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Full text of "La Récréation et passetemps des tristes: recueil d'épigrammes et de petits ..."

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LA RÉCRÉATION 



PASSETEMPS DES TRISTES 



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Tiré à cent quinze exemplaires numérotés, 
plus deux sur peau vélin. 



A- / 



1 



l'AlA^. ~ IMI' SIMON lUÇON l.T «OMI'., IlLL UKI.Finill, 



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LA 



RÉCRÉATION 



PASSETEMPS DES TRISTES 

RECUEIL 
n'ÉPlGRAMMES ET DE PETITS CONTES EN VERS 

RÉIMPRIMB SCR L'ÉDITION DE ROIEN, 159S, 
COMPLÉTÉ ET COLLATIONNÉ SUR L'ÉDITIO?! DE PARIS, 157S, 
AUGMENTÉ 
d'us avant -propos et DE ÎTOTES. 



PARIS 

CHEZ JULES GAY, ÉDITEUR 

QUAI DBS ACOU»TINS, 85 
1862 

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AVANT-PROPOS 



Les bibliographes et les biographes, qui se sui- 
vent et qui se ressemblent trop par malheur, ré- 
pètent avec la plus confiante unanimité que Guil- 
laume des Autels est Fauteur du recueil intitulé : 
Récréation ou passe-temps des Tristes. 

Il ne tenait qu'à nous de nous conformer hum- 
blement et aveuglément à Tavis de nos devanciers 
sur cette question littéraire, qui n'a pas encore été 
controversée ni discutée; mais, après avwr jeté 
les yeux sur ce recueil, qui est fort rare et qui 
mériterait, à ce titre seul, d'être réimprimé, s'il 
n'était pas d'ailleurs très-joyeux et très-i^créatif, 
nous nous sommes promis de prouver aux plus 
incrédules que Guillaume des Autels était, soit 
comme auteur, soit comme éditeur, bien étranger 
à cette publication facétieuse. 

Guillaume des Autels, originaire de Charoiles en 
Bourgogne, où il naquit vers 1529, a composé di- 
vers ouvrages en vers, entre autres Amoureux re- 



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VI AVANT-PROPOS. 

pos(i553), Repos deplusgrand travail (\bhO), etc. 
Ces ouvrages n'ont aucun rapport de genre, de 
forme ni de style, avec la Récréation et passe- 
temps des Tristes. LaUonnoye, dans une note sur 
son article dans la Bibliothèque françoise de Du 
Verdier, l'a très-bien jugé en disant de lui : « La 
fantaisie d'imiter Ronsard et le désir de paroitre 
plus savant qu'il ne l'étoit, le rendirent obscur, 
souvent inintelligible dans la plupart de ses écrits, 
et Féloignèrent toujours du simple et du naturel. » 

Au contraire, le recueil de poésies récréatives, 
qu'on lui attribue si mal à propos, tient, et au delà, 
les promesses de son titre : Récréation et passe- 
temps des Tristes, Ce sont des épigrammes ou de 
petites pièces courtes et vives, sur des sujets li- 
bres, plaisants ou galants, écrites la plupart dans 
la langue claire, précise et animée de l'école ma- 
rotique. Un grand nombre de ces pièces, dignes 
(le VAntiiologie grecque ou^e Martial, appartien- 
nent en propre à Clément Marot lui-même, ainsi 
qu'à Saint-Gelais et à leurs imitateurs, Bonaven* 
ture des Périers, Victor Brodeau, Lyon Jamet, 
Saint-Romard, Germain Colin, etc. Quant à Guil- 
laume des Autels, il n'y brille que par son ab- 
sence. 

Comment donc et pourquoi s'est-on avisé de 
mettre ce charmant recueil sur le compte d'un 
poète si lourd, si ennuyeux, si pédant et si so- 
lennel? 

La Bibliothèque françoise de La Croix du Maine, 
aussi bien que celle du sieur Du Verdier, ne font 



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AVANT-PROPOS. VII 

pas mention de la Récréation des TristeSf dans 
leurs articles de Guillaume des Autels, Il faut des- 
cendre jusqu'à ta Bibliothèque des Auteurs de 
Bourgogne, par Fabbé Papilon, c est-à-dire en 
1742, pour trouver cette mention exprimée en 
termes amphibologiques; Papillon coniprend dans 
la liste des oeuvres de Guillaume des Autels < la 
Récréation des Tristes, recueil de pièces impri- 
mées in-1 6, à Lyon. On lui attribue, ajoute-t-il, ce 
recueil, dans lequel il y a de Fespnt. » Aussitôt 
l'abbé Goujet, qui préparait alors son édition du 
grand dictionnaire de Moreri(i749, iO vol. in-fol.), 
dans laqueHe sont fondus tous les suppléments 
publiés à part, consacre un long article à Guil- 
laume des Autels, qui n'avait obtenu que huit li- 
gnes dans les éditions précédentes; on lit dans 
cet article : « Réeréation des Tristes, recueil de 
pièces en vers, imprimé in-i6, à Lyon. On lui at- 
tribue ce recueil, dans lequel il y a de Tespnt. b 
L'abbé Goujet n'avait donc fait que répéter textuel- 
lement la phrase de Tabbé Papillon, sans prendre 
la peine de recourir à plus ample information. 
Dans sa Bibliothèque françoise (t. XII, publié en 
1748), qu'il faisait imprimer concurremment ave<* 
le Moreri, il avait modifié légèrement la phrase 
que lui fournissait la Bibliothèque des Auteurs de 
Bourgogne : « On attribue encore, dit-il (p. 355 
dut. XII), à des Autelz, La Récréation des Tristes, 
recueil de pièces en vers, dans lesqiielles il y a 
quelque génie, et qui a été imprimé à Lyon, in-1 6, 
sans date. » 



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VIII AVANT-PROPOS. 

L'abbé Goujet eût été bien embarrassé de pro- 
duire cette édition sans date, impHinée- à Lyon, 
qui n'a jamais existé, puisqu'dle n'est citée dans 
aucun catalogue. H n'^ à réellement que deux 
éditions, Tune de Paris, 1575, et Fautre de 
Rouen, 1595. 

Nous hasarderons une conjecture au sujet du 
quiproquo qui a fait attribuer à Guillaume des Au- 
tels un ouvrage qu'il est impossible de lui laisser. 
On lui attribue avec plus de probabilité, puisqu'on 
peut s'appuyer à cet égard sur l'autorité de La 
Croix du Maine et de Du Verdier, un petit livre 
facétieux en prose, intRulé : Mitistoire barra- 
gouyne de Fanfreluche et Gaudichonf trouvée de- 
puis rCaguère d'un exemplaire escrit à la mmn 
de la valeur de dix atomes, pour la récréation de 
tous bons fanfreluchistes (Lyon, par Jean Dieppi, 
1574, intl6). Quelqu'un aura extrait de ce titre 
la phrase suivante, qui est devenue elle-même un 
titre séparé : La Récréation de tous bons fanfre- 
luchistes; et quelque autre, renchérissant sur l'er- 
reur ou l'ignorance de son devancier, a vu natu- 
rellement dans ce titre imaginaire, qu'il supposait 
défiguré, la Récréation des Tristes. 

Rien n'est plus fréquent que de pareilles méta- 
morphoses de mots et de titres dans l'histoire de 
la bibliographie. 

Au reste, on avait vu paraître, avant la Récréa- 
tion des Tristes, un recueil du même genre, in- 
titulé : Consolation des Tnstes (Rouen, Robert et 
Jean du Gort, 1554, in-16), que La Monnoye, dans 



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AVANT-PROPOS. IX 

une note sur Du Yerdier, conjecturait devoir être 
une réimpression du Bouuhors d'oisiveté, publié 
en 1553, à Rouen, par les mêmes libraires. Le 
titre de Bécréation et passe-temps des Tristes peut 
avoir été imaginé aussi, pour rappeler un recueil 
de poésie qui avait eu du succès et qui était encore 
estimé en librairie, sinon en littérature, quoique 
d'un genre plus grave et moins divertissant : te 
Passetemps et songe du Triste, composé en ryme 
françoise (Paris, Jehannot, sans date), in-8 goth. 
Quoi qu il en soit, le recueil dont M. Gay publie 
une édition nouvelle, destinée aux vrais pantagrué- 
listes et non aultres, est une compilation mieux 
choisie et plus complète que divers recueils ana- 
logues, imprimés, sous des titres variés, à Paris, 
à Lyon et à Houen, de 1530 jusqu'en 1575. Voici 
rindication de ces recueils, tous presque égale- 
ment rarissimes et curieux, qui se trouvent refon- 
dus dans la Récréation et passe-temps des Tristes. 

1 . Petit Traicté contenant la fleur de toutes les 
joyeusetez en epistres, ballades et rondeaux fort 
récréatifs, joyeux et nouveaulx. Paris, par An- 
toine Bonnemere, pour Vincent Sertenas, 1535, 
in-1 6.— Réimprimé, avec de» augmentât ions, sous 
le titre suivant : 

Recueil de tout soûlas et plaisir pour resjouir 
et passer temps aux amoureux, comme epistres, 
rondeaux, balades, epigrammes, dixains, huic- 
taim, nouvellement composé, Paris, Jean Bon- 
fons, 155Î, petit in-^. 



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X AVANT-PROPOS. 

Et SOUS cet autre titre : 

Fleur de toute joyeuseté, contenant epistres, 
ballades et rondeaux joyeulx et fort nouveaulx. 
Sans nom et sans date, in-8 goth. 

2. Recueil de vraye poésie françoyse, prime 
de plusieurs poètes les plus excellens de ce 
règne. Paris, impr. de D nys Janot, 1 544, petit 
in-8; fdeîw, Lyon, Jean Temporal, 1550, m-\h. 
— Réimprimé sous le titre suivant : 

Poésie facecieuse extraite des œuvres des plus 
fameux portes de nostre siècle. Lyon, par Benoîst 
Rigaud, 1559, in-16. 

3. Le Paragon de joyeuses inventions de plu- 
sieurs poètes de nostre temps^ ensemble la convic- 
tion de la chante et fidelle femme mariée. Rouen, 

• Robert Dugort, sans date, in-16. — Réimprimé 
sous le titre suivant : 

le Trésor des joyeuses inventions du Paragon 
de poésie^ contenant epistres, ballades, ron- 
deaulx, dizains, huictains, epitaplies et plusieurs 
lettres amoureuses fort récréatives. Paris, veuve 
Jean Boulons, sans date, in-16. 

4. La Fleur de poésie françoy se, recueil joyeulx, 
contenant plusieurs huiclains, dixains, quatrains, 
chansons et aultres dictez de diverses matières, 
mis en notte musicalle par plusieurs autheurs et 
reduicti en ce petit livre. Paris, Alain Lotrian, 
1545, petit in-8. 



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AVANT-PROPOS. XI 

5. Traductions de latin en fiwiçois et inven- 
tions nouvelles^ tant de Clément Marot que des 
plus excellents poètes de ce temps, Paris, Etienne 
Grouleau, 1554, in-i6. 

Ces différents recueils, qui ne sont que des pots- 
pourris de petites pièces facétieuses rassemblées 
sans ordre, ont été vraisemblablement formés par 
les libraires eux-mêmes. En 1573, Guillaume des 
Autels était sans doute à Paris depuis quatorze 
ou qtxime ans, puisqu'il publiait dans la capitale, 
chez André Wechel et Vincent Sertenas, des 
poésies de circonstance, écrites dans le goût de 
Ronsard, mais il eût dédaigné de descendre des 
hauteurs poétiques de la Pléiade pour s*amuser 
à ramasser, dans des volumes oubliés, de vieilles 
épigrammes en style marotique. 11 faut avouer 
que les Passetemps de Baïf, (jui paraissaient alors 
aux applaudissements de la cour de France, n'a- 
vaient pas trop d'analogie avec la liecrealion et le 
passe-temps des Tristes. 

Voici la description des deux éditions connues 
de ce dernier recueil. 

La Récréation et passetemps des Tristes, pour 
re^ouyr lesmelertcoliqueSy lire choses plaisantes, 
traictans de l'art de aymer et apprendre le vray 
art de poésie. Paris, Pierre L'huillier, rue Sainct- 
Jacques, à l'enseigne de lOlivier, 1573, in-16 de 
96 feuillets, sgn. A-Miiij, avec une figure sur le 
titre et une autre en tète de la Comparaison de 
V amour à tachasse du cerf) folio 85. 



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^11 AVANT-PUOPOS. 

La Récréation et passetemps des Tristes^ traie- 
tant de choses f taisantes et récréatives, touchant 
Vamour et les dames, pour resjouir toutes per- 
sonnes melancholiques. Roueifi, Abraliam Cous- 
tuner, libraire, tenant sa boutique près la porte 
du Palais, 1595, in 16. 

Celte édition ne diffère de la première que par 
l'addition d'une innombrable quantité de fautes 
grossières, de non-sens, de vers faux et altérés, et 
par la suppression d'une douzaine de pièces diri- 
gées surtout contre les moines ou sentant T hé- 
résie*. 

Ces deux éditions, que la Bibliothèque impériale, 
nous assure-t-on, ne possède pas, se trouvent à la 
bibliothèque de TArsenal sous les numéros 18115 
et 9510; la première provient de la collection 
du marquis de Paulmy, et la seconde, de celle du 
duc de La Vallière (n^ 154^9 du catal. La Vallière- 
Nyon). 

* M. Gay, qui n'a eu connaissance que tardivement de la 
première édition, a pu iouiefois en reproduire le texte avec 
lidélité; mais il n'a pas remis à leur place les pièces qui 
manquent dans l'cdilion de 1595; il les a renvoyées à la fin 
de son édition, à partir de la page 169. On aura ainsi sous 
les yeux ces épigrammes qui n'avaient pas trouvé grâce de- 
vant la censure rouennaise. 



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LA 



RÉCRÉATION 



PASSETEMPS DES TRISTES 

TRAICTANT DE CHOSES PLAISANTEjB ET RÉCRÉATIVES 
TOVCHANT l'aMOTR ET LES DAMES 

POVR RESIOVIR 
TOVTES PERSONNES M^LANfROLIQUES 



A ROVEN 

CHEZ ABRAHAM LE COVSTVRIER, LIBRAIRE 

TENANT SA BOVTICQVB PRÈS U PORTE DV PALAIS 
M D LXXXXV 



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AVX DAMES 



Gardez bien de toucher ce Hure, 
[Mes dames) il parle d'amour: 
C'est aux hommes que te le Hure, 
Que l'on tient plus constans tousiours. 
J/nsses^le aller vers eux son cours. 
A euxy et non à vous est deu : 
Mais vous le lirez tmicts et iours, 
Puis que ie vous Vay de f fendu. 



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LA RÉCRÉATION 

ET 

PASSETEMPS DES TRISTES 

POVR BESIOYIR LES MÉLANCHOLIQUES, LIRE CHO- 
SES PLAISANTES, TRAICTANT DE L ART D AIMER, 
ET ENTENDRE LE YRAY ART DE POÉSIE. 



Vne dame (en amours grand proye) 
Vn iom* me dit et me propose 
Que le bout du nez rouge auoye : 
Mais le n'eus pas la bouche close 
Âins hiy respondy promptement 
Aussi ay-ie bien autre chose, 
Dame, à vostre commandement. 



L*ENTREE DE lOUTSSANCE, c'eST QU IL FAUT 
FONCER. 

Qtî veut tout droict au bas aller 
Doit premier à la main parler, 



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RéCRÉATION 

Oui autrement attentera, 
A peine au bas il entrera. 



DE LA FEMME D VN BOVGHER, LAQVELLE 
VENDOIT LA CBAIR BIEN CHÈRE. 

Vn boucher qui vend la chair morte, 
Afin qu'en son estât il yiue, 
A sa femme de bonne sorte : 
Mais elle vend bien sa chair viue, 
A chacun marchand qui arriue, 
Frère Bertrand, frère Simon, 
Auecques tout leur beau sermon 
N'en peuuent auoir que bien chère, 
Je vous demande assauoir mon. 
Si elle n'est donc point bouchère. 



DE PAVLINE ESTANT VIEILLE SE VOVLANT 
REMARIER. 

Pauline est riche et me veut bien. 
Pour mary, ie n'en feray rien, 
Car tant vieille est que i'en ay honte, 
S'elle estoit plus vieille d'vn ti«« 
le la prendrois plus volontiers, 
Car la depesche en seroit prompte. 



DE RAIMONDE. 

Il n'y a point en tout le monde 
Femme plus iuste que Raymonde, 



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DES TRISTES. 

Pourquoi? parce qu'en tout endroict 
Elle aime à sousteuir le droict. 



DE ROGER ET DE CATIN. 

Roger estoit en son clos resiouy 
Qui regardoit les bourgeons profiter, 
Catin auoit deuant le clos ouy 
Le rossignol sus l'aiibespin chanter; 
Au clos entra puis s'en alla tenter 
Le bon Roger, du combat amoureux, 
Helas, Gatin, Tinstrument vigoureux 
N'ay plus, ainsi que l'auois en ma force ! 
Bon cœur Roger, en ce combat heureux 
Le bon cheual ne deuient iamais rosse. 



DVN ADVOCAT ET DE SA FEMME. 

Vn aduocat dict à sa femme, 
Sus mamie, que iouërons-nous? 
Si le gaigne (ce dict la Dame) 
Vous me le fierez quatre coups : 
Quatre coups? c'est coudié trop gros, 
Gomment, seroit ieu sans pitié, 
Non, non, maistre tenez>les tous, 
(Dict le clerc) i'en suis de moitié. 



DVN QVI DlSOrr QVE s AMIE ESTOIT PERDVE 

l'ai dict que m' amie est perdue, 
(Que i'estimois vn si grand bien) 



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RÉGRéATION 

Mais le disant i'estois bien grue, 
le m'en desdy pour moins que rien : 
Car tost ou tard, vestuê ou nuê, 
Quelqu'autre la trouuera bien. 



D V3J CHEVALIER QVI PRESENTAIT DIX ESCVS A VNE 
DAME POVR LVI REMBOVRRER SON BAS. 

N'a pas longtemps qu'vn gentil cheualier, 
Prioit d'amour vnè dame très belle, 
En luy disant pour la prendre et lier. 
Ces dix escus ie tous donne. Ah ! dit-elle. 
Ils sont légers. Par bieu ma damoiselle, 
Lors respond-il, vn seul grain ne s'en faut, 
Et qu'ainsi soit, dit-il, par sainct Thibaut 
Vous en pouuez vostre crainte appaiser : 
Car voyez-vous (monstrant son gros courtaut) 
Le tresbuchet afin de les peser. 



DVN VIEIL AMOVREVX. 

îe suis amant en l'extresme saison, 

Près de ma mort ie chante comme vn cigne. 

En attendant d'icelle guarison ' 

Oui mon blanc chef prendra pour mauuais signe 

La rose, et lis, neige, la lune insigne. 

Et le iour ont telle couleur eslite. 

Doncques, Amour, mes armes ie ne quitte 

Ains bon espoir i'ay en ma dame seuUe, 

Vieillard ie suis, mais grand flamme m'incite 

Car le bois sec plus que tout autre brusle. 



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DES TRISTES. 



D ISABEAY. 



La ieune fille Isabeau me demande, 
Gomme me peut si longrue barbe plaire, 
Et le luy dy, qui barbe porte grande 
Est redouté et craint en toute affaire. 
Par moy, respond, ie trouue le contraire. 
Quand petite et sans barbe viuois 
Nul ennemy, nul assaillant n'auois 
Mais maintenant que ma barbe est saillie, 
Par ceux lesquels mes grands amis tenois 
De tous costez Von me voit assaillie. 



A VNE DAME. 

Ne nuict, ne iour, ie ne sommeille, 
Amour me fait en vous penser : 
Mon cœur malade tousiours veille 
Vueillez le traicter et penser. 



LE PROPOS DE DBTX DAMES CONTESTANT 
DE LETRS MARIS. 

Vne dame qui d'amour tient, 
Demande à l'autre ayant du bien, 
Gomment son mary l'entretient. 
Qui luy respond, froidement bien, 
(Dit-elle) il ne m'y fait rien. 
Par mon serment le bon corps d'homme. 
L'autre respond rondement comme 

1. 



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10 RécRé^Tion 

Il s'ensuit : mais ce fut en prose. 
Mieux vaudroit qu'il ne fut en somme 
Si bon, et vous fist quelque chose. 



lOYEVSE BESPONSE A VNE IE\'NE DAMB QVl 
FAISOIT LA FAROVGHE. 

Qvelque iour yne femme belle, 
Pour plaisir voulois accoUer 
Ha ie criera y (ce me dit-elle) 
Si vous rie me laissez aller. 
Je ne vous veux pas affoUer 
Luy repliquay-ie, et en deux mots, 
le vous veux vn petit fouUer, 
Nais vous crierez »'il est trop gros. 



DE UARTFN, QVI GAI6NA SA FEMME PAR PROCBZ. 

Elle est à toy, puisque tu Tas gtignee 
Par procez fait et sentence donnée, 
Frens-la moy donc après boire et manger 
Tu pourras bien sur elle te venger : 
Qu'elle me soit par chacune ioumee 
A comparoir en personne adioumee, 
Visite bien, fay luy moy, son procez 
De cœur, de corps, sans excez, par excez : 
Elle a perdu, c'est raison qu'elle en sue : 
De tout son corps, toute nuict, toute nuë : 
N'ayez point peur de la blesser, là, là. 
On luy deffend de n'en dire hola. 



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0ES TRISTES. 11 



DVRE lEVME DAMOISELLE ESPOVSBB. 

Yne espousee, bêlas 1 ieune et estroite 
Voyant ruer son espoux bien en poinct; 
Auec sa lance et bien forte et bien droite 
En souspirant s'escria en ce poinct : 
Elle est trop grosse et n'y entrera point; 
Il luy respond : Et bien doncques m' amie, 
Ne l'y mettons seulement que demie : 
Puis fièrement vous vient jrompre la porte, 
Elle n'estant à ce faict endormie, 
Dist : boutez tout, aussi bien suis-ie morte. 



DYNE FEMIIE QVI S ESBAHISSOIT COMMENT ELLE 
BSTOIT STERILE. 

A vne dame de Bretaigne, 
Doutant pourquoy ne conceuoit, 
le respondy qu'elle resuoit, 
En présence de sa compagne. 
Et que ne m'en esbahy point : * 
Lors elle en veut sçauoir le poinct 
Que tost déclarer ie ne daigne : 
Mais quand en train ie fus entré 
le luy dy qu'elle estoit brehaigne, 
Et son mary esloit chastré 



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12 RÉCRÉATIOR 



de pierbe, qvi aima mievx rester excommunie 
qv'espoyser vnb mavvaise femme. 

Le petit Pierre eut d'vn luge option 
D'estre conioint auec sa damoyselle, 
Ou de souffrir la condemnation 
D'excommunié, et censure étemelle : 
. Mais mieux aima (sans dire i'en appelle) 
Exconmiunié et censures eslire, 
Que d'espouser vne telle femelle 
Pire trop plus qu'on ne sauroit escrire 



DV M ART ET DE LA FEMME TOYS MALICIETX. 

Pyis que vous ressemblez tous deux 
Et estes de vie pareille, 
Mari plus qu'autre vicieux 
Femme en malice nompareille. 
En bonne foy ie m'esmerueille 
Que vous ne vous accordez mieux. 



DAN.NE, QVI EST MALADE QVAND ELLE VEVT. 

Petit ennuy qui est malsade, 
Tout soudain rend Anne malade, 
Puis tost quelque mousche soudaine 
Vous rend Anne bien gaye et saine, 
Tantost au lict ou en la chambre ^ 
La verrez vaine de tout membre. 
Tantost en boutique ou en rue, 



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DES TRISTES. 13 

La verrez saine, gaye et drue, 
Tantost crier, tantost besler, 
Tantost venir, tantost aller, 
Tantost pleurer, et tantost rire, 
Tantost iaser, et tantost lire : . 
Tantost aller aux diamps s'esbatre 
Faisant la folle plus que quatre : 
Tantost d'estomach flegmatique 
Tantost de teste fantastique, 
Tantost crier le costé dextre 
Helas, allez quérir le prestre : 
Tantost blesme, tantost vermeille, 
Bref, c'est la femme nompareille. 
Qui se maintient de telle sorte, 
Tantost est viue, tantost morte : 
Mais le prouerbe accomplit-elle. 
Lequel dit que la femme est telle. 
Femme se plaint, femme se deut. 
Femme est malade quand elle veut 
Elle a iuré saincte Marie, 
Quand elle veut elle est guarie, 
doncques (Anne) par ce pomct, 
De toy ie ne m'esbaby point. 



DVKB QYI DISOIT ESTRE BIEN AISE D ESTRE 
FEMME. 

Ces iours passez quelqu'vn tout à loisir, 
Du faict d'amours grand différent traictoit, 
Sçauoir lequel auoit plus de plaisir. 
L'homme ou la femme, et sur ce débatoit, 
Totallement que la femme sentoit 
Phis grand déduit en l'amoureuse flamme : 
Sainct Jean (respond vne qui là estoit] 
l'aime donc mieux beaucoup estre vne femme. 



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14 RéCRÉATION 



A VNE DAME QVI DISOIT A SON AMV QV IL 
ESTOIT DE PETITE TAILLE. 

Yne dame de taille haute. 

Me disoit que petit i'estoye, 

Et ie luy di point n'est ma faute» 

A moy ne tient qu'on ne me voye 

Bien plus grand : car en maints quartiers, 

Voire, quelque part que ie soye, 

le m'estens tousiours volontiers. 



\ 
DVN BERGER BT D VNE BERGERE. 



Vne Bergère vn iour aux champs estoit 
Soubs vn buisson prenant chemise blanche, 
Et le berger qui de près la guettoit. 
Bien doucement la tira par la manche, 
En luy disant : Margot, voici mon manche, 
louons nous deux de ceste cornemuse : 
Car c'est vn ieu où souuent tu t'amuse, 
Elle souzrit, disant en ceste sorte, 
l'ay tabourin ioly dont tousiours i'vse 
Frappez dessus la peau est assez forte. 



DE GTILLAVME CANGOYR, FISCAL DE LA RELIGION 
DES CONARS. 

Qvand on est sain, et qu'il fait chaud 
Porter pantouffles il ne faut : 
Hais si bien vous y espiez, 



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BES TRISTES. 15 

Vous Terrez qu'outre la saison, 
Guillaume en porte, et la raison 
C'est qu'il a tousiours flroid aux pieds. 



DE MICHAVT, QVI NE SE RESIOVIT POVR AVOIR 
OUY CRIER U PAIX. 

Le iour que la paix on crioit, 
Et qu'on faisoit le feu de ioye, 
Midiaut de rien ne s'en rioit 
Estant content que l'on le Toye, 
Gomme qui de rien ne s'esmoye : 
Contre luy le monde se meut, 
Querant si de la paix se deut. 
Non, dit-il, mais par toute terre, 
Qu'on crie la paix si on veut, 
l'auray tousiours chez moy la guerre. 



DES CINQ POINCTS EN AMOVR. 

Le commencement d'amitié. 
Par la veuë au cœur se présente, 
Le parler vaut mieux la moitié 
Pour fournir l'amoureuse attente. 
Le baiser après c'est la sente 
Du toucher qui grand bien ordonne : 
Nai& le toucher ne me contente 
Si iouyasance on ne me donne. 



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16 RéCRÉATIOn 



de la dovlevr qv on pevt avoir qvand 
l'on doit. 

S'vn homme estoit au lict plein de fourmis 
Et fut couuert de peaux de hérissons, 
Sur vn cheuet de cailloux cornus mis, 
Draps d'espines, coustils de gros chardons, 
En vne chambre emplie de fumiere 
Et que bize par deuant et derrière, 
Ventast si fort, qu'il tremblast dent à dent : 
Il m'est aduis en mon entendement 
Que celuy est en plus fascheux danger 
Qui doit beaucoup, et n'a de quoy payer. 



DV LOQVET DE L H VIS DE S AMIE. 

N'a pas longtemps fut faite vne dispute 
Sur instrumens, et faict de la musique, 
Les vns loûoyent le hautbois et la fluste, 
D'autres le luth, comme chose angelique : 
Lors vn d'entr'eux le moins mélancolique 
Leur dit : Messieurs, Toulez-vous que ie die, 
Quel instrument a plus de mélodie, 
C'est à mon gré le loquet d'vne porte : 
Car quand il faut que la mignonne sorte 
De bon matin, ferme Thuis doucement : 
L'oyant sortir le mignon se conforte 
Est-il au monde vn plus doux instrument? 



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DES TRISTES. 17 



D VN ESTANT HARRT QU IL N ATOIT lEUSNE 
LE CARESME. 

Le dernier iqur de caresme vn saoulard, 
Qui de ieusner ne print oncques la peine 
Apres soupper, qu'il estoit ià tout tard 
Ayant la magne ou la pance bien pleine : 
Voyant aussi la Pasque estre prochaine 
Et luy bien saoul, a peu dire en soy mesme, 
le voudrois bien (c'est chose très certaine) 
Auoir ieusné tout le long du caresme. 



DE CLAVDE. 

Claude portoit vn champ d'arbre iori, 
Dedans lequel Œnone estoit assise, 
La place est vuide à y peindre Paris. 
Claude aussi luy veut donner sa deuise : 
Mais elle attend premier qu'on luy deuise 
La grâce et port d'vn amant bien heureux 
Qui a le bien dont il est désireux, 
Claude veux-tu que ie t'oste d'esmoy? 
Fay-moy le bien que quiert vn amoureux 
Ainsi feras ton vray patron de moy. 



DVIVE DAME AISEE A COVRROVGER. 

M'amie et moy après ioyeux esbats, 
Nous courrouçons si tressoudainement, 
Et reprenons après noise et débats, 



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18 RECREATION 

Soudaine paix, et doux esbatement, 

Que ie crains plus ses beaux yeux doucement 

Tournez vers moy, et ses ris gracieux, 

Que ses sourcils et regards furieux : 

Car i'ay espoir de ioye et paix nouuelle. 

Apres courroux, après esbats ioyeux, 

le crains tousiours vne guerre mortelle. 



DE FEV GVYON PRBCY. 

Vous ne sçauez qui gist icy, 
C'est le gentil Guyon Precy, 
Qui mille fois de soif mourut, 
Ains que du monde disparut, 
qu'il auoit meur iugement 
A bien descrire proprement, 
La couleur, framboise, et le goust, 
D'vn vin rassis, fauuet et doux : 
Bref, Sjjenus fut vn resueur 
Auprès de ce subtil beuueur. 
Donc si la terre rend de mesme 
Le fruict pareil au grain qu'on semé. 
Nous verrons, ô quelle merueille. 
De son tombeau sourdre vne treille. 



DV YIM ET DE LA FEMME. 

Ne sois suiet au vin, ni à la femme, 

Car par ces deux souuent l'bomme est infâme, 

Force et vertu la femme diminué : 

Vin beu d'autant trouble sens, pieds, et veuê, 

Plusieurs secrets la femme dire presse : 

L'yurongne aussi tout son secret confesse, 

Femme aux humains mortelle guerre engendre 



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DES TRISTES. 19 

Cruels combats le Tin fait entreprendre, 
Horrible guerre aux Troyens aduenus 
Fit faire, dont sont à rien devenus. 
Bacchus aussi furieux enragé, 
L'a ià pieça par guerre saccagé. 
Enfin qui est par femme et vin dompté, 
Honte en luy n'est ne crainte, ne bonté. 
Donc pour fuir leurs dons et façons braues 
Brider les faut, et mettre des entraues, 
La femme sert pour d'elle auoir lignée : 
Le tin esteint la soif desordonnée, 
Et qui voudra ces limites passer, 
Blasme et malheur ne faudra d'amasser. 



DE CATLN ET DE lEANNE. 

ladis, Gatin, tu estois l'outrepasse, 

leanne à présent toutes les autres passe, 

Et pour donner l'arrest entre vous deux, 

Elle sera ce dequoy tu te deulz. 

Tu ne seras iamais de sa value, 

Que fait le temps? il faict que ie la veux, 

Et que ie l'ay autrefois bien voulue. 



>VNE DAME QVI DEMANDOIT CEKT ESCYS POVR 
VNB NVICT. 

Vn amoureux désirant de coucher 
Auec sa dame, pour prendre son déduit, 
Et son plaisir pour de près la toucher 
De s'enquérir il fut premier induit. 
Combien payeroit pour vne seule nuict 
EU' respondit qu'il bailleroit contant, 



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20 RÉCRÉATION 

Cent escus d'or, non vn seul moins d'autant 
S'aucun plaisir d'elle youloit sentir : 
Lors respondit^ ha sur ma foy pomt tant 
N'acheteray encor vn repentir. 



DAMOVR QVI FAIT FETV ET EAV. 

le m'esbahi qu'en eau ne suis fondu, 
Que ie n'ay iamais les panures iouës sèches, 
le m'esbahi qu'amour ne m'a rendu 
Tout conuerti.en cendres et flàmmesches. 
Aussi aisé comme petites mesches 
le suy le Nil, et suy le mont ^thna, 
^thna pourtant qu'au monde tel feu n'a, 
Le Nil pourtant que ie ions tout en pleurs, 
Feu, bois ses pleurs qu'amour me réisigna, 
Pleurs restraignez ce feu et ces chaléUrs. 



D VN LARRON VOVLANT DESROBER DE NVICT 
LA MAISON D*VN PAV^RE HOMME. 

Aucun larron enuiron la minuict 

Vint pour rober la maison d'vn panure homme 

Qui s'esueilla quand il ouyt le bruit. 

De ce larron, auquel il dit en sonune. 

De ta folie suis esbahi, et comme 

Tu viens ici pour aucun bien surprendre. 

Quand à plein iour la valeur d'vne pomme, 

Tant seulement ie n'y pourrois bien prendre. 



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DES TRISTES. SI 



DE ROBIN, QVI VOTLOIT lOVIR TOVT SEVL 
DE SA DAME. 

Tu Teux tput seul, si ie te Veux oûir 
Que ie compose vn dizain ou sonnet, 
Contre Robine au visage brunet, 
Qui peut tout œil de son œil resiouir : 
Tu es fin homme, ô amy Robinet, 
Tu veux tout seul de Robine ioûir. 



A LA DAME SANS MERCY. 

le te sçay tant de grâces auoir. 
Que i'aime mieux cent fois te voir, 
Que ie ne fay mon propre cœur, 
Penses-tu que ie sois mocqueur ? 



DVN QVI NE VOVLOIT ESTRE QV A LVY SEVL. 

le suis à moy, et à moy me tiendray 
Autre que moy n'aura sur moy puissance, 
Tout à part moy ioyeux me maintiendray. 
Sans que de moy aucun ait ioiiissance. 



DVN QVI N*AVOIT PLVS QVE SON PARLER 
A DESPENDRE. 

Pvis qu'ay perdu temps et auoir, 
le puis bien mon parler despendre, 



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22 RÉCRiATION 

Aisément m'a peu deceuoir, 

Le blanc pom* noir me faisant prendre, 

Sous vain espoir m'a fait attendre 

Ce qu'vn autre monsieur ioùit, 

Le sien or' t'y fait condescendre, 

Qui d'amour les yeux esbloiiit. 



SOYHAITS DVN AMI VERS S AMIE. 

Si Dieu vouloit pour vn iour seulement, 
Mous eschanger tant que ie deuinsse elle, 
Et elle moy, sans le contentement 
Que i'aurois eu d'estre priée et belle, 
le laisserois sa condition telle 
Qu'au lendemain, quand à soy reuiendroit, 
S'il luy tenoit d'eslre encore cruelle, 
Me pensez pas que fut en mon endroit. 



SE TANCE APRES QV IL EVT FAIT LE SOVHAIT. 

Son pouuoir est de me faire oublier, 
Mon seulement moy et ma souuenance : 
Mais de nouueau ma volonter lier. 
De long désir et de courte espérance 
En me donnant pour toute recompence. 
Nom de léger, que refuser ie n'ose : 
Car i'ay changé, mais de commune offense. 
Taire se deust celle qui en est cause. 



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DES TRISTES. 



HTITAIll COTITENANT LES BIETfS DESQTELS SE 
DOIT CONTENTER L HOMME EN CE MONDE. 

De mille escus la bourse tousiours pleine, 
Et d'ame et corps estre bien à son aise 
Puis bien vestu de soye ou fine laine, 
Et femme auoir, laquelle en tout complaise : 
Maison aussi ou tout soit qui bien plaise, 
S'vn homme n'est de ce content, il faut 
Le mener droit (combien qu'il luy desplaise) 
En vn gibet au dessus l'eschaffaut. 



DVN AMANT REFVSE. 

Amour, à toy lon^emps ie fus, 
l'en reçoy pauure récompense, 
le vay au désert de refus. 
Pour y faire ma pénitence, 
D'auoir aimé telle inconstance 
Qui m*a tenu triste, et blesmi 
le suis niais quand bien i'y pense 
Ou ptustost niais et demi. 



^ D AVOIR lEV ET NAYIGAGE. 

Qviconque suit amour, ieu, nauigage, 
Il n'est pas mort et moins encor viuant 
Il craint refus, la perte, le naufrage. 
Par femme, sort, et par force de vent. 
Tu te verras hay le plus souuent. 



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RéCRÉATION 

Quand elle à toy de parolle se liure, 
Le flux qui dit, fait la capsade suyure, 
Quand la mer rit s'appreste la tourmente. 
Doncques, celuy n'est mort, et ne peut viure, 
Qui amour, ieu, et les nauires hante. 



AYTRE DE FEMME, FEV ET MER. 

Feu, temmes, mer, sont trois choses sur terre 
Dont l'homme prend mainte prospérité, 
Chaleiu*, thresor, déduit en peut acquerre, 
Contre le froid, souti, et pauiureté : 
Mais quand aduient que le malreuolté 
Prend contremont de sa roue la voye, 
Fenmie déçoit, feu ard, et la mer noyé. 
De peu de bien mal infini redonde : 
Donc veu l'ennuy, qui surmonte la ioye, 
Feu, femme, et mer, sont le pire du monde. 



BVITAIN DVN 6ENTILIASTRE AYANT LE NEZ 
MANGÉ DE MITES. 

Vn gentilhomme ayant tout le visage, 
Cicatrice, pour auoir con batu. 
Pour son plaisir, en ville et en village. 
Tant qu'en auoit le nez presqu'abatu : 
Disoit adonc (pour monstrer sa vertu) 
Qu'en maints combats s'estoit si bien porté, 
Qu'après auoir bien ûx)tté et battu. 
Son nez luy fut d'vn faux con emporté. 



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DES TRISTES. 25 



DE COLLETTE ET DE MARION. 

Collette a (ie tous le confesse) 
Les dents vn peu de couleur noire, 
Et Marion vostre maistresse 
A les dents blanches comme yuoire : 
Cela est bien facile à croire, 
Car, ses dents propres Collette a : 
Mais vn iour Marion à la foire 
Les siennes blanches acheta. 



DYNE SYRPRIKSE EN AMOVR. 

En auoir tant et d'vn seul estre prise, 
Qui tant de grâce est entre les Ùeux pris 
Voyez vn peu qu'elle est mon entreprise, 
Dont i'ay la peine et les autres le pris, 
Mocquez vous en, ia n'en serez repris, 
Vous qui sçauez combien amour se prise, 
Et apprenez mieux que ie n'ay appris 
Carie me voy sans rien prendre surprise. 



A VNE GLORIEVSE TENANT SA GRAVITE PAR 
'' TROP GRANDE. 

Vous estes belle en bonne foy 

Ceux qui dient que non, ^nt bestes, y 

Vous estes riche ie le voy, 

Qu'est-il besoin d'en faire enquestes? 

Vous estes bien des plus honnestes, 



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.^ RÉCRÉATIOff 

Et qui le nie est bien rebelle : 

Mais quand vous vous louez vous n'estes 

Honneste, ne riche, ne belle. 



VH AMOVREVX ESTANT ABSENT DE LA COMPAGNIE 
DE SA DAME. 

L'Amour (comme chacun tesmoigne) 
Est de si très grand' efficace, 
Qu'il augmente quand on s'esloigne, 
De présence, de corps et face. 
D'autant s'en faut qu'il s'en efface : 
Mais le dieu d'amour m'est tesmoin, 
Quelque chose qu'on die ou face 
Que ie t'ayme mieux près que loing. 



DE HAC^. 

Macee me veut faire accroire, 
Que requise est de maint gent. 
Plus enuieillit plus a de gloire, 
Et iure comme vn viel sergent, 
Qu'on n'embrasse point son corps gent 
Pour néant, et dit vray Macee : 
Car tousiours elle baille argent 
Quand elle veut estre embrassée. 



DVN MAWAIS RENDEYR. 

Cil qui mieux aime par pitié. 
Te faire don de la moitié. 



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DES TRISTES. 97 

Que prester le tout rondement, 
Il n'est point trop mal gracieux, 
Hais c'est signe qu'il aime mieux 
Perdre la moitié seulement. 



DVN LIEVTENANT QTI ÂIMOIT LE PiOT. 

Vn lieutenant v^idoit plus volontiers 
Flacons de vin, verres, tasses, bouteilles, 
Qu'il ne voyoit procez, sacs ou papiers, 
De contredits ou cautelles pareilles, 
Et ie luy dy : Teste dignes d'oreilles 
De pampre verd, pourquoy as fantasia, 
Plus à remplir de vin de malvoisie 
Qu'en bien iu géant acquérir loz et gloire! 
D'espice (dist la face cramoisie) 
Priant ie suis qui me causent le boire. 



DE NENNI. 

Nenny desplaist, et cause grand souci, 
Quand il est dit à l'ami rudement : 
Mais quand il est de deux yeux adouci. 
Pareils à ceux qui. causent mon tourment : 
S'il ne rapporte entier contentement 
Si monstre il bien que la langue pressée, 
Né respond pas le plus communément 
A ce qu'on dit auecques la pensée 



VN AMY A SA DAME. 

Viuons, viuons ioyeusement : 

Hais qui voudroit plus belle chose ? 



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RÉCRÉATION 

Nos iours s'en vont légèrement 
Et se passent comme la rose, 
Qui d'espines est toute enclose : 
Viuons quand le temps nous auons, 
Goncluans comme ie propose, 
loyeusement, viuons, viuons. 



VN AMANT SE PLAINT DE SA DAME. 

Tî 'est-il possible, Amoiu*, qu'elle cognoisse 

Le grief tourment que pour elle i'endure, 

Sans que ma langue et mon cœur plein d'angoisse, 

Ou mes esprits en facent l'ouuerture? 

Sa bonne grâce et beauté de nature, 

A la seruir et aimer me conuie, 

le l'aime aussi plus que ma propre vie. 

Mais déclarer n'ose ma passion 

dur celer de liberté rauie 

Tu m'es plus grief que nulle affection. 



VN AMANT RESCRIT A SON AMI LES QVALJrTEZ 
DE SA DAME. 

Sais-tu ami, quelle est ma mie, 
Dont ie tenois hier propos? 
Elle est d'esprit non endormie, 
D'vn œil qui n'a point de repos. 
Elle a corps gent, les bras dispos. 
Le cœur, l'esprit, l'œil plus follet 
Que de son col le poil douillet. 
Que veux-tu plus? Sa main follastre, 
(Si elle te tenoit seulet) 
Te iolastreroit plus que quatre. 



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DES TRISTES. 29 



AVTRB DE LA FEMME. 

Si tu cognois ta femme à toy fidelle 
Par raison dois l'aimer et honorer 
Plus que celuy qui perçoit vice en elle, 
Passionné et douteux d'empirer, 
L'on voit à tort maints ialoux altérer, 
De qui souuent les femmes chastes sont : 
Et au rebours, plusieurs s'en asseurer 
Qui sur le chef deux belles cornes ont. 



RESPONCE D*VN AMI A SA DAME, QVI LVY DISOIT 
QV'iL SE PERDOIT A LA BRVMETTB. 

Vous dites en parolles franches 
Que me suis perdu sur la brune, 
Et le vous respond qu'à la lune 
le me suis trouué sur la blanche. 



QVELLE AMIE L AVTEVR QVIERT. 

le quiers amie belle en face, 
le quiers amie bonne en grâce, 
Si ie n'en trouue ie m'en passe. 



A UN AMT. 



le f ay escrit, car ie pensois 
Qu'a ton plaisir entièrement, 



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50 RÉGRÉATIOIf 

De tes amours tu iouyssois 
Maintenant ie pense autrement, 
Et t'en croy bien à ton serment : 
Mais i'ay tousiours bien estimé 
Que c'est vn grand aduancement 
Que d'estre seulement aimé. 



D VN PATSANT. 

Vn paysant de la Champaigne, 

Ayant vne vachère belle. 

Si fort Taima que sa compaigne 

En fist, et veut monter sus elle, 

Son occasion estoit telle 

Que sa femme estoit accouchée : 

La garse non effarouchée, 

Le remet loin, vn veau luy baille, 

Pour l'auoir auec luy couchée, 

S'elle eust esté par luy touchée 

Deux en eust eu diuers de taille. 



DVN AMOVREVX LANGVISSANT. 

Pvis que malheur me tient rigueur. 
Et seul sauez mon indigence, 
Pour donner (Mrdre à ma langueur, 
Secourez moy eii diligence 
Helas ayez intelligence, 
Du mal que i'ay par amitié, 
Vn patient prend allégeance. 
Quand son amie en a pitié. 



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DES TRISTES. 31 



àvtre dvn amovreyx vovunt mener IOVER 
s'amie. 

Allons aux champs sur la yerdure, 
Passer le temps ioyeusement 
Cependant que le beau temps dure, 
Il n'est que yiure plaisamment, 
Allons y donc hastiuement, 
Allons chanter, gaudir et rire, 
Mieux faut s'esbatre gayement 
Qu'employer sa langue à mesdire. 



AVTRE DVNE DAME A SON AMY TROP 
IMPORTUN. 

Qvi souhaittez d'auoir tout le plaisir 
Qu'vn ami peut vouloir honnestement, 
Prenez exemple à mon chaste désir 
Et vous mirez à mon contentement : 
Mais qui voudroit audacieusement 
Voiler au ciel, où mon amour se tient, 
On luy diroit, aymez humainement, 
C'est au Soleil que la Lune appartient. 



DVN BON BIBERON. 

Blanc et clairet sont les couleurs 
De ce bon vin que i'ayme fort, 
Dont souffriray maintes douleurs 
Si de luy n'ay souuent confort. 



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yi RÉCRÉATION 

D'en vscr bien fay mon efïort, 
Pour en auoir meilleure grâce, 
Si ie n'en boy, me voila mort; 
Car de boire eau ie me pourchasse. 



A\TRE HYlTAIlf. 

Ce mois de May sur la rosée 
Irons iouer pour cueillir verd, 
Moy et ma mignonne brousée 
Regardant la fueille à Tenuers : 
Mais s'elle craint le descouuert 
Des genoux sentant la froidure, 
Par moy ils seront recouuerts, 
Mais ie seray la couuerture. 



AVTRE HVITAIN. 

Par vn matin tout à souhait, 
Au poinct du iour sur la rosée, 
le trouueray ma mie de hait 
Dessus rherbe bien arrousée : 
M'amour, mon bien, mon assotée, 
Haussez vn peu le plissonnet. 
Elle respond comme effrontée, 
Mettez la main au conninet. 



A^TRE HVITAIN. 

Vn iour au bois sous la ramée, 
le trouuay mon amy seulet» 



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DES TRISTES. 35 

En luy disant sans demourée 
Faites moy le ioly hochet? 
Eh bien (dit -il) faisons de hait 
Vn petit coup sur la rosée, 
Hé mon ami qu'il est doucet, 
Faites tousiours ie suis pasmée. 



DE lURTIN ET D AUX, POVR LVI GUARIII 
LES DENTS. 

Alix auoit aux dents la malle rage, 
Et ne pouuoit son grand mal alléger, 
Martin faisoit aux champs son labourage, 
Vers luy s'en vint pour son mal soulager : 
En luy disant, Martin, pour abréger, 
Prens dame Alix, et luy donne dedans, 
Alix luy dit, hardiment fîranc archer. 
Rage du cul passe le mal des dents. 



DVME ESPOYSEE. 

Le lendemain des nopces on vint voir 
Si l'espousée estoit point la nuict morte. 
Et si l'espoux anoit fait son deuoir. 
Qui dist qu'ouy, et de ce s'en rapporte 
A son espouse, la priant qu'elle porte 
Vray tesmoignage, et si par amitié 
Ne Tauoit fait six fois de bonne sorte, 
Ouy, dit-elle, mais l'en fis la moitié. 



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nECRBATIOIf 



D VN PELERIN PRIMS DES TVRCS. 

Vil pèlerin que les Turcs auoient prins, 
De sa fortune à deux dames contoit 
Premièrement comme ils l'auoyent surprins 
Et de leurs faits merueilles racontoit, 
L'vne d'elles qui ce piteux conte oit, 
Luy demanda, mais que font ils aux femmes? 
Ha, ha (dit-il) ces malheureux infâmes, 
Leur font cela tant qu'ils les font mourir. 
Or, pleust à Dieu, ce dit l'autre des dames, 
Que pour la foy ie deusse ainsi pei'ir. 



A VNE lËVNB FEMME MARIEE. 

La mignonne de mon ami, 

Bien fort à vous me recommande, 

Vous n'estes pas femme à demi : 

lîastez vous de devenir grande, 

Grande partout, car il demande 

Entrer en la cité d'amours. 

Se plaignant qu'il n'est qu'aux faux bourgs, 

Peu de maris ainsi se deulent : 

Mais vont disant tout au rebours, 

Qu'ils y entrent plus qu'ils ne veulent. 



DE GVILLOT ET DE GVILLEMETTE. 

Vn iour Guillot, Guillemette accolla 
Dessus vn banc ou la trouua assise 



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DBS TRISTES. 35 

Disant : faisons vn petit coup cela, 
Car c'est vn ieu que tout le monde prise, 
Adonc Guillot luy leua sa chemise, 
Et la coucha pour mieux faire à son aisç. 
Mais elle fist yn peu de la mauuaise, 
Non cognoissant les amoureux esbats : 
Puis enfin dit, i'ayme bien qu'on me baise, 
On met souuent en baisant le cul bas. 



DE MARGOT. 

M' amie Margot, c'est vn entier déduit, 
Que du ioly gentil ieu d'amourette, 
C'est vn plaisir s'esbatre iour et nuict. 
Dessus vn lict et faire la chosette : 
Alors respond la belle camusette, 
Plus grand soûlas on ne pourroit choisir, 
loiions nous donc tandis qu'auons loisir, 
Et n'attendons à demain le matin, 
Approchez près, contentez mon désir. 
Et me donnez le petit picotin. 



DE MARTIN ET DE MARGOT. 

Martin estant en tauerne bourgeoise, 
Et se traittant estoit bien à son aise, 
Se destacha pour aller aux retraits, 
Là il trouua Margot assez courtoise, 
Il ferma l'huis, et la serra de près ; 
Lors quelqu'vn vint criant à haute voix. 
Despeche toy que ie face ma fois, 
Martin respond, villain allez au peautre. 
la n'entrerez les trous sont empeschez. 
L'vn est breneux et ie suis dedans l'autre. 



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56 RÉCRÉATION 



DE ROBIlf ET DE MARGOT. 

Tn iour Robin vint Margot empoigner, 
En luy monstrant l'outil de son ouurage 
Et sur le champ la vouloit besogner : 
Mais Margot dit : tous me feriez outrage, 
Il est trop long et gros à l'auantage, 
Bien dist Robin tout en vostre fendasse, 
le ne mettray, et soudain il l'embrasse, 
Et seulement la moitié y transporte : 
Ha dit Margot, en faisant la grimasse, 
Boutez y tout, aussi bien suis-ie morte. 



DE EOBIM ET MARION. 

Robin mangeoit tu quignon de pain bis. 
Par vn matin tout petit à petit, 
Et Marion lors en gardant ses brebis, 
Qui ce matin avoit grand appétit, 
Luy dit Robin, donne m'en vn petit. 
Et ie feray tout ce que tu voudras : 
Non, dit Robin, ne leue point tes draps, 
Mon pain vaut mieux, et ainsi s'en alla : 
Et si l'auoit aussi gros que le bras, 
Ne deust on pas mener pendre cela? 



DVN NOVVEAV MARIE. 

Vn mari se voulant coucher, 
Auecques sa femme nouuelle, 



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DES TRISTES. 57 

S'en Tint tout bellement cacher 
Yn gros maillet à la ruelle 
mon doux ami, se dit-elle, 
Quel maillet vous yoy-ie empoigner? 
C'est, (dit-il) pour vous mieux coigner, 
De maiUet (dit-elle) n'ay onc eu, 
Quand gros lean me veut besongner 
U ne me coigne que du cul. 



DE CATIll. 

En deuisant à la belle Gatin, 

Mon cœur esmeu le feu d'amour sentit, 

Lors ie luy mis la main sur son tetin 

Pour luy donner vn semblable appétit 

Ce qui l'esmeut encores bien petit : 

Mais quand ie fis de ma bourse ouuerture 

le ne vy onc plus paisible monture, 

Ne plus aisée à se ranger au poinct. 

Ainsi (dit-elle) on me met en nature 

En me mettant de l'argent dans le poing. 



D*VN TROP TOST MARIÉ. 

Yn trop tost marié mary, 
Gerchoit le trou en grand' détresse. 
Et disoit, bran, ie suis marry. 
Mettez le vous mesme en adresse. 
Elle qui en estoit maistresse 
Craignant qu'il vint à reboucher 
Luy dit, i'ay si peur qu'on me blesse 
Que ie n'y ose plus toucher. 



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3S RéCRÉATION 



D VN QVI INTERROGEOIT SA FEMME. 

Quelqu'vn sa femme interrogeoit 
Lequel elle aimeroit le mieux, 
Ou qu'on luy coupast le bras droit, 
Ou le petit membre loyeux. 
Elle le cognoissant àe ceux, 
Qui de mocquer entendent l'art, 
Respond, ie dirois Tyn des deux. 
Mais vous estes trop babillard. 



RECEPTE POVR LES PASLES COVLEVRS, AVEC 
LA RESPONGE. 

Pvisque le cul auez si chaud, 
Sçauez vous bien qu'il vous faut faire, 
AUez vous en tout d'vn plein saut, 
Vous rendre en quelque monastère, 
Là trouuerez quelque bon hère. 
De frère, ou quelque boute cul, 
Qui vous baillera vn distere 
Pour vous chasser le feu du cul. 



RESPONGE. 

Vn ieune tendron comme moy, 
Qui ses menus plaisirs souhaitte. 
Pour refroidir ie ne sçay quoy. 
Ne doit prendre vostre recepte 
Car s'elle veut estre secrette, 



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DES TRISTES. 99 

Auec vn beau ieune homme à part, 
La chose sera plus homieste, 
Que de prendre vn frère frappait. 



DVN QVI SONGEA AVOIR TROWE VN THRESOR. 

Qvelqu'vn songeoit en dormant voir vn Diable, 

Qui vn thresor en terre luy monstroit, 

Gomme ioyeux de ce cas admirable 

Luy demanda où c'est qu'il le mettoit, 

Le diable dit pour le mettre en destroit 

Et le cacher, il faut chier dessus: 

Le compagnon n'en fit point de refus : 

Car en son lict vn gros estron couua, 

Mais au reueil se trouua tout confus 

Car pour thresor, or' très ord il trouua. 



DVN VIEILLARD CHENV. 

Vn vieillard fut esmeu d'amours, 
Nonobstant qu'il fust de grant aage, 
Et auoit gardé au destours 
Bien soixante ans son pucelage ; 
Forcené d'amoureuse rage, 
Empoigna Margot, et dedans. 
Mais en faisant ce passe-temps 
S'escria comme vn insensé, 
Veu le plaisir ie me repens 
Que ie n'ay plustost commencé. 



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40 RÉCRÉATION 



DVH QVI HA PEVR D ESTRE COCU. 

M'amie a eu de Dieu le don 
Que de beauté elle n'a tache 
Les yeux a blonds comme vn charbon, 
Xes tetins ronds comme vne Tache : 
Au ieu d'amours elle n'est lasche 
A tous les coups ie suis vaincu : 
le veux que tout le monde sçache 
Que ie n'ay peur d'estre cocu. 



DE GVILLOT ET BABEAV. 

Gvillot estoit auec Babeau, , 
Qui luy monstroit son grand diable de chose, 
Laquelle aussi descouuroit son bas beau, 
Estant plus rouge, et plus vermeil que rose, 
Lors luy dit, belle, ou m'amour est enclose 
le le feray tant que l'on s'en rira : 
Auant amy, trop longtemps on repose; 
N'espargnons point la chair qui pourrira. 



DE BARBE ET DE UQTETTB. 

Qvand ie voy Barbe en habit bien duisant 
Qui l'estomac blanc et poli descouure, 
le la compare au diamant luisant, 
Fort bi?n aymé et mis luy mesme en ceuure ; 
Mais quand ie voy Jaquette qui se couurc 
Le dur tetin, le corps de bonne prise 



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DES TRISTES. 41 



D'vD simple gris accoustrement de fHse, 
Adonc ie di, pour la beauté d'icelle 
Ton habit gris est vne cendre grise 
Couuant vn teu qui tousiours estinceUe. 



DE CINQ POINCTS EN AMOTR. 

Fleur de quinze ans, si Dieu vous sauue et gard, 
Fay en amours trouué cinq poincts exprès, 
Premièrement il y a le regard : 
Puis le deuis et le baiser après 
L'attouchement, le baiser suit de près, 
Et tous ceux la tendent au dernier poinct. 
Qui est, et quoy? ie ne le diray point : 
Mais s'il vous plaist en ma chambre vous rendre, 
le me mettray volontiers en pourpoint, 
Voire tout nud pour vous le faire apprendre. 



DE DEVX HERMITE^, RETIREZ HORS DV MONDE. 

Sauez vous la raison pourquoy, 
Hors du monde ie me retire, 
A vn hermitage a recoy? 
Sans faute ie le vous veux dire : 
Celle que tant i'aime et désire 
En lieu de me reconforter, 
Tousiours le cul arrière tire, 
Le diable la puisse emporter. 



l'avtre hermite. 



le m'en vay tout vestu de gris, 
En vn bois là ie me conûne. 



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42 BéCRéATIOIl 

Au monde aussi bien i'amesgris, 

M'amie est trop dure ou trop fine, . 

La viuray d'eau et de racine, 

Mais par mon ame il ne m'en chaut, 

Gela me sera médecine, 

Contre mon mal qui est trop chaud. 



DYN QVI NE VOVLOIT ESTRE MVSICIEII. 

En m'oyant chanter quelquefois, 
Tu te plains qu'estre ie ne daigne, 
Musicien, et que ma voix, 
Mérite bien que l'on m'enseigne : 
Voire que la peine ie prenne. 
D'apprendre vt, re, mi, fa, sol, la: 
Que diable veux tu que i'apprenne? 
le ne boy que trop sans cela. 



DODY ET DE «ENNY. 

Vn doux Nenny, auec vn doux sousrire, 
Est tant honneste, il le vous faut apprendre; 
Quand est d'Ouy, si venez à le dire, 
D'auoir trop dit ie vous voudrois reprendre. 
Non que ie sois ennuyé d'entreprendre, 
D'auoir le fruict dont le désir me poingt : 
Mais ie voudrois que me le laissant prendre 
Vous me dissiez, non vous ne l'aurez point. 



d'vNE MAL MARIÉE. 

Fille qui prend fascheux mary, 
Ce disoit Alix à Collette, 



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DES TRISTES. 43 

Aura touiours le cœur marry : 
Et mieux luy vaut dormir seulette 
11 est vray, dit la sœur doucette, 
Mais contre vn fascheux endormi, 
La vraye et certaine recepte 
Ce seroit de faire vn amy. 



D VN CHEVAL ET D VNE DAME. 

Si i'ay contant vn beau cheual payé, 
11 m'est permis de dire qu'il est mien, 
Qu'il a beau trot, que ie l'ay essayé 
En ce faisant cela me fait grand bien : 
Donc si ie l'ay payé contant et bien, 
Celle qui tant soubs moy le cul leua, 
11 m'est permis de vous dire combien, 
Elle m'a cousté, et quel amble elle va. 



DALIX ET DE UARTIN. 

Martin estoit dedans vn bois taillis 
Auec Alix, qui par bonne manière, 
Dist à Martin, le long de ce palis; 
T'amie Alix d'amour te fais prière : 
Martin dist lors s'il venoit par derrière 
Quelque iourdaut. ce seroit grand vergogne. 
Du cul (dit-elle) luy ferons signe arrière 
Passez chemin, laissez faire besogne. 



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U RÉCRÉATION 



DE MARTI H ET DE CATIN. 

Catin veut espouser Martin, 
C'est fait en très fine femelle : 
Martin ne veut point de Catin, 
le le trouue aussi fin comme elle. 



DVN VIEIL COVSTEAV. 

Ton vieil cousleau, Pierre Martel rouillé, 
Semble ton membreia retraict et mouillé, 
Et le fourreau tant laid où tu rengaines 
C'est que touiours as aimé vieilles gaines. 
Quand à la corde à quoy il est lié, 
C'est qu'attaché seras et deslyé, 
Au manclie aussi de corne cognoist-on, 
Que seras cornu comme vn mouton, 
Voila le sens, voila la prophecie 
De ton Cousteau dont ie te remercie. 



DVN IMPORT VN EN AMOVR. 

Bran, laissez moy ce disoit vne, 

A vn sot qui luy desplaisoit, 

Ce lourdaut tousiours m'importune : 

Puis i'ouy qu'elle luy disoit, 

La plus grosse beste q^i soit, 

Monsieur, comm'-est-ce qu'on l'appelle? 

Vn Eléphant, madamoiseUe, 

Me semble qu'on le nomma ainsi, 



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DES TRISTES. 45 

Pour Dieu Eléphant, luy dit-elle, 
Vat-en donc laisse moy ici. 



RECEPTE POVR Yfl FLVl DE BOVRSE. 

Recepte pour vn flux de bourse, 
Couchez vous auant qu'il soit nuict, 
Dormez tousiours, et pourquoy, pource? 
Car en dormant rien ne nous nuict : 
Mais si vous aimez le déduit 
D habiter la belle au corps gent, 
Par nostre dame il faut argent. 



DV MAL QYE FONT LES FEMMES A LEVRS VARIS. 

Si toute la mer ancre estoit, 
Et toutes voyes et chemins, 
Fussent deuenus parchemins, 
Et que chacun sçeust bien escrire, 
Plus viste qu'on ne sçauroit lire, 
Sans de nuict de iour reposer. 
L'on ne sçauroit exposer. 
Dire, escrire, lire, imprimer. 
Tous les tourmens, et les ennuis, 
Que femmes font à leurs maris. 



d'vNE IEVME MAraÉE QVE SON VÂRl ATOIT 
LAISSÉE. 



Vn ieune fils, fille auoit espousee, 
A quoy auoit essayé son tranchant, 



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46 RÉCRÉATION 

Apres qu'il l'eut sur tout son bien posée, 
Tost s'en ajia faire train de marchand : 
Mais il mist trop, donc il fut dit meschant, 
Sa mère dist, il n'entend pas le poinct, 
Il mangera tout iusques au pourpoint, 
Par quoy iamais ne vienne en ma présence : 
La fille dist, des biens ne me chaut point, 
Il n'est ennuy que d'amoureuse absence. 



d'vn qvï evst la teste covppee 

SANS SAIGNER. 

Dedans vn bois en hyuer vn meschant 
Rencontre vn homme, et luy coupe la teste, 
Sans qu'elle tombe, essuya son tranchant. 
Part et s'enfuit, en cela ne fut beste : 
L'autre subit se tient droit, ne conteste, 
Prend vn espingle, au col sa teste attache, 
Or geloit il parquoy de sang n'eut tache, 
Vient au logis, de feu auoit besoin, 
Dénient morueux, en se mouchant arrache 
Espingle et teste, et ietta tout au loin. 



DIXAIN FAIT SUR LE LANGAGE QUE LES MERES 
APPRENNENT A LEVRS ENFANS. 

Vn iour mamen donnoit à sœur Gatin 
De la bouillie aux œufs, fleur et lolot, 
Les deux flelots attendoient le gratin ; 
Le puisné l'eut, l'aisné n'eut rien au lot, 
L'aLsné voyant ce bien fait à flelot, 
Luy va oster, flelot crie en hebrieu, 
Mamen, flelot qui laque le milieu, 



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DES TRISTES. 47 

Mamen respond, comme faschee d'eux, 
C'est bien lequé, si ie vay là par bieu 
le lequeray bien le cul à tous deux. 



DIXAIM DE ROBIfl ET DE MARGOT. 

Margot s'endormit sur vn lict 
Vne nuict toute descouuerte, 
Robin, sans dire mot saillit, 
Sur le lict, et l'a recouuerte, 
Il trouua sa lanterne ouuerte 
Mist sa chandelle au plus profond, 
Robin, ta chandelle se fond : 
Non fait, dit-il, c'est vne goutte, 
En allumant elle dégoutte. 
Qui fait ta chandelle allumer, 
Vien Robin quand on ne void goutte, 
Souuent ta diandelle allumer. 



DTN VIEIL FORGEVR D AMOVR. 

Vn forgeron aussi vieil que le temps, 
Prioit d'amours vn iour sa damoiselle, 
Et luy disoit : Madame, ie pretens, 
Forger sur vous vne pièce très belle, 
Elle respond, que point ne lut rebelle 
Que de sa part son deuoir vouloit faire, 
Lors en forgeant ses marteaux vont deCTaire, 
Et son coignet le ploya comme plume : 
Puis elle a dit, pour cette œuure parfaire 
Autre que vous faut qu'il batte l'enclume. 



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48 RECREATION 



DE CEVX QVI LE FONT HEVF FOIS. 

Vrais amoureux du plaisir de Venus, 
Qui pour neuf fois ne vous faites que rire 
Puisqu'à ce poinct si beau estes venus, 
On doit de vous tout bien et honneur dire : 
Les enuieux toutesfois à mesdire, 
Pas ne faudront car ils n'ont le courage 
D'en faire autant à si gentil ouurage, 
Besongnez donc et de iour et de nuict, 
Vous les ferez tout vifs creuer de rage 
Si de neuf fois venez à dix-huit. 



DVM VIEILLARD QVI FEMDOIT DV BOIS. 

Vn mesnager, vieillard, recreu d'ahan, 
Fendoit du bois, sa femme estoit douant, 
Qui luy a dit : pourquoy faites vous han 
Afin (dit-il) qu'il entre plus auant, 
Elle tint ce mot, car la nuict ensuiuant, 
En l'embrassant luy a dit : Mon ami, 
Coignez plus fort, pas il n'entre à demi, 
Et faites han, premier que de descendre, 
Lors il luy dit : Le han ne sert ici 
Contentez vous, ce n'est bois que veux fendre. 



DVN BERGER ET J> V«E BERGERE. 

Vn gay Berger prioit vne Bergère, 

En luy faisant du ieu d'aimer requeste. 



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DES TRISTES. 

Allez (dit-elle) et vous tirez arrière, 
Vostre parler me semble peu honneste : 
Lors le Berger la raist cul par sus teste, 
Et luy dessus, la Bergère frétille : 
Hau, hau, tout beau (dit-il) la belle fille 
Laissez courir la bague à mon coiu*taut. 
Vous n'estes pas (dit-elle) assez habile 
Et n'auez pas la lance qu'il y faut. 



DEMANDE D*VfilE JEV^E ESPOVSEE. 



Vne belle ieune espousee, 

Estoit vne fois en deuis, 

Auec vne vieille rusée, 

Qui disoit, Dame, à vostre aduis, 

Les hommes sont-ils si rauis : 

Quand ils le font, et ont-ils bien 

Tant comme nous d'aise et de bien? 

Tant m'arnie, respondit-elle, 

La douceur qu'ils sentent est.telle 

Que la nostre au prix n'est que vent, 

le m'esbahi donc, dit la belle, 

Qu'ils ne nous le font plus souueat. 



D VN MAIbi;ft£ ET DE SA CHAMBRIÈRE. 



Vn fin mary, voyant sa chambrière. 
Belle de corps et propre à soustenir 
Quelque grand faix, en sa chambre derrière. 
Monta dessus : puis soudain vit venir 
Sa femme oyant le bruit, qui dist hola. 
Qui vous a mis tous deux en ce poinct là ? 
Est-ce l'amour qu'auez en moy enclose? 



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50 BéCRéATIOn 

Ha mon mary, ie ferois bien cela 

Ma chambrière eust bien faict autre diose. 



dvn malheyreyx qvi rebovchoit av lev 
d'amovr. 



Ho le meschant qui a ployé, 
Et rebouché comme yn mastin, 
Ho le vilain, qu'il soit noyé 
Le ioûet de frère Martin : 
Qu'on n'en parle soir ne matin. 
C'est fait, il est deuenu rosse. 
Et ne vaut plus en bon latin 
Qu'a seruir l'abbesse de crosse. 



AVTRE DIXAIN d'vN PRESTRE QVI FAISOIT CVIRE 
VN ŒVF. 

f Vn prestre fut qui mist au leu vn œuf, 

Et puis cracha dessus sans guère attendre : 
Yn ieune enfant veit ce fait assez neuf. 
Si luy pria de luy vouloir apprendre, 
Le prestre alors luy dit : il faut entendre : 
Que c'est afin qu'au feu mon œuf ne pette. 
Ha (dit l'enfant au prestre] donc i'appette 
Que vous crachiez sus le cul de ma .mère - 
Car son gros cul tousiours au feu trompette 
Et là le nez, pour la senteur amere. 



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DES TRISTES. 



AVTRB DIXAliN B VU PRESTRE QV^ FIT VUE PART 
DE GASTEAV PLUS QU'lL NE DÇVOIT. 



Vn prestre fut qui la Teille des Rois, 
En quatre parts son gasteau découpa, 
Trop d'vne en fist, car ils n'estoyent que trois, 
Dieu et sa mère, et luy qui se trompa : 
Six ou sept fois ces quatre parts compta, 
Ha, ha, dit-il, i'ay trop fait d'me part ; 
Trois suffisoyent, le grand diable y ait part 
Febé pour Dieu, pour sa mère, et pour moy, 
Qui fut bien blanc, ce fut frère frappart. 
Car il escheut que le diable tut roy. 



DE CEVX QVI PAR TROP BOIRE ONT LES TEVX 
BORDEZ d'eSCARLATE. 



Le vin qui m'est si cher vendu, 

M'a la force des yeux rauie. 

Pour autant il m'est deftendu, 

Dont tous les iours m'en croist l'enuie : 

Mais puisqu'en luy seul est ma vie, 

Malgré les fortunes senestres 

Les yeux ne seront point les maistres. 

Sur tout le corps, car par raison, 

l'aime mieux perdre les fenestres. 

Que perdre toute la maison. 



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52 RÉCBÉATION 



ADVERTERC POVR CEVX QVI VONT .A LA 
TAVERNE. 



Qui se met en vne taueme, 
Regarde s'argent le gouuerae, 
Au temps qui court peu sert langage, 
Il n'est qu'argent, au moins bon gage : 
L'entrée du Ueu, Gaudeamus, 
Le compte, Ad te suspiramus 
Et le payer, c'est Gementes, 
Quand est du payer le m'en tais : 
Car chacun scait bien, qui fait chère 
Et n'a argent, l'issue est chère. 
Et pourtant note bien ce poinct, 
Sans or ne argent n'y va point. 



ESTRENES D ESCYS EN PEINTVRE, PRESENTEZ 
A VNE DAME. 



Mille escus d'or à la couronne, 
Pour vos estrenes ie vous donne, 
Du poids ie n'en suis pas trop seur, 
Car ils n'ont pas grand' espaisseur : 
Mais le vous iiu'e par saint George, 
Qu'ils sont tous venans de la forge, 
Et si n'en ay point de meilleurs, 
Sinon qu'ils me viennent d'ailleurs : 
Mais toutesfois quoy qu'il en aille, 
Vous sçauez bien qui vous les baille. 



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DES TRISTES. 55 



DIXAIM DVKB DAMB AYANT PERDV 80W AMÎ. 

C'est grand' pitié que mon amye qui a 
Perdu ses yeux, son passe-temps, sa feste 
Non vn moineau, ainsi que Lesbia, 
N'vn petit chien, belette, ou autre beste, 
A ieux si sots mon tendron ne s'arreste, 
Ces pertes là ne luy sont mal faisans 
Vrais amoureux soyez en desplaisans, 
Elle a perdu, helas I depuis septembre, 
Vn ieune amy, beau, de vingt et deux ans 
Qui auoit bien pied et demi de membre. 



DE lEAN lEAN. 



Tu as tout seul, lean lean, vignes et prez, 
Tu as tout seul ton cœur et ta pecune, 
Tu as tout seul deux logis diaprez 
La ou viuant ne prétend chose aucune, 
Tu as tout seul le fimict de la fortune, 
Tu as tout seul ton boire et ton repas, 
Tu as tout seul toutes choses, fors vne. 
C'est que tout seul ta femme tu n'as pas. 



A VUE LAIDE. 

Tousiours vous voudriez que ie l'eusse tout droit, 
Ma laideron, et vous semble, ie gage, 
Que i'en puis faire ainsi comme du doigt. 



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54 RiCRÉATIOn 

Vous auez beau le flatter de langage : 
Toire des mains, ce diable de visage 
Degouste tout et à tous mesme nuit, 
Parquoy deus^ez, si yous estiez bien sage, 
Ne me chercher seulement que de nuict. 



D VN ABBÊ AYANT LA GOVTTE. 



L'abbé a vn procez à Rome, 
Et la goutte aux pieds, le panure homme 
Mais l'aduocat se plaint à maints 
Que rien au poing il ne luy boute, 
Cela n'est pas aux pieds la goutte 
C'est bien plustost la goutte aux mains 



SOVHAIT A VN MALDISANT. VERS LIRIQVES. 



Tous les escrits iniurieux 
Que te transmist vn furieux, 

Ne méritent response : 
Toutes fois seulement pour rire 
Tu luy peux quelque chose escrii e, 

Digne de sa semonce. 

Souhaitte que le sens luy faille, 
Que son scauoir rien ne luy vaille. 

Ni en dits ni en faits : 
S'il s'entremet de quelque affaire 
lamais ne le puisse parfaire 

Mais tombe sous le faix. 

En mille lieux son penser mette 
Faueur, Amour, biens se promette, 



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DES TRISTES. 55 

A part à $on courage : 
Puis tout soudain à soy reuienne 
Et si désespéré se tienne 

Qu'il en creue de rage. 

Qu'il se peigne en son cerueau creux 
Sage, riche, sçauant et preux, 

Graue et plein de vartu, 
VueiUe frapper, mordre, tuer : 
Mais quand viendra aux coups ruer 

Soit le premier battu. 

Perdre tout le bien qu'il possède 
Rien qu'au rebours ne luy succède, 

Quoy qull puisse espérer : 
En ses amis point ne se fie 
Tous ceux ausquels il porte enuie 

Il voye prospérer. 

De tous emprunts qu'il pourra faire, 
Soit à tous coups pour satisfaire, 

Adioumé, ou cité: 
Si quelqu'vn vient à luy deuoir, 
lamais n'en puisse rien auoir, 

A sa nécessité. 

De procez iamais il ne sorte 

Mais malgré luy, en quelque sorte, 

De l'un en l'autre tombe : 
Et puis ayant bien attendu 
Tout son temps et bien despendu, 

A la fin il succombe. 

Homme n'y ait qui le recueille 
Ou quelconque loger le vueille, 

N'entende son langage : 
Le lendemain tout mal traité 
De son hoste, soit arresté 

S'il ne luy laisse gage. 



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î»6 RÉCRÉATIOM 

Et puis après longue saison 
En entrant dedans sa maison, 

Y trouue le sergent : 
Petits enfans mourant de faim. 
En sa huche morceau de pain, 

Au coffre point d'argent. 

Femme qui luy caquette et grongne, 
Varlet larron, ioiieur, yurongne. 

Mensonger et superbe : 
Foyer obscur et enfumé, 
Auec vn pot mal escumé, 

Sans sel, saueur, ni herbe. 

S'aille coucher mal à son aise 
Auprès d'vne femme punaise, 

Que peu ou point ne dorme : 
De ses songes tous les plus beaux 
Soyent ténèbres, prisons, corbeaux, 

Et toute chose énorme. 

S'il fait quelque agréable songe 
Qu'il se conuertisse en mensonge. 

Et ce bien briefùement : 
Et s'il en fait d'espouuentables. 
Qu'ils se tiennent tous véritables 

Consecutiuement. 

En esté ne trouue point d'ombre. 
Les mouches luy facent encombre, 

De chaud et de soif meure : 
Puis quand l'hyuer sera venu 
A la gelée pauure et nud, 

En la beausse demeure. 

lie iour, soit qu'il entre, ou qu'il sorie 
Se heurte la teste à la porte, 
Soubs la merci du barbier ; 
La nuict il trouue pour embuscbe 



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DES TRISTE», 57 

Vne charette ou vne busche, 
Ou tombe en vn bourbier. 

S'il est à Tamour adonné, 
Des dames il soit blasonné, 

Sans qu'il s'en apperçoiue : 
D'vne vieille de laideur pleine 
Encor que ce soit à grand' peine 

Son passe temps reçoiue. 

Si pour iouêr se met en bande 
De son bien tant il en despende, 

Qu'il n'en demeure plus : 
S'il y a vingt et vn demy 
Aduienne que son ennemy, 

Rencontre vn petit flux. 

En pauureté puisse vieillir 
La fleure le vienne accueillir, 

Ke meure ne guérisse : 
Ne trouue point de meilleur lieu 
Qu'en estable, ou vn hostel Dieu, 

Quand faudra qu'il périsse. 

Or pour vn larcin ou forfait 
Encores qu'il ne l'ait pas fait, 

En prison soit trainé : 
Là où ayant longtemps vescu 
A la fin il soit conuaincu 

Et au gibet mené. 

Tout cela sera souhaitant 
A celuy-là qui te hait tant, . 

Et qui te fait la guerre : 
Ou si ton souhait trop le greue 
Meure de mort subite et griefue 

En eau, feu, air ou terre. 



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58 RéCBÉATION 



DYNE DAME SE PLAIGNANT DE SON «ART 
VIEILLARD. 

Qvand souuent ie prie mon mary 
Il me respond ie suis marry 
Qu'il faut que ie vous le refuse. 
N'est ce pas vne belle excuse? 



A VNE DAME. 



le t'aime d'amour si extresme 
Que ie me donne à toy moy mesme : 
Si tu ne veux iouyr de moy, 
Au moins que iouysse de loy. 



DE CATIN. 



Souuent ie veux baiser Gatin, 
Laquelle n'ose, pour sa mère, 
Me baiser ne soir ne matin 
Qui est dure chose et amere; 
Vn iour la mère par mistere 
Fut deceuë sans y viser, 
Catin vint Fenfant appaiser : 
Mais elle entend bien son taUn, 
Lors ie fais semblant de baiser 
L'enfant, et je baise Catin. 



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DES TRISTES. 59 



DE LÀ FEMME ET DV NAVIRE. 



Entre vne femme et im nauire 
Il n'y a pas beaucoup à dire : 
Car tous les deux qui veut monter 
Me sont faites que pour porter. 



DVN VIEILLARD. 



Tn vieillard maintenir vouloit 
Que son engin estoit plus fort, 
Que de tout temps il ne souloit, 
Et le n'en estois pas d'accord : 
Mais de son dire il n'eut pas tort 
La raison qui voudra l'entende 
l'ay veu que tout seul il se bende, 
(Dil-il) mais ores sur ma foy, 
Si nous n'y sommes, qu'on me pende, 
Bien empeschez ma femme et moy. 



A DAME THOMASSE. 



Dame et bonne amie Tbomasse 
On dit que tu es toute hommasse, 
Et que ie suis tout féminin 
le te prie donc de cœur humain, 
Trouue-toy quelque part seullette 
Tu sçauras si ie suis fillette * 



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00 RÉCRÉATialiI 

Lors par mesme moyc^n, en somme, 
le sçauray bien si tu es homme. 



DVM MERCEROT. 



Vn mercerot troussant ses hardes 
Se ficha au d( i^t Tne escharde. 
Et dit lors qu'il s'en trouuoit mal : 
Petite chose fait grand mal, 
Sa femme respond aussi bien 
Petite chose fait grand bien. 



DYN AMAMT A SA DAME. 



Nauré m'auez, vous me pouuez guérir; 
Malade suis et ma santé vous estes, 
Excusez-moy. car vos maintiens honnestes 
M'ont enhardi le remède quérir. 



D VN ADVOCAT lOVANT CONTRE SA FEMME, 
ET DE SON CLERC. 



Vn aduocat ioiiant contre sa femme 
Pour vn baiser que nommer n'oserois, 
Le ieu duit tant et si bien à la dame 
Que dessus luy gaigna des baisers trois. 
Or ça (dit-elle) ami à ceste fois 
louons le tout pendant qu'estes assis. 
Quoy (respond-il) le tout ce feroit six, 



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DES TRISTES. 6t 



Qiii foumiroit à si gros payement? 
Alors son clerc de bon entendement 
Luy dit, ayant de sa perte pitié, 
Ayez bon cœur, monsieur, certainement, 
le suis content d'en estre de moitié. 



DVN AMOVREVl ET DE S AMIE. 



L'autre iour vn amant disoit 
A sa maistresse, en basse voix, 
Que chacun coup qu'il luy faisoit 
Luy coustoit deux escus ou trois. 
Elle y contredit toutes fois 
Ne pouuant le cas denier, 
Luy dit : faites-le tant de fois 
Qu'il ne vous couste qu'vn denier. 



A VNE DAME REFVSAMT SIX ESCVS D VN UOMIIE 
POVR COTCUER ATEC ELLE. 



Ma dame, ie vous remercie 
De m'auoir esté si rebourse, 
Pensez-vous que ie m'en soucie, 
Ne que tant soit peu m'en coiurouce? 
Nenny non : Et pourquoi? Pource 
Que six escus sauué m'auez, 
Qui sont aussi bien en ma bourse 
Que dans le trou que vous sçauez. 



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62 RéCRÉATION 



RESPONCE A TN QTI DEMANDOIT CONSEIL 
DE SE MARIER. 



Prenez-la, ne la prenez pas, 
Si vous la prenez c'est bien fait 
Si ne la prenez en effect 
Vous ferez œuure par compas, 
Prenez-la, ne la prenez pas. 



COMPLAINTE DYNE GLORIEVSE REIETTANT 
SES AHOVRS. 

Par mon regard i'auois amour conceuë 
Et grâce acquise entre plusieurs d'eslite : 
Mais mon orgueil tellement m'a deceuë 
Que mon faux œil de rien ne me profite : 
C'est donc à droit si moy fîere et despite 
Suis fort banie en la court de Venus, 
Veu que plusieurs sont deuers moy venus 
Me présenter ce que dont i'ay défaut : 
Car si pour lors les eusse entretenus 
l'eusse le bien qui par orgueil me faut. ' 



DE MARTIN ET DE MARGOT. 



Av marché s'en alloit Martm, 
Portant son pannier sur la teste. 
En cheminant au brun matin. 



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DES TRISTES. 65 

Trouua Margot, qui lu y fist feste : 
Alors luy fist vue requeste, 
De se coucher sur elle à dents, 
Margot luy dit, estes-vous beste 
Vous voyez bien que ie suis preste 
De besongner, poussez dedans. 



AVTRE. 

Poussez dedans, ne l'espargnez. 

Foulez, firappez dessus la motte 

Yn coup, deux coups, trois coups coignez, 

N'ayez peur, i'ay fermé la porte, 

A bien petit que n'en suis morte, 

De chaut que i'endure au pissot. 

Aucunes fois ie me transporte 

Deuers Guillot qui me le frotte 

Mais par ma foy ce n'est qu'vn sot. 



DTM ADVOCAT ET OE SON CLEEC. 



Yn aduocat voulant aller dehors 

Dit à son clerc qu'on luy gressast ses bottes, 

Pour amollir icelles qui alors 

Dures estoyent et garnies de crottes. 

Elles seront aussi molles que fortes, 

Respond le clerc assez subitement. 

Si les voulez mettre tant seulement 

Au trou ma dame, ou la fleure me taste, 

S'elle n'y mist hier mon instrument 

Mais il deuint aussi mol comme paste. 



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64 RÉCRÉATION 



D ALIX. 



Alix me iure fermement 
Que point elle ne s'abandonne, 
Qu'à ses amis tant seulement, 
Et le croy, car elle est si bonne, 
Et m'en rapporte à son serment 
Qu'au monde elle ne hait personne. 



dixaih, re8p0nce a marot, svr l gpitaphe 
d'aux. 



Dedans Paris bien fort l'on te menace 
D'auoir escrit Alix si treslubrique, 
Qu'il n'y a cul, fut-il ferré à glace, 
Qui ne glissast sus lict, paué ou brique : 
Ce n'est raison que ta plume s'applique 
A exercer ton stile en te) langage 
Qui sans mentir, aux dames fait outrage : 
Car le subi^t de si très près leur touche, 
Qu'il n'y a celle qu'on prenne la plus sage 
A qui soudain l'eau n'en vint à la bouche. 



ÉPITAPHE DE MARTIN. 



Cy gist Martin qui, pour saouler Alix. 

Tant culleta qu'il en perdit la vie, 

Car sans cesser, ou sus bancs ou sus licts, 



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DES TRISTES. 65 

Elle Youloit en passer son enuie. 
Il esgoutta toute son eau de vie, 
Puis se voulut restaurer de coulis : 
Mais la rigueur des tordions iolis, 
Qu'auoit Alix inuentez à son aise, 
Ses roides nerfs rendit tant amollis 
Qu'il fut martyr, donc toy qui cecy lis, 
Va, si tu veux que ton cuUeter plaise 
Baiser sa tombe au plus près de Senlis, 
Alors pourras culleter plus que seize. 



RESPONCE DVNE DAME À VN GENTILHOMME QVI 
AVOIT COVCHÉ AVEC ELLE. 



Qvelque mignon en prenant congé d'vne 
Quy luy auoit la nuict preste son cas, 
Mille mercis (dit-il) ma gente brune, 
Logé m'auez au large haut et bas. 
Elle feignant n'entendre tels esbats 
lusques à tant qu'il eust garni la main, 
Pardonnez-moy, car ie ne pensoye pas 
(Dit-elle alors) qu'eussiez si petit train. 



D VNE QVI NE VOVLOIT QV ON APPELAST SON 
MARY MAISTRE. 



Vn iour i'escriuis vne lettre 
A monsieur, or pour commencer. 
Il m'aduint de Tappeller maistre 
Mais c'estoit sans mal y penser. 
Sa femme qui aime à tancer 
Dit que ce mot icy la blesse. 



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66 RÉCRÉATION 

Et m'escrit que ce nom ie laisse 
Et que ie n'estois qu'yn menteur : 
Ha, dis-ie lors, ie confesse 
Car il n'est que le seruiteur. 



D VN AMOVREVX ET D VN lALOVX. 



A Yostre aduis qui est plus malheureux 
' Ou le ialoux qui sans ioye et liesse, 
En peine vit, ou l'amant langoureux 
Qui ne reçoit plaisir de sa maistresse? 
Certes ils sont tous deux en grand' destresse, 
Mais l'vn espère auoir allégement, 
L'autre sans fin vit en peine et tourment, 
Parquoy l'amant qui en espoir se fonde, 
Son purgatoire il fait tant seulement, 
Et le ialoux son enfer en ce monde. 



DVN, LEQVEL SE VOVLANT PENDRE, TROWA LE 
THRÉSOR DE SON HAISTRE. 



Jean se voyant très pauure et malheureux, 
Par desespoir d'vn licol s'alloit pendre : 
Mais se liant du licol douloureux 
Vit vn thresor, dont ioyeux va descendre, 
Et à l'instant ne douta de le prendre, 
Laissant pour l'or son licol au cheuestre. 
Tantost après arriua là le maistre 
Lequel voyant son grand thresor perdu 
Print le hcol et se mist en tel estre 
Qu'au lendemain on le trouua pendu. 



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DES TRISTES 67 



DE COLIN ET COLETTE. 



Vn iour Colin sa Colette accolla 
En luy disant : Or mettez le cul là, 
Puis de si près se print à l'accoller. 
Qu'en bricollant, la goutte ûst couler, 
Mais pour culler oncques ne reculla. 



DVN ADVOCAT ET DE SA FEMME. 

Monsieur s en vint en masque desguisé, 
Sa femme prend, la iette sur la couche 
Sans dire vn mot et fut bien aduisé 
Du ieu d'amour luy donner vne touche. 
Quand il eut fait soudain il se desbouche, 
Donc fut cogneu le voyant à la face. 
Et puis luy dit : Madame, prou vous face. 
Elle respond entendant cesfe voix, 
Vous auez eu vne mauuaise grâce, 
Maudite sois-ie si ie vous cognoissois. 



A\TREHENT. 

Vn bon mary, des meilleurs que Ton face, 
Venu de loin pluslost qu'il ne deuoit, 
Sa femme vit dormant de bonne grâce 
Qui son tainct frais sur la plume couuoit. 
Il y prend goust, d'vn masque se pouruoit, 



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RÉCRÉATION 

Il iuche et iouë, elle le trouue doux : 
Quand le bon lean eut tiré ses grands coups 
Se démasqua, lors le cognent la belle, 
Et qu'est ceci? mon mary (ce dit-elle) 
Je pensois bien fut vn autre que vous. 



DE ROBIN ET DE CATIN. 

t^ Vn iour d'hyuer Robin tout esperdu 

Vint à Gatin, luy faisant sa requeste 
Pour desgeler son chose morfondu 
Qui ne pouuoit quasi leuer la teste : 
Incontinent Gatin fut toute preste, 
Robin aussi prend courage et s'accroche, 
On se remue, on se iouë, on se hoche, 
Puis quand ce vint au naturel deuoir, 
Ha (dit Gatin) le grand dégel s'approche. 
Voire, dit-il, car il s'en va pleuuoir. 



DVN MALHEVREVX DE NATVRE. 



Avec madame vn iour i'estois couché, 

Elle auec moy, tous deux entre beaux draps, 

Lors d'vn désir très ardant m'approcbay 

De son gent corps, ni maigre, ni trop gras, 

Elle soudain me prend entre ses bras, 

Ayant désir faire bon gré ma vie 

Gela dequoy i'auois pareille enuie : 

Mais lors ie fus comme vn tronc en vn coin 

Ha malheureux, ta pensée assouuie 

Est à souhait, et tu faux au besoin ( 



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DES TRISTES. 



DVK QVI AIMOIT VlfE VIEILLE NOIRE SEICHE. 

Geluy qui vieille amie auoit 
Se mist vn iour à le luy faire 
Le plus doucement qu'il pouuoit, 
Guydant à ce plus luy complaire 
Qu'en la traitlant si rudement. 
Frappez, dit-elle, hardiment, 
Si vous voulez rompre le nœud. 
Non, non, dit-il, tout bellement, 
Bois sec se fend plus qu'on ne veut . 



DE MARS ET DYNE DAME. 



Mars est cruel et sans pitié. 
Mais ma maistresse le surpasse, 
L'vn tuë les gens d'amitié. 
L'autre par glaiue les efface, 
Encores pis : car Mars menace 
Ains qu'occire ses ennemis. 
Et ceste cy soubs douce face 
D'amour fait mourir ses amis. 



D y» AIMANT ARGENT. 

le me porte bien quand au corps. 
Mais ma bourse a le flux de ventre : 
Car elle ielte et met dehors 
L'argent aussi tost qu'il y entre. 



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70 BÉGRÉATIOIf 



D ISABEAY. 



Quand Isabeau tient son amy 
De nuict au bal tant s'esvertuë, 
Qu'elle fait à coup et demy 
Les cinq pas, la iambe rompue, 
La gambade tost abbatuë, 
Le passe-pied à tort et droit, 
Si bien que qui accotistreroit 
Son baladin tout ainsi comme 
Elle va, à peine on sçauroit 
Lequel des deux peut estre homme. 



AVTRE DYN BAISER. 

M'amie vn iour me donna le crédit 
De la baiser doucement en la bouche. 
Quand ses tetins ie voulus voir me dit : 
Laissez cela : car personne n'y touche. 
Ha, dis-ie lors, vous estes bien £Burouche : 
Pardonnez-moy, si ce mot dire i'ose, 
Autant ou plus en prendroit vne mouche. 
Fy du baiser s'il ne vient autre chose. 



A VI«E MESDISANTE. 

Echo demeure solitaire 

Et rapporte ce qu'elle entend : 



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DES TRISTES. 

Mais VOUS en faites bien autant, 
Car iamais ne vous pouuez taire. 



A VM PRESVMPTVEVX. 



Quand le bonnet en main ie tien, 
Pariant à toy, tu cuides bien, 
De moy le mériter ainsi : 
Et ie l'estime : car tel bien 
A mon varlet ie fay aussi. 



A VNE INCONSTANTE. 



D'autant que vostre cœur s'est mis 
A retenir diuers amis, 
Beaucoup de gens vous ont en haine : 
Mais c'est bien contre leur deuoir 
Yeu qu'il n'est point estrange à voir, 
Douze cousieaux en vnc gaine. 



d'vn qyi n'avoit sovci qve de sa barbe. 



De sa barbe longue et espaisse, 
Vn poil plus qu'autre ne se baisse, 
Ne monte aussi pareillement : 
Elle est ample et de belle sorte, 
Mais on le iuge vn bouc qui porte 
Grand' barbe sans entendement. 




n RéCBÉATION 



DE NAVDIII. 



Naudin a sa maison garnie 
Et tousiours à son gré manie 
D'escus à milliers et à cents : 
Il a bled, il a vin en caue, 
De velours et satin va braue, 
Brief, il a tout hormis le sens. 



AVTRE. 



Vous estes la belle des belles, 

Mais aussi entre les rebelles 

Ysez d'extrême cruauté, 

Dont voudrois pour mon très grand heur 

Que changé eussiez en douceur 

Vne part de vostre beauté. 



A CELLE QVI ESPOVSE VN INCOGNEV. 



Hier passé on vous nommoit fille, 
Mais auiourd'hui faut dire fe9ime, 
Grand mercy et vn coup d'estriUe 
Plus doux à sentir que le basme : 
N'estes vous pas fascheuse dame 
Enuers moy qui suis vostre amy 
D'auoir auecques vn dormy, 
Qui du ventre vous rendra pleine, 



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DES TRIST]$S. 

Sans l'auoir cogneu à demy ? 
Dont l'en eusse bien pris la peine. 



A ISABEAV, QVI A APPRIS A SE TAIRE. 



Veu que parole prononcée. 
Reuoquer iamais on ne peut, 
C'est vne chose mal pensée 
De parler quand raison ne veul : 
Femme loutesfois onc n'y eut, 
Mieux que vous mon dire obseruant : 
Puisque la bouche allez clouant, 
Tout bien aurez faisant ainsi : 
Mais le tout i'esthne vn néant, 
Si ne fermez le bas aussi. 



A VNE MEOISAltTE QVI VOVLOIT ESTRE 
DAMOISELLE. 



Titre de damoiselle, 
Vous ysurpez la belle. 
Ne le faites plus non : 
Car souuent par ce nom 
Les putains on appelle. 



AVTRE A ELLE. 



Si l'esprit qui la vie t'apporte 
De ton corps estoit si lointain, 



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74 RÉCRÉATION 

Gomme ton honneur est, putain, 
Longtemps a que tu serois morte. 



AVTRE. 

le me deçoy lors qu'entreprendre 
le veux estre ton blasonneur : 
Car voulant blesser ton honneur : 
le ne sçay point où l'aller prendi^. 



DE lEAN. 

lean dit partout que ses enfans 
Bien de luy n'auront en sa vie, 
Il fait vn acte de bon sens, 
Lequel à plusieurs maux obuie, 
Et si leur fait croistre l'enuie 
D'estre plus deuots qu'ils ne sont : 
Car vn extresme désir ont 
De voir le iour solacieux 
Ou en priant dire pourront 
Nostre Père qui es aux cieux. 



D ISABEAU. 

Tout ainsi qu'on voit vn tombeau 
Qui soubs beauté passe laidure, 
On peut conclure dlsabeau 
Pour ce que soubs teinct frais et beau, 
Ne gist que poison et ordure. 



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DES TRISTES. 



D ELLE ENCORE. 



Isabeau n'est pas si meschanle, 
Ne si putain, comme Ton chante, 
A grand tort on en a mesdit : 
Elle est honneste et bien viuante, 
Sçauez vous pourquoy ie la vante? 
C'est qu'ainsi elle me l'a dit. 



A DEVX AMIS DISSIMVLEZ. 

Vous teignez auoir grand plaisir, 
De m'aimer sans fraude et malice, 
Croyez aussi que mon désir 
Ne gist qu'à vous faire seruice ; 
Sauez vous quel? c'est que ie puisse, 
Sur vos monumens et tombeaux, 
Grauer funèbres escriteaux. 



A VN AIMANT A DANSER. 

Danser ks cinq pas, 
Sauter par compas, 
Est bien grand' vertu 
Mais, amy, sçais-tu. 
Tel bien nous délaisse 
Venant la vieillesse, 
Voire, et quand i'adiouste 
En pleine jeunesse. 



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RÉCRÉATION 



POUR VN REFVS D ARGENT A PRESTER. 

le croy bien que vous m'aimez fort 
Et cherchez à me satisfaire, 
Si bien qu'il n'est ni droit ni tort, 
Que pour moy vous ne vinssiez faire • 
Et si d'argent ay grand' affaire, 
(Ainsi qu'eschet communément) 
Vous me faites tour de bon frère " 
lusques là exclusiuement. 



À VN QVI BESPENDIT CE QVE SON PERE LVV 
A.VOiT XiAIGNÉ. 



Grands biens auois soubs ton pouvoir, 
Tant qu'vn seul tu n'en peux plus voir; 

De tout en tout : 
Mais ton père aucunement, 
£n a veu le commencement, 

Et toy le bout. 



DVN MESDISANT. 



S'il faut outrager et mesdire 
Ce resueur le sçait très bien dire 
Et s'il faut bien dire d'autruy 
On n'a pas vn seul mot de lui. 



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DES TRISTES. 



éPITÀPHE DE l'ANET DE l'oRME. 



Celui qui gist ici dedans, 
Fut appelle lanet de TOrme, 
Lequel fut si bon en son temps 
Que tous les Toisins sont contens 
Que sans releuer il y dorme. 



DVN QVI PVT PENDV EN ANÀTOMIE. 

En ce tombeau sur colonnes construit 
Gist tout debout meurtrier nommé George, 
Lequel enfin on pendit par la gorge, 
Pource qu'esloit tout à vices instruit. 
Les mesdecins son corps puis ont destruit 
D'y profiter ayant certaine enuie, 
Ainsi porta ce pendu plus de fruict 
Apres sa mort qu'il ne fist en sa vie. 



iPITAPHE O'ISABEAV. 



Regretter on doit Isabeau, 
Nagueres mise en ce tombeau, 
Car si grand' mémoire auoit elle 
Que pour lors que mort la tenoit 
De tous ses faits se souuenoit 
Hormis du temps qu'estoit pucelle. 



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RÉCBÉATION 



DV BIEN QDVN AVEVGLE PENSE AVOIR. 

Celuy qui souffre mal des yeux, 
Souffre aussi grief desplaisir, 
Et n'a à Vaduis de plus vieux 
Rien ne voyant qu'vn seul plaisir, 
Qui est de n'auoir le loisir 
De voir malheur et maux infâmes, 
Rt singulièrement les femmes. 



AVTRE EPIGRAHME. 



Trois maris disputoient ensemble, 
Quelle femme on trouue meilleure : 
L'vn iure son Dieu qu'il luy semble 
Qu'on la prend ieune à la bonne heure, 
La moyenne d'aage est plus meure, 
Dist l'autre, et aime beaucoup mieux; 
L'esprit de vieille est curieux, 
Dist le tiers, d'acquérir du bien. 
Moy, ie tiens auecques les vieux 
Que la meilleure ne vaut rien. 



AVTRE DE TROIS FEMMES PENDVES. 



Ti*ois femmes pendoyent estendues 
De leur long aux branches d'vn orme, 
Vn passant les voyant pendues 



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DES TRISTES. 79 

S'arresia, contemplant la forme, 
De ce spectacle tant difforme, 
Et souuenant des lourds meffaits, 
Par les femmes faite et refaits, 
Dist, Dieu face que le fruit sorte, 
De tous les arbres qu'il a faits 
Tout tel que cest orme 4e porte. 



AVTRE DV CHOIX QVI EST ENTRE LES FEMMES. 

Yn mien amy me demandoit, 
Quel choix y a entre les femmes. 
Et quelle plustost prendre on doit, 
Pour se garder de leurs diffames : 
Toutes contrefont bien les dames 
Luy di-ie, et se font bien yaloir, 
Toutesfois suiuant mon vouloir 
Tu choisiras tousiours la moindre : 
Car moindre mal moins ^ait douloir 
Et moindre aiguillon moins peut poindre. 



AVTRE DE LA lOIE DE MARIAGE. 



En mariage y a deux iours plaisans, 
Les autres tous sont pleins de fascheric. 
Voire et tant fort fascheux et desplaisans 
Qu'en y pensant n'est possible qu'on rie : 
L'vn est le iour premier qu'on se marie 
Car le mary au festin de sa nepce, 
Et au traictoz d'amoureuse négoce, 
La nuict première a son saoul de plaisir; 
Le iour qu'on met sa femme dans la fosse, 
Est le second, mais le premier^ désir. 



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80 RÉCRÉATIOn 



D ALIX. 



N'eust Alix qu'vn petit denier, 
Et fust à demy de faim morte, 
Garde n'auoit qu'au cuisinier 
Pour auoir à manger le porte : 
Nais à quelqu'vn manche de sorte, 
Qui ait yn instrument de poids. 
Gros douant, et dur comme bois. 
Incontinent que Ton le touche : 
Car elle aime mieux mille fois 
Repaistre son bas que sa bouche. 



AVTRE DALIX. 



Ou dit qu'Alix est arrogante, 
Et ie dy quelle ne l'est pas, 
Bien que souuent elle se vante 
Et mesure en allant ses pas : 
De tout cela ie ne fais cas. 
Helas! la panure créature 
Est bien de toute autre nature, 
Que ne disent ces faux menteurs : 
Souuent elle prend sa pasture 
Au dessoubs de ses seruiteurs. 



A VN SE VOVLAMT PLAISANTER D VNE DAME. 

Quelqu'vn voulant plaisanter mi petit 
Disoit vn iour à vne non sotarde, 



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DES TRISTES. 81 

De VOUS baiser i'aurois grand appétit; 

Mais vostre nez qui est trop long m'en garde : 

La dame alors viuement le regarde. 

Puis dist : monsieur, pour si peu ne tenez; 

Car si cela seulement vous retarde 

Fay bien pour vous vn visage sans nez. 



VNE DAME RESCRIT A VN SEIGMEVR QVI LVY 
AVOIT COVPé LA QVEVE AV lEV. 



l'ay ioué rondement, 
Sire ne vous desplaise, 
Vous m'auez finement 
Coupé la queue raise : 
Et puis que ie m'en taise 
lamais ne se feroit 
Mais seriez vous bien aise 
Qui vous la couperoit? 



RESPONSE DV DIT SEIGIIEVR A LA DITE DAME. 



Si la queue ay coupée 
Au ieu si nettement, 
Point ne vous ay trompée 
l'ay ioué rondement : 
Aussi honnestement, 
Faisons marcher qui tienne, 
Pour iouer finement 
le vous preste la mienne. 



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8i RÉCRÉATION 



DVN VSVRIER. 



Vn Vsurier à la teste pelée, 
D'vn petit blanc acheta vn cordeau, 
Pour s'estrangler si, par froide gelée, 
Le beau bourgeon de la vigne nouueau, 
S 'estoit gasté, après rauine d'eau, 
Selon son vueil, la gelée siuniint, 
Dont fut ioyeux : mais quand il s'en reuint 
En sa maison se trouua esperdu, 
Voyant l'argent de son licol perdu. 
Sans profiter : sçauez vous bien qu'il fist, 
Ayant regret de son blanc, s'est pendu 
Pour mettre mieux son licol à profit. 



DVM ORGVEILLEVX EMPRISONNE. 

T'esbahis tu donc point s'on ne souspire 
Et qu'on rit tant, qui se tiendroit de rire? 
De voû* pai' force à présent estre doux 
L'amy de nul, et l'ennemy de tous. 



DANNETTE ET DE HARGVERITE. 



Ces iours passez te fus chez la Kormande 
Ou ie trouuay Annette et Marguerite, 
Annette est grasse en bon point belle et grande 
L'autre est plus ieune et beaucoup plus petite : 
Annette assez m'embrasse et sollicite 



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DES TRISTES. 83 

Mais Marguerite eut de moy son plaisii*, 
La grande en fut (se croy-ie) bien deâpile, 
Mais de deux maux le moindre on doit choisir. 



A VNE VIEILLE. 



Veux-tu vieille ridée entendi^e 
Pourquoy ie ne te puis aymer? 
Amour, Tenfant, mol, ieune et tendre 
Tousiours le vieil sang trouue amer; 
Le vin nouueau fait animer 
Plus l'esprit que vieille boisson 
Et puis 1 on n'oyt bien estimer 
Que ieune chair et vieux poisson 



DV TETIN DE CATIN. 



Celuy qui dit bon ton tetin, 
N'est mensonger, mais véritable : 
Car ie t'asseure ma Catin 
Qu'il m'est très bon et agréable, 
Il est tel et si profitable 
Que si du nez heurtoit quelqu'vn, 
Contre iceluy, sans nulle fable, 
Il ne se feroit mal aucun. 



DE OVY. 



Yn ouy mal accompagné 
Ma triste langue profera, 



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84 RéCRÉATIOlf 

Quand mon cœur du ccn^ps esloigné 
Du tout à TOUS se retira, 
Lors à ma langue demeura 
Ce seul mot comme triste ouy : 
Mais si mon cœur plus resiouy 
Auoit sur vous ce point gaigné, 
Croyez que ie dirois vn ouy, 
Qui seroit mieux accompagné. 



LE SOTHAIT D VN ROGER BONTEMPS. 



Pour tous souhaits ne désire en ce monde, 
Fors que santé, et tousiours mille escus, 
Si les auois, ie veux que Ton me tonde 
Si vistes onc tant faire de cocus. 
Et à ces culs, frappez tost à ces culs, 
Donnez dedans qu'il semble que tout fonde. 
Mais en suiuant la compagne à Bacchus, 
Ne noyez pas, car la mer est profonde. 



DVN ESCOLIBR ET DYNE FILLETTE. 



Comme vn escolier se ioûoit 
Auec vue belle pucelle, 
Pour lu y plaire bien fort Ioûoit 
Sa grâce et beauté naturelle : 
Les letins mignards de la belle 
Et son petit cas qui tant vaut, 
Ha, monsieur, adonc ce dit-elle, 
Dieu y mette ce qu'il y faut. 



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DES TRISTES. 85 



DE SA MAISTRESSE. 



Quand ie vois ma maistresse, 
Le clair soleil me luit, 
S'aillieurs mon œil s'adresse 
Ce m'est obscure nuict : 
Et croy que sans chandelle, 
A son lict, a minuict 
le veiTois auec elle. 



A VNE DAME MOINS PYDIQVE QVE BELLE. 

Fay moy le don de ma requeste, 
Aymé ou hays moy, ce m'est tout vn, 
Mais que ie sois de douze l'vn, 
Et que ie monte sus la beste, 
Au moins i'auray part à la queste, 
Au demeurant accueil commun. 
Guider seul estre ou va chacun, 
Ce n'est que rompement de teste. 



A VNE LAIDERON. 



Quand ie ne te le veux point faire, 

Tu me dis que ie suis chastré, 

Ha, vieille, que diable ay-ie affaire, 

De m'estre homme enuers toy monstre? 

Biais si i'en auois rencontré 

Vne plus ieune, et de tous poincts, 



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86 RéCRÉATION 

Plus mignonne et paillarde moins, 
le Teux que chastré Ton me nomme, 
Si auec mes deux bons tesmoins, 
Ne luy prouuois que ie suis homme. 



DVNE GROSSE GARSE QVI FBtGNOIT ESTRE 
GROSSE d'eNPA»T. 



Alix qui son ventre portoit 
Enflé de neuf mois et sept iours, 
* Et mal à l'amarry sentoit, 
Fait appeller à son secours, 
La sage femme, et force atours 
De langes et de drapeaux appreste 
Gomme femme d'accoucher preste. 
Quand la sage femme approcha 
Leuant vne cuisse despite. 
Son fessier large elle lascha 
Et, criant saincte Marguerite, 
De quatre gros pets accoucha. 



DV DEVIS DE TROIS DAMES. 

Trois femmes vn iour disputoyent 
Gomme en T amoureux entretien 
Les meilleurs instrumens estoyent, 
L'vne assez prise le moyen, 
L'autre le long, Dieu sçait comment : 
Puis dit la plus ieune des trois 
Ma foy vn bien gros le vaut bien, 
Gar il n'est feu que de gros bois. 



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DBS TRISTES. 87 



DE DAME iAQVELmE. 



N'a pas long temps que ie vey laqueiine, 
Seule en vn coin souspirant grandement, 
Mais ie oogneu à sa piteuse mine, 
Qu'elle enduroit vn amoureux tourment : 
Ho, di-ie lors en moy mesme, comment 
Endures-tu douleur tant rigoureuse, 
Veu que tu peux trouuer allégement 
Et g^arison à ta flamme amoiu'euse? 



A VNE dâme. 



S'il est ainsi que peu la beauté dure, 
Faites en part pendant que vous Tauez, 
Si vieillesse est compagne de laidure. 
De la beauté vsez quand vous pouuez : 
Ou si beauté perdurable trouuez 
Et ainsi est que point elle ne meure, 
Faites du bien de ce que vous sçauez 
Auoir en vous étemelle demeure. 



DVN QVI AIME. 

Assouuy suis, et ne me peut suffire, 
l'ay mes souhaits, et sans cesser désire, 
Las ie languy et suis content d'amours, 
le suis tout seul, et si doute tousiours, 
k vostre aduis, dois-ie pleurer ou rire? 



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RÉCRÉATiaN 



DE YOLTPTÉ ET IGNORANCE. 



La volupté et douleur surmonter, ■ 
Ce sont tyrans qu'vn sage peut dompter, 
De l'ignorance est escrit et notoire, 
Qu'on ne sçauroit auoir d'elle victoire. 



QVELLE DOIT ESTRE VNE AMIE. 



le ne veux point pour mon plaisir 
Femme qui soit par trop lubrique, 
le ne veux point aussi cboisir, 
Fenune par trop chaste et pudique : 
Car en l'amoureuse pratique. 
Toutes deux n'entendent point l'art : 
L'vne trop tost veut qu'on la pique, 
L'autre le veut faire trop tard. 



DVN AMOYREVX DE LA VIEILLE IMPRESSION. 



Vn amoureux vne nuict impetra, 
Pouuoir coucher auecques sa maistresse 
Quand vint au poinct elle luy remonstra. 
Le deshonneur qui suiuoit la liesse : 
Le pauure sot en paix dormir la laisse. 
Puis s'excusa qu'il craignoit d'offenser : 
Lors dist quelqu'vn : Ami tu dois penser 
Qu'elle n'eut point d'esgard à l'infamie, 



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DES TRISTES. 

Mais te monstroit, en te faisant cesser, 
Qu'vn sot n'est pas digne d'auoir amie. 



DE CLAVDINE. 

Qaudine me maudit tousiours 
Et de moy iamais ne se taist, 
le puisse mourir s' elle n'est 
De moy esprise par amours. 
Et moy aussi tout au rebours, 
Luy rends maudissons toute telle, 
Mais ie puisse finir mes iours 
Si ie ne suis amoureux d'elle. 



DYNE lEVNE ESPOVSEE. 

L'espousee la nuict première. 
Son mary dessus elle estant, 
Remuoit fort bien le derrière 
Et puis disoit en s'esbatanl : 
Mon doux ami que i'aime tant, 
Fais-ie pas bien en ceste sorte? 
Le mari oyant telle note 
Respond, comme de dueil espris, 
Ouy, que le grand diable emporte 
Ceux qui tant vous en ont appris. 



DV lEV DAMOVRS. 

Pour vn seul coup sans y faire retour 
C'est proprement d'un malade le tour, 



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90 RÉCRÉATION 

Deux bonnes fois à son aise le faire, 
C'est d'homme sain suffisance ordinaire 
L'homme gallant donne iusqu'à trois fois, 
Quatre le moine et cinq aucunes fols. 
Six et sept fois ce n'est point le mestier 
D'homme d'honneur, c'est pour vn muletier. 



EPITAPHE DE LA GRAND NOIRE. 



Cy gist le corps en sépulture mis 
D'vne grand' brune assez belle commère, 
Laquelle elle a, quand il estoit prospère, 
A tous plaisirs de maint homme permis. 
Elle en a fait seruice à ses amis 
Tant seulement : mais la dame très bonne. 
Nuls reputoit estre ses ennemis, 
Et ne vouloit iamais hayr personne. 



EPITAPHE DVN BON MESNAGBR. 

Cy gist qui a tousiours tenu 
Maison ouuerte à tous costez, 
Et si n'eut onc de reuenu 
Deux rouges doubles bien complet. 
Et afin que vous ne doutiez 
De ce que ie vous en rapporte, 
Croyez qu'il fut de telle sorte 
Qu'onc en sa maison mal couuerte 
N'y eust ni fenestre, ni porte, 
Tenoit-il pas maison ouuerte? 



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DES TRISTES. 91 



DVNE lEVNE FILLE ENCEINTE. 



Vn iour aduint qu'vn gallant engrossa 
D'vn tout seul coup vue pauure pucelle, 
Le ventre creut et le fniict s'auança 
Qui descouurit ceste charge nouuelle. 
Ix)rs dit quelqu'vn : Pourquoy auest-vous, belle, 
Fait la folie? Et elle respondit 
Tout simplement comme elle Tentendit : 
D'vn petit membre, en si petit moment 
Peut faire croistre vn si très grand ouurage 
Qu'il n'y a peintre, et fusl-il nompareil, 
Qui peut iamais faire vn si vif ymage? 
Ainsi faisoit la grossette peu sage, 
L'ouurier humain à nature pareil. 



DIZAIN D VNE lEVNE ESPOVSEE. 



Aduint vn iour qu'vne ieune espousée 
Au ieu d'amours encore mal experte, 
Vit vn asnon, puis ietta sa visée 
Sur le pendant. Lors en douleur couuerte. 
Vers ses parens elle fait sa retraitte, 
En leur disant son mary n'auoit point 
Ce qui le coeur des femmes picque et poinct. 
Lors le mary monstra tout son bagage. 
Ha, dist l'espouse, or n'est-ce pas le poinct, 
l'a y veu l'asnon qui en a dauantage. 



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92 RÉCRÉATION 



OIXAIN DALIX ET DE COLIN. 

Yn iour Alix et Colin le berger 

Alloient aux champs iouer sur la verdure, 

Alix luy dit : Voicy vn beau verger, 

Où nous pourrons trouuer quelqu'aduenture. 

Ha, dit Colin, ma tendre créature, 

C'est le lieu mesme où Robinet accole 

Sous les buissons la puissante Nicole. 

Alix alors se met sous vn buisson, 

Colin la suit, et si bien il bricoUe, 

Qu'elle luy dit : Tu sçais bien ta leçon. 



AVTRE DE GVILLOT ET DE COLLETTE. 

Guillot vn iour suyuoit le pasturage 
Accompagné de la brune Collette, 
Luy dit ainsi : Helas ! ton personnage 
Fait que cent fois le iour ie te souhaitte. 
Elle respond : Or suis-ie trop brunetle; 
Mais toutes fois ie suis ferme et durable. 
Guillot voyant Collette eslre amiable, 
La prent au corps, et adonc il commence, 
A s'esbranler, fait le cas délectable; 
Collette dit : Mon ami, recommence. 



DIX AIN DE MARTIN ET DE PERRETTE. 

Perrette vn iour estoit auec Martin 
Dans vn verger, -i'ouys qu'elle disoit : 



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DES TRISTES. 93 

Aniy, ie veux mon petit picotin. 
Mais à ses dits Martin contredisoit ; 
Puis tout soudain Pérrette s'aduisoit 
De descouurir sa ferme cuisse dure. 
Martin alors, gisant sur la verdure, 
Monte et engaine, et Pérrette luy dit : 
Pousse bien fort tandis que le ieu dure, 
Et tu aiu'as vers moy plus de crédit. 



DIXAIN A VNE VIEILLE RTSEE. 



Si ce n'estoit ce petit fardement 
Dont vous vsez, madame la rusée. 
Peu seniiroit tout vostre tracement 
Et n'en seroit mainte face abusée; 
Mais toutesfois vous estes tant vsée 
Que de ma part ie quitte la bataille, 
Soit pour frapper ou d'estoc ou de taille, 
Vieille, ostez-vous du regard de mes yeux. 
Car vous n'auez sur vous harnois qui vaille, 
Encore moins visage gracieux. 



HVICTAIN DVNE VIEILLE QVI AINOIT BIEN 
LA GOVTTE DE BON VIN. 



Vne vieille fit richement pourtraire, 
Vne malade au fond d'vne grand' tasse 
Qu'elle portoit pour son verre ordinaire. 
Et n'y estoit de boire iamais lasse. 
Or en louant souvent de passe passe, 
De ceste image n'auoit aucun remord, 
Mais en la fin, faisant laide grimace, 
Disoit : Amy, ie pleure de ta mort. 




$i RÉCRÉATION 



DIX AIN DES TROVSSEAVX DE ROBIN. 



Vn iour Taffin au gosier sec 
Maria sa grand' fille Bine, 
Mais au trousseau eut du rebec, 
De bled s'en fallut vne mine, 
Parquoy Robin, faisant la mine, 
Voulut renuoyer la fillette. 
Lors dit tout haut la pucelette : 
N'estriuez pour le pain, Robin, 
le ne veux qu'Vne croustelette 
Pour boire trois pintes de vin. 



DYNE POISSONNIERE ET DE SA FILLE. 



Vne diablesse poissonnière 
Estoit vn iour en grand contens, 
Contre sa fille garçonnière, 
En luy disant comme i'entens : 
A la verolle tu pretens, 
Veux-tu tousiours ton plaisir faire? 
HelasI ie croy de vostre temps 
Que vous n'auez rien fait, ma mère. 



LA BEAVTÉ DE LA FEMME. 



Parmy les reins bien fournie a planté 
Grosses cuisses, deuant haut enconné, 



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DES TRISTES. 95 

Gros de plein poing sans estre trop hanté, 
De doux recueil et de rebelle entrée. 
Le ventre espais, motte de frais razée, 
Le cropion tenir directement 
Et son bourdon serrer estroitement. 
le ne m'enquiers de peu ou trop profonde, 
Le compagnon porte ioyeusement 
Parquoy en bien seroit la plus du monde. 



DE MARTIN ET D ALIX. 

Le premier soir qu'Alix fut abbatuë 
Auec Martin au lict de l'alliance, 
Martin luy dict : Il faut que ie te tuë, 
Ma douce amie, pense à ta conscience. 
Elle respond : Dieu me doint patience, 
Que faites-vous, Martin, me tuez-vous? 
douce mort, ô trespassement doux, 
Combien que sois à grand tort condamnée, 
Contente suis de mourir de tels coups, 
Tuez, Martin, ie suis bien confessée. 



AYTRE DE MARGVERITE. 

Le premier coup qu'allay à Marguerite, 
Entre ses bras presque me vis pasmer, 
Mais bien mourir se cuida la petite 
Quand ell' sentit le doux sucre d'aimer. 

Helas 1 ma sœur, 

Quelle douceur, 
Luy disois-ie en la chatouillant. 

Oncque du ciel 

Ne vint tel miel, 
Respondit-elle. en frétillant. 



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96 RÉCRÉATION 



DE ROBIN ESTANT COVCHÉ SVR LA TERRE 
ET DE s'aMIE AVPRES DE LVY. 

Robin couché à mesme terre 
Dessus rberbette près sa mie : 
le crain, disoit-il, le caterre. 
Et elle : Le soleil m'ennuye. 
Mais sotte ne se monstra mie, 
Luy disant en face riante : 
Mets toy sus moy, ie suis contente 
De te seruir de mastelats, 
Et tu seras au lieu de tente, 
Car ombre au soleil me feras. 



AVTRE DYNE DAME A SON MART. 

Ne vueille, amy, prendre en mauuaise part 
Si de toy suis entrée en ialousie, 
Car l'amitié qui mon casât brusle et ard 
Me fait entrer en telle maladie, 
Aussi de peur de n'estre bonne amie, 
Tant que viuray, me met en ce tourment, 
Doncques, amy, si tu as caste euuie 
De m'en oster, aime-moy loyaument. 



AVTRE. 

Peu à peu vostre feu s'estainct. 
De plus en plus le mien s'allume. 



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DES TRISTES. 

En vous fermeté se destaint, 

En moy est plus forte qu'enclume : 

Vostre foy ce n'est qu'vne plume 

Tant elle a de légèreté. 

La mienne est selon la coustume 

Tousiours pleine de fermeté. 



AVTllE DV REGARD DE SA DAME. 

Tant plus ie mets sur ta face mes yeux, 
Tant plus ta grâce en beauté renouuelle, 
Et me souvient du clair soleil des cieux 
Dont la lueur par le monde estincelle : 
Mais cependant que ma flamme decelle 
Auprès de toy qui pareille n'a point, 
Sois-moy autant douce que tu es belle 
En allégeant la douleur qui me poingt . 



DVNE MERE CRAIGNANT QVE SA PILLE NE MOV- 
RVST LA PREMIÈRE NVICT DE SES NOPCES. 

Helas I ma fille, il te tuera 
De son grand diable qui remue. 
Helas 1 ma mère, non fera, 
Assez suis forte toute nuê, 
Bois debout a grand' soustenuë, 
Femme à l'enuers porte beaucoup : 
Il ne m'en chaut pas s'il me tuë, 
Mais que ie meure d'vn beau couj». 



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BéCRÉATION 



AVTRE DE LAVANT A SA DAME. 

Souffrez vn peu que vous baise et accoie. 
Prenez pitié, rigueur soit subuertie, 
C'est à ce coup qu'il faut que ie bricoUe 
Ou bien quitter le ieu et la partie, 
D'vn seul beau coup frappez en chaude colle, 
Vous y pourrez voir la chasse amortie, 
Faut bricoUer tant que la bourre voUe, 
Ou bien quitter le ieu et la partie. 



DV REGRET D V« AMOVRETX. 



Il feroit bon planter le may 
Au petit iardin de s'amie, 
Là ou croist le doux firuit de vie^ 
A ce premier iour de verd May, 
S'il aduient que ie soye guary, 
Gamy suis d'outils qu'il y faut : 
D'eau à l'arrouser point ne chaut, 
Et vous iure, quand à ma peine 
Premier seray mis hors d'aleine 
Qu'au labourage y ait défaut. 



D VN A QVI IL N ENNYYOIT AVEC SA DAME. 

Quand i'ai esté quinze heures auec vous 
A vous baiser du moins cent fois pour heure, 
Disant adieu, ces plaisirs s'en vont tous 



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DES TRISTES. V9 

El en plus grand appétit ie demeure, 
Lors m'est aduis, ou maintenant ie meure, 
Qu'tieure sans vous me dure des iours cent. 
Gomme auec vous, m'amour, ie vous asseure, 
Ce iour n'est plus qu'une heure tost passant. 



d'vn a¥ant trovvé s'amie erdormie. 

Vn Irais matin, dessous vn pauillon, 
 descouuert estoit dormant m'amie. 
l'arriuay là gay comme vn papillon 
Et aisément cuisse et tout luy manie. 
Tout aussitost me suruint autre enuie, 
Vous entendez assez que ie veux dire. 
J'eusse plus eu de plaisir à l'escrire, 
Et n'cust tenu à encre ni à plume. 
N'a parchemin, s'elle n'eut voulu nuire. 
Mais de quoy sert bon marteau sans enclume? 



AVTRE ATX CHANTRES. 

Si i'estois Dieu vous seriez tous mes anges, 
Chantres gentils, plaisans, gais et ioyeux, 
Et ne voudrois rossignols ne mésanges, 
N'autres oiseaux pour resiouyr mes yeux, 
Pour la raison que vous chantez trop mieux 
Que nul oiseau, quelque chant qu'il desgorge, 
Car ce qui part et sort de vostre gorge 
Fait les esprits des humains contenter. 
Voire et si bien que ie veux, par saint George, 
Ne point manger et vous ouyr chanter. 



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100 RÉCRÉATION 



REGRET D VN AYANT PERDV S AMIE. 

é 
Maudite soit la mondaine richesse 
Qui m'a esté m'amie et ma maistresse; 
Las 1 par vertu i'ay son amitié quise : 
Mais par richesse vn autre l'a conquise. 
Vertu n'a plus en amour grand prouesse. 



DVN A QVI SA FEVME ACCOVCHA LA PREMIEHE 
NVICT. 

Vn gros mignon espousa vne fllle 
Qui accoucha des la nuict ensuyuaill. 
Vray Dieu, dit-il, suis-ie bien si habille, 
Du premier coup auoir fait m enfant? 
Gomment cela, toutes les nuicts autant? 
Adieu vous dy, femme qui portez tant. 
Au bout de l'an en auriez à foison 
Et rempliriez d'enfans nostre maison. 



DV« ATAOiT CONTBNTEME!IT D^ SA BAME 
En SONGEANT. 

Si i'ay du bien, helas ! c'est par mensonge, 

Et mon tourment est pure vérité, 

le n'ay douceur qu'en dormant et en songe, 

Et en veillant ie n'ay qu'austérité; 

Le iour m'est mal et Lien lobscurité. 

Le court sommeil ma dame se présente, 



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DES TRISTES. 101 

Et le reueil la fait trouuer absente, 
pauures yeux ou estes-vous réduits? 
Clos vous voyez tout ce qui vous contente, 
Et descouuerts ne voyez rien qu'ennuis. 



D\ MAL D AIMER. 

mal d'aimer, qui tous mai.x outrepasse, 
mal d'aimer, qui tes hommes martyre, 
mal d'aimer, qui veux que ie trespasse, 
mal qui fais que mon las cœur empire : 
Or sus tous maux esponge qui attire 
Complaintes, pleurs, ennuis, gemissemens, 
mal qui n'a deuant ni après pire, 
Vn iour sois las de me liurer tourmens. 



DVN AMANT A SA DAME. 

Or vien ça, vien m'amie Perretle, 
Or vien ça, vien icy iouër. 
Ton cul seruira de trompette 
Et ton deuant fera la feste 
S'il te plaist de nous Taduouêr, 
Nous dirons vne chansonnette, 
Kt sur la plaisante brunette 
Nos deux corps irons esprouuer. 



DYNE DAMOISELLE, ET DVN GLORIEVX QVI 
L*AVOIT EN GO>'VERNEMENT. 

Je m'esbahy, ma damoiselle, 
Que tu te souffres tant garder, 



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102 RiCRÉATION 

Que ny au iour n'a la chandelle 
L'on ne t'ose pas regarder. 
Or si dtray-ie sans bourder 
Que tu n'es point Yo, qu'il faille 
Que luno à garder te baille 
A Argus gamy de cent yeux : 
Nais ton Argus est de ta taille, 
Car il est assez glorieux. 



DixAiN : va-t'bh, et me qviers celle ioyevse 

ET HONNESTE PVCELLE. 

Le verd bouquet de belles violettes; 
Si bien trousêé, si gay, si façonné, 
liequel ie prins entre tes mammelettes, 
Ma douce amour, tel on me l'a donné, 
Tel grand plaisir dont suis enuironné. 
Que iour et nuict luy fay recueil et fesle. 
Le iour cent fois à le baiser m'arreste, 
La nuict le mets dessus mon trauersain. 
Puis quand me prend quelque mal à la leste, 
l'espere en toy, car il vient de ton sein. 



DE s AMIE. 

le ne veux plus mes yeux repaistre 
A contempler ta beauté dame, 
Car quand voy ma maistresse et dame 
îe voy fout ce qui en peut estre. 



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DES TRISTES. 103 



DVN A VNE QVI CHANGEOIT D AMY. 

Tu m'as aymé, ie t'ay aymée, 
Non pour les biens, que peu ie prise 
Aussi i'ai eu la renommée 
D'auoir en toy amie acquise : 
Mais enfin vh autre t'a quise 
Et n'ay de toy sinon refus, 
C'est raison que ie temporise 
Adieu donc m'amie qui fus. 



A ELLE MESME, POYR VNE BOVRSE. 

La bourse que m'auez donnée 
(L'amie que sur toutes ie sers) 
Est bien belle et bien façonnée, 
Et bien bordée de velours pers : 
Mais à bien voir, car i'ay bons yeux, 
Yn mal y a, dont trop ie perds, 
Que ne fut pleine d'escus vieux. 



D ANNE. 

Quand me iouë à Anne elle dit : 
Or déportez vostre ieunesse. 
Or si par ieu ie n'ay crédit 
Ne le puis-ie auoir par largesse, 
Largesse en est la grand prouesse, 
Largesse y vaut plus que sagesse, 
Quand donc la vins par foncemenl 



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101 RÉCRÉATION 

D'vn ieune homme rien que n'est-ce, 
Ce dit Anne, et par mon serment, 
Il faut supporter sa ieunesse. 



D VN AMAWT MALADE PAR TROP AIMER. 

Pour vn amant ressusciter, ^ 

Transi d'amours tant que c'est rage, 

On iuy vient dire et rapporter 

Qu'il prenne vn petit de courage, 

Et qu'il l'aura en mariage. 

Il se guarist, on la marie 

A vn autre, sainte Marie. 

N'en perd-il point l'entendement 

Pour telle proye ainsi pefie. 

Non : mais deux fois meurt seulement. 



QVE L\ NATVRE D AMOVR EST INCONSTANCE. 

Les amours sont comme le ieu de dez, 
Tel auiourd'huy s'en trouue fort heureux 
Qui tost sera en chance malheureux, 
\v le sçay bien, à moy le demandez 



DE DAME lEANNE. 



leanne son tout me communique; 
Elle entend mal sa rethorique, 
Car qui veut estre bien chérie 
Doit faire bien la rencherie. 



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DES TRISTES. i05 

\ 
D*VN LABOVREVR, ET d'vNE IEVNE DAME. 

Vn laboureur au premier chant du coq 
Goquelicoq, sur son labeur se rue, 
En labourant plante charrue et soc 
Si tres-auant que peut tirer charrue. 
Moreau derrière bannit» et Bayard rue, 
Hau hure hau (dit-il de bonne grâce) 
Tirez tout doux, car cesle terre est grasse, 
Apres ce coup espandray la semence. 
Encore vn coup, dist vne ieune garce ! 
He (dit-il lors) pas n'a fait qui commence . 

DE LA BELLE lEAKNE QYI SE La'yOIT A LA 
RIVIERE. 

leanne, au beau mois de may, lauoit 
Son beau gent corps, et en lauant, 
Les iambes et cuisses auoit 
Dedans Teau froide bien auant. 
Le feu que tu portes deuant, 
Luy dis-ie, en l'eau ne s'esteindra, 
Hais s'esteindra en receuant 
Vn pareil feu qui l'atteindra. 



QV IL VAVT MIEVX ESPERER QVE D AVOIR 
lOVYSSANCE. 

Celuy qui veut en amour estre heureux, 
lamais ne doit sa dame requérir. 



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iOS RÉCRÉATION 

Da bien qa'on dit estre si amoureux. 
Qui fait entre eux l'amitié amoindrir : 
Car il est senr ainsi que de mourir 
Que tel plaisir leur amitié decfaasse, 
Parquoy vaut mieux en espérant seruir 
Que de ionyr du bien que Ton pourchasse. 



AVTKE, QV IL N EST QVE lOVTSSANCE. 

Apres auoir longuement attendu 
Sous le confort d'vne ferme espérance, 
le suis au poinct où. i'auois prétendu 
Prenant le fniict de ma perseuerance. 
Lç souuenir de ma peine et souffrance 
M'est vn soûlas accroissant mon {Saisir, 
Ainsi tenant d'vn ^rand bien l'asseurance, 
Pour bien seroir inaccomplis mon désir. 



A LA DAME SAKS MERCY, LARROfiNESBE, ET 
HEVRTRIERE DES CŒVRS. 

Mon cœur va sans cesse après toy. 
Ton œil Temble et met hors de raoy, 
grand' larronnesse de cœurs; 
Par tes regards pleins de douceurs, 
Par tes sousris, beauté, ieunesse, 
Pleine d'amoureuse finesse, 
Tu tiens mon cœur entre tes lacs 
Et luy après le grand helas ! 
Mais s'il te plaist, tourne la chance 
Et luy fais chanter iouyssance. 



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DES TRISTES 107 



DVN QVI ESTOIT MARRY QV ON PARLOIT 
DE s' AMIE. 



Gens qui parlez mal de m'amie, 
Et ne sçauez pas bien comment, 
Vous auez tort, eir ne tient mie 
Propos de vous aucunement; 
Si ie l'aime parfaitement 
Pourquoy en auez vous enuie? 
En despit de vous loyaument 
La seruiray toute ma vie. 



A QyELQVE DAME, POVR LE PRESENT D VN 
BOVQVET DE SOÏE. 

Vostre bouquet est plus riche que moy. 
Car il est tout de fin or et de soye, 
Et dessus moy, or ne soye ne voy : 
. Mais nonobstant que rien moins ie ne soye 
Que son pareil, et que ie ne me voye 
Si richement vestu, paré, aomé, 
Certes iamais ne le refuseroye 
Venant du lieu ou il me fut donné. 



A VNE DAME SVR SON DEPARTEMBM. 

Ton grief départ m'a départi, 
Et ton départ te laisse entière. 
Car mon cœur s'est de moy parti 



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108 RÉCRÉATION 

Pour te suiure à coste ou arrière ; 
Le seul corps demeure derrière : 
Mais tu as mon cœur à toute heure, 
Car auec moy point ne demeure 
auare qui as deux cœurs, 
Rends m'en vn, ou bien ie t'asseure, 
Si ie n'ay les deux que ie meurs. 



CONTRE AMOVR. 

Amour fiiy t'en au loin de moy, 
Auec tous tes banquets et pompes, 
Tu n'es que dueil, peine et esmoy 
El le meilleur enfin tu trompes. 



AVTRE. 

Fuy t'en de moy, fuy t'en arrière 
Car ta beauté tant singulière, 
Trop dangereux mal me pourchasse 
Si tu ne me fais quelque grâce. 



A VNE DAME BELLE, HAIS INCONSTANTE. 

fusses-tu plus laide vn peu, 
Ou bien plus douce et plus constante, 
A ta bonté longtemps i'ay creu : 
Mais ceste beauté tant séante, 
Mon cœur d'vne crainte tourmente, 
De perdre ce que i'ayme ^ant, 
Ainsi, ce qui trop me tourmente 
Desplaist à mon contentement. 



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DES TRISTES. 109 



D VN PROCTREVR DE COWEHT QVI PERDOIT LES 
CAVSES PAR FAVTE DE MENTIR. 

Quelque aduocat de gaigner curieux, 
Par bien mentir tout procez se peut faire 
En vn couuent» moine religieux, 
Et luy receu, on luy commist l'affaire 
De procureur du couuent : mais ce frère 
Du tout perdoit les procez qu'il menoit, 
Lors on s'enquist à quoy cela tenoit 
Dist que c'estoit, pource que de mentir, 
Totallement en procez s'abstenoit 
Dont affermoit pour vray s'en repentir. 



A CELLE QVI DONNA VN DOVX BAISER AVEC 
VN BON MOT. 

Le doux baiser de ta bouche tant saine» 
Qui vn bon mot auecques bonne haleine. 
M'apporta hier : a mis dedans mon cœur 
Très grand espoir d'vn bien encor meilleur. 



d'vN ROY ET d'vn RVSTIQVE, AYANT ACHETÉ 
DES SOVLIERS NEVFS. 

Vn iour vn Roy rencontrant vn rustique 
Lequel portoit des souliers neufs sur soy, 
Luy demanda combien en la boutique 
Du cordonnier Ils luy coustoyent? à quoy : 



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110 RÉCRÉATION 

Or deuinez, monsieur (dit^il au Roy) 
A donc le Roy cinq sols luy yint à dire : 
Vous ne mentez (ce dit-il] sur ma foy 
Que d'vn liard, duquel mot on peut rire 



 VNE BELLE lEVNE FILLE, BRAVE, ESVEILLEE, 
ET PAR TOVr TRIOMPHANTE. 

Si Jupiter ne gouuemoit les cieux, 

Si Appollo ne menoit ses cheuaux, 

Si Gupido n'esloit bandé des yeux, 

Si Mars sanglant n'alloit par monts et vaux : 

Si tous ceux là, entens tu, ma pucelle, 

Gognoissoyent bien le grand prix que tu vaux 

Dedans briefs leurs tu ne serois plus celle. 



TROIS DIZAINS : DE TROIS AA6ES, DES ENFANS, 
DES lEVNES, ET DES VIEVX. 



A Taduenir nous serons tnomphans. 
Puis qu'auons mis nos tendres pieds sur terre, 
Nous sommes beaux, douillets petits enfans. 
Aux papillons nous faisons aspre guerre : 
Auec le temps, honneur pourrons acquerre 
Et les hazards des batailles hanter, 
Quant à présent il nous faut contenter 
Des ans plus froids et les moins vicieux, 
Celuy se peut sans mesprendre vanter, 
Qui ayant veu attend encor mieux. 



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DES TRISTES. ilt 



LES lETNES. 



Tous maintenant nous viuons en liesse 
En la fleur des ans plus vigoureux, 
Mais ceste fleur de la gaye ieunesse 
Produit vn fruict plus qu'autre sauoureux, 
C'est quelque cas de faire l'amoureux 
Lances briser en esclats plus de cent 
L'enfant n'est pas bien et mal cognoissant, 
Le vieil décline en vie languissante 
Si que sur tous le ieune est florissant 
Car bien présent surpasse grand attente. 

LES VIEVX. 

Vescu auons virilement robustes. 
Beaux, aduenans» souples à tous propos, 
Voici crosler nos chefs iadis venustes 
A l'approcher de la fiere Attropos : 
Mais puisque mort trauaillant son repos 
Le vieil en cendre et le ieune réduit. 
Prenons encor nostre tel quel déduit 
Foible est le corps, mais l'esprit se renforce, 
Donc plus d'honneur la vieillesse conduit, 
Car le corps n'est de l'esprit que l'escorce. 



VNZAIN DVN GLORIEVX PRESIDENT. 

Vn président glorieux par nature, 
Cheuauchant près d'aucuns et certains lieux, 
Ouyt sonner les cloches d'auenture. 
Au carrillon, dont il fut bien ioyeux, 
Pensant qu'on fist tel son pour ses beaux yeux, 
Or en feignant n'appeter tel honneur, 
bisoit qu'on fist lors cesser le sonneur : 
Mais luy fut dit par vn quidam que point 



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112 RÉCRÉATION 

On nasoimoit pourluy, ains pour la fesle 
De monseigneur Saint Grespin, par tel poinct 
Monsieur fut veu estre fol manifeste. 



A VNE DAMOISEIXE. 

Bouche de satin cramoisi, 
Qui as douceur en ton parler, 
Œil d'espreuier qui est saisi 
D'vn feu qui semble estinceler : 
Si amour vouloit entreprendre 
Le demeurant de toy comprendre, 
Luy mesme se pourroit brusler. 



A ISABEAV. 

Auecques ie ne sçay quel fard, 
Puis que toy mesme tu es belle, 
La nuict ta face couche à part, 
Et dans cent boêtes on la celé, 
Ainsi le iour tu es pucelle, 
Mais Dieu sçait comme ie l'ay creu 
La beauté tant de fois nouuelle 
Isabeau n'est pas de ton cru 



DVN AMANT REFVSE. 

Soube vn espoir de paruenir 
Tay iusqu'ici beaucoup souffert. 
Mais plus ne veux ce train tenir, 
Puis qu'yn seul bien ne m'est offert, 



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DES TRISTES. Ho 

le laisse donc, comme il dessert 
Amour auec ses arts subtils, 
Et Yeux partout dire en appert 
Fy de Venus et de son fils. 



DYNE VIEILLE 

S'il m'en souuient vieille au regard hideux 
De quatre dents ie vous ay veu mascher : 
Mais vne toux dehors vous en mist deux 
Vne autre toux deux vous en fist cracher, 
Or pouuez bien toussir sans vous fascher : 
Car ces deux là y ont mis si bon ordre, 
Que si la tierce y veut rien arracher 
Non plus que vous n'y Irouuera que mordre. 



DE HACé LONGIS. 

Ce prodigue Macé Longis, 

Fait grand serment qu'en son logis. 

Il ne souppa iour de sa vie : 

Si vous n'entendez bien ce poinct 

C'est à dire qu'il ne souppe poinct, 

Si quelqu'autre ne le conuie. 



C'est à dire (sans me couper) 
Qu'il se va coucher sans souper. 
Quand personne ne le conuie. 



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i14 RÉCRÉATION 



DVN CORDELIER ET D AVCVNS SOLDATS, 

Vn cordelier tomba entre les mains 
D'aucuns soldats, non par trop inhumains, 
Qui luy ont dit: Frater qu'on se depesche 
Faites icy quelque beau petit presche 
Pour resiouir la compagnie toute. 
Le cordelier qui tels propos escoute 
Sans s'effrayer ne les reftisa point, 
Ains se va mettre à prescber en ce poînci, 
On ne sauroit assez vous estimer : 
Messieurs (dit-il) et si veux affermer 
Que vostre estât innocent, pur et munde, 
Semble à celuy de Dieu estant au monde, 
Premièrement, il hantoit les meschans, 
Si faites vous, et les allez cerchans : 
A luy venoyent paillards et publicains, 
Auecques vous sont tousiours les putains, 
Il fut pendu auecques les larrons, 
En tel estât bien tost nous nous verrons, 
Aux bas enfers puis après, descendit 
Vous auez bien vn semblable crédit, 
II en reuint, et aux cieux s'envolla. 
Mais vous iamais ne bougerez de là, 
Voila, sans faute, en oraison petite, 
De vostre estât la louange descrite. 



DE LEAfiDRE. 

Ondes souffrez (disoit l'amant Leandre) 
Que vers Hero ie nage seurement 
Et si ie puis entre ses l»>as me rendre. 
Au reuenir noyez moy seulement. 



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DES TRISTES. il5 



 VNE AMIE. 



Viuons m'amie et nous aimons, 
Et des chagrins yieillards le bruit, 
Pas vne maille n'estimons, 
Le soleil se couche et puis luit : 
Mais nous vne étemelle nuict 
Apres ces briefs iours nous dormons. 
Baisez moy cent fois et puis mille, 
Puis cent, puis mil, puis cent au bo^it : 
Et puis après en vne pille 
Nous confondrons ensemble tout : 
Afin que nous sçachons combien 
Y aurons eu d'aise et de bien, 
El que nul n'en soit enuieux, 
Parce que nul ne sçaura rien 
De tant de baisers gracieux. 



DVHE DAME MAL COfiTENTE DE SON AMY. 

Helas ! m' amour ie pcnsois bien auoir 
Fait à mon gre vn parfait seruiteur, 
Mais faux rapport m'a voulu deceuoir 
Non plus que sien prétendant à malheur, 
Pour de son mal renforcer ma douleur. 
Et qui pis est sans faire longue attente 
M'oste asseurance amoureuse et contente 
Espoir n'ay plus, fortune me le monstre : 
Car si tu n'as aux enuieux attente, 
M(Mt me sera heureuse malencontre. 



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116 RÉCRÉATION 



AVTRE DIZAIIN. 



Si comme espoir ie n'ay de guarison, 

De tost mourir i'aurois ferme espérance, 

l'estimerois ma liberté prison, 

Et desespoir me seroit asseurance : 

Mais quand de mort i'ay le plus d'apparence 

Lors plus en tous apparoist de beauté, 

Dont malgré moy et vostre cruauté 

De plus TOUS voir amour me tient enuie, 

cas estrange, ô grande nouueauté, 

Viure du mal qui de mort donne enuie. 



AVTRE. 

Amour cruel de sa nature, 
Me voyant \ tort offensé, 
A eu pitié de ma poincture 
Et m'a de changer dispensé, 
Disant : pauure homme insensé, 
Si tu passes, il te souuient, 
N'attens ci plus, ce poinct ne vient 
Et pense qu'vne foy faillie, 
lamais plus au cœur ne renient 
Non plus que fait Tame saillie. 



AVTRE. 

Ou mettra t'on vn baiser fauorable 
Qu'on m'a donné pour seurement tenir. 



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DES TRISTES. 117 

Le mettre en l'œil, il n'en est pas capable 
La main n'y peut toucher ou aduenir, 
La bouche en prend ce qu'en peut retenir 
Et n'en retient qu'autant que le bien dure, 
C'est donc au coeur le fait et garde seure 
De ce présent à autre n'appartient, 
doux baiser estrange est ta nature, 
Bouche le prend, et le cœur le retient. 



AVTRE DIZAIN. 

Elle a bien ce ris gracieux. 
Ce gent corps, cesle belle face. 
Et qui vaut encore trop mieux, 
Ce doux parler de bonne grâce : 
Mais elle a encor d'outrepassé 
Cet œil lequel est si riant. 
Qu'à vn chacun si va criant, 
Qu'en elle y a meslé parmi, 
le ne sçay quoy de plus friand 
Qui ne se monstre qu'à l'ami. 



AVTRE. 

lamais ie ne confesserois. 

Qu'amour d'elle ne m'ait sçeu poindre. 

Amant suis et trop le serois. 

Si son cœur au mien vouloit ioindre, 

Si mon mal quiers l'amour n'est moindre 

Moins n'en louéray,le Dieu qui voile. 

Si ie suis fol, amour m'affolle. 

Et voudrois, tant i'ay d'amitié, 

Qu'autant que moy elle jfust folle 

Pour estre plus fol la moitié. 



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11$ RECREATION 



AVTRE. 



Si on doit prendre vn bienfait pour offense 

l'ay desserui grande punition : 

Mais si vertu mérite recompense 

Loyer m'est deu de mon affliction, 

Qui veit iamais auoir affection, 

Est re esloigné de sa dame sans cause? 

Si telle loy se reçoit sur mon ame, 

le feray mal pour estre mieux traicté : 

Car puis que n'ay du bien fait sinon blasme. 

Du mal viendra le bien qu'ay mérité. 



La loy d'honneur qui nous dit et commande, 

De tenir cher et refuser vn poinct, 

Que la pluspart des hommes nous demande 

Gela s'entend à ceux qui n'aiment point : 

Quant est de moy puisque l'amour me poingt 

le tiens la loi desia toute abbatuë. 

Et croy qu'amour veut que ie m'esuertuë, 

Premièrement me vouloit secourir 

Et puis garder vn amy de mourir, 

L'amour duquel autre que moy ne tuë. 



AVTRE . 

C'est vn grand cas qu'amour qui a puissance, 
De nostre corps les mwnbres gouuerner, 



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DES TRISTES. 119 

Quand on poursuit le don de iouissance, 
La bouche seuUe à soy ne peut tourner : 
Mais au contraire elle fait retourner 
Tous ses plaisirs, ses promesses et vœux, 
De crainte et petir en refus furieux. 
Par moy ie sçay dont ie me dois douloir, 
Car en faisant, ie dy bien ie le veux 
Mais en parlant ie ne l'ose vouloir. 



âytre dizain. 

Si i'ay eu tousiourç mon vouloir 
De mettre tout à nonchaloir, 
Par la vertu, or te suffise, 
Et cesse de plus te douloir : 
Car lu. ne pourrois mieux valoir 
Mesprisant ce que chacun prise. 
sotte et mauuaise entreprise 
De me cuider exterminer, 
La gr^ce par vertu conquise 
Et mal aisée à ruiner. 



AVTRE. 

Est-ce au moyen d'vne grande amitié, 

Ou pour raison de grande inimitié, 

Que dessus moy crains ietter tes deux yeux : 

Car cela peut venir de l'vn des deux. 

Parce que l'œil est du cœur la fenestre, 

Et le profond du cœur il fait cognoistre : 

Dont cil qui veut sa passion couurir 

Où son cœiu* tend, ses yeux craint descouurir, 

Si le premier, ô malheur très heureux 

Si le dernier, ô malheur malheureux. 



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190 RÉCRÉATION 



AVTRE. 



le crois le feu plus grand que vous ne dites 
En vostre cœur espris et consumé, 
Car receuant tant de flammes petites, 
Vn bien grand feu s'y peut estre allumé : 
Mais moins tourmente vn mal accoustumé 
Quan! est de moy le temps est mon malheur 
Ou s'y esteint et moy et ma valeur, 
Que ie ne voy feu qui me sçeust esprendre, 
Et quand le vostre auroit plus de chaleur 
Gomme pourroit s'allumer vue cendre? 



AVTRE. 

Si celle là qui oncques ne fut mienne, 
Auoit regret de ne me voir plus sien, 
Festimerois ma prison ancienne 
Bien raisonnable et heureux le lien : 
Mais elle m'a voulu tant peu de bien, 
Que selle a dueil croyez certainement 
Que ce n'est point pour voir l'esloignement 
D'vne personne à elle tant offerte : 
Mais pour me voir esloigner de tourment 
Plaignant mon gain assez plus que sa perte. 



AVTRE DIZ\IM. 

L'esprit confus a plus haut désirer 
Que le prier ne s'est osé estendre, 



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DES TRISTES. 121 

Fait à l'esprit "vne peine endurer, 

Qui ne se peut que de moy seul comprendre? 

Amour le sçait, et ne le veut entendre, 

Raison l'entend et ne le veut sçauoir, 

Las : que de maux pourrois auant auoir 

Qu'ils soyent vnis en vne volonté, 

Puis que l'vn a plus que l'autre pouuoir 

A luy me rends pour estre contenté. 



AVTRE DIZAIN. 

N'espoir, ne peur, n'auray iour de ma vie 
En vostre amour, force est que m'en déporte, 
Si vous auez esté par moy seruie. 
D'oeil et de cœur, deshonneur ne vous porte, 
Quand de l'espoir à raison me rapporte, 
Qu'enuers mon vueil n'auez bonne pensée : 
Quand à la peur, ie vous sens accusée 
D'vne oubliance admise à nonchaloir. 
Sans vous auoir d'vn seul poinct offensée 
Vostre maintien fait changer mon vouloir 



AV1RE DIZAIN. « 

Qui se pourroit plus désoler et plaindre, 

Que moy qui suis de desconfort outrée? 

Qui mieux sçauroit son mal couurir et feindre? 

Vne ne sçay en toute la contrée. 

Toute douleur dedans moy est entrée. 

Et de l'espoir de mon cœur fait sa proye. 

Qui pour plaisir tristesse lui octroyé. 

Dont me cognois à ton dueil asseruie 

La plus des plus malheureuse seroye. 

S'il conuenoit ainsi vser ma vie. 



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I2â RECREATIOU 



AVTRE. 



Geluy qui fut du bien et du tourment 

De mes amours première occasion, 

Par vn regard qui causa proprement 

Plaisir à l'œil et au cœur passion, 

A prins en moy telle possession, 

Que i'aime mieux sa serue lamenter 

Que franche viue ne pouuant contenter, 

D'vn si grand bien que du mien son pouuoir : 

Mais nonobstant s'il me veut reielter 

Si fera il tousiours à mon vouloir. 



A VN AMANT. 

Vous vsurpez, dames, iniustement. 

Le commander, point n'y auez puissance, 

C'est à amour tout le commandement, 

Là où ne sert ne raison ni deffence : 

Sans feu ne fait l'artillerie offense. 

Mais froide elle est et sans nul mouuement, 

Ainsi rendez à l'amour reuerence : 

Car luy en vous son feu est violence. 

Vous en grand heur, honneur, accroissement. 



AVTRE A VNE DAME. 

Baisez moy tost, et ie vousbaiseray, 
Approchez près, faites la belle boudie, 
Ostez la main que ce tetin ie touche, 



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DES TRISTES. 125 

Laissez cela ie vous Tarracheray. 

Mon bien, m'araour, tant ie le vous feray, 

S'il faut qu'Mi iour avecque vous ie couche. 



AVTRE. 

Yne dame par vn matin, 
Apres auoir son picotin, 
Du ieu d'amour non assouuie, 
Vray Dieu, dit-elle, quelle vie. 
Encore vn coup, mon doux ami, 
le ne suis pas saoule à demi. 



AVTRE. 

Quand vn trauail surmonte le plaisir, 
Tant grand soit-il, rend la fin mal contente, 
l'entens très-bien que l'amour violente 
Par quelque temps satisfait au désir, 
Mais en la fin vn trop grand desplaisir 
L'amour, le corps et le penser tourmente. 



AVTRE. 



Passions et douleur 
Qui suiuez tous malheurs 
Suiuez-moy iours et nuicts, 
Souspirant mes ennuis, 
le vis en desespoir, 
U'ame sans nul pouuoir. 



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134 RÉCRÉATION 



AVTRE. 



Moins ie la veux plus m'en croist le désir, 
La désirant on m'en veut diuertir, 
L'vn par rapport et l'autre par desdire : 
Mais puis qu'amour- la m'4 voulu choisir, 
le mourray sien, non pas comme martyr, 
Son œil me veut et mon cœur.la désire. 



AVTRE. 

C'est vn grand mal que le refus, 
Et si n'est-on iamais plaint d'ame, 
le le sçay bien, car quand ie fus 
Vn iour, refusé de madame, 
De dueil me vint à l'œil la larme, 
Et m'en vins tout triste et confus. 



lOYEVSE RENCONTRE. 

L'autre iour, par vn matin. 

Sous une treille, 
Rencontray vn franc taupin 
Faisant merueille. 
De s'amie, vn bruit tel vint à l'aureille, 
Coigne, coigne fort, pousse, frappe, 
Hau, mon amy, cela m'escbappe. 



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DES TRISTES. 125 



DOUZÀIN D*VN CURÉ. 

Nostre vicaire, vn iour de fesle, 

Chanloit vn Agnus gringotté, 

Tant qu'il pouuoit à pleine leste, 

Pensant d'Annette estre escouté. 

Annette, de l'autre costé, 

Ploroit comme esprise en son chant, 

Dont le vicaire en s'approchant 

Luy dit : Pourquoy plorez-vous, belle? 

Ha, messire lean (ce dit-elle), 

le plore vn asne qui m'est mort, 

Qui auoit la voix toute telle 

Que vous quand vous criez si fort. 



A YNE DAME. 

Au temps heureux que ma ieune ignorance 
Receut l'enfant qui des dieux est le maistre, 
Vous cognoissant qu'il ne faisoit que naistre, 
Voulustes bien le nourrir d'espérance ; 
Mais puisque vous et la perseuerance (estre, 
L'auez fait grand, plus qu'autre oncq' ne peut 
En lieu d'espoir, vous le laissiez repaistre, 
Seul à part luy, de mon ma\^ et souffrance : 
Ne pour essay que ie fasse ou effort 
Possible n'est l'osier de sa demeure. 
Car plus que moy il est deuenu fort, 
Malgré moy donc, il faut qu'il y demeure : 
Mais malgré luy aussi ai-ie confort 
Qu'il sortira au moins, mais que ie meure. 



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liG RECRRATIOM 



AVTRE. 



Va rossignol, Tamoureux messager, 
Va faire ouyr à ma seule maistresse, 
Ton chanl ioyeux pour elle soulager, 
Meslé d'amour et d'vn peu de tristesse : 
Qu'est-ce, qu'est-ce, Magdeleine m'amie? 

Qu'est-ce, qu'est-ce, de tant aimer? 
Qu'en dites-vous, Magdeleine iolie? 

Venez, venez vostre amy conforter, 
Accourez tost, plus ne faut seioumer. 
Il vous attend, prenez vers luy l'addresse : 
grand' beauté qu'on ne peut estimer, 
Gardez-vous bien que par vous l'amour cesse. 



AVTRE. 

Secoûcz-moy, ie suis toute plumeuse. 
Que dira-t-on si on me voit ainsi? 
Ha, vous venez, madame l'amoureuse, 
lia, vous venez de voir le vostre amy, 
Secouez fort, ce n'est pas à demy, 
A secouer ie ne suis paresseuse, 
Et haut et bas et au milieu aussi, 
l'aimerois mieux cent fois estre croteuse. 
Car l'on diroit : Du marché doit venir, 
Ou du moulin, comme femme pesneuse. 
Secoûez-moy, ie suis toute plumeuse. 



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DES TRISTES. 127 



AVTRE DVN AMOVREVX. 



Vray Dieu, tant i'ay le cœur gay, 
Fay mené m'amie au verd gay, 

En lieu fort loing de gens. 
Là i'ay fait danser son corps gent, 

La danse du houpegay, 
Vray Dieu, tant i'ay le cœur gay. 



AVTRE. 

Ramonnez-moy ma cheminée, 
Ramonnez-la moy haut et bas, 
Vne dame, la malmée, 
Ramonnez-moy ma cheminée, 
Disoit, de chaleur forcenée, 
Mon amy, prenons nos esbats, 
Ramonnez-moy ma cheminée, 
Ramonnez-la moy iiaut et bas. 



AVTRE A VNE DAME. 

Fait-elle pas bien 
D'aimer qui luy donne? 
Elle est belle et bonne, 
El si ne vaut rien : 
Elle aime le mien, 
Mon pas ma personne, - 
Et si s'abandonne 
A qui luy dit tien. 



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lâS HÉCRÉATION 



AVTRE. 

Sus la rosée m'y faut aller 

La matinée, 
Pour le rossignol escouter 

Sous la ramee, 
Tenant madame sous le bras 
En luy demandant par esbats 

Vne accollee. 
Et puis la renuerser en bas, 
Gomme amoureux font par esbafs 

Sur la rosée. 



DE VENVS ET DE SON FILS. 

Venus vn iour en veneur se desguise, 
Prend vne trompe et l'espieu furieux. 
Le long d'vn bois son Cupide aduise 
Qui empennoit deux traicts bien dangereux. 
Venus prend l'arc et carquois précieux. 
Disant : Mon fils, de tirer ie désire. 
Cupido prend la trompe, puis va dire 
En sousriant, doncques cecy me duit, 
Voilà d'çù vient que Venus tousiours lire, 
Et Cupido trompe de iour et nuict. 



ENCORE DE YEMYS ET DE SON FILS. 

Venus vn iour void son fils reuenir 
L'arc en la main, et en son col sa trousse, 



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DES TRISTES. 129 

Si le regarde et luy va souuenir 

Des maux qu'il fait, quand yn peu se courrouce. 

Lors d'vne voix plus fascbeuse que douce 

Luy dist ainsi : Enfant plein de courroux 

Ne veux-tu point estre aux humains plus doux 

Sans en naurer de playe mortifère. 

Il respondit : Ma mère taisez-vous, 

Ce que ie fay, vous me le faites faire. 



DIZAIN RESPONSIF A VNE AYTRB. 

Plaisir prend cœur et desplaisir s'envoUe 
Toutes les fois qu'à souhait ie la tiens, 
Si de la bouche luy sort vne parole 
Gomme contraint de parler ie m'abstiens, 
 demy mort, près d'elle me maintfens, 
Estant rauy de voir si haute chose 
Puis son regard quand sus le mien repose, 
Tire mon cœur au sien secrettement : 
cœur heureux si en chose si close 
Sçait bien trouuer tout mon contentement. 



AVTRE A s AMIE. 

Puisque ne suis de l'amour asseuré ^ 

Qu'auez en moy, ayant veu vostre lettre 
le soustiendray (car ainsy l'ay iuré) 
Que ie suis mieux qu'vn autre pourroit estre 
Vn poinct y a, qui ma peine fait croistre, 
En vous aymant, c'est que vos subtils yeux 
Ont tel pouuoir et sont si gracieux 
Qu'en les voyant la personne est rauie 
Pourquoy ie crains vn autre plus heiu'eux, 
Ou que les dieux n'ayent de vous enuic. 

6. 

Digitized byCjOOQlC 



130 RÉCRÉATION 



DV DIEV DAHOVRS. 



En vn "verd pré, en bien panure asseurance, 
l'ay veu Amour tout soudain desguisé, 
Nud de tout poinct, dont peu l'en ay prisé 
Voyant tel Dieu n'ayant plus de puissance. 



a vne damoyselle qvi avoit choisi le moys 
d'avril. 

De vost^-e gré auez voulu choisir [ prendre : 
Le mois d'Auril, vous n'eussiez sçeu mieux 
Car le voyant annoncer tout plaisir 
l'ay prins aussi pour loyer en attendre. 
Puis vostre choix comme ie puis entendre, 
Fait sur quelqu'vn son loyal fondement 
En vue aussi est mon contentement 
le ne sçay pas qu'elle en sera la monstre : 
Mais ie sçay bien que le contentement 
Sera heureux si le vostre rencontre, 
Contentement vaut bien mieux que la veuë , 
Ayant cest heur de voir à mon plaisir 
Les tetins nuds et le corps de la belle, 
le souhaitay à mes yeux le loisir 
D'estre esperdus et aueuglez en elle : 
Mais aussi tost que la gente pucelle 
M'eut apperçu honte la surmonta 
Et promptement ce grand plaisir m'osta, 
Eh se couurant, ne voulant estre nue; 
Mais en la nuict tant bien me contenta 
Que sans la voir l'embrassay toute nuë. 



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DES TRISTES. 131 



DE SAUIE. 



Lors que ie Yueil ina maistresse priser 
El luy donner vne louange deuë, 
Amour me dit qu'il faut temporiser 
Car l'amitié seroit trop entendue : 
Mais iouyssant du plaisir de la veuë, 
Et n'en ayant que ce bien seulement 
Contre Amour veut contester fermement, 
Et luy prouuant que ie doy parler d'elle, 
que ne sui&-ie vn Dieu subitement, 
le la ferois comme moy immortelle. 



DVNE DAME A SON AMY. 

Mon cœur et moy sous couuerte pensée 
Soufifrent vn grief fort dur, pour endurer 
Mon cœur s'en fascbe et l'en suis trop lassée, 
Qu'en ce grief mal ne puis longtemps durer, 
Vray est qu'Amour veut pour moy procurer, 
Qui me nourrit d'espérance et attente : 
Mais si espoir bien tost ne me contente 
Conuertissant l'attente en vn plaisir, 
Amour sera cacbé d'vne dolente 
Qui vit l'espoir attendant son désir. 



A VNE DAME. 

En attendant quelque peu de secours 
Douant tes yeux ie lamente et souspire 



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132 RlCRiATION 

Tu peux bien Toir ma langueur tous les iours 
Et toutes fois tu ne t'en fais que rire, 
S'il te plaisoit poiu* remède m'escrire. 
Ou me mander ton plaisir et vouloir, 
le cesserois à me plaindre et douloir, 
Viuant d'espoir qui vrais amants supporte : 
Mais si ton coeur me met à noncbaloir 
le m'en iray mourir deuant ta porte. 



k s AMIE. 

Par vn seul traict de tos yeux flamboyans 
Bruslez m'auez iusques à la chair viue, 
Entrant le mal par les miens trop voyans 
Ce que contient vostre beauté naifue : 
Mais plus i'y pense, et plus le feu s'auiue, 
Plus m'en mets hors, plus ay d'affection : 
quel regard qui donne lésion. 
Et quand il veut la guarison parfaite 
Helas, bêlas, soyez l'escorpion. 
Et guarissez la playe qu'auez faite. 



A VNE DAME. 

Mon cœur voulant par instinct de nature 
Au port d'amours estre vn iour engraué 
Mit voile au vent vagant à Tauenture 
Tant que la langue en ton fort s'est trouué : 
Alors ton cœur d'vne grâce approuuée 
Me présenta des regards et souhaits, 
Ha, dis-ie lors, madame qu'as-tu fait? 
Par ton regard ma douleur est passée 
Dont tu seras si mort ne me deffait. 
Haute en mon cœur et longue en ma pensée. 



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DES TRISTES. 153 



A VNE DAME. 



Est-il possible 6 source de constance. 
Que vous m'ayez esloigné voslre cœur? 
le croy que non, combien que longue absence 
Cause souuent regret, peine et douleur : 
Mais i'ay espoir moyennant la vigueur, 
Qu'auront nos yeux à ce prochain reuoir 
Qu'Amour, mettra nos cœurs en leur devoir, 
Les contentant tant que l'vn des deux meure, 
Dont s'il vous plaist me ferez assauoir 
Quand ie prendray du doux receuoir l'heure. 



A VNE DAME QVI A OVBLIÉ SON AMY. 

Tay veu qu'auoys l'entier gouuemement 
De vostre cœur par honneste alliance, 
I'ay veu qu'auiez du mien semblablement 
Parfaite amour, et bonne souuenance : 
Or maintenant se perd ceste accointance. 
En vostre endroit, d'où vous vient ce malheur? 
Est-ce regret, est-ce peine et douleur 
De ne voir point amour ou son semblable? 
Certes nenny : mais c'est que vostre cœur 
Tient plus du mort que du vif amiable. 



A s AMIE. /\.*'*0>v 



En attendant la responce amiable 
De mon escrit de petite valeur, 



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m RéCRÉATIOll 

le vous supply luy estre fauorable 

Tout aussi bien que s'il estoit meilleur : 

Car s'il estoit possible voir le cœur 

Du suppliant qui se vient à vous rendre, 

Laissant l'escrit, voudiiez le cœur prendre 

Qui tant est vostre, à dire vérité, 

Que mille fois se voudroit rompre et fendre 

Pourueu qu'il eust vostre amour mérité. 



A VXE DAMOISELLEy QUI VOYANT. QVELQV VN 
TOVSIOVRS RIOIT. 

En me voyant, fust-ce cent fois le iour, 
Soudain riez, qui vous cause ce rire? 
Est-ce point l'œil qui veut tenter amour 
Ou votre cœur qui quelque cas désire? 
Las si c'est Tœil ne le faites que dire : 
Car Amour est de moindre cas tenté, 
Si c'est le cœur qui ne soit contenté, 
D'vn doux penser qui luy soit réciproque, 
Ne permettez qu'il soit plus tourmenté 
Car de tant rire il semble qu'on se mocque. 



VN AMANT TRANSI A SA DAME. 

Si vostre cœur ou froidure prend place, 
Veut faire essay de ma grande chaleur, 
En peu de temps la rigoureuse glace 
Sentirez fondre et prendre autre couleur. 
Vous donnerez à ma grande douleur. 
Allégement par la chaleur esteinte : 
Mais si longtemps ie souffre son atteinte 
Sans qu'en prenez pour me donner secours 



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DES TRISTES. 135 

Vous serez cause en oyant ma complainte, 
Que ie mourray, car ie brusle d'amours. 



RESPONCE DE LA DAME. 

Te ne croy pas que douleur corporelle 
Qui vient d'aimer puisse brusler vn corps; 
Ce n'est pas feu, c'est chaleur naturelle 
Qu'on peut ietter facilement dehors, 
Cent fois le ioiu* vous dites estre morts : 
vous amants, bruslant en grand martyre 
Ce mourir-là c'est seulement vn rire, 
Qui trop vous feit en espérant attendre : 
Mais si mouriez comme sgauez bien dire 
Longtemps y a que vous fussiez en cendre. 



DVN CONTENT EN AMOVRS. 

Moins que iamais d'amours ie ne defQe 
Ayant cest heur en aimant d'estre aimé. 
Vienne qui veut mon cœur ne se soucie 
Puisque ie suis d'elle tant estimé : 
Amour n'a pas ce feu donc allumé. 
Sans qu'il n'en sorte vne viue estincelle : 
Mais si le feu, de soy-mesme se celé 
Ou qu'il ne soit ne froid ne chaud aussi, 
Tenter le faut de flamme naturelle 
Et le presser iusqu'au don de mercy. 



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136 RéCRéATlON 



A SAHIE CRAIGNANT L ALLER TOIR. 

Toutes les fois qu'à cest amour ie pense 
Qui vient de vous et de moy seulement, 
Mon pauure cœur me dit que ie m'auance 
D'aller vers vous pour mon contentement ; 
Mais aussi tost que ie fais mouuement, 
Pour y aller vostre honneur m'en retire 
En me disant : Qu'est-ce que tu désire, 
pauure amant, me veux-tu perdre ainsi? 
Lors à ce mot ie ne sçay plus que dire 
Car iFOus perdant ie me perdray aussi 



D VN ROVQVET RECEV DE S AMIE. 

Si le bouquet que i'ay de vous receu 
N'estoit gamy de fleur à moy contraire, 
le penserois si ie ne suis deceu 
Auoir la fin de mes plus grands affaires, 
C'est à l'amant les fleurs sont nécessaires 
Pour en plaisir fauoriser son cœur : 
Mais cognoiisant d'aucunes la rigueur 
Gomme rendant les forces insensées, 
le suis contraint maintenir ma langueur 
En vous mandant que i'ay trop de pensées. 



A VNE DAME TOVCHANT PLVSIEVRS QVl 
PRETENDOTEKT A SON AMOVR. 

Depuis le temps que ie me suis rendu 
Vostre humble serf sans me pouuoir défendre, 



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DES TRISTES. 137 

 vostre amour plusieurs ont prétendu, 
Délibérez me chasser ou tout prendre, 
le ne sgay pas s'ils ont vouloir d'attendre 
Ce que de vous en grand vouloir i'attens : 
Mais si amour, vertu, heur, et le temps 
Au plus loyal se monstrent, il me semble 
Que i'auray tout ainsi que ie prêtons, 
Car i'ayme plus qu'ils ne font tous ensemble. 



VN AMANT EST TOVSIOVRS HOKTEVX. 

Amour vn iour desbanda ses deux yeux, 

Pour contempler ses seruiteurs fidèles. 

Si m'aperceut pensif et soucieux 

Sans dire mot entre deux damoiselles. 

Lors promptement il esbranla ses aisles, 

Et vint vers moy, en me disant ainsi : 

pauure amant que fais-tu tant icy. 

Que ta chaleur n'est point encore esteinte? 

le luy responds en luy criant mercy 

Qu'vn vray amantn'est pointsanshonteoucrainte. 



DV PBOrOS HESHE. 

Incontinent que mon parler cessa, 
Il mit la main à la trousse dorée. 
Et sur nous trois son arc diuin dressa 
En descochant vne flesche aceree. 
Lors i'apperceu que la plus asseuree 
Me tourmentoit pour estre son seruant. 
Et l'autre aussi se mettoit en auant, 
Me suppliant à son propos entendre. 
Ha, di-ie lors, voîcy pis que douant. 
Car ie ne sçay laquelle ie doy prendre? 



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158 RÉCRÉATION 



IL NE FAVT PAS TOVSIOVRS AYUER. 

Double argument deuant moy se présente 
Touchant le mal et le profit d'amours 
L'vn me contraint que de luy ie m'absente 
Et l'autre veut que ie fasse au rebours. 
Si ie le laisse il taschera tousiours 
 me surprendre et me mettre en seruage; 
D'autre costé si ie luy fay hommage, 
Pensant bien faire, il me pourra blesser, 
Il vaut donc mieux que ie me monstre sage, 
Vn iour le prendre et l'autre le laisser. 



AMOVR EST DEMIE VIE. 

Quand vn baiser se prend subitement 
Et qu'il se donne auecques les sousris, 
C'est aux deux cœurs vn grand contentement 
Car ils en sont pour quelque temps nourris, 
Il est bien vray, s'ils se sentent surpris 
De trop aymer que le temps leur ennuyé : 
Car l'vn en a sa pensée rauie 
Et l'autre sent vne extresme douleur. 
Or tout cogneu ce leur est demy vie 
Car vrais amans viuent de leur chaleur. 



ON NE PEVT HONNESTEMENT DONNER SON 
AMITIÉ A DEVI PERSONNES' 

Si vray amour que les diehx font cognoistrc 
En cœurs loyaux ne doit iamais finir, 



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DES TRISTES. 139 

En pourroit on faire forger vn maistre 
Bien promptement pour tousiours le tenir? 
le croy que non : car quand vn souuenir 
Est bien empreint par vn mesrae vouloir. 
Tous les hauts dieux ne leur diuin sçauoir, 
Ne pourroyent pas inuenter le diuorce. 
Donc (enuieux) nul est vostre pouuoir 
Sus nostre amour, car il est en sa force. 



ON NE DOIT JAMAIS MVRMVRER CONTRE AMOVR. 

Fay tant parlé d'Amour et sa puissance, 
Le desprisant ou le prisant aussi, 
Qu'en fin m'a mis en son obéissance. 
Cruellement sans me prendre à merci : 
Car il a fait tout monestre transi, 
En vn moment par vne flesche dui'e 
Que le tourment, lequel tourment i'endure, 
Me fait mourir et viure en languissant : 
que l'homme est malheureux de nature 
De murmurer contre vn Dieu si puissant. 



A VNE DAME POVR AVOIR PITIE DE SON AMY. 

le ne croy pas qu'en si riche visage 
Comme le vostre y ait de la rigueur : • 
le ne croy pas qu'ayez si dur courage, 
De voir mourir vostre humble seruiteur : 
l'ay grand pitié de cognoistre son cœur 
Tant tourmenté poiu* vostre amour prétendre, 
J'ay grand pitié de le voir tant attendre. 
Ce grand thresor qui ne vous couste rien, 
Helasl vueillez à sa prière entendre. 
Le secourant de ce que sçauez bien. 



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140 RÉCRÉATION 



A ELLE HESME. 



Ou vostre escrlt n'est que mensonge et feinte 

Qui m'a promis en amour loyauté, 

Ou c'est qu'auez de m'aider quelque crainte 

Trop vous fiant en vostre grand' beauté. 

Si vostre escrit cache vne cruauté. 

Il faut scauoir sur qui doit cheoir l'offense : 

Mais si d'aimer crainte vous fait deffense 

Plustost deuez le dire que celer, 

Brief, ift diray vostre amour estre enfance 

Si ne voulez tout autrement parler. 



ON NE PE\T AIMER SANS AVOIR DY BIEN 
ET DV MAL. 

Il faut bien dire amour estre grand' chose 
Quand en amour on souffre mal et bien 
Le mal nous prend lors que le corps repose 
Et le bien vient quand on ne pense à rien : 
Las qui pourroit inuenter le moyen 
De destoumer la douteuse pensée, 
Auant qu'au cœur elle fust aduancee 
On ne sçauroit que c'est de desplaisir : 
Mais quand elle est quelque peu commencée 
On est contraint de mal ou bien choisir. 



D VNE DAME QVI CONTENTE LES AMANS 
DE PAROLES. 

le n*en suis plus, et le croyez ainsi, 
De ses amans qui viuent d'espérance, 



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DES TRISTES. 141 

Tant espérer rend vn cœur si transi, 
Qui pense auoir le vray poinct d'asseurance : 
Mais quand le temps luy donne cognoissance, 
Que c'est d'espoir sans q[uelque allégement, 
Il donne fin à vn commencement 
Qui grandement l'esprit et le cœur touche, 
que le tien sçeust le contentement 
Qui suit de près la parole et la bouche. 



A ELLE MESME. 

le la requis de me venir baiser, 

Pour appaiser ma douleur enflammée. 

Ce qu'elle fist, et puis pour ro'appaiser 

Entre mes bras se rendit enfermée : 

Lors la voyant ainsi comme pasmee 

le m'esuertuë auecques doux efforts, 

Et renuersay son tant désiré corps 

La contentant d'vne amoureuse luyte 

franc baiser, ie t'ay aimé des lors, 

Mais tien toy seur que i'aime mieux la suitte. 



A VNE DAME QVI NE SE PEVT DEFFAIRE 
D VN mPORTVN. 

Celuy qui si fort vous muguette. 
Sur son poing portant vn oiseau 
Ne sent point assez la ciuette 
Pour contrefaire vn damoiseau, 
A vrâr son nez et son museau 
Et sa barbe tant bien fleurie : 
A le voir quand il faut qu'il rie 
Ou qu'il profère quelque mot, 



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142 RÉCRÉATION 

S'il estoit au bois quoy qu'on die, 
On le prendroit pour vn marmot. 



DVIf BIEN DAMOVR. 

Au temps qu'amour me celoit sa puissance 
le desprisois sa diuine faueur 
Mais aussitost que i'en eu cognoissance 
Tout aussi tost ie cogneu mon erreur : 
Car en mon cœur s'imprima telle peur 
Kon pas de luy : mais d'vne qui le passe 
Qu'en vn moment ie dits ie me trespasse 
Si mon penser ne sort son plein effect. 
doux amour, tu me fis tant de grâce 
Que rayant dit aussi tost il lut fait. 



DV SECRET DE L AVTHEVR. 

Sinon par mort aux mondains desplaisante 
Rompre ne puis yn regret de mon cœur, 
Regret ayant poincture si cuisante ' 
Qu'il entreprend sur ma force et vigueur : 
S'il se rompoit pour vser de rigueur 
Dissimuler, ou pour se roescognoistre 
Tout peu a peu ie le ferois descroistre, 
Le séparant des esprits trop soudains : 
Mais c'est abus, car cela ne peut estre 
Sinon par mort desplaisante aux mondains. 



VN AVY A SA DAME RIGOVREVSE. 

Quiconque ftit qui nature a rejuris 
De n'auoir mis au corps vne fenestre 



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DES TRISTES. 145 

Certes il lut entre tous bien appris 
Car on eust peu le cœur au vif cognoistre 
Qui n'est tousiours tel qu'il veut apparoistre : 
Or pleust à Dieu qu'ainsi eust esté fait, 
Teusse cogneu que double voulez estre, 
A moy qui suis vray amy et parfait. 



DVN AMANT SB PLAIGNANT A SA DAME NE 
LE VOVLAKT LAISSER lOVYR. 

Ma douce amie en qui i'ay ma fiance, 
Commandez moy tout ce au'il vous plaira, 
De tout en tout l'en fay l'obéissance, 
Que loyaument mon corps vous seruira, 
A tout iamais il vous obeyra, 
Gomme à madame et ma tressouueraine, 
Et si voulez sçauoir comme il me va, 
le meurs de soif auprez de la fontaine. 



DVN AMY NE VOVLANT ABANDONNER SA DAME. 

Est-il possible que l'eusse le courage, 
Si aueuglé que son amour laissasse? 
Est-il possible que son plaisant corsage, 
Que nuict et iour cent fois ne désirasse? 
Est-il possible que tousiours ie n'aimasse? 
Son doux visage et son excellent corps? 
Est-il possible que du tout l'oubliasse. 
Non pour mourir de cinq cens mille morts. 



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144 RECREATION 



DES DAMES QYI NE PRISENT QVE CEVX QVI ONT 
DE l'argent. 

Trouué me suis en vn banquet, 
Auec femmes assez doucettes, 
Qui en desployant leur caquet 
Parloyent du déduit d'amourettes : 
Disant en paroles secrettes 
Plusieurs sont en amour rusez : 
Maû« à présent des mignonnettes 
Les bas de poil sont refusez. 



DYNE DAME OVI NE VOVLOIT DES AMIS. SANS 
SAINTE CROIX. 

Ne vous desplaise mon Gorgias seigneur 
Si en amour ie vous ay esconduit, 
Autre que vous qui se disoit greigneur 
l'ay enuoyé par le mesme conduit, 
Tel a musé à mon huis mainte nuict 
Qui en ses lacs n'a pas la caille prise : 
Car en amour ne sçay nul sauf conduit 
Sans Sainte-€roix, car c'est la grand' église. 



DE LA BEAVTÉ DE LA FEMME. 

Vne dame de parfaite beauté, 
En tous ses faits doit estre modérée, 
Auoir le cœur remply de loyauté 
Maintien rassis, contenance asseuree, 



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DES TRISTES. 145 

Bouche riante, mignonne et sauouree 
Œil verdelet, et de front largement : 
Clair de vis coulouree proprement 
Menton fourchu, et cheuelure blonde 
Humble regard et aller droitement 
Parfaite en bien seroit la plus du monde. 



VNE DAME À SON AMY. 



Mon assotté, mon dorelot, 
Mon doucinet, mon amoureux. 
Mon mignon, mon petit fallot, 
Ne soyez iamais souffreteux : 
Allons nous en ioûer nous deux 
Ne viuez plus sur le commun, 
Frappez fort, soyez courageux 
le vous rendrai deux coups pour vn. 



DYN QVI SE PLAINT DE LA LAIDEVR DE 
SA DAME, ET TOATBSFOIS NE S*EK PEVT 
DEFAIRE. 



Loin de plaisir, plein de tout reconfort 
le suis d'amour si fort enhamaché, 
Que i'en prendray, ce cuiday ie, la mort 
Pour vne vieille qui m'a amouraché, 
Son visage qui est si fort taché 
De gros rubis, que celuy d'vn meseau 
Son hamois sent si fort le renouueau, 
Plus fort cent fois qu'haren qui est en caque 
C'est grand' horreur comme son ventre claque 
Quand on a bien sur son cul martelé. 

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U6 néCRÉATION 

Le cent de teUes ne vaut \n quart de claque 
Mais c'est pour néant l'en suis trop affolié. 



DVKE DAVE REFVSAKT VM AMANT TROP 
GLORIEVX. 

Mon petit corps, tel que vous le voyez, 

N'est pas pour vous, monseigneur l'amoureux 

Vous monstrez bien l'honneur que vous sçauez 

Et n'estes beau, plaisant, ne gracieux : 

le croy de vray que vous venez des cieux 

Et qu'en estes descendu de nouueau, 

Car vous estes encor trop glorieux. 

Ma chair n'est pas pour si meschant oiseau. 



D*VH GALLAKT AVANT TROWÉ VNE FILLE AT 
CELIER. 

Yn compagnon gallin galland, 
Et vne fillette iolie, 
Ouys en vn celier parlant 
Ou ie ne les pensois mie : 
Ne sçay lequel des deux vous die, 
Mais le varlet disoit sus, sus, 
Vostre vaisseau ne rend que lie 
Restoupez, car ie n'en veux plus. 



RESPONCE DE LA FILLE. 

La fillette va respondant 
Sçauez vous esté sur ma vie. 



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DES TRISTES. 147 

Vous Tauez troublé en choquant 
Attendez qu'il se reclaircie : 
Prenez en pinte et demie, 
Meshuy, et demain le surplus, 
Pour Dieu, dit-il, ma douce amie 
Restoupez, car ie n'en veux plus. 



DVNE lEVKB FILLE. 

Celte fillette à qui le tetin poingt, 
Qui est si gente, et a les yeux si verds 
Ne luy soyez ne rude ne diuers : 
Mais traictez la doucement et a poinct, 
Despoiiillez vous en chemise et pourpoinct, 
Et la iettez sur vn lict à l'enuers : 
Desserrez luy les genoux bien a poinct 
En deuisant de plusieurs mots couuerts, 
Et aussi tost que les verrez ouuerls, 
Donnez dedans, et ne Tespargnez point. 



DVN AMOVREVX TENANT SA DAME A SON 
PLAISIR. 

Gisant au lict, tenant ma bien abnee, 
Entre mes bras d'amour fort enflammée 
D'elle receu iouyssance sans si, 
Que vrais amans disent don de merci : 
Qui de l'aimer rend m'amour embasmee 
le la pensois estre de mort pasmee. 
Lors qu'elle fut de mon corps entamée, 
Mais eir me dit, l'on ne meurt pas ainsi. 



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j48 RÉCRÉATION 



DEMANDE D VN AMOVREVX A SA DAME. 

Vous desplairoit-il, 
Qui vous le feroit, 
Tant qu'il suffiroit, 
Sur \n beau coustil, 
Ou en vn courtil 
Ou ame n'iroit? 
Vn mignon subtil 
Qui bien celeroit, 
Et qui s'employeroit 
D'vn vouloir gentil, 
Vous desplairoit-il 
Qui vous le feroit? 



RESPONCE DE LA DAME. 

Faites sans dire, et vous taisez, 
Et sans ce poinct vous vous aisez, 
Garde ie n'auray d'en rien dire 
D'en parlez vous me desplaisez : 
Quand i'endure que me baisez 
Doutez vous que ne m'appaisez? 
S'au surplus ie veux contredire 
Faites sans dire, et vous taisez. 



DES TROIS BIENS QVI RENDENT L AMANT 
HEVREVX. 

Vn doux regard, vn parler amoureux. 
Puis vn baiser receu à sa plaisance, 



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DES TRISTES. 149 

Sont les trois biens qui font Tamant heureux 
Et paruenir au but de iouyssance : 
quel plaisir, madame, et souvenance 
Si Tvn des deux me donnez seulement, 
Car yn seul bien reçeu en suffisance, 
Vaut mieux que trois hors de contentement. 



DVM AMANT ESTANT CHEZ SA DAME ENFERME. 

Amour vn iour d'ardante affection, 
Me fîst cacher en la chambre m' amie. 
Mais endurs^t extresme passion, 
Le faux ialoux d'y entrer eut enuie, 
Auois-ie lors la pensée endormie? 
vous amans, nenny, croyez le ainsi, 
Car n'eust esté amour et elle aussi 
Qui respondit la clef estre perdue, 
l'eusse esté pris, quand ie pense à ceci 
Rostre amitié m'eust esté àer vendue. 



QVATRAIN. 

le n'aime plus corporelle beauté, 
le n'aime plus la mondaine plaisance 
Elle me vient à toute desplaisance 
Puisqu'il y a partout desloyauté. 



TRIOLET. 

Resueillez vous, c'est trop dormy. 
Faisons au dieu d'amour hommage, 



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13U RÉCRÉATION 

N'entradez vous pas vostre amy, 
ResueiUez tous c'est tix>p dormy 
Las ! il n'a bon iour ne demy, 
Pour trop aimer yoetre personne, 
ResueiUez vous, c'est trop dormy, 
Faisons au dieu d'amour hommage. 



VNE DAME A SON AVT. 

l'ay estimé que ce m'est vn grand bien 
D'auoir acquis ta bonne cognoissance, 
Te cognoissant, heureuse ie me tien, 
Car amitié est heur de suffisance. 
Puis la vertu ou de bonne espérance 
Qui tant m'a fait en ce monde escouter, 
Me dit tousiours que pour estre en auance 
le ne dois point de ton crédit douter. 



A VN GLORIEVX MAIrPLAISANT ET DES GENS DE 
BIEN MAL-DISANT. 

On ne sçauroit assez ne trop blasmer 

Le faux parler de ton infecte bouche, 

On ne sçauroit ton vouloir diffamer, 

Car en parlant de soy mesme il se touche : 

Mais vne fois il faut que ie te couche 

En mes papiers, comme l'as mérité : ' 

On cognoistra en pure vérité 

Tes faits infects, et malheureuse vie. 

Ton lasche cœur plein de témérité 

I/honneur d'autruy blasmé par ton enuiu. 



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DES TRISTES. 151 



A LVI-VESIIG; 



Quand (a langue fait son deuoir, 
D'estre picquante, aspre, et légère, 
ï'aymerois mieux ouyr et voir 
Vne orde et pute harengere : 
Laquelle en plein marché s'iligere 
De blasmer I'yu et l'autre aussi : 
Au diable soit la langue fiere 
Du mal disant qui parle ainsi. 



AVTRE. 

Est il point vray, ou si ie l'ai songé, 
Qu'il est besoin m'esloigner et distraire 
De Tostre amour et en prendre congé? 
Las ie le veux : mais ie ne le puis faire 
Que di-ie veux? C'est bien tout le contraire. 
Faire le puis et ne le puis vouloir, 
Car vous auez là rangé mon vouloir : 
Que taschez vous à liberté me rendre? 
Plus empeschez que ne la puisse àuoir. 
Et commandez ce que voulez deffeudre. 



A^TRE D*VNE lEVNE FIANCÉE ESTANT 
AVX ESTVVES. 

Vn iour passé bien escoutoye 
Vne fille secrettement, 



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152 RÉCRÉATION 

En lieu secret démenant ioye 

Qui triomphoit ioyeusement : 

Considérant qu'en mariage 

Deuoit auoir son aduantage, 

Au ioly ieu sans insolence 

Dont elle dit en son langage 

le suis gaye, gaye, gaye pour dimanche. 



AVTRE. 

Si i'ay aimé légèrement 
l'en ay porté la pénitence : 
Mais ie veux faire vue accointance 
Qui ne finisse aucunement : 
Si ie promets asseurement, 
le tiendray foy de mon costé, 
11 me faut trouuer seulement 
Vn cœur pareil en loyauté. 



HVITAIN. 



Deux cœurs voulans par fermeté louable 

Aimer honneur auecques le plaisir, 

Cerchans amour en ses faictz honorable, 

On fait leur bien esgal à leur plaisir 

Or donc amans ne prenez desplaisir, 

De tous souiïrh* et contens les cognoistre : 

Car si voulez amour ainsi choisir, 

Autant comme eux heureux vous pourriez estre. 



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DBS TRISTES. 153 



HVITAIN. 



Trop tost i'ay creu en prenant tel plaisir 
Que le penser sans fin sera durable, 
Mais tout soudain ie l'ay veu conuertir 
En changement, et deuenir muable : 
Qui rend mon cœur par cela perdurable 
Voyant le temps ma mort finir, 
La fermeté me rendant variable 
Gela ne p«ut en mon endroit venir. 



AVTRE. 

Si ta beauté se garnit de prudence, 
Et ton sçauoir mérite recompense. 
Si ton esprit déprise outrecuidance 
Et tu as sens selon ta geniture, 
Qu'est-ce de toy, tu surmonte nature, 
Car tes doux chants et dits tant gracieux, 
Ton beau maintien, ta très belle facture 
Font resioûir maints cœurs solacieux. 



vm amant se plaint de sa dame qvi ne 
l'aime qve povr l'argent. 

Possible n'est d'estre amoureux. 
Et d'auoir bon aduiset ioye, 
Si l'on y est vn temps heureux 
Mille malheurs suiuent la voye * 



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15i RÉCRÉÂTIOfi 

Tu ne m'aimes que pour la proye 
Gomme la lionne le cerf, 
Sire est celuy qui a monnoye 
Mais sans pecune Ton est serf. 



DV« QVI PBESSOIT VNE FILLE D AMOVRS. 

Helas, monsieur, ostez vous tosi, 
Enda ie vous chatoiiilleray, 
La dame ici viendra tantost; 
Par ma fi, ie vous picqueray : 
Escoutezlà, quelqu'vn i'entens, 
Monsieur, vous 'perdez vostre temps. 

Ostez la main de cest endroit. 
Apres, vous n'y auez rien mis, 
le disois bien que l'on viendroit. 
Ne me touschez sous mes habits, 
Cessez donc de me garsoûiller 
Et pensez de vous en aller. 

Autre m'estimez que ne suis, 

Ne me venez plus harceler : 

Non, monsieur, ne me fermez l'huis, 

Cela ne se pourroit celer. 

Le bel honneur que ce seroit 

Quand quelqu'vn nostre fait sçauroit. 

Laissez-moy, monsieur, ie vous pry 
Vne autre que moy vous faudroit : 
Laissez moy, mercy ie vous cry 
Car si quelqu'vn y suruenoit, 
Déshonorée ie serois. 
Et plustost mourir ie voudrois. 

Laissez moy donc icy seulette 
Et vous en allez vistement, 

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DES TRISTES. im 

Ne destachez vostre aiguillette, 
Vous estes ainsi proprement : 
Monsieur ne vous destachez point, 
Vous estes très bien en ce poinct. 

Gognoistre faut deuant qu'aimer, 
De ce mot là soyez content, 
Vous ne vous faites qu'enflammer; 
Monsieur, ne me tastez point tant. 
Et ie vous prie vous déporter, 
Car d'vn doux il vient vn amer. 



Mais qu'est-ce que tant barbouillez, 
le n'entens point ce ieu icy, 
Vous me dites que vous ioûez 
le ne cognois rien à ceci : 
Arrestez vous, quelqu'vn ientens, 
Saint Jean quel ieu, il est dedans. 



SOVSPIR DVN MALADE. 



Helas, mon Dieu, ton ire s'est tournée, 
Vers moy ton serf, qui me poursuit sans cesse, 
La peur que i'ay fait, que l'ame estonnee 
Donne à mon cœur vne extresme détresse, 
Le sens me faut, et vertu me délaisse, 
Tousiours estant douleur deuant mes yeux, 
le te réclame et appelle en tous lieux, 
Pour mettre fin à l'ennuy qui ma poingt. 
Si tu ne veux helas 1 m'enuojfer mieux, 
Au moins mon Dieu ne m'abandonne point. 






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156 RECREATION 



COMPARAISON DE L AMOVR ET DE LA CHASSE 
DV CERF. 

Le cerf lancé et la chasse plaisante, 
Semble ma vie amoureuse et dolente, 
Au laisser courre vn million d'abbois 
Suiuent le cerf par le trauers du bois, 
Yn million de ialoux, et parens» 
Guettans mes pas me tiennent sur les rangs : 

Cbacim alors à grands cris et grande ioye, 
Ck)gnoist du chef la brisée et la voye, 
Ainsi chacun remarque euidemment 
Tantost ma ioye et tantost mon tourment. 

Voila le cerf en esclaue à la suite 
Et me voila amour serf à la suite : 
Helas ie suis le serf de volonté, 
Qui ne voudrois me voir en liberté, 
Qui ne voudrois pas desteller ma teste 
Du iouc si sain dont-ie suis la conqueste. 

Quelque grand Roy de la chasse est le chef, 
Yn Dieu puissant autheur de mon meschef, 
A entreprins sans cesse me poursuiure, 
Et ne me veut laisser mourir ne viure. 

Las quelquefois les chiens sont en défaut : 
Mais sans relâche amour cruel m'assaut, 
Le cerf eschappe auec rases subtiles 
Ruses en moy sont toutes inutiles, 
Et ne sçauroit mon ardente amitié, 
Ce grand veneur esmouuoir à pitié. 
Grand' peur luy fait le haut son de la trompe 
Et moy ie crains que sa bouche me trompe, 



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DES TRISTES. i57 

Et m'est aduis que ses mots tant accords 
Ne sont qu'abois et sons, trompes et cors. 

Le cerf entend que l'on corne sa veuë. 
l'ouure Taureille à la voix qui me tuë, 
Nul n'a du cerf commisération 
Et qui ne rit de mon affection? 

Les chiens courans luy font bondir la terre 
Souspirs, douleurs, sans cesse me font guerre, 
Et ne sçaurois trouuer aucun repos 
Tant est ce feu compagnon de mes os 

Les piqueurs vont chassant de grand' vitesse 

Pour Tattrapper, i'attrappe ma maistresse 

Assez de fois, mais la pensant tenir, 

le ne la puis laisser ne retenir : 

Ains tant s'en faut que ie la tienne prise 

Que i'ay grand' peur qu'vn autre l'ait conquise : 

Vn autre, helas I ô iustice des dieux, 

Destoumez maux et présage odieux. 

Le cerf chassé de l'vne en l'autre sente, 
Bruslant de soif et chaleiur véhémente, 
Cerche les eaux pour l'haleine reprendre. 
Las ie ne fais qu'en larmes me répandre. 
Mais rien ne peut amortir mes douleurs. 
Car mon ardeur fait renforcer mes pleurs. 

Le cerf outré voit sa mort coniurée. 

La mienne amour tiens pourtant asseuree : 

Car il faut bien que ie meure surpris 

Si à la fin ie n'ay ce qui m'a pris. 

En tous endroits, le cerf est plain de crainte, 

A mille peurs ma hardiesse est iointe. 

Tant de cousins et trouppes d'enuieux. 

Dessus ma vie ont destourné leurs yeux. 

Le cerf est prins, il faut qu'il y demeure, 
11 voit sa fin ineuitablc, il pleure, 



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158 RÉCRÉATION 

La larme à VaâX l'attends mort ou merci. 
Mais lorsque i'ay de mourir plus d'enuie, 
Ce qui m'occit me redomie la vie, 
Yoy homicide ou merueilleux effort 
le vy du mal qui me domie la mort. 

• Nous sommes donc en si terribles maux, 
Le cerf et moy en nos malheurs esgaux. 
Fors que luy peut se sauner par boscage, 
Et moy chetif qui est yn cas sauuag-e 
Bien que ie puis es(^apper le danger, 
N'ay le pouuoûr ne vouloir de changer, 
Ains ne pourrois, fust-ce saunant ma vie, 
D'autre beauté, iamais auoir enuie. 



L AMANT A SA DAME. 



Traict, feu, piège d'amours n'a point ars impressé 
Yn cœur plus dur, plus froid, plus libre que le mien, 
Lorsqu'vn œil, vne bouche, vn chef me furent tien. 
Belle qui m'a nauré, enflammé et lassé 
Plus que marbre et que glace en dureté glacé, 
De tout rien ne craignois, flesche, flamme ou lien. 
D'arc de brandon, de lacs? mais d'vn poil le retien, 
Vn baiser, vn traict d'yeux, m'ont pris, bnislé, blessé, 
le suis outré, grillé, lié de telle sorte 

Qu'autre cœur n'est embrasé ni retraint 
De biesseure, breusleure, ou liurée si forte, 
Ce coup est chaud, ce feu profond ardant et fort, 
Qui trauerse mon cceur, le consomme et l'estraint, 
Ne peut guarir, s'estendre, ou rompre qu'à la mort. 



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DES TRISTES. 159 



ÉTERNITÉ DE PEINE. 

lamais œil, bouche, poil de plus rare beauté, 
Ne perça, brusUi cœur plus dur, froid etddiure, 
Que le mien quand ie sçay t'admirer et ensuyure : 
Mais des l'heure i'en fus attaink, ars et dompté. 
Exempt de passion, d'wnours, de loyauté. 
Ne cogBoissois l'enfant qui tant d'assauts me liure, 
Vn œillade me tuê, vn baiser me ftdt iriure, 
Vn ris entre les deux, me suspend et arreste. 
Le trait me naure tant, le flambeau tant m'enflamme, 
Le lien tant m'estraint qu'oncques ne fût dans cœur, 
Coup plus grand, feu plus diaud, plus ferme lien fait, 
La mort, dernier secours, qui tout efface et raye, 
Car l'amour ne meurt point, ne guarira ma playe, 
N'estaindra mon ardeur, nourrira ma prison, 
L'on a point ores lié, de traict, flambeau, cordage 
Au cœur plus dur, plus froid et plein de liberté 
Que le mien quand vn feu le brusle et arresté. 
Il fut premièrement en l'amoureux seruage. 
Plus entier, plus gelé, de plus libre courage, 
Qu'yn rocher, qu'yn glaçon, et qu'vn cerf deresté, 
Ne craignant coup si chaud toutes fois i'ay esté 
Nud, ards d'vn feu, d'vn robuste brasier, pillage; 
le suis percé de trait, et enueloppé de sorte 
Que d'amour enflammé ou arresté si fort. 



A LA VAISTRESSE DE MON NAVRÉ CŒVR. 

Yn œil, vue beauté, vne bouche vermeille, 
Yn ris, vn doux regard, vn baiser gracieux, 
M'ont réduit en amours par le regard des yeux, 



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160 RéCRÉATION 

Yne trop dure mort, qui vers moy trop sommeille, 
De me venir saisir et oster les liens, 
Du traict de la blessure, et d'vn brandon si chaud, 
Que m'ont ietté les dieux de leur throsne tant haut : 
Me comblent de malheur en l'amour si auant, 
Plus que le marbre et glace en dureté glacée, 
Transi, morne, deffait, et tremblant, et peureux, 
le sens en ton absence souuenant de tes yeux 
Vne flamme et vn feu sortant de mes pensées. 
Yn serf captif, nauré dessous la tienne foy, 
Tremble, enuironné de tristesse et d'esmoy, 
Ayant les yeux bandez, ne voyant que ténèbres, 
N'ayant plus rien en soy que toutes couleurs noires : 
Te supplie d'amitié deliurer de prison 
Son nauré cœur, helasl de mal et de firisson. 
Ou bien de cruauté ie t'apelle ma dame. 
Que di-ie cruauté? dans vn si noble coeur, 
le n'en estime rien : mais bien plustost faueur. 
Espère receuoir, allégement des flammes. 
Gupido et tous dieux de l'amoureux plaisir, 
rimplore vos secoiu^ en firappant de vos flesches. 
Le cœur tant gracieux de ma chère maistresse, 
Pour me faire faueur en amoureux désir. 
Ou bien que la mort vienne tost aussi me saisir. 



AVTRE A ELLE ENCORE. 

Que de malheurs approche mes costez. 
Me voyant serf de Tamoureux seruage 
Ennuy, trauail, et peine et forte orage 
Soudaine est cheute «n brisant mes costex. 

Vne maistresse a rauy mes esprits, 
Bruslé mon cœur iusques à la mort : 
le n'ay sus moy vn lieu que desconfort, 
Ne soit planté, et en tous mes sens pris. 



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DES TRISTES. 161 

dure mort, qui tant me fait languir, 
Vien tost saisir cest amant désolé, 
Nauré d'amours sans estre consolé, 
Ne tarde plus à me faire périr. 



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leS RECREATION 

le souffire à tort comme forçaire, 
le doy bien maudire mon mieux. • 

dure mort qui tout efface et rompt, 
Oste mon corps de ce terrestre lieu, - 
Et nie consomme pour mon cœur mettre au lieu 
Où de ma dame il soit ?eu tout en rond. 
Espérant mieux. 



A VNE CRVELLE. 

Puis que de vous ie n'ay antre mage, 

le me vay rendre hermite en vn désert, 

Pour prier Dieu si vn autre vous sert 

Qu'autant que moy en vostre honneur soit sage. 

Adieu amour, adieu gentil courage. 

Adieu ce teint, adieu ces rians yeux : 

le n'ay pas eu de vous grand aduantage, 

Vn moins aimant aura peut estre mieux, 

Que n'ay eu en faisant mon deuoir. 

En bien semant je te suis ennuyeux, 

le te verray mal pour bien receuoir. 

Ton œil bandé n'a peu à ce preuuoir 
Aimant trop mieux d'vn nouueau Tallegeance, 
Laissant le seur pour l'incertain auoir. 
C'est mal couru quand l'on se desauance. 



ROKDEAV d'tN AMANT DÉSOLÉ A SA DAME 
PAR AMOVR. 

Du mal que i'ay, las qui me guarira, 
Si ie l'accuse point ne se prouuera, 



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DES TRISTES. 163 

Je suis nauré, voire à mortelle outrance 
Et si suis seur que sans recognoissance, 
A ma plainte foy on adioustera. 

Ma neufue playe nul sang ne iettera 

Et doute fort que mourir me fera, 

Sans que Ton tienne sur ma chair l'apparence 

Du mal que i'ay. 
Maa ennemie armée ne sera 
En ferrement on ne luy trouuera 
Dont on la puisse charger de cest offence, 
Et qui pis est, i'ay claire cognoissance, 
Qu'vne autre qu'elle guarir ne me poiura, 
Du mal que i'ay, las qui me guarira. 



AVTRE. 

Si le ciel veut, que peut la terre nuire 
Au grand effort de mon pourchas extrême? 
le suis tant loin par amour de moy-raesme 
Qu'il ne me fait que tromper et séduire, 

Youdrois-ie bien follastrement induire 
Que la faneur de riante qui m'aime, 
Soit esgaree, et que loin de son ame, 
Soit le brandon qu'en elle ie voy luire! 

Or s'il est vray, s'il se croit et peut faire 
Qu'amitié soit difficile à defifaûre. 
Par le vouloir des deux encommencee. 

L'air ni le feu, la terre ni la mer, 

Ne nous sauroyent empescher d'entr'aimer, 

Qui aime bien ne change de pensée. 



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M RÉCRÉATION 



AVTRE. 

Quand cest aueugle archer vint loger dans mon cœur. 
Ma volonté n'estoit serue : mais dispensée, 
Sans vaquer çà ne là ferme estoit sa pensée, 
Nous encores baignant en l'amere liqueur. 

Alors ie me voyois de moy-mesme vainqueur, 
Sans trouble, angoisse, amour et ardeur insensée, 
Sans dame ores par moy trop souuent caressée. 
Au tournois cyprien trop ieune belliqueux. 

Ayant donc dedans moy pris sa deuë croissance, 
Et desia paruenu en sa rude puissance, 
Me guerroya si fort de ses traicts amoureux 

Que des coups qu'il me fit en l'un et l'autre flanc, 
Par mes veines coula fil à fil de bon sang, 
Duquel priué seray tousiours mais langoureux. 



AVTRE. 

le cognoy bien ta grand' desloyauté 
desloyalle et trompeuse riante, 
Gognois-ie pas que plus tu es ardante 
En amitié, plus croistta cruauté? 

Se doit loger en si frandie beauté, 
Au cœur si gros et qui se patiente, 
Au mal d'aimer qui malade et dolente. 
Tous Herculius remplis de royauté. 

Tu te dis n'estre en la prison d'amour, 
le croy que si, mais tu ruses d'vn tour 
De flatterie, et comme qu'il en soit. 



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DES TRISTES. 165 

le prie Dieu qu'il te face cognoistre 
Que celle faut, qui dissimule d'estre 
Passionnée, et son amant déçoit. 



AVTRE. 

Baiser souuent n'est-ce pas grand plaisir? 

Dites ouy, vous autres amoureux : 

Car du baiser tous prouient le désir, 

De mettre en vn ce qui estoit en deux. 

L'vn est très bon : mais l'autre vaut trop mieux : 

Car de baiser sans auoir iouyssance 

C'est vn plaisir de fragile asseurance : 

Mais tous les deux alliez d'yn accord 

Donnent au cœur si grand* esiouyssancc, 

Que tel plaisir met en oubli la mort. 



AVTRE. 

Les cerfs en rup pour les biches se battent, 
Les amoureux pour les dames combattent. 
Vn mesme fait engendrent leurs discords, 
Les cerfs en rup pour les biches mugissent, 
Les amoureux pour les dames gémissent, 
Eux et leiurs serfs feroyent de beaux accords, 
Amans sont serfs à deux pieds sur vn corps, 
Ceux-ci à quatre, et vous venir aux testes : 
Il ne s'en faut que ruminer les corps, 
Que vous amans ne soyez aussi bestes. 



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m RÉCRÉATION 



. DE LAMOVR. 

Amour gouuerne la personne, 

Amour au cœur la ioye donne, 

Amour présente tout seruice, 

Et n'y a rien qu'amour ne puisse : 

Amour bien haut entreprendra, 

Amour à son honneur viendra, 

Amour nous dompte, amour nous cha nge : 

Mais n'est-ce pas vn cas estrange? 

On dit qu'Amour n'est qu'un enfant, 

le le trouue vn Dieu triomphant. 



DVN VIEIL AMOVREVX. 

le suis amant en l'extresme saison, 

Près de ma mort ie chante comme vn cigne, 

En att-endant d'icelle guarison 

Qui mon blanc chef prendra pour mauuais signe, 

Roses et lys, le iour, la lune insigne 

Ont la couleur telle que i'ay eslite, 

Doncques amour les armes ie ne quitte, 

Pour me seruir et n'aymer qu'elle seule : 

Si vieil ie suis plus grand' flamme m'incite, ' 

Carie bois sec plus que tout autre brusle. 



A lENIN 

Dimanche vers l'apres disnee, 
Atix t*a battu et cassé, 



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DES TRISTES. 167 

Et tellement s'est indignée 
Que ton cerueau en fut blessé : 
Tu dis (en droit c'est bren pensé) 
Que la personne, lieu, et tenips, 
Aggrauent le fait que i'entens, 
Le fait est faux, monsieur le veau * 
Car pour l'heure que tu pretens 
Tu n'auoisvn brin de cerueau. 



A AMME. 

Souuent me suis de ta grâce repeu, 
Qui seule fit mon amour estre ferme, 
Tu feins beaucoup (peut-estre) et aimes peu, 
Ne rougis point, c'est ainsi ie l'afferme • 
Car ou ie sors ie voy qu'vn autre ferme, 
C'est (tu le dis) aimer entièrement. 
Et ie le croy, Anne piteusement, 
Appriuoisé à tes dis et merueilles : 
Mais pour venir à mon fait rondement 
L'autre a le fruict, et i'adore les fueilles. 



A ROGVET. 

le ne sçay qui te meut, Roguet, 
Faire l'amour à cent pucelles. 
Bien sçay qu'en vain tu es muguet, 
Et que point n'es aimé d'icelles : 
Tu tasches à voiler sans aisles, 
Pour ie ne sçay quelle beauté. 
Tu es lourdement mesconté 
Mais n'en sois pourtant esbahy : 
Car qui s'ayme, sot affecté 
Est souuent des autres hay. 



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168 RÉCRÉATION 



DE N ESTRE lALOVX. 

Si tu cogrnois ta femme à toy fidelle, 
Tu dois sur tout l'aimer et honorer, 
Plus que celuy qui perçoit vice en elle, 
Passionné ou douteux d'empirer : 
L'on voit à tort maints ialoux altérer, 
De qui souuent les femmes chastes sont. 
Et au rebours plusieurs s'en asseurer, 
Qui sur le chef deux belles cornes ont. 



CHOSES MAL SAINES ET CONVENABLES. 

De médecin qui n'entend pas bien l'art, 
D'amy fardé flatteur et papelart, 
De folle femme inconstante et friande. 
De seruiteur qui refuse le lard, 
De maistre fait tout nouueau, d'vn soudard, 
De soupiquet, de poltrons en viande, 
De fins gallants qui refusent demande : 
D'arrest de court où il gist grosse amende, 
D'aduocat ieune, et procureur vieillard. 
De fol prescheur qui tant se recommande. 
De faux notaire ayant main à commande. 
Nous garde Dieu, et de voisin paillard. 



DE MARTIN ET D ALIX. 

Cy gist pour Alix contenter, 
Martin qui souloit plus que dix. 



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DES TRISTES. 



A la rengette cuUeter. 
I*rie Dieu, o toy qui ceci lis, 
Qu'il vueille mettre ce trespassé 
En quelque lieu bien loing d'Alix, 
Afin qu'il repose in pace. 



DE FRERE ANDRÉ, 

Gy gist qui assez mal preschoit, 
Par ces femmes très regretté, 
Frère André qui les cheuauchoit 
Gomme vn grand asne desbaté. 



DE FRERE LYfilN. 

Frère Lubin reuenant de la quesie 
Auoit tout beu et mangé par la Toye, 
Quand fut yemi comme \ne pauuré besle 
Tout le couuent paistre aux champs le renuoye; 
Frères, i'ay prins vue tant belle proye 
Dit-il, monstrant vne garse couuerte 
D*vn habit gris. Lors tous remplis de ioye 
Très Toluntiers luy ont la porte ouuertc 



HVITAINS, DÉCLARANT D*0? TOVT PEVT VENIR. 

D'où vient la source d€ clergie. 
D'où vient la fontaine de sens, 
D'où vient la généalogie, 
Qu'en ce monde sont tant de gens? 
D'où viennent ducs, comtes, régens, 

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170 JRÉCRéATION 

D*où viennent gens d'estat bonneste 
Chacun vient comme ie l'entends 
Autant du cul que de la teste. 

Quand Thomme à femme se marie 
Tant soyent-ils sages et prudents 
11 prend Beatrix ou Marie 
Plus tost au cul que par les dents 
Et puis se frappe là dedans 
Il pousse, et fier, il se tempeste 
Et font là leurs engendremens 
Autant du cul que de la teste. 



RESPONCE D VNE IVIYE A VNE CURESTIENNE 
TOVCUANT LA CIRCO.NCISIOM. 

Vne chrestienne interrogeoit la femme 

D'vn juif touchant la circoncision 

De leur prépuce, et luy disoit : Ma dame 

Estimez vous la circoncision, 

Gomme faisons en grand deuotion 

IjB sainct baptesme et digne sacrement? 

(^ela, dil-elle, estimons nuU^nent, 

Car aux enfans la chair voyons oster 

Qui diminue vn men^e et instrument 

Qu'il vaudroit mieux ce me semble augmenter. 



OIXAIN. 

La nuict passée en mon lict ie songeoye, 
Qu'entre vos bras vous tenoye nue à nud 
Mais au resueil se rabaissa ma ioye 
De mon désir en dormant aduenu ; 
Adonc ie suis vers ApoUo venu 



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DES TRISTES. 171 

Lui demander qu'aduiendroit de mon son^e. 
Lors lui ialoux de moy, longuement songe 
Puis me re^p(md, tel bien ne peux auoir : 
Hélas m'amour fais luy dire mensonge, 
Si confondra d'Apollo le sçauoir. 



DV SONGE DV!(E BONPIE DAME. 

Hasardeux peosent à leurs dez, 

Luxurieux à leurs delictz, 

Et Irippières à leurs andouilles ; 

Et pour mieux confirmer mes dictz, 

Celle-là ne bayt pas les Titz 

Qui a songé la foire aux couilles. 



D'vHE QVI alla voir LES BEAVX PERES. 

Vne catin, sans heurter à la porte 

Des cordeliers, iusqu'en la court entra, 

Long temps après l'on attend qu'elle en sorle, 

Mais au sortir on ne là rencontra : 

Or au portier cecy on remonstra, 

Lequel iuroit iamais ne Tauoir veue, 

Sans arguer le pro, ne le contra, 

A Tostre aduis, qu'est-elle deuenue? 



A VME DAMOISELLE. 

Bouche de satin cramoisi, 
Qui as douceur en ton parler. 
Œil d'espreuier qui es saisi 



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nS RéCRÉATIOM 

D'vn feu qui semble estinceller, 
Si Amour vouloit entreprendre, 
Ce que tu vaux de bien comprendre, 
Luy-mestne se pourroit brusler. 



A ISABEAV. 

AYiecques ie ne sçay quel fard 
Plus que toi-mesme tu es bâle. 
La nuict ta face couche à part 
Et dans cent boëtes on la celé. 
Ainsi le iour tu es pucelle 
Mais Dieu sgait si cela est creu 
La beauté tant de fois nouvelle 
Ysabeau n'est pas de ton creu. 



LE SVBTIl LARRON. 

Vn bon barbier faict peu d'incision ; 

Tour grosse pierre arracher et extraire, 

Vn caut larron pour sa prouision. 

Par petit trou sçait grand butin attraire. 

Mais vn regart en faict tout au contraire : 

Qui mect par l'œil et imprime au dedans 

Tout vn grand corps, dont languissent prou dans, 

L'ame et le cueur sans trouuer medicine. 

Trompez y sont les sages et prudens, 

Car telle plante a bien tosl grand racine. 



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DES TRISTES. 173 



DVN AMAHT. 



Amour, ie ne sçay comment cest, 
Hais sans cesse ne sans arrest, 
Dedans le ventre me frétille 
Il me débat, il me pétille. 
Comme les fenmics, à mon tour. 
Ne serois ie point gros d'amour? 
Or, ie prie (îoncques saincte Auoyo, 
Que descharge test et à ioye : 
Saincte Près et saincte Concorde, 
Saincte Grâce et Miséricorde, 
Saincte Gente et saincte Menue, 
Saincte Abas et saincte Corps nue, 
Saincte Blonde et saincte Ragonde, 
Et saincte première ou seconde, 
Saincte toute et saincte chacune, 
Saincte Claire et saincte Opportune, 
Saincte Adresse et saincte rencontre, 
Qu'elles m'enuoyent bonne rencontre. 



AVTRE. 

Vn chien couchant ia bien ne chassera 
Qui par les mains de diuers passera: 
Vn seul le doit réduire à sa cordelle. 
Vn fauconneau soudain se faucera 
Changeant de maistre et quelqu'vn blessera. 
Garde le hurt de la demy rondelle. 
Venons au point : femme qui n'est fidelle 
N'a pas long cours, l'on dit bientost fy d'elle, 
Car à la fin cogneu son cas sera. 
Tout vient à iour, combien qu'on le recelle. 



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174 BéCftéATION 

A deux cheuaux si mettez yne selle 
L'?n ou tous deux elle vous cassera. 



DE FRERE lEAN ET DE Là VIEILLE. 

Vue vieille vu iour confessoit 
Ses offences à frère lean 
Et ceste vieille ne cessoit 
De vessir de crainte et d'ahan. 
Ce pauure frère disoit : Bran, 
Vertu sangbieu, voicy merueiile, 
Depeschez vous. Lors, dit la vieille, 
Conseillez moi, mon père en Dieu. 
Parbicu, dit-il, ie te conseille 
Aller vessir en autre lieu 



A VUE DAME. 

Aux Innocents quand vous me distes 
Que priasse bien Dieu pour vous 
le le fis, donc par mes mérites 
le veux gaigner vostre cueur doux. 
Plus de cent fois, mais à tous coups, 
Disois ainsy ma patenostre : 
Le dieu d'amours la face nostre. 
Mon cueur deuot à vostre aui» 
Priant si fort Tamour du vostre 
Prioit il pour les mors ou vifz? 



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DES TRISTES. 175 



A BELINE. 



Pour beau babil, pour rire et dégoiser, 
Entre cinq cents, ie te Youdrois eslire 
Ce doux caquet me force à te priser. 
Bien que ton teint, Beline, faict du pire 
Et contre toy se débat et conspire. 
Tu sçays causer (on le sçait) proprement 
Mais ta laideur effroye grandement 
Ainsi tu as en toy discord et schisme 
Car ton parler coule disertement 
Mais ta beauté faict vn lourd solécisme. 



DV POVVOIR DAMOVR. 

Vn tertre fust herbu et ombrageux 

Plus bas qu'vn mont, mais plus haut qu'une plaine, 

Où vis les dieux liez d'estroicte chaîne 

Par Gupido félon et outrageux. 

Incroyable est la grande peur que i'euz 

Voyant souffrir lupiter teUe peine, 

Cygne ou thoreau comme Amour le pourmeine, 

Accompagné de Mars le courageux. 

le vis PiUton du flambeau consumé 

Qui a dans l'eau Neptunus allumé, 

En^mesme neud les satyres se treuuent. 

Bref, l'Amour met tous ces dieux en prison 

Et les grands roys et dames à foison. 

Car contre Amour, hommes ne dieux ne peuuent 



FIN. 



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NOTES 



Page 5. Une dame en amour grand proye. — Cette 
pièce se trouve également dans le Trésor des Joyeuses 
inventions, enrichy de plusieurs sonnets et autres 
poésies pour resjouir les esprits mélancoliques. Rouen, 
Abraham Cousturier, 1599, in-12 de 95 pages (P. 62). 

Page 6. Pauline est riche et me veut bien. — Cette 
épi gramme est de Clément Marot. (Voir l'édition in-i2 
de Lenglel du Fresnoy, t. III, p. 178.) Elle est imitée 
de Martial (liv. X, ép. vin). L'édition de Martial dont 
je me sers est celle de Leipzig, Tauchnitz, 1829,in-i6. 
Voici l'épigramme de Martial : 

DE PADLLA. 

Ntibere PauUa cupit nobis : ego ducere Paullam 
Noio; anus est, vellem si œagis esset anus. 

Page 7. Un advocat dit à sa fenune.— Une épi- 
gramme à peu près identique se trouve dans Clé- 
ment Marot (t. III, p. 182-183). 

Page 8. le suis amant en l'extresme saison. — Se 
retrouve plus loin (p. 166), avec quelques change- 
ments insignifiants. Cette épigramme fait partie du 
Trésor des Joyeuses inventions, 1599, p. 61. 

Page 9. Ne nuict ne jour je ne sommeille, — Tré- 
sor des Joyeuses inventions, p. 61 . 

Ibid. Une dame qui d'amour tient. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 61-62. 



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NOTES. 177 

Page H. A une dame de Bretaigne. — Traor des 
Joyeuses inventions, p- 64-65. 

Page 12. Le petit Pierre eut d'un juge option. — 
Est de Clément Marot (t. III, p.*187). — Voir aussi \v 
Trésor des joyeuses inventions, p. 65. 

Page 13. Ces jours passez quelqu'un tout à loisir. 
— Trésor des joyeuses inventions, p. 64. 

Page 14. Une dame de taille haute. — Trésor des 



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17« NOTES. 

Page %i. Si Dieu Touloit pour un jour seulement. 
Trésor des joyeuses inventions, p. (tt. 

Ibid. Son pouifoir est de me faire oul>lier. — Tré- 
sor des Joifeuses inventions, p. 63. 

Page 24. Feu, femmes, mer, sont trois choses sur 
ferre. — Ttesor desjojfenies inventions, p. 60-70. 

Ibid. Un gentilhomme ayant tout le visage. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 70. La même épi- 
gramme se lit dans le Plaisant àoutekors d'oysioeté, 
réimprimé par M. de Montaiglon, dans le tome VII 
r!ii Recueil de poésies flrançoises des quinzième et 
seizième siècles. (Voir. p. 174.) 

Qânent Marot, dans son épltre ix (t. Il, p. 36), a 
équivoque également sur le mot fiiucon : 

Quant est de moy, jeunesse pauvre et sotte 
Me fit aller en ceste dure flotte, 
Port mtl garny de lances et esois : 
Semblablement le gentil dieu Bacchus 
M*y amena accompagné d*andouilles, 
De gros jambons, de Terres et gargouilles. 
Et de bon vin versé en main flacon; 
Mais j'y receus si grand coup de faucon 
Qu'il me fallut soudain faire la poulie 
£t m'enfuyr, de peur, hors de la fonlle. 

On peut rapprocher également de cette épigramme 
le couplet fait contre le duc de Mayenne, couplet cité 
dans les Remarques de la Satyre Menippée, édition 
de Le Duchat. (Voir l'édiUon de 1752, t. Il, p. 26.) 

Que chacun preste l'oreille, 
Et vous orrex tantost merveille 
De l'effet du catholicon; 
La drogue est si souveraine 
Qu'elle a guery pionsieur du Maine 
De la morsure d'un fiiuxcon. 

Page 25. Colette a, je vous le confesse. — Trésor 
(teit joyeuses inventions, p. 46. 

Ibid. Vous estes belle en bonne foy. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 45, est de Glanent Varot 



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NOTES. W 

(t. III, p. 173); c'est une imitation d'une épigramme 
de Martial : 

AD FABULLAM AMBITIOSAM. 

Pella es, novimus, et puella : vënim est, 
Et dives; quis enim potest nogare? 
Sed dum te nimium, FabuUa, laudas, . 
Nec dives, neque belle , nec puella es. 

(Liv. 1, ép. Lxv.) 

Page 26. Macée me veut faire accroire. — Voir 
le Trésor des joyeuses imetUionSy p. 67-68. 

Clément Marot est l'auteur de cette épigramme 
(t. III, p. 177), dont l'idée appartient à Martial : 

DB LBSBIA. 

Leâbia se jurât gratis nunquam esse fututam : 
Verum est, cum futui vult, numerare solet. 

(Liv.XI, ép. Lxii.) 

llnd. Cil qui mieux aime par pitié. — Trésor des 
Joyeuses inventions, pi 19. Cette épigramme est de 
Marot (t. III, p. 166), qui a encore imité Martial : 

DE UNO. 

Dimidium donare Lino quam credere toluni 
Qui ma vult, ma vult perdere dimidium. 

(Liv. 1, ép. Lxxvi.) 

P|ige 27. Un lieutenant vuidoit plus volontiei's. -— 
Est de Clément Marot (t. III, p. 69). 

Ibid. Nenny desplaist et cause grand soucy. — Est 
('e Clément Marot (t. III. p. 108). — Se retrouve 
dans le Trésor des joyeuses inventions, p. 59. 

Page 28. Sais-tu, ami, quelle est ma mie. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 69. 

Page 29. Si tu cognois une femme fidelle. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 69. 

Page 31. Allons aux champs sur la verdure. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 67. 

Page 32. Un jour au bois sous la ramée. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 68. 



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180 ROTES. 

Page 33. Alix avoit aux dents la malle rage. — 
Trésor des Joyeuteê inventions, p. 68-69. 

Ibid. Le lendemain des nopces on vint voir. — 
Cette épigramme est tirée du Recueil de vraye poé- 
sie firançoise, 1544, in-S* de 56 feuillets non cfait- 
frés; elle a été insérée, bien qu'elle ne soit pas de 
Marot, dans l'édition de Lenglet du Fresnoy (t. VI, 
p. 267). 

Page 35. Martin estant en taverne bourgeoise. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 56. 

Racan a imité cette épigramme dans une pièce de 
vers peu connue, et que nous croyons devoir repro- 
duire. ^Voir l'édition de Racan, donnée par M. Tenant 
de Latour, 1857, t. K p. 327.) 

HISTOIRE VéRlTABLE. 

Robin en faisant ses adieux. 

Cependant qu'on chargeoit les malles, 

Baisoit Tbostesse dans les lieux 

Les plus secrets et les plus sales, 
Quand l'hoste s'écria, pressé d*un lavement : 
Ouvrez, je n'en puis plus, ouvrez-moy promptement. 
L'aisement a deux trous, ouvrez, de par le diable. 
Ouvrez, nous y tiendroLS commodément tous deux. 
A quoi Robin repond d'une parole affable : 
Ce que vous dites, l'boste, est certes véritable. 
Mais j'en occupe l'un et l'autre est tout foireux. 

Une pièce du même genre se trouve dans le Re> 
cueil de Caron (Voir le Plat de carnaval ou les Bei- 
gnets apprêtés par GuiUaume Bonne-Pâte, 1802, 
p. 45 et 46) : 

LES LIEUX A l'aNOUISE. 

Dans un réduit nommé lieux à l'anglaise, 
Un moine etoit avec la femme à Biaise; 
Dans cettui lien deux lunettes estoient. 
Or dans le temps que nos gens s'ebattoient. 
Vient le mari pressé d'un cours de ventre. 
Qui frappe et dit : Pour Dieu, veuillez que j'entre, 
ie connois le local, on y peut tenir deux. 
Eh non, non, répondit Tapotre, 



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MOTEs. m 

Que diable ! je suis sur les lieux : 
Nous serions trop près l'un de l'autre. 

Page 36. Un jour Robin vint Margot empoigner* 
— Trésor des joyeuses inventions, p. 66. Cette épi- 
gramme est tirée du Recueil de vraye poésie, et re- 
produite dans l'édition de Clément Marot, de Lenglet 
du Fresnoy (t. VI, p. 264). 

Ibid. Robin mangeoit un quignon de pain bis. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 51. Reproduite 
dans Marot, t. YI, p. 263; mais cette pièce, pas plus 
<ïue la précédente, ne sont de Marot. Cette épigramme 
est tirée du Recueil de vraye poésie. 

On peut rapprocher de cette épigramme la pièce 
suivante, de Mellin de Saint-Gelais [Œuvres poétiques 
de Me'Hnde Saint-Gelais, 1719, p. 70) : 

DE ROGER ET DE MARIOIf. 

Roger rongeoit un quartier de pain bis 
Bas accroupi les genoux au menton, 
Et Marion qui gardoit ses brebis, 
Yid tout à nud, par sous son hocqueton, 
Je ne sçay quoy roide comme un baston. 
Si s'en approche, et en tendant la main 
Luy dit : Roger, donne moy de ton pain, 
Et nous ferons après tous deux la feste. 
Mon pain vaut mieux, respondit le vilain, 
Et n'en fit rien : Qu'au diable soit la beste ! 

Ibid. Un mari se voulant coucher. — Cette épi- 
gramme assez grossière est de Mellin de Saint- Gelais 
(Voir l'édition de 1719, p. 230) : on la retrouve dans 
le Pantagruel, de Rabelais, nouveau prologue du 
1 vre IV. 

Page 37. En devisant à la belle Catin. — Pièce ti- 
rée du Recueil de vraye poésie, et reproduite dans 
le Marot, de Lenglet du Fresnoy (t. VI, p. 2H4). 

Ihid, Un trop tost marié mary. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 88. 

Page 40. Quand je voy Barbe en habit bien dui- 
sant. — Est de Clément Marot (t. III, p. 126). 



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m MOTES. 

Page 41. Fleur de quiaze ans, si Dieu vous sauve 
et garde. ^ Est de aément Marot (t. III, p. 107). 

Ibid. Savex-vous la raison pourquoy. — Est de 
démesDi Marot (t. III, p. 38). 

Ibid. Je m'en vay tout vestu de gris. — Est de Clé- 
ment Marot (t. lil, p. 30). 

Page 42. Un doux n^uiy avec un doux sourire.^ 
Est de aément Marot (t. III, p. 107]. 

Page 43. Si j'ay contant un beau cheval payé. — 
Est de Qément Marot (t. III, p. 148-140). 

Ibid, Martin estoit dedans un bois taillis. — Est 
de Clément Marot (t. III, p. 147). On peut comparer 
à cette épigramme celle de Régnier intitulé : Liberté 
dans le chemin du roy; Dan$ un chemin un pays tra^ 
versant, etc. (Voir l'édition publiée par M. Prosper 
Poitevin. Paris, Delahays, 1860, in-12, p. 306.) 

Page 44. Catin veut espouser Martin. — Cette épi- 
gramme est de Clément Marot (voir t. III, p. 176), et 
est imitée de Martial : 

IN PAULLAM. 

Nubere vis Prisco, non miror, Paulla, sapi^ti : 
Ducere te non vult Priscus et ille sapit. 

(Liv. IX, ép. VI.) 

Ibid. Bran, laissez-moy, ce disoit une. — Est de 
Clément Marot (t. m, p. 444). 

Page 45. Recepte pour un flux de bourse. — ^i- 
gramme tirée du Becueil de vraye poésie, et jointe à 
rédition de Marot, de Lenglet du Fresnoy (t. VI, 
p. 267). 

Ibid. Si toute la mer ancre estoit. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 48. 

Page 47. Margot s*endormit sur im lit. — Cette 
épigramme a été reproduite à tort comme étant de 
Régnier, dans l'édiUon de M. Poitevin, 1860, p. 335. 

Page 48. Un gay berger prioit une bergère. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 50-51. 

Page 40. Une belle jeune espousée. — Se trouve 



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NOTES. 185 

dans les Pûesi€9 de MelHn de Saint-Oelaiêf édition de 
1719, p. 250 (a?ec quelques variantes). 

Page 50. Un prestre fut qui mit au feu un œuf. 
^ Épigramme reproduite dans la Synatkrim alUtt, 
recueil confia fait par Jean des Planches. Rouen, 
Michel TertuUer, 1579, in-8» de 62 pages (p. 8). Il y 
a une édition antérieure sous ce titre : Premier livre 
de la Synathrisie au Recueil confus, fait par Jean des 
Planches. Imprimé à Dijon, MDLXVII (1567), in-8» de 
54 pages, plus quatre feuillets non chiffirés (Dialogue 
d'un philosophe et d'uti pou, traduit d'italien par 
L. D. J.). 

Page 51. Le vin qui m'est si cher vendu. — Tiré 
du Recueil de vraye poésie, et donné dans le Ma tôt, 
de Lenglet du Fresnoy (t. VI, p. 260-^61). 

Page 55. C'est grand pitié de m'amie qui a. — 
Cette épigramme est de Clément Marot (t. III, pl71- 
175). On peut rapprocher de cette] épigramme la 
pièce de Mellin de Saint-Gelais intitulée : Ih Mélanco- 
lie de Catin, p. 69. 

Ibid. Tu as tout seul, Jan, Jan, vignes et près. — 
Est de Clément Marot (t. III, p. 167], qui a imité ces 
vers de Martial : 

m CANDIDUM. 

Pnedia solus habes, et solus, Candide, nummos, 
Aurea solus habes, myrrhina solas habes. 

Massica soins habes, et Opimi ccBcoba sohis, 
Et cor solas habes, solus et ingeBium. 

Onmia sslus habes : hoc me puta y elle negai'e : 
Uxorem sed habes, Candide, cum populo. 

(Liv. m, ép. XXVI.) 

IMd. Toujours voudriez que je l'eusse tout droit. 
— Est de Clément Marot (t. III, p. 176-177). Cette 
épigramme est imitée de Martial (liv. VI, ép. xini) : 

» LCSBUM. 

Stare jube:» nostrum semper tibi, Lesbia, peneni, 
Crede mihi non e:>t mentnU quod 4igilu8; 



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184 NOTES. 

Tn Uoet et manibus, blandis et vocUms vastes. 
Contra te faciès imperiosa tua est. 

Page 54. L'abbé a un procès à Rome. — Est de 
Marot (t. III, p. 109); également imité de Martial, 
(liv. I, ép. xcix) ; . • . 

AD PUCCUH. 

Litigat et podagra Diodoras, Flacce, laborat. 
Sed nil patrono porrigit : haec chir^îgra est. 

Page 60. Un adyocat jouant contre sa femme. — 
Cette pièce est de Clément Marot (t. III, p. 182-183). 

Page 61 . L'autre jour un amant disoit. — Est de 
aément Marot (t. III, p. 186). 

Ibid. Madame, je vous remercie. — Est de Clément 
Marot (t. III. p. 138). 

Page 62. — Prenez-la, ne la prenez pas. — Ces 
cinq vers ne sont autre chose qu'un extrait du cé- 
lèbre rondeau de Crétin. (Voir les Poésies de Guil- 
laume Crétin. Paris, Coutelier, 1723, in-8«, p. 240.) 
Le rondeau de Crétin a été reproduit avec quelques 
variantes au liv. III du Pantagruel t chap. xxi. 

Page 64. Alix me iure fermement. — Cette épi- 
gramme, signée L. M., a été jointe aux Œuvres de 
Marot, dans l'édition de Lenglet du Fiesnoy (t. VI, 
p. 240). 

Ibid. Dedans Paris bien fort l'on te menace, — 
Celte pièce est de Lion Jamet, ami de Clément Marot, 
à qui ce dernier a adressé quatre épltres du Coq-à- 
FAsne. -^ Reproduit dans le Trésor des Joyeuses in- 
ventkmSj p. 44-45. 

Ilrid. Gy gist Martin qui pour saouler Alix. — Est 
deMarot(t. ]II,p. 238-239). 

Page 65. Quelque mignon en prenant congé d'une. 
— Est d'un poëte qui signe des initiales A. V. Repro- 
duite dans le Marot de Lenglet du Fresnoy (t. VI, 
p. 242). 

Page 66. Jean se voyant très-pauvre et malbeu- 



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ROTES. 185 

reux. Épigramme à rapprocher de celle intitulée : 
D'un Usurier. (Voir plus loin, p. 82.) 

Page 67. Un bon mary des meilleurs que Ton 
face. — Est de Saint-Romard, poète contemporain 
deHarot. (Voir Clément Marot, t. VI, p. 237.) 

Page 68. Un jour d'hyver, Robin tout esperdu. — 
Cette épigramme est de Marot. (Voir t. Ill, p. 148.) 

Page 69. Celuy qui vieille amie avoit. — Signée 
B. Ë. et reproduite dans Marot (t. VI, p. 258-239). 

Page 78. Trois femmes pendoient estendues. — 
Cette épigramme rappelle le mot de Diogène, qui, 
voyant une femme pendue à un arbre, souhaitait 
que tous les arbres produisissent de pareils fruits. 
(Voir Diogène Laërce.) 

Page 79. En mariage y a deux jours plaisans. — 
Mellin de Saint-Gelais a resserré cette épigramme 
en quatre vers (p. 93) : 

Toute femme est importune et nuisante. 
Et seulement en deux temps est plaisante : 
Le premier est de ses nopces la nuit, 
Et le second quand on l'ensevelit. 

Page 80. Quelqu'un voulant plaisanter im petit. 
— Cette épigramme, traduite d'une épigramme de 
Thomas Horus, est de Muret. Elle est reproduite 
dans le Marot de Lenglet du Fresnoy (t. VI, p. 244). 

Page 81. J'ay joué rondement. •— Trésor des 
joyeuses inventions, p. 88; est de Gément Marot 
(t. III, p. 21). 

Ibid. Si la queue ay couppée. — Trésor des joyeuses 
inventions; est de Clément Marot (t. III, p. 21). 

Page 82. Un usurier à la tête pelée. — Pièce de 
Clément Marot (t. III, p. 182); on la retrouve égale- 
ment dans le Trésor des joyeuses inventions^ p. 38- 
39. — Une épigramme du môme genre se lit à la 
page 66. — Imité d'Ausone, épig. 21 et 22. 

Ibid. Ces jours passés je fus chez la Normande. — 
Est_de Clément Marot (t. III, p. 126-127). Cette épi- 



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186 NOTES. 

gramme est également attribuée à Mellin de Saint- 
Gelais, car on la trouve dans ses Œuvres (p. 116-117); 
nous la donnons ici à cause des variantes : 

Jeudy dernier je fus chez la Normande, 

Où y trouvay Louyse et Marguerite; 

Louyse est garse en bon point, belle et grande; 

L'autre est plus jeune et beaucoup plus petite. 

Louyse assex m'embrasse et sollicite, 

Mais Marguerite eut de moy son plaisir. 

La grande en fut, ce croy-je, bien despite, 

Mais de deux maux le moindre on doit choisir. 

Page 83. Veux-tu, vieille ridée, entendre. — Est 
de Clément Marot (t. IH, p. 179-180). 

Ibid. Celui qui dit bon ton tetin. — Est de Qé- 
ment Marot (t. III, p. 183-184). . 

Ibid. Un ouy mal accompagné. — Est de Clément 
Marot (t. III, p. 108). 

Page 84. Pour fous souhaits ne désire en ce 
monde. — Est de Clément Marot (t. III, p. 187). Se 
retrouve dans le Trésor des joyeuses inventùms^ 
p. 39. 

Ibid. Comme un escolier se jouoit. — Est de Clé- 
ment Marot (t. III, p. 188). Le dernier vers offre une 
variante qui semble préférable au texte de la Récréa- 
tion et passe-temps des tristes : 

Dieu y mette ce qu'il y faut. 

Page 85. Quand je vois ma maîtresse. — Est de 
Clément Marot (t. III, p. 121); voir aussi le Trésor de* 
Joyeuses inventions, p. 39-40. 

Page 86. Alix qui son ventre portoit. — Trésor 
des joyeuses inventions, p. 4041. Cette pièce est de 
Saint-Romard (Voir le t. YI de Clément Marot, de 
Lenglet du Fr^oy, p. 245), et mérite d'être rappro- 
chée de ce dixain de Mellin de Saint-Gelais, p. 232- 
233; 

Anne sentant au ventre une tranchée. 
Et le voyant déjà gros et tendu, 



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KOTBS. 187 

Manda quérir ia matrone couchée 

Pour secourir à son fruit attendu. 

Lors sur un Ut, le jarret estendu, 

Entre les bras d'une qui luy recite 

La Passion de sainte Marguerite, 

Présent des siens un trouppeau bien espais, 

La pauvre fenune a peine non petite, 

Jetta un cry, et puis Gt quatre pets. 

Page 8t). Trois femmes un jour disputoient. — 
Mellin de Saint-Gerrais a écrit sur le même sujet un 
rondeau par trop gaillard : Îm nuit passée une dame 
discrette, p. 89. 

Page 88. Je ne veux point pour mon plaisir. — 
Cette épigramme, imitée d'Âusone (ép. Lxxvn], a pour 
auteur Lion Jamet; elle est reproduite dans les Œu- 
vres de Marot (édition citée, t. VI, p. 237-238). 

Page 89. Claudine me maudit toujours. — Trésor 
des joyeuses inventions, p. 44. 

ibid. L'espousée la nuit première. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 44. Cette épigramme, signée 
B. B., est reproduite dans le Marot de Lenglet du 
Fresnoy (t. YI, p. 239). 

Ibid. Pour un seul coup sans y faire retour. — 
Est de Qément Marot (t. III, p. 197). 

Page 92. Guillot un jour fuyoit le pasturage. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 7 1-72. 

Ibid. Perrette un jour estoit avec Martin. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 72. 

Page 94. Une diablesse poissonnière. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 71 . 

Ibid. Parmy les reins bien fournie à Planté. — 
Cette pièce n'est autre chose que le troisième cou- 
plet du Blason de la Belle fille, de Pierre Danche. 
(Voir les Blasons, publiés par Meon, 1809, p. 91-92.) 

Page 95. Le premier coup qu'allay à Marguerite. 
— Trésor des joyeuses inventions, p. 74. 

Page 96. Robin couché à mesme terre. — Trésor 
des joyeuses inventions, p. 74. 



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188 NOTES. 

Page 98. Quand j'ay esté quinze heares avec vous. 
^ Trewr des joyeuses inventions ^ p. 73. 

Page 99. Un frais matin dessous un paTillon. — 
Trésor des Joyeuses inventions, p. 99. 

Page 101. mal d'aimer qui tous maux outre- 
passe. — Trésor des joyeuses inventions, p. 42-43. 

Ibid, Or Tiens ça, m'amie Perrette. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 74-75. 

Page 103. La bourse que m'avez donnée. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 75. 

Ibid. Quand me joue à Anne elle dit. —-Trésor des 
joyeuses inventions, p. 75. 

Page 105. Jeanne au beau mois de may lavoit, — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 70. 

Ibid. Celuy qui veut en amour estre heureux. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 70-71. 

Page 106. Mon cœur va sans cesse après toy. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 77-78. 

Page 107. Gens qui parlez mal de m'amie. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 78. 

Ibid, Ton grief départ m'a départi. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 78. 

Page 108. Amour fuy t'en au loin de moy. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p 78. 

Ibid. Fuy t'en de moy, fuy t'en arrière. — Trésor 
des joyeuses inventions, p. 78. 

Page 109. Quelque advocat de gaignor curieux. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 80. 

Ibld. Le doux baiser de ta bouche tant saine. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 80. 

Page 110. Si Jupiter ne gouvernoit les deux. — 
Trésor des joyeuses inventions, p 80. 

Ibid. A l'advenir nous serons triomphans. — Pa- 
raphrase des chants récités aux fêtes de Sparte par 
les enfants, les guerriers et les vieillards. 

Page 112. Bouche de satin cramoisi. — Trésor des 
joyeuses inventions, p. 81. 



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NOTES. 189 

Page 113. S'il m'en souvient, vieille au regard 
hideux. — Trésor des joyeuses inventions, p. 81. Cette 
épigramme est de Marot (t. III, p. 178-179), qui l'a 
imitée de la suivante de Martial : 

AD £LUlf 

Si memini, fuerant libi quatuor, ^lia, dentés : 

Exspuit una duos tussis et iina duos. 
Jam secura potes totis tussire diebus, 

Nil istic quod agat, tertia tussis habet. 

(Li?. !•', ép. XX.) 

Ibid. Ce TpTMguelILdiCélongis —Trésor des joyeuses 
inventions, p. 178-179. Marot est l'auteur de cette 
épigramme (t. III, p. 165], imitée aussi de Martial: 

•DE PHILOKK. 

Nunquam se cœnasse domi Philo jurât, et hoc est : 
Non cœnat quoties nemo vocavit eum. 

(Liv. V, ép. xLvii.) 

Page 114. Ondes, souffrez, disoit Tamant Leandre. 

— Cette épigramme, tirée de l'Anthologie grecque, a 
été imitée par Martial {ÎÀvre des Spectacles, ép. xxv; 
Epigr., liv. XIV, ép. clxxxi). Voltaire en a donné une 
traduction qui quoique connue doit trouver place ici : 

Léandre, conduit par l'amour, 
En nageant disoit aux orages : 
Laissez-moi gagner les rivages, 
Ne me noyez qu'à mon retour. 

(Œuvre» complètes de Voltaire, Paris, Fume, 
1835, gr.in-8%t. II, p.671.) 

Page 115. Vivons m'amie et nous aimons. — * Imité 
de la gracieuse pièce de Catulle (Carm. v) : Vivamus, 
mea Usbia, atque amemm, etc. 

Page 116. Si comme espoir je n'ay de guerison. 

— Trésor des joyeuses inventions, p. 82. 

Ibid. Amour cruel de sa nature — Cette pièce est 
de Mellinde Saint-Gelais, p. 144445. 
Page 117. Jamais je ne confesserois. — Est de 



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190 NOTES. 

Clément Marot, t. III, p. 116, et se retrouTe dans le 
Troêr des joyeuêes imentUmi, p. 83. 

Page 118. La loy d'honneur qui nous dit et coni- 
mande. — Tretor du J&yeiueê mventwut p. 83. 

Page lift. Si j'ay eu toujours le vouloir. — Tre$or 
des joyeuses inventions, p. 84. 

Itid. Est-ce au moyen d'une grande amitié. — 
Trésor des Joyeuses vwetUionSy p. 84. 

Page 120. Si celle-là qui oncques ne fût mienne 

— Trésor des joyeuses inventions, p. 84. 

Page 121. N'espoir ne peut n'auray jour de ma 
vie. — Trésor des joyeuses inventionSy p. 79. 

Ibid. Qui se pourroit plus désoler et plaindre, -f 
Trésor des joyeuses inventions, p. 79. w ^ 

Page 122. Baisez-moy tost ou je vous baiseray. u. 
Trésor des joyeuses inventions, p. 80. 

Page 124. L'autre jour par un matin sous une 
treille. — Trésor des joyeuses inventions, p. 75-76. 

Page 125. Nostre vicaire un jour de fête. — Est de 
Mellin de Saint-Gelais, 1719, p. 70, et se retrouve 
dans le Trésor des joyeuses inventions, p. 76. 

Page 126. Un rossignol l'amoureux messager. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 85. 

Page 127. Vray Dieu tant j'ay le cœur gay.— Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 85. 

Ibid. Ramonez-moy ma chemince. — Trésor des 
joy l'uses invetilions, p. 85. 

Page 128. Sus la rosée m'y faut aller. — Trésor 
des joyeuses inventions, p. 85-86. 

IMd. Venus un jour en veneur se desguise. — Tré- 
sor des joyeuses inventions, p. 86. 

Page 120. Plaisir prend cœur et desplaisir s'en- 
volle. — Trésor des joyeuses inventions, p. 86. 

Page 135. Je ne croy pas que douleur corporelle. 

— Trésor des joyeuses inventions, p. 87. 

Ibid. Moins que jamais d'amour je ne deffie. — 
Trésor des joyeuses inventions, p. 87. 



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KO TE s. 191 

Page 138. Quand un baiser se prend subitement. 

— Trésor des joyeuses inventions, p. 76. 

Page 159. J'ay tant parlé d'amour et sa puissance. 

— Trésor des joyeuses inventions, p. 76-77. 

Ibid, Je ne croy pas qu'en si riche visage. — Trésor 
des joyeuses inventions, p. 77. 

Page 144. Une dame de parfaite beauté. — C'est 
ici le premier couplet du Blason de la Belle fille, de 
Pierre Dancbe, dont le troisième a été cité plus 
haut. (Voir p. 94.) 

Page 147. Cette fillette à qui le tetin poingt.— 
Pièce citée en note dans l'édition de Marot, de Len- 
glet du Fresnoy (t. III, p. 105). 

Page 165. Baiser souvent n'est-ce pas grand plai- 
sir. — Tiré du Recueil de vraye poésie, 1544, et cité 
dans l'édition de Marot, de Lenglet du Fresnoy (t. VI, 
p. 261). 

llnd. Les cerfs en rut pour les biches se battent. 

— Est de Marol (t. III, p. 149). 

Page 166. Je suis amant en l'extrême saison. — 
Épigramme déjà reproduite, p. 8. 

Page 168-169. Cy gist pour Alix contenter. — Est 
de Marot (t. III, p. 237-238). 

Page 169. Cy gist qui assez mal preschoit. — Est 
de Marot (t. III. p. 229). 

Page 169. Frère Lubin revenant de la queste. — 
Celte épigramme est de Lion Jamet; elle est repro- 
duite au tome VI de Marot, p. 236-257. Marot a fait 
une ballade de Frère ÎJibin, qui doit trouver place 
ici (t. II, p. 234-236 : 

DE PRBRE LCBIK. 

Pour courir en po»te à la ville 
Vingt fuis, cent fois, ne scay combien, 
Pour faire quelque chose vile. 
Frère Lubin le fera bien ; 
Nais d'avoir honneste entrelien 
On mener v;e »alutaire X"^ 




192 NOTES. 

C'est & faire i un bon chrestien : 
Frère Lubin ne le peult faire. 

Pour mettre (comme un homme habile) 
Le bien d'autruy avec le sien, 
Et vous laisser sans croix ne pile, 
Frère Lubin le fera bien. 
On a beau dire, je le tien, 
Et le presser de satisfaire, 
Jamais il ne tous rendra rien : 
Frère Lubin ne le peut faire. 

Pour desbaucher par ung doulx stile 

Quelque fille de bon maintien i 

Point ne fault de vieille subtille, 

Frère Lubin le fera bien. 

Il presche en Théologien, 

Mais pour hoir de belle eau claire, 

Faites la boire à vostre chien : 

Frère Lubain ne le peut faire. 

EinroT. 
Pour faire plus tost mal que bien 
Frère Lubin le fera bien, 
Et si c'est quelque bon affaire, 
Frère Lubin ne le peult faire. 

Page 170. La nuit passée en mon lict je songeoye. 
— Est de aément Marot (t. III, p. 97-98). 

Page 171 . Hasardeux pensent à leurs dez. — Trésor 
des Jayeuêet inventions, p. 41-42. 

Ibid. Une catin sans heurter à la porte. — Est de 
Clément Marot (t. III, p. 188). 

IM, Bouche de satin cramoisi. — Celte pièce est 
imprimée ici pour la seconde fois. (Voir plus haut, 
p. 112). 

Page 174. — Une vieille im jour confessoit. — Cette 
pièce a pour auteur im poète qui signe des initiales 
M. G. : elle est reproduite dans le Marot de Lenglet 
du Fresnoy (t. VI, p. 236). 



_^_ PARÎS — IMP. SIMO^ RAÇOîl BT COUP., RDE D*EnPOitTU, t. 

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