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Full text of "La religion des Pré-israélites; recherches sur le dieu Seth"

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HANDBOUND 
AT  THE 


UNIVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


/^// 


LA   RELIGION    DES  PRÉ-ISRAÉLITES 


EECHEECHES  SUR  LE  DIEU  SETH. 


LA  RELIGION  ^ 


PEE-ISEAELITES 

l 
EECIIEECHES  SUE  LE  DIEU  SETH. 


"W.    I^leyte, 


AVEC  X  PLANCHES  d'aPRÈS  LES  MONUMENTS. 


UTRECHT. 

T.  DE  BRUYN ,  Libraire. 

1862, 


EL 


^1 


F 


9  0S53  9 


A  M.  LE  DOCTEUR 

CONEAD  LEEMANS 

i 

DIRECTEUR  DU  MUSÉE  NEERLANDAIS  D'ANTIQUITÉS 


r.  E  X  D  E. 


AVANT   PROPOS. 


En  offrant  au  public  V ouvrage  que  je  viens  d"* achever  y 
quelques  mots  suffiront  pour  faire  connaître  le  motif 
auquel  il  doit   le  jour. 

Pendant  les  deux  années  que  je  rn  efforçais  en  vain 
d^ohte7iir  une  place  comme  ministre  dans  V église  reformée 
nationale ,  j'' ai  pensé  employer  utilement  mes  heures  dis- 
ponibles ,  en  éprouvant  mes  forces  a  quelques  recherches 
historiques.  Ce  sont  les  résultats  de  ces  études  qui 
forment  le  contenu  des  pages  suivantes.  En  les  publiant 
je  nai  eu  d''autre  but  que  de  rassembler  quelques  rayons 
épars  de  la  lumière  qui  perce  ca  et  là  sur  quelques 
phases  de  V histoire  de  V antiquité ,  afin  de  les  mettre 
dans  un  jour  plus  clair  et  d'en  permettre  la  vue  a 
quiconque  s'y  intéresse. 


VIII 


Je  remplis  un  devoir  bien  doux  pour  moi  en  exprimant 
ici  ma  vive  reconnaissance  po2ir  les  secours  qui  m'' ont 
été  prodigués  par  plus  d'une  main  amie  et  qui  ont  rendus 
ma  tache  moins  difficile. 

Cest  avec  un  sentiment  de  profonde  gratitude  que 
j"" adresse  mes  remerciements  à  M.  le  docteur  Leemans  , 
dont  r affable  accueil  ni  ouvrit  les  trésors  de  sa  bibliothèque 
et  du  Musée  de  Leyde  et  qui  trouva  toujours  le  moyen 
de  dérober  quelques  heures  a  son  temps  précieux  et  a 
ses  occupations  sérieuses  pour  guider  ma  jeune  expérience 
dans  le  sentier  obsctcr  où  m'avait  conduit  le  sujet  de 
mes  études. 

Pîdsse  ce  premier  essai  rencontrer  un  accueil  favorable. 

UTRECHT,  W.    P. 

30  Avril  1862. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


I.  Introduction Page  3 

Qu'est  ce  que  la  Religion  ?  page  3.  —  L'essentiel  et  l'acces- 
soire, p.  4.  —  La  foi  traditionelle.  —  La  faiblesse  de  cette 
foi,  p.  5.  —  La  base  de  la  religion,  p.  6.  —  Le  senliment 
religieux,  p.  7.  —  La  manifestation  du  sentiment  religieux, 
p.  8.  —  Un  secte.  —  Une  religion  nationale.  —  Les  influ- 
ences qui  peuvent  modifier  un  culte,  p.  9.  —  La  révélation 
de  Dieu,  p.  11.  —  Les  lois  divines,  p.  12.  —  Le  monothé- 
isme primitif,  p.  14.  —  La  marche  progressive  que  suit 
l'expression  du  sentiment  religieux,  p.  15.  —  Le  panthéisme. 
Le   déisme.    Le    théisme,    p.  16.  —    Le  but  de  notre  travail. 

II.  PREMIÈRE  PARTIE.  L'histoire  primitive  des 
peuples  avec  lesquels  Israël  a  été  en  contact  en 
Egypte  dans  les  temps  les  plus  reculés  et  les  sou- 
venirs que  les  différentes  nations  ont  conservés  de 
ce  fait  historique. 

Introduction Page  21 

I.  Les  Phéniciens.  —  Les  voyages  d'Ilos  et  d'Astarté,  p.  23.  — 
Le  culte  de  la  Vénus  étrangère.  —  Les  déesses  Phéniciennes 
selon  le  papyrus  Harris,  p.  24.  —  Époque  de  l'arrivée  des 
Phéniciens  en  Egypte,  p.  25.  —  La  navigation  des  Phéniciens, 
p.  26.  —  Les  liaisons  commerciales,  p.  27.  —  Les  villes 
Phéniciennes  dans  de  Delta.  —  En  Palestine,  p.  28.  —  Les 
monuments  Phéniciens  en  Egypte,  p.  29. 

IL  Les  Égyptiens.  —  Les  fragments  historiques  de  Manethoos, 
p.  31.  —  Le  Kônigs-Buch  de  M.  Lepsius,  —  Le  récit  du 
règne  des  Hyksôs  selon  Manethoos,  p.  32.  —  Manethoos 
comparé  à  d'autres  auteurs,  p.  34.  —  Le  roi  Aphobis 
d'Africain.  —  Le  fragment  112  du  papyrus  royal  de  Turin, 
p.  35.  —  Le  papyrus  Sallier  I,  —  Le  tombeau  d'Ahraès  chef 


des  nautonniers,  p.  36.  —  Amosis  expulse  les  Hyksôs,  p.  37.  — 
Les  Chets.  —  Avaris  est  identique  à  Zoan,  San,  Tân ,  Tanis, 
p.  38.  -—  Situation  de  San  et  d' Avaris,  p.  39. —  LesSphynx 
de  San.  —  Le  temple  fondé  par  Apophis.  —  La  XIII« 
dynastie.  -?-  La  statue  de  Easmenkhka,  p.  40.  —  La  stalue 
de  Sevekhoteph  IIL  —  Le  colosse  de  Tell-mokdam.  —  Le 
Sphynx  du  Louvre,  n».  23.  —  Erreur  de  Manethoos,  p.  41.  — 
La  XIV»  dynastie,  p.  42.  —  Récit  des  pasteurs  et  des 
lépreux  de  Manethoos.  —  Les  monuments  qui  ont  rapport 
aux  conflits  avec  les  tribus  étrangères,  p,  40.  —  Le  Sphynx 
de    Bagdad,  p.  47.  —   Les  habitants  de  Mensaleh,  p.  48. 

IIL  Les  Grecs.  —  L'oracle  de  Dodone,  p,  48.  —  La  route  de 
commerce  entre  l'Egypte  et  la  Phéuicie.  —  L'offrande  de 
Ménelaus.  —  Les  mythes  d'Apollodore,  p.  49. 

IV.  Les  Romains.  —  Confusion  des  Hyksôs  et  Lépreux  chez 
Josèphe,  p.  50.  —  Diodore,  p.  51.  —  Justin,  p.  52.  — 
Tacite,  p.  54. 
V.  Les  Berbères.  —  Population  de  la  côte  septentrionale  de 
l'Afrique,  selon  les  Rabbins,  p.  56. —  Témoignage  de  Pro- 
cope,  p.  57.  —  Le  résultat  de  M.  Deveaux,  p.  58.  —  L'his- 
torien Ibn-Kaldun,  p.  59.  —  Origine  des  Berbères  de 
Canaan,  p.  59.  —  Les  monuments  de  l'Afrique  Septentri- 
onale, p.  62.  —  Epoque  de  la  population. 

VI.  Les  Arabes.  —  Témoignage  d'xVbulfeda,  p.  63.  —  Les 
Amalécites  et  les  Hyksôs,  p.  64.  —  Les  Pharanites  et  les 
inscriptions  Sinaïtiques. 
VIL  Les  Israélites.  —  La  généalogie  du  onzième  chapitre  de 
la  Genèse,  p.  66,  —  La  généalogie  du  dixième  chapitre, 
p.  67.  —  La  généalogie  de  Hagar  et  Qéturah ,  p,  70.  — 
La  généalogie  d'Édom,  p.  71.  —  Les  Hébreux  en  Egypte, 
p.  72.  —  Le  témoignage  de  Diodore.  —  Les  Aperiu  ou 
Hébreux ,  p.  73.  —  Les  monuments  concernant  les  Aperiu, 
p.  74.  —  Conclusion,  p.  'HT. 

m.  SECONDE  PARTIE.    —  La  religion  des  Hyksôs. 

Introduction Page  81. 

I.  Set  comme  bon  dieu,  dieu  des  Hyksôs.  Le  papyrus  Sallierl, 
p.  84.  —  Le  papyrus  Sallier  III,  p.  85.  —  Le  papyrus 
360  du  musée  de  Leyde ,  p.  87.  —  Le  papyrus  Anastasi  II, 
IV  ,  V  et  VI.  —  Le  rituel  funéraire.  —  Le  papyrus  sacré 
345  du  musée  de  Leyde,  p.  88.  —  Les  statues,  p.  89.  — 


XI 


La  statuette  du  dieu  Set  du  musée  de  Leyde,  p.  91.  — 
Les  bas-reliefs ,  p.  92.  —  Les  stèles ,  n*.  62  et  n».  13  du 
musée  de  Leyde ,  p.  94.  —  Lf s  scarabées ,  p.  95. 
II.  Set  comme  dieu  malin.  —  Le  mythe  dlsis  et  d'Osiris  selon 
Plutarque,  p.  96.  —  Le  rituel  funéraire,  p.  98.  —  Le 
papyrus  magique,  p.  101.  —  Le  calendrier  Égyptien,  p.  102. 
Set  le  dieu  de  la  guerre,  p  106.  —  La  cause  du  dédain. — 
Set  confondu  avec  Thoth  ,  Hoins  ou  d'autres  dieux,  p.  107. 
Set  persécuté.  —  Résumé,  p.  108. 

III.  Set-Typhon.  —  Témoignage  de  Plutarque,  p.  109.  —  Le 
Typhon  des  Phéniciens.  Le  Typhon  des  Grecs,  p.  110.  — 
Le  Typhon  des  Egyptiens,  p.  111.  —  Le  rituel  funéraire, 
p.  113.  —  Le  papyrus  magique.  —  Le  dragon  iVpap,  p.  114. — 
Conformité  du  Typhon  Phénicien  et  Egyptien,  p.  115.  — 
Conclusion  ,  p.  116. 

IV.  Set  chez  les  Pré- Israélites.  —  La  composition  du  Penta- 
teuque  ,  p.  117.  —  Elohim  et  Jéhova,  p.  119, —  El-Schedej, 
p.  120.  —  La  généalogie  de  l'Elohiste  et  du  Jéhoviste, 
p.  121.  —  Le  dieu  Seth,  p.  123.  —  Les  légendes  qui  ont 
rapport  à  Seth,  p.  124.  —  Les  fils  de  Seth  des  LXX, 
p.  125.  —  Les  Séthites.  —  Set-Baal,  p.  127. 

IV.    TROISIÈME  PARTIE.  —  Le  culte. 
Introduction Page  131. 

I.  Culte  de  Melech.  —  Le  sacrifice  humain  à  Melech  en 
Phénicie,  en  Grèce,  en  Italie,  à  Carthage,  p.  133. 

IL  Le  culte  de  Mars.  —  Adar  le  dieu  guerrier  Phénicien, 
p.  136.  —  Son  épouse  Anata,  p.  137.  Le  principe  féminin 
et  masculin  dans  le  culte  de  la  nature.  —  Les  offrandes 
à  Mars,  p.  138. 

III.  Le  culte  Égyptien  de  Typhon.  —  Les  traces  du  culte  de 
Melech,  p.  139.  —  Témoignage  de Manethoos,  d'Hérodote, 
de  Diodore  et  d'autres.  —  Les  sceaux  pour  marquer  les 
offrandes,  p.  140.  —  Les  tombeaux  de  Thèbes.  —  L'époque 
de  l'immolation,  p.  141.  —  La  vache  rousse.  —  Les  traces 
du  culte  d'Adar,  p.  142.  —  L'offrande  de  l'âne.  —  Les 
autres  animaux  Typhoniques. 

IV.  Le  culte  de  Set-typhon  en  Israël.  —  Les  témoignages  de 
Tacite  et  de  Plutarque,  p.  144. —  Les  éléments  Phéniciens 
et  Égyptiens ,  p.  145.  —  A.  Le  culte  Israélite  de  Melech.  — 
Témoignage    d'Ames,   p.    146.  —   L'offrande,  p.  147.  — 


XII 

B.  Le  culte  d'Adar,  p.  149.  —  Les  animaux  impurs, 
p.  150.  —  Le  culte  de  l'âue,  p.  151.  —  C.  La  vache 
rousse,  p.  153.  —  D.  Le  bouc  émissaire,  p.  154.  — 
E.  Le  culte  du  Serpent,  p.  156.  —  F.  Le  culte  de  Kyun, 
Amos,  Les  septante.  Saturne  et  Rèphan.  Les  Sabéens. 
Les  rabbins.    Le  Sabbath.    Témoignage  de  Tacite,  p.  159. 

Y.     QUATEIÈME  PARTIE.  —  L'Image. 
Introduction Page  163 

I.  Le  culte  des  pierres  (Béthyles).  —  Les  peuples  du  Nord , 
p  165.  —  Les  Romains,  p.  166.  —  Les  Grecs,  les 
Perses  et  les  Indous,  p.  168.  —  Les  Arabes,  p.  169.  — 
Les  Phéniciens,  p.  170.  — •  Les  Égyptiens,  p.  171.  — 
Les  Hébreux ,  p.  174.  —  Le  culte  des  pierres  oblongues. 
(Colonnes),  p.   175. 

IL  La  forme  Phénicienne  des  Pathèques.  —  Les  Kabires 
Phéniciens,  p.  178.  —  Les  monuments  du  musée  deLeyde. 
Les  statues,  les  ornements,  les  amulettes,  p.  179.  —  La 
vignette  du  chap  164  du  rituel  funéraire ,  p.  180.  — 
Le  dieu  Bes  selon  M.  de  Rougé ,  p.  181. 
m.  L'hippopotame.  —  L'hippopotame  dans  les  constellations. 
Les  monuments.  Statuettes,  ornements,  amulettes.  Les 
vignettes  du  Rituel ,  p.  181.  —  Pourquoi  l'hippopotame 
est-il  un  animal  Typhonique  ?  p.  182.  —  Les  pourceaux. 
IV.  L'oryx.  —  L'oryx  avec  et  sans  cornes,  p.  183. —  Le  dieu 
Ranpu  et  la  déesse  Anta.  Les  vignettes  du  rituel,  p.  184. 

V.  L'âne.  —  Le  temple  à  Karnak,  p.  185.  —  Le  Papyrus- 
384  du  Musée  de  Leyde.   L'n  Amulette. 

VI.  L'image    de    Set    avec    la    tête    inconnue.  —   Le  Nisroch 
Assyrien,  p.  187.  —  Témoignage  de  Josèphe. 

YI.    Conclusion Page  189 

L'intime  liaison  entre  le  peuple  d'Israël  et  l'Egypte,  p.  191.  — 
L'influence  que  l'Egypte  exerçait  sur  le  peuple  d'Israël, 
p.  194.  —  Les  deux  éléments  dans  le  peuple  Hébreu,  p.  195. 

VII.  Notes Page  199 

YIII.  Explication  des  Planches  ....         ,,239 


I. 


INTRODUCTION. 


INTRODUCTION. 


Qu'est  ce  que  la  Religion?  Question  grave,  qu'on  a 
tâché  de  résoudre  de  différentes  manières  et  qui  a  donné 
lieu  à  des  combats  interminables,  toutes  les  fois  qu'elle 
a  été  posée. 

L'un  prend  pour  l'essence  de  la  religion,  ce  qui  pour 
l'autre  n'est  qu'une  forme  transitoire;  tel,  considère  cette 
forme  passagère,  comme  chose  parfaitement  indifférente, 
ou  s'il  veut  bien  lui  accorder  quelque  valeur ,  ce  n'est 
qu'en  la  classant  parmi  les  événements  purement  historiques. 
Bientôt  le  conflit  éclate  entre  les  deux  partis  et  tandis 
que  celui    qui  se  déclare  partisan  de  la  forme  transitoire, 


4 


se  voit  condamner  comme  irréligieux ,  il  se  raille  à  son  tour 
de  son  adversaire  et  de  ses  systèmes  surannés.  La  base 
inébranlable  de  Vnn  n'est  qu'une  illusion  sans  réalité 
pour,  l'autre,  et  sans  pouvoir  s'accorder  la  moindre  con- 
cession le  combat  se  prolonge  toujours. 

Cependant  ,  cette  question  sérieuse,  doit  elle  rester 
indécise?  faut  il  qu'elle  continue  à  diviser  les  esprits  et 
à  causer  des  conflits  sans  fin  ?  Où  bien ,  ce  problème 
serait  il  à  résoudre  ? 

En  discernant  l'essentiel  de  l'accessoire,  le  principe 
primordial  de  tout  ce  qui  s'y  est  ajouté  pendant  le 
cours  des  temps,  ne'  pourrait  il  pas  que  les  différends 
prennent  un  aspect  moins  désespérant  en  même  temps 
qu'ils  se  placent  dans  un  jour  plus  clair  ?  Quel  est  ce 
principe  primordial  ?  D'où  nous  vient-elle  la  Religion  ? 
La  réponse  semble  ne  pas  offrir  de  difficultés  sérieuses  : 
Quelques  uns  diront  :  ,,'Né  de  parents  religieux ,  ceux  ci 
m'ont  enseigné  les  dogmes  de  leur  croyance;  mes  parents 
sont  eux  mêmes ,  issus  d'un  peuple  religieux ,  qui  devait 
sa  religion  à  un  autre  peuple  ;"  de  manière  que  l'on 
arrive  toujours  à  un  peuple ,  qui  transmettait  a  d'autres 
populations,  la  religion  dont  il  était  le  dépositaire,  qu'il 
avait  reçu  immédiatement  de  Dieu  même;  faveur  insigne 
qui  fut  le  partage  des  Israélites ,  qui  ont  été  appelés 
depuis  :  le  peuple  de  la  réoélalion.  Un  autre  répondra  : 
„Moi  aussi ,  je  dois  ma  religion  à  mes  parents ,  mais  bien 
jeune  encore  je  trouvais  dans  les  dogmes  transmis  par  mes 
ancêtres  à  leur  postérité,  beaucoup  de  choses  qui  répug- 
naient a  mon  esprit."  Goethe  en  bas  âge  commençait  à 
douter  de  la  providence  en  apprenant  la  destruction  presque 
totale   de  Lisbonne  par  suite  d'un    tremblement  de  terre, 


parce    qu'il    ne    put    accorder    ce    désastre    terrible    avec 
Famour  divin  et  tout  puissant  de  Dieu. 

Ce-ci  arrive  à  bon  nombre  d'hommes.  Les  uns  étudiant 
la  nature  et  cherchant  a  découvrir  les  lois  qui  régissent 
l'univers ,  voient  la  forme  apparente  que  revêt  la  religion 
leur  poser  pour  critérium  :  qu'il  faut  croire  aux  infractions 
subises  par  les  lois  de  la  nature.  Est-il  étonnant  s'ils 
doutent  alors  que  la  vraie  religion  ne  soit  là?  Les  autres 
se  livrant  a  l'étude  de  l'histoire,  remarquent  comment 
différents  peuples  séparés  d'abord,  se  rencontrent  et  en 
se  rencontrant,  concourent  à  se  développer  réciproquement; 
ils  apprennent  que  les  lois  et  les  institutions  sociales  se 
perfectionnent  peu  a  peu ,  après  que  les  uns  se  sont 
appropriés  la  civilisation  plus  avancée  des  autres.  Ils 
peuvent  juger  de  l'influence  puissante  qu'exerce  sur  les 
populations  le  climat  des  pays  qu'ils  habitent,  tantôt  en 
déterminant  leurs  tempéraments ,  tantôt  en  modifiant  leurs 
moeurs.  Tout  révèle  des  lois  invariables  auxquelles  l'his- 
toire obéit ,  ils  veulent  approfondir  ces  lois  et  voilà 
encore  la  forme  apparente  de  la  religion  qui  leur  dit  : 
„Si  vous  attachez  quelque  prix  a  ce  que  l'on  vous  con- 
sidère comme  des  hommes  religieux,  il  faut  que  vous 
admettiez  qu'il  a  existé  jadis  une  nation  toute  différente 
des  autres  peuples  de  l'histoire,  laquelle  isolée,  élevée  et 
instruite  par  Dieu  même  a  été  favorise  de  l'Etre  Suprême 
par  le  don  gratuit  d'un  recueil  de  lois  religieuses;  ce 
peuple  élu  seul  possède  la  vraie  religion  et  les  cultes  de 
tous  les  autres  peuples  de  la  terre,  doivent  être  qualifiés 
de  superstitions  opiniâtres."  Eaut  il  s'étonner  quand , 
eux  aussi ,  ils  doutent  que  cette  foi  soit  l'essence  de  la 
vraie  religion  ? 


Cependant  dans  ces  foi  mes  apparentes  de  la  religion , 
produits  d'une  époque  reculée  lorsque  les  sciences  natu- 
relles étaient  encore  dans  leur  enfance  et  que  l'on  croyait 
entrevoir  dajis  ^histoire  du  monde  une  fatalité  qui 
dirigeait  les  événements ,  grand  nombre  de  personnes  re- 
connurent, comme  beaucoup  reconnaissent  encore  de  nos 
jours,  Fessence  de  la  vraie  religion  et  quand  on  fait 
des  reclierches  pour  découvrir  par  quel  procédés  ils 
sont  arrivés  à  de  tels  résultats,  on  ne  rencontre  que  des 
arguments  formulés  par  ^ignorance  où  des  raisonnements 
de  cerveaux  exaltés.  L'ignorant  répondra  :  „J^ai  reçu 
mes  notions  religieuses  de  mes  parents  et  quoiqu'il 
arrive ,  leur  foi  restera  aussi  la  mienne/'  Il  n'admet  pas 
la  possibilité  que  ses  ancêtres  ont  pu  se  laisser  induire 
en  erreur.  L'exalté  vous  dira  qu'il  doit  sa  foi  a  une 
inspiration  divine.  Il  est  difficile  de  mettre  à  leur  juste 
valeur  de  telles  effusions  du  sentiment  quand  on  ne  peut 
pas  changer  les  circonstances  particulières  dans  lesquelles 
ces  gens  se  trouvent,  Néanmoins  il  parait  évident  que 
Tun  comme  l'autre  s'opposent  à  toute  tentative  qu'on  vou- 
drait faire  pour  développer  leurs  facultés  dans  le  domaine 
religieux,  car  quiconque  s'obstine  à  considérer  comme 
inséparable  de  l'essence  de  la  Religion,  ce  que  les  sciences 
naturelles  réclament  comme  leur  appartenant  de  droit , 
où  ce  que  l'histoire  ne  peut  céder  sans  qu'on  lui  fasse 
violence,  détournera  aussi  opiniâtrement  le  regard  de  tout 
ce  qui  serait  en  état  de  mettre  au  grand  jour  une  vérité 
quelconque.  Qu'elle  est  en  définitive  la  base  de  la  religion  ? 
Quel  est  le  principe  primordial,  dégagé  de  tout  acces- 
soire ,  de  tout  voile  importun  qui  le  cache  a  nos  regards  ? 
Le  sentiment  religieux  est  inhérent  à  la  nature  humaine. 


Comment  pourrions  nous  distinguer  les  sensations  agréables 
ou  douloureuses,  si  nous  ne  possédions  la  faculté  d^^prouver 
le  bien-être  et  la  tristesse  et  comment  saurions  nous  pré- 
tendre au  sentiment  du  beau  o a  de  la  moralité,  quand  dans 
notie  nature  ne  se  trouvait  le  sentiment  adéquate  de 
ces  manifestations  du  monde  moral.  De  même,  il  faut 
que  l'âme,  pour  que  la  religion  y  puisse  habiter,  possède 
une  faculté  de  concevoir,  qui  correspond  à  Tobjet  qui 
inspire  des  sentiments  religieux. 

Quelle  est  cette  faculté  et  de  quelle  manière  se  mani- 
feste-t-elle  comme  idée  religieuse?  Pour  mieux  saisir  le 
vrai  sens  de  ce  que  nous  appelons  sentiment  religieux , 
il  faut  que  nous  chercliions  a  découvrir  comment  ce 
sentiment  s'est  manifesté  parmi  les  peuples  primitifs  et 
dans  les  âges  les  plus  reculés. 

Les  tribus  sauvages  qui  occupent  les  derniers  degrés 
de  l'échelle  du  développement  moral,  et  qui  par  consé- 
quent peuvent  être  considérés  comme  possédant  des 
notions  excessivement  vagues ,  nous  apprennent  tout 
simplement ,  qu'ils  admettent  Fexistence  d'une  puissance 
invisible  qui  agit  mystérieusement  dans  le  monde.  Peu 
à  peu  les  phénomènes  que  la  nature  leur  présente  attirent 
leur  attention,  ils  observent  et  étudient  sans  comprendre 
la  cause  occulte,  les  effets  qu^ils  constatent  et  la  puis- 
sance invisible  commence  à  être  identifiée  avec  la  nature 
même  ,  ou  bien  on  la  suppose  supérieure  a  celle-ci. 
De  cette  manière ,  la  conception  de  l'existence  d'un  être 
surhumain  prend  insensiblement  une  forme  plus  déterminée 
que  Ton  se  figure  entrevoir  dans  le  soleil  qui  brille  ou  dans 
le  tonnerre  qui  gronde.  Les  nuages  qui  interceptent 
la    lumière    font    entrer    dans    leur   esprit    l'idée    que    la 


8 


divinité  se  cache  comme  derrière  un  rideau  ;  les  étoiles  qui 
palissent  a  l'aube  du  jour,  sont  envisagés  comme  des  mes- 
sagers célestes,  êtres  mystérieux  qui  planent  dans  l'espace 
et  Veillent  sur  les  actions  des  mortels;  le  vent  qui  souffle 
dans  le  feuillage  est  transformé  en  sylphes  foUatrants  ou 
en  démons  furieux ,  tout  selon  les  dispositions  momentanées, 
joyeux  ou  sombres,  de  ceux  qui  l'écoutent. 

C^est  ainsi  qu^un  culte  grossier  et  confus  d'abord,  prend 
naissance.  Ce  culte,  est  il  partagé  par  plusieurs  personnes 
d'une  même  famille  ou  d'une  même  tribu ,  et  ces  personnes 
parlent  elles  le  même  langage,  alors  les  différentes  ex- 
pressions du  sentiment  religieux  s'unissent  se  confondent 
et  forment  une  secte.  Plusieurs  sectes  réunies,  professant 
les  mêmes  opinions  religieuses ,  constituent  une  religion. 
Quand  cette  religion  devient  l'expression  des  convictions 
religieuses  de  tout  un  peuple,  on  a  droit  de  parler  de  la 
religion  de  ce  peuple  :  la  religion  des  Grecs ,  des 
Eomains,  des  Israélites. 

Les  peuples  différents  en  se  rencontrant  et  en  se 
mettant  en  rapport  de  plusieurs  manières,  se  communi- 
quent réciproquement  leurs  religions  respectives  et  bientôt 
l'on  remarque  que  les  conceptions  primitives  subissent 
de  part  et  d'autre  des  modifications  évidentes.  S'il  arrive 
que  quelques  peuples,  dérivant  d'une  même  origine  ou 
issus  d'une  même  race ,  s'aperçoivent  qu'ils  possèdent 
en  commun  les  mêmes  notions  primitives ,  cette  conformité 
de  conception  agira  puissamment  et  contribuera  à  établir 
des  relations  plus  intimes  entre  leurs  croyances  religieuses. 

C'est  ainsi  que  les  Eomains  retrouvaient  en  Grèce  leur 
Dieu  Mercure  sous  le  nom  de  Hermès ,  Jupiter  sous  celui 
de  Zeus ,  J  unon  sous  celui  de  Héra, 


9 


Quand  on  étudie  les  différentes  formes  dans  lesquelles 
la  religion  se  montre ,  on  peut  remarquer  que  toutes , 
telles  qu^elles  ont  été  conçues ,  portent  Fempreinte  plus 
ou  moins  distincte  àa  caractère  de  la  nation  qui  les  a 
produites.  Ce  caractère  spécial  nait  de  certaines  influences 
locales  ,  effets  du  sol  ou  de  latitude  géographique.  L'ar- 
dente imagination,  qu'on  trouve  dans  certaines  régions 
des  Indes,  est  en  parfaite  harmonie  avec  la  nature  splendide 
et  la  végétation  exubérante  du  climat  des  tropiques  ;  le 
quiétisme  du  culte  du  Bouddha  doit  a  coup  sur,  beaucoup 
à  la  fertilité  prodigieuse  d'un  sol  qui  donne  abondance 
de  fruits  sans  demander  aucune  culture  et  à  Tinfluence 
d'un  climat  heureux  qui  convie  continuellement  à  la  mol- 
lesse et  au  repos;  l'assujettissement  des  Egyptiens  à  leurs 
prêtres  sVxplique  aisément  par  la  constitution  de  leur  pays. 
Les  phénomènes  que  présentait  a  leur  observation  le  Nil , 
fleuve  grandiose  et  mystérieux,  dont  les  débordements 
périodiques  et  fertilisants ,  excitaient  Fadmiration  en 
commandant  le  respect,  étaient  considérés  comme  les 
manifestations  spontanées  d^une  providence  identique  avec 
Féléraent  bienfaisant.  Les  prêtres  qui  seuls  en  connais- 
saient les  secrets ,  l'exploitaient  habilement  à  leur  profit. 
La  civilisation  Européenne  doit  sans  doute  une  grande 
partie  de  son  développement  énorme ,  aux  exigences 
continuelles  d'un  sol  qui  ne  produit  des  fruits  qu'à  force 
de  travaux  pénibles  et  fatiguants  et  au  climat  propice 
qui  permet  aux  laborieux  de  se  livrer  au  travail  sans  inter- 
ruption pendant  toute  Tannée. 

Il  est  donc  évident  que  le  caractère  particulier  d'un 
peuple  ou  d'une  nation  imprime  son  cachet  sur  la  forme 
de    sa    religion.     Cela    énoncé  plusieurs  faits  historiques, 


10 


s'expliqueront  d'une  manière  saisissante.  P.  e.  Le  culte 
d'Isis  languissait  et  finit  par  disparaître  tout  à  fait 
à  Eome;  enfant  de  l'Egypte,  il  ne  put  vivre  qu'aux 
bords  du  Nil.  Tel  fut  aussi  le  sort  du  culte  Phénicien 
de  Mélech,  transplanté  en  Grèce.  Kronos  qui  dévora 
ses  enfants  fut  détrôné  par  Zeus. 

Parmi  les  causes  principales  qui  mettent  en  rapport 
les  différentes  nations ,  il  faut  compter  en  premier  lieu  le 
commerce  et  les  guerres.  Le  premier  fait  naître  les  rela- 
tions tranquilles  de  la  paix ,  les  dernières  mènent  à  leur 
suite  les  conflits  sanglants  et  les  bouleversements  terribles. 
Toutes  cependant  concourent  aux  mêmes  fins:  établir  des 
rapports  de  différente  nature  entre  les  nationalités  étran- 
gères ,  soit  qu'elles  s'unissent  et  se  confondent ,  soit  qu'elles 
se  chassent  et  font  place  les  unes  aux  autres.  Il  en 
résulte  toujours  que  les  formes  religieuses  des  peuples 
commerçants  et  belligérants  se  rencontrent  ou  se  heur- 
tent comme  les  individus,  elles  en  subissent  Finfluence, 
reçoivent  des  empreintes  plus  ou  moins  profondes  et  se 
modifient  en  raison  de  la  force,  de  ces  impressions. 

Étudier  les  influences  qu^ont  exercé  sur  Vesprit  d^un 
peuple  connu  le  contact  avec  des  nationalités  étrangères, 
c'est  en  même  temps  rechercher  les  lois  qui  régissent 
l'histoire  de  Fhumanité.  En  suivant  toutes  les  phases  de 
la  civilisation  antique  nous  voyons  de  différents  peuples, 
les  caractères  les  plus  dissemblables  s'allier,  se  combiner, 
se  confondre  ,  et  produire  des  conceptions  neuves  qui  à 
leur  tour  font  naître  de  nouveaux  résultats.  Constam- 
mant  les  causes  égales  sont  suivies  des  mêmes  effets  et 
Ton  n'a  pour  se  convaincre  de  cette  assertion  qu'a  jeter 
un  regard  sans  prévention  dans  les  pages  de  l'histoire. 


11 


Si  nous  désirons  rendre  hommage  a  la  providence 
divine,  il  faut  s'appliquer  aussi  à  apprendre  à  la  mieux 
connaître.  Si  Dieu  agit  sur  le  monde ,  il  nous  est  permis 
d'attendre  qu'il  se  manifestera  dans  cette  activité.  Scrutons 
donc  les  lois  sublimes  et  invariables  de  la  nature  qui 
nous  révèlent  la  main  de  l'ouvrier  divin  et  tout-puissant  ; 
étudions  les  lois  qui  régissent  les  destinées  de  Thumanité 
depuis  son  apparition  dans  le  monde,  alors  la  nature  et 
rhistoire  deviendront  les  organes  révélateurs  qui  nous 
montreront  le  Dieu  de  Funivers.  Le  peuple  de  la  révé- 
lation sera  donc  pour  nous  celui  dont  nous  connaîtrons 
le  mieux  Thistoire  ,  dont  nous  pourrons  suivre  pas  à  pas 
les  destinées  à  travers  les  siècles  et  dont  nous  saurons 
expliquer    les    influences    sur   les  nations  contemporaines. 

Cette  étude  nous  apprendra  les  lois  par  lesquelles  Dieu 
conduit  rhumanité  dans  les  voies  de  la  perfection,  et 
s'il  nous  arrive  de  trouver  rapporté  parmi  les  traditions 
de  l'antiquité  qu'en  vertu  de  la  volonté  divine ,  des  in- 
fractions au  droit  des  gens  ou  des  violations  de  la  cons- 
cience ont  eu  lieu ,  nous  protestons  contre  de  semblables 
assertions.  L'histoire  d'un  tel  peuple  ne  saurait  nous 
guider  dans  nos  recherches  pour  trouver  la  vérité,  ne 
saurait  nous  servir  de  point  de  comparaison  pour  notre 
moralité ,  nonobstant  que  la  divinité  y  soit  introduite 
comme  donnant  ses  ordres  aux  mortels. 

Néanmoins  un  tel  peuple  ne  serait  pas  condamné  pour 
cela  sans  retour,  car  en  examinant  à  quelle  époque  il  a 
vécu  et  sous  quelles  circonstances  il  fut  placé,  les  choses 
changeront  peut-être  d'aspect  et  en  nous  rendant  compte 
des  influences  différentes  qui  ont  joué  un  rôle  important 
dans    son    histoire ,  ces  traditions  rejetées  d'abord  comme 


n 


inutiles  et  indignes  de  notre  attention  se  montreront 
dignes  de  notre  respect.  Chaque  événement  appartient 
à  l'histoire,  dépend  d^me  cause  et  produit  un  effet. 
Apprécier  la  juste  valeur  des  faits  historiques,  voilà  la 
grande  difficulté  qu'il  faut  vaincre  et  qu'il  n'appartient 
qu'  aux  esprits  courageux  et  éclairés  à  surmonter. 

La  principale  cause  des  dissensions  continuelles  sur  le 
domaine  religieux  c'est  que  Ton  s'obstine  à  séparer  de  la 
religion,  ce  que  l'histoire  revendique  a  juste  titre  ou  ce 
qui  appartient  de  droit  aux  sciences  naturelles.  Tant  que 
Fon  persistera  à  confondre  ces  éléments  hétérogènes  les 
malentendus  continueront.  Ce  n'est  qu'en  plaçant  chaque 
chose    dans    sa    catégorie,   qu'on   peut  rétablir  Fharmonie. 

Ce  n'est  aussi  qu'  après  avoir  vu  se  dérouler  Fhistoire 
dépuis  le  commencement  jusqu'à  la  lin  et  les  événements 
se  succéder  dans  un  enchainement  régulier  et  conséquent, 
que  nous  pouvons  nous  former  une  idée  d'un  gouverne- 
ment providentiel  dont  nous  remarquons  les  traces  non 
équivoques  et  devant  lequel  nous  nous  prosternons ,  saisis 
d'un  respect  religieux  en  adorant  la  suprême  sagesse  qui 
régit   l'univers. 

Ce  respect  religieux,  nous  ne  saurons  l'éprouver  là  où 
nous  remarquons  les  actes  d'un  dispotisme  arbitraire. 

Partout  dans  la  nature  nous  voyons  régner  un  ordre 
merveilleux ,  un  accord  parfait  entre  toutes  les  parties  ; 
si  donc  nous  pouvons  constater  une  semblable  harmonie 
dans  le  monde  moral,  notre  conception  d'un  être  suprême 
qui  dirige  l'univers  deviendra  une  conviction  profonde. 

Dans  l'histoire  de  l'humanité  nous  pouvons  remarquer 
un  développement  continuel.  Ce  développement  se  montre 
parfois  à  nous,  marchant  avec  une  régularité  parfaite;  les 


13 


événements  se  succèdent  gagnant  en  importance  et  le 
siècle  qui  s'en  va  est  toujours  suivi  d'un  autre,  supérieur 
en  lumières  et  eu  civilisation.  Ces  progrès  cependant, 
doivent  souvent  leur  naissance  à  de  rudes  combats  moraux. 
Que  d'efforts  il  en  a  coûté  au  monde  pour  enfanter  le 
christianisme!  Mais  sans  combat  la  victoire  est  chose 
impossible. 

Ce  mouvement  progressif  se  montre  aussi  dans  le  do- 
maine religieux ,  bien  que  bon  nombre  de  gens  s'obstinent 
à  l'admettre,  et  beaucoup  cherchent  leur  salut  dans  un 
retour  vers  le  passé.  En  agissant  ainsi  ils  confondent 
l'essentiel  avec  l'accessoire.  Le  principe  religieux  mis 
au  grand  jour  par  le  fondateur  du  christianisme,  était 
un  principe  de  vérité  éternelle,  mais  étroitement  lié  à  une 
cosmogénie,  produit  des  temps  antiques,  et  tandis  que 
Ton  relève  de  nos  jours  ce  principe  fondamental  avec 
une  vigueur  nouvelle ,  il  y  en  a  qui  prétendent  que  Ton 
ne  saurait  être  fidèlement  attaché  à  ce  principe,  si  en 
même  temps  on  ne  déclare  adhérer  toujours  à  la  cosmogénie , 
qui  florissait  il  y  a  plus  de  dix  huit  siècles.  C'est  là 
que  se  trouve  le  différend.  Conservons  le  grand  principe 
intact,  mais  n'oublions  pas  que  le  temps  a  marché,  que 
le  cercle  des  connaissances  humaines  s'est  élargi  considé- 
rablement et  que  les  lumières  acquises  dans  les  sciences 
de  la  nature  et  de  l'histoire  ont  fait  changer  pour  nous 
la  face  du  monde.  Appliquons  le  principe  aux  événe- 
ments du  temps  présent  et  ne  faisons  pas  un  retour  vers 
une  époque,  naïve  peut-être,  mais  assurément  ignorante 
des  grandes  vérités,  dont  la  génération  présente  est  le 
dépositaire. 

Si  Copernic  ou  Newton  avaient  vécu  parmi  les  premiers 


14 


clirétiens,  il  est  probable  que  ceux-ci  auraient  jugé  tout 
différemment  de  beaucoup  de  choses  et  qu^ils  se  seraient 
trouvés  plus  proche  de  la  vérité.  Mais  parfois  on  va  plus 
loin  en  arrière  encore  ,  en  considérant  la  génération 
primitive ,  comme  ayant  possédé  la  suprême  révélation , 
tandis  que  les  descendants  doivent  se  contenter  de  modi- 
fications erronées.  Toutefois,  cette  opinion  n'a  pas  même 
un  fond  vraisemblable;  la  critique  historique  met  tout 
à  fait  en  défaut  la  source  que  Ton  allègue  en  sa  faveur. 
D'ailleurs,  serait  il  trop  hasardé  d'admettre  qu'un  indi- 
vidu, qui  n'a  laissé  à  ses  descendants  aucune  preuve  de 
ses  connaissances  religieuses ,  ne  saurait  avoir  connu  l'Etre 
Suprême,  ou  du  moins  n^i  pas  été  le  dépositaire  de  la 
suprême  révélation. 

Le  monothéisme,  dont  on  croit  retrouver  les  vestiges 
plus  ou  moins  marqués  chez  plusieurs  peuples,  a  été  le 
fondament  des  religions  de  tous  et  ce  n'était  pas  la  race 
sémitique  seule  qui  le  possédait  exclusivement ,  comme 
M.  Renan  a  voulu  le  démontrer.  Nous  en  retrouvons  les 
traces  chez  les  Grecs  et  les  Ariens ,  mais  leur  monothéisme 
s'est  converti  en  polythéisme  et  cette  transformation 
s'explique  aisément.  Les  rapports  de  différente  nature 
qui  s'établirent  peu  à  peu  entre  les  peuples,  donnaient 
lieu  souvent  à  des  changements  remarquables ,  tant  religieux 
que  politiques.  Imposées  par  les  vainqueurs  ou  introduites 
par  le  commerce ,  et  acceptées  soit  par  contrainte  morale , 
soit  par  des  considérations  politiques,  les  divinités  étran- 
gères acquirent  insensiblement  droit  de  domicile  et  finirent 
par  se  confondre  avec  les  dieux  nationaux.  Plus  tard 
nous  les  retrouvons  ensemble  rangés  dans  les  différents 
systèmes. 


15 


L'expression  du  sentiment  religieux  a  suivi  la  marche 
suivante.  Au  commencement ,  nous  voyons  Thomme 
rendre  hommage  à  la  matière  inanimée;  peu  à  peu  ce 
culte  primitif  et  grossier  se  voit  remplacé  par  un  autre 
qui  révère  la  matière  vivante  ;  celui-ci  disparait  à  son 
tour  pour  faire  place  au  culte  qui  a  pour  objet  un  esprit 
invisible  à  qui  Ton  rend  hommage  par  moyen  d'offrandes 
matérielles  lequel  enfin  se  transforme  dans  la  religion  qui 
adore  en  esprit,  un  Dieu  esprit. 

Il  arrive  parfois  que  dans  l'homme  religieux,  comme 
dans  la  forme  que  revêt  son  expression  religieuse,  un 
certain  vide  annonce  l'absence  de  la  puissance  divine; 
on  se  figure  alors  la  divinité  comme  fixée  dans  cer- 
tains lieux  ou  les  prêtres  seuls  ont  la  faculté  de 
l'approcher.  Telle  fut  la  conception  des  Israélites  à 
répoque  ou  Moria  était  le  lieu  de  l'adoration.  Une 
autre  fois,  le  sentiment  de  se  trouver  partout  en  présence 
de  l'Etre  divin,  se  fait  jour  et  alors  l'on  croit  entrevoir 
dans  tout  ce  qu'on  observe  que  la  divinité  est  proche. 
Tels  ,  les  Grecs  se  réprésentaient  leurs  dieux  et  leur 
déesses.  Dans  le  murmure  des  ruisseaux,  ils  croyaient 
entendre  la  douce  voix  des  Naïades  et  dans  le  souffle 
des  Zefirs,  les  soupirs  des  Dryades,  qui  folâtrent  dans 
la  forêt.  Ainsi  dans  le  soleil  levant  ils  aperçurent  la 
déesse  de  l'aurore. 

Wo  jetzt  nur  wie  uns're  Weisen  sagen 
Seelenlos  ein  Feiierball  sich  dreht, 
Lenkte  damais  Seinen  goldneu  Wageu 
HeUos,  in  stiller  Majestat, 


16 

Dièse  Hôhen,  fûUten  Oreaden 
Eiiie  Dryas  lebt'  in  jenem  Baum 
Aus  den  Urnen  lieblicber  Najadeu 
Sprang  der  strôme  Siiberschaum. 

Toutefois  ce  panthéisme  poétique  dut  passer  comme  le 
Déisme  des  Israélites.  L'homme  qui  traverse  les  vicis- 
situdes nombreuses  de  la  vie  ne  trouve  la  tranquillité 
d'âme/  que  lorsqu'il  peut  adorer  une  providence  divine, 
invisible,  dont  il  voit  les  oeuvres  sublimes  répandus 
partout  dans  Tunivers,  dans  lesquels  elle  lui  montre  les 
conceptions     merveilleuses     et     grandioses    de    son    esprit 

A 

tout-puissant.  Lorsqu'on  se  représente  ainsi  l'Etre  divin, 
l'idée  qu'il  est  le  père  jaillit  dans  notre  esprit  en  même 
temps  que  la  créature  se  reconnaît  son  enfant. 

Ces  réflexions  préliminaires  expliqueront  suffisamment, 
je  l'espère,  le  choix  du  sujet  que  je  me  propose  dMtudier 
dans  les  pages  suivantes.  J'ai  intitulé  cette  étude  :  La 
religion  des  Pré-Israélites ,  recherches  sur  le  Dieu  Seth. 
Je  tacherai  de  répandre  quelque  lumière  sur  la  religion  du 
peuple  d'Israël,  avant  qu'il  sortit  de  l'Egypte  pour" 
commencer  son  séjour  dans  le  désert.  Inutile  de  relever 
ici  que  les  différentes  opinions  qui  existent,  concernant 
cette  matière,  sont,  loin  d'être  en  parfaite  harmonie.  Ceux 
qui  admettent  avant  tout  une  révélation  surnaturelle  toute 
spéciale  et  consultent  la  conception  qu'ils  se  sont  formés 
de  rinspiration  ,  plutôt  que  de  scruter  la  valeur  des  canons 
de  l'ancien  testament ,  cherchent  ordinairement  dans  la 
Genèse,  ce  qui  se  trouve  seulement  en  Jérémie.  Il  est 
évident  qu'en  agissant  ainsi,  les  documents  historiques 
doivent  perdre  beaucoup  de  leur  intérêt,  mais  sans  doute 


17 


un  tel  chemin  ne  conduit  pas  et  n'a  jamais  conduit  à  la 
vérité.  Je  tâcherai  donc  de  recueillir  les  vestiges  des 
opinions  antiques,  éparses  dans  les  vieux  documents  qui 
sont  arrivés  jusqu'à  nous,  et  nous  marcherons  vers  le  but 
que  nous  comptons  atteindre  en  prenant  pour  point  de 
départ  le  fait  historique  que  le  peuple  d'Israël,  à  une 
époque  bien  reculée  de  son  histoire ,  a  été  en  contact  avec 
les  populations  qui  habitaient  alors  la  Phénicie,  l'Arabie, 
la  Palestine  et  l'Egypte.  Nous  examinerons  ce  que  l'on 
connaît  de  ces  différentes  nations  qui  vécurent  vers  le 
temps  ou  les  Israélites  arrivèrent  en  Egypte. 

L'Egypte  est  le  pays  des  monuments  par  excellence. 
Nous  possédons  des  inscriptions  de  dates  contemporaines 
qui  remontent  à  la  plus  haute  antiquité  et  qui,  taillées 
dans  la  pierre  des  rochers  ou  tracées  dans  des  documents 
impérissables,  se  sont  conservées  jusqu'à  nos  jours.  Cela 
nous  permet  d'interroger  les  anciens  Egyptiens  sur  ce 
qu'ils  savent  nous  communiquer  de  l'arrivée  des  Hébreux 
dans  leur  pays,  nous  leur  demandons  s'ils  confirment  ou 
nient  la  tradition  Mosaïque  ou  s'ils  répandent  sur  elle 
plus  de  jour  en  comblant  les  lacunes  qu'elle  nous  pré- 
sente. S'il  arrive  que  nous  trouvons  conservée  Fhistoire 
du  séjour  des  tribus  étrangères  parmi  eux ,  nous  serons 
en  état  de  comparer  les  témoignages  acquis  avec  la 
tradition  hébraïque   et  les  résultats    seront  concluants. 

Notre  travail  se  divise  en  deux  parties;  la  première 
traitera  l'histoire  primitive  des  peuples  avec  lesquels 
Israël  à  été  en  contact  en  Egypte  dans  les  temps  les 
plus  reculés  et  les  souvenirs  que  les  différentes  nations 
ont  conservés  de  ce  fait  historique. 

Dans   la  seconde  partie  nous  rechercherons  qu'elle  a  été 

2 


18 


la  religion  des  tribus  étrangères  en  Ég3'pte  et  les  traces 
qu'elles  ont  laissées  chez  les  Hébreux. 

Puisse  cet  essai  contribuer  à  faire  mieux  connaître 
Fhistoire  du  peuple  d'Israël  et  attacher  un  chaînon  de 
plus  à  la  grande  chaîne  qui  réunit  les  phases  diverses 
de  rhistoire  de  l'humanité,  qui  est  la  révélation  suprême 
de  la  providence  divine. 

Plus  nous  y  découvrirons  Tordre  et  la  sagesse,  plus 
notre  foi  en  le  gouvernement  de  Dieu  deviendra  ferme, 
elle  seule  est  en  état  d''établir  la  réconciliation  entre  le 
créateur  et  la  créature. 


IL 


L'HISTOIRE. 


PREMIÈRE  PARTIE. 


L'histoire  primitive  des  peuples  avec  lesquels  Israël  a 

été  en  contact  en  Egypte  dans  les  temps  les  plus 

reculés  et  les  souvenirs  que  les  différentes  nations 

ont  conservés  de  ce  fait  historique. 


Les  Phéniciens  fondirent  de  très  bonne  heure  des 
colonies.  En  descendant  les  côtes  ils  arrivèrent  en  Egypte 
et  plus  tard  ils  abordèrent  à  la  côte  septentrionale  de 
l'Afrique.  —  Les  Arabes  régnaient,  selon  leur  tradition, 
anciennement  en  Egypte.  Yoyons  ce  que  le  peuple  lui 
même  nous  en  rapporte  et  ce  que  les  traditions  aux  bords 
du  Nil  nous  racontent.  —  Les  Hébreux  aussi  visitèrent 
ce  pays.  Examinons  ce  qu'ils  nous  communiquent  de  leurs 
voyages  et  ce  que  nous  en  trouvons  mentionné  en  Egypte 
même. 


22 


Il  y  a  cependant  encore  d'autres  peuples  qui  se  souvien- 
nent de  ce  rapprochement  de  différentes  nations.  Voyons 
aussi  ce  que  ceux-ci  savent  de  ces  migrations  de  Fanti- 
quité.  Voilà  les  questions  qu'il  faut  résoudre  d'abord  parce 
quelles  sont  étroitement  liées  à  Fhistoire  d'Israël,  à  cause 
que  la  réunion  ou  la  rencontre  des  différents  peuples, 
comme  nous  le  prouverons  plus  loin ,  paraît  avoir  eu  lieu 
vers  la  même  époque  de  Thistoire. 

Suivons  d'abord  les  Phéniciens  dans  leur  voyage  le 
long  des  côtes,  puis  rendons  nous  en  Egypte  et  chez  les 
Berbères  qui  habitent  les  bords  de  l'Afrique  septentrionale , 
écoutons  ensuite  les  récits  des  Grecs,  des  Arabes  et  des 
Eomains  pour  terminer  nos  recherches  en  interrogeant 
les  traditions  des  Hébreux. 


I. 

LES    PHÉNICIENS. 

Ilos  *  (El)  ou  Kronos,  le  Saturne  des  Phéniciens,  fils 
du  ciel  et  de  la  terre,  s'était  rendu  maître  du  pouvoir 
suprême  eu  sacrifiant  son  père  ,  qu^il  détrôna  avec  l'aide 
de  Hermès  (Thaaut).  Cet  acte  accompli,  il  descendit  du 
ciel  et  se  rendit  vers*  cette  partie  de  la  terre  ou  se  trouve 
la  Phénicie. 

Il  posa  les  fondaments  de  la  première  ville  Phénicienne 
appelée  Byblos  ^,  fondit  plus  tard  Berytus  et  entreprit  en- 
suite un  voyage  autour  du  monde.  ^  Vers  ce  temps  là  les 
Kabires ,  descendants  des  Dioscures,  naviguèrent  vers 
rÊgypte  et  prirent  terre  près  du  mont  Casias  où  ils 
bâtirent  un  temple. 

Astarté,  fille  du  ciel  et  déesse  de  Sidon ,  suivait  Ilos 
sur  sa  route.  En  signe  de  sa  puissance  *  elle  changeait 
sa  tête  de  déesse  en  tête  de  taureau  et  suivant  à  quelque 
distance ,  elle  aussi  fit  le  tour  du  monde. 

Arrivé  en  Egypte,  (Ilos)  Kronos  se  hâta  de  nommer 
Thaaut  roi  de  ce  pays  des  deux  cotés  du  Nil.  "^ 

Ces  mythes  nous  sont  rapportés  par  Sanchuniaton. 
Selon  cette  tradition  le  peuple  avait  conservé  très  long- 
temps le  souvenir  de  rétablissement  de  colonies ,  a  une  date 
très  ancienne,  sur  la  côte  de  l'Egypte.    L'histoire  de  ces 


24 


voyages  commerciales  étant  perdue^  on  les  rattachait  aux 
noms  des  principales  divinités  ou  de  celles  dont  le  culte 
était  gardé  le  plus  en  honneur.  Ainsi  Bel  ou  El ,  le 
Kronos  ou  Saturne  Phénicien ,  entreprit  ces  voyages  dans 
le  but  de  se  rendre  maître  du  monde.  Astarté ,  sa  soeur , 
la  plus  puissante  déesse ,  le  suivit  dans  ses  pérégrinations. 
De  cette  manière  Thistoire  a  été  conservée  dans  la  mytho- 
logie ,  reste  donc  à  démontrer  que  les  Phéniciens  ont 
été  réellement  en  Egypte  et  y  ont  laissé  des  traces  de 
leur  séjour. 

Tous  les  voyageurs  Grecs  s^accordent  d'avoir  rencontré 
dans  le  Delta  un  culte  particulier  connu  sous  le  nom  de 
Culte  de  la  Vénus  étrangère.  Hérodote  entre  autres , 
nous  en  raconte  ceci:  ^  „Les  prêtres  Egyptiens  préten- 
dent qu'an  certain  homme  originaire  de  Memphis ,  qui 
s'appelait  Protée ,  était  arrivé  à  la  puissance  suprême  et 
Ton  peut  voir  encore  de  nos  jours  un  petit  et  élégant 
édifice  érigé  en  Thonneur  de  ce  même  Protée,  au  sud 
du  temple  d'Hépheste  (Ptah).  Des  Phéniciens  de  Tyr 
habitent  dans  le  voisinage  et  cet  emplacement  est  appelé 
le  camp  des  Ty riens.  Dans  Fintérieur  de  cet  édifice  de 
Protée  se  trouve  un  autel  désigné  sous  le  nom  d'autel 
de  la  Vénus  étrangère.  Les  autels  dédiés  à  l'autre  Vénus 
ne  s'appellent  pas  ainsi."  Il  parait  donc  que  les  anciens 
savaient  qu'à  Memphis  le  culte  de  la  Vénus  étrangère, 
TAstarté  des  Phéniciens,  était  gardé  en  honneur.  Voyons 
s'il  y  a  des  monuments  qui  confirment  cette  assertion. 
Nous  possédons  un  papyrus  du  temps  de  Rhamses  IX 
(environ  1200  ans  avant  notre  ère)  ''  ;  c'est  aux  soins  de 
M.  Chabas  que  nous  devons  la  connaissance  de  ce  monu- 
ment intéressant.     Il  contient  des  formules  magiques  pour 


25 


conjurer  des  malheurs.  Nous  y  lisons  ces  mots:'  „Fermez 

les    bouches comme    est    scellé    le    fil    du    glaive 

d'Anata  et  d'Astarté ,  les  déesses  grandes  qui  conçoivent 
non  enfantent,  elles  sont  scellées  par  les  dieux/'  Anata 
et  Astarté  étaient  par  conséquent  deux  déesses  impor- 
tantes considérées  par  Fauteur  comme  des  esprits  malins 
dont  il  fallait  conjurer  le  courroux.  Il  est  remarquable 
que  le  nom  d'Astarté  s'écrit  de  la  même  manière  comme 
nous  le  trouvons  dans  Tancien  testament.  Nous  le 
rencontrons  encore  bien  des  fois  ailleurs,  mais  écrit  tout 
autrement.  Anata  est  aussi  une  divinité  des  Tyriens  ' 
et  si  généralement  connue  en  Egypte  que  nous  en  possé- 
dons non  seulement  une  figure  portant  casque  et  lance,  *• 
mais  nous  trouvons  le  cheval  et  le  chien  de  Khamsès  II 
(le  grand  Sésostris  des  anciens)  qui  partout  où  ils  portèrent 
leur  pas  répandirent  la  mort  et  la  désolation  ,  portant 
le  surnom  d^ Anata.  ** 

Le  papyrus  en  question  rappelé  une  époque  où  le  culte 
d'Astarté  était  déjà  généralement  répandu.  Reste  à 
savoir  à  présent  le  temps  où  Ton  a  commencé  à  bâtir  le 
premier  temple  en  son  honneur,  pour  fixer  Tépoque  de 
rétablissement  des  premières  colonies.  Hérodote ,  que 
nous  consultons  encore,  nous  présente  Phéron  ^^  comme 
le  successeur  de  Sésostris.  Après  Phéron  régnait  selon 
lui  un  homme  qui  s'appelait  Protée.  Dans  le  cas  que 
Sésostris  soit  identique  avec  Bhamsés  II ,  Séthos  II  serait 
le  Protée  d'Hérodote,  mais  comme  nous  l'avons  indiqué 
déjà,  l'arrivée  des  Phéniciens  en  Egypte  date  d'une  époque 
plus  ancienne.  Du  milieu  des  Phéniciens  qui  habitaient 
Memphis,  sortirent  des  messagers  qui  transmirent  leur 
culte  aux    Grecs.     Les  prêtresses  qui  plus  tard  établirent 


26 


l'oracle  de  Dodone  ^^  y  étaient  transportées  par  des  navires 
Phéniciens.  Des  mythes  antiques  nous  informent  ,;que 
les  prêtres  Egyptiens  racontent,  que  les  Phéniciens  ont 
enlevé  deux  femmes  de  Thèbes  qui  étaient  prêtresses  de 
Zeus  (Amun).  Ils  les  vendirent  l'une  en  Lybie ,  Fautre 
en  Grèce,  et  les  prêtres  avaient  fait  des  recherches 
après  elles,  sans  cependant  les  trouver.  Seulement  il  leur 
fut  rapporté  qu  elles  avaient  créé  des  oracles.  Les  prê- 
tresses de  Dodone  au  contraire  prétendent  que  deux 
pigeons  noirs  s'étaient  envolés  de  Thèbes  en  Egypte,  que 
Fun  s'était  arrêté  en  Lybie  et  Tautre  avait  pris  son  vol 
pour  Dodone  où  se  perchant  sur  un  hêtre  et  se  servant 
de  la  voix  humaine ,  il  avait  crié  qu'un  oracle  dédié  à 
Zeus  (Jupiter)  serait  créé  dans  le  lieu  même.  L'autre 
pigeon  avait  parlé  de  la  même  façon  en  Lybie ,  ordonnant 
l'établissement  aussi  d'un  oracle  pour  Zeus  (Amun). 

Il  est  évident  que  la  base  dans  les  deux  récits  est  la 
même;  nul  doute  que  les  Phéniciens  ont  transporté  en 
Grèce  les  premiers  messagers  de  leur  culte,  sortant  de 
l'Egypte.  Nous  trouvons  cité  ailleurs  lo  ^* ,  partant 
d'Argos  dans  un  navire  Phénicien,  entreprendre  le  voyage 
au  Nil  et  Homère  chantant  leurs  exploits  maritimes,  fait 
dire  par  Ulysse  : 

Mais  lorsque  pour  moi  fut  venu  la  huitième  année  roulante 
Un  Phénicien  me  joignit,  homme  plein  d'astuce  et  de  fraude, 
Qui  commit  chaque  jour  plus  d'un  crime,  vraiment  un  fléau  pour  le 

peuple  , 
Me  persuadant  de  le  suivre,  de  m'en  aller  en  Phénicie 
Son   pays,   sa   maison,   ses   trésors  me  faisant  des  promesses  bril- 
lantes, '^ 


27 


Plus  tard  nous  trouvons  les  Phéniciens,  ayant  établis 
des  relations  de  commerce  régulières  avec  TÉgypte  et 
d'autres  pays.  Hérodote  cite  les  rapports  commerciaux 
d'Argos  avec  TÉgypte*^  et  Strabon  ceux  qui  c'étaient  for- 
més entre  la  Phénicie  et  la  vallée  du  Nil.  La  route  que 
suivaient  les  caravanes  sMtendait  le  long  de  Raphia ,  Rhino- 
kura,  Ostracène  jusqu'au  mont  Casius  et  était  de  cinq 
journées,  i''  Près  du  mont  Casius  se  trouvait  un  excellent 
entrepôt  et  le  chemin  se  croisait  ici  avec  ceux  qui  se 
dirigeaient  en  Nabathée  et  en  Arabie.  ^*  La  ville  bâtie 
au  pied  du  mont  Casius  était  selon  toute  apparence,  un 
des  plus  anciens  établissements  coloniales  des  Phéniciens 
en  Egypte  et  la  mythe  de  Sanchuniaton  confirme  tout 
à  fait  ces  récits  historiques. 

A  partir  du  mont  Casius  la  route  conduisait  à  Memphis 
Pélusium  i3tc.  Il  parait  que  la  frontière»'  de  la  Palestine 
a  été  entre  Migdol  et  Baal-Zéphon  "*  et  que  Fon  entrait 
en  Egypte  tout  près  de  Migdol.  Ces  deux  villes  aux 
noms  Phéniciens  sont  considérées  par  Ezéchiel  et  Jérémie , 
comme  ayant  fait  partie  de  FEgypte.  ^^ 

Migdol  signifie  Tour;  Baal-Zéphon  ou  Baal-Typhon  est 
le  nom  d'une  divinité  phénicienne  dont  nous  parlerons 
plus  tard.  "  Outre  ces  deux  places  nous  trouvons  encore 
cité  comme  étant  d'origine  phénicienne  le  lieu  Liébris  '"j 
nom  qui  signifierait  camp  ou  quartier  des  Hébreux. 

Tous  ces  établissements  dérivaient  des  colonies  des 
côtes  de  la  Palestine,  tandis  que  ceux  qui  se  trouvaient 
le  long  de  la  côte  Africaine  étaient  la  continuation  des 
colonies  Egyptiennes. 

Nous  trouvons  cité  en  premier  lieu  Dor,  Jopé  et  Askalon , 
comme    villes    maritimes   de  la  Phénicie.  '*     Nous  lisons 


28 


au  sujet  de  Dor  „non  loin  de  Cesarée  se  trouvait  Dor , 
petit  bourg  habité  par  des  Phéniciens."  Ceux-ci  étant 
arrivés  pour  la  pêche  de  la  pourpre,  avaient  commencé 
à  se  bâtir  des  cabanes  et  lorsque  cette  pêche  devint 
abondante  et  lucrative ,  ils  fendirent  les  rochers  et  bâtirent 
un  port  convenable  avec  les  pierres.  Sur  cette  même 
côte  on  trouve  encore  une  autre  ville  du  même  nom  que 
l'on  appelle  aussi  Raphat-Dor.  Celle-ci  appartint  au  royaume 
d'Israël  '^  a  une  période  plus  récente.  La  principale  ville 
de  commerce  était  Jopé,  ville  Phénicienne  située  sur  les 
frontières  de  la  Phénicie  et  de  la  Palestine  ^^  qui  fut  un 
entrepôt  commercial  du  royaume  des  Israélites. 

En  descendant  toujours  la  côte  on  arrivait  à  Askalon 
que  Ton  appelait  une  ville  de  IVriens.  '"^  Celle-ci  et  la 
ville  de  Gaza  étaient  designés  ensemble  par  le  nom  de  : 
port  de  Majuma.  ^* 

De  cette  manière ,  toujours  longeant  la  côte,  les  Phéni- 
ciens atteignèrent  TEgypte  ;  nous  savons  qu'ils  y  établirent 
des  colonies,  mais  ce-ci  ne  nous  est  rapporté  que  par  des 
historiens  étrangers.  Tâchons  de  découvrir  aussi  les 
preuves  de  leur  arrivée  en  Egypte  même,  mais  citons 
d'abord  quelques  monuments  Phéniciens  trouvés  dans  la 
basse  Egypte. 

Gésénius  dans  son  travail  sur  les  monuments  Phéniciens 
en  fait  mention.  '^  En  premier  lieu  il  cite  nn  bas- 
relief  portant  une  inscription  Phénicienne  et  représentant 
une  offrande  à  Osiris  par  une  prêtresse.  La  traduction 
de  Gésénius  est  celle  ci  :  „Bénie  soit  Thèbes ,  fille  de 
Téchépus,  prêtre  d'Osiris!  Jamais  elle  n'a  offensé  cruelle- 
ment qui  que  ce  soit ,  jamais  elle  n^a  colomnié.  0  ! 
immaculée  devant  la  face  d'Osiris ,  soyez  bénie  par  Osiris. 


2d 


Que  Fon  vous  rende  hommage,  vous  qui  faites  accroitre 
mon   bonheur  et  prenez  place  parmi  les  pieux.     Adieu  !" 

Ce  monument ,  selon  toute  apparence ,  semble  avoir  été 
érigé  du  temps  des  Ptolomées  par  un  Israélite  qui  ap- 
partenait au  culte  Egyptien.  Le  second  monument  qui 
puisse  servir-  à  notre  recherche  c'est  le  Papyrus  de  Turin 
trouvé  parmi  d'autres  par  Hamaker  en  1823  et  copié  par 
SeyfFarth.  Celui-ci  est  encore  d'origine  Juive  et  selon  la 
traduction  de  Gésénius  on  y  lit:  „Dieu  mon  seigneur, 
arrachez  ton  serviteur  misérable  à  l'oppression,  mon  véri- 
table seigneur  c'est  Jéhova." 

Un  troisième  monument  sont  les  papyrus  du  duc  de 
Blacas,  trouvés  par  celui-ci  à  Eome  chez  un  marchand 
d'antiquités  Egyptiennes  dans  Tannée  1825.  Ce  sont 
quatre  fragments.  Le  n".  1  est  expliqué  par  Gésénius  de 
la  manière  suivante  :  „Le  discours  que  l'on  y  trouve  à 
rapport  à  un  temps  futur,  il  parait  que  quelqu'un  s'adresse 
a  son  roi  en  lui  parlant  d'un  peuple  auquel  il  ne  faut 
plus  distribuer  des  vivres  et  dont  les  usances  doivent  être 
condamnées  aussi  longtemps  qu'il  n'aura  exécuté  l'ordre 
qu'il  avait  reçu  de  butir  une  ville.  Le  peuple  en  question 
fut  déjà  en  disgrâce  près  du  père  du  roi  actuel.  La  per- 
sonne parlante  est  apparemment  celle  qui  dans  le  fragment 
n".  Il  apparait  sous  le  nom  de  Bar- Han es,  vu  que  là  le  roi 
s'entretient  avec  un  personnage  de  ce  nom  qui  est  le  préfet 
des  guerriers ,  à  qui  le  roi  accorde  force  louanges  a  cause 
de  ses  faits  d'armes,  du  butin  qu'il  à  su  faire  tout  en 
ménageant  ses  jours  et  qui  sera  nommé  premier  dignitaire 
civil.  Les  fragments  III  et  IV  ont  rapport  à  la  même 
circonstance.  Toutefois  il  est  presque  impossible  de  fixer 
l'époque.    Gésénius    les    ramène    au   temps  du    séjour  des 


80 


Israélites  en  Egypte,  ce  que  nous  croyons  peu  vrai sembable. 

Nous  possédons  encore  un  libatoire  rapporté  du  Sérapeum , 
avec  une  inscription  en  caractères  Phéniciennes.  Cette 
incription  a  été  traduite  de  plusieurs  manières  mais  qu'elle 
que  soient  les  différentes  explications  auxquelles  on  est 
arrivé,  on  est  d'accord  sur  le  point  principal  et  Ton 
convient  que  c'est  un  Phénicien  qui  Fa  consacré  a  Apis, 
le  taureau  sacré.  ^'^ 

En  résumant  ce  que  nous  venons  de  dire ,  notre  conclusion 
est  celle-ci  :  nous  trouvons  en  Phénicie  la  tradition 
d'une  fondation  très  ancienne  de  colonies  sur  les  côtes 
de  l'Egypte.  Ces  rapports  entre  l'Egypte  et  la  Phénicie 
sont  confirmés  par  les  Grecs  d'une  part,  et  de  l'autre 
par  les  monuments  qui  ont  été  conservés  en  Egypte. 
Ces  colonisations  ont  eu  lieu  à  partir  de  la  Palestine, 
jusqu'à  la  côte  du  Delta. 

Pour  fixer  l'époque  juste  de  ces  événements,  il  nous 
faut  consulter  l'histoire  de  l'Egypte  même. 


n. 

LES    ÉGYPTIENS. 

L'étude  des  traditions  Egyptiennes  trouve  pour  ses 
recherches  un  fonds  de  documents  authentiques,  comme 
nul  autre  peuple  de  l'antiquité  n'a  légué  aux  générations. 

Les  habitants  de  la  vallée  du  Nil  enregistrèrent  les 
événements  historiques  qui  se  passaient  parmi  eux,  soit 
qu'ils  en  taillèrent  le  récit  dans  le  granit  ou  dans  le  calcaire 
des  rochers,  livres  impérissables  dont  nous  pouvons  encore 


31 


de  nos  jours  feuilleter  les  pages  imposantes,  soit  qu'ils  les 
inscrirent  sur  les  feuilles  du  papyrus ,  dont  plusieurs 
rouleaux  de  grandeur  différente  soigneusement  cachés  dans 
des  urnes,  nous  ont  été  conservés,  souvent  intactes  et 
comme  étant  écrits  d'hier. 

Nous  possédons  ainsi  l'histoire  rapportée  de  deux  ma- 
nières différentes  mais  contemporaines.  Impossible  d'avoir 
des   bases   plus   solides  pour  ériger  l'édifice  de  l'histoire. 

Outre  ces  monuments  antiques  nous  possédons  encore 
un  fil  conducteur  dans  les  méandres  historiques,  dans  les 
écrits  attribués  à  Manethoos  de  Sébennyte  *  qui  vécut  du 
temps  de  Ptolemée  Philadelphe  et  appartenait  à  une 
famille  sacerdotale.  Il  fit  Thistoire  de  sa  patrie  en  décrivant 
les  30  dynasties  qui  se  succédaient  au  pouvoir  suprême 
et  fit  usage  pour  ses  recherches  des  monuments  de  pierre 
et  des  livres  des  prêtres. 

On  a  beaucoup  discuté  sur  l'authenticité  de  ses  écrits , 
mais  on  peut  considérer  a  présent  les  récits  de  Manethoos 
comme  fondés  sur  des  bases  solides  et  les  monuments  qui 
existent  encore  en  sont  les  preuves  irrécusables.  Lepsius 
dans  son  „Kônigsbuch"  a  fait  revivre  Manethoos.  *  Il  a 
comparé  les  différentes  chronologies  Egyptiennes  de  plu- 
sieurs historiens  de  l'antiquité  qui  sont  arrivés  jusqu'à 
nous.  Il  y  a  ajouté  les  noms  des  rois  que  l'on  a  trouvé 
sur  les  monuments  qui  datent  de  différentes  dynasties. 
Maintenant,  avec  un  peu  de  connaissance  des  hiéroglyphes 
Egyptiennes,  chacun  peut  faire  la  comparaison  qui  prouve 
en  général  l'exactitude  de  Manethoos. 

Dans  le  chapitre  précédant  nous  avons  démontré  que 
les  Phéniciens  possédaient  des  traditions  d'une  fondation 
très  réculée  de  colonies   Egyptiennes  et  que  le  témoignage 


sa 


de  quelques  monuments  rendent  ce  fait  très  probable. 
Voyons  à  présent  ce  que  nous  en  trouvons  mentionné  par 
rhiérogrammate  de  Sébennyte;  examinons  si  l'arrivée  des 
Phéniciens  lui  a  été  connu  et  ce  qu'il  nous  en  commu- 
nique ,  confrontons  ensuite  son  récit  avec  les  monuments 
afin  de  constater  la  réalité  de  ce  fait  historique. 

Nous  lisons  chez  Manethoos  :  ^  ^Pendant  le  règne  du  roi 
Amuntimaiis,  il  arriva  que  Dieu  était  irrité  contre  nous 
pour  des  causes  que  j'ignore  et  l'on  vit  arriver  des  hom- 
mes de  basse  extraction,  maîtres  vaillants  qui  envahirent 
le  pays  et  s'en  rendirent  maître  sans  peine  et  sans  combat. 
Et  quand  ils  avaient  assujetti  les  princes  ils  brûlèrent 
les  villes  et  démolirent  les  temples  ;  ils  se  montrèrent  très 
cruels  envers  les  habitants  qu'ils  massacrèrent  ou  en  firent 
des  esclaves,  sans  en  excepter  les  femmes  et  les  enfants. 
Ils  choisirent  un  roi  d'entre  eux  qui  s'appelait  Salatis. 
Ce  prince  qui  habitait  Memphis  levât  des  impots  dans 
tous  les  lieux  et  mit  des  garnisons  dans  les  places 
fortes.  Cette  mesure  fut  prise  pour  rendre  plus  formidable 
la  frontière  orientale,  car  il  redoutait  une  invasion  des 
Assyriens  qui  étaient  très  puissants.  Il  trouva  un  endroit 
situé  à  l'est  de  la  branche  du  Nil  Bubastique ,  que 
l'antique  théologie  appelait  Avaris.  Il  rebâtit  cette  ville , 
l'entoura  de  murs  épais  et  y  plaçait  un  garnison  de 
^40,000  hommes. 

Après  lui  régnèrent  Béon  Apachnas,  Apophis,  Annas 
et  Assis.  C'étaient  les  six  premiers  rois.  Ils  firent 
continuellement  la  guerre  et  voulurent  exterminer 
les  Egyptiens.  Cette  tribu  étrangère  est  appelée  les 
Hyksôs ,  ce  qui  signifie  princes-pasteurs  ;  Hyk  veut  dire 
dans   le  langage  sacré  Roi  et  Sôs ,  Pasteur ,  ce  qui  réuni 


53 


donne  Hyksôs.  Il  y  en  a  qui  prétendent  que  ce  furent 
des  Arabes  et  dans  un  autre  document  on  trouve  une 
autre  signification  donnée  à  ce  mot.  Là  Hyk  est  traduit 
en  prisonnier  ce  qui  parait  aussi  plus-  vraisemblabe  à 
.Tosèplie.  —  Ces  rois  et  leurs  successeurs ,  raconte  Josèphe , 
se  sont  maintenus  dans  la  possession  de  l'Egypte  pen- 
dant 511  années,  lorsque  le  roi  Mephratbutmosis  leur 
fit  la  guerre  et  les  chassa  de  PEgypte.  Enfermés  dans 
un  endroit  appelé  Avaris ,  oii  selon  Manethoos  tous  les 
trésors  des  pasteurs  étaient  entassés ,  Thutmosis  fils  de 
Mephratliutmosis  se  décida  à  prendre  cette  place  forte 
par  la  force  et  il  attaqua  ses  remparts  avec  480,000 
guerriers  ;  mais  comme  il  commença  à  douter  de  la 
réussite  de  ^entreprise ,  il  leva  le  siège  sous  condition 
qu'ils  quitteraient  l'Egypte  avec  sauf-conduit  pour  un 
endroit  qu'ils  pussent  choisir.  Ceci  étant  accepté,  ils 
prirent  avec  leurs  familles  ,  leurs  trésors  et  240,000 
guerriers ,  le  chemin  qui  mène  à  la  Syrie  en  traversant  le 
désert  et  de  peur  pour  la  supériorité  de  la  puissance  des 
Assyriens,  qui  régnaient  à  cette  époque  en  Asie,  ils  bâtirent 
dans  le  pays  qui  porte  à  présent  le  nom  de  Judée ,  une 
ville  assez  grande  pour  renfermer  tant  de  milliers  d'hommes , 
qu'ils  nommèrent  Hiérosoh^ma." 

Voilà  le  contenu  du  vieux  fragment  qui  traite  une  par- 
tie de  Tancienne  histoire  de  TEgypte,  qui  a  été  l'objet  de 
recherches  sérieuses  et  dont  les  opinions  sont  très  difi*éren- 
tes.  On  a  discuté  beaucoup  sur  Tépoque  à  la  quelle  l'invasion 
des  tribus  étrangères  a  eu  lieu,  on  difPére  sur  la  manière 
d'écrire  les  noms  de  leurs  rois  et  on  est  allé  même  jusqu'à 
considérer  cet  événement  comme  une  fiction  de  Manethoos , 
composée  d'après  le  récit  de  l'auteur  de  la  Genèse.  * 

3 


34 


Ce  qui  explique  cette  diversité  d'opinions  contradic- 
toires, c'est  que  les  monuments  que  l*on  possédait  alors 
ne  fout  aucune  allusion  au  fait  important  de  Finvasion 
et  de  la  domination  étrangère  ;  mais  depuis  on  a  découvert 
d'autres  monuments  qui  répandent  assez  de  jour  sur  ce 
sujet  pour  résoudre  cette  question.  Voyons  d'abord  quels 
sont  les  noms  de  ces  princes;  en  confrontant  les  listes 
des  rois  nous  trouvons  pour  la  quinzième  dynastie  : 

Josèphe.  dyn  XY.  Joseph.  Arm.  XY.  Africanus.  XY.  Sothis.  XXI. 


Salatis. 

Silitis. 

Saites. 

Silites. 

Beon. 

Banon. 

Bnon. 

Baion. 

Apachnas. 

Apachnan. 

Pachnan. 

Apachnas 

Apophis. 

Aphosis. 

Aphophis. 

Annas  ou  Jannas 

.  Annan. 

Assis. 

Asetli. 

Archles. 

Sethoos. 

Aphobis. 

Kertoos. 

Eus.  Arm. 

XYII.    Eus.  sync. 

Schol.  Platonis.  XYII. 

Saites. 

Saites. 

Saites. 

Bnon. 

Bnon. 
Aphophis. 

Bnon. 

Archles. 

Archles. 

Archles. 

' 

Aphophis. 

Aphophis. 

L'examen  des  différentes  listes  donne  à  peu  près  le  même 
résultat,  seulement  la  place  qu'occupe  dans  la  série  d'Afri- 
cain le  nom  d'Aphobis,  doit  nous  étonner.  M.  Lepsius 
dit  à  ce  sujet  :  „ Josèphe  est  le  plus  ancien  auteur  qui  a 
donné  des  extraits  de  Manethoos  et  Africain  diffère  de  lui 
deux  endroits.     Il  place  le  nom  d'Aphobis  en  bas  de 


en 


d5 


la  liste  d^où  suit  la  seconde  différence,  qui  consiste  dans 
rirrégularité  des  années.  Dans  les  années  qui  marquent 
le  règne  de  Pachnan,  on  trouve  la  preuve  qu'  Apliobis 
a  occupé  autrefois  chez  Africain  une  autre  place  et  bien 
celle  qui  est  la  quatrième  en  dessous  de  Salatis/'  ' 

Dans  le  grand  papyrus  de  Turin,  qui  contient  les 
listes  des  rois  ^,  on  cherchait  vainement  les  noms  que  nous 
avons  cité  et  Ton  se  perdait  en  conjectures  pour  expliquer 
cette  omission. 

Depuis  quelque  temps  cela  s'est  éclairci.  Devéria  ''  a 
trouvé  parmi  les  restes  du  papyrus  royal  un  petit  fragment , 
le  no.  112,  sur  lequel  se  trouvent  les  noms  Annub  .  . , 
Ap  et . . .  Ap ,  le  reste  de  ces  noms  est  illisible. 

Toutefois  la  trouvaille  était  importante ,  surtout  lorsqu'on 
avait  découvert  que  la  traduction  Arménienne  de  Josèphe 
donnait  aussi  la  lection  Anon  pour  Bnon.  *  Il  est  donc 
plus  que  probable  que  la  liste  de  Manethoos  soit  histo- 
rique. Nous  lisons  ainsi  pour  la  quinzième  dynastie  les 
noms  suivants  :  Salatis ,  Annub  ou  Beon,  Apachnas,  Apophis, 
Annas  et  Assis.  Ce  n^est  pas  seulement  la  question  des 
noms  qui  a  été  mise  dans  un  jour  plus  clair,  l'origine 
aussi  des  étrangers  à  gagné  en  certitude. 

Selon  Manethoos  c'étaient  des  gens  obscurs,  de  simples 
pasteurs,  qui  venaient  de  l'orient,  soit  de  la  Palestine, 
soit  de  l'Arabie.  ^  Africain  les  considère  comme  des 
Phéniciens.  ^'^  Plus  loin  les  investigations  ne  purent  être 
poussées ,  faute  de  preuves  recueillies  dans  des  monuments 
de  pierre  ou  de  papyrus.  Plus  tard  ces  monuments  in- 
dispensables sont  trouvés.  Le  papyrus  Sallier  I  est  le 
principal  monument  historique.  Les  efforts  de  M.  de 
Eougé   et   de   M.  Brugsch  ont  été  couronnés  de  résultats 


36 


brillants  qui  ont  jetë  une  nouvelle  lumière  sur  ce  temps 
si  obscur.  Yoici  la  traduction  de  ce  monument:  „I1  arriva 
que  l'Egypte  tomba  dans  le  pouvoir  des  rebelles  et  per- 
sonne notait  roi  dans  ce  temps  là.  Yoila  !  le  roi  Easkénen 
n'était  que  régent  suprême  de  la  haute  Egypte.  Les 
révoltés  séjournaient  en  Héliopolis  et  leur  chef  Apepi 
(Apopbis)  dans  la  ville  Ha-uar  (Avaris).  Tout  le  pays  se 
montrait  devant  lui  avec  des  présents,  il  se  mettait  en- 
tièrement à  son  service  et  lui  fournissait  les  meilleurs 
produits  du  pays.''  " 

Apophis  régnait  ainsi  sur  la  basse  Egypte ,  pendant  que 
le'  pouvoir  sur  la  haute  Egypte  se  trouvait  dans  les  mains 
de  Easkénen.  L'auteur  du  papyrus  appelé  les  étrangers 
des  rebelles ,  qui  tenaient  dans  leur  pouvoir  tout  le  pays 
de  la  Delta  sous  le  4'  roi  de  la  15'  dynastie  de  Manethoos. 
Outre  ce  papyrus,  il  y  a  encore  un  monument  qui  con- 
firme ce  témoignage  en  la  donnant  encore  de  l'extension. 
Sur  le  tonibeau  d'Ahmès  se  trouve  une  inscription  ^*,  dont 
M.  de  Rougé  a  donné  une  traduction  partielle.  Nous  y 
lisons  selon  lui:  „Le  supérieur  des  nautoniers  Ahmès, 
dit  :  lorsque  j'ai  fait  mes  transformations  dans  la  placé 
d'Élytheia ,  était  mon  père  commandant  du  navire  du  roi 
des  hautes  et  basses  régions,  Easkénen  le  justifié."  Plus 
loin  nous  lisons  qu'il  y  eut  lieu  un  combat  dans  les 
eaux  de  Petetka  ou  de  Tetku  près  d'Ha-uar  (Avaris)  **. 
Dans  ce  combat  Ahmès  excellait  par  sa  vaillance  et  pour 
le  récompenser  de  sa  bravoure,  il  reçut  un  collier  d'or 
du  roi.  Mais  la  guerre  n'était  pas  terminée  encore,  car 
quelques  lignes  plus  loin  nous  lisons  qu'un  second  combat 
est  livré ,  dans  lequel  le  courage  d' Ahmès  reçut  de  nouvelles 
louanges'*    et   après    un    troisième,    nous    le  voyons  qui 


37 


prend  part  à  la  prise  de  Ha-uar.  "  Ce- ci  se  passait  dans 
la  troisième  année  du  règne  d'Ahmès  ,  premier  roi  de  la 
dix-huitième  dynastie.  ^^  L'inscription  conclut  par  annon- 
cer que  sa  majesté  finit  par  exterminer  *^  les  pasteurs  ou 
Mena.  A  présent  nous  sommes  en  état  de  faire  les  con- 
clusions suivantes. 

En  comparant  les  deux  monuments  avec  le  fragment 
de  Manethoos  ,  nous  voyons  que  les  rebelles  ou  les 
pasteurs  ont  possédé  pendant  quelque  temps  l'Egypte 
et  que  leur  capitale  fut  Avaris.  Raskénen  le  roi  de  la 
haute  Egypte,  leur  fit  la  guerre,  mais  ce  fut  son  succes- 
seur Ahmès  ou  Amosis  qui  réussit  à  les  expulser  dans 
la  troisième  année  de  son  règne.  Le  récit  de  Manethoos 
qui  raconte  que  ce  fut  Thutmosis  qui  exécutait  cette 
expulsion,  n'ôte  rien  à  la  véridicité  des  monuments,  mais 
cela  prouve  simplement  que  Manethoos  était  mal  informé, 
ce  qui  peut  s'expliquer  peut-être  par  le  fait  que  Thut- 
mosis est  souvent  cité  comme  expulsateur  et  vainqueur 
des  tribus  orientales  de  l'Asie.  Il  se  peut  aussi  que  les 
étrangers  ne  fussent  pas  tout  a  fait  vaincus  ou  chassés 
par  Amosis,  mais  seulement  subjugués. 

Plus  loin  nous  reviendrons  sur  ce  chapitre  et  nous 
dirons  à  présent  deux  mots  concernant  l'origine  des 
étrangers.  Presque  toujours  les  peuples  Asiatiques  sont 
désignés  sur  les  monuments  comme  les  habitants  du  pays 
de  Heth  ou  Chet  et  plus  tard  on  attachait  à  ce  nom  un 
certain  mépris. 

Il  y  a  quantité  de  monuments  qui  font  mention  du 
peuple  Chet,  qui  y  est  représenté  comme  des  esclaves 
enchainés  qui  présentent  le  type  Asiatique  très  prononcé; 
nez    courbé ,    arcade    zygomatique    proéjninente    et    barbe 


touffue ,  ce  qui  les  distingue  au  premier  abord  de  l'Égyptien 
parfaitement  rasé. 

Les  Israélites  trouvèrent  les  Chittim  en  Canaan  lors  de 
leur  arrivée  dans  ce  pays  '^  et  les  Philistins  étaient  connus 
de  très  bonne  heure  comme  les  fils  de  Chet  ^'.  Ceux-ci 
habitaient  près  de  la  frontière  de  TEgypte ,  ce  qui  sans 
doute  donna  lieu  à  quelques  rapports  entre  ces  deux  peu- 
ples depuis  un  temps  immémorial,  de  sorte  qu'il  n'est 
pas  étonnant  de  trouver  désignés  sous  ce  même  nom 
plusieurs  tribus  différentes,  qui  entrèrent  successivement 
en  Egypte,  soit  avec  des  intentions  paisibles,  soit  pour  des 
motifs  hostiles.  Les  Hyksôs  ,  selon  toute  apparence ,  furent 
un  mélange  de  peuplades  Palestino-Phéniciens ,  qui  ont 
été  pendant  quelque  temps  les  maîtres  de  l'Egypte.  Les 
relations  qui  existaient  entre  ces  deux  tribus ,  prouvent 
évidemment  que  les  Palestiniens  en  firent  partie. 

Il  est  très  remarquable  que  nous  lisons  que  Hébron  fut 
bâti  sept  années  avant  Zoan  en  Egypte.  ^"  Hébron  fut 
appelé  autrefois  Kirjath-Arba  (ville  d'Arba).  Selon  Josué 
Arba  fut  Thomme  gigantesque  parmi  les  Euacites.  *'  Il  y 
eut  donc  quelque  rapport  entre  Zoan  et  Arba,  qui  peut 
fixer  les  différentes  époques  de  la  fondation  de  ces  deux  villes. 
Zoan  est  identique  à  Avaris,  comme  il  à  été  prouvé  depuis 
peu.  "  On  a  beaucoup  discuté  sur  l'emplacement  juste 
de  cette  ville  et  c'est  aux  fouilles  nouvellement  pratiquées 
dans  le  petit  village  de  San ,  nommé  Tanis  par  les  Grecs , 
que  nous  devons  la  certitude  que  cet  endroit  et  Avaris 
sont  parfaitement  identiques.  '^  Déjà  Champollion  consi- 
dérait Avaris  identique  à  Tanis  après  qu'il  eût  déchifré 
les  hiéroglyphes  d' Avaris  écrites  comme  Tan  ^*  et  M.  de 
Hougé  nous  a  démontré  tout  récemment  que  Zoan  est  la 


39 


traduclion  Hébraïque  de  Ha-uar,  mots  qui  tous  les  deux 
signifient  départ.  Josué  aussi  cite  un  endroit  du  même 
nom,  mais  écrit  au  pluriel  Zoanim.  ^'^ 

Cependant  San  ne  se  trouve  pas  situé  à  Pendroit  que 
Manethoos  nous  indique  comme  le  lieu  où  se  trouvait 
Avaris ,  mais  il  parait  que  l'on  se  trompe  aussi  quant  à  la 
situation  de  Pélusium  ;  d'ailleurs  il  n'y  a  rien  qui  en  fait 
de  preuves,  saurait  remplacer  les  monuments. 

Tanis  ou  San  ou  Ha-uar  est  situé  au  bord  du  lac 
Serbo,  qui  comme  plus  tard  le  bras  du  Kil  Tanitique,  ne 
jouit  pas  d'une  bonne  renommée  ^^  à  cause  du  séjour  des 
Hyksôs  dont  on  a  trouvé  des  monuments  dans  ces  lieux. 
Il  y  a  en  premier  lieu  les  quatre  Spbynx  de  San.  *"'  Nous 
remarquons  de  suite  la  différence  qui  existe  entre  ceux-ci 
aux  physionomies  sémitiques  et  les  Sphynx  Égyptiens 
véritables.  M.  de  Eougé  *^  en  donne  cette  description  : 
„Les  yeux  sont  petits ,  le  nez  vigoureux  et  arqué  en  même 
temps  que  plat ,  les  joues  sont  grosses  en  même  temps 
qu^osseuses,  le  menton  est  saillant  et  la  bouche  se  fait 
remarquer  par  la  manière  dont  elle  s'abaisse  aux  extré- 
mités. L'ensemble  du  visage  se  ressent  de  la  rudesse  des 
traits  qui  le  composent  et  la  crinière  touffue  qui  encadre 
la  tête  ,  dans  laquelle  elle  semble  s'enfoncer ,  donne  au 
monument  un  aspect  plus  remarquable  encore." 

Les  inscriptions  qui  se  trouvent  sur  ces  quatre  Sphynx 
sont  très  difficiles  à  déchiffrer.  H  est  probable  qu'ils  ont 
figuré  devant  le  temple  érigé  par  Apophis,  dont  nous 
parlerons  plus  loin ,  et  dans  ce  cas  ils  ont  été  nommés 
d'après  le  nom  de  ce  roi. 

Outre  ces  Sphynx  il  y  a  trois  statues  de  rois  apparte- 
nant   à    la  treizième  dynastie.     Les  inscriptions  que  Ton 


40 


y  trouve  sont  de  date  postérieure  et  originaires  des  rois 
pasteurs.  La  première  statue  est  celle  de  Ea-smenkhka  ** 
et  porte  le  nom  d'Apopliis  que  celui-ci  fit  tailler  dans 
la  pierre.  Cette  statue  après  avoir  été  découverte  ^*,  a  été 
une  seconde  fois  enfoncée  dans  le  sable.  Le  pendant  de 
celle-ci  est  la  statue  de  Sévekhoteph.  III ,  qui  se  trouve 
au  Louvre  ^^  et  la  troisième  est  celle  connue  sous  le  nom 
de  Colosse  de  Tel-mokdam  ^^  pourvue  d'une  inscription 
de  Menephtah  et  d'un  roi  Hyksôs  du  nom  Sutechti.  ^^ 

Nous  possédons  ainsi  mie  collection  de  monuments  de 
la  treizième  dynastie  qui  sont  aussi  des  témoignages  de 
la  quinzième  ,  puis  de  véritables  monuments  de  Hyksôs , 
que  You  ne  connaissait  pas  il  y  a   quelques  années. 

Le  Louvre  en  possédait  bien  un  seul  ^^  mais  ce  n'est 
que  depuis  peu  de  temps ,  que  Ton  à  pu  y  découvrir  le 
nom  d'Apophis.  "* 

Tous  ces  monuments  intéressants  ont  jeté  beaucoup  de 
lumière  sur  une  partie  bien  obscure  de  l'histoire.  Ils  nous 
ont  fait  connaître  l'époque  de  l'arrivée  des  tribus  étrangères 
et  c'est  par  eux  que  nous  savons  que  le  règne  de  la 
treizième    dynastie    n'a  pas  été  troublé  par  des  invasions. 

Ce  sont  les  documents  d'origine  Egyptienne  toute  pure, 
qui  se  trouvent  dans  les  musées  du  Louvre  et  de  Leide  ^^, 
qui  nous  l'assurent.  M.  Lepsius  et  M.  Bunsen  sont  d'avis 
que  la  prise  de  l'Egypte  eut  lieu  pendant  que  la  douzième 
dynastie  était  en  pouvoir ,  bien  que  M.  de  Rougé  eût  démontré 
que  le  Colosse  de  Sévekhoteph  III  est  d'un  style  Egyptien 
des  plus  purs  et  que  cette  statue  avait  été  trouvée  selon 
M.  Mariette  dans  la  basse  Egypte,  où  les  tribus  étrangères 
avaient  régné.  Toutefois  le  fait  que  nous  possédons  trois 
monuments    de    la    Basse    Egypte ,    tous  du  temps  de  la 


41 


treizième  dynastie,  prouve  évidemment  que  Tinvasion  des 
pasteurs  n'a  pu  avoir  lieu  avant  que  la  quatorzième  dynastie 
régnait  sur  TEgypte  ;  mais  il  y  a  plus  encore. 

Selon  le  récit  de  Manethoos  les  Hyksôs  dévastèrent  tout 
par  feu  et  par  armes  ,  démolirent  les  temples  et  exterminè- 
rent tout  ce  qui  s'appelait  Egyptien.  Il  est  possible  que 
Salatis  fut  un  oppresseur,  mais  il  est  certain  aussi 
qu^Apophis  ne  s^est  pas  rendu  coupable  de  semblables  vio- 
lences ,  témoin  les  monuments  qui  ont  été  conservés  des 
dynasties  antérieures  et  les  statues  des  Pharaons  que  l'on 
a  laissé  intacts  et  leurs  inscriptions  respectées.  Ce  sont 
là  des  preuves  irrécusables  que  les  Hyksôs  n  ont  pas  tout 
détruit ,  mais  qu'ils  ont^  au  contraire  accepté ,  en  partie  du 
moins ,  la  religion  Egyptienne  et  qu'ils  ont  écrit  dans 
l'idiome  de  ce  pays.  Il  est  donc  plus  que  probable  que 
Manethoos  s'est  laissé  induire  en  erreur  ou  bien  que 
Fantipathie  contre  la  domination  des  étrangers  fut  la 
cause  que  son  coup  d'oeil  n  a  pas  été  impartial  sur  ce  fait 
de  l'histoire ,  prévention  assez  expliquable  d'ailleurs ,  chez 
le   prêtre  de  Sébennyte. 

En  résumant  ce  qui  précède  nous  arrivons  au  résultat 
que  pendant  le  règne  de  la  quatorzième  dynastie  , 
une  invasion  de  tribus  Palestino-Phéniciennes  a  eu  lieu 
en  Egypte.  Ces  tribus  plus  généralement  connues  sous 
le  nom  de  pasteurs  du  pays  de  Chet  ou  les  Hyksôs, 
possédèrent  la  Basse  Egypte,  s'assimilèrent  les  moeurs 
Egyptiennes,  pratiquèrent  le  culte  Egyptien,  écrivirent 
l'idiome  Égyptien  et  habitèrent  la  place  forte  Avaris , 
ce  qui  traduit  en  Hébreu  signifie  Zoan.  Ils  y  régnèrent 
environ  417  années,  depuis  Fan  2101  jusqu'à  1684  av. 
n.    ère   selon   la   chronologie    de     M,    Lepsius,     lorsqu' 


42 


Amosis  les  chassa.  La  quatorzième  dynastie  est  appelée 
celle  des  Choites,  originaire  de  Chois  (Delta  occident). 
Il  est  très  probable  que  cette  dynastie,  comme  l'indique 
M.  Eobiou,  a  règne  en  même  temps  que  les  Hyksôs ,  d'où 
suivrait  que  dans  la  succession  des  règnes ,  la  quinzième 
dynastie  suit  immédiatement  la  treizième.  ^^  Sur  ce  dé- 
part nous  dirons  encore  quelques  mots. 

Manethoos  nous  communique  que  le  successeur  de 
Mephratuthmosis  avait  assiégé  Avaris  et  que  les  pasteurs 
s'étaient  éloignés  après  avoir  rendu  la  ville  à  certaines 
conditions;  qu'ils  avaient  traversé  les  déserts  de  Syrie  et 
s'étaient  établis  en  Judée  où  ils  bâtirent  la  ville  d'Hiéro- 
solyma  ou  de  Jérusalem.  ^^  Après  l'expulsion  des  pasteurs 
par  Thutmosis ,  comme  le  raconte  Manethoos  ,  une  série 
de  rois  se  succéda  jusqu'à  Amenophis,  dont  on  rapporte 
ce-ci  :  Il  voulut ,  à  l'exemple  de  son  ancêtre ,  voir  les 
dieux  et  quand  il  eut  exprimé  ce  désir,  il  reçut  la  ré- 
ponse qu'il  serait  exaucé  sous  la  condition  qu'il  purifierait 
tout  le  pays  des  lépreux  et  des  autres  gens  impurs. 

Le  roi  enchanté  de  cette  réponse,  ordonna  immédiate- 
ment que  tous  ceux  dans  le  pays  qui  seraient  trouvés* 
ayant  quelque  mal  physique ,  seraient  rassemblés.  La 
multitude  réunie  de  cette  façon  ,  compta  huit  myriades 
d'hommes ,  que  le  roi  fit  conduire  aux  carrières  qui  se 
trouvaient  au  côté  oriental  du  Nil ,  pour  y  travailler  tout 
comme  les  ouvriers  destinés  spécialement  à  ce  genre  de 
travail. 

Parmi  les  lépreux  bannis  se  trouvèrent  quelques  prêtres 
très  érudits.  Amenophis  fils  de  Paâpios,  sage  et  prophète, 
qui  portait  le  même  nom  que  le  roi ,  craignant  que  la 
colère  des  dieux  serait  excitée  par  la  violence  infligée  aux 


43 


prêtres,  prévit  que  Ton  verrait  arriver  des  gens  qui  dé- 
livreraient les  lépreux  pour  régner  ensuite  pendant  treize 
années  sur  l^Égypte,  mais  ne  se  sentant  pas  le  courage 
de  le  dire  au  roi  de  vive  voix  ,  il  récrivit.  Le  roi  saisi 
d'épouvante  écrivit  sans  tarder,  littéralement  ceci:  „Parce 
que  ces  gens  ont  travaillé  depuis  longtemps  dans  les 
carrières,  on  a  prié  le  roi  de  leur  indiquer  un  endroit 
pour  se  reposer  et  spécialement  qu'il  leur  serait  donné 
une  ville  sans  habitants  qui  a  appartenue  autrefois  aux 
pasteurs  et  que  Ton  appelé  Avaris.  Le  roi  veut  bien 
leur  accorder  cela." 

Selon  les  anciens  théologiens,  la  ville  en  question  est 
un  lieu  Typhonique ,  c'est  à  dire ,  appartenant  au  malin 
esprit. 

Quand  les  lépreux  étaient  entrés  dans  la  ville  et  s'y 
étaient  établis  de  manière  qu'ils  pouvaient  prendre  Foffen- 
sive ,  ils  choisirent  comme  conducteur  ou  chef,  certain 
Osarsiphos,  prêtre  de  Héliopolis,  auquel  ils  prêtèrent  ser- 
ment d'obéissance  absolue. 

Celui-ci  leur  donna  une  loi  qui  contenait  qu'ils  ne  se 
prosterneraient  plus  devant  les  dieux  des  Egyptiens  et 
quils  ne  s'abstiendraient  plus  de  se  servir  des  animaux 
considérés  comme  saints  par  les  Egyptiens  ;  qu'au  con- 
traire ils  étaient  autorisés  de  les  tuer  et  de  se  nourrir 
avec  leur  chair,  n'étant  plus  liés  à  quoi  que  ce  soit  qui 
ne  fut  compris   dans  le  serment. 

Cette  affaire  arrangée  et  après  avoir  pris  quelques  autres 
mesures ,  toutes  opposées  aux  moeurs  Egyptiennes ,  le 
législateur  fit  rebâtir  les  murs  de  la  ville  par  une  grande 
partie  du  peuple  et  se  prépara  à  la  guerre  contre  Ame- 
nophis.     Il    manda    ensuite   quelques  prêtres  et  quelques 


44 


lépreux  qu'il  envoya  aux  pasteurs  expulsés  par  Thutmosis 
et  qui  habitaient  Hiérosolyma.  Après  avoir  raconté  le 
traitement  infâme,  subi  par  lui-même  et  ses  sujets  de  la 
part  du  roi  d'Egypte ,  il  leur  fit  la  proposition  d'arranger 
ensemble  une  expédition  contre  l'Egypte.  Il  s'engagea  à 
leur  ouvrir  d'abord  les  portes  d'Avaris  j  leur  ancienne 
patrie  et  de  leur  procurer  eu  abondance  tout  ce  dont  ils 
auraient  besoin;  il  promit  de  se  mettre  à  la  tête  des 
combattants ,  si  on  le  désirerait ,  tout  eu  leur  persuadant 
que  la  victoire  serait  remporté  facilement.  Les  pasteurs 
épris  de  cette  proposition,  se  hâtèrent  de  rassembler  200,000 
guerriers,  avec  lesquels  ils  arrivèrent  peu  après  à  Avaris. 

Quand  le  roi  Amenophis  apprit  la  nouvelle  de  cette 
invasion ,  il  en  fut  tout  découragé ,  se  rappelant  aussi  la 
prédiction  du  fils  de  Paiipios.  Il  convoqua  le  peuple  et 
tint  conseil  avec  les  principaux.  Il  fit  venir  les  animaux 
sacrés  et  en  premier  lieu  ceux  que  l'on  adorait  dans  les 
temples  ;  il  ordonna  aux  prêtres  de  cacher  soigneusement 
les  images  des  dieux ,  tandis  qu'il  cacha  son  fils  Séthos 
âgé  de  cinq  ans,  chez  un  ami.  Lui-même  partit  à  la 
tête  de  300,000  des  meilleurs  guerriers  pour  Memphis, 
sans  tacher  de  rencontrer  les  ennemis,  emporta  de  cette 
ville  ....  Apis  et  les  autres  animaux  sacrés  et  se  rendit 
ensuite  en  Ethiopie  avec  tous  ses  vaisseaux  et  grand 
nombre  d'Egyptiens. 

Le  roi  de  l'Ethiopie  l'accueilla  cordialement,  lui  et  son 
peuple  et  pourvut  à  leur  subsistance.  Il  prit  aussi  les 
mesures  nécessaires  pour  le  séjour  de  treize  années,  temps 
fixé  pour  l'exil  fatal  de  tout  ce  monde  et  fit  partager 
entre  eux  des  villes  et  des  villages.  Enfin  il  place  son 
armée    comme    sauve  garde  pour  Amenophis  et  les  siens, 


45 


Les  Solymites  réunis  aux  lépreux  entrèrent  en  Egypte, 
où  ils  maltraitèrent  les  vaincus  à  un  tel  point  que  ceux 
qui  furent  les  témoins  de  leurs  cruautés  les  appelèrent 
les  plus  vils  des  usurpateurs.  Ils  brûlèrent  les  villes  et 
les  villages ,  commirent  des  actes  sacrilèges  en  démolis- 
sant tout  ce  qu'ils  trouvèrent  de  statues  et  d'images  des 
dieux.  Ils  tuèrent  les  animaux  sacrés  auxquels  on  rendait 
des  honneurs  divins  et  en  rôtirent  les  chairs ,  ils  contraig- 
nirent les  prêtres  d'en  verser  le  sang  avec  leurs  propres 
mains ,  après  quoi  ils  jetèrent  ceux-ci  tout  nus  dehors. 

L'on  prétend  que  le  fondateur  de  ce  nouvel  état  fut 
prêtre  et  législateur  originaire  d'Héliopolis  (On)  et  portait 
le  nom  de  Osarsiphos  ce  qui  veut  dire  ^appartenant  au  dieu 
Osiris'^  (divinité  qu'on  adora  a  Héliopolis)  mais  qu'il 
changea  ce  nom  en  celui  de  Moïse ,  lorsqu'il  passa 
dans  ce  peuple  étranger.  Plus  tard  Amenophis  retourna 
de  l'Ethiopie  avec  grand  nombre  de  guerriers ,  tandis  que 
son  fils  Eampsès  (autre  nom  pour  Séthos)  avait  de  son 
côté  rassemblé  une  armée  aussi.  Contre  ces  forces  réunies 
les  pasteurs  et  les  lépreux  s'allièrent ,  mais  ils  furent 
vaincus  et  les  Egyptiens  après  avoir  tué  un  grand  nombre 
d'étrangers  les  ont  poursuivi  jusqu'  aux  frontières  de 
la  Syrie.'' 

En  résumant  les  traits  principaux  de  l'histoire  de 
Manethoos ,  nous  obtenons  le  résultat  que  les  Pasteurs 
firent  une  invasion  en  Egypte ,  se  soumirent  ce  pays 
et  bâtirent  la  ville  d'Avaris.  Ils  furent  chassés  ensuite 
par  Amosis  dans  la  troisième  année  de  son  régne. 
(Le  départ  des  pasteurs  eut  lieu  selon  Manethoos  en 
vertu  de  certaines  conditions  accordées  aux  vaincus  et 
pendant    le    règne    de  Thutmosis.)     Ils    se    rendirent  en 


46 


Syrie  où  ils  bâtirent  la  ville  d'Hiérosolyma.  Il  y  avait 
encore  un  autre  tribu  connu  sous  le  nom  de  tribu  des 
impurs  ou  des  lépreux  auquel  fut  donné  la  ville  déserte 
d'Avaris.  Après  avoir  été  opprimés  pendant  un  certain  temps, 
ils  s  y  établirent,  devinrent  puissants,  contractèrent  une 
alliance  avec  les  pasteurs  et  conquirent  TEgypte.  Plus  tard 
Amenophis  et  son  fils  Eampsès  âgé  de  dix-huit  ans,  les 
chassèrent  à  leur  tour  et  les  poursuivirent  jusqu'en  Syrie. 

Plusieurs  monuments  nous  ont  été  conservés  du  temps 
des  conflits  avec  les  tribus  étrangères.  Ils  se  succèdent 
de  la  manière  suivante:  Le  tombeau  d'Ahmès;  "'  le  stèle 
de  Thoutmès,***  les  monuments  d' Amenophis  III  et  celui 
d*Ibsamboul  où  Fon  trouve  le  récit  de  la  bataille  que 
Eamses  Meiamun  livra  aux  Chets ,  jusqu'  aux  moindres 
détails.  Nous  y  lisons  qu'  Ahmès  chasse  les  Chets  dans 
la  troisième  année  de  son  règne  et  que  Thoutmès  III, 
le  premier  roi  de  la  18""'  dynastie  **,  poussa  ses  conquêtes 
jusqu'  en  Syrie.  Amenophis  III  étendit  son  royaume 
jusqu'à  Naharain  *^  (Mésopotamie).  Eamses  Meiamun  les 
soumit  à  son  tour  et  conquit  aussi  une  partie  de  FAsie.  *? 
Menephta  **  et  son  successeur  Séthos  *''  poursuivirent  ces 
conquêtes.  La  vingtième  dynasiie,  celle  des  Eamessides 
ne  livra  pas  tant  de  batailles.  *^  Enfin  pendant  le  règne 
de  la  21""  dynastie,  l'ancienne  Avaris  fut  rebâtie  sous  le 
règne  des  Tanites.  ^"^ 

Il  nous  est  impossible  de  fixer  avec  certitude  l'époque 
de  l'expulsion  des  Hyksôs ,  parce  qu'il  parait  que  plusieurs 
rois  se  sont  alliés  à  ce  peuple  et  qu'il  se  peut  qu'ils  n*ont 
pris  la  fuite  qu  en  partie ,  ou  bien  que  ce  soient  les  guerriers 
seulement  qui  ont  été  chassés.  Nous  trouvons  ensuite 
qu'   Amosis   mit   une  fin    à    la  guerre  avec  les  habitants 


47 


d'Avaris,  mais  aussi  que  plus  tard  cette  ville  fut  rendue 
aux  tribus  opprimées,  tandis  que  celles-ci  s'allièrent  aux 
Hyksus  expulsés  et  reconquirent  l'Egypte.  Il  nous  reste 
des  monuments  qui  datent  de  la  réconciliation  d'Amenophis 
avec  les  Ethiopiens.  *** 

Quand  nous  demandons  maintenant,  ce  qu'il  y  à  dans 
tout  ce  qui  précède  de  vraiment  historique,  il  me  semble 
que  l'on  peut  établir  comme  tel ,  les  événements  suivants  : 
Pendant  la  troisième  année  du  règne  d'Ahmès,  roi  d'Egypte, 
Avaris  à  été  prise  et  ses  habitants  chassés  jusqu'à  Shari- 
héna  ou  la  plaine  de  Saron.  *^  C'était  vers  l'an  1681  av. 
n.  ère.  Amenophis  fit  encore  une  fois  la  guerre,  mais  selon 
M.  de  Eougé,  ce  fut  contre  d'autres  tribus  de  pasteurs.  " 

Thoutmès  étendit  ses  conquêtes  jusqu'en  Mésopotamie, 
d'où  il  suit  que  les  tribus  furent  ou  chassées  ou  soumises 
et  peut  être  alliées.  Cette  dernière  supposition  est  la 
plus  vraisemblable ,  parce  que  nous  savons  que  Kamses 
leur  fit  de  nouveau  la  guerre. 

Ce  n'est  donc  qu'une  partie  qui  fut  chassée;  jusqu'  ici 
nous  ne  possédons  qu'un  seul  monument  qui  a  rapport 
à  cet  événement.  C'est  un  petit  Sphynx  à  la  tête  de 
lion  et  portant  le  nom  d'un  roi  Hyksôs.  Il  a  été  trouvé 
sous  un  vieux  mur  à  Bagdad  et  fait  partie  aujourdhui 
de  la  collection  de  M.  de  Saint  Sauveur.  Devéria  en  à 
donné  une  notice  et  selon  lui  le  nom  du  roi  est  Ea-set- 
noub.  ^^ 

Il  est  probable  que  ce  monument  à  été  emporté  par 
les  fuyards,  bannis  d' Avaris;  toutefois  le  bannissement  du 
peuple  tout  entier,  n'en  reçoit  pas  un  témoignage  irrécusable. 

Il  n'y  à  pas  longtemps  que  M.  Mariette  a  trouvé  dans 
les  environs  des  fouilles  de  Tanis ,  des  hommes  habitant  ù 


48 


Mensaleh,  dont  la  physionomie  présente  le  type  sémitique 
tout  à  fait  semblable  a  celui  que  Ton  rémarque  sur  les 
monuments  des  Hyksôs.  Il  déduit  de  cette  découverte  la 
conséquence  intéressante:  „que  les  descendants  des  pasteurs 
habitent  encore  de  nos  jours  aux  bouches  du  Nil."  " 


m. 

LES     GRECS. 

Quels  furent  d'après  les  traditions  des  peuples  étrangers 
les  rapports  qui  existèrent  entre  TEgypte  et  la  Phénicie? 
Voilà  la  question  qui  nous  occupera  à  présent.  Pour  la 
résoudre  d'une  manière  satisfaisante  il  faut  que  nous  con- 
sultions en  premier  lieu  les  souvenirs  que  les  Grecs  ont 
conservés  de  ce  fait  historique. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  l'oracle  de  Dodone ,  qui 
selon  la  tradition  Grecque  est  d'origine  Egyptienne,  y  fut 
transplanté  par  des  navires  Phéniciens ,  d'où  suivrait 
nécessairement  que  les  Grecs  ont  connu  à  une  très 
ancienne  date  Texistence  de  relations  entre  FEgypte  et  la 
Phénicie,  établies  par  la  navigation. 

Strabon  fait  mention  de  la  route  que  suivait  le  com- 
merce entre  ces  deux  pays,  et  plusieurs  villes  Egyptien- 
nes étaient  regardées  par  les  Grecs  comme  des  colonies 
Phéniciennes.  Mais  il  y  a  des  preuves  plus  concluantes 
encore. 

Ils  connurent  par  exemple  un  culte  d'un  caractère 
Phénicien  très  prononcé  et  tout  à  fait  opposé  au  culte 
Egyptien.  Selon  Hérodote,  ^  Ménélaus  sacrifia  des  enfants 


49 


pendant  son  séjour  dans  la  Basse-Egypte  où  il  avait  6té 
envoyé  en  mission  pour  traiter  avec  le  roi  Protée  les 
affaires  d'Hélène  ^  et  en  parlant  du  naufrage  qu'il  lit 
après,  Euripide*  nous  communique,  qu'il  trouva  des 
navires  Sidoniennes  dans  la  Basse-Egypte,  qui  le  ramenè- 
rent chez  lui.  Plus  évidents  encore  que  ces  preuves  sont 
les  mythes  concernant  ce  peuple,  que  nous  trouvons 
conservés  chez  Apollodore.  s 

Les  relations  intimes  établies  entre  les  tribus  Asiatiques 
et  les  habitants  de  la  Basse- Egypte,  sont  prouvées  par 
Forigine  du  nom  d'Eg3^pte,  qu'il  fait  dériver  du  père  qui 
fut  la  souche  de  ce  peuple  et  qui  s'appelait  xiegyptus. 
Il  était  le  fils  de  Bélus  (Bel  ou  Baal)  et  d'Amphirroë ,  la 
fille  du  Nil.  Le  nom  d'Amphirroë  ne  peut  être  considéré 
comme  un  nom  propre ,  dans  le  sens  ordinaire  que  l'on 
attache  à  cette  expression;  c'est  plutôt  un  nom  symbolique 
qui  signifie:  celle  qui  est  arrosée  de  tous  cotés ^  désig- 
nation donnée  aussi  à  Memphis ,  parceque  cette  ville 
était  entourée  partout  de  canaux  dérivés  du  Nil.  *  A  un 
autre  endroit  Ton  trouve  Memphis  designée  sous  le  nom 
d'Amphirroë  d'oii  il  suivrait  qu'  Aegyptus  serait  le  fils  de 
Bélus  et  de  Memphis.  "  Memphis ,  capitale  de  la  Basse- 
Egypte  et  Bélus ,  la  principale  divinité  des  tribus  Asiatiques 
sont  ainsi  représentés  comme  les  parents  d'Aegyptus.  Le 
sens  de  ce  mythe  répond  donc  d'une  manière  affirmative 
à  la  question  qui  nous  occupe,  savoir:  Que  les  Grecs 
ont  eu  connaissance  des  rapports  entre  l'Egypte  et  la 
Phénicie.  Quelque  peu  nombreux  qu'elles  soient ,  les 
preuves  énoncés  nous  suffisent  ;  seulement  il  nous  importe 
beaucoup  de  savoir  si  nous  pouvons  acquérir  quelques 
éclaircissements    quant    à    Tépoque    où    ces    relations   ont 

4 


50 


commencé  a  s'établir.  Nous  lisons  chez  Diodore  que 
l'arrivée  des  tribus  étrangères  en  Egypte  et  leur  domina- 
tion temporaire,  lui  fat  connu  et  il  s'accorde  avec  le 
récit  de  Manetlioos  sur  ce  sujet,  toutefois  sans  désigner 
les  peuples  conquérants  par  leurs  noms.  Lui  aussi  em- 
prunte ce  qu'il  nous  communique  à  des  sources  connues; 
nous  reviendrons  sur  cela  quand  nous  examinerons  les 
traditions  Romaines. 


IV. 

LES    ROMAINS. 

La  tradition  romaine  à  pour  base  principale  les  récits 
de  Manethoos  et  peut-être  aussi  ceux  de  Josèpbe.  En 
comparant  les  différentes  traditions,  cette  assertion  devient 
évidente. 

Quand  on  examine  attentivement  les  citations  que  Josèphe 
emprunte  à  Manethoos ,  on  est  frappé  de  la  confusion 
d'idées  qui  s'est  introduite  dans  les  écrits  du  premier,  ce 
que  Von  ne  remarque  pas  chez  le  second.  En  nous  com- 
muniquant les  traditions  de  Manethoos,  Josèphe  nous 
raconte  en  premier  lieu  le  séjour  des  Pasteurs  à  Avaris, 
puis  leur  départ  de  là;  plus  loin  il  cite  l'oppression 
que  subirent  les  impurs  où  lépreux  et  la  liberté  qui  leur 
fut  rendue  plus  tard;  après  il  fait  mention  du  pacte 
qu'ils  firent  avec  les  Pasteurs  bannis  d'Hierosolyma  et  la 
conquête  de  l'Egypte. 

Le  chef  du  peuple  allié  s'y  appelle  Osarsiphos  et  Josèphe 
en  s'arrètant  à  ce  nom,  s'exprime  ainsi  :  ^  „I1  est  certain 


51 


que  nos  ancêtres ,  qui  s^appellairent  Pasteurs ,  ont  abandonné 
TEgypte  393  ans  avant  le  départ  de  Danaus  pour  Argos. 
Manethoos  dit  quelque  part  que  nos  ancêtres  sont  arrivés 
par  milliers  en  Egypte ,  qu'ils  ont  assujetti  les  habitants  et 
que  plus  tard  ils  se  sont  retirés  de  là,  pour  aller  se  fixer 
dans  le  pays  qui  s'appelle  la  Judée  où  ils  ont  fondé  la 
ville  d'Hierosolyma  et  bâti  un  temple.  Il  se  permet  en 
suite  des  plaisanteries  au  sujet  des  Israélites  en  racontant 
des  choses  absurdes.  Il  nous  confond  par  exemple  avec 
les  lépreux  et  nous  considère  comme  ayant  fait  partie  des 
Egyptiens  qui  furent  chassés  de  l'Egypte,  à  cause  des 
maladies  impures  dont  ils  étaient  affectés.'* 

Comme  nous  l'avons  déjà  remarqué  plus  haut,  Manethoos 
fait  mention  de  Hyksôs  et  d'impurs  ou  lépreux  et  parmi 
les  derniers  il  compte  Moïse. 

Joseph e,  qui  fait  la  même  distinction,  range  les 
Israélites  parmi  les  Hyksôs.  En  nous  abstenant  d'exa- 
miner ,  s'il  peut  alléguer  pour  justifier  cette  assertion , 
d'autres  motifs  que  le  sentiment  de  nationalité  froissé, 
nous  nous  bornerons  à  constater  que  la  confusion  qui 
régne  dans  les  récits  historiques  à  partir  de  Manethoos, 
loin  de  diminuer,  va  en  s'augmentant. 

Voyons  maintenant  ce  que  nous  trouvons  chez  Diodore, 
qui,  comme  nous  le  remarquions  déjà,  à  cause  de  sa 
conformité  avec  les  historiens  Eomains ,  peut  être  rangé 
parmi  eux;  nous  y  lisons  :  ^ 

„Dans  ces  temps  là  il  se  trouvait  en  Egypte  grand 
nombre  d'étrangers,  dont  les  opinions  religieuses  et  les 
manières  de  sacrifier  différaient  considérablement  des  usances 
Egyptiennes ,  de  sorte  qu'ils  étaient  regardés  par  ceux-ci 
comme  des  gens  qui  scandalisaient  les  dieux  du  pays. 


52 

Pour  se  débarrasser  de  ce  fléau ,  les  Egyptiens  résolurent 
de  les  chasser  de  chez  eux ,  ce  qu^ils  mirent  à  exécution. 
Les  plus  braves  et  les  plus  considérés  parmi  ces  étrangers 
bannis ,  se  transportèrent  en  Grèce  sous  le  commandement 
de  Danaus  et  de  Cadmus,  tandis  que  les  autres  plus  forts 
en  nombre,  partirent  pour  le  pays  qui  s'appelle  au jourdhui 
la  Judée ,  région  à  cette  époque  déserte  et  inhabitée.  Le 
chef  de  cette  colonie  s^appelait  Moïse,  homme  éminent 
par  son  intelligence  et  sa  force  physique. 

Après  avoir  établi  son  peuple  dans  les  différentes  parties 
du  pays ,  il  fit  bâtir  la  ville  d'Hierosolyma  et  le  temple 
que  l'on  y  garde  en  grand  honneur.. 

Il  enseigna  un  culte  divin  et  des  cérémonies  sacrées 
et  fut  le  législateur  du  jeune  état,  dont  il  divisa  les  sujets 
en  douze  tribus,  d'après  les  douze  mois  de  l'année.  Il 
leur  défendit  de  faire  l'image  de  Dieu ,  parce  qu'il 
jugeait  que  le  ciel  qui  embrasse  le  monde  était  tout- 
puissant  et  seul  Dieu,  dont  il  était  impossible  de  faire 
une  image." 

Jusqu^  ici  le  récit  de  Diodore.  Il  est  évident  qu'il  à 
puisé  aux  sources  de  Josèphe  et  de  Manethoos ,  quoiqu'il 
ne  fasse  pas  mention  des  Hyksôs  et  qu'il  partage  l'opinion 
de  Manethoos,  qui  désigne  Moïse  comme  le  chef  des  lépreux. 

L'historien  romain  ne  se  distingue  pas  de  son  collègue 
Grec  par  des  rapports  plus  clairs  ou  plus  originaux. 
Justin  ^  nous  donne  à  quelques  exceptions  une  histoire 
analogue  à  celle  que  nous  connaissons  déjà.  Selon  lui , 
les  Israélites  seraient  originaires  de  Damas ,  un  état 
considérable  en  Syrie,  qui  devait  son  nom  au  roi  Damas- 
cus ,  dont  les  successeurs  furent  Azelus,  Adores,  Abraham 
et  Israël;  ce  dernier  jouit  d'une  pins  grande  célébrité  que 


53 


ses  prédécesseurs  parce  qu'il  avait  dix  fils.  „Après  avoir 
partagé  son  peuple  en  dix  partis  qu'il  appelait  tous  juifs 
d'après  Juda,  il  en  donnait  le  pouvoir  suprême  à  ses  fils. 
Le  plus  jeune  des  frères,  Joseph  ,  jeune  homme  d'une  rare 
intelligence,  fut  écarté  secrètement  par  ses  aînés  et  vendu 
à  des  marchands  étrangers  qui  le  menèrent  en  Egypte. 
Arrivé  là  et  vendu  une  seconde  fois ,  il  s^initia  vite , 
guidé  par  ses  dispositions  naturelles ,  dans  les  secrets  de 
la  magie  et  sut  captiver  en  peu  de  temps  la  bienveil- 
lance du  roi.  Il  fut  tellement  habile  à  expliquer  des 
songes ,  qu'il  annonça  plusieurs  années  d'avance  une  stéri- 
lité de  la  terre  qui  menaçait  le  pays  d'une  disette  affreuse, 
dont  les  conséquences  auraient  été  incalculables  si  le  roi, 
persuadé  par  son  favori,  n'eut  ordonné  des  mesures  afin 
d'emmagasiner  pendant  plusieurs  années  une  partie  des 
récoltes. 

Ce  Joseph  avait  un  fils  Moïse ,  qui  fut  héritier  des 
connaissances  de  son  père  et  qui  outre  cela  était  remar- 
quable par  la  beauté  de  sa  personne.  Mais  les  Egyptiens 
exhortés  par  l'oracle,  chassèrent  de  leur  pays  les  nombreux 
habitants  souffrants  de  la  gale  et  d'autres  maladies  impu- 
res, afin  de  mettre  un  obstacle  aux  ravages    de  la  peste. 

Elu  chef  des  expulsés.  Moïse  emporta  les  vases  sacrés 
des  Égyptiens  qu'il  avait  volé,  mais  qu'il  fut  obligé  de 
leur  rendre,  lorsqu'ils  les  réclamèrent  les  armes  a  la  main. 
Moïse  reprit  le  chemin  de  Damas,  sa  patrie  et  se  reposa 
pendant  quelques  jours  près  du  Mont  Syna ,  à  cause  des 
fatigues  que  le  peuple  avait  eu  à  endurer  pendant  les 
sept  jours  qu'ils  mirent  à  traverser  le  désert  d'Arabie 
et  pendant  quel  temps  ils  furent  privés  de  nourriture.  Il 
consacrait   pour   les  siècles  à  venir  le  septième  jour,  qui 


54 


selon  les  coutumes  juives  est  appelé  Sabbath ,  parce  que 
ce  jour  avait  mis  un  terme  a  leur  faim  et  afin  qu  ils  ne 
vivraient  plus  ensemble  avec  des  étrangers  dans  Tavenir, 
en  se  souvenant  qu'ils  avaient  été  chassés  de  TEgypte  par 
la  crainte  qu'ils  communiqueraient  la  contagion/^ 

Nous  voyons  que  Justin ,  lui  aussi ,  consulte  Josèphe 
ou  Manethoos,  mais  garde  le  silence  au  sujet  des  Hyksôs 
en  désignant  Moïse  comme  le  chef  des  lépreux. 

Tacite  *  se  trouve  à  la  même  hauteur  des  connaissances 
historiques;  il  cite  les  mêmes  événements,  mais  modifiés 
cà  et  là,  à  sa  manière.  Son  dernier  livre  de  Thistoire 
commence  par  le  récit  de  l'expédition  de  Tite  en  Pales- 
tine et  la  conquête  de  Jérusalem.  En  traitant  cette 
matière,  il  entre  aussi  en  quelques  détails  au  sujet  de 
cette  ville  et  de  son  origine  et  cite  plusieurs  dérivations 
du  nom  du  peuple  qui  Thabite  et  entre  autres  celle-ci": 
„Du  temps  qu'  Isis  possédait  la  souveraineté  de  FEgypte, 
une  grande  partie  d'un  certain  peuple  qui  s'était  accru 
considérablement  peu  a  peu,  aurait  émigré,  sous  la  con- 
duite de  deux  chefs,  Hiérosolyme  et  Judée.  Selon 
d'autres ,  ce  peuple  serait  descendu  d'une  nation  qu  Ho- 
mère avait  déjà  connu,  les  Solymi,  qui  bâtirent  une  ville 
qu'ils  appelèrent  d'après  leur  propre  nom  Hierosolyma. 
Toutefois ,  les  historiens  les  plus  dignes  de  foi  déclarent 
unanimement,  qu'a  une  certaine  époque,  une  épidémie 
désola  l'Egypte  entière  et  fit  dépérir  tout  homme  qui 
gagnait  la  maladie;  que  le  roi  Ochoris  consulta  l'oracle 
d'Ammon ,  qui  lui  ordonna  de  purger  son  royaume  et  de 
chasser  cette  nation  impure,  comme  les  disgraciés  des 
dieux.  Tout  ce  peuple  fut  donc  rassemblé  et  banni  du 
pays,  puis  chassé  vers  des  lieux  déserts  ce  qui  les  rendit 


55 


tristes  et  désespères.  Mais  Moïse,  un  des  bannis,  parla 
à  ce  peuple  en  lui  disant,  qu'il  ne  fallait  plus  espérer 
de  secours  ni  des  dieux  ni  des  hommes,  mais  qu'ils  n'avaient 
qu'à  mettre  leur  confiance  en  lui  comme  dans  un  messager 
divin.  Les  tribus  l'acceptèrent  comme  tel  et  entreprirent 
sous  sa  coiiduite  une  excursion  incertaine,  sans  savoir 
où  ils  allaient.  Ce  qui  leur  manquait  le  plus  pendant  leurs 
courses,  c'était  de  l'eau  pour  boire,  mais  un  jour  on  vit 
paraitre  un  troupeau  d'ânes  sauvages  qui  s'avancèrent  vers 
un  rocher  au  pied  duquel  se  trouvait  un  bosquet  ombragé 
et   Moïse  en  les  y  suivant  trouva  de  l'eau  en  abondance. 

Après  six  jours  de  voyage  ils  arrivèrent  en  Judée,  y 
bâtirent  une  ville  et  un  temple  et  chassèrent  les  habitants. 
Moïse  donna  de  nouvelles  lois ,  tout  à  fait  opposées  à 
celles  des  autres  peuples.  Ils  regardent  comme  sacré, 
ce  qui  chez  nous  est  réputé  profane  et  de  cette  manière 
ils  ont  consacré  dans  l'intérieur  de  leur  temple  l'image 
de  l'animal  qui  les  à  sauvé  autrefois  ,  quand  ils  se  trou- 
vèrent errants  dans  le  désert  et  succombèrent  de  soif." 
Nous  trouvons  ainsi  le  récit  de  Tacite  tout  a  fait  en 
accord  avec  ceux  de  Justin,  de  Diodore  et  de  Manethoos, 
mais  ce  dernier  seul  est  la  source  originale  où  tous  les 
autres  ont  puisé,  quoique  les  différents  historiens  aient 
orné  leur  récits  en  les  entremêlant  de  plusieurs  légendes. 
Chaque  écrivain  a  sa  manière  particulière  de  reproduire 
l'histoire  et  ces  particularités  mettent  toujours  hors  de 
doute ,  le  rapport  qui  existait  entre  la  Palestine  et 
l'Egypte. 

Il  nous  est  impossible  de  décider  si  les  écrivains 
Bomains  ont  connus  et  consulté  d'autres  sources  que  Dio- 
dore ,  Josèphe  et  Manethoos ,  bien  que  le  cachet  original 


56 


qui  les  caractérise  tous,  puisse  donner  lieu  a  le  croire. 
Les  accuser  d'avoir  agi  arbitrairement ,  trancherait  la 
question  d'une  manière  facile  mais  sans  toutefois  la  ré- 
soudre. Nous  nous  contenterons  pour  le  présent  d'établir 
la  thèse  :  Que  les  Eomains  ont  eu  connaissance  des  rap- 
ports qui  existèrent  entre  les  tribus  de  la  Palestine  et  de 
rÉgypte. 


V. 

LES     BERBÈRES. 

„Avant  de  faire  son  entrée  en  Canaan ,  Josué  fit  trois 
propositions  aux  habitants  de  ce  pays,  savoir  :  Ceux  qui 
désiraient  émigrer  avaient  la  permission  de  s'en  aller, 
ceux  qui  désiraient  la  paix ,  n'avaient  qu'a  se  rendre , 
tandis  que  ceux  qui  préféraient  de  combattre  pouvaient 
se  préparer  au  combat. 

Alors  les  Gergésites  qui  croyaient  en  Dieu ,  prirent  la 
fuite  et  se  rendirent  en  Afrique."  '  C'est  ainsi  que  s'ex- 
prime la  tradition  Hébraïque  et  elle  ajoute,  que  quelque 
temps  après ,  les  tribus  qui  s'étaient  enfuis  reviennent 
pour  faire  valoir  leurs  droits  sur  le  pays  de  Canaan  ; 
là-dessus  nous  lisons  ce  qui  suit:  „Quand  les  fils  de 
l'Afrique  étaient  arrivés,  pour  comparaître  avec  les  Israé- 
lites devant  Alexandre  de  Macédoine  ils  parlaient  ainsi." 
Le  pays  de  Canaan  nous  appartient  car  il  est  écrit 
Nom  :  32  ,  2  "  Un  juif  savant  sut  convaincre  Alexandre 
de  la  nullité  de  leurs  arguments."  ^  Yoilà  la  tradition 
et    il    y    en    a    qui  sont    d'avis  que  ces  citations  ont  été 


57 


emprunt(^s  à  un  document  apocryphe  qui  traite^  de  la 
conquête  de  Canaan.  ^ 

Les  anciennes  chroniques  font  descendre  aussi  les  Afri- 
cains des  tribus  de  Palestine  et  rapportent  que  les  Africo- 
Phéniciens  et  les  Carthaginois  doivent  leur  origine  au 
petit  fils  de  Noo.  * 

Les  tribus  qui  habitent  TxV trique  septentrionale  y  seraient 
arrivés  en  traversant  le  Delta,  lorsqu'ils  étaient  mis  en 
fuite  par  Josué.  Nous  possédons  un  rapport  conforme  à 
celui-ci  du  temps  d'Alexandre  Sévère  (234  années  après 
J.  Chr.)  qui  nous  communique  que  les  habitants  des  îles 
Baléares  descendaient  des  Cananéens  qui  prirent  la  fuite 
devant  Josué  et  que  la  ville  de  Cadix  en  Espagne  fut 
bâtie  par  des  Jébusites  et  autres  tribus  Cananéennes.  * 

Tous  ces  gens  fuyant  devant  Josué  auraient  érigé  un 
monument  à  Tingis  en  Numidie  en  signe  de  leur  origine. 
Le  plus  ancien  historien  rapporte  a  ce  sujet  ce  que  voici  :  ^ 
„Lors  de  leur  défaite  par  Josué,  les  Cananéens,  fuyant 
leur  exterminateur,  passèrent  en  Afrique  naviguant  sur 
Tingis ,  fait  constaté  par  une  inscription  gravée  sur  des 
colonnes  en  Afrique ,  inscriptions  conservées  jusqu'  au- 
jourd'hui et  littéralement  ainsi  conçues  :  „Mis  en  fuite  par 
le  brigand  Josué ,  nous  princes  des  Cananéens ,  nous 
sommes  venus  habiter  ici."  Cette  citation  a  été  proba- 
blement empruntée  de  Procope  ,  qui  était  au  service  de 
Bélisaire ,  le  général  de  Justinien.  Dans  sa  description  de 
la  guerre  contre  les  Vandales  et  les  Maures ,  il  rapporte  : 
,,que  le  littoral  de  la  Palestine  fut  dans  la  possession  des 
tribus  Phéniciens  et  que  les  Gergésiens  et  les  Jébusites 
mis  en  fuite  par  Josué  s'étaient  rendus  en  Egypte.  Qu' 
arrivés   là  ils  furent  de  nouveau  chassés  par  les  habitants 


58 


et  se  retirèrent  en  Lybie  ou  ils  bâtirent  plusieurs  villes. 
Ils  peuplèrent  la  côte  jusqu^  aux  colonnes  d^Hercule 
(Gibraltar).  Toutes  ces  tribus  parlaient  la  langue  Phéni- 
cienne ,  ce  qui  est  prouvé  par  une  source  en  Tingis 
où  Ton  voit  écrit  en  caractères  Phéniciens  :  ,,Nous  avons 
pris  la  fuite  pour  Josué  le  brigand  le  fils  de  Nave."  "^ 
Ces  mythes  sont  d'une  grande  valeur  pour  la  comparaison 
avec  les  légendes  des  tribus  alliés  aux  habitants  de 
l'Afrique  septentrionale.  Tous  ces  habitants  sont  nommés 
Berbères.  M.  Deveaux  est  le  dernier  qui  à  écrit  sur  eux 
et  est  arrivé  au  résultat  suivant.  Le  fond  de  la  population 
Kabyle  est  de  race  Berbère  et  par  conséquent  de  race  Cau- 
casique.  La  race  Berbère  forme  le  noyau  de  la  population 
qui  habite  la  partie  de  l'Afrique  qui  s'étend  depuis  le 
littoral  jusqu'  à  une  zone  encore  inexplorée,  peut-être 
jusqu^en  Ethiopie.'*  M.  Texier,  dans  sa  critique  de  cet 
ouvrage  ajoute  à  ce-ci  :  ,,Nous  savons  par  Procope  l'époque 
oii  cette  partie  de  la  côte  d'Afrique  fut  envahie  par  les 
tribus  Phéniciennes,  par  des  Gergésiens  et  des  Jébusites. 
Ces  derniers  étaient  chassés  de  la  Phénicie  par  les  Hébreux 
qui  étaient  arrivés  sous  la  conduite  de  Josué.  Après  un 
court  séjour  en  Egypte  les  Phéniciens  furent  contraints 
de  se  rétirer  en  Afrique  où  ils  étendirent  leurs  habitations 
jusqu'  aux  colonnes  d'Hercule.  Hs  bâtirent  une  place 
forte  en  JVumidie  où  se  trouve  à  présent  la  ville  de 
Tingis  (Tanger).  ^ 

Tout  ce  que  nous  savons  de  ce  peuple  s'accorde  avec 
cette  origine  Palestinienne  ;  les  récits  des  anciens  histo- 
riens en  font  mention  de  la  même  manière  que  leur 
propres  légendes  populaires  et  celles  d'autres  nations  ; 
d'ailleurs   cette   assertion  est  mise  hors  de  doute  par  leur 


59 


idiome  et  leurs  monuments.  Nous  venons  de  citer  déjà 
quelques  témoignages  mais  nous  possédons  la  source 
principale  de  leur  histoire  dans  le  travail  de  Ibn-Kaldun." 
Celui-ci  nous  raconte  au  sujet  de  leur  origine  ce  qui  suit  :  *" 
„Leur  langage  est  un  idiome  étranger,  différent  de  tout 
autre ,  circonstance  qui  leur  à  valu  le  nom  de  Berbères. 
Yoici  comment  on  raconte  la  chose:  Ifricos  envahit  le 
Maghreb  et  l'Ifrikia  et  y  bâtit  des  bourgs  et  des  villes, 
après  avoir  tué  le  roi.  Ce  fut  même  d'après  lui  à  ce  que 
Fon  prétend,  que  ce  pays  fut  nommé  Ifrikia.  Lorsqu'il 
eut  vu  ce  peuple  de  vue  étrangère  et  qu^il  eut  entendu 
leur  langage,  dont  les  variétés  et  les  dialectes  frappèrent 
son  attention ,  il  céda  a  Tétonnement  et  s'écria  „Quelle 
Berbèra  est  la  votre  ;"  on  les  nomme  Berbères  pour  cette 
raison.  Le  mot  Berbèra  signifie  en  Arabe  un  mélange 
de  cris  inintelligibles.  Les  hommes  versés  dans  la  science 
des  généalogies  s'accordent  à  rattacher  toutes  les  branches 
de  ce  peuple  a  deux  grandes  souches,  celle  de  Bernes 
et  celle  de  Madghis.  Comme  ce  dernier  était  surnommé 
El-Abter  on  appelle  ses  descendants  El-Botr  (signifiant  : 
sans  postérité)  Madghis  et  Bernés,  s'appelaient  tous  deux 
fils  de  Berr  .  .  .  . ,  d'autres  déclarent  que  les  Béranès  sont 
enfants  de  Berr  qui  descendait  de  Mazigh  fils  de  Canaan , 
tandis  que  les  Botr  ont  pour  ayeul  un  autre  Berr,  qui 
était  fils  de  Kais  et  petit  fils  de  Chailan."  —  Selon  cette 
déclaration  la  liste  généalogique  serait  ainsi  : 

Canaan.  —   Chailan. 

Mazigh.  —  Kais. 

Berr.        —  Berr. 

Béranès.  —  El-Botr. 
Selon    d'autres    traditions    Bel,    dieu    principal    de    la 


60 


Syrie ,  disparut  en  xifrique."  Il  y  régnait  en  prince  très 
sévère  '%  chassa  Ammon  le  dieu  des  Ly biens  et  s'empara 
de  son  royaume.  Son  fils  Apliros  régnait  après  lui  et 
donnait  au  pays  le  nom  dMfrica.  *^  Chez  les  Arabes  nous 
trouvons  aussi  que  les  Africains  du  Nord  sont  censés 
d'être  d'origine  Cananéenne.  Abulfeda  en  donne  les  té- 
moignages les  plus  détaillées.  »*  Selon  la  légende  des 
Himjari  le  premier  conquérant  de  l'Afrique  était  Seddad 
fils  d'Ad  que  nous  retrouvons  en  Phénicie  sous  le  nom  de 
Sadid  fils  de  Kronos.  "  Il  s'était  avancé  jusqu'en  Mauri- 
tanie et  avait  bâti  la  ville  de  Tingis ,  qui  levait  des  impôts 
sur  le  pays  environnant.  *^  Après  celui-ci  régnait  Dhu-el- 
Karnain ,  dont  le  Koran  prétend  qu'il  fit  une  expédition 
en  Afrique  "  et  qui  eut  pour  successeur  Afrikis  fils  d'Abra- 
ham et  de  Kétura.  '*  D'après  une  autre  légende  Afrikis 
fit  la  conquête  de  la  Mauritanie  et  s'avança  jusqu'à  Tingis  ; 
sa  suite  était  composée  d'un  mélange  d'Amalécites  et 
de  Cananéens  qu'il  transporta  de  la  Syrie  en  Afrique,  ce 
qui  est  constaté  aussi  par  Ibn-Kaldun  qui  s'exprime  en 
ces  termes:  '^  „Ces  tribus  sont  des  branches  de  la  popu- 
lation Yéménite  qu'Ifricos  établit  en  Ifrikia  avec  les 
troupes  qu'il  y  laissa  pour  garder  le  pays."  Plus  loin  il 
dit.  ,,Selon  Et-Tabiri  (célèbre  historien  et  théologien 
mort  en  923)  et  d'autres  historiens,  les  Berbères  sont  un 
mélange  de  Cananéens  et  d'Amalécites ,  qui  s'étaient 
répandus  dans  divers  pays  après  que  Goliath  fut  tué. 
Ifricos  ayant  envahi  le  Maghreb ,  les  y  transporta  des  côtes 
de  la  Syrie  et  les  ayant  établis  en  Ifrikia ,  il  les  nomma 
Berbères.  Les  Berbères ,  selon  une  autre  opinion ,  des- 
cendent de  Cham ,  fils  de  Noë  et  ont  pour  aieul  Berber 
fils    de    Temla ,    fils    de    Mazigh ,  fils  de  Canaan ,  fils  de 


61 


Cham.  Une  autre  dit,  qu'ils  descendent  de  Berber  fils  de 
Kesloudjim    (Casluliim) ,    fils    de    Mesraim,  fils  de  Cham. 

Selon  une  autre  hypothèse ,  ce  sont  des  Amalécites  qui 
descendent  de  Berber  fils  de  Temla,  fils  de  Mareb,  fils 
de  Faran ,  fils  d'Amr,  fils  d'Amlac,  (Amalec)  fils  de 
Lavad,  (Lud)  fils  de  Sem.  Diaprés  cette  opinion  les 
Berbères  seraient  des  xVmalecites.  Les  Berbères ,  dit  un 
autre,  se  composent  de  diverses  tribus,  Himjérites,  Coptes, 
Amalécites  Cananéens  et  Coreichites ,  qui  s'étaient  réunis 
en  Syrie  et  parlaient  un  jargon  barbare.  Ifricos  les  nomma 
Berbères  à  cause  de  leur  loquacité.  D'autres  rapportent 
qu'  Ifricos  formait  avec  ces  gens  une  armée  afin  de  con- 
quérir l'Afrique  et  que  cela  fut  la  cause  de  leur  émigra- 
tion. Ils  les  nomma  Berbères  et  à  ce  sujet  on  cite  de 
lui  les  vers  suivants  : 

„Le  peuple  Cananéen  murmura  (berbèrat)  quand  je  le 
forçai  a  quitter  un  pays  misérable  pour  aller  vivre  dans 
Tabondance." 

On  n'est  point  d'accord,  dit  un  autre,  sur  le  nom  de 
celui  qui  éloigna  les  Berbères  de  la  Syrie;  les  uns  disent 
que  ce  fut  David  qui  les  en  chassa  après  avoir  reçu  par 
une  révélation  divine  ,  l'ordre  suivant ...  0  David  fais 
sortir  les  Berbères  de  la  Syrie,  car  ils  sont  la  lèpre  du 
pays.  D'autres  veulent  que  ce  soit  Josué  fils  de  Noun 
ou  bien  Ifricos  ou  bien  encore  un  des  rois  Tobba,  qui  les 
en  expulsa.  Enfin,  les  Berbères  voulurent  rester  en 
Egypte ,  mais  ayant  été  contrariés  par  les  Coptes  jusqu'à 
quitter  ce  pays,  ils  s'en  allèrent  à  Barca  en  Ifrikia  et 
à  Maa^hreb.  Avant  a  soutenir  dans  ces  contrées  une 
longue  guerre ....  etc.  Pendant  plusieurs  siècles  les 
Berbères  vécurent  sous  la  tente  dans  les  régions  abandon- 


62 


nées  et  ne  s'occupaient  qu'a  mener  paître  leur  troupeaux 
aux  environs  des  grandes  villes,  depuis  Alexandrie  jusqu'à 
l'Océan. 

C'est  ainsi  que  Ton  fait  descendre  les  Berbères  de 
différents  peuples,  des  Phéniciens,  des  Philistins,  des 
Amalécites.  Il  y  a  encore  une  opinion  qui  leur  sup- 
pose une  origine  Egyptienne  ,  Ibn-Kaldun  ^'^  dit  encore  : 
„Le  plus  probable  est  cette  opinion  qui  réprésente  ce 
peuple,  comme  les  enfants  de  Cobt  fils  de  Ham.  Quand 
Cobt  se  fut  établi  en  Egypte ,  ses  fils  en  sortirent  pour 
aller  vers  l'occident  et  ils  prirent  pour  habitation  le 
territoire  qui  s'étend  depuis  la  frontière  de  FEgypte, 
jusqu'à  l'océan  vert ....  et  en  se  prolongeant  jusqu'à  la 
limite  du  grand  désert." 

Il  est  cependant  peu  vraisemblable  que  tout  le  littoral 
de  l'Afrique  septentrionale  fut  peuplé  par  ces  tribus ,  car 
on  trouve  parmi  les  peuples  qui  l'habitent  des  races  diffé- 
rentes. Toutefois  ils  parlent  presque  tous  un  dialecte  de 
l'idiome  Berbère.  La  plus  près  de  la  vérité  sera  donc 
l'opinion  qui  établit,  que  les  tribus  Asiatiques  en  côtoyant 
l'Egypte  se  sont  fixés  là,  de  sorte  que  les  habitants  seraient 
un  mélange  de  peuples  de  l'Asie  et  des  aborigènes  du 
pays.  ^*  Il  y  a  des  monuments  qui  affirment  ces  diffé- 
rentes opinions.  Le  musée  de  Constanstine  les  possède  en 
quantité  et  celui  de  Leyde  en  a  quelques  uns  aussi.  ^^ 
Le  dieu  Syro-Phénicien  Baal  reçoit  en  général  les  honneurs 
d'une  divinité  principale.  Quant  a  l'époque  où  ces  diffé- 
rentes tribus  ont  fait  leur  entrée  en  Afrique ,  j'ose  énoncer 
à  ce  sujet  l'hypothèse  que  voici  :  Arba  fondit  Hebron, 
la  fondation  de  Hebron  coïncida  avec  celle  de  Zoan  en 
Egypte,    l'Avaris  des   Hyksôs.     Arba   est    appelé  le  père 


63 


des  Lybiens,  il  ne  sera  donc  pas  trop  hasardé  de  sup- 
poser que  vers  cette  même  époque  eut  lieu  Finvasion  des 
Hyksôs  et  la  population  d'une  partie  du  littoral  de 
l'Afrique  septentrionale.  ^'  Le  nom  d'Arba  cependant  est 
écrit  avec  une  préfixe,  de  manière  quil  faut  le  lire 
comme  T-Arba,  une  façon  très  commune,  dont  ils  se 
servirent  pour  indiquer  les  noms  d'origine  étrangère.  '* 
Nous  possédons  ainsi  dans  la  tradition  légendaire  des 
Berbères ,  une  preuve  historique  du  séjour  des  tribus 
Palestiniennes  et  Phéniciennes  dans  la  Basse-Egypte  et  en 
faisant  des  recherches  chez  leurs  plus  proches  voisins  nous 
trouvons  là  aussi  la  tradition  confirmée. 


YI. 

LES    ARABES. 

Abulfeda  nous  communique  :  „que  Joseph ,  après  avoir 
été  vendu  par  ses  frères  pour  quarante  draghmes,  fut 
mené  en  Egypte  et  vendu  une  seconde  fois  à  El-Aziz  le 
directeur  des  magasins  de  blé.  A  cette  époque  régnait  en 
Egypte  un  Pharaon  qui  s'appelait  El-Eayan  fils  d'El- 
"Walidi ,  issu  des  Amalécites ,  peuple ....  qui  descendait 
d'Amlac  fils  de  Sem ,  fils  de  Noé. 

Après  quelques  successeurs  de  celui-ci ,  le  trône  échut 
à  El-Walid,  qui  ordonna  de  tuer  les  petits  garçons  des 
Israélites.  A  cette  occasion  Moïse  fut  soustrait  à  la 
vigilance  des  assassins  et  sauvé.  Il  délivra  le  peuple 
tandis  que  le  Pharaon  et  les  siens  périrent.  H  conduisit 
le  peuple  à  Hiéréchun  la  ville  des  géants.''  '     Cet  histo- 


64 


rien ,  comme  nous  voyons  ,  change  le  règne  des  Hyksôs 
en  celui  des  Amalécites.  Ceux-ci  avec  les  habitants  de 
Yemen  étaient  en  relation  avec  la  tribu  dTsmaëL  ^  Dans 
un  autre  chapitre  ils  sont  appelés  les  descendants  d'Ama- 
léki  fils  de  Laudhi ,  (Lud)  fils  de  Sem.  Après  la  confusion 
des  langues  a  Sanaam ,  ils  bâtirent  une  ville  en  Yemen , 
puis  partirent  de  là  pour  le  pays  de  Mecca  ou  ils  assu- 
jettirent les  tribus  ennemies.  Les  Amalécites  avaient  aussi, 
errants  en  Syrie ,  des  hordes  armées  auxquelles  Moïse  et 
après  lui  Josué  fit  la  guerre.  De  ces  Amalécites  sont 
issus  les  Pharaons  de  FEgypte.  ^  M.  Tuch  dans  son  ex- 
plication des  inscriptions  Sinaïtiques  '' ,  à  donné  quelques 
éclaircissements  au  sujet  de  ce  peuple.  Le  désert  de 
Pharan  limité  par  les  montagnes  de  Et-Tih,  était  peuplé 
par  les  Paranites  ou  Pharanites  de  l'antiquité,  qui  selon 
Strabon ,  continuèrent  leur  vie  de  nomades  dans  des  vallées 
plus  méridionales,  lorsqu'ils  furent  forcés  de  quitter  le 
désert  à  cause  de  son  aridité.  Selon  Fancien  testament 
les  Amalécites  étaient  les  habitants  du  désert  de  Pharan 
et  de  là  nous  les  voyons  étendre  leurs  brigandages  en 
Egypte,  en  Palestine  et  même  jusqu'  au  limites  méri- 
dionales de  la  Judée.  Nous  les  trouvons  aussi  refusant 
aux  Israélites  Tentrée,  lorsque  ceux-ci  quittèrent  FEgypte. 
Les  Pharanites  et  les  Amalécites  sont  les  mêmes  tribus , 
qui  exerçaient  le  brigandage  jusqu'en  Arabie  et  qui 
régnaient  en  Mecca,  d'où  résulte  que  les  noms  de  villes 
et  de  personnes  sont  liés  à  ce  tribu  et  parmi  les  inscriptions 
Sinaïtiques ,  M.  Tuch  trouvait  trois  noms  qui  revendiquent 
une  telle  origine.  Ces  traditions  sont  ainsi  d'une  grande 
valeur  pour  le  but  que  nous  poursuivons.  L'authenthicité 
ne  sera  contestée  par  personne.    Il  résulte  donc  de  ce  qui 


65 


précède  que  les  tribus  de  TArabie  ont  conservé  le 
souvenir  que  FEgypte  a  été  dans  la  possession  d'étrangers. 
Les  Arabes  attribuent  cette  domination  à  la  tribu  des 
Amalécites ,  qui  habitèrent  le  désert  de  Paran  entre  la 
Palestine  et  TEgypte.  Il  reste  indécis  s'ils  furent  les 
alliés  des  Hyksôs  ou  bien  s'ils  furent  eux-mêmes  les  Hyk- 
sôs ,  mais  ceci  ne  nous  importe  pas  pour  nos  recherches; 
il  nous  suffit  quils  soient  désignés  comme  les  étrangers 
qui  se  trouvaient  en  Egypte  du  temps  de  Joseph  et  le 
résultat  que  nous  avons  recueilli  c'est  que  chez  les  diffé- 
rents peuples  la  tradition  a  été  conservé  du  fait  historique , 
qu'une  tribu  Asiatique  à  séjourné  dans  la  vallée  de  la 
Passe-Egypte  et  qu  elle  était  composée  d'un  mélange  de 
nations  Phénico-Palestino- Arabes ,  parmi  lesquelles  les  Israé- 
lites, selon  toute  probabilité,  ont  occupé  une  place. 


Yn. 

LES    ISRAÉLITES. 

Lorsqu'on  relit  les  anciens  documents  du  peuple  d'Is- 
raël et  que  Ton  étudie  attentivement  les  faits  historiques 
qu'ils  contiennent ,  nous  apercevons  qu'avec  un  peu  d'efforts 
on  peut  retrouver  dans  l'ancien  testament  le  fil  conducteur 
qui  nous  guide  à  travers  cette  histoire  antique. 

Il  faut  pour  cela  que  l'on  fasse  quelques  efforts,  je  le 
répète ,  et  rien  n'est  plus  aisé  à  comprendre ,  car  il  va  sans 
dire  que  les  arts  et  les  sciences  ne  peuvent  être  cultivés 
avec  quelque  succès  par  un  peuple  nomade,  qui  n'a  pas 
même  un  séjour  fixe  et    ignore  tout  à  fait  les  avantages 

5 


66 


de  la  société  et  ceux  qui  résultent  des  relations  inter- 
nationales ,  qui  ont  tant  d'influence  sur  le  développement 
de  l'esprit  humain.  Aussi  ces  vieux  documents  dont  nous 
pariions  tout  à  l'heure  portent  ^empreinte  très  marquée 
d'une  légende  de  famille^  qui  s'est  conservée  à  travers 
les  siècles  à  force  d'avoir  été  transmise  de  père  en  fils 
par  tradition  orale.  Il  n'y  a  qu'  Abraham,  Isaâk,  Jacob 
et  Joseph  qui  ont  une  histoire,  tandis  que  la  série  des 
faits  et  des  événements,  qui  s'attachent  à  ces  individus, 
prouve  bien  qu'ils  se  sont  passés  dans  un  même  en- 
droit, mais  ne  présente  pas  une  histoire  qui  se  déroule 
et  dont  les  phases  se  suivent  dans  un  enchainement 
nécessaire. 

Plusieurs  généalogies  se  trouvent  éparses  parmi  ces 
récits.  On  y  rencontre  les  noms  des  ancêtres  d'Abraham 
ou  des  membres  de  sa  famille  et  de  tribus  amies  ou 
parentées.  Quand  nous  examinons  attentivement  ces 
généalogies  nous  voyons  presque  toujours  que  les  noms 
qui  s'y  trouvent  sont  les  noms  des  pays  ou  des  tribus 
qui  furent  en  rapport  avec  le  peuple  d'Israël.  Toutefois 
il  se  peut  quelles  serviront  pour  nous  indiquer  le  chemin 
qui  conduit  à  la  découverte  d'autres  phases  de  l'histoire 
antique. 

Nous  commencerons  nos  recherches  par  les  ancêtres 
d'Abraham.  Yoyons  ce  que  la  généalogie  peut  nous 
apprendre  de  l'histoire  de  la  tribu  qui  a  vu  naître  ce 
patriarche.  M.  Bunsen,  dans  son  „Bibelwerk,"  a  déposé 
les  résultats  de  ses  études  scientifiques  sur  cette  matière 
et  nous  lui  empruntons  en  partie  ce  qui  suit.  * 

Selon  le  onzième  chapitre  de  la  Genèse  nous  lisons  le 
registre  de  famille  ainsi: 


67 


Sem  —  Arpakscliad  —  Schélach  —  Héber  —  Péleg  — 
Réhii  —  Sérug  —  Nachor  —  Tharach  —  Abraham  — 
Izaâk  —  Jacob. 

A  partir  de  Kachor,  nous  trouvons  rapporté  les  événe- 
ments historiques  des  quatre  personnes  qui  viennent  après 
lui ,  de  sorte  que  nous  pouvons  considérer  leurs  noms 
comme  des  noms  de  personnes.  Quand  nous  examinons, 
pour  faire  la  comparaison ,  la  généalogie  qui  se  trouve 
dans  le  chapitre  précédent ,  nous  lisons  encore  :  Sem 
(Elam-Assur)  Arpakschad  (Lud-Aram)  —  Schélach  — 
Héber  —  Péleg  et  Joktan.  Ce  sont  les  mêmes  noms 
jusqu^à  Péleg,  seulement  avec  cette  différence  que  de 
plusieurs  personnes,  nous  trouvons  cités  aussi  les  fils. 
Semblables  sont  les  noms  de  Sem  —  Arpakschad  — 
Schélach  —  Héber  —  Péleg  et  Réhu ,  ce  dernier  nous 
l'ajoutons  de  l'autre  généalogie. 

On  cite  le  fils  de  Héber ,  Péleg ,  avec  cette  remarque  : 
„Du  temps  qu'il  vivait  le  monde  fut  partagé,"  ce  qui 
signifie  que  de  son  temps,  Thumanité  vivante  se  séparait 
en  deux  parties.  Joktan,  le  frère  de  Péleg,  avait  treize 
fils  et  tous  ces  Joktanides  portent  les  mêmes  noms  que 
les  tribus  qui  habitèrent  Yemen  (le  presqu'île  de  l'Arabie).^ 
Cette  division  dont  nous  parlions  s'accorde  ainsi  avec 
l'époque  où  la  tribu  de  Yemen  se  sépara  des  autres 
Sémites.  Elle  se  rendit  en  Arabie  tandis  que  les  autres 
allèrent  plus  loin  encore. 

Quand  nous  reprenons  la  généalogie  à  son  commen- 
cement, nous  y  lisons  que  Sem  était  le  fils  de  Noë 
et  que  le  plateau  du  Caucase  fut  le  lieu  où,  selon  la 
tradition,  Tarche  de  Noë  toucha  terre  et  où  la  postérité 
de  Sem  tint  son  séjour  les  premiers  temps.     Au  pied  de 


68 


ces  montagnes  étaient  situés  les  royaumes  de  Chaldée, 
d^Assyrie  et  de  la  Perse  et  les  premiers  noms  cités  dans 
la  généalogie  de  Sem  sont  ceux  de  Elara,  Assur,  Lud  et 
Aram. 

D'ailleurs,  dans  les  noms  des  fils  de  Sem  se  trouve 
caché  le  sens  que  voici  :  Sem  signifie  nom ,  Schélach 
émigration  ,  Héber  traverser  ,  Péleg  division  ,  Béhu 
pâturage.  Il  est  donc  très  probable  que  ces  noms  se 
rattachent  à  un  sens  plus  profond  qu'ils  ne  font  supposer 
au  premier  abord.     Examinons  les  donc  séparément: 

Sem.  Le  nom  donné  à  la  personne  d'où  le  peuple  élu 
a  pris  son  origine ,  selon  le  point  de  vue  Israélite.  Ses 
fils  furent  : 

Elam  —  Assur  —  Arpakschad  —  Lud  —  Aram. 

Ehjmais.  Tribu  ou  peuple  habitant  la  rive  orientale  du 
Tigre  dans  la  Babylone  orientale.  ^ 

Assur.  Tribu  aux  sources  du  Tigre  où  se  trouvait  le 
royaume  de  Ninus. 

Arpakschad.  Arapachitis  qui  touchait  aux  pieds  des 
montagnes  de  FArménie. 

Lîid.  Lydie  pays  célèbre  dans  PAsie  mineure. 

Araw,.  Le  plateau  de  l'Arménie.  Plus  tard  le  nom 
d'Aram  fut  généralement  employé  pour  désigner  la  Syrie. 

L'endroit  où  fut  Arpakschad  ou  Arapachitis  est  limité 
ainsi  :  à  Test  se  trouvait  Elymais ,  au  sud  l'Assyrie , 
à  l'ouest  la  Lydie  et  au  nord  l'Arménie. 

Après  Arpakschad  suit,  parmi  les  fils,  Schélach  ce  qui 
signifie  émigration ,  nom  qui  se  rattache  à  un  fait  historique 
qui  eut  lieu  du  temps  où  les  ancêtres  d'Abraham  commen- 
cèrent leur  vie  de  nomades.  Ils  sortirent  dArapachitis 
longeant   la   rive   orientale   du  Tigre  et  traversèrent  cette 


69 


rivière,  événement  dont  le  souvenir  s'est  conservé  dans 
le  nom  de  Héber,  fils  de  Schélach.  Il  parait  cependant 
qu'une  dispute  eut  lieu  après  cette  traversée,  ime  de 
ces  fréquentes  discordes  entre  les  nomades  qui  plus  tard 
devinrent  tant  de  fois  les  causes  de  guerres,  et  dont 
l'origine  était  l'accroissement  de  la  tribu,  d'où  suivait 
souvent  manque  de  nourriture  suffisante,  ou  de  terrain 
nécessaire  pour  se  fixer  temporairement.  Après  Héber  la 
multitude  se  divisa  en  deux  parties,  événement  auquel  se 
rattache  le  nom  de  Péleg  qui  signifie  division.  Une  partie 
de  la  tribu  partit  pour  Yemen  et  le  reste  retourna  au 
Caucase  en  longeant  la  rive  droite  du  Tigre  et  en  traver- 
sant la  Mésopotamie.  La  plaine  fertile  de  ce  pays  offrit 
de  magnifiques  pâturages  aux  nomades  et  le  nom  Eéhu , 
fils  de  Péleg,  est  sans  contredit  la  plus  propre  déno- 
mination que  Fon  a  pu  donner  à  cet  événement.  Ils 
s'avancèrent  jusqu'  à  Osroéne ,  lieu  appelé  Sarug  par  les 
Syriens  et  y  séjournèrent  pendant  quelque  temps.  Cette 
phase  nous  a  été  conservée  dans  le  nom  du  père  de 
jSiachor  Sérug;  cette  région  est  FUr  des  Chaldéens  ou  le 
pays  de  Haran,  lieu  qui  vit  naître  Abraham. 

Nous  trouvons  ainsi  dans  ces  généalogies  l'histoire  an- 
cienne des  Abrahamides.  La  tribu  prit  naissance  sur  le 
plateau  du  Caucase ,  elle  était  errante  au  delà  du  Tigre , 
tout  en  se  multipliant  et  se  divisait  en  deux  parties  après 
avoir  passé  cette  rivière.  Ils  traversèrent  la  Mésopotamie, 
jusqu'  aux  plaines  d'Edessa  et  séjournèrent  temporairement 
à  Haran,  qui  est  l'Ur  des  Chaldéens. 

La  généalogie  d'Abraham  contient  encore  les  noms  des 
personnes  suivantes  : 


70 

Ts^achor  I 
Tharach 


Abraham       —       Nachor  II         —  Haran 

épouse  épouse 

Sarai  -  Hagar.     Qéturah  -  Milka.     Milka  -  Lot  -  Jiskah. 

Après  un  séjour  à  Haran,  Abraham  passe  FEuphrate 
et  le  Jourdain  pour  aller  habiter  la  rive  occidentale  de  la 
mer  morte,  près  des  forêts  de  chênes  de  Mamre,  dans  le 
pays  des  Amorites.  Plus  tard  il  descend  en  Egypte  où 
son  peuple  se  mêle  aux  Egyptiens.  Il  avait  épousé  Sarai, 
Hagar  et  Qéturah ,  dont  il  eut  plusieurs  fils  dont  les  noms 
sont  conservés  dans  les  généalogies.  De  son  mariage  avec 
Hagar  *  il  eut  Ischmaël ,  qui  à  son  tour  eut  douze  fils , 
dont  on  trouve  les  noms  chez  différentes  tribus  Arabes. 
Sa  postérité  est  connue  aussi  sous  le  nom  de  Hagarènes, 
qui  plus  tard  dans  l'histoire  des  Israélites  ^  sont  cités 
comme  ennemis.  La  race  de  Qéturah  ^  offre  les  mêmes 
particularités,  ce  sont  aussi  tous  des  noms  de  tribus 
Arabes  des  environs  de  la  Mecque,  de  sorte  que  ces  deux 
généalogies  démontrent  clairement,  que  les  habitants  d'une 
partie  de  TArabie  furent  en  relations  très  intimes  avec 
la  race  d'Abraham.  Ces  deux  documents  ont  été  écrits 
évidemment  dans  le  même  but.  Qéturah  n  a  pas  d'histoire 
et  celle  dllagar  est  écrite  plus  tard  d'après  la  généalogie.  "^ 

En  Abraham  se  trouve  ainsi  personifié  l'ancienne  tribu 
Araméo-Chaldéenne,  qui  se  confonda  dans  le  déseit,  qui  s'étend 
entre  l'Arabie  et  Babylone  et  dans  l'Arabie  septentrionale, 
avec  plusieurs  autres  races.  Les  Hagarènes  sont  repré- 
sentés par  Nébajoth,  qui  fut  le  père  des  Nabathéens  qui 


71 


habitèrent  du  côté  sud-est  de  Babylone  ;  les  Qéturites  par 
Midiaii  qui  est  limitrophe  du  pays  précédent.  De  cette 
manière  la  race  d'Abraham ,  est  liée  à  l'Arabie  et  à  Babylone. 
Quand  nous  examinons  la  suite  de  son  histoire  nous 
trouvons  les  descendants  qu'il  eut  de  Sarai,  dans  Tordre 
suivante  : 

Sarai 

Izaak 


Jacob       —       Édom. 
Les  Iraélites.        Les  Edomites. 

L'histoire  dTdom  est  étroitement  liée  à  TArabie  pétrée 
et  à  son  nom  se  rattachent  aussi  les  Amalécites,  dont  nous 
avons  fait  déjà  la  connaissance  et  qui ,  selon  la  tradition 
Arabe,  dominèrent  FÉgypte  et  furent  les  principales  tribus 
parmi  les  peuples  Asiatiques.  Selon  les  légendes  Israélites 
ces  Edomites  furent  intimement  liés  avec  le  peuple 
d'Israël  et  nous  remarquons  dans  cette  assertion  une  ten- 
tative de  l'auteur  pour  rattacher  au  héros  de  la  tradition 
toutes  les  tribus  qui  ont  eu  des  rapports,  avec  le  peuple 
Hébreux  ou  qui  s'étaient  alliés  à  lui.  De  la  comparaison 
des  généalogies  ^  résulte  évidemment  que  les  Edomites 
furent  les  descendants  des  Chorites  ou  Troglodytes ,  qui 
disparaissent  insensiblement  du  théâtre  de  Thistoire ,  tandis 
que  Ton  voit  Édom  exister  encore  du  temps  d'Hérode,  roi 
d'Idumée,  époque  ou  Édom,  frère  jumeau  d'Israël,  régnait 
pour  s'éteindre  l'un  avec  l'autre. 

Toutes  ces  généalogies  démontrent  des  relations  plus  ou 
moins  intimes  entre  les  différentes  tribus  et  la  race  d'Israël. 
Cette  race  ainsi  entremêlée  arrivait  en  Egypte  d'après  leur 
propre   tradition.     Il   n'est  pas  possible  de  fixer  Tépoquç 


72 


de  cet  événement  quoiqu'il  est  très  probable  quMls  y 
séjournèrent  du  temps  de  Ramsés  II  Sésostris.  Cette 
opinion  acquiert  un  certain  degré  de  vraisemblance,  par 
les  détails  qui  nous  sont  rapportés  au  sujet  de  Joseph 
et  de  son  gouvernement ,  dont  nous  trouvons  chez  Diodore  • 
une  citation  conforme:  „Sésostris  divisa  le  pays  entier  en 
36  provinces,  appelés  nomes  par  les  Égyptiens.  Pour 
gouverner  ces  nomes  il  nomma  un  gouverneur,  dont  la 
charge  était  de  recevoir  les  revenus  royaux  et  de  veiller 
aux  intérêts  des  provinces  ....  Il  fit  élever  de  grandes 
collines  et  y  fit  bâtir  des  villes." 

L'érection  de  ces  collines  et  la  fondation  des  villes  est 
aussi  très  compatible  avec  la  tradition  Israélite,  qui  nous 
apprend  que  ce  peuple  devait  bâtir  les  villes  de  Pithom 
et  de  Eamses ,  et  la  longue  vie  et  le  règne  de  Eamses  II 
s'accordent  à  ce  que  Ton  dit  du  Pharaon  de  Fexode. 

Yoyons  si  nous  pouvons  découvrir  quelques  traces  des 
Hébreux  dans  la  Basse-Egypte.  Tout  récemment  M.  Chabas 
a  traité  cette  question  dont  nous  empruntons  les  passages 
suivants.  '•> 

„Si  les  monuments  de  la  domination  des  Pasteurs  sont 
peu  nombreux ,  bien  plus  rares  encore  sont  ceux  du  séjour 
des  Hébreux  en  Egypte,  on  n'en  a  jusqu'à  présent  signalé 
aucun  qui  n'ait  été  récusé  par  la  critique." 

Ici  la  question  se  présente  :  Si ,  dans  le  cas  que  ces  traces 
existent ,  elles  se  trouvent  sur  les  monuments  qui  con- 
tiennent les  victoires  glorieux  des  Pharaons  ou  bien ,  si  on 
doit  les  chercher  dans  les  papyrus  où  se  trouvent  décrits 
plusieurs  choses  différentes.  „Dans  ces  papyrus  nous 
voyons  apparaitre  les  Maschawascha ,  les  Kahaka,  les 
Schardana ,     auxiliaires    plus    ou    moins    importants    des 


73 

forces  Égyptiennes,  et  bien  plus  souvent  encore  les  Mad- 
jaï ,  peuplade  soumise  par  les  armes  des  Pharaons  de  la 
XII'  dynastie.  Ces  étrangers  paraissent  s'être  aisément 
accommodés  au  joug  Égyptien.  Ils  formèrent  longtemps 
une  troupe  spéciale  chargée  de  maintenir  Tordre  et  de 
veiller  à  la  sûreté  publique. 

Colonie  productive,  retenue  par  force  sur  le  sol  Egyptien 
et  employée  par  les  oppresseurs  à  des  travaux  varies,  les 
Hébreux  ont  du  donner  lieu  à  des  mentions  du  même 
genre,  et  notre  espoir  d'en  rencontrer  quelques  unes  est 
tenu  en  éveil  par  cette  circonstance  remarquable  que  la 
plupart  des  papyrus  hiératiques  ont  été  écrits  à  une 
époque  voisine  des  événements  de  Texode." 

Quand  nous  verrons  apparaitre  les  Hébreux  parmi  les 
tribus  mentionées  dans  les  papyrus,  sous  quelle  dénomi- 
nation se  présenteront  ils  alors  ?  Ce  ne  sera  pas  souS 
celle  de  Sémites ,  comme  le  prétend  M.  Heath  et  M.  Le- 
normant,  ni  sous  celle  (T enfants  d'Israël,  terme  d'une 
signification  religieuse  inconnu  hors  de  ce  peuple,  ni  sous 
celle  de  Juifs  ^  nom  qui  date  d'une  époque  postérieure 
à  l'exil.  Ce  sera  donc  probablement  sous  le  nom  de 
Hébreux  que  nous  les  trouverons. 

„La  Bible  nous  les  montre  employés  à  la  consthiction 
des  villes  de  Pithom  et  de  Eamses,  à  la  fabrication  de 
briques  et  de  ciment  et  aux  travaux  des  champs  les  plus 
écrasants  ....  C'est  dans  cet  ordre  de  faits  qu'on  peut 
espérer  trouver  une  trace  du  séjour  de  ce  peuple  en 
Egypte.  —  Or  nous  possédons  précisément  trois  documents 
qui  nous  parlent  d'individus  de  race  étrangère,  nommés 
A  péri- u ,  occupés  à  des  travaux  de  construction  ;  deux 
de    ces    textes    datent  justement  du  règne  de  Eamses  II, 


74 


Remarquons  d'abord  que  le  groupe  hiéroglyphique  rem- 
plit parfaitement  les  conditions  d'exactitude  que  j'ai 
prévues;  c'est  la  transcription  correcte  de  Hiberi-m  (ou 
Iberim ,  les  Hébreux)  à  la  finale  plurielle  près ,  que 
les  Egyptiens  n'ont  jamais  imité ....  Ainsi  donc  des 
règles  philologiques  bien  constatées  ,  nous  permettent 
d'identifier  le   nom  des  Hébreux  avec  l'ethnique  Aperi-u. 

Voyons  maintenant  si  l'étude  des  documents  où  cet 
ethnique  se  rencontre ,  nous  fournira  quelques  indices 
favorables  à  l'identifiation  des  deux  peuples. 

Dans  le  premier,  le  scribe  Kaiissar  rend  compte  en 
ces  termes  à  son  maître,  le  scribe  Bek-en-Ptah,  de  l'exé- 
cution d'un  ordre  concernant  les  Aperi-u.  " 

„Pour  la  satisfaction  de  mon  maître  ;  j'ai  obéi  au 
mandat  que  m'a  donné  mon  maître,  en  disant:  Délivre 
la  nourriture  aux  soldats ,  ainsi  qu'  aux  Aperiu  qui 
charient  la  pierre  pour  le  grand  Bekhen  du  roi  Ramses 
Meriamen,  ami  de  la  justice,  (lesquels  sont)  confiés  au 
chef  des  Madjaï  Ameneman.  Je  leur  donne  la  nourriture 
chaque  mois ,  selon  les  instructions  excellentes  que  m'a 
donné  mon  maître." 

Le  second  titre  est  du  même  genre;  il  est  adressé  par 
un  scribe  nommé  Keniamen  à  son  maître  le  Kadjena  Hui 
de  la  cour  de  Eamses  11.^'     En  voici  les  termes: 

,,J'ai  obéi  au  mandat  que  m'a  donné  mon  maître,  en 
disant  :  Donne  la  nourriture  aux  soldats ,  ainsi  qu'  aux 
A[)eriu  qui  charient  la  pierre  pour  le  soleil  du  soleil 
(lisez  pour  le  temple  du  soleil)  Eamses  Meiiamen,  au 
sud  de  Memphis." 

!Nous  trouvons  ainsi  les  Aperiu,  employés  aux  travaux 
de  construction  de  deux  édifices  différents,  et  placés  sous 


75 


la  direction  supérieure  de  hauts  fonctionnaires  résidant  à 
Meinphis,  car  c'est  dans  les  ruines  de  cette  ville  qu'  ont 
t'té  trouvé  les  deux  manuscrits  qui  nous  les  font  connaitre. 
Cette  tribu  ainsi  fut  chargée  spécialement  du  transport 
de  la  pierre. 

„Dans  le  premier  cas  Tédifice  en  construction  est  nommé 
le  grand  Bechen  de  Eamses  II.  Cette  expression  de  Bechen 

pouvait  s'entendre  de  toute  espèce  de  demeure on  peut 

se  faire  une  idée  de  Tétendue  du  Bechen  de  Eamses  II 
par  les  détails  que  nous  en  fait  connaître  un  texte  dont 
nous  possédons  deux  copies.  '' 

„Sa  Majesté,  s'est  bâti  un  Bechen,  dont  le  nom  est 
très- fort,  entre  le  pays  de  Zabi  et  FEgypte;  pour  ses 
provisions  délicieuses,  il  ressemble  à  Héliopolis;  pour  la 
joie  de  l'existence,  il  est  comme  Memphis.  Le  soleil  se 
lève  à  son  horizon  et  s'y  couche  ;  chacun  quitte  sa  ville 
et  est  accueilli  dans  son  étendue;  son  occident  est  à  la 
demeure  d'Ammon ,  son  sud  à  la  demeure  de  sutech  ; 
Astarté  est  à  son  orient.  Ouaté  à  son  nord  etc." 

La  Bible  appelle  les  villes  construites  par  les  Hébreux 
au  Delta,  villes  de  provisions,  de  trésors.  Ce  sens  est  en 
harmonie    avec    ce    que  nous  savons  des  Bechens  royaux. 

Dans  la  seconde  lettre  il  s'agit  de  la  construction  d'un 
temple  ou  d'une  ville  du  soleil  ce  qui  pouvait  être  ex- 
primé en  hiéroglyphes  par  les  groupes  Pa-Ea  et  Pa-Tum 

Quoiqu'un  papyrus  nous  parle  d'un  Pa-Tum  situé  à  la 
limite  orientale  de  la  Basse-Egypte,  **  je  ne  veux  pas 
prétendre  que  nous  soyons  ainsi  en  possession  non  seule- 
ment du  nom  des  Hébreux ,  mais  encore  de  ceux  de  deux 
localités  mentionnées  spécialement  par  l'Ecriture  comme 
théâtres   de  leurs  pénibles  travaux.     Il  est  probable  que 


76 


les  Égyptiens  les  employèrent  sur  beaucoup  d'autre  points , 
même  en  dehors  du  Delta.  —  C^est  du  reste  ce  qui 
résulte  de  la  teneur  du  troisième  document  qui  nous 
parle  des  Aperiu. 

Il  s'agit  d\ine  stèle  -  sculptée  sur  les  rochers  des  carrières 
d^Hammamat  (en  hiéroglyphes  Bokhen) ,  et  datée  de  l'an  III 
de  Ramses-Mati-Meiiamen,  le  Eamses  V  de  M.  Lepsius. 
Voici  le  sommaire  de  l'inscription  :  's 

En  Tan  III,  le  24  du  mois  de  Payni,  le  roi  parcourut 
la  montagne  sainte  pour  rendre  hommage  aux  dieux,  et 
fit  graver  la  stèle  à  son  nom.  Il  avait  chargé  trois  hauts 
fonctionnaires,  entre  autre?  Vun  des  prophètes  du  lemple 
de  Chons  à  Coptos ,  de  veiller  à  Texécution  de  ses  ordres 
à  la  montagne  de  Bokhen ,  et  lorsque  les  travaux  furent 
achevés,  il  ordonna  au  premier  prophète  d'Ammon,  ar- 
chitecte en  chef,  de  les  amener  en  Egypte.  Le  texte 
énumère  ensuite  les  fonctionnaires  qui  assistèrent  le  pro- 
phète dans  sa  mission  ,  ainsi  que  les  prêtres,  les  chefs, 
la  force  armée  et  les  ouviiers  chargés  des  travaux ,  le  tout 
s'élevant  à  environ  9,000  personnes.  Leurs  provisions 
avaient  été  amenées  en  Egypte  dans  des  chars  attelés 
chacun  de  six  paires  de  boeufs. 

Les  Aperiu  figurent  dans  cette  colonie  industrielle ,  au 
nombre  de  800  ,  et  de  même  que  dans  les  premiers  cas 
ils  s'y  trouvent  accompagnés  d'une  force  armée  et  d'un 
détachement  des  Madjaï.  Mais  Kamses  V  a  régné  dans 
le  siècle  qui  suivit  à  Texode. 

Si  mon  assimilation  est  exacte,  il  faut  supposer  que 
tous  les  juifs  n'avaient  pas  quitté  l'Egypte.  Il  se  pourrait 
en  effet  que  tous  n'aient  pas  été  dans  la  possibilité  de  ré- 
pondre à  l'appel  de  Moïse ,  et  tel  a  du  être  le  cas  pour  ceux 


77 

que  les  Egyptiens  auraient  relégués  au  sud  de  leur  empire 
ou  dans  les  établissements  du  désert ....  Quelques  troupes 
de  malcontents  auraient  pu  gagner  les  établissements  Égyp- 
tiens de  la  péninsule  du  Sinaï,  et  de  là,  reprendre  le 
chemin  de  FÉgypte.^^ 

Nous  pouvons  joindre  les  résultats  obtenus  par  M.  Chabas 
à  ceux  que  nous  avons  cités  déjà  au  sujet  des  Hyksôs  : 
„que  tous  les  étrangers  ne  sont  pas  partis  mais  que  même 
de  nos  jours ,  on  trouve  encore  le  type  Sémitique  dans  le 
Delta." 

Selon  toute  probabilité  on  peut  compter  les  Israélites 
parmi  les  tribus  Asiatiques  qui  ont  séjourné  pendant 
un  certain  temps  dans  la  Basse-Egypte.  Cela  explique 
aussi  que  Jethro  ,  quoique  Arabe,  les  accompagnit  à  leur 
voyage,  et  que  Moïse  avait  épousé  une  femme  Arabe  nom- 
mée Zippora  et  une  Ethiopienne  ou  femme  Cuschitique. 
Les  mariages  mixtes  qui  donnèrent  lieu  plus  tard,  dans 
le  désert ,  à  tant  de  horreurs ,  trouvent  aussi  leur  explica- 
tion dans  ce  mélange  de  tribus.  Cependant  ces  relations 
intimes  diminuèrent  peu  à  peu  et  finirent  tout  à  fait, 
jusqu'  à  ce  que  les  Israélites  se  séparèrent  comme 
nationalité  isolée  des  tribus  environnantes. 

Toutefois  en  Egypte  ces  diverses  tribus  étaient  encore 
réunies  et  maintenant  nous  ajouterons  ce  résultat  aux 
autres. 

Selon  la  tradition  Phénicienne  ,  les  ancêtres  de  ce  peuple 
avaient  fondé  des  colonies  en  Egypte  et  y  transportèrent 
leur  culte.  D'après  la  tradition  des  Arabes,  les  Amalécites 
furent  environ  ce  temps-là  les  maîtres  de  TEgypte  et  à 
cette  même  époque  les  tribus  Phéniciennes  peuplèrent  la 
côté  septentrionale  de  TAfiique.     Les  Hébreux  nous  corn- 


78 

muniquent  aussi  que  leurs  ayeux  séjournèrent  en  Egypte 
et  nous  racontent  leurs  alliances  avec  plusieurs  de  ces  tribus. 
Nous  venons  de  demander  à  TÉgypte  l'affirmation  de 
ces  traditions  et  elle  nous  a  montré  les  monuments , 
qu'ont  laissé  ceux  qui  vécurent  à  la  même  époque.  Il 
nous  semble  que  les  certitudes  acquises  peuvent  nous 
suffire.  Interrogeons  maintenant  ce  peuple  sur  ce  qu^il 
peut  nous  apprendre  concernant  la  religion  des  tribus 
étrangères    avec    lesquelles   Israël  était  lié  si  intimement. 


ft-.''ÇNiS)SiK^^.-^ 


III. 


LA  RELIGION. 


SECONDE  PARTIE. 


La   religion   des   Hyksôs. 


--«-'S4&e<— 


Comme  nous  Tavons  remarque  dans  le  chapitre  précé- 
dent ,  plusieurs  nations  arrivèrent  de  TAsie  dans  la  basse- 
Egypte,  qui  fut  conquise  et  dominée  pendant  quelque 
temps  par  eux.  Nous  avons  pu  constater  aussi  que  ces 
tribus  d'origines  différentes  se  sont  trouvées  là  ensemble, 
environ  vers  la  même  époque  que  les  Phéniciens  fon- 
dèrent des  colonies.  Sur  les  monuments,  ces  tribus  étran- 
gères sont  indiquées  comme  des  Palestiniens  sous  le  nom 
de  Chet.  La  tradition  Arabe  leur  donne  le  nom  d'Amaleku 
ou  d'Amalécites,  l'histoire  Hébraïque  les  considère  comme 
les  ancêtres  des  Israélites  et  selon  les  légendes  des  Ber- 
bères, ce  furent  des  Philistins  ou  Phéniciens  qui  pénétrèrent 
jusqu'  aux  confins  de  ^Afrique ,  mais  toujours  nous  ren-, 
controns  toutes  ces  tribus  mêlées  ensemble.  —  Tantôt 
Moïse   est   cité   comme   chef  du   peuple  émigrant,   tantôt 

6 


8^ 

leur  conducteur  s'appelle  Hiérosolyme  ou  Judée ,  mais 
toujours  la  tradition  Hébraïque  est  étroitement  liée  à  toutes 
ces  légendes  historiques. 

L'histoire  des  Hébreux  récèle  d'ailleurs  des  relations 
intimes  qui  existèrent  entre  les  différentes  tribus.  Nous 
réunirons  toutes  ces  tribus  sous  le  nom  collectif  de  Hyksôs. 
Nous  pourrions  les  appeler  aussi  et  avec  raison  les  Che- 
tites  ou  Pasteurs,  mais  la  première  dénomination  présente 
Favantage  d'être  plus  généralement  connue  en  même  temps 
qu'elle  permet  une  conception  plus  étendue. 

Que  savons  nous  concernant  la  religion  de  ces  tribus? 

L'examen  des  documents  qui  ont  été  conservés,  nous 
apprendra  quels  sont  les  vestiges  que  nous  en  trouvons 
dans  les  récits  des  anciens  Hébreux. 

Selon  le  papyrus  Sallier  I  dont  nous  parlions  déjà , 
le  dieu  de  ces  tribus  était  SutecJi.  C'est  ce  dieu  qui 
sera  le  sujet  de  nos  recherches  dans  les  pages  qui 
suivent.  Nous  lisons  que  le  roi  Apophis  choisit  ce  dieu 
comme  maître  suprême  et  que  ce  fut  le  seul  parmi  les 
divinités  Egyptiennes  à  qui  il  rendit  hommage  et  auquel 
il  dédia  un  temple  solide  et  magnifique.  Cet  Apophis , 
un  des  rois  Pasteurs,  le  quatrième  selon  la  liste  de  Mane- 
thoos,  était  le  monarque  souverain  de  la  Basse-Egypte. 
Il  avait  pour  capitale  Avaris  ou  Ha-uar  et  nous  avons 
remarqué  que  le  village  actuel  de  San,  renferme  encore 
les  ruines  de  cette  ancienne  capitale.  Le  culte  de  Sutech, 
le  dieu  des  tribus  étrangères ,  s'unit  à  celui  du  dieu 
Egyptien  Set,  dont  Tadoration  remonte  à  une  très  haute 
antiquité.  Du  temps  de  la  sixième  dynastie,  il  y  avait 
déjà  un  autel  où  son  nom  était  inscrit  dans  la  série 
des  dieux    principaux.    Quel   fut  à  cette  époque  le  degré 


83 


de  nationalité  dont  jouissait  ce  culte?  C'est  une  question, 
dont  Fexamen  nous  mènerait  trop  loin  et  qui  sort  du 
cadre  de  ce  travail.  Il  est  probable  qu'il  était  un  dieu 
local  que  Fon  révéra  particulièrement  à  Ombos  et  qui 
plus  tard  fut  placé  parmi  les  autres  dieux  après  la  réunion 
des  différentes  régions.  Il  nous  suffit  de  savoir  que  son 
culte  fut  gardé  en  honneur  spécial  par  les  Hjksôs  et 
que  ce  ne  fut  que  vers  la  vingtième  dynastie  qu'il  fut 
abandonné.  Jusqu^à  cette  époque  il  reçut  les  honneurs 
divins  aussi  de  la  part  des  gouvernements  Égyptiens  pur 
sang,  comme  le  furent  ceux  de  la  dix-huitième  et  dix-neu- 
vième dynastie.  Les  princes  considérèrent  comme  un  titre 
distingué  de  s^appeler  :  „Aimé  de  Set^'  ou  aimé  d  eSutech. 
Peu  à  peu  cependant  toutes  les  qualilés  excellentes  de 
Set  disparaissent  et  lui  que  Pon  nommait  le  bon  dieu 
par  excellence ,  se  voit  transformer  dans  un  être  qui 
représente  la  personification  du  mal.  Une  persécution 
acharnée  éclate  contre  lui,  pendant  laquelle  les  monu- 
ments ornés  de  son  image  sont  livrés  à  la  mutilation. 
Il  est  difficile  de  fixer  l'époque  juste  de  cette  révolution 
et  de  rendre  compte  des  motifs  qui  la  iSrent  naître.  Pour 
procéder  régulièrement  à  la  solution  de  ces  questions, 
nous  examinerons  d'abord  ce  que  nous  trouvons  rapporté 
de  Set  comme  un  dieu  bon,  pour  rechercher  plus  tard 
ses  titres  à  la  qualité  de  dieu  malin. 


")- 


1. 


SET  COMME  BON  DIEU,  DIEU  DES  HYKSOS. 

Nous  possédons  pour  y  puiser  les  sources  historiques 
les  plus  authentiques,  que  Ton  puisse  consulter.  Ce  sont 
les  monuments  de  dates  contemporaines,  conservés  jusqu'à 
nos  jours.  Afin  de  procéder  avec  ordre  dans  nos  recher- 
ches ,  nous  commencerons  à  examiner  les  papyrus  ,  divisé 
en  papyrus  historiques  .  sacrés  et  littéraires.  En  désignant 
les  différents  papyrus  par  les  noms  de  leur  propriétaires 
ou  de  ceux  qui  les  ont  découvert,  nous  parlons  du  papyrus 
Sallier,  d'Orbiney,  de  Harris  etc.  Le  premier  que  nous 
ayons  à  consulter  c'est  le  papyrus  Sallier  I.  *  Nous  avons 
déjà  remarqué  ailleurs  qu'il  est  d'une  grande  valeur  histo- 
rique ,  nous  ajoutons  ici  qu'il  est  indispensable  pour 
l'étude  de  l'histoire  du  culte  Égyptien.  Nous  y  lisons 
que  le  chef  des  Pasteurs  rendit  un  hommage  tout  parti- 
culier à  Sutech  et  qu'un  temple  magnifique  et  solidement 
bâti  fut  érigé  en  son  honneur.  Peu  de  temps  après  eut 
lieu  l'expulsion  de  ce  peuple  par  Ahmès.  Nous  examine- 
rons si  Tordre  dans  lequel  se  succèdent  ces  différents 
événements,  peut  jeter  quelque  lumière  sur  les  causes  du 


85 


mépris  général,  qui  plus  tard  fut  le  partage  de  cette 
divinité.  Easkénen  qui  régnait  avant  Ahmès,  se  servit 
probablement  du  culte  rendu  à  Sutech,  comme  prétexte 
pour  chasser  ce  peuple. 

Le  papyrus  qui  nous  occupe  présente  une  lacune , 
c'est  à  dire  il  y  manque  un  fragment.  Les  événements 
s'y  succèdent  dans  l'ordre  suivant:  Les  Pasteurs,  Apépi, 
Sutech ,  Easkénen  et  se  terminent  par  le  seul  hom- 
mage rendu  à  Sutech  et  la  fondation  d'un  temple 
en  son  honneur.  La  supposition  que  Easkénen  puisa 
dans  cette  question  religieuse  le  prétexte  pour  faire  la 
guerre  aux  Pasteurs,  repose  sur  le  fait  qu'Apépi  rendit 
honneur  exclusivement  à  Sutech ,  comme  seigneur  d'Ava- 
ris,  au  détriment  de  tous  les  autres  dieux,  parceque  les 
qualités  qu'on  lui  attribuait  jadis,  étaient  tout  à  fait 
changées  par  les  influences  Asiatiques.  Lorsque  les  Hyksôs 
furent  entièrement  opprimés  ,  on  donnait  à  Set  transformé 
en  Sutech ,  le  dieu  que  l'on  regardait  généralement  comme 
la  cause  et  le  protecteur  du  grand  mal ,  savoir  la  domina- 
tion étrangère,  le  nom  de  dieu  malin.  Toutefois  il  fut 
gardé  en  honneur  pendant  longtemps  et  un  autre  papyrus 
nous  cite  encore  qu'il  reçut  un  hommage  non  partagé. 
Cette  fois  ce  fut  le  grand  Eamses  II  qui  le  lui  rendit 
et  le  papyrus  Sallier  III  *  qui  nous  l'apprend  est 
outre  cela  remarquable,  parce  que  nous  possédons  une 
inscription  hiéroglyphique,  martelée  dans  le  temple  d^Ib- 
samboul,  qui  contient  le  même  récit  dans  les  mêmes 
termes.  Ces  deux  monuments  se  complètent  Fun  Tautre 
et  nous  en  possédons  à  présent  le  texte  achevé  avec 
la  traduction.  M.  de  Eougé  nous  donna  la  version  fran- 
çaise  du  papyrus   et  c'est  à  M,  Chabas  que  nous  devons 


86 


la  traduction  de  rinscription  d'Ibsamboul.  C'est  le  récit 
d'une  expédition  dirigée  contre  les  mêmes  tribus  con- 
quérantes qui,  bien  que  chassées,  menacèrent  de  nouveau 
les  frontières  de  l'Egypte ,  on  y  lit  :  „Le  roi  entouré  d'une 
garde  nombreuse  était  assis  dans  sa  tente,  dressée  au  sud 
de  Kates  (Kadesch)  quand  deux  espions  ennemis  se  présen- 
taient devant  lui  avec  l'intention  de  l'induire  en  erreur 
d'une  manière  ou  d'une  autre.  Ils  prétendaient  que  les 
Chets  ou  Hita's  avaient  voulu  faire  une  alliance  avec  eux, 
parce  qu'ils  appartenaient  à  une  tribu  guerrière  qui  avait 
l'habitude  de  servir  les  différentes  parties  belligérantes. 
Ils  avaient  réfusé  de  servir  les  Chets  et  étaient  venus 
pour  informer  le  roi  de  la  position  des  armées.  Mais 
c'était  un  piège  qu'ils  tendirent  au  roi ,  car  à  peine 
Eamses  s'était-il  rapproché  de  Kates,  qu'il  aperçoit  un 
nouvel  espion,  duquel  il  apprend  à  force  de  coups  de 
bâton,  des  informations  tout  à  fait  opposées.  L'armée 
était  déjà  parti  en  avant  et  le  roi  était  resté  en  arrière  avec 
quelques  gardes  seulement,  quand  tout  à  coup  les  Chets 
en  quittant  leurs  cachettes  paraissent  et  se  jettent  sur  ce.ux 
qui  étaient  restés  près  du  roi.  Le  roi  voyant  ses  gardes 
plier  sous  le  choc  ,  fut  contre  Tennemi  comme  une  panthère; 
il  se  révêtit  de  ses  parures  de  combat  et  saisit  sa  lance. 
Il  était  semblable  au  dieu  Baal  à  son  heure  terrible. 
Yoilà  qu'il  monte  à  cheval  et  prend  son  élan.  Il  était 
seul  de  sa  personne.  Il  pénètre  dans  la  troupe  de  l'abject 
Chet,  à  immoler  à  massacrer  semblable  au  dieu  Sutech 
le  très  vaillant.  Sa  majesté  fut  au  milieu  d'eux  à  faire 
tomber  eux  en  cadavres  un  sur  un  dans  Teau  de 
l'Oronte," 

Ainsi   le    suprême   degré   imaginable    de    vaillance  fut 


87 


„une  vaillance  comme  celle  de  Sutech"  ceci  prouve  donc  que 
ce  Dieu  fut  gardé  en  honneur,  encore  après  l'expulsion 
des  Hyksôs. 

Dans  un  acte  public ,  le  papyrus  360  ^  du  musée 
de  Leyde ,  écrit  du  temps  de  Eamses  II  Meiamun , 
nous  trouvons  Sutech  rangé  parmi  les  dieux  supérieurs 
dans  le  palais  de  ce  prince.  Les  dieux  mentionnés  se 
suivent  ainsi  :  Harmachis ,  (Phre-Hor-Sjoeti ,  nom  du 
grand  Sphynx  de  Giseh)  A.mun,  Phtah,  Phre,  Sutech  le 
grand  guerrier.  Dans  le  papyrus  Amastasi  II  *  dont  nous 
avons  la  copie  dans  le  papyrus  Anastasi  lY,  nous  lisions 
déjà  que  le  palais  ou  le  Bekhen  de  Eamses  était  envi- 
ronné de  temples  ;  „son  occident  est  à  la  demeure  d'Am- 
mon ,  son  sud  à  la  demeure  de  Sutech ,  Astarté  est  à  son 
orient,  Ouaté  à  son  nord  etc.'* 

Dans  un  autre  papyrus  nous  trouvons  cité  l'hom- 
mage rendu  à  Set  du  temps  de  Menephtah,  le  successeur 
de  Eamses  /  et  outre  cela  nous  rencontrons  plusieurs  fois 
le  signe  de  Set  dans  les  cartouches  royaux ,  ^  entre  autres 
dans  le  nom  de  Séti-Menephtah.  Ces  différents  monuments 
d'auteurs  contemporains  prouvent  évidemment  que  les  noms 
de  Set  et  de  Sutech  jouissaient  d'une  grande  considération 
sous  le  règne  de  la  dixneuvième  dynastie. 

Nous  consulterons  maintenant  les  papyrus  sacrés  pour 
voir  si  nous  y  pourrons  découvrir  des  vestiges  qui  ont 
rapport  à  un  culte  rendu  à  ce  dieu.  Ces  papyrus  sacrés 
se  divisent  encore  en  deux  catégories  pour  le  motif  suivant  : 
M.  Lepsius  "^  a  trouvé  à  Turin  une  collection  de  frag- 
ments d'un  contenu  sacré  ,  qu'il  a  publié.  Outre  ceux-ci 
il  en  exiitent  encore  d'autres  de  la  même  espèce,  connus 
sous    les   noms  de  rituels  funéraires,  livres  des  morts  ou 


88 


papyrus  funéraires,  puis  encore  d'autres  contenant  des 
hymnes  à  plusieurs  dieux,  des  conjurations  etc.  Nous 
appellerons  la  première  catliégorie  les  rituels  et  la  seconde 
les  papyrus  sacrés. 

En  commençant  avec  les  rituels  funéraires  nous  suivrons 
l'édition  de  M.  Lepsius.  M.  de  Eougé  par  les  explica- 
tions qu'il  donna  de  quelques  fragments ,  nous  rendit 
un  service  important.  En  examinant  sa  traduction  du 
chapitre  17^  nous  nous  apercevons,  que  malgré  que  plu- 
sieurs personnes  se  soient  occupés  à  la  composition  de 
ce  chapitre ,  Tempreinte  d'une  manière  d^envisager  plus 
ancienne  y  est  conservé.  Nous  lisons  dans  le  verset  35  : 
„Horus  te  purifie  Set  te  renouvelle  tour  à  tour"  et  M.  de 
Eougé  pour  expliquer  ce  passage  cite  un  monument  sur 
lequel  Set  et  Horus  répandent  sur  le  roi  les  signes  de  la 
purification  et  de  la  vie  éternelle. 

De  même  dans  les  papyrus  sacrés ,  dont  un  très  remar- 
quable ,  sinon  unique  exemplaire ,  se  trouve  au  Musée  de 
Leyde,  ^  un  hommage  est  rendu  à  Set  comme  au  Seigneur 
des  cieux.  Dans  un  hymne  en  son  honneur  il  est  appelé: 
„le  seigneur  du  ciel  et  de  la  terre,  à  qui  l'on  adresse 
des  louanges  et  des  prières,  le  bon  dieu,  lui  qui  veille 
toujours."  Quoique  ce  monument  attend  encore  son  expli- 
cation, nous  voyons  par  ce  qui  précède  que  Set  reçut  les 
honneurs  des  divinités  suprêmes  de  l^Egypte  et  les  monu- 
ments cités  sont  autant  de  témoignages  qui  le  prouvent 
évidemment.  Nous  montrerons  encore  le  dieu  Set  devant 
lequel  les  rois  se  prosternent  et  que  nous  trouvons  sur 
les  monuments  qui  ont  résisté  jusqu'ici  à  la  puissance 
destructive  des  siècles,  oii  nous  le  voyons  encore  révêtu 
de  toute  sa  gloire.    Passons  eu  revue  dabord  les  statuettes. 


S9 


Comme  nous  le  remarquions  déjà,  nous  possédons  des 
statues  qui  représentent  des  rois  de  la  dynastie  qui  pré- 
cédait immédiatement  le  règne  des  Hyksôs.  Celles  ci  por- 
tent des  légendes  différentes.  Nous  commençons  par  les 
statues  connues  de  la  treizième  dynastie  et  en  premier  lieu 
avec  celle  de  Sévekhoteph  III ,  qui  se  trouve  dans  le  musée 
du  Louvre  et  qui  porte  le  nom  d'Apophis  qui  y  fut  taillé 
plus  tard.  La  mutilation  qu'a  subie  cette  statue  à  fait 
disparaitre  l'image  de  Set.  Les  statues  de  Ea-smenkh-ka 
et  d'un  autre  roi,  trouvées  à  Tel-mokdam  nous  appren- 
nent davantage.  Le  nom  d'Apophis  s'y  trouve  aussi  avec 
l'inscription  de  „bon  dieu,  astre  des  deux  mondes, 
fils  du  soleil ,  Sutechti ,  le  chéri  de  Sutech ,  le  seigneur 
d'Avaris.''^  Ceci  nous  prouve  que  le  même  titre  que  Fon 
donnait  aux  autres  dieux,  que  Ton  appelait  aussi  „seigneur 
du  monde,"  est  conféré  aussi  au  dieu  d'Avaris,  capitale 
du  pays  des  Hyksôs. 

Nous  avons  déjà  cité  ces  monuments  et  outre  ceux-ci 
encore  d'autres  du  temps  des  Hyksôs  ;  ce  sont  princi- 
palement ces  derniers  qui  nous  prouvent  que  Sutech  fut 
le  dieu  des  Hyksôs  par  excellence.  Ce  sont  les  Sphynx 
de  San  au  type  Sémitique  et  de  Bagdad.  L'image  de  Set 
est  effacée  sur  le  devant  des  bustes  des  Sphynx  de  San, 
mais  conservée  sur  les  épaules  avec  le  nom  d'Apophis , 
de  sorte  que  nous  avons  retrouvé  ainsi  le  temple ,  bâti  par 
Apophis ,  devant  lequel  ces  statues  étaient  placés.  Sur 
les  Sphynx  de  Bagdad  nous  lisons  le  nom  du  roi  des 
Hyksôs  Ra-set-nub ,  ce  qui  prouve  que  les  noms  des  rois , 
comme  Sutechti,  furent  empruntés  du  nom  de  Sutech, 
le  dieu  suprême.  Nous  trouvons  donc  ici  la  même  usance 
qui  eut  cours  en  jEgypte,  l'union  des  noms  des  personnes 


00 


personnes  aux  noms  des  dieux,  ce  qui  explique  le  nom 
de  Ra  uni  à  tant  d'autres;  ici  c'est  le  nom  de  Sutech  ou 
de  Set  dont  on  se  sert. 

Les  dynasties  suivantes  gardent  aussi  ce  dieu  en  honneur 
et  les  rois  prirent  des  noms  empruntés  à  celui  du  seigneur 
d'Avaris  ,  comme  Séti-Menephtah  et  Sèthos  ;  Earases 
s'appelait  le  chéri  de  Set,  le  seigneur  d'Avaris  et  nous 
lisons  sur  un  Sphynx  en  granit  rouge  qui  réprésente 
Eamses  II,  cette  inscription:  *"  „Le  Set  de  Eamses 
Meiamun  donne  une  vie  stable  et  puissante  sur  le  trône 
du  soleil  à  toujours."  Sur  le  côté  gauche  est  une  phrase 
tout  semblable  où  la  figure  de  Set  a  été  martelée.  M.  de 
Eougé  dans  sa  description  ajoute  encore  ceci  :  „Le  dieu 
Set  fut  en  grand  honneur  sous  la  dixneuvième  dynastie, 
Séti  I  et  II  empruntèrent  de  lui  leurs  noms."  Il  se 
trouve  à  Berlin  un  monument  qui  confirme  ce  que  nous 
venons  de  citer  ;  •  *  c'est  le  colosse  de  Eamses  II  avec 
l'inscription:  „Menephtah  Hokphima  le  chéri  de  Sutech 
le  seigneur  d'Avaris."  Au  Louvre  se  trouve  encore  un 
colosse  de  Séti  II  *'  fils  de  Menephtah,  que  M.  de 
Eougé  décrit  ainsi  ;  „la  légende  royale  est  martelée  et 
répétée  sur  la  base  et  sur  le  dos  du  colosse.  Le  dieu  Set 
est  mutilé  partout,  son  image  n'a  échappé  qu'une  seule 
fois  à  cet  outrage  dans  un  des  cartouches  gravés  sur  le  dos. 
La  ceinture  du  roi  fermée  par  une  boucle  sur  la  quelle 
était   gravé  le   nom    royal  avec  une  addition  remarquable 

Séti   aimé    de    Ptah  etc "    Le  pendant  de  cette  statue 

se  trouve  à  Turin ,  nous  en  avons  la  description  dans  le 
catalogue  du  musée,  de  M.  Orcurti  :  '^  „Un  colosse 
d'homme  en  pied,  qui  réprésente  le  roi  Séti  II;  sa  tête 
porte   la   double    couronne ,   il  a  dans    sa    main    droite 


91 


un  long  bâton  sur  lequel  se  trouve  martelé  un  nom 
royal ,  Har-phre ,  le  puissant ,  Taimé  du  roi  du  soleil , 
seigneur  des  deux  mondes,  qui  dirige  TÉgypte,  frappe 
le  pays  des  étrangers,  roi  de  la  haute  et  basse-Egypte; 
seigneur  des  deux  mondes ,  fils  du  soleil ,  seigneur  des 
deux  couronnes,  Séti  II  Menephtah,  aimé  de  Set,  grand 
par  gloire,  aimé  de  Phre,  source  de  vie  pour  ^éternité." 
„I1  faut  observer  ,  y  ajoute  Tauteur  ,  que  partout  où 
Ton  rencontre  le  nom  de  Set,  il  est  mutilé  avec  un  soin 
particulier ,  tandis  que  les  autres  signes  sont  restés 
intactes." 

Nous  pourrions  passer  maintenant  à  Fexamen  des  bas- 
reliefs,  si  avant  de  poursuivre  nos  recherches  il  ne  fallait 
pas  que  nous  donnions  une  réponse  à  la  question,  s^il 
n'y  existe  aucune  statue  du  dieu  Set,  comme  des  autres 
dieux  Egyptiens.  Et  nous  pouvons  répondre  à  cela  affir- 
mativement, quoique  ce  n'est  qu'une  seule  statuette  qui 
existe  et  qui  se  trouve  au  musée  de  Leyde.**  Elle  représente 
une  figure  assise  avec  la  tête  de  Set ,  mutilée  en  plusieurs 
endroits  ainsi  que  Finscription.  Toutefois  c'est  assez  inté- 
ressant. On  y  lit:  „Acte  d'adorations  à  Set  le  grand, 
le  vigilant,  le  grand  dieu,  le  roi  céleste,  seigneur  de  la 
victoire  ;"  dans  un  autre  endroit  :  „Acte  d'adorations  à 
Set,  fils  de  Nutpe,  l'esprit  de  Hor-Nuchti  (Horns  le 
vainqueur) ,"  et  encore  ;  „Suti ,  fils  de  Nutpe ,  grand  vigi- 
lant, qui  est  aimé  par  le  dieu  Ea."  M.  Leemans  donne 
la  description  suivante  de  cette  statuette.  „Cette  statuette 
est  jusqu'ici  l'unique  qui  soit  connue  et  qui  a  survécu 
à  la  destruction  générale  de  toutes  les  images."  Dans  sa 
description  raisonnée  des  monuments  à  Leyde  il  ajoute 
encore  :    „Le  travail  de  notre  statue  appartient  à  la  plus 


belle  époque  de  Part  Égyptien  et  remonte  au  moins 
jusqu'au  commencement  de  la  XYIII""*  dynastie/' 

Jetons  à  présent  un  regard  sur  les  monuments  qui 
nous  restent  encore  et  que  nous  divisons  en  inscriptions 
des  temples ,  pierres  funéraires  ou  votives  et  scarabées. 
Le  culte  était  très  étendu  et  Set  fut  généralement  adoré 
comme  divinité  suprême  par  la  XYIII™',  XIX""  et  une 
partie  de  la  XX™'  dynastie.  Nous  avons  vu  qu'il  portait 
les  noms  de,  fils  de  Ra,  seigneur  des  deux  mondes, 
(Haute  et  Basse-Egypte)  astre  des  deux  mondes ,  mais 
presque  toujours  il  est  surnommé  Noebti  et  s'appelle  alors 
Set-noebti.  Ce  nom  est  écrit  avec  ou  sans  le  signe  des 
villes  ou  des  régions.  Quand  ce  signe  est  supprimé,  le 
nom  veut  dire:  Set  le  resplendissant  ou  Set  d'Or.  Ainsi 
nous  lisons  à  Ibsaraboul,  dont  nous  parlerons  encore  plus 
loin  :  „lVous  vous  donnons  la  vigilance  de  Horus-noub 
et  Set-noub ,"  ce  qu'on  ne  peut  traduire  qu'en  „nous 
vous  donnons  la  vigilance  de  Horus  et  de  Set ,  les  res- 
plendissants (excellents).''  Noebti  avec  le  signe  de  région 
signifie  Ombos.  Il  est  probable  que  ce  dieu  reçut  hon- 
neur à  Ombos,  principalement  du  temps  des  dynasties 
qui  précédèrent  le  règne  des  Hyksôs.  Toutefois,  quand 
Set  est  devenu  seigneur  d'Avaris,  c'est  à  dire  le  dieu 
national  des  Hyksôs,  ceux-ci  ne  lui  donnent  jamais  ce 
titre.  Cependant  les  dynasties  Egyptiennes  lui  donnent  le 
nom  sous  lequel  il  fut  connu  autrefois,  d'où  il  suit  que 
nous  trouvons  sur  les  monuments  de  ceux-ci,  le  dieu  des 
Hyksôs  surnommé  dieu  d'Ombos. 

Passons  maintenant  aux  bas-reliefs ,  que  nous  possédons 
en  quantité  dans  les  ouvrages  de  M.  Rosellini  "  et  de 
M.  Lepsius.  *^ 


Les  dieux  sont  représentés  toujours  comme  les  précep- 
teurs des  rois;  c'est  ainsi  que  le  dieu  de  la  XYIII""  et 
de  la  XIX""  dynastie  est  introduit  aussi.  Les  rois  reçoivent 
la  force,  la  vie  et  la  pureté  des  dieux.  Thoutmès  les 
reçoit,  tantôt  de  Set,  Amun  et  Horus,  ^"^  tantôt  de 
Nephthys  et  Set-noebti. '^  Ailleurs  Set  vient  Thoutmès  en 
aide  *^  ou  protège  ce  roi  pendant  qu'il  est  allaité  par 
Hathor.  ^®  Le  roi  Horus  reçoit  la  vie  de  Set  et  de 
Nephthys  dans  le  temple  de  Karnak.  ^^  Ailleurs  encore 
Set  instruit  Thoutmès  à  tendre  l'arc.  ^^  Presque  toujours 
il  est  réprésenté  avec  Horus  dispensant  la  vie.  Son 
emblème  apparait  encore  dans  les  noms  des  rois  Séti 
Menephtah  et  Séthos.  Ramses  II  le  grand  est  réprésenté 
comme  protégé  par  Set ,  Nephthys  et  Horus.  ^^  Le  roi 
sacrifie  lui  même  des  offrandes  à  Set  ^*  qui  figure  dans 
une  série  de  dieux.  *'  On  le  trouve  encore  représenté 
couronnant  un  roi  avec  l'aide  de  Horus. ^^  Set-noebti  placé 
à  côté  du  roi  Herhersiamon  offre  à  celui-ci  la  couronne 
de  la  basse-Egypte ,  tandis  que  Horus ,  qui  se  trouve  à 
l'autre  côté,  lui  donne  celle  de  la  haute-Egypte.  Une 
femme  de  la  haute-Egypte  cherche  à  persuader  le  roi 
d'accepter  la  couronne  que  Horus  lui  présente  et  une 
femme  de  la  basse-Egypte  cherche  de  son  côté ,  que  le  roi 
honore  Set  de  son  choix.  Le  roi  tourne  son  regard  vers 
Horus  qui  est  à  gauche. 

En  examinant  les  monuments  de  M.Eosellini  nous  trouvons 
en  partie  les  mêmes  figures  et  en  partie  d'autres ,  qui  sont 
autant  de  preuves  des  mêmes  faits.  Menephtah  le  seigneur 
de  Torient  et  de  Toccident,  est  toujours  représenté  comme 
recevant  la  vie  et  la  pureté  de  Set  et  de  Horus  -"^  et  dans 
un  autre  lieu  nous  voyons  que  Eamses  Meiamun  lui 
rend   honneur   d'une  manière  particulière.  -* 


94 


Le  culte  de  Set  comme  bon  Dieu  était  généralement 
répandu  parmi  les  rois  et  ils  aimaient  à  se  nommer  après 
lui.  Il  y  à  une  couple  de  stèles  qui  prouvent  d^une 
manière  évidente  qu'il  reçut  honneur  aussi  de  la  part  de 
personnes  de  condition  inférieure.  Sur  une  des  stèles  au 
musée  de  Leyde  est  la  figure  d'un  nommé  Kiana,  sacrifiant 
à  Set-noebti  le  tueur  du  dragon. ^^  Toute  la  représentation 
a  été  dorée  autrefois  et  on  voit  en  haut  le  ciel  avec  le  soleil 
et  la  lune  ;  en  dessous  le  soleil  on  lit  :  „Set-noebti  grand 
dieu."  Ces  mots  ont  rapport  à  la  personne  qui  s'y  trouve 
dessous,  tuant  le  dragon.  Cette  personne  présente  le  type 
Asiatique  et  le  dragon  à  la  tête  d'homme  le  type  Égyptien. 
Plus  bas  se  trouve  l'Egyptien  Kiana,  qui  sacrifie  à  Ea  dans 
le  caractère  de  Noebti.  Cette  stèle  est  d'un  travail  exquis 
comme  celui  des  monuments  de  la  XYIII™"  dynastie. 
Il  est  remarquable  que  Set  est  représenté  ici  comme  Ra, 
dieu  suprême  et  tueur  du  dragon  et  plus  loin  nous  ver- 
rons qu'il  devient  dragon  lui  même ,  qui  menace  a  chaque 
instant  les  dieux  les  plus  honorés.  Comme  dieu  des 
tribus  Asiatiques  il  présente  le  type  de  ces  peuples.  Ce 
petit  monument  est  donc  d'une  grande  valeur  parceque 
la  domination  des  Asiatiques  en  reçoit  un  témoignage 
irrécusable  et  outre  cela  c'est  une  preuve  du  bon  accueil 
que  l'on  fit  à  leur  dieu,  quoiqu'on  le  considérait  toujours 
comme  Set  le  dieu  d'Ombos.  Ce  n'étaient  pas  les  rois 
seuls  qui  le  rendirent  honneur ,  car  cet  homme  mort  était 
un  homme  du  peuple ,  ce  qui  prouve  que  le  peuple  imitait 
en  cela  ses  rois.  On  allait  même  jusqu'à  emprunter  des 
noms  au  nom  de  ce  dieu.  Nous  avons  une  preuve  pour 
cela  dans  une  autre  stèle  qui  se  trouve  aussi  à  Leyde, 
oii  l'on  voit  représenté  un  garde  du  palais  de  Thoutmès, 


95 


nommé    ■N'oebti    et    sa    femme  Set-amon ,  qui   sacrifient  à 
Osiris.  '° 

Avant  de  terminer  ce  chapitre,  nous  dirons  quelques 
mots  encore  sur  les  Scarabées.  ^*  On  s'en  servit  en  guise 
d'amulettes  ou  d'ornements  et  ils  sont  pourvus  din- 
scriptions  qui  prouvent  Thonneur  que  Ton  rendit  à  Set. 
Ils  remontent  à  la  XYIII"-  et  à  la  XIX""  dynastie  et 
portent  les  titres  de  Séthos  ou  Menephtah.  Tous  ces 
monuments  réunis  prouvent  d'une  manière  évidente  que 
Set,  le  dieu  par  excellence  des  pasteurs  ou  ÏÏyksôs,  fut 
gardé  en  honneur  spécial  par  les  rois  et  le  peuple  pendant 
les  XVIIP'  et  XK"""  dynasties.  Plus  tard  Set  a  perdu 
cet  honneur  et  fut  méprisé  au  même  degré  qu'il  avait 
été  adoré  jadis.  La  cause  de  ce  changement  n'est  pas 
difficile  à  trouver;  il  était  devenu  le  dieu  des  tribus  des 
Pasteurs  ;  une  invasion  que  Ton  regardait,  à  partir  de  la 
XX™'  dynastie,  comme  le  plus  grand  fléau  qui  eut  pesé 
encore  sur  TÉgypte  et  qui  fut  placé  sous  sa  protection 
particulière.  Voyons  maintenant,  comment  il  est  repré- 
senté comme  dieu  malin. 


II. 

SET  COMME  DIEU   MALIN. 

Pendant  le  règne  de  la  vingtième  dynastie,  une  persé- 
cution religieuse  générale  fut  ordonnée  contre  le  culte  de 
Set  et  le  dieu  guerrier  tant  exalté  jadis,  fut  détrôné, 
son  nom  et  son  image  effacé  ou  mutilé  sur  les  monuments , 
partout    oii   il    n'échappait    aux  recherches   avides.     Sous 


96 


la  XXTme  dynastie  son  culte  à  disparu  et  quoiqu'  avec  la 
XXIIme  dynastie  une  nouvelle  succession  de  rois ,  originaire 
de  Tanis ,  monte  sur  le  trône  de  TÉgypte ,  l'ancien 
dieu  de  Tanis  continue  à  être  méprisé. 

Les  prêtres  prirent  part  à  cette  extermination  et  comme 
nous  Favons  déjà  observé,  ce  n'est  qu'  avec  grande  peine 
que  l'on  peut  découvrir  quelque  vestige  du  culte  de  Set 
comme  bon  dieu. 

Il  y  en  a  d'avantage  de  Set  en  sa  qualité  de  dieu 
malin.  On  a  poussé  la  haine  jusqu'au  point  de  bannir 
son  nom  hors  du  monde,  en  même  temps  que  l'on  dé- 
truisit son  image,  que  Ton  remplaça  par  une  autre 
divinité.  Commençons  encore  à  examiner  les  papyrus  et 
en  premier  lieu  les  rituels.  Nous  le  rencontrons  dans  le 
premier  chapitre,  combattant  contre  le  dieu  Horus.  Pour 
expliquer  ce  passage  il  faut  que  nous  citions  le  mythe 
en  son  entier,  tel  qu'il  a  été  conservé  par  Plutarque  et 
auquel  les  papyrus  font  allusion  à  chaque  instant. 

Plutarque  nous  la  communique  dans  son  étude  sur  Isis 
et  Osiris  de  cette  manière  :  '  Osiris  le  soleil  et  Tsis  la  lune 
qui  avec  Thoth  sont  les  trois  dieux  principaux  des  Egyp- 
tiens, condescendirent  à  quitter  le  ciel  afin  de  favoriser 
la  terre  de  leurs  bontés.  Isis  inventa  le  blé  et  Osiris 
les  outils  de  labourage.  Il  attela  le  premier  le  taureau 
à  la  charrue  et  pourvut  les  hommes  de  fruits  de  toute 
espèce,  outre  cela  il  leur  donnait  des  lois  qui  réglaient  le 
culte  et  la  vie  sociale.  Après  avoir  comblé  de  ses  faveurs 
la  vallée  du  Nil ,  il  part  pour  faire  participer  les  autres 
pays  à  ses  bienfaits.  Il  vainquit  avec  une  armée  immense 
tous  les  peuples ,  non  par  la  force  des  armes  mais  par  la 
musique    et   des   paroles.     Son   frère  méchant  fut  Typhon 


97 


qiri  portait  aussi  le  nom  de  Set ,  poussé  par  jalousie  et  par 
haine  il  s'empara ,  pendant  l'absence  de  son  frère,  du  trône 
de  l'Egypte  et  conçut  Tintention  d'assassiner  son  frère, 
lorqu'  Isis  fit  échouer  ses  desseins.  Après  le  retour  de 
celui-ci  il  trouva  moyen  de  renfermer  dans  une  caisse 
qu'il  jetta  en  mer  où  périt  Osiris.  En  apprenant  ce  crime 
Isis  se  mit  à  lamenter  et  à  se  désoler,  cherchant  partout 
afin  de  trouver  la  caisse  avec  le  défunt.  Pour  venir  à  bout 
de  cela  elle  choisit  pour  son  aide  Anubis,  fils  d'Osiris  et 
de  sa  soeur  Nephtlîys,  qui  fut  pendant  quelque  temps 
l'épouse  de  Typhon.  Anubis  possédait  les  qualités  du 
limier.  Ils  cherchèrent  en  vain  pendant  longtemps,  car 
la  caisse  était  arrivée  à  Byblos  en  Phénicie  où  le  bois 
prenant  racine  était  devenu  un  grand  arbre,  à  cause  de 
la  force  énorme  qui  s'exhalait  du  dieu  qui  se  trouvait 
dedans.  Cet  arbre  fut  bientôt  abattu  et  avec  le  cadavre 
qu'il  renfermait,  placé  en  guise  de  colonne  dans  le  palais 
du  roi  de  la  Phénicie.  Tout  cela  est  rapporté  à  Isis  par 
Anubis.  Isis  va  se  mettre  après  cela  dans  Tattitude  d'une 
femme  désolée  devant  les  murs  de  Byblos  et  se  laisse 
engager  comme  nourrice  par  les  servantes  de  la  reine,  qui 
venait  d'accoucher  d'un  fils.  Au  lieu  d'allaiter  l'enfant, 
elle  lui  met  le  doigt  dans  la  bouche  et  le  pose  la  nuit  sur 
le  feu,  afin  de  le  purifier  des  taches  de  la  terre.  La 
reine  qui  vit  cela  avec  terreur,  commença  à  crier  de  toutes 
ses  forces ,  sur  quoi  Isis  apparait  comme  déesse  dans  un 
orage ,  touche  de  sa  main  la  colonne ,  de  manière  que  la 
caisse  et  le  cadavre  en  sortent.  Elle  s'en  empare  et  les 
cache  dans  l'endroit  le  plus  épais  de  la  forêt.  Typhon  se 
trouvait  par  hasard  à  la  chasse  et  découvre  le  corps , 
qu'il  coupe  en  quatorze  morceaux  qu'il  jette  autour  de  soi. 

7 


98 


Isis  en  retrouve  treize ,  qu'elle  range  ensemble  de  manière 
à  en  faire  un  corps  entier  et  ajoute  à  la  place  de  ce  qui  y 
manque ,  du  bois  de  sycomore.  Le  défunt  Osiris  apparait 
ensuite  à  son  fils  qu'il  excite  à  la  vengeance  contre 
Typhon.  Ce  fils  réunit  ses  fidèles  et  triomphe  de  Typhon 
qu'il  fait  prisonnier.  Cependant  Isis ,  par  compassion 
pour  Typhon  le  délivre,  après  quoi  il  s'enfuit  avec  ses 
compagnons  dans  le  désert. 

Après  cela  Horus  prend  possession  du  trône  de  son 
père  et  devient  le  dernier  des  dieux  qui  ont  régné  sur 
les  mortels.  Sur  ces  entrefaites  Osiris  est  devenu  roi  et 
chef  des  régions  inférieures  (de  Thadès). 

C'est  à  ces  légendes  que  Fon  fait  allusion  chaque  fois 
et  dans  le  premier  chapitre  du  Rituel  nous  les  trouvons 
déjà  cités.  Le  défunt  y  est  représenté  comme  paraissant 
devant  le  siège  de'  justice  d'Osiris  où  sa  vie  et  ses  oeuvres 
seront  soumises  à  un  jugement  équitable.  Il  faut  qu'il 
plaide  lui  même  sa  cause  et  afin  de  disposer  Osiris  favo- 
rablement à  son  égard ,  il  se  compare  à  Horus  qui , 
sollicité  par  son  père ,  combattit  Typhon  ou  Set.  Le  titre 
du  premier  livre  chapitre  1 — 15  est  conçu  en  ces  termes: 
„Commeii cément  des  chapitres  de  la  manifestation  au  jour 
de  la  résurrection  des  mânes  (ceux  qui  sont  devenus 
esprits  après  la  mort)  dans  Ker-neter  (ou  la  demeure 
inférieure,  c'est  le  nom  le  plus  ordinaire  du  séjour  des 
morts).  On  le  dit  (ou  lit)  le  jour  de  l'ensevelissement. 
Que  le  défunt  N.  N.  justifié,  avance  dans  la  manifestation 
au  jour.''  ^  Lorsque  le  défunt  était  justifié  et  qu'il  avait 
subi  toutes  les  épreuves  dans  le  séjour  de  la  purifica- 
tion, il  se  levait  avec  le  soleil  dans  l'orient  et  faisait 
part,    comme  âme  bienheureuse,  du  nombre  de  ceux  qui 


99 


accompagnaient  la  barque  du  dieu  Ra,  le  soleil.  Mainte- 
nant rame  est  arrivé  devant  le  trône  du  juge  et  dans 
le  chapitre  I.  5  elle  s^adresse  à  Osiris  en  s'écriant. 
„J'étais  avec  les  deux  épouses*  d'Osiris  (Isis  et  Nephthys) 
quand  elles  fesaient  son  deuil  (cherchant  son  corps)  dans 
la  région  des  nids,  j'ai  justifié  Osiris  de  ses  ennemis; 
j'étais  avec  Horus ,  en  ce  jour  où  Fon  investit  les  fortifi- 
cations ,  pour  ouvrir  le  lieu  du  rassemblement ,  qui  était 
le  siège  de  ceux  qui  comprimaient  le  coeur  divin,  renver- 
sant ceux  qui  ont  été  vaincus  à  la  porte  du  canal.  Je 
servais  Horus  dans  la  région  de  la  porte  du  canal." 

La  légende  qui  suit  nous  apprend  que  le  jour  du  combat, 
dont  il  sortit  victorieux ,  Horus  n'était  pas  très  rassuré  en 
présence  d'un  adversaire  aussi  redoutable  que  le  meurtrier 
de  son  père;  la  frayeur  le  paralysait  et  ce  fat  Thoth  qui 
ranima  son  courage.  Dans  le  chapitre  17  ^  on  cite  le 
combat  d'Horus  contre  Set  en  termes  un  peu  équivo- 
ques. Ailleurs  *  la  prière  suivante  est  adressée  à  Osiris  : 
„Sauvez  le  défunt  du  dieu  qui  s'empare  des  âmes,  qui 
dévore  les  coeurs  (dans  lesquels  se  trouvait  le  principe 
d'une  vie  nouvelle).  Sauvez  le  de  celui  qui  se  répaît  de 
cadavres ,  qui  terrifie  les  faibles.  —  Yoici  l'explication  de 
ce  vers.  —  C'est  Set,  autrement  l'exécuteur  (ou  Timmo- 
lateur  du  taureau  ou  du  boeuf,)  autrement  c'est  Horus, 
fils  de  Seb."  —  „I1  s'agit  ici  comme  toujours,  ajoute 
M.  de  Eougé,  du  sort  de  Thomme  après  la  mort.  Le  dieu 
suprême  dans  ses  diverses  formes  est  invoqué  contre  les 
terribles  effets  du  jugement.  La  glosse  varie  toujours 
sur  l'exécuteur,  dont  le  pouvoir  repose  tantôt  entre  les 
mains  d'Horus,  tantôt  entre  les  mains  de  Set  et  de  ses 
démons." 


100 


De  même  nous  trouvons  Set  rangé,  tantôt  parmi  les 
dieux  principaux  ,  '  Seb  ,  (Saturne)  Osiris  ,  Suti  ou  Set , 
tantôt  son  nom  est  supprimé.  ^  Il  reçoit  plusieurs 
surnoms  qui  tous  ont  une  signification  mauvaise:  Baba,*^ 
le  Bebon  de  Plutarque ,  un  prénom  de  Set  dont  nous 
lisons  :  —  „Ah  seigneur  de  la  grande  demeure ,  roi 
suprême  des  dieux ,  sauves  le  défunt  de  ce  dieu .... 
qui  se  repaît  des  maudits  et  (Sauves  le)  de  l'esprit 
du  bassin  de  feu  qui  dévore  les  multitudes ....  voici 
l'explication  ;  Celui  qui  dévore  les  multitudes  est 
son  nom  ....  Le  bassin  de  feu  est  dans  Anrutew  qui- 
conque y  arrive  (impur)  sera  immolé.    Autrement  dit 

Baba  est  son  nom,  c'est  celui  qui  défend  ce  repli  de 
TAmenti  (la  région  inférieure)."  — A  un  autre  endroit  il 
est  appelé;  ^  „Celui  qui  pousse  les  impies  à  la  demeure 
du  billot  pour  détruire  leurs  âmes."  L'explication  c'est 
(Smy  ?  ou)  Smu  Tannihilateur  d'Osiris,  (un  der  prénoms 
connus  à  Plutarque)."  Souvent  il  porte  le  nom  d'Apap , 
celui  qui  dévore  les  âmes.  '  La  chapitre  7  est  tout  à 
fait  consacré  à  celui-ci,  de  même  le  chapitre  39.  Le  titre 
du  septième  est  conçu  en  ces  termes  :  „Chapitre  pour 
traverser  les  régions  d' Apap  qui  sont  vides  :"  Apap  signifie 
le  gigantesque  et  c'est  aussi  le  nom  du  grand  serpent 
ennemi  du  soleil.  Le  chapitre  149  cite  quatorze  endroits 
différents  ou  se  trouvent  des  dieux  ou  des  démons  Typho- 
niques  qui  refusent  le  passage  aux  âmes  et  leur  donnent 
la  liberté  quand  elles  ont  subi  l'épreuve;  plus  tard  nous 
reviendrons  sur  ce  chapitre  et  sur  les  vignettes.  Jusqu'ici 
le  papyrus  funéraire  ;  nous  y  voyons  exprimé  la  preuve 
non  équivoque,  de  la  terreur  qu'  inspirait  Set  le  malin 
esprit. 


101 


En  ouvrant  les  autres  documents  et  en  premier  lieu  le 
papyrus  Harris  ,  nous  lisons  les  conjurations  suivantes:  ^^ 
„A.rrête  toi  crocodile  fils  de  Set.  Moi  je  suis  Anhur 
seigneur  du  glaive.  Permez  les  bouches  "  comme  est  scellée 

la  demeure  du  glaive  à  jamais ,    comme  est  scellé  le 

fil  du  glaive  d'Anata  et  d'Astarté,  les  déesses  grandes  qui 
conçoivent ,  non  enfantent ,  elles  sont  scellées  par  les  dieux , 
elles  ont  été  créées  par  Set."  Les  déesses  Phéniciennes, 
sont  regardées  ici  comme  des  esprits  malins  et  comme 
tels  les  filles  de  Set,  l'esprit  malin  par  excellence.  Plus 
loin,  nous  lisons:  »'  „ Arrière  toi  Mako  crocodile  fils  de 
Set ,  ou ,  "  „0h  arrête  toi  crocodile  Mako  fils  de  Set , 
protège  moi  Ammon,  fécondateur  de  sa  mère."  Lorsqu' 
enfin  le  crocodile  conjuré,  le  terrible  fils  de  Set  apparaît, 
nous  lisons  **  „Mako  fils  de  Set  vient ,  il  l'ouvre"  et 
soudain  Osiris  se  change  en  singe,  expédient  par  lequel 
il  est  en  état  d'échapper  à  Fanimal  terrible.  Ici  les  con- 
jurations se  terminent  avec  cette  exhortation  :  „Remplis 
le  rôle  de  Horus  en  cela  et  de  Set  pour  épouvanter." 
D'autres  papyrus  magiques  de  la  même  espèce  font  aussi 
mention  de  Set  ou  Sutech ,  comme  d'un  malin  esprit.  Il 
y  en  a  deux  au  Louvre  dont  on  trouve  la  traduction  dans 
rédition  du  papyrus  Harris  par  M.  Chabas.  L'un  présente 
au  revers  le  nom  de  la  déesse  Selk,  la  déesse  scorpion 
et  le  contenu  suivant:"  ,,Soutekh ,  aspic,  reptile,  mé- 
chant ,  qui  vient  pour  t^emparer  de  la  lumière"  etc. 
L'autre  a  sur  le  revers  le  nom  de  Bascht,  deésse  à  la 
tête  de  lion  et  contient  :  „Soutekh ,  auteur  des  fl^éaux , 
aspic  mortel . . .  arrière  toi  Set ,  aspic  mortel ,  reptile  . . . 
'tu  ne  verras  plus  le  grand  dieu ,  etc.."  Ici  Set  est 
regardé   tout  à  fait  comme  esprit  malin  et  la  question  se 


102 


présente  maintenant,  de  quelle  époque  date  ce  papyrus. 
D'après  le  style  des  hiéroglyphes  ce  serait ,  selon  M.  Chabas  » 
du  temps  de  Ram  ses  III  et  au  plus  tard ,  de  Ramses  IX , 
ce  qui  nous  ramène  à  la  vingtième  dynastie  et  bien  au 
commencement  du  régne  des  Eamessides. 

Pas  la  moindre  bonne  qualité  n'est  plus  citée  de  Set 
dans  ce  document.  Il  y  a  encore  d'autres  sources  qui 
peuvent  nous  servir  pour  nos  recherches  ;  ce  sont  les- 
documents  qui  contiennent  le  calendrier  Egyptien.  Nous 
en  possédons  un  tel,  des  jours  heureux  et  néfastes,  dans  le 
papyrus  n»  346  du  musée  de  Leyde.  M.  Leemans  en 
à  donné  une  magnifique  édition  et  M.  Brugsch  quelques 
explications.  ** 

En  Egypte  Tannée  fut  généralement  divisée  en  douze 
mois  de  trente  jours  et  on  y  ajouta  à  la  fin  de  Tan  cinq 
épagomènes  ou  jours  supplémentaires.  Ces  cinq  jours 
furent  considérés  comme  les  jours  d'anniversaire  de  plu- 
sieurs dieux.     Le  titre  du  papyrus  est  pour  cette  raison  : 

„Livre  des  cinq  jours  qui  restent  de  Tannée."  Les  jours 
qui  furent  marqués  avec  le  signe  du  combat,  furent 
envisagés  comme  des  jours  de  calamité.  Selon  le  papyrus 
n»  346  il  se  divisent  ainsi  : 

I^jour  (combat)  ce  jour  est  le  jour  de  naissance  d'Osiris. 
2""  jour  est  le  jour  de  naissance  de  Ha-uer. 

3""  jour  (combat)  est  le  jour  de  naissance  de  Seti. 

4""  jour  est  le  jour  de  naissance  d'Isis. 

5""  jour  (combat)  est  le  jour  de  naissance  de  Nephthys. 

Après  Ténumeration  de  ces  jours  suivent  les  invocations 
qui  doivent  avoir  lieu  journellement.  Ces  invocations 
commencent  avec  le  surnom  ordinaire  d'Osiris  :  „0h 
Osiris,  époux  d'AmentT'  (Thadès).   Les  jours  marquées  au 


103 


signe  du  combat  furent  les  jours  néfastes  et  parmi  ceux- 
là  le  jour  de  naissance  de  Set  était  considéré  comme 
excessivement  malheureux.  C'était  une  fatalité  que  de 
naître  ce  jour-là.  Plutarque  dit  en  parlant  de  la  troisième 
des  épagomènes  :  „I1  fut  pour  les  rois  un  jour  de  mauvaise 
augure,  ce  jour-là  on  s'abstenait  de  toute  occupation 
jusqu'à  minuit."  Ce  papyrus  donne  avec  beaucoup  de 
justesse  les  épagomènes  qui  furent  connus  déjà  par  les 
monuments.  Champollion  découvrit  à  Turin  un  fragment 
de  papyrus  où  ils  sont  inscrits ,  toutefois  '  sans  les  noms 
des  dieux.  M.  Lepsius  trouva  à  Esneh  un  monument 
^m  du  temps  de  Claudius ,  remarquable  à  cause  que  le  nom 
de  Set  y  manque  et  est  omis  avec  préméditation.  Nous 
les  rencontrons  encore  une  fois  sur  un  monument  du 
temps  de  la  douzième  dynastie  mais,  soit  que  le  nom 
de  Set  ne  fut  pas  encore  employé  dans  ce  sens,  soit 
pour  un  autre  motif ,  il  n'y  figure  point.  Ce  sont 
seulement  les  noms  d'Osiris ,  de  Horus ,  d'Isis  et  de 
Nepbthys.  ^^  Un  dernier  papyrus ,  traitant  le  même  sujet , 
est  le  papyrus  Sallier  IV  que  M.  de  Eougé  à  expliqué 
pour  une  partie,  dans  la  Eevue  Archéologique.  ^^  Déjà 
M.  Birch,  dans  la  description  des  papyrus  du  British- 
Museum,  avait  annoncé  que  ce  calendrier  renfermait  des 
indications  sur  les  actions  que  Ton  pourrait  faire  à  certains 
jours  de  Tannée  et  les  divinités  auxquelles  ces  jours 
étaient  consacrés.  Les  premiers  jours  de  Thoth  et  les 
trois  derniers  mois  presqu  entiers,  manquent  à  ce  calen- 
drier. Le  papyrus  de  Leyde  mentionné  ci-dessus  peut 
suppléer  aux  épagomènes.  Parmi  les  documents  divers 
qui  ont  été  écrits  au  verso ,  on  distingue  un  protocole  au 
nom  de  Eamses  II.  Cette  date  peut  être  regardée  comme 


104 


pouvant  fixer  approximativement  l'époque  à  laquelle  il  à 
été  rédigé.  On  ny  rencontre  pas  les  fêtes  d'Ammon  et 
de  Maut  (dieux  de  la  haute-Egypte)  ce  qui  fait  penser, 
qu'il  pourait  avoir  été  rédigé,  dans  quelque  temple  de  la 
basse-Egypte.  —  Trois  signes  sont  employés  pour  noter 
les  qualités  des  jours:  1*  bon,  heureux,  2°  combat, 
funeste,  3"  8tare ^  mauvais.  Quand  le  jour  est  noté  par 
trois  caractères  semblables,  il  est  entièrement  heureux  ou 
funeste;  le  mélange  des  signes  rend  le  jour  seul  néfaste  et 
la  nuit  heureuse  ou  le  jour  heureux  et  la  nuit  néfaste. 
Le  mythe  d'Osiris  et  de  Typhon  ou  Set  parait  dominer 
tout  le  reste  dans  ce  calendrier.  Yoici  d'abord  quelques 
unes  des  prescriptions  pour  les  principaux  jours  funestes; 
je  me  bornerai  à  ces  jours  où  Ton  trouve  le  mythe 
connu.  • 

„Le  24  Pharmouti.  Si  Ton  s'avisait  de  prononcer  le 
nom  de  Set  en  plaisantant,  on  devait  avoir  pour  toujours 
du  trouble  dans  sa  maison."  M.  de  Eougé  ajoute,  ce  qui 
donne  un  grand  intérêt  à  l'énoncé  de  ces  superstitions 
c'est  que  le  motif  de  la  prohibition  est  quelque  fois 
expliqué  ....    Ainsi  : 

Le  12  Choaik  :  „0n  ne  doit  pas  sortir,  c'est  le  jour 
oii  se  passe  la  mystérieuse  transformation  d'Osiris  en 
l'oiseau  nommé  Yennou  (afin  d'échapper  à  Set.") 

Le  14  Toby.  „0n  ne  doit  pas  écouter  les  chants 
voluptueux ,  parceque  dans  ce  jour  Isis  et  Nephthys  pleurent 
leur  frère  Osiris.'' 

Le  20  du  même  mois  :  „Barisis  (ou  Bal-isis)  enlève 
la  lumière  du  monde  et  il  y  a  des  ténèbres,  on  ne  doit 
pas  sortir  jusqu'au  coucher  du  soleil.''  Je  ne  sais,  dit 
M.  de  Rouge,   s'il  y  a  là  le  souvenir  de  quelque  grande 


105 


éclipse  de  soleil  ou  de  ténèbres  passagères,  produites  par 
le  simouin  chargé  des  sables  du  désert. 

Au  3*  Mechir.  „Oii  jie  devait  pas  voyager,  parce  que 
c'était  le  jour  d^une  des  expéditions  de  Set." 

Le  29  „Set  avait  été  dans  toute  sa  violence ,  il  ne 
fallait  rien  regarder  jusqu'  au  coucher  du  soleil." 

Ces  jours-là  étaient  malheureux.  D^autres  se  rapportent 
aux  incidents  heureux  de  la  guerre  contre  Set.  On  trouve 
une  panégyrie  au  premier  jour  de  chaque  mois,  comme 
on  pouvait  s'y  attendre,  d'après  les  listes  de  fêtes  sculptés 
sur  les  tombeaux.  Les  autres  panégyries  sont  placées  ainsi  : 
au  2'""  Paophi;  au  14'"'  Paophi,  jour  du  couronnement 
d'Horusj  au  16""°  du  même  mois,  fête  d'Osiris  à  Abydos ; 
au  17"",  jour  d'offrandes  aux  dieux;  au  6""'  Athor,  pané- 
gyrie du  fils  d'Isis  dans  toute  FEgypte;  au  16"'  les  grands 
personnages  arrivent  à  Abydos ,  pour  se  joindre  à  Isis  et  à 
Nephthys  qui  pleurent  leui*  frère  Osiris;  le  9  de  Choiak 
était  le  jour  où  Thoth  avait  combattu  Set  avec  avantage; 
c'est  sans  doute  le  même  combat  dont  Thoth  se  vante 
dans  le  premier  chapitre  du  rituel  funéraire;  le  14""  Toby, 
Isis  et  Nephthys  recommencent  à  pleurer  leur  frère  dans 
Abydos  et  Tatou;  le  16""  Méchir ,  Horus  avait  défait  Set 
et  son  armée ,  ainsi  ce  jour  était  heureux  ;  le  9"*  Pachons 
était  encore  le  jour  d'une  des  victoires  d' Horus. 

On  voit  que  le  mythe  de  cette  grande  guerre  divine , 
occupait  à  lui  seul  presque  tout  le  fond  de  ce  calendrier. 
Kincident  le  plus  grave  parait  avoir  été  rapporté  au  24"* 
Thoth.  Le  texte  donne  des  détails  assez  étendus  sur  un 
grand  combat  que  Set  y  soutint  contre  Horus.  Il  paraît 
que  ce  dieu  n'eut  pas  le  dessus,  car  ce  jour  est  noté 
comme    un    des  plus  funestes;  „les  deux  dieux  se  préci- 


lOÔ 


pitèrent  Fun  sur  l'autre  et  le  combat  dura  tjois  jours  et 
trois  nuits.  Dans  ce  texte,  malheureusement  mutilé  et 
fort  difficile  à  comprendre ,  il  semble  qu'  Isis  intervient 
entre  Toncle  et  le  neveu  et  que  Typhon  finit  par  frapper 
à  la  tête  la  déesse  elle  même;  aussi  devait  on  en  ce  jour 
faire  des  offrandes  à  Isis  et  au  dieu  Thoth,  que  les  tradi- 
tions représentent  comme  le  fidèle  ministre  d'Horus." 

Voilà  le  rapport  de  M.  de  Eougé  au  sujet  de  ce  papyrus. 
Nous  y  apprenons  qu'avant  la  vingtième  dynastie  et 
notamment  dans  la  dixneuvième ,  Set  fut  considéré  comme 
dieu  malin  et  il  est  plus  que  probable  que  le  mythe 
d'Osiris  et  de  Typhon  date  d^une  époque  très  reculée. 
Toutefois  son  culte  fut  en  honneur  du  temps  de  la  dix- 
neuvième  dynastie  et  à  la  question,  quels  furent  les  motifs 
de  ce  culte  ?  je  crois  qu'il  n^'y  a  que  cette  réponse  à 
donner:  On  adorait  en  lui  !<>  la  sagacité,  2"  la  force, 
3®  le  courage ,  4^^  la  vigilance ,  toutes  vertus  d'un  héros. 
On  regardait  ainsi  Set  comme  le  dieu  en  qui  étaient 
réunies  toutes  ces  vertus ,  en  d'autres  termes ,  Ton  adorait 
en  lui  le  dieu  de  la  guerre.  Lorsqu'on  disait,  en  parlant 
de  Eamses  ,  que  Set  était  dans  tous  ses  membres  ou  que 
Set  l'emportait,  cela  signifie  que  la  force  et  le  courage 
comme  Set  les  possédait  Tinspirérent.  Dans  ce  même  sens 
le  papyrus  Harris  engage  d'être  vigilant  comme  Set,  de 
même  nous  devons  expliquer  l'inscription  d'Abou  Simbel 
où  le  roi  reçoit  une  vigilance  comme  celle  de  ce  dieu. 
Cependant  quand  les  Hyksôs  Asiatiques,  comme  nous 
l'avons  vu  plus  haut,  le  choisirent  comme  leur  dieu 
unique,  qu'ils  révérèrent  d'une  manière  tout  à  fait  opposée 
à  celle  du  culte  Egyptien  et  même  hostile  à  celui-ci , 
ij    commençait    à    baisser    dans    l'estime    du    roi   et    du 


107 


peuple  et  bientôt  on  ne  put  plus  souffrir  même  son  image. 

Ce  dédain  allait  en  s'augmentant ,  il  fut  négligé  et 
confondu  avec  d'autres  dieux.  Dans  le  chapitre  42 ,  8  »• 
du  rituel  funéraire  nous  lisons  parmi  les  dieux  du  premier 
rang  le  nom  de  Set  en  ces  termes:  ,,Set  autrement  dit 
Thoth." 

Il  y  est  confondu  avec  Thoth  et  à  un  autre  endroit 
avec  Horus.  A  Ibsamboul ,  **  nous  lisons  :  „Nous  vous 
donnons  la  double  vigilance  de  Horus  et  de  Horus  ou  des 
deux  Horus.  En  comparant  cette  inscription  avec  celle 
qui  lui  est  conforme  à  Medinet-Abou  "  nous  lisons  cette 
dernière  en  ses  termes  :  Nous  vous  donnons  la  double 
vigilance  de  Horus  et  de  Set  les  resplendissants  (ou  de 
Horus-noub  et  de  Set-noub).  Même  nous  trouvons  Set 
combiné  avec  Horus  et  son  culte  est  seulement  indiqué 
encore  par  sa  tête  que  Ton  voit  apparaître  derrière  Fépaule 
de  ce  dieu.  " 

Puis  Set  s'efface  tout  à  fait.  Sur  un  des  tombeaux ,  celui 
de  Séthos,  le  nom  de  Set  est  remplacé  par  celui  d'Osiris.  *' 
Sur  le  sarcophage  de  la  reine  Anches-en-Uanefruhet ,  dans 
le  British-Museum  et  sur  ceux  du  temps  des  Ptolemées, 
ce    nom    a   été   omis  et  remplacé  par  Horus  ou  Thoth.  ^* 

L^usurpation  changea  bientôt  en  persécution,  dont 
nous  avons  les  preuves  dans  le  fait  que  sur  les  monuments 
les  figures  de  Set,  sont  mutilées  à  dessein.  Parfois  on 
trouve  encore  une  partie  de  son  nom  qui  a  échappée  à  ce 
vandalisme ,  de  manière  que  Ton  peut  reconstruire  le  sens 
primitif.  Ceci  se  trouve  aussi  sur  les  bas-reliefs.  *^  A  partir 
de  cette  époque  Set  devient  le  dieux  des  tribus  ennemies , 
non  seulement  des  Chets ,  comme  nous  Favons  vu ,  mais 
aussi   des   nègres.     11  est,  par  conséquent,  question  d'un 


108 


Set  des  nègres  ^^ ,  représenté  sous  la  forme  d'un  corbeau 
avec  des  oreilles  pointues. 

Plus  tard  encore  ce  dieu  est  représenté  sous  la  forme  d'un 
âne ,  comme  dans  l'inscription  au  temple  d'Apet  à  Karnak , 
où  on  le  voit  enchainé  devant  Ptolemée  Euergetes  II. 
Horus  qui  le  tient  par  les  oreilles  lui  donne  des  coups. 
La  même  représentation  se  trouve  sur  la  porte  du  nord 
de  Karnak ,  où  Euergetes  est  occupé  à  la  même  besogne." 
Set  perdit  sans  retour  le  nom  de  dieu  bon  ou  grand, 
ou  vigilant,  ou  glorieux  et  les  Grecs  ne  le  connaissent 
que  sous  le  nom  de  Typhon,  le  dieu  malin  Phénicien. 
Nous  nous  conformons  donc  à  l'opinion  de  M.  Devéria, 
lorsqu'il  se  prononce  ainsi:  „I1  se  peut  en  effet,  que  ces 
changements  religieux,  n'aient  pas  eu  d'autres  causes  que 
des  revirements  politiques ,"  à  quoi  M.  Lepsius  ajoute 
encore  :  „Set  devint  le  dieu  des  étrangers ,  lorsque  ceux-ci 
prirent  une  contenance  hostile ,  la  divinité  qu'ils  adorèrent 
fut  l'objet  de  haine." 

Le  Set  de  l'antique  empire ,  qui  fat  probablement ,  quant 
à  son  origine,  un  dieu  d'Ombos,  fut  transformé  en  dieu 
de  la  guerre  en  Egypte  et  confondu  avec  les  dieux  des 
Hyksôs  Asiatiques,  lesquels  l'adorèrent  dans  un  culte  qui 
fut  hostile  aux  Egyptiens,  ce  qui  lit  que  ce  dieu  suprême, 
devint  peu  à  peu  un  scandale  pour  la  nation  Egyptienne. 
Peut  on  fixer  avec  certitude  le  départ  définitif  des  pas- 
teurs à  l'époque  où  régnait  Menephtah  II ,  le  culte  de 
Set  aurait  touché  à  sa  fin  vers  le  commencement  de  la 
vingtième  dynastie. 


109 

IIL 

SET  — TYPHON. 

„Typhon,  dit  Plutarque,  s'appelle  aussi  Set."  Cependant 
nous  connaissons  ce  nom  comme  celui  que  Ton  donna  en 
Phénicie  au  dieu  malin.  D^oii  ce  nom  vient-il  donc  à 
Plutarque  ?  C'était  la  nouvelle  dénomination  domiée  à  Set , 
après  l'anéantissement  de  son  culte  et  même  de  son  image. 
C'est  dans  les  traditions  seules  que  le  souvenir  de  ce  dieu 
fut  conservé. 

Les  tribus  Phéniciennes  étant  immigrées  en  Egypte  et  cet 
événement  fut  la  cause  que  Set  reçut  le  nom  de  leur  dieu 
particulier.  Le  Typhon  est  originaire  de  la  Phénicie  et 
il  faut  que  nous  examinions  d'abord  quelle  place  il  occupait 
dans  ce  pays  pour  rechercher  ensuite  quelle  fut  sa  signi- 
fication en  Egypte. 

Il  est  évident  que  le  nom  Phénicien  Ziphon  d'après  la 
prononciation  Araménienne  doit  être  lu  comme  Typhon. 
Dans  Tancien  testament  ce  nom  est  donné  à  certains  serpents 
ou  vipères,  contre  lesquels  les  conjurations  étaient  impuis- 
santes. '  D'après  ces  reptiles ,  la  rivière  d'Oronte  était 
appelée  Typhon  '  et  c'est  aussi  sous  cette  forme  de  serpent , 
que  le  dieu  malin  des  Phéniciens  est  réprésenté  sur  tout 
lorsqu'il   fut   opposé  à  Baal ,  (Bel ,  El ,  Ilos  ou  Melech.) 

Bel  eut,  comme  l'origine  de  tout  ce  qui  est,  un  bon  et 
un  mauvais  côté.  Tous  les  deux  étaient  réprésentés  par  le 
serpent.  Quand  on  l'adorait  comme  divinité  du  bien,  on 
rendit  honneur  au  serpent  comme  à  la  nature  spirituelle 
par    excellence,    on    vit    en   lui    la    puissance    spirituelle 


110 


parce  que  de  tous  les  animaux  il  est  en  état  de  faire  des 
mouvements  rapides  sans  pattes,  et  de  se  rendre  partout; 
il  a  la  vie  très  longue,  se  rajeunit  de  temps  en  temps, 
tandis  que  ses  forces  se  renouvellent  et  quand  il  est  arrivé 
au  terme  de  son  existence  il  se  dissout  en  lui  même.  ^ 
Son  nom ,  comme  tel  est  Sur-mubel ,  serpent  de  Bel ,  d'où 
vient  le  nom  de  Bel,  Surmubélos. 

Mais  quand  Bel  se  montre  de  son  côté  mauvais , 
comme  la  puissance  qui  est  hostile  au  bien ,  il  est  envisagé 
comme  la  force  qui  anéantit  tout.  Tantôt  il  est  la  mer 
salée,  rélément  stérile,  tantôt  le  dieu  qui  apporte  le  froid. 
Il  préside  à  la  saison  des  pluies.  Comme  planète  il  se 
trouve  parmi  les  constellations  d'hiver  et  habite  le  Capri- 
corne et  le  Yerseau  ;  il  fut  ainsi  l'astre  du  froid.  De  cette 
manière  nous  trouvons  attribuées  ces  bonnes  et  mauvaises 
qualités,  aux  deux  différents  côtés  de  Bel.  Et  comme 
nous  trouvons  pour  le  bon  côté  de  ce  personnage  seulement 
le  nom  de  Bel ,  de  même  nous  trouvons  souvent  le  mau- 
vais côté  indiqué  par  ce  même  nom  ,  de  sorte  que  les 
deux  côtés  du  même  individu  se  présentent  comme  deux 
formes  dans  lesquelles  ce  dieu  se  manifeste.  *  Ceci  parait 
être  aussi  le  motif  que  le  Saturne  des  Phéniciens,  adoré 
en  Egypte,  y  fut  à  la  longue  considéré  uniquement  pour 
son  mauvais  côté  par  les  véritables  prêtres  Egyptiens. 
Il  faut  remarquer  aussi  que  la  manière  de  rendre  honneur 
à  Melech  ou  Baal,  était  tout  à  fait  contraire  au  culte 
ordinaire  en  Egypte. 

Le  Typhon  à  été  transporté  aussi  en  Grèce  par  les 
colonistes  Phéniciens ,  il  y  apparait  de  la  même  manière 
que  nous  le  voyons  en  Phénicie;  ceci  est  prouvé  suffi- 
samment par  sa  généalogie. 


111 


Il  épousa  Echidna''  dont  il  avait  six  enfants. 

Cerberus,  —  Orthrys ,  —  Hydra ,  —  le  lion  de 
Nemëa  —  le  dragon  des  Hespérides  —  l'aigle  de  Pro- 
méthée.  — 

Hercule ,  qui  était  comme  nous  savons ,  le  champion  qui 
combattit  le  mal ,  soumet  toutes  ces  puissances.  Orthrys 
c'est  le  chien,  qu'il  rencontre  le  premier  à  son  arrivée 
dans  les  régions  inférieures  et  qu'il  tue;  ensuite  il  triomphe 
du  second  ennemi  Cerberus  aux  trois  têtes,  qu'il  conduit 
sur  la  terre;  le  troisième  monstre  c'est  l' Hydra  aux  têtes 
toujours  renaissantes;  le  lion  de  Nemëa  est  dompté  par 
lui  après  un  combat  prolongé  ;  le  dragon  des  Hespérides , 
le  paradis  des  Grecs ,  est  soumis  à  son  tour  comme  Vaigle 
qui  ronge  au  foie  de  Prométhée.  Toutes  ces  puissances 
sont  les  enfants  de  Typhon,  mais  à  la  fin  il  faut  que  le 
père  de  tous  les  maux  succombe,  vaincu  par  la  puissance 
de  l'esprit,  bienfaisant.  ^ 

Il  y  a  aussi  une  conformité  remarquable  entre  les  mythes 
Grecques  et  Phéniciennes.  Thaaut,  le  Hermès  ou  Mercure 
Phénicien  aide  Ilos  ou  Saturne  pour  vaincre  Typhon;  de 
même  l'on  trouve  cité  chez  les  Grecs  un  combat  de  Zeus 
contre  Typhon  dans  lequel  Hermès  prête  secours.  C'est 
ainsi  que  nous  trouvons  les  éléments  religieux  de  la  Phé- 
nicie  transplantés  sur  le  sol  de  la  Grèce. 

Pour  examiner  comment  ce  Typhon  est  regardé  par  les 
Egyptiens*  nous  ne  pouvons  consulter  jusqu'à  présent  une 
meilleure  source  que  Plutarque  et  quelques  monuments 
qui  se  trouvent  en  Eg^q^te.  Nous  le  consultons  avec  d'au- 
tant plus  de  confiance ,  parceque  les  monuments  autant 
qu'ils  soient  accessibles ,  confirment  toujours  ses  assertions. 
Le   livre    des    morts  et  les  calendriers  renferment  comme 


112 


nous  Tavons  vu,  les  mythes  dTsis  et  d*Osiris  en  rendant 
ce  que  Plutarque  nous  communique.  Selon  celui-ci  le 
surnom  de  T}^hon  signifie  Set,  celui  qui  triomphe  par  la 
violence.  '^  Il  est  la  personnification  de  tout  ce  qui  est 
pervers  dans  le  monde  moral,  de  tout  ce  qui  est  nuisible 
dans  la  nature.  Quand  le  soleil  jette  ses  rayons  perpendi- 
culairement sur  la  terre,  la  faute  en  est  imputée  à  Typhon, 
qui  dessèche  la  terre  afin  qu'elle  ne  produise  pas  de  fruits , 
c'est  lui  qui  dans  l'atmosphère  est  la  puissance  qui  rend 
stérile,  *  opposé  à  Osiris  le  dieu  humectant  et  fertilisant, 
dont  le  réprésentant  est  le  Nil.  Typhon,  c^est  la  mer 
salée  et  stérile  qui  tache  d'engloutir  le  Nil  ;  ^  c'est  à  cause 
de  cela  que  quelques  prêtres  s'abstiennent  de  mettre  du 
sel  dans  leurs  mets,  parce  que  c'est  la  salive  pernicieuse 
de  Typhon.  '"  Lorsque  le  vent  desséchant',  qui  dure  soixante- 
douze  jours ,  souffle  dans  la  vallée  du  Nil ,  c'est  encore 
Typhon  accompagné  des  72  démons,  ses  aides,  qui  livrent 
le  combat  à  Osiris.  *  '  L'hiver  froid  et  l'ombre  noire  de  la 
terre  qui  intercepte  1  a  lumière  de  la  lune ,  sont  des  embus- 
cades du  traître  Typhon.  Tel  il  est  représenté  comme  la 
puissance  nuisible  dans  la  nature  et  tel  nous  le  voyons 
aussi  dans  le  monde  moral.  Il  est  l'ennemi  de  la  déesse 
Isis.  Isis  qui  protège  les  arts  et  les  sciences  est  contrariée 
toujours  par  Typhon  l'ignorant  et  plein  d'erreurs.  Il  détruit 
la  sainte  doctrine  que  la  déesse  à  composée  et  transmise 
à  ceux  qui  aiment  à  apprendre  les  choses  divines.  ^'  Il 
est  le  menteur,  le  faux  délateur  d'Osiris  qui  avait  besoin 
pour  cela  d'être  déclaré  innocent  par  Hermès  ou  Thoth. 
Non  seulement  sur  le  terrain  religieux  mais  aussi  dans 
la  domaine  politique  il  est  représenté  comme  tel.  Il  est 
l'ennemi   au   midi   et   au   nord.     Le   roi  Aso,  qui  règne 


113 

sur  l'Ethiopie,  lui  en  voit  soixante  douze  satellites  pour 
Taider  à  conquérir  le  royaume  d'Osiris,  *^  et  Tennemi 
vaincu  au  nord  est  représenté  comme  Typhon  obligé  de 
fuir  et  qui  pendant  sa  fuite  donne  naissance  à  ses  fils 
Hiérosolyme  et  Judée J*  C'est  ainsi  qu'il  est  représenté 
comme   la  puissance  hostile  au  bien  et  cause  destructive. 

Plutarque  l'esquisse  en  quelques  traits  en  disant  : 
„Typhon,  c'est  la  puissance  qui  ravit  à  Pâme  la  raison, 
de  sorte  quelle  est  livrée  à  toutes  les  influences;  c'est  le 
principe  révoltant  et  ignorant;  dans  le  corps,  c'est  la 
cause  des  maladies  ;  dans  Tatmosphère ,  c'est  le  temps 
irrégulier  et  sombre,  le  décroissement  du  soleil  et  de 
la  lune.  ^' 

Ce  Typhon  avec  ses  plusieurs  prénoms ,  nous  le  trouvons 
souvent  sur  les  monuments  comme  dieu  malin,  tandis 
que  la  figure  de  Set  a  disparu  tout  à  fait,  mais  il  n*y 
porte  pas  ce  nom  Phénicien  ;  ces  monuments  confirment 
ce  que  Plutarque  nous  en  communique. 

Au  premier  chapitre  du  livre  des  morts  on  trouve 
raconté  le  combat  entre  Typhon  et  Horus  et  dans  le  l?""' 
les  âmes  sont  livrés  aux  compagnons  de  Set,  pour  subir 
la  peine  du  feu,  ^^  tandis  que  dans  le  25""  verset  se 
trouve  le  combat  avec  Horus,  au  sujet  du  cadavre  d'Osiris. 
Ici  on  a  donné  à  Set  le  nom  de  Smu ,  que  Ton  trouve 
aussi  chez  Plutarque. 

Dans  un  papyrus  magique  d'une  époque  postérieure,  il 
est  appelé  le  dieu  qui  habite  le  vide,  le  terrible,  l'invi- 
sible ,  le  puissant ,  le  dévastateur  et  le  destructeur ,  qui 
ébranle  tout  et  qui  est  invicible  lui  même. 

On  y  lit:  ^^  „Je  t'invoque,  toi,  terrible ,  invisible ,  tout- 
puissant  ,    dieu    des    dieux ,    toi   qui  détruis  et  qui  rends 

8 


114 


désert ....  Tu  es  surnommé  celui  qui  ébranle  tout  ce 
qui  n  est  pas  vaincu.  Je  t^invoque  o  Typhon-Set  !  J'accom- 
plis tes  cérémonies  magiques  car  je  t'invoque  par  tes 
propres  noms,  en  vertu  des  quels  tu  ne  peux  refuser 
d'exaucer  :  Jôerbeth  ,  Jôpakerbetli ,  Jôbolchoseth  .... 
Viens  à  moi  entièrement  et  marche  et  renverse  un  tel  ou 
une  telle,  par  la  gelée  et  par  la  chaleur.  Il  m'a  fait 
injure  et  il  a  versé  le  sang  du  Phyôn  chez  lui  (ou  chez  elle.) 
C'est  pour  cela  que  je  fais  des  cérémonies." 

M.  Chabas  ajoute  encore  à  ceci  :  „Les  formules  multi- 
pliés à  rinfini  comme  les  besoins  et  les  passions  des 
hommes,  ont  joui  pendant  de  longs  siècles  d'une  confiance 
que  Finsuccès  ne  put  discréditer." 

Non  seulement  nous  le  voyons  ainsi  sur  les  papyrus, 
mais  sur  la  pierre  de  Rosette  il  est  représenté  de  la  même 
manière  :  ^^  La  ville  de  Lycopolis  se  trouve  dans  la 
puissance  des  révoltés  et  le  roi  creuse  des  canaux  et  fait 
bâtir  di^s  murailles  et  boucher  des  aqueducs  afin  de 
prévenir  que  les  plaines  ne  fussent  inondées  par  la  crue 
du  Nil  et  ayant  mis  des  fantassins  et  des  cavaliers  à  la 
garde  de  ces  travaux,  il  lui  fallut  dès  lors  peu  de  temps 
pour  pendre  la  ville ,  exterminer  tous  les  impies  qu'elle 
renfermait,  comme  du  même  lieu  Thoth  et  Horus  fils 
dTsis  et  d'Osiris,  avaient  jadis  réduit  les  rebelles.  Souvent 
aussi  il  est  représenté  et  taillé,  comme  la  puissance  qui 
retient  le  soleil  dans  son  cours,  mais  alors  il  s'appelle 
Apap  ou  Apépi,  le  dragon  ou  le  serpent,  ou  bien  Apophis, 
nom  qui  est  connu  aussi  à  Plutarque.  Au  chapitre  15"" 
du  livre  des  morts  il  est  appelé  :  „Apap  >  violateur  du 
soleil"  et  le  chapitre  T"""  tout  entier  est  consacré  à  ce 
démon. 


115 


M.  Brugsch  le  décrit  ainsi  :  ''  ,,Pour  les  Égyptiens , 
comme  pour  tous  les  autres  peuples,  le  soleil  étant  natu- 
rellement Tastre  le  plus  brillant  et  le  plus  remarquable 
du  ciel  etc.  ...  ils  se  figuraient  que  le  soleil  parcourait 
l'océan  céleste  dans  une  barque,  escorté  d'un  nombre 
d'esprits  et  de  divinités.  Un  grand  serpent,  le  méchant 
dragon  Apépi  ou  Apophi,  cherchait  à  l'arrêter  dans  sa 
course ,  mais  chaque  jour  il  était  vaincu  et  rejeté  hors  de 
la  barque  du  soleil ,  de  sorte  que  ce  dernier  pouvait  majes- 
tueusement poursuivre  son  cours  victorieux.  Le  dragon 
était  le  symbole  des  ténèbres  et  du  péché  et  comme  ce 
dernier,  un  ennemi  naturel  du  soleil,  de  Téclat  de  sa 
lumière  et  en  général  de  tout  ce  qui  est  beau,  pur  et 
bon  dans  le  monde."  Le  dragon  était  donc  une  représen- 
tentation  au  firmament  du  méchant  Typhon. 

Parmi  les  constellations ,  Typhon  se  trouve  toujours  dans 
les    quartiers   d'hiver  sous  la  forme  d'an  Hippopotame.  " 

Tel  fut  le  Typhon  en  Egypte.  Nous  avons  vu  com- 
ment il  était  envisagé  en  Phénicie.  Dans  Tun  et  dans 
l'autre  pays  il  est  le  combattant  du  bien,  le  principe 
nuisible,  la  mer  salée,  l'élément  infertile.  Il  est  le  froid 
rigoureux  en  Egypte,  le  dieu  de  l'hiver  en  Phénicie.  Il 
est  le  méchant  serpent  qui  tend  des  pièges  à  Ilos,  mais 
dont  on  s'en  empare  avec  le  secours  de  Thaaut.  Apépi 
est  encore  le  dragon  ou  serpent  qui  cherche  tous  les  jours 
à  subjuguer  Osiris  au  ciel,  mais  qui  est  repoussé  toujours 
par  Horus. 

Une  conformité  évidente  entre  le  dieu  malin  des  Egyp- 
tiens et  celui  des  Phéniciens,  le  côté  méchant  de  Baal, 
n'est  pas  à  méconnaître. 

Toutefois   il  est  douteux  que  ce  Typhon  soit  tout  Phé- 


116 


nicien  d'origine  et  ce  qui  nous  semble  le  plus  vraisem- 
blable se  résume  en  ceci:  Les  tribus  Phénico-Asiatiques , 
possédaient  sans  doute  tout  comme  les  Eg}^ptiens  des  idées 
*à  l'égard  de  l'opposition  entre  le  bien  et  le  mal.  Les  uns 
comme  les  autres  avaient  la  connaissance  d'an  dieu  malin. 
Mais  lorsque  les  tribus  étrangères  avaient  règne  en  Egypte 
et  laissèrent,  après  leur  expulsion,  un  mépris  général  dans 
tous  les  esprits,  tout  ce  qui  était  imaginable  en  fait  de 
mal,  fut  attribué  à  leur  apparition  dans  ce  pays.  La  ville 
qu'avaient  habitée  ces  tribus  devint  le  séjour  de  l'esprit 
malin,  la  résidence  de  Typhon  et  le  lac  de  Serbo  devint 
le  lieu  de  sa  sépulture.  Le  bras  du  Nil  appelé  Taniti- 
que  le  long  duquel  avaient  habité  les  tribus,  devint 
*  cette  branche  de  la  rivière  oii  Osiris,  lié  par  Typhon,  fut 
jeté  dans  Feau ,  pour  arriver  à  Bybîos  en  Phénicie  après 
avoir  traversé  la  mer.  Et  lorqu'à  la  fin  ces  tribus  furent 
expulsées  et  rendues  inoffensives ,  c'était  encore  Finfluence 
méchante  dont  le  peuple  était  délivré.  Typhon  prit  la 
fuite  monté  sur  un  âne  et  ses  descendants  habitèient 
Hiérosolyma  et  la  Judée. 

En  résumant  maintenant  tout  ce  qui  précède  nous  ver- 
rons que  les  différents  arguments  allégués,  nous  donnent 
le  résultat  que  voici  :  Des  événements  politiques  furent 
cause  que  ]e  culte  de  la  domination  étrangère  finit  par 
devenir  une  abomination  pour  TEgypte.  Tout  ce  qui  est 
censé  nuisible  soit  dans  le  monde  physique,  soit  dans  le 
monde  moral ,  fut  appelé  Typhonique.  Les  mythes  du  pays 
prirent  une  teinte  Phénico-Asiatique  et  Set-Typhon  devient 
la  divinité  méchante  à  laquelle  il  ne  reste  plus  aucune 
bonne  qualité. 


117 

IV. 

SET  CHEZ  LES  PRÉ-ISRAÉLITES. 

Quand  nous  ouvrons  les  livres  sacrés  du  peuple  d'Israël, 
nous  voyons  qu^ils  prennent  leur  point  de  départ,  comme 
toute  histoire  de  ^antiquité ,  qui  nous  a  été  conservée ,  aux 
temps  qui,  dans  le  vrai  sens  du  terme,  précédèrent  l'his- 
toire proprement  dite.  C'est  dans  ces  temps  pré-histori- 
ques, que  l'antiquité  place  l^histoire  des  dieux  ou  la 
théocratie,  règne  idéal  qui  amenait  Tage  d'or  sur  la  terre 
et  qui  fît  goutter  le  suprême  bonheur  aux  mortels.  Ces 
dieux,  qui  souvent  devaient  leur  existence  à  quelque  événe- 
ment historique  ou  auxquels  se  lie  un  fait  historique  quel- 
conque, devinrent  de  plus  en  plus  les  centres,  autour 
desquels  se  forma  un  tissu  de  légendes ,  qui  recueillies  et 
mis  ensemble  constituèrent  une  mythologie,  dans  laquelle 
furent  conservés  les  faits  historiques  du  monde.  Nul  doute 
que  dans  ces  récits  aux  apparences  douteuses,  se  cache 
un   monde  de  faits  remarquables  et  de  pensées  profondes. 

C'est  ainsi  que  Von  regardait  depuis  quelque  temps 
l'histoire  ancienne  des  différents  peuples  et  en  s'arrêtant 
là,  ils  en  exclurent  le  peuple  d'Israël. 

Quelques  uns  cependant  appliquent  cette  manière  de 
considérer  Thistoire  aussi  à  ce  peuple,  en  ramenant  son 
histoire  au  niveau  de  celles  des  autres  nations.  C'est  là 
aussi  notre  intention  à  nous,  en  reconstruisant  leur  his- 
toire avec  les  traditions  qui  nous  sont  conservées  dans  le 
Pentateuche.  Une  lecture  sans  prévention  fait  surgir  de 
suite  une   foule   d'embarras.     L'histoire  de  la  création  et 


118 


celle  du  déluge  y  sont  répétées  à  plusieurs  reprises. 
Lorsqu'on  trouve  cité  au  premier  chapitre  la  création  du 
premier  couple  humain,  nous  rencontrons  ce  même  récit 
dans  le  second,  mais  placé  dans  un  jour  bien  différent, 
qui  donne  un  tout  autre  aspect  à  cet  événement,  tandis 
qu'un  chapitre  suivant  commence  ainsi:  „Le  jour  que  dieu 
créa  l'homme,  il  le  fit  à  sa  ressemblance;  il  les  créa  mâle 
et  femelle  et  il  leur  donna  le  nom  d'homme,  au  jour  qu'ils 
furent  créés*;"  on  y  trouve  donc  la  même  chose  répétée 
trois  fois.  L'on  trouve  aussi  deux  fois  mentionné  le  déluge. 
En  examinant  attentivement  ces  récits,  on  s'aperçoit  que 
tous  les  deux  sont  racontés  de  deux  manières  différentes , 
c'est  à  dire ,  qu'il  sont  envisagés  de  deux  points  de  vue 
différents.  En  consultant  le  texte  original,  une  autre 
particularité  se  présente  encore:  c'est  que  la  divinité  y 
est  appelée  par  deux  noms  différents  et  plus  loin  on  en 
trouve  même  quatre.  Les  noms  les  plus  usités  sont 
Elohim  et  Jéhova.  En  lisant  la  genèse  tout  en  observant 
la  différence  dans  les  noms  de  dieu,  nous  remarquons  que 
ce  livre  commence  à  nous  apprendre  la  création  d'Elohim , 
mais  arrivé  au  chapitre  qui  suit ,  ce  récit  est  fini  et  il 
suit  immédiatement  un  second  qui  contient  aussi  une 
histoire  de  la  création,  mais  ici  Jéhova  est  le  créateur. 
Parmi  les  circonstances  particulières  que  contient  ce  second 
récit,  nous  trouvons  des  traces  que  son  auteur  vécut  et 
écrivit  sous  les  lois  Mosaïques. 

En  pénétrant  plus  avant  dans  la  connaissance  de  l'anti- 
quité on  s'aperçoit  aussi  que  la  conception  du  récit  d'Elo- 
him est  d'origine  Chaldéenne  toute  pure,  circonstance 
remarquable  qui  se  trouve  aussi  dans  le  récit  du  déluge. 
La   tradition    Chaldéenne    de   cette  inondation  universelle 


119 


est  rapportée,  mais  plus  tard  cette  histoire  est  répétée, 
rédigée  dans   le  sens  des  idées  Mosaïques. 

La  lecture  attentive  de  ce  livre  en  son  entier ,  nous 
présente  l'histoire  tantôt  suivant  un  cours  régulier,  tantôt 
s'interrompant  tout  d^m  coup,  de  manière  à  décourager 
quiconque  aimerait  en  faire  un  tout  achevé.  Mais  en 
lisant  le  passage  dans  l'Exode  où  Dieu  s'adressant  à 
Moïse,  parle  ainsi:  „Je  suis  Jéhova,  je  n'ai  point  été 
connu  sous  ce  nom  autrefois  aux  ancêtres;  ils  ne  m'ont 
connu  que  sous  le  nom  d'El-Schadaï ,"  nous  avons  la  clef 
de  cette  histoire.  Si  donc  le  nom  de  Jéhova  date  du 
temps  de  Moïse  il  faut  que  nous  essayions  de  recueillir  les 
fragments  où  nous  rencontrons  la  divinité  désignée  sous 
cette  dénomination.  En  séparant  ces  pièces  des  autres , 
nous  découvrirons  que  l'auteur  Elohiste  donne  un  récit  qui 
présente  un  enchainement  assez  régulier  de  faits,  à  partir 
du  premier  chapitre  de  la  genèse  jusqu'au  dernier.  Nous 
disons  un  enchainement  assez  régulier,  car  nous  voyons 
Fauteur  Jéhoviste  interpoler  de  fois  à  autre  ses  remarques 
dans  ce  texte.  En  général  il  agit  en  commentateur,  sur- 
tout quand  TÉlohiste  exprime  une  opinion  qui  pourrait 
être  comprise  dans  un  sens  contraire  à  la  législation 
Mosaïque.  Si  ce  dernier  auteur  a  beaucoup  de  valeur 
comme  historien,  l'autre  est  plus  précieux  pour  l'histoire 
des  Pré-Israéliteê  en  particulier. 

Le  nom  d'Élohim  est  un  mot  en  pluriel,  par  consé- 
quent, il  ne  saurait  être  traduit  par  Dieu  au  singulier, 
mais  par  Dieux  au  pluriel.  L'expression  de  Dieu  au  sin- 
gulier est  conservée  dans  le  nom  divin  El,  ce  qui  rend 
très  probable  la  supposition  que  l'auteur  Elohiste  a  puisé  à 
une    source    où  la  divinité  fut  appelé  El  ou  El-Schadai. 


120 


La  preuve  que  cette  supposition  repose  sur  un  fond 
historique  ,  c'est  qu'on  trouve  ce  nom  également  en 
Phénicie,  où  il  appartient  à  la  divinité  suprême  qui  est 
entourée  de  Satellites  ou  Eloïm.  Quand  nous  admettons 
que  cette  même  conception  fut  autrefois  aussi  celle  des 
Pré- Israélites ,  l'expression  d'Elohim  s'explique  sans  diffi- 
culté, lorsque  celui-ci  dit  :  ^Faisons  l'homme  à  notre 
image,  selon  notre  ressemblance."  El  ou  El-Schadai  était 
donc  le  nom  primitif  de  la  divinité  en  Chaldée  en  Phé- 
nicie  et  aussi  chez  les  Pré-Israëlites.  Et  ceci  ne  nous 
étonnera  pas,  quand  nous  nous  rappelons  que  tous  ces 
peuples  étaient  des  pasteurs  d'origine  et  que  l'expression 
de  Schadai,  plus  tard  traduit  comme  tout-puissant,  n'a 
eu  probablement  d'autre  signification  jadis  que  celle  de 
dieu  des  pâturages,  et  quiconque  n'est  pas  étranger 
à  la  langue  Hébraïque,  sait  aussi  que  ces  deux  mots 
s'écrivent  de  la  même  manière,  de  sorte  que  le  dieu  des 
pasteurs  fut  ce  dieu  qui  veillait  aux  champs  et  aux 
plaines  fertiles.  C'est  dans  cette  acception  du  mot  que 
nous  regardons  Fauteur  qui  écrivait  avant  l'Elohiste  et 
dont  celui-ci  se.  servait  comme  source  et  que  nous  appelons 
pour  cela  le  Pré-Elohiste. 

Voyons  maintenant  ce  que  nous  pouvons  apprendre  de 
rhistoire  antédiluvienne. 

Au  chapitre  5  se  trouve  une  généalogie  où  la  divinité 
est  appelée  Elohim  et  nous  lisons  les  noms  quelle  con- 
tient ainsi  : 

Elohim   créa   Adam,    nom   qui  signifie  „jils  de  la  terre' 

il  est  créé  à  son  image. 
Adam  a  pour  fils  ; 


121 


Seth,  qui  est  créé  à  la  ressemblance  d*Aclam.    Celui-là  a 

pour  fils. 
Enosclî  ce  qui  signifie  „homme**  qui  a  pour  fils  , 

Mahalalel  //  frappé  par  El ,  qui  a  pour  fils , 

Kénan  //  usurpateur ,  dont  le  fils  est, 

Jered  //  fondateur  de  villes ,  dont  le  fils  est, 

Chanokh  ,/  V initié ,  qui  eut  pour  fils  , 

Methuschelacli  //  T homme  de  El,  dont  le  fils  est, 

Lemech  //  adolescent,  dont  le  fils  est, 

Noach  //  le  repos,  dont  les  fils  sont, 
Sem 

Cham  et 
Japhet. 

En  consultant  le  Jéhoviste  nous  apercevons  qu'il  nous 
donne  une  généalogie  toute  différente,  quoique  la  dissem- 
blance entre  ces  deux  documents  ne  soit  pas  aussi  consi- 
dérable que  Fon  croirait  au  premier  abord. 

Au  chapitre  4""  nous  lisons  : 

Jéhova  créa 

Adam  qui  a  pour  fils  , 

Kajin,  Hebel  et  Setb,  le  fils  de  Seth  est  Enosch.    Kajin 

signifie,  usurpateur,  il  a  pour  fils, 
Chanokh,  V initié,  qui  a  pour  fils, 
Irad,  le  fondateur  des  villes,  qui  a  pour  fils, 
Mechujael ,  le  frappé  par  el ,  „ 

Methuschael,  V homme  de  el,  „ 

Lemech,  V adolescent,  qui  épousa, 


122 


Adah 

et 

Zilla 

fils 

fils 

et  fille 

Jabal,  le  père       Jubal,  le 

Tubal-Kajin,       et  Naëma 

des  dresseurs     père  des  in- 

forgeron 

la  charmante, 

de  tentes.      struments  de 

musique. 

Pasteurs. 

Voilà  le  contenu  de  la  généalogie  du  Jéhoviste. 

En    confrontant  les    deux    documents   nous  remarquons 


une  différence  et  une  analogie  : 


Ëlo /liste 

Elohim 

Adam 

Seth 

Enosch 

Kénan 

Clianokh 

Jered 

Mahalalel 

Methuschelach 

Lemech 

Noach 

Sem,  Cham,  Japhet 


Jéhoviste. 
Jéhova 
Adam. 

Hebel  et  Seth. 
Enosch. 

Kajin,  l'usurpateur, 
Chanokh,  Finitié. 
Irad,  le  fondateur  de  villes. 
Mechujael,  le  frappé  par  El. 
Methuschael,  Thomme  de  El. 
Lemech,  Tadolescent. 
Jabal,  Jubal,  Tubal-Kajin  et 
Naëma. 


Il  est  évident  que  dans  Fune  et  dans  Tautre  généalogie 
le  fond  est  le  même  et  que  seulement  les  noms  sont 
rangés   de  différentes  manières. 

La  dissemblance  principale  se  trouve  au  commencement. 


123 


Quant   à   la   fin   de   la  généalogie  nous  la  passerons  sous 
silence  pour  ne  pas  nous  éloigner  trop  de  notre  sujet. 

La  dissemblance  donc  que  nous  venons  de  constater 
dépend  peut-être  d'une  cause  occulte.  En  ôtant  les  noms 
de  Seth  et  d'Énosch  du  registre,  ainsi  que  celui  de  Hebel 
qui  ne  figure  que  très  peu  de  temps  sur  la  scène  de 
l'histoire ,  la  série  suit  comme  voici  : 


Chez  VÉlohute 
Elohim 
Adam 
Kénan 


Chez  le  Jéhoviste 
Jéhova 
Adam 
Kajin 


et  en  examinant  les  noms  de  Seth  et  d'Enosch,  nous 
trouvons  que  le  dernier  a  la  même  signification  qu'Adam 
et  veut  dire  homme.  Seth  fut  par  conséquent  celui  qui 
donna  naissance  au  genre  humain  et  nous  lisons  au  sujet 
de  son  fils  Enosch,  tout  ce  que  nous  trouvons  mentionné 
d'Adam. 

Seth  créa  donc  Thorame  comme  le  firent  Elohim  et 
Jéhova ,  de  sorte  que  nous  ayons  dans  les  différents  regis- 
tres ,  trois  généalogies  du  même  contenu  chacun  avec  un 
autre  nom  pour  le  créateur  : 


Elohim , 

Jéhova , 

Seth. 

Adam, 

Adam , 

Enosch, 

Kénan , 

Kajin , 

Kénan. 

etc. 

etc. 

etc. 

Il    est   donc   démontré  que  Seth  est  un  nom  de  dieu , 
pareil    à    celui    d'Elohim    et   de   Jéhova,  il  nous  reste  à 


1^4 


rechercher    si    la   postérité   a    connu    davantage    de  cette 
personnalité. 

Seth  était  un  dieu  de  l'antiquité  et  l'honneur  insigne 
que  lui  rendit  les  ancêtres  en  est  la  preuve  incontestable; 
d'ailleurs  les  traditions  des  Hébreux  nous  apprennent  qu'ils 
l'envisagèrent  comme  un  demi  dieu.  Selon  Josèphe  ce 
serait  lui  qui  enseigna  l'astronomie.  '  Il  aurait  été  informé 
par  une  prophétie  d'Adam,  que  le  monde  serait  détruit  un 
jour  par  l'eau  et  plus  tard  une  seconde  fois  par  le  feu. 
Ceci  fut  inscrit  par  lui  sur  deux  colonnes,  afin  d'exhorter 
le  monde;  l'une  en  granit  résisterait  à  Finfluence  de  Teau, 
l'autre  construit  en  terre  cuite  échapperait  à  l'ardeur  du 
feu.  Ces  deux  colonnes  existaient  encore  du  vivant  de 
Josèphe  dans  le  pays  Siriadique.  '  Une  telle  vénération 
est  probablement  la  cause  que  l'auteur  des  documents 
Jéhovistes,  place  l'origine  du  culte  de  dieu,  à  l'époque 
oh  Enosch ,  fils  de  Seth  fut  né  *  et  que  la  postérité  de 
Seth  est  appelée  dans  la  genèse,  les  fils  de  dieu. 

Les  Cabalistes  crurent  que  l'âme  de  Seth  avait  passé 
en  Moïse  ;  Suidas  prétend  que  Seth  fut  considéré  par . 
quelques  personnes  comme  un  dieu  et  certain  Matthaeus 
en  donne  trois  raisons.  "  La  première  est  que  Seth  avait 
séjourné  pendant  quarante  jours  dans  le  ciel ,  l'an  270 
après  Adam;  la  seconde  est  la  même  que  Suidas  avance, 
savoir,  qu'il  était  l'inventeur  des  caractères  et  de  l'astro- 
nomie ;  la  troisième  est  sa  piété.  Anastase  ^  savait 
„qu'  Adam  étant  âgé  de  230  ans  engendra  un  fils 
à  sa  ressemblance  et  selon  son  image,  c'est  à  dire , 
selon  celle  qu'il  avait  au  commencement  lorsqu'il  fut  créé 
par  Dieu  et  il  lui  donna  le  nom  de  Seth  ce  qui  signifie, 
résurrection;    car   en    lui  fut  rétabli  l'ornement  perdu,  le 


125 


charme  admirable ,  Tirnage  et  la  splendeur  du  saint  esprit. 
Et  quiconque  le  regarda  en  ce  temps- là  l'appelait  Dieu  , 
et  c'est  pourquoi  l'écriture  fait  mention  de  ses  descendants 
en  disant  :  ils  furent  les  fils  de  Dieu.  Cela  continuait 
ainsi  jusqu'à  ce  que  Dieu  dit  „mon  esprit  n'habitera 
pas  parmi  ces  hommes"  et  jusque  là  Seth  séjourna  parmi 
les  hommes,  plus  de  900  ans,  montrant  une  physionomie 
admirable  et  appelé  Dieu  par  tout  le  monde.'* 

Cet  honneur  fut  rendu  toujours  à  Seth.  Dans  la  tradi- 
tion Arabe  nous  lisons  "^  que  les  Sabéens  prirent  de  lui 
leur  origine.  Après  la  mort  de  Habel ,  nous  lisons  „Adam 
âgé  de  230  ans  eut  un  fils  Seth  qui  est  appelé  aussi 
Wasi-Adam ,  exécuteur  testamentaire  d'xidam. 

Le  nom  de  Seth  signifie:  „Don  de  Dieu."  De  celui-ci 
descend  tout  le  genre  humain.  Les  Sabéens  prétendent 
qu'il  y  avait  encore  un  autre  fils  du  nom  de  Sabi-ibn-Set 
d'où  ils  ont  pris  leur  origine." 

Un  passage  très  remarquable  nous  a  été  conservé  dans 
les  nombres,  dont  les  LXX  ont  donné  la  traduction 
suivante  : 

A'Une  étoile  est  procedée  de  Jacob. 
Un  sceptre  s'est  élevé  d'Israël 
Il  écrase  les  tempes  de  Moab. 
Il  détruit  tous  les  fils  de  Seth.* 

Il  est  probable  que  les  LXX  entendent ,  par  fils  de  Seth , 
les  peuples  qui  rendirent  honneur  au  dieu  Seth.  Toutefois , 
il  parait  qu'il  vaut  mieux  traduire  ici,  fils  du  tumulte, 
version  proposée  par  M.  Bunsen  et  autres.  L'opinion  des 
LXX  est  toujours  remarquable  du  point  de  vue  qu'ils 
n'ont  pu  songé  à  Seth  fils  d'Adam,  ce  qui  est  prouvé  par 


126 


la  manière  dont  les  fils  sont  considérés  par  eux ,  savoir , 
comme  formant  une  tribu  ennemie. 

Lorsque  le  christianisme  commença  à  exercer  son  in- 
fluence parmi  les  payens  et  s^associa  aux  opinions  reli- 
gieuses les  plus  différentes,  une  foule  de  modifications 
de  la  nouvelle  religion  se  faisaient  jour  dans  les  sectes 
variées,    qui   bientôt  furent  condamnés  comme  hérétiques. 

Parmi  ces  sectes  se  trouvait  aussi  celui  des  Séthiens 
ou  Séthites  qui  parut  environ  Tan  175  de  notre  ère.  ' 
Leur  doctrine  se  distinguait  par  une  vénération  trop  ab- 
solue, pour  la  personne  de  Seth,  qui  selon  leur  persuasion, 
fut  l'apparition  de  dieu  ou  du  Christ  sur  la  terre.  Ils 
défendirent  leur  religion  avec  nombre  d'écrits  attribués  à 
Seth,  que  Ton  trouve  énumerés  dans  le  recueil  des  écrits 
apocryphes  de  Pabricius,  mais  dont  pas  une  seule  ligne, 
nous  a  été  conservée.  Bien  que  Ton  attribue  à  Seth  des 
livres  qui  traitent  de  l'astronomie,  ces  ouvrages  n'étaient 
pas  estimés  des  Arabes,  des  Ethiopiens,  des  Samaritains  et 
des  Syriens.  L'on  trouve  mentionné  quelque  part  un  seul 
manuscrit ,  qui  aurait  été  découvert  en  Espagne ,  mais 
autant  que  nous  sachons  ce  document  n*a  pas  encore  vu 
la  lumière.  *" 

Diaprés  ce  qui  précède  nous  concluons,  que  les  Israé- 
lites, dans  leur  histoire  primitive,  ont  rendu  honneur  à 
un  dieu  dont  le  nom  était  Seth  ;  que  ce  dieu  a  été  rangé 
plus  tard  parmi  les  héros  de  Tantiquité ,  tout  en  continuant 
à  exercer  un  grand  ascendant,  de  sorte  que  le  christia- 
nisme même  ne  refusa  pas  à  lui  rendre  hommage. 

Ce  dieu  Seth  sera,  selon  toute  apparence,  la  même 
divinité  qui  fut  adorée  en  Egypte  par  les  tribus  Palestino- 
Asiatiques.     Recherchons  maintenant  quel  fut  le  culte  de 


127 


ce  dieu  et  s'il  est  possible  d'en  découvrir  quelques  traces 
dans  les  traditions  Hébraiques. 

Le  nom  de  Seth  ne  parait  plus  dans  leur  histoire  mais 
il  est  vrai  que  les  tribus  Phéniciennes  rendirent  hommage 
à  Set  en  Egypte,  bien  que  son  nom  ne  se  trouve  nulle 
part  dans  leurs  traditions.  Leur  culte  d'El,  Eljon,  Elohim, 
Bel  ou  Baal,  Saturne  ou  Kronos,  était  tout  à  fait  analogue 
à  celui  de  Set  en  Egypte.  En  résulte- t-il  que  les  Israé- 
lites Font  adopté  ?  Nous  tacherons  de  démontrer  que  le 
calte  des  Israélites  et  celui  des  tribus  Phénico-Egyptiennes 
se  touchent  en  plusieurs  endroits.  Outre  cela  nous  savons 
qu'en  Egypte ,  Set  et  Baal  furent  identiques  ;  Fadjonc- 
tion  du  nom  de  Set  à  celui  de  Baal  dans  l'inscription  de 
Eamses  II  ^*  le  prouve  suffisamment,  d'où  il  suit  en 
même  temps  que  le  cal  te  de  Set  et  celui  de  Baal  sont 
identiques.  Set  trouve  ainsi  en  Phénicie  sa  réprésen- 
tation dans  les  dieux  supérieurs  et  de  même  chez  les 
Israélites  qui  l'appèlent  tantôt  El,  tantôt  El-Schadai,  ou 
El-Schedej,  dieu  des  champs,  qui  reçoit  aussi  hommage 
sous  le  nom  de  Bel  ou  sous  celui  de  Melech. 


<L..^irsi«)(g>''>v-^ 


I 


IV. 

LE   CULTE. 


/v 


TROISIÈME  PARTIE. 


Le     Culte. 


— «-es^jar— 


Les  arguments  énoucés  jusqu'ici  nous  ont  conduits  au 
résultat  que  Set,  le  dieu  principal  des  tribus  Asiati- 
ques, fut  adoré  comme  bon  dieu  par  les  Hyksôs  qui, 
plus  tard,  ont  fini  par  le  détester.  Nous  avons  allégué 
aussi  que  la  cause  probable  qu'il  devint  plus  tard  le  dieu 
malin  de  FEgypte,  ne  fut  autre  chose  que  ce  culte  des 
Hyksôs  tant  qu'ils  regardèrent  Set  comme  bon  dieu ,  parce 
que  le  culte  Phénicien  de  Kronos,  que  Ton  appliquait  à 
Set,  était  tout  à  fait  opposé  au  culte  Egyptien.  Il  parait 
que  ce  culte  Phénicien  fut  adopté  même  par  les  Egyptiens 
proprement  dits  et  était  encore  en  faveur  lorsque  Set  fut 
livré  au  mépris  général.  Nous  nous  rappelons  que  Bel, 
Melech ,  Il  os  ou  El  sont  les  noms  d'une  seule  divinité 
dont  le  culte  fut  le  même  pour  ces  différentes  formes; 
un    tout    autre    hommage    reçut   le    Mars  des  Phéniciens 


132 


et  Astarté  était  l'objet  d'un  culte  particulier.  Tous  ces 
cultes  différents ,  qu'eurent  ces  divinités ,  furent  réunis  en 
Egypte  en  un  seul,  dans  le  culte  de  Set-Typhon.  Nous 
retrouvons  dans  ce  culte ,  celui  de  Baal  et  celui  de 
Mars;  c'est  ce  que  nous  nous  proposons  de  démontrer  en 
premier  lieu,  pour  rechercher  après  les  traces  de  ce  culte 
dans  l'ancienne  religion  des  Hébreux. 

De  cette  manière  nous  tacherons  de  prouver  que  le 
culte  de  Melech,  tel  qu'il  fut  modifié  en  Egypte,  con- 
tinue à  être  la  religion  des  Israélites  pendant  leur  séjour 
dans  le  désert.  Yoyons  d'abord  ce  qui  est  connu  du  culte 
Phénicien  de  Melech. 


;L-.^Ç'^<lg)^iy3N.^ 


I3i 


I. 
CULTE   DE   MELECH. 

En  Assyrie  et  en  Chaldée  où  le  culte  prit  son  origine, 
Melech  était  considéré  comme  la  personnification  du  feu, 
l'élément  qui  purifie  et  qui  sanctifie,  d'où  il  résulte  que 
Ton  prétendait,  qu'en  sacrifiant  les  enfants  à  Melech,  on 
les  délivrait  de  la  souillure  de  la  mortalité  ou  du  monde. 
L'on  offrit  à  Melech  des  sacrifices  humains  et  partout  où 
ce  culte  fut  répandu ,  nous  trouvons  mentionné  ce  sacrifice. 
Ce  culte  transporté  en  Grèce  on  les  sacrifia  à  Zeus,  que 
l'on  appelait  pour  cela  par  euphémisme,  Zeus  l'hospitalier, 
pour  ne  pas  Firriter  et  pour  ne  pas  exposer  sa  vie. 
En  parlant  d'un  temple  en  Amathus  où  il  reçut  honneur, 
Ovide  dit  :  * 

*  Devant  l'entrée  s'élevait  l'autel  de  Jupiter  Hospes, 
Lugubre  par  meurtres,  quand  un  étranger  le  verrait, 
Teint  de  sang  ruisselant;  il  croirait  qu'on  venait  d'immoler 
Des  veaux  à  la  mamelle,  des  brebis  d'Amathus  de  deux  ans,* 

On  crut  que  plus  la  perte  était  douloureuse  et  pro- 
fondément sentie,  plus  on  s'apercevrait  aussi  de  la  force 
expiatoire.  C'est  pourquoi  l'on  choisit  de  préférence 
rétranger  en  voyage  où  bien  l'enfant  unique  de  ses  pa- 
reuts  *   et  souvent  le  plus  chéri  d'une  famille.  »    Ce  fut 


134 


Heliogabale  qui  abolit  tout  à  fait  cette  pratique  barbare 
en  Italie,  *  mais  Toriental  hospitalier  préférait  de  sacrifier 
ses  enfants  plutôt  que  de  violer  Thospitalité.  '^ 

C'est  surtout  par  des  sacrifices  d'enfants  que  l'on  crut 
de  disposer  favorablement  le  dieu.  Nous  trouvons  rapporté 
de  Carthage  ^  ,o\,  comme  nous  savons,  les  Phéniciens 
avaient  transporté  leur  culte)  ce  qui  suit: 

„Ce  peuple  qui  avait  été  organisé  par  Dido ,  après  son 
arrivée  de  la  Phénicie ,  avait  l'habitude  d'appaiser  la  colère 
des  dieux  par  des  meurtres.  Pour  cela  ils  commettaient 
Fhorrible  action  de  mettre  leurs  enfants  sur  des  autels 
brûlants."  Diodore  trouve  dans  ce  culte  l'explication  du 
mythe  de  Kronos  le  créateur  du  monde,  qui  dévore  ses 
créatures,  c'est  à  dire,  ses  propres  enfants.  "^  Il  est  rap- 
porté qu'Hamilcar ,  après  une  défaite  en  Sicile ,  aurait 
sacrifié  un  garçon  à  Saturne.  *  La  peste  de  la  bataille 
contre  Agathocle,  fut  attribuée  par  les  Carthaginois  à  la 
colèj  e  de  Kronos ,  par  ce  qu'on  ne  lui  sacrifiait  plus , 
comme  autrefois ,  la  fleur  de  la  jeunesse  mais  seulement 
des  garçons  étrangers  qu'on  avait  achetés.  Ce  fut  aussi 
le  motif  du  sacrifice  de  deux  mille  des  plus  nobles  et 
principaux  garçons,  pour  appaiser  la  colère  de  Kronos, 
lorsque  Agathocle  parut  une  seconde  fois  devant  les 
murailles  de  Carthage.  ^  Non  seulement  comme  sacrifice 
expiatoire  mais  aussi  comme  holocauste  on  immolait  des 
victimes  en  l'honneur  de  Melech.  Après  la  défaite  d'xiga- 
thocle  on  sacrifiait  les  plus  beaux  prisonniers ,  comme  une 
part  du  butin,  en  reconnaissance  pour  la  victoire.^"* 

Les  sacrifices  se  faisaient  de  différentes  manières  selon 
l'âge  des  victimes.  Les  adultes  étaient  suspendus  à  un 
poteau    où    percés   par   une  lance  dans  le  ventre.     Avant 


135 


de  procéder  à  cela,  Ton  fit  selon  le  récit  du  père  de 
FEglise  Cyrille,  au  sujet  des  cérémonies  observées  aux 
sacrifices ,  trois  fois  le  tour  de  l'autel  avec  la  victime , 
après  quoi  on  la  brûlait.  Les  enfants  étaient  souvent  tués 
d'abord  et  brûlés  ensuite.  "  D'autres  fois  on  ne  sacri- 
fiait à  Melech  que  les  ossements ,  *^  tandis  que  l'on  se 
servait  des  chairs  au  iestin  du  sacrifice,*^  ou  bien  on  les 
brûlait  tout  vivants  en  les  posant  dans  les  bras  de  l'idole 
chauffé,  d'où  ils  tombaient  mourrants  dans  un  four  ardent 
tandis  qu'on  avait  observé  les  mouvements  convulsifs  de 
leur  corps  et  de  leur  bouche,  ce  que  l'on  prétendait  être 
le  rire.  **  Nous  trouvons  encore  cité  à  ce  sujet  ce  que 
voici:  „Les  Phéniciens  et  surtout  les  Carthaginois  immo- 
lèrent leurs  enfants  à  leur  dieu.  Ils  les  faisaient  brûler 
sur  le  Kronos  de  cuivre  et  quand  les  flammes  entourent 
le  corps  et  les  membres  qu'elles  consument,  les  convul- 
sions ,  dont  souffrent  ces  victimes  jusqu'à  leur  mort ,  ont 
quelque  rapport  avec  le  rire,"  Le  rire  convulsif  à  été 
appelé  rire  Sardonique  ;  Suidas ,  le  rapporte  sous  le  mot 
^aQÔœiog  /éXœg.  ^^ 

L'idole  sur  laquelle  on  sacrifiait  est  décrit  encore  d'une 
autre  manière;  on  dit  „qu'en  Carthage ,  pendant  que  l'on 
disait  de  longues  prières,  l'enfant  fut  posé  dans  les  bras 
de  l'idole  de  Kronos,  qui  était  pourvu  de  mains  mas- 
sives proéminentes  en  cuivre,  au-dessous  desquelles  brûle 
un  four.  Quand  les  flammes  atteignent  le  corps ,  il 
semble  que  l'enfant  commence  à  rire."  ^^  De  ce  rire  on 
concluait  si  le  sacrifice  plut  à  Dieu. 

On  sacrifiait  à  diôerentes  époques  et  à  plusieurs  occa- 
sions. ^"^  En  Phénicie '*  il  y  avait  un  sacrifies  annuel, 
de  même  à  Carthage  '%  à  Salamis  ^»  et  à  Ehodus.  *^    On 


136 


sacrifiait  en  outre  avant  les  grandes  entreprises  ou  les 
batailles  ,  et  à  l'occasion  de  la  fondation  d'une  nouvelle 
colonie  ou  d'une  ville.  Lors  de  la  fondation  d'Antioche 
fut  immolée  une  vierge  pure.  Des  sacrifices  avaient  lieu 
aussi  en  temps  de  grands  désastres ,  de  guerre  ou  de 
sécheresse.  Porphyre  nous  communique  ,  que  l'histoire 
Phénicienne,  écrite  par  Sanchuniathon  dans  l'idiome  Phé- 
nicien et  traduite  en  Grec  par  Philo  de  Byblus  en 
8  volumes  ,  est  remplie  de  ces  sacrifices."  " 

Tel  fut  le  culte  de  Melech  ou  plutôt  du  dieu  suprême 
en  Phénicie.  Les  colonies  adoptèrent  ce  culte  et  il  faut 
examiner  maintenant  s'il  fut  répandu  aussi  en  Egypte  et 
s'il  en  reste  encore  d'autres  traces  que  le  sacrifice  de 
Ménelaus,  dont  nous  parlions  déjà.  Avant  de  commencer 
cet  examen  nous  décrirons  le  culte  du  dieu  Mars  des 
Phéniciens ,  parceque  ces  deux  cultes  se  trouvent  réunis 
dans  celui  de  Typhon  en  Egypte. 


II. 

LE   CULTE   DE    MARS. 

Baal-Adar  n'est  pas  un  dieu  particulier  des  Phéniciens 
mais  plutôt  une  forme  nouvelle  sous  laquelle  le  même  dieu 
est  représenté.  C'est  Baal  en  sa  qualité  de  dieu  des  com- 
bats ou  dieu  guerrier.  Comme  tel  nous  le  rencontrons 
aussi  chez  les  Assyriens  et  nous  trouvons  cité  à  son  sujet 
ce  qui  suit.  *  „En  l'honneur  de  Ares  (Mars)  les  Assy- 
riens érigèrent  une  colonne  qu'ils  adoraient  comme  dieu. 
U   fut   appelé  Baal    par  les  Perses,  ce  qui  signifie  Ares 


187 


le  dieu  des  combats/^  La  planète  Mars  est  appelé  aussi 
pour  cela,  astre  du  feu,  Belebatos,  nom  dérivé  du  radical 
Baal.  Cette  forrae  de  Baal  représente  son  côté  dévastateur, 
comme  Melech  représente  sou  côté  conservateur  et  organi- 
sateur. Baal  en  sa  qualité  de  Mars  est  souvent  indiqué 
par  le  nom  de  Chon  ou  Clianon.  Comme  planète  il  por- 
tait le  nom  d'Adar  chez  les  Chaldéens  et  était  représenté 
en  couleur  de  sang  ou  de  feu.  De  la  même  manière 
nous  trouvons  quelquefois  Mars  chez  les  Grecs  ou  il  est 
appelé  Pyroeis  Ares,  Mars  ardent,  auquel  on  attribuait 
la  chaleur  d^été.  * 

Le  Mars  Phénicien  avait  une  épouse ,  Anata  ou  Anaitis, 
TArtemis  ou  Diana  de  ce  peuple,  représentée  armée  d'un 
arc  et  de  flèches.  En  Egypte  nous  la  trouvons  aussi  sous 
cette  forme  comme  Tcpouse  du  dieu  des  combats  Eanpu, 
dont  nous  parlerons  plus  tard.  Ordinairement  on  lui 
sacrifiait  une  biche,  ^  sacrifice  qui  nous  rappelle  celui 
d^Iphigénie  en  l'honneur  d^Artemis.  Ce  ne  fut  que  très 
rarement    que    l'on    sacrifiait    une    vierge    pure    à  Anata. 

Cette  Anata  et  Adar  étaient  comme  nous  l'avons  remar- 
qué, des  formes  sous  lesquelles  Baal  et  son  côté  féminin 
se  montrèrent.  De  même  que  toute  culte  de  la  nature 
à  pour  objet  un  principe  viril  auquel  se  lie  un  principe 
féminin,  de  même  nous  trouvons  cette  règle  en  vigueur 
en  Phénicie.  Dans  le  premier  on  adorait  la  force  qui 
engendre,  dans  le  second  la  force  qui  produit  les  fruits 
et  les  deux  principes  unis  étaient  considérés  comme  le 
moyen  par  lequel  le  monde  était  conservé.  On  rendit 
hommage  à  dieu ,  quand  on  favoiisait  et  provoquait 
autant  que  possible  la  fécondité ,  but  que  Ton  ne  cessa  de 
poursuivre   dans   le  monde  physique  en  fertilisant  la  terre 


138 


ou  en  propageant  l'espèce  "humaine.  L'application  rigou- 
reuse de  ce  principe  engendrait  ^immoralité  la  plus  gros- 
sière qui  fut  jamais  et  les,  horreurs  des  festins  de  Baal 
vivront  dans  la  mémoire  de  tous  les  siècles.  Les  sacri- 
fices offerts  à  Baal-Chanon  ou  Adar  étaient  Fane,  le 
pourceau,  le  chien  et  le  coq.  Il  parait  que  l'on  choisit 
ces  animaux  par  préférence  parce  qu'ils  sont  réputés  ex- 
cessivement lascifs  et  féconds.  La  constellation  des  pla- 
nètes Mars  et  Yen  us  était  selon  les  astrologues  celle  qui 
rendait  lascif  quiconque  était  né  sous  son  influence ,  *  et 
selon  Clément  d'Alexandrie  la  chair  de  porc  était  défendue 
parce  qu'elle  excite  la  lasciveté.  *  L'âne  était  réputé  de 
la  même  manière,  ^  on  s'en  servait  au  culte  de  la  déesse 
Syrienne  Astaroth.  '  L'on  entretint  des  coqs  consacrés 
à  Mars  dans  le  temple  d'Hercule  *  et  l'on  sacrifia  des 
chiens  en  Thonneur  de  Mars  en  Phénicie  et  en  Carie.  * 
C'est  ainsi  que  nous  trouvons  le  culte  de  Mars  en 
Phénicie  et  dans  les  différentes  colonies.  Voyons  main- 
tenant ce  que  nous  retrouvons  de  ces  cultes  divers  chez 
les  Egyptiens  dans  leur  culte  de  Typhon. 


m. 

LE  CULTE  ÉGYPTIEN  DE  TYPHON. 

Typhon  était ,  comme  nous  avons  vu ,  la  personnification 
du  mal.  Son  culte  était  modifié  d'après  celui  des  Hyksôs, 
qui  rendirent  hommage  à  Set  comme  bon  dieu,  d'après  les 
rites  Phénico-Asiatiques.  Il  faut  que  nous  recherchions 
les    traces    de    cette    religion   Phénico-Asiatique,    dans  le 


189 

culte  de  Typhon  en  Egypte  comme  il  florissait  après  la 
XX"*  dynastie.  Voyons  d'abord  quels  sont  les  éléments 
qui  y  sont  conservés  du  culte  de  Melech  et  ensuite  ceux 
qui  existent  encore  du  culte  d'Adar. 

Comme  nous  l'avons  fait  observer  déjà,  il  y  a  une 
grande  analogie  entre  le  Melech  Phénicien  et  le  Typhon 
de  l'Egypte.  C'est  la  planète  de  Thiver,  la  mer  stérile, 
la  chaleur  dévorante,  le  principe  du  mal  dans  le  monde 
moral  et  dans  le  monde  physique,  comme  Typhon  était 
le  côté  méchant  de  Melech.  A  Tun  comme  à  Vautre  Ton 
offrit  des  sacrifices  humains.  Manethoos  nous  communi- 
que *  „qu'Amosis,  que  nous  connaissons  déjà,  abolit  ces 
sacrifices  à  Héliopolis.  Pendant  que  ceux-ci  étaient  en 
vigueur,  on  les  immola  en  l'honneur  de  Héra,  après  avoir 
été  examinés  soigneusement  tout  comme  les  taureaux 
sacrés  et  pourvus  d^un  sceau.  On  fit  trois  sacrifices  par 
jour  qu'Amosis  fit  remplacer  par  des  gâteaux  appropriés  à 
ce  but."  Diaprés  une  autre  citation  de  Manethoos  '  „on 
fit  brûler  en  Êlytheia  des  hommes  vivants  que  l'on  appelait 
Typhoniques,  dont  les  cendres  furent  dispersées  ensuite 
aux  vents,  afin  qu'ils  seraient  anéantis  à  tout  jamais. 
Cela  eut  lieu  publiquement  pendant  les  canicules."  Selon 
toute  apparence  ce  récit  est  le  même  que  celui  qui  précède 
et  dont  M.  Pruin  prétend  qu'il  est  loin  d'être  exact.  ^ 
Le  témoignage  d'Hérodote  est  loin  de  s'accorder  avec  ce 
que  nous  venons  d'alléguer  au  sujet  des  sacrifices  humains.  * 
11  prétend  au  contraire  que  les  Égyptiens  n'eurent  jamais 
l'habitude  de  sacrifier  des  hommes  et  que  les  Grecs,  qui 
rapportent  de  telles  histoires,  ne  font  que  prouver  leur 
ignorance  en  fait  d'usances  et  d'habitudes  Egyptiennes. 
Grand  nombre  d'auteurs  partageant  l'opinion  de  Hérodote, 


140 


assurent  qu'en  Egypte  il  ne  fut  jamais  question  d'immoler 
un  homme  pour  les  sacrifices ,  ce  qu'ils  prouvent  sur 
l'autorité  des  monuments,  qui  n'en  font  jamais  la  moindre 
allusion.  ^  Quoi  qu'il  en  soit  il  est  démontré  que  les 
prêtres  Egyptiens  n'ignoraient  pas  absolument  l'ancienne 
coutume,  témoin  ce  que  rapporte  Diodore  qui  prétend  que 
les  prêtres  s'en  servirent  pour  expliquer  le  mythe  de 
Eiisiris,  qui  contient  qu'à  une  époque  très  reculée,  les 
rois  d'Egypte  avaient  l'habitude  d'immoler  des  hommes 
pour  les  sacrifices  Typhoniques  *  et  puis ,  que  le  sceau 
dont  les  victimes  furent  marqués  par  les  sacrificateurs, 
représentait  un  homme  agenouillé,  les  mains  liés  sur  le 
dos  et  le  cou  courbé  sous  un  glaive.  M.  Marsham  et 
Jablonsky  considèrent  cela  comme  un  reste  de  l'ancienne 
coutume  des  sacrifices  humains,  opinion  dont  la  vraisem- 
blance est  rehaussée  encore  par  un  antique  témoignage,  "^ 
qui  veut  „que  les  sacrifices  humains  furent  remplacés  plus 
tard  par  des  gâteaux  sur  lesquels  on  imprima  le  sceau, 
représentant  un  homme  qui  avait  les  mains  liés  sur  le 
dos  et  qui  était  à  genoux  comme  attendant  l'immolation." 
Quelques  uns  de  ces  sceaux  nous  ont  été  conservés  et  se 
trouvent  au  musée  du  Louvre.  Champollion  en  a  décrit 
et  dessiné  un  en  bois ,  qui  a  servi  probablement  pour  les 
gâteaux  d'offrande;  il  représente  trois  hommes  les  mains 
liés  sur  le  dos.  ®  M.  Wilkinson  en  a  décrit  deux  autres , 
représentant  un  homme  avec  un  glaive  attaché  au  cou  et 
les  mains  liés  sur  le  dos,  exposé  au  pilori.  ^  Aussi 
parmi  les  tombeaux  de  Thèbes  on  trouve  des  représen- 
tations qui  rappellent  le  sacrifice  humain  en  l'honneur  du 
serpent.  *•  En  Egypte,  plusieurs  espèces  de  serpents  furent 
gardés  en  honneur.   Parmi  ces  serpents  il  y  en  avait  un  qui 


141 


fut  regardé  comme  la  personnification  du  bien  et  appelé 
Uraeus,  dont  Vimage  en  caractère  hiéroglyphique  signifie 
rimmortalité  ou  Texistence  prolongée.  Une  autre  espèce 
fut  considérée  comme  le  principe  du  mal  et  envisagée 
comme  une  forme  de  Set-Typhon,  tel  qu'on  croit  le  voir 
au  firmament  comme  l'adversaire  d'Osiris,  le  soleil.  C'est 
à  ce  dernier  qu'auraient  été  offerts  les  sacrifices  dont  nous 
parlions.  Une  semblable  réprésentation  d'un  sacrifice  se 
trouve  dans  le  tombeau  n**.  5  a  Thèbes  ;  '  *  ici  les  victimes 
sont  sacrifiées  à  une  divinité  inconnue  et  une  autre 
représentation  nous  montre  l'offrande  où  les  victimes  sont 
des  Egyptiens  véritables. 

Il  parait  que  la  vache  rousse  à  remplacé  plus  tard  le 
sacrifice  humain,  à  cause  qu'elle  a  la  même  couleur  que 
l'on  attribue  à  Typhon  ;  ce  sacrifice  eut  lieu  pendant  les 
canicules,  époque  où  l'on  ne  sacrifia  que  des  étrangers 
qui  présentaient  la  couleur  de  Typhon.  C'est  Plut  arque 
qui  fixe  cette  époque  des  offrandes,  et  Porphyrius  rapporte 
que  trois  hommes  furent  immolés  chaque  jour. 

C'est  cette  offrande  qui  fut  aboli  par  Amosis ,  Texpulsateur 
des  Hyksôs.  Il  parait  ainsi  que  les  Hyksôs  immolèrent 
des  victimes  humaines  à  leur  dieu ,  ce  qui  ne  nous  étonnera 
plus  depuis  que  nous  connaissons  leur  origine  ;  leur  offrande 
était  le  sacrifice  humain  habituel  des  tribus  Asiatiques. 
Le  culte  de  Set  était  devenu  un  culte  de  Melech  ce  qui 
rend  plus  probable  encore  que  ce  culte,  hostile  à  celui 
des  Égyptiens,  fut  la  cause  d'une  guerre.  Cette  guerre 
contre  les  Sémites  fut  donc  de  nature  religieuse  et  la 
religion  de  Set  modifiée  d'après  les  rites  Phéniciens,  con- 
tinua à  fournir  une  pierre  d'achoppement  pour  les  Egyp- 
tiens  civilisés.     La   religion  qu'ils  proffessérent  répugnait 


142 


au  culte  immoral  des  pasteurs  émigrés,  au  culte  exécrable 
de  Melech. 

Passons  maintenant  à  la  reclierclie  des  traces  du  culte 
Phénicien  d'Adar ,  qui  se  trouvent  dans  celui  de  Set. 

Nous  avons  démontré  qu'en  Egypte  Ton  rendit  honneur 
à  Set  comme  dieu  des  combats.  C'était  ce  dieu  qu^adop- 
.tèrent  les  Hy ksus  et  à  qui  ils  rendirent  honneur,  comme 
généralement  on  avait  l'habitude  de  le  rendre  à  Adar. 
Les  animaux  consacrés  à  Mars  furent  les  mêmes  que  Ton 
consacra  à  Set ,  auxquels  on  ajouta  en  Egypte  Toryx , 
la  vache  rousse,  l'hippopotame  et  le  crocodille.  Selon 
Plutarque  FofTrande  de  l'âne  était  connu  en  Koptos,  *^  où 
il  fut  précipité  du  haut  d'un  roc  escarpé,  afin  de  lui  casser 
le  cou.  „0n  s'en  servait  pour  l'offrande  à  cause  de  la  couleur 
rouge,  qui  était  aussi  celle  de  Typhon.  Les  habitants  de 
Busiris  et  de  Lycopolis  détestèrent  l'usage  de  la  trompette , 
parce  que  le  son  de  cet  instrument  ressemble  au  braiment 
de  l'âne.  Cet  animal  d'ailleurs  est  considéré  impur,  c'est 
pourquoi  ils  sacrifient  des  pains  d'offrande  avec  l'image 
d'un  âne  garrotté ,  pendant  les  mois  Payni  et  Paophi. 

Ceux  qui  adorent  le  dieu  du  soleil  sont  engagés  à  ne 
pas  porter  d'or  et  de  ne  pas  donner  de  nourriture  aux 
ânes  ....  l'or  avait  la  même  couleur  que  celle  de  Typhon. 
Les  Egyptiens  tuèrent  toute  vache  rousse,  qui  lorsqu'on 
y  trouvait  un  seul  poil  blanc  ou  noir  furent  déclarés 
impropres  à  l'offrande."  A  un  autre  endroit  Plutarque 
donne  pour  motif  de  la  consécration  de  l'âne  à  Typhon, 
l'extrême  paresse  et  l'extrême  stupidité  de  cet  animal. 
Il  nous  communique  aussi  que  parmi  les  bètes  fauves  le 
crocodille  et  l'hippopotame  étaient  consacrés  à  Typhon. 
A  Hermopolis  se  trouva  une  statue  de  l'hippopotame  dressé 


148 


sur  ses  pattes  de  derrière  et  à  la  fête,  qu'on  célébrait 
au  premier  mois  Tobi,  jour  qui  fut  appelé  le  jour  de 
l'arrivée  d'Isis  en  Egypte  venant  de  la  Phénicie,  furent 
apportés  des  pains  d'offrande  pourvus  de  l'image  d'un 
hippopotame  garotté. 

Selon  Hérodote  ^^  le  pourceau  fat  considéré  en  Eg}'pte 
comme  un  animal  tellement  impur,  que  son  seul  attou- 
chement causait  une  souillure.  Comme  consacré  à  Typhon  , 
Ton  trouve  encore  souvent  Toryx  sur  les  monuments  et 
les  scarabées,""*  tandis  que  les  chiens  et  les  coqs,  comme 
ojffrandes  Typhoniques,  manquent  tout  à  fait. 

C'est  ainsi  que  nous  retrouvons  Set-Typhon  avec  quel- 
ques attributs  d'origine  Phénicienne  et  où  le  culte  s'est 
modifié  selon  la  coutume  du  peuple,  nous  y  retrouvons 
le  culte  de  Melech  et  d'Adar.  Toutefois  il  s'y  rattachent 
aussi  des  éléments  Egyptiens,  dont  le  dieu  emprunte  un 
nouvel  éclat  et  qui  le  distinguent  des  autres  dieux  Sémi- 
tiques et  Egyptiens.  En  même  temps  la  question  se 
trouve  résolue  de  quelle  manière  ces  éléments  se  trouvaient 
réunis  dans  le  Set-Typhon.  Examinons  à  présent  comment 
nous  le  retrouvons  chez  le  peuple  d'Israël. 


lY. 

LE  CULTE  DE  SET-TYPHON  EN  ISRAËL 

Nous  avons  taché  de  démontrer  plus  haut  que  les 
Israélites  et  les  Hyksôs  étaient  intimement  liés  les  uns 
aux  autres.  Selon  Manethoos  ce  fut  Moïse  qui  était  le 
chef  des   émigrés  impurs,  qui  bâtirent  plus  tard  la  ville 


144 


de  Jérusalem  en  Judée.  D'après  Josèphe,  Moïse  était  le 
chef  des  Hyksôs  et  selon  Diodore ,  le  chef  des  lépreux  qui 
fondirent  Jérusalem.  Justin  rapporte  de  lui  qu'il  retourna 
à  Damas,  son  ancienne  patrie  et  Tacite  raconte  Thistoire 
de  la  même  manière  que  Manethoos.  Selon  ce  dernier , 
les  Hyksôs  émigrèrent  sous  la  conduile  de  Hiérosolyme  et 
de  Judée  et  les  lépreux  soas  celle  de  Moïse.  Toutes  ces 
différentes  communications  s'accordent  sur  le  fait  que 
Moïse  fut  le  conducteur  des  impuis  qui  fondirent  Jéru- 
salem ,  quoique  Manethoos  attribue  l'honneur  de  cette 
fondation  aux  Hyksôs.  Il  s'ensuit  par  conséquent  que  les 
deux  émigrations  en  question  se  touchent  à  plusieurs 
endroits  et  Tacite  nous  donne  les  deux  opinions  qui  Out 
cours  au  sujet  de  la  fondation  de  Jérusalem,  l'une  l'attribue 
à  Moïse,  l'autre  aux  chefs  des  Solymi,  Hiérosolyme  et 
Judée.  Le  nom  d'Hiérosolyme  s'accorde  avec  Jérusalem, 
celui  de  Judée  avec  celui  des  Juifs.  La  cause  de  la 
combinaison  des  deux  émigrations  se  trouve  dans  le  récit 
de  Manethoos  et  s'explique  surtout  par  le  fait  que  les 
Hyksôs  et  les  impurs  habitèrent  le  même  pays;  les  uns 
en  deçà ,  les  autres  au  delà  du  Jourdain.  Les  deux  peuples 
furent  ennemis  de  l'Egypte,  ce  qui  fit  qu'ils  furent  nom- 
més, injuriés  et  décrits  de  la  même  manière,  d'où  résulta 
la  confusion. 

Tacite  nous  rapporte  que  ce  qui  manquait  le  plus  aux 
Israélites  pendant  leur  voyage ,  était  de  l'eau  potable  et  que 
Moïse  vit  un  troupeau  d'ânes  sauvages  qui  allèrent  vers 
un  bosquet  frais  et  ombragé,  où  se  trouvait  de  l'eau  en 
abondance;  que  ce  troupeau  lui  indiqua  le  bon  chemin 
et  qu'après  six  jours  de  marche  ils  arrivèrent  en  Judée. 
C'est  à  cause  de  cela,  poursuit  il,  que  les  Israélites  gar- 


145 


dent  dans  rintérieur  de  leur  sanctuaire  Timage  de  l*âne 
qui  les  a  délivré.  La  comparaison  de  cette  légende  de 
Tacite  avec  celle  de  Plutarque  n'est  pas  sans  intérêt.  Le 
dernier  raconte  que  Typhon  après  son  combat  avec  Horus, 
s'enfuit  sur  un  âne  et  qu'il  produisit,  sept  jours  après, 
Hiéiosolyme  et  Judée,  en  y  ajoutant:  „I1  est  évident  que 
cette  histoire,  regarde  les  affaires  des  Israélites."  Dans 
cette  légende  on  peut  discerner  trois  choses  combinées  : 
1°.  l'expulsion  des  Hyksôs  avec  la  fuite  de  Typhon; 
2\  la  délivrance  des  Israélites  avec  la  fuite  de  Typhon; 
3°.  la  conquête  de  Canaan  par  les  Hyksôs  ou  par  les 
Israélites,  avec  la  naissance  de  Hiérosolyme  et  de  Judée. 
C'est  ainsi  que  Typhon  est  uni  à   l'ennemi  du  Nord. 

Tacite  rapporte  aussi  que  les  Israélites  rendirent  un 
hommage  particulier  à  Fane.  Nous  verrons  si  cette  com- 
munication a  quelque  valeur,  en  examinant  les  restes  du 
culte  Phénico-Egyptien  de  Set-Typhon  parmi  les  Israélites. 

Nous  trouverons  tantôt  des  éléments  conformes  aux 
coutumes  Phéniciennes  et  par  conséquent  hostiles  à  celles 
de  rÉgypte ,  tantôt  des  éléments  Egyptiens  conformes  aux 
coutumes  de  ce  peuple.  Et  ceci  ne  doit  pas  nous  étonner 
puisque  nous  savons  que  ce  ne  furent  pas  exclusivement 
des  Sémites  qui  émigrèrent,  mais  qu'il  s'y  trouvait  aussi 
grand  nombre  d'Egyptiens  et  parmi  ceux-ci  qui  appar- 
tenaient à  la  caste  des  prêtres.  Il  y  en  a  qui  prétendent 
que  Moïse  était  prêtre  d'Osiris  et  la  tradition  le  décrit 
comme  instruit  en  toute  science  et  sagesse  des  Egyptiens. 
Commençons   nos   recherches  par  les  éléments  Phéniciens. 


10 


146 


LE  CULTE  ISRAÉLITE  DE  MELECH. 

C'était  à  une  époque  très  réculée  de  son  histoire,  que 
les  Israélites  eurent  des  rapports  avec  la  Phénicie.  Abraham 
qui  fut  la  souche  du  peuple  d^Israël,  sacrifia  son  fils  à 
Dieu  d'après  le  récit  de  FElohiste.  Il  habitait  près  de 
Salem  dans  le  pays  des  Amorites ,  voués  au  culte  du  dieu 
Phénicien.  Ses  fils  adoraient  El  ou  Bel  FElohim  et  El- 
Schadai.  Ils  arrivent  en  Egypte ,  événement  dont  Phistoire 
Hébraïque  ne  rapporte  presque  rien.  Le  peuple  commence 
son  voyage  dans  le  désert  et  bien  qu'il  se  trouve  des 
traces  d'un  culte  du  feu,  dont  Melech  était  la  personnifi- 
cation, nous  ne  saurions  que  très  peu  de  chose  de  ces 
temps-là ,  si  le  prophète  Amos  n'en  eut  conservé  l'histoire. 
C'est  par  lui  que  nous  savons  davantage  de  leur  vie  errante 
pendant  les  quarante  années  dans  le  désert.  „Est  ce 
toi  0  jjaaison  d^Israël ,  qui  m^a  sacrifié  pendant  quarante 
années  des  oblations  et  des  offrandes?  Oui,  tu  portas  la 
tente  de  ton  Melech  et  le  Kyun  tes  images,  Tastre  de 
ton  dieu  que  tu  t^étois  fait  toi  même/'  Ces  paroles  par- 
venus à  nous  par  la  tradition,  contiennent  l^histoire  du 
culte  de  ce  peuple  dans  le  désert.  Il  n'est  pas  étonnant 
après  cela  qu'en  lisant  en  Josué ,  les  Juges  ou  Samuel ,  d'y 
rencontrer  souvent  le  culte  de  Baal  etd'Astarte,  que  nous 
retrouvons  encore  dans  le  livre  des  Eois.  Les  princes 
s'intéressèrent  beaucoup  à  ce  culte ,  surtout  quand  des 
relations  intimes  se  formèrent  avec  la  Phénicie,  soit  par 
des  mariages ,  soit  par  d'autres  liaisons. 


U7 

Maigre  qu'un  Elle  ou  d'autres  prophètes  s'élevèrent 
puissamment  contre  ce  culte  et  en  faveur  de  celui  de 
Jéhova,  ce  ne  fut  que  le  dernier  roi  d'Israël  qui  réussit 
à  démolir  les  hauteurs  o\X  le  peuple  se  voua  au  culte  de 
Baal.  Qu'était  le  sacritice  de  Jephta,  si  non  une  offrande 
à  Melech  ou  à  Anata,  la  déesse  de  la  guerre  des  Phéni- 
ciens ?  Achaz  aussi  sacrifia  ses  enfants  à  Melech.  '  Ce 
ne  fut  pas  à  tort  que  le  poëte  sacré  chantait  :  '  „Ils 
n'ont  point  détruit  les  peuples  que  Jéhova  leur  avait  dit 
de  détruire,  mais  ils  se  sont  mêlés  parmi  ces  nations-là 
et  ils  ont  appris  leur  manières  de  faire  et  ils  ont  servi 
leurs  faux  dieux,  lesquels  leur  ont  été  en  pièges.  Car  ils 
ont  sacrifié  leurs  fils  et  leurs  filles  aux  démons.  Et  ils  ont 
répandu  le  sang  innocent,  le  sang  de  leurs  fils  et  de  leurs 
filles,  lesquels  ils  ont  sacrifiés  aux  faux,  dieux  de  Canaan 
et  le  pays  a  été  souillé  de  sang.  La  colère  de  Jéhova 
s'est  embrasée  contre  son  peuple." 

Nous  voyons  à  chaque  instant  faire  allusion  à  ce  culte 
et  à  ces  sacrifices.  C'est  le  prophète  qui  exhorte  tantôt.  ' 
„N 'êtes- vous  pas  des  enfants  prévaricateurs ,  qui  vous 
échauffez  après  les  chênes  et  sous  tout  arbre  verdoyant, 
égorgeant  les  enfants  dans  les  torrents ,  sous  des  rochers 
avancés.  Ta  portion  est  dans  les  pierres  polies  des  torrents , 
ce  sont  elles  qui  sont  ton  partage ,"  ou  ainsi  :  *  „Que 
tu  aies  immolé  mes  fils  et  mes  filles  et  que  tu  les  aies 
livrés  pour  les  faire  passer  par  le  feu.  Elles  ont  commis 
adultère  avec  leurs  dieux  infâmes  et  ont  fait  passer  leurs 
enfants  par  le  feu  pour  les  consumer."  Micha  "  juge 
nécessaire  de  rappeler  au  peuple,  que  Jéhova  ne  prend 
point  plaisir  à  des  sacrifices  d'animaux  et  d'hommes,  que 
ni  l'offrande  du  corps ,  ni  l'immolation  du  premier  né  peu- 


148 


vent  faire  pardonner  les  péchés  de  celui  qui  les  sacrifie. 
Le  roi  des  Moabites  ^  immola  son  fils  aine  sur  la  muraille 
de  sa  ville  Kir-Chasereth  ,  qui  était  assiégée  par  Juda  et 
Israël,  après  quoi  les  assiégeants  partirent;  une  preuve 
que  le  sacrifice  fut  regardé  par  ceux-ci  comme  un  moyen 
puissant. 

Les  victimes  furent  ou  pendues  ou  tuées  ;  les  enfants 
tués  ou  brûlés.  *  Dans  le  désert  on  les  immola  sur  Tautel 
du  seigneur.  '  Nous  trouvons  pour  cela  dans  le  Lévitique 
le  commandement  suivant:  ^Quiconque  des  enfants 
d^Israël  ou  des  étrangers  qui  demeurent  en  Israël,  donnera 
de  ses  enfants  à  Melech,  sera  puni  de  mort,''  et  rÉternel 
dit:  Je  mettrai  ma  face  contre  un  tel  homme  par  ce  qu'il 
aura  donné  de  sa  race  à  Melech  pour  souiller  mon  sanc- 
tuaire et  profaner  le  nom  de  ma  sainteté. 

Tous  les  premiers  nés  furent  consacrés  à  Melech  et 
sacrifiés  à  ce  dieu.  Ceci  eut  lieu  encore  du  temps 
d'Ezéchiel.  ^^  Le  culte  de  Jéhova  s'opposait  à  ces  offrandes 
horribles  et  Ton  changea  plus  tard  les  textes  qui  y  firent 
allusion.  On  put  alors  racheter  les  sacrifices  des  enfants 
et  nous  lisons  :  "  Tu  présenteras  à  l'Eternel  tout  ce  qui 
nait  le  premier,  mais  tu  rachèteras  l'âne  et  l'enfant." 

C'était  la  puissance  purifia^jte  du  feu ,  qui  fut  le  prin- 
cipe de  ces  coutumes.  Toute  chose  impure  fut  délivrée 
ainsi  de  toute  souillure,  d'après  le  commandement;'^  „tout 
ce  qui  peut  passer  par  le  feu,  tu  feras  passer  par  le  feu 
et  il  sera  purifié  et  on  purifiera  seulement  avec  Teau 
d'aspersion  toutes  les  choses  qui  ne  passent  point  par  le 
feu."  La  fête  de  Pâques  fut  de  très  bonne  heure  en  usage 
chez  les  Israélites.  Ils  est  probable  qu'elle  fut  en  origine 
un  festin  de  Melech  et  que  cela  était  le  motif  quelle  fut 


149 


célébrée  au  commencement  de  Tannée.  C'était  une  fête 
de  conciliation  o\X  Ton  donna  le  sang  et  l'offrande.  Tous 
les  premiers  nés  des  hommes  et  des  animaux  appartenaient 
au  dieu  Melech;  nous  les  voyons  exigés  en  Egypte  du 
temps  de  l'Exode  ''  et  telle  fut  la  volonté  de  rÉternel, 
qu'à  l'avenir  les  premiers-nés  des  Israélites  lui  seraient  con- 
sacrés. Il  passa  devant  les  maisons  des  Israélites,  si  le 
sang  se  trouvait  aux  poteaux  des  portes.  La  fête  de  Pâques 
avait  donc  le  caractère  d'une  réconciliation  avec  Melech.  '* 
Ce  culte  originaire  de  la  Chaldée,  ainsi  que  le  peuple 
d'Israël ,  resta  continuellement  en  opposition  contre  le  culte 
de  Jéhova  et  quoique  celui-ci  fut  dans  le  commencement 
la  propriété  exclusive  des  prêtres,  ce  furent  plus  tard  les 
prophètes  qui  le  défendirent ,  avec  l'aide  desquels  il  con- 
tinua sa  défense  glorieuse. 


B. 

LE  CULTE  ISRAÉLITE  D'ÂDAR  OU  DE  MARS. 

Nous  ne  retrouvons  en  Israël  des  traces  du  culte  de  Mars 
ou  d'Adar  que  dans  la  distinction  qu'ils  firent  entre  les 
animaux  purs  et  impurs.  Le  sacrifice  des  chiens  ne  se 
trouva  pas  en  Egypte  parmi  les  offrandes  Typhoniques ,  mais 
il  est  probable  que  les  Israélites  le  connaissaient  comme 
tel.  Nous  lisons  en  Isaie  ^  qu'ils  se  rendirent  coupables  au 
sacrifice  de  chiens  et  de  sang  des  pourceaux  au  lieu  de 
se  servir  du  boeuf ,  de  l'agneau  et  de  l'obi ation.  Le  pour- 
ceau était  une  exécration  pour  les  Israélites  autant  que 
pour   les    Égyptiens,    toutefois    il    reste    quelques    traces 


150 


d\in  certain  honneur  qui  fut  rendu  à  cet  animal.  On  en 
tuait  à  des  époques  fixes  pour  les  festins  de  sacrifice  qui 
étaient  unis  à  ceux  des  souris.  *  Il  ne  reste  que  très 
peu  de  traces  de  cet  hommage  et  Plutarque  ignore  si  les 
Israélites  s'abstinrent  de  Tusage  de  la  chair  des  pour- 
ceaux, parce  qu'ils  rendirent  hommage  à  cet  animal  ou 
bien  parce  qu'ils  le  détestèrent.  ^  Le  coq  aussi  était 
consacré  au  dieu  Mars  des  Phéniciens  et  le  dieu  des 
Samaritains  Nergal ,  aussi  adoré  par  les  Israélites ,  est 
représenté  selon  les  rabbins  sous  la  forme  d'mi  coq.  Les 
juifs  tuèrent  un  coq  le  jour  de  la  réconciliation.  *  Il 
était  défendu  que  les  coqs  se  trouvassent  à  Jérusalem , 
selon  le  Talmud  ;  la  ville  sainte  aurait  été  profanée  par 
la  présence  de  cet  animal  impur.  Il  n'était  pas  permis 
aux  prêtres  en  Israël ,  d'en  posséder.  '  Il  y  a  encore  une 
fable  très  remarquable ,  celle  du  grand  coq  dont  les  pattes 
étaient  sur  la  terre  et  dont  la  tête  touchait  le  ciel  et  que 
les  enfants  d'Israël  mangeront  le  jour  du  jugement  au 
grand  festin  en  même  temps  que  le  Béhémoth  et  le 
Léviathan.  En  ceci,  ^influence  des  nations  circon voisines 
ne  peut  être  méconnue.  ^  Le  Béhémoth  et  le  Léviathan, 
rhippopotame  et  le  crocodille  jouent  un  grand  rôle  dans 
la  littérature  entre  l'ancien  et  le  nouveau  testament.  Ce 
sont  les  animaux  hideux  par  excellence  que  l'on  juge  être 
les  personnifications  les  mieux  choisies  pour  tout  ce  qu'on 
considère  comme  démon.  Tout  écrit  apocryphe  y  fait 
allusion  et  la  doctrine  la  plus  exacte  de  cette  matière  se 
trouve  dans  les  livres  de  Hénoch  et  d'Ezra.  Ces  animaux 
sont  gardés  en  des  endroits  particuliers  et  engraissés  par 
Dieu,  pour  être  mangés  au  festin  des  bienheureux,  le 
jour    du   jugement.     L'inimitié    qui    augmentait    toujours 


161 

de  plus  en  plus  contre  TÉgypte ,  fut  la  cause  que  Ton  haït 
ces  animaux  plus  que  tout  les  autres. 

Plus  intéressante  que  la  précédente  est  la  manière  dont 
on  envisageait  l'Ane.  La  légende  de  cet  animal,  que 
Tacite  nous  communique,  est  probablement  d'origine  Sa- 
maritaine. Ce  peuple  rendit  hommage  au  dieu  Tartak  ^ , 
qui  selon  le  Talmud  ^  était  représenté  avec  la  tête  d'un 
âne  et  qui  était  une  divinité  qui  a  quelque  rapport  avec 
Adra-Melech  ou  Mars-Melech.  Les  Israélites  partagèrent 
ce  culte  des  Samaritains ,  comme  il  est  facile  à  comprendre 
et  nous  en  trouvons  des  traces  encore  plus  anciennes  dans 
le  Pentateuque.  Quant  au  rachat  des  premiers-nés,  nous 
trouvons  cité  cette  exception  remarquable  en  faveur  des 
animaux.  On  pouvait  racheter  Tâne  aussi  bien  que  l'homme , 
par  un  autre  animal  et  si  on  ne  le  faisait  pas ,  on  était 
obligé  de  lui  casser  le  cou.  ^  Cela  se  faisait  probablement 
de  la  même  manière  qu*à  Coptos  où,  comme  nous  savons, 
on  avait  l'habitude  de  précipiter  Tâne  du  haut  d'un  roc 
escarpé.  Ce  commandement  a  été  donné  deux  fois.  '** 
Ce  respect  pour  l'âne  était  très  répandu  en  Orient.  La 
fécondité  ou  lasciveté  de  cet  animal  en  était  le  motif. 
Les  Médo-Perses  le  sacrifièrent  à  Mars.  "  Apollon  **  se 
réjouit  d'une  hécatombe  d'ânes  dans  le  pays  des  Hyper- 
boréens.  A  cause  de  sa  couleur  rousse  il  reçut  le  nom 
de  Chamoor  des  Hébreux  et  comme  tel  Toifrande  qu'on  en 
fit  se  rattache  à  celle  de  la  vache  rousse.  En  Grèce  nous 
le  retrouvons  dans  les  Dyonysies  et  chez  les  Komains 
dans  le  culte  de  Yesta ,  ou  l'âne  garotté  est  représenté  sur 
un  pain  d'offrande  et  où  l'on  portait  un  phallus  en  proces- 
sion. Ces  cultes  payens  passaient  plus  tard  dans  l'église 
où  ils  se  trouvent  comme  les  fêtes  des  ânes  qui  florissaient 


152 


au  moyen-âge  en  France,  en  Espagne  et  en  Allemagne. 
Un  âne  paré  monté  par  une  jeune  fille,  fat  conduit  avec 
force  cérémonies  devant  l'autel  et  pendant  la  messe  on 
chanta  des  cantiques  qui  se  terminaient  par  l'imitation 
du  braiment  de  l'âne.  Au  lieu  de  donner  la  bénédiction 
le  prêtre  brairait  trois  fois  ce  que  le  peuple  répétait  en 
signe  d'amen.  Grand  i] ombre  de  saints  sont  représentés 
montant  des  ânes  et  on  les  trouve  ainsi  dans  les  pèleri- 
nages. '^  L'âne  remportait  même  sar  les  autres  animaux 
et  était  favorisé  davantage  en  cas  de  procès.  D'après  le 
code  de  Sardaigne  de  l'an  1395  les  crimes  commis  par 
des  boeufs  et  des  vaches,  étaient  punis  par  la  peine  de 
mort ,  mais  pour  l'âne  on  était  plus  clément.  Condamné 
pour  la  première  fois  il  perdait  une  oreille,  pour  la  se- 
conde fois  on  lui  coupait  l'autre  et  la  troisième  fois  pris 
en  flagrant  délit  il  était  confisqué  au  profit  du  prince.  ^* 
Les  fêtes  des  ânes  ont  été  rattachées  à  la  fête  de  l'entrée 
de  Jésus  en  Jérusalem.  Il  entrait  dans  les  usances  de 
réglise,  de  conserver  les  fêtes  payennes  en  leur  donnant 
une  signification  chrétienne.  Toutefois  il  est  remarquable 
que  cette  fête  fut  célébrée  au  mois  de  décembre  et  qu'une 
jeune  fille  montait  alors  un  âne.  L'une  comme  l'autre 
sont  dérivées  du  même  culte  de  la  nature.  Il  est  difiicile 
de  déterminer  en  quel  rapport  ces  fêtes  se  trouvent  avec 
les  fêtes  des  tabernacles  des  Hébreux.  Les  Dionysies 
ressemblent  beaucoup  à  ces  dernières  qui  portent  le  carac- 
tère très  prononcé  d'une  religion  de  la  nature. 

Plus  en  rapport  avec  les  coutumes  Egyptiennes  est  le 
culte  de  la  vache  rousse ,  le  bouc  émissaire ,  le  culte  du 
serpent  et  celui  de  Kyun. 


LA    VACHE    ROUSSE. 

Nous  lisons  dans  les  Nombres  :  L'Éternel  parla  à  Moïse 
en  disant  :  „Ceci  est  une  ordonnance  de  la  loi.  Parle  aux 
enfants  d'Israël  et  qu'ils  t'amènent  une  jeune  vache  rousse 
entière  qui  n'ait  point  de  défaut  et  qui  n'ait  point  porté 
le  joug.  Et  vous  la  donnerez  à  Eléazar  le  sacrificateur, 
qui  la  mènera  hors  du  camp  et  on  l'égorgera  en  sa  pré- 
sence et  on  la  brûlera  devant  ses  yeux ,  sa  peau ,  sa  chair 
et  son  sang  avec  ses  excréments.  Et  le  sacrificateur  pren- 
dra du  bois  de  cèdre,  de  Thysope  et  du  cramoisi  et  les 
jettera  dans  le  feu  où  l'on  brûlera  la  jeune  vache.  Le 
sacrificateur  sera  souillé  jusqu'au  soir.  Et  un  homme  qui 
sera  pur  ramassera  les  cendres  de  la  jeune  vache  et  les 
mettra  hors  du  camp  en  un  lieu  net.  Et  elles  seront 
gardées  pour  l'assemblée  des  enfants  d'Israël,  afin  d'en 
faire  l'eau  d'aspersion;  c'est  une  purification  pour  le  péché."  ^ 
Cette  offrande  de  la  vache  rousse  est  la  même  que  celle 
que  nous  trouvons  en  Egypte  et  qui  fut  offerte  à  Typhon 
au  lieu  d'une  victime  humaine.  *  Les  Egyptiens  sacrifient 
exclusivement  des  vaches  rousses  parce  que,  selon  leur 
opinion.  Typhon  aussi  est  roux  et  ils  ont  garde  qu'il  ne 
se  trouve  un  seul  poil  blanc  ou  noir  sur  l'animal.  Selon 
eux  il  ne  faut  pas  sacrifier  ce  qui  est  agréable  aux  dieux, 
mais  seulements  les  corps  dans  lesquels  se  sont  logées  les 
âmes  des  impies.  C'est  pourquoi  les  anciens  habitants  de 
l'Egypte  jetèrent  la  tête  de  la  victime  chargée  de  malé- 
diction  dans  le  fleuve,  ce  sacrifice  purifiait  du  mal.     La 


154 


tête  maudite,  remplie  de  Tesprit  Typhonique,  conjurait  la 
puissance  de  Typhon,  auquel  on  offrait  cette  vaclie  dans 
les  canicules  au  lieu  d'un  sacrifice  humain.  Ce  fut  Tépoque 
à  laquelle  il  fit  sentir  énergiquement  sa  puissance.  Cette 
vache  fut  en  Israël  le  moyen  qui  purifiait  des  péchés. 
En  ceci  nous  retrouvons  la  coutume  Égyptienne,  celle 
dans  laquelle  Typhon  fut  considéré  comme  principe  méchant. 
Nous  apercevons  en  cela  que  l'élément  Égyptien  parmi 
les  Israélites  fut  hostile  à  l'élément  Phénicien,  car  Set- 
Typhon  ,  adoré  par  ceux-ci ,  est  dans  le  sacrifice  de  la  vache 
rousse  envisagé  comme  l'être  méchant  par  les  prêtres,  ainsi 
que  Ton  l'envisageait  en  Egypte.  La  même  idée  perce 
dans  le  renvoi  du  bouc  émissaire. 


D. 

LE    BOUC    ÉMISSAIRE. 

Nous  lisons  dans  le  Lévitique  :  „Aàron  prendra  de  l'as- 
semblée des  enfants  d'Israël ,  deux  jeunes  boucs  en  offrande 
pour  le  péché  et  un  bélier  pour  l'holocauste.  Après  cela 
Aaron  offrira  le  bélier  pour  le  péché  et  fera  propitiation  tant 
pour  soi  que  pour  sa  maison.  El  il  prendra  les  deux 
boucs  et  les  présentera  devant  Jéhova  à  l'entrée  du  taber- 
nacle d'assignation.  Et  Aâron  jettera  sur  les  deux  boucs 
le  sort ,  un  sort  pour  Jéhova  et  un  sort  pour  le  bouc 
émissaire  (Azazel).  Et  Aâron  offrira  le  bouc  sur  lequel  le 
sort  sera  tombé  et  le  sacrifiera  en  offrande  pour  le  péché. 
Mais  le  bouc  sur  lequel  le  sort  sera  tombé  de  bouc  émis- 
saire ,    sera    présenté    vivant    devant    Jéhova    pour    faire 


156 


propiliation  sur  lui  et  on  Tenverra  au  désert.  Et  quand 
Toffrande  pour  le  péché  sera  sacrifié,  Aàron  mettra  ses  deux 
mains  sur  la  tête  du  bouc  vivant  et  confessera  sur  lui 
toutes  les  iniquités  des  enfants  d'Israël  et  tous  leurs 
forfaits  selon  tous  leurs  péchés  et  les  mettra  sur  la  tête 
du  bouc  et  l'enverra  au  désert  par  la  main  d'un  homme 
de  ceux  qui  sont  présents.  Le  bouc  donc  portera  sur  soi 
toutes  leurs  iniquités  dans  un  pays  étranger."  '  Comme 
nous  avons  vu  plus  haut ,  les  cendres  de  la  vache  rousse 
suffirent  pour  la  purification  des  souillures ,  mais  ce  moyen 
de  purifier  du  péché  n'était  pas  suffisant  et  l'on  se  servit 
d'un  second:  le  bouc  émissaire  ou  Azazel.  En  Egypte  on 
fit  usage  de  la  même  manière  de  sacrifier  dans  le  culte 
de  Typhon.  On  égorgeait  la  vache  rousse  pendant  les 
canicules,  pendant  de  grandes  sécheresses  ou  autres  dés- 
astres et  l'on  chargea  cet  animal  des  péchés  du  peuple. 
Parfois  on  tâcha  ^  de  chasser  cet  animal  dans  le  désert, 
que  Ton  considérait  comme  le  séjour  du  malin  esprit 
Typhon.  Dans  le  cas  que  la  sécheresse  continua  on  égor- 
geait la  vache  afin  de  le  punir.  „C' était  le  temps  que 
Ton  célébrait  la  grande  offrande  de  la  purification;"  dit 
Plutarque,  que  nous  appellerions  le  jour  de  la  grande 
réconciliation.  Il  est  très  intéressant  pour  comparer  à  ce 
qui  précède ,  la  communication  d'Hérodote  '  au  sujet  du 
sacrifice  Egyptien:  „Lorsque  l'animal  est  pourvu  du  sceau, 
il  est  mené  à  l'autel  ou  il  sera  sacrifié.  Ils  versent  du 
vin  sur  la  victime  et  l'égorgent  en  disant  des  prières. 
Ils  coupent  la  tête  à  la  victime  dans  l'espoir  que  tous 
les  désastres  *  y  passeront  et  le  portent  ailleurs.  Là  où  se 
trouve  un  marché  où  les  Grecs  font  le  commerce,  cette 
tête   est    vendue    à  ceux-ci ,  tandis  que  là  où  ce  marché 


156 


n'existe  pas,  la  tête  est  jetée  à  la  rivière,  alors  ils  la 
maudissent  et  prononcent  ces  paroles:  Puisse  tout  le  mal 
qui  plane  au-dessus  des  sacrificateurs  ou  qui  menace 
l'Egypte,  passer  dans  cette  tête."  'Nous  le  voyons  il  est 
clair  que  le  sacrifice  d^Azazel  est  d'origine  Égyptienne. 
T3'phon,  Fesprit  du  mal  dans  le  désert,  reçoit  l'animal 
chargé  du   mal. 

Cette  solemnité  eut  lieu  au  commencement  de  Fautom- 
ne  comme  en  Egypte  et  aussi  comme  dans  ce  pays, 
c'était  l'offrande  principale  à  la  fête  de  la  réconciliation. 
Les  rabbins  ont  fait  pi  qs  tard  d'Azazel  un  malin  esprit  * 
et  comme  tel  il  est  souvent  cité  dans  la  littérature  apo- 
cryphe. "  Il  est  très  remarquable  que  les  Arabes  appellent 
aussi  leur  malin  esprit  du  nom  d'Azazel.  ®  Il  est  difficile 
de  trouver  la  dérivation  de  ce  mot.  Ou  l'a  traduit  par 
Azaleez,  mais  cela  signifie  chèvre  et  non  bouc  émissaire. 
Nous  donnerions  la  préférence  à  lire  cette  phrase:  „pour 
AzazeF  dans  l'antithèse  de  „pour  Jéhova."  Si  cela  est 
ainsi  nous  considérons  ce  nom  comme  un  nom  d'un  dieu, 
composé  peut-être  des  mots  Aziz  et  El,  nom  du  Mars 
Phénicien  ou  de  Baal  dans  une  de  ses  formes  Typhoniques.  * 


E. 

LE   CULTE    OU    SERPENT. 

Nous  avons  remarqué  que  quelques  monuments  Égyp- 
tiens ont  été  conservés  qui  font  allusion  à  des  offrandes 
Typhoniques  offertes  au  serpent.  Il  nous  reste  quelques 
représentations   de    semblables    offrandes    et   nous    savons 


157 


que  le  serpent  Apap  fut  considéré  comme  animal  Typho- 
nique  ou  comme  Timage  de  Set.  Toutefois  ce  culte  est 
caché  dans  les  ténèbres  et  c'est  peut-être  encore  en  Phé- 
nicie  qu'il  faut  aller  à  la  recherclie  de  ses  traces,  parce- 
que  c'est  là  ou  Ton  sacrifia  au  serpent.  Le  culte  du 
serpent  était  très  répandu  en  Israël  et  nous  lisons  que  ce 
fut  seulement  Chiskia  *  qui  uta  les  hauts  lieux ,  mit 
en  pièces  les  statues  et  brisa  le  serpent  d'airain  que  Moïse 
avait  fait^  parce  que  jusquà  ce  jour-là  les  enfants  d'Israël 
lui  faisaient  des  encensements.  Si  ce  serpent  doit  être 
considéré  comme  l'image  du  bon  dieu,  de  la  puissance 
guérissante  et  bien-faisante ,  alors  il  était  la  représentation 
d'El,  Bel  ou  Saturne,  comme  divinité  propice,  que  nous 
trouvons  aussi  en  Phénicie;  ou  faut  il  qu'il  soit  considéré 
comme  le  principe  du  mal,  du  terrible,  de  ce  qui  nuit, 
dans  ce  cas  il  serait  la  représentation  de  Typhon  en  sa 
qualité  de  malin  esprit,  ou  comme  Typhon ,  le  côté  méchant 
d'El  ou  Bel.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  deux  hypothèses 
peuvent  être  établies  d'après  le  récit  dans  les  Nombres  ' 
au  sujet  de  l'érection  du  serpent  d'airain.  Nous  y  lisons: 
„Ils  partirent  de  Hor  tirant  vers  la  mer  rouge ,  pour  faire 
le  tour  du  pays  des  Edomites,  mais  le  peuple  perdit  cou- 
rage par  le  chemin.  Et  le  peuple  parla  contre  Dieu  et 
contre  IMoïse:  Pourquoi  nous  as-tu  fait  monter  hors  de 
l'Egypte  pour  mourir  dans  ce  désert  ?  Alors  le  Seigneur 
envoya  sur  le  peuple  des  serpents  brûlants  qui  mordaient 
tellement  le  peuple  qu'il  en  mourut  grand  nombre  d'Israël. 
Alors  le  peuple  vint  vers  Moïse  et  dit  :  Nous  avons  péché 
en  parlant  contre  le  Seigneur  et  contre  toi.  Prie  l'Eternel 
qu'il  ôte  de  nous  ces  serpents.  Et  Moïse  pria  pour  le 
peuple.     Et   le   Seigneur    dit  à    Moïse  :  Eais  un  serpent 


158 


brûlant  et  mets  le  sur  une  perche  et  il  arrivera  que 
quiconque  sera  mordu  et  le  regardera,  vivra.  Moïse  donc 
fit  un  serpent  d'airain  et  le  mit  sur  une  perche  et  il 
arriva  que  quand  quelque  serpent  avait  mordu  un  homme, 
celui-ci  regardait  la  tête  du  serpent  et  il  fut  guéri/^ 
Ce  récit  est  évidemment  du  domaine  des  mythes,  mais  il 
est  difficile  à  démontrer  s'il  doit  être  considéré  comme 
ayant  quelque  rapport  avec  les  sacrifices  humains  offerts 
au  serpent.  Il  est  clair  cependant  qu'ici  le  serpent  prin- 
cipe du  mal  est  chassé  par  le  serpent  principe  bienfaisant. 
Si  c'est  un  culte  de  Typhon  comme  esprit  malin,  alors  il 
ne  peut  être  adressé  qu'au  Typhon  Égyptien  et  dans  ce 
cas  c'est  un  élément  Egyptien  introduit  dans  la  religion. 
Mais  si  au  contraire  c'est  un  culte  de  Baal,  le  principe 
bienfaisant  qu'ir  représente ,  ce  sera  un  élément  Phénicien 
dans  la  religion  et  comme  tel  la  conséquence  d'un  pacte 
de  confraternité  qui  existait  entre  les  deux  peuples. 


•     F. 

LE    CULTE    DE    KYUN. 

Nous  lisons  dans  le  livre  d'Amos  '  que  les  Israélites 
dans  le  désert  portèrent  le  tabernacle  de  Melech  et  de 
Kyun ,  les  images  et  l'étoile  de  ces  dieux  qu'ils  avaient 
faits.  Chyun ,  Chiwan  ou  Keiwan  est  le  nom  de  la  pla- 
nète Saturne  chez  les  Hébreux ,  les  Phéniciens ,  les  Baby- 
loniens, les  Syriens  et  les  Arabes. 

Les  Septante  traduisent  Kijun  par  Eaiphan  en  même 
temps  qu'ils  donnent  une  version  toute  différente:     Selon 


159 


eux  c'est:  „Tu  prenais  la  tente  de  Melech  et  IMtoile  de 
ton  dieu  Eaipban,  les  images  que  tu  leur  as  fait.""  Cette 
différence  s'explique  aisément  par  le  mot  Hébreu ,  au  lieu 
de  Kyun  ils  lisaient  Riun.  «  M.  Seyffart  nous  cite  le  nom 
de  Eéphan  qu'il  trouva  dans  un  tableau  planétaire  Kopto- 
Arabe,  nom  pour  lequel  le  texte  Arabe  donne  Saturne. 
Dans  les  lexiques  Arabes  nous  trouvons  le  mot  Keiwan 
comme  le  nom  Persien  de  Saturne.  Les  Sabéens  aussi 
rendirent  honneur  au  Kyun  ;  les  rabbins  donnèrent  à 
Saturne  le  nom  de  Kiwan  et  c'est  aussi  ce  nom  qui  s'est 
conservé  en  Chyniladan,  roi  de  Babylone.  Typhon  est 
toujours  représenté  comme  dieu  de  l'hiver  sur  les  monu- 
ments astronomiques,  tandis  que  Saturne  fut  considéré 
comme  le  dieu  du  froid  en  Thonneur  duquel  furent  célé- 
brées en  hiver  les  fêtes  Eomaines  appelées  les  Saturnales. 
Kyun  fut  donc  le  nom  de  la  septième  planète,  Saturne, 
d'oii  il  suit  que  le  septième  jour  fut  le  jour  de  la  sep- 
tième planète ,  le  jour  du  Sabbath  des  peuples  qui  rendirent 
hommage  aux  étoiles  et  par  conséquent  un  jour  consacré 
au  repos  par  les  Israélites.  Par  rapport  à  cela  nous 
lisons  dans  l'Exode  :  ^  Gardez  mes  Sabbaths ,  c'est  un  signe 
entre  moi  et  vous  dans  vos  âges,  afin  que  vous  sachiez 
que  je  suis  le  Seigneur  qui  vous  sanctifie.  Dieu  exige 
donc  que  l'on  gardera  son  jour,  qui  est  le  même  que  les 
adorateurs  des  étoiles  regardèrent  comme  consacré  à  Saturne. 
Tacite  *  qui  s'accorde  à  cette  opinion ,  se  prononce  ainsi  : 
„Les  Israélites  reposèrent  le  septième  jour ,  ce  qui  s* explique 
de  deux  manières.  Quelques  uns  disent  que  c'était  à  cause 
que  ce  jour  vit  finir  leur  souffrance ,  raison  pour  laquelle 
chaque  septième  année  fut  consacrée  comme  année  de  repos. 
D'autres  prétendent  que  ce  fut  en  l'honneur  de  Saturne  et 


160 


ceci  n'est  pas  invraisemblable  parce  que  Torigine  de  leur 
religion ,  se  rattache  au  mont  Ida ,  d'où  sort  ce  peuple  et 
d'oà  il  fut  chassé  en  même  temps  que  Saturne.  Mais  il 
est  aussi  possible  que  le  motif  est  celui-ci.  Parmi  les 
sept  étoiles,  qui  règlent  le  destin  de  Fhorame,  celle  de 
Saturne  possède  la  puissance  souveraine  et  parcourt  la  sphère 
la  plus  élevée,  d'ailleurs  tous  les  corps  célestes  sont  subor- 
donnés au  nombre  sept."  Tacite  fait  ici  mention  de  la 
légende  de  l'expulsion  de  Saturne.  Son  culte  à  Crète , 
originaire  d'une  colonie  Phénicienne  fut  extirpé,  les  habi- 
tants se  retirèrent  vers  le  littoral  de  la  Palestine,  gardèrent 
le  culte  de  Saturne-Melech  et  furent  considérés  par  Tacite 
comme  les  ancêtres  des  juifs.  Le  motif  des  hommages 
rendus  à  Saturne  est  donné  par  Tacite  avec  beaucoup  de 
justesse  :  „I1  était  Tétoile  principale  dans  l'Astrologie 
parce  qu'il  parcourait  la  sphère  la  plus  élevée  ou  la  plus 
lointaine." 

Nous  venons  d'examiner  les  différents  éléments  de  reli- 
gion en  Israël  et  nous  y  avons  trouvé  plusieurs  traces  du^ 
culte  Egypto-Pliénicien ,  tantôt  s'accordant  avec  celui  des 
Phéniciens,  comme  le  culte  de  Melech  et  d'Adar,  tantôt 
de  couleur  Egyptienne  plus  ou  moins  prononcée.  Xous 
avons  vu  le  Jéhovisme,  se  montrer  comme  la  réaction 
de  la  religion  Phénicienne  et  s'accorder  dans  beaucoup 
d'endroits,  avec  les  doctrines  qui  eurent  cours  en  Egypte, 
d'où  il  resuite  qu'il  se  déclare  contre  le  culte  de  Melech 
et  qu'il  considère  Set-Typhon  de  la  même  manière  dont 
il  fut  évisagé  dans  la  vallée  du  Kil. 


iq 


L'IxMAGE. 


11 


QUATRIÈME  PARTIE. 


L'  I  m  a  g  e. 


La  forme  sous  laquelle  la  divinité  fut  représentée  jadis, 
parait  avoir  été  celle  d'une  simple  pierre.  Tantôt  Fon 
regardait  cette  pierre  comme  Fimage  de  Dieu,  tantôt 
comme  le  gardien  ou  le  dépositaire  d'une  puissance  divine 
quelconque.  Nous  retrouvons  ce  culte  de  pierres  chez 
tous  les  peuples  de  l'antiquité  et  même  de  nos  jours 
encore  chez  les  populations  qui  se  trouvent  dans  l'enfance 
de  leur  développement.  Tantôt  on  élevait  des  pierres  près 
desquelles  on  prêtait  serment  ou  fesait  un  voeu,  tantôt 
l'on  fit  un  pacte  en  mémoire  duquel  on  élevait  une  pierre 
ou  monument.  Soit  que  Ton  s'engagea  à  ne  jamais  franchir 
cette  pierre  ou  borne  avec  des  troupeaux  ou  avec  des 
hommes  armés ,  soit  que  l'on  invoqua  la  divinité  pour  la 
prendre  à  témoin  du  voeu  que  Ton  prononçait.  Ces 
pierres    en    guise   de    bornes    ou    pierres    votives    furent 


164 


nombreuses  dans  l'antiquité.  Outre  celles-ci  on  rendit 
hommage  à  une  troisième  catégorie  de  pierres ,  spéciale- 
ment connues  sous  le  nom  de  Béthyles,  mot  qui  signifie 
séjours  de  dieu.  Sanchuniathon  prétend  que  ces  pierres 
furent  ainsi  nommées  et  adorées  parce  qu'elles  étaient 
regardées  commes  des  étoiles  tombées.  Examinons  un  peu 
de  plus  près  ce  culte  des  pierres  de  l'antiquité. 


c_--ç"Si9!Sj>'•'l^.^ 


LE  CULTE  DES  PIERRES. 

En  commençant  avec  le  culte  des  peuples  du  Nord  nous 
trouvons  qu'ils  ont  conservé  leur  culte  de  Béthyles  dans 
riionneur  qu'ils  rendent  au  marteau  de  Thor.  Thor  assis 
à  côté  de  Wodan  sur  un  siège  moins  élevé  est  le  plus 
vigoureux  des  dieux  et  des  hommes ,  il  a  le  front  ridé ,  le 
regard  sombre,  la  barbe  et  les  cheveux  roux.  Il  tient  dans 
son  poignet  formidable  la  foudre  que  les  peuples  du  Nord 
appellent  Mjolner.  Il  est  le  protecteur  de  la  force 
matérielle,  celui  qui  encourage  le  travail  et  le  zèle  labo- 
rieux. Il  commande  l'air  et  les  nuages  qui  tremblent 
sous  son  vol  impétueux.  Lorsqu'il  parcourt  l'espace  dans 
son  char  et  qu'il  fait  voler  son  attelage  de  boucs,  le 
tonnerre  sort  des  roues  foudroyantes  et  roule  à  coups 
formidables  qui  résonnent  dans  le  ciel  et  sur  la  terre. 
De  son  marteau  il  fend  les  nuages  amassés  d'où  sort  la 
foudre  de  tous  côtés  et  ses  bélemnites  qu'il  lance  vers  la 
terre  en  rayons  flamboyants,  pénètrent  dans  le  sol  à  une 
profondeur  de  sept  pieds ,  mais  lorsqu'ils  rencontrent  dans 
leur  vol  un  homme  ou  quelque  animal ,  ils  les  tuent  et 
quand  ils  frappent  quelque  arbre  ou  maison  ils  les  dessè- 
chent ou  les  brûlent.  Ce  qu'il  touche  de  son  marteau 
devient  fertile  et  prospère,  c'est  pourquoi  la  bénédiction 
nuptiale    se    fait  par  l'attouchement  d'un  marteau  et  que 


166 


Fon  fait  le  signe  du  marteau  sur  le  pain  et  sur  d'  autres 
choses  afin  quelles  soient  nourrisantes  et  avantageuses. 
La   joubarbe  détruit  l'action  mortelle  de  ses  bélemnites.  i 

Nous  retrouvons  donc  ici  les  restes  des  Bétbyles  ou 
culte  des  séjours  de  dieu  et  dans  le  respect  qu'ils  portent 
aux  bornes  nous  remarquons  la  même  signification  que 
d^autres  peuples  y  attachaient. 

Quand  nous  faisons  des  recherches  chez  les  Romains 
nous  trouvons  que  Tacite  nous  communique  :  ^  ,,Titus 
désirait  visiter  le  temple  de  la  Vénus  de  Paphos,  qui  jouit 
d^une  grande  considération  chez  les  habitants  et  les  étrangers. 
L'image  de  la  déesse  n'a  pas  la  forme  humaine.  La  partie 
inférieure  est  ronde  et  large  et  la  statue  allant  en  diminuant 
se  termine  en  pic.''  Cette  statue  de  la  déesse  de  Paphos 
parait  être  une  semblable  image  de  dieu,  un  reste  du  culte 
des  Béthyles.  C'était  à  ces  pierres ,  bornes  ou  séjours  de 
dieu  que  l'on  faisait  des  voeux,  sacrifiait  de  Thuile  et  que, 
l'on  avait  la  coutume  de  prier.  Arnobius  ^  dit  que  ce  fut 
une  usance  chez  les  Eomains  et  il  en  fait  ressortir  la  fo  lie 
quand  il  attaque  leur  religion.  Il  demande  avec  mépris: 
„Croit-on  quand  je  vois  une  pierre  consacrée,  frottée  d'huile 
grasse,  que  je  Tadorerais  comme  si  elle  cachait  une  puis- 
sance quelconque  et  que  je  lui  adresserais  la  parole  ou  que 
je  demanderais  quelque  chose  à  une  masse  informe  qui 
ne  s'aperçoit  de  rien."  Minucius  félix ,  l'un  des  apologistes 
du  Christianisme,  dans  son  discours  entre  Caecilius  et 
Octavius,*  démontre:  „qu'il  ne  convient  nullement  qu'un 
homme  comme  Octave  laisse  son  frère  Marc,  avec  qui  il 
converse  journellement ,  dans  une  erreur  et  dans  un  aveugle- 
ment semblable,  qu'il  permet  qu'il  rende  hommage  à 
des    pierres  ointes,  couronnées  et  pourvues  d'inscriptions." 


167 


La  preuve  que  cette  habitude  était  généralement  répandue 
c'est  que  Lucianus  raconte  d'un  certain  Rutilianus  ce  qui 
suit  :  '  „I1  était  un  homme  honnête  et  pieux ,  toujours 
aspirant  aux  choses  qui  ont  rapport  aux  dieux.  A  la  vue 
d'une  pierre  ointe  ou  couronnée  il  se  mit  à  genoux  et 
quand  il  s'était  prosterné,  il  restait  long  temps  en  prière 
demandant  toute  bonne  chose."  Voilà  donc  le  culte  :  l'on 
avait  des  pierres  de  la  forme  de  bornes  près  desquelles 
on  fit  des  voeux,  sur  lesquelles  on  répandit  de  l'huile 
et  que  l'on  orna  de  couronnes.  On  se  prosterna  devant 
elles  en  les  adorant.  Cela  continua  jusqu^après  le  temps 
que  le  Christianisme  apparut  sur  la  terre. 

Pline  connut  un  semblable  culte  chez  les  Perses  et  les 
Parthes  et  parlant  d*ane  espèce  de  météores  il  dit:  „Ils 
rendent  aussi  hommage  à  l'Astroit  °  et  prétendent  que  la 
renommée  de  cette  pierre  a  été  célébrée  par  Zoroastre. 
Sudines  rapporte  que  TAstrobulus  ressemble  à  l'oeil  d'un 
poisson  et  qu'il  rend  un  éclat  blanc. 

Sotacus  cite  encore  deux  autres  espèces  de  météores , 
des  noirs  et  des  rouges ,  qui  ressemblent  à  des  haches. 
On  se  sert  de  ceux  qui  sont  ronds  et  noirs  pour  assiéger 
des  villes  et  des  flottes;  on  les  appelle  Bétulos.  Ceux 
qui  sont  ronds  et  oblongs  sont  les  météores  proprement 
dits.  Selon  les  mages  des  Parthes  on  ne  les  trouvait 
qu'  aux  endroits  oii  la  foudre  était  tombée." 

D'après  Pline  le  culte  des  Béthyles  est  donc  particulier 
aux  Perses  et  aux  Parthes  tandis  que  les  Eomains , 
quoique  leur  adoration  s'adressa  aux  mêmes  objets,  igno- 
raient l'origine  de  ce  culte  des  pierres.  Les  Priapes  ou 
bornes  de  ceux-ci  se  rattachent  à  ce  culte  et  on  les  trouve 
plus  tard  ornés  d'images  humaines  ou  bien  avec  une 
simple  tête  d'homme. 


168 


On  trouve  la  même  chose  chez  les  Grecs  Pausanias 
rapporte  que  les  Grecs  avant  d'avoir  des  images  de  dieux, 
adoraient  des  pierres  blanches.  ''  A  Delphi  se  trouvait, 
comme  nous  savons,  une  pierre  triangulaire  qui  était 
probablement  la  plus  ancienne  image  de  la  divinité  et 
en  même  temps  le  premier  oracle  qui  fut  établi  se  trou- 
vait là.  A  cette  catégorie  d'images  divines  appartiennent 
aussi  les  Hermès,  poteaux  de  pierre  surmontés  d'une  tête 
d'homme.  C'est  Théophraste  ^  en  particulier  qui  fait 
mention  du  culte  des  Béthyles  en  disant  :  „qu'il  y  avait 
des  pierres  ointes ,  placées  dans  les  carrefours ,  que  Ton 
frottait  d'huile  et  que  Ton  adorait  à  genoux  atin  de  se 
préserver  contre  le  malheur." 

Le  même  culte  nous  est  rapporté  des  Perses  et  des 
Indous.  Les  Perses  ont  conservé  jusqu'à  nos  jours  la 
coutume  d'élever  des  pierres  lorsqu'ils  entreprennent  des 
voyages  ou  des  pèlerinages,  afin  de  s'assurer  une  bonne 
arrivée  ou  un  bon  retour.  ^  Les  Indous  avaient  les  mêmes 
habitudes  selon  Rhode.  '^  Il  s'exprime  ainsi  :  „I1  faut 
encore  que  nous  citions  le  culte  des  pierres  que  l'on 
appelle  les  Salagrammes ,  que  l'on  trouve  en  un  certain 
endroit  de  Gandaci  (Gauduk)  rivière  du  Népal." 

Nous  avons  déjà  parlé  du  mythe  selon  lequel  Wischnu 
aurait  été  métamorphosé  en  ce  Salagram,  par  une  conju- 
ration de  Sri;  ce  sont  des  pierres  noires,  de  forme  ronde 
et  perforées  par  des  vers,  ou  selon  l'opinion  des  Indous, 
par  Wischnu  sous  la  forme  d'un  ver.  Aux  bords  du 
fleuve  Nermada  se  trouvent  des  pierres  semblabes ,  que 
Ton  adore  comme  des  emblèmes  de  Siwa  et  qu'on  appelle 
Banling." 

Le    culte   du   Kaaba   ou  de  la  pierre  noire  est  le  culte 


169 


principal  des  Arabes ,  quoiqu'ils  rendent  hommage  à 
d'autres  pierres.  Eéland  dit  au  sujet  de  ce  culte:  '^  „Les 
Arabes  gardent  dans  leur  temple  à  la  Mecque  trois  pierres; 
d'abord  la  pierre  noire ,  dont  on  rapporte  que  Gabriel ,  du 
temps  de  la  création,  descendit  une  pierre  très  blanche 
qui  cependant  s'est  noircie  plus  tard  par  les  péchés  des 
mortels."  Il  est  probable  que  cette  légende  a  pris  son 
origine  dans  le  phénomène  que  l'on  observait  lorsque  le 
Kaaba,  un  météore  d'une  grandeur  énorme,  tomba  du  ciel. 
„Les  Arabes  embrassent  cette  pierre  lorsqu'ils  font  leurs 
processions  religieuses.  Puis  la  pierre  blanche,  que  l'on 
prétend  être  le  tombeau  d^Ismaël  fils  d'Abraham  et  enfin 
la  pierre  qui  porte  ^empreinte  du  pied  d'Abraham."  Po- 
cock  en  cite  encore  d'autres,  i^  Il  dit  :  „outre  le  Kaaba 
il  y  a  encore  les  images  de  Hobal,  celles  d'Asaf  et 
de  Nayela.  Asaf  reçut  des  hommages  sous  la  forme  d'un 
homme,  Nayela  sous  celle  d'une  femme,  mais  parce  que 
ces  deux  personnages  se  livrèrent  à  la  lubricité  dans  le 
voisinage  du  Kaaba ,  Dieu  les  changea  en  pierres  que  les 
Karuschites  regardèrent  comme  des  dieux."  A  un  autre 
endroit  *^  il  prétend  „que  le  Kaaba  et  sept  autres  pierres 
furent  les  lieux  sacrés  les  plus  anciens  des  Arabes.  D^autres 
soutiennent  qu'il  était  anciennement  consacré  à  Saturne, 
avec  sept  autres  pierres  qui  représentaient  les  sept  planètes." 
On  ne  peut  pas  méconnaitre  l'analogie  qui  existe  entre  le 
mythe  du  Kaaba  et  la  légende  Grecque.  Priscianus^*  s^ex- 
prime  au  sujet  du  Baitylos  en  ces  termes:  „C^est  une 
pierre  que  Ton  appelle  Abdir,  Abadir  ou  Abaddir.  Abadir 
cependant  est  le  nom  d'un  dieu  et  l'on  croit  que  c'était 
le  nom  de  la  pierre  que  Saturne  avala  à  la  place  de 
Jupiter,    et    que   les  Grecs  appellent  Baitulos."     Ce  sont 


170 


donc  ces  pierres  qui  représentent  des  dieux  et  selon  quel- 
ques   uns    Saturne  et  les  Sept  planètes. 

En  passant  aux  Phéniciens  nous  apercevons  le  même 
culte  et  ce  que  nous  y  trouvons  s'accorde  aussi  avec  ce 
que  nous  remarquions  en  cette  matière  à  la  côte  septen- 
trionale de  FAfrique.  Sanchuniathon  dit  „que  le  dieu 
Uranus  (le  ciel)  est  Finventeur  des  pierres  animées,  que 
l'on  appelle  Bétliyles;"  et  Photius  nous  en  rapporte  ceci:  ^' 
„0n  dit  qu'Asclépiades  arriva  à  Héliopolis  la  Syrienne, 
située  dans  le  Libanon  et  qu^il  y,  vit  plusieurs  de  ces 
Béthyles  ou  Béthylies  dont  il  raconte  mille  merveilles , 
dignes  du  langage  d'un  impie.  Lui-même  les  vit  encore 
plus  tard  et  Isidore  aussi."  Ailleurs  Photius  dit  encore: 
„L'on  vit,  diaprés  les  récits,  le  Baitulos  s'avancer  dans 
Fair  et  ensuite  se  cacher  dans  les  habits  d'un  prêtre  ou 
bien  celui-ci  le  tenait  dans  ses  mains.  Celui  qui  servit 
le  Baitylos  s'appelait  Eusèbe,  qui  raconte  l'avoir  reçu  de 
la  manière  suivante.  Tout  d'un  coup  et  sans  qu'il  s  y 
attendit  le  Baitylos  s'égara  vers  minuit  de  la  route  qui  mène 
à  la  ville  d'Emisy  et  se  heurta  contre  cette  montagne^ 
Là  se  trouvait  un  temple  d'Athéné  depuis  long  temps 
célèbre.  Le  Baitylos  s'avança  avec  grande  vitesse  vers  le 
pied  de  la  montagne  et  en  descendant  il  fut  arrêté  dans 
sa  course.  Il  vit  une  sphère  lumineuse  qui  s'y  détachait  et 
un  lion  formidable  se  trouvait  près  de  la  sphère,  mais 
celui-là  devint  tout  de  suite  invisible.  Il  marchait  sur  la 
sphère  quand  le  feu  fut  éteint  et  il  comprit  que  c'était  un 
Baitylos.  Il  le  ramassa  et  l'interrogea  pour  savoir  de 
quel  dieu  il  venait  et  il  reçut  pour  réponse  qu'il  venait 
du  puissant  [y^waiov).  Les  Iléliopolitains  rendent  hom- 
mage   au    puissant    et   ils   ont    érigé   en  l'honneur  de  ce 


171 


dieu  la  statue  d'un  lion.  Il  transporta  cette  même  nuit 
la  pierre  chez  lui  et  fit  pour  cela  un  chemin  de  1200 
stades,  d'après  ce  qu^il  raconte,  sans  sVrèter  un  moment. 
Eusèbe  n'était  pas  maitre  des  mouvements  du  Baitulos 
comme  d'autres  le  furent  de  semblabes  pierres,  mais  il 
pria  et  supplia  en  écoutant  les  chants  d'oracle.  Ces 
contes  et  encore  d'autres  sottises  sont  rapportes  par  lui 
comme  des  faits  véritables 

Il  décrit  la  forme  du  Baitulos  ainsi:  la  sphère  est  très 
blanche  et  son  diamètre  est  d'un  spithame  (empan).  Mais 
tantôt  il  est  plus  grand  et  tantôt  plus  petit  et  parfois  il 
devient  pourpre.  Il  nous  montra  des  caractères  gravés 
dans  la  pierre  et  peints  de  la  couleur  qu'on  appelle  tigga- 
barinos.  Au  moyen  de  cette  pierre  il  consultait  l'oracle 
pour  quiconque  le  désirait.  Il  en  sortait  un  son  comme 
un  doux  murmure,  dont  Eusébe  donna  Texplication.  Après 
avoir  raconté  ces  contes  bizarres  le  drôle  parle  encore  de 
mille  autres  choses  qui  dépassent  Tintelligence  au  sujet 
du  Baitulos.  Je  croyais  que  l'oracle  du  Baitulos  fut 
quelque  chose  de  divin  et  Isidore  le  considérait  comme 
démoniaque.  C'est  un  démon  qui  lui  donne  le  mouve- 
ment. Ce  n'en  est  pas  un  qui  appartient  à  la  catégorie 
de  démons  qui  sont  nuisibles,  non  plus  à  celle  dont  les 
démons  sont  trop  attachés  à  la  matière,  ni  à  celle  dont 
les  démons  sont  censés  avoir  des  formes  immatérielles, 
mais  non  plus  aussi  à  celle  des  démons  purs.  D'après 
celui  qui  raconte  ces  choses  méchantes  il  appartient  aux 
démons  qui  résident  dans  les  autres  Béthyles ,  consacrés 
à  un  dieu  quelconque  p.  ex.  au  dieu  Kronos,  Zeus, 
Helios  etc." 

Nous   retrouvons   aussi  en  Egypte  le  fond  de  ce  culte. 


172 


Il  est  possible  que  les  plus  anciennes  formes  sous  lesquelles 
on  adora  et  représenta  la  divinité,  furent  les  obélisques. 
Nous  reviendrons  plus  loin  sur  cela.  Il  se  peut  que  dans 
le  culte  de  Set  se  cache  un  culte  de  Bétbyles,  mais  qui 
oserait  l'affirmer  ?  Le  nom  de  Set  est  presque  toujours 
accompagné  d'une  pierre  parce  qu'  une  pierre  en  langue 
Egyptienne  signifie  Set.  Nous  trouvons  le  nom  du  dieu 
tantôt  écrit  comme  Set  ^^  Sti  tantôt  comme  Suti,  Sut  ou 
Sutech,  bien  qu'il  est  très  incertain  que  ce  dernier  nom 
doit  être  lu  ainsi.  Le  nom  du  dieu  Sutech ,  (s'il  nous  est 
permis  de  le  lire  ainsi)  est  toujours  écrit  avec  les  mêmes 
signes  que  Set.  '^  Il  a  les  mêmes  prénoms  ^^  mais  on 
ne  le  trouve  que  très  rarement^*  écrit  de  cette  manière. 
M.  Devéria  écrivit  à  Mr.  de  Eougé  :  ^»  „Je  ne  puis  pas 
admettre  la  distinction  que  vous  semblez  établir  ^^  entre 
les  signes  hiéroglyphiques  pour  exprimer  les  noms  de  Set 
et|  de  Sutech,^*  le  dernier  étant  écrit  dans  le  traité  de 
Eamses  II  avec  le  prince  des  Héthiens ,  Sutech  ^'  avec  le 
signe  de  Set."  Dans  les  papyrus  on  trouve  les  signes  de 
Set  et  de  Sutech  employés  les  uns  pour  les  autres.  Le 
signe  de  Set,  comme  figure  d'un  animal  couché,  se  trouve 
dans  le  papyrus  n».  343  à  Leyde,  toujours  sans  signes 
phonétiques  ;  ^*  dans  le  n".  344  son  nom  ne  parait  pas  '* 
et  dans  le  n°.  315  nous  trouvons  la  même  chose  que  dans 
le  n°.  343  exepté  une  seule  fois  avec  le  nom  phonétique 
Stu  ou  Sut.  ^^  Dans  le  n°.  346  il  parait  sans  signes  phoné- 
tiques et  toujours  comme  l'animal  Set  couché.  '"^  De  la 
même  manière  il  se  trouve  dans  les  n"'.  347 ,  348  et 
349;  2»  le  n'.  350  n'a  pas  de  noms  de  Set,  le  n\  351 
et  352  non  plus;  le  n°.  353  montre  un  amulette 
pourvu    de  figures  de  Set  (la  figure  assise)  si  c'est  lui  et 


178 


non  Anubis  et  sans  signes  phonétiques;  les  n**.  354 — 359 
ne  le  possèdent  pas.  Dans  le  papyrus  n\  360,  où  nous 
trouvons  Sutech  occupant  la  place  de  Set  dans  la  série 
des  dieux  principaux,  son  nom  est  écrit  entièrement  en 
signes  phonétiques  avec  Timage  assise  de  Set  comme  dé- 
terminatif;  *^  les  n°*.  361 — 371  ne  le  contiennent  pas. 
Dans  le  no.  384  Tirnage  de  Set  est  reproduite  par  une 
forme  particulière.  En  résumant  nous  ne  trouvons  qu  une 
seule  fois  le  nom  de  Sutech  et  qu'une  seule  fois  le  nom 
designé  avec  le  son  phonétique  de  Sut.  M.  Brugsch  lit 
dans  ,  le  fragment  du  papyrus  Sallier  le  nom  de  Sutech  '" 
mais  les  signes  qui  produisent  le  nom  phonétique  ne  sont 
pas  reconnaissables.  Dans  le  papyrus  Harris  se  trouve  à 
plusieurs  reprises  Timage  de  Set  assise  ou  couchée,  mais 
on  n'y  voit  que  deux  fois  des  hiéroglyphes  phonétiques.  ^' 
Nous  trouvons  donc  ici  la  même  chose  que  M.  Devéria 
trouva  dans  l'inscription  de  Ramses  II  savoir,  la  preuve 
que  les  signes  de  Set  et  de  Sutech  ne  diffèrent  point. 
Comme  détermination  des  noms  nous  trouvons  que  Ton 
s'*est  servi  tantôt  de  la  figure  assise  tantôt  de  la  figure 
couchée.  Dans  le  papyrus  Harris,  Sutech  parait  comme 
une  des  dénominations  de  Set,  ^^  de  même  dans  l'inscrip- 
tion de  Ramses.  ^^  Dans  le  papyrus  du  Musée  Brittanni- 
que  il  porte  le  même  prénom  que  le  dieu  d'Ombos  :  '* 
Sutech-aa-peh-ti  ou  Sutech-aa-peh-ti-si-nut  (Sutech  le  grand 
vigilant  ou  Sutech  le  grand  vigilant  fils  de  Nut),  de 
même  sur  le  colosse  *'  de  Ramses  à  Berlin  où  nous  lisons 
Sutech-nuter-aa-neb-pet  (Sutech  grand  dieu  Seigneur  du  ciel). 
En  effet  nous  ne  trouvons  aucune  différence  dans  les  cultes  ; 
reste  donc  à  examiner  comment  ce  nom  doit  être  expliqué. 
M.  Osburn  ^^  prétend  qu'il  faut  lire  le  nom  sans  les  lettres 


174 


Ch  et  que  l'hiéroglyphe  n'est  qu'une  dégénération  du  signe 
ordinaire  de  la  pierre.  Ce  serait  donc  une  pierre  ronde, 
dont  on  se  servait  au  lieu  d'une  pierre  carrée.  Si  cela 
est  ainsi,  le  nom  doit  être  lu  toujours  Set  et  non  Sutech, 
mais  dans  le  cas  contraire  il  n'est  pas  impossible  que 
Sutech  soit  le  nom  du  dieu  que  les  tribus  étrangères 
avaient  apporté  et  qui  fut  confondu  avec  Set,,  point  de 
vue  qui  compte  plusieurs  adhérents.  M.  Lepsius  s'en 
déclare  partisan  dans  son  „Abhandlung  der  Koniglichen 
Académie  zu  Berlin  "  ^"^ 

Il  n'est  pas  permis  que  l'on  se  serve  de  ce  nom  pour 
en  dériver  un  culte  de  Béthyles,  L'on  cherche  à  expli- 
quer cette  détermination  de  Set ,  la  pierre ,  en  le  repré- 
sentant comme  dieu  de  la  force  matérielle.  Est-ce  une 
explication  valable?  Il  nous  semble  qu'une  explication 
empruntée  à  un  culte  de  Béthyles  qui  fat  répandu  jadis, 
ait  autant  de  valeur,  mais  quoiqu'il  en  soit,  nous  avons 
jugé,  en  traitant  du  culte  des  Béthyles,  ne  pas  devoir 
laisser  passer  sous  silence  la  pierre,  le  signe  déterminatif 
du  dieu  Set. 

Nous  trouvons  donc  ce  culte  chez  les  différentes  tribus 
qui  habitèrent  dans  le  voisinage  d'Israël  ou  qui  furent 
en  contact  avec  cette  nation.  L'on  en  peut  découvrir 
aussi  les  traces  en  Israël  même.  Nous  trouvons  rapporté  de 
Jacob  :  „que  quand  il  eut  quitté  la  maison  paternelle  pour 
se  rendre  chez  Laban,  il  eut  un  songe  pendant  la  nuit 
et  qu'à  son  réveil  il  prit  la  .pierre  dont  il  avait  fait  son 
chevet  et  la  dressa  comme  monument  et  il  versa  de  l'huile 
sur  le  sommet.  Et  il  appela  ce  lieu-là  Beth-el.  Et  il 
fit  un  voeu  en  disant:  si  Dieu  est  avec  moi  et  s'il  me 
garde   pendant    le    voyage   que  je  fais ,  s'il  me  donne  du 


175 


pain  à  manger  et  des  habits  pour  me  vêtir  et  si  je 
retourne  à  la  maison  de  mon  père,  le  Seigneur  me  sera 
dieu  et  cette  pierre  que  j^ai  dressée  comme  un  monument 
sera  une  maison  de  dieu  et  je  te  donnerai  certainement 
la  dîme  de  tout  ce  que  tu  me  donneras."  ^^  La  même 
histoire  quoique  moins  détaillée  est  racontée  dans  un  cha- 
pitre suivant.  Nous  y  lisons  :  „Et  Jacob  dressa  un  monu- 
ment au  lieu  oii  dieu  lui  avait  parlé,  un  monument  de 
pierres  et  il  fit  dessus  une  aspersion  et  y  répandit  de 
l^huile.  Et  Jacob  appela  le  lieu  ou  dieu  lui  avait  parlé, 
Beth-el."  ^^  Nous  trouvons  donc  ici  la  même  coutume 
que  chez  les  autres  serviteurs  de  Béthyles.  L'on  dressa 
une  pierre  votive,  on  y  sacrifia,  y  répandit  de  l'huile  et 
l'appela  maison  de  dieu,  tout  comme  firent  les  autres 
peuples  dont  nous  avons  parlé.  Nous  lisons  encore  de 
Josué:  *o  „qu'il  écrivit  Talliance  avec  le  peuple  au  livre 
de  la  loi  et  qu'il  prit  une  grande  pierre  et  l'éleva  là 
sous  le  chêne  qui  était  près  du  sanctuaire  du  Seigneur. 
Et  il  dit:  Yoici,  cette  pierre  nous  servira  de  témoignage, 
car  elle  a  entendu  toutes  les  paroles  que  le  Seigneur  nous 
a  dites,  oui  il  servira  de  témoignage  contre  vous,  afin 
que  vous  ne  mentiez  contre  dieu."  Ce  lieu  fut  en 
honneur  encore  plus  tard,  car  Abimélech  y  fut  élu  *^  et 
proclamé  roi. 

Le  culte  des  pierres  oblongues  a  beaucoup  d'affinité 
avec  le  culte  précédent  et  occupe  même  un  degré  plus 
élevé  de  l'échelle  des  religions.  Il  fut  très  commun  parmi 
les  peuples  de  l'antiquité.  Chez  les  Romains  nous  trou- 
vons les  Priapes ,  chez  les  Grecs  les  Hermès ,  les  colonnes 
d'Hercule  et  de  Dionysos.  Les  Phéniciens  connaissaient 
les   colonnes   de  Thaauth,   les   Egyptiens  celles  de  Thoth 


176 


et  les  obélisques ,  les  Hébreux  les  colonnes  de  Seth. 
Selon  Philostrate,  *^  les  colonnes  d'Hercule  étaient  repré- 
sentées sous  la  forme  d'une  flamme.  Celles  qui  se  trou- 
vaient dans  le  temple  à  Cadix  étaient  de  la  hauteur  d'un 
mètre.  Sanchuniathon  fait  mention  de  colonnes  qui  furent 
placées  dans  le  temple  d'Hercule  à  Tyr.  *'  Il  dit  à  ce 
sujet  :  „Usov  le  frère  de  Hypsuranios  un  chasseur  violent 
qui  se  vêtait  avec  des  peaux  de  bètes  fauves,  a  bâti  deux 
colonnes  dans  le  temple  de  Tyr  en  l'honneur  de  Hypsura- 
nios ;  l'une  est  consacrée  au  feu ,  l'autre  à  l'esprit  et  il  les 
a  adoré.  Quand  les  deux  frères  furent  morts,  leurs  des- 
cendants consacrèrent  en  leur  honneur  des  bâtons,  ils 
adorèrent  les  deux  colonnes  et  célébrèrent  des  fêtes  an- 
nuelles." Hérodote  admira  dans  le  temple  d'Hercule  Tyrien 
la  grande  colonne  de  ce  dieu.  **  Nous  trouvons  aussi  ce 
culte  des  colonnes  en  Egypte.  Chez  Manethoos  nous  lisons 
qu'il  étudia  l'histoire  de  sa  patrie  dans  les  inscriptions  qui 
se  trouvaient  sur  les  colonnes  de  Thoth ,  dans  le  pays  Siria- 
dique*^;  ces  colonnes  sont  attribuées  à  Seth  par  Josèphe.*® 
Il  est  probable  que  Manethoos  en  citant  ces  colonnes,  fai- 
sait allusion  aux  inscriptions  qu'il  trouva  sur  des  obélis- 
ques ou  sur  des  pierres  semblables.  Josèphe  cependant 
croit  que  les  colonnes  de  Seth  furent  érigées  pour  les 
observations  astronomiques.  Des  colonnes  semblables  sont 
attribuées  à  Noë,  Dionyse  et  Osiris.  Les  vers  suivants 
en  font  mention  : 

Non  loin  des  monts  Emodiens,  sur  les  frontières  de  l'Inde, 
S'élèvent  quelques  colonnes,  ce  sont  celles  de  Dionyse. 

Non  de  celui  de  Thèbes 

De  celui  qn'on  adore  en  Egypte,  le  sol  où  il  planta  la  vigne. 
De  Noë  ou  bien  d'Osiris.  4' 


177 


Selon  Tauteur  des  livres  des  Eois,  les  Hamanim  étaient 
les  images  de  Baal-Haman,  les  symboles  du  feu,  qui  se 
trouvaient  sur  l'autel  de  Baal.  *^  Ce  culte  de  Baal  fut 
très  répandu  sur  la  côte  septentrionale  de  l'Afrique  *'  et 
aussi  parmi  l'ancien  Israël.  Les  principales  traces  qui  en 
restent  se  trouvent  chez  les  Israélites  dans  les  noms  des 
colonnes  qui  ornèrent  l'entrée  du  temple  de  Salomon  : 
Boaz,  qui  donne  le  mouvement  et  Jachin  qui  fait 
fixer,  sont  les  noms  qu'elles  portaient.  La  colonne. Jachin 
a  du  rapport  avec  le  culte  de  Kyun  et  ces  deux  mots 
ont  la  même  racine,  Kyun  signifie  colonne  et  dérive  du 
radical  Koen,  élever,  fixer.  Jachin  est  la  forme  hiphil 
du  même  radical  et  signifie,  faire  fixer. 

Ce  nom  de  Jachin  continua  h,  vivre  dans  la  tradition 
et  fut  regardé  plus  tard  comme  le  nom  d'un  malin  esprit. 
Comme  tel  il  parait  dans  le  livre  de  Noë,  '"  où  nous 
le  voyons  comme  le  premier  des  esprits  malins ,  le  séducteur 
des  hommes.  Le  nom  de  Seth  en  Hébreu  a  la  même  sig- 
nification que  Kyun  et  veut  dire  colonne,  dérivé  du  radical 
Soeth,  fixer,  élever  et  il  n'est  pas  impossible  que  nous 
retrouvions  dans  la  dérivation  de  ce  mot ,  la  plus  ancienne 
image  de  la  divinité. 

En  résumant ,  nous  voyons  que  partout  le  culte  des  Béthy- 
les  exista.  Le  motif  de  ce  culte  se  trouve  peut-être  dans 
le  nom  que  Sanchuniathon  donne  aux  Béthyles,  savoir, 
celui  de  pierre  animée.  Quand  la  foudre  tombait  quelque  part, 
soit  dans  la  terre ,  soit  dans  une  habitation ,  on  trouvait  que 
cet  endroit  était  chaud.  La  foudre  venait ,  selon  l'opinion 
des  anciens,  immédiatement  des  dieux.  La  pierre  que 
Ton  trouvait  à  l'endroit  où  la  foudre  était  tombée  fut  trouvée 
chaude   et  c'est  pourquoi  Ton  regarda  cette  pierre  comme 


178 


saisie  par  l'esprit  de  la  divinité ,  c'était  une  pierre  animée.  "' 

Le  culte  des  météores  que  nous  retrouvons  dans  le  Kaaba, 

ou  la  pierre  noire  de  la  Mecque,  était  de  la  même  origine. 


II. 
LA  FORME  PHÉNICIENNE  DES  PATÈQUES. 

Une  des  formes  sous  laquelle  se  montre  FEtre  Typho- 
nique  c'est  la  forme  Phénicienne  des  Patèques.  C'est 
une  figure  humaine  avec  les  bras  tordus  et  les  jambes 
contrefaites.  De  la  même  manière  furent  représentés  en 
Phénicie  les  Kabires  ou  dieux  des  navires.  L'image  res- 
semble beaucoup  à  celle  de  Phta  de  TEgypte,  que  les 
Grecs  appellent  Héphaestus.  Lorsque  Cambyses  vint  en 
Egypte  il  commit  beaucoup  de  cruautés  comme  le  rapporte 
Hérodote,  i  „I1  entra  dans  le  temple  d'Héphaestus  et  se 
moqua  grossièrement  de  son  image,  caï  la  figure  d'Héphaestus 
ressemble  beaucoup  aux  statues  que  les  Phéniciens  appel- 
lent Patèques  et  dont  ils  ornent  les  proues  de  leurs 
navires.  Pour  ceux  qui  n'ont  pas  vu  les  dieux ,  je  les 
décrirai  :  ils  ressemblent  à  nos  Pygmées.  Il  entra  aussi 
dans  le  temple  des  Kabires  où  les  prêtres  seuls  ont  la 
permission  d'entrer  et  il  brûla  et  insulta  les  statues,  car 
celles-ci  ressemblent  aussi  aux  images  d'Héphaestus." 
Ces  statues,  dont  parle  Hérodote,  furent  probablement 
celles  d'un  temple  de  Typhon  ou  du  Mars  Egyptien.  Sur 
les  monnaies  de  l'Ile  de  Cossura  '  se  trouvent  de  semblables 
images  de  Kabires.  Les  statuettes  de  ces  dieux  qu'on 
appelle  Elilim    ou  Teraphim,   servaient  à  ce  qu'il  semble 


179 


au  service  de  POracle.  '  Servius  en  rapporte  „qu'  en 
Egypte  et  en  Carthage  on  fit  des  processions  oïl  Fon 
portait  des  statuettes  sur  des  brancards.  Elles  se  lèvent 
d'elles  mêmes  et  prononcent  l'oracle/'  Un  semblable  oracle 
se  trouvait  dans  le  temple  d'Hercule  à  Tyr.  *  Pline,  en 
parlant  d'une  pierre  nommé  Eusebes,  dit:  „qu'on  à  fait 
avec  elle  le  siège  de  l'Hercule  de  Tyr  duquel  les  dieux 
se  lèvent  aisément/' 

Cette  forme  des  Patèques  a  été  donnée  aux  statues 
Typboniques  que  nous  trouvons  en  Egypte.  'Nous  le 
trouvons  aux  statuettes  dont  on  se  sert  comme  de  pé- 
nates ,  d'ornements  ou  d'amulettes.  Le  musée  de  Leyde 
possède  plusieurs  exemplaires  de  ces  trois  catégories. 
Comme  nous  l'avons  dit  plus  haut ,  Set  fut  le  dieu  des 
combats  des  Egyptiens  mais  il  changea  plus  tard  en 
Typhon,  ce  qui  fait  que  Fon  s'est  servi  aussi  de  la  statue 
de  Typhon,  pour  le  dieu  de  la  guerre.  M.  Leemans,  dans 
son  explication  des  monuments ,  s'exprime  ainsi  :  '  „La 
difformité  de  son  corps  le  mit  en  rapport  avec  Phta;  par 
la  peau  de  lion  qui  couvre  la  partie  postérieure  il  res- 
semble à  Hercule.  Il  s'appelle  alors  en  signes  hiéro- 
glyhiques  Djem  ou  Gom.  Il  a  un  bras  mobile  et  il  parait 
qu'il  a  eu  une  lance  dans  la  main.  Des  statuettes  sem- 
blables se  trouvent  dans  le  musée  Brittannique  et  au 
Louvre.  Ils  tiennent  un  bouclier  devant  leur  corps  et 
brandissent  un  glaive  au-dessus  de  leur  tête.  '  Pourvu 
de  ces  accessoires  on  le  considère  comme  un  dieu  guerrier 
que  les  Egyptiens  appellent  Onueris,  selon  un  papyrus 
Grec  du  musée  de  Leyde.  '  Ce  même  document  nous 
apprend  aussi  qu'Onueris  avait  un  temple  dans  la  ville 
de  Sébennytus,  la  capitale  du  nôme-Sebennytique."   Il  est 


180 


représenté  tantôt  comme  pénate,  debout  sur  une  fleur  de 
Lotos ,  ^  tantôt  en  bas-relief  sur  le  pied  d'un  fauteuil  en 
face  d'un  Asiate  garotté.  ^  La  tête  de  Typhon  se  trouve 
comme  ornement,  tantôt  en  haut  d'un  sceptre  de  roi""* 
ou  d'un  étendard  ,  ^*  tantôt  sur  des  Scarabées  *^  aux 
colliers,*^  ou  sur  des  amulettes.**  Des  représentations 
pareilles  se  trouvent  aussi  dans  le  livre  des  morts  sur 
les  vignettes.  Au  sujet  de  la  vignette  du  chapitre  164,  *^ 
M.  de  Eougé  fait  l'observation  suivante  :  „Une  figure  de 
déesse  étendant  deux  grandes  ailes  ,  sa  tête  est  couronnée 
du  double  diadème ,  deux  têtes  de  vautour  sortent  à  droite 
et  à  gauche  de  son  cou.  Devant  elle  et  derrière  elle 
sont  deux  figures  de  Pygmées  monstrueux  portant  le 
fouet  sacré  sur  leurs  bras  élevés.  Ils  ont  double  visage, 
une  tête  humaine  et  une  tête  d'épervier.  Leur  coifî'ure 
est  le  disque  et  les  deux  plumes  droites,  ornement  ordinaire 
du  diadème  d'Ammon.  Le  texte  donne  une  description 
complète  de  ces  trois  figures." 

M.  Chabas,  dans  son  papyrus  Harris,  appelle  ces  deux 
formes  de  nains  Nemma  et  dit  :  '^  „La  description  que, 
donne  le  Rituel  sur  la  vignette  du  chapitre  s'applique 
uniquement  à  l'attitude  du  Nemma;  la  suite  de  notre 
texte  montre,  que  sous  cette  forme  disgracieuse  se  cache 
Tune  des  formes  d'Osiris.'''  Il  parait  donc  que  ce  chapitre 
du  livre  des  morts  ne  donne  pas  la  forme  de  Patèques 
pour  Typhon. 

M.  De  Eougé  appelle  cette  forme  de  Typhon,  Bes. 
„Une  terre  cuite  de  basse  époque  le  représente  dans  les 
bras  d'une  mère  dont  les  traits  indiquent  la  même  race. 
On  peut  rapporter  ces  variétés  à  deux  caractères  prin- 
cipaux.    Dans    l'un    il    paraît    comme    un    dieu  guerrier. 


181 


Un  petit  bronze  de  la  collection  nous  le  montre  sous 
la  forme  d'un  guerrier  de  proportions  ordinaires,  mais 
coiffé  de  la  mitre  pointue  de  la  Haute-Egypte.  Le  nom 
de  Bes  lui  est  appliqué  sur  des  bas-reliefs  de  la  basse 
époque.  Ses  représentations  sont  rares  sur  les  monuments 
anciens,  elles  existent  néanmoins  depuis  une  très  haute' 
antiquité.  Le  second  caractère  du  dieu  le  montre  comme 
se  plaisant  à  la  danse  et  au  jeu  des  instruments.  Dans 
son  premier  caractère  on  le  trouve  figuré  dans  le  rituel 
funéraire  du  chapitre  145  comme  gardien  du  vingtième 
pylône;  c'est  sans  doute  au  contraire  à  son  second  carac- 
tère quïl  faut  rapporter  Fusage  que  l'on  avait  de  placer  sa 
figure  sur  l^s  chevets  et  surtout  sur  les  objets  destinés 
à  la  toilette  des  femmes.  Son  aspect  général  lui  donne 
une  analogie  frappante  avec  les  personnages  qui  accom- 
pagnent les  taureaux  à  tête  humaine  dans  les  monuments 
Assyriens.  'Une  des  légendes  de  Bes  le  fait  venir  du 
Ta-neter,  pays  d'Asie,  situé  probablement  vers  le  nord  de 
l'Arabie.  Son  caractère  belliqueux  et  son  goût  pour  la 
musique  rappellent  les  centaures  de  la  Grèce. '^ 

Passons   maintenant   à   l'image    sous   la  forme  animale. 


III. 
L'HIPPOPOTAME. 

-  Comme  le  dieu  parmi  les  étoiles  et  comme  dieu  de 
rhémisphère  de  l'hiver,  Typhon  est  toujours  représenté 
sous  la  forme  d'une  hippopotame  femelle  dressée  sur  ses 
pattes  de  derrière.     Plutarque  ^  prétend  qu'une  des  épouses 


183 


de  Typhon  s'appelait  Thueris  et  c'est  pourquoi  quelques 
uns  donnent  ce  nom  à  la  femelle  de  Thippopotame,  forme 
sous  laquelle  Typhon  est  représenté  parmi  les  constellations. 
Les  représentations  astronomiques  montrent  toujours  ce 
Typhon-Thueris.  Il  est  possible  cependant  que  le  nom  de 
Schepo  fut  la  cause  que  l'Hippopotame  des  constellations 
fut  rattaché  au  nom  de  Typhon.  -  Nous  le  trouvons 
ainsi  comme  pénate,  ^  forme  dont  nous  possédons  quantité 
d^exemplaires ,  puis  sur  les  scarabées ,  *  sur  les  meubles  ^ 
en  bas-relief,  comme  ornement  sur  des  bagues  et  on  s'en 
servit  beaucoup  comme  amulette.  ^  Sa  forme  a  été  donnée 
souvent  aux  démons,  ou  aux  esprits  follets  dans  le  livre 
des  morts,  tantôt  nous  Ty  rencontrons  comme  hippopotame, 
dressé  sur  ses  pattes  de  derrière,  un  couteau  à  la  main 
et  pourvu  d'une  tête  d^homme,''  tantôt  comme  hippopo- 
tame courant  ^  ou  dressé  sur  les  pattes,  de  derrière  avec 
sa  propre  tête.  ^  Ces  diverses  représentations  suggèrent 
la  question  „pourquoi  Thippopotame  fut-il  considéré  comme 
animal  Typhonique." 

M.  Lepsius  '»  donne  pour  motif  que  cet  animal  tue  le, 
\^  père  et  épouse  la  mère ,  raisonnement  qui  nous  parait  peu 
vraisemblable.  Il  se  pourrait  aussi  que  la  représentation 
soit  une  allusion  aux  dégâts  causés  par  cet  animal  aux 
terreins  ensemencés  aux  bords  du  Nil,  ou  bien  qu'il  faut 
que  nous  en  cherchions  l'explication  dans  les  phases  pério- 
diques de  ce  fleuve  et  notamment  dans  les  phases  qui 
exerçaient  une  influence  nuisible.  "  La  présence  de 
l'hippopotame  parmi  les  représentations  astronomiques  n'a 
probablement  pas  d'autres  causes.  Plutarque^^  dit:  „que 
l'hippopotame  était  consacré  à  Typhon  et  que  l'on  trouvait 
une   statue   à   Hermopolis,    sur  le  dos  de  laquelle  on  vit 


183 


un  corbeau  qui  se  battait  avec  un  serpent.  Au  mois  Toby 
on  fait  chaque  semaine  une  offrande  de  gâteaux  qui  por- 
tent Tempreinte  d^m  hippopotame  garotté;  c'est  la  fête 
de  l'arrivée  d'Isis  en  Egypte  à  son  retour  de  la  Phénicie  :'* 
(en  d'autres  ternies  la  fête  de  la  fin  du  combat  avec  Typhon.) 
Nous  possédons  aussi  des  amulettes,  de  la  forme  de 
pourceaux,  qui  ne  semblent  pas  appartenir  à  la  catégorie 
des  animaux  Typhoniques,  vu  que  l'inscription  quils  por- 
tent est  conçue  en  ces  termes  :  „Isis  la  souveraine  vivante 
du  monde"  ^^  d'où  il  suivrait  que  Ton  a  voulu  représenter 
les  forces  productives  de  la  nature.  Cette  supposition 
acquiert  encore  plus  de  probabilité  parce  que  nous  possé- 
dons une  image  de  pourceau  munie  d'une  grande  quantité 
de  mamelles.  ^* 


IV. 

L'  0  R  Y  X. 

Nous  connaissons  deux  images  d'oryx  avec  et  sans 
cornes.  La  dernière  est  la  plus  commune  comme  repré- 
sentation Typhonique.  Parmi  les  images  cornues  de  l'oryx , 
nous  en  trouvons  une  qui  sert  d'ornement  de  tête  à  un 
dieu  guerrier  étranger  et  une  autre  en  bas-relief  sur  un 
amulette.  Ce  dieu  étranger  porte  le  nom  de  Eanpu  et 
se  trouve  sur  les  monuments  accompagné  d'Anata,  Anta 
ou  Anitis ,  dont  nous  avons  fait  la  connaissance.  Toutefois 
les  exemplaires  ne  sont  pas  nombreux.  Dans  le  musée 
Brittannique  se  trouve  une  stèle  très  remarquable  :  ^  la 
partie  supérieure  montre  une  déesse,  le  visage  tourné  vers 


184 


le  spectateur,  elle  est  debout  sur  un  lion  qui  marche.  La 
déesse  est  appelée  Kan  dame  du  ciel ,  nom  emprunté  pro- 
pablement  à  un  endroit  Asiatique  ou  Syriaque  qui  s'appelle 
ainsi.  A  Amun  générateur,  qui  est  à  sa  droite  elle  donne 
des  fleurs  et  à  Ranpu  le  grand  dieu,  le  Seigneur  du  ciel, 
souverain  de  tous  les  dieux,  qui  se  trouve  à  sa  gauche 
elle  offre  une  couple  de  serpents.  Eanpu  a  une  physiono- 
mie Syriaque  très  prononcée  avec  une  longe  barbe  pointue; 
son  diadème  au  lieu  d'être  orné  d^un  uraeus,  porte  la  tête 
et  le  cou  de  l'oryx  cornu.  Nous  voyons  donc  dans  cette 
représentation  deux  dieux  principaux ,  F  un  de  l'Egypte 
l'autre  de  IMsie  et  dans  ce  dernier  nous  voyons  un  dieu 
semblable  à  Sutech.  Dans  le  musée  du  Louvre  Ml  y  a 
une  stèle  avec  une  représentation  semblable.  '  La  déesse 
qui  monte  le  lion,  s'appelle  Atesch  ou  Sates ,  encore  un 
nom  d'une  place  forte  en  Asie.  Ici  elle  le  trouve  encore 
entre  Amun-générateur  et  Ranpu  et  offre  les  mêmes  em- 
blèmes. M.  De  Rougé  place  ce  monument  dans  la  XYIII""* 
dynastie.  La  stèle  du  musée  Brittannique  peut  être  placée 
dans  la  même  ou  dans  la  XIX'"'  dynastie.  Anata  présente 
complètement  l'extérieur  d'une  déesse  Egyptienne  ayant 
deux  plumes  d'autruche  et  la  ptalie  supérieure  du  Pschent. 

Nous  trouvons  donc  ici  un  dieu  guerrier  d'origine  étran- 
gère, qui  porte  comme  symbole  la  tête  d'oryx  et  nous 
trouvons  le  même  animal  sur  un  amulette  qui  se  trouve 
au  niusée  de  Leyde.  ^ 

Nous  rencontrons  à  plusieurs  reprises  l'oryx  sans  cornes 
comme  le  symbole  de  Set  ou  Typhon  ou  de  démons  Typho- 
niques.  A  Leyde  se  trouve  une  statuette  de  Horus  qui 
écrase  l'oryx  avec  ses  pieds ,  *  c'est  le  symbole  de  Typhon. 
Dans    le    livre    des   morts    nous    voyons  plusieurs  fois  les 


185 


esprits  follets  avec  des  têtes  d*oryx  sans  cornes.  Dans  le 
magnifique  papyrus  du  musée  de  Leyde  publié  par  M. 
Leemans  nous  trouvons  trois  images  semblables.  La  dif- 
férence que  présentent  ces  deux  documents,  c'est  que  dans 
le  livre  des  morts  de  Turin ,  ce  sont  des  vignettes  avec 
des  têtes  un  peu  différentes.  Ce  sont  des  têtes  de  chat, 
de  tigre,  ou  de  lion,  munies  de  longues  oreilles.  Surtout 
la  vignette  du  cliapiire  149  n.  est  remarquable.  C'est  la 
figure  d'un  démon  Typhonique  assis  sur  un  siège,  un  arc 
et  des  flèches  dans  les  mains  et  devant  lui  est  placé 
un  cynocéphalus  debout  sur  les  pattes  de  derrière.  Tout 
cela  fait  l'impression  d'une  image  de  l'ancien  Set,  comme 
dieu  des  combats;  aussi  la  couleur  rouge  qu'on  a  donné 
à  Set  rend  la  ressemblance  plus  frappante  encore.  ^  Dans 
ce  papyrus  nous  rencontrons  la  même  tête  d'oryx  donnée 
à  la  figure  dant  la  vignette  du  chapitre  146  ^  et  nous  le 
trouvons  aussi  à  Tanimal  pour  lequel  le  rituel  de  Turin 
donne  la  figure  de  Tâne  au  chapitre  40.  "'  Nous  citons 
seulement  les  vignettes  principales  car  souvent  on  trouve 
le  même  animal  répété.  Nous  avons  aussi  une  image  de 
ce  genre  où  le  nom  de  Set  se  trouve  en  caractères  pho- 
nétiques au-dessus  de  la  représentation.  C'est  M.  Brugsch 
qui  ^  en  fait  mention  dans  ses  monuments.  ®  Il  remplit 
ici  la  place  de  dieu  planétaire. 

Ainsi   nous   voyons    qu'il  n'y  a  aucun  doute  que  c'est 
bien  la  figure  de  Set  qui  se  montre  sous  cette  forme. 


L'  A  N  E. 

Nous   avons  remarqué  déjà  que  parmi  les  animaux  qui 


186 


étaient  consacrés  à  Set  se  trouvait  aussi  Tane.  Pliitarque 
donna  les  raisons  pourquoi  l'âne  fut  compté  parmi  les 
animaux  Typlioniques  et  nous  avons  examiné  les  causes 
différentes  qui  ont  fait  naitre  le  culte  de  cet  animal.  Il 
faut  que  nous  recherchions  maintenant  s'il  nous  reste 
des  images  de  Set  sous  la  forme  d'un  âne.  Nous  en 
avons  déjà  cité  une  qui  se  trouvait  dans  le  temple  de 
Karnac  et  que  M.  Lepsius  considère  comme  une  image  de 
Set  sous  cette  forme.  Mais  nous  possédons  outre  cela  à 
Leyde  un  papyrus  démotique ,  d'une  époque  historique 
plus  récente,  qui  contient  une  figure  tenant  une  lance 
dans  chaque  main ,  elle  a  la  tête  d'un  âne  et  sur  la  poitrine 
on  peut  lire:  les  lettres  CHQ  Seth.  Une  représentation 
pareille  à  celle-ci  se  trouve  sur  un  amulette  au  même 
musée;  elle  aussi  a  la  tête  d'un  âne  et  tient  une  lance 
à  la  main.  ^  Ces  trois  monuments  soilt  jusqu'  ici  les 
seuls  qui  nous  sont  connus  de  Set  sous  cette  forme ,  ou 
du  moins  les  seuls  qui  montrent  cette  distinction.  Nous 
possédons  au  contraire  une  quantité  d'images  de  Set  avec 
la  tête  d'un  animal  qui  nous  est  parfaitement  inconnu. 
Terminons  nos  recherches  par  quelques  remarques  au  sujet 
de  cette  image. 


YI. 

L'IMAGE  DE  SET  AVEC  LA  TÈTE  INCONNUE. 

Une  longue  série  d'images  de  Set  présente  la  particu- 
larité remarquable  qu'elles  sont  pourvues  de  longues  oreilles 
pointues  mais  qui  pour  ainsi  dire  sont  coupées ,  tandis  que 


187 


le  museau  est  en  gênerai  long  et  proéminent,  tantôt 
comme  un  bec  d^ oiseau,  tantôt  comme  le  museau  d'un 
âne  ou  d'un  oryx.  M.  Lepsius ,  dans  ses  monuments, 
nous  en  cite  un  exemplaire  qui  ressemble  à  un  une  '  et 
M.  Rosellini  *  donne  un  autre  qui  approche  de  la  forme 
de  Toryx.  Les  caractères  hiéroglyphiques  nous  guident 
toujours  en  tant  que  nous  savons  que  le  même  signe  avec 
lequel  on  désigne  Set ,  sert  aussi  pour  désigner  Toiyx, 
mais  dans  ce  dernier  cas  on  y  voit  ajouté  une  corne.  Il 
suit  de  cela  cependant  que  Toryx  est  étroitement  lié  à 
Fanimal  de  Set.  l^^ous  savons  d'ailleurs  que  les  monu- 
ments qui  nous  restent  de  Set  ont  été  tous  mutilés  avec 
préméditation.  La  figure  inconnue  '  de  Set  pourrait  être 
très  bien  une  dégénération  de  la  figure  de  l'âne  ou  de 
Toryx.  Dans  Fatlas  de  planches  de  M.  Eosellini  *  est  re- 
présenté un  animal  inconnu  jusqu'  ici,  avec  une  queue  et 
des  oreilles  qui  ont  quelque  ressemblance  avec  celles  de 
Set,  mais  cela  ne  nous  fait  guerre  avancer  sur  ce  terrain. 

Il  se  pourrait  encore  que  ce  fut  une  image  du  Nisroch 
Assyrien,  qui  est  représenté  sur  les  monuments  avec  la 
tête  d'un  oiseau.  Selon  M.  Layard ,  Nisroch  était  „le 
premier  des  dieux,  l'indestructible,  l'éternel,  celui  qui 
n'a  pas  été  né,  Tindi visible ,  l'incomparable,  le  dispen- 
sateur du  bien,  ^irréprochable ,  le  meilleur  des  bons,  le 
plus  sage  des  sages,  père  de  l'équité  et  de  la  justice, 
celui  qui  s'est  instruit  lui  même,  qui  par  sa  nature  est  le 
sage  parfait  et  le  seul  inventeur  de  la  philosophie."  La 
suprême  divinité  des  Assyriens  fut  d'après  un  fragment 
de  Zoroastre,  conservé  par  Eusèbe,  celui  qui  a  la  tête 
d'un  faucon. 

M.  Layard  le  rattache  au  griffon  grec      II  est  toujours 


188 


représente    comme   le   dieu    suprême    et    occupe  le  même 
rang  que  le  Kronos  ou  Saturne  des  Grecs.  ^ 

Nous  sommes  d'avis  quil  nest  pas  invraisemblable 
que  les  images  de  Toryx  et  de  Fane  ont  été  dégénérées 
en  rimage  de  Set  et  que  celle-ci  fut  imitée  et  regardée 
plus  tard  comme  étant  sa  figure  ordinaire.  Il  se  peut 
aussi  qu'une  image,  semblable  à  celle  du  Nisroch 
Assyrien,  a  introduit,  le  bec  d'oiseau  et  que  de  cette 
manière  Set  ou  Sutecb  a  été  rattaché  aii  griffon  grec. 
Il  est  très  difficile  de  décider  si  les  Israélites  ont  rendu 
honneur  au  dieu  sous  cette  forme,  mais  ce  que  nous  savons, 
c'est  que  Josèphe  se  défend  contre  l'accusation ,  qu'ils 
auraient  rendu  hommage  dans  le  sanctuaire  à  une  tête 
d'âne  en  or.  Il  s'exprime  en  ces  termes  :  ^  „C'est  infâme 
de  mentir  comme  le  font  Posidonius  et  Apollonius ,  qui 
nous  accusent  en  prétendant  que  les  juifs  avaient  placé 
et  adoré  dans  leur  sanctuaire  une  tête  d'âne,  qui  fut  jetée 
hors  du  temple.  Lorsqu'  Antiochus  le  pilla  il  s'aperçut 
qu'elle  était  faite  en  or."  M.  Movers  est  d'avis  que  cette 
tête  était  originaire  d'un  temple  de  Typhon  ;  si  cette 
opinion  est  fondée  et  si  nous  pouvons  admettre  que  cette 
tête  à  été  conservée  dans  le  temple,  il  est  très  propable 
aussi,  que  les  Israélites  ont  rendu  hommage  à  Set  sous 
cette  forme-là. 


c— ^çNîS)Siy3N^* 


VI. 


CONCLUSION. 


CONCLUSION. 


Nous  avons  examiné  dans  les  pages  précédentes  la 
religion  des  Pré-Israélites  et  nous  avons  remarqué  que 
cette  nation  liée  à  des  tribus  étrangères  fut  errante  le 
long  des  bords  du  Tigre,  après  avoir  quitté  sa  patrie,  le 
plateau  de  FArménie.  Nous  avons  vu  qu^elle  se  rendit  vers 
le  littoral  de  la  Méditerranée  où  elle  habita  parmi  les 
Héthites.  Puis  nous  la  voyons  descendre  la  côte  jusqu'à 
TEgypte,  où  elle  s'établit  comme  une  petite  tribu  qui  ne 
comptait  que  70  personnes.  Ce  petit  nombre  s'est  accru 
peu  à  peu  ,  soit  par  des  alliances  ou  mariages  avec  des 
familles  Egyptiennes,  soit  que  celles-ci  ou  d'autres  tribus 
se  joignirent  à  eux,  car  outre  les  alliances  avec  l'Egypte, 
ils  contractèrent  des  mariages  avec  les  habitants  de  la 
presqu'île  de  Sinaï.  Cela  explique  que  les  Egyptiens  qui 
se  trouvaient  parmi  les  émigrés  ont  pu  emporter  des  usten- 
siles du  tabernacle  et  d'autres  objets  dont  ils  se  servaient 
pendant  leur  séjour  dans  le  désert.  Nous  lisons  dans 
Fhistoire  profane,  que  Moïse  le  conducteur  des  émigrés 
reçut  une  éducation  Egyptienne  et  qu'il  fut  compté  parmi 


192 


les  prêtres  de  Héliopolis.  Ce  fait ,  qui  d^ ailleurs  est  constaté 
par  Tanoien  testament  et  par  les  rabbins ,  acquiert  un  degré 
de  certitude  qui  ne  laisse  aucun  doute ,  par  le  témoignage 
de  la  nouvelle  alliance,  qui  nous  communique  que  Moïse 
était  instruit  dans  toute  la  science  et  toute  la  sagesse  des 
Egyptiens.  Si  donc  le  peuple  d^Israël  après  TExode  était 
une  tribu  mêlée  avec  des  familles  Egyptiennes  et  Asiatiques, 
il  n'est  pas  étonnant  que  nous  voyons  ces  deux  éléments 
se  faire  jour  de  manières  différentes.  Tantôt  ce  sont  les 
u sauces  Asiatiques  qui  prédominent ,  tantôt  ce  sont  les  idées 
Egyptiennes  qui  prennent  le  dessus ,  mais  quoique  ces  deux 
principes  paraissent  toujours  se,  disputer  la  primeauté, 
l'élément  Egyptien  l'emporte  et  est  toujours  préféré.  Dès 
Torigine  du  peuple  Hébreu,  à  partir  de  la  maison  de 
Jacob ,  on  peut  constater  Texistence  de  deux  partis  opposés , 
dont  l'un  se  distingue  par  son  caractère  conservatif ,  l'autre 
par  ses  tendances  réactionnaires.  Toutefois  ce  n'était  pas 
une  guerre  ouverte  qu'ils  se  firent  en  ennemis  déclarés, 
c'était  plutôt  une  lutte  sourde  mais  continuelle,  dont  le 
but  était  la  conquête  de  la  suprématie.  Que  de  peines 
et  de  difi&cultés  David  n'eut-il  pas  à  surmonter,  avant  qu'il 
parvint  à  rendre  aux  esprits  tourmentés  une  tranquillité 
apparente  et  cependant  il  restait  toujours  grand  nombre 
de  mécontents  qui  le  regardèrent  comme  l'usurpateur  du 
trône  de  Saul.  L^avènement  au  pouvoir  de  Salomon  fut 
envisagé  par  la  majorité  comme  une  injustice  flagrante  et 
l'attentat  de  Jéroboam  comptait  des  complices  en  quantité. 
Cette  conspiration  fut  découverte,  comme  nous  savons, 
après  quoi  Jéroboam  prit  la  fuite  en  Egypte.  Nous  voyons 
plus  tard  le  noeud,  tressé  par  le  mariage  de  Salomon,  se 
resserrer    encore    et    après    sa  mort  la  be.'le  Ano,  fille  de 


193 


Sisak  (Scheschonk) ,  monter  sur  le  trône  et,  assise  au  côté 
de  Jéroboam ,  régner  sur  le  jeune  royaume  d'Israël.  Nous 
voyons  aussi  comment,  encouragés  par  Tamitié  puissante 
des  Pharaons,  ils  vont  jusqu'à  menacer  d'une  ruine  totale 
le  royaume  de  Juda  dont  à  cette  époque  Eehabéam  était 
le  roi. 

L'alliance  entre  l'Egypte  et  Israël  qui  continue,  y  intro- 
duit le  culte  du  veau  de  Bethel ,  culte  essentiellement 
Egyptien.  Pendant  les  guerres  on  voit  toujours  l'Egypte 
au  côté  d'Israël,  jusqu'à  ce  qu'enfin  la  domination  Assy- 
rienne vient  mettre  un  terme  à  cette  fraternité.  Ce  fut 
alors  que  Juda  vint  implorer  le  secours  des  princes  Égyp- 
tiens, qui  ne  le  lui  refusèrent  pas,  lorsque  Juda  aussi  fut 
subjugué  à  son  tour ,  pendant  que  les  forces  armées  se 
trouvaient  ailleurs.  A  cette  occasion  grand  nombre  dlià- 
bitants  prennent  la  fuite,  l'Egypte  leur  vient  en  aide  et 
accueille  la  tribu  abjecte  dans  ses  domaines,  pour  la  pro- 
téger contre  les  trop  puissants  Assyriens.  Yoilà  pour  ce 
qui  concerne  Talliance  politique  et  l'alliance  religieuse  ne 
fut  pas  moins  solide  entre  ces  deux  peuples. 

Le  but  que  nous  nous  proposons  atteindre  dans  cette 
étude  est  uniquement  de  démontrer  les  rapports  qui  unis- 
sent ces  deux  peuples,  pour  autant  que  nous  puissions 
retrouver  les  traces  d'un  culte  antique,  tout  en  nous 
bornant  aux  temps  qui  précédèrent  le  séjour  des  Israé- 
lites au  désert.  Nous  avons  étudié  les  éléments  Phé- 
niciens introduits  dans  la  religion  des  Israélites,  de  même 
que  les  usances  Egyptiennes  que  nous  y  avons  découverts 
et  nous  nous  sommes  rendus  compte  de  la  manière  sur 
laquelle  ces  deux  principes  différentes  se  confondirent  en 
un  culte  Egypto-Asiatique.     Nous  avons  rencontré  tantôt 

13 


194 


des  usances  qui  sont  en  parfaite  harmonie  avec  celles  des 
religions  Asiatiques,  comme  le  culte  de  Melech  et  celui 
de  Mars,  tantôt  des  coutumes  d'un  caractère  Egyptien  très 
prononcé,  en  d'autres  termes,  des  coutumes  qui  s'accordent 
tout  à  fait  avec  les  principes,  éclos  sur  le  sol  de  FEgypte 
et  développés  sous  les  influences  Égyptiennes,  c*est  plus 
particulièrement  dans  le  culte  de  Typhon  que  nous  trou- 
vions cette  analogie  frappante.  Nous  n'avons  qu'effleuré 
en  passant  le  fait,  que  le  culte  Asiatique  était  en  horreur 
chez  les  prêtres  Egyptiens;  nous  étendre  davantage  sur  ce 
phénomène  ce  serait  nous  éloigner  des  limites  que  nous 
nous  sommes  tracées.  Il  suffit  de  le  mentionner,  afin  de 
ne  pas  le  perdre  de  vue. 

Le  Jéhovisme  ou  la  religion  Mosaïque  fut  naturellement 
contraire  aux  éléments  religieux  de  l'Asie.  La  tribu 
sacerdotale  de  Lévi  conserva  cette  religion  presqu  entière- 
ment d'origine  Egyptienne  et  ce  fut  le  peuple  qui  donna 
la  préférence  au  culte  du  dieu  Asiatique  Melech  oi\  de  son 
épouse  Astarté.  Aussi  nous  voyons  à  chaque  instant  le 
réaction  s'opposer  aux  usances  Asiatiques  et  profiter  de 
toute  occasion  pour  se  faire  valoir  et  se  montrer  plus 
puissante  que  le  culte  de  Baal.  En  cela  il  n'y  a  rien 
d'étonnant.  Selon  les  Iraditions  différentes  plusieurs  prêtres 
Egyptiens  se  trouvaient  parmi  les  émigrés  et  il  va  sans 
dire  que  ceux-là  amenèrent  leur  religion  avec  eux.  Il 
faudrait  une  recherche  toute  particulière,  pour  placer  ce 
fait  dans  son  vrai  jour  et  pour  analyser  tout  ce  mélange 
religieux,  afin  de  séparer  les  éléments  Egyptiens  purs, 
qui  sont  restés  mêlés  au  Mosaïsme,  outre  ceux  que  nous 
avons  déjà  trouvé. 

Le  peuple  d'Israël  se  développa  tout  comme  les  autres 


195 


peuples;  c'est  leur  religion  primitive  qui  le  nous  apprend. 
Comme  d'autres  nations  ils  avaient  dans  le  commencement 
le  culte  des  Bétliyles  et  plus  tard  celui  des  pierres  oblongues. 
Originaires  de  la  Chaldée,  ils  adorèrent  El  ou  El-Schedej, 
le  dieu  des  champs  fertiles,  le  dieu  des  nomades.  Arrivés 
en  Phénicie  ils  adoptèrent  le  dieu  Melech  et  rendirent 
honneur  à  Baal.  En  Egypte  ils  trouvèrent  le  culte  Égypto- 
Asiatique  de  Set  ou  Sutecli.  'ious  ces  cultes  divers  se 
confondirent,  quoique  chacun  de  ces  nations  garda  sa  nuance 
particulière  de  rendre  hommage  et  Israël  n'échappa  point 
à  toutes  ces  variations.  Ce  ne  fut  aussi  que  lorsque  ce 
peuple  parvint  à  se  constituer  comme  nationalité  distincte, 
qu'une  religion  nationale  fut  possible.  Mais  il  se  passa 
bien  du  temps  avant  que  cela  eut  lieu.  C'était  un  combat 
terrible  que  le  Jéhovisme  eut  à  soutenir  contre  les  cultes 
sensuels  des  nations  environnantes  et  il  en  sortit  vainqueur, 
mais  il  reste  toujours  une  question  à  résoudre;  celle  de 
fixer  l'époque  dans  son  histoire,  où  l'on  a  pu  dire,  Jéhova 
est  le  dieu  dlsraël. 

Si  les  résultats  où  aboutissent  nos  recherches  s'accordent 
avec  la  vérité,  il  en  résulterait  que  dans  la  religion  d'Israël, 
avant  que  ce  peuple  entreprit  sa  grande  excursion  au 
désert,  ne  se  trouva  rien  qui  ne  soit  pas  tout  naturel,  en 
d autres  termes,  que  nous  ne  trouvons  rapporté  quoi  que 
ce  soit,  qui  ne  s'explique  entièrement  par  les  circonstances 
de  temps  et  de  lieux,  sous  lesquelles  ce  peuple  se  trouvait 
placé.  Nous  pouvons  constater  un  développement  régulier 
de  rintelligence ,  fruit  d'une  civilisation  progressive.  Le 
culte  de  Melech  est  supérieur  à  celui  des  Béthyles;  le 
Jéhovisme  l'emporte  sur  le  culte  de  Melech.  Un  seul 
chainon    unit   les    deux   grandes   chaines,   qui  s'appellent 


196 


la  religion  Mosaïque  et  la  religion  de  V  Asie.  Ce  chaînon 
ne  peut  être  que  la  religion  des  Pré-Israélites.  IVous  avons 
taché  de  le  faire  connaître.  Sera-t-il  en  état  de  réunir 
les  deux  chaînes?  En  résultera- t-il  un  tout,  dont  les  parties 
s'accordent  ?  ou  bien  prouvera-t-il  qu'il  est  trop  faible  ? 

Nous  fixâmes  notre  attention  sur  l'Egypte,  parce  que  c'est 
là  qu'il  faut  chercher  le  mot  de  l'énigme ,  que  présente , 
dans  les  phases  différentes  de  son  développement,  l'histoire 
obscure  du  peuple  d'Israël  dans  les  temps  les  plus  reculés. 

Dans  la  vallée  du  Nil  nous  trouvons  encore  de  nos 
jours  les  monuments  antiques,  témoins  vénérables  d'une 
époque  sur  laquelle  Thistoire  garde  le  silence  et  dont  Tâge 
n'est  égalé  que  peut-être  par  les  monuments  mainte  fois 
séculaires  de  l'Inde. 

C'est  là  au  milieu  de  ces  ruines  gigantesques,  que  l'on 
peut  rendre  le  témoignage  :  Yoilà  la  mère  patrie,  c'est  ici 
que  fut  le  berceau  de  la  science  et  des  arts.  Et  ce  sont 
les  Phéniciens,  les  Hébreux,  les  Grecs  et  les  Eoraains, 
qui  furent  les  chaînons  de  la  grande  chaîne ,  qui  réunit 
l'antique  Egypte  à  l'Europe  moderne. 


vn. 
NOTES. 


PEEMIÈRE  PAETIE. 


I. 


1.  Sancliuniathon ,  pag.  28.  L'édition  dont  nous  nous 
sommes  servi  à  paru  sous  ce  litre:  Sanchuniathonis  historiam 
Phoeniceae  libros  IX  edidit  T.  Wagenfeld ,  Bremae  1837.  — 
Des  livres  sacrés  des  Théniciens,  qui  appartiennent  au  canon 
des  prêtres  ou  San-Chonjat,  il  ne  reste  que  quelques  frag- 
ments conservés  par  Porpbyrius,  Eusebius  et  Johannes  Lydus. 
Orrelli  les  a  réuni  sous  le  titre  de:  Sanchoniatbonis  Berytii , 
quae  supersunt ,  fragmenta  de  cosmogonia  et  theologia  Phoe- 
nicura ,  Graece  versa  a  Philone  Byblio.  servata  ab  Eusebio 
Cacsariensi ,  Praeparationis  evantjelicae  libro  I  cap.  6 ,  7.  Lip- 
siae,  1826.  Cette  édition  est  assez  complète  quoique  les 
fragments  de  Job.  Lydus  y  manquent.  A  consulter  sur  ce 
sujet:  MoverSy  die  Phoenizier y  tome  I ^  page  116. 

2.  SancbuniatUon ,  page  24. 

3.  „  .,     21. 

4.  „  „     25. 

5.  „  „     27. 

6.  Hérodote,  livre  II;  cbapitre   112. 


200 


7.  Le  papyrus  est  connu  sous  le  titre  de:  Le  papyrus 
magique  Harris ,  traduction  analytique  et  commentée  d'un 
manuscript  Egyptien  ,  comprenant  le  texte  hiératique  publié 
pour  la  première  fois ,  un  tableau  phonétique  et  un  glossaire. 
Par  M.  F.  Chabas  —  Une  critique  très  favorable  en  est  donnée 
dans  la  Revu^  Archéologique  de  l'an  1861  ,  livraison  du  mois 
de  Mai ,  page  420  ,  par  M,  de  Rougé. 

8.  Papyrus  Harris,  page  56. 

9.  Aiovers  ,  Phoenizier .  tome  I ,  page  625.  Comparez 
IStrabon  .  livre  XI ,    8. 

10    Voyez  la  planche  VIII,  fig.    l,   et  l'explication. 

11.  Papyrus  Harris,  page  57,  58. 

12.  Hérodote,  livre  II,  chap.   111  ,   112. 

13.  „        livre  II,  chap    54. 

14.  „        livre  I ,  chap     1. 

15.  Homère  Odyssée,  livre  XIV,   287. 

16.  Hérodote,  livre  I,  chap.    I. 

17.  Movers,  die  Phoenizier ,  tome  II.  page  184.  Strabon , 
livre  I,  chap  3,  17.  Josèphe,  Beîlum  Judaicum,  livre  IV, 
chap.    11  ,   5    Hérod.  livre  HT,  chap.   5,   6. 

18.  Movers,  Phoen.  tome  II.  2.  page  185.  Strabon,  livre 
XVH,  chap.  1,  21.   Hérod.  livre  H.  chap.   58. 

19.  Movers,  Phoen.  tome  IL  2,  page   185. 

20.  Diodore  livre  I,  chap.  57.  Josèphe,  contra  Apionem, 
livre  I,  chap.   14.   Bellum  judaicum ,  livre  V,  chap.  10. 

21.  Ezéchiel  chap.  29,  10  chap.  30,  6.  Comparez  Exode 
chap.    14,    2.    Nombres,  chap.   33     7.    Jérémie,  chap.  44,   1. 

22    Stephanus  Byzantin  us,  sous  le  mot,    Hpw. 

23.  Steph.  Byz.  sous  le  mot ,  XtYi^ptç.  ,,llo\t; ,  «totvixwv  wç 
'Ho&)c?(avoç."  Josèphe,  Antiquitates  judaicae  livre  XIV,  chap.  8  ,  2. 

24.  Steph.  Byz.  sous  le  mot,  Awooç,  Oo^tç  ^otvexf.ç .  .  .  . 
,,/ieTa  Katoraostav  Awpa  xsïrat  ^px-^gta.  izoïiyyn  ,  <[)otvty.&)v  aûmv 
otxoyvTwv " 


201 


25.  I.  Rois  chap    IV.   11. 

26.  1.  Chroniques  ehap.  Il,  1  H.  ~-  EzraIII.7. — JonaI,3. 
Flinius  ,  historiae  naturales  livre  V,  chap.   14. 

27.  Movers,  Phoen.  tom    II.  2,  p.  177. 

28.  Réland,  Palestina,  sous  le  mot  Gaza  dd.  in  8^  paore  124. 
Mayuraa  est  un  nom  Phénicien .  qui  siijnifie  endroit  situé  à 
la  mer. 

29.  Gesenius,  Monumenta  Phoenicea  en  3  parties ,  la  troisième 
contient  les  planches  des  monuments  décrits. 

30.  Revue  Archéologique  1858—1859  page  677.  A.  Judas 
sur  l'inscription  Phénicienne  d*un  libatoire  du  Sérapeum  de 
Memphis.  Cette  inscription  est  déjà  plusieurs  fois  traduite; 
en  1855  par  M.  Luynes,  en  1856  par  l'Abbé  Barges,  plus 
tard  par  M.  Ewald  et  M.  Renan;  ils  1  expliquant  tous  d'une 
manière  différente  :  M.  Luynes  :  Ignem  tulimm  adtnnnendo  ima- 
genem  Jpidi  :  Rouach-Pda  servus  Hori  et  Tohhor  fillua  Toheh 
et  minutrant  coram  Apide  Chai-Rouach-Pda.  L'Abbé  Barges  : 
Posuerunt  vas  ohlationum  Bentel  alienigena,  et  Saph  et  Ebedah 
et   Tohibar  filius  ToJceh  et  Ehed-Kedem  Gesuraeus  et  Soched. 

M.  Ewald  :  Imagenem  meam  ut  oblationem  filiae  Osiridi  Horo 
offerebat  pater  meus  Tobiber ,  filius  Tofki  offerens  coram  Osiridi 
Horo. 

M.  Renan  :  J^ai  fait  un  pèlerinage  pour  offrir  une  statue 
à  Osiris-Apis ,  moi  Abd-Abitob  fils  de  BentoJcU ,  serviteur 
dévoue  d'OsirisApis. 

M.  A.  Judas  ;  Hoc  libationem  exstruxi  Apidi  Reksephok . 
minisier  quem  pênes  vas  ^anctuarii,  filius  Ta?  hak  ministri 
coram  Apide,  gui  Rekzephok  Nous  pouvons  ajouter  encore  à 
ceci  un  monument ,  trouvé  il  y  a  peu  de  temps  à  Abydos. 
C'est  un  poids  en  bronze  avec  inscription  Phénicienne.  Revue 
Arch.   1862.  Janvier  page  30.  Notice  de  M.  de  Vogué. 


zo% 


n. 


1.  K.  .T.  Fruin  ,  Dissertatio  de  Manethone  Sobennyta  libro- 
rumque  ab  eo  scriptorum  reliquîis.  Lugdunum  Batavorura,  1847. 
J'ai  faît  usage  de  cette  édition,  L^s  fragments  des  écrits  de 
ManetlioDS  ont  été  plusieurs  fois  recueillies  et  commentariées. 
On  les  trouve  dans  Kosellini,  monmneuti  storici  tome  I page  1  —  94. 
Dans  ïllermapion  de  M.  Ideler  tome  I  p.  32  ss.  Dans  la 
Mijlhologie  de  M.  Prichard .  dans  Touvrage  de  M  le  Chevalier 
Bunsen  intitulé  Aegypiens  Stelle  in  die  TFeltgeschiclite,  TJrleunden- 
huch.  Dans  les  travaux  de  M.  VVilkinson ,  TJièhes,  Manners 
and  Customs  of  the.  ancient  EgypUans ,  et  Egypt.  Dans 
Maneiho  und  die  Hundstern-periode  de  M.  Boekh.  Dans  les 
Jnscorsi  critici  sopra  Chronologia  Egizia ,  de  M.  Fr.  Barucchi , 
Torino  1844 — 1845  4°.  Dans  \^  Chronologie  des  Bei^  dt Egypte 
de  M.  .T.  B.  C.  Lesueur.  Par.  1848,  4".  Dans  l'ouvrage  de 
M.  W.  Brunet  de  Prestle,  Examen  critique  de  la  succession 
des  dynasties  Egyptiennes  Par.  1850  !•  partie.  Voyez  M.  Fruin, 
page  XIII. 

2.  Richard  Lepsius,  Kônigs-Bucli  der  alten  Aegypter,  2  Abthei- 
lungen.  Berlin,  1859.  Voyez  aussi  et  comparez  sa  Chronologie 
der  Aegypter ^  Einleitung.    Berlin,  1849. 

3    Voyez  Manethoos   de  M.  Fruin  p.   1. 

4.  M.  Uhlemann  ,  hraditen  und Hyksos  in  Aegypten  Leipzig, 
1856 

5.  Lepsius ,  Kônigs  Buch  ,  XV*  dynastie. 

6  Lepsius  ,  Kôniçs-Buch  et  Ausicahl  der  wichtigsien  Urkunden 
des  Aegypiischen  Allerihums ,  22  Tafeln  Leipzig  1842.  Une 
édition  plus  exacte  donna  M.  VVilkinson,  1851.  sous  le  titre: 
The  fragments  of  the  hieralic  Papyrus  ai  Turin  containiug  the 
names  of  the  E^yptian  Jcings  with  the  hieralic  inscription  at 
the  hook. 


203 


7  Lettre  à  M.  Auguste  Mariette  sur  quelques  monuments 
relatifs  aux  Hyqs'os*  ou  antérieurs  à  leur  «lominalion ,  par 
T.  Deveria,  Revue  Archéologique  1861,  octobre  p.  249,  II 
ajoute  à  ce  que  nous  avons  cité  dans  le  texte  ce  qui  suit. 
„lJn  autre  fragment  du  canon  hiératique,  n**  150.  présente 
comme  le  monolithe  de  Tell-Mokdam ,  le  nom  de  Set  ou 
Sutekh  dans  un  cartouche  royal.  Ce  fragment  porte  le  reste 
de  quatre  noms,  mais  il  n'est  pas  possible  de  le  placer  immé- 
diatement après  celui  dont  nous  venons  de  parler;  car  l'écriture 
est  moins  grosse  et  moins  écartée,  ce  qui  semble  indiquer 
qu'il  provient  d'une  autre  colonne  du  manuscrit."  —  Ces  deux 
fragments  sont  places  dans  le  Kônigs-Buch  de  M.  Lepsius,  l'un 
dessous  l'autre,  planche  VIII  Le  fragment  n^  1 12  n'est  pas  très 
exacte  car  il  n'y  a  pas  de  place  pour  le  nom  du  roi  Snlatis.  — 
Voyez  planche  I.  fig.  1  et  fig.  2. 

8.  Bunsen,  ^cjypCs  place  in  ilie  unirersal  historj;  \ol.  I  page 
645  note   12. 

9.  Manethoos  de  M.  Fruin,  p.  56,  ss. 

10.  Lepsius.  Konigs-Buch,  XV'  dynastie. 

îl.  L'Athenaeum  Français,  revue  universelle  de  la  littéra- 
ture, de  la  science,  etc.  Paris,  Samedi  10  Juin  1851.  — 
Annonce  de  M.  de  Bougé,  page  532.  —  Il  fait  part  verbalement 
des  principaux  résultats  auxquels  l'ont  conduit  ses  études  sur 
les  papyrus  de  la  collection  Sallier  publiée  par  le  British 
Muséum.  Le  papyrus  n®  1  contient  les  débris  d'une  compo- 
sition qui  eût  été  bien  précieuse,  puisqu'elle  expliquait  l'ori- 
gine et  sans  doute  la  suite  de  la  guerre  qui  se  termina  par 
l'expulsion  des  pasteurs  Ce  papyrus  est  malheureusement 
dans  un  état  affreux  de  dégradation.  On  peut  néanmoins 
tirer  de  ses  lambeaux  quelques  faits  importants  :  1®.  Le  roi 
Baskénen,  que  M.  de  Bougé  a  h\i  connaître  pour  le  prédé- 
cesseur d'Ahmès,  n'ét.iit  alors  que  prince  du  Midi.  Le  roi 
Apapi  régnait  à  la  ville  d'Ouar  (Avaris).     2».  La  querelle  eut 


^04 


un  motif  religieux.  Le  roi  Apapi  n*atlorait  que  Soutuh ,  di- 
vinité que  l'on  retrouve  plus  tard  chez  les  Chétas.  3®  Le  roi 
Apapi,  excité  par  les  docteurs  de  son  culte,  envoie  un  mes- 
sage au  prince  Easkénen.  Celui-ci  convoque  tous  Ips  chefs 
de  son  partie  et  Ton  délibère  sur  la  réponse  à  faire  aux 
mauvaises  propositions  du  roi  Apapi.  Le  manuscrit  tourne 
court  à  cet  endroit  et  passe  à  un  document  d'une  tout  autre 
nature;  néanmoins  ce  petit  nombre  de  faits  est  d'une  haute 
importance  pour  l'histoire  de  ce  temps ,  dont  nous  connaissons 
si  peu  d'événements  —  M.  Brugsch  a  traduit  quelques  lignes 
de  ce  papyrus  dans  „le  Zeitschrift  des  Deutsch  morgenlândische 
Gesellschaft"  1855  s.  200,  sous  le  titre:  Ein  Aegyptisch  Docu- 
ment iiber  der  Hyksos  Zeit.  Dans  son  Histoire  d'Egypte 
l'«  partie,  page  78,  il  a  répété  cette  traduction,  faite  par  M. 
Brugsch ,  sur  les  communications  qui  lui  ont  été  faites  par 
M.  de  Eougé,  selon  M.  Devéria  dans  la  lettre  à  M  Mariette, 
Revue  Archéologique  1861,  février.  —  Après  ceux-ci  M.  Goodwin 
a  donné  une  traduction  complète  de  ce  papjrud.  M.  Bunsen 
dit  dans  sou  ouvrage,  Egyp la  place  in  the  universal  Mstory , 
tome  IV.  page  671  :  „After  having  been  analised  by  M.  de 
Kougé  in  bis  usual  accomplished  manner,  and  a  few  lines  of 
it  translated  by  M.  Brugsch  1855,  Goodwin  has  given  a 
complète  version  of  the  passages  still  legible.'*  (Hieratic 
Papyri  in  the  Essais  of  Cambridge,  1858,)  p.  226.  — 
M.  Chabas  en  ces  jours  a  publié  un  de  ses  travaux  sous 
le  titre  de  Mélangea  Égyptologiques  ;  le  chapitre  troisième 
agit  aur  le  nom  fàéroglyphique  dea  Paateura  et  sur  la  peaie 
aux  tempa  pharaoniquea.  Il  dit  au  sujet  des  Pasteurs, 
qui  sont  ordinairement  nommés  dans  les  inscriptions  hiéro- 
glyphiques Mena:  „le  papyrus  Sallier  qui  nous  parle  non 
moins  clairement  des  Pasteurs  d'Avaris,  les  désigne  sous  un 
nom  tout  différent,  celui  d'Aat-u.  On  y  a  aisément  reconnu 
l'une    de    ces    épithètes    flétrissantes    dont    les    Egyptiens    se 


205 


montraient  si  prodigues  à  l'égard  de  leurs  ennemis,  et  parmi 
lesquelles  se  rencontrent  le  plus  fréquemment:  Cher=  tombé, 
abattu,  renversé;  ches.  .  .  .  dont  le  vrai  sens  est  succombant.  .  .  . 
Mais  je  distingue  une  idée  toute  différente  dans  le  groupe 
Aat-u,  jusqu'à  présent  méconnu.  Je  l'ai  rendu  par  barbares, 
étude  sur  le  papyrus  Prisse,  p.  6;  M.  Goodwin,  par  enva- 
hisseurs,  révoltes,  „Hiératic  papyri  p.  242"  et  M.  Brugsch , 
par  rebelles,  insurgeas  „Zeitschrift  D.  M.  G.  IX  p.  209  et  pi.  l." 
Mais  ni  les  uns,  ni  les  autres,  nous  n'avons  entendu  pro- 
poser ces  expressions  comme  rendant  le  sens  intime  du  mot 
Aat-u.  Ce  groupe  se  présente  sous  diverses  formes  orthogra- 
phiques.... Avec  le  déterminatif  de  la  mort....  avec  le 
déterminatif  de  la  jambe,  coupée  d'un  glaive;  avec  le  bras 
armé;....  Au  calendrier  Sallier  on  lit  l'horoscope  suivant  : 
„Tout  enfant  né  ce  jour-là  mourra  de  l'Aaten."  Ici  ce  déter- 
minatif est  le  paquet  noué,  équivalent  bien  connue  des  signes 
du  mal  et  de  la  mort ....  Dans  les  passages  du  Rituel  où 
Aat-u  se  rencontre,  on  discerne  qu'il  nomme  quelque  chose 
de  funeste ,  de  mortel ....  Mais  nous  trouvons  aux  papyrus 
de  Leyde  I.  346  et  I.  3l7   des  textes  bien  plus  explicites. 

Ces  manuscrits ....  sont  de  livres  de  formules  magiques .... 
L'un  des  effets  préservatifs,  est  énoncé  en  ces  termes:.... 
Est  sauvé  l'homme  de  l'Aat  annuel,  (Pap.  hier.  Leyde  1,346, 
pi.  2,  1.  4  ).  .  .  .    Quelques  lignes  plus  bas  on  trouve  encore: 

Non    abat    lui    l'Aat    annuel (ibid  1.  6.)    Dans   la  clause 

finale  du  papyrus  1 ,  347  ,  on  lit  : ...  .  non  tue  lui  l'Aat 
annuel;  non  cl.  t mit  lui  la  maladie.  Ces  formules  dans  les- 
quelles Aat  e&t  accompagné  du  mot  ter,  de  Vatmée  annuel, 
nous  obligent  à  penser  à  quelque  fléau  périodique  et  de  nature 
particulièrement  redoutable,  puisque  les  Egyptiens  cherchaient 
à  en  conjurer  les  atteintes  par  des  moyens  magiqu,es,  comme 
ils  le  faisaient  pour  les  crocodiles,  les  animaux  féroces  et  les 
reptiles    venimeux.     Rapprochons-les    maintenant    du    passage 


206 


suivant  du  calendrier  Saîlier  :  „rair  dans  le  ciel,  en  ce  jour 
môle  à  lui  les  Aat  annuels."  L'Aat  était  donc  une  maladie 
contagieuse  ou  cpidémique  dont  les  germes  étaient  transportés 
par  l'air  respirable.  Or ,  si  l'on  remarque  que  la  mention  du 
calendrier  se  rapporte  au  19  de  Tobi ,  c'est-à-dire  au  premier 
mois  qui  suit  la  retraite  des  eaux  de  l'inondation,  on  est 
naturellement  conduit  à  identifier  V Aat  avec  la  peste  qui  se 
déclare  en  Egypte  précisément  à  cette  époque.  .  .  .  Or,  nous 
avons  constaté  que  les  Egyptiens,  pour  caractériser  leurs 
ennemis,  leur  appliquaient  des  épithètes  qui  les  représentaient 
étendus  80718  force  et  tans  vie  à  leurs  pieds  N'est  il  pas  très 
remarquable  qu'à  l'égard  des  pasteurs  ils  aient  fait  usage  au 
contraire  d'un  mot  qui,  loin  de  rappeler  une  idée  de  mépris 
et  de  triomphe,  n'éveille  qu'un  sentiment  d'extrcme  terreur 
et  de  haine  T'    Voyez  planche  I ,  fig.  4. 

]  2.  M.  E.  de  Kougé  ,  mémoire  sur  l'inscription  du  tombeau 
d'Ahmès,  chef  des  nautcniers.  Première  partie.  Mémoires  pré- 
sentés par  divers  savants  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
Belles-lettres  de  l'institut  de  France  1853,  page  1  à  196.  — 
Eecensé  très  favorable  par  M.  Brugsch .  Zeitschrift  d.  D.  M.  G. 
tome  VI.  Dans  sa  traduction  du  papyrus  Sallier  I,  M.  Brugsch 
donna  quelques  remarques  sur  la  partie  encore  inexpliquée  de 
l'inscription  du  tombeau. 

13.  Brugsch,  Hyksôs  Document,  Zeitschr.  d.  D.  M.  G.  1855  , 
page  211;  ligne  9  de  l'inscription  du  tombeau  d'Ahmès. 

14.  Ibidem,  ligne  10  et  II  de  l'inscription. 

15.  „  „      12  „   13    „  „ 

16.  „  „      14  „  „ 

17.  „  Selon  Champollion  c'était  dans  la  sixième 
année  ,  mais  les  trois  lignes  supérieures  qui  marqtient  le 
nombre  de  l'année  sont  écrits  plus  courts  que  les  signes  au- 
dessous,  de  manière  qu'on  présume  qu'ils  y  sont  tracés  plus 
tard  ;  dans  ce  cas  le  premier  de  ces  signes  appartient  au  signe 


207 


du  t.  et  les  deux  autres  doivent  être  dlidés.  Ainsi  on  lit  au 
lieu  de  l'an  six ,  l'an  3.  Les  voyageurs  peuvent  répéter  cette 
expcriment,  voyez  planche  I,  fig.  3. 

IS.  Josué,   chap.  3,10. 

19.  Genèse,  chap  10,  15.  „Et  Canaan  engendra  Tsidon  son 
prennier-né  et  Chet.  ..."  Chap.  23  ,  I. 

20    Nombres,  chap.  3  ,  22. 

21.  Josué,  chap    11 ,   15. 

22.  M.  E.  de  Eougé,  dans  l'Institut  ISfil,  n"  310.  — 
Champollion,  Egypte  sons  les  P/iaraor/it.  M.  Bunsen,  Bilielicerk 
V,  p.  317.  Revue  Archéologique  1855.  Poitevin,  recherches 
sur  la  ville  (TAcaris  etc.  Voyez  surtout,  Eevue  Archéologique 
1861.     M.    Mariette  sur  les  fouilles  de  Tanis  à  M.  de  Ixougé. 

23.  rinstitut  18 (il  n^  310.  E.  de  Eougé. 

24.  Voyez  note  17.  M.  Brugsch  dit;  „Hauar  (Avaris)  signifie 
jambe-ville,  traduit  littéralement,  ainsi  cette  traduction  corres- 
pond à  la  manière  dont  on  écrit  le  nom  de  cette  ville  avec 
la  jambe,  qu'on  trouve  à  Elkab  —  Champollion  avait  traduit 
ce  nom  par  Tanis,  parce  que  la  jambe  était  appelée  chez  les 
anciens  Egyptiens  Tan^ oyez  M.  de  Rougo,  mémoire  etc.  page  153 
et  comparez  notre  planche  I  les  figures  13,  14,  15,  16  et  17. 

25.  Josué,  chap.  19.  33.  M.  de  Rougé,  l'Institut  1861  n°  310. 

26.  Champollion,  Egypte  sous  les  Pharaons. 

27.  Revue  Archéol.  1861  p.  97.  Comparez  notre  planche  I . 
fig.  5  et  6. 

28.  M.  de  Rougé,  l'Institut  1861,  n»  310.  R.  Arch.  1861 .  p.  97. 

29.  Revue  Arch.    1861,  png.  10  l.  M.  Mariette  à  M.  de  Rougé. 

30.  Burton,  Excerpia  hieroglyphica ,  planche  i30,  fig.   1  et  7. 

31.  M.  de  Rougé,  Catalogue  du  musée  Egyptien  du  Louvre 
1849.  N-.  16  et  17. 

32.  Revue  Archéol.  1861 ,  Avril  p.  337.  Lettre  de  M.  Mariette 
à  M.  Alfred  Maury, 

'6'à    Revue  Arch.  1861,  p.  à'àl,  Devéria;  voyez,  planche I,  fig.  7 


208 


84.  Catalogue  du  musée  du  Louvre  n"  23,  comparez  note  31. 

35.  Revue  Arch.  pag.  337,  Devèria.  Voyez  planche  T,  fig  8. 

36.  M.  Leemans  :  Description  raisonnée  des  monuments 
Egyptiens  du  musée  d'antiquités  des  Pays-Bas  à  Leyde.  — 
Page  43  .  n*  13.  Autel  monolithe  de  granit  rouge.  Déjà  dans 
cette  description  M.  Leemans  dit  „Ce  monument,  qui  dans  ma 
lettre  ,pag.  119  et  suiv  ,  j'avais  placé  dans  la  XXV  dynastie, 
des  rois  Ethiopiens ,  doit  être  rapporté  au  règne  d'un  autre 
Sabaco,  antérieur  à  l'invasion  des  Hikschôs  en  Egypte." 
Maintenant  il  le  rapporte  à  la  XIII  dynastie],  provenant  d'un 
des  rois  nommés  Sevekhoteph. 

37.  Recherches  sur  la  XIV  dynastie  de  Manéthon  par  M.  Félix 
Robiou.  (Extrait  des  annales  de  philosophie  chrétienne  XIX, 
XX,   1859)  Versailles  1859. 

38.  Manethoos  de  M.  Fruin  ,  p.  6. 

39.  Brugsch,  Zeitsch.  d.  D.  M.  G.  tome  IX    p.  211. 

40.  Revue  Archéol.  1860.  II,  17,  11.  —  1861.  Étude  sur 
divers  monuments  du  règne  de  Toutmès  III ,  découverts  à 
Thèbes  par  M.  Mariette,  II  liste  des  nations  vaincues  pag.  345. 
Novembre. 

41.  Lepsius ,  Kônigs-Buch. 

42.  Rosellini,  mon.  storici,  planche  263, 

43.  Chabas  ,  Inscription  d'Abou-simbel  K.  Arch.  1859.  p.  373. 

44.  Lepsius  Kônigs-Buch. 

45.  „ 

46.  „ 

47.  „ 

48.  Manethoos  de  M.  Fruin  p.  86.  „'lempore  Menopheos 
rêvera  Aethiopum  reges  yjxpm  bixo-^îipiôvt;  Pharaonibus  fuisse 
monumenta  affirmant.  In  iis  enira  tanquam  principes  Nubiae 
(sive  Aethiopiae)  Aegypto  submissae,  indigenae  seraper  memo- 
rantur."  Qua  de  re  Champollio,  epist.  ex  Aegypto,  scripsit 
p.  131.     „Memoratu  dignum  est,  orania  Nubiae  praefectorum 


209 


noraina,  quot  hucusque  in  raonumentis  reperi,  ad  principes 
indigenas  pertinere.  Ne  militum  duces  quidera  in  Aethiopia 
collocatorum  ,  regnantibus  Rhamese  Magno  totaque  ejus  dynastia, 
perigrini  fuerunt.  Unde  apparet  tune  temporis  Nubiam  tatn 
arcte  cura  Aegj'pto  fuisse  conjunctam  ,  ut  sine  periculo  Pharaones 
potestatem  indigenis  potuerunt  mandare."  Titulus  horum  prin- 
cipum  est  regius  Aethiopiae  filins. 

49    Brugsch    Zeitsch.  d.  D.   M.  G.   1855,  pag.  211. 

50.  Revue  Archéol.  Mars.    1861  pag.   249. 

51.  R.  Arch.  1861  249.  Voyez  planche  I  fig.  9 ,  10,  11  et  12 

52.  R.  Arch.  1861  M.  Mariette  écrit:  „11  n'est  pas  un 
voyageur  qui  n'ait  été  frappé  du  type  étranger  qui  caractérise 
les  populations  des  villages  répandus  dans  toute  la  partie 
Nord-est  du  Delta  et  particulièrement  aux  environs  du  lac 
Menzaleh.  Le  fellah  Egyptien  est  grand,  svelte  ,  léger  dans 
sa  démarche;  il  a  les  yeux  ouverts  et  vifs,  le  nez  petit  et  droit, 
la  bouche  bien  dessinée  et  souriante;  la  marque  de  la  race 
est  surtout  chez  ce  peuple  dans  l'ampleur  du  torse,  la  maigreur 
des  jambes .  et  le  peu  de  développement  des  hanches.  Les 
habitants  de  San,  de  Matarieh,  de  Menzaleh  et  des  autres 
villages  environnants  ont  un  aspect  tout  différent  et  dès  le 
premier  abord  dépaysent  en  quelque  sorte  l'observateur.  Ils 
sont  de  haute  taille,  quoique  trapus.  leur  dos  est  toujours  un 
peu  voûté  et  ce  qui  les  fait  remarquer  avant  tout,  c'est  la 
robuste  construction  de  leurs  jambes.  Quant  à  la  tête,  elle 
accuse  un  type  Sémitique  prononcé  et  ce  n'est  pas  sans  sur- 
prise que  l'on  y  reconnait  les  visages  des  quatre  Sphinx  que 
Tanis  vient  de  nous  faire  retrouver  au  milieu  de  ses  ruines. 
Les  conséquences  de  ce  fait  se  déduisent  elles-mêmes.  Puisque 
ces  Pasteurs  sont  encore  en  Egypte ,  c'est  que  la  guerre  entre- 
prise par  Amosis  ne  se  termina  point  par  l'expulsion  radicale 
des  vaincus.  Les  Sémites  qui  depuis  plus  de  cinq  siècles, 
habitaient    le    nord    de    l'Egypte,  avaient  fini  par  devenir  les 

14 


210 


habitants  des  bords  du  Nil  et  une  transaction  consentie  après 
la  paix,  permit  sans  doute  au  fond  de  la  population  de  ne 
pas  quitter  les  lieux  qu'elle  occupait. 


III. 


1.  Hérodote,  livre  II.  chap.   119. 

2.  Euripide,  Hélène,  vers  1272,   1451,   1531. 

3.  Apollodore,  1.  II,   1,  3,  4. 

4.  Hérodote,  1.  II,  99.  Diod.  I,  50. 

5.  Diodore,  1.  I,   51. 

IV. 

1.  Josèphe,  contra  Apionem.  1.  I,   16,   26. 

2.  Diodore,  1.  XL,   3. 

3.  Justin,  1.  XXXVI.  2. 

4.  Tacite,  Eistoriae  1.  V,  1 ,  2 ,  3. 


V. 


1.  Talmud  Jeruschalmi,  tract.  Schal.  c.  6.  f.  35. 

2.  Talmud  Babeli,  tract.  Sanhed.  c.   11.  f.  91, 

3.  Movers,  Phoenizier ,  tome  II.  2.  pag.  427. 

4.  Chronicon  Paschale  I  p.  46.  „Kavaav  è^  ou  '^A^lpot  xat 
^otvixsç."  Isid.  orig.  IX.  1 ,  12.  ,jChanaan  a  quo  Afri  et 
Phoenices  et  Cbananaeorum   decem  gentes. 

5.  Chron.  Pasch.  II.  p.  96.  Insulae  autem  quae  pertinent 
ad  Hispaniara  Tarraconensem ,  très  sunt  quae  apellantur  Ba- 
learicae.  Habent  autem  civitates  bas ,  Ebusa ,  Palma ,  Pollentia , 
quae  dicitur  Majorica,  Taraaene  Magonae .  quae  appellantur 
Minorica.  Harum  inbabitatores  fuerunt  Cananaei  fugientes  a 
facie  Jesu  filii  Nave  . .  .  Cades  autem  Jebusaei  condiderunt 
et  ipsi  similiter  profugi. 


211 


6  Moses  de  Khorène  (370—486.  a.  n.  ère)  I  chap.  19 
traduit  par  "Vaillant  de  Florival,  tome  I.  p.  89  (J'ai  emprunté 
cette  annotation  à  M.  Mo  vers). 

7.  Procope.  Historia  Vandalorum.  IL  10.  ^^ax-^'k'xi  ^\jo  èz 
lidôùv  "Xsvxcôv  TrsTTOiyjpsvfiov  ày;^e  y.privYiç  siat  tïjç  peya^ryç  y pcciiiicna. 
^otvtxtxa  èyxs/.o)ia/:/^sva  iyovdcu  r/j  $oivtxwv  y^wircPî  )>2yovTa 
èi§s  Yi[JLSiç  S(T[JLSV  ol  fvvovrss  àiro  npotrconÔv  I/jffÔy  tôu  ^y)crTÔu 
utoO   Nauyj. 

8.  L'Institut.  Sect.  Il  n».  306.  1861.  Berbères  et  kabyles. 
Texier,  sur  l'ouvrage  de  M.  Deveaux  ,Jes  Kebaîles  de  Djerdjera" 

9.  Ibn-Kaldun,  Histoire  des  Berbères,  traduite  de  l'Arabe 
par  M.  le  baron  de  Slane.  Alger   1852. 

10.  Tome  L  pag.   168. 

11.  Chronicon  t.  I.  p.   66.    Cedrenus.  I.  p.  79, 

12.  Diodore,  L  III,  71. 

13.  Chronicon  t.  I,  66. 

14.  Abulfeda,  Historia  Anteislamica  éd.  Fleischer  pag.  117. 

15.  Movers,  Phoenizier  I,  657. 

16.  Léo  Africanus  p.   298. 

17.  Koran,  Sura  p.   18. 

18.  Abulfeda  p.  117. 

19.  Ibn-Kaldun  I,  70,  176. 

20.  „         „        I,    181. 

21.  Movers,  Phoenizier,  tora.  IL  2,  424. 

22.  Les  monuments  Puniques  ou  Phéniciennes  sont  collec- 
tionnés dans  l'ouvrage  de  M.  Gesenius,  Monumenia  Phoenicea. 
Lipsiae,  1837.  —  Les  monuments  Carthaginois  Taf.  14  et 
15—19.  —  Les  monuments  de  Numidie  Taf.  21— 26,  de  Tri- 
polis,^  Taf  27.  Égyptiens  Taf  28  —  31.  —  Le  musée  de 
Leyde  en  a  plusieurs  et  aussi  le  musée  de  Constantine.  dans 
l'Afrique  septentrionale.  Dans  la  Revue  Archéologique  on 
trouve  mentionnées  les  découvertes  récentes,  ainsi  1858  pag. 
128  et  139. 


212 


23.  Encyclopédie  de  Ersch  et  Griiber ,  sectio  TII  Th.  XXV,  325. 

Phoenizier,  notice  de  Mr.  Movers  —  Tarba.  Comparez  les 
Antcdota  P'mdari  dans  le  Fhilologus  de  ScJineidewin ,  tome  L 
p.  421.  —  „Ai^îi;  as  Tap|3avTa  focat  TrpwToyovov  (x.vyjipcov  àva- 
(Juvra  TtîâtMV  ,  y)vU/.£ta?  à.T:acp^(X(jOcci  Atoç  ^(xlavov  ....  Aaauptot 
as  lavvyjv    i)(Qvorpixyoy  -^svsgQch.i  'Ko.p    àurotç.    Xa^iîatoi   c?s   tov    Ac?a|x 

y.Cf.t      TODTOV      2£Vat      yaCXOUfft      TOV      àvôpWTTOV       OV        OL'Jsâo'/.îV       5^y/!U0V0V 

XcïffQae  (^£  àuTov  àîrvouv  àxivyjTOv  àca^cUTOv  wç  àvâpta-jzoç  sikovcc 
ÙTZOLp-^ovxcx.    èxstvov    Toù    àvw   TOV  ufzvoufjtsvoO    àf^afiavroç  ocyOpunoû. 

24.  Gesenius ,  monum.  Phoen.  p.  417.  Le  T.  et  le  Ta 
signifie  comme  praefixe  maiso7i  de,  forme  abréviée  du  mot  bet 
qui  signifie  maison.  Voyez  aussi  Movers,  Phoen.  tome  II.  2.  p.  409. 


VI. 


1.  Abulfeda  éd.  Fleischer.    p.  26.  ss. 
2  „  „  „         p.  27.  ss. 

3.  „  „  „         p.  178. 

4.  Tucb,  Sinaïtische  inschriften.  Zeitsch.  d.  D.  M.  G.  Tome  III. 
p.  215.  —  „La  personne  nommée  dans  l'inscription  XXI. 
Faran-ben-Amr  porte  un  nom  que  nous  trouvons  plusieurs 
fois  donné  aux  Amalécites.  Le  nom  de  l'inscription  n".  1.- 
Oscîio  est  le  nom  d'un  gouverneur  Amalécite  sur  le  trône  de 
Hirah,  chez  Abulfeda  p.  122  éd.  de  Pleischer  et  au  sujet 
du  nom  Amif  de  l'inscription  IV  dit  Dsauhari;  „on  dit  que 
c'est  le  nom  d'un  Amalécite." 


VII. 


1.  C.  C.  J.  Bunsen,  Volstàndiges  BibeUverk  fiir  die  Gemeinde. 
Leipz.,   1860. 

2.  Comparez  M.  Bunsen,  Bibelwerk,  V  t.  pag.  67.     Les  fils 
de  Joktan,  en  Arabe  Kachtan,  sont: 


213 


a.  Almodad,     Dans  Yemen,  dont  le  port  est  Aden. 

b.  Scheleph.  Nom  d'une  tribu  dans  Yemen,  qui  habitait 
peut-être  la  partie  orientale.  Ce  sont  probablement  les  Ala- 
pènes,  Salapènes  de  Ptolemèe,  mais  ceux-ci  habitèrent  la 
partie  occidentale. 

c.  Chazarmaveth.  Hadraraaut.  Contrée  au  côté  méridionale 
de  l'Arabie. 

â.  Jerach.  Les  habitants  de  la  cote  de  la  lune,  dans  la 
partie  orientale  de  Hadramaut 

e.  Hadoram.  Dérivé  du  même  radical  que  Chazarmaveth, 
Hadramaut;  ils  sont  distingués  par  les  Grecs,  comme  les 
Hadramites  et  les   Chatromotites. 

/  Uzal.  Ausalites,  Ausarites:  Zanaa  est  encore  aujourd'hui 
la  capitale  de  Yemen. 

g.  Biqlah.  Nom  qui  signifie  Palmier.  Les  habitants  du  Wadi 
Nedschran,  au  Sud  de  Kachtan ,  au  nord  de  Zanaa,  rendent 
un  honneur  divin  à  cet  arbre. 

h.  Eobal  (Gobai).     Les  Gebanites   de  Pline. 

i.  Ahimael.  Contrée  de  Mahra,  à  l'ouest  de  Hadramaut, 
qui  produit  l'encens. 

h.  Scheba.  Situé  dans  Himjar  (pays  des  Homérites)  les 
Sabéens  des  Grecs.     La  capitale  était  Mariaba. 

l.  Opliir.  Pas  très  éloigné  du  pays  de  Scheba.  Scheba  et 
Ophir  sont  nommés  presque  toujours  ensemble  comme  pro- 
duisant de  l'or. 

m.   Chavîlah.     Chaulan .  situé  entre  Mekka  et  Zanaa. 

n.  Jobab.  Les  Jobarites  (lisez  Jobabites)  de  Ptolemèe ,  dans 
le  voisinage  des  Sachalites,  qui  habitaient  entre  Hadramaut 
et  Mahra 

3.  Les  Elyméens.  M.  Bunsen,  Bibelwerk  t.  V,  86  les  appelle 
des  habitants  de  Susiana  mais  là  on  ne  trouve  pas  la  tribu 
d'Elymais  chez  Ptolemèe. 

4.  Comparez  M.Bunsen, Bibelwerk  T.  5.  p.  80. —  Gén.  25, 12,  ss. 


214 


Le   fils    de    Hagar    était    Iscbmaël  qui  avait  douze  fils,  dont 
les  noms  sont  des  noms  de  tribus  Arabes. 

a.  Nebajoth  Jez.  60,  7  ,  lié  à  Qedar,  comme  le  sont  les 
Nabathei  et  Cedrei  chez  Pline.  Les  Nabatéens  n'habitèrent  pas 
loin  de  Canaan ,  car  Esau.  épousa  une  fille  de  Nebajoth , 
Gen.  20,  9.  Ils  habitaient  l'Arabie  Petrée  et  Heureuse,  au 
sud  de  la  Syrie. 

b.  Qedar.  D'après  Jez.  21,  17  de  bons  archers;  Jer.  49, 
29,  32.  Peuple  de  troupeaux  et  de  tentes,  à  l'ouest  des 
Nabathéens  dans  le  désert  entre  l'Arabie  Petrée  et  Babylone; 
comparez  Ps.    120  ^   5. 

c.  Adbeel.  (Miracle  de  El). 

d.  Mibsam.  Pays  du  Baume.     Mekka    est  le  pays  du  Baume. 

e.  Mischmah  Masma.  Probablement  le  nom  des  Mésémanes 
de  Ptolemée  au  Nord-ouest  de  Médina. 

/.  BumaJi,  D'après  Abulfeda ,  7  journées  au  sud-ouest  de 
Damas  et  18  au  nord  de  Médina,  sur  les  frontrières  de  Syrie 
et  de  Babylone. 

g.  Massa    Les  Masnnes  de  Ptolemée,  au  nord-ouest  de  Dumah. 

h.  Chadar.  Qu'on  doit  lire  selon  1  Chron.  1,30,  Chadad  ; 
côte  entre  Oman  et  Bahrein ,  célèbre  par  ses  lances ,  situé  au 
golfe  de  Perse 

i.  Théma,  Tema ,  les  Arabes  de  nos  jours  ;  au  nord  du  golfe 
de  Perse  nommés  par  Ptolemée  les  Thames  ou  Ihémes.  Dans 
le  Haraasa  on  loue  la  vaillance  de  cette  tribu. 

y.  Jeiur  Comparez  les  Ituréens  qui  habitent  dans  le  Libanon  ; 
les  Israélites  du  nord-ouest  du  Jourdain  leur  firent  la  guerre, 
1   Chron.  5,   18,   11. 

h.  NupUsch,  Nom  conservé  dans  Nawsia,  endroit  situé  à 
PEuphrate  dans  le  sud  de  la  Mésopotamie,  l  Chron.  5,  19  ss. 

l.     QedmaJi    Juges  6,  3,  33;  7,  12   Les  enfants  de  l'orient. 

5.  Les  Hagarénes  ou  Hagréens  nommés  1  Chr.  5 ,  10, 
19   ss.    et    Ps.    83,    7.     D'après    Eratosthène    ils  sont  comme 


215 


es  Nabathéens  et  les  Chaulotéens,  les  habitants  du  nord  de 
l'Arabie.  —  M.  Bunsen;  voyez  note  4. 

6.  Bunsen,  Bibelwerk,  V  t.  pag.  81.  —  Gen.  25,  1.  ss.  Qeturah, 
nom  d'une  tribu  de  l'Arabie  qui  habitait,  liée  à  la  tribu 
Dschorhom ,  dans  les  environs  de-Mekka;  ses  fils  furent: 

Zimram.  Comparez  Zabrara,  capitale  royale  des  Kinédokolpites 
à  l'est  de  Mecca,  à  la  mer  rouge. 

Jokschan.  Les  Kassanites  à  la  mer  rouge  au  sud  des  Kiné- 
dokolpites. 

Medan.  Modiana  à  la  côte  orientale  du  golfe  Aelanitique 
de  la  mer  Bouge. 

Midjan.  Au  nord-ouest  de  Medan. 

Jischbac.  Dans  le  pays  des  Edomites. 

Schuach.  Comparez.  Job  2,11,  non  loin  du  pays  d'Edom. 

Les  fils  de  Jokschan  furent: 

Scheha.  Les  Sabéens  lesquels  sont  nommés  Job  1 ,  15;  6  ,  19, 
comme  habitant  dans  la  voisinage  des  Nabatéens  près  de  la  Syrie. 

Dédan  Près  de  la  région  des  Edomites,  Téman  Jer.  25, 
23;  49,  8;  Jez.   21  ,    13;  Ez.   25,    13. 

Les  fils  de  Dédan  furent  les  : 

Aschurites.  Comparez  Ez.  27,  23.  Dans  le  voisinage  de 
Kachtan  et  Chaulan  —  les 

Letuschites.  Près  de  Leits ,  éloigné  4  journées  de  Mekka.  —  Les 

Leumnites  Les  Béni  Lam ,  fils  de  Lam,  tribu  qui  s'étendait 
de  la  Babylonie  et  la  Mésopotamie  jusqu'aux  Jokschanites. 

Midjan  avait  pour  fils: 

Hephah.  Comp  Jez.  60 ,  6.  Tribu  négociante  entre  les 
Sabéens  et  les  Hébreux. 

Hepher.  Banu  Giphar  appartenant  à  la  tribu  Kemana  dans 
le  Hedschas. 

Cîianok.     Chanuka .  trois  journées   au  nord  de  Médina. 

Ahidah  et  Eldahah  comparez  Abidah  et  Wadahah  deux  tribus 
importantes  dans  le  voisinage  des  Hafirs. 


216 


7.  Bunsen,  Bibelwerk ,  t.  V  p.  81   et  335  en  bas 

8.  Bunsen,  Bibelwerk,  t  V  pag.  82  et  83.  Gén.  36,  9. 
Gén.  86,   20  ss. 

Hesav  c'est  Edom  qui  avait  épousé  Hadah  fille  d'Elon  le 
Hi'thite.  Basmath  fille  d'Ischmaël,  et  Oholibaraah  petite  fille 
de  Zibehon  le  Horite.  Les  mariages  avec  Basmath  et  Oholi- 
bamah  ne  présentent  rien  de  remarquable  pour  nos  recherches , 
seulement  nous  voyons  que  les  Edomites  étaient  pour  une 
partie  nés  des  Ischmaélites  et  des  Horites.  Le  mariage  avec 
Hadah  nous  apprend  que  les  Edomites  furent  parentés  aux 
Héthites  Le  fils  fut  Eliphas  qui  avaic  une  concubine  nommée 
Timnah  de  laquelle  les  Amalécites  auraient  pris  leur  origine. 
Les  autres  fils  d'Eliphas  furent: 

Teman.     Contrée  dans  le  Nord  d'Edora  Ez  25,  13  ;  Job.  2,  11. 

Omar.  Les  Béni  liammer  tribu  habitant  le  nord  du  pays 
d'Édom. 

Zepho.  Comp.  I  Chron  l ,  36  Zephi  ou  Zaphijeh ,  endroit 
situé  au  sud  de  la  mer  morte. 

GaJitam  ? 

Qenaz.  Nom.  32,  12  Nom  d'un  bourg  au  nord-ouest  de 
Petra  nommé  Haneizeh. 

Les  Horites  (en  Hébreu  Chori,  mot  qui  signifie  Troglodytes)- 
habitaient  dans  les  montagnes  de  iSehir.  Les  noms  des  diverses 
tribus  qui  habitèrent  ces  contrées  sont  conservés  dans  les  noms 
des  fils  de  Sehir ,  au  chapitre  36  vers  20  ss.  de  la  Genèse; 
comparez  M.  Bunsen  tom.  V  pag.  8o. 

9.  Diodore  1  1,  54,  57.  La  division  du  pays  en  36  Nomes 
attribuée  à  Ramses ,  date  probablement  d'un  temps  bien  anté- 
rieur au  régne  des  Hyksôs  :  Il  se  peut  cependant  que  Ramses 
régla  de  nouveau  cette  division  d'une  manière  officielle  après 
l'expulsion  des  étrangers  hors  du  Delta. 

10.  T.  Chabas,  Mélanges  Egyptologiques ,  comprenant  onze 
dissertations    sur   différents  sujets,    1862.    Voyez  planche  VIII 


217 


fio^.  10  M.  s.  Birch  a  donné  une  critique  de  cet  ouvrage 
dans  la  Kevue  Archéologique  de  1^62,  livraison  du  mois 
d'Avril,  page  291,  au  sujet  de  la  quatrième  dissertation 
qui  a  pour  objet  la  recherche  des  traces  qu'on  peut  trouver 
des  Hébreux  en  Egypte;  ,,La  découverte  du  nom  des  Hébreux 
dans  les  Hiéroglyphes  serait  un  fait  de  la  dernière  importance; 
mais  comme  aucun  autre  point  historique  n'offre  peut-être  une 
pareille  séduction,  il  faut  aussi  se  défier  des  illusions  avec  un 
soin  méticuleux.  La  confusion  des  sons  R  et  L  dans  la 
langue  Egyptienne,  et  le  voisinage  des  articulations  B  et  P 
nuissent  un  peu,  dans  le  cas  particulier,  à  la  vigueur  des 
conclusions  qu'on  peut  tirer  de  la  transcription.  Néanmoins 
il  y  a  lieu  de  prendre  en  considération  ce  fait  que  les  Aperiu, 
dans  les  trois  documents  qui  nous  parlent  d'eux ,  sont  montrés 
employés  à  des  travaux  de  même  espèce  que  ceux  auxquels, 
selon  l'Ecriture,  les  Hébreux  furent  assujettis  par  les  Egyptiens. 
La  circonstance  que  les  papyrus  mentionnant  ce  nom  ont  été 
trouvés  à  Memphis,  plaide  encore  en  faveur  de  l'assimilation 
proposée,  découverte  importante  qu'il  est  à  désirer  de  voir 
confirmée  par  d'autres  monuments." 
•  11.  Papyrus   Hiératique  de  Leyde  I.  348  pi.  6,   15 

12.  „  „  „        „       L  349. 

13.  „         Anastasi  H.  pi.  L  IV.  pi.  6.  1    s. 

14.  „  „        VI  pi.  4.  dernière  ligne. 

15.  Lepsius,  Denkmâler   t.  III  pi.  219.  e. 

DEUXIÈME  PARTIE. 
I. 

1.  Le  papyrus  Sallier  I  commence  par  un  fragment  histori- 
que se  rapportant  à  l'époque  qui  précéda  l'expulsion  des 
Hyksôs.      Malheureusement ,     ce    fragment    très    usé    par    le 


218 


temps,  a  été  interrompu  par  le  scribe  lui-même,  qui  y  a 
substitué  sans  transition  une  composition  d'une  notion  tout  à 
fait  dififérente.  Le  reste  du  papyrus  est  rempli  par  une  col- 
lection de  lettres  faite  par  le  scribe  Pentaour.  Cette  compi- 
lation paraît  avoir  été  arrangée  sous  le  règne  de  Ménephtah 
Ra-en-Ra,  successeur  de  Ramses  II.  Publié  par  le  Musée  Brit- 
tannique  en  1844,  sous  le  titre  de  „Select  Papyri  in  the  hieratic 
character,"  elle  provient  de  la  collection  Sallier.  Revue  Arch. 
1860  ,  oct.   229.     Le  nom  de  Sutech  planche  II  fig    6. 

2.  Le  papyrus  Sallier  III  contient  le  récit  semi-poétique 
d'un  exploit  de  Ramses  II  dans  une  de  ces  expéditions 
contre  les  Khitas  ou  Hittites.  Cette  composition  est  due  au 
scribe  Pentaour.  On  connait  l'excellente  traduction  qu'en  a 
publiée  M.  de  Rougé  en  185  6.  Un  abrégé  du  même  texte  est 
inscrit  en  hiéroglyphes  sur  les  murs  du  temple  d'Abou-Simbel 
et  sur  ceux  au  Eamesseum  de  ïhèbes.  On  a  pu,  par  ce  moyen, 
suppléer  aux  lacunes  du  papyrus,  dont  les  premières  pages 
ont  disparu.  M.  Chabas  a  publié  dans  la  Revue  Archéologique , 
1857,  une  traduction  analytique  du  texte  d'Abou  —  Simbel. — 
Revue  Archéologique  1860,  oct.  p.  230. 

3  Le  papyrus  360  du  musée  de  Leyde,  un  acte  public 
dans  laquelle  est  cité  le  palais  de  Ramses  Meiamoun.  Descrip-* 
tion  raisonnée  des  monuments  Egyptiens  du  musée  de  Leyde 
par  M.  Leemans,  page  116. 

4.  Le  papyrus  Anastasi  II  contient  d'abord  un  court  exorde 
d'histoire,  puis  des  lettres  et  des  communications  de  politesse. 
Le  papyrus  parait  avoir  été  écrit  sous  le  règne  de  Ménephtah- 
PI  62,  1  4  on  rencontre  la  légende  suivante:  Set  dans  la 
maison  d'Amon.  —  R.  A.  1860  oct.  p.  231.  Planche  II,  fig  7. 
Le  papyrus  Anastasi  IV  date  du  règne  de  Séti  II  et  parait 
avoir  été  recueilli  par  le  scribe  Enna.  Le  papyrus  est  d'une 
écriture  magnifique.  On  trouve  le  nom  de  Set,  PI.  87.  c,  4. 

5.  Dans    le    papyrus    Anastasi    V    on    rencontre    un    grand 


219 


nombre  de  communications  épistolaires  sur  des  sujets  variés. 
PI.  114,  lin.  2,  contient  la  légende  suivante:  Seti  Menephtah, 
la  tour  dans  le  pays  d'Aneb  etc.  —  Voyez  Planche  II,  fig.  9. 

6.  Le  papyrus  Anastasi  VI  contient  quatre  lettres  écrites 
par  le  scribe  Enna  à  son  supérieur  le  scribe  Kakebu.  PI.  122 
lin.  2,  on  lit  le  nom  de  Seti  Menephtah.  —  Kevue  Arch. 
1860.  oct.  p.  231.  —  Voyez  planche  II.  fig.  8.  Les  papyrus 
Anastasi  sont  publiés  avec  les  papyrus  Sallier. 

7.  Das  Todtenbuch  der  Aegypter  nach  dem  hieroglyphischen 
Papyrus  in  Turin  von  Dr.  K,  Lepsius.  Leipzig,  1842.  —  M.  de 
Eougé  dit  dans  sa  traduction  du  chapitre  17  du  rituel  funé 
raire:  „J'ai  pu  vérifier  au  Louvre  même  la  sincérité  de  l'exem- 
plaire hiéroglyphique  de  Turin,  lithographie  sous  la  direction 
de  M.  Lepsius  sur  deux  manuscrits  de  très-ancien  style.  L'un 
d'entre  eux  est  célèbre  dans  la  science  par  la  singularité  de 
son  aspect.  Il  a  été  écrit  avec  une  encre  blanche  qui  se 
détachait  sur  le  fond  brun  du  papyrus ,  mais  que  l'action  du 
temps  a  noircie  presque  partout.  Le  type  des  caractères  est 
très-ancien. 

Le  manuscrit  de  Leyde  décrit  par  M  Leemans  sous  le 
N.  T.  2.  (page  229  du  catalogue)  est  jugé  avec  raison  par 
le  savant  directeur  du  musée  Néerlandais ,  comme  appartenant 
au  style  de  la  dixhuitième  dynastie  ^  les  musées  de  Londres  et 
de  Dublin  en  possèdent  aussi  des  exemplaires  du  même  style. 
Plus  loin  j'indiquerai  le  manuscrit  du  Louvre  n°  3  ,  132. 
Parmi  les  papyrus  hiératiques,  les  Rituels  de  Peberer,  de  Taho, 
de  Ouaphra  et  de  Scheschonk.  En  hiéroglyphes  linéaires  on 
a  encore  le  papyrus  cadet  publié  par  la  commission  d'Egypte. 

8  de  Rougé,  études  sur  le  Rituel  funéraire  des  anciens  Egyptiens. 
Revue  Archéologique,  1860.  Chap.  17,   page  230  ,  suite  page  337. 

9.  Papyrus  345  du  musée  de  Leyde.  M.  Brugsch  eu  donna 
quelques  remarques  dans  le  Zeitsch  d.  D.  M.  G.  1852.  s.  254 
sous  le  titre:  Ueber  das  Aeg.  Muséum  zu  Leyden.    Comparez 


220 


la   description    raisonnée    des   monuments  Égyptiens  du  musée 
de  Leyde  par  M.  le  Dr,  C.  Leemans    p.   113, 

10.  Catalogue  du  musée  du  Louvre  par  M.  de  Rouge  1849 
pag.  IX.  XlIIe  dynastie  no.  21.  Sphinx  de  granit  Rose, — Dans 
la  seconde  édition,  notice  sommaire  des  Monuments  Egyptiens 
exposés  dans  les  galeries  du  musée  du  Louvre  1860  ,  ce  Spynx 
n'est  pas  décrit  Là  on  trouve  encore  un  autre  monument  qui 
date  du  règne  de  Ramses  H  et  qui  prouve  l'honneur  rendu 
au  dieu  Set,  —  pag  118  nous  lisons:  „Un  groupe  en  pierre 
d'une  fine  sculpture  réunit  ici  le  dieu  Set  à  la  déesse  Nephthys, 
sa  soeur  (et  son  épouse,  suivant  le  traité  d'Isis  et  d'Osiris). 
Ce  groupe  a  heureusement  échappé  à  la  mutilation  dans  ses 
parties  essentielles  ;  le  dieu  a  sa  tête  symbolique  coiffée  du 
double  diadème.  Une  incription  qui  couvre  le  dos  de  ces 
figurines  nous  apprend  que  ce  morceau  appartient  au  règne 
de  Ramses  IL  II  provient  de  la  collection  Palin,  où  il  avait 
été  décrit  comme  une  figure  d'Apis  " 

11.  Voyez  le  Hyksôs-Document  de  M  Brugsch ,  Zeitsch. 
d    D.  M.  G    pag.   211,  1855. 

13  Catalogue  de  1849  du  Louvre  pag.  n°  24.  Colosse  de 
grès  rouge.     Ce  monument  n'est  pas  cité  dans  l'édition  de  1860. 

13.  Fier.  Camillo  Orcurti,  Monument!  del  museo  di  Torinor. 
Monumenti  reali  8.  Statua  Colossale  d'uomo  in  piedi.  Rappre- 
senta  il  re  Seti  II  (XIX  dinastia) .... 

Egli  e  da  notarsi  che  in  tutti  i  luoghi  dove  occorre  il  nome 
del  dio  Set  fu  martellato  a  bello  studio  lasciando  intatti  gli 
altri  segni. 

14.  Description  raisonnée  de  Mr.  le  Dr.  Leemans  pag,  9, 
n**.  423.  Lettre  à  Salvolini  sur  les  légendes  Royales  pag.  84—90 
et  l'édition  des  Monuments  du  musée  de  Leyde.  Voyez  planche  III, 

15.  Rosellini,  I  monumenti  dell'  Egitto  e  délia  Nubia,  desegnati 
délia  spedizione  scientifico-litteraria  Toscana  in  Egitto;  di's- 
tribuiti    in    ordine    di    materie  interprétât!  ed  illustrati      Pisa 


221 


1833—44  P.  1,    moniimenti  storici  IV  tom.  P.  II,  monuraenti 
civili.  P.  TII,  rnonumenti  del  Culto, 

16.  R  Lepsius,  Denkraàler  ans  Aegypten  und  Aethiopien 
nach  clen  Zeichnnngen  cler  von  Sr.  Maj.  dera  Kônig  von 
Preussen  Friedrich  Wilhelm  IV  nach  diesen  Landern  gesendeten 
und  in  den  Jahren  1842 — 1845  ausgefiihrten  wissenschaftlichen 
Expeditien,    anf   Befehl  Sr.  Maj.  herausgegeben ,  i5erlin    1856. 

17.  R.  Lepsius,  Denkmaler,  lit  Abt.  38.  g. 

18.  „  „  „  34  e.  La  figure  de 
Set  est  mutilé. 

19.  Denkmaler  III  35  a.  Set  Noebti  effacé. 

20.  „  „    b 

21.  „  „    e. 

22.  „  36  c.  Set  mutilé. 

23.  ,^  200  c.  Set  mutilé  le  mot  noebti  resté. 

24.  ,,  208  Set  mutilé. 

25.  „  214  d.  Set  changé  en   Horus  reçoit  une 

offrande  de  Kamses. 

26.  „  214  e.  Set-noebti. 

27.  Rossellini,  mon.  del  Culto.  XXTX.  XLVL  2  LVIL 

28.  „  „       „        „    LXXVn.plancheIIIfig.8etl2. 

29.  Stèle  n"  62  pag.  282,  description  raisonnée.  etc. 
Pierre  calcaire,  Stèle,  les  figures  sculptées  dorées  et  peintes, 
à  deux  registres  1*  reg.  le  disque  orné  des  deux  Uréus  (le 
soleil)  et  le  disque  avec  le  croissant  (la  lune)  au-dessous,  un 
dieu  9  figure  humaine  nommé  Noebti,  le  dieu  grand,  perçant 
avec  une  haste  un  énorme  serpent  à  tête  et  bras  humains; 
2*  rég.  le  défunt  Kiana  agenouillé  devant  une  quantité  d'offran- 
des et  adorant  le  dieu  soleil  V.  aussi  la  lettre  à  Mr.  Salvolini 
pi.   XVI    n*'.-   167    p.   88.     Voyez  planche  II  fig.  2 ,  3.  4 ,  5. 

30.  Description  raisonnée  etc  Stèle  n"  13  Pierre  calcaire  les 
figures  sculptées  et  coloriées  à  deux  registres  1".  reg.  le  défunt 
un    gardien    du    palais    de  Ke-men-nito  (Thoutmes  V)  nommé 


222 


Noebti    et     la     dame     Set-amon  ,    adorant    Osiris     Fent-hem- 
pamenti_,    assis    sur    un    trône    devant    une  table  à  offrandes; 
2".  rég.  le  défunt  offrant  à  ses  parents  au-dessous  de  la  chaise 
de  la  femme  un  homme  agenouillé;  planche  II  fig.  1. 
31.  Voyez  la  planche  IV  fig.  7  — 15   et  l'explication. 


n. 


1.  Plutarque.  De  Iside  et  Osiride ,  liber  Graece  et  Anglice 
éd.  Samuel.  174-4.  Ueber  Isis  und  Osiis  nach  neu  vergli- 
chenen  Handschriften  mit  Uebersetzung  und  Erlauterungen 
herausgegeben  von  Gustav  Parthey,  Berlin   1850.  8o. 

2.  Etude  sur  le  rituel  funéraire  par  M.  de  Eougé,  Revue  Arché- 
ologique 1860,  introduction  et  traduction  des  titres  des  diverses 
chapitres  du  rituel  et  du  chap.   17. 

3.  Chap.   17.   lig.   25  et  26. 

4.  „      liq.  74. 


5. 

„      140. 

6. 

„      134,   141. 

7. 

Chapitre  17,  ligne  67,   vers 

28. 

8. 

17,                     vers 

25. 

9. 

„         15,7. 

10. 

Pap.  Harris   46.  II.   2. 

11. 

Chabas,  Pap.  Harris  III.   10. 

12. 

„         „          „        VI.  5. 

pag.   88 

13. 

„        VI.  8. 

„     90, 

14.  „         „  „  „   120,   125. 

15.  „         „  „  „  178. 

16.  Brugsch,  Z.  d.  Deutsch.  Morg  Ges.  1852  pag  254—258. 

17.  Lepsius,  Chronologie  der  Aegypter  s.  46. 

18.  M.  Chabas  dans  la  traduction  de  l'étude  de  M.  Goodwin  sur 
les  papyrus  hiératiques,  Revue  Archéologique  1860  dit:  Le  papy- 
rus Sallier  IV  est  un  alraanach  des  jours  fastes  et  néfastes  de 


223 


l'année.  —  Malheureusement  il  n'est  pas  complet.  On  y  trouve 
des  curieuses  mentions  relatives  à  la  religion  Égyptienne  — 
M.  de  Rouge  publia  son  étude  sur  ce  papyrus  dans  la  Revue 
Archéologique  1853,  placée  derrière  son  mémoire  sur  quelques 
phénomènes  célestes,  sous  le  titre  de  :  Appendice  sur  le  calendrier 
du  papyrus  n".  4  de  la  collection  Sallier. 

Selon  M  Brugsch ,  division  de  Vannée  et  observations  planétaires, 
1856,  l'année  était  ainsi  divisée; 


le  Mois  /  Première  tétraménie 

2e  Mois  \  Selon  la  division 

3e  Mois  \  de  Champollion, 

4  e  Mois  f  Se  la  végétation 

5e  Mois  '  Seconde  tétraménie. 

6e  Mois  \  Selon  la  division 

7e  Mois  \  de  Champollion, 

Se  Mois  (  la  récolte  Per. 

9e  Mois  /  Troisième  tétra  — 

10e  Mois  \  ménie  Selon. 

Ile  Mois  i  Champollion. 

12e  Mois  (  Inondation. 


Thot-Juin 
Paophi-JuiUet 
Athor-Aout 
Choiak-Septembre 


L'EléselonM. 
Brugsch. 


Tobi-Octobre 

Méchir-Noverabre  \  L'Hiver  selon 
Psaménut-Décembre[  M.  Brugsch. 
Pharmouthi- Janvier 


Pamenes-Pevrier 
Paune-Mars 
Epipi- Avril 
Mésori-Mai 


L'Eté  selon 
M.  Brugsch. 


19.  Voyez  planche  IV  fig.   1. 

20  Champollion,  Monuments  de  l'Egypte  et  de  Nubie  p.  461. 
E.  Poitevin ,  recherches  sur  la  ville  d'Avaris.  Revue  xVrchéo- 
logique   1855.     Voyez  planche  III  fig    13. 

21.  Champ.  Mon.  etc.  III  pag.  88.  Poitevin,  recherches  sur 
la  ville  d'Avaris.     Voyez  pi.  III  fig.    14, 

22.  Lepsius,  Denkmàler  t.  III.   234.  Voyez  pi.  IV.  fig.  2. 

23.  Lepsius,  Abh.  der  kôn  Acad.  d.  Wis.  z.  Berlin  1851.  s  207. 

24.  Lepsius ,  „  „  „  s.  209. 


224 


25.  Liste  des  représentations  du  dieu  Set  sur  les  Bas-reliefs, 
tiré  des  Denkmàler  de  M    Lepsius. 

Abtheilung  III.   15.  reste  dans  le  nom  de  Seti-Meneptah. 

„  33    g        „      l'image. 

„  34.  c.  mutilé       ,, 

35.  a. 
35.  b.        „ 
35.  c    resté. 
35.  e.  mutilé. 

37.  b.  ligne.  62.  Thot  au  lieu  de  Set. 
„  74.  a.  1.   1.  3  Set.  5  Set.  mutilé. 

„  122.  a.  resté. 

„  124.  b,  3  fois  resté,  dieu  vigilant. 

„  124.  d.  3  fois  resté. 

„  125.  a,  1.  2.  Set  mutilé.  Kesté  4,  2  fois.  5,  2  fois. 

6,  2  fois. 
„  125.  c.  resté. 

126.  a.       „ 

127.  a       „ 

127.  b.      „ 

128.  a.       „ 

129.  a.       „ 
„            180.  a.  b.  „ 

131.  a.  2  fois  mutilé. 
131.  b.  resté. 

131.  e.   2  fois         „ 

132.  f.  resté 

l'62.  a.  resté,  d.  resté,  e.  resté. 
132.  f.  2  fois  mutilé.  1    resté    m.  resté. 
132.  m.  resté  réuni  avec  Horus  et  Thot. 
132.  n.  resté,  r    resté. 
134.  b.  resté. 
.138    g.  b.  k.  1    m.  n,  o   resté 


225 


Abtheilung  III.   139.  a.  b.  c.   d.  e.  f.  testé. 

„  140.  a.  resté,  b.  mutilé,  c.  resté,  d.  mutilé. 

„  141.  a.  resté  6  fois.  b.  f.  g.  h,  i.  k.  n.  mutilé. 

150.  resté. 
„  152.  a  mutilé,  b.  resté,  c.  d.  resté. 

„  168.  a.  b.  Set  resté. 

„  200.  e.  Set  mutilé,  Noebti   resté,  la  figure  de 

Set  totalement  effacée. 
„  204.  b.  Set  des  Nègres. 

206. 
„  208.  Set  mutilé. 

„  214.  d.  Set  changé  en  Horus. 

„  214.  e.  f.  resté. 

„  234.  Set  combiné  avec  horus. 

„  246.  b.    Set    porte    la    couronne    de    la    basse 

Egypte  ,  Horus  celle  de  la  Haute  Egypte. 

26.  Voyez  planche  IV.  fig  6.  et  fig.  3.  Rosellini ,  monuraenti 
storici ,  PI  157  et  159  et  Lepsius,  Denkmàler  III.  204  b  et 
206  '  Comparez  aussi  Lepsius ,  Abh.  der  Kôn.  Acad.  zu 
Berlin  1851. 

27.  Lepsius,  Abh.  der  Kôn.  Acad.  zu  Berlin,  p.  210.  Voyez 
planche  IV.  fig.  4. 


III. 


1.  Jsaie  11  :  8.  59  :  5.  14  :  29.    Jérémie  8  :  17. 

2.  Malala  ,  p.  197.  „ApaxovToç  IXoraixou  toO  vuvt  Xsyoaevoû 
'OpovTou  oa-ciç  Ty^wv  y.xi  Oyerirjç  xa^strat."  Strabon  XVI.  2  , 
Movers,  die  Phoenizier  I,  523. 

3.  Movers  L  p.  503. 

4.  „       p.  505  et  p.  526. 

5.  ApoUodore  II  :  5 ,  1.  Hésiode,  Théogénie  vers.  327  ss. 
Movers  I,  p.  436. 

16 


^26 


6.  Movers  I.  p.  524.  Hésiode,  Théogénie,  306. 

7.  Plutarque ,  de  Iside  et  Osiride  XL.  et  LXII. 

8.  „  „  „         XXXVII. 

9.  „  „  „         XXXIII. 

10.  „  „  „        XXXII. 

11.  „  „  „        XXXIX. 

12.       „         «  »      n. 

13.  „  „  „         XIII- 

14.  „  „  „         XXXI. 

15.  „  ,,  »         XLIX. 

16.  Verset  35. 

17.  Eeuvens,  I.  p.  39.  Chabas ,   pap.  Harris.  p.  180. 

18.  Ligne  26. 

19.  Brugsch  ,    Monuments  de  l'Egypte  1'  livraison,  p.  2. 

20.  Voyez    les    représentations    des    Zodiaques    de  Dendera 

d'Esneh  et  d'Edfu. 


IV. 


1.  Genèse,  V  :   1. 

2.  Josèphe,  Antiquités  liv.  I,  chap.  2. 

3.  Fabricius ,    codex    pseudepigraphus    Veteris    Testamenti , 
tome  I,  p.    150. 

4.  Genèse  ,  IV  :  26. 

5.  Fabricius,  cod.  pseud  V,  T.  I.  p.   143. 

6.  „  „  „  IL  p.  49. 

7.  Abulfeda ,  historia  anteïslamica  éd.  Fleischer. 

8.  Nombres.  XXIV  :   17. 

9.  Walch,  Ketzerhistorie ,  I    609. 

10.  Fabricius,  cod.  pseud  V    T.   I    157. 

11.  Cbarapollion.  Grammaire  Égyptienne,  p    495.    Lepsius, 
Abh.  d.  Kôn.  Acad.  1851.  Voyez  planche  IV.  fig.  5. 


227  / 

TROISIÈME  PA.RTIE. 
I. 

1.  Ovide,  Métamorphoses,  1.  X.  224. 

2.  Eusèbe,  in  Laude  Constantini  c.  13. 
'  8.  Curtius  Rufus,  1.  V.  3. 

4.  Lampridius ,  Héliogab.  c.  7. 

6.  Genèse  c.    19  :  8.     Juges  c.   19  :  24. 

6.  Silius  Italicus  1.  IV,  767. 

7.  Diodore,  1.  XX.   14. 

8.  „  Xm,  86. 

9.  „  XX,  14. 

10.  „  XX,  65. 

11.  Micha  c.  6  :  7.     Juges  c.   Il  :  31. 

12.  Movers,  Religion  der  Phoenizier  t.  I.  p.  357. 

13.  ÉzécK  c.   16  :  20.    23  :  37. 

14.  Klitarchus,  Scholia  in  Platonem. 

15.  Suidas  sub  voce  ZtxpScoiog  yùug. 

16.  Photius ,.  lexicon. 

17.  Movers,  Rel.  d.  Plioen.  I.  p    301. 
18    Eusèbe,  in  Laude  Constantini    c.   13. 

19.  Silius  Italicus,  l.  IV.  770.  Porphyrius,  de  Abstinentiap.150. 

20.  Porphyrius  de  Abstinentia  II.  p.    198. 

21.  „  „  „  p.    197. 


p    201. 


II. 


1.  Çhron.  pasch.  I.  p.  18.     Cédrénus,  Chron.  I.  p.  29. 

2.  Plin.  hist.  nat.  II.  6.  Cicero,  de  nat.  deorum  II.  20,  46. 

3.  Porphyr.  de  Abstin.  II.  p.  202.  Eusèb.  praep.  Ev  IV.  163. 

4.  Cléraens,  Recognit    IX  :   17;  X  :  9. 

5.  Clémens  Alexandrinus,  Stromata  VII.  4,  6,  33. 


228 

6    Ézéch.  c.    16   :  26;  c.   23  :   20. 
7.  Lampridius,  vita  Commodi,  cap.   10. 
,    8.  Lucianus ,  Alectruon  c.  3. 

9.  Clém.  Alex,  protrept.  Arnobius  IV. 

III. 

1.  Porphyrius ,  de  Abstinentia  I.  IL  §  55.  p.  199.  Eusèb. 
praep.  Ev.  I.  IV.  c.  16.  p.  155.  Théodoretus.  Serm.  VII.  de 
Sacrificiis  p.  589.     Plutarque,  de  Is.  et  Os.  c.  73. 

2.  Marshara,  Can.  Chron.  p.  317. 

3.  Fruin,  Manethoos,  p.   137. 

4.  Livius,  1.  II.  c.  45. 

5.  Charapollion  Eigéac ,   Egypte  ancienne  p.  42,  ss. 

6.  Diodore  1.  IL  c.  88. 

7.  Seleiicus  chez  Athenaeus  1.  IV.  c.   22. 

8.  Leemans,  Horapollinis  HiérogL  p.  270  et  254.  Voyez 
planche  V.  fig.  4. 

9.  VVilkinson,  second  séries  of  the  manners  and  customs 
of  the  ancient  Egyptians  tom   II.  pag.  353.  planche  V  fig.  2  et  3. 

10  A  human  sacrifice  to  the  ser^^ent  from  the  tomb  dis- 
covered  by  Mr.  Belzoni  n^  l  in  Thebes.  —  Kawlinson  travels 
tom.  IL  Voyez  planche  V.  fig.  I. 

11.  Description  de  l'Egypte,  voL  5.  planche  85,  fig.  10,  13. 
Peintures  recueillies  dans  le  cinquième  tombeau  des  rois  à 
rèst.  Thèbes  Ban-el-Molouk.  Le  tombeau  représente  plusieurs 
représentations  du  même  espèce  —  Voyez  planche  V,  fig.  5, 
6  et  7  et  planche  VI,  fig    1. 

12.  Plutarque,  de  Iside  et  Osiride.  c.  30,  31,  50. 

13.  Hérodote  II  :  47. 

14.  Champollion,  Gramm.  Egypt.  p.  103. 


329 

IV. 

A. 

1.  II  Rois  XVI  :  3.     II  Chroniques  XXVIII  :  3.    Josèphe, 
Antiquités  IX  :  12. 

2.  Psaume  CVI  :  35. 

3.  Jsaie  LVII  :  5.     Jérémie  VII  :  31;  XIX  :  5. 

4.  Éze'cb.  XVI   :  21;    XXIII  :  33;    II  Sam.  XII  :  31. 

5.  Micha  6  :  7. 

6.  Il  Rois  3  :  27. 

7.  Nombres  25  :  é;   II  Sam.  21  :  6. 

8.  Micha    6    :    7.     Juges    11    :    31.     Ézéch.    16  :  20,  21. 
Ézéch.  23  :  37.     Jér.  19   :  6. 

9.  Lévitique  20  ;  3. 

10.  Ézéch.  20  :  26. 

11.  Exod.    13  :   12. 

12.  Nombres  3 1   :  23. 

13.  Exod.   13  :  12.     Nombr.  3  :  13. 
14  Exod.  12  ;  13,    22,  23,  27. 

S- 

1.  Jsaie  66  :  3. 

2.  „       65  :  4.      66   :  3.     66  :   17. 

3.  Plutarque,   Sympos.  1.   5. 

4.  Eisenmenger,   Entdecktes  Judenthum,  B.  U\.  S.  149  s. 

5.  Lightfoot,  Opuscula  tom.  II.  p.  382. 

6.  Buxtorf,  Lexicon,  p.  2654.  Movers,  Rel.  d.  Phoenizier, 
p.  384,  tome  I, 

7.  II  Rois  17  :  31. 

8.  Talmud.  Sanhédrin,  fol.  63, 

9.  Exod.  34  :  20. 
10.       „       13  :  13, 


230 


11.  Strabon  XV  :  2. 

12.  Pindarus,  Pyth.  X  :  31. 

13.  Nork,  Biblischer  Mythologie.  II.  p.   398. 

14.  Mr.    C.    W.    Opzoonaer,    De    dieren    voor     den    regter 
(les  animaux   devant  le  Juge). 


1 .  Nombres  ,  c.   1 9. 

2.  Plutarque,  de  Isid.  et  Osir.    c.  31. 

D. 

1.  Lévîtique ,  chap.   16. 

2.  Marobius ,     Saturnalia   III.    7.     Plutarque,    de    Iside    et 
Osiride ,   chap.  73. 

3.  Hérodote.  IL  39. 

4.  Spencer,  De  legibus  liebr.  De  Hirco  Emissario  p.  1039. 
5    Fabricius,  Cod.  pseud.  V.  T.  —  Winer  lexicou  Hebr.  et 

Chaldaicum ,  sub  voce. 

6.  Rosenmiiller,  Das  Mcrgenland  II.  s.   192. 

7.  Winer ,  Lexicon ,   sub  voce. 

8;  Movers,  Phoen.  tome  I.  p.  368. 

E. 

1.  II  Eois  chap.  XVIII ,  4. 

2.  Nombres  XXI  :  4— 9. 

F. 

1.  Amos  V  :  20. 

2.  Movers,  die  Rel.  der  Phoen.  t.  I.  p.  289. 

3.  Exode  XXXI  :  13—17. 

4.  Tacite  5  :  4.  Dio  Cassius  37  :    17.  Tibulle  1:3,  17. 


231 


QUATRIÈME  PARTIE. 
I. 

I.  Simrock,  Deutsche  Mythologie,  p    546,  281. 
S    Tacite,  Hist.  II  :  2. 

3.  Ad  versus  gentes  liv.  I.  chap.  39. 

4.  Chap.  3. 

5.  Lucianus  ,  'Ale^xvâpoç  ou  if/gu(?o/zavTeç .    c.  30. 

6.  Pline,   hist.   37,  c.  49—52. 
7    Pausanias,  in  Achaicis  XXII. 

8.  Theophrastus,  Uspt  âsfcn^xtu  Xapxy.r-npsç  VI. 

9.  De  Wette,  Archâologie  §  192.  Morier,  2'Eeise  in  Bertuch*8 
neue  Bibl.  der  Reise-Beschreibung,   XXIII.  92. 

10.  Rhode,  Religions-Brauche  der  Hindus ,  Th.  II.  p.  314. 

II.  Reland ,   de  Religione   Muharaedica ,  p.  120 

12.  Pocock,  spec.  Arab.  hist.  1806,  p.   100. 

13.  „  „         „         „         „        p.  120. 

14.  Bochart  II,  707.  Geographia  Sacra  :  „Idera  lapis  vocatur 
Abdir,  Abadir,  Abaddir,  Priecianus  lib.  T.  Abdir  genus  lapidis^ 
Lib.  5  Abadir  deus  est.  Dicitur  et  hoc  noraine  lapis  ille  quem 
Saturnus  dicitur  dévorasse  pro  Jove  quem  Graeci  Baitylon 
vocant.  Lib.  6.  Abdir  quoque  et  Abaddir  b  jSatTu/o?  hujus 
Abaddiris. 

15.  Photius,  Biblioth.  Cod.  242.  p.   1047  éd.  Scott. 

16.  Todtenbuch,  chap.    42  ligne  8  planche  X  fig.  1. 


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7. 

et  fig.  8. 

232 


17.  Voyez  planche  X,  fig.  9. 

18.  Planche  VI,  fig.   2  ,  a  et  b,  planche  X,  fig.   U. 

19.  Voyez  note   18.   29,  31,   32,  33,  34   et   35. 

20.  Eeviie  Archéologique   1861   Octobre. 

21.  „  „  1861   Mars. 

22.  Voyez  planche  X,  fig.   9,  c  et  b. 

23.  Planche  X,  fig.   10. 

24.  Colonne  I.  ligne  9.  10.  HT.  3.  TV.  7.  11.  V.  4.  VI 
11.  l;i.  VII.  1.  3,  5,  7.  Au  revers  V,  9,  l'animal  couché. 
Voyez  la  description  raisonnée  des  monuments  Égyptiens  etc. 
par  M.  Leemans.  page   111,  et  l'édition   des  monuments 

25.  Description  raisonnée  etc  par  M.  Leemans ,  page  112 
et  l'édition  des   monuments 

26.  C  II.  4.  H  II.  la  dernière  ligne  2  fois  ï,  III.  3 ,  4 ,  12, 
toujours  l'animal  couché.  Au  revers  F.  IV.  voyez  planche  X, 
fig.  13.  G    3,5,  deux  fois  6,8,  deux  fois  1 1.— H.  I.  2.  II.  3. 

27.  346  II.  8.    n  ,   12  deux  fois. 

28    347   VIII  8.  II  7.  û  +  S,  XIII    Au  revers  9.  349  ,  II  9  .  12. 

29.  Voyez  planche  X,  fig.   12. 

30.  „  „        II.  fig.  6. 

31.  11.  2.  On  trouve  presque  toujours  dans  le  papyrus 
Harris  l'animal  assis,  sans  signes  phonétiques  III.  9.  VI,  h, 
VI.  8.  IX,  y.  Exepté  A  8.  Voyez  planche  X,  fig  17  et 
VIII,  8.  planche  X,  fig.    15. 

32.  Papyrus  Harris,  pag.    100  et  pag.    177. 

33.  Voyez  page  86,  au-dessous. 

34.  Voyez  planche  VI,  fig.  2.  a.   b 

35.  Voyez  planche  X,  fig.    14. 

36.  Monumental  history  of  Egypt. 

37.  Lepsius,  Abhandlung  ueber  den ersten  Gôtterkreis  etc.l85I. 
88.  Genèse  28    :  10. 

39.  „       35  :   14. 

40.  Josué  24  :   26. 


233 


41.  Juges  IX  :  6. 

42.  Vita  Apollonii  V  ,  3  et  5. 

43.  Sanchuniathon,  p.   18.  Movers  11.  th.  I,  p.  344. 

44.  Hérodote  II.   45. 

45.  Fruin.  Manethoos,   p.  XIII. 

46.  Antiquités,    l  ,  2. 

47.  Chiliad.VllI,hist.211.Nork,Biblischer Mythologie  t.Ip.260. 

48.  II  Rois  23,  5.    II  Chron.  84.  4. 

49.  Gesenius.  Monuinenta  Phoenicea. 

50.  Hénoch,  chap    eiy. 

51.  Au  sujet  du  culte  des  Béthyles  ont  écrit:  Hoelling, 
diss.  de  Baetyliis  veterum,  Gron.  1715.  Falconet,  sur  les 
Bétyles.  Mém.  de  l'acad,  des  inscr.  VI.  513.  Munter,  u.  d.  v. 
Hitnmel  gefallenen  Steinen,  uebers.  v.  Markussen  1805.  Fr.  von 
Dalberg,  u.  d.  Meteor-Cultus  der  Alten,  vorziiglich  in  Bezug 
auf  Steine,  Heidelb.  1811. 


n. 


1.  Hérodote  III.   37. 

2.  Gesenius,  Mon.  Phoen.  pag.  298,  planche  39  XIII  E—L. 
Yoyez  planche   VI  fig,  3. 

3.  Servius  ad  Aen.  6.  68. 

4.  Pline,  hist.  nat.  37,   58. 

5.  L'édition  des  monuments  Egyptiens  du  musée  de  Leyde 
par  M.  Leemans,  explication  du  planche  I.  A.  XIV  fig.  1112. 
Voyez  planche  VI  fig.  4  et  6. 

6.  Voyez  planche  VI  fig.  5. 

7.  Descr.  raisonn.  de  M.  Leemans,  L  396 ,  p.  123  etPapyri 
Graeci  edidit  G.  Leemans,  1843,  p  124.  Columna  2.  a.  15. 
Pap.  Graeci  p    124  Columna  3.  a.   14.  ss. 

8.  Édition  des  Monum.  du   musée  Egyptien  de  Leyde,  par 


234 


M.  Leemans  I.  A.  p.  XIV.  fig.  1112  et  1191  Voyez  planche  6 
%.  4  et  6. 

9.  Descr.  raisonn.  de  M.  Leemans,  pag.  97,   545 — 548. 

10.  Voyez  planche  6,  fig.  7.     Sceptre. 

11.  „  „         „    fig.  8.     Étendard 

12.  „  „         „    fig.  9  et   10. 

13.  „  „         „    fig    11. 
14        „  „         „    fig.  12. 

15.  E.  de  Kougé,  étude  sur  le  Rituel  funéraire  p.  98. 
Revue  Archéologique  1860.  t.  I. 

16.  Chabas,  Papyrus  Harris,  p.  112. 

17.  E.  de  Rougé.  Notice  sommaire  des  Monuments  Egyp- 
tjens  du  musée  du  Louvre,  p.  122.  M.  de  Kougé  dit  encore 
au  sujet  du  dieu  Bes:  «Aucune  divinité  Egyptienne  n'est  aussi 
peu  connue  jusqu'ici  que  le  dieux  monstrueux.  Sou  corps  est 
ordinairement  modelé  comme  celui  d'un  homme  très-petit, 
très-trapu  et  dont  les  muscles  sont  extrêmement  développés. 
Ses  yeux  semblent  être  empruntés  au  taureau,  ses  oreilles 
dérivent  du  même  type,  ses  cheveux  tombent  en  boucles  sur 
son  cou  comme  la  crinière  d'un  lion.    Il  porte  comme  Hercule, 

une    peau  de  lion  sur  le  dos Il  est  armé  d'un  bouclier 

et  brandit  son  épée  ou  tire  de  l'arc.  Sa  langue  qui  pend 
hors  de  sa  bouche,  semble  encore  lui  donner  un  caractère  de 
bestialité    plus    féroce.     Sa  coifi'ure  ordinaire  se  compose  d'un 

bouquet    de    plumes    d'autruche Souvent    il  joue   de   la 

harpe    ou   frappe    des    cymbales.     On  ne  connait  pas  bien  les 

fonctions    que   lui  attribuaient  les  Egyptiens Il  est  aussi 

représenté  comme  égorgeant  des  captifs  et  en  adoration  devant 
le  soleil  levant.  Son  caractère  belliqueux  et  son  goût  pour  la 
musique  rappellent  les  centaures  de  la  Grèce." 


285 


III. 


1.  Plutarque  de  Tside  et  Osiride  chap.  XIX. 

2.  Voyez  planche  VII,  fig.  2. 
8.  Voyez  planche  VII ,  fig.  1. 

4.  „  „  „      fig.  3  et  4 

5.  Description   raison,  etc.  par  M.  Leemans,  p.  71.  Voyez 
les  figures  5 ,  6 ,  7 ,  8. 

6.  Descript.    raison,    etc.    par    M.  Leemans,  p.   81.  Voyez 
les  fig.  9,  10,  11,   12,   13. 

7.  Todtenbuch,  chap.  149  h. 

8.  „  „        „     m. 

9.  „  „         ,5     n.  et  d'autres. 

10.  Abh.  der  Kôn.  Acad.  zu  Berlin  1851  Comparez  Hora- 
pollon,   livr.  I,  chap.  56. 

11.  HorapoUon,  livr.  II,  chap.  20.  «"ittttoç  Trorav-toç  ypa'^ôf-tsvoç 
wpav  âYj'Xol"  comparez  M.  Leemans  édition  de  HorapoUon ,  p.  317. 

12.  De  Tside  et  Osiride,   chap.  50. 

13.  L'édition  des  monuments  Egyptiens  du  musée  de  Leyde 
par  M.  Leemans,  I  planche  23,  fig.  310. 

14.  Voyez  planche  VII,  fig.  14.  M  de  Bougé  dit  au  sujet 
de  l'hippopotame  dans  son  notice  sommaire  des  monuments 
Égyptiens  du  Louvre  1860,  p.  107.  „Rien  n'est  moins 
bien  expliqué  que  cette  figure,  avec  la  griff*e  du  lion  et  la 
tête  de  l'hippopotame,  elle  porte  souvent  un  noeud  symbo- 
lique qui  parait  avoir  quelque  rapport  à  la  grossesse.  Elle  à 
souvent  aussi  une  tête  de  femme  ou  une  tête  de  lionne. 
Elle  porte  les  noms  de  Taoër  ou  la  grande,  et  de  Ap  et 
Schepou.  Les  maramelles  pendantes  lui  donnent  des  rapports 
avec  les  déesses  nourrices;  et  en  efl:et  elle  est  appelée  aussi 
la  bonne  nourrice  et  elle  présidait  aux  chambres  où  étaient 
représentées    les    naissances    des  jeunes    divinités.     Elle   avait 


236 


à  Thèbes  un  temple  spécial.  Le  noeud  symbolique,  son  emblème 
ordinaire,  est  quelque  fois  remplacé  par  un  grand  couteau; 
avec  cet  attribut,  elle  figure  dans  les  tableaux  astronomiques 
oii  ses  fonctions  ne  sont  pas  mieux  déterminées  jusqu'à 
présent." 


lY. 


1.  Ce  monument  à  été  publié  dans  les  monuments  de  M. 
Prisse  pi.  XXXVII;  dans  les  manners  and  customs  of  the 
ancient  Egyptians  by  M.  Wilkinson,  plate  69  et  dans  Sharpe, 
Kgyptian  antiquities  of  the  British  muséum  n".  191.  Voyez 
planche  VIII  .  fi?.  ,1  .  5 ,  6  .  7 ,  8  et  9.  —  Les  autres  monu- 
ments du  Musée  Brittannique  qui  regardent  le  dieu  Ranpu 
sont  n'.  355  :  „A  limestone  tablet  painted ,  on  the  upper 
part  the  g./ddess  Koun  (plutôt  Kan)  standing  on  a  lion, 
between  the  gods  Chem  and  Ranpu  as  on  the  last  tablet  (191). 
Below  are  two  worshippers  and  a  third  figure  standing.  The 
hieroglyphics  ,  if  ever  there  were  any ,  are  no  longer  to  be 
seen.  —  N".  817  Part  of  a  broken  tablet  of  the  same  subject, 
with  the  figures  in  high-relief  What  remains  of  it  shows  the 
same  goddess  presenting  with  her  right-hand  a  bunch  of  flowers 
to  the  god  Chem.  In  case  1.2.  upstairs  (du  musée)  is 
another  tablet  with  the  figure  of  the  goddess  Ken  and  the 
name  of  Eamses  II  upon  it  to  fix  its  date."  —  M.  Sharpe 
identifie  le  dieu  Ranpu  avec  le  dieu  Raiphan  du  LXX  et  la 
déesse  Kan  ou  Ken  avec  le  Kyun.  —  M.  Wilkinson  donne 
encore  deux  représentations  du  même  dieu  Ranpu  que  nous 
avons  copiées ,  planche  VIII ,   fig.  2  et  3. 

2.  Notice  sommaire  etc.  du  Louvre  1860  p.  126.  M.  de  Rougé, 
s'exprime  ainsi:  „La  déesse  principale  est  une  Vénus  Asiatique. 
Contre  Thabitude  Egyptienne,  elle  est  figurée  entièrement  nue; 


237 


elle  porte,  comme  ornement,  un  collier,  des  bracelets  et  une 
ceinture  sur  les  hanches.  Sa  coiffure  et  son  diadème  sont 
les  mêmes  que  ceux  de  la  déesse  Hathor.  Elle  est  vue  de 
face  et  posée  debout ,  sur  un  lion  passant.  Elle  tient  en  main 
des  lotus  et  des  serpents  Son  nom  ordinaire  est  Atesch  ; 
c'est  celui  d'une  place  forte  d'Asie  qui  joue  un  grand  rôle 
dans  les  campagnes  des  rois  d'Egypte.  Sous  un  second  nom 
Anta,  égalemeut  Asiatique,  elle  prend  le  caractère  d'une  déesse 
guerrière,  armée  de  la  lance  et  du  bouclier.  On  lui  à  donné 
pour  compagnons  :  1"  un  personnage  également  étranger  à 
l'Egypte ,  nommé  Renpou  dont  le  bandeau  est  orné  d'une  tête 
de  gazelle  et  qui  a  les  attributs  d'un  dieu  belliqueux;  2*.  La 
forme  itbyphallique  d'Ammon.  Ces  deux  parèdres  répondent 
parfaitement  au  double  caractère  de  Vénus  et  de  Bellone, 
avec  lesquelles  nous  apparaît  cette  divinité.  Importée  à  Thèbes 
à  la  suite  des  grandes  expéditions  de  la  XVIIP  et  de  la 
XIX*  dynastie,  Atesch  eut  dans  cette  ville  son  temple  et  son 
collège  sacerdotal.  Les  dédicateurs  de  notre  stèle  en  faisaient 
partie."  Encore  un  monument  regardant  le  même  dieu  est 
décrit  dans  le  catalogue  du  musée  de  Turin  par  M.  Occurti  p.  71. 

3.  Voyez  planche  VIII,  fig.   4. 

4.  „  „  IX,  fig.   1. 

5.  „  „  „     fig.  2. 

6.  „  „  „     fig.  5. 
•     7.       „            „             „     fig.  4. 

8.       „  „  „     fig.  3.     Brugsch,     Monuments    de 

l'Egypte     livraison  I.  l'Astronomie,  page  21,  planche  XI 


1.  Voyez  planche  IX,  fig.  6. 

2.  «  „         „     fig.  7. 


238 


VI. 


1.  Voyez  planche  X,  fig.  17. 

2.  »  „         »    fig.  18. 

3.  „  „         „    fig.  16. 

4.  Kosellini,  mon.  civili ,  planche  XXIII  :1. 

5.  Baur,  Ninive  und  Persepolis,  p.  27  ss.  Voyez  planche  IX,  fig. 

6.  Josèphe,  contra  Apionem  II.  7.  9. 


c-..^Ç"NîS)(5>''^^*-^ 


VIII. 


EXPLICATION 


PLANCHES. 


PLANCHE    I. 


Kg.  I.  Fragment  n°.  112  du  papyrus  Koyal  de  Turin,  des- 
sin d'après  le  Kônings-Buch  de  M.  Lepsius  avec  la  correction 
de  M.  Devéria  dans  la  Eevue  Archéologique  du  mois  d'Octobre 
pag.  249,  1861.  Nous  trouvons  sur  ce  fragment  les  restes  de 
4  noms  de  Eois  en  caractères  hiératiques  Nous  y  avons  ajouté 
la  transcription  en  signes  hiéroglyphiques.  Le  premier  nom  est 
totalement  illisible.  Dans  le  cartouche  du  nom  qui  suit,  nous 
remarquons  les  signes  a.  an.  n.  nub  ,  que  nous  lisons:  An  nub 
ou  Ann?.  ...  Le  troisième  nom  donne  les  signes  a.  p.  et  un 
homme  agenouillé.  Ce  sont  les  premiers  caractères  du  nom 
d'Apachnas.  Le  dernier  contient  les  mêmes  signes  que  le 
troisième    et  nous  y  retrouvons  les  initiales  du  nom  d'Apépi. 

Fig.  2  Un  fragment  du  même  papyrus  c'est  le  fragment 
n".  150.  Il  nous  présente  4  noms  de  Rois  en  écriture 
hiératique ,  la  transcription  en  signes  hiéroglyphiques  y  est 
ajoutée.  Dessin  d'après  M.  Lepsius.  Les  noms  sont  inconnus , 
c'est  seulement  parce  que  nous  rencontrons  le  signe  de  Set  dans 
le  nom  second,  que  nous  supposons  que  le  fragment  fait  men- 
tion du  règne  des  Hyksôs. 

Fig.  3.  Groupe  hiéroglyphique  d'après  le  Zeitsch.  des  D.  M. 
G.  1855,  pag.  211.  Les  signes  supérieurs  appartiennent  su 
signe  du  t.  on  doit  en  élider  deux;  les  trois  signes  au-dessous 
marquent  le  nombre  de  l'année.  On  trouve  le  signe  hiérogly- 
phique qui    signifie  l'année   devant  le  groupe. 

16 


242 


Fig.  4.  Groupe  hiéroglyphique  d'après  le  Zeitsch   mentionné, 
fig.    3.    Il    présente    les    signes    phonétiques    M.    n.  a.  Mena, 
nom  Egyptien  qui  signifie  pasteur.  En.  dessous  on  rencontre  le 
pilori,    signe    employé,    ainsi    que    le    signe  qui  suit  Vhomme 
labourant ,  pour  désigner  des  peuples  en  esclavage  ou  méprisés. 
Les  trois  petites  lignes  plus  bas  encore,  signifient    le   pluriel- 
Fig.    5.    Dessin    d'après    la    Revue    Archéologique  du  mois 
février   1861.     Il  représente  le  sphynx  de  San. 
Fig.  6.    Voyez  fig    5 ,   le  même  en  profil. 
Fig.  7.    Inscription    en    deux    colonnes,    d'après   la   Revue 
Archéologique    du    mois  d'Octobre   1851,  page  249.    Dans  la 
colonne  première  nous  discernons  les  signes  : 
Nuter-nofre-siu-to ,  ti-se-Ra 
Lieu ,    bon ,    astre  ,  des  deux  mondes ,  f'is  ,  de   Ha. 
Sous  le  cartouche  royal,  qui  ne  contient  plus  de  signes,  la 
figure  de  Set  ou  Sutech  est  efi'acée.  Les  signes  qui  restent  sont: 
Neb-Tanmeri 
fduj  Seigneur,  de  Tan,  Vaimé. 
Le  second  registre  présente  les  mêmes  signes   mais  dans  le 
cartouche    royal   on  peut  lire   encore  les  restes  des  signes  Set 
ou  Sutech,  t   et  i,  qui  combinés  donnent  le  nom  de  Sutechti. 
La    légende    restaurée  ,    égale   sur    les    deux    colonnes    serait 
lu  ainsi: 

Nuter-nofre-siu-to ,  ti-se-Ra-Sutechti 
Dieu  ,  bon ,  astre  ,  des  deux  mondes  ,  fils ,  de  Ra,  Sutechti 
Sutcch-neb-Tan-meri.    ' 
de  Sutech ,  le  seigneur ,  de  Tan  ,  Vaimé. 
Fig.  8.  Inscription  trouvée  sur  le  Sphynx  n".   23  du  Louvre 
publiée  dans  la  Revue  xirchéologique  1861 ,  Octobre,  p.  249.  — 
Les    deux    premiers    signes    désignent    la    dignité    d'un    Roi, 
rUraeus  combiné  au  vautour,  posé  sur  les  signes  qui  désignent 
la  puissance  ou  le  gouvernement,  signifient:  Roi  de  la  haute  et 
de  la   basse  Egypte.  Les    autres  signes  sont  tout  à  fait  efiaccs  , 


243 


excepté   le   signe  du    P.    dans   le    cartouche    royal,    placé  au 
même  endroit,  que  nous  le  trouvons  dans  le  nom  du  Roi  Apépi. 

Fig.  9.  Sphynx  d'après  le  dessin  dans  la  Revue  Arclicologi- 
que ,  voyez  l'explication  de  la  fig.  8,  trouvé  à  Bagdad,  dont 
nous  parlons  dans  l'inscription  fig.   10. 

Fig.  10.  Inscription  du  sphynx  de  Bagdad  représentant  les 
signes  :  '' 

Nuter-nofre-et  le  nom   Royal-Ra-s-set  ou  sutech-nub 

Bien  ,  bon  ,  Ra,  Set  nuh. 

Le  signe  S  est  probablement  employé  au  lieu  du  groupe 
fig.  11  ou  du  groupe  fig.   12. 

Fig.  Il  Groupe  hiéroglyphique  donnant  les  signes  s.  t. 
employés   pour  le  nom  du   dieu  Set. 

Fig.  12.  Les  mêmes  caractères,  ou  signes  phonétiques,  avec 
le  signe  déterminatif,  la  pierre,  dont  le  nom  Egyptien  est  aSé?^. 

Fig.   13.  Dessin  d'après  la  Revue  Archéologique  1861  Février. 
Nom    d'un    roi    sur    la  base  du  sphynx  de  San.   Le  signe  de 
Sutech  ou  Set  est  mutilé  c'est  le  nom  de  Menepthah  II: 
Mei-Ra-Ma  n-hotep-het-Sutech -meri 
Vaimé  de  Sutech. 

Fig.  14.  Dessin  d'après  le  Zeitsch.  fig.  3  Inscription  du 
colosse  de  Ramses  II  à  Berlin  ;  groupe  hiéroglyphique  donnant 
les  signes: 

Sutech-neb  tan -meri 
de  Sutech ,  le  seigneur ,  de  Tan  ,  Vaimé 

Fig.  15.  Gioupe  hiératique;  nous  avons  ajouté  la  trans- 
cription en  signes  hiéroglyphiques 

Fig  16.  D'après  le  dessin  de  M.  Brugsch  dans  le  Zeitsch. 
mentionné  fig.  3.  Le  premier  signe  est  le  phonétique  m . 
le  second  est  le  figuratif  qui  signifie  habitation,  les  deux  sui- 
vants sont  les  déterrainatifs  du  signe  second.  Puis  on  trouve 
les  phonétiques  u.  a.  r  et  le  signe  tan  suivi  des  deux  jambes, 
employés    après    les    verbes  qui  signifient  marcher.     Le  signe 


244 


dernier   est  employé  pour  indiquer  une  contrée  ou  ville.     Le 
groupe  entier  se  lit  : 

M-ha-uar-tan. 
Bans  y  Haûar  y  Tan. 

Le  signe  tan  est  le  nom  Sémitique  de  Tanis,  identique  avec 
Tsanis,  Tsân  ou  San.  La  traduction  Egyptienne  de  ce  mot 
est,  Uar  qui  signifie  départ,  il  est  probable  que  le  nom 
Sémitique  de  la  ville  s'est  introduit  par  hasard,  dans  le  nom 
Egyptien. 

Fig.  17.  Groupe  Hiéroglyphique,  le  nom  de  la  ville  de 
Tan  voyez  Champollion,  dictionnaire  Égyptien,  page  116. 

PLANCHE    IL 

Fig.  1.  Dessin  d'après  le  monument  original  du  musée  de 
Leyde,  Stèle,  les  figures  sculptées,  dorées  et  peintes,  à  deux 
registres,  V  registre:  Le  disque  orné  dçs  deux  Uraeus  (le  soleil) 
et  le  disque  avec  le  croissant  (la  lune);  un  dieu  à  figure 
humaine,  nommé  Set-noebti,  le  dieu  grand  est  placé  au-dessous 
du  soleil,  perçant  avec  une  haste  un  énorme  serpent  à  tête  et 
à  bras  humains,  symbole  des  ténèbres  et  nommé  Apap  ou  Apophis. 
On  ne  sait  pas  où  la  pierre  fut  trouvée,  elle  est  probablement 
originaire  des  tribus  Phénico-Asiatiques  qui  habitèrent  jadis 
le    Delta    et  adoraient  le  dieu  Noebti  sous  le  nom  de  Sutech. 

2*  rég.  Le  défunt  Kiana  agenouillé  devant  une  quantité 
.d'offrandes  et  adorant  le  dieu  Ra-Noebti.  La  légende  commence 
à  gauche  et  on  la  lit  : 

R,  ta,  u-n,  E.a-Senk-to-Noebt  an.  .  . 
Acte  y  d'adorations,  à  Ra,  qui  entretient,  le  monde,  Noeht.de  lapart  de 
Kiana. 
Kiana. 

Fig.  2.  Dessin  d'après  le  monument  original  du  musée 
de   Leyde.     Le   1"  registre  :    Le  défunt ,  un  gardien  du  palais 


245 


de   Ra-racn-cheperlII,  adorant  Os'wib  Fent-hem-paraenti  assis 
sur  un  trône  devant  une  table  à  offrandes.    La  légende  donne: 

Has  iri-nuter-aa,  Ari-chetn-pe, 

Osiris,  dieu,  grand  —   Gardien,  (auprès)  ^   du  ^  palais  y 

Ra  men-cheper-iri-Set,  Nebt-pe-Set-Amen. 

de ,  Ramencheper  III,  Set  —  La  maiiresse ,  de  la  maison ,  Set  amen 

2".  registre:  Le  défunt  offrant  à  ses  parents;  au-dessous 
de  la  chaise  de  la  femme,  un  homme  agenouillé.  La  légende 
se  lit  : 

N-Se-f-anch-ranf-AriSet. 
De,  sonjîls,  qui  vivifie,  son  nom,  le  gardien  y  Set. 
Atef  Mei. 
Le  père  Mei. 

La  dame  se  nomme  Nofreta.  Mous  ne  pouvons  pas  déchiffrer 
la  légende  au-dessous  de  la  chaise.  Voyez  la  description 
raisonnée  des  monuments  Egyptiens  du  musée  de  Leyde,  par 
M.  Leemans,  page   271. 

Fig.  3      La  tête  du  Dieu  Noebti  voyez  fig.   1. 

Fig.  4.  Le  signe  hiéroglyphique  qui  signifie  le  ciel,  voyez 
fig.  1  au-dessus  de  la  représentation. 

Fig.   5.     La  tête  du  serpent  fig.  1. 

Fig.  6.  Le  nom  de  Sutech  ou  Set  (mutilé)  du  papyrus 
SalHer  I;  dessin  d'après  l'édition  du  British-museum. 

Fig.  7.  Groupe  de  signes  hiératiques  du  papyrus  Anas- 
tasi  II  planche  63.  c.  4. 

La  maison  d'Amon  et  la  maison  de  Sutech. 

Fig.  8.  Groupe  de  signes  hiératiques  qui  contiennent  le 
nom  de  Seti-Meneptah.  D'après  l'édition  du  papyrus  Anastasi  VI 
planche  122,  ligne'  2. 

Fig.  9.  Groupe  de  signes  hiératiques  empruntés  au  papyrus 
Anastasi  V  planche  lU,  ligne  :?  ;  on  y  lit  d'une  expédition 
vers  le  pays  d'Aneb  : 

le  rempart  ou  la  fortification ,  la  tour  de  Seti-Meneptah, 


246 

PLANCHE    m. 

Pig.  1.     Représentation  de  la  petite  statue  de  Set  conservée 
dans  le  musée  de  Leyde ,  réduite  à  la  moitié  de  sa  grandeur. 
Fig    2.     Inscription    un  peu  mutilée  au-dessus  de  la  chaise 
de  la  statuette,  on  commence  à  lire  du  coté  droit: 
Suti-se-nut- f/raews-aa-peh 
Sutifjîls  de,  Nut,  Vimmortel,  grand  y  vigilant, 
■  raei-Ra. 
aimé,  de  Ra. 
■    Fig    3.     La  fin  de  la  ligne  fig.  4.     Inscription  sur  la  base 
on  la  lit  : 

Naschti  hor,  le  défunt.  ^ 
Fig.  4.     La  légende  se  lit  : 

Suten-ta,  hotep-Setise-nut-?7rûeM*. 
Royale .  offrande ,  à  Set ,  fis  de  Nut .  Vimmortel. 
Fig.   5    Une  autre  partie  de  l'inscription  sur  la  base,  on  la  lit  : 
Suten-Ta .  hotep-Seti-aa  peh-nuter-aa- 
Royale  offrande ,  à  Set,  le  grand ,  vigilant ,  dieu  ,  grand ,  — 
Suten  hert-neb-nrau  - 
Roi ,   Céleste ,  Seigneur .  des  victoires. 
Fig.  6.  Noeb.  Nom  de  Set.  Denkmaler  III,    122  a. 
Fig.  7.  Denkmaler  ITI  124.  b. 

T    etnSet-peh. 
Bit  de.  Set,  le  gardien 
Fig.  8.  Rosellini  monumenti  del  culto  LXXVII  Noebti. 
Fig.  9.  Denkmaler  par  Lepsius  III,   200  e.  Noeb,  neb  Noeb 
seigneur. 

Fig.  10.  Noebti,  Nom  d'orabos. 
Fig.    11.       „       III    132  a.   deux  fois. 
Fig.  12.  Denkmaler  III,   132.  M.  Rosellini,    monumenti  del 
culto  LXXVII.  Noebti,  le  dieu. 

Fig;.  13.  Voyez  page  107   et  note  20.  La  légende  se  lit: 


247 


Tannak-peh ,  ti-Horti. 

Nous  te  donnons ,  la  double  vigilance ,  des  deux  Ilorus. 

Fig.   14.  Voyez  page   107  et   note  21.  La  Ic^gende   se  lit: 

Tannak-peh,  ti-n,  Hor,  noeb-Set,  noeb. 

Nous  te  donnons ,  la  double  vigilance  ,  de  Horus  noeb  et  Set  noeb. 

ou  de  Horus  d'or  et  de  Set  d'or,  ou  de  Horus  et  Set  resplendissants. 

PLANCHE    IV. 

Fig.    1.    Groupe    hiéroglyphique    d'après  le  Todtenbuch  de 
M.  Lepsius  chap  :  42.  1.  8  ,  on  y  lit  : 
M  Set-ki-t'ot  Thoth 
Bans  la  figure  de  Set ,  autrement ,  dit ,  Thoth. 

Fig.  2.  Dessin  d'après  les  Denkmaler  de  M.  Lepsius 
ni  234,  La  figure  du  Dieu  Horus;  de  son  cou  sort  la  tête 
d'un  animal,  le  Symbole  du  dieu  Set. 

Fig.  3.  Inscription  d'après  les  Denkmaler  de  M.  Lepsius 
HL  204.  b  206.  Groupe  hiéroglyphique  qu'il  faut  lire  :  Nehsiu 
ce  que  signifie ,  les  Ingres. 

Fig.    4.    Dessin    d'après    la    description  de  l'Egypte  A  HT 
planche    64.    Horus    (ou   un    autre  dieu  avec  une  tête  d'éper- 
vier)    abat  un  démon  Typhonique  aux  oreilles  d'  âne 

Fig.  6.  Inscription  d'après  M.  Lepsius,  Abhandlung  der  Kôn. 
Acad.  zu  Berlin ,  ueber  den  ersten  Gotterkreis  1S5L  Le 
groupe  donne  les  signes  Bal,  Bar  ou  Bore  avec  le  signe  figu- 
ratif du  dieu  Set.  Le  2e  groupe  se  lit ,  Balu  ,  Baru  ou  Boru 
avec  le  même  signe 

Fig.  6.  Inscriptions  d'après  M,  Lepsius ,  Abh.  etc  ,  voyez 
fig.  5.  Les  signes  se  lisent.  Set-Nehes,  ce  qui  signifie 
Set  des  Nègres 

Fig.  7.  Dessin  d'après  l'édition  des  monuments  Egyptiens 
du  musée  de  Leyde  par  M.  le  Dr.  Leemans  I  B  p.  XXV H. 
fig.  913.  Un  ornement.  Scarabée  sur  laquelle  figurent  les 
dieux  Set  et  Ka     Le  dieu  Ka  est  mutilé. 


248 


Fig.  8.  Voyez  fig  7.  F.  B.  p.  XXVTI  fig.  921.  Ornement 
Scarabée  représentant  un  roi  devant  le  dieu  Set-noebti  qui  a 
des  ailes;  comparez  la  figure  9'.  Tous  les  deux  sont  posés 
sur  le  signe  hiéroglyphique  qui  signifie  la  puissance. 

Fig.  9.  Voyez  la  figure  7.  I.  B  p.  XXMIfig.  1000, 
Set  noeliti  avec  le  signe  de  fig.  7  et  12  probablement  une 
forme  accourcie  de  la  figure  du  dieu  Ka  ;  comme  dans  les 
figures  7,    !0   et  11. 

Fig.  10.  Voyez  la  figure  7.  I.  B.  p.  XXVIII  fig.  1347, 
ornement  ;  le  dieu  Ea  en  face  du  dieu  Set-noebti.  Les  signes 
hiéroglyphiques  se  lisent  :  Mei  n-amen.  Nom  de  Meneptah  l 
le  troisième  roi  de  la  XIXe  dynastie. 

Fig  11  Voyez  fig.  7.  L  B.  p.  XXVII  fig.  1348  ornement. 
Les  figures  sont  sculptées  et  représentent  le  Dieu  Ra  en  face 
du  dieu  Set-noebti.  Entre  les  deux  dieux  se  trouve  l'autel  à 
trois  degrés,  symbole  de  constance,  nommé  Tat.  Au-dessus 
un  soleil  levant  confondu  avec  la  tête  de  Set  à  cause  de 
mutilation.    Au-dessous    une    giraffe  ou  un  animal  quelconque. 

Fig.  12.  Voyez  fig.  7«.  I  B.  p.  XXIX  fig.  1415  ornement. 
Scarabée  représentant  l'animal  imaginaire,  symbole  du  dieu 
Set,  en  devant  se  trouve  le  symbole  de  Ea,  ou  la  figure 
accourcie  de  ce  dieu,  comparez  fig.  9,  et  au-dessous  le  signe 
de  puissance-  Les  autres  signes  sont  illisibles. 
-;.I!ig-,f;li3.  Voyez  fig.  7  II  CXLIV  fig.  652.  amulette  avec 
Viip^rip^iopnde  Seti-Men-ptah.  Nom  de  Seti  II  roi  de  la  XIXe 
dynastie. 

v; :,]Fig.    U>  Yeiy^z,  fig^?  II  CXLV  fig.  1067.  Amulette  repré- 
s^taiït  la;t|teo'4'u©.,(MCatii^ie,  comparez  planche  I  fig.  5. 

Fig.  15.  Voyez  fig  7  IL  CXLIV.  fig.  571.  A  droite  nous  lisons 
E^-)$^çrrighep,^^il*r(^î|^iriaraetj  etipii^ftuehe  la  même  légende  que 
siiir/femig,ettï|  %.é,iSn  >PiléftQ(m  ài  Mi  ^§\i  II  de  la  XXe  dynastie. 
8)1   iKOT(i-gfl  î)l[of!pr>l     '(178    DodK'iGori      Ji^nmoirio 


249 
PLxVNCHE    T. 

Fig.  1.  Eeprésentation  prise  par  Belzoni  d'après  le  tombeau 
n°.  l  de  Thèbes  et  copiée  par  Kawlinson  dans  ses  Travels 
tome  II.  En  deux  registres;  le  premier  registre  représente  3 
hommes,  les  mains  liés  sur  le  dos,  tenus  à  des  cordes  par  un 
prêtre  Egyptien.  Le  second  registre  représente  les  hommes 
agenouillés,  les  mains  liées  sur  le  dos,  sans  têtes,  devant  un 
grand  serpent.  Une  personne  à  tête  de  schakal,  un  couteau 
à  la  main,  semble  les   immoler  à  ce  monstre. 

Eig.  2.  Dessin  d'après  M.  Wilkinson  manners.and  customs 
of  the  ancient  Egyplians,  second  séries,  t.  II.  353.  Un  sceau 
qu'on  employa  pour  marquer  les  animaux  à  offrande.  Un 
homme  agenouillé  attaché  à  un  pilori  ayant  un  (^c^iteau  à  la 
gorge. 

Fig.  3.  Voyez  %.  2  avec  les  signes  hiéroglyphiques  s.m.at. 
smat  mot  qui  signifie  frapper,  abattre. 

Fig  4.  Dessin  d'après  l'édition  de  Horapollon  par  Mr.  le 
Dr.  Leemans.  Sceau  en  bois  du  musée  du  Louvre,  probable- 
ment employé  pour  marquer  les  pains  à  ofiFrande.  En-dessus 
le  signe  d'un  Schakal  avec  le  fouet  sacré  ,  assis  sur  un  temple 
symbole  du  dieu  Anubis,  gardien  de  l'hadès.  Puis  trois  per- 
sonnes, les  mains  liées  sur  le  dos,  agenouillées;  au-dessous 
le  signe  du  pluriel. 

Fig.  5.  Dessin  d'après  la  description  de  l'Egypte  vol. 
V.  A.  planche  86.  fig.  8.  Une  Égyptienne  et  un  Égyptien 
bénissant  4  hommes  qui  ont  les  mains  liées  sur  le  dos,  age- 
nouillés et  dont  les  têtes  sont  coupées  Eeprésentation  trouvée 
dans  le  tombeau  n*^.  5  de  Thèbes. 

Fig.  6.  Voyez  fig.  5.  Planche  85  fig.  13.  Égyptienne  qui  a 
coupé  la  tête  à  deux  personnes  qui  ont  les  mains  liées  sur  le 
dos    —  Dans  le  même  tombeau  de  Thèbes. 

Fig.  7.  Voyez  fig.  5.  Planche  86  fig.   7.  Un  Égyptien  tenant 


250 


un  homme  décapité  dans  la  main.  Dans  le  même  tombeau 
de  Thèbes.  L'explication  des  planches  de  cet  ouvrage  ajoute 
à  ceci,  qu'il  y  a  encore  d'autres  représentations  de  la  même 
catégorie  dans  ce  tombeau. 

PLANCHE    YL 

Fig.  1.  Voyez  planche  V  fig.  5.  A.  vol.  IL  Planche  85  fig.  10. 
Quelques  femmes  s'occupent  à  lier  les  mains  sur  le  dos  à  des 
hommes  qui  semblent  être  prêts  à  l'immolation  La  repré- 
sentation de  l'homme  agenouillé  est  encore  répétée  trois  fois, 
cette    planche  aussi  est  empruntée  au  5^.  tombeau   de  Thèbes. 

Pig.    2.    Groupe   d'hiéroglyphes    d'après    M.    Lepsius      Ab- 
handlung    der   Kôn.  Acad.  zu  Berlin  1851.  a.  Papyrus  of  the 
British  muséum  pi.   27,    165  donnant  les  signes, 
S.u  t.ch-aa  peh  ,  ti 
Suiechy  grand,  gardien. 

Le  groupe  6.  pap.  of  the  british  m.  pi.  32,  se  lit: 
S.u.t.ch-aa-peh ,  ti-se-Nut.  — 
Sutech,  grand,  gardien  .  fils  de    Nul.  — 

Fig  3.  Deux  pièces  de  monnaie  de  l'île  de  Cossura,  représen- 
tant deux  cabires,  l'un  avec  un  marteau  et  un  serpent  dans 
la  main,  l'autre  seulement  avec  un  serpent.  Dessin  d'après 
Gesenius  Monumenta  Phoenicea  pars  III  Taf  39.  P.  et  G.  pa^e  298. 

Fig.  4  Les  fig.  4,  6  à  1-3  sont  prises  d'après  l'édition  des 
monuments  du  musée  de  Leyde  par  M.  Le  docteur  Leemans 
Fig.  4.  I.  A.  1112.  planche  XIV  page  13.  Image  de  Typhon  , 
oii  manque  le  bras  droit.  Le  bras  gauche  est  mobile  à  l'épaule 
et  semble  avoir  tenu  une  lance  ou  un  sceptre.  Ces  additions 
lui  donnent  le  caractère  d'un  dieu  guerrier  que  l'on  appelait 
Onueris. 

Fig.  5.  Dessin  d'après  M.  Wilkinson  ,  raanners  and  custoras 
of  the  ancient  Egyptians ,  2'  séries  pi    42,  Image  deTyphon- 


251 

Mars  ou  Onueris  dans  la  langue  Égyptienne  appelé,  Djem  ou 
Gom,  on  trouve  ces  images  dans  le  musée  Brittannique. 

Fig.  6.  I.  A.  1190.  a.  planche  XV,  page  13.  Typhon, 
debout  sur  une  colonne  surmontée  d'une  fleur  de  Lotus.  Il 
écrase  sous  ses  pieds  l'oryx  ;  il  semble,  qu'il  a  tenu  une 
lance  ou  un  sceptre  dans  la  main. 

Fig.  7.  II,  I,  78,  b  planche  LXXXIV  ,  page  56.  Bâton 
surmonté  d'une  tête  de  typhon. 

Fig.  8.  II,  I,  71  i,  planche  LXXXIII.  Amulette  représen- 
tant un   étendard  avec  la  tête  de  Typhon. 

Fig.  9.  I  fig.  933  planche  XXVII  page  23.  Scarabée  avec 
la   tête  de  Typhon. 

Fig.  10.  I,  planche  XXVII  scarabée.  Le  dieu  Typhon  entre 
deux  cynocéphales. 

Fig.  11.  II,  C.  fig.  99  planche  XXXVL  Collier  avec  un 
amulette  au-dessous   duquel  une  image  de  Typhon. 

Fig.  12.  II,  C.  fig.  694  planche  44.  Amulette  avec  une  tête 
de  Typhon  page  27. 

PLANCHE    YIL 

Fig  1,  3 — 14.  Ces  figures  sont  copiées  d'après  l'édition  des 
monuments  du  musée  de  Leyde  par  M.  le  Dr  Leemans.  Fig  I. 
Dessin  d'après  I.  A.  fig.  1208,  planche  XV  Le  texte  dit; 
Thaoeri  ,  Thuoeris  ,  concubine  de  lyphon,  représentée  par 
l'hippopotame  femelle,  dressée  sur  ses  pattes  de  derrière  avec 
une  coifî'ure  de  deux  cornes  de  vache,  le  disque  solaire  et 
deux  feuilles  du  palmier.  Le  dos  est  couvert  d'une  queue  de 
crocodile. 

Fig.  2.  Groupe  hiéroglyphique  tiré  de  M.  Wilkinson  manners 
and  customs  etc.  II  séries  donnant  les  signes  phonétiques  sch. 
p.  u  ou  0  =  Schepo.  Les  signes  t  et  l'oeuf  servent  à  indiquer 
le  sexe  féminin. 


252 


Fig,  3.  I.  B.  fig  936  planche  XXVII.  Scarabée  avec  la 
déesse  Taoër. 

Fig.  4.     I.    B    fig.    938.  La  même  déesse  sur  un  scarabée. 

Fig.  5.  Dessin  d'après  IL  C.  162.  pi.  XL.  Bague  avec 
l'image  de  la  déesse  Taoër. 

Fig.  6.     IL  C     164.  pi   XL. 
.   Fig.  7.         „       165.       „ 
.Fig.   8.         „       167.       „ 

Fig    9.         „       155.       „ 

Fig  10.  „  668.  pi  XLIV.  Amulette  dans  la  forme 
d'un  cylindre  Babylonien  avec  4  hippopotames  dressés  sur  les 
pattes  de  derrière. 

Fig.  11.  IL  fig  354.  pi.  169.  —  Un  amulette  de  papyrus 
avec  l'image  de  l'hippopotame  dressé  sur  les  pattes  de  derrière. 

Fi;.   12.     I.   A.  fig.   1219    Petite  statue  de  la  déesse  Taoër. 

Fig.  V6.  L  A.  fig.  1223.  La  même  déesse.  Fig  12,  13 
et  14,  ont  été  probablement  employées  comme  des  amulettes. 

Fig.  14  L  B.  fig.  315.  Pourceau  symbole  d'Isis,  selon 
quelques  uns  symbole  de  Typhon. 

PLANCHE    VIII. 

Fig  1.  5,  6,  7,  8,  9.  —  Dessin  pris  d'après  M.  Sharpe, 
Egyptian  antiquities  in  the  British  muséum,  pag  70,  n°.  191. 
En  deux  registres  V  registre  représente  la  déesse  Kan  voyez 
le  groupe  fig.  6 ,  entre  le  dieu  Ranpu  voyez  flg.  5  et  le  dieu 
Khem  fig.  7.  2°  registre:  la  déesse  Anta  voyez  fig  9,  devant 
une  table  à  ofi'randes.  Un  homme  nommé  Ka-ha  avec  sa  soeur 
Tuï  et  son  fils  Naï  sont  les  sacrificateurs. 

Fig.  2.  Dessin  d'après  M.  Wilkinson  manners  and  customs  etc. 
11  séries,  plate  69.  Le  dieu  Kanpu  sous  la  même  forme  que 
la  déesse  Anta  fig.  I.  x\u-dessus  on  lit  les  signes  R  n.  p.  u.  = 
Banpu ,  derrière  le  dos  se  trouve  la  légende  : 


253 


Nuter-aa-nebt ,  lisez,  neb  pet. 
Dieu  ,  grand .  maître ,  du  ciel. 
Fig.  3.     Le  même  dieu ,  dessin  copié  aussi  d'après  Wilkinson, 
plate  69. 

Fig.  4.  L'édition  des  monuments  du  musée  de  Leyde  etc. 
par  M.  le  Dr.  Leemans  I.  B.  fig.  308.  Amulette  avec  l'image 
de  Toryx  ou  de  l'antilope  emblème  de  Typhon. 

Fig.  5.  Légende  au-dessus  du  dieu  avec  le  type  Syrien 
du  1"^  registre  de  fig.   1. 

Ranpu-nuter-aa-neb-pet-hik-nuteriu 
Ranpu  ,  dieu  ,  grand ,  seigneur  ,  du  ciel ,  chef ,  des  dieux. 
Fig.   6.     Légende  au-dessus  de  la  déesse  du  1'  registre  fig.  1. 
Ken-nebt-pet. 
Ken  ,  dame  ,  du  ciel. 
Fig.   7.     Légende  au-dessus  du  dieu  Egyptien  du  l""  registre 
fig.   L 

Khem-oer-ka- 
Khem  ,  le  très  ,  élevé. 
Fig.  8.     Légende    au-dessus    de    la    déesse    du    2^*  registre 
de  la  fig.   \. 

Nutert-nebt-Anta. 
La  déesse- dame- Ant a 
Fig.  9.  Légende   au-dessus    de    la    table    à  offrandes  du  2** 
registre  de  la  fig.   l. 

R.  ta-n,  Anta-Nutert. 
Acte ,  d'adoration ,  à  Anta ,  la  déesse. 
Fig.   10.  Groupe  hiéroglyphique  d'après  les  mélanges  Egyp- 
tologiques  de  M.  Chabas  page  47.  On  la  lit.   A.  p.  u.  r.  i.  u. 
Apuriu. 

Le  signe  a.  correspond  à  Tain  Hébreu  voyez  pap.  mag. 
Harris  p.  173,  note  2.  Le  p.  à  le  beth  Hébreu,  voyez 
M.  de  Rongé  divers  monuments  de  Thoutmes  ÎIL  Rev.  Arch. 
1861,  p.  366.  La  diphthongue  iu  est  employée  pour  indiquer 


254 


le  pluriel,  comme  la  terminaison  im  chez  les  Hébreux.  Le  pilori 
et  le  signe  dernier  servent  à  désigner  des  tribus  étrangères. 
L'homme  et  la  femme  assis,  au-dessous  desquels  se  trouve  le 
signe  du  pluriel,  signifient  les  hommes  en  général. 

PLANCHE   IX. 

Fig.  1.  Les  figures  1,  2,  4,  5,  6,  7,  sont  copiées  d'après 
l'édition  des  monuments  du  musée  de  Leyde  par  M.  le  Dr. 
Leemans.  Fig.  I  L'image  du  dieu  Horus,  au-dessus  du  piéde- 
stal; sous  les  pieds  de  ce  dieu,  se  trouve  l'image  de  l'oryx 
garotté,  emblème  de  Typhon. 

Fig.  2.  Papyrus  funéraire  Planche  XIV.  Vignette;  sur  le 
siège  est  assise  une  figure  à  tête  d'oryx  symbole  de  Set  ou 
Typhon,  un  arc  et  une  flèche  dans  les  mains.  Au-devant  de 
cette  figure  on  peut  discerner  la  tête  d'un  cynocéphale  ou 
hippopotame 

Fig.  3.  Dessin  d'après  les  monuments  Egyptiens  de  M. 
Brugsch,  livraison  P*  planche  XT  fig.  l.  Les  hiéroglyphes 
au-dessus  du  dieu  à  tête  d'oryx  donnent  les  signes  s.  t.  avec 
le  déterrainatif  du  dieu  Set  la  pierre. 

Fig  4.  Papyrus  funéraire  planche  IV.  Vignette.  Un  animal 
à  tête  d'oryx  ?  menacé  par  un  prêtre. 

Fig  5.  Pap.  funér.  planche  XIL  Vignette.  Une  figure  assise 
à  tête  d'oryx  ? 

Fig  6  Papyrus  385.  Une  figure  à  tête  d'âne  tenant  une 
lance  dans  chaque  main    Sur  la  poitrine  on  lit  les  caractères  Seth. 

Fiq;.  7.  Planche  CLXX  fig.  :^56.  D.  Amulette  représentant 
quelques  figures  de  démous  Typhoniques ,  la  première  une 
figure  à  tête  d'âne. 

Fig  8.  Dessin  d'après  Joseph  Bonomi .  Ninive  and  its 
palaces,  page  i.'6-2.  L'image  du  dieu  suprême  des  Assyriens 
appelé    Nisroch     Homme  très  musculeux  à  tête  de  faucon  et 


255 


avec    des  ailes  d'aigle.    On  trouve  l'image  de  cç  dieu  sur  les 
armures  des  guerriers  Persans. 

PLANCHE   X. 

Fig.  1.  Les  dessins  1  à  7  sont  tirés  du  rituel  funéraire. 
Fig.  1.  Groupe  hiéroglyphique  donnant  les  signes  S.  t.  et  le 
déterminatif  la  pierre.  Chap.  42.   8. 

Fig.  2.  Chap.  17.  74.  Le  même  groupe  avec  le  signe 
figuratif  l'animal  couché  à  tête  d'oryx  fig.  9.  a.  emblème  du 
dieu  Set. 

Fig.  3.  Chap.  110.  11.  Groupe  donnant  les  signes  s.  t.  i. 
et  le  figuratif  d'un  dieu,  Sti  ou  Seti  nom  du  dieu  Set. 

Fig.  4  Chap.  78.  31.  Groupe  représentant  les  signes  Sut 
avec  le  déterminatif.  la  pierre  et  le  figuratif  d'un  dieu;  autre 
nom  du  dieu  Set. 

Fig.  5.  Chap.  78.  34.  Groupe  de  signes  hiéroglyphiques 
Suti  et  le  figuratif  d'un  dieu.    Nom  de  Set. 

Fig.  6.  Chap.  140.  6.  Groupe  de  signes  hiéroglyphiques 
Sti  et  le  figuratif  d'un  dieu.    Nom  de  Set. 

Fig.  7.  Chap.  9.  3.  Groupe  de  signes  hiéroglyphiques , 
s.  u.  t.  i.  avec  le  déterminaûf  la  flamme  et  le  figuratif  d'un 
dieu.  Autre  nom  de  Set. 

Fig.  8.  Groupe  de  hiéroglyphes  d'après  M.  Lepsius  Abh. 
d  Kôn.  A.  z.  Berlin.  ISôl.  I2n4.  On  lit  les  signes  S.  t.  et 
le  déterminatif,  la  pierre.  Nom  de  Set  sur  l'autel  de  Turin 
dérivant  de  la  6^  dynastie. 

Fig.  9.  a.  b.  c.  3  figures  symboliques,  a.  Animal  couché 
avec  la  tête  de  Set  b.  Animal  assis  avec  la  tête  de  Set. 
c.  Figure  assise  avec  la  tête  de  Set  Ces  trois  images  sont 
employées  comme  signes  figuratifs  dans  les  noms  des  dieux 
Set  et  Sutech. 

Fig.    10.     Groupe    hiéroglyphique  tiré  de  l'inscription  d'Ib- 


256 


samboul    donnant    les    signes,    Sutch,    avec    le  figuratif  9.  c. 
Nom  de  Sutech. 

Fig.  11.  Groupe  hiératique  d'après  le  pap.  Harris  A.  8. 
avec  transcription  en  signes  hiéroglyphiques.  Les  signes  sont 
S.  t.  et  le  figuratif  fig.  9    c.  Nom  de  Set 

Fig.  12.  Groupe  d'après  le  pap.  360  de  Leyde  ;  fig.  10, 
présente  la  transcription  en  signes  hiéroglyphiques.  Les  signes 
sont,  s.  u.  t.  ch  et  le  figuratif  du  dieu  Set  9  c.  Nom  du 
dieu  Sutech. 

Fig.  13,  Groupe  hiératique  avec  transcription  hiéroglyphique 
d'après  le  pap.  345  de  Leyde.  Les  signes  se  lisent.  S.  t.  u. 
et  le  figuratif  fig.  9.  b.  Stu  ou  Sut  nom  du  dieu  Set 

Fig.  14.  Dessin  d'après  M  Lepsius  Abh.  etc  voyez  fig.  8. 
Inscription  sur  le  colosse  de  Eamses  à  Berlin  Groupe  hiéro- 
glyphique donnant  les  signes. 

S.  u.  t.  ch- 
Sutech , 
le  figuratif  9.  b.  nuter  —  aa  —   neb.  —  pet. 
„  „       dieu ,  grand ,  seigneur ,  du  ciel. 

Fig.  15.  Dessin  d'après  le  papyrus  Harris,  VIII  8.  avec 
transcription  en  hiéroglyphes.    Nous  lisons. 

A.  n.  k  —  S.  u.  t.  ch.  et  le  figuratif  9.  c. 
Je  (suis)  —  Sutech. 
Fig.   16.     Dessin  d'après  les  Denkmàler  de  M.  Lepsius  III. 
33.  g.  L'image  de  Setnoebti. 

Fig.  17.  Dessin  d'après  les  Denkmiiler  de  M,  Lepsius  ÎII. 
124   d    Tête  de  Set-noebli 

Fig.  18.  Dessin  d'après  les  Monumenti  storici,  pi.  7?  2. 
de  M.  Rosellini.     Tête  de  Set-noebti. 


jPIaatc///: 


Sm-'^-'  ^'^'-^^'x  —  '  / 


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tt,*16| 

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Fi.^,13 

pp;siis$ 

Rj  n 

^Zl  jLI 

M.Bos  Ji.lith. 


ÔtïKTidr  iX.y.  Lirotbel. 


PLANCHE  II. 


Via  6. 


Tig.r. 


Steenir.r.7.So<ahex^  &ZaoaceIeiâ.eu. 


PLANCHE'in. 


%• 


l}.  Fia.  7. 


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TKiÊ'K^S^^:^  TA^ 


ÏMI^fïi3iM&. 


Steenàr.-rT.Iooi\>er^  Or  ZoouLaulvn. 


PLAl\rcffr/v 


M.  Boi-.JzJjLii. 


5teeDdrv.C.F.  Gioebe]. 


PLAN  CHU  V 


fl.Bos  Jz  liLh 


Steendr.  V  C  P  GrOTid 


PLANCHE  Yl 


F^.Z. 


Steandr-vllouber^  8t£oca. 


FLANCHE  VIL 


Jirif 


M.BûsJz  lith 


«Sttendr.  y  CF  Crocl/a 


FAMûM  m. 


riP;     6 


M.B85  Jz  lith. 


Steendr^CPC/oebel 


PLANCHE  IL 


M.Bos  Jr.  lirii. 


3tien(ir.vC.PCf«»bii. 


PLAISrCILK  X 


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5ïedndr.-v:T.HoojJiarJ  &  Zoon. 


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1 2  1965 


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3L      Plej'te,  Willem 

2^50       La  religion  des  pré- 

S^P5     Israélites