans sa lutte contre la barbarie,
la civilisation ne peut employer les armes de la bar-
barie sans se blesser elle-même.
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14 DB XA P0IS8ANCB JUlLITAïai^
Au reste, nous croirions faire injure à nos voisins
si nous insistions davantage sur ces vérités éteroeHesf
quoi qu'on puisse ou qu'on veuille en penser ailleurs,
nous né pouvons douter un instant qu'elles soient ap-
préciées et reconnues en Angleterre, quand nous-
voyons ceux qui portent son drapeau être les premiers
à les proclamer, quand nous les voyons en efiacer la
vengeance aveugle et barbare pour n'y laisser inscrite
que la justice. L'inflexible justice accomplira dooc
son œuvre, comme elle en a le droit » on ne saunait le
souhaiter assez; mais en dehors de la mort donnée.
sur le champ de bataille, infligée dans l'enivreoient
de la lutte, on doit l'espérer aussi, c'est devant les
tribunaux compétents que trouveront le châtiment de
leurs crimes ceux que, pour leur malheur, le fer et
le boulet auront épargnés* Que peut-on demander de
plus à l'Angleterre? Il faut bien le reconnaître, les
événements de l'Inde ont été apcueillis en France,
par certaines personnes, avec une satisfaction que
l'état de nos relations avec la Grande-Bretagne est
loin d'excuser. Cette joie est faite pour donner à nos
alliés une singulière idée de la loyauté et de l'huma-
nité françaises ; que penserions-nous si les Anglais la
manifestaient en présence de l'Algérie soulevée?
Il fut une époque où, pour flatter les préjugés ar-
dents du peuple anglais, excité autant qu'alarmé par
les péripéties d'une longue guerre, tous les écrivains
d'outre-Manche s'évertuaient à l'envi à tourner «n
dérision nos mœurs, notre langage , nos manières.
Sur la foi de ces diatribes incessamment renouvelées,
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DM ANGLAIS PilfS L*|1|D1S, Ifi
dans lesjoufnaux, dan^ les pamphlets, dans les pièces
4e théâtre, oopbre de gens naïfs et crédules» sur le
lerritoîr« de la Grande-Bretagne, avaient fini par
crgîre que le peuple français se composait unique-
ment de coiffeurs et de maîtres à danser, que tous nos
compatriotes étaient revêtus d'accoutrements risibles,
et que, parmi nous, le mets national par excellence
ç*était un plat de grenouilles. Le temps a fait justice
de ces sottes croyances; la race des çocknegs atteints
de gallopbobie a disparu peu h peu.
La race des cockneys français et anglophobes existe
encore chez nous. Ces singulières gens, qui semblent
habiter la grotte d'Épiménide, et qui oublient toujours
un siècle ou deux dans leurs meilleurs raisonnements,
ces gens-là s'en vont tout bouillant des défaites de
Crécy et d'Azincourt ; Tincendie allumé dans Tlnde
leur semble une juste représaille du bûcher de Jeanne
tfArc.
Pour parler sérieusement d'un sujet grave, nous
ne pensons pas qu'il soit à propos de se montrer hos-
tile ou injuste pour l'Angleterre pendant la crise
qu'elle traverse aujourd'hui dans l'Inde. Alors même
que ces troubles se prolongeraient et s'aggraveraient,
l'Angleterre étant notre alliée, il serait impossible
d'en profiter sans rompre avec elle, et alors c'est
celte question avec toutes ses conséquences qu'il
s'agirait de discuter. Ce serait étendre inutilement la
question de la révolte des cipayes. Tout le monde
sait que si l'Angleterre n'est pas détournée de cette
tAcbe par une guerre européenne, elle viendra cer-
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16 DB LA POISSANCB HILITAIRB
tainement & bout, dans un temps donné, de son armée
indienne révoltée. Que restera-t-il alors de tout le
bruit que certaines gens font aujourd'hiû à propos
de cette insurrection? Rien autre chose que le sou->
venir durable d'une malveillance stérile et d'une ja-
lousie impuissante. De tels sentiments ne répondent
certainement pas à ceux qu'éprouve la nation fran-
çaise, ils ne sont pas dignes d'elle, et nous dirons à
ceux qui les expriment : « Quand on est en paix avec
son voisin, on lui parle le langage de la paix ; quand
on veut la guerre avec lui, on le dit loyalement et on
en donne les raisons. »
Cette politique d'un autre âge, ces passions suran-
nées, ces rancunes puériles dont le peuple anglais a
longtempspassé pour le représentant en Europe, sem-
blent aujourd'hui le monopole de notre pays ; elles
ont exercé sur ^opinion une influence que l'impartia*
lité ne permet pas de dissimuler.
Nous ne nous associerons pas au langage des dé-
tracteurs systématiques et passionnés que l'Angleterre
a rencontrés en France. Nous croyons remplir un de-
voir en constatant que le mouvement qui s'est produit
chez nous, à propos des affaires de l'Inde, n'était pas
sympathique à l'Angleterre; mais, nous le répétons,
nous ne partageons pas ces sentiments. La Grande-
Bretagne règne sur le monde par l'industrie , comme
la France par les idées ; pendant que la France , au
centre de l'Europe, élabore la civilisation dont s'im*
prègnent ses voisins, la Grande-Bretagne est le vais-
seau qui la porte à tous les coins du globe; et si ces
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DUS ANOLMS DANS L*INDB. 17
deux reines des sociétés modernes n'avaient pas ab-
sardenoent dépensé, l'une contre Tautre, des torrents
de sang et d'or, elles auraient, par leur union ,
avancé de plusieurs siècles les progrès de l'humanité.
S'il a été réservé à notre génération d'assister à la
clôture définitive de ces tristes querelles, ce n'est pas
nous qui prendrons à tftche d'évoquer des souvenirs
ou de faire appel à des sentiments de nature à les
réveiller.
Nous serons favorables à l'Angleterre dans lesju^
gements que nous porterons sur les affaires de l'Inde,
nous l'avouons sans le moindre scrupule. Nous
sommes bien loin d'assister à ces événements avec
les sentiments de ce philosophe que Lucrèce a peint
se drapant dans son manteau sur le rivage, et savou-
rant le bonheur de se voira Tabri du danger dans la
contemplation d'un naufrage. Mais le sentiment d'es-
time et de sympathie que nous éprouvons pour l'An-
gleterre ne nous rend aveugles ni sur la gravité de la
crise que sa domination subit actuellement dans
l'Inde, ni sur les causes qui ont amené cette crise.
Nous apprécierons la situation telle qu'elle est, nous
la jugerons sans illusion, sans optimisme , comme
sans prévention et sans dénigrement systématique.
Pour nous, il n'y a que deux opinions en présence au
sujet de cette lutte que soutient l'Angleterre contre
ses cipayes révoltés : d'une part, l'opinion de ceux
qui, sans puéril enthousiasme pour les maîtres de
l'Inde, dans le seul intérêt de la civilisation , et par
un sentiment de pure impartialité, continuent de pen-
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IS DB hk PUUMNW mUTâlEB
ser et d'espérer que la Grande-Bretagne triomphera
de la crise terrible où elle est engagée dur lee bords
du Gange; d'autre part» Topinion de ceux qui, par
un esprit de prévention étroite et passionnée contre
l'Angleterre, persistent à souhaiter et à profiAétiser
la chute et la fin de la domination britannique dans
l'Inde, Sur un pareil terrain notre choix ne saurait
être douteux.
Malgré les nombreuses imperfections du système
[Qilitaire de la Grande*Bret^ne, imperfections qui
tiennent une grande place « comme noua le verrons
pluâ loin, dans les causes de la révolte indienne t
l'Angleterre sortira victorieuse de la lutte* Ses adver*
saires ont prouvé leur impuissance du jour où i\é
n*ont pu triompher du petit nombre d'Européens
qu'ils avaient à combattre au début de la révolte.
Celle-ci peut être considérée comme réprimée
d'avance par les nombreux renforts qui vont arriver
successivenient à Calcutta* Par le fait, une insurrec-
tion du genre de celle des cipayes ne peut réussir qu'à
la condition de faire continuellement des progrès, et
chaque jour qui s'écoule sans un succès des révoltés
est d'une valeur inappréciable pour l'Angleterre.
On oublie trop souveqt, en appréciant les forces
que les Anglais peuvent envoyer dans l'Inde, qu'il
s agit de l'Inde et non pas de l'Europe, et que le
même nombre d'hommes est loin de représenter la
même force dans des circonstances si peu semblables;
Si l'on veut avoir une idée de cette différence, que
l'on réfléchisse un instant au petit nombre de soldats
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DKS ANOLAIft DANS L'INDK. 19
européens qui, dispersés dans tout le Bengale, ont
jusqu'il présent résisté & Tarmée indigène. Â la ba-
taille. d*Agra, pendant la longue défense de Cawn-
poore et de Lucknow ; — au siège de Delhi, m Ton
peut appeler siège la présence d'une poignée d'bomiDes
devant cette vaste cité» les Européens se trouvent, en
générali un contre dix. Ce seul fait, qu'au lieu d*ayoir
été anéantis ils ont presque partout tenu tête & un
ennemi qu'ils ont eux-mônaes instruit h, faire la
guerre, prouve assez clairement Tirrémédiable iafé-
riorité de la race indienne devant celle qui Ta con-
quise. Conobien de temps une lutte qui se prolonge
avec des chances diverses et dans de telles conditions
pourra-t-elle durer quand aura disparu en partie cette
effrayante disproportion du nombre? C'est ce que l'ave-
nir nous apprendra ; mais nous croirions nous éloigner
singulièrement de la vraisemblance en supposant,
comme on le fait autour de nous, que les Européens
seront vaincus par les seules forces de Tlnde révoltée.
Réduits à eux-mêmes et opposés à des blancs, aux
wkite faces , comme on dit dans Tlnde, aux visages
pâles, comme diraient les Peaux-Rouges de TAmé-.
rique du Nord, les cipayes ne peuvent espérer la vic-
toire. L'histoire du passé est là, tout aussi bien que
rbistoire du présent, pour prouver que le véritable
ennemi des Européens, dans Tlnde, c'est le climat,
bien autrement redoutable que la population native,
divisée comme elle est en une foule innombrable de
castes, de races et de religions en décadence, qui ont
détruit tous les liens sociaux.
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20 DE LA PUISSANGB MILITAIRE
A la bataille de Plasscy» qui valut le Bengale aux
Anglais, Clive, avec 900 Européens et 2,000 cipayes
seulement, ballit une armée de 60,000 Indiens ; à la
bataille d'Âssye, qui décida du sort d'un grand em-
pire, le duc de Wellington défit complètement une
armée de 50,000 Mahrattes, commandés par Holkar,
avec un corps de 5,000 hommes, dont 2,000 Euro-
péens seulement. Ces exemples, comme nous Tavons
vu plus haut, se continuent aujourd'hui, bien que les
Sicks aient paru un instant devoir rompre la tradition.
Ceux qui basent leurs calculs sur Tépuisement
présumé des forces militaires de PAngleterre parais-
sent oublier que l'Angleterre est, après tout, une
nation de 28 millions d'hommes, et que son organi«
sation militaire, si défectueuse qu'elle puisse être, lui
avait permis d'amener plus de 50,000 hommes sous
les murs de Sébastopol. Comment aussi ne pas tenir
compte de la disposition morale d'une nation qui a
de tout temps proportionné ses efforts aux difficultés
qu'elle avait à vaincre, qui peut bien être battue, et
qui commence par là dans la plupart de ses guerres,
mais qui peut rarement être découragée, et qui, en
général, se trouve de plus en plus forte à mesure que
la lutte se prolonge? L'Angleterre s'est profondément
émue sous l'impression des mauvaises nouvelles qui
lui arrivaient de l'Inde, et, si besoin en était, on ver-
rait bientôt par tout le royaume des offres semblables
à celles que viennent de faire au gouvernement les
habitants de Sheffield (1). Nul ne peut pénétrer l'ave-
(1) Les habitants de Sheftièld ont offert au gouvernement de
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DBS ANGLAIS DANS l'INDB. 21
nir, mais nous ne reconnaîtrions pas aisément qu'une
nation munie de telles ressources et douée d*une tell«^
énergie puisse être définitivement battue par une
insurrection d'Asiatiques qui ont appris la guerre à
sa solde, et qui ayant surpris leurs maîtres dispersés
et désarmés n'ont pas encore pu les détruire.
L'Angleterre,. il ne faut pas s'y tron^per, est pré-
parée au pire ; son courage a grandi avec le péril.
Les gens qui discutent sur les conséquences de la
perte des Indes pour la Grande-Bretagne sont libres,
sans doute de développer cette hypothèse. C'est un
exercice d'esprit comme un autre, mais qui n'est
fondé, sinsi que nous espérons le démontrer surabon-
damment, sur rien de sérieux. 11 n'en peut résulter,
nous l'avons déjà dit, qu'une chose : c'est la révéla-
tion d'un mauvais vouloir au moins impolilique, et,
dans tous les cas, peu digne de nous. Au reste,
avons-nous besoin de le dire, ceux qui professent
aujourd'hui des sentiments si peu chevaleresques font
exception. La France est assez forte et assez glo-
rieuse pour n'être jalouse d'aucune nation ; elle est
assez généreuse pour ne se réjouir que du triomphe
de ses amis. Quant à l'Angleterre, on peut en être
siir, lors même que toute la garnison actuelle de
rinde, fous les fonctionnaires, tous les résidents,
toute l'armée de renfort seraient perdus, massacrés,
anéantis..., la Grande-Bretagne n'abandonnerait pas
l'Inde. La guerre européenne même ne l'y ferait pas
lever ci d'équiper à leurs frais un bataillon pour la guerre des
Indes.
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22 DE LA PIJI8SANGB lltUTAIBB, BTG.
renoncer, et, dans vingt ans comme aujourd'hui, elle
serait prête à sacrifier vaisseaux, trésors et soldats
pour y rétablir sa souveraineté. C'est une des quidités
de cette race, qui en a tant d'autres pour compenser
son orgueil et son égolsme, que la fermeté inflexible
dont elle fait preuve dans ses entreprises. On peut
être certain que la révolte des cipayes sera vaincue;
si ce n'est dans six mois, ce sera dans un an, ou dana
deux, ou dans vingt; mais tout porte à droite que la
victoire sera prompte.
Il nous a semblé utile d'indiquer bien nettement
aux lecteurs le point de vue auquel nous comptons
nous placer dans Tétude de la question indienne ; il
nous reste encore, avant de Tentreprendre, k en fixer
le plan, et à poser les limites dans lesquelles nous
nous proposons de la renfermer.
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CHAPITRE I.
Sommaire : Plan et limites de cette étude. » Divisloo adoptée. -*
Ouvrages et documents consultés.
Si les Français ne peuvent rester indifférents aux
faits immenses qui s'accomplissent dans Tlnde, c'est
en simples spectateurs, toutefois, qu'ils sont condam-
nés à assister aujourd'hui aux luttes dans lesquelles
ils auraient pu jouer l'un des principaux rôles s'ils
avaient à l'origine déployé la même habileté que leurs
rivaux.
Cet aveu doit peu coûter à notre amour-propre.
La situation qu'il implique n'est pas, comme nous le
verrons plus loin, le résultat d'une infériorité contre
laquelle toute protestation devient inutile quand on
se reporte aux événements de la dernière guerre ;
elle procède exclusivement des fautes multipliées
d'une dynastie qui a fait défaut au pays. La France
a longtemps possédé dans l'Inde une puissance bien
supérieure à ceHe de l'Angleterre, et tout ce que
celle-ci a exécuté, les historiens anglais le reconnais-
sent, les Labourdonnais , les Dupleix, les Bussy
l'avaient pressenti et préparé. L'Angleterre n'a donc
fait que suivre les plans et les traces de ces Français
envers lesquels l'ancienne monarchie s'est montrée si
ingrate.
Dans ce moment, où tous les yeux sont tournés
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ai DU LA PUISSANCR MILITAIRE
vers l'Orient, où une révolution noilitaire vient
d'ébranler jusque dans ses fondements la puissance
des Anglais dans Tlnde , on ne saurait apporter trop
de soin à connaître les origines et les progrès de cette
vaste domination.
La seconde moitié du xvui* siècle a présenté un
spectacle inouï dans le monde politique et militaire:
une compagnie de négociants, dont Passociation n'a
jamais eu d'autre but apparent que le commerce, a
fait la conquête d'un territoire plus étendu que la
France, TAIIemagne, les États héréditaires d'Au-
iriche, la Suisse, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, les
lies Britanniques et la Turquie d'Europe réunis.
Depuis l'embouchure du Gange jusqu'à celle de
rindus, depuis Dehli jusqu'au cap Comorin, elle n'a
laissé subsister aucun état indépendant, et du fond
d'une maison obscure de J.eaden-Hall-Street, les
directeurs de cette compagnie ont donné des lois h
plus de cent millions d'hommes, soit en leur propre
nom, soit au nom des princes devenus leurs esclaves.
Ces gigantesques résultats ont été obtenus avec
moins de troupes et d'argent que c'en coûte souvent
le siège d'une place forte en Europe.
Pendant ce demi-siècle, la Compagnie des Indes
a versé dans le trésor de la Grande-Bretagne plus de
1,500 millions de France; les richesses que les em-
ployés civils ou militaires ont rapportées dans leur
patrie doivent avoir ajouté une somme pareille h la
fortune nationale de l'Angleterre.
Pendant les quarante années qui embrassent la
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DB»- ANGLAIS DANS l/lNDB. 25
latte des Français et des Anglais dans Tlnde, c*est-à-
dire jusqu'au traité de Versailles (20 janvier 1783), la
Compagnie avait acquis un revenu de 100 millions de
francs environ ; dans la période des vingt années qui
suivirent, les conquêtes de Lake et de sir Arthur
Wellesley portèrent ce revenu à près de 800 raillions ;
aujourd'hui, un demi*siècle plus tard, nous le voyons
s'élever au chiffre énorme de €50 millions. .
Pendant celte période de soixante-dix ans, tout ce
qui restait de princes indépendants a ^té successive*
ment écrasé. La mort de Tippoo-Saëb et la destruc-
tion de la Confédération mahratte asservirent défini-
tivement à la Compagnie toute la presqu'île de l'Hin-
doustan au sud de laNerbudd&h. Les Anglais n'ont
pas été moins heureux dans le nord : ils ont franchi la
Djumna, première frontière du Bengale , et envahi
peu à peu toutes les provinces de l'empire des Mon-
gols. Établis à Dehii, à &00 lieues de Calcutta, ils
touchent à l'Hymalaya, barrière infranchissable qui
les sépare de l'empire chinois. Après s'être appuyés
un moment sur le Sutledje, affluent de l'indus, ils ont
reconnu la faiblesse de cette frontière comme posi*
tion militaire, et asservi le cours même de l'indus.
Maîtres du Sind, ils ont franchi Tlndus et envahi
l'Afghanistan, qui les rend limitrophes de la Perse,
La campagne de 1888-1 839 leur a procuré à l'ouest
l'accroissement que la guerre contre les Birmans leur
avait conquis à l'est, de 182& à 1826, au delà du
Gange. Un seul État indépendant leur restait encore
à soumettre dans ce vaste empire , qui s'étend sur
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26 DB LA PUI8SANGB MILITAIRE
29 degrés de latitude et sur 27 degrés de longitude.
La guerre des Sikhs, la soumission du Pendjaub, le
protectorat du Lahore et l'établissement de Goulab-
Sing à Cachemire, ont renversé les obstacles qui pou-
vaient compromettre les communications du bassin
de rindus avec le reste des possessions anglaises.
Tel est le vaste empire dont la révolte des cipayes
a semblé, pendant un moment, remettre les destinées
en question. L'imagination recule devant cet accrois-
semeiH inouï o|)tenu en moins d*un siècle , et quand
on songe qu'une poignée d'Européens a suffi jusqu'ici
pour acquérir et conserver cette domination d'an
genre si extraordinaire, on comprend tout l'intérêt
que doit présenter, au point de vue militaire» l'exa-
men des moyens employés par l'Angleterre pour arri-
ver à ce merveilleux résultat.
Cette considération détermine naturellement la
première partie de notre tâche. Le tableau des ori«
gines de la puissance anglaise, et de la période de
luttes pendant lesquelles elle s'est fondée sur ses
bases actuelles, doit être le préambule nécessaire des
études que nous comptons faire sur la situation con
temporainc de l'empire anglo-indien.
Le but de ce travail étant exclusivement militaire,
la description géographique et politique que nous
jugeons indispensable pour l'intelligence des événe-
ments, devra exclure toutes les peintures, tous les
détaiis de mœurs, eomme aussi les notions finan-
dères, les appréeiaUons commerciales que ne réclame
pas le cadre où nous devons nous renfermer* Cette
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VUE ANGLAIS DANS L'INDB, 27
réserve, peut-être, rendra notre travail plus aride, et
lui donnera une teinte plus sévère; mais TeKclusion
de ces brillants hors-d'csuvre inoprimera au récit
une rapidité bien plus précieuse, et ajoutera, nous
respéroos, à sa clarté.
1/examen de la situation actuelle de Tlnde sera la
conclusion naturelle du résumé historique par lequel
nous allons débuter. Autre chose est de conquérir des
royaumes ou de s'y établir solidement, de les sou*
mettre par la politique et la force des armes, ou de
s*y implanter par les seuls moyens qui soient aujour-
d*bui permis aux peuples civilisés : par le commerce^
par rindustrie, par ia diffusion des lumières, par
Taecendant d'une civilisation supérieure.
Un rapide coup d'œil sur le régime issu de la pé-
riode agitée et brillante remplie par la conquête nous
éclairera sur les bases militaires de rétablissement
anglo-hindou. Cet examen nous donnera la clef des
événenaents contemporains. En nous mettant à même
de juger dans quelles conditions et au prix de quelles
réformes la puissance anglaise s'est maintenue jus»
qu'ici, il nous permettra de déterminer les modifica-
tioDs essentielles, radicales, sans lesquelles sa durée
doit être fatalement compromise.
l«e cadre restreint oii nous devons nous resserrer
M niHia permettra que rarement de citer les auteurs
que nmm avons consultés^ les sources auxquelles nous
avons puiaét 11 nous importe cependant que nos lec-
teurs soient édifiés sur l'autorité des uns, sur la pu-
reté ém autres. Aucune histoire, peut-être, plus que
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28 DB LA PU18SANGB MILITAIRE
celle de Tlnde anglaise n'exige la compilation diffi-
cile d'une multitude d'ouvrages divers et confus.
L'immensité et i'éloignement du Ihéâtre où elle.se ^
développe, la complication extraordinaire des négo-
ciations et des guerres qui ont amené la conquête
dans le passé ; la sécheresse et l'insuffisance des do-
cuments officiels en ce qui touche à la révolte actuelle ;
par-dessus tout, les précautions qu'ont toujours prises
les Anglais pour dérober aux autres nations l'origine
et le progrès de leur puissance, sont autant d'obsta-
cles qui viennent arrêter l'historien.
Est-ce à dire, pour cela, qu''au milieu du xix* siècle,
avec l'esprit d'aventure et d'investigation qui anime
notre génération, il soit impossible d'être bien ren-
seigné sur une question quelconque, fût-elle plus
ardue et plus obscure encore que ne l'est la question
anglo-indienne? Nous sommes loin de le penser.
D'innombrables relations ont été publiées en France,
et surtout en Angleterre, sur le sujet qui nous occupe ;
si nous avons cru devoir signaler les difficultés de
notre tâche, c'est qu'en l'absence d'un ouvrage hors
ligne, au point de vue de la vérité des faits et de
l'impartialité des jugements, il nous a semblé de de-
voir rigoureux de faciliter au lecteur, au milieu de la
diversité des opinions émises par les auteurs que
nous avons consultés, le libre exercice d'un choix qui
nous a plus d'une fois embarrassés nous-mêmes.
Tel est le but des indications bibliographiques par
lesquelles nous allons clore cet exposé du plan et des
Imites de notre Étude nir la puissance miliiaire des
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D1SS ANGLAIS BAM L*INBE. 29
Anglais dans l'Inde. Ces indications, en même temps
qu'elles mettront nos lecteurs à même de remonter
aux documents originaux, nous dispenseront, au
grand avantage de la rapidité du récit, des citations
continuelles dont nous aurions à Tembarrassersi nous
voulions signaler chaque fois les autorités sur les-
quelles nous nous sommes appuyé.
11 existe en France peu de documents originaux et
importants sur la période de Thistoire des Indes cor-
respondante au moyen âge des nations européennes :
Âboul-Ghazi {Histoire des Mogols); Schereffeddin
(Histoire de Timour ou Tanierlan); AbouKFazel,
l'historien d'Akbar, sont, parmi les auteurs arabes
dont la traduction a été publiée, ceux qui traitent
plus spécialement de l'histoire des Indes dans les
temps reculés. Le Mémoire sur les Tatars Mongols de
Rlaproth, V Encyclopédie de Didot, l'ouvrage dé l'abbé
Raynal, quelques articles des Jsiatic Researches^ le
Résumé àe Louis Herman, V Histoire d'Angleterre de
fiaujoux et Mainguet, etc. , nous ont fourni la plupart
des renseignements qui ont trait à l'histoire de l'em-
pire indien pendant les temps antérieurs à la seconde
moitié du xvm* siècle.
La période de l'influence européenne dans les af-
faires de l'Inde, et principalement l'histoire de la
rivalité des Français et des Anglais, ont été l'objet
de nombreux écrits. Dans la liste des auteurs à con-
sulter, nous citerons, en première ligne, MM. Saint-
Priest et Henri Martin, qui ont retracé d'une façon
toute magistrale les épisodes de cette lutte ; MM. Xavier
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dO DB LA PUiSSANGB MIUTAIRB
Raymond et Dubois de Jancigny^ dont les habiles
études forment un volume de Y Univers pittoresque.
En 18&3, M. le baron Barchou de Penboën a publié
en 6 volumes une excellente histoire de la conquête
et de la fondation de Tempire anglais dafis l'Inde.
Plus récemment encore, M. Louis Herman a donné
une étude des plus intéressantes sur les guerres de la
France et de TAngleterre dans les Indes* Getravail«
auquel nous avons fait de nombreux emprunts, pré-
sente surtout ce caractère particulier qu*il est presque
entièrement rédigé sur des documents anglais. Sans
prétendre citer ici tous les ouvrages compulsés par
M. Herman pour la partie de Thistoire de l'Inde an-
térieure à 1783 (traité de Versailles), nous mention*
nerons comme plus spécialement utiles à consulter :
fiep&rts from the Committees ofsecreoy fram 1715
to 1782 ; An Account ofthe war in India between the
English and French^ on the coast of Coromandd^ by
Cambridge ; Narrative of the transactions in Bengal
from the year 1760 to the year 1764, by H. Van
Sittart; Letters from the council at Bengal to the secret
Committee (1764); View of English govemmeni in
Bengal, by Vereist; Treaties andgrants to the East--
India Company from 1772; Charters granted to the
East'Jndia Company from 1601 to 1772; Original
minutes of Bengal^ by Francis; Considérations on
India affairs^ particularly respecUng thestaSe of Beth
gai, by W. Bolts ; Articles against Warren Hastings;
Collection of treaties from 1648 lo 17â5; Collection of
treaties fromi6»&toin2;East*Indiapapers{im);
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B£8 ANOLà» OAFfS L*I1DB. SI
DekUe$ ofthe house ofCommans ; The Asiaêic annual
Begùier; Annah oflhe réign of George» ihe third^
King ofEngland^ by John Aikin.
Les événements des vingt dernières années du
iTui* siècle et de» cinq premières du xix' tiennent
la place la plus importante dans l'histoire de la puis-
sance anglaise dans les Indes. Le passage des deux
Wellesiey au gouvernement et aux armées de la oo«
lonie est marqué par des suooès que Ton pourrait
croire l'œuvre d'un siècle.
Grâce à Tailiance heureuse du politique habile et
du général entreprenant, l'Inde cesse d'être mogol^
ou mabratte pour aevenir définitivement anglaise.
Les documents relatifs à la destruction de l'empire
de Tippoo-Saëb , à la guerre des Mahrattes , à
l'annihilation du Grand Mogol, à la constitution nou-
velle donnée aux royaumes de Scindhia, d'Hol-
kar, etc., sont aussi nombreux que choisis. Parmi
les ouvrages les plus remarquables ayant trait à ces
événements, nous mentionnerons comme spécialement
utiles à compulser :
Fie duducde WellingUm^ par Maxwell ; Hiëtorique
des guerres du môme , par VieusseUx {Knighfs store
ofknawledge); Biographies d\x même, par Mac-Far-
lane et Stocqueler ; Histoire de l'empire anglo-'indienf
par Barchou de Penboën (déjà cité) ; CoUectùm des
dépêches du marquis de fFellesley (comte de Mor-
ninglon); UfeofBaird^ byHook; Narrative of the
opérations of the army under lieutenant gênerai Barris
and of the siège ofSeringapatnamy by colonel Beatsoii ;
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S2 PB LA PU188ANGB MIUTAIRB
RwieWj arigifiy progress and renUt ofthe late décisive
warin Mysare^ by Wood; Riie and progress of ihe
Briiish power in India^ by Auber; Histoire univer-
selle^ de Cantu ; PolitiaUhistary oflndia, by Macolm ;
Military réminiscences, by colonel Welsh ; Recueilchoisi
des dépêches du duc de fFellingtm; Tableau politique
et statistique de l'empire britannique dans l'Inde, tra-
duit de Tanglais par Petit de Baroncourt ; Histoire
de la rivalité des Français et des Anglais dans F Inde ^
par L. Herman ; Exposé de la situation de l'Inde, par
Charles Wood ; History of Europe^ by Alison ; History
ofindia, by MilL
, Indépendamment des ouvrages dont nous venons
de donner la liste , un grand nombre d'écrivains sé-
rieux, la plupart militaires, peuvent encore être con-
sultés avec fruit sur la période de Phistoire indienne
qui finit avec le xvm* siècle : Alison, Sherer, le colo-
nel Gurwood, le lieutenant-colonel Mackenzie, le
major Macolm, le colonel Glose, Southey, GoU
lins, etc., etc., tiennent la première place parmi ces
publicistes.
La quatrième période de Thistoire de Tlnde s*ouvre
avec le xix* siècle, et dure encore aujourd'hui; elle
embrasse le développement tantôt violent, tantdt pa-
tient, mais toujours sûr, de la pensée en germe dans
la période précédente. Débarrassés de toute rivalité
européenne, les Anglais procèdent systématiquement
depuis lors à l'anéantissement de toutes les petites
puissances qui se partagent encore THindoustan. Les
historiens des épisodes brillants de cette lutte inégale
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DBS ANGLAIS DANS l/lNDB. ââ
entre le génie européen et les débris d*une civilisa-
tion éteinte ne font pas défaut. La destruction de la
Confédération noahratte en 1818, la guerre des Bir-
mans en 1826, la conquête du Kaboul en 18S9, Tin-
vasion du Penjaub en 18/15, et la guerre des Silces,
ont eu pour interprètes distingués en Angleterre et en
France:
MM. Al. Burnes {Voyage à Vembouchure de rïn^
dus^ à Lahare, etc.); Forster passim Hamilton {His^
tofical Account ofthe Afghans) \ Potlinger {Voyage
dans le Sind); Montstuart Elphinston; Eyries (article
Caghemtrb de V Encyclopédie Didot) ; Victor Jacque-
mont (Journal de voyagé) ; Legoux de Flaix (Essai
sur l'Inde) ; Cliambers (Aperçu de la constitution po^
litique de Vempire des Mahrattes); Ëyre (Journal
i*un prisonnier des Afghans); Ferdinand Durand
{Campagnes du Kaboul, rédigées d'après la narra-
tion du capitaine Havelock).
La situation actuelle de Tlnde, les germes de dé-
cadence que renferme cet immense empire les ré-
formes à apporter dans sa constitution , au point de
^'ue de la politique, de Tadministration, de la forCe
militaire, etc., ont inspiré de nombreux écrits, d'élo-
quents discours qui jettent une vive lumière sur les
causes, la nature et la portée des événements con-
temporains.
Lord Yalentya, sir Thomas Munro, sir Henry
Russeil, le général sir Charles Napier, et bien d'autres
encore, prennent rang parmi les citoyens éclairés de
la Grande-Bretagne, auxquels, en dépit du proverbe
â
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et po^r le luc^lheur ()p rAngleterr^t il 9^ été réservé
^- fl'êfre pfpphèlee cjaps |eur prppfe pays. Les Souve--
nifs liu colonel Slpemfin , les OEMvref de Kaye et
C^mpl^ell, le^ Éfwkf^ de M^. }^avier Raymond,
Qu))ois de Jancigny, de Yalbezen (1) {le^ Anglais
rfftV r{?*rf^}» comte de Riorn^tiern, de Warren, gé-
néral Jacob, John Lemoine, etc., etc., renferment
d*iptéf es^^n^ plftîfloyc^rs qù la par( des mérites et des
ï'iW\e& flj3 rhopqrat))^ Compagnie des Indes est failo
jyeç nplaR^ de fftlpnt qup d'ipRartjftlitét
/^yant (le plore çjette reyqe ^^ écrivj^ijs dpqt \^
\^\pi\\ çt 1^ ponqs^jssai)ç^s spépj^les noqs ont été ai
l^tijes c^ana le cours de nq^fe travail, pous devoqs
. (JîfQ up vçiQ\ c|efi squrp^ ?ipxquelles nou^ ayons em-
prunté les détails géograpliiques, Ipppgraphiques et
stc^tistiquQS indispfnsal:ile^ ^ riotelligence^des évé-
r^eqieptg.
Le mémoire de Rennel {Of q Mofi qf Hindç^tan ,
i78â) nous a gqidé dans nos considérations sur la
géographie pp^itique ^e l'Inde antérieurement au
XIX.* sièclp,
I.a carte d'Arrowsipith {Map of fn^ia) nous a
servi pouf |a mêfpe époque, ainsi qpe les tri^yaux de
Kirkpalrik {^çcountoftheKingdomçflf^itl, iSdi),
pour la géographie du commencement de ce siècle.
Les voyages de À. Burnes aux bouchei^ de Tlndus
pt à Labore; — de Fq^'^tpr d^ps T^fgbanisUni; —
de Pottinger dan^ le Sind et Ip peloptcbistan ; — de
(1) L*auteur des articles publiés daos la Revue des deua mond&e
sous le pseudonyoï^e du marier frîdollp.
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DBS fn^LilS DANSI L*IMOB. 35
Yjçtor Jaoquepiqnt {Journal d'un voyage atfo? ft^
orienta^) ; — (Je lÎQ^ge^ {Tr<^vel^ in |n<?<a); -- (Jç
Pqgbanivn (r^sW? ^^ ^^ %<or(2, etc.); rrr- de
Hftffper ç)ans la f^insule œçi^^tfil^ dfi l'If^i -^
(Je Taverpier (Koî^fl^^aîf» Inde^], mnh qui élé «tilç^
pap[)m§ r^seigaçmentsfmr l^ derniers É^te aqneiféa
Les notions de géftÇTOPbW gîénérfttequi fqftl m^fi
au résupé historique sont e^prqntéçs à Baibi et
Malte-Brun, pour li^ paftie purement descriptive; à
Théophile Lavallée, pour les renseignements e( le§
considérations militaires.
Matte-Bpun, de Riensi neus ont ibumii des tableaux
statistiqaes que les doeum^nts d^ même espèce eom-
moBiqués récemment au Partement par le ceionel
Sykes nous ont permis de modifier dans ceftaines
parties, et de compléter dans quelques autres.
Il existe peu de bonnes cartes françaises de rem-
fHFs anglo-indien, le grand atlas de M. Denaix,
eelui de Lapie présentent des divisions qui ne sont
plus en rapport avec l^tal actuel des possessions an-
glaises. Les cartes lithographiées de Heck et celles
de Brué, revues et corrigées par Pîcqaet, ont moine
vieilli, mais ne sont pas assex détaillées pour per-
mettre de suivre avec facilité les opérations militaires
4çn^ rSiftéwatM % éWi lç*éfM^. G'e»i «\BJ caftes
wglwM» 9^ nçm ayons e.q rçcaws ppur Ifi déiWlPb
Htiqp d^ ^iiér^tçâ localités qu\ ont jjqu^ un ifà^
«WWilMH, swtou^ ppQdftUt la révqltç ^e Twca^ft ^u
Bengale. )^çft mt^im^en (}§ % Pç^er^p^p, pu-
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âO DE L\ PUISSANCE MILITAI RK
bliées en allemand, nous ont servi plus spécialement
pour les opérations dans les districts de Dehli, de
Meerut et de Cawnpore ; celles du géographe Tassin
pour la description générale, politique , administra-
tive et militaire, et pour la marche de l'insurrection
dans le Bengale et le royaume d*Oude ; enfin la carte
de M. Vivien de Saint-Martin nous a servi de guide
pour l'orographie de TAsie centrale.
Parmi ces derniers documents, nous signalons plus
particulièrement au lecteur les travaux suivants de
M. Tassin :
1* iVeto and improved Map op varions routes between
Europa and Àsia^ comprehending fFeslfim and
Norùhern Asxa^ together with Asia Minor and Egypt
{k feuilles).
Cette carte, dédiée à Son Excellence le très hono-
rable lord William Cavendish Bentick, commandant
en chef et gouverneur général de Tlnde anglaise,
sera un très utile auxiliaire dans Tétude des questions
relatives au percement de l'isthme de Suez, aux pré-
tentions rivales et à la situation respective de la
Russie et de l'Angleterre dans le nord-ouest de l'Asie ;
enfin aux communications, en général, de l'Europe
avec l'Asie.
2' Map ofNorth'Westem frontier ofBritish Indta,
including thcprotectedSicks stateSy Lahore^ Cashmcer,
Cabul^ Heraty Candahar, Shikarpore et Bhawulpore :
together with Sinde and liadjpootana the Indus river
and part of Beloochistan (2 feuilles et demie).
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB. 37
Cette carte est surtout utile pour suivre les cam-
pagnes dans l'Afghanistan et le Pendjaub.
â' New and improved Map of the provinces of
Bengal and Behar with Benares and adjoining terril
tories, exhibiling the district divisions^ the civil and
militar y stations^ and police thanas, etc,^ etc.,.^ corn-
piled from the most récent surveys and best informa-
iian in the possession of govemment and private indi-
viduals (12 feuilles).
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CttAPlTRË li.
SoMMAiRB : L*Inde avant là conquête (i' Alexandre. — Apparition
dés Ahibés. — Mohalib, Hahmoiid et les Ghazneyides. — Coii-
qttète des Mongols : Ghengis-Rhah^ Timour et Baber-Sctiâh. —
Humaionn, Sbere-Khau, Akbar 1*'. — Constitution politique
de Tempire mogol soiis Âkbar. — Aboul-Fazel. -^ Djihangire,
Scbâh-Djiban. — Aureng-Zeî). — Organisation politique et
i&llllâire dé Templre mogol sous Âûreng-Zeb. - Origine et
premières conquêtes des Mahrattes. ~ Schah-Alum. ~ Origine
desSykhs; leurs révoltes contre les empereurs mogols. — Mo-
hammed-Schâh.— Guerres avec la Perse; révoltes; sac de Dehlf
par Nadir-ScbàU; fol de t^erse«— Décadence de Templfé inogol.
Les Hindous, lin des peuples les plu^ doux ëf lés
plus paisibles du globe, ont été; depuis Tantîqulté,
la proie des nationâ eonqiiérante^ attirées par la
richesàe Aé leur territoire, et otit passé d'une domi-
nation à Tautre. L*hidtoire ne nous a transtnis siir les
destinées de la race autochtone, antérieurement à là
fcfndationde Tempifede^ Mogols, (]ju'ùnamas confus
de légendes, de récits naythologiques et de faits iti-
cohérents, Hb biltieu desquels on découvre, non-seu-
l^dient des erreurs de chronologie, mais encore des
ribsurdltéâ, des rêves mêléâ aux conceptionë les plus
fantastiques. La t>lupart des historiens hindous fotit
remonter Torigine de leur pays bien au delà de celle
du mmd«. Nous examinerons plus loin jusqu'à quel
point ces prétentions peuvent s*èx^liquer lorsque
nous âifons un mot des religions et dès castes de
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&0 DE LA PtlSSAIHCK MILITAIRK
rinde. Il est certain que THindoustan avait déjà subi
plusieurs invasions avant celle d'Alexandre le Grand.
Ce conquérant s'arrêta à l'Hyphasis des anciens.
Tune des branches de P Indus dans le Pendjaub.
Après lannort d'Alexandre, l'Inde respira pendant
treize siècles, ou du moins les diverses incursions
qu'elle eut à subir ne laissèrent pas de traces jusqu'à
la formation de l'empire des Califes. Pendant la pé-
riode d'anarchie qui précéda la chute des souverains
de Bagdad, les Arabes portèrent bien à plusieurs re-
prises leurs armes jusqu'aux bords de Tlndus, mais
ils ne pénétrèrent pas au cœur de THindoustan , et
Mohalib ne dépassa pas l'Afghanistan ; c'est en 996
seulement que le gouverneur de la province de Can-
dahar se rendit indépendant des Califes, Son fils
Mahmoud, le véritable fondateur de la dynastie des
empereurs Ghizniens (ou Ghaznevides), lui succéda à
Ghazna, et manifesta, dès le principe , des qualités
guerrières qui devaient lui assigner un rôle important
dans l'histoire.
De l'an 1000 à l'an 10D8« le fanatisme et l'ascen-
dant d'une science militaire plus développée font
triompher les musulmans de populations timides
qu'énervaient encore, au physique comme au moral,
le culte de Brahma et le principe décourageant de la
division des castes. Mahmoud pénètre jusqu'à Dehli,
dont il fait le siège de son empire, et meurt en 1050,
après avoir conquis les provinces de Mooltao , de
Guzerate et d' Agra. Il envahit même TAdjmeere et le
Malwâ, mais sans s'y établir d'une manière définitive.
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DBS ANGLAIS DANS L'IN0B« 41
De 1030 à 1080 la postérité de Mahmoud con-
serve le pouvoir au milieu de révolutions et de dé-
chirements perpétuels; ses descendants envahissent
les bords du Gange, mais ils sont expulsés en 1184
par r Afghan Kussaïn-Gauri, qui fonde Tempire des
Gaurides, destiné à finir avec lui, mais dont la dy-
nastie fournit plus tard de nombreux prétendants au
trône de Dehii.
Dès l'année 1017, les révoltes des Hindous avaient
pris une grande extension, et la bataille de Mero, en
1039. avait affranchi du joug une partie des pro-
vinces soumises par Mahmoud. L'Afghan Cuttab (ou
Koutoub-u-din), en 1212, poursuit les projets d'affran-
chissement de Kussaïn-Gauri , dont il avait été le
général. Ses successeurs, Aram, Alhamsh, Ruku-u-
din, Nazir-u-din-Mahmoud , et enfin Mohammed,
conservent le trône de Dehli jusqu'en 1397.
Dès Tannée 1250, Ghengis-Khan avait mis en
mouvement les hordes mogoles qui habitaient au
nord de la Chine. Après avoir renversé les royaumes
tartares de l'Asie centrale, et s'être emparés de la
Chine, les Mongols firent la conquête de la Perse,
rencontrèrent les Kharismiens, qui dominaient sur le
plateau de la Caspienne, dans ta Médie et l'Arménie,
les vainquirent dans une grande bataille à Olzar, et
poussèrent leurs conquêtes jusqu'à l'Euphrate et au
Caucase. Le temps semble avoir seul manqué à
Ghengis-Khan pour s'emparer de l'Hindoustan. Ses
fils continuèrent son œuvre; ils détruisirent le khalifat
de Bagdad (1258) , qui existait encore de nom ; con--
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quirent Ift Chine méridionale, qui subit alô^s (1279),
pour la première fois, une domination étrangère ; rui-
iièretit complètement la domination des sultans de
R6um (1) ; pénétrèrent dans la Russie, la t'olognë, la
Hongrie, et ne 6*arrêtèrent que sur le Danube, te fut
sousKublal, petit-flls deGhengis (1265-1294), que
cet empire, lô plUâ vaste qui ait jamais existé, fut
dans sa plus grande puissance. Il s'étendait àior§ de
la mer des Inde& au fond de la Sibérie, et dd grand
Océan à l'Asie Mineure, au Danube, à la Tistiilé. La
Chine était la résidence du khan suprême, qui, outré
une multitude de petits khans tributaires, ad Toinkiti,
dan^ rinde, dans la Sibérie, etc., etc., avait trois
gratids khans subalternes, au Kaptschak, en Perse et
darid le Zagàtal. La ddminalioil des Mbhgols de là
Chine bêisâa eti 1968, époque à Jàquellé lés Chinois
les chassèrent, et fondèrent la dynastie nationale dés
Ming, qui dubsista judtju'en 16/|ft. Uhiàtbirë des
Mongdlâ du Kaptschak appartient à la Russie. La
domination des Mongole dii Zàgatclt, qiii ë'éte/iâAit
de rOxus à rindud et dand TAsie centrale, idnibel au
bout d'un siècle ell décadence. Tamerlan (Timod^ où
Tamer-Lenggne), Tun deô émirs de cet enipitë; pl'O-
fitèL de cette décadence pour èe trë^t un État iridé-
(ij Après trois siècles d*êxistencê, lè JchàUfat de Bagdad avait été
démembré par led Turcs Seldjoukldes (1071). Des ruities ûè db
vaste empire s'étaient détachés (1092) les royaumes dlrau ou As
Perse, et de Roum ou d'Asie Mineure, doni le premier surtout
était appelé à exercer une grande influence sur les destinées de
rfhde.
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DBS AmLAIS DANS l'iNDR. (6
pendant dans la Tttnsoxiane; il soumit bientôt les
autres émirs, détrai«t la dynastie du Zagatàl , ren-^
versa la dotninatién des fild de Ghengis dans la Persfc
(l'Iran)^ conquit le Thibet» et ravagea les Ihdes da
1897 à iSQOà Timbur s'empara de Dehii àprds d'ef^
froyables massabres^ et en chassa les Afghans. Il pa^
ralt cèpeadAbt b'étre proposé le pillage et 4a dévasta-
tion de THindoustan plutôt que son asservisséhient
régulier.
Après la retraité de Timour» une nouvelle dynastie
s*éieva en i&l3) et eut pour fondateur Qhiser, des^
ebndant du pi'ophètei En l/i50^ les Afghans descen*^
dir«ilt de nouveau sur Tlnde^ et Balloli et Ibrahiiti^
Lodi Moupèrent suobessîvemont le trône de Dëhlii
Enfin Baber-Ghàh^ deeeendant direct de Timed)* et
de Ghengis-KhiLa$ devint chef des tribus mongoleëi
Établi à Samarkand t et dépouillé d'une partie des
provinces que son prédécesseur lui avait léguées^ il
se rejeta sur Tlnde» riche proie que sa famille avait
laissé échài^pef. At^rèè t^tiatfë tëtitàtiveé malheu-
reuses, franchissant une dernière fois les défilés du
Caboul (les passes de khyber)^ traversant le Pendjaub^
il vint offrir là bataillé au souveraiti de DehIi dans
les plaîHes de tànl|)Ut. Ibrahim-Lodi, dernier empe-
reur afghan, ^ut déifall, et perdit la vie dans cette
bataille (i685). Baber-Chàh^ vainqueur^ fonda la
dynastie mongole, qui, depuis lors, a toëjours, sauf
une ingère liiterriiptiotl, occupé le tr'dtie dé tiehii.
Baber fut le premier souverain indien à qui l'on
donna en Europe le titre de Grand Mogol^ et qu'il
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kk DB LA PU18S4NGK IflLlTAIRB
serait mieux de nommer Gtund Mongol, Son règne a
laissé d'impérissables souvenirs dans la mémoire des
Hindous; ils n*ont cessé de prier dans les mosquées
pour le rétablissement de sa race sur le trône de Dehii,
et le stupide vieillard qui a servi de drapeau à la ter-
rible révolte contre laquelle les Anglais ont à. lutter
aujourd'hui descend en ligne directe de Baber (i).
Llnde, au temps de Baber, était partagée en sept
États indépendants, dont deux seulement étaient gou*
vernés par des princes de race hindoue. Baber eut
sans, cesse à lutter contre les révoltes des Afghans et
des provinces conquises , et malgré le prestige de
gloire et de puissance dont son nom est resté entouré
dans la mémoire des Indiens, lorsqu'il mourut, en
1550, après un règne de cinq ans, il ne laissa à son
fils Humaloun qu'un pouvoir contesté.
Humaloun eut à lutter, comme son père, contre
les entreprises des Afghans; un de leurs chefs, Shere-
(1) Le roi de Dehli, en ce moment prisonnier des Anglais, est
âgé, non pas de quatre-vingt-douze ans, comme Font dit les
Journaux, mais de quatre-vingt-quatre, puisqu'il en avait soixante-
quatre en 1837. li est fils d'Akbftr SchAh H, qui, en 1806, fut
placé par les Mahrattes sur le trône de Debli et à qui il succéda le
38 septembre 1837. Du vivant de son père. Use nommait Mirza-
Abû-Zafar (père de la Victoire) Kban-Babadour. De ces noms, il
tira celui de Zafar pour en faire son thakallus ou surnom poé-
tique, car 11 ne cessa d'occuper son temps à la culture de la poésie
avant et après son accession au trftne.
Le roi de Debli est petit-fils de Tempereur Schàb-Alum et ne-
veu du prince Sulaiman-Scbikob, lesquels, sous les noms d'Afta»)
(soleil) et de Scbikoh (énergie), cultivèrent avec un talent remar-
quable la poésie biudoustanie.
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB. &5
Khan, s'était rendu indépendant dans le Bengale,
Humaîoun voulut le faire rentrer dans Tobéissance;
mais, après toutes les vicissitudes d'une lutte opini&tre
et dans laquelle chacun des deux rivaux fut plusieurs
fois au moment de l'emporter, Humaîoun fut défini-
tivement vaincu et chassé de THindoustan.
Ferid (ou Shere-Khan), vainqueur, étendit sa do-
mination du Gange à l'Indus , et pendant treize ans
les populations respirèrent sous son gouvernement
bienfaisant et civilisateur (1). Sa mort fut le signal
du retour de l'anarchie. Grâce à la rivalité des fils de
Shere-Khan, Humaîoun, réfugié en Perse, et devenu
maître de Caboul et de Candahar , parvint à recon*
quérir les États que lui avait laissés Baber. En i55/i
lesMongolsrentrërentdansl'Hindoustan, et Humaîoun
mourut en 1555, laissant le trône à son fils,
Akbar I",
Les treize années du règne de Shere-Khan forment
la seule lacune pendant laquelle, jusqu'à nos jours,
les descendants de Baber n'orU point occupé le trône
de Dehii.
Akbar est, sans contredit, le prince le plus illustre
de la dynastie de Baber; il s'est distingué par sa valeur
(1) C'est à Ferid ou Shere-Khan que sont dues les premières
grandes rout«s qui sillonnèrent Tlnde. Le Great-Trunk-Road suit
le tracé d'une des routes qui relièrent sous Ferid le Bengale à
rindus. Des plantations, des postes, des hôtelleries pour les voya-
geurs, donnaient à ces communications un caractère de sûreté et
de commodité que Ton voudrait bien trouver aujourd'hui à beau-
coup de routes modernes.
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46 l>^ ).i PfUS^NCB MIUT^fEB
aut^^Qtque par s^ sagesse et sa justice. Les vetyageurs
et les historiens retrQuvept. partout le^ traçei^ de sa
glqirp (J^n^ les inoquinents doqt il $^ ppuvQrt |e sqU
et daps les témoignf^es d>dq)iratiop ^es écfiyains
contemporains, Né pen^apt Ift fuite 46 aon père ^^
Perse, il apporta mr 1^ trônçi les ^leut^ e( leis vertus
qpe développent che^ |es sQUvçfa^ns le (Dftlt^Q^^ et
TejiL
Le règne d^Àlcbar* çomiq^ (qus letsi préçé^entf^
s'ouvrit par d^s Inttes ii^testlnea îivpft les déttris de l^
dynastie des Afelianç %\ avec; l^ gQ^ve^neu^f ()«
provinces gui cl^erchai^t |i sjè repdr^ indép^pdsiitt^
La confédéri^tipn forq^ée cpqtre Al(l^ar fut détruit^ çf)
f g§6 2^ Panip^t, Heu çlu pi'eiQier triomphe ({es Mogqjs^
p^aipp de Mi^ille sur Igqqel no^s yerrops ^ne ç^ytr^
fols encore se décic|er les d^.tinées d\i bs^ut |IinG|(]|us({^n
en 1762. Akbar fit la conquête définitive dq ^^\^l^
et de rAtlJifAK; il sounût le Quzer^te et (e ^engsde ,
^ont les gouv^neurs s'étaient r^nfltis A pep. près jiïdéT
pendants; il agrandit son empire au sud §t au nord,
et le divisa en onze provinces ou soubabies, dont Qh^-^
eune était divisée en district Q^ mkars; cenx-ci ç^m-
ftrenaient un certain nopibire de cantons pn ppupr
gounnahs. L'histoire d'Akbar, écrite par son visir
Aboul-Fazel, traite de la division ^ dç la population,
^^ rindustrip, des revends pt de. \^ iqpQgfftpl^ie (ie§
États de cet empereur. L'ouvrage d'AbouUFaael est
connu sous le nom d^Ayen-Jkbari, c*est-à-dire le
Ijiiroir d'jikbar. L'organisation Rdrnifiisitv^UYe de
l'empire des Grands Mogols dftt§ de. eette époque.
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Diea ANGLiJft BiHS i/iNas. &7
Nous en donnerons Texposé plue loip, lorsque noue
résunoerons les prineipaux événements du règne
d^Âureng-Zeby petit-flis d^Akbap^ et nou^ insisterons
d^autant plu^ sur ce détail qu^en nous fournissant la
signification d'Un grand nombre de termes qui re«-
viepneot à chaque instant, IprsquMI s'agit de la hié-
mrcbi^hindqpe, il nous permettra de ^nstater que
les anglais, bésitiers de la puissance des empereurs
mogals, n^'ont, en quelque sorte, rien changé aux
bases essentielles sur lesquelles elle s'appuyait.
Akbar avait donc porté au plus haut degré la fopoe
et la gloire de Tempire mogol lorscpi'il mpurut, en
1606, après un règne de quarantenieuf ans, laissant
le trdne à son lils Sélim.
Sous le règne d' Akbar, les Portugais s'établirent &
Goa, ville qui n'était pas encore annexée à Tepopire
mogol. La division que nous avons adoptée nous can-
duisant à réunir dans un chapitre spécial tout ce qui
touche à rétablissement des oolopies européennes
. dans les Indes, c'est pour mémoire seulement que
nous rappelons ici l'occupation de Goa par les Portu-
gais, et les ambassades qu'ils envoyèrent en ISQQ, en
i£i91 et en ^595 aa Grand Mogol. La même observa-
tion s'appliqua à l'établissement des Anglais vers la
même époque, et à leurs ambassades de IGQtt et 161 5,
sous le règne de Djihangire.
Le fils d' Akbar devait bien mal justifier se nom de
Djih%Qgire (conquérant du monde), par lequel il rem-
plaça celui de Sélim , sous lequel il est aussi désigné
par les historiens. En lutte continuelle avec tes grands
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&& DB LA PUIBSAHCB M1LIT4IIIB
vassaux, il eut, en outre, à comprimer la révolte de
son fils Schftb-Djihan, qui lui succéda en 1627.
Schàb-Djihan débuta sur le trône par une sanglante
exécution, dans laquelle furent enveloppés tous les
descendants de Timour, et qui le laissa seul repré^
sentant survivant de la postérité mâle d'Âkbar. Après
une guerre cruelle contre un prince afghan de ia fa-
mille de Lodi, dépossédée par Baber, et dont le ré-
sultat fut la soumission complète du Deccan, Scbâh-
Djiban reprit aux Perses le Gandabar, que son père
avait perdu.
Tranquille possesseur du trône, Sch&b-Djiban
s'occupa d'améliorer le gouvernement de Tempire;
pendant une paix de vingt ans il réforma diverses
brancbes de Tadminislration , et, à l'exemple de son
père, construisit de superbes monuments; nous dirons
un mot de ces derniers, parmi lesquels le fameux tom-
beau de la sultane Noor-Mahal (lumière du barem),
élevé par Djibangire, et la grande mosquée de Debli,
tiennent la première place, lorsque nous donnerons
la description géographique et topographique de
Tempire indien.
La guerre entre les fils de Scbàb-Djihan remplit
les dernières années du règne de ce prince. Atteint
d'une mala.die mortelle, il ne peut assurer à Talné
de ses enfants, Dara, son successeur désigné, l'exer-
cice d'un pouvoir qu'il est impuissant à conserver lui-
même. Aureng-Zeb, troisième fils de Schàh-Djiban,
et gouverneur du Deccan, finit par triompher de ses
frères, Dara, Sboudja, gouverneur du Bengale, et
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MS ANOLAIS DANS L^lNDlU Ad
Mourad, matlre du Guzerate, et se Tait proclamer
empereur à Dehii en i6S8. Schfth-Djihan, d(^possédé
après un règne de trente et un ans, meurt seulement
en 1666, après une captivité de huit ans.
Les premières années du règne d*Aureng-Zeb,
qui devait porter à un si haut degré de splendeur et
de puissance Tempire des Mogols, sont remplies par
les luttes qu'il a à soutenir contre Dara, le seul sur-
vivant de ses trois frères» et contre Mohammed, son
propre iils.
Victorieux dans ces deux guerres, Aureng-Zeb
parvient à détourner les dangers qui le menacent du
côté de la Perse, et affermit son aulorilé dans le
Caboul et leCandahar. En 1686, il envoie Schâh-
Alum, son fils, dans le Deccan, à la télé d^une nom-
breuse armée. Deux États indépendants y subsistaient
encore : ceux de Golconde et de Bedjapour. Celle
conquête, rapidement terminée, devait mettre Tem*
pire des Mogols en présence de Tennemi qui devait le
renverser. l..es Mahrattes allaient révéler leur puis-
sance dans THindoustan. ^
Longtemps avant qu'Aureng-Zeb eût porté ses
armes dans le Deccan , les Mahrattes, qui devaient
plus tard rester les derniers à balancer la puissance
des Anglais dans T Inde ^ et dont la puissante confé-
dération ne tomba définitivement qu'en 1818, sous
les armes de lord Moira, les Mahrattes, dès le com-
mencement du XVII* siècle, formaient un puissant
empire.
Sewadji, fils d'un rajah du pays d'Adjimir, né en
4
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16^ h PaoQf^h, profitaot d^ troubles qqi décbipaieat
la péninsule, s'était empara, veiik la fin du lè^s^ dd
Sch&h-PiihaOft de quelques distcieta du Kfuraatto, el
rendu indépeDdapt du roi de Be(i(îapottr« Senfadjii
poujp accomplir ses deaseina* aVait fait appel liux
Mabrattes* Ce peuple, encore inconmi wn Buropéena
il y a un peu plus d'un siôcle, et qi^i D*avait an^M
plf^oe distincte suf noa cartas géographiques du mî-
lieu du de^niçr siècle, a possédé joaqu'fii 181 8^ ami
que nous le disions plus haut, après avoir f^Averaé^
l'en^ire dos Mogols^ Iç plua vs^ É^t IttMr^ de
l'Inde,
, I^es Mahrattes descendent de la dernière des eaatM
hindoites» dont nou^ donnerons U noni§nc1atui«rt la
hiérarchie lorsque nous parlerons des populatioua de.
l'Hindoustan» au ohapilre qui traitera çto la gé^gra'
phie de ce vaste empire. l>eur uom originaire [^riM
être Maha-Rasehtza (les grands guerriers)* Letqiw-
t^nes de^. Ghatles occidentales renferoogient um
province de Mehrat ou Haban^tta^ qui» se.loo qw\^
ques auteurs, est le pays i)atal de celle n^U6D« La
constitution des Mahrattea était très remc^rquaMa. et
présentait une sorte de république aiiiiUire« impo-
sée de radjahs ou de chefs indépendants les un» àm
autres, et à la tête desquels était le peischtoai qui
était lui-même réputé un minia^rcdu grand radjah i
dont le pouvoir n'était plus que titulaire*
Sewadji, après avoir soutenu contre Aurcog-Zeb
et contre le roi de Bedjapour des luttes mêlées d'al-
ternatives de succès et de revers, se fit proclamer
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1>B9 4N6LAI« DANS l/iajDlù |t
diief dcB Mahrall6$ av«t; la poti^pe el Iq» oAréiMimf»
qui exercent une si grande influence sur Ie3 popuia^^
tiooa hindoudi.
L6 chef des M ahratlea avait qq\^\\ mi firoJ€4 don^
la roalisaiion oo semblait pas impossibtu^ ExcUé à la
{oi« par rambiUoii et la. haine veligioiisc, il cspi^raU
fomter ua empira biiidou dans le Deccan^ eo faoedn
Tempire mogal, ei, précipitant ensuite Tunadea dora
races sur l^autre» refouler ^i jamais les mabofoétaHa
dans la haute .^^ie« D^à il avait coihiuîs te royaume
de Goloonda, envahi le Kariulio, etpousaé ses armea
W wd jusqu'à Séringapatam et Madréis. C'est an
milieu de ces triomphes que ta noort le surprit « an
1080,
Sambadji etSahodji, Tun fils, Tautre petit fils de
Sewadji, limitèrent contre Aureng-Zeb avec des det-
tioées bien diiTérentes. Le premier, vaincu et fait pri*
soanier par le Grand Mogol , perdit les conquêtes de
son père^ et fut n^is k mort; le second, au contraire,
souvent vaincu, mais jamais découragé, abattu, mais
non si^jugué, parvint k se maintenir dans le Deccan,
et à obtenir d'Aureng-Zeb, k titre de chutai ou coih
Iribulion de guerrei le revenu permanent du quart
des produits de la presqu'île.
Aoreng-Zeb mourut à quatre* vingt-treize ans, en
1707, après en avoir régné quarante-neuf; les dei*-
Bières annce:^ de sa vie se passèrent sana présenter
aucun événeoienl important à signaler. I/empire
mogol, qu'il avait porté au plus haut degré de puis-*
sancc, allait périr avcio lui, et ce prince derait 0tre le
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S3 DB LA POISSANCK MlMTAtRB
dernier de la race de Timour qui méritai le nom
d'homme.
Avant de présenter le spectacle de cette décadence,
si favorable aux progrès des Européens dans Tlnde,
nous allons faire connaître Torganisation de Pempire
mogol, qui, ébauchée par Akbar, fut complétée par
Aureng-Zeb, le véritable auteur de la constitution
politique moderne, & laquelle les Anglais n*ont presque
rien changé.
Aureng-Zeb mit à la tête de chacune de ses pro-
vinces un saubahb^ pour commander les troupes et
disposer des emplois. L*empire mogoi était, au com-
mencement du xviii* siècle, partage en quatorze sou-
babies ou grands gouvernements. Quelques unes pou-
vaient être comparées à de puissants royaumes.
Chaque soubahb devait être nommé par Tempereur,
et possédait, dans une province en dehors de son gou-
vernement, un domaine, une portion de territoire
dont il avait la jouissance , et dont Pnpanagc était
destiné à lui enlever, sinon les moyens, du moins les
motifs de pressurer ta province dans laquelle il com-
mandait. I.es diverses provinces dont se composait
un gouvernement étaient administrées par des nababs,
nommés par le soubahb et confirmés par Tempereur.
Dans plusieurs provinces, il y avait des radjahs^
princes hindous, qui avaient conservé le gouverne-
ment de leur pays, et qui payaient au Grand Mogol
un tribut et fournissaient des troupes. Quelques-uns
decesradjahSf comme ceux de Malssour (ou Mysorc)
et de Tandjaore, avaient une puissance stipérieure à
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DBS ANGLAIS BANS l'jNBB. 53
celle de beaucoup de soubahbs, et pouvaient être
considérés comme de véritables souverains.
Chaque soubakb avait près de lui un trésorier ou
collecteur d'impôts nommé duam (dewam), et qui
était chargé de verser dans le trésor du Grand Hogoi
tout ce qui restait du revenu, les dépenses civiles et
militaires de la soubabie payées.
Chaque province, suivant Torganisalion d'Âkbar,
était divisée, ainsi que nous Tavoris dit, en districts
ou sirkarSf présidés par des zemindars^ espèce de
juges nobles et feudalaires auxquels le duam louait
les terres, et par Tintermédiaire desquels Timpôt
était perçu.
\je sol était considéré comme la propriété absolue
du souverain. Chaque xeniindar (qui représentait, à
quelques égards, nos anciens fermiers généraux)
sous-louait son territoire, qui, par une série de loca-
tions successives, arrivait en fractions très minimes
entre les mciins du ryote ou cultivateur. Sur le produit
du sol, le ryotc ne conservait guère que ce qui était
nécessaire à sa subsistance. La location des terres
était annuelle, système peu favorable & leur amélio-
ration et & Taugmenlation des produits, et que les
Anglais ont changé avec raison.
I/élément du pourgaunnah ou canton, le village
indien, se formait par Tagglomération d'un certain
nombre de cultivateurs. 11 est encore constitué au*
jourd'hui comme avant et pendant la domination mo-
gole, car rien ne change dans Tlnde, sur cette terre
de rimmuabic par excellence. Certains autours mo-
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5& Dfi L4 PCJItfSANGK ttlLlTAIRB
dernes, dans leur embarras d'indiquer un équivalent
de TorganMiUon du village indien, n*ont pas voulu
la comparer à notre commune^ qui n'en donne ^ en
effet, qu'une idée imparfaite ; le parallèle de cette
organisation avec celle du phalanstèr« de Pourter
nou« Bembie un peu forcé. Malgré la révolte actueite
(qui n'est réellement, comme nom l'établirons plus
loin, qu'une insurrection militaire), on aurai! tort de
prêter aux populations indiennes un esprit de em«
eert, d'association qui leur a toujours manqué, et
dont l'ftbsence a toujours constitué la plus grande
force de leurs conquérants.
Les mahométans comme les Anglais ont compris le
oaractère dMmmobililé Invincible de la race hindoue.
Ils n'ont changé l'organisation du pays conquis que
Jesle aesezpour s'emparer de tout le pouvoir, mais
sans rien déranger au-dessous d'eux. Les HindouSi
ainsi asservis et exploités par des conquérants vingt
fois moins nombreux, ont supporté sans murmure ce
joug souvent écrasant* L'antipathie religieuse subsis-
tait seule dans toute sa forée, et s'opposait au mélange
des deux races; elles restaient superposées Tune à
Tautre.
Si les révoltes ont été nombreuses pendant ta pé-
riode de la domination mogote , on aurait tort d'en
inférer que l'insurrection actaelte a les mêmes raisons
d'être. Il est facile do comprendre qu'une main puis*
sanle, comme celle d'Akbar ou d'Aureng-Zeb, était
nécessaire pour maiiUcnir dans l'obéissance un em-
pire compose d'éléments aussi variés; mais ce n'était
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DE^ ANGLAIS DANS L^lNDb. 56
pas la révolte des vaincus qui était à craindre, c*était
l'anarchie inévitable entre les vainqueurs, longtemps
les Anglais ont échappé à ce danger, aussi longtemps
léulr domination a été acceptée ; peut- être ne sera-t-îl
pas sans intérêt d*exan)iner si, à la longue, Panlago-
nîsme persévérant et toujours croissant des éléments
qui connposent Tadministratiori et le gouvernement
de rinde anglaise n*a pas produit, au point de vue
de la situation actuelle , ce qu'ont déterminé si sou-
Vent tes rivalités et les luttes des grands feudataires
de Tempire njogof aux XYiv et xviii* siècles.
Schfth-Âlum succède à Aurerig-Zeb en 1707.
L'événement le plus important de son règne est la
gtierrc quMI eut & soutenir contre tes Sicks. Nous al-
lohs donner quelques détails sur celte confédération
puissante, qui apparaît pour la première fois dans
Thlstoiré de l'Inde, et dont nous aurons & nous occu-
per souvent dans la suite de cette étude.
Sons Bàber-Schâh, an derviche musulman et un
hindou, unis d'une étroite amitié, avaient écrit un
Mvre dans lequel ils cherchaient à concilier les dogmes
da leurs deipi religions (1). Cette doctrine, qui eut
pour apôtre le fameux Nanek, se répandit rapidement
(1) Manek apparteoftlt h la easte des Tchatrias ou guerriers.
Les Bfkfas observent tes lois reMgîeQses et politiques qu'il leur a
laissées dans m lttf« Intilulé Grmth. Leur secte rejette le culte
de Brabma, Vtdinoii et Siva, tes trois principales divinités des
maàoiis, ainsi (tue l'adoration des figures et images; et n'admet
qo*an Être suprême auqad elle adresse directement ses prières :
ta s'arrêtent tes concessions faites h rislamlsme. Nauck, pour
disUnguer ses disciples des autres Indiens et des Musulmans, leur
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66 OB U PUISSANCE mUTAIIIK
dans le Lahore cl les provinces voisines de rHiœa*
laya. Ses sectateurs prirent le nom de Seikhs (disci-
ples), et vécurent paisiblement jusqu'à la persécution
que leur suscita Tintoiérance d'Aureng-Zeb. Les
Seikhs ou Sykbs transformèrent alors leur organisation
religieuse en confédération militaire, et désolèrent
par leurs incursions les provinces qui les entouraient.
L'histoire des Sykhs ressemble à celle de toutes
les sectes religieuses; ils ne devinrent puissants que
lorsque les empereurs mogols et les princes afghans
les persécutèrent avec le plus grand acharnement.
Scb&hAlum mourut en 1712, après un règne de
cinq ans.
Nous ne suivrons pas dans leur stérile rivalité les
successeurs qui se disputèrent son trône. Il nous
sufOra, pour donner une idée de Panarcbie qui désola
Tempire, de dire que, dans l'intervalle de six années
seulement, neuf empereurs ne montèrent sur le
trône que pour y être successivement massacrés.
C'est à celle époque que remonte Taffranchisse-
ment de tous les royaumes, de toutes les principau-
a défendu Tusagedu tabac, et H leur a prescrit de laisser croître
leur barbe et leurs cheveux. Sobres dans leur nourriture, les
Sykhs aiment les liqueurs spiritueuses défendues aux Musulmans;
Ils mangent la chair de porc déclarée impure par ces derniers, et
s*abstiennent des plaisirs sensuels auxquels les Mahométaos sont
fort adonnés. Leur principale force consiste en cavalerie, et,
quoique les derniers englobés dans ce vaste réseau dont les An-
glais ont couvert l*lnde, ils se sont généralement montrés idètas
jusqu'ici au milieu de TinsurrecUon générale du Bengale, et les
Anglais comptent sur eux comme sur leurs meilleurs auxiliaires,
avec les Goorkbas, dont nous parierons ailleurs.
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DBS AN^tAIâ DANS L*I\DX. 57
lés que les Angtais ont successivement rangés sqps
leur domination, soit par les armes, soit en sMmmis*
çant habilement dans leurs démêlés.
J^ plus important des États formés aux dépens de
Teropire mogol, pendant cette période de décadence,
fut celui du Nizam (ou soubahb) du Deccan , fondé
par le Mogol Cottulick-Khan, le plus ambitieux et le
plus puissant des amrahs ou grands vassaux de
Tempire.
Mohammed Sch&h, arriëre-petit-nis d'Aureng*Zeb,
avait été élevé à Tempire en 1718, et semblait ap-
pelé à clore la période de meurtres et de violences
qui ensanglantaient le trône de Dehii. L'ambition du
Nizam ne lui permit pas d'accomplir cette œuvre ré-
paratrice. Le soubahb du Deccan n*osant se révolter
ouvertement contre le Grand-Mogol, appela Nadir-
Scbâh, qui venait de s*emparer de la Perse, et l'in-
vita à envahir l'empire de Delhi. 1^ conquérant vint
attaquer avec 30,000 hommes Mohammed, qui aurait
pu lui en opposer un million.
Trahi par ses ministres et ses généraux, Moham-
medSchfth fut bientôt réduit à mettre aux pieds de
son ennemi sa couronne et son empire. Le 3 mars
17S9, Nadir parut sous les murs <le DehIi, et,
désarmé par la soumission du malheureux empereur,
parut un moment se contenter d'une contribution de
guerre dont la richesse fabuleuse de la capitale des
Mogols rendait l'acquittement peu onéreux. Un évé*
nement malheureux vint changer ces dispositions
bienveillantes. Un soldat persan ayant voulu forcer
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58 DJg LA PDESSANCfi UILITAIRB, ETC.
une boutique dans le bazar, il s'ensuivit une latte
qui dégénét^a bientôt m une insurrection générale,
où près de 2,000 èoldats de Nadir Sch&h perdirent
Ift vie. Irrité de eette perte ^ NadiN8cb&h ordonna
le massacre des habitants et le pillage de Dehli.
50,000 Indiens perdirent la vie dans cette affreuse
boucherie, et des témoins oculaires portent à plus
d'un milliard l'argent monnayi que le roi de Perse
emporta à son retour, et à la même somme la valeur
des pierreries dont il dépouilla le trésor de Mohammed.
Nadir se fit céder les provinces de Caboul^ Pei-
ehaouer, Gandahar, Ghisney, IloottsLn, Bindhy, tous
Ibb pays enfin situés entre T Indus et tes anciennes
frontières de la Perse» A ce prix, il replnça la cou-
nMiie impériale sur la tête de Mohammed. Depuis
eette époque jusqu'à sa merl^ en 1767, nous n'avons
que des désastres à enregistrer*
Au milieu de eette décadence de l'empire mogoL,
un vaste champ s'ouvrait aux ambitions européennes;
Nous avons dit un mot déjà des tentatives des Pertu-»
gais et des Anglais; il nous rest» à parler de celles
des Hoiiamiais et dos Français. Nous déroulerons ra*
(ridementy dans le chapitre mtivant^ le tableau corn*
pliqué des négoeiations et des tioslilités au milieu
desqmiies se préparait l'esclavage de l'Hindoustan, et
nous retracerons sommairement les origines, les pro-t
grès et le sort définitif des diverses compagnies eu-
ropéennes pendant le xvii' siècle et la première moitié
du XVHi*.
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CHAPITRE III.
SoMMAiiiE : Découverte du cap de Bonne- Espérance. — Les
Portugais débarquent à Galtcut — Vasco de Gama, AilMiquer*
que» Jean dkt Castro, àtaide. — Compteira portugais k Coa,
Melinde, llû;uioibi<|ue , Sofala , etc. -^ Compagnie bollandaiser
— Rivalité des Portugais et des Hollandais. Caractère distinct
des établissements de ces deux peuples dans Tlnde. — Ap[)a-
Hâon des Anglais. — Ambassade de ftir Tliomas Roê. — Chartes
d'ÉlifiabetbydeCbarlesU, de Jacquet Ut delà reiae Anoe»
du roi Guillaume, etc. —Comptoirs de Bombay» Madras et
Calcutta. — Tentatives des Français dans l'Inde. — Gonneville,
Plrard , Gérard le Flamand. — Compagnie ties Motuqtles. —
Première compagnie des Indes organisée par ftichetieu. -^
Dei&xième compagnie créée par Colbertf —Comptoirs de Poudi*
chéry» Chandernagor, Karikal. — Martin , Lenoir, Dumas,
Dupleix, gouverneurs de Tlnde. — Labourdonnais.
Les Portugais furent les premiers qui entrèrent ea
relation avec les souverains de Tlnde, et ce peuple
aventureux, après avoir pian té^ vers la fin du ly"" siède^
•on drapeau sur la côte d'Asie, reeta pendant long-^
temps naître absolu du comnoerce de cetie partie eu
monde^
Diaz découvre le passage du cap de Bonne-Espé-^
raofis en ikB&, et douze ans plus tard YaBco de Gama,
suivaoi la noéine route« débarque à Calicut, sur If^
çdte du Miilabar. Forts de leur alliasce avec le son*
veraiii de celte ville, les belliqueux négocian(S| après
avoir fait la guerre au profit de leur hôte , ne tardent
pas à la continuer pour leur piopre çooiple. En 15i0,
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GO DE LA PL'ISSANCB UlLlTAlttB
ils s*einparent de Goa, qui devient le chef-lieu de
leurs établissements dans Tlnde. Un demi-siècle leur
suffit pour ranger sous leur domination les côtes de
Guinée, de Melinde, de Mozambique et de Sofala,
celles des deux presqu*lles de rinde, les Moluques,
Ceyian et les lies de la Sonde.
Nous ne suivrons pas Yasco de Gama et Albu-
querque dans leurs conquêtes. Ces deux grands noms
remplissent la période ascendante et glorieuse de la
domination portugaise dans les Indes. Notre cadre
trop restreint ne nous permet pas davantage de nous
arrêter à T histoire plus héroïque encore de leur déca-
dence, retardée par le génie de Jean de Castro, et
d'Alalde. Ce qui nous importe, c'est de bien définir
le caractère de cette domination^ dont les Hollandais
devaient consommer la ruine.
C'est en 1596, un siècle après la découverte du
cap de Bonne-Espérance, que les Hollandais s'aven-
turent pour la première fois dans les mers de Tlnde.
Dix ans plus tard ils avaient chassé les Portugais de
la plupart de leurs comptoirs sur la côte d'Asie , et
ruiné leur commerce sur le continent. En 16&0, ils
s'emparaient de Malacca; en 1656, ils expulsaient
définitivement leurs rivaux de l'Ile de Ceyian. II ne
restait plus, à celte époque, aux Portugais que quel-
ques stations insignifiantes, et les établissements plus
importants qu'ils avaient fondés dans le Guzerate.
Ces derniers devaient bientôt tomber aux mains des
Anglais.
Les Portugais et les Hollandais avaient suivi deux
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DBS Af^LAIS DANS L*I^D«« 61
lignes de conduite dissemblables, et iniprimé à leurs
acles deux caractères bien distincts. Au Tond, ces
deux peuples n'avaient qu'un seul et même but, le
commerce d'échange et Tenlèvement rapide des tré-
sors qu'ils comptaient rencontrer à chaque pas dans
rinde. Obéissant à leur caractère national, à leurs
tendances belliqueuses, les Portugais avaient fait le
commerce en grands seigneurs, poussés au négoce
malgré leur vocation, et uniquement par jalousie des
richesses que les Espagnols , leurs éternels rivaux,
recueillaient en Amérique ; les Portugais voulaient
obtenir sans travail, et par le seul effet de leurs
armes, le but final du commerce au moyen Age, c'est-
à-dire Tor él les pierreries. Au temps de leur plus
grande prospérité , les Portugais ne semblent pas
avoir songé h fonder un empire territorial en se sub-
stituant aux indigènes.
Imitateurs, sous ce dernier rapport, de leurs de-*
vancicrs, les Hollandais conservent aux Indes le ca-
ractère bourgeois et frai>chement industriel qui a
présidé à leur naissance parmi les nations euro-
péennes; ils ne cherchent pas non plus & fonder un
empire, mais ils se présentent d'abord une balance A
la main, et loin de débuter, comme les Portugais,
avec un appareil militaire, c'est lorsqu'elle est brisée
seulement qu'ils se décident à tirer l'épée.
Plus industrieux que leurs rivaux, appréciant mieux
les ressources de la contrée quMIs voulaient exploi-
ter, les Hollandais recherchent surtout les épiccs et
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A3 pu LA PUi2^A\GK MHITAIJIB
autres produits qu ils savent pouvoir convertir aisd*
ment eu or,
Affaibliâl par de^ divisions intestines» par la conti-
nuité de leur lutte avec TËspagne, distraits du monde
lointain, om l€|ur$ débuts avaient été si brillants, par
leur participation nai^ante aui( affaires de l'Europe,
les Hollandais laissèrent peu à peu périr leurs établis-
sen^ents asiatiques, quin*avaient pa$ d'assiette solidç
sur le sol, Çt P^ pouvaient subsister qu'au prix d'efr
fqrts iace€(santa de la nière patrie^ L'Angleterre et l^
France, que nous allons voir paraitre dans la lice, de-:
valent rester seules en présence $ur ce théâtre dis-
puté (1),
L'Angleterre s'y présente 1% première.
£i> 1^9,9,^ Elisabeth, reine d'Angleterre, envoie
une ambassade i^ Al^bar. qui régnait alors à Dehli.
L* année suivante, la première Compagnie anglaise
est instituée par une charte qui lui accorde le corn-
(f) Expulsé» de PÂsie^ les HoHsndâis M)t trouvé dans \tmn o^
looles de TOctenie un amj4e dédommagenent ; Suqiatea, ivi^^t
Bornéo» TArcbipel d«. Surobava , Célèbes, Tarcbipel des Holu-
ques, etc., font de la Hollande la puissance dominante dans cette
paKfe du globe, dont effe lais^ quelqaes parcelles à ses ancleM
clvaia les P«risfais. Oeim-ei et remnche ont ososervé use psriie
4e leuiB Gûinptoirs daoa l'iude , loais la compeosaUon est loin
d'être égale. — Vojcl, pour n'y plus revenir, le tableau de la
vice-royauté de Hnde, dépendant de la couronne de Portugal :
Mpericie, 66<l lieues earrées; p6pulaiiofi, 5ee,0#0 haMtanls;
vlUes principales I Paadjiin ou Villa-Nova de Goa, €«a, DamM,
Mu.
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iaer€e exclusif de Tlnde, et rexeiioptk>ii de toua
droits pour les marchandises et le numéraire qu'elle
esporterik dans une période de quatorze ennéee^
Toutefois, 1a prudente reine ajoute une elauee k M
Qbarle royale; eUe m réi^rve h droit (k revenir eut
ta résohUion à l'empiralim de deuo^ mméee y ou <fe
faimer ofmlinwÊT lukmter lu choses dans l'état, ei^
$amme elle l'etpàre^ ia Comfmgme prmve êm wèh
jmir h gloire de em^aye, etehUenè par ce fMyw iê
kenme ^eUme du peufh anglaie.
Le prenaier capital social fut de 75,37Si HtFei
rtfirUng, formant eAvirpn lf8(»5t,000 france de notre
monnaie. Plusieurs voyages successivement entreprit
dffUBent ma arsiateurs englaie ^n bénéficie de âOO peur
iOO, maigre rbestilité dee Portugais et des Holli^
Bd 160^» Hawkins eal envoyé en qualité d*iim-
baseadeur près de Tempereur Djibangire, tuais ea
i6ii les Portugais le font expulser.
Bu 1613, la eorapaguie est reconstituée, non t)4u.s
sous forme de squsoription pour chaque voyage, oDaift
av€^ uii capital eoeial de &29,000' livres sterling
(environ 10 millions) administré par un comitâde
dûrectioD nommé par les aclionDaires.
La eoêfoe année^ air Thomas Rod est envoyé ei»
ambassade, et obtient de notûbrettu privilégesi grâce
à deia viotoires remportées sur les Portugais daiia le
golfe de Cambaye. En vertu de ces privilèges, les An-
glais établissent un comptoir à Surate; maiai, soit
mauvaise adminislralion, soit diflicultés suscitées par
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6A DK Ik Pt)l8S4N<2Ë yiLITAlAB
les Hollandais et les Portugais, rétablissement se
développe lentement.
En 1619, les Hollandais, organisés comme les
Anglais en Compagnie, cherchent à mettre un terme
à une rivalité également nuisible aux deux nations ,
par la fusion des deux Sociétés. Celles-ci, aux termes
de Tassociation, doivent exploiter en commun le
commerce de Plnde 90us la surveillance d*un conseil
composé de quatre membres de chaque nation. Cette
combinaison bizarre ne produit que désordres et
hostilités.
En 162S, le massacre d^Amboyne (1) amène une
rupture complète.
En 1656, les comptes des deux Sociétés sont enfin
réglés, et se soldent par le paiement d'une somme
de 85,000 livres que TAnglelerrefait à la Hollande*
En 16&0, les Anglais achètent d'un prince indien
la permission d'élever le fort Saint-Georges à Madras.
Ils s'établissent de même à Mazulipatam et à Nellore.
. Malheureusement, la révolution en Angleterre vient
ruiner les affaires delà Compagnie, et bientôt l'atten^
tion du gouvernement .se détourne si complètement
de l'fnde que Cromwell, à qui nos voisins doivent le
célèbre acte de namgaUon^ ne songe pas même à sau-
vegarder les droits de l'Angleterre en Asie, dans le
traité qu'il impose aux Hollandais en 1657.
Il était réservé au prince léger et imprévoyant de
(1) On donna le nom de massacre d'Amboyne^ k Texécution de
dix Anglais, Jugés et condamnés à mort, pour avoir conspiré
contre la domination hollandaise dans les Moluqoes«
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DKS ANGLAIS DANS l'INDB. 6)
réparer la faute commise par le profond politique :
Cliarles II signale son retour en Angleterre par les
bienfaits quMI accorde à la Compagnie des Indes.
En 1660, une nouvelle charte lui est octroyée;
tous ses privilèges sont augmentés, et le droit de faire
la paix ou la guerre avec tous les princes indiens est
conféré à la Société aux abois.
Dès ce moment se dessine le caractère particulier
aux Compagnies anglaise et française, et qui les dis-
tingue de celles des Hollandais et des Portugais :
jusqu'ici il ne s'est agi que de commerce et de spécu-
lations particulières ; chez les Anglais, les premiers,
se révèlent désormais les idées de conquêtes, de gou-
vernement, de possession territoriale.
Grftce à l'appui de Charles II et de Jacques II, la
Compagnie se relève, répare ses pertes, et en 1680
voit ses actions tripler de valeur; elle établit un
comptoir à Bombay, dans Ttle apportée en dot à
Charles II par Catherine de Portugal, et que le roi
d'Angleterre lui abandonne en toute propriété.
Bombay resta pendant longtemps le comptoir
principal des Anglais; mais, vers la fin du xvii* siècle,
leurs démêlés avec les Portugais et les Hollandais
les obligèrent à transporter à Madras, qui offrait une
position plus centrale, le chef-lieu de leur puissance
dans les Indes.
Vers 1650, les Anglais paraissent pour la première
fois dans le Bengale* SchAh-Djihan, poufr récompen-
ser un Anglais nommé Boughton, qui avait guéri sa
fille, lui accorde un privilège commercial, et des
5
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66 PP f.4 P{))S8AKÇB UILIT4JBZ
exefqptiop^ de droite de dpuane que cefu^rci pède h
ses comp^pt^. Pe 1^ datç rétabjiaieipaot tlu
comptoir anglais sor THougly.
Èp 166^, ils 8*établi8^e9t & Calcutta; piaîf les
exactions des soubahs du pays les foreept ^ abandos-
ner ce point ei| 1685. Ces perséçutix)n9 déiefa)jiie|t
a Compagnie des Indes à user pojur Ja première fois
du droit de faire la guerre^ concédé p^ Cbarle^ II,
et en 1686 deux escadres armées remontent Tl^oiii-
gly, et cherchent à protéger )es factoreries anglaiaes
incendiées par les Indigos. La paix est rétil^^e en
1690^ et AuremgZeb renouvelle les ^fiyiiég^^g^-
<}és ^ la Çopipaguie des Ind^.
Ï.Mssue de c^ette prejpièriç lujtbe JSt ponf^yoir ^fjx
directeijtrs de h Compagjoiie 4a |)ioss^)ilHé4e la i^on-
stituer comme puissance territçriale^ et dés fiêt^
épo(|ue leurs instructions à l.^urs agents .daA9 l'buje
insistent sur Ja nécessité de ç*étâblir coiAJjBe u;ae
nation dans Tlnde, et noQ plus comme ^pe s^n^ple
association dç marchands^
En 1696, prétextant la nécessité de se ^éjfendne au
milieu des tiroubles qui agitent le pays« les A^iglais
obtiennent l'autorisation 4e fortifier Calcutta, ^ m
1707 cette ville devient le ch^f-)ieu d'u9 troisième éta-
blissement^ qui prend Je uop d.e Présidence, ejboe^sse
de dépendre de Madras. La garnison ^t portée ii
300 hom.qae[9, çt I9 territoire du aouyel établisseyient
se compose de troiç districts, cédés à la Coajipagnie
par un Zemindar, h charge par elle d'acquitter Jim*
pôt ordinaire au Grand MogoU
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Anglais à acquérff fie^ Ze^^d^s tfe^JLe-g^i^ yf^r
l!^^ dm l^ ^^\k>V^^ ^» 8fj4 fJe flfilcutla, p| les
4 flSf^ ^»W«§ rçi»09te MftP séffje ^ frj^^f3lps,^.(i^
^«Hei^at. ^ cj^^f^ de )j^ CoQopaguie ,g4 f éyis^.
JBn Jj^3, ?WP ûpuv^'if^ ^ejnqjifôfe a liej^ ii ;'i^pU^i|-
lion du commerce anglais , qui réclame lalibQr^,d|^s
IrSj^cjtipjQs da^s l^n^de. ^es papier$ de la^oppa-
^^ ^.0^ msiSf fit révélai, un ^y3tème dç cpf rj^tion
i^m^uel le» lpiIlislre^ ejt les pj^jsooçageç le§ pl^^ i^-
ipiu^eyp^ d/^ la cour «ç lr.ouvcnt mêlés. L^ ro,! )GjuU)auq^e
j^ o)>]yijg;é,dç dissoudre ^on Parlement p,our ^vjçrj^s
coupableB.
El) i698, ^ ro/ cr.ée une nouvelle Cpmpag;i^ç,
^Vi^ supprimer l'aiicie^ne^ mQyejanant m^ prj^ (je
SiO million^ de fr^no9 fait à TÉtat par jes novyçaux
i^Qn]^fQ§, doj^t le prÂviiége est fixé à treize ans.
J^pxhâ ^'$l,re fait ume concurrence désa^trej^se^ k^s
^QUf Con^^niies ^ont réunies en ^702, et en ;^708
i|i jfeim Àj\me lQ,ur accorde une nouvelle charge,
WQy.c^Qs^t Iç pr^t ^ rÉtat d'une nouvelle sommç,de
30 millions. Le privilège est prorogé jusqu'ei>47^,
,ép.9que fiséç poifx le remboursement par J!État
En 17âQ^ la Compagnie des Indes .oii>tient,;9liilg;çé
les réclamations du commerce augl^iis^ le renouvelle-
ment de son privilège pour t.rente-troi3,anç. tsf dqii
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68 M LL raiSSANGB MltlTAlftB
gratuit de 200,000 livres sterling & l*État est la con-
dition essentielle de cette transaction.
Enfin, en 17â&, au moment où la gaerre s*allume
avec la France, la Compagnie, pour s'assurer la pro-
tection du gouvernement anglais, lui fait un nouveau
prêt d*un million de livres sterling (25 millions), à la
seule condition de proroger son privilège jusqu'en
1780. Ce dernier arrangement devait lui donner
toute la force nécessaire pour lutter contre la Com-
pagnie française, dont nous allons maintenant nous
occuper.
Sî jusqu'à présent nous avons passé sous silence
les tentatives d'établissements faites dans l'Inde par
les Français, c'est afin de mettre plus de clarté et
d'ensemble dans l'exposé des origines et des progrès
de la puissance de chaque nation européenne dans
cette partie du monde. Nous avons été d'autant plus
portés à profiter des avantages de cette méthode que,
jusque vers le milieu du xvjir siècle, les deux peuples
destinés à rester les derniers en présence, les An-
glais et les Français, s'avancent, en quelque sorte,
sur deux lignes parallèles, luttant contre les mêmes
ennemis, Portugais, Hollandais et Mogols, mais tout
en s'observant, sans jamais se rencontrer. En nkk
commence la lutte brillante qui devait se terminer
en 1783.
Nous parlerons seulement pour mémoire des pre-
mières expéditions de la marine française dans les
Indes. En 1503, le capitaine Gonneville, parti du
Havre, /ait naufrage sur une côte appartenant vrai*
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DKS ANQtAI3 0AN8 CkfiW. . flJl^
semblablemein au lies de la Sonde, et doo, comme
OQ l'a cru, au conlinent aaiatique, dont la civilisalioa
avancée n*avait aucun rapport avec la barbarie des
peuples dont il est fait mention dans la relation au-
thentique du voyage de Gonneville.
En 1601 , Pirard échoue sur les Maldives avec
deux vaisseaux bretons.
En 1616 et 1619, Gérard le Flamand, parti de
Houfleur, débarque à Java, et revient sans avoir ob-
tenu grand résultat. Les documents de la marine
nous révèlent, dès cette époque, Torganisation d'une
Compagnie dile desMolugnes^ et qui n'a qu'une durée
éphémère.
En 16&1, Richelieu organise la première Compa-
gnie Trançaise des Indes; elle a le même sort que la
précédente. C'est en 166& que Colbert entreprend sa
grande réforme commerciale et maritime, dont une
des dispositions, principales autorise la création d'une
seconde Compagnie des Indes, ù laquelle il accorde
la charte la plus avantageuse^
Caron, mis à la tête de l'entreprise, fonde un
comptoir à Surate en 1668. Repoussé par les Portu-
gais, il s'établit à Trinkomali, dana l'Ile de Ceyian.
Chassé par la famine, il revient sur le continent en
1677, et s'installe à Meliapour, ancien comptoir en-
levé aux Portugais, en 1662, par le soubah de GoU
conde.
En 1679, les Hollandais emportent d^assaut Me*
liapour, et Martin^ le premier gouverneur des Indes
françaises, réunit à Pondichéry les débris de la co*
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70 Dta'ik hvi^iricé àiitTkhn
\6hie: âbcfà fa cbndiiitë de cèl habile àdmlMsti-dteur,
^bndîfchéry, (iédë à (a Pl-âhfee ^sr fe bdjâh de Gihgî;
afcciciiert tiHë fcèrtkîrie itttittrtàticéi lès Hollandais
par<îcHfiferit à s'èit etopatêr, hiàis sdht irbligte de
le restituer en 16^7; ft !i |iâii de Hffe\H6lt; fei
Mâffln ëh reprend Ist direction, fcët Kbmmë i^erfîir-
quable peut être considéré comtnè le modèflë éH ccffdit
cî^illààtëur. Ferriie, [)aUeht, inlègi-e, persévérkht,
iiifàtigàbte, il fait dé l'bndichéi-y \h tnétropidle del^
Akbllsgemeiits français. Il fonde Ghanderndgbh^ àkhé
të Ëèiigâlë', ëH 468^, et dévelbppe les cbmptbirâ de
ijtxrate, de Radjftpbdr, BâUbâ-Nëlra, Tlssery, MazU-
lipatam, Bender-Abassi.
Lëtioit et Diiitias suëcèdëlit à Mâttih, et mii^ent la
Mgriê de btfnddite qtf il a tracée.
lidhiàs oblieht la cesèibii de Kârikài, au bord du
Cà^ery, et représente dignemeiit Ib Frarlbe en refu-
sant, en ilhOj àul Mahrattës de lelit livrer te nàbab
d'Arlcbt, réfugié à Pôndîchéry.
A Dumas succède l'homme qbi devait pdrtfer si
hatit, dans rtbde, lé drapeau de là Prance. Dupleix
pdratt sûr la scène, et, nothmé d*àbdrd mënàbre du
cohseil d'admifiisttatibn de Pdndidhéry, obtient bien-
tôt, grâce atlt talehts qu'il i-évèle dànâ cette position,
legouvernehienide tharidernagor. Sôus sa direction,
ce ediî){)tbir obscur devièilt en peu de tèrtips leeëntrc
et Tentrepôt d'un vaste commerce. En 1742, DUpIeî*
est nôttlnié gôuverheur de Pohdichéry et de toute
rtiidé française. A là même époque, un homnie hoti
moins illustre, taboui'dbnilëLis, gduverhéur des lies
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDB. 71
de France et Bourbon, se distinguait à la défense de
Mahé, que bloquait une escadre anglaise. Ce service
n*était pas le seul que devait rendre le célèbre marin.
La lutte entre la France et l'Angleterre était donc
entamée dans les Indes comme en Europe ; après
avoir décrit à grands traits la naissance et les pro-
grès des deux Compagnies rivales^n Asie, nous allons
passer rapidement en revue les épisodes les plus im-
portants de cette période.
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CHAPITRE IV.
Sowuwb: Uistoiredela présidence de Madras Jusqu'au commen-
cement du XIX* siècle. — Guerre de 17Aâ. — Dupleix et Labour-
donnais. — Prise de Madras. — Bataille de San-Tbomé. -^
Sièges de Saint-David, Kuddalore par les Français. — Siège de
Pondlchéry par les Anglais. — Saunders et Dupleix. — Lutte
des deux gouYcrneurs pour la nomination du soubah du Deccan
ei du nabab d'Arkot. — Muzafer-Sing et Ghunda-Saheb ;
Ahnaverdi-Kban et Nazer-Sing. — Bataille d'Arobour.— Com-
bat de Saint-David.— Prise de Tripetty et de GIngi par les
Français. — Débuts de Robert Clive dans le Karnatic. — Prise
de Devicalah |)ar les Anglais. — Prise d*Arkot et de Kondje*
veram par les Anglais. — Prise de Kovelong et de Cbingleput
par lé major Lawrence.— Dupleix se fait nommer nabab d*Arkot
par le Grand Mogol. — Succès du marquis de Bussy dans le
baut Deccan. — Les districts de ILondavir et Mazulipatam, les
circars du nord, etc. , cédés à la France par le Soubah. —
Dupleix est rappelé en France. — Godeheu, gouverneur de
Pondicbéry. — Traité de Madras (81 décembre I75â). —M. de
Leyrit remplace Godebeu. — Guerre de 17ô6. — Campagne de
Bussy dans le nord— Prise de Vizagapatam.- Lally-Tolendal»
gouverneur de Pondichéry. — Désastres qui signalent son ad-
ministration. — 11 écboue dans le Tandjaore et devant Madras.
Succès do colonel Eyre Coote. — Prise de Pondichéry le ià jan-
vier 1761*. — La France ne possède plus un seul comptoir dans
les Indes. — Jugement et mort de Lally. — Traité de Paris
(1763). — Lord Pigot, gouverneur de Madras. — Banqueroute
de la compagnie des Indes françaises.— Politique envahissante
des Anglais. — Le marquis Law de Lauriston , gouverneur de
Pondichéry.- Uaider-Aly, roi de Mysore. — Première guerre
des Anglais avec Haider. — Tippo-Salb. — I^ roi de Mysore
sollicite ralliance des Français. — TraKé du 3 avril 1769. —
Sir Thomas Rumbold, gouverneur de Madras. — Guerre de
1778 entre la France et TAngleterre.— Bêileoombe, gouverneur
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7& DE LA rUISSANCB MILITAIRB
de Pondichéry. — Prise de Mahé, Karikal et Pondlchéry par les
Anglais (1779). — Deuxième guerre des anglais avec Uaider-
Aly. — Désastre du le septew^ 17^ » défaite du colonel
Baillie.— Hastings Rétablit lùé affafrés de k Compagnie anglaise.
—Lord Macartney, gouverneur de Madras.— Traité deVersailles
^n»)i —Mort d*EbiUler^Aly. -TraMè 4e BtBfâkm eut»
Tipiio^Salb et M Anglais.
NouB avoDs esquissé rftpidemenl, dans le ebàpitte
qd! précède, la naissance et les progrès des différents
établissements européens daiis Tlnde, jusqu'au ^9r
iMi>l pu Dupleix prit la direciion de la colonie fraii«
çaise. Deux anS plus tard, la succession de Charles Tl
détefttiiinail la guerre eiltre la Prance et T Angleterre,
el dès Tannée illik le contre-coup s'en faisait res-
sintir en Asie.
Deux historiens émirténts, MM: de Saint-Priest et
Henri Martin, ont retracé les hauts faits de Dupleix
pendant la lutte incessante qu'il eut à soutenir dans
rinde. Ces deux écrivains ont indiqué lad diffioullés
sins hombre élevéeà par la cour de Versailles contre
les plans de l'illustre gouverneur. Avant d'en pré-
sMler le rapi4e exposé, il devient nécessaire de
plbeer tiaelqbes jaioiiB qtti mm guideront dans le
récit dés évéhemehls.
L'immensité du thé&tre de la lutte et la mulUpli •
cité des faits accomplis rtttdant fort difficiiei pour
nfe p^ dire impossible, l'observation rigoureuse de
l'ordre chronologique, nous chercherons à simplifier
autant que possible un tableau trop oomplicpié en
isolant dans des chapitres différents les événements
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i)ËS ANGLAIS DANS L'iNbli. 75
passée ÉùT âéà théâtres dlVers, lorsqu'ils h^àurbht
pbirit d'ditlearë de btihnexité eàlre èUx.
M tlorobiàtidël, tiii comtnençâ là lutte ërl iltih,
le centre â*àctidh de là piiissahce anglaisé se tranâ-
pdrtii dans le ttèngalë lorsque Clive en fit la coq-
qfaètè; plus tard, b'estdahsie âaUt-Deccan et contré
lès inâhrattéi; qtië tVarren-flastings eut k déployer
tous ses efforté^i ônflh, souâradminisîràiion du comte
déf Morningtoh, !& presqu'tle et te Rartiatic devinrent
le théAtre de iâ lutte ave(î tip|)o-6aîb. Là division
des groupes se trouvant ainsi établie « bous Tadoptè-
Touà saûs nous en écarter dans tdbt le cours de notre
rëcit.
C^t ëti I7à5 que {ktrut sur ta côté de Coronîàn-
del Tescadre de renfort envoyée d'Angleterre dans
U prévision des événements qui allaient s^accomplir
dans rinde. Depuis trois ans, Dupleix méditait les
vastes projets dont l'exécution a donné TÂsië aux
Anglais; il avait résolu d'élever la puissance de la
Fràtice sur les ruines de l'empire mogôh II en âVait
de IdHgué tbain préparé les moyens pat* ses négocia-
tfôhs, lorst[ue l'arrivée de la flotte anglaise vint
mettre ëfa péril tous les résultats de sa diplomatie.
Uiie hebreUse inspiration le sauva.
Madras et Pondichéry, les deux principaux étàblis-
setilebts des puissantes rlvàleâ sUr la côte de COro-
mandeli se trouvent situés dans là mêitie prdviiice,
le Rarnatic. trop faible pour Hen entreprendre, et
même pour résister aul Anglaié , avant l'arrivée des
secours qu'il attendait de Franee, Dupleix obtint du
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76 VE LA rULsSANGB MIUTAIUK
nabab d^Arkot (capitale du Karnatic) d'interdire aux
Européens tout acte d'hostilité dans retendue de son
gouvernement. Ahnaverdi-Khan, nabab d'Arkot,
était le plus puissant des feudataires du soubah du
Deccan; son intervention pouvait jouer un grand
rôle dans la lutte, les Anglais n'osèrent enfreindre sa
défende, et ne purent profiter de la facilité que leur
donnait leur supériorité numérique pour écraser les
Français. Jusque-là rien n'était plus conforme au^
règles d'une habile politique et du droit des gens
que la conduite du gouverneur de l'Inde française;
malheureusement, il faut l'avouer à regret, les dis-
positions qui suivirent ces premières mesures sont loin
d'être au$si irréprochables. Labourdonnais ayant
entamé la lutte sur mer, et dissipé l'escadre anglaise^
Dupleix n'hésita pas à profiter de celte victoire, qui
changeait la face des affaires. Malgré l'ordre 4u
nabab, qu'il avait provoqué lui*méme, il vint mettre
le siège devant Madras. Ce procédé était peu loyal,
la défense d'Ahnaverdi-Khan était obligatoire pour
les deux puissances, et le mauvais exemple donné
dans cette circonstance par le gouverneur français
devait autoriser plus tard, de la part des Anglais,
bien des représailles du même genre, dont la France
n'a plus eu le droit de se plaindre.
Madras, investi le 16 septembre 17ft6, se rendit
après quatre jours de tranchée.
L'occupation de Madras, et l'inexécution par Du-
pleix des conditions qui avaient été accordées par
Labourdonnais à ta gariiison anglaise, devinrent la
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DKS ANGLAIS DANS L*rNDB. 77
source d*une rivalité et d*une haine qui divisèrent
désormais ces deux hommes célèbres, au grand dé-
triment des intérêts de la France. Labourdonnais,
qui jugeait, avec raison, son honneur engagé dans la
capitulation de Madras, poussa jusqu'à Texcès peut-
être ce scrupule honorable : il refusa d'aller attaquer
Calcutta avec un corps de 1,&00 hommes, que trois
vaisseaux français avaient conduits à Pondichéry.
Dans la lutte qui divisait le gouverneur de Tlnde
et le gouverneur de Tile de France, le pouvoir et
l'opinion donnèrent raison à Dupleix. Labourdonnaia
fut rappelé et mis en accusation. Il attendit pendant
trois ans le jugement qui devait l'absoudre, et mou-
rut de chagrin. La disgr&ce de cet homme illustre,
l'une des gloires de notre marine, et qui avait rendu
en Asie tant de services à la France, ne saurait être
pardonnée k Dupleix : sa haine et sa jalousie avaient
livré, par la mort de I^bourdonnaid, l'océan Indien
aux Anglais.
Le nabab d'Arkot ayant voulu punir les Français
de l'infraction aux ordres qu'il avait donnés pour
assurer la paix dans son gouvernement, envoya ses
deux fils pour investir Madras. Repoussés dans leurs
tentatives pour prendre la ville d'assaut, ils essuyè-
rent une défaite complète près de San-Thomé. Cette
victoire, où deux bataillons français avaient suffi pour
mettre l'armée mogole en déroute, peut être mise en
parallèle avec la victoire de Plassey, que Clive devait
remporter quelques années plus lard, et qui assura
le Bengale aux Anglais.
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7^ D8 M PfJJSSANIQB mUTAIJfB
|>e wb^ d*Ajrkot, irrité de Véfbfic 3ifbi par ii/es
Jls« s'étaQjt réjupi aux Ànglai? ^)r,^ la l^i9i^ ^
San-Tl^omé, Dupleix œt repoussé j^ d^i^ re(H^
4a^ se» tentatives p<H));f e Sajut-Dayl^i wcood éta-
I^lji3^f»eot de i^ jCpfnpdgpie $ur la )côt|S (}|i; Corpijiai)-
.4el* 11 .écbove éga^^t, presque ^ la fj^êip/» époqfiff,
d^ms 1^ siégi^ de j^uddal^ri^, ^^utr^ vf^l« ^ If4^atic
située |iU &m4 d|e Vonàichéq/,
Sur ces leotref^ôtes^ les sraisse^jc4e Ta^pifi^ Bos-
icaweQ $*/étaot réuuis ^ux forces payales qf^ TAiigte-
terre j^lretepait da^^^^Iodie, P^pleix «etrouve i^édi^t
^iei^ $* ise r,e9fern>er diMMs 1^ cjl^e^Jieu doi^ étaUM-
. j^emeots françaip»
JL<es pérjpétj^ 4u céièjirrte siège de PQndi€)iéry soi^t
^op cowuen; jpojor qu*^ soit ^c<e8<Âre de Iw eaca-
jdner da^ ce rapid/e f |6cit : aUMiué à la fois par terre
fit par mefT» obligé 4e lutter cootre un epoeodi aupé-
fieur en ^ojpbre, Dufdeix, i foroe d^ 4#lent et d'aetî-
vite, parvint à sauver la capitale de son gouverne-
^nent. Le § ocMbre A748| le^ Angliuis fureoi ,oMgés
4e se xpJJl^r^ I4)irà9 avoir perdu 1,200 4es kuns,
^ ten# 1^ tranchée {^mdantquai^Mite-deux jo«ur§ .coe-
^ porta ^{>Iui» haut 4^r^ ViffS^j^/s^f» mvm^ à 4a
^fwsfff^ f^mf ^*A^-^-ipbapeU^ ay#n^ lél^ #Î8»^
fieu t^ jti^wvf #(>i'^«» J^ cjljkoses lurent reiBiisQg i/^s
yhjijàid s^ 1^ pie^ oii e^es se trouaient «# 4^^ 4e
iaguerxe ; Madr^^ fut rendv à rAngiatserre.
La haine jalouse qui animait le» gouvemeur$ de
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDB. 79
Madras et de PondiêhSry devait rendre biep précaire,
dans les Indes^ la paix que le traité d'Aix-la-Chapelle
fut insuffisant à assurer à TEurope. toutefois, Saun-
ders et Dupleix ne pouvant se faire la guerre ouver-
tement, c'est en simples auxiliaires des princes
indiens que noi^ allons les voir désormais poursuivre
les hostilités. Les Anglais donnant le premier exenople
d'intervention dans les querelles des indigènes^ en
soutenant un frère révolté du radjah de Tandjaorp,
province située au sud de la presqu'île. La cession
de Déyicatah, à F embouchure du Cavery, devient le
résultat de cet appui intéressé. Dupleix, de son côté,
ne devait -pas resterjnactif.
Jy'en^pire des Mogols s'écroulait de toutes parts :
les£0ubahs d'Oude, du Bengale, de Rehar s'étaieçt
depuis Longtemps rendus indépendants. Les Bohiijas,
venus de l'Afghanistan, avaient fondé un État parti-
culier et déjà puissant à l'est de Dehii ; les Jattes,
trihu 4'Hindous^ en avaient fait autant dans la pro-
vince d'Agra. L'Adjjmir ou le Radjepootna était re-
tourné soii^ la domination de ses anciens radjahs; la
p^tie nord-est de rHindoustan était divisée entre les
JUahrattes et les Sikhs ; enfin le Deccan et lapresau'Ue
étaieni la propriété du soubah Nidzam-al-Muluck.
jNous ne parlons ici que pour mémoire des provinces
de Kaboul, Peichawer, Kandahar, Ghizaeh, MQoltan
et du Sind, arr^^chées depuis longtemps au Grand
Mojgo|l jpar Nadir-Scbfth, et dans lesquelles, à la mort
du conquérant, Abdallah , un de ses généraux, s'était
déclaré indépendant.
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BO DB LA rUlSSANCK Mil ITAlIlB
Le malheureux Mohammed, en 17&9, au moment
de sa mort, était réduit à la seule province de Dehii;
son fils Ahmed-Sch&h lui succéda.
La mort du soubah du Deccan ayant suivi de près
celle de Mohammed, Dupleix résolut de profiter des
troubles auxquels leur succession allait donner lieu.
Aidé du marquis de Bussy, dont le nom reviendra
fréquemment dans celte histoire, le gouverneur de
Pondichéry employa toute son activité et toutes ses
ressources pour faire nommer soubah du Deccan, et
nabab d'Arkot, des princes favorables aux Français.
Muzafer-Sing, neveu de Tancien soubah, et Ghunda-
Saeb, fils d'un nabab d'Arkot, tué en 17ftO par les
Mahraltes, devinrent les candidats dé Dupleix contre
Ahnaverdi-Khan et Nazer-Sing, protégés des Anglais.
Vainqueur d'Ahnaverdi à la bataille d'Ambour,
Muzafer-Sing fut proclamé soubah du Deccan, et
octrbya solennellement à Chunda-Saeb la nababie
d*Arkot,au préjudice de Mohammed- Aly, fils d*Ahna-
verdi, qui s'était réfugié à Tritchinapali, dans le sud
de la presqu'île, après la défaite de son père.
Appuyés par un corps de troupes anglaises, Nazer-
Sing et Mohammed-Aly remportèrent bientôt, à leur
tour, une victoire importante sur Muzafer et Chunda-
Saeb, qui, à la suite de cet échec, durent se réfugier
auprès de Dupleix. Le gouverneur français se h&ta
de porter secours à ses confédérés. Un corps français
envoyé contre Mohammed-Aly le défit complètement
près de Saint-David, et enleva successivement Tri-
pelty et Gingi, places très fortes du Deccan.
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DK5 ANGLAÎS DANS t'iNDB. 81
Le résultat de ces avantages devait dépasser toate
espérance. Nazer-Sing ayant été tué par ses troupes
révoltées, et Muzafer assassiné dans son camp ufi
mois plus tard, Salabet-Sing, troisième fils de l'an-
cien soubah, fut proclamé par l'influence du marquis
de Bussy, qui commandait les troupes françaises, et
la question de la soubabbie du Deccan se trouva vidée
en faveur de la France.
Si Tavénement de Saiabet*Sing , partisan déclaré
des Français, et soumis à l'influence personnelle de
Bussy, devait favoriser Texécution des projets de
Dupleix, d'un autre côté, la question de la nababie
d'Arkot restait toujours indécise. Madras et Pondi-
cbéry étant renfermés dans les limites de ce gouver-
nement, on conçoit toute Timportance que les puis-
sances rivales attachaient au choix du nabab.
Chunda-Saeb, partisan des Français, Mohammed-
Aly, dévoué aux Anglais, étaient toujours en pré-
sence.
Cest au moment où Dupleix se préparait à mettre
Chunda-Saeb en possession de son gouvernement
que rétoile de TAngleterre lui suscita un adversaire
digne de luû
Clive et Dupleix, ces deux hommes célèbres en qui
ont pu se personnifier les destinées de la France dans
rinde, allaient se trouver en présence.
Les débuts de Robert Clive n'étaient pas de nature
à faire pressentir le rôle brillant qu'il joua plus tard
dans sa patrie. Jeté par les désordres d'une jeunesse
orageuse au service de la Compagnie des Indes » il
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8â DB LA VOIMANCB MILlTATRlt
n'éprouvB pendant les quatre premières années de son
«éjour en Asie que déceptions et misères. A peine ftgé
de vingt-oinq ans, découragé, dégoûté de la ?ie, il
tente un suicide dont le hasard le sauve, mais qui,
dans sa destinée* doit se trouver seulement ajourné.
Vingt*cinq ans plus tard» Clive doit renouveler et
nécuter jusqu'au bout ce projet désespéré , mais
dans rintervalle il aura donné un empire à sa patrie.
Poussé par le besoin, Clive embrasse la carrière
militaire , dont son caractère insociable et altier au-
rait dû Téloigner, et dont ses talents éminents lui
font rapidement franchir les premiers échelons. Son
eourage décide de la prise de Devicatah , et le conseil
de Madras le charge de secourir Mohammed-Aly, ren-
fermé dans Tritohinapali. A peine investi d*un com-
mandement^ le jeune capitaine révèle toute la portée
de son intelligence en improvisant et en résumant
daoQ une seule phrase le plan de campagne qui doit
assurer la suprématie de T Angleterre dans le Deccan.
« Pendant que Chunda-Saeb assiégera Tritehina-
• pâli, s'écrie Clive dans le conseil de Madras, atta-
»ques vous-même Arkot, sa capitale, c'est le seul
» moyen de délivrer Mohammed et de ménager un im-
n tagoniste à vos ennemis. Mohammed une fois pris ou
« tué, vous disparaîtriez de F Inde. »
Malheureusement pour la fortune de la France œ
plan habile devait être 0dèlement suivi. Chargé de
Teiécution de la partie la plus importante, Clive, le
6 septembre 1753, s'empare d'Arkot, et tient en
échec, derrière ses murs démantelés, une armée de
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DM ARGCAIS DAMS L*INDB. 85
iO,000 hommes, cemmandés par Chunda^Saeb. Ce
soeeès relève Thonneur des armes anglaises , com-
promis par la prise de Madras. Uo peu plus tard ,
réaoi à un corps mabralte, Clive achève de détruire
TariBéedu nabab, culbute les troupes de Dupleix,
s'empare de Kondjeveram, et vient remettre le com-
mandement au major Lawrence, envoyé d* Europe
pour diriger les ti'oupes de la Gompa^iiio. ^
Lawrence poursuit les avantages remportés par
Clive» 11 s'empare de Kovelong et de Chingleput. Le
osalbeureux Chunda-Saeb, trahi dans sa fuite, est
assassiné par un radjah allié des Anglais, sa tête est
SAfoyée à Dehii»
La fortune des Français semblait désespérée; la
mort de Chunda allait assurer la nababie d'Arkot au
prétendant dévoué des Anglais. Une décision aussi
hardie qu'inattendue fournit à Dupleix les moyens de
continuer la lotte. Dans Timpossibilité de susciter un
compétiteur sérieux à Mobammed-Aly, le gouverneur
français se fait nommer lui-même nabab d'Arkot par
le soabah Salabet*8ing. Un Orman d'Achmed-Sehâh
confirme cette nomination.
Gr&ce à cette inspiration, qui permet à Dupieix de
poursuivre dès lors, en son propre nom, la lutte dans
laquelle il n'est intervenu jusque-là qu'en qualité
d'aiailiaire, la suprématie de la France dans le Kar-
nalie devient un moment décisive. En vain les An-*
glais délivrent Tritchinapali, s'emparent de Ttle de
Seringbanti et de Giligi; les succès du marquis de
Bussy et les concessions de Salabet-Sing compensent
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8& DB LA ]>t}I86ANGII IIILITAIRB
largement, au nord, les éehecs subis dans le sud de
la presqu'île. Non-seulement le soubah du Deccan
confirme à Dupleix la cession des provinces de Kon-
davir et de Mazulipatam , faite antérieurement par
Muzafer, mais il y joint celle de Cicacolle, Ellore,
Gantour et Radjah-Mandri, Chunda-Saeb avait cédé
précédemment aux Français llle de Seringham, à
Tembouchure du Cavery ; il y avait joint un district
de dix lieues carrées autour de Pondichéry, et un
territoire équivalent autour de KarikaU Ces acquisi-
tions donnaient à la France une (urépondérance sans
rivale dans la presquMIe hindoustanique. Le terri-
toire possédé par la Compagnie Trançaise était le plus
étendu qu*eût jamais occupé une nation européenne.
Facile à défendre, il produisait un revenu de 12 mil-
lions, et présentait au commerce les plus grands
avantages.
Telle est l'admirable situation que le génie de
Dupleix, le courage et les talents militaires de Bussy
avaient faite à la France, dans Tlnde, en 175&. C'est
au milieu de ces circonstances favorables que survint
révénement inattendu qui devait changer à jamais
là face des affaires.
Dupleix fut rappelé au moment où Tinfluence
française était portée à un point qui permettait d'es-
pérer, dans le délai de quelques années, la réalisa-
tion du plan que les Anglais ont depuis mis un siècle
à exécuter.
Grftce aux vues étroites des directeurs de la Com-
pagnie française, aux menées de la Compagnie an*'
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Wê ANGLAIS DAlfS L^IHM* 85
glaisey aux intrigues des ennemis de DapleiXt la ca-
lomnie parvint à dénaturer les vues de ce grand
homme, à dénigrer sa brillante administration. Les
adversaires de Tilluslre gouverneur des Indes par-
vinrent à persuader au gouvernement que les avan-
tages promis ou obtenus n'étaient que des chimères
d*une imagination exaltée ; à les entendre, Dupleix
avait bien plus consulté son ambition personnelle
que les intérêts de la France et de la Compagnie. Le
rive de Dupleiœ devint un mol à la mode, et la rail*
lerie et le ridicule achevèrent la ruine de celui que
tout concourait à accabler. Après avoir épuisé sa
santé dans des efforts surhumains, après avoir sacri-
fié, dans rintérét de la Compagnie, sa fortune per-»
sonnelle, engagé celle de ses parents et de ses amis
josqu*à concurrence de la somme énorme de IS miU
lions, Dupleix revint en France se livrer h, ses accu*
sateurs. Réduit à la misère la plus profonde, il ne
put se faire payer les sommes que lui devait la
Compagnie, et c'est à peine si la gloire dont il avait
couvert le nom français lui obtint du honteux mo-
narque qui régnait alors sur la France Tordre royal
grâce auquel il échappa du moins à la prison.
Nouvel et mémorable exemple de Tingralitude des
nations, Dupleix mourut en 176& de misère et de
chagrin , après neuf années de ces souffrances phy«
siques et morales auxquelles douxe ans plus tôt La^
bourdonnais avait déjà succombé avant lui!
1^ nomination de Godeheu comme successeur de
Dupleix fit perdre le fruit des laborieuses combinai-*
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86 M LA POISSANCE MlLITànB
BMB de G6 demîef . Inoapid^ie de hitter eookre Saon*
dersy Thabile gouverneur de Madras, auquel sa pro^
fonde cwnaiseance des affaires de Tlode donaait tout
avantage, Godeheu ^igoa» le 31 décembre 17%^ aee
convention provisoire qui enlevait d*un traît de plvme
à la France les importantes acquisitions que la guerre
n'avait pu lui arracher. La ratification de ce traité,
qui établissait les deux Compagnies sur un pied
d*égalité parfaite, qui adnMittait les Anglais aa par*
tage du cirear dé Hazulipatam^ ei reconnaissait
Mohammed- Aly pour nabab d'Arkol; la ratification du
traité de Madras anéantissait tous les plans de Do-
pleiXt et faiwt évanouir toutes les espérances déjà à
demi réalisées au moment de sa rentrée en France.
De t75& à 1758s los événements qui se succèdent
dans le Deccan offrent peu d'importance. Toute
Taltention des Anglais se trouve concentrée sur le
Bengale, dml Glive> nommé gouverneor de Cahwtta,
prépare la conquête. Nous analyserons plus loin les
progrès de la puissance anglaise sur ca nouveau
tbéàtre*
8ous l'administration de M* de Leyrit, soccessear
de Godebeu, au mépris des stipulations du traité de
Madras, qui interdisaient aux Européens toute inter*
vention dans lea querellée des princes indigènes , les
Anglais joignent leurs forces à celles de MobaoRsed*
Aly, et attaquent les radjahs de Madoura, de YaUore
et de Tivenilly dans le sud de la presqu'île. Le fàcheoi
exemple donné par Dupteix portait ses fruits » et ce
n'est pas la seule foi» que les Anglais devaient Tiroiten
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0B9 ANGLàlS DANS L*fNDll. 97
Le règlement des préteintiens laissées en litige pAf
le traité d'Aix-la-Chapelle ayant rallumé la guerre
entre la FraAce et l'Angleterre, les gouverneurs de
Madras et de PondÎGhéry préludent, dès Tannée i 7B5«
aux grandes opérations militaires de 175&. L'exi-
gidté de ieors forces les réduit toutefois à une guerre
d'eecarmottches, dans laquelle les Français obtîen*
nent souvent l'avantage. Des deux cdtés on attend
des renforts, et dans cette lutte prolongée Bussy dé-
ploie tous les talents d'on négociateur profond, le
ooorage héroïque d'un soldat, ta prudence et i'acti-^
vUé d'un général consommé. Il enlève aux Anglais
tel» lenrs établissements dans les cinq circars cédés
à la France par Salabet-Sing, entre autres, la ville
importante de Yizagapatam, et profite de la néees^
site ob se trouvent les Anglais de porter toutes leuril
forées vera le Bengale pour affermir la puissance fran-*
çafae dans le Haut-Deccan.
Au mois de janvier 1758, le comte de La11y-To*^
lendal, nommé gouverneur général des possessions
françaises^ arrive à Pondichéry. Les débuts militaires
de cet homme si tristement célèbre avaient été très
biMlants. La haine profonde qu'il manifestait pour
l'Angleterre, en le désignant ail choix du gouverné-
meaft^ le condffnnt sur le théâtre où il devait aceom-
piû la ruine de sa patrie.
Nous ne ferons pasid le portrait de Lally-Tolen-
dal ; ses ÉMJheors, plus encore que les revers dont
les armes de la France furent affligées sous son com-
mandemeiH]^ ont rendu son non^ historique^ Trister
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88 DB LA ,PDI8SAKGB IULITAIRB
exemple d*un grand caractère auquel il manquait peu
de chose pour faire un héros, Lally, pour n*avoir pas
su se commander à lui-même, devint le fléau de la
cause à laquelle il avait consacré sa vie»
La première opération du nouveau gouverneur de
Pondichéry Tut le siège de Saint- David. Ignorant
complètement la situation politique et morale des
populations placées sous son administration, dédai-
gneux de s'instruire , Lally devait donner, dès sa
première enlreprise, la mesure de ce caractère altier,
irréfléchi , qui contribua pour une si grande part à
son infortune* Par son ordre, et malgré les supplica-*
tiotis de tout le conseil de Pondichéry, toute la popu-
lation hindoue, sans distinction de caste , fut em-
ployée au transport de Tartillerie et des bagages.
C'était une profanation inouïe que d'astreindre le
brahme à des travaux réservés aux castes réputées
înf&mes ; c'était un sacrilège que d'obliger le radje-
poot k soulever le même fardeau avec le paria*. •,
avec le paria, qu'il avait droit de tuer si leurs mains
se rencontraient. Il n'en fallait pas davantage pour
ruiner à jamais Tinfluence française.
Saint-David fut pris néanmoins, Kuddalore et De*
vicatah eurent bientôt le même sort.
Lally résolut alors d'envahir la province de Tand-
jaore, jusque-là épargnée par la guerre, afin de s'y
procurer les ressources et l'argent nécessaires pour
l'attaque de Madras. Dans ce but, il voulut réunir
toutes les forces françaises dans le sud du Karnatic,
et commit la faute de rappeler Bussy, qui tenait la
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DBS à!IGL4iS DANS L*INDB. 89
campagne pour protéger Salabet-Sing dans- le Haut*
Deccan, et dont les succès avaient mérité à la France
les magnifiques concessions dont nous avons parlé
plus haut.
Forcé d'obéir aux ordres du gouverneur, Bussy ne
put laisser qu'une force insuffisante, sous les ordres
du marquis de Conflans, pour défendre les cinq
circars*
Clive, nommé gouverneur du Bengale, se h&ta de
profiter de la faiblesse des troupes françaises sur la
côte d'Orissa, et fit attaquer immédiatement le mar«
quis de Conflans. Serré de près, celui-ci dut se réfu-
gier dans Mazulipatam, où il fut assiégé par le
colonel Ford. La place fut emportée d*assaut, et
Salabet-Sing, abandonné par Lally-Tolendal, dut se
résoudre, le 12 mai 1759, à traiter avec le colonel
anglais. Par ce traité, Mazulipatam et les districts
environnants y qui s'étendaient à 35 lieues le long de
la côte, sur une largeur de 8 lieues , passèrent des
mains des Français dans celles des Anglais.
Lally avait ruiné d'un seul coup la domination
française sur le Haut^Deccan, dans le vain espoir
d'assurer le résultat de ses projets contre Tandjacure
et Madï*as. Sa marche sur la première de ces villes ,
pendant laquelle il pilla les campagnes, et viola les
pagodes et les mosquées les plus vénérées, ne fut
qu'un long désastre. Arrivé devant Tandjaore sans
munitions et sans vivres, il dut rentrer à Pondicbéry
en abandonnant son artillerie et ses bagages. Pour
compenser cet échec, il enleva quelques forts peu
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90 DB LA PUI88AISGB UILITAIAB
importants, et s'empara même d'Arkot; mais il ne
trouva dans ces places ni Targent ni les approvision-
nements qui lui étaient nécessaires ponr opérer contre
Madras. Sous les murs de cette ville, en décembre
47869 Lally déploya vainement Tinfleiible énergie
qoi le distinguait ; mai servi par ses lieutenants^ har-
celé par les Indiens^ que ses profanations avaient
soulevés, inquiet sur le sort de Pondicbéry, que me*
naçait la flotte anglaise, il fat obligé d*abandMner,
le 17 février, son artillerie et ses blessés pour courir
à la défense du obef-lîeu des établissements français.
Les deux années qui suivirent la délivrance de
Madras furent mises à profit par les Anglais ; ils s'em«
fiarèrenk sodcesstvement de tMles les villes et forte*
resees da Karnatic; levrs treopes de terre étaient
eemmandées par le colonel sir Eyre Coote, qui pré-
tadaît déjà à Tillustration de son nom. Aa mois de
janvier 1760, Lally essaya de reprendre l« fort de
Vondievab, et subit une défaite complète, dans la*
quelle Bussy, dont il avait méprisé les sages «vm» ftil
fût prisonnier. Le colonel Coote prefita de Taseen-
daiit que lui donaait cette victoire pour s'emparer
des deroièree villes qfà restaieat encore à la France,
et i^Uy fut bientôt féduit à la possession de Pefidi»
ebéry et de Gmgi»
L*alliaeee des Français a^vec Haider-AIy, qui jetaifk
alors les premiers fondements de sa puissanee dans
le Mysore, sembla devoir arrêter un moment celte
longue série de désastres ; mais cet espoir fut encore
déçu, pai* suite d'une révolution qéi éteigne, pour
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D£ft ANGLàlS DANS L*IMD£« 91
quelquo temps« Haider-Aly du pouvoir. Vers la fin
d'août 1760, Pondichéry fut assiégé par les forces
combinées du colonel sir Eyre Coote et de ramiral
Steveus* Pendant plusieurs mois le comte Lally^
Tolendal se défendit avec le courage et Tépergie qui
m Tavaient jamais abandonné, même au milieu de
ses plus cruels revers. Malbeureusemeot, les vivres
étant venus à manquer» la ville dot se rendre le
Ik janvier 1761. Peu après, les autres comptoirs di}
Coromandel, et Mahé, sur la côte de Malabar, bsm-
bèrent au pouvoir des Anglais ; Gbandernagor, comme
nous le verrons plus loin , avait été pris dès Tannée
1757; Us Français ne possédaient plus une sMie
l^ce dans les Indes»
Victime de ses qualités autant que de ses défauts,
Lally paya cruellement Tinintelligente administration
qui avait amené ces tristes résultats. La sévérité de
rhistorien doit être désarmée par la mort barbtf e et
.imméritée que subit cet homme malheureux. Co&*
damué pour fautes contre les intérêts du roi, abus
d'autorité et exactions, Lally fut traîné au si^plice
avec la nf)éme dureté que s'il se fût agi d'un traître
09 d'un criminel inmionde. Lié de GordeSy bâillomié,
jalé sur un tombereau qui passait devant la (HrisM,
#tqui fut mis en réquisition pour ce triste office ^ le
çraite de Tolendal monta sur TéchaCaud en proteetoot
4e WQ innocence et en pardonnant & ses ennemis.
L'Inde française était décidément fatale à ceu qui
l'administraient : ajoutée à celle de Labourdonnais
et de Dopleii, la moft de Lally -Tolendal faisait de
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92 DB Là PU18SANGB MILITAlftB
la liste de seB gouverneurs un véritable martyrologe.
En 1 763 , le traité de Paris rendit Pondichéry à. la
France , mais la restitution devait se borner au sol de
la ville. Uimpoilance de rétablissement était à ja-
mais perdue.
Nous nous sommes peu occupés, dans le cours de
ce récit, de la Compagnie des Indes françaises, parce
que, à aucune époque, si ce n*est au temps de Du-
pleix, elle n*eut les pouvoirs ni Timportance de sa
rivale. Le gouvernement eut toujours en France la
haute main sur les affaires de IMnde. La Compagnie
Française, après avoir végété jusqu'en 1769, fut dé-
clarée en état de banqueroute , et disparut définitive-
ment, de manière à permettre à TÉtat de diriger en
Bon propre nom, et de droit, les affaires quMI avait
réglées de fait jusque-là. Grftce à cette modification le
commerce des Indes devint complètement libre.
Pendant les années i 761 et 1762, sous Tadminis-
tration de lord Pigot, gouverneur de Madras, les An-
glais continuèrent à augmenter, aux dépens de
Mohammed-Aly, le nabab d*Arkot, leur ancien allié,
les revenus qu'ils s'étaient créés par les derniers
traités. Obligé de payer l'assistance quMl avait reçue
pendant sa guerre contre le soubah , contre le radjah
de Tandjaore et contre les Français, le malheureux
Mohammed vit sa principauté s'en aller par morceaux,
et le traité de Paris, qui rendait à la France ses
places possédées en 17&9, n'apporta- d'autre com«
pensation au nabab d'Arkot que la reconnaissance
d'une souveraineté déjà en ruines. En effet, une
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DBS ANGLAIS DANS l/lNDlS. 9S
grande partie du Rarnatic était en rébellion ouverte
contre son autorité, et chaque jour élait employé à
défendre péniblement quelques restes de sa puis*
sance contre la politique envahissante du conseil de
Madras.
En 176&, la cession de plusieurs districts situés
aux environs du chef-lieu de la présidence fut impo-
sée à Mobammed-Aly, en retour de Taopui que lui
avaient prêté les Anglais dans ses démêlés avec le
radjah de Madoura. Le revenu de ces districts était
évalué à 3,300,000 francs* I/expédition de Ma-
doura, emporté d*assaut vers la fin de 176A, coûta
plus de 20 millions à Mohammed, qui empruntait à
25 pour 100 aux employés de la Compagnie Targent
destiné à remplir ses engagements envers elle.
En vertu de sa reconnaissance comme nabab d'Ar*
kot^ par le traité de Paris, Mohammed-Aly dut régler
les conditions de la rentrée des Français dans les dis-
tricts de Karikal et de Pondichéry. Les termes de
cette restitution au marquis Law de Lauriston , qui
arriva le 29 janvier 1765 en qualité de commissaire
du roi de France, furent dictés à Mohammed par le
conseil de Madras, et consacrèrent d^une manière
irrévocable Tinfériorité de la puissance française en
présence de celle toujours croissante des Anglais.
La fatale inspiration qui avait conduit Lally-Tolen*
dal à. rappeler les troupes commandées par Bussy
dans le Haut-Deccan n*avait pas tardé à porter ses
fruits. SaIabet»Sing , le soubah dévoué aux intérêts
français, privé de cet appui, avait été dépossédé |
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dA DB U POISSiNCB «lUTAHlB
puis bientôt assassiné par son frère Nizcam-Aly.
Vers cette époque, Clive venait d'achever la con-
quête du Bengale, comme nous le verrons plus loin,
en obteoant de l'empereur Scbàh-Allûm II la duannie,
c'est-à-dire la perception générale de l'impôt dans
cette provinee« Libre de donner désormais toute son
attention aui affaires du Decean, le comte dePlassey
résolut de simplifier la position de la Compagnie
dans le Karnatie. U exigea, en conséquence, de l'em*
pereur un firman par lequel le nabab d'Arkot était
déclaré indépendant du soubah du Deccan : c'était
déclarer l'indépendance de la Compagnie elle-même,
dont Mobammed-Aly n'était depuis longtemps que le
très humble serviteur. Le même firman accordait en
toute propriété aux Anglais les cinq oircars du Nord^
dont quelques districts, et notamment Masulipatam,
étaient depuis 1759 en leuc pouvoir. Nous n'insiste-
rons pas sur l'importance de cette concession, qui
leur donnait toute la côte voisine des provinces du
Beharetd'Orissa, déjà conquises par Clive, en même
temps que le Bengale proprement dit.
En 1766, le conseil de Madras conclut un traité
avec Nizzam-Aly, soubah du Deccan, qui confirma la
cession des circars acoordés par l'empereur. Ces
dislricts faisaient partie de son gouvernement, et il
avait manifesté Tin ten lion de les disputer à la Com-
pagnie. Inquiets du rapide accroissement que prenait
la puissance d'Haider*Aly dans le Mysore, les Anglais
jugèrent plus prudent de se ménager l'alliance du
soubah au moyen de quelques concessioM, sur les*
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DM ANGLAIS DANS L^INDB. 96
quelles il serait toujours temps de revenir, afin de
rester libres de concentrer toutes leqrs forces contre
le redoutable adversaire qui se dressait au cœur
floime des provinces soumises jusqua^ià à leur in
fluence.
L'un des hommes les plus remarquables qui soient
sortis de la raee hindoue» Haider-Aly, s'était fait
proclamer régent du Mysore » après de nombreoses
vicissitudes dont le récit sortirait des limites de notre
cadre. Parti de Dindigoul, petit fort situé prés de
lladoura, Haider-Aly s'était emparé successivement
des places principales du Ifysore, notamment de Ban«
galore, la plus forte ville du royaume ; puis, forçant
son souverain & abdiquer en sa faveur, il avait con-
quis rapidement et incorporé & ses États divers dis-
tricts infiéodés précédemment à la soubahbie du Dec-
San ou à la nababie d*Arket. Ennemi mortel des
llabrattes, Haider-Aly eût été l'allié naturel des An«
giais» qui n'avaient plus d'autre adversaire dans le
Deocan que cette puissante confédération, si la jalou-
sie da Mohammed *-Aly contre le sultan de Mysore i
aussi bien que la solidarité d'intérêts que des prêts
usuraires avaient établie entre le nabab d*Arkot et
les employés de la Compagnie, ne tes avaient aveu-
glés et rendus les instruments dociles de ce dernier.
Menacé par Içs Anglais, dont les troupes, com-
mandées par le colonel Smith, s'étaient réunies à
celles de Nrtiam«Aly et de Mohammed, Haîder*Aly
parvint à détacher le soubah d'une aUiance dont il
s'était bien vite iaieé : au meif^ d'août 1767, Nixsam-
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z'edby Google
96 DB LA PUlSftANGB ItlLlTAIIfiK
Aly conclut un traité par lequel il 8*engagcait à lui
venir en aide pour écraser les Anglais dans les
gorges du Mysore.
Averti à temps de cette défection, le colonel Smith
eut néanmoins beaucoup de peine à assurer sa re-
traite. Il parvint cependant à gagner Trinomaly par
une marche non interrompue de trente-six- heures, et
s^enferma dans cette place. Pendant ce temps, Tippo-
Salb, fils du sultan de Mysore, saccageait la cam-
pagne jusqu'aux portes de Madras. La situation de«
venait critique pour les Anglais, lorsqu'une victoire
remportée à Trinomaly par le colonel Smith, qui avait
reçu quelques renforts, vint heureusement rétablir
leurs affaires.
La démonstration d'une division anglaise contre le
haut Deccan obligea le soubah à rappeler ses troupes
du Mysore, et le 20 janvier 1768 Nizzam-Aly conclut
un nouveau traité avec la Compagnie. Cette nouvelle
convention était, à peu de chose près, la reproduc-
tion de celle de 1766. Un article additionnel déclarait
Haider-Aly rebelle et usurpateur, et le soubah con-
cédait à la Compagnie les districts dont le sultan
s'était emparé, entre autres celui de BalAghat.
Délivré des soucis de sa lutte avec Nizzam-Aly, le
conseil de Madras résolut d'écraser Haider, et de
porter la guerre dans le cœur du Mysore. Le sultan
ne perdit pas courage, et prit le parti de traîner la
guerre en longueur, en amusant les Anglais par des
affaires de détail. Battu deux fois par le colonel
Wood, il l'empêcha cependant d'envahir ses ËtatSi et
Dl^itized by VjOOQIC
BBS ANGLAIS BANS l'iNBB, 97
pendant ce temps son fiis, qui devait être si célèbre
plus tard, ravageait le Karnalic et enlevait tous les
convois. Sur ces entrefaites, la présidence de Bombay
étant sortie du rôle purement commercial qu^elle avait
joué jusque-là, et ayant tenté une diversion en fa-
veur de celle de Madras, Haîder-Aly, pour résister à
ce nouvel ennemi, sentit le besoin d'auxiliaires euro*
péens , et entra en pourparlers avec les Français :
depuis quelque temps déjà il entretenait une corres-
pondance suivie, à ce sujet, avec le marquis de Lau-
riston.
Les conditions de Talliance étaient déjà posées
lorsque le conseil de Madras, effrayé de la présence
du sultan devant le fort Saint-Georges, se résigna à
demander la paix. Après avoir battu Tarmée anglaise,
et ravoir chassée de toutes ses positions, Haîder
s'était porté sous les murs de Madras à la tête de
6,000 hommes, et interceptait tout secours.
Par le traité du 3 avril 1769, une alliance offensive
et défensive était conclue entre les Anglais et le sul-
tan de Mysore : de part et d'autre les prisonniers et
les conquêtes étaient rendus, à Pexception de quel-
ques forts peu importants qui restaient au Mysore. Il
semble que, vainqueur, et campé aux portes de Ma-
dras, Haîder aurait pu imposer d'autres conditions
aux Anglais. Le désir de s'assui'er leur concours
contre les Mahraltes, qui le mena^ient, irit la cause
principale de la générosité du sultan. Obligé de re-
noncer aux espérances qu'une longue communauté
de vues lui avait fait concevoir du côté de la France,
7
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98 DS LA PtlSSÀNCfi niitTAïkB
flalder se tournait niomentanément vers les Anglais/
afin de se ménager leur appoi pour réaliser tes pro^
j^ts ânibitieux sur le Deccan.
L'issue tnalheureuse de cette guerre, aussi maî
conduite que témérairement entreprise, fit le plus
grand 'tort à la Compagnie. Les directeurs ne pou-
vaient se dissimuler que les succès de Hatder avaient
porté un feoup dangereux à la réputation des ^rmes
anglaises dans Tlnde. Cependant, comme nous te
verrons à la fin de ce livre (lorsque nous ferons le
bilan des mérites et des torts de la Compagnie an-
glaise , lorsque nous aurons à la juger comme insti-
tution politique), il est juste de dire que, danè cette
circonstance^ les instructions de Londres avaient été
méconnues par le conseil de Madras, La correspon-
dance, dont nous donnerons quelques extraits, mon-
trera clairement que les directeurs étaient opposés à
cette extension trop grande donnée aux établisse*
mënts du Karnatic , et désireux de voir les forces et
Fattention des agents de la Compagnie se concentrer
sur le Bengale, dont Clive avait obtenu & beaucoup
âioins de frais la productive conquête.
Maître de dicter les conditions de la paix, Haider-
Aly, ainsi que nous venons de le dire, avait sacrifié
fes avantages de sa victoire au désir de s'assurer l*al-
(iance des Anglais dans sa lutte avec les Mahrattes.
Il ne tarda pas à être fixé sur les dispositions Véri-
taSles de ses nouveaux alliés. Le gouverneur de Ma-
draSy en cédant à la nécessité, il^'était bien promis
tféluder l'exécution d'un traité qui nWrait aucun
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DES ANGLAIS DANS l/lNDB. 99
avantage à la compagnie. Après avoir refusé les
troupes que sollicitait Halder-Aly, en se fondant sur
ce que les Mahrattes n'étaient point les agresseurs ;
après avoir prétendu qu*il ne pouvait accorder les
secours téclamés sans en référer aux conseils de Cal-
cutta et de Bombay, plus exposés aux représailles
des Mahrattes ; après avoir invoqué, pour ajourner
Encore une demandé chaque jour plus pressante, la
nécessité d'une autorisation de la cour des directeurs
de Londres, le gouverneur de Madras finit par dé-
clarer nettement à Haider-Aly, en janvier 4772, qu'il
ne devait compter sur aucun secours.
Exaspéré par cette ccmduite, Halder-Aly résolut
de se Venger. Il fit la paix avec les Mahrattes et en-
lama de nouveaux pourparlers aVec le gouverneur
de Pondichéry, qu'il comptait entraîner dans son
parti.
Sur ces entrefaites, h la suite d'une intervention
maladroite du conseil de Madras dans les démêlés dû
nabab d'Arkot avec son vassal, le radjah de Tand^
Jaore, lord Pigot, avait été nommé pour la seconde
fois gouverneur de la présidence. Les dissentiments
tjui s'élevèrent bientôt entre le conseil de Madras et
le gouverneur rendirent toute administration impos-
sible, et contribuèrent à grossir l'orage qui menaçait
les établissements anglais du Karnatic. Après avoir
suspendu deux membres du conseil et mis aux arrêts
.le commandant militaire, sir Robert Flechter, lord
Pigot venait d'être arrêté lui-même et emprisonné à
son tour par ordre du conseil, lorsque l'impéritie de
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iOO DK LA PCiSSiNGB UirjTAIRK
son successeur el Tinhabileté de sa conduite envers
Nizzam-AIy et le roi de Mysore vinrent cimenter plus
que jamais la coalition générale qui se préparait
contre les Anglais (!)•
En juillet 1778, le conseil de Madras voulut tenter
une négociation directe avec Bassalet-Singhi afin
d'entrer en possession du circar de Gantour, que son
frère Nizzam-Aly lui avait laissé en apanage. Ce der-
nier se montra naturellement opposé à une transac-
tion qui devait amoindrir ses États; la négociation
Toffensait pour la forme autant que pour le fond, son
frère n'étant en réalité que son vassal et nullement
souverain indépendant de la province convoitée par
les Anglais. Méprisant les sages avis dllastings^ sir
Thomas Rumbold, le successeur de lord Pigot, ré-
pondit aux remontrances du soubah en donnant
Tordre d'envahir le circar de Gantour, Il n'en fallait
pas davantage pour combler la mesure, et ce nouveau
grief détermina Nizzam-Aly à rompre immédiate-
ment et ouvertement avec les Anglais.
Le conseil de Madras ne s'était montré ni plus
conciliant ni plus adroit dans ses relations avec Ilal-
der-Aly. Depuis la déception qu'il avait éprouvée en
1772, le sultan de Mysore avait cherché à se- lier
plus intimement avec la France; mais l'incurie et la
faiblesse de la cour de Versailles avaient fait échouer
toutes ses combinaisons. Quelques années s'écoulèrent
(1) Lord Pigot mourut dans sa prison avant Tarrivée du nou-
veau gouverneur, envoyé de (.oodres,
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0eâ ANGLAIS DxVNS l'iNDË. lOi
dans un calme apparent, et peut-être un nouveau
rapprochement eût pu s'effectuer encore entre Haï-
der-Aly et les Anglais si la sotte présomption de sir
Thomas Rumbold ne Pavait porté à rejeter avec hau-
teur l'intervention d'Hastings, qui approuvait cette
alliance. Nous avons vu déjà quelles avaient été les
conséquences de la mauvaise politique du gouverneur
de Madras dans ses rapports avec le soubah ; au mo-
ment où une nouvelle guerre allait éclater entre rAn-
gleterreetla France, une conflagration générale était
devenue inévitable dans l'Inde. Nizzam-Aly avait
resserré son alliance avec les Mahrattes et se prépa»
rait à envahir les cinq circars du nord, pendant que
l'armée mysorienne marcherait sur le Karnatic.
Le traité du 6 février 1778, conclu entre la France
et les États-Unis d'Amérique, fut le signal deshosti*
lités. Dans le Goromandel, Mazulipatam et Karikal
étaient enlevés le même jour, et, le 17 octobre, après
deux mois de tranchée ouverte, après avoir tué
5,000 hommes aux assiégeants, Bellecombe, le suc-
cesseur du marquis de Lauriston, sortait de Pondi-
cbéry avec tous les honneurs de la guerre et en con-
servant ses drapeaux. Mahé, sur la côte de Malabar,
était le seul établissement qui restât aux Français ;
Ha!der-Aly résolut de le protéger et fit prévenir les
Anglais que toute entreprise contre ce poste, situé
dans ses'États, équivaudrait à une déclaration de
guerre. Les Anglais, n'ayant point tenu compte de
cette défense et ayant emporté Mahé le 29 mars
1779, le roi de Mysore se précipita sans plus tarder
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102 DB l'A PDISSAIVCe MILITAIUB
sur le Karnalic et mit le siège devant Arkot. Tippo-
Saïb, son fils, envahissait au même n)oment les cinq
çircars, où il donnait la main au soubah.
Sir Hector Munroe, commandant des troupes de
IKIadras, surpris & Timproviste, avait réussi & éviter
toute action générale en attendant les renforts que U
colonel Saillie devait lui amener du nord, lorsque
Uaïder-Âly, se portant au-devant de ce dernier, ré-
solut de frapper un coup décisif. Le 10 septembre
1780, les Anglais, surpris, furent taillés en pièces; le
colonel Saillie fut pris avec 2,000 Européens;
5,000 cipayes et 1,000 Européens restèrent sur le
champ de bataille. Pas un homme n'aurait échappé
au désastre de Tarmée anglaise sans Tintervention
du capitaine Lally, qui servait avec quelques Fran-
çais dans l'armée mysorienne et qui menaça Halder
de l'abandonner s'il n'arrêtait l'effusion d*un sang
inutile. Ce désastre est le plus grand que les Anglais
^ient jamais essuyé dans l'Inde; on ne peut guère lui
comparer que les pertes cruelles causées par l'insur-*
rection qui poursuit actuellement son cours dans le
Bengale.
Les affaires de l'Angleterre semblaient prendre
une tournure de plus en plus défavorable, lorsque 1q
génie d'Hastings vint les sauver.
Il s'agissait avant tout de rompre l'alliance redou-
table que formaient le soubah du Peccan, le radjah
4e Berar et le roi de Mysore. L'invasion menaçante
de Haîder-Aly dicta au conseil suprême la conduite
qu'il devait tenir. Destituant sans bésiter le gouver*
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DBS ANGLAIS DANS L*mDB. \0^
û^ur de Madras, Hastinga fit rendre ipmédiateipent à
Nizzaip-Aly le circar de Gantour et désarma le radjaii
de Berar par la promesse de son appui au cas o^ il
viendrait à faire valoir ses prétentions au trône de
Tempire mahratte. Rassuré par la défection de ces
deux alliés du roi dé Mysorc, Hastings se h&la de dir
riger contre Qaîder-Aly et les Mahrattes toute3 je^
forces de la compagnie.
Réduit à ses propres forces, Haîder-Aly ne pouvailt
plus espérer la victoire* Battu dans trois corpbftts
importants par sir Eyre Coote, il avait perdu, dèç le
mois de juin 1781 , toutes les places qu'il avait con-:
quiçes dans le Karnatic. A la même époque, lord Ma-
cartney, nommé à la place de sir Thomas Rumbol(|,
8*emparait de Negapatam et de Trinkomali, derniers
postes restés aux Hollandais, alors alliés de la France,
et le malheureux nabab d'Arkot, dans Timpossibilité
de s'acquitter envers la Compagnie, en était réduit, à
faire l'abandon de sa principauté au prix d'une rente
annuelle. Enfin les succès du général Goddart et du
colonel Carnac dans le nord n'étaient pas moins dé-
cisifs.
La France avait perdu à tout jamais Toccasion
d'asseoir sa puissance dans l'Inde sur un pied res-
pectable : elle n'avait pas su profiter des succès
d'Ha!der-Aly ; elle avait laissé se dissoudre la confé*
dération menaçante dont elle eût dû diriger les coups.
Les événements qui suivirent jusqu'au traité de Ver-
sailles ne pouvaient plus avoir qu'une importance se-
condaire. Vainement le bailli de Suffren soutenait sur
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iO& DE LA PUISSANGB IIILITAIRB » BTC.
mer Phonneur du pavillon français : ni sa victoire du
18 février en vue de Madras, ni celle de Trinkomali
le 12 avril, ni la campagne heureuse de Tippo-Salb
contre le général Matthews, ne pouvaient rétablir une
prépondérance à jamais perdue. La conduite de la
France dans la dernière guerre devait être considé-
rée comme une abdication formelle de toute influence
en Asie. Le traité de Paris, signé le 20 janvier 1783»
en lui rendant ses établissements, la replaçait dans
la position d'infériorité oii elle était avant la guerre,
et la mort d'Halder-Aly, dont le fils allait conclure le
traité de Bangalore, avait délivré P Angleterre du
seul ennemi qu'elle eût encore h redouter dans
IMnde.
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CHAPITRE V.
Sommaire : Histoire de la présidence de Bombay jusqu'au com-
menoement du xix* siècle : La présidence de Bombay ne joue
qu'un rôle purement commercial jusqu'en 1768. — La confédé-
ration des princes malirattes. — Sevadji. — Révolution de caste
sous Sahodji. — Établissement des peischawa de Poonah. —
Divisions de l*eropire mahratte. — Mahadji-Scindiah. — Tou-
libadji. — Holkar. — Le radjah de Berar. — Les Guikowar de
Guzerate. — Les &hihrattes veulent substituer une dynastie
liindove^ la dynastie musulmane de Dehli. —Bataille de Panl-
put (1763). — Le conseil de Bombay s*emparedeBarotch etdea
lies de Saisctte el de Rarandja. — Traité de Surate (1775). — Le
: colonel Uplon envoyé à Poonah par Warren-Hastings. ^ Traité
de Perrainda. — Guerre contre les Mahrattes. — Désastre de
WoiigaOm. — Le colonel Goddart s*empare d*Ahmedabad, et le
capitaine Popham de Gouàlior. - Alliance des Mahrattes avec
Halder-Aly.
Nous n'avons eu à nous occuper jusqu'ici que
d'une façon très indirecte de la présidence de Bom-
bay. C'est en 1768 seulement, vers la fin de la cam-
pagne contre Halder-Aly, que nous voyons pour la
première fois le conseil de Bombay intervenir dans
les affairés militaires de l'Inde. Depuis la cession de
rile de Bombay à la Compagnie par Charles II, réta-
blissement était resté purement commercial. La
guerre contre les Mahrattes allait rappeler & un rôle
plus en rapport avec celui dévolu, depuis un demi»
siècle, aux présidences de Calcutta et de Madras.
Nous avons exposé somnrmirement, au commence-
ment de ce livre, la fondation et l'organisation de
Tempire mahratte sous les empereurs Aureng^Zeb et
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106 DB LA PUlSSANCib MILITAIAK
Schâh-Djihan, Sevadji, le premier chef de la confé-
déralion militaire, qui tint si longtemps en échec la
puissance anglai3e dans les Indes, — Sevadji, excité
à la fois par la haine religieuse et l'ambition, avait
conçu le projet de former un empire hindou dans le
Deccan, en face de l'empire mogol ; il comptait pré-
pipiter ensuite Tune des deux races sur l'autre, et fe-
fouler à jamais les Mahométans dans la haute Asie.
Sevadji mourut avant de pouvoir réaliser ses vastes
plans. Sambadji et Sahodji, qui lui succédèrent,
n'avaient aucune des qualités nécessaires pour leur
accomplissemenU
Une révolution de caste qui eut lieu sous le fils de
Siahodji amena un changement radical dans la con*
ittitution de Tempire mahratte* Les brahmes s'eoipa-
fèrent du pouvoir, qui avait appartenu jusque-là aux
radjepoots, l.e roi', relégué dans le fort de Sattarah,
(lut acpepter la tutelle d'un visir ou peischawa, dont
la dignité héréditaire ne peut mieux se CQmpQ,rer
qu'à celle des maires du palais, squs lee Mérpvingiens^
Jjd jseul privilège du souv^rain prisonnier était de re-
vêtir les peischawas du caftan, attribut de leur dignité^
et cet usage s'est conservé tant qu'a duré la oopfédéT
raMw. Le9 Angjajs en vinrent Wentô^^ np {enfr ^7
cun GOfppte, dans leurs transactions avec les Mab:
rattesi^ du roi, quj n'existait que de non) ; le peisphaw^
de Poon^h fi)t d'autant rqiQuif, pour eux le véritable
souverain que la condition d'hérédité se joignait en
sa faveur à h puissance de fai( que lui (}onnailt sa
di|;nité(l)..
, (1) y fai|e|jaNai)a-Stib|qtti ti^Qt JfB^fiçriL^ |4fG»dap9f0f;
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DBS ANGLAIS DANS L*JNPtt. 107
Sou0 radministration du premier peiecbawa» des
troublas continueU agitent Tempire mabralte; un
grand nombre de princes confédérés deviennent indét
pendants» et il serait presque impossible de donner
ope liste claire et complète de tous 1^ petits État$ qui:
se forment à cette époque. Nous citerons seulement
les quatre principaux, par lesquels furent successive-
ment absorbés tous les autres ; ce sont les seuls qui
aient joué un rôle véritablement important
Tandis que Badji-Hao s'établit à Poonah et domine
|^4 provinces occidentales, les Bonncelao occupent le.
Berar, et le chef de cette famille se déclare radjah
indépendant. Les Guikowar régnent à Puterate;
enfin Mahadji Soindiah et Toukadji-Holkar, dont Iw
successeurs (1) luttèrent si longtemps contre les An-;
gli^Si se taillent cbaci^n un royaume dan^ les pro-
vinces situées entre le Bengale et le Guzerate,
événements contemporains, est le fils adoptif de Badje-Rao, le*
dernier peiscbawa; sa liaine furieuse et sanguinaire contre les
^HllM vî^t do rejet des réclamations qu*(| a adressées à la Cam*
pagni^, afin d'être mis en possession du Utr^ et des pension^ dnnt
Jouissait son père adoptif aux termes des traités. La loi d'adoptlQOf
en ce qui regarde Nana-Salb et les héritiers de plusieurs radjahs;
la lui d'annexion, en ce qi^ touche au royaume d'Oude et k d'au-
tre Élato annexés fiar lord Dalboi^ie, opt eu «ne gninde part
dans les causes de la révolte actuelle.
(i) Afin d'établir un peu d'ordre au milieu de la confusion des
nont liartNircs qui se pressent dans ce résumé historique, il est
bon de noter Ici que les dénj)minations de Nîuam , Scindiali,
Holkar> etc. (encore en usage aujourd'hui), ont servi à désigner
les princes qui ont succédé au soubah du Deccan, à Mahadji, à
ToukbadJI, dans le gouvernement des Étais fondés par ces der-
nliis.
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IU8 DE L4 t>UIS8ANGIS MILITAIRB
Nous ne dirons qu'un mot des guerres civiles qui
désolent les États du peischawa jusqu'au nnoment de
rintervention du conseil de Bonobay dans les affaires
de cette partie de l'Inde. Le seul événement impor-
tant, pendant cette période, est la tentative de Ba-
ladji-Rao, successeur et frère de Badji-Rao, comme
continuateur des projets de Sevadji, le fondateur de
Tempire mahralte. A la tête de 200,000 confédérés
hindous, Baladji-Rao cherche à renverser la domina-
tion mahométane des empereurs mogols ; mais il perd
en 1762, contre Abdallah et Suja-Doula, dont nous
parlerons plus loin en faisant l'histoire de la présl*
dence du Bengale, la fameuse bataille de Paniput,
où, pour la troisième fois, se trouve décidé le sort de
l'Inde.
Profitant des querelles de Madu-Rao, de Naraln-
RaOy de Ragoba, qui se disputent la dignité de
peischawa, le conseil de Bombay fortifie les établis-
sements de Touest, et, sous prétexte de réclamations
relatives à des droits injustement perçus par le nabab
de Surate, un corps anglais s'empare de Barotch en
1772. Le 8 décembre 177/t, une autre division, par-
tie également de Bombay, s'empare de l'tle de Sal-
setle malgré les réclamations des Portugais, auxquels
le peischawa l'avait enlevée. I^s troupes de Bombay
donnent ensuite l'assaut au fort de Tanna, et se ren-
dent maltresses de la petite lie de Karandja au com-
mencement de 1775. La même année, enfin, le con-
seil de Bombay conclut un traité avec Ragoba,
peischawa chassé par les ministres de Poonah, mais
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BBS ANGLAIS DANS l'iNDE. 109
les opérations militaires destinées à le remettre en
posse3sion de ses Élats sont ajournées par suite des
ordres venus de Calcutta.
WarrenHastings avait remplacé Clive à la tête du
conseil suprême de Calcutta, et pris les rênes du gou*
vernement depuis le mois de février 1772. — Effrayé
de la gravité des événements que pouvait déterminer
Thumeur belliqueuse du conseil de Bombay, le nou-
veau gouverneur, tout en se décidant & conserver les
avantages acquis par la dernière campagne, crut de-
voir défendre les hostilités compromettantes dans
lesquelles le traité de Surate allait engager les An»
glais. Ce traité fut en conséquence déclaré nul , et le
colonel Upton envoyé à Poonah pour en conclure un
nouveau. Ce diplomate devait en même temps s'as*
surer, au moyen des éludes faites sur les lieux parles
officiers spéciaux qui raccompagnaient, de la possi-
bilité ou des difficultés du concours des forces du
Bengale aux entreprises commencées par le conseil
de Bombay.
Ces officiers s*étant prononcés pour Taffirmative^
Hastings ne tarda pas à rompre le traité de Perrainda,
qui avait terminé la mission officielle du colonel
Upton, et rassemblant un corps d'armée sous les
ordres des colonels Leslie et Goddart, il invita le
conseil de Bombay à poursuivre ses premiers projets
d*envahissement.
1/imminence du danger devait mettre fin, pour un
temps, aux divisions qui affaiblissaient les Mahrattes.
1/ accession de Scindiah et d*Holkar à la ligue géné«
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lit) DB LA PUISSANCE MtLIÎAtftB /eTG.
raie eut pour résultat un gravé échec subi par les
troupes de Bombay dans les environs de WorgaOra*
Battu par Scindiah et Nana-Furnavèse, l'un des
chef^ de Poonah, te comité qui dirigeait les opéra-
tions fut forcé d'accepter un traité onéreux qui enle-
vait à la Cohfipagnie toutes ses conquêtes de la cam-
pagne précédente. Le colonel Goddart gagiia Sut*até
à marches forcées avec les troupes du Bengale, qui
n'avaient pu se réunir à celles de Bombay, et se tint
sur la défensive en attendant des secours. Ces r(in^
forts étant enfin arrivés, le colonel marcha contré
Scindiah et Holkar, en même temps que le godver'»
Deur cassait la convention de Worgaùm.
Au mois d*août 4 78Ô, les affaires de la Compagnie,
un instant compromises dans Touesi^ semblaient de-
voir se rétablir, grftce aux divisions qui s'étaient éle-
vées de nouveau entre les confédérés mahrattes. Le
colonel Goddart avait battu Scindiah et enlevé Ahme-
Oabad, capitale du Guzerate ; sur les frontières du
Bengale, le capitaine Popham avait remporté quel-
ques avantages et pris la forteresse de GouAlior,
lorsqu'un événement de la plus haute gravité vint
donner une autre direction aux éiTorts et aux inquié^
tudes de Warren-Hastings. Haîder-Aly venait â*en^
vahir le Karnatic à la tête dé 400,000 hommes.
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CHAPITRE VI.
Sommaire : Histoire de la présidence du Bengale jusqu'au comr
mencement du xix* siècle : Première lutte des Anglais avec le
soubàh du Bengale. — Àllaverdy-Khan et Souraja-Dotila. -^
' Prise de Galcutta par le» Indietis (20 juin 1756). - Thé JNœiU
Bole at Cakutta. — Glife nommé gouverneur de Calcutta, -*
Prise de Gbandernagor par les Anglais (1757). — Bataille de
Plassey (23 juin 1757). —Déchéance de Souraja-Doula et avè-
nement de Mir-iaffier. —Décadence de Tempire mogol : Acbtned-
Schâh, Allûm-Gfaulr, Sehâh-Zadda. — dite est rappelé en Av-
gleterre (1760) ; Holweli et Yan-Sittart ses successeurs dans la
présidence de Calcutta. — Massacre des Anglaisa Patna; dépo-
sition deMirnJafQer; son remplacement par Mir-Cossim. — Res-
tanntioQ de Mir-JafGer. -- Mir-Gossim se réfugie auprès du M
d*Oude. -*- Un mot sur la fondation du royaume d'Oude^-^
Souja-Doula, vainqueur à Paniputt sauve Tempire mogoU -r
Bataille de Bouxar (1766). — Schâh-Allum cède aux Anglais le
district de Benarès. — Le fils de Mir-iaffier leur abandonne les
' pronndBs dé lidinpour« Burdivân et Tchittag oog^ — FimBos
du 12 août 1765 qui rendent les Anglais maîtres absolus dM
Bengale. — Premier traité des rois d'Oude avec la Compagnie
anglaise (1765). — Réflexions sur radministration de lord Clive.
^ 11 est remplacé par Verelts (n67) et Cartiei' (1770). — Mau^
Taise adnioi^ration de ces deux gouverneurs. — Crise finsa-
cière et réforme de lord North. -^ Warren-Hastings nommé
gouverneur de Calcutta; son génie, ses défauts, ses services.—
' Il sauve les cdonies anglaises, et continue les projets de Clive.
— AoMMdrisseraeni du royaume d'Onde. — Lord Gornwâllis.
— Coup d'œil général sur l'empire anglo-indien à la fin du
xvm* siècle.
Nous avons vu^ lorsque nous avdns décrit à grands
traits la naissance et les progrès de la Compagnie
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itS DB U PUlf^SVNCB UÎLITAIftB
anglaise, Tétat florissant de ses établissements dans
le Bengale. Le comptoir de Calcutta n'avait pas dix
ans d'existence que son commerce s'élevait à dix mille
tonneaux. Cette prospérité dura peu.
Allaverdy-Rhan, soubah du Behar et du Bengale,
meurt en 1756, laissant le pouvoir à son neveu Sou-
raja-Doula. Docile aux conseils de son oncle, qui, dos
l'année IT/ji, avait interdit aux Français et aux An-
glais tout acte d'hostilité dans l'étendue de son gou-
vernement, le nouveau soubah s'oppose k la construc-
tion des fortiOcations que le gouverneur de Calcutta
voulait élever, dans la prévision d'une guerre avec
la France. Irrité du mépris avec lequel ses ordres
sont reçus, Suraja-Doula marche bientôt contre CaU
culta, et emporte celte ville le 20 juin 1756. La ville
fut saccagée, les magasins pillés, et les Anglais se
réfugièrent à grand'peine sur leurs vaisseaux et à
Chandernagor. Cent quarante-six prisonniers furent
renfermés par Suraja dans un cachot si étroit que le
lendemain vingt-trois seulement étaient en vie.. Cet
événement est encore aujourd'hui tristement célèbre
en Angleterre, et on le désigne , d'après le lieu où il
fut accompli, sous le nom de : The Black-Hote at
Calcutta (le trou noir de Calcutta).
A la nouvelle de ce désastre, le vainqueur d'Arkot,
Clive, est envoyé dans le Bengale par le conseil de
Madras, avec toutes les forces disponibles. Appuyé
parl'amiralWatson, le colonel rentre en possession
de Calcutta le 1" janvier 1757. On venait d'apprendre
en Asie le renouvellement des hostilités entre la
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DBS AHGLAIS DANA l/lNDK. 11$
France et rAngieterre, ToccasioD était belle pour le
gouverneur de Chandemagor; en s*uni?sant au sou-
bah du Bengale, il pouvait assurer la victoire à ce
dernier, il préféra conclure avec Clive un traité de
neutralité. Tranquille du cdté des Français, Clive, à
la tète de 2,000 Européens et de &,000 cipayes, vint
attaquer les 60,000 hommes de Souraja, et le défit
complètement le 5 février; le 9, aux termes d'un
traité conclu entre la Compagnie anglaise et le sou«
bah, tous les avantages concédés en 17&0 étaient
confirmés aux Anglais, notamment la cession de
trente-sept villages situés au sud de Calculla,
Dès le milieu du mois de mars, Clive, au mépris
du traité de neutralité conclu avec le gouverneur de
Cbandernagor, et malgré Topposition du soubah,
vint mettre le siège devant le comptoir français.
Le 23, exposée au feu des vaisseaux anglais, qui, pour
la première fois, étaient parvenus à remonter jusque
dans les eaux du fort, la place capitula. Cette attaque
déloyale n'était malheureusement pas la seule du
même genre dont Clive dût se rendre coupable»
Instruit, par Texemple de Dupleix, que le plus sûr
moyen de dominer les Indiens était de leur imposer
des soubahs dévoués aux intérêts européens, Clive
résolut de renverser Allaverdy^Khan^ et de lui substi«
tuer Mir-Jaflier, son beau-frère. Celui-ci, par un
traité secret, s'engageait à abandonner aux Anglais
toutes les possessions françaises dans le Bengale, et
kur cédait de plus tout le territoire compris entre
Calcutta et Calpi. Nous ne parlons pas des nombreux
8
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H& M LA PUtSSANGK UltlTAIRB
fniliio»6 qui devaient être payés à la Compagnie, aul
habitants de Calcutta (comnie indemnité des pertes
épfouvées an mois de juin 1756), et enfin aui pria-
eipaux fonctionnaires de la Compagnie s Clive inau-
gurait le système d'eiac tiens et de rapines, qui, aux
yeux mêmes de ses compatriotes, a si tristement
obscurci sa gloire.
Le 28 juin 4767, fut livrée la fameuse bataille de
Plassey, destinée à mettre Mir-JafBer en possessiott
de sa soubahbie, et non à venger, comme on l^a dit»
le désastre du Blatk-Hole^ déjà expié lé 5 février par
le malheureux SourajaDoula. A la tête de 3,000 hom-
mes. Clive défit les 50,000 cipayes du soubah, dont
la cavalerie, commandée par Mir-Jaffler, déserta dès
te commencement de faction. Le 28 juin, les Anglais
entraient à Mourchidabad , et le 2 juillet Souraja
était massacré dans le palais même habité par Clive.
La bataille de Plassey est le véritable point de
départ de la puissance anglaise dans lo Bengale :
aussi, lorsque plus tard Clive fut élevé à la pairie,
c'est le nom de cette mémorable victoire que la re-
connaissance nationale accola à son titre de eomta.
Le successeur de Souraja, Mir-Jaffler, ne tarda
pas à sentir tout le poids des chaînes doBt il s'était
chargé en acceptant tes services Intéressés des An«
giais. Ruiné par les engagements onéreux qtt*M avait
bontractés, il dut employer jusqu'aux pierreriee de
son trésor pour acquitter les 88 mitlions dont il s'était
reconnu débiteur envers les Anglais» Ses tentatives
^our secouer le joug, sôit en se rapproehani^det Fran»
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DBS ANQLAtS DANS l^tmH.' 115
^is, soit en appelant les Hollandais de Batavia, fu-
rent déjouées par Clive. Un événement inattendu
devait d'ailleurs le mettre complètement à la diseré^
Uon du gouverneur de Calcutta.
Oa a vuque depuis Tavénetnenld- Achmed-Schâh,
ëB;|^7à7) la plupart des provinces de Tempire
n'avaient conservé qu'une obéissance nominale.
Sobâ|i-«KBien, petit-fils de NidEâm-el-Mouleuk» api^ès
s'être fait nommer visir, informé que l'empereur nDé-
litait sa ruine, le déposa, et lui fit crever les yeux.
Un pétit-fils d*Aureng-Zeb, proclamé en 176S sous
le nom d^Atlum'-Ghftir, ne put, malgré Tasslstance
duschàbde Perse Abdallah, résister à Schfthel-Dien,
et fat à son tour réduit à une dure captivité, ainsi
que toute sa famille.
Le fils aîné d'ÂlIum-Ghûir, Bchâh Zadda, parvint
cependant à s'échapper. Muni d'un flrman de son
père, le prince fugitif, après avoir recruté des partie
sans dans le royaume d'Oude et dans la province
d'Atlababad , résolut d'arracher le Bengale à Mir-
Jeffier, et de faire de cette conquête la base de ses
opérations contre l'usurpateur du trône de son père.
Sdi|h-Zadda et ses adhérents allaient emporter Patna
lorsque Clive parut avec les Anglais, et dispersa
l'armée de siège. C'est pour reconnaître ce nouveau^
service que MirJaffier érigea en jagbuir ou fief, en
ikveordu gouverneur anglais, le cens de 750,000 fr.
qo'il s^était conservé, d'après les traité?), sur les dis-*
tricte cédés à la Compagnie au sud de Calèutta.
L'aoceptfition ou plutét Testorsion de ce don foyal'
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116 DB Lii ruISSANCB IIIUT&TRB
fut plus d'une fois reprochée à Clive à son retour en
Angleterre, ce n'était pourtant qu'une bien minime
partie des fabuleuses richesses qu'il rapporta des
Indes.
Clive retourna en Europe au mois de février 1760.
Holwell, l'un des Anglais échappés au Black-Hch,^
Yan-Siltart furent ses successeurs* L'événement le
plus important de leur administration fut la déposi-
tion de Mir-Jaffier, et son remplacement par Mîr*
Cossim. Le premier était totalement ruiné, le second
promettait, au contraire, de nouveaux millions; cette
raison était suffisante pour la Compagnie, la protec-
tion des Anglais était acquise au plus offrant.
Vers la même époque, Allum-Ghûir fut assassiné
dans sa prison, et son fils fugitif, Schfth-Zadda, pro«
clamé par quelques serviteurs sous le nom de Schfth-
Allum IL Désireux de s'attacher d'aussi redoutables
auxiliaires que les Anglais, le nouvel empereur leur
fit offrir, en quelque sorte, la souveraineté de toutes
les provinces du Bengale s'ils voulaient le conduire à
Dehli. Bien que cette proposition n'ait pas été accep*
léeen 1761 , époque de l'avènement de Sch&h-Allum II,
les Anglais en prirent bonne note, et elle devint plus
tard l'origine de l'asservissement définitif des empe-
reurs mogols.
Les années 1761, 1762 et 1763 se passèrent en
discussions stériles entre le gouverneur Van-Sittart
et le conseil de Calcutta. Plusieurs membres avaient
désapprouvé la déposition do Mir- Jaffier, et protesté
contre la iiopfiioation de son soccesseurt Impuissant
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DBS ANGLAIS DANS L'inDB* H?
à rétablir Tordre dans sa soubahbie, aussi bien qu'à
acquitter ses engagements pécuniaires envers les
Anglais, Mir-Cossim en fut réduit à une révolte ou-
verte. Attaqué par Ellis, qui s'était emparé dePatna,
le soubah reprit cette ville, et fit massacrer tous les
Anglais qui s'y trouvaient renfermés. Celle nouvelle
fut le signal de sa déchéance; le 7 juillet 1763, le
conseil de Calcutta proclama de nouveau Hir-JaiTier
légitime soubah du Bengale I Après avoir renversé
rœavre de Clive, violé deux fois les traités , et versé
des torrents de sang, la Compagnie n'avait plus
d'autre ressource que d'en revenir à la combinaison
primitive de ce grand homme.
Par la restauration de Mir-Jaffler, se trouva con-
sommée la troisième révolution du Bengale. Immé-
diatement après la conclusion du traité qui pronon-
çait la déchéance de iMir-Cossim, les Anglais mar-
chèrent contre lui avec l'ancien soubah. Le 19 juillet,
les majors Adams et Carnac battirent un des géné-
raux de Mir-Cossim, et te 2& ils emportèrent d^as-
saut Mourchidabad. Le 2 août, enfin, Cossim fut dé-
fait complètement lui-même à Geriah, et forcé de se
réfugier dans le fort de Monghir. Le 11 octobre
1763, Monghir capitula, et le 6 novembre les Anglais
emportèrent Palna d'assaut.
Mir-Cossim, reconnaissant rimpossibilité de sou-
tenir la lutte plus longtemps, se réfugia auprès du
soubah d'Oude Souja-Dpula, dont le royaume et le
descendant tiennent une si grande place aujoui*d'hui
dans les événements contemporains*
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418 pB ik PUI0SAKGB IHLinifKB
La ftoubahbie (ou le royaume) d'Oucle avait élé
fondée^ en 1711, par Saadet-khan, à Tépoque du
premier démembrement de Teropire mogol« mqs
Scbàb-Allum I*'. Les successeurs de Saadet avaient
, maintenu leur indépendance, et à Tépoque dû leuHs
, possessions commencèrent à attirer Tattention de la
. Compagnie, Souja*Doula, le soubah régnant, jouisBâit
. d*une grande influence personnelle dans lebiut Hii-
, dpustan ;.il y était considéré, k juste litre, comme le
;boi(Ievard de .Pislamisme. L'année préoédento, en
, effet, cin 1763, les Mahrattes a^étant crus asees forts
«pour mettre à eyécuticn tes projets de Sevadji, la
confédération avait r^uni S00,000 hommes pour d^
. (ruire le gouvernement mabométan de Dtebli et ré-
tablir celui des prince hindous. Ainsi que nous Tavons
.iiidiqué sommairement, lorsque nous avons résumé
les événements accomplis dans la présideQoe de Bom-
bay^ les Mahrattes avaient été défaits à Pani|iut,
. cette arène sanglante oh tant de fois déjà avaient été
disputées les destinées de i'Hindoustan. Souja-Doola,
traînant à sa suite les Bohilias et d'autres pulisantes
. tribus, commandait les 150,000 mahométans qui
..sauvèrent. Delhi. Cette victoire Tavait rendu maître
^de Tempire, et c*est auprès de loi que le souverain
légitime, Sch&h-Allum II, chassé par Tusurp^teur
. Scbàb^l-Dien, s*était réfugié.
Souja-Potila consentit à donner son af^i à Mk-
Çossim, comme il l'avait accordé à Schâh^AUuoft^;
mais, après avoir essuyé Une première défaite le ft osai
1764, il fut vainpu de nouveau, daoa une lotte (
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pétée^ \% 15 octobre de la iDâme années par sir Hocr
tor Miinroe» à la bataille de Bouxar, et fut obligé
4*6ntrer en négociations avec les Anglais*
Vers cette époque, Sch&b*Alluin« croyant tout espoir
^rdu par la défaite de Soiqa-Doula, s'était livré vo^
4mitairenient «us Anglais, et avait conclu, au mois
de décembre 176&* un traité p|tr lequel il leur cédait
la province de Benarès« Mir-Jafiier étant mort en
ftvrier i76§, son successeur, craignant d'être dé*-
possédé , s'était empredsé d'accepter , de son côté,
.«ne nouvelle convention, par laquelle il reproduisait,
en les aggravant encore, les stipulations du traité de
l7tS relatives aux provinces de Midnapour, Tcbilta-
Ipsog etSilrdwàn, lesquelles devenaient^ par ce fait|
propriété définitive de la Conopagnie.
Le 20 mai 1765, les Mahrattes, que Souja-Doulf
avait appelés à son «eoours, ayant été complètement
déiails près dé Calpy, le poubab d'Oude vint se livreir
M eoloâel Carnage, décidé à s'en remettre à la clét
iftanoe de ses redoutables adversaires. ^
. . Slir ces entrefaites, un grand changement s'était
MCOispU d|ins l'administration du Bengale. Clive,
rentré en Angleterre depuis 1760, et récemment
Mmipé pfiir d*Irlwde, fut supplié par les directeuni
4e reprendre le commandement de la présidence d|f
GflJotttta.. t.es fautes de ses sucpesseurs^ 1^ réyetan
tiMis contiiMieUes qui agitaient la colonie fivfiâent£aU
MRB^rendre la néeessité d'une main ausai habile qffS,
lerme pour rétablir l'ordrfl di^nfi «e Malheureux PAY^?
9^sç(ii <Hrriv^>(S^lc»t>»i. \%:è.m^iWr Cli^f
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120 ÛB 14 POI^SANOG MlLlTAfllB
put se convaincre que rien ne s'opposait désormais à
l'accomplissement des projets qu'il avait conçus en
1757, relativement à la souveraineté réelle et com-
plète de la Compagnie dan» le Bengale.
Le 12 août, moyennant Téngagemenl d'un tribut
6u pension annuelle de 7,800,000 francs, SchAh-
Allum accorda aux Anglais ladwannic, c'ost^à-dire
ràdministratiôn des revenus dés soubahbies réunies
de Bengale, Bebar et Orissa. Un autre firman du
même jour régularisait la concession à la^ Compagnie
de la propriété absolue de Midnapour, Tchitlagong
et Burdw&n.
" Telle est la base de la puissance des Anglais dans
le Bengale, tels sont les titres sur lesquels reposât
leurs droits à la possession territoriale de cette pro-
vince.
Pour jouir des bénéfices du firman du 13 août, il
était nécessaire de rétablir la paix dans les vastes
territoires acquis à la Compagnie; Clive résplut de
faire du royaume d*Oude, en rendant à Sooja-Doaia
ses États, une barrière infranchissable entre le Ben«
gaie et lés tribus belliqueuses du haut Hindoostan^
Les Gorkhas, les Porbotlis, les Nepaulèses, aujour-
d'hui les alliés les plus fidèles des Anglais, et qui
habitent les montagnes situées au nord du royaume
d*Oude, vivaient, au milieu du xviii* siècle, dans des
habitudes de désordres et de brigandages qui en fai-
saient un sujet d'inquiétudes perpétuelles pour les
provinces environnantes; Le 16 août 1765 fut conclu
le premier des sein traitée qui ont réglé successive-
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DES ANGLAIS DA.\S h'iHM. 121
»enl jusqu^n I8S7, date du dernier, la situation poli*
tiquo du royaume d^Oudevis-à-vis de la Compagnie.
Par le traité de 1765, il était stipulé que, jusqu'au
moment où Scbàh-Allum remonterait sur letrdnede
Dehii, il resterait en possession des provinces d*AI-
lahabad et de KarA comme d'un apanage nécessaire
au sottlien de sa dignité ; en outré, les Anglais de-
vaient rester maîtres de la province de Benarès, dont
ies revenus leur avaient été cédés par un flrman de
l'empereur en 176/1. Telles étaient, avec certaines
conventions relatives au commerce et aux douanes ,
les conditions auxquelles les Anglais consentaient à
rendre à Souja-Doula toutes les places dont ils
s'étaient emparés.
Par ces négociations, qui jouent un rôle si impor-
tant dans l'histoire de l'Inde, Clive avait mis la der-
nière main au plan habile et vaste qu'il avait formé.
On ne saurait admirer assez la conduite politique de
oe grand homme, et l'art avec lequel il sut faire con-
courir ces divers traités au même résultat, soit en
augmentant la puissance de la Compagnie, soit en lui
procurant des alliantes importantes.
Maître, par les firmans de Tempereur, de titres
respectables aux yeux des Bengalis, Clive, en con-
servant toutes les formes extérieures de l'ancien gou-
vernement, évitait de heurter violemment les habi«
tudes des populations, et mettait la responsabilité
an^aise à couvert dans toutes ies tracasseries qu'il
voudrait par la suite, au nom d'un prince indien ^
susetter aux autres nations européennes.
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133 DB LA POIWANCl «ILITAin
La correspondance du ootnte de Plassey avec le»
jdirectears, en môme temps qu'elle cipliqae les mo*
tifs de sa oonduite* justifie, jusqu'à un certain point,
oe système d'annexion qui a soulevé tant de criti-
qoes, et rencontré des adversaires même en Anglo-
terre, malgré les avantages immenses que la Com-^
pàgnie en a retirés. Dès Tannée 1706, l'adoption de
ce système était devenue une nécessité, a Nous n'avions
s d'autre alternative, écrivait Clive le M janvier 1760^
0 que d'avancer, comme nous l'avoiis faiti en nous
» emparant de la totalité du pouvoir, ou de retomber
èdans notre condition primitive de simples mur*
» chands, de licencier nos troupes, et nous en remettre
» à la clémence des princes, qui ne nous auraient pas
is facilement pardonné la supériorité que nous avions
^ si longtemps affectée. Cette dernière mesore était
é en elle-même impraticable. Noos devons avoderi
■w bien à regret, que Tincenduite des individus a rendit
»le nom anglais tellement odieux que nous ne se*
• riCM plus en sûreté si nos mains n'étaient armées
É pour la défense de notre vie et dé nos propriétés, s
Il n'entre pas dans notre cadre de retracer kà ief
féslstaiicos que je comte de Plassey rencontra tors-
qu'il voulut s'attaquer aux graves abus introduite |m»
tes employés de la Compagnie; mentionnons seule*^
ment, pour en donner une idée» que œs résîstaaeei
allèrent jusqu'à une rébellion armée, que Clive m
parvint à étouftr que par un prodige da fermetés
Ëo ce qui touche aux développements de. la puissance
anglaise dans ta préeidsiioe de Galootta^ il iknui aiife
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P«8 ANGLAIS DANS VWDUk i9f*3
iv% àia dire qu*à partir cle 1765 U Obmpagnie régna
•0 maîtresse absolue dans le Bengale» et en véritable
propriétaire du sol. Les événements qui s*aoaoaiplî-
rent pendant les vin^-oinq dernières années du
xvui* aièole n'ajoutèrent, en quelqMe sorte* que l^a
ooDsécration que donne la possession, prolongée au
magnifique empire que Clive avait fondé. Nous allons
les résumer en quelques lignes.
Lord Clive quitta pour la seconde fois les Ind*s
m 1767t ôt fut remplacé parYerelts, auquel Cartier
sttwéda en 1770* Sous ces deux administrateurs^ les
abus que le comte de Plassey avait oombaltus repa-
rurent plus «nraoinés que jamais, lA désordre ne iit
qui erottre, et il en résulta bientôt une prise finao-
mère asses forte pour mônaocr Texistenee môme de
laGompagfrfe* L'exposé de cette situation, qui motiva
la réforme de Idrd Nortfa, trouvera sa place dans le
obapitre oonsaoré à Thistoire deH modifications subies
.par la constitution administrative et politique de
l'honorable Compagnie* Constatons seulementi dès à
présent, qu'au moment où Warren^-Hastings vitt
prandr^ les rênes du gouvernement» les finances
étaient tombées dads un état déplorable^ et que 1 im-
périiie de ses prédéoesseurs avait ébranlé jusque
. dans ses fondements le mi^nifique édifice élevé p^v
> comte de Plasseyé
^ L'ÂngJetwre doit à Wafren-Hastiogs la opnsarvu*
.Uon de ses possession^ asiatiques* L'esprit d'Organi-
sation était le trait l&plus saillant du nsérite p|[»Iitique
de^^ cet tomeno d'état; peu soiiipaleiix.dana Id ohoîx
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1% m LA PU18SAKGB MILITAIRB
des moyens, iiiUulgent pour les abus dont il pouvait
tirer quelque avantage, Hastings poursuivit sans pitié
ni rel&che ceux qui lui paraissaient menaçants pour
les intérêts de la Compagnie. Dans Tétat actuel du
Bengale, sa nomination à la présidence de Calcutta
était le choix le plus heureux quMI fût possible de
faire.
Sous Tadministration d'Hastings, en 1771, Schfth-
Allum, désespérant du secours dés Anglais pour son
rétablissement sur le trône de Dehii, se décida à re-
courir aux Mahrattes, qui, en moins de deux mois,
Teurent ramené dans la capitale de ses ancêtres. Celte
satisfaction puérile lui coûta d'abord la pension de
7 millions, que la Compagnie s'était engagée à lui
payer parles traités de 1765; de plus, Sch&h-Allum,
pour reconnaître Tassistance des Mahrattes, leur
ayant donné les deux provinces d^Allahabad et de
Karà, qui constituaient son ancien apanage, les An-
glais s'en emparèrent aussitôt, prétendant cette con-
cession extorquée, puis ils les cédèrent kSouja-Doula,
roi d'Oude, moyennant 15 millions.
Warren-Hastings sentait le besoin de faire entrer
dans les coifres de la Compagnie l'argent dont elle
avait si grand besoin au milieu de ses emt>arras finan-
ciers; il combattit victorieusement les scrupules du
conseil suprême, qui manifestait la crainte de voir
Schâh'Allum retirer les firmans de 1765 : « Qu'ioK
» porte, s'écria le gouverneur, les firmans de Tempe-
» reurl Ce ne sont pas eux qui ont fait échouer les
» projets qu'a, si longtemps nourris je duc de Cboi-
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DBS ANGLAIS DANS L*JNDR« 125
V seul , ce ne sont pas eux qui bêleront les desseins
»des Mahrattes contre nous. Il faut que l'ipée qui
» nota a donné le Bengale soit l'instrument de sa con^
» servatim^ et si jamais cet empire nous échappe^ le
9 nouveau propriétaire tiendra ses droits au même
» titre. »
Hastings continuait la politique de Clive, ainsi
qu*on en peut juger par cette déclaration ; à défaut
de réquilé, elle avait le mérite de la franchise, et, M
faut le reconnaître, celui d'être parfaitement con«
forme aux intérêts de la Compagnie. A l'exemple du
comle de Plassey, et pour les motifs que nous avons
indiqués plus haut, Hastings résolut de fortifler la
puissance du roi d'Oude, et les troupes de la Com-
pagnie aidèrent Souja-Doula à réduire les Rohillaa
qui s'élaicnt établis & Bareilly, à Test de Dehli. Les
sommes que versa le roi d'Oude pour prix de cet
appui, et dont Hastings poursuivit avec rigueur le
recouvrement^ étaient destinées à sauver la Compa-
gnie de la banqueroute imminente contre laquelle
elle luttait en Europe. Plus d'une fois, depuis cette
époque^ les trésors des souverains d^Oude sont venus
au secours des Anglais dans l'Inde. Lord Dalhousie,
qui de nos jours a poussé si loin le système d'an-
nexion, déclarait, dans un rapport célèbre adressé
au gouvernement anglais le 18 juin 1855, que sans
l'argent des rois d'Oude l'Angleterre n'aurait pu sou-
tenir les grandes guerres qu'elle a eues avec Tippoo*
Salb, les Mahrattes, les Nepaulèses et les Aflgbans.
En présence d*un pareil témoignage, il est permis
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iM BB L\ PUISSàNGB HlLlTAtâB
de se demander» en admettant même lu violation dd
traité de 1897 par la famille régnante, récemment
dépossédée, si le prince Wajid-Atlie-Schftb, aelueM
lement interné à Caleutta, ne mérite pas, sinon rinté^*
rêt, du moins rindulgenee du gouvernement anglais f
Souja-Doula mourut en 177/i, et fut remplacé par
•on fils Asaf-el-Doula, qui renouvela le 20 mai 4l75
le traité oonoiu dix ans auparavant eotre spn^père el
la Gompagnie. Gette nouvelle transaction « plutèfe
financière que politique, renfermait tous les termes
ë*une alliance offensive et défensive entre les parties
contractantes, mais elle marquait en même temps la
première étape sur cette voie de concessions el
d'amoindrissements successifs par lesquels le royaume
d-Oude est passé pour arriver à Fétat oh nous Itf
voyons aujourd'hui.
Les dernières années du xviii' siècle furent venH
plies par la première guerre contre Tippoo^alb,
qui avait remplacé Halder-Aly sur le trône de Mysore,
et par radminisiration réparatrice de lord Cornwallis,:
Héritier des projets de son père» l'adversaire Iw
plus redoutable que les Anglais aient rencontré dan»
las Indes , et le seul homme de génie qu'ait produit
la nation hindoue depuis un siècle , Tippqo«8aIb avait
éompris que l'assistance des Français pouvait aettlei
lui. peraaettre de lul;^^ contre les Anglais, fin vais
e'Bdressa^t-il au rot Louis XVI en 1787, en vâm se^
ambassadeurs cherchteent<-ils à faire adopter sbb prn^
jets au gouverneur de l'Ue de France; toutes ses né^.
gofiîalipBB furent infructueuses. Après av«r dépensé
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»fi8 AtiaiAM DANS Cmou. 137
s(» trésors et ses ressources inilitàîres & soutenir les
Américains, qui devaient lui garder une si tiède re-^
connaissaDce pour leur indépendance oOnquise » ia
France» dans les angoisses de sa révolution, ne pou-
vait plus touFn^r les yeu vers ces cmitrétti loint%îpw.
sue ses rois lui avaient laissé arrachçr« Plus tard i;
Iprsqu^ l'immortel génie qui devait relever et porter:
si haut son drapeau voulut venir en aide au souv^ri^in:
t)e Mysore, réebee de la marine française à ibpukir.
I« mit d^ns la nécesiiilé de renoncer h se9 projets sur
Hnde.
I^ivré à ses seules forées, Tippoo-Salb devait suc^
cprnberi toutefois, les premières opérations de Corn*
walli^ furent loin d'âtre brillantes, et, sans Tarrivée
opportune ^es secours mahrattes, son armée eût vu sC;
renouveler au cœur du Uysore le désastre du colonel
Baillie. Au commencement de Tannée 1792, une se-
conée expédition, mieux organisée et mieux conduite,
eut pour résultat d'obliger le sultan à signer, dans sa^
«ipita^e, un traité qui le dépouillait de la moitié de
aon empirer. 11 était réservé aux deux WçUesley de
consommer si^ ruiné.
^ L'a4nainistration du comte de Mornin^ton et les
campagnes de son frère sir Arthur Wellesley (lord;
WeiUn^n) ouvrent une période nouvelle dans Tbis-
ti^e de r Inde. anglaise. Nous leur oonsc^orerons m.
dbs|)itre spécial, ^vec leqiiel commencera le ré<âtdee
^v^einents du xix« siècle. Avant declorf le ri(pîd^
résumé que iious Y^u>n^de donner, pour chaque pr^
8Î!^QRçei;des faits accoiopli^ pesdapt le xmii% ilg'^
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128 DE LA PUtSSANGB UILÎTAUS
pas sans intérêt d^esquisser le tableau d*ensemble
que présente Tempire anglo-indien.
Mal servie par son gouvernement» la France, à
l'exception de Dupieix, n*a envoyé pour diriger ses
affaires asiatiques que des hommes inférieurs à leur
haute mission. Aidée par le hasard, TAngleterre a
rencontré à point nommé, pour soutenir sa cause, des
hommes d'une haute valeur administrative et guer«
rière, et dont les vices mêmes devinrent des causes
,de succès. Clive représente la conquête par l'épée et
la force ; Hastings, la conquête e( le désarmement par
la politique et les traités; Cornwallis, la conservation
et Tamélioration par le progrès. Après le règne de
la force et celui de la ruse, lord Cornwallis, habile
et intègre administrateur, devait inaugurer le règne
de Tordre. C'est à lui qu*appartient la réorganisation
de ta richesse anglaise.
Au commencement du xix« siècle, maîtres du Ben«
gale, du Behar et d'Orissa, cédés par les firmans de
1765, les Anglais possèdent encore les trois provinces
de Burdwàn, Midnapour et Tchittagong. Le traité de
1775 avec Asaf*el-Doula leur a donné la province de
Benarès , et ^assujettissement du royaume d'Oude à
un énorme tribut.
Dans le Coromandel, ils sont maîtres, par les traU
tés de 1766 et 1768, des quatre circars de Badjah*
Mandri, Mazulipatam, Yizagapatam et Cicacolie*
Celui de Gantour leur appartiendra bientôt. Aux
termes de la convention de 1784, ils régnent sur le
KuTDatic, et le Tandjaore est conquis. Le traité de
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BBS ANGLAIS DANS l'iNI». 129
1793 les a mis en possession de la moitié des États
de Tippoo-Salb. On peut donc les considérer comme
maîtres absolus des côtes, depuis le Gange jusqu^au
cap Comorin, et la presqu'île tout entière subit leur
influence.
Sur la côte occidentale, ils dominent à Surate, dans
le golfe deCambay et la presqu'île de Guzerate; mais
leurs possessions territoriales se bornent aux lies de
Bombay, Salselle, Elephantaet Rarandja, au district
de Gheriah, et & quelques forts cédés par les Mah*
rattes»
A la fin du xtiii* siècle, la puissance anglaise sur
la côte occidentale est donc plus restreinte , comme
on le voit, que dans les autres parties de Tempire
indien. Avant peu, la présidence de Bombay aura la
même importance que celles de Madras et de GaU
cutta. Tippoo-Salb, Holkar, le nizzam et le radjah
de Berar vont supporter à leur tour tout Teffort de la
conquête; en moins d'un quart de siècle, leurs dé*
pouilles auront servi & rétablir l'équilibre entre les
trois présidences , et à cimenter Thomogénéité de
Tempire anglo-indien.
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CHAPiTHÈ nu
Guerre contre Tippoo-Sp^ib : Arrivée du comte dé
Mornin^oii comme gouverneur générai des Indes anglaises. —
Sbik frère sir Arthur Wellesiey. — Llcencieùenl dés th)upëé
Mftçaiseé du HizAln. - Inva^iôt) dtt Mysore. — Gbmblt de Se-^
leaber. — Bataille de Malàvelly. — Siège et ^rise de Sèringàpa^
tain» ^ Mort de Tippoo-Saîb. — Sir Arthur Weliesley est nomm^
gouverneur du Mysore. -^ Son administration. — Ses oplniofts
iu sujet de l'organisation et dé là répartition dèè irouf^eà. -^
fepédittoh contre Hoondlah^Wàugb et le» aventuriers de Tindt
centrale.
Les éYéoements aceom^^lië pendant les dernière
ADB<66 dtt xTUi* ttèele avaient rendu impossible^ dans
rinde« la continuation de la lutte entre la Fran6e M
ràngleterre* Gr&ce aux fautes de ses gouvernants^
Ul première de 6es deux puissances devait renoncer
à toute vue politique^ et se borner désormais au eomt
meree efaéllf et précaire dans lequel elle s'est renfer*
aée jusqu'à nos jOUrsi L'Angleterre, au contraire^
fltmitresse de vastes territoires^ affranchie de toiite
cbnourreneei dtommen^t déjà à recueillir les avàn«>
tages d'un système de conquête habilement déguisé
SM8 les noms d'alliance et de protection. Peu d'ef*
forts M restaient à faire pour abattre ses derniers
«meotts, et la fortune, qui lui avait toujours été si
favorable, lui réservait à point nommé, pour eouron-
oer 0t tonsolider l'éfifiee élevé par Clive^ Hastings
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132 DK LA POISSANCB UILITAIBE
et Cornwallis, l'alliance intime du génie politique et
des talents militaires des deux hommes les plus illus-
tres qui aient marqué dans les Indes.
Un écrivain belge, M. Brialmont, dans son Histoire
de Wellington^ a traité avec un rare talent la période
historique qui correspond au passage des deux Wel«*
lesley en Asie. Si^ dans Tensemble de cet ouvrage,
Fauteur, malgré Tabsence de toute préoccupation
nationale, ne déguise pas toujours suffisamment des
sympathies dont le bénéfice est le plus souvent ac-
cordé à nos anciens rivaux , on ne peut méconnaître
cependant Timpartialité toute magistrale dont il fait
preuve dans ses jugements. Quant à la profondeur
de ses vues, quant au caractère presque prophétique
de ses appréciations, les événements contemporains,
rapprochés des nombreuses citations empruntées à
M. Brialmont, établiront, sous ce rapport, de la façon
ta plus saisissante, le mérite exceptionnel de son
œuvre. Le portrait du comte de Mornington, et le
rapide exposé des nécessités auxquelles doit obéir la
politique anglaise dans les Indes, nous fournissent»
dès le début, un spécimen précieux de la manière
générale adoptée par Tautéur qui va nous servir de
guide dans le récit des premiers événements du
xix®«iècle.
« ... Doué d'une activité prodigieuse, d*une éner-
» gie sans pareille, d^une grande force de caractère,
» et d'une promptitude de résolution en rapport avec
» rétendue de ses connaissances, lecomtedeMorningr
n ton, suivant M* Brialmont^ semblait formé par la
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DES ANGLAIS DANS L'iNDB. tftS
» nature pour ia direction des affaires orientales»
» L*expérience a montré qu'en Europe il n'était pas
9 supérieur aux autres hommes d'État de son pays ;
a mais, dans THindoustan, il les a tous éclipsés par
9 la vigueur, l'élévation et le succès de sa politique.
» 11 avait plus d'intelligence et plus de probité que
9 lord Clive, plus de tact et de loyauté que Warren-
» Haslings, plus d'énergie et de résolution que Corn-
» wallis. Sa présence, pendant plusieurs années, dans
9 la chambre de contr(Ue (1), sous l'habile direction de
» lord Mciville, lui avait donné une connaissance si
» parfaite des intérêts de la colonie qu'à son entrée
» dans la carrière il se trouva tout préparé au r6le
A qu'il devait jouer. Ses premiers jugements sur l'état
» des possessions anglaises en offrent la preuve. Il vit
» immédiatement que le pouvoir de la mère patrie
x> dans rinde était entièrement fondé sur l'opinion
9 qu'en avaient les indigènes; que 20 ou 30,000 Eu-
u ropéens, dispersés au milieu de 100 millions d'Asia-
» tiques, ne pouvaient se maintenir qu'en fascinant
» les esprits; que ce pouvoir moral devait être sou-
9 tenu par une grande loyauté et une extrême vigueur,
(4) I^ chambre de coDlrôle avait été instituée en i78A sous le
mioislère de Pitt, qui venait de remplacer celui de Foi* Au cha-
pitre relatif à Thisloire administrative de ia Compagnie des Indes
anglaises, nous reviendrons sur le bill d'organisation de la chambre
de contrôle, quia fait époque en Angleterre. G*est par ce bill que
Texistence politique dont la Compa^^nie défend aujourd'hui les
derniers restes a reçn ses premières atteintes.
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M et que, dè^ lor$^ le parti k plm sage êerail pr^qv^
» toujours le plus audacieux, »
Nous résumerons dans leur ensemble, et ^am ^19-
tinclion çle Ibé&tre désoripais, M événements et les
guerres de Tlnde pendant le xix^ siècle* 4 Partir de
i77â, la nomination d'un gouverneur général delà
colonie, et la création d'un conseil suprême à Cal-
cutta, avaient imprimé à la direction des opérsitiops
un caractère d'unité dont Tindépendance relative de
chaque présidence et le défaut d^ centr^iss^Uen fai-
saient sentir h besoin, ^institution de la, cbamtHP«de
eontrôle, en complétant oe système, en soumettant à
une impulsion commune les différente^ présideaees,
cesse de rendre nécessaire Tbistoire distincte que
nous avons dft faire jusqu'ici de chacune en purti-
eulier.
Au moment oii le comte de {dornington priL les
rênes du gouvernement de9 Indes angli^pes, les
fleances et T^rmée se trouvaient dans une situation
fâcheuse, et, parmi les souverains indigènes boetiles à
TAngleterre, le euitan de Mysore tenait le premier
rang. « Aussi longtemps que le pouvoir de Tippoo-
» Salb existera, écrivait sir John Munro au comte de
» Mornington le 7 juin i798, nous serons pcrpéti^el-
19 lement eu dêuger d? p«rdr9 oe qu9 p^qs ^\(m (m-
» quia; » cet avis ne devait pas être perdu, et toute
Tactivité du conseil suprême devait être employée à
changer cettç situation.
Le premier amn du BMiimui gimvefoaiur aat |»iir
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DES ANGLAIS DANS L*JNp% 1^
olyjet d*assarer à |a Compagnie, sinon ra|Hançe, du
moins 1^ neutralité des prjnces indiens, dont le con-
cours avait aidé^ pendant lea guerres précédentes, (a
résistance des sultans de Mysore. Parmi ces souve-
rains, le Niszam inspirait des craintes particulières,
tant à cause de la situation de ses États, qui le ren-
dait limitrophe de Tippoo^Salb* qu'à cause des forcQ^
auxiliaires françaises dont il pouvait disposer. Cq?
troupes avaient été formées par Raymond, officier
français de Tarmée de Bussy, 4 Tépoque où nous
sommes arrivés, ce Raymond était mort. Son i^rmée
se composait d'un grand nombre d'aventuriers euro-
péens commandés par 12& républicain^ frftnçais.
Quelques auteurs évaluent la force de cette armée ^
2O,OO0 hommes, suivant d'autres elle ne dépassait
pas le chiffre de 11,000. En vertu d'un traité cooclii
avec le Nizzam, et grâce & la promesse du partage
des dépouiller du sultan de Mysore, le soubah con-
sentit à licencier ses troupes françaises, et à recevoir
en échange un corps de Q,000 Anglais. Le 10 octobre
1798, )e cqloDel Kirkpatrik, k la tôte (jes forces ren-
ie npse la Compagnie et du soubah, procédait w
licenciement d^ corps français aous les piurs d'^yds-
rabad.
Héritier des projets et des Éte^ts 4p Haider-AIy,
Tippoo-Saîb avait compris, commç son père, que le
seul moyen d'échapper an joug de l'Angleterre était
dans son alliç^nce avec la Frs^nce. Il s'était appliqué
avec uq 90Ù1 tout p{irt[jc.ulier à l'organisation de ses
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Ift6 DE LA PUISSANGB MILITAIBB
troupes, et avait appelé dans ses États tous les offi-
ciers européens que la politique jalouse de la Com-
pagnie anglaise avait fait renvoyer par les princes
soumis à son influence. L'armée de Tippoo-Salb, la
plus forte et la mieux disciplinée de toutes celles
qui avaient paru jusque-là en Orient, s*élevait à
76,000 hommes, dont 6,000 de cavalerie et 30,000 d'in-
fanterie, organisés à Peuropéenne.
La faute que commit le Directoire en négligeant
de se rendre la Porte favorable, et en provoquant
une lutte terrible sur le continent européen par Tin-
vasion simultanée de la Suisse, du Piémont, de Rome
et de la Toscane, fit échouer le plan grandiose que
Napoléon avait conçu pour aider Tippoo-Salb. Quel-
ques mois plus tard, le désastre d^Âboukir obligeait
la France à ajourner tout projet sur Tlnde, et deve-
nait un obstacle insurmontable à Tenvoi du eorps
d* armée sollicité par le général Du Bue, envoyé de
Tippoo-Saïb près du Directoire.
Malgré ces circonstances favorables, le temps pres-
sait pour la Compagnie anglaise ; le Peischawa et
Scindiah refusaient de se déclarer ouvertement, et
rindécision de ces chefs mahrattes, tout aussi bien
que la présence sur le trône de Mysore d*un ennemi
acharné de TAngleterre, constituait un danger per-
manent pour la Compagnie. Le comte de Mornington
résolut de brusquer les événements.
Aidé des conseils et de Pactivité de son frère, le
gouverneur général parvint à réunir 30,000 hommes,
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DES ANGLAIS DANS L'iNDK. 137
SOUS les ordres du général Harris, dans la présidence
de Madras, et 6,000, dans celle de Bombay, sous le
commandement du général Stuart.
Seringapatam fut choisi par le commandant des
forces anglaises comme le point objectif de la cam-
pagne qui allait s'ouvrir. Le 11 février 1799, Tarmée
du Karnatic* réunie au camp de Wallajahbad, arri-
vait à Yellore, et sept jours plus tard elle était re-
jointe à Killamungalum par le contingent du Nizâm,
dont le commandement était confié à sir Arthur Wel«
lesley. Le 21 février, Tarmée de Bombay avait ordre
de quitter ses cantonnements de Cannanore pour ga-
gner Sedeaser, position qui commande tout le Mysore,
et de là rallier lé général Harris sous les murs de
Seringapatam. '
Nous passerons rapidement sur les divers épisodes
de la campagne du Mysore, malgré tout Piiitérét que
présente cette lutte suprême entre 1* Angleterre et le
dernier défenseur sérieux de la nationalité indienne.
Quoique fort courte, la guerre contre Tippoo-Salb a
donné lieu à de nombreux écrits, dont nous avons
indiqué les auteurs, et auxquels nous nous bornerons
à emprunter les dates les plus importantes.
Le 6 mars 1798, Tippoo-Salb, dans le but d*em«
pécher la concentration des deux corps d*armée qui
le menacent, se porte & Sedeaser, et attaque le gé-
nérai Stuart. Après un combat qui ne dure pas moins
de cinq heures, il est forcé de battre en retraite de«
vaut les troupes de Bonobay, et rentre dans son camp
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i&8 OB 1.4 PUI8SAIVCB HIUTAIRB
de Periapatniui), sotis les murs de ^ capiUle« i^pur^
avoir p^rdu plus de 1,500 bçmnie^. h^H février, U
lève son camp, et marche contre Tarmée du général
Barris, qu'i) sç contente d'inquiéter par ses liraillears
jusqu'au 27, et ^ laquelle il se décide à livrer batailje
près de Mallavelly, à 10 lieues environ dç Serin^ia-
patam.
Tippoo-Salb donna à la bataille de ^allavelly dçs
preuves d'une intelligence militaire que le sqcc^ Qe
devait paa récompenser. Profitant de la lenteur avqc
Uquelle l'arwée {tnglaise prenait son ordre de batailtif,
^ cau^e de Tépuisenrient des bœufs qui tratnaiept sQp
artillerie, le sgltan lança simultanément son infante-
rie contre la gaMcbe da^ Anglais, commandé^ par fur
Wellesley, et sa cavalerie contre leur droite, dont le
général Qarris ^'était réservé la direction* Le grand
intervalle qui séparait les divisions des troupes de la
Compagnie aurait pu causer leur défaite, si Wellesley
n'y avait remédié par une habilci manœuvre en éche-
lons, que le général Floyd, commaudapt du centre de
la ligne, vint appuyer fort à propos avec toute h P^
v^erie.
L'armée mysprienne dut sf replier sur 3er|pgapf-
tam, s^prè^ fiyoir laissé ^^ÛQO fnof ta 91) blgsa^ ?|ir le
cbamp de bataille, (.es perte§ de? Anglais ne a'él9-
virent qu'à 300 hommes*
La capitale de Tippoo-Salb renfermait up9 garpi-
sqn de 2^,000 homn^as d*élite^ ^t n'avait pas moiqs
de ^Q pi^Q99 d'artillerie sur ^ remparta. Dç §on
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PÇS 4NGUI9 0A»3 L*INP]S. iSO
çHljè^ «|rrivi§ sous les murs de Seringapatam Iç 5 avrili
9t rejoint le i4 P^^ ^^ troupes de Bombay, le géné-
pi Qarris se pouvait h la tête de 35,000 hommes^ gt
pouvait mettre 100 pièces en batterie.
Malgré les difficultés du siège, que la saison des
plçiiesmenj^içaitde rendre insurmontables, les Anglais
parvinrent k embrasser dans leurs attaques Tun des
sivillant^ d^ h place, que l'abaissement des eaux de
la Cavery ne protégeait plus suffisamment. Le 6 avril»
les ouvrages extérieurs, établis sur une longueur de
1600 mètres environ, étaient enlevés par sir Welles<
)ey, assisté des colonels Shawet Wallace, et le 12 les
premières |)atteries ouvraient leur feu.
Le wUao résistait vigoureusement, $t ne cédait te
terraip que pied h pied- Le 5 avril, la yeiUe de l*en-
lèvemcQt de ses portes retranchés, il avait f^pousçé
vÎQtQrieuseqpejot upe attaque dirigée contre le fiiu-
beurg de la ville, st depuis ce morqeot il n'avait cçssé
d'inquiéter le^ travaux de l'assiégeant par des Sorties
multipliées. Malheureusement tout cpqcourait j^ h^ter
le terme de cette héroïque défense ; dàe le 30 avril,
la )>rècbe était praticable, et, )e 2 mai} rexplosion
â*w vaste magasin k poudre ayant causé de notables
iwsioagee dans lap)ap«, le géq^ral Ifarrieréaolutde
draper Tas^ut,
Le général Baird fqt émargé 4^ U P9ndi}ite do»
eokHUMs d'attaque. Malgré l'énergique ré^i^tmoe
des assiégés , résistance telle, que Baird , arrêté par
un fossé dont on n$ ^pvvçpnp^^ pas rexislence, fut
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l&O DB LA POISSANGB UILITAIRB
sur le point d'ordonner la retraite, la place fut em-
portée au moment oii le général Harris allait être
obligé de lever le siège, faute de vivres et de muni-
tions.
« Tippoo-Saïb était mort dignement, les armes à
x> la main, au milieu de ses soldats et sur le seuil de
9 son palais (1). On raconte que, descendu dans le
» fossé pendant Tassaut, il combattit avec une rage
» telle qu'une de ses anciennes blessures à la jambe
» se rouvrit, et que, ne pouvant plus se soutenir, il
» avait demandé un cheval pour continuer la lutte.
» Ce fut seulement quand la plupart des siens eurent
» péri ou battu en retraite qu'il songea à rentrer dans
» la place. Mais entre la première et la seconde en-
» ceinte une balle l'atteignit au cdté droit. Pris dans
» la cohue, qu'il cherche & percer, et que le feu du
p dedans refoule sur le feu du dehors, Tippoo reçoit
s> une seconde blessure ; son cheval, atteint en même
x> temps, se cabre et se renverse sur IuL
» Relevé par quelques serviteurs fidèles, qui le pla-
9 cent sur un palanquin, il est renversé de nouveau
» par les ondulations de la foule , et celte fois demeure
9 SOUS les pieds des vivants et les cadavres dos morts,
tt Ce fut là que deux soldats anglais l'aperçurent
» Tenté par la richesse de son baudrier, l'un d'eux
i» veut s'emparer de ce butin; le mourant fait un der-
» nier effort, se relève à demi, et porte au soldat un
(i) Brialmont, Hittoitêde WellingUm.
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DES ANGLAIS DANS L*INDB, i&l
A coup de sabre qui le blesse au geuou ; Tagresseur»
9 furieux, appuie son mousquet sur la tempe du suU
» tan, et lui fait sauter la cervelle. »
Avec Tippoo-Salb était tombé le rival le plus à
craindre et Tennemi le plus acharné de la domination
anglaise dans les Indes.
Sir Arthur Weilesley, nommé gouverneur de la
nouvelle conquête, fit enterrer Tippoo-Salb à côté de
son père, Baider-Aly, avec les honneurs dus à un
souverain et à un brave soldat. L* Angleterre assura
un sort magnifique aux membres de sa famille, puis
elle rétablit sur le trône de Mysore Théritier des rad-
jabs dépossédés par Haider-Aly.
Le récit des actes de sir Wellesley dans le Mysore
ne saurait trouver place dans noire c^dre; toutefois,
si nous ne pouvons entrer dans les détails de son ad-
ministration remarquable, il est un point sur lequel
il nous semble d*autant plus utile d'insister que la
mise en oubli des principes et des opinions militaires
professés par Tillustre général n'est pas étrangère,
suivant nous, aux désastres éprouvés par Tarmée an*
glaise dans r insurrection actuelle. Nous aurons ocoa*
sion de revenir sur cette question lorsque nous nous
occuperons des réformes que semble réclamer l'or-
ganisation de la puissance militaire des Anglais dans
rinde; mais nous pouvons remarquer, dès à présent,
que le duc de Wellington était complètement opposé
à ce système de dissémination des troupes dans cette
multitude de petites garnisons, où elles se sont trou*
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ihi DU Ik PÛiftSiNCB MILITAIAÉ
vées bloquées^ et dans rimpossibilité de fieh entre-
prendre âH début de rînsurrection des dpayés.
«Il est imposèible, écrivait str Wellesley à \btà
h Clivé, gouverneur de Madras, d^bbténir des ^ésul-
À t&tô avec 16 système de faibles gatnisâns épars^,
» d'après lequel nous avons procédé jUsqU^à présent ;
» ce système doit être changé. Ni le nouveau lerri-
» toire, m l'ângibn^ de peuvent être tenuâ en fe&pédt
» paf des troupes dispersées daâs dès forts qù^elles né
» Sauraient abandonner sans danger. Le système qUé
%je recommanderais consisterait à ne mettre de garnie
» sons que dans tes poites qui nous soht indispensables ^
»età garder toujours en campagne deua) ou trois régi*^
h ments européeni^ toute la cavalerie^ et un eorpi (f'm*
h fanterie indigène aussi considérable que possible. »
Sir Arthur Wellesley, eb cherchant à faire ptéirt*
loir cette opinlbn, tnontrait, il V a un demi-siècié;
qu'il avait des idées plus justes sur l'occupation ml-*
lilaire deâ Indes que n'en eurent ta plupart des clieft
qui le précédèrent, et, il faut le dire aussi, que ta plu-
part des chefs qui Tônt suivi. Eh présemîe dés tristes
irésultàts déterminés par ce fatal système dé disMmi*
nation des troupes, on peut espérer que cette haut6
leçon, perdue pour lé passé, ne le âera psi dû tneins
pour l*avenir.
Nous mentionnerons seulement pour ioétùbité les
canbpagnes que motivèrent les incursions des Mâh-
rattes sous la conduite d'Hoondiah-Wâugh, le pre-
mier de ces aventuriers contre lesquels la Compagnie
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB, l&S
anglaise eut à lutter jusqu'à Tépoque de Tasservis-
sement complet de la confédération mabralte, en 1818.
Sir Wellesley conduisit à bonne fin cette preoaière
guerre, et donna à plusieurs reprises, pendant sa
durée, des exemples d'une mobilité, d'une rapidité
dans les marches, que les généraux de Tbonorable
Compagnie sont loin d'avoir imités depuis.
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CHAPITRE VIIL
Sommaire : Guerre des Mahrattes. — Holkar. — Scindiah. — Le
Radjah de Berar. — Le Peischwah de Poonah. — Le général
PerroD. — Traité de Bassein et plao de campagne. — Bataillff
de LaswarL — Rétablissement du Peischwah. -— Prise d*Ah*
mednuggur. — Bataille d'Assyc. — Siège de Bourhampoor et
d*Â8sirghur. — Opinion de Wellesley au sujet du licenciement
des troupes indigènes. — Bataille d'Argaum. — Prise de Gawil-
ghur. — Traités de paix. — Lord Gornwallis remplace le comté
de Mornington. — Résultats obtenus par les deux Wellesley,
— Guerre des Pindarrles (1818). — AwMxi(m des États du
Peischwah. — Administration des lords Hastlngs, Moira et
Bentinck. — Guerre des Birmans. — Cession de Rangouh et de
Tenasserim.
Nous avons exposé, dans le chapitre consacré à
rhistorique de la présidence de Bombay, les modifi-
cations profondes introduites dans Teropire mahratte
par Tusurpation de Badji-Rao. En même temps que
ce visir ou peischwah reléguait dans le fort de Satta*
rah le successeur de Sahodji et s'établissait & Poonah,
une foule de généraux de la classe des Bfahmes ou
des Radjpoots suivaient oet exemple et se déclaraient
indépendants dans les gouvernements qui leur avaient
été confiés.
Au moment de la guerre du Mysore, trois noms
surnageaient dans le chaos confus de celte oligarchie
militaire : la famille des Bouncelao, représentée par
le radjah de Berar, commandait sur tout le territoire
situé entre la côte du Bengale et les Etats du Nizain,
10
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1&6 DE LA Pl}ISSA^'GE UILITAIRB
Sa capitale était Nagpoor, et le chef de cet État pou-
vait mettre sur pied 30,000 hommes, dont les deux
tiers de cavalerie; Dowlut-Rao o» Scindiah, neveu
du célèbre Mabadji-Scindiah, que TAngleterre avait
reconnu prince indépendant en 1785, avait établi lé
siège de son pouvoir h Ougpin, dans la province de
Matwàh. Dowlul-Rao ou Scindiah, outre 30» ani>ée
Indigène,^ qui représentait 18 à 90,000 hommes d'ex-
cellente cavalerie, avait à son service une autre armée
semi-européenne qui avait été organisée par le gé-
néral de Boigne et dont le commandement était passé
depuis à Perron, aventurier français échappé à Tes*
cadre de Suffren. Ce Perron, quoique au service de
Scindiah, jouissait d'une sorte de pouvoir indépen-
dant : il avait obtenu pour Tentretien de ses troupes,
dont le éhilTre dépassait 90,000 hommes, ta conces-
sion d*un vaste territoire s'étendant de la Djumna à
V Indus, et comprenant Agra, Dehii et une grande
'partie du Doab. Le malheureux Schah*Alum^ dont
Scindiah était le sujet de nom et le maître de fait, le
trouvait entièrement sous la dépendance du général
Perron. Aussi, la Compagnie poutait^elle craindre
que ce dernier ne se servît de son autorité pour obli-
ger le Grand- Mogol à transmettre à lia France les
droits de la maison de Timour sur la pretqu'tle de
Tlnde. Cette eonsldération devait déterminer le èr)n-
seil suprême i tout meUfe en œuvre pour changer
une pareille situation.
Holkar, successeur de Toukhadji-Holkar, que nous
levons vu jouer un rdie si important à Tépoque des
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ftBS ANGLAIS BANS l/lNbH. iVl
premiers démêlés des Anglais avec la confédération
mahralte, avait sous son oomdnandement toutes les
populations répandues depuis les frontières d-Oude
jUsqu^à celles do Guzerate. Jaloux de Scindiah, dont
l'influence élait prépondérante dans les conseils de
Poonah, Holkar avait uno armée cotnposée pre^quQ
Alclusivément de cavalerie et dont quelques auteurs
ont porté le chiffre à 80,000 hommes.
' Ce fut contre les princes mahratles, dont nous ve-
Bons d*exposer la situation et les forces, que TAngie-
terre, délivrée de toute inquiétude à l'égard du My-
àore, résolut de diriger ses premièrea tentatives.
Fidèle à la politique constamment suivie depuis War-
ren-Hastings, le eomte de Mornington essaya d'abord
de semer la division entre les confédérés au moyen d^
ces alliances perfides dont Tasservissement du Ben^
^ale avait été la conséquence. Éclairé sans doute par
cet exemple, le Peischwftb, auprès duquel les prc«
iniers efforts avaient été tentés, itîpoussa sans hé»ter
le dangereux honneur qui lui était offert et refusa de
Recevoir un corps de troupes qui lui avait été proposé
comme auxiliaire dans sa lutte avec Holkar. Maiheu*-
reusement, cette résolution, dictée par l'expérience
du passé, dut céder sous l'influence des revers es-
suyés en 1802 par les armées réunies de Scindiah et
duPeischwàh. Holkar, ayant passé la Nerbudda et
s*étant emparé dç Pôonah, Badji*Rao fut réduit à se
réfugier sur le territoire de Bombay et à implorer
i'assislanca de la Compagnie,
Le Vè décembre 1802, le Peischwàh condat avec
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1A8 DB LA PUISSANCB HILiTAIRB
les Anglais le fameux traité de Bassein, dont les
clauses les plus importantes stipulaient Tadmission
dans ses États d'une armée de 6,000 hommes et la
cession d*un territoire suffisant pour Teiitretien de
cette troupe. A partir de ce moment, Badji-Rao,
que la Compagnie s'engageait à replacer sur son
trône, devint Tallié ou plutôt Tinstrument de la
Grande-Bretagne.
Le traité de Bassein, en enlevant à Scindiah l'in-
fluence qu'il avait exercée jusque-là à Poonah, ne lui
laissait plus que la ressource de faire cause commune
avec le radjah de Berar; c'est, en effet, à quoi il se
décida le 10 mars 1803, et ses troupes, réunies à
celles de son nouvel allié, prirent position à Bouram*
poor, sur les frontières du Nizam. Les hostilités com-
mencèrent aussitôt après cette démonstration.
Conformément aux instructions du gouverneur, le
général Lake reçut l'ordre d'attaquer avec 1 k ,000 hom-
mes la province de Dehii et les troupes du général
Perron, Sir Arthur Weilesley fut chargé, avec
23,000 hommes, de disperser les troupes de Scindiah
et du radjah de Berar sur la Nerbudda. Un corps de
7,000 hommes, fourni par la division de Bombay,
devait manœuvrer dans le nord-ouest par Baroda et
Surate, tandis que le général Harcourt, parti de Cal-
cutta, marcherait sur la province de Cuttack, appar-
tenant au radjah de Berar, et s^emparerait de la fa-
meuse pagode de Jaggernaut.
Malgré le danger que présentait une pareille dissé-
mination des troupes, toutes les parties de ce vaste
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DES AISGLAIS DANS L*IISDB, 149
programme furent remplies de manière à dépasser
les espérances les plus ambitieuses.
Sir Arthur Wellesley, à la tête des forces réunies à
Paraindah sous les ordres du colonel Stevenson,
fit sa jonction avec le corps du Nizam et s'avança sans
rencontrer de résistance jusque sous les murs de
Poonah. Holkar avait abandonné cette capitale du
Peischwâb, en y laissant un détachement de
1,500 hommes, qui avaient ordre de Tincendier à
l'approche des Anglais. « Sir Arthur déploya dans
9 cette occasion cette activité dont il n'a jamais cessé
» de donner des preuves. Il prit seulement avec lui sa
» cavalerie (moins de A, 000 hommes), fit une marche
» de nuit à travers un pays difficile, ne parcourut pas
» moins de 60 milles en trente heures et arriva à
» rimproviste sous les murs de Poonah (1). x>
Cette marche rapide sauva la ville d'une destruc-
tion imminente^ et la population, reconnaissante de
ce bienfait, reçut les Anglais comme des libérateurs.
Conformément aux stipulations du traité de Bas-
sein, sir Wellesley rétablit le peischwàh dans sa capi-
tale, et, le 13 mai , Badji-Bao reprit les rênes de
son gouvernement.
Les troupes du radjah de Berar et de Seindiah
menaçaient toujours la frontière du Deccan. Malgré
les tentatives de Wellesley pour arriver à un arrange-
ment sans recourir à la voie des armes, l'hostilité
soulevée par le traité de Bassein l'emporta chez Sein-
(1) Barchoa de Penhoën,
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150 DB ta l'UlSâANGE MIUTAIEB
diah surdon Amitié pour lèPeischwàh^et^ s'éloignant
définitivement de oe dernier, il se rapprocha de sop
ancien rival Holkar, afin d'enlamer la lutte avec plus
de chances de succès.
Sur ces enti^efaites, le général Lake venait de tewt
plir la partie du plan général de la campagne doi^t
rexécution lui était confiée. Parti de Cawnpoor le
7 août, il travecsait les districts qui viennent de jouQr
tin rôle si important dans Tinsurrection de 4857 ^ et,
le 38, il se présentai t devant le fort d*Allighuri rést*
dence ordinaire du général Perron. I.b. trahison de
cet officier, qui abandonna et livra son armée à la
seule condition d*un saur-<:onduit qui lui permit de
retourner en Europe avec les trésors qu'il avait
amassés au service des Mahrattes, facilita singulière-
ment la tâche du général Lake«
Abattue par la trahison de son chef, Tarmée fraiico-
ibdienne fut culbutée le 11 septembre 180â en.ayani
de Oehli, et, le Ik. celte ancienne capitale ton»i>a au
pouvoir de la Compagnie. Schah-Âlum fut rétabli
sur soii trône et affranchi du joug des Mahrattes*
mais pour subir celui non moins dur de l'Angleterre^
qui avait plus d'intérêt alors à exploiter ie prestige ei;
la vaine autorité de ce prince qu'à le renverser com-
plètement*
Louis Bourguien^ d'origine françaiêe, avait ptis \^
commandement après le départ de Perron et s'était
retiré sur Âgra. Battu de nouveau le 10 octobre^ ii se
réfugia dans le château et fut oblige de capituler
le 17. Enfin, Scindiah, qui avait rallié ces troupes
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dispersées plutôt que battues, les ayant réuxûea k
i6 balaillons» conservés comme une dernière resr
source au milieu de ces cruels revers, résolut le
i** novembre de tenter encore une fois le sort des
armes. Établi k Laswari dans une forte position»
couvert par une excellente artillerie dont les pièceç
étaient servies par des Européens, il disputa long-
temps la victoire au général Lake^ mais dut céder ^
la fin à Tascendant irrésistible que donnaient au|[
Anglais la discipline de leurs troupes et Pexpérienc^
militaire de leurs officiers. Cette défaite porta un
coup mortel à la puissance des princes mahratte^
dans les provinces septentrionales.
Wellesley n'était pas moins heureux dans lespror
viuces de Touest : le 12 août, il avait emporté d'as-
saut la place d'Âhmediiuggur, dont la possession de-
vait assurer ses communications avec Poonah et
Bombay. La reddition de cette ville, qui passait pour
une des plus fortes du haut Decoan, avait sufli pour
déterminer à rester neutres les chefs mahrattes du
Midi, qui n'attendaient qu'une occasion pour se dé^
clarer contre la Compagnie. J.e29,Wellesley passait
la Godavery et enti'ait dans Aurcngabad, arrêtant par
cette marche le mouvement offensif que Scindiab
voulait diriger sur Hyderabad.
A la même époque, le colonel Stevenson emportait
lalna, forteresse impoitante sur la frontière des ter*
ritoires mahrattes, puis, réunissant ses troupes k
celles de Wellesley dans les environs de Budnapore,
il ^aidait à Trapper le coup décisif qui devait terminer
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i5S DB LA PDtSSANCB UILITAIRB
la campagne. Reconnaissant trop tard la faute qu'ils
avaient connroise en disséminant leurs forces, le rad-
jah de Berar et Scindiah avaient concentré toutes
leurs troupes, au nombre de 50,000 hommes, dans
les montagnes qui séparent les bassins de la Godaveri
et de la Nerbudda. Le 23 septembre, les princes
mahraltes occupaient une bonne position appuyée aux
villages d*Assye et de Bokerdun, et couverte par la
Kaitna, dont 100 pièces de canon défendaient le pas-
sage.
Malgré le danger que présentait Tattaque dans de
pareilles conditions, malgré l'absence des troupes de
Stevenson, auquel Tinexactilude dés renseignements
avait fait prendre une fausse route, Wellesley n*hé-
sita pas à aborder, avec huit mille hommes seulement,
les 50,000 Mahrattes de Scindiah. Le plus grand
succès couronna cette audace : 100 canons avec
leurs munitions tombèrent au pouvoir du vainqueur.
Les pertes des Anglais s'élevèrent, en tués ou blessés,
à 2,500 hommes environ, c'est-à-dire au quart de
leur effectif. Mais celles de l'ennemi dépassèrent
10,000 hommes, et jamais bataille ne fut gagnée
d'une façon plus glorieuse et malgré taut de chances
contraires; la victoire du comte de Plassey ne devait
plus occuper que le second rang dans les fastes de
IWmée anglaise. Aussi féconde en grands résultats,
la bataille d' Assye consacrait de la façon la plus écla-
tante l'irrémédiable infériorité de la race indienne ;
son asservissement définitif, éternel, ne pouvait plus
être l'objet d*un doute.
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DBS ANGLAIS DANS l/jNDE. i5ft
La prise des places de Bourampoor et d'AssirghcHr
suivit de près la bataille d'Assye, «t Scindiah, ayant
perdu toute espérance, demanda eafin à traiter. Wel-
iesley accorda la suspension d'armes que sollicitait
Dowlut-Rao ; mais, afin^de rompre les liens qui unis-
saient les confédérés, il refusa en même temps de
cesser la guerre avec le radjah de Berar, en séparant '
ainsi leurs intérêts et leurs causes.
Les idées que Wellesley émit à cette occasion,
ainsi que le fait remarquer très justement M. Brial-
mont, sont remarquables à plus d'un titre. Les
transactions qu'il s'agissait de régler, embrassant à
la fois les intérêts de la colonie anglaise, ceux du
Nizaro, duPeischwâh et deScindiab, sir Arthur fit
comprendre la nécessité d'obliger le Nizam à tenir
sous les armes des forces plus nombreuses et mieux
organisées que celles qui lui étaient imposées par les
traités antérieurs. « Sans cela, disait-il, tout ira bien
» en apparence, à Hyderabad et dans les dépêches
» du président au gouverneur-général ; mais, en réa-
» lité et au fond, tout ne sera que faiblesse et confu-
» sion, et, à la fin, le gouvernement du Njzam tom-
» bera en poussière. » {Lettre du général fFellesley au
gùuvemeur'génériUj 11 novembre 1803.)
Le vainqueur d'Assye insista aussi pour qu'on ne
licenci&t pas les troupes de Scindiah ni celles des
autres chefs que la colonie pourrait être dans le cas
de soumettre encore. Ce renvoi lui semblait impoli*
tique et dangereux, parce que les soldats licenciés,
n'ayant d'autre ressource que le métier des armes, se
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I6à I>B LV P€18SArVGK IIIUTAIQB
dispersaient pour se livrer au brigandage oU allafent
grossir les rangs des ohefs ennemie. Ainsi le renvoi
dee forces da Nizam avait augmenté la puissance dM
radjah de Berar et de Scindiah, comme sans douta U
ruine des établissements militaires de ces derniei^
augmenterait les ressources d'Holkar» le seul ennemi
iMioore redoutable de la domination anglaise.
Les successeurs désir Wellesley ne sauraient asses
méditer aujourd'hui ces sages enseignements. Le
Ke^ciement de quelques régiments de Tarmée du
Bengale a été ie plus grand auxiliaire de la révolte
du reste des eipayes de cette présidèhce. Si^ dans h
dreonstanee actuelle) la résistance du royaume d*Oude
à déjà justifié une partie des prévisions de rilluslre
général, les nialfaiteurs et les brigands dont Tarmée
anglaine aura à purger le pays, longtemps encore
après TeXlinction de la i*éVoUe> se chargeront de
mettre le surplus en évidence.
Quelques difficultés s'étant élevées au sujet de la
ratification du traité dont nous avons parlé plus haut,
Seindiah, sollioité par le radjab de Berar, voulut pro-
filer de la résistanoe que rencontraient les Anglais au
aiég^ de Gawilghur pour recommencer la lutte.
Wellesley se bAla de réunir Sâs troupes & œties de
Stevenson, et, le S8 novembre, après avoir fait une
marche forcée de 36 milles^ par uae cbaleur étouf-
fante, pour atteindre les Mahrattes, il parvint à l^s
joindre près du village d*Argaum et leur fit eseuyer
une sanglante défaite. Gavriighur fut emporté d*as-
•aotit 17 décembre; le tnéme jour» le. radjah de B«-
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DKS ANGLAIS DAN6 l'iNDR* 156
far Conclut urt traité d'alliance avec la Compagnie
anglaise, et Scindiah^ privé de troupes, d^argent et
d*allié$, dat feigner uh traité semblable le ftO du môme
Abis.
En Vertu de ces traités, les princes mahrattes de^-
Vaientcédef àlaCompagnie un territoire de 4 t^OO lieues
ôarrées, donnant Un revenu de S millions sterling et
renfermant les places les plus fortes de Tlnde cent*
traie. Ils devaient s'engager en outre à ne prendre
aucun Européen à leur service sans ta permission de
la Compagnie.
Les défaites d'Assye et d' Argaum avaient porté la
première atteinte à la confédération des princes noAh^
rattes. Cette puiasance, qui avait tenu pendant #i
longtemps en échec toutes les forces de la colonie an-
glaise, ne devait plus s'arrêter dans la voie de déoar
denee et d'affaiblissement où elle se trouvait déeor<-
mais etigagésv Holkar, que sa haine contre 8cindiah
avait déterminé à rester neutre pendant ia dernière
guerre, devait être puni de sa politique égoF&te; mais
il ne subit que plus tard, & son tour, le sort de ceux
qu'il avait abandonnés. Un des lieutenants du génér
rai Lake, pour n'avoir pas bien compris les sages
principes que^Weliesley avait posés quant k (a tactique
à suivre avec les indigènes, le colonel Monson, s'était
laissé battre par Holkar et était rentré dans Agra
après avoir perdu les neuf dixièmes de son détàtl»t
ment. Ce désastre était le plus cruel que les Anglais
eussent encore subi, depuis la destruction du corps
flWfnéè de BaiHie dans le Mysore» Désireux de prbfit
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156 DE LA PUISSANCE MILITAIBB
ter de ce succès inespéré, Holkar avait suivi Monson
dans sa retraite et assiégeait déjà Dehii, lorsque ie
général Lakevint heureusement rétablir les affaires.
Battu une première fois à Deeg par le général Fra*
ser, qui commandait Tavant-garde des troupes de la
Compagnie, Holkar fut joint trois jours après à Fu-
ruckabad par le commandant en chef et mis en dé-
route, avec perte de tous ses bagages et de son artil-
lerie. Réfugié auprès du radjah de Bhurtpoor, il dut
quitter bientôt cet asile, et une nouvelle défaite es-
suyée près de Gouddah allait rendre sa position des
plus critiques, lorsqu'un événement inattendu vint lui
permettre de conclure un traité beaucoup plus avan-
tageux qu'il n'était eu droit de Tespérer.
Fatigué de l'opposition qu'il rencontrait dans la
cour des Directeurs, le comte de Mornington avait
demandé la permission de rentrer en Angleterre, et
lord Cornwallis était arrivé à Calcutta le dO juillet
180/i pour le remplacer. La nomination de ce vieil-
lard indiquait assez le retour du gouvernement de la
Compagnie aux idées et à la politique de paix dont il
avait été avec John Shore (lord Teigmouth) le parti-
san déclaré.
Lord Cornwallis étant mort, épuisé par l'âge et le
travail, deux mois à peine après son arrivée à CaU
cutta, ie gouverneur intérimaire, Georges Barlow,
conclut, le S3 novembre 1805, avec les Mahrattes un
traité qui mit définitivement fin à la guerre.
Le passage des deux Wellesley dans l'Inde, comme
le fait observer très judicieusement M. Brialmont,fat
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BBS ANGLAIS DANS L*INDE. 157
marqué par des succès qu'on pourrait croire Pceuvre
d'an siècle. Cet écrivain a développé avec un talent
remarquable les principes tactiques que Texpérience
de sir Arthur avait consacrés comme les mieux ap-
propriés au genre de guerre que les Européens ont à
soutenir contre les peuples de 1* Asie. Nous aurons à y
revenir lorsque nous étudierons les bases sur les-
quelles repose la puissance militaire des Anglais dans
rinde, et nous aurons h constater également toute la
sagesse des idées émises par Wellesley au sujet de
cette organisation. Cette étude nous offrira un intérêt
d'autant plus grand que c'est au mépris et à l'oubli
où sont tombées les traditions qu'il avait fondées que
l'on doit attribuer, suivant notre humble opinion^ les
graves événements dont l'Inde est aujourd'hui le
théâtre. Au point de vue historique, on peut en quel-
ques mots résumer la situation des établissements
anglais^ au moment du départ du comte de Morning-
ton, en disant que, gr&ce à l'alliance de son génie
politique et des talents militaires de son frère, l'œuvre
de Clive, deWarren Hastings et de Cornwallis, avait
reçu son complément. L'Inde désormais n'était plus
mogole ni mahratte, elle était définitivement anglaise^
En conséquence de Textension donnée par le comte
de Mornington au système de protectorat dont Clive
était l'inventeur^ tous les gouvernements indigènes
étaient plus ou moins soumis, dès les premières an-
nées de ce siècle, à ce régime subsidiaire qui a con-
duit successivement les populations indiennes à l'as-
servissement et leurs souverains à la nullité politique^
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Lu ppon^ièife ét3|>e dans cette yOia déaaktr^ast avait
été tourqpée poUr ie NiKam par le traité, do 180(X,
oonciu i^ Vmw de la guerre contre Tippqo-Salb, I^
traité de Passeio (iâ décembre 1803) avait eu lea
ipômea çonaéquencfô pour le peiscbw&b de Poooab «t
constituait la première atteinte h Tindépendanoe dea
Mahrattea. Ënfio^ dans TOueat, ^ns parler de Tan*-
«ihilalion complèle du Grand-Mogol, réduit, depaia
la prise de Dehli par le général LakOi h la eondltiqn
d'humble pensionné de TAnglelerre, la politique en-
vabissante de la Compagnie n'avait pas obtenu da
moins beaux résultats.
Profitant de la gêne à laquelle se trouvait réduit }«
roi d^Oude, gr&ce au payement de l'énorme sub^do
que lui avait imposé Clive par les traités de 1765, ie
conseil suprêipe avait proposé k ce souverain de Vmq^
nérer moyennant la cession définitive dçs provincea
de Karr&h et d'Allababad. Or, ces provinces, arra-
chées au Grand-Mogol au mépris des engagements
contractés par la Compagnie, avaient été vendues au
roi d'Oudç, par lord Hastings lui-même, en i77â,
oomnoe nous Pavons vu plus haut, au prix de 16 miU
lions. Par le traité de 1801, non-seuienoent ces pro~
«vinçes furent réunies au donnai ne de la Gompagoid,
^insi que d'autres di^tricts situés snr la rive gauche
du Gange, mais en outre l-indépendanoe du raî
4'0ud6 se trouva encbainée par un système d'admir
Bistration commune dans lequel les Anglais se réser^^
obèrent la meilleure part et qui annihila en quelque
porte complètement Tautorilé du souverain sur las
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1>tt$ AfKRAfS »ANS L*t?lDJL f^t-
diMêàe son royaume.' Il est permis de se démahâer;
ju8qti*& quel point, dans ces conditions qui .se sont
perpétuées jusqu'à nos jours, le roi d'Ott<jto a pa êtrsi
responsable de )a mauvaise administration inf oquée;
comme prétexte de Vanneœum ou oonfiscatiort pro«
noncéepar lord Daihousieen f856.
Depuis la retraite du comte de Morningtoh jusqu^à
la guerre des Birmans, la Compagnie des Indes n^eut
à soutenir, sous le gouvernement de lord HastingSi
de lord Moira et de lord William Bentinck, que dés
guerres insignifiantes, mais qui n'en eontribuàrent
pas moins à consolider sa puissance. Nous citerons
pour mémoire les premières tentatives dirigées de
ii^l& à 181 6 contre les Goorkhas et le Népaul; la ré*.
Éistance inattendue que rencontra la Compagnie chesi
les rudes montagnards de cet État, la décida à laisser
à son souverain une indépendance plus profitable aux
intérêts de la colonie que ne l'eût été l'asservissement
de ces populations restées depuis lors ses alliées
fidèles. Sous le gouvernement de lord Moira, on vit
apparaître les Pindarries, @orte de brigands nomades
qui avaient remplacé les bandes d'Hôondiah disper*-
lées par sir Wellesley. 1^ licenciement dés troupes
entretenues par les princes indigènes contribua prin^
cipalemeot à augmenter le nombre de ees aventuriers.
Leur forée consistait surtout en cavalerie, et quelques
atttèurs ne l'ont pas évaluée h moins de 80,000 che-
vaux» Les Aeglais sévirent avec rigueur contre ces
bandée qui coupaient les routes et dévastaient le
pays, et lord Moira, après tel aveir défaites dans
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160 l>£ LA PUISSANCE MlLlTAtRB
plusieurs rencontres pendant le cours de Tannéd
1818, les détruisit complètement en 1819. Vers la
même époque, le Peischwàh de Poonah perdit les
provinces qu'il possédait dans le Deccan à la suite
d'une tentative malheureuse pour secouer le joug : il
avait espéré pouvoir profiter de la diversion des Pin-
darries et était entré en campagne à la tête d'une ar-
mée nombreuse. Forcé bientôt de déposer les armes»
il ne put obtenir la paix qu'en abandonnant lesder*
niers débris de son royaume, qui furent définitive*
ment réunis à la présidence de Bombay.
Deux ans auparavant, le radjah de Berar ou de
Nagpour avait été réduit au régime subsidiaire en
môme temps que les princes de Koiapour et de Jey*
pour. Le souverain de Sattarah, dont les États ont été
confisqués définitivement en 18&8, s'était vu réduit,
dès l'année 1819, à l'obligation d'abandonner aux
mains d'un résident, non-seulement l'administration
de ses sujets, mais encore la disposition entière du
contingent (&,000 fantassins et 500 cavaliers), dont
ses traités avec la Compagnie lui imposaient l'entre-
tien. Enfin, à la même époque, le seul adversaire
redoutable que sir Wellesley eût laissé insoumis à son
départ pour l'Angleterre, Holkar, avait subi à son
tour la dure loi du vainqueur. Dépouillé de presque
toutes les provincesdont il s'était emparé au moment
de la dispersion des confédérés mahrattes, il avait été
réduit à un territoire de &,250 milles carrés. Son re-
venu couvrait à peine ses dépenses, et il lui fallait
entretenir un contingent de 3,600 cavaliers^
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BBS ANGLAIS DANS l'iNDB. 461
Dès Tannée 1820, on pouvait déjà considérer toute
la péninsule hindoustanique, de THimalaya au cap
Gomorin et de l'Indus au Gange, comme étant sou-
mise, soit directement, soit par des traités d'alliance,
à Tautorité de la Compagnie. Une pareille situation
devait satisfaire Tambition la plus désordonnée, et
Ton était en droit d'espérer que l'amélioration et la
consolidation de cette immense conquête seraient en-
fin l'objet des préoccupations du gouvernement an*
glais. On avait compté sans les Birmans»
Cet État, aussi bien que l'Afghanistan, dont nous
aurons à nous occuper bientôt, était cependant en
dehors de ces grandes limites naturelles dans les*
quelles la Providence semble avoir voulu encadrer
l'empire des Indes : la nécessité d'acquérir de nou«>>
veaux débouchés au commerce anglais devait faire
taire toute autre considération.
Formé en 1783 des petits royaumes d'Ava, de
Pégu et de Martaban, l'empire des Birmans s'éten*
dait jusqu'aux frontières du Bengale et possédait sur
le golfe une vaste étendue de côleç semée d'excellents
ports. Les souverains de cet État avaient joué un râle
important dans la presqu'île au delà du Gange^
pendant les dernières années du xviii® siècle, et, à
répoque de leurs premiers démêlés avec la Compa-
gnie des Indes» ils disposaient d'une armée nom«
brcuse et bien aguerrie. Un petit corps de 8,000 hom*
mes de différentes armes fut cependant considéré
par le conseil suprême comme tout à fait suffisant
pour envahir le royaume d'Ava, c'est-à-dire la pro*^
11
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Id2 M LA PDtoèANéll «ItlTAtAB
vincb la p\m itbportantè et la plus populeuse de Tem-
pire des Birmans. Après la conquête de Plnde, Hen
ne devait plus sembler impossible à ceux qui médi-
taient déjà la conquête de F Indo-Chine.
Vers la fin de ISSU, sir A« Gampbôll débarqua h
Bangoun4 à Tembouchure de Tlrrawady; quelques
semaines plus tard, il menaçait Ummerapoura et
Ava, capitales de Tempiredes Birmans, et le souve-
rain ^ effk*ayé de cette marche audacieuse poussée à
150 milles dans le cœur de ses États, s'empressait de
solliciter la paix au prix de toutes les concessions
qu'il plairait à la Compagnie de lui imposer. Gêné*
rettx, pour cette fois^ le gouvernement de Calcutta se
torna à demander 50 millions pour les frais de U
ffuerrei le district de Tenasserim, limitrophe du Ben^
gale, ainsi qu'une portion du littoral avoisinant, et...
l'admission d'un résident anglais à la cour d\\va.
' Celle dernière condition était ta plus importante
pour la Compagnie ; Texpérience de ses directeurs
Atait parfaitement éclairée sur l'effet, peut-être tardif,
mais dans tous les cas certain, de l'élément de des«
truction implanté au sein de Tempire birman sous là
forme de ce résident anglais. Disons-le dès à présent,
afin de n'y plus revenir, ces prévisions ne furent pas
trompées* En 18&Ô^ Tharrawady, porté au trône par
un soulèvement populaire, crut devoir débuter par
l'expulsion du fonctionnaire anglais accrédité près du
souverain qu'il venait de renverser. C'était au mo->
ment de la guerre des Afghans, et la Compagnie dut
dévorer momentanément cet outrage; mais» aussitôt
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déKvrde des ôomplicationâ qui Ia gênaient, elle se
hàla d'expédier une nouvelle flotté dans Tlrrawady.
Deux campagnes peU eanglp-ntes suffirent pouf enle^
^ef aux Birmans tout le littoral sur une étendue de
plus de 900 lieues et la ville importante de Bangoun.
Par Ia cession de la magnifique province de Pégu,
par le partage de la province de Marlaban et la fon-*
dation d'Amherst-ToWn sur la fronlière des Birmansi
i'iDflMnee anglaise devint prépondérante sur la côte
orientale du golfe du Bengale. Malgré les efforts ten-*
tés depuis cette époque par les souverains d*Âva oU
leurs ministres, l'empire birman n'a plus joué qu'un
rèle secondaire dans les affaires de l'Inde, l.'insur-*
ireclion des cipayes a réveillé un moment leurs espé-
rances ; mais tout le mouvement que s'est donné ré^
eemment le sieur d'Orgoni (Girodon) n'a pas suffi à
les réaliser/ Si les déclarations de ce militaire com-
merçant et diplomate, au sujet des richesses et de la
puissance des Birmans, ne sont pas mieux fondées
que les prophéties dont il a rempli certain journal à
l'endroit du renversement de la domination anglaise
dans les Indes, nous croyons prudent pour le com-
merce de Marseille de ne les accepter que sous bé-
néfice d'inventaire*
Nous passerons rapidement sur l'administration de
lord William Bentinck, dont le gouvernement a été
coaime une halte de paix et de prospérité pour les
populations de l'Inde au milieu de cette longue pé-
riode de violences et de guerres dont il ne nous reste
plus & esquisser que les derniers épisodes.
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i6& DB LA PUIS8AMG6 MILITAIBE | BTC.
. Tant que les Français avaient conservé dans Tlnde
une position respectable, ils s'étaient présentés comme
les protecteurs naturels, quoique intéressés, des
peuples menacés par la Compagnie anglaise. Nous
' avons dit comment la rivalité s*était terminée, corn*
ment la lutte était devenue impossible par suite de
Tabdication déplorable de la France. Libre de toute
préoccupation du côté des puissances européennesi
la domination des Anglais avait marché à pas de
géant depuis le traité de Versailles, et avait fini par
s'affranchir des règles de modération que lui imposait
la prudence* Nous touchons au moment où des inquié-
tudes de l'ordre le plus grave allaient troubler la
calme possession exercée depuis quarante années
par l'Angleterre. Une rivalité menaçante s'était éle-
vée lentement en Asie, et le gouvernement de la
Compagnie allait avoir à compter de nouveau avec
une puissance civilisée sur ce vaste théâtre que le
génie asiatique avait été impuissant à défendre.
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CHAPITRE IX,
SomiAiEE : Situation de llndeâi l^issue de la première guerre des
Birmans. — Expédition contre le radjali de Burtpoor. — Fon-
dalîoD et développements du royaume de Lahore. Rundget-Sing.
^ Le général Allart. — Premières tentatives dMntervention de
la Russie dans les affaires de Tlnde. — Expédition du général
Peroswski contre le khan de Khiva. — Monarchie des Affghans.
-— Scbah Soudja et les Barrakzis.— Guerres de rAfTghanistan.
^ Prise de Ghazna. -«- Occupation de Caudahar et de Caboul.
<— Conspiration du radjah de Kurnaul. — Châtiment des
Radjpoots. » Retraite des troupes de Caboul à travers les dé-
filés de Rhyber. — Deuxième campa^i^ne et évacuation de
rAffgbanistan. — Guerre du Scinde. — Bataille de Miannie.
— Guerres des Sickhs. — Batailles de Ferozesbah et de Sobraon.
— Traité d'Amritsir. — Goolab-Sing. — Deuxième guerre du
Pendjaub. — Batailles de Chillianwallah et de Goudjerate.
A rissuedela guerre des Birmans, T Angleterre
pouvait considérer son empire indien comme établi
sur des bases inébranlables. De tous les rois ou
princes de l'Asie, six seulement conservaient encore
quelque indépendance : c'étaient les radjahs du Né*
paul etduBoutan, lenawab de Kurnaul, le radjah
de Burtpoor, le roi de liahore, et les amirs du Sind,
parmi lesquels celui d'Hyderabad tenait le premier
rang.
A l'exception du territoire de Burtpoor, qui s*avan-
çait cofnro^ un coin au milieu des possessions an*
glaises, les États des princes que nous venons de nom-
mer occupaient, en quelque sorte, la circonférence
qui formait de l'est à l'ouest la limite septentrionale
de l'empire anglo-indien.
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166 DE LA PUISSANGB MILITAIRB
L'expédition de 1826 ei)t poqr objet de rendre
cette limite plus régulière encore, par la soumission
du radjah de fiurtpoor. La capitale de cet État fut
prise d'assaut à la suite d^uii siège d63 plus iDear-
tricrs, et son territoire réduit à 1,100 milles oarrés.
L'amoindrissement de cette principauté, qui avait
lutté souvent, et parfois non sans honneur, contre les
armes de la Compagnie, ^st tel aujourd'hui que
toutes les obligations du radjah, dont Is revenu as-
cure à peine l'existence, se réduisent à réunir en cas
de guerre, et sans nombre déterminé, spus les ordres
du résident anglais, le plus qu'il peut de voloq^rés
ieyés sur son territoire.
Nous avons parlé, dans un des chapitres qui pré-
cèdent, de la confédération des Sickhs. En 1 803» le
sirdarde Lal^ore, Bundjet-Sing, avait soumis à son
f^Mtorité les princes sickhs ses égaux, et avait fondé
}e royaume de Lahore. Augmenté de la partie de
l'Affghanistan comprise entre l'Indus et les monts
âplirpan, ce royaume s^étendait entre l'Him&laya au
jiord, le Siitledje & l'est, la Scinde au sud, et les moots
Soliipao, qui, à l'ouast, le séparaient du Caboul* 11
se composait des provinces de Kâscbemira, de MouK
tan, du Pendjaub (ou Lahore) , de l'Âffghauistao
oriental ou provinœ de Peiâchàwbr. 8a saperficie
était évaluée à environ 32,000 lianes carrées, et s^
population a 8 eu 10 millions d'habitants. Dos pffieien
européens, > la tête desquels était le général Allmrt«
ancien aide de«camp du maréchal Brune, avaient
formé dans le Lahore une armée de 90,000 lyommes
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aguerris» dont Iq tisp» çnviroQ étaient ortMMf h 1»
française.
C'est à répoquQ dôi premiars développâmant» du
royaume de Lahore qu'il faut remonter peur reneoa^
trer les len(alives d'intervention de la Ruseie dana
les affaires de TAsie. Attirés dans ces eontr^ee^
comme jadie* en Europe^ les barbareu Tavaienl été
par le beau ciel de Fltalie, les Rusées, abandonnant
U mer à leurs rivaux, se frayaient depuis quelques,
années une route pénible, mais sûre. Cbaeun de leura
progrès dans l'Asie centrale avait été aolielé par une
lutte énergique avec la nature, les élémente et lee.
hommes. Peu h peu ils bAtissaient des villes, in^taU
laient de» colonies, et amenaient l'Europe où rien
D'eiistait enopre. Souvent forcés de reculer, ils re^.
venaient toujours, par une série d'efforts lente maie
habiles, au point qu'ils voulaient atteindre, La con^r
qudle des Anglais dans l'Inde avait ressemblé A la
flamme dévorante d'un incendie qui vqie en tout
sens, et embrase l'empire eutier du feu d'un méma
éclair. Confiants dans l'avenir et dans leur foroe, lee
Russes descendaient lentement vers l'Inde, comme
une vaste mer qui ronge peu à peu ma rivages, et
dont les progrès sont inaperçus, mais irrésistibleet
A réppque dont nous résumons ici l'histoire, les An«*
gUia le sentaient bien ; aussi, tout en affectant, à ee(
égard, une indifférence dédaigneuse, ils ne négli*
geaient aucune pecasion de lutter sourdement, l/etpé-,
dition dirigée p^r lee Ruseee eontre le Khannat de
Khiva» etd^Pt lesprépaiatifedéterminèreptrAnglepf
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168 DB LA PUISSANCE MILITAIRB
terre à envahir TAffghanistani donna le premier éveil
sûr cette situation menaçante, qui n'a cessé depuis
de se dessiner chaque jour davantage. Pendant qua*
torze ans les Russes s'étaient patiemment préparés à
la lutte, avaient rassemblé des chameaux, et ménagé
des prétextes pour leur agression. Mais la nature fut
là encore la plus forte : en un mois, hommes et cha-
meaux périrent sous la neige, et les tristes débris de
Tarmée furent sauvés par la pitié des pâtres qu'elle
voulait asservir. Telle était l'inquiétude des Anglais»
néanmoins, que pour ôter aux Busses le prétexte
d'une nouvelle invasion, le capitaine Abbott, alors en
mission à Rhiva, fut chargé d'offrir la médiation de
l'Angleterre pour négocier la paix entre les puis-
sances belligérantes. Le khan , grâce à cette inter-
vention^ accorda à l'empereur vaincu toutes ses de-
mandes, même celle d'une somme considérable pour
les frais de la guerre, et comme ce prince se refusait
à approuver cette dernière et bizarre concession , ce
fut encore la Compagnie anglaise des Indes qui l'y
amena, en lui fournissant, sous forme de prêt, la
somme exigée par la Russie.
De semblables précautions peuvent éloigner le
danger et retarder le moment de la lutte, mais elle
doit éclater tôt ou tard, d'autant plus violente que les
pleuples rivaux s'y seront plus longuement préparés.
Chacun fixe un œil ardent sur Bokkara, l'entrepôt du
commerce de toute la haute Asie, terre neutre encore
aujourd'hui, province indépendante, mais qui n'est
pour les Russes qu'à 100 lieues de Khiva, où ils re-
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BBS ANGLAIS DANS L*INDB. |69
viendront tôt ou tard. Celui des deux peuples qui
occupera le premier ce point important, ce centre
magnétique qui les attire également Tun et l'autre» y
puisera une supériorité au moins momentanée. Les
Anglais Pavaient compris dès 1839, et c'est ce qui
leur a fait dépasser Tlndus, véritable limite de leurs
possessions , limite géographique et militaire à la
fois. C'est pour multiplier les barrières entre la Russie
et THindoustan, pour éloigner, autant que possible,
le théâtre de la lutte, qu'ils ont entrepris la guerre
de rAflghanistan, et occupé les villes de Gandahar
et de Caboul, ces places que l'historien d'Akbar,
Aboul-Fazel, signalait dès 1602 comme les seuls
boulevards de l'empire mogol. C'est pour la même
raison que le gouvernement de Calcutta avait auto-
risé plusieurs officiers anglais, qui voyageaient du
côté d'Hérat, à se jeter dans cette place, et à aider à
sa défense contre les Perses et les officiers russes qui
étaient avec eux. Enfin, c'est encore le même motif
qui a engagé les Anglais à relever les fortifications de
cette place, et à faire continuer par le major Todd
l'œuvre si bien commencée par le lieutenant EIdred
Potinger.
Entreprises sous l'administration de lord Auckland,
successeur de lord Bentinck, les guerres de rAffgha-
nistan et du Scinde ont duré depuis la fin de 1838
jusqu'en 18&â. Nous allons en retracer sommaire-
ment les principaux épisodes.
L*Affghanistan avait été réuni à la Perse, en 1757,
par Nadir-Schah* A la mort de ce conquérant, en
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170 ne LA POISSANGli MlUTAltP
il M, l'un de ses généraux s'était déclaré inciépen*
dant» et avait été proclamé k Candabar sous le noiq
d'Ahmed-8chah« Timour, son fils, lui avait suQcédé
en 1775, et ce dernier n'ayant désigné aucun succès*
seur parmi ses nombreux enfants, son royaume était
tombé dans Tanarchie en 179S, et avait perdu se»
plue riches provinces^ envahies par les Perses et les
Sicks. Le Pendjaub, entre autres, avait été détacha
de rAffghanistan par Rundjet-Sing, et avait formé le
premier noyau du royaume de Labore. Depuis cette
époque, les divers fils de Timour, qui avaient occupé
successivement le trône de Caboul, avaient été réduits
à subir les envahissements toujours plus fréquente
de leurs voisins. En 1802, Soudja, le plus jeune defi
fils de Timour, avait pris les armes pour venger son
frère Zeman, que Mahmoud, son atné, avait renversé
avec Taide des Barrakzis, tribu prépondérante dans
le Caboul. Après avoir régné de 1S03 k 1810»
Soudja avait été chassé à son tour par Mahmoud» quOi
Feth«*Kban, chef des Barrakïis, avait tiré de prison
et replacé sur le trône.
LMngratitude de Mahmoud envers son sauveur d^
termina un soulèvement, à la suite duquel sop fîl^
Kamram dut se réfugier à Hérat, Mahmoud mourut
en 1829 dans cette ville» lp.issant pour tout patri-?
moine k sa famille le gouvernement de la province
d'fiérat» et les Barrakzis» restés mattretdn royaume,
le partagèrent entre eux de la manière suivante ; Do$t«
Mohammed eut la province de Caboul ; Mohammed
celle de Peischawer, pour laquelle il reconnut la* su-
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Mft AlIGLUa DAHB L*IMDB. 171
Mnineté de Rutidjat-Sing; enCm Kiirdil-Khan et ses
frères &*élablirent à Gandàhar. Quant àSoudja, battu*
à phittMrs reprises dans ses tentatives pour remon-
ter sur le trône de Timour^Scbah , il était réftjgié
depuis cinq ans à Lodiana, lorsque la Compagnie
résolut dé le faire servir de drapeau dans la guerre
que le désir d*entraver les desseins de la Russie Ven^
gageait à déclarer aux Affghans.
LVnaée de la Compagnie reçut l'ordre de se con-
centrer k Firozepour, sur le SutledIJe, dans les pre-
miers jours du mois de novembre 1858. Jusqu*au
moment de la jonction du corps du Bengale avee la
division de Bombay, le général s{r Henry Pane^
eemioandant en chef les forces d« l'Inde, devait être
cliargé de la direction des troupes de Test, composées
de deux divisions dMnfanterie, formant cinq brigades
de trois régiments, d'une brigade de cavalerie, com-
prenant également trois régiments , d^une brigade
d'artillerie» composée de cinq compagnies d'artillerie
à cheval et de neuf compagnies d'artillerie à pied.
Po équipage de siège et quelques compagnies desa^
peurs -mineurs complétaient la force du corps du
Pengale.
Le corp« de Bombay était sous les ordres de sif
Jo)iP Keaeei désigné pour commander en chef i'ar*^
ffiée expéditionnaiiie. I^a division de Bombay com^
{Mrenait deux brigades de trois régiment chacune, .
une brigade de cavalerie de deux régiments à deux
eseadroOê» et un détachement de cavaierie irrégulière.
^ arttUerie consistait ^n deux compagnies d'artilie-
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172 D^ LÀ rUISSAIS'GB HlLITAIBfe
rie à ehevaly deux compagnies d'artillerie de rempart
et un équipage de siège.
Soudja, le roi futur des Affghans, marchait, de
son côté, avec un corps d^armée composé de cinq ré*
giments dUnfantericf, deux régiments de cavalerie et
une compagnie d'artillerie indigène. Le major-géné*
rai Simpson avait le commandement de ce corps et
opérait en dehors du reste de Tarmée.
La crainte de mécontenter te roi de Lahore, qui
s'était opposé au passage de l'armée anglaise dans
ses États, et la nécessité de fixer pour la réunion des
corps de Bombay et du Bengale un point suffisam*
ment éloigné du pays occupé par l'ennemi, fit choisir
la route du Bolan pour envahir TAffghanistan, bien
qu'elle présent&t des obstacles presque insurmon*
tables.
Les forces des Affghans s'élevaient à &,000 ou
5,000 hommes seulement pour la province de Can*
dahar; mais Dost-Mohammed , le souverain du Ca-
boul ^ pouvait opposer, de son côté, aux Anglais
16,000 hommes d'excellente cavalerie. Quant aux
amirs du Scinde, ils auraient pu réunir :25,000 hommes,
sans compter les troupes du khan de Kélat; mais,
grâce aux traités conclus avec eux par Burnes, qui
avait été chargé de préparer l'expédition, ils ne vou«
lurent pas se déclarer ouvertement contre la Com-
pagnie, et livrèrent passage à l'armée anglaise à tra*
vers leur territoire.
Nous ne suivrons pas le corps expéditionnaire dans
son laborieux itinéraire : le général Haveiock, de si
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MS ANGLAIS BANS l'iNDB^ 17&
regrettable mémoire, faisait partie, en qualité de
capitaine, de Tarmée du Caboul ; il a publié sur les
campagnes de rAffghanistan une notice détaillée à
laquelle nous renvoyons nos lecteurs ; le mérite excep-
tionnel de cette œuvre n*était pas un des moindres
titres de Tillustre général à Testime de ses frères
d'armes, et nous lui empruntons les renseignements
qui peuvent rentrer dans notre cadre.
Le 10 décembre, le corps du Bengale quittait
Ferozepore, et se dirigeait sur Bhawalpoor en suivant
la rive gauche du Sutledje.
Le 22 novembre, la division de Bombay avait
quitté ce port, et le 27 elle était arrivée aux bouches
de rindus, où elle opérait son débarquement. Sur
ces entrefaites, un nouveau traité avait été conclu
avec les amirs du Scinde; ils avaient consenti à livrer
aux Anglais leurs places les plus importantes, et
entre autres Bakkar, qui commandait le cours de
rindus, et dont la possession devait assurer les com-
munications de Tarmée.
Le corps du Bengale, après avoir franchi Tlndus à
Bakkar pendant les premiers jours de février, s'était
engagé dans les passes du Bolan ; le 26 avril, il arri-
vait sous les murs de Gandabar, ayant parcouru plus
de &00 lieues depuis son départ de Ferozepore. Les
frères Barrakzis avaient évacué leur capitale dès le 23;
le corps du Bengale put donc s^y établir sans diffi-
culté, et attendre le corps de Bombay, qui arriva
enfin le h mai, après avoir beaucoup souffert pendant
sa marche à travers les montagnes.
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ilk PB LL PD188ÂIICX mUTittB
Le SO juillet, Tarméè anglaisé arrivait iôoB lel
murs de Ghazna. Cette ville était défendue par
Mobaromed-Hyder, Tu» des fila de Dost^Mobammed^
Le 32| les dispoaiiiûDs étaient priaes pour l'assauti
et le 3S Gha^^na était emporté i 4^600 priaonnierai
1,000 chevauxi 300 chameaux, des approvisionne^
inenta considérables étaient le prix de ce premier
succès, qui n*avait coûté que 150 tués ou bleeaéa aup
vainqueurs.
Le 6 août, les habitants de Caboul, craignant la
sort de Ghazna, ouvraient ieufs portes à Sbab^»
Soudja. L'armée anglaise avait Accompli la pre-
mière partie de sa tâche « elle avait fait plus dd
600 lieues pour ramener le vieux roi dans sa capi-
tale. Il s'agissait mainlenant de défendre et de con^
solider son trône ; malheureusetnént celte œuvra da
restauration était sans bases solides ; il lui manquait
les sympathies des populations^ et Chacun pouvait
prévoir qu'elle s'écroulerait aussitôt que l'armée an-
glaise ne serait plus là pour l'étayer.
• Ces prévisions ne devaient pas être trompées. Bien
(}ue le général en chef, sir KeanCi eût laissé la presque
totalité du corps expéditionnaire dans le camp da
Caboul, et dans les principales places des A^banti
il était à peine rentré de sa personne à Feroxepor»,
et le corps de Bombay n'avait pas atteint le SoiodOf
que l'insurrection éclatait sur tous led points» La
désaffection pour Soudja, la créature des AngiaiSr
était chaque jour plus visible ; il ne régnait que par
les baïonnettes, tandis que les Barrakais avaient eoBe:
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ÙÈ$ AnGLAlS DANS L^JNDC; 175
Bervé toutes le8 sympathies des populations. 2 aùssi^
dès l8 commencemant de ISAO^ Dost-Mobammed
était parvenu h féunir une aroiéc considérable dans
le kondouz, et tout le pays était prôt àTappuyer.
A la mènr)e époque^ une réaction générale semblait
se prononcer contre la domination anglaise, sûr tous
les points une conspiration sérieuse s^organisait et
menaçait la Compagnie; TAsie commençait à couvef
ces Vêpres indiennes, dont Pénergie de ses domlfta*-
leurs n'a pu qii'ajourner Texplosioni
Il faut le reconnaître, en 18A0 comme de nos joursi
le gouvernement de Tlnde n*a point failli & sa t&Glie#
Aussi habile à conjurer les dangers éloignés que
(jrompt et ardent à combattre ceux du présent, rion
ne lui a coûté pour établir ou reconstituer son pour-
voir partout où il Ta cru nécessaire. L^année préoé-^
dentoi profitant des embarras causés par la guerre
des Affghans, le radjah de Kurnaul s'était décidé h
levef le noasque. 11 avait organisé et rassemblé seerè*
temeut, depuis des années, dans son petit fort, unt
artillerie et des munitions de guerre suflisanles pour
une armée de 100,000 hommes* Un détachement
anglais avait été envoyé immédiatement sur les lieux,-
et, après iine courte mais furieuse résistancei s'était
emparé du nawab et de son fort, iid radjah de Sat**
tarah, les chefs du Bundelcund, du Malwah et du
fiadjepootna avaient été obâtiés pour leufd velléités
de désobéissance ; enfin les radjahs de Djoudpojmr el
de Hampour avaient été battus par les troupes de la
Compagnie, et forcés de faire l'abandon de leurs ter^
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176 PB LA PUISSANCE IIUITAIR£
ritoires, sur lesquels ils n'avaient pas su comprimer
les menées hostiles au gouvernement anglais. Bref,
si partout de vives haines éclataient contre les An-
glaisi si d'ardents désirs de vengeance se montraient
sur tous les points où pesait leur domination, par*
tout, à leur tour, ils se montraient à la hauteur des
dangers ou supérieurs aux revers de cette période dif-
ficile.
L'insurrection du Caboul fut, parmi les événe*
ments désastreux contre lesquels la Compagnie eut
à lutter, celui qui infligea Téchec le plus rude à ses
armes. Nous venons de dire quelle avait été l'attitude
des populations de TAffghanistan aussitôt après le
départ de sir John Keane : l'année 18/iO ne fut
qu'une suite de combats dans lesquels les Anglais
n'eurent pas toujours l'avantage. Vers le mois de no*
vembre, cependant, Dost-Mohammed, battu dans deux
rencontres par le général Dennie, avait été obligé de
se rendre à sir William Mac-Naghten , chargé des
affaires politiques du Caboul. Cet événement, aussi
bien que la funeste issue de l'expédition dirigée
contre Khiva par le général russe Perowski, aurait
pu calmer les alarmes que le gouvernement de Cal-
cutta ressentait à l'endroit de sa nouvelle conquête;
mais cette amélioration dans la situation de l'armée
d'occupation, dont toutes les communications avec le
reste de l'Inde se trouvaient depuis longtemps cou»
pées, ne fut malheureusement pas de longue durée.
Affaibli par l'âge et la maladie, le général Elphin*
stone n'avait pas Ténergie nécessaire pour doniiner
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Des ÀT^GKAIS DANS f/iNDB. 177
les difficultés d'une pareille position : nommé au com-
mandement des troupes de l'Afighanistan sur le refus
du général sir William Cotton, qui l'avait aussi re-
fusé à cause de son âge, le général Elphinstone se
laissa bloquer dans son camp sous les murs de Ca-
boul, et ne sut ni combattre ni se retirer à propos.
Toutes les troupes placées sous ses ordres immédiats
furent détruites, pendant leur retraite, dans les défi-
lés qui séparent Caboul de Djelialabad, où comman-
dait le général Sale, et les forces dispersées dans les
différentes places de TÂffghanistan se virent réduites,
pendant six mois, à la situation la plus critique.
Sur ces entrefaites, lord Ëllenborough avait été
nommé gouverneur -général à la place de lord
Auckland. Gr&ce à l'activité, à l'énergie que la colo-
nie tout entière sut déployer sous l'administration de
son nouveau chef, au mois d'octobre 18&2, les An-
glais, sous les ordres des généraux PoUock et Nott,
avaient vengé la défaite d'Elphinstone, mort prison-
nier des Affghans. Les garnisons de l' Afghanistan, à
l'exception de celle de Ghazna, qui avait dû se rendre
faute de vivres, étaient débloquées, et tous les pri-
sonniers tombés aux mains de l'ennemi pendant la
première campagne étaient délivrés. Toutefois, les
Anglais étaient décidés à abandonner l'occupation du
pays occidental de l'Indus, qu'ils ne pouvaient con-
server sans faire d'énormes sacrifices. La guerre de
Caboul avait coûté à la Compagnie 10,000 soldats et
30,000 domestiques au moins, tous les chevaux de
l'armée, et 50,000 chameaux avaient succombé dans
12
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178 1» LA FUUSANCE MILITAIRB
les montagnes du Bolan ou dans les défilés de Kbyber ;
enfin AOO millions avaient été dépensés pour se re-
trouver, après quatre années d'efforts, au point de
départ de 1889.
Il fallait un dédommagement à de pareilles pertes.
Si l'Angleterre se résignait à abandonner momenta-
nément le Caboul, il n'en était pas de même du Scinde,
dont les places étaient restées entre ses mains. La
possession du cours de T Indus, en ouvrant de nou-
veaux débouchés au commerce, devait faire rentrer
dans les coffres de la Compagnie les millions absor-
bés par la guerre. Les Beloutchis du Scinde ayant
attaqué uii résident anglais, le major Outram (1), sir
Charles Napier, fut chargé de punir les amirs de cette
infraction aux traités. Les deux batailles de Miannie
et de Dabba suffirent pour disperser ou détruire les
forces de MirRostem et de ses frères, et le Scinde fut
à jamais réuni à Tempire britannique. Sir Charles
Napier fut nommé gouverneur de la nouvelle cm-
quête; quant à lord ËUenborough, il rentra en Aa-
gleterre après avoir rendu la liberté à Dosi-Moham-
med, et fut remplacé par sir Henry flardinge.
11 ne nous reste plus, pour épuiser la liste des évé-
nements qui ont précédé l'insurrection de 1867, qu'à
dire un mot des deux guerres du Pendjaub.
L'armée anglaise entrait dans la capitale de l'Aff-
ghanistan lorsque le conseil de Calcuita apprit la
mort de Bunjet-Sing (27 juin 1889). L'incapacité
ti) Le même dont le nom est devenu si célèbre dans la guerre
icladle, et que les Anglais «at samommé le Bayard de Ifnde.
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DBS ANGLAIS DANS L'INDB. 179
notoire de son successeur Kharack-Sing présageait
des événements sérieux» pour lesquels la Compagnie
était dès longtemps préparée; mais la mort subite de
ce prince, le 7 novembre 18/lO, et surtout celle de
Nahal-Sing. son fils, à deux jours d intervalle, exer-
cèrent une influence assez favorable pour dispenser
le gouvernement d'intervenir, du moins immédiate-
loent, dans les affaires du Lahore. Sheree-Sing, dé-
voué aux Anglais, l'un des fils de Rundjet, fut pro-
clamé roi par les grands, malgré l'opposition de la
veuve de Karrack, appuyée par une grande partie de
l'armée.
Malheureusement pour l'indépendance des Sickhs^
les troubles auxquels donna lieu quelque temps plus
tard la régence nécessitée par la jeunesse de Ubulap
devaient déterminer l'intervention des troupes de la
Compagnie, et. conduire le Pendjaub au système du
« protectorat , » ce premier échelon vers l'asservisse-
ment définitif, suivant les règles de la politique an*
glaise.
Malgré son excellente organisation, privée de ses
chefs européens, les généraux Allart, Ventura, etc,|
qui s'étaient retirés après la mort de leur bienfaiteur»
l'armée de Rundjet ne put lutter contre l'armée an-
glaise, et fut défaite par sir Hardinge aux journées
de Montkie, de Ferozeshah, de Halwal et de Sobraoo,
Un tiers des Sickhs fut taillé en pièces par l'arnoée an-
glaise, et les restes de cette puissance militaire, sai-
sie d^une panique sans pareille, rebroussèrent chemin
et s'enfuirent au delà de leurs frontières.
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180 DE LA PUISSANCE MniTATHE
Par le traité de mars 1846, un premier démem-
brement du royaume de Lahore fut effectué au profit
de Goolab-Sing (1); ce prince ayant été proclamé roi
de Cachemire, le royaume de Dhulap-Sing fut réduit
aux provinces de Lahore et de Moultan, dont Fadroi-
nistration fut confiée au colonel Lawrence.
Le Pendjaub commençait à recueillir les fruits du
gouvernement éclairé auquel le traité d^Araritsîr
\'ivait soumis ; remploi des débris de Tarmée sicke
& la police des districts avait rétabli sur tous les
points l'ordre et la tranquillité; le résident anglais
donnait tous ses soins à la préparation de grands
travaux publics, qui allaient augmenter encore la ri-
chesse de ces territoires déjà si favorisés parla nature,
lorsqu'une nouvelle désastreuse vint mettre un terme
à cette heureuse situation.
Soulevée par les intrigues de lunda-Khor, la
mère de Dhulap-Sing, la province de Moultan
s'était révoltée, et deux officiers anglais, MM. Ander-
sen et Van Angus, avaient été massacrés au moment
où ils procédaient à finstaliation d'un nouveau rad-
jah à la place de Dcwan-Moolral, dont l'hostilité au
gouvernement de la Compagnie ne pouvait être to-
lérée sans danger.
Pour attendre les secours de l'armée de lord Goagh»
chargé de la direction de la guerre , le résident an-
glais dut faire des prodiges de valeur et de diploma-
(1) Goolab-Sing, dont la fidélité ne s*e&t pas démentie pendant
les événements de 1857, est mort le 2 août, laissant son trône à
son fils Rhamber-Sing.
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DES A^GLAIS DANS L*1P1DE. 181
tie; mais il parvint cependant à sauver ses détache-
ments disséminés sur toute l'étendue du territoire en
insurrection. Lord Gougii arriva à Lahore avec une
armée de 25,000 hommes, et cent pièces de canon,
vers la fin de 18A8, et dut tenir la campagne pen-
dant trois mois avant d'en finir une dernière fois
avec les vieilles bandes de Runjet. Affaiblis par la
bataille de Chillianvallah, restée indécise, le 13 dé-
cembre 18/i8, les Sickhs furent enfin complètement
détruits et dispersés à la fin de février 18A9, à la
bataille de Goudjerale.
Dès ce moment, le royaume de Lahore avait cessé
d'exister. La jeunesse de Dhulap-Sing devait perpé-
tuer une ère de troubles et de désordres que la proxi-
mité des frontières occidentales pouvait rendre des
pluspréjudiciables aux intérêts de la Compagnie. Le
seul moyen de la fermer était dans l'annexion des
populations turbulentes rangées sous le sceptre de ce
roi enfant; elle fut irrévocablement prononcée.
Depuis cette époque jusqu'aux événements qui oc-
cupent à cette heure la presse européenne et l'intérêt
public, le gouvernement de l'Inde n'a eu à exercer
que la police de ce vaste empire. Il représente au-
jourd'hui le plus immense assemblage de royaumes
réunis sous une seule loi que le monde moderne ait
jamais vu. Cet empire merveilleux, créé par une
compagnie de marchands, comprend une population
dont il est difficile de fixer le chiffre, son recensement
exact et complet n'ayant jamais été fait, mais qui dé-
passe certainement 150 millions d'&mes. Ce n'est pas
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Google
182 DB LA PUISSANGB MILITAIRB
leur sympathie envers les vainqueurs qui a produit la
fiôunnission des vaincus, car Hindous et Européens
semblent des créatures d'espèce différente, tant la re-
ligion, les mœurs, les institutions civiles, les sépa-
rent ; ce n^est pas non plus la force matérielle, car la
Compagnie des Indes n'a employé jusqu'ici qu'un
nombre très limité de ses nationaux pour commander
et diriger les 300,000 cipayesdont raninée, jusqu'en
1857, avait suffi pour maintenir les populations sous
le joug. Ce qui cause la soumission extrême des In-
diens, c'est le principe énervant et décourageant de
la division des castes; c'est l'immense infériorité
morale des indigènes devant les Européens; c'est la
terreur, le respect, l'admiration que ceux-ci leur in-
spirent par leur caractère, leur puissance, leur civili-
sation. La domination des Anglais dans l'Inde est un
bienfait incalculable pour ces peuples, rendus si mous
et si lâches par leur religion avilissante, qu'ils n'ont
aucune Idée de la dignité de l'homme; habitués dé
tî)ut temps à être opprimés par tous les conquérants,
jamais ils n'en ont vu d'aussi bienveillants, puisqu'ils
leur ont donné ce qu'ils n'ont jamais eu, le repos
sôtis un gouvernement régulier.
Bien loin de prendre part à un soulèvement, & l'in-
surrection actuelle, par exemple, les population* re-
poussent de pareilles crises avec effroi. Elles saverit
bien que là où la supériorité a été momentanénrrent
acquise aux indigènes, tout ce qu'elles avaient de plus
précieux ou de plus sacré est devenu ta proie de
bandes pillardes et licencieuses, sans frein ni disci-
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB« 18ft
pline. Gomment les peuples de Tlnde oublieraient-ils
la férocité et les brigandages des Mahrattes, dont le
passage fut tant de fois marqué par le fer ou le feu?
N'est-ce pas sur leurs compatriotes que les Pindarries
ont exercé leurs cruautés, et leur souvenir ne rap-
pelle-t-il pas des scènes de cannibales que les mon-
tagnards du Népaul ont renouvelées en massacrant
les populations inofiensives de la plaine?
Si rénergie des Européens n'avait sufS à dominer
rinsurrection qui expire aujourd'hui, l'effroyable
anarchie qui eût succédé à son triomphe eût été le
premier auxiliaire du retour des dominateurs , et
cette crainte a été la première ou plutôt la seule cause
de Tattilude prise par les populations.
A un autre point de vue, pour qu'il y eût soulève-
ment général dans l'empire anglo-indien, il faudrait
non seulement que les masses y fussent intéressées,
mais encore qu'elles ne fussent divisées par aucun
sentiment de haine, et c'est ce que les différences
entre leurs croyances religieuses ne permettront ja^
mais. Il n'y aura jamais de mouvement simultané,
parce que, du moment où deux sectes se réuniront
dans une même conspiration, on est toujours sûr que
Tme trahira l'autre avant le moment de rexplosion.
i/Angleterre n'aura donc rien à craindre de ses
sujets indiens tant qtf ils seront livrés à eux-mêmes,
privés d'auxiliaires européens, et aussi longtemps
qu'elle respectera leurs préjugés religieux et surtout
leurs préjugés de castes. Là serait le seul écueil, et
c'est pour l'avoir méconnu que la révolte des cipayes
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ibk D£ L/i POISSANGB JHiLlTAlRB. ETC.
a eu lieu. Quant aux autres mouvements qui pour-
raient se produire, ne tendant pas à un but unique
dans rintérét général, n'ayant point leurs racines
dans Tamour de la patrie, ils ne trouveront jamais
d'écho hors du territoire où ils auront pris naissance ;
ils tomberont d'eux-mêmes et disparaîtront à l'aspect
d'un ou de deux régiments souvent formés de soldats
nés dans le même pays.
Si l'on voulait objecter à cette appréciation, de la
facilité avec laquelle la puissance anglaise est en me-
sure de dissiper ou de briser toutes les insurrections,
l'ébranlement profond causé par le soulèvement de
1857, c'est que l'on méconnaîtrait les conditions
tout exceptionnelles dans lesquelles il s'est produit.
Sans nous faire ici un argument d'un résultat que
nous avions prévu et annoncé dès le début de cette
étude et que le canon de Lucknow proclame au mo*
ment où nous écrivons, nous nous proposons de dé*
montrer que la révolte des cipayes, loin d'infirmer ce
que nous cherchons à établir, tend plutôt à le prou-
ver : il nous suffira pour cela de démontrer que l'in-
surrection actuelle a été toute militaire et nullement
nationale. Ceci posé, quant & son origine, nous es-
sayerons d'établir que sa durée et ses proportions ont
tenu aux imperfections du système et de l'organisa-
tion militaires de la race conquérante, nullement à
Ténergie ou au patriotisme de la race conquise.
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CHAPITRE X.
Sommaire : Description générale physique el politique de l*Inde
anglaise. — Bornes et orographie. — Bassins principaux. —
Description des provinces baignées par le Gange. — Provinces
de rinde centrale. —Contrées baignées par Tlndus. —Pres-
qu'île du Deccan. -^ Divisions politiques et administratives. --
Tableau des possessions immédiates de la Compagnie. — Tabloau
des possessions médiates, ou États vassaux. ~ Superficie et po-
pulation. — Gouvernement de la Compagnie. — Bill du 2/i août
1853. — La Cour des directeurs, le gouverneur-général, le
Conseil suprême, le bureau do contrôle. — Organisation de
l'armée. — Tableau el composition des forces militaires de la
Compagnie.
Nous avons résumé succinctement, dans les cha-
pitres qui précèdent, les différentes phases du déve-
loppement de l'empire anglo-indien. Le moment est
venu de présenter sur sa constitulioti géographique,
politique et administrative, quelques notions élémen-
taires indispensables à Tintelligence des événements
contemporains (i).
JLa colonie des Indes orientales, telle que l'ont
faite les conquêtes successives de la Compagnie, com-
prend aujourdMiui la majeure partie du versant de
TAsie correspondant à l'océan Indien, cest-àdire
tous les territoires situés au sud de la grande chaîne
(1) Voir la carte jointe ^ la dernière livraison.
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186 DB LA PUISSANCE MILITAIRB
de rHimalaya. En réduisant en système les connais-
sances très confuses et très naorcelées que nous avons
sur Torographie de l'Asie méridionale, on peut ima-
giner que des groupes qui composent le Thibet orien-
tal, les uns, sous le nom de Tbsounling, tournent lei
sources du Satouen, et longent le cours supérieur de
rirrawaddy en s' effaçant dans les plateaux superpo-
sés du Thibet central, jusqu'à ce qu*ils se joignent à
la chaîne transversale des Beiour; les autres coupent
d'abord le Salouen et ses affluents en jetant des ra-
meaux entre ces deux rivières, ensuite l'Irrawaddy
en un point très remarquable, non-seulement parce
quMI est presque à l'intersection des empires chinois,
birman et anglais, mais parce qu'il est probable que
la brèche par laquelle l'Irrawaddy s'échappe du pla-
teau central est la jonction des montagnes orientales
de l'Asie avec l'Himalaya.
C'est donc à partir dès monts Kamti, qui séparent
les affluents du Brahmapoutre de ceux de Tlrrawaddy,
que commence la longue et épaisse muraille de l'Hi-
malaya. Cette chaîne, qui forme la limite septen-
trionale de l'empire anglo-indien, se dirige de Pest à
Touest en séparant à son tour les sources du Brahma-
poutre, et ensuite le bassin du Gange, du cours supé*
rieur de l'Irrawaddy, qui est parallèle à sa crète; elle
isole le Boutan, le Népaul, le Guerwal du Thibet,
culmine dans le mont Dhawalageri, la plus haute
montagne du globe (ft,â90 toises), et remonte au
nord -ouest pour se joindre aux groupes septentrio-
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DB5 ANGLAIS DANS L*INDB. 187
n&ax du plateau central. Ce lieu de jonction est très
reoiarqoable comme donnant source au Brahma-
poutre au sud-est, à l'indus au nord-ouest (leurs
deux vallées étroites, et bordées par THimalaya, sem-
blent le prolongement Tune de Tautre), enfin au Gange
au sud, dont la haute vallée n*a pas de ceinture mar-
quée, comme les deux autres. De là THimalaya con-
tinue à se diriger du sud-est au nord-ouest, ouvre
une brèche pour laisser passer le Sutledje, affluent
de rindus, sépare le cours supérieur de ce fleuve de
son cours du milieu, s'ouvre pour le laisser écouler,
et va se confondre dans une masse énorme de hau-
teurs comprises entre Kaboul, Kachemyreet Laddack»
et qui pourrait être considérée comme le noyau cen-
tral de TAsie.
En effet, de là partent quatre chaînes presque à
angle droit : THimalaya au sud- est, le Thsounling à
f est, le Bolor ou Belour au nord, et THindou-Koh à
Touest. C'est cette dernière chaîne qui sépare le
royaume de Kaboul de la grande Boukharie; c'est le
Caucase indien des compagnonsd'Âlexandre le Grand,
et qui termine la ceinture du versant de Tocéan In-
dien. 11 se partage, entre Kaboul et Candahar, en
plusieurs branches, dont les deux extrêmes enceignent
le plateau intérieur de la Perse. La branche du sud
descend à travers TAffghanistan et le Belouchistan,
sous les noms de monts Souleyman-Koh et Brahouick
(&000 mètres), en séparant le bassin de Tlndus des
eaux du plateau de la Perse ; dans sa partie la plus
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188 DE LA. PUISSANGK UlLlTAKaB
méridionale, celte chaîne prend le nom de Bolan, et
nous avons vu le rôle important qu'elle avait rempli
dans la campagne de 1839 -IS&O.
Il nous reste, pour compléter Torographie de Tem-
pire anglo-indien, à dire un mot des systèmes de mon-
tagnes qui séparent les principaux bassins. Entre le
Sutledje et la Djemnah se détachent des hauteurs qui
semblent d'abord l'avant-terrasse de THimalaya, et
deviennent très confuses et peu élevées dans le Rad-
jepootna ou pays d'Àdjimir; les unes vont fmir dans
la presqu'île de Guzerale ; les autres s'inclinent au
sud-est, et se joignent aux monts Windhya. Ceux-ci
ne sont qu'une série de groupes et de plateaux de
800 à 1000 mètres de hauteur, dont la direction gé-
nérale est de l'ouest à l'est, et qui enferment de tous
côtés le bassin de la Nerbuddah. C'est cette masse de
hauteurs qui rattache la presqu'île hindoustaniqae
au continent. Vers l'embouchure de la Nerbuddah
commencent les Ghauts ou (ihattes, qui forment la
charpente de cette presqu'île, et la partagent en deux
versants très inégaux ; elles descendent le long de
la côte occidentale par une chaîne distincte et con-
tinue élevée de 3000 mètres, et finissent au cap Co*
morin.
La penle des Chattes est très rapide sur la mer
d'Oman ; mais sur le golfe du Bengale cette pente se
compose de terrasses succcFsives, dont les derniers
talus sont escarpés, et semblent former une chaîne de
Chattes orientales peu élevées, et à travers lesquelles
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DBS ANGLAIS DANS L*INDR. 189
les fleuves s'échappent comme par des brèches.
Les Chattes orientales» en remontant du cap Co-
morin au nord , passent à 70 milles de Madras, en
longeant le Karnatic» et se divisent ensuite en plusieurs
rameaux formant des vallées couvertes d'épaisses
forêts. La chatne principale n'a que des défilés
(Chattes signifie portes) garnis de forteresses, et les
indigènes la désignent sous le nom d'Ellakouda.
A Tendroit où les Chattes séparent les Circars du
nord de la province de Berar, les montagnes devien-
nent presque inaccessibles, et il n'y a qu'un seul pas-
sage pour les voitures et les chevaux ; c'est celui de
Solar-Ghat» qui conduit dans le Behar. Partout on
ne voit que des masses de rochers qui s'élèvent per-
pendiculairement dans les nues, et ne laissent au-
cune issue au voyageur épouvanté.
La chaîne occidentale des Chattes, beaucoup plus
élevée, comme nous l'avons dit, que la partie orien-
tale, s'étend sur une longueur d'environ 350 lieues,
traverse les provinces de Kanara , de Sounda, passe
près de Coa, et entre dans le pays des Mahrattes, où
elle se partage en plusieurs rameaux. L'épaisseur des
forêts, la profondeur des précipices et la rapidité des
torrents rendent très difficiles les passages de ces
montagnes, qui, en quelques endroits, sont de 50 à
60 milles anglais. L'insurrection de 1857 eût trouvé
dans ces régions beaucoup plus de facilités pour se
perpétuer que dans les plaines du Cange, et il est
heureux pour la domination anglaise que les succes-
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190 D£ Là PUISSANCE MILITAIEB
seurs de Hyder-AIy et de Tippoo>SaIb n'aient point
hérité de Ténergie et de Tesprit d'indépendance de
leurs devanciers,
La partie orientale du versant de l'océan Indien,
inclinée fortement vers Téquateur, garantie des vents
du nord par les plus hautes montagnes du globe, ar-
rosée par des fleuves magnifiques, se prolongeant au
sud par une large et superbe presqu'île, est l'une des
contrées les plus riches et les mieux peuplées du
monde. Son aspect est monotone; ses montagnes
présentent, en général, des lignes grandioses, mais
point ou peu de détails pittoresques; ses plaines im-
menses, brûlées par le soleil ou inondées par les
eaux, sont fertiles, mais peu variées. La chaleur et
l'humidité extrêmes dont le sol est imprégné lui
donnent une végétation prodigieuse, et un climat
délétère qui inspire à ses habitants l'indolence et la
l&cheté : aussi ce pays, qui appelle l'avidité des
conquérants, n'a jamais pu ni résister à une invasion
étrangère, ni secouer le joug de ses dominateurs.
La partie occidentale de l'empire anglo-indieo,
placée sous la même latitude, se prolongeant aussi
par une grande presqu'île, présente un aspect tout
différent; d'immenses plateaux et des déserts de sable
couvrent la moitié de sa surface; la masse de ses
montagnes ne lui donne que des eaux peu abondantes;
mais el!e présente des sites variés, des vallées déU*
cieuses, un climat plus sain; et ces contrées âpres et
infertiles ont nourri de tout temps des races guerrières.
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB. 191
L'Inde orientale doit la fertilité de son sol à la
grande quantité de fleuves, de rivières et de torrents
qui Tarrosent. Les anciens comme les modernes ont
été frappés de leur aspect imposant. Tous les phéno-
mènes que présente le cours d'un fleuve s'offrent ici
sur une grande échelle ; nourries de toutes les neiges
de l'Asie centrale, les rivières de l'Inde ressemblent
déjà, par leur volume d'eau» à nos plus grands fleuves,
aux lieux mêmes où elles conservent encore la marche
impétueuse de nos torrents de montagnes. Cependant,
malgré ces grands et nombreux cours d'eau , la zone
torride conserve ses droits ; beaucoup de districts de
l'Inde présentent le spectacle de la plus grande ari-
dité. Les réservoirs ou tanks, construits à grands
frais, fournissent souvent de l'eau à des centaines de
villages à la ronde.
Les cours d'eau de la presqu'île hindoustanique se
divisent naturellement en deux sections : ceux qui se
H'ndent dans le golfe du Bengale, et ceux qui tom-
bent dans la mer d'Oman. Nous commencerons par
les bassins de Test.
Le Salouen et l'Irrawaddy ne doivent être mention-
nés que pour leurs embouchures, qui se trouvent sur
la portion de côte acquise par la Compagnie à la suite
de ses guerres avec les Birmans. I^ cours de ces
fleuves appartient réellement à cet empire. Le Salouen
finit à Amherst-Town, ville nouvelle fondée par les
Anglais sur la frontière, et Tune des branches
de rirrawaddy arrose Rangoun, excellent port qui
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192 DE LA PUISSANCE MILITAIRB
a servi de base d*opération dans la campagne
de 1826.
Le Gange, dont le bassin est nettement tracé au
nord par THimalaya, et faiblement au sud par les
hauteurs qui se rattachent aux monts Windhya, des-
cend de la pente méridionale de THimalaya par deux
sources élevées de 51/iO mètres ; il faitde nombreuses
chutes, passe à Hurdwar, traverse du nord au sud le
Rohilcund, et du nord-est nu sud- est les provinces
de Dehii et d*Agra, arrose Fatighur, Cawnpoor, sta-
tions militaires des Anglais; Allahabad, grande place
d'armes, la reine des villes saintes aux yeux des
Hindous, très déchue aujourd'hui , mais importante
par sa citadelle. De cette ville, où il reçoit la
Djumnah, le Gange coule tortueusement de Touest à
Test dans la province de Behar, en arrosant Mirza-
pour et Chunar, villes fortifiées ; Bénarès, la métro-
pole religieuse de Tlnde; Ghazipour, Patnah, Dina-
pour, villes importantes, dont la première renferme
le dépôt des remontes de la cavalerie anglaise, et
dont la dernière a joué un rôle important dans Tin-
surrection de 1857. Au-dessous de ces villes, le
Gange s'incline au sud -est dans le Bengale, et alors
commence le grand delta, où ses eaux se dispersent
dans une infinité de branches, et qui ressemble soa-
vent à une mer de fange soulevée par les vents furieux,
traversée par des courants rapides et coupée d'Iles
inondées. La branche orientale est la plus considé-
rable; elle passe près de Dacca, ancienne capitale du
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DES ANGLAIS DANS l'iKOK, lOS
Bengale, et va se réunir au Bramahpoutre ; la branche
occidentale s* appelle Hougly» passe par Mourchida-
bad, grande ville dans les environs de laquelle est
Bourhanopour ou Burkanpour, Tune des six grandes
stations militaires des Anglais. Plus au sud, THougly
arrose Chandernagor, qui appartient aux Français;
cette ville de &0,000 âmes, sans commerce, sans for-
tifications, sans importance aucune, est perdue dans
les immenses possessions anglaises. Au-dessous est
Calcutta y capitale des possessions anglaises dans
rinde. Les bouches du Gange occupent 60 à 70 lieues
de côtes; son cours est de 600 lieues; la salubrité de
ses eaux, la richesse de son bassin, la fertilité qu'il
cause par ses inondations périodiques en ont fait le
fleuve sacré des Hindous.
Les affluents de gauche du Gange sont : 1* le
Gourotee, qui passe à Lucknow, capitale du royaume
d'Oude; 2* le Gogra, qui traverse le Népaul, arrose
Fyzabad, Aoude, ancienne capitale de ce royaume,
et finit entre Ghazipour et Patnah; 3* le Bagmatty,
qui prend naissance près de Catmendou, capitale du
Népaul ; &* enfin le Brahmapoutre, qui paratt naître
dans l'extrémité orientale de l'Himalaya, traverse le
royaume d'Assam, passe près de Rangpour, capitale
de ce royaume, reçoit k droite des rivières qui vien-
nent du Boutan, pays montagneux, passe près de
Rangamatty, ville au-dessous de laquelle il tourne au
sud par des bras très nombreux, laisse sur sa gauche
les montagnes habitées par les tribus sauvages des
Garrows, et se joint h la branche orientale du Gange
13
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19& DB LA PUISàANGË MIL1TAIAB
pour composer avec elle son inextricable delta.
Le principal afSuent de droite du Gange est la
Djumnah. Cette rivière descend de THimalaya, à
I*ouest des sources du Gange, coule du nord au sud,
passe près de Kurnawl et de Paniput, champs de ba-
taille célèbres dans Thistoire de Tlnde, laisse k
gauche Meerut, l'une des plus grandes stations mili-
taires des Anglais, et arrose Dehii, ancienne capitale
de l'empire des Grands Mogols. De là la Djumnah
laisse sur sa gauche Alighur, forteresse importante
qui fut longtemps la résidence du général Perron ;
elle passe ensuite à Burlpour, ville célèbre par les
sièges qu'elle a subis, prise d'assaut en 1826; puis
elle tourne à Test, et arrose Agra, capitale de là
présidence des États du nord -ouest. Au-dessous
d'Agra, la Djumnah passe encore à Êtawah, Calpi,
Bandah, et finit au-dessous d'Allahabad.
Les affluents de droite de la Djumnah sont nom-
breux, et leurs bassins, qui s'étendent jusqu'aux mofits
Windhya, d'où ils descendent, forment les provinces
de Behar, d'Adjimir, de Cuttack, de Gaudowana,
d'Allahabad, d'Agra, de Dehli, de Sindhia (en
partie), etc., qui comptent parmi les possessions im-
médiates de la Compagnie. En outre, avant 1857,
dans ces mômes bassins se trouvaient compris les
États vassaux ou protégés de Rewah, de Ihansi, de
Pannah, de Karouly, de Burlhpour, de Dholpour, de
Pattialah, de Bekaneer, de Djoudpour, de Djeypoar,
d^Odeypour, de Rotah, etc., etc., dont plusieurs ont
pris part à la révolte, et seront sans doute annexés
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définitivement aux territoires de la Compagnie lorsque
rinmirrection sera complètement étouffée, et que Ton
procédera à la réorganisation politique de la prési^
dence du Bengale.
Parmi les affluents de droite de la DJumnah» le
Tchamboul est le plus important; Tun de ses tribu*
taires passe à Kotah , et Tautre à Goualior, capitale
de Sindhia. Au-dessous du Tchumboul se trouve la
Cane , qui descend des environs de Sangor, et le
Soane, qui passe au-dessous d'Arrah, théâtre d'un
combat important livré au début de la guerre actuelle.
Le bassin du Gange et les provinces qui en font
partie, principalement vers le nord, ayant été le
théâtre des événements les plus importants de Tin-
surrection de 18579 nous allons entrer^ à leur sujet,
dans quelques détails qui en faciliteront Tintelligence.
Le Rohilcund, qui occupe la portion la plus sep-
tentrionale du bassin du Gange, et qui faisait partie
du royaume d^Oude, s'étend au pied des monts Ke-
maoun ; il s'appelait anciennement Rottalr, mais les
Rohillas, tribu d' Afghans montagnards (qui, en
langue affghane ou patane, s'appellent Roh), après
fl*être emparés de ce pays, lui ont donné leur nom.
Ces ftohillas, guerriers perfides et rusés, mais pa-
tients et appliqués & Pagriculture, ont toujours entre-
tenu leur territoire dans un état florissant ; ils s'en-
tendent particulièrement aux irrigations, et leur pays
est semé de canaux, d'aqueducs et d'écluses. Avant
rinvasion des Rohillas, le Rohilcund faisait partie
du royaume d'Oode; il forma plus tard un État indé-
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196 PR LA PDISSANGE MlLITAiAB
pendant ; mais la race de» princes rohillas s'étant
éteinte vers la fin du siècle dernier, le pays fut de
nouveau réuni au royaume d*Oude , avec lequel il
était toujours resté en relations suivies. La plus an-
cienne ville du Rohilcund est Sombol ou Sbaoïbel,
ville entourée de murs en briques ; après vient Ram-
pour, sur la Ko$ila« qui autrefois a compté jusqu'à
100,000 habitants. Moradabad, la capitale actuelle
du Rohilcund, faisait encore un commerce important
au moment où les insurgés s'y sont établis.
Le Douab, province comprise entre le cours du
Sutledje et le Beyah ou Byas, dépendait autrefois du
royaume de Lahore; les Anglais se le sont fait céder
en 1846. Cette nouvelle possession, limitrophe du
Pendjaub, les rapproche de la vallée de Kaschemir,
dont ils ont fait un royaume vassal de leur empire»
et dont le souverain s'est montré fidèle pendant l'in-
surrection. Au sud-ouest du Douab se trouvent les
Ëlat^ de Jcypour, de Beykaneer, d'Adjeinir, de Joud-
pour et d'Odeypour. Ces diverses principautés, tri-
butaires des Anglais, devaient entretenir des contin-
gents, dont quelques-uns, la légion de Joudpour,
entre autres, ont fait cause commune avec lescipayes
révoltés.
Kotah, qui renferme un grand nombre de maisons
en pierre, est la capitale d'un pays montagneux^ fer-
tile et bien arrosé, et payait le septième environ de
ses revenus aux Anglais. Boundi est la résidence d'un
radjah qui occupe la forteresse; Tonk est le chef-lieu
d'uce principauté qui s'étend jusque dans le Malwah.
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB. t97
Nassirabad, Mundisore, Neemuch, Bhopal, Dhar,
Mekidpour et Sangor sont les villes principales qai
ont été occupées par les insurgés dans Tlnde centrale.
Les affluents de droite du Tchumboul comprennent,
dans leurs bassins, la plus grande partie des États
de Scindiah. La province de Malwah est située au
sud-est de TAdjernir et du Guzeratc. Une partie est
régie par les Anglais, l'autre appartient au royaume
de Scindiah. Ainsi le Malwah, peuplé de tribus guer-
rières et presque sauvages (tels que les Bheels et les
Gounds, qui ont profité de la dernière révolte pour
commettre de nouveaux désordres), renferme les do*
roaines héréditaires de deux dynasties mahraltes : les
Holcar, dont Indour était la capitale, et les Scindiah,
dont Ougein était la principale ville.
On peut dire que l'indépendance du royaume des
Scindiah a rendu le dernier soupir avec son avant*
dernier souverain, lenkadji-Rao-Scindiah, mort le
7 février 1843. Toutefois, les prévisions du gouver-
nement de la Compagnie ont été trompées, quant à
Tattitade prise au milieu de Tinsurrection du Bengale,
par les troupes dont les traités imposaient Tentretien
au dernier Scindiah.
Après les batailles de Maharajpour et de Pannias
(29 décembre 18ft3), lord Bllenborough avait exigé le
licenciement de Tarmée mahratte, et sa réorganisa*
tionsurde nouvelles bases, qui devaient assurer toute
sécurité à la Compagnie. Le roi de Goualior,
Maharadja-Scindiah , devait entretenir un corps de
10,000 hommes, commandés par des officiers anglais.
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et réduire ses propres troupes à 6,000 hommes de
cavalerie» 3,000 hommes d'infanterie seulement.
Cette force, commandée par des officiers indigènes,
çt pouvant disposer de 32 pièces d'artillerie , était
la seule sur laquelle Scindiah pouvait compter en cas
de lutte avec la Compagnie. L'armée entière, cepen-
dant (c'est-à-dire le contingent commandé par Iles
Anglais, et le corps de Scindiah proprement dit), s'est
ralliée à Tinsurrection de 1857, contre la volonté do
souverain, s'il faut en juger par les apparences. C'est
«ne force d'environ 20,000 hommes qui a pasaé ainsi
aux insurgés.
Les villes principales du Malwab sont ; Ougein,
qui perd chaque jour de son importance à cause d«
voisinage d'Indour, et surtout à cause de la transla-
tion du siège du gouvernement k Goualior; — Bâg,
ville ruinée, mais qui fut importante ; — Tchandery-
Schah-Djehanpour, sur les rives du Sagormotty; —
Biisah, il quelque distance, sur la rive droite de la
Betvah ; — Goualior, une des plus fameuses forteresses
dé rinde, est bfttie sur un rocher isolé» haut de
M mètrss, et qui a un mille de tour; ce rocher est ji
pic de presque tous les côtés, et l'on a fait sauter
partout les roches saillantes. Un escalier taillé dans
ieroc, et défendu par des fortifications, c<»Kliiitdan8
la forteresse. Avant d'arriver sur le plateau il fallait,
dit-on, traverser autrefois sept portes. Dans Tinté*
rieur des murs il y a des maisons, des champs, des
vergers et des réservoirs pour la garnison. Goualior
renfermait jadis les trésors et les prisons d'État (jks
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PBS ANGLAIS DANS t^lNDiU 199
empereurs mogols. Malgré la position favorable de
celte forteresse, et les travaux entrepris pour ia
rendre imprenable, les Anglais s'en emparèrent par
surprise en 1780. Ils la rendirent ensuite au radjah,
et la reprirent en 180/i. La ville de Goualior avait
autrefois une population de 80,000 habitants. Elle a
été reconstruite presque en entier depuis 1810, dans
une plaine, et à c6té des ruines de Tancienne ville.
Sa population ne dépasse pas aujourd'hui quelques
milliers d'habitants.
Au sud-ouest du Rohilcund se trouve la province
de Oebli, qui s'étend depuis le Gange jusqu'à la ri-
vière de Sutledje, afQuent de l'Indus. La capitale de
cette province est Dehii, qui a joué un rôle si impor-
tant pendant l'insurrection des cipayes^ et dont nous
noue proposons de donner une description complète»
au point de vue militaire , lorsque nous résumerons
les opérations du siège. Dehli , l'ancienne capitale
deg empereurs mogols, fut saccagée en 1738 par
Nadir-Schah, ainsi que nous l'avons vu plus haut;
les Affgbans et les Mahrattes ont achevé sa ruine.
Dehli, au moment de l'insurrection, était encore la
réskleocedu descendant de Timour, dépouillé depuis
1803 de sa couronne et de ses trésors ; il y jouissait
4'UQ6 pension de 3,6ii0,000 francs, et demeurait, en
fuelque sorte, sous la garde du résident anglais. Les
autres villes de la province de Dehli qui méritent
d'être mentionnées sont : Meerut, dont nous avons
parlé en donnant le cours du Gange ; Paniput, ville
fiuBeuse par la défaite des Mabrattes en 1762;
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200 DB LA rOISSANGK HILITAIRB
Saharunpour, ville manufacturière. Ihansi, Bareilly,
Kurnawl sont des stations dont il est fréquemment
parlé dans les relations de la guerre actuelle. Les
cruautés commises par les cipayes ont dépassé, dans
les deux premières de ces villes, tout ce que Poti peut
imaginer de plus odieux.
Au sud-est de Dehii et d'Agra, au nord et à Touest
du Behar, s^étend le royaume d*Oude, en sanscrit
Ayodhia. Cet État, dernier refuge de Tinsurreclion au
moment où nous écrivons, était gouverné avant 1856
par un prince vassal des Anglais, aujourd'hui prison»
nier à Calcutta. Le royaume d*Oude a été annexé à
la fm de 1855 par lord Dalhousie, et cette mesure,
contraire au texte des traités, ne saurait trouver une
justification suffisante dans la mauvaise administra-
tion reprochée au souverain. Le sol de ce pays est de
la plus grande fertilité, ce qui explique comment il a
pu, depuis un an, fournir aux besoins de la multitude
de révoltés qui ont afflué dans sa capitale de toutes
les parties de l'Inde.
Oude ou Aoudb, ville antique et très grande, sur la
rivière de Dewah ou Gogra, est aujourd'hui dépeu-
plée et déchue de son ancienne splendeur. Feyzabad
ou Fyzabad, grande ville bâtie près d'Oude au corn-
mencement du siècle dernier, a servi de résideace au
souverain pendant quelque temps; actuellement il
réside à Lucknovr, que Ton écrit aussi Lacknau, ville
ancienne et grande, mais irrégulière et mal bâiie,
sur la Goumlee. Pour Lucknow comme pour Dehli,
nous donnerons, en traitant des événements mili*
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DBS ANGLAIS DANS l/lNDE. SOI
taires, les détails circonstanciés que réclame le rdie
important rempli par ces villes dans Tinsurrection de
1857.
Sur la rive gauche du Rapty, dans l'ancienne pro-
vince d'Âoudhy on trouve Goruckpour» grande ville
de 5&y000 habitants» reprise sur les insurgés par
Jung-Bahadoor. C'est par la route de Goruckpour k
Fizabad que le chef des Goorkhas s'est dirigé sur
Lucknow, afin d'appuyer les opérations du comman-
dant en chefy sir Campbell, contre la capitale de
l'Oude.
Au sud de Dehii, à l'ouest du royaume d'Oude et à
l'est du Malwah, s'étend la province d'Agra, dont la
capitale est le chef-lieu de la quatrième présidence
ou iieutenance instituée pour l'administration des
provinces du nord-ouest.
Agra, ville très grande, de 125,000 habitants, s'é-
tend en croissant sur les rives de la Djiimnah, dans
une vaste plaine ; elle a 7 milles de long et 3 de large.
C'est à l'empereur Akbar qu'elle doit sa splendeur ; il
lui avait donné le nom d'Âkbar-Abad. Bien déchue
aujourd'hui, Agra n'offre plus qu'une réunion de fau-^
bourgs b&tis en briques ou en boue, laissant entre
eux des espaces vagues, arides ou cultivés, plus éten-
dus que ceux qui sont bâtis.
Le fort élevé par Akbar sur les ruines d'une an-
cienne forteresse est un polygone qui peut avoir un
quart de lieue de circonférence. 11 a deux entrées,
dont vue, celle du nord, est magnifique; elle est
flanquée de deux énormes tours couvertes de sculp«-
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90S DB LA POISSANGB MILITAIBB
tures et de mosaïques. Ce fort, dont les murailles
rouges sont d*un effet des plus pittoresques, est sur-
tout remarquable par les édifices qull renferme : les
principaux sont le palais de Schah-Djihan, sa salle
d'audience et le Moti-Mosjed; lors de l'insurrection,
il a servi de refuge aux Européens, qui ont pu s'y
maintenir longtemps et attendre du secours.
Dans le district d'Âgra se trouvent : Fatihpour,
fondée par Akbar ; Burtpour, prise d'assaut en 1826 ;
Kerolee, Marrah. En remontant la Djumnah, on ren-
contre : Matrab ou Muttrab, grande ville de 65,000 bar
bitants, très ancienne et commerçante ; Bendrabund
9t Horal. Sur la Djumnab et à moitié chemin de la
route de DehH à Agra, on rencontre Âiigbur, l'an-
cien quartier-général des troupes européennes au
service des princes mahrattes avant la prise de Dehli
par le général Lake. Entre la Djumnab et le Gange
s'étendent de fertiles plaines. On y remarque Ka-^
nodje, en sanscrit Kaniacoudja, ville très ancienne^
au coDÛuent du Gange et du Kiilini; les Mahrattes
l'ont saccagée en 1761; Mynpour, Furruckabad,
villes anciennes fondées par les Affgbansetquisont
fréquemment citées dans les relations de la guerre
aptuelle. Furruckabad compte 77,000 habitants et
faisait un grand commerce avant l'insurrection. Étar
waby Cawnpour et Kalpi ont été occupées et dévas-
tées par Naoa-Saîb au début de la révolte.
La province d'Allababad est située au sud d'Oude
et au sud-est d'Agra, Elle comprend l'Allahabad pro-
prement dit et le Bundelcund; ces districts ont été
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DBS AN6L4IS PANS t'iNDE. 30S
occupés par le contingent révolté de Goualior. Les villes
d'Allahabad (72,000 habitants), Banda (&l,000 ha-
bitants), Pannab, etc., ont eu particulièrement k
souffrir du passage des cipayes qui se dirigeaient sur
Dehli. Le fort d'Âdjighur, dans les environs de Pan*
nah» naérite d'être cité : c*est le somotet aplati et
e3carpé d'une montagne en forme de tour, tenant par
sa base aux racines de celles qui supportent le pla*
teau de Pannab. Ses pentes, fort roides depuis sa
base* se relèvent sous le sommet jusqu'à devenir
presque verticales. Cette large tour^ dont le diamètre
au sommet a près d'un mille (un quart de lieue), est
crénelée : c'est l'ouvrage des hommes. Cette forte-
resse doit être aussi ancienne que leur établissement
dans ce pays. Non loin d'Adjighur est le fort plus
célèbre encore de Kallinger qui s'élève comme le
précédent sur le sommet d'une montagne escarpée
et stérile.
A l'est de TAIlahabad et de l'Oude s'étend la pro-
vince de Behar, dont la capitale est Patnah. Les
villes principales du Behar sont : Summulpour, dans
une île du Gange; Hadjipour, à 2 milles de Patnah;
Tirout, sur la rivière de Bhagmati ; Monghir, le Bir«
mingbam de l'Inde (/|0,000 habitants); Benarès
(171,000 habitants), la ville savante des Hindous,
qui se croient obligés de visiter, au moins une fois
dans leur vie, ses établissements religieux : cette ville .
est bâtie & la partie convexe de la courbe que forme
le Gange sous ses murs; en face, sur l'autre rive,
est Rbamnagur, citadelle assez importante, avec un
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S0& Dl; LA PUISSiISCB VILITAIRK
beau palais que les Anglais avaient donné pour rési-
dence au radjah dépossédé. A &k milles plus loin se
trouve Ghazipour, remarquable par son haras, et dont
la population s*élève à 38,000 habitants. Sur la rive
droite du Gange, Mirzapour, dont la population ne
s*élevait en 1801 qu*k 50,000 habitants, et qui, d'a-
près le recensement récent, d'où nous extrayons les
chiffres que nous donnons, compte aujourd'hui
75,000 âmes.
Au sud de Mirzapour se trouve Rev^ah, sur le Bi-
hor; cette ancienne résidence d'un radjah était close
d'épaisses murailles qui devaient servir jadis très
efficacement à sa défense. Des tours en ruines flan-
quent cette muraille. Les environs de Bewah ont été
envahis par les insurgés en 1857 ; mais la bonne
contenance du Résident y a maintenu l'ascendant
anglais, et cette ville est devenue le point de départ
des retours offensifs tentés contre les insurgés dans
ces districts pendant la deuxième période de la guerre.
Sur la rive gauche du Gange, et au nord de Béna-
rès, se trouvent les villes de Juanpour et de Sultan^
pour, qui commandent la route de Gorruckpour.
Dans les opérations qui viennent de s'effectuer contre
Lucknow, cette route a été suivie par l'une des co-
lonnes de Tarmée anglaise, qui, après avoir nettoyé
ces districts longtemps occupés par les insurgés, s*est
réunie aux Gorckas de Jung^Bahadour, de manière
à menacer la capitale de POude à Test, tandis que le
général Campbell Pattaquait à Touesl.
Nous avons enfin, pour épuiser la liste des pro-
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DBS ANGLAIS DANS L*JNDB, 205
vijDces de Test, à dire un mot de celle du Bengale, qui
a donné son nom à la présidence. Elle s'étend le long
des bouches du Gange et remonte jusqu'aux fron-
tières du Boutan et de Tempire des Birmans. Nous
avons déjà mentionné les villes de Chandernagor, de
Dacca, de Mourchidabad, de Burkampour, en don^
nant le cours du Gange ; il nous reste à parler de la
capitale Calcutta» siège du gouvernement de la Corn-
pagnie. Cette ville, dont les faubourgs s'étendent à
une distance de plusieurs milles, renferme une popu-
lation difficile à apprécier et dont le chiffre dépend
des limites qu'on lui assigne : elle peut être de
70,000 âmes si l'on se borne au quartier du gouver-
nement (thouringi) et aux rues environnantes; elle
sera de 600,000 habitants ou de i million, et plus
encore, selon la quantité de faubourgs que l'on con-
sidérera comme en faisant partie. Calcutta possède
un bon port, un arsenal, une fonderie de canons, une
citadelle, le fort William, la plus importante et la plus
régulière de l'Inde. Un chemin de fer en partie ex-
ploité est destiné à mettre Calcutta en communication
avec les grandes villes du bassin du Gange. A 2/i ki*
lomètres de Calcutta est le camp de Barrackpour,
point de départ de l'insurrection de 1857. Les régi-
ments licenciés à Barrackpour ont fourni le premier
contingent à la révolte et soulevé sur leur passage,
en se rendant à Dehii, toutes les garnisons indigènes
qui se trouvaient sur leur route.
Après avoir étudié la géographie de la partie
orientale de l'empire anglo-indien, nous allons par-
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906 DB LA PCISS ANGB MILITAIRB
courir la région occidentale, c'est-à-dire celle qui
s'étend sur les bords de Tlndus, depuis les monts Hi-
malaya jusqu'aux bouches de ce fleuve, et dont une
partie est séparée du bassin du Gange par des déserte.
LMndus ou Sind naît sur le revers septentrional de
fHimalaya, derrière le Brahmapoutre, court du sud-
est au nord-ouest, sur un plateau élevé de AOOO mè-
tres, et, parallèlement & la crête de l'Himalaya, ar-
rose Ladack, capitale du petitThibet, tourne à Touest,
sort du plateau central par plusieurs ))rèches succes-
sives, coule au sud-ouest, arrose Attok, ville forte par
laquelle Alexandre le Grand, Tamerlan etSchah-Na-
dir pénétrèrent dans Tlnde. L'Indus coule ensuite du
nord au sud, passe près de Dera-Ismael-Rhan, de
Dera-Ghazi-Khan, en arrosant les provinces de Pes-
chawer, le Seouestan et le territoire de Cotch-Gon-
dava ; de là, Tlndus passe près de Chicarpour, ville
forte qui a joué un rôle dans la guerre de rAfifghanis-
tan, puis il forme Tîle de Bakkar, entre Sakkar et
Rori, positions qui commandent son cours et dont là
première fut choisie com/ne point de passage sur la
rive gauche par le corps du Bengale pendant la cam-
pagne de 1840. Du fort de Bakkar, llndus, jusqu'à
Hyderabad, capitale des Amirs du Sind, ne traverse
aucune ville importante. Au-dessous de Tatta, il se
divise en deux branches, dont Tune passe à Myrpour
et l'autre à Vikkur, en laissant à l'ouest le fort et le
port de Coratchi (Kurrachee).
Les affluents de gauche de l' Indus sont : le Pend-
jauby faisceau de cinq rivières coulant dans la direc-
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DES ANGLAIS DANS L^INDfi. 207
tîon du nord-ouest au sud- ouest, à travers un pays
fertile et peuplé qui s'appelle aussi le Penjaub (Pen-
lepotamide), partie centrale de Tancien royaume de
Porus, plus tard territoire du royaume de Runjet-
Sîng. La plus orientale et la plus considérable des
cinq rivières qui forment le Penjaub est le Sutledje
(ancien Hyphase), qui naît dans le lac Mansarower,
à côté du Sind, coule parallèlement à la crête de THi-
malaya, arrose Lodianah, station militaire des An-
glais, reçoit le Béas (ancien Zadrus), traverse la
partie méridionale du Lahore, la province de Moul-
tan, et se réunit au Djelem (ancien Hydaspe). Celui-ci
est le plus occidental des cinq cours d'eau du Pen-
jaub; il descend du versant sud-est de THimalaya,
traverse la haute et belle vallée de Rachemyre, ar-
rose la grande ville de ce nom, reçoit d'abord le
Tchenaub (ancien Acesines), ensuite le Ravi (ancien
fiydrastes), qui passe à Lahore, capitale du royaume
des Sykes, enfin arrose Moultan, ville très importante
par sa position et sa citadelle, et se réunit au Sutledje
à Outch.
Le Louny coule du nord-est au sud- ouest, arrose
Adjimir, vîire forte et ancienne capitale des Radj-
poots, traverse des déserts de sable et se réunit, dans
le marais de Run, à un bras de T Indus qui forme
avec lui la grande.lle de Kutch.
Les affluents de droite de TLidus se réduisent au
Loggur ou Kaumeh, qui arrose trois des principales
villes de TAffghanistan, Ghaznah, Caboul et Pescha-
wer. Cette dernière, très importante par sa position,
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S08 DB LA PDISSAlfGB MILITAIRB
est Tune des clefs du Pendjaub contre les invasions
venant de TAfighanistan. Le Kaumeh finit à Attock.
Les villes les plus importantes du bassin de Tlndus
sont : Rhamnagur (autrefois Ressalgur), sur le Tche-
nab, où Rundjet-Sing exerçait et cantonnait son ar-
mée; Mianie, célèbre par la bataille livrée dans ses
envirohs; Rotos, sur la rive droite du Djalem, forte-
resse importante regardée comme un des principaux
boulevards du Pendjaub. A 120 kilomètres & Test de
Tatta est Amercote, importante forteresse située à
rentrée du désert indien. Khyrjpour et Mirpour,
Bhawalpour, Amedpour, sont les chefs-lieux de pe-
tites principautés vassales des Anglais.
Au sud de THindoustan proprement dit s^étend
une belle et fertile péninsule nommée généralement
Dekhan ou Deccan, selon les uns, parce qu'elle est
au midi (du sanscrit daks-hina^ qui signifie sud)j et,
selon d'autres, d'après sa position, Daxine, ou à
main droite : c'est sa situation pour ceux qui regar-
dent le soleil levant.
Les cours d'eau qui arrosent le Deccan sont les
suivants :
i"" Le Mahanuddy descend des monts Windhya,
traverse les provinces de Gandouana et d'Orissa, ar-
rose Cuttack et finit par plusieurs branches, sur l'une
desquelles est Djaggernaut (Jagrenah), célèbre par
son temple, le plus révéré de l'Inde.
S"» Le Godavery descend des Ghattes, passe près
de Dowlutabad, ville fortifiée, et de la cité déchue
d'Auruugabad , coule du nord-ouQst au sud-est, h
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDB. S09
travers les anciens États du Nizam, et finit par plu^
siears ennbouchures, vers Tune desquelles est Yanaon,
établissement français peuplé de 20,000 Indiens. Le
Godavery est un des fleuves sacrés des Hindous. Un
de ses affluents de gauche, le Bam-Ganga, passe à
Nagpour, capitale du Berar. Cet État» naguère vas-
sal des Anglais, a été réuni au domaine de la Compa-
gnie vers la fin de 185S, le gouverfiement n'ayant
pas voulu admettre les droits des enfants adoptifs du
dernier radjah mort à cette époque. Le contingent
de cette province s'est insurgé en 1857; mais il a
été désarmé.
S"" LaKistnah coule de l'ouest à l'est, passe auprès
de Bedjapour, ancienne capitale du royaume de Gol-
conde, la Paimyrede Tlnde, et finit par plusieurs
bouches dont l'une arrose Masulipatnam, ville forte
et bon port.
Les affluents de la Kistnah sont nombreux : 1<> la
Beinia, formée de la réunion de la Monta et de la
Moula, arrose Poonah, ancienne capitale des Mah-
rattes; non loin de Poonah est Sattarah, naguère ca-
pitale d'un petit État annexé récemment au domaine
delà Compagnie. Poonah, occupé définitivement par
les Anglais en 1818, est devenue une de leurs prin*
cipales stations militaires. Le Beinia a dans son bas-
sin Ahroednuggur, grande et forte ville, importante
par sa position entre les sources de la Kistnah et de
la Godavery; 2* la Toroboudra a dans son bassin
Chitteidrong, ville très forte, habituellement occu-
pée par une nombreuse garnison ; 3" le Moussy ar-
14
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fié DB LA ^OlSftANGS MllItAIM
rds6 flyd^rabad, capitale du Deccan, vitt« de
iOO.OOO habitanta.
6" Le Palar n*e6t remarquable que parce qc^il
arrose Vellore, Tune des villes les plus fortes de
rinde, station militaire importante et le lieu où
vivent pensionnés les descendants de Tippoo-Salb.
Au nord de l'embouchure de cette rivière se trouve
Madras, la deuxième capitale de Tlnde anglaise, avee
un beau port, un arsenâl^des magasins militaires, etc.
Cette ville importante, divisée en deux parties, la
ville noire et la ville blanche, est le plus ancien éta-
blissement anglais de Tlnde; elle est défendue par le
fort Saint -Georges, l-une des places les plus fortes de
ia presqu'île. Madras compte ftOO,000 habitants;
près d'elle se trouve le mont Saint-Thomas, rocher
granitique sur lequel s'élève une forteresse, au pi«d
de laquelle sont les principaux établissements d'artit-
lerie des Anglais.
Au sud de Tembouchure du Palar se trouve t Poa*
dichéry, grande ville autrefois très florissante, chef-
Heu des établissements français dans Tlnde, avee une
rade peu commode et &5,000 habitants. Elle a été
prise par les Anglais en 1761, 1778 et 179S. C^eet
surtout en parcourant les capitales des présidences
anglaises et en les comparant aux établissements
français que Ton comprend la situation relative que
nous avons fait ressortir dans notre résumé histo*
rique. Les minces possessions de la France dans
rinde ne sont ni «des établissements agricoles ni des
colonies d'entrepôt, mais simplement des échelles
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M» A1f6LAIft DAHS t'UOm. ff f
ooromerciateB; elles ne sont susceptibles d'aucnne
défense et n*ont qu'une médiocre utilité. Victor Jacr
qiienu)nt, dont, il est vrai, les appréciations appar-
tiennent piQtôt à un touriste qu'à un juge bien eoai'*
pètent sur une aussi grave questitHi.ViclorJacquemont
auraft considéré conmie une bonne affaire pour la
France la vente de ces tristes débris de sa puissance
passée dans les Indes. Quoi qu'il en soit, Chanderna*
gor et Pondichéry, à côté de leurs brillantes riva4es,
Calcutta et Madras, sont une humiliation permaaenti
pour le nom français.
6* Le Cavery traverse le Malssour (Mysore) du
nord-ouest au sud*est, arrose : Seringapatnam, an*
eienne capitale de Tippoo-SaTb, aujourd'hui déchue
et sans grande importance militaire, prise d'assaut
par les Anglais en 1798; Tritchinapaly, ville fortSi
grande place d'armes bâtie sur un rocher de 120cnè*
très au-dessus do niveau de la mer, station militaire
importante. Tanjaore, grande et forte ville, capitale
d'un petit État vassal de la Compagnie, et Tranqu^
bar, bon port cédé récemment aux Anglais par les
Danois, se trouvent aussi sur le Cavery. Tranquebar
est défendu par un fort nommé Dansborg. Sur l'une
des branches de la Cavery se touve encore Negapat-
nam, ville forte prise en 1761 par les Anglais et qui
appartenait autrefois aux Hollandais ; ses fortifica-
tions ont été négligées depuis cette époque. Sur une
autre branche du Cavery se trouve fLarikal^ établisse-
ment français sans importance.
Tottte la o6le sud-est de la presqu'île porte le nom
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m DU LA PUISSAACii MILITAIBK
de Coromandel ; en doublant le capComorin, on se
rouve sur la côte sud-ouest qui porte le nom de Ma^
abar. Là on trouve : Gotchin, ville forte et bon port;
Kalicut, ville autrefois florissante, la première de
rinde où aborda Yasco de Gama; Mahé, petit éta-
blissement français; (^annanore, grand port et place
d'armes des Anglais^ qui Pavaient choisi pour base
d'opération des troupes de Bombay dans la guerre
contre Tippoo-Salb. Madoura^ Tivenilly, Bangalore,
Bednore, dans Tintérieur des terres* ont joué un rôle
important à Tépoque des guerres de la France et de
TÂngleterre. Mangalore est un bon port et une ville
forte qui garde la côte au-dessous de Goa. Ce chef*
lieu des établissements portugais est aujourd'hui ,
comme importance, sur le même niveau que ceux de
la Frauda. Bellary est un cantonnement militaire situé
exactement au centre de la presqu'île et empruntant
à cette position une assez grande importance. Au*
dessus du petit État de Kolapour, dont le contingent
s'est rallié à l'insurrection, on trouve Bombay, troi-
sième capitale et premier port militaire de l'Inde
anglaise : arsenal, bassins et chantiers de construc-
tion; 200,000 habitants. Cette ville, située dans l'Ile
qui lui donne son nom, est défendue par une vaste
citadelle. Un chemin de fer doit relier Bombay et
Madras, en passant par Bellary ; deux tronçons sont
déjà construits entre Bombay et Poonah d'une part,
entre Madras et Yellore de l'autre.
Au-dessus de Bombay, les Chattes, en s'éloignaut
de la côte, forment plusieurs bassins dans lesquels
coulent :
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PBS ANGLAIS DANS L^INDB. 21S
1* Le Tapty, qui descend des monts Windhya, se
dirige de Test à l'ouest, passe près d'Àssirghur,
grande forteresse prise par sir Wellesley dans la
guerre contre les Mahrattes; Bourhampour, ville
forte qui a joué un rôle important dans la même
guerre et finit dans le gol Te de Cambaye, au-dessous
de Surate, grande ville commerciale de 100,000 ha*
bitants.
2* La Nerbuddah descend aussi des monts Wind-
bya, coule de Test à Pouest, à travers le pays des
Mahrattes, et finit au-dessous de Barotch, ville forte
qui garde le golfe de Cambaye. A son bassin appar-
tient Baroda, capitale du Guzerate, où régnaient les
Guikowar. A 20 milles de Baroda, au milieu du pays
des Bihis, qui se sont agités pendant Tinsurrection de
1857, on trouve la forteresse de Tchanpanir, prise
par les Anglais en 180â, et que sa situation sur une
montagne escarpée rend d'un accès très difficile.
8* Le Sabermatty coule du nord au sud, arrose
Amedabad, ville ruinée par les Mahrattes, et tombe
dans le golfe de Cambaye. Cest le dernier cours
d^eau important avant d'arriver à Tlndus.
Maintenant que nous avons décrit l'ensemble des
territoires qui constituent l'empire angio- indien, il
nous reste à en présenter les divisions au point de
vue politique et administratif. En dehors des posses-
sions immédiates de la Compagnie, on comptait
avant l'insurrection deux cent vingt royaumes, prin-
cipautés ou fief^ dépendants ou tributaires de la Com-
pagnie des Indes, sans compter une infinité de petits
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2t& BB Ih WBlSȈHm HlLlTAiAB
princes ou chefs secondaires liés par des traités plus
ou moins directs avec le gouvernenoent suprômiQ de
rinde anglaide.
Les événements de 1857 ont dû modifier, et sur-
tout modifieront grandement, lorsque la guerre sera
terminée^ les divisions dont nous allons douoer le
tableau ; lâs annexions nouvelles, prononcées presque
chaque jour à mesure que Parmée anglaise reprend
possession des territoires occupés par les insurgés,
ekangeront sans doute complètement les relations po-
litiques d'un grand nombre d'États avec la Com-
pagnie»
L'empire anglo^indieOt quant à ses possessions
immédiates , se divise^ ainsi que nous Tavoos dît, en
trois préc^idences, Calcutta, Madras et Bombay, aux-
quelles il faut ajouter le gouvernement ou la lieute-
nance des provinces du nord-K)uest, dont le cbeMieu
était Agra. Ces présidences se subdivisent k leur tour
•o districts administrés par un juge, unr receveur ou
collecteur des impôts, et un gouverneur ou commAi-
dant militaire.
Yoici, abstraction faite des a.nneziona les plus ré-
centes, le tableau des principales division» des pos-
sesMOi»^ imoiédiates avant i8d7«
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDB. 215
prôvincM. DistricU. Cheft-lieux et rillet pri^eS^MHët.
. Caleutta CvlcuU. Barrackpotre.
' Naddia ou Nndea. Naddia.
Houf ly Hoogly. Kyrpay.
JewKire» . • • Mourley.
Backergaoge Burisbal. BackergaDge.
l TcliiitagoDg Ulam-Abad. Maskal. «
LTipperah Kamillah. Luckipoar^
iDakka-Djellalpour. Dakka. Narraingangé. Ra(]Jaiiagor.
Iinymunsing Nassirabad. Sira^jgaoge.
Bengale. . . . / Silbet' ^ . . Silhet. Aimerigange. Laour*
jRuDgpoar Rangpoar.
JDioadjpour Dinadjpoor. Maldab. RhaTanipour.
I Puroeah PorDeah. Nathpoar.
f Rad«cbahi Nattore. Radjmabaf.
Birboum . . * Soury. Badhianath.
Monrchidabad Monrchid-Abad. Kassim-Baiar.
Burdwan Bardwan. Cntwa.
Midnapour MidDapoar. DJeUaaiore.
^Cooch-Babar Beyar.
/ Bebar Patoa. Bebar. Dinapour.
1 Rhamgur. • • Tiltra. Rbamgur. Barwa.
iuh.r ) Boglipour Boglipour. Monghir.
"**"*" \ Tirbout Hadjipour.
f Sarao Cbuppra. Boggab*
VSotnb-Abad Arrah, Bboua.
Oode Goruckpoar. ..... Gorackpoar.
^Sirinagor Sirinagor. Gârigotrf.
Guenrall. > • < Kemaon Almora. BodrîDath.
(Sinnore Rafogour. Rampour.
AiQimir. • . • Adjimir. AdjmiF. giMWfcfcUitf,
^tiaUsMfe BaTtfstofe.
^ Gutiatdr CHitaclr^
^v. I Kbourdab Khourdagore.
^^ ] KboDdjour. ...... Khondjour. .
' Uoborbuodje Moborbaodge.
^Suigboam SQigboum.
Gandouana . ÇttftjQBana' DJiibbQlpo«r« SnkBP^r.
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216
DE LA POISSANCli UILITAIRE
V1CB-PBÊSIDBMCE OU UBOTBNANGB DP MORD-OUEST,
^ro^^' Dfatricu. Cbefs-Ueux et tUIm princlpatm.
^ Allahabad Allababad. Kara.
. Jaanponr. Juanponr. Anmghiir.
.,,... ) Benarés Benares. Ghaiipoar.
Aiianaoaa. . < ju^^p^Q, Mirzapoar. Bhamoagur. Rewah.
' Boodelcund. • • • . . Bandah. Kallinger*
^ Rapour -. . Kapour.
/ Agra Agrà. Mattrah.
I Etawah Etawab. Mjnpour. Kanondje.
Agra < Furruckabad Farruckabafl.
f Kalpy Kaipy. Djalouan.
V Aiyghur Alyghur.
^Dehli.. Delhi. PauipoU
. Bareilly Barellly.
DëhV l ^^^^^^^^ Moradabad. Rampour.
' I Saharanpour Saharanpour. Hardwar.
Meerut M«eraL ADopcbeher.
^ HorriaDa Ihansi.
6{»jhia /.«(GouaHor Goualior.
SiDdbia (cnj^^^j^.çj^ Bouroanpoar.
partie . . . ^n,,^.,, Oudjein. Indore.
raéSIDENCB DB MAMAS.
/ Madras Madras»
Nellore Nellore. Ongole.
i Arkots^tenlrional ArkoU Vellore. Tripetiy. .
I Arkot méridional . Erinomally.
« . JTcbinglebnt Cbinglepat. Meliapoar.
■.aroauc . . . ^ Tandjaor Tandjore, Nagora.
I Tritcbinapaly .... Tritchinapaly.
* Madoura Madoora.
Tiveoilly Tivenilly.
^Chertûgaga Cberangaga.
Koïmbatoor. Koïmbatoor, Kolmbatoar. Eroad,
MaUsour . . . SeringapaUm .... Seringapainam.
(Mysore)
Malabar. . . . Malabar. Kalikat Cananore.
Kanara . . . • Kanara Mangalore,
/Rellary Bellary.
n 1 1^ . ) Kadappah Kadappab. Gandfeotab.
Daiagnai. . . j q^^^^j, NixapaUm.
V Mazulipatam Mazultpatam. EUore.
p._,_, . /Radjah-Mandry... Madapolam.
Kn«^ ^" Vizagapaum Viiagapatam.
^''™*" (Oandjam Gan^Jam.
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DBS ANGLAIS DANS lNkdK. SI7
DiatrieU. Ohefit-liMu «1 tIUm priaci|MUt.
rBomlMiy Bombay. Mahim.
DJowar Qjowar.
Kalliaoi Ktf lianL Ra^tapoor.
iBaglaoa. Sallier.
f Sangamnir Natiolu
^Peralndah PferaTodab.
I Solapoar Solapour.
' Àbmeéoaggor. . . . AbiMdoaggor,
AkaIkotU AkaIkotU.
\ DJounîr Noada.
iKoDkan du Nord. . Tanna.
Konkan du Sud. . . Ralpour. Gberiab.
Dharwar Dbarwar.
Gaina Tchaadore,
/Kandeich Nanduurbar.
Kandcicb. . . I Meywar Oderp^nr.
(Sorate Surate.
ÎBarotcb Barotcb.
Kaïra Bidjapour.
Abmed-Abad Ahmed-Abad.
Les possessions médiates de la Compagnie se com-
posaient, avant 1857, ainsi que nous Pavons dit, de
deux cent vingt royaumes ou principautés dépen*
dants à des degrés divers, et en vertu de traités
particuliers à chacun, de l*Angleterre« Noos donne-
rons seulement la liste des plus importants parmi ces
États, et nous ne ferons quMndiquer les groupes dont
le détail serait sans intérêt. Ainsi :
hAbltoota.
Le Bandelcund renferme ... 34 petits états (Hindous). 1,000,000
Les territoires de Saugor et
Nerbuddah 6 petits états (Hindous) . 1 ,500,000
Dépendants d*lndore il petits états (y compris
Dbar et Dewas) 700,000
An pied de l'Hyroalaya 23 petite éUte 600,000
Sur la frontière O.du Bengale. 30 petits états 1*300,000
Sur ta frontière N.-E. du
Bengale 31 petits étate 1,000,000
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SIS
P9 U FDI88ANCB mUT^fVt
TJkBLBAU DBS PURCIFmr ÉtAft 1
ATANT 1891.
Était. Vf ofteces. CkùùrU^m. — ▼OXm-
Principauté de freirvU . . . \ / Rewalrf (I).
— de Paoaah / ( Pantith.
Royaume d'Oade. Oode Imkaaw, Feyzibad (S).
Principaulé de Karoulée . . \ > Karoulée.
— de Burtpoar ( ^^ ) Burlpour (3%
— de Dholpour (^^ j Dholpour.
— de Matchery / \ Al war, Watchcry.
Principaaté de Palhialair.> / PathiaUh.
— de Thanasy r ï l Thaoaiyr {l)^
— de Sirhind (n^hlt ) ^■>*b^'><^-
— de Djeeelmecr . . . ( ^" ] Djenelmccr.
— de Bekaneer \ [ Bekaoeer.
Pays des Batthis y \Raniali.
Principauté de DJondpèa#. \ / QMdpoav (W, Nagora.
— de DJeypour j l Djcypour (6).
— de Odeypoor ( «m«pi»«».-j odeypour.
^ deBouodi 1 f BoUiidi.
— deKotah J Vl^oUh.
Royaume de Nagpour.... Gandouapa | n?^^ V^,wi^
Soyiiltte «I If isoca. . . . • liyiK^rt.
BoyàiStte 4e TMva*M«9 . . \
— de Cochin (iLidfci«fl«r 1 SaUrah (8).
— deSatareb (^••«''^' (lolapow.
— delLolapour....* I
(1 ) Cet TiUes ont été oecup^M par 1m intarg^t.
(S) Foyer principal <!« rinsurrvction.
($) Ôccaptf par les insurgtfi pendant la révolte.
(4) ti^m. Idem,
(8) la Ugion de Dfondp^r a*est rtfiMie ans inrargëa.
(•) Poyars de l'iutnrreolian dan» Tlade centrale.
(7) 1*9 4»ntingent réroltd a did ddiarmd.
(5) Les troupes de Boabey ont eu i réprin
Solaponr t'est rtfvoUd.
des tenutlTe» d*iBinmctiMi k
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Ms AHfluis oAifs l'indu* SM
Bèywe de Baroda« • • » • V
Priocipauié de Therad. . • j
— ??°T* / fB«o«wara.
^ deNMDagor \ iGoandal.
— de Goondal i
— daCambaia J
flciiHlIib on GouaUor. . • ••• Soaaliar (I).
Ro7aamed*lDdoar(Holkar)^ /^Dbara, lDdore<2)é
Priacipauté de Bhopal . . • >Halwah. . . < MiiDdisore, Mekedpour.
— de Dhara ) ( Neemuch.
Royaame da Nizani Goleonde, Ellitekpoàr, Aareb-
fatad.
Si nous voulons maintenant avoir une idée de la
population et de la superficie de Timmense empire
dont nous venons de présenter les divisions, un rap-
port parlementaire déposé récemment, sur la motion
du colonel Sikes, nous offre les détails statistiques
suivants :
L'ensemble des gouvernements de Tlnde s*étend
sur une surface de l,/i66»576 milles carrés; les États
anglais occupent 837, A.1 2 milles; les États gouvernés
par des princes indigènes, ÔST^OIO.
La population totale serait de 180,88/i,297 &mes,
à savo'ur : 131,990,901 dans les États anglais,
i8,â76,247 dans les États gouvernés par les princes
indigènes, et 617, 1&9 dans les possessions de la
FraMe et du Portugal.
(1) Le Eadjab est re»t^ fidèle, meU see troapee te sont jointes eux Cipiyetr^olttfs.
(S) OccBptfi p«r les iasnrfrfs. — La (prineipatité de Dhera Tient d*étre ùmHén
|er la^ti^nl ilr Bmglles Rose.
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230 Dfi LA PUISSANCE MILITAIRE
Les États administrés par le gouverneur général
en conseil sont peuplés de 23,255,272 ftmes; les
États administrés par le lieutenant gouverneur, de
&0,8529937 âmes. Le lieutenant gouverneur des
provinces du nord-ouest exerce son antorité sur une
population de 33,655,193 &mes. Le gouverneur de
Madras étend la sienne sur 22,/i37,297, et celui de
Bombay sur ll,790«0/i2.
Nous avons indiqué sommairement, dans le cou-
rant de ce livre, les divers contrats d après lesquels
la Compagnie des Indes anglaises a successivement
obtenu du gouvernement de la métropole la conser-
vation ou la modification plus ou moin3 avantageuse
de ses droits sur Tadminislration de la colonie. La
dernière transaction consentie par le gouvernement
anglais est du 2& août 18ô3. Aux termes de cet acte,
dont les événements de 1857 doivent amener pro-
chainement Tabrogation, Tlnde anglaise, jusqu^à
nouvelle décision du gouvernement, devait rester
sous le gouvernement de la Connpagnie à diverses
conditions : « Le nombre des directeurs 'était réduit
à douze au lieu de vingt-quatre ; la reine d*Angleterre
en nommait trois; ^ les directeurs étaient nommés
pour six ans , mais ils étaient rééligibles ; ils devaient
être propriétaires de 1 ,000 livres sterling au moins
du fonds de Tlnde; — des conseillers pris dans la
législature se joignaient au conseil de Tlnde lorsqu^il
s*agis6ait de Taire des lois et des règlements ; le choix
des conseillers devait obtenir Tapprobation du gou-
vernement; le gouverneur de Tlnde était nommé par
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DBS ANGLAIS DANS L*I|9DB« 3Si
les directeurs, mais sous Tapprobation du gouverne-
ment de la reine. »
Rien n^était changé à TorganisatioD du bureau de
contrôle. Ce bureau et la cour des directeurs sont
deux pouvoirs antagonistes siégeant à Londres, et
qui se sont partagé jusqu'ici le gouvernement de
rinde. Le troisième pouvoir, Tadministration réelle
de rinde, qui reçoit ses instructions des deux pre-
miers, est composé du gouverneur générai et des
cinq membres du conseil supérieur de T Inde; il siège
à Calcutta.
Les pouvoirs du gouverneur général sont absolus;
sous sa propre responsabilité, il peut prendre toutes
les mesures qui lui semblent nécessaires, jusqu'à ce
qu'il ait reçu les ordres du pouvoir de Londres,
ordres auxquels il est obligé d'obéir, sous peine d'être
mis eo accusation pour liaute trahison.
Le commandant en chef de l'armée est de droit
membre extraordinaire du conseil suprême de l'Inde.
Quant à l'armée destinée à maintenir dans l'obéis-
sance les vastes possessions que gouverne la Compa-
gnie, nous en ferons, dans un chapitre spécial, l'ob-
jet d'une étude approfondie; disons pourtant, dès à
présent, qu'elle se compose de deux éléments très
distincts : de l'armée royale, exclusivement formée de
troupes anglaises, et de l'armée de la Compagnie, où
domine l'élément natif. L'armement, l'habillement
des cipayes sont les mêmes que ceux de l'armée
royale ; mais là s'arrête, comme nous le verrons plus
loin, toute la ressemblance. Un fait d'une haute por-
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tSS DB LA PinSSANGB MTtlTÂlftÉ
tée polîlîco-milîtaîre , et que nous devons signaler
dès à présent, à cause de Tinfluence quMt a exercée
sur les événements, c^est que les deux éléments qui
constituent la force militaire de la Grande-Bretagne
dans rinde , Tarmée royale et l'armée de la Compa-
gnie, se divisent en deux camps différents : les ofli*
ciers de cette dernière, exclus des hautes positions
militaires des commandements supérieurs, sont jaloux
de ces avantages et de la considération qu'ils procu-
rent; comme dédommagement, on les emploie, au
grand détriment des intérêts militaires proprement
dits , à des fonctions administratives qui les éioignent
de leurs corps, et les officiers de Tarmée de la reine
sont, à leur tour, envieux des positions lucratives
accordées aux officiers de Tarmée de la Gompagnie
dans le civil et dans la diplomatie.
En tenant compte de quelques corps importants,
tels que les Lascars attachés à rarlillerie, les sapeurs
et mineurs , les vétérans européens et natifs, le ser-
vice médical en sous-ordre, on obtient, pour Teifec-
tif général des forces militaires des Anglais dans
rinde avant Tinsurrection, le chiffi^e considérable de
52S,82S hommes et 516 canons.
' L'armée native du Bengale s'étant révoltée tout
ientière , il est facile, avec le tableau suivant, d*ap-
précier à la fois et la réduction que Tétat militaire
de la Gompagnie a subie, et la force du contingent qae
les cipayes ont apporté à la révolte.
L'état ci-après donne la force et la compositiofi
de l'armée anglo-indienne, telle qu'elle existait
avant rinsarrectioQ du Bengale.
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DBS ANGLAIS DANS l'iNOB.
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CHAPITRE Xn.
ScMmAiRE : — La révolte d» Indes en 1S57 a été un mouvement
miliUiire et non un soulèvement national. ~ Circonstances ex-
eeptîonnelles qui ont donné à la rébellion des cipayes d'autres
proportions que celles des iusurreclions militaires précédentes.
— Coup d*œil sur ces insurrections. — Révoltes de Vellore, de
Barrackpore, de Bangalore, etc. — Leur analogie parfaite avec
la révolte de 1857. —Situation des Anglais au début de Tinsur-
reclion. — Affaire du 19* et du 3V. —Révolte de Meerut. —
Choix de Dehii comme principal foyer de Tinsurrection. —
Massacre des Anglais dans cette ville. — Restauration du trône
des Grands-Mogols. — Manifeste des insurgés de DeblL — Pro-
clamation du gouverneur général. -^ Emplacement des troupes
earopét^nnes au début de Tinsurrection. — Position critique des
Anglais. — Conduite de sir Jobn Lawrence dans le Pendjaub.
-«Désarmement des Cipayes à lidhore et Peshawer.— Les géné-
raux Reîd» Gotton^ Cbamberlain, van Cortland ; le brigadier
Corbett. — Les colonels Edwards et Nicholson. — Révolte de
Ferozepour. — Affaires de Pblllour et de Seaikote. — Influence
exercée par Tobéissance du Pendjaub sur Tensembie des opéra-
tions. — Rébellion des sapeurs-mineurs ë BourlLce. — Soulève-
ment du 1»* à Alyghur. — Désarmement des 5' et 60* à Umballah*
— Sir Henry Lawrence à Lucknow. — Atrocités commises par
les cipayes dans le Rohilcund ; révoltes du 18* et du 68* à Ba-
reilly; du 28* k Scbadjibanpour. -^ Insurrections du 17* k
Aziragurb.— Affaire de Benarès.*— Révolte du 6« k Allababad,
du 12* et du lA* k Ibansi. — Le 29« k Horadabad et le 22* k
Fyzabad.— Attitude des présidences de Bombay et de Madras.
— Ordre du jour des lanciers de Nusserabad.— Défection du
contingent de Goûallor. — Situation de Tlnde centrale au mo-
ment du siège de DelhL
Nous avons suivi dans ses développements succes-
sifs rétablissement de l'empire angio -indien, et nous
15
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y^
226 DE LA PUISSANCE HTLlTAIEfi
avons résumé dfttis le chapitre précédent la situation
de cette magnifique colonie en offrant à nos lecteurs
un tableau qui rivalise, sans contredit, nvec les plus
grandioses et les plus sublimes de l'histoire ro-
maine. Jamais, suivant l'heureuse expression de
M. de Warren , jamais « la Reine du monde n'at-
tela plus de peuples et de souverains à son char de
triomphe* »
Parvenu au plus haut degré de sa puissance,
Tempire anglo-indien ne pouvait plus que décroître ;
si habile qu'eût été la conduite de T Angleterre, son
adresse et sa fortune ne pouvaient indéfiniment pré-
valoir contre les règles éternelles qui gouvernent le
inonde social et politique. La puissance, c'est Tordre ;
la vie, c'est Téquilibre. Or, l'empire anglo-indien,
dont le développement ne peut plus être contenu dans
aucune limite et dont l'organisation, ouvrage de la
force, ne peut se conserver que par la force, l'empire
ftnglo-indien, disons-nous, devait être ébranlé jus-
que dans ses fondements le jour oii les bases factices
et précaires sur lesquelles repose sa puissance utili-
taire seraient elles-mêmes compromises.
L'année 1857 a été marquée par le premier coup
de cette tempête immense qui, depuis un quart de
siècle, n'a cesisé de menacer l'existence artificielle de
rinde anglaise. C'est au moment où nos voisins en-
registraient le centième anniversaire de la bataille de
Plassey, d'où date Tère de la puissance britannique
aux Indes, c'est au moment où allait se fermer ee
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DBS ANGLAIS DANS L'IKDB. S27
siècle de calme et glorieuse possession qu'une révolte
militaire, sans précédents dans Thisloire par ses pro-
portions et sa fureur, allait devenir l'objet des plus
sérieuses préoccupations du gouvernement de la
mère patrie.
Depuis un an, Tlnde est le thé&tre des crimes et
des atrocités les plus horribles : les officiers sont
Ittassacrés par leurs soldats, les femmes sont outra-
Igées et coupées en pièces, de malheureux enfants
Bont brûlés vivants sous les yeux de leurs parents.
Guerre, meurtres, pillage, exécutions sur une échelle
Inouïe, inconnue même aux époques les plus néfastes
dans rhistoire des nations, telles sont les scènes qui
viennent affliger cette belle contrée de Tlnde, où de-
puis un siècle cependant les Anglais font la loi et
exercent Tautorité. Une pareille situation était bien
de nature à éveiller l'attention des publicistes de la
Grande-Bretagne et de la France. Aussi, de nom-
breux écrits ont été répandus, ayant tous pour but de
constater le mal, d'en rechercher les causes et d'in-
diquer les moyens d'y remédier.
Cest à cette lâche que nous voulons apporter notre
modeste tribut.
Les événements de l'Inde constituent une insurrec-
tion essentiellement militaire. Ce n'est pas seulement
parce que l'armée, la première, a donné l'exemple
de la révolte et du crime, mais c'est parce que le pa-
triotisme, seul mobile d'un mouvement réellement
national, ne pouvait rien avoir affaire clans la circon-
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S28 D£ LA PUISSANCE MILITAIRE
stance actuelle. De patriotisme, il n^en est pas ques-
tion chez des gens qui, depuis six cents ans, n'ont
plus de patrie; d'intérêt commun, il n'en existe pas
parmi des hommes divisés et indifférents à l'oppres-
sion les uns des autres. Quant à ce point d'honneur
national ou personnel qu'on suppose parrois aux Hin-
dous, et qui les rendrait sensibles à leur situation in-
férieure et parfois humiliante à l'égacd xles. Euro-
péens, les personnes qui les connaiâSiini.k..mieux
assurent que ce.senliment n'a aucune pke&dans leur
esprit; qu'ils considèrent volontiers cette infériorité
comme une loi de la nature ; qu'ils songent aussi peu
h s'en plaindre que du choléra. ^
Nous l'avons déjà dit, l'immense infériorité morale
de l'Indien devant les Européens le condamne à une
obéissance éternelle. Rien ne saurait prévaloir contre
la terreur, le respect, l'admiration, que ceux-ci in-
spirent aux nations de l'Asie par leur caractère, leur
puissance, leur civilisation. Les populations ont donc
toujours été hors de cause dans les soulèvements qui
ont agité les Indes, car, on ne saurait le nier, la
domination des Anglais est un bienfait immense pour
ces peuples habitués de tout temps à être opprimés
par les conquérants. Jamais ils n'en ont rencontré
d'aussi bienveillants, et les imperfections de l'admi-
nistration anglo-indienne fussent-elles mille fois plus
évidentes encore que ses détracteurs n'ont réussi à le
démontrer, celte administration, pour ces popula-
tions si lâches, si avilies, n*cn serait pas moins le
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DKS ATHGLAIS DANS L*JND8. 229
seul système qui, au milieu de leur servitude sécu*
laire, leur ait donné ce qu'ils n'avaient jamais eu
sous leurs anciens maîtres : le repos sous un gouver-
nement régulier.
Pour nous, la révolte des Indes n'est donc qu'une
révolte militaire, et, à ce titre, nous pensons que son
étude est d'un intérêt puissant pour les militaires de
tous les paysi^toutefois, si nous ne partageons pas
l'opinion des écrivains qui ont voulu transformer ce
soulèvement en un mouvement national, d'un autre
côté, nous sommes loin de prétendre, comme Tout fait
les adversaires de M. D'israëli, que les fautes de
l'administration ou les vices du système politique
suivi par le gouvernement de la Compagnie n'aient
eu aucune influence quant au développement et à Vin*
tensilé de la rébellion.
Maintes fois, depuis un demi-rsiècle, les cipayes se
sont révoltés, poussés par des mobiles aussi puérils
en apparence, qiioique aussi sérieux pour eux, en
réalité, que ceux auxquels l'armée du Bengale vient
d'obéir. Si, jusqu'ici, toutes ces insurrections avaient
été étouffées, c'est qu'elles ne s'étaient pas produites
dans les circonstances exceptionnelles qui ont accom-
pagné la révolte actuelle; c'est que les conspirateurs
de Barrackpore, de Vellore, de Bangalore, de Kur-
nawl, etc., n'avaient pas à compter dans le pays sur
les auxiliaires que l'insurrection de 1857 a ren*
contrés.
Ces auxiliaires, nous allons les définir dès à pres-
sent, d'une façon sommaire, en ce qui touche à la
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230 DK LA 9UI6aANG£ UILITAIRK
politique et à radministration de ia Compagnie^
Quant à la question militaire proprement dite» nous
la réservons pour le moment, regardant comme pré«
férabic de ne la traiter qu'après l'exposé des évéoe-*
ments accomplis, ces derniers devant nous fournir de
nombreux enseignements à i appui des modifications
et des réformes que réclame, suivant nous, Porgarii*
sation de la puissance militaire des Anglais dans les
Indes.
Toutefois, puisque c'estj' armée qui a jouéleprin*
cipal, disons même le seul rôle, dans la révolte, nous
devons avant tout mentionner ici quelques-uns das
vices de son organisatiog^s^uf à reprendre plastard,
et en détail uhè^discussionvque nous allons seule^
ment eflOeurer.
Tous les organes de la presse se sont trouvés
d'accord pour assigner les causes suivantes au sourd
mécontentement qui a fait explosion dans les rangs
indigènes et à la facilité avec laquelle rarmée dut
Bengale a disparu dans la tourmente de 1857 : d'&<>
bord, l'ancienneté admise comme seul moyen d^avan-*
cément; ensuite, la qualité médiocre des ^officiers qui
ssrventdans les rangs; en général, leur nnanque de
goût et ^'aptitude pour le métier des armes; puis>y
l'absence complète de sympathie entre eu et leurs
soldats; enfin, les vices de radmintstjri|ti(m.jmUlaîre
placée sous le contrôle du service oivil.
C'est seulement en inquiétant le soldat iné^gèna
sur sa paye ou sur les privilèges de sa caste qu'on
peut l'amener au mécontentement et à l'indiscipline.
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PBS ANGLAIS DANS t/iNDE. B3i
Or, la perte de la caste est pour THindou une quea«
tioD sociale plutôt que religieuse; Il peut croire ce
que bon lui semble» il croira même jusqu'à un certain
point tout ce que vous voudrez; mais son rang dans
la société, la considération de ses amis, rattacher
ment de sa famille, tout lui échappe à la fois s'il dé*
choit de sa caste. Aucun autre motif, nous avons dégà
insisté sur ce point, ne réunirait trois cipayes dans
une action commune.
Aussi» est-ce une question de caste qui a tenu la
première place dans le soulèvement de 1857, comme
nous le verrons plus loin. Lorsqu'on a dit au cipaye
qu'il avait mangé de la graisse de porc ou de vache
saris le savoir et qu'il était déchu de sa caste; lors-
qu'en voulant vérifier le fait il a pu croire qu'en effet
l'usage de ses cartouches avait d'aussi terribles con*
séquences, il n'en a point fallu davantage pour ame-
ner une indignation universelle. Il n'entre pas, en
eflei, dans Tesprlt d'un cipaye que le gouverne-
iMnt ait pu S6 tromper, qu'il n'ait po\nt agivalontai-
rement et avec l'intention de le faire déchoir de sa
caste»
En ce qui touche à la solde , le gouvernement,
pressé par d'invpérieuses cireonsLaneas, n'a pas tenu
teujoiir» très scrupuleusement ses engagecnents vis-
ii-vis du soldat indigène. Sans parler de sa promesse
de ne lui point faire traverser la mer, promesse dont
la violation a déjà, à d'autres époques, occasionné
des mutineries, la Compagnie, qui^ malgré ses in-
erQyables richesses, s'est trouvée - presque continuel-
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9«^t DB LA PUISSAAGB MILITAI RB
lement en déficit depuis plusieurs années, a dû sup-
primer des alloeations devenues trop onéreuses pour
ses finances.
Lors de la guerre dés Sicks, Tarmée refusa, à un
moment décisif et difficile, de passer le Sutledge si
on ne lui accordait un batla ou augmentation de solde.
Les généraux furent obligés de céder : le baUa fut
accordé. Mais, après Tannexion d*Oude, te gouver-
nement, qui se sentait fort à cette époque, déclara
que le botta cesserait d*être payé. Ces faits^ joints au
mécontentement occasionné par la distribution des
cartouches graissées, ont motivé, avec Tordes rad-
jahs et des princes dépossédés^ la rébellion actuelle
de Parmée indienne.
La prétendue mutinerie^ pour parler le langage
adopté par la presse anglaise, est en réalité une révo-
lution non pas nationale, mais fomentée cependant
dans toute Tinde par les rois détrônés ou par les
princes musulmans dépossédés. L'attribuer unique-
ment à ces malencontreuses cartouches ou au seul
mécontentement des cipayes serait une erreur. Dans
ces dernières conditions, Tinsurreclion de 1857 eftt
été étouffée comme celles qui Pavaient précédée.
Les causes véritables en sont plus nombreuses et
ont un caractère plus élevé. Nous énumérerons les
principales : la politique d'annexion nnivjoh oatmnrfi
par les représentants de Phouorable ComjiAgiiie4laD&
Plnde, le traitement injuste à Pégard des femmes et
des héritiers des rois et princes dépossédés, la ten*
dance du gouvernement à absorber ies fortunes des
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DES ANGLAIS DÂNS L*INDI^. 3S5
radjahs et des nababs millionnaires, une fausse ap-
plication de ce quMI se complatt à appeler philan-»
thropie, enfin la licence de la presse indigène.
Nous dirons quelques mots sur chacune de ces
causes.
Le gouvernement de la Compagnie a, en effet,
sans raison valable et très injustement, annexé le
royaume d'Oude à son territoire. Cette fausse et roa<
ladroite politique a soulevé les ressentiments de toute
cette riche et populeuse contrée, et les cipayes, qui
sont en grande partie natifs du royaume d*Oude, ont
été facilement entraînés à prendre fait et cause pour
leur roi.
Un grand nombre d'autres princes et princesses,
dépouillés de leurs États, sont aujourd'hui à la solde
de la Compagnie; mais, comme celle-ci trouve con-
tinuellement des moyens de diilninuer ses charges, en
prétendant que les femmes et les héritiers de ses
pensionnaires ne sont pas légitimes (i), il existe
parmi tous une solidarité de mécontentement qui en
fait les ennemis jurés du gouvernement. Les événe-
ments ont prouvé que ces rois et ces princes étaient
à la tête d*une partie du complot qui a éclaté. Le
gouvernement a profité de Toccasion pour enfermer
au fort de Calcutta, comme prisonniers, le roi d'Oude
et son premier ministre; mais cette mesure tardive
n'a fait que donner un nouvel aliment à la révolte.
La licence de la presse, dans un pays courbé sous
(1) L'enaeini le plus acharné elle plus féroce de la Compaguie,
Naoa-Salb, doit être rangé dans celte catégorie.
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i^k DE LA PUISSANCE MILITAIEB
une domination étrangère, a contribué encore à h&ter
le mouvement. Les faux philanthropes de l'Inde, les
missionnaires, ont pris à partie tous les^Êinpjoj^és
blancs de Tadininistration et se sont déclarés les amis
de rindien. Ils se sont livrés à d'interminables dé-
clamations au sujet de la torture ; ils ont fait l'éloge
du natif, ont vanté sur tous les tons ses bonnes quar-
lités, etc. Bref, ces débats au grand jour n'ont abouti
qu'à discréditer les administrateurs de l'Inde, et il
en est résulté de la part des indigènes, sinon un mé-
pris complet pour 1* Européen, au moins une grave
atteinte portée à ces sentiments de respect et d'ad-
miration qui les avaient maintenus jusqu'ici dans l'o-^
béissauce.
Le gouverneur-général lui-même a subi k cet
égard le sort de ses subordonnés : toute dignité a été
enlevée au gouvernement, qui s'est ainsi laissé vili-
pender; les égards lui ont été refusés, et, ce qui est
pire peut-être, il n'a plus trouvé de crédit; le dernier
emprunt ouvert un au avant la révolte appelle en vain
les prêteurs. La signature de la Compagnie ne vaut
plus celle du dernier banquier du bazar.
De leur côté, les Bengalis et les Musulmans ont
abusé de la liberté de la presse pour faire des procla-
matioiis contre le gouvernement, pour remuer les ré-
giments au nom des anciennes dynasties, enfin pour
prêcher la révolte à main armée. Il va sans dire que
les agents les plus actifs dans ces circonstances ont
été surtout ces princes dépossédés dont nous parlions
plus haut. Pendant ce temps, les missionnaires, les
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BBS ANGLilg DANS L^INDB. SS5
sainU^ comme on les appelle aux Indes, ne restaient
pas inaclifs. Des colonels et des généraux, faisant
partie de la secte des Prédicants, s'immisçaient dan$
(es tentatives ayant pour but dechanger les croyances
religijeuses des soldats ; ils les sermonnaient et es-*
sayaient d*en convertir quelques-uns au christia-*
nisme. Les cartouches sont venues par-djessus tout
cela, comme la dernière goalie qui fait déborder la
coupe, de telle façon que les rois dét£Ôxiés.^'ane
part, les radjahs dépossédés de r«aiUre, se sont jointa
dans une haine cuunuune aux ci payes, suspectant les
intentions du gouvernement et rendus furieux par la,
seule idée du danger qu'ils couraient de perdre leur
caste s'ils continuaient à obéir à leurs officiers.
Tels sont, en résumé, les causes et les auxiliaires
de rinsurrection de 1857. Autant qu*il est permis
d*en juger depuis un an qu'elle suit son cours, il n'y
a dans cette révolution, malgré les proportions gigan*
tesques qu'elle a prises, aucun signe d'un mouve-
ment réellement national ou d'un mécontentement
populaire. L'aristocratie indienne, s'il est permis
d'employer ce terme pour désigner une portion de la
société indigène qui tient dans la colonie anglaise
une place si différente de celle occupée en Europe par
les classes que nous appelons du même nom, l'arislo*
cratie indienne, c'est-à-dire tous les princes, radjahs
et grands propriétaires lésés dans leurs intérêts par
la politique de la Compagnie, ont fait cause com-
mune avec les mercenaires révoltés; leur or a rem-
placé pour les cipayes la solc^ du gouvernenient;
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236 DE LA PUfSSANGB MILITAIRE
mais le peuple, c'est-à-dire la masse de la nation,
dans la majeure partie de Tempire anglo-indien, est
resté étranger à cette immense catastrophe.
L'insurrection de 1857 a donc été avant tout, par-
dessus tout, une insurrection militaire, et les révoltes
de ce genre ne sont malheureusement pas un phéno-
mène nouveau dans Tlnde. La conduite actuelle de
Tarmée indigène n'a rien d'étrange ou d'inaccou-
tumé ; elle ne diffère en rien de celle que les cipayes
ont tenue plusieurs fois depuis un demi-siècle. Bien
plus, il faut Tavouer, en 1857, comme il ressort des
considérations dans lesquelles nous sommes entré,
aussi bien que dans les insurrections précédentes,
ainsi que nous allons le montrer, on peut affirmer
sans crainte que, dans tous les cas où les soldats se
sont rendus coupables de rébellion, ils y avaient été
provoqués.
L'insurrection de Java pendant la grande guerre
avec la France avait son origine dans une violation
de promesse de la part du gouvernement, qui retenait
les volontaires au Service au delà du temps pour le-
quel ils étaient engagés.
La grande insurrection de Vellore, dans laquelle
périrent, il y a cinquante ans, un si grand nombre
d'Européens et d'indigènes, bien qu'elle eût été fo-
mentée par la famille de Tippoo-SaTb, devait son
origine première à quelques innovations intempes-
tives concernant les signes distinctifs apparents des
castes pour chaque homme.
L'insuiTection de Barrackpore, qui eut lieu il y a
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DBS ilNGLAIS DANS L*INDB. 2^7
on quart de siècle et dans laquelle périrent une cen-
taine de soldats, eut lieu sous Tinfluence de causes
suffisantes pour excuser une insurrection, si jamais
une insurrection pouvait être excusée. C'était pen-
dant la guerre des Birmans : un régiment européen
et un régiment indigène reçurent Tordre de se rendre
dans le foyer d'infection d'Arracan. Les Européens
étaient pourvus de toutes les ressources convenables
pour celte fatigante et dangereuse expédition, et
certes il était bon qu'il en fût ainsi. C'est là de la
véritable économie.
Le soldat européen, si précieux, tant à cause des
services qu'il rend qu'à cause des difficultés que Ton
trouve à le remplacer, ne peut être utilisé aux Indes
sans précautions. Les soldats indigènes étaient natu*-
rellement témoins de toutes les preuves de sollicitude
que Ton donnait à leurs camarades européens; mais
ils étaient froissés en même temps de l'extrême in*
curie avec laquelle étaient prise3 toutes les disposi-
tions intéressant le bien-être et là santé du régiment
natif. Aussi, lorsqu'ils reçurent l'ordre de marcher,
ils répondirent en disant qu'ils n^ pouvaient se mettre
en route si on ne leur dormait, comme aux Ëuro<*
péens, des animaux pour transporter leurs bagages»
Le gouvernement accorda une petite somme et
laissa aux troupes le soin de pourvoir aux moyens de
transport. Les hommes, indignés, répondirent qu'on
ne pouvait pas se procurer du bétail avec une allo-
cation aussi insuffisante ; que c'était une moquerie de^
leur oiïrir un argent dont les circonstances rendaient
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S38 DE LA PtJISSANGB MILlTAlftB
d'ailleurs Temploî impossible; bref, ils déclarèrent
quMIs ne bougeraient pas si le gouvernement ne leur
donnait pas les moyens de marcher. Le gouverne-
ment et les soldats avaient dit leur dernier mot. Le
régiment indigène fut passé en revue. Deux régi-
ments européens étaient placés en face de lui, indé-
pendamment de plusieurs autres bataillons et d*une
batterie de six canons, masquée, dit-on, malheureu-
fienoent pour Thonneur de ceux qui y sont intéressés.
Le refus que firent les séditieux de déposer leurs
armes fut immédiatement suivi d'une salve à mitraille
^t des décharges des régiments européens, dont tous
les coups étaient dirigés à un quart de portée de fusil
«ur la colonne insurgée. Peu de temps après cette ca-
tastrophe parut un ordre général portant que, toutes
iéa fois qu'un régiment de natifs serait mis en route,
te gouvernement lui donnerait des animaux pour le
transport de ses bagages.
La conspiration de Bangalore, en 18S3, n*eut pas
même un commencement d'exécution, parce que,
dana cette affaire, le gouvernement n'avait donné
réellement aucun sujet de plainte aux cipayes» Les
deux soubadars (ou capitaines indigènes) qui étaient
à ia tôte du complot furent attachés à la bouche d'un
eanon, et toute velléité de résistance disparut avec la
rapidité de l'explosion qui dispersait leurs membres
tangiants.
Si nous avons cru devoir nous étendre aussi lon-
guement sur les insurrections militaires qui ont pré-
cédé celle de 1857, c'est que leur exposé nous a sem*
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BBS ANGLAIS BANS L^JNBB. S89
bté la meilleure démonstration de Tanalogie parfaite
qui existe entre ces soulèvements et la révolte ac-
tuelle. A Yellore, presque tous les incidents qui se
sont produits récemment s'étaient déjà présentés.
L'ordre du jour du général Craddock, prescrivant la
suppression des insignes de caste, a tenu il y a cin-
quante ans la même place que les cartouches grais**
sées en 1857. Si la fermeté de sir John Lawrence» le
gouverneur du Pendjaub, au lieu de se déployer à
400 lieues du premier foyer de la révolte, et alors
que celle-ci était devenue générale, avait pu s*exercer
comme celle du fameux Gillepsie à Vellore dès le dé-
but de la conspiration, à Barrackpore, par exemple,
ou tout au moins à Meerut, nul doute que Tinsurrec*
tion actuelle n'eût été comme sa devancière étouffée
dès son berceau.
Les mômes moyens employés, ta même attitude
prise par les chefs militaires, auraient obtenu les
mêmes résultats, et c'est ce que les généraux Hear*
sey et Hewitt ne semblent malheureusement pas avoir
compris. Théoriquement parlant, les officiers euro-
péens rompus au service des Indes et aux nécessitée
que créent l'énorme disproportion entre l'armée indi^
gène et le contingent anglais n'oivt jamais varié d'o--
pinion, tant sur le péril incessant qui résulte de cette
situation que sur les moyens de le conjurer. Il n'en
faut pas d'autre preuve que la similitude complète
entre ce qui s'est pratiqué depuis un an, là où l'Insur-
rection a été domptée, et ce qui s'était fait autrefois
dans les circonstances que nous avoûs rapportées.
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3ftO DE Là PUIS8ANCB UJUTAIBB
Tout 8e ressemble à un demi-siècle de distance, tout,
depuis la mise en scène qui accompagne le désarme-
ment ou l'extermination des cipayesrévollés jusqu'au
genre d'exécutions, jusqu'aux supplices qui devien-
nent leur châtiment. Malheureusement, de pâles ou
inintelligents copistes ne suffisent plus pour remplir
le rôle des rudes guerriers qui ont donné les Indes à
l'Angleterre, et les énergiques traditions que ceux-ci
ont fondées ne souffrent pas de caducs interprètes.
Employés trop tard, maladroitement ou d'une façon
inopportune par un Hewitl ou un Lloyd, ces moyens
de répression terribles, mais nécessaires, ne pou-
vaient que produire des résultats diamétralement op-
posés à ceux que Ton poursuivait.
ty{ Ainsi que nous Tavons fait remarquer au début de
cette étude, la première phase de la révolte des Indes
n'offre aucune importance au point de vue de la
science militaire proprement dite. Dansjçet épouvan-
table guet-apens, la stratégie et la tactique n'avaient
rien à faire. Pendant six mois, disséminés sur toute
la surface de leur immense empire, dispersés en pe-
tites bandes, les Anglais, au milieu des insurrections
qui se déclaraient chaque jour, ne pouvaient que dis-
puter leur vie et maintenir intact l'honneur de leur
drapeau en déployant sur tous les points un courage
héroïque, une énergie surhumaine ; mais, par la force
même des choses, leurs divers détachements se trou-
vaient sans conduite, sans direction, d'ensemble et
bwM communications praticables. Jusqu'au moment
ou le général Campbell a pu culrer en campagne, h
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0BS ANGLAIS DANS l'iNDB. 3&1
retception du siège de Dehii. et des opérations des
généraux Havelock, Neill et Outram, les malheureux
débris, liarassés, malades et mutilés qui tenaient
garnison dans TOude et le Robilcund, dans les dis-
tricts de Dehii et de Meerut, n'ont pu tenter aucune
opération suivie contre les révoltés.
Nous passerons donc rapidement sur la partie épi-
sodiquc de la révolte des cipayes ; nous ne pouvons
relever tout ce qu'il y a d'instructif et de touchant
dans les nombreuses correspondances privées qui ont
été publiées par les journaux anglais, bien qu'elles
reproduisent de la façon la plus saisissante le véri-
table caractère de cette lutte. Ce sont, le plus souvent,
des lettres écrites par déjeunes officiers, nous sommes
tentés dédire par des enfants, qui, surpris à seize ou
dix-sept ans par les hasards d'une guerre qui n'a rien
de civilisé, en racontent les incidents avec la vivacité
naturelle à leur âge, avec l'énergie naturelle à leur
sang. En général , cette population européenne, dis-
persée sur un immense espace, et tout à coup assail-
lie, s'est montrée héroïque, pleine de mépris pour la
mort, pleine de mépris surtout pour l'ennemi.
Dès le mois de janvier 1857, le i9« régiment indi-
gène avait témoigné toute sa répulsion pour les malen-
contreuses cartouches qui ont joué un si grand rôle
au début de la révolte! Ce réginœnt était en garni-
son à Barrackpore (cantonnement déjà célèbre, comme
nous Pavons vu, dans l'histoire des insurrections mi-
litaires), cl le 3 avril, sur ;5on refus d'accepter les
nouvelles munitions, il était licencié.
16
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2(2 DB LA PUISSANCE MIUTAIBB
Un mois plus tard, le 5 mai, un autre régiment, le
3&% également en garnison à Barrackpore, était aussi
licencié, après avoir assisté à l'exécution d*un soldat
<{m avait tiré sur un officier européen, et à celle d'un
djemadar ou lieutenant indigène qui, commandant la
garde de police du 31' au moment de la tentative de
meurtre, avait refusé de prêter son concours pour
arrêter l'assassin.
Nous n'entrerons pas dans de plus longs détails
au sujet de ce premier épisode ; le gouvernement an-
glais a publié la correspondance échangée, dans ces
circonstances, entre le gouverneur de Calcutta, le
général Hearsey , commandant à Barrackpore, et le
directeur du dépôt d'artillerie de Dumdum, d*où les
cartouches avaient été expédiées. Un membre du
parlement a fait ressortir toute la mollesse, toute la
négligence avec lesquelles on avait procédé dans
cette circonstance. Les retards subis par les ordres
et les correspondances au milieu d'une situation aussi
grave sont aussi inqualifiables que la réponse de ce
directeur de l'artillerie, déclarant « qu'aucune pré-
» caution n'a été prise pour s'assurer qu'on n*eût
«point fait usage de l'espèce de graisse qui peut
» froisser les préjugés des Indiens , et ajoutant qu'il
n n'avait pas même fait attention à cette circonstance...
» (butthesubject did not occur to me). »
La faute commise (et le précédent du général
Craddock était cependant de nature à ouvrir les yeux
sur les conséquences que pouvait avoir une mesure
portant atteinte à l'esprit de caste), la seule façon de
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DB9 AffGUIS DANS l/lNOB. 2&5
la réparer était remploi des moyens énergiques. Le
liomdement par et simple des régiments qui refu-
Mimt d* obéir était absurde. C'était tout simplement
offrir une prime à Tesprit de révolte qui travaillait
rarmée.
Sans doute, comme on Ta fait observer, le licen-
dément des cipayes a pour eux des conséquences
toutes différentes de celles qu'une pareille mesure m-
tralnerait dans tout autre pays^ où elle serait accep«-
tée comme une récompense par les troupes. Ce licen-
dément constitue réellement une punition, à cause
de ia misère à laquelle il condamne le soldat renvoyé,
et qui n'a d'autre profession que^ celle des armes
pour subsister; mais, d'un autre côté, par la môme
raison, ainsi que le faisait remarquer l'illustre Wel-
leeley à propos du licenciement des armées à la solde
des princes dépossédés, le soldat natif que vous chas-
eea des rangs n'a plus d'autre ressource que de se
faire bandit et coupeur de routes.
Le 19* et le &k* ont donc formé le premier noyau
de Tannée de meurtriers et de pillards dont les Koer-
fting, les Nana-SaA>, les Mahomet-Hussein étaient
tout prêts à prendre la direction.
Ce premier pas était à peine fait dans la voie fatale
suivie depuis par le gouvernement de l'Inde que
rinsurreetion s'étendait comme une vaste traînée de
poudre dans toutes les provinces du nord-ouest.
C'est à Meerut que la rébellion ouverte a com-
mencé, et voici dans quelles circonstances : un déta-
chement du â* de cavalene indigène ayant été con*
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2l\h DB L\ PUISSANCE MIT.lTAIRB
duitsur le champ de manœuvre, on lui distribua les
nouvelles cartouches confectionnées par rartillerie,
et quelques instructeurs, placés au milieu du régi-
ment formé en carré, furent appelés, afin d'enseigner
une nouvelle manière de charger les armes sans dé-
chirer les cartouches avec les dents. Joignant la pra-
tique à la théorie, ces instructeurs chargèrent et dé-
chargèrent plusieurs fois leurs carabines en présence
de la troupe. Pendant tout le temps que dura cette
instruction , le régiment resta grave et silencieux,
puis se retira sans aucune manifestation.
Le lendemain, la troupe ayant été réunie de nou-
veau, le colonel voulut éprouver l'obéissance des
hommes, et fit avancer la 1** compagnie, qui reçut
ordre de charger ses armes et de faire feu. Sur
quatre-vingt-dix soldats, cinq seulement obéirent
Une cour martiale fut immédiatement convoquée pour
prononcer sur le sort des premiers, et les condamna
à un emprisonnement variant de cinq à dix ans. Le
samedi, 9 mai, ils reçurent leurs fers devant toutes
les troupes assemblées. Pour ôter aux cipayes toute
idée de résister, on eut recours, il est vrai, au dé-
ploiement de forces usité en pareille circonstance;
mais il étaif trop tard, le complot était formé, et les
soldats indigènes savaient que l'heure de le mettre à
exécution ne se ferait pas attendre. Pour le moment,
protester devant la gueule des canons prêts à vomir
la niilraille eût été une folie, tout ce qui était indien
se relira donc en silence, mais la rage dans le cœur.
Par suile d'une imprévoyance ou d'un mépris
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDE. S&5
exagéré pour le ressentiment des Indiens, le général
Hewitt ne fit prendre aucune nnesure extraordinaire
pour la siireté de la prison et de la ville. Les forces
ne manquaient pas cependant, puisqu'il se trouvait
cantonnés à Meerut deux régiments européens, le
6* des dragons de la garde, le 60* carabiniers (armé
de carabines de précision), enfin un bataillon d*artil*
ierie européenne. La nuit du samedi et la journée du
dimanche furent calmes ; mais sur le soir^ au moment
où la population européenne ne songeait qu'aux loi*
sirs ou aux ofiices du jour consacré, toutes les troupes
indiennes (â* de cavalerie et 11® et 20' d'infanterie)
se soulevèrent simultanément, et massacrèrent la
plupart de leurs officiers. Soutenues par la populace,
elles se ruèrent en même temps sur la prison, et dé-
livrèrent leurs camarades ainsi qu'un millier de ban«
dits renfermés dans la geôle. L'incendie et le mas-
sacre des Européens commencèrent aussitôt; les
femmes et les enfants des soldats anglais furent les
premières victimes. Cependant les deux régiments
européens ayant pris les armes, dès la seconde dé-
charge les rebelles se dispersèrent et s'enfuirent,
laissant Meerut aux Anglais.
On poursuivit les cipayes révoltés à quelques milles
de la station, et les dragons en sabrèrent bon nombre ;
mais la poursuite cessa trop tôt, et de là les malheurs
qui ont frappé Dehii. La mollesse du commandant
de Meerut devait achever ce que son imprévoyance
avait commencé (1).
(l).lleerut étant séparé dcDehli, où Sjb rendaient les insurgés,
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2&6 DB LA PUISSANCE âlILlTAIHt
Là malheureuse ville de Dehli, dont le nom devait
servir de cri de ralliement aux insurgés, et qui est
devenue le théâtre des scènes les plus sanglantes tn
4857, contient, selon les derniers recensements,
187,000 habitants, et 160,000 avec la banlieue qui
l'entoure. La grande majorité de la population est
musulmane. D'un esprit toujours indocile, renfermant
dans ses murs la famille impériale déchue et réduite
à Fhumble position de pensionnée des Anglais, Dehli
a souvent donné des inquiétudes au gouvernement de
rinde, surtout quand la Compagnie avait quelque
guerre à soutenir sur les frontières de son empire.
En 1825, pendant que Tarmée anglaise était engagée
dans TAva, Dehli parut sur le point de s'insurger, et
les nombreux serviteurs de Tancienne cour mogole,
qui s'y trouvaient en majorité, n'attendaient évidem-
ment qu'un échec des armes anglaises pour se révol-
ter contre leurs mattres. Il ne faut donc pas s'éton-
ner que les régiments dispersés à Meerut aient fait
de Dehli le centre de leur résistance, et que tous les
dpayes déserteurs, licenciés ou insurgés l'aient re-
gardé, dès le début de la révolte, comme leur asile
le plus sûr*
C'est le lundi matin, 11 mai, que Dehli a été en-
par le cours de la Jumna dont le passage offre de grandes difB-
cnHés, n'eet-il pas permis de se demander comment on a pu né»
gliyer une ciroonstaaee aussi favorable, oommenton n*a pis profité
de la rivière pour acculer et cerner les révoltés ? En empêdiant
rentrée des !!• et 20* régiments à Dehli, on eût peut-être arrêté
la rébetlton dans son principe.
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DBS ANGLAIS DANS L^NDB. 3&7
vaiiî par les fugitifs de Meerut. I.es bandits délivrés
par les cipayes, et qui s'étaient joints à eux, étaient
évideminent prêts à accomplir les plus horribles for«
faits, car ils étaient armés jusqu'aux dents, et sem-
blaient comme fous de rage et d'exaltation. Ils en-
trèrent par la porte de Calcutta sans rencontrer
d'opposition, et se dirigèrent sur Deriowgunge, abat-
tant tous les Européens qu'ils rencontraient sur leur
passage.
Ces faits ayant été immédiatement signalés au
commandant militaire, il se h&ta d'envoyer contre
les rebelles un régiment et deux canons. Ce régi-
ment. Je 5&* indigène, se dirigea en bon ordre sur la
porte de Cachemyre ; mais, à l'approche des rebelles,
les cipayes se rangèrent subitement de chaque côté
de la rue, laissant au milieu leurs officiers, que les
cavaliers du â* rejoignirent au galop et tuèrent à
coups de pistolet. Ces officiers étaient tous sans armes,
ainsi que M. Fraser, le résident anglais auprès du
Grand Mogol, qui fut massacré en même temps que
leci^iftaine Douglas et M. Nixon, attachés tous deux
à la chancellerie.
Après avoir tué les officiers du 5&% les Qavaliers
descendirent de cheval et fraternisèrent avec les
oipayes. Leur attitude était celle de véritables ma-
niaques, bien qu'ils fussent en uniforme, et que
quelques-uns portassent encore les médailles qui dis-
tinguent les anciens soldats. Quelques hommes du 5/i.*
avaient fait semblant de tirer, mais les coups pas*
saient par-dessus la tète des rebelles, et ceux-d
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2&8 DB LA P0I8SANCR MlLITAïaB
étaient évidemment pleins de confiance dans les bons
sentiments de leurs camarades indigènes à leur égard :
aussi ne peut-on douter que le plan de ce massacre
n'eût été concerté d*avance.
En attendant, la populace se rassemblait dans la
ville; on mettait le feu aux bengalows (1) à Deriow-
gunge; les villages aux environs de Dehii se prépa-
raient à Taction ; bientôt toute la ville fut en armes.
Les cipayes envahirent les maisons européennes, dé-
clarant hautement quMIs voulaient, non pas les dé-
pouilles, mais le massacre de ceux qui les habitaient.
Aussitôt que Ton sut Textension que Tinsurrection
avait prise, les résidents durent chercher à se mettre
en sûreté, et la plupart se rendirent à la tour du Dra-
peau. Une compagnie du 38* et deux canons devaient
y défendre les officiers et autres Européens, et les
femmes; tout le monde était armé.
La tour du Drapeau est ronde et solidement con-
struite en briques; mieux que tous les autres b&ti-
roents de DehIi eWp se prétait & la défense. Malheu-
reusement les tristes débris qui s'y étaient réfugiés
ne connaissaient pas encore toute l'étendue de la ca-
tastrophe. Les officiers du 88« avaient confiance dans
leurs hommes, et s'efforçaient de les raffermir dans
le devoir; mais lorsque le colonel Greaves les eut
harangués à son tour, il devint évident qu'ils n'étaient
que trop disposés à se joindre au mouvement géné-
ral, et que la moindre cause suffirait pour amener ces
(1) On noiQme ainsi les baraques dans lesquelles campent les
troupes indigènes.
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D£8 ANGLAIS DANS L*INDB. 2&9
hommes à attaquer leurs ofBciers et les autres Euro-
péens qui se trouvaient dans la tour.
A quatre heures moins un quart, le magasin de
poudres sauta, et Ton sut depuis que le lieutenant
Wiilougby y avait mis le feu, et qu'il avait pu
s'échapper quoiqu'il eût été blessé. 500 hommes,
tant des habitants que des insurgés» qui attaquaient
Tarsenal, avaient sauté avec le magasin à poudre.
Les Européens réfugiés h la tour du Drapeau
n'étaient pas encore remis de l'émotion causée par
l'explosion qu'ils virent les hommes du 38* prendre
les armes, et se disposer à les attaquer. Ce fut alors
un sauve qui peut général, et chacun profitant de la
proximité des remparts se précipita hors de la ville,
cherchant à gagner les stations de Kurnawl, de
Meerut, d'Umballah et de Simia, où bien peu mal*
heureusement purent arriver sains et saufs. Quarante-
huit personnes qui s'étaient réfugiées dans le palais,
et que le Grand Mogol avait pris sous sa protection,
furent livrées deux jours plus tard à la populace , et
massacrées avec les quelques Européens encore épars
dans la ville.
Dans la soirée du 11 mai, une sorte de parlement
militaire composé des officiers indigènes des 38*, 5&«
et 7&*, qui tenaient garnison à Dehii, du 3* de cava*
lerie, et des 11* et 20*, venus de Meerut, se réunit
afin d'examiner la situation, et de pourvoir à lapre*
miëre tâche qui incombe aux chefs d'une insurrection
victorieuse, c'est-à-dire à la nécessité de rétablir
l'ordre quMIs viennent de bouleverser à leur profit.
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250 DB LA PDISSANGB MILITAIRB
Jusque-là rinsurrection était exclusivemeut kiodoue
ou brabminique , les Musulmans y étaient complète-*
ment étrangers. Pour les y rallier, il n*y avait qu*un
moyen : se ranger sous Tétendard du Croissant, et
relever le trône de Dehii. Ce parti fut pris à Tunani-
mité, et, bon gré, mal gré, le descendant des Graads
Mogols, vieillard de quatre-vingts ans, affaibli par
Tâge et terrifié par les événements, dut se résigner
au périlleux honneur qui lui était imposé. Le parti
musulman partagea, dès cet instant, la responsabilité
de rinsurrection dont il n*était nullement Tauteur*
Le document suivant, que nous reproduisons en
extrait, est de nature à jeter quelque jour sur les
causes si controversées de la révolte, car il émane
de l'insurrection elle-même; ce document est la pro-
clamation des chefs militaires qui ont relevé le trône
de Deblit et qui a été mise en circulation à Calcutta :
a Que tous les Hindous et les Mafaométans sachent
» que les Européens sont unis dans le but de priver
» Tarmée de sa religion, et de rendre par force tous
» leurs sujets chrétiens. C'est iTaprès les ordres abso^
» lus du gouverneur général qu'on a distribué des
9 oartauehes confectionnées avec de la graisse de porc
»etde bœuf. Si 10,000 hommes résistent, on veut les
» faire sauter; sMls sont 50,000, on veut les licencier.
» G^est pourquoi, dans l'intérêt de la foi, noos nous
» sommes concertés, et nous n'avons pas laissé en
» vie un seul infidèle de cette place. Nous avons réta-
» bli l'empereur de DehIi sur sa promesse que toutes
» les troupes qui tueront leurs ofiiciers européens, et
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB. 3M
9 qui lui engageront leur foi, recevront une solde
» double.
» Deux cents pièces de canon et des trésors im-
9 menses sont tombés entre nos mains; il est donc
» désirable que tous ceux qui ne veulent pas devenir
chrétiens s'unissent cordialement avec Tarmée;
qu'ils prennent courage, et qu'ils ne laissent sub*
sister cette race infernale en aucun endroit
» Toutes les dépenses qui pourront être faites pour
la fourniture de munitions seront constatées au
moyen de reçus, et seront payées doublement par
Tempereor. Ceux qui céderont à la crainte et se
laisseront tromper par ces fourbes , et compteront
sur leur parole, auront le sort des habitants de
Lncknow.
» // est donc nécessaire que les Hindous et lesMahù-
métans soient unanimes dans la hute^ et veillent à
leur sûreté en prenant conseil de gens dignes de foi*
Partout où les arrangements convenables auront été
pris^ ceux qui nous auront rendu service seront
placés dans des postes élevés.
9 Faire circuler des copies de la présente procla^
isatioB partout od cela sera possible est aus^ im-»
portant que de frapper avec le sabre. Cette pro*
clamation doit être affichée de nntni^ que les
Hindous et les Mosalmai» puissent en prendre conr
naîssaiiGe.
» Si tes infidèles devimnent traitables^ ce ne sera
qu'un expédient pour sauver leur vie. Quiconque
sera trompé par eux s'en repentira* Notre règne
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352 DU Là PUISSANGR MILITAIRB
» continue; 30 roupies à un cavalier, et 10 roupies
» à un fantassin seront le salaire des nouveaux servi*
» teurs de Detili. »
Ce document confirme Topinion que nous avons
émise au sujet du rôle que l'esprit de caste, mis en
émoi par les nouvelles munitions, a joué dans ia ré-
bellion. C'est pour cette graisse de porc ou de vache
des cartouches, dont le directeur de l'artillerie, sui*
vaut sa naïve expression, « n'avait pas songé à se
préoccuper j » que les Hindous ont pillé , brûlé vingt
cités, massacré leurs officiers, égorgé les femmes et
les enfants, et juré d'exterminer tous les Européens!
Les événements de Meerut et de Dehli devaient
ouvrir les yeux aux agents de la Compagnie. On
commençait enfin à comprendre à Calcutta que la
prétendue mutinerie des cipayes prenait toutes les
proportions d'une véritable révolution. Le 16 mai»
brd Canning se décidait à faire paraître une procla-
mation dont la publication trop tardive devait rester
sans effet au milieu des insurrections qui continuaient
à éclater sur tous les points. Sans doute, il était utile
de rassurer les indigènes timorés au sujet des craintes
(trop fondées) qu'ils avaient pu concevoir pour leur
religion ; mais à côté de ces assurances, de ces ga*
ranties données aux natifs de bonne foi, n'y avait-il
pas de place pour les promesses de ch&timent à infli-
ger aux traîtres qui avaient ensanglanté Meerut et
Dehli? La sauvage énergie que respire la proclama*
tion des insurgés de cette dernière ville aurait pu, à
notre avis, et au moment où s'engageait cette lutte
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DBS ANGLAIS DANS L'INDS* 253
terrible et sans merci, fournir quelques bonnes inspi-
rations à Thonorable gouverneur. Voici le texte de
ce document, dont la rédaction assez terne, et la
pensée encore plus incolore, ne nous semblent pas
accuser de la part du gouvernement de Tlnde une
attitude à la hauteur des circonstances :
« Le gouverneur a averti Tarmée du Bengale que
» les bruits qui ont amené certains régiments à penser
» que le gouvernement en voulait à leur religion et à
» leur droit de caste sont de pernicieux mensonges (!)•
» Le gouverneur a appris que ces soupçons conti*
» nuentà être propagés, non-seulement dans Tarmée,
» mais encore dans d'autres classes du peuple, par
» des hommes mai intentionnés.
» Il sait qu'on s'efforce de persuader aux Hindous
» comnie aux Musulmans, aux soldats comme aux ha-
n bitants qui ne font pas partie de l'armée, que leur
» religion est menacée secrètement ou ouvertement
«par les actes du gouvernement, et que celui-ci
9 cherche de différentes manières à leur faire perdre
» leur droit de caste.
» Quelques-uns ont déjà été trompés et pervertis
» par ces mensonges. Le gouverneur met donc en*
» core une fois toutes les classes en garde contre les
x> déceptions auxquelles elles sont en butte.
(f) AUosion sans doute à UQ ordre du 29* mars sur ]e même
objet, et qui a été lu le 31 aux troupes de Barrâckpore. Cet ordre
du Jour avait le déraut , tout en cherchnnl ù rassurer Ic^ troupes,
quant au présent, de ne point tMigager ateez formellement Ta-
venir.
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lte& DJB lA PUISSANCE MILITAIEB
» Le gouvernement de Tlnde a toujours acrupulea*-
• sèment respecté les croyances religieuses de ses
» sujets. Le gouverneur-général a déclaré qu'il n'en
» serait jamais autrement. Maintenant il réitère cette
^ déclaration, et il proclame solennellemmt que le
» gouvernement de Tlnde ne désire nullement inter-
p venir dans les affaires de religion ou de caste, et
» que rien n'a été fait ou ne sera fait qui puisse nuire
» au libre exercice de la religion et des droits de
9 chacun.
» Le gouvernement de Tlnde n'a jamais, trompé
I» ses sujets; le gouverneur les invite donc à refusa
» tout crédit à ces mensongeff séditieux.
» Cet avertissement est adressé à ceux qui ont
• jusqu'à présent, par leur loyauté et leur bonne con-
• duite, montré leur attachement au gouvernement,
n et leur confiance méritée dans sa justice et sa pro-
» tection.
» Le gouverneur général les invite donc à réfléchir,
» avant d'ajouter foi à des meneurs et à des traîtres
» qui les poussent au danger et au malheur. »
Cette proclamation, ainsi que nous l'avons déjà
dit, venait trop tard, et la situation des Anglais se
trouvait compliquée de circonstances trop défavo-
rables pour que l'essor de l'insurrection pût être ar-
rêté. Quelques jours après l'occupation de Dehli par
les révoltés, le Bengale tout entier était en feu, Par-
mée de cette présidence n'existait plus, et du 11 mai
au 8 juin, date de l'arrivée du général Barnard sous
les murs de l'ancienne capitale de l'Inde, 30,000 d^
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DES ANGLAIS DANS L^lNDV. 055
payes, provenant des réginfients révoltés ou licenciés,
avaient pu s'y jeter. A partir du 8 juin, c'est sur le
royaume d'Oude et vers Lucknow que se dirigèrent
les contingents de Tarniée insurgée.
Nous allons enregistrer sommairement la série des
stations où les cîpayes se sont soulevés pendant cette
période, en faisant précéder cette nomenclature de
quelques considérations de nature à faire ressortir
rimpossibilité dans laquelle se trouvait Tarrnée an-^
glaise d'opposer une barrière k Tinsurrection.
Au commencement de 1856, la majeure partie des
r^ments européens, les seuls sur lesquels il était
permis de compter, avait été concentrée, par suite de
la guerre avec la Perse, sur la frontière nord*ouest
et le long de Tlndus. La crainte d'une intervention
de la Russie, cette épée de ^Damoclès incessamment
suspendue sur Tempire indien, motivait cette distri-
bution des forces de la Ck)mpagnie. Ainsi, non-seule-
ment on avait dégarni les présidences de Bombay et
de Madras, mais même tout Tintérieur de la prési-
dence du Bengale. Trois régiments européens, avec
de Tartillerie, étaient dans la vallée de Peshawer; un
quatrième à Attock ; un autre à chacune des stations
de Lahore, Seaikote, Ferozepour, Jallander et Um-
ballah ; trois autres appartenant aux régiments de la
même frontière étaient en réserve dans tes montagnes
de Simla, dont le climat moins énervant que celui des
plaines devait conserver ces troupes toutes fraîches.
Enfin la plus grande partie de l'artillerie était cas*
tonnée dans le Pendjaub. Dans le royaume d'Oude,
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256 DB LA PUI8SANGB lULITAIAB
dont tant de motifs devaient faire redouter les mau-
vaises dispositions, un seul régiment détaché de la
division de Cawnpour était chargé de maintenir Luck-
now dans T obéissance. Debli ne renfermait pas un
seul bataillon de troupes européennes, et dans toute
rétendue des districtsd^Agrah, de Meerut, de Muttrah,
de Bareilly, d'Alyghur, c'est-à-dire dans les pro*
vinces réputées les plus turbulentes du nord-ouest, il
n'y avait, en fait d'Européens, qu'un régiment de
dragons et le 60* carabiniers à Meerul, et un bataiU
Ion à Agrah. Les positions si importantes de Cawopour,
Allababad, Bénarès, etc., étaient confiées à des troupes
indigènes.
Heureusement pour la Compagnie elle avait dans
les deux frères Lawrence, à Lucknowetà Peshawer,
deux dignes représentants de la vieille Angleterre,
qui, k force d'énergie et de dévouement, devaient
maintenir intact l'honneur de son drapeau.
A peine la nouvelle des événements de Dehli était-
elle parvenue par le télégraphe électrique aux auto-
rites militaires du Pendjaub, qu'un conseil de guerre
était réuni à Peshawer sous la présidence du général
Reid, et sous l'inspiration du commissaire anglais sir
John Lawrence. L'opinion de ce conseil, dans lequel
figuraient les meilleurs officiers de l'armée des Indes
(les généraux Cotlon et Chamberlain , les colonels
Edwards et Nicholson), fut qu'il était urgent de
désarmer sans délai tous les régiments indigènes ori-
ginaires du Bengale. Comme complément de cette
mesure, on essayerait ensuite de remplacer ces régi*
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DfiS ANGLAIS DANS L^INDB. 257
ments par des corps Sicks, qui, par leur composition
même, seraient également hostiles aux Mabométans
et aux Hindous (1), et que Ton recruterait parmi les
vieilles bandes de Rundjet-Sing, dont les vétérans,
formés à Técole des généraux Âllard, Venturai Yan
Cortiand, etc., étaient toujours prêts à se battre pour
de Pargent.
Afin d'assurer Texécution de la première partie de
ce programme, le désarmement, deux colonnes mo-
biles, dirigées par Nicbolson et Chamberlain, furent
organisées à RaowUPendee et à Ihelum, et on les fit
mouvoir avec tant de rapidité et de résolution que
toute résistance devint impossible. Le 13 mai, à Tissue
d*un bal donné précisément pour endormir plus com-
plètement les appréhensions des indigènes, toute la
garnison de Lahore était convoquée pour une revue.
En arrivant sur le terrain de manœuvres, le 8® de
cavalerie et les 16*, 26* et &1* indigènes se trouvè-
rent en face du 81* de ligne européen et de l'artillerie
formée en batterie, mèche allumée. Sir John Law->
rence et le brigadier Corbett avaient jugé ces forces
suffisantes pour opérer le désarmement, qui s'effec-
tua, en effet, sans la moindre résistance, à la grande
satisfaction des Européens. Quelques jours après, à
Peisbawer, quatre autres régiments (21*, 24% 27%
50'), et le 5' de cavalerie du Bengale, déposaient
également les armes sans effusion de sang.
(1) Voir ce qoe nous a?ons dit au sujet des Sieks et de leur relU
gion daus le chapitre Ih
17
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358 DE LA PUISSANCE MIUTAIAB
A Ferozepour, le 13 mai, trois jours après la ré-
volte de Meerut, le 45* et le 51* se révoltaient, mais
étaient facilement contenus par le reste de la garni-
son; le 61* consentait même à livrer ses armes;
(]UaÉit ad k^^f il était entièrement dispersé et massacré.
En résumé, à part la désertion du 3» régiment
d'infanterie du Bengale, que la proximité de sa gar-
nison (Phillour, sur la frontière orientale duPendjaub)
mit à même de se joindre, dès le 12 mai, aux insur-
gés ; à part la révolte du 9* de cavalerie légère et du
46* d*infanterie à Sealkote, dans laquelle périrent le
capitaine Bisbop, le docteur Graham, et dans laquelle
un colonel d'artillerie, le brigadier Brind, fut blessé,
on peut dire que le Pendjaub n'a pas été un seul
instant au pouvoir de l'itisurreciion , grâce à la con-
duite ferme et habile de son administrateur; et encore
doit-on ajouter que, dès le 12 juillet, les deux régi-
ments insurgés partis le 9 de Sealkote étaient presque
etitièrement détruits par le général Nicholson.
Cette situation du Pendjaub était de la plus haute
importance pour la reprise de l'offensive par les An-
glais. Du moment où celte province ne se joignait
pas h l'insurrection, du moment où les Sicks pre-
naient parti pour les Européens , le Pendjaub deve-
nait une base d'opéfatfotig €xcellente7Ipp"^me notts—
serons à même d'en juger-quand-Beufr parlerons du
siège de DetrtîT de plus, c'était une mine inépuisable
en ressources de toute nature, en hommes, en vivres,
en moyens de transport, c'est-à-dire fournissant pré-
cisément tout ce que la dévastation du Bengale eût
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB« 969
obligé d'attendre et de faire venir à grands frais et à
grand^peine de Calcutta.
' Le tableau qu'offrait le bassin du Gange formait,
en effet, un contraste bien triste avec la sécurité re-
lative dont on jouissait sur les bords de Tlndus.
Chaque jour une nouvelle révolte venait grossir les
rangs des insurgés, et trop souvent ces derniers souil-
laient par les plus abominables cruautés, par les
cicès les plus atroces leur éphémère victoire.
Le 13 mai, six compagnies de sapeurs- mineurs
parties de Bourkee se révoltaient sur la route en ap-
prenant les événements de Meerut, tuaient le capi-
taine Fraser, qui les commandait , et parvenaient à
gagner Dehli, malgré la poursuite des troupes euro-
péennes de Meerut. Le 18 mai, le reste de ce batail-
lon du génie (trois compagnies) s'insurgeait à son
tour, et allait rejoindre le gros de la troupe, appor-
tant ainsi aux révoltés de Dehli un contingent que
le siège de cette place allait rendre d'autant plus pré-
cieux.
Le 22 mai, des cavaliers (sowars) appartenant au
3« régiment de Meerut (dont les hommes semblent
avoir été les promoteurs les plus ardents, les plus
fanatiques de la révolte) se présentaient à Alyghur,
et soulevaient le 9« régiment d'infanterie du Bengale.
Un fait remarquable se passait dans cette circon-
stance, et il peut donner une idée du caractère que
prenait l'insurrection. Le premier sowar qui s'était
introduit dans les lignes du 9« ayant été arrêté et
condaainé) séance tenante, par une commission mili-
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260 DE LA PUISSANCE MILITAIRE
taire, à être pendu, un second cavalier était arrivé
de Dehii au moment même où rexécution avait Heu
en présence du régiment assemblé. Il avait suffi de
quelques mots adressés au 9* par ce fanatique pour
changer ses dispositions, et le déterminera se rendre
à DehIi.
Le 23 mai, à Umballah, où se concentrait le corps
du général Barnard, chargé de reprendre DehIi, les
5« et 60« régiments d'infanterie du Bengale refu-
saient de marcher contre les insurgés, et étaient
désarmés; la nuit suivante ils désertaient en masse»
et se rendaient à Debli.
Sur la rive gauche du Gange» la ^pitale du
royaume d'Oude, Lucknow, donnait dès le 31 mai le
signal d'un soulèvement général. Nous avons vu que
sir Henry Lawrence n'avait à sa disposition qu^un
seul bataillon du 32* pour surveiller k la fois la ville
et le camp des troupes indigènes. Dans la nuit du
31 mai, ces dernières, formant trois régiments
(les 13*^, ùS* et 71*), et le ?• de cavalerie régulière,
mettaient le feu aux bengalows et attaquaient les
Européens. Grâce à l'énergie du commissaire an^
glais, ce premier mouvement était comprimé; mais
il était facile de prévoir que le moment approchait où
les quelques soldats de la Compagnie qui se trou-
vaient à Lucknow seraient réduits à s'enfermer avec
leurs familles dans le petit fortin que la prévoyance
de sir H. l^awrence avait ménagé comme un dernier
refuge.
(^ Le 2 juin 9 la révolte prenait à Bareilly» dans le
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DES ANGLAIS DANS l/iNDB. 261
Rohilcand, un atroce caractère, triste précurseur du
sombre drame de Gawnpour. Toutes les maisons
étaient incendiées dans la campagne; les 18* et
68* dMnfanterie indigène, le 8' de cavalerie irrégu*
Hère et 6 compagnies d*artillerie, massacraient leurs
officiers et 50 Européens, parmi lesquels on comptait
un grand nombre de femmes et d'enfants.
Le 3 juin, à Âzimgurh, le 17* s'insurgeait à son
tour et prenait la route de Dehii, après avoir assas-
siné Fun de ses officiers, le quartier maître interprète.
Cette désertion du 17* et les craintes que Ton éprou-
vait à Bénarès pour les autres officiers européens,
que l*on ignorait réfugiés à Ghazipour, amenèrent
une sanglante catastrophe par suite de la nécessité
dans laquelle on se crut de désarmer le 37% alors en
garnison à Bénarès, et sur lequel, malgré sa bonne
conduite antérieure, on n*osa plus compter. Cette
mesure, au milieu de la panique générale, fut effec-
tuée avec une déplorable maladresse. Exaspérés par
les nouvelles qui arrivaient de tous les points, des
cruautés exercées sur leurs camarades par les cipayes
insurgés, les soldats d'un détachement du 10' euro-
péen et des artilleurs ouvrirent un feu terrible sur
le 37% qui avait cependant obéi à Tordre de déposer
ses armes. Cet incident eut les conséquences les plus
funestes. Le 13* de cavalerie irrégulière, qui n'avait
encore donné aucun signe de mauvais vouloir, se
débanda immédiatement, et, en portant dans les sta--
tiens voisines la nouvelle de l'espèce de p:uet-apens
dont les régiments natifs avaient été victimes à Bé-
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262 DB Là PUISSANCE UILTTAIRB
narès, il détermina le soulèvement de toutes les villes
environnantes. A Allahabad, le 4 juin, le 6* régi-
ment, qui avait offert de marcher contre les rebelles
de Dehli et qui avait été complimenté pour sa fidé-
lité, apprenant le sort du 37% se rua immédiatement
sur ses officiers et les massacra au moment oii ils
sortaient de la Mess ; puis, après avoir pillé le trésor,
brûlé le temple et les habitations des Européens, il se
dirigea sur Dehli.
A partir de ce moment, la lutte devenait une vé-
ritable guerre d'extermination ; les sanglantes repré-
sailles exercées par les Anglais dans le Pendjaub et
sur les autres points où leur autorité restait intacte
n'étaient point faites pour en adoucir Thorreur.
Le 5 juin, à Ihansi, le 12'' d'infanterie et le 14* de
cavalerie massacraient, sans distinction d'âge ni de
sexe, toute la population européenne.
A Schahdjihanpour, le 8 juin (c'était un dimanche),
pendant la célébration de l'office divin, Téglise était
entourée par les soldats du 28% et tous les fidèles,
ainsi que les officiers européens, étaient égorgés.
A Ihansi, près Gouâlior, les mêmes atrocités
étaient commises, le 4 juin, par le bataillon d'Hur-
rianah et le 4* de cavalerie irrégulière.
Bref, sur tous les points, c'était une lutte sans
merci, dans laquelle les Anglais, surpris, disséminés,
étaient écrasés par le nombre et n'échappaient à la
mort dans une station que pour être égorgés dans
leur fuite par les rebelles des stations voisines. C'est
ce qui est arrivé aux officiers du 29* en garnison à
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DBS ANGLAIS PANS L^Un^. 26ft
Horadabad, dans le Rohilcund, et à ceux du 32* en
garnison à Fyzabad, dans TOude. Leurs so)4^|;p,
moins féroces qi^e ceux des autres districts, les
avaient épargnés, avaient même facilité leur fuite ;
mais ils tombèrent la plupart sous les coups des
paysans ou des malfaiteurs qui sillonnaient les rou|;QS.
A Mynpouree, à Étawah, à Hissar, à Jallander, à
Âgrab, enfin à Cawnpoqr (dont nous raconterons en
détail la catastrophe, parce qu'elle se lie au récit de
la marche du général Havelock, c'est-à-dire à la
première opération conduite d'une façon régulière et
avec nn plan déterminé), sur tous les points, en un
pot, des provinces du nord-ouest, le Pendjaub ex-
cepté, le désordre était immense et Tautorité des An-
glais complètement détruite.
Au milieu de ces cruelles épreuves, la fidélité des
armées de Madras et de Bombay, qui repoussaient
encore avec indignation toutes les tentatives des
émissaires du Bengale, était un consolant spectacle;
malheureusement, divers symptômes étaient de na-
ture à diminuer jusqu'à un certain point cette satis-
faction.
Une partie de l'armée de Bombay étant engagée
dans la guerre contre la Perse, on avait dû recourir
^f txoupes du Bengale pour occuper certaines garni-
sons. La station de Nusserabad, dans l'Inde cen-
trale, était ainsi confiée à deux régiments indigènes,
le 15* et le âO% de la présidence de Calcutta. Avec
ces deux régiments se trouvaient 250 hommes <]u
1*' régiment de lanciers, de l'armée de Bombay. Aux
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S6/l DB LA PUISSANGK HILITAIRK
premières nouvelles des événements de Meerut et de
Delhi, les deux régiments du Bengale résolurent de
se rendre sur le théâtre de Tinsarrection et voulurent
entraîner dans leur trahison les lanciers de Bombay.
Ceux-ci refusèrent et chargèrent les rebelles. Après
un combat inégal et meurtrier, les lanciers furent
obligés de céder et ne purent empêcher les rebelles
de gagner Dehli; mais la conduite de ce détachement
fut un grand sujet de joie pour le gouvernement au
milieu de l'anxiété qui dévorait les autorités de
Bombay.
Voici Tordre du jour par lequel le gouverneur-gé«
néral a témoigné sa satisfaction au 1'' régiitient de
cavalerie :.
« Le gouverneur-général 9 en conseil, exprime sa
» satisfaction de pouvoir publier le rapport rendant
» compte de la conduite du 1*' régiment de cavalerie
» légère (lanciers) de Bombay, lors de la révolte des
» troupes du Bengale à la station de Nusserabad, le
» 28 mai.
» Depuis, le gouverneur-général a appris que
» 11 hommes des lanciers avaient honteusement dé-
» serté leur drapeau et s'étaient joints aux rebelles ;
» mais le gouverneur ne permettra pas que la honte
x> qui s'attache à ces membres indignes rejaillisse sur
» la conduite pleine de loyauté, de discipline et de
» bravoure dont le régiment a fait preuve.
» Pour témoigner la satisfaction avec laquelle il a
» lu ce rapport, le gouverneur-général ordonnera
» immédiatement la promotion dos ofliciers indigènes
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DES ANGLAIS DAKS L'iNINS. 265
» qae le commandant en chef aura désignés comme
9 s*étant le plus distingués à cette occasion et ayant
» mérité une récompense particulière , et le gouver-
» neur aura soin de faire indemniser les soldats de la
x> perte de leurs effets, abandonnés dans leurs loge-
» ments, qui ont été détruits lorsque les lanciers,
9 obéissant à Tordre, sont partis pour protéger les
> familles européennes, laissant tout ce qui leur ap-
» partenait et leurs propres familles sans protection
» dans leurs quartiers. »
Le commandant en chef a décidé que Tordre du
jour et le rapport qui lui est annexé seraient traduits
en hindoustani et en mahratte, et quMIs seraient lus
et expliqués à toutes les troupes indigènes de Tarmée
de Bombay, convoquées spécialement à cette occa-
sion.
Le texte même de Tordre que nous venons de citer
montre combien étaient grandes les inquiétudes, et
combien était incertaine et précaire la fidélité des
corps qui faisaient le mieux leur devoir.
Il serait bien difficile de condenser, dans le rapide
résumé que nous avons présenté au lecteur, le nombre
infini d* épisodes à la fois glorieux et sanglants pour
TÂngleterre qui constituent l'histoire de la révolution
indienne pendant sa première période ; nous avons
h&te d'ailleurs de détourner les yeux de ces pénibles
événements. Qu'il nous suffise de dire qu'à l'époque
où les troupes du général Barnard s'établissaient sous
les murs de Dehii, Tarmée du Bengale n'existait plus.
La révolte était universelle dans celte présidence, et
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266 DB LA PUISSANGB HILITAtRB
commençait à envahir l'Inde centrale, dont les
princes subsidiés se voyaient abandonnés par leurs
troupes.
Le mouvement de Nusserabad avait été suivi par
le 72« régiment, en garnison à Neemuch; et le â juin
le 1*' régiment de Gouâlior (cavalerie), réuni au
T d'infanterie, avait renouvelé les atrocités commises
dans les districts de Meerut et de Dehli. Les deux
régiments d' Agrah (&&" et 67*) avaient été désarmés ;
mais deux compagnies chargées d'escorter des fonds
du trésor jusqu'à Muttrab s'étaient insurgées dans
cette ville, et avaient massacré leurs officiers. Il est
vrai qu'un corps de volontaires dirigé par le lieute-
nant Greathed avait pris une revanche de ce meurtre
en s' emparant du Rao de Burtorolee, qui tenait la
campagne dans les environs d'Âlyghur; mais la fai-
blesse du détachement ne lui avait pas permis de
poursuivre ce mouvement offensif, et l'exécution
du Rao, que M. Watoon, juge d'Alyghur, avait fait
pendre^ n'était qu'une bien faible compensation à la
défection du contingent de Gou&lior. Malgré les efforts
sincères ou apparents du Maharadjah, sept régiments
d'infanterie, deux de cavalerie, et cinq compagnies
d'artillerie, en tout 10,000 hommes, munis d'un
excellent matériel, étaient passés à l'ennemi.
La défection des troupes de Gouâlior était un évé-
nement des plus sérieux, non-seulement à cause de
l'appoint qu'il apportait aux forces des cipayes in-
surgés, mais à cause surtout du contre-coup que
l'Inde centrale devait en ressentir. La nouvelle en
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DBS ANGLAIS DANS l'INDB. 267
était à peine parvenue, en effet, que le contingent de
cavalerie du Malwah, encore hésitant, prenait ouver-
tement parti pour la révolte, et se joignait aux rebelles
de Neemuch. Les levées de Burtpour et le contin-
gent de Mehidpour suivaient cet exemple, si bien
qu'à la date du 15 juin on pensait généralement,
dans la présidence de Bombay, que le soulèvement
de tous les pays mahrattes était imminent. A Sattara,
dans le Maharatta méridional, l'activité du lieutenant
Kerr parvenait à grand'peine (le 11 juin) à étouffer
un commencement d'insurrection ; le 23, le colonel
Woodburn détruisait le 1" régiment de cavalerie du
Nizzam^ qui s'était révolté à Aurungabad; mais les
inquiétudes restaient les mêmes à l'égard des districts
de Sangor, de Kotah, de Bhopaletd'Indore, sur les-
quels se dirigeait le brigadier Stuart, et que rava-
geaient les insurgés de Neemuch.
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CHAPITRE XIII.
SovMAiRE : Insurrection des V\ 53* et 56* à Cawnpour.^ Nana-
Saib. — Siège de l'hôpital par les clpayes. — Capitulation du
général Wheeler.— Relation du massacre de Cawnpour par un
domestique indigène.— Le puits de Cawnpour.— Massacre des
i^tifs de Futteghar.— Admirable courage des dames anglaises.
— Premières dispositions des Anglais pour reprendre TofTen-
sive.— Le général Anson à Umballah.— Marche du comman-
dant en chef sur Dehli.— Efforts du gouvernement anglais pour
.venir en aide à Tannée des Indes.— Renforts expédiés.— Nomi-
nation du général sir Colin Campbell.— Le général sir Patrick
Grant.— Situation critique des garnisons d*Âgra et de Lucknow.
—Biographie du général Havelock.— Oi^nisation de la colonne
expéditionnaire d*Allahabad.— Le général Neill,— Combats de
Futtehpoor et de Pandoo-Nuddy. — Affaire du 17 Juillet. —
Reprise de Cawnpour. — Destruction de Bithoor. — Rapports
du général Havelock. — Première marche sur Lucknow, le 21
Juillet — Combats d'Oonao et de Busserut-Gunge (29 juillet).—
Retraite sur Mungharwar.— Seconde marche sur Lucknow(4
août). — Deuxième combat de Busserut-Gunge. — Le général
Havelock est obligé de battre une seconde fois en retraite.—
Deuxième combat d*Oonao (11 août).— La colonne repasse le
13 août sur la rive droite du Gange. — Combat du 16 août—
Combat d*Agra.— Affaire de Dinapore et d*Arrah.— Le général
Uoyd. — Résumé de la situation dans les trois présidences.
Il nous reste, pour épuiser la liste des sanglants
épisodes qui ont signalé les débuts de Tinsurrection
indienne 9 à parler du drame de Cawnpour. Nous
passerons rapidement, dans ce récit, sur bien des
détails horribles ou touchants connus aujourd'hui du
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970 DE LA PUISSANGB HILITAIEB
monde entier ; nous devons nous borner aux rensei-
gnements de nature à faire apprécier, au point de
vue militaire, Timportance du rôle qde la station de
Gawnpour a rempli dans les opérations du générai
Havelock d'abord, et plus tard dans celles dirigées
par le commandant en chef , sir John Campbell en
personne.
Le 8 juin, à la nouvelle dôs événements de Béna-
rès, toutes les troupes indigènes de Gawnpour (com-
prenant les 1", b&' et 56* d'infanterie du Bengale,
le 2« de cavalerie régulière et deux compagnies d'ar-
tillerie) s'étaient révoltées, et avaient pris la route de
l)ehli. Ce mouvement s'était effectué, sinon sans col-
lision avec le détachement européen, du moins sans
aucun des excès qui avaient accompagné le soulève-
ment dans les autres stations. Malheureusement cette
mansuétude des cipayes ne devait pas être de longue
durée. Rejoints à Kallianpour (1) par le radjah de
Bithoor, Nana-Dhoundun-Punt, si tristement connu
depuis sous le nom de Nana-Saïb , les révoltés de
Gawnpour, cédant aux instigations de ce mahratte,
renonçaient à leur projet de marcher sur Dehiî , et
dans la matinée du 9 juin, retournant sur leurs pas,
ils venaient assiéger les cinq ou six cents Européens
qui s'étaient réfugiés dans l'hôpital de Gawnpour.
Cet établissement, nouvellement construit, non-seu-
lement ne remplissait aucune des conditions néces-
(1) Première étape sur la route de Dehli en partant de Gaws-^
pour.
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DBS ANGLAIS DANS L^INDK. 27f
saires pour soutenir un siège en règle, mais il n'eût
pas tenu un quart d*heure contre des troupes euro-
péenneâ, et, pour comble de malheur, il était encom-
bré dé femmes et d'enfants.
Da 9 au 25 juin , après avoir rallié toutes les
bandes qui parcouraient les environs, et délivré les
malfaiteurs renfermés dans la prison de Cawnpour,
Nana-Saïb poursuivit sans relâche le siège de l'hô-
pital. Cette lutte de 250 Européens contre un ras-
semblement d'indigènes, qui s'éleva successivement
jusqu'à dépasser 12,000 combattants, peut être à bon
droit comparée à l'héroïque défense de Mazagran,
dont s'enorgueillit à si juste titre notre armée
d'Afrique.
k peine protégés par un mauvais retranchement
que l'on n'avait pas eu le temps de terminer, les An-
glais n'avaient que trois petites pièces pour répondre
à l'artillerie des cipayes. Dès la première semaine,
rbôpital, traversé par plus de quatre cents boulets,
n'offrait qu'un monceau de décombres, et aux tor-
tures dé la faim venaient s'ajouter, pour les malheu-
reux assiégés, les ardeurs d'un soleil de juin, dont la
toiture écroulée n'arrêtait plus les rayons.
La conduite des Anglais, dans cette horrible posi-
tion, fut admirable. Le dévouement des hommes à
l'égard des femmes, celui des n\ères pour leurs en-
fants se signalèrent par des traits d'héroïsme que l'on
peut attendre en tous pays d'âmes fortement trem-
pées; mais, comme le fait observer M. de Warren,
« ce qui fut plus remarquable, et ce qui caractérisé
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373 DB LA PUISSANGB MILITAIOB
» par excellence les Anglais enlre toutes les nations,
x> c'est la résignation chrétienne, le calme silencieux
» et digne qui ne les abandonna pas un instant. Des
D Français, en pareille position, auraient montré au-
» tant dUntrépidité, peut-être plus de ressources, cer-
» tainement plus de vivacité ; — un sourire, une chan-
» son auraient quelquefois charmé les longues heures ;
» — plus impressionnables, ils auraient passé du rire
» aux larmes, de la gaieté k la fureur, d'une espé-
» rance fiévreuse à un sombre abattement. Mais cette
» dignité calme du héros chrétien attendant la mort
» pour son pays, comme si son pays tout entier était
» là pour le regarder et pour applaudir au sacrifice ;
» la mort du Romain sur sa chaise curule, ce n'est
» que chez les Anglais qu'il faut la chercher. »
Le feu des rebelles, continué pendant vingt-deux
jours sans interruption, avait tué 158 personnes dans
le retranchement ; et les débris de la garnison voyaient
approcher avec terreur le moment où les munitions
et les vivres allaient manquer. Le puits principal
n'étant pas couvert par l'épaulcment, on ne pouvait
se procurer que très peu d'eau, et les soldats étaient
obligés de la puiser, en quelque sorte, sous le feu de
Tennemi. Cependant toutes les attaques des assié-
geants avaient été repoussées, et les insurgés, com-
mençant à perdre courage, parlaient encore une fois
de reprendre le chemin de Dehli, lorsque Nana-Sabib,
instruit de la détresse de la garnison, résolut d'en
profiter pour obtenir par la ruse et la trahison ce que
la force des armes était impuissante & lui donner.
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DES AKGLAIS DANS L^INBB. 273
Le 26 juin, le Nana fit proposer au générai Wbee-
1er» qui commandait à Gawnpour, de lui laisser la
liberté de gagner Allababad avec tout son monde, à
la seule condition d'abandonner aux cipayes le poste
en raines qu'il ne pouvait plus défendre. Bien que
les assiégés fusant d'accord sur l'impossibilité de se
maintenir plus longtemps, la mauvaise foi des Asia-
tiques inspirait tant de défiance qu'on penchait forte-
ment pour le parti de se frayer un passage les armes
à la main. Malheureusement le général Wheeler était
père, il avait ses deux filles avec lui, et il pensait aux
femmes et aux enfants, dont la plus grande partie ne
pouvait manquer de périr dans une tentative déses*
pérée. Celte considération le détermina à accepter les
propositions de Nana^aîb.
Le 26 juin, le feu ayant cessé des deux côtés, le
Nana, accompagné de son frère Baber-Dutt, de ses
neveux et d'une escorte nombreuse, se rendit à la
limite des retranchements, où le général Wheeler
devait le recevoir pour traiter de la reddition du poste.
Afin de donner un exemple frappant de cette per-
fidie, qui semble être l'un des traits saillants du ca-
ractère des Hindous, nous allons reproduire textuel-
lement la déposition authentique d'un indigène qui a
été au service de Tune des victimes du massacre de
Gawnpour (1). Ce récit, dont la naïveté confirme, en
quelque sorte » la fidélité, a une couleur locale qui fera
(i) Cet indigène était un ayah domestique de M. Greenway,
l'une des vicUmesde la trahison de Nana-Sahlb.
18
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31& DB LA PmSSANGB MILITAIU
mîeaz apprécier que toutes les relations officielles la
véritable nature du seul personnage qui ait marqué
jusiqu'ici dans les rangs des révoltés.
c( Lorsque le général Wbeeler et NananSalb furent
9 w présence, celui-ci dit : « Emmenez toutes les
» femmes et tous les enfants à Allahabad, et si les
1» hommes veulent combattre qu'ils reviennent ; nous
B vous tiendrons parole. » — Le général répondit :
« Jurez solennellement suivant votre coutume» et moi
9 je jurerai sur ma Bible, et je quitterai mon retran-
^^cbement. » — Alors le Nana dit : « Voici en quoi
isi consiste notre serment : Celui dont nous prenons la
s main, et qui a foi en nous^ nous ne le trompons ja-
9» mais; si nous le faisons, Dieu nous jugera et nous
» punira. » — Le général dit : a Si vous voulez me
« tromper, tuez-moi tout de suite; je suis sans armes. »
jpt ie Nana répondit : a Ayez confiance en moi; je ne
p vou^ tromperai pas ; je vous fournirai des approvi-
f siopqements, et je vous ferai conduire à Allahabad. »
» Là-dessus le général rentra dans les retranche*
9 ments, et délibéra avec ses soldats, lis dirent : a II
» est impossible de se fier aux indigènes. Ils nous
9 tromperont » — D'autres, au contraire, en plus
^ petit nombre, dirent : « Ayez confiance en eux, cela
y, va^t mieux, d — Le général revint et accepta les
il conditions. « Veillez, dit-il, à ce que nous arrivions
f sains et saufs à Futtehpore, et de là nous arriverons
9 facilement à AUahabad. » — On lui répondit : <r Non,
i> monsieur, nous veillerons à votre sûreté jusqu'à
9 AUahabad. » — On prép^a ensuite vingt bateaux
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DBS ANGLAIS PANS L*INDB. 275
a couverts, et lorsque le Nana vit que tout était prêt,
9 il dit : <c Ne prenez pas le trésor, envoyez-le-moi. »
V — Le général dit : « Vous pouvez prendre tout
« Targent. » — Il y avait alors trois lacs de roupies
9 en pièces monnayées (1). Le Nana dit aussi : <c Dé-
» JQunez demain sur les bateaux et d!nez-y, et quittez
»le retranchement à onze heures du matin. » — Le
» général y consentit. Tout était prêt, lorsque arriva
9 un message du Nana ainsi conçu : « Les bateaux
» ne seront pas préparés aujourd'hui, il faut que vous
» partiez demain soir. » — Le général répondit : « Je
» ne partirai pas pendant la nuit, vous pourriez nous
> tromper. — Fort bien, répondit le Nana, alors par-
» tez à quatre heures. »
» Le jour suivant, il fit enlever tout le trésor ; le
9 général lui demanda : « Emmènerons-nous nos do-
« mystiques ou nous en fournirez-vous? « La réponse
» fut affirmative. Le jour suivant, bien que Ton soup-
ir çonnàt la bonne foi du Nana, on se berçait pour-
» tant de Tespoir que tout irait bien. Le dimanche, le
» Nana fit dire que les domestiques ne partiraient
» pas, et que les dames pourraient bien se tirer d'af-
» faire toutes seules. Là-dessus tout le monde fut
« alarmé. A sept heures, les rebelles entourèrent les
(I) Suivant une autre version, la caisse militaire de Gawnpour,
qui renfermait plusieurs millions, avait été confiée par le général
Wheeter au Nawab, et Nana-Saîb s'en était emparé dès le com-
mencement du pillage. Ces fonds auraient servi au Mahratte pour
le paiement de la solde qu*il s'était engagé à allouer à tous les
bandits qui suivaient son drapeau.
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276 BB LA PCISSATSGB HILITAIHB
«retranchements; les domestiques, qui se voyaient
» exclus de la capitulation, essayèrent de fuir, mais
x) ils furent massacrés^ k l'exception de quelques-uns
» qui parvinrent à s'échapper.
i> Pendant tous ces pourparlers, une flottille ^le
» vingt barques avait été rassemblée, et vers les huit
y> heures les rebelles qui entouraient le retranchement
» prévinrent le général que tout était prêt pour le
» départ. Les femmes et les enfants furent transportés
)} au bord du fleuve sur des éléphants, et les hommes
» s'y rendirent à pied et s'embarquèrent. Lorsque les
» Européens virent qu'on leur avait préparé le déjeu-
» ner, et que tout avait été bien arrangé, ils se ré^
» jouirenL
» La garnison était à peine installée dans les em-
x> barcations qu'un coup de canon chargé à mitratlie
V partit du bord opposé de la rivière. Ce canon et
» d'autres étaient masqués. Tous les délais du Nana
» n'avaient eu pour but que de donner à ses gens
» tout le temps nécessaire pour préparer les embus-
» cades, et assurer le succès de sa trahison. Sous le
»feu répété de l'artillerie, une barque prit feu et
D quatre autres furent atteintes. Ceux qui les mon-
» taient et qui n'étaient pas blessés se jetèrent à l'eau,
» mais l'infanterie ouvrit à son tour son feu tout le long
» de la rivière, et les sowars (cavaliers), entrant aussi
)»à cheval dans l'eaù, sabrèrent un grand nombre
» des fugitifs.
» Quinze embarcations pleines d'Anglais furent
1» ainsi détruites. Sur ces barques, 108 femmes et en-
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DES ANGLAIS DANS L'INDB. 277
>fants échappèrent au massacre, mais beaucoup
« étaient blessés. Le Nana donna Tordre de mettre
« ceux-là en prison. Quant à la barque qui portait le
jp général Wheeler, elle avait coupé son amarre et
' » commencé à descendre le fleuve, poursuivie sur les
» deux bords par les rebelles. Cette barque, qui ren-
» fermait, sans doute, les officiers, opposa une résis<*
9 tance acharnée ; malgré le feu de Tartillerie et des
» cipayes, auquel elle était en butte des deux rives,
0 elle continua à descendre pendant plusieurs heures,
9 ceux qui la montaient ripostant de leur mieux, et
0 souvent avec avantage , à la fusillade des cipayes,
I» dont plusieurs furent tués ou blessés. Pendant la
• nuit, ayant eu connaissance de la résistance op-
» posée par le dernier bateau, le Nana envoya le
9 1" régiment d'Oude se joindre aux cipayes qui le
» poursuivaient, et toute résistance devint impossible.
s Les Anglais furent entourés et conduits à Cawnpour.
« Il y avait dans ce bateau 50 hommes, 25 femmes
« et â enfants.
» Le Nana ordonna alors que les hommes fussent
» séparés des femmes, et que les premiers fussent fo-
» sillés par le 1" régiment d'infanterie ; mais ce ré-
» giment refusa en disant : « Nous ne tuerons pas le
» général Wheeler, qui a rendu notre nom célèbre,
9 et dont le fils est notre quartier-mattre, et nous ne
9 tuerons pas non plus le sahib Corry ; qu'on les mette
9 en prison. » Alors les autres indigènes répondirent :
« Quel est ce langage? Nous les tuerons tous. » Les
» Anglais furent alors placés pour être fusillés, et
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278 DB LA PDISSANGB MILITAIRE
» après que ie padre (chapelain) eut lu quelques
» prières ils se donnèrent la main, et les cipayes firent
» feu. Les victimes roulèrent dans tous les sens, et
«beaucoup n'étaient que blessées, mais elles furent
» achevées à coups de sabre. Après cela, toutes les
» femmes et les enfants, 122 en tout (1), furent em-
» menés et conduits dans la maison où ils devaient
» être massacrés plus tard.
» Parmi les prisonniers fusillés se trouvaient le gé-
» néral Wheeler, M. Beid, M. Thomas Greenway»
»M. Kirkpatrick, M.-Mackenzie, le brigadier Yack,
» le colonel Williams Lindsay, sir G. Parker, Quin,
» Bedman, Supple, Beignolds, Dempster, le capi«
» taine Mackenzie et le docteur Harris. Tous se sou-
» mirent courageusement à la mort, et le docteur
» Harris mourut en disant que ses compatriotes le
» vengeraient. »
. Il nous reste, pour compléter ce lugubre récit, à
dire le sort des malheureuses femmes demeurées pri-
sonnières entre les mains des cipayes (2). Entassées
dans des chambres sans air, presque sans nourriture,
leç prisonnières eurent à souffrir toutes les tortures
(i) A Texception de la femme du docteur Harris, qui ne voulut
pas quitter son mari, et qui fut fusillée avec lui.
(2) L'histoire de la plus jeune fille du général Wheeler, qui au-
rait tué un sowar (cavalier) et toute sa famille, nous semble ne
devoir être acceptée que sous toutes réserves. H est peu probable
qu'une Jeune fille délicate ait pu tuer deux hommes, une femme
indigène et deux enfants. Les mêmes faits avaient été mis aupa-
ravant sur ie compte d'une jeune fille portugaise. Quoi qu'il en
soit (et bien que ce fait ne soit pas nécessaire, comme on le yerra
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DB8 AN6LAI8 DANS l'INDB. fT9
imaginables, jusqu'au moment où le Nana, informé
de la marche du général Havelock, se décida à les
fiodre massacrer dans rintérieur même de leur prison;
Ces infortunées paraissent avoir deviné leur sort, cair
elles déchirèrent leurs vêtements, et s'en servirent
pour attacher les portes ; mais celles-ci furent forcées^
et ce fut le signal de la boucherie. Leurs cris étaient
navrants, mais peu à peu ils s'éteignirent, pour faire
place à un horrible silence. Toutes les victimes fureob
laissées pour mortes, et les misérables assassibs m
se donnèrent pas la peine d'examiner les cadavres
pour voir si la vie était complètement éteinte. Le len^'
demain, il se trouva qu'une vingtaine de personnes
n'étaient que blessées ; mais les morts et les mou-*
rants, les femmes comme les enfants, furent précipîtéi
dans un puits que Ton recouvrit de terre.
Quelques jours avant cet horrible carnage, Nana»
SiJb avait ordonné le massacre non moins odieux des
Européens échappés de Futteghar. Suivant l'exemple
donné par les autres troupes du Bengale, les troupee
indigènes de cette station s'étaient insurgées, mais
sans répandre le sang des officiers ou des autres Eu-
ropéens. On avait même procuré à ces derniers, pour
eux, leurs femmes et leurs enfants, trois barques qui
plus loin à propos du massacre des prisonniers de Futteghar, pour
établir Tadmirable courage dont les femmes anglaises ont fait
preuve), beaucoup de personnes affirment que c*est la fille du (6-
néral Wheeler qui e»t l'héroine de ce drame.
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2g0 DB LA PUISSANCE flnLlTATBB
devaient leur suffire pour descendre le Gange (1).
Les malheureux fugitifs, arrivés à la hauteur de
Bithoor, manquant de vivres et comptant sur Tamitié
de Nana-Saïb, abordèrent pour acheter des provi-
sions. Des courriers allèrent immédiatement prévenir
le radjah, qui se hâta d'envoyer une troupe de cava-
lerie et deux compagnies d'infanterie, avec mission
de lui amener les Anglais qui étaient venus réclamer
son hospitalité. Cent trente-six Européens, dont un
grand nombre de femmes et d'enfants , furent ainsi
conduits devant Nana-Saîb, qui ordonna de les mettre
tous à mort. Les officiers indigènes firent, à ce que
Ton prétend, de vains efforts pour l'en détourner.
Le monstre avait autour de lui une troupe de malfai-
teurs qu'il avait déjà dressés à tuer à son premier
signe. Quelques jours auparavant, il avait fait sabrer
une dame anglaise réfugiée chez un indigène de
Cawnpour, et ses deux jeunes filles, qu'on n'avait pu
arracher des bras de leur mère. — Parmi les fugitifs
de Futteghar se trouvait, cette fois, une jeune dame
qui, parlant à Nana-Salb avec un admirable courage,
lui prédit le sort qui, il faut l'espérer, t'atteindra tôt
ou tard. « Vous aurez beau faire, Nana, lui dit- elle,
vous n'exterminerez pas 'la race entière des Anglais,
et ceux qui nous survivront seront nos vengeurs.
Vous expierez alors vos crimes, car il n'est pas une
(1) FuUegbar est situé au sud de Perruckabad, sur la rive droite
du Gange, cl k cent miUes environ au nord de Cawnpour.
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DES ANGLAIS DANS L*1NDB. 381
religion dans le monde qui approuve le massacre des
femmes et des enfants, »
Le moment approchait où le gouvernement de
rinde» revenu de sa première surprise, allait procé-
der enfin aux mesures nécessaires pour combattre la
révolte. Enchaînées par la nécessité de secourir avant
tout, et sur tous les points^à la fois, les petits postes
isolés dans lesquels s'étaient réfugiés les Européens,
les autorités militaires n'avaient pu adopter encore
aucun plan ; la dissémination des troupes était un
obstacle à toute opération militaire importante et
suivie.
Au commencement de juillet, la période ascendante
de rinsurrection était loin d'être close, ainsi que nous
le verrons plus loin, lorsque nous enregistrerons
sommairement les derniers événements qui ont mar-
qué sa plus grande intensité; mais, dès cette époque,
les Anglais étaient en mesure de reprendre roifensivo
sur quelques points, en môme temps que le gouver*
nement de la mère-patrie déployait toute son activité,
toutes ses ressources pour leur venir en aide.
Le commandant en chef, général Anson, se trou-
vait à Umballah au moment des affaires de Meerut et
de Dehii. Aussitôt la nouvelle reçue au quartier-gé-
néral, il s'était mis en marche avec le 75« régiment
delà Reine, le 9* lanciers, le 1" fusiliers, deux régi-
ments indigènes, et deux détachements d'artillerie
européenne. Le û* régiment de cavalerie légère était
venu le rejoindre de Uaghsai ; enfin, dans sa marche
sur DehIi, ce corps d'armcc devait rencontrer les
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282 DB LA PCISSANGB BflLITAIMS
troupes de Meerut (60® carabiniers, 6« dragons, et un
fort détachement d'artillerie) . L'un des premiers actes
du lieutenant gouverneur des provinces du nord-
ouest avait été une proclamation énergique, mettant
sous la loi martiale les districts environnant Meerat
et Debli.
Le siège de Dehii, constituant comme celui de
Lucknow un fait isolé, distinct, au milieu de l'en-
semble des événements, nous en ferons Tobjet d'une
étude à part. Laissant donc, pour le moment, le
commandant en chef se diriger à marches forcées sur
le foyer principal de la révolte, nous allons examiner
ce qui se passait à Calcutta, dans le reste du Bengale,
et enfin à Londres.
Du 1" au 3 juillet, les forces qui quittaient l'Angle-
terre et s'embarquaient pour les Indes peuvent être
évaluées comme suit : 2«" dragons de la garde,
700 hommes; 3* dragons de la garde, 700 hommes;
T fusiliers, 1,000 hommes; carabiniers (3* batail-
lon), 1,000 hommes; 88* régiment, 1,000 hommes;
brigade des carabiniers (3* bataillon), 1,000 hom-
mes; détachements, environ 3,000 hommes. Total,
8,400 hommes.
Si on ajoute les 64* et 78' régiments, déjà en route
pourCalcutta, on arrive au chiffre de 10,000 hommes.
A la même époque, les ordres étaient donnés au
!•• bataillon du 1" Royal, à Dublin ; au 19« régiment,
à Portsmouth ; au 38% à Curragh ; au 79« hîghlan-
ders, à Dublin. Ces divers corps formaient encore un
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DES ANGLAIS DANS l'INDB. S88
total de &,000 hommes, dont le départ allait être
accéléré par tous les moyens possibles.
Dans la séance du 29 juin de la Chambre haute^
lord Granville, répondant à une interpellation de lord
Ellenborough, déclarait en même temps que le corps
européen de Bushire, devenu disponible par suite de
la fin des opérations militaires contre la Perse, avait
été dirigé tout entier sur Calcutta. Trois régiments
arrivés en fort peu de temps à Bombay en étaient
déjà repartis immédiatement pour le Bengale. C'était
encore un renfort de 5,000 hommes de troupes victo-
rieuses dont le gouvernement de Tlnde allait pouvoir
disposer. Mais ce qui était surtout précieux dans la
circonstance, ce qui allait peser dans la balance plus
que tous les bataillons de Bushire, c'était le retour
des officiers généraux les plus distingués de Tarmée
des Indes, c'était l'arrivée avec ces troupes des géné^
raux Havelock, Jacob, Outram, etc., pour remplacer
les Hearsey, les Lloyd et les Hewitt; c'était enfin,
pour fermer cette série d'épouvantables désastres, la
nomination de sir Colin Campbell, l'un des héros de
la guerre de Crimée, au commandement en chef de
l'armée des Indes.
Le 27 mai, le général Anson était mort du choléra,
laissant la conduite des troupes de Dehii au général
Bamard, et sir Patrick Grant, commandant de la
province de Madras, avait été désigné pour prendre
provisoirement la direction générale de toutes les
troupes de l'Inde. C'était un bon choix et qui per-
mettait d'attendre avec confiance l'arrivée de sir
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38ft DB LA PUISSAI^GB IlILlTAIftB
Colin Campbell. La haate réputation militaire du
général Grant Tavait fait désigner depuis quelque
temps, quoiqu'il appartînt au service de la Compa^
gnie, pour le commandement des troupes de Madras,
et bien que ce poste eût été occupé jusque-là par un
officier de la reine. Le général Grant avait été quar-
tier-maltre général, sous les ordres de lord Gougb,
pendant les deux campagnes du Pendjaub ; il était
cité comme un militaire du plus haut mérite et pos-
sédant surtout à un très haut degré la confiance de
l'armée de Tlnde. Toutefois, sir Henry Sommerset,
gouverneur de Bombay, se trouvant le plus ancien
officier-général après le général Anson, était, nomi-
nalement au moins, investi du commandement su*
préme jusqu'à l'arrivée de sir Colin Campbell. Parti
le 12 juillet, c'est-à-dire presque à l'instant même
ob il venait d'être nommé, le nouveau général en
chef se trouvait dès le 22 à Alexandrie.
Pendant que le gouvernement de la métropole em-
ployait toute son activité, toutes ses ressources, pour
venir en aide à la Compagnie, les autorités de Cal-
cutta, faisant assaut de dévouement, multipliaient
leurs efforts afin de faire face à toutes les difficultés
de la situation. L'objet des préoccupations du gou-
verneur était par* dessus tout la périlleuse situation
où se trouvaient les garnisons d' Agra et de Lucknow.
Toutes les forces venant du Pendjaub étant absor-
bées par le siège de Dehii, ces deux places ne pou-
vaient attendre leur salut que d'un corps d'armée
venant du sud de la présidence. Le général Havelock
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MS ANGLAIS DANS L'INDIS. 285
fat chargé de Torganisation et de la direction des
troupes qui devaient concourir à ce but (1).
Havelock, arrivé de Bushire (Peirse) à Bombay,
puis de Bombay à Calcutta, parvenait le 30 juin seu-
lement k gagner Allahabad. Il y trouvait le général
Neiil, dont la vigoureuse attitude n'avait pas peu
contribué à rétablir dans cette ville lautorité dça
(1) Le général Havelock, qai s*estfait un sî grand nom pen«
dant la guerre actuelle, a eu deux biographes tous deux ministres
(MM. Owen et Brock). Une troisième biographie est] annoncée;
émanant cette fois d*un allié, d'un ami, d'un frère d*armes du
général. Celle-ci sera probablement plus complète et mieux écrite
que les deux autres.
Le brigadier général Henry Havelock était né h Bishopwear-
mouth , près de Sunderland , en 1795. Son père , qui descendait
d'une famille longtemps établie à Grimsiey, après avoir acquis
une fortune indépendante dans le commerce et la construction
des navires, acheta Ingress-Park, près de Dartfort, dans le comté
de Kent
Havelock a servi huit ans en Angleterre, en Ecosse et en Ir-
lande, et, après avoir passé dans le 13* d'infanterie légère , il
s'embarqua pour les Indes en 1S23. Au bout de vingt-cinq ans
de services incessants et pénibles, sa constitution s'est ressentie
de si rudes épreuves, et, en 18/i9, les médecins l'envoyèrent en
Europe pour rétablir sa santé. Il retourna en 4851 à Bombay, et,
grâce à la protection de lord Hardinge, à côté duquel il avait
combattu dans les batailles de SutUedge, il fut nommé quartier^
maître général, puis adjudant général des troupes de la reine
dans l'Inde.
Lors de renvoi de l'expédition en Perse, il fut nommé à la se-
conde division, et commanda les troupes à Mohammerah. Quand
la paix fut conclue, il s'embarqua i)our Calcutta, d'où il fut en-
voyé immédiatement à Allahabad en qualité de brigadier général,
pour commander la colonne mobile qui a joué un si grand rôle
dans la campagne de 1857.
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âft6 PB tk PtlISSANCB MlLITÀiEB
Anglais. Le 7 juillet, le général Havelock en partait
avec moins ^e 1,200 hommes, dont 1,000 Euro-
péens; une avant-garde de 820 hommes, envoyée
par le général Neill, le précédait sur la route de
Cawnpour. £n somme, la colonne, dans ces preoùers
mouvements, ne comptait que 1,&00 baïonnettes an*
glaises et 8 canons. Le 17 juillet, le général Have-
lock enlevait Gawnpour aux troupes de Nana-Salb à
la suite d'un combat en règle, et il datait des retran-
chements du malheureux général Wheeler le premier
rapport qui, depuis rorigine de la révolte, vint com-
penser les nouvelles désastreuses parvenues à Cal-
cutta de tous les points de la présidence.
« Dépêche du 20 juillet. Le général Hayelock a
0 repris Gawnpour après avoir battu Nana-Saib en
» personne, et a enlevé 2 canons de siège. La nou-
» velle du massacre de la garnison n'est que trop
» vraie, et les femmes que Nana-Saïb avait gardées
» comme otages, en laissant le reste partir dans des
» bateaux, ont été massacrées par lui quelques jours
» avant l'arrivée de la colonne ; leurs corps ont été
9 jetés dans le puits des salles d'assemblée au mo-
» ment où la nouvelle de la marche du général est
» arrivée. On les en a retirés et on leur a donné la
» sépulture.
9 Les partisans de Nana-Saib paraissent Taban*
9 donner ; il s'est enfui à Bithoor, qui a été occupé
x> hier (19 juillet) sans résistance ; 13 canons ont été
» trouvés dans la place ; sou palais est en flammes, etc.»
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M8 ANGLAIS DANS L^INDB. â8?
En revenant de Bitboor, Havelock fut rallié par le
générai Neill à la tête de deuœ cent soiœante^io)
hommes; il apprit, en rentrant à Gawnpour, la mort
de sir Henry Lawrence, le défenseur de Lucknow.
Dans une seconde dépêche datée du 21, le gêné*
rai Havelock donne quelques détails sur sa marche
entre Âllahabad et Gawnpoui*. Nous en extrayons ce
qui ne se rapporte pas à des événements déjà connus.
Camp de Gawnpour, 21 juillet
« Je suis libre pour paôser le Gange. La force de
9 Nana-Salb à B\thoor est complètement dispersée.
» Nous avons enlevé de la place 16 canons et un
» grand nombre de bestiaux, mis le feu à son palais
9 et fait sauter sa poudrière. Une partie de mes
D troupes et 5 canons sont déjà en position en tête de
» la route qui conduit à Lucknow. Toute Tarmée est
» pleine de l'espérance que nous serons bientôt tous
» réunis sur la rive gauche.
» Nous avons eu une affaire en venant ici (1) : d'a-
» bord, à Futtehpoor, nous avions contre nous 9 ca-
snonsde 12 et 2 de 2&; mais, grâce à la divine
» Providence, nous avons tout enlevé aux insurgés
i» sans une seule égratignure parmi les Européens.
» La cavalerie a eu 7 hommes tués par sa faute : elle
y> n'a pas chargé, quoique Tordre lui en eût été donné
» trois fois, et, quand elle s'y est décidée, elle ne l'a
» fait qu'en tirant ses carabines par*dessus la tête de
(i) Dans la marche d' Allahabad à Gawnpour.
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288 DB LA P0I8SANGB MILITAIRI
V Tennemi. J'ai licencié cette cavalerie n* 1; ainsi,
ï> plus d'embarras avec des gaillards de cette espèce.
» La deuxième affaire a eu lieu à 20 milles de ce
» côté de Futtebpoor ; nous avons eu 17 hommes tués
» ou blessés. L'ennemi en a perdu quatre fois autant,
» Nous lui avons pris & canons, et, plus tard, le 15,
» à Pandoo-Nuddy, nous avons pris 3 canons et nous
» avons perdu 5 hommes tués ou blessés. Enfin, à
» 2 milles de Cawnpour, nous avons eu encore une
» affaire où nous avons pris 7 gros canons de 2& ^
» des obusiers. L'artillerie de l'ennemi a fait sur nous
V un feu très meurtrier qui nous a tué environ
» 150 Européens et Sickhs.
» La perte des insurgés a été très considérable.
» Nous avons vu 500 sowars et cipayes blessés dans
» une maison et des monceaux de cadavres. Nous
» avions affaire à 12,000 ennemis environ, et nous
« n'étions en tout que 3,000 Européens et Sickhs. Ces
» derniers se sont battus très bravement.
i>Le lendemain matin, nous sommes entrés à
» Cawnpour, où l'on nous disaitqu'il y avaitl75 fem«
» mes et enfants présents. Nous n'avons trouvé que
p leurs vêtements en lambeaux sur la terre rougie de
» sang. Il y en avait 2 pouces coagulé sur le pavé*
» Il parait qu'après leur défaite les sowars et les ci-
» payes, rentrant en ville la veille au soir, avaient
» massacré toutes les femmes et jeté les enfants pèle-
» mêle avec les cadavres dans un puits. »
En huit jours, l'armée du général Havelock avait
donc fait 126 milles, livré quatre batailles inégales et
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Û£S AKCL4IS DANS l'iMDB* 280
pria 2& canons, et cela au milieu du mois de juillet,
dans rinde I La petite et victorieuse armée venge-
riBsse, épuisée par ces fatigues inouTes, fut obligée de
se reposer deux jours à Cawhpour, après avoir dé-
truit le repaire de Nana-Saïb.
Le 21 juillet, elle traversait le Gange. Le 25, elle
commençait sa marche sur Lucknow par un temps
de pluies torrentielles qui la rendait des plus pénibles.
Le 29, après avoir chassé l'ennemi de Mungurwar
et d'Âkrumpoor, elle traversait Shekpoor et rencon-
trait Tennemi fortement établi à Oonao. Le même
jour, le général Havelock enlevait cette ville, puis
Busserut-Gunge, en deux combats successifs livrés
le ûiême jour, qui lui coûtèrent 12 morts et 76 bles-
sés. Yoiti le sommaire du rapport du général Hâve-'
lock sur ces deux affaires :
Camp de Busserut-GuDge, le 30 Juillet.
tt Arrivés à Oonao le 29 de ce mois, nous avons
» trouvé la ville protégée par un marais imprati-
» cable, les maisons percées de meurtrières et défen-»
» dues par 15 canons. J*ai attaqué et pris la ville,
9 avec tous les canons de Tennemi. Celui-ci était
9 soutenu par une partie des forces de Nana, sous le
» commandement de Jepa-Sing.
i> Nous avons fait halte quatre heures, puis nous
» avons poussé en avant, sur Busserut-Gunge, égale-
» ment entourée d'eau et dont l'entrée était protégée
» par Une batterie de k canons. Les retranchements
» qui couvraient cette entrée ont été enlevés et la
i9
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5190 DB hk POISSANGll IflUTAïaS
» porte canonnée. Je suis maître de la vilte ^ des
» pièces de rennemi.
» La perte de Tepoepi a été considérable; la
m mienne est très forte : 88 tués ou blessés, l^ sol-
» dat Cavanagh, du 6li^ régiment, aurait été recom*
2» mandé pour la décoration de la croix Victoria;
» mais il a été taillé en pièces en donnant Texemple
» du plus brillant héroïsme. J*ai désiré que ses pa*
» repts reçussent une pension.
» Les fusiliers de Madras se soqt noblement dislin-
» gués; le lieutenant Dangerfield était le premier siff
» la barricade. Le lieutenant Boggie, du 78* highlan-
» ders, a été grièvement blessé en pénétrait |e pre-
» mier dans une maison garnie de meurtrières. Il est
» recoqmandé à Tattentioi) de S. A, Ji. )e général
» commandant en chef.
j> Le colonel Tylter, qui pouvait à peine se tenir à
» cheval, a donné Texemple deTaudace et de Tacti-
» vite ; le lieutenant Havelock a pu ppn cheval ^é
» sous lui ; )e lieutenant Seton, des fusiliers dQ ^a^
0 dras, a été grièvement blessé. »
Lescon)bats d'Oonao et de Bus9erut-(ïunge, tput
glorieux qu'ils avaient été pour les Anglais, n'av.aient
pu déterminer la dispersion des insurgés. Privé de
cavalerie, trop faible pour poursuivre son st^ccès, le
général Qavelock se trouvait à 16 iqilles de Cawn-
pour et;, le lendemain même de sa dernière victoire,
en présence d'un rassemblement de cipayes plus con-
sidérable que tous ceux qu'il avait culbutés depuis
son départ d'AUahabad. D'un autre côté, le choléra
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DBS ANGLilS DANS L'iNDE. 29i
faisait plus de ravages dans ses rangs que le feu de
l'ennenûi. La colonne expéditionnaire comptait ^
Bussèrut'Gunge plus de 300 malades. Pour les con-
duire à Cawnpour, il fallait une escorte aussi nom-
breuse, et Lucknow était encore à AS kilomètres.
Cest dans cette triste alternative que le général
Havelock se décida à battre une première fois en re-
traite jusqu'à Mungbarwar, où il attendit de nouveaux
renforts, que Neill, resté à Gawnpour, put lui en-
voyer encore (1). Dès qu'il se vit à la tête de
l^liOO hommes, le général Havelock se remit en
route, le & août, dans la direction de Lucknow.
Le 5, à Busserut-Gunge, sur le même champ de
bataille où il avait triomphé une première fois, il fut
contraint d'enlever les mêmes positions, réoccupées
après sa retraite par les insurgés. Faute de cavale-
rie, cette victoire nouvelle resta sans résultats; elle
avait été livrée sur un terrain couvert de marécages,
d'où s'exhalaient des miasmes pestilentiels* Le cho-
léra se remit à sévir le soir même avec une intensité
qui ne permettait pas de se risquer plus avant II
fallut battre une seconde fois en retraite et revenir à
Mungharwar, position plus élevée et plus salubre.
Le 11 août, apprenant que les rebelles, devenus
plus entreprenants, avaient dépassé Busserut et s'é-
taient réunis près d'Oonao en forces considérables,
le général Havelock alla leur livrer bataille et enle-
(1) Le SOjuUlet, le Brahmapoutre, steamer de la Compagnie,
avait remonté le Gange et débarqué un faible détachement à
Cawnpour.
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292 DB LA PG1SSÂNCE MILITAIAB
ver un village où ils s'étaient fortement retranchés au
nonobre d'environ 20,000. Havelock n'avait guère
plus de 1,000 hommes; il en perdit près del&O dans
cette victoire désastreuse. Aussi dut-il, ajournant
décidément son entreprise, revenir le 12 à Munghar-
war, repasser ie Gange dans la journée du 15 et
aller ensuite à Cawnpour rejoindre Neill, mis dans
un grand péril ps»r un retour hostile de Nana-Salb.
La cavalerie de Nana était déjà dans les faubourgs
de la ville, et les communications avec Allahabad
pouvaient être coupées d'un moment à l'autre; Ha-
velock chassa Nana-Saïb jusqu'à Bithoor.
Le 16 août, à la tôte de 1,300 hommes, compre-
nant la totalité des forces disponibles à Cawnpour, le
général Havelock se porta de nouveau dans la direc-
tion de Bithoor, afln de déloger un corps ennemi de-
A,000 hommes environ, qui occupait, avec 2 canons,
une position assez forte dans un village situé à l'ouest
de la résidence de NanaSalb. Après un engagement
très vif, le corps insurgé fut débusqué et forcé de se
retirer dans le plus grand désordre, laissant ses ca-
nons derrière lui. Dans celle aiïaire, où les rebelles
eurent 250 hommes tués ou blessés, les Anglais n'a-
vaient eu que ik tués et 30 blessés.
Le combat terminé, la colonne* victorieuse pour la
neuvième fois (dans un intervalle de cinq semaines!),
se retira de nouveau sur Cawnpour, où elle arriva le
20 août, après une marche des plus pénibles. Le
choléra continuait à sévir et emportait chaque jour
10 ou 12 hommes. Le général Havelock dut se rési-
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DES ANGLAIS DANS L'iNOB, 29â
gner h attendre de nouveaux renforts avant de tenter
une nouvelle entreprise pour dégager Lucknow» et
c*est le 19 septembre seulement que Tétat sanitaire
de sa petite armée lui permit de repasser le Gange.
Avant de passer aux opérations du siège de Dehii,
qui suivaient leur cours depuis le 8 juin^ date de
l'arrivée du général Barnard sous les murs de la
ville, il nous reste à résumer les événements qui s'ac*
complissaient sur les autres points de Tlnde pendant
que sir Henry Lawrence et son successeur le major
Banks défendaient Lucknow, pendant que le général
Hayelock livrait, pour dégager cette résidence, les
combats désespérés que nous venons d'enregistrer.
Nous avons dit plus haut que les Européens du
district d*Agra s'étaient réfugiés dans la citadelle de
cette place et que leur situation n'inspirait pas moins
d'inquiétudes que celle de la garnison de Lucknow ;
leur énergie devait rivaliser avec celle des soldats
d'Havelock et de l^awrence. Le récit de la bataille
livrée prèsd'Agra aux insurgés de Neemuch donnera
mieux que tout commentaire la mesure de l'audace
des Anglais dans l'Inde.
a Nous sommes ici entassés comme des rats dans
«un piège, v écrivaient les assiégés. Le 5 juillet, ils
forment une colonne de 650 hommes, composée des
quelques soldats du fort et des civilians (1), juges,
collecteurs ou employés de toute sorte qui avaient
cherché un refuge dans Agra. Cette petite colonne va
(1) Fonctionnaires civHSt
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S9& DB LA PUISSANGB HILITAIRB
attaquer en plaine les insurgés de Neemuch , qui
traînaient 11 canons avec eux, et qui, renforcés par
de nombreux- contingents, ne comptaient pas moins
de 10,000 hommes. L'explosion de ses caissons de
munitions détermina seule la retraite de la colonne
d'Agra ; mais, ainsi qu*il n'est que trop facile de le
concevoir, ce ne fut pas sans avoir essuyé des pertes
nombreuses qu'elle parvint à regagner le fort en bon
ordre. Harcelée par la cavalerie ennemie, dont le
chiffre dépassait 1,500 sabres, cette poignée d'Eu-
ropéens laissa ses meilleurs officiers sur le terrain.
Au nombre de ceux qui périrent dans cette affaire,
on cite le major Thomas, le capitaine Doyby, les
lieutenants Lamb, Pond, Fellowes, et, parmi les
fonctionnaires civils, MM. O'Connor, C. Hem,
P. Hem, Cari ton, Smith, Jerdan, Prendergast,Whî-
teray, Black, Burdbranck, Freeze, Outram, Oldfield
et Deedes.
A son retour, la colonne d'Agra trouva la ville en
flammes. « C'était absolument comme le cinquième
jo acte du Prophète^ » s'écrie l'auteur du récit le plus
animé de cette affaire, et il conclut ainsi : « Nous
>> sommes ici 500 hommes en état de combattre, en-
» fermés avec des femmes et des enfants ; mais nous
» saurons bien résister jusqu'à l'arrivée des secours.»
Cette espérance devait être réalisée, et la petite
garnison d^Agra parvint, en effet, à maintenir sa po-
sition jusqu'au jour où elle fut débloquée. Quant aux
insurgés de Neemuch, fatigués de cette longue résis-
tance, ils prirent le parti d'aller à Dehli.
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DtiS ANGLAIS DANS l'jNDB* 295
Le S3 }mllet, un événement Tort grave se passiait k
Dinapore, où commandait le général Lloyd. Quatrfe
régiments indigènes, les 7% 8* et 40« d'infanterie, et
le 12* de cavalerie irrégulière, qui jusque-là étaient
restés fidèles, se soulevaient et engageaient la lutte
avec le 10* régiment anglais, composant toutes les
troupes européennes de la station. A en juger par lés
nombreuses correspondances, qui toutes s*accordent
h rejeter sur le général Lloyd Ta responsabilité de t^
événetnent, il semble évident que l'apathie et IMndé-
cision de cet officier ont particulièrement contribué
au désastre dont l'opinion s'est si vivement émue en
Angleterre et dans l'Inde. « Le général (trouvons-
i> nous dans une de ces correspondances], qui est un
» vieillard en enfance^ a mené très mal cette affaire,
» ou plutôt ne l'a pas menée du tout. Personne ne
» savait seulement qui commandait les Européens ni
» où il fallait aller chercher des ordres, ni où l'on
» pouvait trouver le général. Le résultat de tout cela
» a été que les régiments insurgés ont pu s'en aller
9 tout à leur aise en emportant leurs armes et leurs
9 munitions. »
Une dame, qui a failli périr dans Tinsurrection dfe
Dinapore et qui raconte l'histoire de sa fuite, est
aussi sévère pour le général Lloyd : « Toutes les
% lignes des oipayes étaient en feu, et nous appre-
» nons que ces 8,000 hommes se sont révoltés et
a marchent sur Knockar, Arrah et les autres stations
» du pays. Imagxne^ron cette vieiUe femme de géné-
* rai qui laisse ces trois régiments se soulever et
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â96 PB LA PUISSANCE AIIUTAUB
» chaque cipaye prendre soixante cartouches sans
w permettre qu'on les dérange I » (i)
L'affaire de Dinapore fut immédiatement saivie
de celle d'Ârrah, qui coûta cher aux Anglais, mais
qui donna une preuve de plus de ce que peut Téner--
gie européenne dans les circonstances les plus défa-
vorables. Les Anglais d' Arrah, au nombre de douze,
un juge, un collecteur d'impôts, un ingénieur et quel-
ques employés du chemin de fer, avaient fortifié une
maison dans laquelle ils comptaient pouvoir tenir
quelques heures en cas d'attaque. Quand l'affaire de
Dinapore éclata, ils se jetèrent dans cette maison avec
&5 Sickhs. C'est à détruire cette poignée d'hommes
que les cipayes insurgés à Dinapore se sont inutile-
ment attachés. Gr&ce à l'impéritie, aux déplorables
(1) Le général Lloyd , devenu Tobjet â*accusaUons si vives et
si nombreuses, avait annoncé un mémoire justiflcaUf de sa con-
duite. G*est princi[>alement à sa vielUesse, au défaut d*activité
résultant de ses infirmités, qu'on attribuait l'affaire de Dinapore
et ceUe d'Arrah, dans laquelle deux cents hommes avaient perdu
la vie, et qui en avait été la suite.
Le mémoire du général Lloyd a paru, et Ton y trouve ce moyen
de défense , passablement singulier : o Quoique ma gouUê m*
» rende physiquement incapable d'action ^ j'affirme qu'en Joge-
» ment et en inteUigence, je suis complètement égal, sinon su-
it périeur, à aucun des officiers plus jeunes qui commandent à
» Dinapore. » N'est-ce pas le cas de répondre, avec raison, qu'il
faut à l'Angleterre des généraux qui aient, non-seulemeot de
l'Intelligence, mais encore des pieds. Au reste, comme nous le
verrons ailleurs , la responsabilité de l'échec occasionné par le
général Lloyd doit remonter plus haut C'est un des nombreux
effets de cette organisation défectueuse de l'administration de
l'aripée anglaise y sur laquelle nous aurons à Insister. ^ , ^
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PES APIGLÂIS DANS L'iNDÈ, 297
mesures prises par le général Lloyd, un détachenoent
de &00 hommes, envoyé, sans reconnaissance préat-
lable, au secours des assiégés, tomba dans une em«
buscade et perdit les deux tiers de son monde. Oo
était persuadé que cet échec condamnait les gens
d*Ârrah à périr. Leur énergie et la fidélité des Sickhs
les sauvèrent, lis parvinrent & tenir huit jours encore,
et, dans la soirée du 3 août, le major Eyre, officier
d'artillerie de Tarmée du Bengale, parvint à les dé^
gager. Cet officier, venu de Buxar avec 3 canons c|;
200 hommes, défit complètement les rebelles, com-
mandés par le radjah Kouer^Sing, que nous verrons
bientôt jouer un rôle important dans la suite de la
campagne.
A la suite des affaires de Dinapore et d'Arrah, le
général Lloyd fut remplacé dans son commandement
par le général Outram, que nous voyons apparaîtra
pour la première foiç sur la scène, où il va remplir
un rôle si brillant et si profitable aux succès des armes
anglaises.
Si nous résumons la situation générale de Tlude
au commencement du mois de septembre 1857, nous
voyons que, malgré les efforts tentés sur plusieurs
points pour reprendre une offensive efficace, elle était
loin encore de se présenter dans des conditions satis-
faisantes pour le présent ou rassurantes pour l'avenir,
Les généraux Neill et Havelock, bloqués en queU
que sorte h Cawnpour, se trouvaient renfermés dans
un cercle de feu, menacés à chaque instant d'élre
coupés de leurs communications avec Allahabad par
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298 DB LA PUISSANCE MILITAIRB
les troupes de Neemuch, de Dînapore et de GouiUor.
Lucknow, qui n'avait pu être secouru, inspirait tou-
jours les plus vives inquiétudes. Il en était de même
d'Agra.
A Lahore, le soulèvement du 26% qui avait tué son
chef après avoir été désarmé, montrait dans le Pend-
Jaub, jusque-là tranquille, une agitation qui consti-
tuait un contre-temps fâcheux pour les assiégeants
de Dehlî, obligés de tirer toutes leurs ressources de
cette partie de l'Inde.
Dans le Bengale, on avait pris le parti de désar-
mer la faible portion de l'armée indigène qui parais-
sait encore fidèle au drapeau. Cette mesure avait été
appliquée aux régiments de Bourampour, et jusqu'aux
gardes du gouverneur général.
Dans ta présidence de Bombay, le désarmement
du 12' régiment, à Nusserabad, était un indice in-
quiétant des dispositions de l'armée de cette province,
dispositions que tendait à confirmer la révolte du
27% à Kolapour.
Un refus formel de marcher avait amené le désar-
mement du 8« de cavalerie de l'armée de Madras, et
donnait raison aux inquiétudes que Tarmée de cette
présidence commençait à donner. Enfin, pour termi-
ner la partie la plus sombre de ce tableau, l'Inde
centrale était en combustion. Le Radjepoutna suivait
l'exemple des districts de Neemuch, Bhopal, San-
gor, etc. Le 9 septembre, la légion de Joudhpour
s'était soulevée, avait battu les troupes du radjah, et
s'était dirigée avec ses canons sur Gouâlior pour Taire
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DES ANGLAIS DANS l'INDB. S99
sa jonction aveé Rouer-Sing, qui commandait les
rébelles de Dinapore, à Test. A Hydcrabad, dans
le Scinde, à Shikàrpour, à Kilrrachee, les symptômes
de désaffection du 21% du 16* et de rartillerié se ré-
vélaient par les complots les plus inquiétants. A Test,
l^Assam s* agitait, ainsi que les Santhals, à peine dis-
tants de 30 lieues dé Calcutta. Au sud, l'insurrectioti
de Subbulpour obligeait le commissaire de Nagpour
à demander en toute hâte la protection d*ûn détache-
ment de Madras.
Sur tous les points, en un mot, du nord au sud,
de Test à l'ouest, les Anglais marchaient sur un vol-
can, dont Un succès immédiat et d'une importance
hors ligne pouvait seul arrêter les favages.
A la liste, déjà si longue, des oflSciers tombés de-
puis le commencement de la révolte, de nouvelles
pertes venaient s'ajouter chaque jour. Sur bette liste
figuraient déjà les généraux : sir Henry Barnard,
Anson, Adam, sir Henry Lawrence, sir Hugh Massey
Wheeler; les brigadiers Isaac Henley Handscomb,
Alexander Jack et Hugh Sibbald, etc., etc.
Les colonels : Frédéric Brind, de Tartillerie dtt
Bengale; Charles Chester, du 2â« du Bengale; et
Robert Abercromby Yule, du 9* lanciers de la reine.
les lieutenants-colonels : Frédéric William Birch,
du ftl* tégiment du Bengale; William Case, du
82« d'infanterie anglaise; John Finnes, du 11« du
Bengale; Samuel Pisher, Philippe Godney, du ââ*
du Bengale ; John Platt, du 23* du Bengale ; John
Peter Ripley, du 54* du Bengale; E. Wiggins, du
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300 D£ LA PUISSANCE MIUTAIOB
56* du Bengale; John Penney, du 1" lanciers dq
Bombay; Stephen Wiliiano» du 5G« du Bengale, etc«
Les majors : Lionel-Percy Eld, du 9* du Bengale;
Alfred Herries, du l*'du Bengale; James, Gasner,
Holmes, du 59^ du Bengale; William Lindsay, da
IC" du Bengale; Henry, Edward, Pearson, du 18*
du Bengale; Bobert Walter, du 56* du Bengale;
Georges Charles, Sydenh^m Benaud, du 1*' fusiliers
de Madras; Bives, du 61*; Shirsheff, du 65*; Spen-
cer, du 26*; Jacob, Arthur Mills, du 22* du Ben-
gale, etc., etc.
A ce long martyrologe il faut ajouter plus de cent
capitaines, autant de lieutenants, enseignes et cor-
nettes ; quatorze chirurgiens, trois vétérinaires, plu-»
sieurs chapelains, sans compter une foule de fonction-
naires civils, et des milliers de soldats, de femmes et
d'enfants,
. Gomme compensation à ce triste tableau, on avait
besoin de se répéter que le moment approchait où la
lutte allait enfin se poursuivre sans cette effrayante
disproportion de nombre que le récit de tous les en«r
gagements survenus dans l'Inde u'^ que trop con-
statée jusqu'ici.
Depuis le 1" juillet, date du premier départ, jus-»
qu'au 2& septembre. 29,935 hommes de toutes armes
étaient déjà expédiés d'Angleterre pour les Indes sur
soixante-dix- sept bâtiments du commerce. En outre,
5^000 hommes^ à la môme date, étaient sur le point
de partir pour la même destination. En supposant,
pour le voyage, une durée moyenqe de quatre-vingt-
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BBS ANGLAIS DANS l/m0B. SOI
dix jours, el en comptant les troupes appelées dans
rinde de la Chine, du Cap et de Maurice, on pou-
vait estimer à /i8 ou 50,000 hommes au moins les
renforts qui devaient être débarqués dans Tlnde avant
la fin de Tannée 1857.
Pour remplacer cette pléiade de braves officiers
moissonnés par le fer des assassins bien plus que par
le sort des armes, le gouvernement faisait appel &
tous les milit£^ires distingués par leurs talents, et
dont les services éprouvés garantissaient la capacité.
11 rappelait du continent les généraux Windham,
Dupuis, Rose (William), etc. Aux officiers généraux
et brigadiers Wilson, Havelock, Neill, Van Cortland,
Nicholson, Cbamberlain^et qui avaient défendu avec
tant de courage l'honneur du drapeau britanniquCi
de nouveaux frères d'armes allaient s'adjoindre, non
moins dévoués.
Augmenté de ces nouveaux auxiliaires, parmi les*
quels se plaçait en première ligne Tillustre général
en chef sir Colin Campbell, Tétat-major général de
Tarmée de Tlnde devait, suivant les bruits les plus
accrédités, se composer de la manière suivante :
Bengale. — Commandant en chef, le général sir
Colin Campbell (G. C. B.); chef d*état-major, le ma-
jor-général Mansfield; lieutenants-généraux, Beres-
ford, de Madras, légénéral Thomas Asburnham (C.B.),
de Chine (1); majors- généraux, Windham, Ha*
(i) Ce général est rentré en Angleterre à Tépoqueoù les troupes
de Chine ont été détournées de leur destination par lord Elgin,
et employées ù renforcer Tarmée indienne.
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302 DE 14 P0JSS4NCB MILITAIRE , ETC.
yelock, sir Robert Garrett (R. C. B.), de Chine,
Gotton.
GpipqaandantdQrartillerie royale, général Dupuis,
r— Député adjudant-général, l'honorable W.-E. Pa-
kenham (G. B.); député quartier-maître général, le
coipteWetherall(G. p.)»
Madras. — Sir Patrick Grant (K. G. B.), com-
pandapt en chef; major-général, Graigie,
Bombay. — Géqéral sir M. Somnoerset (K, C B.);
ipajor-général, sir Hugh Rose (K, G. B.), etc., etc.
À en juger par le chiffre de ces désignations,
Pétat-major devait comporter un officier général par
5,000 hommes pendant la campagne qui allait s*ou
yrir sous les ordres de sir Colin Campbell.
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CHAPITRE XIV.
Soivâib£ : Lb siège de Delhi. — Description de Delhi «^ Son
importance sou^ les princes AfTghans. — Dévastations de Ti-
mour et de Nadir-Shah. — Sa restauration par Sbah-DJihao.
^ Sa splendeur sous la dynastie mongole. — Sa décadence
depuis l'occupation anglaise. — Description de Tenceinte et des
fortifications de Delhi. — Le rôle joué par la place de Delhi
pendant Tinsurrection a trompa toutes les prévisions qui avaient
dicté son établissement militaire. — Population, statistique de
Delhi. — Considérations qui ont dicté le plan suivi par l'état-,
major ang^lais à regard de Delhi, — Marche du général AnsoQ
sur Delhi. — Combats du 30 mai et du 1*' juin livrés par le
général Wllsoh. — Mort du * général Aiison , remplacé par le
général Barnard. — Jonction des troupes de Simia et de Meerut»
— Leur arrivée sous les murs de Delhi. — Considérations qui
ont déterminé le choix du front d'attaque. — Affaire du 8 juin,
rapport du général Bamard, — Établissement du camp et des
avant-postes anglais. — Journal du siège de Delhi pendant le
mois de juin; affaires des 9, 10, 12 et 13. — Destruction des
travaux extérieurs de la porte de Caboul par les assiégeants, le
17 juin. — Attaques des insurgés de Nusserabad le 19 et le 90.
— Affaire de Subzee-Mundee, le 23. — Mort du général Bar-
nard, le 6 luillet -^ Sorties du 3 et du 9 jollIeL — SituaUon
critique des Anglais au mois de juillet. —Affaires du ih, du 18
et du 23. —Le brigadier Chamberlayn blessé. — Le général en
chef T. Reid succombe, comme ses deux prédécesseurs, au cho«
léra. — ^e brigadier général Wilson le remplace. — Sorties du
1" août —Arrivée du général Nicholson. — Pertes des Anglais
en officiers et soldats pendant la première période du siège. ^
Aversion des Anglais pour les travaux de siège. — Ordre du
jour du général Wilson. — Composition de l'armée de siège au
commencement de septembre. — Combat de Nujjuffghur. —
Arrivée du train de siège, le A septembre. •— Ouverture du feq
contre la place le 8 septembre.— Continuation du bombarde-
ment pendant les journées des 9, 10, 11, 12 et 13 septeml>re* —
Assaut du 14* — Combats dans la ville pendant les journée^
des 15, 16, 17, 18 et 19 septembre. — Évacuation de la ville
par les insurgés.— Conséquences de la prise de Delhi.
Le siège de Delhi restera incontestablement Tépi-
sodé le plus important de la révolte des cipayes, non-
seulement à cause de Tinlérêt qu'il a excité comme
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30& DB LA POISSANGB illLlTAlRB
fait militaire, mais encore, et surtout, à cause des
nombreux enseignements qui doivent en découler
pour l'avenir des possessions anglaises. Au milieu des
étonnements de cette grande crise, jamais épreuve
plus décisive n*aura mis en lumière Tirrémédiable
infériorité de la race indienne en présence des Euro-
péens. Il faut, en vérité, toute l'incontestable auto-
rité des faits accomplis et des résultats obtenus pour
n'être point tenté de rejeter comme un roman ou une
fable Tincroyable récit que nous allons offrir au lec-
teur.
« Il ne 8*agit plus ici, comme le dit M. de Warren,
» de la tactique européenne abritée derrière les rem-
» parts d'une citadelle, et suppléant au nombre par
» la science. C'est une poignée d'hommes, 3,000 ou
» &,000 Européens tout au plus, qui viennent auda-
» cieusement, en rase campagne, planter leurs tentes
» sous les fortifications d'une ville de 150,000 âmes,
» avec une garnison sans cesse renouvelée de plus de
» 80,000 soldats disciplinés, pourvue du plus grand
» parc d'artillerie que l'on puisse rencontrer, et qui
' » se maintiennent là pendant quatre mois, fondant
» sous la pluie, se tordant sous le choléra, mais tott-
«jours cloués au sol, et repoussant jour et nuit des
» attaques désespérées. En vérité, ce peuple prodi-
» gieux n'a jamais donné un plus admirable exemple
» de sa ténacité, et, dans les annales du monde, le
9 siège de Delhi restera toujours une page|immortelle.»
Delhi, en sanscrit Indra-prast'ha^ c'est-à-dire de-
meure d'Indra^ est située sur la rive occidentale de
la Jumna. Dans le temps de sa splendeur, elle s^éten-
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pu ANGLAIS DANS l'|ND£. 305
dait jusqu'à une distance de 30 milles anglais, mais
elle n'avait qu'une seule rue parallèle au fleuve (1).
Cette ancienne capitale des empires patans et mogols,
aujourd'hui simple chef-lieu du district qui porte son
nom, est passée par des phases bien diverses. Des
souverains hindous y régnèrent jusqu'en 1393,
époque où commença la dynastie des princes affghans
ou patans, qui finit en 1^13. ,Ce fut pendant leur
règne, en 1398, que Tamerlan ou Timour prit ctpill(i
Delhi. Ce ne fut que deux cent trente ans plus lard,
lorsque Schah-Djihan monta sur le Irôoe, en 1628,
.qu'elle se releva et reprit son anciepne, splendeur,.
Ce prince fit construire l'enceinte crénelée et flanquée
de tours qui existe encore aujourd'hui, La nouvelle
Delhi, nomméo Schah-Djihan-Abad par fon restau-
rateur, acquit bientôt son plus haut degré de prospé-
rité, et l'on prétend qu'en 1525 elle contenait 2 milr
lions d'habitants, évaluation qui n'est peut-être poin.t
exagérée, à en juger par la description suivante de
l'un des plus intelligents explorateurs de Tlnde :
« Des ruines d'une grandeur inaccoutumée annon-
M cent, dit Victor Jacquemont, l'approche de Delhi
» de quelque part qu'on y arrive. En venapt d'Agra,
» elles bordent, pendant plus de 5 milles> la route
» qui mène à la ville moderne. Ici ce sont des tours
j> massives qui flanquaient jadis une forteresse dont
» les murailles sont tombées; là c'est une route éle-
D vée, percée dans l'épaisseur d'un antique portail
B encore garni de créneaux ; quelques pans de muraille
(1) yalte*Brun. . >
20
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306 DB L'A POtSSANCK MlLITAtlIB
» se tiennent debout alentour. Ce sont les restes d*un
A palais, alors qu*il n*y avait de sécurité pour le pou-
» voir et la richesse que derrière les remparts. Des
» obélisques informes, mutilés par le temps, s'élèvent
» de toute part dans la campagne, restes de la lourde
» architecture des édifices patans; leur base est en-
» terrée dans des monceaux de débris oii fleurissent
» tristement quelques arbustes épineux. L'on marche
» sans cesse sur des murs nivelés avec le soi. Leur
» mosaïque de briques marque le plan des humbles
» demeures oh jadis habita la multitude. Parmi les
9 ruines d'un âge plus ancien, on voit dispersés çà
» et là des monuments d'une forme élégante et lé-
1» gère, peints de couleurs éclatantes... Ce sont des
» tombes mogoles, avec les dômes dorés de leurs
» mosquées et leurs minarets recouverts d'émaux :
» ainsi des images adoueies de la mort disputent le
» premier plan de ee tableau mélancolique aux scènes
» effroyables de carnage et d'incendie que rappellent
» ces campagnes solitaires et désertes, ear il n*est
» pas de lieu sur la terre où tant de sang ait coulé.
» L'histoire garde \e souvenir de désastres plus
M grands encore , il est vrai ; à peine savons-nous où
»ftit Carthage... Mais Carthage ne tomba qu'une
» fois, et en moins de quatre siècles Timour et Nadir
» passèrent à Delhi. »
La viNe de Delhi fut saccagée en 1738 par Nadir-
Schah, et dépouillée de ses trésors, qu'on évalue à
plus d'un milKard, et parmi lesquels on cite des col-
lections de diamants, un trône en or massif chargé
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DBS ANGLAIS DANS l'ÎNDK. 307
de pierreries, et des statues d'éléphants en or ciselé.
Ainsi que nous Tavons vu lorsque nous avons raconté
l'histoire de la décadence de l'empire mogol et les
désastres de Delhi, 50,000 personnes furent massa-
crées pendant le sac de la ville.
L'expédition de Nadir -Schah porta un coup mortel
h l'empire mogol, qui tomba en 1761 sous le joug
des Anglais. Nous avons résumé les principaux épi-
sodes de leur lutte avec les Mahrattes; ces derniers
disputèrent avec acharnement aux Européens la pos-
session de cette importante conquête. En 1803, à la
suite de la campagne de lord Lake contre le général
Perron, Delhi fut occupée définitivement par les An-
glais, et depuis cette époque jusqu'en 1857 elle n'était
point sortie de leurs mains. La Compagnie des Indes
avait laissé au descendant des empereurs mogols,
déjà déchu depuis longtemps, la jouissance du palais
de ses pères, et le titre dérisoire de sultan. Une pen-
sion de & millions de francs devait servir à l'entre-
tien de sa nombreuse famille, laquelle, d'ailleurs,
était toujours surveillée et comme prisonnière dans
son immense palais.
La Delhi moderne se divise en plusieurs parties :
on nomme Indouanié celle qui est habitée par les
indigènes, Mongolanié celle qu'occupent les Musul-
mans. Un canal, qui n'est qu'un petit affluent de la
Jumna, sépare les établissements européens* de la vé-
ritable cité indoue [Schah- Djihan-- Abad) ^ qui se
trouve au sud. Dans le quartier nord, on trouve le
palais de l'infortuné sultan Dara-Chekoh^ frère d'Au-
reng-Zeb ; cet édifice» restauré par les Anglais, sert
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508 DE LA PUISSÂNGB MILITAIRE
de logement au résident. Autour se groupent Tcglise
de Saint- James, Tarsenal, les magasins, les casernes,
les postes de sûreté, etc.
Le plus bel édifice de Delhi, celui qui a joué le
rôle le plus important pendant la dernière période
du siège, est le palais des empereurs mogols
(Daouri Serai) ^ situé sur la Jumna. Cet immense et
somptueux bâtiment constitue, en effet, &lui seul uue
forteresse, et otTrait un excellent réduit aux assiégés,
maîtres d'ailleurs du pont de bateaux dont nous par*
lerons plus loin, et par lequel s'est effectuée leur re-
traite. Construit en grès rouge, et d'une belle ordon-
nance, le palais impérial est entouré d'une muraille
crénelée qui s'élève à une hauteur de 30 pieds, et
dont le développement a près d'une lieue. LeZenané
ou palais des princesses se joint par une galerie à
celui de l'Empereur; de l'autre côté du canal, le pa-
lais de Selimgurh {Selim Serai) servait de demeure
aux frères et aux proches parents des souverains
mogols. Le fort de Selimgurh commande le pont de
bateaux qui conduit sur la rive gauche de la Jumna,
et au débouché duquel se trouvent les routes de
Meerut et de Calcutta. C'est par cette porte que les
premiers régiments révoltés ont envahi Delhi.
Le périmètre de Delhi s'éiend sur une longueur
de près de 10 kilomètres, soit de 2 lieues, dont
6kilomèti<es pour la partie du côté de la terre (1). Sa
configuration se rapproche de celle d'un arc de cercle
fortement courbé , la rivière figurant la corde. Le
rayon de l'arc a en moyenne de 1800 à 2000 mètres.
(I) VoirleplaadeDelbl.
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DKS ANGLAIS DANS L^INDB» 309
Les fortifications de Delhi sont fort simples. Elles
se composent, du côté delà terre, d'un glacis, d'un
fossé sec, et d'une enceinte revêtue et bastionnée, se
combinant, dans certaines parties, avec la forte mu*
raille qui date de Schah-Djihan. Les bastions sont au
nombre de neuf, et laissent entre eux de longues
courtines dont la faiblesse est rachetée par des tours
à la Martello (1), qui alternent avec les bastions sur
la partie sud-ouest de la place. Le front du nord,
adjacent à la rivière, diffère des autres, et se rap-
proche davantage du système de la fortification mo-
derne. H s'appuie sur les bastions de l'Eau et de Ca-
chemyre, et forme une sorte de petite citadelle qui
couvre les établissements européens et la résidence.
A Test du bastion de Cacbemyre se trouve le bastion
Moree, qui couvre la porte du même nom. A partir
de ce point, l'enceinte court du nord au sud, et est
défendue par le bastion Burn, le bastion Garstion, le
bastion d'Akbar, qui se relie au tombeau de Gbazi-
Khan. Sur la face méridionale, les bastions de Tourk-
man et de Wellesley complètent l'enceinte.
Sept portes principales, toutes en pierre de taille,
donnent accès dans la ville : la porte de Cachemyre,
sur la face septentrionale; les portes Moree, de
Caboul, de Lahore et de Jeypour, sur la face occi-
dentale; les portes de Tourkman et d'Agra (ou de
Delhi), sur la face méridionale.
(1) La tour à la Martello se rapproche, par sa forme, de la tour
Napoléon, employée pour la défense des côtes. Elle porte un canon
sor sa plate-^forme. Il en a été fait usage pour la défense de la
Manche.
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210 DB hk PUISSANCE &J1UTAIBS
La ville est fermée du côté de ia rivière par un
mur flanqué de deux bastions et de deux tours. Le
pied du mur est garanti contre les attaques de vive
force par un fossé plein d'eaq qui est une dérivation
de la Jumna. Au centre de la gorge, et adossé h ce
mur, se trouve le palais impérial dont uous avons
parlé plus haut.
Les Anglais se sont occupés à diverses époques,
mais plus activement vers 1838, d'améliorer les dé-
fenses de Delhi. Ils ont construit successivement les
glacis et les tours, établi les bastions, approfondi le
fossé, et restauré soigneusement la muraille qui
ferme la gorge de la place. Delhi était devenue une
grande place de dépôt, avec d'immenses approvision-
nenaents en matériel de guerre, réunis là pour servir
contre les peuples du Pendjaub et de rAffghanistan.
Un armement de sûreté considérable fneuf pièces par
bastion, sans compter le canon des tours ttfart^Uo)
mettait la ville à Tabri d'une surprise venant de
l'extérieur.
On a vu combien ces prévisions avaient été trwi*
pées.
La situation de Delhi, pendant l'insurrection de
1857, a eu cela de singulier qu'elle a confondu toutes
les combinaisons politiques qui avaient présidé à
l'installation de ses établissements. Dans la guerre-
qui s'est agitée sous ses murs, tous les rô^es, comme
nous le verrons bientôt, ont été renversés. Les arse-
naux et l'accumulation du matériel et des munitions
avaient été préparés contre les dangers qui pouvaient
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PKS ANGLAIS DANS CïHDUé Ml
venir de la frontière du nord et du nord-ouest de«
possessions anglaises. Cest contre les Sickhs^ les
Ghoorkas et les montagnards de toute espèoe que
Delhi avait été si soigneusement fortifiée. Or^ o*est
précisément par les populations dont on redoutait
jadis l'approche, par les habitants du Pendjaub, de
Peisbawer, du Mooltan, du Beloutchistan et da
pied de Tilimalaya, que Delhi a été, en effet, assiégée,
i^es armements et les munitions qui étaient réunie
dans celte ville ont servi à sa défense contre ced ad'
versaires prévus* Mais quel étrange changement dane
la situation des acteurs de ce grand drame I G*est
FAngleterre elle-même qui a lancé contre Delhi cefl
peuplades du nord, contre lesquelles Delhi était con^
struite. Le Pendjaub a combattu pour TAngleterre^
et c'est dans Delhi qu'était Tennemi. Il y a dix ane»
l'idée que l'Angleterre assiégerait un jour Delhi avee
les vieilles bandes de Runjeet-Singh, et qu'elle atta*
querait le Bengale avec des troupes venues de la
vallée de Cachemyre, n'aurait pu entrer que dans la
tôle d'un insensé. Telle est pourtant l'étrange situa-
tion qui devait sortir naturellenoent de l'insurrection
de l'armée du Bengale.
D'après les derniers recensements^ la popalatàoD
de Delhi, au moment de l'insurrection « était de
lâa»000 âmes : 66,000 Mahométans, 72,000 Uin*
dotts, et 500 Européens environ* Les villages qui
entourent Delhi renfermaient 2S^,000 babitants, qm
ont fait cause commune avec les révoltés; enfin,
d'après les renseignements les fAw dignes de foi, on
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312 DE LA PUISSANCE UILITAïaE
peut porter de 30 à &0,000 le nombre des cipayes
insurgés qui ont afflué à Delhi de toutes les parties
de rinde.
Delhi possède 26i mosquées, parmi lesquelles ia
Djemfta-Musjid, bâtie par Schah-Djihan, est la plus
remarquable. On y compte également 188 temples
hindous. Ces édifices étaient transformés, pendant le
siège, en autant de forteresses quMI a fallu enlever
successivement à la suite de Tassant du 1 & septembre^
et celte situation explique comment le 20 seulement
les derniers défenseurs ont évacué la ville.
Il nous reste, pour compléter la description de
Delhi , & dire un mot de sa situation relativement au
pays environnant. Soit au point de vue stratégique,
soit au. point de vue commercial, si Ton étudie ia
carte de l'Inde, on chercherait vainement une posi-
tion plus admirable que celle de Delhi. Située sur
une magnifique rivière, au point de jonction de deux
grands canaux (le Schah-Nehr et le canal du Doab)
qui ont coûté des sommes immenses, et qui fertili-
sent de ricties contrées , sur la ligne du grand Trunck-
Road (seule grande route carrossable dans Tlnde),
sur le plus gigantesque chemin de fer qui doive ja-
mais être construit, celui qui reliera Lahore à Cal-
cutta, à l'embranchement de sept routes secondaires
qui se dirigent comme autant de rayons autour d'un
même centre, vers la Perse, la Russie, la Chine,
rinde centrale, Bombay, Madras et Calcutta, Delhi
est bien le véritable cœur de la puissance anglaise,
dont les trois chefs-lieux de présidence no sont que
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DBS A^GLALS DANS lNndR. 313
les extrémités. C'est pour cela que, malgré son détes-
table climat, Delhi avait été choisie comme une sorte
de Sébastopol indienne, élevée contre les attaques
pouvant venir du nord- ouest, c'est-à-dire (on Pavait
cru jusqu'en 1 857) du seul côté vulnérable de l'empire
anglo-indien.
Indépendamment de son importance comme foyer
de la révolte, Delhi avait dû aux souvenirs, aux tra«
ditions qui se rattachent à son ancienne splendeur
d'être choisie par les révoltés pour le siège du nouvel
empire des Babcrs. La raison politique prescrivait
impérieusement de renverser, dès le principe, ce
semblant d'organisation; la raison militaire faisait
une loi non moins rigoureuse d'enlever aux cipayes
révoltés la possession d'une ville dont l'action, pour
les raisons que nous avons indiquées plus Flaut, avait
une si grande portée sur les districts soulevés.
De la prise de Delhi dépendait le sort des faibles
garnisons renfermées dans Agra, dans Fjiclcnow, et
dans presque tous les postes du nord-ouest. Si l'on
veut bien songer à l'éloignenient des bases d'opéra-
tion sur lesquelles il eût fallu s'appuyer pour recon-
quérir le pays, en partant de Calcutta, de Madras ou
de Bombay, il faut reconnaître, au grand honneur
de l'état-major anglais, que cette manœuvre hardie
qui conduisit l'armée du Pendjaub sous les murs de
Delhi fut bien supérieure à celle exécutée par le ma^
réchal Badelzlcy, en Italie, pendant la guerre de
18&9, et dans des conditions presque identiques. Le
parti extrême d'abandonner tout le Ihé&tre de l'in-
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S1&. DB LA PUISSANCE MIUTAIBB
sufrection pour le reconquérir ensuite était préconisé
cependant, au plus fort de la crise, comme le meilleur*
OQmme le seul que Ton pût adopter pour étouffer
promplement rinsurreclion. En substituant à la
guerre méthodique, qui en serait résultée, Tauda--
cieuse opiniâtreté des commandants qui se succédé*
rent sous les murs de Delhi (1), et les manœuvres
hardies des généraux libérateurs de Lucknow (2\ le
gouvernement de Tlnde a donné un exemple mémo*
rable de ce que Ton peut obtenir de la ténacité, de
la persévérance exceptionnelles qui caractérisent le
soldat anglais.
Nous avons vu qu'au moment de la révolte de
Meerut» et à la nouvelle des événements de Delhi, le
général Anson avait réuni à la hâte les troupes can-
tonnées à Umballah, Simla, Daghsai, etc., ets*était
dirigé sur Pancienne capitale de Tlnde. La petite
armée du commandant en chef se composait du 75* de
ligne, des 1*' et 2* européens du Bengale, diP9* lan-
ciers, et de deux compagnies d'artillerie à cheval.
A cette force, il convient d'ajouter encore quelques
détachements de cavalerie du Bengale, et une troupe
de Sickhs employés comme pionniers du génie.
Le général Hewitt avait été remplacé dans son
commandement à cause de la mollesse qu'il avait
montrée, et le général Wilson, son successeur, avait
ordre de rejoindre le commandaak en chef avec toiitos
(i) AnsoD, Barnard, Reid, Wilson.
(2) Uav^loclL, Neill, Outraoï.
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DV8 ANGLAIS DANS L*INB1S. 316
les troupes disponibles da la division de Meerut. Ces
troupes se mirent en marche dans les derniers jours
de mai, et le 30 elles arrivaient sur les bords de 1%
petite rivière de Hindun, et occupaient le village qui
garde le pont suspendu de la foute de Delhi, L#
même jour, l'ennemi parut en forces avec cinq canons.
Le détachement du général Wilson se composait d'un
bataillon européen (60* carabiniers), de deux esca-
drons (quatre compagnies) du 6* dragons de la garde,
de deux compagnies d'artillerie européenne, dont
une h cheval, avec six pièces,' et une à pied avec deux
pièces de 18. Un régiment de Ghoorkas complétait
cette division.
Le général Wilson attaqua, sans hésiter, les révol-*
tés qui lui disputaient le passage de l'Hindun, et les
refoula dans un village qui fut incendié. Un grand
nombre de oipayes furent sabrés par les dragons en
cherchant à échapper aux flammes. Malgré cet échec,
le lendemain, 1*' juin, la division de Meerut étant
restée dans ses positions, conformément aux ordres
qui lui prescrivaient d'attendre le passage des troupes
d'Umballah, les cipayes, attribuant cette inaction k
la timidité des Anglais, essayèrent de revenir à \%
charge. Ils furent battus de nouveau, et se dispersè-
rent, laissant complètement libre la communication
avec Delhi. A la suite de ce combat, dans lequel elle
avait perdu quarante hommes, la division de Meerut
se dirigea sur Baghput, et après avoir traversé la
Jumna sur le pont de cette ville, elle fit sa jonction
avec les troupes du commandant eu chef dans les
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316 DE LA PUI^iSANCB UILITAIRË
environs d*Alipoor, à une journée de marche de Delhi.
Deux jours auparavant, le 27 mai, le général An-
son était mort à Kurnawl, foudroyé par le choléra.
Le général Barnard lui succéda dans le commande-
ment des deux corps réunis. Ce chétif noyau, qui prit
superbement le nom d'armée de Delhi ^ comptait à
peine /i,500 européens et 3,000 indigènes.
En examinant les fortifications de Delhi au point
de vue d'un siège en règle ou d^opérations qui 8*en
rapprochent, on voit du premier, coup d'œil qu'il ne
peut être question d'investir complètement une place
de cette étendue (1). i/arroée anglaise, lors même
qu'elle eût été dix fois plus forte, n'aurait pu inter-
dire à l'assiégé les sorties par les portes du sud, et
le libre accès sur la rive gauche de la Jumna.
La position occupée par les cipayes en avant de
la ville de Delhi, et dans le voisinage des cantonne*-,
ments incendiés au moment de la révolte, d'une part;
de Pautre, la nécessité de conserver la communi-
cation du Trunck-Road, par lequel devaient arriver,
tous les renforts du Pendjaub, déterminèrent le gé-
néral Barnard à s'établir au nord de la ville, et à.
choisir pour front d'attaque la partie de l'enceinte
qui s'étend entre la Jumna et la porte de Caboul.
Une autre considération militait encore en faveur de.
ce choix : les rues de Delhi sont étroites, h l'excep-
tion de deux qui partent du palais et vont à la porte
de Lahore et à la porte de Deliii. Bien que le front
(1) Journal de l'armée belge (van de Velde).
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DBS ANGLAIS DANS l/lNDK. 317
du iioi*d soit le plus fort de renceintc, comme ii
couvre précisément les élablissements européens,
magasins et arsenaux dont la réoccupation était le
premier but à atteindre, il y avait avantage à tenter
l'assaut par un point qui, une fois enlevé, dispense-
rait l'armée de s'engager dans le dédale inextricable
que présentent les rues de Delhi, ou du moins per-
mettrait de l'aborder avec la base solide que devait
offrir le quartier européen.
*• Nous n'entrerons pas dans le détail des engage-
ments qui précédèrent l'établisseiinent des troupes an-
glaises sur les hauteurs située^^ entre la ville do Delhi
et les anciens cantonnemenU«. . *
]je 8 juin, l'ennemi occupait une forte position à
Badiee-Seraî; il en fut débusqué avec perle de tous
ses canons, et le soir même les Anglais campaient
sur l'ancien champ de manœuvres, ayant en leur
pouvoir les hauteurs qui dominent le côté nord de la
ville.
Une dépêche du général Barnard rend compte du
succès du 8 juin et des dispositions prises pour com-
mencer immédiatement le siège :
« Camp de Deibi, le 8 juin.
« Les forces que je commande partirent d'Alipoor
» à huit heures du matin, et en arrivant & Badiee-
» Sera! trouvèrent l'ennemi fortement établi dans une
» position retranchée. Je suis heureux de vous annon-
» cer que nous l'en avons débusqué, après un enga-
» gement çle près de trois quarts d'heure. Nous nous
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S18 DE Lk PUTSSANGB MILITAIRE
» sommes occupés alors de nous établir dans la posi-
» tion que nous tenons en ce moment, et qui est dé-
» fendue depuis le point le plus avancé jusqu'à THin-
» doo-Raw-House.
» Nos troupes ont marché avec le plus grand en-
» tratnement et la patience la plus persévérante , et,
» après avoir vaincu une résistance fort vive, ont jeté
» Tennemi dans les murs de la place. Tout était ter-
» miné à neuf heures du matin.
» Notre perte est comparativement petite : un seul
» officier est tué, mais je ne vous dirai qu^avec le plus
» grand regret que cet officier est le colonel Chester,
» adjudant-général de l'armée, qui était estimé pour
» toutes les qualités qui font Tornement d'un soldat.
» Je n'ai pas pu me rendre compte du nombre de nos
» pertes particulières ou du nombre des canons que
» nous avons pris, mais je crains d'être obligé de por-
» ter h 40 ou 50 le nombre des morts; le hombre des
» canons est de 16 ou 18.
» Je ne puis, dans cette dépêche faite à la hâte,
30 essayer de vous recommander personne. J'ai reçu
» du brigadier Wifson , du brigadier-général et de
x> l'adjudant de l'armée tes marques du plus grand
» dévouement. L'adjudant de la division, le Capitaine
d Barnard et le lieutenant Turnbull me sont aussi
» tout dévoués.
» La conduite des Ghoorkas, des sapeurs sikhs ,
j> et autres troupes indigènes que j'ai employées, est
» au-dessus de tout éloge ; ils vivent en bonne intel-
» ligence avec leurs camarades européens.
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB. 319
» Je ne puis fermer ma dépêche sans donner une
9 mention spéciale à plusieurs personnes attachées à
» l'armée comme volontaires, qui, non-seulement
» nous ont accompagnés dans la campagne, mais qui
0 nous ont rendu des services que notre position rend
B surtout importants , en gardant derrière nous les
» communications.
«J'espère vous envoyer bientôt de plus grands
» détails. Pour le moment j'attends notre train de
» siège, et je pense ouvrir le feu aussitôt son arrivée.
» H. Barnard,
» Major-général commandant Tarmée de siège. »
Les deux fronts et la partie convexe de l'enceinte
comprise entre la porte de Cachemyre et celle de
Lahore se trouvent dominés par le prolongement de
la crête sur laquelle étaient établis les avant-postes
du camp anglais. Cette disposition permettant de les .
envelopper et de les battre par des feux convergents,
toute l'attention des assiégeants fut dirigée, dès le
principe, sur ces points, et le bastion Moree, qui
forme le saillant le plus vulnérable, devint l'objet
des premiers efforts. La faiblesse de ce point ne pou-
vait être rachetée que par l'établissement d'ouvrages
assez avancés pour prendre vue sur le terrain en
avant du saillant, et par suite y croiser leurs feux.
Lescipayes semblent ne pas avoir ignoré ces premiers
principes de la défense des places. On en trouvera
la pvenTe par ce fait que les Anglais ont dû enlever,
le 12 août^ au prix de douloureux sacrifices, une bat-
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Google J
320 DE LA ^clssA^Gl^ muTAmis
terie établie devant la porte de Cachemyre. Elle se
composait de quatre obusiers (1).
On doit observer aussi que les feux du b istion de
Cachemyre, situé à droite, en sortant par la porte de
ce nom, ballant les fossés de Tenceinte depuis le
bastion Moree jusqu^à la Jumna, et Pattaque étant
résolue sur la face nord, les assiégeants se trouvaient
dans Tobligation de réduire au silence Partillerie du
bastion de Cachemyre en même tem|)s que celle du
bastion de TEau, qui termine Tenceinte du côté de la
rivière. Ces diverses considérations dictèrent rem-
placement des batteries établies par les Anglais pen <
dant la seconde période du siège;
Nous passerons rapidement sur les opérations qui
ont précédé l'arrivée des renforts amenés par le gé-
néral Nicholson ; assiégés, en quelque sorte, plutôt
qu'assiégeants, les Anglais, jusqu'au milieu du mois
d'août, eurent à repousser vingt-trois sorties, dans
lesquelles les cipayes subirent d'énormes pertes, mais
qui furent également meurtrières pour la petite armée
du général Barnard.
Nous avons dit que les avant -postes de l'armée de
siège étaient établis sur la crête située au nord de la
ville, et qui la séparent des anciens cantonnements.
La gauche des grand'-gardes fut appuyée à l'ancien
observatoire, désigné, dans les relations du siège,
sous le nom de Tour des signaux. Le centre corres-
(l) Le plan annexa à cette étude présente remplacement des
travaux extérieurs exécutés par les défeoseurs de Delhi.
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DUS XSGLXtS DANS L*lNDfi; 521
pondait à une ancienne mosquée, ot la droite, à Teh-
droit où les hauteurs commencent à s'abaisser vers
la plaine, était couverte par une maison entourée de
fortes murailles d^enceinte. Cette maison est connue
sous le nom de son ancien propriétaire, uri chef
mahratte appelé Hindoo-Rao. Il résulte de la posi»
tion oblique des montagnes, par rapport au front
d'attaque, que la droite des Anglais se trouvait eii
avant, tandis que la gauche était fortement refusée.
La distance moyenne du camp, assis en arrière des
hauteurs et k Tabri du feu de la place, était d'un
mille un quart environ.
Le 9 et le 10 juin, les premières dispositions de
rinstallation des assiégeants furent troublées par les
attaques des cipayes, dont les efforts se portèrent
principalement sur la droite de la ligne anglaise.
Le 12 juin, une sortie vigoureuse et bien combinée
fut dirigée par les assiégés sur les deux extrémités
de la chaîne des avant-postes. Sur la droite, à la mai-
son d'Hindoo-Bao, les guides et les Ohoorkas repous-
sèrent facilement l'ennemi, mais sur la gauche il y*
eut presque une surprise. La batterie de la Tour du
signal fut un moment entourée, et aurait été proba-^
blement emportée sans le courage d'un détachement
dû 75*, qui donna le temps de prendre les armes
aux troupes de soutien. Le flanc dé la position était
en danger d'être tourné, et le combat se maintint très
vif sur ce point pendant près de deux heures. Le feu
d'une batterie établie sur le centre, et qui prit k re-
vers les assaillants, les obligea enfin à se retirer*' Le
21
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8S8 M LA P6IMAfl«B mUTMRB
a* 6t le TS"* eurent surtout à touffrir dans ces dem
eugagemeiltd.
Le i3| les Anglais oecupèrenk un vaste ebcleâ
eennu sous le nom de Mellcalf-Hddsey situé vers lA
gauche, et où Ton eomménfa à élever une batterie.
Une sortie dirigée Contre ces Iravaut fut facilement
repdussée, ainsi qu'une autre tentée le fnôme jour sur
la di'oiles
Lel7 juin^ un détachement fo^mé des Ohôol^kast
derartillerieàobeval et de la cavalerie, sous leeoBQ*
n^tideinënt du major Tdmbs, enleva les travaoi
extérieurs que les ci payes avaient commencée du
e6lé de la pdrte de €aboul| et d'uii vaéte bftiimtnt
gui porte le nom d'Eédbagh. Ces travaujl, dirigés
avee intelligence^ pouvaient devenir inquiétante» pour
le fland de THindOo-Rao. Le lieutenant Wbeatley fut
tué èur ee poifiU
Le 19 juin^ les révoltés dé Nuseerabad (1) {^ariH
rënt en vue des lignes anglaises^ et tentèrent unedup
de mais qui fut dérobé paf les troupes du radjah de
Jhend^ appuyées par rartiklerie Ad le 9* laneier& Im
lendemain 30, ee edaUtigent revint. à la eharge
sans plue de sueeèe, et fut repaus^^ abandonnant
âOO morts sur le terrain. Du côié des Anglais, les
pertes furent Sensibles : le colonel Yule, du 9* las*
dere et deua autres oiBciets fufent tués^ plumeurs
amrea fartot Messésk
^) ILé 16« et te dft' tiret h iûifertè ((ùé fa$ Um^tét^ àe ioMqf
s^Mitttt sif tiia eÀ)Mi «e isar «stever.
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bB9 ANGLAIS DANS L^INDB. 3^S
Les journées âû 21 et dû 22 juin se passèrent sans
(combat, ttials le 98 l^enhemi se (présenta en grandes
hlad^es du côté de Subzee-Mundce (la drdile et l'ar-
Hèfe du camp). L'affaire dura presque toute là jour*
née, et les cipayes combattirent avec achartiemént
Qoelquea maisons entourées de jardins, dans les-
qaellés ils sfétaient logés^ furent disputées vigoureu-
sement^ et les pertes furent considé^ables de part et
d'adtre, bien que celles des insurgés fussent inflrii-
ment supérieures à celles des assiégeants.
Là fin du mois de juin se passa en escarmouches
insignifiantes. Rendus plus prudents pai* ces échecs
multipliés, les défenseurs de Delhi se Renfermèrent
dans leurs murailles, et semblèrent avoir perdu là
figueur et la résolution dont ils avaient fait preuve
antérieurement.
Le 6 juillet, le général sir Henry Barnard suc-
tomba au bholéra, eotnme son prédécesseur le géné-
ral Anson. Le major- général Thomas Reid prit le
eomnààndement de l'armée de Delhi (i).
Le 8 et le 9 juillet, les Anglais eurent à repousse^
deux sorties , dont la seconde fut particulièrement
(1) Le major-général Thomas Reld, nommé au commandement
des troupes de Delhi après la mort du général Bernard, et qui a
succombé depuis lui-même sous les murs de la ville, était uq ofli-
der (inexpérience et depuis longtemps au service. Il était entré
dans rarmée en iSi3, et avait commaiidé une division de Tarmëè
iu Bengale. En iBU^t commandant une brigade à Tannée du
Sutledje, il avait eu un cheval tué sous lui à la bataille de Fe-
rozeshah. Une citation et une médaille témoignaient de sa bra-
TOttrë danà cette cdmpagne.
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S2& DB LA PUISSAKCiS IIILITAIRB
meurtrière. Les cipayes se présentèrent au nombre
de 8,000 environ, avec une batterie de campagne. Le
combat dura longtemps, et les assiégés ne perdirent
pas moins d'un millier des leurs; tes Anglais eurent
220 hommes hors de combat.
Malgré la supériorité obtenue par l'armée assié-
geante dans tous4es engagements qui s'étaient suc*
cédé depuis le 8 juin» la position des Anglais deve-
nait chaque jour plus critique. La saison des pluies
allait contribuer encore à augmenter les ravages du
choléra. La situation du camp dans un bas-fond,
abrité, il est vrai, des feux de la place par les hau-
teurs de THindoo-Rao, mais inondé, en temps de
pluie, par les eaux de tous les terrains environnants,
était détestable au point de vue hygiénique. La fièvre
et l'épidémie enlevaient autant d'hommes que le feu
de l'ennemi. D'un autre côté, comme au début de la
guerre de Oimée, l'organisation des ambulances était
déplorable, et chaque soldat blessé sérieusement pou*
vait être considéré comme un homme perdu. Vers le
milieu de juillet, les troupes européennes disponibles
devant Delhi ne dépassaient pas 2,000 hommes. Il
était urgent que les renforts attendus du Pendjaub
arrivassent au plus tôt.
•Malgré la tranquillité relative dont jouissait cette
partie de Plnde, quelques soulèvements avaient dû
être réprimés, et la nécessité de ne point dégarnir
complètement les provinces du nord-ouest avant'
d'avoir assuré leur obéissance, contribuait encore à
retarder l'arrivée du général Nicholson, ^i impatient
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DBS ANGLAIS DANS l'INDB. 325
ment attendu devant Delhi avec les parcs et les ren-
forts réunis par sir John Lawrence. Le ta juillet, le
général Nicbolson avait été forcé d'interrompre sa
marche, afin d'arrêter les rebelles de Seaikote (9* de
cavalerie légère et &6« d'infanterie). Il était parvena
à les disperser en leur tuant 300 hommes près de
Goodhapoor, et leur avait enlevé leurs bagages et
leur butin. Malgré ce succès, les forces des insurgés
allaient toujours en s' augmentant; si ceux du nord
étaient interceptés, ceux de l'ouest avaient les che-
mins libres pour se rendre à Delhi, et les rebelles de
Neemuch, repoussés dans leur tentative contre Agra
(5 juillet), étaient venus se joindre aux assiégés avec
les débris des régiments de Nusserabad.
Réduits à la défensive la plus absolue pendant la
seconde moitié du mois de juillet, les Anglais avaient
eu à repousser le 1&, le 18 et le 23 les sorties des
cipayes, et leur avaient tué beaucoup de monde, mais
au prix, de leur côté, de A ou 500 hommes hors de
combat. Dans la première de ces sorties, le brigadier
Cbamberlayn avait été blessé.
Dans les derniers jours de juillet, le général Reid,
atteint à son tour par le fléau qui avait emporté Anson
et Ramard, remettait le commandement de l'armée
au brigadier-général A. Wilson (1).
Le 1*' août, les assiégés sortirent par la porte de
Lahore, tournèrent de suite & droite en prenant le
(1) Ijb général Wilson avait remplacé le général HewiU dans le
commamlenieDt de la division de lleerot.
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^ DB 1*4 PUI8HNCIS Jlil|.IT4ill9
c))emiq qui traverse le petit panai et le pftlé de aiai?-
8on8 & proximité. De \k ils gagnèrent i^ chemin qui
mène aux hauteurs pour tomber sur la droite de (a
position des Anglais. Dan9 ces conditions, ils pou-
vaient aborder franchement le camp anglais, d'au-
tant mieux que rartillerie de campagne ne leur faisait
pas défaut. Mais les cipayes se laissèrent aller |i une
fusillade sans but qui dura même toute la nuit, et qui
pe meqa à rien de décisif.
Quelques jours plus tard, une seconde tentative
fut faite par la porte de Gachemyre. Les assiégés pri-
rent le chemin qui court parallèlement à |a Jumna,
et arrivés à la maison de sir Thomaa Metealfe ila se
disposèrent pour Tattaque de front de la ligne aa-*
glaise^ Les Européens n'attendirent pas que les
insurgés fussent arrivés jqsque sur eui. Descendant
rapide(nent des hauteurs, ils le^ abordèrent vigou-
reusement à la baïonnette, et les rejetèrent dans la
place.
L^ ipoment i^pprocfaait enfin oU Tarrivée des tw-t
forts du Pendjaub allait permettre aux asHégeaitS
de prenclrei ^ leur tpi^r Toffensive. 33 officiera et
500 hommes avaient été tués dans les diOéreniea af ^
faires que nous venons de passer en revue ; 1 ,iOO bles-
sés ou malades encombraient Tambulance au montent
de Tarrivéo du général Nicbolson. Le âO août, le
Sa"" d'inf^nterje légère, un détachement du 6ii, une
batterie de campagne, un bataillon de Beloutches
entraient d^ns le camp anglais, et, ce qui n'était |)as
moins précieux pour farmée asaiégeantCt un oaillMur
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Mt AUSLAIS »AMS l'iNBI. HT
iB pionpi^s sikhs aooompagnaient l« division ilii
général Nicholson*
Jugque*là, déeîmée par les maladies, obligée de
repousser les attaques ineessantes des eipay^s, Par-»
mée anglaise n'avait pu élever que les batteries indis^
pensables à la protection du camp ; et, il faut bien,
4u reste, le reconnatlre, elle avait montré, compie en
Grimée, qne incapacité, une aversion eitraofdinaires
pour les travaux de siège, i^e général Wlluen, devenu
commandant en chef par la mort de ses trois prédé-
eeaseors (Anson, Barnard, Reid), tous les trois enle«
vés pap le oholér^» &vait été obligé de pu^ilier Tordre
du jour spécial que nous transcrivons , pour faire
cemprendre aui soldats la nécessité de leur coopéra-?
tion aui travaux de tranchée (1) : « Le major général
» fait appel à tous les officiers de ce corps d^armée
» ppQP qu'ils prêtent une i^ssislance lélée et efficace
i^k rétablissement des travaux de siège qui vont
0 commencer. O^est plus parlioulièrement sur les offl*
a eiers de tous grades, qui sont persennellement atta»
» cbés à chaque régiment , quMi compte pour faire
» oemprendre aux soldats que travailler daps la tran-
» cbée pendant ud siège est aussi nécessaire et aussi
(1) Voici les termes de cet ordre : « Tlie maior-^enen^l çall;
Qpes thé offleers of the force to tend their zealous and efficient
coopération in the érection of the worics of the siège abont ta ke
cQQ^oiefiççd. (je \{^(^ Çl^^eçi^^ ta Wji^ xè^f»^^ «nfûcç^ |l ail
grades, to impress upon their men Ihat to yiork ïn the trenches
during a siège is as necessary and honorable as to fight in the
fshattie.»
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Si3B W LA PUI8SANCB MILITAIBB
» honorable que de se battre dans les rangs pendant
» un combat. »
Gest le 29 août seulement que la tranchée fut réel-
lement ouverte devant les bastions Uoree et de Ga-
chemyre,
A celte date, par suite des renforts qu'elle avait
reçus, Parmée anglaise s'élevait à 11,000 hommes,
sur lesquels il fallait compter 5,000 Européens, et
6,000 indigènes, Sikhs et Qhoorkas,
Celte force était ainsi divisée :
Une brigade (Vartillerie (commandée par le briga-
dier (iarbet) composée de : 5 compagnies d'artillerie
européenne montée, dont une sans ses canons ; h corn-
pagnies d'artillerie européenne à pied; enfin 2 com-
pagnies d'artillerie sikhe de nouvelle formation.
Une brigade du génie (commandée par le lieute-
nant-colonel Baird Smith) composée de : â compa-
gnies de sapeurs du génie (volontaires tirés des régi-
ments européens) ; 3 autres compagnies de sapeurs
sikhs; enfin 1,000 pionniers sikhs (noi armed or
disciplined) sans armes ni organisation régulière.
Une brigade de cavalerie (brigadier Grant) : 9* lan-
ciers anglais; k compagnies du 6* dragons de la
garde; 2 compagnies du 1*' régiment du Pendjaub;
2 compagnies du 2« régiment du Pendjaub ; enfin
2 régiments de cavalerie du Mooltan de nouvelle for-
mation.
Deux divisions df infanterie formant quatre bri-
gades :
1" brigade (brigadier Showers) : 75* de ligne an-
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. DBS ANGLAIS DANS L-lNOtt. S90
giais; 2« européen du Bengale; un bataillon gbwrka
de Kemaon.
. V brigade (brigadier Longfield) : 53* de ligne an-
giais; 60* de ligne anglais; un bataillon ghoorkade
Sirmoor.
S* brigade (brigadier Jones) : 8* de ligne anglais;
61' de ligne anglais; un régiment sikhc de nouvelle
formation.
&* brigade (brigadier Nicholson) : V régiment
européen du Bengale ; 2 régiments sikhs (Green et
Coke) de nouvelle formation.
En dehoi*s des brigades, le corps des guides.
Le 26 août, le train de siège tiré des places de
Ferozepore, de Phillour, etc. , et dont le départ avait
été retardé par la révolte du 10* dans la première de
ces villes, étant annoncé au camp, le général Nichol-
son se porta à sa rencontre avec une division, afin de
protéger son arrivée. Les insurgés de Delhi, de leur
côté, envoyèrent un détachement nombreux avec du
canon, afin d'intercepter l'entrée de ce matériel dans
les lignes anglaises. La rencontre de cette troupe
avec la division de Nicholson eut lieu près de NujuflL
ghur, et fut suivie d'un combat meurtrier dans lequel
les cipayes perdirent leurs canons et leurs bagages.
Les lieutenants Lumsden et Gabbett furent tués dans
cette affaire.
Le k septembre, on vit enfin arriver au camp
l'équipage de siège si impatiemment attendu. Ce ma-
tériel se composait de &0 pièces de gros calibre,
tant canons que mortiers et obusters, avec un appro<*
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880 M LA PUISSANCE MLITAIBB
vifiîennement considérable en munitipna. Avfe ttfi
train marchait un renfort de cent artilleurs eupopéeng,
le à* régiment sikfae, d'ancienne formationt lin deaii-
batailloD de Belouches (de Tannée de Bombay )« q|
les compagnies détachées du 8* et du 61« de ligne.
A dater du 7 septembre, l'établissement (les bat*
teries de brèche et les préparatifs de Tassant furent
poussés avec activité. Plusieurs batteries furent éle-.
fées pour contrebattre et éteindre le (bu du front
d'attaque, à petite dislance de Tenceinle, ce qui ren-
dit Topération meurtrière pour les Anglais. Deux offi*»
ciers, le lieutenant Hildebrand, de Tartillerie, et le
lieutenant Bannerman, du bataillon beloutche, furent
tués en dirigeant les travaux.
Le 8 septembre au matin, la batterie élevée eentra
le bastion Moree, pendant la nuit précédente» ouvrit
son feu avec une supériorité marquée.
Le même jour (8 septembre), on vit arriver le con-
tingent de Cacbemyre^ envoyé par le maha-r^dja
Rbambeer-Sing, fils de Goulab (1), pour faire partie
de Tarméede siège. Ce contingent se. composait de
9,8^0 fantassins» 150 cavaliers, et une oûoipagnie
d-artillerie sikbe avec fi pièces de 9 en bronze, et
3à sembourecks, petites pièces employées en Perse,
et qui Mot portées sur des dromadaires.
(Il Ço^lab-Siag, «Ipnt l^ pfiqçipa^jU avait é^ ffirm^, fipi^les
guerres ()u Pendjaub, d'une porUon des anciens éiats de Runjeel-
Sing, s'est montré d'une fidélité à toute épreuve pendant la guerre
de 1857. W est mort au mois d*août, et son fils, qui lui a succédé,
sttBble déeidé à suivre la nàme peliiique ^ Té^rd ém à^fUiSt
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D4^8 U nuit dq 8 septembre, )#9 AogUis s'emp^r
fèreqt 4'un enclos appelé le K^oiidsia-ftaghf Bitué à
300 rnè(re9 di) ba^tioq Moree, entre e^ bastion et ea-
|i(i dq pacbemyrq. Qn y commenga aussitôt rétablis-
sement de nouvelles batteries, qui reçurent Ig pièces
()u p)h# fQr( qaiîbre et 1 0 gros mortiers. Ge^ batteries
ouvrirpq^ |pur feu le li §ur le hastion c|e Caobemyrt
lit sur celui de la porte d'Sau [fVakr ha$lim).
Le i2, Tattaque dirigée du côté de la douane Qt
dp l^astiqn de Tplau fut renforcée p%r plusieurs baU^i*
fie^f qui reçurent k canons de 18 et 3 mortiers de
g pouces il% L'artillerie de la place fit toii^ sus
efforts pour pqtraver rétablissement de ces batteriei,
fil dinK^f^ 1^ f^^ 1q pins vif sur les pioqqierç. Ceui^-ci
|e trQUvM^nt exposés» non-seulen^ent au feu dea
canoqji dub^sliop de TEau, n^ais encore h^ celui d«||
pièces (tP gelimgurh, tirant à Ic^te yqlée, €|t àcelu)
d'un^ balt^rje pl^céq p^r |es cipay^a sur |a berg«
OPPQsé^ €|S la rivièr^.
C'^ en face du ba^tiqn de T^u que le eapitMoe
Fi(gin, scellent officie^ dqnt Ts^clivité ^vait rendu
le^ plus grande services, eut la tôtq emportée parUQ
ijQplet.
A partir du 11 septembre, 50 mortiers ou panqns
«vaieqt entretenu qn véritable orage de bombes et de
^qyl^ta |ur 1^ frqnl d'aHaque. Rendant Irais jour^ et
trois puitSi e% fpq terrible continua sans que Tob^-
nftUoq deft rebelles parût céder. L'inclinaison des
glafçi? ayant obligé )es <inçlais è. établir leurs balle-
rieft tr^ prè$ de rqneeiute, les cipaye^, lersqua l^s
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â&!2 DB LA i'UlSSAWGB lIlLlTAlBB
pièces qui garnisBaient les bastions eurent été dé*
nnontées, n'en continuèrent pas moins la défense, en
\ entretenant du haut des murs une fusillade très nour-
\ rie et que la proximité des assaillants rendait très
! efficace,
j Le 13, le bastion de Cachemyre était démantelé et
.^ cessait de répondre au feu qui était continuellement
dirigé contre lui. Les courtines environnantes de
chaque côté étaient également ruinées. De temps en
temps, un ou deux faibles canons, qui avaient rem-
placé les pièces de position sur les ruines dii bastion
^ Moree, répondaient encore à Taclive canonnade et au
\ bombardement dirigés sur cette portion de Tenceinte,
1 A Tautre extrémité du front d'attaque, le bastion
de TEau n'avait pas moins souffert : son magasin à
poudre avait fait explosion, et le seul canon qui, de-
puis le 12, continuât encore k enfiler les batteries
anglaises venait d'être démonté. Le 13 au soir, le
général A. Wilson jugea que le moment était venu de
donner Tassant et fit paraître un ordre du jour relatif
aux disposilioDs à prendre pour cette opération su*
prême, qui fut fixée pour le 1 &• Les prescriptions
contenues dans cet ordre étaient résumées de la façon
suivante :
<x Les troupes réunies devant Delhi ont eu à sup-
» porter de grandes fatigues depuis leur arrivée dans
» ce camp; elles ont été gaiement endurées par les
» officiers et les soldats. Le moment est enfin arrivé
» où le major-général espère que la fin de leurs
» peines est proche et où elles seront récompensées,
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DBS ANGLAIS DANS l'jNDK« 3$3t
» par la prise de la ville, du courage avec lequel
» elles ont supporté ies fatigues et les dangers du
» siège.
» Le major-général est certain que, quand le signal
» de Tassaut sera donné, l'énergie et la résolution
» anglaises surmonteront tous les obstacles, et que les
» assassins insurgés, avides de sang, contre lesquels
9 les troupes vont combattre, seront poussés tête bais-
» sée hors de leur repaire ou exterminés dans ses
» murs; mais il avertit que, pour obtenir ce résultat,
» il est absolument indispensable que les troupes se
» tiennent serrées et que les soldats ne s'écartent
» point de leurs colonnes, car, à ce prix seulement, le
» succès peut être assuré.
» Le major-général Wilson n'a pas besoin de rap-
» peler aux troupes les meurtres cruels commis contre
» leurs officiers et leurs camarades, et contre leurs
> femmes et leurs enfants, pour les exhorter dans
» cette lutte suprême. Aucun quartier ne doit être fait
» aux insurgés. En même temps, par humanité et
X pour l'honneur du pays auquel elles appartiennent,
» il leur recommande d'épargner les femmes et les
» enfants.
» C'est une nécessité tellement impérieuse, non-.
x> seulement pour leur propre sûreté, mais encore
» pour le succès de l'assaut, que les soldats ne s'é-
» cartent pas de leurs colonnes, que le major-général
» croit qu'il est de son devoir de recommander à tous
» les officiers de le faire comprendre à leurs soldats,
» et il espère fermement qu'après ces avertissements
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ÀS& DB LA POISSÀNGB ttltlTMliB
» le bon sens et la discipline suffironi à maintenir
1» ehàcbii dans la lignel de son devoir.
» On doit expliquer aussi à chaque régiment qu*il
« ti^ëst pas plermis de piller indislinctéinent; que des
» corbmissaireë aux prises ont été désignés pour réu-
» rlir et Vendre tous les objets capturés, et dont la
i' valeur sera répartie entre tous les combattants,
» coriformément stu"^ règlements établis sur ces ma-
i tières,èt que tout homme qui serait trouvé coupable
3i d^aVoir voulu cacher des objets capturés serait forcé
» de les restituer et perdrait tous ses droits aux prises
39 générales; il serait en outre, suivant le cas^ livré
if au maréchal-prévôt pour être jugé sommairement. »
Le lA, au point du jour, tes colonnes d*attaque,
àii notnbrè de quatre, furent disposée^ pour Fassaut.
Deux d'entre elles devaient opérer contre le front
d'attaque, la troisième en réserve. La quatrième»
domposée des Ghoorkas et du contingent nouvelle-
rtient arrivé de Cachemyre, avait Tordre d'opérer une
diversion èh attaquant le faubourg de Rissenguhge,
qui fait face à la porte de Lahore, du côté occidentat
de la ville. Si elle réussissait à enlever ce faubourg,
cette colonne devait attaquer et faire sauter la porte.
L'ennenli occupait en forces le faubourg de^ Rissen-
guhge aVec une batterie de fort calibre.
Malgré la bravoure des Ghoorkas^ dont le com-
rhandârtt, le indjor Reid, fut grièvement blessa, la
(Quatrième tolonnè fut repoussée sans avoir pu rera-
pllir sa mission. Les ('.achemyriens ne montrèrent que
pect d'élan et n'appuyèrent que très faiblement le
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BBS ANGLAIS BANB l'iNM. SiS
bataillon Sirmoor» qui marchait en tête et qui dat se
replier Après avoir essuyé des pertes asses sérieuses:
Sur le front d attaqué, tout se passait^ au contraire^
peilr le miëui. L'ouverture de la porte de Oaehe-^
myre devait être le signai du combat, ca^ les brèches
ii'étaient point aséez praticables pour permettre Tes-
ealàde sans échelles. La nlission de faire sautet* lA
porté de Cacbemyre fut confiée au lieutenant Salkeld^
des ingénieurs, qui s'en approcha, avec trois sergents
portant les sacs de poudre^ Sous un feu terrible de
meusqueterie.
Un tergent fut tué; le lieutenant Sâlkeld eut lé
braa traversé par une balle, mais il n'en continua
pas inoins à avancer avec ses deux compagnons. Ils
étaient sous le feu de vingt fusils dirigés contre eu]i
il travers les ouvertures de la porte et les meurtrières
dH mur. Malgré cette périlleuse situation, ils parvin-
rent cependant à placer la poudre contre tes mon->
kanisde la porte; mais le lieutenant Salkeld reçdt iinë
seconde blessure à la jambe et fut tué; le second
sergent fui criblé de balles au moment oii il àtppro^
ebait la mèehe du pétard ; le troisième seul survécut.-
Une explosion terrible renversa la porte ëd même
instant et livra passage à l'une des colonnes d'assâUt.
Les beimmes de la seconde se préoipitèrelit dans le
fossé et entrèrent par les brèches. Quelques itistants
pitts tard, les troupes anglaises envahissaient ta Ville
Qilmme un torrent sur tous les pointe do froni d*at*
Ui(}ue et défiaient toute résistance.
Les premiers assaillants s'emparèrent sans tarder
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386 DB LÀ PDISSANCB UILITAIAB
des grands b&limeuts qui environnent la porte dé
Caciiemyre» puis, faisant irruption le long des rem-
parts, dans la direction de la porte de Caboul, ils
occupèrent le bastion Moree et la partie de renceinte
qui s'étend jusqu'à celte porte.
Sur la gauche, la ligne du fFaier Bastion jusqu'à
la porte de Gachenriyre tombait presque en même
temps aux mains des Anglais, ainsi que le temple, le
collège, les bâtiments de la douane et une grande
partie du quartier européen.
L'ennemi, qui d abord croyait être repoussé sur
tous les points, n'opposa dans la première phase de
l'assaut qu'une résistance as$ez faible; mais, vers lé
milieu de la journée, instruit de l'échec essuyé par
la quatrième colonne du côté de la porte de Lahore, il
reprit courage et se maintint en possession du bastion
de Lahore et du bastion Burn^ ainsi que, do reste,
de^l'enceinte du côté des bastions GarâUon, Akbar et
Tourkman. Ses tirailleurs continuèrent à occuper
également le palais impérial, le Selimgurh, les arse*
naux et magasins^ ainsi que la plus grande partie de
la ville* Toutefois, ils n'essayèrent pas de reprendre
la ligne d'ouvrages qu'ils avaient perdus sur le côté
nord de la place, et les Anglais purent employer la
nuit du 1& et la journée du 15 à s'établir solidement
sur la portion de l'enceinte comprise entre la porte
de Caboul et le bastion de TKau. Dans la même
journée, on commença à battre en brèche le mur de
l'arsenal, et Ton mit en batterie les pièces destinées
à répondre à l'artillerie dont les insurgés disposaient
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DES ANGLAIS DAMS l'iNDE, 3^7
encore, notamment & la batterie de Kissengunge»
qui, armée de cinq mortiers de 18, était fort incom-
mode pour les troupes établies sur la portion nord-
ouest de Tenceinte.
Le 16, à la pointe du jour, les magasins étaient
pris d^assaut à l'aide d'une brèche pratiquée du côté
du collège, dans le voisinage de Tenceinte. Les ci*
payes avaient sur ce point six canons chargés & mi-
traille auxquels Timpétuosité des assaillants ne laissa
pas le temps de mettre le feu. Le 61* de ligne et les
détachements du bataillon beloutche et des carabi*
niers de Wilde se distinguèrent particulièrement dans
cette affaire, dont le résultat remit 12d pièces de ca-
nons aux mains des Anglais.
Pendant toute cette phase de l'assaut, le quartier-
général avait été établi dans la maison qui était au-
trefois occupée par le régiment de cavalerie irrégu-
Hère renouvelé (1). C'est de là que partaient tous les
ordres prescrivant les dispositions à prendre pour
chasser l'ennemi du Selimgurh et de la Djem&a-Mus-
jid, qui restaient encore en son pouvoir le 16 au soir.
Les pertes éprouvées par les Anglais dans cette
série de combats étaient déjà grandes : 9 officiers
avaient été tués surplace; plusieurs autres, parmi
lesquels se trouvait le général Nicholson, moururent,
après la prise de la ville, de leurs blessures ; â& étaient
(i) Cette maison, appelée le Skinner^s bouse, est ainsi nommée
parce qu*elle avait été construite par le fameux mul&tre ou Eura-
sien de ce nom, un des plus brillants officiers parmi les troupes
irrégulières de 1 Jnde.
22
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338 DE LA POISSANGB MILITAIRE
hors de combat, et 900 hommes, tant européens
qu'indigènes, étaient tués ou blessés.
Dans la matinée du 17, la Banque était prise, et ce
progrès donnait tout d'abord aux canons anglais Ta-
vantage décommander le palais. Cependant, les in-
surgés, dont les pertes avaient été considérables jus-
que-là, mais qui savaient leur retraite assurée par le
pont de la Jumna, ne paraissaient pas encore décou-
ragés et continuaient à se défendre énergiquertient,
tout en se repliant sur \A partie orientale de la ville,
ailh de n'être point coupés de leurs communications
avec le pont Cette dernière considération leur faisait
abandonner complètement, dans la soirée du 17, la
batterie de Kissengunge, et les pièces qui la compo-
saient portaient bientôt k 800 le nombre des canons
récupérés par les Anglais.
Dans la même journée du 17, lé commandant de
la force auxiliaire de Cafchcmyre, le dewan Hurl*ee-
Ghund, succombait au choléra. C'était une perte re-
grettable pour le maharaja Rhumbeer-Sing, dont le
dewan était un des serviteurs les plus dévoués et les
plus expérimentés.
Pendant les journées du 18 et du 19, les Anglais
continuèrent à faire de nouveaux progrès; l'ennemi
ne soutenait plus qu'une lutte partielle et inconstante
du haut des maisons dans le quartier de la Djemâa-
Musjid ; son but n'était pluo ^ue de donner à ses ba-
gages le temps de prendre les devants sur la rive
gauche de la Jumna. Les cipayes avaient reconnu,
dès le 18, que la ville n'était plus tenable, et ils avaient
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DBS ANGLAIS DANS L'INDE. 339
immédiatement pris toutes leurs mesures pour mettre
en sûreté leur butin et leurs familles, en se proposant
de les suivre à leur tour lorsque l'encombrement au-
rait cessé sur le pont. Des flots d'hommes et d'ani-
maux sortaient aussi par la porte Adjmeere, et cette
étrange émigration n'est certainement pas l'un des
épisodes les moins frappants dans l'histoire de cette
guerre.
Le 20 septembre, par suite de l'abandon de Kis-
sengunge par les révoltés, le bastion Burn et la porte
de Lahore, avec six canons et un mortier, étaient
pris sans combat. La porte Adjmeere et les ouvrages
extérieurs qui l'entouraient du côté du camp des ci-
payes avaient cessé leur feu et étaient abandonnés. Il
en était de même de la Djemâa-Musjid et du palais,
dont les derniers défenseurs étaient exterminés ou «n
fuite.
Après six jours d'un combat ininterrompu, Delhi
était enfin aux Anglais; 61 officiers et 1,718 hommes
tués ou blessés attestaient l'énergie déployée par les!
cipayes dans la défense de la ville.
Le général Nicholson, le major Reid, du bataillon
de Sirrooor; le colonel Campbell, du 52% figuraient
parmi les officiers blessés. Les lieutenants Bradshaw,
du 52'', et Fitzgerald, du 75% comptaient au nombre
des tués.
A partir du 19 septembre, une panique générale
semblait s'être emparée des insurgés. Us avaient dé-*
serté leur camp devant la porte Adjmeere, abandon-
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3A0 DE LA PDISSANGB MILITAIRB
nant leurs tentes, leurs vêtements et leurs munitions.
Quelques jours plus tard, Delhi était complètement
dépourvue d'habitants. Les maisons, les mosquées^
les bazars, étaient vides; la capitale de T Inde mu-
sulmane, avec ses 150,000 âmes, ressemblait à
Pompel ou à une de ces villes des contes arabes dont
les habitants sont changés en pierres.
Le 21 septembre, le capitaine Hodson, envoyé^
avec un détachement de cavalerie légère, à la pour-
suite des insurgés, atteignit le vieux roi, qui fut ra-
mené prisonnier à Delhi. Le même détachement,
ayant entouré la tombe d'Humaioun, non loin de
Kooluby s'empara des princes Mirza-Moghul, Mirza*
Khisra et Mirza-Aboo-Buser, fils et petit-fils de TEm-
pereun Ces rebelles royaux avaient pris, on le sa*
vait, la part la plus active à la rébellion ; ils furent
exécutés sur place et leurs corps exposés devant la
résidence, aux regards des rares habitants qui com-
mençaient k rentrer en ville et à reprendre possession
de leurs maisons.
Le S3, deux forles colonnes furent organisées pour
rétablir Tordre dans les environs de Delhi et sortirent
de la place dans la matinée. Chacune comptait
1,600 hommes d'infanterie, 500 hommes de cavale-
rie, un détachement d'artillerie à <^heval et 16 ca-
nons. Ces colonnes, lancées sur la rive droite et sur
la rive gauche de la Jumna, devaient empêcher toute
tentative de rassemblement des rebelles, en fuite
dans les directions de Muttra et d'Âlighur.
La première de ces colonnes» commandée par le
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DliS ANGLAIS DANS l'iNINB. 3&1
colonel Greathed , surprit la queue des fuyards qui
se dirigeaient sur TOude à Bolundshuhur, où les re-
belles dMhansi avaient pris position avec du canon,
afin de couvrir la retraite. Après un engagement assez
meurtrier, les insurgés furent culbutés et poursuivis
dans toutes les directions, abandonnant leurs canons
et leurs munitions. Le lendemain, le colonel Greathed
fit sauter le fort de Malarghur, qui était évacué par
Tennemi, et, le S9, il occupait Alighur, ayant com-
plètement nettoyé les abords de Delhi sur la rive
gauche de la Jumna.
La seconde colonne, qui devait être commandée
dans le principe par le général Nicholson (mort de
ses blessures le S3), avait suivi de son côté la route
d'Agra et atteint les fuyards de la rive droite, le 28,
à Muttra. Quelques coups de canon avaient suffi pour
les disperser, et, à dater de ce jour, la tranquillité
était complètement rétablie dans le district de Delhi.
Toute l'attention allait se porter désormais sur TOude,
dont le général Havelock dégageait le 25 septembre
Phérolque garnison à la suite d'une série de combats
qui feront l'objet d'un chapitre spécial de ce résumé
historique.
11 est inutile de faire ressortir ici l'importance de
la prise de Delhi et l'influence qu'elle ne pouvait
manquer d'exercer sur la suite des opérations. Pour
employer l'expression d'un des organes les plus ac-
crédités de la presse anglaise, cette victoire avait
cassé le cou à rinsurrectiorij la tête de la révolte était
écrasée, il n'en restait plus que des tronçons dis*
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•^/|2 DB LA PUISSANCE MILITAIRB
perses qui allaient se tordre dans leur impuissance.
Toutefois, bien que l'attention fût concentrée sur
Delhi et que la chute de cette capitale fût à bon droit
considérée comme le point capital de la lutte, les
difficultés de la guerre^ en changeant de nature, ne
cessaient point pour cela d'exister.
La prise de Delhi devait avoir pour conséquence
naturelle la liberté d'action rendue à bon nombre de
/ses défenseurs, qui allaient se présenter sur d'autres
points et grossir d'autres corps de rebelles. On devait
s'attendre à les voir errer en troupes suffisamment
nombreuses pour piller les malheureux habitants
dans les districts situés en dehors de la sphère d'ac-
tion des détachements anglais. De tout temps, ce
genre de vie a été familier aux tribus militaires de
rinde, qui estiment plus honorable de vivre par
l'épée que par la charrue.
On n'a pas oublié les ravages exercés par les Hah-
rattes et les Pindarries, et les brigandages commis
dans rinde centrale par les Radjpoots. On a vu l'un
des meilleurs généraux de l'Angleterre, l'illustre
Wellesley, obligé de lutter contre un chef de voleurs
(Hoondiah-Waught) et réduit à le combattre en ba-
tailles rangées comme une puissance régulière. Jus-
qu'à l'époque des grandes guerres dans lesquelles
l'Angleterre a dispersé les tribus pillardes de l'Inde
et assis définitivement son autorité sur des contrées
qui, jusqu'alors, avaient été des repaires où le bri-
gandage s'exerçait sur la plus grande échelle, il y
avait en Asie des millions d'hommes qui ne vivaient
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DBS ANGLAIS DAN^ l'iND^, 34^
que de pillages, de vols et de meurtres. Formés eo
bandes ()e plusieurs milliers d'hommes, recrutant
tous les soldats des contijigents licenciés dans les
États annexés, ils s'éjançaientà la recherche du butin
le plus riche ou le plus facile, soit dans une ville» soi|;
dans une province,
La guerre actuelle, jl faut raisonnablement s'y at-
tendre, doit avoir pour effet de ramener jusqu'à un
certain point les choses à cet ancien état, que bien
des vieux indigènes, jMusulmans ou Hindous, re-
grettent vivement comme Tâge d'or de leur pays,
]/armée du Bengale, les cipayes chassés de Delhi, de
Lucknow, reprendront, pour un temps au moins, les
usages de leurs ancêtres, dont ils conservent, dit-on,
le souvenir par des histoires et des poèmes tradition-
nels.
Ce qui importe le plus aujourd'hui, c'est que |,es
mesures adoptées soient les plus propres à diminuer
la durée de cette ère de désordres et de dévastation^
et, il ne faut pas se le dissimuler, ce ne sera pas unç
t&che facile que de purger le sol de maraudeurs à
qui le désespoir peut donner quelque courage et qui,
certainement, multiplieront leurs crimes en propor-
tion de la brièveté du |emps qui leur sera laissé.
L'étude des moyens à employer pour dominer cette
situation, l'examen des modifications ou des réfortpes
que l'Angleterre doit apporter dans l'organisation de
sa puissance militaire dans les Indes, enfin la disci^-
sion du plan de campagne et du mode de guerre qui
seront suivis par les généraux anglais, sont autant de
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â&ft DE LA PD1S8ÀRCB MîLITAtRB
questions qui doivent mériter toute Tattentlon du
monde militaire et sur lesquelles nous nous proposons
de nous arrêter en terminant notre travail.
Si grave, du reste, que soit la position des Anglais
en présence de leurs colonies révoltées, il ne faut pas
oublier, pour la juger sainement, tout ce que ce
peuple apporte de persévérance dans ses entreprises.
La volonté, la ténacité, qui caractérisent à un si haut
degré la race anglo-saxonne, sont précisément les
qualités qui lui seront le plus utiles pour mener à
bonne fin la pacification de Tlnde; elles pèseront plus
dans la balance que les gros bataillons. Ces qualités
ont brillé du plus vif éclat au milieu des épreuves de
1857, et, comme le proclame à juste titre le gouver^
neur-général dans Tordre du jour par lequel nous
terminons ce chapitre, TAngleterre leur a déjà dû de
voir se terminer heureusement, .et sans Taide des
renforts de la mère-patrie, Tépisode le plus impor-
tant qui soit à enregistrer depuis le commencement
de la guerre.
Fort WilUana, 2 octobre.
a Le très honorable gouverneur-général a reçu en
9 conseil la nouvelle que Delhi est tombé entre les
» mains deTarmée du major-général Wilson.
» Delhi, le centre de la trahison et de la révolte
» qui, pendant quatre mois, ont agité THindoustan,
» et la forteresse dans laquelle l'armée mutinée de
» Bengale a essayé de se concentrer, ont été arrachées
» aux rebelles. Le roi de Delhi est prisonnier dans
» son palais. I^ quartier-général du major-général
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DBS ANGLAIS DANS l/iNDB. 3&5
» Wilson est établi dans le palais impérial. De fortes
B colonnes poursuivent les fuyards.
» Quels que soient les moUrs qui ont excité les sol-
» dats à la rébellion et au crime, il est certain quMIs
n y ont été encouragés par cette croyance, que les
9 Indes étaient faiblement protégées par TAngleterre
» et qu'avant que le gouvernement pût rassembler ses
« forces ils auraient atteint leur but.
i» Ils sont maintenant détrompés.
» La tâche s* est donc trouvée accomplie avant que
» les bataillons détachés au Bengale par les forces de
» la Reine qui sont en Chine et ceux envoyés par les
9 colonies de TEst aient pu parvenir jusqu'à Tarmée
9 du major-général Wilson. G*est par le courage et la
» patience de cette armée seule, par Thabileté, la
» prudence et Ténergie de leur brave chef, par Taide
9 de quelques indigènes restés fidèles au devoir, enfin
9 par la bénédiction de Dieu, que la tête de la rébel-
9 lion a été écrasée et que la cause du patriotisme, de
9 Thumanité et de la civilisation a été vengée.
9 Le gouverneur-général ne veut pas tarder un
» instant à exprimer sa reconnaissance aux ofliciersy
9 aux soldats et au commissaire du Pendjaub, qui
9 vient de rendre dans cette crise un service signalé
9 à Tempire.
9 C'est à sir John Lawrence, K. C. B. (1), qu*on
9 doit le salut de l'armée devant Delhi. Depuis long-
Ci) Ces initiales , que 1*od retrouvera quelquefois encore à la
suite du nom des fonctionnaires ou généraux anglais que nous
aurons à citer, indiquent leur grade dans l*ordre du Bain.
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S&6 DR LA PUISSANCE MIUTAIRB, BTC.
» temps privée de tout secours, elle aurait été aDéau-
x> tie peut-être sans Tactivité de sir John Lawrence,
» qui a su lui faire passer des renforts et a mis son
» commandant en état de garder sa position et de
» remporter un succès complet.
» Par ordre du gouyerneur-généra} de Tlnde en
» conseil,
» R.-J.-H. BiRGH,
Colonel et secrétaire du gouvernement de rinde.
4
Cet ordre du jour et les éloges quUl renferme n'é-
taient que justes. Les vainqueurs de Tantique cité
mogole avaient bien mérité de l'Angleterre. En di-
sant : // était de l'armée de Delhi^ on devait résumer
dans l'avenir, pour tous ceux qui avaient assisté à
cette lutte mémorable, tous les titres de gloire que
peut ambitionner un soldat.
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CHAPITRE XV.
SoiOfAiRE : La guerre (POwie et le siège de Lucknùw. — Traités
de la Compagnie avec les souverains de TOude. — Détails sur
le prince dépossédé et sur sa famille. — Situation du dernier
roi visÂ-vIs des Taloukdars ou grands propriétaires. — Anar-
chie résultant de la faiblesse du gouvernement. — Caractère de
la révolte dans TOude. — Elle n'est pas plus nationale dans
cette province que dans le reste de llnde. — Villes principales
de rOude, description de Lucknow; esprit de sa population.
— Forces militaires^européennes et indigènes, au début de la
révolte. — Mesures adoptées par sir Henry Lawrence. — Affoire
de CbinâL — Évacuation des cantonnements et du Muchee-
Bawan. — Description de la Résidence, son enceinte, sonr sys-
tème de défenses. — Mort de sir Henry Lawrence. — Souffrances
inouïes des assiégés. — Mort du major Banks, second com-
mandant de la Résidence. — Le Français Duprat. ^ Assauts
du 2, du 8, et du 20 juillet; du 18 août et du 5 septembre. —
Les généraux Havelock et Outram. — Forces et composition de
la colonne de Cawnpour. — Passage du Gange (19 septembre).
Combat deMungarwar (21 septembre). — Combat d'Alurobagh
(23 septembre) — Ravitaillement de la Résidence et mort du
général Neill (25 septembre), — Ordre du jour du gouverneur-
général. — Second siège de la Résidence. — Expédition du
général en chef sir Colin Campbell. — Seconde délivrance de
la Résidence. — Évacuation du poste. — Mort du général
Havelock. — Rapport du colonel Inglis, troisième et dernier
commandant de la Résidence. — Ordre publié par le gouver-
neur-général en conseil, à Toccasion des sièges de Lucknow.
Fondé en i711, à l'époque du premier démembre-
ment de Tempire mogol sous Schah-Alum 1^, le
royaume d*Oude, ainsi que nous l'avons vu au cha-
pitre 6, eut pour premier souverain Saadet-Khan, le
chef de la dynastie actuelle, dont le dernier héritier,
Wajid-Ali, dépossédé en 1856 par lord Dalhousie,
est, au' moment où nous écrivons, prisonnier à Cal-
cutta (1).
(1) Malikah Kischwar (la souveraine du pays), la reine douai*
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3&8 DB LA PUI8SANGB MILITAIRE
C'est à Tannée 1765 qu*ii faut remonter pour
trouver le premier traité conclu par l'Angleterre avec
les souverains de TOude. Trois ans auparavant,
Souja-Doula, le roi régnant» s'était acquis une grande
influence dans le haut Hindostan par la victoire rem*
portée à Paniput sur les Mahrattes; mais, en 176ii,
son intervention dans les démêlés de la Compagnie
avec le soubah du Bengale, Hir-Cossim, avait grave-
ment compromis son indépendance* Défait k la ba-
rière d*Oude, qui est venue mourir à Paris au mois de février der-
nier, était veuve du roi d**Oude Amjad-Ali-Scbah, et mère du
sulun Ifoliammed Wajid-Ali-Schali»le roi dépossédé en 1856.
Cette reine, à qui son dévouement aux intérêts de son flis et ses
malheurs assurent une place distinf^ée parmi les personnages de
rinde contemporaine, éuit fille du nabab Hussein -Uddin-Khan-
Babadour, lequel était fils du nabab Nizam Uddaula-lfuln-Ulmuk,
grand visir d'Alum-Gbuir II, empereur de Delhi.
Le roi d'Oude Wajid-Ali> sous la dir^tion de cette mère éner-
gique et dévouée, a reçu (au point de vue oriental du moins) la
plus brillante éducation. Ce n*est pas une brute comme certains
journaux Font affirmé ; il est versé dans Fhistoire et dans la litté-
rature ancienne et moderne, et auteur de plusieurs ouvrages
estimables dont on trouve même des exemplaires dans les biblio-
thèques de TEurope. Quelque opinion que Ton ait d^ailleurs sur
Wajid-Ali, quant à la politique et à Tadministration , on doit
néanmoins le considérer comme un écrivain bindoustani remar-
quable. Le choix des persounages qu*ii avait désignés pour accom-
pagner sa mère en Europe, et qui semblent tous avoir été ses
commensaux et ses amis, vient à t*appui de cette opinion sur
la culture d*esprit du monarque d*Oude. Parmi les serviteurs en
quesUon, le Ifoulvie M abi-Eddin est auteur d'une géographie et
de plusieurs histoires; — le said Abdullah, Finterprète de la reine
défunte, et qui a épousé une Anglaise, est également un poète
rempli de grâce. Les journaux ont rendu compte de son élégie
sur la mort de sir Henry Lawrence, et de ses impressions de
voyage : Guldasta-i^Inglistan (le bouquet d* Angleterre).
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DES ANGI^ilS DANS L'iNDE. 3&9
taille deBouxar par sir Hector Munroe, Souja-Doula
avait été réduit à se rendre au colonel Carnac et à
implorer la clémence des Anglais.
A cette époque, les Goorkbas, les Porbottis, les
Nepaulèses, aujourd'hui les alliés fidèles de TAngle-
terre et qui rendent dans les montagnes situées au
nord du royaume d'OudOt vivaient dans des habi-
tudes de désordres et de brigandages qui les ren«
daient un sujet d'inquiétudes perpétuelles pour les
provinces du sud.
Lord Clive, appréciant le caractère de Souja-
Doula, résolut de faire du royaume d'Oude une bar-
rière infranchissable entre le Bengale et ces tribus
guerrières du haut Hindostan. C'est dans ce but qu'il
rétablit Souja dans ses États et que fut conclu, au
mois d'août 1765, le premier des seize traités qui ont
réglé successivement jusqu'en 1837 » date du dernier^
la situation politique du royaume d'Oude vis-à-vis de
la Compagnie.
Sans prétendre justifier ces annexions de terri-
toires qui se sont accomplies d'année en année sous
la pression de la nécessité, et souvent par des con«
quérants sans le vouloir, nous allons entrer, à cause
du rôle important que joue le royaume d'Oude au
milieu des événements contemporains, dans quelques
détails sur les circonstances qui ont amené son alh
sarpHm par la Compagnie.
En 1801, quelque temps après l'apparition des
Affghans de Zemanschah sur la rive gauche de Tin-
dus, préoccupé des dangers que pouvait faire courir à
Tempire anglo-indien le retour de ces peuplades
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350 DE LA PUISSAIVGB HiLitAIBB
guerrières, le comte de Mornington crut devoir leur
enlever des auxiliaires probables en poursuivant le
licenciement des armées indigènes entretenues par les
souverains soumis à Tascendant de la Compagnie.
J.e roi d'Oude était du nombre. Sous la main de fer
qui rétreignait, le malheureux prince dut céder. Par
le traité de 1801, son pouvoir militaire fut annulé,
ses troupes indigènes furent licenciées, et la Compa-
gnie lui imposa l'abandon d'un territoire dont les
revenus étaient l'équivalent de la solde d'un corps de
troupes anglaises mis gratuitement & sa disposition.
Les districts cédés à la Compagnie représentaient un
revenu d'environ 38 millions (13,523,474 roupies).
En échange, la Compagnie garantissait au roi d'Oude
et à ses successeurs la possession du surplus de ^n
royaume, avec l'eœercice de leur commune autorité.
Le roi s'engageait, en outre, à établir dans ses pos-
sessions réservées un système d'administration favo-
rable à la prospérité des habitants et calculé de ma^
nière à sauvegarder leurs vies et leurs propriétés;
a il devait^ d'ailleurs, cofisulter sur toutes choses les
agents de l'honorable Compagnie^ afin d*agir de tous
points conformément à leurs conseUs. »
L'état de choses ainsi constitué en 1801 par Henry
Wellestey (1) s'est maintenu jusqu'en 1856, époque
de l'annexion. On comprend aisément à quoi s'est
trouvée réduite, pendant cette période, la souverai-
neté garantie aux princes de TOude. Plongés dans les
(i) Frère cadet du comte de Mornington et du duc de Welling-
ton, chargé, sous Tadministration du premier, de régler la situa-
tion des princes d'Oiide vis-à-vis de la Compagnie.
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DBS ANGLâl^ DANS L^fNDÉ. 851
'ihf&mes voluptés du zenanab, ce mauvais Héu où,
suivant Texpression d'un écrivain anglais, il n'y avait
de chaste que les eunuques, de raisonnable que les
animaux apprivoisés, les prédécesseurs de Wajid-All
sont passés tour à tour sur le musnud sans laisser
trace d*uhe Initiative politique quelconque.
Leurs ministres , dépositaires de cette ombre de
pouvoil* qui leur avait été laissée, et incapables de
maintenir dans Tobéissatice les Zemtndan ou Tcdouk-
dars^ ces sujets émancipés qui, dans le domaine
royal, se taillaient chaque jour des baronnies indé-
pendantes, ont été tenus dans une terreur incessante
de cette féodalité turbulente organisée dans TOude,
comme dans le reste de Tlnde, pendant les années
d'anarchie qui suivirent la chute de Tempire mogol.
La population du pays d'Oude étant essentielle-
ment militaire, en vertu de traditions et de circon-
stances historiques qui se perdent dans la nuit des
âges, les Zemindars n'éprouvaient aucune difficulté à
enrôler deft bandes d'hommes d'armes prêtes à mar-
cher au premier signal de leur patron, et contre
n'importe lequel de ses ennemis, fût-ce le souverain
lui-même. Sous les derniers rois d'Oude, et particu-
lièrement sous le règne de Wajid-Ali, les Zemindars
n'étaient plus, comme dans le principe, les riches
propriétaires ou fermiers dont nous avons marqué la
place et les attributions dans notre tableau de l'orga-
nisatioa politique et sociale de l'empereur Akbar :
c'étaient de hauts et puissants seigneurs ayant forte-
reiBse à créneaux^ menant leur contingent à la guerre
et toujours prêts à se révolter contre leur souverain si
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352 DB LA PDI8SANGB MILITAIBB
celui-ci s'avisait de prendre trop au sérieux ou ses
droits ou ses devoirs xhouarchiques.
Voici en quels termes le colonel SIeeman (1) ré-
sume la situation du pays d'Oude pendant les der-
nière&années qui ont précédé l'annexion : « Àu-des-
» sus d'une population misérable, que déciment les
» guerres privées, qu'épuise l'impôt perçu sous mille
» formes, régnent en définitive les Taloukdars, ces
» grands barons dont nous avons parlé. Autour d'eux
» tout est corvéable à merci. Ils peuvent impunément
» commettre les crimes les plus odieux ; aucun re-
» dressement possible contre leurs usurpations tyran-
» niques. Le gouvernement, auquel ils dérobent ou-
» vertement les deux tiers du revenu que les taxes
» produisent, n'a pas le pouvoir de punir ces inso*
» lents déprédateurs; il en a encore moins la volonté.
» Pourvu qu'ils achètent à beaux deniers comptants
» le ministre en exercicct pourvu aue les jongleurs,
9 les musiciens, les bayadères du palais, soient am«
» plement défrayés ; pourvu que le nabab voie s*éta-
» 1er dans les orgies dont on le berce le même luxe
» grossier, tout est bien et tout peut marcher ainsi.
» Cette insouciance brutale n'existât-elle pas, que
» pourrait un prince comme celui qui règne à Luck-
(i) Le colonel sir WiUiam SIeeman, depais général et chevalier
de Tordre du Bain, etc«, est surtout connu par son histoire des
Thuggs (étrangleurs), et par la participation active qu'il a prise
à la destruction de cette secte soi-disant religieuse; il a publié la
relation de son yoyage dans FOude six ans avant Tannexion.
(A joumey through thekingdom of Oude, 1849-1850; with a pri-
vate correspondance relative to tbe annexation, etc.)
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DES ANGL4IS DANS L^INDB. S53
» now conlre 250 grands vassaux, dont un seul peut
» mettre sur pied 10,000 hommes, et qui possèdent
» entre eux tous 500 pièces d* artillerie? A^ussi se
9 garde-t-OQ de les mécontenter en quoi que ce
» puisse être, et, encouragés ainsi, ces fiers seigneurs
A en viennent parfois à d'étrangesr extrénnités. L'un
» d'eux, Gholam-Husrut, a deux forteresses où il se
» retire lorsqu'il se croit menacé. S'agit-il de recru-
» ter ces garnisons, il envoie à Lucknow des hommes
» à lui, chargés de faciliter l'évasion des prisonniers
» détenus pour cHmes et délits. Une de ces tentatives
» (18&9) eut les résultats suivants : 5 des prisonniers
» furent tués, 25 furent repris, kl s'échappèrent et
» allèrent prendre du service sous le drapeau de leur
» libérateur. »
Faut-il à cet exemple en ajouter mille autres?
Faut-il parler des radjahs de Bitholee, des deux
Gorbuksh, père et fils, dont l'un écume les routes,
tandis que l'autre s'empare ouvertement des deniers
de l'État, et le tout en cumulant comme leurs an-
cêtres, depuis nombre de générations, les fonctions
de magistrats héréditaires» d'officiers publics, d'ad«
ministrateurs des revenus du gouvernement!
Ce qu'une pareille situation entraînait de consé^
quences déplorables est facile à deviner. Les petites
guerres féodales de Talpukdar à Taloukdar, sous le
dernier règne, allaient chaque jour ruinant davan-
tage le pays. On ne cultivait plus en paix que les
terres possédées par ces riches seigneurs» et là seule-
ment pouvait s'apprécier la fertilité de ce magnifique
23
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â5& Dfi LA PUISSANCB HILITAIRB
territoire réduit à l'état de désert par le désordre de
Tadministration.
Le laboureur, quand il avait vu sa moisson rava-
gée, sa chaumière détruite, désertait ou te pays ou
son ingrat métier. Il émigrail ou se faisait brigand.
Pour peu qu'on suive les conséquences inévitables
d'une pareille insécurité, on comprendra aisément
pourquoi le pays d'Oude est si essentiellement un
pays guerrier. De tous côtés, des forteresses cachées
dans les bambous, dans les jungles, que Ton s'abste-
hail tout exprès de défricher ; des partis errants, des
bandes de pillards auxquelles on en opposait d'autres.
Le gouvernement était obligé de recouvrer une par-
tie de ses contributions à force ouverte; la police
était organisée en guérillas; une foule d'hommes vi-
vaient sans autre vocation, sans autre industrie, que
le maniement du ivlwar ou du fusil à mèche ; puis,
brochant sûr le tout, le recrutement pour l'armée de
la Compagnie , pratiqué là sur une plus grande
échelle que dans toute autre partie de l'Inde. Sur la
portion de territoire cédée en 1801, dit le colonel
SIeeman, celte classe de condottieri avait disparu,
grâce à l'ordre, à la sécurité qui découlaient de
l'administration européenne ; à peine trouvait-on
5,000 hommes à enrôler, tandis que plus de
60,000 officiers ou cipayes étaient recrutés dans les
provinces soumises au roi d'Oude.
Si l'on se reporte aux termes du traité de 1801 et
si l'on veut bien considérer que-la responsabilité doit
se mesurer au pouvoir que l'on exerce, on doit se
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* DBS ANGLAIS DANS L*lNDB« «S55
demander naturellement comment, sous ^influence
anglaise, un régime aussi abusif que celui dont nous
venons de tracer le tableau a pu se maintenir et se
développer? Le royaume d*Oude s'en allait en disse*
lution,4e fait est incontestable; il n*y avait plus d^auto-
rîté reconnue, plus de sécurité personnelle, plus de
propriété certaine; partout un peuple sous les armes;
chaque district, chaque pungannah (village} était
à tout instant le théâtre de luttes sanglantes. Ce sont
là, dira-t-on, les motifs qui ont rendu Tabsorplion
de rOude nécessaire. Soit : il est clair que, dans tous
les pays du monde, une province, un royaume tom-
bés dans un pareil état d'anarchie constituent un
danger sérieux, permanent, pour tous les états voi-
sins, et appellent, au nom même de la conservation
de chacun, la plus énergique intervention. Mais n'a-
t-en pas droit aussi de demander à la Compagnie
comment, avant de recourir au remède héroïque
qu*elle a employé vis-à-vis de l'Oude, comment,
avant d*en arriver à cette déposséssîon du souverain
héréditaire qui constitue une violation si flagrante
des traités, elle n'a pas épuisé tous les moyens de
prédominante influence qu'elle avait entre les mains,
aux termes mêmes de ces traités? Là est tout le pro-
cès, et, si la Compagnie parvient à se faire absoudre
Bar ce dernier chef d'accusation, il restera encore,
pour la condamner, pour constater son insuffisance
en tant que puissance civilisatrice et moralisante, le
triste résultat obtenu par ses efforts plus ou moins
sincères pendant tout un demi-siècle de patronage et
de tutelle exercés de la façon la plus abeoiue.
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S56 DE LA POISSANGE MILITAIRE
H e&t facile de comprendre, après cet exposé ,
pourquoi et comment le royaume d^Oude est devenu
en 1857 le principal théâtre de la formidable insur-
rection qui a ébranlé Tempire angIo*indien. Avant
d^entrer dans le détail des événements accomplis à
Lucknow et dans le reste de TOude. il est bon de
leur restituer leur véritable caractère, singulièrement
dénaturé par quelques écrivains en Angleterre, tout
aussi bien qu'en France.
Nous croyons avoir démontré que rinsurrection
de 1857 avait été essentiellement militaire et nulle-
ment nationale ; nous ne reviendrons pas sur cette
thèse, qui a pu rencontrer des contradicteurs au dé«
but des événements, mais sur laquelle, en présence
de Tindifférence complète dont ont fait preuve les po*
pulations du Bengale et du reste de Plnde pendant la
guerre^ il serait puéril dMnsister aujourd'hui. Uneob*
servation analogue doit être faite à propos de TOude.
On se tromperait étrangement si Ton pensait que
le patriotisme, Tamour de Tindépendanee, le dévoue-
ment à la dynastie dépo^dée, ont contribué en quoi
que ce soit à donner dans TOude k la résistance des
rebelles les proportions importantes qu'on a pu re-
connaître. L'état même de cette province, dont nous
avons cherché à donner une idée au lecteur, suffit à
faire comprendre pourquoi, là plus qu'ailleurs, l'in-
surrection a dû trouver des auxiliaires. Au moment
de la révolte, indépendamment des 50,000 cipayes
de l'armée du Bengale, qui étaient originaires de
i'Oudeet qui ont regagné leurs foyers; indépendam*
ment des &0,000 soldats licenciés par suite de l'an*
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DBS AKGLAIS DAKS t'iNDlS. 357
nexiou , il y avait encoredans ce pays les 100,000 Satel-
lites des Tahukdars^ que les habitudes traditionnelles
et militaires maintenaient toujours sous les armes.
Par le fait, Tannihilation de la vieille royauté dynas-
tique n*a été un véritable grief pour personne. On
avait supporté Wajid- Ali et ses prédécesseurs en les
méprisant; on les voyait tomber sans regret. Mais,
si, par là, aucun intérêt vital ne se trouvait froissé,
il n*en était pas de même, en ce qui regardait les
classes élevées, de l'application du régime européen
aux états de Tex-roi. Les Taloukdars et Zemindars,
habitués à trouver dans Wajid-Ali un créancier fort
commode, se sont vus menacés dans leur indépen-
dance graduellement conquise, menacés aussi dans
leurs intérêts, dans la possession de ces vastes do-
maines agrandis depuis un siècle par tous les moyens
permis ou défendus.
Après avoir plié pendant un an, mais non sans ir-
ritation, tous ces grands feudataires, jusque là divi-
sés, se sont réconciliés dans la prévision d*une résis-
tance prochaine. L'un d'eux, le radjah de Toulsepore,
plus audacieux que les autres, avait même devancé
le signal donné par le soulèvement des cipayes du
Bengale. Il s'était révolté ouvertement. Fait prison-
nier, il est mort dans la geôle de la Résidence pendant
le premier siège de Lucknow. Instruits par cet
exemple, les autres ont dissimulé pendant un an leurs
sourdes rancunes, afin dé les satisfaire plus sûre-
ment. 1857 leur a donné raison. La guerre d'Oude
n'est donc pas plus une guerre nationale que celle
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^58 ou LA. PUI^SANGI*: MlLlTAlRIi
qui a désolé le reste de Tlnde. Dans le Bengale,
c'était la guerre des cipayes ; dans TOude, c'est la
guerre des Taloukdars, Ni les cipayes ni les Talouk^
dars ne représentent les populations ; quant aux faci-
lités que les derniers ont rencontrées dans forgani-
sation du pays pour fortifier leur résistance, nous les
avons expliquées plus haut et ne croyons pas avoir
besoin d'y revenir.
Le territoire d'Oude, nommé en sanscrit Jyod'hya^
c'est-à-dire V Inattaquable^ s'étend au sud*est des
districts de Delhi et d'Agra, au nord et à. l'ouest du
Behar. Borné lui- même au nord par le Nepaul, il se
trouve entouré de tous les autres côtés par les posses-
sions de la Compagnie. Il n'a pas une bien grande
étendue, et sa population ne dépasse guère 5 mil-
lions d'habitants; mais il est un des pays les plus
fertiles du globe et un des plus intéressants par ses
souvenirs, qui remontent à la plus h*aute antiquité.
Nous ne dirons qu'un mot de ses villes principales,
toute Tattention devant se concentrer sur la capitale,
Lucknow, ou se sont passés les événements les plus
importants de la guerre. L'ancienne résidence des
souverains, Aoudh ou Oude, ville antique et très
grande, sur la rivière de Dewah ou Gograh^ est au-
jourd'hui Repeuplée et déchue de son ancienne splen-
deur, Ily reste beaucoup de monuments, entre autres
un vaste temple appelé Swergedrarij auprès duquel
se trouve un magnifique château converti eu mos-
quée par A ureng-Zeb,
Feyzabad ou Fizabad^ grande ville bâtie nan loin
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB. 359.
d*Oude, au commencement du siècle dernier, a servi
de résidence aux souverains du pays pendant quelque
temps. Les derniers rois s'étaient établis à Lucknow^
que Ton écrit aussi Lacknau, ville ancienne et im-
mense, mais irrégulière et ipal bâtie, sur la rivière
de Goumty.
Pendant les années qui suivirent la chute de Tem-
pire mogol, la cour de Lucknow fut la plus brillante
de rinde. Trois quartiers séparés font de cette cité
trois villes distinctes : l'ancien quartier, qui est le
plus mal bâti, est habité par les basses classes (1).
Le nouveau quartier, qui s'étend le long de la
Goumty et qui a été presque entièrement construit
sous le règne de Saadet-Ali, renferme une suite de
splendides édifices aux dômes dorés, avec tours,
tourelles et minarets. Lîi se trouve le MoUie-Mahal
(palais de perles), célèbre par sa riche collection de
manuscrits orientaux; là se trouve aussi le Ferad-
Bakhs (réjouissant), qui était la résidence particulière
du roi. C'est encore dans la partie orientale de la
ville que se trouvent les bâtiments au Kaiser bagh^h
Secunder bagh^ le collège de Lamartinière (2), enfin
les vastes parcs de Dilkhosa (qui dilate le cœur) et
de Mohammed. Ces différents points ont joué un rôle
(1) Voir le plaa de Lucknow annexé à ceUe étude.
(2) Le collège de Lamartinière a été fondé et légué à la ville de
Lucknow par un Français nommé Claude MarUn. Parti comme
simple soldat et devenu général- major au servicp (le la Compagnie,
ce Français était originaire de Lyon. Sa ville nataje a participôaux
excentriques libéralités de son testament.
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360 DE LA PUlSSANGIi UlLITAïaB
important pendant les opérations nnilitaires dont
Lucknow a été le théâtre. Dans la partie nord-ouest
de la ville, on rencontre une foule d'édifices religieux
construits dans le style n)oresque par Azaf-eUDaou-
lah et ses prédécesseurs. C'est là que se trouve Vlm-
manbarah (ou mosquée) de ce prince, dont le mina-
ret dépasse en hauteur tous les autres de la ville.
Le Muchee-Bauxin et la Résidence^ oix se retira la
garnison anglaise, se trouvent également dans la
partie occidentale de la ville de Lucknow. Deux
pontSt Tun en pierre et Tautre en fer, donnent pas*
sage sur la rive gauche de la Goumty, indépendam-
ment d'un autre pont de bateaux plus spécialement
destiné aux habitants du quartier oriental.
La population de Lucknow, qu'il serait fort diffi-
cile d'évaluer exactement, dépassait de beaucoup
150,000 habitants au début des événements. A l*é-
poque du second siège, un grand nombre avaient été
chassés de leurs maisons par suite des dangers qu'en-
traînait la guerre. L'absorption du royaume d'Oude
avait amené la dispersion des milliers de parasites
que le prince entretenait autour de lui ; le harem,
objet de , folles dépenses, n'alimentait plus diverses
industries spéciales, qui avaient à se créer de nou-
velles ressources au milieu de tous les inconvénients
d'une situation transitoire. L'état-major de l'armée
de Wajid-Ali, brusquement rejeté dans la vie civile,
peuplait Lucknow d'aventuriers affamés pour qui le
métier des armes n'avait pas d'équivalent. A côté de
ces soldats oisifs pullulaient les prêtres, les fakirs.
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DBS ANGLAIS DANS L*IND£. 561
ardents à prêcher la guerre sainte contre les infi-
dèles, puis une population misérable comme il en
grouille dans tous les bas-fonds d*une ville d'Orient.
Tels étaient les éléments^ très inflammables on le
voit, qui s'agitaient au centre d'un pays nouvelle-
ment occupé, où TAngleterre n'avait pour toute force
ai^mée que 900 soldats européens et 22,000 soldats
indigènes, ceux-ci tout disposés, l'événement l'a
prouvé, adonner le signal de l'insurrection.
i régiment d'infanterie (c'est-à-dire 1 bataillon),
le 32^, 1 compagnie d'artillerie à cheval, 2 compa-
gnies d'artillerie à pied, 1 régiment de cavalerie lé-
gère, composaient toutes les forces européennes.
7 régiments d'infanterie indigène, 3 batteries de
campagne, 3 régiments de la cavalerie irrégulière de
rOude, 10 régiments d'infanterie irrégulière levés
dans le pays, enfin 3 régiments de police, représen-
taient les forces indigènes.
Nous ne reviendrons pas sur les événemenls ac-
complis à Lucknow pendant les derniers jours du
mois de mai et le courant du mois de juin, nous les
avons résumés succinctement dans le chapitre XII de
cette étude. Chaque jour de cette période était mar-
qué par les nouvelles les plus désastreuses arrivant
de tous les points de la province. Les villes se soule-
vaient l'une après l'autre : à Fyzabad, àSultampore,
à Deriabad, à Salona, à Setapour, où se trouvaient
des cantonnements de cipayes, l'insurrection triom^-
phait, sans résistance possible de la part des malheu-
reux civilians^ isolés dans ces localités. On n*enten-
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5fl2 DB L/i PUISSANGB MILITAIRB
dait parler que de collecteurs massacrés^ de maisons
de péage incendiées, d'Européens réduits à fuir et
impitoyablement massacrés sur les routes. Presque
chaque jour on envoyait en reconnaissance de petits
détachements qui ramenaient parfois quelques-uns
de ces Feringhees (Européens) proscrits, ceux-ci mu-
tilés, ceux-là presque fous de douleur ou de souf-
frances.
Sir Henry Lawrence déployait de son côté une ac-
tivité surhumaine. Il avait divisé ses forces de ma-
nière à défendre les cantonnements situés sur la rive
gauche de la Goumty, ainsi que le Muchee-Bawan (1)
et la Résidence, où il accumulait toutes ses ressources
dans la prévision du rôle que devait jouer cette posi-
tion comme dernier refuge de la garnison.
k à 5,000 coolies (travailleurs indiens) furent oc-
cupés jour et nuit, pendant le mois de juin, à creuser
des fossés, à élever des retranchements et des palis-
sades, à installer des batteries. Stimulés par Tinces-
sante surveillance et les excitations continuelles du
commandant de la garnison, les ingénieurs multi-
pliaient les parapets qui devaient former autour de la
Résidence un cercle complet de fortifications. Aux
abords de cette enceinte, toutes les maisons situées
(1) Le Muchee-Bawan était une forteresse élevée par des Ta-
loukdars révoltés à Tépoque oti les souverains d*Oude résidaient à
F>'zabad. Devenue propriété parUculière après rinstallatiOQ de la
cour à Lucknow, cette citadelle qui dominait les* ponts et la partie
occidentale de la ville avait été achetée par sir Lawrence, pour la
somme de 1^25,000 francs, au radjah Tah-Âly-Khan.
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DBS ANGLAIS DANS L*]NDB« o6$
favorablement étaient transformées en autant de forts
détachés, d'ouvrages extérieurs devant lesquels le
terrain était déblayé à grand renfort de sape et de
mine.
C*est au milieu de ces travaux que s'écoulèrent les
derniers jours où sir Henry Lawrence demeura libre
de ses mouvements. Dès le 31 mai, 4a révolte des 13%
48* et 71' d'infanterie indigène, et du 7* de cavalerie
irrégulière, avaient déterminé l'abandon des canton-
nements situés sur la rive gauche de la Goumty. Le
petit nombre des troupes indigènes sur lesquelles il
était encore possible de compter avait été obligé à bor-
ner l'occupation aux deux centres de résistance dans
lesquels se trouvaient entassés les vivres et Içs muni-
tions : le Muchee-Bawan et la Résidence.
Le 5 juin, on apprenait à Lucknow la révolte de
Cawnpour et la position critique du malheureux gé-
néral Wheeler ; aucun secours ne pouvait plus être
espéré de ce côté.
Le 11, un grave symptôme de désaffection vint
montrer combien il fallait peu compter sur la fidélité
dont se targuaient encore les régiments indigènes
auxquels on pensait pouvoir se confier avec le plus
de sécurité. Malgré les efforts des capitaines Orr et
Weston, qui les commandaient, deux régiments de
police à pied et à cheval passèrent à l'ennemi avec
armes et bagages. Après avoir incendié leurs casernes
et commis toute espèce de désordres et d'excès, ces
détachements évacuèrent la ville et prirent la direc-
tion de Cawnpour, Un conseil de guerre, convoqué
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d6& DE LK PUISSANCE MILITAIRB
au milieu de la nuit, décida quMI fallait leur donner
la chasse, et une petite colonne fut rassemblée en
toute hâte pour cette expédition. Un engagement in-
signifiant eut lieu avec les rebelles, auxquels on fit
quelques prisonniers; mais il fallut rentrer presque
aussitôt. Le colonel Inglis, chef de cette petite co-
lonne, jugea, bien évidemment avec raison, que les
chances d'une attaque sérieuse étaient trop inégales
et que les canons qui avaient été mis à sa disposition
seraient trop compromis si leur petite escorte venait
à essuyer un échec. II ordonna de revenir sur Luck-
now.
Le 17 juin, les rapports des espions signalaient des
agglomérations menaçantes dans le voisinage des
cantonnements; le 25, ces rapports mentionnaient
Tarrivée d'une force considérable à Nawabgunge, sur
la rive gauche de la Goumty, et, le 27, on parlait de
cette armée comme grossissant d'heure en heure^
mais indécise encore dans ses plans d'attaque.
Le 29 juin, une patrouille fut envoyée du côté de
Cawnpour, afin d'oI)tenir, si cela était possible,
quelques renseignements sur le sort de la place, que
de vagues rumeurs disaient avoir été livrée à Nana^
Saïb par le général Wheeler. Elle revint, annonçant
que deux régiments de rebelles étaient campés à
quelque distance dans cette direction. Un peloton de
cavalerie sickh, sous les ordres du capitaine Forbes,
alla battre le pays du côté de la route de Nawab-
gunge. Il rapporta la nouvelle que les insurgés s'é-
taient concentrés à Chinât, à neuf milles environ de
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DBS ANGLAIS DANS L*JND& S-JS
Lacknow. PouvaiUon permettre à ce corps» dont ou
ne connaissait pas bien la force, de venir se loger
dans la capitale de TOude, ce qui ne pouvait man-
quer de déterminer Tinsurrection de la ville entière?
ou bien fallait -il marcher résolument au-devant de
lui, en assez grande force, pour pouvoir au besoin lui
livrer combat? Telle était la question. Elle fut, pa*
rait-il, vivement débattue dans le conseil de défense^
et déCnitivement on adopta la seconde des alterna-
tives.
Sir Henry Lawrence prit en personne le comman*^
dément de la colonne expéditionnaire. 600 hommes
environ composaient toutes les forces que la prudence
permettait de distraire de la garde des retranche-
ments. Sur ce nombre, il n*y avait que 300 hommes
du 32' (anglais), empruntés en partie à la garnison
du Muchee-Bawan. L*infanterie comptait, en outre,
150 hommes du 13* indigène, plus les débris du kS^
et du 71* indigènes, comprenant environ 80 balon*
nettes. En fait de cavaliers, il y avait 36 Européens,
la plupart servant comme volontaires, et environ
120 hommes pris dans tout ce qui restait de la cava*
lerie irrégulière de rOude. L*artillerie avait 11 pièces,
dont k canons servis par des Européens, 6 par des
natifs, plus un obusier de 8 pouces trouvé dans la
ville quelques jours auparavant. Deu^ éléphants traî-
naient cette pièce énorme.
Dans la matinée du 30 juin, sir Henry Lawrence
traversa le pont de fer de la Goumty, entre la Rési-
dence et la Muchée-Bawan. La colonne se mit im«>
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â66 DB LA PCJISSANGB UlLlTAtRB
médiatement en route dans la direction de Chin&t et
fit une première halte au pont de Kocaralie, à
6 niilles de Lucknow. Cette marche, pendant laquelle
les hommes eurent à lutter contre une chaleur exces-
sive, les éprouva cruellement. Ajoutons que, mar-
chant dans lâ direction de Test, ils avaient en plein
Visage le redoutable soleil dé Tlnde, dont les ardeurs
sont presque mortelles au mois de juin (1).
Quarante cavaliers sikhs et européens formaient
Tavant-garde, avec quarante soldats à pied, pris éga-
lement par moitié dans Tinfanterie indigène et dans
l'infanterie eul*opéenne. Les canons suivaient sous
l'escorte immédiate des soldats du 32« (anglais) et du
15* (indigène). A l'arrière-garde étaient les 50 hommes
du 48* (indigène) et le surplus de la cavalerie.
Ce fut dans cet ordre qu'on déboucha dans la
«plaine de Chinât, à laquelle donne son nom une
grosse bourgade située sur les bords d*un lac, près
tluquel est bâti un palais de chasse jadis à l'usage des
rois d'Oude. En avant du village, la colonne an-
glaise rencontra l'armée ennemie, non pas A ou
fi,000 hommes, comme l'avaient annoncé les espions,
mais 15 ou 16,000, ayant de six à sept batteries
de canons, qui comportaient 36 pièces de calibres
divers.
Un des défenseurs de Lucknow, un civilian^ l'as-
socié du français Duprat, qui lui-même a si digne-
(i) Tous ces détails sont extraiu du rapport adressé le 26 sep*
tembre par le colonel (depuis général) Inglis, au gouverneur de
Calcutta.
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DBS ANGLAIS DANS L*INDK. 367
ment représenté son pays dans cette sanglante tra-
gédie, M. Rees, a publié une relation très détaillée
du combat de Chinât (1). Suivant cet écrivain, dès le
début de Paffaire, sir Henry Lawrence parut conce-
voir de tristes pressentiments sur l'issue probable de
cette lutte trop inégale. Le colonel du 32* venait
d'être tué en conduisant ses hommes à Tattaque du
village dont nous avons parlé plus haut, et la déser-
tion aussi bien que le feu de Pennemi avait déjà gran-
dement éclairci les rangs de sa petite colonne, lorsque
le commandant anglais dut donner Tordre dé battre
en retraite. Il n'y avait pas une minute à perdre.
Les rebelles, à qui Ténorme supériorité de leurs forces
donnait une confiance inaccoutumée, s'avançaient de
toutes parts en bon ordre, colonnes ouvertes, l'artil-
lerie et la cavalerie dans l'intervalle des lignes, 1^
masse entière cherchant à se jeter, par une manœuvre
bien combinée, entre les Anglais et Lucknow (2). L^
'droite des Anglais fut obligée de reculer, et la gauche,
qui ne comprit pas ce mouvement, se vit forcée néan-
moins de l'imiter. Peu à peu le mouvement s'accen-
(1) Ruutz Rees*s Personnal narrative,
(2) Suivant M. Rees, les insurgés semblaient dirigés par un
officier babile qui portait i'uniforme de petite tenue de cavalerie
européenne. Peut-être était-ce un russe;— beaucoup de per-
sonnes l'ont affirmé. On avait arrêté, puis relâctié, quelque temps
auparavant, un voyageur que l'on soupçonnait d'appartenir à
cette nation ; -• peut-être était-ce simplement un de ces renégats
qui, en renonçant à leur religion, adoptent les mœurs et j usqu'aux
passions politiques de leur nouvelle patrie. — Ce fait n'a jamais
été éclairci.
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568 DE LA J^OISSANGB MlLItAIËB
tua et s'accéléra ; une sorte de panique se glissa danô
les rangs, et sans les hommes du S*2« (anglais), qui,
placés à Tarrière garde^ entretenaient un feu bien
nourri, la débandade fût devenue complète, le désastre
sans remède. Soldats, officiers tombaient de distance
en distance, marquant chaque pas de cette triste re-
traite.
Plusieurs retours offensifs tentés par la cavalerie
volontaire avec une audace désespérée dégagèrent
autant de fois Tarrière-garde, mais ce ne fut pas sans
éprouver des pertes cruelles. Les hommes qui n'étaient
que blessés, et que leurs camarades ne pouvaient en-
lever, se battaient « comme des dogues acculés, » dit
M. Rees, jusqu'à ce que l'ennemi les eût achevés.
Parmi ces hommes laissés sur le terrain, plusieurs
n'étaient qu'épuisés de fatigue et de soif; plusieurs
tombèrent frappés d'apoplexie.
Au milieu de ce désastre, partout où les balles sif-
flaient, partout où l'on voyait tomber le plus d'hommes,
sir Henry Lawrence était présent. Toujours serrée de
près par l'ennemi, et semant la roule de sesdébris, la
colonne anglaise parvint enfin à rentrer dans Lucknow,
grâce èi la protection d'une compagnie européenne
qui fut détachée de la Résidence, en avantdes ponts,
avec une batterie d'artillede. Cette démonstration,
du reste, ne devait pas empêcher l'occupation de la
ville par les insurgés. Le dernier soldat de la colonne
de sir Henry Lawrence n'avait pas franchi la rivière
que la cavalerie ennemie la traversait à gué , et
allait occuper la partie orientale et le sud de la ville.
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BBS ANGLAIS DANS l'iNDE. 369
Au nord et à l*ouest/les canons de la Résidence et du
Muchee-Bawan tenaient encore les rebelles en res*
pect ; mais les pertes énormes essuyées à Chinât al-
laient déterminer Tabandon du second de ces postes.
Le 32* avait perdu 112 hommes et 5 officiers. La
perle.des soldats indigènes en tués, blessés ou man-
quant allait à 182 hommes. La colonne expédition*
uaire était donc rentrée affaiblie de moitié. Il n*y
avait plus de salut à espérer qu'en se tenant désor-
mais sur la plus stricte défensive , et pour que cette
dernière fût efficace il était indispensable de limiter
sa tâche au nombre de bras dont on pouvait disposer.
Le siège de Lucknow était à peine commencé (jeudi,
30 juin 1857) que ces considérations dictaient impé-
rieusement révacuation du Muchee-Bawan.
Grâce au respect traditionnel que les indigènes
avaient pour cette forteresse, et à Tidée que Ton avait
eu soin de propager qu'elle était imprenable^ Topé-
ration délicate de la réunion des deux détachements
put s'effectuer heureusement dans la nuit du 1*' juillet.
En réalité, le Muchee-Bawan n'avait d'autre puis-
sance que le prestige exercé par la hauteur imposante
de sa massive construction^ ses murailles délabrées
n'auraient pu résister longtemps, ne fût-ce qu'à l'ac-
tion destructive et à l'ébranlement des pièces dont
elles étaient armées. Toutefois, il était urgent de ne
pas laisser aux rebelles la libre disposition des im-
menses approvisionnements qu'on avait entassés dans
ce poste, et sa destruction dut accompagner l'éva-
cuation. Le capitaine Francis, qui en avait le com-
24
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370 D9 LA PUISSANCE MILITAIRE
. mandement» après avoir encloué ses canons, fit dis-
poser un fourneau avec une mèche à combustion
assez lente, pour donner à ses hommes le temps de
gagner la Résidence. Le dernier en avait à peine
franchi l'enceinte que le Muchee Bawan s'écroulait
avec unq magnifique explosion : 2/i0 barils de
ppudre et 600,000 cartouches venaient de sauter
en l'air. Un feu violent d'artillerie, ouvert à la fois
dans toutes les directions et de tous les points de la
Résidence, avait si bien détourné l'attention des as-
siégeants que le détachement du Muchee-Bawan, se
glissant silencieusement au milieu des ténèbres, avait
pu effectuer sa retraite sans tirer un seul coup de fusil
et sans perdre un seul homme.
Malgré tout l'intérêt que présentent les divers inci-
dents du premier siège de la Résidence, jusqu'au
moment de son ravitaillement (25 septembre) parles
généraux Havelock et Outram, la rapidité de ce
résumé ne nous permet pas de nous arrêter aux opé-
rations qui devinrent,. dès les premiers jours du blo-
cus» et pendant toute la durée des mois de juillet et
d'août, l'occupation de chaque jour, et, pour ainsi
dire, de chaque nuit, des malheureux assiégés (1).
C'est aux témoins oculaires de ces scènes terribles
qil'il faut laisser la parole, sous peine d'en affaiblir
(i) Un excenent article publié par M. Forgues dans la Retwe
des Deux-Mondes, et intitulé La guerre de l'Oude^ donne une
peintui'e des plus émouvantes, de tous les dangers, de toQies les
souffrances qu'eurent à supporter pendant deux mois et demi les
défenseurs de Lucknow. .
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DBS ANGLAIS DANS L^INDJS. 371
Timposanle majesté. Grâce à cet esprit particulier
aux Anglais, et qui les porte à suppléer par leurs
correspondances, par lè récit de leurs innpressions
personnelles, le laconisme des rapports officiels, les
ftialériaux ne manqueront pas, du reste, aux futurs
historiens de la campagne d'Oude.
C'est à l'ouvrage de M. Rees, que nous avons déjà
cité (1); c'est au journal de M. Andersen (2) et de
M. Macleod Innés (3), tous deux officiers du génie;
c'est au bulletin d'un des officiers d'état-major de la
Résidence (A), ou au rapport du colonel (depuis gé-
néral) Inglis, le dernier survivant de ses. comman-
dants, que nous renvoyons nos lecteurs, et que nous
emprunterons les renseignements indispensables pour
donner une idée générale de l'attaque et de la défense
pendant le siège de Lucknow.
Située sur la rive droite de la Goumty, et formée
d'agrégations successives déterminées par les be-
soins du moment, la Résidence, au moment du ravi-
taillement par le général Havelock, formait une sorte
de pentagone irrégulier (5) s'étendant en longueur
du nord-ouest au sud-est. La rivière coule au nord
de cette enceinte, dont la séparent deux mosquées
(que sir Henry Lawrence, arrêté par d'honorables
scrupules, avait trop hésité à faire abattre) et un
(1) Ruutz Rees's Personnal narfative.
(2) Anderson's Personnal JoumaL
(3) Innes's Rottgh narrative of Ihe siège qf Lucknow.
{!x) The défense of Lucknow, by SUff-Officer.
(5) Voir le plan annexé à cette étude.
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â72 DE M PDISSANGB MILITAIRB
vaste bazar {Captan-Bazar)j dont les bâtiments sont
perpendiculaires à la face orientale de Tenceinte.
A Test du CaptanBazar^ et longeant lé bord de
Peau y se trouve une suite de palais (Taree-Rhotee^
Dil'Aram^ Ferad-Bakhs^ ChuUur^MunzU, etc.) qui
ont été occupés par les troupes d'Havelock et d*Ou-
tram pendant le second siège, mais qui ne faisaient
point partie de la Résidence avant le ravitaillement.
A la pointe nord du pentagone est une éminence au
pied de laquelle coule un canal profond {deep dttch) ,
qui forme un fossé naturel jusqu'à la Goumty. Là se
trouvent des habitations d'officiers {pfficers Bunga-
hwsjf qui étaient disposées en forteresse, et occupées
par un de ces petits corps que l'on regardait comme
autant de garnisons détachées : la garnison Innes^
ainsi désignée du nom de l'officier qui la commandait.
Deux batteries défendaient la face occidentale sur
laquelle ise trouve Téglise anglaise , et à l'angle de
cette face avec celle du sud se trouvait encore la bat-
terie GubbiM. La face méridionale, celle qui a été le
plus vivement attaquée, est tournée vers la route de
Cawnpour. C'est là que se trouvait la garnison com-
mandée par le capitaine Andersen; c'est là qu'était
aussi la maison de ce Français dont nous avons déjà
parlé (Deprat ou Duprat); c'est là que se trouvait
enfin la batterie de Cawnpour, Deux autres bâtiments
reliés à ceux-ci par des épaulements (Judicial-
Garrison et Sago's Garrison) défendaient par leurs
feux croisés la poste, la prison et Thôpital. De la
maison Sago au Baillie-Guard^ poste qui défend l'une
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DBS AISGLAIS DANS L*JNDE. 373
des deax portes de Tenceinte, il y avait trois bâti-
ments retranchés {Fayrer's Garrison^ Financial^
GarrisoneiBaillie^uard). La porte était cou verte par
on ouvrage armé de quatre pièces. La face septen-
trionale s'étendait jusqu'à la pointe d'un redan con-
struit sur une sorte de promontoire escarpé, auquel
son élévation permettait de balayer la rivière et les
abords du pont de fer. Sur c^tte face s'ouvrait la
porte d'Eau [Water Gate\ défendue par une batterie
(jéleooander's battery) qui, avec les canons du redan,
tenait en respect les insurgés installés dans le Cap-
tan-Bazar et les mosquées voisines. Enfin, entre la
pointe du redan et le saillant occupé par la garnison
Innés, le terrain avait été balayé et fortifié par une
sorte de marécage dérivé de la Goumty.
L'enceinte dont nous venons de donner la descrip-
tion n'avait pas 700 mètres dans sa plus grande lar-
geur, el atteignait à peine /iOO dans sa partie la plus
étroite. Sur ce terrain si limité, derrière un réseau de
fossés, d'épaulements, de barricades, étaient entassés
5 ou 600 hommes armés pour le défendre, environ
250 femmes européennes, et à peu près pareil nombre
d'enfants, tous voués au massacre si, sur un seul
point de l'enceinte, une brèche livrait passage aux
bandes furieuses qui les cernaient de tous côtés.
Le 2 juillet, l'homme qui, de l'aveu de tous, s'était
condamné depuis le commencement des hostilités à
une existence sans repos ni trêve, dont l'activité
surhumaine avait ménagé à ses frères d'armes le der-
nier asile où flottait encore le drapeau anglais, sir
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S7/i DB LA PUISSANCE MILITAIUB
Henry Lawrence était tué dans son bureau par une
bombe dont les éclats renversaient en même temps
son secrétaire et le capitaine Wilson. Avant d'expirer,
et malgré les souffrances intolérables que lui causait
une épouvantable blessure (1), le héros de Lucknow
trouvait encore la force de donner ses instructions à
son successeur, le major Banks, qui allait le remplacer
comme commissaire en chef. Il remettait en même
temps le commandement des troupes au colonel Inglis.
Le 8 juillet, le capitaine Francis, l'ancien comman-
dant du Muchee-Bawan, succombait à son tour. Sur
tous les points de la Résidence une véritable pluie
de projectiles éclaircissait d'heure en heure les rangs
des défenseurs. Les femmes (2) au fond de leurs re-.
traites; les chapelains récitant les prières suprêmes
au chevet des agonisants ; 1^ médecins au milieu de
l'exercice de leur laborieux ministère (3), étaient
frappés tout aussi bien que les soldats ou les officiers
obligés de veiller nuit et jour sur les parapets. La
fièvre, le choléra, la dysenterie sévissaient à la fois
dans les rangs de la garnison. L'hôpital était encom»
bré, et les soins manquaient forcément. De malheu-
reux blessés, se tordant sur quelques lambeaux
d'étoffe jetés à terre, demandaient en vain quelque
(i) Ud éclat de bombe lui avait ouvert le ventre et fracasié piu-
sîeurs côtes.
(3) Miss Palmer, fille du colonel de ce nom.
(3) Le mioistre Polebampton et le docteur Brydon; ce dernier
fut renversé par un boulet au moment où il faisait une amputa-
tion à Tbôpiul.
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DES ANGLAIS DANS l'iNDH. 375
assistance, et n'obtenaient même pas toujours le verre
d*eau qu'ils mendiaient en gémissant. Ils respiraient
un air infect dans ces salles basses^ dont la moitié
des fenêtres devaient rester closes, afin d'abriter,
souvent bien imparfaitement, les malades contre les
balles ennemies.
C'est au milieu de ces souffrances inouïes que
s'écoulèrent les mois de juillet et d'août. Pendant
ces tristes journées, le moral de la ïDetite garnison,
relevé un moment par l'exaltation de ses premiers
succès, avait fini par baisser rapidement. Déçue dans
ses espérances de secours, elle commençait à s'aban-
donner à ce découragement sombre, amer, obstiné,
qui ne laisse plus qu'une pensée, tuer avant de périr
soi-même. Oh n'a pas oublié cette prenlière cam-
pagne des généraux Neill et Havelock, si remplie de
palpitantes péripéties, et dont nous avons résumé les
principaux incidents dans le chapitre XIII. L'ihsuc-
cès de cette tentative, la navrante déception qui en
avait été la suite, avaient porté le désespoir dans
tous les cœurs. Chaque soir on faisait le compte des
morts et des blessés, ce qui revenait à peu près au
même, les blessés étant d'avance envisagés comme
morts dès qu'ils étaient atteints sérieusement, et l'on
calculait qu'en un temps donné ces pertes continuelles
rendraient toute résistance impossible.
Le ÛO juillet, il avait fallu repouàser une furieuse
attaque des assiégeants, et les malades et les blessés
eux-mêmes, quittant les matelas sanglants de l'hôpi-
tal, avaient dû concourir à la défen3e, I/énergîe de
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Google
576 DB LA PUISSANCE UILlTAïaB
la garnison n'avait suffi qu'& grand^peine à dominer
celle de Tattaque. Le lendemain, le successeur dési-
gné par sir Henry Lawrence, le major Banks, qui
s'était montré digne de ce choix périlleux, fut atteint
par un boulet pendant qu'il examinait, du haut de la
batterie Gubbins, quelques maisons occupées par les
insurgés, il tomba mort, la tête fracassée, et sans
pousser un cri. Le commandement suprême se trouva
ainsi dévolu au colonel Inglis, déjà désigné précé*
demment pour la direction des troupes.
Le mois d'août fut principalement employé à dé-
jouer les tentatives des assiégeants pour miner les
fortifications de la Résidence. 11 serait trop long d*en-
trer dans le détail des opérations de ce genre, qui
devinrent, pendant cette période du siège, des inci-
dents de chaque jour et de chaque nuit. Le 18 fut
marqué par l'explosion d'une mine qui enleva toute
une face du Seikh-Sqtuire. Les insurgés se présentè-
rent aussitôt pour escalader la brèche, une brèche
de 50 pieds, que la garnison eut toutes les peines du
monde à défendre et à remettre en état. C'est dans
cette affaire, où il avait montré le plus brillant cou-
rage, que le Français Duprat reçut la blessure dont
il mourut un mois plus tard.
Le 28 août, une lettre du général Havelock, datée
de Cawnpour, annonçait que les secours ne pouvaient
arriver avant vingt-cinq jours. L'espion qui en était
porteur complétait ce laconique billet en racontant
les- pertes essuyées par la petite colonne du général,
et la retraite forcée qu'il avait dû faire après lescom-
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DBS ANGLAIS DANS t*lNDB« 377
bats désespérés d'Onào et de Busserut-GuDge. Heu-
reusement que les insurgés, dégoûtés, sans doute,
par les pertes énormes qu'ils avaient essuyées dans
toutes les attaques de vive force, semblaient déter-
minés à transformer le siège en blocus, et laissaient
quelque irève à la garnison. Depuis le milieu d*août
ils se bornaient à entretenir leur canonnade habi-
tuelle, mais sans tenter aucun assaut. La journée du
5 septembre fut marquée cependant par une opéra-
tion de ce genre. L'excitation déterminée par les
fêtes du Moharrem avait ranimé le courage des plus
fanatiques, et vers les dix hçures du matin, au signal
donné par Texplosion de deux mines, qui ne produisis
rent heureusement aucun dommage sérieux, 8,000 ci-
payes, appuyés par une colonne de 500 cavaliers, se
ruèrent sur les parapets. Ce fut la dernière attaque
à force ouverte; à partir de ce jour jusqu'au 25 sep<
lembre, date de l'arrivée des généraux de Cawnpour,
les cipayes semblèrent décidés à user lentement, pa-
tiemment cette énergie désespérée, contre laquelle
échouaient tous leurs coups de main. Il était temps ;
la garnison , décimée par le feu et la maladie, avait
perdu plus de AOO hommes depuis le 1*' juillet, et
n'aurait pu supporter une seconde fois les rudes
épreuves de la journée du 5 septembre*
Épuisé par les nombreux combats qu'il avait livrés
dans ses tentatives pour forcer la route de Cawnpour
à Lucknow, le général Havelock, après l'affaire du
16 août, prèd de Bithoor, s'était vu condamné à
l'inaction la plus absolue. Décimée par le feu, les
maladies et des fatigues inouïes, sa petite troupe, un
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378 DK Là PUISSANGK HILITÂIRK
millier d'hommes à peine, était incapable de re-
prendre la campagne. Il fallait de toute nécessité
attendre des renforts, sous peine d'exposer à un
désastre inévitable ce faible détachement, seul espoir
des défenseurs de la Résidence.
Lé 16 septembre, le général sir ^ames Outram,
nommé au commandement du district (1), arrivait à
Gawnpour. 11 amenait avec lui des détachements du
5* fusiliers, du 78* et du 90'. Les généraux Outram
et Havelock avaient fait ensemble la campagne de
Perse; vieux compagnons d'armes, ils se connais-
saient à fond, et comptaient l'un sur l'autre. Le pre-
mier acte officiel du général Outram fut empreint
d'une générosité chevaleresque. Déposant provisoi
rement tous les privilèges de son grade, il déclara,
par un ordre du jour spécial, qu'il se mettait comme
volontaire à la disposition de son digne camarade. Il
accompagnerait l'armée en cette simple qualité, et
aussi èi titre de Commissaire en chef de TOude; Have-
lock devait conserver la direction de l'entreprise qu'il
avait si vaillamment commencée.
L'armée sous les ordres d'Havelock se composait,
au moment de la reprise des o|)érations, de deux
brigades d'infanterie et d'un détachement d'artillerie,
savoir : 1* sous les ordres du général Neill, une
première brigade entièrement européenne, composée
des S"* fusiliers, 8/i* de ligne, et des détachements du
(i) Le général Outram avait pris le commandement des districts
d'Àllababad, Dinapour, etc., à la place du général Lloyd, dont
rimpéritie avait contribué à créer tant de difficultés pour les
commQDicatiohs du général Haveloclu
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DES ANGLAIS DANS l'iNDB. 279
64* de ligne et 1" de Madras; 2* sous les ordres du
général Hamîlton, une deuxième brigade, composée
des 78* et 90* de ligne, et du régiment sikh, de Feroze-
pour ; plus tard, à cette brigade se joignirent les dé-
bris du 32° qui s*é(aient maintenus dans la Résidence.
A cette force, il fallait ajouter trois compagnies
d'artillerie européenne, et une batterie de six pièces
de âà tratnée par des éléphants, le tout sous les
ordres du major Cooper, qui fut tué, ainsi que le
général Neill, dans une des premières attaques.
Une compagnie de cavalerie formée de gentlemen
volontaires, et trois compagnies de cavalerie indigène,
sous les ordres immédiats du général Outram, com-
plétaient à 2,600 hommes le chiffre de la petite armée
de Cawnpour.
Le 19, le général Havelock passait le Gange sous
une pluie diluvienne. Le 21, il emportait les positions
de l'ennemi au-dessus de Mungarwar, dans ces plaines
marécageuses, arène sanglante des nombreux com-:
bats livrés pendant les mois d'août et de juillet pré-
cédents. De Mungarwar à Busserut-Gunge les re-
belles se bornaient k harceler l'arrière-garde, et au
pont de l^unnee une démonstration plus sérieuse de
leur part restait sans résultat, malgré la nombreuse
artillerie qu'ils amenaient en ligne pour défendre le
passage de la Sye (1). On avait cette fois de quoi
leur répondre.
(i) Rivière qui se jette dans la Goumty et qui coupe la route
de Cawnpour à Lucknow au-dessus de Busserut-Gunge.
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d80 DB LK PU18SANGB HILlTAïaB
1/armée anglaise, qui avait fait 20 milles le jour
même du combat de Mungarwar, 1/t dans la marche
suivante, toujours sous la pluie /arrivait enfin le 23
en vue de Lucknow ; elle rencontrait Pennemi forte*
ment établi à Alumbagh, à â milles environ en avant
de la capitale de TOude.
L*Alumbagh (jardin des beautés du monde) est
une vaste enceinte renfermant plusieurs corps de
bâtiments, mosquées, immanbarahs, puits cou-
verts, etc. , etc. , située au sud de Lucknow, au mi*
lieu d'un beau jardin qu'entoure un parc admirable.
Les rebelles avaient appuyé leur gauche à cette posi-
tion, et garnissaient les mamelons qui ferment la
plaine de Lucknow du côté de Cawnpour.
Commencé dans l'après-midi, le combat fut sou-
tenu pendant plusieurs heures avec beaucoup de té-
nacité de part et d'autre; le bruit de la canonnade
arrivait à la Résidence, où il éveillait mille espé-
rances, mille inquiétudes. On avait vu toute la jour-
née des mouvements de troupes dans la ville. Le
cotonel Inglis faisait tirer avec ses obusiers sur ces
bataillons, qui, le matin, se dirigeaient vers la droite,
le soir, au contraire, vers la gauche de la Résidence.
L'ennemi, de son côté, entretenait son feu habituel,
et sur les huit heures, au moment oii se terminait
le combat livré par le général Havelockprèsd'AIum-
bagh, les assiégés avaient eu à repousser une fausse
attaque sur la batterie de Cawnpour.
La journée du 2& fut employée par les généraux
Havelock et Outram à réunir le convoi, à rassembler
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DBS ANGLAIS DANS l^'lNDR. 381
les bagages et les munitions; ces impedimenta et
les blessés devaient être concentrés dans Tenclos
d*Alumbagh, sous la garde d'un détachement du 6&*
commandé par le major Sibley. Gel officier avait
ordre de ne se mettre en marche que quand le pas-
sage serait déblayé jusqu'à la Résidence.
Le 25, les généraux Outram et Havelock abor-*
daient l'épreuve décisive. Dès le matin, l'armée an-
glaise franchissait le pont de Char bagh (les quatre
jardins), sur lequel la route de Gawnpour traverse
un profond canal qui entoure la partie orientale de
Lucknow, entre Alumbagh et la Goumty. Un déta-
chement du 78* highianders restait sur ce point pour
assurer le passage du convoi.
Deux chemins mènent d' Alumbagh à la Résidence.
Le premier et le plus court débouche du pont de
Char baghy et se dirige vers le nord en traversant,
sur une étendue de 2 milles environ, un véritable
dédale de constructions, bazars et jardins. Suivre
cette route, c'était, d'après les renseignements reçus,
s'exposer aux chances les plus hasardeuses; on devait
rencontrer à chaque pas des retranchements, des
palissades, de larges et profonds fossés, et sur les
maisons qui dominaient ce chemin une sur deux était
crénelée et occupée par les rebelles.
Au lieu de traverser le canal, si Ton tournait à l'est
dans la direction de Dilkhosa et de Lamartinière,
comme devait le faire plus tard le général en chef,
sirGoIin Gampbell, on allongeait considérablement
l'itinéraire, et chaque niinute était précieuse dans la
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S8â DB LA POISSANGB MILITAIRE
circonstance où Ton se trouvait. D'ailleurs les pluies
continuelles de la dernière semaine avaient détrempé
le terrain outre mesure, et il n'était pas certain que
les canons et le convoi se tirassent des boues que pré-
senterait ce chemin à travers champs.
Les généraux se décidèrent à suivre une ruelle in-
termédiaire entre les deux routes dont nous venons
de parler, et qui, courant parallèlement au canal,
allait déboucher sur le chemin de la Résidence &
Lamartinière et à Dilkhosa, dans les environs du
Kaiser bagh.
Une grande partie de la journée du 25 fut em-
ployée à franchir'cet espace. La résistance était éner-
gique, et les pertes de la coloiine anglaise s'élevèrent
au cinquième de son effectif. Le général Outram,,
blessé à l'attaque du Kaiserbagh (1), n'en resta pas
moins à cheval, et continua à diriger l'une des co-
lonnes, qui se séparèrent à hauteur du palais de
Chuttur-Munzil , pour gagner par deux chemins dif-
férents la porte du Baillie-Guard.
Le feù des insurgés était formidable, surtout dans
le voisinage dii palais du roi. « On n'y pouvait vivre, »
écrit le général Havelock dans une de ses dépêches.
Les colonnes venaient se heurter à chaque pas contre
les nouvelles batteries élevées par les cipayes. Il fal-
lait les enlever successivement à la baïonnette. C'est
dans Tun de ces assauts que fut mortellement frappé
le chevaleresque général Neill, le héros et l'idole de
(i) Il avait reçu une balle dans le bras.
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P£S ANGI.AJS DANS L^INDB. 383
rarmée, fiinsi que le major Perrin, et les lieutenants
Graham, Preston et Nunn, du 90«. Là aussi furent
atteints le colonel Hamilton, le capitaine Hay et le
lieutenant Swanson, du 78*; le lieutenant Haig, du
6« fusiliers ; le capitaine Shute, les lieutenants Turner
et Batteman, du 6fi\ et bien d'autres qui tombèrent
blessés et moururent quelques jours plus tard.
C'est au prix de ces cruelles pertes que la colonne
anglaise parvint enfin à gagner la Résidence. A l'en-
trée de la nuit, le général Havelock y pénétrait à la
tête du régiment sikh de Ferozepore et des highlan-
ders du 78', Les blessés et la portion du convoi qui
avait suivi la colonne étaient dirigés, pendant ce
temps, sur le Ferad-Bakhs, qui, avec les palais voi-
sins, allait servir de logement aux troupes venues de
Cawnpour.
Voici Tordre par lequel le gouverneur de Calcutta
annonça à l'armée le résultat obtenu par les généraux
Outram et Havelock :
Fort William, 3 octobre.
« Le gouverneur général, en conseil, est heureux
» d'annoncer qu'il a reçu aujourd'hui du major-géné-
» rai sir James Outram la nouvelle que la Résidence
» de Lucknow était en la possession des forces du
» général Havelock le 25 du mois dernier, et que la
» garnison était sauvée.
» Il est,rare qu'un commandant ait eu le bonheur
» de consoler par ses succès autant de cœurs désolés,
» ou de recueillir une récompense de gratitude sem-
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â8& DB U POISSANGB IflUTAIRB
» blable à celle qui sera offerte au général Havelock
» et à sa brave armée partout où sa victoire sera
V connue.
» Le gouverneur général, en conseil, offre à sir
» James Outram et au général Havelock ses remer-*
j» ciements et ses félicitations à Toccasion de Theu-
»reux événement dont la Providence les a faits les
» principaux instruments.
» Le gouverneur général , en conseil , ne peut
» qu'exprimer en même temps le profond regret que
» lui a causé la mort du brigadier-général Neill.
» Le général Neill, pendant sa carrière courte,
» mais si bien remplie, sest acquis le respect et la
» confiance du gouvernement de Tlnde; il s*est fait
» remarquer comme un soldat intelligent, actif et dé-
» terminé, plein de ressources et de courage. Le gou-
» verneur général s'associe aux regrets du gouver-
» nement et de l'armée de Madras pour la perte d'un
» homme qui était l'honneur de leur présidence.
» Par ordre du gouverneur général en conseil,
» R.-J.-H. BiRGH,
» Colonel et secrétaire du ipouvernemeot de Tliide. »
Nous passerons rapidement sur les incidents du
second siège de Lucknow. Cette histoire est celle du
premier, moins ce que celle-ci a de plus dramatique,
moins la terreur et les angoisses qui planèrent si
longtemps sur le sort des premiers défenseurs de la
Résidence. Dès le lendemaia du jour où les soldats
de Havelock et d'Outram eurent pénétré au cœur de
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t&S Af(GLAl6 DANS l/jNDE» 885
Luckilow» ils se trouvèrent bloqués comme Tétaient
la veille ceux qu'ils venaient de délivrer. La ceinture
de feu, quelque peu élargie cependant, entoura, non
plus seulement la Résidence, mais les palais voisins
militairement occupés, et que leurs nouveaux hôtes
s'appliquèrent immédiutcment à forlirier. Toute com-
munication avec le dehors se trouva rompue» et la
petite garnison laissée à Alumbagh avec le gros des
provisions et des bagages s'y vit, elle aussi, complè-
tement cernée»
Cette situation dura jusqu'au 25 novembre, époque
de l'évacuation sous les auspices du commandant en
chef sir Colin Campbell.
Pendant les derniers jours d'octobre, de nombreux
détachements avaient été dirigés sur Cawnpour, et
de grands approvisionnements avaient été envoyés à
Alumbagh, qui deyait être la base naturelle pour les
opérations ultérieures, I^e â novembre, le comman-
dant en chef arrivait à Cawnpour, et trouvait tous les
préparatifs terminés avec la sagess3 et la prudence
que commandaient les circonstances. Renforcés par
tous les insurgés chassés de Delhi et des autres sta-
tions réoccupées par les forces anglaises, les rebelles
de Lucknow comptaient bien près de 100,000 hommes
sous les armes.
Sir Colin Campbell quitta Cawnpour le 9, et le 13
il arrivait à Alumbagh, où la colonne du colonel
Grant l'avait précédé (1). Les malades et les blessés
(1) CeUe colonne, primitivement sous les orAres de Greathed,
25
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S86 DR LA PUISSANCE MILITAIRB
laissés par le général Havelock à Alumbagh furent
immédiatement renvoyés à Cawnpour sous la garde
d'un détachement sikh.
Le 13, les dispositions étaient prises pour mar*
cher en avant; seulement, afin d^éviter la route pé-
rilleuse suivie par Havelock, et les pertes que sa co-
lonne avait subies en traversant la ville, le général
en chef, obliquant à droite, se dirigeait sur le parc
de Dilkhosa en longeant le canal, dont les berges
avaient été fortifiées et garnies d*artillerie par les
insurgés.
Le 15, après un combat de deux heures, Tennemi
était chassé de Dilkhosa et des bâtiments de Lamar-
tinière, et la colonne anglaise y concentrait toutes
ses forces.
Le 16, sir Colin Gampbell passait le canal qui sé-
pare Alumbagh et Dilkhosa de Luoknow, et marchait
ôur leSecunder bagh, qu*on emportait après un violent
combat, dans lequel les rebelles éprouvaient des
pertes énormes. La brèche faite, les highianders et
(es Sikhs s'étaient élancés dans cette enceinte, close
de toutes parts, et un horrible combat s*était engagé
avec les rebelles,' qui savaient ne pouvoir espérer de
capitulation. Deux mille cadavres nageant dans leur
sang encombraient, après Tassaut, les salles du Se-
cunder bagh. Jamais les atrocités de Cawnpour
avait été chargée de balayer les iusurgéssur la rive^gaucbe de la
Jumna, après la prise de Delhi; elle avait défait les rebelles dans
plusieurs rencontres, et, arrivée le 27 octobre à Cawnpour, elle
avait été dirigée de suite sur Alumbagh.
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ma ANGLAIS DANS L^INDB. 387
n^avaîent été mieux vengées. Il fallut s'emparer en-
suite de la mosquée de Schah-Nuszif, à laquelle Pas-
saut ne put être donné qu^après une canonnade de
trois heures. Sir Colin Campbell parle de ce combat
comme d'une des plus terribles luttes quMI ait jamais
vues.
Le 17 au matin, le Schah-Munzill était enlevé, et
les Anglais s'emparaient du Mottee-Mahal, dernier
poste qui sMnterposftt encore entre la colonne libéra-
trice et les assiégés. Avant la nuit, Outram et Have-
lock étaient sortis de leurs retranchements, et avaient
fait leur jonction avec le général en chef sous les mu-
railles de la Mess-House. Quoique considérables, les
pertes éprouvées pendant ces cinq journées de com-
bats incessants étaient moins* fortes que Ton aurait
pu s'y attendre : on comptait &67 hommes tués ou
blessés, 16 officiers avaient succombé, 33 étaient
hors de combat.
Lucknow n'était pas pris cependant. Y rester avec
6 ou 7,000 hommes était une entreprise chimé-
rique; dès lors il n'y avait pas un moment à perdre
pour en sortir avec la moindre perte possible. Toutes
les dispositions furent prises en conséquence. L'opé-
ration la plus délicate était l' évacuation, sous le feu
de l'ennemi, des femmes, des enfants et des blessée
qui encombraient la Résidence; grâce à la sagesse et
à l'habileté avec laquelle les ordres furent donnés et
exécutés, elle eut lieu dans la journée du 18, sans
qu'on eût à déplorer de nouvelles pertes.
Au nombre des infortunés qui composaii .«( ce. pré
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388 DE LA PUISSANGB MlUTâlRB
cieux et douloureux convoi, se trouvait le général
Havelock. Le vieux guerrier se mourait au moment
où sir Campbell, dans tout Tenlhousiasme du triomphe,
venait rendre & son courage, à ses services rboro-
raage solennel qu^il avait si bien mérité. 11 ne devait
pas vivre assez longtemps pour apprendre ce que sa
patrie pensait de ses actions, ni pour recevoir les
honneurs que lui conférait sa souveraine. Mais il
laissait sa famille aux soins de son pays, et sa mort
ne devait que trop montrer coipbien étaient fondés
les pressentiments de ceux qui demandaient que son
titre et sa pension fussent réversibles sur son fils (i)*
Les prisonniers, les femmes et les enfants une fois
«n sûreté, ainsi que les blessés, Tàbandon de ces for-
tifications, jusque là si vaillamment défendues, s'ef-
fectua dans le plus grand ordre, et conformément à
toutes les règles d'une habile tactique, ^n présence
d'un ennemi exaspéré, et que son immense supério-
rité numérique rendait toujours redoutable.
Dans la nuit du 22 au 2â, l'armée reprenait la
route de Cawnpour, après avoir détruit tout ce que la
Résidence renfermait encore d'artillerie, d'engins et
(i) La reeonnaissaoce nationale a fait passer à sir Henry
llarsham Haveiocit, avec une pension de lOOO livres sterling, le
titre de baronnet dont son père n'avait pu recevoir lUnvesUlure.
ïji veuve du général a reçu pareille pension. Les familles des
généraux Neill, Nicholson, Lawrence, ont été Tobjet de témoi-
gnages de gratitude analogues. L'Angleterre, il faut le dire, ne
marchande ni sa reconnaissance, ni ses récompenses, à ceux qui
meurent pour elle.
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Dis ANGLAIS DANS L*INDB. 3ft9
d'approvisionnements militaires hors d*élat d*ètre
transportés. Derrière elle, et fortement établi à
Alumbagh avec de Tartillerie de campagne et du
canon de position, elle laissait un détachement de
A, 000 hommes sous les ordres du général Outram.
Ce corps était destiné à tenir Lucknow en échec, en
attendant le jour où le commandant en chef pourrait
reparaître sous ses murs avec une armée suiBsante
pour la réduire à merci.
Nous n'insisterons pas sur l'immense service rendu
au gouvernement des Indes par l'héroïque résolution
de sir Henry Lawrence^ et l'admirable persévérance
de son détachement. Les instru^ctions qui avaient été
envoyées au Commissaire de l'Oude, en même temps
que le grade de brigadier- général, lui laissaient toute
latitude : il était libre d'évacuer la ville de Lucknow,
et même la province, s'il le jugeait à propos. Le
gouverneur général savait d'avance qu'à moins d'une
nécessité absolue un homme de la trempe d'Henry
Lawrence ne voudrait ni reculer, ni lâcher prise. De
fait, si Lucknow eût été abandonné avant que les
révoltés eussent été contraints de rendre Delhi, on
ne saurait dire combien le prestige du pouvoir bri*
taimique eût souffert, et ce que ce double désastre
eût ajouté de révoltes à celles qui s'étaient déjà pro-
duites. Nous terminerons ce chapitre par quelques
passages de Tordre publié à l'ocbasion de la déli«
vrance de Lucknow par le gouverneur général ; en
même temps qu'il rend à chacun des acteurs de ce
drame toute la justice qui lui est due, il résume d'une
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â90 DB LA PUlS8àNfîB MILITÂIRB
&çon complèlo le caractère exceptionnel de œ fait
de guerre.
« Le gouverneur général, en conseil, a reçu du
I» brigadier Inglis, qui commandait la garnison de
» Lucknow, le rapport de la défense de la Résidence
«depuis le commencement des hostilités jusqu*fc
» Tarrivée des forces commandées par le général
» Otttram et le regrettable sir Henry Havelock.
» Le gouverneur général pense que jamais récit
n D'à dû émouvoir des cœurs anglais comme la simple
« narration du brigadier Inglis.
» Le rapport commence par le témoignage bien
i» mérité rendu par un compagnon d*armes aux qua*
9 iilés de sir Henry Lawrence, dont on connaît la
X» mort fatale». •
» ... La défense de Lucknow a non-seulement fait
» briller Ténergie et Taudacedes Anglais au moment
» du péril, mais elle a provoqué continuellement et
» au plus haut degré ce courage noble et persévérant
» qui a permis de se maintenir d*un jour à Tautre» et
»de triompher malgré une infériorité numérique
9 considérable et d'énormes désavantages, malgré la
» perte de tout espoir, et un travail incessant de corps
9 et d'esprit.
I» Les canons des assaillants étaient plaeéa à cou«
» vert, à 60 yarda des retranchements » et même k
» une telle proximité que les prières, les menaces et
« les injures adressées par les rebelles à la garnison
» indigène pouvaient être aisément entendues par ces
9 hommes loyaux ; le feu de l'ennemi était tellement
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DBg ANGLAIS DANS L'ifiDB. S9i
9 violent quMl pénétrait jusque dans les retraites deç^
«femmes, des enfants et des blessés; les tentatives
» désespérées et réitérées de faire sauter les défense ^
>^etde miner les ouvrages pies veilles incessantes
» dans l'attente de secours, et la perte de vies pré-
» cieuses, si considérable que le nombre des artilleurs
» n'atteignait pas celui des canons^ tout cela ne re-
«produit que faiblement Thistoire que les compa-
9 triotes des héros de Lucknow liront avec des cœurs
» saignants* et qui sera une leçon éternelle pour ceux
» qui espéraient renverser par la trahison et le nombre
9 la puissance de l'Angleterre en Asie... »
L'ordre en conseil, après avoir donné la liste de.
tous ceux qui ont été tués pendant le siège, se ter*,
mine ainsi :
« A tous les braves, et à leurs compagnons d'armes,
9 Européens ou indigènes (1), qui ont partagé ces
» dangers avec le même courage héroïque^ le gou-
» verneur général offre ses remerciements.
» Les officiers et soldats de Sa Majesté recevront
9 d'une autorité plus élevée les félicitations qu'ils ont
» méritées. Mais cet ordre ne peut se terminer sans
« qu'il soit fait mention de ces nobles femmes qui,
(1) Nous avons dit que quelques Français (Duprat, Geffroi> etc.)
faisaient partie de la garnison de Lucknow; un italien, M. Barso-
letU, comptait aussi dans ses rangs. Les uns et les autres doivent
prendre leur part des éloges du gouverneur généraU Toutefois,
Duprat (Fancien chasseur d'Afrique qui a été tué) était un homme
d'une trempe bien supérieure à celle des autres volontaires, et
dans les circonstances criUques, il semble avoir commandé bien
autrement Tattention.
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Z9i DB LA PUtSSAMQIi MILITAIRB , ETC.
» bien que si peu faites pour de pareilles scènes, ont
» accompli avec tant de courage leur œuvre de cha-
» rite en soignant les malades et les blessés. Il est
» probable que cette louange qui leur est donnée
» publiquement ne leur sera pas agréable; mais le
» gouverneur ne peut se priver du plaisir de rendre
» justice à leurs noms, et d^offrir à celles dont les
» actes sont si glorieux le tribut de son admiration
» et de sa reconnaissance. »
Suivent les noms des femmes qui se sont trouvées
enfermées dans la Résidence avec la garnison, et
quelques dispositions relatives à la formation d'un
régiment dit de LucknoWy qui sera composé avec les
soldats, d'infanterie indigène qui ont pris part à la
défense.
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CHAPITRE XVI.
Sommaire : Situation générale après la délivrance de la Résidence
par le général en chef. — Ajournement de Toccupation défini-
tive de Lucknow.^ Situation des provinces de Tlnde centrale.
— Les résidents de Sangor. — Occupation de Galpy par le con*
tingent de Gouâlior. — Affaires du général Windham. — Com-
bats du.6 décembre. — Affaire de Seral-Ghat (10 décembre).
— Plan de campagne adopté pour la destruction des rebelles
dans rOude. — Emplacement et opérations des divers corps
d'armée. — Colonne du Rohllcund (brigadier Penny). — Co-
lonne du Rac^epoutna septentrional (brigadier Showers). —
Colonne du Doab (colonel Seaton). —Colonne du Radjepoutna
méridional (brigadier Roberts et major Raines). — Colonne de
l'Inde centrale ou armée de la Merbuddah (généraLsir \k Rose
et brigadier Stuarl). — Colonne de Madras ou du Gandounna
(colonel Whiteiock). — Colonne de la frontière méridionale de
rOude (brigadier Franks). -- Colonne de la frontière orieutale
(colonel Rowcroft). — Colonne de la frontière septentrionale
(iung Bahadoor, colonel Mac-Gregor). — Opérations prélimi-
naires, marche du général en chef sur Futtehghur et du général
Walpole sur Ëtawab (2Zi décembre 1857). — Hésitations et in-
certitudes de rétat-major anglais. — Divergences d'opinion ii
Têtard de la conduite des opérations. — On renonce à Texpé-
dition du Rohllcund. — Le quartier-général est réinstallé à
Cawnpour Qanvier et février 1858). — Prise de Ratgurh et dé-
livrance de Sangor. — Force de l'armée de sir C. Campbell. —
Prise de Lucknow. — Dispersion des forces de Tarmée de
Lucknow. — Colonnes des généraux Hope Grant, E. Lugard et
Walpole. — Prise de Ihansi. — Prise de Kotah. — Combat de
KouDcb. — Prise de Calpy.— Les insurgés s'emparent de Gou&-
lior. — Ils reperdent cette ville le 19 juin. — Opérations dans le
Rohllcund.— Prise de Schahdjihanpour et de Bafeilly.— Affaire
du général Walpole. — Opérations clu général Lugard dans les
districts du sud de TOude. — Les troupes anglaises prennent
leurs quartiers d'été. — Situation générale au moment de la
cessation des hostilités. — Appréciation des résultats obtenus.
Discussion critique des opérations de 1857-1868. — Résultat
probable de la prochaine campagne.
Oh a vu, dans le chapitre précédent, que l'énorme
dispropo! lion (jiii ejiiûlail cnlrc les forces des insur-
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39& DE LA PlilSSÂNCB MILITAIRB
gés de Lucknow et la petite armée du général Camp-
bell n'avait pas permis l'occupation définitive de la
capitale de i'Oude. Malgré les pertes nombreuses
qu'ils avaient éprouvées, les rebelles comptaient en-
core 60,000 combattants au moment de l'évacuation
de la Résidence. Ils ne s'étaient pas retirés et sem-
blaient déterminés à défendre la ville proprement
dite, maison par maison. Entrepris dans de pareilles
conditions, le siège eût équivalu au sacrifice de la
force, déjà bien réduite, dont pouvait disposer le
général anglais et eût peut-être nécessité une troi-
sième délivrance de Lucknow.
La part faite à l'impatience légitime que pouvait
causer l'ajournement de la soumission de TOude, les
résultats de la première campagne étaient encore de
nature & produire^n Angleterre une satisfaction bien
légitime. L'armée qui avait emporté Delhi pouvait
rappeler avec fierté que ce fait d'armes avait été ac-
compli par moins de 5,000 Européens, et que la co-
lonne d^assaut ne s'était guère élevée à plus de
8,500 hommes. La capture du roi de Delhi devait
exercer une grande influence sur la désorganisation
et la dispersion des rebelles. Les fugitifs de la garni-
son avaient été poursuivis dans l'est, du côté du Ro-
hilcund et de l'Oude, dans le sud du côté de Muttrah.
Ces débris, que la direction même de leur fuite ra-
battait sur les forces européennes, semblaient voués
à une destruction certaine.
Quant à Lucknow, on peut concevoir la joie que
causait en Angleterre cette tardive délivrance, lors-
qu'on songe que, du 31 mai au 25 septembre, date
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DM ANGLAIS DANS L*INDB. S05
du premier ravitaillement par Havelock, et du 25 sep-
tembre au 46 novembre, six longs mois s'étaient
écoulés pendant lesquels ce petit nombre d'hommes,
groupés autour de leurs femmes et de leurs enfants,
avaient dû passer par toutes les alternatives de la
consternation et de Tespérancé.
Ce qu'il y avait de plus remarquable dans ces pre-
miers succès remportés par l'armée des Indes et ce
qu*on ne saurait assez répéter, parce que rien ne
donne mieux la mesure de l'infériorité de la race in*
dienne, c'est que l'armée de 50,000 hommes, si labo^
rieusen()ent formée en Angleterre, flottait encore sur
POcéan à l'époque de cette première campagne et
n*avait pu y prendre part. Jusqu'ici, ce sont les .
troupes dispersées que l'insurrection a surprises à
des distances prodigieuses les unes des autres; ce
sont les nouvelles levées faites chez les Sickhs; ce
sont quelques régiments détournés de la Chine ou
détachés du Cap et de Maurice, qui ont (enu tête à
l'armée du Bengale et qui ont fini par l'accablcF.
Certes, l'armée d'Europe devait être la bienvenue
dans un pays où sont encore dispersés une centaine
de mille de pillards armés; mais elle ne devait plus
avoir affaire à une force organisée, & des places fortes,
à une dynastie consacrée par les traditions. Cette
armée ne devait plus faire qu'une guerre de police,
si Ton peut s'exprimer ainsi. Toutefois, nous allons
voir que, malgré Tamélioration de la situation, il s'en
fallait pourtant de beaucoup que cette armée man-
quât d'occupation dans un tel pays et après de telles
secousses.
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396 Dfi Lk PUIS8ANQB IliUTAIBC
La nécessité de présenter avec le plus de suite pos-
sible les événements de TOude nous a conduit à né->
gliger jusqu'ici les opérations accomplies dans les
autres parties de l'Indépendant les derniers mois de
Tannée 1857. Nous allons les résumer succinctement,
afin d'établir leur liaison avec le plan général suivi
en i 858 par le général en chef.
Toutes les parties de l'Inde centrale et de la prési^
dence du Bengale que les troupes anglaises avaient
été forcées d'abandonner se trouvaient, au mois de
novembre 1857, en proie à une désorganisation
complète. Des bandes d'aventuriers, composées en
grande partie de cipayes échappés de leurs corps
dispersés et conduites par des chefs indigènes, par-
couraient les campagnes, infestaient les routes et por«»
taient partout la dévastation et le pillage. Comme il
était facile de le prévoir, le brigandage et la chouan^
nerie avaient remplacé la guerre ouverte et régulière*
Cernés par les rebelles d'Indore, de Mhow, de
Mundisore, les résidents de Sangor, dans l'Inde cen-
trale, avaient dû se réfugier dans le poste fortifié
dont on avait augmenté tant bien que mal les dé-
fenses. I^a petite troupe qui tenait cette position,
123 combattants environ, se trouvait dans la situa-
tion critique qui avait pendant si longtemps pesé sur
les défenseurs de la Résidence. A Sangor comme à
Lucknov^, un grand nombre de femmes et d'enfants
se trouvaient exposés aux souffrances d'un blocus ri-
goureux et renouvelaient toutes les anxiétés dont on
avilit espéré se voir aflranchi par la délivrance de la
Résidence.
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DES ANGL/lIS DANS f/lNDK» 397
EnU*e Cawnpour et Allahabad, les rebelles de Di*
napore^ auxquels leur désertion en masse avait per-
nois de conserver une sorte d'organisation, avaient
quitté Bandah. Sous la conduite de KouerSing, ils
avaient traversé la Jumna dajis les environs de Galpy
et s'étaient dirigés sur Futehpoor. Le 1*' novenobre,
le major Powell s'était porté à leur rencontre à la
téta de 800 hommes environ et les avait rencontrés
près de Rudjeneea, où ils occupaient une forte posi-
tion défendue par 3 pièces d'artillerie. Cette position
avait été emportée par le détachement anglais, mais
au prix de pertes assez considérables. Le major Powell
avait été tué dans ce combat, à la suite duquel les re-
belles avaient repassé sur la rive droite de la Jumna.
Le contingent deGouâlior^dont nous avons raconté
la révolte, après être resté longtemps inactif, s'était
enfin mis en marche, malgré les efforts de Sindhya
pour le retenir, et il s'était concentré à Calpy dans
une attitude expectante. Là ville de Galpy n'est qu'à
environ A6 milles au sud-ouest de Gawnpour; la
Jumna, qui coule entre ces deux stations, ne devait
offrir qu'un obstacle très insuffisant à la marche du
contingent de Guoâlior, dont le mouvement était ha-
bilement combiné dans l'attente des événements qui
se passaient dans TOude.
Le pays entre Bénarès et Raneegunge était battu
par les rebelles du 5® irrégulier et du 32% qui avaient
échappé à la poursuite du major English sur les bords
de la Soane ; toutefois, l'annonce de la formation d'un
camp permanent à Raneegunge, au débouché du
chemin de fer de Calcutta^ semblait déjà rendre quel-
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398 DE Lk t»U1S9A^CB MILrTAIftB
que sécurité à la portion du Trunck«Road qui traverse
ces districts.
A Jubbulpoor et sur les frontières du Bundelkund
et du Gandouana, ce n^était que pillages et violences
exercés par les rebelles du 52% I^e plus grand nombr e
d'entre eux s'était mis à la solde d'un chef nommé
Mhirwan-Sing, qui s'était proclamé radjah de Tejg-
hur. Le capitaine Ternan poursuivait ce rebelle, dont
le repaire avait élé détruit, mais sans amener la dis-
persion de ses adhérents.
Le pays au nord d'Allahabad était infesté de re-
belles. A Sarun, Moharoed-Ali-Rhan s'était établi
avec 6,000 hommes et & canons, et s'intitulait Nazim
d'Allahabad ; mais, au lieu de chercher à s'emparer
de sa capitale, ce qui eût permis d'en finir avec lui»
il se contentait de piller les paysans.
Du côté de Jouanpoor et d'Azimgurh, la situation
n'était guère meilleure; cependant, gr&ce au con-
cours des premiers détachements de (ioorkhas, Has-
san-Yar-Khan, qui commandait les rebelles dans ces
districts, avait été refoulé vers le nord.
Les provinces de Delhi et de Meerut étaient les
seules qui, au moment delà marche de sir Campbell
sur Lucknow, goûtassent une tranquillité relative,
grâce aux opérations des colonnes de Greathed et de
Showers, dont nous avons rendu compte. Le premier
de ces officiers avait joint ses forces à celles du gé-
néral en chef pour la délivrance delà Résidence; à
la date du 15 octobre, le second avait pris possession
de Dadree^ à 3i milles environ au sud-est de Delhi.
Le 17» la colonne du brigc^dier Showers, composée
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MS ANGLAIS DANS l/lNDB. 599
de 1,200 hommes, avec le contingent de Cachemyre,
s'était rendue à Ihujjur. On avait trouvé la place éva-
cuée par Tennemi; mais on avait pris 21 canons et
beaucoup de munitions abandonnées par les rebelles.
Du côté du Rohilcund, Tabandon de toutes les sta-
tions militaires par les Anglais, au début de Tinsur-
rection, avait complètement livré le pays aux rebelles.
La situation de cette province, intermédiaire entre
rOude et les provinces du nord-ouest, rendait sa sou-
mission indispensable pour le succès des opérations
à diriger contre Lucknow ; le brigadier Chamberlain
fut chargé de Tattaquer par le nord, de manière à
concourir à l'exécution du plan général arrêté par le
gouvernement de l'Inde et dont nous allons donner
on aperçu.
Le buta atteindre était la concentration de l'insur-
rection dans les limite^de l'Oude et du Rohilcund : là
était le véritable foyer dont il fallait étouffer jusqu'à
la dernière étincelle. Il ne suffisait pas, en effet, que
chaque détachement de rebelles fût dispersé, que
chaque repaire fortifié fût détruit, il fallait que la
révolte fût non-seulement vaincue, mais encore
anéantie. Il était nécessaire de prévenir à tout jamais
te retour des bandes de fugitifs qui avaient traversé
le Gange et la Gogra; il fallait les empêcher de ré«
pandre de nouveau la désolation dans les districts
récemment délivrés de leur présence; en un mot, il
s'agissait de ne pas permettre aux insurgés de l'Oude
d'en sortir et, autant que possible, de détruire, avant
qu'ils pussent y entrer, ceux qui cherchaient à en
gagner la frontière. Pour exécuter ce plan, il fallait
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A 00 DB LA PUI8SANGR MlLITAIftE
avant tout entourer TOude d'un cordon de troupes
continu et puissant dont la concentration permettrait
ensuite de frapper un grand coup au moment décisif.
Nous verrons plus loin comment et par quelles
dispositions ce résultat fut obtenu; mais nous devons
auparavant rendre compte des mouvements qui suî«
virent immédiatement la délivrance de la Résidence.
Nous avons parlé, dans un des chapitres précé-
dents, de la révolte du contingent de Guoàlior. Scind*
hya, par la force et la persuasion, et à l'aide de sa
propre armée restée fidèle, était parvenu dans le
principe à contenir cette troupe et Tavait empêchée
de se joindre aux insurgés de Delhi et de Cawnpour.
Plus tard, ce contingent avait fini par se soustraire à
so|i contrôle et était parvenu à s'échapper. Depuis le
commencement de Tinsurreclion, les mouvements de
cette armée, qui devait jouer un rôle si important et
qui, à r heure actuelle, forme encore le principal
noyau de la résistance que rencontrent les Anglais,
avaient été caractérisés par une indécision remar-
quable, et rien ne pouvait faire prévoir le succès
qu'elle devait obtenir plus tard.
Nous avons dit que la force de ce contingent éiaii
considérable. Malgré les pertes quMl avait pu éprou-
ver, il comptait, au mois de novembre 1857»
8,000 hommes environ, parfaitement organisés et
équipés. 11 avait son artillerie de campagne et de
siège, sa cavalerie, son commissariat, en un mot
tout ce qui était nécessaire pour le service de guerre.
Pendant que les généraux anglais étaient occupés
dans rOiide» cette petite armée n'avait fait aucun
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M3 ANGLAIS DANS L^NBS. iktOl
mouvement décisif; elle s -était bornée à errer, pleine
d*irré8olutioDy spr les bords de la Jumna, sans 8*a-
venlarer h venir au secours de se9 complices. Vers le
milieu de novembre, cédant enfiq aux excitations des
émissaires de Nana«SaIb, ses chefs lui avaient fait
traverser la rivière, et elle s'était avancée dans la
direction de Gawnpour, où le général Windham avait
élé laissé avec 2,000 hommes environ par le général
en chef sir Colin Campbell (i).
Le 27 novembre, le général Windham sortit de son
camp, et marcha contre les troupes de Gouàiior, sur
lesquelles il avait déjà remporté, la veille, un avan-
(1) Le général sir Colin Campbell, nommé au commandement
en chef de Tarméa des Indes, a de nombreux et glorieux antécé*
dents. Il débuta en Espagne comme enseigne au 9* d*lnfanterle,
combaUit eu 4814 et 1815» en Amérique, et se distingua, en 1823,
à répoque de Tinsurrection de Demerara. En 18^2, Il comman-
dait le 98' régiment. Au moment de la guerre de Chime» on rap-
pela au commandement d*une brigade de la 3* division, alors
dans le Pendjaub. Quoique blessé k ChiUlauwallah, il se distingua
k Kohat, daviut chef de sa division, et se signala dans plusieurs
engagements successifs. Nous croyons inutile de rappeler ici les
services récents rendus par sir Colin Campbell en Crimée; son
nom figure sur la liste des généraux anglais nommés grands-offi-
ciers de la Légion d*honneur. Au nombre des disUncUons dont
sir Colin Campbi^U a été honoré, nous menUonnerons le titre de
Bourgeois d*bonneur de la ville de Glascow, patrie de son père,
et quMl n*avalt pas revue depuis un demi-siècle; 5,000 habitants
de cette ville se sont en oulre cotisés pour lui offrir une épée.
Le général Windham (le héros du Redan) a servi également en
Crimée; il était colonel à son départ pour FOrient. Nommé
major-général devant Sébastopol , il avait été désigné, après la
prise de la ville f pour remplir les fonctions de commandant mi-
lilairr- pour les Anglais.
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A09 DB LA PDIMANGB MîLITAIftK
tàge dont la chute du jour n'avait pas permis de re-
cueillir les résultats. Pendant la nuit, Tennemi avait
été renforcé par les rebelles de Dînapore, et les trois
régiments (6&«, 82% 88*} qui composaient toute la
force du général Windham, 2,000 hommes environ,
étaient hors d'état de lutter contre les 10,000 cipayes
qui allaient les assaillir. La colonne du général Win-
dham fut mise en déroute, et perdit son camp avec
500 tentes, les harnais des bêtes de somme, et du
matériel (équipement et chaussures) pour une somme
considérable. Dans cet engagement malheureux, le
brigadier Wilson, le major Stirling, les capitaines
Saunders, Morphy et Macroe, les lieutenants Parsons
et O'Graddy succombèrent, tués ou blessés, après
avoir fait des prodiges de valeur. Le 6&«, dont le
brigadier Wilson était colonel, perdit la moitié de son
monde.
Les débris de la colonne Windham, abandonnant
le camp de Nawabgunge, s'étaient retirés dans les
retranchements de Gawnpour, autour desquels l'en-
nemi grossissait d'heure en heure, lorsque le général
Campbell parut sur la rive gauche de la rivière, es-
cortant le convoi de Lucknow. Ce retour inespéré
changea promptement la face des affaires. Le 6 dé-
cembre, le contingent de Gouâlior était attaqué à son
tour par les forces réunies de sir Colin Campbell et
du général Windham, et il était rejeté en désordre
sur ses anciennes positions, aux environs de Calpy,
après avoir perdu la plus grande partie de son artil-
lerie et tout le butin dont il s'était emparé.
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M8 aholais dans Vïhùh. Ma-
' Le 10 décembre, une partie des fugitifs du oon-l
Ungent qui avaient tenté de gagner POude étaient
atteints à Seral-Gbat par le général Hope Grant (du
9* lanciers) au moment où ils cherchaient à passer le
Gange. Après un rude engagement, les rebelles
étaient mis en complète déroute et perdaient tous
leurs bagages.
Grftce au retour opportun du général en chef,
1- échec de Nawabgunge se trouvait réparé; mais»
d'un autre o6té, la retraite de Farmée anglaise sur
Cawnpour, en laissant le champ libre aux insurgés
de rOude, déterminait dans le sud de cette province
des résultats qui, pour être prévus, n'en étaient pas
moins fftcheux. Les Goorkhas, chargés de protéger
Jouanpour et Azimghur, étaient obligés de se retirer,
et ces deux districts tombaient au pouvoir des rebelles.
Afin de couvrir Bénarès et la rive droite du Gange
entre Allahabad et Patna, le colonei Franks reçut
Tordre d'organiser une force imposante sur ta rive
gauche du fleuve, et fut autorisé à arrêter provisoi-
rement tous les détachements qui se dirigeaient de
Calcutta sur Cawhpour* Dès les premiers jours de
janvier, cette force était en mesure de remplir sa
mission, et fermait complètement la frontière du sud
de rOude, pendant que Jung-Bahadoor, le roi du
Népaul, envahissait le nord de cette province à la
tôle de 9,000 Goorkhas réunis à Segowlee par le co*
lonel Mac-Gregor.
La première moitié du mois de décembre fut em-
ployée par le général en chef & régler et coordonner
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kOk M LA P0f89ANQB MIUTAIU
les mouvements des différentes colonnes qui devaient
concourir et Texécution du plan dont nous avons
donné plus haut Texposé, Livrés jusque-là à eux-
mêmesy obligés de secourir les garnisons assiégées,
et de faire face à Tennemi dans toutes les directions,
réduits à combattre , en quelque sorte, au jour le
jour, sans plan arrêté d'avance, les chefs des dilé-
rentes colonnes dont nous avons résumé les opéra-
tions avaient manœuvré suivant leurs inspirations
personnelles, toujours avec audace, souvent avec tap
lent, mais rarement avec Tensemble que réclamait la
situation. Le moment était arrivé où T unité du com-
mandement allait se faire sentir dans la direction des
troupes disséminées sur le plus vaste thé&tre d'opé-
rations dont les annales militaires aient jamais fait
mention.
Dans le conseil de guerre qui avait été tenu à
Calcutta & rarrivée du général en chef, il avait été
décidé que les gouverneurs de Bombay et de Madras,
déduction faite des troupes nécessaires pour mainte»
nir Tordre dans leurs présidences, fourniraient leurs
contingents pour la campagne du printemps, afin de
compléter le réseau dans lequel les insurgés devaient
être renfermés. Nous allons indiquer remplacement
des colonnes qui, conformément à ces instructions,
avaient été mises en marche du Pendjaub, de Bom-
bay et de Madras, ainsi que la disposition des troupes
établies sur le théâtre même de la guerre.
i"" Au nord, une colonne détachée du Pendjaub
par sir John T^awl'ence avait mission d'envahir le
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DM AMGtAIS OANS^ t'iNDK. ftOS
Bohiltuod, sous les ordres des généraux Chamber-
lain et Penny, en descendant par Umballah et
Uurdwar. Cette force devait appuyer les opérations
des troupes qui rayonnaient autour de Delhi sous les
ordres de Seaton et Cotton.
2* A Delhi» le brigadier Showers commandait les
troupes chargées d*obsérver les insurgés du Radje-
poutna septentrional, et parlicuiièrement la légion de
Joudpour, qui, formée, comme le contingent de
Gouàlior^ de troupes disciplinées, jouait dans Tlnde
centrale un r6le analogue à celui des troupes de
Scindhya dans le Bundelcund. Le brigadier Showers,
après s*étre emparé de Dadrce le 15 octobre, occupa
Juffghur, et défit le 16 novembre la légion de Jood-
pour, qui ne comptait pas moins de 6,000 hommes
en ligne. Le 35 du même mois, dans un second en-
gagement près de Curnaul, les insurgés du Radje-
poutna essuyèrent une nouvelle défaite, et perdirent
toute leur artillerie; malheureusement, la mort du
colonel Gérard, tué au débuLde cette affaire, vint di-
minuer la satisfaction causée par ce succès, qui avait
déterminé la dispersion de la légion de Joudpour.
S* Sur la rive gauche de la Jumna, le colonel Sea-
ton remplissait, avec une force détachée de Delhi, la
mission dévolue au brigadier Showers sur la rive
droite. Cet officier devait suivre Titinéraire tracé au
mois d'octobre précédent par la colonne Greathed.
Partie d'Alyghur le 12 décembre, la colonne Seaton»
dans sa marche sur Mynpooree, rencontra le 1& les
insurgés, au nombre de 3,000 hommes environ, ffè£
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iOé DB Là P01S8ANGB MILITAIRE
de -Gongeree. La surprise fut complète, et, après
avoir subi une charge vigoureuse des carabiniers, les
rebellesprirentlafuitedans la direction de Fultehghur,
abandonnant leur convoi et leurs canons. I.e 37 dé-
cembre, le colonel Seaton Jivrait un nouveau combat,
à la suite duquel ses troupes occupaient Mynpooree.
&« Dans te Radjepoutna, le général Roberts était
à la tête d'une colonne détachée de Bombay. Parti
de Deesa dans le courant de décembre, il devait oc-
cuper Nusserabàd, où son avant-garde, commandée
par le major Raines, Tavait précédé. Après avoir
balayé les insurgée dans le Radjepoutna méridional,
la colonne du général Roberts devait marcher sur
Kctah, où les insurgés étaient en force, de manière
à couvrir le flanc gauche de Tarméê de sir Hugbes
Rose, qui manoeuvrait dans Tlnde centrale. Le
2& janvier, la force du Radjepoutna, at>rès s*6tre
emparée du fort d*Avah, se trouvait en mesure de
concourir à l'exécution du plan général.
5* Nous avons exposé plus haut la situation de
Sangor dans l'Indu centrale. Le brigadier Stuart
avait pour mission de dégager la garnison de cette
placc^ assiégée depuis plusieurs mois, et de rétablir
Tordre dans les districts de Neemuch, d*Indore, de
fttefcidpoor^tde Mondèsore. La base d'opération de
Mite eolonne était k ville de Mhow, sittrée au centre
dés provinces tosurgées.
6** Au commencement de décembre, une "seconde
colonne, qui, réunie à celle du brigadier Stuart , prit
le iipm d*arraée de la Nerbuddah, fut placée sous les
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t>BS aN'glais dans l'indb. ft07
ordres da général sir Hughes Rose. Cette force,
après avoir dégagé Sangor, devait marcher sur
Calpy et Ihansi , où ie contingent de Gouàlior était
toujours fortement établi, et fermer le Bundelcund
aux insurgés de l*Oude sur cette portion de la fron^
tière.
!• Sur la limite du Bundelcund et du Gandouana,
la présidence de Madras avait envoyé un détache-
ment vers le commencement de décembre. Cette
force, sous les ordres du colonel Whitelock, était
partie de Secunderabad le 1&, et s'établissait à Nag-
pore vers le milieu de janvier. Elle avait pour prenriier
• point objectif Djubbulpour. Après la pacification dg
ce district et la dispersion des insurgés de Rewah,
elle devait appuyer le flanc droit de Tarmée de rir
Hughes Rose dans ses opérations omtre Ihansi^
Bandah et Calpy.
8*" Nous avons déjà indiqué sommairement le rôle
que devait remplir la colonne du brigadier Franks
sur la frontière méridionale de TOude. Conformément
à ses instructions, cet officier général s'était tenu sur
la défensive pendant les mois de décembre et de jan-
vier, Afin de coordonner ses mouvements avec ceux
des Gooricfaas réunis à Segowlee* Au eominencemeni
de février, il avait franchi le Gange et s'était porté à
Bvdnapoor. Après avoir battu l'ennemi à Shandhia,
où Mohamed-Hussein avait réuni des forças cottâdé-
râbles, le brigadier Pranlcs avait pris position au nord
de Saltanpoor, sur la route de Lucknow, réglant ses
mouvements sur ceux de Jung-fiabadoor, qui lurri*
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&08 DB LA POISftAPlCB MltlTiiaB
vait par ie nord, et sur ceux du colonel Rowcroft^
qui manœuvrait dans le district de Sarun, dennanière
à fermer aux rebelles toute issue vers TesU
!!<> Jung-Bahadoor, à la tête de 10,000 Gboorkbas,
était parti de Segowlee, et devait fermer» du côté de
Gooruckpoor, les dernières mailles de Timmense filet
destiné à envelopper la rébellion^ Aidé par les succès
du colonel Rowcroft, Jung*Bahadoor était entré à
Gooruckpoor le 6 janvier. De cette ville; il devait se
rendre par Bustee, Fyzabad et Deriabad sous les
murs de Lucknow.
Nous croyons avoir indiqué aussi clairement que
possible l'emplacement des troupes anglaises au mo-
ment de la seconde campagne de sir Colin Campbell
dans rOude. Nous n'entrerons pas dans le détail dos
avantages remportés par les diverses colonnes dans
leur marche convergente sur lo Gange. Il nous suffira
de dire que« pendant les derniers mois de Tannée
1857, la supériorité des Anglais s'était maintenue
d'une façon incontestable dans toutes leurs rencontres
avec les insurgés.
Vers la fin de décembre, le général en chef, afin
de h&ter la conclusion des opérations préliminaires
de la campagne, ordonna quelques mouvements aux
troupes placées dans sa sphère d'action immédiate,
et transporta lui-même son quartier-général de Çawn«
pour à FuUehghur. Les insurgés s'étaient réunis en
grande force dans les environs de cotte place, sous
la conduite de l'ancien nawab. U était nécessaire de
les débusquer de cette position importante, et d'oik
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Ton peut surveiller à la fois le Doab, le Rahitcand et
rOudc.
Sir Colin Campbell se mit en mouvement le 2& dé-
cembre, et le 27 il battait les troupes du nawab à
Kalee-Nuddy ; le 2 janvier, il s'établissait à Futteh*
gbur. Le général Walpole, détaché du corpa princi-
pal, sur la route d'Ëtawah, devait observer Calpy
et le contingent de Gouàlior, puis se réunir au colo-
nel Sealon, qui avait sdn quartier-général h Myn-
poorie. Les deux colonnes de Sealon et de Walpolc
devaient ensuite inarcUer conjointement sur Futteh-
gbur pour se réunir au corps d'armée du général en
cbefi
Ces divers mouvements étaient terminés vers le
milieu de janvier.
Il semblé qu'à partir de celle époque, et jusqu'au
mois de mardi, une certaine indécision ait caractérisé
les mesures adoptées par Tétat^major anglais Doit-on
l'attribuer à la divergence des opinions qui s'agi-
taient dans le conseil de Tlnde, ou bien faut-il en
chercher l'explication dans le retard involontaire de
quelques-unes des colonnes dont nous avons indiqué
la mission et la marche? Peut-être est-ce à ces deux
causes qu'il faut attribuer d'abord la cessation des
opérations contre le Rohilcund, dont l'occupation de
Futtehghur semblait devoir être le prélude; puis, en
second lieu, l'inaction de l'armée principale à Cawn-
pour, après la réinstallation du quartier-général dans
cette ville, vers le commencement de février.
Deux opinions, s'il faut en croire les corre^pon-
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&iO DE LA PUIS6ÂNCB MILITAIEE
dances, se seraient partagées le monde oflBciel de
l'Inde, et leur discussion, silencieusement poursuivie
à Âliahabad, où s'était transporté lord Canning, au-
rait déterminé les modifications que nous venons de
^ignalen Un parti, ayant à sa tête le gouverneur-
général et le conseil de Calcutta, voulait attaquer
Lucknow sans délai. Là, prétendait- on, se trouvaille
véritable siège de la révolte. Une fois la capitale de
rOude emportée, les bandes qui parcouraient le
pays devaient perdre tout espoir; chaque jour de re-
tard ne pouvait qu'ajouter à la force de Lucknow.
Tant que cette position centrale serait debout, la ré*
volte devait conserver un drapeau et un point de ral-
liement.
L'autre parti, celui du commandant en chef, pen-
sait qu'il était essentiel de balayer préalablement les
insurgés du Rohilcund. Les bandes qui erraient dans
cette province pouvaient rendre incomplet le résul-
tat des opérations, intercepter les communications,
tandis que leur concentration à Lucknow et dans
rOude permettrait d'en finir d'un seul coup avec la
révolte. Quant au surcroît de force que cette capitale
pouvait puiser dans le répit qui lui était laissé, <hi ne
pensait pas devoir s'en inquiéter beaucoup. Ses rues
fortifiées ne pourraient jamais tenir contre l'artitierie,
et sir Colin Campbell en avait ube magnifique.
A ces diverses considérations venait s'ajouter le
retard des contingents sikhs, sans lesquels Karmée
du général en chef était loin d'être considérable.
Quels que soient les motifs qui dictteent ie mouve*
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MB ANGLAIS DANS l'iNDB. &11
ment rétrograde de Tarmée sur Gawnpour, le quar-
tier-géoéral) ainsi que nous l'avons dit plus haut, y
fut installé de nouveau le & février, et le mois tout
entier fut employé à compléter Torganisation des
troupes, à réunir les convois et les approvisionnements.
C'est au milieu de ces occupations que le général
en chef reçut la nouvelle des résultats obtenus par les
colonnes de Tlnde centrale. Le 20 janvier, sir Hughes
Rose, à la tête des troupes de la Nerbuddah, avait
enlevé la forteresse de Ratgurh. L'ennemi s'était
échappé pendant la nuit en escaladant les murailles.
Le 3 février, la même colonne avait ravitaillé San-
gor, et délivré la garnison» bloquée depuis six mois.
Une centaine de feiKimes et d'enfants, réfugiés dans
les murs de cette ville, avaient partagé, comme à
Luckhow, les souffrances des assiégés. De Sangor, le
général Rose annonçait sa marche prochaine sur
Gaipy et Ihansi , où les insurgés de Gouftiior et de
Dinapore se trouvaient réunis.
La délivrance de Sangor était un événement im-^
portant à plusieurs titres. 11 ne restait plus, dans
l'Inde, de chrétiens non combattants, placés dans
rhorrible situation où s'étaient trouvés les résidents
de Delhi et de Gawnpour. L'Angleterre pouvait se
féliciter de ce que les scènes de sang dont ces deux
villes avaient été le théfttre, et les représailles stériles
qu'elles avaient amenées allaient enfin disparaître
sans retour avec le nouveau caractère imprinaé à la
lutte. '
Dans les premiers jours de taars 1858^ les mou-'
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il 2 Dfi Lk PUISSANGB IIILITAIBB
vements prescrits par le général en chef se trouvaient
exécutés, sinon avec toute la précision désirable, du
moins avec assez d'ensemble pour permettre à l'ar-
mée de passer le Gange. Sur plusieurs points, le
manque de transports avait arrêté les colonnes con-
vergentes, notamment sur la frontière du Bundel-
cund, dont les rassemblements n'étaient pas disper-
séSy et où les insurgés occupaient encore Calpy et
Ihansi. Du côté du Rohilcund, le pays n'était aussi
que très imparfaitement occupé et surveillé ; toute-
fois, l'approche de la saison des pluies ne permettlût
plus de différer davantage la marche sur Lucknow,
si l'on voulait frapper le grand coup avant l'époque
où les hostilités se trouveraient forcément interrom-
pues par les chaleurs et les pluies.
Après avoir reçu d'Âgra, le 29 février, le matériel
de transport et de siège jugé nécessaire d'après les
renseignements obtenus sur les ouvrages défensifs
élevés par les insurgés de Lucknôw, le général sir
Colin Campbell partit de Cawnpour le 2 mars, et se
dirigea sur Âlumbagh.
Cette position , si vaillamment défendue depuis
trois mois par le général Oulram, avait été le poste
de l'honneur comme celui du danger pendant les opé-
rations qui avaient signalé cette période; elle deve-
nait la base naturelle de celles qui allaient être diri-
gées contre Lucknow.
Uarmée du général en chef, si lentement et si la^^
borieusement formée, comprenait : 15 régiments
d'infanterie européenne, 3 régiments dMnfanterie in-
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Dits AN0L4IS DANS L*iNDB« &13
digène, 3 r^iments de cavalerie européenne, S ré«
giroents et détachements de deux autres régiments
de cavalerie indigène, deux batteries de canons et
mortiers de fort calibre, et 63 pièces de campagne.
En chiffres, cette force se décomposait de la façon
suivante : 40,000 baïonnettes et 1,500 satires euro-
péens; 3,000 fantassins et 5,000 cavaliers indigènes,
plus 3,500 hommes de l'artillerie, dont un tiers envi-
ron recrutés parmi les indigènes.
1/armée comprenait donc, à sa sortie de Cawn-
pour, un total de 20,000 hommes environ, dont
15,000 Européens.
A cette force devaient s'ajouter 10,000 hommes
environ, fournis par les colonnes qui manœuvraient
sur la frontière méridionale de l'Oude, commandées
par les brigadiers Franks et Campbell, et les Goor-
khas de Jung*Bahadoor, qu'on évaluait à peu près
au même chiffre.
Le 6 mars, le général Campbell arrivait à Alum-
bagh sans avoir eu d'engagement sérieux avec l'en-
nemi. Le pont de Bunnee, qui dans les marches pré-
cédentes avait toujours été le théâtre de combats
acharnés, avait été occupé par un détachement fourni
par le général Outram.
Le 8 mars, sir Colin Campbeii, suivant le même
itinéraire que dans la campagne de l'année précé-
dente, occupait le pai*c de Dilkhosa, et se dirigeait
sur I^ Mardnière (1), en tournant à distance la ligne
(1) Voir le plan .de Liiclinow aqnexé à cetle étude.
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km DB LA PBI86ANGB UlUTàOBB
d'ouvrages élevés par les insurgés sur les berges do
canal qui entoure Lucknow du côté de Test.
Le 9, toutes les dispositions étaient prises pour
l'attaque simultanée sur les deux bords de la Goumtî.
Afin de oouper la retraite aux insurgés du côté du
nord^ le général Outrarn passait la rivière, et s'em-
parait du Bad-Schah-Bagh, situé sur la rive gauche,
en face des palais qui bordent la rive droite; au
même moment, sir E. Lugard, à la tête de la 2* di*
vision, donnait l'assaut aux bâtiments de La Marti-
nière.
A l'exception de la diversion opérée par le général
Outrarn sur la rive septentrionale de la Goumti, les
divers incidents du second siège de Luckoow s'étant
reproduits en tout semblables à ceux qui avaient «-
gnalé la délivrance de la Résidence, au mois de no-
vembre précédent, nous allons nous borner à les ré-*
sumer succinctement.
Le 10 mars, sir Colin Campbell s'emparaît de
l'hôtel de la Banque, et s'établissait fortement en
avant de ce bâtiment. Sir James Outrarn, de son côté,
poussait sa division sur la gauche de la rivière, oiria
résistance de l'ennemi était opiniâtre.
Le 11 mars, le /i2* régiment de Sa Majesté etlq
98* bighlanders enlevaient d'assaut le Secunder-Bagh
et le palais de la reine; ce succès conduisait les
troupes anglaises jusqu'à lia deuxième ligne de dé-
fense élevée par les insurgés, en avant de Tara-
Khotee, du Mess-House et du Mottee-Mahal.
Le là, une sape était poussée jusqu'à l'Immam-
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M9 ANGLAIS DAM L^INDB. A.15
Barrahi qui touche à la clôture du Kaiser-Bagh; les
Goorkhas s'emparaient des ouvrages élevés sur le
canal.
Le 4 A, rimnoiam-Barrah était enlevé d'assaut, et
les troupes, suivant de près Tennemi, entraient à sa
suite dans le Kaiser-Bagb. Le général Outram pas^
sait, de son côté, le pont de fer en refoulant devant
lui tous les rebelles qui cherchaient à s'échapper
dans cette direction. A trois heures de Taprès-midi,
le Kaiser-Bagh et tous les bâtiments environnants
étaient occupés par les troupes anglaises, qui s'y
installaient solidement.
Le 15, l'ennemi commençait à fuir dans toutes les
directions, et le 16 le général Outram occupait toute
la partie de la ville située entre le Muchee-Bawan et
le Moosa-Bagh. Lucknow était dès lors au pouvoir de
sir Colin Campbell, bien que, sur quelques points,
un petit nombre de fanatiques continuassent encore
une lutte désespérée.
Dès le 15 mars, deux colonnes commandées par
le brigadier Campbell et le général Hope Grant
étaient détachées sur les routes du Rohilcund et du
Bundelcund, vers lesquels semblait se diriger la plus
grande masse des fugitifs de Lucknow. Le général
Grant, avec un millier de sabres, avait ordre de s'ar-
rêter à Setapour, sur la route qui conduit aux grandes
stations de Bareilly et de Schahdjihanpour^de ma-
nière à former T avant-garde de l'armée destinée k
opérer contre le Rohilcund.
La prise de Lucknow, si elle D*achevait (Mis l'œuvre
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A 16 DB Lk POISSAIIGB IlILITAtU
que ta prise de Delhi avait commencée, était du
moins un grand pas vers son accomplissement Les
Anglais pouvaient se féliciter à bon droit de la ruine
de cet important foyer de Tinsurrection, et ce succès
était venu couronner un ensemble remarquable d'opé-
rations stratégiques, et clore avec un certain éclat
une campagne habilement conduite par sir Colin
Campbell.
Toutefois, le plan du général en chef, qui consts-
tait à cerner Tennemi dans la place assiégée, n*avait
pu recevoir sa complète exécution. Le général Rose,
sur lequel on avait compté pour fermer une dernière
issue aux insurgés, ayant éprouvé à Sangor un fatal
retard de trois semaines, sir Colin Campbell avait le
vif regret de voir l'armée rebelle lui échapper presque
tout entière, et s'enfuir vers le Rohilcund et le Bun-
delcund.
Sans doulp, c'était un beau et précieux succès
d'avoir enlevé à la révolte la ville qu'elle avait cboi-
sie pour en faire sa deuxième citadelle; et il est évi-
dent que l'armée insurgée ne pourra trouver désor*
mais une autre place où elle puisse se créer une
position aussi forte, et s'assurer d'aussi solides avan-
tages que ceux dont elle disposait à Delhi et à Luck-
now. Toujours est-il, cependant, que l'insurrection
se trouvait déplacée plutôt que vaincue, la guerre
allait changer de nature, mais elle était loin d'être
terminée.
Aux grandes opérations qui avaient replacé Delhi
et Lucknow mus la domination anglai:«e allait 9ucc(5»
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DKS ANGLAIS DANS L*INDB. Al 7
der une guerre de partisans, de guérillas» qui ména-
geait une rude besogne aux colonnes mobiles lancées
par sir Colin Campbell sur les traces des fugitifs.
Il ne pouvait résulter de cette prolongation de la
lutte aucune crainte pour les Anglais de perdre leurs
possessions de Tlnde. I/insurrection en elle-même
était comprimée; arrêtée dans son développement,
elle n^avait plus ni plan, ni ensemble, ni chances.de
succès pour Tavenir. Cependant, si, à ce point de
vue, la situation était grandement améliorée, Texis-
tence des bandes armées dont on allait avoir à purger
le pays ne pouvait, d*un autre côté, manquer de
causer de grands dommages aux Anglais. Les cha-
leurs commençaient, en effet, à siD faire sentir, et.
déjà les maladies exerçaient de terribles ravages
dans les rangs des troupes royales.
Il nous reste, pour clore cette étude, à résumer
succinctement les opérations de détail accomplies
par les différentes colonnes dont nous avons indiqué
remplacement jusqu'au moment où la saison des
chaleurs excessives et des pluies diluviennes a forcé
le général en chef à suspendre complètement la
marche des troupes.
Celte dernière phase embrasse» à partir de la prise
de Lucknow» une période de cinq mois, peu fertile en
événements importants^ mais caractérisée cependant
par la désorganisation toujours croissante de la rébel-
lion.
Dans rOudc, deux partis, Tun représentant les
adhérents de l'ancienne dynastie, l'autre les musul-
27
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&18 DE LA PUISSANGB HILITAIRB
mans fanatiques, avaient rallié un certain nombre de
fugitifs sur la frontière orientale de la province. Le
premier de ces groupes suivait le drapeau de la Be-
gum (1), le second obéissait à un moulvie ou chef
religieux qui s'était établi à Sûndela, non loin de
Lucknow. La reine ou begum s'était retirée dans une
forteresse sur la Gogra. Pendant ce temps, la grande
armée anglaise avait été divisée de manière à assurer
la possession de la capitale de TOude, tout en pour-
suivant les opérations de la campagne.
Les 28% 38% 53% 90% 97% les fusiliers de Madras
avec de la cavalerie et de Partillerie» avaient été dé-
signés pour rester à Lucknow sous les ordres du gé-
néral Hope Grant. Cette garnison était suffisante»
non-seulement pour rétablir Tordre dans la ville et
appuyer les mesures des commissaires Outram et
Montgommery, chargés de la réorganisation de l'ad-
ministration» mais encore pour tenir la campagne et
pourchasser les rebelles dans un certain rayon autour
de la capitale de TOude.
Le 26 mars» le général Walpole s'était mis en
marche vers le nord avec la majeure partie de Tar-
mée, en suivant la route du Rohilcund. Le général
en chef se préparait à prendre la même route, quand
une affairé fâcheuse survenue dans le sud de TOude
vint contrarier ses dispositions. Le 23 mars, le colo-
nel Milman, qui occupait Azimghuravec un détache-
ment du 37^, ayant appris que les rebelles arrivaient
du nord» se porta à leur rencontre et les battit» tout
(1) L'une des femmes de Wajid-Ali prisonnier à CaicutU.
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DES ANGLAIS DANS L*INDB. 419
comme le général Windham avait fait de î'avaut- .
garde des rebelles âe Gouâlîor. Ce succès fut dé
courte durée ; en revenant à Azimghur après le com-
bat, le colonel Milman fut poursuivi par une force
considérable commandée par Kouer-Sing, et ne par-
vint qu^avec peine à regagner son poste, où il fut
aussitôt assiégé par les rebelles. Cet incident vint
gêner, comme nous Tavons dît plus haut, rentrée en
campagne du général en chef; sir Colin Campbell
dut changer ses premières dispositions et détourner
vers Azimghur une assez forte colonne qui, sous les
ordres de sir E. Lugard, avait reçu une autre desti-
nation, toutefois, le 12 avril, le général en chef
transportait son quartier-général à Cawnpour et se
préparait k marcher sur Futtehghur, où le brigadier
Seaton, à la tête d'une colonne volante, venait de
battre un rassemblement d'insurgés, et, le 15 du
même mois, sir E. Lugard débloquait Azimghur et
refoulait Kouer-Sing et ses adhérents dans le bassin
de la Gogra.
Nous avons laissé, dans l'Inde centrale, sir Hughes
Rose arrêté à Sangor par le défaut de transports.
Vers le milieu du mois de mars, étant parvenu à se
j[)rocurer les bêtes de somme et les convois qui lui
manquaient, cet officier-général partit le 22 pour
Ihansi, où les rebelles, au nombre de 12,000 hommes
environ, s'étaient rassemblés. Le général Rose fut
rallié dans sa marche par le brigadier Stuart, qui
avait été détruire Chandery. Le 23 mars, les insur*-
gés avaient évacué cette place.
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h^O DB LA POISSA ^GB HlUTAIM
Le 27, les deux brigades de rarmée de la Ner-
buddah se trouvaient réunies sous les murs de Ibansi,
et le siège commençait dès le lendemain.
Le 1*' avril, des forces considérables, comman*
dées par Tantea-Topi, oncle de Nana Salb, firent une
démonstration pour secourir la ville. Sir H. Rose,
sans lever le siège, attaqua ce corps et remporta une
victoire complète : 18 canons, plusieurs éléphants et
tous les bagages des rebelles tombèrent entre ses
mains.
Le A avril, après une lutte assez sérieuse dans la-
quelle la division anglaise éprouva quelques pertes,
la ville de Ihansi fut prise d* assaut, et, le 6, le fort
était emporté. La reine d*Ihansi, qui jouait dans
rinde centrale le rôle de la begum dans TOude, prit
la fuite dans la direction de Jaloum, poursuivie par
la cavalerie qui ne put la joindre.
Dans son mouyement sur Ihansi, le général Rose
avait été appuyé par la division du général Roberls,
que nous avons laissé marchant sur Kotah à Tépoque
de la prise de Lucknow.
Le 30 mars, cette division avait attaqué la position
des insurgés et emporté la ville de Kotah. L'ennemi
8*était enfui, et, dans la poursuite, on en avait fait un
grand carnage. Toutefois, malgré la désorganisation
des rebelles, leur nombre étant de nature à inquiéter
pour les communications de sir Rose, sur lesquelles
ils se trouvaient rejetés par suite de ces divers mou-
vements, le brigadier Smith fut détaché de Tarmée
du Radjepootna, afin de couvrir le flanc gauche et les
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DfiS ANGLAIS DANS L'INDE. &21
derrières de la division de ilnde centrale pendant sa
marche sur Caipy.
La colonne du brigadier Snoith remplit cette mis*
sîon en prenant position à Goona, puis à Ghandery,
qu*elle enleva pour la seconde fois, le 25 mai, aux
rebelles, et enfin en s*établissant à Sippree, d*oii elle
pouvait surveiller les différentes routes qui conduisent
à Kotah,. à Gauâlior, à Gatpy et à Bandah.
Les inquiétudes que pouvaient causer les fugitifs
de Kotah, et qui avaient retardé la marche de sir
Rose sur Calpy, ayant cessé, la division de Tlnde
centrale se mit en marche le 26 avril, en laissant à
Ihansi une garnison composée du 58« d'infanterie
indigène. Un fort détachement, sous le commande*-
ment du colonel Maxwell, devait appuyer, du côté
du nord et d*Élawah, le mouvement sur Gatpy; du
côté du sud, le colonel Withelock devait s'avancer
par Chirkari, Pannah et Bandah, de manière à cou-
vrir et appuyer au besoin le flanc droit de la division
de sir Rose.
Le 7 mai, sir Rose rencontrait à Koonch, sur la
route de Calpy, un corps de 10,000 rebelles environ,
appuyé par une batterie d'artillerie, et. qui semblait
disposé à défendre le passage. Koonch est une ville
assez grande et ouverte, mais difficile à attaquer,
parce qu'elle est masquée par des bois» et entourée
de jardins et de temples protégés par un fossé pro-
fond.
Les rebelles avaient élevé un retranchement pour
fermer la ville du côté d'Otay et d'Ihansi, par lequel
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422 BB LA POlSSiNGB M11.1TAIBB
arrivait la colonne de sir Rose. Ce général, aa liea
d'aborder directement cet ouvrage, le fit tourner du
côté du nord-est par le major Orr, et, après avoir
nettoyé les bois environnants, donna l'assaut à la
ville avec sa première brigade. Les dpayes, voyant
que leur retraite était sur le point d'être coupée, se
retirèrent en masse sur Calpy.
Sir Hughes Rose ordonna la poursuite, qui fut
continuée pendant près de 8 milles. I/artillerie et la
cavalerie étaient tellement épuisées par les longues
oaarches qui les avaient amenées sur le champ de
bataille, par la chaleur et les fatigues de la journée,
qu'il fut impossible d'aller plus avant.
Le 25 mai, la division de l'ipde centrale couron-
nait la longue série de ses succès par la prise de
Galpy. A la suite du combat du 6 mai, sir H. Rose
avait fait sa jonction avec (e colonel Maxwell et était
ye^u camper sous les murs de cette ville. * Le coni-
mandant du détachement d'Étawah avait prjs qne
position sur la rive gauche de la Jumna, de manière
à pouvoir bombarder à la fois le fort et la ville de
Galpy elle-même. Les insurgés prirent Tofieiisive et
attaquèrent sir Rose avec beaucoup de résolution ;
mais, repoussés sur (ous les points, ils durent abaju-
donner bieiptôt la ville.
Les rési^ltats de cette victoire furent très brillants :
les Anglais trouvèrent dans le fort de Galpy, occupé
depuis près d'un an par les insurgés, 50 canons et
2 mortiers. Dans un magasin souterrain, il y avait
10,000 livres de poudre anglaise en barils, des pro •
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DBS ANGXAIS DANS L*INDB. 423
jectiles, des obus, des munitions, des fusils, des en-
gins de toute sorte, des tentes et des provisions, pour
une valeur de trois lacs de roupies (75,000 francs).
Dans la ville étaient installés une fonderie et un ate-
lier de voitures. Outre plusieurs étendards des re-
belles, on trouva aussi dans le fort le drapeau du
contingent de Kotah.
Ka prise de Calpy devait être, avec celle deBa«
reilly, dont nous rendrons conipte bientôt, le dernier
acte de la guerre régulière commencée à Delhi et
continuée à Lucknow. Il ne restait plus entre les
mains des rebelles aucun centre important. Toute-
fois, les nombreuses bandes qui continuaient à par-
courir le Bengale, l'Inde centrale et le sud deTOude,
devaient, plus d'une fois encore, inquiéter à la même
heure les points les plus éloignés du territoire. Au-
cune de ces bandes n'était plus assez forte pour in-
spirer des craintes sérieuses; mais elles devaient
continuer à troubler le pays et obliger les forces eu-
ropéennes à se disperser à leur poursuite sur un es-
pace immense.
Les troupes de sir Rose semblaient arrivées, après
la prise de Calpy, au terme de leur tâche. Depuis
le 10 décembre 1857, elles avaient parcouru
500 milles, délivré Sangor, pris six forteresses, livré
quatre batailles rangées, sans compter une infinité
de combats moins importants ; il semblait qu'on rie
pouvait refuser à la division de l'Inde centrale le re-
pos qu'elle avait si bien mérité et sans lequel sa dés-
organisation par les fatigues et les maladies devenait
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&2& DK LA PUISSANtK MILITAIRK
imminente. Un événement inattendu la rejetait ce*
pendant de nouveau» le 1" juin, au milieu des
épreuves qui Pavaient décimée et montrait en même
temps les dangers inhérents à Texistence de ces
bandes armées dont l'extermination seule pourra
rendre la sécurité au pays.
A la suite de la prise de Calpy, le gros des fugi-
tifs, avec Tantia-Toppe, la reine de Ihansi et le nawab
de Bandah, s'étaient enfuis dans la direction d'indoor-
Kee, où Kouer-Dowlut-Sing était venu les rejoindre
avec 1,300 hommes environ et quelques pièces de
canon. Le 1" juin, ils se dirigeaient brusquement
sur Gouàlior, où Sindhya cherchait vainement k les
arrêter. Après un combat insignifiant, dans lequel
ses troupes passaient honteusement a Tennemi, Sind*
hya était obligé de prendre la fuite avec quelques
serviteurs fidèles et parvenait à grand'peine jusqu'à
Agra. Les rebelles occupaient Gouàlior le 2 juin.
Outre Teffet moral que pouvait produire ce succès
des rebelles^ l'approche de la saison des pluies ne
permettait pas de différer d'un seul instant la reprise
du poste de Gouàlior. L'importance de cette cita-
délie, l'une des plus fortes de l'Asie, sa position
stratégique, qui en fait en quelque sorte la clef de
l'Inde centrale, imposaient un retour offensif immé-
diat aux Anglais. En conséquence, sir H. Rose, lais-
sant une garnison à Calpy, partit le 2 juin pour
Gouàlior; le 5, il était à Indoor-Kee, aux deux tiers
de la route. Le brigadier Showers se dirigeait en
même temps sur Dholepour avec les forces d'Agra,
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DES ANGLAIS DANS i/lNDK. ft23
auxquelles Sindhya avait joint les quelques troupes
qui lui étaient restées fidèles. Du côté du sud, le bri-
gadier Snnith quittait également son poste d* obser-
vation à Sippreo et remontait vers le nord, en lon-
geant la vallée de Sinda-Niiddy.
Grâce à ces efforts combinés, Gouâlîor, le 19 juin,
retombait aux mains des Anglais à la suite d'un rude
combat dans lequel la reine de Ihansi faisait des
prodiges de valeur. Les rebelles poursuivis par le
brigadier Napîer se retiraient successivement sur
Hîndoune et sur ïonk, d'où leurs bandes s'enfon-
çaient dans le Radjepoutna, où les chaleurs excessives
et l'épuisement des troupes anglaises ne permettaient
plus de les suivre. Les différents corps européens de
l'Inde centrale s'établissaient, au commencement de
juillet, dans leurs quartiers d'été ; sir Rose, cruelle-
ment éprouvé par les fatigues et les inquiétudes de
sa laborieuse mission, résignait son commandement
et se retirait à Poonah pour rétablir- sa santé, em-
portant l'expression publique de la reconnaissance du
gouvernement pour sa glorieuse campagne.
Afin de mettre un peu de suite dans le récit des
opérations compliquées exécutées dans l'Indu depuis
la prise de Lucknow, nous avons dû scinder les évé-
nements et les grouper par théâtres distincts. Après
avoir épuisé ce qui est relatif à l'Inde centrale, où le
général Roberts reste seul en campagne, afin do ga-
rantir les districts de Bhopal, de Neemuch, de Mun-
dîsore, sur lesquels les rebelles tendent à se replier et
dont l'entrée, maigre leur suecès momentané contre
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j
A26 DB LA PU1SS4NGB MILITAIRE
Djalrapatam, a été victorieusement défendue par le
conf)bat dulli août, nous allons examiner rapidement
les opérations accomplies dans le Rohilcund» dans
rOude proprement dit et enfin dans les districts des
deux rives du Gange» situés au sud de cette pro-
vince.
Sur ce dernier théâtre, que la difficulté des com-
munications et l'existence des jungles (1) rendent
particulièrement favorable à la portion des fugitifs
de Lucknow qui s'est jetée dans le sud, nous avons
laissé sir E. Lugard débloquant Azimghur te 15 avril
et réparant Téchec essuyé par le colonel Milman.
Quelques jours auparavant, une autre affaire mal-
heureuse avait eu lieu dans les environs d'Arrah, dont
la petite garnison, en cherchant à arrêter Kouer-
Sing, auquel le brigadier Douglas donnait lâchasse,
avait été très maltraitée et qui avait perdu plusieurs
officiers, entre autres le capitaine Legrand, son com-
mandant.
, Le 2 mai, sir E. l.ugard passa le Gange pour
ravitailler la place d'Arrah, et culbuta les rebelles,
qui se réfugièrent dans les jungles de Judigspoor.
Le 9 mai, cet officier-général occupait Judigspoor et
en chassait les insurgés, auxquels, le 26 mai, il in-
fligeait encore une seconde défaite.
jCette poursuite persévérante avait été habilement
combinée avec les mouvements du brigadier Douglas,
(i) Fourrés épais formés de bambous et de roseaux dans les-
quels toute poursuite de l*ennemi devient impossible.
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DBS ANGLAIS PANS L^JNOB. 427
qui opérait du côté de TAlIahabad, et avec la marche
du colonel Rowcroft dans le district de Sarun. Le
17 mai, les troupes cha,rgées de fermer la frontière
orientale de l'Oude, sous les ordres de cet officier,
avaient rencontré les rebelles près de Bilwaa-Bazaar,
sur la route de Gornepoore, et leur avaient fait éprou-
ver upe perte importante^ en l6s refoulant sur le ter-
ritoire de rOude.
Dans lesud'Ouest de TAIlahabad, le colonel Wbite*-
lock avait gardé ses positions dans les environs de
Bandab , et rayonnait autour de celte ville , dont le
nawab était en fuite, avec la reine d'Ihansi et Tan-
tia-Topee, dans Tlnde centrale. Le 8 mai, le colonel
Whitelock s'était emparé de Tirohan, qui avait servi
pendant quelqi^e temps de place de dépôt aux re-
belles de Rewab et de Jubbulpour, et où il avait
trouvé des munitions et des approvisionnements im*
portants.
Grâce à ces diverses opérations, le Bengale méri-
dional avait été préservé de l'invasion des fugitifs,
qui s'étaient dirigés vers le sud de Lucknow, et dans
rOude même, sir Ilope Grant leur avait fait une rude
guerre dans le sud-est de la province, jusqu'au mo-
ment où les chaleurs intolérables de juillet l'avaient
obligé à regagner ses quartiers.
)1 ne nous reste plus, pour terminer cette rapide
analyse de la guerre des Indes pendant l'année 1858,
qu'à suivre les opérations dirigées contre le Rohil-
cund par le général en chef en personne.
J^a begum ou reine d'Oude et le moulvie, chef du
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Â38 DE LA PtJlSSANGB HlLtTAlHE
parti musulman, avaient pris la direction du nord au
moment de la prise de Lucknow. Ce dernier, après
avoir échappé à la poursuite* du général Grant sur la
route de Setapour, avait obliqué à Touest avec ses
contingents et était venu s*établirà Sundelah, comme
nous Tavons dit plus haut, interceptant la seconde
grande communication qui de TOude mène au Robil-
cund.
Le 26 mars, le général Walpole, avec le gros de
Tarmée de Lucknow, moins la division de Lugard et
la force laissée au général Hope Grant, s'était engagé
dans le nord de TOude, poussant devant lui les re-
belles, et détruisant les forts qu*il rencontrait sur son
chemin.^
Le 15 avril, I ennemi, qui jusque-là u*avait tenu
nulle part, sembla reprendre courage et voulut dé-
fendre le fort de Rowah (ou Herowra). Une recon-
naissance imparfaite de la position , peutrétre aussi
le manque d*unité dans une attaque tentée à la suite
d*une longue marche , occasionnèrent un échec que
la désorganisation des rebelles ne permettait pas de
prévoir, La division anglaise éprouva quelques pertes,
qui frappèrent principalement le &2* et le &• du
Pendjaub,et le brigadier Adrien Hope, excellent
officier, fut tué dans cette affaire. Toutefois le lende-
main le fort était évacué, et les rebelles reprenaient
leur course désordonnée vers le haut pays.
Le 22 avril, le général Walpole prenait sa re-
vanche et battait complètement les rassemblements
qu'il rencontrait à Alygunge , et le 27 il faisait
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DES ANGLAIS DANS L*1NDB. &29
sa jonction à Futtehghur avec le général en chef.
Le 18 avril» sir Colin Campbell était parti de
Cawnpour pour gagner la station de Futtehghur» en
suivant la rive droite du Gange , après avoir coor-
donné les mouvements des différentes colonnes qui
devaient envahir à la fois le Robilcund.
Pendant que le général Walpole opérait sur la rive
gauche, une autre colonne, partie de Roorkee» sous
les ordres du brigadier Jones, passait le fleuve k
NaguUGbat, le 17 avriL battait les rebelles et entrait
dans le Rohilcund par le nord, en se dirigeant sur
Moradabad. Le 18 avril, cette colonne s'emparait du
fort de Nuggeedabad, et le 22 elle arrivait à Nagi-
nah, à quelques lieues de Tancienne capitale du Ro-
hilcund. Le 25^ avril, après quelques engagements
peu importants, le brigadier Jones occupait Morada-
bad , d*où il repartait bientôt en suivant la route de
Bareilly.
Au-dessus de Futtehghur, le brigadier Penny cou-
rait le pays avec la brigade amenée du Pendjaub; il
devait passer le Gange de manière à rejoindre le
général en chef sur la route de Bareilly.
Le 27 avril, la jonction de la colonne de Walpole
avec les troupes de sir Colin Campbell avait lieu à
Futtehghur, Le lendemain, le général en chef pas-
sait la Ramgonga et remontait vers le nord jusqu'au
fort de Tingri, qu'il trouvait abandonné; de ce point
il se rendait à Jellalabad, à cinq milles de distance;
puis, tournant à l'est, il traversait une plaine fermée
par deux petites rivières, et arrivait, le 30 avril» k
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A30 DB Ik PUISSANCE MILITAIRE
Schahdjehanpore, où les insurgés, disait-on, avaient
juré de résister et de mourir. 11 ne trouvait qu'une
ville à moitié dépeuplée; Nana-Saïb, le moulvie,
Khan-Bahadour, le chef le plus influent du Rohil-
cund, étaient en retraite sur Bareilly.
Le 7 mai, sir Colin Campbell entrait à Bareilly,
après un combat qui se transformait bientôt en dé-
route du côté des insurgés. L'artillerie anglaise leur-
faisait éprouver quelques pertes en les mitraillant au
passage des cours d'eau qui entourent Bareilly. Un
millier de fanatiques musulmans, qui avaient tenté de
se défendre dans les rues de la ville ^ et au milieu
desquels le général Walpole courut quelque danger,
furent massacrés jusqu'au dernier.
Le général Campbell avait trouvé la brigade du
colonel Jones débouchant sous les murs de Bareilly
par la route de Moradabad, et sur la route de Schah-
djihanpore, il avait été rejoint par la brigade du
général Penny. Cette colonne, après avoir passé le
Gange le 27 avril, avait perdu son chef dans un en-
gagement avec les rebelles, aux environs de Chuk-
lara, sur la route de Budaon.
L'armée était à peine installée à Bareilly, que le
général en chef reçut la nouvelle de la réapparition des
rebelles à Schahdjihanpore. Le moulvie, avec un corps
de 8,000 hommes et 15 pièces d'artillerie, assiégeait
la garnison des 600 hommes du A 2* régiment euro-
[iéen qui avait été laissée dans cette ville. Le briga-
dier Jones partait le 8 mai, et se dirigeait à marches
forcées sur Djihanpore. Le 11, cet officier avait un
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DES ANGLAIS DANS L^INDE. &âl
premier engagement avec les rebelles, dont le
nombre allait sans cesse croissant, et parvenait ce-
pendant à le culbuter et à ravitailler la ville. Mais
pendant les jours suivants, les contingents ennemis
devenaient assez forts pour l'obliger à se tenir sur la
défensive, et le 15 mai, il se trouvait complètement
cerné par les insurgés.
 cette même, date, le général en chef, informé de
la situation de Schahdjihanpore, se mettait en marche
vers le sud avec toutes les troupes dont il pouvait
disposer, et arrivait le 18 au secours du brigadier
' Jones.
Le 23^ les divisions réunies des deux généraux se
mettaient à la poursuite de Tennemi. Le brigadier
Jones l'atteignait dans Test à Mobundy et le mettait en
complète déroute, avec perte de toute son artillerie.
Le 26 mai, le général en chef se trouvait à Jella-
labad, sur la route de Futtehghur ; de là il se rendait
àCawnpoor le H juin, puis à Allahabad, où l'atten-
dait le gouverneur, lord Canning. Un ordre du quar-
tier-général annonçait en même temps aux troupes
l'interruption des hostilités, et, à l'exception de la
colonne du général Hope Grant, qui tenait encore
quelque temps la campagne pour dégager le grand
tributaire de TOude , Maun-Singh, assiégé à Shaha-
bad par le moulvie, à cause de ses tentatives de sou-
mission y les différents corps de la grande armée de
Lucknow se dispersaient et se rendaient sur les points
les plus importants du territoire reconquis pour y
prendre leurs quartiers d'été.
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&3â DE Ik rmsSANCK MlLITAIftR
Jusqu'au mois d'octobre, c'est-à-dire jusqu'à la
cessation des pluies qui allaient succéder aux chaleurs
torrides, toute opération militaire importante se trou-
vait forcément ajournée.
Si nous récapitulons les résultats obtenus par les
Anglais pendant la campagne 4'l^iver de 1857 et
pendant la campagne de printemps de 1858, nous
devons reconnaître que leur situation , fort précaire
au commencement de cette période, se trouvait com-
plètement changée et améliorée par les succès impor-
tants qui en ont signalé la clôture.
Nous croyons utile de revenir ici sur ce que nous
avons dit à propos des divergences d'opinions qui se
seraient manifestées entre le gouverneur-général et
le commandant en chef, à Toccasion de la campagne
dirigée contre TOude au mois de mars. On avait pu
s'apercevoir bien vite que le fruit de ce triomphe était
en partie perdu, puisque la révolte, que Ton espérait
concentrer pour la détruire, se trouvait seulement
refoulée, et continuait à survivre à la prise de la capi-
tale de cette province.
On av£dt chassé l'ennemi, il est vrai, de sa meil-
leure position; mais en le dispersant, on lui avait
fourni les moyens de faire une guerre nouvelle par
corps détachés, ce qui lui assurait un avantage con-
sidérable.
Ainsi que nous l'avons fait remarquer dans un des
chapitres de cette étude, le système suivi par les re-
beltes, depuis la prise de Lucknow, est traditionnel
chez les Indiens; c'est celui, d'ciilleurs, qui compense
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DES ANGLAIS DANS L*INDK. /i3â
le mieux, pour un peuple barbare aux prises avec une
nation civilisée , rinfériorité de sa tactique et de ses
moyens d'action ; c'est la guerre que Témir Abd-cl-
Kader a soutenue pendant quinze ans contre la France,
et qui lui a permis de tenir en échec pendant si long-
temps Tune des meilleures armées de l'Europe; c'est
encore la guerre que Schamyl soutient contre la Russie
dans le Caucase, et dans laquelle ont toujours excellé
les Orientaux. Or, pour les Anglais, dans quelque
condition que ce fût, une guerre de partisans, de
guérillas , était ce qu'il y avait de moins désirable
après la prise de Lucknow, car on louchait à une
saison de l'année où les chaleurs excessives et les
maladies qu'engendre le climat allaient soumettre les
troupes à ces épreuves contre lesquelles viennent se
briser le courage, l'énergie des soldats, contre les-
quelles demeurent impuissantes les meilleures com-
binaisons d'un général.
Nous croyons qu'on peut le reconnaître sans hésiter
aujourd'hui, la campagne du mois de mars contre
Lucknow fut prématurée. Il eût été plus sage, après
la délivrance de la Résidence, de difl'érer la réduc-
tion de rOûde pendant quelque temps , de laisser le
champ libre aux insurgés parmi lesquels (ce qui est
arrivé à l'égard de Maun-Sing le prouve surabondam-
ment) les dissensions n'auraient pas manqué d'écla-
ter, et d'employer toutes les forces disponibles h
rétablir Tordre sur la rive droite du Gange et dans
toutes les possessions anciennes.
L'armée de sir Colin Campbell eût amplement
23
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A3A. DB LA i'OlSSANGU IIILITAIAB
suffi à' cette tâche pendant la maison froide, et à son
expiration toutes les places innportantes de la fron-
tière eussent été garnies des postes militaires qui
pouvaient seuls assurer le succès de la grande corn*
binaison du générai en chef sur la Goumty. La saison
chaude aurait été employée à rétablir Tadministra-
tion civile du pays sur ses bases primitives, et à pré-
parer à loisir contre tous les rebelles refoulés dans
rOude la campagne définitive où la rébellion eût
trouvé son tombeau.
Certes, ce n'est pas sans une extrême réserve que
nous abordons cette critique du ptan général suivi
pendant les dernières opérations dont Tlnde a été le
théfttre* Sur ce gigantesque champ de bataille, plus
que partout ailleurs, nous comprenons combien, dans
la pratique , les meilleures plans sur le papier per-
dent de leur valeur, combien il faut accorder à Tim-
prévu et aux besoins du moment. Cependant il y a à
la guerre des principes fondamentaux qui sont de
tous les temps et.de tous les lieux, et dont le mépris
ou Toubli entraîne fatalement des revers ; or ces
principes, qui sont indépendants de toute circon*
stance particulière aux peuples qui se combattent, ne
nous semblent pas avoir été suffisamment respectés
dans la conduite générale de la guerre de Tlndc
en 1858.
Après le revers infligé au général Windham par
les troupes de Gouàlior au mois de novembre précé«
dent, il était imprudent de laisser sur le flanc droit
et sur les derrières de l'armée ce contingent impor-
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB« ASS
lant; il était contraire aux règles de lit guorro de
marcher sur Lucknow avant d'avoir délruit cl dis-
persé un foyer de résistance d'autant plus dangereux
qu*il devait nécessairement servir de point de rallie-
ment aux fugitifs que la grande armée rejetterait sur
sa droite en avançant dans TOude.
D'un autre côté, au nord, le Robilcund pouvait
être regardé comme un des principaux centres de
la rébellion. Situé, par rapport aux possessions an-
glaises, de telle manière qu^en l'occupant on peut
toujours être en mesure d'attaquer simultanément les
postes les plus importants qui i'avoisinent, ce dis-
trict était appelé à jouer sur le flanc gauche de la
grande armée de Lucknow le rôle que le Bundelcund
et les districts du sud-est de l'Oude remplissaient
sur le flanc droit.
Il nous semble regrettable que les premiers pro-
jets du général en chef contre le fiohilcund, tels que
semblait les indiquer rétablissement de son quartier^
général à Futtehghur au mois de janvier, n'aient
point été suivis d'exécution. Si, d'une part, sir Colin
Campbell avait continué son mouvement vers le
nord, et si, de l'autre, la division Walpole, qu'il
avait détachée sur la route d'Êtawah au moment où
il quittait Cawnpour, avait prononcé plus nettement
son mouvement vers le sud, de manière à appuyer
les opérations des colonnes de Roberts, de sir Rose
et de Whitelock , te Uochilcund , qui opposa si peu
de résistance au mois de mai, alors que tous ses forts
étaient remplis des rebellas de Lucknow, en eût
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A36 D& LA PUISSANCE MILITAIAE
opposé bien moins encore au mois de janvier quand
il élait dégarni, et Tarmée anglaise eût pu Toccuper
assez fortement pour en interdire l'entrée aux rebelles
après la prise de la capitale de TOude.
Soutenu par les troupes de Walpole, sir Rose eût
pu terminer bien plus promptemcnt ses opérations
contre Ihansi et Gaipy. Cernés à Touest par le géné-
ral RobertSy au sud et à Test par les colonnes de sir
Rose et de Whitelock, contenus ati nord par la divi«
sion de Walpole, les rebelles du Bundelcund eussent
été exterminés, et Gouftiior ne serait pas tombé entre
leurs mains. Les débris de cette force au lieu de
s'enfoncer dans Tlnde centrale» comme ils l'ont fait
après leur marche sur Tonk et Hindoivn, ce qui me-
nace de prolonger, sinon d'éterniser la guerre, les
débris du contingent de Gouftiior, disons-nous, n'au-
raient pas eu d'autre resscTurce que de passer le
Gange, et de se jeter dans TOude au mois de janvier,
et la réussite du plan de sir Campbell en eût été
mieux assurée que jamais.
Enfin, comme dernière conséquence de la soumis-
sion préalable du Rohilcund et du Bundelcund, quant
à ce qui touche aux résultats de la prise de Lucknow,
nous devons mentionner les entraves qu'elle eût ap-
portées à cette sorte de retraite circulaire opérée par
les rebelles devant la manœuvre en éventail exécutée
par la grande armée de Lucknow. Cette retraite ou
cette fuite, comme on voudra l'appeler, on ne doit
pas se le dissimuler, a beaucoup amoindri les espé-
rances qu'on eût été en droit de concevoir après la
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DfiS ANGLAIS DANS l'iNDB. 437
prise du poste le plus important de la révolte , s*il
eftl été emporté daiis d'autres conditions. Lucknow
pris, alors que le Robilcund et le Bundelcund étaient
réduits, c'était la fin de la guerre; Lucknow emporté,
alors que les portes de ces deux districts se trouvaient
ouvertes aux fugitifs, ce n*était plus que la guerre
déplacée^ rejetée du centre àla circonférence. Comme
preuve à Tappui de celte assertion, et comme consô*
quence de cette sorte de fuite que nous avons appelée
circulaire, faute de meilleurs termes pour la caracté-
riser, nous nous contenterons de rappeler cette re-
marquable coïncidence de la prise de Gouàlior
(2 juin), du blocus de Schahdjihanpore (23 mai), de
Toccupation de Judigspoor (26 mai) par les rebelles
aux extrémités du théâtre de la guerre, précisément
à rinslant où les colonnes de sir Campbell, de sir
l.ugard et de sir Rose semblaient avoir porté le der-*
nier coup à leur désorganisation.
Ainsi que nous avons eu occasion de le faire re-
marquer, la présence du gouverneur-général à
Allahabad semble avoir exercé une certaine influence
sur les déterminations de Tétat-major et sur la direc-
tion donnée aux opérations. Depuis, au dire de cer-
taines correspondances de Calcutta, le commandant
en chef aurait, en quelque sorte, confirmé officielle-
ment que le plan qu'il a suivi lui a été imposé par le
gouverneur. Nous examinerons, dans le dernier cha-
pitre de cette étude, les conséquences d'une pareille
situation pour les autorités militaires dans Tlndc ;
pour le moment, bornons-nous à nous féliciter gran-
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A38 DK f.A PClSSAKCe VILITAIRB
dément de ce qu'en France, conime en Algérie* noire
gouvernement, nos ministres, nos autorités civiles
n^interviennent dans la guerre que pour la déclarer
ou rédiger les traités qui y mettent un terme, et lais-
sent fort sagement à no3 généraux le soin de faire
leurs plans de campagne et de conduire leurs troupes.
Nous avons cru devoir exposer comment et pour-
quoi les travaux accomplis par Parmée anglaise
n'avaient pas été couronnés par un succès aussi com-
plet qu*on pouvait le désirer pour la pacification du
pays, et Tespérer en raison des efforts et du dévoue*
ment des troupes. On se tromperait fort, néanmoins,
si Ton croyait pouvoir en inférer que la situation
actuelle peut inspirer la moindre inquiétude pour le
résultat de la campagne qui va s'ouvrir.
La cessation des hostilités dans TOude semble
avoir plus nui à la cause des rebelles que le& vic-
toires inopportunes exigées par le gouvernement de
Calcutta. De tous côtés se manifestent les symptômes
de la désorganisation des confédérés. Ils ne deman-
daient qu'une occasion pour se quereller entre eux ,
l'inaction des troupes anglaises la leur a fournie.
Le SO juillet, Maun*Sing était dans le camp du gé-
néral Grant, à Fizabad, et quelque motif que l'on ait
pu avoir de douter de sa sincérité vacillante , son
abandon final de la cause des rebelles est un avan-
tage important et qui confirme ce que nous disions
plus haut de la désorganisation des insurgés.
Après la chute de Delhi, do Lucknow, de Bareilly,
de ihansi, de Galpy et de Kotah, toute guerre régu-
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB« &â9
Hère a dû cesser, ainsi que nous l^avons dit; quant
à la guerre de partisans qui lui a succédé, et dontil
faut attendre patiemment le terme, les défaites sue*
cessives subies par les insurgés, malgré leur succès
momentané à Gouftiior et à Djalrapatam , semblent
réduire la révolte au désespoir dans Tlnde centrale.
Sur tous les points elle touche, par la force des choses,
à la dernière phase de son existence ; mais encore
faut-il que les Anglais sachent bien en discerner le
véritable caractère ; il faut que le génie militaire des
généraux et les habitudes des troupes se modifient
en vue de cette nouvelle forme que rêvât la résistance.
Le système des grandes batailles et des grands corps
d*armée a donc fait son temps dans Tlnde; les pe-
tits combats qui vont les remplacer doivent rapporter
plus de fatigues que de gloire , et à ce titre il ne fau-
dra pas s^étonner sMls deviennent antipathiques aux
Anglais. Nous examinerons dans notre dernier cha<-
pitre les modifications générales que doit subir une
armée européenne appelée à guerroyer dans de pa-
reilles conditions ; Tapprentissage en est pénible et
difficile. Il ne se poursuit souvent^ pour des troupes
nouvelles, qu*au prix de mécomptes sur lesquels
notre expérience de la guerre d'Afrique nous a éclairé,
et mis à même de parler avec quelque connaissance
de cause.
Quoi quMI en soit de ces dernières difficullésy nous
touchons au moment où le retour de la saison favo-
rable va permettre aux Anglais de reprendre active-
ment la campagne, et d'achever leur lâche. Lord
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khO DB Lil PUISSANCE MILITAIRE, ETC.
Clyde, au milieu d'octobre, a dû se trouver h la tête
d'une armée de &0,000 hommes, dont 15,000 indi-
gènes. Avec une pareille force, sagement distribuée
et employée, si la soumission générale de Plnde
n'est pas encore assurée, il est évident pour tous les
esprits non prévenus qu'elle est bien près <ie l'être.
Ce sera très probablement je résultat de la campagne
qui va s'ouvrir, et nous ne croyons pas trop nous
aventuieren disant que le commencement de l'été
prochain verra la fin de cette lutte opiniâtre qui dure
depuis dix-huit mois.
Lorsque la pacification du pays sera terminée,
lorsque l'autorité civile aura repris son ascendant et
sa liberté d'action, le moment sera venu d'appliquer
les mesures propres à rendre impossible le retour de
la catastrophe de 1857. Après avoir trouvé la marche
à suivre pour réprimer, il faudra poser les jalons de
celle à adopter pour contenir, et surtout pour amé-
liorer ce grand pays dont l'Angleterre a charge, non
pas seulement au point de vue des avantages qu'il
peut lui rapporter, mais aussi à celui des devoirs que
toute nation conquérante et civilisée doit remplir vis-
à-vis d'une nation barbare et dégradée.
Que deviendrait la légitimité» la raison d'être de
la conquêle sans l'accomplissement de ces devoirs?
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CHAPITRE XVII.
SosuAiiiE : Politique nouvelle à pratiquer dans l'Inde : Oraison
funèbre de Tbônorable Compagnie. — Transformation du
gouvernement de l'Inde. — Procès de l'ancien gouvernement. —
Ce que doit être la domination anglaise en Asie. — La Com-
pagnie a exploité l*Inde au lieu de la civiliser. — Les vices et
rimmoralité du système ne |)ouvaient être compensés par la
bonne volonté et Ttionnêteté des agents. — Nouvelle organi-
sation. — C'est à juste titre que la Compagnie a été la victime
expiatoire des derniers événements. — Amélioration réelle de
la situation. — Bilan de l'année 1858. — Comment l'Angle-
terre parviendra à civiliser\jt à christianiser l'Inde. — Un mot
sur la situation des catholiques romains en Asie. — L'Inde
- a été conquise par Tépce et doit être conservée par l'épée. —
Le parti des poltrons. — Sentiment de l'armée. — L'amnistie
et la conciliation.
« Ce fut certainement pour l'Angleterre un grand,
» un glorieux exploit, que d*avoir conquis Tlnde et
» de ravoir gardée si longtemps à Taide noéme des
» meilleurs soldats tirés de ce pays subjugé ; d*avoir
» ajouté presque chaque année quelque nouveau fleu-
» ron à cette couronne» et d'avoir trouvé, non une
» diminution de ressources, mais un accroissement
» de puissance dans cette colonie de 200 millions
» d'âmes,
» A rimproviste , cette juste fierté , ces magni-
t> fiques souvenirs, cet avenir brillant, devaient rece*
» voir le coup le plus rude. Nous avons vu cent mille
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/i&S DE LA PDISSANCB MILITAIRB
» hommes se soulever comme par enchantementi et
» tourner leurs armes contre les Anglais. Cette ré-
» volte a eu lieu avec une spontanéité, un ensemble
» des piQs mortifiants pour les maîtres de Tlnde. Elle
» s'est signalée d'ailleurs par les plus impitoyables
» cruautés. »
Cest dans ces termes que l'un des organes les plus
accrédités de la presse anglaise ouvrait naguère le
champ aux recherches des causes qui ont déterminé
rinsurreclion des cipayes. PÏous ne suivrons pas le
Times dans Ténumération des fautes qu'il impute à
ceux qui ont gouverné Tlnde. Le reproche de n'a-
voir pas su gagner la confiance et la sympathie des
populations indigènes, de n'avoir pas conquis le res-
pect que la supériorité de race, la supériorité des
lumières et de la civilisation aurait dû leur assurer,
résume toutes les accusations que l'on est en droit
d'adresser aux agents de l'honorable Compagnie
défunte.
La catastrophe de 1857, si terrible, si humiliante
pour nos voisins, en les conviant à mieux remplir
leurs devoirs sociaux et politiques envers les Indiens,
devait amener la chute nécessaire d'un système usé,
vermoulu, dont l'insuffisance pour prévenir la révolte
n'avait été égalée que par l'incapacité pour la ré*
primer.
Un autre avertissement non moins important doit
découler de la gravité du péril dans lequel l'empire
anglo4ndien a été mis par l'insurrection des ci|>ayes«
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DBS ANGLAIS DANS l'INDR. ft&S
\\ faut que Tétat militaire de cette immense colonie
subisse une transformation non moins radicale que
son système politique.
Telles sont les deux graves questions qui devront,
longtemps encore, absorber toute Tactivité d^esprit
des hommes d'État de TAngleterre. Un grand pas a
déjà été fait vers la solution de la première de ces
questions par Tabolition du gouvernement intermé-
diaire, et, au lieu du procès de la Compagnie des
Indes, que nous comptions faire au début de cette
étude, ce n'est plus qu'une oraison funèbre qu'il nous
reste à prononcer.
Aujourd'hui» la reine Victoria est souveraine de
rinde, sans qu'aucune fiction ou tradition du passé
intervienne dans ses justes prétentions, et les change-
ments qui résultent de cette modification sont loin
d'être sans importance, malgré le maintien provi-
soire des rouages les plus essentiels de l'ancien gou-
vernement. Aujourd'hui, tous les employés civils de
la Compagnie deviennent les serviteurs de la reine ;
les forces militaires et navales de la Compagnie de-
viennent l'armée et la marine de l'Inde. Désormais
c'est en son nom qu'on déclarera la guerre, qu'on
fera la paix et que l'on conclura des traités. C'est en
son nom qu'on fera des lois et qu'on administrera,
que Ton contractera des emprunts, qu'on exécutera
des travaux publics et tout ce qui constitue le gouver-
nement d'un peuple.
Cette importante transformation devait rencon-
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DE LA PU16SANCB HlUTAmE
trer une approbation unanime ; il y a bientôt un denai-
siècle que Tun des hommes les plus illustres de
rAnglclcrre Tavait proclamé : « L Inde doit ôtre gou-
» vernée du haut d'un palais avec le sceptre d*un
» homme d*État, el non d'un corûptoir avec une aune
» de marchand. » Si, depuis cinquante ans, l'aune ne
l'avait pas trop souvent emporté sur le sceptre dans
la balance de la politique indienne, peut-être eùt-on
évité la catastrophe qui a ébranlé TAngleterre.
Nous applaudissons sans réserve à ce granTd évé-
nement, qui doit changer la face de Tlnde, et nous
pensons que tous les amis éclairés de la civilisation
y applaudiront avec nous. Nous l'avons déjà dit, et
l'on nous pardonnera de le répéter encore dans cette
circonstance, le triomphe de l'Angleterre sur la ré-
volte des Asiatiques, c'est le triomphe de la civili-
sation sur la bat*barie ; pour l'honneur et le bien de
l'humanité, nous aimons mieux voir Tlnde gouvernée
aujourd'hui par lord Canning au nom de la reine
Victoria , que de la voir tomber sous le joug d'un
Nana-Saïb.
Nous concevons la conquête lorsqu'elle a un but
de civilisation : c'est l'histoire de la France en Afrique,
ce doit être aussi la mission de l'Angleterre en Asie.
Nous concevons la conquête lorsqu'elle a pour
terme une assimilation de races ou une fusion d'inté-
rêts utiles au progrès. Si nous applaudissons à la
chute du gouvernement de la Compagnie, c'est. que
son règne e?t demeuré étranger h toute grande fin
Digitized by
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DliS ANGLAIS DANS l'iNDB. ft&5
de celle sorte. Pour être chréliennQ, la conquête doit
reposer sur Talliance de Tintérêl et de Téquitc. La
source de cette idée, que les siècles ont développée,
que les lumières ont fortifiée, que les mœurs ont
consacrée, est dans la religion qui condamne depuis
longtemps la violence et Tabus do la force. Or, que
pouvait avoir à démêler avec cette morale la poli-
tique d'une association fondée pour Texploitation ex-
clusive des richesses et des sueurs d^m peuple, la
politique qui a réalisé, un siècle durant, Tutiion
intime de l'arbitraire du proconsul et de Pavidité du
trafiquant !
On a pu se demander, en vérité, si rentratnemcnl
du moment n'avait point poussé les Anglais h une
trop grande sévérité à Tégard d*une institution qui,
après tout, avait doté leur patrie de sa plus magni-
fique possession. On a pu se demander, à l'étranger
surtout, si ce rôle du bouc émissaire de la fable ,
assigné à la Compagnie depuis les derniers événe-
ments, était aussi bien justifié que l'ont prétendu ses
détracteurs. Les ruines sur lesquelles s'est écroulé
son pouvoir ne seraient pas là pour témoigner de
l'impéritie de la Compagnie, que l'étude impartiale
du régime qu'elle avait appliqué aux Indiens suffi-
rait à confirmer le jugement qui l'a condamnée.
Excellent pour conquérir cet immense empire, le
système suivi jusqu'ici^ dès qu'il n'a plus eu dans le
pays même de puissants auxiliaires sur lesquels il
pouvait s'appuyer pour les combattre les uns par les
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4À6 DK LA PUISaANCB MlUTAIRË
autres, s'est trouvé incapable de résister au premier
choc. Inhabile h conserver, la Compagnie a été dans
rimpuissance de comprimer le soulèvement sans
l'appui de la mère patrie, parce que, obstinée dans
son isolement séculaire, elle avait négligé de répandre
aucune idée féconde, aucun des germes de la civili*-
sation occidentale dans ces contrées qu'elle lui avait
aoumisea* Insouciante du bien*<êlre, de la moralité,
de la vie de ses innombrables sujet», insensible atout
ce qui n'était pas matière d'exportation oo d'impor**
tation, monopoles, traitements, profits ou dividendes,
elle s'était bornée à exploiter l'Inde au lieu de lacivi*
User. l£lte avait cherché à rendre ses populations inca-
pables de se gouverner elles-mêmes, plutôt qa*à les
initier h des connaissances, k des arts qui inspirât
d'ordinaire à ceux qui les possèdent le désir de s'é-
mancipen Celte politique pouvait être habile, mais à
coup sûr elle n'était point libéi^ale.
C'est donc avec raison que l'on a reproché à la
Compagnie des Indes sa mauvaise foi, son ambition,
son égolsme et ses exactions de toutes sortes. En en^
tretenant la barbarie de ses nouveaux sujets, elle ne
pouvait que récolter les fruits sauvages qu'elle a pro-
duits* Quant aux atrocités qui ont jeté le deuil sur
tant de familles anglaises, c'est encore à la Compa--
gnie qu'il faut remonter pour en trouver l'origine et
la cause. N'est-ce pas pour se venger de la rigueur
de ses agents que les insurgés ont commis les épou-
vantables cruautés qui ont soulevé contre leur cause
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DBS ANGLAIS DANS L^lINOB. A&7
rindignalion de TEurope tout entière. Un an k peine
avant Texplosionde la révolte, une enquête ordon*
née par le gouvernement révélait, en effet, Texistence
d*un système régulier et horrible de torture, pratiqué
à regard des Indiens, et auquel les femmes elles--
mêmes étaient soumises. A la suite de cette enquête,
il fallut se résigner, en Angleterre, dans la patrie des
Howard, des Wilberforce, à admettre que des sup*
plices atroces, d'un cynisme et d'un raffinement
inouis, étaient mis en usage dans les passassions
indiennes par les employés de la Compagnie.
Ces odieuses révélations, Burke les avait déjà faites
lorsq.u*tl osait dire en pleine Chambre des communes :
a Si les Anglais avaient été chassés de llnde, ils n'au*
3» raient pas laissé de meilleures traces de leur domi-
» nation que la hyène et le tigre 1 »
Sbéridan n'était pas moins explicite, lorsque, dans
un de ses discours contre Hastings, il caractérisait
en ces termes le gouvernement de la Compagnie:
<x Je me souviens d'avoir entendu dire à un
9 savant et honorable gentilhomme, M. Dundas, qu'il
» y avait dans la constitution et dans la forme de la
» Compagnie des Indes quelque chose qui comrou-
» niquait à toutes ses opérations les principes sordides
» de son origine, quelque chose qui mêlait à l'admi-
» nistration politique , et même aux entreprises les
» plus hardies, la mesquine avidité d'un brocanteur
D et l'audace d'un pirate. Ainsi, dans leurs transac*
» tiens militaires et civiles, on volt les membres de la
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A/i8 DB LA PUISSANCE MILITAIRE
» Compagnie envoyer des ambassadeurs qui mellent
» à Tenchère, et des généraux qui font le comnficrce.
» Nous avons vu une révolution faite par déposition
» de témoins assermentés. Une ville est assiégée pour
» le payement d'une letlrc de change, un prince dé-
» Irôné pour la balance d'un compte. C'est ainsi qu'ils
» ont fait un gouvernement qui unit à la majesté
» dérisoire d'un sceptre sanglant les petits trafics d'un
» marchand, et qui» tenant un gourdin dans sa main
» gauche, vide les poches de sa main droite, v
Il est inutile de dire que nous faisons la part de
l'exagération dans ce langage des deux orateurs les
plus illustres de l'Angleterre ; cependant on ne peut
nier que la misère des Indiens ne fût devenue ex-
trême, et que, depuis quelques années, elle n'allât
sans cesse en augmentant. C'est l'opinion de Metcalf,
de Henry Russell, de Macaulay, de Montgommery-
Martin; c'est ce dernier qui, naguère encore, s'ex-
primait en ces termes au sujet de l'exportation con-
tinue des richesses de l'Inde en Angleterre :
a La situation de i'Inde peut être comparée à celle
» d'un individu privé de nourriture, et à qiii cepen-
>) dant on enlève journellement une partie de sang.
» Le résultat est atrophie, convulsions, mort. »
Sans doute, à diverses époques, sur différents
points, certains agents, hommes de cœur et d'intelli*
gence, effrayés de l'immense responsabilité assumée
pai' la Compagnie, ont compris l'étendue des devoirs
que leur imposait l'immoralité des débuts de leur
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DKS ANGLAIS DANS l'iNDIS. &&9
égoïste patronne. C'est grâce âux résultats partiels
qui ont couronné les efforts de ces fonctionnaires
éclairés/ que la soumission de Tlnde a pu être main-
tenue aussi longtemps. Malheureusement, ce qui a
toujours manqué à ces généreuses tentatives, c'est un
esprit d*unité et d'ensemble que ne pouvait compor-
ter Tessencedu gouvernement de la Compagnie. La
civilisation, la morale, la religion, ne peuvent se
mettre en actions et s'exploiter du fond d'un bureau
de commerce. En vain la domination anglaise a été
pour les populations indiennes la plus douce, en réa-
lité, de toutes celles qui se sont succédé en Asie. La
forme même du gouvernement adopté par les con-
quérants s'est toujours opposée à ce que cette domi-
nation devint un bienfait.
L'action directe du gouvernement anglais et Tu*
nité dans le pouvoir pouvaient seules créer des lois,
corriger les mœurs, éveiller l'industrie, encourager
le travail et l'intelligence, civiliser, christianiser en
un mot ce qui dans l'Inde est encore barbare ou gros-
sier, mettre un terme enfin à la torpeur et à la léthar-
gie de cette pauvre et magnifique contrée.
La Compagnie des Indes a été la victime expia-
toire de la crise que l'Angleterre vient de traverser,
et que sa caduque Impéritie n'avait su ni prévoir ni
dominer (1). C'était justice. Tout ce que l'on peut,
(1) D'après la législation nouvelle, le gouvernement de Flude
est transféré à la .couronne. Les pouvoirs du bureau de contrôle,
qui ne contrôlait rien, et dont toute l'activité se dépensait le plus
29
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A50 DB LA POISSANCB MILITAIRE
tout ce qae l'on doit espérer désormais^ c^est que la
paix soit promptement rétablie et que i'Inde puisse
entrer maintenant dans une voie d'amélioration qui
'soit sous quelques rapports comparable à celle de
l'Europe et de rAmérique. Il n'y a plus lieu à con«
quérir» et l'esprit de conquête a reçu une sévère
leçon, mais il n'y a aucune raison inhérente à la race,
au pays, ou au gouvernement actuel, pour que l'Inde
ne reçoive pas toutes les améliorations matérielles
qui ont modifié la face de ce continent comme celle
du nouveau monde. C'est surtout à cause de sa len-
teur sous ce rapport que le gouvernement mixte qui
souvent en luttee stériles avec les ^recteurs» sont conférés k un
ministre responsable, et ce ministre sera membre du Parlement,
afin de pouvoir toujours tenir les mandataires du pays au courant
de ce qui se passe.
La cour des directeurs sera remplacée k Tavenir par une n<m«
velle insUtution appelée conseil de Tlnde, qui se oomposeht de
quinze membres ; sept ont été désignés par la cour des di-
recteurs avant la cessation de ses fonctions, et huit par la
couronne. Lorsqu'un poste de conseiller deviendra vacant, il y
sera pourvu alternativement par la couronne et par le conseil,
dont les membres ne siégeront pas au Parlement
Le conseil, sous la direction du ministre secrétaire d'Ëtat, diri-
gera en Angleterre les affaires relatives au gouvernement de Tlnde
et k la correspondance. Le gouverneur-général, placé k Calcutta,
ne pourra plus prendre de mesures importantes en dehors de la
partie administrative qui lui appartient et en demander la rati-
fication ; il devra, avant tout, proposer ces mesures, qui seront
acceptées ou refusées en conseil secret. Le conseil, présidé par le
secrétaire d'État, qui nomme aussi le vice-présideAt, est divisé en
divers comités correspondants k la division adoptée pour les af-
faires.
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DBS ANGLAIS DANS L'iNDE. &51
avait été adopté jusqu'ici pour Tlnde a été trouvé
inférieur. Si le gouvernement plus simple qui aura
lieu au nom de la reine devait se montrer également
insuffisant, le patriotisme lui-même ne saurait consi-
dérer le gouvernement de l'Angleterre comme un
bienfait pour l'Inde*
L'Angleterre a rempli la moitié de la tâche qui lui
a été imposée par la révolte indienne, et c'est mé-
connaître à plaisir les progrès réels qu'a faits la ré-
pression de celte révolte, que mettre en doute la
défaite et la dispersion définitive des cipayes dans un
avenir prochain. Il est toul naturel que des bandes
d'insurgés et de fugitifs parcourant le pays et rejetés
incessamment d'un ppint sur l'autre par les mouve-
ments de l'armée anglaise, répandent partout un
sentiment de. trouble et d'insécurité. Mais ce n'en
est pas moins une œuvre considérable que d'avoir
détruit tous les centres de ralliement de la révolte,
que de l'avoir chassée de toutes les villes importantes
ou elle a tenté de s'établir, que de l'avoir forcée à
tenir désormais la campagne sans qu'elle ait pu nulle
part prendre quelque consistance et quelque durée.
A la fin de l'année dernière, les Anglais avaient
dû abandonner de vastes provinces aux rebelles*
L'armée n'occupait plus un pouce de terrain dans
le Bobilcund; Alumbagh était la seule possession
dans rOude. Sur la Gogra, les Anglais avaient &
peine un ou deux postes fortement compromis. Dans
le Malwah et le Bundelcund* ils n'avaient conservé
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A5â DB LA PUISSANCE HILITAIEB
que Saugor. Aujourd'hui, il n*y a plus un ennemi
dans le l\ohilcund. L'Oûde et Lucknow ont été re-
conquis. Le Doab n*est plus infesté que par quel-
ques bandes. Les bateaux remontent sans encombre
le Gange et la Gogra. Enfin, lorsque Gôualior, dans
rinde centrale, est tombé au pouvoir des insurgés
de Galpe, on a pu réunir presque immédiatement
quatre colonnes sur ce point. Il est très évident qu'a-
vec les corps d'armée peu mobiles dont les Anglais
disposent, il faudra du temps pour purger les pro-
vinces où a sévi l'insurrection des bandes armées qui
les parcourent; mais c'est persister dans une exagé-
ration déraisonnable que d'attribuer k une insurrec-
tion sans cesse vaincue et dispersée plus de puissance
qu'avant ses défaites, et surtout que de continuer
à prédire, après une si longue déception, Taffran-
chissement de l'Inde par ses propres forces et Tex-
pulsion des Anglais.
Les Cipayes sont vaincus; l'Inde est reconquise,
mais il reste, pour que tout soit fini, à la pacifier, à
la réorganiser, à la gouverner. Nos voisins et nos
alliés ont trop de lumières et d'expérience, ils ont
trop le génie des affaires pour ne pas comprendre
que cette seconde partie de lu tâche qu'ils ont à rem-
plir est aussi grave, et plus difficile et plus compli--
quée que la première. H s'agit, en effet, de rempla-
cer aujourd'hui un système d'administration qui
fonctionnait depuis un siècle par un système de créa-
tion entièrement nouvelle. Quel problème & résoudre
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DBS ANGLAIS DANS L*INDB. . &53
i{ue celui d'improviser un plan d^organisation poli-
tique et administrative pour un empire de 150 mil-
lions d'âmes I Quel est Tesprit assez vaste et assez
ferme pour envisager d'un regard assuré la perspec-
tive que va créer celte réforme ou plutôt cette révo-
lution devenue indispensable, pour en calculer la
portée exacte, pour apprécier et mesurer l'influence
qu'elle peut exercer, non-seulement sur l'avenir et
la situation de l'Inde, mais encore sur lavenir et la
situation de la métropole^ sur la marche et le mouve-
ment de ses institutions fondamentales I
Ni le talent, ni l'expérience ne manquent aux nou-
veaux législateurs de l'Inde (1), mais ce serait tom-
(1) En raison tie la division adoptée par lord Stanley pour faci-
liter Texpédition des affaires, les trois comitésdu conseil dellnde
sont oomposés de la façon suivante :
Comité des finances ^ de Vintérieur et des travauœ publics:
MM- Charles Mills, E. Mac-Naghten» h Sepherd, sirProbyCaunley,
et M. Arbuthnot.
Comité politique et militaire ; Sir John Lawrence, le major
général sir Robert Vivian, sir H. Rawlinson, Willoughby et le
capitaine Lastwick.
Comité judiciaire de législation et du re\)enu : Sir James Weir
Hogg, M. Mangles, sir Frederick Curry, M. Prinsep et sir Henry
Montgommery.
11 sufQt de parcourir ceUe liste et d'être quelque peu versé dans
rhistoire des événements de Flude, pour reconnaître que le secré-
taire d*État a consulté dans sa répartition Fexpérience et Tapti-
tude spéciale des divers membres pour les divers services auxquels
ils sont attachés. Ajoutons que le secrétaire d*État a plein pou-
voir pour reconstituer les comités, et en général pour diriger leurs
travaux*
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65& PB LA PUISSAIYGB MILITAIRE
ber dans une grave erreur que de croire à la simpli-
cité de leur mission réorganisatrice^ par cette raison
que, dans le nouveau système, le couronnement de
rédifice de Tancien gouvernement indien se trouve
changé. Supprimer les lenteurs et faire plus vite
n*est pas, comme on semble le croire, ou. du moins,
se plaire à le répéter, la seule modification qui était
à réaliser. Il faut aussi faire mieux, et pour cela, si
Ton en juge par le bilan de la Compagnie, faire tout
autrement que par le passé. L'ancien gouvernement
a légué le chaos à celui qui lui succède ; pour en sor*
tir, il faut que Tédifice indien soit reconstruit en
entier, les murailles peuvent à peine en servir, et si
Ton ne veut pas que l'avenir soit menacé de nou-
veau par leur chute, il faut se garder d'un simple
replâtrage, il faut une refonte radicale de l'ancienne
machine et l'application pour la remettre en fonc-
tion de forces puisées à des sources nouvelles.
Si glorieux qu'aient été pour l'Angleterre les ré-
sultats obtenus pendant l'année qui va se ter-
miner, on ne peut considérer ces succès qu'avec
des sentiments bien mélangés. C'est en réalité un
triomphe de la race l^ritannique sur des sujets bri-
tanniques que nos alliés ont à enregistrer. Ils ne
voient pas s'ouvrir devant eux les portes d'un nouvel
empire, avec un nouveau territoire pour leurs négo-
ciants, et une nouvelle carrière de gloire pour leurs
soldats. Ils ne recouvrent que ce qui était perdu, et
dans quel état! ils n'ont soumis que des rebelles. Ils
ne regagnent que ce qui est endommagé^ ruiné.
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDE. ft55
amoindri, non-seulement par la haine et ranimosité
qui survivront à leur victoire, mais plus encore par
la manière dont ils Tout reconquis. Les pertes de
l'ennemi sont les pertes de l'Angleterre ; elle a perdu
une noble armée, nous devrions dire deux : Tarmée
indigène du Bengale, et tant de braves et généreux
compatriotes victimes de la trahison. Ce ne sont pas
seulement ses édifices, ses arsenaux, œuvres enfan-
tées par des siècles, dont elle compte aujourd'hui les
ruines, l'Angleterre doit compter aussi toutes les
années de paix et d'heureuses espérances qui lui sont
enlevées.
Le système qui doit réparer de pareils désastres
peut-il conserver rien de commun, dans la forme
coname dans le fond, dans l'ensemble comme dans
les détails , avec le système qui les a accumulés?
Nous ne saunons le répéter assez, c'est bien une
création de toutes pièces, c'est une œuvre nouvelle
dans toutes ses parties, qui incombe aujourd'hui au
gouvernement de l'Inde; Dieu veuille que l'iropa*
tience du peuple anglais ne prenne pas le change
sur les difficultés d'une pareille situation ; il a repro-
ché amèrement, quoique avec justice, à l'ancienne
administration ses lenteurs; il lui faudra tenir
compte des embarras de la nouvelle , se rappeler
qu'uft monde nouveau doit sortir de cette période
d'épreuves, et que le temps ne doit pas se marchan-
der à la création.
Le principal bl&me que l'Angleterre s'est adressé
& elle-même, la faute fondamentale dont elle s'est
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656 DB LA PDISSANCB HILITAIBB
accusée, c'est d*avoir négligé de répandre dans
rinde les lumières du christianisme et d'y avoir au
contraire appuyé ridol&trie. Ce regret n'a point été
exprimé seulement par les prédicateurs^ et n'a point
été formulé comme un simple scrupule religieux;
c'est aussi Tavis des hommes les plus éminents dans
la politique, qu'en faisant profession non plus d'in-
différence en matière de religion , mais de ia foi
chrétienne hautement avouée, et en s'efforçant d'y
convertir les indigènes par la persuasion, le gouver-
nement anglais dans l'inde accomplira un acte de
sage politique autant qu'un devoir de conscience*
11 ne peut être mis en doute que si l'Angleterre
reste maltresse de l'Inde, c'est à la condition de la
civiliser. Or, l'histoire de dix-huit siècles est là pour
démontrer que le plus puissant véhicule de la civili-
sation réside précisément dans le christianisme. On
dira sans doute que christianiser les Indiens est on
but difficile à atteindre; cela est incontestable, mais,
jusqu'à ce que l'Angleterre ait prouvé au 'monde
qu'il est inaccessible, elle doit s'efforcer d'y arriver.
Comme nation chrétienne, elle n'a pas d'autre alter-
native.
Maintenant comment doit-on s'efforcer de conver-
tir les Hindous? là est le point délicat de la ques-
tion; nous l'avons dit, la persuasion est le seul nnxle
qui doive être employé. La morale éclairée du
XIX' siècle ne permet pas d'employer la force, et les
théories des anciens conquérants musulmans ne
peuvent pas plus être pratiquées de nos jours que
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. DBS ANGLAIS DANS l'iNDE. &57
les persécutions qui ont accompli tant de merveilles
au moyen âge. Baber et son système de propagande
religieuse ont disparu de Tlnde comme Charle*
magne et ses Saxons de l'Europe.
Il est impossible que la manière dont le christia-
nisme présente la vie humaine, son but et ses résul-
tats» ne finisse pas par frapper les esprits dans les-
quels-la lumière ne sera pas totalement étouffée par
de fausses traditions. Il est impossible qu'il n'arrive
pas à paraître plus raisonnable que ce chaos sans
signification qui constitue l'avenir et la destinée du
croyant hindou.
Si l'on veut bien, en remontant la succession des
âges, réfléchir aux conditions sociales au milieu des-
4]ueiles le christianisme a fait son apparition, ne
semble-t-il pas que sa propagation dans l'Inde doit
présenter plus d'une analogie avec les circonstances
qui ont entouré son berceau? Jéâus-Ghrisl parait au
moment où le paganisme s'écroule ; du haut de ses
ruines, il voit une société souffrante, misérable pour
la plus grande partie, sans espoir d'amélioration
dans sa condition matérielle, ignorant jusqu'à la
possibilité d'une compensation dans sa vie morale ;
il voit un monde esclave de Rome dont l'empire
commence à se disloquer, pas une idée religieuse,
pas une croyance pour lutter contre cette désorga-
nisation. Alors, à ce monde de maîtres et d'esclaves,
il vient prêcher l'égalité de tous devant la divinité,
l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme, et toutes ces
théories si pures, si consolantes, dont Platon avait
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b&S DR Lk PD18SÀNCB HILITJJEB
fait retentir le cap Suniuin, que Socrate avait payées
de sa vie» que lui-même devait sceller de soq sang.
Aux esclaves, aux opprimés, Jésus-Christ promet
une vie future, une vie éternelle, dans laquelle cha-
cun trouvera la peine ou la récompense de ses œu-
vres ; aux maîtres, il annonce un Dieu juste, mais
sévère, devant lequel tous les hommes soht égaux*
Avec quelle ardeur, avec quel enthousiasme ne devait-
il pas être écouté par ces millions de vaincus que
Rome foulait aux pieds. Cette rémunération corn*
pensatrice, avec quelle ferveur ne devaient-ils pas
Taccueillir ?
Faut-il un grand effort d'imagination pour rétrou-
ver dans la constitution de la société hindoue la ma-
jeure partie des imperfections et des vices sous les*
quels a succombé la société^ païenne? Quel abtme
entre le brahmine et le paria ; quelle antipathie
concentrée, quel exclusivisme méprisant dans les
hautes castes, quelle dégradation dans les castes
inférieures l Mélange étonnant de force et de fai-
blesse, de douceur et de férocité, Tlndien nous pré-
sente le tableau d'une race humaine qui, sans passer
par les divers degrés d'une civilisation libre, a été
enchaînée, avilie et dégradée par un système à la
fois théocratique et despotique. Bien que le code
civil et i*eligieux des Hindous soit en vigueur depuis
des milliers de siècles, malgré Tapathie avec laquelle
les plus déshérités comme les plus favorisés conti-
nuent de nos jours à obéir à ses règles les plus ab-
surdes, il ne serait pas parfaitement exact de déduire
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BBS ANGLAIS DANS l'INDB. ft5d
son Invulnérabilité dans le présent, de son immuabi*
lité dans le passé. Le brahmanisme a éprouvé très
anciennement une grande révolution par la réforme
de Bouddha ; le renversement de la théocratie des
brahmanes, Tabolition de la distinction des castes et
de Tidol&trie étaient le but des efforts de ce réfor-
mateur. Malgré les persécutions devant lesquelles le
bouddhisme fut obligé de céder vers le premier siècle
de notre ère, il n'en réussit pas moins à prendre pied
dans rinde; aujourd'hui encore, il est répandu
dans les contrées du nord de l'Hindoustan et dans
nie de Geylan« D'un autre côté, tous les sectateurs
actuels de l'islamisme dans Tlnde ne descendent pas
exclusivement des Hindous convertis par Baber et
Akbar ; en dehors de la propagande par le sabre
que notre siècle réprouve , il reste le prosélytisme
pacifique, plus d'une fois employé avec succès parles
Musulmans; il reste comme exemple k suivre par les
missionnaires anglais le dévouement des mission-
naires catholiques, couronné de si beaux succès en
Chine et même dans llnde, où, malgré la triste et
misérable situation faite au clergé romain par la
magnifique Angleterre (1) , un certain nombre de
conversions vient augmenter chaque année le petit
(1) Le gouvernement de la Compagnie n*a pas eu honte, jus-
qttMci, de limiter à 30 roupies (75 fr. ) par mois le traitement des
curés ipadree) catholiques, et encore, sur ceUe somme devaient^
ils entretenir leur église. On leur ôtait ainsi Tinstrument le plus
puissant pour toucher et convertir les âmes, l'exemple de cette
charité qa*l1s prêchent, puisqu'ils n'avaient rien à donner aux
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A 60 DB LA. PUISSANCE MILITAIBB
troupeau dont saint Thomas fut le prelnier pasteur.
L'Inde a été conquise par Tépée, et, il ne faut pas
se le dissimuler, elle ne pourra être conservée que
par répée tant que la conquête morale de ses popu-
lations ne sera pas accomplie. Dans la situation oii
l'Angleterre s'est trouvée placée par Tinsurrection de
son armée indigène, c'est par la force seule qu'elle a
dû chercher le rétablissement de son prestige ébranlé.
La répression devait être terrible; l'entraver, user
d'une imprudente clémence pour complaire à cette
philanthropie babillarde et mal dirigée qui, pendant
un moment, a été beaucoup trop à la mode, eût été
un non^^sens, alors que cent mille démons déchaînés
sur la colonie commettaient les plus horribles forfaits.
Aujourd'hui les circonstances sont bien changées.
La puissance britannique s'est manifestée avec
assez d'éclat pour que le règne de la force brutale
puisse céder enfin la place à celui d'une politique de
malbeureox que leurs prières. Et encore ce clergé si misérable-
ment rétribué, n*e8t pas même sufDsant sous le rapport du
nombre. Est-il honorable pour un gouvernement chrétien de con-
templer avec une si froide indifférence le retour possible au paga-
nisme de ses sujets catholiques» faute des premiers subsides pour
leurs pasteurs? Les droits du clergé catholique à la bienveillance
de la métropole ne valaient-ils pas ceux des moullahs et des pun-
dits, si largement rétribués dans les écoles de Calcutta et de Béna-
rès, dans les mosquées d*Agra et de Delhi, dans le temple de Jag-
gernauth enfln, dont Thonorable Compagnie ne craignait pas
d'honorer Fabominable culte, les épouvantables cérémonies par
la présence de ses fonctionnaires et de ses troupes.
(Edouard DBWAREEif.)
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DBS ANGLilS DANS L'iffDB.
conciliation, beaucoup plus propre à ramener les po-
pulations au respect de son autorité que la conti-
nuation du système d'implacable vengeance que cer-
taines gens continuent à préconiser. Nous n*avons
pas mêlé notre voix au concert de récriminations
dont Farmée anglaise a été l'objet dans ces derniers
temps; sur le théâtre des atrocités qui se sont com-
mises dans rinde, en présence des restes mutilés de
nos femmes et de nos enfants, nous sommes convaincu
qu'officiers et soldats nous eussions agi comme nos
alliés; notre opinion ne saurait donc être suspecte,
lorsque nous les engageons aujourd'hui à se défier
de cette meute d'impitoyables poltrons, de cette
tourbe de trembleurs dont rien n'a pu calmer les
craintes, et dont rien ne peut calmer les Tureurs. Si
l'épée de la justice n'a pas toujours été l'arme de la
conquête indienne, elle doit être au moins celle de sa
conservation ; l'Angleterre doit se venger comme une
grande nation qui punit, et non comme une minorité
qui a eu peur.
Parce que les fuyards tiennent encore la campagne,
parce que des troupes de bandits, qui n'ont d'autre
chance de salut que d'errer sans repos ni trêve, tra-
versent encore les routes, et tuent parfois les voya-
geurs imprudents qui s'aventurent trop loin des déta-
chements anglais, on est convenu, dans la presse
indienne, si nous en jugeons par une correspondance
du Times, de dire que rien n'est fait, et qu'il eût
mieux valu laisser les rebelles tranquillement dans
les villes que de les chasser dans la campagne. Ger-
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462 Xm LA PUIMANGB MIUTAIfiB
taines gens trouvent qu'on ne tue pas assez : «Tuez!
tuezl » voilà leur mot d'ordre. Les gens dont nous
parlons ne se préoccupent pas d'autre chose, ils voient
l'ennemi s'enfuir» et ils sont furieux de ne pas le voir
massacrer; ils oublient que l'histoire tout entière
proteste contre ces théories sanguinaires, et que les
supplices et les proscriptions ne suffisent pas pour
calmer les haines et donner la sécurité.
Depuis le commencement de la révolte, la même
correspondance nous l'apprend, 80,000 oipayes sont
tombés sur le champ de bataille ou morts des suites
de leurs blessures ou de maladies. On peut admettre
que 8 ou 10,000 hommes des villes et villages ont
péri dans les diverses rencontres. Quant à ceux qui
ont été fusillés ou pendus par arrêt des conseils de
guerre, leur nombre n'est pas connu, mais il sera
facile plus tard de le calculer.
Certes, il semble que jusqu'ici le bourreau n'a pas
manqué d'ouvrage. Sans doute, les condamnés ont
mérité leur sort; mais si désireux que l'on puisse être
de voir punir des coupables, on ne peut éprouver
que de la répulsion pour ceux qui se réjouissent de
leur mort, pour ceux qui tombent en extase devant
le compte rendu d'un acte de justice nécessaire, et ne
craignent pas de faire preuve d'un esprit aussi san-
guinaire» aussi inhumain que les meurtriers eux-
mêmes. Gomme on l'a dit très justement des gens
dont nous parlons, ils ont été tellement effrayés par
la révolte que dans leur délire ils ne peuvent pardon-
ner aux auteurs de leur frayeur. Ils ne voient de se-
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PB8 ANGLAIS DANS t'iNDB. &63t
curité, de moyen de prévenir leurs alarmes, que dans
l'anéantissement» non^seulement de tous les révoltés,
mais encore de tous eeuœ qui auraient pu le debenir.
Tout autre, nous sommes heureux de le constater,
est le sentiment qui règne dans Tarmée anglaise, et
c'est presque lui faire injure que d'insister sur ce
fait. La première animation de la lutte ayant disparu,
le militaire est retourné à ses instincts naturels;
comme tout ce qui est fort, il est redevenu généreux.
Il a compris qu'il ne pouvait déclarer une guerre
générale, éternelle, & tous ceux que la révolte des
cipayes a jetés plus ou moins volontairement dans
la lutte. Il ne désire nullement voir s'éterniser une
guerre où il n'y a point de merci pour le vaincu, où
il reste peu de gloire à acquérir pour le vainqueur.
Aussi les officiers s'expriment-ils avec beaucoup plus
de modération au sujet de la politique à suivre que
les fonctionnaires civils de l'ex-Gompagnieé
Le nouveau gouvernement devra réagir sans crainte
des récriminations qu'il pourra soulever contre les
tendances de' ce parti exterminateur; il ne luiper--
mettra pas d'ajouter encore aux embarras déjà trop
nombreux qu'il lui a légués; il devra s'attacher à
donner de la force à ceux qui désirent, pour la paci-
fication de l'Inde, une autre base que les cadavres et
la solitude. Il y a une grande différence entre une
amnistie générale et une politique qui distingue ceux
qui sont les plus coupables de ceux qui le sont moins;
celle^^là seule pourra apaiser les passions et les haines,
calmer les ressentiments, éteindre l'esprit de révolte.
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&6â. DE LA PUISSANGB UlLlTAlEB
Nous n'insisterons pas davantage sur la ligne de
conduite qui nous semble la seule rationnelle, la seule
à tenir par le nouveau gouvernement de Plnde. Les
Anglais ne doivent pas contraindre les Hindous &
embrasser le christianisme; la propagation s*en effec-
tuera bien plus rapidement s'ils s'efforcent de mon-
trer simplement sa droiture et sa justice que s'ils ont
recours à de dangereux essais pour l'introduire vio-
lemment ou par surprise au milieu des Musulmans
et des Hindous. D'un autre côté, ils ne doivent pas
moins renoncer à ce système de tolérance abusive
qui, sous le prétexte de respecter, de ne point gêner
les croyances, allait jusqu'à craindre de toucher aux
coutumes les plus abominables, et servait à encoura-
ger, h entretenir les usages les plus inhumains.
L'Angleterre doit se présenter hautement aux In-
diens comme une puissance chrétienne, comme une
nation professant une religion qu'elle serait désireuse
de répandre parmi eux; ensuite abolir complètement
certains procédés iniques et barbares, et les rempla-
cer par une administration ferme, à l'abri de tout
reproche d'inhumanité.
Au moment oii nous écrivons, les corps organisés
de cipayes ont disparu : ce ne sont point les chefs
que le fanatisme a jetés dans la révolte, comme le
moulvie d'Oude et Ferozeh-Shah ; ceux que l'ambi-
tion a séduits, comme les Kouer-Sing, les Khan^
Bahadour, les Nirput-Sing; ceux mêmes que leur
haine et leurs exécrables instincts ont changés en
bêtes fauves, comme un Nana-Salb; ce ne sont pas,
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB. 665
disons-nous, ces chefs fugitifs, proscrits, qui peuvent
inspirer quelcjue crainte, pas un n'a révélé, pendant
la guerre, les talents d'un chef éminent, ni montré
rétoffe d'un Tacfarinas ou d'un Spartacus; leurs
bandes armées de fusils à mèche, la cavalerie irrégu-
lière que la fuite a protégée pendant les dernières
campagnes, pourront longtemps encore peut-être
exercer la patience de l'armée anglaise ; mais c'est
une nouvelle et dernière phase de la guerre, dans
laquelle il n'y a plus de dangers sérieux à redouter.
En présence d'une situation aussi singulièrement
améliorée, c'est un devoir étroit pour le gouverne-
ment indien de renoncer à ces idées de cruelles et
terribles représailles, à ces sentiments d'implacable
vengeance qui deviendraient nécessairement le plus
grand obstacle à l'apaisement définitif du pays.
Que l'Angleterre mette donc sérieusement en pra-
tique ces résolutions dignes d'une grande et chré-
tienne nation, et les fautes passées du gouvernement
qui vient de disparaître ne lui seront plus comptées .
que pour rehausser le mérite de la politique de celui
qui l'a remplacé.
SO
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CHAPITRE XVIII.
Sommaire : Réorganisation de la puissance militaire des Anglais
dans l'Inde. — Les enrôlements volontaires en Angleterre. —
Discussion du système adopté pour lé recrutement de l'armée.
— LeHanovre et rémigration irlandaise. — Épreuves auxquelles
a été soumis le système militaire de l'Angleterre depuis quel-
ques années. — La Grimée et la révolte indienne. — Le patrio-
tisme d'une nation ne suffit pas à sauvegarder son territoire.
— Double problème à résoudre dans l'état militaire d'un pays.
— Opinion de Wellington sur l'armée anglaise. *— Nouvelle
pbase dans laquelle est entrée la guerre des Indes. *- Obliga-
tions imposées à la Grande-Bretagne par la situation de sa
colonie.
Nous avons dit que Tune des questions les plus
importantes léguées par la révolte de l'Inde aux mé-
ditations des hommes d'État de l'Angleterre était la
réorganisation de son armée. Nous ne croyons pas
farop nous avancer en ajoutant que la tempête de 1857
doit emporter tôt ou tard les théories condamnées»
, les usages surannés sur lesquels repose la constitu-
tion militaire de la Grande-Bretagne.
Deux fois» et à des intervalles bien rapprochés^
nos alliés» pendant ces dernières années, ont reçu de
sévères leçons. Deux fois ils ont pu mesurer» dès les
premières secousses d'une guerre sérieuse» toute
l'étendue des imperfections de leur système de dé-
fense. La guerre des Indes a confirmé ce que la cam-
pagne de Crimée avait déjà révélé.
Dès le début de la guerre d'Orient» jugeant au
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liGS DU LA PI3ISSANCK ITILITÀIRB
point de vue allemand, c'est-à-dire en spectateur
désintéressé, le grand conflit oîi se trouvaient enga-
gées les puissances occidentales, nn écrivain militaire
distingué formulait en ces termes son appréciation de
Tarmée anglaise (1) :
« L'armée anglaise, à cause de son effectif et de
» son renouvellement par Fenrôlement, à cause aussi,
» en général, de l'insufiisance de IMnstruction mili-
» taire et scientifique de ses oiïïciers subalternes,
» reste bien en arrière des armées du continenL Le
» courage et le sang-froid habituels des troupes n'ef-
» facent pas entièrement ces défauts. Au reste, TAn-
V gleterre sera contrainte, tôt ou tard, de réorganiser
» son armée d'après les types continentaux, si elle ne
» veut pas voir décroître considérablement son in-
» fluence dans le monde. »
Quatre mois de campagne ont suffi pour démon-
trer la justesse de ces prévisions ; la difficulté, sinon
l'impossibilité de recruter l'armée, l'obligation d'em-
ployer les milices hors de l'Angleterre, l'insuffisance
absolue d^ tout le système administratif militaire,
sont des faits connus aujourd'hui de tout le monde,
et l'Angleterre est unanime pour conjurer ces dan-
gers. La transformation de l'armée anglaise, ou,
pour mieux dire, de son organisation, est d'aatant
plus nécessaire qu'aujourd'hui l'Angleterre est privée
des deux principales sources qui alimentaient ses
(1) Les armées des puissances directement ou indirectement en-
gagées dans la question d'Orient^ par un général allemand, bro*
ehure in-8. Leipzig, chez RemmelmanD,
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DBS ANGLAIS DANS l'iNDB. &69
régiments aux temps passés, T Irlande et le Hanovre.
La faaiine, la misère, le choléra^ ie typhus» et sur-
tout rémigration aux États-Unis, ont réduit la popu-
lation de rirlande de 8 à 5 millions, et dans ces
3 millions de déficit, morts ou expatriés, se trou-
vaient jadis les hommes que Tenrôleur trouvait tou-
jours disposés à accepter ses primes. Les économistes
anglais s'applaudissaient de voir enfin la question
irlandaise résolue par l'émigration ; en même temps
qu'on se débarrassait du paupérisme irlandais, on
tarissait une des plus fécondes sources du recrute-
ment de Tarmée.
Depuis Tavénement de la reine Victoria, le Ha-
novre a cessé d'être une possession de la couronne
d'Angleterre, parce que, la constitution de ce pays
éloignant les femmes du trône, un souverain indé-
pendant a dû y prendre les rênes du gouvernement.
Pendant tout le x\uv siècle, les rois d'Angleterre
ont surtout fait la guerre avec des Hanovriens, leurs
sujets, et avec des Hessois et des Brunswickois,
qu'ils achetaient à tant par tête à leurs alliés les
souverains de Hesse et de Brunswick. Depuis la sépa-
ration du Hanovre cette source est tarie ; pendant la
campagne de Crimée, malgré les répugnances sou-
levées par le bill pour l'enrôlement des étrangers,
l'Angleterre n'a pu faire face à la guerre avec ses
propres ressources en hommes (1). Aujourd'hui la
(l> Pendant la guerre d*Orieat, six légions étrangères ont été
levées par le gouvernement britannique : i* légion turque à che-
val (général Beatson) } 2* Région turque k pied (général Vivian) ;
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liJO DB LA PUISSANGB MILITAIM
révolte des Indes ne Ta paa moins épuisée, et malgré
ses immenses ressources financières, malgré ses sa-
crifices, au moment où ses généraux lui demandent
des renforts, oii la lutte a besoin d*étre poussée avec
la plus grande activité, nos alliés se trouvent bien
près de porter une seconde fois la peine d'un système
en désaccord avec les institutions militaires du reste
de r Europe.
. Grâce à sa situation géographique, rAngleterre a
pu, depuis un quart de siècle, ne donûeF qu'une
attention secondaire à son armée. Envisagée seule^
ment au point de vue d'une défensive dans laquelle
les nombreuseEi citadelles flottantes dont le pays dis-
pose seraient appelées à jouer le premier rôle, cette
fstùéQ a été réduite h un chiffre qui n'est plus en raph
port avec les éventualités auxquelles, par aoo rang
dans le monde, TAngleterre est obligée de prendre
part. La guerre de Crimée, ainsi que nous le disioDS
plus haut, a donné le premier éveil sur les dangers
de c^tte situation.
Les hompes dont l'esprit d'économie mal enten-
due a particulièrement contribué à l'amoindriseement
de l'état militaire de la Grande-Bretagne ont répété
à satiété que le pays n'était point agressif, que l'An-
gleterre ne voulait palette un pays agressif, que son
armée ne devait pas être une armée d'agraision.
3* légion anglo-polonaise (prince Gzartoryski); k"* légion anglo-
allemande (colQuel Stenabach) ; ô" légion be|véUqi}e ^colonel Dick-
son], sans parler des tentatives RQur b fojrmUoQ de l^o^i^aiDi:
ricaines, sçandinayes, e(c
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0B8 AISGI'AIS piqS L\ï^D^. A?t
jSoit, mafs il en est des nations comme des individus,
lorsque deux liommes se trouvent en présence, )fi
volonté de ne point porter le premier coup ne pon-
etitue nullement une protection suffisante^ et celte
modération, si elle n*est pas soutenue d*un bon poir
gpet, donne bien vite l'avantage à l'antagoniste moins
scrupuleux. D'ailleurs le simple instinct de la conser-
vation impqse à tous les peuples des obligations qui
peuvent yî^fier suivant \^ rang qu^ chacun occupe
dans le monde, mais qui, pour tous, doivent être
proportionnées à ce rang, et le premier devoir des
gouvernements est de tenjr toujours leur p^ys prôj; ^
toute éventualité.
Sops ce rapport, les événements de 1357 doivent
être pour l'Angleterre un avertissement plus sérieux
encore que tp^8 les enseignements qui ont pu décou-
ler de la campagne de Crimée. Cette dernière guerre
ne constituait qu'un acpident, et il était concevable,
jusqu'à un pertaip point, que l^s événements qui ont
déterminé le cçnflit trouvassent au dépourvu les na-
tions appelées ^ y prendre part. Pne révolte indienne,
au pontrafre, est un danger permanent contre lequel
l'Angleterre aurait toujours du être en mesure ; si
quelque clfose 4pit ^toi^ner, en effet^ c'est biep nioins
)e «qulèvement de Karmée in^ligène que la longue
obéissance dans laquelle pn l'a yu se maintenir.
Quand on considère le phiffre des troupes anglaises
dans l'Inde au début de l'insurrection, on doit regar-
der comme un véritable miracle qu'une si faible poi-
gnée d'Européens ait pu résister comme elle l'a fait,
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hli DB LA PUlSSAiNGB IIILITAIRB
et n'ait point été emportée au premier coup de cette
furieuse tempête. Par un juste retour sur les consé-
quences qu'un pareil désastre aurait nécessairement
amenées» on doit se demander si c'est être prévoyant
et prudent que de placer une armée dans une posi-
tion aussi importante sans lui donner les moyens de
faire face aux dangers qui l'assiègent. La catastrophe
de 1857 ne doit-elle pas engager la nation anglaise
à ouvrir les yeux, à déployer toute son énergie, à
remanier enfin de fond en comble des institutions
militaires assez défectueuses pour avoir permis qu'à
un instant donné ses intérêts les plus précieux fussent
aussi fatalement compromis.
Contre les périls d'une semblable situation, il n'est
pas de déclamations qui puissent prévaloir. Sans
doute, les efforts et le courage de l'armée indienne
ont été dignement appréciés ; dans les meetings, dans
le Parlement, dans les assemblées de toutes sortes»
les éloges, les panégyriques ne lui ont point manqué;
mais, qu'on nous permette de le dire, à nous qui
sommes si complètement désintéressés dans cette
question, nous pensons que... le moindre régiment
de renfort eût bien mieux fait son affaire que tout le
lyrisme de lord Palmerston et tuUi qtumtù
Enthousiasmés par les résultats du recrutement au
commencement de la guerre, certains orateurs se sont
étendus avec complaisance sur la facilité avec la-
quelle il peut être fait appel à l'esprit militaire de la
nation anglaise. On s'est récrié vivement contre la
réputation faite au peuple anglais, sur le continent,
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DBS ANGLAIS DANS L^INDB. &7S
de n*étre pas une nation militaire. Les Anglais^ a-ton
dit, ne sont paSy autant qtie les peuples de quelques
autres pays^ passionnés pour les uniformes^ pour les
fourreaux ^ acier et les talons éperonnés; mais nulle
nation ne V emporte cependant sur eux en esprit mt7i-
taire. Quand la nécessité Vexige, les Anglais^ par Tar-
deur avec laquelle ils vierment se ranger sous les dra-
peaux^ prouvent qu'ils représentent bien mieux une
nation militaire que la plupart des peuples soumis au
régime de la conscription.
Il est aussi loin de notre pensée de vouloir con-
tester les résultats que peut produire le patriotisme
anglais que de refuser à Tarmée anglaise les éloges
que mérite sa valeur ; nous reconnaissons qu'en ce
qui touche au dévouement, au sentiment national,
nos alliés comptent parmi les premiers en Europe ;
mais, on le nierait en vain, si développés que puis-
sent être ces sentiments dans un pays, ce sera tou-
jours une imprudence de compter exclusivement sur
eux comme sauvegarde de ses intérêts et de Tbon-
neur de son drapeau. Les enrôlements volontaires
ne poun'ont jamais constituer qu'une ressource éven-
tuelle et variable ; ils peuvent, concurremment avec
les appels ou la conscription, contribuer à la forma-
tion des armées modernes, mais nulle part leur em-
ploi exclusif ne pourra fournir une garantie régulière
et certaine. L'esprit militaire d'un pays aura beau ne
point reculer devant un appel de la patrie en danger,
c'est trop en exiger de compter uniquement sur lui :
l'enthousiasme, comme tout co qui est spontané et
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(Pi DB Ik PD^SANCB i|)LITi||UB
paseionnéi ne peut servir c|e base à rien f^çi ^xt i^ de
régulier.
Le prol^lème qu'une natipn ()Qi( fésoudre (^ans
Torgani^ation de son élat militaire peut être défini
en quelques mots : CoMtittier son an^ée de tnçinièrf
à ce qvfiy fotJ^ours forte^ insti^ite et eocercée^ tOf^JQHn
d^poniftle v^r le (m de guerre^ elle w ^oit pa^^ fn
fempif de fyiiûpi, d'un entretien trop ofiérem^ pour la por
piulatian et le trésor public.
La seconde partie de cette proposition a tQ^jp^rB
.ét)i prise en plus sérieuse considération que la pre«
mière par leti hommes d'État de l'ingleterre; ce priq-
pipe les a conduits à opérer (|es réductions trop fortes
daps le chiffre de Tarmée, et il semble que ^oiis Tin-
.fluence des utopies de Gobden et du congrès dp la
paix ilq aient cru vraiment h la possibilité d'une paix
éternelle I II en résulte que leur système, cipconscrit
dans des limites trop restreintes, à peine suffisant
dans les conditions ordinaires et normales, ne pré-
sente aucune réserve pour les éventualités. Il en ré-
sulte qu'au premier choc , à la prenuère complica-
tion, l'armée anglaise, absorbée tout entière par le
service de paix, n'a rien à mettre en ligne pour le
service de guerre, ou, ce qui n'est ni juste» ni prq-
. dent, ni même humain, pourrions*nous dire* elle se
trouve écrasée sous le poids d'un fardeau que sa fai-
blesse numérique rend intolérable.
Nous aurions encore bien des choses à dire sur
cette importante affaire du recrutement d^ l'armée
britannique, mais un volume n*y suffirait point, et les
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DBS ANGLAia DANS l'iNDB. A75
Umites de notre cadre nous arrêtent. Nous nous pro-
posons d'ailleurs de traiter in extenso cette grave
question dans un second travail exclusivement con-
sacré à l'étude des différentes institutions militaires
de la Grande^Breti^gne, tant dans leurs rapports que
dans leurs dissemblances avec celles des autres puis*
sances de TEurope. Pour le moment, bornons-nous
à dire qu'en dehors des dangers extérieurs qui peu-
vent menacer Tempire anglo-indien sur sa frontière
septentrionale, la révolte de 1867 , par les modifica-
tions profondes qu'elle aura déterminées dans Tesprit
des populations et dans l'organisation de l'armée
indigène, nécessitera longtemps encore, après son
extinction, un dévebppement de puissance militaire
dont i'enti^etien nous semble impossible avec les res-<
sources que le système actuel fournit à la mère patrie»
Pendant de longues années, l'armée anglaise, si elle
ne tient pas la campagne d'une manière effective (et
edle qui se poursuit n'est pas terminée), devra se te*
flir prête à tout instant à monter à cheval. Pourra^
t«^Ile, sans un recours forcé au système plus ou moins
mitigé des appels et de la conscription, remplir une
pareille tâche? Â tort ou à raison, a-t-on dit, l'An-
gleterre hésiterait entre la perte de l'Inde et cet
expédient, que quelques publicistes, nous ne savonf
trop pourquoi, qualifient de désespéré. Nous ne pré<^
jugerons pas ici de la décision que prendront nos
alliés dans une pareille alternative , mais uoup leur
rappellerons l'opinion exprimée par un homme qui
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A76 DB L\ PUISSANGB MILITAIBB
fut à la fois l'un de leurs plus grands politiques et
leur plus grand homme de guerre, au sujet de Tinfé-
riorité irrémédiable de leur constitution militaire,
a tant que T Angleterre n'aura pas un système de
» recrutement qui lui permette de perdre impunément
» chaque année, en cas de guerre, et par le seul effet
«des privations et des fatigues^ la moitié de ses
» troupes en campagne (1). »
Cette opinion, exprimée en 1811 par Wellington,
si nous en jugeons par le rapport des commissaires
sir John M'Neill et le colonel TulIocb,les pertes éproih
vées par Tarmée britannique en Crimée, Tont pleine-
ment confirmée; et le genre de guerre qui attend
aujourd'hui les Anglais dans Tlnde ne pourra qiœ
lui donner une nouvelle consécration. Si leur t&cbe
n'est plus dangereuse, elle n'en est que plus triste,
plus ardue et plus fatigante. Us n'ont plus rien à
craindre de l'ennemi sur le champ de bataille; mais
dans les opérations diverses, mtihjpliées, où les
troupes seront engagées, éparpillées en petites co*
lonnes, dont chacune dépendra de son chef particu*
lier, il y a lieu d'appréhender des pertes qui pour-
ront amener un découragement momentané, surtout
si les soins à donner aux soldats, si les mesures hy-
giéniques à observer, si Tinslallation des ambulances
et l'organisation des divers services de guerre ne
(1) Lettre du 26 janvier 1811, de WeUington au marquis de
TVellesiey.
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DBS ANGLAIS DANS l/iNDK. &77
sont pas dirigés par des ordres aussi intelligents que
rigoureux. La sollicitude du commandant en chef
prendra sans doute toutes précautions dans ce but;
mais, pas plus en France qu'en Angleterre, nous ne
sommes les premiers à signaler ce que de récentes'
expériences n'ont que trop démontré : Tinsuffisance
et l'imperfection des services administratifs dans
Tannée anglaise nécessite de nombreuses réformes,
sans lesquelles tout le talent, tous les efforts de ses
chefs pourront demeurer stériles.
Depuis bientôt un demi-siècle, la France en Algé-
rie, la Russie dans le Caucase, l'Autriche en Italie,
toutes les grandes puissances européennes, en un
nM>t, ont eu leurs écoles pratiques dans lesquelles les
habitudes et les traditions anciennes, comme aussi
les perfectionnements nouveaux de l'art militaire ont
été l'objet d'expériences aussi intelligentes que mul-
tipliées. Affranchie des obligations imposées aux États
continentaux dont nous venons de parler (1), l'An-
gleterre, pendant cette même période, n'a eud'autfe
occupation que de promener tranquillement, libre-
ment sur toutes les mers ses flottes sans rivales. Elle
(i) Noos ne tenons pas compte, et pour cause, des circonstances
où ramée anglaise a été obligée de guerroyer dans l*Inde antérieu-
rement à 1857. Loin de proflter aux progrès miiitaires, ces cam-
pagnes, si glorieux qu'en aient été les résultats, ont contribué à
faire adopter aux conquérants de rinde les habitudes antiguer-
rières des populations soumises. Nous n'avons pas besoin de par*
1er du vice énorme qui existe dans Farmée indienne, et dont les
campagnes de rAfghanistan ont démontré jusqu'à l'évidence les
graves dangers : Tabus des bagages des officiers et des soldats,
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678 DE LA PUISSàfieB MIUTAIAB
a négligé son armée, dont le r61e à rintérieur a tou-
jours été fort insignifiant, et dont la mission à Texte*
rieur semblait singulièrement facilitée par le calme
de ses colonies et Tapparente tranquillité de l'empire
indien. Mais voilà que tout d'un coup cette situation
3'est trouvée profondément modifiée : en même temps
que le développement de la marine à vapeur venait
bouleverser de fond en comble les conditions sur les-
xiuelles a reposé jusqu'ici la sécurité de la Grande*
Bretagne, le volcan qd couvait sous le oalme factice
de l'Inde, faisait éruption; aujourd'hui, au moment
oii toutes les puissances de premier ordre réduisent
leurs forces, et se reposent sur la confiance que
leur inspirent les perfectionnements introduis dans
leurs constitutions militaires , l'Angleterre , aus
prises avec d'immenses difficultés, est forcée d'aug-
menter son armée au delà de toutes ses préfisions^
et se trouve obligée d'entrer à son tour dans la
voie où elle s'est laissé distancer par les autres puifr-
iumces.
Ainsi que nous l'avons dit ailleurs, nous nous pro-
poions, dans un second travail (i) dont les maté-
rimmease «ni^^îté de noQ-<îombatUnts qui marchent à laeoite de
Tarmée, etc., etc. , toutes choses de nature k transfomier le moindre
échec en désastre, ainsi que cela a eu lieu au Gaboal.
(i) Eœamm critique des InHitutùme militaires de la Grande'
Breta^ne^ au double potnt de vue de leurs rapports avec celles des
aiuires puissances, et des réformes que rédame la situation issue
de la révolte indienne. (Gh. Tanera, libraire-éditeur pour Tart
miUtaire, quai des Augustins, 27, k Paris.)
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D£S ANGLAIS DANS l'iNDB. 679
riaux sont déjà réunis, d'éludier en détail la consti-
tution militaire de la Grande-Bretagne, afin d'en
déduire les réformes dictées par Texpérience des
dernières guerres, et réclamées par la situation ac-
tuelle. Nous ne croyons pouvoir mieux faire, en ter-
minant, que de donner ici le canevas de cette seconde
Étude qui doit être, en quelque sorte, le corollaire
et le complément obligé de la première.
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CHAPITRE XIX ET DERNIER.
Sommaire : Programme d'un projet d'étude des institutions
militaires de la Grande-Bretagne, — OrganiStition générale de
rarmée anglaise , composition et division. — Recrutement de
Farmée anglaise, discussion des systèmes par enrôlement et
par appel forcé. — Législation anglaise en matière d'avance-
ment dans rarmée. ^ Ëtude et mérite comparatif des diffé-
rentes armes qui entrent dans la composition de Farmée an-
glaise.— Organisation des services administratifs dans Tarmée
britannique. — Réorganisation de la puissance militaire des
Anglais dans Tlnde. — Mode de guerre à adopter pour arriver
à la pacification deTlnde.— Analogies entré la guerre d'Afrique
et la guerre indienne. — Examen comparatif des armées fran-
çaises et anglaises employées en Algérie et dans Tlnde.
Organisation générale de rarmée anglaise. — Division en
trois groupes principaux: 1° Armée proprement dite (infan-
terie et cavalerie) ; 2'' ordonnance (artillerie, génie, maté-
riel; 3° milices. — Autorités pour le commandement et
Tadministration. — Quartier-général (Horse Guards). —
Étatsr-majors de commandement. — Intendance de cam-
pagne. — Département militaire et colonial. — Adminis-
tration militaire, commissariat. — Examen critique du fonc-
tionnement de ces différents rouages.
Armée : Infanterie (de ligne, — légère, — tirailleui*s) ;
— infanterie delà garde. — Cadres et effectifs. — Cava-
lerie (légère, de réserve); — cavalerie coloniale; — artil-
lerie ; composition du régiment royal d'artillerie et de la
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/i82 DE LA. PDISSÀNCB MILITAIRB
brigade à cheval ; — coraposition des batteries ; — calibres.
— Génie : corps des ingénieurs et corps des mineurs et
sapeurs.
Effectif général moyen de Tarmée anglaise en temp» ordi-
naire. — Est-il suffisant pour les obligations du service?—
Sa mission à Tintérieur et à Textérieur ; — parallèle avec
les armées des puissances continentales.
Milices et compagnies de pensionnaires ; — réserve in-
suffisante, organisation défectueuse. — Établissements d'in-
struction militaire : Académie de Woolwich; collège
militaire de Sandhurst; école des ingénieurs à Gbatam ;
école de rartillerie, des sapeurs à Woolwich ; école mili-
taire d'Irlande; école de cavalerie de Maidstone; école
d'état-major. — r Examen critique de ces divera établisse-
ments, etc., etc.
IL
Recrutement de V armée anglaise : — Imperfection et insuf-
fisance du système delà Grande-Bretagne ; — ce qu'il faudrait
et ce que donne l'enrôlement; — opinion de Wellington.—
Division de l'Angleterre en dix arrondissements pour l'enrô-
lement (Londres, Woolwich, Liverpool, Bristol, York, Edim-
bourg, Glasgow, Belfast, Dublin et Cork).— Causes particu-
lières d'insuccès qui viennent s'ajouter à l'imperfection du
système. — Chiffre des enrôlements pendant la campagne de
Crimée; — depuis la guerre des Indes. — Résultats delà
séparation du Hanovre et de l'émigration irlandaise. —
L'Angleterre, en présence des difficultés du présent et de
l'avenir, pourra-t-elle continuer à repousser le système des
appels et de la conscription ? — Ce qu'est le soldat anglais,
— son origine, ses qualités, ses défauts; — opinion du gé-
néral Foy ; — opinion deWellington; —opinion de M. Gui-
zot sur le système de la conscription. — Comparaison du
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DES ANGLAIS DANS l'iNDE. liS&
soldat anglais avec ceux des autres puissances, — Néces-
sité des châtiments corporels ; — opinion de Wellington.
— Expédients auxquels l'Angleterre est obligée de recourir
pour activer les enrôlements et compenser leur insuffisance.
— Abaissement de la taille, diminution de la durée du ser-
vice, élévation de la prime ; recours à Tenrôlement des
étrangers , — les six légions de la guerre d'Orient. — ' Dé-
penses énormes; — proportion du délit de désertion à dif-
férentes époques, — pendant la guerre de Crimée, etc., etc.
III.
Législation de Varmée anglaise en matière d'avancement. —
L'officier anglais,— son caractère, ses qualités, ses défauts;
— opinion de Wellington ; — les officiers de l'armée an-
glaise en Grimée, dans l'Inde, en Angleterre ; — les offi-
ciers anglais sont-ils, comme instruction militaire, dans les
mêmes conditions que ceux des autres puissances? — Opi-
nion des Allemands. — Proposition de sir de Lacy Evans.
— Opinioa de lord Palmerston sur le degré d'instruction
nécessaire à l'officier; — l'honorable ministre semble beau-
coup plus au courant de la manière dont on fait naître la
guerre que bon appréciateur des conditions indispensables
à remplir parceux qui sont chargés de la faire. — Propor-
tion entre le nombre des soldats et celui des officiers, en
Angleterre, en France, en Autriche, en Prusse, en Russie.
— Avancement au choix ; — avancement à l'ancienneté ;
— avancement par achat; — vice radical du système an-
glais en matière d'avancement; — grades à brevet. —
Avantages et inconvénients du système de purckase, —
Caractère public et privé. de l'officier anglais; le système
des Mess; son adoption dans la garde impériale de France ;
— solde des officiers anglais ; — ordres militaires. — Ordon-
nance royale du l/i octobre réglant la promotion dans les
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&8/i DB LA PUISSANGB MILITAIKB
hauts grades de ràrmée anglaise ; — sa complication, —
sa comparaison avec le règlement analogue de l'armée
française; — âge des généraux anglais (Havelock, Neîll,
Nicholson, Lloyd, Campbell, etc.). — Inconvénients d'une
armée où les officiers subalternes sont en général trop
jeunes, et les offlciers*généraux trop âgés. -— Le général
sir William Gotton refuse un commandement au Caboul
parce qu'il est trop âgé ; le général Elphinston l'accepte et
le compromet pour le même motif; — le général Lloyd è
Dinapour. — Il faut à l'Angleterre des généraux qui aient
déjà de l'expérience, mais qui aient encore des jambes et des
bras. — Réformes générales, concentration et centralisa-
tion dans les mains du ministre de la guerre, proposition
du capitaine Vivian; — suppression du mattre-général de
l'ordonnance; — difficultés du commandement en Angle*
terre; — rien n'est terrible comme l'obligation pour un gé-
néral de régler sa conduite sur les fluctuations de l'opinion
publique; — plaintes de Wellington à ce sujet ; — incon-
vénients des discussions dans le parlement sur le mérite
comparatif des officiers, sur les récompenses qui doivent
leur être accordées ou refusées ; — l'opinion publique en
Angletert'e traite souvent ses généraux à la façon des Car-
thaginois; — affaire des généraux Walpole, Windham,elc.',
— enquête de Balaclava ; — latitude trop grande laissée à
la presse en Angleterre pour tout ce qui touche aux choses
de la guerre; — opérations manquées par suite de l'indis*
crétion des journaux; — la guerre d'Espagne et le journa-
lisme de Londres. — La presse de Calcutta et les insurgés.
-* Moyens d'action trop limités accordés aux généraux
commandants en chef. — Plaintes de Wellington à ce su-
jet ; — différence de situation des commandants en chef>
français et anglais, ])endant la guerre de Crimée.
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DES ANOLAIS DANS L'iNDB. 1^85
!V.
L'infanterie^ la cavalerie, l'artillerie^ le génie de l'armée
anglaise, — Hérite comparatif de ces différentes armes; —
modifications désirables ; — régime auquel est soumis le
soldat anglais. — Discipline; — camps d'Aldershot, de
Sliorncliff, de Kildare, de Curregh ; — • créations qui font
défaut; — réorganisation du corps d'ouvriers institué par
Wellington dans la péninsule, et licencié en 1823. — Com-
mission pour examiner Tartillerie des puissances étrangères
(colonel Wilmot, capitaine Boxer, Anderson, directeur de
Varsenal); — création de corps auxiliaires d*infirmier$, de
soldats du train des bagages. — Un mot sur ces corps dans
l'armée française ; — pénitencier de Chatam, etc., etc.
Organisation du service administratif de Varmée. — Ad-
ministration proprement dite (solde, habillement, justice
militaire, etc.); — commissariat (caisses militaires et de
districts, marchés pour fournitures, etc.); — complication
et insuffisance des services adminfstratifs dans Tarmée an-
glaise; — comparaison avec le système français. — Cam-
pagne de Crimée ; — nécessité de perfiectionner et de rendre
définitives les créations destinées à pourvoir aux besoins de
cette dernière guerre ; -*- service des ambulances, ses im-
perfections; — création du corps de santé (infirmiers); — •
service des vivres ; — service des transports ; — le com-
missariat pendant la guerre de TAfghanistan, pendant la
guerre de Crimée, pendant la guerre actuelle; — caserne-
ment et hygiène des troupes ; —mortalité dans Tarmée an-
glaise en temps de paix et en temps de guerre; — compa-
31*
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&8G DE L.V i'LISSAAGS MLITAIRB
raison avec la France ; — opinion du gi^nérai Napier. —
Habillement : Tarmée anglaise appelée à faire son service
sous les latitudes les plus variées, dans les neiges du Ca<
nada ou^sous le soleil de Tlnde, ne devait pas suivre dans
rbabillement de son armée les traditions des puissances
continentales ; — observations sur la coiffure et l'équipe*
ment. — Opinion du docteur Fergusson ; — armement de
la cavalerie. — Projet d'un département parliculier pour
surveiller tous les contrats de fourniture pour Tarmée sous
)a direction d'un négociant de confiance {chambre des lords,
10 mai 1855) ; -*- projet tendant à donner la surveillance
de rbabillement de l'armée à des employés supérieurs à la
place d'un comité de généraux : — examen de ces mesures
dans rintérét de l'armée; il y a, au contraire, avantagea
militariser tous les rouages destinés à assurer la satisfaction
de ses besoins. — L'intendance militaire en France, sa su-
périorité incontestable sur tous les corps administratifs des
armées modernes, etc.
VI.
Réorganisation de la puisêonee militaire dans l'Inde» — Le
moment est arrivé d'accomplir toutes les réformes sur les-
quelles un gouverneur-général et un conseil suprême au-
raient été dix ans à délibérer; — aperçu général des néces*
sites auxquelles doit satisfaire le nouveau système militaire
deVInde; Tarméede l'Inde n'est qu'une immense garnison,
la plus gigantesque du monde; — l'armée indigène telle
qu'elle a été organisée jusqu'ici était une mine toujours
prête à éclater ; on serait embarrassé, en songeant à ses
imperfections, de décider ce qui a pu retarder aussi long-
temps l'explosion. — L'Angleterre ne peut se passer d'une
armée indigène, mais elle doit en régler l'emploi d'après
les principes que la France a adoptés en Algérie ; — prédo-
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DES anAlàis dans l*lndb. A87
minaiice nécessaire de réléinent européen, sinon coinma
chiffre, ce qui serait impossible, du moins comme puis*
sance et force effective par suite d'une meilleure organisa-
tion; — chiffre de Farmée européenne; — chiffres des
troupes auxiliaires indigènes; — la puissance de l'élément
européen dépendra bien moins du nombre que de remploi
judicieux et de la répartition intelligente; — précautions à
prendre; remploi exagéré de certaine nationalités de l'Inde
(les Sikhs, les Ghoorkhas), au lieu de supprimer le danger
que crée l'existence d'une force indigène, reviendrait seule-
ment à le déplacer; — assiette nouvelle à donner à l'état
militaire de l'Inde; — danger que présentent les fortifi-
cations et les ressources militaires accumulées dans des
places comme Delhi, Lucknow, etc. — A l'exception des
stations militaires, des places de dépôts où les troupes euro^
péennestiendronl exclusivement garnison; où l'artillerie, les
arsenaux et magasins seront renfermés; où, enfin, lestrou*
pes indigènes ne seront jamais admis' j, toutes les places, ci-
tadelles et forteresses dont l'Inde est couverte doivent être
démantelées; — appui que l'insurrection a trouvé dans ces
positions; — modification à introduire dans l'armée in-
dienne aux divers points de vue envisagés dans le chapitre
précédent (habillement, armement, administration, etc.) ;
— emprunts utiles à faire aux armées de l'Algérie et du
Caucase; — opinion du général Jacob sur les imperfections
du système militaire indien encore en vigueur ; — pourquoi
la cavalerie irrégulière indigène l'a toujours emporté sur la
cavalerie régulière; — création de corps analogues aux
cliasseurs d'Afrique et aux zouaves dans l'armée européenne
de l'Inde, formations semblables à celles des spahis et des
tirailleurs algériens dans l'armée indigène ; — la portion de
la force indigène conservée, devra, à Tcxemple de ce qui
s'est pratiqué eu Afrique, recevoir une organisation, un
uniforme, des établissements eu rapport avec les mœurs et
les habitudes des populations indiennes; — le régime ap-
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A88 DE LA PUISSANCE tflLITAIRB
pliqué aux troupes européennes devra être modifié de ma-
nière à tenir compte des exigences particulières au climat,
au genre de service et de guerre, etc.; — réformes à intro-
duire pour donner aux troupe» de Tlnde la mobilité qui
leur manque ; — abus des bagages ; — opinion de Napier
sur le bagage strictement nécessaire au véritable officier de
guerre dans llnde. — Conséquences de l'immense quantité
de non-combattants que les armées traînent à leur suite.
— Affaire de r Afghanistan et dernière campagne dans l'Inde
centrale;-'les colonnes anglaises bien organiséeset bien con-
duites sont aussi mobiles que les troupes des autres nations.
— Exemples de marches rapides exécutées par Wellington
dans la guerre des Malirattes et dans la Péninsule ; ^ mar-
che d'Havelock ; — soins dont le soldat européen doit être
l'objet dans les campagnesd' Asie et d'Afrique ; -—il est recon-
nu que dans toutes les guerres, et à toutes les époques, les
pertei occasionnées par les maladies l'ont emporté dans une
effrayante proportion sur celles causées par le feu ; — en
Grimée, sur 22,457 hommes perdus par l'armée anglaise,
16,000 ont succombé au choléra ou aux affections résultant
du manque de soins et de la mauvaise organisation des
ambulances; — savoir conserver ses soldats est aussi néces-
saire, dans rinde, pour l'officier, que savoir les conduire
au feu. — Au nombre des connaissances que comportent
les divers systèmes d'instruction militaire adoptés pour les
officiers, devrait figurer en première ligne l'hygièue mili-
taire; ^ attributions du Conseil de santé des armées en
France; — ses instructions régimentaires pour l'hygiène
spéciale des troupes en Afrique; — pour le choléra, etc....
— Exemple à suivre en Angleterre.
VIL
Modes de guerre à adopter pour arriver à la pacification de
rinde. — La période des grands combats et des grands
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DJS8 ANGLAIS DANS l'iNDB. 489
corps d'armée est passée ; — le nouveau caractère qu'a
pris foi*cément la lutte est tout à t'avantage des rebelles;
— malgré l'infériorité de la race indienne, elle n'est pas
absolument dépourvue d'une sorte de courage; — lesre-
bdles n'ont trouvé aucun chef éminent jusqu'ici ; prévoir
ce qui pourrait arriver s'ils étaient dirigés par un Schamyl
radjepoot ou un Abd-el-Kader sikh ; — il suffit d'un
homme intelligent et brave pour changer les mœurs mi-
litaires d'une nation.
La situation des Anglais dans l'Inde est aujourd'hui celle
des Français en Afrique, après la dispersion des troupes
r^lières de l'émir et la destruction de ses forts ; — cette
seconde période de la guerre algérienne a été de beaucoup
la plus laborieuse; les Anglais ont affaire actuellem^t à un
ennemi qui restera insaississable s'ils ne se décident à imi-
ter leurs alliés dans la manière de le joindre ; — la guerre
des Indes est aujourd'hui dans les jambes; le succès dé-
pendra uniquement de l'activité avec laquelle elle sera
conduite, et de l'excessive mobilité des troupes qui y seront
employées ; — la France et l'Angleterre sont Tune et l'autre
assez riches pour se prêter et s'emprunter réciproquement ,
— l'étude de la guerre algérienne, de l'organisation de
l'armée française en Afrique, dans son ensemble, et plus
encore dans ses détails, ne saurait être assez conseillée aux
officiers anglais ; — les principes de la guerre avec les
peuples barbares, asiatiques ou africains, sont les mêmes ;
parlaite similitude des théories et des traditions laissées à
cet égard par le duc de Wellington et le maréchal Bu-
geaud ; — procédés pratiques suivis par le générai français
pour la soumission et la pacification de l'Algérie ; — les
plaines du Radjepoutna et le désert du Sind ont avec le
Sahara algérien autant de ressemblance que les cavaliers
sikhs et mahrates avec les Arabes ; Holkar disait à Welling-
ton qu'il portait son royaume sur la selle de ses che-
vaux. Abd^-Kader, qui a tenu pendant quinze ans
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/(90 DE LA PUISSÂNCB MlUTÀIRfi
Tarraée française en échec, n*ayait pas d'autre devise ; —
les Billis du Gandeich, les montagnards des Ghats, des
monts Windhyas et de Tlnde septentrionale représentent
parfaitement les Kabyles , — principes du maréchal Bugeaud
relativement à la disposition et à l'emploi des troupes pour
dominer Tinsurrection : Renoncer à Téparpillement en
petits détachements et surtout à leur immobilisation dans
les petits postes. — En Afrique comme dans Tlnde, les
postes permanents, qui ne peuvent être que très faibles en
raison de leur multiplicité, n'ontaucuneactionsurlepays;
— ils n'assui^nt pas les communications, ils ne gardent
réellement qu'un point; — l'action réelle, la véritable
puissance est dans les troupes qui tiennent la campagne ;
lesquelles, si elles lïe doivent plus aujourd'hui former de
gros corps d'armée, ne doivent pas non plus se subdiviser
outre mesure, sous peine de perdre leur action domina-
trice.— On ne doit conserver que les postes-magasins et
de ravitaillement indispensables pour assurer la mobilité
des colonnes ; ils doivent être matériellement très forts et
ne recevoir que de faibles garnisons ; — les blocus de la
Résidence, de Lucknow et de Sangor, etc., démontrent
qu'avec de l'artillerie, des munitions et des vivres, om
poste anglais est imprenable pour les Indiens , comme les
postes français en Algérie l'ont été toujours pour les Arabes;
— les garnisons de ces postes ne doivent en aucun cas
sortir, ni prétendre, sous peine de désastres, à la domina-
tion du pays ; — répartis sur le théâtre et dans la sphère
d'action des colonnes agissantes, ces postes doivent uni-
quement servir à les ravitailler, à recevoir leurs malades,
à les fortifier en leur rendant des hommes valides, etc. ;
ils doivent encore, en prenant momentanément en garde les
convois, bagages et impedimenta des colonnes agissantes,
faciliter les marches rapides, les surprises tentées par
celles-ci. — La rapidité étant la condition essentielle pour
le succèsdans l'état de dispersion où se trouvent les rebelles
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DES ANGLAIS DANS l'iNDE. Il9i
dans rinde, ce n'est qu'en adoptant leur mobilité qu'on
pourra les joindre et les détruire. — L'artillerie, à l'excep-
tion de celle la plus légère, doit être renfermée dans les
postes conservés, et servira les armer; elle n'est plus néces-
saire et ne peut que retarder la marche des colonnes ; —
tous les efforts doivent tendre h la diminution des bagages ;
— leur inconvénient en cas de revers comme en cas de
succès. — Identité des principes adoptés par le duc de
Wellington dans ses campagnes de l'Inde, et par le
maréchal Bugeaud en Afrique, pour la composition, la
conduite et l'emploi des colonnes volantes.^— Dans la
guerre de razzia, où la seule préoccupation est d'éviter
toute perte de temps dans la poursuite de l'ennemi, il y
la avantage à adopter un^ordre unique pour la marche,
le campement et le combat; — perfection à laquelle on est
arrivé en Afrique sous ce rapport. — Observations sur
quelques détails particuliers à une guerre contre des Asia-
tiques ou des Africains.
Devoirs du commandant d'une colonne volante : — Dé-
part ; — disposition des troupes et du convoi ; — flanqueurs ;
— marches d'été ; — installation au bivouac ; disposition à
prendre avant l'installation; effets de campement, mar-
mites, bidons, tentes-abris, en usage dans l'armée d'Afrique ;
— manière adoptée pour les transporter ; — comment vit
le soldat français en Afrique ; — comment vit l'ofScier ; — .
revues de santé quotidiennes ; ~- modifications dans le ser-
vice des avant-postes et des reconnaissances; — les An«
glais se gardent mal ; affaire Windham ; les deux affaires
d'Arrah ; — départ du bivouac, réunion, garde et police
des bagages pendant la marche ; — marche de razzia, sans
sacs pour l'infanterie et avec la cavalerie allégée ; — mar-
ches de nuit. — Wellington les a fréquemment employées
dans l'Inde, exemples. — Attaque de nuit d'un rassemble*
meut ennemi; — tenue du fantassin français en Afrique,
son armement, son équipement, ses vivres en expédition ;
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A92 DB LA PUISSANCE U IL1 TAIRE , BTG.
*— mêmes détails pour le cavalier ; — équipement du che-
val, son paquetage, sa charge. — Résultats obtenus au point
de vue de la rapidité, par Tensemble du système adopté
dans Tannée d'Afrique : Colonne de Mascara (1843, com-
bat de Malha), soixante lieues ou cent quarante milles par-
courues en trois jours et quatre nuits; —dans la province
d'Alger, des détachements ont parcouru quatre-vingt-dix
lieues ou deux cent dix milles en dix jours ; un détachemeut
a parcouru trente-deux lieues, soixante et quinze milles^
en trente-six heures; — le général Yusuf (le Skinner de
l'armée d' Afrique), avec une colonne de UbQQ hommes, dont
les sacs étaient portés sur des chameaux, a tenu la cam-
pagne nefi/'mo?«, en 1846, sans rentrer dans sa garnison;
il a fait avec cette colonne trois cent trente-deux lieues^ sept
cent soixante et quinze milles anglais, dans l'espace de
trente^deux jours.
Le commandant Gh. HARTm .
FIN.
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i^
OUVRAGES DO MÊUB AUTBUR.
Un i^rognement poor le eoiig^rèa de ta paix, OU de la
philosophie de la guerre et de la nécessité pour les peuples,
eu général, et pour la France, en particulier, de conserver
leurs armées permanentes. 18&9 , brochure in-8.
Ét«de« sur rinsatiitlm des réserwe* d'éUte , et de la né-
cessité de former une garde impériale. 1856 , brochure in-B.
Éludes militaires sar les campagnes de i HAS et 1 840
en Lombardle. 1856, 1 VOl. in-8.
État militaire de la Péninsule. Essai SUr les modifications
à introduire dans le système de la force nationale, en vue
du rôle que l'armée espagnole a rempli dans le passée et
' de la mission qui lui est dévolue dans Tavenir. 1857, bro-
, chure in-8.
Camp de la gorde Impériale en 1869. Relation dcS grandes
manœuvres commandées par S. H. TEmpereur dans les
plaines de Châlons. 1857, brochure in-8, avec carte.
Paris. — Imprimerie de L. Martinet, rue Mignon, i.
01
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