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NAVIGATION AÉRIENNE
roHDf ET DIRlOi PAR
?^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
LaantI il« l'Iulilnl. Sicrillila (initi] da k
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
IppnMTla F» <UcU« da M. Ii HiniMn ta rintirulioi patrik^ga, ttt CbIM et An Bsaii-ArU.
JANVIER 1876
PABIS : 6 riUNCS par in. — DiplRTEHEKTS '. 7 FRANCS.
UN MUMriRO : 75 CENTIUKS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 2 —
Le comité de rédaction de rAÉRONAUTB se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Hauvel, Gaston Tissandier et Al-
bert Tissandier. Le comité ne . se considère pas comme respon-
sable des opinions scientifiques émises par les auteurs. Les
manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à l'art mili-
taire adressés à. la rédaction, sont renvoyés à M. le Ministre de la
Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Extraits des procès-verbaux de la Société françaibb de Navigation
AÉRiBNNE, approuvée par décision de M. le Ministre de Tlnstruc-
tion publique.
Les travaux db la SociiTtf aéronautique de la Grande-Bretagne,
par "M.. Jaxned Macquarie.
Sur la catastropbb du zénith par M. Faiil Sert, député à
TAssemblée nationale, présicfent de la Société de Navigation
aérienne. (Deux portraits dans le texte).
L'Exploration du Pôle Nord en ballon, par M. Ijudovio Mar-
tinet.
De la formation des nuages, par M. Hureau de VUlexieuve.
La Société française de Navigation aérienne, approuvée par déci-
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit les 2« et
4« mercredis de chaque mois, à huit heures du soir, au Cercle aéro-
nautique, rue Lafajette, 95 ; sauf le temps des vacances, août et
septembre. Son bureau est ainsi constitué pour Tannée courante :
Président, M. le D' P. Bert, député à TAssemblée nationale, pro-
iesseur à la Sorbonne ; vice-présidents, MM. le colonel du génie
Laussedat, président de la commission des aérostats militaires au
ministère de la guerre, le D^'Marey, professeur au Collège de France,
Rampont, député à l'Assemblée nationale, ancien Directeur général
des postes et Gaston Tissandier, chimiste ; secrétaire général, M. le
docteur Hureau de Villeneuve ; secrétaires, MM. Jules Armen-
gaud, ancien élève de TEcole polytechnique, 0. Frion, chimiste,
Ch. Hauvel, ingénieur des arts et manufactures, Albert Tissandier,
architecte]; archiviste, M. A. Penaud, lauréat de Tlnstitut, an-
cien élève de TEcole navale ; trésorier, M. Félix Caron ; membres
du Conseil : MM. Dupuy de Lôme, membre de ilnstitut, Gauchot,
in^nieur, Janssen, membre de l'Institut, Jobert, constructeur-
mécanicien, Hervé Mangon, membre de l'Institut, Motard, ancien
élève de Técole polytechnique, A. Olivier, ancien négociant, Re-
noir» chef de station des lignes télégraphiques. La cotisation des
membres habitant Paris est de vingt-quatre francs par an. Les
statuts sont envoyés gratuitement contre demande affiranchie. Les
communications destinées à cette Société, aux Sociétés aéronau-
tiques de la Grande-Bretagne, de New-York, de la Havane et à la
Société d'aviation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur
Hureau de Villeneuve, secrétaire général de la Société française de
Navigation aérienne, directeur de VAéronautey rue Lafayette, 95.
Les bons sur la poste doivent être adressés à son nom.
La bibliothèque et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
Eour les membres, tous les jours, de dix à onze heures, rue
lafayette, 95.
L'AERONAUTE
PULLSTIN ^ENSUEt, Jt.L.USTRB
NAVIGATION AÉRIENNE
FONDÉ BT DIKIOâ PAR
LE D' ABEL BUREAU DE VILLENEUVE
SOCtfTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION a£riENNK
AppniiTh pir M, 1( HiiiiM i* fluIncUg* fibli^.
0« ANNICK 137G
RÉDACTION ET BUREAUX
SS, RUE LAFAYETTE, p5
PAEIS
NOTRE NEUVIÈME ANNÉE
1 y a un au, le Comité de Rédaction
, saluait l'année commençante en se
réjouissant de la période prospère
I où VAéronaute était entré.
I Depuis, deux des nôtres sont morts
pour la Science, et l'un de nos plus chers collègues,
M. AIphoHse Penaud demande, en raison de sa santé,
à être relevé des fonctions qu'il occupe parmi nous.
Trois membres de la Société sont entrés dans le
Comité de Rédaction, ce sont: MM. Hauvel, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier.
Nous . espérons que nos lecteurs voudront bien
continuer au nouveau Comité les sympathies qu'ils
nous ont témoignées depuis la fondation du Journal.
LE COMITÉ DE RÉDACTION.
L'AÉRO"NAUTE
9* ANNÉE. — N° 1. — JANVIER 1876
SÉxlNCE GÉiNÉRALE SOLENNELLE DU 3 DÉCEMBllE 1875
PRESIDENCE.de m. PAUL BERT
PROFESSEUR A LA FACULT£ DES SCIENCES
a Société française de Navigation Aérienne se
réunit, comme Tannée précédente, en séance
solennelle, dans la grande salle de Thôtel de
la Société centrale d'horticulture.
Le public ne tarde pas et remplir cette vaste
salie dont la décoration simple et sévère rappelle le deuil
récent de la Société. On remarque, en regardant l'estrade
que doit occuper le bureau, les portraits de Crocé Spinelli
et Sivel, qui occupent chacune de ses extrémités.
Sur les côtés et en avant de l'estrade, on peut voir di-
vers appareils d'expérience et de pratique aéronautiques,
parmi lesquels Tancre-cône de Sivel, les oiseaux mécani-
ques de M. Bureau de Villeneuve, ceux de M. Penaud,
ainsi que les modèles de ses aéroplanes et de ses hélicop-
tères. Au pied de Testrade se trouve une petite chaudière
à tubes Field^ construite par MM. Foucher et de Laharpe
sur les plans de M. Bureau de Villeneuve.
M. Albert Tissandier, dont le crayon nous a initiés aux
scènes météorologiques des hautes régions de l'atmos-
phère, a également exposé quelques-uns de ses plus beaux
dessins.
L'assistance se compose de plus de huit cents personnes ;
— 6 -
on y remarque un grand membre d'ingénieurs civils et de
l'Etat, des officiers de terre et de mer, les délégués de plu-
sieurs Sociétés savantes, les représentants de la presse, etc.
On distingue MM. Ghasles^ Janssen, Daubrée, Balard,
Hervé Mangon, Duchartre, Rolland, membres de l'Institut ;
MM. Moreau, Trélat, de l'Académie de médecine ; MM* le
général deVîlliers, le contre-amiral baron Roussin, Henri
Giffard, Chassinat, les docteurs Lunier et Gustin.
M. Willoughby, vice-consul d'Angleterre, délégué par
S. E. lord Lyons, ambassadeur de Sa Majesté Britannique,
occupe la place . qui lui est réservée en face de l'es-
trade.
A huit heures et demie, M. Paul Bert, président, prend
place au fauteuil ; à sa droite, s'asseyent MM. Hureau de
Villeneuve, secrétaire général, le colonel Laussedat, vice-
président, et A. Tissandier, secrétaire; à sa gauche,
MM. Rampent, vice-président, G. Tissandier, vice-prési-
dent, et Alph. Penaud, archiviste.
M. Paul Bert prononce les ^paroles suivantes :
Messieurs,
L'année dernière, on inaugurant vos séances publiques annuelles,
le savant éminent à qai j'ai Thonneur de succéder retraçait de-
vant vous, avec autorité, le programme si vaste et si intéressant
des recherches auxquelles s'est consacrée la Société de Navigation
aérienne. Météorologiste, il moatrait Taéronaute dans son labo-
ratoire flottant, que la pesanteur éloigne de la terre, s'en allant
interroger les couches superposées de notre atmosphère, et s'effor-
çant de contraindre le plus capricieux et le plus mobile des élé-
ments à lui révéler les lois immuables qui commandent à ses
mouvements. Mécanicien, il résumait les conditions difficiles, lûais
non impossibles à réaliser, dont la science a montré la nécessité
pour la solution du problème de la navigation aérienne, et il at-
tribuait équitablement leur part d'avenir, aux ballons d'un côté,
et de l'autre à ces appareils « plus lourds que l'air >» dont un de
nos collègues faisait fonctionner devant vous, comme il va le faire
encore aujourd'hui, des spécimens ingénieux. Enfin, patriote dé-
voué, il rappelait avec émotion que la conquête de l'air appartient
à la France ; il citait à côté des noms illustres de Charles et de
Montgolfier, ceux des premiers aérostiers militaires dont les bal-
— 7 —
Ions aidèrent nos armées républicaines à défendre avec la liberté
le sol de la patrie ; il trouvait des accents éloquents pour faire re-
vivre devant vous des événements douloureux, mais non moins
glorieux — car il est des Jours où Thlstoire prend le parti de Ca-
ton contre les Dieux — pour évoquer ce siège héroïque où les bal-
lons formaient le seul trait d'union entre Paris investi et la France
envahie, et nous apportaient en province à la fois les souvenirs qui
faisaient battre les cceurs, et les espérances qui faisaient relever
les fronts.
Puiâ» examinant notre Société elle-même, il résumait son his-
toire si récente et si féconde cependant ; il vantait la sagesse de
Yoâ statuts qui vous protègent contre des envahissements com-
promettants ; il montrait avec orgueil des savants d'une haute
valeur devenus vos collaborateurs, l'attention publique fixée sur
vous, rinstitut s'intéressant à vos travaux et couronnant quel-
ques-uns d'entre vous ; il se réjouissait de vos progrès, de votre
prospérité» de vos découvertes récentes... Et alors» ayant ainsi
dignement et éloquemment accompli son devoir présidentiel, M.
Hervé Mangon donnait la parole à Crocé Spineili.
Messieurs, vous ne vous y êtes pas trompés, j'en suis sûr.
Notre séance publique annuelle est pour nous un jour de fête ;
mais, cette année, elle est comme ces fêtes que les anciens consa-
craient à glorifier les citoyens morts pour la patrie. Nous, nous
devons penser tout d'abord, et rendre un solennel hommage à
nos compagnons morts pour la science, pour notre science, dans
la lutte à laquelle nous les avions conviés. Vous ne me pardonne-
riez pas, et vous auriez raison, si, dès le début de cette séance,
leurs noms n'étaient pas prononcés, leur mémoire évoquée ; si
je ne retraçais l'histoire, bien courte hélas ! de leur vie utilement
remplie ; si, tout en renouvelant vos douleurs, je n'apprenais à ceux
qui sont venus à nous aujourd'hui l'étendue de la perte que nous
avons faite ; si je ne montrais enfin combien était méritée la
sympathie active dont la France entière a honoré la mémoire de
nos deux amis .
Crocé Spineili naquit à MontbaziUac (Dordogne), le 10 juillet
1844 ; il entra dans un lycée de Paris, grâce à l'appui généreux de
M. le pasteur Athanase Coquerel, dont l'affectueux dévouement ne
lui fit défaut dans aucune des circonstances de sa vie. Et pas
un d'entre vous n'a oublié, Messieurs, comtment, après la mort
de son jeune ami, cet homme éloquent, cet homme de bien, atteint
déjà et cruellement, d*une impitoyable maladie, se fit porter dans
la grande réunion publique organisée par vos soins, pour y ren-
dre témoignage de la vie de son élève, pour y célébrer sa fin glo-
— 8 —
rieuse, pour appeler la sympathie publique 8ur qeux qu'il nous
laissait en héritage. Peu de mois après, la mort renierait à son
tour, et c'est un surcroît de deuil pour nous» de ne pouvoir le
remercier ici.
Au sortir du lycée, Crocé Spinelli entra à l'Ecole Centrale, où il
prit le diplôme d'ingénieur civil ; puis il s'occupa de diverses étu-
des de mécanique, et dirigea pendant plusieurs années une graU"
de exploitation agricole.
Déjà son esprit ingénieux s'était fait remarquer par l'invention
d'un vélocipède nautique, idée récemment reprise, et non sans
succès. Mais c'est en 1869 seulement qu'il commença à s'occuper
des questions qui font l'objet de vos études spéciales. Il vint, à
cette époque, apporter à votre infatigable secrétaire général, M.
Hureau de Villeneuve, un projet d'appareil d'aviation consistant
en un système d'hélices ascensionnelles et d'hélices propulsives.
Cette rencontre fut l'origine d'une vive amitié que ne troubla ja-
mais aucun nuage.
A partir de ce jour, Crocé Spinelli devint le collaborateur assi-
du du journal VAéronaute ; il contribua activement à la fonda-
tion de notre Société, et la présida pendant la difficile période de
ses premières années. Il prenait à nos discussions la part la plus
active, y apportant la compétence d'un esprit nourri de fortes étu-
des mathématiques, auquel les nécessités industrielles avaient à
la fois donné le sentiment des difficultés pratiques et les moyens
de les résoudre. Ses travaux originaux se placent au premier
rang de ceux qui sont l'honneur de vos bulletins ; permettez-moi
de rappeler parmi eux, en 1869, son Mémoire sur la stabilité des
appareils destinés à se mouvoir dans Vair ; en 1870, son Etude sur
les meilleurs propulseurs applicables à la navigation aérienne^ étu-
de dans laquelle, après avoir comparé les principaux propulseurs,
et surtout l'aile et Thélice, il donnait la préférence à cette dernière
parce qu'il la trouvait d'une adaptation plus facile aux moteurs
à vapeur ; en 1871, l'exposé de son Système d'hélices à pas varia-
ble en marche, grâce auquel l'appareil d'aviation pourrait, avant
de quitter terre, emmagasiner une certaine quantité de force vive,
d'où une notable économie sur la puissance du moteur ; en 1872,
son important travail sur la condensation de la vapeur d'eau dans
les appareils de locomotion aérienne^ où se trouve résolue une des
plus grandes difficultés que rencontre ce problème, celle du renou^
vellement de l'eau nécessaire au fonctionnement du moteur
aérien; en 1873, &ea considérations générales, théoriques et prati-
ques sur les moteurs légers applicables à la navigation aérienne,
mémoire où il déploya toutes les qualités de son esprit, et que de-
vroQt consulter dorénavant tous ceux qui s'occupent do cette dif-
ficile question; en 1874, son travail sur les appareils destinés à me-
surer la résistance de l'air. Enfin le 21^ juin 1875, un mémoire sur
la théorie mathématique du vol des oiseaux que Crocé Spinelii avait,
en collaboration avec M. Hureau de Villeneuve, envoyé au con-
cours du grand prix des sciences mathématiques, reçut de l'A-
cadémie des Sciences une récompense qui eût rendu notre ami
bien heureux, et dont, dans une cérémonie touchante, vous avez
voulu porter sur sa tombe, le symbole matériel.
C'est aux séances de notre Société que Crocé Spinelli avait ren-
contré Sivel, pins âgé que lui de quelques années, pour qui il s'é*
prit d'une vive afifection. Sivel, né à Pignel (Gard) en 1835, avait
eu une vie pleine d'aventures et d'agitations. A 14 ans, il s'em-
barque pour courir les mers lointaines» il visite les deux Améri-
ques, nos colonies africaines, et pendant quinze années déploie
dans la mer des Indes, en disputant son navire aux fureurs des
cyclones et des raz-de-marée, cette clairvoyance, cette hardiesse,
cette promptitude de décision, que nous admirions tous, et que
seule l'asphyxie put mettre en défaut. Capitaine au long cours, il
fit partie delà députation française, qui assista au couronnement
du roi de Madagascar, Radama; mais il dut reprendre la mer
après l'assassinat du roi et la ruine de la [prépondérance fran-
çaise. *
En 1868, il rentra en France, mais il ne put s^enchaîner à la
terre ; aux vagues de l'océan, succédèrent pour lui les courants de
l'atmosphère ; après avoir tant lutté contre les*Vents ennemis, il
éprouvait un mâle plaisir à se faire emporter par eux, à se jouer
de leurs courants superposés. En quittant son banc de quart pour
la nacelle d'un ballon, il conservait avec l'assurance que donne
l'habitude du commandement, avec l'imperturbable sang-froid
dans le péril, la connaissance des présages du temps, l'esprit d'ob-
servation météorologique, la ponctualité, lasùretéducoupd'œilqui
caractérisent l'officier de marine instruit et expérimenté. Aussi,
chacune de ses ascensions, et il en fit plus de 200, fut l'occasion de
remarques intéressantes, soit au point de vue de la science pure,
soit au point de vue delà technique aérostatique.
Sons ee dernier rapport, il apporta à la construction des ballons
et surtout des accessoires au fonctionnement desquels est souvent
attachée la vie de l'aéronaute, d'importants perfectionnements.
Grâce à son guide-rope àfrotteurs, les dangers du traînage pour-
ront être désormais évités, et les aéronautes pourront accomplir
leur descente par un vent violent, en pleine sécurité. Son ancrer-
cône est plus remarquable encore ; si la tempête jette le ballon
-.10 -
sur la mer, la vie des passagers ne dépend plus, comme autrefois,
de la présence d'un navire sauveteur : ils descendront Vancre^ène^
et pourront rester ainsi pendant un long temps, suspendus à quel-
ques mètres au-dessus des ondes redoutables, puis la tourmente
passée, ils pourront retirer Tancre-cône et reprendre leur liberté.
A plusieurs reprises, et par un gros temps, Sivel est ainsi vo-
lontairement descendu en pleine mer. Nous pourrions citer ici en-
core quelques appareils, comme son ancre-à-haïlon pour l'établis-
sement des va-et-vient, où le marin perce sous l'aéronaute.
Lors des funestes événements de 1870, Siv^el, qui se trouvait en
Italie, accourut; les membres de la comsuasion aéronautique
instituée à Tours, par décret du Gouvernement de la défense na-
tionale, se rappellent son arrivée parmi eux : son matériel, son
temps, son travail et sa vie, il mit tout au service de la France,
avec cette ardeur généreuse qui était le trait distinctif de son ca-
ractère, et qu'il allait bientôt consacrer tout entière à la
science.
C'est en 1872 qu'il entra dans notre Société. Il s'y fit remarquer
tout d'abord par un projet extrêmement curieux, et très sérieu-
sement étudié, d'exploration du Pôle Nord en aérostat, Crocé
Spinelli fut chargé de faire un rapport sur cette conception ori-
ginale et audacieuse. Ainsi s'établirent des relations qui devaient
amener entre ces deux hommes d'élite la plus étroite intimité.
L'imagination vive et poétique de Crocé s'enflammait aux récits
pittoresques et chaleureux des ascensions de Sivel ; sa nature où
dominait la douceur, avec une grâce féminime et charmante, trou-
vait un appui et comme un complément nécessaire dans ce carac-
tère hardi, décidé,, d'une trempe vive et forte. Aussi, à partir de ce
moment, il faut lés réunir dans une histoire commune, qui durera
jusqu*à la mort.
Crocé Spinelli et Sivel firent leur première ascension scientifi-
que le 26 avril 1872, en compagnie de nos collègues, MM. Jobert,
Penaud et Pétard ; d'intéressantes observations météorologiques
et physiologiques furent le fruit de ce voyage aérien.
Le 22 mars 1874, ils partirent seuls, et atteignirent la hauteur
de 7300 mètres, à laquelle n'était parvenu aucun aéronaute fran-
çais, et qu'avait seul dépassée le célèbre Glaisher. C'est de cette
ascension que Tannée dernière, à cette même place, Crocé Spinelli
vous faisait le récit vivant et imagé ; il vous donnait les détails
des constatations scientifiques qu'il eut le bonheur de faire dans
ces régions glacées, et dont la plus importante est la vérification
des idées de notre éminent collègue M. Janssen, sur l'absence de
vapeur d*eau dans la constitution chimique du soleil. L'heureux
— 11 —
emploi de Toxygène pour combattre les accidents dus au séjour
dans un air dont la pression n'était plus que de 30 centimètres de
mercure leur donnait sur Tavenir des ascensions en hauteur des
espérances qui sont légitimes, bien qu'elles aient paru plus
tard si cruellement démenties.
Le 23 mars 1875, nouvelle ascension scientifique, celle-ci à mé-
diocre hauteur, mais d'une durée qu'aucune autre n'avait atteinte
jusque-là. Partis de Paris à G h. 20 du soir, les deux aéronautes
auxquels s'étaient joints nos collègues, MM. Jobert, Albert Tis-
sandier et Gaston Tissandier, atterrissaient le lendemain à 5 heu-
res du soir, au milieu des landes voisines d'Arcachon ; ils avaient
fait pendant ces 23 heures de navigation aérienne, une ample
moisson d'observations météorologiques du plus grand intérêt, et
dont M. Gaston Tissandier lui-même vous rendra compte dans un
moment.
Enfin, « le jeudi 15 avril 1875, à 11 heures 35 m. du matin, l'aérostat
« le Zénith s'élevait de terre à l'usine à {;az de la Yillette. Crocè
« SpîneUi, Sivel et moi avions pris place dans la nacelle. » Ainsi
parle M. Gaston Tissandier, notre savant et intrépide collègue ;
puis il ajoute :
c On part, on s'élève au milieu d'un flot de lumière, emblème de
K la joie, de l'espérance I
« Trois heures après le départ, Sivel^ et Crocé Spinelli allaient
c être trouvés inanimés dans la nacelle { Au delà de 8000 mètres
« d'altitude, Tasphyxie a frappé de mort ces diseiples de la science
« et de la vérité. »
Vous avez tous présents à l'esprit, Messieurs^ les détails na-
vrants de cette douloureuse catastrophe ; les fécits de notre col-
lègue nous les ont conservés. Et, lorsqu'on les lisant on
peut, suivant sa forte expression, « chasser les tristes souve-
nirs et les sombres visions », on ne sait lequel il faut le plus admi-
rer, ou la sérénité vraiment sublime de ces trois savants sus-
pendus au-dessus des nuages, montant, montant toujours, vers la
mort, dont ils connaissent la menace, mais qu'ils croient pouvoir
impunément défier, ou l'intrépidité à la fois calme et fébrile
de celui d'entre eux qui, se réveillant après un long et redou-
table sommeil, voyant à ses pieds ses amis expirés, s'efforce, à
peine échappe des bras de la mort, de protéger leurs corps con-
tre les chocs qui menacent de les briser, et de sauver ces papiers,
ces instruments qui, si tous doivent périr, du moins parleront
pour eux et témoigneront qu'ils sont morts pour la science, c'est-
à-dire pour le devoir.
A ces hommes naguère inconnus, Paris, la ville au grand cœur,
1.
lo
m
fît de splcndides funérailles. L'émotion fut universelle: « C'est
avec une profonde tristesse, mais aussi avce un sentiment d'orgueil
national, dit éloquemment le président de rAcadcmie des Sciences,
M. Frémy, que nous inscrivons les noms de Crocé Spinelli et de
Sivel sur la liste glorieuse des martyrs de la science. »
La France a su reconnaître dignement un si noble dévouement.
Elle a, pour ainsi dire, adopté les familles des deux savants
morts au champ d'honneur ; une souscription dont le produit
s'élève aujourd'hui à 90,000 francs, nous permettra d'adoucir les
conséquences matérielles de leur perte.
Certes, Messieurs, ce sont là de précieux honneurs, dignes d'un
grand peuple et dignes do la science. Mais l'hommage le plus
élevé que nous puissions rendre à la mémoire de nos amis, celui
qu'ils estimeraient au-dessus do tous les autres, c'est de repren-
dre, de continuer, de féconder leur œuvre.
L'utilité des ascensions à grande hauteur, ce n'est pas devant
vous qu'on pourrait la contester. Vous le savez trop bien : notre
atmosphère, dont la hauteur se mesure par centaines de kilomè-
tres, présente au voisinage de la terre une couche peu épaisse
où la densité de l'air permet à la vapeur d'eau de s'élever pour
s'y liquéfier ou s'y solidifier bientôt. C'est la région des nuages, où
se dégagent et s'absorbent d'incommensurables quantités de cha*
leur et d'électricité ; là s'engendrent les orages, les cyclones, les
trombes ; là, se forment la pluie, la neige, la grêle, tous ces amas
d'eau condensée, qui, entraînés par les courants, vont modifier
l'état climatérique des contrées sur lesquelles ils passent.
Or, cette région, tout fait penser qu'elle pourra être entièrement
traversée par les ballons, et que la force ascensionnelle de l'hy-
drogène pourra emporter les observateurs aux limites extrêmes
de ce nuages d'aiguilles glacées, qu'ont rencontrés Sivel et
Crocé Spinelli. Qui pourrait nier, sachant ces choses, Timportanco
capitale des explorations dans les régions élevées ? Mais qui,
aujourd'hui surtout, pourrait en méconnaître les dangers ?
Il faut donc préparer, par une étude préalable approfondie» les
conditions d'exécution de ces voyages périlleux. Il faut, avant
tout, imaginer un appareil qui rende, à partir d'une certaine
liauteur, absolument indépendante de la volonté, la respiration
d'un air de plus en plus riche en oxygène ; il faut ensuite, discu-
ter les dimensions qu'il convient de donner au ballon, la nature
du gaz qui doit le gonfier, la disposition des appareils, la quantité
de lest qu'il emportera, les engins protecteurs qui devront
garantir les aéronautes contre une descente d'autant plus rapide
qu'ils se seront élevés plus haut ; il faut enfin réfléchir longuement
aux problèmes dcpîiyàiologie, de chimie, de motcoroîogie» de phy-
sique du globe, qui se poseront là-haut, devant Tobservateur, et
aux instruments qui lui seront nécessaires pour les résoudre.
Ce sont là des questions avant la solution, au moins appro-
chée desquelles, il serait imprudent et inutile de partir de nou-
veau. J'espère que leur importance âicra l'attention de tous ceux
qui se consacrent h cet ordre d'études ; je demande à la Société de
me permettre de les y encourager, en mettant à sa disposition
et pour être décernée par elle, une médaille de 500 fr. destinée à
récompenser Fauteur du meilleur mémoire présenté sur ce sujet.
Je ne fais, en agissant ainsi, que suivre des exemples qui, je
l'espère, seront suivis par d'autres. Déjà, notre savant collègue,
M. Janssen a consacré aux travaux de météorologie une médaille,
que je vais avoir l'honneur de décerner tout à l'heure. Un autre
de nos c<»llègues, M. Poignant, a fondé un prix égal pour la solu-
tion de problèmes mécaniques fort importants dans l'étude de l'a-
TÎation ; il ne sera décerné que l'année prochaine.
Mais, Messieurs, nous ne donnons pas seulement des prix, nous
en recevons, et de telle nature et dans de telles conditions, qu'il
faut bien que nous nous en réjouissions ici ; non-seulement en
effet, ils honorent ceux de nos collègues auxquels ils ont été dé-
cernes, mais encore ils honorent directement notre Société, puis-
qu'ils consacrent avec une autorité à nulle autre seconde, l'importance
mcme des études auxquelles nous nous livrons.
Je vous le rappelais tout à l'heure, l'Académie dos Sciences
avait proposé, pour le grand prix des sciences mathématiques, un
de vos sujets favoris de recherches, la théorie mathématique du
vol des oiseaux. Et jo vous disais avec orgueil qu'un mémoire pré-«
sente par Crocé Spinelli et M. Hureau de Villeneuve, avait obtenu
à ce propos une récompense dont nous avons droit d'être fiers.
Un autre mémoire a fixé également l'attention de l'Académie,
qui l'a même jugé digne d'une récompense plus élevée encore,
c L'auteur, dit le rapport, a traité avec une grande précision les
m questions les plus importantes... il a serré de bien près les dif-
f ficultés de la question; l'Académie peut fonder sur lui de grandes
•c espérances, au point de vue de là solution définitive. »
Or, cet auteur, c'est notre savant archiviste, M. Penaud, qui al-
lie, comme vous allez en avoir la preuve, à des connaissances ma-
thématiques profondes, l'habileté de construction la plus délicate
et la plus ingénieuse.
Je tiens h noter, Messieurs, que dans le concours dont je viens
de parler, et pour lequel six mémoires avaient été présentés, dont
cinq, dit le rapport, < attestent une science étendue et de pcrsé-^
— 14 —
vérauts efforts », ceux de nos collègues ont seuls été couronnés.
L'autre séance solennelle que TAcadémie des sciences a tenue
cette année, a vu également récompenser trois de nos collègues,
pour des travaux dont quelques-uns rentreat complètement dans
le cercle de nos études : M. Pettigrew a obtenu le prix Godard,
M. Harting un des prix de médecine, et notre vice* président,
M. Marej, professeur au collège de France, le prix de physiologie
fondé par M. Lacaze.
Ënûn, Messieurs, notre Société a curiionncur de voir son ancien
président, M. Janssen, envoyé par l'Académie des sciences pour ob-
server aux confins de Textréme Orient, au Japon, le passage de
la planète Vénus devant le disque solaire. 11 ^ne m'appartient pas
de vous parler des résultats de cette importante mission ; ils sont
ce qu'on devait attendre du savant auquel l'astronomie physique
doit une des plus belles découvertes de notre siècle. Il semble que
la nature tropicale elle-même ait eu conscience de la valeur de
Tobservateur qui lui était envoyé ; du moins, s'est-elle mise en frais
pour le recevoir : cyclones, typhons, raz-de-marée, elle lui a fourni
une exhibition complète de ses plus splendides horreurs, et cette
redoutable galanterie n'a certes pas été perdue pour la scienee.
Sur le pont de son navire, et [parmi des milliers de naufrages,
notre illustre et intrépide collègue a déployé le même sang-froid
avec lequel il partait pendant le siège pour aûer observer en Afrique
l'éclipsé totale du soleil et bravait du haut de son ballon, les balles en-
nemies. Dans les airs comme sur les ondes, il a dignement et fière-
ment représenté à la fois la science et la patrie ; c'est pour nous un
grand honneur et une grande joie que de le voir aujourd'hui sain
et sauf dans cette enceinte.
J'ai terminé. Messieurs ma tâche présidentielle, qu'un glorieux et
douloureux souvenir a rendue pénible et bien longue. Plus douce
sera celle de mes successeurs. Mais aucun d'eux ne vous souhai-
tera avec une sincérité plus affectueuse une longue vie scientifique
et de nouveaux succès si légitimement acquis. Nul non plus, par-
donnez-moi cette prétention, n'envisagera avec plus d'enthousiasme
l'objet principal de vos études. Cet objet principal, c'est la con-
quête de l'air : le problème est posé scientifiquement aujourd'hui :
vous le résoudrez demain.
La science est mère de l'audace : qu'eût pensé de vous le poète
latin de la cuirasse de chêne et du triple airain qui doivent entou-
rer la poitrine de ces navigateurs aériens « bravant dans leur na-
celle fragile les luttes du vent d'Afrique et de l'Aquilon ? » Nous
nous raillons de ses plaintes et de ses anathèmes. Oui, les fils té-
méraires de Japhet, suivant ses paroles, ont dit : « La terre est à
— 15 -.
nous 9, et ils en prennent possession. Il n'est guère d'espace au-
jourd'hui sur le globe que n'ait foulé un pied européen ; nos navi-
res sillonnent toutes les mers, celles même que défendent des gla-
ces presque étemelles ; à des profondeurs de plus de 5,000 mètres,
les sondes du Challenger saisissent et ramènent à la surface des
animaux que le soleil n'a jamais éclairés. En vain, c la prudence
des Dieux avait séparé les terres par Tinviolable Océan > ; nos
vaisseaux impies passent dessus, et nos tunnels dessous, si bien
que demain nous irons à pied sec jusque dans Itle anglaise ; rin-
franchistfable barrière des Alpes est percée à jour : les neiges fon-
dues au revers du Mont Blanc, de l'Himalaya, du Kilimandjaro, se
rencontrent dans le canal de Suez ; bientôt l'Atlantique et le Paci*-
flque se rejoindront à travers Tun des isthmes de l'Amérique cen-
trale ; et voici en projet un chemin de ferr qui, prenant les îles
Aléoutiennes pour autant de piles d'un pont gigantesque, unira le
Ramschatka à l'Amérique du Nord.
Mais, entre tous C3s sacrilèges, le vôtre indignerait surtout le
vieil Horace. « Dédale, dirait-il, s'élance dans le vide de l'air sur
des ailes refusées à Thomme :
Expertus vacuum Dœdalus aéra
Permis non komini datis.
Quoi ! l'air lui-même ! Quoi I les nuages et la foudre no savent
plus défendre le séjour du maître des Dieux I les vents ne peuvent
que vous emporter mollement ,et bientôt vous vous rirez d'eux. Oui,
il l'avait deviné: Rien n'est impossible aux mortels, notre démence
vise au ciel lui-même. La race humaine se rue sur le fruit défendu.
Nil mortalibus arduum est ;
Cœlum ipsum petimus stultitia
Gens humana mit per vetitum nef as.
Et que dirait-il, s'il savait vers quel but tendent tous ces efforts ?
Est-ce pour voir, pour savoir seulement que fermente la science?
Non, c'est pour prévoir ; bien plus, c'est pour pouvoir I La science
est conquérante ; elle ne veut pas seulement connaître la nature,
elle veut la dominer, la contraindre à lui obéir. La chimie crée
des corps nouveaux ; la physiologie modifie les phénomènes de la
vie. Plus près de vos études, la main d'un physicien, arrachant la
foudre aux nuages, la force à courir docilement le long de nos fils
télégraphiques. Un jour viendra. n*en doutez pas, ou l'homme sera
maître d'autres météores, attirera ou dissipera les nuages, retrou-
vera peut-être Tantique outre d'Eole. Cette puissance nouvelle,
— 10 —
encore si loin de nous, c'est h vos études qu'il Taura due; ce sont
les ballons qui l'auront renseigne sur Tinconnu, sur les forces et
les positions de Tennemi. C'est tm parcourant Tair que nous con-
naîtrons Vair, que nous maîtriserons l'air... Et voilà pourquoi
j'applaudis avec ardeur et je demande à tout le monde d'applaudir
avec moi aux efforts de la Société de navigation aérienne.
M. LE Président : La parole est à M. le Secrétaire géné-
ral pour la lecture de son rapport sur les progrès de la
navigation aérieiine.
M. Bureau de Villeneuve, Secrétaire général :
Messieurs,
Depuis la fondation de notre Société, j'ai eu, chaque année, la
mission de vous présenter un rapport sur les progrès accomplis en
navigation aérienne. A chaque rapport, j'avais à vous signaler de
nouveaux succès. Mais, l'année qui s'achève a été marquée par
deux grands deuils qui ont répandu sur nos triomphes un voile
funèbre. Tandis q ue le plus illustre de nos corps savants se pré-
parait à décernera plusieurs membres de notre Société ses récom-
penses les plus flatteuses, deux de nos collègues périssaient vic-
times de leur dévouement à la Science. Notre Président nous a
éloquemment parlé de ce double malheur, je ne veux pas vous en
attrister de nouveau, mais je vous rappellerai qu'il y a un an dans
cette même salle, Crocé Spinelli et Sivel étaient à c5té de nous
et nous rendaient compte de leurs intéressants travaux ; c'est
moi qui aurai à vous parler aujourd'hui de ceux qu'ils ont faits
avant de nous être enlevés.
En effet, cette année même, ils avaient surmonté une difficulté
sérieuse en aéronautique. Ils étaient parvenus à rester vingt-trois
heures en l'air en compagnie de MM. Gaston Tissandier, Albert
Tissandieret Jobert. C'est le temps le plus long qu'ait duré jus-
qu'à ce jour une ascension, et cette durée aurait été encore plus
longue si le voisinage trop prolongé de la mer ne les avait pas
forcés à atterrir.
C'est à propos de cette ascension que nous avons inauguré de
nouveau en France des ascensions scientifiques par souscrip-
tion .
Le physicien Charles avait organisé de cette façon la construc-
tion du premier ballon à gaz, et on suivit ce procédé pour les
— 17 —
premières excursions aérostatiques ; mais depuis que les ascen-
sions avaient été surtout pratiquées dans les fêtes publiques, on
avait renoncé à cette habitude. Les ascensions ordinaires sont
maintenant exécutées le plus souvent par des hommes spéciaux,
qui possèdent un matériel et reçoivent d'une ville ou d'un entre-
preneur de fêtes, un salaire destiné à pa^er leur voyage aérien.
Ces courtes excursions présentent l'inconvénient grave de no
pas se prêter facilement aux études scientifiques, car le jour choisi
n'est pas celui qui est le plus convenable pour les observations,
mais celui où on pourra réunir le plus grand nombre de specta-
teurs as&istant au départ. De plus, il est de l'intérêt même de ce-
lui qui s'élève, démonter à une faible hauteur, car pour satisfaire
le public il faut rester en vue et ne point passer au dessus des
nuages. Enfin la durée du séjour dans l'air n'y présente au-
cune importance.
Le départ des explorations scientifiques ne doit jamais être fait
devant un pabiic payant et ne doit pas être destiné à satisfaire la
curiosité. Mais pour couvrir les frais assez considérables des voyar
ges aérostatiques, il faut trouver des ressources. Certaines collec-
tivités les ont fournies à plusieurs savants, parmi lesquels je cite-
rai M. Glaisher dont les fameuses ascensions ont été défrayées
par l'Association Britannique pour l'avancement des sciences.
M. Hervé Mangon, notre éminent président de l'année dernière,
nous engagea à imiter l'Association Britannique et à organiser,
par souscription, dos ascensions scientifiques. Cette entreprise
réussit parfaitement et nous pûmes ainsi obtenir les fonds néces-
saires à trois ascensions et à l'achat des instruments d'obser-
vations.
La première de ces ascensions eut lieu le 23 mars ; elle donna
les résultats les plus brillants et faisait bien augurer de la secon-
de. CoUo-ci eut lieu le 15 avril, et c'est pendant sa durée que
nos collègues Crocé Spinelli et Sivel ont péri asphyxiés par la ra-
réfaction de l'air rcspirable.
Les détails de ce drame terrible sont connus de tous, je no veux
donc pas vous les rappeler ; mais je vais essayer de vous expli"
quer pourquoi Crocé Spinelli et Sivel sont morts et pourquoi la
vie de M . Gaston Tissandler a été heureusement préservée.
Un phénomène capital du mal des aérostats est que le moindre ef-
fort, la moindre excitation nerveuse cause une lassitude profonde. De
plus, dans les couches d'altitude extrême, ces causes peuvent amener
la mort et il n'est pas nécessaire pour produire ces effets funestes que
les efforts aient lieu pendant l'asphyxie même ; car une fatigue anté-
rieare qu'on ressent encore, peut produire les mêmes eifets. Or, le 15
— 18 —
arrîl au matin,rSivel avait exécuté presque seul le départ du bal-
lon, il était épuisé de fatigue. Les hommes d'équipe employés à
la manœuvre fonctionnaient mal; il en était très affecté. lime
disait quelques minutes avant le départ les paroles suivantes : «Je
suis exténué, cela ne peut pas durer ainsi> il faut absolument qu'à
la prochaine ascension, nous ayons des soldats qui obéissent et
non des hommes indisciplinés ». On comprend que, dans de sem-
blables conditions, Sîvel ait été plus susceptible qu'un autre au
mal des aérostats et que, malgré sa belle constitution, il ait suc-
combé à l'asphyxie, compliquée d'une fatigue excessive.
FIGURE I.
Autographe de Crocé Spinelli écrit pendant rascerision dn 1 5 avril
Grocé Spinelli ne s'était pas fatigué physiquement, mais j'ai
appris que, par suite de vives douleurs morales, il éprouvait des
insomnies qu'il calmait d^uis trois jours en prenant du lau-
danum à haute dose ; il ôe trouvait donc au moment du départ
dans un état extrême de dépression du système nerveux . On com-
prend qu'il n'ait pu résister àTinfluence de l'asphyxie.
— 19 —
M. Gaston Tissandier, aa conti*airc, était dans un excellent état
de santé, calme, ferme, résolu, et d'un grand sang-froid. Il n'a
aucune prédominance nerveuse; il n'avait pris aucun exercice
P
O ILh, «M^ «Vt
'</
cf
# • «
0-. >2 Jt xr
I-
FIGURE 2.
Autographe de Sivel.
avant de partir, il a pu suffisamment résister à l'asphyxie pour
que l'accélération épouvantable du pouls n'amenât pas l'hémorra-
gie et la mort.
Je viens de traiter une question bien triste, mais je devais à la
science ces documents que je possédais seul, et, en l'absence des-
quels, la catastrophe du Zénith était presque inexplicable.
Nos deux collègues ne sont pas les seuls qui aient péri cette an-
née par suite de leur goût pour Taérostation. Aux Etats-Unis,
deux aérooautes ont aussi succombé, non pas pendant mais après
une ascension. MM. Donaldson et Grimwood, rédacteurs du Jour^
nal de Chicago s'étaient élevés dé l'Hippodrome de cette ville le
15 juillet à 4 heures du soir. Le vent était si yiolent que le cor-
respondant de la Tribune de Chicago qui devait être du voyage,
— 20 —
refusa de prendre dans la nacelle la place qui lui était réservée.
Le vent soufflait du Sud-Ouest, le ballon était en très mauvais
état et tout percé de trous . On vit bientôt les voyageurs dispa-
raître dans la direction du lac Micliigan. Une violente tempête
dura toute la nuit. Quelques jours après, on retrouva sur le bord
du lac le corps d'une des deuic victimes.
Donaldson et Grimwood étalent des hommes audacieux et entre-
prenants, mais ce n'étaient pas des savants.
Ils avaient été les collaborateurs de Wise pour le projet qui
consistait à traverser l'Atlantique en ballon. On sait que ce pro-
jet n'était pas sérieux, mais avait été lancé par le journal le Daily
Graphie de New-York, dans un but de spéculation de presse :
Quoi qu'il en soit, ces pauvres gens ont payé de leur vie leur folle
témérité.
Les deux ascensions dont je viens de vous parler, no sont pas
les seules qui aient été exécutées cette année.
M. le colonel Laussédat, vice-président de notre Société et pré-
sident delà commission des aérostats militaires, est parti deux fois
du Conservatoire des Arts-et-Méticrs et a été faire au sein des airs
des observations, certainement intéressantes pour la science,
mais dont je ne puis vous parler, puisqu'elles n'ont pas été pu-
bliées .
MM. Eugène Godard et Yinson, se sont élevés à bord du Sa-
tumcy le Z2 mars dernier. L'aérostat, parti de Bayonne a passé au
dessus des Pyrénées et est tombé près de Pampelune, après im
traînage fort douloureux.
M. Duté-Poitevin, beau- frère de Sivel et ûls de Mme Poitevin,
a fait plusieurs voyages dont les résultats ont été communiqués
à notre Société.
M. \y. de Fonvielle a continué ses recherches scientifiques en
ballon.
De plus MM. Duruof,Mangin, Flammarion, Goudesone-Busseuil»
Barat, Ardisson ont continué leurs excursions, dont les narrations
ont été placées aux Archives de notre Société.
Enfin, MM. Gaston Tissandier, Albert Tissandier et Rédier ont
exécuté ces jours derniers une exploration atmosphérique dont
M. Gaston Tissandier va nous entretenir tout à l'heure.
La plupart des voyages que je viens de citer, avaient pour but
des études météorologiques. En effet, la météorologie aérostatique
à laquelle une grande impulsion a été donnée par notre ancien
président M. Jansscn, a occupé cette année im grand nombre de
nos collègues.
Je vous citerai d*abord les résultats obtenus dans l'ascension
— 21 -
de lon^e durée des 23-24 mars dernier. M. Gaston Tissandier
ayait voulu dans cette ascension, commencer le dosage de l'acide
carbonique au dessus des nuages. Il y est arrivé par une métho-
de chimique qu*il avait instituée eu collaboration avec M . Hervé
Mangon, et qui a donné de très beaux résultats. Dans ce même
voyage, Crocé Spinelli essaya l'emploi d'un petit anémomètre
construit par M . Rédier ; il put continuer aussi les études spec-
troscopiques si intéressantes qu'il avait faites l'année dernière
sur l'atmosphère du soleil.
Nos collègues avaient emporté unélectroscopa, et, au moyen d'un
long fil métallique, ils cherchèrent s'il y avait de l'électricité dans
Tatmosphère. Ils observèrent ainsi un phénomène curieux ; tant
qu'ils sa trouvèrent au-dessus de terrains nus ou découverts, ils
ne virent aucun mouvement dans les feuilles d'or, mais quand ils
traversèrent la Gironde, ils virent les feuilles s'écarter ; quand ils
passèrent au-dessus des forêts, le même phénomène se produisit
mais avec une moindre intensité.
Enfin ils observèrent un phénomène météorologique assez rare,
c'est la réunion d'un halo et d'une croix lunaires qui se trouvaient
confondus dans le même point du ciel.
M. Rédier qui vient de faire, il y a troi.s jours, une ascension
scientifique, nous a présenté son baromètre enregistreur. Il est
bien désirable que des appareils de ce genre, mais portatifs, puis-
sent être construits pour les voyages aériens ; on éviterait ainsi
des suspicions bien naturelles et on nurait un graphique très net
et facile à étudier. Aussi M. Rédier vient-il d'en entreprendre la
construction. Il nous a présenté aussi l'hygromètre graphique do
Lowa qui permet d'avoir l'état hygrométrique par une simple
lecture .
M. Tissandier nous a présenté le baromètre à minlma de Ne-
gretti qui sert à indiquer la plus haute altitude à laquelle on soit
arrivé dans une ascension.
M. Ludovic Martinet a étudié les conditions météorologiques du
Pôle Nord et a conclu à la possibilité de passer en ballon assez
près du Pôle.
Enfin, j'ai pu moi-môme présenter un mémoire sur la forma-
tion des nuages.
Une branche nouvelle d'études a été inaugurée cette année parmi
jious, c'est la physiologie aéronautique. L'étude des conditions
d'existence de l'homme dans les grandes altitudes était digne d'at-
tirer l'attention des savants.
Notre président, M. Bert. a tracé une ligne nouvelle dans la
direction des travaux physiologiques, il a démontré que les souf-
Of>
f rances et la mort qui survenaient dans les hautes régions n*é-
talent nullement le résultat de la dépression mécanique, mais
bien celui de l'asphyxie par privation d'oxygène. — L'Institut a
compris la haute importance des études de M . Bert, et lui a donné
cette année le lk gra.nd prix biennal qui est la plus haute récom-
pense que les corps savants puissent décerner.
M. le docteur Jourdanet, a fait paraître cette année sur le même
sujet que M. Bert, un beau livre intitulé : De V Influence de la
pression de Vair sur la vie de l'homme. Cette remarquable étude
qui complète la théorie physiologique de M. Paul Bert établit que
la possibilité de vivre à de grandes hauteurs, n'est plus qu'une
question de savoir faire.
M. le docteur Chabert a publié une thèse bien étudiée ayant
pour titre : Des accidents qu'on observe dans les hautes ascensions
aérostatiques.
Un grand nombre d'autres travaux ont paru à propos de la
mort de Croeé iSpinelli et de Sivel ; mais j'ai le regret de dire
que la plupart contiennent des erreurs capitales. Les uns ont dé-
claré que la mort était due à une ascension trop brusque, fait
absolument inexact ; les autres qu'il y avait eu empoisonnement
par le gaz du ballon ou étouffement par les gaz contenus dans le
sang. Un assez grand nombre d'appareils nous ont été proposés
pour empêcher la production de semblables accidents ; mais ils
reposaient presque tous sur des bases inexactes et n'ont pu jus-
qu*à ce jour donner lieu à aùèune application.
Les ballons dirigeables ont été l'objet d*études nouvelles. Je
ne puis dire qu'elles aient encore donné des résultats pratiques
complets, mais elles ont attiré l'attention de MM . Penaud, Duroy
de Bruignac, Renoir, Pétard et Delacour.
La question si importante des moteurs légers a occupé plu-
sieurs d'entre nous. M. Arsène Olivier nous a présenté son rota-
teur, M. Joberta proposé une chaudière ornée d'une chevelure de
tubes en U à circulation constante. M. Hirsch a fait paraître un
ouvrage important sur les machines aérothermiques. Enfin, je
puis moi-même montrer une petite chaudière qui est placée sous
vos yeux. Cette chaudière a été construite par MM. Fouché et
de Laharpe, ingénieurs civils ; elle présente trois quarts de luètre
carré de surface de chauffe et pèse 17 kilogrammes. La légèreté
n'en est pas exceptionnelle ; mais elle est assez curieuse en raison
de l'application delà chaudière Field, aux usages aéronautiques.
Les appareils d'aviation n*ont pas fait cette année de grands
progrès pratiques ; ceux qui vous seront montrés tout à l'heure,
datent de Tannée dernière.
O'i
J'ai pourtant à vous entr3tenir d'un projet dû à Crocé Spiuelli,
contenu dans un pli cacheté, déposé aux archives de la Société,
et ouvert après la mort de son auteur ; c'est une étude sur un
appareil du genre hélicoptère à quatre hélices. Par une ingénieuse
disposition, les quatre hélices ne se masquent pas, parce que,
deux d'entr'elles sont placées dans un plan supérieur et deux dans
un plan inférieur. Je dois aussi vous parler d'expériences fort cu-
rieuses, faites par Ml!^. Penaud frères, avec des cerfs-volants de
diverses fermes.
Si les expériences pratiques d'aviation n'ont pas été nombreu-
ses, les études théoriques ont présenté un assez vif intérêt.
La Société a nommé une commission ayant pour mission de faire
construire un appareil destiné à étudier la résistance de la pres-
sion soulevante de l'air. Cette commission n'a pas encore déposé
son rapport, mais je puis vous dire que le projet d'appareil est
fort avancé et qu'il promet des résultats précieux.
De son côté la Société anglaise a entrepris les mêmes études que
nous avec une remarquable opiniâtreté .
Enfin, un de nos collègues. M. Poignant a fondé un prix desti-
né à récompenser le meilleur travail sur les surfaces motrices
agissant dans l'air ; ce prix, qui sera décerné en novembre 1876,
consiste en une somme de cinq cents francs, à laquelle nous
avons ajouté une médaille d*or. Ce concours promet d'être bril-
lant, car un assez grand nombre de concurrents se sont déjà ins-
crits.
J'ai à noter de nouveaux travaux sur le vol des oiseaux.
M. Alphonse Penaud ^ présenté une théorie nouvelle du vol à
voile "où voT^ans battements d'ailes. Notre collègue, pour expli-
quer ce phénomène bizarre, admet l'existence dans l'atmosphère
de courants ascendants, dont la force ascensionnelle peut soutenir
des oiseaux de grande taille.
M. le docteur Edmond Alix, a fait paraître un important ouvrage
sur l'appareil locomoteur des oiseaux . L'auteur ne présente pas
une théorie nouvelle du vol, mais après avoir exposé toutes les
conditions des fonctions locomotrices chez les oiseaux, il cite les
différentes théories qui ont été proposées pour le vol, cet acte
qui a paru si longtemps inexplicable, et qui, même après qu'on a
pu rimitery n*est pas bien expliqué encore.
Vous voyez, Messieurs, que les études aéronautiques ont été
cette année nombreuses et brillantes ; mais elles l'auraient été plus
encore sans le sinistre qui nous a tous mis dans le deuil.
A partir du 15 avril, jour de la mort de nos collègues, nous
— 24 —
avons dû organiser une souscription dcstioce à fairo vivro deux
familles laissées sans ressources.
Le résultat a dépassé nos espérances, puisque la générosité du
public nous a donné la somme de quatre-vingt-dix mille francs.
Nous allons donc pouvoir assurer l'existence des personnes dont
nous avons pris la protection .
Nous avons aussi à élever à nos deux chers martyrs, un tom-
beau simple comme Ta été leur existence, mais aussi convenable
que cela nous sera poitsible.
Puis, nous inspirant de l'esprit de ceux que nous avons perdus,
nous reprendrons le cours de nos études avec le calme que pro-
cure le devoir accompli.
M. LE Présïdeot : La parole est à M. Gaston Tissandier.
M. Gaston Tissandier :
Messieurs,
En prenant ici la parole, ma pensée se reporte tout entière vers
mes infortunés et glorieux amisCrocé Spinelli et Sivel, les nobles
martyrs de la catastrophe du Zénith, dont notre président,
M. P. Bert, vous a si bien retracé le funèbre éloge. Je les revois au
moment où. gravissant les hautes régions de notre atmosphère, ils
s'élançaient si fièrement et avec un si généreux élan, à la conquête
d'un monde inconnu. Malgré le tombeau qui nous sépare, j'ai la
conviction profonde que s'ils pouvaient faire entendre leur voix parmi
nous, ils nous diraient que c'est honorer leur mémoire que de con-
tinuer leurs travaux et de poursuivre l'œuvre à laquelle ils ont
sacrifié leur vie.
Je vous parlerai donc d'une question qui leur eût été chère :
des résultats de l'étude scientifique de l'atmosphère. •
Si la science commence à entrevoir aujourd'hui les lois qui pré-
sident aux mouvements de l'Océan, si elle connaît les courants de
la mer, c'est que, depuis des siècles, des navigateurs ont inces-
samment sillonné, dans tous les sens, et par tous les temps, la
surface entière de ses eaux ; c'est que des observateurs ont jeté la
sonde dans leurs abîmes, ont mesuré leur température à des pro-*
fondeurs différentes.
Œ Si nous voulons connaître l'atmosphère qui enveloppe notre
globe, qui règle le cours des saisons, qui entretient la vie, il faut
procéder de la même façon ; il faut la parcourir sur de vastes
étendues, la sonder de bas en haut, depuis la surface de la terre
jusqu'à ses plus hautes régions.
25
« Mais tandis que, des rantiquilô la plus cloignéo, riiommc a su
construire le bateau, au icoyeu duquel on a fait l'exploration de l'O-
céan ; c'est d'hier seulement que l'on a vu apparaître l'aérostat qui
nous permet d'entreprendre l'exploration de l'atmosphère . Il n'y
a pas un siècle enefTet, que les Montgolfier lançaient dans l'espace
le premier globe aérien, que Pilâtre de Rozier, pour la première fois,
faisait flotter le drapeau de la science au-dessus des nuages, et
que Charles gonflait le premier ballon à gaz hydrogène. Dans ce
court espace do temps, il n'y a pas eu peut-ctro deux cents ascen-
sions véritablement scientifiques, et qui aient été entreprises par
des expérimentateurs munis des indispensables instruments de
l'observation scientifique. Et cependant, je ne crains pas de trop
m'avancer en l'affirmant, la science doit beaucoup aux ballons,
elle Itii doit, sinon des découvertes capitales, tout au moins des
faits d'un puissant intérêt. Or dans l'étude de la nature, ne Pou-
blîons pas, c*est par l'accumulation des faits, que se formulent les
lois.
£nl803|Hobertsons*clève à l'altitude de 7170 m., et, pour la pre-
mière fois, il commence à subir l'influence de la dépression atmos-
phérique. En 1804, Gay-Lussac lance sa nacelle à 7016 métros,
au-dessus du niveau de la mer ; à mesure qu'il s'élève, il s'aper-
çoit que le thermomètre s'abaisse, c'cit-à-dire que les températures
décroissent, il reconnaît en outre que la quantité d'humidité con-
tenue dans un milmc volume d'air, semble diminuer avec l'al-
titude. Voilà l'aérostation scientifique à son début, et voilà déjà
les faits qui apparaissent.
Bien d'autres notions allaient successivement s'ajoutera celles-ci.
Les aérostats ont révélé l'existence des nuages à glace d'une cons-
titution particulière, des véritables bans de cristaux de neige,
suspendus dans les zCncs aériennes; ils ont fait connaître les cou-
rants atmosphériques superposés, se mouvant dans des directions
diflorenles, ils ont apporté des éléments les plus précis sur la tem-
pérature de ces courants, sur le chemin qu'ils parcourent, sur la
vitesse qui les anime.
Les aérostats ouvrent à l'explorateur les vastes plaines de
l'air, où tout est nouveau, où tout est à étudier, où il y a ^
tout à apprendre. Ils déroulent à ses yeux les sublimes spec-
tacles des nuages amoncelés, les tableaux grandioses, les jeux
de lumière incomparables : ils le transportent sans fatigue, dans
un domaine immense, encore vierge, où les découvertes apparaî-
tront un jour, comme la moisson d'un sol riche, quand on aura su
le parcourir tout ontieri pour le cultiver sans relâche.
Je ne m'arrêterai pas plus longtemps sur ces considérations.
— 26 —
M. Janssen en 1873, et M. Hervé Mangon, l'année dernière, ont
plaidé la cause de Taérostation scientifique, avec tant d'éloqnence
et d'autorité, qu'il ne reste plus rien à dire après eux. J'aborderai
donc dès à présent, le résumé succinct des ascensions qui ont été
exécutées cette année sous les auspices de la Société française de
navigatioti aérienne.
L'orateur, après avoir raconté Tascension de long^ae du-
rée du Zénith^ exécutée par Crocé Spinelli, Sivel, Albert
Tissandier, Jobert et lui, et qui dura 23 heures, arrive au
récit palpitant de Tasceasioa à grande hauteur.
« C'est à 8,000 mètres, dit M. Tissandier, que Tasphyxie nous a
surpris» Noos sommes tombés comme frappés d'un coup de foudre,
subitement saisis par ce terrible sommeil des hautes régions qui
jadis avait épouvanté Robertson. Pour Crocé Spinelli et pour Sivel,
ce sommeil hélas I devait être éternel... Mais cette ascension fatale
ne sera pas perdue pour la science... pour la science qui, tout en
relevant ses martyrs, sur le front desquels elle attache la cou-
ronne de rimmortsdité, n'en continue pas moins sa marche vers
le progrès. »
L'orateur décrit ensuite rascension du 29 novembre
1875, exécutée dans le ballon V Atmosphère par MM. Duté-
Poitevin, Albert Tissandier, Louis Redier et Frantzeu, et
pendant le cours de laquelle les voyageurs ont pu faire
de curieuses observations sur la formation de la neige et
sur l'existence d'un banc de cristaux de glace, suspen-
du dans les régions aériennes. Après avoir signalé l'habi-
leté et le savoir-faire de M, Duté-Poitevin, M. Tissandier
fait passer sous les yeux des spectateurs une série de re-
marquables tableaux. aérostatiqueSy projetés par M. Molteni
à l'aide de la lumière oxhydrique.
La plupart des paysages aériens, des effets de lumière,
des halos, des auréoles^ des appareils aérostatiques ainsi
projetés, ont été reproduits par la photographie, sur les
dessins de M. Albert Tissandier, au talent duquel l'orateur
rend un juste hommage.
« J*ai la persuasion, dit-ib, de si bien exprimer la vérité dans le
jugement que je porte sur ces œuvres d'art, que personne, parmi
— 27 —
TOUS, j'en suis sûr, ne me taxera d'exagération malgré les liens
fraternels qui m'unissent à leur auteur. »
Les derniers tableaux projetés sont relatifs à la direction
des aérostats ; ils résument les magfniâques expérien-
ces de M. Henri Giifard, en représentant les grandes cons-
tructions aérostatiques qui sont dues à notre célèbre in-
génieur, et en montrant le ballon dirigeable de M. Dupuy
de Lôme.
D'après l'orateur, la conquête de l'air sera faite par des
ballons allongés, munis de moteurs à vapeur, construits sui:
le principe que Ton doit à M. Giffard, mais doués de pro*
portions considérables.
Les ballons dirigeables, dit en terminant M. Tissandier, doivent
atteindre des dimensions énormes : Suivant l'heureuse expression
de notre savant collègue, M. Penaud : c Pour eux, le volume c'est la
puissance ; la surface c'est l'obstacle. » Mais en augmentant le vo-
lume, on diminue' précisément la surface; en d'autres termes, en
augmentant la puissance, on diminue l'obstacle. M. Hervé Mangon,
Tan dernier, disait avec non moins de conviction : « Quant à la
direction deç aérostats, on peut dès à présent regarder le problè-
me comme résolu, sinon en fait du moins en principe.
En effet, depuis les magnifiques travaux dont je vous parlais tout
à rheore, le constructeur a dans les mains tous les éléments du
problème. J'ai la conviction pour ma part que, lorsqu'il le voudra,
M. Giffard ou quelque nouveau Fulton, saura faire aux incrédu-
les, une réponse analogue à celle de ce philosophe grec, qui se mit
à marcher devant quelqu'un qui niait le mouvement. Il dirigera
dans l'espace le navire aérien, aux yeux de ceux-là mêmes qui ne
croient pas à la direction des ballons.
Alors Tempire de l'air sera définitivement conquis par le génie
scientifique. Mais en attendant l'avènement de cette ère nouvelle,
les aérostats, tels qu'ils sont, peuvent nous révéler les lois de l'at-
mosphère : tels qu'ils sont, ils ouvrent à la science des horizons
immenses. Ils savent aussi à certaines heures, ne l'oublions pas,
assurer à la patrie de puissantes ressources 1
M. LE Président : La parole est à M. Alphonse Penaud.
M. Alphonse Penaud :
Messieurs,
Les douloureux événements que vient de retracer devant vous
notre savant collègue M. Tissandier > le deuil profond où nous a
— 28 —
plongés la perte d'hommes tels que Sivel et Crocé Spinelli, out
surtout dirigé, cette année, les esprits vers la question des ascen-
sions à grande hauteur, et sur les moyens propres à éviter de
semblables malheurs. Aussi, nous n'avons à vous présenter aujour-
d'hui que peu d'appareils nouveaux de locomotion aérienne.
Nous ferons d'abord évoluer devant vous quelques planeurs d'une
construction et d'une manœuvre très simples. Ils mettont en lu-
mière le principe du soutien par la translation, et les conditions
de réquilibre. C'est à ce genre d'appareils qu'un ingénieux cher-
cheur, M. Pline, a depuis longtemps attaché son nom. Ces pla-
neurs constituent, malgré leur simplicité plus apparente que réelle,
des appareils d'une importance capitale au point de vue de l'étude,
M. Pline veut bien les faire fonctionner devant vous, ainsi que
des modèles qu'il a construiras lui-même.
Successivement lâchés en Tair par M. Pline, les planeurs
glissent légèrement au loin, en descendant suivant une
ligne oblique. L'un d'eux parvient même aux limites laté-
rales de la salle, apràs avoir décrit une courbe étendue.
Voici maintenant les appareils automoteurs types, que j'ai déjà
fait voler devant vous l'an passé (1). Voici d'abord l'Aéroplane,
avec son plan sustenteur, son équilibre automatique, son hélice
propulsive et son meteur.
Abandonné à lui-môme, l'Aéroplane de M. Penaud s'é-
lance avec une vitesse croissante sur une pente légère ; il
rase un instant la tète des spectateurs et se relève par une
courbe h grand rayon, suivant une inclinaison symétrique
de sa descente. Arrivé ainsi à 17 mètres environ de distan-
ce, et à 4 mètres au-dessus du niveau de son point de dé-
part, il cesse de s'élever pour prendre une course horizon-
tale jusqu'à l'angle le plus éloigné de la salle, longue de
20 mètres. L'appareil est arrêté dans son vol rapide par la
muraille, qu'il vient frapper avec force. (Applaudisse-
ments.)
Voici l'oiseau mécanique à ailes battantes.
M. Penaud fait, par deux fols, voler son oiseau mécani-
que. Dans la seconde expérience, l'oiseau soutenu et pro-
(1) Voir l'ÀéronauU de février 1875.
— 2Q —
puisé par de vifs battements se meut en ligrne directe jus-
qu'au centre de la salle en s'élevant suivant une rampe
continue de 15 degrés environ. L'appareil se détourne
alors brusquement, et revient avec vitesse du côté de son
point de départ ; continuant ses battements, il heurte enfin
les spectateurs non loin de la tribune.
Quant à mes hélicoptères, jo pois vous en présenter, cette année,
des modèles beaucoup plus parfaits d'exécution que ceux de
Tannéa dernière. Oe sont quelques-uns de ceux que Téminent
M. Breguetarécemment construits. La monture est en aluminium ;
les surfaces, affermies par une petite vergue, sont métallisées
pour fendre Tair avec facihté.
L'hélicoptère aussitôt libre, se dirige d*un mouvement
facile vers le plafond de la salle élevé de 12 mètres, et Fat-
teint en peu d'instants. Rejeté obliquement parle choc à
0 mètres plus bas, il s'arrête dans sa chute et décrit un
vaste demi-cercle en remontant lentement. Limité dans
cette translation par les parois de la salle, l'hélicoptère se
soutient encore plusieurs instants, avant d'arriver à
terre en voltigeant. (Applaudissements.)
Vous le voyez donc pour la seconde fois, le^ problème de Tavia-
tien du plus lourd que Tair» suivant une expression déjà popu-
laire, est résolu en principe dans ses 3 formes principales: l'héli»
coptère, l'aéroplane, et Toiseau mécanique. Les questions fonda-
mentales d'équilibre, de soutien, et de propulsion, sont éclairées.
La vraie théorie du vol est connue. L'analyse mathématique appli-
quée aux faits actuellement acquis, permet même, selon nous, de
calculer à un quart] près, les coefficients de la résistance de l'air
sur les surfaces, et la force motrice néce|^aire. La démonâtration
est faîte.
Il faut maintenant remplacer les ressorts par des moteurs ther-
miques dont l'action soit continue, et la puissance suffisante. Il
faut donner aux appareils, dans leur ensemble et dans leurs dé-
tails, des formes qui les rendent propres t porter des voyageurs.
Il faut les munir de moyens de départ et d'atterrissage.
Nos archives contiennent déjà d'importantes études d'organes
et de procédés de construction ; d'importants projets dans lesquels
sont établies les principales proportions des grands appareils, La
question vitale des moteurs est serrée chaque jour de plus en plus
— 30 —
près, et le poids da cheval vapeur diminue d'une façon continuelle
sous la sape de la science. Plusieurs types de pattes à longs res-
sorts ont été inventés. Ces supports élastiques, munis de patins
et de roulettes, aideront certainement à résoudre la question épi-
neuse des départs et dos atterrissages terrestres. La prudence
commande d'ailleurs de faire, au dessus de l'eau, (départ, trajet et
arrivée) les premiers essais d'appareils montés, et cette idée, sur
laquelle nous ne cessons d'appuyer, est do jour en jour mieux
comprise.
A notre sens, ce ne sont pas les combinaisons ingénieuses,
la conception de mécanismes et d'organes plus ou moins nouveaux,
qui manquent à la solution définitive. Il s'agit de coordonner bien
plus que d*in venter. Ce qu'il faut, c'est la réunion, sous une même
volonté de l'administrateur, de l'inventeur, et du constructeur,
animés par une commune et tenace énergie, soutenus par de sé^
rieuses ressources matérielles. Voilà désormais le difficile.
Toutes les grandes inventions sont là pour nous le montrer ;
la vapeur était prouvée par Papin et Salomon de Causs ; l'hélice
était préconisée par Paucton et Dallery, bien des années avant
d*étre appliquées utilement par Watt, Ericson et Smith. Jacquart
mourait 30 ans après l'invention de son métier, sans en avoir vu
le succès, devenu plus tard universel.
Heureusement maintenant- la science est comprise ; une puis-
sante industrie la seconde. Les idées se répandent et se iécondent
rapidement. L'année prochaine, nous pourrons peut-être vous
montrer, après ces premiers appareils d'aviation à ressort, des
machines encore trop petites pour porter des hommes, mais mises
en action par l'expansion de fluides gazeux travaillant sur des
pistons. Quant à la direction des ballon.^, possible seulement dans
les plus grandes dimensions, sa réalisation paraît de jour en jour
plus certaine.
Dans peu d'années, j'en ai la foi, le premier ballon dirigeable se
mouvra dans les airs, etèl'aviation aura déjà mis en lumière, x
yeux de tous, les services qu'elle rendra dans l'avenir. (Applaudis-
sements).
M. LE Président. L'ordre du jour appelle la distribution
des Prix décernés par la Société. M. le Secrétaire général a
la parole pour lire son rapport sur ce sujet.
M. HuREAU DE Villeneuve :
Messieurs,
Notre ancien Président M. Janssen, sur la point de partir pour
le Japon^où il allait observer le passage de Vénus sur le Soleil,
— 31 —
a Toula fonder un prix destiné à récompenser les travaux de mé-
téorologie aérostatique. Aujourd'hixi, M. Janssenest de retour
parmi nous et nous lionore de sa présence.
La Société est donc heureuse de donner devant lui ce prix fon-
dé par sa libéralité. Comme j'ai eu l'honneur de vous. le dire tout
à l'heure, les travaux de météorologie aérostatique ont été cette
année nombreux et intéressants.
Mais les titres de M. Gaston Tissandier sont éclatants et excep-
tionnels. En dehors de l'ascension fatale qui a rendu son nom cé-
lèbre, M. Gaston Tissandier avait déjà fait en météorologie des tra-
vaux nombreux et estimés.
Il a fait sur l'analyse des poussières atmosphériques recueillies à
diverses altitudes, des observations qui ont éclairé la question*
d'une vive lumière. Récemment encore, il a montré que dans Tair
le plus' pur flotte de la poussière de fer météorique provenant dos
bolides qui traversent les espaces inter-planétaires.
Par un procédé qu'il a trouvé en collaboration avec M. Hervé
Mangon, il a analysé la quantité d'acide carbonique contenue dans
l'atmosphère et a démontré que cette quantité était partout sen-
siblement la même. Je ne puis raconter tous les phénomènes de
météorologie optique dont il a donné la description d'après ses
nombreuses ascensions.
Se basant sur les importants travaux de M. Gaston Tissandier,
le Conseil a décidé que le prix Jaiïssen lui serait décerné.
M. LE PaésmENT remet à M. Gaston Tissandier la mé-
daille d'or qui lui est destinée.
M. HuREiku DE Villeneuve :
Messieurs,
Notre Société n'est pas la seule qui s'occupe de navigation
aérienne.
La Société aéronautique de la Grande-Bretagne a été fondée, il
y a dix ans, par M. Fred. William Brearey, qui a reçu les fonctions de
Secrétaire honoraire, position correspondant à celle de Secrétaire
général chez nous.
Depuis dix ans, M. Brearey a été l'âme de la Société anglaise
dont il a constamment dirigé les travaux. Sous son influence, des
études importantes d'aviation ont été entreprises, des expériences
sur la résistance de l'air ont donné des résultats du plus haut
intérêt.
I^a Société française de navigation aérienne a cru qu*il était de
toute justice de récompenser des travaux si honorables et si pro-
~ 32 —
longo8 et elle > décemé|Ba médaille d'or à M. Fred. William Brearey.
Monsieur le vice-consul d'Angleterre présent à cette séance ,
veut bien la recevoir au nom de S. E. TAmbassadeuril' Angleterre
à Paris. Lord Ljons daignera se charger de transmettra cette
médaille à S. G. le duc d'Argyll, président de la Société Anglaise
qui la remettra lui-même à M. F. W. Brearey.
M. LE Président remet à M. Wllloughby vice-consul
d* Angleterre à Paris la médaille d*or destinée à M. Brearey.
M. WiLLOQHHBT, € Je suis très flatté, Monsieur le Préaident, d'a-
voir été de nouveau désigné par Son Excellence, Monsieur Tam-
bassadeur de sa Majesté Britannique à Paris pour recevoir de
votre scientifique Société une Médaille destinée à Tun de mes
compatriotes, et j*ai rhonneur de vous en remercier« »
M. LE Présidbnt. L'ordre du jour étant épuisé, la séance est
levée.
L$ Stcrélaire d$ la séanoûf
0. Frion.
SOUSCRIPTIONS
REÇUES AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ DE NAVIGATION AÉRIENNE
Pour les familles des Victimes du ZÉNITH
TOTAL DBS CINQ PREMIÂRES LISTBS : 90,458 fc. 39 C,
Alxlâme Liste*
Liste de souscription du journal la Revue illustrée des DeuX"
Mondes : La Revue illustrée des Deux-Mondes j 100 fr. ; MM.
Le Meunier, avocat, 5 fr. ; Jean Petit, statuaire, 89, rue
d'Enfer, 5 fr. ; Alix, médecin à l'hôpital militaire de Lyon,
10 fr. ; Renouard et Regling, filateurs, à Lille, 10 fr. ; A. Reclus,
10 fr.; Veuve Vsiglio, à Chauny, 5 fr.; Denny, 5fr.; Amédée
Evrard, 20 fr. ; Duparquet, 5 fr. ; Yilliam Bechner, 63, rue des
Feuillantines, 10 fr. ; Rey, à Lille, 5fr.;V. P. Perret, 49, quai
Saint-Yincent, à Lyon, 50 fr. ; Ducros, cours des Fossés, à Bor-
— 33 —
deaux, 2 fr. ; Preller. à Bordeaux, 6 fr. ; Yidellelle, à Poitiers,
10 fr.-, Eug. Lonest, à Lille, 10 fr. ; A. Bouclier, à Niort, 10 fr. ;
Aubrie, à Rennes, 5 fr.; Baye, 5 fr. ; Anonyme, 70 fr.; Hourio,
5 fr.; Barraguey, 10 fr.; Bâillon, & Château-Pommier, 10 fr. ;
Meunior, 6 fr. ; Anonyme, 1 fr. ; A. Tuitelin, 6 fr, ; Paste Belmas,
à La Rochelle, 10 fr. ; Maurice, enseigne de yaisseau, 10 fr. ; Ho<-
mau, à Saint-Quentin, 9 fr. 50 ; Herbelot, à Langres» 6 fr. ; E .
Pigeard, trésorier général du Doubs, 25 fr. ; Anonyme, 2 fr. 50 c. ;
Gale Gravier, 5 fr ; Jacques, à Brouillet, 3 fr. ; Comte Henry Rus-
sell, 10 fr. ; Ed. Monod, à Mazamet, 5 fr. ; Rivier, 5 fr. ; Lauzc-
naud, 5 fr.; Andrieu, 5 fr. ; Comte de Niaçay, 20 fr. ; Ch. Paris,
5 fr. ; de Lagamerie, 5 fr. ; Jules Lefèvre, professeur, 3 fr. ;
de La Garnerie, 5 fr.; Lefèvre, à Amiens, 5 fr; Heurtault,
20 fr. ; Vinot, 5 fr. ; Foltz, 10 fr. ; Rolland, 5 fr. ; Perrineau, 5 fr. ;
Jollien, 5 fr. ; Goullet, 10 fr. ; Louyt, 5fr.; Marquis de Puy de
Quiquerau, 10 fr. ; Anonyme, 3 fr. ; Veuve Marq, 10 fr . ; le Docteur
Gruby, 20 fr.; ChaflProy, 25 fr.; Sallet, pasteur, 2 fr ; Tinion, im-
primeur, 17 fr. 25 c. ; V Académie des Sciences de Bordeaux^ 100 fr. ;
Marguerîe, 23 fr. 50 c. ; d'Hennezeilles d'Ormois, à Marseille,
8 fr. 50 c. — Ensemble : 826 fr. 25 c.
MM. Louis Chabrier, 92, rue Neuve des Mathurins, 200 fr.; For«
tuné Chabrier, 5, avoçuo de la Reine-Hortense, 100 fr. ; Pérou, à
Besançon, 3 fr. ; Morisseau, 45, rue du Luxembourg, 50 fr. ; Ano-
nymes (Port. C-5. et S.) 8 fr *— Le journal La République française
(nouveau versement) 233 fr. 10 c; M. Porter Michaëls, 20 fr.
Total des souscriptions reçues jusqu*d ce jour: 01t908 fir. T4 o«
Le Trésorier,
FÉLIX CaroN^
— 34 —
LA CATASTROPHE DU BALLON « L'V HIVERS. .
Le 8 décembre 1875, M. le colonel dugéDicLaussedat, réminent
professeur du Conservatoire des Ârts-et-Métiers, président de la
Commission des Aérostats au Ministère de la Guerre et vice-prési-
dent de la Société française de navigation aérienne, s'élevait dans
la nacelle du ballon V Univers^ accompagné de MM. le comman-
dant Mangin, les capitaines Renard et Bittard, le lieutenant Bas-
toul et Albert Tissandier, chargé de l'exécution de dessins topo-
graphiques. Le but de l'expédition était de poursuivre les inté-
ressantes eicpériences d'aérostation militaire, entreprises dans le
courant de cette année. M. Eug. Godard et son aide Xérès avaient
été chargés du gonflement et de la manœuvre de l'aérostat. Le
départ s'effectua à 11 h. 5 m. Une demi-heure après, le ballon
planait au dessus de Montreuil, quand une épouvantable catas-
trophe eut lieu tout à ooup. Par suite d'un accident, le ballon se
dégonfla, la partie inférieure de son étoffe se releva avec violence,
les voyageurs furent précipités contre terre, ayant eu à peine le
temps de jeter quelques sacs de lest. Le choc fut terrible : la na«
celle s'incrusta dans le sol, tandis que l'aérostat, presque dégonflé,
s'affaissait, perdant le reste de son gaz par une large déchi-
rure!
Le colonel Laussedat et le commandant Mangin ont eu la jambe
cassée ; le capitaine Renard, une fracture du péroné avec entorse
aux deux pieds; le capitaine Bitard, une entorse; MM. E. Godard,
une eontusion grave du genou, et Térès, des contusions au côté
droit de la poitrine. Le lieutenant Bastoul et M. Albert Tissandier
avaient été entièrement épargnés.
Les causes de cette catastrophe ont été l'objet d'une enquête
qui a été confiée à M. Giflard et dont les résultats n'ont pas été
publiés.
Le colonel Laussedat et ses autres compagnons blessés ont fait
preuve d'une rare énergie et d'une force morale peu commune. Ces
vaillants officiers ont donné le magnifique exemple de l'héroïsme,
en se déclarant prêts, malgré leurs blessures, à se dévouer encore
pour la patrie.
Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que tous les blessés
sont aujourd'hui en bonne voie de guérison.
Le Gérant : Félix Garon.
CLBIUIONT-DB-L*OISB. — IMPRIMERIE A. DAIX, RUE DE CONDÉ, ST.
— 35 —
BIBLIOGRAPHIE AERONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VA^onaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent. .,^__^_______
Simples notions sur les ballons et la Navigation aérienne, par M. Gas-
ton Tissandier, avec un frontispice, ï>ar M. Albert Tissandier, et 36 vi-
f nettes par M. G. Mathieu,à la Librairie illustrée, i6, rue du Croissant.
tix: 5o centimes.
Travaux du Laboratoire de physiologie expérimentale de M. Marey, en
1875 (160 figures dans le texte), chez Masson. Prix: i5 francs.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Ëaudry, éditeur, i3. rue des Saints-Pères.
La Navigation aérienne, ses rapports avec la Navigation aquatioue, par
H. Durassier. Broch. gr. in-8*, avec 1 1 figures dans le texte, chez Berger,
Levrault et Cie, éditeurs.
Les premiers essais de X. de Maistre^ par Jules Philippe, chez L'hoste,
libraire-éditeur, à Annecy.
Rivtsta degli studi di Locomozione e Nautica Nell Aria, par Pascal
Cordenons^ professeur de Mathématiques au lycée de Rovigo. — Rovigo
Regio Stabilunento del Car. Minelli, 1875.
A. Sircos et Th. Pallier: Histoire des ballons et des Ascensions cé-
lèbres, illustrée par A. Tissandier et les meilleurs artistes, chez F. Roy,
éditeur.
Pour les articles imprimés dans les publications périodiques, voir les
extraits des procès-verbaux de la Société de Navigation aérienne.
Les hait premières années de TAéronautb sont actuellement en
Tente aux prix suivants :
hxsÈx, 1868,. 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 3 >
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Années 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6^ •
Chaque livraison » 75
La oollbotion complètb, avec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAéronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les aocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières ei par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAéronautb, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de rAinoNAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
Ij'A.ERONA.XJTE
SOMMAIRE
JANVIER isye
SÉANCE GÉNÉRALE DU 3 DÉCEMBRE 1875 :
Ouverture de la Séance, par Ml. Pa\il Bert, député, profes<»
seur à la' Faculté des Sciences, Président de la Société.
Rapport sur les progrès de la Navigation aérienne, par M.
reau. de Villeneuve, secrétaire général (2 gravures dans Iç
texte).
L'Exploration de l'Atmosphère, par M. G-astoxi Tissandier,
Vice-Président de la Société, avec projections à la lumière
oxhydrique, par M!. Moltenl.
La Locomotion mécanique dans Tair, par M. Alph.. Pénaild,
Archiviste, lauréat de Tlnstitut.
Distribution des Récompenses.
Liste de la souscription du Zénith.
Faits divers» Bibliographie et publicité aéronautiques.
l'aéronaute parait tous les mois
REDACTION ET ABONNEMENTS
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NAVIGATION AÉRIENNE
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SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
UoWOB d* H. h lIlBlm da flDiInsUaa pibllf», da CdKm Hdc* Biini-ArU.
FÉVRIER 1876
: ft FKUtOS PAR AH. -^ DipÀnTBHKNTa : 7 FlUNOB.
DN MDM^ao : 75 okntiubs
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
PARIS
— 38 —
Le comité de rédaction de l'AÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Hauvel, Gaston Tissandier et Al-
bert Tissandier. Le comité ne se considère pas comme respon-
sable des opinions scientifiques émises par les auteurs. Les
manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à Fart mili-
taire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Ministre de la
Guerre, mais ne sont pas insérés .
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Extraits des procès-verbaux de la Société française db Navigation
AÉRIENNE, approuvée par décision de M. le Ministre de Tlnstrao-
tion publique.
Discours d'ouverture de la Séance générale du 3 Décembre 1875,
gar M. Paul Sert, professeur à la Sorbonne, président de la
ociété.
Rapport sur les progrès de la Navigation aérienne, par M. Hu-
reau de Villei;xeuTe, secrétaire général.
L'exploration de l'atmosphère, par "M., Q-aetozL Tissandier.
La locomotion mécanique dans l'air, par M. Alplioxxse
Penaud, lauréat de l'institut.
La Société française de Navigation aérienne, approuvée par déci-
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit les 2* et
4* mercredis de chaque mois, à huit heures du soir, au Cercle aéro-
nautique, rue Lafajette, 95 ; sauf le tem^s des vacances, août et
septembre. Son bureau est ainsi constitué pour l'année courante :
Président, M. le D' P. Bert, député à l'Assemblée nationale, pro-
fesseur à la Sorbonne ; vice-présidents, MM. le colonel du génie
Laussedat, président de la commission des aérostats militaires au
ministère de la guerre, le D^'Marej, professeur au Collège de France^
Rampent, député à l'Assemblée naticmale, andanDireetearséiiénd
des postes et Gaston Tissamiier, clnmiste ; secrétaire ffénéru, M. le
docteur Bureau de Villeneuve ; secrétaires, MM. jTules Armen-
gaud, ancien élève de l'Ecole polytechnique, O. Frion, chimiste,
Albert Tissandier, architecte ; archiviste, Ch. Hauvel, ingénieur
des arts et manufactures ; trésorier, M. Félix Caron ; membres
du Conseil: MM. Dupuy de Lôme, membre de l'Institut, Gauchot,
polytechnique, A Olivier, ancien négociant,
noir; chef de station des lignes télégraphiques. La cotisation des
membres habitant Paris, est de vingt-quatre francs par an. Les
statuts sont envoyés gratuitement contre demande affranchie. Les
communications destinées à cette Société, aux Sociétés aéronau-
tiques de la Grande-Bretagne, de New-York, de la Havane et à la
Société d'aviation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur
Hureau de Villeneuve, secrétaire général de la Société française de
Navigation aérienne, directeur de VAéronautei rue Lafayette, 95.
Les bons sur la poste doivent être adressés à son nom.
La bibliothèque et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
Eour les membres, tous les jours» de dix à onze heures, rue
rsfayette, 95.
L'AÉRONAUTE
9* ANNÉE. — N" 2. — FÉVRIER 1876
ASCENSION
AU-DESSUS DES NUAGES DE NEIGE
e 29 novembre 1875, nous avons exécuté
une ascension aérostatique sous les aus-
pices de la Société française de Navig^ation
aérienne. M. Daté-Poitevin, le beau-frère
du regpretté Sivel, avait bien voulu se
mettre à notre disposition avec son beau
ballon, V Atmosphère y cubant 2,500 mè-
tres. Les circonstances atmosphériques nous ont particuliè-
rement favorisé, en nous donnant l'occasion de rapporter
de nouveaux faits météorologiques, que M. Bertrand a pré-
sentés à TAcadémie des sciences dans la séance du 13 dé-
cembre 1875, et que nous résumons ici.
Le départ a eu lieu à 11 h. 40 minutes du matin.
MM. Albert Tissandier, Duté-Poitevin, Louis Redier, Frant-
zen frères et moi, nous prîmes place dans la nacelle.
L'aérostat s'est élevé au milieu de légers flocons de
neige^ dont la chute n*a pas tardé h s'interrompre. La tem-
pérature, jusqu'à 700 mètres était de — 2*. A cette altitude,
un massif de nuages blanchâtres, opalins, s'étendait au-
dessus de la surface terrestre sur une épaisseur de 800 mè-
tres. Eu pénétrant dans leur masse, la température s'a-
baissa et descendit à — 3*, puis à — 4".
A 1,500 mètres, après avoir dépassé la surface supérieure
des nuag^ea, nous avons plané au milieu d'un véritable
2
banc de cristaux de glace auapendua dans l'atmosphère sur
uDe épaisseur de 150 mëtras. La température du milieu
ambiant était de 0*. Le3 cristaux qui Toltigeaieat autour
— 41 —
de nous étaient transparents, très nettement formés de-
toUee hexagonales variées, de 0", 004, et du plus remar-
quable aspect. L'élévation de la température était due, sans
dottte« à la formation même de ces cristaux, au dégage-
ment de chaleur produit parla solidification de la vapeur
d'eau* Quant au fait de la suspension des paillettes cristal-
llséea dans l'atmosphère, il peut s'expliquer par les mouve-
ments de tourbillonnement dont elles étaient animées sous
rinflnence dee rayons solaires réfléchis par la surface su-
périeure des nuages, (1). Ces nuages étaient, en effet, d'un
blanc éblouissant et offraient h s'y méprendre l'aspect des
montagnes de neige, dont nôtre gravure représente un des
^ets les plus saisissants.
A 1,650 mètres^ l'air était assez pur, et la température,
Jusqu'à 1770 mètres, s'élevait encore pour atteindre, -|- 1"^.
Des cumulus s'étendaient à des niveaux supérieurs, et le
ciel bleu s'entrevoyait à travers les Intervalles qui les
séparaient par moments Notre diagramme rend, d'ailleurs,
lin compte exact de l'état de l'atmosphère à ce moment et
pendant toute la durée du voyage.
Quand le soleil se voilait, les cristaux de glace, moins
bien éclairés^ il est vrai, ne semblaient plus cependant être
soumis aux mômes mouvements tourbillonnants. 11 est
probable qu'ils tombaient alors au sein du nuage inférieur
et arrivaient jusqu'à la surface du sol, où, comme nous
Tavons constaté à la. descente, ils étaient beaucoup plus
gros, mais moins réguliers et comme recouverts d'un gi-
vre opaque, qui leur donnait l'aspect d'un sel cristallisé
effleuri. Les diutes de neige successives du 29 novembre
trouveraient aussi leur explication, par le fait des cristaux
de glace supérieurs, qui tombaient jusqu'à terre, ou y sé-
journaient par des mouvements de tourbillons, selon que
les rayons solaires arrivaient jusqu'à eux ou étaient arrêtés
par l'écran des nuages supérieurs.
A l'altitude de 1776 mètres, l'aérostat, grâce au jeu de
lest, fort bien exécuté par M. Duté-Poitevîn, se maintint à
(1) M. Janssen nous a dit récemment qu'il avait observé un phé-
nomène semblable, dans une ascension eu montagne faite par lui
sur la chs^e de l'Himalaya.
FiG. 4,
EfTet de montagnes do nuages observé pendant 1 ascension du 29 novembre
1875. 1 3 h. 40 ; altitude : 1770 mètres (d'après nature, par M- Albert
Tissa ndicr).
— 43 —
la même hauteur pendant une heure environ. A 1 h. 30, il
descendit lentement et traversa de haut en bas le banc de
cristaux, dont la température était la même qu'au moment
de l'ascension .
A 2 h. 15, la terre apparut, à l'altitude de 900 mètres;
elle était couverte d'un manteau de neige, dont la chute
avait eu lieu précédemment. La descente s'opéra dans les
conditions les plus favorables, au hameau des Daufrais,
près d'ïlliers (arrondissement de Chartres), à 103 kilomè-
tres de Paris à vol d'oiseau.
Pendant l'ascension, les couches supérieures et inférieu-
res se mouvaient dans la direction du nord-est au sud-
ouest avec une vitesse de 41 kilomètres à Theure. Les mas-
sifs des nuages et le banc de cristaux avaient sensiblement
la même vitesse et la même direction.
L'élévation de la température observée le 29 novembre
en montant dans l'atmosphère est un fait qui s'est déjà
plusieurs fois présenté à nous dans des ascensions précé-
dentes ; aussi doit-on selon nous apporter certaines restric-
tions à la loi des décroissances de température avec l'altitude.
Nous ajouterons enfin que les nuages de glace de forme
extérieure mamelonnée souvent observés par les aéronau-
tes, que les bancs de cristaux de glace, suspendus dans
l'atmosphère, n'ont pas jusqu'ici trouvé leur place dans la
classification des nuages : ils existent très fréquemment
cependant, et il serait à désirer que l'on ajoutât leurs noms
à côté de ceux des cirrhus, des cumulus, des nimbus et des
stratus dont ils se distinguant si nettement.
Gaston Tissandier.
DE LA LOCOMOTION AEWENNNE
et des lois de suspension des corps pesants en mouve-
ment dans l'air.
lusieurs de nos coUègrues qui s'occupent
du Tol des oiseaux demandent depuis
longtemps que VAéronaute publie le
Mémoire de M. Wenham qui a paru
dans le Rapport annuel de îa Société
aéronautique de la Grande-Bretagne
de l'année 1866, et était, dit l'auteur,
déjà écrit depuis sept ans. Ce mémoire, dont la forme pa-
raîtra peut-être un peu singulière à nos lecteurs, offre,
sur la résistance de l'air, des données fort intéressantes.
Mais la traduction en présentait des difficultés sérieuses ;
il fallait pour la réussir, non-seulement connaître la langue
anglaise, mais encore avoir étudié l'aviation. Nous avons
chargé M. James Macquarie de cette traduction, et elle a
été revue avec soin par plusieurs d'entre nous.
Nous espérons que nos lecteurs seront satisfaits de con-
naître l'un des travaux, les plus importants qu'ait fait pa-
raître la Société aéronautique anglaise.
Gomme les poids et mesures usités dans le cours de ce
travail, sont ceux de l'Angleterre, nous croyons utile de
rappeler ici leurs équivalences.
Letonneau (20 quintaux) pèse 1,015 kil.940 gr.
Le qm'nïai (112 livres)
_ 50 > > >
La livre (16 onces)
— ». 455 -
L'once
- . . 5]^ . '. 6
Le yard (3 pieds) mesure
0 mètre 914
Le pied (12 pouces) —
0, 304
Le pouce —
0, 085,
Le mille est de
1.609, 314
LA RÉDACTION.
— d5 —
Un plan d'une surface définie, en avançant rapidement à travers
un milieu fluide, éprouve une résistance que Ton peut diviser en
deux forces composantes. La première provient de la cohésion des
molécules, la seconde du poids de ces molécules et de leur inertie
qui» d'après des lois bien connues exige une force déterminée
pour leur mise en mouvement.
Dans les substances plastiques, la cohésion engendre la plus
grande somme de résistance ; dans Teau, cette force cohésive est
peu sensible comme effet retardant; elle devient inappréciable
dans Tair qui est extrêmement fluide. Le poids des particules est
ici la cause unique de toutes les résistances. Par suite, une surface
plane pesante, en descendant verticalement dans Tair, a sa vitesse
de chute limitée par le poids de Tair mis en mouvement dans un
temps donné.
Si un poids de 150 livres se trouve réparti sur une surface d*un
même nombre de pieds carrés, la descente sera uniforme et de 1300
pieds (395 m.) par minute ; à cette vitesse de chute, la force en-
gendrée dépensée sur Tair, sera presqu'équivalente à six chevaux-
vapeur : — réciproquement, le maintien en suspension de cette sur-
face pesante à une hauteur fixe, exigera la même vitesse d*attaque
de Tair et le même travail. En faisant croître les dimensions de la
surface, sans augmentation du poids, on obtiendra une décroissance
proportionnelle de la vitesse de chute et du travail qu'elle repré-
sente pour un temps donné. Cela posé, on peut conclure qu'avec
un plan superficiel d'une étendue suffisante agissant sur l'air
d'aplomb et de haut en bas, un homme arriverait à s'élever en l'air
pendant quelque temps à l'aide de ses propres eflbrts.
Un homme en élevant son corps, peut fournir 4250 unités de tra^
vail — c'est-à-dire ce nombre en livres (1933 k»») élevé à un pied
de hauteur par minute, — et son poids, étant supposé 150 livres
(68 k«* 250) il peut le porter à 22 pieds (6 m. 69) de haut par mi-
nute. Mais, à une vitesse semblable, la résistance atmosphérique
est si minime, qu'un plan devra posséder un développement super-
ficiel de 120^000 pieds carrés (1,190 m. c.) pour produire par son
action sur l'air un travail correspondant aux efforts de l'homme,
même en tenant compte du poids do son corps.
Ainsi s'explique l'insuccès des nombreuses et malheureuses ten-
tatives qui ont été faites, de temps à autre, pour élever verticale-
ment dans l'air des corps pesants, au moyen d'ailes ou de surfaces
s'abaissant verticalement et à plat. Bien que le vol d'un oiseau le
maintienne par une réaction constante exercée sur un poids
d'air relativement énorme par rapport au poids du corps de l'ani-
mal, la suspension sur cette grande masse d'air (nous le prouve •
— 46 —
rons dans la suite) résulte bien plutôt de ^ nature du mouvement
que de la grande étendue superficielle de Taile.
Au premier degré de récholle des grands volateurs, se trouve le
pélican. Un de ces oiseaux que nous avions réussi à tuer, pesait
21 livres (9 k^** 555) et mesurait 10 pieds d'envergure (3 m. 04). Le
pélican s'enlève avec beaucoup de difficulté, mais une fois sur son
aile {en plein vol) il semble voler malgré son grand poids avec de
très faibles efforts. Ces oiseaux avancent d'une façon particulière ;
ils volent en une seule file, à la suite d'un conducteur. Si celui-ci
monte ou descend, les pélicans qui le suivent, imitent successi-
vement tous ses mouvements avec précision. Pendant leur vol, ils
donnent environ 70 coups d'ailes par minute. Cet étrange oiseau a
de singulières habitudes ; on peut on voir des- bandes qui, à une
certaine distance du rivage, planent (soaring) à de grandes hau-
l^urs, sans doute pour le plaisir de su distraire.
On dirait, à les voir avec leurs ailes ouvertes et immobiles, qu'ils
flottent avec sérénité dans les hautes régions de l'atmosphère, où
pendant plus d'une heure, ils inscrivent le même espace dans les
grands cercles qu'ils tracent. Avec leurs têtes rejetées en arrière,
et leurs longs becs posés sur la poitrine, on est tenté de croire
qu'ils sont endormis. A l'aide d'un petit nombre de coups d'ailes
par minute, ils maintiennent leur vitesse d'impulsion et conservent
leur hauteur. L'effort que font ces volateurs est évidemment faible,
et montre l'erreur de ceux qui pensent qu'une force considéra-
ble est nécessaire pour maintenir le vol d'un oiseau de cette gran-
deur et de ce poids. Rien chez le pélican ne révèle une grande
vigueur ; car, après une légère blessure, il se laisse aisément cap-
turer ; no pouvant faire aucune résistance effective, il bat lourde-
ment de ses ailes immenses dont les coups, selon quelques-ims,
devraient avoir la force d'un coup de pied de cheval !
Par une soirée calme, on voit des nuées de ces oiseaux prendre
leur vol et descendre le cours de la rivière ; ils conservent chacun
leur place, comme s'ils ne formaient qu'un tout, mû par une même
impulsion. Ils avancent par bandes qui passent à peine à 15 pou-
ces (0 m. 375) au-dessus des eaux ; leur vol est rapide, d'une ai-
sance et d'une grâce inimitables. Fait remarquable, ces nuées
d'oiseaux qui avancent avec une vitesse de trente milles environ
(48279 m . 42) à l'heure, troublent si peu l'élément dans lequel ils
se meuvent, qu'aucime ride ne signale leur passage sur les eaux
qu'ils effieurent. Quel merveilleux contraste entre le vol rapide de
ces oiseaux et la progression lente et fatigante de ces êtres qui
avancent en se traînant à travers un fluide mille fois plus dense
— 47 —
oa se laissent emporter par les courants qui tourbillonnent avec
force au-dessous d'eux.
Le drapeau retombe le long du mât de notre navire, voguant sur
le Nil. Nous attendons le vent si désiré du Nord qui ne se lève
pas. Prenons donc un fusil, et comme c*est l'habitude, descendons
à terre. A notre approche, une bande de hérons blancs qui sont
presque à portée, s'éloignent en courant, à une petite distance du
sentier. D'autres sont perchés, à deux ou trois sur le dos des buf-
fles apathiques et couverts de boue (d'où leur nom d'oiseau du
Buffle). Dans le lointain, par delà les plaines aux moissons do-
rées qui bordent la rivière, des millions de pigeons bleus couvrent
la terre ; ils volent çà et là par bandes et cherchent leur nourriture
avec activité. Le sifflement musical des ailes du ramier qui passe
comme une flèche, arrive gaiement à nous. A chaque instant, pas-
sent des compagnies de perdrix aux plumes brillantes et multico-
lores ; grâce à leurs ailes longues et pointues^ leur vol est vigou-
reux, continu et semble interminable ; on ne peut, en les suivant
de l'œil^ les voir s'abattre comme les perdrix poussives de nos
contrées. Mais quel magnifique spectacle dans les régions du ciel \
Aussi loin que peut s'étendre la vue, on découvre de tous les côtés
des oiseaux de proie de grandeurs et d'espèces diverses : — Aigles,
vautours, milans, ainsi que toutes les variétés du faucon, y com-
pris la plus petite, le faucon insectivore commun dans le Delta et
qui effleure la surface de la terre en chassant, comme l'hirondelle,
les insectes qui le nourrissent. Aucun de ces oiseaux ne paraît
préoccupé de franchir l'espace ; tous planent en tournant à loisir
au-dessus du même lieu, comme si l'invisible élément qui les porte
n^étaittout à la fois pour eux qu'un lieu de repos et de mouvement.
Mais quel est cet objet que l'on aperçoit là-bas, seul au milieu
de la plaine I C'est un aigle superbe. Nous nous en rapprochons
avec précaution ; à 80 yards (72 m. 120) le roi des oiseaux sort de
son apathie ; il ouvre en partie ses ailes immenses, sans toutefois
bouger encore de place. Nous avançons de quelques pas et l'aigle
sort de son immobilité pour marcher les ailes à moitié ouvertes
et sans mouvements. Profitons et vite faisons feu I Le coup a por-
té, mais on entend le plomb (n<» d calibre 11} qui retombe le long
de son épais plumage. Sa marche devient course, il accroît sa vi-
tesse par de longs battements d'ailes, et quitte enfin la terre. Il
s'élève avec une inclinaison graduelle vers les hautes régions de
l'air, et vole majestueusement pour regagner son aire dans la di-
rection du Liban, situé à cinq milles de là. Quelques fragments
de plumes restés sur place, nous font connaître l'endroit même où
il était en recevant le coup de fusil ; sur le sable se voient encore
2.
— 48 —
les empreintes des serres. D'abord (ce qui indique une marche as-
surée) imprimées avec force et netteté sur le sol, ces empreintes,
suivant Tallure de Toiseau qui, à l'aide de ses ailes, allégeait son
poids en augmentant sa vitesse, se transforment en longues égra*
tignures qui finissent par disparaître. En mesurant la longueur
de ces traces, on acquiert la preuve que, même sous l'action sti-
mulante du coup de feu, il a fallu à cet oiseau courir vingt yards
(18 m. 28) avant de pouvoir quitter terre.
Bien que nous ayons un vent qui permet tout juste de remon-
ter le courant, le bateau s'est remis en marche. Un immense milan
plane au-dessus de nos têtes, à la hauteur presque de notre voile
latine. Nous pouvons observer tout à l'oisir ses mouvements aisés
et faciles. Notre cuisinier vient de jeter par-dessus bord un mor-
ceau de viande ; décrivant une courbe majestueuse, l'oiseau fond
sur âa proie et la saisit entre ses serres. Les ailes ouvertes et im-
mobiles, il se relève avec facilité. — La seule force d'im-
pulsion de sa descente suffit pour le reporter plus haut qu'à mi-
inâ,t« Observons-le toujours : — les ailes battant paresseusement
et la tête inclinée sous le corps, il dévore tranquillement la proie
qui pend à ses pieds, pendant qu'il avance en glissant doucement
dans Tair.
Sur le Nil, abondent les grands oiseaux aquatiques de presque
toutes les variétés. Durant un séjour de neuf mois sur ce fleuve,
nous avons pu voir aller et venir un nombre infini de ces oiseaux,
qui sont migrateurs pour la plupart. L'Egypte n'est qu'une longue
et étroite bande de terre, jetée à travers les parties les plus déso-
lées du globe et ne devant sa fertilité qu'an débordement périodi-
que des eaux de son fleuve ; il est donc présumable que ce pays est
un lieu de relâche pour ces oiseaux, lors de leur grande migration
vers les riches districts de l'Afrique centrale.
Eu arrivant sous vapeur vers nos côtes, par un vent debout
modéré, on peut observer derrière la roue, les mouvements d'une
demi-douzaine de mouettes, qui suivent le navire en attendant
patieiniTient les débris de cuisine, qu'on peut jeter par-dessus bord.
L'une d'elles plus hardie que les autres, vient parfois si près du
bâtiment qu'on entend les vibrations de ses ailes ; eUe était restée
en arrière, mais la voici... elle revient. L'axe de son corps se
trouvant exactement à hauteur de l'œil, il est facile do suivre cha-
cun de ses mouvements. Elle s'approche à 10 yards environ, jette
sa note plaintive et sauvage en tournant la tête de côté et d'autre
et nous regarde avec son œil de jais. Mais quel est l'angle que
font les ailes de cet oiseau sur l'air pour compenser sa tendance
à descendre ? Nous n'en pouvons déterminer Tinclinaison, car les
— 49 —
lues paraissent fendre Tair par leur tranche» c'est*à-dire être pa-
rallèles à sa ligne de mouvement. Il n*y a ici pour diminuer le
frottement, ni rails aux surfaces unies, ni roues aux jantes d'acier
aax essieux polis et huilés et cependant le mécanisme de la nature
surpasse tous les autres* Chez cet oiseai^ les effets retardants qui
résultent d3 la pesanteur sont presque nuls et il semble avancer
•o glissant sans frottement sur un plan. Pour de nombreuses rai-
sons, on peut conclure que le plein vol, chez la plupart des oiseaux,
s'exécute à une grande vitesse, en dépensant beaucoup moins de
force que tous les autres moyenjs de progression.
Nous allons étudier maintenant le rapport de la surface au poids,
ainsi que leur effet combiné dauH le cas d'une descente verticale
dans l'air. La base du problème se trouve ici dans la question de
sécurité^ car il peut être quelquefois indispensable à un être vivant
de descendre passivement et verticalement, sans effort musculaire.
D'après la table de Smeaton sur les résistances dans l'air, le
vent pour exercer une force d'une livre (455 gr.) sur un pied carré,
(0 m. c. 09241) doit se mouvoir contre le plan, (ou, ce qui est la même
ehose, le plan contre le vent) à la vitesse de 22 pieds (6 m. 688)
par seconde, ou bien 1320 pieds (401 m. 28) par minute, ce qui fait
15 milles à Theure (14139 m. 71). La résistance de l'air équivaut
alors au poids du plan dont la vitesse ne peut conséquemment
s'accroître davantage. Or, 22 pieds (6 m. 688) par seconde, telle est
la vitesse acquise à la fin d'une chute de huit pieds (2 m. 432)
hauteur de laquelle peuvent se laisser choir sans trop de risques
on homme vigoureux ou un animal. Par conséquent, si un homme
pèse. 143 livres (65 k. 065) compris un parachute de 14 pieds et
demi (4 m. 408) de diamètre, dont le développement superficiel est
de 143 pieds (13m. c 1155), il descendra peut-être avec une vitesse
désagréable, mais avec sécurité pour sa vie ainsi que pour ses
membres (1).
n fiaut constater, comme un fait remarquable, que ce rapport de
la surface des ailes au poids, s'étend à une grande variété de créa-
tures ailées du règne animal, y compris les frelons, les abeilles et
d'autres insectes. Dans plusieurs cas, par exemple dans le genre
des Gallinacés qui comprend les faisans, la surface est tant soit
(i) Note de la Rédaction, — Nous croyons utile de rappeler que pour
qu'un homme à Taide d'un parachute puisse descendre avec une vitesse
uniforme de 2 m. 5o par seconde, le' parachute doit avoir autant de mè-
tres carrés que l'homme et l'appareil pèsent de kilogrammes. Nous
ajouterons que la loi de la proportionnalité de la surface supportante au
poids n'est pas applicable aux oiseaux, dont l'envergure croît, comme
la racine cubique, du poids ou une valeur approchante.
— 50 —
peu inférieure ; ces oiseaux d'ailleurs sont reconnus comme de très
mauvais volateurs. Ils se tiennent la plupart du temps à terre, et
ne pouvant, par suite de la brièveté de leurs ailes, entreprendre
un vol étendu, ils ne s*en servent que pour franchir de courtes
distances ou bien pour pofcher sur les arbres de la torêt et en des-
cendre. La surface des ailes de l'hirondelle ordinaire est dans un
rapport supérieur à deux pieds carrés par livre; de plus l'extrémité
de l'aile présente une grande longueur: — de là, le vol rapide et
soutenu de cet oiseau. Lorsqu'elle veut voler vite, l'hirondelle a
l'habitude de replier ses ailes sous une forme très étroite ; l'entier
déploiement de l'aile lui est probablement nécessaire pour les va-
riations continuelles de vitesse et pour les arrêts immédiats que
nécessite la saisie au passage des insectes dont elle se nourrit.
Il y a encore des oiseaux, particulièrement les canards dont la
superficie des ailes excède à peine un demi-pied carré, (0 m. c. 0231)
ou 12 pouces par livre ; néanmoins, on peut les ranger au nombre
des volateurs les plus rapides et les plus puissants. Un poids d'une
livre, muni d^une surface de cette étendue, acquerrait une vitesse
due à une chute de seize pieds (4 m. 864) hauteur qui suffit pour
tuer ou briser la plupart des animaux qui en tomberaient. — Mais
si le plan est poussé horizontalement en avant, comme les ailes
d'un oiseau en plein vol, le pouvoir de suspension dépend beau-
coup de la forme et de la disposition de la surface.
Dans une descente verticale, comme celle du parachute, la force
suspensive sera à peu près la même, quelle que soit la figure de
contour des surfaces (le cercle donne peut-être le plus de résistance).
Prenons comme exemple un cercle de 20 pieds carrés (1 m. c. 83)
(surface que possède le pélican) pesant 20 livres (9 k. 100). Pour
ce cercle, la vitesse de descente verticale^ sera de 1320 pieds
(401 m. 280) par minute. Mais, au lieu d'un cercle de 61 pouces
(I m. 525) de diamètre, considérons cette même surface sous for-
me d'un parallélogramme de dix pieds (3 m. 04) de long sur deux
de large (Om 61) ; appliquons à ce plan, tout en l'abandonnant à
l'action de la pesanteur, une force agissant exactement dans le
sens horizontal, de manière à ce qu'il se meuve, avec son plus grand
côté comme tranche antérieure, sous une vitesse en avant de trente
milles à l'heure (48279 m. 42) — juste le double de la vitesse de
chute verticale passive. — La vitesse de chute, dans ces conditions,
sera considérablement diminuée ; elle se réduira probablement à
moins du quinzième^ soit 88 pieds (26 m. 752) par minute ou un
mille par heure, (1609 m. 814). Supposons un corps en forme de
prisme aplati ayant deux pieds de long sur dix pieds de large
m 04) et huit dizièmes de pouce d'épaisseur, (0 m. 02) s'avan-
— 51 —
çant suivant sa tranche avec une vitesse de 30 milles (48 m 379)
à Theure, ou 2640 pieds (89 m. 76) par minute. Le rapport de l'é-
paisseur à la longueur est de 1 à 30. Or, fes molécules d'air frap-
pées parle côté antérieur du plan, seront refoulées de huit dizièmes
de pouce (0 m. 02) avant de s'en être séparées. Cette couche d'air
large de 10 pieds (3 m. 04) sur 2640 (802 m. 56) de long ne pèsera
pas moins de 134 livres, (60 k 970) et ce poids d'air est forcé con-
tinuellement à descendre de 88 pieds par minute, (26 m. 752) à par-
tir de l'état de repos. Si le plan, avec un soulèvement de son bord
antérieur de huit dizièmes de pouce (0 m. Ob était mu en avant à
une vitesse de 30 milles à l'heure, (48 k. 279) il se maintiendrait au
même niveau sans descendre.
Les explications suivantes se rapportent, il est vrai, à l'action
des surfaces dans un fluide plus dense, mais elles conviennent
également aux conditions que nous venons d'étudier pour l'action
des ailes sur l'air.
Soit une tige rigide en bois dont l'extrémité se trouve normale-
ment fixée le long d'une mince palette d'environ deux pouces (5
centimètres) de large. Par dessus le bord d'un bateau à rames en
marche et perpendiculairement à ce bordage, plongeons dans l'eau
un pied ou plus de la palette, en ayant soin de présenter sa surface à
l'avant. On peut alors apprécier la résistance du courant contre
le plat de la palette. Faisons ensuite en maintenant toujours la
surface de la palette perpendiculaire à la course du bateau, oscil-
ler la tige en l'éloignant et en la rapprochant alternativement du
bordage ; dans ce cas, la résistance se trouve énormément aug-
mentée; par ce moyen on peut même arrêter complètement le
bateau. C'est une expérience qu'il est facile de répéter sur un
cours d'eau.
Nous rappellerons, comme un autre exemple familier, les quilles
latérales et les quilles mobiles employées dans les petits bateaux
à voiles des basses eaux, qui agissent précisément d'après le même
principe que le plan des ailes d'un oiseau en mouvement de translation
dans l'air. Ces surfaces, quoique parallèles à Taxe des bateaux, les
rendent capables de porter une grande quantité de toile sans cé-
der sous la pression latérale, c'est-à-dire sans dériver, tant est
grande leur résistance contre les masses d'eau qui se renouvellent
incessamment et qui n'ont pas le temps d'être détournées obli-
quement à une vitesse élevée.
Par les expériences qui vont suivre, nous démontrerons, en nous
appuyant sur des exemples, l'action du même principe. Fixons nor-
malement sur le bout d'une tige le milieu d'une mince palette d'un
pouce de large (2 cent. 1/2) sur un pied de long (0 m. 304). Si l'on
— 52 —
pousse ce petit appareil à travers une masse d'eau, ou si on rim-
merge dans un courant qui coule dans la direction de Taxe de la
tige» la résistance sera simplement celle causée par Teau agissant
normalement sur la surface de la palette. Entraînons maintenant
le petit appareil dans un mouvement de rotation rapide autour de
sa tige comme axe; l'effet retardant contre le mouvement direct
sera ici presque décuplé ; il est égal, à l'effet retardant qui résulte-
rait de la surface totale du cercle de révolution de la palette. En
expérimentant l'effet de palettes de largeurs variées, on trouve que
pour obtenir la résistance maximum, la largeur de la palette doit
être en raison inverse de la vitesse de rotation de la tige. Il y a
un rapport nécessaire entre la largeur de la palette et sa vitesse.
Il est important de définir exactement ce rapport, non seulement
au point de vue de l'utilité pratique dans la détermination de la
meilleure proportion entre la largeur des ailes et la vitesse des
pales de Thélice, mais encore pour démontrer exactement les prin-
cipes que nous avons énoncés ; car il faut noter que les oiseaux au
vol le plus rapide ont les ailes extrêmement longues, mais étroites
tandis que celles des oiseaux au vol lourd et lent sont courtes et
larges.
F. H. WSNBAH.
Traduction de M . MiiCQUARiB,
(La suite à la prochaine livraison).
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
DB
LA sociSTÉ FBANC4ISE u mmkjm kîmmi
APPROavÉB P4R M. LB MINISTRB DE L^IHBTaUOTIOll PUBLIQUB
Séance du 8 décembre 1875.
PRéSIDBNCB DB M. PA.UL BBRT.
La nouvelle de l'accident arrivé le jour même au ballon V Univers^
monté par M. le colonel Laussedat et ses collègues, est transmise
aux membres de la Société réunis en séance à huit heures du soir.
M PAUL BBRT : fin préseucc du terrible événement qui vieut de
frapper nos collègues, je vous demande, Messieurs, d'ajourner nos
— 53 —
travaux habituels à une prochaine séance et de nous borner au-
jourd'hui à la lecture de la correspondance. M. Albert Tissandier
qui était au nombre des voyageurs voudra bien, cependant, nous
faire le récit de Tévénement.
La lecture du procès-verbal est ajournée.
M. LB 8B0RitTA.iits oÉMlÈRAL dépouillc la corrcspondance qui con-
tient:
Une brochure de M. Tamiral russe Zokovnine avec plans sur un
projet d'un navire aérien dirigeable. M. Michel de Sautoit, qui a
présenté cette étude au nom de son compatriote, M. Zokovnine, a
bien voulu faire une traduction résumée de ce projet qui est ren-
voyé à Teramen du Conseil»
L'appareil de M. Tamiral Zokovnine consiste en un ballon de
forme olivaire en dessus et plat en-dessous. Ce ballon est cloisonné
intérieurement. La nacelle a en plan des dimensions égales à celles
du ballon. Le moteur projeté est une machine à vapeur à réaction
chassant en arrière un courant de vapeur. M. le secrétaire général
craint que le projet de M. Zokovnine ne soit d'une construction
bien difficile.
Une lettre de M. Grandjean (de Paris) surTutilité des ascensions
scientifiques en hauteur et des recherches propres à préserver la
vie des explorateurs.
Une lettre de M. le Prévost (de Rouen) sur un ballon allongé
md par des roues à aubes tournantes.
Une lettre de M. le comte Léopold Hugo (de Paris) demandant
l'érection au jardin des Tuileries, de deux colonnes monumentales
destinées à consacrer l'invention des Montgolfier et des ballons à
gaz.
Une lettre de M. Yves Guyot, membre du conseil municipal, s'ex-
cnsant de n'avoir pu assister à la séance générale du 3 décembre.
Une lettre de M. L. Charlier, ingénienr des mines, relative aux
travaux et Mémoires publiés dans VAéronaute.
Une lettre de M. G. de Villette, qui désire faire hommage à la
Société, d'une notice biographique qu'il va prochainement publier
sur son onde Giroux de Villette, qui fut le compagnon de Pilâtre
de Bozier, dans la mémorable ascension du 19 octobre 1783.
Une lettre de demande de renseignements sur.la construction des
ballons» de M. Qainet (du Var). M. Hauvel est chargé ae la réponse.
Uue lettre de M. le professeur Marey, qui s'excuse de n'avoir pu
assister aux dernières séances de la Société, par suite de son ab-
sence de Paris.
Plusieurs projets adressés pour le concours du Prix Poignant.
Plusieurs lettres de M. Brearey, relatives à ses £ avaux et à la
— 54 —
médaille d'or qui lui a été décernée par la Société de Nayi^ation
aérienne, dans sa grande séance générale.
M. PENAUD : M. Bennett à qui j'ai demandé des détails sur les
expériences de M. Moy, m'a répondu n'en point avoir d'autres que
ceux que nous possédons nous-mêmes.
Deux projets de ballons dirigeables, l'un de M. Marseîgne pour
conduire les ballons au-dessus de la mer à l'aide d'un radeau à gou-
vernail; le second de M. Delestre qui propose l'emploi de l'hélice.
Un projet de M. Chataing, dont le modèle est déposé sur le bu-
reau, qui consiste en un ballon dirigeable en forme d'oiseau, le-
quel serait propulsé par une série d'hélices et d'ailes.
Un Mémoire très intéressant de M. QodfridÂchembachsur la ré-
sistance des aérostats dans Ja Navigation aérienne.
M. LB sBCRÉTAiRB GÉNÉRAL. Il uous resto cnôu uue dcmièrc lettre ;
elle est du marin Roux, aéronaute du siège, qui a sauvé et les dé-
pêches et sa personne des ennemis ; il a rencontré à cette époque
MM. Tissandier frères à Laval. Roux nous demande des secours
pour lui et pour ses enfants.
M. ALBERT tissandibr: — Roux était matelot au Havre ; rentré à
Laval, il fut admis au chemin de fer et j'ai fait, sur sa demande,
mais sans succès, des démarches pour le faire admettre dans le
service d'une des gares de Paris. Je puis lui faire une visite
et me renseigner sur sa situation.
H. PAUL SERT : Avcc Tasseutiment de la Société, veuillez vous char-
ger de faire cette enquête et, s'il y a lieu, de remettre à Roux un
secours immédiat.
M. BUREAU DE viLLBNEuvB. — La correspoudauce imprimée qui
renferme un grand nombre de publications et de bulletins des So-
ciétés savantes parmi lesquelles /£?5 Mondes, les Comptes-rendus de
V Académie des Sciences y le journal la Nature , etc., etc., contient un
n° ôeldL République française qui reproduit unegrande partiedes dis-
cours de MM. P. Bert et Gaston Tissandier.
Après un vote au scrutin, M. Martin St-Léon, présenté par MM.
Félix Caron et Gueyton, est inscrit sur la liste des membres associés,
La parole est donnée à M. Albert Tissandier, sur l'accident du
ballon V Univers.
M. ALBERT TISSANDIER : — Notrc départ s'est effectué à onze heu-
res, ce matin ; le ballon V Univers cube 3000 m. c; nous étions huit
dans la nacelle ; M. Eugène Godard accompagné d'un aide était
chargé de la manœuvre. Trente-cinq minutes après notre départ,
à la hauteur de 230 mètres, est survenu un accident en raison du-
quel le ballon s'est précipité vers le sol, qu'il a atteint, près du fort
de Yincennes, dans un jardin maraîcher.
— 55 ~
Pendant la violente descente du ballon il se déclara, au dessous,
une forte dépression qui fit remonter Tappendice vers la soupape,
de manière à donner au ballon la forme d'un parachute. Du reste,
ce ballon était muni d'une voile sur le pourtour de son équateur et
en forme de parachute.
I^ous avons reconnu que le ballon était déchiré suivant \me ligne
a'étendant de la soupape à l'équateur ; de plus, un des clapets de
cette soupape était ouvert et ses caoutchoucs complètement dis-
tendus. •
Au moment où la nacelle a touché le soi, M. le colonel Laussédat
se trouvait à l'angle le plus chargé par l'ancre et les sacs de lest,
c'est le point qui a subi le premier choc lequel a été extrêmement
violent. La plupart de nos compagnons ont été blessés.
M. PAUL BERT. — Je VOUS proposc, Messieurs, de m^autori'ser à
faire, en votre nom, une visite à M. le colonel Laussédat, pour lui
transmettre l'expression de vos sentiments de sympathie.
La séance est levée à dix heures et demie.
Le Secrétaire de la séance,
C. Hauvel.
Séance du 22 décembre 1875.
PRÉSIDENCE DE H. PAUL BERT.
La séance est ouverte à huit heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL procèdo au dépouillement do la cor-
respondance, dans laquelle figurent :
Une lettre de M. Bastoul, officier d'ordonnance du ministre de
la guerre, donnant de bonnes nouvelles touchant la santé de M.
le colonel Laussédat et de ses amis.
Une lettre de M. Albert Tlssandier, chargé de l'enquête sur la
situation actuelle de M. Achille Roux, ancien marin, aéronaute
du siège. Des renseignements fournis par M. A. Roux accompagnent
cette lettre, dont les conclusions seront discutées à la prochaine
séance.
Une lettre de M. Jules Rattier sur son projet de ballon diri*
geable.
Une lettre de M. le colonel Laussédat relative au ballon le Zé-
nith, déposé provisoirement aux Invalides.
Une lettre de M. Veiller, qui propose un projet de contre-sou-
pape analogue au système à tube rentrant préconisé par MM.
Lefébure et Gostjnski.
— 56 —
Une lettre de M. Tournefort, proposant l'emploi d'un ballon en
gutta-percha.
Une lettre de M. Boulanger ingénieur, sûr un système de bal-
lon double à cloisons étanches.
Un projet de ballon dirigeable de M. Châssis (renvoyé à Vexamen
de M. Renoir),
Un projet de M. Tissot sur uaballon-héliceTotAtif, système ana-
logue à ceux de MM. Carmien de Luze, Lassie, Brion et Nieuven-
huis.
Deux lettres de M. G. de la Landelle, Tune adressée à M. Bu-
reau de Villeneuve et l'autre de M. 0. Frion, toutes deux en fa-
veur de l'aviation, opposée à Taérostatien . M. de la Landelle qui
vient de publier un article sur la navigation aérienne dans la
Revue de France^ 30 novembre 1875, s'occupe de pesées d'oiseaux
et prépare un travail sur la question aéronautique.
Une lettre de M. Antonio Yicini, qui répond aux objections
faites sur son appareil par M. Alphonse Penaud, rapporteur du
conseil.
Une lettre de M. Alfred Leblond, adressée à M. 0. Frion, au
sujet du procédé à employer pour photographier les oiseaux pen-
dant leur vol.
Le n» 25 du 18 décembre 1875 de la Revue scientifique de la
France et de l'Etranger, renfermant la reproduction in extenso du
discours prononcé par M. Paul Bert à la séance publique annuelle
delà Société, ainsi qu'un article de M. W. de Fonvielle sur la
récente catastrophe de V Univers,
Le n» 24 (13 décembre 1875) Comptes-rendus de l'Académie des
Sciences, renfermant un mémoire de M. D. Mendeleef, sur la tem-
pérature des couches élevées de l'atmosphère.
Le n<* 133 du journal La Nature, renfermant le compte-rendu de
la séance générale de la Société et un article sur la catastrophe
de V Univers,
Le n» 30 (11 décembre 1875), du journal La Science pour tous
renfermant une analyse du travail de M. Durassier, la Navigation
aérienne et ses rapports avec la navigation aquatique, par M. W.
de Fonvielle; le n« 31, un article sur le carton-feutre d'amiante pour
envelopper les chaudières à vapeur.
Un n« du Journal Illustré, aveo dessins représentant la catas-
trophe der^mVer^.
Le n* 46 (16 décembre 1875), du journal VExplorateur, renfer-
mant un article de M. W. de Fonvielle, intitulé les Aérostats.
Des numéros des Lettres-Causeries, de la Revue Industrielle, du
— 57 —
Ciel^ du Technologiste, et des Bulletins de plusieurs sociétés sa«
vantes.
n est procédé à TouveTture du coffre aux plis cachetés et à la
remise à M. Alphonse Penaud, de deux plis déposés par lui : -—
le premier a été déposé le 15 avril 1874 ; le second, le 6 juin 1874,
contre un reçu fait par M. C. Hauvel.
M. Arsène Olivier de Landreville met sous les yeux des membres
du bureau une image d*Bpinal ayant pour sujet i Taccident du
Zénith. Cette image sera conservée dans les Archives de la So-
ciété .
Après un vote au scrutin, u. lb dootbur brrtillon, professeur à
la Faculté d'Anthropologie, présenté par MM. Paul Sert et Hureau
de Villeneuve, est inscrit sur la liste des membres associés.
M. LE TRiisoKiER donuo lectuTC de son rapport sur les dépenses
oecasionnéos par la dernière assemblée générale.
Après approbation de ce rapport et des comptes y contenus, la
séance est levée à dix heures et demie.
Le Secrétaire de la Séance^
0. FaioN,
Séance du 12 janvier j8j6,
PRESIDENCE DE M. GASTON TIS3A.NDIER, VICE-PRitSIBENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté .
M. LE sECRtfTAiRR GENERAL prooèdc RU dépouillement de la corres-
pondance qui comprend :
Une feuille-questionnaire de Tascension du 14 décembre 1875,
renvoyée à la Société.
Un mémoire complémentaire de M. Malessart pour le concours
du prix Poignant.
Une lettre de M. Gontier-Qrigy demandant qu'on lui communi-
que le Rapport du Conseil sur son appareil.
Une lettre de M. Weyer (de Bourg-en-Bresse) qui offire à la
Société de lui vendre son projet de direction aérienne.
Une nouvelle lettre de M. A. Dauvergne relativement à sa ma-
chine aérienne.
Une lettre de M. Pascal Cordenons (de Rovigo) au sujet de son
récent ouvrage.
Une lettre de M. Vidal (de Vienne) relative aux expériences de
son moteur à gaz carbonique et alcool mélangés.
Un N» du Mémorial des Pyrénées, rendant compte d*uno ré-
— 58 —
cente ascension de M. Goudesone-Busseuil, àPau. La montgolfière
le Mistral, après une course aérienne de 20 minutes, est revenue
atterrir à son point de départ. M. Goudesone-Busseuil a été prié de
donner des renseignements sur le régime des vents pendant cette
ascension, ainsi que toutes les indications barométriques» thermo-
métriques et hygrométriques .
Un N*» de VÉcho de MorlatXy contenant un article de M. de La
Landelle, qui est rentré dans la polémique à propos de l'aviation .
Un article étrangedujournalLeSfèc/^ (7 janvier 1876), à propos
du récent accident arrivé au ballon V Univers. Dans cet article,
Fauteur inconnu demande que, dans les ascensions militaires, les
officiers soient placés sous les ordres de Thomme chargé de la
manœuvre du ballon . M. le secrétaire général fait ressortir com-
bien cette demande est ridicule et scandaleuse .
Une brochure de M. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, intitulée: Recherches sur la Navigation aérienne.
Essai de comparaison entre les différents systèmes (Hommage de
l'auteur).
Une brochure de M. Jules Philippe (d'Annecy ) relative aux pre-
miers essais d'aérostation de Xavier de Maistre, en 1784 (Hom-
mage de l'auteur).
Un exemplaire deV Histoire des Ballons de MM. Sircos et Pallier,
avec illustrations de différents artistes, parmi lesquels M. Albert
ïissandier, et préface de M. Nadar, adressé par l'éditeur. M, Roy.
Les Comptes-rendus de V Académie des Sciences qui renfer-
mant :
Le N° 1 (3 janvier 1870), un mémoire de M. Hirn sur V Étude
des moteurs thermiques et sur quelques points de la chaleur en
générai
Le N» 25 (20 décembre 1875), une note nouvelle de M. Tosellisur
l'utilité d'une nacelle à doublo étage dans les ascensions aérosta-
tiques pour prévenir les accidents à la descente.
Les N°» 151 et 152 de la Revue industrielle (29 décembre 1875)
renfermant la description de la locomotive à air comprimé de
Ribourt.
Le N" 134 du journal La Nature, contenant un article de
M. G. Tissandier : Ascension aérostatique au-dessus des nuages à
neige.
Les Bulletins de plusieurs sociétés savantes et un certain nom-
bre de numéros du Technologiste, du Ciel, de l'Explorateur, des
Lettres-Causeries y etc., etc.
M. LR PRÉSIDENT : La parole est à M. Renoir.
M. RF.Noia : J'ai été chargé de rendre compte è la Société d'un
— 59 —
projet (le ballon dirigeable préseaté par M. Chaasy, ingénieur.
8uns entrer dans les détails du projet, je crois, d'après mon exa-
men, que la stabilité du système est mal assurée et qu'il est impos-
sible d'incliner sans danger Tenscmble de Tappareil. Ce travail se
distingue, d'ailleurs, de la plupart de ceux qui nous sont adressés ;
il est bien établi et contient des considérations théoriques d'une
certaine étendue. Je propose à la Société d'adresser des remercie-
ments à M. Chassy.
Je vous exposerai maintenant. Messieurs, les avantages de l'erh-
ploi d'un certain nombre de ballons spliériques placés à la suite
les uns des autres, avec un écartement convenable. Le ballon du
milieu serait plus gros que ses voisins, et ainsi de suite. Tous ces
ballons sont attachés au moyen de cordes qui descendent de Té-
quateur de chacun d'eux, à un tube d'acier unique ou vergue qui
pourra s'incliner, en entraînant l'appareil do 30 à 40 degrés sur
riiorizon. On supprimerait, de plus, la chemise de M. Dupuy de
Lôme en enveloppant tous les ballons dans une toile de garantie
commune, remplie d'air. A l'avant, serait une ouverture en bec
de canard, recevant l'air comprimé par le passage des bal-
lons, et, à l'arrière, une soupape donnerait issue au trop plein d'air
confiné. Ces dispositions générales doivent, à mon avis, permettre
de réaliser deux avantages : la stabilité et un allougement consi-
dérable.
M. BUREAU DE VILLENEUVE : Jc trouvo Ic projct présenté par
M. Renoir très inférieur à celui de M. Dupuy de Lôme." M. Kenoir
propose une série de ballons placés les uns devant les autres, et
enveloppés par une gaîne commune. Il est bien évident que l'air
placé dans cette gaîne commune ne donnera aucun pouvoir ascen-^
sionnel. Si on craint que, dans le ballon ordinaire, le gaz change
de placo» on peut y mettre des cloisons ne descendant pas jusqu'au
bas des ballons .
M. GASTON TissANDiER : Jc SUIS bicu hourcux de pouvoir vous don-
ner des nouvelles rassurantes touchant la santé des blessés de
V Univers. Le colonel Laussedat, s*il vous souvient, nous avait
présenté, dans une de nos dernières séances, des dessins originaux
de Conté, conservés au ministère de la Guerre. J'ai fait reproduire
ces dessins par la photographie : en voici de fort belles épreuves. Ces
photographies représentent la construction des aérostats militai-
res, le gonflement, la tente-abri préservatrice du vent, la fabrica-
tion du vernis, etc. Je vous présente également une photogra-
phie unique que je possède. Elle représente le mousquet à ballons
construit par l'usine Krupp à l'origine de la dernière guerre, et
que les Allemands ont employé contre les ballons qui sortaient
— 60 —
de Parlfi. Il est difficile d'affirmer si ce mousquet vertical et mobile
sur un axe horizontal, a pu remplir son objet ; des expériences
qui ont été faites à Tours sembleraient le contredire. Au-dessus
de 300 mètres, les projectiles ne pouvaient plus atteindre un aéros-
tat captif, malgré la justesse du tir ; ajoutons cependant que ces
expériences incomplètes, ne sauraient être considérées comme
définitives.
J'aurais encore à vous entretenir de Texcursion eirectuée par nous,
le 29 novembre dernier ; mais la relation de ce voyage a paru déjà,
en une note détaillée, dans les Comptcs^rendus de V Académie des
Sciences. Je dépose un certain nombre d'exemplaires de cette note
sur le Bureau, en les mettant à la disposition de mes collègues.
M. ALBERT TissANDiBR rend compto de la mission dont il avait été
chargé par la Société près de Roux, ancien acronaute du siège, ac-
tuellement malade, avec plusieurs enfants. M. Tissandier dépose
un certain nombre de pièces et certificats sur le Bureau. Des pre-
miers secours ont été donnés, et on espère améliorer bientôt la
position de cette intéressante famille .
La séance est levée à onze heures.
Le Secrétaire de la séance^
0, Frion.
LES OUVRAGES NOUVEAUX
Le Directeur de TObservatoire de Montsouris, M. le docteur
H. Marié-DaT;, a fait paraître, chez Masson, la deuxième édition
de son beau livre sur la Météorologie: «^ Les mouvements de Vat*
mosphère et des mers^ considérés au point de vue de la prévision des
temps, »
La Météorologie est la seule science qui ait eu le privilège d'attirer
l'attention de l'homme, dans tous les temps et à travers tous les
âges do son existence histoi*ique ; quoi qu'il en soit, elle n'est
entrée dans la voie féconde du progrès qu'à notre époque, et l'on
peut ajouter, depuis les travaux du commodore Maurj. Elle a
aujourd'hui ses lois ainsi que ses procédés de recherches et d'ob-
servations. Ce sont les mouvements de l'atnlosphère et des mers
qui, classés d'après les lois qui les régissent, nous conduiront à la
connaissance des temps, que le savant directeur de l'Obervatoire
— Gi-
de MontsoariSy étudie dans une série de chapitres d'une exposition
claire et méthodique. L'auteur, par sa clarté, sait s'attacher le
lecteur qui comprend et s'instruit. Son livre est pour ainsi dire le
résumé de l'état actuel de la science ; il vous fait connaître les lois
principales et les théories actuelles de la météorologie.
Les aéronautes ont senti le large tribut que l'aérostation peut
apporter à la météorologie. Ce livre, dont la lecture est si facile,
devrait se trouver entre les mains de tous nos collègues.
Le nouveau livre de M. Marey , publié dans la Bibliothèque de V Ecole
pratique des hautes études, se rapporte à la physiologie expérimen-
tale et comprend les travaux du laboratoire du professeur du Col-
lège de France. Ce volume contient une série de Mémoires divers
oii nous retrouvons en M. Marey l'éminent physiologiste doublé
d'un mécanicien des plus habiles. 11 nous suffira de dire que dans
ses études expérimentales sur la circulation et sur les mouvements
du cœur, M. Marey a reproduit l'organe par des appareils de caout-
chouc.
Parmi tous ces mémoires, il en est deux qui nous intéressent
plus particulièrement. Dans le premier, M. Marey a étudié l'action
musculaire de l'homme ou de l'animal se transformant en travail
moteur. 11 a fait voir le mode de production de cette force, agis-
sant soit à l'état statique, soit à l'état dynamique ; c'est-à-dire sui-
vant qu'elle s'épuise dans un effort inutile ou qu'elle a im rendement
utile. 11 résulte des recherches expérimentales de l'auteur, que la
Nature réalise la plus grande partie de l'action des moteurs homme
ou animal, en douant leurs organes moteurs d'élasticité. 11 fait
voir, par une expérience probante, tous les avantages de cette
propriété des corps et en conseille l'application mécanique. Cette
démonstration expérimentale, qui nous paraît incontestable, con-
firme l'opinion de ceux qui pensent que, dans les appareils d'avia-
tion surtout, on doit se préoccuper de l'élasticité qui servira à
l'amortissement des chocs et à l'emmagasinement de la force.
Dans son second Mémoire : « Expériences sur la résistance de
l'air, pour servir à la physiologie des oiseaux », M. le D^ Marey
nous apprend toute l'importance qu'il attache à ces expériences.
Il les a faites avec des appareils peu satisfaisants. L'auteur, dans
la première partie de son travail, rend justice aux observateurs
qui ont observé le vol de visu; il a pu lui-même reconnaître que
par une habitude soutenue on peut arriver à suivre tous les mou-
vements de Taile] dans le vol ramé des goélands et déterminer
— 62 —
même l'angle du plan d'attaque de Faîr, qui serait généralement
de 10». M. Marey, dans ses expériences sur la résistance de l'air,
s'est servi de la méthode qui consiste à employer des plans
tournants. A l'avant et à l'arrière de ces plans ou disques, il a
placé des tubes manométriques qui, en se déplaçant comme la sur-
face, pouvaient donner la pression antérieure ou postérieure.
M. Marey a obtenu de cette manière les mêmes résultats que
M. Athanase Dupré. En faisant l'application de ces données expé-
rimentales au vol, il arrive à cette conclusion que l'oiseau ne peut
soutenir son poids par l'action de son aile sur l'air, et pour expli-
quer le vol il revient à la théorie de Wenham. Nous espérons que
les expériences . faites par la commission de la résistance de l'air,
avec des appareils se mouvant eu ligne droite, donneront des
résultats encore plus précis.
M. Durassier vient de faire paraître chez Berger-Levraut une
brochure intitulée: La Navigation aérienne^ ses rapports avec la na-
vigation aquatique, grand in-8° avec 11 figures dont le texte.
Cette brochure contient une étude du vol des oiseaux, mais la
théorie qui y est développée n'est pas une théorie originale, c'est
l'ensemble des idées de M. Pettigrew que l'auteur a reprises et
appropriées aux habitudes françaises . En effet, ce qui caractérise
beaucoup d'ouvrages publiés à l'étranger et en particulier le livre
de M. Pettigrew c'est le manque d'ordre et de méthode qui y rè-
gne. Le professeur anglais a mis dans son livre d'excellentes cho-
ses ; mais elles sont présentées d'une manière diffiAle à saisir ;
c'est ce qui a engagé M. Durassier a exposer la théorie de M.
Pettigrew d'une manière plus claire. On retrouve donc dans cette
brochure les idées propres à M. Pettigrew notamment le change-
ment de plan de l'aile produit pour la rotation de l'humérus sur son
axe, fait que l'anatomie repousse. On y trouve aussi la comparai-
son de l'aile, de l'hélice et de la godille, comparaison juste et sus-
ceptible de produire dans la pratique de bons résultats.
James Macquarie.
Le Gérant : Félix' Carok.
CLBR]iOM'r-DlE-*L*OISB. — IMPAIMERIB A. DAIX, RUB DE COND^, 27.
— 63 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux^ et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent. _____^__^^__
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
Levrault et Cie, éditeurs.
Les premiers essais de X. de Maistre, par Jules Philippe, chez L'hoste,
libraire-éditeur, à Annecy.
Rivista degli studi di Locomozione e Nautica Nell Aria, par Pascal
Cordenons^ professeur de Mathématiques au lycée de Rovigo.— Rovigo
R^o Stabilimento del Car. Minelli, 1875.
A. Sircos et Th. Pallier: Histoire des ballons et des Ascensions cé-
lèbres, illustrée par A. Tissandier et les meilleurs artistes, chez F. Roy,
éditeur.
Aéoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Pour les articles imprimés dans les publications périodiques, voir les
extraits des procès-verbaux de la Société de Navigation aérienne.
Les hait premières aimées de TAéronautb sont actuellement en
▼ente aux prix suivants :
AmfÉM 1868, 9 livraisons (très rares) 20 >
Chaque livraison séparément • 3 »
Annébs 1869, 1870, 1871 et 1872 — Chacune 12 livraisons . . 12 »
Chaque livraison * 1 50
AmiBS 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons. ..... 6 »
Chaque livraison » 75
La coUtBonoM coMPLàTB, avec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAéronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de l'AÉRONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
Tertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de VAÉaovAvnj sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
L'A-ÉHOIST-AuTITE
SOMMA.IRE
FÉVRIER ie76*
Ascension au-dessus des nuages à neige, par M. Oaston Tis-
sazLdier (deux gravures dans le texte).
Les lois de suspension des corps pesants en mouvement dans Tat-
raosphère, par F. H. Wenliam, esq. membre de la Société
aéronautique de la Grande-Bretagne, traduction par M!. James
Miacquarie.
Extraits des procès-verbaux de la Société française de Navigation
aérienne par les secrétaires de la Société.
Séance du 8 décembre 187 5. Catastrophe de V Univers. MM. Paul
Bert, Albert Tissandier.
Séance du 22 décembre 1875. Approbation des comptes de la séance
générale.
Séance du 12 janvier 1876. Nouveaux ballons dirigeables.
MM. Renoir, G-aston Tissandier, Albert Tissandier.
Les ouvrages nouveaux, par M. James Mabqtiarie.
Faits divers. Bibliographie aéronautique.
l'aéronautb para.it tous les mois
rédaction bt abonnements
95, RUE L.AFAYETTE, 95
PRIX DB L'ANNÉB courants *.
Un nfiiii6ro t TU eentlmes
Paris : 6 fr. par an. — Départbmbnts : 7 fr.
AuTRiCHB-HoNORiE, Danbmark, Egtptb, Espagnb, Grandb-Bbstaonb
Grèob« Italib, Luxembourg, Montén^ro, Norw^b,
Pats-Bas, Portugal, Roumanib, Russie, Sbrbib, Suâdb, Suissb,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
État8*Unis d* Amérique: 9 fr.
BRitsiL, Mexique, Paraguat, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Indb, Coohinchinb, Birmanib, Siam, Japon, Australib,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements en Allbmagnb
L'abonnement commence au 1«' lanvier
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M. HUREAU DB YiLLBNBUTB, TUO LaftljettC, 95.
lVo« abonnés en retard sont Instamment priés de noua
•nirojrer de anlte le montant det enr aonsorlptlon,
Otomoiit-OiM. — Inprimarie A« Dais, rue 4« craie, 17.
NAVIGATION AÉRIENNE
tùnoû ET siBiai pak
;i:,E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Liinal de l'bUitel. Sxrttiin tiairtl da It
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DB NAVIGATION AÉRIENNE
AfifWHT** r« MoUm d> H. la Hiaiiln 4t l'Iumelloa pab1li|ia, ti CiltM M dr> B«Mi' An*
MARS 1876
rAKI3 : C FRASCS PAR AN. — DipiRTEMKNTS : 7 FKANCS.
l\ NUMERO : "5 CKNTIMS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 66 —
Le comité de rédaction de TAÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Hauvel, Gaston Tissandier et Al-
bert Tissandier. Le comité ne se considère pas comme reipon-
gablo des opinions scientiâques émises par les auteurs. Les
infiDiisoritft ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à Fart mili-
taire adresaéa à la liédaetion, sont renvoyés à M. le Ministre de la
GuarfQ, mais ne sont pas insérés .
Ii«0ft dernières livraisons contenaient les articles suivants :
extraits de* procès- verbaux de la Socntrik françaisb db Navigation
Aâ»UH«NB, approuvée par décision de M. le Ministre doTInstruc-
tion publique.
DiacovRa d*ouvbrturb de la Séance générale du 3 Décembre 1875,
par M. Paul Sert, professeur à la Sorbonne, président de la
Société.
Rapport sur lrs proqrâs <le la Navigation aérienne, par M. Hu*
reau. de Villeneuve, secrétaire général.
La locomotion mécanique dans Tair, par 1V£. Alplioxise
Penaud, lauréat de l'institut .
Ascension au-dessus des nuages a neige par lif . Oaaton 1?i6-
saxidier, (deux gravures dans le texte).
LaSociâTÉ FRANÇAISE DB NAVIGATION AÉRiENNEs^approuvéc par déci-
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit les 2« et
4« mercredis de chaque mois, à huit heures du soir, au Cercle aéro-
nautique, rue Lafayette, 95 ; sauf le temgs des vacances, août et
8e{)teinbre. Son bureau est ainsi constitué pour Tannée courante :
Président, M. le D^ P. Bert, député à l'Assemblée nationale, pro-
fesseur à la Sorbonne ; vice-présidents, MM. le colonel du gebia
Laussedat, président de la commission des aérostats militaires au
ministère de la guerre, le D'Marey , professeur au Collège de France,
Kainpont, député à l'Assemblée nationale, ancien Directeur général
des postes et Gaston Tissandier, chimiste ; secrétaire çénéral, M. le
docteur Hureau de Villeneuve ; secrétaires, MM. Jules Ârmen-
gaud, ancien élève de l'Ecole polytechnique, 0. Frion, tïhimiste,
Albert Tissandier, architecte, Duroy de Bruignac, Ingénieur des
arts et manufactures; archiviste, Ch. Hauvel, ingénieur des
arts et manufactures ; trésorier, M. Félix Caron ; membres
du Conseil: MM. Dupuy de Lôme, membre de l'Institut, Gauchoi,
ingénieur, Janssen, membre de l'Institut, Jobert, constructeur-
mécanicien, Hervé Mangon, membre de l'Institut, Motard, ancien
élève de l'école polytechnique, A. Olivier, ancien négociant, Re-
noir» chef de station des lignes télégraphiques. La cotisation . des
membres est de vingt-quatre francs par an. Les statuts
sont envoyés gratuitement contre demande affiranchie. Les com-
munications destinées à cette Société, aux Sociétés aéronau-
tiques de la Grande-Bretagne, de New-York, de la Havane et à la
Société d'aviation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur
Hureau de Villeneuve, secrétaire général de la Société française de
Navigation aérienne, directeur de VAéronauie, rue Lafayette, 95.
Les bons sur la poste doivent être adressés à son nom.
La bibliothèque et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
E[)ur les membres, tous les jours, de dix à onze heures, rue
afayette, 95.
L'AERONAUTE
9* AIMÉE. — S' 3. — MiES 1876
lE MOUSQUET A BALLONS DE M. KRUPP
ous avons eu la bonne fortune de nous
procurer une pièce rare ; une photogra-
phie portant le timbre de l'usine Krnpp
et représentant le mousquet à ballons
dont les Prussiens se sont servis pen-
dant le siéffe de Paris, dans le but de
précipiter le navire aérien du haut (les
airs. Notre gravure reproduit, avec une scrupuleuse exac-
titude, cet engin curieux, dont on ne saurait trop, de
ce côté du Khin, se rappeler l'usage qui en a été fait par
reonemi.
Dès que le premier ballon-poste fendit la nue et passa
les lignes d'investissement, M. de Moltke s'adressa au
célèbre constructeur prussien ; il lui confia le soin d'ima-
ginerquelque machine infernale destinée à arrêter l'ardeur
des messagers aériens. M. Krupp, le ■ roi du fer > suivant
l'expression germanique, construisit aussitôt un mousquet
à ballons, et l'expédia en toute hûte à. Versailles, où,
d'après ce qui nous a été raconté par quelques-uns de
nos concitoyens, il fut triomphalement promené dans
les rues.
L'appareil consiste en un mousquet, formé d'un fort
canon métallique, muni d'une crosse et d'une hausse.
Le canon do l'arme peut osciller dans le sens de la verti-
cale, autour d'un axe, monté lui-même sur un genou qui
lui permet de tourner horizontalement et de pouvoir ainsi
FIGURE i.
Mousquet il Ballons dt M. Krupp.
— 69 —
se diriger comme une lunette vers tous les points du ciel.
Le système est adapté sur un cylindre de bronze solide-
ment fixé à un lég&r chariot à quatre roues, où deux
chevaux doivent s'atteler. Un petit siégre, placé à l'arrière
de la voiture, est réservé à l'artilleur.
Aussitôt qu'un ballon-poste s'élevait de Paris, des ve-
dettes allemandes déterminaient la direction suivie par
le globe aérien ; grâce au télégraphe électrique^ un mous-
quet à ballons, toujours attelé, pouvait presque aussitôt
se diriger à bride abattue à la rencontre de l'aérostat.
Là, un artilleur expérimenté dirigeait le canon de
l'arme vers la sphère aérienne, dont il connaissait le disr-
mètre (1), et dont il pouvait, par conséquent, apprécier la
distance avec une certaine approximation ; il visait et il
tirait.
La plupart des courriers de la poste aérienne ont en-
tendu le sifflement des balles à une hauteur assez considé-
ratle, '800 à 1,000 mètres environ : le 12 novembre 1870,
le ballon-poste le Daguerre fut traversé par plusieurs
balles, et les aéronautes qui le montaient se trouvèrent
contraints de toucher terre à Ferrières, où ils furent im-
médiatement assaillis par des cavaliers ennemis. Est-ce
aux fusils^ ouaux mousquets àballons que les Allemands ont
dû cette capture ? C'est ce à quoi l'on ne saurait répondre
d'une façon certaine, mais il n'est pas moins manifeste
que les mousquets aérostatiques ont été employés pendant
toute la durée du siège, et que, depuis la guerre, ces
engins, d'abord faits à la hâte, ont pu être singulièrement
perfectionnés*
Pendant le siège de Paris, le ministre de la guerre à
Tours fit exécuter, à l'aide de ballons captifs, des expérien-
ces destinées à connaître la hauteur à laquelle un aérostat
se trouve k l'abri des projectiles. On reconnut qu'un
ballon de qu^^tre mètres de dia:nètre, maintenu h quatre
cents mètres d'altitude par Tintermédiaire d'une cordelette,
(t) Les Allemands ont pu connaître les conditions de construc-
tion des ballons-poste , soit par des eâpions, soit, plus facilement
encore, par les documents publiés par quelques journaux.
-. 70 —
n*était pas atteint par douze bons tireurs munis de fusils
chassepot, tandis qu'il était toujours transpercé par les
balles, à des niveaux inférieurs. Cette expérience est en
contradiction avec les récits des aéronautes qui» comme
nous venons de le voir, ne semblaient pas être à l'abri des
balles, à des hauteurs beaucoup plus considérables. Peut-
être les tireurs de l'expérience de Tours perdaient-ils leur
adresse dans cet exercice anormal d'un tjr vertical de bas
en haut. Quoi qu'il en soit, la question n'est pas résolue.
Si l'on a des dobtes sur la portée dans la verticale des
armes à feu ordinaires, on ignore plus complètement
encore les effets que sont susceptibles de produire des
engins spéciaux analogues à ceux que les Allemands ont
employés : une semblable étude est h faire ; elle nécessite
des expérimentations rigoureuses, dont les résultats, on
le conçoit, offrent un intérêt de premier ordre en ce qui
concerne l'organisation des ballons militaires.
Gaston Tissandier.
PERFECTIOXNEMEXTS
DANS LA CONSTRUCTION DES AÉROSTATS
A PROPOS DE l'accident DE « l'uNIVERS. »
Nous sommes heureux de publier l'intéressant document
qui va suivre et que nous devons à l'obligeance de M. l'in-
génieur Henri Giffard. Le célèbre inventeur de l'injecteur,
a, comme on le sait, transformé l'art aérostatique, par la
conception de ses ballons dirigeables et de ses aréostats
captifs à vapeur. Nulle voix plus que la sienne n'a droit à
l'attention du public et des hommes compétents.
Gaston Tissandier.
Paris ^ le 6 février j8j6.
Mon cher Monsieur Gaston Tissandier,
Vous avez bien voulu, de même qu'un autre savant publiciste,
M. Tabbé Moigao, auquel je fais parvenir la même lettre, me té-
— 71 —
moigner le désir de connaître et de publier le rapport que j'ai
adressé à M. le colonel du génie Laussedat, à roccasion du dé-
plorable événement survenu le 8 décembre dernier, au ballon l'U-
nivers.
Il n'y a rien dans cette pièce qui ne puisse être porté à la con*
naissance publique; mais elle doit être remise prochainement à
H. le ministre de la guerre et il me semble qu'il ne m*appartient
pas de la livrer à la publicité ; il me suffit de répéter ici que l'on
doit les plus grands éloges au courage et du dévouement de Taé •
ronaute Eugène Godard et des savants voyageurs qui ont été si
brusquement et si malheureusement interrompus au milieu de
leurs observations scientifiques.
Cependant je crois qu'il est de mon devoir de saisir les occa-
sions favorables qui se présentent, d'extraire de ce rapport d'ail-
leurs peu étendu, et de publier quelques recommandations d*uti-
lité générale pour l'art aérostatique, qui, si elles ne sont pas dic-
tées par une compétence suffisante, sont certainement inspirées
par le désir de donner à tous les aéronautes quelques conseils
susceptibles de diminuer les périls auxquels ils sont exposés et
qu'ils affrontent toujours avec sang-froid et abnégation.
A ce titre, je profite aussi avec empressement de la publicité de
votre intéressant journal et je verrais avec la même satisfaction
ces avis répétés par l'organe des écrivains scientifiques qui s'in-
téressent à l'aérostation et qui sauraient, comme vous, dévelop-
per savamment, les faits sommaires sur lesquels j'appelle l'at-
tention.
L'accident survenu au ballon r£7infV«r5 démontre qu'à l'avenir,
lorsqu'il s'agira d'entreprendre des expériences et des ascensions
dans des conditions spéciales s'éloignant de celles qui se présen-
tent généralement, il sera indispensable d'avoir recours à des
dispositions et à des matériaux différents de ceux très-primitifs
qui ont paru suffire aux ascensions ordinaires, ainsi que j'ai été
depuis longtemps conduit à le faire pour la réalisation des aéros-
tats dirigeables et captifs, allongés et sphériques que j'ai étudiés,
fait construire et fonctionner en 1852, 1855, 1867 et 1869, avec le
concours d'hommes énergiques et habiles.
Les résultats obtenus par ces diverses expériences que d'émi-
nents publicistes ont bien voulu, dès l'origine, considérer comme
devant être le point de départ de toutes les tentatives à venir de
navigation aérienne et que vous-même avez, dans plusieurs cir-
constances, si éloquemment rappelé au souvenir public, permet-
tent non-seulement de tracer les bases générales dont il ne faut
pas 8*écartor, mais encore d'entrer dans les détails minutieux de
— 72 -
construction, faute desquels, le projet le plus rationnellement éta-*
bli dans son ensemble, peut encore échouer complètement et
d'une manière désastreuse.
Ainsi, pour rester dans l'ordre de faits qui se rattachent par-
ticulièrement à l'accident actuel, il faut éviter dans la construc-
tion des soupapes l'usage de ressorts en caoutchouc, surtout si
cette pièce doit rester longtemps en fonctionnement, en dehors
de la main et de la vue.
Dans tous les cas, s'assurer que les ressorts, quel que soit leur
système, conservent toujours une raideur et ont un bras de levier
suffisant, en tenant compte du phénomène de la déviation des
filets fluides gazeux, qui tendent à maintenir les clapets ouverts,
indépendamment de leur poids, pendant l'écoulement à grande
section.
N'user qu'avec circonspection et pour des ascensions de courte
durée par beau temps, de ce moyen d'obturation des clapets con*
sistant dans un dépôt sur leurs bords d'un mélange gras suscep»
tible de se gercer ou de contracter des adhérences, et remplacer,
si cela est nécessaire, cette substance, on pourrait dire ce cota*
plasme, par des sièges métalliques minces, s'appuyant sur des
bandes de caoutchouc très-flexibles. Donner la préférence aux sou-
papes rondes dont l'ajustage peut-^tre déterminé plus rigoureuse-
ment et les flxer à l'aérostat par des brides et des joints plats bou*
lonnés ; réduire leurs dimensions autant que possible.
Surmonter l'ensemble de la soupape d'un petit toit conique pour
la garantir des chutes d'eau, de neige et de l'action solaire.
Enduire les cordes dufllet de substances qui les rendent souples
et hydrofuges, par suite insensibles aux actions de la sécheresse
et de l'humidité.
Se méfier des nœuds des mailles dont le contact longtemps pro-
longé et combiné avec leurs petits déplacements relatifs sur le
tissu, peut arriver à en déterminer la perforation ou tout au moins
l'éraillement du vernis; les remplacer par des passages simples
des cordelettes les unes dans tes autres avec petite ligature bien
lisse aux croisements.
Disposer les pattes d'oie avec poulies ou anneaux compensa-
teurSk Récouvrir l'hémisphère supérieur de l'aérostat d'une calotte
en tissu léger, hydrofuge et de couleur blanche, munie dans la
région équatoriale d'un petit rebord qui éloigne l'eau de la naceUe
et des cordes de suspension.
Resserrer toute la partie inférieure du ballon avec un réseau de
fils ou bandes de caoutchouc, de manière à éviter toute rentrée
d'air et à réaliser automatiquement la tension permanente e(
— 73 —
modérée da tissu et du gaz, malgré les variations de Tolume de
celui-ci et l'action extérieure d'un vent assez violent et fermer la
partie inférieure par une soupape de sûreté très-sensible ou par
un système de trop-plein ne permettant pas l'introduction de
Tair. .
En ce qui concerne le ballon proprement dit, donner le choix à
plusieurs tissua mariés ensemble au caoutchouc et rendus complè-
tement imperméables par la superposition des vernis et non par
leur imbibition, car on détruit ainsi, en grande partie, par ce der-
nier procédé, la ténacité des ûbres et surtout leur résistance au
déchirement ; ne pas négliger de recouvrir les coutures par des
bandes caoutchoutées enduites considérablement.
U est indispensable, quel que soit d'ailleurs le système de cons-
truction de l'aérostat, de multiplier les coutures dans les deux
aens, car on obtient ainsi de véritables nervures capables de met-
tre obstacle à la propagation d'une déchirure. A.u point de vue
des attérissages, munir la nacelle de moyens d'arrêt énergiques
qui peuvent se résumer dans l'emploi d'ancres ou de grappins
rationnellement construits et en bon fer ductile avec élastiques
pour amortir les chocs, et de sangles très-larges garnies sur toute
leur surface d'une infinité de petits filaments rigides couchés à
contre-sens et destinés, par leur traînage et leur accrochement aux
aspérités du sol, à opposer un frottement beaucoup plus énergique
que celui qui est fourni, à poids égal, par les cordes lisses traî-
nantes dites guide-rope. Ces bandes-freins, d'une longueur suffî-
sante, doivent être d'avance enroulées régulièrement : au moment
de s'en servir, il suffît de jeter par-dessus bord ces espèces de
rouleaux dont la chute détermine le déroulement rapide, après
avoir pris la précaution d'attacher une de leurs extrémités au
cercle de la nacelle.
Enfin, si après avoir pris toutes les précautions qui viennent
d'être indiquées on voulait entreprendre des ascensions de très-
longue durée, réaliser, par exemple, le < Cinq semaines en bal-
lon» » ce qui est très-possible, il suffirait d'emporter au dessous
de la nacelle un sac ou ballonnet de quelques mètres de diamètre,
en très-forte toile imperméable, pouvant, au besoin, remplir le
rôle final de guide-rope, d'y comprimer plus ou moins de l'air, au
moyen d'une pompe foulante et d'en régler l'introduction ou la
sortie suivant l'état atmosphérique, l'intensité du rayonnement
diurne et nocturne et la quantité de lest ou de résidus de toute
espèce, à la disposition des voyageurs*
Quant à la question d'imperméabilité, il ne faut pas s'en préoc-
cuper, si les constructions ont été bien combinées ; ainsi, le bal-
— 74 —
Ion captif que j'ai fait constraire au Champ-de-Mars en 1867 et
qui offrait une résistance lui permettant d'affironter impunément
lés tempêtes, aurait mis, pour se vider par le seul fait des faites
au travers du tiss^u et quoique rempli du plus subtil de tous les
gaz, rhjdrogène pur, un peu plus d'un siècle. Les tissus com-
posant le matériel étaient en toile assez ordinaire et il est évident
que les résultats seraient encore préférables si on avait recours à
remploi de la soie, aussi bien pour les cordes que pour l'enve-
loppe.
Enfin il ne faut pas, en général, hésiter, toutes les fois que cela
est possible, à donner la préférence au gaz hydrogène pur ; il
existe plusieurs moyens d'en produire et j'ai aussi, de mon côté,
réalisé quelques apjpareils nouveaux, quoique basés en partie sur
d'anciennes données théoriques et susceptibles d'en engendrer de
grandes quantités à bas prix .
Telles sont, en résumé, les principales conditions qu'il faut
remplir pour réaliser convenablement et sans danger les ascen-
sions libres et captives, à l'aide des seuls aérostats sphériques.
En ce qui concerne les ascensions captives, il faut aussi distin-
guer celles qui ne doivent avoir qu'une courte durée, par temps
choisi et avec un petit nombre d'observateurs, comme, par
exemple, dans le cas de certaines observations militaires, de
celles qui ont trouvé, comme on 1867, et trouveront sans doute
encore, leur application à la curiosité publique, à l'occasion des
Expositions universelles, et pour lesquelles il y a nécessité d'en-
lever à la fois et continuellement un grand nombre de personnes,
quel que soit, pour ainsi dire, l'état de l'atmosphère, et cela avec
un matériel aérostatique qui doit, nuits et jours, rester gonflé et
exposé à toutes les intempéries, pendant la durée d'une saison.
Pour réaliser de tels appareils, qui présentent aussi un côté
scientifique, très-intéressant au point de vue de la météorologie,
il y a lieu de mettre en jeu un puissant matériel mécanique à
vapeur également subordonné à certaines conditions bien définies
et capable de maîtriser, par l'intermédiaire d'un câble de fortes
dimensions, l'énorme force d'ascension et de traction qu'il
faut opposer à l'action toujours imminente de vents impétueux,
contre la surface de ces immenses sphères remplies d'hy-
drogène pur, et cela sans que le public puisse se douter de la
lutte de ces redoutables éléments à laquelle il assiste, même comme
acteur, sinon avec impassibilité, du moins en toute sécurité. Mais
ce n'est pas le moment d'entrer dans Ténumération, même som-
maire, des conditions et dispositions auxquelles ces machines doi-
vent satisfaire ; cela n'aurait d*utilîté pour personne, et il faut
— 75 —
différer aussi l'étude plus complexe et bien plus intéressante des
aérostats allongés à vapeur, sur lesquels j'espère, plus tard, être
en mesure d'appeler de nouveau l'attention.
Veuillez agréer, cher Monsieur, l'assurance de mes sentiments
très-dévoués,
Henri Gifpard.
COHIIESPONDANOE
A Monsieur le Rédacteur en chef de VAéronaute.
Monsieur,
J'ai lu dans une note de la Rédaction, (Aéronaute de février 1876
page 49) que pour qu'un homme à l'aide d'un parachute puisse descen-
dre avec une vitesse uniforme de 2 mètres So par seconde, le para'
chute doit avoir autant de mètres carrés que l'homme et l'appareil pè^
sent de kilogrammes. Je n'ignore pas que cette loi est admise depuis
rinvention du parachute ; mais je crois qu'elle n'est applicable qu'au
parachute presque plan que construisait Garnerin. Poitevin
mon beau-père a perfectionné cet instrument de telle sorte qu'il
donne maintenant de bien meilleurs résultats.
Il a donné au parachute une forme plus concave que celle qu'on
employait autrefois et un orifice plus largement ouvert. Aussi avec
cet instrument la descente est beaucoup plus lente.
Les membres de la Société de navigation aérienne ont pu voir
à la séance générale de novembre 1874 le parachute de soie rouge
construit par Poitevin et qui était placé au-dessus de la porte d'en-
trée.
Ce parachute a 12 mètres de diamètre, ce qui fait environ cent
huit mètres de surface prise en plan. Il a sept mètres de profon-
deur, l'orifice supérieur a quinze centimètres de diamètre. Il pèse
trente kilogrammes avec ses cordes.
Ma mère a fait avec ce pamtchûte trente-cinq descentes, mon beau-
frère Sivel en a fait deux et moi-même une.
Or, lorsque l'appareil ne porte qu'une personne du poids de soi-
xante-dix à soixante-douze kilog. , il descend avec une vitesse qai
n'est pas beaucoup plus grande qu'un mètre trente à un mètre cin-
quante par seconde.
En 1853 ma mère fit une descente en parachute à Parme. Elle
mit pour descendre de 1800 mètres, 43 minutes. Poitevin et ses pas.
3.
«
— 76 —
sagers eurent le rare privilège de voir le parachute en Tair pen-
dant qu'ils dégonflaient Taérostat descendu avant le parachute.
En 1869 dans une ascension à Naples, Sivel était sous le parachute,
j'étais dans la nacelle de l'aocostat, je coupai la corde à 1700 mè-
tres d'altitude, mon beau-frère mit vingt-trois minutes pour tou-
cher terre. Ces lenteurs sont exceptionnelles et je crois que, dans
ces deux cas, ma mère et Sivel ont dû rencontrer un courant ascen-
dant analogue à ceux qu'a si bien décrits M. Âlph. Penaud. Par
contre, nous avons souvent observé la vitesse d'un mètre cinquante
par seconde.
Il serait donc imprudent de prendre deux mètres cinquante par
seconde comme la vitesse là plus faible obtenue par les parachu-
tes. Il serait encore plus imprudent de s'en servir comme de crité-
rium pour en tirer des données destinées à nous fournir le point
d'appui que l'on peut trouver dans l'air.
Veuillez agréer, monsieur le Rédacteur, l'assurance de ma con-
sidération la plus distinguée,
Adrien Duté-Poitevin.
DE LA LOCOMOTION AÉRIENNNE
•t des lois de suspension des corps pesants en mouve-
ment dans Pair.
I 2" ARTICLE (^)
ors de l'invention de l'hélice on croyait pour obtenir l'a-
]:vantage de la plus grande surface agissante, que la vis
'devait nécessairement si on la regardait de face figurer
dans sa pei*spective un disque plein et sans échan-
.crures. C'est ainsi que plusieurs hélices ont été cons-
truites avec un ou deux filets faisant une révolution entière ou
deux demi-révolutions ; mais l'expérience a fait abandonner cette
disposition comme mauvaise. Dans l'hélice à deux pales, on a
commencé par diminuer la longueur de la vis et partant la lar-
geur des pales; on est arrivé au fur et à mesure à réduire
chacune des pales à moins d'un sixième de la superficie du cercle
(i) Voyez TAéronaute de février 1876.
i
— 77 —
entier; alors fut obtenue la vitesse maximum. L'expérience a
prouvé de plus que la surface de propulsion effective d'une hélice
à deux pales est équivalente à son cercle entier de révolution, ce
qui est généralement admis.
Beaucoup d'expériences que j'ai faites, en variant les formes des
hélices que j'appliquais au même steamer, m'ont conduit à cette
môme conclusion : — Les deux pales qui étaient un sixième du
oerde, ont donné les meilleurs résultats.
Toute hélice réagissant sur un fluide tel que l'eau, le force à cé-
der d'une quantité notable ; on est convenu de désigner cet effet
80US le nom technique de c recul (slip) > et quelque puisse être le
rapport, c'est-à-dire le tant pour cent de recul sur la vitesse du
navire, il est équivalent à une perte de force propulsive précisément
égale — celle-ci étant gaspillée à mettre en mouvement l'eau et non
le bateau.
Au moment du départ, lors de la mise en marche de la machine
â*un steamer, nous pouvions, en saisissant une amarre à l'arrière,
retenir le navire d'une seule main bien que sa machine fût de la force
de cinq chevaux et que l'hélice fît plus de500révolutionsàlaminute.
Toute la force de la vapeur était dépensée en « recul > c'est-à-dire
dans la mise en mouvement de la colonne d'eau ; mais permettons,
en laissant aller le bateau, à l'hélice de prendre un point d'appui
sur de nouvelles masses d'eau, qui n'ont pas reçu de mouvement
graduel et possèdent l'inertie, tout en coulant en large nappe;
dans ce cas, l'hélice travaille comme si elle était renfermée dans
un solide écrou et le < recul > ne s'élève qu'à onze pour cent.
Les lois qui règlent l'action des plans inclinés se mouvant sui-
vant des ligpies droites ou courbes dans l'air, sont les mêmes ; el-
les démontrent l'inutilité des essais que l'on pourrait tenter dans
le but d'enlever à travers l'atmosphère un corps lourd au moyen
d'une roue à palettes ou d'une hélice agissant verticalement; car,
à moins que le rapport de la surface au poids soit excessivement
élevé, tout le travail sera consommé en « recul » ; c'est-à-dire à refou-
ler la colonne d'air vers la terre. Et même, si l'on peut fournir une
force sufftsante pour maintenir par de pareils moyens un corps en
suspension dans l'air, une fois la hauteur désirée acquise, aucune
ascension plus élevée ne devient utile ; l'appareil restera donc sta-
tionnaire au même niveau, et la position sur un point d'appui qui
cède continuellement ne pourra se maintenir qu'a l'aide d'une
dépense énorme de travail ; — l'hélice ne pouvant prendre appui
sur des couches d'ftir nouvelles et en repos (fresh and unmoved)
ainsi qu'elle le fait sur la masse de l'eau en propulsant un bateau à
pleine vitesse, agit dans ces conditions de la môme façon que
— 78 —
lorsque le navire est retenu en place ; dan^ ce cas, bien que la ma-
chine travaille à sa vitesse ordinaire, la force de traction est pres-
que annulée.
Nous décrirons ici plusieurs expériences que nous avons faites
avec une hélice ou une paire de vannes inclinées agissant vertica-
lement dans Tair. Notre appareil consiste en un poteau vertical
qui porte un châssis, contenant une toue dentée et son pignon,
multipliant dan^ le rapport de 3 à 1. L*axe de la roue, horizontal,
est mis en mx)uvement par ime manivelle de cinq pouces 1/2
(0 m. 14) de rayon. La tige du pignon qui tourne verticalement,
entraîne dans son mouvement une traverse dont les extrémités
sont armées de flèches directrices (driving pins) ; ce sommet pré-
sente ainsi dans son ensemble Taspect d'une fourche à trois dents,
La dent du milieu reçoit Taxe de l'hélice percé d'un trou ad hoc ;
quant aux deux autres dents de fourches, elles servent à guider le
mouvement d'une tige traversant normalement la partie inférieure
de l'axe de l'hélice, dont le sommet se termine en un long pivot de
fer, qui lui-même tourne librement dans une douille fixée dans une
poutre terminale. De cette façon, l'appareil peut s'élever et des-
cendre d'environ deux pouces sans presque aucun frottement. I^e
sommet du moyeu de l'hélice porte une barre transversale, armés
à chacuife de ses extrémités distantes de six pieds de deux palet-
tes d'égale dimension. Ces palettes peuvent être placées sous des
angles variés à l'aide de vis de pression. Leurs bords ainsi que
leurs bras de support sont taillés en biseau afin de diminuer les
effets de la résistance de l'air. Un hauban en fil de fer partant de
la base de chaque palette, se rend à la base de l'axe de l'hélice ; ce
qui a pour effet de maintenir rigides les bras et de les empêcher
de se courber vers le haut. Cet appareil a servi à faire des expé-
riences dans lesquelles divers poids ont été attachés à l'axe et les
palettes fixées sous des angles variés. Avec un mouvement de ro*
tation rapide, les ailettes s'enlevaient et fiottaient sur l'air, entraî-
nant les poids avec elles. Mais pour enlever, par une grande vi-
tesse un poids lourd à l'aide d'un plan d'une étendue superficielle
relativement faible, on rencontrait beaucoup de difficultés; « le
recul » dans ce cas devenait assez considérable pour absorber tout
le travail employé. Un poids de 6 livres (2 k. 730) (limite extrême
des effets obtenus dans cette expérience), a pu être enlevé sur
une surface de suspension d'un pied carré (0' m. 0924) les plans
ayant été placés sous un angle considérable. Pour entretenir la ro-
tation, il fallait dépenser la moitié de la force d'un homme.
Le rapport du poids à la surface de soutien fut ensuite approxi-
mativement disposé comme celui des oiseaux. Nous consignerons
— 79 —
ici deux de ces expériences qui ont donné les résultats les plus
satisfiEÛsants. Poids des ailes et de leur axe 17 onces et demie
(542 gr. 50) surface des deux ailes 121 pouces (0 m. 75625) (corres*
pondant à 110 pouces carrés (0 m. 0687) par livre). Les chiffres ci-
joints sont donnés approximativement afin de négliger les fractions
décimales.
1'* expérience.
?• expérience.
NOMBRE
de
rérolatiooj
par
minate
VITESSE
moyenne
MILLES
à ri»eiire
PIEDS
par
minute
HAUTEUR
OD angle
d'élévation
pour on toor
RAPPORT
de la haoteor
à
la vitesse
l/8pr€8qae
1/13
RPCUL
pour cent
£10
240
38
(60k. 150,93]
44
(70k. 800)
3.360
(lni.OSi)
3.840
(Im. 167)
lottoe»
te
(Cm. 65)
15
(Dm. 375)
18 1/2
8
Le travail requis était presque le même dans les deux cas —
égal environ à un seizième de cheval-vapeur, ou le tiers de la
force d'un homme; cette estimation est établie d'après la force
constante, employée à tourner la manivelle qui avait été de douze
livres dans la première expérience et de dix livres dans la seconde ;
le rayoQ de la maniveUe étant de 5 pouces et demi (0 m. 137) et
faisant 70 révolutions par minute dans le premier cas et 80 dans le
second.
Les résultats de ces expériences, sont assez satisfaisants pour
faire voir le petit angle d'attaque de Tair nécessaire dans le soutien
da poids indiqué, et pour démontrer le principe ci -dessus énoncé
de la descente lente des plans se mouvant horizontalement dans
Tatmosphèreàde grandes vitesses ; mais, il reste à savoir comment
réaliser le travail excessif que réclame Fenlèvement vertical d'un
poids au plus égal à celui du pigeon voyageur ; car, à moins de
réussira fournir ce travail, on ne peut avoir l'espérance d'enle-
ver des appareils d'expériences ou autres dans l'atmosphère . Dans
la seconde expérience, l'hélice faisait 240 tours, par suite une ai-
lette (ici, il y en a deux) passait constamment au-dessus du même
endroit 480 fois par minute, ou 8 fois en une seconde. Elle engen-
drait un courant d'air descendant, d'une vitesse de presque 4 mil-
les (6 kil. 437) à l'heure, suffisante pour éteindre une chandelle,
placée 3 pieds au-dessous (0 m. 912) ; tel est le résultat du a recul »
et les deux palettes ensemble communiquant un mouvement de
descente hélicoïdal à cette colonne d'air, rendent compte d'une
grande partie du travail dépensé, comme si tout l'appareil faisait
— so-
le travail d*im ventilateur. Si les ailettes, au lieu de parcourir un
cercle, pouvaient être continuellement poussées en avant, suivant
une ligne droite, sur des couches d'air nouvelles et en puissanoo
d'inertie (fresh and unmoved hoiy of air) le a recul » deviendrait
presque nul, et l'inclinaison par suite, réduite à un si petit anglç,
que la résistance atmosphérique directement éprouvée en avant ptr
la tranche même de la surrace se trouverait très peu augmentés»
Les petites hélices volantes, vendues comme jouets, sont bien
connues. Il y a un mojen facile de déterminer approximativement
la force dépensée pour les enlever et les maintenir en l'air. Prô-
nons un modèle de ces hélices formé d*une lame de fer-blano nvec
trois ailettes équi-distaiites. Cette petite hélice se lance comme
une toupie au moyen d'une corde qui s'enroule autour d'une tige
de bois, ajustée au manche fourchu ordinaire. L'extrémité libre de
la corde enroulée est attachée à un dynamomètre qui remplace le
bâtonnet dont on se sert pour la tirer. La traction en poids, c'est-
à-dire le point où l'aigiiille se trouve entraînée, est reconnue après
coup par la marque laissée par un index de cuivre. II n'est pas né-
cessaire de connaître le temps du déroulement de la Acelle, puisque
celui-ci peut être compris dans la durée de l'asceasion de l'hélice ;
il est de plus évident que si la même force est appliquée à l'ins-
trument après sa descente, elle l'enlèvera de nouveau et une série
repétée de ces impulsions représentera le pouvoir nécessaire pour
prolonger le vol de l'instrument. Il n'y a dom à connaître que la
longueur de la oorde et la force appliquée à la dérouler.
Diamètre de l'hélice (0 m. 2125) 8 p. 1/2
Poids il9gr. 8) 396 grammes
Longueur delà corde déroulée . . (Om. 61) 2 pieds
Force employée (3 k. 640) 8 livres
Durée du vol 16 secondes.
De ces données, on peut établir que pour maintenir le vol de l'ins-
trument, il faudra lui donner une force constante d'environ 60 foot
pounds (c'est-à-dire 8 kilogrammes) par minute ; ce qui donne trois
chevaux-vapeur par chaque cent livres (45 k. 5) enlevées dans les
mêmes conditions. Il y aurait peut-être exagération à calculer sur
ces données la force à employer par une plus grande hélice, car
avec l'augmentation du poids et de la dimension, la force requise
serait inférieure à ce qu'elle doit être d'après le rapport énoncé.
En expérimentant avec une hélice en tôle, lancée par un poids des-
cendant on obtient de meilleurs résultats. Pour arriver à
la locomotion aérienne, on a proposé l'emploi de méthodes ana-
logues; mais l'expérience a démontré qu'une hélice tournant
dans l'air est un moyen imparfait pour réaliser le vol, et pour sup-
— 81 —
porter le poids indispensable, car la force requise est énorme. Sup-
posons XkUe machine construite avec une provision suffisante de
force, rhélice en tournant avec une certaine vitesse enlèvera tout
l'appareil. La hauteur denrée une fois atteinte, il faudra continuer
à fournir presque la même vitesse de révolution et la même force
excessive qui seront consommées entièrement en « recul », à refou-
ler en bas UA rapide courant d'air.
Si l'axe de Thélice est légèrement incliné sur la verticale, toute
la machine avancera horizontalement. Le « recul » et par suite la
force, sont réduits dans ces conditions d'une quantité sensible,
mais on ne saurait ainsi obtenir une course rapide en avant parce
que la résistance dû disque incliné de l'hélice sera très grande, de
beaucoup supérieure à toute forme qui se rapproche de la tranche
de Talle de l'oiseau. En admettant même qu'une vitesse de trente
milles à l'heure (48 kil. S79) puisse être réalisée de cette façon,
presque toute la force serait ici employée à donner un mouvement
de révolution inutile et rapide à une immense hélice, capable d'en-
lever le poids d'un appareil) pesant par exemple 200 livres
(91 k. 000; Le poids seul d'une pareille machine doit en causer
la chute, et chaque révolution de Thélice est une soustraction faite
à la vitesse directe en avant, qui est le desideratum. Une simple
palette étroite, ou un plan incliné, propulsé en ligne droite à cette
vitesse — qui est largement suffisante pour soutenir des poids
lourds — est le moyen le meilleur, et en fait le seul qui puisse
donner la somme maximum de pouvoir suspensif avec le plus fai-
ble recul et le moins de résistance directe en avant. Des milliers
d'exemples pris dans la nature en attestent le succès et démon-
trent le principe dans sa perfection ; — l'un des plus parfaits en-
tre tous, est évidemment.l'aile de l'oiseau où se trouvent combinés
en un seul, les organes de propulsion et de suspension qui agis-
sent parfaitement, chacun dans son action mécanique.
Nous arrivons maintenant à l'étude de la quantité de force néces-
saire pour maintenir le vol d'un oiseau . Les anatomistes établissent
que les muscles pectoraux qui mettent en mouvement les ailes sont
très larges et très puissants ; mais cela ne prouve pas la dépense
d'une grande quantité de travail dans l'acte du vol. Les ailes sont
articulées au corps comme deux leviers puissants, et une certaine
force de réaction d'une nature passive agissant à la façon d'un res-
sort tendu, est nécessaire liên que pour balancer le poids de
l'oiseau. Tant qu'il n'existe pas de mouvement actif, il n'y a aucun
exercice réel de la force musculaire. — Exemple: lorsque l'oiseau
plane sur ses ailes immobiles, on doit regarder ce mode d'être de
l'oiseau comme un état d'équilibre: le ressort d'en bas et l'élasti-
— 82 —
cite des ailes servent à supporter le corps ; les muscles, dans ce
cas, agissent comme des ressorts de caoutchouc. Le mouvement,
c'est-à-dire le travail actif nécessaire pour exécuter le vol est une
tout autre question.
Il est difficile, sinon impossible, de déterminer à Taide d'un dy-
namomètre quelconque, la quantité de force produite par les ailes
deToiseau; mais cette détermination n'est peut être pas nécessaire
pour établir le principe en question, car lorsque les lois des mou-
vements de Toiseau dans l'air seront mieux comprises, on pourra
facilement démontrer par des expériences isolées, la quantité de
force nécessaire pour soutenir et propulser un poids et une surface
donnés sous une vitesse quelconque.
Si le pélican qui, comme nous Tavons déjà dit, pèse 21 livres
(9 k. 555} pour un développement superficiel d'ailes à peu près du
même nombre de pieds, descendait suivant une ligne verticale, il
tomberait à raison de 1320 pieds (401 m. 28) par minute ; telle est
la vitesse limite due à la résistance atmosphérique.
L'appréciation d'une force s'établit généralement par comparai-
son avec la chute d'un poids. Donc le poids de l'oiseau étant de 21
livres, (9 k. 555) ce poids en tombant verticalement dépensera sur
Tair mis en mouvement une force presque égale à un cheval-va-
peur (48 H. P.) ou celle de cinq hommes ; réciproquement, l'éléva-
tion verticale et à nouveau de ce poids à travers un fluide tel que
l'air, exigerait même une force plus grande encore que cette ex-
pression ; et, il est hors de doute que le pélican ne la possède pas.
Il semble, d'après l'observation, qu'aucun des grands oiseaux ne
peut, sur son aile, s'élever verticalement par un air calme. Un
pigeon arrive presque à le faire lorsqu'il monte, les ailes ramassées,
au pignon d'une maison ; mais l'effort déployé en pareil cas est évi-
demment très rude et de très courte durée. Pour sa grosseur, cet
oiseau a une grande puissance d'ailes ; celle-ci est peut-être en-
core beaucoup plus développée chez Toiseau-mouche, qui, par les
mouvements rapides de ses bouts d'ailes, se soutient sur place plus
d'une minute, par un air calme. La force musculaire nécessaire-
ment déployée dans de tels cas est de beaucoup supérieure à celle
dépensée dans tout autre mode de vol. Le corps de l'oiseau est
presque vertical, pendant ee vol sur place ; les ailes soutiennent le
poids du corps non en frappant en j)as sur l'air, mais à la ma-
nière de plans inclinés qui agissent alternativement et horizon-
talement comme une hélice, dépourvue de mouvement de rota-
tion continue dans un sens, et, comme conséquence de la perte
provenant des alternances rapides de mouvement, la force dépen-
sée pour ce genre de vol sera supérieure à celle que nous avons
— 83 —
troayée dans nos expériences avec les hélices, à savoir : trois che*
Taux-vapeur par chaque cent livres élevées (45 k. 500).
Nous avons ici un exemple de Ténorme dépense de force animale
qu'exige ce genre de vol que nécessite les habitudes particulières
de l'oiseau et sa façon de prendre sa nourriture ; mais, à l'autre
extrême, chez les oiseaux larges et lourds qui ne se servent de leurs
ailes que pour voyager ou comme moyen de locomotion, le vol
n'entraîne l'emploi que d'une force minime; elle est suffisante
grâce uniquement à la rapidité d'une course directe et en avant à
travers l'air.
Le point d'appui obtenu dans le vol doit être soumis à certaines
lois d'action et de réaction entre des poids relatifs ; le poids d'un
oiseau, est contrebalancé, (c'est-à-dire trouve un point d'appui)
par l'inertie déterminée d'un poids beaucoup plus grand d'air,
continuellement mis en mouvement dans un temps donné. Cette
condition se trouve remplie non par l'étendue de la surface, mais
par la grande longueur de l'aile, qui dans le vol avançant, prend
un point d'appui sur une large couche d'air, s'étendant transver-
salement par rapport à la ligne de direction.
Le pélican, par exemple, a plus de dix pieds d'envergure. (8 m. 04),
Si on limite le mouvement imprimé à la couche d'air sous-jacente
sur laquelle presse l'aile inclinée, à un pied d'épaisseur et la vi-
tesse du vol à trente milles (48 kil.) à l'heure, la couche d'air trar-
versée dans ce temps pèsera presque une tonne,. (1015 k. 94) c'est*
à- dire cent fois le poids du corps de l'oiseau ; — ce qui donne un
pouvoir de suspension tellement énorme que le poids comparati-
vement fîdble de l'oiseau ne peut produire qu'une faible dépres-
sion sur la longue et lourde couche d'air sur laquelle il passe ;
c'est pourquoi, plus le vol est rapide, moindre est la quantité du
< recul » ou le travail dépensé pour contrebalancer la tendance à
descendre.
Gomme nous l'avons dit au commencement de ce travail, on
peut observer de grands oiseaux qui en passant dans leur vol sur
dçs nappes d'eau, les effleurent sans en rider la surface ; c'est une
preuve que durant un vol rapide, l'air ne cède pas sous eux, mais
se comporte à peu près comme un point d*appui solide.
Dans toute surface inclinée se mouvant rapidement à travers
l'air, le pouvoir de suspension se trouve presqu'entièrement porté
vers le bord antérieur. Pour démontrer par des exemples l'inutilité
de la surface, si elle n'est liée à une longueur proportionnée de
l'aile, prenons un plan de dix pieds (3 m. 04) de long sur deux
(0 m. 61) de large, propulsé avec le côté droit en avant : les douze
(0 m. 30) ou quinze (0 m. 375) premiers pouces sont, à une vite0S6
— S4 —
élevée, aussi efficientes poar supporter un poids qif e la totalité da
plan dont la dernière portion peut*>être retranchée sans inconvé-
nient ; de la sorte, la surface effective du pélican qui présenterait
cette disposiJ;ion, serait réduite à une surface entièrement insuftl-
santé de deux pieds et demi carré (Om. c. 231).
F. H. WK2fBiM.
Traduction de Jamss Maoquaria,
(La suite à la prochaine linraison).
EXTRAITS DES PROCÈSj-VERBAUX
LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATIO!! AfiRIENNE
APPROQVâE PAR M. UB MlNISTaS DB L*IN8TaUCTI0N PUBLIQUB
Séance du 26 janvier 1876.
PRESIDENCE DE M. PAUL BERT.
La séance est ouverte à 8 h. 1/2.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. LE SEORiftTAiRs général procède au dépouillement de la corres-
pondance dans laquelle figurent :
Un second projet adressé par M. Antonio Yicini, d'Annecy.
Une lettre de M. le D^ Marej.
Une lettre de M. F. W.- Brearey.
Une lettre de M. Monteil.
Une lettre en allemand de M. Georges Biethmeyer de Vienne re«
lative au projet de M. Vidal (de Nancy).
Un exemplaire des Comptes-rendus de l'Académie des sciences
(n* du 17 janvier 1$76) renfermant un mémoire de M. Planté sur.
les trombes.
Des n«* du Rappel et de l'Evénement du )d5 janvier ayant trait à
la catastrophe du ballon le Washington.
Voici ce qui résulte des renseignements fournis par ces journaux»
Le Rappel dit : .
« Nous avons plusieiùrs fois parlé d'un gigantesque ballon amé-
ricain, le Washington^ monté par le docteur Fergith et Jédédiah
Monrose.
« Les deux voyageurs avaient promis de traverser les Etats-Unis
et de se diriger à Test, vers TEurope. Une foule immense, accou-
rue à Chicago pour assister à leur départ, avait va le bidlon s'é
— 85 ~
leyer dans las aixtt et disparaître dans la direction indiquée par l6>
doetear Fergith, qui ayait emporté dans sa nacelle des vivres et
des instruments scientifiques.
< Dès que le passage du ballon était signalé au-dessus d'une ville,
on se Hâtait de le télégraphier" à Chicago. La dernière dépêche re^
eue par le maire de cette ville vint de New-York, puis des semai-
nes entières s'écoulèrent sans que Ton reçut aucune nouvelle du
Washington,
c Enfin tout récemment, d'après VAdvertiser, des jeunes gens de
Chicago étant allés à la chasse sur les bords du lac Michigan,
trouvèrent derrière un buisson un homme ayant une blessure à la
tête et les deux jamb^ brisées. Il se mourait d*épuisement, de
ttoid et de privation, et était couché sur les débris d'un aérostat
dans lequel les jeunes gens reconnurent facilement le Washing-
ton^ parti plus de deux mois auparavant de Chicago au milieu des
cria de joie et des applaudissements du public.
« Le malheureux docteur Fergith fut transporté en toute hâte à
Chicago. Il a promis de raconter daas les plus grands détails ^les
terribles péripéties de son voyage aérien. Quant à Jédédiah Mon-
rose, il paraît qu'il est tombé dans le lac au moment de la rup-
ture d'une des cordes de la nacelle.
« Le Washington a été assailli dans l'océan Atlantique par un
Tant d'une violence extrême qui l'a ramené aux Etats-Unis. »
M. BuasAU DE viLLBNBDVE; J'ai l'honncur de présenter à la Société
on modèle de patins élastiques destinés à atténuer le choc lors de
Tatterrissage. Ce modèle que j'ai fait construire par M. Léon Mau-
rice consiste en quatre arcs d'acier tournant autour d'axes hori-
zontaux et soutenus par des ressorts d'acier formés de lamelles su-
perposées. Ces patins peuvent être employés sous les appareils
d'aviation ou sous les nacelles d'aérostat. Ils présentent une
certaine largeur afin qu'ils ne puissent pénétrer dans le sol \
on peut les employer concurremment avec le guide-rope.
J'avais déjà en 1870 placé sous des appareils d'aviatiou des pa-
tins élastiques en osier; depuis M. Alph. Penaud a présenté à la
Société un projet de patins soutenus par des ressorts à air. Je pense
que les ressorts d'acier sont préférables en raison de leur plus
grande légèreté.
V. rÉHkVD, — Je rappellerai le projet de pattes à patins de mon
grand aéroplane, dont je vous ai exposé les croquis et la descrip-
tion dans la séance du 2 avril 1873. Cet appareil qui peut porter
plusieurs voyageurs, est conduit par un pilote placé à l'avant : il
doit de préférence atterrir tangentiellement sur l'eau, mais je l'ai
muni de pattM à longue course pour le cas où de gré ou de force,
-^86 —
il lui faudrait atterrir sur le sol. Mes patteà différaient des types
alors connus, parmi lesquels étaient les patins employés par M.
Hureau de Villeneuve dans ses modèles d'oiseaux, dont vous aper-
cevez plusieurs exemplaires dans cette salle même. Comme vous
le voyez, les patins de M. Hureau de Yilleneuve consistaient en un
patin continu flexible, fixé d'une façon rigide, par une de ses ex*-
trémités, à Tavant, et par l'autre à l'arrière de l'appareil ; ils for->
maient ainsi dans cet appareil une sorte d'anse de panier surbais-
sée et élastique.
Dans les pattes de mon système, le patin est partiel, c'est-à-dire
qu'il va en baissant de l'avant vers l'arrière jusqu'au point de
contact au sol, pour ne dépasser que très peu ce point. Au-dessus
de la partie du patin qui porte sur le sol dans les différentes pha-
ses du choc (portée très limitée en raison de la courbe que je donne
au patin), se dresse une tige droite, rigide, articulée au patin par son
extrémité inférieure, et sur l'extrémité supérieure de laquelle agit
de haut en bas un ressort puissant en caoutchouc ou un ressort
d'air formé par un piston marchant dans un cylindre oscillant.
C'est ce ressort spécial qui est destiné à amortir la majeure partie
du choc et non l'élasticité du patin lui-même. En effet, ce patin
est tout-à-fait ou à peu près rigide, et ses mouvements peuvent
s'effectuer grâce à une articulation à axe horizontal et transversal
située à son extrémité d'avant. Cette articulation peut être rem-
placée par une attache à ressort très flexible en cuir ou en caout-
chouc. L'extrémité d'arrière du patin peut être munie d'une ou de
plusieurs roulettes qui appuient sur le sol tant que le patin n'a
que peu cédé, mais qui cessent d'appuyer dèâ que la pression sur
les pattes dépasse une certaine limite. De la sorte, l'appareil por-
tera sur des roulettes au repos et au départ, ce qui lui permettra
plus facilement d'acquérir sa vitesse en courant; au contraire, à
l'atterrissage, le fort du choc se produira sur le patin même.
Je suis heureux de voir mon type de patins adopté aujourd'hui
par M. Hureau do Villeneuve, et les ressorts d'acier, qu'il substi-
tue à mon système de ressorts en caoutchouc ou à air, me sem-
blent devoir être d'un emploi très simple.
M. p. BERT. — Je demande la mise à l'ordre du jour de l'étude des
divers engins propres à l'aérostation. Cette étude qui offre un grand
intérêt pratique en dehors de son intérêt purement scientifique sera
l'objet d'un programme détaillé que je me propose de présenter pro-
chainement à l'occasion d'un projet de navigation aérienne à
grande hauteur. Il est en effet à remarquer, en ce qui touche cette
question, que les appareils aériens n'ont guère été modifiés depuis
Charles. Aussi ont-ils grandement besoin d'être perfectionnés.
— 87 —
M. LB pRisioBNT donne lecture d'une lettre de M. Penaud, par la- -
quelle, en raison de sa mauvaise santé, l'honorable membre donne *
sa démission d'archiviste de la Société.
Par une autre lettre adressée à M. Hureau de Villeneuve, M. Pe-
naud donne sa démission de membre du comité de rédaction de
VAéronaute.
Après quelques observations présentées par MM. O. Frion et Ch.
Hauvelt la démission de M. Penaud est acceptée. 11 sera procédé à
son remplacement dans la prochaine séance. M. Penaud remet sur
le bureau sa clef d'archiviste.
Après un vote au scrutin secret, sont inscrits sur la liste des
membres associés :
u. BOURBAU, directeur d'une usine métallurgique à Dammarie,
présenté par MM. Farcot et Mareschal .
M. BRUDOM, président central de l'union ouvrière de France, pré-
senté par MM. Arsène Olivier et Félix Caron.
M. CHAVAfiSiBUt député, présenté par MM. Paul Bert et Kampont.
. X. CHARLES GÉMÉDOR, chimisto, présenté par MM« 0. Frion et Alex.
Liébig.
Comité secret. (*)
M. LE PRÉSIDENT rend compte des .travaux de la commission qui
a jusqu'à ce jour recueilli et administré les fonds de la souscription
en faveur des familles des victimes du Zénith. Cette commission
était composée du Bureau de la Société qui s'était adjoiiit : M. le
Pasteur Dide, M. Solignac, directeur de l'Ecole centrale et M ,
Pérard, avoué de première instance.
La Société doit se féliciter de l'heureux résultat de la souscrip-
tion, qui a mis à sa disposition 91,000 francs environ, plus une
bonification provenant de l'achat de rentes sur l'état. Il faut
déduire de cette somme plus de 12,000 francs dépensés pour
les funérailles, pour secours urgents donnés depuis près d'un an
aux familles de Crocé Spinelli et de Sivel, et pour dettes
laissées par ces derniers. Il reste donc en caisse à ce jour une
somme ronde de 79,000 francs. La Société a évidemment le droit, au
point de vue légal, de faire des fonds qu'elle tient de la souscription ,
l'emploi qui lui paraîtra le meilleur dans l'intérêt des familles
qu'elle a à soulager. Ce droit résulte clairement d'une consultation
de M. Demonjay, avocat, annotée et approuvée par M. Sénard,
bàtonoier de l'ordre des avocats et par M. Pérard, avoué. Mais
pour prendre des mesures définitives, la première commission n'a
(i) Le conseil a ordonne la publication du procès-verbal de ce comité
secret.
~ 88 —
point de pouvoirs suffisants. Il est néeessaire de nommer régulie-
rament en séance une seconde commission, formée en tout ou en
partie des membres de la Société et de lui donner pleins pouvoirs.
Après cet exposé, la Société approuve les mesures prises par la
première commission, elle décide ensuite de nommer une commis-
sion définitive de dix membres ayant pleins pouvoirs pour distri-
buer les fonds de la souscription entre les niembres désignés des
familles Grocé Spinelli et Sivel et pour décider du meilleur modo
d'emploi et de placement des parts de chacun.
n est procédé au serutin sncret, par liste, à la nomination de
cette délégation spéciale de la Société. MM. Graston et Albert Tis*
sandier ont fait parvenir d'avance, sous enveloppes cachetées leur
vote au Bureau.
Sont désignés pour faire partie de la commission de répartition
des fonds provenant de la souscription du Z^itffA, MM. ^ul Bert,
Hervé Mangon, Pérard^ Hureau de Villeneuve, Marey, Georges
Masson, Soiignac, Le Pasteur Dide, Gh. Hauvel et Félix Caron.
La séance est levée à 10 h. 1/2.
Le secrétaire de la séance.
0. Frion.
Séance du 9 février 1876.
PRÉSIDENCE DE M. G. TISSANDIER, VICE-PRESIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie .
Le procès-verbal de la séance précédente, n'ayant pas été en-
voyé, sa lecture est ajournée.
M. LB sscRiîTAiRE GÉNÉRAL déj^uillc la corrcspondance qui com-
prend les pièces suivantes :
' Une lettre par laquelle M. Daté-Poitevin expose un projet d*a^-
cension aérostatique de longue durée* La partie essentiel fe du
programme consiste dans la traversée do la Méditerranée, en uti-
lisant : soit une période de vent de Mistral, pour aller de Marseille
vers les côtes d'Algérie ou du Maroc ; soit une période de Siroco en
prenant Aljg^er pour point de départ et les côtes de Provence pour
objectif. La durée du voyage est évaluée à 12 ou 15 heures, diverses
dispositions sont indiquées pour faire flotter la nacelle du ballon
en cas de descente à la mer ; enfin Fétude comprend divers moyens
de sauvetage dont le principal repose sur le passage des bateaux
de commerce; ou, surtout des bateaux à vapeur qui font le ser^
vice entre Marseille et Alger.
Une lettre de M. Marseigne, qui envoie plusieurs dessins :
- 89 —
!• Celui d'un ballon captif disposé pour obliquer sous Taction du
yent en raison du mode de liaison du câble de retenue et de la forme
du ballon lui-même ;
2» Un ballon dirigeable, dans les dispositions duquel le tirage
des gaz chauds dans une cheminée, joue le rôle principal ;
3* Un système de transmission de mouvement, dans lequel les
gaz dilatés agissent sur un piston par Fintermédiaire d'un liquide.
Une lettre adressée de la tIUq de Pétrolea (Canada) et deman-
dant des renseignements sur les expériences exécutées par le
capitaine Burnaby qui cherche à déterminer la direction des yents
supérieurs par Texamen des nuages.
M. Brearey envoie ses remercîments pour le diplôme qu'il a reçu^
et en même temps, un manifeste publié par M. Thomas Moy, avec
dessin d'un appareil aérien d'ancienne date. Ce doeoment annonce
qu'on appareil du poids de 1000 livres comporterait un moteur de
la force de 100 chevaux et qu'il jouirait d'une force soulevante de
2000 livres.
M. le docteur Giuseppe Laragna adresse une brochure écrite en
italien, (renvoyée à M. Duté-Poitevin qui en fera une traduction) . '
M. Boureau envoie à la Société ses remercîments pour sa nomi-
nation au titre d*associé.
M. Le Prévost, de Rouen, adresse la description d'unballon diri-
g^eable qui présente des analogies avec celui de M. Smitter ;
M. Gtondesone envoie une dépêche à la suite d*une ascension en
Montgoldère suivie d'une descente en mer ; cette ascension a fait
l'objet d'un article dans V Avenir des Landes. M. Goudesone a fait
une autre ascension qui a présenté une circonstance singulière :
Parti de l'esplanade appelée la haute plaine, à Pau, sa Montgolfière
s^est élevée, et a parcouru une certaine distance ; puis lors de la
descente elle a été reprise de telle façon parle vent régnant qu'elle a
atterri précisément à son point de départ.
M. Goudesone fait observer que les deux zones de vents dont les
directions étaient opposées se trouvaient séparées par une couche
de brouillard : cette circonstance correspond aux phénomènes de
eondeasation qui ont été étudiés par M. Hureau de Villeneuve.
M. Tridon adresse une lettre dans laquelle il expose un système
de sablier à lest et à détente pour les ascensions à grande hauteur.
Un journal anglais Nature^ contient une étude sur la direction
des filets fiuides pendant la marche des navires.
Le Bien public publie, chaque jour régulièrement, des cartes mé-
téorologiques indiquant les lignes isobares.
Deux numéros du journal français la Nature contiennent des ar-
ticles intéressants : l'un d'eux décrit le mousquet à ballons qui
— 90 —
avait été construit par ka Allemands lors de rinvestissement de
Paris.
M. penaud: J'ai l'honneur de déposer sur le bureau plusieurs
exemplaires du rapport de la Société aéronautique de la Grande-
Bretagne pour 1871 ; ce rapport contient le résumé des expériences
qui ont été exécutées au sujet de la résistance de l'air.
M. G. TissANDiEa. Je vous propose, Messieurs, de remettre à une
prochaine séance la discussion relative à la proposition de voyage
qui nous a été faite par M. Duté-Poitevin ; l'importance et la f^ra-
vité de cette entreprise exigent que nous ayons le temps d'y ré-
fléchir .
Après un vote au scrutin secret, m. fortado ingénieur au chemin
de fer du Nord, présenté par MM. Hureau de Yilleneuve et Félix
Caron est inscrit sur la liste des membres associés.
L'ordre du jour appelle l'élection d'un archiviste en remplace-
ment de M. Alphonse Penaud, démissionnaire.
Après un vote au scrutin, m. hauvel est proclamé archiviste.
On procédera dans la prochaine séance à la nomination d'un se-
crétaire en remplacement de M. Hauvel nommé archiviste.
M. Q. TI8SANDIER. J'ai l'honueur de faire hommage à la Société
de l'épreuve photographique que voici. Elle représente une série
d'assiettes décorées de sujets aérostatiques et qui font partie d'une
collection de 70 pièces que j'ai réunies. Leur fabrication remonte
pour quelques-unes à la fin du règne de Louis XVI et elles pro-
viennent de Lille, de Bayeux, de Rouen ou du Midi .
M. BUREAU DE viLLENsevB : Jc VOUS proposo Mcssicurs, en raison
de la demande de plusieurs de nos collègues, de choisir le mer-
credi qui précède nos réunions pour tenir la séance du Conseil, à 8
heures du soir.
La proposition est adoptée.
La séance est levée à 9 heures 45 minutes.
Le secrétaire de la séance^
C. Hauvel.
Le Gérant : Félix Garon.
CLSR1IONT-DB-L*OXSB. — IHPRIUERIE A. PAIX, RUB DE CONDâ, 27.
~ 91 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Mémoire sur la probabilité d'atteindre un but de forme quelconque
ar P. Bréger, capitaine d'artillerie de la marine, chez Tanera, éditeur
rue de Savoie, 6.
Annual report of the board of relents of the Smithsonian institution
for the year 1874. Washington Government printing office.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufectures, chez J. Baudry^ éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
Rivista degli studî di Locomozione e Nautica Nell' Aria, di Pascal
Cordenons. — Rovigo Regio Stabilimento del Cav. Minelli, 1875.
A. Sircos et Th. Pallier: Histoire des ballons et des Ascensions cé-
lèbres, illustrée par A. Tissandier et les meilleurs artistes, chez F. Roy,
éditeur.
Aéoronautica nuovo artifîzio onde accrescere o scemare la forza attol-
Icnte di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Pour les articles imprimés daas les publications périodiques, voir les
extraits des procès-verbaux de la Société de Navigation aérienne.
Les hait premières années de TAéronauts sont actuellement eu
vente aux prix suivants :
AMNiR 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément S >
AMNtes 1869, 1870, 1871 et 1872 — Chacune 12 livraisons.. 12 >
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Annéks 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6 »
Chaque livraiuon » 75
La collection complâtb, avec l'année 1876 85 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAéronautb forme une véritable encyclopédie
fllustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de rAÉRONMJTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de l'AiROMAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 8 francs, suivant la rareté
et la pqipreté des exemplaires.
i:j'A.ElKOISrA.XJTE
SOMMAIRE
MARS T87e
Le Mousquet a ballons de M. Krupp, par M. Oaeton
Tissandier, (une gravure dans le texte).
Perfectionnements d^ns la construction' des aérostats par
M. Henri Ghiffard.
Correspondance : Lettre de "M.. Adrien Duté -Poitevin. '
Les lois de suspension des corps pesants en mouvement dans l'at-
mosphère, par F. H. Wenliam, esq. membre de la Société
aéronautique de la Grande-Bretagne, traduction par M. James
Macjq."tiarie (2* article).
Extraits des procès- ver baux de la Société française de Navigation
aérienne par les secrétaires de la Société.
Séance du 26 janvier 1876. Accident du Washington^ Patins à
ressorts. "MTVT. Hiireau. de Villenenve, Alplionse Pé- '
nand. Comité secret.
Séance du 9 février 1 876. Projet de traverser la Méditerranée en .
ballon. M. Adrien XDuté-Poitevin.
Faits divers. Bibliographie aéronautique.
l'aÉRONAUTK parait tous les MÔI3
rédaction et abonnements
95, RUE L-AFAYETTE, 95
PRIX DB l'année courante '.
Un numéro t TU centime»
Paris : 6 fr. par an. — DiI^parteuents : 7 fr.
Autriche-Hongrie, Danemark, Egypte, Espagne, Grande -Brbtagnk
Grâce, Italie, Luxembourg, Monténégro, Norwége,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, So&de, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 13 fr.
Chine, Inde, Cochinchine, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements en Allemagne
L'abonnemeut commence au 1*' janvier
Il continue jusq^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom de
M. HuRBAU OE Villeneuve, rue Lafayette, 95.
Nos abonné* en reteiHl «ont Instamment prié» 4»
envoyer de suite le montant del eur aouaorlptfOMy
9», IttJB E..%FA.YETTB, OU
Ctenn«nt<^>iM. — lwfri««rM A» Bail, rM 4« CM4è, 17%
NAVIGATION AERIENNE
rONIti Kl DIKIoi FAK
J^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
lijIW «tllBiiiai. SnMUIn liDlnt U li
SOCifiTË FRANÇAISE DE NAVIOATION AÉRIENNE:
Affnmytt r« MeMoa MU.it HintotM d* nuinalkM Fikllqw, d« CiIM «dn Bwii-Aru.
AVRIL 1876
VAMi : <l nuuics par ak. — DipAttTBUBHTS : 7 raufos.
UH mbhAro : 75 okntikbs
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LA FAYETTE, 9 5
— M —
Le comité de rédaction de rAÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Hauvel, Gaston Tissandier et Al-
bert Tissandier. Le comité ne se considère pas comme respon-
sable des opinions scientifiques émises par les auteurs. Les
manuscrits ne sont^pas rendus. Les travaux relatifs à l'art mili-
taire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Ministre de la
Guerre, mais no sont pas insérés .
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Extraits des procès-verbaux de la Société franqaisb db Navioatioh
AÉRIENNE, approuvée par décision de M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique. ^
Discours d*ouvbrti7re de la Séance générale du 3 Décembre 1875,
par M!. Fanl !Bert, professeur à la Sorbonne, président de la
Société.
Rapport sur les progrès de la Navigation aérienne, par ^. Su-
reau, de Villeneuve, secrétaire général.
Le Mousquet a. ballons de M. Krupp, par iS^. Ghastou Tifisan*
dier (une gravure dans le texte)
Perfectionnements dans là coNantucmni des aorostats, par
M. Henri Gifîard.
La Société française de Navigation aérienne, approuvée par déci-
sion de M. le Ministre de l'Instruction publia ue^ se réunit les 2« et
4« mercredis de chaque mois, à huit heures du soir, au Cercle aéro-
nautique, rue Lafayette, 95 ; sauf le temps des vacances, août et
septembre. Son bureau est ainsi constitué pour Tannée courante :
Président, M. le D" P. Bert, député à l'Assemblée nationale, pro-
fesseur à la Sorbonne ; vice-présidents, MM. le colonel du génie
Laussedat, président de la commission des aérostats militaires an
ministère do la guerre, le D*'Marey, professeur au Collège de FrancCt
Rampent, député à l'Assemblée nationale,- ancien Directeur général
des postes et Gaston Tissandier, chimiste ; secrétaire général, M. le
docteur Hureau de Villeneuve ; secrétaires, MM. Jules Armen-
faud, ancien élève de FEcole polytechnique, 0. Frion, chimiste,
Ibert Tissandier, architecte, Duroy de Bruignac, Ingénieur des
arts et manufactures; archiviste, Ch. Hauvel, ingénieur des
arts et manufactures ; trésorier, M. Félix Caron ; membres
du Conseil: MM. Dupuy de LÔme. membre de l'Institut, Gauchoi,
ingénieur, Janssen, membre de l'Institut, Jobert, constructeur-
mécanicien, Hervé Maugon, membre de l'Institut, Motard, ancien
élève de l'école polytechnique, A Olivier, ancien négociant, Re;-
noir, chef de station des lignes télégraphiques. La cotisation des
membres est de vingt-quatre francs par an. Les statuts
sont envoyés gratuitement contre demande affranchie. Les com-
munications destinées à cette Société, aux Sociétés aéronau-
tiques de la Grande-Bretagne, de New-York, de la Havane et à la
Société d'aviation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur
Hureau de Villeneuve, secrétaire général de la Société française de
Navigation aérienne, directeur de VAironaute^ rue Lafayette, 95.
Les Dons sur la poste doivent être adressés à son nom.
La bibliothèque et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
Eour les membres, tous . les jours, de dix à onze heures, rue
afayette, 95.
L'AÉRONAUTE
0' ANNÉE. — m" 4. — AVRIL 1876
c^-ss^ias^-ao
XAVIER DE MAÏSTRE
AÉBONAUTE.
uelquesbiographes de Xavier de Maistre
ont vaguement parlé d'une ascension
aérostatique qu'il exécuta à Chambéry
en 1784, peu de tempa après la décou-
verte des frères Montgolfier. Mais cette
expédition, entreprise dans le fond de la
Savoie, n'eut presque aucun retentisse-
ment. Elle ne tarda pas k tomber si profondément dans
l'oubli, que nulle histoire des ballons n'en fait mention.
Il n'est presque personne aujourd'hui qui n'ignore abso-
lument que l'auteur du Voyage autour de ma chambre &
débuté dans la carrière littéraire par un éloquent plaidoyer
en faveur des ballons^ et les aéronautes- les plus com-
pétents ne savent certainement pas que le nom de Xavier
de Maistre, depuis longrtemps inscrit parmi ceux des écri-
vains lea pluH fins et le^ plus délicats, doit se placer aussi,
h côté de ces autres noms glorieux de Pîlîltre de Rozier,
du marquis d'Arlandos, de Charles, de Robert, c'est^-dire
des premiers navigateurs aériens.
On ignorerait sans doute longtemps encore ce fait in-
téressant sans les recherches d'un savant fort érudit, M.
Jules Philippe, qui, pour la première fois depuis un siècle
bientôt, vient de mettre en lumière le germe d'un ta-
lent presque unique, en rééditant les brochures incounues
que Xavier Je Maistre a publiées à Chambéry en 178-1, alors
/
y'
X
— 06 —
qu'il n'avait pas plus de vingt ans (1). M. Philippe a envoyé
son ouvragée à. la Société de navigation aérienne et nous
Sommes heureux d'avoir à en rendre compte. C'est une
bonne fortune de pouvoir jeter les yeux sur les premières
pag'es de Xavier de Maistre, et de faire tout à la fois la dé-
couverte en lui d'un des premiers aéronautes français.
Lorsque la nouvelle de l'expérience des frères Montgol-
fier parvint à Chambéry, elle y excita, comme partout dans
l'Europe entière, un vif sentiment d'admiration et de cu-
riosité. Des jeunes gens formèrent le projet d'ouvrir une
souscription pour construire un ballon, et exécuter une
ascension ; à leur tête se trouvait le jeune chevalier de
Chevelu, qui peut être regardé comme le promoteur de
l'idée. Xavier de Maistre, alors volontaire au régiment de
la.marine sarde, était en permission à Chambéry. Il avait
vingt ans. Il prend fait et cause pour ce projet, et il se chat-
ge de rédiger le Pro^'pecius de l'expérience aérostatique de
Chambéry^ à laquelle il allait prendre part, avec un ma-
thématicien de ses amis nommé Louis Brun (2)«
Xavier de Maistre, en parlant de la découverte des
Montgolfier» répond tout d'abord, dans cet opuscule, à
la voix aigre de la critique qui s'est fait entendre au mi-
lieu des clameurs de l'admiration...
ce Grand philosophe I dont rœil, tout à la fois perçant et sévère,
voit toutes les faiblesses et n'ea pardozme aucune, s'écrie le jeune
écrivain, daignez fh)ncer cet auguste sourcil à Taspect seul d'un
ballon ; songez quelquefois combien vous seriez porté à pardon-
ner l'enthousiasme public si vous en étiez l'objet, et souvenez-voua
que Torgueil national est comme l'amour paternel : il faut savoir
pardonner quelques enfantillages.
c Mais à quoi servent les ballons? — Écoutez, illustres critiques I
C'est parce que nous ne le savons pas que nous faisons des ballons
pour Tapprendre. Contemporains des premiers globes électriquos,
(1) Les premiers essais de Xavier de Maistre, — Une brochure
in-8, — L'Hoste, hbraire, à Annecy ; A. Perrin, libraire, à Cham-
béry, 1876.
(2) Prospectus de Vexpérience aérostatique de Chambéry pu^
hlié au nom des premiers souscripteurs, Chambéry, chez F. Pu-
thodt libraire-éditeur. Avec permission 1784.
— 97 —
vous auriez sans doute conseillé de les briser, comme tous voudriez
maintenant brûler nos ballons... En général^ toute découverte qui
apprend à Thomme des faits dont il ne se doutait pas, ou
qui rinveatit de forces nouvelles, doit être accueillie avec trans-
port, parce qu'avec ces forces ou ces connaissances, il peut voya-
ger à travers une région inconnue aux générations passées, et
que c'est pour lui le comble de Pimprudence et même du ridicule
de dire hardiment : < Je ne veux point visiter ce pays, je n'ai
rien à y voir, v sans savoir ce qu'il peut y chercher, et bien moins
ce qu'il peut y trouver sans le chercher. :*
Xavier de Maistre entre ensuite dans les détails de la
construction de l'aérostat, qui contiendra « 87,143 pieds cu-
bes d'air raréfié,^ et déplacera un poids de 7,625 livres d'air
atmosphérique. § Il annonce que le départ aura lieu du 18
au 20 avril 1784, h l'enclos du Buisson-Rond.
c II nous semble, continue Tardent apôtre des ballons, que tout
amateur et même tout bon citoyen doit s'intéresser à l'exécution
de cette belle expérience : au Ueu d'envisager froidement ou de
rabaisser une découverte intéressante, il est bien plus digne de
vrais philosophes d'en répéter le procédé, de l'examiner dans tous
les sens, et de se rendre, pour ainsi dire, les airs fatnilierSé
c On demande tous les jours si l'on parviendra à diriger les bal«
Ions ? Sans doute, on y parviendra d'une manière plus ou moins
parfaite... Mais sera-ce donc en spéculant devant nos pupitres
que nous parviendrons à perfectionner l'usage des ballons ? Qu'il
nous soit permis d'en douter ; honneur à la théorie, mais quand
elle ne s'appuie pas sur l'expérience elle est sujette à faire d'é-
tranges chûtes... C'est en Vair que les auteurs dotant de pamphlets
majestueusement intitulés ; Moyen "de diriger les ballons devien-
draient peut-être modestes, à force de honte ; c'est en Vair que
nous apprendrons certainement si Ton peut s'aider de Vaction de
l'air^ ce qui est fort douteux, ou seulement de Vaction sur Vair^
ce qui est très-probable.
... « Mais ce qui nous occupe sUr toutes choses, c'est d'exciter,
par un spectacle frappant, le goût des sciences, et surtout celui
do la physique expérimentale ; c'est de favoriser, d'accélérer dans
notre patrie une certaine fermentation qui se fait sentir dans tous
les esprits, et qui ne nous parait pas moins intéressante pour être
aa peu tardive, car nous aimons à croire qu'une virilité retardée
annonce un tempérament robuste. Nous désirons que tout jeune
homme, ea voyant cette masse imposante se déployer pompeu-»
1^ "^
i
I ■
î
— 98 —
sèment, et s'élever dans les airs, se dise à lui-même qu'il peut
prétendre à la môme gloire ; que la même carrière est ouverte à
ses efforts ; qu'il faut se garder de dire « tout est trouvé 9^ et que
l'intelligence, dans son vol infini, ne redoute qu'une barrière — la
paresse.
« Livrons-nous donc avec confiance à cette physique ex-
périmentale, la seule vraie, la seule utile, ne négligeons point les
calculs, les théories savantes : mais connaissons aussi le prix d'une
certaine pratique investigatrice, qui ne passe légèrement sur rien,
qui furette sans cesse dans Tunivers, s'arrête devant les moindres
objets, remue, pèse, décompose tout ce qu'elle peut apercevoir, et
prenant la raison par la main, tâtonne encore dans les ténèbres,
en attendant la lumière ; joignons même aux spéculations les pro-
cédés des arts, et ne croyons pas déroger en quittant quelquefois
une formule d'algèbre, pour prendre la lime et le rabot. >
Ce charmant Prospectus fut publié à Chambéry ; il porte
la date du 1" avril 1784, sans sigrnature. Le jeune Xavier de
Maistre ne prévoyait ni les déceptions ni les déboires qui
s'offrent si souvent à rencontre des entreprises hardies.
Nous allons voir par quelles traverses il dut passer avant
de s'élever dans l'atmosphère.
Xavier de Maistre et ses compagnons avaient construit
leur aérostat sans le concours d'aucun praticien ni d'aucun
ouvrier ayant assisté aux expériences précédentes des frères
Montgolfier ou de Charles et Robert. Lorsque le 22 avril
arriva, le ballon fut porté dans l'enclos du Buisson-Rond ;
il fut gonflé à l'air chaud au milieu d'un grand nombre
d'assistants et de dames que le Prospectus ^vait spéciale-
ment appelées ; mais son filet et sa galerie étaient trop
lourds ; il ne s'enleva pas, et par surcroît de malheur, le feu
en brûla plusieurs côtes.
Les railleries et les épigrammes ne manquèrent pas de
tomber comme grêle sur la tête des infortujiés jeunes gens ;
un religieux, du nom de Domergue, publia, sous le couvert
de l'anonyme, une réponse mordante au Prospectus de Xa-
vier de Maistre. Cet écrit avait pour titre : Lettre de Vher"
mite de NivoUt sur l'expérience aérostatique faite à Charnu
béry le 22 avril 1784 ; on n'y épargnait guère les aéronautes.
Xavier de Maistre et ses amis, loin de se décourager, se
remirent au travail avec ardeur ; ils s'efforcèrent de répare
i >. ( <.
i'i..r,,
1
— 09 —
un échec qui leur valait tant de déboires ; ils y réussirent-
Le 6 mai 1784 le ballon s'éleva dans les airs.
L'entrepçse une fois terminée, Xavier de Maistre se char-
gea d'en faire le récit. Il reprit la plume, et il publia la
relation complète de son voyage sous le titre suivant : Let-
tre de S. à M. le comte de C... off... dans la L... des C,:. (1)
contenant une relation de l'expérience aérostatique de €ham-
béry (2).
Dans les premières pages de cet opuscule, non moins
intéressant que le Prospectus^ le futur auteur du Voyage
autour de ma chambre parle d'abord des « malheurs du
22 avril. » Il raconte que c'est en voulant faire tout par
eux-mêmes que ses compagnons et lui ont commis des er-
reurs dans la construction du ballon. « Nous nou^ étions
environnés volontairement, dit Xavier de Maistre, de toutes
les difficultés qu'entraîne l'inexpérience, uniquement pour
avoir le plaisir de les vaincre. Ce trait de vanité nationale
(la seule bonne, par parenthèse) nous a valu une petite hu-
miliation passagère. »
L'aérostat ne tarde pas à être réparé ; il est porté dans
l'enclos du Buisson-Rond, et gonflé le 6 mai à l'air chaud.
Les voyageurs devaient être au nombre de trois ; le chevar
lier de Chevelu, Xavier de Maistre et M. Brun ; mais le
père du premier s'opposa formellement au départ de son
fils. Quant à Xavier de Maistre, il garda le silence le plus
complet sur son projet de voyage. Au moment du départ,
il se croisait tranquillement les bras, en uniforme, et grâce
à la disposition des lieux, il put & un moment donné se ca-
cher au fond de la nacelle en se couvrant d'une toile. M.
Brun prend place à côté de lui, et quand il juge la force,
ascensionelle de l'aérostat suffisante, il tire un coup de pis-
tolet, signal convenu pour faire lâcher les cordes. Le
ballon s'élève.
c A. quelques tMses d'élévation, dit Xavier de Maistre, M. Brun
se tourne sur Tenclos et salue rassemblée avec beaucoup de sang-
Ci) C'est-à-dir Officier dans la Légion des campements,
(2) Imprimerie de M. Gorain, imprimeur du roi : chez F. Pulhod,
libraire-relieur, rue Saint-Dominique.
-. 100 -
froid. Son compagnon, sentant qu'il était temps de quitter sa
première attitude, se lève, prend le porte-voix et fidèle aux pro-
messes du Prospectus, il crie de toutes ses forces : Honneur aux
PAM^sl Mais il ne fut guère ouï que des hauteurs voil^ines.
f Cependant le globe s'élevait avec une rapidité prodigieuse,
mais presque perpendiculairement, au grand déplaisir des voya-
geurs oui regrettaient bien une de ces bouffées de vent qui les
avaient tant impatientés précédemment. Arrivés à une très-grande
hauteur, un léger courant les entraîne lentement du côté de
Challes, dans la direction nord-est du lieu de départ. Malgré ce
malheureux calme qui avait duré douze minutes, et malgré la fai-
blesse du vent qui s'élevait, le bon état de la machine et la sé-
curité parfaite des voyageurs leur faisaient entrevoir uu succès
peut-être sans exemple* Mais comme il faut toujours que, dans
ces sortes d'occasion, on commette quelque faute par défaut d'ex-
périepce, on s'était trompé sur la quantité des combustibles né-
cessaires : 180 livres de bois paraissaient une provision suf&sante.
On était dans l'erreur, et cette erreur a rendu l'expérience beau-
coup moins brillante. ?>
Le jeune aéronaute s'était muni d'un baromètre et il es-
time la plus g*rande hauteur atteinte h 506 toises (986
mètres). Il confesse un peu plus loin que ce chiffi*e est
douteux, car rinstrument se cassa, et voici comment il le
raconte :
ff Faites seulement vos observations, dit le chevalier Maistre à
M. Brun, je me charge du feu. — Boni dit ce dernier, j'ai cassé
mon baromètre (on n'en avait emporté qu'un ; n'en dites rien, au
nom de Dieu 1). — Et moi, reprit son compagnon, je viens de
casser le manche de ma fourche.... »
« . . . . Tandis que le ballon voyageait, poursuit Xavier de Mais*
tre, la mère de M. Brun qui n'avait pas eu le courage d'assister
au départ l'aperçut en l'air du milieu d*une place où elle passait
par hasard. — « Ah! mon Dieu I s'écria-t-elle je ne verrai plus
mon cher enfant I » Elle ne ]e vit que trop tôt car les provisions
manquaient aux deux phaétons. Pour plus grande sûreté, et sur
l'avis du célèbre physicien M. de Saussure, on avait réduit à
deux le nombre des voyageurs ; le filet était supprimé et la
galerie allégée. On aurait pu augmenter considérablement la
quantité des provisions. Le volume des fagots trompa les yeux ;
c'est à peu près la seule foute qu'on ait commise, mais elle était
considérable. Furieux de se voir forcés de toucher terre avec un
ballon parfaitement sain, les voyageurs brûlèrent tout ce qu'ils
— 101 —
ponTaient'brdler. Ils avaient une quantité de boules de papier im--
bibé d'huile, beaucoup d'esprit de vin, des chifPbns, un grand nom-
bre d'épongés, deux corbeilles contenant le papier, deux seaux dont
ils versèrent l'eau ; tout fut jeté dans le foyer. Cependant le bal-
lon ne put se soutenir en l'air au delà de vingt-cinq minutes, et
il alla tomber à la tête des marais de Challes, à une demi-lieue en
droite ligne de l'endroit du départ, mais après avoir éprouvé dans
Bon cours deux ou trois déviations assez considérables...
c Telle est l'histoire âdèle de notre ballon, intéressante peut-
être, parce qu*il était supérieurement construit, parce qu'il s'est
élevé avec une rapidité surprenante, parce qu'il ne portait que
44 ans ; parce qu'il a été conduit avec assez de sang-froid et
d'intelligence, et qu'il n*a pas souffert la plus légère altération
c A rinstant où le ballon toucha terre, un carrosse conduit à
toute bride s'empara des voyageurs, et fut bientôt suivi de tous
les autres. On revint à Buisson-Rond: on fit monter les deux jeu-
nes gens sur Testrade, où ils furent présentés au public, fêtés,
couronnés par madame la comtesse de Cevin, par madame la ba-
ronne de Montailleur, dont les charmants visages payèrent de la
meilleure grftce la dette contractée par le Prospectus i
Les heureux aéronautes sont conduits chez la mère do
Ton d'eux, madame Brun, qui « triompha du triomphe de
son fils >, puis chez c S. E. M. le gouverneur», qui fit au
chevalier de Maistre la grftce de lui accorder un délai de
deux jours pour se reposer et rejoindre à Taise son régiment.
On ne saurait dire si le spirituel auteur inVoyage autour
de ma chambre se rappela plus tard cette belle journée de
sa première Jeunesse et s'il dirigea parfois son esprit vers
Taéronautique qui avait captivé son enthousiasme au dé«
but de sa carrière. Quoi qu'il en soit, la journée du bal-
lon ne doit pas être oubliée par le» historiens de la naviga-
tion aérienne ; on est heureux de retrouver dans les premiers
temps de cette curieuse histoire des ballons une page
charmante, trop longtemps effacée, et de mettre en relief
quelques traits presque absolument ignorés du caractère si
sympathique d'un des plus séduisants de nos auteurs : l'é-
nergie, la hardiesse, le sang-froid, l'amour de l'explora-
tion scientifique.
Il n'est pas inutile d'ajouter en terminant, que Xavier de
Maistre s'était préoccupé aussi des appareils de vol méca-
— 102 -
nique comme Tatteste le passaj^fe suivant que l'on peut lire
dans VExpédition nocturne autour de ma chambre :
«... A peine eus-je ouvert un tiroir dans lequel j'espérais trouver
du papier, dit le spirituel écrivain que je le refermai brusquement,
troublé par un des sentiments les plus désagréables que Ton puisse
éprouver, celui de Tamour-propre humilié. L'espèce de surprise
dont je fus saisi dans cette occasion ressemble à celle qu'éprouve
un voyageur altéré, lorsqu'approchant ses lèvres d'une fontaine
limpide, il aperçoit une grenouille qui le regarde. Ce n'était ce-
pendant autre chose que les ressorts et la carcasse d'une colombe
artificielle, qu'à l'exemple d'Architas, je m'étais proposé jadis de
faire voler dans les airs. J'avais travaillé sans relâche à sa cons-
truction pendant plus de trois mois : Le jour de l'essai venu, je la
plaçai sur le bord d'une table, après avoir soigneusement fermé la
porte, afin de tenir la découverte secrète, et de causer une aima-
ble surprise à mes amis. Un fil tenait le mécanisme immobile. Qui
pourrait imaginer les palpitations de mon cœur et les angoisses d^
mon amour-propre, lorsque j*approchai les ciseaux pour couper le
lien fatal ?••• zest... le ressort de la colombe part et se développe
avec bruit. Je lève les yeux pour la voir passer ; mais, après avoir
fait quelques tours sur elle-même, elle tombe et va se cacher sous
la table. Rosine (1) qui dormait là, s'éloigna tristement. Bosine
qui ne vit jamais ni poule, ni pigeon, ni le plus petit oiseau sans
les attaquer et les poursuivre, ne daigna pas même regarder ma
colombe qui se débattait sur le plancher... (2) »
Il est impossible de dire & quelle époque Xavier de Mais-
tre, construisit l'oiseau mécanique, dont il mentionne ici
l'insuccès, il est probable qu'il a dû le faire au moment où
la navigation aérienne avait attiré son attention, c'est-à-
dire à une époque voisine de la journée du ballon.
Gaston Tissandier.
(1) La chienne de Xavier de Maistre*
(2) Expédition nocturne autour de ma chambre^ chap. IX.
OBSERTATIONS CRITIQUES
SM LBS ASCENSIONS A GRANDE HAUTEUR
1 y a un an encore, il était générale-
ment admis que les ascensions à grande
hauteur pouvaient présenter des dan-
gers sérieux au moment de la descente,
par suite de la dilatation et du refroidis-
: sèment du gaz et, par suite delà grande
I rapidité de cette descente, mais non pen-
dant l'ascension elle-même. On savait que l'on pouvait
souffrir du froid et de l'engourdissement, mais, en tout
cas, la mort n'étant jamais survenue dans de semblables
conditions, ne semblait pas à craindre. Les écrivains qui
avaient fait l'histoire des ballons, ne nous disaient-ils pas
que Blanchard était monté à trente-deux mille pieds (10,500
mètres) et M. Glaîaber k onze mille mètres.
En vain, M, Bert avait démontré, par ses expériences dans
sedclocbesàfairelevide, que c'était vouloir exposersavie
que de monter à des altitudes semblables sans le secours
d'une respiration artificielle. On répétait constamment que
tout cela avait été fait et qu'il n'y avait plus d'intérêt à le
faire. Grocé Spinelli etSivel, dans leur ascension du 22 mars
1874, s'étaient élevés à 7,300 mètreEi et avaient prouvé la vé-
rité de leurs assertions au moyen de baromètres témoins
cachetés avant le départ. On leur répondait: Qu'y a-t-il d'é-
tonnantà cela. M. Glaisher est monté biep plus haut!
Il semblait même qu'il y avait, dans la persistance de ces
affirmations, un certain sentiment de dénigrement. On ne
voulait pas admettre que deux hommes, inconstestablement
deux savants, pussent dire quede tous les Français ils étaient
montés le plus haut. On semblait cherchera diminuer l'im-
portance de leurs travaux en les plaçant toujours au-dessous
de ceux des Anglais.
Ces a&sertionsmalveillantes avaient vivement affligé Sivel,
— 104 —
mon beau-frère, non qu'il f&t jaloux de M. Glaisher» car il
était Tun des plus grands admirateurs de cet homme il*
lustre, mais il avait suffisamment senti l'influence de Tas-
phyxie, dans sa première ascension à grande hauteur pour
être convaincu que, dans les calculs du savant anglais, il
s'était glissé quelqu'erreur. Il avait pris le cube du ballon
de M. Glaisher,la force ascensionnelle du gaz employé, le
poids total de l'appareil et il était arrivé à démontrer que
le ballon n'était pas monté jusqu'à onze mille mètres.
Je n'ai pas entre les mains les calculs qu'il a faits, mais
j'espère les avoir bientôt et je me ferai un devoir de les
publier. Sivel se faisait le raisonnement suivant :. On M.
Glaisher est monté à onze mille mètres et j'irai aussi haut
que lui, car les Anglais n'ont pas d'autres poumons que
les Français, ou je sentirai bien que je ne puis monter plus
haut et je m'arrêterai.
Malheureusement^ le raisonnement de mon pauvre beau-
frère était faux, car Tun des premiers symptômes de l'as-
phyxie est l'évanouissement et quand il aurait dû manœu-
vrer pour redescendre il avait déjà perdu connaissance.
C'est par suite de son ardeur patriotique que Sivel outre-
passa, le 15 avril 1875, les instructions de la Société de Na-
vigation aérienne et, qu'au lieu de s'arrêter à 7,500 mètres,
comme le lui avait ^ recommandé M. Hervé Mangon, il
poussa jusqu'à 8,500 mètres.
Quelque temps après la mort de Sivel et de Grocé Spi-
nelli, quelques savants français se demandèrent si, réelle-
ment, MM. Glaisher et Coxwell étaient montés à la hauteur
que l'on cite constamment.
M. Glaisher garda en face de ces affirmations le silence
digne d'un vrai savant, mais M. Coxwell écrivit dans les
journaux anglais une lettre assez vive dans laquelle il de-
mandait s'il existait un homme qui eût l'audace de douter
de sa parole. S'il en existait un, il le défiait de faire avec
lui et une troisième personne une ascension à la plus gran-
de hauteur à laquelle il serait possible de monter.
Je neveux pas répondre à ce défi; mais je ferai remarquer
à M. Coxwell que M. Glaisher ne l'a jamais cité ni traité
comme son collaborateur.
— 105 —
Je préfère donc m'en rapporter à la parole seule de M.
Gla|sher, d'autant plus qu'il y a dans la narration de cette
ascension une histoire qui me semble vraiment bien in-
vraisemblable.
Cest le fait de M. Coxwell qui, les maina paralysées, au-
rait ouvert avec ses dents la soupape pendant que M. Glais-
her était évanoui.
Je n'ai pas les mains paralysées, je ne suis pas affaibli
par Fasphyxie, j'ai d^excellentes dents, je suis assez vig'ou-
reux; mais je n'ai jamais pu ouvrir ma soupape par le
procédé indiqué par M. Coxwell.
Je veux dans ce mémoire chercher quelles sont les altitu-
des les plus grandes qui aient été atteintes jusqu'à ce jour,
et si M. Coxwell conteste la vérité de mes paroles je lui pro-
pose de le soumettre, dans la cloche de M. Bert, et la pres-
sion barométrique de 165 millimètres, pression correspon-
dant à l'altitude de onze mille mètres. J'espère qu'il n'ac-
ceptera pas, car, dans ce cas, je n'aurais plus, après
l'expérience, qu'à rendre son cadavre à sa famille.
Les documents relatifs aux premières années de l'his-
toire des ballons, ne sont pas assez complets, pour qu'il soit
possible de mentionner exactement les grandes altitudes
atteintes par les anciens aéronàutes. Blanchard paraît avoir,
un des premiers, subi l'influence de la dépression atmos-
phérique dans les hautes régions de l'air. Dans le récit qu'il
fait de son ascension^ exécutée à Gand le 20 novembre 1785,
il prétend, mais hâtons-nous de le dire, sans preuve sérieuse
à l'appui, qu'il s'éleva à trente-deux mille pieds ! Il n'est
pas possible d'ajouter foi à cette affirmation qui a du reste
été vivement contestée par Lalande. Blanchard raconte
cependant qu'il éprouvait un froid c que jamais mor-
tel n'a ressenti dans les climats les plus rigoureux et qu'il
était soumis à un engourdissement prélude d'un sommeil
dangereux. » (1).
Nous ne chercherons pas ici à parler des récits plus ou
moins fantaisistes qui ont pu être publiés sur des voyages
(/) Relation du seipème voyage aérien de M, Blanchard, fait à
Gand^ le 20 novembre 1875. iTne orochare grand in-8. Gand 1876.
TABLEAU comparatif des plus hautes ascessions )
avec les pressions baron
fXQâtpiea et d«3 plus hautes montagnes du globe,
tncjaes correspondantes .
- 10» - . -H
aériens à grande hauteur, BitU iious passerons en revue idi
les faits véritablement scientifiques qui sont désormais ac- \m
quis à Taérostation, en les accompagnant de quelques ob- ^m
servations critiques que nous croyons nouvelles. sice
En 1803, Robertson accompagné de Lhoest, exécuta à ^^ ]
Hambourg, le 18 juillet 1803 U première ascension scientifi- rein
que à grande hauteur. On Ut dans plusieurs ouvrages, et j^
notamment dans les Merveilles de la science de M. Figuier I^
(tome II, p. 530), que les voyageurs ont atteint la hauteur b^^ç
de 74D0 mètres. Ce chifiEre souvent admis pour ce voyage aé- ati
rien, n'est pas exact. En eflfet, en se reportant aux documents ■ .^
primitifs, c'est-à-dire aux .M^^oîrcs de Robertson (Paris :^
1840, ton>e 11% p. 83), on trouve mentionnée la hauteur y;^
maxima de 3679 toises, oe qui équivaut seulement à 7170 ^^
mètres, le toise valant l* 949". ^t
Le 16 septembre 1804, Gay-Lussac atteignit l'altitude de -!
7016 mètres ; le 27 juin 1S60, MM. Barrai et Bixio s'élevèrent,
d'après leurs affirmations, h 7039 mètres.
Nous n'avons pas de critiques ni d'observations à faire
sur ces voyages, mais nous allons avoir à en formuler plu-
sieurs au sujet des célèbres et remarquables ascensions de
M. J. Glaisher, racontées dans l'ouvrage Voyages aériens^
publié en 1870 par la Librairie Hachette. Les récits de M.
Glaisher ont sans doute été mis en français par un traduc-
teur peu soigneux, car ils diffèrent, en bien des points, du
texte que nous trouvons dans une édition anglaise postiV-
rieure pTravels in the air 187V, n^ais qui porte sur le titre
cette mention importante : Editbd bt jahbs ol4isher. Citons
de suite ces désaccords.
Dans l'édition française (Voyages aériens page 72), la hau-
teur maxima atteinte dans l'ascension du 18 avril 1863, de
Grystal Palace à New-Haven, est indiquée sur le diagramme
7900 mètres, dans le texte 7800 mètres, et dans l'édition an-
glaise 24,000 pieds, ce qui correspond, le pied anglais valant
0"30479 décimètres, à 7314 mètres seulement. La différence
de 486 mètres est assez importante pour être mention-
née.
Dans l'édition française (Voyages aériens page 84), le
diagramme de l'ascension du 26 juin 1863 donne une alti-
4
L
— 109 —
tude de 7100 mètres, le texte indique 7600 mètres ; l'édition
anglaise donne encore 24,000 pieds ou 7314"'.
Laissons donc de côté l'édition française où nous aurions
encore k mentionner d'autres erreurs, notamment pour
l'ascension du 5 septembre 1862, où le diagramme donne
une hauteur de 8000 mètres, et où le texte indique 8838
mètres. Reportons-nous à l'édition anglaise, éditée par M.
Glaisher.
Dans sa première ascension (17 juillet 1862; l'édition
française dit 30 juin), M. Glaisher, publie Un diagramme où"
la courbe de l'ascension dépasse 26,000 pieds (7924 mètres).
Dans l'ascension du 18 août 1862, l'aérostat s'élève à 24,000
pieds C7314 m.) ; le 18 avril 1863, & 24,000 pieds, et le 26 juin
1863, à 24,000 pieds encore. Ces trois ascensions, d'après le
texte, auraient donc été exécutées identiquement à la même
hauteur. Les altitudes indiquées sur les diagrammes sont
un peu moindres, elles sont en effet seulement de 23,500
pieds, 23,750 et 23,400.
Ces désaccords sont regrettables et Jettent le trouble dans
la précision des faits.
L'ascension la plus remarquable, sur laquelle noUB nous
arrêterons plus spécialement est celle du 5 septembre 1862,
où &(. Glaisher accompagné de Coxwell, affirme avoir at-
teint l'altitude de 29,000 pieds (8838 mètres), hauteur à
laquelle il interrompit la lecture de ses instruments en
perdant connaissance. Mais, dans son récit, il va plus loin,
et se basant sur des calculs dont nous allons examiner la
valeur, il prétend que le ballon a dû monter à 37,000 pieds
(11,277 mètres).
M. Glaisher dit qu'il connaissait la vitesse d'ascension de
Taérostat au moment où il s'est évanoui, sa vitesse de des-
cente au moment où il s*est réveillé, et le temps écoulé
entre les deux observations. Il déduit la hauteur atteinte
par la résolution de deux équations du premier degré. Ce
calcul ne serait exact que si le ballon avait conservé une
vitesse constante; ce qui est tout à fait inadmissible. Cette
vitesse a dû diminuer rapidement, pour devnnir nulle, et il
est à présumer que l'aérostat a plané horizontalement à
une hauteur très voisine du lieu où l'observateur s'est éva-
n
— 110 —
noui. M. Glaisher confirme cette hypothèse par la tempéra-
ture fournie par un thermomètre à minima, qui marquait
— 24®. La décroissance ayant été de 1 degré environ par 200
mètres, à des niveaux inférieurs, l'observateur admet encore
qu'elle a dû être constante, ce que rien ne peut justifier et
ce que des faits nombreux et authentiques contredisent, au
contraire, dans un grand nombre d'ascensions. M.Glaisher
s'aperçoit lui-mâme, du reste, de l'insuffisance de ses argu-
ments, et il se contente de dire textuellement: « the bal-
lon must hâve attained the altitude of 36,000 or 37,000 feet. »
C'est donc à tort que quelques auteurs ont admis pour la
grande ascension du savant anglais l'altitude de 11,000 mè-
tres. Restons-en au chiffre de 8838 mètres.
L'ascension exécutée à 7300 mètres par Sivel et Crocé
Spinelli, le 22 mars 1874, l'ascension fatale du Zénith^ qui,
le 15 avril 1875, a conduit les mêmes observateurs, accom-
pagnés de notre collègue Gaston Tissandier, à 8600 mètres,
sont les seules où les altitudes aient été fournies par des
baromètres témoins, indispensables instruments des ascen-
sions à grande hauteur.
La dernière ascension du Zénith a donné lieu à un cer-
tain nombre d'observations auxquelles nous croyons devoir
répondre par des faits. On a dit que l'ascension exécutée à
8600 mètres par Sivel, Crocé Spinelli et Gaston Tissandier,
avait été beaucoup trop rapide.
Le départ du Zénith a eu lieu à 11 h. 30, d'après le récit
de M. G. Tissandier, l'altitude de 8000 mètres a été atteinte
à 1 h. 30, c'est-àr-dire en deux heures.
Dans son ascension du 30 juin 1862, M. Glaisher est parti
à 9 h. 40. Il est arrivé à 7275 mètres & 11 h. 20. Il est monté
impunément beaucoup plus vite, puisqu'il a parcouru ver-
ticalement 7 kilomètres en 1 h. 40. Le 6 septembre 1862,
MM. Glaiaber et Coxwell sont montés à 8838 mètres en 49
minutes, c^est -à-dire avec une vitesse d'ascension trois fois
plus grande que celle du Zénith. On a dit encore qu'il fal-
lait s'accoutumer peu à peu à l'action de la raréfaction de
l'air, s'entraîner par des ascensions successives faites à des
hauteurs de plus en plus grandes. Cette précaution évidem-
ment serait utile, mais M. Glaisher a pu très bien s'en dis*
— 111 —
penser, puisque dans la première ascension qu'il ait jamais
faite, il a atteint immédiatement et impunément Taltitude
de 8000 mètres.
On ne me fera pas l'injure de supposer que je mets en
doute la complète bonne foi de M. Glaisher, mais je crois
qu'il résulte de ce qui précède, que l'illustre aéronaute n'a
pas atteint l'altitude de 11,000 mètres.
Adrien DuTé-PoiTEvm,
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
LA SO€ItTË FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
APPROUVÉS PAR U. LB MINISTaS SE L^INâTRUCTION PUBLIQUE
Séance du 23 février i8y6,
PRÉSIDENCE DE M. GASTON TISSANDIER.
La séance est ouverte à 8 heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente estluet/adogté.
H. LE SEORBTAiRB GÉNÉRAL procèdo au dépouillement dà la cor-
respondànce, dans laquelle figurent :
Une consultation de M. Demonjay, avocat, appuyée et annotée
par M. Sénard, bâtonnier de Tordre des avocats et relative à la sous-
cription du Zénithj et par M. Pérard, avoué de première ins-
tance. M. Demonjay étudie au point de vue du droit, l'origine de
la souscription. Il rappelle qu'elle a été la suite d'une note en-
Toyée aux journaux, et signée du bureau de la Société de Navi-
gation aérienne. Il établit donc que les sommes versées entre les
mains de la Société ne peuvent pas être considérées comme faisant
partie de la succession de Crocé Spinelli et Sivel, et- que leurs
créanciers n'ont aucun droit sur elles. Il conseille pourtant à la
Société de payer ces dettes, pour honorer la mémoire de ses deux
membres déoédés. Quant à la répartition, M. Demonjay démontre
qu'elle doit être faite, non suivant les règles de succession, mais
d'après les besoins, en cherchant autant que possible à agir comme
Crocé Spinelli et Sivel l'auraient fait eux-mêmes. Enfin, il dé-
- 113 —
elftre que la Soûiété est seule ehargée de remploi des fouds puis-
que e*est entre ses mains que le public les a versés.
Une lettre de M. le D' Alix.
Trois projets de M. Marseigne, comprenant : l^" un ballon monté
composé d'une Montgolfière et d'un aérostat à gaz hydrogène ; 2*
un ballon dirigeable à charpente, muni de plans inclinés et de deux
hélices à axe vertical ; 3« un ballon dirigeable pourvu d'un poêle
chauffant de l'air pour dilater de l'hydcogène, placé à la partie
supérieure du système.
Une lettre de M. Weiller, indiquant un système de deux sou-
papes superposées avec cordes de tirage indépendantes.
Une lettre de M. Roux, ancien aéronaute du siège de Paris, et
actuellement employé au chemin de fer de l'Ouest. M. Roux
adresse à la Société une demande qui est renvoyée au conseil.
Un numéro des Comptes-Rendus de V Académie des Sciences {7
février 1876), renfermant un article de M. Duchemin, sur les résul-
tats obtenus par rempbi de sa boussole circulaire, et ua article de
M. Gaston Tissandier, sur la cristallisation des eaux météoriques.
Un second numéro du même Recueil (14 février 1876), renfer-
mant un article de M. Mendéleeff, sur les écarts dans les lois re-
latives aux gaz et un article de M. Cousté sur l'unité de mouve*
ment giratoire des tourbillons atmosphériques et le mode d'action
de ces tourbillons.
Un exemplaire de V Année scientifique de M. Louis Figuier pour
1875.
Un numéro de VEsprit moderne^ renfermant un article sur
V Aéronaute et la dernière séance générale de la' Société de Navi-
gation aérienne.
Un numéro du Tour du Monde ^ renfermant un article de Ut G.
Tissandie?! sur les naufrages aériens, illustré par U. Albert
Tissandier.
Un numéro de l^Nature, 12 février 1876, renfermant une longue
lettre de M. Qiffàrd, ayant treit à la catastrophe de l'î/fiiV^rs.
Un livre de M. Adrien Martin, exposant les principes sur lesquels
reposent les machines binaires à yapeurs combinées.
Un numéro du Bulletin mensuel de la Société des anciens élèves
des écoles d'Arts et Métiers^ renfermant des considérations sur
Talimentation des chaudières *à vapeur et sur le régulateur Mon^
tupet.
IjA^lk» Lettre Causerie de M. Testud de Beauregard, renfer^^
mant un article traitant des Sociétés savantes et industrielles et
de la constitution d'une nouvelle société savante. Plusieurs autres
lettres-causeries du même, ayant pour objet l'étude pratique du
— 113 —
traitement des matières bydrowwrburéas (d'après M. Linière,
ingénieur).
Un numéro da Technologiste^ renfermant une étude sur les ma-
chines à vapeur de construction anglaise et un travail sur l'acide
carbonique employé comme force motrice avec un nouveau procé-
dé de fabrication en grand de ce gaz.
Un numéro de la Revue industrielle^ renfermant des articles sur
un nouveau projet de tunnel transmarin, sur une pompe de cale
et d'incendie, sur divers brevets pour la fabrication industrielle
de l'oxygène et sur un moteur à vent régularisant la pression
des courants aériens et réglant automatiquement sa marche.
Un numéro de V Electricité (15 janvier 1876) organe de l'exposition
électrique de 16T7.
Un numéro du Bulletin de la Société industrielle de Marseille^
renfermant des articles sur les moteurs à air et les locomotives
sans feu.
Deux numéros de V Explorateur^ renfermant un article de M.
W. de Fonviella sur la météorologie, article dans lequel il conteste
l'utilité des cartes indiquant les lignes isobares.
M. Porter Michaels a envoyé à la Société un ballon-jouet formé
d'un petit ballon en caoutchouc auquel se trouve suspendu un
arbre portant une hélice, laquelle tourne quand pn imprime au
ballon un mouvement quelconque.
A la suite d'un vote au scrutin, M. le D' Aux, présenté par
MM. de Quatrefages et M. Bureau de Villeneuve, est inscrit sur
la liste des membres associés.
11 est procédé à la nomination au scrutin secret, d'un secrétaire
en remplacement de M. Ch. Hauvel, nommé archiviste.
M. nuROT DB BUDiONAO est nommé secrétaire.
M. Sanderson entretient la Société des heureux résultats obte-
nus au moyen de son pantanémone, appareil servant à utiliser la
force motrice du vent, quelles que soient sa direction et sa rapidité ,
La séance est levée à onze heures moins un quart.
Le Secrétaire de la séance^
0. Frion.
Séance du 8 mar^ 18T6.
PRÉSIDENCE DE M. PAUL ^ERT.
La séance est ouverte à huit heures et demie.
La lecture du procès -verbal de la séance précédente, est
ajournée.
— 114 —
u. LR sRonÉTAiHK QâNdRAL procède au Oépouillement de lacorres
poDdance, qui comprend :
Tino lottra par laquelle M. le colonel Laussedat annonce son
iment.
:re de II. Duroj' de Bruignac, a'escusant de ne pouvoir ss-
a séance.
tre de M. Louis Pillet.
tre de H. le D' Qachaasin Laffltte, qui expose lea raisong
uelles il préfère les appareils soulagea par un ballon,
ttre de l'abbé Siacot, premier îicaire â St-Nicolas-de fr-
et décrivant une soupape de ballon d'un nouveau mo-
ittre par laquelle M. Lezé, in^nieur h Redon, rend
e la conférence qu'il a &ite sur la Navigation aérienne,
lie la Société des renseignements qu'elle lui a fournis.
lassins envoyés par M. Marseigne ; 1> disposition d'un
giî additionné d'une Montgolfière^ &• système de com-
« télégraphique entre un ballon et la terre; le fll con-
f est supporté de distance en distance par des bal-
>jet d'appareil pour la Navigation aérienne, envoyé par
I Bernard ; ce projet peut être classé dans la fanulle des
s mobiles.
iBCRilTuiiE aiNriaA.L. J'ai reçu la visite de la femme de M.
ronaute du siège ; elle m'a exposé l'état de dénuement
ael se trouvait sa famille, par suite de la maladie de
elle m'a remis des reconnaissances dn Mont-de-Piété,
t l'engagement de draps, de couvertures et de son al-
3 tout pour 40 fr. environ. Je lui ai remis Su fr., qui
80 fr. la somme qu'elle a reçue.
BKBT. N'y a-t-il rien t espérer du ministère en faveur
rin t
ssAHDiER. Sur la recommandation du marquis d'Abzac,
lit promis diverses choses ; son traitement au chemin de
à 1400 fr., et il ne pense pas pouvoir viser à un emploi
itif.
LV DB VILLENEUVE. Nos statuts permettent de disposer
ida en faveur des aéronautes blessés ou malades ; je
e voter pour Boux ime somme de 150 fr. eu déduction
e viendraient : 40 fr. remis par M. A'. Tissandier, 40 fr.
aéme.
ADO. Je pense que cet employé pourrait demander des
son administration ; je ne connais pas les usages du
— 115 —
chemin de fer de TOucst, mais j'ai la coavictioa qu'à la Compa-
gnie du Nord on viendrait en aide' à un homme placé dans ces con-
ditions.
X. p. SERT. M. A. Tissandier voudra bien me remettre une note
au sujet de Roux, et nous adresserons une demande en - sa faveur
au chemin de fer de TOuest.
La correspondance comprend encore : Une lettre de M. P.
Majer qui demande des renseignements sur les machines à acide
carbonique.
Une lettre de M. Yiolardi Casimir, sur un système de Naviga-
tion aérienne.
Une lettre par laquello M. Erny expose un système de montée
et de descente d'un ballon en comprimant ou en détendant une
partie du gaz enfermée dans un ballonnet.
Le Journal d'Hygiène^ contenant un article au sujet de la mort
de Crocé Spinelli et de Sivel.
V Esprit moderne^ qui contient un article élogieux sur VAéro^
naute.
Des renseignements envoyés par M. Goudesone sur ses ascen-
sions en Montgolfière; la loi de 1791 interdit Tusage des Montgol-
fières ou ballons à feu, mais on tourne la difficulté en chauffant à
terre et en évitant d'emporter du feu.
Une brochure très savante de notre collègue M. Paul Bréger,
traitant de la probabilité d'atteindre un but quelconque.
La correspondance comprend en outre, les Comptes^rendus de
l'Académie des Sciences où se trouvent divers mémoires et des
communications de MM. Hervé-Mangon, Marey, de Fonvielle,
etc.
Le rapport annuel du conseil des régents de l'institution Smith-
sonienne.
M. DDTft- POITEVIN a la parolo pour communiquer ses observa-
tions critiques sur les documents relatifs aux ascensions à grande
hauteur: Il lit une note à ce sujet et la dépose sur le bureau
(voir VAéronaute, avril, page 103).
M. PAUL SERT : La traduction française de l'ouvrage de M.
Glaisher, dont M. Poitevin vient de vous parler, présente de gran-
des différences avec le texte original ; des phrases entières y ont
été intercalées, par exemple, après les mots : c Je fis ma dernière
observation à 8,838» le traducteur a ajouté : c c'est à 2 mètres
près la hauteur du pic le plus élevé de l'Europe > ce qui caracté-
rise le fait. Il conviendrait de revoir ce livre et d'en redresser les
erreurs. Le chiffre de 11,227'» donné comme point culminant de
l'ascension est inexact et il est étonnant qu'un homme de science
— 116 —
ait pu le déduire par des cansidératioas du genre de celles qu'il a
indiquées*
Messieurs, j'ai proposé à la Société de décerner un prix de
500 fr., qui serait donné au meilleur travail sur les ascensions à
grande hauteur ; il 7 a trois points principaux à étudier :
1° L'historique critique dont le travail de M. Poitevin représente
une partie à laquelle 11 conviendrait de joindre la vérification des
chiflfres.
2"* La partie scientifique : problèmes de météorologie, despectros-
copie, de physiologie ; température, constitution des nuages, magné-
tisme, vérification de la décroissance du poids (expérience de Ho-
bertson). Etude de la construction et du mode d'emploi des
instruments ; leur protection ; Tinfluence des oscillations.
3« La technique aérostatique : dimensions les plus favorables à
donner au ballon ; nature du gaz à employer ; gaz particulier de
Té^, Glaisher ou même gaz hydrogène pur par le procédé de M.
Giffard.
Disposition de la nacelle : chauffage ; protection contre les
dangers d'une descente trop rapide; système de parachute placé
par Robertaon entre la nacelle et le ballon ; appareils destinés à
l'inhalation de l'oxygène» qui doit être réalisé d'une manière in-
consciente ; appareils analogues à ' ceux inventés par M. Denay-
rouse pour vivre dans les gaz toxiquea; capacité des ballonnets
à oxygène ; richesse du mélange; nature de l'étoffe constituant le
ballonnet, en vue d'éviter un goût désagréable.
Etude des soupapes, du fonctionnement du lest, de l*emplol du
lest lors de la descente et comme préservatif dans une descente
rapide, etc. Je remets sur le bureau une note indiquant brièv^
ment ces divers côtés de la question. La commission chargée de
déterminer les conditions de ce concours pourra être nommée dans
la prochaine séance.
Après un vote au scrutin, m. GmA.uD, architecte à Constantine
présenté par MM. Ârmengaud et F. Caron, est inscrit sur la liste
des membres associés.
Après un vote au scrutin sont inscrits sur la liste des membres
sociétaires.
1» M. CHARLBs-SMNTE-cLAmK-DEVUXB, membre de l'Institut*
2» M« JAHBS HAGQUARXB.
La parole est donnée à M . Landreau, pour une communication
au sujet de l'appareil que M. Joseph Simmons a expérimenté en
Angleterre.
M. lândrkilu i Cet appareil se compose de doux cerfs-volante
^
— 117 —
superposés, Tun de 25 mètres de large sur 25 mètres de long, un
autre supérieur mesurant 15 mètres sur 15. On oriente la voile
supérieure et lorsqu'elle est soulevée par le vent et maintenue, ce
qui se produit pour des vitesses de vent variant entre 2 à 40
milles à l'heure on enlève la seconde voile ; après orientation de
l'ensemble et réglementation de la courbure de ces voiles, M.
Joseph Simmons prend place dans une nacelle suspendue à l'ap-
pareil et se fait enlever. Puis on largue les amarres et l'appareil
se met à avancer horizontalement par suite du glissement de l'air
sur les surfaces inclinées. Lorsque M. Simmons approche de terre
il lance son guide-rope qui est pris ot arrêté par les personnes
présentes .
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau div*ers prospectus^ un
dessin représentant l'appareil complet et les articles des journaux
anglais qui ont rendu compte des diverses expériences qui ont été
exécutées avec cet appareil.
La Société remercie M< Landreau de sa communication ; elle
charge M. Duté-Poitevin qui doit prochainement assister aux ex-
périences qui se feront à Bruxelles, de lui fournir des renseigne-
ments nouveaux sur l'appareil Simmons.
La séance est levée à 10 heures 45 minutes.
Le Secrétaire de la séance^
C. HAtJVEL.
LES OUVRAGES NOUVEAUX
Nous avons reçu de M. Boy, éditeur, un volume publié chez
lui et qui a paru d'abord en livraisons détachées ornées de dessins
exécutés par M. Albert Tissandier et plusieurs autres artistes.
Cet ouvrage se nomme Histoire des ballons et des ascensions
célèbres et porte comme noms d'auteurs ceux de MM. A. Sircos
et Th. Pallier.
Ces noms nous sont complètement inconnus, et nous aurions
pu les croire supposés ; mais on nous a affirmé que les auteurs
existaient réellement.
Quoi qu'il en soit, les deux inconnus ont voulu se placer der«
rière une personnalité bien en vue, et ils ont prié M. Nàdar do
leur écrire une préface* Puis, ils ont hardiment coupé dans la
— 118 —
plupart des histoires de la Navigation aérienne et ont fait une
compilation assez volumineuse.
Or, le mérite des compilations est d*être complètes et V Histoire
des ballons est tout à fait incomplète • #
Il y a même des noms assez importants qui n*y sont pas pro-
noncés. M. Rampent qui, comme directeur général des postes, a
organisé le service des aérostats pendant le siège, n'est pas même
nommé.
Le nom de M. Alphonse Penaud^ qui est cependant assez connu
pour ses travaux d'aviation, n'est pas prononcé davantage. Il y a
même un fait curieux. Ce qui a été fait en aviation depuis dix ans
ne paraît pas être connu des auteurs. Les travaux de MM. Harting,
Pettigrew, Marey, Krarup-Hansen, Straus-Durkeim, Crocé Spi-
nelli, Tatin et tant d'autres, sont considérés comme non avenus. Je
sais bien que le titre de l'ouvrage est Histoire des ballons^ mais
comment le photographe aéronaute dont le portrait se trouve au
frontispice, a-t-il pu, lui, l'un des promoteurs de Taviation, ad-
mettre que des travaux si intéressants fussent passés sous
silence ?
Espérons qu'un auteur se décidera à faire un traité d'aéronauti-
que donnant les règles scientifiques qui président à cet art et
fournissant les renseignements qui peuvent le rendre pratique,
sauf à négliger les historiettes relatives à bien des ascensions
complètement inutiles au progrès de la science.
M. Pascal Cordenons professeur de mathématiques au lycée de
Rovigo nous a envoyé un volume in-S*» intitulé Rivista de gli Studi
di Locomosfione e nautica nelV aria,
L'ouvrage de M. Cordenons est surtout remarquable au point de
vue historique. L'auteur commence par les appareils plus lourds
que l'air. Il fait l'histoire des différents essais de vol mécanique.
M. G. de la Landelle avait déjà fait ce travail d'une manière re-
marquable, mais M. Cordenons a trouvé encore moyen d'ajouter
quelques documents nouveaux. Ensuite M. Cordenons reprend
l'histoire des ballons déjà faite si souvent, puis il conclut en pro-
posant un ballon dirigeable d'une forme spéciale et mû par une
machine à gaz ammoniac.
James Macquarik.
• %■
Le Gérant : Fklix Cauux.
. CLBRMOMT-D£-L*OISB. — XUPKlMEiaiS A. DAlX, RU2 LE CONDâ, 27.
— 119 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous^ faire connaître les ouvrages an-
rîens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
^ui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
Toyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Exposé des principes qui régissent les machines binaires à vapeurs
combinées, par Adrien Martin, ingénieur civil, garde-mines de première
classe, chez Dejey, i8. rue de la Ferle.
Mémoire sur la prooabilité d'atteindre un but de forme quelconque
ar P. Bréger, capitaine d'artillerie de la marine, chez Tanera, éditeur
rue de Savoie, 6.
Itorhrrrhci war la Navigation ufi'hwmL. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de^ruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Éaudry, éditeur, iB, me des Saints-Pères.
Rivîsta degli studî di Locomozione e Nautica Mell' Aria, di Pascal
Cordenons. — Rovigo Regio Stabilimento del Cav. Minelli, 1875.
A. Sircos et Th. Pallier: Histoire des ballons et des Ascensions cé-
lèbres, illustrée par A. Tissandier et les meilleurs artistes, chez F. Roy,
éditeur.
Aéoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Pour les articles imprimés dans les publications périodiques, voir les
extraits des procès-verbaux de la Société de Navigation aérienne.
Les hait premières années de TAéronautb sont actuellement en
▼ente aux prix suivants :
AmnlK 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 3 »
Annébs 1869, 1870, 1871 et 1972 — Chacune 12 livraisons.. 12 »
Chaque livraison 1 50
AvHÉKa 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6 »
Chaque livraison » 75
hk ooLLBCTioN ooMPL&TR, svec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou Tétranger, le port en sus.
La collection de TAéronaute forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les aocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières ei par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de l'ÂÉRONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
Tertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les perbonnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de TAéronautb, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
Ij'A.EI^ONA^XJTEI
SOMMAIRE
AVRIL T87S
Xavier de Maistre, aéronaute, par M; G-aaton rFissasidier.
- Observations critiques sur les ascensions à grande hauteur, par
MI. Adrien Duté-Poitevin (une grande gravure dans le
texte).
Extraits des procès-verbaux de la Société française de Navigation
aérienne par les secrétaires de la Société. .
Séance du 23 février 1876. Consultation de M, Demùnjay^ à
propos de la souscription du Zénith.
Séance du 8 mars 1876. La traduction française de l'ouvrage de
M, Glaisher.
Les Ouvrages nouveaux.
Faits divers. Bibliographie aéronautique.
L*A^RONAUTB PARAfT TOUS LES MOIS
REDACTION Wt ABONMBltftNTS
95, RUE LAFAYETTE, 96
PRIX DE l'année courante :
Un naméro • 7tt centime»
Paris : 6 fr. par an. — Départements : 7 fr.
AUTRICHB-HONORIE, DANEMARK, EgYPTE, EsPAONE, GraNDB-BrBTAONS
Oréce «^Italie, Luxembouro, Monténégro, Norwéob,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suéde, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 |pr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Inpe, Cochinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Cbili, Bolivie : 15 fr.
L'Administratiqn ne sert pas d'Abonnements en Allemagnb
L'abonnement commence au 1«' ianvier
Il continue jusq^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la pfige précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de Tabonnement en un bon sur la poste au nom de
M. HuRBAu DE Villeneuve, rue Lafaj«tte, 95.
MoA ebonnétt en retard M»iit 1ii«Uifiiineiit priée de ■
envoyer de «nite le montent del enr aouMBrlptlOB,
OB, MJB E.APAYBinrB, <HI
OUnnont-OïM. — ImprinitrM A* Dtii, rM id Ctal», 17«
NAVIGATION AÉRIENNE
rouai bt Disiaf far
;l,e d' abel hureau de Villeneuve
Lionil dariullLil, Stcrilain ginériJ lia k
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
Afpiwfc fW MoWm dg H. lo Hiiiiu'a dg ITmiraclUn jhIiIIih, d€i CilMi H if Beini-ArM.
9* ANNÉE, M* 5
MAI 1876
PAKit ; 6 nutcs Pi^r an. — DipiRTSUSNTS : 1 fràmcb,
u^ nuhIro : T5 CKNTina
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 120 —
Le comité de rédaction de TAÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Hauvel, Gaston Tissandier et Al-
bert Tissandier. Le comité ne se considère pas comme respon-
sable des opinions scientifiques émises par les auteurs. Les
manuscrits sont placés aux archives, mais ne sont pas rendus. Les
travaux relatifs à l'art militaire adressés à la rédaction, sont ren
vovés à M. le Ministre de la Guerre, mais no sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Extraits des procès-verbaux de la Société française de Navigation
AÉRIENNE, approuvée par décision de M. le Ministre de Tlnstruc-
tion publique.
Perprctionnkments dans la construction des aérostats, par
M. Henri Qifleard.
Xavier de Maistre, aéronaute, par M. Q-aston Tissandier.
Observations critiques sur les ascensions à grande hauteur, par
M!. Adrien Duté-Poitevin (uue grande gravure dans le
texte).
La Société française de Navigation aérienne, approuvée par déci-
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit les 2« et
4* mercredis de chaque mois, à huit heures au soir, au Cercle aéro-
nautique, rue Lafa^ette, 95 ; sauf le temgs des vacances, août et
septembre. Son bureau est ainsi constitué pour Tannée courante :
Président, M. le D** P. Bert, député à l'Assemblée nationale, pro-
fesseur à la Sorbonne ; vice-présidents, MM. le colonel du génie
Laussedat, président de la commission des aérostats militaires au
ministère de la guerre, le D''Marey, professeur au Collège de France,
Rampont, député à TAssemblée nationale, ancien Directeur général
des postes et Gaston TiHsandier, chimiste ; secrétaire général, M. le
docteur Hureau de Villeneuve ; secrétaires, MM. Jules Armen-
gaud, ancien élève de l'Ecole polytechnique, 0. Frion, chimiste,
Albert Tissandier, architecte, Duroy de Biniignac, Ingénieur des
arts et manufactures; archiviste, Ch. Hauvel, ingénieur des
arts et manufactures ; trésorier, M. Félix Caron ; membres
du Conseil: MM. Dupuy de Lôme. membre de l'Institut, Gauchot,
ingénieur, Janssen, membre de l'Institut, Jobert, constructeur-
mécanicien, Hervé Mangon, membre de l'Institut, Motard, ancien
élève de l'école polytechnique, A Olivier, ancien négociant, Re-
noir . chef de station des lignes télégraphiques. La cotisation des
membres est de vingt-quatre francs par an. Les st-atuts
sont envoyés gratuitement contre demande affranchie. Les com-
munications oestinées à cette Société, aux Sociétés aéronau-
tiques de la Grande-Bretagne, de New-Tork, de la Havane et à la
Société d'aviation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur
Hureau de Villeneuve, secrétaire général de la Société française de
Navigation aérienne, directeur de VAérùnauiej rue Lafayette, 95.
Les bons sur la poste doivent être adressés à son nom.
La bibliothèque, les archives et le musée du Cercle aéronautique
sont ouverts pour les membres, tous les jours, de dix à onze
heures, rue Lafayette, 95. Le Cercle possèdt des appareils de gym-
nastique au mojen desquels les membres peuTent s'exercer aux
manœuvres aériennes.
L'AÉRONAUTE
9* ANNÉE. — N" 5. — Mai ÎH76
LES ASCENSIONS EN MONTGOLEIÈEE
DE M. ET DE M»' GOUDESONE.
Hervé Mangon et M. Hureau de Ville-
neuve, ont demandé à plusieurs reprises aux
aéronautes de fêtes publiques d'envoyer au
siège de la Société de Navigation aérienne,
les observations de météorologie aérostatique
qu'ils ont pu relever dans leurs nombreuses ascensions.
La comparaison des directions des vents, de la tempéra-
ture et de l'hygrométrie dans les hautes couches donne-
raient infailliblement aux études météorologiques une im-
pulsion nouvelle, car si les observations h terre sont très
nombreuses, les observations d'altitudes sont relativement
rares. Or, nous ne sentons h terre que les effets terminaux
des modifications atmosphériques qui s'élaborent dans les
hautes couches, et le commodore Maury a dit avec raison,
que toutes les études météorologiques devaient être com-
plétées par des observations en ballons.
Malheureusement les ascensions scientifiques sont très
peu fréquentes et nous autres humbles praticiens, simples
soldats dans l'armée de la science, nous ne sommes pas tou-
joyrs à même de relever les observations qu'on nous de-
mande de prendre dans les ascensions que nous exécutons
dans les fêtes.
Aussi peu d'observations météorologiques, prises par des
aéronautes de profession, ont été envoyées à la Société.
Quelques-uns de nos confrères ont envoyé des journaux
contenanMsr narration de leurs ascensions faite par des
journalistes, le plus souvent incompétents. Mais des obser-
5
— 124 —
vations météorologiques n'ont été envoyées jusqu'à ce jour
que par M. Goudesone et par moi-même.
Je suis heureux de rendre à Taéronaute d'Arles cette jus-
tice, qu'il a mis dans ses observations, un soin et une exac-
titude qui méritent tous les éloges.
NORD.
J-A
^
400
ôoo^ 1 9/
200^ J^.
100.
^A Xtêtjtti.
j^ " " ~ "" ~:»i5S«?M^ "y^^j^tha " " **"" ***" """ ""^ '
FiG. 7. — Ascension à Pau.
— 125 —
Le 2 jauvier 1876 M. Goudesoue fit à Pau une ascension
en Montgolfière assez curieuse. Parti avec un vent léger
du Nord, il atteignit une altitude de 800 mètres environ.
A cette hauteur l'aérostat rencontra un courant assez régu-
lier qui lui fit parcourir presque horizontalement 900 mè-
tres. Il descendit, puis vers une altitude de 600 mètres le
vent du Sud le rejeta vers le Nord. A 400 mètres le
Nord le reprit encore et, finalement, à une altitude de 200
mètres le vent du Sud ramena Taérostat de telle manière
qu'il vint descendre dans la Haute Plante, à quelques mè-
tres de son point de départ.
Il est à remarquer qu'entre les deux couches de vents dif-
férents, M. Goudesone rencontra des nuages légers ce qui
confirme la théorie de la formation des nuages de M. Bu-
reau de Villeneuve.
La seconde ascension fut celle exécutée à Tarbes le 29 fé-
vrier par madame Goudesone.
La Montgolfière s'éleva avec un léger vent N. E. A 800
mètres elle rencontra le N.-O, qui imprima à l'aérostat des
mouvements giratoires; il atteignit ensuite une altitude de
080 mètres où il rencontra un calme presque absolu. Après
y avoir séjourné quelques minutes, il descendit et rencon-
tra le vent du S.-O. A une altitude de 400 mètres il trouva
le premier courant N. E. qui ramena encore l'aérostat à 100
mètres de son point de départ (fîg. 8).
Ainsi sur quatre ascensions exécutées par M. et MmeGou*
desone, deux fois les aéronautes eurent le rare privilège
d*être pris par des contre-courants qui firent atterrir leur
aérostat à peu près au point du départ.
Deux autres ascensions furent exécutées par les mâmes
aéronautes à Bayonne le 30 janvier et le 13 février 1876,
mais elles n'offrent pas l'intérêt des deux premières.
Le 30 janvier 1876 à Bayonne le ballon s'éleva poussé par
un vent S.-E. A 760 mètres il trouva un courant S. qui lui
fit traverser le fleuve l'Adour, il atteignit ensuite une alti-
tude de 1860 mètres.
Il commença ensuite à descendre et vers l'altitude de 600
mètres, retrouva le courant primitif S.-E. qui lui fit traver*
ser de nouveau le fleuve qu'il venait de franchir quelques
— 126 —
ftoo ^^h, .m *%».. .\....i^.. d^4î..^
FiG. 8.— Ascension a Tarbcs.
— 127 —
minutes auparavant et finalement vînt atterrir à 500 mètres
du village nommé le Boucau (Sud).
Le trajet de l'ascension avait été de 5 kilomètres, sa du-
rée de 26 minutes. M. Goudesone a remarqué dans cette as-
cension que des nuages fort élevés marchaient vers le N.
0. avec une très grande lenteur.
Dans l'ascension exécutée le 13 février dans la même ville
par Mme Goudesone, l'aérostat s'éleva avec une forte brise
du S.-O. Il fut poussé bientôt par un courant d'O. Après y
être resté quelques minutes, il commença sa descente et
rencontra le S.-E- qui le fit obliquer vers la mer passant
sur un village et allant atterrir après avoir décrit un cercle
presque complet à la lisière d'un petit bois appartenant à
M. de Marancy.
L'aérostat atteignit une altitude de 1200 mètres ; à cette
hauteur madame Goudesone eut très froid. Le ciel presque
pur n'était sillonné que de rares nuages fort élevés allant
dans la direction de l'Est. La durée de ce voyage avait été
, de 24 minutes et le parcours de 16 kilomètres 1 *
On voit que, dans deux ascensions, citées plus haut, la
Montgolfière après avoir fait une course aérienne est reve-
nue presque à son point de départ. Faut-il tirer de ces cu-
rieux changements de direction des conclusions immédia-
tes, ou ne devons-nous pas chercher dans quelles condi-
tions, ils se sont produits.
On verra d'abord que Pau et Tarbes sont deux villes si-
tuées fort près des Pyrénées, c'est-à-dire dans une région
où le choc du vent contre les montagnes produit des remous
presque constants. Nous avons pu observer nous-même ce
fait à Grenoble et ma mère Ta remarqué à plusieurs repri-
ses dans la même région. Mais il y a aux changements de
directions des Montgolfièi'es d'autres causes qui tiennent k
leur manœuvre même. Nous allons nous efforcer d'expli-
quer comment on emploie la Montgolfière dans les fêtes.
La loi de 1791 interdit d'emporter du feu dans les Mont-
golfières. Cette loi était fort prudente; car, à plusieurs re-
prises, la paille enflammée en tombant a mis le feu aux
récoltes, mais elle impose aux aéronautes certaines diffi-
cultés dans l'emploi de Tair chaud. Il faut que le globe
— 128 —
aérien soit chauffé complètement à terre et sa suspension
dans l'air ne dure que le temps que Tair contenu dans la
Montgolfière met h se refroidir.
Voici le procédé habituellement employé pour une Mont-
golfière de 2,000 mètres.
On se sert d'un fourneau construit en briques dans lequel
sont ménagées deux ouvertures. A 40 centimètres de sa
base et au-dessus delà 1" ouverture sont fixées des tringles
sur lesquelles se consume de la paille de seigle. Ce four-
neau a une élévation de 1™ 60 sur 0,80 centimètres de côté.
A l'extrémité supérieure est réservée la deuxième ouver-
ture destinée à l'introduction du combustible, puis au-dessus
est une grille dont les mailles sont serrées de manière que
le grand courant d'air, formé par le tirage n'entraîne point
des flammèches de paille qui pourraient déterminer un
incendie.
On coiffe ce fourneau de la Montgolfière, et lorsque
l'on veut procéder au gonflement, on soulève l'aérostat au
moyen de deux mâts ayant une hauteur de 16 mètres, es-
pacés de 25 à 30 mètres ; puis des hommes de manœuvre en
écartent les fuseaux, formant ainsi une véritable tente, de
manière à ce que l'étoffe soit le plus éloignée possible du
centre du foyer. On procède alors au gonflement en ayant
soin d'aller doucement en commençant ; puis, lorsque l'aé-
rostat est à moitié développé on active le feu en jetant de la
paille en grande quantité, laissant au fur et à mesure mon-
ter l'aérostat jusqu'à son entier développement. Les hom-
mes tiennent le cercle qui est appuyé sur 12 piquets dispo-
sés autour du foyer et ayant le même diamètre que la
bouche de la Montgolfière (ce cercle est enfermé dans une
ganse de manière à tenir l'étoffe écartée tout en soutenant
le poids de l'aéronaute et de la nacelle.) Sur ces piquets sont
fixées des équerres qui correspondent h des œillets, faits
au bas de l'aérostat; des cordes passant par ces œillets, pren-
nent le cercle et viennent se fixer à ces équerres afin que
si une fausse manœuvre était exécutée l'aérostat ne puisse
s'échapper. Lorsque l'on croit que la Montgolfière est suffi-
samment chauffée, on coupe les cordes de retenue et Ton
ordonne aux hommes de lâcher. L'aérostat s'élance alors
— 129 *«.
avec une force d'impulsion correspondant au degré de
chauffage qui peut difficilement être prévu d'avance, et
aucun moyen n'indique quelle sera la vitesse ascensionnelle.
Aussi observe-t-on des vitesses de 15, 20, 30 et 40 mètres
par seconde.
On comprendra que, dans une course aussi rapide, il est
difficile à des instruments d'enregistrer d'une manière pré-
cise le véritable résultat, car il leur faut toujours un cer-
tain temps pour se mettre en équilibre avec l'air ambiant.
De plus, toutes les fois que la vitesse ascensionnelle est
plus grande que la vitesse du vent, l'appareil dévie dans un
sens ou dans l'autre.
Une Montgolfière part inclinée toutes les fois que sa force
ascensionnelle est grande, car à l'une des extrémités de sa
partie supérieure se forme une concavité par suite de la
résistance de l'air. Il en résulte une déviation ; car l'aéros-
tat ne monte plus verticalement, il glisse sur l'air et selon
sa déformation, il va tantôt dans un sens, tantôt dans l'au-
tre jusqu'au moment où l'impulsion est diminuée. On com-
prend aussi que cette déformation empêche la Montgolfière
de fournir plus que quelques minutes de séjour dans l'at-
mosphère ; car l'air chaud se trouve renvoyé vers l'ouver-
ture énorme située à son appendice. Ce n'est que lorsque
l'impulsion est diminuée que l'aérostat reprend son aplomb
et suit la ligne du vent.
On voit que le peu de parcours, le peu d'élévation et sur-
tout le peu de durée de ce genre d'ascension, de même que
les courants d'air qui régnent au centre d'une ville sont
autant de considérations dont il faut tenir compte pour les
expériences où l'on veut déterminer la véritable direction
du vent. Dans les Montgolfières tout se fait avec une promp-
titude extraordinaire. En eflfet, la descente ressem'ble
beaucoup h la montée et si elle n'est pas aussi précipitée
c'est grâce à la disposition de la construction.
L'appendice d'une Montgolfière de 2,000 mètres doit avoir
4 mètres de diamètre ; les cordes de suspension correspon-
dant & la nacelle ont 6 mètres delongeur et enfin la nacelle
a 1 m4tre de diamètre. On comprendra qu'il est facile de
déplacer le centre de gravité et que dans ce cas plus l'aé-
— 130 —
rostat descendra avec vitesse plus la déviation sera grande,
car l'appareil agit alors comme un parachute.
On ftiit l'ouverture inférieure très grande afin de permet-
tre à Tair de s'y engouffrer suffisamment pour éviter une
chute trop rapide. Lorsque la nacelle a touché terre le globe
supérieur continue sa course et entraîne souvent l'aéro-
naute s'il s'est arrêté sur un lieu élevé comme le toit d'une
maison.
Nous ajouterons cependant que lorsque la vitesse ascen-
sionnelle est moindre que la vitesse du vent, une Montgol-
fière se comporte comme les autres aérostats, elle suit
parfaitement la direction du vent et comme sa force d'im-
pulsion est alors beaucoup moindre, les expériences peuvent
avoir dans ce cas une certaine exactitude. Mais pour rendre
ces expériences plus exactes il faudrait lâcher la Montgol-
fière exactement comme un aérostat à gaz, c'est-à-dire avec
lenteur. Il y aurait pourtant à cela un inconvénient grave,
c'est que pendant les 3 ou 4 minutes nécessaires à l'exécu
tion de la manœuvre, l'air contenu dans l'enveloppe se
refroidirait et l'appareil n'atteindrait qu'une altitude de 200
ou 300 mètres pour redescendre 2 minutes après.
Pour que la Montgolfière puisse être avantageusement
employée comme appareil scientifique il faudrait se servir
d'un fourneau qu'on enlèverait et dont la construction ne
donnerait pas de chances d'incendie. Si l'innocuité de ce
fourneau était démontrée, nous croyons que l'administration
permettrait de nouveau l'emploi des ballons à feu dont le
bon marché et la rapidité de gonflement sont bien supé-
rieurs à ceux des ballons à gaz.
La Société de Navigation aérienne a déjà reçu commu-
nication d'un assez grand nombre de projets de ce genre.
Il ne s'agit plus que de rendre pratique des appareils dont
la valeur théorique a été suffisamment démontrée.
Adrien Duté-Poitevin.
J
RECHERCHES SUR LA NAVIGATION AÉRIENNE
. Duroy de Bruignac, secrétaire de la
Société de Navig-ation aérienne a fait
récemment paraître chez Baudry «ne
brochure intitulée: Recherches sur la
Navigation aérienne. Essai de compa-
raison entre les différents systèmes. Cette
, brochure est le résumé de longues et
Eavantes études sur la question traitée. Il ne nous appar-
tient pas de jug-er le travail de notre collègue. Mais nous
croyons que si tout le monde n'accepte pas lea conclusions
de l'auteur, chacun sera heureux de lire cette œuvre
consciencieuse. Nous ne pouvons, à notre grand regret, re-
, produire la hrocLure toute entière, mais nous présenterons
à nos lecteurs deux chapitres très intéressants, celui qui
' traite de la translation d'un plan dans l'air et celui qui
traite du vol des oiseaux.
Félix Caron.
DE LA TRANSLATION D'UN PLAN DANS L'AIR.
L'action de l'air sur un plan en mouvement, noD-ceulement
importe pour les aéroplane:), maiii parait être l'élémont da son
«ctioa aur toutes sortes de aurfaces. Il convient donc de s'en oc-
cuper d'abord.
Noua admettons que la pression de l'air sur un plan dépend
seulement de leur vitesse relative, quelles que soient la vitesse
absolue Je l'air et celle du plan.
Tout ce qui suit se rapporte à une translation horizontale du
plan et à uoe direction horizontale du vent. Les autres cas s'y
ramèneraijtjt aiîienient.
Si un plan plus lourd que l'air, horizontal et conservant cette
direction, est abandonné en l'air, il tombera néceasairemeut, même
s'il est animé d'une vitesse horizontale quelconque, car rien, dans
ces conditiona, ne peut annuler l'efFet de la pesanteur. Par coa-
— 132 —
t, pour qu'un plan plus lourd que l'air s'y soutienne, il doit
liqueet animé ct'une certaine vir.esse horizontale (1).
connaître la résistance de l'air à la translation d'un plan
i à la direction de cette translation, nous admettrona qu'il
e connaître cette résistance pour la translation, n la même
, d'un plan normal à son mouvement, et d'appliquer à cette
ace, dite « normale, n un certain coefficient.
)eflicient que nous adopterons pour cela est celui du sinus
Nous en donnerons un calcul général, conduisant à deux
:tiona utiles relatives au travail.
li du sinus carré n'est pas tout à fait vraie, d'abord parce
expérieoces, même sur de petites surfaces, ne la conflr-
las e):actement ; ensuite, parce que sa démonstration 8up>
lux hypothèses qui ne peuvent pas Stre rigoureusement
savoir : que le frottement de l'air sur la surface est nul,
lair agit toujours comme au premier instant de son con-
ec le plan, c'eat-à dire qu'il n'jr a ni remous ni courants dé-
3S par la rencontre du corps, qui modifient l'action de l'air
t.
admettrons néanmoins cette loi pour la recherche qui noua
parce que, dans ce cas, ses hypothèses fondamentales pa-
t suffisamment exactes. En voici les motifs,
remier lieu, nous croj'OQS le frottement de l'air très faible,
conséquent négligeable, pour les surfaces bien lisses, telles
rai t essentiel de les faire pour l'aéronautique. Il s'agit ici,
ou le verra, du frottement de l'air courant parallèle-
i la surftice, c'est-à-dire indépendamment de toute près-
lique sur elle ; c'est ce frottement que nous croyons insi-
t comparativement à la résistance directe de l'air. Cette
I paraît a ppuvée par diverses observations, notamment par
ies oiseaux ; en étudiant directement celui-ci, comme en
it d'j appliquer les calculs donnés plus loin, il ne semble
) le frottement ; intervienne sensiblement. L'eau fournit
ne analogie dans le même sens ; une lame mince, large et
inte, qui présente une très-grande résistance au mouve-
atéral dans l'eau, n'en offre pas une appréciable au mou-
„ même trèa- rapide, dans le sens tranchant.
econd lieu, nous croyons admissible, pour le genre d'ex-
défaut de ces condiiions, il faudrait que le plan fût soutenu par
ce Bscendanie. En général, un plan pesant mobile dans l'air cal-
mé d'une vitesse parallèle à une trajectoire autre que la veni-
ee maintiendra sur celle trajectoire que s'il lui est oblique ou
iccion d^l^e force non parallèle à la trajeaoire.
— 138 —
ploration dont il s'agit, que Fair suryenant pénètre ou pousse Pair
refoulé de façon à agir comme une force isolée (1). Voici les di-
vers motifs qui nous conduisent àcette hypothèse plus simple. Elle
paraît sensiblement vraie dans le cas du vol. Elle le paraît aussi,
pour des surfaces de moyenne étendue, aux vitesses modérées qui
semblent convenir à l'aéronautique. Si, pour les grands plans, l'hy-
pothèse était reconnue trop inexacte, il peut y avoir des moyens
de conserver l'effet exercé sur les petits plans, c'est-à-dire de ren-
dre nos calculs toujours applicables; c'est là un ordre de corrections
pratiques de la plus ^rrande importance, sur lequel nous revien-
drons (2}. Cette supposition paraît suffire à la comparaison des
systèmes qui est le but de cette étude, et d'ailleurs les éléments
manqueraient aujourd'hui pour un calcul exact.. Elle suggère des
indications utiles pour les expériences et les essais. Les résultats
principaux qu'elle fournit paraissent devoir rester vrais dans tous
les cas, ainsi que nous lexpliquerons tout à l'heure, c*est-à dire
subsister dans les formules exactes qui tiendraient compte de tous
les éléments. Au cours de l'étude, l'occasion se présentera de re-
venir sur ces bases et d'en apprécier la vraisemblance et l'utilité.
FiG. 9.
Soient : 00* un plan oblique rectangulaire, ayant dans le sens ba
une vitesse horizontale v relative au vent ; p son poids ; c son plus
(1) Cette hypothèse n*est pas rigoureusement vraie, avons-nous dit, et
des expériences l'indiquent. Si on laisse tomber obliquement un carré
de carton léger, il descend en oscillant, de manière à porter alternati-
vement en bas deux arétesopposées. Cela tient évidemmsnt à ce que le
centre de pression est plus bas que le centre de figure, ce qui paraît de-
voir résulter du courant d'air établi parallèlement au plan. Les expé-
riences de M. Athanase Du pré l'ont également fait voir. {Annales de
Chimie et de Physique, janvier i865.
(2) Le genre de corrections consistant, non pas à mesurer le déplace-
ment du centre de pression pour en tenir compte, mais à s'y opposer
autant que possible, nous parait le seul satisfaisant, parce que ce dé-
cernent exige un accroissement proportionnel de surface, c'est-à-dire
(ïoids mort, purement nuisible.
— 134 —
petit côté; S = nc^ sa surface ; a son d'obliquité sur Thorizontale,
autremeat dit l'angle d'incidence du vent sur le plan ; P la pres-
sion du vent, à la vitesse v, sur toute la surface normale à sa di-
rection interceptée par le plan, autrement dit sur la projection
verticale du plan noriualetnent au vent ; f cette même pression
du vent par mètre carré de surface verticale ; T le travail de trans-
lation du plan par 1 » à la vitesse v : j7° est une donnée expéri-
mentale.
Représentons P par ab agissant en un seul point ; elle est di-
rigée comme le vent, c'est-à-dire horizontale. Lorsque ab = V
rencontre le plan oblique, elle se décompose en ac normale au plan
et ad parallèle. Par suite des b^pollièses de l'absence de frotte-
ment et de la pénétrabilité de l'air dévié, cette composante paral-
lèle ad est de nul effet au point de vue de la résistance à la trans-
lation du plan, et elle doit disparaître de son calcul. La seule force
qui subsiste pratiquement est la composante ac normale au plan.
Pour étudier l'équilibre vertical, et la résistance de translation
horizontale, il faut envisager les deux composantes de «c, l'une
ah verticale, l'autre /a horizontale Dans le cas d équilibre vertical,
c'est-à-dire celui où la pression du vent soutient le plan sans l'éle-
ver, on 9k ah := p.
On comprend que l'équilibre du plan a lieu entre ac, la seule
action du vent qui subsiste à l'égard du plan ;p son poids ; et une
force de propulsion, égale et opposée à af, dont le plan est animé (1).
D'après les hypothèses indiquées, la figure et l'équation générale
(i) D'après cette décomposition des forces, il semble que toute pres-
sion oblique contribue par sa composante normale au plan à former
la résultante ac = ^n. S. sin 3 a^ et que le frottement est indépendant
de cette résultante normale et ne provient que du courant d*air paral-
lèle au plan ; il serait donc fonction de la vitesse du courant d'air dans
le sens ad, et de la tension de ce courant affectée d'un coefficient ;
celui-ci résulte de l'adhérence des molécules d'air sur la surface du
plan et les unes sur les autres. La tension ou pression hydrostatique
du courant ad à son intérieur paraît devoir être faible, si l'on en ju^e
par le peu d'effet de friction sur une surface d'un vent qui lui est rigou-
reusement parallèle, et par quelques faits déjà observés à cet égard.
D'ailleurs le coefficient de frottement de l'air paraît devoir être très-faible
poui les surfaces lisses. On sera d'avis, croyons-nous, après la lecture de
cette note, que si le frottement de l'air sur des surfaces lisses était no-
table, relativement à la pression normale^ même pour de très-petits
angles d'incidence, le vol des oiseaux serait impossible dans les condi-
tions où il a lieu.
. 185 —
du travail, il est aisé de voir que Ton a, entre les diverses qaan*
tités, les équations suivantes :
(1) P=fnSsina.
(2) p = flA == P sin a cos a =;7n S sin^ a coa «
tf/= P sin* a =pn S sin^ «.
(8) T =/7n s sin* a v =jt?v -.
En outre l'expérience donne sensiblement, pour les pressions p» et
p*' correspondant aux vitesses vei v' :
De l'équation (3) résulte que le travail de translation dans l'air
est proportionnel au cube du sinus de l'angle d'incidence du vent.
Les équations (3) et (4) combinées indiquent que ce travail est
proportionnel à la surface, au cube de la vitesse du vent et au cu-
be du sinus de son augle d'incidence (1).
L'équatiou (2) répond à l'équilibre du plan, c'est-à-dire au cas où
la pression de l'air le soutient à la même hauteur. Voutp^pn S
sin' a cos « le plan s'élèverait ; au cai contraire il descendrait.
D'après cette remarque et l'équation (4) on voit que, pour que
la plan monte ou descende, il suffît d'accroître ou de diminuer la
vitesse oorrespondant à l'équation (2) .
Evidemment, ce qui vient d'être dit d'un plan géométrique isolé
de poids p 8'applique à un aéroplane de poids total p, pour lequel
on ne considérerait pas d'autre résistance à la translation que celle
de son plan aviateur do surface S = ;ic*.
Ordinairement les données sont p et pn, et le minumum de S a
lien poura=54<> 44', correspondant au maximum de sin^ a cos a(^).
Si S était moindre, le plan ne pourrait se soutenir qu'en augmen-
tant pn, ce qui s'obtient, comme l'indique l'équation (4), par un
accroissement de vitesse.
n Ëuler a indiqué une loi semblable pour l'effet des moulins à vent
rDe constructione molarum alataruniy Nouveaux Commentaires de Péter s-
bourgf 4* vol., 1752). Seulement la formule est plus compliquée par sui-
te des données de la question.
{**) Pour X = sin» x cos x, dy = sin x (2 cos* x — sin^ xj dx; ^
devient nul pour sin x :=i 0 correspondant à x = 0, et pour
2 cos3 X — sîn2 X =z Of correspondant à tg x =z /27 cos x = "J^
et sin j: = '^ , .
3 1
— 198 —
Bien qa'en géoénl l'appareil eoit d'autant plus léger que le
plan aviateur est plu» petit, It coasiiération du travail de trana-
latiou coaduit à préférer de^ augles bien moindres que ii; comme
on le verra plus loin.
L'équation (3) conduit à une comparsison importante entre deux
.A_„i.-«» ''""inés, ou entra, les situations différentes d'un même
pesant, de poids p et do surface S, marchant à
uirrespond^nt à une pression po. sous un angle a
5i*44', «t en équilibre vertical, c'est-à-dire satis-
don (S). Supposons qu'on l» fusse passera la vitesse
icorreapoadraune réâidtance;?D'; oatiinpt'ypa,
- pa -j. Pour que l'équation (2) soit encore satisfaite
8t à-dire que le plan mste soutenu su même niveau,
mraent que l'un &ir sin* a' cos a' < sin> a ces b; ot
n implique a' < s, puisque la fonction sin* ^ cos j:
m ni inflexion verticale entre x ^ 54* 44' at x = 0.
on clierctie le rapport des travaux dans les deux
[it, T' corresp^adant à v' et T à v, on posera iden-
jrès l'équation (â) :
T' pa' S sin' »' y' pa'Bin'a' v'
T! ~ pa S sin^ <ty p» siu* s v '
a plan et sa surface ne changeant pas, on a d'après
1* a'COS a' = ffn sin' a C08 d,*- — = . ■■ , , .
'^ pa sm'a cosa
' et l'équation (4) donnent :
V^ l/pV BJn a l^COB a
" •J'pâ flinaVeosa"
^— et — par ces valeurs dans le rapport ■=; , et
lent :
T',_ COB a (/tobT
T COSa'v'cOsa"
re que ; moyennant que l'angle d'un plan pesant se
l'air soit maintenu au minimum nécessaire pour por-
s travail de translation diminue à mesure que la vi-
itenant deux plans de même poids/), marchant à
le !•, et par conaêiiuent avec la même pression ré-
lis a^ant des surfaces aviatrices différentes S et S',
— 137 —
et marchant à des angles différents a et a* : S et a se rapportant au
même plan. Si Ton suppose S'> S, il faudra, par le raisonnement
indiqué au cas précédent, pour que Tun et.Fautre plan soient en
équilibre vertical, c'est-à dire satisfassent à l'équation (2), que
leurs angles differont et que Ton ait a' < a, c'est-à-dire que le plan
S' marciie à un Knç;\e plus fermé que l'autre. Si Ton suppose que
le plus grand angle a soit au plus égal à 54<* 44', et que Ton cher-
che le rapport des travaux T et T' des plans, T étant le travail de
S et T' celui de S', on obtiendra, par un calcul tout à fait sem-
blable à celui du cas précédent :
.^^ T^ sing'cosa
^' T""8inacos«"
Ce rapport est plus faible que celui de Téquation (5). Il résulte
de l'équation (6) que, à Tégard du travail de translation, il^ a
avantage à faire les aéroplanes avec un plan aviateur aussi grand,
et un angle aviateur aussi petit que possible,
Pourles aérostats, ou tout corps dont la forme ne change pas
relativement au vent, le travail de translation croit sensiblement
comme k cube de la vitesse, car on a en, admettant Téquation (4) :
T'~'knr^pn'v'^v'^'
k étant un coefficient constant dû à la forme sphérique.
On comprend que réquation (5) ne pourrait s'appliquer exacte-
ment aux aéroplanes que si l'on négligeait toute autre résistance
de translation que celle de leur surface aviatrice. En pratique, il
faudrait tenir compte de la résistantse de l'épaisseur du plan et des
accessoires, qui croît à peu près comme le cube de la vitesse. Il
s'en suit que tout appareil ou obj.et de forme donnée, tel qu'un
aéroplane ou un oi^^eau, a un maximum de vitesse utile résultant
de sa forme. Maison deçà de ce maximum, le principe de l'équation
(5) s'applique à un corpd quelconqua, c'est-à-dire que le travail di-
minue lorsqu'on augmente la vitesâo en diminuant l'angle en con-
séquence, tant que la ré:iistance des parties invariables n'arrive pas
à compenser cet avantage.
Étant donnés Iw éléments relatifs à une certaine situation d'un
aéroplane, v,pn% «* on peut se proposer de calculer 1 angle a' né^
cessaire au soutien de l'appareil pour une autre vitesse v', pour
laquelle on connaît la prerfsion normale pn'- Pour exprimer que
l'aéroplane sera en équilibre vertical dans l'un et l'autre cas, on
posera d'après l'équation (2) : ;; ■ ' sin^ a' cos a' = ;7n sin* a cos a,
c'est-à-dire sin' «' cos a' = *, équation de la formo>* /l — j^»= Ar,
— 138 —
ou bien y^ — J^-f ^^ = ^> ^^) moyennant une extraction de racine
carrée, revient à une équation du troisième degré.
Les équations précédectes. qui paraissent surfire àTétude des
aéroplanes dans les limites de Thypothèse oti la présente recher-
che est circonscrite, ne s'appliquent qu'à Taéronau tique d'un plan«
Vour calculer, daos la même hypothèse, les conditions aéronauti-
ques d'une surface quelconque, il suffira de savoir calculer pour
elles la valeur de l'intégrale
/ ds sin' a ;
car, dans ce cas, l'équation (3} devient
l' = Vj7n / ^^sin^a.
Nous nous bornerons à indiquer ce calcul pour une demi-sphère
et un demi-fuseau.
Pour une demi-sphère de rayon R, l'angle d'incidence varie de
0 à 90«, la projection normale au vent de l'élément de surface est
ds sin a = r (r-f-^r* — r*), et sin « = ■ oT^-*.
»
n
. ♦ V^ J-. A
I
I
FiG. 10.
on aura donc:
expression fort simple d*oii il résulte que la résistance à la trans--
lation d'une sphère est moitié de celle de son grand cercle (*).
Pour une calotte en demi-fuseau de diamètre 2 R^ avec un rayon
{*) On sait que Newton a démontré une proposition semblable par la
géométrie {Principt& mathématiques j II, XXXIV]; mais il ne faudrait pas
en tirer de conclusion pour ou contre la justesse pratique de ces formules,
car tout dépend de Thypothèse fondamentale. Newton fait la même
qu'ici, en d'autres termes, à un point de vue tout à fait général, et sahs
s'occuper de question particulière.
'à
— 139 —
de courbara R| = R ^ K, Télément de] surface projeté nor-
malement au vent est
r (SFqpS?» — r») = 2r- (r, — K) ir, sin a = — ^ *'i
et on a à prendre :
B . Rf - r?
I
Dans le cas d'un demi-fuseau équilatéral ou K = R, on a :
n* R* — t^ *i fi
/ 2;:(r«— K)</r-^~*=:J-içRÎ~r:Ra, environ 1/3 7:R3;
c*eàt-à-dire que la résistance à la translation d'un demi-fuseau équilaté-
rai égale les ^-7 de celle de son grand cercle.
Ces résultats sont utiles pour faire apprécier l'importance de la
forme d'un appareil aéronautique, et guider dans sa construction ;
mais il ne faudrait pas s'attendre à ce que les coefûcients ainsi
calculés se réalisassent exactement en pratique. Indépendamment
de l'hypothèse fondamentale admise ici, il 7 a des circonstances
spéciales aux surfaces courbes qui donneraient probablement un
effet pratique différent du calcul. M. Àthanase Dupré a constaté,
pour de grandes vitesses (/oc. cif.), qu'une demi-sphère ou un de-
mi-fuseau n'éprouvent la pression totale calculée que sur une
portion de leur surface à partir du centre culminant ; plus loin
la pression cesse, et il se produit même une aspiration. Cela pa-
raît dû à l'action d'une nappe d'air conique déterminée parle choc
de la partie antérieure du projectile, comme on voit se former à
Tavant de certains bateaux deux sillons d'eau faisant entre eux
un angle moins aigu que celui de la proue.
— 140 —
Ainsi qu'il a été signalé au début, les calculs précédents dépen*
dent de Thypothèse qui leur sert de base. Néanmoins, nous
pensons que non seulement ils permettent Tétude compara-
tive entre les systèmes dont il s*agit, mais en outre qu'ils sont de
nature à fournir, pour les expériences et les essais, des indications
utiles. En effet, dans Thypothèso d'un frottement négligeable,
que nous croyons convenir en pratique, les formules précédentes
ne trouveraient-elles pas toujours leur application ? Toute force,
quelles que soient sa direction et sa composition, rencontrant une
surface, ne se décomposera-t-elle pas comme il a été indiqué plus
haut ? Par suite, les formules résultant de cette décomposition ne
lui seront-elles pas applicables ? S'il en est ainsi pour chaque for-
ce, pourrait-il en être autrement de leur résultante totale, quelque
compliquée que fût d'ailleurs la loi de sa formation ? Il nous sem-
ble donc que la formule essentielle parmi celles indiquées plus haut,
à savoir la variation du travail inversement à la vitesse, dans cer^
taines limites^ moyennant l'angle minimun nécessaire au soutien de
VappareiU doit être pratiquement vraie^ Cette opinion semble même
appuyée déjà par ce fait que les formules dont il s'agit s'accor-
dent, si nous ne nous trompons, avec les phénomènes du vol et
les expliquent. La suite de ces recherches éclaîrcira ces aperçus.
Parmi les influences que nos hypothèses simpliflées négligent,
il en est une assez importante pour qu'il faille peut-être en dire
quelque chose, c'est la résistance à la translation causée par les
remous à l'arrière. Il n'y a pas d'expériences à ce sujet pour l'air,
et il est douteux que celles faites pour l'eau puissent suffire en fai-
sant intervenir la diflereuce des densités de l'eau et de Tair. Cette
difficulté ne paraît pas néanmoins s'opposer à la construction des
appareilSff La meilleure solution ne consiste pas en effet, à tenir
compte de cette résistance, mais à l'annuler en donnant aux ap-»
pareils une poupe convenable, eonune la forme des oiseaux et des
poissons en fournit le conseil et l'exemple ; car la résistance à
l'arrière causée par les remous est purement nuisible, évidemment.
Ainsi im bon appareil devrait être conformé de façon à éviter les
rémous à l'arrière, et par là ipes conditions aéronautiques se rap-<
prêcheraient des formules calculées en négligeant cette résistance.
11 est d'ailleurs probable que celle-ci esti implicitement comprise
dans les quelques expériences déjà faites sur la résistance de l'air
à la translation des surfaces, en sorte que les chiffres dont nous
parlerons tout à l'heure s'appliqueraient exactement à cet égard,
même à un appareil non pourvu de poupe, tel qu'un aéroplane.
I)UR0T DB BaUIGNAO,
(La suite à la prochaine linraiaonj.
~ 141 —
EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX
SB
LA SOCIfiTÉ FBANOAISE DE NAVIGATION AfiRIENNE
APPaOUfiR PAR M. LB IflNISTaB DE lUmSTRUCTION PUBLIQUB
Séance du 22 mara 1576.
PRéSIDSNCR DE M. GA.STON TISSANDIRR) TICK-PRiSIDRNT.
Le procès-verbal de la séance précédente est la et adopté.
M. LE BECRiiTAiRE G^N^RAL procèdo RU dépouillement de la corres-
pondance dans laquelle figurent :
Une lettre de M. Duroj de Bruîgnac remerciant les membres de
la Société de sa nomination comme secrétaire ;
Une lettre de M. Goudesone, contenant plusieurs graphiques re-
latifs à ses dernières ascéhsions ;
Une lettre de M. Hardaker, contenant un échantillon de papier
d'étain avec le prix de revient. Cet étain en feuilles peut être em-
ployé pour doubler les Montgolfières.
Un mémoire de M. Gachassin Lafite, sur la direction des bal-
lons, renvoyé à Texamen de M. Penaud.
Une lettre de M. Loaventhal de Bruxelles, proposant à la So-
ciété d'acheter son système pour la direction des ballons.
Une lettre de M. Félix Bovyn proposant un système de scaphan*
dre pour préserver la vie des aéronautes dans les ascensions ^
grande hauteur.
Le Journal Les Mondes (n<> 10, 9 mRrs) contenant un article sur
le thermomètre de M. W. Hairisson Cripps.
Sur le coefficient de dilatation de l'air sous la pression atmosphé-
rique par MM. Mendeleef et N. Kaiandier (le n<> 11, IGmars).
Le n« 10 du TÇechnologiste du II mars 1876 contenant un article
sur la locomotion mécanique dans Tair par M. A. Penaud. Le n* II,
Régulateur pour Talimentation des chaudières h vapeur par M.
Montupet.
Le n» 10 des Comptes-Tendus de Vacadéptie des Sciences, conte-
nant une note sur les chemises de vapeur des cylindres des ma.
chines par M . H. Resal, et une note sur les variations ou inégali-
tés périodiques de la température (II* note) par M. Gh. Sainte-Claire
Deville Le n*" II, des observations de M. Ledieu, à propos de la
communication de M. Resal.
Les Nouvelles météorologiques^ contenant une communication
— 142 —
sur la périodicité des grands mouvements de l'atmosphère par M.
Ch. Sainte-Claire Deville.
Le n<» 58 de V Explorateur, contenant le projet d*étude du canal
interocéanique par le moyen de ballons captifs, enfin le n* 10 de la
Revue industrielle du 8 au 15 mars.
Il est procédé à la nomination de la commission du prix Paul
Bert. Sont nommés: MM. Hervé-Mangon, Paul Bert, Janssen
Laussedat, Hureau de YilleneuYe.
M. LB PRÉsmENT : La parole est à M. Drouillet pour l'explication
de son projet au sujet de Texploration du canal interocéanique au
moyen de ballons captifs,
M. DR0cn.LRT: Messieurs, si j'ai désiré vous faire une communi-
cation au sujet de l'emploi des ballons captifs pour l'étude d*un
tracé de canal interocéanique dans le centre de l'Amérique, ce
n'est pas que je veuille rien vous apprendre sur l'emploi des appa-
reils aériens, je viens au contraire vous demander des conseils.
J'étudie depuis un certain temps les nombreux projets de
canal interocéanique qui ont déjà été^proposés et mes études
m'ont conduit à proposer un tracé qui m'est propre ; mais avant
de donner un avis complet, il est de la plus haute importance d'é-
tablir d'abord les niveaux du sol au-dessus du niveau de la mer,
car des différences dans l'appréciation de ces niveaux peuvent
donner lieu à des différences énormes dans la dépense. Or, les
différentes études de l'Isthme présentent des variations énormes
dans l'appréciation des altitudes. On le comprend du reste si Ton
sait que tout le terrain à explorer est couvert de forêts épaisses
et habité par des peuplades sauvages.
Le moyen qui m'a semblé le plus avantageux pour ces études est
l'emploi des ballons captifs. Je suis donc venu demander conseil
à votre secrétaire général. M. Hureau de Villeneuve m'a renvoyé
à M. Henri Giffard comme à l'homme le plus compétent en cette
matière.
M. Henri Giffard m'a détourné de l'emploi des ballons captifs à
gaz, mais il m'a conseiUé l'emploi de Montgolfières captives.
Je prie la Société de vouloir bien nommer une commission pour
étudier les meilleurs moyens de construction et de chauffage des
Montgolfières captives,
M. LE PRÉsmENT : Je prie M. Drouillet d'adresser à la Société un
mémoire détaillé afin que la commission puisse étudier la ques-
tion en pleine connaissance de cause.
La séance est levée à dix heures.
Le Secrétaire de la séance ^
Ch. H\uvel.
— 143 —
Séance du 12 avril 1876.
PRÉSIDENXE ds M. PAUL BERT.
{ La séance est ouverte à 8 heures et demie.
La lecture du procès-vertal de la séance précédente est
ajournée.
M. us SBciuîTAiRB GÉNÉRAL procèdc au dépouillement de la corres-
pondance qui contient les envois suivants :
M. DiEUAiDB 8e Londres demande des renseignements au sujet du
concours publié par YAéronaute.
u. oiRAUD, architecte à Gonstantine, remercie la Société pour sa
nomination au titre de membre associé ;
M. MOREL demande la copie d'un mémoire qu'il a déposé aux
archives.
H. AUBRY demande des renseignements au sujet du prix offert
par M. P. Pcrt.
M. HENRI 6IFFARD adrcssc ses remercîments pour Tinsertion de sa
lettre dans YAéronaute,
M. FREMONT demande que la Société mette au concours le mode
de construction d'un récipient léger et très résistant ; son objectif
paraît être d'opérer un vide partiel dans une enveloppe et de
trouver là une cause ascensionnelle.
Une lettre de M. Piérard directeur du chemin de fer de l'Ouest
en réponse à la demande qui lui avait été adressée au sujet du
marin Roux; M. Piérard expose à M. le président que Houx n'a
que deux années de service, pendant lesquelles deux suspensions
de travail de 124 jours et qu'il ne lui est pas possible d'accueillir
favorablement la demande d'amélioration ou de secours pour cet
employé.
Une lettre de MM. Gotjdard et Bédouin, proposant de divulguer
leur projet à la Société, à la condition qu'on les indemnise pour
leur voyage et leur déplacement ; la Société décide qu'on répon-
dra par un refus.
M. LEFÉBURE cxposo la théoric d'une machine aérienne dans la*
quelle les organes sont actionnés par le choc de projectiles, i
La brochure de M. LiON Drouillbt, au sujet du canal maritime
de Panama.
Une gravure représentant la bataille de Fleurus et le ballon
captif qui y fut employé.
Une note communiquée par M. Penaud au sujet du concours
proposé à Harlem. Cette note est ainsi conçue :
Prix proposé par la seconde Société Teyler à Harlem^ consistant
en une médaille d*or de 400 florins ^ = 840 fr.
— 144 —
Paire un exposé critique de ce que Tobservatioa et la théorie
noua ont appris co&cernant le vol, suivi de recherches expérimen-
tales et théoriques de Tauteur.
Les mémoires devront être écrits d'une autre main que celle de
l'auteur et être remis avant le premier avril 1877. -^ Ils seront ju-
gés avant le 1*' mai 1878.
Tous les mémoires adressés resteront la propriété delà Société.
Celle-ci insérera dans ses publications avec ou sans traduction,- la
pièce couronnée. L'auteur renoncera au droit de puolier lui-même
son travail sans l'autorisation de la fondation. La Société se ré-
«erve aussi la faculté de faire des pièces non couronnées tel usage
qu'elle jugera convenable, soit sans faire mention du nom de Tau^
teur, soit en citant ce nom : Dans le dernier cas, elle n'agira pas
sans le consentement de l'auteur. Les auteurs des pièces non cou-
ronnées ne pourront en faire prendre copie qu*à leurs propres frais.
Les mémoires devront n'avoir en signature qu'une simple devise
qui sera répétée sur un billet cacheté, joint à l'ouvrage. Ce billet
contiendra le nom et l'adresse de l'auteur.
Les mémoires devront être adressés à la Maison de la fondation
de féu M. P. Tejler von Der Hulst à Harlem.
Après un vote au scrutin, sont inscrits sur la liste des membres
associés :
M. vAron, capitaine de frégate, présenté par MM. 0. et A.
Tissandier.
M. PORTER MioHABLS, présenté par MM. Hureau de Villeneuve et
OtFrion;
M. DRociLLBT, présenté par MM. A. Tissandier et F. Caron ;
M. PENAUD : J'ai été chargé de faire un rapport sur les communi-
cations de M. Gachassin Lafite ; j'ai l'honneur de le présenter à la
Société.
Le rapport de M. Penaud désapprouvant le projet deM. Gachassin
Lafite est lu et adopté .
La parole est à M. Hauvel pour sa communication au sujet du
travail de M. Duroy de Bruignac.
K. HàtJVBL : Je prie la Société de m'autorisera reporter cette
étude à la prochaine séance ; il s'agit d'un travail très important
et je ne suis pas prêt.
it. POIGNANT : Je désirerais être renseigné sur l'état des projets
de la commission de la résistance de l'air.
M. GAucROT : J'ai été chargé de présenter une étude détaillée de
l'appareil que j'avais proposé ; mais les conditions indiquées me
paraissent peu favorables et je crains que nous n^obtenions pas la
facidté de les développer, car les règlements des chemins de fer in-
a.-.*
•— 145 —
terdisent défaire marcher une locomotive en arrière d'un wagon,
M. HSRv^-BiANaoN : Certaines manœuvres peuvent être interdites
lorsqu'il s'agit du transport des voyageurs ; mais il peut en être
tout autrement lorsqu'il s'agit d'expériences scientifiques.
La séance est levée à dix heures et demie.
Le Secrétaire de la séance^
Gh. Hauvkl.
FAITS DIVERS
Le dimanche de Pâques, 16 avril, un an et un jour après la ca-
tastrophe du Zenith^ un ballon, le Nord, conduit par M. Camille
d'Artois, était précipité sur le grand chemin, à 4 kilom. de Rou-
perroux (Sarthe) et jetait à terre les trois aéronautes qui le mon-
taient. Tous trois étaient grièvement blessés ; deux avaient la
jambe cassée; le troisième était à moitié mort et le ballon était
détruit.
Le ballon était parti du Mans à quatre heures du soir, portant
dans sa nacelle MM. Marins Pellaguer, Gauffray, négociants et
M. Camille d'Artois, le pilote de Taérpstat. Cette ascension était
faite au milieu d'une fête publique, sur la place des Jacobins*
A leur départ, les passagers eurent vent d'O.-N.-O., très-fort.
On marchait vite, à 80Q mètres de terre, et nulle inquiétude ne
tourmentait les passagers* M. d'Artois, qui a fait plus de cent
voyages aériens, ne s'inquiétait guère de la violence du vent et
encourageait ses deux éompagnons de route. Il avait compté sans
les difficultés topographiques et sans l'engouffrement des trombes
de vent dans les collines qui enserrent la vallée d'Orne-Saônoise^
Arrivé à hauteur de ces collines^ le ballon reçut en travers une
longue poussée qui le renvoya sur la ville de Bonnétable, et le
chassa sur la forêt. Il avait été déjà vu sur Bonnétable, et c'était
la seconde fois qu'on le voyait passer au-dessus de la ville. On
se demandait un peu comment il descendrait ; car, une fois dans
la forêt, les arbres auraient bientôt fait de déchirer le ballon si l'on
tentait la descente. En ce moment-là encore, comme tout le monde
soitait des vêpres à Bonnétable, on s'aperçut que le vent semblait
avoir doublé de vitesse dans les couches supérieures ; la nacelle
descendait ; on voyait que les aéronautes essayaient d'atteindre
Rooperfouz*
— 146 —
Mais le vent n'attendit pas leur manœuvre. Un sifflement parvint
aux oreilles des voyageurs ; la soupape du ballon, en s'ouvrant,
avait fait perdre trop de gaz, et la descente devenait urgente pour
eux. ns essayèrent de la pratiquer le plus doucement possible;
mais à peine étaient-ils arrivés à 40 mètres de terre, que le guide-
rope, mal disposé, ne leur permit pas de prendre toutes les me-
sures d'usage ; les voyageurs furent emportés à une hauteur cons-
tante de trente-cinq mètres pendant une demi-lieue, allant comme
la trombe, et ne sachant où ce déchaînement les menait. Tout à
coup, ils sentent un horrible sifflement : les arbres sont près
d'eux, le ballon s'engouffre dans les branches des peupliers, qui se
cassent avec un fracas horrible, et jettent à terre les trois passa-
gers, qui roulent de 35 mètres jusqu'au sol.
Le ballon remonte, passe quelques bouquets d'arbres, va se dé-
chirer plus loin. A l'heure qu'il est, il pendrait encore dans les
branches, si la population n'avait essayé de le mettre en état, et
de le plier selon l'usage.
M. d'Artois avait la cuisse gauche cassée, la figure trouée et le
bas-ventre aflVeusement mutilé ; il ressentait dans les intestins de
violentes douleurs; M. Gauffray avait le péroné cassé ; M. Pellaguer
ressentait des souffrances atroces dans les mains, les pieds, la tête
et le ventre.
M. Adrien Duté-Poitevin vient de faire deux ascensions à
Bruxelles. Il a envoyé à la société de navigation aérienne les ob-
versations météorologiques qu'il aprises. Il a jeté de la nacelle 4es
séries de lettres-questionnaires dont quelques -unes sont revenues
au siège de la société. Les expériences qui devaient avoir lieu avec
l'appareil de M. Simmons n*ont pas été exécutées. L'aéronaute an-
glais avait fait savoir que son appareil était endommagé et serait
bientôt réparé. Jusqu'à ce jour on n'a vu arriver à Bruxelles ni
l'homme ni l'appareil.
Le Gérant, Félix CARON,
CLKRUOMT (OISU). — IMPRIMERIE A DAIX, RUE DK CONDÉ, 27.
— 147 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
La France avec ses Colonies, par E. Levasseur, membre 'de l'Institut,
contenant 174 coupes et figures explicatives insérées dans le texte, sui-
vie de la table alphabétique de tous les noms mentionnés dans l'ouvrage
et accomoagnée d'un atlas. Delagrave, 58, rue des Ecoles.
Expose des principes qui régissent les machines binaires à vapeurs
comoinées, par Adrien Martin, ingénieur civil, garde-mines de première
classe, chez D^ey, 18. rue de la Perle.
Mémoire sur la prpoabilité d'atteindre un but de forme quelconque
par P. Bréger, capitaine d'artillerie de la marine, chez Tanera, éditeur
rue de Savoie, 6.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Éaudry, éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
Aéoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Pour les articles imprimés dans les publications périodiques, voir les
extraits des procès-verbaux de la Société de Navigation aérienne.
Les huit premières années de TAiRONAUTs sont actuellement en
Tente aux prix suivants :
Annéb 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 3 »
AjmÉEB 1869, 1870, 1871 et 1872 — Chacune 12 livraisons.. 12 »
Chaoue livraison. , 1 50
Amkéeb 18%, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6 »
Chaque livraison » 75
La. collbction coMPLàTs, avec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou Tétranger, le port en sus.
La collection de I'Aéronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les aocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordro^ matières ei par noms d'auteurs.
fiouB engageons nossouscripteurs, oui font relier la collection
de TAéronautb, à recommander au relieur de conserver les cou-
rertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
eomprenant la totalité des ouvrages aéronauti<iues.
Les perttonnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de l'ÂiROMAUTB, solit priécs de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
L'^ÉHON-^XITEl
SOMMAIRE
MAJ T87e
Les Ascensions en montgolfière de M. et Mme Goudesone, par
M. Adrien Duté-Poitevin (deux grandes gravures dans le
texte).
Recherches sur la navigation aérienne, par M. Duroy de
Bruigriiac (trois gravures dans le texte).
Extraits des procês-verbaux de la Société française de Navigation
aérienne par les secrétaires de la Société.
Séance du 22 mars 1876, Relevé des niveaux de l'isthme interocéa-
nique au moyen de ballons captifs^ M. Xj. IDrouilIet.
Séance du 12 avril 1874 : Prix de 840 francs fondé par la Société
Teyler de Harlem, pour un travail sur le vol des oiseaux.
M.. Alplionee Penaud.
Faits divers. Bibliographie aéronautique.
L'aÉRONAUTE parait T6US LES MOIS
RéDACTION ET ABONNEMENTS
95, RUE l-AFAYETTE, 96
prix de l'année COURANTE *.
Vil numéro t TU cenilme»
Paris : 6 f^. par an. — Départements : 7 fr.
AUTRIOHB'HoNaRIEf DANEMARK, EgTPTE, EsPAONB, GRANDB^BaBTAaMB
Grâcb, Italib, Luxbmbouro, MonténéokO) NoRWÉaB,
• Pats-BaS| Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suéde, Suissb»
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles^ 12 fr.
Chine, Inde, Cochinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australoc,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements en AmafâONS
L'abonnement commence au 1«^ janvier
Il continue jua<^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Bnvoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom de
M. HuasAu DB ViLLBNBuvB, luc Lafajctte, 95.
M€Mi abooné» en retard Bont ln«taininent priée de nove
^ envoyei* de suite le montant de leur eenttorlptloa,
tttrttont-Ouo. — Imprincrit k* Daii, rn« «U Con4e| §7*
NAVIGATION AERIENNE
tOMOt ET OIMOt PAtt
;t,E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Lnriil da llmiUI, Ti«-PrW<ut da la
sociÊTË vR&açKisa de navigation aérienne
Arr<M*<> rvMvWoi un. ■■ ■lalHnlgl'luirutîMrBblIfM, dMCilMMil(«B«»i-ArU.
• 6
JUIN 1876
Fin» : 8 rRtKCS par an. — dîpirtements : 1 r
CM NDMtAO : 75 CUNTIMSB
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 150
Le comité de rédaction de TAÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvcl d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs k
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Perfectionnements dans la construction des aérostats, par
M. Henri GUffard.
Xavier de Maistre, aéronaute, par M. Q-astoix Tissandier.
Observations critiques sur les ascensions à grande hauteur, par
M!. Adrien Dnté-Poitevîn (une grande gravure dans le
texte}.
Les Ascensions en montgolfière de M. et MmeGoudesone, (deux i
grandes gravures dans le texte). |
Recherches sur la navigation aérienne, par M. Diiroy de j
iBruigrnac (trois gravures dans le texte). *
La Société f(iançaise de Navigation aérienne, approuvée pardéci*
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit deux
fois par mois, à huit heures du soir, sauf le temps des vacances,
août et septembre. Son bureau est ainsi constitué pour Tannée
courante : Président, M. le colonel du génie Laussedat, président de
la commission des aérostats militaires au ministci^e de la guerre ;
vice-présidents, MM. le D*" Hureau de Villeneuve, lauréat de Tins- t
titut, le D' Marey, professeur au Collège de France, Alphonse
Penaud lauréat de Tlnstitut et Gaston Tissandier, chimiste ; secré-
taire général, M. Ch. du Hauvel d'Audreville, ingénieur des arts et
manufactures; secrétaires, MM. Jules Armengaud, ancien élève de
TEcole polytechnique, O. Frion, chimiste, L. Redier, Albert Tis- j
sandier, architecte; archiviste, M. G. Poignant, avocat; trésorier, j
M. Félix Caron ; membres du Conseil : MM. Paul Bert, professeur |
à la Sorbonne, Duroy de Bruignac, ingénieur, Dupuy de Lôme
membre de l'Institut, Gauchot, ingénieur, Janssen, membre de ;
rinstitut, Jobert, constructeur-mécanicien, Hervé Mangon, membre |
de rinstitut, Motard, ancien élève de Técole polytechnique, A.
Olivier, ancien négociant, de Ponton d'Amécourt, Kampont, séna-
teur ; Renoir, chef de station des télégraphes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de V Aéronaute^ rue Lafayette, 9 5.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, 95. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s'exercer aux manœuvres aériennes.
L'AERONAUTE
9* iHMÉE. — K" 6. — JDIH 1876
SUR L'ANCIENNE ECOLE AEROSTATIQUE
DE UEUDON.
NODVK&QX DOCQUSMTS
endaDt le deruier blocus de Metz, en
1870, oa s'efforça'dès les premiers jours
de l'investisseiiientparrBrinée prussien-
ne d'organiser un service d'observation
militaire aérostatique. Mais dans la ville
où naquit Pîlâtre de Rozier on ne sut pas
construireun ballon (l).Etdaas cette ville
même, h l'insn de tous, se trouvaient, enfouis dans les car-
tons de l'administration de la guerre, des dossiers d'un haut
prix, contenant les documents les plus complets sur les
ballons militaires de Maubeuge et de Fleurus, et sur le
mode de construction de ces aérostats?
Quand Bazalne ouvrit à. l'armée de Frédéric-Charles les
portes de Metz, on put sauver quelques-uns de ces papiers,
qui furent envoyés b, Fontainebleau. Parmi ceux-ci on a
retrouvé récemment d'admirables aquarelles absolument
inédites, dues au pinceau de l'illustre Conté, et représen-
tant dans tous ses détails l'ancienne école aérostatique de
Meudon. Nous sommes heureux de pouvoir donner la des-
cription de ces précieuses pièces historiques, dont nous
avons entre les mains les reproductions photographiques.
(1) Nous parlons ici des ballons montés. Pendant le siège de
Mets on a l&ncé de petits ballons libres portant des misaiTes et
des lettres. Hais réduite à ces proportions) la poste aérienne est
lont il bit incemplète.
Les aquarelles de Conté, sauvées de Metz, n'ont pasmoina
de 40 centimètres de large ; elles sont an nombre de huit
et représentent les sujets suivants :
l' Salle de la coupe de l'étoffe des aérostats. — C'est une
grande Balle éclairée de chaque côté par deux larges fend*
très, et au milieu de laquelle on aperçoit à droite une Ion-
— 154 —
gue table où des coupeurs taillent dans la soie les fuseaux
dont ils ont dessiné la forme, à l'aide de patrms faits en
bois mince à la façon des équerres. La pièce de soie est
tendue sur la table au ïnoyen d'une sorte, d'étau particu-
lier, fort bien imaginé , et qui empêche la production des
plis. A gauche, un homme fait glisser un pinceau sur le
bord de la côte taillée, comme on le voit encore dans le
dessin suivant ;
2** Salle de couture. — Au fond d'une grande salle éclai-
rée de chaque côté par quatre fenêtres, huit ouvrières cou-
sent ensemble les fuseaux de l'aérostat. Sur le premier
plan, un homme enduit de vernis les bords du fuseau, et
paraît apporter à sa tâche un soin particulier. Il est pro-
bable que ce vernissage préliminaire du bord du fuseau,
déjà indiqué dans la première aquarelle, était destiné à
éviter les fuites déterminées par les trous d'aiguille. Le
fil passant à travers une étoffe ainsi préparée devait en
effet s'enduire lui-même et mieux absorber ensuite la ver-
nis définitif. Quoi qu'il en soit, il est certain que la plupart
des aérostats modernes perdent énormément de gaz par
leurs coutures, généralement très-incomplétement imper-
méabilisées. Si nous exceptons les constructions gran-
dioses de M. Giffard dans ses ballons captifs à vapeur, les
aérostats confectionnés aujourd'hui ne resteraient certai-
nement pas gonflés pendant plusieurs semaines, comme
le faisaient ceux de l'ancienne école de Meudon. En effet,
on sait aujourd'hui d'une façon certaine que l'une des
compagnies aérostatiques de l'école de Meudon suivît, en
1797, l'armée du général Moreau, en transportant un ballon
gonflé, sans renouvellement de gaz possible, pendant trois
mois de suite ;
S** Vue du laboratoire pour la préparation des vernis. —
C'est une grande salle voûtée. A la droite s'élève un four-
neau muni d'une hotte fort bien construite ; des bassines
y sont installées, au-dessus de quatre foyers. Sur le pre-
mier plan trois hommes préparent le vernis, et filtrent,
dans une des bassines, une substance qu'ils font passer à
travers une toile tordue ;
4** Nettoyage d'une bassine de cuivre hémisphéri^u^j des^
tinée à la cuisson du vernis;
— 155 —
Les vernis employés pour les aérostats militaires avaient
été l'objet d'un grand nombre d'expériences exécutées par
Conté* On a retrouvé les recettes que ce dernier chimiste
faisait connaître à ses élèves dans son cours. Il recomman-
dait surtout l'emploi de vernis formés par la cuisson de
l'huile additionnée de caoutchouc :
&* Moule de bois pour redresser la bassine précédente
et la nettoyer extérieurement sans la bossuer;
&* Vernissage de Vaérostat terminé, — (Voir notre fig. (12).
Le ballon est entièrement gonflé d'air dans une salle voû-
tée et circulaire. Il peut tourner autour de son axe, main-
tenu par des cordes attachées aux deux pôles de la sphère.
Des ouvriers y étalent le vernis à l'aide de tampons. Cette
précaution de vernir un ballon tout gonflé est excellente
et permet au liquide de sécher, sans coller les côtes les unes
contre les autres, comme cela peut avoir lieu quand
l'aérostat est en partie plié sur lui-même ;|
7** Tente^abripour Vaérostat en campagne. — La repro-
duction que nous donnons de cette aquarelle (fig. 13) nous
dispense d'une longue explication. Le ballon est recouvert
d'une housse de toile, maintenue par des pieux à la surface
du sol ; dans ces conditions, il doit pouvoir résister & la
violence du vent. Ce dessin est particulièrement intéres-
sant, car la tente-abri qu'il représente diffère sensiblement
de celle que Coutelle employait, et que les traités aéronau-
tiques ont souvent représentée ;
8® Manœuvre de ballon captif au m^ilieu de l'armée fran-
çaise. — L'aérostat est maintenu dans l'atmosphère par
des cordes attachées à son équateur à l'aide de'pattes d'oie.
Deux observateurs sont juchés dans la nacelle. A terre les
cordes d'attache du ballon passent dans des poulies fixes
et sont tirées par douze hommes. Au milieu du dessin,
on voit sur le premier plan un général français, accompa-
gné de«deux officiers attendant les renseignements que
les observateurs aériens ne vont pas manquer de leur four-
nir sur les mouvements de l'ennemi.
Telles étaient les dispositions de l'école nationale aérosta-
tique de Meudon, fondée le 10 brumaire de l'an III (1794), à
l'instigation de Guyton-Morveau et sous la direction de Conté
— 156 —
cet homme remarquable, qui était tout & la fois peintre,
mécanicien, chimiste, et dont le grand Monge avait pu
dire, comme on l'a répété si souvent : ■ Il a toutes les
sciences dans la tête et tous les arts dans la main. ■ Conté
soumit à l'approbation du Comité de salut public le règle-
ment intérieur de l'école, et rédigea un cours que l'on pos-
sède aujourd'hui et qu'on peut'citer comme un modèle de
clarté, de concision et de patriotisme (1).
Il y avait déjà, deux ans que Monge avait proposé à 1»
Convention d'employer les aérostats comme machines de
guerre, et qu'une commission composée de Lavoisîer,
Bertholet, Fourcroy, Monge, Guyton, etc., avait été cons-
tituée pour étudier la construction et le mode de gonfle-
ment des ballons militaires. Pendant ces deux années, de
nombreuses expériences avaient été faites & Meudon; une
première compagnie d'aérostiers militaires avait été créée,
Coutelle avait assisté dans la nacelle du ballon l'Entrepre-
nant au siège de Maubeuge (2 juin 1794), à la prise de
Charleroi (25 juin), h la victoire de Fleurus (26 juin) (2),
eervant partout d'éclaîreur aérien au général Jourdan;
pendant ce temps Conté avait organisé une deuxième com-
pagnie d'aérostiers: un brillant avenir semblait devoir
s'ouvrir h la nouvelle école aérostatique.
Eientât l'intrépide Coutelle exécute devant Mayence as-
siégée un grand nombre de reconnaissances aériennes, et
après s'être signalé à Mannheim, les aérostiers prennent
leurs quartiers d'hiver à Frakental, où ils fondent un
nouvel établissement.
En 1797, « la 1" compagnie aérostatique suivit l'armée
de Jourdan qui s'avança jusqu'à Naab; mais à la défaite
(1) Archives duDépOt des fortiflcationa. ^ Det'aérostationmiii-
uire, par U.Delambre, capitaine du génie. —Paris, à la Réunion
des officiers.
(2) Quelques officiers ont contesté l'importance du r61e que le
ballon de Coutelle a joué dans cette mémorable journée ; mais les
procès-verbaux de l'époque et Isfs aMnnations de Coutelle démon-
trent que les mouvements des troupes conemies ont été sign&léi
constamment il 800 mètres d'altitude.
— 157 —
de Wurtzbourgf, les aérostiers enfermés dans la ville fu-
rent faits prisonniers de guerre avec le reste de la garni-
son. La 2* compagnie, partie de Strasbourg, accompagna
l'armée de Moreau jusqu'à Augsbourg, faisant des recon-
naissances journalières et conservant un ballon gonflé
pendant trois mois, sans renouvellement possible de gaz.
Ce fait qui montre quel degré d'imperméabilité les cons-
tructeurs de Meudon surent donner à leurs enveloppes pa-
raîtrait incroyable^ mais il est rapporté par un témoin ocu-
laire, le lieutenant de la compagnie, le baron de SeUe de
Beauchamp, qui nous a laissé d'intéressants, mais trop
courts mémoires sur les événements auxquels il a pris
part (1).
Malgré d'incontestables succès, malgré des efforts si re-
marquables, là devait se terminer la glorieuse bistoire des
aérostiers militaires et de l'école de Meudon, comme on va
le voir par le récit que nous empruntons au capitaine
Delambre.
c La 2" compagnie, oubliée quelque temj^ à Strasbourg
et laissée sans emploi, malgré les démarches reitérées de
ses officiers, fut signalée par Hoche au ministre dans une
lettre du 80 août 1797 comme absolument inutile à l'armée,
et pouvant par son licenciement procurer une économie, et
peu après, le 29 pluviôse an VII (18 janvier 1799), le Direo*
toire prononça en effet le licenciement de la 2*^ compagnie
(2). Quant à la I'"* compagnie, rendue à la liberté par le
traité de Léoben, elle avait été attachée à l'expédition d'E-
gypte, et les deux hommes éminentsqui avaient été les
créateurs de l'aérostation militaire, Goutelle et Conté, sen-
tant quelle défaveur devait peser désormais sur l'œuvre
qu'ils étaient impuissants à sauver, profitèrent de cette cir-
constance pour se faire attacher à cette expédition . Le ma-
tériel aérostatique fut perdu à la bataille d'Aboukir ; les
hommes furent alors employés seulement comme soldats
(1) De l'aérostation militaire. Ouvrage précédemment cité.
(2) Archives nationales. Comme le Directoire avait eu honte de
l'arrêté qu'il rendait, l'article 5 se termine par ces mots : « Le pré-
sent arrêté ne sera pas publié. »
— 158
de génie; les officiers eurent diverses missions & remplir:
Coutelle fit un long voyage d'exploration jusqu'en Abyssl-
nie ; quant à Conté, il se multiplia^ et, mettant au service
de la nouvelle colonie son génie créateur, il trouva moyen
d'établir des usines de toute sorte, des moulins, des ma-
chines, des télégraphes; mais les ballons n'eurent aucun
rôle à jouer, si ce n'est comme montgolfières dans les fêtes
données au Caire. Au retour d'Egypte, en l'an X, la V
compagnie trouva à Marseille l'ordre qui la licenciait; dé-
sormais, l'aérostation militaire n'avait plus d'existence offi-
cielle. Mais le décret de suppression du 29 pluviôse
chargeait le corps du génie de conserver les traditions de
l'école de Meudon. Deux officiers et le sergent-major de la
2* compagnie furent envoyés avec le Télémaquey le der-
nier ballon construit à Meudon, à l'école de Metz, pour y
donner l'enseignement théorique et pratique. Toutefois, le
génie n'accepta de l'héritage de Meudon que quelques ar-
chives et n'exécuta jamais la loi de pluviôse. Malgré les
réclamations éloquentes du commandant Prieur, en 1709,
le silence le plus complet se fit sur la question ; pas une
tradition ne fut transmise, pas une leçon ne fut donnée, et
pendant la dernière guerre, Metz, complètement investi
par l'armée allemande, Metz, où se trouvait l'école d'ap-
' plication de l'aérostation militaire, n'eut ni un aéronaute
I ni un ballon. »
(La Nature) Gaston Tissandibr.
LES LOIS DE SUSPENSION
Des corps pesants en mouvement dans Tair.
3« article (<)
L'albatros voyageur est un des ext mples les plus parfaits de vol
facile et longtemps soutenu que nous offre la nature, c Oiseau pro-
bablement sans rival pour 8on;volde longue duiée, on le rencontre
(i' Vo'r VAâronTAtc de fivricr et mars 1876.
— 159 —
au-dessus de toutes les parties de rOcéan boréal ; il repose rarement
sur Veau, durant les orages même les plus terribles, on le voit tantôt
jaillir à travers les trombes nuageuses, tantôt flotter sereinement
sans le moindre mouvement apparent dans Textrémité de ses ailes
ouvertes. » Mesurant de bout en bout 14 ou 15 pieds (4 m. 56), les
ailes de ces oiseaux n'ont que 8 pouces 1/2 (0 m. 2125) dans leur
plus grande largeur transversale. Cette conformation procure à
l'oiseau un pouvoir de suspension si extraordinaire qu'il dort, dit-
on, sur son aile durant les temps orageux lorsqu'il lui est impos-
sible de se reposer sur l'Océan. Après s'être élevé à une grande
hauteur, dans les airs, il se laisse en planant avec ses ailes abso-
lument immobiles, porter nonchalamment en bas; lorsqu'arrivé
sur les vagues il se trouve réveillé, il remonte pour reprendre et
Gontinuer son sommeil.
Si le travail dépensé &' soutenir un oiseau de grande envergure
sur une large et résistante couche d'air, pendant un vol rapide, n'est
qu'une petite fraction de la force de l'animal, celle-ci est donc pres-
que toute employée à surmonter la résistance directe en avant.
Dans le pélican, la superficie de projection du corps, pris à son
plus grand diamètre est d'environ 100 pouces carrés (0 m. c. 06.25),
celle de la tranche des ailes 80 p. c. (0 m. 050.) Gomme la forme de
beaucoup d'oiseaux durant le vol, se rapproche beaucoup du solide
de moindre résistance de Newton, en raison même de cette forme
qui agit à la façon de la proue des navires, la force qui est à op-
poser au vent doit être diminuée d'un tiers ou d'un quart ; ce qui
donne un dixième de cheval-vapeur, c'est-à-dire la moitié environ
de la force d'un homme, comme dépense dans un vol de 30 milles
(48 k. 169) à l'heure. Si nous jugeons d'après la vigueur d'action
que déploie un oiseau en vie au moment de sa capture, nous
voyons que ranimai ne montre pas une force supérieure à celle que
nous venons d'établir.
La surface transversale (ailes comprises) d'un pigeon voyageur
en plein vol excède quelque peu le rapport de 12 pouces carrés
(0 m. c. 0075) par livre, et la surface de l'aile ou surface de suspen-
sion, 90 pouces carrés (0 m. 0562) par livre (455 gr.)
Les expériences suivantes ont été faites dans le but de détermi-
ner la force de résistance des corps coniques de formes variées.
Une mince latte posée horizontalement et mobile sur un pivot cen-
tral, portait à une de ses extrémités un disque de carton ; à l'au-
tre extrémité sur une coulisse glissait une pince destinée à fixer
des cônes de papier, à base unique et égale au disque. L'instru-
ment agissait comme une balance romaine. En le présentant au
vent, on ajustait les cônes de papier, selon leurs formes et angles,
6.
— 160 —
& diverses distances du centre de manière à balancer la résistance
de Tair contre la surface plane opposante. 11 a été trouvé que la
résistance décroissait presque en raison directe de Taugmentation
de la hauteur du cône par rapport au diamètre de sa base.
En tirant sur la corde d'un cerf-volant, il est possible de se âûre
une idée delà force dds surfaces inclinées agissant sur un courant
d'air ; mais on ne saurait chercher là aucune donnée précise. L'in-
clinaison du cerf-volant est beaucoup plus grande que ne semble
l'être celle de la surface d'aile propulsive d'un oiseau. La queue
sert à donner à cet appareil la stabilité par l'action d'une
forte poussée en arrière du vent, qui exerce également une force
considérable sur la corde de suspension ; celle-ciy dans une bonne
moitié de la loogueur pend presque verticalement.
Le cerf-volant, employé pour obtenir un enlèvement illimité et
une force de traction dans certains cas où il peut être d'une appli-
cation très avantageuse, semble avoir été trop souvent négligé.
Quant à sa puissance pour enlever des poids, empruntons au VoL
XLI of the Transactions of the Society of Arts^ la relation suivante
qui indique le procédé dont se servait le capitaine Dansey pour
communiquer avec la côte sous le vent. Son cerf-volant de neuf
pieds, fabriqué en toile de Hollande était tendu par deux tiges dia*
gonales et mesurait une surface de cinquante-cinq pieds carrés,
(5 m. 0828). « Le cerf-volant, par une forte brise, portait 1100
yards (1005 m.) de ligne de cinq huitièmes de pouce (0 m. 016}
de circonférence et en aurait pu porter davantage. Il a également
porté 360 yards (328 m.) de ligne de trois quarts de pouce (8 m. 010)
de circonférence et pesant soixante livres (27 k. 300). La tqile de
Hollande pesait 3 livres et demie (1 k. 582) les traverses dont l'une
était terminée par des pointes de fer servant aux attaches, 6 li-
vres 3/4 (3 k. 071) la queue cinq fois plus longue que le cerf-vo-
lant, se composait de 8 livres (3 k. 640) de cordes et de 14 plan-
ches d'orme, faisant ensemble un poids de vingt*deux livres
UO k. 010). 1^
C'est un fait remarquable que ces 92 livres 1/4 (41 k. 973), en-
levés par une surface de 55 pieds carrés seulement (5 m.
0828).
Toutes les expériences de ce genre ont im grand rapport avec
l'objet de ce mémoire ; on peut songer à employer pour des recon-
naissances et des explorations, un cerf-volant de forme donnée, de
préférence aux ballons captifs ; ceux-ci seraient mis en pièces par
une forte brise qui rendrait un cerf-volant beaucoup plus utile et
plus sûr. 11 y aurait d'abord un petit cerf-volant supérieur capa-
ble de supporter le poids de l'appareil; le grand cerf-volant infé-
— 161 —
rieur aurait la forme d'un plan circulaire plat, tendu à Taide de
nerrures en bois courbé et porterait une nacelle au-dessous de lui.
Quatre cordes de suspension reliées à la nacelle serviraient à faire
varier Tangle du plan» verticalement par rapport àThorizon et la-
téralement par rapport à la direction du vent. Par ces moyens,
Tobservateur pourrait régulariser son altitude de manière à em-
brasser du regard une région comprise dans un rayon de moins de
dO milles (22 kil. 186) ; il pourrait se porter de côté et d'autre du lit
du vent, ou s'abaisser doucement en choisissant un lieu de des-
cente convenable. Si la corde venait à casser ou le vent à tomber,
le cerf-volant dans Tun ou l'autre cas ferait parachute et même
comme tel on pourrait à dessein lâcher la corde, qui alors traîne-
rait après le cerf-volant supérieur sans se perdre. La descente se-
rait réglée par les fils de suspension qu'on tirerait suivant le sens
de la direction choisie pour le débarquement (1).
Tout nous porte à croire qu'en se servant de cet appareil, on
courrait beaucoup moins de risques qu'avec les ballons de recon-
naissance dont on fait encore un fréquent usage pour le service de
la guerre.
Ces idées semblent avoir eu une application pratique, il y a quel-
ques années déjà. Dans un opuscule intitulé « Historyofthe chair-
volant or kite carriage » publié par Longman et Gi«, on trouve les
remarques suivantes :
• Ces voiles légères, possédant une puissance considérable, ser-
viront, comme nous l'avons déjà dit, d'observatoires aériens.
Elevée dans les airs, une seule sentinelle, à l'aide d'une lunette
d'approche, pourrait surveiller et signaler l'approche des masses
ennemies quelles qu'elles soient, alors même qu'elles seraient encore
très éloignées. Elle pourrait remarquer leurs lignes de marche, la
composition et la puissance générale de leurs forces, longtemps
avant d'être aperçue par Pennemi. » Plus loin, page 53 nous lisons
à propos des asceasions qui ont été faites jusqu'ici. — « On ne pos-
sédait encore aucune expériehce de quelque valeur pour ainsi dire,
lorsqu'on tenta d'enlever ou de déplacer de grands poids. Pendant
que nous sommes sur ce sujet, nous ne devons pas oublier de rap-
peler que la première personne qui s'éleva dans les airs par ce
moyen fut iine dame dont on ne saurait nier le grand courage.
Après avoir placé un fauteuil sur le sol, on diminua le cordage du
(I) M. Joseph Simmons a, dans ces derniers temps (1876^, essayé
de reprendre le projet très praticable de M. Wenham ; mais il ne semble
pas que, jusqu'à présent, ses expériences aient donné des résultats impor-
tants. {Note de la rédaction).
— 162 —
cerf-volant en larguant la plus petite attache, à la plus longue ; on
lia fortement la chaise et la dame y prit place. La corde courte
ayant été déroulée, la voile immense et légère s'éleva dans les airs
avec son précieux fardeau, et continua à monter jusqu'à la hauteur
de 100 yards (91 m.) Après sa descente, la dame exprima le grand
plaisir que lui avaient procuré le doux balancement du cerf-volant
et le coup d'œil ravissant dont elle avait joui. Bientôt après, cette
même expérience fut répétée par le fils de l'inventeur avec autant
de hardiesse que de bonheur ; il s'agissait d'escalader à l'aide de
cette puissante machine aérienne, le sommet d'une falaise à pic et
de 200 pieds de hauteur (60 m. 8). Ici, après avoir pris pied sur la
hauteur sans accident, l'expérimentateur prit de nouveau place
dans un fauteuil préparé ad hoc, et détachant la ligne-anneau qui
maintenait la chaise à sa hauteur, il prit terre en se laissant glis-
ser doucement le long du cordage jusqu'à la main du directeur de
l'appareil. La voile légère employée en cette circonstance, faite en
grosse toile, avait 80 pieds (9 m. 12) de hauteur et une largeur pro-
portionnée. L'enlèvement de la machine fut des plus majestueux ;
rien ne pouvait surpasser la régularité de sa manœuvre, la préci-
sion et la sûreté avec laquelle elle obéissait à l'action des lignes,
et la facilité avec laquelle sa force était diminuée ou accrue ... A
celle-ci, succéda une expérience neuve et des plus hardies qui fut
faite sur une large échelle ; une voiture avec une charge considé-
rable fût entraînée» tandis que cette énorme machine enlevait en
même temps dans les airs un observateur, réalisant presque la
fiction du vol. »
Il faut remarquer que les cordes d'attache employées ici étaient
manœuvrées d'en bas ; mais il est évident que les mêmes cordes
pouvaient être manœuvrées aussi facilement par la personne pla-
cée au-dessous dans la nacelle ; et si la plus longue avait été at-
tachée à un bateau, au lieu d'une nacelle à roues, l'expérimenta-
teur aurait pu traverser des rivières, des lacs et des baies, avec
une latitude considérable pour gouverner et choisir l'endroit de la
descente ; et ce, en tirant d'un côté ou de l'autre les lignes d'atta-
che, selon la nécessité. Et, grâce à l'uniformité de résistance offerte
par la coque du bateau cette expérience ne serait pas accompagnée
de plus grands risques que le vol près de terre par les mêmes
moyens.
Les ailes de toutes les créatures volantes (oiseaux, chauves-sou-
ris, papillons et autres insectes présentent une même particularité
de structure. La tranche antérieure (leading edge) de leur aile est
rendue rigide par des os, des cartilages ou des ligaments fibreux ;
et chez la plupart des oiseaux excellent? volateurs, toutes les plu-
— 163 —
mes sont faites dans ces conditions. Il en résulte que si Taile est
mise en mouvement sur Tair, il se produit une force persistante
dans une seule direction causée par la réaction élastique de la por-
tion qui fait suite au bord antérieur. Les nageoires et la queue
des poissons agissent d'après les mêmes principes. Les plus rapi-
des nageurs ont ces organes terminés en lobe (lobated), et en poin*
te; leur corps finit en une queue transversale et très large, de telle
sorte qu'une impulsion puissante est acquise sur une large nappe
d*eau, conformément à ce que nous avons exposé. L*hélice de
Macintosch avec ses pales en acier assez mince pour être
élastique, imite cette action. Le vaisseau étant stationnaire, les
pales sont en ligne avec la quille, mais en tournant elles se cour-
bent plus ou moins d'un côté, suivant la vitesse et le degré de pro-
pulsion reçus, et règlent automatiquement leur action ; n'étaient
les difficultés pratiques à surmonter, on prouverait théoriquement
que c'est là une forme de propulseur parfait.
Le mécanisme volant des coléoptères offre une disposition parti-
culière. Lorsque les éljtres (wing-cases) sont ouvertes elles se trou«
vent mécaniquement arrêtées et fixées sous un angle invariable. Il
est probable que ces enveloppes font office d'aréoplanes > pour
supporter le poids de l'insecte, pendant que l'aile membraneuse
et délicate agit, comme organe de propulsion plutôt que de sou«
tien. Uncoléoptère ne peut voler après l'enlèvement de ses élytres.
L'aile d'un oiseau ou d'une chauve-souris est tout à la fois un
organe de propulsion et de suspension, et le vol avançant rapide
est obtenu de la manière suivante : — Pendant l'abaissement, on
comprend facilement comment l'oiseau est soutenu; mais dans
le relèvement le poids est aussi bien supporté, car pendant qu'elle
se relève, l'aile s'incline légèrement en haut contre le courant
d'air et comme l'angle ainsi formé est quelque peu en excès sur
celui du sillage du relèvement, l'oiseau se trouve autant soutenu
dans le relèvement que dans l'abaissement — en fait, même pen-
dant le relèvement de l'aile, l'oiseau presse toujours sur l'air avee
une force égale au poids de son corps. Cette faculté de tourner
l'aile en haut peut aisément s'observer quand un grand oiseau
descend se poser ; car après avoir glissé jusqu'à terre dans l'air sur
lequel il s'appuie comme sur des gradins, il retourne avant de tou-
cher terre, le plan de ses ailes sur l'air ; cela diminue la rapidité
de la chute et l'oiseau arrive légèrement sur le sol.
F. H. Wenham.
Traduction de James Macquarie.
(La suite à une prochaine livraison).
— 164 —
COMPTES-RENDUS ANALYTIQUES DES SÉANCES
SB
L4 mmî FRANÇAISE DE NAVIGATION AfiRIENNE
▲PPaOU7£E PAR M. LE MINISTRE DE L*IK8TaUCTJ0N PUBLIQtJB
Séance du 26 avril 1876.
PRÉSIDENCE DE M. G. TIS8ÂNDIER, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à 8 h. 1/2.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. LE sBCRÉTAiRE GÉNÉRAL procèdc RU dépouillement de la cor-
respondance dont voici la substance :
Lettres de MM. léon drodillbt et véron, remerciant de leur
élection comme membres associés.
Lettre de M. Tabbé sisoot, remerciant de Tinvitationquilui a été
faite d'assister à la séance.
M. ddté-poitevin a envoyé un diagramme et une description de
son ascension à Bruxelles ; trois lettres jetées de la nacelle sur le
sol belge ont été renvoyées à la Société.
H. EDOUARD CARON» ingénieur civil a envoyé un inventeur propo-
sant un projet de moteur nouveau. L'auteur a été engagé à pren-
dre un brevet avant que son idée ne fdt discutée.
Lettre de M. Albert Guignant exposant ses idées sur l'aviation.
La correspondance imprimée comprend :
Les Comptes-rendus de l'Académie des Sciences contenant des re-
cherches sur l'élasticité de Tair sous de faibles pressions.
La Revue scientifique, note de M. Sainte-Claire Deville sur les
courbes barométriques.
\J Explorateur, Article de M. Blanchet, sur le canal interocéa-
nique.
Brochure de M. Drouillet sur les Isthmes américains.
La Nature, Un article sur l'utilisation de la chaleur perdue, par
M. Tommasi.
Bulletin de la Réunion des Officiers. M. le colonel Laussedat a
été nommé vice-président de la Réunion.
Une affiche de M. Goudesoné pour l'ascension du Mistral et un
compte-rendu de cette ascension. Les journaux annonçant Tacci-
dent survenu à M. d'Artois» au Mans.
- 165 —
M. Prosper Meller envoie une note appréciant rAseension du
Zénith ; il y expose ses idées et présente des conseils relativement
à de semblables ascensions.
Une discussion s'engage sur le prix fondé par la Société Tejler
sur une théorie du vol de^u|iseaux. (Voir VAéronaute livraison
d'avril 1876, page 143).
* M. LE SEORiTAiiiE GÉNJÊRÀL- — Nous devous vivemeut remercier
notre collègue* M. Penaud, de nous avoir fourni le renseignement
important que vous venez d'entendre ; mais il serait intéressant de
savoir ce que pourra être le concours fondé par la Société Teyler.
Cette Société offre 840 francs pour un mémoire sur le toi des oi-
seaoXi c'est fort bien, mais en quoi la proffriété scientifique des
auteurs est-eUe garantie ? La Société Teyler se réserve le droit de
fiedre des pièces couronnées tel usage qu'il lui plaira, et cela sans
nommer l'auteur. Dans de semblables conditions, je ne pUis enga-
ger personne à concourir, car je trouve que le jury s'arroge des
pouvoirs vraiment léonins. L'honneur d'être nommé constitue l'un
des plus grands attraits des concours, et je ne crois pas que ce soit
pour 840 francs que la Société Teyler puisse avoir la prétention de
s'approprier une théorie du vol des oiseaux.
M. HADVBL aborde la discussion de la brochure de M. de Brui-
gnac sur l'Aéronautique, il commence par lire tous les passages
sur lesquels doit porter principalement son examen. Nous ren-
voyons, à ce sujet à la brochure ou aux extraits que VAéronaute a
publiés.
L'heure avancée ne permettant pas à M. Hauvel de terminer, la
discussion proprement dite est remise à une séance suivante*
Le secrétaire de la séancey
DUROY DE BrUIGNAC.
Séance du 10 mai 1876.
PBislDSNOl DS M. GASTON T18SANDIBR, VI08-*PB£SIDBNT.
La séance est ouverte à 8 h. 1/2.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. LE sBORÉTÀiRE GÉNl^RÀL procèdo au dépouillement de la corres-
pondance qui contient :
Une lettre de M. Giraud (de Lausanne) annonçant le projet d'é-
tablissement d'un baUon captif dans cette ville à l'occasion du Tir
Fédéral.
Une lettre de U. Yanneti rappelant, à propos de l'appareil Sim-
— 166 —
mons, un système de cerf-volant publié antérieurement dans le
Magasin Pittoresque.
Le programme des prix et récompenses que mettent au concours
les membres de TObservatoire du Midi.
Deux lettres de M. Duté-Poitevin #i sujet de sa dernière ascen-
sion ; elle devait avoir lieu à Taide d'un gros ballon cubant 260™ et
de 4 petits ballons. Par suite d'une déchirure de 5 mètres de longpueur
le gros ballon dut être remplacé par un aérostat de 1,200 mètres:
les feuilles du carnet de Taéronaute renfermant des observations
barométriques et thermométriques se sont égarées, au moment de
la descente qui s'est effectuée à StrJope et pendant laquelle les
cinq aérostats ont été mis en pièces. M. Duté-Poitevin n'envoie
donc que ses observations météorologiques, il annonce pour bien-
tôt sa troisième ascension avec un ballon de 3,600 mètres cubes.
Dans sa seconde lettre, M. Duté-Poitevin, annonce que son as-
cension n'a pu avoir lieu à cause d'une grande pluie et qu'elle sera
retardée d'un mois.
Une lettre de M. Ressmann, premier secrétaire de la légation
d'Italie et membre de la Société qui recommande à ses collègues,
M. Pascal Cordenons, professeur de mathématiques à Rovigo et
inventeur d'un système de navigation aérienne. Le projet de l'in-
venteur examiné en Italie par une commission et qui fait Tobjet
d'une brochure écrite en italien consiste en un ballon dirigeable
mû par une machine à gaz ammoniac.
Un numéro de la République françaisevendButcomptedt la séance
du 9 mai, du Conseil municipal de Paris dans laquelle M. de Hé-
rédia a lu un rapport au sujet de la reconnaissance de la Société
française de Navigation aérienne comme établissement d'utilité
publique. Le conseil a approuvé les conclusions du rapport ten^
dant à la reconnaissance.
Les extraits de divers journaux foumissaftt des renseignements
sur l'ascension de MM. Van Ket, Lenormand et de Lapierre, qui
devait avoir lieu, disaient-ils, en présence de M. Le Verrier et à la-
quelle devaient être convoqués MM. Gaston Tissandier, Hureau de
Villeneuve et autres membres de la Société de navigation aérienne;
des observations physiologiques auraient été faites dans cette as-
cension par M. Van Ket et des observations spectroscopiques par
M. de Lapierre.
M. Q. tissandirr: On ne peut compter sur Texactitude de tous
les articles de journaux. Il serait cependant intéressant d'avoir des
renseignements sur cette ascension à laquelle je n'ai nullement
été invité.
M. mjRBAU DB VILLENEUVE : Je u'aî pas été plus invité que M. Tis
— 167 —
sandier, jo sais de bonne source que M. Le Verrier n'en a pas en-
tendu parler plus que nous. Les noms des voyageurs me sont
absolument inconnus ; j'ai lieu de croire qu'il s'agit tout simple-
ment ici d'une plaisanterie de journaliste.
Un numéro de V Explorateur renfermant deux articles sur le ca-
nal interocéanien.
Un numéro du journal V Inventeur renfermant la notification
d'un breyet, pris sous le n» 111,574 par MM. Penaud et Gaucbot
pour un système d'aéroplane ou appareil de Navigation aérienne
à vapeur.
Un travail de M. Prieur, sur un ballon dirigeable mû par la
vapeur.
Une note sur Fascension effectuée le 21 avril sur le cours St-
Pierre à Nantes avec im ballon indéchirable.
Un numéro de la Nature (6 mai) renfermant une note sur l'as-
cension de M. Camille d'Artois.
Un numéro du Technologiste renfermant une notice sur un ap-
pareil éclairant à l'aide du gaz à l'eau et du pétrole.
Un numéro des Mondes du 4 mai renfermant un article sur le
baromètre enregisteur de M. Bédier.
Un exemplaire de VInstitut, renfermant un travail de M. Penaud
sur la force des êtres volants, lu devant les membres de la Société
pbilomatique.
M. LE SBCRÉTAiRs giSniSral fait Connaître un commencement d'em-
ploi des fonds provenant de la souscription du Zénith. La Société
par l'intermédiaire de la commission nommée à cet effet a traité
avec la compagnie d'assurances la New^Yorck pour l'établissement
de rentes viagères en &veur de ses protégés. Elle a obtenu, pour
M. Crocé-Spinellipère une rente viagère de 2,500 francs, pour Mlle
Marie Sivel une rente de 1,200 francs, pour Mme veuve Poitevin
une rente de 1,500 francs, enfin pour M. Sivel père et Mme Sivel
mère deux rentes de 300 francs chacune. Il reste à créer une dot
que Mlle Marie Sivel touchera à sa majorité. Cette opération sera
foite avec la compagnie française à^ Assurances générales,
La discussion sur la proposition de MM. Gauchot, Motard et
olivier, ayant pour objet le changement de local de la Société est
renvoyée à la prochaine séance.
La parole est donnée à M. Pascal Cordonons qui lit un mémoire
sur un projet de ballon dirigeable.
L'auteur parle d'abord de sa brochure écrite en itab'en
et parue depuis 3 ou 4 mois. M. Cordenons entre dans des
considérations étendues sur son appareil dont la description
paraîtra prochainement dans les Mondes avec tous les développe-
mente étiloa. Ls tmdaatioQ de la broehora tout entière y sera pu-
bliée.L'autenreatretisntr&sBemblée de 8GB eBpérttiiceB personnellee
sur im moteur à gaz hydrogène qui n'a point rèuasi et buf un
moteur à vapeur d'eau et b gaz aunnoniac qui lui par^t avoir
de grandes chances de succès ; le mouvement serait transmis
de la machine aux hélices & l'aide de courroies. Il a aussi expé-
rimenté sans résultai l'air comprimé. Le poids de la machine
& ammoniac serait de 50 kil. par force de cheval, les hélices de 8
mètres de diamètre pèseraient de 3 à 4 Idt., les pièces qui les corn*
posent seraient évidéea, construites en bois de sapin et maintenues
par un système de tirants aânde ne pouvoir se déformer dansl'air.
Les machines électro-motrices àl'aide desquelles l'inventeur a aussi
essayé de fabe marcher trois aystèmes d'ailea différents sont trop
faibles et il ne conseille pas leur emploi.
La Société remercie If. Cordenons de sa communication.
Une commission sera nommée dans une prochaine séance pour
examiner le projet présenté à la Société par l'inventeur.
La séance générale d'élections est renvoyée au mercredi S4 mal
prochain.
Après un vote au scrutin est inscrit sut la liste des membres
associés U. Hippoltte CAprrAnn, ancien médecin do marine, rédac-
teur du Journal l'Explorateur, présenté par UM. Hureau de Ville-
neuve et Félix Garon.
La séance eat lavée à 10 heures SS minutes.
Le aecréiaîre de la séance.
G. FwoN,
LISTE DES MEMBRES
DE
LA mitn FRANÇAISE DE NAVIGATION AERIENNE
W»»»^»W»^^AA<V^^
ÉLECTIONS DU 24 MAI 1876
PRÉSIDENT :
M. le colonel du génie Laussedat, président de la com-
mission des aérostats militaires au ministère de la guerre,
professeur au Conservatoire des Arts et Métiers.
VICE-PRÉSIDENTS :
M. le D' Hureau de Villeneuve, lauréat de l'Institut.
M. le D** Marey, professeur au collège de France.
M. Alphonse Penaud, lauréat de l'Institut.
M. Oaston Tissandier, directeur du journal la Nature.
m
SECRÉTAmE GÉNÉRAL :
M. Ch. du Hauvel d'Audreville, ingénieur des Arts et Ma-
nufactures.
SECRÉTAmES *.
M. J. Armengaud, ingénieur, ancien élève de l'Ecole
polytechnique.
M. O. Frion, chimiste.
M. L. Redier, constructeur d'instruments de précision.
M. Albert Tissandler, architecte.
TRÉSORIER :
M. Félix Caron,|gérant de VAéronaute. ^
— 170 —
ARCHIVISTE :
M. G. Poignant, avocat.
CONSEIL :
M. Paul Bert, député, professeur à la Faculté des Sciences.
M. Doroy de Bruignac, ingénieur des Arts et Manufac-
tures.
M. Dupuy de Lôme, membre de l'Institut.
M. Gauchot, ingénieur constructeur.
M. Janssen, membre de l'Institut.
M. Jobert, constructeur mécanicien.
M. Hervé-Mangon, membre de l'Institut, ingénieur en
chef des Ponts et Chaussées, professeur h l'Ecole des
Ponts et Chaussées et au Conservatoire des Arts et
Métiers.
M. Motard, ancien élève de l'Ecole polytechnique.
M. Olivier, ancien négociant.
M. le vicomte de Ponton d'Amécourt.
M. Rampont, sénateur.
M. Renoir, chef de station des télégraphes.
MEMBRES FONDATEURS, SOCIÉTAIRES ET ASSOCIÉS (1)
MM. Edmond Alix, docteur en médecine, docteur ès-
sciences.
^ Jules Armengaud, ingénieur civil, ancien élève de
l'Ecole polytechnique j
Jules Allain Le Canu.
A. Ardisson, ancien capitaine au long cours.
J. Arnaud (de l'Ariége) fils.
Avenel, avocat.
J. A. Barrai, secrétaire perpétuel de la Société cen-
trale d'Agriculture de France.
Baudrimont, professeur à la Faculté des Sciences de
Bordeaux.
(*) Lo nom des Fondateurs est précédé d'un F et celui des So-
ciétaires d'un astérique.
L
i.
— 171 —
Alfred Basin.
* Le D' Paul Bert, député à TAssembléé nationale, pro-
fesseur à la Faculté des Sciences.
Bertheloty membre de l'Institut, professeur au Col-
lège de France.
Le D"^ BertiUon, professeur àTEcole d'anthropologie.
Bixio, membre du conseil municipal de la ville de
Paris, directeur de la Compagnie générale des
voitures.
Boureau, directeur des usines métallurgiques de
Dammarie.
Le Comte Branicki.
P. W. Brearey, secrétaire honoraire de la Société
aéronautique de la Grande-Bretagne.
Paul Bréger, capitaine d'artillerie de marine.
Brudon, président de l'Union centrale ouvrière de
France.
Hippolyte Capitaine, ancien chirurgien de marine.
Lucien Carlier, ingénieur des Arts et Manufactures.
F * Félix Caron, gérant du Journal VAéronaute.
Emile Cassé.
Ernest Chabrier, ingénieur des Arts et Manufactures.
Fortuné Chabrier.
Louis Chabrier.
* Chasles, membre de l'Institut.
Chevassieu, député.
Alfred Cornu, professeur à TEcole polytechnique.
Albert Crocé-Spinelli, sous-ofdcier d'artillerie.
Domeck, professeur de l'Université.
Léon Drouillet, ingénieur civil.
Dubrunfaut, ancien professeur au Conservatoire des
Arts et Métiers.
* Dupuy de Lôme, membre de l'Institut, . ancien ins-
pecteur général du génie maritime.
^ Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts et Manufac-
tures.
Adrien Duté-Poitevin.
Edouard Edmond. .
Ferdinand Erckmann, ingénieur civil.
— 172 —
Jules Erckmann, officier d'artillerie.
Le Comte d'Esterno, ancien conseiller général.
* Eugène Farcot, horloger mécanicien.
Ch. Flor O'Squarr, publiciste.
WUfrid de Fonvielle, publiciste.
Fortado, ingénieur du chemin de fer du Nord.
Le comte Foueher de Careil, sénateur.
F * Oscar Frion, chimiste.
Vladimir Gagneur, député.
Le D*" Oariel, ingénieur des Ponts et Chaussées, pro-
fesseur agrégé de la Faculté de Médecine de
Paris.
Marc-Antoine Oaudin, chimiste, calculateur au bu-
reau des Longitudes.
* Gauchot, ingénieur-mécanicien.
Genedor, chimiste.
Giraud, architecte.
James Glaisher, de TObservatoire de Greenwich.
Grouselle, ingénieur-géomètre.
P. Guérin, agronome.
* Camille Gueyton, ingénieur des Arts etManufoctures.
Harting, professeur d'anatomie à TUniversité d'U-
trecht.
Hasenfeld, ancien élève de l'Ecole polytechnique,
interprète juré.
* Ch. du Hauvel d'Audreville, ingénieur des Arts et
Manufactures.
* Hervé Mangon, membre de l'Institut, professeur à
l'Ecole des Ponts et Chaussées et au Conser-
vatoire des Arts et Métiers.
F * Abel Hureau de Villeneuve, docteur en Médecine,
lauréat de l'Institut.
F >K J. Janssen, membre de l'Institut.
F ^ Jobert, constructeur-mécanicien.
Jombart.
De Laharpe, ingénieur des Arts et Manufactures.
F * G. de la Landelle, ancien lieutenant de vaisseau.
^ Laussedat, colonel du génie, professeur au Gonser^
vatoire des Arts et MétierSé
i
— 173 —
LavaUey, ingénieur des Arts et Manufactures.
F ^ Leblond, du Secrétariat de la direction du chemin de
fer de l'Ouest,
t Le Breton, ancien directeur des Domaines.
Emmanuel Liais, directeur de TObservatoire de Rio-
Janeiro.
F * Alexandre Liebig.
Liron, docteur en Médecine.
Miohel Loup, publiciste.
De Louvrié, ingénieur civil.
Félix Lucas, ingénieur des Ponts et Chaussées .
De Lucy, naturaliste .
t James Macquarie, ancien interne des hôpitaux.
^ G. Maichain, receveur des finances.
Mannheim, professeur à TEcole polytechnique.
Gabriel Mangin.
Marchand, colonel du génie.
F t Mareschal, mécanicien.
F * Le D' J. Marey, professeur au Collège de France.
Martin Saint-Léon.
* Ludovic Martinet.
^ Georges Masson, éditeur.
Porter Michaels.
F * Roland Francisque Michel.
Alphonse Moreau, mécanicien.
F ^ H. Motard, ancien élève de l'Ecole polytechnique.
^ Arsène Olivier (de Landreville), ancien négociant.
F ^ Alphonse Penaud, ancien élève de l'Ecole navale,
lauréat de l'Institut.
Eugène Penaud, lieutenant de vaisseau.
Jules Père.
J. B. Pettigrev^, professeur de physiologie à F Uni-
versité de Londres.
Pichault, ingénieur des Arts et Manufactures.
Louis Pillet, professeur de mathématiques à TArse^
nal de Cherbourg.
^ Georges Poignant, avocat»
^ Le Vicomte G. de Ponton d'Amécourt, président de
la Société de numismatique et d'archéologie4
— 174 —
^ De Quatrefages, membre de Tlustitut.
^ Rampont, sénateur, ancien directeur général des
Postes.
^ Louis Redier, fabricant d'instruments de précision.
F ^ Renoir, chef de station des télégraphes. .
Ressmann, premier secrétaire de la légation dltalie.
Roux, capitaine d'état-major du génie.
Charles Sainte-Claire-Deville, membre de l'Institut,
inspecteur général des stations météorologiques.
Sanderson, interprète juré.
Schlœsing, directeur de l'Ecole des Manufactures
de l'Etat.
^ Harold Tarry, inspecteur des finances.
Charles Tellier, directeur de l'usine frigorifique d'Au-
teuiL
Tessié du Motay, chimiste.
Testud de Beauregard, ingénieur civil.
Le Baron Paul Thénard, membre de l'Institut.
^ Gaston Tissandier, rédacteur en chef du Journal la
Nature»
^ Albert Tissandier, architecte.
Alfred Tissandier, négociant.
Le Marquis Ferdinando Tommasi.
Donato Tommasi, docteur ès-sciences.
* Trélat, professeur au Conservatoire des Arts et Mé-
tiers, directeur de l'Ecole nationale d'Architec-
ture.
^ Le Baron Michel de Trétaigne, membre du Conseil
de salubrité.
Vannet.
Véron, capitaine de frégate.
Volpicelli, secrétaire perpétuel de l'Académie des
Sciences d'Italie.
Pierre WolfT.
Wurtz, membre de l'Institut.
Le Gérant, Félix CARON.
CLKftUONT (oiSfi). — IMPRI&IKRIB A. DAIX, %VE DB CONDÉ, 27.
— 175 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leuf s ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
is sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tîpografîco di Gioacchino Gissi e compagno.
La France avec ses Colonies, par K. Levasseur, membre de l'Institut,
contenant 174 coupes et figures explicatives insérées dans le texte, sui-
vie de la table alphabétique de tous les noms mentionnés dans l'ouvrage
et acconopagnée d'un atlas. Delagrave, 58, rue des Ecoles.
Expose des principes qui régissent les machines binaires à vapeurs
combinées, par Adrien Martin, ingénieur civil, garde-mines de première
classe, chezDejey, 18. rue de la Perle.
Mémoire sur la prooabilité d'atteindre un but de forme quelconque
par F. Bré^er, capitaine d'artillerie de la marine, chez Tanera, éditeur
rue de Savoie, 6.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Baudry, éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
Aéoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Oottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Les huit premières années de TA^ronautb sont actuellement en
Tente aux prix suivants :
AfmÉvt 1868, 9 livraisons (très rares) 20 >
Chaque livraison séparément 3 >
AmiÉBS 1869, 1870, 1871 et 1872 — Chacune 12 livraisons. . 12 »
Chaque livraison 1 50
AifNiES 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6 »
Chaque livraison '•75
La. oollsotion oohplètb, avec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAéronaute forme une véritable encyclopédie
fllastrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières ei par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de l'A^RONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
▼ertares sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de TAÉRONAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
L'A.E;ROISrA.XJTEl
SOMMAIRE
JUIN I87e
Nouveaux documents sur T^uicienne école aérostatique de Meudon,
par M. Q-aston 1?i8saxidier (deux grandes gravures dans
le texte}.
Les lois de suspension des corps pesants en mouvement dans
l'atmosphère, par F. H. Wenlunn esq. membre de la Société
aéronautique de la Grande-Bretagne, traduction de M. Jamen
Miacqnarie.
Comptes-rendus analytiques des séances de la Société française de
Navigation aérienne.
Séance du 26 avril 1876 : Observations sur la brochure de M, Duroy
de Bruignac, M. Oh., du Hauvel d'Audreville.
Séance du 10 mai 1876 : 3^. Pascal Cordenoiis.
Séance du 24 mai 1 876 : Elections annuelles. Etude de changement
du lieu des séances. M. Paul Sert.
Liste, des membres de la Société française de Navigation
aérienne.
Bibliographie aéronautique.
i/a^ronautb parait tous les mois
R&DACTION ET ABONNEMENTS
95, RUE L.AFAVEXTE, 95
PRIX DR L'ANNAB «DURANTS *.
Un numéro t 7tt centime»
Paris : 6 fr. par an. — Départements : 7 fr.
Autriche-Hongrie, Danemark, Egypte, Espagne, Grande-Bretagne
Grèce, Italie, Luxembourg, MoNTÉNiaRO, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suâde, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Inde, Gochinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements en Allemagne
L'abonnement commence au !«' ianvler
Il continue jusi^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un boa sur la poste au nom de
M. HuRBAu DE Villeneuve, rue Lafia jette, 95.
Mo» Abonnés en retard sont Instamment prié* de nous
envoyer de suite le montent de leur sonsoription,
•», MJB L.AFAYKXXB, 9n
al«raiont*OiM. — InprÎHMrit A. Ddi, n% J« CMiAé, t7«
NAVIGATION AERIENNE
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
UnM U llnUIlM, Tict-Prialdul da k
SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
JLffnmvtt pn MaMsa 4* a. I* Miatetn «• lluitaMIoa p^lfM, 4« CdM M dM Bnu-lfla,
9* AKRBB, M* ^
JUILLET 1876
pAua : 6 ntiHca pxit m. — cipiRTEiiENTS : 7 ihàmcs.
tm MciiiBo : 15 oEHTntBS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 178 —
Le comité de rédaction de PAÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvel d'Audreville. Gaston
Tissandier et Albert Tîssandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatif à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoya à M. le Mi*
nistre de la Guerre, mais ne sont pas inséra.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Perfectionnements dans la construction des aérostats, par
M. Senri G-iffard.
Observations critiques sur les ascensions à grande hauteur, par
M. Adxiezx X>iité-Poiteyizi (une grande gravure dans le
texte).
Les Ascensions en montgolfière de M. et MmeGoudesone, (deux
grandes gravures dans le texte).
Recherches sur la navigation aiîriennb, par M. I>iiroy de
Sruigxxac (trois gravures dans le texte).
Nouveaux documents sur Tancienne école aérostatique de Meudon,
par M. Qastoxi Tissandier (deux grandes gravures dans
le texte).
La SociéTé française de Navgation aérienne, approuvée par déci*
sion de M. le Ministre de Tlnstruction publique^ se réunit le a*
et le 4* jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue des Grands*
Augustins, 72 sauf le temps des vacances, août et seotembre. Son
bureau est ainsi constitué pour Tannée courante : Président. M.
le colonel du génie Laussedat, président de la commission des aeros*
tats militaires au ministère de la guerre; vice-présidents, MM. le
D' Hureau de Villeneuve, lauréat de l'Institut, le D' Marey, pro-
fesseur
tîtut et
Hauvel
res, MM. Jules Armèngiud^ ancien élève del'Ecole polvtechnique,
O. Frion, chimiste, L. Redier, Albert Tissandier, architecte; ar-
chiviste, M. G. Poignant, docteur en droit, avocat; trésorier,
M. Félix Caron. Membres du Conseil : MM. Paul Bert, professeur
i
chefde Station des télégraphes. i
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Laâiyette, gS.
La bibliothèaue, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s'exercer aux manœuvres aériennes. ^
1
L'AÉRONAUTE
9" ANNBB. — N° 7. — JUILLET 1876
DE LA COMMISSION CHABOEE DE LA RÉPARTITION DES FONDS
DE LA SOUSCRIPTION DU Zénith.
i m.
a commission chargée de la répartition des fonds
provenant de la souscription du Zénith, ayant ter-
miné les placements destinés à assurer Texistence
des familles de Crocé-Spinelli et de Sivei, croit
devoir rendre compte aux souscripteurs de la ma-
nière dont elle a employé les sommes qui lui avaient
été confiées.
Le lendemain du jour où Ton apprit la catastrophe du Zénith^
le bureau de la Société française de navigation aérienne» fit paraî-
tre dans les journaux une note ainsi conçue :
c La Société française de navigation aérienne, en présence du
malheur qui vient de frapper deux de ses membres, MM. Sivel
et Crocé-Spinelli, croit devoir ouvrir une souscription pour venir
en aide aux familles de ces deux victimes de leur dévouement
à la science. Elle compte sur la bienveillance unanime de la
presse, bienveillance dont les manifestations Tout profondément
touchée et espère que chaque journal voudra bien donner place
dans ses colonnes à la liste des souscripteurs qui s'adresseront
directement à lui. Les sommas souscrites seront ensuite cen-
tralisées entre les mains de M. Félix Caron, trésorier de kt
Société de .navigation aérienne, dans les bureaux du journal
VAéronaute, rue de Lafayette, 95. »
La presse tout entière sans acception d'opinion politique, ré-
pondit à cet appel.
Un grand nombre de journaux de Paris, de Province et do
l'Etranger, ouvrirent aussitôt des listes de souscriptions.
Cet exemple ne tarda pas à être suivi par beaucoup de Sociétés
savantes et privées, par le Grand Orient de France, par la Société
7
— 180 —
des gens de Lettres, par de grands industriels et des ateliers d'ou-
vriers.
Toutes les classes de la Société voulurent prendre part à la
souscription. Monsieur le ministre de Tlnstruction publique sous-
crivit pour une somme de mille francs. Presque tous les membres
de l'Académie des Sciences apportèrent leur offrande. La Société
de secours des amis des Sciences dont les dons sont considérés
conmie une marque d'honneur et accordés seulement aux familles
des savants, inscrivit M. Grocé-Spinelli père, et Mlle Marie Sivel
sur la liste de ses secours en 1875.
On ne saurait passer sous silence le concours dévoué et les té-
moignages de sympathie que la souscription rencontra dans la
Jeunesse de nos écoles. L'École Centeale et la Société des Ingé-
nieurs civils donnèrent, dans ces circonstances, la preuve de la
plus admirable solidarité.
Le directeur de TOpéra vint apporter son puissant et précieux
concours; M. Halanzier, organisa avec les premiers artistes de
rOpéra et des Français, une magnifique représentation dont lo
produit fut de 13,631 fr.
Enfin le dimanche 23 mai, eut lieu, au cirque des Champs^Bly-
sées, une conférence faite au profit de la souscription. MM. Paul
Bert et Gaston Tissandier y prirent la parole ; puis M< le pasteur
Coquerel, si malade qu'il devait succomber bientôt, excita la tym«
pathie de l'assistance en faveur des familles des victimes.
Tant d'efforts ne pouvaient pas demeurer stériles.
La souscription atteignit le chiffire de Bt^Bé^ fir« 94
Cette somme fut placée en comptes courants à la
Société générale, puis on acheta des rentes sur
l'Etat, afin d'obtenir des intérêts au moment
du placement des fonds. Il y eut alors un
boni provenant, tant des intérêts que de la
plus value de la vente des rentes sur leur achat,
ce boni s'élevaità I^MS
Total •S,M9 14
' Mais il faut déduire de cette somme celle
de M^tSQ f«
provenant des dépenses faites pour le transport des corps à Paris,
pour les funérailles, pour le paiement des dettes des décédés,
pour le rachat d'un mobilier vendu aux enchères, pour secours
mensuels donnés aux familles,
ïl restait donc une somme de B0,09B IV# S0«
— 181 —
Le moment de la répartition arrivé, la commission de la sous*
cription crut devoir demander un nouveau mandat à la Société
de navigation aérienne ; elle la pria de nommer une nouvelle com--
mission ayant pleins pouvoirs pour distribuer les fonds de la
sooscription entre les membres désignés des familles Crocé-
Spinelli et Sivel, et pour décider du meilleur mode d'emploi et de
placement des parts de chacun.
La Société accéda à cette demande et désigna pour faire partie
de la commission de répartition des fonds : MM. le Pasteur Dide,
Paul Bert, député, professeur à la Faculté des Sciences de Paris,
Hervé Mangon, membre de l'Institut, professeur à TÉcole des
Ponts-et-Chaussées» de Splignac, directeur de TÉcole centrale,
Pérard, avoué de première instance, le D' Bureau de Villeneuve,
lauréat de l'Institut, Georges Masson, éditeur, Ch. du Hauvel
d'Audreville, ingénieur des Arts et Manufactures, et Félix Caron,
trésorier de la Société de navigation aérienne.
La Commission avait été renseignée sur l'étendue de ses pou-
voirs par une consultation de M« Demonjaj, avocat, annotée par
M* Sénard, bâtonnier derOrdre et contresignée, par M« Pérard avoué.
M* Demonjay établissait que les sommes versées pour la sous-
cription ne pouvaient pas être considérées comme faisant partie
de la succession Crocé-Spinelli et Sivel, et que leurs créanciers
n'avaient aucun droit sur elles. Pourtant, il conseillait à la com-
mission de payer les dettes des défunts afin d'honorer leur mémoire.
Quant à la répartition, M« Demonjay, démontrait qu'elle devait
être faite, non suivant les règles de succession, mais d'après les
besoins à secourir, en cherchant autant que possible à agir comm
Grocé-Spinelli et Sivel l'auraient fait eux-mêmes.
La première question dont la commission eut à s'occuper tu
celle du monument funèbre. La Société de Navigation aérienne,
avait obtenu du Conseil municipal de la ville de Paris, la concession
gratuite d'un terrain destiné au tombeau de Crooé-Spinelli et d6
Sivel. La commission décida tout d'abord que les dépenses dont
elle grèverait de ce chef la souscription ne devaient pas dépasser
la somme de 3000 fr., les souscripteurs ayant eu l'intention de ve-
nir an secours de familles malheureuses, et non de coopérer à l'é*
dification d'une œuvre d'art.
Du reste les familles Crocé-9pinelli et Sivel ayant manifesté le
désir bien légitime d'avoir toute liberté pour cette décision délica-
te, la commission s'en dessaisit absolument et décida de réserver la
somme de • SOOO ft**
dastiaée à oonstitaer le solde définitif des travaux exécutés par
les ordres des familles après les justifications d'usage.
— 182 —
. Bestait donc une somme disponible de. . . • 9f9,<IS0 fr*
La Commission jugea que cinq personnes étaient à secourir : 1
"Le père de Çrocé-Spinelli ;
Le père, la mère, la belle-mère et la fille de SiveL
La Commission dut tenir le compte le plus scrupuleux de la
situation de fortune de ces personnes, de leur âge, de leurs infir-
mités et de leurs charges ; elle leur attribua à tous, à titre alimen-
taire, des rentes viagères incessibles et insaisissables et, d'accord
avec les intéressés, traita avec la Compagnie la. new-tork.
Les opérations exécutées avec cette Compagnie sont les suivantes :
Âges. Rentes Viagères Sommes versées.
[ payables par trimestre
M. CrocéSpinelli
56
ans 1/2
2,500 fr.
24,177 fr.
50
Mme veuve Poitevin
56
1/2
1,500
14,506
50
Mlle Marie Sivel
7
1/3
1,200
20,408
»»
M. Sivel Père
75
300
1,697
25
Mme Sivel, Mère
71
300
1,949
43
Total : «9,989 S9
La Commission décida que le restant delà souscription serait
employé à constituer une dot à Mlle Marie Sivel, au moyen d'un
capital différé. Elle choisit pour cette opération la Compagnie
française d'ÀssuRANCBS GiiNÉRALES, qui, lors de la souscription avait
versé une somme de 500 francs. Cette Compagnie consentit à éta-
blir pour la somme de IS^ttAS fr. Aft centimes neU sur la tête de
Mlle Marie Sivel, une dot de 27,000 fr. payable le 2 octobre 1889,
avec cette clause qu'en cas de mariage de la jeune fille après
rage de 18 ans, la dot pourrait être rachetée suivant les tarifs
dans les deux mois qui suivraient le mariage.
Le reliquat, soit 349 fr. 16, dont il faut déduire 45 fr. 25 de frais
de poste serar remis à mademoiselle Marie Sivel.
La commission croit devoir voter à M. Félix Caron, des remer-
ciements pour le dévouement qu'il a montré dans ses fonctions de
trésorier de la souscription. Elle remercie avec une émotion pro-
fonde les souscripteurs qui, de tous les points du globe, sont ve-
nus à son aide pour secourir de grandes infortunes et honorer la
Hiémoire de deux savants morts en faisant leur devoir.
Le Président: b* nios, pasteur.
Les Membres: paul bbrt, hkrvé mamoon, pAkarDi
J. MARBT» QBORGBS UASSON9 SOUONAO.
Le trésorier : fÎlix caron.
Les Secrétaires : a. bureau de villbnbuve, ch. du
HAWBL d'AUDRXVXLLE.
— 183 —
RARRATION DE QUATRE ASCENSIONS EN BELGIQUr
Le 17 avril 1876, à 5 heures précises du soir, je m'élevais de
Bruxelles avec cinq aérostats en compagnie de M. le comte Robiano,
de M. le marquis de Trazegnies et d'un aide. Un brouillard in -
tense régnait depuis le matin, et c*est à peine si à 200 mètres on
distinguait un objet quelconque. Je ne tardai pas à me trouver
au milieu de cette buée opaline. J'avais le désir d'en connaître l'é-
paisseur et pour cela je m'élevai à une altitude de 2,100 mètres. Je
fia descendre un peu mes aérostats, de telle manière que leur par-
tie supérieure plongeait dans le brouillard, et que la nacelle n'y
était qu'en partie. De la sorte mes passagers pouvaient distin-
guer un peu les objets terrestres, et nous pûmes voir que nous
passions sur Yilvorde, Malines, etc.
En traversant ce brouillard, il me fut permis d'enregistrer le
fait suivant, c'est que la partie inférieure des nuages située à une
altitude de 60D mètres paraissait être sèche et qu'au fur et à me-
sure que nous pénétrions dans son épaisseur, l'humidité allait en
croissant; à une altitude de 1,100 mètres nous rencontrâmes une
pluie fine qui se dissolvait à une altitude de 800 mètres ; elle était
sans doute absorbée par la couche inférieure plus sèche.
Jusqu'à Taltiude de 2,100 mètres, cette couche nuageuse ne
présentait rien de bien particulier, si ce n'est une opacité déses-
pérante, et dont rien ne faisait pressentir la fin. La couche était
tellement épaisse que les quatre petits ballons adjoints ne s'aper-
cevaient plus, et qu'à peine on voyait le cercle situé à 2 m. 10 de la
nacelle.
Après 2 heures de séjour dans ce milieu dont je pris les pres-
sions barométriques, thermométriques, et après avoir jeté 15
feuilles questionnaires, nous descendîmes à Rants, village situé à
8 kilomètres d'Anvers. Nous aviens parcouru 35jkilomètres.
Ma seconde ascension à Bruxelles eut lieu le 24 avril avec cinq
ballons encore.
Je devais m'élever avec un ballon central beaucoup pius grand
que le précédent, il cubait 2,600 mètres. Une fausse manœuvre
faite par les militaires chargés du déplacement des sacs de lest
occasionna une déchirure de 5 mètres. Il fallut remplacer cet
aérostat par un autre cubant seulement 1,200 mètres. A cinq heu-
res moins le quart, je m'élevais avec mes cinq aérostats, accom-
pagné de quatre passagers. Nous éprouvâmes un cas fort rare
— 184 *-
peureusement. Comme je devais faire rascension avee un ballon
d'une dimension plus grande que celui que Je possédais aotualle-
ment, les perches qui servent à maintenir Técartement des quatre
ballons, avaient une longueur de 9 m. 80 c. Si je pus changer d'aé-
rostat, il me fut impossible de remédier à Técartement, et je m'é-
levai donc avec un espace trop grand pour la proportion du bal-
lon, n arriva qu'à une hauteur de 1,200 mètres, nous rencon-
trâmes un courant N. E. assez vif qui imprima à la flottille un
mouvement de tangage violent à ce point qu'on pouvait parfaite-
ment se croire à bord d'un navire. Pour échapper à ce mouvement
de pendule, je dus sacriûer du lest afin d'aller chercher une ré-
gion plus hospitalière. A l'altitude de 1,600 mètres la flottille tra-
versa une couche de nuages en reprenant son aplomb habituel et
nous parvînmes ainsi à une altitude de 1,800 mètres où nous
vîmes un soleil resplendissant.
Je ne puis donner ici les pressions barométriques ni les tempe-
ratures, car le carnet sur lequel était inscrites mes observations,
ayant été oublié dans la nacelle, les habitants de St-Jop oh nous
descendîmes ne trouvèrent rien de mieux que de s'en partager les
feuillets, ainsi que les feuilles questioimaires qui nous restaient.
Ce vojage avait duré 1 heure 20 minutes et nous avions par-
couru seulement un trajet de 8 kilomètres.
La troisième ascension eut lieu à Gand le 21 mai. J'avais em-
mené M. Couvreur ingénieur, et M. Eossi, aéronaute. Je m'élevai
à 6 h. 10 du soir et en peu de temps, j'atteignis une altitude de
9,000 mètres.
Malheureusement une indisposition me survint à cette hauteur ;
j'avais le désir de m'élever à 5 ou 6,000 mètres. J'étais dans les
conditions les plus favorables pour cela. Mes ballons cubant en-
semble 1,600 mètres n'avaient reçu que 1,200 mètres. Il restait
donc 400 mètres cubes pour la dilatation et je pouvais disposer de
95 kilog de lest.
J'avais préparé mes ballons en plein soleil, depuis 10 heures du
matin, car il fallait commencer à les gonfler à 11 heures. J'entrai
dans ma nacelle à 5 heures exténué de fatigue et surtout très su-
rexcité par l'excès de travail. Arrivé à l'altitude de 8,000 mètres
je sentis des bourdonnements dans les oreilles, puis une très fbrte
<^ppre8sion, il me semblait que j'allais m'evanouir, car ma tête
s'appesantissait de plus en plus, et enfln mes jambes se mirent
à trembler sous moi. En ce moment me redressant par un mou-
vement énergique, je saisis la corde de la soupape et nous com-
mençâmes à descendre graduellement. Au fur et à mesure de la
descente, je me sentais renaître pour ainsi dire, et je pus prolon-
ger mon ascension pendant une heure quinze minutes.
— 185 —
Je considère cette indisposition comme la première phase du
mal des aérostats. Si les effets de la fatigue s'étaient montrés à
uie plus grande altitude, je suis convaincu qu'ils auraient pu
amener ma mort comme ils ont causé la mort de Sivel.
A l'altitude de 1,600 mètres, nous entrâmes dans un léger brouil-
lard, d'une épaisseur de 80 mètres ; la température y était de -f-
10 degrés, lorsqu'à terre elle était de + ^^> ^ ^9^0 mètres elle
était de 4- S ot enfin à 7 h. 25, à terre de -|- 12.
Nous eûmes aussi le plaisir d'observer un coucher de soleil d'un
effet ravissant.
Nous parcourûmes 14 kilomètres, et nous descendîmes près du
village nommé Lackerem.
Ma quatrième ascension eut lieu le 28 mai, elle présenta cette
particularité que deux ballons partaient du même point, sous la
conduite de deux aéronautes. M. Charles Rossi montait le Zodia-
que^ aérostat de 1,200 mètres avec trois passagers, M. Van Lint,
M. Bèhagel et M. Landois. Je montais V Atmosphère cubant 2,600
mètres avec six passagers, M. le baron de Woelmont, M. le baron
de Zulart* M. Garcia-Quintana, M* Bouvier, ingénieur, M. Yictor
Bops, avocat et M. Mackens*
L'endroit un peu restreint où les préparatifs se firent m'obligea
à partir quelques instants avant mon collègue. Ma force ascen-
sionnelle était de 12 kilog, je m'élevais donc avec lenteur. M. Rossi
ajant donné 25 kilog de force ascensionnelle ne tarda pas à pas-
ser devant nous et parvint en quelques minutes dans le massif
des nuages qui se trouvait à une altitude de 1,600 mètres.
Je continuai à m'élever toujours doucement mais progressive-
ment; bientôt nous entrâmes aussi dans les nuages et enfin
nous les traversâmes. Là un spectacle inattendu s'offrit à nos
regards: nous nous trouvions au-dessus d'un de ces ravissants
effets qu'il est impossible de décrire. Une mer orageuse venant se
briser sur des récifs ne serait pas d'un effet aussi saisissant. Mais
nous cherchâmes nos compagnons de voyage et ne les vîmes que
10 minutes après sortir des nuages.
Voyant qu'il montait trop rapidement, M. Rossi avait ouvert la
soupape et avait vogué dans le massif même des nuages. Ne nous
apercevant pas, il nous chercha et, jetant du lest, il fat surpris
en franchissant les nuages de nous voir à 2,400 mètres d'altitude.
11 ne tarda point à nous rejoindre et bientôt à nous dépasser.
Nous voguâmes de concert à peu de distance l'un de l'autre pen-
dant un assez long temps, puis les deux aérostats finirent par s'é-
- *
s J
— 186 —
loigner prog^ssivement de manière que peu à peu le Zodiaque ne
nous apparaissait plus qUe comme un point au milieu des vagues
nuageuses, nacrées et écumantes qui se heurtaient, s'entrelaçaient
et se brisaient, pour se reformer un peu plus loin.
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FiG. 14.
A 400 mètres au-dessus de ces nuages nous vîmes l'ombre du
ballon réfléchie et entourée d'une auréole lumineuse formée des cou-
leurs du prisme solaire. M. Rossi et ses compagnons observèrent
le même phénomène.
n est assez intéressant de suivre les diagrammes des deux
aérostats ; à part lamentée qui, jusqu'à 1,800 mètres, est identique-
ment la même, le reste du tracé n'a aucun rapport.
Nous avons pu observer que l'épaisseur de la masse nuageuse
était de 300 mètres, que la température y était uniforme ; à sa
J
— 187 —
base, au centre et au soimnety elle était de 4- d degrés lorsqu'à
terre elle était de -|- 17.
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SaMiik4 fl f . s I I -■---■- ^ . ■-
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Fig. i5^
Le parcours du ballon le Zodiaque^ fut de 83 kilomètres, sa
durée de une heure trente, le parcours du ballon V Atmosphère, fut
de 29 kilomètres, sa durée de une heure quarante minutes. Quoi-
que ce dernier soit resté en l'air dix minutes de plus, il a par-
couru quatre kilomètres de moins.
Toutes les températures ont été prises à bord de chaque aéros-
tat ainsi que les pressions barométriques et 33 feuilles question-
naires ont été jetées simultanément. Il n'y en a que deux qui
soient revenues au siège de la Société; malheureusement elles
sont -^enues seulement du ballon V Atmosphère.
Adrien Duté-Poitktin*
7.
— 188 —
OORRESPONDANOE
A Monsieur le docteur Bureau de Villeneuve,
Monsieur et cher Docteur,
M. Moy, en Angleterre, rendant compte des expériences qu'il a
faites sur la résistance au mouvement qu'éprouve un plan incliné
mû horizontalement, comparée à la force de soulèvement de ce
plan, a obtenu, dit-il, c des résultats inespérés, et, sous de petits
angles, des pressions soulevantes qu'aucune des théories nouvelles
existantes ne pouvait faire prévoir; résultats qui ont déchiré
tous les voiles et qui expliquent parfaitement les phénomènes du
vol. » « Ainsi, sous un angle de 45<', la résistance au mouvement
et la pression soulevante sont égales ; et, sous un angle de \0^ à
la vitesse de 40 milles à l'heure pour une surface de 1 pied carré,
la résistance n'est que de 0,4 et la pression soulevante est de 2,84
livres. » Voir VAéronaute de 1875 page 302.
Je ne m'explique pas ces derniers chiffres, et, de plus M. Moy
me paraît ignorer les théories et les expériences françaises qu'il
n'a fait que confirmer, comme l'observe parfaitement M. Macquarie.
Toutefois, à ce sujet, notre collègue voudra bien me permettre d'a-
bord une légère rectification ou plutôt une revendication.
Thibault a seulement expérimenté les résistances directes qu'é-
prouve une surface mue perpendiculairement ou obliquement à
son plan ; et) j'ai fait en mai 1866 la même expérience que M. Moy,
pour justifier la théorie que j'avais émise à la Société d'Aviation
dès 1865, comme le prouveraient les procèn- verbaux des séances et
le mémoire du 23 mai 1865, dont vous avez pris copie aux archi-
ves, soutenant que la résistance r d'un plan incliné de V angle a sur
Vhori^on et mû horizontalement est au poids P que le plan peut
équilibrer comme Sinus a est à Cosinus a : d'où Von tire r = P tg a
déduction faite du frottement de l'air sur la surface.
J'ai décrit mon expérience dans VAéronaute de 1868, page 122;
et, comme ma théorie et ma formule étaient vivement combattues,
même en 1868 dans VAéronaute^ j'en avais fait signer le procès-
verbal par 4 témoins et je le remis à la rédaction. (Voir ses notes
page 137 en 1868 et page 10 en 1869).
Cette théorie qui m'avait été suggérée par l'angle dièdre avec
lequel MM. Morin, Piobert et Didlon expérimentèrent les ré-
sistances obliques est tellement importante pour l'Aviation que
— iso-
la société a ordonné de nouvelles expériences. Je demanderai donc
la permission de la soumettre à son appréciation telle que je Tai
exposée à la Société d'Aviation .
FiG. i6.
Soit ABO Tangle dièdre composé de deux plans égaux ab, bo.
Abandonné à la pesanteur, il se mouvra suivant le plan médian bd
parce que les pressions latérales s'équilibrent; et, quand ces pres-
sions équilibreront l'action de la pesanteur, le mouvement devien-
dra uniforme.
Soit op la pression latérale sur le plan bo. Si on la décompose
parallèlement et perpendiculairement à bd, son action dans le sens
BD sera représentée par no opposée au mouvement. Le pian ab op-
posera une résistance égale. Donc la résistance totale que nous
appellerons 2r sera proportionnelle à 2no^ et fera équilibre à la pe-
santeur.
En ne considérant que les pressions sur le plan bo on remarquera
que l'angle o p nesX égal à Tangle a ou obo à cause de la simili-
tude des triangles op n et n b j?. On a donc no = sin a et ;2 o : o;? : :
Sin a 1. Et si Ton considère la pression latérale perpendiculaire
à la direction du mouvement bd, pression représentée par n /?, nous
avons n 0 : n p : : Sin a : cos a.
Si l'on suppose maintenant le plan cb se mouvant horizontale-
ment sous l'angle a on a :
« o = r et « /? = p et, par conséquent,
r : p: : Sin a : cos a ou bien-;^-=i * = Tang a
P cos a ^
quelque soit l'angle d'inclinaison ol grand on petit.
— 190-^
Ainsi comme je le disais chez M. Nadar, Tangie dièdre de
M. Morin est un véritable coin et se comporte eomme tel ; et la
résistance à la pénétration dans la masse floide estproportioimelle
aux pressions latérales et en raison inverse de son acuité. En effet,
si Ton mène deux parallèles à op et op\ la résultante qui mesure la
résistance à la pénétration sera 2 n o, et réciproquement.
Et, de plus, im plan incliné se comporte comme un coin glissant
parallèlement à Tune de ses faces, et la résistance r mesurée par
Thibault n'est pas proportionnelle au carré du 8inus mais à
2 , ^?^ . f- selon la formule de Ducheminqui concorde avec les
expériences de Thibault.
Aussitôt en possession de cette formule, j'ai essayé de démontrer
dans les Mondes (décembre 1866) et dans VAéronaute de 1868 com-
bien était grande Terreur de Navier et combien sont relativement
faciles Taviation et Texplication du vol des oiseaux . J'espère que
les expériences de la Société confirmeront cette loi de la tangente
ainsi que le coefficient 0, 17 85 que j'ai déjà annoncé à M. Penaud
pour les surfaces animées d'un double mouvement, l'un perpendi-
culaire, l'autre parallèle au ^^y^n, pourvu que ce dernier soit suffî-
samment rapide. On peut déduire d'une expérience de Duchemin en-
tr'autres ce coefficient conforme d'ailleurs à celles de M. Marej.
Ce sera, si vous le permettez, l'objet d'une prochaine lettre.
Yeuillez agréer, je vous prie, monsieur et dier Docteur, l'expres-
sion de ma considération la plus distinguée,
Ch. DB LouvRii.
LES LOIS DE SUSPENSION
Des corps pesants en mouvement dans Tair.
4* article. (1)
n a été précédemment démontré combien est absolument insuffi-
sante la seule force impulsive perpendiculaire d'un plan pour
supporter un poids, lorsqu'il n'existe en même temps aucun mou-
vement horizontal. Aucun poids matériel d'air ne réagit alors et
ce fluide cède sous la moindre force, quelque grande que soit la
(i) Voir VAéronaute dç février, mars et juin 1876.
— 191 —
Yitessd d^impnlsion. D'an autre côté, supposons qu'un grand oi«
seau en plein vol puisse faire 40 milles (64 k. 872) à Theure ou 8250
pieds (d88 m.) par minute, en donnant un coup d'ailes par seconde.
Maintenant, durant chaque fraction de son battement, l'aile agit
sur une couche d'air toujours nouvelle et en état d'inertie [fresh
and undisturbed) et en obtient une impulsion. Si la vibration de
TaUe comprend un arc de deux pieds (0 m. 61) cet arc nerepfésente
nnllement le faible travail qui serait obtenu dans une position sta-
tionnaire ; car l'impulsion s'acquiert sur une nappe d'air de 58
pieds (17 m. 63) de longueur. Si bien que les conditions de poids
d'air mis en action pour obtenir la suspension et la propulsion
86 trouvent ici rempUes par la grande masse d'air travers^.
11 est si nécessaire même au commencement du vol de posséder
cette vitesse horizontale que les oiseaux les plus lourds s'élèvent
ordinairement tête au vent, et même pour partir courent de toute
leur vitesse pour donner de l'action et de la prise à leurs aOes,
comme l'aigle que nous avons cité comme exemple, au début de ce
travail, n est établi que les cavaliers Arabes peuvent s'en appro-
cher d'assez près pour percer ces oiseaux d'un coup de lance, avant
que, surpris dans la plaine, il leur soit possible de s'enlever: — ha-
bituellement, ils perchent autant que possible, sur ime éminencot
La queue d'un oiseau ne lui est pas nécessaire pour voler ; un
pigeon peut le faire parfaitement avec cet appendice coupé à la ra-
cine, la queue probablement remplit une importante fonction dans
les changements de direction ; car, on doit remarquer que la plu-
part des oiseaux qui ont à donner ou à éviter des chasses, présen-
tent un développement très notable de cet organe.
Les fieûta qui, jusqu'ici, ont servi do base à notre raisonnement,
tendent à prouver que le vol des oiseaux les plus grands et lesfplus
lourds s'effectue positivement à l'aide d'une petite quantité de
force seulement, et que l'homme est doué d'une puissance muscu-
laire suffisante pour le rendre également capable du vol individuel
et étendu, et que le succès ne dépend probablement que d'une
question d'adaptations mécaniques avantageuses.
FiG. 17.
— 192 —
Mais» Bi les ailes doivent imiter les types de la Nature, la moin-
dre considération du sujet servira à démontrer son impraticabilité
entière d'application sous ces formes. La figure ci-contre (n« 17}
donne à peu près les proportions nécessaires pour un homme de
poids moyen. Les ailes a mesureront 60 pieds (18 ». 24) de bout
en bout et quatre pieds (l m. 21) dans leur plus grande largeur.
L'homme b^ serait dans la position horizontale logé, dans une so-
lide charpente ad hoc à laquelle viendraient se rattacher les ailes
au point c. Celles-ci devraient être tendues au moyen de nervures
élastiques, s'étendant en arrière à partir des bras de Taile; elles pour-
raient être attachées par une mince bande d*acier, afin de dimi*'
nuer le poids et Tépaisseur du bras. A la tranche de Taile où
les bras sont articulés, se trouveraient deux leviers reliés et tirés
ensemble parunressort en spirale d (fig. 17, 2« dessin) dont la tension
serait suffisante pour contrebalancer le poids du corps et de Tappareili
et pour produire facilement le jeu des ailes par le mouvement des
pieds agissant sur des pédales motrices. Ce ressort jouerait le rôle
des muscles pectoraux de Toiseau. Mais avec de telles disposi-
tions, Tappareil devrait tomber — la longueur de l'aile est indis^
pensable^ et un bras de 30 pieds (9 ». 12) de long doit être fort
lourd et d'un grand embarras, la propulsion de cette seule barre
à travers l'air, à une vitesse élevée, exigerait plus de force qu'un \
homme n'en saurait fournir. \
En rejetant toute imitation d'ailes naturelles, il ne s'en suit pas
qu'on se soit fermé la seule voie dans laquelle les mécanismes \
volants, peuvent avoir un plein succès. Bien que les oiseaux volent
d'après des principes de mécanique définis, et avec une dépense
modérée de force, l'aile doit être nécessairement et un organe vi-
tal et un membre du corps vivant. Elle doit posséder un merveil-
leux principe de réparation, pour remplacer les plumes brisées ou
déchirées ; elle doit en outre pouvoir se ramasser et former au
corps une couverture.
Ces dernières considérations ne sauraient avoir aucun rapport avec
les ailes artificielles ; mais en faisant les plans d'une machine vo-
lante, on peut se permettre certaines remarques, pourvu que l'es-
prit ne perde pas de vue les conditions théoriques du vol.
Si l'on observe combien est mince la couche d'air qui se trouve
déplacée sous les ailes d'un oiseau en plein vol, il s'en suit que
pour obtenir l'envergure nécessaire pour supporter de grands
poids, on doit superposer les surfaces ou les placer en files parallè-
les, séparées entre elles par des intervalles. Une douzaine de pé-
licans peuvent voler, les uns au-dessus des autres sans se gêner
réciproquement, comme s'ils ne faisaient qu'un seul et même tout ;
— 193 —
cela explique comment deux cents livres (91 kilogr.),' pesantes
peuvent être sapportéessar une distance transversale de 10 pieds
(S». 04) seulement.
Pour mettre en pratique cette idée, nous avons, dans un léger
cadre de bois, disposé en les tendant sous un petit angle supé-
rieur six bandes de papier fort, de trois pieds (0 », 91) de long sur
3 pouces (0«. 075) de largeur et distantes de trois pouces 0 »075)
de Tune à l'autre ; cet arrangement figurait assez bien unejalousie
vénitienne ouverte. Lorsque cet appareil était soumis à Faction
d'une brise, lepouvoir de soulèvement était considérable, et même
en courant avec lui dans un air calme, il fallait beaucoup de force
pour le retenir. Le succès de cet appareil nous conduisit à la cons-
truction d'un appareil du même genre et d'une étendue suffisante
pour porter le poids d'un homme. En voici latdisposition générale
(fig. 18). Une planche étroite, terminée en pointe à ses extrémités ,
était attachée en son milieu à un triangle construit également en
planches et destiné à recevoir le corps de l'expérimentateur. Les
planches étaient affermies par des rubans en acier qui portaient à
leurs extrémités des tringles verticales ; sur la longueur de ces
tringles, avaient été assujetties et bien tendues cinq bandes de
toile de Hollande, ayant chacune quinze pouces de large (0™ 375)
sur 16 pieds (4»86) de long; — - ce qui faisait une longueur totale
de 80 pieds (24.»34) de tissu.
Fie. i8.
Cette machine fût apportée un soir de novembre et à la nuit
tombante, dans une prairie détrempée. Il régnait une forte brise
et il ftit impossible de gouverner l'appareil. Le vent agissant sur
les bandes d'étoffe déjà fort tendues, leur tirage, en se combinant
amena un fléchissement considérable des planches centrales accom-
pagné de torsion et de vibrations incessantes. Durant un moment
de calme, l'expérimentateur engagea la tête et les épaules dans le
triangle, pendant que le reste du corps était resté sur la planche-
base. Une raffale soudaine enleva l'homme et la machine qui fu-
rent transportés à quelque distance, et l'appareil, retombant sur
les côtés, les bandes de droite se brisèrent.
L'expérience, dans toutes les machines nouvelles, s'acquiert par
des insuccès r^tés, qui servent souvent à fournir les Jalons qui
— 194 —
mènent au bat désiré. Le grossier appareil (travail de quelques
heures) que nous avons exactement décrit ici» a fait voir que : 1»
Les bandes ou aéroplanes ne doivent pas être distendues dans ime
charpente, parce que celle-ci est nécessairement lourde et pesante
pour pouvoir résister à leur tension combinée.
2<» Les plans doivent être faits de façon à se replier en haut, en
considération de la facilité du transport.
Pour remplir ces conditions, nous avons dans la suite, modiûé
ainsi qu'il suit notre appareil : — la barre principale avait 16 pieds
de long, (4°'86) un demi-pouce (0».0125) d*épaisseur à la base et
finissait graduellement en pointe ; à cette barre se reliaient des es-
pèces de planches de forme carrée portant une planche horizontale
pour le support du corps. Au-dessous et relié à l'extrémité de la
FiG. 19.
barre principale, se trouvait une mince bande de liaison en acier
consolidée par des arcs-boutants partant de la barre principale.
Celle-ci servait de base aux aéroplanes superposés, et, bien que
d'un petit poids, elle était très forte ; en effet, en plaçant les ex-
trémités de cette barre sur des supports, le milieu portait le poids
du corps sans aucune gène ni fléchissement ; en outre, au moyen
d'une division faite au milieu de la barre-base, les deux moitiés
pouvaient être rabattues en arrière au moyen d^une charnière. Au-
dessus de cette barre, étaient disposés les aéroplanes formés de
six bandes de toile de Hollande, larges de 15 pouces (0 ». 375} ;
— 195 —
elles étaient maintenues en plans parallèles, à Taide de divisions
verticales également en toile placées de deux pieds en deux pieds
(0".61), de cette façon^ lorsque les bandes-aéroplanes se trouvaient
distendues par un courant d'air, chaque deux pieds (0n.618) de
bandes était tiré en opposition avec son voisin ; et finalement, aux
extrémités (qui étaient chacune axée à des lattes) une poussée
daeà seulement deux pieds (0 ^.61) était contrebalancée, au lieu
deTeffort venant de la longueur entière, comme dans rexpérience
précédente. Leend^pull était soutenu par des tringles verticales,
glissant à travers des cramponnets sur quelques-unes transver-
sales aux extrémités des bandes, dont le tout pouvait s'aplatir sur
la barre, jusqu'à ce qu'il fut enlevé et distendu par une brise. La
partie supérieure était tendue par une latte et le système main-
tenu vertical par des rabans venant d'un petit mât de beaupré
placé à l'avant. Les côtés antérieurs des aéroplanes étaient raidis
par des bandes d'acier à crinolines. Cet ensemble était pour le sup-
port, équivalent à une longueur d'ailes de 96 pieds (2Sf » 184).
Extérieurement à ces aéroplanes, deux propulseurs étaient atta-
chés, tournant sur des articulations ajustées au-dessus du dos.
Bs étaient maintenus tirés en haut par un petit ressort, et abais-
sés par des cordes ou chaînes, passant sur des poulies et liés à
l'extrémité d'un jonc en croix, glissant sur la planche-base. En
faisant travailler cette traverse ^vec les pieds, le mouvement
était communiqué aux propulseurs, et en appuyant plus d'un
pied que de l'autre, une plus grande étendue de mouvement était
commum'quée au propulseur correspondant, cequi rendaitla machine
capable de tourner, justement comme agissent les rames sur un
bateau qui avance. Les propulseurs agissaient d'après le même
principe que l'aile d'un oiseau ou d'une chauve-souris : leurs extré-
mités construites en étoffe étaient tendues par des nervures élas-
tiques, un simple mouvement d'abaissement et d'élévation (waving
motion up and down) imprimait une forte impulsion en avant. Pour
porter les jambes abaissées au-dessous de la planche-base, l'expé-
rimentateur devait courir au vent.
Une expérience que nous avons récemment faite avec cet appa-
reil, en a montré un défaut. L'angle nécessaire pour produire le
pouvoir de suspension exigé, a été si faible que Tacier de crino-
line ne pouvait maintenir les bords antérieurs en tension. Quel-
ques-unes d'entre elles étaient portées en bas et plus sur un côté
que sur l'autre, par l'action du vent, ce qui produisait un mouve-
ment de battement vigoureux dans les bandes, détruisant l'inté-
grité de leurs surfaces planes et fatal à leur bonne action.
La machine a depuis été modifiée ; des lattes ont été attachées
— loc-
aux doux côtés des bandes, qui se trouvent maintenues étendues
d'une façon pennanente par des bâtons croisés. Tous ces pUns
sont appuyés à une planche centrale verticale, de façon à se replier
en arrière, lorsque les attaches du fond sont relâchées;
mais ce système est beaucoup plus lourd que le précédenti
et aucune expérience utile n'a encore été faite avec cet appareil
modifié.
U faut remarquer que biw que nous ayons ici un principe défini,
on rencontre néanmoins des difficultés considérables pour passer
de la théorie à la pratique. Lorsque le vent souffie avec une vi-
tesse de 17 milles (24 kilom.) ou 20 milles (32 kilom. 186) à Theure,
le pouvoir de soulèvement de ce système de plans, est tout ce qui
est nécessaire, et par des plans additionnels il peut être accru au-
tant que Ton veut ; mais la nature capricieuse des courants aériens
qui rasent le sol est uue source perpétuelle de trouble.
Un grand poids ne semble pas être d'une grande importance,
5'i7 est contenu dans le corps de l'appareil^ mais les aéroplanes et
leurs attaches semblent exiger une grande légèreté, autrement, ils
se meuvent maladroitement et empêchent les mouvements détour
et de bondissement.
Dans un calme plat il est tout à i\ût impossible d'avoir ime
vitesse horizontale suffisante, par la course seule pour enlever le
poids du corps. Une fois au-desçus delà terre, la vitesse peut aller
en augmentant, si elle est continuée par des propulseurs efi&caces.
Le quelque peu d'expérience acquise jusqu'ici, semble indiquer
que si les aéroplanes pouvaient être enlevés en détail, comme une
série superposée de cerfs-volants, ils pourraient d'abord porter le
poids de la machine elle-même et puis soulager celui du corps.
On n'a fait, jusque dans ces derniers mois, aucune tentative pour
construire une machine volante, basée sur le principe développé
dans ce mémoire, qui est écrit depuis bientôt sept ans. Nous pensons
avoir quelque peu contribué à élucider une nouvelle théorie, et dé-
montré que le vol d'un oiseau, pour s'effectuer, n'exige pas cette
quantité énorme de force qu'on suppose ordinairement; et qu'en
réalité, les oiseaux ne dépensent pas plus de force pour voler que
les quadrupèdes pour marcher, même beaucoup moins ; car les mou-
vements des ailes d'un grand oiseau qui voyage à une vitesse très
élevée dans l'air, sont d^une grande lenteur, et, là où il y a poids,
à une grande vitesse d'action dans les organes, correspond une
grande force d'action.
U est à désirer que d'autres expériences viennent confirmer
l'exactitude de ces observations et qu'en travaillant profondément
la théorie sur laquelle on devrait baser les opérations, les hommes
— 197 —
puiisent arriver à eonquérir Tair et à se servir de cet élément avec
la même flatcilité que possèdent actuellement les oiseaux.
Cherchons maintenant à prouver que Taile sert de point d'appui
à Toiseau, pendant son élévation ; un certain nombre des plus
grands oiseaux battent lentement des ailes, en donnant moins de
60 coups par minute. Or comme un corps abandonné à son propre
poids doit descendre de 15 pieds (4 ^M) par seconde, qu'il soit ou
non animé d'un mouvement horizontal, il me semble qu'il doit y
avoir ici une force agissant pour prévenir cette chute. Lorsque
Taile est arrivée à la limite de son abaissement, son bord anté-
rieur se trouve légèrement relevé sur la ligne de direction du mou-
vement ; conséquemment la poussée d'air produite par la vitesse en
avant, la masse et l'impulsion de l'oiseau agissant toutes trois sur
la surface inférieure de l'aile, supportent le poids de l'animal bien
que l'aile soit en train de se relever. Pour appuyer ma théorie, je
citerai un passage de sir 6. Cayley, qui a fait un très grand nom-
bre d'expériences. Il dit, page 83^ vol XXV de Nicholson' s journal :
Dans cetre position, l'équilibre dépendant de ce que le centre de
gravité est au-dessous du point de suspension, est aidé par une
remarquable circonstance que Q'expérience seule pouvait appren-
8re. Dans les très petits angles avec le courant, on trouve que
le centre de résistance sur la voile ne coïncide pas avec le centre
de figure, mais qu'il est porté considérablement en avant. L'obli-
quité du courant décroissant, ces centres se rapprochent pour se
confondre lorsque le courant devient perpendiculaire au plan, d'où
il résulte qu'aucun roulis de la machine en arrière ou en avant ne
porte en le déplaçant le centre du point d'appui en arrière ou en
avant du point de suspension. » Après cette citation on a lieu de
s'étcmner que sir Georges Cayley, après avoir trouvé qu'à des vi-
tesses élevées et à des incidences très obliques Teffet supportant
se trouve porté au bord antérieur, n'ait pas compris qu'un plan
étroit présentant son plus grand côté dans la direction du mouve-
ment devait avoir également une action effective. Je puis ajouter
une nouvelle explication. Nous savons tous (cela appartient à nos
souvenirs de collège) qu'un banc de glace qui n'offre aucune se*
curité si l'on s'y tient en place dessus, possède assez de résis-
tance pour supporter des corps lourds qui ne font que le traverser
en glissant, et cela autant de temps que durera la rapidité du
mouvement; dans ce cas, la glace ne sera même pas fendue. Nous
savons encore, que pour traverser une portion marécageuse do
— 198 —
route, dans laquelle on s^attend à voir les roues enfoncer jusqu'aux
essieux, on pourra la traverser d'autant plus facilement qu'on
augmentera sa vitesse. Dans ces deux exemples, la masse sur la-
quelle le passage a lieu dans un temps ddnné, est considérable et
par suite on obtient un meilleur point d'appui. La glace ne cède
pas ni la boue non plus . Ainsi, supposons une roue ordinaire qui
s'enfonce de dix pouces ; si nous doublons sa largeur, elle n'enfon-
cera plus que de cinq pouces : et, ainsi de suite, en allant jusqu'à
la transformation de la roue en un long cylindre, on arrivera à
traverser un sable mouvant avec une parfaite sécurité. La Nature
applique ce principe dans les ailes longues des oiseaux et l'a porté
à la perfection chez l'Albatros.
F. H. Wenham.
(Traduction de James Macquarie.)
RECHERCHES SUR LA
NAVIGATION AÉRIENNE
2* Article «.
ÉTUDE DU VOL.
Cette recherche a pour but de détermmer si l'aréonautîque
devrait emprunter au vol, soit ^es principes, soit la disposition
même de ses appareils. Il suffira à ce sujet d'un petit nombre
d'observations principales, sans essayer une théorie complète qui
serait nécessairement très-longue .
Écartons d'abord une objection. On peut se demander pourquoi
la recherche n*embrasserait pas tous les appareils moteurs des
animaux, ou du moins celui des poissons, car il y a une grande
analogie entre la natation et le vol. — L'étude de l'appareil na-
tatoire des poissons n'offrirait pas ici d'utilité parce qu'il rentre
dans le système des aérostats simples qui est suffisamment connu*
En effet, la vessie natatoire des poissons joue le rôle d'un vérita-
ble aérostat ; en la contractant plus ou moins à volonté, le poisson
se tient à différentes profondeurs, et le reste de son appareil est
(i) Nous avons, dans notre livraison de mai, donné un premier chapi-
tre de Touvrage de M. Duroy de Bruignac. Après ce premier chapitre se
trouve une comparaison entre les différents systèmes. Ensuite vient l*é-
tude du vol. C'est le commencement de ce chapitre que nous offrons
aujourd'hui à nos lecteurs.
— 199 —
purement moteur. Les nageoires latérales et dorsales paraissent
joaerle rôle de gouvernail, et n'agissent qu'exceptionnellement
comme faible propulseur. L'appareil propulseur est la queue. Elle
agît comme une godille, c'est-à-dire en substance par le mouve-
ment oscillatoire d'un plan présentant alternativement ses deux faces
obliquement à la direction de la traj ectoire. Cette godille résulte
d'une flexion latérale alternative de la queue. Chez les poissons plats ,
comme la sole et la plie, la translation est aussi obtenue paît un
mouvement de godille, seulement celle-ci a son plan de sjrmétrie
horizontal, au lieu de l'avoir vertical comme pour la plupart des
. autres poissons. Certains poissons, comme l'hippocampe et Tan*
guille, peuvent avancer très-lentement par le fréo^issement en
feston de leur longue nageoire dorsale. C'est toujours un mou-
vement de godille. Les c poissons chinois» ont une nageoire
caudale très-curieuse ; elle forme une surface tronconique à la-
quelle manquerait en dessous environ un quart de son étendue.
La marche a toujours lieu par une action de godille, produite, non
plus par le battement de toute la queue, mais par celui de la na-
geoire seule con9entriquement, c'est-à-dire toutes les génératrices
du cône battant vers son axe.
Bornons-nous, au sujet des poissons, à cette remarque que nous
aurons lieu de répéter pour les oiseaux, c'est que les organes mo-
teurs ont une perfection de construction extrême. Us obéissent à
la volonté instinctive avec la plus grande promptitude, non-seu-
lement dans leur ensemble, mais dans chacune de leurs parties
isolément. Ainsi, bien que les membrures latérales de la queue
formant Y soient les plus résistantes, le tissu intermédiaire peut
se tendre plus ou «moins pour presser l'eau selon la vitesse à
obtenir, et même chacune de ses nervures a la faculté de se mou-
voir indépendamment .
Pour indiquer ce qui nous paraît être la théorie du vol, nous
exposerons successivement nos observations et les conséquences
qui semblent en découler.
A moins de mention contraire, les remarques suivantes se rap-
porteront au vol horizontal, auquel les autres modes peuvent fa-
cilement se comparer.
Le vol est habituellement rapide ; un vol à la vitesse de 10 mè-
tres semble très-lent, et celle de 20 mètres est ordinaire. L'oiseau
cherche toujours à prendre son allure la plus rapide, à moins que
8on trajet ne soit trop court pour le lui permettre. On remarque,
en outre, que l'oiseau, rapproche son axe, et pour ainsi dire son
plan général» de l'horizontale à mesure que sa vitesse augmente.
— 200 —
La seule explication tout à fitit Batigftiiflante serait qu'en agissant
ainsi l'oiseau prend la vitesse qui ménage la plus ses efforts ; or,
cette explication paraît certaine, puisqu'elle a'accorde à la fois
avec les faits et nos calculs. Il semble évident que jusqu'à cette
vitesse, sans doute la plus grande, compatible aveo la forme du
corps (1), le travail de translation varie inversement à la y^qssq,
moyennant que Toiseau maintienne (comme il le fait) son angle
aviateur au minimum nécessaire pour se soutenir. Ainsi l'oiseau
se comporterait comme un aéroplane, ou, plus exactement, comme
une surface courbe obéissant aux mêmes lois générales, ainsi que
cela est évidemment possible. Ce qui suit confirmera de plus en
plus cet aperçu, et montrera de nouveaux faits semblant s'accor-
der avec nos calculs et leur apporter une confirmation.
On pourrait indiquer comme second motif de la rapidité du vol,
que la situation paraissant la plus commode à l'oiseau, c'est d'être
entièrement soutenu par la sous-pression de Tair, et que cet effet
n'est obtenu qu'aux grandes vitesses. La résistance de l'air crois-
sant à peu près comme le carré de la vitesse, on comprend qu'un
moment vienne où son action aviatrice sous le corps suffise seule
à le soutenir ; à l'allure rapide, il paraît en être ainsi pour la plu-
part des oiseaux. On verra plus l(Àa un autre motif de la rapidité
du vol, c'est que l'aile ne peut fonctionner complètement qu'aux
grandes vitesses. Cette troisième raison ne peut qu'être indiquée
à présent, parce que son explication dépend d'observations ultérieu*
res.
La trajectoire du vol est droite ou courbe, mais non festonnée;
l'œil, qui saisit de très-légères oscillations dans une ligne, n'en
voit pas dans celle-ci. Il paraît nécessaire d'en conclure que l'action
propre des ailes ne relève pas l'oiseau à chaque blâment» que le
soutien en l'air 'a lieu autrement, et que l'aile n'a^t que comme
propulseur, ^- En effet, le nombre des battements doubles des ailes
variant ordinairement de 1 à 8 par 1", la chute due à la pesanteur
pendant 1/2 battement varierait, pour la vitesse de 20 mètres, de
1>>»,20 sur une longueur de 10 mètres, à 0»« 02 sur 1», 20, ce qui
ne serait pas du tout insensible. S'il s'agissait d'un battement
entier, les chûtes pendant sa durée seraient 4"'i 90 pour I" et
0»,076 pour 1/8 de seconde. i
(i) On a vu que la forme d*un corps imposait une limite à Tapplication ;|
de réqnation (JS), puisque celui-ci ne peut m présenter à l'air au-dessous |f
d*un certain angle ; une fois atteints cet angle et la moindre vitesse néces- "I
saire au soutien du corps sous cet angle, le moindre traTaii est ausoiatteint ; ^
au delà» il croîtrait avec la vitesse. J
— 201 —
L'observation la plus attentive nous semble conduire à cette
règle générale que les ailes battent normalement à la direction
qu'elles impriment (1). Il faudrait en conclure que la propulsion
ne résulte pas directement du battement lui*même, mais d'une
autre action qui en serait la conséquence. Tout nous conduit à
penser que Taile exerce la propulsion par un mouvement de gO"
dille, résultant, soit de la flexion, causée par la résistance de Tair,
des plumes implantées dans la membrure de l'aile, soit peut-être
en même temps d'un léger pivotement de cette membrure dans l'é*
paule (2). Cette godille est très-puissante, car la membrure de l'aile
décrivant elle-même un secteur tandis que les plumes flé-
chissent, celles-ci agissent comme si elles décrivaient une godille
simple de très-grand rayon. En d'autres termes, la flexion des
plumes ayant lieu à peu près dans le sens de la résistance de l'air,
la godille est dans les mêmes conditions et a, par conséquent, la
même puissance à chaque instant du battement* Un calcul appro-
ximatif, donné plus loin et basé sur les formules précédentes, in-
dique que la plus .grande flexion des plumes, eu égard à la résis-
tance horizontale de l'air, ne devrait pas dépasser lO^* ; en effet,
cet angle ne paraît pas atteint en pratique.
Sans entrer dans des détails qui dépasseraient les limites et le
bat de cette étude, une explication est ici nécessaire. Ce que nous
venons de dire de deux ailes battant également et symétriquement
ne serait plus vrai d'une seule aile prise à part ; une aile ne bat
pas normalement à la direction qu'elle imprime. Il serait plus
exact de dire à cet égard que la propulsion, dirigée suivant le
plan bisecteur du dièdre de battement, et variable en chaque
point du contour de l'aile, serait normale à l'arête du dièdre sui-
vant lequel la flexion des plumes a lieu ; cette arête ou axe de
flexion est loin d'être toujours parallèle au contour de l'aile, ni
surtout normale à l'axe des plumes ; elle dépend de leur structure,
de leur appui mutuel et de ce qu'elles sont inégalement barbelées
des deux côtés. Mais cette réserve n'inflrme pas la remarque fon-
dée sur l'action simultanée des ailes.
(1) Ce fait est souvent diMcile à saisir, surtout chez les oiseaux qui vo-
tent avec la membrare de Faile arquée, conune rhirondelle, parce que l'œil
ooflîbnd le mouvement vrai et sa projection. Mais, une fois le fait constaté
dans les cas simples, on le suit aisément dans les autres.
(2) Je mentionne, comme possible, qu*un certain pivotement de la mem-
brare fosse partie esssentielle du battement, faute d*avoir pu m'asstirer qu'il
n*en est tas ainsi; mais tout parait indiquer que la godûle n'est produite
que par flexion de plumes. On pourra se rendre compte que la godille par
pivotement serait beaucoup moms satisfaisante, et même dif&cue à expli-
quer à la descente.
— 202 —
On peut conclure de la remarque précédente que la résultante do
propulsion d'une aile étant oblique à la trajectoire^ une de ses
composantes lui est normale. Par suite, si une aile bat plus fort
que Tautre, elle pousse Toiseau du côté opposé. Ceci se rapporte
au déplacement latéral horizontal et à la projection horizontale
des forces. Si maintenant on envisage les projections verticales,
on remarque que le dièdre décrit par le battement d'une aile a gé-
néralement son plan bisecteur dirigé sous l'horizontale. Or, la
propulsion paraissant dirigée suivant ce plan, elle aurait une com-
posante ascendante tendant à soutenir l'oiseau, et les deux com-
posantes de ce genre dues aux deux ailes lui formeraient comme
deux appuis obliques • Mais ce dernier effet ne nous paraît se pro-
duire notablement que dans quelques cas du vol lent où le batte-
ment descend beaucoup au-dessous de l'horizontale ; habituelle-
ment et dans le vol rapide, le dièdre du battement est assez petit
et son bisecteur assez voisin de l'horizontale pour que l'action
de soutien direct dont il s'agit nous paraisse insignifiante. Par con-
séquent, à notre avis, les remarques suivantes restent vraies en
général..
Ou peut classer le vol horizontal en deux catégories principales :
le vol rapide^ où l'aile bat verticalement, c*est-à-dire normalement
à la trajectoire ; le vol plus ou moins lenty où l'aile bat parallèle-
ment à un plan oblique, c'est-à-dire obliquement à la trajectoire.
La conséquence de cette distinction, jointe aux remarques précé-
dentes, paraît être : 1<> que, dans le vol rapide où l'aile bat yer-
ticalement, l'oiseau est entièrement porté par la sous-pression da
Tair ; 2« que, dans le vol lent où Taile bat obliquement, la tra-
jectoire horizontale résulte do l'impulsion de l'aile, qui a une di-
rection oblique ascendante, et de la pesanteur diminuée de la sous-
pression de l'air.
Cette seconde observation ne s'applique exactement qu'au vol
lent ordinaire, c'est-à-dire à celui que l'oiseau, pour un motif ou
un autre, veut maintenir lent. Lorsque Toiseau chei^he à attein-
dre le plus tôt possible une grande vitesse, . il semble partir plus
horizontalement que sa vitesse des premiers instants ne le com-
porte. Dans ce cas, où l'amplitude des battements est si grande
que les ailes vont souvent jusqu'à se frapper au-dessous du corps,
les composantes de propulsion normales à la trajectoire, dont
nous avons parlé, paraissent devoir soutenir sensiblement lecorpis.
DUROY DE BrUIGNAC.
(La suite à une prochaine livraison).
Le Gérant, FiEgCÂRÔN^
CLBRMOIIT (OISB). — - IMPRIMBRIB A. PAIX, RUB DB COHPÉ, 27.
— 203 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an*
dens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent (faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAércnaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
La naviflizîone aerea considerata rispetto alla meccanica. Studîi per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Sodetà Italiana pel progresso délie scîenze in Roma. Bari, stabilimento
tippgrafico di Gioacchino Gissi e compagno.
La France avec ses Colonies, par E. Levasseur, membre 'de llnstitut,
contenant 174 coupes et figures explicatives insérées dans le texte, sui-
vie de la table alphabétique de tous les noms mentionnés dans l'ouvrage
et acconipagnée a'un atlas. Delagrave, 58, rue des Ecoles.
Expose des principes qui régissent les machines binaires à vapeurs
combinées, par Adrien Martin, ingénieur civil, garde-mines de première
classe, chez l>ejey, 18. rue de la Perle.
Mémoire sur la probabilité d'atteindre un but de forme quelconque
par P. Brég^er, capitaine d'artillerie de la marine, chez Tanera, éditeur
me de Savoie, 6.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Baudry, éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
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comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
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de FAtaoRAirra, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tona à des prix variant de 50 centimes à 8 francs, suivant la rareté
et la piopreté des exemplaires.
IL.'A.ÉIlONA.XJTB
80MMAIBB
JUH-L.EX laye
Rapport de la Commission chargée de la répartition des fonds de
la souscription du Zénith.
Narration de quatre ascensions en Belgique, par M. AdrietL
X>u.té-Poit6vizi (deux grandes gravures dains le texte).
Correspondance : Lettre de M. Olx. de Xiouvrlé (une gravure
dans le texte).
Les lois de suspension des corps pesants en mouvement dans
l'atmosphère, par F. BE. 'WenTiam esq. membre de la Société
aéronautique de la Grande-Bretagne, traduction de M. Jameâ
l^acq.'uarie. (4* article, trois gravures dans le texte).
Recherches sur la navigation aérienne. Etude du vol, par ^.
Duroy de Bruigxiac, ingénieur, (2* article).
Bibliographie aéronautique.
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AOUT 1876
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nu NUMERO : "ÏS ointiuks
RÉDACTION ET BUREAUX
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Le comité de rédaction de TAÉRONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvel d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandîer. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opiitîons scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Perfectionnements dans la construction des aérostats, par
M. Henri G-iffard.
Nouveaux documents sur l'ancienne école aérostatique de*Meudon,
par ]M!* Q-aston Tissandier (deux grandes gravures dans
le texte).
Rapport de la Commission chargée de la répartition des fonds de
la souscription du Zénith.
Narration de quatre ascensions en Belgique, par "M., Adriezx
Diité-iPoitevin (deux grandes gravures daiis le texte).
Les lois de suspension des corps pesants en mouvement dans
l'atmosphère, par F. H. WenliairL esq. membre de la Société
aéronautique de la Grande-Bretagne, traduction de "Mi, James
Macqnorie.
La Société française de Navigation aérienne, approuvée par déci»
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique^ se réunit le 2«
et le 4« jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue des Grands-
Augustins, 7j sauf le temps des vacances, août et septembre. Son
bureau est ainsi constitué pour l'année courante : Président. M.
le colonel du génie Laussedat, président de la commission des aéros-
tats militaires au ministère de la guerre; vice-présidents, MM. le
D' Hureau de Villeneuve, lauréat cie l'Institut, le D» Marey, pro-
fesseur au Collège de France, Alphonse Penaud, lauréat de l'Ins-
titut et Gaston Tissandier, chimiste ; secrétaire général, M. Ch. du
Hauvel d'Audreville, ingénieur des arts et manufactures ; secrétai-
res, MM. Jules Armengaud^ ancien élève del'Ecole polytechnique,
O. Frion, chimiste, L. Redier, Albert Tissandier, architecte; ar-
chiviste, M. G. Poignant, docteur j en droit, avocat; trésorier,
M. Félix Caron. Membres du Conseil : MM. Paul Bert, professeur
de rinstitut, Motard, ancien élève de Técole polytechnique, Ar-
sène Olivier^ de Ponton d'Amécourt, Rampont, sénateur ; Renoir,
chef de station des télégraphes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lafeyette, 95.
La bibliothèaue. et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de aix à onze heures, rue Lafayette, 95. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s'exercer aux manoeuvres aériennes.
L'AÉRONAUTE
g* ANNÉE. — N» 8. — AODT 1876
CORJIESPONDANCE DE PHILADELPHIE
A Monsieur le D' Hiireau de Villeneuve,
Mon cher Docteur,
Je vous avais promis de vous envoyer mes impressions
sur l'Exposition de Philadelphie. Bien que tout ne soit pas
encore complètement en place, je puis vous adresser quel-
ques renseignements, qui, je l'espère, pourront vous inté-
resser. Je dois d'abord vous dire qu'au point de vue pure-
ment aéronautique, l'Exposition est à peu près nulle. J'ai
bien vu un modèle de ballon dirigeable, mais sa conception
estabsolumentenfantine,etm'a rappelé les inventions que je
faisaisétant petit garçon. J'ai été visiter le musée des paten-
tes de Washington, et je n'y ai vu que des modèles d'hommes
volants d'une valeur à peu près nulle. Gela ne m'a pas em-
pêché de regretter qu'un musée semblable n'existât pas en
France. On sait que pour qu'un brevet de machine soit
valable aux États-Unis, l'inventeur doit déposer dans un
musée spécial un petit modèle donnant de la machine une
idée suffisante. En France, on exige des dessins à l'échelle,
mais le législateur américain a pensé qu'un modèle tangi-
ble donnerait de l'invention une idée bien plus préciseu
De plus, il en est résulté un musée qui n'a pas assuré-
ment la valeur de notre Conservatoire des arts et méiiers,
mais qui donne l'histoire de l'Invention d'une manière sai-
sissante et facilement intelligible.
Revenons à l'Exposition.
. J'y ai trouvé un moteur. Est-ce le moteur de l'avenir
i
— 208 —
pour la navigation aérienne. Je Tignore, mais il approclie
de l'idéal que vous nous avez présenté dans votre rapport
sur l'Exposition anglaise de 1868.
Après avoir comparé les moteurs à combustion exté-
rieure comme la machine à vapeur ordinaire, et ceux à
combustion intérieure comme les machines Lenoir et Hu-
gon, vous émettiez cet avis que le moteur qui vous sem-
blait devoir être préféré pour la navigation aérienne était
une machine brûlant du pétrole en vase clos comme cela a
lieu pour le gaz dans la machine Lenoir.
J'ai cherché la solution de ce problème et je sais que
MM. Hockes et Lombrigot s'en sont aussi occupés, mais
je ne crois pas qu'ils soient encore arrivés à la phase in-
dustrielle.
Or, j'ai trouvé ici un moteur à pétrole en pleine exploi-
tation fonctionnant très bien. Je vous en envoie le dessin
et le prospectus dont je vous présente la traduction littérale
afin de ne pas diminuer la saveur de ce document.
La Compagnie Pensylvanienno des moteurs à mise en mar-
che instantanée, se charge de la construction du moteur
Brayton ou machine à Hydrocarbure.
Bureau, 132, North Third street.
Philadelphie Pensylvanie,
E. F. Gilbert, directeur.
Sûreté, économie, commodité.
Ni chaudière, ni vapeur, ni explosion. Pas de risques d'in-
cendie. Pas besoin d'assurances. Elle est toujours prête, et
mise on train avec une allumette. La dépense cesse quand la
machine s'arrête, celle-ci est simple de construction et facile à
conduire. Inutilité d'un chauffeur habile, elle n'est pas sou-
mise à la sanction officielle ni sujette à inspection. Elle coûte
de combustible, pour un travail continu, moins que les ma-
chines à vapeur, de même puissance, quand le travail est
employé par intervalles.
C'est le moteur connu le plus économique. La puissance est
uniforme, sûre et complètement égale à celle des machines à
vapeur.
I
PBNNSTLVANIA BEABT MOTOB OO,
BRAYTON^fTeADV MOTOR-
HYDRO-CARBON ENGINE.
Omc«. No. 132 Nonh Third Siree\
f f &lMin. IkKga nUL&UULFHU. l'A.
F [G. 30 j
DBSCRIPIIOH DB LA. HAOHINS.
Le moteur instantané, à Thuile minérale de Brayton, re-
présenté dans la gravure ci-dessus, consiste on un cylindre
moteur, une pompe à air et deux réservoirs.
A. Le cylindrer moteur est entouré par une enveloppe dans
laquelle de l'oau circuîo, soit en un très-potît courant, lors-
que cela est néccssnire, soit par une circulation continue,
maintenant ainsi une basse température dans les parois du
cylindre et l'emploi de la construction du piston & cercles
— 210 —
métalliques, qui a été très-apprécié dans les machines à
vapeui*.
B. La pompd à air do la forme la plus simple aveo les
mêmes cercles métalliques sert à comprimer Tair qui est em-
magasiné dans les réservoirs à la densité désirée.
C Les réservoirs sont deux cylindres métalliques, placés
à la base du bâti, Tun d^eux sert de réservoir travaillant, Tau-
tre de magasin de réserve, dans lequel Tair est emmagasiné
pour servir à la mise en train après un temps quelconque,
pendant lequel la machine a été arrêtée.
D. La pompe à huile minérale force, à chaque coup, quel-
ques gouttes d*huile à entrer dans la chambre de combustion
où elle est mélangée à Tair, la provision étant distribuée
selon les besoins de la machine.
^.'Manivelld do la pompe qui est employée pour pomper
quelques gouttes d'huile pour la mise en marche de la ma-
chine.
F. Soupape de sûreté par laquelle Tair s'échappe ; elle peut
être réglée à toute pression.
Gé Tujraa de dégagement & travers lequel Ué produits de
la combustion passent dans la cheminée*
QOÙUmr LB POOVOIB tws vèvmloppè»
Le pouvoir développé est produit par Texpansion produite
dans le cylindre par la combustion d'un mélange de vapeur,
de pétrole brut et d'air.
Le mélange est fait sur le point de combustion en propor-
tion convenable pour brûler sans fumée en produisant ainsi
une grande économie de combustible. Les proportions conve-
nables sont d'environ vingt-quatre mille volumes d'air pour
un volume d'huile.
PAS DK DAltaBH D'iKCBNDIB NI d'bXPLOSION.
Par suite de la méthode d'introduction et d'emploi de
l'huile on peut affirmer qu'il existe une sécurité absolue et
qu'une explosion est impossible ; il n'y a pas de parties à une
I
i
— 211 —
haate température et la combustion est confinée dans le cy-
lindre ; il n'y a pas de danger d'incendie et le taux des assu-
rances n*est pas plus élevé quand la machine fonctionne.
SIMPLICITÉ D'OPÉBàTIOK.
La machine se met en mouvement par Tapplication d'une
allumette enflammée.
Elle est sous pression en quelques secondes, économisant
ainsi le temps et le combustible nécessaire dans les machines
à vapeur pour accumuler la pression.
Elle est simple de construction, elle n'est pas susceptible
de se déranger, elle exige peu d'attention. Toute personne
d'une intelligence ordinaire peut s'en servir.
Les soins nécessaires aux chaudières deviennent inutiles.
Un mécanicien patenté n'est pas utile comme pour les ma-
chines à vapeur et l'inspection officielle est inutile. Le feu
est éteint et la machine arrêtée en fermant un robinet.
Lk PRESSION FA.0ILBMBNT RÉGLÉIE.
La pression de la vapeur est régularisée par un govemor
qui agit comme un véritable eut o/f, si doucement que de
faibles variations résultent de son action dans un sens ou
dans l'autre. La pression peut être changée suivant les exi-
gences dtt travail,
QUANTITÉ D'HOIIiB Nâ0B93A.mE.
Dix heures de travail nécessitent une dépense de quatre
litres et demi de pétrole brut par cheval vapeur. Dans de
plus grandes machines on dépense un peu moins. (Gela fait
un domi-litre par heure et par cheval.)
CAPACITÉS BT DUBÉE.
Les machines sont pleinement garanties comme produisant
les mêmes effets que les machines à vapeur de même puis-
sance nominale. Leur force est uniforme et sâre. Un oontl-
nuel usage pendant quinze mois a pratiquement démontré
'qu'il n'y avait aucun effet de destruction dans le cylindre.
— 21â —
Toutes les parties sont d'uu accès facile pour rajustement
et les réparations. Si par un accident ou un long usage, des
réparations devenaient nécessaires, tout bon mécanicien peut
les faire. Notre intention est de construire les machines en
double, de sorte qu'on puisse nous commander chaque
pièce.
Prenant en considération la sécurité absolue, le faible es-
pace nécessaire pour le combustible, ce fait qu'il n'y a pas
de cendres à jeter, qu'une faible attention est nécessaire;
Là grândA ÉcoNOikTiB, l'avantago de la mise en marche instan-
tanée, et que la dépense cesse quand la machine s'arrête, le
fait que le taux de l'assurance n'est pas augmenté ; que la
sanction ofâcielle n'est pas nécessaire pour son application
•t qu'elle n'est pas sujette aux inspections de l'autorité,
comme c'est le cas pour les machines à vapeur, considérant
la quantité, l'uniformité, la souplesse du pouvoir moteur,
nous avons la pleine assurance que le moteur toujours prêt
à pétrole ^st calculé pour répondre à la demande d'un mo-
teur sûr, souple, aisément emplojable et économique.
Pour l'application on peut prendre référence aux machines
qui sont employées dans les imprimeries, les établissements
de charpentiers, de brasseurs, de fabricants de couleurs, ou
dans tous les endroits oii on emploie des moulins, des venti-
lateurs, etc.
ChoTau
fapear.
Cylindre
' moteur.
Poulie de t
Diamètre.
ransmis.
Face.
Espace
superâciel
Pieds
Hauteur
Révo-
lutions
Poids.
Prix
1
5X7
16 pouces
i poacos
2x4 1/2
4 pieds
200
livres
900
dollars
350
S
X 9
18 »
5 »
2 1/2x5
4 p. 10 p.
180
1400
450
5
8 X 12
26 »
6 »
2 1/2x6
5 pieds
160
2100
600
10
10 X 15
66 »
8 «
3X7
8 pieds
110
4000
1000
Sans que j'aie besoin d'insister sur le style légèrement
charlatanesque, du prospectus, vous pouvez voir que
les avantages que l'industrie peut tirer du moteur
Brayton ne sont pas du tout les mêmes en France et aux
États-Unis. Ici le pétrole brut est à très bas prix. En
France, aucontrairel' Assemblée nationales'appuyantplutôt'
— 213 —
sur de tristes souvenirs, que sur des raisons d*économie
politique a frappé le pétrole de droits énormes. Il y a lieu
d'espérer que la Chambre des Députés dégrèvera cette
substance qui est le moyen d'éclairage du pauvre et lui
permet de veiller de longues heures ; mais nous avons à
étudier ici, non la question industrielle mais uniquement
la question aéronautique.
Or, au point de vue de la navigation aérienne, il ne s'a-
git pas, comme vous l'avez écrit très sagement, de pro-
duire à bon marché, il s'agit d'abord de réussir à un prix
quelconque.
La différence de prix du pétrole n'est donc pas une ob-
jection sérieuse.
Il faut voir que, pendant que les machines, suivant leurs
perfectionnements, brûlent de deux à quatre kilogrammes
de houille par heure et par cheval, elles consomment de
douze à vingt kilogramme^ d'eau par heure et par cheval.
Le poids de l'eau à emporter a donc été pour beaucoup
d'esprits sages, une objection pour le succès futur de la
navigation aérienne.
Mais ici nous n'avons pas d'eau à emporter, nous n'a-
vons à consommer qu'un demi-litre, mettons un litre par
heure et par cheval.
C'est fort bien ; mais, me direz -vous, le poids de la ma-
chine elle-même dépasse .toutes nos prévisions. Je le sais
bien. Aussi je suis entré en pourparlers avec le construc-
teur.
Après avoir examiné la marche de . la machine qui va
fort bien, après l'avoir essayée au frein, j'ai demandé au
constructeur s'il ne pouvait pas m'en construire une beau-
coup plus légère et sans volant.
Il m'a promis de me construire une machine de trois
chevaux h deux cylindres. Cette machine pèserait cent
soixante-quinze livres, c'est-à-dire quatre-vingts kilos,
ou vingt-sept kilos environ par cheval.
Deux gallons ou neuf litres de pétrole suffiraient pour
marcher dix heures.
De pluâ, le constructeur me demande pour sa machine
la somme de trois cents dollars ou quinze cents francs. Je
— 214 —
ne sais s'il tiendra sa promesse, car il a beaucoup de com-
mandes, mais j*ai lieu de croire que son offre est sérieuse.
Je crois, mon cher Docteur, que vous partagerez mon
contentement, et que vous reconnaîtrez que si, dans mes
renseignements je n'ai pas brillé par la quantité, je me suis
distingué par la qualité.
Veuillez présenter mon bon souvenir à tous nos amis.
Eugène Farcot,
COMPTES-RENDUS ANALYTIQUES DES SÉANCES
DB
U SOCIETE FRANÇAISE DE NAVIGATION AfiBIENNE
APPROUVAS PAR M. LB HINISTRB DB L*INSTKUCTION PUBLIQUE
Séance du 24 mai 187G.
PRÉSIDENCE DB M. PAUL BBRT.
La séance est ouverte à 8 heures et demie.
La lecture du procès-verbal de la séance précédante est ajournée.
Le dépouillement de la correspondance manuscrite et imprimée
est ajournée également.
Après un vote au scrutin M. Ch. Flor O'Squarr présenté par MM.
Macquarie et Félix Caron est inscrit sur la liste des membres as*
socles.
n est procédé au vote sur la proposition faite par plusieurs mem-
bres de porter de huit à douze le nombre des sociétaires faisant par-
tie du Conseil.
M. BUREAU DE VILLENEUVE : La Société a pour habitude de faire en-
trer dans son conseil les anciens Présidents, de sorte que le nom-
bre des places disponibles en faveur des autres sociétaires devient
de plus en plus restreint.
M. HAuvEL : J'appuie Tobservation de M. Bureau de Villeneuve et
je crois qu'il serait bon d'augmenter le nombre des membres du
Conseil en raison des nombreuses absences qui se produisent les
jours des séances.
L'augmentation proposée du nombre de membres du Conseil est
votée à l'unanimité.
— 215 —
n est procédé à la nomination des membres du bureau et du Con-
seil de la Société, par votes séparés au scrutin secret.
A la suite de ces votes sont proclamés :
Président: M. le Colonel Làussbdat, président de la commission
des aérostats militaires au Ministère de la guerre, professeur au
Conservatoire des Arts et Métiers.
Vice-présidents : MM. le D' Abkl Hureiu de Villeneuve, Le D»
Maret, Alphonse Penaud et Gaston Tissandier.
Secrétaire Général : M. Ch. du Hauvel d'Audrrvillb, Ingénieur.
Secrétaires: MM. J. Armbnoaud, Ingénieur, 0. Frion, Chimiste,
L. Rédier, constructeur d'Instruments de précision et Albert Tis-
sandier, Architecte.
Trésorier : M. Félix Caron.
Archiviste: M. Georges Poignant, docteur en droit.
Membres du Conseil : MM. Paul Bert, député, Professeur à la fa-
culte des Sciences ; Duroy de Bruignac, Ingénieur ; Duput de Lôme,
membre de Tlnstitut ; Gauchot, Ingénieur ; Janssen, membre de
llnstitut ; Jobert, constructeur mécanicien ; Hervé Mangon, mem-
bre de rinstâtut ; Motard, ancien élève de l'Ecole Polytechnique ;
Arsène Olivier ; Le vicomte de Ponton d'Amécourt ; G. Bampont,
Sénateur, ancien Directeur général des Postes et Benoir, chef de
station des lignes Télégraphiques.
M. DE LA landelle demande que toute distinction cesse, au moins
en ce qui concerne le vote, entre les membres sociétaires et les
membres associés.
M. PAUL BERT *. Cette demande doit faire l'objet d'une étude ap-
profondie que ne nous permet pas l'ordre du jour de cette séance.
n y aurait du reste péril à la discuter maintenant et à la faire
aboutir. Nos statuts sont déposés au ministère et nous ne pouvons
y toucher au moins pendant une certaine période ; car autrement
une nouvelle autorisation deviendrait nécessaire. J'estime cette
période devoir être d'une durée de un an à un an et demi et pen-
dant ce temps nous aurons sans doute satisfait aux quelques for-
malités qui nous restent encore à remplir.
M. DE LA landelle : Je reconnais que mon observation est peut
être inopportune. Cependant je pense que quelques-uns de nos col-
lègues qui ne connaissent pas bien les statuts doivent s'étonner
de ne pouvoir prendre part aux votes.
On passe à l'ordre du jour qui appelle la discussion sur la pro-
position de MM. Gauchot, OUvier et Motard ayant pour objet le
changement de local de la Société. En principe, le conseil a déjà
déclaré qu'il serait bon d& changer de domicile.
X. LE PRiisiDKNT PAUL BERT : Yous savcz, Mcssicurs, daus quelles
8
— 216
conditions nous nous trouvons depuis la fondation de la Société.
M. Hureau de Villeneuve nous a offert ici Thospitalité avec une
gracieuseté dont nous devons le remercier chaleureusement. Mais
grâce à vos travaux, notre Société s'est considérablement accrue
et ce local où elle est née devient trop petit pour elle. C'est ici que
nous avons passé notre période d'enfance ; mais il est dans la na-
ture des enfants d'être ingrats, comme il est dans la nature des
oiseaux de quitter leur nid quand ils ont senti pousser leurs ailes.
Le moment semble venu de chercher un domicile suffisant et no-
tre collègue qui nous a jusqu'à ce jour abrité s'est rangé à cette
opinion. Nous sommes tous d'accord sur l'utilité qu'il y aurait à
changer de domicile, mais il y a lieu, d'étudier les questions d'op-
portunité, d'argent et de convenance de local.
Plusieurs de nos collègues ont étu(}ié avec soin les conditions
dans lesquelles on pourrait trouver à se loger convenablement.
On vous présente un projet et un devis ; mais il semble opportun
que le bureau soit chargé de l'étude plus complète de notre ins-
tallation et puisse transmettre à mon honorable successeur M. le
colonel Laussedat le bail qu'il aura à signer au nom de la Société.
Mais nous avons dd nous occuper dn conseil des difficultés pé-
cuniaires qu'entraînera pour la Société à l'avenir le changement de
local ; le conseil a prié quelques-uns de ses membres de s'enqué-
rir des ressources actuelles de la Société, de ses dépenses et recet-
tes annuelles et de chercher un local où on puisse s*établir au meil-
leur compte et dans des conditions satisfaisant tout lejnonde. La
commission déléguée a trouvé au siège de la Société Géologique
sur la rive gauche^ un établissement donnant toute satisfaction à
nos désirs. Elle a rencontré là une salle pouvant servir à la réu-
nion des membres de la Société, même daiïs les séances attirant
le plus grand nombre d'entr'eux, les séances solennelles publiques
annuelles exceptées et les conditions de location de cette salle
sont extrêmement modiques. Voulez-vous remettre la solution défi-
nitive de cette question à la commission précédemment nommée
en Conseil et qui s'en est spécialement occupée ou bien en char-
ger le nouveau bureau de la Société qui vient d'être nommé ?
Mais il faut d'abord voter sur la question de principe que je formu*
lerai ainsi : I
La Société remercie M. Hureau de Villeneuve de V hospitalité qu'il ^
lui a offerte pendant plusieurs années^ et déclare qu'aujourd'hui
elle pense être en situation d'avoir un domicile à elle comme les au- j
très Sociétés savantes, ^
La discussion est ouverte : .
M. LUCAS. La Société est en train de passer par une phase de trans-
i
— 217 —
fonnatioa. Est-elle en état de voler, comme Toiseau, de ses pro-
pres ailes ? Est-il opportun comme on Ta proposé d'abandonner le
nid? Je ne le croîs pas, au moins pour le ijioment.
M. VÈSA.VD. La possession d'un local par la Société est un nouvel
appui donné à la demande adressée au Gouvernement, au lieu d'ê-
tre un obstacle à la reconnaissance d'utilité publique .
M. LUCAS : Oui, si la Société était nouvelle, mais la demande
de reconnaissance est faite, y a-t-il dès lors intérêt à hâter le mo-
ment de l'abandon du nid ? Il n'y a certes pas urgence vu les
notabilités qui font partie de la Société. Le succès de la souscrip-
tion du Zénith prouve que nous étions connus du public.
H. pâNAUD : Je demande, la question paraissant résolue aux yeux
de presque tous les membres présents et la question financière
étant réglée, qu'il soit répondu de suite par des faits dans cette
Assemblée générale à M. Lucas. Il faut enfin résoudre cette ques-
tion pendante.
M. CE. DU HA.UVEL: Je demande la clôture de la discussion et
le vote sur le principe de changement de local. La Société trouve-
t-3lle ce changement bon ?
M. LUCAS : Je ne vois pas de motif militant en faveur de ce
changement de local.
Sur la demande de M. Penaud, appuyée, il est procédé au vote.
La proposition formulée par M. Bert est adoptée.
M. p. BSRT : On pourrait, le principe de changement étant ad-
mis, voter de suite au sujet du local présenté par la commission,
car plus tard on ne trouverait peut-être plus à le louer.
M. péitaud: Le local que nous avons trouvé est celui qui est oc-
cupé déjà par la Société Géologique^ la Société Météorologique^ la
Société chimique et la Société Philomatique,
n ne reste plus qu'un seul jour de location disponible et on pour-
rait si nous tardions trop, nous l'enlever. Je crois qu'il serait im-
possible de trouver ailleurs aussi bien, même à des conditions plus
onéreuses. II faut résoudre la question de suite. Si Ton veut sou-
lever la question du capital, je suis tout disposé à répondre.
M. DUPUT pK LÔBis. Je ferai observer qu'on ne pourra mettre de
modèles dans la salle des séances ; car cela gênerait les autres So-
ciétés.
M. piNAUD. Deux cabinets recevront les archives et les modèles
de petite dimension. Pour les modèles de grande dimension on
trouvera des locaux à bon marché dans le voisinage ainsi que pour
la fondation d'un musée aérostatique. Nous posséderons une salle
fermée à clef et confiée à la garde de l'archiviste .
M. DUPUT DE lôme: Il faut que nous puissions orner la salle des
— 218 —
séances d'an certain nombre d'objets et que ce droit soit inscrit en
notre faveur dans le bail à intervenir. Je suis partisan du change-
ment de local, tout en adressant mes remerciements à M. Bureau
de Villeneuve pour son hospitalité; mais il faut vous réserver le
droit que je viens d'indiquer.
M. OAuoHOT : Nous aurons nos archives spéciales ; la salle des
séances appartient déjà à quatre Sociétés ayant un agent commun
qui sera aussi le nôtre. Nous avons également pour nos modèles un
local dans lequel on pourra loger quatre ou cinq fois la quantité
de modèles d'appareils existant dans le local actuel de la Société.
Notre agent pourrait au besoin garnir la saUe de certains objets
avant la séance.
M. POIGNANT : Nous pourrous tout au moins placer dans la salle
quelques photographies. (Approuvé).
M. penaud: Il existe déjà dans la salle des cartes appartenant à
la Société Géologique.
M. BSRT. Dans la rédaction du bail, il faudra bien indiquer ce que
nous exigeons. Maintenant la Société désire-t-elle que les négo-
ciations pour aboutir à un bail continuent?
n est procédé au vote, la Société décide la continuation des né-
gociations entamées.
M. BBRT : La Société charge-t-elle son Piosident ou bien le bureau
de poursuivre ces négociations.
M. PENAUD : Je demande que la question soit définitivement tran-
chée dans cette séance et qu'il n'y ait plus à revenir ensuite sur les
arrangements convenus dans le bail.
M. DUPUT DE lômb: C'ost impossiblc. Nous ne pouvons pas au-
jourd'hui donner un mandat impératif aux personnes chargées des
négociations. (Approbation) .
M. piîNAUD : Il suffît d'un délai de quelques jours pour en termi-
ner et nous ne pourrions plus rencontrer un local aussi convena-
ble que celui qui se trouve à notre disposition.
M. sert: Le bureau pourrait remettre ses pouvoirs entre les
mains d'une commission. Le projet de bail serait ensuite soumis à
Tapprobation de la Société.
M. piîNAUD : Je demanderai à M. le président d'écrire à M. le co-
lonel Laussedat.
M. sert: Je prie M. duHauvel d'écrire à M. le colonel Laussedat
et de le prier de vouloir bien désigner un membre du bureau, par
exemple un de MM. les vice-présidents pour le remplacer lors delà
signature définitive du bail, le bureau ayant du reste les pleins
pouvoirs de la Société.
Après un vote conforme, pleins pouvoirs sont donnés au bureau
— 219 —
pont BuivTo les négociations en vue d'arriver à la signature d'un
bail définitif.
M. poiaN&NT adresse au nom de la Société des remerciements à
M. Panl Bert, président sortant. (Applaudissements).
La séance est levée à 11 h. 20 minutes.
Le Secrétaire de la séance,
0. FaiON.
Séance du i5 Juin i8j6.
Rue des Orands-Ânguatins.
PRÉSIDBNCXDB M. HUEBAU DE VILLBNBUVS, VlOfi-PBÉSlDBMT.
La séance est ouverte à 8 heures et demie.
La lecture du procès-verbal de la séance précédente est ajour-
née.
M. DU HÀUVEL, Secrétaire général procède au dépouillement de la
correspondance qui comprend : Des lettres de remerciements de MM.
Flor O'squarr, Hippolttb GA.PiTAiNEet Porter MiCHâJCLS pour leur
admission dans la Société.
Une lettre de M. Edouard Santiocza, qui demandq une subven-
tion pour un appareil plus lourd que l'air qu'il a fait construire.
(Renvoyé au Conseil).
Une lettre de M. Bainaj, relative à un procédé de direction.
Une lettre de M. Alcide Dauvergne.
Une lettre de M. Ghanu qui propose à la Société de lui faire par-
venir des pièces et appareils.
Une lettre de M. Ch. Loilier, Secrétaire de la Société des an-
ciens élèves des écoles d'Arts et Métiers, lettre adressée à M.
Horeau de Villeneuve et demandant des renseignements sur le
ballon de M. H. Giffard.
Une lettre de M. Monteil, traitant d'un mode de planement.
Une étude accompagnée de 2 diagrammes d'ascensions simulta*
nées, adressée par M. Duté Poitevin et réservée'pour une prochaine
séance. Il est reveau au siège de la Société plusieurs des lettres
jetées par M. Duté Poitevin, de la nacelle de son ballon, lors de sa
dernière ascension faite en Belgique.
Une lettre de M. Pascal Cordenons accompagnant l'envoi d*une
brochure extraite du numéro des Mondes du 18 mai 1876.
Un travail en italien de M. Yincenzo Fruscione.
La conclusion de l'auteur est qu'il n'existe pas de puissance
mécanique capable de soutenir le poids d'un appareil moteur. Il
faut donc renoncer à la pensée du vol mécanique à la façon des
— 220 -
oiseaux et recourir au ballon. L'auteur compare les ailes à mou
yement alternatif, à rotation, avec les hélices et trouve que ces
dernières volent mieux sous plusieurs rapports qu'il énumère .
Un travail de M. Chassy, accompagné d'un grand nombre de des-
sins.
Un travail destiné à concourir pour le prix Paul Bert, adressé
par M. Titus Gougeau et traitant des moyens de conserver la vie
des aéronautes dans les régions élevées.
Un mémoire de M. Gabriel Mângin avec planche, sur la direc-
tion des aérostats, accompagné d'une brochure ayant pour titre :
Exposé des divers systèmes de Navigation aérienne et réfutation de
Vhélicoptère Nadar^ Ponton d'Amécourt et G, de La Landelle, par
Duchesne jeune.
Un Mémoire déposé sur le bureau par M. Alfred Basîn, d'Auchy-
aux-Bois (Pas-de-Calais).
M. LE SECRÉTAIRE oÉNÉRAL cxposo qu'il a écrit à M« le colonel
Laussedat, retenu à Iseure, près Moulins (Allier), par ordre des
médecins aûn qu'il veuille bien désigner une personne chargée de
le remplacer lors des démarches à faire pour le changement de
local. M. le colonel Laussedat a transmis ses pouvoirs à M. Paul
Bert. En mopie temps, il a adressé sous forme d'allocution ses
remerciements à la Société.
M. Hureau de Villeneuve donne lecture de cette lettre :
« Messieurs et chers collègues,
< La lenteur désespérante de ma guérison, me laissant encore
dans l'impossibilité de me rendre au milieu de vous, j*ai déjà prié
M. le secrétaire général de vouloir bien vous exprimer mes re-
merciements pour l'honneur que vous m'avez fait en me choisis-
sant pour présider vos séances»
Monsieur du Hauvel vous donnera lecture d'une première lettre que
je lui avais adressée en réponse à celle qui m'annonçait mon élec-
tion. Eloigné de Paris depuis les premiers jours d'avril, peu ren-
seigné sur beaucoup de choses que j'aurais eu intérêt à connaître
en temps utile, gêné, comme je le dis dans ma lettre, par ma si-
tuation officielle, j'avais exprimé à notre collègue M. Hureau de
Villeneuve, qui m'avait fait des ouvertures à ce sujet, le désir de
n'être pas candidat à la présidence de notre société.
or Peut-être même, si j'eusse étéprévenu à temps, aurais-je insisté
auprès de vous pour vous prier de porter votre choix sur un autre
nom que le mien, et vous n'étiez assurément pas embarrassés pour
en trouver de plus dignes. Je n'ai cependant pas hésité à accepter
votre verdict, parce que j'ai supposé que, pour un grand nombre
d'entre vous, mon élection était une protestation contre des in*
— 221 —
amnationa heureasement encore plus ineptes que perfides, répan-
dues dans la presse, à propos de Taccident du ballon « l'Univers. »
« Je ne yeux pas insister d'ailleurs sur un sujet indigne de votre
attention aussi bien que de la mienne. J'ai acquis depuis long-
temps déjà, et c'est ce qui me fôche le plus, l'expérience, des hom-
mes et des choses, et je m'en sers, ce qui me console un peu, pour
donner aux uns et aux autres l'importance relative qu'ils méritent.
N'avons-nous pas, vous et moi, des préoccupations bien autrement
sérieuses? Ne cherchons-nous pas ensemble à faire faire des pro-
grès à l'art aéronautique, à utiliser ^et art au profit de la science
et éventuellement à la défense du pays? C'est même pour atteindre
ce dernier but surtout, vous ne l'ignorez pas, que je me suis enrôlé
parmi vous, et que je m'efforce, de concert aveo quelques jeunes
officiera capables et pleins d'ardeur, de renouer la tradition des
Meusnier et des Coutelle, en cherchant en outre de mon mieux à
découvrir les tentatives faites dans le même ordre d'idées à l'é-
tranger.
c Permettez-moi, Messieurs et chers collègues, de m'arrêter un
moment sur le nom illustre qui vient de se présenter le premier
sous ma plume, à celui de Meusnier dont les idées, incomplètes
sans doute, n'en sont pas moins admirables, si l'on se reporte à
répoque où elles ont été conçues.
c Vous savez, sans doute, que le général du génie Meusnier, Tun
des plus habiles géomètres de la fin du siècle dernier, fut tué en
1793, à Majence, par un boulet prussien, et que le roi de Prusse,
pour honorer ce grand homme a que la France venait de perdre »
avait fait cesser le feu pendant ses funérailles ; mais ce que l'on sait
moins, c'est que Meusnier avait consacré sa belle intelligence et
près de dix années de sa vie à chercher le moyen de diriger les
ballons. La constance d'un esprit d'élite à découvrir la solution de
ce problème aurait dû donner à réfiéchir à tant de gens réputés
habiles qui n'ont pu trouver que des arguments pour en démontrer
l'impossibilité et des railleries à l'adresse de ceux qui se laissaient
tenter par le désir d'en vaincre les difficultés.
« Les travaux de Meusnier négligés pendant plus d'un demi-siè-
cle, malgré leur haute valeur et la hardiesse des conceptions aux-
queUes ils avaient abouti, ont suscité, depuis 30 ans environ, des
recherches analogues qui n'ont pas été sans résultats, car elles ont
servi à détruire peu à peu les préjugés qu'une foule de projets in-
senaés tendaient malheureusement à entretenir. Les continuateurs
de Meusnier, les Marey-Monge, les Giffard, les Dupuy-de-Lôme,
pour ne citer que ceux qui ont le mieux réussi à remettre ses idées
en honneur, sont parvenus à attirer l'attention du public éclairé,
— 222 —
et l'on commence à prévoir que rhcure- d'une solution définitive,
je ne dis pas la plus parfaite, mais suffisamment pratique, ne sau-
rait beaucoup se faire attendre. Cette opinion est assez répandue,
même à l'étranger, pour que certains inventeurs aient reçu de sé-
rieux encouragements et, paraît-il, jusqu'à l'appui matériel de leurs
gouvernements (voir la Hevue scientifique du 8 janvier 1876). Dans
d'autres pays, les hommes compétents, consultés officiellement,
sans être aussi affirmatifs, laissent percer très-nettement, dans les
avis qu'ils émettent, le pressentiment que je viens de signaler. Il
y a vingt ans, ces avis eussent été, à coup sûr, unanimes pour
déclarer que la direction des flkllons était une utopie.
« Nous avons donc fait un grand pas, Messieurs et chers collé*
gués, dans une voie semée d'obstacles et qui n'est pas encore, tant
s'en faut, complètement déblayée. Il m'a paru convenable, toutefois,
de saisir Toccasion de rappeler que c'est à un grand ingénieur
militaire français, qui fut en même temps un grand patriote, que
l'on doit les saines notions de la direction des ballons.
« Plusieurs d'entre vous s'occupent de la recherche d'un moteur
léger ; qu'ils persévèrent, et j'ose leur prédire que non seulement
leurs efforts ne resteront pas stériles, mais qu'il leur sera donné»
peut-être très prochainement, de les voir mettre à profit sur une
large échelle.
c Que ce moteur doive servir en effet à diriger les ballons, ou qu'il
aide à réaliser cette autre conception ancienne et, à certains égards, *
plus attrayante, l'aviation, il faut le trouver; c'est l'âme de la Na-
vigation aérienne, on le trouvera, n'en doutons pas.
Je voudrais pouvoir parcourir avec vous, messieurs et chers col-
lègues d'autres parties du champ immense que nous devons explo-
rer pour atteindre le but multiple que nous nous sommes propo-
sé ; mais je suis pressé moi-même par le temps et je ne voudrais
pas, d'un autre côté, abuser de votre attention. Je regrette d'ail-
leurs de n'avoir pas pu conférer avec mon prédécesseur pour me
mettre au courant de l'exacte situation des travaux de la Société,
de ses projets et de ses ressources. Je reprendrai seulement, si
vous me le permettez, un sujet dont il a été question, il y a 18
mois environ, à une séance à laquelle j 'assistais et qui était pré-
sidée par M. Hervé Mangon. Il s'agissait de réunir les éléments
d'une sorte d'aide-mémoire de l'aéronaute, ouvrage qui serait en
effet extrêmement utile et dont la publication ferait honneur à la
Société. Je crois me rappeler que plusieurs membres avaient con-
senti à se charger d'un certain nombre de questions à traiter et
je suis certain de ne pas me tromper en citant les noms de nos
infortunés et à jamais regrettés collègues Sivel et Crocé-Spinelli.
— 223 —
I
Le premier devait s'occuper des agrès et de la manœuvre du bal-
lon, Crooé et plusieurs autres de nos collègues devaient se répartir
les questions théoriques de Taéronautique, et le tout devait être
accompagné de formules usuelles et de tables numériques indis-
pensables pour qui veut faire un projet d'aérostat, étudier
celui qu'on lui donne à examiner ou même l'aérostat dont il doit se
servir. Je pense qu'il serait urgent, Messieurs et cbers collègues, de
reprendre cette idée, de la poursuivre et de la mener rapidement
à bonne fin. Si deux de nos collaborateurs les plus actifs et les
plus expérimentés ont disparu, en accomplissant glorieusement
la partie la plus périlleuse de la tâche qu'ils avaient assumée,
c'est à ceux qui leur survivent à les remplacer et à poursuivre celle
qu'ils ont laissée inachevée.
c Je prie donc celui de MM. les vice-présidents, qui se trouvera
demain au fauteuil de vouloir bien faire mettre ma proposition
à l'ordre du jour pour la séance suivante.
Je demanderai plus tard à la Société, quand je connaîtrai mieux
les ressources qui sont à sa disposition, si elle ne serait pas d'a-
vis de publier le catalogue des ouvrages qui composent sa biblio-
thèque et même un index des mémoires manuscrits les plus ins-
tructifs qui existent dans ses archives. Je n'ai pas besoin d'insis-
ter sur les services que pourrait rendre une telle publication, mais
je le répète, je ne connais pas assez la situation financière de la
Société pour me permettre de formuler une proposition immédiate
à cet égard. Au surplus, à chaque jour suffit sa peine, et je me
borne, dans cette première séance, à demander que la Société s'oc-
cupe sans retard, des mesures à prendre pour arriver à la réalisa-
lion du projet de rédaction, arrêté en principe, d'un aide-mémoiro
àTusage des aéronautes.
« Dès que ma santé me le permettra, je m'empresserai de réunir
mes efforts aux vôtres et de faire tout mon possible pour conti-
nuer dignement la tradition laissée par mes prédécesseurs avec
la plupart desquels je suis déjà lié par des sentiments d'estime et
d*affeotion qui sont également ceux que je désire entretenir avec
tous mes collègues.
c A. Laussbdat. »
La Soeiété, après avoir vivement applaudi la lettre de son pré-
sident, adresse ses remerciements à M. le colonel Laussedat et met
à l'ordre du jour de la prochaine séance la question de l'Aide-Mé-
moire des aéronautes^ dont l'étude lui est particulièrement recom-
mandée par son honorable président.
L'ordre du jour appelle la question du changement de local.
— . 224 —
M. LB SECRiiTAiRB 6^n]£ral : J'ai été, de la part de U. Bert et ac-
compagné de MM. Olivier et Penaud, au siège de la Société Géolo*
gique et je suis entré en relations avec Tagent de cette Société.
Un projet de bail a été rédigé, il va être soumis à la discussion
de la Société avant d'être également présenté à la ratification de
i% Société géologique y ce qui aura lieu dans la séanre du lundi, 15
courant, de cette Société.
M. LB SBCRiÈTiLiRB oiNiÂRiL douuo Iccturo du projct dc bail. La
location est faite à partir du l*** juillet 1876 pour se terminer le
1er octobre 1879 ou 1885: les séances auront lieu le jeudi soir et la
salle de lecture sera ouverte pour les membres, les lundis^ mercredis
et vendredis de 11 h. à 5 heures.
M. FÂLix OARON, trésorior, expose la situation financière de la
Société.
M. GAUCHOT demande que dans le bail on indique comme jour de
réunion, le jeudi, sans désignation et non le jeudi dans la soirée,
il demande aussi s'il y aurait inconvénient dans l'installation d'un
manège à expériences dans le local des séances.
M. LB sbcrAtairb GÉNiRAL répoud quo la modification demandée
sera faite; il pense que Tinstallation d'un manège suspendu ne pré-
sentera pas de difficultés, à condition qu'on ne dégrade rien pour
l'établir.
La clôture de la discussion est votée, le projet de bail est ensuite
adopté.
M. PAUL BERT sora prié d'y apposer sa signature.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion relative au
travail de M. Duroy de Bruignac.
M. OH. DU HAuvEL d'audreville lit la uoto suivauto :
Messieurs, ,
Vous avez bien voulu consacrer une partie de votre avant-dernière
séance à m'entendre résumer l'important travail -qui a été publié
par M. Duroy de Bruignac; j'y ai joint quelques observations
destinées à préciser les bases de l'étude et à dégager les hypo-
thèses qui me paraissent inexactes.
Mon but étant de combattre les conclusions d'après lesquelles
l'oiseau serait un aéroplane mû par une godille^ ce qui le rendrait
inférieur à un ballon convenablement disposé, j'ai spécialement
examiné la valeur de l'hypothèse de la suspension totale de l'oiseau
pendant le vol et j'ai critiqué les raisons fournies à ce sujet par
M. Duroy de Bruignac.
Je me propose aujourd'hui de déterminer mathématiquement
— 225 —
la quantité p de poussée suspensive qu'un volateur du poids P
emprunte aux ûlets d'air.
Soit p = — P ; M. Duroy de Bruignac suppose n = 1 ; p = P.
Je TOUS ai rappelé, Messieurs, que Taiie n'est pas soumise à la
même vitesse relative de l'air que le corps de l'oiseau ; celui-ci su-
bit l'influence du vent Y, tandis que l'aile descendante, animée
d'une vitesse propre v en moyenne, subit le ventrelatif W incliné
de l'angle Y sous la trajectoire ; et que l'aile montante reçoit sous
l'incidence a' le vent relatif W dû à la vitesse de translation Y
et à la vitesse propre v ; W est incliné de Y' au-dessous de la
trajectoire.
<i^
y )^
<-"f
: A
0,
FiG. 21.
RENVEnSEn
C'est dans ces conditions que l'oiseau développe son travail ; les
vents relatifs W et W exerçant, une poussée normale à l'aile et peu
variable, puisque la.composante fixe Y est plus importante que v
oa Y*, on peut dire que la voilure est un aéroplane soumis à des
— 226 —
vents relatifs variables de direction, mais dont le poids p n'est pas
égal au poids P de Toiseau ; en effet :
La charge p étant mise en mouvement, on a : p v = (P — p) h
H = h +. h' ; h chute due à la pesanteur et qui serait réali-
sée pendant une seconde avec la vitesse moyenne de la chute ;
h' h^tuteur dont Toiseau peut s'élever ou s'abaisser en une sq-
conde,
p V :== (P — p) (h ih') ; P = n p ; p V = (n — 1) p (h ± h').
L'expression de la vitesse moyenne d'abaissement de l'aile est
donc:
v = (n — l)(h±,h')
Pour le vol horizontal : v = (n — 1) h.
Soit : 2 1 la durée du battement complet ;
t la durée de la chute ;
g' l'accélération de la chute pendant le temps -^ î
L'accélération est :^ = g p^ = g ^-^^ :
1 1 tS
Chute pendant le temps -j- 1 : 6 = y €?' "J*
6 t
Chute totale par seconde — = g' — = h ;
g t (n - 1) _ (A)
h==
16 (n -I- 1) » (n — 1) /«
On a donc :vy = 2(n-l)h = ^^l;^;)^- (B)
Si nous examinons le cas des oiseaux, pour lesquels l'observa-
tion m'a permis de déterminer la valeur v = 1™, 15 environ, nous
aurons : ~ = 1 = t -^ - ^^^V î
P*où uQus tirons la valeur de n en fonction de t demi durée du
battement :
n=l+-j^Jl±/8t + l); (D)
Aigle 2 t = 1 ; . . . . n = 4,24
Pigeon 2 t = -^ î • • • • 'i == ^^j*'
Moineau 2 t = -jj-. . . . n=22,8; etc.
Si nous avions examiné le cas d'un vol quelconque, pour lequel
l'oiseau varie de hauteur d'une quantité h par seconde, nous au-
rions trouré des valeurs différentes s
v'==(n' — l)(h iihO
Les divers résultats qui viennent d'être trouvés sont fonction
deThypothèse v ==: 1*^ 15 pour les oiseaux ; or il est manifeste que
pour les chauves-souris v, < V^ 15 et que pour les papillons V3 est
petit ; Vf =0» 25*
Pourquoi les oiseaux usent-ils ainsi de la vitesse moyenne v =
1", 15 et non d'une vitesse plus faible ? en uu mot, pourquoi un
pigeon ne demande-t-il à Tair qu'une suspension de -j^ de son
poids, alors qu'il pourrait se rapprocher de la théorie de M. Duroy
de Bruignac ; pourvu que l'on ait : p v = (P — p) (h + h') l'é-
quilibre existe; que p = P, comme le supposait M. de Bruignac,
il y a impossibilité : P v = 0 X (h 4- h') j v = 0 ;
C'est du planement et l'oiseau serait en effet un aéroplane.
Hais, où serait le moteur ? Il faut que l'aile soit en mouvement
et que la composante de la résistance dans le sens de la trajec-
toire soit propulsive au moment de la plus grande dépense de tra-
vail; or, pour cela, la valeur de v dépend de la vitesse de transla-
tion y ; et si les papillons peuvent user d'une accélération faible',
il n'en est pas de même pour les oiseaux dont la vitesse d'avance-
ment serait supérieure à 10 mètres.
Déterminons cette accélération J :
gy 2(n-l)h (^«1)2
Donc K = ,(n-l)^n + l) ^
n — 1
g» — -8 (n 4- 1) (n - 1) ~" 8
Si on supposait, comme M. Duroy de Bruignac, n = 1, on aurait
-7- =ï -j- soit j î= 0, soit le planement.
Ces divers raisonnements ne comportent qu'une hypothèse ;
c'est V = 1"» 15. C'est l'observation qui a fourni ce chiffre et il
peut être inexact ; mais les formiiles n'en subsistent pas moins et
en aucun cas on ne peut avoir P = p car les ailes ne battraient pas.
Je pense, Messieurs, avoir écarté définitivement l'hypothèse qtte
l'oiseau serait un aéroplane et je vous demande quelques instants
encore pour indiquer brièvement le travail qu'un oiseau dépense,
en opposition avec les chifires énormes fournis par M. Duroy de
Bruignac.
Je ne puis procéder d'une façon méthodique dans cet aperçu,
parce que je devrais déterminer toutes les conditions du \ol, les
représenter par des équations et trouver les circonstances pour les •
quelles le minimum* de travail est dépensé. Cette étude exigerait
— 238 —
plusieurs séances entières, quelque soin que je puisse mettre à en
abréger l'exposé ; en attendant que la base essentielle, les formu-
les de la résistance de l'air, ait été admise par la majorité, tenons-
nous-en aux notions approximatives.
Examinons le cas du Pigeon cité par M. de Bruignac :
P =250gr. V = 20m;
Nous ne conserverons pas cette vitesse qui est exagérée et nous
adopterons : V = 12 m;
Le pigeon assimilé à un aéroplane donne pour le travail dépensé
T = 1 310 grammètres ; mais en introduisant les frottements et
les pertes d'effet utile, on trouverait au minimum: T = 1,500
grammètres.
En tirant le travail de soutien des formules que je viens de
vous soumettre on trouve pour T' :
T' = p ^ == r- 1>15 X = 11>3 grammètres ;
Mais en outre de ce travail de suspension, le pigeon doit avan-
cer, le soutien n'est que Taccessoire ; nous pouvons déterminer le
travail T", de l'avancement avec la vitesse V pour une voilure S
recevant les filets d'air sous l'angle a.
p = S V^ ^- sin 2 a cos a = 0 K, 020 grammes,
g
prenons S = 0«,0G chiffre déjà fort, quoique M. de Bruignac ait
accepté 0™,07 ; et ainsi que nous l'avons dit V == 12 m.
Sin a a cos a = 0,0193 ; a = S*» 6\
Le travail d'avancement est
T" = R V = ^ p V tg « ,
T" = 3.42 grammètres.
Ainsi le travail total du pigeon considéré, mais n'ayant qu'une
vitesse de 12 m. par seconde, serait inférieur à 15 grammètres.
^ = 0,06 6 »/o de son poids ;
rapporté au poids d'un homme de 70 kgr. ce travail serait de 4
kgr. m., 200 chiffre possible à réaliser pendant plusieurs heures par
.Un homme bien constitué.
En tout cas le travail attribué au pigeon par M. Duroy de Brui-
gnac, pour le vol horizontal, correspond à celui de quatre-vingt-
dix pigeons.
M. DuaoT DE BRUIGNAC demande à répondre immédiatement.
En raison de l'heure avancée, la suite de la discussion est ren-
voyée à la prochaine séance.
La séance est levée à 10 h. 1/2.
Le secrétaire delà séance,
0. FaiOEf.
— 229 —
RECHERCHES SUR LA.
NAVIGATION AÉRIENNE
3'' Article *.
Aux vitesses ordinaires où l'aile bat verticalement, Tangle de
battement devient assez petit, surtout chez les puissants vola-
teurs, et assez rapproché de Thorizontale, pour que le soutien
direct doive devenir nul ou insignifiant. Par conséquent, ainsi
qu'il a été dit, Toiseau paraît n'être soutenu dans ce cas que par
l'action aviatrice de l'air contre la surface oblique de son corps
et de ses ailes.
Si on applique à ce sujet les calculs indiqués plus haut, on recon-
naît que la pression de l'air sous le corps seul de l'oiseau ne suffit
pas pour le soutenir ; il faut donc qu'une partie au moins de l'aile
y contribue comme surface aviatrice. On verra bientôt, d'ailleurs,
qae l'aile se prête par sa forme à cette action, même quand elle
bat verticalement.
Ces déductions paraissent devoir être exactes lors même que la
base de nos calculs ne le serait pas entièrement ; car, ainsi qu'où
l'a TU, les corrections résultant d'une modification d'hypothèses
n'auraient pour effet que de diminuer le soutien attribué à l'air.
On se rend facilement compte que l'équilibre de l'oiseau dans le
vol ne tient pas seulement à ce que l'axe des ailes est situé en
avant du centre de gravité, mais encore à la rigidité de l'oiseau
volant et à la sûreté avec laquelle il corrige tout dérangement par
un mouvement extrêmement prompt des ailes.
L*a puissance propulsive de l'aile croît évidemment vers son ex-
trémité ; on vient de voir, d'ailleurs, qu'une partie au moins devait
servir à porter l'oiseau ; il est donc probable, à priori y que l'ex-
trémité de l'aile, ou aileroUi exerce proprement la propulsion, et
que la partie plus voisine du corps agit plutôt comme surface
aviatrice.
L'étude de l'aile confirme cette provision. A partir de l'épaule,
elle se compose du bras, de l'avant-bras et de la main ou aileron.
Le bras est relativement court et n'a que des plumes insignifian-
tes comparativement au reste de l'aile. L'avant-bras a des plumes
longues et fortes, assez courbes, et comme articulées à leur point
(j) Voir les livraisons de mai et de juillet.
— 230-^
d'insertion, de façon à fléchir aisément, et même involontaire-
ment, semble-t-il, à la remontée, mais à résister à la descente
autant que le commandent les muscles. Autrement dit, les muscles
seraient placés presque uniquement pour s'opposer au relèvement
des plumes. Cette disposition ne convient que pour résister à une
pression en dessous, c'est-à-dire pour soutenir l'oiseau. L'aileron
a des plumes au moins aussi fortes que celles de l'avant-bras,
plus longues, droites, non pas articulées, mais liées à deux os de
façon à suivre rigidement le mouvement de la membrure en ré-*
sistant à peu près également dans les deux sens du battement ;
sauf leur jeu de plus ou moins grand déploiement dans le sens de
l'extension de l'aile, elles ne peuvent que fléchir dans leur lon-
gueur. C'est tout à fait la disposition convenable pour la propul-
sion. On voit par là que les plumes de l'aileron sont à peu prèâ
seules propulsives. Si on examine en dessus un oiseau volant, ce
fonctionnement des diverses parties de l'aile est évident. --^ Ainsi
la disposition de l'aile est ce que l'observation générale faisait
prévoir,
(La suite à une prochaine livraison)»
DUROY DE BrUIGî{AC.
FAITS DIVERS
MM. Rablat frères ont exposé au Casino, rue Cadet, un oiseau
mécanique à six ailes battantes. Ces ailes sont à clapets s'ouvrant
pendant la relevée et se fermant pendant l'abaissement. Une pe-
tite nacelle peut porter l'expérimentateur qui tient les cordes mo-
trices de deux gouvernails, Tun vertical, l'autre horizontal. L'in-
venteur reconnaît que la force humaine ne peut sufflre à faire
soulever son appareil et dit qu'il est désirable d'y appliquer un
moteur mécanique ; seulement il ne désigne pas quel doit être ce
moteur. En somme, l'appareil en question peut être intéressant
comme instrument d'expérience ; mais il ne résout aucun pro-
blème.
Le Gérant, Félix CARON.
CLERMOMT (OJSS). ^- ItfPRIMEBlB A DAIX, R0£ DB COHDÈ, )B7.
— 231 —
BIBLIOGRAPHIE AËRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ajant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvragées sont priés de nous en en*
Toyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britain
for the year 1875. Hamilton and C*>, Paternostcr row, London. Price
ooe shilling.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Âcadémia Tiberina e socio efifettivo délia
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
]ue
éditeur
rue de Savoie,' 6.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez. J. Baudry, éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
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lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
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comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
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de l'AiteoMAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.*
L'A-ÉRONA^UTE
SOMMAIRE
AOUT T87e
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par M.
Eugène Farcot.
Comptes-rendus analytiques des séances de la Société française de
navigation aérienne.
Séance générale du 24 mai 1876. Elections du bureau et du conseil.
Discussion sur le changement de locaL
Séance du 1 5 juin 1876. Lettre de m. le colonel Lausseoat,
m:, du. Haixvel.
Recherches sur la navigation aérienne. Etude du vol, par M.
IDuroy de SruigxLac, ingénieur, (3" article).
Bibliographie aéronautique.
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Il continue juB<^u'à ce qu'on refuse le joumaL
Voir à la page précédente le prix des aimées écoulées.
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envoyer de Mnlte le montant de leur •onaoripUon,
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NAVIGATION AÉRIENNE
wotnti BT DiRiai par
^E ly ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Lurfat iê llHliUI, VicoPrUilnl d( h
SOCiferÉ FRANÇAISE DB NAVIGATION AÉRIENNE
lf,M«T4» fw éieUoa 4* M. U MUItUt dt fliuinciUaB p^llqo*, dM Cillw M dn Bmbi-Am,
9* ANNBB, H* {)
SEPTEMBRE 1876
PARIS : 8 FBÀHCS PÂB AM. — DiPABTKHSNTS l 7 FKAHOS.
tTH MDHriHO : "75 OENTIUKS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 234 —
Le comité de rédaction 'de l'AERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Gh. du Hauvel d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissanaier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques 4itiises par les au«
teurs. Les manuçscrits iQe sont psia readus. Les travaux relatifs a
l'art militaire adressé^ à la rédactioa', sont f envoyés à M. le Mi-
nière de la Guerre, .«mais ne sont pas insérés. ^ ]
Les dernières livraison^ contenaient les articles sukrants i\ .;.
PfîRREcnoNNEMEftTs 'DANS' LA coîïsTRÙjc^içiqN dcs àérostats, par
Nou'^EAUx j>ocuAii:itT<A'Sur L'ancienne éoMè àéfostat^ue de Meudon^ -
VAX M., Ûa8t<»a ^TÂosandier (deux gnmdés grflVUres dans
le texte).-, vi * 4 ■J'**t'<t- > _,.-.• ..^ -^ -
Rakpqrt -de la CoMMis^ioit.clfarnkilfe Itf -répmîtiW'afeç'lb^ de -
la souscription du ZenitU-. ^Aucucir -^ -^ :.••*--'
Narration de quatre ascensions eij Belgique^ar M. Adrien î .
Duté-Poitevin (deux grarides^fer^ife tfflR le tëite).
Correspondance de Philadelphie. Le m^^t^ur ÇraytQiu*par UC.. -_.
ïjugène iParcot (une gravure dans leteif^: 4 r xtci
-aytoû p« -
La
sîon
Société française de Navigation aérienne^ approuvée par déci*
de M. le Ministre de Tlnstruction publique, se réunit le 2«
et le 40 jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue des Graa(is««^
Augustins, 72 sauf le temps des vacances, août et septembre. Son
bureau est ainsi constitué pour Tannée courante : Président. M.
le colonel du génie Laussedat, président de la commission des aéros-
tats militaires au ministère de la guerre ; vice-présidents, MM. le
D"^ Hureau de Villeneuve, lauréat de Tlnstitut, le D' Marey, pro- .
fesseur au Collège de France, Alphonse Penaud, lauréat de l'Ins-
titut et Gaston Tissandier, chimiste; secrétaire général, M. Ch. du
Hauvel d'Audreville, ingénieur des arts et manufactures ; secrétai-
res, MM. Jules Armengaud, ancien élève del' Ecole polytechnique,
O. Frion, chimiste, L. Redier, Albert Tissandier, architecte; ar-
chiviste, M. G. Poignant, dpcteur en droit, avocat; trésorier,
M. Félix Carpn. Membres du Conseil: MM. Paul Bert, professeur
sène Olivier^ de Ponton d'Amécourt, Rampont, sénateur ; Renoir,
chef de station des télégraphes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue LîCfayette, 95.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s'exercer aux manœuvres aériennes.
L'AÉRONAUTE
9* ANNÉE, — N* 9. — SEPTEMBRE 1876
LES NUAGES DE GLACE
(1)
iM.
es halos solaires ou lunaires et les phéno-
mènes qui accompagnent ces météores ont de-
puis longtemps fait admettre aux physiciens
que les hautes régions de notre atmosphère
peuvent tenir en. suspension des aiguilles de
glace cristallisées^ dont l'action sur les rayons lumineux
est suflceptible de fournir la cause de ces apparitions. Huy-
gens, le premier, en essayant de rendre compte des halos,
supposa qu'Q se trouvait dans Tair des globules de glace
entourés d*eau. Mais cette théorie , que nul fait connu n*ac-
crédite, ne tarda pas à être abandonnée. G'est Mariotte,
vers le milieu du dix-huitième siècle et, un peu plus tard
Venturi, qui furent conduits à rechercher la cause des
haloB et des parhéUes dans la présence, au sein de Tatmos-
phère, de prismes de glace à angles réfringents, de 60^.
Cette théorie a été reprise par Brewster et par Ârago, puis
adoptée par tous les physiciens, parmi lesquels nous men-
tionnerons spécialement Fraunofer, Hyoung, Brandes,
Brewster, Galle, Babinet et Bravais (2).
Quoique d'autre part les météorologistes aient admis
depuis longtemps que les cirrus sont constitués par des ai-
guilles d'eau solidifiée, il reste bien des incertitudes à l'é-
(1) Communication faite à la Société de Navigation aérienne.
(2) Annales de chimie et de physique^ 9« série, t. XZI, p* 98, et
Journal de V École polytechnique^ t. XYIII.
9
— 236 —
gard de ces nuages et des autres amas de cristaux de glace
aériens.
Leur formation au sein de l'atmosphère, n'exerce pas
seulement son influence sur l'apparition de phénomènes
lumineux ; elle se traduit par des mouvements calorifiques
considérables, elle doit jouer un rôle d'une haute impor-
tance dans le mécanisme aérien. Leur étude offre donc un
intérêt de premier ordre ; les aéronautes seuls jusqu'ici ont
pu l'entreprendre directement et apporter à la météorolo-
gie, non pas le fruit de conceptions ou de théories plus ou
moiûs ingénieuses, mais le résultat de faits incontestables
et précis.
Notre but, en publiant cette notice, est de réunir ces
faits généralement peu connus, de les décrire tels qu'ils ont
été observés, et de chercher à mettre en relief les consé-
quences qui s'en dégagent.
Le 27 juillet 1850, MM. Barrai et Bixio, lors de leur as-
censtoa aérostatique, devenue célèbre, traversèrent un
nuage de glace, à l'altitude de 6^000 mètres.
< Nous sommes couverts, disent les voyageurs (1), de petits
» flocons, en aiguilles extrêmement fines, qui s'accumulent
B dans les plis de nos vêtements. Dans la période descen-
» dante de l'oscillation barométrique, par conséquent pen-
» dant le mouvement ascendant du ballon, le carnet ouvert
» devant nous les ramasse de telle façon qu'ils semblent
» tomber sur lui avec une sorte de crépitation. »
Le 17 août 1852, c'est-àr-dire au milieu de l'été, comme
dans l'ascension précédente, Welsh et Nicklin, partis de
Londres, en ballon, à trois heures quarante-neuf du soir,
rencontrèrent, à 3,000 mètres d'altitude, « une neige for-
mée de cristaux étoiles qui tomba de temps à autre sur le
ballon (2). »
Le dimanche 8 novembre 1868, mon frère et moi nous
avons exécuté, à l'usine à gaz de la Yillette, une ascension
aérostatique, au moment où une neige abondante tombait
à gros flocons. Nous étions accompagnés par M. Gabriel
(1) Comptes rendus de V Académie des sciences, t. XXXL
(2) CBavies d'Arago. Voyages scientifiques.
— 237 —
Mangin, qui avait bien voulu mettre à notre disposition
son ballon V Union. Grâce à une abondante provision de
lest, nous avons pu nous élever lentement jusqu'à l'alti-
tude de 1,800 mètres, au milieu de flocons de neige qui
voltigeaient autour de la nacelle. A mesure que nous nous
élevions dans l'atmosphère, les flocons diminuaient de vo-
lume. On les voyait s'accroître en tombant et grossir très-
sensiblement. A 2,100 mètres, maximum de hauteur que
nous ayons pu atteindre, nous nous trouvions pour ainsi
dire au lieu même de la production de la neige. L'air était
translucide, et tout autour de nous, nous apercevions de
très-petites paillettes de glace, d'un aspect brillant, irisées
comme le mica, qui paraissaient se souder ensemble, en
tombant, pour donner naissance à un niveau inférieur, à
des flocons volumineux. La température était de — 1"* (1).
Le 16 février 1873, nous avons traversé, avec le ballon le
JeavrBart^ un nuage d'une constitution toute particulière
et qui rentre bien dans la classe de ceux que noue étu-
dions actuellement; il avait environ 390 mètres d'épaisseur,
et il était suspendu à 1,200 mètres seulement au-dessus de
la surface terrestre (2). Au-dessus de ce nuage, régnait un
courant aérien qui se mouvait dans une direction sensible-
ment différente de celle de la couche d'air inférieure. Ce
courant aérien était très-chaud, la température y était de
17* 5. A 3 heures 52 minutes nous pénétrons de haut en
bas dans le massif du nuage. Des vapeurs blanches, opali-
nes cachent la vue de l'aérostat suspendu sur nos têtes ; le
thermomètre marque — 2*, et un givre abondant se dépose
sur nos cordages. Un fil de cuivre, long de 200 mètres,
pendu de la nacelle, donne de vives étincelles, comme nous
l'avons constaté ainsi que nos compagnons de voyage, et,
presque instantanément, il se couvre d'une couche épaisse
de paillettes de glace, d'un aspect adamantin. Ces petits
(1) Voyages aériens, par J. Glaisher, C Flammarion, W. de Fon-
Yiell« et G. Tissandier. — Paris, Hachette et G*, p . 449.
(2) Comptes-rendus de V Académie des sciences. Séance du 17 fé •
Trier 1873; t. LXXVI. — Observations météorologiques en ballon.
— Voy. La Nature, 1873, !'• année, p. 321 .
— 238 —
crîateuz, sans tomber des vapeurs qui nous euvirounent,
paraissent prendre spontanément naissance sur les parois
de la nacelle, sur nos vêtements et jusque dans notre
barbe.
D'autres observations fort intéressantes sont dues è^ mes
regrrettés amis Crocé-Spinelli et Sivel, ainsi qu'à MM. Pe-
naud, Pétard et Jôbert. Partis de l'usine à gaz, de la Yil-
lette, à 10 heures 50 du matin, le 26 avril 1873, duia le bal-
lon VEtoile polairCf les voyageurs ont traversé « entre
1,200 et 2,400 mètres une série de nuages composés de pe-
tits cristaux prismatiques aiguillés d'environ 4 millimètres
de longueur sur 1/4 de millimètre d'épaisseur, générale-
ment verticaux et donnant une image à bords frangés du
soleil (l), »
L'entrée dans ce nuage s'effectua à 1,300 mètres d'altl*-
tude ; la température s'abaissa à — 7*. Au delà, à 3,400 m.,
une zone d'air se rencontra, dont la température était de
— 20^, et l'air humide portant des poumons produisait de
petits cristaux microscopiques qui s'attachaient à la barbe
et aux cheveux. — La température à terre était de -f- 4* 7.
— Au-dessus de 1,500 mètres, elle était de — 4% et allait
ei^ a'abaissant régulièrement jusqu'à 4,500 mètres, où elle
atteignait -p- 7*,
Lors de leur mémorable ascension à grande hauteur, le
•22 mars 1874, Grocé-Spinelli et Sivel, ont décrit très-com*-
plétement d'autres faits de même nature (2).
« Il faut signaler, disent les deux voyageurs, la présence
de très-légers amas de cristaux de glace très-espaces, ren-
contrés pour une première fois en montant vers 5,000 mè^
très, et une seconde fois en descendant à la même alti-
tude.
» Nous aperctlmeSt en effet, chaque fois, pendant trois ou
quatre minutes et au-dessous du ballon, des cristaux ai<*
guillés distants les uns des autres de 20 à 40 centimètres,
qui étincelaient vivement au soleil à tel point que, malgré
(1) CompteS'rendus de F Académie des sciences^ t. LXXVI, p. U72.
(2) Idem, Idem. t. LXXYIII, p, loeo.
— 239 —
leur petitessô, ils semblaient très-vislbldâ à lOO tnèttôs.
Nous n'en vîmes ni au-dessus ni autour de nous. Peut-
être la réflexion des rayons solaires sur les facettes se pro-
duisait-elle de telle façon qu'ils ne pouvaient être vus qu'en
dessous de nous. Il est certain que nous devions led traver-
ser à la descente* Ajoutons que ces légers amas ne sem-
blaient pas diminuer la netteté des lignes du sol» »
Crocé-Spinelli attachait une très^grande impoHAnce à
rétude des nuages de glace ; aussi a-t-il toujours pris soin
de décrire avec beaucoup d'exactitude ceux qui se sont of-
ferts & son observation. Lors de la même ascension, il cite
encore au-dessus de Taérostat « de légers cirrus fbrmant
iine nappe assez continue, à reflets plus ou inoins nacrés
ou soyeux, et dont Télévation semblait àtre de 0,000 à
10,000 mètres. Ces nuages, à travers lesqueU la lumière se
tamisait comme à travers un globe dépoli, ne cachèrent
que presque complètement et pour très-petl de temps le
disque du soleil. »
Après Tascension fatale du Zénith (15 avril 1875) j*ai dé-
crit ici même les cirrus abondants que j'ai observés à 4,500
mètres et qui allaient en s'accroissant jusqu'à 8,000 mèinres,
altitude où ils fermaient autour de la nacelle» comme un
cirque immense d'un blanc éblouissant. Cependant, à ce
moment, le ciel était limpide et transparent, pqur les ob-
servateurs à la Surface du sol, comme me l'ont prouvé plu-
sieurs lettres reçues de quelques habitants du département
de la Loire, au-dessus duquel l'aéroAtat planait au moment
où il atteignait son altitude maxitna de 8,000 mètres* Ces
nuées, sans doute formées d'aiguilles de glace espacées,
étaient transparentes vues de bad dU haut, et n'apparais-
saient que pour l'aéronaute qui, situé au même niveau, les
considérfiit horisontaletnent sur une grande épaisseur.
De ces observations encore peu nombreuses, vu le petit
nombre d'ascensions exécutées & grande hauteur, il me
semble qu'on peut déduire les résultats suivants :
La présence de cristaux de glace est très<*fréquente dans
les hautes réglons de l'atmosphère.
Ces cristaux peuvent exister dans les hautes régions de
, sans que la limpidité du ciel soit troublée, pour les
— 240 —
observateurs teneatreB ; en d'autres termes, de véritables
bancs d'aiguilles de glace peuvent être suspendus dans
^ 241 —
Tatmosphère, sans être visibles à la surface de la terre.
L'aéronaute^ comme je viens de le dire, les aperçoit de
près, et surtout quand il les considère horizontalement sur
une grande épaisseur, — J'ajouterai que dans les régions
polaires, les voyageurs ont souvent vu tomber des cristaux
glacés sous un ciel limpide et bleu (1).
La formation des aiguilles de glace dans les hautes ré- •
gions de Tatmosphère ne peut se produire que par des
mouvements calorifiques considérables, qui ne sont pas
sans exercer une influence très-importante sur les couches
inférieures de l'air. On peut même admettre que ces nuages
glacés ne sont pas étrangers aux manifestations électriques
de notre atmosphère. Gay-Lussac, dans son ascension
mémorable, a rapporté des expériences qui semblent dé-
montrer que la tension électrique s'accroît continuellement
à mesure que l'on s'élève. Or, pour se solidifier dans le«
hautes régions, la vapeur d'eau doit perdre une quantit
de chaleur considérable; il est vraisemblable que cettt
déperdition de calorique se traduit par une abondante pro-
duction d'électricité. N'avons-nous pas vu précédemment,
que plongé dans un nuage glacé, un fil de cuivre a laissé
jaillir l'étincelle électrique ?
Les cristaux de glace des hautes régions peuvent être
considérés en outre> dans certains cas, comme l'origine de
la neige et de la grôle. A la limite supérieure des couches
d'air traversées par la neige, nous avons vu, tout à l'heure,
des paillettes extrêmement ténues s'agglomérer et former
des flocons toujours grossissant dans leur chute. Ces pail-
lettes étaient en tous points comparables à celles des
nuages glacés.
Si la petite aiguille de glacé des hautes régions vient à
(1) La transformation subite de la vapeur d'eau en aiguilles gla-
cées est, en effet, on phénomène qui s'observe à la surface de la
terre, dans les régions boréales. L'explorateur autrichien, M. Payer,
rapporte que dans son dernier voyage, par. im froid de — 85<» son
haleine se condensait subitement en petites aiguilles cristallines ;
ces cristaux se formaient avec un certain bruissement et brillaient
vivement au soleil. Ils nous paraissent offrir des analogies frap-
pantes avec les nuages à glace des hautes régions.
— 242 —
descendre, à tomber dans un nuage de vapeur à — 2*, sem-
blable à celui que nous avons traversé un peu plus tard,
et où des cristaux se formaient sur nos vêtements, sur la
nacelle, ne pourra-t-elle pas y déterminer, comme le fai-
sait l'aérostat, un ébranlement moléculaire, et devenir le
centre d'une congélation plus importante pour arriver à
former le grêlon ? Les faits bien constatés sont encore trop
rares, pour qu'il soit possible de présenter ces hypothèses
autrement que sous une forme dubitative ; mais tels qu'ils
sont, ils permettent d'affirmer que les nuages de glace ne
sont pas étrangers à la plupart des phénomènes aériens et
qu'ils sont dignes de fixer spécialement l'attention des mé-
téorologistes.
J'ajouterai, en terminant, que les amas d'aiguilles de glace,
espacées les unes des autres, et souvent invisibles à la sur-
face du sol, diffèrent complètement des cirrus très-appa-
rents qui affectent, comme on le sait, l'apparence de pana-
ches ou de plumules (l). La brume opaline, que nous avons
observée le 16 février 1873, et où la vapeur d'eau maintenue
à une température inférieure à 0% se solidifiait subitement
sous l'action d'un ébranlement moléculaire, ne ressemble
non plus en rien aux cumulus, aux nimbus et aux stratus.
Il y aurait, ce nous semble, à tenir compte de ces faits dans
la classificatiOA actuelle des nuages.
Gaston Tissandibr.
(1) Daoa un certain nombre d'observations de cirrus, faites à la
gurface du sol, je me suis quelquefois demandé, si ces nuages for-
més de prismes géométriques, n'avaient pas eux-mômes une cer-
taine tendance à prendre uu aspect cristallin. Les cirrus rappellent
quelquefois l'aspect des cristaÙisations de chlorhydrate d'ammo-
niaque. Le 28 juin 1875, me trouvant en Normandie, j'ai dessiné
très^^exactement un cirrus très-remarquable, qui se découpait sur
le ciel bleu et que notre gravure (âg. 22} représente très-fidèlement
On Toit qu*il offrait tout à fait l*aspect de certains sels cristal-
lisés.
— 243 —
CORRESPONDANCE
A Monsieur le D" Hureaii de Villeneuve,
Mon cher Docteur,
La note de M. le D^ Marey à l'Académie des sciences, séance du
12 janvier 1874, a mis vivement en lumière un autre point fort im-
portant et passablement obscur de Taviatien. Aussi la Société a-t*
elle ordonné de grandes expériences pour l'élucider . En attendant,
je me fais un devoir de soumettre à son examen, comme je vous
Tai promis, le résultat de mes recherches sur ce sujet délicat, trop
heureux si elles pouvaient être de quelque utilité pour ses inves-
tigations.
On admet généralement que la pression de Fair et des fluides, en
général, sur une surface plane, mue normalement à son plan dans
un fluide en repos, est la même que celle due au choc direct d'un
courant, pourvu que la vitesse du mouvement soit égale à celle du
courant. Or, Texpérience démontre que cela n'est pas, et qu'il
faut adopter un coefficient de résistance pour chacun de c«s cas,
et même pour celui d'une surface animée d'un double mouvement :
l'un parallèle, l'autre perpendiculaire à son plan. Ces différences
peuvent-elles s'expliquer et se justifler, et, dans ce cas, ne doivent-
elles pas attirer sérieusement l'attention des expérimentateurs ?
Elles expliqueraient en effet, en partie, les facilités relatives du
vol à voUo et du plein vol ramé comparées à cellet» du vol station-
naire et du vol initial.
Examinons d'abord le cas de la pression produite par le vent
parce qu'il nous servira de base pour les autres.
La pression B d'un courant sur une surface plane de S mètres
carrés qui lui est perpendiculaire est et doit être proportionnelle
à la force vive de la section interceptée par cette surface, et a pour
expression :
R = SM Va= 2SMgH.
M représentant la masse du mètre cube du fluide enmouvement)
g la gravité et H la hauteur du niveau ou de la charge, si l*on fait
S = 1» q et V = 1™ ; la pression R sera, pour l'air pris à son maxi-
mum de densité h en appelant P le poids du mètre cube.
E=lXMXl» = M = f = -^=0k.l818
et, Bi Ton suppose l'air à 15 degrés centigrades, l'on aura.
Ik222
R = -jg5^ = 0 k. 1245.
9^
— 244 —
Or le coelïïcient K de la pression du vent aux. températures voi-
sines de 15<> a été trouvée par Thibault et Smeaton égal à 0 k 116
pour une surface plane et mince. Donc le rapport de l'effet utile
à l'effet théorique est de
K 0,116 ^ ^^
et, dans le cas que nous considérons, il n'y a pas de causes capa-
bles demodifler sensiblement le résultat théorique. Il n en est pas
de même dans les autres cas.
En eftet, si la même surface plane et mince est animée d'un mou-
vement rectiligne et uniforme dans de Tair en repos, le coefficient
de résistance, d'après les expériences de Mfil.' Piobert, Morin et
Didion devient :
R = "l- S (O'^OSfi -f 0 «^ 084 V2)
Or le rapport -^^ = 0,627.
D'où peut provenir cette grande différence ? D'une contre-pres-
sion produite par le remous derrière la surface comme le prétend
Duchemin après Dubuat, ou d'une espèce de proue fluide comme
Ta supposé d'Alembert ?
Disons d'abord que cette formule de MM. Piobert, Morin et Di-
dion me paraît incontestable, puisqu'elle est confirmée par leurs
expériences et celles de tous les autres expérimentateurs, même
celles de Thibault, si l'on déduit de son coefdcient 0 k. 112 à la
température de 15» centigrades l'influence du mouvement circu-
laire de son appareil calculée d'après la formule de Duchemin sa-
voir:
0M120=K> + -^J^ =0^07827
dans laquelle v^ S = 0 » 4539 , pour deux surfaces carrées de
0 «321 de côté; 1 == lm.368 (distance du centre de gravité de la
surface S à l'axe) ; s, distance de ce centre de gravité à celui de la
moitié de cette surface du côté del'axe (Duchemin N« 75.... 79).
De plus, le même phénomène se produit dans l'air et dans l'eau et It
rapport des coefficients est le même. Examinons donc les deux hypo-
thèses de la contre-pression et de la non-pression : si l'on place une
surface plane S S dans un fluide en repos, les pressions sont égale»
sur les deux faces ; mais, dès qu'on la meut normalemeùt à son plan,
l'équilibre est rompu ; la pression augmente à l'avant et diminue
à l'arrière; et cette non-pression pourrait aller jusqu'au vide si la
vitesse était suffisante, si elle atteignait 416"» par seconde. Le
fluide alors s'écoule, en avant, par les bords avec une vitesse pro-
— 245 —
portionnelle à la pression ; et, à Tarrière, il se dévie en décrivant
de chaque c5té des courbes d'un rayon égal à la moitié de la lar-
geur de la surface, et se précipite dans ce vide relatif avec une vi-
tesse proportionnelle à cette non-pression ; et, si ce vide n'existait
pas, il n'y aurait pas déviation des filets, tout comme dans le cas
ds la surface immergée dans un courant.
Ducheminn'a pu constater aucune pression dans ces tourbillons ;
mais, au centre, il a trouvé ua filet venant d'arrière avec «ne vi-
tesse égale 1,22 fois celle de la surface; et quelle serait la cause de
cet excès de vitesse si ce n'est le vide partiel que produit la surface
tiïi fuyant.
D'après cette vitesse, Duchemin a calculé la contre-pression
qu'il trouve égale aux 0,373 de la pression théorique de la face an-
térieure, savoir 0,373 S M Y^ (ïv* 68 et 69). Mais ces calculs s'ap-
pliquent aussi bien à la non-pression qui lui serait égale, puisque
les bases sont les mêmes, savoir la vitesse du fluide, et Taire de la
surface; et la pression effective serait alors S M V_^ 0,373 S M V f_si
l'on admet la contre pression ; ou bien S M V ^ -f 0,373 S M V ^
si Ton adopte le phénomène de la non pression ; or, dans le pre-
mier cas, c'est un effet çans cause ou plus grand que la cause; dans
le second, au contraire, la cause est manifeste et l'effet lui est pro-
portionné.
En effet, dans les grandes vitesses, comme celles que l'on at-
teint en artillerie, cette non-pression est tellement évidente, que
Dachemin lui-même (N* 105) reconnaît que la résistance croît
comme le rapport de la vitesse du mobile à la vitesse de l'entrée
— 246 —
derair dans le vide, 416» par seconde. Et, quand les deux vites-
ses sont égales, il reconnaît que le vide existe. Mais avant, n'avai t-
il pas commencé? N'y avait-il pas un vide partiel ou relatif? Seu-
lement, pour rester conséquent, il attribue cet accroissement de
résistance à une augmentation de densité de l'air comprimé en
avant. Mais la vitesse d'écoulement n'est-elle pas proportionnelle à
cette compression, à ce changement de densité qui croissent comme
le carré de la vitesse du mobile?
Le fait de la non pression me paraît donc indiscutable, et, dans
ce cas, il y a donc deux causes à la résistance : Tinertie du milieu
et la pression atmosphérique. Mais alors d'où peut provenir cette
diminution de la résistancs théorique lorsque c'est la surface qui
se meut dans un fluide au repos ?
D'abord d'après Duchemin n» 58, Dubuat à constaté que la pres-
sion augmente des bords au centre lorsque la surface se meut
dans de l'eau en repos ; et que le contraire se produit lorsque la
surface est exposée, immobile, au choc d'un courant.
Dans ce dernier cas en effet, la colonne fluide arrive sur la sur-
face avec toute sa force vive, se divisant au centre et les filets
s'infléchissant presque à angle droit pour couler parallèlement à
son plan. Dans le premier cas au contraire ; si ce n'est à l'origine
d'un mouvement brusque où les choses se passent à peu près de
même l'impulsion du plan se communique progessivement à la
masse à une distance presque égale à sa largeur, point où com-
mence l'inflexion de fllets. La quantité de fluide comprise entre les
filets déviés et qui constitue la proue d'Alembert ne supporte qu'une
partie de la pression due à la vitesse, une partie proportionnelle
au sinus de l'angle d'infiexion, comme l'a constaté Dubuat.
L'existence de cette proue me semble d'ailleurs confirmée par les
expériences de MM. Morin, Piobert et Didion sur la résistance de
l'air dans le mouvement uniformément accéléré ou retardé. Dans
le premier cas, en effet, ils ont trouvé qu'il fallait ajouter au coeffi-
_»
cient de résistance ^ S (0,036 -|- 0,84 V») un terme, 0,164 — ;
et Ton retrancher dans le second. Si ce terme n'était pas dû à la
résistance qu'oppose une masse constante dont il faut entretenir
le mouvement, ce n'est pas à la simple accélération — mais à
(— ) 2 que cette résistance serait proportionnelle ; et c'est encore
la foTce-vive de cette masse qui vient, dans le mouvement retardé,
diminuer de 0,164 S -^ le coefficient S (0,084 y^) relatif aa mouve-
ment uniforme.
— 247 —
De plus le coefflcient 0,164 plus grand que le coefficient théori-
que 0,1318 de la pression du vent montre aussi que, dans le mou-
vement accéléré, il y a nécessairement derrière la surface une non-
pression ou vide relatif.
Si donc on s'arrangeait de manière à éviter la proue et à produire
la non-pression ; on aurait, en donnant à la non-pression la valeur
delà contre pression calculée par M. Duchemin, et supposant Tair
à son maximum de densité, déduction faite de la résistance tan-
gentielle,
R =0,373 (14-MSV2)
et K* = 0,373 (1 + 0,1318) = 0kl80
Or, pour réaliser ces conditions, il suffit d'imprimer à une sur-
face deux mouvements simultanés : l'un normal, l'autre parallèle
à son plan ; le premier de peu d'étendue ou le second suffisamment
rapide pour que la surface puisse agir successivement sur des mas^
ses en repos et pour empêcher la proue de se produire ou la fuir à
mesure qu'elle se produit. Le mouvement de l'aile dans le grand vol
satisfait à ces conditions.
n faut donc admettre trois coefficients pour le mouvement uni-
forme, rectiligne et normal à la surface ; le premier K relatif aux
vents ; le second pour le mouvement simple, uniforme et rectiligne ;
le 3™« pour le mouvement composé c'est-à-dire parallèle et nor-
mal à la surface. Et ces trois coefficients seront pour l'air à son
maximum de densité.
K = 0''12257 ; k' = 0^08415 ; K" = 0^180
Le rapport de K' à K", égal à celui de 28 à 60 degrés nous rend
parfaitement compte des faits observés par M. Marey, si l'on tient
compte des circonstances et du degré d'approximation. Avec
son appareil, en effet, la force motrice et le nombre des battements
restait les mêmes, l'amplitude de l'angle décrit par l'aile devait
être en raison inverse de la résistance de l'air. Or, dans le vol sur
place, l'angle était de QO^ environ, et, pour un milieu aussi agité ,
K' serait trop fort, mais si l'appareil s'avançait à raison de 10™ par
seconde, l'angle n'était plus que de 30 à 20 degrés.
Comme la valeur de K" est un maximum et qu'elle dépend en
partie de l'influence de la proue, des expériences devraient déter-
miner quelle doit être la vitesse de translation par rapport à la vi-
tesse et rétendue du mouvement normal et la largeur de l'aile ; et,
pour évaluer des résistances comparatives un appareil à mouve-
ment circulaire suffirait.
C'est encore à cette proue qu'il faut attribuer la différence de
la pression effective du vent à sa pression théorique. La base de
cette proue très petite, dans le cas du vent, doit être égale à celle
— 248 —
de la surface dans le cas contraire. Dans tous les cas, sa hauteur
est à peu près égale à sa base; et, comme la résistance d'une proue
est proportionnelle au sinus de Tangle d'incidence, elle suffît à ex-
pliquer le rapport des coefficients K' et K'\ ^
La non-pression nous donne aussi Texplication de certains au-
tres faits qui noua paraissent des anomaUes, tels par exemple
que Taccroissement de la résistance suhrant la puissance 1,1 de
la surface constatée par Borda; car la yitesse des filets res-
tant la même et Tespace qu'ils ont à parcourir derrière la surface
croissant avec elle, la noa-pression croîtra comme les côtés de
cette surface.
Elle montre aussi combien il importe d'ajouter à une proue une
poupe efftlée quand on veut diminuer la résistance au mouvement.
Quant aux actions obliques, comme leurs rapports entr'elles et
la pression dans le mouvement normal ne varient pas, elles suivent
la loi et les variations de E, K' et K" suivant le plus ou moins
d'influence de la proue et de la non-pression .
En attendant la vérification de la théorie que je viens d'expo-
ser,
Veuillez agréer, mon cher Docteur, l'expression de mon entier
dévouement.
Gh. D£ LoDVRié.
CORPTES-RENDUS ANALYTIQUES DES SÉANCES
DB
14 miîTÎ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
APPROUVâB PAR M. LE MINISTRE DE L^INSTRUGTION PUBLIQUE
Séance du 29 juin 1876.
PRÉSIDBKCB DB M. HUREA.n DB VILLEXBUVB, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à 8 h. 1/2.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL procèdc au dépouillement de la corres*
pondance qui contient. ^
Le Bail approuvé et consenti avec le trésorier de la Société de
Géologie
— 249 —
Une lettre de M. le ministre de rinstructiou publique demandant
envoi de cent exemplaires des statuts de la Société.
Une lettre de M. Roux, aéronaute du siège.
Une lettre de M. Basin demandant une rectification.
Un mémoire adressé par M. Giraud, architecte à Constantine,
renfermant le détail de son brevet d'invention sur les ballons di«
rigeables.
Unel>rocuure intitulée : Deux heures en ballon, par M. Senamo.
Le Journal d'Outre-Mer du 27 juin.
Le Journal le Technologiste du 17 juin.
Le bulletin de la Société de géographie.
Les nouvelles météorologiques.
La Nature contenant un article de M. Penaud.
Les Mondes.
La Re)nie industrielle, du 17 mai, 7, 14 et 21 juin.
L'Explorateur du 11 mai.
Les Comptes-Rendus de l'Académie des Sciences, renfermant un
Mémoire de M. François sur un nouveau système d'hélice.
La Revue scientifique, contenant unarjâclesur les pigeons voya*
geurs.
LB SÉCRÉTA iRie GÉNÉRàL demande à la Société s'il lui serait agréa-
ble de se servir de cartes indiquant les jours dts réunions.
Après un vote au scrutin secret, sont inscrits sur la liste des
membres sociétaires MM. Annibal Ardisson et Emile Cassé.
M. DENIS, négociant présenté par MM. Bureau de Villeneuve et
Alphonse Penaud est admis au titre de membre associé après un
vote favorable.
M. J. ECHENOZ inventeur, non membre de la Société, est admis à
exposer le principe sur lequel repose son appareil dont il met un
modèle sous les jeux des membres. Cet appareil se compose de
deux ventilateurs qu'on fait tourner en sens contraire à l'aide d'une
manivelle ; le courant d'air projeté ainsi est reçu par une toile fai-
sant voile ; l'appareil est suspendu à la naceUe et on peut le faire
mouvoir dans tous les sens. Le diamètre de l'appareil définitif
serait de 2"> et l'inventeur prétend qu'avec une dépense de 60 à 80
fr. on pourrait obtenir un système permettant à un aérostat de
se diriger au moins contre des vents faibles*
M. PORTER icicHABLS : J'ai vu en Amérique un appareil de ce genre
appUqué à un bateau; le courant était dirigé sur une voile; le ba-
teau d'ailleurs n'offrait aucune trace de propulsion.
M. CH. DU SAuvsL d'audbbville : L'inveutcur a déjà exprimé son
idée devant le conseil. Un seul ventilateur selon lui suffirait à
produire la propulsion. Malheureusement il n*a pas compris que
— 250-
le trayail de la réaction serait absolument égal dans son système
au travail défini pour la propulsion en avant, ou plutôt à cause de
la perte de travail résultant des frottements, etc., que l'appareil
aurait un mouvement de recul ; la suppression de la voile serait
donc dans ce cas avantageuse.
A Tunanimité, la Société refuse à l'inventeur: 1° les fonds néces-
saires pour la construction en grand d'un appareil ; 2° un ballon
pour Texpérimentation du système en question.
Il est procédé à la nomination de la commission chargée de ré-
diger, suivant le désir exprimé par M. le colonel Laussedat, ut:
Manuel théorique et pratique des aéronautes.
Sont désignés et acceptés comme membres de cette commission
de rédaction MM. Ardisson, J. Armengaud, Duté-Poiteviu, O. Frion,
Gabriel Mangin, Motard, A. Olivier, A. Penaud, Benoir, Albert
Tissandier et Gaston Tissandier.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion relative au tra-
vail de M. Duroy de Bruignac.
La parole est donnée à M. Duroy de Bruignac pour répondre
aux observations présentées par M. du Hauvel dans les séances du
26 avril et 26 mai.
M. DB Bruignao : Je dois commencer par remercier M. du Hau-
vel de la forme bienveillante qu'il a donnée à ses observations ;
mais, sous cette forme, la critique ne visait à rien moins qu'a dé-
truire de fond en comble des parties essentielles de mon tra-
vail. Je demande l'autorisation d'exprimer franchement ma
réponse, que je rendrai d'ailleurs la plus claire et la plus courte
possible ; pour beaucoup de détails qui seraient trop longs je de-
mande la permission de renvoyer à ma brochure.
J'ai regretté quelque manque de netteté dans la communication
de M. du Hauvel, par exemple il admet l'équation (5) mais pense
que la diminution de pression qu'elle mesure est « très faible » .
Cette appréciation n'est pas un argument, d'autant plus qu'elle
est en désaccord avec les chiffres et les calculs présentés par moi.
Il aurait fallu contester soit la formule, soit les calculs ; mais ad-
mettre l'une bt l'autre puis exprimer une opinion différente des ré*
sultats semble illogique.
Dans plusieurs de ses remarques, M. du Hauvel semble avoir
mcomplétement lu ou oublié le texte de ma brochure ; on va en
rencontrer des exemples.
Dans mon travail je me suis borné à l'étude du grand vol hori-
içontal^ si M. du Hauvel en répondant était resté sur le même ter-
rain, il aurait évité plusieurs confusions. Dans ce qui suit, sauf
Kiontion spéciale, jt parlerai toujours du grand vol horizontal, au
— 251 —
1
zontal auquel les autres cas peuvent se comparer aisément.
Au sujet de la comparaison entre les aéroplanes simples et
mixtes, M. du Hauvel a contesté entièrement les résultats que j'ai
obtenus, en se fondant sur un calcul qu'il a donné de la dépres-
sion à Tarriàre d*un aéroplane. Sans bien me rappeler ce calcul, ]e
fais à son sujet les plus expresses réserves ; en effet, il évalue la
dépression à Tarrière en fonction de la pression à l'avant : or, c'est
précisément'cette relation qui, selon moi, est douteuse, et ne sau-
rait être admise à priori sans expériences. '\
En second lieu, ce calcul passe entièrement à coté de la thèse
qae j'ai exposée. J'avais très nettement posé que je négligeais la
contre-pression à l'arrière, non pas comme insignifiante; mais
parce que cette contre-pression étant purement nuisible, il impor-
tait, et il était possible de conformer les appareils de façon à ce
qu'elle n'eût pas lieu. Tel était le terrain de la discussion, que
M. du Hauvel a oemplétement perdu de vue.
Selon M. du Hauvel, le relèvement du centre de pression sur
Taéroplane résulte de la dépression à l'arrière. Je ne m'arrêterai
pas à ce sujet, mais selon moi l'opinion en question est dénuée de
la moindre preuve.
M. du Hauvel pense que mes résultats au sujet du vol sont
inexacts, parce que j'ai étudié la composante horizontale du vol au
lieu d'étudier la résultante qui est oblique. Il y a là une double
erreur. D'abord on peut parfaitement étudier séparément les com-
posantes au lieu de la résultante elle-même. Ensuite je n'ai pas ou-
blié la composante verticale ; j'en ai parlé et j'ai précisé son rôle
dans plusieurs passages auxquels je demande la permission de
me référer. J'ai surtout étudié la pression horizontale de l'air parce
que selon moi c'est elle généralement qui soutient l'oiseau ; mais
j'ai nettement expliqué dans quelles circonstances la pression ver-
ticale de l'aile concourait à soutenir l'oiseau. Il en sera question
tout à l'heure.
Ua point capital de dissentiment entre mon honorable contra-
dicteur et moi consiste dans les observations. A ce sujet il n'y a
pas d'argument possible ; on no peut qu'en appeler à l'opinion des
expérimentateurs. C'est ce que je fais. Mais je suis forcé d'ajouter
que les observations de M. du Hauvel m'ont semblé parfois su-
perficielles, et, en tout cas, beaucoup moins nombreuses et atten-
tives que les miennes, l'auteur se contente souvent de poser une
question et de la résoudre par le doute ; c'est insuffisant si Ton
peut ûdre mieux. Ainsi M« du Hauvel dit c qu'il est très difficile
d'observer » la vitesse de 20 » et il s'arrête à celle d'environ 12 ^ ;
il dit qu'il est • presqu'impossible d'observer les festons chez un
— 252 —
petit oiseau considéré en dessous » et il part de là pour calculer le
grand vol» non pas en ligne droite mais festonné. Je ne saurais
admettre ce genre d'argumentation ; on peut arriver selon moi à
des observations très sûres à condition de les répéter assez sou-
vent dans des conditions convenables ; c'est ce que j*ai fait et je
n*ai pas exprimé une seule observation sans être parvenu à son
égard à une conviction d'évidence.
Pareille remarque s'appliquerait à Tobservation des angles par
l'œil que M. du Hauvel regarde comme impossible. Sans doute
elle ne saurait être rigoureuse, mais à peu près, elle est facile.
A ce sujet on ne peut s'empêcher de noter que M. du Hauvel en
parlant des vitesses de translation, n'a jamais mentionné l'anglo
formé par le plan général de l'oiseau et la trajectoire. C'est pour-
tant une condition essentiellement liée à la vitesse et très importan-
te; car théoriquement, l'angle de l'oiseau avec la trajectoire hori-
zontale variant de dO« àO*, la vitesse varierait de 0* à l'infini.
M. du Hauvel croit impossible de poser à priori que l'oiseau ne
soit pas directement soutenu par le battement; mais eela dépend
uniquement des conditions dans lesquelles on le suppose. Dans
celles que j'ai admises, c'est incontestable ; ce qu'il faudrait prou*
ver c'est qu'elles n'ont pas lieu.
Dans la séance du 26 mai, M. du Hauvd s'est appliqué à calcu-
ler le travail du vol, et il en a conclu que le chiffre donné par moi
pour le travail du vol du pigeon était quatre-vingt-dix fois plus grand
que le travail réel. Je ne discuterai pas ces calculs en détail, parce
que, selon moi, les bases mêmes en sont inexactes. Avec des hases
contradictoires, la discussion ne peut avoir lieu. La base princi-
pale admise par M. du Hauvel est que l'oiseau oscille à chaque bat-
tement d'aile; je pense le contraire, et j'en appelle à l'observation
bien faite.
Au début de cette recherche, M. du Hauvel décrit les positions
de l'aile aux principaux instants du battement, et signale un mo-
ment où l'aile présente sa surface supérieure à l'air affluent. Selon
lui , il y a poussée négative à l'élévation de l'aile , mais positive
et plus grande à la descente, en sorte que l'oiseau avance.
Je suis forcé de contester radicalement ces principes au nom des
faits ; l'ensemble de l'aile présente toujours sa surface inférieure
à l'air afSuent. Il y a propulsion positive pendant tout le batte-
ment f à la montée comme à la descente ; à la montée , c'est par
l'action naturelle du plan de l'aile tant que son angle avec la tra-
jectoire ne dépasse pas lO** ; à la descente, c*est par la flexion de
l'extrémité des plumes qui se courbe sur l'air tout en restant
abritée de l'air affluent par la partie antérieure des plumes. Le
— 253 —
soutien de l'oiseau est toujours le même, parce qu'à la montée
Taction propre de l'aile est négative, mais son angle avec la tra-
jectoire plus grand qu'à la descente ; tandis qu'à la descente , où
l'action propre de l'aile est positive, son angle avec la trajectoire
diminue. Je me réfère aux explications et calculs que j'ai publiés
à cet ég^rd. Je signale toutefois que cette explication sommaire
néglige forcément des détails ; ainsi, c'est principalement dans les
plumes de l'avant-bras que se produit la variation d'angle, et dans
celles de l'aileron qu'a lieu la flexion des extrémités ; d'où résulte
le mouvement gauche de l'aile qui est connu.
Il est néanmoins nécessaire de mentionner quelques points des
calcols de M. du Hauvel ; celui-ci pose au début l'équation
p. V. = (P-p) H
dans laquelle « p est la poussée suspensive qu'un volateur de poids
P emprunte aux filets d'air; » Y la vitesse propre de l'aile, H la
quantité dont l'oiseau s'élève par battement. H = h + h' ;
c h étant la chute due à la pesanteur et qui serait réalisée pendant
1" avec la vitesse moyenne de la chute ; h' la hauteur dont l'oi-
seau veut s'élever ou s'abaisser en 1". *
C*est donc l'équation du travail de soutien ; p est la résistance
verticale de toute sorte qu'éprouve l'aile. Or, entre quelles quan-
tités doit régner cette équation ? Entre p, multiplié par la vitesse
propre de l'aile, et la chute de l'oiseau H multipliée par tout son
poids. L'équation devrait être p. v, = P. H. Ainsi, même en ad-
mettant l'hypothèse première du calcul , l'équation fondamentale
du calcul serait inexacte.
c On peut dire, écrit M. du Hauvel, que la voilure est un aéroplane
soumis a des venta relatifs, mais dont le poids p n'est pas égal au
poids P de l'oiseau. » — Sans doute le poids propre des ailes n'est
pas P, poids total de l'oiseau ; mais, comme ce sont les ailes qui
soutiennent l'oiseau, on ne doit les calculer comme appareil dans
l'ordre d'idées de M. du Hauvel qu'en leur attribuant la totalité du
poids P.
c Que p = P, comme M. de Bruignac le supposait , poursuit
M. du Hauvel, il y a impossibilité. . . ., parce que les ailes ne bat-
traient pas.... C'est du planement. > Comme on vient de le voir,
telle n'est pas mon explication. Selon moi , p est la somme algé-
brique de la composante verticale do la pression de l'air affluent,
et de la pression verticale , positive ou négative de Taile. Alors,
tout s'explique; et, loin que p = P soit une impossibilité, c'est une
condition constante pour le vol battant comme pour le planement.
L'oiseau passe d'un mode de vol à l'autre sans inflexion de la tra-
jectoire en variant l'angle de l'aile.
— 254 —
A Taide de ces formules, M. du Hauvel déduit que le travail de
soutien T' = 7,5 grammètres. c Mais, poursuit-il, en outre des
7,5 grammètres.. ., le pigeon doit avant tout avancer.. ., le corps
de Toiseau offrant peu de résistance à Tavancement. (Pourquoi ? ce
serait facile à calculer...) C*est la résistance opposée par les ailes
qu'il faut évaluer, et sans entrer dans les détails, je suppose que
les ailes agissent comme un aéroplane de poids p (on a vu que
c'est inexact lorsqu'on n'a pas p = P) ; pour le pigeon considéré
p= 0,0267 P; d'après les formules de M. deBruignao, 1^ 500X
0,0267 = 3,48 grammètres. Au total, 15 grammètres au lieu de
1500 ! Ce qui veut dire que le travail attribué au pigeon par
M. Dnroj de Bruignac est, en réalité, celui de 90 pigeons»
Je ne vois pas bien comment M, du Hauvel mélange de la sorte
des formules reposant sur des bases contradictoires. Si j'ai cité ce
passage , c*est dans la nécessité de signaler une erreur de calcul.
M. du Hauvel a posé :
r ==:p -j- = -^ l«l5n =31,5. Il en résulte T' =3 P -^ == P
0,0267 ou bien p -J- = 0,0267 P, p = P 0,046 et non pas p =
0,0367 P. On a comme M. du Hauvel l'a posé au début p = -^
Après ces diverses remarques , je crois n'avoir pas besoin d'in*
sister sur le résultat singulier auquel M. du Hauvel amve, ni sur
sa conviction d'avoir décidément fait justice de l'idée qui regarde
l'oiseau comme un aéroplane mû par une godille. Je suis néanmoins
surpris que la nature de ces résultats n'ait pas éveillé la défiance de
M. du Hauvel à l'égard dç ses données et de ses calculs; et qu'il n'ait
pas été étonné, par exemple, de trouver que l'oiseau animal
à température élevée et à circulation très-active, travaillât moins
que les mammifères.
H. BU HÂUVRL d'audrevillb : Jc u'admcts pas les chiffres donnés
pour le travail des animaux, par Coulomb et reproduits par
M. Claudel. D'après des expériences bien faites de M. Tresca,
le travail du cheval serait de 50 km. seulement. La seule objection
faite par M. Duroy de Bruignac, à la théorie que j'ai eu l'honneur
d'exposer, porte en définitive sur la formule de mon travail. C'est
donc la seule chose & étudier, et je me propose de répondre pro-
chainement aux observations dé mon honorable contradicteur.
M. Drovillbt annonce qu'une Commission internationale, à la-
quelle prendront part la France, l'Angleterre, la Russie et la Prusse,
va se réunir pour examiner le projet de montgolfières captives
pour l'exploration de l'isthme interocéanien, qu*il a présenté à la
Société et à la Société française de 'géographie, M. Levasseur,
— 255 —
représentant la France à l'exposition de Philadelphie , est désigné
pour en fûre partie, ainsi que M. le colonel Laussedat.
La séance est levée à 11 h. 1/2.
Le secrétaire de la séance ^
0. Frion.
Séance du 13 juillet 1876.
PBiSIDBNOB DB M. RORBAU DK TILLBNBUTE, VIOE-PRÉSIDBNT.
La séance est ouverte à 8 heures 1/2.
A la suite de la lecture du procès-verbal de la séance précédente
qui est adopté, M. Duroy de Bruignac dépose sur le bureau une
note résumant sa dernière communication.
M. LB sBORÉTÂmB G<MÉRAL a la parole pour le dépouillement de la
correspondance, qui contient:
Des lettres de remerciements adressées par M. Emile Cassé pour
sa nomination au grade de membre sociétaire et de M. Denis pour
sa nomination au titre de membre associé .
Une lettre de M. Manuel Rivero, accompagnée d'un pli cacheté
ayant pour épigraphe : Deus super omnia .
Une lettre de MM. Rablat frères, inventeurs d'un appareil exposé
dans la salle du Casino Cadet, réclamant de la société la nomina-
tion d'une commission d'examen.
M. o. FBioN est chargé de faire à la société un rapport sur cet
appareil.
Un n« du 29 mai 1876 des Comptes-rendus de l'Académie des
sciences renfermant la notification d'un mémoire de M. François
relatif à un nouveau système d'hélice propulsive et un autre n<> du
même recueil en date du 5 juin, renfermant une étude de M. Léon
Dronillet sur le percement d'un canal maritime à travers l'isthme
américain.
Un n* de la Revue industrielle du 21 juin, renfermant sous le
n« 111,380, la notification d'un brevet relatif à un appareil auto-
moteur aérien à aubes mobiles, applicable à la navigation
aérienne.
Un n* des Mondes du l** juin, renfermant un article sur les va^
nations barométriques et la prévision locale du temps.
M. LB sxcRÉTAiRB GÉMitRAL a reçu Qu outro dc M. Danglur repré-
sentant l^Société géologiqucy une double expédition du bail consen-
ti par cette Société à la Société française de navigation aérienne.
Il est décidé après un vote conforme par mains levées que la
seconde séance du mois n'aura pas lieu et que la Société entrera
Vnunédiatement en vacances jusqu'au 12 octobre prochain.
— 256 —
A la suite de votes successifs au scrutin secret sont inscrits :
sur la liste des membres sociétaires: m. adribn odté poitevin ; sur
la liste des membres associés: m. FAuviLRT bistoul, lieutenant
de cuirassiers, offîcier d'ordonnance de M. le Ministre de la guerre,
membre de la commission des aérostats militaires, présenté par
MM. le colonel Laussedat et Hervé-Mangon et m. renard, capitaine
du génie, membre de la commission des aérostats militaires pré-
senté également par MM. le colonel Laussedat et Hervé-Mangon.
M. JANSSBN annonce ensuite à la Société qu'il met à sa disposi-
tion le ballon le Volta^ cubant 2,100 », avec sa nacelle et ses
agrès.
H. LE PRESIDENT remercie M. Janssen de son offre obligeante.
Les membres de la Société pourront, grâce à lui, faire des
ascensions à frais communs, Tenveloppe du Volta étant en bon
état.
La séance est levée à 10 heures.
Le secrétaire de la séance,
0. Frion.
LA MORT DE M. TRIQUET FILS.
Un affreux accident est arrivé à Issj, près Paris, le dimanche 20
août 1876.
C'était la fête communale^ et l'on avait anuoncé une ascension
en ballon. Les aéronautes Triquet père et fils devaient s'élever
dans le ballon le Norwegien^ avec un trapèze suspendu sous la
nacelle. Le jeune Triquet devait exécuter sur ce trapèze, des exer-
cices gjmnastiques.
L'ascension commença dans les plus heureuses conditions : plus
de six cents personnes suivaient le mouvement ascensionnel et
applaudissaient les exercices de trapèze exécutés par le jeune
Triquet.
Tout à couple vent changea; le ballon, chassé vers Montrouge,
descendit avec rapidité. Le fils Triquet se rendant compte de tout
le danger, tenta de remonter dans la nacelle et y réussit. Ce fut
alors qu'un choc renversa les deux aéronautes: le ballon venait de
porter violemment contre la fabrique de suif située sur la route
militaire entre le village de Bagneux et le Grand-Montrouge.
— Saute à terre I cria le père à son fils.
— 257 —
L'infortuné se Mta d'exécuter ce commandement ; mais, dans
son effarement, il ne songea pas à la corde de sûreté qui devait le
retenir au ballon, en cas d'accident dans ses exercices gjmnasti-
ques. Cette corde .destinée aie sauver fut sa perte. Il se précipita
et... resta suspendu dans le vide«
On assista alors à une scène horrible. Le malheureux père saisit
la corde, s'efforçant de remonter son fils flottant dans l'espace II
ne put y arriver à temps. Le fils Triquet fut remorqué par le bal-
lon comme une ancre ; battu contre les hauts murs de l'usine, bri-
sé contre les troncs d'arbres, il ne fut bientôt plus qu'un affreux
amas de membres brisés. Le père tentait tout, jetait tout son lest
le ballon remonta alors, et il fit un nouvel effort pour ramener à lui
le corps de son enfant. L'aérostat redescendit bientôt ; il vint alors
s'accrocher à un treuil do carrière et le corps du fils Triquet s'a-
platit contre un bloc de pierre. Le vent redoubla. Le ballon repar-
tait encore, quand un jeune garçon saisit la corde qui pendait, se
fit traîner pendant quelques minutes et parvint, à l'aide d'une au-
tre personne accourue à son secours, à enrouler la corde autour
d'un tronc d'arbre.
Lefils Triquet n'était plus qu'un cadavre horriblement mutilé ;
le père, évanoui, fut transporté de sa nacelle et conduit dcns une
maison où il reçut les premiers soins.
On a cru devoir lui dire d'abord que son fils grièvement blessé
avait été transporté à l'hôpital. .
Deux jours après avaient lieu les funérailles du jeune Triquet.
Le pauvre père assistait à la cérémonie et se reprochait amèrement
d'avoir été la cause de la mort de son fils.
Nous nous associons à sa douleur mais nous désirons présenter
quelques observations.
Nous ne voulons en rien diminuer le courafre de ceux qui font
des exercices gymnastiques mais nous pensons que les ballons ap-
partiennent maintenant àla science et que c'est à son service qu'ils
doivent être employés.
Dana les cirques, Fautorité a exigé avec raison qu'on tendiV des
filets aux-dessous des trapèzes En ballon, on attache au gymna-
siarque une corde de sûreté. L'acddent qui vient d'arriver nous
prouve non-seulement qu'elle n'est pas suffisante, mais qu'elle
peut même devenir une cause de mort. La mort de Triquet fils n'est
pas la première survenue dans les ascensions avec trapèze ; nous
rappellerons à nos lecteurs la terrible castatrophe survenue à l'in-
fortuné Braquet il y a deux ans à Roy an près Bordeaux.
Braquet avait l'habitude de s'élever sous une mpntgolfièro sans
— 258
nacelle et portant seulement un trapèse où le gymnaste se livrait
à différents exercices.
Au départ, l'impulsion de la montgolfière fut Ms rapide et
Taéronaute éprouva ime secousse telle qu'il lâcha prise et resta
suspendu par la corde de sûreté. Le ballon continua à monter.
Braquet remis de son premier saisissement commençait à remon-
ter vers son trapèze par cette corde, mais elle avait été en partie
rompue et au moment où l'infortuné Braquet allait saisir son tra-
pèze, c'est-à-dire le salut, la corde se rompit tout à fait et il fut
précipité à terre d'une altitude de 400 mètres. On ne releva qu'un
cadavre affreusement mutilé.
Nous aurions encore bien d'autres accidents à relater. Les frères
Buislay se brisèrent à plusieurs reprises bras et jambes ainsi que
Grellon qui eut une jambe amputée à la suite d'une chute de tra-
pèze en Montgolfière.
Il est inutile de faire une plus longue nomenclature des acci-
dents, mais il nous semble que l'autorité pourrait en arrêter les
conséquences en interdisant d'une manière formelle, les exercices
de trapèze sous les ballons.
Le jour où un baromètre et un thermomètre auront remplacé le
trapèze, nul doute que les aéronautes recevront les encouragements
qu'ils méritent, car ils travailleront à une science utile, la météo-
rologie aérostatique.
Louis Rambau.
FAITS DIVERS
M. Moret a adressé à l'Académie des sciences une observation
déjà faite, mais toujours intéressante.
Dans une ascension faite le 21 août avec M. Duruof, il remar-
qua que, d'une altitude de 1,700 mètres, le fond de la mer était
visi]|iLe dans ses moindres détails, quoiqu'à cet endroit la Manche ait
une profondeur de 60 à 80 mètres (9 lieues en mer hauteur du cap
Lévy). Les roches sous-marines étaient si nettement visibles qu'il
eût été facile de dessiner le fond de la mer.
Le Gérant, Félix CARON.
CLBRMOMT (0]8B). — ItfPRIlfSRlB A. DAIX, RUE DIS COHDà, S7.
— 259 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an*
dens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent , faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
Srésenter au bureau de l'Aéronuate, avec l'indication du prix qu'ils en
eanindent.
Note sur l'éclairage électrique et sur les machines magnéto-électriques
de M. Gramme, par M. Malézieux, ingénieur en chef des ponts-et-chaus-
sées. Dunod, éditeur, quai des Augustins^ 40.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britain
for theyear 1875. Hamilton and C®, Paternoster row, London. Price
one shilling.
La navigazione aerea consîderata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Société Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Éaudry, éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
Aéoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Les boit premières années de I'Aiîronautk sont actuellement en
rente aux prix suivants :
AjmÉR 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 8 »
AimtfBs 1869, 1870, 1871 et 1872 — Chacune 12 livraisons . . 12 9
Chaque livraison 1 50
AxoxÈBB 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6 »
Chaque livraison » 75
La oollbotion complâtB} avec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
. La collection de TAéronautb forme ime véritable encyclopédie
îÛiistrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les clocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières ei par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui fon't relier la eoUection
de l'AlteoNAUTE, à recommander au relieur de conserver les cou-
Terturea sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de l'AiÉRONAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 fîrancs, suivant la rareté
et 1» propreté des exemplaires.
L'A.ÉRONA.IITB
SOMMAIBB
SEPTEMBRE 1873
LES NUAGES DE GLACE, par M. Q-aston TiBSandier (une gra-
vure dans le texte).
Correspondance. Lettre de M. Oli. de Louvrié (une gravure
dans le texte). •
Comptes>rendus analytiques des séances de la Société française de
navigation aérienne:
Séance du 29 juin 1876. M. IDuroy de Sniignac.
Séance du i3 juillet 1876.
La mort DE M. Triquet fils.
Bibliographie aéronautique.
l'aéronaute parait tous les mois
rédaction et abonnements
95, RUE L.AFAYETXE,
PRIX DE l'année courante :
Un numéro t l'Il centimes
Paris : 6 fr par an. — D^partebcents : 7 fr.
Autriche-Hongrie, Danemark, Eotpte, Espagne, Grande -Bretagmb
Grèce, Italie, Luxembourg, Mont^n^gro, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suède, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Inde, Cochinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
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n continue jusc^u'à ce qu'on refuse le journal.
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M. HuRBAu DE Villeneuve, rue Lafayette, 95.
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9»» MJB CiiiLFil.YEXTB, O»
filtnn«B*-OîM« — lapriatri* A* Ikiz, ru* 4« comié, S7«
NAVIGATION AÉRIENNE
VONdA KT DWIoi PAK
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
SOCIÉTÉ FRANÇAISU DB KAVIOATION AÉRIENNE
■>/./! UtIi |wr dtoWva ^ K. Ii Mlnlun dt l'IuiractiM F«bllii*, dM CilM «t Stê B»ii-Ani.
9* ANNBB, H* 10
OCTOBRE 187e
PARU '• 8 FBÀMCa PAR AN. — DipÂRTEUBNTB : 7 TRÀNCS.
Dit NUMiRO : 75 CENTiuBS
RÉDACTION ET BUREAUX
gS, RUE LAFAYETTE, gS
— 262 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE 'se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvcl d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au*
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Nouveaux documents sur l'ancienne école aérostatique de Meudon.»
par A£. G-astou rTissandler (deux grandes gravures dans
le texte).
Rapport de la Commission chargée de la répartition des fonds de
la souscription du Zénith .
Narration de quatre ascensions en Belgique, par 3^. Adrien
33 u té-Poitevin (deux grandes gravures dans le texte).
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par !MI.
lEjUg-ène iFarcot (une gravure dans le texte).
Les nuages de glace, par M. G-aetozL Tissandier (une gra*
vure dans le texte).
La SociéTé française de Navigation aérienne, approuvée pardéGf»
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit le 2*
et le 4" jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue des Grands-
Augusrins, 7, sauf le temps des vacances, août et septembre. Son
bureau est ainsi constitué pour Tannée courante : Président. M.
le colonel du génie Laussedat, président de la commission des aéros-
tats militaires au ministère de la guerre; vice-présidents, MM. le
D** Hureau de Villeneuve, lauréat de l'Institut, le D' Marey, pro-
fesseur au Collège de France, Alphonse Penaud, lauréat de l'Ins-
titut et Gaston Tissandier, chimiste ; secrétaire général, M. Ch. du
Hauvel d'Audreville, ingénieur des arts et manufactures ; sécrétai*
res, MM. Jules Armengaud, ancien élève deTEcole polvtechnique,
O. Frion, chimiste, L. Redier, Albert Tissandier, arcnitecte; ar-
chiviste, M. G. Poignant, docteur en droit, avocat; trésorier,
M. Félix Caron. Membres du Conseil : MM. Paul B^rt, professeur
^ f_ o_ 1. rv j_ «_.: ;-_^_î — *^ -^y jg Lôme
membre de
, membre
de l'Institut, Motard, ancien élève de l'école polytechnique, Ar-
sène Olivier^ de Ponton d'Amécourt, Rampent, sénateur ; Renoir,
chef de station des télégraphes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronauttques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue La&yette, 95.
La biblîothèaue, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s'exercer aux manoeuvres aériennes.
L'AÉRONAUTE
9' ANNÉE. — N** 10. — OCTOBRE 1876
EXPOSITION INTEMATIONALE DE 1878
PROJET DE CONSTRUCTION IVUN GRAND BALLON CAPTIF
A VAPEUR
Par M. Henrt Giffahd.
n se rappelle que M. Henry Giffard
construisit, en 1867, au Champ deMars,
le premier ballon captif à vapeur. Ce
matériel aérostatique absolument nou-
veau eut le privilège d'attirer vivement
l'attention du public et des hommes
[] compétents. On admira ce globe, aux
proportions imposantes, où 5000 mè-
tres cubes d'hydrogène se trouvaient pour la première
fois emprisonnés dans une étoffe imperméable ; le public
ne se lassa pas d'exécuter des ascensions à 250 mètres au-
dessus du soif à l'extrémité d'un cable, qu'une machine à
Tapeur enroulait autour d'un treuil. Mais là ' où grand
nombre de visiteurs ne virent qu'on objet de curiosité peu
commun, les ingénieurs et les aéronautes ne manquèrent
pas d'apercevoir de difficiles et importants problèmes réso-
lus ; ils reconnurent que l'aéronautique venait de faire,
entre les mains habiles de l'inventeur, un grand pas en
avant. Les physiciens et les météorologistes applaudirent
aussi à ce nouveau venu qui pouvait leur permettre de
s'élever constamment dans l'atmosphère pour y entrepren-
dre une série de recherches et d'observations.
Les organisateurs de l'Exposition de Philadelphie, n'ont
10
— 264 —
pas manqué de s*adresser à M. Henry Giflfard, en lui de-
mandant de doter leur installation d'un matériel semblable,
si bien fait pour oflfrir aux étrangers, dans des conditions
exceptionnelles, le panorama d'une grande ville. Mais le
célèbre ingénieur ne voulut pas entendre les propositions
qui lui étaient faites, se promettant de réserver une sur-
prise aérostatique aux visiteurs de la prochaine Exposition
internationale de Paris.
M. Henry GiflFard a le projet de construire en 1878 un
nouveau ballon captif à vapeur, et d'incessantes études lui
ont permis de concevoir un appareil qui, par ses propor-
tions gigantesques, par ses dispositions ingénieuses, sa-
vamment conçues, aussi bien que par sa puissance excep-
tionnelle et sa solidité à toute épreuve, sera, incontesta-
blement, la plus grande merveille mécanique du Champ-
de-Mars.
L'inventeur de l'injecteur a bien voulu me faire l'honneur
de me choisir comme son représentant pour soumettre aux
organisateurs de l'Exposition internationale de 1878, les
plans relatifs à cette construction grandiose.
Après avoir fait les demandes nécessaires et avoir ren-
contré partout l'accueil le plus encourageant, nous croyons
devoir publier quelques détails précis destinés & faire con-
naître d'une façon plus complète ce que sera cette vaste
entreprise.
Le ballon captif à vapeur de M. Henry Giffard sera formé
d'une étoffe résistante, solide, absolument imperméable au
gaz hydrogène, fabriquée au moyen de toiles et de feuilles
de caoutchouc alternativement superposées, protégée exté-
rieurement par plusieurs couches de vernis et revêtue d'une
peinture blanche pour amoindrir les effets des rayons solai-
res. Ce ballon cubera environ 20,000 mètres ; il formera
une sphère immense, la plus grande qui ait jamais été faite
et dont le diamètre n'aura pas moius de 34 mètres. Il sera
muni à sa partie inférieure de deux vastes soupapes. Celle
du haut pourra être ouverte par les aéronautes dans la
nacelle, celle du bas s'ouvrira automatiquement, pour
laisser écouler le gaz quand il se dilatera. L'aérostat
amarré & terre, formera au-dessus du sol un dôme monu-»
— 265~
mental, de 50 mètres de hauteûri dépassant de 5 mètres le
couronnement de rAro-de-Triomphe de Paris.
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Pour joindre les fuseaux de ce ballon qui pèsera près de
4,000 kilogrrammes, il faudra exécuter environ six kilomè-
tres de couture. Les eordes du filet auront une longueur
totale de trente-cinq kilomètres et un poids de 3,000 kilog*.
Le filet, terminé k sa partie inférieure par une série de pat-
tes d'oie et de poulies, eera attaché par 16 cordes à un cer^
Fie. 25.
I>R0JET DB GRAHD BALLON CAPTIF K
Plan : E Entrée principale. — H H Appareils de production d'hydro-
gine. — a a a Petits treuils pour altacher les cordes équato-
riales de l'aérostat. — 1 1 1 Tentes pour les spectateurs. — O Orche»-
tce, — Â Ballon. — m nt Machines à vapeur. — b Grand treuil pour
U câble, — ce Chaudière. — (Echelle de i/fooo').
de métallîqae capable de résister dans tous les sens à des
tpactiona de 100,000 kilogrammes. Ce premier cercle sera
relié à un second situé & un niveau inférieur et autour du-
quel s'attacheront les cordes de la nacelle.
La nacelle formera une galerie circulaire de 15 mètres
de circonférence; un espace annulaire central de 3 mètres
ft^JM BB l'kxposituk INTERNATI0!<AI.E t>E iS,8 au CIUHP-DE-UAIIS
— 268 —
. de diamètre y sera ménagée ; c'est au centre de cet espace
que le cable, corde puissante de 25 centimètres de circon-
férence, se reliera au cercle supérieur, par Tintermédiaire
d'un peson, muni de cadrans verticaux, où des aiguilles
indiqueront constamment la force ascensionnelle de l'aé-
rostat. La galerie circulaire sera pourvue d'un double
fond, où seront emprisonnés 3,000 kilogr. de guides-rope,
de lest, d'ancres et de grappins.
L'aérostat sera fixé à terre par huit cables, attachés à
des anneaux de fer scellés dans un mur de maçonnerie ; la
nacelle se trouvera suspendue au-dessus d'une vaste cu-
vette conique. On montera dans la galerie par l'intermé-
diaire de deux passerelles mobiles, comme cela se pratique
habituellement dans les ports pour se rendre à bord des
bateaux à vapeur. Quarante à cinquante personnes pour-
ront prendre place à chaque ascension.
Le cable descendra au fond de la cuvette, il s'enroulera
autour d'une poulie métallique montée sur une suspension
à la Cardan qui sera un modèle d'élégance et de sûreté ;
puis il circulera dans un tunnel de 50 mètres d'étendue et
viendra s'enrouler autour d'un treuil de fonte de 2 mètres
de diamètre, de 7 mètres de longueur, commandé par
deux roues d'engrenage de 3» 50 de diamètre, qu'une ma-
chine à vapeur de 200 chevaux mettra en mouvement par
l'intermédiaire d'un pignon de petit diamètre (0« 25). Cette
machine, h 4 cylindres de O*" 26 de diamètre et de 0"" 30 de
course, pourra travailler jusqu'à 9 ou 10 atmosphères. Le
cable aura 550 mètres de longueur, il ne pèsera pas moins
de 2,500 kilogrammes. L'excédant de la force ascension-
nelle ordinaire de l'aérostat, avec les voyageurs, sera de
5000 kilogrammes, double du poids du câble.
Le ballon captif sera situé au milieu d'une enceinte
circulaire de 100 mètres de diamètre ; des treuils, placés de
distisince en distance sur la circonférence, serviront pen-
dant le gonflement, à attacher les cordes fixées à l'équa-
teur de l'immense sphère aérostatique. Le ballon ne sera
plus entouré, comme en 1867, d'une charpente circulaire
couverte de toiles et formant un tableau peu gracieux ; 11
dominera des jardins élégants, dont on pourra couvrir son
— 289 -•
enceinte, et formera le dôme le plus élevé de toutes les
constructions du Champ-de-Mars.
M. Henry Giffard donnera à ce maté-
r el une telle puissance, que l'aérostat
amarré à terre pourra, d'après des cal-
culs certains, résister impunément à
l'action de vents de 50 à 60 mètres à la
seconde. Le ballon ne serait pas en-*
dommage par le soufle des typhons de la
mer des Indes, à plus forte raison résis-
tera-t-il aux coups de vent plus cléments
de nos climats. Le câble qui, dans aucun
cas, pendant les ascensions, n'aura à sup-^
porter des tractions supérieures à 10,000
kilogrammes, sera éprouvé tous les quinze
jours à l'aide de machines montées h
une pression plus élevée que dans le
service courant (8 atmosphères au lieu
de 5) et soumis dans toute son étendue
à un effort bien supérieur à celui qu'il
supportera dans l'atmosphère.
Les précautions prises pour vérifier
constamment l'état du matériel tout en-*
tives de l'Arc-de- ticr rendront illusoire la crainte de tout
liieS^d^^lf naœf. accident. Nous rappellerons d'aiUeursque
le du ballon captif \q ballou Captif de 1867 a fonctionné pré-
alextrémitédeson ,, , , . , , ■ ,*
câble. cédemmentsans lamomdre mésaventure.
Les appareils à gaz destinés à remplir le ballon captif et
à lui donner une force ascensionnelle capable d'enlever
une locomotive de nos chemins de fer, seront formés de
cylindres garnis de plomb, enfouis sous terre ; on les rem-
plira de tournure de fer. En ouvrant un simple robinet» on
y fera tomber de l'acide suif urique qui se mélangera auto-
matiquement avec dix fois son volume d'eau. Le gaz hydro-
gène dégagé arrivera dans le ballon par un tuyau souter-
niin, après avoir traversé des épurateurs destinés à le sécher
et à le purifier. Le liquide chargé de sulfate de fer, résul-
tant de la réaction, sera déversé au dehors par des condui-
tes souterriânds. Le gonflement du ballon captif exigera
Sol
FiG. 27
Hauteurs compara-
— 270 —
une coDSommation de pins de cinquante mille kilogrammes
de tournure de fer, de plus de cent mille kilogrammes
d*acide sulfurique et durera environ 48 heures.
Nous ferions injure à nos lecteurs si nous supposions
qu'il soit nécessaire d'insister longuement sur l'importance
du merveilleux matériel que nous venons de décrire, et
sur les avantages qu'il peut offiîr à des points de vue très«
dîvers.
Les grands spectacles aériens n'ont pu être admirés
jusqu'ici que par un petit nombre de voyageurs, qui n'ont
pas craint d'aflFronter les aventures du ballon libre. Avec
le ballon captif, plus de 200,000 visiteurs pourront être
enlevés à 500 mètres au-dessus du sol, pendant la durée de
l'Exposition. Ils contempleront à une hauteur qui dépas-
sera celle de onze arcs de triomphe superposés l'imposant
tableau de la ville de Paris, et ils verront que les scènes
décrites par les aéronautes ne sont pas des peintures exa-
gérées.
L'époque de la construction d'un matériel aérostatique
si puissant comptera comme une date mémorable dans
les annales de la navigation aérienne. M. Giffard, en effet,
en renfermant 20,000 mètres cubes d'hydrogène, dans une
enveloppe Imperméable, en mettant au jour un aérostat
qui sera aux ballons ordinaires ce qu'un navire transat-
lantique est et une méchante barque de pécheur, aura
singulièrement rapproché le moment où planera dans l'es-
pace le navire aérien dirigeable, qui nécessite, comme on
le sait, un grand volume et une grande puissance.
L'inauguration du ballon captif à vapeur de M, Giffard
sera une fête pour la science, car ce magnifique appareil
pourra être pourvu de tous les instruments que nécessitent
les observations météorologiques ; une partie de la nacelle
sera disposée pour constituer un véritable cabinet de phy-
sique aérien.
Le ballon captif à vapeur pourrait trouver sa place au
centre du grand parc de l'Exposition de 1878, entre le
palais et le pont d'Iéna. On y circulerait tout autour par
une allée, et l'enceinte qui lui serait réservée se transfor-
merait comme nous l'avons dit, en un lieu de repos: le
— 271 --
Tisîteur y trouverait des jardins, des tentes élégantes ou
il serait commodément assis, il y jouirait mieux des har-
monies de l'orchestre qui se fait entendre habituellement
aux heures de la promenade, en certains points des expo*
sitions.
M, Henry Giffard, que ses découvertes ont fait riche, et
que la fortune n*a pas détourné des grandes et belles en-
treprises, propose de construire à ses frais ce matériel
immense. Le grand ballon captif de 1878 coûtera plusieurs
centaines de mille francs, somme insignifiante, du reste,
eu égard aux ressources de l'inventeur. Une œuvre si
hardie et si étonnante ne manquera pas de faire honneur
aux organisateurs de l'Exposition internationale de 1878,
aussi bien qu*à la ville de Paris et à la science française. (1)
Gaston Tissanbier.
RECHERCHES SUR LA
NAVIGATION AÉRIENNE
ÉTUDES DU VOIi
4* Article (a).
Le Tol planant ou à la voile ne diffère pas e8senii«)llement de
Taatre, c'est toujours Taction aviatrice d'une surface oblique au
courant d'air. On le reconnaîtra par cette remarque, certaine à
nos yeux, que le vol planant n'a jamais lieu sans vitesse relative à
Pair ambiant. Lorsque la vitesse devient insuffisante, l'oiseau la
rétablit par quelques battements. Il utilise aussi admirablement
les courants d'air, à l'aide desquels il plane habituellement beau*
coup plu8 longtemps sans battre qu'il ne ferait autrement. C*est
surtout à l'aide des courants de toutes sortes que l'oiseau plane ;
quand Tair est tout à fait calme il lui f^ut battre très souvent (3}«
Parfois l'oiseau emploie le vent pour remonter, et reprend de la
(I) La Nature.
(S) Voir les livraisons de mai, juillet et août.
(3) Voir la rexnarquable étude de M. A. Péaaad, «or le vol à voiles sani
battements. Aéronaute mars 1875, et suiv.
9.
— 272 —
vitesse en se laissant tomber obliquement. Des personnes ont
pensé qu'au départ de terre, Toiseau planeur se laissait enle-
ver à reculons en ouvrant au vent ses ailes inclinées. Voici quelle
nous paraît être la vérité à cet ég'ard. Quand il y a un vent assez
fort, il suffit à Toiseau d'étendre ses ailes pour être soutenu ;
nous l'avons vu faire remarquablement à des hirondelles posées à
terre. Quant le vent manque, Toiseau planeur s^enlève en sautant
et battant de Taile comme les autres. Un oiseau peut s'enlever
sans l'aide du vent et sans sauter, en battant presque horizonta-
lement ; c'est ce que fait un pigeon montant du pied d'une maison
sur le toit.
Il peut répugner de croire que le vol ait jamaiâ lieu sous l'ac-
tion d'un vent à contre-sens des plumes. Pour moi, je ne l'ai
jamais remarqué. Néanmoins il convient de mentionner l'hypo-
thèse que voici : si l'oiseau planait vent- arrière en obliquant
convenablement ses ailes, la membrure étant le plus bas, il serait
soutenu et transporté indéfiniment sans battre, mais en perdant
sur le vent. Si rien de pareil n'a jamais lieu, je ne verrais pas
l'explication du fait suivant que signalent des observateurs : des
oiseaux pêcheurs suivant le cours d'un fleuve à grande vitesse en
planant, en ligne droite, au même niveau et sans jamais battre.
Il convient d'ailleurs de faire une réserve sur l'exactitude même
du fait, dont la constation est très-difficile.
Les cerfs-volants, dont certains aviateurs ont invoqué l'exemple,
sont placés dans les conditions du vol planant. C'est un plan
oblique qui ne s*élève et ne se soutient que' parce qu'il a une
vitesse relative au vent. Si le vent est faible, l'enfant qui tient
la corde du cerf-volant est obligé de courir en sens inverse ; si
le vent est assez fort, l'enfant n'a qu'à se tenir immobile, ce qui
constitue la vitesse rt^lative. Si on leste un cerf-volant dans une
obliquité convenable et qu'on l'abandonne, il fait comme l'oiseau
planant sans vitesse propre ; il s'élève, mais en perdant au lieu
de gagner contre le vent, relativement à son point de départ.
C'est le poids du cerf-volant, comme celui de l'oiseau, qui cause
leur retard sur le vent, et crée ainsi la vitesse relative.
Une particularité connue du cerf-volant présente un enseigne-
ment très-important pour l'aviation. Lorsqu'un cerf-volant, très-
bien fait et équilibré, rencontre une saute-de-vent qui le met
d'aplomb ou à contre-sens, il tombe comme une balle, sans que
son lest parvienne en général à le redresser, parce que le cerf-
volaut ayant son plan vertical tombe aussi vite que le lest. Nous
reviendruns sur ce point.
Le vol sur place, comme celui de l'oiseau devant son nid, pa-
— 273 —
ndt plus pénible qu'un autre. Pourtant le travail, qui s'exerce
alors contre la pesanteur, n'est pas supérieur à celui du grand
vol où la pesanteur n'intervient pas. Mais Toiseauv luttant contre
faction incessante de la pesanteur sans vouloir osciller notable*
ment ni acquérir de vitesse sensible, et agissant sur un air qui
fuit, est forcé à des battements précipités. En outre, il n'est pas
dans ses conditions normales, qui sont d'être soutenu par une
action aviatrice, celle des ailes n'étant que propulsive; ici le
corps pend sur les ailes qui exercent une traction ascendante
presque verticale. Pour l'insecte au contraire, une pareille position
est naturelle, ainsi qu'on va le voir.
Voici les calculs auxquels il a été fait allusion dans certaines
assertions précédentes. Ils sont placés, bien entendu, sous les
réserves générales faites au début au sujet des hypothèses fonda-
mentales et des formules qui en ont été déduites ; mais il est
juste de remarquer qu'ils s'accordent assez bien avec Tobserva-
tion.
Si Ton cherche à appliquer au travail du vol les formules pré-
cédentes, on arrive à un résultat vraisemblable, en ce sens qu'il
n'attribuerait pas au vol un très-grand effort. Soit, pour se con-
tenter d'une évaluation approximative, un pigeon de 250 gram-
mes, dont l'angle aviateur moyen^ ailes et corps, serait de 15*
pour une vitesse de 20 mètres. Sa surface aviatrice calculée serait
environ
a 0k,250
^ - 54 k sîn^ 150 cos 15-= ^"'^' ^^'
ce qui est à peu près conforme à la vérité. Le travail serait
T = 0«q, 07 X 54 k X 20» X ô;25882^= 1 ^"^,31.
Nous pensons qu'une évaluation plus exacte diminuerait ce
résultat ; supposons-le, en nombre rond, de 1 kilograramètre.
Quelle est la vraisemblance de ce chiffre ? Il semble difficile
«'en raisonner, faute de termes de comparaison. Le travail de
"oiseau est un travail lotaU comprenant le transport de son pro-
pre poids, tandis que les chiffres admis pour l'homme et les ani-
maux. n'évaluent que leur travail utile ; il n'existe pas, à notre
connaissance, d'évaluation satisfaisante du travail total pour
ilxo trime ou les animaux. Supposons, — sans entrer dans les
coiX8i<iérations qui nous suggèrent ce chiffre, — que le travail
lolal qu'un fort cheval peut soutenir huit heures par jour soit 800
ï^S^- par 1". C'est à peu près la moitié de son poids-mètre, tandis
V^5 ^^ travail dont nous venons de parler pour l'oiseau est quatre
P^ Bon poids-mètre. Le travail de l'oiseau serait donc huit fois
— 274 —
plus grand proportionnellement que celui d'un fort cheval. Est-ce
inadmissible ? si Ton remarque que ce travail du cheval serait
habituel, et que cet animal esf mieux fait pour porter que pour
produire ce que la mécanique appelle travail ; de telle sorte qu'un
animal pourrait, dans de certaines conditions, s'épuiser sans pro-
duire le moindre travail mécanique... si l'on remarque que l'oiseau,
même dans ses passages, est épuisé après un vol de six à huit
heures; qu'il ne porte rien^que lui-même, ce qui est plus favora-
ble ; qu*il se repose peut-être en route à l'aide de courants d'air ;
qu'il est spécialement disposé pour la rapidité des mouvements,
c'est-à-dire pour le travail à peu d'efforts ; que sa température est
plus élevée et sa circulation plus active que celles des mammifè-
res ? . . D'un autre côté, si l'on admettait avec Coulomb que le
travail sans fardeau égale le produit du poids du corps par la
vitesse, on arriverait à ce résultat qu'un cheval nu trottant libre-
ment fait à peu près quatre fois son poids-mètre par seconde, ce
qui est précisément le travail calculé çi-dessus pour l'oiseau. Il
n'y aurait plus alors de difficulté ; mais cette opinion de Coulomb
nous paraît sujette à objections. Du reste, nous n'avons d'autre
but en ceci que d'exposer les éléments de ce travail pour qu'il
puisse être discuté (1).
Après ce que nous avons dit du travail des aéroplanes simples et
mixtes, on peut s'étonner que l'oiseau, qui rentre dans la catégorie
des aéroplanes simples, n'ait pas un travail plus considérable.
On le comprendra en remarquant que l'oiseau est construit dans
des conditions de très-grande légèreté, et que presque tout chez
lui constitue le moteur, sans qu'il y ait un poids mort de quelque
importance (2).
Nous avons dit que Faction aviatrice du corps seul ne suffisait
pas à porter l'oiseau. Soit, en effet, un pigeon de 250 grammes,
un angle aviateur moyen, pour le corps seul, de 20«, ce qui sem-
blerait plutôt exagéré que faible, et un maître-bau de Omq,O035.
Le travail serait, à la vitesse de 20 mètres :
T= 0»q,0035 X 54*^ X 20* X (0,117 = siu^ 20») = 0»^«. 44.
(1) On n*a pas encore cherché le travail de l'oiseau au moyen du coefil-
cient mécanique de la chaleur; mais cette évaluation présenterait de
grandes difficultés. 11 faudrait déterminer les déjections et pertes de toute
nature pendant le voyage, s'assurer que Toiseau ne mange pas en chemin,
savoir s'il s'arrête, quelle somme de repos peuvent lui prêter les courants
d'air... Si l'on employait des appareils pour recueillir ses déjections ou
l'empêcher de manger, savoir quelle dépense détermine chez lui la gène et
la contrariété de les subir T
(t) L'oiseau serait un moteur pesant environ 18 kil. par cheval de force.
— 275 —
D'après réqaatîon (2), on aurait pour le poids correspondant à
ce travail
(0,822 =8in 20* X cos 20°) X 0«q,0035 X 54^ = 0\061,
laissant 189 grammes à supporter par Faction aviatrice des ailes.
Pour que la pression de Tair sous le corps seul soutînt Toiseau,
il faudrait une vitesse d*environ 35 mètres, qui ne paraît jamais
atteinte.
Nous avons dit que l'angle de godille d'une aile de pigeon ne
devait pas dépasser 10» avec son axe ; en voici le calcul approxi-
matif. Supposons 0™,25 de rayon moyen d'aile, et 4 battements
doubles par I" avec 45<> d'amplitude au moins. La godille de
l'aile parcourrait par 1" deux circonférences, soit 3^,14. Admet-
tons, pour simplifier, que ce soit ~q de la vitesse supposée de 20
mètres. Si l'aile godillait comme un plan rigide, par pivotement
de sa membrure dans l'épaule, on aurait pour l'équilibre entre la
résistance de l'air à la translation et au battement de l'aile
SXsin3aX54^=SX54'' X^sina,
d'où
sin « = \ /gg-= 0,03 = 0,173 = sin 10^ environ.
* Si l'on ne supposait que 2 battements, et j^ pour le rapport
des vitesses, on aurait a = 6° environ. — Ce calcul n'est qu'un
aperçu, et les choses se passent beaucoup plus favorablement en
réalité, parce que l'extrémité des plumes est le plus flexible et
exerce seule la godille. En effet, si les plumes fléchissant vers
l'extrémiié seule sont comprises dans un certain an^le, elles bat-
tent l'air dans une direction moins oblique à la trajectoire que
ne ferait un plan battant entre les côtés de cet angle A l'extrémité
de la plume, la propulsion peut même être parallèle à la trajec-
toire.
L'aile de la chauve-souris diffère beaucoup de celle des oiseaux,
mais quelques observations permettent de penser que le principe
de leur vol est le même. C'est une propulsion en godille due à la
flexion de la membrane de Taile tandis que la membrure bat à
l'avant parallèment à un plan. Pour compenser la forme très-peu
aviatrictt du corps, la membrane des ailes se prolonge et se réunit
au-delà, de manière à former une surface assez étendue. Aussi
l'angle de battement de la chauve-souris est-il généralement petit
et sa bissectrice très-voisine de l'horizontale, ce qui prouve que le
— 276 —
battement n'est que propulseur. Celui-ci ressemble à une vibra-
tion.
Nous ne dirons que peu de mots des insectes, pour montrer Tana-
logie qui paraît exister eutre leur vol et celui des oiseaux. Ce sim-
ple aperçu ne saurait être toujours exact sans devenir beaucoup
trop long, à cause des nuances qiii distinguent les insectes les plus
voisins, et l'influence d'une foule de circonstances. Nous prions
le lecteur de ne chercher que l'indication générale, et de suppléer
lui-même par la pensée ce qui manquerait Par exemple, ce qui
suit supposera toujours im temps calme ; les positions et les
mouvements varient, d'une manière facile à deviner, au moindre
souffle d'air. 11 ne s'agira ici que des insectes ayant le vol franc»
et nous laisserons de côté ceux qui l'ont irrégulier, comme les
papillons. Voici les résultats d'un certain nombre d* observations.
Chez les insectes, Taction aviatrice semble insignifiante, parce
que la forme de leur corps s'y prête mal, qu'habituellement leur
vitesse de translation est très-faible, et qu'aux grandes vitesses
le plan de l'aile paraît normal à un plan vertical. Si cette der-
nière remarque estjubte, il faudrait admettre qu'aux grandes
vitesses l'insecte est soutenu par la composante ascendante du
battement dirigée suivant la bissectrice de son angle Cette com-
posante de soutien, qui nous a paru cbez l'oiseau peu importante
et d'un usage exceptionnel, semble au contraire jouer chez l'insecte
un rôle considérable, comme on va le voir.
L'aile de l'insecte semble un organe purement propulseur. Elle
bat parallèlement à un plan, sans qu'il paraisse y avoir de pivote-
ment de la membrure dans l'épaule (1). L'action est celle d'une
godille tout-à fait semblable à celle de l'oiseau, résultant de la
flexion, par suite de la résistance de l'air, des parties de l'aile qui
en sont susceptibles. La propulsion doit être dirigée suivant le
plan bissecteur de l'angle de battement, et normale en chaque
point à l'axe selon lequel la bordure de l'aile fléchit.
Chez les diptères, voici comment l'aile est généraleir.'îut con-
formée. L'ensemble est une membrane très mince, flexible, mais
réagissant contre la flexion 11 y a une membrure à l'avant, qui
va en diminuant et s'étend plus ou moins vers Textrémité de l'aile ;
elle ae ramifle en nervures qui soutiennent l'aile diversement,
laissant libre le bord où ne s'étend pas la membrure.
Chez les tétraptères ayant les quatre ailes souples, les plus pe-
(1) M, Marey, dans ses remarquables expérimentations sur le vol, a cons-
tate que rextrémité d'un insecte décrirait une courbe en forme de 8. C'est, en
effet, la ûgure qui doit résulter de la flexion due au battement droit sans pi-
votement dont nous parlons.
— 277 —
tites sont placées en dessous des autres et en arrière, et ressem-
blent à celles des diptères. Les plus grandes ailes, membrées à
Tavant comme les autres, le sont aussi en partie à Tarrière, de
manière à ne laisser libre pour la flexion, qu'une portion de leur
contour vers Textrémité. Cette partie flexible est d*étendue telle,
que lorsque l'insecte superpose ses ailes dans une certaine situa-
tion, chaque couple d*ailes du même côté, forme comme une seule
grande aile, membrée à l'avant, et ayant le contour d'arrière
flexible en entier.
Les quelques exemples suivants nous paraissent offrir d'eux-
mêmes leur explication, et s'accorder avec les assertions généra-
les qui précèdent.
En été, les mouches communes se livrent souvent à l'exercice
que voici : sans s'éloigner beaucoup du même endroit, oUes avan-
cent en ligne droite, horizontalement et lentement, pendant un
instant, puis, par un brusque crochet, vont recommencer tout
près la même marche. Voici comment elles sont placées pendant
cette translation lente : leur corps pend sur leurs ailes comme un
enfant sur ses hsières ; en plan, le battement forme deux angles
symétriques assez étendus; do face, les ailes apparaissent près-
que dans leur vraie forme, la membrure étant en haut ; de profll,
la membrure étant toujours en dessus, le périmètre du battement
fait à la mouche comme une g'ande collerette, légèrement oblique
à l'horizontale, le devant étant le plus bas. Oe cette seule des-
cription nous paraît ressortir que la résultante de propulsion est
presque verticale, en sorte que, composée avec le poids de l'insec-
te, elle a pour résultante une petite force de translation horizon-
tale. La mouche est d'autant plus pendante qu'elle est plus grasse,
car c'est l'abdomen qui diminue le plus par l'amaigrissement.
Semblable paraît être le vol des abeilles, bourdons et autres pa-
reils insectes, lorsqu'ils se déplacent lentement autour dea fleurs.
Seulement, comme la nécessité d'en approcher les contraint à un
angle de battement moins étendu, le battement doit être plus
rapide par compensation, ce qui se reconnaît au son qu'il rend,
tandis que le vol des mouches dont il vient d'être parlé ne s'en-
tend pas. Dans ce cas, les tétraptères paraissent voler surtout
avec leurs petites ailes. Nous reviendrons sur le vol à quatre ailes
et sur leH oscillations latérales.
Les hannetons et la plupart des scarabées volent de la même
manière Les éljtres n'ont aucune fonction aviatrice, contraire-
ment à ce qu'en a pensé M. Wenham (1), car ils se relèvent pen-
(1) Aérial Locomotion, from the Transactions of th« Aëronautical So
eictj of Qreat Bretain. Ca«80U, P«iter et Galpin.
— 278 —
dant le vol. à angle droit ou même obtus avec le corps, ce qui est
Topposé de ce qui conyieadrait à Taviation ; ils s'écartent dans
une positiou fixe, seulement pour laisser les ailes libres
Lorsque ces divers insectes accélèrent leur translation horizon-
tale, c'est en rapprochant de Thorizontale le plan de leurs ailes,
autrement dit en battant selon un pian plus voisin de la verticale.
Tous leurs mouvements, si prompts et si parfaits, paraissent ré-
sulter de procédés analogues.
Examinons la translation latérale dans le cas où Taile battant
reste parallèle aune horizontale, c*est-à-dire où elle bat vertica-
lement. Ce mouvement, si remarquable chez les insectes même
diptères, paraît dû à ce qu'une aile bat plus fort que l'autre, sans
doute en relevant son angle : s'il n'y avait que battement plus fort
sans relèvement de rangle,ily aurait ascension oblique. Mais, pour
compenser alois la propulsion en avant que causerait la bordure
postérieure de l'aile, et qui ferait touruer l'insecte, il est probable
que l'aile battant plus fort s'avance en avant de l'épaule, tandis
que Vautre conserve sa membrure normale au corps. Cet avance*
ment de l'aile, difficile à voir dans la translation latérale, est
évident dans certains cas dont il va être parlé. Lorsque l'aile
battant reste parallèle à une oblique, c'est-à-dire bat obliquement,
la translation latérale s'obtient pareillement, mais l'explication se
modifie un peu; c'est ce qui nous a fait distinguer les deux cas.
Il y a une petite mouche à deux ailes, jaune et noire, qui exécute
les évolutions que voici. Entre des déplacements en tous sens»
prompts comme l'éclair, elle reste en place tout à fait immobile,
le corps entièrement horizontal, et les ailes battant verticalement.
L'horizontalité du corps tient probablement à la petitesse de l'ab-
domen et à la position des pattes. L'angle de battement est sen-
siblement plus grand au-dessous de l'horizontale qu'en dessus.
Les ailes sont avancées notablement en avant de l'horizontale pas-
sant par les deux épaules Ces positions irufô^ent à rendre compte
de l'immobilité de l'insecte; ainsi, l'avancement des ailes cause une
propulsion de recul due à leur extrémité, qui neutralise la pro-
pulsion en avant de la bordure postérieure. Parfois cette mouche
avance, recule, se déplace latéralement, de niveau et très-lente-
ment. C'est par des moyens semblables à ce qui vient d'ét' e dé-
crit ; il suffit du plus léger changement dans la direction des deux
ailes, ou dans l'angle et le battement d'une seule Une autre mou-
che, semblable mais plus effilée, ajoute à ces évolutions celle de
pivoter lentement sur elle-même. Cet effet s'explique pareillèmeat
aux autres.
Il est remarquable que cette mouche a les ailes faites et nerréea
— 279 —
de façon à permettre une propulsion des extrémités yers Tépaule
pins forte que chez la mouche commune, qui semble, en effet, en
faire beaucoup moins usage. En général, lorsqu'on voit deux in-
sectes ^voisins de forme obtenir le même effet par des battements
différents, on peut pressentir quelle différence existe entre la forme
de leur aile et la disposition de ses nervures.
On voit par ce qui précède que les diptères font toutes les évo-
lutions des mouches à quatre ailes flexibles ; mais peut-être les font-
ils avec moins de fréquence et de liberté.
Lorsque les abeilles ou bourdons circulent lentement autour des
fleurs, ils paraissent se soutenir par leurs petites ailes et se dé-
placer principalement à leur aide. Les grandes ailes, que Ton voit
se diriger indépendamment, paraissent ne pas agir alors constam-
ment, et être surtout employées à la translation latérale, n est
d'ailleurs probable que les petites ailes seules ne donneraient pas
une grande vitesse; et, lorsque celle-ci s'accélère, on voit les
grandes ailes seconder les autres. Peut-être arrive-t-il parfois que
les rôles s'intervertissent, et que les grandes ailes s'appliquent
surtout à la propulsion en avant, et les petites au déplacement
latéral. Je le croirais, notamment dans le cas où un bourdon suit
un train à grande vitesse, en entrant et sortant des voitures par
un mouvement latéral. Peut-être aussi les quatre ailes battent-elles
alors unies comme si elles n'étaient que deux. J'ai vu un peftit
bourdon gris planer immobile comme s'il n'avait eu que deux
ailes, d'une manière^ entièrement semblable à celle de la mouche
jaune et noire dont il a été question.
Quant aux positions d'ailes et aux battements qui donnent ces
divers résultats, ils sont tout à fait analogues à ceux qui ont été
décrits dans les précédents exemples.
Malgré l'imperfection de cette esquisse, il semble permis d'en
conclure, eu. la généralisant, que le vol des insectes ne diffère pas
de celui des oiseaux d'une manière essentielle ; c'est-à-dire que les
deux ailes agissant pareillement, battent normalement à la di-
rection qu'elles impriment, et que la propulsion est celle d'une
godille agissant suivant le plan bissecteur de l'angle de battement,
et est dirigée en chaque point normalement à l'axe de flexion
de la bordure de l'aile.
Ce qui précède au sujet du vol suffit pour tirer une conclusion
relativement à la question particulière d'aéronautique dont il s'a-
git-
L'oiseau est un appareil du genre aéroplane simple, mu par
une godille. L'insecte est mu et soutenu par une godille, sans
que Taction aviatrice ait lieu pour lui ordinairement
— 280 -r
Le principe du toI est très-Bimple; c'est Taction de aurfaceg
exerçant sur l'air une pression oblique. Ce principe» déjà utilisé
dans les moulins à vent, la navigation, etc., est celai des aéroplar*
nes et des hélices à air. L'aéronautique n'a donc pas à emprunter
au Yol de principe nouveau.
Mais la pratique du vol est très-compliquée. Il suffît de l'exa-
miner un peu pour reconnaîtra qu'elle résulte d'une action très-
complexe presque incessante, et que sa précision dépend étroite-
mont de la perfection extrême de Faction musculaire instinctive.
Tout appareil qui voudrait copier le vol, sans avoir la précision
absolue et l'instantanéité de son action, présenterait de graves
dangers. A l'égard de l'équilibre, par exemple, il est aisé de voir
que le centre de gravité de l'oiseau et le centre de pression sont
situés dans son corps, et que, même par un vent fait et sans
remous d'air, l'oiseau serait bousculé souvent si une précision
musculaire extrême ne le maintenait ou ne le remettait immédia-
tement en équilibre. Or, comme les moyens de la mécanique in*
dustrielle, non«seulement sont très-inférieurs à ceux des moteurs
animés, mais ne peuvent espérer d'en approcher, il nous paraît
que l'aéronautique devrait éviter, comme un écueil, de prendra
pour type la construction même des oiseaux.
Le propulseur lui-même, la godille, ne semblerait pas à imiter ;
car, si les moteurs animés ont toujours des mouvements alter-
natifs, la rotation continue convient mieux à nos moyens. Tandis
que l'accumulation de puissance vive ne se fait pas sentir proba-
blement dans le battement de l'aile, à cause de sa précision et
du mode de contraction musculaire, elle serait difficile à atté-
nuer dans un grand appareil battant comme l'aile de l'oiseau.
L'appareil de l'oiseau étant beaucoup plus compliqué, comme
construction et fonctionnement, que les autres dont il a été
question, ceux-ci paraissent devoir lui être préférés.
DUROT DB BamoNA^o.
Les Brevets relatifs à rAéroaaDtiqne
DÉLIVRÉS PENDANT LES DERNIÈRES ANNÉES.
Nous avons, dans les premières années de notre publica^
tion, relaté les brevets pris pendant les années 1867 et 180S
— 281 —
à propos de la navigatioa aérienne. M. Oscar Frion, qui
avait fait ce relevé, y avait montré un esprit judicieux et
une perspicacité remarquable. Mais les études scientifi-
ques de M. Frion ne lui ont pas permis de continuer ce
travail. Il était difficile de le remplacer, car pour faire une
appréciation des brevets, il faut une autorité et une compé-
tence qui n'appartiennent pas à tout le monde. D'un autre
côté l'appréciation des brevets excite les susceptibilités
d'une manière fâcheuse.
Nous avons donc résolu de faire continuer le relevé des
brevets, mais çn donnant un abrégé du texte sans y ajou-
ter aucune réflexion.
Nous espérons que nos lecteurs tireront eux-mêmes leurs
conclusions et nous éviteront ainsi de publier des appré-
ciations qui blesseraient l'amour-propre des inventeurs,
amour-propre très chatouilleux comme chacun peut le com-
prendre. La Rédaction.
ANNÉE 1869
BREVET D'INVENTION DE QUINZE ANS
Pris par M. Emile Jombart, propriétaire à Tarjan
(Hongrie)
Le 10 avril i86g sous le «« 85ig3
POUR UN APPAREIL DE NAVIGATION AÉRIENNE
par remploi de deux ailes à battements simultanés et à commande directe.
Cet appareil se compose d'une planchette ou bâtis fixe sur
laquelle le voyageur est debout ou assis, sur chaque côté longitu-
dinal de cette planchette est articulée à charnière une aile en
bois formée d'une âme dans laquelle s'emmanchent des palmettes,
lattes ou douves, en bois léger.
Chaque aile est munie d'un levier rigide à poignée au moyen
duquel le voyageur lui donne un battement rapide de haut en bas
et établissant son mouvement ascensionnel avec une vitesse et
une direction à sa volonté. Sur une planchette est monté le siège
sur lequel s'assied le voyageur ; de chaque côté de cette planchette
est articulée à charnière une aile formée d'une âme principale sur
laquelle sont emmanchées rigidement les douves ou! lattes. Deux
leviers à poignée sont fixés respectivement sur chaque aile et ils
- * •• •
1 • • •:• :••
1
— 282 —
servent à imprimer à celles-ci un rapide battement qui produit
Tascension avec une vitesse relative.
Il est bien entendu que Ton peut faire en sorte que le voyageur
donne le mouvement des ailes, soit par pression, soit par trac-
tion, et dans ce dernier cas le voyageur tirerait sur des leviers
qui occuperaient alors une position rigide.
Tout mode de construction est propre à cet appareil en obser-
vant toutefois que les corps légers en général résistants seront
préférables pour entrer dans sa constitution. i
BREVET D'INVENTION DE QUINZE ANS
Pris par M. Hbrman Himmelman, capitaine de navire à Paris
Le 11 mai j86g sous le n» 85j42
POUR UN NAVIRE AERIEN.
»
En examinant la façon dont les poissons nagent et se meuvent
dans Teau et les organes avec lesquels ils se dirigent dans cous
xQB sens, il est facile de se convaincre que ces effets sont produits
exclusivement par les battements des nageoires combinés avec la
pulsation dans un sens ou dans l'autre de la nageoire caudale ou
queue.
J'ai appliqué cette disposition d'organes actifs à la construction
d'un navire aérien qui fonctionne d'une façon identique à la nata-
tion des poissons communs. Le navire a par lui même la forme
extérieure d'un poisson, et il porte de chaque côté sur toute sa.
longueur de petits cylindres ouverts sur un de leurs fonds et
dans lesquels un petit piston remplit le rôle de nageoire ; la
nageoire caudale 6st ici remplacée par un gouvernail mobile
horizontalement, dans un sens ou dans l'autre.
On a adopté comme moteur des pistons, l'augmentation de vo*
lume produite par l'explosion d'un mélange détonnant sous l'actiou
de rétincelle électrique ; ce système de motion dispense de tout
foyer ou de toute disposition de machine compliquée : il suffit
d'une batterie de piles et d'une combinaison de vases à tubulures.
BREVET DINVENTION DE QUINZE ANS
Pris par M. Bmilb Dioeon, rue d'Hauteville, 36, à Paris
Le 7 juin i86g sous le n» 8623g
POUR APPLICATION DES AÉROSTATS A LA PUBLICITÉ AU MOYEN
DE BALLONS CAPTIFS PORTEURS d' AFFICHES ET DB CADRES OU
DE LANTERNES TRANSPARENTES OU NON.
L'invention de V aérostat-publicité consiste uniquement en l'ap-
plication des aérostats à la publicité ordinaire dans les rues et
— 283 —
dans les promenades au moyen d'aérostats dirigés, sgit par des
hommes, soit par des animaux au moyen d^une petite corde qui
sert à les retenir à la hauteur voulue et à les conduire.
Ces aérostats sont eux-mêmes tapissés d'affiches et de plus
portent à la base soit un cadre, soit im tableau pour affiches.
Pendant la nuit le tableau ou le cadre peut-être converti en
lanterne transparente.
La dimension des aérostats dépend naturellement du poids du
cadre, et des affiches et aussi de la largeur des voies le long des-
quelles on doit les promener.
BREVET D'INVENTION DE QUINZE ANS
Pris par M. Eugène Cailleux, rue Oberkampf, 158, à Paris
Le 14 octobre i86g sous le n<» 8y6g5
FOUR UN APPAREIL DE LOCOMOTION AÉRIENNE.
Lorsque la roue fut inventée/ ce ne fut que la copie exacte de
la marche de l'homme qui est pour ainsi dire comme la solution
de continuité d'une roue dont ses jambes seraient les rayons. Vint
après la navigation. Bien avant qu'on eût songé à construire des
flottes nombreuses, le Nautile voguait sur les mers étendant ses
membranes en forme de voile latine. La roue à aubes copie les
pieds d'animaux aquatiques. L'hélice, la queue fourchue du pois-
son, seul l'oiseau brave la contre façon, reste l'énigme. Et, en effet,
que l'oiseau est donc bien constitué pour le milieu qu'il habite,
ses ailes concaves étendues le soutiennent, agitées rapidement
elles le poussent en avant, sa queue en éventail dirige son vol,
modère sa chute, il n'est même pas jusqu'à son corps dont la
stracture imite celle du vaisseau qui ne soit fait pour 'émerger
dans ce fluide léger qu'il sillonne en tous sens.
Que reste-t-îl donc à faire ? si ce n'est de prendre Dame Nature
sur le fait, et si on a bien imité ses plans le succès sera certain.
On prendra donc pour coupe de l'appareil la coupe elle-même
de l'oiseau lorsqu'il plane dans l'air.
DESCRIPTION DB L^APPAREIL .
On divise l'appareil ainsi qu'il suit :
La coque en forme de navire ;
Les éljtres ou ailes fixes ;
Le moteur ;
L'appareil propulseur ;
Les garnitures accessoires, etc,... etc....
— 284 —
COQUE.
La charpente sera en bois ou en fer léger découpé sur une co-
quille assez forte pour supporter les poids et les résistances de
l'appareil oil viendront aboutir les charpentes torses latérales
comme dans un vaisseau en construction. Sur cette car-
casse, à laquelle on aura donné toute la force et la finesse
appropriées au but de l'appareil, sera ûxée à l'aide de rivets, une
étoffe imperméable et sans aucune fissure.
Le constructeur laissant au centre une place pour Técartement
de la machine, les parois extérieures et intérieures formeront alors
une cavité qui devra servir de réservoir à gaz afin de donner plus
de légèreté.
ÉLTTRES ou AILBS FIXES.
Celles-ci seront formées comme le reste de l'appareil ; de petites
charpentes concaves en fer, bois ou baleine sur lesquelles sera
adaptée, par les mêmes moyens, l'étoffe imperméable ci-dessus
désignée.
Fixées par de solides attaches ou charnières et ne devant servir
que comme parachute, elles n'auront qu'un mouvement de bas en
haut à l'aide d'une poulie, lorsqu'il s'agira de diminuer de surface
pour descendre plus ou moins rapidement.
On voit par le détail de l'appareil qu'il est construit de manière
à avoir toutes les qualités d'un parachute ordinaire, avec cette
seule différence que les bords auraient leur concavité opposée à celle
du centre.
MOTEUR
La machine verticale étant la plus simple pourra être adoptée,
attendu qu'à un appareil aussi léger il faut une machine légère.
Le constructeur fera donc en sorte de ne donner à la chaudière
que l'épaisseur réglementaire ; les pièces du mouvement de la ma-
chine devront également être simplifiées, amoindries au besoin»
toujours en tenant compte des forces et des résistances à vaincre.
La machine ainsi construite sera au préalable essayée sur place
munie des roues motrices de l'appareil. Après cette essai elle sera
placée dans le centre de gravité.
APPAREIL PROPULSEUR.
Cet appareil n*est autre que la roue à aubes transformée. En
effet une roue à aubes ordinaires frappant circulairement dans
tous les sens et s'équilibrant n'eut produit aucun résultat.
Dans cette nouvelle roue, dont la construction est en fer léger
— 285 —
recouyert de taffetas à Tinstar des parapluies, les aubes sont
alternes, c'est-à-dire de face opposée quoiqu'ayant le même axe.
Chaque aube ou palette concave dans un tour de roue accomplit
une demi réyolution, celle-ci arrive à produire lorsque celle-là
cesse son travail et tout cela avec la même solution de continuité.
Et voici comment : L'axe de ces aubes ou palettes est à frottement
aa moyen de la roue arrivant au bas de leur course, elles trouvent
placée sur le flanc extérieur de l'appareil une branche coudée en
fer qui les fait dévier de telle façon que, au bout du déviateur
celle qui devient de face, remet l'autre de profil ; fixées sur un
essieu coudé, ces roues sont mues par la machine avec telle rapi-
dité qu'on le désirera.
A l'arrière se trouve placé un gouvernail pour faire évoluer de
droite et de gauche. Sur l'avant, au pied de l'étrave on peut
placer des plans mobiles destinés à faire monter ou descendre en
pente douce.
Pour analyse conforme :
J. Castel.
PAPIER HYGROSCOPIQUE
Nous trouvons, dans une feuille spéciale publiée en Allemagne,
le Wochenblatt fîir Papier fabrikation^ le résumé d'expériences in-
téressantes, auxquelles s'est livré M. Perej Smith, concernant les
propriétés hjgroscopiques du papier à filtrer, trempé dans une dis-
solution concentrée de chlorure de cobalt (o^ o/). Ce papier est sus-
ceptible de rendre de grands services aux aréonautes qui désirent
se rendre compte, pendant leurs ascensions de la quantité approxi-
mative de vapeur d'eau répandue dans les couches atmosphéri-
ques qu'ils traversent ; c'est pourquoi nous croyons devoir en dire
ici quelques mots.
Le papier à filtrer, imprégné de chlorure de cobalt on solution
est en effet remarquablement sensible aux plus faibles variations
qui peuvent se produire dans les degrés d'humidité de l'atmos-
phère ; sa teinte est bleue dans l'air sec, tandis qu'elle devient
rouge dans l'air humide.
M. Perey Smith suspendit donc, dans une chambre le papier
ainsi préparé, en le plaçant contre le mur faisant face à celle des
fenêtres tournée au Midi. La fenêtre était tenue ouverte pendant
le jour, et non loin du papier se trouvaient disposés, d'un côté un
thermomètre à boule sèche, de l'autre côté un thermomètre à boule
— 286 —
humide. Les observations étaient relevées trois ou quatre fois par
jour, et elles furent continuées durant toute une année.
Les variations de couleur observées sont désignées, du roj^geau
bleu, par les chiffres 1 à 10. Pour une différence de 13* Fahrenheit
Ç1^22^) entre le thermomètre à boule sèche et le thermomètre à
boule humide, le papier restait complètement bleu, et il devenait
rouge lorsqu'il existait entre les deux thermomètres une différence
de 1» à 3« F. (0«56 à l«67c).
Ce fîEdt s'explique facilement par le motif que le papier, une fois
devenu bleu, ne peut plus bleuir davantage, quand mâme l'air am-
biant continuerait à perdre de son humidité. Néanmoins, dans le
jour le plus chaud de l'année, où furent effectuées les expériences,
le papier indiqua le N* 10, correspondant au maximum d'intensité
du bleu, pour une différence de 13* F. (7«22«) entre les deux ther-
momètres, et lorsque cette différence descendit à 11» F. (6*110,
on put constater à l'instant même que la teinte du papier avait
subi ime modification notable.
11 parait aussi résulter de ces expériences que la température
absolue de l'atmosphère ne se trouve nullement en rapport avec
la coloration du papier hjgroscopique, puisque le changement de
teinte remarqué restait le même pour une différence égale entre
les deux thermomètres, tant dans les jours chauds que dans les
jours froids.
Lo papier imbibé de chlorure de cobalt constitue donc dans bien
des occasions pour l'étude de la météorologie un moyen simple et
très commode de constater rapidement le degré hygrométrique de
l'air, et il présente également beaucoup d'avantages, dans nombre
de cas comme complément des hygromètres ordinaires.
0. F&ioN.
ERRATA
Dans notre livraison de septembre 'Lctlre de M. de Louimé nous
devons relever deux erreurs,
lo Page 244 ligne 25 au lieu de
Oniao = R- + i^^ = 0S07827
Il faut lire
0^1120 = R- (1 + J^^j = 0,07827
^ Page 246 ligne 15 au lieu de augmente il faut lire : diminue.
Le Géranty Félix CARON.
«LBUfOKT (OISl). — IlfPRIMSRIl A'. DAIX, KUB DB COUDÉ, 27.
— 287 —
BIBLIOGRAPHIE AËRONAUTIQUE
bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an*
cîens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
-voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
is sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Note sur l'éclairage électrique et sur les machines magnéto-électriques
de M. Gramme, par M. Malézieux, ingénieur en chef des ponts-et-chaus-
sées. Dunody éditeur, quai des Augustins, 40.
Tenth annual report of the aeronauticai Society of great Britain
for the year iSyS. Hamilton and C°, Paternoster row, London. Price
one shifling.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studit per
Vincenzo Fruscione professore di fîsica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo ' délia
Sodetà Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Recherches sur la Navigation aérienne. — Essai de comparaison entre
les principaux systèmes, par A. Duroy de Bruignac, ingénieur des Arts
et Manufactures, chez J. Baudry, éditeur, i5, rue des Saints-Pères.
Aéoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Les huit premières années de l'AiRONAUTS sont actuellement en
Tente aux prix suivants :
AiiNiB 1868, 9 livraisons (très rares) .......... • • 20 »
Chaque livraison séparément ....^ 8 »
AxsÉMB 1869, 1870, 1871 et 1872 — Chacune 12 livraisons.. 12 »
Chaque livraison 1 50
AmfÉMB 1873, 1874 et 1875, chacune 12 livraisons 6 >
Chaque livraison » 75
Ljl oollkction complâtb, avec Tannée 1876 85 »
Pour la province ou Tetranger, le port en sus.
La collection de TAiRONAUTS forme une véritable encyclopédie
illustrée de )a science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de l'AiRONAOTB, à recommander au relieur de conserver Jes cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de rAÉROM AUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
0I la propreté des exemplaires.
Ij'A.É]RO]SrA.XJTE2
SOMMAIRE
OCTOBRE 187©
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry GifFard, d'uu grand ballon captif à vapeur, par M. G-astoxi
Tiesandier (quatre gravures dans le texte).
Recherches sur la navigation aérienne. Etude du vol, par li.«
Duroy de JBruigrnac. ingénieur (4* article).
Les Brevets relatifs à l'aéronautique délivrés pendant les dernières
années par ]S£. J. Oastel.
Le papier hygroscopiqub par M. O. !Frian.
l'aiîronautb parait tous les mois
rédaction bt abonnements
95, RUE LAFAYETTE, 95
prix de l'année courante :
Va numéro t 7lf eentlme*
Paris : 6 fr par an. — Départements : 7 fr.
AUTRIOHB-HONGRIB, DANEMARK, EaTPTE, ESPAONS, GrANDB-BrBTACHTB
Grâob, Italie, Luxembouro, MoNTÉNÉâRO, Norwéqb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suâde, Suissb,
Turquie, Tanoer, Tunis : 8 fr.
États-Unis d' Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Anth^les : 12 fr.
Chine, Inde, Coghinchine, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements en Allbmaohx
L'abonnement commence au !•' janvier
Il continue jus<^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des ann^s écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom de
M. HuRSAU DE Villeneuve, rue Lafajette, 95.
lVo« abonnés en. retard sont Inatamment prié* de nom
envoyer de sntte le montant de leur eonsorlptlon.
QUnMiit*OiM. <— laprimerift A. Dtii, ra* ie C«nl«, 17.
NAVIGATION AÉRIENNE
nifOi BT DIRtai PAK
• ^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
XjRuréat de l'Institut
(AcftdtmiB dsg ScisDcn)
9* AKMBB, H* II
NOVEMBRE 1876
PARIS : 0 riUHCS par an. — DiPARTSMEItTS : 7 FRANCS.
UN BOMiRO : 76 osntiues
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
PARIS
— 2W —
I^ oaniiié de rétnaiom de l'AERONAUTE te compose de
MM. Hmieau de Villenevne, Ch. du Hauvel d'Audreville. Gaston
Tissandkr et Albert Tiisanâfer. Le comité ne se consicière pts
comme responsable des epinioos scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas tendus. Les travaux relatif à
Fart militaire adressés à la rédoctian, sont renvoyés à M. le Mi«
nistre de la Guerre, mais ne somimixuiérés.
Les dernières Bveaisons oûosenatent les articles suimnts :
Bactoct d» lA CanMissiOM Atqpfe 4e la répartition des £>nds de
la aowfîrjBpMnn 'shs JEékxts.
ASCKMsioiis en ^ypay. jMtr 2£>
grandes
Exposition iNTiANATiOKiyus mm ii%ft.
Henry Gifiard, d'uu grand%dkn
QTiesaudier (quatre gravims
Recherches sur la navigation aértennft.
33iiroy de IBruignaC; ingénieur.
Les Brevets relatifs à l'aéronautique délï
années par "M., J*. Oastel.
Lb papier hygroscqpique par M. O. 'FTioa^
La SociÉTé française de Navigation aérienne, approu ^
sion de M. le Ministre de Flnstruction publique^ se réaiSti it
et le 4* jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue dm ^
Augustins, 7{ sauf le temps des vacances, août et septanA
bureau est ainsi constitué pour Tannée courante : PrénfaML IL
le colonel du génie Laussedat, président de la commission des aanM*»
tats militaires au ministère de la guerre ; vice-présidents, MM. lo
D' Hureau de Villeneuve, lauréat oe l'Institut, le D' Marey, pro-
fesseur au Collège de France, Alphonse Penaud, lauréat de l1tns«
titut et Gaston Tissandier, chimiste, directeur du journal la Nature;
secrétaire général, M. Ch. du Hauvel d'Audreville, ingénieur des
tecte; archiviste. M. G. Poi^ant, docteur en droit, avocat;
trésorier, M. Félix Caron. gérant de VAéronaute.
L'École d'Aéronautbs français a été instituée pour étudier ' la
manœuvre des aérostats, faire aes observations scientifiques et £ei*
ciliter aux aéronautes de profession des moyens de s'utiliser dans
l'intérêt de la science. Elle reçoit exclusivement les personnes dé*
sirant acquérir la pratique de l'art aéronautique. Son siège est rue
Vieille-du-Temple^ 104.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute, rue Lafa]rette, gS.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, ae aix à onze heures, rue Lafayette, 95. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s'exercer aux manœuvres aériennes.
UAÉRONAUTE
9* ANNÉE. — N' 11. — NOVEMBRE 1876
MÉDAILLE COMMÉMORATIVE
De l'emploi des Aérostats pendant le Siège de Paris
a ville de Paris a conservé un sj'mpathî-
que souvenir des services rendus par les
aérostats pendant le siège. Elle n'a pas ou-
blié cette position étrange d'une capitale
bloquée et expédiant par la voie des airs
un chef de gouvernement provincial, un
savant pour des observations scientifiques, des renseigne-
ments politiques, des millions de lettres et des pigeons,
pour rapporter les réponses. Il était donc bien naturel que
le conseil municipal pensât à perpétuer par un monument
quelconque un souvenir si vivant encore dans tous les
cœurs.
Le conseil municipal de 1874 avait émis le désir qu'une
médaille constituant un insigne honorifique fut fondée
pour les aérouautes du siège de Paris.
Mais cette décision eût été illégale parce que l'Etat seul
a le droit de distribuer des insignes honorifiques.
Le conseil dut donc se contenter de demander à M. le
Préfet de la Seine de faire graver le coin d'une médaille
qai devait conserver le souvenir de l'emploi des aérostats
pendant la guerre. Il demanda qu'un exemplaire de
cette médaille fut délivré gratuitement à chacun de ceux
qui sortirent en ballon pendant le siège.
La médaille a été récemment frappée, et la distribution
en a été faite .
iii
lll
Nos lecteurs peuvent, par loa gravurus ci-joiutes, juger
de l'effet de cette médtiilte.
Louis Rameau.
L'APPAREÎL HAENLEIN
0U8 nous souunes livré, il ; a quelques mois,
sur le déiiir exprimé par notre eatimé collè-
gue et ami M. Gabriel de la Landelle, à uns
enquâtQ au sujet des diverses Sociétés aéro-
nautiques fondées jusqu'ici en Francs et k
rétrauger. Cette enquâte portait sur les
origines de ces Sociétés et aussi sur Ub
travaux accomplis par elles.
Dne de ces Sociétés dont le aiége était à Vienne en Autriclie
avait été signalée spécialement à notre attention; nous nous som-
mes empressé d'entrer en rapports avec son président, M. le
chevalier Victor d'Ofenheim. Nous devions à l'obligeance de M.
Porter Michaels, l'adresse de ce dernier, qui voulut bien noua
répondre par une lettre que l'on trouvera plus loin, et par l'envoi
de deux brochures (t) imprimées en allemand, dont le résumé fera
l'objet de cet article.
Comme on le verra, il n'existe pas, à dire vrai, en Autriche, do
Société pour l'étude de la locomotion aérienne, tenant des séances
régulières, mais bien une association de capitalistes cherchant à
réwudre le problème de la direction dans un triple but, commer-
cial, acientifiquB et surtout militaire.' On se préoccupe, en effet,
avec raison, et depuis longtemps, à l'étranger, de l'application des
aérosUits captifs et libres à l'art de la guerre, et nous rencontrons
la nombre des personnes qui ont assisté aux expériences entie-
prises par l'Association viennoise, en qualité de délégué d'un
comité militaire technique et administratif, analogue à notre corn-
Qùssion française des aérostats militaires au Ministère de la guerre,
(1) FratokoU ûber di« Plenar Veraammluiig des Mniorliunts lur Erbau-
iniig eioMLo&aeliiffea, abgebBltao in Wien am 17 fdbruar 1873 et Bcrichit
Uti du <roa eiaem Wîeo«r eoniorliuiD erbante LuflKbiff und dit damit
ugsiMllWn vsnuche. Wiea 1873.
— 294 —
M. Philippe Hess, capitaine de Tarmée impériale-royale, qu avait
précédé au même titre, M. le capitaine chevalier de Noë.
L'Association viennoise dont nous avons parlé avait entrepris de
résoudre le problème de la direction dans Tair par Tapplication en
grand, d*un système d*aérostat breveté, de Tinvention de M. Padl
Habnlbim. Ce système n*a pas répondu complètement à tout ce
qu*on en attendait, mais nous avons jugé utile cependant d'en donner
la description, et de faire connaître les causes de son insuccès
relatif afin qu'à l'avenir, quand il s'agira d'un appareil de ce genre,
on évite de retomber dans les mêmes fautes.
La première des deux brochures que nous avons reçues a pour
titre : Procès-verbal de l'Assemblée générale de r Association pour
la construction d^un aérostat^ tenue à Vienne le 17 février iSj3,
Elle nous apprend que le capital social avait été fourni par 29 parts
de souscription, à raison de 4,^00 francs chacune et s'élevait avec
les intérêts en compte courant depuis le 17 décembre 1871 jusqu'à
l'époque des expériences à une somme totale de 145,761 fr. 57 c. ;
parmi les souscripteurs, nous remarquons MM. le D' Alex. Maday,
le chevalier Victor d'Ofenheim, le comte Alfred Potocki, le prince
Léon Sapieha, W. Strapp Esq., leD'^ Ad. Weiss, etc., etc.
Sur le capital social, déposé à la banque Anglo-Autrichienne, il
a été prélevé pour les frais généraux de l'entreprise, une somme
de 136,529 fr. 65, dans laquelle, les dépenses pour la construction
du ballon et de la machine motrice, l'établissement des abris en
planches, le montage, le gonflement, etc., entrent pour 133,901
fr., 66. Les expériences faites, il restait donc encore à la disposition
de l'association, le jour de l'assemblée générale, ime somme de
14,453 fr. 23 c. en y comprenant de nouveaux intérêts et 4,900 fr.
à recouvrer, à titre de dédommagement, par suite d'un procès in-
tenté à l'un des entrepreneurs.
L'assemblée générale était présidée par M. Victor d'Ofenheim.
MM. le général d'artillerie, chevalier de Hauslab et le capitaine
Traniczek, assistaient à cette séance comme invités.
Au point de vue financier, il fut décidé par l'Assemblée qu'il
serait fait un nouvel appel de fonds, à raison de 2,450 fr. par
souscripteur, afin de continuer les expériences jusqu'à l'ouverture
et pendant la durée de la prochaine expositiou universelle.
Outre M. Paul Haénlein, chargé de diriger la construction de
l'aérostat, du moteur, etc., le comité exécutif de l'Association com-
prenait MM. V. d'Ofenheim président ; le conseiller des mines,
professeur Jenny, vice-président ; le professeur D' Pierre, le pro-
fesseur D' Reitlinger, Emile Seybel, Henri Ofenheim, Tingénieur
Charles Kohn, le capitaine Philippe Hess et Gustave Léon. A l'ex-
— 295 —
ception du dernier, les membres de ce premier comité exécutif,
reçurent avant la clôture de la réunion la confirmation de leurs
pouvoirs, à l'effet de poursuivre les expériences.
La seconde brochure, de beaucoup la plus intéressante est intî
tulée : ComptC'rendu reîxHfà l'Aérostat construit par une Associa"
tien formée à Vienne et aux expériences auxquelles il a servi.
Ce rapport technique débute par un court historique de la ques-
tion et cite en passant les expériencs stentéss par Fhorloger vien-
nois Jaeob Degen. Il attribue à Tautrichien Joseph ResseU l'in-
venteur du bateau à vapeur à hélice, Tidée de Tapplication de la
vis d'Ârchimède comme organe mécanique propre à obtenir la
translation horizontale des ballons ; les notes manuscrites de
Ressel, à ce sujet, remontaient à Tannée 1812. Il fait également
mention des travaux de l'illustre Jean-Joseph Prechtl, éditeur de
r Encyclopédie technologique et directeur de Finstitut polytechnique
de Vienne. Prechtl considérait, comme étant Tunique moyen de
diriger le ballon dans le sens horizontal, Tutilisation des divers
courants aériens qui régnent à différentes hauteurs ; afin de per-
mettre au ballon de monter et de descendre alternativement,
suivant les besoins, sans perdre de lest ni de gaz; il proposait dès
1824, dans le cinquième volume des Annales de V Institut polytech"
niquey de disposer, dans un grand ballon gonfié au gaz, un bal-
lonnet rempli d'air (1). On doit aussi à Prechtl im ouvrage publié
en 1846, à Vienne, sous le titre de Untersuchungen Uber den Flug
der Vôgel (Recherches sur le vol des oiseaux) ; cet ouvrage est le
résultat des observations faites par Tauteur pendant une durée de
quarante années.
Le rapport rentre ensuite dans Texposé du système de M. Paul
Haenlein.
En 1865f M. Haenlein avait imaginé et fait breveter en Angle-
terre où il résidait alors, le plan d'un aérostat dirigeable ; afin
d'atténuer le plus possible la résistance opposée par Tair, Tinven-
teur avait fait choix, ainsi qu'on le voit par les pièces imprimées
du brevet, d'une forme de ballon allongée se terminant en pointe
à Tavant ; une hélice devait non-seulement servir à la propulsion
horizontale dans une direction déterminée, mais encore aider aux
mouvements verticaux d'ascension et de descension ; un gouver-
nail placé à la partie postérieure extrôme du ballon, et rappelant
(I) Un manuscrit, déposé dans les archlTes duConserTatoire des Arts-et-
Métiers, démontre que, déjà, quelques semaines après la première ascension
de Charles (l'*' décembre 1783), le général Mensnier avait proposé un
projet analogue.
— 296 —
en quelque sorte la queue du poisson, était chargé de provoquer
la rotation du ballon et de le faire obliquer d'un angle faible sur
la ligne du vent. Un moteur à gaz, construit d'après le principe
de la machine Lenoir et alimenté par le ballon même, devait four-
ivir la force nécessaire au mouvement de Thélice, Tant pour con-
server la forme extérieure du ballon que pour soumettre entière-
ment l'ascension et la descension verticales de l'appareil à la
volonté de l'aéronaute, enfin pour permettre de remplacer par de
l'air le gas; dépensé par la machine, il se trouvait dans }e grand
ballon, un ballonnet rempli d'air.
Pau de temps avant le siège de Paris, M. Haenlein fit construire
à Mayence, un modèle ayant 12 mètres de longueur et 3 » 30 dans
sa plus grande largeur ; ce modèle, muni d'une machine à gaz de
la force de 1/8 de cheval, servit à des expériences faites dans de
vastes ateliers. Un mouvement d'horlogerie, disposé dans la na-
celle de ce modèle de ballon faisait mouvoir le gouvernail et, de
oette façon, non seulement l'inventeur obtenait en air calme, dans
des espaces clos, la propulsion de sou modèle au moyen de l'hé-
lice, mais encore, après que l'hélice avait imprimé au ballon une
vitesse plus considérable, le gouvernail exerçait également son
action d'une manière tout à fait efficace. Dans ce modèle cepen-
dant, l'hélice et le gouvernail se trouvaient contrairement au
dessin du brevet anglais, rapprochés de la nacelle, afin d'éviter
l'emploi des transmissions de mouvement, difficiles à réaliser en
mécanique, exigées pour la mise à exécution du projet primitif.
En novembre 1871 de nouvelles expériences furent faites, à
l'aide de ce modèle, dans la salle de l'Académie de Vienne, en
présence de M. le général d'artillerie Hauslab, de M. le conseiller
aulique Baron Burg, de savants et de professeurs de l'Université
technique. A la suite de ces expériences, l'essai en grand d'un
appareil, construit d*après les données du modèle d'aérostat de M.
Haenlein, fut décidé. Un appel fut adressé aux capitalistes qui y
répondirent avec un empressement dépassant toutes les espéran-
ces. Une association se forma aussitôt à, la tête de laquelle se
rouva placé M. d'Ofenheim, et un comité exécutif eut mandat de
surveiller l'exécution de l'appareil et de procéder sans retard aux
expériences.
Bn raison du prix de revient élevé de l'hydrogène, et des diffi-
cultés que présente la fabrication en grand de ce gaz, on se déter-
mina à donner au ballon des dimensions qui permissent d'em-
ployer le gaz d'éclairage dans les futures expériences, avantage
qu'on ne pouvait obtenir, en tout état de choses qu'au détriment
de la vitesse, en raison de l'augmentation du volume de l'appareil
— 297 —
et, pu suite, de la résiatance de l'air. M. Haenlein regiardait
comme indispensable pour une expérience en ^and, l'emploi d'une
machine à gaz à i c; lindrea. et la présence de troia personnes à
bord de la nacelle. La puissanca de la machioe devait être de 4
chevaux- Oo se trouvait
ainsi en possession da
toua les éléments néoQs-
■airw pour crouler exao-
tm«n( la fona MMUBîon-
aelle 4 donner au ballon,
n ne restait plus qu'à
Mre Veatimatlon du poids ^
spéoiflqne du gaa et l'on S
erat devoir adopter corn- M
me bue de calcul le chif- §
fira d« 0.4S, reprâsentant ^
la densité approximative ^
du £«a d'éelaira^ de M
^eniie- On considérait t .^
d'ailleurs comme facile, 3
en affectant un gazomè- l g
treau service spécial de | ^
l'aérostat, de se procurer, | ^
dans uns usinai du ^z ^
beaucoup plus léger en- I s
eore, et le volume de "S
l'appareil ne devait paa .§>
dépasser une certaine li- :§
mite. En eflët, aveclea di- g
mensiona choisies, pour ^
n'atteindre même que la S
vitesse d'un train de mar- I
ctuuidises, il aurait fallu g
|>ouvoir disposer, ainsi ^
qu'il résulte des expé- t!^
riencfls de U. Dupuy do
L&me sur l'effet de l'hé-
lice aérien ne, réalisé es de-
puis lors, non de quatre
chevaux de force, mais de
plus du double, ce h quoi
s'opposait encore la force
ascensionnelle limitée du ballon.
— 298 —
Les dimensions adoptées furent 50™ 40 pour la longueur et 9™ 2b
pour le diamètre de la section circulaire transversale de l'aéros-
tat. La forme du ballon se rapprochait, dans la partie moyenne, de
celle d'un cylindre. Les extrémités se terminaient en points, mais
un peu moins rapidement à Tavant qu'à l'arrière ; elles pouvaient
être considérées comme presque coniques. La longueur de la par-
tie cylindrique était de la moitié de la longueur totale ; la hauteur
du cône à l'avant était des 3/10 et celle du cône à l'arrière des
2/10 de cette même lo ngueur. En calculant d'après ces données
numériques, on trouve pour le volume du ballon 2227 mètres cubes
environ ; chiflfre un peu trop faible, la forme véritable du ballon
étant arrondie ; et en effet, lors des expériences faites à Briinn,
le volume exact se trouva être de 2408 mètres cubes! On devait
donc, avec du gaz d'un poids spécifique de 0,45 obtenir 1721 kilog.
de force ascensionnelle, avec du gaz de 0,50 de densité, 1565 kll. 2
seulement et 2648 kil. 8 avec de l'hydrogène, le poids spécifi-
que de ce gaz étant mis en rapport avec l'état d'humidité résultant
de son mode ordinaire de préparation. Or, une force ascensionnelle
de 1700 kil. était jugée suffisante, évaluation faite du poids à
transporter. •
En calculant la surface du ballon d'a-
près les mêmes données que ci-dessus, on
trouve un chiffre de 1112 mètres carrés,
tandis que la superficie réelle s'élevait à
1145 mètres carrés. La construction de
l'aérostat nécessita 1& mise en œuvre de
8148 ^ 65, d'étoffe de soie d'une largeur
de 0 » 54, soit 1691 mètres carrés. Comme
il n'existait pas à Vienne une quantité aussi
considérable d'étoffe de soie d'un blanc
uniforme on dut se contenter d'éviter de
faire usage d'étoffes teintes avec des cou-
leurs pouvant altérer le tissu, le noir par
exemple. Le ballon fut enduit de caout-
chouc, intérieurement et extérieurement,
FiG. 3 1 .
Ballon dirigeable de M. ' j . «• ^ ^ '
Haenlein; vue en arrière, avec beaucoup de som, le constructeur
ayant déclaré ne pouvoir garantir la conservation du gaz,
pendant un temps assez long, que par l'emploi do ce procédé.
Cette opération rendait l'enveloppe de l'aérostat plus imperméa-
ble, mais aussi plus pesante. Les fuseaux isolés entrant dans la
confection du ballon et dont le poids s'éleva à 350 kilog, étaient
cousus les uns aux autres, et des bandes de soie, également en -
— 289 —
duites de caoutchouc, recouvraient les coutures à Tintérieur et à
Textérieur.
n convient ici de rappeler les nombreuses expériences auxquel-
les on s'est livré, tant à Vienne même qu'à Rannersdorf, près
Vienne, dans le but d'apprécier la perte de gaz subie par différents
ballons après leur gonflement. Ces expériences furent effectuées à
Vienne avec du gaz d'éclairage, à Rannersdorf avec de l'hydrogène.
On avait pris comme types un ballon français, deux ballons anglais
Tun en soie, l'autre en coton, enduits de caoutchouc, et un ballon
construit par M. Reithoffer.
Le premier fut trouvé absolument mauvais. Des deux ballons
anglais, celui en soie était notablement meilleur ; les qualités de
ce dernier et de celui établi par M. Reithoffer se contre-balançaient
à peu près. La diflérence extrêmement faible qu'on put remarquer
au bout de quelques jours en comparant les pertes respectives de
force asccensionnelle du ballon anglais en soie et du ballon de M.
Reithoffer, fit qu'on se décida à prendre ce dernier comme cons-
tructeur, parce qu'on désirait faire participer les industriels au-
trichiens, toutes conditions égales d'ailleurs à ime œuvre entre-
prise à l'aide de capitaux autrichiens. On considéra en ou-
tre qu'il était incontestablement plus convenable d'avoir les fabri-
cants sous la main. MM. le conseiller des mines Jenny, le capi-
taine Noë, le professeur Reitlinger et Haenlein, prirent une part
active aux expériences de Rannersdorf.
En ce qui concerne le moteur, M. Haenlein, se basait sur ce fait
que les machines à gaz, construites en Angleterre, produisaient
la force d'un cheval f vec un diamètre de cylindre de 0™ 16 et une
vitesse de piston de 0"» 80. Il chercha en conséquence à obtenir les
4 chevaux de force demandés par l'emploi de 4 cylindres de ce mê-
me système. M. Haenlein parvint à supprimer complètement le choc
très désagréable des machines à explosion, qui s'opposait, sous
divers rapports, à leur application au ballon, en faisant usage de
4 cylindres et en rattachant deux à deux les cylindres opposés à
deux paires de manivelles, opposées également deux à deux, et for-
mant entr'elles un angle droit. M. Peyrer, mécanicien de Mayen-
ce, avait été chargé de la construction de la machine à gaz de 1/8
de cheval de force qui actionnait l'hélice du modèle de ballon et
il s'était acquitté de ce travail d'une manière aussi satisfaisante
que possible. Ulenouvelle macnhine à un cylindre, de la force no-
minale d'un cheval, fut commandée à M. Peyrer, et elle servit de
type à MM. Ed. Paget et C'» de Vienne pour l'établissement d'un
moteur à 4 cylindres pesant 233 kilog. Chaque cylindre de cette
dernière machine ayant un diamètre de 0"» 16, et la vitesse du
— 300 —
piston, à raison de 90 tours, étant de 0« 72, on pouvait éva-
luer la puissance des 4 cylindres, pour 90 tours, à 3 chevaux
6/10 de force. En prenant pour base les 70 tours réalisés à
BrUnn, on avait donc 3,6 : x : : 90 : 70, soit 2 chevaux 8/10 de
force. Par conséquent, le poids de la machine, par force de che-
val, était de 64 kil. 65 pour le rendement maximum et de 88 k. 2.
pour le rendement obtenu à Brûnn. Ce résultat fait voir, si on le
compare avec celui obtenu au moyen des moteurs Lenoîr qui se
trouvent actuellement dans le commerce, que M. Haenlein est par-
venu à établir, une machine à gaz pesant, à puissance égale nota-
blement moins que celles construites jusqu'à présent. M. le pro-
fesseur Jenny s'est prononcé favorablement, à différentes reprises,
à regard de ce nouveau moteur. Pour fonctionner avec régularité-
pendant un long espace de temps, la machine motrice nécessite
naturellement remploi d'un réfri gérant et d'une certaine quantité
d'eau servant au refroidissement des cylindres. En ajoutant au
poids de la machine celui du réfrigérant (110 kilog) et de 75 litres
d'eau, qui permettent un travail normal d'une durée de plusieurs
heures, et en prenant pour base le rendement obtenu à Brûnn, le
poids définitif du cheval de force se trouve être de près de 150
kilog, poids évidemment plus grand que celui des moteurs à va-
peur.
FiG. 32
Machine àpaz de Hnenlein rue en plan. On distingrue \eS quatre cylindres
moteurs agissant sur un arbre à double coude qui actionne une hélice à
quatre ailes. La perspective ne permet de voir qu'un coude et deux ailes.
La forme et le nombre d'ailes de l'hélice sont d'une importance
capitale au point de vue de la meilleure utilisation possible de la
force motrice. Le système adopté par M. Haenlein sans expérien-
— 301 —
ces préalables, tant pour son modèle que pour le grand appareil,
consistait en une hélice à 4 ailes, imitée des excellentes hélices de
la marine anglaise. Le diamètre de cette hélice, disposée contre la
galerie derrière la machine, était de 4™. 6 ; le moyeu des ailes, en
bronze supportait 4 bras en bois, auxquels étaient assujetties 4
ailes courbes en tôle mince. Le poids total de Thélice ainsi cons-
truite s'élevait à 79 kilog.
Une galerie, plus large à l'arrière qu'à l'avant à l'effet de rece-
voir la machine, devait porter en outre les passagers et le réfrigé-
rant; le plancher et les parois de côté de cette galerie, les étrésil-
lons qui les reliaient au châssis principal, le châssis principal lui-
même en forme de couronne embrassant le ballon, l'assemblage
de ce châssis avec le gouvernail, ainsi que le bâti de ce dernier,
étaient entièrement construits en charpente, à l'aide de tiges min-
ces, en partie encastrées les unes dans les autres et vissées, en
partie réunies par des fils métalliques. Afin de réduire autant que
possible la dimension du châssis principal et par suite son
poids, ce châssis était établi à une distance de cinq mètres au des-
sous de l'équateur du ballon ; il supportait, outre le gouvernail, la
transmission mobile, partant de la galerie, et était relié à la gale-
rie d*une façon rigide, au moyen d'étrésillons. Un grand nombre de
cordages rattachaient le filet, entourant complètement le ballon à
la galerie et au châssis principal, de sorte que l'ensemble de l'ap-
pareil formait un tout solidaire propre à recevoir l'impulsion de
Thélice. Le gonflement du ballon, le montage de la machine, du
réfrigérant et de l'hélice, l'installation de la batterie électrique et
de l'appareil de Rulimkorff, etc., nécessitaient un travail d'assez
bngue durée, d'autant plus que ces opérations devaient être effec-
tuées pour la première fois, par des personnes encore inexpéri-
mentées. On dut aussi songer à faire établir pour l'aérostat un
abri, entraînant des frais assez considérables, mais permettant
d'attendre, sans danger pour l'appareil, un temps favorable aux
expériences, et empêchant les curieux de venir troubler les opéra-
tions préliminaires. On choisit pour ériger cet abri un terrain dé-
pendant d'une usine à gaz du nouveau Vienne, ville située à une
lieue de chemin de fer de la Capitale. La compagnie propriétaire
de l'usine s'était engagée à livrer, pendant les mois d'été, la quan-
tité de gaz nécessaire pour le gonflement du ballon. Malheureuse-
ment l'abri, presque entièrement achevé allait être mis à la dispo-
sition du comité, lorsqu'une violente tempête le fit voler en éclats.
D'où procès avec l'entrepreneur. Il fallut donc, le temps pressant,
se mettre à la recherche d'une usine à gaz placée dans de meilleu-
res conditions.
— 302 —
La grande usine de Brûnn, en Moravie, pourvue de trois gazo-
mètres, parut à cet effet réunir les conditions les plus favorables
et, malgré son éloignement, un nouvel abri fut installé à proximi-
té de son enceinte. Mais, ce qu'on n'avait pu prévoir, la densité du
gaz d'éclairage de Brûnn différait sensiblement de celle du gaz de
Vienne, prise pour base des calculs : elle était plus grande de
0, 05, de sorte qu'au mois d'octobre 1872 lorsqu'on vint à procéder
enfin aux expériences, la force ascensionnelle du ballon se montra
trop faible pour soulever, en plus de la machine et de ses acces-
soires, même une seule personne. On se trouvait donc forcé, ou de
réduire les charges du ballon, ou de se servir pour le gonflement
d'un gaz plus léger. On prit d'abord ce dernier parti, grâce à l'o-
bligeance du directeur de l'usine, qui voulut bien promettre de fa-
briquer dans le commencement de novembre, pour le service par-
ticiûier du ballon, environ 1200 mètres cubes de gaz plus léger
d'un poids spécifique de 0,40 et de réserver pour emmagasiner ce
gaz un des gazomètres servant à l'éclairage de la ville. Par le mé-
lange de ce gaz léger avec le gaz ordinaire de Briinn il devenait
possible de ramener la densité à celle du gaz d'éclairage de Vienne.
C'est ici le lieu de donner un aperçu des poids respectifs des
diverses parties de l'appareil. Voici quels étaient ces poids :
Machine à gaz à 4 cylindres 233 kilog.
Hélice aérienne 79
Supports placés sous la machine 87
Montants dû gouvernail ... 10
8 Pièces d'entretoise 7
Réfrigérant c 110
Nacelle 124
Poulie à corde, vis et diverses parties en fer. 25
Système disposé au dessous de la nacelle
pour amortir le choc 27
Châssis principal 105
Gouvernail 38
Ballon 350
Filet et cordages 146
Batterie électrique et appareil d'induction . . 40
Eau 75
Ensemble 1406 kilog.
En déduisant ce poids total du chiffre de la force ascension-
nelle de l'aérostat, supposé gonflé entièrement avec du gaz d'é-
clairage ordinaire de Brûnn, 1565 kil. 2, il reste 159 k. 2, force suf-
fisante pour enlever deux personnes ne pesant pas trop.
»
— 303 —
Mais après le gonflement du ballon et le montage de la machi-
ne, on reconnut que, par suite de la diffusion du gaz, il était im-
possible d'enlever même une personne. Xe 2 novembre, le ballon
étant gonflé depuis huit jours déjà (circonstance défavorable], on
s'occupa de substituer les 1200 mètres cubes de gaz léger, recueil-
lis dans un gazomètre spécial, à pareil volume de gaz remplissant
le ballon. On devait ainsi se procurer un surcroît de force ascen-
sionnelle d'environ 150 kilog. On commença par éliminer du bal-
lon 300 mètres cubes de gaz, puis 500 autres mètres cubes, qu'on
remplaça successivement par la même quantité de gaz léger. Le
ballon put dès lors planer, avec ime personne placée sur la gale-
rie. Afin d'activer l'opération, on continua de faire pénétrer le gaz
léger au centre de l'aérostat, pendant que le gaz plus lourd était
chassé vers le bas et s'échappait par les soupages de sûreté de
tuyaux aboutissant au dessous de la nacelle. En même temps, on
installait sur la galerie l'appareil de Ruhmkorff et la batterie
électrique. Mais, au moment où la personne chargée de cette ins-
tallation sautait à terre, on entendit tout à coup un grand bruit,
produit par le déchirement du ballon sur une assez grande lon-
gueur, et la galerie s'affaissa.
Cet accident, presqu'insigniflant lorsqu'il s'agit du gonflement
d'un ballon ordinaire, avait dans le cas présent une portée beau-
coup plus grande, le directeur de l'usine se refusant formellement
à affecter de nouveau un gazomètre à la préparation d'un gaz
d'éclairage léger. On dut se résigner, pour procéder aux expériences,
à l'emploi du premier des deux moyens indiqués plus haut, et ré-
duire la charge. Le réfrigérant fut supprimé et remplacé par un
appareil provisoire, dans lequel on fesait usage de glace et d'une
proportion minime d'eau. Avec le gaz de Vienne, on aurait pu con-
server ce réfrigérant, indispensable pour obtenir un jet régulier de
la machine et une marche de longue durée. La suppression des ré-
frigérants latéraux primitifs détruisit la stabilité de la galerie, dont
il fallut également faire disparaître les garde-fous placés à l'avant et
à Tarrière. Dans ces conditions et comme il était impossible d'em-
porter du lest, il ne pouvait plus être question d'entreprendre un
▼oyage avec l'aérostat laissé libre, et l'on dut se contenter d'expé-
riences en plein air, pendant lesquelles le ballon était retenu par
des soldats à l'aide de cordes.
Le 13 décembre, on put enfin se livrer à des expériences sérieu-
ses. M. Haenlein jeime s'était chargé du service de la machine à
gu. Sur la galerie se tenaient tantôt M. d'Ofenheim, tantôt M.
Pftul Haenlein. On acquit, par ces expériences, la certitude com-
plète que l'hélice aérienne était douée de toute l'efiicacité désira-
— sem-
ble, et constituait uh excellent organe, au moyen duquel on pou-
vait obtenir, en temps calme, ou par un vent léger, la direction
d'un ballon dans le sens horizontal. Ce fut du moins Tavis de tous
les assistants, entr'autres de M. le général d'artillerie Hauslab.
En continuant pendant quelques minutes, le mouvement de rota-
tion de rhélice, à raison d'environ 70 tours, le ballon recevait une
impulsion si rapide, dans la direction de son axe, que les soldats
tenant les cordes arrivaient à ne plus pouvoir le suivre au pas de
course. Mais ce mouvement devait être interrompu chaque fois, au
bout d'à peu près cinq minutes, par suite des conditions locales et
du mode de réfrigération, préjudiciables au bon fonctionnement du
moteur. Quant à Faction du gouvernail, au sujet de laquelle les
sentiments sont partagés, elle ne put être étudiée convenablement,
en raison de la vitesse relativement faible imprimée au ballon, et
il fut particulièrement impossible d'examiner si sa dimension, se
trouvait dans une proportion convenable par rapport au volume du
ballon. M. le capitaine Hess afârme,- contrairement aux assertions
de Tinventeur, que cette action est absolument nulle, et que la
déviation imprimée au ballon pendant sa marche, lors des expé-
riences du 14 décembre, a été purement Teffet du vent régnant.
M. Henri Ofenheim, partage cette opinion et trouve défectueuse la
position du gouvernail au dessous du corps de Taérostat. En ce
qui touche le moteur, les expériences n'ayant pas non plus été
concluantes, on ne peut porter à ce sujet un jugement définitif,
et cette question, ainsi que la précédente, dut être réservée.
Le 14 décembre, les expériences furent reprises, en présence de
M. le baron de Weber, gouverneur de la Moravie, et de M. le feld*.
maréchal baron de Ramming, commandant de la province. Il ne
tarda pas à s'élever une brise légère, qui devint plus forte peu à
peu. On en profita pour faire marcher le ballon d'abord dans le
sens du vent, puis contre le vent. Dans le premier cas, sa vitesse
atteignit 6 pieds de Vienne (1» 89) par seconde ; elle fut de 2
pieds de Vienne (0"^ 63) dans le second cas ; sa vitesse propre était
donc de 4 pieds de Vienne (l^» 26). La vitesse de rotation moyen-
ne de l'hélice n'était que d'environ 40 tours par minute, au lieu de
70 tours, par suite des circonstances nuisibles énoncées plus haut,
et l'appareil était loin encore d'avoir atteint le maximum de vites-
se que lui permettait d'acquérir la puissance du moteur et l'éten-
due de la surface de résistance. Quoi qu'il en soit, l'auteur du rap-
port sur l'appareil Haenlein conclut en disant qu'il n'est peut-être
pas trop hardi d'espérer arriver bientôt maintenant, à l'établisse-
ment d'un aérostat dirigeable à hélice, satisfaisant à tous les besoins
— 305 —
de la paix et de la guerre, en répondant à toutes les exigences de
la science et du commerce.
Nous avons parlé, au début de cet article, d'une lettre de M.
d'Ofenheim, ayant trait aux expériences dont on vient de lire le
compte rendu. La voici :
« Vienne, le.5 février 1876.
c Monsieur,
« Me référant à votre estimable lettre du !•' courant, je m'em-
c presse de vous envoyer ci-joint le procès- verbal de la dernière
c assemblée générale d*une association que j'avais formée pour
c la construction d'un aérostat, avec lequel nous avons tenté
K quelques ascensions à Brilnn en Moravie, mais dont les résultats
c ne nous ont pas satisfaits.
c Cette association se composait d'un certain nombre d'hommes
« de science, qui m'avaient choisi pour Président.
Les dépenses ont absorbé à peu près la somme de 200,000
« francs, fournie par plusieurs souscripteurs que vous trouverez
« mentionnés dans le susdit procès-verbal.
« Depuis, des circonstances imprévues de la crise financière ne
« nous ont pas permis de continuer les expériences, mais, au
< commencement de cette année, nous avons repris nos travaux,
« et j'espère que nous ferons de nouveaux essais vers le printemps.
> Agréez, Monsieur, l'expression de ma considération.
c d'Ofbnbeim, »
^^oas nous empresserons, dès que nous aurons pu nous les pro-
*^ïirer, de communique^ aux lecteurs de VAéronaute^ tous les
^^Zs0ig*Qements intéressants relatifs à ces nouvelles expériences.
0. Prion.
COIPTES-RENDUS ANALYTIQUES DES SÉANCES
U SOGIfiTfi FRANGilSE DE NAVIGATIOPi AfiRIENNE
Séance du 12 octobre 1876.
PRÉSIOENCE DE M. LB COLONEL ULUSSBDAT.
ice est ouverte à huit heures et demie.
^ / " • vaiON donne lecture du procès-verbal de la séance pré-
— 306 —
M. DUROT DB BRuiaNA.0 : A roccasion du procès-verbal, je désire
signaler quelques inexactitudes qui se sont glissées accidentelle-
ment dans les comptes-rendus analytiques des séances publiés dans
YAéronaute sous les dates des 26 avril, 15 et 29 juin.
Plusieurs des observations de M. du Hauvel ont été omises ou
inexactement reproduites en sorte qu'il y a souvent désaccord
entre ces observations et mes réponses, tandis qu'en réalité elles
concordaient très bien.
P'Br exemple, le début de la discussion proprement dite de M. du
Hauvel fait entièrement défaut. Ce début, presqu'aussi étendu que
la 2™« partie, était néanmoins très important ; je lui ai consacré
environ la moitié de ma réponse. M. du Hauvel le rappelle, le 15
juin, par ces mots : c J'y ai joint (au résumé) quelques observa-
tions destinées à préciser les bases de l'étude et à dégager les
hypothèses qui me paraissent inexactes. » Il y avait, entre autres
choses, un calcul complet de la contre-pression à l'arrière d'un
plan mobile, que je regrette de voir perdu. — Il y a notanmient
désaccord entre les calculs de M. du Hauvel, page 228, et ma
réponse, page 254. Le texte et les chiffres ont été changés çà et
là, sans que ces modifications aient même eu lieu d'une manière
concordante.
Il serait beaucoup trop long de réparer ces erreurs par voie
d'erratum. Pour rendre la lecture à peu près intelligible, il suffit
de rétablir par la pensée les objections de M. du Hauvel, aux-
quelles mes réponses font assez allusion pour qu'on puisse en
deviner l'ensemble.
La note lue par M. du Hauvel, le 15 juin, était rédigée avec soin
et j'aurais désiré la voir reproduire telle quelle.
Le calcul de la page 254 ligne 17, doit s'écrire de la manière
suivante.
T' = p-; =n^,l»,15
n = 21,5
n en résulte : T* = P -^-£- = P 0,0267
ou bien p -ir = 0,0267 P,
p = P 0,046 et non pas p = 0,0267
On a comme M. du Hauvel Ta posé au début p = -^
Une discussion au sujet de la publication des procès-verbaux
s'engage entre MM. Hureau de Villeneuve, du Hauvel, le colonel
Laussedat, Penaud et Macquarie.
M. o. FRioN : Je prie instamment les membres de la Société qui
— 307 —
ont de longues communications à faire, à remettre sur le bureau
au début ou à la fin des séances un résumé de ces communi-
cations.
Le procès-yerbal est adopté.
X. LB SBCRÉTAmB' Gi^NâRAL procèdc au dépouillement de la cor-
respondance qui comprend :
Une lettre de remercîments de M. le capitaine Benard, secré-
taire de la commission des aérostats au Ministère de la Guerre,
nommé membre associé.
■ Une autre lettre de remercîments, de M. Fauvart-Bastoul, lieu-
tenant de cavalerie, et officier d'académie, qui promet d'envoyer
à la Société quelques études de détail touchant Taérostation.
Une lettre de M. le comte Foucher de Careil, sénateur, qui
donne sa démission de membre associé. (Renvoyé au conseil.)
Une lettre de M. Waddington, Ministre de Tlnstruction Publi-
que et des Beaux-Arts refusant à la Société la reconnaissance
d'utilité publique, fiante d'un capital suffisant et d'un fonctionne-
' ment d'assez longue durée.
Un exemplaire du bail consenti par la Société géologique^ enre-
gistré le 27 septembre 1876. Sa durée s'étend du !" juillet 1876,
au l*' octobre 1879 ou 1885.
Une lettre adressée par M. le colonel Laussedat à M. du Hauvel
par l'intermédiaire de M. Albert Tissandier, lettre dans laquelle
il est question d'un générateur léger construit par M. du Temple,
ancien député, et expérimenté à Cherbourg.
M. LAU88B01T fait Connaître le résultat des expériences faites à
l'aide de ce nouveau générateur d'une légèreté remarquable (8 kil.
par force de cheval vapeur. )
Une lettre de M. Lupin à Grenoble, demandant des renseigne-
ments sur la traversée de la Manche, projetée par M. Stotl.
Une lettre de M. de Louvrié à M. Bureau de Villeneuve ayant
trait aux travaux de la Société.
Une lettre de M. Léon Drouillet, ingénieur, chargé d'étudier le
parcours du canal interocéanique américain. Cet ingénieur part
pour Philadelphie et s'offire à la Société comme correspondant.
II demande également à devenir membre sociétaire. (Renvoyé au
Conseil.)
Une lettre de M. Clair Rablat, inventeur d'un système mécani-
que exposé il y a peu de temps dans la salle du Casino-Cadet.
M. G. yaioN demande la mise à l'ordre du jour de son rapport
sur cet appareil.
Une correspondance échangée entre M. Sanderson et M. du
Hauvel, est renvoyée à l'examen du Conseil après quelques obser-
-ft.k_
~ 808 —
valions de MM. Arsène Olivier, le colonel Laussedat, du Bauval
et Macquarie.
Une lettre d'avip du décès de M. Charles Sainte-Claîre-DeviUe,
membre de Tlnstitut, membre sociétaire de la Société française
de Navigation aérienne^ dont renterrement se fera le mercredi 13
octobre à St-Sulpice. MM. Hureau de yiUeneuve e^ Penaud* pro-
mettent d*y assister.
M, HORSAu PB viiiiLBNBUvB fait également part à la Société de la
mort de M. le baron Michel de Tretaîgne men^bre pooiétaire, et
de M. Jullien (de Yillejuif).
La correspondance couiprQild encore ;
Des articles du Rappel et du Gauloi^^ relatifs h de^ ascensions
de MM. Triquet et Charles Gbavoutier, h gt<jloud, de MM< Bug-
Godard et Duruof, de Madame Goi^desone.
Une brochure intitulée, Deux henr^ en ballon (ascemion de
V Aérostat 4 ga^ * la Gironde i»)^
Un travail de M. Annibal Ardisson, avec dessins, sur des
moyens propres à faire le point en ballon et à calculer Ift haut9ttr
d'un aérostat et sa distance du lieu de Tobservation k Vaidq des
méthodes de triangulation. Deux observateurs, avec le seeours
des angles relevés pourraient aussi déterminer la vitesse d'uu
ballon vu de terre. (Benvoyé i^ Teiamen de M. Penaud*)
Une lettre de M. Alphonse Morei^u, mécanicien, qui donne sa
démission de membre associé.
La notification des démissions de M. le capitaine Bouit de M-
le marquis Ferdinando Tommasi, de M, Ponato Tommasi et de
M, Liron.
Il est procédé à la nomination de la commission chargée d^exa-
miner les mémoires, manuscrits ou imprimés envoyés à la Société
pour le concours du prix fondé par M. Georges Poignant pour la
meilleure étude des lois sur les surfaces motrices agissant sur Vair.
Sont nommés membres de cette commission après diseussion
et vote au scrutin secret : ifM. «Bonoss poiONÀifT, mnqiAU ni vil-
LENBuvB, A, FINAUD ct j, ARMBNOAUB. Qettc commisslou scrs prési-
dée par M. ut COLÛNBL LAUSSBOAT, M. LB PAPITAINB KBIfABD prend?»
part à ses travaux à titre consultatif.
L'ordre du jour appelle la nomination du concours pour le prix
fondé par M. Paul Bert en vue de récompenser le meilleur travail
sur les moyens de préserver la vie des aéronautes dans les ascen-
sions à grande hauteur.
. Sur la demande de m. bureau dr villbnbuvb, il est décidé qu^on
priera M. Paul Bert, d'établir lui-même d'une manière définitive
le programme de ce concours.
— 309 —
M. piÎNÀUD. Je désirerais savoir à quelle époque les archives
seront transférées dans le nouveau local de la Société.
M. DU HAUVBL. On attend à cet e£fét le retour de M. Poignant,
qui a déjà fait Tinventaire de ces archives.
M. j. MACQDARiB exposo le principe de la construction d'un petit
appareil qu'il a imaginé et qui permet de constater facilement et
sans calculs, la densité du gaz destiné au gonflement d*un ballon.
Cet appareil se compose d'un petit ballon, de la capacité d*un
demi litre ou un litre en verre épais, muni d*un robinet, lesté et
surmonté d'un tube, pourvu à sa partie inférieure d'un petit
plateau ou d'une capsule pouvant recevoir des poids légers en
aluminium, (centigrq,mmes et milligrammes). On fait le yide dans
le ballon à l'aide de la machine pneumatique ou d'une pompe.
On plonge ensuite ce ballon dans une cuve remplie d'eau et après
avoir fermé le robinet, on marque sur la tige le point d'affleure-
ment. Remplissant le ballon de gaz et plongeant alors de nouveau
le ballon dans l'eau on peut connaître la densité du gaz, à pre-
mière vue d'après le chiffre du poids qu'il faut enlever du plateau
inférieur de la tige, pour faire affleurer cette dernière au même
point que précédemment,
M. Marié Davy a soulevé quelques objections! contre l'emploi
de cet appareil. L'idée d'une tige mtnce supérieure est due à M.
Wilfrid de Fonvielle qui craignait avec raison la production d'un
ménisque à l'intérieur du ballon. Dans le cas où le point d'affleu-
rement serait marqué directement sur ce dernier, on doit craindre
une illusion d'optique et une erreur possible dans l'estimation
de la densité. M. Gabriel Mangin s'occupe, en ce moment, de faire
construire un de ces appareils, ainsi modifié.
La séance est levée à 11 h. moins 5 minutes.
Le aecrétaire de la séance^
G, Frion,
Séance du 26 octobre 1876,
PRÉ8IBBN0B DB M. LB GOLOMBL LAUSSBPJLT.
La séance est ouverte à 8 h. 1/2.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. LB SBCR^TAiRB a^MÉRAL procèdc au dépouillement de la corres-
pondance qui contient :
Une lettre de M. Denis.
Une lettre de H. Blondeau, qui demande quel jour aura lieu la
Béance générale de la société.
— 310 —
Une lettre de M. Vialardi, réclamant une réponse à diverses
questions faites par lui à la Société.
Une lettre de M. le D»" Dumay de Segonzac adressée à M. le co-
lonel Laussedat, pour lui annoncer la découverte d'un ballon pou-
vant conserver indéfinitivement le gaz hydrogène et pouvant
monter et descendre à volonté sans perdre de lest ni de gaz.
Une lettre de M. Le Breton, relative à la question de la résistance
de Tair.
Une lettre de M. Sanderson.
Plusieurs extraits du Rappel communiqués par M. O. Frion
parmi lesquels un article de M. Victor Meunier (17 octobre) dans
lequel il est parlé du projet de grand ballon captif de M. Henri
Giffard et d'un oiseau mécanique mû par Fair comprimé construit
par M. Victor Tatin. Les autres extraits sont relatifs à une ascen-
sion de nuit faite à Lyon par M. Godard, montant le ballon VEs-
pace pourvu d'un appareil d'éclairage, et à deux accidents arrivés
Tun à Taéronaute G. Wintrop, tombé d'une grande hauteur avec
son ballon, l'autre à M. Roumond, propriétaire, mort à 1000 mètres
de hauteur de la rupture d'un anévrisme en accompagnant M.
^Riques, à Brie-comte-Bobert, dans l'aérostat le Français.
M. GA.B. MANQiN croit pouvoir mettre en doute ce dernier événe-
ment, sur lequel d'ailleurs il fait prendre des rensefgnements.
L'ordre du jour appelle le dépouillement du dossier relatif au
concours pour le prix fondé par M. Poignant.
H. ORORQBS POIGNANT déclare au préalable que de pressants mo-
tifs l'engagent à se démettre des fonctions de membre de la com-
mission d'examen chargée de décerner ce prix. Il pense, qu'étant
fondateur du prix, il ne doit pas faire partie de la commission qui
le décerne.
H. LB PRiisiDSNT : J'cugagc M. Poignant à ne pas persister dans
sa résolution. Les membres de la commission seront toujours
heureux, dans le cas où ses travaux personnels ne lui laisseraient
pas le temps d'examiner les mémoires présentés, d'avoir son avis
comme fondateur du prix. Il est mieux à même que personne de
savoir si les sujets traités se rapportent bien à l'esprit du pro-
gramme.
M. POIGNANT. J'ai désiré en fondant ce prix, voir élucider d'une
manière complète au moins quelques-uns des points qui se ratta-
chent à l'importante question des surfaces motrices agissant sur
l'air.
u. ALPHONSB PÉNA.UO. La commissiou peut toujours, dès aujour-
d'hui, commencer son travail d'examen, qui sera sans doute assez
— 311 —
long. Ce travail fait, M. Poignant sera appelé pour prendre part
aux délibérations définitives.
Il est décidé que les mémoires présentés seront distribués,
après la séance, entre MM. J. Armengaud, Hureau de Villeneuve
et Alphonse Penaud, M. Poignant restant toutefois membre de la
commission d'examen.
M. G. POIGNANT procède, en qualité d'archiviste, à l'ouverture des
Mémoires envoyés au concours. En voici la liste :
N" 1. Mémoire imprimé (en italien) de M. Vincenzo Fruscione,
professeur de physique et de chimie au collège de Bari, intitulé :
La navigai^ione aerea considerata rispetto alla mecanica,
N« 2. Mémoire de M. J. Malessart, sur l'aviation, les surfaces
aviatrices, les machines à vapeur aviatrices, etc.
N» 3. Mémoire de M. P. Chassy, ingénieur civil, sur son système
d'uérovir ou navire aérien avec plans.
N® 4. Mémoire, accompagné d'un pli cacheté, portant la signa-
ture Y. Luc, et traitant du vol des oiseaux, etc.'
N" 5. Mémoire de M. Giraud, architecte à Constantine, sur un
aérostat dirigeable.
N» 6. Mémoire de M. Gabriel Mangin, sur la direction des aéros-
tats, avec photographie.
N'7. Mémoire (en grec moderne) de M. Constantin Psaroudliaky
de Rhethymo, adressé par M. l'agent consulaire français de Rhethy-
mo (île de Candie ou Crète).
N<* 8. Mémoire imprimé (en Espagnol) de M. Manuel Hivero, capi-
taine du génie à Vigo, intitulé : Mémoria sobre la navegacion aerea^
avec l'épigraphe Deus super omnia.
N" 9. Mémoire de M. Jean-Louis-Dominique Leconte (de Barce-
lone).
Is*« 10. Mémoire imprimé de M. A. Duroy de Bruignac, ingénieur
civil, intitulé : Recherches sur la navigation aérienne. — Essai de
comparaison entre les principaux systèmes.
N<> 11. Mémoire de M. Gottfried Achenbach, sur la résistance des
surfaces, au point de vue de l'aviation.
N« 12. Mémoire de M. Alexis Leroy, sur les propulseurs appliqués
à la navigation aérienne, accompagné d'un petit modèle de propul-
seur destiné à remplacer l'hélice avec avantage.
N» 13. Trois mémoires de M. Casimiro Yialardi (en italien) sur
on oiseau mécanique.
M. G. POIGNANT aunonco que les archives seront, à partir du 27 oc-
tobre, à la disposition des membres de la société. 11 en effectuera
le transport dans le nouveau local, de concert avec MM. Hureau
de Villeneuve, du Hauvel et Félix Caron.
i
— 312 —
L'ordre du jour appelle la discussion au sujet de la convenance
d'une séance publique générale.
M. LB pRÉsiDBNT demande que cette question soit d'abord sou-
mise au Conseil^ qui fera ensuite connaître à la Société son avis
motivé. Il a reçu de M. Félix Caron trésorier, à ce sujet, une note
indiquant Tétat actuel de la situation flnancière.
Cette proposition est adoptée, après une courte discussion à
laquelle prennent part MM. Penaud et Hureau de Villeneuve. II
est décidé que M. Félix Caron, apportera ses comptes, etc.i à la
prochaine séance du Conseil, afin qu'on puisse les examiner en
toute connaissance de cause.
M. O. Frion, donne lecture de son rapport sur l'appareil d'aviation
de MM. Rablat frères, imitant le vol de l'oiseau.
M. LB D' ABEL HUREAU DR VILLENEUVE commuuique à la Société la
description et les plans du générateur de M. Félix du Temple, dé-
puté. Ce générateur, consiste, d'après le brevet délivré le 28 avril
1876, en une chaudière à vapeur à circulation continue. La vapeur
est engendrée dans un grand nombre de tubes très fins (d à 3 mil-
limètres de diamètre intérieur) plongeant dans le foyer. Ce nouveau
générateur est à la fois très léger et très puissant, et suivant l'in-
venteur, il n' offre aucun danger. La circulation très rapide du
liquide empêche les tubes de s'engorger et ces derniers sont d'ail-
leurs faciles à nettoyer. Cependant, si un des tubes de cette ma-
chine, appliquée à un aéroplane, venait à éclater en Tair, la sécu-
rité des voyageurs serait loin d'être absolue.
M. LE COLONEL LAU3SBDAT fait Connaître quelques-uns des résul-
tats constatés avec ce générateur, lors d'une expérience faite le 9
septembre 1876 à Cherbourg. M. Du Temple est parvenu à réaliser
des tubes d'un diamètre intérieur de 7 millimètres et d'une épais-
seur de I millimètre, tubes pouvant résister à la rupture jusqu'à
une pression de 600 atmosphères environ. Le générateur qui a
servi à l'expérience se composait de 70 de ces tubes d'une longueur
de 7"^ 50 chacun. Le poids total de l'appareil était de 200 kilog.
La quantité d'eau vaporisée en une heure, à la tension de 10
atmosphères, atteignit le chiffre de 875 kilog. ce qui correspond à
une force de 20 à 25 chevaux, soit pour la machine un poids de 8
à 10 kilog, par cheval- vapeur. La surface de chaufîe mesurait 11»
9.39, ou 14°" 9.89 avec la flamme. La mise en pression demande un
quart-d'heure. A 2 heures, la pression était 0 ; elle atteignit 7
atmosphères à 2 h. 48 et 8 atmosphères à 2 h. 55. A 2 h. 24 on
avait ouvert la pompe d'alimentation, qui indiqua une dépense de
176 litres d'eau. A 8 heures, la pression était de 9 atmosphères, à
3 heures 8» de 7 atmosphères 1/2. Il y avait alors 253 litres d'eau
— 313 —
vaporisés. A 8 heures 14*» la pression était de 8 atmosphères. On
Yoit que la tension variait assez fréquemment.
À 8 heures 26^, la quantité d'eau vaporisée montait h 375 litres,
et Ton avait consommé 100 kilog. de charbon. Un tube s'étant
crevé accidentellement pendant cette , expérience, on put néan-
moins continuer à faire fonctionner la machine, bien que Teau ne
cessât do jaillir dans le foyer. La conduite de ce moteur, qui ne
possède pas encore de régulateur de pression et d'alimentation est
très délicate. M« du Temple, qui se propose de prendre une patente
en Amérique, où Von exige un modèle de Tinventibn, doit venir
prochainement à Paris avec un spécimen de son système de géné-
rateur qu'il fait construire actuellement.
M. joBSaT. J'ai construit autrefois un inoteur avec tubes minces
pouvant résister à 900 atmosphères de pression. Tant qu'un seul
tube est rompu, il n'existe aucun danger, il sufât au ménanicien,
ds pincer ce tube en deux endroits, ce qui lui est facile, de même
qu*on tamponne les tubes de locomotives, après avoir jeté bas le feu.
U seraiti bon de remplacer le charbon par un système de becs de
pétrole, qu'on pourrait régler à volonté au moyen d'un robinet mo-
dérateur automatique. H faut toujours, en effet, que la chaleur soit
fonction de la tension, sans cela les petits générateurs resteront
d'un emploi inoommode et peu pratique.
1I.Q. PoieNAMT désire avoir des renseignements complémentaires
sur le moteur Brayton^ dont il a été parlé dans VAéronaute,
M» HURËAV Dfl ViLLiNBOVB conseillo à l'honorable membre de s'a-
dresser dans oe but à M. Bugène Farcot, auteur de l'article
publié.
M. ui t»aiatnioiT invite MM. les membres faisant partie de la com-
mission d'examen du prit Poignant, à vouloir bien se réunir, aprèâ
la séance, pour se partager les mémoires envoyés au concours.
La séance est levé à 10 heures 1/2.
Le Secrétaire de la séance*
0. FH102f«
FAITS DIVERS
M. Simmons a enûn exécuté à Bruxelles les expériences qui
étaient depuis si longtemps attendues. On se rappelle qu'il avait
annoncé qu'il s'élèverait dans l'air au moyen d'un immense cerf-
volanti puis> que la corde étant lâchée il s'avancei^ait horizontale-
L
L'A.ÉR02SrA.XJTB
SOMMAIBB
NOVEMBRE I876J
La médaille commémorativk de Temploî des aérostats pendant le
siège de Paris, par "NL* Xioms Rameau..
L'appareil Haenlein, par M. O. JFrion.
Comptes-rendus analytiques des Séances de la Société ^tmçaise
de Navigation aérienne.
Séance du 12 octobre 1876. Nomination de la commission chargée
de décerner le prix Poignant.
Séance du 26 octobre. Le générateur de M. Félix du Temple.
Faits divers et Bibliographie.
l'aéronaute parait tous les mois
RÉDACTION BT ABONNEMENTS
95- RUE LAFAYETTE,
PRIX DE l'anniîb courante :
MJtk numéro t 7K centime»
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Autrighb-Honorie, Danemark, Egypte, Espagne, Grande «Bretagns
Grège, Italie, Luxembourg, MoNTâNioRO, Norw^b,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suède, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d^ Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Inde, Coohinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
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'.6toraonl-OtM. ~ lapriaerie A« Dais, m* il« CMlé, t7.
NAVIGATION AÉRIENNE
FOKDi KT DIBIdi PAB
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Xiauréat de l'Institut
(Acadérol* dai ScisnccB)
9* ANNBB H* 12
DÉCEMBRE 1876
PARIS : 6 mxitCA PAR AK, — DiplBTEMBST8 : 7 FRANCS.
ON NUMERO : 75 CKNTIKES
RÉDACTION ET BUREAUX
g5, RUE LA FAYETTE, 9 5
PARIS
— 318 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvel d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient leé articles suivants :
Narration de quatre ascensions en Belgique, par M!. Adrien
Duté-Poitevin (deux grandes eravures dans le texte).
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par M.
£3u.grèiie IParcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry Giffard,d'uu grand ballon captif a vapeur, par M. Q-aeton
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
Les Brevets relatifs à Taéronautique délivrés pendant les dernières
années par M. J". Oaetel.
La médaille commémorative de l'emploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par M. XjotiIs iRaznean. (deux gravures dans
le texte).
L'appareil Haenlein, par ]VE. O. JBVion. (trois gravures dans
le texte).
La SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE, approuvéc pardéci*
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique, se réunit le 2*
et le 4« jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue des Grands-
Augustins, 7^ sauf le temps des vacances, août et septembre. Son
bureau est ainsi constitué pour Tannée courante : Président, M.
le colonel du génie Laussedat, président de la commission descommu-
nications aériennes au ministère de la guerre; vice-présidents, MM. le
D' Hureau de Villeneuve, lauréat de l'Institut, le D' Marey, pro-
fesseur au Collège de France, Alphonse Penaud, lauréat de Tins*
titut et Gaston Tissandier, chimiste, directeur du Journal la Nature;
secrétaire général, M. Ch. du Hauvel d'Audreville, ingénieur des
tecte; archiviste, M. G. Poignant, docteur en droit; trésorier,
M. Félix Caron. gérant de VAéronaute,
L'École d'Aéronautes franjl/iis a été instituée pour fa-
ciliter aux aéronautes de profession des moyens de s'utiliser dans
l'intérêt de la science. Elle reçoit exclusivement les personnes dé-
sirant acquérir la pratique de l'art aéronautique. Président, M.
Friley ; vice-président, M. Léon Lair, secrétaires, MM. Rouland et
Delanogue ; trésorier, M. Cassé. Son siège est rue Vieille-du- Tem-
ple, 104.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautîques de la
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aériennes.
L'AÉRONAUTE
9* ANNÉE. — N" 12. — DÊCEMBHK 1876
CORRESPONDANCE DE MOSCOU
A Monsieur le D^ Hureau de Villeneuve.
Honorable Docteur,
ous savez que je lis avec attention VAé-
ronaute et les rapports annuels de la
Société aéronautique anglaise.
Permettez-moi d'établir une compa-
raison entre les travaux des uns et des
autres. Les Français mettent à leurs
études plus d*ardeur ; mais les Anglais
y apportent plus de sagacité. En France les uns vantent les
ballons dirigeables, les autres les aéroplanes à ailes fixes,
d'autres encore les oiseaux mécaniques à ailes battantes.
Les Anglais restent invariables : ils ont fixé leur choix
sur les aéroplanes et ils y persisteront jusqu'au jour où ils
pourront arriver au succès. Les expériences de Henson et
de Striugfellow n'ont pas réussi ; mais cela ne prouve pas
que d'autres mieux faites ne réussiront pas.
Quant aux ballons dirigeables, quelque perfectionnés
qu'ils puissent être, ils ne pourront jamais avancer avec de
grandes vitesses. Je crois donc que ce n'est pas de ce côté
que nous devons nous tourner.
Voyons les oiseaux mécaniques à ailes battantes. Je sais
que les Français en ont construit de petits modèles qui
fonctionnent bien; mais je ne les considère que comme
des curiosités scientifiques non utilisables en grand. Deux
raisons me portent à le croire : La première est que si Dieu
— 320 —
n'a pas fait d'oiseaux volants pesant pllis de douze kilo-
grammes, c'est parce que la longueur des ailes d'oiseaux au-
desBua de ca poids atteindrait une proportion considérable
et que ces longues ailes toucheraient le sol au moment du
départ, à moins que ces oiseaux ne soient munis de pattes
presqu'aussi longues que leurs ailes. La seconde raison
c'est que la force acquise accumulée pendant le battement
de ceslongues ailes les ferait se briser au moment du chan-
gement de direction. Ces deux raisons sont applicables
aussi bien aux appareils mécaniques qu'aux êtres Ttrants.
Le Succès k venir me paraît réservé aux aéroplanes et
surtout à ceux ayant des plans superposés tels que les a
construits M. Stringfellow en Angleterre. Je regrette que
ce système ne soit pas plus apprécié en France.
Flgun 33. AéropUuis de IL Strioefallow.
Actuellement deux nations, la France et l'Angleterre
se sont lancées k la recherche de la navigation aérienne &
grande vitesse ; il est temps, je crois, que la Russie s'avance
à son tour. Son Excellence notre amiral Sokownîne nous a
montré le chemin, je pense qu'il est bon de le suivre.
Les nations occidentales ont un personnel scientifique
plus nombreux que nous ; mais nous avons une force qui
n'est pas à mépriser : le rouble.
Je désiré introduire cette puissance dana la question et
faire construire en France un aéroplane à plans superpo-
sés avec un angle de dix degrés sur l'horizontale.
Se pourrais le faire exécuter en Angleterre; maïs les An-
g'iaîs et les Russes ne sympathisent pas beaucoup ; je crois
— 321 —
que je m'entendrai mieux avec des Français. (1)
Un jouet d*enfant qu'on a récemment mis en vente à Mos-
cou a vivement attiré mon attention. C'est un petit héli-
coptère français, mi» en mouvement par le caoutchouc tor-
du, comme on en a construit depuis plusieurs années.
Mais ce jouet présente une différence importante avec
ses précédents.
La palette de Thélice, au lieu d'être faite d'une surface
aussi raide en arrière qu'en avant, est formée d'une seule
tige de jonc courbé qui supporte une feuille de baudruche,
de sorte que l'avant est rigide, tandis que raïrièrè est tout
mou. Je trouve cette construction admirable et les résul-
tats obtenus sont merveilleux.
Figare 34. Hélice à tige élastique.
Je suis convaincu que cette disposition peut être employée
en grand, en remplaçant le jonc par une tige d'acier flexi-
ble et que les hélices construites ainsi fourniront un ren-
dement bien plus grand. C^esv donc ce type d'hélice que je
compte employer dans le grand aéroplane que j'ai l'inten-
tion de faire construire.
Je pense trouver à Paris un constructeur habile pour
exécuter un appareil portant trois hommes et son moteur.
Je compte arriver prochainement à Paris, où j'espère avoir
l*honneur de faire connaissance avec les savants français.
En attendant croyez, honorable Docteur, à ma haute
considération.
Serge Mikounine.
(t) Noua sommes forcés de supprimer dans cette lettre un long
panage qui traite de questions politiques brûlantes.
{Note de la Rédaction.)
SUR U FORCE DES ÊTRES VOLANTS
COMMUNICATION FAJTE A LA. SOCIÉTÉ PHILOHATHIQUE.
n 1866, M.'Wenliain a montre que lesOiseRux,
venant dans une translation rapide rencon-
trer à chaque instant de nouvelles masses
d'air, dépensaient beaucoupmoins de force en
plein vol que pendant un vol stationnaire.
M. de Louvrié montrait aussi, à la même
époque, l'avantage do l'action oblique des
surfaces sur l'air, en prenant pour bases
les expériences de Thibault. J'ai pu établir la loi très-simple à la-
quelle est Boumise la résistance des plans en translation très-
oblique dans un fluide, et j'en ai développé les conséquences en
1872. En introduisant dans mes calculs les données de plusieurs
observations que j'avais faites sur diverses espèces d'Oiseaux, j'ai
déterminé, à peu de choses près, le travail dépensé en plein vol
par les Oiseaux. Ce travail correspond dans la série et suivant
la voilure, à une élévation variant de 0'>,50 à S~,SO par seconde
du poids de l'animal et généralement supérieure à 1» pour les
grosses espèces. Mes calculs, établis sur un ensemble concor-
dant d'expériences et sur une série de faits, d'observations et de
considérations théoriques, ont d'ailleurs déjà trouvé, depuis cette
époque, de nouveaux appuis. Je citerai les remarquables expérien-
ces faites par M. Froude, au nom de l'Amirauté anglaise, sur des
plans glissant à la surface de l'eau, et quelques essais faits par
M. Marey avec des schémas en translation circulaire sur un ma-
nège et en translation rectiligne sur nn âl de fer.
Après avoir déterminé le travail des Oiseaux en vol normal par
les calculs dont je viens de parler et par d'autres concordants,
bien que tout à fait indépendants des premiers, j'ai pensé qu'il y
avait aussi un grand intérêt à connaître le travail maximum que
les Oiseaux sont susceptibles de développer à un moment donné.
Ils ont, eu effet, dans diverses circonstances, besoin d'avoir recours
à une surabondance de force, et les appareils volants que l'on
pourra construire dans l'avenir auront, eux aussi, bien que d'une
façon moindre, ft donner des coups de collier énergiques, princi-
palement pour le départ du sol.
— 323 —
Parmi les circonstances où les Oiseaux développent un travail
considérable, l'ascension presque verticale depuis le sol jusqu'à un
perchoir élevé m'a paru facile à observer avec précision et donner
lieu à des évaluations assez exactes. Les Oiseaux paraissent, dans
ces ascensions, développer, à peu de chose près, le maximum du
travail dont ils sont susceptibles. J'ai souvent vu des Pigeons en-
core jeunes qui s'étaient élancés pour remonter directement à leur
colombier, renoncer à moitié chemin à leur entreprise, par suite
de la fatigue excessive de l'ascension. Us achevaient alors leur tra-
jet par une ascension en spirale sur un circuit assez étendu, aug-
mentant ainsi la durée de leur trajet, mais diminuant beaucoup,
par le fait de la translation, les efforts à produire à chaque ins-
tant. Ces faits s'observent principalement lorsque les jeunes Pi-
geons viennent de se baigner et que leur corps, et surtout leurs
ailes, sont chargés d'humidité.
Remarquons d'ailleurs que, dans ime ascension, le travail total
de l'Oiseau est composé de deux parties : l'une fixe, le travail d'é-
lévation ; l'autre variable et croissant avec le temps, le travail
dépensé à prendre appui sur l'air. Les Oiseaux ont donc intérêt à
s'élever le plus vite possible, et c'est ce qu'ils font généralement,
même lorsqu'ils ne sont pas sous l'impression d'un sentiment de
crainte : leur vitesse d'ascension directe est toujours de plusieurs
mètres par seconde.
•Tai pu mesurer avec un compteur, et dans de bonnes condi-
tions, la vitesse d'ascension directe des Pigeons du genre Biset
s'élevant de terre à un perchoir élevé de 10",75, hauteur mesurée
par une petite triangulation contrôlée par la mesure d'une base de
v^riÛeation. La vitesse moyenne d'ascension sur 8 parcours a été
de 2»,75, la moyenne dans les deux montées les plus lentes 2>»,30,
dans les deux plus rapides 3*°, 50.
Des Ramiers m'ont donné le chiffre de 3".
Pour des Moineaux s'élevant de même du sol sur un mur élevé
de 8»,50, j'ai pu faire 15 observations. J'ai trouvé ainsi une vi-
tesse moyenne générale de montée 3°^, 40; moyenne des deux mi-
ninia 3», moyenne des deux maxima 4"',50. — Telle est la vitesse
moyenne sur le parcours considéré ; mais il faut remarquer que
rOiseau part sans vitesse et se pose de même, de sorte qu'au mi-
lieu du trajet, le mouvement est bien plus rapide. Si l'on assimile
le mouvement du Moineau à celui d'un pendule, ce qui est une
hypothèse assez plausible, on trouve que la vitesse au milieu de
Tascension doit dépasser 5».
Pour des Paons, oiseaux lourds, qui venaient tous les soirs bran-
cher sur le même arbre afin d'y passer la nuit, j'ai trouvé une vi-
l
— 324 —
tesse d'asceusion de 2", 50 environ. Ils s'élevaient en 2», 6 sur une
branche élevée de 6"», 50, et s'aidaient, au départ, d'un fort élan
de leurs pattes.
Parmi les Oiseaux qui m'ont semblé s'élever le plus rapidement,
je citerai les Perdrix, les Tourterelles sauvages et les Bécassines.
Ce sont des oiseaux de taille médiocre, munis de puissants pec-
toraux et d'ailes petites ou moyennes.
Les petits Bécasseaux, nommés AUouettes de mer, m'ont sem-
blé s'élever plus vite encore. Dans quelques mesures, peu préci-
sés il est vrai, par suite du manque de points de repère convena-
bles, j'ai trouvé une élévation d'environ 6™ par seconde.
Ainsi donc en dehors de toute théorie, il est certain que les
Oiseaux sont capables de développer momentanément une force
qui correspond au moins :
Pour le Paon, à un cheval pour 90 k.
— Pigeon (biset et ramier) 26 k .
— Moineau 22 k.
Et pour TAllouette do mer, environ. . 12 k.
Comme je le disais déjà tout à l'heure, le travail d'élévation
n'est pas le seul que l'Oiseau ait à produire : il lui flaut encore trou-
ver un point d'appui sur l'air, milieu extrêmement mobile.
Lorsqu'un Oiseau s'élève directement sans translation horizon-
tale et en se maintenant sur une même colonne fluide, il tient l'axe
de son corps à peu près vertical, et ses battements sont dirigés
dans un sens presque horizontal. Leur amplitude est toujours
très-considérable, et ils embrassent parfois la circonférence en-
tière comme chez les Pigeons, dont on entend alors assez souvent
les ailes s'entre-choquer à leurs extrémités de course. Les chan«-
gements de plan de l'aile à chaque oscillation sont extrêmement
étendus et dépassent 90°.
L'aile, convenablement tordue sur elle-même, agit sur l'air avec
puissance pendant l'abaissement, à la façon d'un plan incliné ;
pendant le relèvement, ou retour, l'aile agit aussi sur l'air, maia
beaucoup moins, et par sa face supérieure ; elle fait alors plan
incliné en sens contraire, et récolte l'impulsion horizontale donnée
par l'aile à l'air dans la précédente oscillation. L'aile agit ainsi à
la manière de la godille ou plutôt de la queue de certains Poissons,
décrivant dans l'air mis en mouvement des sinusoïdes à spires
très-serrées. En un mot, l'Oiseau se fait hélice, il fait du vol héli-
coptère, son corps tenu droit représentant le moyeu, et ses ailes
les branches de l'hélice.
Par ces battements horizontaux à grande amplitude, l'Oiseau
arrive à actionner une colonne d'air de la plus grande section pos*
— 325 —
ûble et aji^nt pour base le cercle décrit par ses ailes autour de
son corps. Des battements verticaux^ excellents en plein vol parce
que la translation apporte alors à chaque instant de nouvelles cou»
ches d'air sous les ailes, seraient très-désavantageux dans les as-
censions presque verticales que nous considérons, car ils ne met-
traient en action qu'une colonne d'air à section bien plus res-
treinte.
Xai reconnu que TOiseau, dans le vol ascendant direct et dan£(
le vol stationnaire, créait ainsi un courant d'air presque uniforme
à cause de la rapide succession des battements inverses et de l'in-
tensité des changements de plan de l'aile, et ce courant a sensi-
blement pour section la projection horizontale de l'air du parcours
décrit par ses ailes. Je m'en suis assuré pour les Pigeons, en les
faisant s'élever au milieu de fumée ou au-dessus d'un âlet à mail-
les larges enduit de corps légers, tels que du duvet. Lorsque les
Sphinx stationnent sur une fleur pour en pomper le suc, on voit
très-bien le feuillage sous-jacent agité d'une façon continue et rév
gulière par le courant d'air lancé par leurs petites ailes ; en lan^
çant, à l'aide d'un un tube, un peu de fumée dans ce courant, on
en rend encore plus visibles, pendant un instant, les dimensions
et la continuité. En agitant transversalement auprès d'une bou-
gie, des ailes fraîchement détachées du corps d'un Oiseau
ou des ailes artificielles, on obtient, avec facilité, un courant pres-
que uniforme et dont on peut mesurer l'étendue. En présentant à
la bougie les hélicoptères et les Oiseaux artificiels à ailes battan-
tes que j'ai imaginés, j'obtiens aussi ce même résultat d'un cou-
rant continu, unique, régulier, cylindrique, sans aucune disper-
sion ni mouvement centrifuge. J'ai apporté l'un de mes hélicoptè-
res pour faire devant la Société cette expérience. On voit que,
contrairement à une idée très-répandue, l'air, loin de se disperser
sur la circonférence de l'hélice, y tendrait plutôt, au contraire, à
converger sur Taxe, comme le montre la très-légère attraction de
la flamme de la bougie. Derrière l'hélice et jusqu'à une assez
grande distance, la bougie n'éprouve qu'une très-faible agitation
tant qu'elle est en dehors du cylindre ayant pour base le cercle de
rbéliee; tandis qu'elle est violemment soufflée dès qu'elle entre
dans ce cylindre. Enfin à l'avant de l'hélice on voit que la colonne
ne se continue pas, et qu'il se forme immédiatement sur l'hélice
nn cône très-évasé d'aspiration, qui prend l'air de tous côtés.
Tous ces efl'ets ont lieu même avec des hélices dont les bran-
ches sont inclinées vers l'avant, comme celle-ci,et subsistent éga-
lement lorsqu'elles se meuvent en avant ou en arrière, le long de
la colonne d'air en mouvement. Ces considérations et ces expé-
\
- 326 —
riences nous montrent que le travail dépensé par TOiseau pour
prendre appui sur Tair qui cède sous lui avec une vitesse W, dif-
fère peu du travail nécessaire pour entretenir cette vitesse uni-
forme W dans un tuyau ayant pour section la projection horizon-
tale de Taire décrite par les ailes de TOiseau.
En prenant ce dernier travail pour celui de TOiseau, on est d'ail-
leurs certain de prendre un minimum, car Tuniformit^ du mou-
vement de Tair lancé par TOiseau n'est pas absolue, et il existe
certainement dans cet air des mouvements tourbillonnaires résul-
tant de Tentraînement, par les masses d'air directement heurtées
par les ailes, de celles qui sont moins immédiatement actionnées.
Or, on sait que lorsqu'une masse fluide m animée d'ime vitesse
Y en entraîne une autre M par communication latérale avec une
vitesse U, on a m Y = (M -[* m) U, et cette formule, démontrée par
les expériences de M. Piarron de Mondésir sur la ventilation par
Tair comprimé, implique perte de force vive. Mais la perte de force
vive est faible lorsque M est médiocre par rapport à m, et nous
avons vu, par son uniformité constatée tout près des ailes, que tel
est le cas du courant d'air lancé par l'Oiseau.
Si P est le poids de FOiseau, / la longueur de son aile, K Tare
battu par l'aile dans le plan moyen de son battement, i] l'angle de
ce plan avec l'horizon, la section du courant descendant vertical
lancé par les deux ailes sera
P arc C cos t).
Pour avoir le volume actionné par seconde, il faut multiplier
l'expression précédente par la longueur de la colonne d'air atta-
quée pendant ce temps.
S'il s'agissait d'un vol stationnaire, cette longueur serait préci-
sément la vitesse W du courant. Mais dans le cas de vol ascen-
sionnel avec vitesse h, il faut remarquer que l'ascension amène à
chaque instant la création du courant en de nouveaux points, à
cause de la forme signalée du cône d'aspiration, et l'appui se
trouve ainsi très-fortiflé. C'est ainsi que les hélices marines, sous
l'action d'une force constante, ne tournent que très-peu plus vite
lorsque le navire avance à toute vitesse, que s'il est attaché à un
point fixe ; dans le premier cas cependant le recul est inférieur à
15/100 tandis qu'il est égal à l'unité dans le second.
D'après cela, je pense que, dans le cas qui nous occupe, on doit
prendre pour la longueur de la colonne d'air actionnée par seconde
W -{- /r (peut-être vaudrait-il mieux prendre W -j-/A, / étant une
certaine fonction de /, W et A ; mais, en l'absence d'expériences
précises, nous nous en tiendrons à W + ^).
Ceci posé, si w est le poids de l'unité du volume d'air et g l'ac-
— 327 --
eélération de la pesanteur; la masse d'air lancée pendant une se-
conde par les ailes sera :
(X =— /* arc Ç cos Tj (W + h),
6
et le travail dépensé par seconde à Tentretien du courant
T- ^- ■= — /« arc Ç cos T) (W + A) W> = P W;*
doù
W=-i-(-A+ \//.'+v/airfçWi.)
la racine positive convenant seule ici.
On voit que, dans le vol stationnaire pour lequel A =» 0, le tra-
vail varie proportionnellement à la puissance 8/2 du poids de Toi-
sean et en raison inverse de son envergure (c'est-à-dire de la racine
carrée de la surface s'ils'agit de surfaces semblables).
Appliquons cette formule au Ramier, dont j'ai mesuré un certain
nombre, et pour lequel j'ai trouvé en moyenne.
P = 480r / = 0«»,32 i:=160» 7) = 20o.
Nous avons de plus « = l'',24. (Conditions moyennes) eth = S",
(une méthode de calcul indépendante»
de celle-ci, m'a donné un cniâre peu )
différent. /
Le rapport^ ,. = 0,42 nous donne le rendement des ailes
comme ascenseurs.
L'élévation W + A, correspondant au travail total d*appui et
d*asc6iision, est de 7», 1.
£t cependant nous n'avons pas encore tout compté. Je me suis
aperçu, en effet, que l'inertie de l'aile, malgré sa merveilleuse lé-
gèreté, absorbait dans ses battements un travail notable. Pour ne
pas abuser du temps de la Société, je n'entrerai pas aujourd'hui
dans le détail de ces recherches. Je me contenterai seulement de
dire que j'ai pu arriver à des résultats exacts en pesant les diffé-
rentes tranches d'ailes d'Oiseaux et d'Insectes, en intégrant les
moments d'inertie partiels, par rapport à l'articulation scapulo-
humérale, ainsi obtenus, et en introduisant ces chiffres dans des
formules tenant compte du nombre et des conditions géométri-
ques des battements. Appliqués à notre Ramier, ces calculs nous
donneraient encore plus de 2» à ajouter aux 7»,1 déjà trouvés.
Ce chiffre, qui tient compte de l'absorption utile de la force vive
par la résistance de l'air aux fins de battements, correspond d'ail-
leurs aussi dans son genre à un maximum ; de même que h en
12.
— 328 —
étant dans le sien, et W à peu de chose près aussi à cause du man-
que de translation. En plein vol les battements étant bien moins
rapides et moins nombreu:^ le travail d'inertie est beaucoup moin-
dre : de plus, Fabsorption en temps convenable de la force vive
par la résistance de Tair peut y être tout à fait complète.
En présence de ce ohiffire énorme de plus de 2™, j'ai été amené à
penser que l'élasticité de l'aile et celle des muscles devaient jouer
un rôle considérable aux extrémités des battements, et que l'aile
devait aussi faire ressort à la manière d'un diapason en vibration.
L'admirable élasticité des pennes et des ligaments de l'aile, me
semble tout à fait en rapport avec cette pensée. J'ai trouvé, par
des expériences, qu'une plume constituait, à poids égal, un ressort
à peu près deux fois plus puissant que l'acier. Quant aux muscles
en contraction ils ont probablement la faculté d'emmagasiner et de
restituer jusqu'à un certain point la force à la manière des res-
sorts. Le travail absorbé par l'inertie ne doit pas cependant paraî-
tre entièrement, et il est certain qu'il amène le travail total de no-
tre Ramier à correspondre en définitive à une hauteur d'au moins
8"* par seconde, soit 9 kil. par cheval.
Je suis arrivé à des chiffires plus étonnants encore dans quelques
calculs basés sur des observations que j'ai pu faire sur le vol à
toute vitesse des Martinets, et sur celui des Sphinx et des Libel-
lules.
Telle est la puissance dynamique maximum dont les être^ vo-
lants m'ont paru susceptibles. Elle est, on le voit, très-considéra-
ble, et bien supérieure à celle des Mammifères et de l'Homme en
particulier; elle n'a cependant, bien heureusement, aucun rapport
avec les évaluations quelque peu fantastiques publiées jadis par
Navier. Il avait osé déclarer que l'Hirondelle faisant ib^ par se-
conde, développait un travail correspondant à une élévation de son
poids à 290» par seconde.
Comparons rapidement, pour terminer, cette force des Oiseaux à
celle de l'Homme et des moteurs de l'industrie.
Un Homme peut s'élever pendant plusieurs heures par jour sur
un escalier de 15^ par seconde : le Ramier qui peut également voler
plusieurs heures de suite, dépense en plein vol environ 1«,10 de
hauteur par seconde. Le rapport des deux chiffres est de 7,3.
Pour ce qui est des coups de collier j'ai trouvé, dans une expé-
rience faite dans d'assez mauvaises conditions, qu'un Honune pou-
vait s'élever à un 4« étage avec une vitesse moyenne de 0",90 par
seconde. Un Honmie adonné aux exercices de la gymnastique,
pourrait très-certainement faire beaucoup mieux. Si nous compa-.
rons toutefois ce chif&e au chiffre correspondant, 7»,! du travail
— 329 —
extérieur dépensé par le Ramier en ascension directe, nous trou-
vons pour leur rapport le nombre 7,9 peu différent de celui qui
convient pour le travail normal.
Quant aux moteurs que THomme est arrivé à construire, les
plus légers sont actuellement des machines à vapeur à haute près-
ion, à moyenne détente et sans condensation, telles que les loco-
motives à grande vitesse, les pompes à vapeur à incendie, et cer-
taines machines de canots à hélices. Aucun d'eux ne pèse moins
de 30* par force de cheval, avec un approvisionnement très-faible
en eau et combustible. Les admirables machines Compound à con-
denseurs par surface des vaisseaux cuirassés et des paquebots
pèsent actuellement au moins 125*^ par cheval. Mais dans un appa-
reil volant le poids du moteur ne pourra jamais être qu'une frac-
tion du poids total. Selon mes calculs, il y a même intérêt à ce
que cette fraction ne dépasse pas im tiers, afin de laisser un poids
suffisant pour les surfaces supportantes. On voit dès lôrs que les
moteurs actuels sont loin d'égaler la puissance que les Oiseaux
déploient dans certaines circonstances. Ils sont même encore in-
capables de développer le travail beaucoup moindre que les grands
Oiseaux dépensent en plein vol, d'ime façon continue, en s'ap-
puyant sur de vastes masses d'air toujours nouvelles.
Permettez-moi cependant d'exprimer ici ma conviction que dans
un avenir plus ou moins éloigné, la science arrivera à créer les
moteurs légers que réclame la solution du problème de l'avia-
tion. (1)
Alphonse Penaud.
SOUSCRIPTION DU ZÉNITH
Bien que la souscription soit close, M. Félix Caron a encaissé la
somme de 89 francs provenant de dons tardifs que le journal le
Rappel s'est chargé de transmettre.
(!) L'Institut.
— 380 —
TABLE ALPHABETIQUE
DES
Gommuiealiois publiées on eitées dans rAérosaile
PENDANT L'ANNÉE 1876
Godfried-AclxexxLbacli. — Dépôt d*un mémoire sur la résis-
tance des aérostats dans la navigation aérienne, Février^
p. 54.
!D' Alix. — Lettre, Avrils p* 11)^* ^- Admission, Avrils p. 113.
Aubry. -* Demande de renseignements au sujet du prix offert
par M. Paul Bert, Avrils p. 148.
Annibal-Ardisson. — Nomination au grade de sociétaire.
Septembre^ p. 249.
Alfred Basin. — Dépôt d*un mémoire, Aoùt^ p. 220. — - Lettre
rectificative, Septembre, p. 249.
IFauvart-HastouI. — Lettre donnant des nouvelles de la santé
du colonel Laussedat, Février, p. 55. — Nomination au
titre d'associé, Septembre, p. 256.
P. Semard. — Envoi d'un projet d'appareil pour la navigation
aérienne (famille des parapluies mobiles), Avril, p. 114.
T>^ Paul Sert. — Séance générale du 3 décembre 1875, discours
d'ouverture. Janvier, p. 6. — Accident du ballon Y Univers^
Février^ p. 53. — Demande d'enquête sur Roux, Février,
p. 54. — Demande de mise à l'ordre du jour de l'étude des
divers engins propres à l'aérostation. Mars, p. 86. —
Explications sur la traduction en français de l'ouvrage de
* M. Glaisher, Avril^ p. 115. — Explications sur le prix de
500 fr. à décerner. Avril, p. 116.
I>' Sertilloxx. Admission au titre de membre associé, Février^
p. 57.
Glaxich.et. — Note sur le canal interocéanique, Juin, p. 164.
Soulanger. — Lettre sur un système de ballon double à cloisons
étanches, Février, p. 66.
Boureau. — Admission au titre de membre associé, Mars,
p. 87.
— 331 —
Félix Bovyn. — Lettre proposant un système de scaphan-
dre pour préserver la vie des aéronautes dans les ascen-
sions à grande hauteur, Mai, p. 14 t.
F. "W. Brearey. — Plusieurs lettres relatives à ses travaux et
à la médaille d*or qui lui a été décernée par la Société,
Février, p. 54. — Lettre de remerciements pour son di-
plôme et envoi d*an manifeste publié par M. Thomas Moy,
Mars, p. 89.
Paul Bréger. — Brochure intitulée : Sur la probabilité d'attein-
dre un buL quelconque, Avril, p. 115.
Hrudon. — Admission au titre de membre associé, Mars, p. 87.
Félix Oarou. — Bapport sur les dépenses occasionnées par
l'Assemblée Générale, approbation. Février, p. 57. — Note
sur la brochure de M. Duroy de Bruignac, Mai, p. 131. —
Exposé de a situation ûnancière. Août, p. 224.
E. Oailleux. — Brevet d'invention pour un appareil de locomo-
tion aérienne, Octobre, p. 283.
H. Oa:i^taiiie. — Admission au titre de membre associé, Juin,
p. 168. — Lettre de remerciements. Août, p. 219.
£. Cassé. — Admission au grade de sociétaire. Septembre, p.
249. — Lettre de remerciements. Septembre, p. 255.
OlLeyassieu. (député). — Admission au titre de membre associé.
Mars, p. 87.
diann. — Lettre proposant à la Société de lui faire parvenir des
pièces et appareils. Août, p. 219.
Li. Oliarlier, (Ingénieur des Mines). — Lettre relative aux tra-
vaux et mémoires publiés dans YAéronaute, Février,
p. 53.
CQiassy. — Dépôt Tun projet de ballon dirigeable, Février, p.
56. — Envoi d'un travail accompagné de divers dessins,
Août, p. 220.
Clxataiiigr. — Dépôt d'un modèle de ballon dirigeable en forme
d'oiseau propulsé par une série d'hélices et d'ailes, F^vrzVr,
p, 54.
Comité Secret. — MJirs, p. 87.
P. Oordeuons (de Rovigo-Italie). — Envoi d'une lettre au su-
jet de son récent ouvrage. Février, p. 57. — Lecture d'un
mémoire sur an projet de ballon dirigeable, Juin, p. 167.
— Envoi d'une brochure extraite du Journal les Mondes,
Août, p. 219.
Oousté. — De l'unité du mouvement giratoire des tourbillons
atmosphériques, Avril, p. 112.
— 332 —
A. IDauyerp^ne. — Lettre relative à sa machine aérienne, Fé-^
vrier^ p. 57. — Autre lettre, Août, p. 219.
Delestre. — Projet d'un ballon dirigeable par Thélice, Février^
p. 54.
IDemonjay, (avocat). — Consultation relative à la souscription
du Zénith^ Avril, p. 111.
Denis. — Admission au titre de membre associé, Septembre^ p.
249. — Lettre de remerciements, SeptembrCy p. 255.
IDieuaide (de Londres). — Demande de renseignements au sujet
du concours publié par VAéronaute, Mai, p. 143.
Emile X>igeoii. — Brevet d'invention pour Tapplication des
aérostats à la publicité au moyen de ballons captifs, por-
teurs d'afûches et de cadres ou de lanternes transparentes
ou non, Octobre, p. 282.
Xi. IDrouillet. — Explication de son projet, au sujet de l'explo-
ration du canal interocéanique. Mai, p. 142. — Dépôt
d'une brochure. Mai, p. 143. — Admission au titre de
membre associé, Mai, p. 144. — Lettre de remerciements,
Juin, p. 164.
IDucheroin. — Késultats obtenus par l'emploi de sa boussole
circulaire. Avril, p. 112.
X)uroy de Sruigiiac. — Dépôt d'une brochure intitulée : Bô-
cherches sur la navigation aérienne, essai de comparaison
entre les différents systèmes. Février, p. 58. — Nomina-
tion au titre de secrétaire. Avril, p. 113. —.Lettre, Avril,
p. 114. — De la translation d'un plan dans l'air (l**^ arti-
cle). Mai, p. 131. — Lettre de remerciements, Mai, p.
141. — Procès -verbal (séance 26 avril), Juin, p. 164. — Re-
cherches sur la navigation aérienne (étude du vol), (2"»«
article). Juillet, p. 198. — Recherches sur la navigation
aérienne (3™« article), Aoiït, p. 229. — Réponse aux ob-
servations présentées par M. Ch. du Hauvel d'Audreville
dans les séances des 26 Avril et 26 Mai, Septembre, p. 250.
Dépôt sur le bureau d'une note résumant la dernière com-
munication de M. de Bruignac, Septembre, p. 255. — Re-
cherches sur la navigation aérienne, (4™« article). Octobre,
p. 271.
A. Duté-Poitevin. — Du parachute, Mars, p. 75. — Lettre
exposant un projet d'ascension aérostatique de longue du-
rée Mars, p. 88. — Observations critiques sur les ascen-
sions à grande hauteur. Avril, p 103. — Les ascensions
• en Montgolfière de M. et de M"»*» Goudesone, Mai, p. 123. —
Narration de quatre ascensions faites en Belgique, Juillet,
k
— 333 —
p. 183. — Admission au grade de membre sociétaire, Sep-
tembre^ p. 256.
J. IBcIiexLoz. — Exposition d'un modèle d'appareil composé de
deux ventilateurs, pour la direction des ballons, Septem-
bre^ p. 249.
Xilections de la Société française de naTigration
aérienne, Aoùt^ p. 215.
ïSrny. — Envoi d'une lettre exposant im système de montée et de
descente d'un ballon, Avril, p. 115.
Faitft divers. — La catastrophe du ballon V Univers, Janvier, p.
34. — Catastrophe du ballon Washington, Mars, p. 85.
— Accident du ballon le Nord, Mai, p. 145. — Envoi à la
Société des observations faites par M. Duté-Poitevin pen-
dant deux ascensions à Bruxelles, Mai, p. 146. — Exposi-
tion d'un oiseau mécanique au Casino-Cadet, par MM. Ra-
blat frères. Août, p. 230. — Mort de Triquet fils, Septem-
bre, p. 256. Essai de l'appareil Simmons, Novembre, p. 313.
iEngr* IFarcot. — Lettre à M. le D' Hureau de Villeneuve sur le
moteur Brayton, Août, p. 208.
Ijonis Figruier. — L'année scientifique (1875), Avril, p. 112.
Ch.. Flor 0'Sq.narr. Admission au titre de membre associé,
Août^ p. 214. — Lettre de remerciements, Août, p. 219.
W. de Fonvielle. — Articles contestant l'utilité des cartes
indiquant les lignes isobares, insérées dans le Journal
VExplorateur, Avril, p. 113.
IPortado. — Admission au titre de membre associé. Mars,
p. 90.
François. — Nouveau système d'hélice, Septembre, p. 249.
Frémont. — Demande de mettre an concours la construction
d'un récipient léger et résistant, etc. Mai, p. 143.
O. Frion. — Procès-verbaux des séances. — Séance générale,
Janvier, p. 5. — Février, p. 52, 55, 57. — Mars, p. 84. —
Avril, p. 111. -^Juin, p. 165. — Août, p. 214, 219. — Sep-
tembre, p. 248, 255. — Novembre, p. 305, 309. — papier
HTQROSCOPiQUB, Octobre, p. 285. — l'appareil haenlbin.
Novembre, p. 293.
Vincenzo Fimecione.— Envoi d'un travail en italien. (Renon-
ciation à la pensée du vol mécanique). Août, p. 219.
Ghaixcliot. — Demande d'installation d'un manège à expériences,
dans la salle des Séances, Août, p. 224.
lECezixy G-iffard. *- Du perfectionnement dans la oonstruotion
DES aérostats, à propos de l'accident du ballon V Univers.
Mars, p. 70. — Lettre ayant trait à la catastrophe duballon
— 334 —
V Univers^ Avril, p. 112. — Lettre de remerciements, ilfâty
p. 143.
G-iraud. (architecte à Constantine). — Admission au titre de
membre associé, Am/, p. 116. — Lettre de remerciements.
Mai, p. 143.^ — Envoi d'un Mémoire renfermant le détail
de son brevet, Septembre,, p. 249.
Ghiraud (de Lausanne). — Lettre annonçant le projet d'établis-
sement d*un ballon captif à Toccasion du Tir Fédéral, /»in,
p. 165.
Q-orLtier-G-rigy. — Lettre demandant communication du rap-
port du Conseil sur son appareil. Février^ p. 57.
Gk)iidard et Bédouin. — Lettre demandant à divulguer, leur
projet, à la condition d'une indemnité pour leur voyage et
leur déplacement, Mai, p. 143.
Q-oude8oiie-Busseu.il. — Envoi d'un numéro du Mémorial des
Pyrénées^ rendant compte de l'Ascension de la Montgol-
fière le Mistral, Février^ p. 58. — Envoi d'une dépêche
après une descente en mer ; observation de deux zones de
vents. Mars y p. 89. — Eenseignements sur les Ascensions
en Montgolfières, Avrils p. 115. — Lettre contenant plu-
sieurs graphiques relatifs à ses dernières ascensions, Mai,
p. 141.
Titus Q-ougeau. — Envoi d'un travail destiné au concours,
(prix Paul Bert), Août, p. 220.
Albert Q-uiguant. — Lettre exposant ses idées sur l'aviation,
Juin, p. 164.
Hardaker. — Lettre contenant un échantillon de papier d'étain,
Maiy p. 141.
Oh. du Hauvel d'Audreville. — Procès verbal, Mars, p. 89.
— Nomination aux fonctions d'archiviste, Mars, p. 90. —
Procès-verbal, Am/, p. 113. — Mai, p. 341, 143. — Demande
de remettre à une prochaine séance, la communication au
sujet du travail de M. Duroy de Bruignac, Mai^ p. 144.
Discussion sur la brochure de M. Duroy de Bruignac,
Juin, p. 165. — Dépôt d'un projet de bail avec la Société
Géologique, Août^ p. 224. — Suite de la discussion rela-
tive au travail de M. Duroy de Bruignac, Août^ p. 224.
HermarL-ITirmnelmaii (capitaine de navire). — Brevet d'in-
vention de 15 ans pour un navire aérien. Octobre, p. 282.
HCem. — Mémoire déposé à l'Académie sur l'étude des moteurs
thermiques et sur quelques points de la chaleur en général
Février, p, 58.
Xi. H!ugo (de Paris). — Lettre demandant l'érection au jardin
— 335 —
des Tuileries de deux colonnes monumentales destinées à
consacrer l'invention des Montgolfier et des ballons à gaz,
Février, p. 53.
liC D' A. Hureaii de Villeneuve. — Séance Générale du
3 Décembre 1875, ra.pport sub les progrès de la. naviga-
tion ÀÉRiHNNE, Janvier^ p. 16. — Remise des médailles à
MM. William Brearey et Gaston Tissandier, Janvier^ p.
31. — Critique du projet présenté par M. Renoir au sujet
des ballons spliériques, Février^ p. 59. — Présentation à
la Société d'un modèle de patins élastiques, Mars^ p. 85.
— Proposition de changer le jour et Theure des séances
du Conseil, Mars^ p. 90.
Janssen, Membre de l'Institut. — Prévient la Société qu'il met
à sa disposition son ballon le Voltay Septembre^ p. 256.
]Binile Jombart, (propriétaire à Tarjan, Hongrie). — Brevet
d'invention pour un appareil de direction aérienne, Octo-
bre, p. 281.
Jules-Philippe (d'Annecy). — Envoi d'une brochure relative
aux premiers essais d'aérostation de Xavier de Maistre en
1784, Février, p. 58.
G-adiassin Xjaûte. — Lettre exposant les raisons pour les-
quelles il préfère les appareils soulagés par un ballon,
Avrils p. 114. — Envoi d'un mémoire sur la direction des
ballons, Mai, p. 141.
Q-. de la Xjandelle. — Lettre en faveur de l'aviation, opposée
à Taérost^ition. — Publication d'un article sur la naviga-
tion aérienne dans la Revue de France, — Préparation d'un
travail sur la question aéronautique, pesées d'oiseaux etc.
Février, p. 56.
Liaudreau. — Communication au sujet de l'appareil Simmons,
Avril, p. 116.
lie colonel Laussedat. — Lettre relative au ballon le Zénith,
déposé provisoirement aux Invalides, Février, p. 55. —
Lettre annonçant son rétablissement. Avril, p. 114. —
Nomination à la vice-présidence de la réunion des ofift-
ciers, /um, p. 164. - Discours et remerciements à la So-
ciété à propos de sa nomination de Président. — Deman-
de de rédaction d'un aide^mémoire des aéronautes. Août,
p. 220. — Demande de nomination d'une commission char-
gée de rédiger le manuel des aéronautes. Septembre,
p. 250.
Guiseppe Xiavagna.— Envoi d'une brochure en italien, Mars,
p. 89.
]
— 336 —
A* IJeblond. -— Lettre au sujet du procédé à employer pour
photographier les oiseaux pendant leur vol, Février ^ p. 56.
ILiedieii. — Note déposée, à rAcadémie des Sciences (N<» 11), à
propos de la communication de M. Résal, Mai, p. 141.
Xjefébure. — Lettre exposant la théorie d'une machine aérienne
dans laquelle les organes sont actionnés par le choc des
projectiles, Mai, p. 148.
Jj&Tié, -i- Lettre rendant compte de sa conférence à Redon, Avril,
p. 114.
XÂBt0 des Meinbres de la Société !Fraxiçai6e de iN'avi-
gratioix Aérienne, Juin, p. 169.
IjoaTexxth.al (de Bruxelles). — Lettre proposant à la Société Ta-
chât de sou système pour la direction des ballons, Afai,
p. 141.
Loilier (Secrétaire de la Société des anciens élèves des écoles
d^Arts et Métiers), — ^ Lettre demandant des renseigne-
ments sur le ballon de M. Gi&rd, Août, p. 219.
Oh., de Louvrié. — Première lettre à M. le D^ Bureau de Ville-
neuve, sur la résistance de Tair, Juillet, p. 188. — Secon-
de lettre. Septembre, p. 243. — Errata, 'Octobre^ p. 286.
J. Macquarie. — Les ouvrages nouveaux ; MM. Marié-Davy,
D' Marey et Durassier, Février^ p. 61, 62. — Admission au
grade de Sociétaire, Avril, p. 116. — Ouvrages nouveaux ;
Histoire des ballons et des Ascensions célèbres par
MM. A. Siroos et Th. Pallier, Avril^ p. iI7, — Un volume
de M. Pascal Cordenons intitulé : Rivista de gli studi di
locomofione e nautica nelV aria, Avrils p. 118.
lVCaUes9art. -* Dépôt d'un mémoire complémentaire pour le
concours du prix Poignant, Février^ p. 57.
Qt IVCaugrin- *— Dépôt d'un mémoire avec planche sur la direc-
tion des aérostats, Aoùt^ p. 220.
Maraeigzie. ^ Dépôt d*un projet pour conduire les ballons au-
dessus de la mer à Taide d'un radeau à gouvernail. Fé-
vrier, p. &4. — Lettre contenant plusieurs dessins. Mars,
p. 88. — Envoi de trois projets de ballons dirigeables.
Avril, p. U2. — Envoi de deux dessins. Avril, p. 114.
AdxiezL Martin. — Envoi d'une brochure exposant les princi-
pes sur lesquels reposent les maohines binaires, Avril, p.
112.
Martin-St-XjéoxL. — Admission au titre de membre associé.
Février, p. 54.
P. A£ayer. — Lettre demandant des renseignements sur les ma-
chines à acide carbonique. Avril, p. 115.
\
— 857 —
Prosper Meller. «- Envoi d'une note appréciant Taseenslon du
Zénith, Juin^ p. 165.
Mendéleef. — Envoi à rAoadémie des sciences d'une note sur
les écarts dans les lois relatives aux gaz, Avrils p. 112.
— Sur le coefficient de la dilatation de Tair sous la pres-
sion atmosphérique, Jkfaf, p. 141.
Porter Micliaels. — Envoi d'un ballon jouet, AvriU p. 113. —
Nomination au titre de membre associé, MaU p* 144. -—
Lettre de remerciements, Aoùt^ p. 210.
Serge Mikouxiizie. — Corrvsponda.mgb db Mosood, Décembre
p. aiOft
Ije ministre de l'instruction publique. — » Lettre de-
mandant renvoi de lOG exemplaires des statuts delà So-
ciété, Septembre, p. 249. ^> Lettre annonçant à la Société
de navigation aérienne que le Conseil d'Etat lui arefùsé la
reconnaissanoe d'utilité publique. Novembre, p. 307.
Monteil. — Lettre traitant dii mode de planement, Aùdt^ p. 219.
IS^ontupet. ^ Régulateur pour l'alimentation des chaudières à
vapeur (Voir le N» 11 du Technologiste), Mai, p. 141.
Dr Morel. — Lettre demandant copia d'un mémoire déposé aux
archives, Mai, p. 148.
A. Penaud. — Séance générale du 3 décembre iS^S, discours,
expériences. Janvier, p. 27. — Réclamation de deux plis
cachetés déposés par lui. Février, p. 57. — Rappel de son
projet de patins à roulettes. Mars, p. S6. — Sa démission
d'archiviste, et de membre du Comité de rédaction, Man^
p. 87. — Dépôt sur le bureau de plusieurs exemplaires du
rapport da la Société Aéronautique de la Grande-Breta-
gne, Mars, p. 90. -^ De la locomotion mécanique dans
l'air, Mai, p. 141. — Communication d'une note au sujet
du concours proposé à Harlem, Mai, p. 148. «^ Dépôt du
rapport sur le projet de M. Gachassin Laâte, Mai, 144. —
Prise d'un brevet sous la N» 111,574, Juin, p. 167. — sur
LA. voacB ORS ÉTRBs VOLANTS, Décembre, p. 322.
Louis PiUet. — Envoi d'une lettre, Avril, p. 114.
Piérard, Directeur du chemin de fer de l'Ouest. — Lettre don-
, nant des renseignements sur Roux, Mai, p. 148.
i 0-. Planté. -* Annonce d'un mémoire sur les trombes, déposé à
I l'Académie des sciences, Mars, p.^84.
G. PoignaxLt. — Demande de renseignements sur les projets de
la commission de la résistance de l'air. Mai, p. 144.
I^ PMvoat (de Rouen), r— Lettre sur un ballon allongé mft par
des roues à aubes tournantes» Février, p. 68.
I
— 338 —
Prieur. — Dépôt d'un travail sur un ballon dirigeable mû par la
vapeur, Juin, p. 167.
Quinet (du Var). — Lettre demandant des renseignements sur
la construction des ballons, Février,, p. 53.
JElablat Frères. — Lettre demandant à la Société la nomina-
tion d*une commission pour Texamen de leur appareil.
Septembre^ p. 255.
Hiaixxay. — Lettre relative à un procédé de direction, Août, p. 219.
X îtattier. — Lettre sur son projet de ballon dirigeable, Février ^
p. 55.
Xj. DEiédier. — Article sur son baromètre enregistreur (voir les
Mondes du 4 mai), Juin, p. 167.
ILie Capitaine iRexiard. — Admission au titre de membre as-
socié. Septembre, p. 256.
ïtenoir. — Rapport sur le projet de ballon dirigeable de M.
Cliassy, Février, p. 58. — De Temploi des ballons sphéri-
ques. Février, p. 59.
Hésal. — Note déposée à TAcadémie des sciences sur les cbenu-
ses de vapeur des cylindres, Mai, p. 141.
Hessxaanxi, (premier secrétaire de la légation d*Italie). — Let-
tre recommandant M. Pascal Cordenons, Juin, p. 166.
Ribourt. — Description de la locomotive à air comprimé, Fé-
vrier, p. 58.
Q. Kietlinieyer (devienne, Autriche). —Lettre relative au
projet de M. Vidal (de Nancy), Mars, p. 84.
Manu.el lUvero. — Lettre accompagnée d*un pli cacheté (con-
cours prix Poignant) Septembre, p. 255.
Houx (aéronaute du siège). — Demande de secours, Février, p.
54. — Seconde lettre. Avril, p. 112. — Remise d'argent.
Avril, p. 114. — Autre lettre, Septembre, p. 249.
Oliarles Sainte-Olaire-Deville (Membre de l'institut). —
Nomination au grade de sociétaire. Avril, p. 116. — Com-
munication sur la périodicité des grands mouvements de
l'atmosphère. Mai, p. 141. — Note sur les courbes baro-
métriques, Juin, p. 164. — Mort, Novembre^ p. 803.
Sanderson. — Résultats obtenus au moyen de son pantané-
mone, Avril, p. 113.
Edouard Santigoza. — Demande d'une subvention pour un
appareil plus lourd que l'air. Août, p. 219.
Sircos et Pallier. — Envoi d'un exemplaire de Vhistoire des
ballons, Février, p. 58.
lyAbbé Siscot. — Lettre décrivant une soupape de ballon 'd'un
nouveau modèle. Avril, p. 114. — Lettre de remercie-
ments, Juin, p. 164.
• V
— 339 —
Bouscriptioxi ouverte en faveur des familles des vic-
times du Zénith. — Janvier, p. 32 ; Juin, p. 167. —
Rapport de la commission chargée de la répartition des
fonds provenant de la souscription, Juillet, p. 179.
Albert Tissaudier. — Détails sur Taccident du ballon rUni-
vers. Février, p. 54. — Compte rendu de Tenquête sur la
situation du marin Boux, Février, p. 55, 60.
GkiBtoix Tissaudier. — Séance générale du 3 décembre 1875.
DiscotiRS, Janvier, p. 24. •— ascension au-dbssuû des nua-
6B8, Février, p. 39,58. — Présentation de plusieurs photo-
graphies reproduites d*après les originaux de Conté ; une
photographie du mousquet à ballons. Février, p.
59. — LB MOUSQUET A BALLONS de M. Erupp, Mars, p. 67.
— Hommage à la Société d'une photographie représen-
tant une série d'assiettes de fabrication fort ancienne,
MarSf p. 90. — xatier db icaistrb, aéronaute, Avril, p 96.
— Cristallisation des eaux météoriques (compte? rendus
de r Académie des sciences). Avril, p. 112. — Les nuages,
Avril, p. 112. — NOUVEAUX documbnts sur l'ancienne école
aAbostatiqub de Meudon, Juin, p. 151. — Les nuages de
QLACE, Septembre, p. 235. — projet db construction d*un
grand ballon captif à vapeur par M. Henry Giffard, Oc^
tobre, p. 268.
Tissot. — Dépôt d'un projet de ballon-hélice rotatif, Février,
p. 56..
Tonunasi. — - Un article sur Tutilisation de la chaleur perdue,
inséré dans la Nature, Juin, p. 164. — Démission, novem-
bre, p. 908.
Toselli. — Nouvelle note déposée à TAcadémie des sciences sur
Futilité d'une nacelle close à double étage pour prévenir
les accidents à la descente. Février, p. 5:$.
Toumefort. — Lettre proposant l'emploi d'un ballon en gutta-
percha. Février, p. 56.
J. Xj. TridoxL. — Lettre exposant son système de sablier. Mars,
p. 89.
Vannet. -- Lettre à propos de l'appareil Simmons, Juin, p. 165.
Veiller. — Lettre proposant \m projet de contre-soupape, Fé-
vrier, p. 55. — Sur deux soupapes surperposées, Avril, p.
112.
Vérou, capitaine de frégate. — Admission au titre de mem-
bre associé. Mai, p. 144. — • Lettre de remerciements»
Juin, p. 164.
— 340 -^
O. Vialardi. — Lettre sur un système de Navigation aérienne,
Avrils p. ti3*
A. Vicim. — Réponse aux objections faites sur son appareil par
M. A. Penaud) Février^ p. 56. — Envoi d'un deuxième
projet de ballon dirigeable, Mars^ p. 84.
Yldal (de Vienne, Autriche). Lettre relative aux expériences
de son moteur à gaz carbonique et alcool mélangés, Fé-
vrier, p. 57»
G*, de Villette. — Lettre proposant de faire hommage à la So-
ciété d'une notice biographique sur son oncle Giroux de
Vill0tte« Fémm-^ p. 63.
X** £L "Weziliam. — Dss lois db snarawww du gorps pesants
en mouvement dans Tair (traduction de M» J. Maequarie),
!•» article, Février, p. 44» — 2«« article, Mars, p. 79. —
3»a article, /nim, p. 158. — 4»« article. Juillet, p. 190.
"VSTeyer. — Lettre ofirant à la Société de lui vendre son projet d
direction aérienne, Février^ p. 57.
Willouglxby, vice-consul d'Angleterre. -^ (Séance générale du 3
décembre 1875) : Réponae à M. le Président en recevant
la médaille décernée à M. William Brearey, Janviery p. 82.
Bokovxxizie. — (amiral Russe). Dépôt d*une brochure avec plans
sur un projet de navire aérien dirigeable. Février, p. 53.
— 341 —
VIQNETTES
AYANT PAF(U DANS L'AÉRONAUTE
PENDANT l'année 1876.
1. Autographe de Crocé-Spinelli, pendant TAscensiondu 15 avril
1875, Janvier^ p. 18.
d. Autographe de Sivel, Janvier y p. 19.
3. Diagramme de l'Ascension aérostatique du 29 novembre 1875,
Fénier^ p. 40.
4. E£Eètde montagnes dd ni^ages observé pendant FAscension du
29 novembre 1875, Février^ p. 42.
5. Mousquet à ballons de M. Erupp, Mars^ p. 68.
6. Tableau comparatif des plus hautes Ascensions Aérostatiques
et des plus hautes montagnes du globe, Avrils p. 107.
7. Diagramme d'une Ascension faite à Pau par M. GDudesone,
3fâî, p. 124.
8. Diagramme d'une Ascension faite à Tarbes par Madame Gou-
desone, Afai, p. 126.
9. Diagramme de la résistance de Tair sur un plan oblique, Mai^
p. 134.
10. dito dito sur une proue sphérique,
Mai,^. 138.
11. dito dito sur im demi fuseau équi-
latéral, Mai^ p. 139.
12. Opération du vernissage d*un ballon terminé à TEcole Aéros-
tatique de Meudon (d'après une aquarelle de Conté),
Ji/m, p. 152.
13. Tente abri destinée à garantir du vent un Aérostat militaire
(d'après une aquarelle de Conté), Juin^ p. 153.
14. Diagramme du héXHonV Atmosphère^ Juillet^ p. 186.
15. Diagramme du ballon le Zodiaque^ Juillet, p. 187.
16. Diagramme de la théorie du coin. Juillet, p. 189.
17. Oiseau mécanique de Wenham, Juillet, p. 191.
18. Plan de glissement de Wenham, Juillet, p. 193.
19. Aéroplane de Wenham, Juillet, p. 194.
20. Le moteur Brayton, Août, p. 209.
— 342 —
21. Diagramme du mouvement de Taile par M. Ch. du HauTcl
d'Audreville, Août, p. 225.
22. Nuage de glace observé par MM. A. et G. Tissandier, Septem-
bre, p. 241.
23. Trajets des filets d*air frappant sur un plan, Ch. de Louvrié,
Septembre^ p. 245.
24. Projet de grand baUon captif à vapeur de M. Henry Gifiard, élé-
vation, Octobre^ p. 265.
25. Projet de grand ballon captif à vapeur, plan, Octobre, p. 266.
26. Plan de Texposition internationale en 1878 au Champ-de-Mars
avec remplacement du ballon captif à vapeur, Octobre^ p.
267.
27. Hauteurs comparatives de Tare de Triomphe de TEtoile de la
nacelle du ballon captif à Textrémité de son câble. Octobre^
p. 269.
23. Face de la médaille commémorative de remploi des Aérostats
pendant le siège de Paris, Novembre, p. 292.
29. Pile de cette médaille, Novembre, p. 292.
30. Elévation latérale de Tappareil Haenlein, Novembre, p. 297.
31. Elévation arrière de Tappareil Haenlein, Novembre^ p. 2G8.
32. Machine motrice à gaz de Fappareil Haenlein, Novembre, p.
300.
33. Aéroplane à plans superposés deStringfellow, Décembre,^, 320.
34. Hélice à monture élastique, Décembre, p. 321.
Le Gérant, Félix CARON.
CLBRMOÏIT (oISB). — HIPRIUBAIB ▲ DAIX, KUIÎ DB CONDi, 27.
— 343 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
■'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
^ui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Les nouveaux ballons, par M.Arsène Olivier, de Landrevi lie, chez Am-
broise Lefèvre, 45, quai des Grands-Augustins.
Note sur l'éclairage électrique et sur les machines magnéto-électriques
ëe M. Gramme, par M. Malézieux, ingénieur en chef des ponts-et-chaus-
sées. Dunod, éditeur, quai des Augustins, 40.
Tenth annual report of the aeronautical Society of jgreat Britain
for the year 1875. Hamilton and C°, Paternoster row, ■ London. Price
•ne shilling.
La navigazione aerea consîderata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo rruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Société Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tîpografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Aeoronautica nuovo artifizio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Les hait premières années de TAiRONAUTB sont actuellement en
rente aux prix suivants :
▲mniIb 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 3 »
Aknémb 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. . . 12 >
Chaque livraison 1 50
AwKâEB 1878, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 »
Chaque livraison » 75
La oollsotion oomplètb^ avec Tannée 1877 90 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TA^ronautb forme une véritable encyclopédie
UloBtrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les aocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Noua engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TA^RONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
▼ertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de l'Â^ROMAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
et 1» iiTopreté des exemplaires.
L'A-ÉRONu^UTB
SOMMÂIRB
DECEMBRE ISTG
Correspondance de Moscou, par M!. Serge Mikounine, {deux.
gravures dans le texte).
Sur la force des êtres volants, par M. Alplxonse Penaud,
lauréat de Tlnstitut.
Table alphabétique des Communications publiées ou citées daxu
VAéronaute pendant Tannée 1876.
Table des vignettes.
Bibliographie.
l'aiîronautb parait tous les mois
REDACTION et AB0MMBMBNT8
95- RUE L.AFAYETTE, 9€S
PRIX DE l'année courante :
Un naméro t YM centimes
Paris : 6 fr par an. — Départements : 7 fr.
Autriche-Hongrie, Danemark, Egypte, Espagne, GRANDB-BRKTAam
Grèce, Italie, Luxembourg, Monténégro, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suéde, Suiass.
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d'Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Inde, Cochinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, CntLi, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements bn Allemagmi
L'abonnement commence au l*^ janvier
Il continue jus<][u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom dé
M. HuREAU DE Villeneuve, rue Lafayette, 95.
IVo» abonnés en retard sont Inatantment priés de nom
envoyer de snlte le montant de lenr aoaserlptlon,
Qltmont-OtM. — Imprimerie 1. Dais, rae Je condé, f7.
NAVIGATION AÉRIENNE
roNDi ET piBiai riR
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Xjauréat de l'Institut
(Aodémis dM Scleacu)
10* AKHBB, M* I
JANVIER 1877
: 6 FRANCE PAR AH. — DiFitITUIBNTa : 1 FRAHOa.
tlK NUUtRO : 15 CKKIIUES
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 2 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvcl d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable^ des opinions scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
Tart militaire adressés h la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Narration de quatre ascensions en Belgique, par "M,. AdriexL
Duté-Poitevin (deux grandes gravures dans le texte).
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par "M..
iBugrène Farcot (une gravure dans le texte).
Exposition INTERNATIONALE de 1878. Projet de construction par M.
Henry Giffard,d'uu grand ballon captif à vapeur, par M. G-aston
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
La médaille commémorative de l'emploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par ]V£. Louis liameau. (deux gravures dans
le texte).
L'appareil Haenlein, par M. O. Ifrion. (trois gravures dans
le texte).
Sur la force des êtres volants, par M. Alplionse Penaud.,
lauréat de l'Institut.
La Société française de Navigation aérienne, approuvée par déci»
sion de M. le Ministre de l'Instruction publique^ se réunit le 2*
et le 4« jeudis de chaque mois, à huit heures du soir, rue des Grands-
Augustins, 7, sauf le temps des vacances, août et septembre. Son
L'Ecole d'Aéronautes français a été instituée pour fe-
ciliter aux aéronautes de profession des moyens de s'utiliser dans
l'intérêt de la science. Elle reçoit exclusivement les personnes dé<-
sirant acquérir la pratique de l'prt aéronautique. Président, M.
Friley ; vice-président, M. Léon Lair; secrétaires, MM. Rouland et
Delahogue ; trésorier, M. Cassé. Son siège est rue Vieille-du-Tem-
ple, 104.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au nloyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aériennes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lafayette, gS.
L'AERONAUTE
^ULLBTIM /ASNSVS.1, Jli,USTRÉ
NAVIGATION AERIENNE
rOHDË ET DIRIOi PAB
LE D' ABEL BUREAU DE VILLENEUVE
LAURÉAT DE L'INSTITUT
(jLodimic des Sclsncei)
lO .Al^NflE]
RÉDACTION ET BUREAUX
<?5, RUE LAFAYETTE, gS
NOTRE DIXIÈME ANNÉE
otre recueil entre aujourd'hui dans sa
dixième année. Lorsque nos premiers
souscripteurs vinrent s'inscrire en
1868. ils ne s'attendaient certainement
pas à recevoir pendant une aussi lon-
gue période un recueil s'occupant ex-
clusivement de navigation aérienne.
Un certain nombre de personnes nous om demandé de trans-
former notre recueil mensuel en une publication hebdoma-
daire. Après mûre réflexion, nous ne croyons pas devoir
accéder k cette demande. Paris compte plusieurs recueils
scientifiques hebdomadaires fort bien rédigés et traitant de
temps à autres des questions aéronautiques. Il ne nous
semble pas que le champ restreint de nos études, comporte
la création d'un organe paraissant chaque semaine. Nous
resterons donc dans les mêmes conditions où nous sommes
depuis notre fondation,
A la fia de l'année 1877, nous espérons pouvoir faire pa-
raître une table générale des matières, contenues dans VAé-
ronaute avec classement par ordre d'études.
Cette table sera très utile aux chercheurs, car elle ser-
vira h. retrouver de suite tout ce quia été dit depuis dix ans,
sur chaque question spéciale.
LE COMrrÉ DE nÉD ACTION .
L'AÉRONAUTE
10* ANNÉE. — M' 1. — JANVIER 1877
ETUDES AÉfiONAUTIQUES A L'ÉÏBANGER
oiites les natiouH militairea se livrent
on ce moment b. des études sur les ap-
plications de l'aéronautique à l'art mi-
litaire. On a voulu se rendre compte des
services qu'on pourrait en tirer.
Tout le monde a pu apprécier les ûu
menses services rendus pendant le siège
de Paria par les ballons, quelque imparfaite que fût en-
core leur construction, au point de vue des relations des
assiégés avec l'extérieur. Mais ces services eussent ac-
quis une importance infiniment plus considérable, si l'on
avait pu disposer h ce moment critique d'appareils, sinon
absolument dirigeables, du moins susceptibles de dévier
d'un certain angle de la direction de vents peu violents.
On aurait pu faire rentrer dans Paris des hommes, ainsi
que des nouvelles précieuses.
Les appareils dirigés manquant, on dut avoir cecours
aux dépêches transportées par pigeons, qui ne donnèrent
que des résultats insuffisants en raison de la saison.
Les Prussiens qui, h. l'ouverture de la guerre, ne possé-
daient pas un seul pigeon voyageur, ont aujourd'hui ins-
tallé partout chez eux des pigeonniers militaires, et, bien
qu'ils aient montré jusqu'& ce jour de faibles capacités en
aéronautique, l'emploi des ballons ne l«s laisse pourtant
— 6 —
pas indifiërentSf depuis qu'ils en ont reconnu les avanta-
ges.
Une commission militaire aérostatique fonctionne à Ber-
lin, et des sommités telles que le savant professeur
H. Helmholtz en font partie. Le grand état-major allemand
a publié récemment un rapport sur les essais qu'il a fait
faire depuis 1871, au sujet de l'emploi des ballons en temps
de guerre. Voici les principaux résultats déjà obtenus:
Toutes les tentatives de direction des aérostats ont
échoué jusqu'ici; cependant on a lieu d^espérer sous peu
découvrir un moyen de monter et de descendre sans jeter
du lest ou lâcher du gaz. On croit également pouvoir bien-
tôt renouveler la provision de gaz et en fabriquer en route
à l'aide de procédés chimiques.
Les ballons ne doivent pas avoir de trop grandes dimen-
sions, et Tenveloppe doit ôtre à la fois aussi compacte et
aussi légère que possible.
On continue toujours les essais de direction des ballons;
on est en train d^étudier la proportion la plus convenable
à établir entre le diamètre de l'hélice et la surface du
ballon ; on cherche aussi quelle serait la meilleure forme à
donner aux ailes, et quel devrait être leur nombre.
Si les Allemands ne semblent pas montrer de dispositions
pour l'aéronautique proprement dite, ils ont de grandes
aptitudes pour la balistique, et ils l'ont déjà prouvé par la
construction du mousquet à ballons dont VAéronautea,
donné la description et le dessin dans sa livraison de mars
1876. Pourtant, les résultats obtenus à l'aide du mousquet
^ ballons n'ayant pas été aussi heureux qu^on s'y atten-
dait la commission militaire aérostatique voulut savoir s'il
serait possible de trouver mieux et sous quel angle il serait
préférable de tirer.
On trouva que le meilleur tir était évidemment le tir
vertical, mais que, pour l'employer, il fallait avoir de véri-
tables canons montés sur des afKits permettant ce tir. Or
ces affûts n'existent pas plus dans l'armée allemande que
dans les autres armées. Si on en construisait, il faudrait ou
faire Taffùt très élevé et permettant à l'artilleur de pointer
QU se plaçant au-dessous de la culasse, ou pointer à l'aide
d'an miroir, ce qui présente toujours certaines difficultés
quand on vise un objet en mouvement.
Le tir vertical avec de gros projectiles (les seuls pouvant
donner un effet utile au-delà de quatre cents mètres) pré-^
sente un autre danger : c'est qu'ils doivent retomber sur la
tête de ceux qui les ont lampes et qu'ils retombent naturel-
lement avec une vitesse égale à celle qu'ils avaient en
montant. On s'expose donc avec le tir vertical à se canon-
ner soi-même. Si l'on emploie le tir oblique, le seul que les
Prussiens aient employé pendant la guerre, on obtient
des résultats de beaucoup inférieurs et à peu près dérisoi-
res, car un bon aéronaute peut très facilement maintenir
son ballon à 1,500 mètres, c'est-èr-dire en dehors de tout
danger provenant des projectiles lancés.
Il 7 a quelques années des expériences aérostatiques
furent faites en Russie par ordre du Ministre de la guerre*
En voici le compte-rendu, extrait d'une correspondance de
Saint-Pétersbourg.
« Le ministre de la guerre, voulant résoudre le problème
de la possibilité d'appliquer à Tart de la guerre celui de
l'aérostation, a ordonné h cet effet que des expériences
publiques eussent lieu. Un ballon de grande dimension
(14 mètres de diamètre) ayant été au préalable construit
sous la direction d'une commission spéciale, le premier de
ces essais, opéré parle colonel d'état-major Lobko, a eu
lieu au Jardin Zoologique, par un temps calme et clair et
favorisant l'opération, l'aérostat, parvenu à une hauteur de
150 mètres, ce qui est très peu, permettait h l'œil d'em-
brasser une étendue de pays de 30 kilomètres.
< Dans un rayon de 10 kilomètres, on distinguait par-
faitement les voitures et les piétons ; et, dans un espace de
2 à 4 kilomètres, il était facile de suivre les mouvements
des gens à terre. Le second essaie accompli dans des condi-
tions moins heureuses, n'a pas eu de résultat, le brouillard
empêchant de distinguer la campagne.
c De ces expériences il résulte, selon le colonel Lobko»
que par un vent modéré, il serait possible de faire des
reconnaissances militaires, mais qu*il serait difficile, sinon
impossible, de tracer un levé en ballon. Ce fait avait été établi
à l'Institut aérostatique de Meudon, en 1795, par l'adju-
dant général Lomet ; aussi le but des ascensions militaires
n'est-il pas de lever des plans, mais de découvrir la situa-
tion des troupes sur un terrain déterminé, dont on connaît
la carte. ■
Il y a peu de temps, le génie russe e refait de nou-
velles expériences, mais nous ne croyons pas qu'elles aient
donné de résultats importants.
Nous avons, dans la livraison de novemliire, fait connaître
l'état des études aéronautiques en Autriche.
L'armée ang-laise a fait à Woolwich des expériences de
diverses natures.
Les unes avaient pour but d'étudier l'effet des hélices sur
la direction desballons sphériques. L'es résultats en ont été
à peu près nuls.
On a ensuite expérimenté un système de montgolfière à
pétrole présenté & l'amirauté angolaise par un français
nommé Ménier. Nous avons raconté dans VAéronaute
l'accident qui a causé l'incendie delà montgolfière et la
fin des expériences.
L'Italie s'est aussi beaucoup occupée de navigation
aérienne, mais ses travaux exigent une étude spéciale que
noua remettrons à une prochaine livraison.
0. Frion.
>LA CÉRAMIQUE ET LES AÉROSTATS
e toutes les découvertes modernes, il n'en
est pas de plus intéressante, déplue émou-
vante que celle des Frères Montgolfier ;
aussi, dès que les premières expériences
d'Annonay furent connues, le public se
passionna-t-il vivement pour les ballons;
aux créateurs de l'art aérostatique, ni
applaudissements, ni les railleries. La gravure se
— 9 —
mit bientôt de la partie ; elle célébra, dans des plan-
ches délicieuses» les essais d'une science toute fran-
çaise ; la caricature, cette singulière sanction du génie, of-
frit toutes ses ressources aux jaloux et aux envieux, ajou-
tant ainsi au concert général la note de la parodie. L'or-
nementation ne resta pas en retard et l'on vit bientôt des
meubles, des chaises,des miroirs au ballon (1). Dans cescon*
ditions, en présence de cet engouement facile à compren-
dre, la céramique devait, de son côté, se préoccuper des
ascensions qui, à la fin du dix-huitième siècle, k une épo-
que de fièvre politique et d'effervescence populaire, tenaient
tous les partis réunis dans une même inquiétude sur le sort
des navigateurs aériens. Un grand nombre de plats, d'as-
siettes et d'autres pièces de faïence furent donc décorés
dans cette disposition d'esprit.
Aujourd'hui, après tous les services rendus par les aéro-
nautes — parmi lesquels nous saluons des martyrs — il
nous a semblé qu'une description de ces vieilles faïences
ne serait pas sans satisfaire la légitime curiosité des ama-
teurs.
Nous avons parcouru plusieurs collections particulières ;
la première et l'une des plus complètes est celle de MM.
Albert et Gaston Tissandier, chez lesquels nous avons em-
prunté les sujets des gravures que nous publions. M. Na-
dar, à qui rien de ce qui touche aux aérostats n'est étran-
ger, nous a accueilli avec sa bienveillance traditionnelle;
nous devons aussi mentionner les excellentes, mais trop
courtes citations de M. Maréchal, et enfin remercier quel-
ques amis qui nous ont adressé des renseignements de na-
ture & nous être utiles (2).
La première pièce que nous avons h signaler est néces-
sairement relative à la première ascension, accomplie en
présence du Dauphin dans les jardins de la Muette, le 21
novembre 1783. La Montgolfière qui emportait Pilàtre de
(1) M. Nadar, qui possède de ces meubles, a également de belles
assiettes en étain avec gravures représentant des Aérostats.
(2) L'idée de cet article nous a été fournie par la vue de plats du
genre do ceux qui nous occupent, dans la collection de M. Jules
Lecocq, de Saint-Quentin.
— 10 —
Rozier et le marquis d'Àrlandea était décorée avec un grand
luxe, dans le style du dix-huitième siècle. L'assiette com-
mémorative est assez commune ; ses bords sont d'une sim-
plicité absolue sans autre décor qu'un simple trait de pin-
ceau. L'Âéro&tat est peint en vert et rouge; au centre se
détache le chiffire royal, ayant & droite et à gauche un
soleil; du réchaud s'échappent des flammes; les deux in-
trépides voyageurs saluent les spectateurs en agitant des
drapeaux. Ces détails sommaires sont exacts, conformes au
récit de Faujaa de Saint-Fond.
Quelques jours après ces essais si heureuaemeiit conron*.
nés de succès, le 1*' décembre 1783, Robert et Charles, la
physicien à la mode, le savant des salons élégants, s'élevè-
rent des Tuileries dans le premier ballon à gaz hydrogène.
(1) Yoj. la reproduction de cette (^vure dans Simples notions
sur les baiioas et la Navigation aérienne, par G- TisBandier ; nous
avons aussi puisé des notes utiles dane l'Histoire des ballons, de
UM. Sircoa et Pallier.
— 11 —
En montant dans la nacelle, ils jetèrent leurs chapeaux à
Delavoipierre qui écrivit, à ce sujet, les vers suivants:
Je garde vos chapeaux et j*en aurai bien soin,
Mes amis, je rends grâce au sort qui me les donne.
D*un chapeau qu'avez-vous besoin,
Lorsque la gloire vous couronne.
Cet incident n'a pas été oublié par les céramistes ; des
assiettes existent en effet qui nou s montrent un ballon
jaune et blanc muni de son filet soutenant une nacelle dans
laquelle sont placés deux aéronautes, Tun d*eux est nu-tête
et son chapeau se voit en bas, à droite (fig 2).
On a dû, dans la même fabrique, produire une certaine
quantité de ces assiettes car, si le sujet reste dans toutes
le même, le marly varie dans plusieurs quant aux couleurs
de son modeste ornement.
Le nouvel emploi de l'hydrogène substitué à l'air chauf-
fé, le remplacement de la Montgolfière par le ballon à gaz,
est un fait assez important pour avoir exercé le talent des
artistes. Nous trouvons donc, provenant d'une autre fabri-
que, une pièce représentant un aérostat à raies verticales
violettes et jaunes, muni de son filet soutenant une nacelle
dans laquelle sont deux aéronautes agitant des oriflammes
bleus et oranges. Cette composition est la copie presque
textuelle d'une gravure du temps; les bords de l'assiette
sont ornés d'un petit décor caractéristique que nous re-
trouverons sur une pièce de faïence relative à Blanchard.
Un certain nombre d'autres assiettes sont bien dignes
d'attirer un moment notre attention, tant par la finesse de
leur exécution que par l'intérêt de l'expérience dont elles
conservent le souvenir. Cette fois le ballon est à raies ver-
ticales blanches ou oranges ; de la partie supérieure de la
soupape jusqu'à l'équateur, un filet soutient par des cordes
nombreuses une nacelle en forme de barque. A l'une des
extrémités de cette nacelle est un drapeau, à l'autre un
globe aux armes de France ; Taéronaute ne s'occupe pas
de la manœuvre du ballon, il tient à la main un objet d'où
jaillit une flamme et de la fumée. Au-dessous de lui, s'é-
tend un charmant paysage (fig. 3). Les assiettes de ce
genre, d'une forme gracieuBe, rappelientlerocailleLouisXV
très modéré.
I^WURK 3. Asûelte <le Saiat-Amaiid repr^aenUat u
F Ce sont des produits dans le genre de ceux de Marseille,
mais il en est sorti assez souvent de la manufacture de
Saint-Âmand, à laquelle nous n'hésitons pas h, les attribuer.
Il s'agit probablement ici de l'ascension de Testa Brissy,
parti des jardios du Lurembourg le 13 juin 1786. Après
avoir perdu, dans la plaine de Montmorency, ses rames
qui furent cassées, il s'abaissa vers 6 h. 45 m. près de l'ab-
baye de Royaumont, puis il quitta de nouveau la terre,
descendit entre Ecouen et Vareville, pour remonter encore
dans les airs ; il raconte ainsi, la dernière période de cette
promenade mouvementée -. « La nuit étant arrivée, je m'a-
baissai un peu et me trouvai au milieu des nuages, d'où
partaient à chaque instant des éclairs accompagnés d'un
tODoerre violent. Je me trouvais attiré et repou^ par les
nuages chapes de plus oa moios d'électricité.
— 18 —
Mon pavillon, qui portait les armes de France, était étin-
celant de lumière. Suivant l'élévation où je me portais, je
reconnainBais l'électricité positive ou négrative à l'aide d'une
pointe de fer placée dans mon char. 11 sortait de cette
pointe une ^erbe de feu lorsque l'électricité était positive;
quand je m'élevais un peu plus haut daus le uuag%, la
pointe de fer n'o&ait qu'un point lumineux parce que l'é-
lectricité était négative. >
A la même époque, un autre chercheur, Blanchard, de^
Tait se faire remarquer du public ; nous alloua donc ren-
contrer des Pences qui enregistrerontj comme un nouvel
album, ses principales tentatives.
Le vaste champ d'études ouvert aux physiciens attira na
nouveau venu ; le ballon que Blanchard construisit avait
un aspect peu agréable & l'œil ; un parachute et des rames
le rendaient bizarre.
FiGuu 4. AMbUa Aganut hm nesmlou d« Stamitutrd ti MWtrant deni
Le premier essai eut lieu le 2 mars 1784 ; ce fut un échec
sanglant. Blanchard, s'élançaui du champ de Mars pour
alleràla Villette, descendit & Billancoort !
_ 14 —
Le fabricant qui avait trouvé, dans l'ascension de Char-
les et Robert, le sujet d'une composition intéressante ne
laissa pas perdre l'occasion que lui offrait cette malen-
contreuse aventure :
Une assiette nous fait assister aux manœuvres d'un bal-
lon rond, dont la partie supérieure est orange, l'équateiir
bleu et l'appendice blanc, muni d'un filet soutenant une
nacelle qui porte des ailes : entre ces ailes et l'appendice
est un parachute; le dessin, bien qu'assez grossier, répond
parfaitement aux descriptions qui furent données de l'ap-
pareil , le doute est donc impossible à cet égard.
Nous avons & mentionner des variantes qui se rapportent
aux différents voyages de Blanchard. Ainsi, dans une as-
siette semblable à. la précédente, les ailes sont supprimées,
le parachute n'existe plus et les aéronautes (il j en adeux)
agitent des rames (fîg. 4). Une autre nous représente deux
voyageurs ramant comme des canotiers dans leur nacelle
(flg. 5.)
gFiiiuRE 5, Assiolte roprésenlanl la manTUvra des rames dans la narella.
Une autre assiette encore a trait tout particulièrement à
— 15 —
l'ascension du petit Chelsea, près Londres (16 octobre 1784),
Ici le ballon est représenté sans filet, la nacelle ronde est
munie d'un ventilateur attaché par quatre cordes à l'ap-
pendice; il n'y a plus de cercle ni de parachute. Or nous
savons que l'aéronaute, accompagné d'un professeur nom-
mé Sheldon, s'éleva dans les airs avec le même ballon qui
lui avait servi en France, « le seul changement qu'on y fit
fut d'ôter le cerceau qui servait d'équateur et le parasol
dont l'inutilité était démontrée Un ventilateur devait
servir aux différentes manœuvres, etc. ^
Cet extrait d'une relation contemporaine montre que la
vérité a été observée très-scrupuleusement; un dernier détail
va le prouver. Blanchard est seul dans sa nacelle, mais
cette circonstance- ne détruit rien de notre explication, elle
la confirme au contraire, car vers une heure de l'après-
midi, il avait dCl atterrir à Sunbery pour faire descendre M.
Sheldon, puis il repartit seul après avoir ainsi allégé son
ballon.
Blanchard renonça tout à fait à ses appareils qui ne la
dirigeaient pas; c'est encore ce que nous apprendrait, à
défaut d'autres documents, une assiette qui ne diffère de
celles dont nous venons de parler que par la disparition de
son système.
Celui h qui les magistrats de Calais et de plusieurs loca-
lités avaient donné à l'envie le titre de citoyen de leurs
villes ne voulut être devancé par personne et multiplia les
ascensions. Une surtout va nous retenir un instant.
Le 28 mars 1786, après plusieurs jours d'arrêt occasionné
par la tempête, et malgré uii temps encore fort mauvais,
Blanchard s'éleva au-dessus de la ville de Douai et alla
descendre & l'Etoile, en Picardie.
Pendant ^on séjour dans l'air^ il était passé au «'dessus de
Saint-Amand et avait laissé tomber dans cette ville une
lettre adressée au Journal de Paris. C'est évidemment à
cette ascension que fait allusion un fort joli plat, semblable
comme style à l'assiette de Testu Brissy, et que nous pen-
sons ôtre^ comme ' elle, un des plus gracieux produits de
Saint-Âmand (fig. 6) ; ici nous sommes confirmés dans no-
tre hypothèse autant par la donnée historique que par Ta*-
pect de ce plat charmant entre tous. Dans un médaillon
H'élère un ballon formé de côtes couleur jaune clair et
orange, un filet sans cerceau soutient ■ le char • ou na-
Vui.9. FlAt dal&fïibriqua ds St-AmandAgnrantuna aecenûon de Blanchard.
celle peiut en hleu et noir; l'aéronaute, habillé de jaune,
salue le public eu ag^itant un drapeau. Un sac de lest est
pendu en dehors de la nacelle. L'ensemble est d'une exquise
■ohrlété, tout & la fois lé^er et d'un ^oîlt parfait.
La manufacture de Saint-Amand n'est pas la seule fabri-
que du Nord de la France qui ait Uvrô au commerce des
faïences du genre de celles que nous décrivons. Si Nevera "
et Strasbourg eurent, de leur côté, une grande part dans
cette fabrication, Lille, Sinceny et l'usine moins impor-
tante d'Ësmery Hallon peuvent, sans invraisemblance, re-
vendiquer la leur. Quant k Desvres ou Hesdin, noua n'en
signalerons qu'un produit assez curieux.
Le ballon est recouvert d'un filet qui enlève une nacelle
soutenue par des cordes et celles-ci se rattachent au milieu
, de l'esquif dont les extrémités restent libres; aussi les
aéronautes sont-ils obligés de se retenir d'une main h l'ap-
pareil tandis que de l'autre ils agitent des drapeaux. Le
ballon est peint en noir et ocre, l'appendice et la soupape
• - 17 -
sont rehaussés de rou^e ; les aéronautes sont vêtus d'un
habit bleu, ils portent une perruque noire et des chapeaux
peu élégants; la nacelle, peinte en noir, ocre et rouge,
laisse échapper des branches de feuillage; tout est arrangé
en vue des décors dans ce plat qui, de loin, garnit parfai-
tement. Ce dessin ayant été souvent reproduit, nous avons
des variantes à signaler dans la bordure ; tantôt sur le
marly court un quadrillé bleu^ tantôt le quadrillé vert en-
touré de manganèse est coupé par quatre médaillons oti se
mêlent le bleu, le rouge et l'ocre ; d'autres fois encore le
quadrillé fait place à des bouquets et branches de verdure;
toujours le but poursuivi est d'attirer les regards par l'éclat
de vives couleurs.
Nous ne pouvons appliquer à un fait spécialement déter^
miné ces pièces de service, qui nous semblent plutôt avoir
été inspirées par la généralité des voyages aériens^
La môme observation va s'adresser h, d'autres faïences.
Celles qui se présentent d*abord à nos yeux nous font en
quelque sorte assister aux préliminaires d'une descente ;
elles nous montrent l'aérostat se rapprochant de la terre.
Dans l'une, un ballon noir et orange, monté par deux per-
sonnes, plane au-dessus des champs, un spectateur regarde
le ballon qui déjà ralentit sa marche ; dans une autre un
ballon bleu se dirige droit sur un arbre menaçant, un pay-
san s'avance pour porter secours aux voyageurs. Ces deux
scènes sont traitées sans une grande finesse, mais avec un
certain talent. Un travail beaucoup plus délicat, qui res-
semble à celui des ouvriers marseillais, place au centre
d'une assiette trois branches d'arbrj partant capricieuse»
ment dans des directions opposées ; de cet ensemble pitto-
resque se détache un ballon qui a été précédé d'un autre
plus élevé et a presque disparu. C'est une peinture fort agréa*
ble, mais sans valeur scientifique,
. Dans le même ordre d'idées, nous citerons encore une
assiette assez remarquable. Elle nous offre un ballon por-
tant une nacelle Louis XV et deux pennons. L'aérostat
vogue dans l'espace au milieu ^'oiseaux qui fuient effarés.
Au zénith, un soleil jaune, aux couleurs criardes, répand
_L
sea vifs rayons et au nadir le mangranèse triomphe dan» un
paysage rapidement esquissé {&g. 7).
FiouKE T. Aasiette figurant un ballon pluont an-d^uu* d'un bob.
On voit que parmi les ff^ences aérostatiques se rencon-
trent de véritables monuments destinés à rappeler un ^t
marquant dans l'histoire aérostatique, tandis que d'autres
représentent de simples allé^rtes. Nous examinerons ii
présent les assiettes qui, par leurs lég'endes, nous feront
connaître l'opinion de la foule sur la découverte de Mont-
La première, qui a nécessité peu devrais d'imagination,
nous montre un ballon à raies verticales de plusieurs con-
leurs, divisées par l'équateur d'où partent six cordes rete-
nant une nacelle ornée des oriflammes réglementures; un
Taste orifice laissera échapper le gaz, et bous la nacelle de
l'Aérostat se trouve écrit le mot: Adieu.
Une autre assiette, avec la môme légende, noua fait voir
un ballon pareil, seulement un peu plus gros; des oiseaux
ToUigent sous la nacelle. Le marly, divisé en quatre com-
p&rtiments par de doubles Hg-nea perpendiculaires à un
médaillon prenant tout le fond, est décoré par des branches
de fleurs.
FUUBB S. Awiette avuc légende, Ballon dâ Charles et Robert aM-dessue du
jardin des Tuiieriee.
D'autres assiettes représentent le jardin des Tuileries,
avec le ballon de Charles et Robert, et portent tantôt la
légende adieu (Ûg. 8], tantôt l'une de ces deux autres de-
vises, la première ironique : à la folie du siècle, la seconde
louangeuse ; à l'immortalité.
Ces assiettes sont essentiellement populaires et n'ont pas
la grâce de celles de Saint-Amand, mais elles dénotent chez
ceux qui les ont décorées ce goût délicat qui caractérise le
style Loaîs XVI.
Nous sommes ensuite en présence d'un gros ballon b.
côtes verticales de couleur rose et verte avec un équateur
orange ; quatre chaineâ, partant de cet équateur, soutien-
nent une nacelle jaune assez mal ombrée, aussi croirait-on
qu'elle est représentée en coupa si on n'apercevait les
épaules et la tête d'un aéronaute dont le reste du corpa!dl9*
par^t d&Q3 la nacelle. La lég:Bnde lui souhaite bonvoyage,
et il se repose daus une attitude franchement paisible qui
noua rassure pleinement sur l'issue de sa promenade. Trois
gros inaectea noirs, aux larges ailes roses, voilà pour la
marly.
Les mâmes assiettes existent aussi, et plus nombreuses
sans légende ; nous croyons qu'elles sortent des fabriques
de Strasbourg, nombreuses à cette époque.
FiGUHE 9. Pâtit Bidon Louis XVI représentaiit le ballon de Blondurd
de 1784.
La figure 9 représente une autre pièce de la collection de
MM. Tfssandier; c'est un remarquable petit bidon Louis
XVI où est peint le ballon que M. Blanchard conduisit
dans les airs en février 17S4, et qui portait écrit sur ses
banderoles la devise: sic itur ad astra.
Depuis la an du règne de Louis XVT, et surtout dans ces
dernières années, on a vendu d'autres produits ; mais d'une
qualité tellement inférieure qu'ils neméritent pas une meu-
tiOD, Baaf pent-âtra un srand plat en poterie rustique du
canton de Berne (Suisse), exécuté sous la direction de M.
Boban et représentant au milieu de fleurs et de feuilla-
ges, le Géant, avec cette dédicace écrite sous la nacelle :
A NADAR, E. B. 1864.
Ainsi donc, à de rares exceptions près, toutes les assiettes
au ballon sont antérieures au dix-neuvième siècle; bien
plus, elles sont antérieures à 1789. Faut-il les comprendre
dans la dénomination de patriotiques ? Si cette qualification
s'applique à. tout ce qui nous rappelle la Révolution et h.
rien de plus, noua devons répondre négrativement ; mais si
on l'étend, comme il convient de le faire, aux f^'ences rap-
pelant les événements importants et glorieux de notre his-
toire nationale, oui, les assiettes au ballon méritent d'être
appelées patriotiques, car la gloire de la découverte qu'el-
les célèbrent eat une dea plus grandes et des plus pures que
la France puisse revendiquer (1).
Georges Lecocq.
ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES
Trmax dn Laboratoire de Physiologie expérimeiUle
DE M. MAREY,
PRDKESSKCR jLD COLLÉUE ds frahob.
Année i8j6.
Un volmne grand in-S°, chm 0. Hasson, éditeur.
d'un livra publié par M. Marey ou
BOUS sa direction est touiours une
ane pour les aviateurs et pour les phy-
Nous sommes donc heureux d'annoncer à nos lecteurs
que noua venons de recevoir le volume dans lequel le savant
professeur du collège de France fait paraître chaque
année le résumé des travaux du laboratoire de l'école des
Hautes-Études dont il a la direction.
(1) Nature.
— 22 —
Les auteurs dont les travaux ont paru dans ce Tolume
sont M. François Franck (deux mémoires), M. Tatin,
M. Rosapelly, M. de Tarchanoff et M. Salathé.
M. Marey est l'auteur de trois mémoires, sur les excita-
tions artificielles du cœur, sur la méthode graphique dans
les sciences expérimentales et sur la vitesse du sang*. Nous
n*avons pas besoin de faire l'éloge de ces travaux, où on
retrouve la méthode habituelle de M. Marey, c'est-à-dire
l'enregistrement mécanique des phénomènes physiologi-
ques.
Si nous écrivions dans un recueil médical, nous serions
heureux de vanter les curieux travaux de M. le D' Fran-
çois Franck, mais nous nous adressons et un public spécial.
Nous devons donc détacher du volume le mémoire de
M. Tatin, mémoire qui Intéressera surtout les lecteurs de
ce recueil.
Peu de temps après que M. Penaud et moi eûmes pré-
senté le même jour h la Société aéronautique les deux
premiers oiseaux mécaniques qui aient volé librement,
M. Victor Tatin, habile bijoutier, voulut suivre nos
traces. Il construisit un tout petit oiseau du poids de 5
grammes. Ce petit mécanisme était une merveille de pré-
cision. C'était une rédaction légèrement modifiée du ^pe
créé par M. Penaud.
Cet appareil fut expérimenté à la séance générale 'de
la Société de navigation aérienne le 27 novembre .1874.
. Depuis M. Tatin a continué ses travaux qui lui ont mérité
Tannée dernière de TAssociation Française pour Tavan-
cément des sciences, une subvention qui, nous Tespérons,
sera renouvelée cette année. M. Tatin est actuellement atta-
ché au laboratoire de l'école des Hautes-Études. C'est la nar-
ration de ses essais que nous allons présenter à nos lec-
teurs.
Abel HuREAu DE Villeneuve.
EXPÉRIENCES SUR LE VOL MÉCANIQUE
Année 1874. — Xayais toujours regardé le solution du problème
du vol mécanique eomiûe une utopie, mais j'appris avec intérêt
que plusieurs expérimentateurs étaient arrivés à quelques résul-
— 23 —
tats, sinon tout à fait satisflEiisants, au moins encourageants. Après
avoir entendu souvent parler de ces expériences, je pensai qu*en
essayant des recherclies sur ce sujet j*obtiendrais peut-être aussi
quelque succès.
Je me mis alors à construire moi-même un oiseau mécanique en
mettant à profit remploi du ressort de caoutchouc tendu par tor-
sion et déjà employé par MM. .Penaud et Hureau de Yilleneuye
pour le môme objet.
Mon appareil est très-petit et se compose d*un bâti en bois à Ta-
vant duquel est placée une petite machine destinée à transformer
le mouvement circulaire du ressort en deux mouvements latéraux
de Ta-et-yient.
A cet effet, une manivelle reçoit l'efibrt du caoutchouc et com-
mande une bielle articulée sur un guide glissant entre deux co-
lonnes, ce guide transmet son mouvement d'élévation et d'abaisse-
ment à deux petits humérus d*acier mobiles autour d'un axe hori-
zontal commun, au moyen de deux petites bielles.
A rarrière du bâti se trouve un crochet à cliquet qui permet de
remonter le ressort sans aucun mouvement de la machine. Les
ailes sont faites d'un côté de plume ébarbée et repliée en forme de
raquette ; le voile de l'aile est en baudruche. Cette matière légère
et solide me paraît devoir être utilisée de préférence aux papiers
ou étoffes que l'on avait employés jusque-là. Ces ailes sont mon-
tées sur l'appareil au moyen d'un petit tube métallique fixé à la
partie forte de la plume et dans lequel pénètre l'humérus d'acier
qui est cylindrique, ce qui permet un mouvement de rotation du
voile autour de l'axe de l'humérus et fiacilite ainsi les changements
d'inclinaison du plan. Un fil partant de la nervure principale de
l'aile^ passant par^desstis le voile et fixé à l'arriére^ accompagne
l'aile dans son mouvement et en maintient le plan voisin de Vhori^on'^
taie pendant rabaissée ; le voile est tout à fait libre^ pendant la re-
montée. Une plume de queue de paon, coupée près de l'œil, est
placée à l'arrière et sert de queue. Le tout pèse 5 gr. 15 dans les-
quels sont compris 1 gr. 50 de ressort : l'envergure est de 0>», 24.
centimètres.
Les essais faits au moyen de cet oiseau ont été très satisfaisants ;
il prenait son vol sans aucune impulsion au départ et parcourait
à peu près 15 à 20 mètres.
Malheureusement, ces petits appareils sont peu propres à faire
des expériences concluantes à cause de leur petitesse et partant
de l'impossibilité de saisir leurs mouvements et surtout de chif-
frer leur dépense de force. Le caoutchouc se prête du reste diffici-
■
-24 —
lement à ces mesures, à cause de la grande incOBstaoïce de son
rendement.
Jusque-l'), je m*étais peu occupé du parti qu*on pouvait tir» de
mes expériences et je pensais à en rester là, mais quelques per*
sonnes, des plus avancées en aviation, ayant tu fonctionner mon
petit appareil, m'engagèrent vivement à continuer ces expériences
qui leur semblaient avoir déjà réalisé un prog^rès notable sur ce
•qui avait été fait précédemment.
C*est à cette époque que j'eus connaissance des travaux de M.
Marej sur cette intéressante question, ils me parurent très-clairs
et m'ouvrirent des vues nouvelles me donnant un vif désir défaire^
moi aussi, des recherches sur ce sujet.
Une des premières idées que je cherchai à vérifier fut la suivan-
te, n me semblait que l'oiseau, en abaissant ses ailes, n^utiiise
pas d'une façon complète la force qu'il dépense ; que peut-être un
effet de force centrifuge rejetait en dehors une partît deVair frap-
pé, sans profit pour la sustension.
Pour vérifier cette supposition, je construisis un appareil dans
lequel deux ailes placées sur le prolongement d'une même tige
pourraient s'élever et s'abaisser au-dessus du corps, en n'ayant
qu'un mouvement de rotation autour de Taxe de la nervure princi-
pale, afin de pouvoir opérer les changements de plan.
Je construisis à cet effet une machine au moyen de laquelle les
deux ailes réunies en une seule pouvaient s'élever et s'abaisser en-
semble tout en conservant l'horizontalité de leur grande nervure.
Je nomme cet appareil oiseau à une seule aile. Il n'a donné aucuQ
résultat qui mérite d'être relaté, quoique j'en aie changé plusieurs
fois l'aile et modifié quelques dispositions secondaires. Je pense,
cependant, qu'il sera bon de ne pas l'oublier complètement. Il me
semble qu'il y a là un bon principe, et peut-être y reviendrons-
nous*
Bevenant alors à mon premier type d'oiseau artificiel, je voulus
me rendre compte d'uu point intéressant : savoir si les bons résul-
tats obtenus avec un petit appareil peuvent aussi être obtenus
avec un grand. Je construisis, à cet effet, un oiseau dont les di-
mensions linéaires étaient doubles environ de celles du premier,
me proposant de réaliser après celui-là d'autres appareils de plus
en plus grands. Je voulais, en même temps, m'assurer s'il n'y avait
pas avantage à diminuer le plus possible l'amplitude des batte-
ments, afin d'éviter l'effet de force centrifuge dont j'ai parlé plus
haut, si, toutefois^ cet effet se produit à un degré nuisible dans lô
vol des oiseaux.
Pour dtmijnter l'amplitude, je donnai on peu plus dé longueur
--25 —
relative an bras de levier do la puissance et crus pouvoir employer
une surfEice alaire plus grande ; au lieu de 0™, 48 qu*il devait avoir
je donnai au nouvel oiseau 0°'75 d'envergure. J'échouai complète-
ment dans cette tentative, Tinertie de Taile paraissait en alourdir
les mouvements, et je fus obligé, pour faire voler l'appareil, de
réduire l'envergure à Û»55. J'avais utilisé un système de machine
déjà employé avant moi par M. Penaud, et qui a l'avantage de
pouvoir être construit assez rapidement, mais qui donne des bat-
tements un peu inégaux. Je n'ai pu obtenir, avec cet appareil,
que des résultats médiocres, quoique j'aie installé mes ailes de la
même façon que dans mon premier essai. Je n'obtins qu'une dou-
zaine de mètres environ de translation dans les meilleures expé-
riences. Aussi abandonnai-je la construction de ces petits mécar
nismes, pour entreprendre immédiatement celle d'un appareil qui
me semblait plus important : un oiseau mécanique portant en lui
un générateur de travail.
Victor Tatin.
{La suite à une prochaine livraison.)
COlPTES-RENDUS ANALYTIQUES DES SÉANCES
DB
U SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
Séance du 9 novembre 1876.
PRiSIDEKCR DEM. ALPHONSE PIInAUO, VICB-PRjéSIDBJNT.
La séance est ouverte à 8 h 1/2.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. LE sscajâTAmB GJîNâiuL, procèdo au dépouillement de la cor-
respondance qui contient :
Une lettre de M. Morel.
Une lettre de M. Emile Cassé.
Un projet d'aérostat avec filet d'une disposition particulière.
Une note de M. Annibal Ardisson qui complète un précédent
travail sur une nouvelle méthode de faire le point.
Une lettre de M. Algrand fils, inventeur d'un mojen de direc-
tion des aérostats par le vent et la vapeur.
L'oKdra du jour appelle la discussion sur la convenance d'une
— 26 —
séance générale et sur les propositions de modifications à apporter
aux statuts et au règlement de la Société.
M. ou HA.UVBL. M. lo coloucl Laussodat, par suite de la situation
officielle qu*il occupe est obligé de se tenir à Técart de toute réu-
nion ayant un caractère public. Il ne pourrait doncaccepter la pré-
sidence de notre prochaine assemblée générale, si cette séance avait
lieu dans les mêmes conditions que les assemblées tenues dans les
deux dernières années. On pourrait, il est vrai, faire présider la séance
par un Yice-président. Mais la question essentielle est surtout celle
de la fixation du programme, qui devrait être aussi attrapant que
possible. Or, cette année, nous n*ayons guère de travaux particu-
lièrement intéressants à présenter, et il s'est passé en aéronauti-
que peu d'événements remarquables. En outre nos ressources
financières sont faibles et, pour pouvoir suffire aux frais entraînés
par une séance publique, nous serions presque forcés d'avoir re-
cours à une souscription. En conséquence, le désir exprimé par
M. le colonel Laussedat, qu'il n*y ait pas cette année de séance
solennelle a été généralement appuyé par les membres composant
le conseil de la Société.
M. MOTJLRD. La séance générale a un autre but que d'être
purement une manifestation officielle ; je la crois utile, néces-
saire même, en raison des modifications à introduire dans les
statuts.
M. PENAUD. La séance générale peut avoir lieu sans être publi-
que. EfL ce qui touche la question financière, je pense que notre
situation à venir nous permettra de tenir chaque année une assem-
blée générale publique.
On passe au vote. Il est décidé qu'il ne sera pas tenu cette
année de séance générale publique.
M. MOTARD. Ne pourrait-on fixer dès maintenant la dato de la
prochaine séance générale ?
M. piNAUD. Cela] est difficile, car avant tout il faut prendre le
temps d'étudier les modifications aux statuts présentées par divers
membres.
M. j. UAOQUARiE. Cette étude préliminaire ne pourrait-elle pas
être faite par une commission spéciale ?
M. HURE AU DB VILLENEUVE. Il u'cst pas nécesssire de nommer
à cet effet une commission spéciale. Il suffit de renvoyer au Con-
seil les propositions qui tendent à modifier les statuts ou le règ le
ment de la Société.
M. PENAUD. Ce point est prévu par l'article 18 des statuts et
les articles 87, 88 et 89 du règlement. Nous ne pouvons nous
livrer aujourd'hui qu'à une discussion préalable, en vue d'éclairer
— 27 —
les membres présents. Je vais indiquer les deux propositions déjà
présentées au conseil.
La première émise par M. Duroy de Bruignac, te^d à substituer
le vote par scrutin collectif, pour Tadmission de» •^membres, au
vote uninominal, afin d'éviter des pertes de temps. Chaque socié-
taire écrirait la liste des membres présentés, en faisant suivre le
nom de Tindication oui ou non.
Uassemblée consultée appuie cette modification.
ic. piNAUD. La seconde proposition, émise par M. Gaucho t,
tend à remplacer, dans Tadmission des membres, le chiffre de 4/5
par la simple majorité des sociétaires présents.
M. HURRAu PB VILLENEUVE. Je désapprouvc ce changement ; car
le vote aux 4/5 donne une grande sécurité et évite toute sur-
prise.
M. MACQUARiB. Je demande que les résolutions du conseil ne
soient valables, que si elles sont prises par un nombre de mem-
bres supérieur à un minimum détermiill. Je demande de plus la
séparation complète des attributions du conseil et du bureau.
M. ARSÈNE OLIVIER. Jo pcuse quc Ics pouvoîrs attribués aux
membres du bureau ne sont pas suffisamment contrebalancés par
ceux des membres adjoints, la majeure partie de ces derniers
n'assistant jamais aux délibérations du conseil.
u. o. FRioN. Le conseil se compose de 12 membres du bureau
et de 12 membres adjoints. La balance est donc parfaitement égale,
et, en général, les décisions du conseil sont prises par plus
d'un tiers des membres, ce qui est parfaitement suffisant pour
leur validité.
M. PENAUD. La réunion des membres du Bureau et des mem-
bres adjoints, pour former le conseil me parait très avantageuse ;
elle donne plus de force aux résolutions prises.
La discussion est ouverte sur la modification proposée par M.
Gkiachot.
M. pitNADP. Si le chiffre des 4/5 me semble trop draconien,
d'un autre côté celui de la moitié des membres plus un, ne me
semble pas offrir assez de garanties. Je propose le chiffre de 2/3
comme formant une majorité qui n'est ni trop exclusive, ni trop
faible. D'ailleurs les questions de personnes, pour une Société
scientifique comme la nôtre, ne doivent pas être envisagées comme
s*il s'agissait d'un cercle quelconque.
M. o. FRiON. Cette question a été mûrement discutée lors de
l'élaboration des statuts, dont la sagesse a été prouvée par l'usoge ;
cependant, je me rallierai au chiffre de 3/4.
M. HAOQUARiB. Je demande que toute distinction soit suppri-^
— 28 —
mée entre les membres sociétaires et les membres associés, rela-
tivement aux votes. Dans le cas où. ma proposition ne serait pas
adoptée, je demande que la qualité d'associé soit acquise à toute
personne présentée par deux membres. Je rappellerai à cette
occasion le fâcheux incident soulevé à la dernière assemblée gé-
nérale.
M*. pâNÀOD. Je considère comme très sage le règlement de la
Société à regard des membres associés.
M. 0. FRiON. Je ne vois pour ma part rien d'exagéré dans les trois
mois de stage, imposés à tout membre associé, avant qu'il puisse
devenir sociétaire et acquérir ainsi le droit de vote et d'éligibilité
aux fonctions de la Société.
M. BiAOQUARiB. Jo demandé que la cotisation annuelle puisse être
rachetée par le versement unique d'une certaine somme.
M. PJ^NAUD. Cette proposition a déjà été soulevée au sein du
conseil. Il reste à axer le quantum de la somme à verser par les
membres qui désireraient le libérer en une seule fois de leur coti-
sation. Ce quantum pourrait être âxé à 200 fr. par exemple.
M. 0. FRION. Je demande que le prix de rachat des cotisations
soit fixé à 240 ou 250 fr. somme formant la moitié du capital né-
cessaire pour produire 24 fr. d'intérêts par an, soit le montant d'une
cotisation.
Après une discussion à laquelle prennent part MM. du Hauvel,
Hureau de Villeneuve, Penaud, Gueyton, Olivier et 0. Frion, sur
l'emploi des fonds provenant du mode de rachat de cotisations,
proposé, la question est renvoyée au conseil.
M. ARSÂNB OLIVIER oxposo im projet d'organisation financière de
la Société.
M. piNAUD. Je propose de modifier comme suit, la rédaction de
l'article 13 : « Le conseil est chargé d'exécuter les décisions pri-
ses par la Société ; il administre les affaires, prépare le travail des
commissions, soumet à la Société les demandes d'admission et de
radiation, les mesures financières, lui demande les crédits néces-
saires pour une bonne administration et surveille l'emploi des
fonds. »
M. HUREAU DB VILLENEUVE. Lo burcau ost actuellement un co-
mité exécutif des décisions du conseil. Ce rôle lui convient par-
faitement puisqu'il n'est composé que d'un petit nombre de mem-
bres, ce qui n'est pas le cas pour le conseil pris dans son entier.
M. GUBTTON. J'appuio cetto observation de M. Hureau de Ville-
neuve.
M. MAGQUARiE. Je demande qu'une commission de contrôle soit
déléguée spécialement par le conseil. Elle jouerait le rôle de comité
— 29 —
exécutif et établirait un budget des recettes et des dépenses pré-
vues et imprévues.
Cette proposition n^est pas appuyée.
H. o. FRioN. Je demande que Tarticle 22 du règlement soit
modifié dans un sens plus libéral. Ainsi il suffirait à un membre
sociétaire pour introduire une personne étrangère dans le local
des réunions de la présenter sous sa responsabilité, après avoir
prévenu le Président ou le Secrétaire général de la présence de
cette personne invitée par lui, en indiquant en même temps son
nom et la profession qu'elle exerce, n est bien entendu que la
personne ainsi introduite, ne pourrait prendre aucune part aux
discussions à moins d'ime autorisation spéciale, et que l'invita-
tion devrait être renouvelée pour chaque séance. Une proposition
écrite sera soumise au conseil en vue de cette modification.
Cette proposition est appuyée et renvoyée au conseil.
M. MÂCQUARiK. Xai VU à Charenton, voler un cerf-volant de 5
mètres de hauteur environ. Il était 2 heures. A 6 heures, on fit
redescendre ce cerf- volant, à Taide d'un treuil fiché en terre par
des pointes métalliques. La ficelle d'attache était àxi fouet un peu
fort renfermant un petit fil métallique. Le cerf-volant qui a atteint
les nuages est redescendu à terre tout mouillé, il était traversé
de haut en bas par un grand roseau renfermant intérieurement
une barre de fer terminée en pointe au sommet. La carcasse de
l'appareil était recouverte de papier consolidé par ime gaze légère.
L'expérimentateur regardait le cerf- volant en l'air à l'aide d'une
lorgnette.
La séance est levée à 10 h. 25 minutes.
Le secrétaire de la séance.
0. Frion.
Séance du 23 Novembre 1876.
PRESIDENCE DE M. LE COLONEL LAUSSGDAT.
La séance est ouverte à 8 h. et demie.
Le procès-verbal da la séance précédente est lu et adopté,
M. LE sECR^AiRE GÉNéRAL procèdc au dépouillement de la cor*
respondance qui contient :
Une lettre de M. Raymond qui propose de substituer aux tissus
actuellement employés pour enveloppes d'aérostats une toile
métallique analogue à celle employée dans les lampes Davy. L'au-
teur de la lettre se figure que les gaz ne passent pas au travers
les toiles métalliques.
Une lettre de M. Gabriel Mangin, qui se met à la disposition de
— SO-
IE Société comme pilote pour les ascensions qu'elle fera exécuter.
Un numéro de la Liberté (24 novembre), communiqué par
M. Le Breton, annonçant la découverte, sur une côte dislande,
d*un ballon dont la nacelle renferme une sacoche et des ossements
qu'on croit être ceux de Prince.
Plusieurs extraits du Rappel^ communiqués par M. 0. Frion,
dont Tun relatif aux études faites par M. J. Vian sur la structure
d'im oiseau lourd, originaire des îles Aléoutiennes, et désigné
sous le nom de Starique : un individu isolé de cette espèce vient
d*être rencontré en Suède. Les autres extraits sont relatifs à la
présence à Berlin de Ralph Stolt ;
L'ordre du jour appelle la discussion sur la proposition d*une
prochaine ascension scientifique.
M. LE PRÉSIDENT. Il cxistc cu caissc uuc somme de 889 fr. 36 re-
liquat des souscriptions faites il y a 2 ans pour couvrir les frais
de nos ascensions scientifiques interrompues d'une manière si
malheureuse. Cette somme est destinée à payer en partie les
dépenses à faire lors d'une prochaine ascension. Je dois déclarer
que j'aurais quelques appréhensions en voyant faire parla Société
une ascension avec un ballon provenant du siège de Paris.
Les ballons du siège étaient construits avec de mauvais maté-
riaux. Ceux qui restent ne gardent pas le gaz et l'étoffe, détériorée
par le vernis, se déchire facilement par des vents faibles (3 à 4
mètres par seconde). J'ai fait deux ascensions à bord de deux de
ces ballons du siège, construits en lustrine de qualité défectueuse,
rendue encore plus mauvaise par six années de repos, pendant
lesquelles l'enveloppe était restée pliée, sans être entretenue.
Dans l'une de ces ascensions, après l'ouverture de la soupape,
nous sommes descendus brusquement de la hauteur de 1500 mè*
très à 70 mètres du sol. A la suite de ces ascensions, nous avons
fait brûler tous le.s ballons qui restaient.
M. DUTÉ-poiTEviN. Jc puis Offrir à la Société de faire des ascen-
sions dans les ballons le Zénith et VAtmosphère, l'étoffe du Zénith
est fort légère comparativement à celle de Y Atmosphère^ il cube
3000 mètres et avec cinq personnes il peut porter 1100 kilos de
lest. Je vais réparer à neuf ce ballon dont l'étoffe offre toute sécu-
rité ; j'ai fabriqué un filet neuf qui lui est destiné.
L'Atmosphère a déjà servi lors d'une ascension faite par moi
avec MM. Tissandier frères et Rédier ; il est bon, mais un peu
lourd, il cube 2500 mètres et peut emporter cinq voyageurs avec
400 kilos de lest.
M. LE PRÉSIDENT. Il Serait bon d'étudier les systèmes propres à
faire connaître la direction suivie par un ballon et les moyens
— 31 —
proposés pour permettre de monter et descendre assez fréquem-
ment à volonté, de façon qu*à Faide de deux vents de sens dif-
férent on puisse en passant par diverses eouclies* atmosphériques
se maintenir dans un secteur déterminé et atteindre approximati-
vement un poiiit fixé à l'avance, en évitant les fausses directions.
Je crois qu'il faut écarter pour le moment les ascensions à grande
hauteur, malgré le grand intérêt qu'elles peuvent présenter. Il
convient d'attendre que l'on soit en présence d'un but très sérieux
à atteindre et en possession des moyens propres à empêcher tout
accident de survenir. Il faudrait tenir un journal très complet de
toutes les manoeuvres accomplies et de toutes les observations
faites en y notant les groupes d'honunes ou bandes d'animaux que
les aéronautes pourraient apercevoir à terre.
M. GAUCHOT. On pourrait revenir au système de sondes aériennes
supérieures et inférieures proposé autrefois comme moyen d'ap-
précier la hauteur et la direction des diverses couches d'air. On
pourrait, dans le cas de deux courants de sens différent, utiliser
ces sondes assez éloignées du ballon, pour dévier, et en faisant
agir le vent relatif sur un plan incliné, pour monter et descendre
à volonté. Lies sondes auraient au moins un volume égal au
sixième du cube total du ballon.
M. LE PRÉSIDENT. Ce moycu pourrait présenter certains dangers.
n fondrait étudier cette question, ainsi que les moyens d'éviter les
accidents causés par l'atterrissage.
M. nuré-poiTEViN. Les cosses de Sivel sont très-bonnes ; elles
suppriment le guide-rope, dont la corde tend toujours à s'enrou-
ler avec la corde de l'ancre.
M. LE PRÉSIDENT. La discussiou sera reprise prochainement sur
cette question.
Par suite de l'absence de M. A. Penaud,- le rapport qu'il devait
présenter sur le travail de M. Annibal Ardisson, traitant d'une
nouvelle méthode pour faire le point sera remis à l'ordre du jour
de la prochaine séance.
La parole est donnée à m. ch. du hauvel d'audreville pour
Texposition d'un système de loch aérostatique.
M. du hauvel. L'appareil dont je vais donner la description, a
pour but de déterminer la vitesse avec laquelle un aérostat se
déplace verticalement en un instant quelconque.
M. GABRIEL MANGIN. On pout reconnaître les montées et les des-
centes d*un aérostat au moyen de l'appareil à sonnerie électrique
de M. Godard.
M. du HAUVEL. Pour déterminer la vitesse du mouvement verti-
cal, ce loch est réglé de manière à se mouvoir lui-même avec une
— 32 —
Titesse connue : il se compose d^un parachute lesté pour avoir une
vitesse de chute de 1>»,00 par seconde, lorsque la pression am-
biante est de 0»,76. Des tables permettent de trouver quelle est
la vitesse de la chute pour une pression barométrique quelconque
et il suffît de comparer le mouvement d*un aérostat à celui d'un
tel parachute pour trouver le mouvement réel de cet aérostat. La
manœuvre est exécutée de la façon suivante : Un des aéronautes
abandonne le parachute à lui-même à la hauteur du cercle et laisse
développer un âl de 20 m. de longueur, qui est fixé au sommet du
parachute. Un autre aéronaute observe Theure du passage de
l'appareil contre le bord de la nacelle et celle à laquelle le fil de
20 m. est complètement tendu. Le temps employé au mouvement,
comparé à celui que le parachute aurait mis à tomber d'un point
fixe, et qui est donné par les tables, permet de trouver la vitesse
propre de Taérostat au moment considéré.
M. LE PRÉSIDENT. L'oratcur s'est-il bien rendu compte de la sen-
sibilité que devrait offîrir son appareil ? Cette sensibilité serait-
elle plus grande que celle d'un bon baromètre anéroïde ? n serait
bon en tout cas de procéder au préalable à des essais sur des
monuments ou autres points élevés.
M. DU HAuvEL. J*ai plutôt cu OU vuc, daus cette séance, de poser
un principe que de présenter un projet d'appareil. Il est bien évi-
dent que le loch aérien en question ne devrait pas être capricieux.
Il devrait dérouler dans le même temps, étant placé dans les
mêmes circonstances, la même longueur de fil, soit 20 mètres, si-
non il serait d'un mauvais emploi.
M. GAucHOT. Je crains, si l'on fait les expériences préalables sur
des monuments, que Tinfinence des courants ascendants décrits
par M. Penaud ne détruise l'exactitude des résultats observés.
M. DU HAuvBL. On pourralt faire ces expériences dans le puits
de l'Observatoire. i
M. GAUCHOT. Je rappellerai le baromètre à membrane de caoot-
chouc, si sensible, imaginé et construit par M. Penaud ; ce baro-
mètre accusait des différences de 50 centimètres, et cela très sen-
siblement, grâce à la grande amplitude des oscillations de l'ai-
guille.
M. LE PRÉSIDENT. Il CU était dc même d'un baromètre de Richard,
dont j'ai fait usage. Aujourd'hui ce baromètre, par suite d*un
choc, varie de 12 centimètres dans ses indications et le construc-
teur est mort.
M. RÉDiER. Le baromètre de Richard se dérangeait très facilement ;
mon père a construit pour M. Debray un baromètre qui, lorsqu'on
— 38 —
montait un escalier, indiquait la hauteur de chacune des mai^
ches.
M. LE PRÉSIDENT. Lc couseil pouTTa so réuuir extraordinairement
le jeudi 30 novembre et tenir une seconde séance qui paraît né-
cessaire à plusieurs membres, le 7 décembre, aân que rassemblée
générale puisse avoir lieu le 14 décembre prochain (2»« jeudi du
mois).
La séance est levée à 10 h. 1/2.
Le Secrétaire de la séance.
O. Frion.
Nous avons une rectification à faire. Le concurrent au prix Poi^
gnant, qui est inscrit dans notre numéro de novembre 1876, page
311, se nomme M. Manuel Rivera et non Rivero ; il est comman-
dant d'artillerie de la place de Vigo ; enfin il a envoyé avec son mé-
moire ime lettre cachetée portant la même épigraphe que celui-ci:
Deus super omnia»
LES BREVETS RELATIFS A L'AÉRONAUTIQUE
DÉLIVRES PENDANT LES DERNIÈRES ANNÉES.
Année i8yo,
Bhkvet n<» 88,393 pris par M. Joseph Chamard à Tulle (Corrèze)
le 24 janvier 1870 pour une machine pouvant servir à diriger les
aérostats et remplacer Thélice des bateaux à vapeur.
La machine représente le plancher de la nacelle d'un aérostat à
laquelle on a enlevé les tiges de suspension, garde-corps etc., ce
plancher est supporté par un bâti rectangulaire en fer ; c^est à ce
bâti que doivent être fixés les ballons qui supportent la nacelle ;
deux cylindres fenaés en bas et ouverts en haut peuvent glisser
à frottement doux sur les pistons. Chaque cylindre porte une
douille glissant librement sur la tige et à laquelle est fixée une
bride en cuir dont Tautre extrémité est attachée au bouton d'une
manivelle.
Un arbre qui reçoit directement le mouvement d'une machine à
vapeur porte une manivelle à chacune de ses extrémités, ces deux
manivelles se projettent verticalement suivant une ligne droite et
à leur bouton est fixée Tune des extrémités des brides.
C'est donc par l'aspiration de l'air que l'inventeur veut faire
avancer les ballons. Un certificat d'addition a été pris pour les
détails de cette machine.
Bbbvst n« 89,557 pris par M. François Grauss» cordonnier à
— 34 —
Forbach (Moselle) le 28 mai 1870 pour un système de Nayigation
aérienne fournissant le moyen de diriger les ballons et de descen-
dre sans lâcher de gaz.
Ce système se compose de deux parties principales savoir:
1<> D'im ballon gonflé avec un gaz plus léger que Tair ambiahfr
et qui est le moteur du genre de navigation dont il s'agit.
29 D'une nacelle suspendue à ce ballon et qui est destinée à por-
ter Taéronaute et tout le mécanisme nécessaire pour le mouve-
ment et la direction qu'il veut imprimer à l'aérostat ;
Le ballon est formé par deux cadres, un grand cadre qui sert de
plate-forme et un cadre plus petit qui sert de fond au ballon ; cha-
cun de ces cadres, converge à la traverse commune, qui forme la
tête du ballon et ne présente qu^une arête au courant d'air. Lors-
que par la manœuvre des cadres la plate-forme est amenée dans
une position inclinée avec la pointe dïrigée vers la terre, le ballon
tend à descendre.
Le derrière du ballon présente la forme d'un cul de sac dans le-
quel le vent vient s'engouffrer et imprime une certaine vitesse à tout
le véhicule.
Lorsqu'au contraire on veut marcher contre le vent, un courant
d'air factice est fourni par un tuyau qui vient de la nacelle, se re-
courbe à un point et lance son jet sur la planchette placée au
fond du cul de sac; ce courant d'air après avoir frappé la planchette
se réfléchit ensuite sur les quatre parois du cul de sac ou renfon-
cement. La planchette est maintenue par 2 cordes qui s'attachent
à la traverse et qui sont invisibles lorsque le ballon est couvert
de la toile. Les deux cordes sont destinées à maintenir le ballon
à la grosseur voulue, les autres cordes ou doubles cordes désignées
par leurs points d'attache concourent à tenir la nacelle suspendue
au ballon et enveloppent ce dernier.
Pour analyse conformej
J. Gastel.
FAITS DIVERS
Il y a quelques jours, on a fait à Chatam des essais d'un engin
aérostatique, dont l'invention est due au capitaine du génie Sale.
Il est destiné à reconnaître des positions ennemies pendaut la nuit.
Arrivé à ime certaine hauteur, un parachute est lancé et avec
lui des boules lumineuses qui éclairent toute la contrée et permet-
tent de reconnaître les positions, même fort éloignées . Les essais
ont parfiBiicement réussi, malgré une nuit orageuse et une pluie as-
sez violente.
Le Gérant, Félix CARON.
CIlLl«M(^T (C)IEE). — lUPRIliEBlB A. DAIZ, RUE PB COVVi, 27.
— 35 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
^ Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
B'ajant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
^ui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Bau (Alex.). Die Luftfeuer werkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Fur
tenerwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8<> 112 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
Tenth annual report of the aeronautîcal Society of great Britain
for the year 1875. Hamilton and C®, Paternoster row, London. Price
•ne shilling.
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Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo- délia
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tons à des prix variant de 50 centimes à 3 francs, suivant la rareté
el la propreté des exemplaires.
L'-A.ÉIlONA.XJTEl
SOMMAIRE
JANVIER 1877
Les Études AéRONAUTiQuss à Tétranger, par M. O. Friou.
La Céramique et les Aérostats, par "Mi. G^eorgres Xjecoq,, se-
èrétaire de la Société académique de Saint-Quentin (huit gra-
vures dans le texte).
École pratique des Hautes-Études. Expériences sur le vol méca-
nique, par M. Victor Tatin.
Comptes -Rendus analytiques des Séances de la Société française
de Navigation aérienne.
Séance du 9 novembre 1876: Propositions de modifications tut
règlement.
Séance du 23 novembre 1876: Etude d* une ascension scientifique.
Le lock aérostatique^ M. dix Hlaixvel.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique délivré^ pendant les der^
nières années, par M. J. CcksteL
Faits divers. Bibliographie.
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NAVIGATION AÉRIENNE
rOHDf Kt DIHiai PAK
;l,e D' abèl hureau. de Villeneuve
I^axiréat de l'Institut
(AcdémiB des Science»
FÉVRIER 1877
PAUll ; 6 FB«RC8 PAR AN. — DÉPiRTBllKNTa ; 1 VBANCa.
UN numAko : "ÏS cKNTiMas
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LA FAYETTE, gS
— 38 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvcl d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au»
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Narration de quatre ascensions en Belgique, par "M.. Adrien
Duté-Poitevin (deux grandes eravures dans le texte).
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par 3i£.
!E!u.gèiie Farcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry Giffard,d'uu grand ballon captif à vapeur, par M. Ghaston
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
La médaille commémorative de l'emploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par M. XjouIs îtameau. (deux gravures dans
le texte).
L'appareil Haenlein, par M. O. JEnrlon. (trois gravures dans
le texte).
Sur la force des êtres volants, par 1S£, Alplionse Penaud,
lauréat de l'Institut.
Correspondance de Moscou, par ISI., &eTge Alikoianine (deux
gravures dans le texte).
La Céramique et les Aérostats, par !M!. G-eoTges Xjecoq.,
(huit gravures dans le texte).
Les Études aéronautiques à l'étranger, par }^. O. Frlon.
La Société française de Physique se réunit à Thôtel de la Société
d'Encouragement, rue de Rennes, 44, le i**" et le 3^ vendredis de
chaque mois.
La société Météorologique de France se réunit rue des Grands-
Augustins, 7, le premier mardi de chaque mois, à huit heures du
soir,
La Société française de Navigation aérienne, a suspendu le
cours de ses séances jusqu'au mois de mai.
L'Ecole d'Aéronautes français a été instituée pour fii-
ciliter aux aéronautes de profession des moyens de s'utiliser dans
l'intérêt de la science. Elfe reçoit exclusivement les personnes dé-
sirant acquérir la pratique de Tort aéronautique.
La bibliothèque, etle musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, 95. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aériennes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
* ' ' * *' le docteur Hureau
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le c
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lahy
ette, 95.
L'AÉRONAUTE
10* ANNÉE. — N* 2. — FÉVRIER 1877
CORRESPONDANCE DE fNOSCOU
A Monsieur le ]> Hureau de Villeneiœe. (1)
Honorable Docteur,
omme j'ai donc eu raison de ne pas
quitter Moscou avant d'avoir reçu les
renseignements que j'avais demandés
à M. Niémen towsky. Quels gens* sin-
guliers vous êtes, vous autres Fran-
çais 1 Je vous aime beaucoup ; mais je
dois reconnaître vos défauts. Vous
avez, Tesprit inventif et ardent, vous avez l'art et la science
et au moment où vous allez peut-être atteindre votre but,
vous épuisez un temps précieux en querelles futiles. Je
n'aime pas les Allemands ; mais j'avoue que pour arriver à
un résultat déterminé, ils montrent un esprit de discipline,
qui vous fait tout à fait défaut.
D'après ce que m'écrit M. Niementowsky, je renonce donc
à mon projet d*aller èi Paris et je vais faire construire mon
appareil ici.
J'ai confié la direction d^s travaux & un belge nommé
Dubois, qui réside dans notre ville. Il est très content do
mon projet et me fait espérer le succès. Si je réussissais,
je ne regretterais pas l'argent que cet essai va me coûter ;
mais il me semble bien douteux de réussir pour la première
fois.
Je trouverai ici de très bons charpentiers pour fabri^
quer les plans de glissement, auxquels je ne donnerai pas
(1) Voir la livraison de décembre 1876.
— 40 —
la forme choisie par M. Strîngfellow. Leur arrière ne eera
pas rig'ide; maie au contraire il se moulera sur le poiat
d'appui aérien.
Le mécanisme sera totalement en acier forgé; j'ai l'inten-
tion de le faire construire en AlIemag:Dedan3l'usine Krupp.
La machine à vapeur sera de la force de cinquante che-
vaux. Les trois cylindres moteurs seront du système Bro-
therood à condensation. J'ytrouve l'avantage de supprimer
le volant; car je ne crois pas que l'hélice remplisse bien
cet office. •
Je voulais faire brûler du pétrole dans le foyer ; mais Du-
bois m'a assuré qu'il valait mieux brûler de la houille ;
parce que l'on ne connaît pas encore le moyen de bleu bril-
ler le pétrole dans un foyer fermé sans encrasser beaucoup.
Il y aura deux hélices de treize mètres de diamètre, de la
forme dont je vous ai déjà parlé.
L'appareil pèsera approximativement trois mille kilo-
grammas.
Je vous enverrai prochainement des dessias représenta-
tlTs,
Je vous remercie des encouragements qae vous m'avei
donnés et vous prie de croire, honorable Docteur, à ma
haute ooQBîdération.
Serge Mieounine.
LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ AÉRONAUTIQUE
DE LA GRANDE BRETAGNE
nnées précédentes, l'Aéronaute, s'était con-
é de publier une analyse du rapport annuel
a Société aéronautique de la Grande-Bret^
. Mais cetta année le dixième rapport con-
tient un certain nombre de documents connus de dos lec-
teurs. Nous n'avons donc pas à les reproduire. Ces docu-
ments sont la narration de la mort de Crocé Spinellî et de
— 41 —
Sivel d'aprèB le récit de M. Tissandier, une traduction
d'une note de M. Paul Bert sur l'influence de la pression
atmosphérique et une seconde note de M. Gandin sur rem-
ploi de Toxygène dans la respiration-
Ces trois articles ont été traduits eu anglais par M. James
Glaisber, Les lecteurs de notre recueil en ont lu le texte
original; noy» n'arons donc pas h le reproduire de nou-
veau.
Le rapport contient de plus un dialogue entra deux per-
sonnages fictifs, nommés Mack et Angus, qui causent de
la possibilité du vol mécanique.
En dehors des articles que nous venons de citer, le dixiè-
me rapport annuel contient le procès-verbal d'une séance
de la Société Aéronautique de la Grande-Bretagne qui a
eu lieu le 26 juin 1876 et enfin des conclusions,
Nous avons fait la traduction de ceg deux pièces qui of-
frent un certain intérêt.
Ejctrait du dixièmo rapport annuel de la Société aéronautique de la
Grande-Bretagne
RÉUNION ANNUELLE DU 23 JUIN ^^J^) PRÉSIDÉE PAR M. JAMES GLAISHEJl.
M. LE PRÉSIDENT rappelle les progrès que chaque année voit s'af-
firmer, et meationna spécialeoient ceax dus aux longs efforts et à
l'habileté de deux membres de la Société, Messieurs Moy et Shill.
lU sont parvenus à un succès que Ton n'aurait pas espéré Tan der-
nier. Ils ont construit une machine qui élève verticalement un
poids de 120 livres. M. Moy devant expliquer lui même ce qu'il a
fait, et ee à quoi il compte parvenir avec sa machine, le président,
sans s'y arrêter plus longtemps, rappelle l'affreux malheur qui
m attristé tout le monde Tan dernier, et déplore la triste fin des
«avants français , atteints par la mort dans leur hardie tentative
d'étendre la sphère de nos connaissances. Il dit qu'il reviendra
•ur ce sujet, et cède la parole à M. Moy.
M. MOY donne leeture d'un mémoire sur les progrès de l'aéronau-
tique.
Après une diatribe contre la teudauee de 'l'homme à détruire
les oiseaux par plaisir, M. Moy continue ainsi :
Il y a près de se ans que j*€Û porté mon attention sur le vol
— 42 —
mécanique. Je ii*espérais guère alors parvenir à imiter ce dont
nous avons tant d'exemples vivants. Longtemps je me suis astreint
à ne suivre que la « théorie du déplacement. » Je n'entrevoyais de
solution que dans une enveloppe contenant im gaz à faible poids
spécifique, propulsée par quelque force appropriée. Tel était le
cours de mes idées depuis 1847 jusqu'en 1859. A cette époque, la
machine à vapeur avait fait de grands progrès : le poids des ma-
chines était arrivé à être inférieur à une tonne par force de cheval :
je commençai à croire qu'on pourrait bien appliouer la vapeur à
la propulsion d'aéroplanes, et que Henson et Stringfellôw auraient
pu réussir s'ils avaient disposé d'une force plua considérable, en
se rapprochant davantage de la nature.
En 1865 je reconnus qu'un plan incliné, à tranche rigide, mû,
soit rapidement, soit lentement, par une force appropriée, ne tom<?
be pas sous l'action de la pesanteur, pourvu que son inclinaison
soit convenable. A partir de ce moment je renonçai au gaz.
L'exposition de 1868, faite par notre Société, donna un nouvel
élan à mes idées. Je formai et je rejetai successivement, une
multitude de plans pour les mettre en application. Au milieu de
tout cela cependant, il était un point qui me paraissait indispen-
sable pour arriver à la solution de la question: c'était une refonte
de la force motrice : après de longues recherches, j'imaginai en-
fin la machine connue sous le nom de machine de Moj et Shill, où
l'on est dispensé de la gêne encombrante d'une chaudière distincte.
La force motrice trouvée, il restait à l'appliquer. Là il y avait
de nouvelles difficultés à surmonter. J'ai bien entendu soutenir ici
la nécessité de la densité et de la gravitation, pour l'accomplisse-
ment du vol aérien. Je peux affirmer que rien n'est plus aisé que
de conserver la densité ou le poids, sans réduire en rien la gravi-
tation. Ce qui est difficile, c'est de réduire la densité, et de contre-
balancer les effets de la gravitation de telle sorte que la force mo-
trice puisse les surmonter. Pour cela il ne faut point recourir au
principe du déplacement, car par là on augmente tellement la ré-
sistance que la vitesse devient impossible.
Sans détaillerles expériences successives qui m'ont guidé, jesuis
parvenu, en 1839, à déterminer les caractères essentiels de la ma-
chine aérienne ou de ce quej'appelle le steamer aérien. Les machi-
nes sont au centre du vaisseau. Une paire de roues est mue par la
machine d'avant et une autre paire par la machine d'arrière et les
quatre roues sont reliées de telle sorte que quand le piston d'une
machine est à la moitié de sa course, le piston de l'autre est au
point mort : de la sorte la continuité du mouvement est assurée.
Les modèles de la machine ont été faits d'après mes dessins par
— 43 —
mon associe M. ShiU. Les pièces fondues ont "été exécutées en loé-
tsl h canon ; le diamètre des cylindres est de S pouces, la course
du piston de 3 pouces. La vapeur, arrivant à une pression de 1000
livres par pouce carré, est interceptée au boitième de la longueur
du COUT <lo Tiîston.
Ancien aéroplans de MM. Uoy et Shill.
Les plans tournnnts étant fixés dans .les cercles eu bois de plus
de6pieds de dinmctre, des Hls de métal tendus servent de rayons.
Los plans externes sont disposés de sorte qu'à mesure qu'ils s'élè-
vent dans leurs révolutions successives, ils reçoivent la pression
d'en haut sur leurs surfaces inférieures, et pendant environ
sot) degrés de la rotation, la pression porte sur le côté opposé
des plans, et par suite l'action effective se produit sans perte de
Les machines, soupapes, engrenages, roues, etc., ontclé l'objet
de nombreux remaniements, jusqu'il ce que j'aie cru pouvoir cons-
truire une autre machine ayant une force plus grande. Je l'ai
commencée l'automne dérniec et je pense que c'est la meilleure
de ce poids qui ait jamais été construite. ■
u. uor donne ensuite des détails sur des expériences qui ont eu
lieu au Palais de Cristal en 1874. Il continue en disant :
— 44 -
« Tout inventeur a à lutter contre roltjectionneur Irréconciliable
et le soi-disant c homme pratique. » Ici c*est une simple machine
produisant rapidement la vapeur, remployant avec efficacité
et dont le poids, l'espace et le prix de revient sont extrême-
ment réduits. Quant à ses mérites, que celui qui en doute fasse
une machine de 3 chevaux qui élevé en Tair son propre poids aug-
menté de 50 0/0, ou une machine de 6 chevaux qui élève en Fair le
double de son poids, ou une machine de 100 chevaux qui élève 2000
kiloff.
« Je me propose de construire une machine de la force de 100
obevaux* de déterminer exactement sa puissance au dynamomètre ;
pois je veux construire le steamer aérien, avec une surface suffl-
sante, des cabines et un appareil pour gouverner, le faite s*élever
verticalement du sol, et, une fois assez élevé, chaager les angles
des roues aéroplanes et des plans, de façon h voyager dans toutes
les directions voulues.
c Les roues aéroplanestoumantes sont parfaitement horizontales*
L'effet produit seloala verticale, permet de quitter le sol. Cela faiti
l'orbite des roues peut être modiûé, de façon à donner une direc*
tion inclinée et alors le steamer se dirigera dans le sens de la flè-
che. Kn rendant l'orbite des roues de plus en plus vertical, la
vitesse devient de plus en plus grande, et la partie des plans aug-
mente ; les plans axes agissent de plus en plus avec l'accrois-
sement de vitesse. Enfin quand la vitesse doit diminuer, l'angle de
l'orbite des roues aéroplanes se rapproche de l'horizontale et oa
réduit la vitesse à volonté. '
Quant aux surfaces et aux matériaux, il a déjà été construit
d'après les données acquises, des tables qui prouvent que pour une
machine réellement pratique, il ne faut guère autre chose que
de l'acier et du bronze ; elle ressemblera plutôt au cerf- volant qu'au
papillon.
n est aussi facile d'exercer une pression de 50 livres sur une
surface d'un pied carré, qu'une pression d'une livre. Avec 50 livres
ZLous pouvons employer des surfaces métalliques et l'espace est
traversé avec une vitesse bien plus grande. Ainsi les aéroplanes
tournants d'une grande machine seront bien plus efficaces que
ceux du modèle, et ils seront comparativement bien plus légers.
Enfin il y a bien des détails d'une grande machine qui ne peuvent
être exécutés dans un modèle à l'échelle d'un 1/2 pouce par pied,
ce qui le rend nécessairement incomplet*
c Voici quelques détails qui sont ici à leur place. Le corps ou la
coque du steamer aérien aura 70 pieds de long sur 8 de bau et 8 de
profondeur; bien charpentée pour présenter une grande solidité
— 45 —
longitudinalement. Elle sera cq inétal : lo pont et les cotes éyidéa
en grande partie, en laissant un espace d'environ un pouce entre
les parois extérieure et intérieure. Cet espace rece^^ra la vapeur
sortant des pistons. Celle-ci s'y condensera, la chaleur étant prise
par les deux surfaces métalliques. L*eau de condensation retour*
nera par les parois latérales dans le générateur, pour y être de
nouveau vaporisée : il sera donc inutile d'avoir un grand réservoir
d'eaut et en même temps la chaleur perdue échauffera les cabines.
Des sabords dans les côtés et dans le fond des cabines permet*
tront aux aéronautes de se guider par Tobservation dans le voya>
ge. Pour gouverner à droite ou à gauehe, on se servira des roues
motrices dont les angles peuvent être changés à volonté; on pour-
ra s'élever ou s'abaisser au moyen de plans fixes et d*un gouver-
nail, s
M. Moy présente un modèle pour la démonstration du mouvo*
ment vertical. Ce modèle s'élève de lui-même par la rotation de 4
ailes en sens contraire. Le moteur est un ressort. Il rappelle
que son modèle au Palais de Cristal avait 25 pieds de large et des
roues de 18 pieds de diamètre.
n termine par un éloge des mémoires présentés à la Société par
M. Wenham, dont les expériences ont un grand caractère d'utilité
et d'intérêt.
M. LE PRÉSIDENT demande si lo poids de 120 livres a été déter-
miné à la balance de Salter.
M. MOY répond que le mouvement du piston gênait l'action de
la balance de Salter. On a pesé avec soin la machine : elle pesait
168 livres. On a placé ensuite des deux cotés de petits leviers avec
des poids, pour contrebalancer tout ce qui dépassait 120 livres;
alors la machine s'est élevée de un pouce et demi au-dessus du
BoL
M. LE PRisiDENT. •— Alusl la détermination a été faite par une
expérience directe.
M. BRowN demande si toute la machine 8*est enlevée.
M. moy: — La machine avee son générateur et le bfttis pesait
80 livres. Elle a enlevé 40 livres de pins que son propre poids. Les
contrepoids enlevaient 66 livres au poids total qui était de 186 li-
vres.
M. WENHAM remarque que d'après ses expériences, il suffit de
15 pieds cubes d'air pour opérer la condensation d'un pied cube
de vapeur perdue, par le simple mélange de la vapeur avec
Vair.
LE CAPITAINE oREENFiELD rcud comptc dc l'expérience à laquelle
il a assisté et dans laquelle la machine de M. Moy, dont le poids
— 4« —
avait été réduit à 120 livres, s'était élevée en Tair. L'un des plans
ou ailes avait été cassé avant Texpérience, en sorte que d*un coté
il y avait 12 plans ou ailes, et de l'autre seulement 11; Taction se
produisait donc inégalement, et Taile complète devait s*élever bien
plus que Tautre. A un certain moment, l'appareil s'est élevé de ce
coté de 6 pouces, tandis que son ensemble ne s'éloignait du sol que
de 2 pouces au moins verticalement. Il n'y avait pour atteindre ce
résultat aucune autre force agissante que celle des ailes tournant
dans l'air. L'expérience avait lieu dans un air calme. Un léger
remaniement permettrait aux machines de faire encore davantage.
Le calcul donne une pression de 99,900 livres par pied environ,
pendant 94,5 secondes. L'élévation d'une aile étant de 6 pouces
et celle de l'autre de 2 pouces, la moyenne est de 3 à 4 pouces.
Le Président remercie M. Moy de son mémoire, et regrette de
n'avoir pu assister aux expériences.
: L'assemblée sur sa proposition vote des remerciements à M. Moy.
Traduction de M. HASENFELD,
Interprète juré, ancien élève de l'école polytechnique.
(La suite à la prochaine livraison.)
ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES
EXPÉRIENCES SUR LE VOL MÉCANIQUE
(Suite) (i).
Année i8y5. — Dans les appareils construits l'année précédente,
la force dépensée m'avait paru être de 3 kilogrammètres environ
par seconde et par kilogramme d'appareil. En supposant exacte
cette donnée, qui, en vérité, n'est qu'approximative, je fis le plan
d'un grand oiseau qui devait peser un kilogramme et qui serait
mû par une petite machine à vapeur. Je construisis, à cet effet,
une petite chaudière au moyen de cinq tubes en acier.
Ces tubes sans assemblage étaient disposés verticalement les
uns devant les autres comme des quilles alignées ; le tube du nu-*
lieu, plus haut que les autres, servait de dôme ; les bouts des tu-
bes étaient foncés d'une rondelle en acier sertie ; ils étaient reliés
entre eux par deux tubes horizontaux de plus petit diamètre et
qui traversaient le tout, en haut et en bas. Une soupape de sûreté
(1) Voir la livraison de janvier 1877.
— 47 —
ayee levier et ressort était au centre du dôme, et près d'elle se
trouvait la prise de vapeur.
Cette chaudière était enfermée dans une enveloppe de tôle à une
distance convenable pour permettre la circulation des flammes et
des gaz chauds. En avant se trouvait le foyer et en arrière une
cheminée en mica.
«réprouvai alors cette chaudière et^ la trouvant suffisamment
résistante, jeWoccupai de la construction du reste de Tappareil.
La machine se compose d*un cylindre à simple effet, en acier,
dans lequel se meut verticalement un piston fixé par sa tige à un
guide sur lequel sont articulées à droite et à gauche deux pièces
d'acier qui seront les humérus de Foiseau. Sous chacun d'eux s'ar-
ticule une bielle dont Tautre extrémité est reliée à an bâti placé
sous le cylindre. Au devant de cet ensemble est placé un petit
manomètre indicateur de la pression dans, la chaudière et pouvant
indiquer jusqu'à 30 kilogrammes. Derrière le cylindre se trouve la
distribution qui consiste en un robinet à trois voies ; la vapeur
peut ainsi arriver sous le piston et produire l'abaissée des ailes.
A la fin de chaque course, le robinet est tourné de 90 degrés par
une tige mise en mouvement par le guide, et la vapeur qui vient
de travailler peut ainsi s'échapper pendant le mouvement inverse
du piston qui s'opère aussitôt que le robinet a changé de position,
sous la commande de la tige disposée à cet effet.
La vapeur ne devant agir que d'un seul côté du piston, le cylin-
dre est ouvert par en haut, et la relevée des ailes se fait au moyen
d'an ressort placé auHlessus de la machine.
Ce ressort est en caoutchouc ; il est fixé en haut à im petit mâ-
tereau et, en bas, à l'extrémité extérieare dd l'humérus ; il est ten-
du par chaque abaissée des ailes et produit la relevée en revenant
sur loi-mâme, à la fin de chaque course ascendante du piston qu'il
fait ainsi redescendre. Les ailes se composent d'une nervure prin-
cipale en roseau et d'un voile formé d'une étoffe de coton très-lé-
gère maintenue tendue, dans le sens de sa largeur, par des côtes
en bois léger. Une queue de même étoffe que les ailes est placée
à l'arrière.
J'ai disposé dans cet appareil un ressort sous chaque aile afin de
rappeler toujours en avant la face inférieure du voile et pour pro-
duire, pendant la remontée de l'aile, cet effet de cerf-volant qui a
été souvent signalé déjà.
Le chauffage de la machine présenta de grandes difficultés ; je
dus essayer successivement toutes sortes de combustibles, tels
que: bois résineux, charbon de bois ou coke imbibés de liquides
inflammables, mèches de coton également imbibées et jusqu'à une
.1*
— 48 —
lampe à alcool à deux becs. C^est avec Tessence minérale et sur-,
tout avec Féther que j'ai obtenu les moins mauvais résultats.
La surface du piston et sa course étant calculées de telle façon
qu'une révolution complète des ailes correspondît à un kilogram-
mètre par dizaine de kilog. de pression, je comptais donner un
battement et demi par seconde à 20 kilog. de pression, ce qui re-
présentait les 3 kilogrammètres que j'avais jugés nécessaires.
Après bien des essais, bien des modifications plus* ou moins im-
portantes, je n'eus à constater qu'un échec complet ; je ne pus ja-
mais faire produire à ma machine qu'un kilognunmètre et demi à
peine.
Une plus grande production de vapeur au moyen d'une chau-
dière dont la surface de chauffe serait plus considérable me don-
nerait certainement plus de force, mais en augmentant le poids de
l'appareil, de sorte que je serais toujours dans d'aussi mauvaises
conditions.
J'avoue que cet échec me refroidit un peu ; ma position ne me
permettant pas de me livrer à ces études autant que je le désirais,
je suspendis ces travaux. Mais je ne pus m'empêcher de songer à
différentes combinaisons mécaniques grâce auxquelles la machine
me semblait devoir voler. Ce fut bientôt une véritable obsession,
c II faut que cette machine vole, > me disais-je, et, prêt à de nou-
veaux sacrifices, je me remis à l'œuvre. C'était au mois de mars,
nt j'étais bien loin de croire que, quinze mois plus tard, après
avoir surmonté bien des difficultés, je n'aurais pas encore atteint
le but désiré.
Il me sembla que, pour alléger la machine, il y avait avantage
à remplacer la vapeur d'eau par un gaz comprimé. Je rejetai l'em-
ploi de l'acide carbonique et celui' de l'hydrogène, redoutant, dans
le premier cas, l'entraînement de vapeurs acides qui eussent altéré
les organes de la machine, dans le second, une complication et
une cherté excessives du mécanisme à établir. Je m'arrêtai à l'em-
ploi de l'air comprimé, non pas que je prétende que ce système de
moteur doive être adopté pour une grande machine, mais il me
semble préférable, sous bien des rapports, pour des essais en
petit.
La chaudière est donc supprimée et remplacée par un récipient
en tôle d'acier de même poids, je la raccorde à ma machine et je
me sers du même manomètre qui existait dans ma machine à va-
peur. Au devant du récipient qui est cylindrique, avec fonds bom-
bés, se trouve une soupape s'ouvrant de dehors en dedans et pou-
vant recevoir le tube qui amène l'air. Une pompe dont je dois le
modèle à la complaisance de M. Paul Giffard me sert à refouler
— 49 —
Fair dans le récipient jusqu'à 30 kilog. de pression au besoin. Pour
ma sécurité, j'ai fait soumettre préalablement le récipient à 70 ki-
log. de pression ; il a résisté à cet essai.
Comptant alors être dans les meilleures conditions possibles,
je transportai le tout à la campagne, où je me proposais de faire
voler mon oiseau en plein air. Espoir déçu : la machine ne vole
pas ; elle va tomber assez lourdement à quelques mètres.
Cependant je modifiais toujours quelque détail : entre autres, je
dois signaler la substitution de la soie au coton que j'avais em-
ployé dans la construction des ailes: je gagnais ainsi quelques
grammes, ce que je considère comme important, vu Tinconvénient
qui doit résulter de Tinertie d*une aile trop lourde. Je renouvelai
souvent les mêmes expériences, et à chaque fois, l'appareil en
tombant se brisait quelque pièce; il me fallait, chaque jour, faire
à Paris des réparations dans la journée, et à la campagne, le soir,
des expériences presque désespérantes. Enfin je vis arriver la
mauvaise saison sans avoir obtenu encore de résultats satisfaisants.
Je trouvai cependant à Paris un hangar à fourrages qui est assez
^cieusement mis à ma disposition et je pus encore faire quel-
ques essais. Enfin, après avoir changé plusieurs fois la forme et la
grandeur des ailes, après avoir fait fonctionner mon appareil à des
pressions diverses, lui avoir fait dépenser jusqu'à 7 ou 8 kilogram-
mètres par seconde, je conclus que quelque grossière défectuosité
devait m'échapper, le meilleur résultat m'ajant donné à peine 10
mètres de chute oblique.
M. Marey, au courant de mes essais, mit alors à ma disposition
son laboratoire, ses appareils enregistreurs et enfin ses profondes
connaissances sur tout ce qui touche à la question du vol et à la
fonction des divers organes des oiseaux. J'acceptai avec un grand
plaisir; j'allais avoir sous les yeux les intéressants graphiques
obtenus avec des oiseaux vivants ; je pourrais les comparer à ceux
que j'obtiendrais avec mon appareil.
« Certainement, me disais-je, on doit trouver le défaut des ap-
pareils mécaniques, s et je ne doutais pas d'arriver enfin au ré-
sultat depuis si longtemps poursuivi.
Victor Tatin.
{La suite à une prochaine livraison).
— 50 —
COIPTES-RENDUS KULYTIQUES DES SÉMCES
U SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NAVIGATION AÉRIENNE
Assemblée générale du 14 Décembre t8y6,
PRÉSIDENCE DE M. LE COLONEL LAUSSEDAT.
La séance est ouverte à 8 heures et demie.
I.e procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. LE SECRETAIRE GÉNÉRAL procèdc au dépouillement de la cor-
respondance qui contient :
Une lettre de M. Emile Cassé, 8*excusant de ne pouvoir prendre
part aux travaux de rassemblée.
Une lettre de M. Pillot, chef de gare à Gémeaux (Côte-d*Or),
inventeur d'une machine volante à ailes. Ces ailes seront au nom-
bre de 4 et auront chacune 5 mètres de longueur. Elles s'appuieront
sur Tair et se relèveront alternativement par paires et seront
actionnées à Taide de 2 ressorts légers et puissants. Un seul de
ces ressorts suffît pour enlever la machine, montée par un homme,
et la tenir suspendue pendant 5 minutes, temps qu'on met à profit
pour remonter l'autre moteur. La machine pèsera 30 kil. avec les
agrès, sa surface sera de 60 m. c. «et avec un seul moteur elle
pourra enlever 100 kilos. Elle parcourra au moins 1000 mètres
par minute en temps calme. L'inventeur, partisan déterminé des
appareils plus lourds que Fair, demande, pour la construction de
la machine en question, le concours de quelques aéronautes de
bonne volonté appartenant à la Société.
Une lettre de M. Ernest Chabrier, ingénieur civil, relative aux
modifications à apporter au règlement.
Un projet accompagné de dessins, ayant trait à un système
d'aérostat de forme ellipsoïde, adressé par M. le D' Arruti, de
Madrid.
Un autre projet avec croquis relatif à la construction des aéro-
planes, adressé par M. Vannet.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL donuc Iccturc de SOU rapport annuel
sur les travaux de la Société.
M LE PRÉSIDENT. La Société va avoir à s'occuper d'un projet
d'ascension scientifique dont elle devra bien définir le programme.
f
~ 51 —
Il a déjà été nommé une commission des voies et mojens en vue
d'élacider l'importante question de la résistance de Tair.
Le programme des expériences et les devis de construction des
appareils une fois établis, la Société, à mon avis, trouvera facile-
ment en dehors d'elle des adhérents puissants sur le concours
bienveillant desqueU elle pourra compter.
M. HUREAu DE VILLENEUVE. Jc partage entièrement les vues de
notre honorable Président. Un programme précis étant arrêté» la
commission de la résistance de Tair pourra, au nom de la Société,
faire appel aux souscripteurs qui se trouveront en présence d*un
objet d*études concret et d*une demande parfaitement définie.
n est décidé qu'une nouvelle convocation sera adressée aux
membres composant Tancienne commission de la résistance de
Tair. Le conseil sera consulté afin de savoir si cette commission
pour ses travaux futurs devra ou non être complétée.
M. LE TRÉSORIER cxposo à la Société rétat de ses comptes, déjà
présentés au Conseil, qui, après examen, les a approuvés.
Ces comptes sont arrêtés au 80 novembre dernier.
Il a été acheté pour le placement du fonds social deux titres de
rente française 3 0/0 au porteur, inscrits sous les n«« 221,736 et
32,922.
Après un vote conforme, les comptes présentés sont approuvés,
à Funanimité.
M. LE PRÉSIDENT. Jc croisdcvoir, au nom de la Société, adresser
à M. Félix Caron, trésorier, des remerciements, pour sa bonne
gestion. *
M. le président et M. le secrétaire général signent les
livres qui sont déposés aux archives.
La Société; consultée décide ensuite qu'elle ne fondera pas un
organe spécial mais se bornera à publier ses procès-verbaux dans
\m simple bulletin uniquement destiné aux membres, qui conti-
nueront à payer, comme par le passé, une cotisation annuelle de
24 francs.
L'ordre du jour appelle la discussion sur les modifications à
apporter au règlement.
Modifications approuvées par le Conseil.
Article 4. Après une discussion, à laquelle prennent part
MM. Grauchot et Motard, qui parlent contre le maintien des dispo-
sitions de cet article, et MM. le colonel Laussedat, Bureau de
Villeneuve et O. Frion, qui parlent en sa livreur, l'admission des
sociétaires à la simple majorité ou à lasujorité des 2/3 des vo
— Bâ-
tants, est repoussée. Une modification aux paragraphes !«' et 2%
proposée par M. Duroy de Bruignac, est acceptée, ainsi qu'une
modification au 3« paragraphe, proposée par M. Grauchot. Bn
conséquence, T^irticle 4 se trouve maintenu, après un vote con-
forme, avec les modifications suivantes :
c Dans la séance qui suit celle dans laquelle la présentation a
eu lieu, la réunion vote sur Tadmission proposée au scrutin
secret.
c Les sociétaires écrivent sur leur bulletin oui ou non en face
de chaque nom.
c On fait ensuite Tappel nominal, et les noms des votants, à
mesure qu'ils déposent dans Fume placée devant le Président leur
bulletin plié en deux, sont inscrits par Tun des secrétaires sur
une liste de contrôle. »
c Les secrétaires font ensuite le dépouillement du scrutin, et
si le candidat a réuni les quatre cinquièmes des suffrages expri-
més, le Président prononce l'admission.
c Les bulletins blancs sont considérés comme nuls. »
Article 5. Cet article, sur la proposition de M. Gauchot, est
modifié comme suit, dans son !<"" paragraphe :
c Si le candidat n'a pas réuni les quatre cinquièmes des voix,
il peut présenter une demande nouvelle, après un délai de trois
mois. »
Le dernier paragraphe sans changement.
Article 8, 2* paragraphe, ainsi complété sur la demande de
M. Gauchot : *
« Si le Conseil décide de présenter le postulant au vote de la
Société, le vote a lieu au scrutin secret. L'adhésion des quatre
cinquièmes des membres présents est nécessaire. En cas de refus
de la Société, l'associé peut se présenter au bout de trois mois. »
L'art. 60 est modifié de la manière suivante :
a La Société publie dans un bulletin ses procès-verbaux et les
pièces, recherches ou mémoires concernant ses travaux. Un
exemplaire de ce bulletin est envoyé à chacun des membres de la
Société. La Société ne se considère pas comme responsable des
opinions émises par les auteurs. »
Article 65. L'addition suivante au l«r paragraphe, proposée par
M. Georges Poignant, archiviste, est adoptée.
c Les membres consultant les archives, doivent inscrire leur
nom et la date de la consultation sur un registre spécial. »
Modifications repoussées par le Conseil.
La proposition d'identifier les droits des membres sociétaires
-S8-
et des membres associés, faite par M. Gauchot, est retirée par lui.
Les deux autres propositions qui figurent sur la lettre de con-
vocation, sont rejetées après un vote conforme.
L'ordre du jour, se trouvant épuisé, la séance est levée à 11
heures 10 minutes.
Séance du 28 décembre 1876.
PRisiDBNCE DE M. LE D' HUREAU DE VILLENEUVE, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à 8 heures et demie.
Lecture est donnée du procès-verbal de la séance précédente.
Après différentes observations le procès-verbal est adopté.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL procèdc au dépouillement de la cor-
respondance qui contient :
Une lettre de M. Borel Dandrieux, relative au petit hélicoptère
a ressort en caoutchouc du système Dandrieux, Gravier et Cie.
M. o. FRioN : Je demande que cette lettre, soit renvoyée au con-
seil, qui décidera s'il y a lieu ou non de la lire en séance.
M. PAUL BERT : Jc uc vois aucuu inconvénient à ce que la lettre
en question soit lue en séance dès maintenant.
Il est procédé au vote sur la demande de M. 0. Frion et décidé
que lecture de la lettre sera faite immédiatement.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL lit la lettre de M. Borel Dandrieux.
M. LE PRÉSIDENT : M. Borcl Dandrieux avait pris un brevet pour
la forme de Thélice de son hélicoptère-jouet. M. Vert a cru pouvoir
depuis mettre en vente un hélicoptère d'un système analogue. De
là, un procès en contrefaçon intenté par M. Borel Dandrieux, qui a
été débouté de sa demande.
M. LE PRÉSIDENT fait fonctionner devant les membres de la So-
ciété un spécimen de Thélicoptère de M. Borel Dandrieux, dont le
principe de construction a été déclaré par le tribunal être depuis
longtemps déjà dans le domaine public. M. Serge Mikounine a
acheté en Russie des hélicoptères absolument semblables qui sont
actuellement fabriqués en Allemagne en nombre immense.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL coutinuc Ic dépouillement de la cor«
respondance, qui contient encore :
Une lettre de M. Alfred Basin, relative à un aérostat captif lié
à un canot-traîneau. L'aérostat serait retenu par un câble à une
distance du sol variant de 10 à 50 mètres. Le gaz pourrait être
fabriqué surplace. Ce système étudié en vue de Texploration du
l'Ole Nord, permettrait de faire les études nécessaires pour la
-> 54 —
construction d*an canot-ballon à vapeur qui serait relié au navire
pris dans les glaces par un câble télégraphique.
M. BAsiN expose au tableau la manière dont devraient être faites,
suivant lui, les expériences d*aéro8tation en petit, afin de pouvoir
apprécier facilement la force du moteur, la dimension plus ou
moins grande et la forme la meilleure à donner au ballon au point
de vue de la vitesse, etc.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL. Je vois daus le systèmc proposé un
grand nombre d*ineonvénients : poids relativement énorme du
cable, impossibilité d^apprécier avec exactitude les efforts exercés :
ce qui n*a pas lieu avec un aérostat complètement libre, etc.
Un travail de M. Henri Monnier, intitulé : Négation de la rota-
tion de la terre. VtLVLteuv croit que, par suite de la résistance
du milieu éthéré dans lequel se meut notre terre, la rotation com-
plète pour Tatmosphère des hautes régions est retardée et s'ac-
complit en 48 heures seulement au lieu de 24 heures.
La communication que devait faire M. Motard sur les montgol-
fières e^ renvoyée à une prochaine séance.
Lfi séance est levée à 10 heures et demie.
Séance du 11 janvier 1877.
PRÉSIDENCE DE M. H. MOTARD.
La séance est ouverte à huit heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après
quelques observations.
Plusieurs membres demandent à M. Hureau de Villeneuve, si à
l'avenir Tabonnement à YAéronaute sera distinct de la cotisation de
la Société.
M. BUREAU DE VILLENEUVE. La Société daus sa séance du 14 dé-
cembre 1876 a décidé que la cotisation serait maintenue à 24 francs,
mais qu'à l'avenir YAéronaute ne serait plus distribué gratuite-
ment aax membres. £1 en résulte nécessairement que deux quittan-
ces devront être envoyées aux membres ; Tune de 24 francs pour
leur cotisation de la Société, Tautre de six francs pour Tabonne-
ment à YAéronaute^ s'ils désirent continuer à le recevoir.
M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL lit la Correspondance qui contient :
Deux lettres de M. le colonel laussedat.
Dans la première Thonorable colonel donne sa démission de Pré-
sident de la Société ; dans la seconde il donne sa démission de
membre de la dite Société.
— 55 —
Une lettre de m. hxrvé manook, membre de Tlnstitut, qui donne
sa démission de membre de la Société.
Une lettre de m. piulbkrt député, professeur à la faculté des
sciences, qui donne sa démission de membre de la Société.
Une lettre de m. gaston TrasANOiEa, qui donne sa démission de
vice-présidenjt et de membre de la Société,
Une lettre de h. albsrt tissandibr, qui donne sa démission de
secrétaire et de membre de la Société.
Une lettre de m. alfrrd tissandier, qui donne sa démission de
membre de la Société.
Une lettre de m. louis rédier, qui donne sa démission de secré*
taire et de membre de la Société.
Une lettre d3 m. osgar fkion, qui donne sa démission de secré-
taire de la Société.
Après la lecture de plusieurs autres lettres, une partie des mem-
bres se lèvent et quittent la salle
La séance est levée.
Séance du 25 janvier iSjj.
présidence de m. h. motard.
La séance est ouverte à huit heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté
La correspondance contient :
Une lettre de M. Ch. du Hauvel d'Audreville, qui donne sa
démission de secrétaire général de la Société.
Une lettre de M. G. Masson, éditeur, qui donne sa démision de
membre de la Société.
Des lettres de MM de la Laodelle et Cassé.
Une lettre de M»*» Poitevin qui adresse une réclamation.
M. G. POIGNANT, archiviâtc, lit le rapport suivant :
Messieurs,
Le Conseil, en présence des difficultés intérieures dont témoi-
gnent les démissions nombreuses de membres éminents, désireux
d'assurer dans de bonnes conditions la reprise normale des travaux
scientifiques de la Société, propose à Tunanimité à la Société fran-
çaise de Navigation aérienne les trois résolutions suivantes :
Irrésolution. La Société de Navigation aérienne se proroge
jusqu'au premier jeudi de mai, où elle procédera en séance géné-
rale à ses élections annuelles.
2» résolution. Une commission de trois membre.5 est chargée
•usqu*à cette époque de l'expédition des affaires urgentes.
-56 —
MM. Arme;igaud, Duroy do Bruignac et Poignant composent
cette commission.
3«» résolution. La Société de Navigation aérienne, en regrettant
les démissions à elle données, renvoie à la séance qui suivra celle
des élections générales la discussion relative à leur acceptation.
Signé : A. Penaud, J. Armengaud, Vicomte de Ponton d*Amé-
court, G. Poignant, Duroy de Bruignac, Gauchot, Renoir.
La première de ces résolutions a reçu en outre Tadhésion par
écrit de MM. Marey et Olivier, dont les lettres sont déposées aux
archives.
Après plusieurs votes, la Société approuve la résolution ci-des-
sus et suspend ses séances jusqu*au mois de mai.
JULLIEN (DE VILLE JUIF).
Un modeste et laborieux cherclieur vient, il y a quelques semai-
nes à peine, de terminer savie dans un triste lit deTasile Ste-Anne.
Ce martyr de Tinvention, déjà perdu dans la foule des oubliés,
eut pourtant autrefois son heure de célébrité, comme tant d*autres
dont on ne parle plus.
C'était en 1850, le 6 novembre, JuUien, Thomme dont nous nous
sommes proposé de rappeler les travaux, avait convoqué à THip-
podrome un certain nombre de journalistes de Paris, afin de faire
fonctionner sous leurs yeux un nouveau système de ballon diri-
geable. L'expérience fut effectuée à 3 heures, et M. Pierre Bernard,
rédacteur du SièclCy en rendit compte dans les termes suivants :
c Le fait d'abord ! Aujourd'hui, 6 novembre, un aérostat, d^une
forme excessivement simple et toute vivace, a navigué dans le
vent, selon la fantaisie de son inventeur, M , et les indications
de notre maître à tous : le public. »
D'un autre côté, M. Julien Turgan, l'auteur des Grandes Usines^
publiait dans la Presse un article non moins enthousiaste, que
nous croyons intéressant de reproduire ici, son auteur ayant été
un des témoins oculaires de l'expérience :
c A trois heures et demie, en présence de MM. Emile deGîrardin,
Louis Perrée, de Fiennes, Bernard, etc., M. JuUien a apporté, d*a*
bord dans le manège, puis dans l'amphithéâtre de l'Hippodrome,
un petit aérostat, long de sept mètres, déforme oblongue, et ayant
monté un mécanisme bien simple, de son invention, il a abandon-
— 57 —
né l'appareil, qui s*est dirigé rapidement dans le sens désigné an-
térieurement.
c Dans le manège où il n*y avait pas de courant d'air, la chose
paraissait fort simple ; mais une fois dans Tamphitliéâtre, notre
étonnement fut au comble lorsque nous vîmes l'expérience se re-
produire, malgré un vent sud-ouest fort marqué. L'aérostat se di-
rigea directement contre le vent* On recommença en divers sens, et
toujours l'expérience réussit.
c On a tant de fois répété qu'il était impossible d'arriver à un tel
résultat, qu'on se regardait les uns les autres sans vouloir absolu-
ment croire au spectacle que l'on avait sous les yeux, et qu'il a
fallu recommencer plusieurs fois ces manœuvres pour nous con-
vaincre du fait.
c Les essais de mouvement circulaire ont été tentés, mais l'en-
ceinte était trop restreinte, et l'on ne pouvait agir que par le gou-
vernail. Cependant plusieurs de ces tentatives ont réussi. C'est du
reste l'appareil le plus simple du monde : — Une sorte de poisson
cylindre à grosse tête, en baudruche, et cerclé par un équateur
en bois auquel vient s'attacher un filet supérieur.
c Vers le tiers antérieur de l'appareil se trouvent deux petites
ailes composées chacune de deux petites palettes formant hélice.
Ces palettes ont à peu près la forme d*une raquette à jouer au vo-
lant, — de 0,22 de diamètre longitudinal, soit 0,20 de diamètre
transversal. Elles tournent avec rapidité et produisent ainsi lemox;-
▼ement direct.
« Comment tournent ces hélices ? Rien n'est plus simple : l'axe
qui les supporte s'engrène avec une longue tige, qui va s'engre-
ner elle-même dans un mouvement de pendule ou de tourne-bro-
che, suspendu au-dessous du ballon à quatre décimètres environ.
« Le récipient du gaz contient 1,200 décimètres cubes d'hydro-
gène pur.
c L'enveloppe pèse 350 grammes.
c L'armature en bois 850 »
« Le moteur 450 »
c Les fils qui setvent de corda-
ges, environ 10 >
Total 1,160
« Un système composé de deux gouvernails, l'un vertical, Tau-
tee horizontal, termine l'appareil.
c N'anticipons pas sur les conséquences probables de cette sim-
ple expérience. Constatons seulement qu'aujourd'hui mercredi, 6
novembre, à trois heures, et demie, une machine aérostatique s'est
;
— 58 —
manifestement dirigée contre le vent, mue pitr un appareil d'une
simplicité extrême. »
L'expérience fut renouyelée le jeudi 7 novembre ; le dimanche
10, elle réussit moins bien, par suite d*un défaut d'équilibre de la
machine et d'un excédant de poids apporté à Tensemble de l'appa-
reil. Le public, comme toujours dans des circonstances analogues,
se fâcha et bien à tort, car, si l'inventeur manquait des connais
sances scientifiques qui lui eussent été nécessaires pour perfec-
tionner son système, en revanche, c'était un constructeur d'une
habileté des plus remarquables, et doué d'un esprit aussi persévé-
rant qu'ingénieux. Malheureusement, Jullien était encore plus
dépourvu d'argent que de science, et le directeur de l'Hippodrome
à celte époque^ M. Arnault, qui devait faire construire à ses frais
sur le modèle du petit ballon avant servi aux premiers essais, un aé-
rostat de 45 pieds de longueur, puis un appareil capable de trans-
porter deux personnes, négligea de tenir ses promesses ; cepen-
dant, il paraît qu'à la suite des expériences que nous venons de
mentionner, Jullien, à bout de ressources, reçut un encourage-
ment du gouvernement.
Dans l'intention louable de consoler ce courageux travailleur de
l'échec relatif qu'il venait de subir, et de lui faire oublier l'injuste
sévérité du public, M. J. Turgan alla lui rendre visite à Yillejuif,
oti Jullien, jusqu'à sa mort, ne cessa pas un instant d'exercer
pour vivre, sa profession d'horloger.
« Là, diMl dans son ouvrage sur les Ballons, histoire de la loco^
motion aérienne depuis son origine jusqu'à nos jours^ nous l'avons
trouvé dans une petite boutique un peu moics grande qu'une loge
de portier, occupé à mettre en boa point les horloges en bois et
les grosses montres d'argent des habitants de Yillejuif. Il nous a
fait monter dans une petite pièce de six pieds carrés environ, où il
nous a montré les principales formes d'ailes hélicoïdes dont il avait
essayé avant de se déterminera employer les deux palettes dont il se
sert actuellement ; il nous a raconté comment il avait été amené par
l'étude de l'aile des insectes, à les arrondir aux angles et à leur
dqnner une plus grande résistance à mesure que la surface se
rapprochait du point d'attache ; comment il avait été faire des e&-
saûi de son moteur dans les champs, en faisant courir sur un fil de
fer tendu de petits chariots, auxquels étaient adaptés les hélices
qu'il voulait expérimenter. Passant ensuite à la forme à donner à
l'aérostat, il nous a montré de petits fuseaux de bois dont il avait
expérimenté les mouvements dans l'eau; enfin il nous a expliqué
comment il avait été amené à fixer à l'extrémité de sou appareil les
deux systèmes de gouvernails dont nous avons donné la description. »
-^ 59 —
c Le maire du village, homme intelligent et bon, médecin habile
et charitable, nous a confié la vie de persévérance, de misère et de
chagrin de toutes sortes que le pauvre iaventeur avait eu à sup-
porter avant d'arriver au moindre résultat. Uhiver de 1847, les
années 48 et 49, le choléra, le manque d*ouvrage, la mort de sa
femme, ne Tempêchèrent pas de poursuivre opiniâtrmeent son
idée, en refusant tous les secours que la charité d^^ chef de la com-
mune lui offrait sur les fonds affectés à cet usage. »
Ainsi qu'on Ta vu dans les lignes qui précèdent, JuUien était
partisan convaincu de remploi de Théliceconmie propulseur et pour
démontrer plus visiblement en grand la puissance de cet organe,
il supprima radicalement le ballon dans une expérience que rap-
porte M. Eug. Farcot, dans sa brochure sur la Na-ifigation atmos^
phérique* A cet effet, JuUien se plaçait à Tune des extrémités
d'une poutre transversale à pivot central, son poids se trouvant
parfaitement équilibré à l'autre extrémité, de façon qu'en faisant
tourner une paire d'hélices disposées à côté de lui, il se transpor-
tait rapidement, suivant un cercle, au grand étonnement des spec-
tateurs qui ne pouvaient supposer la réussite d'un tel moyen, in-
connu pour eux.
En 1858, Jullien fit évoluer, en présence de quelques-uns des
futurs membres de la Société d'aviation^ dans laquelle il fut lui-
même reçu en 1865, un modèle automoteur^ genre aéroplane, ne
pesant que 36 grammes, quoi qu'il eût un mètre de longueur. Les
propulseurs étaient des hélices à deux pales droites ; le moteur
consistait en une simple lanière en caoutchouc. L'appareil, qui
marchait selon une ligne horizontale, papillonnait durant cinq se-
condes et parcourait une distance de 12 mètres. La force dépensée
était de 72 grammètres par seconde. L'inventeur se proposait de
construire un nouveau modèle pesant 200 grammes et marchant
pendant vingt secondes. (1).
Dans la séance du 11 septembre 1872 de la Société française de
Navigation aérienne (voir YAéronaute de novembre 1872), M. Aurèle
Saco a fourni quelques renseignements complémentaires au sujet
de cet aéroplane, analogue aux appareils de MM. A. Penaud, Félix
du Temple et de Louvrié. L'angle formé avec l'horizon par la sur-
face du plan était de 10* environ. La propulsion était obtenue à
Faide de deux hélices mises en mouvement par une lanière der
caoutchouc enroulée et tendue sur deux cônes d'égal diamètre, dis-
(i) M. Gabriel db La Landells.— Rapport du Conseil d'administration
sur le deuxième exercice (i863) de la Société d'encouragement pour
l'Aviation.
— 60 —
posés comme des fusées de montres, de manière à fournir un
travail constant. '
Le U[octobre 1865, notre ami M. Théophile Maurand, faisait part
à la Société d'aviation des travaux assidus auxquels se livrait
Jullien sur les moteurs électriques.
En effet, Jullien annonçait à ses collègues de la Société aérosta^
tique et météorolbgique de France, dans la séance du 28 octobre
1865, qu'il avait perfectionné la pile voltaTque en lui faisant donner
cinq fois plus d'électricité qu'elle n'en donne habituellement. Les
électro-aimants auraient eu quatre fois plus de force portante que
ceux construits jusqu*à présent. Il ajoutait qu'un appareil de la
force d'un homme ne pèserait pas plus de 60 kilogrammes, piles
comprises.
Le 10 mars 1866, Jullien continuant ses recherches, annonçait
de nouveau qu'il avait achevé la fabrication d*un moteur électrique
assez puissant pour pouvoir enlever, durant une journée entière,
un appareil plus lourd que l'air ; cette machine volante aurait
emporté son moteur et ses piles. Il pensait, avec un poids de ff7
kilog. 500, piles comprises, atteindre la force d*un cheval.
Que sont devenus ces divers appareils ?
Nous ne ferons ici que citer en passant le baromètre moteur
construit par Jullien, dont nous avons entretenu les membres de la
Société française de Navigation aérienne à la suite de la communi-
cation faite par M. Saco, et nous terminerons cet article, écrit à la
mémoire du patient investigateur, en exprimant cet espoir, que
les nombreux travaux que nous venons d'énumérer ne seront pas
complètement perdus pour la science aéronautique et qu'ils pour-
ront contribuer efficacement à la faire progresser.
' 0. Frion.
LES BREVETS RELATIFS A L'AÉRONAUTIQUE
[Suite) (1).
BasviT n« 90,483 pris par M« Robert Oourtemanclxe^ n^c
Oastellane, 5, à Parts, le 23 juin 1870, pour un navire aérien»
Le navire est mù par une machine à vapeur qui met en mouve-
ment trois hélices. Tune propulsive, placée à Tarrière, les deux
autres ascensionnelles. Il est de plus muni de quatre plans de
glissement ou ailes qui, selon les besoins, seront, ou rabattus et
{ /) Voir la livraison de janvier tS'^y.
f
— 61 —
fixés sur les cotés, ou relevés et étendus au moyen d'an système
de cordes et de poulies. Le navire est aussi muni de quatre sup-
ports placés, deux au-dessous de la partie de Tarrière et deux au-
dessous de celle de l'avant.
Cet appareil a une longueur de 50 mètres, non compris le gou-
Yemaii et Thélice postérieure, sa longueur maximum est de 14
mètres, et sa plus grande hauteur, y compris la passerelle, de 18
mètres ; ces dimensions sont telles que dans toutes les coupes trans-
versales il devra présenter la forme ovale.
Au milieu du navire on a laissé un espace vide; dans
cet emplacement est installée la machine à vapeur qui mettra en
mouvement les hélices. Le dessus de la chambre de la machine ou
l'intervalle compris entre la partie de l'arrière et la partie de l'a-
yant est couvert jusqu'aux deux tiers de sa hauteur, avec une toilo
enduite d'un vernis gras, étendue sur un châssis.
L'auteur a pensé que le navire avec ses hélices, son gouvernail^
ses supports, sa machine et les cinq hommes indispensables pour
la manœuvre pourrait avoir un assez grand poids ; il a donc ima-
giné de mettre dans les cavités de l'avant et de l'arrière des aéros-
tats remplis de gaz hydrogène. '
Le brevet de M. Courtemanche contient une description très
longue de son appareil L'auteur l'a depuis publiée dans une bro-
chure intitulée : Description d*un navire aérien pouvant servir à une
locomotion atmosphérique. ChezE. Lacroix, 5'i, rue des Sts-Pères.
M. Courtemanche a pris un certiâcat d'addition.
Brevet n» 90,560 pris par M. G-ratien, Faubourg du Temple^ n«
85, à Paris, le 2^7 juin 1810, pour un moyen de remplissage des
aérostats à l'aide de V appareil Gratien et propre à hur donner la
force ascensionnelle.
L'invention consiste dans une nouvelle application du ventila-
teur au gonflement des montgolfières.
L'appareil se compose d'un fourneau fermé à son fond et portant
à sa partie supérieure une porte ; dans l'intérieur du fourneau
se trouve une capacité cylindrique fermée à sa partie îr.f jrieure par
une grille sur laquelle on répand le combustible par la porte ; un
peu au-dessus de la porte se trouve disposé un chapeau métallique
qui est maintenu à distance du foyer par des pattes ; le foyer se
trouve ainsi tenu à distance du fourneau par un cercle qui empê-
che toute communication entre l'extérieur du foyer et la partie su-
périeure du fourneau ; sur le côté de l'appareil se trouve, à la partie
inférieure, une ouverture à laquelle s'adapte un tuyau coudé, dans
— 62 —
l'intérieur duquel se meut de droite h gauche un disque métallique
à Taide d'une clef, que l'on met plus ou moins en travers pour ac*
tiver ou apaiser le feu.
Le fourneau porte à sa partie supérieure un couvercle auquel se
trouve solidement âxé, à la base, un ventilateur. À chacune des
ouvertures centrales du ventilateur se trouve adapté un tuyau qui
pénètre à travers le couvercle dans la partie supérieure du four-
neau et au-dessus du chapeau ; sur le côté de tout l'appareil se
trouvent disposés des engrenages qui permettent à l'aide de la
manivelle de donner aux ailes du ventilateur une grande vitesse.
A l'extrémité opposée de l'arbre est adapté un volant. Tout le sys-
tème se trouve consolidé par de fortes bande» de fer qui suppor-
tent et consolident tout le mécanisme.
Pour pouvoir procéder au gonflement d'une montgolflère, on
adapte une proloDgation de tuyau à la tubulure et on la fait péné-
trer à rintérieur de l'aérostat en imprimant aux ailes du ventila-
teur un puissant mouvement de rotation, et on continue jusqu'à ce
que l'aérostat soit complètement plein; puis, à l'aide d'une seconde
prolongation, on fait aussi pénétrer le tuyau à l'intérieur du ballon,
ce qui permet de soutirer Tair de l'aérostat et de le rendre à un
degré raisonnable de chaleur à l'intérieur, jusqu'à ce que la force
ascensionnelle, soulève un poids maximum de 300 grammes par
mètre cube.
Le système permet d'emporter l'appareil de chauffage à bord de
l'aérostat, sans crainte de brûlerie ballon, de même qu'aucune crainte
d*incendie ne peut avoir lieu sur les territoires au-dessus desquels
passe le ballon, tout le feu se trouvant complètement enfermé à
rintérieur du fourneau.
On peut aussi le gonfler par des vents auxquels ne résisteraient
pas les aérostats gonflés par les anciens procédés de chauffage^
attendu que l'on n'introduit que de Pair chaud sans flamme et ne
dépassant pas 200 degrés centigrades .
L'auteur revendique l'application qui lui permet, par un moyen
qui n*a jamais été employé, pense-t-il, de procéder au chauffage du
contenu des aérostats et à leur remplissage, de même qu'il lui per-
met d'utiliser le refroidissement de leur contenu, par l'application
de ses appareils.
Pour analyse conforme,
J. Castel.
Le Gérant, Félix CARON.
CLERMONT (OISS). ^ IMPaiMSBIE A. PAIX, RUE DS CONSÉ, 27.
— 63 —
BIBLIOGRAPHIE AERONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
B^ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvragées sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de ï'Aéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Bau f Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfîeren insbesondere die Aufertîgung der Feuewerkballons. FOr
feuerwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5 1 erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8® X12 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britain
for the year 1875. Hamilton and O*, Paternoster row, London. Price
one shilling.
La naviffazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Barî,
socio corrispondente deli' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Aeoronautica nuovo artifîzio onde accrescere o scemare la forza attol-
lente di un globo aerostatico del Dottore G. Lavagna. Porto Maurizio.
Les neuf premières années de rAÉRONAUTs sont actuellement en
vente aux prix suivants :
AwxiK 1868, 9 liyraisâons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 3 >
AumÉES 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. . . 12 >
Chaque livraison. 1 50
Années 1873, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 »
Chaque livraison » 75
La oollbction complAtr, avec Tannée 1877 90 »
Pour la province ou Tétranger, le port en sus.
La collection de TAéronaute forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les aocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Kous engageons nos souscripteurs, Qui font relier la collection
de TAlKONAUTE, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de TAtaoNAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-;
tons à des prix variant de 50 centimes à S francs, suivant la rareté
•t la propreté des exempUires.
L'^ÉTlONA.XJTB
SOMMAIRE
FÉVRIER 1877
Correspondance de Moscou, par HVl. Serge Mlikounîixe.
Les Travaux de la société Aéronautique de la Grande-Bretagne,
par "Mi Hasenfeld, interprète -juré, ancien élève de recelé
, Polytechnique.
École pratique des Hautes-Etudes. Expériences sur le vol méca-
nique, par ]Vt. Victor Tatin (2« article).
Comptes -Rendus analytiques des Séances de la Société française
de Navigation aérienne.
Assemblée générale du 14 décembre iSy 6, Modifications au règle-
ment.
Séance du 28 décembre 1876. Le Ballon-Canot^ !^. Alfred !Ba-
sin.
Séance du 11 janvier 1877. Démissions de MM. le colonel Laus-
sedat, Hervé-Mangon, Paul Bert, Gaston Tissandier, Albert
Tissandiek, Alfred TissandieRj Louis Rédier, O. Frion.
Séance du 25 janvier 1877. Démissions ^^ MM. du Hauvbl d'Au-
dreville et G- Masson. Suspension des Séances.
JuLLiEN (de V.illejuif), par MI. O. Frion.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique délivrés pendant les der-
nières années, par M. J. Oaetel.
Faits divers. Bibliographie.
l*a]£ronautk parait tous les mois
râdaction kt abonnements
95. RUE LAFAYEXTE, 95
prix de l'année coorante :
Un numéro t 7tf centime*
Paris : 6 fr par an. — Département^ : 7 fr.
Autriche-Hongrie, Danemark, Egypte, EsPAo^fE, Grande-Bretagne
Grâce , Italie, Ldxeubourg, Monténégko, NoRwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suâde, Suisse.
Turquie, Tanger, Tunis : 8 pr.
États-Unis d'Amérique: 9 pr.
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NAVIGATION AÉRIENNE
FOKDi rr Diftioi iak
^K D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
X^auréat de l'Institut
(ÀeadtDi* i»t Scieneu)
.«M
MARS 1877
g PAR k«. — BiplBTEMEKTS : 7 rBÂNd.
MUH^RO 1 75 CKMTtHBS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LA FAYETTE, 9 5
— 60 —
Le comité de rédaction de l'AERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvcl d*Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se^ considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au*
teurs. Les manuscrits ne sont pas renduSf Les travaux relatifs à
Tart militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dermères livraisons contenaient les articles suivants :
Narration de quatre ascensions en Belgique, par M. Adrien
Duté-ï^oitevin (deux grandes gravures dans le texte).
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par M.
ï^ugène E'arcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry Giffard, d'uu grand ballon captif à vapeur, par M. Ghastoix
Œ!*is8aiidier (quatre gravures dans le texte).
La MÉDAILLE coiiiiÉifORATivE de Tcmploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par M. Louis Rameau, (deux gravures dans
le texte).
L'appareil Haenlein, par M. O. JBVion. (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par M. Sergre Mikouxiixie(deux
gravures dans le texte).
Les Études aéronautiques à ^étranger, par lh£« O. IT'rion.
La Société des ingénieurs civils se réunit le premier et le troisiè-
me vendredis de chaque mois dans son hôtel, cité Rougemont, 16.
La Société française de Physique se réunit h Thôtel de la Société
d'Encouragement, rue de Rennes, 44, le i*' et le 3' vendredis de
chaque mois.
La société Météorologique de France se réunit rue des Grands*
Augustins, 7, le premier mardi de chaque mois, à huit heures du
soir.
L'Ecole d'Aéronautes français a été instituée ,pour fa«
ciliter aux aéronautes de profession des moyens de s'utiliser dans
l'intérêt de la science. Elle reçoit exclusivement les personnes dé-
sirant acquérir la pratique de l'art aéronautique.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aériennes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'à*
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hareau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue La&yette, 95.
L'AÉRONAUTE
lO* ANNÉE. — tC d. — MAKS 1877
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE LA RÉSISTANCE DE L'AIR
a recherche de la force motrice la plus
puissante sous le moindre poids, ceci
est l'absolu.
C'est aussi, je m'empresse de le recon-
naître, le point capital.
Les perfectionnements des moteurs
connus, comme ceux des machines String*.
fellow, — les innovations hardies, comme celles du géné-
rateur de M. F. du Temple, et de son condenseur, — l'em-
ploi de combustibles légers, — la [découverte, que nous
avons toujours le droit d'espérer, d'agents .chimiques ma-
niables dégageant une grande force sous un poids minime,
— et, parallèlement, la diminution du poids de l'appareil
même, — voilà, je le répète, le desideratum absolu, assu-
rant, sous la condition expresse d'une application judi-
cieuse, la solution du problème de l'aéronautique en
^néral, et plus spécialement de l'aviation.
Les aérostiers peuvent donc, sur ce terrain commun,
s'accorder avec les aviateurs les plus exclusifs, tels que je
le suis.
L'application judicieuse, ceci est relatif.
Etant donnée une force quelconque, suffisante, insuffi-
sante, ou excessive, savoir en tirer le meilleur parti, telle
est l'autre face du problème.
Pour me faire parfaitement comprendre, je voudrais me
servir d'une comparaison saisissante. Mais je ne saurais
oublier que, dans ce recueil, il fut fait autrefois une guerre
lortvive aux comparaisons, voire aux plus ingénieuses,
3
— 68 —
auxquelles on semblait préférer les raisonnements de mé-
canique ou d'algèbre.
Or, je soutiens, en thèse générale, qu'une comparaison et
une formule algébrique ne diffèrent que par la forme, mais
sont, au fond, même chose, — car, comparer, c'est calculer,
calculer, c'est comparer.
En toutes matières mathématiques, une formule et une
comparaison peuvent se traduire exactement l'une par Tan-
tre comme une phrase d'une langue en une autre langue.
Laplace l'a fait dans son Exposition du système du monde
d'où le langage algébrique est banni, et c'est évidemment
ce qu'il faut faire pour la partie nombreuse du public qui
n'entend rien à la théorie des équations ni aux séries récur**
rentes* Si une comparaison est exacte sous tous lesrapports,
si tous les termes d'une formule sont exacts de même, al-
gébriste et simple observateur tomberont d^accord.
Aux mathématiciens comme au modeste vulgaire, il faut
un bon point de départ, de bonnes données positives, in-
contestables, et un jugement clairvoyant qui les empêche
de négliger rien de ce qu'ils appellent facteurs ^ coefficients,
influences^ sans quoi ils auront beau algébriser à merveille,
ils arriveront à des conclusions erronées. Une théorie peut
ainsi pécher soit par la base, soit par l'absence d*un élé-
ment nécessaire. De même, une comparaison est fausse si
Ton n'a pas envisagé son objet sous tous les rapports es-
sentiels, sans en omettre aucun, ou si l'on s'avise de
comparer des choses qui ne peuvent se comparer entre
elles.
L'algèbre est un langage précis d'une admirable conci-
sion. L'algèbre généralise et permet ainsi de calculer une
fois pour toutes. Les astronomes, mécaniciens, physiciens,
chimistes et autres savants la préfèrent donc, à bon droit,
pour celles des opérations de l'esprit, dont l'énoncé en
langue vulgaire exige des explications et des périphrases
par trop longues. Ils arrivent ainsi plus facilement, plus
vite surtout, à obtenir le résultat, c'est-à-dire à conclure.
Mais, au fond, leur langage abréviatif, si commode pour
eux, ne les fait raisonner mieux ni plus mal que le commun
des martyrs, et ils sont sujets à conclure en dépit du boa
— 69 —
sens. Bref, la connaissance parfaite des procédés expéditifs
de Talgèbre ne dispense pas de logique, et bien poser les
termes H*une question à résoudre de quelque façon que ce
BOit^ n'a jamais été facile.
Je prends donc fait et cause pour les comparaisons, en
les invitant seulement à être parfaitement exactes. Alors^
en dépit du dicton, les comparaisons deviennent des rai^
sons, des raisons triomphantes.
Passons à la mienne, et puisse-t*elle avoir toute Texacti"
tude indispensable.
Nous avons un fardeaumassif et peu maniable àtraîner sur
un terrain rocailleux, hérissé d'aspérités, effondré, bourbeux,
presque impraticable ; attelons directement et grossière-
ment à ce fardeau, dix, trente, quarante chevaux, et si rien
ne bouge, mettons-en cent; notre attelage excessif, brisera
tout sans avoir rien traîné. Voilà la force sans l'adresse.
Mais prenons la peine d'aplanir et de dégager le terrain,
faisons une route, plaçons le fardeau dans un chatriot bien
condiiionné dont les roues ne soient carrées, octogones,
tortues ni bossues, trop grande^s ni trop petites, trop épais-
ses ni trop frêles, mais circulaires, solides, bien proportion-
nées, avec l'essieu et le moyeu placés comme il faut, le tout
bien équilibré, disposé au mieux; puis, attelons avec le
plus grand soin une paire de chevaux très ordinaires à no-
tre fardeau, notis le traînerons sans difficultés. Voilà l'a-
dresse utilisant la force. Ce n'est pas tout. Aplanissons en-
core le terrain, mettons-y des rails, diminuons tous les
frottements, perfectionnons le charriot et son système d'at-
telage ; nous ferons mieux avec un seul cheval qu'avec les
deux de tout à l'heure, nous pourrons même accroître le
fardeau, et aller encore plus vite.
Question de force, question d'adresse, et enfin méthode
sont tout un. Voilà le langage que je tiens dès l'origine,
et sans comparaison, cette fois, je suis certain d'avoir
raison*
Etudions méticuleusement les lois de la résistance de
l'air puisqu'il s'agit de cheminer dans l'air, de s'appuyer
sur lui et de le refouler, voilà pour la voie qu'il convient de
rendre praticable. En outre puisque, la route par la ver«
— 70 —
ticale, que prirent les premiers petits modèles hélicoptères,
est par trop ardue, procédons par l'oblique, par la spirale.
Et, d'un autre côté, recherchons méthodiquement, par des
expériences comparatives de tous genres, les organes, les
propulseurs, les ailes qui donnent le meilleur rendement à
force égale ou, ce qui revient au même, un rendement égal
avec moins de force.
Défions-nous de l'algèbre, cavale fougueuse, sujette à
prendre le mors aux dents. Je l'ai vue h Tœuvre. Souvenez-
vous de Lalande, niant l'aérostat et voulant pour un hom-
me des ailes de 180 pieds de long sur autant de large. Son-
gez à l'erreur de Navier, et à tant d'autres plus récentes
dont je m'abstiens de citer les auteurs.
Plus de calculs avant expériences; mais, observations du
simple bon sens, premiers essais, calculs, — deuxièmes es-
sais, calculs rectifîcateurs, — troisièmes essais, preuves dos
calculs précédents, — expériences, calculs, — autres expé-
riences mieux faites, calculs et ainsi de suite !
En peu de mots, telle est la méthode^ avenue sûre condui-
sant directement au but. Sans elle, on peut réus&nr, mais
par hasard. Par elle, on réussirait infailliblement.
Par de l'adresse méthodique, nous devons apprendre avec
joie que notre cheval est & Técurie, que notre moteur nous
attend. La commission de l'exposition aéronautique anglaise
de 1868, disait en décernant le prix des moteurs légers à
M. Stringfellow :
« Avec une semblable force à nos ordres, le problème du
» vol devient une question de construction et d'adaptation
» bien plus que de puissance mécanique, car une puissance
» quelconque devient inefficace, si elle est improprement
» appliquée. » — ^adresse prime la force^ dîrai-je donc par
allusion à un mot trop célèbre.
En 1772, un chanoine d'Etampes (M.DesMazures, d'après
Lalande, l'abbé Desforges d'après Dupuîs-Delcourt, etc.),
annonça qu*il s'élèverait en l'air dans une gondole volante,
dont la description nous est parvenue, jnais assez incom-
plètement. Seulement on sait très bien que ses ailes orthop-
tères de sept pieds sur trois et demi étaient à charnières.
— 71 —
Cet unique renseignement» à cent ans de distance, m*a
permis de me rendre compte du fait singulier qui se passa:
c Plus le chanoine d'Etampes agitait les ailes de sa gon-
dole, plus elle se pressait sur le sol et semblait s'y enfoncer. »
Illusion de témoins ? En aucune sorte. Ils observaient à
merveille ; mais personne ne se demanda la cause du phé-
nomène. Où étaient la Mécanique et l'Algèbre ? Le vaude-
ville seul se trouvait à son poste ; tout Paris s'amusa du
pauvre Ca&noZetroIanf. Sur quoi, faisons une enjambée
d*aQ siècle.
Un jour, en refoulant de Pair sur un plateau de balance
à l'aide d'un plan horizontal, le plateau que je m'attendais
* à voir descendre, non seulement ne bougea point, mais eut
une tendance à remonter. Ensuite, plus j'agitai mon plan
de carton, de haut en bas et de bas en haut, plus le plateau,
même chargé, s'éleva pour le rejoindre. J'ai procédé en-
saite obliquement comme devaient faire les ailes à char-
nières du malheureux chanoine, et mon plateau a monté
encore, attiré par le mouvement alternatif du carton.
Or, cela prouve à coup sûr que les ailes de la gondole at-
tiraient à elles le sol de la tour de Guitel sur laquelle on
l'avait installée et par conséquent qu'elle y adhérait de plus
en plus. Cela, corroboré par foule de petites expériences
analogues que j'ai faites sur des plans suspendus ou mis en
équilibre, verticaux ou horizontaux, dans la fumée, etc.,
prouve que l'air refoulé entre deux surfaces plus ou moins
parallèles, se disperse, se raréfie et est ainsi cause qu'elles
tendent à se rapprocher l'une de Tautre.
Cela peut porter à croire que le coup d'aile de bas en haut
coopère au soulèvement de l'oiseau pendant son vol; mais
îcil'effet est complexe, la conséquence que j'admets par
d'autres motifs trop peu physiques, reste contre versable.
J'ajoute que l'air étant raréfié sous le coup d'aile, la dif-
ficulté (jlu vol Btationnaire est immense. L'oiseau se hâte
donc de glisser afin de rencontrer à chaque nouveau coup
d'aile une nouvelle couche d'air assez dense. Gela indique
que la formule générale du vol est : glisser ou glisser en
frappant ou frapper en glissant.
Cela prouve qu'il faut un premier élan, un bond ou une
— 72 —
chute, pour prendre son essor dans les airs, et par suite que
les expériences faites sur place sans glissement ne sauraient
être complètement bonnes.
Cela prouve encore l'impossibilité d'agir efficacement sur
un volume d'air de peu d'épaisseur; aussi bien voyons-
nous que les oiseaux à petites pattes et à longues ailes ont
grand'peine à se détacher du sol, d'où ils ne s'envoleraient
pas, s'ils étaient privés de pattes. Cela explique aussi pour-
quoi les oiseaux émigrants marchent toujours par colonnes
horizontales, non par couches superposées comme font les
poissons voyageurs, car le rang inférieur d'oiseaux se trou-
verait dans une zone d'air raréfié par les coups d'ailes da
rang supérieur.
Cela prouve, incidemment, qu'il ne faut jamais conclure
de ce qui se passe dans l'eau à ce qui se passe dans l'air,
dont l'élasticité, la moindre cohésion moléculaire et la
compressibilité produisent toute une série de phénomènes
plus ou moins inattendus, tels que l'ascension de mon pla-
teau de balance qui, sensible au moindre souffle, baisse si
j'agite mollement au-dessus le plus léger éventail.
Le ventd'un soufflet continu, le fait baisser de 5 grammes,
par exemple, si la pression est normale; la même force
est-elle décomposée par l'angle de 45% le plateau ne baisse
plus que de 3 grammes environ.
En vertu de quelle loi, l'air chassé par une aile, agit-il
tout autrement que le vent chassé par le soufflet ?
Dans l'air, il y a des ondulations, des vagues, des re-
mous, qui le rendent tantôt plus dense et plus résistant,
tantôt plus rare et moine propre à soutenir un corps quel-
conque. L'air calme et l'air agité peuvent ainsi, selon les
cas, être des. supports très différents.
M. de Lucy, le sagace observateur que nous savons, a
établi des distinctions fondamentales entre les effets produits
sur Tairpar une aile d'oiseau et ceux qui résultent des mou-
vements d'un plan rigide. L'oiseau se meut parallèlement au
plan de ses ailes et paraît être attiré en avant en vertu d'uu
phénomène propre au milieu aérien. Les papillons sont en
quelque sorte aspirés par la zone d'air qui est devant eux
— 73 —
eirconstance qui facilite d'autant le vol considéré comme
glissement
C'est pourquoi il est nécessaire de ne pas s*en tenir aux
vieilles théories transmises, comme articles de foi, de gé-
nération en génération. Justice est faite de l'air chaud dans
les poches membraneuses ; justice est faite de la vessie nata-
toire ; la résistance deVair croît-elle bien comme le carréde la
vitesse ? Nous connaissons plusieurs hommes judicieux qui
ne craignent point d'en douter.
Il faut donc étudier méthodiquement tous les phénomè-
nes que peuvent provoquer les surfaces en mouvement, afin
de ne pas s'exposer à faire, comme le chanoine d'Etampes,
une gondole volante qui se cloue au sol au lieu de s'en
détacher.
Dans la séance de la Société française de Navigation aé-
rienne du 15 octobre 1873, je proposai l'étude méthodique
du parachute, aile immobile, plan de suspension, qui, mu-
ni d'un propulseur et d'an gouvernail, pourrait, en effec-
tuant des descentes par Toblique, fournir des données pré-
cieuses sur la résistance de l'air. Cette proposition fut encom-
missionnée selon l'usage.
Ont de même avorté celles de faire des essais à l'aide de
plans suspendus, de surfaces placées sur des trains en mar-
che, et autres analogues qui se sont maintes fois reprodui-
tes, tant les amis de l'aéronautique, aérostiers aussi bien
qu'aviateurs, sentent l'importance de Tétude expérimentale
approfondie de la résistance de l'air.
Tous les lecteurs de ÏAêronaute connaissent l'excellent
programmerédigé sous la présidence de M. Paul Bert, pour
le concours du prix fondé par M. Georges Poignant (1).
Quant à moi, m'inspirant de ce programme qui rend
merveilleusement ma pensée, m'appuyant sur les diverses
études déjà faites, sur les systèmes de M. Bourcart, les es-
sais de M. Joseph Pline, les modèles de MM. Alphonse Pe-
naud, Hureau de Villeneuve, Tatin et de leurs émules, les
travaux considérables de M. Félix du Temple, les théories
(1) Aéronaute do septembre 1875.
— 74 —
de sir Georges Caylej, ToUin, Dubochet, Louis du Temple
de Louvrié et autres judicieux auteurs» parmi lesquels je
dois une mention spéciale à M. Michel Loup, qui, dès 1853,
émettait sur l'aéroplane des idées lumineuses dont les avia-
teurs devront tenir le plus grand compte, empruntant les
données de MM. de Lucy, Harting, Pettîgrew, Marey, etc.,
etc., et désireux de coordonner efficacement tant de docu-
ments précieux, — tout en encourageant les inventeurs à
poursuivre les tentatives d'agrandissement de leurs divers
appareils, je voudrais leur fournir avec précision celles des
connaissances expérimentales qui font encore défaut. Et
c'est sur mer que je procéderais avec la certitude qu'il n'y
a pas de meilleur champ de manœuvre.
Soit un aviso à vapeur aux ordres d'une commission de
juges compétents, ils y disposeraient de ressources de tous
genres, et tous essais faits par l'emploi de la force humaine
seraient évidemment sans dangers.
L'aviso est pourvu d'un matériel et d'un personnel facili-
tant merveilleusement les études d'aéro-dynamique.
La mâture, les vergues, le gréement, le pouliage sont
disposés d'avance pour les allégements à l'aide de contre-
poids.
Le navire en marche peut prendre le vent sous les angles
les plus divers, ce qui est très difficile, sinon impossible, en
terre ferme, avec un véhicule quelconque.
Les plans à interroger peuvent être posés ou suspendus
de cent façons différentes, sous le beaupré, au bout des
vergues, dans les hunes, à la cîme des mftts.
Yeut-on se servir d'une prise de vapeur, comme nous le
fîmes, en 1862, à l'usine Barriquand, rien de plus facile.
La commission de l'aéro-dynamique devrait nécessaire-
ment s'âtre munie de tous les genres de plans, surfaces,
flèches, cribles, hélices, roues à lamettes, roues à ailes
(genre Michel Loup), rames aériennes, ailes artificielles et
autres propulseurs à expérimenter ; mais pour les agence-
ments et pour les réparations, elle trouverait à bord des
ouvriers de toutes les professions convenables : mécaniciens,
armuriers et forgerons, voiliers sachant parfaitement cou-
iO
dre les toiles, timoanicrs adroits à coudre les tissus légers.
Les gens capables de disposer un pouliage très sensible,
officiers, maîtres et seconds maîtres sont aussi nombreux
ici qu'ils sont rares ailleurs. Enfin, d'intrépides et vigou-
reux jeunes marins, ne courant d^autre risque que de pren-
dre un bain, se proposeraient à Tenvi pour manœuvrer les
ailes, plans de soutènement, aéroplanes, cerfs-volants à hé-
lices, surfaces élastiques ou rigides que l'on essaierait, par
glissements ou lancements, des sommets de la mâture.
La nacell&-sabot du capitaine Le Bris, dont VAéronaute
a relaté les essais dans son n"" d'avril 1869, existe encore à
Brest dans les magasins de la direction des Ponts et Chaus-
sées, où je l'ai visitée en février 1876. C'est un excellent
modèle. Une nacelle semblable détachée d'un bout de ver-
^e de perroquet par temps calme, et puis par des brises at-
taquées sous des angles divers permettrait d'étudier le ren--
dément des propulseurs aériens de tous les genres.
Le cerf-volant Broquot ou Plévérand, engin de sauvetage
trop méconnu, dont j'ai entretenu à plusieurs reprises la
Société française de Navigation aérienne, devrait être pris
sous son bienfaisant patronage et expérimenté à nouveau.
Cet appareil port&-amarre du vent sous le vent est le plus
économique que Ton puisse imaginer. Placé à bord, il est
utilisable dans la plupart des cas, puisque le vent qui porte
en côte est nécessairement un vent du large.
En mer, le navire qui est au vent peut également s'en
servir pour communiquer avec le navire sous le vent & lui.
Mais pour les cas difiEérents, on devrait essayer de l'aéro-
plane, désormais vulgarisé par les jouets hélicoptères au-
tomoteurs qui réalisent enfin l'un de mes plus ardents désirs.
L'aéroplane agrandi, mû par un moteur, apte à fonctionner
dnrantun certain nombre de minutes, rendrait en escadre
des services de premier ordre pour la transmission des dé-
pdches, instructions et rapports. 11 suppléerait avec d'im-
menses avantages aux signaux complexes et au télégraphe
marin.
Me hasarderai -je à indiquer quel pourrait en être le mo«
teur? — Une fusée puissante, une série d'explosions comme
dans les modèles Trouvé, peut-être de très énergiques cor-
-76 —
dages élastiques tendus ou tordus au cabestan, peut-être
de l'air comprimé.
Ma première brochure sur la question, V Aéronef (1861)
présentait l'appareil aérien comme un engin de sauvetage.
Jusqu'à la fin, je penserai que le secours doit pouvoir être
donné par air aux naufragés, aux incendiés, aux inondés,
et qu'avant de voiturer des hommes» l'aviation doit débuter
par porter des cordages de salut.
L'étude des fusées au point de vue de l'aviation, de l'aé-
ro-dynamique, de la balistique, du port des amarres ou des
dépêches offre le plus grand intérêt, car on peut les com-
biner avec les divers systèmes en leur demandant, soit
l'impulsion première indispensable au départ, comme l'ont
proposé Messieurs Tremblay et de Louvrié, soit l'ascension
verticale de l'hélicoptère, de l'orthoptère intermittent (que
je ne condamne pas d'une manière absolue) ou du parachute
dirigeable. Un artificier ingénieux trouverait assurément
le moyen de faire qu'avant de s'éteindre, et quand le sys-
tème serait le plus haut possible, se débandât un ressort
moteur qui, durant un temps suffisant pour de bonnes ob-
senrations, actionnerait les propulseurs aériens.
La résistance de l'air est-elle égale dans tous les sens ? —
C'est assez probable ; il n'est pas absurde toutefois de se
demander si les ondes aériennes, généralement agitées, ne
présentent pas dans le sens du mouvement du vent, c'est-&*
dire dans les plans voisins de l'horizontale, une résistance
relative différant de celle qu'on rencontre dans le sens
vertical.
Les flèches de substances et de dimensions diverses mu-
nies de poids lesteurs et d'appendices de formes variées
méritent l'examen le plus approfondi. Ce sont les projecti-
les qui ont le plus de rapports avec l'insecte et l'oiseau.
On les utilise avec succès comme porte-amarres. Il appar-
tient à la commission de l'aéro-dynamique de conclure des
effets qu'on en obtient, des formules propres à guider les
constructeurs d'aéroplanes.
— 77 —
Lorsque toujours et partout» la force internetéquivaut à
la force externe, il ne saurait en être autrement dans le
milieu aérien. On embarquerait donc les armes h feu spé-
ciales, ainsi que les arbalètes propres au lancement des
flèches ; et, en procédant sous des angfles divers, tant avec
rhorizontale qu'avec la direction du vent, Ton se rendrait
compte de la force qui leur est nécessaire pour parcourir
une distance déterminée. Cette mine d'observations est
féconde. On doit en extraire mathématiquement la flèche
mythologique d'Abaris.
Bien que le vol à voiles ne soit point notre objet, ne
manquons pas de l'essayer à titre de renseignement. Re-
passons par les chemins que nous ont frayé si vaguement
Paul Guidottî, Dante de Pérouse, Léonard de Vinci, John
Howel, Brooklyn et même l'infortuné capitaine, Le Bris.
Que sous une voile horizontale orientée au plus près, un
mannequin du poids d'un homme soit livré & la brise, et
qu'ensuite un homme même se risque sous ce vaste plan
Bas|enteur en essayant de le gouverner.
Que le cerf-volant simple ou double, que les plans super-
posés, que les ailes rigides en avant, et molles ou plutôt
élastiques en arrière, que les surfaces en général soient
Tobjet d'études faites avec une clairvoyante persévé-
rance.
Que l'hélice soit interrogée méticuleusement. La puis-
sance aspirante de l'air devra faire obtenir des résultats
inespérés. On a jusqu'ici calqué de trop près l'hélice nau-
tique, encore empirique comme l'on sait.
L'hélice à collerette de M. Renoir ne serait-elle pas un
acheminementTers des rendements de beaucoup supérieurs
comme nous l'affirme M. Béléguic, comme peuvent le faire
présumer les études de M. Pillet ? — La question mérite
d*ôtre élucidée.
Les expériences de Letur, comme celles de Blanchard»
de M. Bourcart et des autres volateurs dont les ap-
pareils sont dignes d'examen, devraient être reprises mé-
tbodiquement par la commission de l'aéro-dynanûque.
— 78 -
Je proposerai donc d'embarquer sur Taviso un petit bal-
lon qui, gonflé h bord et lancé captif, servirait à étudier les
parachutes simples ou conjugués, ou à surfaces intermit-
tentes, munis d'un léger support sur lequel un marin, soit
debout, soit à califourchon, ferait manœuvrer avec des pé^.
dales ou avec des leviers, à l'aide de poulies de renvoi,
d'un treuil, ou autrement, des hélices, rames ou ailes, agis-
sant en dehors de la colonne d'air refoulée par la chute,
'c'est4t-dire dans les plans latéraux ou dans le plan su*
périeur.
Aucune de ces expériences ne devrait être faite sans que
de judicieux et savants observateurs n'en déduisissent des
conséquences sur la force nécessaire à un appareil d'un
genve, d'un poids et d'un volume mathématiquement dé-
terminés.
Rien de tout cela ne peut se faire, toutefois, sans des lirais
assez considérables. Mais si Ton compare ces frais h ceux
que cause l'aérostation, (confections et gonflements), et
si l'on songe aux sommes immenses dévorées depuis près
d'un siècle en essais de dirigeabilité des aérostats, les dé«
penses qu'entraînerait la féconde étude de la résistance do
l'air ne sont en vérité qu'une bagatelle.
Or, ceux des aérostiers qui dédaignent le plus l'école
des aviateurs, ne sauraient pourtant trouver inutiles l'é-
tude du parachute, celle de l'hélice, celle des propulseurs
en général, non plus que les notions à conquérir sur le
milieu dans lequel l'aérostat est plongé.
D'autre part, il est facile de prouver aux aérostiers moins
prévenus, qu*en supposant l'aviation entrée dans sa phase
d'application, les aérostats deviendraient aussitôt des ins-*
truments d'utilité publique, se multipliant à l'infini, en se
perfectionnant, pour les services d'ordres très divers qu'Us
seraient appelés à rendre.
Il serait au moins fort prématuré de donner ici la dé-
xnonstration de ce que j'affirme.
Pour les essais par calme plat de plans inclinés, le train
en marche a l'avantage évident d'une vitesse très précise
de beaucoup supérieure ^ cqUq du navire, toutefois» 1» vi-
— 70 —
tesse dtt navire à vapeur peut être évaluée aveô une appro-
ximation très suffisante et à l'aide du calcul on conclurait
des eflRBts obtenus à ceux que produirait une vitesse plus
grande. En outre la plupart des autres expériences propo-
sées ne sont praticables qu'au-dessus de Teau. Et enfin la
série des essais marins n'exclut aucunement celle des
essais sur voie ferrée» leur contrôle utile.
J'en reviens donc ti notre aviso, et aux expériences d*aé-
r(Mlynamique«
Oes expériences plus ou moins prolongées, seraient con-
tinuées d'après les exemples et les instructions de la com-
mission scientifique, parles officiers du bord qui devraient
de préférence, être choisis parmi les officiers de vaisseau
déjà compétents en matière de Navigation aérienne.
Assurément M. le ministre de la marine ne refuserait pas
aux savants illustres, aux membres éminents de TAcadémie
des sciences qui nous encouragent aujourd'hui la per-
mission d'étudier à bord de quelqu'un de nos avisoâ gar-
des-côtes.
La carrière à parcourir est doublement glorieuse.
La France s'honorerait par une entreprise qui, se ratta-
chant au sauvetage et au service des escadres, contribue-
rait aux progrès de la navigation. L*étude expérimentale
de l'aéro-dynamique fonderait en quelque sorte une science
nouvelle, et en coopérant à des œuvres de secours, mérite-
rait bien de l'Humanité.
Ajoutons maintenant que la libre circulation atmosphé-
rique ou, pour nous servir du mot propre V Aviation, peut
seule mettre l'homme en pleine possession ^du globe ter-
restre.
Quand on considère avec quelles difficultés l'héroïque
commandant Gameron vient de franchir le continent afri-
cain, les effroyables dangers qu'il a courus, les obstacles
souvent misérables qui Tout entravé ou retardé, enfin la
nature inévitablement incomplète des résultats obtenus
au prix de tant d'efforts, on s'étonne que toutes les associa-
tions scientifiques et plus spécialement les sociétés de géo-
graphie ne s^éprennent pas avec une généreuse ardeur du
— 80 —
dessein de posséder rinstrument explorateur par excel-
lence: — le navire aérien, V Aéronef.
Plus de déserts» plus de fleuves, plus de tribus farouches,
plus d'animaux féroces si ce n*est poar les combattre sans
périls, plus de barrières infranchissables pour une flotille
aérienne sagement conduite et organisée, choisissant ses
haltes et se retranchant dans Tinaccessible.
Mais va-t^n nous accuser d'empiéter sur le domaine de
la fantaisie ? — En présence des animaux volants, nos mo-
dèles, aucune de nos hypothèses nest aussi hardie que le
dessein de faire tracer une image durable par un jet de lu-
mière, problème magique résolu par la photographie, ou
encore que la communication instantanée avec l'extrémité
du monde, rêve stupéfiant, réalisé par le télégraphe élec-
trique.
Dans tous les ordres d'idées, déduire les conséquences
d'une supposition si hardie qu'elle soit, n'a rien que de
raisonnable. Or, les conséquences civilisatrices de l'avia-
tion sont en quelque sorte sans bornes, et la route condui-
sant à la solution est tracée par des pionniers passionnés
pour tous les grands progrès.
Les travaux des Livingstone, des Gameron, de leurs de-
vanciers, de leurs émules, — les tentatives d'exploration
des pôles, — et généralement tous les voyages de décou-
vertes, nous ramènent ainsi à des pensées qui nous sont fa-
milières depuis l'origine de la question.
L'Aviation est appelée à faire triompher la civilisation de
la barbarie, car elle sera éminemment bienfaisante, libé-
ratrice et pacifique.
Mais pourquoi n'existe-t-elle point?
Pourquoi ne se manifeste-t-elle pas ?
Pourquoi ne prouve-t-elle point par ses actes qu'elle n'est
pas plus une chimère qu'aucune des inventions accom-
plies ?
« Vous n'êtes point, donc vous ne serez jamais, donc vous
ne pouvez être ». Tous les arguments de ses adversaires sont
inclus dans ce raisonnement profond.
Pourquoi? parce qu'elle exige plus de science acquise
qu'aucune autre invention, parce que Texpérimentation
— 81 —
méthodique sur une échelle suffisante nécessite & la fois
une confiance en son principe qui fait défaut à trop d'hom-
mes, fort éclairés d'ailleurs, aveugles h son endroit, — des
frais très considérables, interdits à la plupart des cher-
cheurs, — une persévérance infiniment rare, et à coup sûr,
en outre, un concours de circonstances qui, nous l'espé-
rons, ne se feront pas toujours attendre.
Il fallut la prise de Grenade poar qu'une reine, cédant à
une émotion généreuse, eût foi en Christophe Colomb ; et
le Nouveau Monde fut découvert.
Pour que l'aviation, par la conquête de l'air, fasse celle
du monde entier, que faut-il ? — L'émotion convaincue de
cette reine bien autrement puissante qui s'appelle l'Opi-
nion.
G. DE LA LaNBELLE,
ancien lieutenant de vaisseau.
ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES
EXPÉRIENCES SUE LE VOL MÉCANIQUE
(Suite) (i).
ous avons, dans la livraison de février dernier,
reproduit la suite du travail dans lequel M.
V. Tatin raconte ses expériences sur le vol
mécanique. Dans cet article l'auteur, après
lavoir décrit un oiseau mécanique mû par l'air
comprimé dît avec une gfrande sincérité qu'il
n'a pu réussir à lui faire enlever la totalité de son poids.
Depuis que son mémoire a paru, M. Tatin a fait de nouvel-
les expériences. Il nous a annoncé, il y a quelques jours,
que son oiseau mécanique attaché au manège avait soule-
vé son poids entier. C'est au moyen d'une meilleure distri-
bution de l'air qu'il est arrivé à ce résultat.
M. Tatin essaie en ce moment de faire voler librement
(1) Voir les livraisons de janvier et février 1877.
-- 82 —
son oiseau h air comprimé. Nous tiendroDS nos leeteurft au
courant de ces expériences intéressantes.
Abel HuRSAu de Villeneuve.
Année 1876. — Expériences faites dans le laboratoire de physio*
logîe de M. Marey (CoUége de France).
Mon premier soin fat d'installer au centre du laboratoire un
manège du plus grand rayon possible. J'employai à cet effet un
lourd pied fixe, déjà disposé pour un usage analogue, et sur lequel
peut s'adapter une grande pièce centrale s'embrochant sur un ar-
bre vertical autour duquel elle peut tourner en portant» sur une
plate-forme, un cylindre à enregistrer et des tambours à levier.
Je fis alors un long bras se terminant à son extrémité libre par
une sorte de grande fourche dont les deux dents étaient solidement
reliées entre elles à leur pointe, par une traverse sur laquelle on
peut fixer l'appareil volant au moyen d'une courroie de cuir ; cette
disposition permet à l'aile qui est tournée vers le centre du manège
de s'élever et de s'abaisser au-dessus et au-dessous de l'horizon
sans rien heurter. Ce bras est mobile, dans le sens vertical, autour
d'un axe placé sur la pièce centrale du manège, ce qui permet.de
le descendre jusqu'à terre en cas de besoin ; il peut aussi être éle-
vé à une hauteur variable selon la nécessité, au moyen d'un cor*
dage passant sur une poulie à émérillon suspendue au plafond, au
centre de la salle. L'ensemble de cet appareil étant ainsi disposé,
on descend l'oiseau, on le met sous pression, puis, après l'avoir
remonté à une hauteur convenable, on ouvre le robinet d'admis-
sion. Aussitôt la machine est en mouvement.
La puissance du vol est suffisante pouf entraîner le manège,
qui cependant est très lourd, et l'oiseau fait ainsi dix à onze tours
dans la salle. On peut alors observer à loisir les mouvements de
la machine. Le manège a environ 20 mètres de ciroonférencei ce
qui donne pour le parcours effectué, une longueur d'au moins 200
mètres. Plusieurs expériences ont été faites ainsi, chaque jour
apportant quelque modification nouvelle.
J'appliquai les appareils enregistreurs pour déterminer les mou-
ments de l'aile de l'oiseau mécanique et je vis que les mouvements
de mon appareil ont beaucoup d'analogie avec ceux de l'oiseau na-
turel. Ces expériences ne révèlent aucun défaut qui expliqua
pourquoi l'appareil ne peut voler lorsqu'il est libre.
Une considération m'a frappé déjà l'année dernière et me revien
alors à l'esprit. Il est bien reconnu aujourd'hui que Voiseau nt
trann fc taBjltojvt utll«ment la fbros qnll dtiplola qo'auttat quil
tgit 6ur des coucbes d'air sans cflSH nounlles, o'eat-à-diia que.
Fiovull.— Oourbaidai moiiTemanti d'éLifalion et d'abaiiiemsQt du L'aU«.
1 Courba neaellUs tar 1 a pigeon pu H. Mare;. — 2. Courbe d'un oiHnn
miomique k reuort de caoulchons. — 3. Courbe dei mouTamecti de l'aila
de l'appareil micaaique k air comprimA. Ou remariiua l'analogie de cette
dernière avec celle obtenue aur la natnra.
plua il a d« TÏtesM, plaa l'air oBn ds rJBistanoe soiu boq lile, «t,
par cooaéqasat, plus la point d'appui est solids.
Or, Je me aouviens que cette ritesse si nécessaire manquait pré-
eSsément k monappareU, chaque fois que je le lâchais en plein air,
de sorte que sa eourae ne répondait pas au nombre des batte-
ments. > Cest à cela que tîanaaat tous mes écheos. Que j'obtienne
la tranalation rapide et J'aurai le sueoès I > Uais comment obtenir
aatte rapidité de translation 1
Je repassai dans mon esprit lea travaux de U. Uarey, ceux d«
Wenham, que je ne connais pas complètement, puis l'idâa si in-
téressante de Henson qui entraîne, au mo^en d'hélices, un cerf-
Tolaot très large et très court ou aéroplane. Cet ingémaiv n'a
ebarehé qu'à donner IftTitaase à Bon appareil ; quand celle-ci est
— 84 —
suffisante, la sostension doit s'en suiTre passivement. Henson a
échoué, il est vrai, mais le point de départ de ses expériences était
bon ; son idée a été reprise en France, depuis quelques années, et
les expériences sur Taéroplane sont conduites avec une habileté
qui nous permet d'espérer un succès. Mais je ne pouvais me dé-,
cider à m*écarter du plan de la nature et à munir mon appareil
ailé d'un propulseur à hélice. C'est ailleurs qu'il fallait chercher le
moyen d'augmenter la vitesse de translation de l'appareil.
Je crus enfin avoir trouvé le moyen d'obtenir cette vitesse ho-
rizontale. En faisant des expériences avec ces petits appareils pla^
neurs, aujourd'hui bien connus, et faits d'une feuille de papier
découpée en forme d'oiseau ou' de toute autre forme et lestée au
moyen d'une épingle ou d'uga peu de cire, on constate que ces ap-
pareils peuvent avoir une vitesse de translation toute passive et
qui ralentisse considérablement leur chute ; il suffit, pour cela, de
placer le lest en avant du centre de sustension sur Tair. Si on
place le lest trop en avant, il devient nécessaire de retrousser lé-
gèrement la queue, mais la vitesse de translation augmente ; cette
vitesse est nulle, au contraire, si le centre de gravité est le même
que le centre de sustension : dans ces conditions, la chute est plus
rapide.
Je pensai alors à construire un petit appareil d'essai pour m'as-
surer du parti qu'on peut tirer de ces positions variées du centre
de gravité. J'examinai aussi quelques oiseaux et je constatai que,
s'il est vrai que l'articulation scapulo-humérale soit placée en
avant du corps, il est bon de tenir compte de la largeur du voile
emplumé, et l'on peut voir alors que le centre de sustension est,
chez tous les oiseaux (ceux que j'ai pu observer du moins), placé
sensiblement en arrière du centre de gravité.
C'est là, me disais-je, qu'est le nœud de la question. Le vol de
l'oiseau se compose d'un . seul mouvement commandé : celui de
l'aile dans le sens vertical ; c'est sans doute le seul acte que l'oi-
seau puisse faire volontairement, le reste est passif ; l'inclinaison
plus ou moins grande du plan de l'aile par rapport à l'horizon est
due à la puissance avec laquelle l'oiseau abaisse ses ailes ; les
plumes, flexibles elles-mêmes, sont implantées de façon à laisser
fléchir leurs gaines par l'élasticité du tissu dont elles sont for-
mées; cette souplesse de l'organe est plus ou moins grande aux
points où il doit plus ou moins fléchir. L'oiseau qui veut voler vite
agite vigoureusement ses ailes ; sa translation et sa sustension
augmentent ensemble : c'est ce qui doit arriver lorsque l'oiseau
est effi^ayé et qu'il veut fuir, ou encore au moment du départ,
quand la vitesse normale n'est pas encore acquise ; mais en plein
— 85 —
vol, il suffît sans doute à Toiseau d'un effort bien faible pour se
80utenir,paisqu*il n'a pas àramer dans Tairpour acquérir sa vitesse ;
les couches d'air inertes se présentent d'elles-mêmes sous ses ailes,
et il peut s'y appuyer presque comme sur un solide. La relevée
même de l'aile peut-être passive ; en effet, puisque le voile de l'aile
arrivée en bas de la course a sa face inférieure tournée en avant,
on comprend aisément que la vitesse acquise de l'oiseau puisse
alors, dans une certaine mesure, faire remonter l'aile. Quant aux
mouvements de l'aile d'avant en arrière, je démontre encore qu'il
est aussi tout à fait passif.
M. Marey a obtenu, avec divers oiseaux, la trajectoire de la
pointe d'aile, sous forme d'une courbe elliptique dont le grand axe
est oblique de haut en bas et d'arrière en avant. J'ai construit un
appareil dans lequel les humérus sont formés d'une lamelle d'a-
cier, flexible dans le sens horizontal ; cet appareil ne vole pas,
mais lorsqu'on fait battre ses ailes sous l'action d'un ressort, on
distingue parfaitement à l'œil la figure décrite par la pointe de
l'aile ; cettQ figure est une ellipse dont le grand axe présente à peu
près la môme inclinaison que dans la figure obtenue par M. Marey.
Le petit axe est plus court : cela tient évidemment à ce que, dans
l'oiseau vivant, le dessous du voile est toujours tourné en avant
pendant la remontée, ce qui, par suite de la translation, rejette
l'ensemble de l'aile plus en arrière ; tandis que dans mon appareil,
l'aile remontait librement, en s'effaçant derrière sa grande ner-
vure. C'est donc à cause de la pression de l'air sous l'aile que cel-
le-ci est projetée en avant pendant l'abaissée et en arrière
pendant }a remontée, par conséquent je considère ce mouvement
comme passif. M. Marey avait déjà exprimé l'opinion que ces di-
vers mouvements devaient être passifs, et je suis heureux aujour-
d'hui de voir mes expériences corroborer les opinions de ce phy-
siologiste.
L'oiseau parait aussi pouvoir, pendant le vol, accélérer sa vitesse
en repliant un peu en arrière la main de l'aile pendant la remon-
tée, ce qui reporte un peu plus en arrière le centre de sustension ;
la vitesse de translation augmente alors pour la même raison que
dans le petit planeur en papier dont j'ai parlé plus haut. Pendant
leplein vol, l'oiseau doit donc regagner, par les réactions verticales
de son corps, la chute qu'il ferait s'il se laissaitaller en planant seule-
ment. C'est en m'appuyant sur ces diverses considérations que j'ai
construit un appareil représenté figure 12.
Un petit bâti en bois léger est destiné à maintenir les
deux extrémités du ressort, qui est toujours fori]|é d'un ou. plu-
sieurs fils de caoutchouc tordus sur eux-mêmes. A l'avant se
tnan un u1)re 0Dtt46 «t aa&trsHMndé de fluon k falra dâux o*-
nivelles tn rillebrequln à 90 de^i l'une de l'aatra ; celle q&I est
le plu en krant wtioane deux bielles qui commandent chacune un
tiuraérus. Ces humérus qui portent les deux ailes sont mobiles autour
d'un axe longitudinal oommun qui peut être incliné en temps utils
FiouK ii. — AA. Au eommun dei nlUa. — HB. Blnllei pradatMnl l'é-
Uvation et l'abaitsi» dai ailai. — C. Biells nroiltiisaot rîDcliuaiaau à» l'axe
(les ailes, ce qui duone le cbnDgemeot de plnii.
par une bielle mua par l'autre manivelle, do sorte que si la manivelle
qui produit l'élévatioa et l'abaissement des ailes passe au point
mort, l'autre maniTsUe aet au point oonvanabla pour inoliner l'ue
des ^lea aveo la plQi grande vitesse ; ce moment est précisément
oelui pendant lequel les ailes sont, aoit en haut, soit en bu de
leur course ; J'obtiens ainsi un changement de plan fbrcé. La ma-
ehine est disposée de telle hçon que, pendant l'abaissée, l'aile a
une inclinaison oblique de S à 5 degrés environ, la hce inférieurs
regardant en arrière ; et pendant la remontée, environ 36 degrés,
la fkoe inférieure regardant alors en avant. Les ailes, que les an-
nées précédentes J'arais cru devoir construire aree les maté-
riaux les plus légers, sont ici relativement tràe-leordes ; elles sont
en soie et représentent environ le tiers du poids total de la machine.
Je n'ai pas craint de diminuer l'amplitude des battements tout en
ayant un voile très large, puisque J'étais assuré que te change-
ment de plan s'eEFeotuerait. Le centre de gravité est placé un peu
en avant du centre de sustension et je puis le porter pins ea
avant encore au moyen d'un long bec en plume que Je charge plus
oumoins decire. Jusqu'à présent, Js crois que ces dispositions
n'ont pas été prises pour les appareils reproduisant le vol, et c'est
peut-être la raison pour laquelle oertains ohsrcheors, s'ils n'ont
— 87 —
PM abaadoimé remploi d'ailes factices, leur ent du moins pre
féré le système de Henson.
FiGUKE 13. — Ensemble de Tappareil tu par le dos, On remarque k Tayaut
le long bec en plume, chargé de cire.
Le petit appareil que je yiens de décrire à 0«, 88 d'euTcrgure et
pèse 6 grammes ; il est mù par un ressert qui ne pèse que 0 gr.
60 centigrammes, et cependant il donne un excellent toI, de peu
d^étendue, il est vrai (7 à 8 mètres de parcours), mais cela me pa-
raît suffisant, vu la petitesse du ressort, et me démontre le bon
parti qu'on peut tirer des considérations que j'ai indiquées plus
liaut au sujet de la position du centre de gravité de l'appareil.
Bucouragé par ces résultats, j'entrepris de modifier dans le
même sens mon oiseau à air comprimé. Je lui fis donc de nou-
velles ailes très grandes ; je diminuai l'amplitude des battements
et j'assurai le mieux possible le jeu des ressorts qui doivent pro-
duire le changement d'inclinaison du plan de l'aile. J'eus soin de
placer le centre de gravité au tiers environ en avant du centre de
sustension. Bemettant alors la machine au manège, je constatai
peu de progrès.
Pensant que la rigidité des attaches devait gêner les réactions
tant horizontales que verticales, je disposai des intermédiaires de
caoutchouc, notamment dans la suspension du bras du manège,
ee qui me fournit, ainsi qu'on va le voir, un moyen de mesurer la
quantité dont l'oiseau mécanique s'allège en battant d
• *
c.
— 88 —
Le bras du manège, non chargé, c est-à-dire quand il ne porte
pas l'appareil volant, s'élève au-dessus de Thorizontale d'un cer-
tain nombre de degrés ; je prends un point de repère qui me per-
mettra tout à l'heure de retrouver cette hauteur et de voir jus-
qu'à quel point le bras du manège s'en approchera quand il portera
l'appareil volant. On fixe alors l'oiseau mécanique sur le manège,
le bras s'abaisse beaucoup sous ce poids tant que la machine n'a-
git pas ; on fait voler la machine, et au moment oti elle passe en
face du point de repère, tm aide marque la hauteur qu'elle atteint.
On peut alors constater que ce point est sensiblement au-dessous
de celui qui marque la hauteur qu'atteignait le bras du manège non
chargé ; l'oiseau ne s'est donc pas allégé de tout son poids. Lors-
que l'expérience est terminée, je détache l'oiseau et je le remplace
par des poids que je gradue jusqu'à ce que le bras du manège ait
la même hauteur que lorsqu'il portait l'appareil volant, je reconnais
ainsi qu'il s'en faut de 250 à 280 grammes pour que celui-ci se
soutienne seul. Depuis les dernières modifications, le poids de la
machine est monté à 1100 grammes environ, sans compter le poids
de l'air comprimé ; elle s'allège donc en volant à peu près des trois
quarts de son poid^. La dépense de force est d'environ 2 kilogram-
mètres par seconde, ainsi que je puis le constater par la lecture
du manomètre et d'après la vitesse des battements enregistrés aa
mojen des appareils de M. Marej.
On remarquera d'après les chiffres ci-dessus, que l'appareil dé-
pense déjà moins de force que dans les premières expériences ;
je ne puis lui en faire dépenser davantage, la grandeur de ses ailes
lui faisant trouver sur Tair beaucoup plus de résistance qu'avec
les ailes plus petites que j'employais précédemment.
(La suite à une prochaine livraison.)
Victor Tatir.
— 80 —
f ^
LES TRAVAUX 1)E LA SOCIETE AERONAUTIQUE
«
DE LA GRANDE BRETAGNE
(Suite) (1)
E PRÉSIDENT lit un mémoiro sur la mort de Crocé
Spinelli et de Sivel d*après la narration de M. G.
Tissandier.
Après cette lecture, le président ajoute :
Il me semble fort étrange que trois hommes,
d'âges et de tempéraments différents, se soient
trouvés épuisés simultanément. J'ai été plusieurs fois à la hauteur
oîLce fait est arrivé, sans éprouver aucun accident. La question qui
se présente est donc celle-ci. A quoi aété due la mort ? Quelle en a été
la cause. Aunehauteur d'environ 6 milles, je devenais insensible par
suite du manque d'oxygène, mais en redescendant je reprenais mes
sens. Le sang ne leur serait pas venu àla bouche, s'ils étaient morts
par suite de la raréfaction de l'air. C'est cette présence du sang
qui me parait inexplicable. Tout ce que je peux m'imaginer, c'est
qu'ayant jeté imprudemment un grand poids de lest, le ballon
aura monté avec la rapidité de la flèche ; que par suite le gaz se
sera échappé, et que les malheureux savants se trouvaient assis
dans le courant du gaz expulsé, ce qui aura causé l'arrivée du sang (2)
Malgré cela je ne peux pas encore me rendre compte de la cause
de la mort. Je suis sûr d'ailleurs que tous nous éprouvons une
grande admiration pour ces hommes, qui n'avaient d'autre but dans
leur ascension que d'étendre nos connaissances. Quant à la re-
marque de M. Tissandier, que la hauteur extrême de 11,000 mètres
a été obtenue par une équation algébrique, j'ajouterai que deux
autres déterminations indépendantes ont conduit au même résul-
tat. Le sentiment que j'ai éprouvé dans les grandes hauteurs n'a
jamais été celui de la joie ; c'était celui d'une agonie intense à 5
ou 6 milles. Après 6 milles je n'éprouvais plus de douleur. A de
certaines hauteurs, bien que la mort elle-même soit sans douleur,
il semble que la nature rétrograde, on se sent mourant. Je n'é-
prouvais aucune de ces sensations d'extase éprouvées par les
(1) Voir la Uvndson de février 1877.
(2) Voir la réponse à ces questions dans la livraison de VAèronaadt
d'avril 1876.
— 00-
français. Elles me sont tout à fait inconnues. En me rapprochant
de terre, à 4 milles de hauteur, je ressentais de la douleur. Je peux
dire que la Soc^té regrette profondément la perte de deux hom-
mes que leur dévouement à la science a entraînés à la mort.
LE CAPITAINE BURNABY roud compto d*expériences faites au Palais
de Cristal sur un instrument inventé par lui pour déterminer la
direction des ballons quand ils flottent au-dessus des nuages, spé-
cialement la nuit. Il se compose de deux petits parachutes qui
peuvent être en soie; leur nacelle est en fll de magnésium. Ha
sont rattachés Tun à Tautre par un long fll de soie, qui lui-même
est fixé à un dévidoir dans la nacelle du ballon. En laissant tom-
ber un parachute, il suivra d'abord la même direction que le ballon
puis l'attraction do la terre le fera peu à peu descendre : quelque*
secondes après il laisse tomber le second parachute : en tirant
alors une ligne imaginaire d'un parachute à Tautre, on aura le
sens de la direction suivie par le ballon. Il considère ce système
comme très important au point de vue militaire pour savoir si l'on
se dirige vers une localité amie ou ennemie.
M. wBNHAïf demande si l'on peut ramener les parachutes et M.
Bumaby lui répond qu'au moyen du fll de soie qui réunit les deux
parachutes et qui arrive sur un dévidoir dans la nacelle on ne
court aucun risque de les perdre.
LE PRÉSIDENT dit quc toutos Ics fois qu'il a été au-dessus des
nuages, il a pu toujours déterminer la direction du ballon en lais-
sant pendre la corde du grapin. Si le ballon est immobile cette
corde demeure verticale, et quelque direction qu'elle prît, il pou-
vait reconnaître celle suivie par le ballon en regardant la bous-
sole. La nuit, il a aussi toujours pu voir la corde,
LE CAPITAINE BURNABY répoud quo ccla uo se peut pas toujours.
Il a eu l'occasion de parler de ce sujet avec plusieurs personnes
qui avaient quitté Paris pendant le siège. U fait parfois si noir'
que l'on ne peut pas voir sa propre main.
LE PRÉSIDENT fait remarquer que c'était, à l'exception de trois
ou quatre, pour la plupart des marins et des gens inexpérimentés.
LE CAPITAINE BURNABY observc qilc ccla ne fait rien à la chose :
que pour la plupart du temps les ascensions en ballon se font de
Jour, à cause de la difficulté de oonnaStre de nuit la directioau
M. WENHAM dit qu'il ne voit pas bien en vertu de quel principe
ime ancre, suspendue à un balleaf pourrait dévier seasiblament de
la verticale. Certes, si les parachutes du capitaine Bumaby res-
taient en repos, au bout d'un certain temps^ ils suivnûest la
direction de la nacelle : mais Us sont en même temps sollicités par
la pesanteur et le ballon parcourant en même temps mus ceitiiBe
direction selon ThorizontaU, il se produira une inclinaison sensi-
ble de la corde de retenue des paracKûtes qui indiquera la direc-
tion dans laquelle se meut le ballon.
LE PRÉSIDENT remarque que le grapin suit toujours le ballon, et
M. Bumaby observe que parfois on ne voit pas du tout Tancre. Le
président dit que le capitaine Bumaby parle d*après sa propre
expérience, et que rassemblée lui est reconnaissante d'en avoir
fait connaître les résultats.
M. MINIER lit un mémoire en français sur les expériences faites
pour gouverner un ballon. Il dit que le système de navigation aé-
rienne proposé par lui est basé sur l'emploi de Tair chaud et de
surfaces accessoires placées de chaque côté du ballon. Un ballon
à air chaud a été expérimenté à Woolwich au point de vue mili-
taire. Il a éprouvé un accident : mais il est certain que le 16 octo-
bre il s'est élevé avec un poids de 1700 kilos. Il entre dans des dé-
tails sur ses inventions.
II. MOY dit avoir vu la même idée décrite dans un numéro du
Méchantes Magasine de 1824. — Si on jette du lest pour avoir une
force ascensionnelle et du gaz pour descendre, le procédé devien-
dra trop coûteux.
M. WEKHAM pense que sir George Cayley a été le premier inventeur
du système.
LBCAPiTAiNE BURNADY demande si cette machine peut marcher
contre un vent soufflant à 15 milles par heure.
M if ÉNiER dit que dans la première expérience il n'a pas eu la
prétention de marcher contre le vent.
LE CAPITAINE BURNABY cxprimc sa désapprobatiou du ballon à air
chaud à cause des dif&cultés de gonflement et du danger d'at-
terrir.
Le président exprime les remerciments de l'assemblée à M.
Menier.
L'attention des membres est appelée sur le prix offert par la So-
ciété Tayler de Harlem pour « une explication critique de ce que
l'observation et la théorie nous ont appris concernant le vol, sui-
vie des recherches expérimentales et théoriques de l'auteur. »
Traduction de M. Hasenfeld,
Interprète juré, ancien élève de T école polytechnique.
— 82 —
LES BREVETS RELATIFS A L'AÉRONAUTIQUE
(Suite) (1).
Brevet d'inyemtion jv* 91,275, pris par M. Aznédée HaynaL
docteur en médecine chez M. Descombes, rue du Petit-Pré, 13, à
Tours (Indre-et-Loire), le 8 octobre 1870, pour un point d'appui
destiné à la Navigation aérienne. •
Pour résoudre le problème de la Navigation aérienne, il faut,
dans un appareil, réunir artiûciellement les conditions que Toiseau
réunit naturellement dans son vol.
Ces conditions sont au nombre de trois.
l^ Uoiseau a des ailes.
29 Ces ailes sont mises en mouvement par des muscles animés
par Toiseau vivant.
S» Ces ailes trouvent un point d'appui dans l'air qu'elles com*
r iment.
Dans l'appareil en question, l'auteur remplace : l^ les ailes par
un propulseur spécial ; 2« la vie de Toiseau qui donne le mouve-
ment, il la remplace par un moteur spécial non désigné ; 3« l'air
ordinaire qui suffit à fournir le point d'appui à l'oiseau devenant
insuffîsant pour Thomme, il le remplace par de l'air comprimé.
Dans cet appareil, le moteur comprime de l'air dans un réser-
voir spécial ; de ce réservoir, l'air comprimé se rend sous le pro-
pulseur où, agissant en vertu de son élasticité, il offre une résis-
tance plus ou moins grande au propulseur qui agit sur lui. Cette
résistance donne le point d'appui. C'est ce point d'appui qui forme
Tessence même de l'invention.
Certificat d* addition se rattachant au même brevet.
Le brevet ci-dessus ne mentionne que le point d'appui obtenu,
grâce à la résistance de l'air comprimé, c'est-à-dire d'un corps
gazeux.
Le présent certificat est beaucoup plus général, il a pour but :
La formation artificielle d'une résistance égale en puissance à
l'action de la pesanteur sur ledit appareil aérien, mais agissant
en sens contraire de la pesanteur et son utilisation à volonté, non
seulement par l'intermédiaire d'un corps gazeux tel que l'air com-
primé, mais aussi par l'intermédiaire de corps liquides comme
l'eau, ou enfin par l'intermédiaire de corps solides pourvu qu'ils
possèdent la propriété d'élasticité, comme l'acier trempé et qu'ils
soient convenablement disposés.
(i) Voir les livraisons précédentes.
-03-
Brbtet d'invbntion n» 90,935, pris par M. Constant I>timeTy,
24, boulevard des BatignoUes, Paris, le 11 octobre 1870, pour
des perfectionnements apportés dans les moyens d'utiliser les
aérostats.
Les points principaux de cette invention consistent : 1° dans rem-
ploi multiple de petits aérostats répandus le long d'un câble prin-
cipal pour supporter et maintenir celui-ci à certaine hauteur au-
dessus du sol.
^ Dans remploi d'attaches de différentes longueurs pour Tatte-
lage des petits ballons supports du câble, afin que ceux-ci en se
rapprochant puissent ne se gêner que par leur rayoïi et se grouper
facilement en faisceaux.
3 Dans remploi, grâce à cet auxiliaire, de communications aé-
riennes régulières d'un poi&t à un autre.
4' Dans l'application d'un moteur à Tune ou à chacune des ex-
trémités pour effectuer le trajet dans des conditions données.
5 Dans l'application aux ballons captifs horizontalement de
communications électriques pour transmettre les ordres et au be-
soin faire opérer les manœuvres.
6* Dans la direction des aérostats captifs par une seule amarre,
en faisant intervenir le gouvemaiL
7* Dans la direction des aérostats captifs retenus par deux cil*
blés agissant angulairement avec ou sans gouvernail latéral,
8* Dans l'emploi du gouvernail agissant de haut en bas, ou de
bas en haut sans être obligé d'avoir recours au lest.
9' Dans l'abaissement spécial de l'aérostat par le gouvernail,
pour prendre charge sur terre ou simplement pour faciliter la
descente ou l'embarquement en route.
Brkvkt d'invention n» 90,963, pris par M. Pierre Bonroliaini
mécanicien, rue des Tournelles, 52, à Paris, le 17 octobre 1870.
pour un mode de direction des aérostats.
L'un des appareils moteurs de l'inventeur consiste en un cylin-
dre fermé à l'une de ses extrémités ; dans ce cylindre se meut un
piston plein ; la tige du piston est mise en mouvement par un sim^
pie levier monté sur un châssis à l'aide de la corde. Le piston
étant au fond du cylindre, si on agit sur le levier, le piston s'avan-
cera en faisant le vide derrière lui dans le cylindre ; pour cela on
a à vaincre la pression atmosphérique sur la surface du piston ;
cette résistance se traduira par im mouvement de propulsion en
sens contraire.
— 94 —
Lorsque la piston aatteint retendue de ea conne, Taetian dn
lerier eessant sabitement» le piston, par Teffet de la pression at-
mosphérique reprendra snbitexnent sa position primitive et en Te-
nant frapper le fonds dn cjlindre, prodoira une nouvelle force de
propulsion.
Pour appliquer cet appareil à un aérostat, on entourera cdui-ei
horizontalement dans le milieu d*un ou deux cercles en fer ou en
bois ou encore en tôle creuse de forme orolde ; ces cercles, aussi
légers que possible, seront soutenus par le filet du ballon; sur
deux points parallèles et équilibrés du cercle, on adaptera deux
cylindres dont les pistons seront mis en mouyement par' un sys-
tème de 'leviers et les cordes descendant à la nacelle.
Le cercle supporté par le filet sera relié à l'aide d'une coulisse
à rétoffe même du ballon de telle sorte que si, par suite d'un ac-
cident, le ballon vient à se vider, sa partie inférieure par l'effet
même de sa chute, viendra s'appliquer intérieurement à sa partie
supérieure et formera avec elle une calotte sphérique faisant
l'offlce d'un immense parachute.
Le second appareil moteur consiste en deux entonnoirs en
étoffe de même nature que celle du ballon qu'ils traversent hori-
zontalement ; ces entonnoirs sont soutenus de distance en distance
par de petits cercles qui maintiennent leur forme conique ; les ori-
fices de ces entonnoirs s'ouvrent au niveau des cercles. Les cer-
cles aident à maintenir la position des ouvertures des entonnoirs ;
à chacune des petites ouvertures est placé un ventilateur à hélice
ou à turbine mis en mouvement par une corde s'enroulant sur la
poulie placée aux rebords de la nacelle ; ces aspirateurs sont mis
en mouvement, de manière à aspirer Tair dans les entonnoirs et à
le rejeter au dehors ; ils y produiront ainsi un vide et l'air s'y pré-
cipitera par la grande ouverture en entraînant le ballon.
Il est bien entendu que l'action des ventilateurs et des cylindres
se produira dans la même direction.
Brbvbt d'invkntio» n» 91,010, pris par MM. Afénier, Place Wa-
gram, 3, à Paris, le 17 octobre 1870, pour un appareil de Navi^
gation aérienne.
L'appareil consiste en une carcasse réunissant ensemble un
nombre indéterminé de ballons sphériques ou ovales à air chaud
ou à gaz et munis de petits ballons servant de soupape de sûreté
ou de récipient en cas de dilatation certaine de la substance
gazeuse.
La carcasse est construite soit avec des ^arretftijr creux ou pleins.
— 93 —
en métal ou en bois, soit avec des tubes en matière molle dans
lesquels on comprimera de Tair au nombre d*atmosphères utile
pour obtenir leur parfaite rigidité.
De chaque côté de cette carcasse régnent des plans ou surfaces
accessoires destinés à profiter de la résistance que l'air offre à
toute substance qui les traverse avec énergie de façon à créer un
point d*appui contre le yent.
Les plans accessoires ou ailes dont il s'agit seront également
construits avec des barreaux creux ou pleins en métal ou en bois
ou avec des tubes en matière molle dans lesquels on comprimera
de Tair au noiubre d*atmosphères utile, pour obtenir leur parfaite
rigidité et qu'on ramollira suivant les besoins en retirant Tair.
Les barreaux ou les tubes mous employés à la construction de la
carcasse ou des ailes seront reliés ensemble par des plans en ma-
tière végétale, animale ou minérale à Taide d*un système d'attaches
qui sera ultérieurement déterminé.
Le gouvernail sera également construit en barreaux solides ou
tubes mous.
La nacelle dont les inventeurs réservent la forme à un brevet de
perfectionnement ultérieur sera construite soit en barreaux pleins
ou creux, soit en tubes mous, solidifiés par la pression de Tair.
Les tubes mous pourront être composés avec diverses natures
de matières employées seules ou ensemble, les inventeurs se ré-
servant la liberté de cette application.
Brevet d'Invention n« 90,901, pris par M. Jean-Pierre Bazal-
gette, négociant en vins, rue des Poissonniers, 41, à Paris, le28
octobre 1870, pour un système de direction des ballons»
Description des ailes produisant une impulsion propre à diriger
les ballons.
Ces ailes qui ressemblent complètement à celles construites par
Le Besnier, sont établies sur un châssis qui exécute un mouvement
de va et vient autour d'un axe; elles s'ouvrent et se ferment al-
ternativement. Dans leur mouvement de relèvement elles s'ou-
vrent, et l'air les traverse sans résistance; tandis que lorsqu'elles
s'abaissent, elle ont à surmonter la résistance de l'air et produi-
sent une impulsion utile. L'appareil est muni de deux couples
d'ailes, une à chaque bout. Une couple s'abaisse quant Tautre se
relève.
Dans le principe, les voyageurs pourront mettre les ailes en jeu.
Plus tard, dans des applications plus en grand, un moteur plus
paissant pourra être employé.
— 96 —
Brevet d'Invention n» 90,962, pris juir M. Pierre Soiidet
mécanicien, rue Crozatier, 16, à Paris, le 25 octobre 1870, j70iir
un système de Direction des Aérostats.
Le système comprend les organes suivants:
1* Quatre mâts placés horizontalement à la nacelle.
2* Un aérostat muni de son filet sur lequel on a adapté une
ceinture qui peut être fixée à Taérostat et servant de corps solide
au tirage qui s^effectue par les cordages.
3« Quatre voiles placées dans la direction des quatre points
cardinaux sont rendues mobiles par des moufles à poulies sur leur
trois extrémités.
4* Deux de ces voiles sont rendues majeures et deux mineures ;
la majeure représente la force directrice et la mineure la force dé-
viatrice, la majeure se compose de deux poches coniques par les-
quelles Tair agit avec puissance en s*y précipitant.
5« A Textrémité du cône de chaque poche est pratiqué un orifice
pour diminuer la pression exercée par Tair.
6<> Les voiles mineures sont unies et sans poches coniques, ren-
dues mobiles par des moufles à poulies placés à leurs trois extré-
mités.
7» Chacune de ces voiles doit se fermer h volonté en établissant
un système de fermeture dans le genre du lacet vient plisser la
voile soit le long d*un cordage soit le long de la mâture.
8<» Un cinquième mât est placé verticalement sous la nacelle
servant à la jonction des cordages pour constituer Tensemble d*uii
corps solide à la mâture.
9<> Quatre autres voiles inférieures sont placées sur le pourtour
du carré de la mâture ; elles peuvent se fermer à volonté par le
même principe déjà décrit.
10» La direction de Taérostat s'établit, en ouvrant au moment de
l'ascension, une voile majeure et une voile mineure ; quand toutes
deux sont ouvertes, elles forment Téquerre qui est la clef de la di-
rection. On peut facilement se rendre compte de Teffet produit.
Brevet d'Invention n* 91,023, pris par M. Jules Sourdin,
ingénieur-expert, rue Jacob, 20, à Paris le 2 novembre 1870,
pour un système de Navigation Aérienne permettant de modifier
la marche naturelle du ballon.
Ce système de navigation aérienne est basé exclusivement sut
l'emploi alternatif de la force ascensionnelle du ballon et du poids
de la nacelle.
La différence entre ces deux forces donne une résultante verti-
cale dirigée tantôt de bas en haut, tantôt de haut en bas.
Si Ton donne au ballon une forme aplatie ou si Ton interpose
— »r —
entre le ballon et la nacelle un large écran incliné sur Thorizon,
le mouvement ascensionnel du ballon ou son mouvement de des-
cente se combineront avec des mouvements latéraux dus à la in-
sistance de l'air sur Técran.
Brevet d'Invention pris par M. "WriUiam TJnswoliîhL, repré-
senté par M. Bléry, rue des Filles-du-Calvaire, 6, à Paris, le 6
novembre 1870, pour un système de direction des ballons.
Le but de l'invention est de diriger les aérostats au moyen d'un
agencement mécanique adapté à la nacelle du ballon^ agencement
facilement manœuvrable soit à la main, soit à l'aide de toute ma-
chine convenable ; en outre, cette combinaison utilise, en l'aug-
mentant notablement, la résistance que peut of&ir le fluide atmos-
phérique.
Le système consiste donc en deux couples de parachutes dispo-
sés de chaque côté de la nacelle du ballon ; leurs axes horizontaux
glissent dans des supports solidement fixés à la nacelle, et per-
mettent ainsi à ces sortes de parachutes de s'étendre et se replier,
imitant en cela les mouvements d'un parapluie que l'on ouvre' et
que l'on ferme.
Le glissement des axes est donné au moyen des manivelleâ qui
actionnent les pignons ; ceux-ci engrènent avec les roues qui, en
dernier lieu, se mettent en contact avec les grands engrenages.
Les dits engrenages portent sur un de leurs bras un tourillon qui
est relié avec un manchon semblable des axes par une bielle. Par
cette disposition le mouvement circulaire des manivelles se trou-
ve, sur les axes, transformé en un mouvement rectiligne de va et
vient qui permet aux parachutes de s'ouvrir ou se fermer aussi
rapidement que l'on voudra.
Les manivelles étant, à volonté, indépendantes ou solidaires
entre elles, on manœuvrera donc facilement ou l'un des couples
des parachutes, pendant que l'autre sera immobile, ou tous les
deux avec des vitesses différentes, ou bien enfin, les deux couples
seront simultanément animés des mêmes mouvements.
On comprend dès lors qu'on pourra aisément déplacer, au
moyen des dits parachutes, des volumes considérables d'air, soit
de chaque côté de la nacelle ou des deux côtés à la fois.
Le mouvement des manivelles pourra parfaitement être produit
an moyen d'une machine à vapeur ou toute autre, et c'est à la pra-
tique à indiquer s'il sera besoin d'y avoir recours.
Enfin l'inventeur se réserve toute combinaison mécanique qui
arriverait au même but savoir : produire le mouvement de va
et vient des parachutes par l'emploi de crémaillères, cames, «e-
centriqtM»» elo. ete»,
Pouranalyse conformcj J. GÂSTBL.
— 98 —
REVUE DES LIVRES ET DES JOURNAUX
Les hommes qui désirent rarènement de la directioii dans Fair
ne pouvant annoncer cet ayènement comme un £ût accompli, se
consolent en le supposant et basent sur cette supposition des
histoires plus ou moins vraisemblables. Parmi les romans assez
nombreux qui reposent sur cette base, celui qui a obtenu le plus
de succès a été Cinq semaines en ballon par M. Jules Yeme.
Bien d*autres encore ont été écrits dans le même genre. Je cite-
rai la Conquête de Vair^ par M. A. Brown, Prodigieuse décou-
verte par M. Nagrien, de Paris à Marseille^ pour quatre francs par
M« C. H*
Un nouveau roman de ce genre vient de paraître, il a pour ti-
tre le Château de Paradou^e. L'auteur ne s*est fait connaître que
par les initiales E. F. Il faut bien reconnaître que le moyen pro-
posé par Tauteur pour la suspension et la direction îdans Fair est
absolument inadmissible; mais il règne dans le roman une
gaîté qui pourra le faire rechercher par un certain nombre
de lecteurs*.
La Nature^ recueil que M. Gaston Tissandier, dirige avec tant
de talent, vient de faire paraître deux articles fort intéressants
sur la navigation aérienne. Le premier a pour titre : Pèlerinage
aéronautique aux monuments de Blanchard et de Pilâtre. L'auteur^
M. Charles Boissay décrit le monument construit en souvenir de
la traversée du Pas-de-Calais par Blanchard et Jeffries, et donne
un croquis de la nacelle. De plus, il décrit les monuments qui ont
été élevés à Wimereux sur le lieu de la chiite de Pilâtre de Bozier
et de Romain, et donne un dessin de leur tombeau situé à Wi-
mille.
Le second article a pour auteur, M. Gaston Tissandier et pour
titre : Nouveaux documents sur les aérostats militaires de la pre*
mière République ; il a été rédigé d'après les notes communiquées
par M. Yéron, capitédne de frégate, et petit-fils de Faérostier
Yéron qui était Fun des compagnons de Coutelle.
Le jeune aérostier de 1794 était peintre et élève de David; il
avait orné la nacelle du ballon V Entreprenant j d'une peintura
faite au cirage et représentant un aéronaute dirigeant un guer-
rier à la poursuite d'un dragon à deux têtes. De plus, M. Yéron,
a fait connaître dans tous ses détails la fabrication du gaz hydro-
gène employé par les aérostiers.
Le Gérant: Fiux Caron.
Clormont-de-rOise. — Imprimerie A. Daix, rue de Condé, S7.
— 99 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an*
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ajant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en»
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra*
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
îicmandent.
Le Château de Paradouze, par E. F., chez Eugène Durand, libraire,
rue Saint-LÔ, 40, à Rouen, prix : 2 fr. 5o. C'est un roman dont la
fable repose sur l'hypothèse oe la directicn aérienne.
Bau (Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfîeren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Fur
feuerwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5 1 erlaûtern-
dem Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8» X12 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britain
for the year 1875. Hamilton and C*>, Paternoster row, London. Price
•ne shilling.
La navigazione aerea consîderata rispetto alla meccanica. Studiî per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Société Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari', stabiliment«
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières années de rAiRONAUTX sont actuellement en
vente aux prix suivants :
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La collection de VAéronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières ei par noms d'auteurs.
Kous engageons nos souscripteurs, Qui font relier la collection
de rAÉKONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
Tcrtures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de rAÉRONAUTx, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
1Li'A.ÉRON-AlXJTE1
SOMMAIRE
MARS 1877
Etude expérimentale be la résistance db l'air, par M, Gh. de
la Ijandelle, ancien lieutenant de vaisseau.
École pratique des Hautes- Études. Expériences sur le vol méca-
nique, par M. Victor Tatin (3« article, 3 grav. dans le texte).
Les Travaux de la Société aéronautique de la Grande-Bretagne,
par M!. Hasenfeld, interprète-juré, ancien élève de l'École
polytechnique.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par M. J*. Oastel.
Revue des Livres et des Journaux, par M. Xiouis ItaxxLeaii.
Bibliographie.
l'aÉKONAUTB parait tous les M0I3
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©5. RUE LAFAYEXTE, 95
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Grèce, Italie, Luxembourg, MoNTÉNtfaBO, NoRwioB,
Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Russib, Sbrbib, Suèdb, Soissb,
Turquie, Tangbr, Tunis : 8 fr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Bbébil, Mexique, Paraguay, Plata bt Antillbb : 12 fr.
Chinb, Inde, Cochinchinb, Birmanie, Siam, Japon, AuffTBAUB,
Pérou, Chili, Bolivib : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d*Abonnbmbnts bn Allbmaonb
L'abonnement commence au !•' janvier
Il continue ju8(]^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom. de
M. HuREAu DB Villeneuve, rue Lafkjette, 95.
Mes abonnés en retard «ont InaUrniment priée de
envoyer de «dite le montent de lenr eonsorlptloi
an, MJB EiA.FiiLYBXXE, e»
•l«ratiU-OiM. » InfrâMri* A. Dûi nt U CMi4é» t7.
NAVIGATION AÉRIENNE
roHDi Kt Dritioi par
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
HiBuréat de l'Institut
(Audinii* dci Bclcncai)
10* JINHBE, M» ^
AVRIL 1877
PARIS : 6 miKCS fax an. — DiPARTSinCHTS : 7 rRANCS.
UN hciiMro : "75 CKHriitsa
RÉDACTION ET BUftEAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
PARIS
— 102 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
MM. Hureau de- Villeneuve, Ch. du Hauvel d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Narration de quatre ascensions en Belgique, par "M.. Adriexx
Outé-Poitevin (deux grandes gravures dans le texte).
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par 2k£.
DBjUgène Farcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry GifTard, d'uu grand ballon captif a vapeur, par M. Q-astoii
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
La médaille commémorative de l'emploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par M. Xjouis Raraeaw (deux gravures dans
le texte).
L'appareil Haenlein, par M. O. JBYion (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par M. Serg^e MikoiiniTie (deux
gravures dans le texte).
Les Études aéronautiques à l'étranger, par M. O. !Prioii.
Etude expérimentale de la résistance de l'air, par ]V£. G-. de
la Jjaxidelle, ancien lieutenant de vaisseau.
*
La Société des ingénieurs civils se réunit le premier et le troisiè-
me vendredis de chaque mois dans son hôtel, cité Rougemont, 16.
La Société française de Physique se réunît à Thôtel de la Société
d'Encouragement, rue de Rennes, 44, le !•«• et le 3* vendredis de
chaque mois.
La société Météorologique de France se réunit rue desGrands-
Augustins, 7, le premier mardi de chaque mois, à huit heures du
soir,
L'Ecole d'Aéronautes franj:ais a été instituée pour fa-
ciliter aux aéronautes de profession des moyens de s'utiliser dans
l'intérêt de la science. Elle reçoit exclusivement les personnes dé-
sirant acquérir la pratique de l'art aéfonautique.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouTerts
tous les jours, de di;c à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on f>eut
s exercer aux manœuvres aériennes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute, rue Lafayette, 95.
L'AÉRONAUTE
10' ANNÉE. — N' 4. — AVRIL 1877
LES BALLONS SONDES
ans les ascensions aérostatiques^ il est
une étude qui ne me semble pas faite
avec assez de suite, c'est ce^e des cou-
rants supérieurs de Tatmoâ^hère. Les
tempêtes, les ourag^ans et surtout les
typhons des mers de Chine, sont pres-
que toujours annoncés plusieurs jours
à l'avance par une baisse barométrique. C'est une preuve
que les pertubations atmosphériques existent déjà; bien
qu'elles échappent encore à nos observations.
Dans plusieurs de mes ascensions, j'ai été à même de
constater que les vents supérieurs qui existaient k des alti-
tudes au-dessus de 2000 mètres, étaient précisément 24
heures ou 48 heures après ceux qui régnaient à la surface
du sol. Dans la première ascension à grande hauteur exé-
cutée par Sivel et Crocé-Spinelli, le même cas s'est présenté
et a été signalé par les deux intrépides aéronautes.
Convaincu que les études des courants supérieurs peu-
vent être utiles à la météorologie, je me propose de conti-
nuer les expériencesquemon beau-frère Sivel s'était promis
de mettre à exécution à ce sujet.
Kn effet dans les ascensions scientifiques, surtout dans
celles de longue durée, ce qui doit préoccuper le plus les
aéronautes, c'est l'étude de la direction des courants supé-
rieurs et inférieurs.
Quels sont les moyens pratiques pour l'étude de ces cou-
rante? Les ballons-sondes paraissent répondre à ce besoin.
Deux hommes en avaient compris l'importance et avaient
X 4.
— 104 —
conçu deux moyens qui différaient comme système, mais
qui aboutissaient au mémo but.
Dupuis-Delcourt avait imaginé de se servir de la
flottille aérostatique. Quatre petits ballonnets de quatre
mètres de diamètre étaient attachés aux quatre points
cardinaux d'un ballon central. Des perches horizontales,
fixées au cercle de suspension servaient h maintenir l'é-
cartement do tous les ballons entre eux. Le tout formait
donc un carré. Les perches étaient creusées d'une gorge,
de sorte que la corde conductrice pouvait fonctionner
entre des pou lies de rappel, sans crainte, de déverser. Dans
la nacelle étaient à la disposition des aéronautés, des petits
treuils à main, correspondant aux quatre ballonnets,
enroulant et déroulant la cordelette, pour laisser monter ou
pour ramener le ballon selon la nécessité de rexpérience à
faire.
C'est ainsi que Dupuis-Delcourt tenta la première expé-
rience des ballons sondes. Il était accompagné de Jean-
Marie Richard, qui a laissé une collection aéronautique si
curieuse. Malheureusement, dans la matinée une forte pluie
survint et compromit l'expérience, car l'humidité fit gon-
doler les perches, gonfler les poulies, retordre les cordes de
manière que chaque fois que Vaéronaute essayait de laisser
monter un ballonnet, un nœud se formait et engorgeait
ainsi la poulie, de sorte que les ballons restèrent captifs au
bout de leur perche respective.
Cet échec découragea probablement Dupuis-Delcourt ;
peut-être aussi les dangers de l'atterrissage d'un pareil sys-
tème, lui donnèrent-ils à réfléchir ; car il ne renouvela pas
sa tentative et abandonna môme ce genre d'ascension.
Sivel, ayant compris l'intérêt que pouvait offrir l'étude
des courants supérieurs, avait imaginé, peu de temps avant
sa mort, un système moins encombrant, plus simple et plus
complet, car il pouvait en même 'temps servir à sonder les
couches inrérieurea.
Malheureusement une fois encore, il ne fut pas permis
à Sivel de mettre à exécution son système, car un vent trop
violent au départ empocha de monter l'appareil. (Ascension
de longue durée 23-24 mars 1875 -^Aéronaute mai 1875).
FiGURB U. — A^roîlal .trmf- de deux ballous 80Dd»e.
"^•T"
— 106 —
Cet appareil se composait d'une perche horizontale de
10" 50 c. de longueur fixée au cercle et tenue en équilibre
par le ballonnet supérieur rempli de g^az et dont le diamè-
tre était de 6 mètres. Un ballon plus petit, 2"50 de diamètre,
rempli d'air eût permis de sonder les espaces inférieurs, il
eût été muni d'une lanterne, afin qu*on pût suivre 5»e3 mou-
Tements pendant la nuit. Ces deux petits ballons qui avaient
été nommés Girofle et GirofLay étaient attachés à une corde
de 1000 mètres de longueur. On pouvait donc, de la nacelle,
faire monter le ballon supérieur à 1000 mètres au-dessus
de l'aérostat et faire descendre 'la sonde inférieure d'une
même longueur.
Telle était la disposition des ballons sondes imaginée par
Sivel, disposition qui ne put être malheureusement pas
mise en pratique.
Devons-nous rester înactifs et conclure que les ballons
sondes sont impraticables? Certes non. Pour ma part j'ai
l'intention formelle de marcher sur les traces de mon re-
gretté beau-frère et de reprendre ses travaux interrompus
si brusquement au moment même où ils pouvaient apporter
de nouveaux faits à la science météorologique.
Les ballons sondes seraient d'un grand secours, pour
utiliser les courants d'air et se maintenir dans celui
qui conviendrait le plus aux expériences qu'on aura à exé-
cuter, car il deviendrait possible ainsi, sans perdre de lest
ni de gaz, de connaître quels senties courants qui existent
à différentes altitudes. Actuellement on ne peut s'en rendre
compte que par des changements de niveau alternatifs qui
ne tjirdent pas à épuiser la course d'un aérostat à travers
Tespace et terminent ainsi promptement une ascension qui
devrait se prolonger davantage.
En outre de la direction descourants aériens, les ballons
sondes pourraient indiquer la température de ces courants,
car ils devraient êtrQ munis d'appareils enregistreurs au-
tomatiques et je crois que ce serait le cas de se servir du
thermomètre enregistreur de M. Negretti, si bien décrit
par notre éminent ami M. Gaston Tissandier.
11 est évident que des expériences ainsi complétées, four-
niraient a la science météorologique des données utiles sur
— 107 —
la direction et la température dos courants supérieurs de
ratmosphère, sur la marche des circulus de notre hémis-
phère et serviraient à la prodictLon du temps probable.
Je vais en donner un exemple. L'hiver que nous venons
de traverser^ a été d*une douceur exceptionnelle en France
et d'un.e rigueur extraordinaire en Russie. Il a été caracté-
risé chez nous, par la persistance à terre des vents du Sud
qui, venant du Sahara, brûlaient TÂlgérie et nous don*
naîent un climat tempéré, tandis qu'en Russie, un vent du
Nord persistant maintenait un froid presqu'inconnu jus-
qu'à ce jour. Le circulus produit par les alizés se trouvait
donc reporté à l'Est.
Les lecteurs de VAéronaute ont déjà pu voir dans l'arti-
cle de M. Hureau de Villeneuve, inséré dans la livraison do
Novembre 1875, quelle influence la position des alizés peut
avoir sur la pluie, le beau temps et la température.
Mais ce que personne encore ne peut affirmer avec certi-
tude, c'est la direction des vents supérieurs correspondant
à une semblable direction des vents inférieurs. Une
suite régulière d'ascensions au moyen d*aérostats mu-
nis de ballons sondes pourrait certainement nous l'ap-
prendre.
Adrien DUTÉ-POITEVIN.
leeherehe des Centres de gravité des figures
PAR LA. BIÉTHODE DES SURFACES RÉDUrTES ET LE PLANIMÈTRE
POLAIRE.
'armi les questions ardues de la navigation
aérienne, se place au premier rang ladétermi-
, nation de la force nécessaire aux oiseaux pour
voler. Mais pour la solution de ce problème, la
notion exacte du centre d'action des ailes est
indispensable.
En effet c'est à ce point d'application qu'il iaut ramener
Teffort des muscles moteurs.
— 108 —
De plus, c'est en réunissant les deux centres d'action par
une droite et en prenant la moitié de cette droite, qu'on
trouve le métacentre, point où converg'ent les forces sou-
levantes de r oiseau et au-dessous duquel doit être placé son
centre de gravité dans le vol horizontal.
On a alors à chercher les centres de gravité de surfa-
ces ou de lignes, et cette recherche est laborieuse lorsque
les surfaces ou lignes considérées sont irrégulières. Quand
il s'agit de lignes droites ou courbes, dont le poids ou l'in-
tensité mécanique varie en suivant la longueur, le pro-
blème devient encore plus ardu. Nous allons montrer que
les cas, même très-compliqués, peuvent être résolus sans
peine, au moyen de procédés graphiques.
Prenons un exemple ; Soit une aile oscillant autour d'un
axe OÂ, la loi de son mouvement étant d'ailleurs connue»
On désire connaître le point d'application de la résultante
de l'effort total de cette aile pour une oscillation.
C. . V *-
. . ,., ^>'r- ^-v r
•■w«^«a«W'^*'V"^"<"'*''*'**".
ifl
Figure 15.
La machine étant supposée symétrique par rapport à un
plan vertical passant par OA, on aura à considérer séparé-
— 109 —
ment les composantes des efforts de ralle» parallèles à OA,
et celles qui seront perpendiculaires au plan AOB mené par
cet axe et par la position moyenne des deux ailes. On cal-
culera d'abord^ d'après les lois du mouvement des corps dans
Tair, et pour un nombre suffisant de positions de l'aile»
l'effort qu'elle exerce sur l'air, le centre de pression de cet
effort, et sa direction, d'où Ton tirera pour chaque position
la composante parallèle à Taxe OÂ et celle qui est perpon*
diculaire au plan AOB.
Considérons d'abord ces dernières seulement, et proje*
tons sur le plan AOB les centres de pression ainsi obtenus :
leur suite formera une certaine courbe quelconque a u.
A chacun des points a, b, d, f/. u de cette ligne, s'ap-
plique un effort différent ; représentons tous les efforts cal-
culés par des lignes droites, bc, de, fg, etc., parallèles à
OB par exemple, et proportionnelle à l'intensité de ces
efforts ; on peut considérer la ligne a u comme une barre,
dont le poids varie en chaque point de sa longueur ; où
connaît un certtiin nombre de valeurs de ces poids, bc, de,
fg, etc., assez pour pouvoir les relier par une courbe conti-
nue qui détermine toutes les valeurs intermédiaires avec
une approximation convenable. Si l'on arrive à connaître
le centre de gravité de la ligne pesante a u, ce point sera
évidemment celui par où passe la composante perpendicu*
laire au plan AOB, de la résultante cherchée.
La surface a b h u g e c n'est pas proportionnelle au
poids de la ligne a u. Procurons-nous une nouvelle figure,
dont la surface puisse exprimer ce poids. Pour cela, pre-
nons par exemple fh' perpendioulaire à fg, et prolongeons
ih jusqu'en h'. La surface du trapèze fjghi est égale a la
hauteur fh' multipliée par la moyenne des deux bases ouaP;
elle représente donc le poids de la ligne f h', supposée de mê-
me densité que fh. Donc il faut, pour représenter le poids de
fh, construire un nouveau trapèze, de mâme hauteur fh'^ mais
dans lequel la moyenne des bases «y soit telle que l'on ait
ay = ap -y^ . Ou voit tout de suîte, en passant à la li-
mite, que ce calcul revient à diviser toutes les ordon-^
nées bc, de, etc., parle cosinus de l'angle que forme la
L
— 110 ~
tangfente à la ligne a u, au point considéré, avec l'axe OA.
Si Ton effectue cette construction graphique pour toutes
les valeurs représentées, bc, de, fg, etc., on obtient une sé-
rie de points c', e', g\ etc., par lesquels on fait passer une
nouvelle courbe a c* e' g*... t'u. La surface a g' u f a ainsi
déterminée représente bien, d'après cette construction, le
poids de la ligne au, et si l'on connaissait le point g, posi-
tion du centre de gravité de cette surface, on aurait par là-
même la distance OR qui est l'une des coordonnées du cen-
tre de gravité cherché. En réalité, à cause de la symétrie,
ce point doit être situé dans le plan vertical passant par 0 A :
il est donc sur la perpendiculaire au plan ÂOB, menée par
le point R.
Il y a donc à exposer la méthode à suivre pour trouver
le centre de gravité d'une surface irrégulière comme
a g' u f a par exemple.
Le procédé général consiste comme on le sait, & prendre
la somme des moments de tous les éléments de la surface
par rapport h un axe quelconque, et à égaler cette somme
au moment du centre de gravité. On peut prendre pour
axe(fig. 16) une ligne O'B* passant parle point u. Soitû Taire
de -la surface considérée a b f u gVa, on a pour valeur du
moment du centre de gravité O'R X û.
Le moment d'un élément de surface tel que fg' par exem-
ple, est égal au produit de Taire de cet élément par sa dis-
tance O'S à Taxe. Ce produit est fg'x O'S. Or si Ton mène
f F et g' G' parallèles à OA, et qu'on joigne F et G* à un
point quelconque K, pris sur O'B', la longueur f g" inter-
ceptée sur fg* est telle que Ton a.
f ^ f K" Kg"_ o^s
T & — t g' — KG* — O'T
d'où f g" X O'T = fg' X O'S.
La longueur f g", multipliée par la longueur constante
O'T, exprime donc pour chaque élément tel que fg', le
moment de Télément par rapport à Taxe O'B'. Si Ton ré-
pète la môme construction pour un nombre suffisant de
cordes telles que de', bc', etc., toutes parallèles à O'B', on
obtient en réunissant les points obtenus, une surface a fK
g"a, dont chaque ordonnée, telle que f g", multipliée par
— 111 —
OT, est le moment de rordonnée primitive fg' qui lui cor-
respond. Celte surface représente donc» multipliée par la
FiGURB 16.
même long^ueur OT, la somme de tous les moments des
éléments de la surface a f u gf*a, par rapport à Taxe 0* B\
On la nomme, la surface réduite de la première. Nous dé-
signerons son aire par û'.
Si Ton a d'ailleurs un moyen de mesurer Taire des figu-
res irrégulières, on conçoit qu'il sera possible, en construi-
sant la surface réduite, ce qui se fait assez vite sur une
épure, de trouver la distance O'R du centre de gravité,
car on aura l'égalité des deux moments :
û X O'R = û' X OT.
d'où O'R = 0T-~ , formule qui fera connE^trele point R.
Il est facile de concevoir qu'on fasse la même opération
sur les composantes parallèles, à l'axe OA, projetées sur le
plan BOC (fig. 17) passant par OB, et perpendiculaire & OA.
4*
— 112 —
On aurait, de la même façon que précédemment, un point
U, sur l'axe OC, par lequel passerait la résultante des com-
posantes parallèles à OA.
Figure 17.
Le plan ÂOG est le plan vertical moyen de la machine,
et rintersection Y des deux parallèles menées respective *
ment par R et par U, suivant les directions OC et OA, est
le point d'application de la résultante. Son intensité et sa
direction peuvent être déterminées en composant les deux
résultantes précédemment obtenues, et dont les valeurs
sont exprimées, l'une par la surface û, Taut^epar la suiface
de même genre que donnerait Tépure dans le plan BOC.
On porte ces valeurs sur les directions VR et VU des com-
posantes, et on construit le parallélogframme des forces
poui^ avoir la résultante finale (1).
Ce qui fait généralement obstacle à l'emploi de tels pro-
(1) Dans tout ce qui précède, nous avons supposé l'Aile plane .
Dans le cas où alla serait gauche, et où même le gauchissement
varierait pendant le mouvement, il faudrait, pQur plusieurs posi*
tions de 1 aile, la décomposer dans un nombre suffisant d'éléments
sensiblement plans, appliquer à chacun d'eux séparément les
formules de résistance de l'air, puis, prenant pour plan de projec-
tion le plan passant par Taxe de l'aile et par le milieu de la géné-
ratrice opposée par exemple, y projeter les divers points d'appli-
cation obtenus, et calculer la pression totale et son point d'appli-
cation par la méthode que nous venons d'exposer. Lorsqu'on se
serait ainsi procuré un nombre suffisant de valeurs de cette près*
sion, on calculerait la résultante totale comme nous l'avens tait
daos ce qui précède.
— 113 —
cédéSi malgré la sûreté de leur fonctionnement, c*est la
difficulté de mesurer bien et rapidement les aires des figu-
res îrrégulières telles que a b d f u g' e' c* a' par exemple.
Il existe cependant un instrument, trop peu connu, le pla-
nimètre polaire d'Âmsler, qui résout admirablement ce
problème. Nous allons en indiquer, le plus rapide-
ment possible, la construction et Tusage ; nous essaierons
ensuite d'en exposer le principe, d'après M. Guenoud, de
Lausanne. Pour ne pas fatiguer outre mesure l'esprit du
lecteur, nous laisserons de côté^ comme nous l'avons fait
ci-dessus, les parties de la démonstration qui ne seraient
indispensables que pour la rigueur absolue des déductions,
nous bornant à ce qui est essentiel pour l'intelligence de
la question.
H9^
Figure 18. — Planimètre d'Amsler.
Le petit instrument en question^ inventé vers 1820, est
représenté (fig. 18) en demi-grandeur environ. Il fonctionne
de la manière suivante : l'épure étant * tracée sur une
feuille de papier bien uni, on fixe le point E, qui porte
une aiguille^ en un endroit quelconque de la feuille, et en
faisant mouvoir l'articulation du point G, on amène la
barre A dans une position telle que la pointe ou traçoir F,
se place sur un point marqué d'avance, du contour à me-
surer. Ë et F sont deux points d'appui de l'instrument, le
troisième est la circonférence de la roulette D, très exac-
tement montée sur un bâti H qui porte la charnière G*
— 114 —
Cette roulette est graduée en 100 divisions, un vernier à
côté donne les millièmes de tour, et un cadran G mû par
une vis sans fin, compte les tours de la roulette. On lit d'a-
bord rindication de Tinstrument dans sa position actuelle,
puis, saisissant le traçoir, on lui fait parcourir tout le
contour de la figure. Le point G tourne autour de E, en
même temps que la barre  oscille autour de G, avance et
recule, et que la roulette tourne dans un sens ou dans Tau-
tre, et glisse aussi parallèlement à son axe, en avant ou
en arrière. Lorsque le contour est entièrement j^arcouru,
on fait une seconde lecture de la graduation ; I9/ différence
des deux lectures donne, à l'échelle de l'insfrument, la
surface cberchée. La plupart des instruments ont plusieurs
échelles correspondant^à diverses positions du bâti H, qui
])eut coulisser sur la barre A.
On est étonné de la rapidité et de la sûreté avec les-
quelles opère ce petit outil, qui) remarquons-le en passant,
calcule directement les valeurs telles queij ^ y dx, dans
laquelle y = F (x), quand on connaît un nombre suffisant
de valeurs de y pour en représenter la variation par une
courbe à la manière ordinaire, et cela, sans qu'on ait be-
soin de connaître en aucune façon l'équation de cette
courbe ou de cette fonction. Il permet ainsi d'éviter les
calculs très-longs que nécessite l'emploi de la formule de
Th. Simpson pour les quadratures.
Observons d'abord le mou-
vement d'une roulette (fîg.
19) montée sur un axe ÂB
et libre de tourner en rou-
lant sur un plan. Si le point
de contact G parcourt la
-, ligne GD, oblique h Taxe de
^ rotation, la roulette roule
FiGUBE 19. et glisse simultanément, et
l'on voit que son mouvement se compose d'une rotation
suivant GE, et d'un glissement ED. Soit a l'angle DCE,
on a
GE = GD cos «
— 115 -
En réduisant le planimètre polaire à ses ligfnes essen :
tielles, il se compose de*deux tiges AC et BD (ûg. 20), ar-
ticulées librement en A, et d'une roulette fixée en D, ayant
pour axe la ligne BD. Le point C est le pôle, et c'est l'ex*
trémité B qui doit suivre le contour de la figure à mesu-
rer.
c
.»■
.-••••
.••■
FiGURB 20.
Supposons d'abord que Tinstrument soit rendu rigide,
dans la position de la figure, et qu'on le fasse tourner au*
tour du pôle G. Les points B et D décriront des cercles^
dont nous désignerons les rayons respectivement par a et
a'.
Soit e Tare parcouru par le point D, e* l'arc parcouru par
un point de la circonférence de la roulette, et soit a l'angle
BDE ; on aura comme précédemment : e' = e cos «.
Il faut maintenant déterminer « en fonction des quanti-
tés constantes de l'instrument, et de la position du point
B, ou de sa distance au pôle. Soient GA = R, DA = r ;
dans le triangle GDA on a :
R« = a' • + r« —2 a*r cos GDA.
— 116 —
et comme cos CDÂ = — cos «, il «n résulte
(1) R» = a*» H- r» + 2 a'r coB «
Le triangle GDB, dans lequel nous appellerons 1 la lon-
gueur fixe AB, donne de même :
CB* = CD» X DB» -(- 2 CD X BD cos a
(2J ouaa = a'» + (l + r)»+2a'(14-r)oo8«
Retranchant l'équation (1) de l'équation (2) membre à
membre, on trouve :
a" — R« = l« +2rl + 2a'l cos «
d'où l'on tire a'cos « =J^*^I^; +-^+-^«
L'instrument restant rigide, quand le point 6 déciit un
arc de cercle de longueur L, le secteur ainsi déterminé a
pour surface L X-l . Et pendant ce moment, le point D
décrit un arc de cercle e, qui est tel que e = L X 4^, à
cause de la similitude. Le chemin parcouru à la circon-
férence de la roulette est alors e' = L X -^- cos «. Rempla-
çant a' cos « par sa valeur, obtenue précédemment, on
trouve
^ —bT ^ 21
,_J. / R» + 1» + 8rl\
~2TVa'" a ~J
e'l=-V -ra'^R* + l'+2rl)
Le premier terme du second membre est la surface S du
secteur en question. Quant au second terme, la parenthèse
est constante, puisqu'elle ne renferme que des longueurs
fixes de l'instrument; soit K sa valeur. D'ailleurs -^ » rap
port de l'arc à son rayon, peut être remplacé par la valeur
tt> d'un arc semblable dans un cercle de rayon l ; on a
donc:
e'I = S — 'Î-K, ou S = e'I +-Î!^K, formule dans laquelle e»
chemin parcouru par la jante de la roulette, et », ampli-
tude du secteur, sont seuls variables.
— 117 —
Soit à maintenant mesurer la figure
ABCD (figr. 21) formée de la diflFérence
des deuxsecteurs OAB, OOD ; l'angle
âOB, qui est a>, étant le même pour
les deux.
Plaçons le pôle de Tinstrument en
O, et faisons parcourir à la pointe ou
traçoir, en partant du point A, le
contour ABCDA. L'arc total qu'aura
parcouru un point de la circonférence
delà roulette se composera des arcs
parcourus: P pendant le trajet du
traçoir sur l'arc AB; 2® pendant le
trajet sur la droite BG , S"" pendant le
trajet sur l'arc CD ; 4" pendant le tra-
jet sur la droite DA. Mais comme les
positions du planimètre, dans toutes ses parties, pendant
les deux trajets BG etDA, sont évidemment identiques, sauf
le sens du mouvement qui est contraire, les deux arcs par-
courus par la roulette pour ces deux chemins seront égaux
et de signe contraire, et il reste, en appelant e'i, l'arc par-
couru pendant le trajet AB, e', celui correspondant au tra-
jet CD.
Figfore 21.
b>
Surface OAB = e',l +4' K
Surface OCD = e', 1 ^^K
La différence est :
Surface ABGDA = (e', — e',) 1.
Mais comme sur les deux arcs A B, CD, sont parcourus
en sens contraire par la pointe de l'instrument, il s'ensuit
que le chemin e*l accusé par la graduation de la roulette
après avoir fait le tour de la figure, est e'I = (e'^ — e',) 1,
et qu'il est par conséquent la mesure de Taire de la figure
ABCD..
Pour ne pas avoir besoin de considérer les quantités 1
en se servant du planimètre, on gradue Tinstrument sui-
yant les produits e'I plutôt que suivant les chemins par-
courus ; et lorsqu'on emploie plusieurs échelles, ce qui se
- 118 —
fait ea faisant varier la distance de la roulette au traçoir,
par le glissement du bâti qui la porte, le long de la barre
qui porte le traçoir, on trouve inscrit h côté de chaque re-
père Bur la barre, le nombre de millimètres quarrés, par
exemple, auquel correspond une division de la roulette.
On conçoit d'ailleurs que l'on peut calculer le diamètre de
la roulette de façon que l'une de ses divisions représente
une surface donnée.
Toute figure fermée peut être
considérée comme formée d'un
nombre très-grand de secteurs,
convergeant vers un même pôle
0, et l'on voit que si, partant d'un
point quelconque, M par exemple,
du pourtour, on mesurait cha-
que secteur séparément comme
FigraAe U vient d'être dit, les chemina
parcourus sur les rayons vecteurs étant deux & deux
égaux et de signes contraires, ilest inutile de les faire par-
courir au traçoir, et on n'a qu'à lui faire suivre le contour
polygonal de la figure. A la limite, les secteurs circulaires
se confondent avec le contour courbe ou polygonal quel-
conque, et on a toujours la même relation. Mais lorsque
le pôle 0 se trouve compris dans l'intérieur de la figure à
mesurer, au lieu d'avoir w = 0, comme l'instrument fait
un tour entier, on a u = 2 t. La formule devient alors
5 = e'I -f t (R* X 1* + 2rl). Le second terme est constant,
on le calcule une fois pour toutes pour chaque état diffé-
rent du planimètre, et on en grave la valeur sur la barre
de l'instrument, à côté de chacun des repères qui y corres-
pondent respectivement. On ajoute simplement ce nombre
6 l'indication de la roulette, qui d'ailleurs peut être néga-
tive ou positive, suivant 1^ sens dans lequel on parcourt la
figure, en sorte que les constantes dont il s'agit se rappor-
tent seulement au sens de la marche des aiguilles des hor-
loges. Il eatfacile de voir qu'outre l'application dont nous
venons de parler, la recherche desmomentsdesaurfaces, le
planimètre d'Amaler peut être employé également et par les
— 119 —
mêmes procédés, au calcul des moments d'ordre supérieur,
tels que les moments d'inertie, et par suite à la détermina-
tion des rayons de gyration et des centres de percussion,
de même qu'à la cubature des volumes, et particulièrement
des solides de révolution. Il esta désirer (et le bon marché
relatif de l'instrumeuty contribuera probablement), que son
usage se répande largement.
C. DE LAHARPE.
Ingénieur dc^ arts et manufacturot.
L'HUILE DE RANGOON.
Pour que la locomotion aérienne devienne un fait accompli à
l'aide des machines à vapeur, il faut, de Tavis de tous les ingénieurs,
que ces machines emploient indéfiniment l'eau d§^ condensation.
Or, il est prouvé maintenant que l'eau de condetisation chargée
d'huiles animales ou végétales, attaque les tôles des chaudières,
par suite de la tendance à s'acidifier qu'ont ces huiles quand elles
sont chauffées en présence de l'eau.
Pour obvier à cet inconvénient, M. Stapfer avait proposé de sa-
ponifier les huilesau moyen du plomb, afin de détruire leur réac-
tion acide.
Malheureusement la séparation du savon insoluble, théorique-
ment aisée, est difficile à obtenir en pratique.
M. Stapfer a essayé diverses huiles de graissage et surtout les
huiles minérales. Il vient d'en essayer une nouvelle qui lui a
domié d'excellents résultats.
C'est la substance nommée huile de Rangoon préparée par MM.
Price et Cie de Londres.
M. Laugier a analysé cette matière et vient de publier les résul-
tats de son analyse.
Il compare les caractères des huiles de provenances diverses
qu'il divise en trois classes : huiles grasses, huiles de pétrole et
de schiste, enfin huiles de résine.
Il conclut ainsi :
1* L'huile de Rangoon n'est certainement pas une huile grasse
végétale.
%o Cette huile n'est pas davantage une huile de pétrole propre-
— 120 —
ment dite, bien que Ton ait pu le croire par son lieu d*originc,
puisque la Birmanie contient des masses énormes de pétrole.
30 C'est des huiles de résine que Tliuilede Rangoon paraît le plus
le rapprocher. En somme, quel que soit le mode de production de
ce corps, on sait qu'on possède maintenant une huile au moyen
de laquelle on peut employer dans les générateurs en tôle de fer,
les eaux de condensation. Cette considération est importante puis-
qu'un certain nombre de constructeurs^ pour garantir leurs chau-
dières, exigeaient que les propriétaires n'employassent pas plus
d'un tiers d'eau distillée.
E. WILSON.
REVUE DES LIVRES ET DES JOURNAUX
L'Air oupAïui et ass appuoations, production, distribution
et conditions d'emploi, par A. Pernolet, ingénieur. —> Paris, 1876»
Dunod, éditeur, 49, quai des Augustins.
Les essais que M. Tatin a faits dernièrement avec un oiseau à
air comprimé ont appelle l'attention de nos lecteurs sur les mo«
teurs de ce genre.
Ils donnent aussi un intérêt très grand aux ouvrages oà sont
étudiés les avantages et les inconvénients de ce nouvel agent de
transmission de force ; surtout s'ils ont la bonne fortune d'être ré-
digés par un ingénieur qui, comme M. Pernolet, n'a cessé, depuis
plus de dix ans, de suivre, tant en France qu'à l'étranger, les
essais faits pour substituer les machines aux moteurs animés
dans les travaux publies .
L'auteur, dans son introduction, présente rapidement Thistoire
de l'air comprimé, ses applications, ses qualités et ses défauts.
Le livre I est consacré à l'étude des conditions théoriques de la
production, de la distribution et de remploi de l'air eomprimé. Les
lois de Mariotte et de Gay-Lussao nous conduisent à Téquation
fondamentale qui lie les pressions, les volumes et les températu-
res absolues. De là, en faisant intervenir les notions élémentaires
de la thermodynamique, découlent les formules fondamentales sur
lesquelles repose la théorie des machines à air comprimé, formu-
les du travail nécessaire à la compression et du travail restitué à
la détente.
Dans les machines à air comprimé, il y a lieu de considérer
séparément l'appareil de compression et l'appareil do détente.
— 121 —
D^ns le premier, il faut combattre et la chose est facile, Féléva-
tion de température qui accompagne la compression ; dans le se-
cond, l'abaissement de température augmente rapidement avec la
pression initiale et L'utilisation plus ou moins complète de la dé-
tente*: tous les faits relatifs à ces deux ordres de phénomènes sont
analysés avec grand soin de manière à permettre la comparaison
facile des différents types imaginés jusqu'ici.
Le livre II est un résumé fort complet des dispositions adoptées
pour la production de Tair comprimé.
A la suite de cette revue, se présente la question de construc-
tion et de rendement qui nous amène au livre III, oùr il est traité
de la distribution de Tair.
Le livre IV nous montre les diverses applications de Tai^ com-
primé. Au point de vue statique nous trouvons les cloches à plon-
geur et les fondations de ponts tubulaires ou par caissons (procédé
Trigcr). Au point de vue dynamique, il y a lieu de considérer
remploi dans les mines aux machines d'extraction par plans in-
clinés ou d'épuisement, à la traction souterraine, aux baveuses
et perforatrices ; remploi dans les tunnels dont le Mont-Cenis et
le Gothard offrent de si beaux exemples ; enfin les tentatives, non
encore consacrées par une longue pratique, de propulsion pour les
tramways ou les navires (torpilles Whitehead, tramways Mékarski).
Les applications directes à Tépuisement des eaux (monte-jus, etc.),
à la ventilation (système de Mondésir, souffleur Koerting), à la
traction, à la télégraphie, sont brièvement rappelées, ainsi que
Tusage des sonneries à air, des ressorts à air comprimé, des freins
à air comprimé (système Westinghouse aujourd'hui généralement
adopté aux Etats-Unis et en Angleterre), enfin des machines à
faire la glace (systèmes Paul Qiffard, Windhausen.)
La construction des machines à air comprimé, leurs conditions
de marche et leur effet utile forment la conclusion de cette nomen-
clature aussi variée qu'instructive.
L'ouvrage se termine au livre Vpar l'examen des conditions éco-
nomiques de l'emploi de l'air comprimé. Les prix d'achat de quel-
ques compresseurs-types, le coût de quelques Installations^ le prix
du mètre courant de canalisation, enfin les frais de premier éta-
blissement de quelques grandes installations, (Sarrebrùk, Vieille-
Montagne, Ronchamp, Anzin) permettent à l'auteur de présenter
un devis résumé où nous trouvons cette conclusion ; une installa-
tion à air comprimé pouvant transmettre à l'extrémité d'une cana-
lisation do 1,000 mètres une force de dO chevaux coûte 100,000 fr.,
c'est-à-dire 5,000 francs par force de cheval disponible, il faut
compter une dépense de 70 centimes par heure et par cheval.
— U2 —
Les NOUVEAUX journaux.-^ A la fia de Tannée dernière, un certain
nombre de nos abonnés nous avaient demandé de transformer
FAéronaute en un recueil hebdomadaire.
En commençant notre dixième année nous donnâmes dans la
livraison de janvier notice réponse à cette demande. Nous pensions
qu*il était préférable de ne pas changer notre organisation primi-
tive.
Pourtant, il existait une lacune. Beaucoup de lecteurs, plus ama-
teurs d*actualités que d^études scientifiques, désiraient être tenus
au courant des nouvelles aérostatiques plus fréquemment que tous
les mois. Cette lacune vient d'être comblée par la fondation de
deux journaux dont Tun se nomme l'Aérostat et Tautre le Bal-
lon.
L'Aérostat qui est autographié, n'est pas hebdomadaire ; il a
choisi pour période la décade et fait paraître tous lesdecadis, c'est-
à-dire les dix, vingt et trente de chaque mois, une feuille de quatre
pages in 4<>. Son directeur est M. Achille Houland, qui, depuis long-
temps déjà, s*occupeM'aérostation. M. Rouland a pris pour collabo-
rateurM. Anatole Leblanc qui lui fournit des éphémérides aérosta-
tiques.
Le second journal est Le Ballon qui n'a pas encore fait paraître
9on premier numéro. Il sera imprimé et portera en tête son titre
écrit en lettres de forme fantasque entourées de différents appa-
reils, -parmi lesquels : la Montgolfière le Flesselles, un ballon de
forme moderne, Toiseau mécanique de Degen et le ballon dirigea-
ble de M. Giffard. Son directeur sera M. Gabriel Mangin, aéronaute
du siège.
Enfin on annonce pour bientôt l'apparition d'un troisième pério-
dique.
On voit que, si les journaux aéronautiques continuent à man-
quer à l'étranger, ils ne vont pas faire défaut à la France.
Souhaitons bonne chance à nos nouveaux confrères.
Pigeon vole. — - Notre collaborateur M* G. de la Landelle nous
prie d'annoncer que les derniers exemplaires de son ouvrage badin,
mais rempli de renseignements curieux sur la navigation aérienne,
Pigeon vole, aventures en l'air, se trouvent aujourd'hui à la librairie
Hachette, par suite de la liquidation de la librairie qui l'avait pn*
mitivement édité.
Il y a un erratum important à signaler p. 165 relativement %•
la dimension du parachute ; lire : 79 décimètres carrés, au lieu de
79 centimètres.
— 123 —
L'ouvrage se termine par des prédictions qui acquièrent du pi-
quant aux approches de l'exposition universelle.
c Avant le l" mai 1878, le problème du vol aérien mécanique
« sera résolu expérimentalement. »
Puisse Tauteur do cette promesse avoir été prophète, quoique,
en somme, il ne se soit jamais posé qu'en fervent apôtre de l'a-
viation !
Louis RAMEAU.
LES BREVETS RELATIFS A L'AÉRONAUTIQUE
(Suite) (1).
Bmevkt d'Invention n» 91,250, pris par M. Lxicieii Armand
pcr«, quai delà Monnaie 15-16, à Bordeaux (Gironde), le 3 no-
vembre 1870, pour un système de ballons à foyer^ chaudière^
appareil moteur et propulseurs aériens.
Le but que l'auteur se propose d'atteindre est de faire circuler
un aérostat dans toutes les directions en marchant contre et avec
le vent à telle hauteur atmosphérique qu'il conviendra au pilote de
choisir. Les points principaux de l'invention sont les suivants :
!• Traverser le ballon et la nacelle par un axe central en métal
creux ou plein, en bois ou toute autre matière pouvant communi-
quer un mouvement simultané ou alternatif aux divers propul-
seurs hélico'ides ou rotatifs à l'aide desquels l'auteur entend faire
marcher ses aérostats. Cet axe sera protégé par un tube de plus
grande dimension qui traversera aussi le ballon et permettra aux
matelots de monter de la nacelle sur le plafond supérieur ou ciel
du ballon. Ce tube ou mât creux sera exécuté en osier ou en toile
métallique ou bien en métal plein, cuivre, fer ou acier à volonté ;
il sera entouré d'une chemise de même tissu que le ballon.
2« Les propulseurs supérieurs et inférieurs étant ainsi liés entre
eux par un axe central, le second point de l'invention est de cens*
truire un fourneau en métal destiné à surchauffer du gaz hydro-
gène, en usant pour combustible du gaz lui-même qui est cq^pri-
sOnné dans le ballon,
(i) Voir les livraisons précédentes.
%m
~ 124 —
Brevet d'Invention n» 91,040, pria par M. Nicolas Marin,
ingénieur civil, place du Trône, 26, à Paris, le 4 novembre 1870^
pour une Montgoîjîère^balîon,
L'appareil qui fait le sujet de cette invention tient a la fois de
la Montgolfière et du ballon :
L'agent principal est la clialeur.
L'appareil do chauffage est une chaudière tubulaire ; les tubes
sont placés suffisamment près les uns des autres pour vaporiser
rapidement l'eau de la chaudière que ces tubes traversent. Los
tubes sont chauffés par des becs de gaz qui y brûlent.
Si l'on a besoin de produire de la chaleur sans vapeur, on sup-
prime l'eau de la chaudière en la faisant couler dans un réservoir
destiné à cet effet.
Afin d'employer toute la chaleur du foyer, la chaudière est pla-
cée intérieurement au ballon dans sa partie inférieure. Des con-
. duits ordinaires amènent le gaz dans chaque bec ; un gros robinet
varie l'arrivée du gaz ; d'autres robinets plus petits commandant
des groupes de beos permettent d'enflammer chaque groupe suc-
cessivement.
Le ballon est déjà garanti contre Tincendie par la vapeur qu'il
contient ; pour augmenter la sécurité, la chaudière ou au moins le
haut, est recouverte de deux réseaux successifs de toiles métalli-
ques. Ces réseaux, agissant comme ceux de la lampe Davy, empê-
chent lar flamme d'aller au-delà.
Le ballon est fait d'un tissu imperméable et inattaquable par
la vapeur.
Brevet d'Invention n«» 91,048, pris par M. Marc Hunkel, ingé-
nieur-mécanicien, rue du Havre, 9, à Paris, le 7 novembre 1870,
pour un Système d* Aérostat.
Le mécanisme consiste en deux ballons ; chacun de ces ballons
est entouré par une enveloppe ou case.
Ces ballons se trouvent dans l'intérieur de cases qui sont fixées
à leur partie inférieure restée ouverte.
Il y a une pompe destinée à puiser le gaz dans les ballons par
des tubes et à le refouler par d'autres tubes dans des récipionts.
Le but de cette invention est :
!• De pouvoir monter à diverses altitudes sans jeter de lest ert
de pouvoir descendre sans lâcher de gaz ;
2« De pouvoir orienter les deux cases dos ballons l'une par rap-
— 125 —
port à Tautro, de façon qu'elles prcsontent au vent un angle per-
mettant à Faérostat do louvoyer ;
3» De pouvoir maintenir par deux focs la direction do l'ensemble
de l'appareil vers un certain but en faisant varier la position de
ces focs suivant la direction du vent.
Brevet d'Invention n» 91,020, pris par M- Olaarles Dupnis,
rue St-Denis, 375, à Paris,lelO novembre 1870, ^onr un Système
de Navigation aérienne^ dit système mixte.
Le système de navigation aérienne est un système mixte ; il
consiste : 1« à alléger le poids de l'homme au moyen du gaz, sans
le supprimer entièrement ; ainsi un homme pesant 75 kilog est
attaché par la ceinture à un ballon ne pouvant enlever que 80 k.
le poids de Thomme est réduit à 45 kil. ; 2^ à utiliser pour s'enlever
la force musculaire, au moyen d'un appareil semblable aux ailes
des oiseaux, en un mot ce n'est plus le gaz qui enlève, il aide à
enlever.
Brrvrt d'Invention n» 01,028, pris par M. Louis D'Oliveira,
ingénieur, boulevard Magenta, 25, à Paris, le 11 novembre 1870,
pour un Appareil ayant pour but de s'élever dans l'air et de s'a*
vancer contre le vent.
Cet appareil se compose d'une nacelle dans laquelle sont adap-
tés deux tambours fixes dans lesquels tournent des cylindres mu-
nis d'aubes mobiles qui correspondent deux à deux par une barre
transversale de sorte que l'une des aubes étant ouverte, l'autie est
fermée.
Les aubes ne s'ouvrent qu'arrivées au point où elles agissent au-
tant pour s'élever que pour s'avancer.
Los barres se terminent par des roulettes qui suivent des direc-
trices et forcent les aubes à s'ouvrir et à se fermer. Il y a des gou-
vernails pour se diriger à droite et à gauche, pour s'élever et s'a-
baisser.
Les aubes, À chaque tour de cylindre, font pour ainsi dire le vide
entre le tambour fixe et le cylindre. Par ce moyen Tauteur pense
obtenir un point d'appui suffisant.
Si le diamètre des cylindres est de trois mètres, les aubes font
à leur base, à chaque tour de cylindre, un parcours de neuf mè-
tres, et si on prend la moyenne, en supposant les aubes de un
mètre de haut, le parcours réel sera do douze mètres.
— 126 —
Bhkvkt ^Invention h» 91,024, pris par M. Pierre Caxapredozi,
employé au chemin de fer de ceinture à Paris, rue Boucrj, 16,
(La chapelle St-Denis), le 12 novembre 1870, pour un système de
Locomotion applicable à la Navigation aérienne.
Le nouvel appareil aérostatique a, au point de vue de la forme,
celle d'un tonneau séparé horizontalement en deux sections égales.
Un arbre vertical en fer ou en bois traverse sa base légèrement
conique ; le plancher est posé sur le coussinet en bronze destiné
à le recevoir ; maintenu à son sommet dans sa projection verti-
cale, par la traverse en fer méplat ou en bois. Des hélices adap-
tées à l'arbre sont destinées à imprimer à ce dernier la plus
grande vitesse, suivant; la force d'un moteur quelconque. Les
hélices sont au nombre de trois, elles peuvent être portées à un
nombre indéfini suivant la destination et le poids du véhicule
et varier également dans leurs dimensions. L*arbre vertical, par
la disposition de ses hélices s*appuyant sur la masse d'air sur
laquelle il agit, est appelé à modifier complètement Taérostation
actuelle.
Un autre arbre est disposé horizontalement au centre du véhi-
cule, il est muni d'hélices semblables à celles adaptées à l'arbre
vertical. Ce second arbre est spécialement employé à la propulsion
de la machine en avant ; ces arbres sont munis chacun d'une ma-
nivelle en fer destinée à agir sous la pression d'un moteur spécial.
L'inventeur adapte à l'arrière du véhicule un gouvernail composé
d'une toile ayant la forme de ceux des bfitiments sur mer ; il devra
produire le même service dans la navigation aérienne.
Il y a un arbre de support du gouvernail, auquel il est rigide-
ment fixé; il y a un support de l'arbre horizontal. Il y a également
des supports de la couverture demi-cylindrique du véhicule ; ils
sont superposés à distances égales sur la traverse horizontale ;
d'autres supports sont destinés à maintenir dans ^ projection ho-
rizontale la traverse.
Dans les ailes de la première hélice est une poche en cuir ou en
caoutchouc pour contenir du gaz. Cette poche a un long col en
forme do tuyau ; elle contourne à l'entour des arbres des hélices
pour descendre au fond du véhicule afin d'avoir la facilité d'intro-
duire le gaz ou de le retenir. •
Toutes les ailes des hélices seront munies de ces poches afin
d'enlever le véhicule.
Pour analyse conforme^ ,
J. CASTEL.
Le Gérant: Félix Garon.
Clermont-<Je-roise. — Imprimerie A. Daix, rue Ue Coiidé, tl.
— 127 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui'ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Le Château de Paradouze, par E. F., chez Eucène Durand, libraire,
rue Saint-LÔ, 40, à Rouen, prix : 2 fr. 5o. C'est un roman dont la
fable repose sur l'hypothèse de la directicn aérienne.
Bau (Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Vûr
feuerwerker und aile Freunde der Lufttcuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8® 112 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britain
for the year 1875. Hamilton and O*, Paternoster row, London. Price
«ne shilling.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione prôfessore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimenta
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières années de TAiIronadts sont actuellement en
▼ente aux prix suivants :
AvmÈK 1868, 9 livraisons (très rares) . • • . 20 »
Chaque livraison séparément • • 3 »
ANMiES 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. . . 12 »
Chaque livraison • 1 50
AivifiBS 1873, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 >
Chaque livraison » 75
Là collection complètBj avec l'année 1877 90 »
• Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAiRONÂUTE forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de l'AÉRONÀUTE, à recommander au relieur de conserver les cou-
Tertares sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de I'Aéronâutb, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix variant de 50 centimes à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
L'^ÉRON^UTB
I
SOMMAIRE
/ AVRIL. IS77
Les Ballons-Sondes, par AI. Adrien IDuté-Poitevin (une
grande gravure dans le texte).
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le planimètre polaire, par M. O. de Lia-
liaxpe, ingénieur des Arts et Manufactures (huit gravures dans
le texte).
L'Huile de Rangoon, par Mi. lE. Wilson .
Revue des Livres et des Journaux, par "M., XjOuIs îtameaix.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par M. J. Oaatél.
Bibliographie.
L'AiRONAUTR PARAFT TOUS LES MOIS
RÉDACTION m AB0NMSMBNT8
95. RUE UAFAYEXTE,
PRIX de l'année courants :
Un numéro t TtS centime»
Paris : 6 fr par an. — DiPARXEMENTS : 7 fr.
AUTRIOHB-^IONGRIB, DANEMARK, EaTPTB, ESPAGNB, GRANDE -BrBTAOICB
Grâcb, Italie, Luxembourg, Monténégro, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suéde, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d'Amérique: 9 fr.
Brésil, Mbxique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chinb, Inde, Cochinchine, Birmanib, Siam, Japon, Australib,
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L'Administration ne sert pas d'Abonnembnts en Allemagne
L'abonnement commence au 1*' janvier
Il continue jus<]^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom de
M. HuREAu DE Villeneuve, rue Laiajette, 95.
Mo» nbonnéa en retard sont tn»taniinent priés de no««
envoyer de «ut te le montant de lenr aonflorlptlon
OU, MJB X.AFAYBTXB, OU '
eUrnoiit-OiM. -^ Imprimerift A. Daix ni« Jt Conl«, t7.
NAVIGATION AÉRIENNE
FONpi ET DIBIOA FÂK
X^K D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Laiiréat de llnetitut
(Aradémis des Sciences]
I0< ANNÉE, H* 5
MAI 1877
a PAR AN- — DÉPARTEMENTa ; 7 FRANCS.
KUMtRO : 75 GKNTIHSS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LA FAYETTE, 9 5
PARIS
— 130 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvcl d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au-
teurs . Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par ^£.
ESugrène Farcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry Giffard, d'uu grand ballon captif a vapeur, par M. G-aston.
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
La médaille commémorative' de l'emploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par M. Xjouis !Raxaeai\ (deux gravures dans
le texte).
L'appareIl Haenlein, par M. O. JEfrion (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par "Mi, Serge Mikouziixie (deux
gravures dans le texte).
Les Etudes aéronautiques à l'étranger, par M. O. Frion.
Etude expérimentale de la résistance de l'air, par M!. O. de
la Jjaxidelle, ancien lieutenant de vaisseau.
Les Ballons-Sondes, par M. Adrien IDixté-Poitevin (une
grande gravure dans le texte).
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le planimètre polaire, par !M. O. de Il*a-
liarpe, ingénieur des Arts et Manufactures (huit gravures dans
le texte).
L'HuiL E de Rangoon, par M. E. Wileon.
La Société des ingénieurs civils se réunit le premier et le troisiè-
me vendredis de chaque mois dans son hôtel, cité Rougemont, 16.
La Société française de Physique se réunit à l'hôtel de la Société
d'Encouragement, rue de Rennes, 44, le i«' et le 3* vendredis de
chaque mois.
La Société Météorologique de France se réunit rue desGrands-
Augustins, 7, le premier mardi de chaque mois, à huit heures du
soir.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aériennes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautîques de ^la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à -M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lafayette, 95.
L'AÉRONAUTE
10» ANNÉE. — N" 5. — • MAI 1877
CORRESPONDANCE DE MOSCOU.
A Monsieur le docteur Bureau de Villeneuve (1).
Honorable Docteur,
DUS m'avez transformé en journaliste. Ma fa-
mille est furieuse, mais je suis content. Il
me plaît de voir mon style imprimé en fran-
çais et porté jusqu'en Amérique. Il me flatte
de savoir que mes réflexions et mes efforts
intéressent beaucoup de gens. Je suis donc
disposé à vous renseigner sur ce que je fais et sur ce que
j'apprends. Je vous ai dit que j'avais envoyé à Essen un
homme de confiance pour savoir si l'usine de M. Krupp
se chargerait de fabriquer ma machine. Je ne veux pas
vous dire le nom de cet homme, vous seriez capable de le
mettre dans votre journal. Âppelons-le Staubach. Donc,
Staubach m'a écrit d'Essen et m'a raconté ce qu'il y avait
appris. Avant de s'adresser aux ingénieurs, il s'est mis en
relation avec les agents inférieurs. Pour cela des pots de
bière et pas mal de marks bien placés ont suffi.
Staubach me raconte une conversation entre un dessina^
teur et lui :
SrAUBACH. Donc, vous croyez qu'il n'y a pas de matière
ouvrable plus résistante que l'acier fondu et forgé et que la
maison Krupp fournit le meilleur du monde.
Le dessinateur. Gela est certain pour moi ; les canons
construits ici sont supérieurs à ceux construits partout ail-
leurs.
(Voir les livraisons de décembre 1876 et janvier 1877.
— 132 —
é
Staubach. Fort bien : mais je n'ai pas envie d'un canon,
je voudrais une machine à vapeur très légère pour la navi-
gation aérienne.
Le dessinateur. Gomme celle que nous construisons ?
Staubach. Peut-être ; mais croyez-vous que la vôtre soit
bien comprise ?
Le dessinateur. Admirablement. Elle est du système
Gompound, à trois cylindres, et semblable à celles que
construit la maison John Thornycroft de Londres. Vous
savez que c'est la maison qui fait les petites embarcations
les plus légères et les plus rapides.
Staubach. Mais j'aurais préféré le moteur Brotherood.
Le dessinateur. Gelui-là est beaucoup moins bon, parce
qu'il ne permet pas la détente, ce qui augmente la dépense
et le poids. Du reste les avantages de régularité de marche
sont les mêmes, les trois manivelles étant calées à ôent .
vingt degrés l'une de l'autre.
Staubach. Mais je voudrais deux hélices à deux branches.
Le dessinateur. G'est un grand tort, vous feriez bien
mieux de n'avoir qu'une hélice à quatre branches. Vous
n'auriez pas besoin de transmissions à longue distance et
vous n'auriez qu'un arbre de couche.
Staubach. Mais de combien de chevaux est votre ma-
chine ?
Le dessinateur. Douze chevaux environ, cela suffira, je
crois, pour manoeuvrer le ballon par un temps calme.
Staubach. Sans doute, si le ballon a une forme allongea.
Le dessinateur. U aura la meilleure forme connue. On
a simplement pris le livre de M. Dupuy de Lôme, on en a
copié les épures et on copiera textuellement jusqu'au
moindre nœud du filet. Le ballon ne sera pas consfruit chez
nous, nous n'avons que la commande du moteur.
Staubach. Est-ce pour le compte du gouvernement alle-
mand?
Le dessinateur. Je ne le crois pas. Les travaux ne sont
pas faits dans la partie militaire de l'usine. Les officiers
directeurs ont ri du projet. Ge n'pst donc pas pour le
compte du gouvernement ; mais je ne serais pas étonné
que celui qui paie soit un grand personnage, d'abord
— 133 —
parce que tout cela coûtera fort cher, ensuite parce qu'on
ne nomme personne, enfin parce que personne ne dirige
les travaux. Les dessins et épures n'ont pas été faits ici ;
ils sont arrivés complets.
Staubach. Les travaux sont ils avancés î
Le dessinateur. Je n'en sais rien. Ce n'est pas dans ma
section. Je n'ai appris tout cela que par ouï- dire.
Ce n'est pas du reste le premier appareil que nous
construisons pour monter dans l'air. Il y a un an, j'ai
vu ici une machine qui avait été faite pour voler avec des
ailes comme un oiseau. L'inventeur avec qui j'ai causé
souvent est un homme fort savant en vén té, et se nomme
Dieffenbach. Il avait présenté ses plans ai gouvernement ;
mais le ministre ne donne de l'argent qu e lorsqu'il est sûr
de la réussite. Il répondit donc que si i'oiseau s'envolait
avec une personne dedans, la fortune de l'inventeur serait
faite. Le malheureux homme trouva quelques capitalistes,
engagea ou vendit ce qu'il avait. Il construisit son grand
oiseau avec une machine à vapeur tout en acier et fort lé-
gère. J'ai oublié le poids. C'était un grandissement de ces
petits oiseaux mécaniques que les Français font voler aa
moyen de ressorts de caoutchouc.
Seulement il y avait quatre ailes au lieu de deux. Ces
ailes avaient la forme de celles des libellules et elles étaient
d'un travail admirable. Le bord de devant faisait suite à La
tige articulée qui était en bois de peuplier et portait six
tiges transversales très curieusement fabriquées. Chacune
de ces tiges était formée de seize joncs plus gros que ceux
qui servent à battre les habits. Près de leur base les seize
joncs étaient tous liés ensemble en un seul faisceau, puis et
une certaine distancé ils se séparaient en deux faisceaux
de huit joncs, qui se séparaient encore par moitié jusqu'à
ce que chaque jonc fut isolé. Cela avait l'air d'un arbre
avec ses branches. Entre ces diverses tiges, se trouvait un
filet et au-dessous une étoffe solide. Il résultait de cette
construction que l'élasticité des faisceaux était bien plus
grande en arrière qu'en avant et que, sous la pression de
l'air, la surface de l'aile fléchissait suivant une ligne
courbe.
— 134 —
Le piston moteur agissait au moyen d'une bielle sur un
balancier placé dans Taxe de la nacelle. Le balancier por-
tait en avant deux bielles qui abaissaient les deux ailes de
devant pendant que les deux autres bielles relevaient les
ailes de derrière.
On fit les essais et Toiseau ne s'enleva pas. J'ai revu
depuis la pauvre machine chez un marchand de ferraille.
L'inventeur ruiné a trouvé une place de précepteur dans
une riche famille autrichienne. Il espère que cette famille
lui fournira de l'argent pour recommencer ; mais cette fois
avec succès.
Il prétend qu'il a eu tort de vouloir voler au galop et
qu'il ferait mieux de voler d'abord au trot.
Staubach. Qu'appelez-vous trot et galop lorsqu'il s*agit
d'un oiseau.
Le dessinateur. C'est bien simple, s'il a quatre ailes.
Vous savez bien ce que fait un cheval quand il galope. Il
frappe la terre de ses deux pieds de devant, puis de ses
deux pieds de derrière et ainsi de suite.
Au contraire^ dans le trot, le pied droit d'avant et le
pied gauche d'arrière frappent la terre en même temps»
puis, c'est le pied gauche d'avant et le pied droit d'ar-
rière.
Dans la machine que Dieffenbach veut faire construire
quand il aura de l'argent, les deux ailes d'avant seront
montées sur un même balancier de manière que lorsque
l'aile droite s'abaissera, l'aile gauche se relèvera. Il en se-
ra de même pour les ailes de derrière, de sorte que si son
oiseau vole, il volera au trot.
Staubach. Vous êtes fort intéressant, et je m'amuse en
votre compagnie. Un autre pot de bière ?
«f ai pensé que cette conversation vous intéresserait. Elle
me donne beaucoup & réfléchir. Dubois, en vrai belge, m'a
dit : Ce dessinateur est un^mme très-fort, savez-vous ?
Je serais assez disposé & suivre les conseils qui me sont
donnés.
Mais alors il serait meilleur de commander directement
h la maison Thornycroft.
— 135 —
Quoiqu'il en soit, j'ai commencé la construction de mes
plans de glissement.
J'ai voulu aussi travailler de mes mains et j'ai aidé les
charpentiers. Mon oncle Michel Mikounine m'a surpris
dans cette besogne et m'a déclaré qu'un homme de mon
rang ne devait pas s'occuper de travaux manuels. Je lui ai
cité l'exemple de Pierre-le-Grand. Il m'a quitté en colère.
Il se calmera.
Croyez, honorable docteur, à ma haute considération,
Serge MIKOUNINE.
UNE CHAUDIERE LEGERE
Brevet d'invention n** 112, 617, pris le 28 avril 1876 (2 heu-
res 50), pour une chaudière ou générateur de vapeur.
Demande d*un Brevet d'invention de 15 ans pour une
chaudière à vapeur à circulation continue n'offrant au-
cun danger y donnant la plus grande surface de chauffe
possible sous le plus petit volume et le moindre poids (1).
lusqulci toute l'ingéniosité des inventeurs n'a
pu réussir à faire de l'emploi des tubes à circula-
tion continue, un moyen de production de va-
'peur préférable aux autres moyens connus.
IPour obvier surtout aux entraînements d'eau, la
plupart des inventeurs n'ont pu obtenir de résultats satis-
faisants qu'en revenant à l'emploi de véritables petits
bouilleurs superposés ou en spirale.
Je demande aujourd'hui un brevet pour une chaudière
composée de tubes minces du plus petit diamètre, 2 à 3
millimètres par exemple, de diamètre intérieur.
(1) En raison du grand intérêt qui s'attache à ce brevet, nous
rayons reproduit intégralement et nous Pavons fait passer avant
son ordre (Note de laKédaction.)
Soit A {ûg. 23 et ûg. 24) un réservoir ou groa tube rece-
vant l'eau d'alimentation de la chaudière et que j'appelle-
— 137 —
rai pour cela tube alimentaire, ayant au moins pour section
la somme des sections des petits tubes 1 1' t'* qui, raccor-*
fmmw-
9^mm
«•Mt«««>^»dMMMMKIh«ttMtirf«P*»>'>
émm^
t^m-mm
"mr^m
Figure 24,
— 138 —
dés dans toute la longrueur de ce gri*03 tube et très rappro-
chés l'un de l'autre, montent, soit en spirales ordinaires,
soit en spirales allongées, soit simplement repliés sur eux,
mais entendant toujours à monter et se raccordent par
leur extrémité supérieure avec un réservoir B cylindrique
ou ellipti'iue, ou lenticulaire, ayant h peu près même lon-
gueur que le tube alimentaire, mais ayant au moins pour
les plus petites chaudières 10 centimètres de diamètre ou
de hauteur.
Soient T T' deux gros tubes dont les sections réunies sont
au moins égales à la somme des sections de tous les petits
tubes, t, t', t" et réunissant directement les deux réser-
voirs. Le tube alimentaire, le réservoir et les gros tubes
sont hors du foyer et Teau remplit le tour jusqu'à la moi-
tié de la hauteur du réservoi r B.
Aussitôt que le foyer qui n'a d'action que sur les petits
tubes sera allumé, la vapeur formée dans ces tubes, mon-
tera, entraînera l'eau qui lui fait obstacle, et viendra cre-
ver à la surface de l'eau dans le réservoir B. L'eau ainsi
entridtnée redescendra par les gros tubes TT dans le tube
alimentaire, se mêlera à l'eau d'alimentation injectée par
la pompe et repassera dans les petits tubes.
La production de la vapeur est aussi rapide que possible
et n'offre aucun danger dans le cas où l'eau viendrait à
ma!:quer. En supposant que le réservoir B se vide, la
quantité d'eau contenue dans les petits tubes est insigni-
fiante.
Si un petit tube crève, il suffit de dévisser les raccords
qui le retiennent aux deux réservoirs pour l'enlever et le
remplacer. S'il vient à s'engorger, ce qui est presque impos-
sible à cause delà rapidité delà circulation, en laissant
tomber le feu et le ranimant promptement. Ton est sCtr de
le déboucher. L'on voit de suite que le phénomène de la
vaporisation est reproduit ainsi comme dans une chau-
dière sans tubes et le réservoir B pouvant être augmenté &
volonté, l'on peut être sûr d'obtenir que la vapeur qui
passe & travers une épnisse nappe d'eau abandonne aussi
complètement l'eau qu'elle entraîne que dans n'importe
quelle chaudière et la quantité d'eau emmagasinée suffira
— 139 —
au fonctionnement replier de n'importe quelle machine.
Maintenant, si Ton considère que le tube AA figuré ci-
contre ayant par exemple deux centi-
mètres de diamètre» les deux tubes ins-
crits côte h côte dans son périmètre ayant
par conséquent 1 cent, fle diamètre cha-
cun, présentent à deux la même surface
de chauffe que le gros tube AA avec moi-
tié moins d'eau et moitié moins de métal
pour la même résistance ; de plus si Figure 25
Ton songe que dans une certaine mesure^ les spirales ou
les replis des petits tubes peuvent être multipliés, tandis
que les deux réservoirs et les deux gros tubes de jonction
sont comme diamètre, surtout le tube alimentaire et les
tubes de jonction, non en raison de la longueur, mais delà
section et du nombre des petits tubes que j'appellerai va-
porisateurs, on comprendra aisément quelle légèreté de
poids, quelle diminution de dimensions, quelle économie
de dépense on peut atteindre avec la plus grande sécurité
dans un pareil système de générateur à vapeur.
J'ai dit que les petits tubes pouvaient être multipliés
dans une certaine mesure. En effet, il ne faudrait pas exa-
gérer les plis et replis des tubes, de crainte de trop aug-
menter la résistance dans le parcours de la vapeur dans ces
petits tubes, ce qui pourrait forcer l'eau d'alimentation de
monter dans les gros tubes de jonction au lieu de par-
courir les tubes de vaporisation.
. Il est vrai qu'une soupape automotrice s'ouvrant de haut
en bas et placée à la jonction des gros tubes avec le tube
alimentaire pourrait remédier facilement à cet inconvé-
nient en se fermant à chaque coup de la pompe alimentaire.
Il est aussi nécessaire de mettre dans le grand réservoir
B une plaque de tôle à quelques centimètres du fond au-des-
sus de l'orifice des petits tubes vaporisateurs afin de briser
le courant ouïe jaillissement qui se produit par ces orifices
quand on chauffe trop rapidement.
Les tubes peuvent être d'une seule pièce ou réunis par
des manchons brasés simplement comme ci-après (fig. 26)
percés d'un diamètre aussi graiid que celui des tubes afin
5.
- lâS-
ne 8er&itpa3iiai8ible, et je coQBtmisis un nouvel appareil d&na
lequel le rapport du poids à la voilure devait être le même que
daas la nature. Je pris pour tjpe la huppe du poids da 60 gram-
mes. J'utilisai une ancienne machine motrice un peu modifiée
pour sa nouvelle destination, et j'eus soin de ne pas oublier la po-
sition relative du centre de gravité. Les mouvements de cet appa-
reil me paraissent bons et cependant il ne peut voler, les batte-
ments d'aile sont précipités, le ressort de caoutchouc s'épuise ra-
pidement et la dépense de force est évidemment considérable. Je
PicuRB !S. — Deuxième paire, la mSme an peu agrandie.
grandis un peu la voilure, mais sans plus de succès. Alors jen'hésite
pas à grandir de beaucoup les ailes ; une troisième paire adaptée àla
machine a des proportions ordinaires comme rapport de la largeur
à la longueur ; mais l'envergure a environ 0°> 75 au lieu de O» 45
que la nature me donnait comme exemple. Avec cette disposition.
FicuKB 29. — Troiaiéme paire, ailes agrandisH da beaucoup.
je constate un mieux sensible ; les battements sont plus lents et
l'oiseau paraît mieux se soutenir, mais il ne parcourt que quelques
mètres et l'on voit cependant que la force ne lui manque gas. Or,
cette médiocrité de résultat me parait s'expliquer par les consi-
dérations suivantes :
- Derniire pure arsc laquelle l'appareil vole trta-biei
— 143 —
Lorsque Faile remonte, le voile se masque derrière la grande
nervure, et plus la vitesse de translation est considérable, plus
rinclinaison de ce voile est voisine de Thorizontalité. Or, cette vi-
tesse n'existe pas ici ; lorsque l'aile est arrivée en haut de sa
course, le voile est très oblique, il est d'ailleurs appelé à cette po-
sition par un ressort qui doit être vaincu pendant l'abaissée. Mais
la grande nervure étant violemment rejetée en bas aussitôt qu'elle
a atteint son maximum de hauteur, et cela, sans aucun temps d'ar-
rêt pendant lequel la translation ferait prendre au voile une posi-
tion plus horizontale, il en résulte que l'aile ne prend qu'au mi-
lieu de son abaissée la position utile qu'elle doit avoir, et même,
si l'amplitude des battements est petite et le voile un peu large, il
n'y aura plus du tout d'effet utile. Du moment que les ailes ne se
placent pas convenablement sur l'air, l'appareil ne peut jamais
avoir de translation, quelle que soit la position relative de son
centre de gravité.
n se passait certainement dans mon appareil quelque chose d'a-
nalogue, et pour m'en assurer, je construisis une quatrième paire
d'ailes plus étroites et un peu plus longues, l'envergure atteint
0"^,80, et la largeur 0",10.
i
Figure 31. — Ensemble de l'appareil qui m*a donné les meilleurs résultats.
On y remarque que Tenvergure est ^ande relativement à la largeur du
voile.
— 144 —
Bans ces nouvelles conditions, j'obtins un résultat excellent ;
l'appareil, dans diverses expériences, a donné des parcours varia-
bles de 20 à 30 mètres ; son poids était toujours 60 grammes, et
celui de son ressort 15 à 16. Ainsi la forme de Faile de Toiseau est
subordonnée à Tamplitude de ses battements. Wenbam nous a fait
voir qu'une aile peut avoir une aussi bonne fonction quand elle
est étroite que lorsqu'elle est large, et M. Marey a déjà signalé ce
fait que les oiseaux dont Famplitude des battements est faible, ont
toujours l'aile très longue. La nature nous montre cette disposi-
tion dans les mouettes, les albatros, et la plupart des oiseaux de
mer. Ces oiseaux ont généralement une voilure qui, proportionnel-
lement, est au moins double de celle des autres, et chacun sait
avec quelle facilité ils paraissent voler.
Je crois que cette aile, longue et étroite, est le lype que l'on doit
préférer ; mon dernier appareil s'en rapproche plus que ceux que
j'ai construits jusqu'à ce jour, et il me donne le meilleur résultat. Je
dispose donc, sur mon grand oiseau à air comprimé, des ailes à
peu près semblables, comme proportions, à celles qui venaient de
si bien réussir, et je fais les expériences suivantes, qui me sem-
blent avoir un grand intérêt.
Le problème à résoudre est toujours celui-ci : Quelle est, en
kilogrammètres par seconde, la force nécessaire pour faire voler
un poids donné? Quelque longue que soit la distance parcourue
par un petit appareil, la construction de celui-ci n'a pas d'utilité
si l'on ne peut estimer la force qu'il a dépensée en un certain
temps; la préoccupation la plus importante n'est donc plus d'ob-
tenir le parcours le plus étendu possible, mais d'évaluer la force
qui a été dépensée dans le vol.
Revenant à mon dernier appareil, j'en remonte le ressort, d'a-
bord très peu, et j'essaye s'il vole. Une vole pas; je le remonte
encore de^quelques tours, et ainsi de suite, jusqu'à ce que le vol
existe et que l'oiseau se soutienne sur l'air pendant quelques bat-
tements seulement, ce qui sera suffisant. Je constate ainsi que Tol-
seau peut voler lorsqu'il est assez remonté pour se soulever, lors-
qu'il est suspendu par l'extrême pointe de ses ailes. Si alors je re-
monte encore un peu le ressort, de façon à avoir quelques batte-
ments utiles de plus, je constate que l'oiseau, approché de t^re
au départ, peut être lancé légèrement vers le sol, de façon à ce
que le corps et les ailes viennent y toucher ; on peut le voit
alors s'élever pendant quelques battements pour retomber
bientôt.
Cette expérience permet de déterminer le minimum de force
nécessaire pour <}ue l'appareil puisse voler. Or, il s'agit de chiffire
i^
— 145 —
cette force, et Toici comment je fais approximatiyement, ne pou-
vant pas encore en donner une mesure rigoureuse.
n est constaté depuis longtemps, et j^ai puTobserver moi-même
au moyen de mes divers appareils, que la vitesse d*une aile est
sensiblement la même pour tous les oiseaux, si Ton considère le
chemin parcouru, dans un même temps, par im même point de
Taile. Cette égalité, bien entendu, n'existe qu'en plein vol et à
battements continus. Ainsi, tel oiseau dont la pointe de i*aile doit
parcourir un arc de cercle de 90 degrés, par exemple, et dont Ten-
vergure sera de 1 mètre, donnera trois battaments par seconde. La
pointe de son aile aura fait ainsi une course de 4™ 50 environ dans
le sens vertical, en ne tenant pas compte de la translation. Tel
autre sera obligé de donner le double de battements, s'il est moitié
plus petit, et ainsi de suite, de sorte que la vitesse ^e l'aile est
toujours la même. Ceci ne peut être donné comme une loi rigou-
reuse, mais il est facile de voir qu'il y a dans la nature une ten-
dance dans ce sens.
Je prends donc mon grand oiseau et je le suspends par les ex-
trémités de ses ailes, puis je le mets sous pression en montant
graduellement jusqu'à ce qu'enfin il se soulève sous l'action de
l'abaissée des ailes. Je constate alors que le manomètre marque
15 kilogrammes, et je trouve, sur les graphiques obtenus au
moyen des appareils enregistreurs, qu'à cette pression la fré.
qnence des battements est d'environ 1 1/5« par seconde, ce qui cor-
respond à 1 kilogrammètre 70. Or» l'appareil, y compris l'air com-
primé, pèse maintenant à peu près 1,130 grammes, ce qui donne-
rait environ 50 kilogrammes de poids par force de cheval.
Lorsque j'ai dit plus haut que je ne pouvais pas encore donner
vne pr uve rigoureuse de ces chiffres, c'est parce que, dans ces
tK>ûditions, je n'ai pas encore pu faire voler mon grand oiseau.
Vais puisque les petits appareils volent tous dans ces conditions,
ce dont je me suis assuré une fois de plus en construisant un
petit oiseau de 12 grammes, qui donne à peu près le même résultat
que le précédent avec 2 gr. 20 de ressort, je ne vois pas de raison
pour qu^un grand oiseau ne puisse se conduire de la même façon.
Or, comme le grand appareil ne se soutient pas encore d'une ma-
nière satisfaisante, je me décide à entreprendre une nouvelle série
de recherches, et transporte de nouveau tout mon matériel à la
campagne. Je ten&inerai donc ici l'exposé des expériences que j'ai
faites.
Victor TATIN.
(La suite à une prochaine livraison).
— 146 —
LE BAROMÈTRE ENREGISTREUR DE ■. REDIER
De tous les instruments employés en aéronautique, le baromètre
est sans contredit le plus utile, il sert en effet à indiquer la
hauteur précise à laquelle ou se trouve, et eu dehors des moyens
pratiques employés par les aéronautes, indique immédiatement si
Taérostat monte ou descend.
Le baromètre à mercure difficilement transportable et fragile a
été abandonné depuis Tinvention des baromètres métalliques.
Les indications du baromètre peuvent être relevées à des mo-
ments très rapprochés et servir au tracé du diagramme indiquant
la marche de Taérostat, mais ce relevé des hauteurs est une
grande perte de temps, et le baromètre doit être complété par un
système permettant d'enregistrer automatiquement le changement
de pression.
Nous allons décrire le baromètre enregistreur de M. Redier, et
nous prendrons le cas du baromètre à mercure, dont la construc-
tion sera plus facile à décrire.
Le peu de force motrice que communiquent à un appareil les
variations du poids de l'atmosphère ne suffit pas à conduire une
aiguille d'un certain poids ou à entraîner un crayon traceur, quel-
que agrandissement qu'on donne aux éléments de la machine.
Mais supposons qu'un rouage d'horlogerie robuste, muni d'un
moteur qu'il faudra remonter de temps en temps, soit porteur de
l'aiguille ou entraîne \m crayon et que ee rouage soit simplement
dirigé dans sa marche par un baromètre quelconque, soit à mer-
cure, soit anéroïde.
Celui-ci sera en quelque sorte l'âme de l'instrument et le rouage
muni d'un fort moteur en suivra toutes les indications, et dès lors
il n'y aura plus de limite à l'étendue des fonctions qu'on voudra
obtenir de l'appareil.
Un baromètre ordinaire à syphon BB est monté sur une plan-
chette CC. Ce baromètre complètement indépendant se fixe sur
l'instrument au moyen de deux boutons moUetés XX.
Un petit flotteur d'ivoire, porteur d'une tige d'acier verticale
très faible, repose sur le mercure.
Une aiguille très-légère Â, terminée par un petit crochet repose
sur la pointe verticale de la tige d'acier de ce flotteur.
A c5té du baromètre se trouvent deux rouages d'horlogerie M
— 148 —
N. L'un, le rouage M, terminé par un échappement de chronomè-
tre E, marche à droite ; Vautre, N, terminé par un volant V, mar-
che à gauche. Ces deux rouages, sont calculés de façon que la vi-
tesse de réchappement étant 1, celle du volant soit au moins 2.
Un train différentiel xelie ce double rouage et Taxe autour du-*
quel tourne le satellite du train porte 3a roue Y qui engrène elle-
même aveo un pignon ûté «oui la poulie P.
L'axe de la poulie P porte aussi un pignon, invisible dans la
figure, engrenant aveo uneerémaillère fixée sous la plaque CO du
baromètre ; de telle façon que quand la poulie est sollicitée par un
des rouages elle communique aussi un mouvement de haut enbaa
Il Tensemble du baromètre h syphon.
Les deux ressorts des mouvementi IC et N étant remontés,
Tirons ce qui se passe i
L'échappement E marche toujours et tend par sa marche à en*
tritatr la poulie P qui porte la chaîne du crayon traceur K, et à
hlH moitToir la plaque CO de bas en haut* Taiguille A suit le
tttoutemént, poussée par la petite tige du flotteur F, le petit cro-
ebet d0 dette aiguille dégage alors le volant Y qui se met à
toornef,
Lft Ylteise du volant Y étant deux fois celle de l'échappement, le
fv>uage qui le conduit fait tourner la poulie dans Tautre sens et fait
descendre la plaque CC jusqu'à ce que le crochet de FaiguiUe A
arrête de nouveau le volant.
Ces petits mouvements successifs sont accusés sur le papier
paf une ligne continue qui est droite si le baromètre ne varie pas
al qui s'infléchit vers la droite ou la gauche suivant que le baro*
mette descend ou monte, comme nous allons Texpliquer.
Bl en effet la colonne mercurielle baisse dans la petite branche
du iyphon, ce qui correspond à une hausse, le volant reste plus
longtemps accroché et le temps qu'il faut à Téchappement pour
opérer son dégagement est indiqué sur le papier par un trait dont
la longueur est proportionnelle à la quantité dont la pression a
augmenté.
Si à la place du baromètre à syphon on emploie un anéroïde, on
monte ce dernier sur un grand râteau qui remplace la crémaillère,
et les choses se passent comme pour le baromètre à mercure.
L'enregistreur se compose d'un rouage d'horlogerie RR' à deux
moteurs ; R conduit un cylindre sur lequel s'enroule le papier et
R* est destiné à frapper trois petits coups sur une planchette fixée
au baromètre sans ébranler la colonne mercurielle pour vaincre les
résistances de la capillarité.
Nous décrirons dans une prochaine livraison un baromètre des-
- 149 -
tiné spécialement aux ascensions et qui enregistrera directement
les oscillations de Taiguille. Le baromètre de M. Bedier parfait
pour des observations faites h terre of&e rinconvénient de ne pas
transmettre directement ses variations, ce qui occasionne un pe-
tit retard dans Tinscription. Les oscillations de Taiguille sont
tellement rapides dans une ascension, que la moindre transfor-
mation de mouvement suffit pour faire une erreur, qui, s*addition-
nant, pourrait donner un diagranmie complètement faux.
On peut d'ailleurs compléter et vérifier les indications fournies
par un instrument de ce genre, au moyen du baromètre témoin de
M. Janssen qui, scellé dans une boîte au moment du départ, indi«
que à l'arrivée la hauteur maximum atteinte par Taérostat.
B. WILSON.
UN HYGROSCOPE k LA BOUTONNIÈRE
On voit souvent des gens arborer un œillet rouge à la bouton-
nière dans le but de simuler aux yeux des myopes la rosette de la
légion d'honneur.
Quelque chose de plus intelligent est d'utiliser scientifiquement
ce besoin de décoration du vêtement. Et voici comment.
Nous avons, le premier en France, fait connaître les expériences
de M. Percy Smith, ayant trait au papier imprégné d'une solu-
tion de chlorure de cobalt (Cb Cl)^ papier constituant un excellent
hygroscope (voir YAéronaute^ octobre 1876). Depuis, de nombreux
essais de fabrication de ce papier ainsi préparé ont été tentés et,
finalement, le Français est parvenu à imprimer à l'idée nouvelle le
cachet parisien, artistique par excellence, qu'on ne peut nier dans
aucune de ses productions quelqu'insignifiantes en apparence
qu'elles puissent être.
On a d'abord mis en vente un petit appareil désigné sous le
nom de Caméléon. Cet instrument consistait en un cadre rond,
renfermant une feuille de papier sur laquelle se trouvait imprimé
en noir un dessin représentant une sorte de lézard. L'animal était
teinté d'une couche de chlorure de cobalt. Autour du dessin
étaient placés trois échantillons de teintes imprimées en encres de
couleur : rose, bleu clair et bleu foncé.
Mais il faut le reconnaître, l'aspect de ce petit reptile en carton
n'avait rien de bien séduisant.
— 150 —
«
On vient de construire un nouvel hygroseope, dont Taspect est
beaucoup plus gracieux.
Il est formé simplement de fleurs artificielles fabriquées avec du
papier trempé dans une solution concentrée de chlorure de cobalt.
Les pétales de ces fleurs sont de couleur rose, tirant au violet,
quand Tair est humide (pluie), d*un vert clair, quand Tair est
d*une sécheresse moyenne (variable), et d*un bleu verdâtre foncé
quand Tair est très sec (beau temps).
L'aéronaute, avant de monter en ballon, peut donc attacher
une de ces fleurs à sa boutonnière : elle deviendra rose pendant la
traversée d'un nuage et reprendra sa couleur bleu toncé lorsque le
soleil aura chassé Thumidité.
Les personnes sédentaires, les hommes de bureau, peuvent rem-
placer les fleurs dont il vient d*être question par des plumes na-
turelles teintes au moyen de la même solution de chlorure de
cobalt. Le résultat obtenu sera le même que dans le cas précédent.
0. FRION.
REVUE DES LIVRES ET DES JOURNAUX.
La photographie instantanés. — Plusieurs aéronautes ont
tenté avec plus ou moins de succès d'obtenir en ballon des épreu-
ves photographiques du sol. Le plus grand obstacle qui s*oppo8e
au succès de ces tentatives, est la mobilité extrême du ballon
par rapport à la terre. Il est donc indispensable pour que les
épreuves donnent un résultat appréciable que le temps de pose
soit infiniment petit. Nous croyons intéresser nos lecteurs en leur
présentant sur ce sujet une note extraite du bulletin de la Société
française de photographie.
M. Fleury-Hermagis soumet à la société un obturateur pour
épreuves instantanées et donne les explications suivantes :
c Ce modèle d*obturateur, dit à guillotine, se fixe au parasoleil
de Tobjectif et rappelle un système déjà ancien, connu par cou*-
séquent des lecteurs du bulletin de notre Société, mais il offire
deux nouveautés qui justifient la présentation actuelle.
c 1» La plaque métallique mince, dont la chute rapide réduit la
pose à une fraction de seconde, présente deux ouvertures superpo-
sées au lieu d'une seule. L*une de ces ouvertures est munie d'im. verre
— 151 —
verty Tautre reste vide et laisse pénétrer dans Tobjectif la lumière
nécessaire à Tinstantanéité de l'impression. Il est évident, en ef-
fet que, pendant le court passage du verre coloré au devant de la
lentille, aucune action n*a le temps de se produire sur la surface
sensible. L'expérience prouve d'ailleurs qu'il en est ainsi.
c La coloration verte du verre en question a été choisie, sur le
conseildeM. Ducos duHauron, pour obtenir des clichés harmo-
nieux dans les cas fréquents de paysages avec monuments blancs ;
ceux-ci, photographiés à travers le verre vert, n'impressionnent
plus subitement la surface sensible et exigent, au contraire, dé-
sormais une pose aussi prolongée que le feuillage. On évite donc
ainsi la solarisation partielle du cliché, et l'on peut obtenir en
même temps des détails dans la verdure sans perdre ceux du
mouvement, et réciproquement.
2* « La chute de la guillotine en question peut être modérée à
volonté, selon les besoins à l'aide d'un contre-poids et d*un fil de
soie lié au bord inférieur de cette plaque et réfléchi, comme sur
une poulie, dans un petit anneau métallique dont est muni le
cercle de l'obturateur. Le contre-poids convenable est justement
Tun des diaphragmes de l'objectif ; et chacun sait que ces dia-
phragmes varient de poids selon leur ouverture : cela permet de
graduer cette pose pourtant si courte.
Ascension du tricolorb. — U Aérostat nous donne la narration
d*une ascension qui a été faite le 16 juillet 1876 par MM. Duruof
et Delahogue dans le ballon le Tricolore.
Le départ eut lieu à quatre heurei^ dix minutes de la place de
la Caserne à Courbevoie.
Les aéronautes passent bientôt à 700 mètres au-dessus duMont-
Yalérien. A quatre heures quarante minutes, ils sont à 1100 mè-
tres au-dessus des bois de Vaucresson. Ils passent sur Versailles
et atteignent à cinq heures dix minutes 2, 000 mètres leur maximum
de hauteur. Ils arrivent à Rambouillet à six heures. La descente
a lieu à sept heures à Baillau sous Qallardon, canton de Vain te-
non (Bure et Loir) après deux dérapages d'ancre. Les températu-
res ont varié de -f- 32 degrés au départ de terre à -(- 26 degrés au
maximum de hauteur. A la descente il n'y avait près du sol que
-f- 22 degrés.
LA BROCHURE DE M. LAVAGNA.
•
M. Giuseppe Lavagna nous a envoyé une petite brochure où il
décrit un moyen nouTcau, suivant lui, de monter et de descendre
sans perdre de gaz ni de lest : ce procédé consiste dans l'emploi
— 152 —
d'ua sac de lest, attaché à un parachute et retenu par une corde.
Lorsqu'on yeut monter) on Jette le sac de lest pardessus bord sans
couper la corde. Le sac descend donc soutenu par son parachute
et tant que cette chdte modérée dure, le ballon se trouve allégé
d'un poids égal. Lorsqu'au contraire on veut redescendre, on tire
sur le sac de lest dont le poids n'étant plus soutenu par le para-
chute fait redescendre le ballon. 11 y a pourtant un petit malheur,
c'est que lorsque le sac est arrivé au bout de la corde qui le sup-
porte il pèse tout autant que dans la nacelle, n ne peut donc résulter
de la manœuvre proposée par M. Lavagna qu'un soulagement mo-
mentané de l'appareil et non un moyen démonter et de descendre
à volonté.
Louis RAMEAU.
LES BREVETS RELATIFS A L'AÉRONAUTIQUE
(Suite).
Brevet d'Invention n<» 91,005 pris le 29 octobre 1870 par JS£«
lEIasenfeld, interprète juré.
L*inventeur a surtout cherché dans ce brevet à fournir à la na-
vigation aérienne un propulseur énergique, applicable d'ailleurs à
tous les appareils.
La propulsion s'effectue au moyen de rames ou ailes, dont la
surface totale doit être de beaucoup supérieure à celle de la sec-
tion diamétrale de l'appareil dans le sens vertical. Les tiges de ces
rames, au nombre de 8 ou davantage disposées symétriquement
par rapport à la nacelle, sont insérées dans des gaines, mues par
la mac^ne que porte la nacelle. La partie de la tige insérée dans
la gaine est légèrement conique, de sorte que la tige ne peut pas
se mouvoir dans le sens de son axe. Les gaines sont coniques à
l'intérieur et cylindriques à l'extérieur. Elles sont insérées deux
par deux dans une tige fixée sur le prolongement direct ou coudé
du piston de la machine. En des points déterminés de la gaine
sont pratiquées une ou plusieurs ouvertures ou jours. Par ces ou-
vertures passent des pièces saillantes fixées à la tige de rame, que
l'inventeur appelle heurtoirs. Aux deux extrémités de la course du
piston» les heurtoirs des tiges de rame emportées par les gaines
dans leur mouvement de translation^ rencontrent des saillies fixes
— 153 —
ou taquets, qui par leur action sur les heurtoirs produiront une
rotation de la tige de rame, et par suite de la rame elle-même, à
laquelle ils donneront la position qu'elle occupera pendant la
course de retour, à l'extrémité de laquelle d'autres taquets, agis-
sant en sens contraire sur le heurtoir, produiront une rotation en
sens contraire, et ramèneront la rame à la position qu'elle occupait
pendant sa première course.
Ainsi la rame pourra occuper successivement une position incli-
née et une position horizontale. BUe imprimera une vitesse à l'ap-
pareil pendant le temps qu'elle emploiera à sa course et son incli-
naison, et ne produira aucune impulsion pendant sa course de
retour.
Si les rames d'un côté de la nacelle au contraire, restaient hori-
zontales pendant la course d'aller et de retour, tandis que celles
de l'autre côté de la nacelle resteraient successivemAit horizonta-
les et verticales, l'action de cette dernière série de rames produira
une rotation de la nacelle. C'est à quoi l'auteur arrive en suspen-
dant l'action des taquets qui déterminent l'inclinaison de la rame.
Gela dispense d'un gouvernail.
C'est donc la nacelle qui avec les organes qui en dépendent
donne seule l'impulsion et produit seule la translation dans une
direction déterminée ou le changement de direction.
BfUiVBt dInvkntion n* 91,061, pris par MM. XiéopoldOliérada-
me» expert en tableaux et le Oomte IDevaulx de Olxaixi-
bozd, le 19 novembre 1870, pour un Ballon'-posteou navire aérien
à trois ponts.
L'invention est relative à un ballon-poste ou navire aérien à
trois ponts.
Deux ballons de forme ovoïde ou allongée sont placés punllèle-
ment et à une 3ertaine distance l'un de l'autre. ^
Ces deux ballons communiquent entre eux par des tuyaux de
façon à être toujours également gonflés.
Entre eux on dispose une longue nacelle à trois ponts^ compor-
tant un moteur quelconque, machine à vapeur, à air comprimé
etc., et destiné à transmettre un mouvement de rotation à une sé-
rie de roues à ailettes disposées longitudinalement de chaque côté
d'un des ponts de la nacelle, celui du milieu, par exemple»
Ces palettes ou ailettes mobiles sont articulées et peuvent se
rabattre pendant une demi-révolution et se relever dans Tautre
- 154 —
de façon à prendre Taîr pour donner la propulsion à tout Tensem-
ble de Taérostat : ballon et nacelle.
BfusvETD'lNVEMTioNn» 91,308, pris par MM. Ai^Iiur Sabatliier
et Pierre Xiandard, le 16 novembre 1870, pour un Système
de direction aérostatique.
L'invention consiste en un ballon enveloppé d'une feuille de cui-
vre qui le couvre à sa partie supérieure, et des hélices au nombre
de deux qui par leur application, personnelle aux inventeurs, et
par leur action et rotation vive, doivent vaincre Tair dans Fespace
et tendre à faire avancer Taérostat dans Tatmosphère.
Le moteur est un poids, qui, attaché à une corde enroulée autour
d'un treuil, entraîne les hélices par sa chute.
FAITS DIVERS
Exhumation de Crooé Spinblli bt de Sivel. — Le 12 avril les
parents et les amis de Crocé Spinelli et de Sivel ont eu à remplir
un pieux devoir.
Les restes mortels des deux martyrs de la science ont été trans-
portés du caveau provisoire prêté par la ville de Paris, dans le
caveau définitif où ils doivent rester. Ce caveau est loin d'être
terminé ; la voûte n'en est pas encore fermée, pourtant la trans-
lation était nécessaire, la Ville avait prêté son caveau depuis
deux aus et on ne pouvait abuser plus longtemps de sa bienveil-
lance. Aucune cérémonie n'a eu lieu.
Lbsascbnsions de m. triqubt. Pendant la durée de la foire au
pain (Tépices, M. Triqueta fait plusieurs ascensions. Nous devons
le féliciter d'avoir renoncé au trapèze qu'il plaçait aous fta nacelle.
Cet instrument rappelait au public et à lui-même de trop tristes
souvenirs ; il a bien fait de le supprimer. Espérons que les
aéronautes de province imiteront son exemple.
Le Gérant: Félix Caron.
CLERMONT (OISE). — IMPRIMERIE A. DAIX^ RUE DE COIfDé, 27.
— 155 —
BIBLIOGRAPHIE AERONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an*
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du pnx qu'ils en
demandent.
Le Château de Paradouze, par E. F.^ chez Eugène Durand, libraire,
rue Saint-Lô, 40, à Rouen, prix : 2 fr. 5o. C^st un roman dont la
fable repose sur l'hypothèse de la directicn aérienne.
Bau (Alex.). Die Luftfeuerw.erkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Fur
feuerwerker und aile Freunde der Luftteuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8^* 112 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britain
for the year 1875. Hamilton and C«, Paternoster rbw, London. Price
one shilling.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettiyo délia
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières années de l'AiRONAUTB sont actuellement en
Tente aux prix suivants :
AnNiK 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 8 »
AimiBS 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. . . 12 >
Chaque livraison 1 50
AKifiss 1878, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 »
Chaque livraison » 75
Lk ooLLsoTioN ooMPLÂTR, avcc Tannée 1877 90 »
Four la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAiRONAUTs forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAJronaute, à recommander au relieur de conserver les cou-
Tertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de TAiRONAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix pouvant aller jusqu'à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
•»
IL.'-A.ÉI^ONA.TJTB
SOMMAIRE
MAI 1877
Correspondance de Moscou, par ]Vr. Serg^e Alikonnme.
Une Chaudière légère, par UT. Félix du. Temple, ancien
député (quatre gravures dans le texte).
Ek:oLE PRATIQUE DES HAUTES-ÉTUDES. Expéricnccs suF'lc vol méca-
nique, par ;M. Victor Tatin (4« article, quatre gravures dans
le texte).
Le Baromètre enregistreur de M. Rédier, par JM. E. Wileon
(une gravure dans le texte).
Un Hygroscope à la boutonnière, par AI. O. Frion.
Revue des livres et des journaux, par M!. Xjouis liatxieaii.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par M. J. Oastel.
Bibliographie.
l'aéronautb parait tous les mois
rédaction et abonnements
ses. RUE LAFAVETTE, 95
PRIX DE l'année codrantb :
Un imméro t TU centimes
Paris : 6 fr par an. — Départements : 7 fr.
AUTRIOBE-HONaRIB, DANEMARK, EgTPTB, EsPAQNB, GRANDB>BRBTAaNB
Grâob, Italie, Luxembourg, MoNTiNÉGRO, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suâdb, Suisse,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d^ Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chinb, Inde, Coghinchine, Birmanie, Siam, Japon, Austraus,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnements en Allbmaonx
L'abonnement commence au l«r ianvier
Il continue jus<^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de Tabonnement en un bon sur la poste au nom de
M. HuRBAu DE Villeneuve, rue Lafajette, 95.
RfCHi abonnés en i*eterd sont Inatentmenjb prié* de noue
envoyer de «olte le montant de leur •onaorlption.
^«raoïit-OiM. — IiDpriai«ri« A. Dau roe J« gob1«, tT«
NAVIGATION AÉRIENNE
rOVoi ET DIRIot PAR
;i;e D' abkl hureau de Villeneuve
IjBuréat de l'Institut
(AMdJmia dei Scjeaces)
10* KNHBB, K' 6
JUIN 1877
PIHIS : 6 FRAHCB PAR AN. — DiPlBmCBNTS : 7 FKJWOS.
DN HUUtllO : 15 OEHUMES
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 158 —
Le comité de rédaction de TAERONÂUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Cfi. du Uanvel d'Audreville. Gaston
Tissandier et Albert Tissandîer. Le comité ne ^se considère pas
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au*
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatif à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas inséra.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Correspondance de Philadelphie. Le moteur Brayton par M.
X2uerèxxe S'arcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry Giffard,d^un grand ballon captif à vapeur, par M. Ghastoxx
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
La médaille commémorative de l'emploi des aérostats pendant le
siège de Paris, par M. IjotlIs SAineau (deux gravures dans
le texte).
L'appareIl Maenlein, par M. O. JPrion (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par M. Sergre Mikoiinizie (deux
gravures dans le texte).
Les Etudes aéronautiques à l'étranger, par M« O. iFlrtou.
Etude expérimentale de la résistance de u'air, par I^. O. de
la liandelle, ancien lieutenant de vaisseau.
Les Ballons-Sondes, par M. Adrien I>uté*Poitevixi (une
grande gravure dans le texte).
Recherches des centres de gravité des figures parla méthode des
sur&ces réduites et le planimètre polaire, par M. O. de Xj»»
liarpe, ingénieur des Arts et Manufactures (huit gravures dans
le texte).
L'Huile de Rangoon, par M. !E2. ^Wilson.
Une CHAUDii:RE légère, par M. I^élix du. Temple» ancien
député (quatre gravures dans le texte).
Le Baromètre enregistreur de M. Rédier, par M. X2. 'Wilsoxi
(une gravure dans le texte).
Un Hygroscops à la boutonnière, par M. O. !F*rioxi.
La bibliothèque, etlemuséedu Cercle AÉRONAirriQtnE sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue i^ayette. 95. Le Cercle
possède des appareils de gymnastique au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aériennes.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New-York, de la Havane et à la Société d'à*
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lafayette, 95.
L'AÉRONAUTE
L'oiir>o]vrvAP^oE
CONCERNANT
LKS MONTOOLFIÉHBS
. Félix Gratïen, désireux de faire des
ascensions es montgolfière me deman-
dait il y a quelques jours s'il était tou-
jours iutcrdit d'emporter au-dessous de
ces aérostats un foyer allumé. Un aéro-
naute de province m'avait demandé il
y a peu de temps quelle était îa date
exacte et la teneur de la loi qui interdit l'emploi du feu
suspendu sous les montgolfières.
On sait que dans les ascensions qui ee font en province
et surtout dans les endroits dépourvus d'usines à gaz, le
gonflement se fait au moyen d'un foyer qui reste à. terre.
Cette opération a été décrite avec un grand scjn dans
VAironaute (mai 1870), par M. Duté-Poitevin.
Mais plusieurs savante ont pensé que la durée beaucoup
trop courte deces ascensions les rendaient inefficaces pour
lesétudes scientifiques, tandis que des montgotfières&foyer
portatif pourraient rendre de grands services aux études
météorologiques en raison de la rapidité de leur gonfle-
ment et de la possibilité d'envoyer un observateur étudier
sur place tout phénomène aérien qui apparaîtrait sur l'ho-
rizon. Aussi uu assez grand nombre de brevets, ont-ils étépris
pour les perfectionnements à apporter aux Moatgolflëres.
— 160 —
Je citerai ceux de MM. Godard, Ménier et Gratien. Si les
appareils annoncés dans ces. brevets réussissenti Tantorité
est-elle en droit de les défendre on si elle permet leur em-
ploi, est-ce par simple tolérance ?
De plus, divers brevets ont été pris pour des aérostats
mixtes, employant à la fois le gaz et la chaleur. Depuis
Faccident fatal, qui a causé la mort de Pilastre de Rozier
et de Romain, ces appareils ont été défendus ; mais on peut
admettre que si des perfectionnements sufHsants y étaient
introduits, les dangers incontestables qu'ils présentent
Tiendraient à être supprimés.
Si tous ces appareils sont interdits, y a-t-il lieu de &tird^
des démarches pour que cette interdiction soit levée?
Je puis heureusement répondre aux questions qui m'ont
été faites.
Le vénérable Jean-Marie Richard, dont je possède la
collection, avait recueilli un grand nombre dedocumeoti
curieux au point de vue de Thistoire de Paéronautlque*
Dans cette collection se trouve une pièce fort intéres^
santé : c^est Timpression originale de Tordonnançe édictée
le 23 avril 1784 par Jean-Charles-Pierre Lanolr, lieutenant*
général de police de la ville, prévôté et vicomte de Paris*
J'ai trouvé que ce document avait de l'intéf et non seule-
ment au point de vue historique ; mais encore au point de
vue typographique. Je Tai fait photographier, puislaphoto-
graphie a été transportée sur sine.
C'est donc la représentation exacte de l'ordonnance du
lieutenant de police Lenoiri que je mets sous les yeux du
lecteur*
A, H* deV.
ORDONNANCE
DE POLICE,
Çut fait dcfenfcs de fabriquer ,ô faire enlsifn*
des Ballons & autres MaàiineS Aérojiaùques
auxquels f&oient adaptés des Réchmtù à Vefprit^
di'vin, de l'Artifice êCataT£smaiieresdangereufes
pour le feu ; & ordoims que tous autres Ballons
Aéroflatiquis ne pourront être enlevés fans en.
cvoir préalablement obtenu Upermi^n.
Du vidgt-ttds Avdl oâ r^ cenr quatre-vingt-quatre»
0<7R ce quî Nous a été remontré par le Procureur
do Roi , qu'il s'eft faîc â Pari£ & dans les environs ,
ptuHeurs Expériences avec des Machines Aérofta-
tiques , auxquelles on adapte des Réchauds à
rcfprit-dB-vio , de l'Anifice , & autres matières
capables de mettre le feu ; que ces Aérofiates ,
— 162 —
dont quelquesruns font tombés dans les Tuileries,
fuT le quai des Théacin5 ^ & autres endroits ,
pourroiem également tomber fur des Chantiers ,
dans des Greniers & autres lieux remplis de ma*
tieres combuftibles , où ils pourroient caufer des
incendies dont il {èrcit difHciie d arrêter les pro«
grès ; que pour prévenir les accidents f il importe
d'arrêter la fabrication Se Tiifàge de (emblabies
Machines , même de tous Aérofiates que vou«
droîeot entreprendre & enlever des perlbnnes fans
connoiflance ni capacité ; qu'il lut paroit encore
important de faite précéder les Expériences que
voudroieBt faire d^s perfoones favantes & éclai*
rées^ de permifTions dont la requifinop nous
metiroit à portée de prendre au préalable » les
précautions oéceffaires. Pourquoi II requiert qu'il
y foit par Nous pourvu*
NOUS, faifanr droit fur le Requifitoire du
Pxocureur du Roi , &ijfoDS tràs^exprelFes inhibitions
Se défenfes à toutes perlbnnes r de quelque qualité
& condition qu'elles fiaient ^ de fabriquer &&ire
enlever des Ballons Se autres Machines AétoR^^
tiques 9 auxquels ferôient adaptés des Réchauds à
Tefprit- de- vin , de rArcifice & autres matières dan-
gereufôs pour le feu- OrdonaMs que ceux qui
1«.»
<>..i
vondroîent faire enlever d'autres Ballons Aerofta-
tiques, feront préaiablcmeiK: tenus den demander
& obtenir la permiffion, laquelle ne pourra être
accordée qu'à des perfbnnes d'une expérience Se
d'une capacité bien reconnues ^ & contiendra le
lieu 9 le jour & l'keure auxquels pourront être faite:?
leidices Expériences ; le tout à peine contre les
contrevenants de Cinq cent livres d'amende.
Mandons aux Commiilâires au Châtelet^ Si
enjoignons à tous OiBcièrs de Police de tenir la
main à TexéGUtion de la préfènte Ordonnance ^ qui
fera imprimée^ publiée dc affichée par-tOuc oh
beCoïa fera*
Ce fut fait & donné pat Nous JEAN-
CHARLES-PIERRE LENOIR, Chevalier 3
ConfeiUer d'Etat , Lieutenant Générai de Police
de la Ville , Prévôté & Vicomte de Paris , le
vÎDgt-trois Avril mil fepc cent quatre- vingt-
quatre.
L£NOI!U DE FLANOEB DE BROMVILLE,
MORissET, Greffier.
l'Ordomanee diffus a ùé tae & publiée à haute
& inUUigibk votx ^ à Son de Trompe & Cr/ public , ta
toas Us Uaix & eà^olts orénalns & cecoufamis , pat
moi Jacques Sànormin, Uui^/kr au ChatcUt de Paiis , ^
feul Jtiré-Cneur'ordîJUÛrcàARûï,& ies Cours 6f hnf'-
éeUoas^ la mime fille , y demeurant me 5. Manutt
w-à-vis celle JiùuBu^ t ùa Bafeau de la Bonneterie ^ Pa*
mXffe S* /acquêt de ia BouiherU j fbuffifftés accca^^iéde
C. £ Am&eiar^ J. L. Ambc^v & A. Anée^, Jttrù*
Trou^etta de Sa Majefid , demeurant à Paru, rm die
FauxBoitrg S. Denis ^ Pvoij^ S. Laurent, le ^ Avril
1784 , & Q0ichee letTu jour eJSits lieux & autres ou befoia
a Mf A ce ^ue fcrJoiuiciCen prétende eaufe aigruiranee,
&gné SlU0Ht41H*
Ph. D. pierres. Imprimeur Ordinaire du Roi,
de ta PoJice , &c. luc S, Jacques. 17*1.
— 185 —
Nous pouvons ajouter b la reproduction de la pièce ci-
dessus que l'ordonnance du lieutenant^g^néral de police
Lenoir n^a jamais été abrogrée, qu'elle est donc encore en
vigueur et enfin qu'elle est applicable dans toute la France
par suite des privilèges que possédait le lieutenant gêné»
rai de police de la ville, prévôté et vicomte de Paris,
Etudions maintenant la teneur de cet édit.
Le chevalier Jean«Gharles»Pierre Lenoir comprend dans
son ordonnance deux points principaux, d'abord les as-
censions en montgolfières portant des substances incendiai-
res et ensuite les ascensions de ballons quelconques.
Quant à ceux-ci, il se contente de dire que ceux qui
voudraient faire enlever des ballons seront préalablement
tenus d'en demander la permission sous peine de cinq cents
francs d'amende.
Quant aux ascensions en montgolfières portant des subs-
tances Incendiaires, la défense est absolue. Il dit : « Nous
faisons très expresses inhibitions et défenses à toutes per-
sonnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, de
fabriquer et faire enlever des ballons et autres machines
aérostatiques auxquels seraient adaptés des réchauds à l'es-
prit de vin, de l'artifice et autres matières dangereuses
pour le feu. »
Il résulte de ces termes que non seulement lés montgol-
fières à réchauds portatifs sont interdites ; mais que les bal-
lons portant des pièces d'artifices sont également défendus.
Je sais bien que les autorités locales se sont montrées
souvent conciliantes sur ce dernier point ; mais il ne faut
pas compter sur cette complaisance comme sur un droit.
Une question enfin se pose.
Les ballons dirigeables portant une machine à vapeur
8ont*il8 interdits 7 En droit évidemment ; mais en fait la
seconde défense du chevalier Lenoir se trouve être ici un
correctif de la première. Il dit que la permission de s'enle-
ver ne pourra âtre accordée qu'à des personnes d^une ex-
périence et d'une capacité bienreconnues.
D'après cela, il est clair que si des hommes comme MM.
Qifhrd ou Dupuy de Lôme voulaient enlever un aérostat à
vapeur, la police pourrait croire qu'ils ont pris toutes les
— 16C —
précautions nécesâtùrea pour empêcher que leur foyer ne
laisse tomber des flaml»ècliea aui dea ehantiera, des grenier»
et autres lieux remplis de matières combustibles. Il est bien
probable que l'autorité vérifierait d'ailleurs si ces précau-
tions ont été prises.' 11 est enfin évident que si un incendie
était produit de cette manière, les aéronautes se trouve-
raient civilement et personnellement responsables des
dégâts ou des catastrophes qui «n résulteraient.
Abel HutiEAu DE Villeneuve.
ÉCOLE PRITigUE DES HIUTES ÉTUDES
Labontoire de M. Harky.
EXPËBIBNCBS SUR LE VOL MÉCANIQUE
Quatriime article. (1)
CONSIDÉRATIOHS GéNÉIlAI.BS
D remarquera que, dans tous x»9 travaux. Je n'ai
tenu aucun compte des théories plus au moins
justement basées sur les mathématiques et émises
par divers auteurs. D'après ce geure de calculs on a
mSme cru pouvoir douuer des valeurs numériques ;
ces chifiVes, je les ai toujours considérés, à tort peut-être, comm«
prématurés, parce qu'aucune expérience complèie et concluante
n'est venu les corroborer. Les appareils volants qui ont été cons-
truits JQsqu'k ce Jour exigent, presque tons, des dépenses de force
considérables qui ns sont pas du tout en rapport avec les théories
mathématiques avancées. Mais, me dÏTVrt-on, ces appareils sont
encore imparfaits. Dana ce cas, il faut se h&tet de les perfection-
ner suffisamment, afln qu'ils puissent servir de preuve aux chif-
fhts donnés par les auteurs, n est facile en théorie, et sur le pa-
pier, de faire voler un oiseau avec une force quelconque ; mais à
l'atelier, les outils en mains, on trouve les oiseaux artificiels plus
récalcitrants. C'est pourquoi j'ai préflré la voie des expériences,
H) Voir lei tivr^BOns d« janvier, fâvricr, nura et mai 1877.
— 167 —
et c*68t sur «lies seules que je baserai mes chiffires, si j'arrive à
quelque résultat susceptible d'application.
Dans la relation de mes expériences, je n'ai pas eu la prétention
de n'exposer que des idées absolum^it nouvelles ; je crois bien
qu'en matière d'aviation tout a été dit, mais presque rien n'a été
prouvé ; par conséquent, on ne peut prendre pour base les travaux
contradictoires des difEerents auteurs. L'expérimentation doit
seule servir de guide pour réaliser de nouveaux progrès.
Je ne prétends pas non plus déterminer la force que l'oiseau
dépense en volant, mais ce que je dépenserai avec une machine
pour imiter le vol. Certainement mes chiffres ne seront bientôt
plus exacts, les perfectionnements les auront bientôt réduits ; je
m'en réjouirai, car alors l'aviation aura progressé. Quant à arriver
aux minima qui semblent, correspondre à la dépense que font les
oiseaux naturels, je crois qu'il n'y faut pas songer ; mais on pour-
ra s'en rapprocher de plus an plus. Comment l'homme arrivera-t-
il jamais à imiter une aile ? Cette aile, au premier aspect, semble
pouvoir être remplacée par un voile mobile ; mais après un examen
plus approfondi, on reconnaît une machine très compliquée dont
chaque partie a une fonction spéciale, et surtout une souplesse et
une élasticité si sagement réparties qu'on doit renoncer à contre-
faire une telle perfection.
Les ailes des chéiroptères, qui paraissent d'abord plus simples
que celles des oiseaux, sont aussi de véritables chefs-d'œuvre de
l'inimitable nature.
J'ai pu remarquer, avec mon grand appareil, qui me per-
met, si je le désire, de constater la dépense de chaque batte-
ment, que (l'appareil tournant au manège) les ailes peuvent faire
une révolution complète en une seconde lorsque la pression est de
Id à 13 kilogrammes, ce qui ne fait pas 1 kilogrammètre 1/2.
Remarquons que la voilure de la machine correspond à celle
d'un aigle dont les battements auraient environ la même fré-
quence ; on entrevoit que si cet oiseau est supposé peser 6 kilo-
grammes, il lui suffit, pour voler, de dépenser le quart de son poids
en kilogranmiètres, autrement dit d'élever le quart de son poids
à un mètre par seconde. Cela permettrait à un oiseau naturel ima-
ginaire de la force d'un cheval, de peser 300 kilogrammes en plein
vol. Je ne prétends pas qu'un aigle dépense aussi peu de force,
pas plus qu'aucun autre oiseau ; mais je ne puis m'empêcher d'ad-
mettre que ces chiffres se rM|prochent peut-être sensiblement de
la.yérité. M. Marey nous a montré que les muscles de l'oiseau ne
sont pas susceptibles de développer un travail bien extraordinaire, ,
qu'ils paraissent même plus faibles que ceux des manmiifères.
6.
— 168 —
La thermodynamique, d'après le même auteur, ne nous fait pas
non plus supposer une grande dépense de force de la part de Toi-
seau. Enfin, à voir Taisance avec laquelle Toiseau semble voler
et le temps fort long pendant lequel le vol peut se soutenir, on est
tenté d'admettre que l'oiseau qui vole ne dépense pas proportion-
nellement plus de travail qu'un mammifère qui se promène, et il
semble probable que cette dépense est très faible. Si réellement la
machine naturelle donne de semblables résultats, notre mécani-
que à encore bien des progrès à faire.
CONCLUSIONS.
L'objet des recherches qu'on vient de lire était d'imiter le mé-
canisme du vol de l'oiseau qui me semble être, de tous les ani-
maux volants, celui dont le type est le plus favorable à la bonne
utilisation du travail.
L'oiseau mécanique doit, comme l'oiseau véritable, avoir une
double aptitude : celle de planer sans battre des ailes, en glissant
sur l'air avec le moins de chute possible, et celle de se soulever
contre la pesanteur.
Afin de donner à mes appareils la faculté de planer, j'ai recon-
nu qu'il fallait placer le centre de gravité en avant du centre de
sustension de la machine. Le point le plus favorable m'a paru si-
tué à peu près à la réunion du tiers antérieur avec les deux tiers
postérieurs de l'appareil.
Pour que l'oiseau puisse se soulever par ses coups d'aile, il faut
théoriquement, d'après M. Marey, que le moment de la force mo-
trice soit un peu supérieur à celui delà résistance de l'air, ce der-
nier ayant pour valeur sous chaque aile la moitié du poids de
l'oiseau, multipliée par la distance qui sépare le centre de pres-
sion de l'air sur l'aile du centre de l'articulation scapuio-humérale.
Mes expériences montrent que, pour les appareils mécaniques, il
faut un plus grand excès de la force motrice sur la résistance de
l'air. Les différents appareils que j'ai construits et qui volaient
d'une manière satisfaisante ne se soutenaient sur l'air qu'à la
condition de pouvoir se soulever sur un appui solide placé sous
la pointe des ailes.
Peut-être cet écart entre la force théorique et la force pratique-
ment nécessaire existe-t-il également chez l'oiseau, dont on n'a
pas encore pu mesurer la dépense de travail pendant le vol.
Les appareils que j'ai construits soi^, au dire de M. Marey, les
premiers appareils libres qui aient ^lé suivant le mécanisme
propre à l'oiseau, c'est-à-dire en présentant toujoiurs la face infé-
rieure de l'aile à la résistance de l'air.
k
Je croie avoir bien établi la nécessité d'une aile longue et étroite
pour rendre aussi court que possible le temps pendant lequel le
Toile prend la position convenable pour agir utilement sur l'air
pendant l'abaissée.
Enfin, j'ai essayé de donner la mesure expérimentale du travail
dépensé par une machine qui vole. J'insiste pour rappeler que de
pareille^ mesures ne représentent pas le minimum, de dépense né-
cessaire, mai^ la dépense actuellement faite par des appareils
encore imparfaits.
POST-SCRIPTUM.
Le mémoire qu'on vient de lire a été écrit il y a environ un an.
J'ai continué depuis mes expériences, et j'ai pu obtenir beaucoup
de mieux.
D'importantes modifications apportées à la fonction des ailes
que j'ai refaites encore plusieurs fois et à la machine dont plu-
sieurs organes ont été complètement changés m'ont permis d'ob-
tenir le soulèvement complet de l'appareil et même un peu plus
que son poids, sans pour cela dépenser plus de force. Ce résultat
fut obtenu au manège, mais à l'air libre j'ai encore rencontré de
grandes difficultés d'équilibre, et après une série d'expériences
ayant amené peu de progrès, l'appareil se trouva tellement use et ,
abimé par un trop long service que je jugeai plus court et plus
sûr d'en construire un nouveau.
Ce nouvel appareil est aujourd'iiui à peu près terminé. Il doit
employer également Vair comprimé. IL sera un peu plus léger que
l'ancien, tout en étant aussi grand et sera susceptible de produire
au moins un quart de plus de force. J'espère dans ces nouvelles
conditions, pouvoir terminer rapidement cette longue étude et en
publier cette année les principales phases et les résultats.
Victor Tatin.
LES TRAVAUX DE LA SOGiEfË AERONj*TIQUE
DE LA GRANDE-BRETAGNE
(Suiie ')
!. Simmons, l'aéronaute, a fait une tentative pour
remplacer le bajlon, au point de vue militaire, par
une espèce de cerf-volant, (kite), que par suite de
la nature spéciale de sa construction, il nomme le
parakite C'estenefi'et une combinaisonduparachilte
il) Voir lea liTraiBons de février et mars i8T7.
- 170 —
avec le cerf- volant. Il ressemble à un énorme parapltiie d'étoffe non
tendue avant le gonflement. Quand FétolTe est tendue par le vent,
les flls de fer supérieurs, allant d*une tige centrale au bout des
tiges diagonales, la retiennent en place. De chaque côté de ces
deux diagonales qui sont à angle droit sur la direction du vent, Fé-
toffe conserve deux plans libres, de façon à laisser une ouverture
par laquelle puisse s^écbapper Tair comprimé, suivant le principe
du cerf-volant japonais.
Diaprés la théorie, le parakite descendrait soutenu par deux co-
lonnes d^air. C'est aussi ce que la pratique a confirmé d'après M.
Simmons ; mais le mouvement ascensionnel a présenté des diffi-
cultés. Lors des expériences à Chatham, on s*était proposé d'en
envoyer un de petite dimension, et ensuite d*y attacher un plus
grand : mais le vent étant devenu violent et orageux, le plus grand
fut brisé avant Tascension, et le plus petit fut seul l'objet d'expé-
rimentations. Les tiges diagonales avaient 14 pieds 6 pouces de
longueur. Il s'éleva à une hauteur d'environ 200 pieds avec 60 li-
vres de lest, mais il ne put monter plus haut. En attachant en-
core 60 livres, il s'éleva avec violence, puis retomba en désordre,
renversa deux hommes et se brisa. On le répara d'ailleurs aisé-
ment au moyen de tiges de rechange qui passent par des emboi-
tures.
L'autre parakite avait une surface d'environ 700 pieds carrés en
étoffe légère imperméable à l'eau. Les tiges diagonales avaient
chacune 30 pieds de long, et le poids total était de 80 livres.
Malheureusement lors des expériences, le vent était tombé pen-
dant plusieurs jours, et à la fin il avait soufflé en ouragan. Cette
machine exigeait des hommes exercés pour bien la manœuvrer et,
lorsqu'ils étaient au courant des manœuvres, les expériences fu-
rent suspendues.
M. Simmons Ta perfectionnée depuis (1).
Pendant l'année dernière, la machine volante californienne a de
nouveau fa^t^&rler d'elle. La force élévatoire du gaz sur laquelle
on comptait pour aider en partie à l'action des plans étendus pen-
dant la propulsion, a été tout-à-fait abandonnée : la machine ne se
compose plus que d'une surface plane, d'une machine à vapeur et
de propulseurs à hélice. Cependant, au lieu de plans s'étendant
latéralement (car il y en a trois), ils sont superposés longitudina-
lement, avec un intervalle d'environ 10 pieds. Toute cette cons-
truction a 120 pieds de longueur ; elle est fixée sur une fondation
(1) Nous avons raconté les détails d'une expérience de M. Simmons dans
la livraison de novembre 1876.
— 171 —
en bambous serrés. Les plans sont de longueur inégale. Le plus
grand qui est au-dessus, a les dimensions ci-dessus et environ 40
pieds de large. Ces trois plans sont reliés par deux mâts d'enyi-
lon 40 pieds de haut, et reliés par des cordages en âl de fer.
A Textrémité inférieure de chaque mât est fixée une petite roue
destinée à abaisser un barreau simple, de façon à se procurer une
vitesse initiale. Cette vitesse est ensuite alimentée par le moyen
d*une machine renfermée dans un compartiment carré qui peut
contenir les ingénieurs. Ce compartiment est établi au centre de la
quille et fait en bambous serrés. La machine fait mouvoir deux pro-
pulseurs à hélice horizontaux et deux autres verticaux. Les points
où ils agissent rompent la continuité des plans longitudinaux. Le
poids de la machine est calculé comme devant être de 1500 li-
vres, y compris un homme et la force motrice etc., etc. Elle devait
âtre expérimentée en novembre dernier, mais nous n'avons pas
reçu d'autres détails.
Le président annonce ensuite que la Société française a le 3 dé-
cembre 1875, décerné une médaille d'or à M. Fred. W. Brearey, se-
crétaire honoraire de la Société anglaise.
En terminant ce dixième rapport annuel, nous éprouvons une
certaine satisfaction à constater l'abaissement graduel des obsta-
cles qui effrayaient les chercheurs les plus sérieux des principes
du vol aérien. Les lecteurs de nos rapports doivent être convaincus
de cette vérité. En appliquant à la réalisation du vol les connais-
sances ainsi acquises, il reste encore des difficultés mécaniques à
surmonter. C'est à quoi l'on parviendra, au prix d'insuccès coû-
teux.
On ne peut pas dire maintenant que le défaut d'une force mo-
trice légère soit une des difficultés.
On a demandé souvent si la Société offrait un prix à celui qui
réalisera le vol aérien par l'homme. La réponse est facile à faire :
c'est que, quelque somme que la Société puisse offï-ir, elle ser-
rait hors de toute proportion avec la récompense que mériterait
un tel succès. Assurément on doit s'attendre à une rémunération ;
mais elle sera fournie par une autre source.
Cependant on peut se demander si la Société ne devrait pas,
I avec le concours de ses membres, offrir des prix pour des modèles
^ qui seraient capables d'imiter le vol de certains exemples que la
nature nous offre, tels que le cerf-volant, le papillon, la grosse
'. mouche, le planement du foucon ou le vol de l'hirondelle.
I Quelques modèles très réussis ont été construits, par MM.
j Hureau de Villeneuve et Penaud, de la Société française : ils sont
j très légers, mais un peu éphémères dans la durée du vol ; on
— 172 —
pourrait exiger de certaines conditions, indépendamment de la
dimension, relatives à la puissance d'enlever des poids, au vol à
une certaine distance indépendamment du temps. Il faut observer
qu'il ne s'agit pas d'une démonstration en plein air, car un appa-
reil d'une certaine pesanteur peut seul lutter contre les courants.
Un grand espace comme la salle centrale de l'Alexandra Palace
suffirait pour toutes les conditions. Nous soumettons cette sugges-
tion aux réflexions des membres, pour que ceux qui l'approuvent
puissent contribuer à établir des prix convenables pour un concours
aussi intéressant.
Traduction de M. Hasenfeld,
Interprète juré, ancien élève de l'école polytechnique
La Fjrance avec ses Oolonies
Par M. Levasseur, membre de l'Institut
Chez Delagrave, éditeur, rue des Ecoles.
L'aéronaute qui vogue dans les airs a besoin de toujours savoir
au-dessus de quelle région il se trouve et ne peut le savoir qu'avec
l'aide de la géographie.
Depuis que l'étude des connaissances géographiques a pria dans
nos écoles la place qui leur était légitimement due, on se plai-
gnait, non sans raison, de manquer sur ces graves matières d'un
ouvrage qui fût tout à la fois élémentaire et savant. Le livre
que M. Levasseur, membre de l'Institut, vient de faire paraître
chez l'éditeur Delagrave, sous le titre La France avec ses Colonies,
comble de la façon la plus complète cette regrettable lacune.
L'auteur qui occupe un si haut rang dans la hiérarchie universi-
taire et un# position si justement méritée dans l'estime des sa-
vants, a su condenser dans un format peu considérable, et grou-
per dans un ordre nouveau une prodigieuse quantité de notions et
d'observations inédites, que l'on ne saurait trouver dans les pu-
blications antérieures du même genre.
Dans le premier chapitre de son bel ouvrage, il passe rapide-
ment en revue l'histoire géologique de notre pays et des différents
terrains qui s'y rencontrent, puis il aborde la partie qui, pour
nous surtout, présente le plus d'intérêt, le relief du soi. Cinquan-
te-cinq figures, cartes et plans jettent en quelque sorte une lu-
- 173 —
mière nouvelle sur cette question, et permettent de préciser d*une
manière mathématique le système orographique de la France. Je
viens de dire que cette partie avait pour nous une puissante at-
traction : en effet, quand Taéronaute, perdu dans les nuages, a été
pendant un espace de temps indéterminé, privé de la vue du sol,
il lui est presque impossible de préciser le point au-dessus du-
quel il se trouve pour ainsi dire suspendu.
Sans doute, la boussole a pu lui permettre, par une observation
constante, de déterminer d'une manière à peu près sûre, la direc-
tion qu'il a suivie, mais la vitesse avec laquelle il a suivi cette
direction lui échappe entièrement quand il ne voit pas la terre. Il
est donc de la plus haute importance, une fois sorti de la région
des nuages, qu'il puisse facilement reconnaître à des indices cer-
tains, à des points de repère infaillibles, sa situation exacte. Cette
connaissance déjà très utile dans les ascensions ordinaires, peut
acquérir une extrême importance en temps de guerre. L'expérience
du dernier siège de Paris, où plusieurs ballons sont tombés in-
consciemment dans les lignes ennemies, en démontre surabon-
damment la nécessité. Le livre de M. Levasseur répond, selon
nous, à ce besoin ; la partie orographique fondée sur la carte de
l'état-major, contient un grand nombre de planches où sont mar-
qués avec le plus grand soin et une excessive clarté les coupes et
profils du sol et ses points culminants. A ces planches sont join-
tes les cotes explicatives pour faire connaître l'altitude des crêtes.
En outre on y trouve quatre cartes très détaillées des Alpes occi-
dentales et des cartes non moins précises de la chaîne du Jura,
des Vosges, du Vivarais, des Cévennes, des montagnes d'Auver-
gne et des Pyrénées. Nous n*avons pas besoin de faire ressortir l'uti-
lité de ce travail au point de vue spécial dont le journal VAéronaute
pi us particulièrement à s'occuper : son opportunité s'impose
d'elle-même.
A la suite de cette description physique et presque mathémati-
que, vient un tableau contenant la nomenclature des montagnes
avec une description sommaire de leurs principales cîmes, et cel-
le des cours d'eau qui arrosent les vallées contenues entre les mas-
sifs montagneux et leurs contre-forts. On pourra donc, grâce à ce
guide nouveau, suivre à vol d'oiseau la configuration des grands
bassins et déterminer d'une manière sûre et rapide, le nom des
localités d'après leur simple inspection. Dans le chapitre suivant
Tauteur traite avec l'autorité de son nom et sa compétence habi-
tuelle, de la climatérie de la France et des causes qui peuvent la
modifier ou qui la modifient sans cesse : ces causes sont d'abord la
chaleur solaire, la direction des vents, l'humidité et la pluie ;
— 174 —
puis la natuTB du sol, son altitude, son exposition, le régime des
eaox, et la proximité de la mer, toutes causes qui influent d'une
&çon si évidente sur la santé et le caractère des habitants. Une
place importante est réservée il l'apiculture, au commerce et à
Figure 39.
MoDt-Btanc, vn Am bords de l'Arre au-dessus de Chamounic La parda
ombrie indique l'éUration du soL au-dessus du nireau de la mer. Gra-
vure tirés du livre de M. Lavasseur,
l'industrie, ces trois mamelles de la France, comme aurait dit
SuU; de nos jours, le tout accompagné de cartes indiquant parais
— 175 —
signes faciles à reconnaître la richesse agricole, commerciale et
industrielle de chaque région. Comme conséquence, vient après
une étude détaillée de nos provinces et de leurs départements avec
la description des chefs-lieux et des principales localités, et un
tableau comparatif indiquant la valeur productive de chaque dé-
partement.
Enfin, les derniers chapitres sont consacrés à nos colonies trop
souvent négligées dans les autres recueils similaires, et particu-
lièrement à une description remarquable de T Algérie, où les élèves
(et nous sommes tous élèves de ce côté), trouveront réunis ime
foule de documents nouveaux qu'ils cherchaient en vain ailleurs.
La France avec ses Colonies constitue donc, ainsi que nos lecteurs
ont pu le constater par la trop courte analyse que nous venons
d*en donner un traité complet de géographie physique et politi-
que, et nous ne pouvons qu'adresser nos sincères félicitations à
l'auteur d'avoir si bien atteint le but que lui-même avait ainsi
indiqué dans sa préface : c La géographie doit être la connaissance
c eiuicte d'un pays, par conséquent elle doit non seulement décrire
« le sol, mais en faire remarquer les richesses naturelles, non seu-
c lement montrer les divisions politiques, mais indiquer les cau-
• c ses déterminantes de ces divisions ; elle doit enfin parler des
« richesses agricoles^ manufacturières et commerciales que l'in-
c dustrie humaine a su créer en utilisant les forces productives de
c la nature. »
Nous n'ajou terous rien aux lignes qui précèdent, si ce n'est que
M. Levasseur a rempli de tous points et avec un rare bonheur le
programme qu'il s'était lui-même tracé.
Hippolyte Capitaine.
Ancien médecin de Marine.
CORRESPONDANCE.
A Monsieur le Rédacteur de /'AjIronaute.
Monsieur,
Je suis chargé de vous annoncer que mon ^bienveillant protec-
teur, M. Serge Mikounine, appelé par la mobilisation a rejoint
son corps envoyé an Caucase.
— 176 —
Prions Dieu» Monneur, pour qu*il étende sa puissante protee^
tion sur cet excellent jeune honunc et pour qu*il eonserre une
ftussi belle intelligence à la science et à la ciTilisation.
Mon protecteur m'a laissé ici la direction des travaux qu*il a en-
trepris ; mais je suis bien impuissant, pri?é de sa cbaleureuse
initiative, privé d'ailleurs d'ouvriers, car la guerre a déjà entraîné
les meilleurs d'entre eux.
n est bien regrettable que nos toavaux ne soient pas plus avan-
cés. Ils nous donneraient peut^tre un puissant moyen d'ftotton
contre les infidèles qui menacent la ehrétienté*
J'ai rhonneur d*âtre, Monsieur, votre humble serviteur,
Francis Oosois.
us BREVETS REUTIFS A L'AÉROMUTIQUE
(Suite).
BRfiVBT n'iNvcHTioM n« 01,085, pris par M. Jemi^Saptiate
Toselli, constructeur, â8 novembre 1870, pour mm nainreoérieti.
Ce navire aérien se compose d'un corps cylindrique terminé par
deux cônes qui en constituent la proue et la poupe.
La nacelle est formée de deux étages, l'un inférieur à jour dans
equeireste le capitaine pendant la marehe, et l'autre «upérieur
où se trouve installée la force motrice et tout le nécessaire ; ce
second étage est formé d'un grand tube en métal, divisé en plu-
sieurs compartiments destinés à différents besoins.
L'inventeur adopte pour son navire la forme allongée cylindro-
conique comme étant la plus facile à construire et parce qu'elle
est aussi la forme qui doit le mieux convenir au but que l'on se
propose. Pourtant le ballon porte à sa partie supérieure un certain
nombre de cônes en toile dont on verra plua loin l'usage.
Si on emploie le gaz hydrogène, il est nécessaire que le long
tube qui constitue le deuxième étage de la nacelle soit fermé de
manière à ne laisser aucune communication entre l'air du dehors
et le gaz qui se trouve au-dessus du dit tube. Dans le cas où Ton
voudrait se servirdel'airraréflé, la nacelle serait disposée au cen-
tre du deuxième étage. C'est une espèce de compartiment circu-
laire et isolé du reste de la nacelle et dont le centre est en commun
nication avec le corps du navire ; dans ce centre, il y a le calorifère
destiné à tenir l'air du navire à un certain degré de température
n est bien entendu que le fond, les parois et le plafond de té
— 177 —
compartiment doivent être tout en métal bien agencé et que la
cheminée ainsi que le pourtour du dit compartiment affecté au
chauffage doivent être garnis d'une ou deux toiles métalliques
pour qu'elles laissent passage à la chaleur seulement, mais non a
la moindre étincelle qui pourrait s'échapper du foyer.'
n est évident que le rayonnement du dit calorifère mis au centre
s'effectuera en partie au travers d'une paroi et que par conséquent
tout l'espace supérieur de la naeelle aura une température assez
élevée pour pouvoir supporter le firoid intense que Ton renoontre
dans les régions les plus élevées de l'atmosphère*
Pour descendre et remonter, l'inventeur supprime entièrement la
soupape qui, d'après loi, trahit toujours, et tout le lest qui neu-
tralise la plus grande partie de l'effet utile que l'on veut atteindre.
A la place de lest, on charge des provisions de bouche, etc. Au lieu
de la manœuvre de la soupape, voici comment on opère pou
descendre.
Etant nécessaire pour cela que le navire devienne instantané-
ment un peu plus lourd que l'air, on tire des cordes attachées au
sommet des cônes dont est couronné le navire. Il est facile de
comprendre que si on tire une des dites cordes jusqu'à renverser
entièrement le cône, on supprime de cette manière au navire non-
seulement la partie saillante du dit cône, que l'on suppose pas
exemple d'un volume de 5 mètres cubes environ, niais on creuse en
même temps une espèce de poche dans laquelle se précipiteront
nstantanément encore 5 mètres cubes d'air.
L'inventeur pense qu'en agissant ainsi on ajoute à l'aérostat un
poids de 18 kilog environ, de Inanière que le navire sera f o » •
béir à cette diminution de force ascensionnelle, et qu'il descen-
dra. Si au contraire, on veut le fUre remonter, on n'a qu'à relâcher
la eorde pour que le cône retournant à sa place par la pression in*
térieure du gax ou de l'air raréfié, il diminuera de poids en aug-
mentant de volume et il se relèvera.
M. Toselli croit que par ce simple moyen on pourra ôter ou don-
ner au navire un degré quelconque de force ascensionnelle en
abaissant plus ou moins le sommet d'un cône et éviter ainsi toutes
les descentes précipitées et les ascensions non moins dangereuses
lorsqu'elles sont trop rapides.
On munit le navire de plusieurs de ces cônes pour pouvoir, en
cas de besoin, augmenter le plus possible la force ascensionnelle
ou la réduire au minimum.
Uinventeura trouvé nécessaire de bien chercher l'endroit où la
force motrice doit être appliquée pour qu'elle donne le plus d'effet
utile possible, n a eu l'idée de la placer à l'intérieur même du
— 178 —
navire, cVst-à-dire au deuxième étage sur le plan même du centre
do gravité.
L'auteur emploie Thélice à six palettes inclinées d'un angle de
30 degrés et mue par la force humaine.
Brevet n« 90,732 pris par M. Pierre Varenne, le 23 juillet
1870, pour un système perfectionné de Navigation Aérienne.
Cet aérostat est formé de deux appareils, le supérieur beaucoup
plus léger que Tair et l'inférieur beaucoup. plus lourd. L'inventeur
a choisi la forme d'un œuf aplati pour l'appareil léger comme étant
asset propre à la propulsion, mais, on peut adopter toute autre
forme.
L'auteur a cru que l'opposition de ces deux forces tirant en sens
contraire constituait un moteur.
L'appareil supérieur est recouvert d'un tissu imperméable, le
mécanisme y est emprisonné avec son bâti, il est rempli d'hydro-
gène, mais une ouverture pratiquée à la partie plate et fermant
hermétiquement y donne accès au besoin.
L'appareil inférieur est composé: 1« d'un pavillon contenant le lo-
gement du capitaine et des voyageurs, les instruments nécessaires
et les organes k faire mouvoir ; 2* d'un tube vertical attenant au
dit pavillon et y communiquant par un escalier intérieur régnant
dans toute la longueur de ce tube ; ^ de doux pavillons mobiles
s'aplatissant, fixés chacun à l'extrémité de l'un des deux (âbles.
Quand le capitaine fera passer quatre voyageurs, soit 800 kilog.
dans l'un des pavillons mobiles retenu au o6té d'un pavillon pen-
dant que l'autre est arrêté au bas du tube sur un plateau disposé
à cette fin et qu'il aura laissé libre essor à ce poids, l'appareil
supérieur se trouvera libre d'exercer sa puissance ascendante des
mêmes 300 kil; les deux forces produites par cette simple ma-
nœuvre, s*épuiseront en un travail commun, c*est-à-dire à faire
dérouler le câble du cylindre moteur des hélicds du mécanisme et
une seule descente produira 27,828 tours pour chacune de ces hé-
lices. L'auteur pense qu'il arrivera ainsi à se diriger.
Brevet n» 90,945 pris par M. Sébastien IjestorLnat, le 21
septembre 1870, pour un ballon dirigeable.
Le nouveau système que l'inventeur a imaginé pour arriver à la
direction des aérostats, se compose d'un ballon ordinaire, ne dif-
férant de ses devanciers que par la forme, ce ballon est monté
sur un châssis ou cadre solidement construit et auquel sont fixés
les difl^érents organes qui doivent concourir à sa direction.
A droite, à gauche et à l'arrière du cadre sont fixées des ailes
construites en roseau et toile; ce sont elles qui donnent l'impulsion,
— 179 —
elles agissent au moyen de leviers brisés à l'image de la godille
dans la navigation. A droite et % gauche de la plate-forme sont
placées deux voiles pour servir de gouvernail.
Pour mettre l'appareil en mouvement Faéronaute placé sous la
plate-forme exerce avec ses pieds une pression sur les pédales qui
terminent les leviers brisés dont il a été parlé plus haut.
Pour analyse conforme^
J. Castel.
SUR LA NAVIOATION AÉRIENNE
Par sir George Cayley.
Traduit du Nicholson Journal^ 1809, volume 24, page 164 ^.
Brompton, G septembre 1809.
Monsieur,
J'ai remarqué dans votre Journal du mois dernier, un article
annonçant qu'un horloger de Vienne, nommé begen, avait réussi
à s'élever dans les airs par des moyens mécaniques. J'ai attendu
votre présent numéro avec Tespoir d'y trouver un récit plus com-
plet de cette expérience, avant de commencer à transcrire Fessai
suivant sur la Navigation aérienne. Ce travail a été fait d'après
un grand nombre de notes que j'ai prises depuis longtemps sur
ce sujet. Je vous prie de publier cet cessai, car je pense |u'en éta-
blissant les principes fondamentaux de cet art, en leur donnant
pour base un grand nombre de faits et d'observations pratiques
qui résultent d'une attention suivie, je fsciliterai l'obtention d'un
résultat qui sera d'une grande importance pour l'humanité, car la
société entrera dans une ère nouvelle, aussitôt que la navigation
aérienne sera pratiquement réalisée.
n est évident pour moi, et le succès de l'ingénieux M. Degen me
(1) Les travaux de sir George Cayley sont très appréciés en Angleterre,
mais n'ont i>a8 étépnbliés en France où on ne connaît que deux. mémoires
de lui, imprimés dans le BoUetin de la Société aérostatique et météorologi-
que de France en mai 1853.
Les mémoires de Cayley sont un pea postérieurs aux travaux de Launoy
et Bienvenu, mais ils sont antérieurs à ceux de Henson et de M. Wenham.
C'est Cayley quia véritablement fondé dans la Grande-Bretagne l'école
des aviateurs aujourd'hui très florissante.
(Note de la Rédaction).
confirme dans mon opinion, que rien n*estplus nécessaire que de
faire passer dans la pratique ordinaire et usuelle les principes
suivants, afin d'exciter les efforts de mécaniciens habiles qui
puissent yarier les moyens d'exécution jusqu'à ce que les meil-
lenm tiwi été découTorts.
Depuis Tépmfm da i'éivâqu^ Wilkins, les essais de vol au moyen
d'ailes artificielles, ont été fort ridiculisés ; et en vérité, l'idée
d'attacher desailes aux bras d^tta konoM est assez ridicule, puis-
que chei l'oiseau, les muscles pectoraux ont plus que les deux tiers
de la puissance musculaire totale, tandis que die» l'homme les
muscles qui pourraient agir sur des ailes attachée» fféàliBe n'ex-
céderaient pas la dixième partie de la masse totale.
Cela ne prouve pas que poids pour poids un holhme soit wmp%r
rativement plus faible qu'un oiseau, il est môme probable que
s'il pouvait exercer avantageusement toute sa force, sur une sur-
face légère, proportionnée à son poids comme l'aile de l'oiseau
l'est à son poids, il est probable dis-Je que l'homme volerait aussi
bien que l'oiseau, l'ascension de M. Degen en est une preuve suf-
fisante (1).
Le Vol d'un homme vigoureux produit au moyen de grands ef-
forts musculaires est une circonstance curieuse et intéressante ; car
ce sera probablement le premier moyen d'établir la possibilité du
vol et de fournir les bases au moyen desquelles on peut l'exécuter.
Je crois sincèrement que ce bel art sera bientôt fondé pour le
plus grand bien des hommes et que noua pourrons transporter nous»
nos familles et nos marchandises plus sûrement par air que par
eau, et avec une vitesse de dO à 100 milles à l'heure.
Poui produire cet effet, il est seulement nécessaire d'avoir un
moteur qui puisse engendrer plus de puissance durant un temps
donné et proportionnellement au poids que le système musculaire
de l'animal.
La consommation de houille dans une maohina à vapeur de
Boulton et Watt n'est que d'environ idnq livres et demie, par heure et
par cheval (2)« La chaleur produite par la combustion de cette quan-
tité de bouille est la cause unique de la force engendrée;
mais elle est employée par l'intermédiaire d'une certaine masse
d'eatt transformée en vapeur, et cette vapeur eUe-mâme, à son
tour est condensée par une quantité encore plus grande d'eau
(1) Sir George Cayley avait été iaduit en erreur, car Degea ne s'était pas
{Kotê de la Rédaction).
(2) BUeraété dimiauée depuis. (Note de la Rédaction).
— 181 —
froide. La machine doit être assea massive pour résister à toute la
pression extérieure de Tatmosphère et pour cela elle ne peut être
applicable au but proposé. Précisément on a oonstruit des machi-
nes à vapeur destinées à agir par simple expansion; elles peuvent
être construites de façon à être assez légères pour notre but, pourvu
qu*on abandonne le modèle usuel avec sa grande chaudière et
qu'on le remplace par Tii^ection de la quantité d'eau convenable
dans un grand nombre de tubes forment par leur assemblage uns
cavité pour le feu.
La force des vases pour résister à la pression iatétteoro» étant
en raison inverse de leur diamètre, de très légMi tnbes métalli*
ques seraient bien assez forts, tandis qu'une diaudière doit avoir
une grande masse pour résister à une ftree pression.
L'estimation suivante donnera à peu près le poids d'une ma-
chine ainsi construite avecsa charge pour une heure:
La machine elle«même pèsonut de 90 à 100 liv, anglaisée.
Poids de combustible bfftiant dans une cavité
d'environ 4 ^eds csrrés de surfkoe de tubes 25 -«
Provision der charbon pour une heure 6 ««.-
Bau ptfvat une heure en admettant que la vapeur
k une atmosphère ait le xW ^® ^^ densité
de r eau • . • 82 •—
163 livres.
Je ne présente ces données que comme une grossière approxi-
mation de la vérité; car la vapeur agit ici avec le désavantage de
la pression atmosphérique, aussi elle doit être portée à une tem-
pérature plus élevée que dans la machine de MM. Boulton et
Watt et elle exigera plus de combustible, mais quand il lui en
faudrait deux fois autant, cette machine serait suffisamment lé-
gère, car elle pourrait fournir une force capable d'élever 650 Uvres
à un pied de hauteur par seconde, ce qui équivaut au travail de
six hommes tandis que son poids ne dépasse pas de beaucoup
eeltti d*un seul«
n peut sembler superflu de faire de plus longues recherchas à
propos d'un moteur pour la navigation aérienne ; mais la légèreté
est ici d'une si grande valeur qu'il est à propos de noter la proba*
bilité qui existe de se sei^ir avec avantage de l'expansion de l'air
produite au moyen de la combustion soudaine des poudres in-
flammables ou des gaa. Les Français ont dernièrement montré la
grande force produite en brûlant des poudres infiammables en
vase clos ; et depxus quelques années déjà on a fkiit dans ce pays
une machine qui fonctionnait au moyen de rinflammation de Yi
— 182 —
sence de goudron. Je n'ai pas appris le nom de Tinventeur qui a
obtenu un brevet; mais d*après.un entretien de quelques minutes
que j*ai eu avec M. Chapman^ ingénieur civil à Newcastle, j*ai ap-
pris que 80 gouttes d*huile de goudron pouvaient élever un poids
de 800 livres à 22 pouces de hauteur; un cheval vapeur en exige-
rait une consommation de 10 à 12 livres, la machine n'excéderait
pas 50 livres de poids. JTai appris par M. Chapman que MM. Ben-
nie, Edmond Cartwright et autres, capables de juger de sa puis-
sance avaient vu cette machine en activité ; elle a dû être aban-
donnée, à cause de la dépense que coûtait Tessence, cette dé-
pense était environ 8 tois plus grande que celle d*une machine à
vapeur de la même force.
Probablement, on pourrait faire une machine du même genre et
d*un prix moins élevé, en se servant d'un appareil à gaz d'éclairage
et en brûlant sous un piston le gaz avec une quantité d'air conve-
nable.
D'après ces quelques principes, il est parfaitement clair que
Ton peut obtenir une force motrice à l'aide d'appareils bien plus
légers que les muscles des animaux ou. des oiseaux et môme dans
une telle proportion que les véhicules aériens pourraient emporter
de la substance inactîve.
Ainsi la machine à vapeur ordinaire, qui fait le travail de six
hommes mais ne pèse que comme un seul, enlèvera très aisément
dans les airs cinq hommes, comme M. Degen s'est enlevé par ses
propres efforts ; et en accroissant les proportions de la machine,
10,50 ou 500 personnes pourront aussi bien être transportées. La
convenance seule ainsi que le poids des matières employées, ré-
glées sur la puissance, poseront la limite des dimensions des bâti-
ments de la navigation aérienne.
Traduction de M. H\8Cnfkld,
Interprète-Juré.
(La suite à la prochaine livraison).
Nous
M. Alexandre
ment du Grarci ,
de la mort de son fils, Théodore'^ Sivêl, qui a succombé à bord du
ballon le Zénith^ pendant l'ascension fatale du 15 avril 1875.
La Commission de la souscription du Zénith^ avait eu soin d'as-
surer l'existence de M. Sivel père et de sa femme, oui recevaient
une rente viagère de la Compagnie La New- York. Madamo veuve
Sivel, conserve de ce chef une rente de 300 francs après la mort
de son mari.
. _ - ■
Le Gérant: Félix Oaron.
CLERMONT (OISS). — IMPRIMERIE A. DAIX, RUE DE CONOé, 27.
— 183 --
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les biblioplfiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an*
ciens et nouveau|(y et les articles de journaux traitant d'aéronautique^
n'ajant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veufenC faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en*
voyer deux. exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
Sréseater au bureau de VAénmaute, avec l'indication du prix qu'ils en
epuindent.
Les poussières de l'air par Gaston Tissandier^ ouvrage aceompagné
de 3a figures, et de 4 planches hors texte, chez Gauthier Villars, quai
des Augustins, 55.
Bau (Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren însbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Fur
feuerwerker und aile Freunde der Luftteuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern»
ëern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. S» 112 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
Tenth annual report of the aeronautical Society of great Britaia
for the year 1875. Hamilton and C% Paternoster row, London. Price
•ne thining.
La navimitone aerea considerata rispetto alla meccanica« Studii per
Vincenzo rruscione professore di fisica et chimica nel «liceo di Bari,
socio corrîspondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Société Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabiliment»
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières aimées de TAiRONAUTB sont actuellement en
▼ente aux prix suivants :
ÂmfiB 1869, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 3 »
ÂmÉEB 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. • • 12 »
Chaque livraison. 1 50
AmfiES 1873, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 »
Chaque livraison • » 75
La. oollbotiom oomplètb, avec Tannée 1877 90 »
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de I'A^eonautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de.la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières ei par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAiRONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la- totalité des ouvrages aéronauti^ues<
et la propreté des exemplaires.
L'A.ÉRONA.UTE
30MMAIRB
JUIN 1877
L'ordonnance concernant les Montgolfières, par M. Sureau d«
Villeneuve (quatre reproductions photogpraphiquesdansle texte).
Ecole pratique des hautes-études. Expériences sur le vol méca-
nique, par M. Victor Tatizx (5« article).
Les travaux de la société aéronautique de la Grande-Bretagne,
traduction de M. Sasexifeld, interprète juré, ancien élève de
Técole polytechnique (troisième article).
Revue des livres et des journaux. La France avec ses colonies,
de M. Levasseur, par M. S. Capitaine (une grande gravure
dans le texte).
Correspondance. Lettre de M!. !Fran.cis J>uboi8.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par M!. J* OasteL
Sur la Navigation aérienne, par sir George Cayley, traduction
de M. Hiasenfeld.
Bibliographie.
l'a^ronautb parait tous les mois
rédaction bt abonnements
95- RUE LAFAVETTE,
PRIX DE l'année courante :
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AUTRIOHB-HoNaRIB, DANEMARK, EgYPTE, BsPAGNB, GrAMDB-BrBTAGHB
Qrâob, Italie, Luxembourg, Monténégro, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russib, Sbrbib, Suâdb, Suisas,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d^Am^iqub: 9 fr.
, Brésil, Mexique, Paraguay, Plata bt Antilles : 12 fr.
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•H, MJB E.AFAYBT'TB, <»tt
QitnBont-Oi«6. <— Imprimerie A. Dais me de Condé, t7«
NAVIGATION AÉRIENNE
roHoft ar DiRiaf far
;i;e D' abel hureau de vil-leneuve
Xiauréat de llnatitut
[Acadiml* 4m StimCM}
]0" XMNES, N* 7
JUILLET 1877
riRja : 6 PRAHOs pis as. — dèpârtkmkkts : 1 w.
vs Kuwfeo : 75
RÉDACTION ET BUREAUX
ç)5, RUE LAFAYETTE, g5
— 186 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
MM. Hureau de Villeneuve, Ch. du Hauvel d'Audreville, Gaston
Tissandier et Albert Tissandier. Le comité ne se considère pas^
comme responsable des opinions scientifiques émises par les au-
teurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux relatifs à
l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à M. le Mi-
nistre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Correspondance de Philadelphie. Lç moteur Brayton par 1£.
Xjugèzie S'arcot (une gravure dans le texte).
Exposition internationale de 1878. Projet de construction par M.
Henry Gifiard, d'un grand ballon captif a vapeur, par M. Oaetoii
Tissandier (quatre gravures dans le texte).
La médaille couu^orattve de l'emploi des aérostats pendant le
siège ûc Paris, par M. Ix>tiis Haxxieaxi (deux gravures dans
le texte).
L'appareIl Haenlein, par M. O. JTriozi (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par M. Serge Mikounine (deux
gravures dans le texte).
Etude expérimentale de la résistance de l'air, par ^. Gh. de
la Ijandelle» ancien lieutenant de vaisseau.
Les Ballons-Sondes, par 2b£. Adrien IDuté-PoiteTin (une
grande gravure dans le texte).
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le planimètre polaire, par 3^. O. de ILia*
Ixarpe. ingénieur des Arts et Manu&ctures (huit gravures dans
le texte).
Une Chaudière légère, par M. Félix du Texnple, ancien
député (quatre gravures dans le texte).
L'ordonnance concernant les Montgolfières, par M. Sureau de
Villeneuve (quatre reproductions photographiques dans le texte).
Ecole pratique des hautes-études. Expériences sur le vol méca*
nique, par "M,. Victor Tatin.
Les Travaux de la société aéronautique de la Grande-Bretagne,
traduction de M. TTaflenfeld, interprète juré, ancien élève de
l'école polytechnique.
La bibliothèque, et le musée du Cercle aéronautique sont ouverts
tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, 95. Le Cercle
possède des appareils au moyen desquels on peut s*exercer aux
manœuvres aérostatiques.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue La¥e, gS.
L'AERONAUTE
JUILLET 1877
MONUMENT ÇOMMÉMORATIF
DE LA CATASTROPHE DU ZÉNITH
Érigé à Oiron (Indre).
l'est au milieu d'un champ, situé dans le
I voisinage de Ciron (Indre), que s'est ac-
II compli le terrible dénouement de la ca»
Il taetrophe du Zénith. Après avoir dépassé
l'altitude de 8600 mètres, l'aérostat dans
Il la nacelle duquel se trouvaient les cada-
llvres de Crocé-Spinelli et de Sivol, ac-
compagnés de celui qui écrit ces lignes et que la fortune
épargna, toucha terre îi 4 h. du soir.
M. le comte de Bondy au milieu des propriétés duquel eut
lieu ce drame unique dans les annales de la Navigation
aérienne a voulu perpétuer dans la localité le souvenir de
cet événement dont la France tout entière s'est émue.
L'honorable sénateur, avec le concours de M. le Ministre
de l'Instruction publique, a fait élever sur la place de Ci-
ron un monument à la mémoire de Crocé-Spioellî et de Si-
vel. M. Albert Tissaudier en a fait le plan et la construc-
tion ast terminée aujourd'hui.
FiouBs 4C. Le monument de Cira.'.
— 189 —
C'est une pierre simplement ornée ; une urne funéraire
est sculptée h sa partie supérieure. Sur sa façade principale
est gfravée l'image du ballon le Zénith au-dessous de la-
quelle on lit l'inscription suivante :
A LA MÉMOIRE
DE
TH. SIVEL
BT DE
CROCÊ-SPINELLI
MORTS POUK LA SCIENCE DAMS LES UAUTB8 REGIONS DE l'aTMOSPHÈBE
A 8500 METRES d\lTITUDB, DESCENDUS rR&^. DE CIRON AVEC LEUR COMPAOKON DE
VOTAOB GASTON TISSANDIBR SURVIVANT DE LA CATASTROPHE
a LE 15 AVRIL 1875 »
Voici le texte de celle qui se trouve surlafacepostérieure:
SIVEL (HENRI-THÉODORE)
NÉ LE iO NOVEMBRE 1834, DANS LA COMMUNP. DE SAUVE, DEPARTEMENT DU OA&D,
MORT EN BALLON LE 15 AVRIL 1875
CROCÉ-SPINELLI (JOSEPH-EUSTACHE)
INGÉNIEUR DBS ARTS BT MANUFACTURES, Né LE 10 JUILLET 1843 A MOKTOAZILLAC,
DEPARTEMENT DB I«A DOBDOONB, MORT EN BALLON LE 15 AVRIL 1875
Le voyag'eur qui passe s'arrête devant ce monument. Il
lit les noms de Crocé-Spinelli et de Sivel. Il s'incline -avec
émotion devant la jeunesse et la force, sacrifiées avec hé-
roïsmet en saluant ces nobles martyr^, il salue la vaillance
et le dévouement scientifique.
Gaston Tissandier.
us MACHINES COMPOUND.
1 y a quelques années, les ingénieurs aéronau*
tes cherchaient seuls à construire des mo-
teurs légers.
Tous les constructeurs de machines fab ri-
quaient des moteurs lourds et résistants, livrant ainsi au
public des machines dont la matière dépassait toujours La
quantité nécessaire:
— 190-
Mais les besoins de la marine ont fait depuis comprendre
qu'il y avait là un vice important et que pour les moteurs
destinés à la navigation, il fallait construire léger.
Depuis ce temps, les ingénieurs aéronautes ont trouvé
dans leurs études des émules, à qui ne manquaient ni le
talent, ni le temps» ni Targent, et nous avons vu les ingé-
nieurs de la marine construire des moteurs dont le poids
serait parfaitement admissible dans les appareils aériens.
Je dois dire qu'ils n'ont pas cherché dans la même voie
que les aéronautes, et que, laissant de côté les moteurs
employant l'explosion de Jia poudre de guerre, de la dy-
namite, du gaz, du pétrole ou même l'action de l'acide
carbonique, ils ont simplement cherché & améliorer l'an-
cienne machine à vapeur de Wolf, et il faut reconnaître
que le succès a couronné leurs efforts.
L'Académie des sciences a prouvé qu*eMe aussi marchait
dans cette voie par la manière dont elle vient de décerner
le prix de six mille francs sur l'application de la vapeur à
la marine militaire. Elle a donné ce prix à M. Ledieu qui
avait étudié théoriquement les machines Gompound.
M. Dupuy de Lôme, sénateur, rapporteur de la commis-
sion du prix, a indiqué cette tendance dans son rapport. Il
s'exprime ainsi :
c Les machines de Wolf, détendant la vapeur dans des
cylindres séparés de 'celui d'intioduction, ont été long-
temps considérées comme exclusivement bonnes pour les
machines à terre, et c'est depuis une quinzaine d'années,
lorsque le rapporteur de votre Commission actuelle était
directeur du matériel de la marine militaire, que nous
avons fait en France de grandes machines marines pour
nos vaisseaux cuirassés, avec trois cylindres à vapeur dont
un reçoit directement la vapeur des chaudières, et deux
fonctionnent par la détente de la vapeur sortant du
premier.
« A peu près à la même époque, les Anglais appliquaient
à leur marine les machines Compound avec un petit cylin-
dre d'introduction et un grand cylindre de détente : c'était
des deux côtés du détroit l'application simultanée de la
machine Wolf à la navigation.
« Les condenEeuTB k surface permettant d'alimenter les
chaudières avec l'eau distillée provenant de la condensa-
ttOD de la vapeur sortant des cylindres, sans mélangée avec
II
11
H
1
l'eau de mer, on a pu faire fonctionoer les chaudières à
vapeur sous une pression plus élevée, sans craindre les ' Jk
incrustations de carbonate de chaux, et cette pression plus
élevée a permis de prolonger davantage la détente de la
vapeur.
n
ii
Ils
■ Les chemises avec circulation de vapeur autour des cy-
lindres travailleurs, chemises déjà pratiquées par Wfitt,
puis aliandonnéesàtort, par suite d'une fausse appréciation
de leur influence, ont été partout reprises et installées avec
le plus grand soin.
< Les chaudières ont été étudiées avec leurs réservoirs,
leurs séchoirs, etc., de manière k fournir de la vapeur
moins humide.
FiaDBB43.HaDière doDtlespompoeàoir sont attelées aux cylindres Uténiui.
« Tout compte fait de l'addition des organes destinés à
obtenir l'économie du combustible d'une part et, d'autre
part, de la simplification relative des machines à mouve-
ments directs et rapides, ainsi que la réduction du volume
des chaudières, on est arrivé à ce que la poids des machi-
nes marines, eau comprise, gravite aujourd'hui autour du
chiffre de 190 kilogrammes par cheval de 75 kilogrammè-
tres, au lieu de 330 kilogrammes qu'il était en 1854.
■ Ces perfectionuements des machines ae sont combinés
avec l'allongement des navires et raffinement de leurs
formes, qu'a permis leur construction en fer, bien plna so-
lide et plus légère que l'ancienne construction en boia.
t Le résultat total a été considérable, par la combinaison
de l'économie de combustible avec l'accroissement de la
capacité utilisable et du poids porté, pour une même puis-
sance motrice, h une même vitesse, par les nouveaux pa-
quebots bien faits. Ce poids porté a triplé, en même tempa
que la consommation du combustible se réduisait à moitié
(soit à 1 kilogramme par cheval effectif, au lieu de 2 ki-
logrammes). »
— 194 —
On voit que le savant rapporteur de TÂcadémie des
sciences se trouve satisfait du chiffre de 190 kilog^rammes
par cheval obtenu dans la marine militaire. Mais ^es cons-
tructeurs anglais sont maintenant bien au-dessous de ce
chiffre.
On va voir où en est arrivé M. Thornycroft, le fameux
constructeur de marine.
M. de Fréminville a récemment exposé devant la société
d'encouragement les progrès que les embarcations à vapeur
ont faits depuis quelques années, et les résultats remar-
quables auxquels M. Thornycroft est parvenu.
En effet, M. Thornycroft avait livré au gouvernement
hollandais un bateau porte^torpilles de 17 mètres de lon-
gueur, jaugeant de 7 à 8 tonneaux et dont la vitesse aux
épreuves avait été de 15 nœuds. Le département de la ma-
rine française, après la constatation de ces faits, comman*
da une embarcation de ce genre ; mais, dès les premiers
pourparlers, le constructeur alla bien au-delà de cette vi-
tesse à laquelle on avait peine à croire, et il s'engagea à
fournir la vitesse de 18 nœuds qu'aucun navire, grand ou
petit, n'avait encore réalisée. Ce marché a été exécuté, les
épreuves ont été faites au mois de juillet dernier, le long
de la digue de Cherbourg, qui se prâte admirablement k
des mesures précises de vitesse, et on a constaté que Tem-
barcation avait fourni 18 nœuds 34/100 (34 kilomètres à
l'heure) ; de plus, en route libre, pendant plus de deux
heures consécutives, la vitesse a été sensiblement de 18
nœuds. Cette embarcation qu'on nomme un Thornycroft du
nom de l'inventeur, a 19'»,70de longueur, 2",60 de largeur,
0",635 de^tirant d'eau moyen et un déplacement de 15 ton-
nes, représentant le poids total du bateau, y compris ma-
chines, chargement, etc. La puissance développée par les
machines a été de 220 chevaux, c'est-àr-dire de 196 chevaux
par mètre carré de la maîtresse section immergée.
Les machines complètes, y compris les chaudières et
l'eau qu'elles renferment, pèsent 7,300 kilos; ce sont pro-
bablement les machines marines les plus légères qui aient
encore été produites. Elles développent à 18/13 nœuds, une
— 195 —
puissance de 220 chevaux indiqués, d'oii il résulte qu'elles
ne pèsent que 33 kilos par force de cKeval.
Ces machines sont à condensation, du système Com-
pound ; les chaudières sont dans le genre de celles des
locomotives, mais avec une surface tubulaîre moitié moin-
dre ; la charge des soupapes de sûreté est de 6 kilog. ; la
consommation est de 1 kil. 600 par cheval et par heure,
quantité élevée, puisque les bons appareils marins ne dé-
passent pas 0 k. 900. La surface de la grille est de l"" 115
et le régime de la combustion est de 300 kilos, par mètre
carré. L'air extérieur est envoyé par un ventilateur dans la
chambre de chauffe convenablement close, dans laquelle
on entretient ainsi une pression de 10 à 15 centimètres
d'eau.
La vitesse des machines est de 430 révolutions par minu-
te, ce qui ne pourrait pas être obtenu d'une manière régu-
lière sans la perfection d'exécution de toutes leurs
parties.
Ce succès, dû à une entente parfaite de la construction
navale, a été confirmé et même dépassé dans les essais ré-
cemment exécutés à Genève, avec le yacht de plaisance,
La Gitanay construit par M. Thornycroft, pour Mme la
baronne de Rotschild.
Cette embarcation dont la longueur est de 27" ,60 et la
largeur de 4°, 10, est juste assez grande pour recevoir l'a-
ménagement nécessaire à une promenade de quelques
jours sur le lac de Genève : elle est gréée en goëlette et
construite en acier. L'installation se compose d'un salon
avec salle à manger et office à l'avant avec un logement
pour l'équipage et magasin à Tarrière.
Les machines à action directe sont du système Compound»
avec condenseur à injection et, dans le but de réduire au-
tant que possible les vibrations, elles comportent trois cy-
lindres agissant sur des manivelles calées à 120°. Le cylin-
dre à haute pression a un diamètre de 343 "/■ et une
course de 400 "■/" ; les deux cylindres à basse pression
ont chacun un diamètre de 370 "/« et une course de 400 ■/".
La chaudière est du même type que les chaudières de lo-
7.
— 196 —
comotives ; elle est eu acier Bessemer avec boîte à feu en
cuivre et tubes en laiton.
La distance entre Genève et Villeneuve, 43 mille anglais
(69,187 mètres) fut parcourue en une heure 4S minutes, 22
secondes^ soit à la vitesse de 23,89 statute miles (38,439
mètres) ou environ 20 3/4 nœuds à l'heure. Pendant les
premiers trente- deux kilomètres, un léger vent debout et
un peu de vaguee gênèrent la marche de Tembarcation et
diminuèrent sa vitesse ; mais, pendant le reste de la traver-
sée, le lac fut très calme.
La pression moyenne à la chaudière était de 7 kilogram-
mes, le vide au condenseur de 62 centimètres ; les machi-
nes exécutaient de 300 à 325 révolutions par minute et dé-
veloppaient environ les 450 chevaux indiqués.
Les personnes familiarisées avec les questions relatives à
la construction des navires seront assurément frappées des
résultats obtenus par M. Thornycroft au point de vue de
la vitesse, surtout si Ton songe qu'il s'agit d'une embarca-
tion de dimensions réduites.
Il résulte des chiffres que je viens de citer quelques con-
séquences importantes pour la navigation aérienne et pour
la direction des ballons. On a pensé, et avec assez de rai-
son, que les vitesses obtenues dans Teau pourraient être
également obtenues dans Tair, pourvu que les façons des
navires aériens soient aussi effilées que celles des navires
aquatiques, puisque dans les deux cas, la densité du fluide
qui sert à la fois de résistance et de point d'appui se trou-
vait constamment dans la même proportion.
Mais, comme les courants aériens sont bien plus rapides
que les courants aquatiques que Ton traverse, on a pensé
avec raison que la navigation aérienne ne deviendrait pra-
ticable que le jour où la vitesse de propulsion serait deve-
nue beaucoup pl&s grande dans l'air qu'elle n'a été effec-
tuée jusqu'à présent dans Teau. Nous touchons à ce
moment.
Les vitesses atteintes par les bâtiments de M. Thornycroft
sont de 33,000 mètres par heure, c'est-è^-dire un peu plus
de 9 mètres par seconde.
K
— 197 —
M. Giffard, en 18529 n'avait obtenu qu'une vitesse de 4 met.
L'emploi des moteurs de M. ThornjcrofI; appliqués à
la navigation aérienne nous permet d'espérer une navi-
gation fonctionnant non pas «assurément par tous les
temps, mais par les vents moyens. Ce n'est pas tout assuré-
ment, mais c'est déjà quelque chose.
On a pu lire dans la livraison de mai de VAéronaute une
correspondance de M. Serge Mikounine qui décrivait les
constructions aéronautiques faites à Essen dans les ateliers
de M. Krupp.
Dans sa lettre, M. Mikounine parlait des moteurs de M.
Thomycroft comme de ceux qui produisaient le plus de
force sous le moindre poids et annonçait que les Allemands
allaient appliquer un de ces moteurs à un ballon copié sur
celui de M. Dupuy de Lôme.
Voyons quels seront les résultats probables de cet essai.
Pour cela, appliquons à la navigation aérienne les chiffres
de la navigation aquatique :
M. Dupuy de Lôme a employé la force de huit hommes
qui, d'après lui, ne donnaient à eux tous que 60 kilogram-
mètres. 11 a obtenu ainsi une vitesse de 2 mètres 80 par se-
conde. Or, les huit hommes pesaient environ 560 kilogram-
mes en comptant 70 kilogrammes par homme. En rem-
plaçant les hommes par une machine à vapeur du mâme
poids donnant un cheval vapeur par 33 kilogrammes, nous
obtenons une force mécanique de 16 chevaux 96 ou envi-
ron 1,267 kilogrammètres 50. Ce chiffre de 1,267,50 est de
21 fois 125 millièmes plus considérable que celui de 60 ki-
logrammètres fourni par les hommes. La racine carrée de
21,125est4,596à peuprès; en multipliant par ce chiffre
celui de 2 mètres 80 représentant la vitesse obtenue avec
les huit hommes, nous trouvons le chiffre de 12 mètres 866
par seconde, que le ballon de M. Dupuy de Lôme obtien-
drait avec un moteur Thornycroft. Assurément ce ne serait
pas une vitesse qui permettrait de marcher par tous les
vent?, mais elle produirait des déviations sensibles dans
les vents qui régnent ordinairement dans nos climats.
Léon Lenicollais,
logénieur de constructions navales.
De riDOnenee de li i
i dns le TOl des «iseau
^hez l'oiseau, la plan aviateur n'est pas un rectan-
Tgle élongué, tel que serait a b e d, mais bien une
- surface trigOEe e f g h, dans laquelle la surfacedes
faites et du thorax résume à elle seule la presque
totalité du travail utile de soulèvement. 0 résulte
■ de là que les écarts que subit le centre de pression
sont commandés presque exclusivement parla surface de l'oiseau
comprise entre les parallèles m n, b f, c'est donc entre deux posir
tions très Toisines c, c' que ce centre oscillera pour deux inclinai-
sons inverses de 8° par exemple;
quant au centre de gravité, sa
position moyenne sera eu P entre
c et c'. Dans ces circonstanees,
outre que la Ubration pourra
s'exécuter avec une grande net
teté, le levier sous lequel s'exer-
cent les efforts du vent sera as-
FioDU 44. sez petit pour qu'il n'en résulte
pas une pertubation du fonctionnement.
11 n'eu serait pas de même, si au lieu de l'écart ce' on avait à
compter avec l'écart exagéré ss' correspondant à un plan de sup-
port rectangulaire.
Au surplus, en vue de nous rendre parfaitement compte dés
conditions de stabilité contre un vent debout, envisageons A. B
dont c'est le centre de suspension, P le centre de gravité. Le vent,
B en frappant au-dessous de ce
plan dans la direction de la flè-
che E donnera deux compo-
santes normales C D, F G, qui
•^9 devront se faire équilibre au-
tour du centre de suspension
pour que l'angle demeure in-
variable. Or, la composante C D étant de beaucoup la plus
forte; il foudra, pour atteindre ce résultat que le bras de le-
vier sous lequel agit Ct F soit de beaucoup le plus long. Autrement
dit, l'équilibre ne deviendra possible que grice à l'inatitution d'une
portion caudale, dont la longueur soit vme fcnotion de l'angle
moyen d'aviation. Malgré cela, il faudra s'attei dre dans la prati-
— 199 —
que à des difiérences entre les deux moments, pour les contingen-
ces diverses du vent ; mais ces différences ne seront jamais qu'as-
sez faibles. Il est bien entendu que, dans ce qui précède, nous fai-
sons abstraction du mouvement de bascule pour ne pas compli-
quer la question, Tintroduction de cet élément n*étant pas d'ail-
leurs de nature à infirmer nos conclusions.
Ainsi, nous savons déjà que, dans tout système traversant le
milieu aérien, la queue n'aqu'une puissance aviatrice insignifiante
à côté des ailes ou des plans antérieurd, mais que, en revanche,
son rôle tout à la fois directeur et modérateur est des plus impor-
tants.
En même temps, nous apercevons combien est rationnellement
fondée, au point de vue dynamique, la surface trigône développée
par Toiseau planeur, car par la grande étendue qu'elle donne à la
marge antérieure, elle fait que le plan e f gh provoque sous lui
une résultante de soulèvement bien supérieure à celle qui se pro-
duirait sous l'aire rectangulaire a b c d égale à la sienne.
La queue exerce donc une fonction rectrice dans tous les sens,
et notamment dans celui de la rotation autour du centre de sus-
pension dans un plan vertical, ses pennes élastiques se prêtent
admirablement à cet objet, et son étroitesse relative est compen-
sée par sa longueur qui lui permet de réagir avec une vitesse an-
gulaire très grande contre les causes perturbatrices. Elle est de
plus le principal facteur de l'insymétrie du corps de l'oiseau, sans
laquelle il ne saurait y avoir de stabilité, et sa grande légèreté
spécifique a pour conséquence de rendre très voisines les deux
verticales du centre de gravité et du centre de pression soulevante,
conformément aux exigences du fonctionnement.
Mais son rôle ne se borne pas là et se manifeste aussi bien dans
le sens bi-latéral que dans le sens antéro-postérieur. '
Supposons un système rec-
tangulaire a b c d dépourvu
d'appendice caudal et se mou-
vant dans l'espace dans la di-
rection F; si ce plan subit
^ l'influence du vent F' normal
à sa ligne de rumb, il arrivera,
pour peu qu'il souffle oblique-
^y^. , ^'^ ment ce qui est d'ailleurs la
règle générale, que l'équilibre
FioDRBs 46 et 47. 'bi-latéral sera détruit, la com-
posante normale du courant gazeux ayant son point d'application
au point e. Bref, il se produira un mouvement de bascule bi-latéral
200 —
d^autant plus prononcé que le vent est plus fort et le bras de le-
vier co plus long.
Maintenant si, au lieu de cet appareil, nous envisageons un plan
trigône a b c d e, les résultats dynamiques en seront profondé-
ment modifiés; car la force c aura à se composer avec celle qui
agit en c, centre de la pression développée sur la portion caudale
ef, pression d'autant plus considérable que la tranche e f est cinq
ou six fois plus longue que la tranche a c. La résultante de c et de
c' sera donc en un certain point I plus rapproché du point c' que
du point c et tel que le bras du levier LI est beaucoup plus court
que c 0.
• Dans ces circonstances, la force
^ perturbatrice du vent sera sinon
tout à fait neutralisée, du moins
fort amoindrie et parviendra d'au-
tant plus difficilement à déranger
réquilibre qu'elle est contrariée par
l'infiuence rectrice engendrée par
les deux surfaces du plan aviateur,
influence d'autant plus énergique
que la vitesse est plus grande.
^ Toutefois, bien que dans une me-
FiauRi 48. sure assez faible, le mouvement
de bascule bi-latéral se produira et fera plus ou moins dévier le
système de la ligne de rumb. D'un autre côté, il y aura dérive par
translation sous le vent, et l'effet de ce double proce5jM5 sera d'en-
traîner le système à l'opposé du vent.
Mais en y regardant de près, on reconnaît que cet effort de trans-
lation lui-même n'est pas simple et n'a pas pour résultat de trans-
porter le plan dans des positions successivement parallèles. Car si
on lui suppose une certaine épaisseur uniforme d'avant en arrière,
il est clair que la surface d'action du vent sera beaucoup plus
étendue en arrière qu'en avant du centre de gravité, et que de
plus, dans le premier sens, la force s'exercera sur des bras de le-
vier notablement plus longs. Le vent de côté tendra donc à im-
primer au plan un mouvement de giration horizontal autour de
son centre de gravité, mouvement qui contrariera, dans une cer-
taine mesure, celui de la dérive et de l'évolution obUque. La queue
agira donc dans ce cas à la manière d'un gouvernail automatique
qui tendrait à ramener l'appareil à sa ligne de rumb. On eom-
prend, en même temps que pour qu'elle puisse remplir utilement
le rôle que nous lui assignons, elle ne doit pas dépasser certaine
k
— 201 -
lon^eur, en rapport, pour chaque groupe zoologique, avec les au-
tres éléments de stabilité.
A la Yérîté, chez quelques genres et notamment chez les ftdsans
la longueur de la queue peut paraître excessive. Elle le serait en
effet s*il ne fallait tenir compte de la parfaite élasticité de pennes
caudales, dont Vextrémité s'incurve sous le vent de manière à
échapper à son action, tandis que la contraction permanente des
muscles de la région uro-pygiale fait équilibre à cet effort de flexion
et maintient fermement le faisceau basilaire de la queue dans Ht
ligne de rumb.
Dans un appareil factice les choses ne sauraient se passer ainsi,
puisque Textrémité de la portion caudale serait rigide. D'un autre
côté il y aurait lieu d'appréhender un mouvement de giration ex-
cessif d*après la grande étendue latérale de la surface caudale, si
le centre de gravité était aussi excentrique en avant qu'il Test
chez lerapace. Or nous savons que, d'après nos données il n'en est
rien, et que l'excentricité qui est affectée au centre de gravité,
surtout dans les appareils d'essai à grand volume n'est juste que
ce qui est nécessaire à la stabilité dans la direction.
Au delà d'une certaine limite, la queue de l'oiseau devient un
véritable impédimentum ainsi qu'il arrive chez les Aras du Brésil
et les Couroucous. Dès lors l'animal n'est plus capable de croiser
de fortes brises en conservant sa stabilité; aussi voyons-nous tous
ceux qui présentent cette particularité vivre sous bois, à Fabri du
vent, dans les fourrés impénétrables. Ce sont là d'ailleurs des es-
pèces très rares, plus ou moins dévoyées de la forme typique de la
classe, qui vivent tristes et solitaires comme toutes celles qui,
iiiférieures en organisation, sont condamnées à disparaître tôt ou
tard de la scène du monde.
Parmi ces oiseaux, nous appellerons l'attention sur le g^nre si
curieux des paradisiers. Ces derniers, malgré le grand volume de
leurs plumes volent à l'air libre et traversent même de grands es-
paces avec une vitesse qui leur a mérité le surnom caractéristi-
que d'hirondelles de Temate. Mais ce vol a toujours lieu par un
vent debout ou arrière, jamais par un vent de côté. Aussi ces oi-
seaux sont-ils parfois drossés et culbutés par des raféles intercur-
rentes obliques qui ont prise sur Ténorme volume do leurs plumes
pectorales. C'est qu'ici ces pennes très flexibles insérées dans les
aréoles d'un peaucier très lâche, ne peuvent comme celles de la
queue du faisan, se raidir sous l'effort synergique des muscles et
réagir utilement contre le vent. Au lieu de cela elles flottent pas*
sivement dans tous les sens et,, au cas échéant apportent une per-
turbation complète dans les conditions de stabilité.
— 202 —
En résumé, il suffit d*un examen rapide du vol aux divers degrés
de la classe des oiseaux pour se convaincre que la locomotion
aérienne est très loin de se réduire à une combinaison définie de
réactions typiques, toujours semblables à elles-mêmes sauf de lé-
gères difEérences. Tout au contraire, ici comme dans tous les actes
de la nature, les modalités du vol parcourent une gamme très
étendue, très variée, à travers la série. Quelle énorme distance n*y
a-t-il pas en effet entre le vol de Thirondelle et du martinet, oi-
seaux qui représentent la perfection idéale de la fonction et le vol
si lourd, si bas, si limité, de nos gallinacés domestiques?
Dans le premier cas, nous constatons un poids spécifique très
faible supporté par une "vaste étendue, non plus trigone, mais té-
tragone et susceptible par cela même de développer les surfaces
gauches les plus variées et de parcourir les trajectoires les plus
capricieusement compliquées avec une très grande vitesse; tan-
dis que dans le second cas, la surface aviatrice est insuffisante
par rapport au poids, à ce point que le vol devient un véritable
tour de force qui ne peut être prolongé au-delà de quelques secon-
des.
Entre ces deux extrêmes, nous trouvons, à la suite de types par-
faitement équilibrés et possédant les meilleures conditions de sta-
bilité, comme les rapaces et les passereaux, des types proprement
dits anormaux, chez lesquels le vol, bien qu'imparfait est néan-
moins rendu possible, grâce à certains artifices spéciaux. De ce
nombre sont les oiseaux à queue très courte, tels que les canards
et surtout les échassiers.
Chez les premiers Tattitu^e aérienne tend à corriger ce qu'il y
a de vicieux dans le plan de la construction; noua les voyons en
effet projeter leur cou dans la ligne de rumb, par un effort de ten-
sion violent et soutenu. Ici, le cou en tant que surface reotrice
remplace jusqu'à un certain point la queue qui est presque nulle.
De plus la projection de la tête a pour résultat de déplacer le cen-
tre de gravité en avant, en vue de le mettre en rapport avec le
centre de pression soulevante qui, par le fait de la brièveté de la
portion caudale se trouve porté lui-même en avant. Ajoutons que
ces oiseaux ont des ailes d'une grande puissance, ce qui, en leur
donnant uu vol rapide, contribue à améliorer leur régime de stabi-
lité.
Quant aux échassiers, la grande longueur de leurs pattes a pour
conséquence pendant le vol, d'abaisser sensiblement leur centre
de gravité, dont la distance au centre de suspension est très grande
surtout, quand leurs ûles, ainsi qu'il arrive le plus souvent décri-
vent un angle dièdre d'environ 60*. De là, de meilleures conditions
— 203 —
*
de stabilité pour résister aux efforts du vent. Toutefois, il est a
remarquer, que la puissance rectrice passive de ces oiseaux est
presque nulle, comme on devait s*y attendre, ce qui fait qu'ils ne
peuvent tenir contre de fortes brises et ont Tair de chasser devant
elles en subissant de fortes inclinaisons de leur axe vertical. Aussi
les voit-on se soustraire au plus vite à leur influence, soit en 8*a-
battant, soit en s'élerant plus haut.
Dr E. Gachassin-Làfite.
SUR LA NAVIGATION AÉRIENNE
Par sir George Gatlbt.
2»« article (1).
Ayant montré précédemment comme probable TaccompUsse-
ment du but proposé, je vais établir les principes de l'art du vol.
Pour être plus clair, j'analysai d'abord le mouvement le
plus simple de l'aile des oiseaux, bien que cela suppose nécessai-
rement des données présentées antérieurement.
Quand de grands oiseaux, qui ont une large étendue d'ailes,
comparativement à leur poids, ont acquis toute leur vitesse, on
peut fréquemment observer qu'ils étendent leurs ailes et que,
sans les agiter, ils continuent à planer légèrement pendant quel-
que temps dans la direction horizontale. La fig. 49 représente un
oiseau dans cet acte.
Soit a ^ une section du plan des deux ailes, se trouvant oppo-
sée au courant horizontal de l'air (créé par son propre mouvement).
Ce courant qui peut ôtre représenté par la ligne c d donne la
mesure de la vitesse de l'oiseau. L'angle hd c peut être augmenté
à volonté par l'oiseau et pour conserver une direction parfaitement
horizontale, sans que les ailes soient agitées, cet angle doit être
continuellement augmenté dans une proportion graduée. 11 est
inutile maintenant d'entrer dans ces détails, jusqu'à ce que le
mouvement soit arrêté. Mais dans un temps donné, la position
des ailes peut être représentée exactement par l'angle h de. Ele-
vons une perpendiculfdre d e sur le plan des ailes, nous aurons
(1) Voir U livraison de juin iS77.
— 204 —
la ligne e d prolongée indéfiniment. D'un point quelconque e de la
ligne d e abaissons e /perpendiculaire kdf^de représentera alors
toute la puissance de Fair abus Taile ; cette force est décomposée
en deux autres efetfd ; la première e f représente celle qui
Figure 49.
soutient le poids de Foiseau, la seconde fd est la force retar-
dante par laquelle la vitesse du mouvement que produit le cou-
rant c d sera continuellement diminuée ; e/ est toujours une
quantité connue puisqu*elle est égale au poids de Toiseau ; par
suite fd est aussi connue puisqtt*elle suit toujours la même pro-
portion que le poids de l'oiseau, de môme que le sinus de l'angle
hdc varie avec son cosinus» puisque les angles d efetb de sont
égaux. A la force retardante ainsi reçue, s'ajoute la résistance di-
recte que la masse de l'oiseau oppose au courant ; mais c'est là
une matière qui demande à être traitée séparément du principe
que nous étudions ; actuellement, on peut la négliger entièrement,
en supposant que cette force est contrebalancée par une force
précisément égale et opposée*
Avant qu'il soit possible d'appliquer cette base du principe du
vol chez les oiseaux aux projeta de navigation aérienne, il aéra
nécessaire de recourir à quelques observations pratiques.
Tout le problème est contenu dans les limites suivantes :
Faire qu'une surface supporte un poids donné par l'applica-
tion de la force à la résistance de l'air. La question de grw*
deur de cette surface est la première k étudier. Beaucoup
d'expériences sur la résistance directe de Tairont été faites par
— 205 —
Messieurs Robins, Bouse, Edgeworth, Smeaton et d*aul7es. Le
résultat des expériences et des observations de M. Smeaton est
qu'une surface d'un pied carré éprouve une résistance d*une livre
en avançant perpendiculairement à elle-même à travers Tair, avec
une vitesse de 21 pieds par seconde. J*ai fait aussi beaucoup d'ex-
périences sur une grande échelle pour établir ce point. L'instru-
ment était semblable à celui de M. Robins ; seulement la surface
employée était plus grande, elle était exactement d'un pied carré,
se mouvait circulairement sur un bras de cinq pieds de long et
tournait au moyen de poids agissant sur une poulie.
Le temps était mesuré à l'aide d'une montre à arrêt et la dis-
tance parcourue dans chaque expérience était de 600 pieds. Je ne
donnerai actuellement que le résultat des expériences suivantes
répétées très soigneusement, où une vitesse de 11 pieds 638 par
seconde a engendré une résistance de 4 onces ; une vitesse de 17
pieds 16 par seconde, a donné une résistance de 8 onces. Ce déli«
cat instrument aurait été dérangé par un poids additionnel né-
cessaire pour obtenir la vitesse engendrant une pression d'une
livre par pied carré ; mais si on admet que la résistance varie
comme le carré de la vitesse, la première expérience donnerait la
vitesse nécessaire pour ce but à 81 pieds, la seconde à 24 pieds
28 par seconde. Je prendrai donc 23 pieds 6 comme approchant le
plus de la vérité.
Ayant établi ce point, nos tables de résistance angulaire ont été
complétées, et les dimensions de la surface nécessaire pour un
poids donné pourraient être facilement déterminées. La théorie
par laquelle la résistance d'une surface opposée à un même cou-
rant, sous différents angles, est comme le carré des sinus de l'an-
gle d'incidence n'est pas applicable ici, car il résulte des expérien-
ces de l'Académie des Sciences de France que dans les angles ai-
gus la résistance varie plut5t en raison directe des sinus qu'en
raison du carré des sinus de Vangle d'incidence.
Le vol des oiseaux prouvera à un observateur attentif qu'avec
une aile concave, parallèle en apparence à la direction horizontale
de l'oiseau, on obtient le même point d'appui et même par consé-
quent la même résistance. Aussi j'incline à penser que, sous des
angles très aigus avec des surfaces concaves, la résistance est à
peu près la même chez tous les oiseaux.
Je conçois qu'on peut faire cette opération de différentes maniè-
res qui donneront des angles plus grands ; et elle doit participer
surtout du principe de la pression produite dans l'instrument con-
nu sous le nom de paradoxe hydrostatique : un mince filament de
courant est constamment reçu sous la tranche antérieure de la
— 206 —
surface, attiré en haut dans la cavité par le filament qui lui est
superposé, et il se dirige en dessous dans la cavité, il est obligé
de suivre la convexité de la surface, ayant ainsi créé un léger vide
immédiatement au-dessoiis du point de séparation. Le fluide accu-
mulé ainsi' dans la cavité cherche à s'échapper par la tranche pos-
térieure de la surface, où il est dirigé avec force, partant le fluide
doit surmonter et déplacer une portion du courant direct, qui
passe avec toute sa vitesse immédiatement au-dessous de lui ; il
s'en suit que quelque soit l'élasticité que cet effbrt exige, elle
agit sur toute la concavité de la surface moins une faible portion
du bord antérieur. Gela peut bien ne pas être la vraie théorie,
mais elle m'apparaît comme l'explication la plus probable d'un phé-
nomène dont le vol des oiseaux prouve l'existence.
Six degrés forment l'angle le plus aigu dont la résistance a
été déterminée par les expériences importantes de l'Académie des
Sciences de France, l'angle a donné quatre dixièmes de la résis-
tance que la même surface aurait reçu du même courant s'il eût été
perpendiculaire. Par conséquent, un pied superficiel, formant un
angle de six degrés avec l'horizon pourrait, s'il était entraîné ho-
rizontalement comme l'oiseau qui plane, avec une vitesse de 23
pieds 6 par seconde, supporter une pression perpendiculaire égale
aux quatre dixièmes d'une livre. Et si nous admettons que la
résistance croisse comme le carré de la vitesse à raison de 27 pieds
3 par seconde, il recevra la pression d'une livre. J'ai pris le poids
et la surface d'un grand nombre d'oiseaux, mais pour le moment,
je choisirai le corbeau ordinaire (corvus frugilegus) dont la surface
et le poids se trouvent presque dans le rapport d'un pied superfi-
ciel à une livre. Le vol de ces oiseaux pendant le temps qu'ils
peuvent planer à volonté est d'environ 34 pieds 5 par seconde
(suivant la moyenne d'un grand nombre d'observations). La con-
cavité de l'aile peut expliquer la grande résistance reçue dans ce
cas, résistance qui est plus grande que les expériences faites
sur des surfaces planes ne l'indiquaient. Je suis convaincu que l'an-
gle fait par l'aile du corbeau est beaucoup plus aigu que six de-
grés ; mais dans les observations qui seront faites sur ces don-
nées, je puis sûrement établir que chaque pied carré d'une sur-
face coujbe, telle qu'on l'emploiera dans la navigation aérienne
recevra une résistance perpendiculaire d'une livre, lorsque cette
surface sera entraînée à travers l'air avec un angle de six degrés
et avec une vitesse de 34 ou 85 pieds par seconde.
Admettons que a b (fig. 50), représente la surface ci-contre ou
bien une petite voile de toile mince contenant environ 200 pieds
carrés; si sa forme est carrée, chaque côté aura un peu plus de 14
— 207 —
pieds, le tout d*une construction solide. Admettons que le poids
de Thomme et de lamachine soient de 200 livres. Maintenant, si
FiaxjRB 50.
un courant de vent souffle dans la direction c d avec une vitesse
de 35 pieds par seconde, à ce moment la corde représentée par c d
supporterait une tension de 21 livres, la machine se trouverait
suspendue dans les airs ou à quelques onces près, le court bras
d*une telle balance se trouvant en raison du sinus de Tangle de 94
degrés comparé avec le rayon. Pour balancer cette perte, suppo-
sons qu*on emporte un peu de lest. La ligne d e représente une
force de 200 livres qui, comme précédemment, se décompose en
deux autres forces dfetfe;lB, première représente la résistance
dans la direction du courant, la seconde est celle qui supporte le
poids de la machine. Il est parfaitement indifférent que le vent
souffle contre le plan ou que celui-ci soit entraîné avec une égale
vitesse, contre le courant d'air. En conséquence, si cette machine
était entraînée par une cor^e c d avec une tension d'environ 21 li-
vres et à la vitesse de 35 pieds par seconde, elle serait suspendue
suivant une direction horizontale ; si au lieu de cette corde quel-
que autre force propulsive était engendrée dans la même direction
avec une égale intensité, un semblable effet serait produit. Si le de-
placement des surfaces avantageusement mises en mouvement par
ime force produite à Tintérieur avait lieu au degré requis, la navi-
gation aérienne serait réalisée; à mesure que l'angle formé entre le
plan et le courant s'accroît, la force de propulsion nécessaire de-
vient de plus en plus petite.
Ce principe est semblable à celui du plan incliné sur lequel,
théoriquement, un poids peut se maintenir avec ime faible force,
car dans ce cas, si la dimension de la surface est accrue à l'infini,
l'angle fait avec le courant peut être diminué, et conséquemment,
— 208 —
la force de propulsion nécessaire diminuera dans le même rapport.
Dans la pratique, Textra-résistance du char et des autres par-
ties de la machine, qui détruit une partie considérable de force,
fournira les limites jusqu^auxquelles on pourra conduire Tapplica-
tion de ce principe, qui est la vraie base de la navigation aé-
mans. UrâHwe puûdta avec laquelle quelques oiseaux sont
soutenus pendant un long vol horizontal, sans agiter leurs ailes,
nous encourage dans cette idée, qu'il ne faut qu'une faibla force
motrice. Comme beaucoup d'autres considérations sur Tintroduc--
tion pratique de cette machine peuvent exiger beaucoup de place
dans un seul numéro de votre estimable journal, je me propose,
avec votre permission, de vous les envoyer pour les numéros sui-
vants ;je saisis cette occasion pour vous faire observer que j'ai
déterminé déjà sur une assez grande échelle la possibilité d'une
régularité, d'une sécurité et d'une direction parfaites et que je vais
faire de nouvelles expériences avec une machine que j'ai construite
l'été dernier ; elle est assez grande pour la navigation aérienne,
mais je n'ai pas encoreeu l'occasion d'en essayer les effets, excep-
té en ce qui a trait à l'équilibre et à la sécurité. Il était vraiment
beau devoir ce noble oiseau blanc voguant majestueusement du
sommet d'une colline vers un point donné de la plaine placée au-
dessous, suivant la direction de son gouvernail, et simplement
par son propre poids descendant sous un angle d'environ 10 de-
grés avec l'horizon. (1)
Les efforts d'un homme livré à d'autres occupations, doivent
être peu efficaces, pour les progrès d'un sujet aussi important.
Les hommes habitués aux expériences sur une large échelle, savent
bien avec quelle lenteui* le fait suit la théorie, même quand elle
est bien fondée. J'espère que ce que je viens de dire et ce que
je dirai plus tard, attirera l'attention sur ce sujet, et que l'Angle-
terre ne restera pas en arrière du continent sur une question
beaucoup plus importante que celle des armes.
Comme cela peut être un amusement pour quelques-uns de vos
lecteurs de voir une machine s'élever dans l'air par des moyens
mécaniques, je vais terminer cette étude par la description d'un
instrument de ce genre que chacun peut construire avec dix minu-
tes de travail.
aetb(fig. 51) sont deux bouchons de liège, dans chacun des-
quels sont insérées quatre plumes d'ailes d'oiseau, avec une incli-
naison légère comme celle des ailes d'un moulin à vent, mais in-
clinées dans une direction différente dans l'un et dans l'autre.
(i) Il t'afflt ici d'tto grand modèle de planeur analogue à ceux qa*a
construits depuis M. Joseph Pline. {Note de la Rédaction).
— 209 —
Une tige cylindrique qui se termine en une pointe fine est fixée
sur le bouchon a. A la partie supérieure du bouchon b est fixé un
arc en baleine, avec un petit
pivot à son centre pour re-
cevoir la pointe de la tige.
L*arc est alors tendu d'une
façon égale de chaque côté de
la portion supériem de la
tige, et lat>etite maehine est
en état de fonctionner. On
ftàt enrouler les cordes de
Tare en tournant les volants
en sens contraires jusqu'à ce
qu'elles ne puissent plus
s'enrouler. On place alors
sur une table le bouchon
auquel "l^arc est attaché, et
un doigt sur l'autre bouchon
on presse assez fort pour
empêcher la corde de se dé-
rouJer, puis tout d'un coup
on enlève le doigt, et l'ins-
trument s'élance au pla-
fond (l;.
Telle fut la première ex-
périence que je fis sur ce su-
jet en Tannée 1796 Si au
lieu de ces petites plumes
de larges plans contenant ensemble 200 pieds carrés environ,
étaient placés de la même façon ou dans quelqu'autre position
plus convenable, si elles étaient mues par une force motnce ini-
tiale ou par quelque moteur d'une force convenable, le même ré-
sultat se produirait, et ce serait peut-être le meilleur appareil as-
censionnel qu'on puisse trouver. Mais la rapidité de translation
est le grand objet, et elle exige une construction différente.
(La suite prochainement).
Traduction do M. Hasehfbld,
Interprète jttpé, ancien élève de rEcole polytechnique.
(l) Unwue sir George Cavley fit fonctionner en Angleterre Vjf^^^fJPit"'
décÂt ei-déssu», il avait dé/à été inventé en France dW m»n*^JJ »^»^^^^
' )ar Launoy et Bienvenu. ActueUement on a rwaplacé l ard
Figure 51.
ment identique par
de baleine par le caoutchouc^
{Note de la Rédaction.)
— 210 —
LES BREVETS RELATIFS k L'AÉRONAUTIQUE
{Suite).
Brevet d'Imyemtion, n* 91, 185, pris par M. AugruBte G-uiot,
le 22 décembre 1870, pour une corde appropriée à l'usage des
ballons captifs.
Avec l'emploi des cordes ordinaires, les ballons captifs ne peu-
vent être portés à toute la hauteur désirable, parce que les cordes
qui les retiennent sont sujettes à se rompre par leur propre poids
au-delà d*une certaine hauteur, qui dépend railleurs de la nature
et de la qualité des fibres.
L'inventeur a imaginé une corde capable de soutenir toujours
son propre poids.
La corde est composée de tronçons reliés Tun à Tautre succes-
siven^ent par des épissures et de' fortes ligatures ; ces tronçons
ont des épaisseurs inégales, d'autant plus grandes qu'ils occupent
des positions jplus élevéesl
Etant donne le rapport des aires des sections transversales de
deux tronçons consécutifs, la longueur de celui qui est au-dessus
de l'autre se calcule d'après la condition qu'il soit capable de
soutenir son propre poias et le poids de tout ce qui est au-des-
sous de lui, et qu'il ait toute la longueur que comporte cette
condition. Quand le rapport d'accroissement des sections est
constant pour toute la corde, on trouve des longueurs égales pour
tous les tronçons au-dessus du premier. Il suffira souvent de
tripler ou de quadrupler la longueur de la corde, ou même seule-
ment de la doubler, ce qu'on obtiendra en ajoutant un nombre
convenable de tronçons. Il est vrai que par ces additions succes-
sives de tronçons de plus en plus épais, le poids de la corde peut
devenir considérable, mais on peut toujours donner au ballon un
assez grand volume pour qu'il soutienne la corde totale.
On trouve que pour réduire l'augmentation du poids de la corde,
il est avanta^ux de rendre plus petits et plus nombreux, par
une diminution du rapport d'accroissement des sections, les
tronçons au-dessus du premier qui conserve la même longueur.
On ODtiendrait le moinore poids possible par une même longueur
de la corde totale dans le cas d'une infinité de tronçons infiniment
petits dans leur longueur, satisfaisant toujours aux conditions du
Sroblème. Dans ce dernier cas la surface discontinue de la corde
evient une surface courbe continue, dont la section faite par un
plan passant par l'axe et une logarithmique.
Ce système de corde fournit le moyen de porter les ballons cap-
tifs pratiquement à la hauteur de 2000, ou même 8000 mètres, et
théoriquement à des hauteurs qui ne sont limitées que par l'ex-
cessive raréfaction de l'air.
Pour analyse conforme^
J. Castel.
Le Gérant: Feux Carqn.
CLERMONT (OISE). — IMPRIMERIE A. DAIX, RUE DE CONOé, 27.
— 211 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ajant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAironaute, avec l'indication du prix qu'ils en
«emandent.
Solution complète de la Navigation aérienne, par le docteur Amédée
Reynal, de St-Cyprien (Dordogne). Une brochure in- 12, chez Bonnet,
imprimeur, cours Tourny, x5. Périgueux.
Les poussières de l'air par Gaston Tissandier, ouvrage accompagné
de 3a figures, et de 4 planches hors texte, chez Gauthier Villars, quai
des Augustins, 53.
Bau <AIex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons; Fur
feuefwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbilduneen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8<> 112 pages^ à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 1 1.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vtncenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel licéo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia
Société Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabiliment«
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières années de TAiRONAUTB sont actuellement en
vente aux prix suivants :
Ahn^ 1868, 9 livraisons (très rares) 20 >
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Aimtes 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons ... 12 »
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Années 1878, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 liiraisons. • . 6 »
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La oollbotion complètb, ayec Tannée 1877 90 »
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La collection de TAJacNAUTS forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAiRONAUTB, à reconmiander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiqi^es
comprenant la totalité des ouvrages aéronauti5[ue8.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de l'AiRONAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix pouvant aller jusqu'à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
L'A.ÉIl01SrA.TJTB
SOMMAIRE
JUIL-LET 1877
Monument commémoratif de la catastrophe du Zénith érigé à
Ciron, parM.G-astoxxTissaudier (une grande gravure dans
le texte).
Les Machines Compound par M. Xiéon Xjeziicollais, ingénieur
de constructions navales (trois grandes gravures dans le texte).
De l'Influence de la queue dans le vol des oiseaux par M. le X>'
£i. Q«ch.a6siii-Ijafi.te (cinq gravures dans le texte).
Sur la Navigation aérienne, par sir George Cayley, traduction
de M. ï£asexifeld, interprête juré, ancien élève de l'école
polytechnique (trois gravures dans le texte).
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par M. X Oastel.
Bibliographie.
l'a^ronautk parait tous les mois
rédaction et ABONNXMBNTfl
9S- RUE L.AFAYETTE,
prix J)Z l'année courante :
Va numéro t TV centime*
Paris : 6 fr. par an. -* Départements : 7 fr.
AUTRIOHB-HONaRIB, DANEMARK, EgTPTE, BsPAONS, QrANDK-BeBTAORB
GrAob, Italie, Luxembourg, MoNTÉNÉaRo, NorwAge,
Pays-Bas, Portugal, Boumanie, Russie, Serbie, SuAdb, SuiaaB«
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d'AmiCriqub: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata bt Antilles : 12 fr.
Gbinb, Inde, Coohincbinb, Birmanie, Siam, Japon, âustraub,
PiROU, Chili, Bolivib : 15 fr.
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Moe abonnés en retard «ont instamment priés de i
envoyer de suite le montant de leur sonserlpttoa,
•Si RUB EiAJPAVBTTB, •»
^_^^ 1* — — — ——^
Ol«ni«flt*OiM. •» lapriaeric A. Dais rM àê QnM^ IT«
NAVIGATION AÉRIENNE
FOHDâ KT DIHiai PIK
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Xiauréat de l'Institut
(Acadtml* d« Sclencas}
10* ANNÉB, N« 8
AOUT 1877
PABII : 6 FRUtCS PAR AN. — DÎPARTEUEHTS : 7 FRANCS.
ON NUWtfRO : 75 CENTIMES
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 214 —
MM.
polytechnique, membre du Jiiry d'admission à l'Exposition
1878 ; Cil. du Hauvel d'Audreville, ingénieur des Arts et
Manufactures ; BCureau de Villeneuve, lauréat de l'Institut ;
Q-astou Tissaudier, membre du Jury d'admission k l'Exposi-
tion de 1878 ; Albert Tiseaudier, architecte. Le comité ne se
considère pas comme responsable des opinions scientifiques émises
par les auteurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux
relatifs k l'art militaire adressés à la ré<&ction, sont renvoyés à
M. le Ministre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
L'appareIl Haenlein, par M. O. JB^rion (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par M<t Sergre Mikoiinizie (deux
gravures dans le texte).
Etude expérimentale de la résistance de l'air, par M. G-, de
la Jjaudelle» ancien lieutenant de vaisseau.
Les Ballons-Sondes, par !M. Adrien JDuté-Foitevin. (une
grande gravure dans le texte).
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le pianimètre polaire, par M. O. de Xia-
liarpe. ingénieur des Arts et Manufactures (huit gravures dans
le texte;.
Une Chaudière légère, par M. IB^élix du Temple, ancien
député (quatre gravures dans le texte).
L'ordonnance concernant les Montgolfières, par M. ECureaude
Villeneuve (quatre reproductions photographiques dans le texte).
Ecole pratique des hautes-études. Expériences sur le vol méca-
nique, par "M.. Victor Tatin (huit gravures dans le texte).
Les Travaux de la société aéronautique de la Grande-Bretagne,
traduction de M. IBCaseufeld, interprète juré, ancien élève de
l'école polytechnique (une figure dans le texte).
Monument commémoratif de Ta catastrophe du Zénith érigé à
Ciron, par M!. G-astou 'Pissaudier (une grande gravure dans
le texte).
Les Machines Compound par M. Xjéoxi Ueuicollais, ingénieur
de constructions navales (trois grandes gravures dans le texte).
De l'Influence de la queue dans le vol des oiseaux par M. le X>'
£1. GhacliaBsixi-ILiafi.te (cinq gravures dans le texte).
La bibliothèque, les archives et le musée du Cercle aéronautique
sont ouverts tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, 95.
Le Cercle possède des appareils au moyen desquels on peut
8*exercer aux manoeuvres aerostatiques.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de ^la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d a-
i ation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureaa
e Villeneuve, oirecteur de VAéronaute^ rue Lafayette, 95.
L'AERONAUTE
10* ANNÉE. — N" 8. — AOUT 1877
e-<-SSft49C»-»o
LE MOTEUR A PETROLE
0E MM. JuLius HOCK et C" de Vienne.
leurs de VAéronaute ont paru s'in.
ir à la lecture de l'article de M. E.
; sur le moteur américain de M.
)n. Le moteur à pétrole semble eu effet
Ueur pour la direction dans l'air.
trouvé récemment et d'une manière
assez singulière la description du moteur de|MM. Hock et G".
h'Aéronaute reçoit par échange un assez grand nombre
de publications scientifiques et industrielles d'Europe et
d'Amérique. Parmi ces publications se trouve El Plata
iTidustriaî, revue hebdomadaire qui paraît en espagnol à '
Buenos-Ayres. Cette revue dirigée par un français M. Mas-
senet, se tient très au courant des nouveautés scientiSques
et semble calquée sur la Revue Industrielle de Paris, ex-
cellente publication de MM. Fontaine et Buquet.
J'ai trouvé dans El Plata Industrial, la description du
moteur Hock et comme, par suite des excursions aérostati-
quesquej'ai faites en Espagne et en Italie, les langues de
cesdeux pay8mesontfamilières,j'ai fait la traduction delà
note publiée par M. Massenet.
La description a donc été traduite de l'allemand en espar
gnol et de l'espagnol en français. Il est possible que ces
deux traductions aient altéré le texte primitif; mais enfin
j'ai fait de mon mieux.
A. D. P.
— 216 —
L'objet da la machiiie Hock est de fournir aux petites indus-
tries im moteur dont la nécessité est universellement reconnue.
Dans la machine que noiis décrivons ici, l'agent moteur résulte
de la combustion du pétrole et de la ebaleur développée par cette
combustion. Le pétrole sa brCUe par petites quantités déterminées
à des intervalles réguliers ; une partie est à l'état liquide extrême '
ment divisé et une partie a l'état de vapeur. Ce mélange se fait
sans aucun danger et d'une manière continue dans le cjlindre,
derrière le piston qui doit recevoir la force produite par la com-
bustion. Le pétrole s'enflamme par le moyen d'une fbible flamme,
régularisée par la même machine.
FiouKB Sa. — Plan da la machine Hock.
On voit que oe nouvel appareil est complètement distinct des
Eaactiines à gaz, qui ne peuvent fonctionner que dans \bb grandes
villes ou les grandes fabriques. Il n'occupe pas un grand espace,
fonctionne avec uns sécurité supérieure à celle des machines ordi-
naires à vapeur et à gaz. '
La figure 52 représente un plan de l'appareil et la figure 53
une vue de face ; la figure 54 fait voir en détail la construction du
dépfttde pétrole et du système au moyen duquel se fait l'écoule-
ment du pétrole dans le cylindre ; la figure 55 représente l'appa-
reil qui sert à produire l'inflammation du gaz ; dans la figure 56
on voit le régulateur du mouvement.
La pétrole qui alimente la machine, se trouve dans le récipient
A (flg 54) dont le niveau peut-être modifié à volonté par la vis C,
qui fait descendra et relever un cylindre B ; un tube A' communi-
quant avec le dépôt A, permet d'observer le niveau à chaque instant.
Le tube E se trouve adapté d'un côté au couvercle du cylindre
Z, communiquant de l'autre cSté en B', avec le dépôt de pétrole A.
Dans ce tube on a réaervé une petite chambre et dans celle-ci,
une soupape E' qui s'ouvra et se ferme automatiquement.
Le tube courbe Ë, ec ta soupape F ont pour objet de diviser
le pétrole au moment de son entrée dans lecylindre. Le tube s air
F peut êtro placé dans différentes positions. Le niveau du pétrole
dans le dépdt A règle le trayail de la machine, ce travail étant
naturellemeut proportionnel au combustible employé.
Fiouu. 53. — Vae de ftce.
— 218 —
On enflamme par le mo^en suivant : Une pompe & air comprimé
est disposés de manière qu'une demi-sphère creuse de caoutchouc
K (fig 55) soit fermée par une chappe de fer ; celle-ci a une ouver-
ture qui peut se fermer et s'ouvrir avec une clefR, afin que si cela
est nécessaire, on puisae faire communiquer l'intérieur de la demi-
sphère de caoutchouc avec l'air atmosphérique. Une autre ouver-
ture de cette chappe se ferme avec une soupape de caoutchouc S.
s'ouvraut à l'intérieur nfîu que l'air puisse pénétrer dans la demi-
ephère.
FiGUKB 54. — Dépùt de pétrole.
Plus loin dans la chappe sort un tube F qui conduit l'air at-
mosphérique, comprimé par un bouchon T, dans un appareil H
qui sert à produire le gaz nécessaire pour enflammer le pétrole.
— 219-
Cet appareil à gaz est un cjlindre de fer, plein de pétrole d'un
poids spécifique de 0,89 au plus, L'iiir comprimé arrive par le tube
P dans le cylindre H, se transforme en un gaz combustible, appe-
lé air carburé et qui vient s'enflamiuer et se brûler sur un brU-
leur N' alimenté par le gaz qui sort en K de l'appareil H, passant
par un gazomètre LM.
La flamme horizontale du brCtleur J dépend de la pression qu'im-
prime à la demi-sphère de caoutchouc le bouchon T impressionné
par l'excentrique de l'arbre moteur.
FicuRB 55. — Appareil i, inflammatïoD.
Voyons à présont comment l'air pânctra dans le cjlindro et
comment se fait la sortie des produits de la combustion. Près du
couvercle du cylindre se trouve un espace X (flg 56) qui contient
2 soupapes B et C posées face à face et s'ouvrant de l'extérieur à
l'intérieur.
La soupape 0 sert à la sortie des produits de la combustion
composés d'acide carbonique et de vapeur d'eau mêlés avec les pro-
duits ^zeuz empjreiimatiques ; tous ces gaz s'échappent par le
retour du piston dans le cylindre, par suite de la pression exer-
cée dans la soupape C par l'excentrique W, lequel sert à vérifier
le ressorii W forme absolument la soupape. Dans l'ouverture
_ 220 —
placée devant cette soupape est un tube qui sert de sortie aux gaz
de la combustion, dont la température élevée peut être utilisée.
Le soupape d'admission de Fair B, sert en même temps à gra-
duer la qus^ntitë de pétrole introduit dans le cjlindre à chaque
•oup de piston, selon qu*il se trouve chargé avec plus au moins de
force par un ressort à boudin en acier et enfermé dans un étui mé-
tallique d*. L'extrémité supérieure du barillet B a un écrou à vis
qui permet de graduer à volonté la tension du ressort. La charge
de la soupape à air B détermine la quantité de pétrole qui entre
dans le cylindre. Si cette soupape n'est chargée d'aucun poids, le
piston n'aspire ni air ni pétrole, si elle est chaire à moins d'une
atmosphère elle ne s'ouvre pas et il n'entre plus d'air par la sou-
pape F, mais seulement du pétrole.
Figure 56. — Régulateur.
Dans les planches 52 et 53 on voit le volant Y, lapoulie de trans-
mission 0 et la pompe à eau W. Cette dernière sert à entretenir
une circulation d'eau entre les parois du cylindre Z, afin d'empê-
cher qu'il s'échau£fe trop et fasse vaporiser les huiles de graissa*-
ge, ce qui détériorerait lès surfaces frottantes.
— 221 ~
Pour pouvoir mettre en mouvement Tappareil, il suffit d'ouvrir le
robinet Q (flg 55), mettre le volant en mouvement et allumer le
bec K.
Le piston marcbe alors en avant dans le cylindre et le bouchon
T opérant danà la pompe de caoutchouc R, fait se dégager en J un
courant de gaz combustible qui s*enflamme en passant devant la
flamme fixe N\ pénétrant de suite dans le cylindre où il enflamme
le mélange qui s'y trouve.
Cette combustion développe une température élevée et une pres-
sion correspondante ; toutes les soupapes qui s'ouvrent vers l'in-
térieur se ferment avec explosion, le piston est poussé en avant,
transformant ainsi en travail une grande partie de la chaleur pro-
duite par la combustion. Plus tard le piston recule avec le volant,
comme cela arrive dans les autres machines. En répétant cette
série d'opérations, la machine se trouve en marche. Si la rapidité
s'exagère, le régulateur agit sur la soupape B en diminuant la
charge de celle-ci. Alors il entre plus d'air que de pétrole dans le
cylindre à chaque coup de piston et le mouvement se ralentité
Quand on désire arrêter la machine on ferme la clef B* (flg 54)
empêchant ainsi que le pétrole arrive, ou bien on ouvre le robinet
Q et l'air de la demi-sphère R passe dans l'atmosphèi^ aU lieu
d'entrer dans l'appareil à gaz.
La tradaction qui précède, nous donne la description du
moteur de MM. Hock et G^'^ mais ne noas donne pas leâ
résultats obtenus. J'avais entendu parler déjà du moteur
Hock, mais on m'avait dit qu'il n'avait pas fourni tous les
résultats qu'où eu attendait. Il me suffît d'avoir fait con-
naître les détails de l'appareil.
Peu de temps après que J'eusse traduit l'article de£{
Plata industrial^ je vis annoncer dans les brevets pris en
France et recueillis par M. Gastel un brevet de la Société
Julius Hock et compagnie. Je crus que j'avais perdu mou
temps en faisant une traduction, mais je m'aperçus bientôt
que j'étais dans l'erreur. Ce brevet de MM. Hock pris le 22
juillet 1876 sous le n"" 113,870 a bien trait à un moteur à
combustion intérieure. Mais on j brûle du coke> ce qui le
différencie considérablement de l'appareil décrit ci-dessus.
C'est autant que j'en puis juger une reproduction peu mo-
difiée dn moteur Belou. Je ne suis pas compétent en pa-
reille matière ; mais j'ai consulté des gens autorisés. lU
m'ont affirmé que le motear Belou n'était pas applicable h
la navigation aérienne, d'abord en raison de son grand
poids par cheval-vapeur, ensuite h cause de la prompte
usure du cylindre attaqué par les particules siliceuses pro-
venant de la combustion du coke ou de la houille. La tra-
duction que j'ai faite me semble donc avoir conservé tout
son intérêt.
Adrien DorÉ-PorrEviM.
UNE RECTIFICATION
e désire réparer autant que possible une bé-
vue que j'ai commise dana mon article inti-
tulé : les machines Compound, inséré dans la
livraison de juillet de î'Aéronaute.
J'avais voulu ajouter le dernier paragraphe
sur l'épreuve pendant que plusieurs personnes causaient
autour de moi; je faisais mes calcula tout en écoutant leur
conversation; j'en étais arrivé & trouver larésistance à l'a-
vant du ballon, résistance qui croît comme le carré de la
vitesse. Je ne songeai pas à élever le résultat d'une puis-
sance pour obtenir letravail et je produisis cette affirmation
que le ballon allemand armé d'un moteur Thornycroft ob-
tiendrait une vitesse de 12 mètres 868 par seconde. H au-
rait fallu prendre la racine cubique de 21,125 qui est de
2,7644 et multiplier par ce chiffre la vitesse de 3 mètres 80.
J'aurais ainsi obtenu le chiffre de 7 mètres 740 qui repré-
sente la vitesse vraie de l'aérostat de M. Dupuy de Lôme,
entraîné par une force de 1,267 kilogrammètres 50. Je se-
rais extrêmement désolé si les lecteurs de VAéronaute pou-
vaient croire qu'il y a eu de ma part autre chose que de
l'étourderie.
Il ne peut y avoir de doute 3urJ,la question de savoir si
on doit prendre la racine cubique ou la racine carrée quand
on voit que M. Dapuy [de Lôme lui-mâme dans son mé-
— 223 —
moire (page 54), s*est catégoriquement expliqué sur ce point.
11 dit :
c Si Ton parvenait à se mettre à Tabri des dangers que
présente une machine à feu portée par un ballon à hydro^
gène on ferait facilement une machine à gaz ou à air chaud
de huit chevaux de 75 kilogrammëtres avec le poids du
treuil à bras et de huit hommes dont on diminuerait le
chiffre de l'équipage. On brûlerait soit du gaz hydrogène,
soit un combustible liquide ou solide dont on prélèverait
alors le poids sur le lest de route. Le travail moteur serait
de 600 kilogrammètres, soit dix fois plus grand qu'avec le
treuil à bras et la vitesse de 10 1/4 kilomètres à l'heure
obtenue le 2'février s'élèverait avec le même aérostat à
22 kilomètres à l'heure. »
Il est évident d'après cette phrase^que M. Dupuy de Lôme
ne comptait voir s'accroître la vitesse de son aérostat que
comme la racine cubique de la force employée. .
Léon Lenicollais.
Ingénieur de constructions na'vales.
^APPAREIL DE LOCOMOTION AÉRIENNE
X>e M. Félix DU TBMJPLE
OS lecteurs nous ont fait connaître l'intérêt
qu'ils avaient pris à la lecture du brevet de
M. Félix du Temple relatif à la . construction
d'une chaudière légère. Us nous ont de plus
exprimé le désir de connaître son brevet
d'aéroplane. En effet on a beaucoup parlé dans le public
du projet d'appareil aérien de M. du Temple ; mais le texte
même de son projet n'a jamais été publié. Ce brevet est
postérieur au brevet anglais de Henson avec lequel il a de
nombreux points de ressemblance.
Voici les principales différences: Henson avait construit
deux hélices latérales à axes horizontaux ; M. du Temple
n'en a qu'une placée au milieu. Les plans de soutènement
8.
— 224 —
de Henson étaient horizontaux, ceux de M. du Temple
sont légèrement relevés en dehors.
Les aéroplanes semblent aujourd'hui être très en faveur
chez tous les peuples. On en construit en Amérique et en
Russie, on en projette en Angleterre.
Nous pensons que nos lecteurs seront satisfaits de con-
naître, non-seulement le projet primitif de M. du Temple,
mais les modifications qu'il y a apportées depuis.
E. W.
Brevet d'invention, n^ 32,031 pris par M. Félix-Jean-Marie
du Temple, le 2 mai 1857, pour un Appareil de locomotion aé"
rienne par imitation du vol des oiseaux.
Rien jusqu'ici n*a été inventé dans le monde physique qui n'ait
déjà été produit par la nature.
Guidé par cette idée et ayant assez de loisir pour étudier la ques-
tion qui fait Tobjet de ma demande, je me suis mis à examiner
attentivement comment Foiseau en général s*élève, vole horizon-
talement et se pose.
De cet examen, j*ai tiré les conclusions suivantes :
En général Toiseau, surtout celui de grande taille, ne s*élève et
ne vole qu'en raison d'une vitesse acquise ; cette vitesse il la prend
pour s'élever, soit en courant sur la terre, ou sur Teau, soit en se
précipitant d'un point culminant.
Une fois arrivé à une certaine hauteur qui lui permette de voler
horizontalement, d'un coup d'aile il se donne de la vitesse, étend
ses ailes et sa queue de manière à former avec elles un plan aussi
parfait que possible et marche ainsi en avant sans mouvement
d'ailes apparent et sans tomber d'une manière sensible. Il est clair
que s'il avait un moyen de se procurer de la vitesse indépendant
de ses ailes, il n'aurait pas besoin de les mouvoir et continuerait
de voler horizontalement tant que la vitesse serait la même. La
partie antérieure de son corps et du plan de ses ailes est alors
plus élevée que la partie postérieure, en d'autres termes, l'oiseau
fait, avec le plan de ses ailes et de sa queue déployées, un angle
aigu avec l'horizon.
L'air s'engageant sous les ailes et la queue avec la vitesse que
l'oiseau s'est imprimée, détermine une force normale au plan de
ces ailes et de cette queue. Cette force produit une composante
verticale qui détruit la pesanteur de l'oiseau, exactement Teffet
produit par le vent sur un cerf volant ; seulement dans le cas qui
— 225 —
nouB occupe, c'est la surface qui va au devant de Tair ou qui frappe
rair.
Le centre de gravité est toujours au-dessous et dans la verti-
cale du centre de résistance produit par les ailes et la queue dé-
ployées. Il n'y a de stabilité pour Toiseau qu'à cette condition.
Le moment de la résistance des surfaces des deux ailes par rap-
port au centre de gravité est égal au moment de la surface de la
queue par rapport à ce même centre.
Le mouvement ascensionnel et le mouvement contraire sont dé-
terminés par la plus ou moins grande inclinaison de la queue au-
dessus et au-dessous du plan des ailes en changeant la relation
4'équilibre qui existe entre ces deux moments.
Planche 5y, — Projection verticale.
La direction dans le sens horizontal est donnée par les voiles ou
par la queue. L'oiseau présentant peu de surface dans ce sens, la
plus petite force peut produire ce mouvement.
J'ai calculé le rapport qui existe et qui doit exister entre le poids
d'un oiseau (ou d'une machine construite comme un oiseau), la
surface de ses ailes et de la queue déployées, la surface de la sec-
tion représentant l'épaisseur du corps et des ailes de l'oiseau
angle sous lequel le plan des ailes et de la queue doit être place,
•• PignM 1 «n haat, prajactioa Tcrtietla da toM raf^tutil ; Agora t, projaction 1
bOTÛontai
'Bi>dU1«: flgni«3, «a bu à droit*, projaction UngitndtDilo de IftsaMU*; Bgara^, projeMion
— 228 —
par rapport à Thorizon, la vitesse qu'il doit s'imprimer ou la force
a développer pour que le vol ait lieu.
Ces calculs sa sont trouvés corroborés par les expériences que
j'ai faites sur les oiseaux et sur un appareil construit comme un
oiseau.
C'est pour cet appareil basé sur les remarques que je viens d'é-
noncer plus haut et sur les calculs où. elles m'ont conduit, que je
fais la demande d'un brevet d'invention.
Cet appareil se compose de sept parties principales :
1« Une nacelle ou une coque pouvant renfermer un moteur ;
2» Deux ailes fixes ;
3^ Une queue horizontale mobile ;
4* Une queue vertict^le mobile ;
&> Trois pattes ou pieds ;
6« Uiîe hélice ;
7» Un moteur quelconque tel que la vapeur, l'électrioiti, l'élee-
tro-magnétisme etc., agissant sur cette hélice et renfermé dans la
nacelle.
Le plan ci-joint représente mon appareil dans les figures 1 et 2
(planche 58) sous une échelle de 3/4 centimètres pour mètre ; dans
les autres figures sous une double échelle.
La figure 1 est l'appareil volant, vu de profil par l'arrière, ou
une projection verticale perpendiculaire au plan des ailes et au
plan longitudinal de la nacelle.
La figure 2 est une projection horizontale de Tappareil, les ailes
et la queue déployées horizontalement.
La figure 3 est une projection longitudinale de la nacelle, ou de
l'appareil prêt à fl|*élever et n'ayant que les rudiments des ailes et
de la queue.
La figure 57 est uneprojection verticale perpendiculaire à la pré-
cédente et au plan horizontal. '
La figure 4 (planche 58) est une seconda projection. horizontale.
La nacelle NN aura quatre mètres 30 centimètres de long, 1
mètre 86 centimètres de large, 1 mètre 40 centimètres de creux.
Elle peut âtre faite en bois léger ou en cornières, ou encore en tu-
bes de métal, ou enfin tout autre matière. Cette nacelle légère-
ment construite, sera fortement liée dans sa construction, c'est-
à-dire que chacune de ses parties sera tellement solidaire l'une
de l'autre, qu'elle n'éprouvera aucune torsion dans les efforts
qu'elle aura à supporter.
L'espace MM sera occupé par la machine destinée à faire mou-
voir l'hélice. La partie CC sera occupée par le générateur du mo-
teur, ]a chaudière, par exemple, si l'on emploie la vapeur.
Entre U machine et la chaudière, sur nu grillage marqué G,
âg : 3, se placera le chauffeur de la machine. Le com
placé BUT les cbtéa de la chaudière. Sur l'arrière en Bl
les bancs sur lesquels s'assiéront le conducteur et le:
Le conducteur aura sous la main une roue sembla
de gouvernail des navires, faisant mouvoir la q^ieue 1
une corde agissant au moyen de poulies sur la que
Cette nacelle pourra rester àjour et par conséquent
résistance à l'air ou être revâtue à l'extérieur d'une t
ou de caoutchouc, de manière à pouvoir servir de.bi
cas d'une chute de l'appareil dans l'eau.
Les ailes A A auront 17 mètres de long et seront <
deux pièces de bois croisées et réunies solidement ei
plus petite passant par-dessus la plus grande ; C'
j'appellerai les nervures des ailes seront en, bois évi
représente la 8g. 6, section perpendiculaire à la lo
pièces ; ces nervures pourront aussi être en cornière
de métal. Les nervures les plus longues porteront ei
le bord de la nacelle et iront s'engager en T T sou
posé, en se croisant. Elles seront solidement fixées
pointa par des liens et des taquets qui les empêcheri
BUT le bord. Les deux autres nervures seront liées s
ta nacelle en V V.
Des cordes légères assez fortes seront tendues pars
différents points de ces nervures et aboutiront au b
celle, de manière à former un réseau qui supporten
duit par l'air aur une toile légère et gommée tendue
cette toile se posera et s'enlèvera comme la toile di
moulin à vent.
La queue horizontale QQ sera formée de trois nen
triangle, fig. 2 ; deux de ces nervures réunies en E
chées sur le bord de la nacelle en L et L' et retenue
nervures des ailes par des taquets, seulement l'att
llche permettra à la queue de prendre les difTéreni
indiquées fig. 3. Deux réseaux de cordes parallèles
les passera une toile semblable à celle des ailes, snp
fort produit sur cette toile par l'air. La queue étant
devant agir tantât en dessus, tantôt en dessous, deui
nécessaires. La queue sera mise en mouvement com
plus haut, par une roue R R agissant sur des mou
fixés en E & la jonction des deux nervures et dont 1
pliquer à la partie supérieure du cadre D D, l!autre
férieure.
— 230 —
La queue verticale Q' Q* sera composée d*un cadre de bois ou de
métal fig. 3. Une toile gommée sera tendue sur ce cadre qui» pî-
TOtant en F F, sera mû par la barre horizontale 0; cette barre
sera mise en jeu par des cadres passant par des poulies axées à
ses extrémités. Cette queue dirigera Tappareil de droite à gauche
et réciproquement.
Les pieds P P P au nombre de trois indiqués dans les figures 3,
57 et 4 et repliés horizontalement fig. 1, seront composés de bois
ou de tubes de métal. Ils seront creux renfermant un fort ressort
à boudin, ou tout autre moyen, pour amortir le^^hoc de l'appareil
lorsqu'il se posera à terre et articulés de manière à pouvoir se re-
lever horizontalement pendant le vol de l'appareil, ou reprendre
leur position comme dans les figures 8, 4 et 5 lorsque l'appareil
devra se poser à terre. Terminés par des roulettes d'un grand dia-
mètre et très mobiles, ils seront de telle longueur que l'appareil
au repos fasse, par le plan de ses ailes, un angle de 20* avec l'ho-
rizon, et liés entre eux par des cordes afin que tous supportent
également Tefiort produit par l'écartement.
L'hélice H H aura 4 mètres de diamètre, 7 mètres de pas, la
fractioji du pas employée sera de 3 décimètres. Les pâlies ou les
ailes de l'hélice seront en bois très-léger, elles conserveront leur
position respective, malgré leur légèreté dans l'effort qu'elles au-
ront à supporter, au moyen de deux fils de métal passant par
leurs extrémités et les reliant toutes entre elleTs comme dans la
fig. 57. De plus, 4 fils partiront de trois ailes en trois ailes et vien-
dront se fixer au tiers à partir du centre de la longueur de celle
qui la précède.
Je ne dirai rien du moteur qui peut varier suivant le progrès
que les sciences feront faire à l'industrie. Je puis dire cependant
que je compte employer la vapeur qui, sous un poids peu consi-
dérable, me doimera une grande puissance.
Une force de six chevaux sera nécessaire pour entraîner, au
moyen de l'hélice, l'appareil construit dans les proportions indi-
quées par le plan et pesant 1000 kilogrammes, à raison de 9 mè-
tres par seconde.
Aussitôt que l'appareil roulant sur ses pieds aura atteint 9 mè-
tres par seconde, il s'élèvera et devra alors être guidé au moyen
des deux queues qui acquerront une sensibilité fort grande par
suite du courant d'air produit par l'hélice.
J'ai donné à l'appareil une inclinaison de 20 degrés ; cette in-
clinaison est tout à fait facultative et varie suivant la vitesse ou
la force d'impulsion que l'on a à sa disposition.
Sans entrer dans des détails de calcul que ne comporte pas cette
— 231 —
demande, Je dirai cependant que pour mon appareil les angles fa-
vorables seront compris entre 3<» et 35» à 40®. Plus on approche de
3<>, plus la vitesse ou la force à développer est grande. Si Ton
tombe au-dessous de 3<>, toute vitesse imprimée ne tend plus qu'à
précipiter l'appareil avec plus de rapidité vers la terre. A mesure
que Ton approche de 45», la vitesse nécessaire devient de moins
en moins grande, mais alors la stabilité de l'appareil est compro-
mise sans pouvoir déterminer exactement la limite la plus favo*
rable, ce que l'expérience seule peut montrer, je puis fixer 35»
comme l'angle sous lequel la force à développer pour soulever
l'appareil de terre, est la plus petite ; cette inclinaison servira
beaucoup quand il s'agira de se poser à terre. 11 suffira de venir
raser le sol, prendre cette inclinaison et diminuer la vitesse d'im-
pulsion, jusqu'à ce que l'appareil puisse se poser sans danger.
^ Xai supposé le poids de l'appareil de 1000 k. s'il pesait 1250 k.,
sans rien changer dans la surface des ailes et dans l'angle d'incli-
naison du départ, il suffira de 3 mètres de vitesse de plus par se-
conde pour que l'appareil prenne son vol. Si nous diminuons de
moitié la suif ace des ailes, il suffira de deux mètres par seconde
de plus pour soulever les 1000 kilogrammes. Ai-je besoin de parler
de ma découverte au point de vue de l'industrie, je ne le pense
pas.
En supposant que mon appareil ne soit employé qu'au transport
rapide des dépêches et des voyageurs, son utilité serait sufiQsante.
Mais c'est au point de vue de la science que son rôle devient grand,
elle ouvre la dernière voie qu'il soit donné à l'homme de parcou-
rir.
Après avoir décrit la nature de mon appareil, de manière à pou-
voir en réaliser l'exécution, je désire qu'il soit entendu :
Que je revendique comme ma propriété privative, le vol d'un
appareil quelconque, produit au moyen d'une vitesse donnée à cet
appareil par un moteur quel qu'il soit. Cette vitesse se traduisant
en force capable de détruire le pesanteur de cet appareil, en agis-
sant par le moyen de l'air sur un système d'ailes et de queue dis-
posé d'après le plan que j'en ai donnétet suivant les principes que
j'ai développés.
Je revendique aussi l'idée d'appliquer l'aluminium à la cons-
truction des machines et appareils destinés à la locomotion aé-
rienne.
FiLIX DU Tempub.
Depuis vingt ans quo ce brevet a été pris, l'inventeur,
sans changper la forme générale de son appareil, tout en
— 232 —
maintenant ses oalculSi a sensiblement modifié son mode
de conatru3tion.
Après avoir essayé comme moteur, une machine à vapeur
h très haute pression, puis une machine à air chaud, à
basse pression, après avoir employé diverses matières pour
la construction, il espère aujourd'hui le succès avec l'ap-
pareil ainsi composé : (Figure 59)
La nacelle de 2 mètres 50 de longueur, 0 ~ 80 de largeur,
0" 70 de profondeur est un bâtis à jour que Ton peut re-
couvrir. Ce bâtis est fait de tubes d'acier de 0 " 03 de dia-
mètre, soudés hermétiquement h leur point de jonctioui
pouvant contenir 10 litres d'eau, eau de réserve ou eau de
eondensation, que l'inventeur compte aisément obtenir en
partie par les nombreux tubes de l'appareil, en partie de
tubes encore plus légers ajoutés h cet eflfét.
Les pieds sont également en tubes d'acier, les deux de
l'avant de 0 "035 de diamètre, 1 " 50 de longueur, celui de
l'arrière de 0 "» 04 de diamètre, 1 " 10 de longueur.
Les ailes sont formées chacune d'un tube ayant 15 "* de
longueur 0 ■ 11 de diamètre en son fort, 0 "* 02 à son extré-
mité, par décroissance légère d'abord, puis rapide à l'extré-
mité, courbé dans son milieu ; une charnière en E et en F
permet de les replier. Ce tube fait de plaques d'aluminium,
îoulées et rivées, d'épaisseur décroissante est muni en des-
sous de petits crocs de bronze d'aluminium auxquels s'ac-
croche la soie gommée qui forme la surface des ailes, soie
qui se tend par des attaches le long des bords delà nacelle.
Un mât placé en I sur la nacelle^ les pieds et plusieurs
petits arcs-boutants placés sur le coude des tubes des ailes
permettent de donner aux tubes la force de supporter le
poids de la soie et l'effort du vent sur cette soie*
La queue composée de» deux tubes d'aluminum réunis
par une charnière et tenue à distance à angle droit par un
tube d'acier en G H est aussi recouverte de soie. Elle porte
sur une douille placée aii milieu du tube d'acier et enga-
gée dans un tenon faisant partie de la nacelle. Elle a ainsi
le moyen de manœuvrer dans tous les sens. A l'exception
de la queue qui est mobile, la nacelle, les ailes, les pieds
et le mât une fois réglés forment un tout dont les relations
ne changent plus.
— 233 —
o
.9
o
,a
a
o
0>
S
O
— 234 —
Le générateur est employé à 8 atmosphères. C'est le même
qui a donné lieu à la prise du brevet que nous avons,
reproduit (Aéronaute) 1877 ; la machine à deux cylin-
dres oscillants conjug^ués à ang'le droit sur l'arbre. L*hélice
a 3 mètres de diamètre, elle a six branches faites de tubes
d'acier, recouverts de soie et emmanchées sur l'arbre. La
machine et l'hélice forment un tout indépendant qui posent
en G D par un tube d'acier sur deux coussinets faisant
partie de la nacelle. Cet ensemble peut à la volonté de
l'opérateur, monter ou descendre en tournant sur Taxe
C D et changer ainsi la direction de la traction opérée par
l'hélice ainsi que son rappgrt avec le centre de voilure ou
de surface et avec le centre de gpravité.
Ce mouvement se fait au moyen d'engfrenagfes en^agrés
sur deux pignons placés sur un arbre d'acier en A6 et au
moyen d'un autre arbre à vis sans fin actionnant ce der-
nier.
La nacelle pèse • , 10 kil.
Les ailes et laqueue , 11 —
La soie des ailes et de la queue 11 —
Les pieds 4 —
L'hélice 5 —
La machine et le générateur 59 —
• Total 100 kil.
L'appareil sur ses pieds a donné au moyen de son hélice
20 kilos de traction au dynamomètre soit 20 kilos pour 100
kilos de poids en mouvement. Saus pouvoir établir d'ana-
logie, sil'on considèreque lesfrégates blindées de 7,000,000
kilog. de poids avec 3 à 4000 chevaux effectifs ne donnent
que40»000 k. d'efforts au dynamomètre, c'est-à-dire le
175"* de leur poids, on peA espérer le succès d'un moteur
qui donne le cinquième de son poids comme traction.
E. WiLBON.
— 235 —
SUR LA NAVIGATION AÉRIENNE
Par sir George Cayley.
3»« article (1).
Au lieu d'appliquer l'action continue du plan incliné au moyen
d'un mouvement rotatif de surfaces volantes, le même principe
peut être employé par l'usage du mouvement alternatif de surfaces
en arrière et en avant et quoique la description écourtée, publiée
jusqu'à présent de l'appareil de M. Degen, puisse difficilement
justifier une conclusion sur ce sujet, comme le principe décrit
antérieurement doit être la base de toute machine destmée à la
navigation aérienne par des moyens mécaniques, je suppose que
la méthode adoptée par lui a dû être la suivante :
Figure 60.
Soit A et B (fig. 60) deux surfaces de p arachutes fixées sur de
longues tiges C et Dqui sont attachées aux extrémités d'une pièce
de bois E par le moyen de charnières ; en E se trouve un siège
commode pour l'aéronaute ; au-devant de lui est une barre trans-
versale tournant sur un pivot situé à son centre ; cette barre
étant attachée aux tiges des parachutes par les tringles F et G
mettra l'aéronaute en état de mouvoir alternativement ces tiges,
comme cela est représenté par les lignes ponctuées, si les tiges
verticales sont élastiques, ou ont ime charnière, qui leur permette
un mouvement un peu au-dessus de leurs extrémités, le poids et
(1) Voir les livrftisonSfde juin et juillet 1877.
— 236 —
la résistance des parachates les inclinera^ de manière à leur faire
prendre un petit angle avec la direction de leurs mouvements et la
machine s*élèyera. Un léger déplacement des parachutes d'un
côté, ou un changement dans la position du centre de gravité
permettront à Taéronaute de conduire un tel appareil d*une ma-
nière assez tolérable(l).De8 constructions bien meilleures peuvent
être entreprises en combinant les exigences de la rapidité, de la
commodité et de la direction.
G*est un grand point de gagné, quand une première expérience
démontre la possibilité d*un art ; et M. Degen quels que soient les
moyens par lesquels il ait exécuté son projet, mérite de grands
éloges pour son ingéniosité.
Traduction de M. Hasbnfbld.
interprète juré, ancieB élève de l'école polytechnique.
[La suite prochainement).
LES BREVETS RELATIFS k L'AÉRONAUTIQUE
(Suite)
Brevet d'Invention, n» 91,126, pris par M. Emile Buss-
cliop, ingénieur civil, le 28 décembre 1870, pour un système
d'aérostat résolvant le problème des voyages de long cours en
ballon.
Le système de Taérostat projeté a pour objet Taugmentation de
la durée des voyages aérostatiques et le maintien de Téquilibrede
flottaison pendant une période de dix à quinze jours. Cet inter-
valle de temps donnera à Taéronaute la faculté de se ravitailler et
de se procurer les produits nécessaires au renouvellement du gaz,
ce qui lui permettra de prolonger son séjour dans l'atmosphère
d*une manière indéfinie, tant qu*il n'aura point perdu de yue le
continent.
Kauteur croit arriver à la solution de ce problème par remploi
simultané d'une enveloppe métallique et de Pair chaud.
(i) Gommu on le sait, Dogea qui agitait de haut en bas deux ailes éonca-
ves autour de deux axes horizontaux, n^avait pas du tout appliqué les
idées que lui attribue sir George Cayley. 11 faut bien dire que, s'il avait
employé Tappareil de Tingénieur anglais, il n'aurait pas réussi davantage*
ÇNote de la Rédaction).
— 237 —
Il énonce ainsi ses principes les plus importants qui sont :
1« La température de Tair chaud dans les Montgolfières s^élève
habituellement à 150 et même 160 degrés centigrades.
2* L'emploi des enveloppes métalliques permettra d*éleyer la
température de l'air chaud jusqu'à 200 degrés et au delà et de créer
une force ascensionnelle égale au deux tiers de celle que procure
le gaz d'éclairage de qualité moyenne ;
3» Le choix du fer réduit à l'état de feuilles minces pour la
confection de l'enveloppe, sera préférable au choix de tout autre
métal;
4« La forme cylindro-sphérique donnée à l'enveloppe sera la plus
simple ;
5« La quantité de chaleur perdue par le refroidissement de l'air
chaud contenu dans un ballon à feu est au plus égale à la dixième
partie d'une calorie par mètre carré, par heure et pour un excès de
température d'un degré centigrade.
6« L'emploi des enveloppes métalliques et de l'air chaud aura
pour conséquences, la suppression du lest et son remplacement
par une provision de combustible d'où dépendra la durée du
voyage ;
7» L'emploi des ballons en tôle de fer et à air chaud permettra
d'atteindre sans qu'il en résulte de grandes dépenses, des pro«
portions gigantesques, les seules qui puissent amener un progrès
sérieux ;
S** L'équilibre statique de l'aérostat captif pourra se réaliser
avec le système sans l'aide d'aucun personnel si le vent ne dépasse
pas la vitesse de 7 à 8 mètres par seconde. Il suffira d'attacher le
cable de retenue ou d'arrêt à l'une des extrémités du ballon, non
plus à la nacelle, mais au filet, un peu au-dessous du plan méridien
horizontal passant par le grand axe de l'aérostat, l'autre extré-
mité du ballon devra rester libre de tout lien ;
9« La déviation de l'aérostat sur la ligne du ve;at, s'obtiendra
dans une certaine mesure, en retardant au moyen d'une disposi-
tion spéciale du câble d'arrêt, la marche du ballon sur celle du
vent.
L'aérostat aura une forme cylindro-sphérique ; l'enveloppe sera
donc représentée par un cylindre fermé à (jhaque bout par une
hémisphère ; le diamètre de ce cylindre sera de 25 mètres, et la
longueur totale de l'aérostat de quatre diamètres, soit cent mètres.
Le volume sera de 45,OC0 mètres cubes et la surface totale de
l'enveloppe aura un développement de 7850 mètres carrés. La
force ascensionnelle sera de 19,600 kilogrammes lorsque la tem-
pérature de l'air chaud aura atteint celle des Montgolfières et à la
— 238 —
température de 215 degrés, chif&e qui sera maintenu au départ,
cette force s*élèvera à 23,600 kilogrammes. La tôle pèsera par
mètre superficiel un kilogramme, il s'en suit qu'elle aura une
épaisseur de 0 mill. 13 ; les feuilles auront 80 centimètres de lar-
geur ou plus' et si c'est possible une longueur minimum de 1 m 50.
La partie cylindrique de l'aérostat se construira sur une aire
plane et les parties sphériques sur gabarits ; le âlet couvrant
l'enveloppe sera composé de 7 réseaux partiels faits en fil de fer
galvanisé ; les réseaux cylindriques comprendront trois parties
assemblées par l'intermédiaire de cordes, de bordures formées de
cinq fils n* 10 ; ces cordes sont parallèles aux génératrices du
cylindre.
L'air chaud sera produit par la combustion du charbon de bois.
Les générateurs de l'air chaud ou calorifères seront au nombre
de deux; chaque appareil sera placé à 15 mètres environ de l'ex-
trémité du pont ; dans les premières heures du voyage on brûlera
23 kilogrammes de charbon qui chaufferont 2260 kilogrammes d'air
de 10<> à 310» ou un mètre cube 038 par seconde, quantité néces-
saire pour compenser les pertes de force ascensionnelle dues au
refroidissement.
Le poids total de l'aérostat sera composé ainsi qu'il suit :
Enveloppe, y compris le rdcouvremeut des joints, la soudure et
les vernis 9.000 kil.
Filet formé par les sept réseaux partiels, plus les
cordes et bordures 860
Fils de suspension du pont 875
Pont 18 kil. 2 par mètre courant, plus les parties
renforcées 1 .500
Calorifères et cheminées 300
Sacs à charbon en toile 140
Câble d'arrêt, longueur 500 m. (les ancres pèseront
lOOkil.) 600
Câble de marche ; longueur 1100 m. (les appendices
pèseront 100 kil.) 600
Coihbustible 9.000
Poids à la disposition de l'aéronaute 825
Total égal à la force ascensionnelle à 215» 23.700
Pour analyse conforme^
J. Castkl.
Le Gérant: Félix Caron^^
CLERMONT (OISE). — IMPRIMERrB A. DAIX, RUE DE CONOé, 27.
— 230 —
BIBLIOGRAPHIE AERONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Solution complète de la Navigation aérienne, par le docteur Amédée
Reynal, de St-Cyprien (Dordogne). Une brochure in-i2^ chez Bonnet,
imprimeur, cours Tourny, i5, Périgueux.
Les poussières de l'air par Gaston Tissandier, ouvrage accompagné
de 3a figures, et de. 4 planches hors texte, chez Gauthier Villars, quai
des Àugustins, 55.
Bau (Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. FQr
feuerwerker und aile Freunde der Luftteuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8<> 112 pages, à Pa-
ris, chez KlineksUck, rue de Lille, 11.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vmcenzo rruscione professore di fisica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio e£Fettivo délia
Société Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières années de rAiRONAUTs sont actuellement en
vente aux prix suivants :
AimiR 1868, 9 livraisons (très rares) 20 »
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La collection de TAéronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les aocu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAéronautb, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de rAsROMAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix pouvant aller jusqu'à 8 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
IL,'A.ÉIlOISrA.XJTB
SOMMAIRE
AOUT 1877
Le Moteur a pétrole de M. Julius Hock, par M. Adrien
Duté-Poitevin (six gravures dans le texte).
Une Rectification, par M. Xjéon ILien.icollaiB, ingénieur de
constructions navales.
L'Appareil de Locomotion aérienne de M. Félix du Temple, par
M. E. Wilson (cinq figures dans le texte).
LA Navigation aérienne, par sir George Cayley, traduction
de M!. îllaseiifeld, interprète juré, ancien élève de l'école
Sur
de
polytechnique (une gravure dans lé texte).
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par ]\£. «J. Oastel.
Bibliographie.
l'aéronautb parait tous les mois
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Grèce, Italie, Luxembourg, Monténégro, Norvège,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suâde» Suisse*
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États-Unis d'AmiSrique: 9 fr.
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M. Bureau de Villeneuve, rue Lafajette, 95.
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envoyer de suite le montant de leur souscription.
Oltrmont-Oise. — Impriaeria A. Dais ne d« Cmiiê, S7«
NAVIGATION AÉRIENNE
rOUOi KT DIRlOi FAR
;il,E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Xisuréat de llnstitut
(Âcadtoii* dM SciaiicM)
10* ANKBB, N* 9
SEPTEMBRE 1877
p&Kia : 6 PRAHCa PAB AN. — DipiRTSNBNTS : 7 r
ON tnMÉRO : 75 OSKTIMBS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
— 242 —
polytechnique,
1878 ; Oli. du Hanvel d'Aiidreville, ingénieur 'des Arts et
Manufactures ; Hureau de Villeneuve, lauréat de l'Institut ;
Oaston Tissandier, membre du Jury d'admission à l'Exposi-
tion de 1878; Albert Tissandier, architecte. Le comité ne se
considère pas comme responsable des opinions scientifiques émises
par les auteurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux
relatifs à l'art militaire adressés à la réoaction, sont renvoyés à
M. le Ministre de la Guerre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
L'appareIl Haenlein, par M. O. ^rioxi (trois gravures dans
le texte).
Correspondance de Moscou, par ISI.. Qerge I^ikoiuiixie (deux
gravures dans le texte).
Etude expérimentale de la résistance de l'air, par 1V£. Gh. de
la Jjandelle, ancien lieutenant de vaisseau.
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le planimètre polaire, par A£. O. de Xja-
liarpe. ingénieur des Arts et Manufactures (huit gravures dans
le texte).
Une Chaudière légère, par Af . Félix du Temple» ancien
député (quatre gravures dans le texte}. .
L'ordonnance concernant les Montgolfières, par M. Sureau de
Villeneuve (quatre reproductions photographiques dans le texte\
Ecole pratique des hautes-études. Expériences sur le vol méca-
nique, par M. Victor Tatin (huit gravures dans le texte).
Les Travaux de la société aéronautique de la Grande-Bretagne,
traduction de M. Saeeufeld, interprète juré, ancien élève de
l'école polytechnique (une figure dans le texte).
Monument commémoratif de la catastrophe du Zénith érigé à
Ciron, parM!. Q-astou Tissaudier (une grande gravure dans
le texte).
Les Machines Compound par M. Xjéoxi Hjeuicollais, mgénieur
de constructions navales (trois grandes gravures dans le texte).
De l'Influence de la queue dans le vol oes oiseaux par M. le JD'
IC. Q-ach.a8sirL-iLtafi.te /cinq gravures dans le texte).
Le Moteur a pétrole de M. Julius Hock, par "M,. Adneix
IDuté-Poiteviu (six gravures dans le texte^
La bibliothèque, les archives et le musée du Cercle aéronautique
sont ouverts tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS.
Le Cercle possède des appareils au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aérostatiques.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'à-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute, rue Lafayette, gS,
L'AERONAUTE
10* iNNÉB. — S" 9. — SBPTBMBEB 1877
L'ÉOLIPYLE
FEU LE BARON SÉGUIBR.
ans le cercle des hommes qui étudient
l'aviation et ses résultats, ou connaît la
plupart des importants travaux de M. le
vicomte -de Ponton d'Amécourt. Or.
sait qu'il a construit des hélicoptères a
ressorts d'acier, un hélicoptère à vapeur
en aluminium, un orthoptère k va-
peur ; mais, ce que l'on ignore généralement, c'est qu'il a
construit un moteur rotatif h réaction de vapeur.
Les études de cet appareil mirent M. de Ponton d'Amé-
court en relation avec le haron Séguier qui s'était livré aux
mêmes études et avait notamment fait construire un éolî-
pyle à vapeur.
Cette machine que je puis faire connaître grâce à l'obli-
geance de M. de Ponton d'Amécourt était en fort mauvais
état quand elle fut remise entre mes mains. Je la fis répa-
rer par M. Jobert, dont l'habileté est suffisamment connue,
de sorte qu'elle a pu fonctionner d'une manière satisfai-
sante. Voicien quoi elle consiste :H H(fîgureei) estuntube
de fer en serpentin qui entoure un cône en tôle G percé de
trous. Le serpentin est contenu dans une corbeille formée
d'une grille de fil de fer C daas laquelle on met du char-
bon allumé. A sa partie supérieure le serpentin se conti-
nue avec un double tube horizontal T T recourbé à ses ex-
trémités et terminé par deux orifices 00. Par sa partie iu-
— 246 —
BIENVENU ET LAUNOY
I ans latraductioD que VAéronaute publie ence
M moment des lettres de sir George Cayley, im-
I primées en 1809 et remarquablement traduites
II par M. Hasenfeld, se trouve la description de
X neiicoptere primitif, dont sir George Cayley semble s'at-
tribuer l'inTention, vers l'aonée 1796. On pourrait suppo-
ser d'après ce texte et la note qui se trouve au bas de la
page, que Bienvenu et Launoy avaient bien inventé l'hé-
licoptère en 1784, mais que sir George Cayley l'avait
découvert de son côté en 1796.
Sir George Cayley, a-t-il réinventé ce petit instrument
après Bienvenu et Launoy, ou i'a-t-il connu directement
de ceux- ci, c'est ce que je vaia essayer d'établir d'après les
recherches que j'ai faites dans la collection de M. le D'
Bureau de Villeneuve,
Il est bien difficile dé savoir actuellementqui, de Launoy
ou de Bienvenu, eut le premier l'idée de cet appareil s'élè-
vaut mécaniquement dans l'air. lis l'ont présenté comme
une œuvre collective, faisons comme eux. Mais, noue pou-
vons voir ce qu'étaient ces deux hommes.
Eu consultant le Journal de Paris de 1784, on trouve sur
eux plusieurs renseignements.
. Nous apprenons que Launoy était naturaliste, qu'il étu-
diait le vol des oiseaux et qu'il demeurait rue Pl&trtère au
bureau des eaux minérales.
On y voit aussi que Bienvenu était ingénieur en instru-
ments de physique, qu'il demeurait rue de Rohan n" 18 à
Paris, et qu'il y faisait sur les gaz aériformes et l'électri-
cité, un cours expérimental dans lequel il montrait plu-
sieurs machines de son invention, parmi lesquelles aetrou-
vait nu canon aéro-pneumatique fondé sur le principe de
■ la détonation d'un làélange d'hydrogène et d'air au moyen
de l'étincelle électrique (voir le Journal de Paris du 30
juin 1783). Le cours était gratuit et avait lieu les mardis
— 347 —
et vendredis à 6 heures du soir. Mais Bienvenu n'était pas
riche et son cours n'était pas de na ture à augmenter son
aisance. Il donna donc des séances de physique expéri-
mentale à Paris.
Le public s^intéressait beaucoup à cette époque à la phy-
sique et payait volontiers pour voir des expériences aux-
quelles on assiste maintenant dans toutes les écoles. Pour-
tant il faut croire que le public parisien se lassa vite, car
Bienvenu prit le parti de transporter ses séances expéri-
mentales à l'étranger. Il était parvenu à former le cabi-^
net de physique le plus considérable du temps, surtoutpour
l'électricité. Pendant les années 1804, 1805 et 1806 il mon-
tra ses appareils et ses expériences en Allemagne, en Italie
et en Angleterre.
Ces périgrinations n'enrichirent pas encore beaucoup
Bienvenu, car en janvier 1822 à l'âge de 64 ans, il annon-
çait à Pai*is la vente du cabinet de physique qu'il avait
formé par les soins et les travaux de trente années.
n ne trouva pas de ses instruments le prix qu'il en dési-
rait, car il rouvrit son cabinet dans la salle Ghantereine en
décembre 1822.
Mais revenons à l'hélicoptère.
Voici la lettre qu'on trouve dans le Journal de Paris du
19 avril 1784.
Aux Auteurs du Journal.
Messieurs,
Nous ignorons quels sont les moyens dont M. Blanchard pré-
tendait se servir pour s*élever en Tair sans le secours d'un aéros-
tat, ni ceux qu*il à adoptés pour sa direction ; nous présumons
qu'il a reconnu Tinsuffisance des premiers, puisqu'il y a renoncé ;
à regard des seconds, Texpérience n'ayant pu avoir lieu, on ne
peut savoir ce qu'il en aurait obtenu. Voulez-vous bien nous per-
mettre de prévenir le public, par la voie de votre Journal, que nous
croyons être parvenus à pouvoir élever en l'air et diriger dans
l'atmosphère une machine par les seuls moyens mécaniques, sans
le secours de la physique?
Notre machine en petit, nous a parfaitement réussi. Cette ten-
— 248 -
tative heureuse nous a déterminés à en exécuter une un peu plus
grande, qui puisse mettre le public à portée de juger de la réalité
de nos moyens. Nous nous proposons, d'après elle, de faire Vqh-
périence en grand et de monter nous-mêmes dans le vaisseau.
Nous n'avons, dans ce moment, d'autre but que de prendre date et
nous attendons de votre goût pour les arts, que vous ne nous re^
fusiez pas cette faveur.
Nous avons Thonneur d'être, etc.,
Signé : Bienvenu, machiniste, ph/sicien, rue de Rohan, 18 ;
Launoy, naturaliste, rue Plâtrière, au bureau des eaux
minérales.
NoTB DBS RéDACTEURS du Joumal de Paris.
Avant de nous engager à insérer cette lettre de MM. Bienvenu
et Launoy, nous avons cru devoir nous assurer de Tessai en pe-
tit ; nous ne pouvons dissimuler que nous avons été singulière-
ment frappés de la simplicité du moyen qu'ils ont adoptés, et nous
attestons que cet essai, dans son état d'imperfection, s'est échap-
pé plusieurs fois de nos mains et a été frapper le plafond. Nous
ignorons ce que deviendra ce moyen appliqué en grand. Les au-
teurs paraissent n'avoir aucun doute sur le succès. Avant de pré-
venir le public sur la machine qu'ils travaillent dans ce moment,
nous en prendrons connaissance et ce ne sera qu'après des expé-
riences répétées, que nous en ferons mention.
Quelques jours après, Bienvenu et Launoy, présentaient
leur ouvrage à l'Académie des Sciences.
Entrait du registre manuscrit des procès-verbaux de r Académie
der Sciences.
Mercredi 28 avril 1784 (29« séance).
MM. Launoy et Bienvenu sont entrés et ont présenté un moyen
de faire enlever un corps dans les airs ; Commission : MM. Cou«
sin, Jeaurat, Meusnier et Legendre.
Samedi 1«>^ mai 1784 (20° séance}.
MM. Jeaurat, Couain, Meusnier et Legendre ont fait le rapport
suiTant :
Nous, conmiissaires nommés par l'Académie, avons examiné une
machine destinée à s'élever dans l'air ou à s'y mouvoir suivant
une direction quelconque par un procédé purement mécanique et
sans aucune impulsion initiale.
Cette machine imaginée par MM. Launoy et Bienvenu, est une
espèce d'arc que Ton bande en faisant faire à sa corde quelques
- 249 —
révolutions autour de la flèche, qui est en même temps Taxe de
la machine. La partie supérieure de cet axe porte deux ailes incli-
nées en sens contraire et qui se meuvent rapidement, lorsqu'après
avoir bandé l'arc, on le retient vers son milieu. La partie infé-
rieure de la machine est garnie de deux ailes semblables qui se
meuvent en même temps que Tare et qui tournent en sens con-
traire des ailes supérieures.
L*effet de cette machine est très simple ; lorsqu*après avoir
bandé le ressort et mis Taxe dans la situation verticale, par exem-*
pie, on a abandonné la machine à elle-même, Taction du ressort
fait tourner rapidement les deux ailes supérieures dans un sens,
et les deux ailes inférieures en sens contraire.
Ces ailes étant disposées de manière que les percussions hori-
zontales de Tair se détruisent et que les percussions verticales
conspirent à élever le moteur, elle s'élève en effet et retombe en-
suite par son propre poids.
Tel a été le succès du petit modèle du poids de trois onces^ que
MM. Launoy et Bienvenu, ont soumis au jugement de l'Académie.
Nous ne doutons pas qu'en mettant plus de précision dans l'exé-
cution de cette machine, on ne parvienne facilement à en cons-
truire de plus grandes, et à les élever plus haut et plus longtemps ;
mais les limites en ce genre ne peuvent être que très étroites.
Quoiqu'il en soit, ce moyen mécanique, par lequel un corps semble
s'élever de soi-même, ncras a paru simple et ingénieux.
Je présente maintenant cette observation que la pre-
mière lettre de sir Georg-e Cayley, est datée de 1809 et qu'il
y raconte une expérience qu'il avait faite en 1796 ; mais il
faut remarquer qne sir Georg'e Cayley, qui était un îng*é-
nieur distingué, suivait les travaux de l'Académie des
sciences ainsi qu'il le dit dans sa lettre imprimée dans
VAéronaute et que le 1" inai 1784, l'Académie avait fait un
rapport sur le petit appareil de Launoy et Bienvenu. De
plus, Bienvenu avait montré . publiquement à Londres son
cabinet de physique, et sir Georgre Cayley, amateur de oho*
ses nouvelles, avait dd aller le voir.
Je ne sais si Thélicoptère aura une valeur quelconque
dans Tavenir de la navigration aérienne. Mais par suite des
documents ci-dessus, je crois que, de toute manière, il faut
faire entièrement honneur de son invention aux deux fran-
çais, Bienvenu et Launoy. Félix Caron.
DES OSCILLATIONS ET VIBRATIONS DES CORPS
BUFLOTÉES COMUB HOTEN DE PHOPULSION.
njn lisant la collection ae l'Aéronaute, on se con-
I Tainc promptemcnt de ce fait, que l'aviation eatdès
I aujourd'hui possible en petit pour un très court es-
I pace de temps (jusqu'à préseat SO secondes au maxi-
Smum), mais que lorsqu'on veut augmenter, soit le
poids des appareils, soit la durée de leur action, on sa heurte
contre des diMcuItéa réelles. Cela vient de ce qu'on peut facile-
ment emmagasiner dans un ressort une assez grande quantité de
force qui se dépensa en un court espace de temps. Uais lorsqu'on
veut s'attaquer à un moteur qui développe à mesure la force qu'il
dépense, on a beaucoup plus de peine à réussir.
Deux perfectionnements sont donc à chercher, la création de
propulseurs meilleurs que ceux qu'on possède aujourd'hui, et l'a-
mélioration des moteurs aflu qu'ils puissent donner plus de force
aous un moindre poids. Je ne traiterai pas maintenant la seconde
question. J'ai fait construire dernièrement un moteur qui donnera,
je l'espère, de bons résultats, mais je désire n'en parler aux lec-
teurs de l'Aéronaute que le jour où ses essais seront terminés.
Je veux seulement parler aujourd'hui d'un propulseur qui a très
bien réussi dans l'eau et qni, je l'espère, réussira de mSme dans
l'air.
Ce recueil a plusieurs fois attiré l'attention du public sur l'étude
desorgsnes de propulsion applicables à la Navigation aérienne.
Les savants paraissent convaincus de l'utilité d'une étude plus
complète de ces organes. J'ai moi-même étudié cette question il j
a assez longtemps déjit, en expérimentant les effets des propul-
seurs agissant sur les solides, sur les liquides et sur les gaz.
J'ai remarqué que le plus grand nombre des propulseurs proposés
ou construits utilisaient le mouvement circulaire continu comme
par exemple la roue de la locomotive et la roue à aubes ou l'hé-
lice des steamers. Dans t-ous ces oi^ianes, la puissance motrice
produit de la force centrifuge, et il faut reconnaîWe que cette
force n'agit pas au béné&ce de la propulsion. J'ai voulu étudier les
organes k mouvement oscillatoire et vibrant pour voir s'il ne serait
pas possible de donner un effet utile à la force centrifuge pro-
duite.
— 251 —
Déjà, ayant moi, MM. Planayergne et Duroy deBmignao avaient
étudié le mouvement circulaire alternatif appliqué à la navigation
aérienne, mais ils ne Favaient pas employé de la même façon que
moi.
Dans beaucoup de cas, en mécanique, on emploie le développe-
ment de la force centrifuge pour obtenir un effet utile. Des corps
rigides auxquels on imprime un rapide mouvement circulaire con-
tinu développent la force centrifuge, laquelle s*emploie et se
modifie selon les effets qu'on en veut obtenir.
Mais les oscillations produites pour obtenir la force centrifuge
ont été rarement employées en mécanique. Les dames, au contraire
font de ces oscillations une application journalière dans Téven-
tail, qui, dans certaines contrées, est aussi employé pour aviver
le feu.
Cependant, si la science avait tourné les yeux sur ces oscilla-
tions, elle aurait observé des attractions et des répulsions impor-
tantes, des vides incipients, des courants qui s'élancent en plu«
sieurs sens ; et certainement elle en aurait tiré parti, si elle avait
remarqué (comme cela sera démontré expérimentalement dans ce
travail) que, à vitesse égale, la force centrifuge développée par
les conciliations des corps élastiques est plus grande que la force
centrifuge développée par un mouvement circulaire continu. Vou-
lant obtenir le même effet, la science aurait choisi le moyen le
plus avantageux.
Que Von n'objecte pas que, par le mouvement circulaire continu,
on évite les secousses et le tremblement, ce qui, au premier abord,
ne semble pas être possible avec le mouvement circulaire alterna-
tif; car, dans le mouvement alternatif d'un corps élastique, les
secousses et les trépidations sont parfaitement évitées.
Je n'ai pas encore eu l'occasion de faire des expériences compa-
ratives entre la puisAance de propulsion des hélices et celle des
lames vibrantes, et je n'entends pas avancer la moindre affirma-
tion avant de l'avoir préalablement confirmée par l'expérience ;
mais je puis assurer d'avance que des pertes semblables à cell^^B
occasionnées dans l'hélice par la force centrifuge, n'existeroit
pas, ou du moins seront très faibles dans les lames vibrantes
Dans rhélice, en effet, la force centrifuge projette l'eau selon \et
rayons, et dans un sens tout à fait inutile à la progression du
navire, tandis que dans une lame oscillante, surtout si l'angle
d'oscillation est petit, la force centrifuge projettera l'eau en sens
inverse de la progression du navire, et en conséquence d'une ma-
nière utile.
De plus, l'entrée des arêtes des ailes de l'hélice occasionne un
— 252 —
perte de force, perte qui n*existerait pas ayee les lames os-
cillantes.
Enfin, la force centrifuge, développée par le rapide mouvement
de rotation de Thélice, disperse beaucoup Teau, et Thélice vient
8*appujer sur une eau déjà mise en mouvement et peu solide, en
sorte que le recul est grand. La lame vibrante, animée d'un mou-
vement alternatif,. vient toujours s'appuyer sur des filets d'eau
qui sont dirigés en sens inverse de son mouvement (comme je le
démontrerai expérimentalement dans le cours de ce mémoire), et
la pression qui en résultera sera le maximum qu'on puisse désirer,
et occasionnera ainsi un plus faible recul.
DU MOUVEMENT OSCILLATOIRE ET VIBRANT DES CORPS, EMPLOYÉ COMME
PRODUCTEUR DE FORCE CENTRIFUGE.
Si, à une tige rigide (fig. 62) sur laquelle glisse une balle, on im-
FlGURBS 62.BT263.
prime des oscillations, on voit la balle s*éloigner du centre de
mouvement et se transporter à l'extrémité de la tige. Si au fond
d'un tube de cristal (fig. 64), on place une petite balle, et si l'on
imprime au tube des oscillations, camme dans le cas précédent, la
petite balle s'éloigne du centre de rotation pour se transporter à
ik
rextrémité du tube ; ai au liea d'une petite ballt on met de l'eau
au fond du tube, l'eau, comme la petite balle, ae transportera à
PiGUBES 64 ET 65.
l'extrémité supérieure du tube. Il 7 a là une manifestation de force
centrifiif^. Mais si l'on renouvelle la mSme expérience en faisant
usage de tiges élastiques ou de tubes élastiques, on remarque,
une augmentation extraordinaire, et pour ainsi dire inattendue,
de force centrifuge.
Première cause. — Si à la tige ligide ba (Ûg. 62), qui tourne
- sur le point c, on imprime des oscillations faisant décrire à cette
tige un arc de cercle de 45 degrés, la tige rigide occupera tantât
la position tfc, tant&t la position e c, et le point a décrira l'arc
d e.
Uaîs si 1b tige b a (fig. 63), au lieu d'être rigide, est élastique
tout en conservant la même quantité de mouvement, elle décrira
dans tous ses points des courbes plus grandes que dans le cas de
rigidité de la tige ; la tige élastique occupera alternativement les
positions li cete c, qui sont deux courbes, et le point a décrira la
courbe d e.
Quoi d'étonnant, si, à conditions égales, la manifestation de la
force centrifuge est plus grande lorsqu'on f^it usage de tiges élas-
tiques T
Ne savons-nous pas que la force centri&ge est propturtionnelle
— 25i —
au carré des vitesses da corps, et en raison inverse du rayon de
Tare qu'il décrit ?
Dans le cas de l'élasticité de la tige les espaces parcourus sont
plus grands.
Deuxième cause. -* Si àla tige rigide ba on imprime de rapides
oscillations, il s'ensuivra qu'il y aura des moments d'arrêt
continus et inûniment petits, et de brusques changements dans
la direction de la force.
Ces points d'arrêt et ces brusques changements dans la direc-
tion de la force ne peuvent qu'être nuisibles : l'inertie est tou-
jours là. Il n'en est pas de même quand la tige est élastique.
La tige élastique représente un ressort qui se tend et se détend
à tout instant et dans les moments les plus nécessaires. En ef-
fet, lorsque la tige élastique se portera d'un côté, il n'y aura pas,
pour ainsi dire, un moment d'arrêt, parce que l'effort qui portait
la tige de ce côté aura à peine cessé, que la tige, en vertu de son
élasticité, se redressera, et tendra^par elle-même, et automatique-
ment, à se porter dans la position opposée.
Et il est à remarquer que plus le mouvement sera intense, ra-
pide, et les oscillations grandes et plus la tige élastique se cour-
bera et se redressera à la fin de chaque course, pour aider le mou*
vement en sens inverse. En sorte que l'élasticité est le vrai volant
des mouvements rectilignes alternatifs et produit les mêmes bons
effets que le volant circulaire continu.
J'ai voulu m'assurer si, étant donnée la même quantité le mou-
vement, la manifestation de la force centrifuge est plus grande
dans le mouvement circulaire continu que dans le mouvement
circulaire alternatif sous un angle donné, en faisant usage de ti-
ges élastiques, et j'ai conclu en faveur du mouvement circulaire
alternatif à Taide de l'expérience suivante :
Une roue d'engrenage A (fig. 66) communique son mouvement au
pignon B, auquel est lié un volant Y. Sur ce volant est un point
excentrique P, qui peut glisser dans une coulisse pratiquée dans
le volant même pour avoir la facilité de faire varier l'angle. A ce
point excentrique vient s'articuler une bielle, laquelle, en s'arti-
culant avec l'autre^extrémité au balancier m, imprime à ce balan-
cier un rapide mouvement circulaire alternatif. Au centre de ce
balancier est fixé, à angle droit, un petit cylindre en cuivre n,
qui porte à son extrémité une tige élastique, dans laquelle glisse
une petite balle en bois. Cette balle, par le moyen de fils de soie,
se trouve reliée à une bague, qui peut glisser sur le petit cylindre
en cuivre, et la bague repose sur un ressort à boudin.
Si, par le mécanisme déjà décrit, on imprime un rapide mouve-
— 266 —
ment circulaire alternatif à la tige élastique, il est clair que la pe^
tite balle, à cause de la force centrifuge, s'échappera et, au moyen
des fils et de la bague, passera sur le ressort à boudin : la tension
du ressort pourra servir à mesurer la force centrifuge développée
par les oscillations.
9
Figure 66.
Mais si, en même temps, on fixe sur le volant une colonnette
B, laquelle supporte une tige rigide E, sur laquelle une petite
balle peut glisser librement, et munie d*un petit appareil destiné à
mesurer la force centrifuge et semblable à Tappareil déjà décrit et
appliqué à la tige élastique, on a à la fois, et sur le même appa-
reil, deux mouvements : Fun circulaire continu, l'autre circulaire
alternatif. J*ai observé que la tension du ressort est plus grande et
plus prompte dans le petit appareil adapté à la tige élastique ani-
mée d*un mouvement circulaire alternatif, que la tension du res-
sort appliquée à la tige rigide animée d*un mouvement circulaire
continu.
D*où résulte cette loi, que : A égalité de mouvement, la manifes-
tation de force centrifuge en se servant de corps élastiques est plus
— 256 —
grande dans un mouvement oscillatoire que dans un mouvement cif'
culaire continu.
Les principes que nous venons d^exposer donnent naissance à
deux applications :
1* Le régulateur à force centrifuge employé ordinairement dans
les machines, pourrait être facilement remplacé par une tige élas«
tique, le long de laquelle puisse se mouvoir une balle traversée
par cette tige, à laquelle la machine communiquerait un mouve-
ment rapide d*osêillation. La boule étant soumise à son poids et à
la force centrifuge, développée par son mouvement de rotation,
elle montera ou descendra selon que le mouvement d*oscillatioB
sera plus ou moins grand. En reliant cette boule d*une manière
convenable à la soupape d*admission, on obtiendrait les mêmes
effets que ceux du régulateur à force centrifuge de Watt.
2» Quel parti ne pourrait-on pas tirer, pour Télévation des li-
quides, de l'emploi de tubes rigides j>u élastiques, auxquels on
imprimerait de rapides oscillations ? (^lel effet utile ne rendraient
pas les pompes, si Ton imprimait un mouvement oscillatoire à
leurs tubes d'élévation, surtout si les tubes étaient construits
avec des matières élastiques ?
[La suite prochainement.)
Enrico Ciotti.
SUR LA NAVIGATION AÉRIENNE
Par sir George Cayley.
4"« article (1).
2* LETTRE AU NILCHOLSON JOURNAL.
Brompton, 6 novembre 1609.
J'ai, dans ma précédente communication décrit le principe géné-
ral du soutien dans la navigation aérienne, je m'efforcerai aujour-
d'hui de montrer comment ces principes doivent être appliqués,
de manière à devenir utilisables.
Plusieurs personnes se sont aventurées à descendre d'un ballon à
Taide d'un parachute.
(T) Voir les livraiions d'avril, juin et juillet.
*t
— 257 —
L'appareil ainsi désigné ressemble exactement à un large para-
pluie avec une petite nacelle suspendue par des cordes et placée
au-dessous. La descente de M. Garnerin, à Taide d*un de ces para-
chutes, est encore dans la mémoire de tout le monde. Je produis
cette remarque pour faire allusion aux oscillations continues et
au manque de stabilité qui ont, à ce qu*on dit, mis en danger cet
audacieux aéronautè. Il est à remarquer que les machines de
cette sorte qui ont été construites sont précisément les plus mau-
vaises possibles pour produire une descente régulière, but auquel
elles sont destinées.
Pour rendre notre sujet plus intelligible, qu'on nous permette
de rappeler que. dans un bateau flottant sur l'eau, la stabilité dé-
pend en termes généraux : d'abord de son poids et de la distance
de celui-ci au centre de la. section élevée au-dessus de Teau pour un
roulis donné du bateau, ensuite de son volume de jauge et de sa
distance au centre de la partie qui est plongée dans Teau. Les
effets combinés de ces deux agents, Tun pour descendre, l'autre
pour monter, produisent Yeffet désiré dans un bateau bien (sonS"*
trait. Le centre de gravité du bateau étant placé plus ou moins
au-dessous du centre de suspension, est une cause additionnelle
de sa stabilité.
Examinons maintenant l'effet d'un parachute représenté par AB
(fîg. 67). Lorsque l'appareil est penché dans la position a b, le côté
Figure 67.
A est devenu perpendiculaire au courant exercé par la descente, et
en conséquence, il résiste avec une très grande puissance, mais
le côté B est devenu plus oblique et par suite sa résistance est
de beaucoup diminuée.
— 258 —
Dans le cas présent, Tangle du parachute même est de 144«, et
si nous le supposons penché de 18*, la résistance comparative du
côté A au côté B, sera dans le rapport du carré de la ligne A
comme rayon au carré du sinus de l'angle du côté B avec le
courant; cet angle étant de 54» donne les résistances à peu près
dans le rapport de 1 à 0,67 ; cette dernière valeur devra être ra-
menée à 0,544 seulement, en estimant la résis1;ance dans une di-
rection perpendiculaire à Thorizon. De là il résulte que de quelque
manière qu'on regarde cette forme de voile ou de plan, elle opère
directement en opposition avec les principes de la stabilité; car
le côté qui doit tomber résiste beaucoup plus dans sa nouvelle
position, et celui qui devrait s'élever résiste beaucoup moins, de
sorte que, une inversion complète en serait la conséquence, si le
poids n'était suspendu beaucoup au-dessous de la surfiice qui,
contrebalançant cette tendance, convertit l'effort en une violente
oscillation.
Au contraire, supposons que la surface soit employée dans une
position inverse comme elle est représentée en C D (Qg, 68), qu'elle
••••va:
FiGURB 6S.
soit penchée suivant le même angle que précédemment, comme
le représentent les lignes ponctuées C D; ici on observe un ré-
sultat complètement opposé, car le côté qui doit être relevé a une
résistance plus grande obtenue par sa nouvelle position ; celui qui
est appelé à s'abaisser a perdu sa résistance, de sorte qu'une plus
grande puissance agit ici pour rétablir l'équilibre autant qu'elle
— 259 —
tend à la détruire dans l'autre cas, ce phénomène ressemble beau-
coup à celui qui a lieu dans un bateau ordinaire (1).
Cette forme angulaire, avec le sommet de Tangle tourné en
bas est la base principale de la stabilité dans la navigation aé-
rienne, mais comme la toile qui soutient le poids lui est attachée
dans sa course horizontale à travers Tair, elle doit présenter une
surface légèrement concave sous un petit angle avec le courant
ce principe peut être seulement employé dans Textensioii latérale
de la toile et elle empêche très efficacement tout roulis de la ma-
chine d*un côté à Tautre ; aussi la section du parachute (fig. 68),
peut également représenter la section transversale de toiles d un
appareil servant à la navigation aérienne (2).
. Le principe de la stabilité dans la direction de la route suivie
par la machine, peut résulter de plusieurs sources : soit AB (fig.
69) une section longitudinale d'une voile et soit C son centre de
Figure 69.
(1) Une expérience très simple montrera la vérité de cette théorie : Pre-
nez un morceau de papier, donnez-lui une forme circulaire, enlevez un
petit secteur, et vous ferez un cône obtus. Placez un petit poids au-dessous
du sommet et laissez-le tomber de haut la pointe en bas, il conservera sa
position jusqu'à terre ; inclinez-le, et si le poids est bien placé, il se re-
dressera ihstantanément comme un bateau de sauvetage.
{Note de l'Auteur.)
(2) Le conseil de sir George Cayley est très bon lorsqu'il s'agit unique-
ment de maintenir la stabilité et il a été suivi par plusieurs aviateurs
parmi lesquels il faut citer M. Félix du Temple dont l'appareil présente
. une face convexe en-dessous. Pourtant, il faut faire observer que si les
aéroplanes construits de cette manière, ont plus de stabilité, ils ont, à
surface égale, environ la moitié de force suspensive. C'est pour avoir né-
gligé cette restriction que Cocking a trouvé la mort : il avait construit un
parachute analogue à celui conseillé par Cayley, mais il n'avait pas aug-
menté ses dimensions. IL fit avec Qreen une ascension dans laquelle il se
ilt détacher du ballon à tine grande hauteur. Cocking tomba à terre avec
une vitesse effroyable et se tua.
{Note de la Rédaction.)
-- 262 —
M. Gratîen a commencé ses ascensions avec la montgolfière
Mars ; le premier juillet il devait partir de Lagny à 7 h. 1/2 du
soir, mais Taérostat ne s*ëleva qu*à 60 ou 80 mètres du sol et re-
tomba dans le terrain même du gonflement à une quarantaine de
mètres. M. Gratien voulut prendre sa revanche, et recommença le
dimanclie suivant ; cette fois il partit seul à 7 heures, et descen-
dit 35 minutes après dans la plaine à 2 kilomètres du point de
départ.
Le 15, malgré le mauvais temps et un vent violent. M, Gratîen
tenta une nouvelle expérience à Versailles ; mais tous ses efforts
échouèrent, le dépnrt ne put avoir lieu, un ouragan violent ayant
brisé les mâts et déchiré la montgolfière.
Le 8 juillet à Rouen, M. Porlié monta seul dans la nacelle de la
montgolfière le Mistral appartenante M. Goudesone, il partit à
6 heures et se dirigea vers les côtes de Bon-Secours ; il descendit
à 6 h. 40 à Boos après un traînage d*un kilomètre à travers les
blés.
Le 15, M. Porlié est parti delà promenade de La Hotoîe à Amiens
à 7 h. 25 du soir. Le Mistral prit la direction du N.-E, et descendit
sur le territoire de Rainne ville à 8 heures, les 10 kilomètres
avaient été parcourus en 35 minutes. M. Porlié a fait le 5 courant
une ascension à Liège.
Le 22 juillet, M. Goudesone avait annoncé à Lille l'ascension
du Mistral pour 5 heures ; mais le départ ne put avoir lieu qu*à
neuf heures. C'est alors seulement qu'il s'éleva dans les airs, mal-
gré la pluie et la nuit. La ^descente eut lieu dans les environs de
Rouchin.
M. Glorieux a fait le 11 juillet à Douai une ascension avec le
ballon le Jupiter , cubant 800 mètres. L'aéronaute était accompa-
gné d'un voyageur, le départ eut lieu de la place d'armes à 6 heu-
res. Le Jupiter prit la direction N.-E, et atterrit à Estumes-Houl-
chin (Belgique), à 9 heures du soir; la distance parcourue était de
110 kilomètres en 3 heures.
M. Eug. Godard a fait deux ascensions à Lyon avec un nouvel
aérostat cubant 160O mètres.
Le dimanche 22, le départ de la Ville de Lyon n*eut lieu qu'a-
près un violent orage ; mais le dimanche suivant, M. Eug. Godard
partit à 5 h. 50, en compagnie de quatre personnes ; l'aérostat,
après avoir plané à 6 heures au-dessus de la Mulatière, et à 6 h.
1x2 au-dessus de la grande place de Givors, touchait terre à 7
heures à Auberive (Isère).
Achille RouLAND.
k.
— 263 —
LES BREVETS RELATIFS h L'AÉRONAUTIQUE
(Suite)
Brevet d'Invention, n*» 91,099, pris par M. Melctiior Kolbens-
chlah., peintre, le 8 décembre 1870, pour des remorqueurs aé'
riens à nacelle au centre^ suivis de ballons captifs.
Chaque appareil dit Remorqueur aérien, est à son centre, de
Tavant à Tarrière, armé comme axe horizontal d*un arbre de trans-
mission ; ce dernier commandé par Faction motrice intériem'e
imprime le mouvement d'impulsion rotatoire à un ballon conique.
Trois hélices à l'arrière établissent un forage aérien. D'autres
ballons sont attachés au premier.
Brevet d'Invention, n<» 91,114, pris par MM. Pierre Ravel.
AnaclxarslB Ménier, Jean "MiéTiier^ UéopoldMémer et
IBugrène ACénier, le 8 décembre 1870, pour un ballon à air
chaud.
Le ballon de forme sphérique ou autre est muni, à sa partie
supérieure d'une soupape s'ouvrant de haut en bas ; à la partie in-
férieure du ballon sont pratiquées une ou plusieurs ouvertures
restant continuellement ouvertes.
La partie inférieure du ballon est reliée à la nacelle par un tube
d'étoffe ou de métal de grand diamètre, d'une longueur plu% ou
moins grande et communiquant à la partie supérieure du cylin-
dre. Au-dessus du foyer et au pied du tube sont placées une ou
plusieurs toiles métalliques servant à empêcher la montée dans le
ballon des flammèches qui pourraient provenir du foyer.
Le foyer est composé d'un disque constituant un récipient et
formant l'enveloppe de trois mèches circulaires d'amiante ; des
rangées de trous sont pratiquées à la partie supérieure du disque.
Ces éléments doivent former quatre flammes concentriques.
Le foyer est placé au milieu d'un cylindre de métal dont les
dimensions sont calculées de telle sorte que les vides concentri-
ques formés entre le cylindre et le foyer, et le foyer et le centre
ouvert du disque forment une surface libre au passage de l'air
égale à la section du grand tube communiquant au ballon.
Un réservoir contient du pétrole ou tout autre combustible li-
quide ; il communique au récipient par un tube métallique et
l'arrivée du combustible liquide est réglée par un robinet placé
sur le tube.
— 264 -.
Brevet d'Invention, n» 91,325, pris par M. Dutlxu, le 9 décembre
iSlOy pour un système d'appareil ou artfiature pour diriger les
ballons aériens.
Le système d*appareîl consiste :
1° En un axe vertical traversant le ballon en ligne droite en
passant par son centre et ayant pour point d'appui la partie infé-
rieure de la nacelle.
20 En des axes horizontaux de même forme dont le nombre et la
largeur sont proportionnés & la grandeur du ballon, et dont les li-
gnes sont coupçes dans leurs bases par la ligne de Taxe principal.
L'inventeur utilise ces axes conmie des mats auxquels il attache
des voiles puis se sert de la pression du vent pour diriger son ballon.
Une autre voile sert de gouvernail.
Brevet d'Invention n° 91,415, pris par M. Jean-Jacques Prigent,
étudiant endroit, le 3 janvier 1871, powr une machine aérienne
dite LIBELLULE MÉCANIQUE.
L'invention se compose de :
!• Une carcasse ovale en bois ayant la forme d'un oiseau et por-
tant quatre pieds pourvus de roulettes ;
2» Une queue mobile mue par un levier auquel est adapté un
cordeau d'amarrage.
3« Une petite machine à vapeur ;
4« Deux paires de roues accouplées en bois D, soit quatre roues
pourvues chacune d'une petite poulie à l'extrémité, poulie qui fe-
FlGURE 70.
çoit la corde de jeu musculaire des ailes et sert à leur communi-
quer un mouvement accéléré d'abaissement d'une amplitude de
— 265 —
trois mètres et plus à volonté ; ces roues reçoivent leur rotation
de deux engrenages communiquant avec le moteur. L*axe do ces
paires de roues à poulie est coudé de manière à opérer un mou-
vement de retrait des ailes et tendre ainsi aies faire remonter;
5» Deux paires d'ailes £ sans cesse étendues comme celles de la
Libellule naturelle ;
'6» Deux paires de barres transversales en bois F situées sous les
ailes et pourvues de deux paires de ressorts à boudin en acier des*
tinés à aider également au jeu de relèvement des ailes et à com-
muniquer à ce relèvement l'élasticité indispensable pour, avec les
autres moyens forcés du jeu rapide, composer une harmonie qui
mette obstacle à tout mouvement saccadé.
Brevet d'Invention, n» 91,412, pris par M. Jean-Baptiste Niellon,
le 7 janvier 1871, pAir des perfectionnements apportés à la direc-
tion des aérostats.
Les recherches de Tinventeur ont toutes porté sur des moyens
consistant dans la réalisation des trois combinaisons suivantes
indispensables, suivant lui, pour rendre un aérostat dirigeable :
1« Rendre possible Tascension, et la descen!;e de l'appareil sans
jeter de lest et sans perdre de gaz ;
2* Disposer conjointement avec le gouvernail un certain nombre
d'hélices propulsives pouvant agir ensemble ou séparément dans
des directions de vitesses variables, une fois que, par le moyen
précédent, l'aéronaute aura trouvé l'altitude où la vitesse et la
direction des vents rendront la marche en avant de l'aérostat pos-
sible.
8» Faire usage de moteurs n'exigeant pas de combustible ; ce
sont ces trois combinaisons exécutées oomme il va être décrit qui
font le sujet de l'invention.
L'aérostat est composé d'un ballon principal auquel sont an*
nexés deux ballons auxiliaires accouplés au premier par un fort
câble. A l'avant et à l'arrière sont disposés des voiles angulaires
destinées à fendre l'air ; chacun des trois ballons est en outre en-
touré d'une résille de cordages qui le rattache à la plate-forme ;
L'inventeur emploie deux poches extensibles, il croit qu'elles
permettent, conjointement avec les réservoirs à gaz comprimé et
un récipient, de modifier à volonté, la puissance ascensionnelle de
l'aréostat.
Ces deux poches en effet, sont en communication avec le ballon
principal par des tubes, de telle sorte que les variations de pres-
sion que l'air ambiant exerce par le fait des changements d'alti-^
tude sur l'enveloppe, laissent au gaz qu*elles renferment la faculté de
266 —
s'écouler dans lesdites poches, ce qui évite les pertes de gaz ou
les accidents qui peuvent résulter de ce phénomène atmosphéri-
que. Ces mêmes poches sont aussi eç communication par les tubes
avec un récipient métallique dans lequel peut puiser la pompe
qui a pour mission d'extraire du ballon une certaine quantité fa-
cultative de gaz et de la refouler dans ks réservoirs en relation
entre eux par des tuyaux ; des robinets permettent d'interrompre
et de rétablir les communications suivant les besoins de la ma
nœuvre.
L'inventeur arrive au second point de l'invention, celui qui
consiste à faire avancer l'aérostat une fois qu'il se trouve à la
hauteur des couches atmosphériques où les vents contraires ne
sont pas, à ce qu'il croit, aussi violents.
Les moyens que l'auteur a adoptés à cet^ffet, consistent dans
l'emploi des quatre hélices placées, deux à l'avant et deux à l'ar-*
rière de la plate-forme, et actionnées au moyen de machines mo-
trices et de leurs poulies de transmission.
L'arbre de chacune de ces hélices est muni d'un assemblage à
rotule dit : joint de Cardan, lequel permet d'orienter l'hélice de
* façon à pouvoir la placer dans la direction jugée la plus convena-
ble à Teffçt qu'il s'agit de produire ; chaque hélice peut aussi
fonctionner indépendamment des autres, afin que chacune d'elles
puisse marcher dans des sens différents et à vitesses variables à
volonté.
Quant au gouvernail, il est composé de deux palettes montées
sur des axes indépendants, qui sont placés transversalement au
milieu delà plate-forme.
Il ne reste plus à parler que des moteurs qui doivent fonctionner
sans combustible. L'auteur a recours pour cela soit aux machines
à gaz et à air comprimé, soit même au besoin aux machines électro
magnétiques et toutes autres qui n'exigement pas l'emploi de
combustible.
Comme accessoires, l'inventeur signale encore les réservoirs à
eau, la tige de manœuvre de la soupape du ballon, le plancher
courant pour la manœuvre, les planchers latéraux pour les passa *
gers et enfin des supports sur lesquels l'aérostat devra reposer en
arrivant à terre.
Pour analyse conforme,
J. Castel.
Le Gérant: Félix Caron.
CLERMONT (OISE}. — lUPRlMBRIE A. DAIX, RUE DE COXOé, 27.
— 267 —
BIBLIOGRAPHIE AÉRONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Découverte de l'éther atmosphérique par P. F. P. Delestre, ancien
élève de l'école polytechnique, directeur des manufactures de l'état,
chez E. Lacroix, éditeur, rue des Saints-Pères, 54.
Les poussières de l'air par Gaston Tissandier, ouvrage accompagné
de 3a figures, et de 4 planches hors texte, chez Gauthier Villars, quai
des Augustins, 53.
Bau lAIex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgolfieren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Fur
feuerwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildunsen Berlin 1876. Mode's Verlagen. 8<> x'x2 pages, à Pa-
ris, chez Klineksieck, rue de Lille, 11.
La navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vincenzo Fruscione professore di fisica et chimica nel liceo dî Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio e£fettivo délia
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neaf premières années de TAtf romautb sont actuellement en
vente aux prix suivants :
Amnér 1869, 9 livraisons (très rares) 20 »
Chaque livraison séparément 8 »
Annjîbs 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. . . 12 »
Chaque livraison 1 50
ANNiBS 1878, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 »
Chaque livraison * » 75
Lk coLLBCTioN coMPLàTB, avcc Tannée 1877 90 «
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TA^ronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs. ,
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAtiRONAUTB, h recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Les personnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de l'AiROMAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix pouvant aller jusqu'à 8 fîrancs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
L'A-ÉHON^UTE
SOMMAIRE
SEPTEMBRE T877
L'ÉoLiPYLE DE FEU LE BARON S^GuiBa, par M. A. SuTeaix de
Villeneuve (une gravure dans le texte).
Bienvenu et Launoy, par M. !Félix Oaron.
Des oscillations et vibrations des corps employées comme moyen
de propulsion, par M. Enrico Oiotti (cinq gravures dans le
texte).
Sur la Navigation aérienne, par sir George Cayley, traduction
de M. DEIasenièld, interprête juré, ancien élève de Técole
polytechnique (trois gravures dans le texte).
Chronique des Ascensions, par M. Acliille I^oulaxid.
Les Brevets relatifs a l'Aéronautique, par 1S£. J. Oastel,
(une gravure dans le texte).
Bibliographie.
l'aÉRONAUTE parait tous LB8 MO»
rAdaotion bt abonnements
95. RUE LAFAYETXE,
PRIX DE l'année courante :
Un numéro t TXf centime*
Paris : 6 fr par an. — Départements : 7 fr.
AOTmOHE-HoNORIS, DANEMARK, EaTPTS, BSPAGNB, GRANDB-BRBTAOlfB
Grèce, Italie, LuxBMBOURa, Monténégro, Norwéob,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Bussix, Serbie, Suéde, Suissb,
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d^ Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata et Antilles : 12 fr.
Chine, Inde, Coohinchinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administratiom ne sert pas d'Abonnements en Allemagne
L'abonnement commence au l*** lanvier
n continue jusq^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Bnioyer le prix de Tabonnement en un bon sur la poste au nom da
M. HuREAU DE Villeneuve, rue Lafajette, 95.
me* abonnée en retnrd sont InAtemment priés de nove
envoyer de «utte le montant de lenr aonMsrlptlon,
9H, MJB KifkWATtnBTVlBf •»
idtnBont-OîM. — laprinitri* A. Dtix me 4t ConM, 97*
NAVIGATION AÉRIENNE
VONDi BT PIEiai FAR.
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Lauréat de l'Institut
(Acudémia dai Sciancïi)
OCTOBRE 1877
6 FlUKOS PAR AN, — DÉPARimRKTB ; 7 FHAMOB.
UH HBUtfitO : ti OIENTIUSS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, gS
PARIS
— 270 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compose de
TVnvr. Jules Armen^aizd, ipgénieur, ancien élève de l'Ecole
polytechnique, membre du Jury d'admission à l'Exposition de
1878 ; Oh., du Hanvel d'AudrevîUe, ingénieur des Arts et
Manufactures ; Huxeau. de Villeneiive, lauréat de l'Institut ;
G-astoxi Tiesaudier, membre du Jury d'admission à l'Exposi-
tion de 1878; Albert mssazidier, architecte. Le comité ne se
considère pas comme responsable des opinions scientifiques émises
par les auteurs. Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux
relatif à l'art militaire adressés à la récuiction, sont renvoyés à
M. le Ministre de la Gu'erre, mais ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
L'appareil Haenlein, par 2£. O. SMon. (trois gravures dans
le texte).
Etude expérimentale de la résistancc ve l'air, p0f M. Gh. d0
la Xjaiidelle, ancien lieutenant de vaisseau.
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le pianimètre polaire, par M. O. de Xja-
liarpe, ingénieur des Arts et Manufactures (huit gravures dans
le texte}.
Une Chaudière légère, par !M. Félix du. Temple, ancien
député (quatre gravures dans le texte).
L'ordonnance concernant les Montgolfières, par ]VC. Sureau de
Villeneuve (quatre reproductions photographiques dans le texte).
Ecole pratique des hautes- études. Expériences sur le vol méca-
nique, par m;. Victor Ta tin (huit gravures dans le texte).
Monument commémoratif de la catastrophe du Zénith érigé à
Ciron, par!M. Gaston Tissandier (une grande gravure dans
le texte). . .
Les Machines Compound par ]M!. liéon Xjenlcollais, ingénieur
de constructions navales (trois grandes gravures dans le texte).
De l'Influence de la queue dans le vol oes oiseaux par M. le !>«•
£!. G>aclias8in-Xjafi.te /cinq gravures dans le texte).
Le Moteur a pétrole de M. Julius Hock, par 1^. Adrien
IDuté-Poitevin (six gravures dans le texte).
L'ÉoLiPYLE de feu LE BARON SÉGuiER, par "M., A, SuTeau de
Villeneuve (une gravure dans le texte).
Bienvenu et Launoy, par M. Félix Oaron.
La bibliothèque, les archives et le musée du Cercle aéronautiqub
sont ouverts tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS.
Le Cercle possède des appareils au moyen desquels on peut
s*exercer aux manœuvres aerostatiques.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lafeyette, 9 5.
L'AERONAUTE
10* ANNÉE. — n" 10. — OCTOBRE 1877
UNE SOUPAPE SANS CLAPETS.
I~Tes soupapes dos aérostats m'ont toujours
semblé fort défectueuses ; ou peut même
dire que c'est à leur mauvaise construc-
tion qu'on doit laplupart des accidents. Les
soupapes h clapets que l'on emploie ac-
tuellement présentent un incouvénient
J grave.
Lorsque le cataplasme a été décollé, ce qui se fait ii cha-
que ouverture, le gaz n'est plus gardé d'une manière suf-
fisante. Il en résulte qu'on ne peut se servir convenable-
ment de la soupape qu'une seule fois, au moment de la
descente. Il seraitpourtantisien avantageux de pouvoir pen-
dantuneascension donner de temps en temps unpetitcoup de
soupape, soit pour rester à une hauteur voulue dans l'at^
mosphère, soit même pour s'assurer du bon fonctionne-
ment d'un organe dont le mauvais état peut causer des
accidents terribles, ainsi qu'on l'a vu dans l'ascension de
la commission militaire, ascension dans laquelle le colonel
Laussedat, le commandant Mangin, le capitaine Renard et
M. Eugène Godard ont eu des membres brisés.
Je sais bien qu'un assez grand nombre de modifications
i, apporter aux soupapes ont été proposées par MM. Henri
Giffard, 'Jobert, W. de Fonvielle et autres. Pourtant les
aérouautes ne se sont pas encore décidés à appliquer ces
modifications. Je ne sais si ma proposition sera plus heu-
reuse ; mais je pense que par suite de sa simplicité elle est
destinée à rendre des services.
FiaoRK 71. — Coupe de la Soupape Lefébnre fermée.
A A (figures 71 et 72) est un cvlindre creux ouvert des
deux bouta et construit en tôle Légère galvanisée. Son bord
supérieur A est lié & l'étoffe du ballon L par les procédés
ordinaires. Dans ce cylindre, griisse à frottement très lâche
un second cylindre intérieur B ég:alement en tdle galvani-
sée. Ce second cylindre porte à sa partie inférieure une
gouttière circulaire G remplie de pommade, c'est-à-dire
d'une graisse demi-liquide formant joint hydraulique, in-
capable de Ee renverser et de se congeler. Dans le cylindre
B sont percées quatre fenêtres E E, présentant-une forme
triangulaire, la pointe du. triangle tournée en bas. La par-
tie supérieure de ce cylindre est ouverte, la partie infé-
rieure est fermée par un cdne de tôle C. A la pointe de ce
cône 36 trouve en M la corde de tirage de la soupape. Le
fond du cône est relié par un ressort de caoutchouc au
centre d'un croisillon âxé sur la partie supérieure du cy-
lindre A.
FiocM 72. — Coupe de la Son[)^e Lefébura à moilîé ouverte.
Enfin un petit parapluie I enétotle soutenue par des tiges
de paro^n K empêche l'eau et la reig-e de s'accumuler au
fond du cône.
Il résulte de la description ci-deasua qu'à l'état normal
tant qu'on ne tire pas sur la corde M, l'étiinchéité est abao-
lue, puisque la surface A G- M G A ne présente de solution
de continuité qu'en G où se trouve un joint hydraulique.
Mais si l'on tire sur la corde M le cylindre A se sépare de
la gouttière G et démasque les fenêtres E. Si la traction a
été faible, la pointe seulement de ces fenêtres étant démas-
quée, il sortira une petite quantité de g-az. Si comme dans
la figure 72 on ouvre à moitié, on obtient un écoulement
notable. Enfin ai l'on tire violemment sur la corde o;i ob-
tient l'ouverture entière, qui est indispensable pendant un
traînage. L'appareil ainsi manœuvré peut donc servir et de
— 274 —
soupape de manœuvre et de soupape d'iitterrisaag^ ; car lors
que le cylindre A rentrera dans la gouttière G, où se trouve
la graisse domi-Uquide, il retrouvera le joint aussi bon
qu'au départ.
Eruest Lefébure.
UN BREVET D'AÉROPLANE
MÉMOIRE DESCRTPTrp (in»«:ir^ nu brevet d'invention de IZ ans pris Je
18 février 1876 par MM. Penaud (Ali-hosse) et Gauchot
(Paul), à Paris, rue Castellane, n' 14, et qui leur a été délivré par
arrêté du ministre de l'agriculture et du commerce, en date du 8
avril 1876, pour un aéroplane ou appareil aérien volant.
iotre invention est relative k ua appareil aérien
volant qui peut emporter en l'air un ou plusieurs
voyageurs. Cet appareil rentredans la catéigrorie des
aéroplanes ou plans inclinés agissant sur l'air
comme des cerfs-vol&nts et propulsés horizontale-
ment par (les propulseurs aériens.
L'appareil est formé, comme un oiseau, de deur moitiés symé-
triques par rapport à un plan vertical dirigé de l'avant à l'arrière.
Il possède une vaste surface inclinée d'un petit angle sur l'horizon
et destinée à le soutenir dans son vol. IL est muni de 3 hélices
propulsives situées des 3 côtés du corps de l'appareil à l'avant de
la surface de soutien et actionnées par un puissant moteur méca-
nique. Il est muni à l'arrière, pour régler les inclinaisons, de deux
gouvernails à charnières horizontales. 11 est muni, pour la direc-
tion, d'un gouvernail à charnière à peu près verticale.
Ces trois gouvernails sont actionnés à l'aide d'une transmission
par un pilote qui est placé à l'avant dans le corps de l'appareil, et
dont lu tête saille en dehors de ce corps ; un espar placé à l'avant,
comme le bec d'un oisGa,u, guide l'œil du pilote, un plan vertical
de dérive ciisto à l'iimèro, quatre pattes à ressorts munies de
roulettes permettent IL l'appareil de partir et d'atterrir tangen-
tiellement sur le sol. I.c corps de l'appareil ou nacelle a une
section transversale quadrangulaire et une forme générale propre
à fendre l'air. Cette nacelle est située immédiatement sous la
surface de soutien et lui est rigidement liée.
^ 275 —
L'appareil étant aiusi décrit cL*une façon générale, nous allons
maintenant décrire chaque organe.
SURFACE DE SOUTIEN
La surface de soutien, que nous nommons aussi ailes fixes ou
plan sustenteur a pour membrure principale une série de nervures
rigides parallèles entre elles et transversales à Taxe de Tappareil.
C'est sur ces nervures, que sont tendues, en dessus et en dessous,
les deux surfaces de ces ailes fixes à Faide de lattes dirigées dans
le sens de la marche des filets d'air sur l'appareil. Une bordure
rigide relie entre elles les nervures, les lattes et les surfaces ; elle
a une forme propre à faciliter le passage dans l'air.
Nous nous réservons d'employer soit les métaux, soit le bois»
soit toute autre matière résistante dans la construction des ner-
vures des Jattes et de la bordure des ailes, ainsi que dans la
construction de toutes les autres pièces rigides de l'appareil.
Nous nous réservons d'employer ces matières soit en pièces plei-
nes soit en tubes à sections de formes diverses, soit en pièces à
double T, et en général, d'utiliser toutes les formes actuellement
employées dans l'industrie et particulièrement dans la construc-
tion des ponts métalliques pour obtenir la légèreté en même
temps que la solidité. Signalons les doubles T à âme simple ou
double ou à treillis avec cloisons de renfort. Signalons aussi
les tubes à sections triangulaire et quadrangulaire, également
avec cloisons tranversales de distance en distance, comme les
bambous naturels dont nous nous réservons aussi l'emploi. Ces tubes
peuvent être en tôle, ou formés à l'aide de 3 ou 4 planches col-
lées, clouées et vissées ensemble avec revêtement extérieur en
étofib enduite de colle forte et cloisons intérieures en bois léger.
Nous nous réservons, pour former les faces inférieure et supé-
rieure du plan sustenteur, ainsi du, reste que toutes les autres
surfaces externes de l'appareil, d'employer soit des étoffes telles
que soies, cotons et toiles vernies ou non vernies, soit des feuilles
métalliques, soit des bois de plaquage. Nous nous réservons par
tous les moyens connus, de faciliter le glissement dans l'air de
toutes ces surfaces, quelle que soit leur nature, et de les préserver
de l'action de l'air et de l'humidité. Signalons, parmi les moyens
propres à obtenir ces effets : le polissage, la peinture, le vernis-
sage, le graissage, l'argenture, le cuivrage, le nickelisage, la do-
rure et en général toutes les métallisations avec ou sans patine.
Les dessins montrent comment les surfaces inférieure et supé-
rieure des ailes sont tendues sur les nervures de façon à ce que la
— 276 —
pression de Tair ne puisse faire faire de poches à ces surfaces,
mais simplement de longues gouttières où Tair glissera sans obs-
tacle. Les surfaces sont tenues sur les lattes par de la colle, des
clous, des vis et de petites bandes d^étofîe, de bois ou de métal.
Nous nous réservons, dans le cas où les surfaces des ailes, seront
en feuilles de métal ou en bois de plaquage, de supprimer les
lattes. Les sections des ailes, par des plans parallèles au plan de
symétrie, sont calculées de façon à fendre Tair le plus facilement
possible.
Les ailes sont afifermies par un système de rabans supérieurs
comportant deux petits mâts formant arcs-boutants et par un
système de rabans inférieurs qui s'attachent par leurs extrémités
inférieures au bas de la nacelle. Ces deux systèmes de rabans se
voient clairement sur les dessins. Les attaches et le ridage de ces
rabans se font par un des moyens employés en marine. Les rabans
se ûxent sur les ailes à des pièces qui font partie du système des
lattes, mais qui sont d'un échantillon beaucoup plus fort.
Nous nous réservons de faire ces rabans soit en métal, soit en
chanvre, en soie, en coton, en corde à boyau ou autres fibres orga-
niques. Nous nous réservons d'employer le métal, qui sera l'acier
de préférence, soit en tige unique, soit en faisceau de fils tordus
ou non tordus, £<oit en lames accolées et rivées ensemble. Nous
nous réservons de donner à ces rabans soit une forme ronde, soit
une forme plate, soit toute autre section propre à fendre l'air ; s'il y
a lieu nous les munirons, de distance en distance, du côté arrière
de petites girouettes fixes propres à les empêcher de yibrer. Nous
nous réservons de recouvrir nos rabans de gaines protectrices et
de peinture. ♦
Nous nous réservons de supprimer dans nos aéroplanes, et sur-
tout dans ceux à grande vitesse, soit seulement le système des
rabans qui sont au-dessus des ailes, soit la totalité des rabans.
Nous nous réservons aujssi d'augmenter, s'il y a lieu, le nombre des
rabans, en conservant la disposition générale qui caractérise
nôtre-système de rabans. Les ailes vont en diminuant de largeur
en s'éloignant du corps.
L'envergure de la surface de soutien est plus grande que sa
largeur prise de l'avant à l'arrière. Chacune des deux ailes peut
être soit tout à fait plane, soit pxéférablement légèrement galbée.
Un équilibre stable d'avant en arrière est obtenu pendant le vol
par le rétroussement d« la totalité ou d'une partie du bord posté-
rieur de la surface de soutien : cet effet est très important. Dans
les dessins annexés, c'est la partie centrale du bord postérieur
— 277 —
desailes qui estaiusilégèremeat retroussée, nous l'avons hachiuée.
— 278 —
Les extrémités des deux aires peuvent être légèrement relevées
comme cela se voit sur nos dessins. Sur nos dessins, les ailes sont
légèrement concaves en dessous, à leur partie antérieure, de façon
à agir sur l'air à la manière des hélices marines à pas croissant.
— 279 —
* •
Nous nous réservons de donner à nos ailes une légère torsion
autour de leur longueur de façon à ce que leur partie interne,
c'est-à-dire la plus rapprochée du corps, se présente à Tair sous
un angle de un demi à deux degrés plus fort que celui sous lequel
se présente la partie externe de Taile : de cette façon, on diminue
le bras de levier des forces qui tendent à faire fléchir vers le haut
les nervures des ailes. Les ailes fixes peuvent se réunir tangen-
tiellement Tune sur Tautre, soit se couper suivant un angle dièdre
très obtus ayant son arête en bas dans le plan de symétrie (contrai-
rement à Farête d'un toit qui est en haut).
Nous nous réservons pour le cas oii les surfaces des ailes
seraient en bois de plaquage ou même en métal, de faire de ces
surfaces mêmes la membrure des ailes, en donnant aux fibres de
ces bandes de plaquage ou de métal une direction allant de la na-
celle aux bouts des ailes ; ces surfaces inférieure et supérieure
seraient entretoisées entre elles, de distance en distance, depuis la
base de Faile juqu'à son extrémité, par des pièces placées de champ
et parallèles au plan de symétrie.
HÉLICES ET MOTEUR.
Nous employons deux hélices égales, situées à Tavant de
la surface de suspension et immédiatement des deux côtés
de Tappareil. Les axes de ces hélices sont sensiblement pa-
rallèles au plan de symétrie sur les dessins annexés, les axes des
hélices sont parallèles à la surface de suspension. Nous nous réser-
vons de faire fw:e à ces axes, avec cette surface, un angle pou-
vant aller jusqu'à 5 degrés, en sorte que ces axes prolongés vers
Tarrière viendraient percer la surface inférieure des ailes. Nous
nous réservons de placer les axes de ces hélices, soit dans le plan
moyen des ailes, soit de préférence et comme les dessins annexés
le représentent, à une petite distance sous ce plan. Cette position
de la ligne de traction des hélices est importante pour Téquilibre
d'avant en arrière, la ligne de traction de ces hélices devant pas-
ser à peu de chose près par le centre de résistance à la marche et
par le centre de gravité.
Les deux hélices sont de pas inverses et tournent en sens con-
traires avec des vitesses égales. Elles tournent de préférence de
l'intérieur vers l'extérieur en passant par en dessus. Nous nous
réservons de les faire tourner soit indépendamment l'une de l'au-
tre, soit solidairement : leurs mouvements étant alors reliés par
un organe mécanique ou par l'action d'un régulateur commun.
La grandeur des hélices est telle que ces hélices ne risquent ja-
10.
— 280 —
mais de toucher le sol ou l'eau, lors des départs et des atterrissa-
ges de l'appareil sur terre ou sur Teau. En donnant au diamètre
des hélices le douzième de Tenvergure du plan sustenteur, on est
à peu près dans les meilleures conditions.
Nous nous réservons d'employer, au lieu de deux hélices placées
à Tavant de la surface de suspension, deux hélices tournant dans
des espaces laissés libres à cet effet entre deux nervures de la
surface. Les bords de ces ouvertures dans la surface des ailes au-
ront alors une forme convenable pour permettre à Tair une circu-
lation facile et pour éviter les remous.
Ces ouvertures seront de préférence dans la moitié antérieure
de la surface de soutien : sur nos dessins nous avons marqué en
rouge deux hélices ayant une disposition de ce genre.
Les hélices sont entièrement métalliques et de préférence en
acier. Elles se composent d'un moyeu de rayons* et de palettes
fixées sur ces rayons par des vis, des rivets ou des boulons. Les
hélices peuvent avoir de deux à douze pales. Nous nous réservons
de donner aux pales tous les types de surfaces hélicoïdes, actuel-
lement connus et employés en marine : ces pales pourront être
ainsi courbes gauches et concaves dans tous les sens ; leurs bords
seront taillés en biseaux aigus propres à fendre Tair ; leur surface
mieux encore que celle des ailes, sera préparée de façon à fendre
Tair et à y glisser le plus facilement possible. La force centrifuge
de ces hélices contribue puissamment à les empêcher de céder
sous la pression que Tair exerce sur elles»
"Nous nous réservons d'appliquer aux hélices propulsives de nos
aéroplanes l'un quelconque des nombreux systèmes de variation
de pas pendant la marche connus et employés éb. marine. Cette
variation de pas permettra de tourner les pales de façon à n'offrir
que peu de résistance à la translation lorsque les hélices ne tour-
neront pas ; elle permettra aussi de faciliter les départs par l'em-
magasinement préalable d'une grande force vive dans les pales: on
appliquera aussi aux aéroplanes une théorie, connue pour les hé-
lices ascensionnelles d'appareils d'un genre différent, nommés
héiicoptèn>s.
Chaque arbre d'hélice repose sur des paliers reliés entre eux
par une pièce extrêmement rigide fixée sur les nervures anté-
rieures des ailes.
Nous nous réservons d'actionner les arbres des hélices par
tous les moyens employés en mécanique pour faire tourner des
arbres.
Signalons l'action directe de machines à bielles et à manivel-
les; ces machines à un ou plusieurs cylindres seront alors pla-
I
— 281 —
cées le long des nervures entre les axes des hélices et la nacelle.
On peut aussi actionner directement les arbres des hélices par
des moteurs à vapeur Brotherwood .
Signalons l'emploi d*un moteur unique ou de deux moteurs pla-
cés dans le corps de l'appareil et transmettant la rotation aux
hélices soit par des arbres accessoires et des engrenages, soit par
des courroies ou cordes et des poulies, soit par des chaînes sans
fin et des roues dentées, soit par des lames d'acier sans fin
et des poulies avec ou sans dents, soit par des tronçons d'arbres
réunis par des joints universels à la cardan, soit par des tron-
çons d'arbres réunis par des attaches fiexibles en acier ou autre
substance élastique.
Nous nous réservons d'employer tous les types actuellement
connus d'organes de moteurs à vapeur. Signalons en particulier
les machines à bielle directe, les chaudières Field, les conden-
seurs par surface aérienne à tubes et à lames. La surface de la
nacelle et des ailes pourra en partie ou en totalité être utilisée pour
la condensation.
Nous nous réservons d'employer les machines à air chaud ac-
tuellement connues.
Nous nous réservons aussi d'employer tous les moteurs à explo-
sion gazeuse actuellement connus : signalons ceux qui utilisent
des mélanges d'air et de gaz, tels que les moteurs Lenoir, Hugon,
Otto et Langen.
Signalons surtout et avant tous autres les moteurs qui utilisent
l'explosion de mélanges d'air et de vapeur ou poussière liquide,
de liquides combustibles, tels que le pétrole, les essences miné-
rales, les alcoqls et les éthers ; citons les moteurs Hocks, Lam-
brigot, etc.
Le moteur sera placé vers le tiers avant de lasurfocede soutien;
il sera, vers l'avant, en communication directe avec le mécanicien
et le pilote.
NACELLE. *
La nacelle a pour membrure principale quatre fortes pièces ri-
gides ou longrines qui en suivent les quatre arêtes. Ces quatre
pièces sont pour ainsi dire la base de la construction de tout
l'aéroplane. Les deux longrines supérieures sont fixées sur toutes
les nervures des ailes : elles soutiennent à l'arrière, d'abord la
charnière des gouvernails horizontaux, puis celle du gouvernail
vertical à l'aide de la bordure arrière du plan de dérive et de deux
étais en acier qui vont rejoindre le sommet de l'axe de ce gouver-
nail. Les quatre longrines sont reliées entre elles transversale-
i^ %^
— 282 —
ment sur le fond, sur les flancs et au travers de la nacelle, par
des pièces droites et des croix de St-André disposées convenable-
ment de façon à ne pas gêner Tarrimage et la disposition des
pattes. Deux longrines plus faibles que les quatre pièces angulai-
res peuvent courir sur le fond de la nacelle et servir de point d'ap-
pui direct aux principaux poids portés dans la nacelle.
C'est sur cet ensemble de pièces rigides que la surface même de
la nacelle est tendue. Cette surface se prête aux mêmes disposi-
tions et modes de construction que celle des ailes, avec ou sans
l'aide de lattes longitudinales externes.
La nacelle est étanche de façon à former bateau; lorsque l'appa-
reil repose sur l'eau, sa largeur est suffisante pour que l'appareil
flotte d'aplomb. Des hublots, avec fermetures vitrées, sont percés
en divers endroits des parois de la nacelle.
Près des pattes arrière et derrière le moteur, s'il est dans la
nacelle, se trouve la chambre des voyageurs, disposée transversa-
lement à peu près comme un compartiment de wagon. Les voya-
geurs pourront entrer dans leur compartiment soit par des portes
latérales, comme dans un wagon, soit par le trou d'homme de
l'avant placé en-dessus de la nacelle, à l'endroit où saille la tête
du pilote.
L'extrémité arrière inférieure de la nacelle porte un petit patin
de précaution qui protégerait le gouvernail vertical si, par hasard,
l'aéroplane s'inclinait sur l'arrière lorsqu'il est sur le sol. L'axe
du gouvernail vertical entre dans la nacelle par un joint étanche.
Dans les appareils à grande vitesse il n'y aura aucun raban et
la nacelle pourra avoir, surtout à l'avant, des sections arrondies
comme celles du corps d'un oiseau, au lieu d'avoir des sections
quadrangulairés, la membrure de la nacelle pourrait être alors un
peu différente. Au-dessus de la nacelle, les ailes sont seulement
munies de leur surface supérieure.
DÉPART ET ATTERRISSAGE.
Lorsqu'il est sur le sol, l'appareil arrive à quitter terre en rou-
lant d'abord à grande vitesse sur ses pattes à roulettes, propulsé
par ses deux hélices. Lorsqu'une vitesse suffisante est ainsi at-
teinte, l'air qui agit sur la face inférieure du plan <!e soutien
soulève progressivement l'appareil au-dessus du sol et le vol
commence. L'appareil peut-être lancé au départ par de puissants
ressorts ou se placer sur un chariot mù rapidement par un moteur
spécial à vapeur ou autre.
L'arrivée sur le sol se fait de même tangentiellement sur le sol.
— 283 —
L'appareil volant en descendant suivant une pente très faible,
s'approche du sol jusqu'à ce que les roulettes de ses pattes y tou-
chent. Le choc est amorti, pendant la course qui a lieu, par les
puissants ressorts des pattes.
Nous nous réservons d'employer des rails et des terrains spé-
cialement unis préparés et inclinés pour le départ et l'arrivée sur
le sol.
L'appareil peut aussi partfr et arriver tangentiellement sur l'eau
en glissant sur la face inférieure de sa nacelle ou sur des plans
inclinés métalliques portés sous cette nacelle par des tiges rigi-
des : L'emploi du métal n'est pas exclusif.
GOUVERNAILS ET ÉQUILIBRE.
Les trois gouvernails sont construits de la même manière. Char
cun d'eux a une membrure intérieure composée de charnière, de
nervures parallèles à la charnière et d'une ]{;)ordure. Leur surface
se fixe sur cette membrure, avec ou sans lattes transversales à la
charnière de la même manière que les surfaces des ailes. Les
charnières ou pivots des gouvernails peuvent avoir toutes les dis-
positions employées en marine.
Les gouvernails peuvent avoir, soit une barre intérieure à la
nacelle comme sur nos dessins, soit une barre double implantée
normalement au safran, comme dans les canots et les baleinières.
Cette double barre pourra être rabantée au safran.
Nous nous réservons d'équilibrer, par rapport *à la pesanteur,
les gouvem^kils à charnière horizontale que nous nommons aussi
gouvernails horizontaux. Cette équilibration autour de leur char*
nière permet à ces gouvernails de se placer d'eux-mêmes dans le
sillage de l'air lorsqu'ils cessent d'être actionnés par le pilote.
Cette équilibration est obtenue à l'aide de contre-poids ou mieux
de ressorts agissant convenablement sur ces gouvernails. L'effet
d'équilibration a lieu naturellement pour le gouvernail vertical
surtout s'il a comme sur nos dessins un peu de quête.
Les gouvernails horizontaux peuvent être liés l'un à l'autre par
leurs charnières soit rigidement comme sur nos dessins, soit
surtout si ces charnières ne sont pas dans le prolongement l'une de
l'autre, par un organe spécial tel que des roues dentées, des joints
à la Cardan ou des lames flexibles. Les gouvernails horizontaux
peuvent être actionnés solidairement par le pilote ou bien avoir
chacun leur transmission spéciale.
Tous les gouvemc^ils peuvent être ordinaires ou compensés
conune ceux de certains navires. Les dessins annexés représen •
— 284 —
tent des gouvernails compensés nécessitant pour leur manœuvre
une très petite force et présentant une fixité de position notable
sous Feffet des remous d'air.
Le pilote peut être assis ou debout. Sa tête saille au-dessus de
Tavant de la nacelle et est préservée du courant d'air soit par un
masque avec yeux en verre, soit par une plaque de verre placée
devant lui. Sa tête peut, de plus, être abritée, comme sur nos des-
sins, dans une petite chambre se raccordant à la nacelle et dispo-
sée de façon à faire le moins de résistance possible à Tair.
C'est par l'action immédiate des deux mains sur un seul et
même organe que le pilote agit sur les deux systèmes de gouver-
nails horizontaux et vertical et cet organe consiste en im barreau
horizontal transversal que le pilote tient devant lui comme la barre
directrice des vélocipèdes. Les mouvements que le pilote imprime
à ce barreau sont de deux sortes. L'action sur les gouvernails
horizontaux a lieu par un mouvement de poussée ou de traction
sur le barreau, l'action sur le gouvernail vertical a lieu par un
mouvement de torsion du barreau autour d'un axe à peu près
vertical passant par le milieu de ce barreau.
La transmission des mouvements du barreau aux gouvernails peut
B*opérer d'une manière quelconque. Dans nos dessins, cette trans«
mission s'opère à l'aide de cordes, chaînes et fils de fer et de poulies.
Ces cordes, chaînes et fils de fer peuvent être a^isujettis à suivre
exactement les parois intérieures de la nacelle de façon à ne pas
gêner la libre circulation et l'arrimage dans cette nacelle.
Le barreau, dans ses mouvements de poussée et de traction,
pourra être assujéti par des organes convenables à suivre une
trajectoire quelconque, par exemple à l'aide d'une glissière ou de
mouvements plus ou moins parallélogrammiques : dans nos des-
sins, le barreau tourne autour d'un axe horizontal transversal. On
peut établir une symétrie parfaite dans la transmission aux gou-
vernails horizontaux ; mais elle n'est pas nécessaire et dans nos
dessins cette transmission est dissymétrique.
L^s gouvernails horizontaux sont simplement des gouvernails
de manœuvre servant à monter et descendre, l'équilibre stable
étant obtenu, comme nous l'avons déjà dit, d'une façon perma-
nente par le retroussement du bord postérieur du plan de soutien.
Le gouvernail vertical sert à tourner à droite et à gauche : en
donnant momentanément aux deux hélices des vitesses inégales,
on obtiendrait le même effet.
Outre la vue sur l'horizon de l'espar indicateur, le pilote a devant
les yeux, pour se guider dans le sentiment de l'inclinaison de
l'appareil, un niveau d'eau : Tune des bouteilles, munie d'un re-
— 285-
père, sera devant le pilote, tandis que Vautre sera vers Tarrière
dans la nacelle* Les deux bouteilles seront en communication par
un tube muni en un de ses points d*un organe d*étranglement
variable de façon à obtenir la sensibilité convenable. La bouteille
avant peut être remplacée par un manomètre très sensible en
communication avec la colonne d*eau. L*aéroplane est muni d'une
boussole et d*un baromètre métallique. Le gouvernail vertical
peut obéir par un mécanisme électrique automatique aux indica-
tions de Taiguille aimantée oscillant entre deux butoirs métalli-
ques ; de cette façon la route de Tappareil sera maintenue automa^
tiquement. Les gouvernails horizontaux peuvent être manœuvres
par des mécanismes automatiques électriques en rapport avec un
fil métallique à plomb pendant sous la nacelle et propre à indi-
quer la présence du sol.
L'aéroplane peut être muni d'appareils que nous nommons tâ-
teurs de pression et qui indiquent à chaque instant la pression
de Tair sur les ailes de l'aéroplane. Ils sont essentiellement for-
més soit par des palettes légères parallèles au plan sustenteur et
montées sur ressort, soit par des tubes manométriques s'ouvrant
sur la face inférieure des ailes. Tous ces appareils pourront être
à sonnerie électrique. Des anémomètres indiqueront la vitesse de ,
l'aéroplane dans l'air ambiant. Des girouettes d'inclinaison pour-
ront exister.
Le plan de dérive construit comme les autres surfaces de l'aéro*
plane, contribue avec la partie postérieure de la nacelle à assurer
par son action sur Tair, \xns stabilité de route suffisante.
Nous nous réservons d'établir, vers le bout des ailes, des surfaces
déployables verticalement en éventail ou par rotation autour d'un
axe perpendiculaire au plan de symétrie. Ces surfaces par leur
résistance dans l'air feraient tourner l'appareil comme le fait le
gouvernail vertical.
PATTES.
Nous nous réservons d'employer un nombre quelconque de
pattes élastiques à roulettes, mais de préférence quatre pattes
disposées par rapport au centre de gravité comme les roues d'une
voiture. C'est cette disposition que nous avons adoptée sur nos
dessins*
Les pattes de l'avant que nous appelons pattes parallélogram-
mes saillent en avant e!) à l'extérieur le plus loin que le permet
l'économie générale des formes de tout l'appareil. Les roulettes
des pattes de l'avant sont à orientation libie (comme les roulettes
d'un fauteuil) autour d'un axe vertical, ou mieux plongeant légè-
— 286 —
rement vers Tarrière, de façon à ce que sous TefTet de la pression
des pattes sur le sol, ces roulettes se mettent bien dans le sillage
du chemin qu*elles parcourent. Cette orientation libre est très
importante pour que, à Tatterrissage, l'appareil ne rencontre pas
de résistance à Tavant tendant à le renverser. Cette orientation
libre est obtenue soit par une véritable charnière, soit à Taide
d'une attache à lame verticale très flexible : dans le premier cas,
un petit ressort spécial maintient à Tordinaire la roulette dans
sa position naturelle. La roulette est en métal ou en bois. Sur
nos dessins elle est formée d'une jante d'acier reliée au moyeu
par deux disques de tôles légèrement coniques. La pièce sur la-
quelle s'oriente la roulette se prolonge vers le haut en une tige
qui reçoit en haut et en bas les côtés horizontaux du parallélo-
gramm
Le ressort des pattes consiste sur nos dessins en une masse de
fils de caoutchouc agissant par tension sur le haut de la tige ci-
dessus indiquée par l'intermédiaire d'une corde, d'une lame d'acier
ou d'une chaîne passant sur des poulies ou des frotteurs. Le
caoutchouc peut être remplacé par un ressort d'acier ou un ressort
d'air agissant dans les mêmes conditions.
Les pattes avant peuvent se rentrer dans les formes générales
de la nacelle par un mécanisme clairement développé sur nos
dessins et par un mouvement semblable à celui d'un homme
qui, ayant d'abord les mains placées comme pour pousser fortement
une porte devant lui, les croiserait ensuite sur sa poitrine. Des
empreintes sur la surface de la nacelle reçoivent les différentes
pièces de ces pattes.
Au lieu d'employer un ressort agissant sur un parallélogramme
formé de pièces rigide s articulées, les côtés horizontaux du paral-
lélogramme pourront être eux-mêmes, des ressorts analogues à ceux
des voitures et encastrés à la nacelle par leur extrémité intérieure.
Chacune de ces pattes pourrait se rentrer sur le flanc correspon-
dant de la nacelle par un mouvement de rotation vers l'arrière
autour d'un axe. Des verrous les tiendraient dans leurs positions
de saillie et de rentrée.
Les pattes arrière saillent sous la nacelle près des deux flancs.
Elles portent des roulettes qui peuvent être soit à orientation fixe
soit à orientation libre . Sur nos dessins leur orientation est &Le
de façon à ce qu'elles guident fortement la course de l'aéroplane
sur le sol lors des départs et des atterrissages. Cet efietde guidage
a lieu par le fait de la position de ces pattes à l'arrière du centre
de gravité de l'aéroplane. Nous considérons toutefois l'adaptation
aux roulettes de l'arrière d'une orientation à lame d'acier yerticale
— 287 —
élastique un peu dure, comme une très bonne disposition que
nous nous réservons d'employer.
Le tourillon deyroulettes des pattes arrière est porté par une
fourche, qui rejoint vers l'avant un patin, qui se prolonge lui-même
à l'avant par deux bras formant entre eux un angle notable. Ces
deux bras viennent aboutir sous la paroi inférieure de la nacelle à
un même axe de rotation horizontal et perpendiculaire au plan de
symétrie. C'est autour de cet axe que se fait par conséquent le
mouvement de translation de la roulette. La division du patin en
deux bras divergents, à son attache avec son axe de rotation, est
nécessaire pour éviter la rupture et la torsion des pièces par ten-
dance ou déversement latéral. Nous nous réservons de remplacer
cet axe de rotation du patin par une attache élastique.
Lorsque les pattes sont à leur position saillante, la roulette porte
seule sur le sol. Lorsque la patte à fléchi d'une certaine quantité
le patin vient, par la nature même de son mouvement toucher à
son tour le sol, et ce moment passé il se trouve ensuite seul à y
porter; il forme dès lors un frein violent par son action sur le sol :
au départ la roulette porte seule sur le sol.
Le patin porte une articulation transversale sur laquelle s'arti-
cule une bielle qui s'élève dans la nacelle. L'extrémité supérieure
de cette bielle est guidée suit par une glissière, soit par un levier
articulé comme sur nos dessins. C'est sur l'extrémité supérieure
de cette bielle, ou près de cette extrémité sur le. levier ou le cou-
lisseau qu'agit le ressort de la patte. Ce ressort est disposé de
même que celui des pattes avant.
Au lieu d'un ressort agissant sur l'extrémité d'une bielle, cette
bielle et ses annexes pourraient ne pas exister. L'un des prolonge-
ments avant du patin ou tous les deux pourraient recevoir couchées
sur eux une série de lames de ressorts de voiture encastrées à
l'avant sur une pièce fixée sur une forte pièce articulée sur un axe
horizontal transversal et pouvant être fixée dans des positions
variées par des verroux.
Dans cette disposition, comme dans celle représentée sur nos
dessins les pattes arrière se rentrent dans la nacelle en se remon-
tant.
Le rentrage des quatre pattes s'opère par l'action de cordes ou
chaînes passant sur des poulies. Cette action peut être secondée
par le poids des pattes et par des petits ressorts spéciaux, de
même que le mouvement de saillie. Pour la sortie simultanée et
rapide des quatre pattes, il suffit de lâcher un déclic : les dessins
montrent clairement le fonctionnement de tout ce mécanisme. Le
rentrage s'opère par des mouvements opposés. La position de
— as-
saillie pour recevoir le choc peut être variée à volonté par des
enclanchements ou des freins convenables. Les ressorts des
pattes sont sous tension constante initiale : les fils de caoutchouc
placés dans un tube représentés sur nos dessins ont cette tension
initiale qui n'est pas indispensable. Ce tube se déplace longitn-
dinalement dans les mouvements de saillie et de rentrée, attendu
qu'il forme avec les cordes qui le lient aux pattes, une transmis-
sion qui relie ces mouvements. Un verrou vient endancher le
tube, lorsque les pattes sont arrivées à leur position de saillie
pour être prêtes au choc.
Nous nous réservons de faire les pattes avant semblables aux
pattes arrière, mais en conservant toujours des roulettes à orien-
tation libre* Réciproquement les pattes arrière peuvent être sem-
blables aux pattes avant, avec ou sans orientation des roulettes.
Les trous que les quatre pattes forment dans les parois et sur-
tout dans le fond de la nacelle peuvent être bouchés par des
clapets, après le rentrage, de façon à ne pas donner passage à
Teau lorsque l'aéroplane repose sur Teau, On obtient le même effet
eu entourant remplacement de rentrage des pattes d'enveloppes et
d'augets convenables : nos dessins représentent des dispositions
de ce genre. Les pattes seront recouvertes d'enduits hjdrofuges
et préservateurs de la rouille.
Nous nous réservons d'établir des petites pattes à ressorts sous
les extrémités des ailes, et de fixer dans les mêmes endroits des
flotteurs pisciformes très légers propres à servir de balanciers à
l'appareil lorsqu'il repose sur l'eau.
Les plans inclinés aquatiques qui sont sous la nacelle pourront
aussi se rentrer.
CONDITIONS GÉNiRALES.
Le centre de gravité de tout l'appareil est placé vers le premier
cinquième des ailes à partir de l'avant. Ce centre de gravité est
variable de l'avant à l'arrière par le changement de position des
voyageurs et de leurs sièges, et aussi par le déplacement des
autres objets tels que le combustible, l'eau emportée et le généra-
teur s'il en existe un.
La rigidité de tout l'ensemble est une condition importante de
sécurité.
La perfection des formes et des surfaces de l'appareil, au point de
vue de leur facile translation dans l'air vers l'avant est une condi-
tion capitale pour la vitesse et le soutien économique.
L'appareil représenté sur nos dessins pèsera 1200 k. avec deux
— 289 —
hommes d'équipage. Il a besoin pour voler d'une force de 20 à 30
chevaux. Son plan sustenteur attaquera Tair en vol normal sous
un angle de 2» environ, la vitesse atteinte sera de 25 mètres par
seconde.
Nous nous réservons de donner à nos aéroplanes telles dimen-
sions qu*il nous semblera convenables ; les appareils de 18 à 30
mètres d'envergure seront les plus usuels.
E Le 17 février 1876.
Signé : Alphonse Penaud.
Paul Gauchot.
SUB LA NAVIGATION AÉRIENNE
Par sir George Cayley.
Qm* article {!).
Pour rendre la machine parfaitement stable et lui donner la
faculté de monter et de descendre dans sa course, il est nécessaire
de lui ajouter un gouvernail placé dans une position semblable à
celle de la queue de Toiseau. Soit F. G. (Figure 76). La section
d*une telle surface étent parallèle au courant, admettons qu'elle
puisse être mue en haut et en bas autour du point G comme centre,
admettons de plus qu'elle puisse être fixée dans chacune de ses
positions. Les forces de la machine étant préalablement contre-
balancées, si la moindre pression est exercée par le courant, soit sur
la surface supérieure soit sur la surface inférieure du go uvemail,
suivant la volonté de Taéronaute, cette manœuvre forcera la
machine à monter ou à descendre à travers sa course, tant que la
force de propulsion agira avec une énergie suffisante.
Par suite d'expériences variées que j*ai faites sur ce sujet, j'ai
(1) Voir les livraisous d*avril, mai, juin, juillet, août et m pUmbrt.
— 290 —
trouvé que lorsque la machine s^avance avec une vitesse surabon-
dante ou qui Tentraînerait à monter, on obtient une direction
parfaitement horizontale par un abaissement considérable du
gouvernail, qui a l'avantage de former une voile qui aide à sup-
porter le poids. Lorsque la vitesse devient moindre comme dans
la descente, le gouvernail doit graduellement revenir de cette
position, et même être relevé pour empêcher la machine de tomber
en avant; ce qui serait dû. à l'effet combiné du manque de force
de projection suffisante pour maintenir le centre de gravité dan^
sa position habituelle d'une part, et de l'autre, à ce fait que le
centre de soutien se rapprocherait du centre de figure de la voile.
La montée ef la descente ne sont pas les deux seuls buts aux-
quels le gouvernail est employé. Cet appendice peut être pourvu
d'une voile verticale et être capable de tourner d'un côté à l'au-
tre en sus de ses autres mouvements, ce qui permet de diriger
complètement le navire aérien.
Tous ces principes dont dépendent le soutien, la sûreté, l'éléva-
tion, la descente et la direction des navires aériens, ont été plus
que suffisamment vérifiés par des expériences faites à la fois sur
une grande et sur une petite échelle. J'ai fait une machine ayant
une surface de 300 pieds carrés, qui a été brisée accidentellement
avant que j'aie pu en essayer l'appareil propulseur; mais sa sta-
bilité et sa direction ont été parfaitement prouvées et elle aurait
volé obliquement en bas dans toutes les directions qui lui auraient
été commandées par son gouvernail. Son poids était de 56 livres
et elle était chargée de S'é livres, ce qui faisait un total de 140
livres, environ deux pieds carrés pour une livre. Même on cet état,
lorsque une personne s'y trouvait, la machine étant en pleine
vitesse grâce à une bonne brise de front, elle aurait eu une ten-
dance à monter assez forte pour ne pas lui permettre de toucher
le sol et elle l'aurait soulevée et transportée à une distance de
plusieurs yards.
Le meilleur mode de produire la force propulsive est la seule
chose qui soit encore à expérimenter pour compléter cette inven-
tion. Je me prépare a résumer mes expériences sur ce sujet et je
mentionne les observations suivantes dans l'espoir que d'autres
pourront être amenés à donner leur attention à la réussite de cet
art.
L'acte du vol est continuellement exposé sous nos yeux et les
principes d'après lesquels il est exécuté sont les mêmes que ceux
précédemment établis. Si un observateur attentif examine le mou-
vement d'une aile, il apercevra que le tiers du c5té de la pointe
est tourné obliquement en arrière, cette portion étant la seule
— 291 —
qui ait une vite sse sufiisaiite pour surmonter le courant passant
avec une grande rapidité au-dessous lorsqu'il est dans une si
défavorable position. Aussi est-ce cette partie seulement qui
donne la force propulsive.
<..
Figure 77.
Pour rendre mon assertion plus intelligible, soit A B(fig. *77) une
section de cette portion de Taile ; soit C D, la vitesse du vol de
Toîseau, ou le courant ; soit E D, la vitesse de l'aile dans son mou-
vement ; alors C E, représentera la grandeur et la direction de la
composante ou le courant actuel frappant la surface inférieure de
l'aile. Supposons que E F soit perpendiculaire à A B et représen-
te toute la pression, E G étant parallèle à l'horizon sera la
force propulsive, et G F perpendiculaire àE G, la force de soutien.
Un oiseau est soutenu aussi efficacement pendant l'élévation que
pendant l'abaissement de ses ailes. Cet effet est surtout produit
par la résistance du courant sous la portion de l'aile voisine du
corps où le mouvement de retour est si lent qu'il produit à peine
de l'effet. La portion extrême de l'aile, grâce à sa vitesse, reçoit
une pression dirigée en bas et obliquement en avant et qui con-
court à produire une partie de la force propulsive et en même
temps en portant en bas la partie postérieure de l'aile moyenne
accroît ainsi son angle avec le courant, suffisamment pour qu'elle
puisse recevoir sa pression ordinaire de dessus.
Gomme le corbeau commun a son poids et sa surface dans le
rapport d'une livre h un pied carré, il pjut être considéré comme
un type pour un calcul de cette sorte et j'établirai à l'aide d'un
certain nombre d'observations très soigneusement faites les mou-
vements de cet oiseau. La vitesse représentée par C D (flg. 77) est
de 34,5 pieds par seconde. Il fait mouvoir une fois ses ailes en haut
et en bas en volant sur une longueur de 12,9 pieds. Et, comme le
centre de résistance de la portion extrême de l'aile parcourt un
— 292 —
espace de 0,75 centièmes de pied à chaque "abaissement et éleva-
tien, sa vitesse est d'environ 4 pieds par seconde, elle est repré-
sentée par la ligne £ D. Uaile pour surmonter certainement le cou-
rant doit être inclinée sur lui d'un angle d'un peu moins de 7», car
à cet angle, il lui serait difficile de se tenir dans une direction pa-
rallèle, à moins que l'abaissement ne s'effectuât avec plus de vitesse
que le mouvement d'élévation, ce qui peut bien être et est proba-
blement, quoique ces mouvements paraissent avoir une égale du-
rée.
La force propulsive représentée par E G, ne peut, dans ces cir-
constances, être égale à la huitième partie de la force de soutien
G F exercée sur cette portion de l'aile. Cette force avec le concours
du mouvement d'élévation de l'aile a encore à vaincre la force de
ralentissement de la surface ainsi que la résistance directe occa-
sionnée par le volume de l'oiseau.
n a été suggéré précédemment et, je le crois, par des raisons
suffisantes que les angles très aigus varient peu dans le degré de
résistance qu'ils font à une même vitesse de courant. Il est donc
probable que la partie propulsive de l'aile reçoit un peu plus que
sa proportion ordinaire de résistance, pendant le mouvenant d'a-
baissement. Si elle est appliquée à un tiers de la surface entière
de l'aile et que la huitième partie soit employée comme pouvoir
propulseur, elle ne représentera que la 24'"« partie du poids de
l'oiseau et encore elle n'est exercée que pendant la moitié du vol.
La force gagnée pendant l'élévation de l'aile doit être ajoutée,
afin de rendre cette estimation correcte ; la difficulté est de pour-
voir l'apprécier et Texpérience suivante prouve qu'il se produit
une force propulsive plus grande que les observations précédentes
ne le montreraient.
Supposons que le plus large cercle qui puisse être décrit sur
la poitrine d'un corbeau ait une surface de 12 pouces. Une telle
surface se mouvant avec une vitesse de 34,5 pieds par seconde
rencontrerait une résistance deO, livre 216 qui, réduite proportion*
nellement à la résistance d'une sphère par rapport à son grand
cercle (évaluée par M. Robinsde 1 à 2,27), perdrait une résistance de
0,095 de livre, si la poitrine du corbeau avait la forme hémisphérii»
que. Il est probable néanmoins que la courbe employée par la
nature pour annuler la résistance étant parfaitement adaptée à
son but devra réduire cette quantité à un peu moins de la moitié
de la résistance de la sphère : ce qui la laisserait à 0,475 de livre,
valeur approchant de la résistance vraie, à moins toutefois que
l'élévation de l'aile ne donne une plus grande puissance de force
propulsive que l'abaissement, ce qui est improbable, une telle
■ a.
— 293 —
résistance du corps ne pouvant être admise. Bien que Tœil ne
puisse distinguer une différence entre les vitesses de rabaisse-
ment et de rélévation de Taile, elle existe probablement. L'expé-
rience seule peut déterminer le rapport réel qui existe entre elles.
D'après ces observations, nous croyons être dans le vrai en
affirmant que le vol réclame beaucoup moins d'efforts que Tappa-
rence ne pouvait le faire supposer.
Brompton, 8 novembre 1809.
Traduction de M. Hasenfeld,
Interprète juré, ancien élève de l'école Polytcclinique.
CHftONIQUE DES ASCENSIONS
Le dimanche 5 août, une véritable flotille aérienne planait au
dessus de Paris.
Vers 8 h. 1/2 le ballon de Thippodrome a ouvert la marche ; il
obéissait à un vent d*est et a plané longtemps au-dessus de 6ou«
logne.
A 5 h. M. Triquet s'élevait du champ de fête d'Issy.
A 5 h. 1/2, le vent tournait au S.-E. Les ballons de MM. Godard
frères s'enlevaient de la rue Desaix près du Champ de Mars. Le
Chercheur monté par M. Jules Godard descendait au Tapis Vert
à Versailles ; Ylntrépide, sous la direction de M. Louis Godard
fils, s'arrêtait à St-Cyr. Le voyage avait duré une heure environ.
A Saint-Denis, le ballon de la fête de la Plaine n'avait pu
réussir à opérer son ascension, le gaz ayant fait défaut.
A la même heure, à Lyon, M. Eugène Godard exécutait la 4« as-
cension du ballon La Ville de Lyon ; à 5 h. 80 l'aéronaute accom.
pagnéde4 voyageurs s'élevait du cours du Midi et s'éloignait dans
la direction du N-0. vers les hauteurs de Gorge-de-Loup.
Le même jour à Liège, M. Porlier montait à 6 heures dans la
nacelle du Mistral, et descendait 20 minutes après au Calvaire
ruelle du Suapeux. La direction du vent était la même qu'à Paris
et à Lyon.
Le 9 et le 13, M. Cafiiîlle Dartois faisait des ascensions à l'hip-
podrome, le 12, à 4 h. 1/2 , il disparaissait du côté de Sceaux.
Le 12, le Chercheur avec Jules Godard s'élevait à 5 h. 1/2 de la
rue Desaix simultanément avec V Intrépide sous la direction du
fils Louis Godard^ Le l«r aérostat conservait une faible hauteur et
— 294 —
descendait à 6 h. 1/2 à Bourg la Reine. L'autre ballon s*éleyait à
une hauteur double et, déviant un peu yers Test, descendait à la
même heure sur le plateau de THay.
Le 15 août, M. Porlier montait dans la nacelle de la Montgol-
fière Le MistraU II partait à 6 h. 20 et descendait à 7 h. à Mons-
en-Barœuil :
Le 18 août, M. Triquet faisait une ascension à St-LÔ à Tocca-
sion du voyage du Président de la République.
Le 19, le Mistral partait de Roubaix à 6 h. et descendait à Etain-
Puis. M. Porlier avait fait ce trajet en 50 minutes.
Le même jour M. Jules Godard faisait une ascension à Montbé-
liard et M. Camille Dartois en faisait une à Thippodrome de
Paris.
Le lundi 20, M. Eugène Godard partait de St-Etienne à 10 h.
1/4 du soir par un vent violent. Après avoir traversé toutes les
montagnes du Forez et être arrivé à 3,200 mètres, il parvenait
à descendre à minuit 45 sur le territoire de St-Germain du Plan
près Chalon-sur-Saône. La Ville de Lyon avait fait ainsi un trajet
de 200 kilomètres.
Le mardi 21 , M. Duruof s'élevait avec le Pilote de la place Saint-
Maclou à Mantes. Le départ avait lieu à 3 h. et la descente se fai-
sait à 3 h. 40 entre Bpiais et Gérocourt, au-delà de Pontoise.
JiC même jour a dû avoir lieu à Anvers une ascension à l'occa-
sion des fêtes du 300* anniversaire de la naissance de Rubens.
Les renseignements ne nous sont pas encore parvenus sur cette
ascension.
Le jeudi 23, M. Camille Dartois passait à 5 h. au-dessus du
faubourg St-Germain, il disparaissait dans la direction de Vitry-
sur-Seine.
Le 26, M. Porlier avec le Mistral partait de la grande place
d'Arras à 6 h. 55 et descendait une heure plus tard près du bois
de Bailleul-sire-Berthoud.
Le même jour M. Eugène Godard avec deux compagnons de
voyage partait dans la nacelle de la Ville de Lyon de Saint-
Etienne à 5 h* 35. Il traversait la montagne de la République,
dominait le Mont-Pilat et atterrissait à -8 h. à2kil. d'Annonay,
sur la Pelouse du château de M. de Boissy d'Anglas.
Enfin le 30 août, M. Camille Dartois partait à 4 h. 1/2 de l'hip-
podrome et descendait à Chénevières.
^Chille ROULAND.
Le Gérant: Félix Caron.
CLERMONT (OISE). -^ lUPRfMBRrE A. DAIX, BUE DE CONDé, 27.
— 295 --
BIBLIOGRAPHIE AERONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an»
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ayant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvraj^es sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra*
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec l'indication du prix qu'ils en
demandent.
Diécouverte de l'éther atmosphérique par P. F. P. Delestre, ancien
élève de l'école polytechnique, directeur des manufactures de l'état,,
chez E. Lacroix, éditeur, rue des Saints-Pères, 54.
Les poussières de l'air par Gaston Tissandier, ouvrage accompagné
àt 34 ngures, et de 4 planches hors texte, chez Gauthier Villars, quai
des Augustins, 55.
Bau Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mît transparenten
Montgolfîeren insbesondere die Aufertigung der Feuewerkballons. Fûr
feuerwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. S'* ii2 pages, à Pa*
ris^ chez Baer, rue du 4-Sepiembre, 2.
i.a navigazione aerea considerata rispetto alla meccanica. Studii per
Vmcenzo Fruscione professore di fîsica et chimica nel liceo di Bari,
socio corrispondente dell' Académia Tiberina e socio effettivo délia'
Società Italiana pel progresso délie scienze in Roma. Bari, stabilimento
tipografico di Gioacchino Gissi e compagno.
Les neuf premières années de rÂiRONAUTB sont actuellement en
vente aux prix suivants :
Annék 18C)8, 9 livraisons (très'rares) • 20 »
Chaque livraison séparément 3 >
Années 1869, 1870, 1871 et 1872, chacune 12 livraisons. . • 12 >
Cha({ue livraison , 1 50
Annéus 1873, 1874, 1875 et 1876, chacune 12 livraisons. . . 6 »
Chaque livraison » 75
La collection couplAtk, avec Tannée 1877 90 •
Pour la province ou l'étranger, le port en sus.
La collection de TAéronaute forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de rAÉKONAUTB, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques.
Le» pereonnes 4ui possèdent des livraisons isolées ou défraîchies
de rAÉKuNAUTB, sont priées de ne pas les détruire. Nous les rache-
tons à des prix pouvant aller jusqu'à 3 francs, suivant la rareté
et la propreté des exemplaires.
J
Ij'^ÉIlOISrA.XJTB
SOMMAIRE
OCTOBRE TS7y
Une Soupape sans Clapets, par M. ZESmest Ijefébure (deux
gravures dans le texte).
Un Brevet d'Aéroplane, par MM. Alpliouse Péziaud et
Paixl G-aucliot (trois gravures dans le texte).
Sur la Navigatipn aérienne, par sir George Cayley, traduction
de M. £[€bsenfelci, interprété juré, ancien élève de Técole
polytechnique (deux gravures dans le texte).
Chronique des Ascensions, par M. Acbille Rouland.
Bibliographie.
l'aéronaute parait tous les mois
RÉDACTION ET ABONNBMBNTS
95. RUE L-AFAYETXE,
prix de l'année oourantb :
Un numéro t TU centime»
Paris : 6 fr par an. — Départements : 7 fr.
AUTRICHB-HONORIS, DANEMARK, EOTPTB, ESPAONB, GRANDE -BrKTAGNS
Qréob, Italie, Luxembourg, Monténégro, Norwégb,
Pats-Bas, Portuoal, Roumanie, Russie, Serbie, Suéde, Suisse.
Turquie, Tanger, Tunis : 8 fr.
États-Unis d^ Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata bt Antilles : 12 fr.
Gbinb, Indb, Coohinchinb, Birmanib, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Chili, Bolivib : 15 fr.
L'Administration ne sbrt pas d'Abonnements en Allbmagnb
L'abonnement commence au 1*' lanvier
Il continue jus<^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le prix des années écoulées.
Envoyer le prix de l'abonnement en un bon sur la poste au nom de
M. Bureau de Villeneuve, rue Lafayette, 95.
Wo» ebonné» en retard «ont InAtamment prié» de non»
eairoyer de Aulce le montant de leur souaorlptlon,
on, RUE L./aFA.YBX'TB, 9»
AUniiont-OiM. — lBiprtm«ri« A. Dtii ra« <1« C9ni«t ^*
NAVIGATION AÉRIENNE
;e,e d- abel hureau de Villeneuve
Hiauréat de l'Institut
[Ackdénil* 4(1 Sclanccs)
lO' ANHBB, N* t 1
NOVEMBRE 1877
P*H(I : 6 FRANCS P\R kV. — DiPARTSIlKHTS : 7 PKANOg.
DM NUUriltO : 1i CKNTIXBS
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LA FAYETTE, 9 5
— 298 —
Le comité de rédaction de TAERONAUTE se compo» de
HM. Jules Arixieiieraii.<li iogénieur^ ancien élève de l'École
polytechnique, membre du Jury d'admission à l'Exposition de
1878 ; Oh.. cUx Hauvel d'AudreTUliie, iAgénieur des Arts et
Manu&ctures ; Sixreau de VilleneixTe» lauréat de l'Institut ;
CkMtoxx rriaeaxxd.ier, membre du Jury d'admission à l'Ëxposî-
tioo de 1878 ; Albert 'Piseaiidlcar, architecte. Le comké ne se
««mdére pas comme responsable des opinions scientifiques émisea
par ks autetirs. Les manuscrits ne sont pam rendus. Les travaux
relatifs à Tart militaire adressés à la radactioa, sont renvoyés à
M. le Ministre de la Guerre, omûs ne sont patinaérés.
Les dernières livraisons canteoaiettt lai actîoles suivants :
Etude expérimentale de la ntesTAMCa Mi t'iUR, par iA£. G-, de
la Jjandelle, ancien lieutenant de vi^sseau.
Recherches des centres de gravité des figures par la méthode des
surfaces réduites et le planimètre polaire, par M!. O. de Xja-
liarpe, ingénieur des Arts et Manufactures (h«it gravures dans
le texte).
Une Chaudière légère, par M. Félix du. Temple, ancien
député (quatre gravures dans le texte).
Ecole pratique des hautes-études. Expériences sur le vol méca-
nique, ^ar Ikf, Victor Tatin. (huit gravures dans le texte).
Monument commémoratif de la catastrophe du Zénith érigé à
Ciron, parM. G-astorLCrissarLdier (une grande gravure dans
le texte).
Les Machines Compound par M!. Xjéon Xjeixicollais, ingénieur
de constructions navales (trois grandes gravures dans le texte).
De l'Influence de la queue dans le vol oes oiseaux par M. le X>'
Hj. Q-acliassirL-JLiafiLte .'cinq gravures dans le texte).
Le Moteur a pétrole de M. Julius Hock, par M. Adrien.
Duté-Poitevin ^six gravures dans le texte).
L'EoLiPYLE DE FEU LE BARON SÉGUiER, par M. A. SiiTeau. de
"ViHeneuve (une gravure dans le texte).
Bienvenu et Launoy, par "M,. Félix Oaron.
Une Soupape sans Clapets, par M. Ernest Xjefébure (deux
gravures dans le texte).
Un Brevet d'Aéroplane, par 2J1M. Alplionse Penaud c^
Paul Cjhaucliot (trois gravures dans le texte).
La bibliothèque, les archives et le musée du Cercle aérona^u tique
sont ouverts tous-les jours, de <Jix à onze heures, rue Lafayette, gS.
Le Cercle possède des appareils au moyen desquels on peut
s'exercer aux manœuvres aerostatiques.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de ^ la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyop, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve, directeur de VAéronaute^ rue Lafayette, gS.
L'AÉRONAUTE
10' ANNÉE. — N" II. — NOVEMBRE 1877
ASSOCIATION FRANÇAISE
POUR. L'AVANCEMENT DES SCIENCES
SESSION DU HAVK£
Août 1877.
ctteannée l'Association française pour
l'avancement des Sciences a tenu au
Havre sa session annuelle. Plusieurs
communications intéressantes pour la
navigation aérienne y ont été faites.
Deux mémoires ont surtout une grande
, I importance.
I.e premier est dA à M. le colonel Laussedat, président
do la commission des communications aérlenne.s au minis-
tère de la guerre et a été complété par des explications
verbales, de M. le capitaine Henard, membre Je la mâme
commission.
Le second a trait aux appareils deM-l'ing-énieur Henri
Giffard et a été lu par notre coUègrae M. Gaston Tissandier.
Nous donnons ces deux mémoires qui traitent tous les
deux de la fabrication perfectionnée de l'hydrogène pur
destiné au gonSemënt des aérostats.
- 300 —
SECTION 'DE GÉNIE CIVIL ET MILITAIRE
COMMUNICATION DE M. LE COLONEL LAUSSEOAT
Les procès récents de V Aéronautique,
m
Tout le inonde sait avec quel enthousiasme fut accueillie la
découverte de Montgolfîer, presque aussitôt perfectionnée par le
physicien Charles, mais restée pendant de longues années dans
le même état, entre les mains des aéronautes de profession. Ce
que Ton sait moins, c'est qu'un illustre ingénieur militaire qui
fut un des meilleurs géomètres et physiciens de son temps, le
général Meusnier, mort de ses blessures, à Mayence en 1793, à
l'âge de 40 ans, avait consacré dix années de sa trop courte
existence à la solution du problème si délicat de la navigation
aérienne et qu'il avait approché du but autant qu'on le pouvait
faire de son temps.
Les mémoires de Meusnier, que nous possédons heureusement
dans leur entier, sont si peu connus que, tout récemment, une
commission académique, chargée d'apprécier l'œuvre d'un
autre éminent ingénieur, M. Dupuy de L5me> n*a ftùt aUudon
qu*à la poche à air imaginée par Meusnier pour ftdre monter ou
descendre son aérostat, sans perte de gas ni de lest, et que
M. Dupuy de Lôme emploie pour tenir l'étoffe du baUon cons^
tmment tendue. Il est même dit positivement dans le rapport
au ministre de l'instruction publique que Meusnier ne s*étsit pts
occupé de diriger les ballons. Or les mémoires dont J*id parlé
plus haut contiennent un projet d'aérostat dirigeable dans lequel
la forme allongée du ballon, l'emploi de Thélice et celui du gou-
vernail sont non-seulement indiqués, mais élucidés, illustrés,
comme on dirait aujourd'hui, par des dessins, des calculs et des
devis nécessaires pour en arriver à l'exécution*
L'illustre physicien n'avait à sa disposition que des moteurs
animés pour faird tourner ses hélices, mais il avait eu soin de
recommander aux aéronautes de sonder l'atmosphère, en s'y éle-
vant, et de chercher les courants qui pouvaient les aider à avan-
cer dans la direction qu'ils avaient en vue ou ceux qui s'en éloi-
gnaient le moins. Il avait également pressenti les progrès que
l'aérostation est appelée à faire faire à la météorologie.
Les travaux de Meusnier n'ont cependant pas été ignorés de
tout le monde^ car c'est en les prenant pour point de* départ
— 301 —
qu'un auteur distingué, M. Marey-Monge, a proposé le premier
de faire progresser des ballons allongés munis d*une hélice et
d'un gouvernail, à Taide de machines à vapeur. Le mémoire de
M. Marey*Monge, sur lequel un rapport très détaillé avait été
fait à la Société d'encouragement par le regretté professeur du
conservatoire, M. Alcan, fat publié chez Mallet-Bachelier en 1847.
En 1851 et en 1855, deux tentatives hardies furent faites par
M. H. Giffkrd pour diriger un ballon allongé au moyen d'une pe-
tite locomobile à cheminée renversée, mais les conditions dans
lesquelles expérimentait cet ingénieur étaient peu favorables, et
Ton ignore s'il est parvenu à mesurer la vitesse imprimée à son
ballon par le moteur et la déviation qui en résultait par rapport
à la direction du vent.
A l'époque où Marey-Monge proposait l'emploi de la vapeur,
les machines connues atteignaient un tel poids, par force de che-
valy qu'il eût fallu accroître prodigieusement le volume des bal*
Ions pour pouvoir enlever les machines et pour compenser par
la puissance de ces dernières la résistance de l'air au mouvement
du système, n en était encore de même en 1851 et en 1855 ; aussi
les aéronautcs de l'école de Marey-Monge sont-ils restés sous
cette impression et parlent-ils toujours d'aérostats colossaux,
tandis qu'il est bien préférable et très-possible aujourd'hui de
recourir à des aérostat» d'un faible volume, suffisants pour enle-
ver des machines déjà assez puissantes pour les entraîner dans
la plupart des circonstances atmosphériques.
M. Dupuy de Lôme, à qui Ton est redevable de Tétude la plus
complète et la plus savante qui ait été faite sur les aérostats
dirigeables, n'a pas voulu recourir aux machines et s'est contenté
de la force musculaire d'un certain nombre d'hommes pour mettre
son hélice en mouvement. J'ai déjà dit que le célèbre ingénieur
avait pensé à assurer la rigidité de l'enveloppe de l'aérostat au
moyen d'une poche ou ballonnet intérieur, dans lequel un ventila-
teur manœuvré de la nacelle permettrait d'introduire de l'air au
fur et à mesure de la déperdition du gaz. Enfin, il faut ajouter que
personne avant M. Dupuy de Lôme n'avait résolu avec autant de
succès le problème de la suspension de la nacelle au ballon al-
longé, ce à quoi il est parvenu à Taide de deux fileta disposés de
la manière la plus ingénieuse et qui assurent la solidité parfaite
des différentes parties du système.
Quand, le 2 février 1872, M. Dupuy de Lôme fit Fessai de son
aérostat, le vent était d'une violence extrême et la force motrice
dont il disposait était insuffisante pour lui permettre d'obtenir
une déviation sensible. Aussi, dans le public ordioaire, coiu;idér»<
— 302 —
t-on cette expérience comme un échec, tandis qu'en réalité, elle
a tenu tout ce qu'il était naturel d'en attendre. Le calcul montre
en effet de la manière la plus simple qu'avec un vent de 16 à 17
mètres par seconde, les huit honmies qui faisaient tourner l'hélice
ne pouvant imprimer au ballon qu'une vitesse de 2 mètres 80, la
déviation devait être de douze degrés environ et c'est cette dévia-
tion qui fut constatée par M. Dupuy de Lôme et par son colla-
borateur, M. l'ingénieur Zédé, toutes les fois que les honmies
faisaient tourner l'hélice.
M. Dupuy de Lôme était donc en droit d'afârmer, comme il Ta
fait, que si l'on substituait huit chevaux vapeur aux huit hommes
d'équipe, on parviendrait avec le même aérostat c à se dévier du
lit du vent d'un angle considérable, par les vents ordinaires et
même assez souvent à faire route, par rapport à la terre, dans
toutes les directions qu'on voudra suivre.
A peu près dans le même temps que M. Dupuy de Lôme étu-
diait avec une si grande supériorité la question de la direction des
aérostats, un ingénieur autrichien, M. Haenlein, parvenait à réu-
nir les fonds nécessaires pour construire un ballon allongé qu'il
se proposait de conduire à l'aide d'un moteur à gaz. L'expérience
a été tentée à Briinn, en Moravie, en 1873, mais le poids de l'é-
toffe et l'emploi du gaz de l'éclairage au lieu de gaz hydrogène ont
contribué à empêcher le ballon d'avoir une force ascensionnelle
suffisante et il a fallu se contenter, quand le moteur a été soulevé
à une assez faible hauteur, de le faire fonctionner tout en main-
tenant le ballon à l'état captif et de constater la tendance de
celui-ci à progresser dans une direction différente de celle du
vent.
Tel était l'état de la question des aérostats dirigeables, quand
M. le ministre de la guerre institua une commission spéciale
pour examiner le parti que l'on pouvait tirer des ballons dans les
opérations militaires.
Je m'abstiendrai d'entrer ici dans des détails qui n'auraient au-
cun intérêt pour la section et je me bornerai à parcourir rapide-
dement les principaux sujets qui ont été étudiés par cette com-
mission que des journalistes mal intentionnés ou mal renseignés
n'ont pas craint d'accuser publiquement de négligence ou d'insuf-
fisance, en réservant leurs éloges pour des étrangers dont personne
n'a vu les œuvres.
Cette énumération, qui sera suivie d'explications verbales
données par un des officiers qui ont le plus étudié la question de
l'aérostation, est d'autant plus nécessaire, que par suite d'indis-
crétions probables ou de coïncidences bien singulières, d'autres
— 303 —
personnes publient anjourd*hui sous leurs noms, des procédés
entièrement analogues à ceux imaginés, il y a deux ans et plus,
par les membres de la commission qui s*eflfbrçaient de les tenir
secrets, mais qui, ne le pouvant plus, sont bien obligés de les
faire connaître pour ne pas se trouver exposés à être taxés, à leur
tour, de plagiat.
Je conmiencerai par une remarque dont Timportance ne saurait
vous échapper.
En attendant que les expériences nécessaires aient été faites et
continuées aussi longtemps qu'il le faudra avec les ballons diri-
geables, il était prudent de ne pas renoncer aux ballons libres qui
ont été si utiles pendant le siège de Paris. Mais il était indispen-
sable de perfectionner leurs organes restés pour la plupart tels que
Charles les a imaginés, c'est-à-dire dans un état tout à fait im-
parfait et peu digne des progrès récents de la mécanique.
Enfin, il était intéressant de reprendre les essais des ballons
captifs si brillamment inaugurés par les aérostiers de la première
république et bientôt abandonnés sans qu*on ait jamais bien su
pourquoi*
Les études à entreprendre devaient donc embrasser les ballons
captifs, les ballons libres ou ballons-poste et les ballons dirigeables.
Ballons captifs, — n n'y avait rien de mieux à faire que de re-
prendre les errements des Conté et des Coutelle dont nous avons
entre les mains les mémoires et les remarquables dessins. Ne us
avons donc entrepris Tétude delà résistance des étoffes et reconnu
la nécessité d'employer d'excellente soie. Nous avons étudié de
même la résistance des cordages et choisi ceux qui sous le moin-
dre poids, offraient le plus de garantie de solidité. Des appareils
spéciaux et très-précis ont été construits pour faire ces essais.
L'imperméabilité de Taérostat au gaz hydrogène avait été obte-
nue par Tapplication d*un vernis dont Conté avait indiqué assez
vaguement la composition. MM. le commandant Delambre et le
capitaine Renard^ après d'assez longues recherches parfaitement
conduites, on# retrouvé ce vernis, et nous sommes certains que
les ballons dont Tétoffe en est recouverte se conserveraient, coihme
les ballons des armées de Sambre-et-Meuse et du Rhin, gonflés
pendant des mois entiers. Un appareil très délicat a été construit
par les mêmes officiers, pour constater Timperméabilité des étoffes
enduites de vernis sous des pressions déterminées et supérieures
à celles qui existent dans les ballons.
Au lieu de cordages nombreux tenus par des hommes, on a
adopté un seule câble manœuvré à Taide d'un cabestan muni d'un
frein très simple et très sûr. Le mode de suspension de la nacelle
_ 304 —
a été Tobjet d'une étude particulière de la part de M. le capitaine
Benard.
Enfin, ce mémo officier avait trouvé un procédé rapide et éco-
nomique de fabrication de l'hydrogène par la voie humide. L*idée
de ce procédé, que M. Thénard, membre d'une commission d*aé-
rostation militaire instituée sous la restauration, n*a pas eue en
1828, paraît être venue, à peu près en même temps, à M. Benard
et à un ingénieur bien connu qui Ta fait communiquer ici même
à la section de chimie. Il est de mon devoir toutefois de déclarer
que tous les membres de la commission et M. le ministre de la
guerre lui-même connaissaient ce procédé depuis le mois d*août
1875, date du dépôt du mémoire de M. Benard au ministère et
dans les archives de la commission, d'où il n*est sorti que du mois
de novembre 1875 au mois d*avril 1676, pour être confié au cons-
tructeur Flaud.
Balîons^poste. — Les organes essentiels qui ont été perfectionnés
par la commission sont au nombre de trois : la soupape, le lest
et les appareils d*arrêt.
En comparant la soupape, dont la description sera donnée de
vive voix par M. le capitaine Benard qui Ta imaginée avec celle
qui est en usage dans les ballons ordinaires, on pourra se faire
une idée de la différence de leur fonctioimement et de la sécurité
qui en résulte pour les aéronautes.
Au lieu de lest solide, on a eu recours au lest liquide, et Ton
a cherché un fluide qui ne puisse pas se congeler aux plus basses
températures de Tatmosphère accessible. La soupape et le vide-
lest peuvent fonctionner automatiquement et maintenir le ballon
à une hauteur déterminée à Tavance, sans que Taéronaute ait
besoin d'intervenir constamment lui-même.
Parmi les moyens d'arrêt expérimentés par la commission, se
trouvent l'ancre javelot de Meusnier et une sorte de herse en fer
imaginée par M. le capitaine d'infanterie de la Haye.
Les expériences ne sont pas terminées ; mais les résultats '
qu'elles ont déjà donnés au dynamomètre font prévoir que ceux
auxquels on arrivera dans la pratique seront satisfaisants. H y a
là toutefois des difficultés sérieuses et la commission ne se flatte
pas de les avoir toutes surmontées.
Enfin quiconque a mis le pied dans la nacelle d'un ballon ordi-
naire a pu remarquer la confusion qui y règne le plus habituelle-
ment. A l'exception des savants qui, depuis Gay-Lussac jusqu'à
Glaisher, ont dû, pour faire leurs observations déposer leurs
appareils avec soin, on peut dire qu'en général les aéronautes
— 305 —
négligent absolument de mettre de Tordre dans Faménagement
de la nacelle.
Une étude attentive de cet engin a permis de disposer sous la
main et sous les yeux des aéronautes les instruments et les
moyens de manœuvre dont on a besoin à chaque instant et spécia-
lement au moment de la descente qui est toujours une opération
critique.
Ballons dirigeables. — Les principes qui ont servi de guides à
M. Dupuy de Lôme ont été adoptés pour la plupart par la com-
mission. Toutefois, pour diminuer les résistances passives et pour
augmenter la vitesse propre, on a simplifié considérablement le
réseau formé par les filets.
Au lieu de placer Thélice dans la nacelle, c*est-à*dire à une
assez grande distance du point d*applicatîon de la résistance de
Tair, on a construit le ballon de telle manière que Thélice puisse
fonctionner au centre même de Taérostat. Pour cela, il a fallu
ménager un tube dans Taxe, problème nouveau qui n*a pu être
résolu que par remploi d*un certain nombre de cloisons rayon-
nantes attachées d'une part à la surface extérieure et de Tautre
à celle du tube. Un modèle d*une grandeur suffisante a montré
Texactitude des prévisions de Tauteur du projet.
La commission n*a plus qu'à se décider sur le choix du mote«r
et elle a déjà arrêté le programme des expériences qu'elle doit
faire à ce sujet.
Colonel A. Laussbdat,
Après la lecture de cette notice, la parole a été donnée à
M. le capitaine Renard qui a mis sous les yeux de la section
un modèle et des dessins de la soupape et du vide-lest
qui fonctionnent automatiquement , les plans du ballon
tubulaire et ceux de Tappareil destiné h la fabrication
rapide de Thydrog^èneque nous reproduisons ici tel qu'il a
été proposé au ministère en août 1875*
Voici comment fonctionne l'appareil: (Figures 78 et 7Ô).
Le générateur contient de la tournure de fer jusqu'aux
deux tiers environ de sa hauteur et sur cette tournure est
projeté le mélange d'eau et d'acide sulfurique. Ce mélange
s'opère automatiquement de la manière suivante par un
robinet à trois voies: Le vase de mélange G est supporté
par quatre ressorts étamés r (figure 78). Ces ressorts sont
réglés de telle sorte que sous le poids du mélange opéré
_ 306 —
dans des proportions convenables, le vase occupe une po-
sition déterminée d'ap'rès laquelle on règle la longueur de
la bielle b pour que l'arrivée de l'eau et de l'acide se fasse
convenablement.
Figure 78. — Échelle de i/5o.
Coupe du générateur du vase de
mélange et du réservoir d'acide
sulfurique.
Coupe transversale du vase de
mélange.
A Tuyau d'arrivée de l'eau. — B Tuyau d'arrivée de l'acide sulfurique.
— C Vase de mélange de l'eau et de l'acide. — D Dégagement de Thy-
drogène. — R Robinet de mélange. — R' Robinet d'arrêt. — b Bielle
manœuvrant automatiquement le robinet R. — m Volant de réglage de
la bielle. — V Conduites du mélange dans le générateur. — O Trop
plein du générateur. — X Réservoir d'acide sulfurique fonctionnant par
l'air comprimé au moyen de l'appareil Z. — n Levier commandant le
boisseau du robinet de mélange. — U Tuyau d'arrivée de l'air com-
primé dans le réservoir d'acide sulfurique.
— 307 —
Si le mélange cesse pour une cause quelconque de se
faire dans la même proportion, la densité du mélange varie
par suite de la différence de densité des deux fluides. Alors
la bielle b attachée directement au vase ouvre ou ferme,
suivant le cas, l'un des orifices du robinet par l'intermé-
diaire de la manivelle n calée sur Je boisseau. Dans les des*
sins pour l'exécution, les cloisons intérieures du généra-
teur ont été supprimées comme superflues. Le trop plein 0
a été remonté pour laisser le tiers de la hauteur de tour-
nure de fer eu contact constant avec le mélange acidulé.
Figure 79. — bljhelle de j/5. cou-»"- 1 1 robinet de mélange
Les explicatious de M. le capitaiua Renard ont duré près
d'une heure et ont; reçu de tou3 ceux qui les ont entendues
la plus complète approbation. On était généralement bien
— 308 —
loin de supposer que l'aéronautique fût aussi sérieusement
cultivée ^t aussi près d*atteintre sou but. Cette révéli^tion
a produit uue très vive impi'ession sur ]e^ membre^ 4^ la
seption :
Voici maintenant la communication qui avait été faite ^
la. sectiou de chimie par M. Gaston Tissandier.
NOUVEAUX APPAREILS DE M. H. GIFFARD
POUR LA PRÉPARATION EN GRAND DE l'hYDROGÈNE PUR.
Ujiydrogène est le plus léger de tous les gaz connus; il pè^e
quatorze fois et demie moins que Tair, aussi est-il naturellement
indiqué comme la substance la plus favorable au gonflement des
ballons. Si les aéronautes ont abandonné son usage, c'eçt que le
gaz d'éclairage, industriellement fabriqué dans les plus grandes
villes où on le trouve tout préparé dans les gazomètres des usines,
est d*un epiploi commode et pratique. Mais à volume égal, le gaz
d'éclairage offre une force ascensionnelle beaucoup moindre que
celle de Thydrogène pur : 700 grammes environ au lieu de 1,100
par mètre cube. On peut dire que si Ton utilise le premier gaz,
ce n'est que pour éviter les opérations difflciles et coûteuses de
la préparation du second.
La production économique de Thydrogène pur intéresse donc
au plus haut degré Taéronautique. Elle n'oflire pas moins d'impor-
tance à différents points de vue industriels, en ce qui concerne
notamment l'éclairage et le chauffage. Aussi croyons-nous devoir
donner la description de remarquables appareils qui peuvent être
signalés comme des solutions complètes d'un problème important,
et que notre habile ingénieur, M. Henri Giffard, a construits à la
suite de longues et patientes recherches.
L'éminentî inventeur de Vinjecteur a successivement employé
deux appareils : le premier fonctionne par voie sèche, le second
par voie humide.
■ Préparation de l'hydrogène par voie sèche, — M. Giffard a basé
son appareil sur deux réactions bien connues des chimistes et qui
avaient été antérieurement proposées, mais dans des conditions
théoriques erronées et irréalisables.
- 309 —
Ges daux réactions sont les suivantes:
l" Réduction, par l'oxjde do carijone, de l'oxyde de fer naturel.
2" Décomposition de la Tapeur d'eau, par le fer métallique rédut
dona la réaction préoédente.
FiouRi 8a. — Appireil de M. H. Oilbri), pour la production de
l'hydrogène par la voie sèche.
Lo système se compose essentiellement (âg. 80) de deux foura
cylindriques C et U. Le premier est plein do coke, le second est
rempli de menus fragments d'oxyde de fec naturel (minerai). Ceq
fours sont construits en briques réfractaires. X rintériqur, les
parois forment des retraits, disposés dételle façon que la matiçiQ
concassée, coke ou minerai, qu'ils renferment, soit enveloppée en
haut et en bas d'espaces annulaires aa, bb, a'a', b'b', qui 8« trour
vent toujours libres, U matière introduite par les ouvertures
A et E formant en ces points des talus d'éboulement. Le four h
miserai est muni de portes PP' qui servent à agiter la mas9Ç in-
férieure du minerai, dans le cas où il y aurait obstruction.
Le coke de la chambre C est allumé à sa partie inférieure, une
machine soufrants y lance de l'air par des tuyaux TT'. La com-
bustion s'effectue avec une grande énergie. La masse inférieure
devient incandescente. La masse supérieure n'atteint qu'une tem-
pérature inférieure à celle de la formation de l'ciydo do carbone.
L'oxyde de carbone formé s'échappe à la partie supérieure du
coke par l'espace annulaire aa. Il passe dans le tube B, traverse
1 n cylindre 'R, rempli d'une matière refractaire divisée, où il se
dépouille, par flltration, des cendres qu'il entraîna.
Le gaz Tient enfin par le conduit D, à la partie inférieure dv
— 310 —
four à oxyde de fer M. L*oxyde de carbone traverse le minerti,
entrant dans sa masse par Tespace annulaire b'b\ en sortant à
la partie supérieure en a*a\ Il réduit Toxyde de fer, convertit sa
surface en fer métallique, et se transforme lui-même en acide
carbonique qui s'échappe par le tuyau F, communiquant avec une
cheminée. Cette réduction s'opère sans le secours d'aucun foyer
extérieur ; Toxyde de carbone est assez chaud pour élever au degré
voulu la température du minerai ; Texpérience a même démontré
que cette température tend à s'accroître considérablement et que
la réactioa qui s'opère, bien loin d'exiger de la chaleur, en dégage
elle-même.
Quand la réduction du minerai de fer est produite, on fait pas*
ser à travers sa masse un courant de vapeur d'eau.
Le fer métallique réduit, s'empare de l'oxygène de l'eau, l'hy-
drogène se dégage. Pour cette opération, on ferme les soupapes
s' et s, on fait arriver la vapeur d'eau par le tuyau E. L'hydrogène
s'échappe par le tube H pour traverser un puissant réfrigérant et
sécher ensuite à travers un épurateur à chaux.
Après cette décomposition de l'eau, le fer se trouve oxydé de
nouveau; on y fait agir une seconde fois l'oxyde de carbone, qui
le réduit comme précédemment et le rend propre à décomposer
les nouvelles quantités de vapeur d'eau qui lui seront fournies ;
ainsi de suite presque indéûniment (1).
Nous ne donnons ici que le principe de l'appareil, sans entrer
dans des détails de construction, admirablement bien conçus,
mais qui nous entraîneraient dans de trop minutieuses descrip-
tions. Nous nous bornerons à dire que les expériences faites un
grand nombre de fois ont toujours donné les résultats les plus
favorables. Mais si l'appareil est digne d'attention au point de
vue de la pratique de la production, il est surtout remarquable
au point de vue économique.
Examinons le prix de revient de l'hydrogène par ce procédé.
Pour produire un mètre cube d'hydrogène, il faut théorique-
ment 800 grammes de vapeur d'eau, soit pratiquement, en tenant
compte des pertes, 1 kilogramme. La formation de ce kilogramme
de vapeur d'eau coûte un demi centime de combustible (calcul
fait en comptant la houille à 30 fr. la tonne, ou le coke à 40 fr.,
prix de Paris). Ajoutons que cette vapeur d'eau, avant d'être
(1) Au lieu de remplir le four M de minerai qui eat susceptible de se
réduire ea poussière par l'usage, on pourrait employer des sphérules de
fer métallique analogues ù des grains de plomb. Dans ce cas on recom-
mencerait à faire fonctionner l'appareil par la décomposition de Teau, puis
on rentrerait dans les conditions de notre description.
-- 311 —
décoaiposée, est employée à faire fonctionner les machines sou-
fiantes, et que, par conséquent, la force motrice est gratuite.
Il faut en outre dans le cas que nous considérons pour produire
1 mètre cube d^hydrogène, 570 grammes de carbone pur, pour
donner naissance à Toxyde de carbone nécessaire, chiffre théori-
que ou 600 grammes en tenant compte des cendres. Admettons
800 grammes pour compenser les pertes. Ces 800 grammes de
ooke coûtent 3 centimes 2 ; le mètre cube d'hydrogène pur à
Paris revient donc à 3 centimes 7.
Si Ton considère la perte insignifiante du minerai réduit en
poudre fine et hors de service, à la suite d'un long usage, on
atteindrait peut-être le prix de 4 centimes 5 à 5 centimes.
Ce prix serait réduit à la moitié ou au tiers si Ton opérait près
des mines de houille où le combustible ne coûte pas plus do 15
francs la tonne.
Préparation de l'hydrogène par voie humide. — Les anciens
aéronautes qui utilisaient la méthode de production de Thydrogène
par voie humide se servaient habituellement d'appareils qui
représentaient grossièrement ceux que les chimistes utilisent dans
les laboratoires. Un ou plusieurs tonneaux contenaient du fer
et de Teau, on y versait Tacide sulfurique nécessaire pour déter-
miner la formation de l'hydrogène. La réaction, d'abord trop
tumultueuse, devenait d'autant plus lente que le sulfate de fer
prenait naissance avec plus d'abondance, le métal s'encroûtant
en quelque sorte du sel formé ; après le dégagement du gaz, une
épaisse cristallisation s'amoncelait au fond des récipients, et
souvent il fallait les briser pour en retirer le résidu. Cette mé-
thode était grossière et barbare.
M. Giffard après l'avoir utilisée lui-même, en a immédiatement
saisi les inconvénients. Il a compris que pour obtenir, par cette
réaction, un dégagement abondant et continu d'hydrogène, il
fallait éliminer au for et à mesure de sa naissance, le sulfate de
fer résidu de l'opération, et mettre sans cesse eu présence de nou-
veaux éléments de la production du gaz.
Le second appareil de M. Giffàrd, moins remarquable au point
de vue économique que le précédent, est un modèle de dispositions
ingénieuses et d'organes bien appropriés.
La figure 81 en est la reproduction exacte et complète. Le géné-
rateur A est la pièce essentielle de l'appareil ; nous le décrirons
dès à présent. C'est là que l'hydrogène prend naissance. La tour-
nure de fer est introduite à l'aide du plan incliné B que l'on peut
à volonté faire basculer ; elle tombe dans le large conduit C, dis-
posé comme lé gueulard d'un îiaut fourneau, et mis a l'abri de
l'air extérieur par une fermeture hydraulique mobile que Wa sou-
lève au moment dU templissage à l'aide d'une corde enrob.ée
— 313 —
dans ta gorge d'une poulie D. (Voir aussi coupe ]&tétale flg. (
FiatiBK 61>. — Coupe latérale de lafîgure 8i.
La tournure de fer rempli t l'espace intérieur du yase A jusqu'
une plaque inférieure percée de trous et formant double fond.
L'eau mélangéD d'acide sulfurique arrive par le tube B & la partie
inférieure du vase A. Elle s'y élève et dissodt avec énergie la
tournure; l'bjdrogène produit se dégage avec abondance et s'é-
chappe par le tube G. Le sulfate de fer en dissolution s'écoule
par le tube en U, H, et se déverse par une canalisation LLL dans
un grand bac M. L'eau cbargée d'acide sulfurique soulève, par
bouillonnement la tournure de fer, et les éléments de la réaction
se trouvent constamment ed contact si intime, que la production
du gaz, a poids égal de substances, est trente fois environ plus
considérable que dans l'emploi des appareils ordinaires (1).
Le vase A oii s'opère la réaction est intérieurement garni d'é-
(1) Le aouvean géuéraïaur d'hydrogène n'a pu un volume beaucoup
lupirieur à «elui d'undei tonneaux emptojéa dani Ub graadea batteries à
hydrog«De. Or, en lâQ7. U. Gifford avait installé pour gooâer son premier
baUon captif, une batterie de soixante tonneaux qui fonctioanaient alterna
livement pur titie de trente. Il fallut trente ouvriers pour les faire fonc-
tionner. La producùon avec ces lOiiante tonneaux n'éinit pas supérieure il
celle que l'on obtient avec le noUTsau générateur soixante fois moins volu-
mineux et qui fonctionne automatiquement avec 1» concours de deux da
trois opérateurs seulement.
— 314 —
paisses feuilles de plomb sur lesquelles Tacide est sans action.
La réaction peut être des plus énergiques sans qu'il puisse en
résulter aucun inconvénient. Telle est en quelque sorte Fâme du
système, mais on va voir que pour en assurer le fonctionnement
régulier, il a fallu le compléter par toute une série de dispositifs
ingénieux et bien étudiés.
L'acide sulfurique amené dans des touries est déversé dans le
réservoir 0. Une pompe P le fait monter dans un bassin Q pourvu
d'un flotteur qui en indique constamment le niveau.
Un tube inférieur muni d*un robinet doré, afin d'éviter les
morsures du liquide corrosif, conduit Tacide sulfurique dans un
grand godet b. L*eau de la ville est amenée de la même façon
dans un godet b*. Deux flotteurs interceptent d'eux-mêmes Fécou-
lement des liquides quand ils ont atteint un certain niveau : ces
flotteurs se soulèvent avec les liquides et, quand les vases sont
pleins, ils ferment Tou^ erture des tuyaux au moyen de soupapes
qu'ils font agir par l'intermédiaire de leviers articulés. Par une
disposition très élégante, si l'eau vient à manquer, le flotteur à
eau, en s'abaissant, agit par une tige sur le flotteur à acide, et
détermine la fermeture du tube adducteur de ce dernier liquide
(voy. détails flg. 84). On voit que tout fonctionne automatiquement
Figure 84. — Détails des vases b et b'.
avec la plus grande régularité. L'acide passe du vase b dans le
vase c et l'eau dans le vase c' ; ces liquides se déversent dans ces
récipients par des robinets à vis dont on peut régler le débit. Les
-r- 815 —
vases c et c* sont munis à leur partie inférieure d*un ajutage à
section invariable. En réglant Técoulement des liquides dans ces
vases, de manière que leur niveau reste constant, on est assuré
que le débit par Tajutage inférieur est parfaitement régulier (fig.
81 et 84). Des vases c et c* Teau et Tacide arrivent par Tintermé-
diaire de deux entonnoirs fixés à deux tubes en Y dans le cylin-
dre E, intérieurement garni de chicanes qui faisant tomber les
liquides alternativement à droite et à gauche en opèrent le mé-
lange intime. L'acide su\furique et l'eau arrivent ainsi en pro-
portions déterminées dans le récipient A où s*opère la réaction,
comme nous Tavons indiqué précédemment. Deux manomètres
m m* indiquent, le premier la pression dans Tintérieur du vase A,
le second la résistance de frottement déterminée par Técoulement
du liquide dans le tube E.
Uhydrogène formé s*écoule par le tube G. Il se rend dans le
laveur R. Le gaz s'échappe à travers une série de tubes percés de
trous et immergés dans Teau ; il traverse ainsi de bas en haut le
liquide qui lui-même tombe méthodiquement en pluie à la partie
supérieure de Tappareil et se déverse en dehors par le tube v
contourné enferme de U.
Apres avoir passé par le laveur, Fhydrogène traverse le dessic-
cateur S. C'est un grand cylindre rempli de chaux vive qui arrête
la vapeur d*eau entraînée, ainsi que l'excès d'acide qui a pu échap-
per à l'action du laveur. Le gaz arrivé à la partie inférieure de ce
dessiccateur traverse une plaque percée de trous au-dessus de la
quelle on a entassé la chaux. Un manomètre différentiel n, signale
les obstructions qui peuvent se faire et auxquelles on remédie
facilement en ringardant la chaux vive par des ouvreaux que l'on
dégage à la partie inférieure de l'appareil.
Du dessiccatem* S, le gaz passe par le tube E dans le réfrigé-
rant T. n circule dans un tube contenu au milieu d'un cylindre
formant un espace annulaire extérieur sans cesse traversé de bas en
haut par un courant d'eau froide. Le gaz arrive enfin parle tube Y
dans une cloche de verre Y, contenant im système nouveau et
ingénieux qui permet d'en mesurer le débit. C'est un large tube
de cuivre, disposé verticalement et dans lequel on a pratiqué une
mince fente latérale. Ce tube renferme une soupape cylindrique
creuse S (âg. 85} très légère qui peut y glisser de haut en bas et de
bas en haut sans aucun frottement contre les parois. Elle est en
un mot absolument libre. Quand le gaz arrive dans le tube, il
soulève cette soupape et s'échappe par la fente latérale ; il la
soulève d'autant plus que le dégagement est plus abondant : la
hauteur de fente démasquée se trouve être la mesure directe du
— 316 —
débit. DAiis CB inêihe VaàS V est installé mi Hj&romêtre h cherett ft
et iln thermomètre; plongés dans le gaz uétne, ils éd indiquent
l'ëtftt de sécheresse et la température. Od y pettd aussi une
feuille de pftpier de tournesol bleu qui montre que le gaz n'est
pas acide.
Ficuss 85. -~ Détails du vaïe V de la Egure Si .
L'hydrogène se dégage enfin par le robinet r (flg. 8L); le robi-
net r', placé à c6té de celui-ci sert h faire les prises d'essai. Les
expériences ont démontré que le gaz offre, & peu de choses près, la
densité théorique, et que sauf des traces inappréciables de subs-
tances étrangères (1), il est aussi pur qu'il est possible de l'obte-
nir dans une opération industrielle.
Le liquide qui réaulte de la réaction est saturé de sulfate dé
fer. Ce sel cristallise. Oh le retire du bassin M oii il s'est déposé
et on le livre au commerce. Les eaux mères saturées à froid ne
renferment que 5 pour 100 d'acide sulfurique en excès. Elles
constituent également une matière commerciale. En déduisant lé
prix de vente de ces résidus, on arrive à obtenir l'Uydïtigène, par
(t> Cet hfdrogâua renfermedea trac«»d'lifdrogâns carboné, Bulfuré, pfaot-
phoré et araeuii. On pourrait facilement (UKorbar les deux premiers gai.
par UD épurateur contenant do la potasse, et les deai datuiera par de la
pûDC« imbibée de bietilorura de mereur*.
— 317 —
cette méthode, à 80 centimes le inètrè cube, c'est-à-dire au pHt dti
gAz de réclairage livré & Paris.
Quoique le premier appareil soit plus économique, M. Giffàrd
est décidé à employer le second pour produire les vingt mille
mètres cubes de gaz nécessaires au gonflement du grand ballon
captif de l'Exposition. Par un sentiment de prudence qu'on ne sau-
rait blâmer, M. Giffard veut éviter d'avoir uh appareil à feu fonc-
tionnant auprès d'une masse considérable de gaz combustible.
Ajoutoiis en terminant que le bel appareil dont nous venons de
donner la description fonctibnn'e actuellement dans Tusine de
MM. Flaiid près du Champ de Mars, et qu'à plusieurs reprises
M. Giffard a gonflé des aérostats, que Ton à vus, dans ces der-
niers temps, traverser Paris au sein de l'atmosphère.
Gaston Tissandier.
Nous donnerons, dans l'une de nos prochaine liviràisoils,
les autres communications aéronautiques faites à l'Asso-
ciation Française pour Tavancement des sciences.
Félix Carok.
SUR LA NAVIGATION AERIENNE
t^ar sir George Cayley.
6m« artîclell).
Nous h'avoiis pad des données suffisantes pour déterminer exac-
tement le diBgré de force propulsive exercée par l'oiseau en volant ;
il y a donc ihcertitude à l'égard de la quantité de force qu'un
navire aérien devra développer pour se mouvoir ; cependant eh
considérant l'étendue immense que les oiseaux voyageurs par-
courent en volant, on doit conclure que l'effort doit être faible*
L'application la plus avantageuse de la force motrice est un des
t points les plus importants. Le modo imiversellement adopté par
la iiature est une inclinaison oblique de l'aile. Nous n'avons à
choisir qu'entreunbl^tteiiiént direct d'une vitesse supérieure à celle
du courant, comme la rame d'un bateau, ou un battement s'appli-
quant comme dtfns l'aile en présentant une certaine obliquité.
Supposons que la vitesse d'un mobile aérien soit de 35 pieds par
(1) Voir les livraisous de juin^ juillet, août, septembre et octobre.
— 318 —
seconde, la rame devra se mouvoir avec cette vitesse en sus de la
résistance; s*il ne faut obtenir qu*une pression de 1/10 livres
sur chaque pied carré, la vitesse du courant devra être dépassée
de 7 pieds 1/2 par seconde, le total de la vitesse devra donc être
de 42 pieds 1/2 par seconde. Si au contraire la même surfieuïe est
inclinée vers le bas, comme une aile, avec le rebord postérieur
incliné vers le haut, avec un angle d* environ 50» 40 sur le courant,
elle le surmontera avec une vitesse de 3 pieds 5 par seconde et
comme un faible angle de résistance, qui est inconnu, engendre
une pression d*une livre par pied carré avec cette vitesse, il est
propable qu*un battement d'un peu plus de 4 pieds par seconde
produira cet effet, soit le dixième de ce qu'aurait été la force de
propulsion.
L'avantage de ce mode de propulsion par rapport an premier est
même plus grand que 10 à 1.
La combinaison convenable pour appliquer pratiquement Tart
de la navigation aérienne, présente un grand nombre de difficultés
mécaniques : il faudra un nombre considérable d'expériences
habilement observées, avant de pouvoir les surmonter. Mais F air
a été reconnu à un certain degré, être un milieu navigable, et
quiconque a vu la stabilité avec laquelle des poids allant jusqu'à
3(stones (y compris 4 stones pour le poids de la machine) demeu-
rent suspendus dans Fair, ne peut pas douter que Ton ne unisse
par atteindre le but (1).
Le premier obstacle à surmonter est la proportion très considé-
rable de force qui doit être déployée avant que la machine ait
acquis une vitesse qui permette d'appliquer le principe du plan
incliné ; de plus, le manque total de soutien pendant le mouvement
de retour de toute surface servant d'aile. Beaucoup d'oiseaux,
notamment les oiseaux aquatiques, courent et battent des ailes
sur une distance de plusieurs yards avant de pouvoir trouver un
appui dans l'air. Le martinet {hirundo apur, Linnée) ne peut pas
s'élever dans les airs quand il se trouve sur un terrain plat. Cet
inconvénient provient de causes très différentes. La surface de
soutènement de la plupart des oiseaux nageurs ne dépasse pas le
rapport de 4/10 de pied carré par livre de poids. Le martinet, quoi-
que pesant à peine 1 once, mesure 18 pouces d'ehvergure. Le
manque de surface dans un cas, la longueur extrême des ailes
dans l'autre, obligent ces oiseaux à s'aider d'autres expédients à
l'origine du vol : cependant ils volent l'un et l'autre avec une
grande énergie, quand ils ont atteint leur pleine vitesse.
(l) Un stone équivaut à 14 livrts anglaises. {Note de la Rédaction).
- 319 —
Une autre difficulté de la navigation aérienne consiste dans la
grande longueur du levier qui agit constamment contre le moteur;
elle est la conséquence de la distance du centre de support dans
les grandes surfaces, si rapplication se fait au moyen d'ailes.
Un troisième obstacle, qui est d'ordre général, est Thabileté
mécanique exigée pour faire coexister une structure solide et
légère avec une grande étendue de surface, et avoir en même
temps un mouvement ferme et constant dans les parties actives
sans présenter des obstacles inutiles à la résistance de Tair.
Le premier de ces obstacles est très sensible dans la naviga-
tion aérienne, en ce qu'il oblige les ailes à une succesion très
rapide de battements, av%nt d'acquérir la vitesse où se produit la
résistance servant de point d'appui. Pendant le court intervalle
de relevée de l'aile, il se produit comme une sorte de saut à la
suite de l'impulsion produite par un coup de piston, jusqu'à ce
qu'elle soit aidée par le suivant. Les grandes surfaces que la na-
vigation aérienne exigera probablement, quoique mues nécessaire-
ment avec la même vitesse, auront probablement une durée plus
longue pendant le mouvement de relevée de l'aile, et par suite il
se produira pendant ce dernier mouvement une descente qui sera
trop forte pour être surmontée par le premier mouvement.
Il paraît y avoir plusieurs moyens de remédier à cette difficul-
té. Il peut y avoir deux surfaces, chacune capable de soutenir le
poids, placées l'une au-dessus de l'autre, construites de façon à
pouvoir alternativement monter ou descendre, en sorte que l'une
soit toujours prête à descendre au moment ou l'autre cesserait de
le faire. Ces surfaces peuvent être construites de façon à céder à
la relevée et à ne résister qu'à la descente.
L'action peut être considérée soit comme oblique, comme dans
les volants rotatifs, soit comme alternante, sans battement ascen-
dant, ni descendant, comme dans la machine que j'ai attribuée à
M. Degen, soit au moyen d'un grand nombre d'ailes au lieu d'une
grande aile, en prenant pour base le principe du' vol des oiseaux
avec de courts intervalles de temps entre chaque battement d'ailes»
enfin l'emploi de roues légères pour conserver la force de propul-
sion de l'aller et du retour de l'aile jusqu'à ce que son accumula-
tion soit suffisante pour enlever la machine, à la façon des oi-
seaux qui courent pour pouvoir s'élever. On pourrait aider à cette
action en faisant choix d'un t errain incliné, comme le fait le
martinet.
Quant à l'autre partie de la première difficulté que j*ai men-
tionnée, c'est-à-dire la quantité absolue de force, qui doit être
beaucoup plus considérable à l'origine que quand la vitesse en-
— 320 —
tière est acquise, il peut être observé que si Ton fait usage de la
force musculaire humaine, Thomme peut, pendant quelques se-
condes, pxercer une force surprenante. Il peut par exemple monter
un escalier à la vitesse de 6 à 8 pieds de hauteur vertic^l^ par
seconde sans faire aucun effort dangereux; il n*j a que les mus-
cles de SOS jambes qui agissent. Cependant, pour ne pas faire
d'hypothèse exagérée, supposons qu'avec l'activité de son corps
fît de ses bras outre ses jambes, il puisse élever son propre poids
de 8 pieds par seconde; ci doiÇLH il pèse 11 stones ou 154 livres,
rénergie momentanée de son action dépassera la forcp qrdinaire
d^ deux des chevaux-vapepir de IS^IM. Boulton et Watt et certaine-
ment Sera supérieure h celle que douze hommes peuvent déye-
lopper dans un travail ordinaire.
Si Ton fait usage de moteurs à détente on peut }e^ construire
de façon à faire plus que leur travail constant, ou de façon à ce
que leur force s'accumule pendant un temps trè^ court par la
formation d'un vide ou par la condensation de Taii:, en ^pirt^ que
ces expédients pui^sept, à un instan!^ donné, rendre toute la force
qu'ils avaient absorbée pour qu'elle vienne s'ajoutef à celle de |a
machine.
FiGURB 86.
Quant au second obstacle au point de vue de la navigation
aérienne, savoir la longueur du levier qui agit sur de grandes
surfaces en forme d'ailes, il faut observer que comme c'est une
quantité constante et invariable, due au degré de soutien que
ces surfaces produisent étant ramenées à leur centre de résis-
ance, on peut l'équilibrer au moyen de tout agent élastique con-
venablement placé. Soit a et b (fig. 86) les deux ailes d'un véhi-
cule aérien planant, la moitié du poids du véhicule est soutenue
par lecentre de résistance de chaque aile, comme le représentent
les flèches placées au-dessous ; si les extrémités courtes de ces leviers
sont liées par des cordons à la corde d'un arc c ayant une force suf-
fisante pour contrebalancer le poids de la machine aux points
a et b, la force motrice aura toute liberté pour produire l'action
nécessaire pour tendre le bord postérieur de l'arc et prqduire la
— 321 —
propulsion. Il est vrai qu'un arc n^est pas un ressort ég^l, xnais
OQ peut le rendra toi en se servant d'^ne fusée spirale. J'en ai
fait usage ici simplement parce que c'est le mojen le plus simple
d'établir le principe que je désirais indiquer. Si un ressort équili-
brant de pette nature était adopté dans la pratique de li^ naviga-
tiqi; aérienne, ^n pet|t cylindre bien poli» muni de ce que Ton
pourrait appeler un piston h sac (fondé sur le principe qu'en^ploio
la nature pqur empêcher le retour du sang au cœur, lorsqu'il est
parvenu dan^ Faortç par l'action deç valvules) produirait l'effet
désiré sans perte sensible par le frgttement, grâce &u vide produit
a chaque coup d'aile (1). Ces agents élastiques peuvent être égttle:
ment utilisés pour annuler graduellement }e moment des grandes!
surfaces animées d'un mouvement alternatif, si on les emploie et le
leur restituer pendant la course de retour.
Un autre principe que l'on peut appliquer pour contrebalancer
cette action du bras de levier d'une aile, consiste en une construc-
tion par laquelle la force de soutènement de l'air s'équilibrerait
d'elle-même. Il a été observé plus haut que chez les oiseaux, il
n'y a qu'environ le tiers de l'aile employé à produire la force pro-
pulsive. La surface restante qui n'a pas une force suffisante pour
produire cet effet, sert à fournir le point d'appui de soutènement,
tant dans l'aller que dans le retour de l'aile
(1) Je me sais servi de plusieurs de ces pistons et je n'hésite pas ù affir
mer que pour toutes les machines soufflantes dans lesquelles le rrottemont
est un mai et où il suffît d*nne imperméabilité à l'air, presque précise, il
n'y a pas de piston qui y soit comparable. Le cylindre le plus irrégulier,
avec un piston de cette nature^ produira un effet surprenant, par exemple
un cylindre en îôle de 6 pouces ae longueur sur 3 i/2 de diamètre exige-
rait une force de 4 livres pour abaisser le piston en 15 minutes, et dans
d'autres essais il s'est montré parfaitement étanche dans différentes posi-
tions et n'avançait plus. Quand le cylindre était ouvert aux deux eztitmi-
téi, ce frottement ne dépassait pas 1/2 one«. {Note de V4tuteur).
— 322 —
Supposons que a et b (fig. 87) représentent deux ailes conti-
nuées au-delà du point d'appui ou de Taxe autour duquel elles
tournent c. Si les parties extrêmes en a et b sont longues et
étroites, elles peuvent être équilibrées, lorsque Ton plane, par un
développement en largeur de la longueur moindre de leur prolon-
gation à l'autre, extrémité. Ce développement en largeur, de même
que la partie inférieure de Taile fournira toujours à peu près le
même soutien, et la portion propulsive de la surface aura toujours
une liberté d'agir non entravée par le couple de la force suppor-
tante. Ce plan peut être modifié de diverses manières ; mon but,
comme dans le cas précédent, n'est que de présenter le principe
sous sa forme la plus simple.
/
i.
-^^^ -^îi'^^ ^'
-zt^
Figure 88.
Un troisième principe au moyen duquel on peut annuler le cou-
ple dû à la surface, consiste à lui donner un mouvement parallèle
à elle-même, soit directement ascendant et descendant, soit obli-
quement. La surface a i (fig. 88) peut être mue perpendiculaire-
ment par l'arbre qui la soutient jusqu'à ce quelle arrive à la posi-
tion k c; ou, si elle est soutenue par deux arbres tournant autour
de d et de e, elle peut être mue obliquement dans un sens pa-
rallèle à elle-même jusqu'à la position b 1.
Une autre méthode pour laquelle on peut grandement obvier à
ce couple,, lorsqu'on ne se sert que d'un centre de rotation, con-
siste à le placer considérablement au-dessous du plan de l'aile,
soit au point d (fig. 88) par rapport à la surface ai. On peut obser-
ver dans le Héron, qui est un oiseau si faible en raison de sa sur-
face, que depuis le centre de rotation jusqu'à l'extrémité, ses ailes
se courbent considérablement vers le bas ; d'où résulte que la
partie extrême qui reçoit la partie principale de l'impulsion, est
appliquée obliquement par rapport au courant qu'elle crée, et
qu'ainsi le couple dû à la partie de la force portante qui est reliée
à la force propulsive, est évité à \m degré semblable. Il est rare
— 323 —
que ces oiseaux amènent leur coup d*aile au-dessous de la char-
nière de Taile, cas où le principe cesserait de s'appliquer en
temps qu*il concerne la force portante.
En faisant usage de deux arbres ou tiges inégales, les deux
principes que je viens de mentionner peuvent être appliqués à un
degré quelconque. Supposons qu'une charnière soit en f et l'autre
en g, (âg. 88), la surface à l'extrémité de sa course, serait à la position
h m. Si la surface a i (âg. 88) n'est soutenue que par un arbre ou
tige n e et peut à un certain degré quitter sa position à angle droit
sur la tige et devenir concave au lieu d'être plane, comme la figure
le représente, on pourra alors donner le coup d'aile en avant et
en arrière suivant les principes que j'ai attribués à la machine de
M. Degen : cette construction combine les principes ayant pour
objet de contrebalancer la force portante d'une partie de la surface
par celle de la partie opposée lorsque la machine plane et les
avantages d'un centre de rotation bas en ne laissant que peu ou
point d'intervalles sans support.
Tout ce que l'on sait jusqu'ici de l'appareil de M. Degen, c'est
qu'il est composé de deux surfaces, mues par une personne as-
sise entre elles. Cette description ne donne aucun renseignement
satisfaisant, car il n'est personne qui oserait tenter de voler sous
deux ailes, sans les charger également en plaçant le poids entre
elles, enfin sans que ces deux surfaces soient aptes à recevoir le
mouvement par l'action des muscles. Je me trompe peut-être
dans mes conjectures ; mais mon unique raison en attribuant à la
machine de M. Degen, la construction que j*ai imaginée est que
si elle a été convenablement construite, d'après mes principes,
elle a pu être couronnée de succès. Le dessin ou plutôt le projet
de cette machine que j'ai donné dans la première partie de cet
essai, n'a d'autre but que de présenter le principe sous une forme
compréhensible. Les pièceo de renfort nécessaires pour la mise à
exécution d'un tel plan, auraient obscurci la compréhension de
l'action, c'est pourquoi elles ont été omises. De la sorte, le plan
de ce mouvement n'a eu pour objet que démontrer sous une forme
tangible, la possibilité de mettre à efiet le mouvement alternatif
projeté des parachutes. Le siège se trouve latéralement pour
s'adapter au mode de communication du mouvement.
Une cinquième méthode pour éviter les couples consiste à em-
ployer l'action continue de volants obliques horizontaux ou l'action
alternative de pareils volants, ayant des surfaces de nature à ce
que leurs positions s'adaptent à ce mouvement alternatif. Dans
ces cas Taxe de rotation ou charnière sera vertical. Dans la
construction des grands navires pour la navigation aérienne, il
— 324 —
est probable que Ton se servira d^une quantité de voiles fixes»
il ne sera attribué à la force propulsive que la surface qui sera
strictement nécessaire, sauf Teffort temporaire extrême du moteur
initial, pour élever la machine et commencer le vol. Dans ce cas,
le couple dû à la surface fixe cesse d'influer.
La meilleure explication que je puisse donner des difficultés
générales déstructure des véhicules aériens (difficultés provenant
de leur étendue, de leur légèreté, de la force qu*ils doivent avoir
conjointement avec la grande solidité des parties actives, et eu
même temps une disposition qui ne présente pas d'obstacles inu-
tiles au courant) est de décrire une aile qui a été construite dans
le but de les surmonter» *
FiouREs 89 ET 90.
La figure 89 représente la forme de Tétofife, avec une vue en pers-
pective des tiges sur lesquelles elle est tendue avec une parfaite
solidité. Au point oil se rencontrent les tiges a et b est dressée
une tige ou arbre ovale, enserraut les deux tiges qui se croisent
par une mince fourchette en fer, dans le but de prévenir tout
amoindrissement de leur force par la courbure. A cet arbre sont
attachées les extrémités ds la tige b^ de façon à produire telle
— 325 —
courbure de cette tige que Ton désire. La tige â est tendue selon
la même courbe que la tige ^ à la façon d'un arc ordinaire, et
elle n'est reliée avec la tige perpendiculaire que parce que Ton
peut appeler un assemblage libre, qui permette à la partie posté-
rieure de la tige a de reculer d'une certaine quantité sans que la
partie antérieure puisse le faire. Le court assemblage qui produit
un tel effet est représenté fi g. 89.
La figure 90 représente l'aile symétrique à celle de la figure 89,
montée sur un barreau auquel elle est unie de façon à en conver-
tir toute la longueur en une charnière. Les quatre liaisons qui
arrivent des extrémités de ce barreau y sont représentées : deux
d'entre elles se terminent près du centre supérieur de l'autre axe ;
les deux autres s'insèrent au point c (fig. 89) de la tige de tension.
Un arc léger d'une épaisseur de 3/8 de pouce au plus, convenable-
ment courbé par sa corde, et inséré entre la partie postérieure de
la tige a et là dite tige r, complète Taile.
Cet agencement comprenait une surface de 54 pieds et ne pesait
que 11 livres bien que les deux ailes réunies ne donnassent que
la moitié de la surface nécessaire pour soutenir un homme en l'air,
cependant par leur manœuvre, elles élevèrent un poids de 9 stones
(67 kil 15).
Gomme la construction le démontre, la partie postérieure pou-
vant céder sous la résistance de l'air, on peut faire usage de tout
degré d'obhquité pour y appliquer une force propulsive.
Je suis entré dans certains détails en décrivant cette aile, parce
qu'elle est une application de presque tous les principes qui doi-
vent servir à la construction des surfaces destinées à la navigation
aérienne.
L'assemblage en diagonale est le grand principe pour la produc^
tion de la force sans accumulation de poids, et s'il est produit par
des fils de fer fins, percés à leurs extrémités, de façon à recevoir
divers replis de cordes, il ne produira qu'une résistance insigni-
fiante sur l'air, et restera étanche par tous les temps. Quand les
liaisons sont bien appliquées, les tiges auxquelles elles sont atta<
chées recevront le poids qu'elles supportent à leurs extrémités; la
forme creuse des plumes des oiseaux offre un modèle de construc-
tion d'une légèreté admirable combinée avec de la force, quand on
ne peut pas avoir de liaisons extérieures ; un tube présente en ef-
fet le meilleur mode de résistance à la façon d'un levier ; mais le
principe de la liaison est si efficace, que s'il est appliqué convena-
blement, il compensera largement la grossièreté de l'invention
humaine à d'autres égards ; et si l'on combine ces deux piîncipes,
qu'à la canne tubulaire du bambou, l'on donne une liaison diago-
- 326 —
nale on pourra construire des surfaces dont la force et la légèreté
seront à un degré plus élevé que dans les ailes des oiseaux.
t^ropertion du poids à la surface des ailes chez les oiseaux.
La surface de Tailè du héron est à son poids dans le rapport
de 7 pieds à 1 livre. D*après ce rapport, une aile de 54 pieds ne
pèserait que 7 livres 3/4; tout au contraire Taile du water fowl (fou)
est beaucoup plus lourde et d'après . sa structure, une surface de
54 pieds pèserait 18 livres 1/2. Je viens ici de citer les deux ex-
trêmes parmi les oiseaux de notre pays ; on peut donc regarder
Taile que je viens de décrire comme ayant, en raison de sa masse,
le même poids que celle de la plupart des oiseaux.
Un autre principe que met en pratique cette aile, consiste en ce
que les tiges sont couchées dans Tétoffe, de façon à éviter la ré-
sistance. Cela est produit par la convexité du bâtis et la légèreté
excessive de l'étoffe. Les tiges ne forment point le bord de ?aile ;
elles n'y arrivent qu'au point extrême de courbure ; elles sont très
minces et de plus obliques sur le courant. La partie épaisse de
la tige en est considérablement éloignée ; chez les oiseaux, c'est
une membrane couverte de plumes qui est tendue devant la par-
tie épaisse de l'os de l'aile, d'une manière semblable et dans le
même but. Le bord de la surface ne présente ainsi que l'épaisseur
d'un simple fil qui est cousu dans l'étoffe et qui forme des nœuds
là où on a besoin de l'attacher. L'arbre droit est la seule partie
qui oppose une résistance directe au courant, et on y obvie pour
beaucoup par sa forme ovale allongée, dont l'axe long est paral-
lèle au courant.
L'assemblage ou charnière de cette aile agit avec une grande
fermeté, étant soutenu par des liaisons jusqu'à son axe, liaisons qui
sont fort éloignées l'une de l'autre par le fait ; ce sont ces liaisons
qui constituent la charnière .
Les modes de communication de mouvement à des surfuces doi-
vent varier beaucoup, suivant la structure générale de la machine ;
j'observerai seulement ici que si l'on emploie la force musculaire
humaine, le mouvement dBvra être semblable à celui qui sert à
manœuvrer des avirons, et c'est de lui que pourront dériver tous
les autres. La planche servant d'appui aux pieds en avant permet-
tra à l'homme d'exercer toute sa force dans cette position. C'est
ainsi qu'ont été agitées les ailes que j'ai décrites, et quand elles
étaient chargées d'un poids de 9 stones, il ne fallait pas 1 a mo i
tié de l'effort qu'aurait pu exercer la force d'un homme» sinon la
vitesse aurait été plus grande que les circonstances ne le permet-
taient ; si ces ailes avaient été destinées à élever la personne qu i
les manœuvrait, elles auraient dû avoir une surface de 150 pieds car-
— 327 —
rés chacune ; çUcs n'ocit été construites qu'en vue d'expérimenta-
tion de leur force propulsive*
Le principe le plus général sur lequel il est maintenant néces-
saire d'insister est celui-ci : éviter toute résistance directe. Rap-
pelons cet axiome de la navigation aérienne : chaque livre de ré-
sistance directe qui est évitée, 80u]^iendra un supplément de poids
de 30 livres, sans supplément de force motrice. A cet égard, la
figure de Thomme paraît mal appropriée aux conditions exigées
pour le transport en l'air ; cependant, j'espère prouver qu*à cet
égard, il est aussi apte que le corbeau, qui nous a servi jusqu'ici
de point de départ pour nos considérations ; et ce n'est point là,
un paradoxe.
La réponse à ma proposition se trouve dans le principe que les
surfaces des corps semblables n'augmentent qui suivant les carrés
de leurs lignes homologues, tandis que leurs masses augmentent
suivant les cubes. Ce principe est favorable aux grands corps.
Le plus grand cercle que Ton puisse décrire sur la poitrine d'un
corbeau, présente une surface d'environ 12 pouces carrés ; si
l'homme présente une surface directe de 6 pieds carrés, le rapport
de leurs surfaces sera 1/72; mais le rapport entre leurs poids est
de 1/110, ce qui fait 1 1/2 en faveur de l'homme, pourvu qu'il soit
aussi bien construit pour éviter la résistance, que l'est le corps du
corbeau ; mais, en le supposant même exposé sous sa forme cylin-
drique naturelle, il présentera probablement dans la position rac-
coarcic qu'exige la manœuvre des rames, moins de résistance que
le corbeau.
Il y a grand intérêt pour cet art de déterminer quel est le solide
de moindre résistance, quand la longueurou la largeur est limitée.
Le beau théorème de sir Isaac Newton sur ce sujet, n'a pas d'im-
portance pratique, parce qu'il suppose que chaque molécule lluido
après avoir frappé le solide peut s'échapper librement^ sous un
angle de réflection égal à Tangle d'incidence. Les atomes lumineux
paraissent jouir de cette propriété, en sorte que pour eux la théo-
rie est vraie ; mais dans l'air, l'action est plutôt celle d'une agglo-
mération de molécules, qui réagissent les unes sur les autres. L'im-
portance de ce sujet n'est pas moindre que les difficultés qu'il
présente ; il affecte les intérêts actuels de la Société par son in-
fluence sur le temps employé par les navires dans leurs voyages ;
il aura encore plus d'importance quand la navigation aérienne
maintenant encore au berceau, sera utilisable par l'homme.
Je vais mentionner quelques brèves remarques sur ce point, où
mon sujet m'a inévitablement conduit et qui m'intéresse tant. Je
serai aise si par là je parviens à éveiller l'attention de ceux qui
— 328 —
sont plus compétents que moi pour tenter une entreprise ai en
dehors de ma sphère ;
Pour déterminer le solide réel de moindre résistance, on pourra
peut-être obtenir quelques données en traitant ce sujet à peu près
comme suit: Supposons qu'un tel solide soit déjà réalisé, (sa lon-
gueur et sa largeur étant néce^airemeut indéterminées). Imagi-
nons que le courant intercepté par le plus grand cercle que Ton
puisse tracer dans le corps donné, soit divisé en lames cylindri-
ques tubulaires, d'épaisseur égale ; à quelque distance que ce soit
du cercle enveloppé de ce cylindre, la lame centrale sera réfléchie
en pinceaux divergents (ou plutôt sous la forme d'un anneau
grandissant) dont les angles de réflection seront égaux aux angles
d'incidence. Ainsi réfléchis, ils frappent la seconde lamô et la dépla-
cent; cette seconde lame contient trois fois plus de fluide que la
première, donc chaque anneau de la première rencontre trois an-
neaux de la seconde et leur direction après qu'ils se seront réunis
sera le quart de l'angle créé par rapport à l'axe par la première
réflection. Les deux lames marcheront dans ce sens jusqu'à ce
qu'elles soient elles-mêmes réfléchies, et alors (en les considérant
comme une seule lame de dimensions plus grandes), elles frappe-
ront la troisième et la quatrième, qui contiennent trois fois plus de
fluide que les deux premières réunies, ce qui ramènera la direc-
tion de la masse combinée, au quart de l'angle de la seconde ré-
flection avec l'axe. Cette marche des choses est constante, quel-
que soient les angles formés entre la surface du solide de moindre
résistance aux points de réflection et les directions des courants
réfléchis.
De ce raisonnement qui doit à un certain degré se rapprocher
de ce qui a réellement lieu et que je lie propose que comme une
hypothèse ressemblante, il résulte que le liquide arrivera à glis-
ser sur la surface courbe du solide qu'il rencontrera sous un an-
gle très aigu. Or, comme les expériences des académiciens fran-
çais démontrent que la différence de résistance entre l'impulsion
directe et celle qui a lieu soua un angle de 6 degrés sur la même
surface n'est que dans le rapport de 10 à 4, il est probable que par
suite de la légère différence entre les angles, qui a lieu dans le cas
actuel, on peut admettre que les résistances seront égales sur tou-
tes les parties, sans s'écarter beaucoup de la vérité ; si ce raison-
nement est exact, la question en temps que ce qui concerne l'ap-
plication, se réduira à une recherche mathématique strictement
abstraite.
Il a été reconnu par l'expérience que la forme de la partie postérieu-
re d'un corps a autant d'importance que celle de la partie antérieure,
— 329 —
en ce qui concerne la diminution de la résistance. Cela tient au vide
partiel créé en arrière du corps mobile. S'il n'y a point un solide
qui remplisse cet espace, il y existera un défaut de pression hy-
drostatique qui agira sur le corps. On remarque cet effet nette-
ment près du gouvernail d'un navire marchant toutes voiles de-
hors, l'eau s*y trouve à un niveau fort inférieur à celui de la mer
environnante. La cause ici étant plus évidente et d'une nature
plus uniforme, on pourra y remédier probablement avec plus de
succès, en ce sens que cette partie du corps pourra bien ne pas dif-
férer sensiblement d'un simple cône. Je crains bien cependant que
tout ce sujet ne soit d'une nature tellement compliquée qu'il ne se
prête guère plus à des recherches expérimentales utiles, qu'au
raisonnement, et qu'en l'absence de toute preuve concluante par
une méthode ou par l'autre, le mieux serait de copier la nature. Par
suite, je prendrai pour exemple les corps de la truite et de la bé-
cassine qui^ à moins que les dessins joints n'occupent trop de place
dans votre Journal, devront être réservés pour une autre occasion.
Traduction de M. Hasenfelo,
Interprète juré, ancien élève de l'école Polytechnique.
CHRONIQUE DES ASCENSIONS
Dans le courant du mois dernier, les ascensions ont été moins
nombreuses ; cependant un certain nombre ont présenté quelques
particularités intéressantes.
A Paris, le ballon de l'hippodrome s'est élevé avec succès tous
les jeudis et tous les dimanches sous la direction de M. Camille
Dartois. Nous ne citerons que quelques-unes de ces ascensions
de plaisir.
Lo â M. Dartois partait à 4 h. 45, et descendait vers 6 h. dans
la plaine de Gennevilliers. Le jeudi suivant, il partait à la même
heure et s'éloignait dans la direction de Versailles. Huit jours
après, il passait à petite hauteur au-dessus du grand Opéra et
filait dans la direction do la Yillette. Le 21 il passait au-dessus
du Luxembourg, le 23 il disparaissait dans la direction du N.-E.
Le 2 septembre 1877 a eu lieu au Champ-de-Mars d'Arras, l'as-
cension de la montgolfière le Mistral* Le Pas-de-Calais du 4
septembre, et après lui les journaux parisiens des 6 et 7 septem-
bre ont donné les détails de cette ascension. M. Porlier s'est
— 330 —
élevé à 7 h. sur un mouton, mais parvenu à 500 mètres environ
le Mistral se déchira. Une chute rapide devait nécessairement en
résulter, mais Taéronaute et son mouton tombèrent sans grand
mal dans les fossés de la ville et de la citadelle, à 15 pas du mur.
M. Porlier n*eut qu'une très légère contusion au bras, mais le
ballon fut complètement perdu.
Le lundi 10 septembre une ascension a eu lieu à la Ferté-Gau-
cher ; nous n^avons encore reçu aucun détail à ce sujet.
Le 13 septembre, lors du passage du Président de la Uépublique
à Angoulême, M. Duruof fit une ascension avec le ballon le Pilote.
Parti du champ de foire à 5 heures, il descendit 55 minutes plus
tard au lieu dit la Grand*Font.
Le 18 M. Duruof s*élèva de la grand*place de Couches, à 2 h.
55 par une température de + 25® Réaumur. Le Torino prit la di-
rection du S.-E. et se porta aussitôt sur la forêt de Couches ; à 3 h.
il était à 900 mètres avec 4" l^"" ; il atteignit 1,100 mètres à 3 h. 5;
1,200 mètres à 3 h. 20; 1,400 mètres à 3 h. 25 au-dessus de la
forêt deLaigle; à 3 h. 1/2 il descendait à 700 mètres et remontait
à 1,200 mètres à 3 h. 40. Il atteignait sa plus grande hauteur,
2,200 mètres à 4 h. 5 au-dessus de Courtomer, et toucha terre à
4 h. 25 sur le territoire dtf St-Aubain d'Appenay à 22 lieues envi-
ron du point de départ.
Le dimanche 23 septembre M. Triquet s*élevait de, la place du
Trône avec le ballon le Frigorifique, Le ballon s*est éloigné dans
la direction du N.-E. aucun détail sur la descente.
Le lendemain, M. Duruof concourait à la fête donnée à Liège
au profit des blessés de la guerre d*Onent, en faisant une ascen-
sion dans la nacelle du ballon VEole. Malgré un vent violent, VEole
s'est élevé à 3 h. 45 (+ 15« R) et atteignait 700 mètres (+ 11»
R) à 3 h. 50. Voici les principales phases de Tascension : 3 h.
52, entrée dans les nuages, 850 mètres ; 3 h. 55, au-dessus des
nuages 1,500 mètres + 7o ; 4 h. 1,680 mètres -f 6» ; 4 h. 5 m., 2,380
mètres, -|- 2»; 4 h. 10 descente rapide, nuages 1,600 mètres, + 8»;
4 h. 15, pluie, 250 mètres, -f- 10° ; 4 h. 25, 1,250 mètres, + 9
nuages. La descente eut lieu à 4 h. 3fi dans la forêt de Staneux,
commune de Polleur, à 3 kil. environ de Spa.
Enfin le samedi 29 septembre, MM. Gaston et Albert Tissan-
dier ont fait une ascension fort intéressante, dont nous rendi'ons
compte en détail dans notre prochaine livraison.
Achille Roulând.
Le Gérant: Félix Caron.
CLKRMONT (OISE). — IMPRIMERIE A. DAIX, RUE DE CONDÉ, 27.
:v.n '-
BIBLIOGRAPHIE AERONAUTIQUE
Les bibliophiles sont priés de nous faire connaître les ouvrages an-
ciens et nouveaux, et les articles de journaux traitant d'aéronautique,
n'ajant pas été cités dans notre bibliographie. Les auteurs et les éditeurs
qui veulent faire annoncer leurs ouvrages sont priés de nous en en-
voyer deux exemplaires. Les libraires qui ont à vendre d'anciens ouvra-
ges sur la Navigation aérienne ou sur le vol des oiseaux peuvent les
présenter au bureau de VAéronaute, avec Tindication du prix qu'ils en
îlemandei\t.
Mémoire sur la locomotive à adhérence totale et à essieux conver-
gents de M. Rarchaert, par M. Massieu, ingénieur des mines, profes-
seur à la faculté des sciences de Rennes, chez Dunod, éditeur, quai des
Augustins, 49.
Découverte de l'éther atmosphérique par P. F. P. Delestre, ancien
élève de l'école polytechnique, directeur des manufactures de l'état,
chez E. Lacroix, éditeur, rue des Saints-Pères, 54.
Les poussières de l'air par Gaston Tissandier^ ouvrage accompagné
de 3j. figures, et de 4 planches hors texte, chez Gauthier Viilars, quai
des Augustins, 55.
Bau Alex.). Die Luftfeuerwerkerei in Verdinbung mit transparenten
Montgoliieren insbesondere die Auferti&ung der Feuewerkballons. Fur
feuerwerker und aile Freunde der Luftfeuerwerkerei. Mit 5i erlaûtern-
dern Abbildungen Berlin 1876. Mode's Verlagen. S^ 112 pages, à Pa-
ris, chez Baer, rue du 4-Septembre, 2. *
Les neuf premières années de TA^RONAUTifi sont actuellement en
vente aux prix suivants :
ÀMNiB 1868, 9 livraisons (très rares) 20 >
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La collection de TAéronautb forme une véritable encyclopédie
illustrée de la science aéronautique. Elle fournit tous les docu-
ments relatifs aux derniers perfectionnements, classés annuelle-
ment par ordre de matières et par noms d'auteurs.
Nous engageons nos souscripteurs, oui font relier la collection
de TAéronautb, à recommander au relieur de conserver les cou-
vertures sur lesquelles sont imprimées les notes bibliographiques
comprenant la totalité des ouvrages aéronautiques,
•t la propreté des exemplaires.
L'ABRONAXJTB
k
NOVEMBRE 1877
SOMMAIRE
Association Française pour ravanccment des sciences, session
du Havre.
Les PROGRES récents de l'Aéronautique, par J^. le colonel
XjauBsedat (deux gravures dans le texte).
Les NOUVEAUX APPAREILS de M. H. GifFard, par M. Qaston.
'PlsBandier (six gravures dans le texte).
Sur la Navigation aérienne, jjar sir George Cayley, traduction
de M. ïlasexifeld, interprète juré, ancien élève de i l'école
polytechnique (trois gravures dans le texte).
Chronique des Ascensions, par M. Acliille Houland.
Bibliographie.
l'aiîhonaute parait tous les mois
RÉDACTION KT ABONNEMENTS
95. RUE L.AFAYETTE, 95
PRIX DE l'année courante *.
Un numéro t 7V cenilmea
Paris : 6 fr par an. — Départements : 7 fr.
Autriche-Hongrie, Danemark, Egypte, Espagne, Grande -Bretagni
Grèce, Italib, Luxembourg, Monténégro, Norwégb,
Pats-Bas, Portugal, Roumanie, Russie, Serbie, Suède, Suisse.
Turquie, Tanger, Tumib : 8 fr.
États-Unis d* Amérique: 9 fr.
Brésil, Mexique, Paraguay, Plata bt Antillbs : 12 fr.
Chine, Inde, Goohincbinb, Birmanie, Siam, Japon, Australie,
Pérou, Chili, Bolivie : 15 fr.
L'Administration ne sert pas d'Abonnbmbnts bm Allbmagnb
L'abonnement commenee au l" ianyier
Il continue jusq^u'à ce qu'on refuse le journal.
Voir à la page précédente le. prix des années écoulées.
Knvojer le prix de Tabonnement en un bon sur la poste an nom da
M. HuRBAU DE Villeneuve, rue Lafkjette, 95.
IVoik abonnés en retard sont Instemment priée de neii«
envoyer de eut te le niontent de leur sonsorlptlea,
9»^ RUB I^A.FAYETTE, Ott
dlrMont-OÎM. — Ivprtmerie à* Dait rat J< C^nié, t7*
NAVIGATION AÉRIENNE
FONDd ET DIRiai HA
^E D' ABEL HUREAU DE VILLENEUVE
Ijauréat de llnetitut
(Aoadimis dea Sciencu)
10» ANNEB, N* la
DÉCEMBRE 1877
S FRANC!> PAB AN. — DipARTKUSMTS : 7 F
VK HUHiRO : 75 CENTIMES
RÉDACTION ET BUREAUX
95, RUE LAFAYETTE, g5
PARIS
— 334 —
Le comité de rédaction de l'AERONAUTE se compose de
LM.. Jules Anxiengaud, ingénieur, ancien élève de VÉcole
polytechnique, membre du Jury d'admission à l'Exposition de
1878 ; Cil. du. Hauvel d'Audreville, ingénieur des Arts et
Maniifactures ; Suxeau de Villezieuve, lauréat de l'Institut ;
GNiatozi CriBSazLdier, membre du Jury d'admission h TExposi-
tion de 1878; Albert Tissandier, architecte. Le comité nest
considère pas comme responsable des opinions scientifiques émises
par les auteurs . Les manuscrits ne sont pas rendus. Les travaux
relatifs à l'art militaire adressés à la rédaction, sont renvoyés à
M. le Ministre de la Guerre, mab ne sont pas insérés.
Les dernières livraisons contenaient les articles suivants :
Etude expérimentale de la résistance de l'air, par Mi. G-. de
la Jjandelle, ancien lieutenant de vaisseau.
Une Chaudière légère, par M. !Félix du ^Temple» - ancien
député (quatre gravures dans le texte).
Ecole pratique des hautes-études. Expériences sur le vol méca-
nique, par m;. Victor Tatin (huit gravures dans le texte).
Les Machines Compound par A£. Xjéou X^exiicollais, mgénienr
de constructions navales (trois grandes gravures dans le texte).
De l'Influence de la queue dans le vol des oiseaux par M. le I>'
Hj, G-acliassirL-Ijaâte .'cinq gravures dans le texte).
Le Moteur a pétrole de M. Julius Hock, par M. Adrien
Duté-Poitevin (six gravures dans le texte^
L.'Éolipyle de feu le baron Séguier, par "M., A. Sureau de
"Villeneuve (une gravure dans le texte).
Une Soupape sans Clapets, par M. Ernest Ijefébure (deux
gravures dans le texte).
Un Brevet d'Aéroplane, par MM!. Alplionse I*énand et
Paul Q-aucliot (trois gravures dans le texte).
Les progrès récents de TAéronautique, par M. le colonel
Xjanssedat (deux gravures dans le texte).
Les nouveaux appareils de M. H. Giffard, par M!. G-aeton
Tissandier (six gravures dans le texte).
Sur la Navigation aérienne, par sir George Cayley, traduction
de M. Hasenfeld, interprète juré, ancien élève de l'école
polytechnique (trois gravures dans le texte).
La bibliothèque, les archives et le musée du Cercle aéronautique
sont ouverts tous les jours, de dix à onze heures, rue Lafayette, gS.
Le Cercle possède des appareils au moyen desquels on peut
s'exercer aux manœuvres aérostatiques.
Les communications destinées aux Sociétés aéronautiques de la
Grande-Bretagne, de New- York, de la Havane et à la Société d'a-
viation de Lyon, peuvent être adressées à M. le docteur Hureau
de Villeneuve directeur de VAéronaute^ rue Lafayette, 95.
L'AERONAUTE
10* ANNÉE. — N" 12. — DÉCEMBRE 1877
ft-e-eay,a£y>^
LE NAVIRE AÉRIEN
I>ï] M. liE VICJE-AMXBAXj sokovjmtne.
I. le vice-amiral Sokovuiue, do la ma-
rine impériale russe a fait paraître une
brochure imprimée dans sa langue ma-
ternelle et donnant la description d'un
! Navire aérien de son invention. L'au-
teur envoya d'abord k l'Aéronaute un
exemplaire de sa brochure, puis, îl y a
peu de temps, par l'intermédiaire de M. Michel Bezkrovny,
il nous en adressa uue traduction faite par lui-même en
priant notre recueil de l'analyser et d'en publier un ré-
sumé.
Le comité de réduction m'a chargé de ce travail à cause
do la spécialité de mes études maritimes. Je suis un
peu embarrassé de l'honneur qui m'est fait eu raison de la
position élevée et de l'âge de l'auteur.
M. l'amiral Sokovnine est une des gloires de la marine
russe; il arait été retraité ily aquinzeaus, après la guerre
de Crimée. Mais il a repri.s du service au commeucement
de la dernière guerre; il commande actuellement dans
la mer Noire. Après avoir passé sa vie dans len travaux
nautiques, il a occupé les loisirs de sa retraite à l'étude <le
la Navigation aérienne. Or, aujourd'hui cet homme illus-
tni et respactable nous demande de rendre compte de son
12
— 336 —
œuvie. Je m'efforcerai de rendre mon analyse aussi
impartiale que possible, quoique la situation de l'inven-
teur nuise singulièrement à la liberté de mon apprécia-
tion.
Comme la plupart de ceux qui écrivent sur la Navigfa-
tion aérienne, M. l'amiral Sokovnine, commence par un
historique de la question. Généralement cette partie des
mémoires est assez fastidieuse. Ici il n'en est rien. L'amiral
russe est réellement très au courant de ce qu 'on a fait en
France et ailleurs. C'est le cas de faire ressortir notre infé-
riorité quant aux langues étrangères. Pendant qu'en Rus-
sie on lit tout ce que nous publions, nous ignorons la
plupart des travaux qui se font dans ce grand pays. Le
mémoire de M. Sokovnine cite de nombreux travaux faits
en Amérique et en Russie, travaux qui nous sont complè-
tement inconnus. J'ignorais jusqu'aux noms de Kebennstein,
de Szerleniy, de Taky, de TchernovitoffV de Baranowsky
de Knorré, du vicomte de Carlîngfor.
Les citations que M. Sokovnine fait de ces différents au-
teurs sont souvent fort intéressantes. Il v» donc falloir que
nous reconnaissions Texistence d'une école aéronautique
russe.
Je dois dire que, si Thonorable amiral cite ses compa-
triotes, c'est surtout pour répondre à leurs objections, car
ils ne paraissent pas le plus souvent partager ses opinions.
M. Sokovnine n'est pas prophète en son pays; aussi,
soumet-il son projet aux aéronautes français dont il espère
un meilleur accueil; il prend pour épigraphe cette phrase
qui semble indiquer un certain découragement : « Pascal
« inventa l'omnibus en 1672 et ce ne fut qu'en 1828 qu'on
« mit en pratique cette idée aussi simple qu'utile » .
Après avoir parlé de l'invention des aérostats et cité les
machines de Desrivières, de Wise, de la Mountain, de Kin-
sella, l'auteur repousse les ballons h air chaud et à gaz.
Il repousse également les appareils plus lourds que l'air
qui, d'après lui, ne pourront jamais servir que de jouets
d'enfants. Il critique également l'emploi de l'hélice.
Il demande où se trouve le moteur assez léger pour faire
avancer les appareils aériens. Il admet que les machines
— 337 —
pèsent 250 kilos par force de clieval sans la chaudière, Teau
et le combustible. On voit que l'honorable amiral n'est pas
très au courant du poids des nouveaux moteurs et qu'il
ignore que les moteurs de M. Thornycroft pèsent 33 kilos
par cheval.
Après avoir attaqué ce qui a été fait jusqu'à ce jour en
aéronautique, M. Sokovnine passe à l'exposé de son sys-
tème.
L'inventeur s'appuyant sur l'avis de Marey-Monge, pro-
pose de construire un aérostat en carton ; mais il ne veut
pas du carton ordinaire. Il nous apprend qu'un savant de
Cœrlscrowna, nommé Taky, prépare un papier incombus-
tible^ nommé papier de pierre. On emploie, dit-il, en Suède^
ce papier à la construction des maisons. On en a même
construit à Bergène, une église qui peut contenir mille
personnes.
« Les feuilles de ce papier, ressemblent au carton, mais,
elles sont plus élastiques, plus légères et plus solides. On
peut en faire de toutes les grandeurs et leur donner la
forme que l'on désire. »
Malheureusement, M. Sokovnine ne nous donne pas la
composition, la densité et la résistance à la rupture, qui
caractérisent ce papier. Il ne lui compare pas non plus les
différentes étoffes au point de vue de la légèreté, de la flexi-
bilité et de la souplesse. Il faut avouer que le nom de papier
pierrCy n'a rien de rassurant pour la Navigation aérienne.
L'amiral ne donne pas non plus le procédé par lequel
il pense remplir de gaz léger son aérostat, car il semble
difficile, quand le ballon est plein d^air, de chasser cet air
pour le remplacer par un gaz sans qu'il y ait mélange ;
cela pourrait être fait au moyen d'un diaphragme d'étoffe,
mais M. Sokovnine n'en parle pas.
Après avoir dit avec quelle substance il construirait son
aérostat, M. Sokovnine décrit la forme qu'il veut lui donner ;
c'est sensiblement la forme du ballon de M. Dupuy de
Lôme dont on aurait supprimé la moitié inférieure. Il pré-
sente donc une surface convexe en-dessus et une surface
plane en dessous. La figure 01 nous montre l'élévation
totale de l'appareil.
Laformeadoptéepar
l'amiral russe, me pa-
raît de beaucoup infé-
rieure à celle adoptée
par M. DupuydeLôme.
Eu supposant l'aéros-
tat s^avançant dans
l'air, la face supé-
rieure bombée produi-
ra par la pression de
l'air une composante
verticale q«î tendra à
faire descendre l'ap-
pareil, tandis (jue dans
les aérostats de forme
oJivuire , la compo-
sante verticale de la
face supérieure et CRlle
de la face iuférieure
se compensent.
L'aérostat est séparé
par cinq cloisons trans-
versales et une long^i-
tudinalc faîtes toutes
en carton.
M. Sokovnine recon-
naît que plusieurs per-
sonnes ont critiqué son
projet. M. Tchernowi-
toff, auteur de pi usieu rs
ouvrag-es sur la Navi-
gation aérienne, a no-
tamment contesté la
possibilité de son suc-
cès en attaquant sur-
tout la rigidité de son
enveloppe.
M. Sokovnine répond
à ces objections en
— 339 -^
soutenant que le carton étant mauvais conducteur de la cha-
leur, le gaz qui y sora contenu ne changera pas de tempé-
rature, soit sous l'influence du froid des couches supérieu-
res, soit sous l'influence du soleil.
Figure 92. — Vue en dessous de l'aércstat. La face inférieure est enlevée»
L'inventeur russe attache à 7 pieds au-dessous de son
ballon une nacelle de dimensions identiques à celui-ci et
qui est fixée par des colonnes de bambous ou de tubes
d'acier (fig. 93).
Trois gouvernails permettent de manœuvrer en haut,
en bas et latéralement.
M. l'amiral s'occupe ensuite du gaz dont il veut remplir
son ballon. Il rejette l'hydrogène pur et le gaz d'éclairage
et donne la préférence au gaz ammoniac qui avait déjà été
proposé en France par M. Charles Tellier et plusieurs
autres et qui a été constamment repoussé en raison de ses
propriétés caustiques et toxiques.
L'auteur passe ensuite à la description de son propul *
seur.
Il veut employer une machine à réaction formée d'un
réservoir contenant de l'air comprimé conduit sur le»
deux côtés de la nacelle par deux tubes recourbés en acier
— 340 —
OS
C
o
c
es
O
H
Pi
O
— 341 —
dont les buses dirigées en arrière lanceraient deux courants
d'air parallèles, qui pousseraient le navire en avant avec
une vitesse de 19 mètres par seconde.
M. Sokovnine dit, dans uns note, qu'il a soumis son pro-
jet au savant mathématicien M. Knorré ; celui-ci lui au-
rait affirmé qu'il ne pourrait donner à son aérostat, la
vitesse qu'il suppose. Nous ne pouvons que nous ranger à
l'avis de M. Knorré. M. Sokovnine s'appuie sur l'exemple
des fusées, mais il ne remarque pas qu'on ne se sert pas
de fusées h air comprimé, mais de fusées à poudre. Tant
que la poudre n'est pas enflammée, elle n'a pas de pression
et la composition en est calculée pour que la combustion
ne soit qtie graduelle ; mais s'il fallait lancer des fusées à
air comprimé elles ne s'élèveraient certainement pas, parce
qu'elles devraient emporter un réservoir contenant cet air
comprimé avant le départ.
L'amiral russe explique ensuite la manœuvre de ses
gouvernails qui doivent lui servir à se diriger de haut en
bas, et de droite à gauche. Puis il explique le moyen de
faire tenir h l'ancre son navire aérien.
M. Sokovnine arrive à sa conclusion, où il déclare très
franchement que n'ayant aucune idée de la quantité des
matériaux nécessaires h la construction de son navire
aérien, ni de son poiis approximatif, ni du prix qu'il coû-
terait, il doit se borner seulement k des hypothèses. Ce-
pendant, il suppose que son appareil pèsera au moins
2,620 kilogrammes. Il croit nécessaire que la hauteur soit
la moitié de la largeur qui aurait elle-même la moitié de
la longueur.
Il s'arrête aux dimensions suivantes :
Longueur 150 pieds.
Largeur 75 »
Hauteur 37 »
Telles seraient les dimensions de l'appareil que M. Sokov-
nine veut faire avancer dans l'air avec une machine à
réaction dont il évalue la force à 3 chevaux.
Nous désirons ne pas donner une appréciation absolue de
l'appareil de M. Sokovnine, mais, poui* la remplacer, nous
pouvon» en termioant donner la fin même de sa brochure:
« Quelques personnes dont nous avons désiré connaître
l'opinion nous ont dit que selon toute probabilité notre
navire no se soulèverait même pas et ne pourrait voler.
Cela peut être vrai, mais cela peut être également faux.
C'est l'affaire de l'épreuve et ne dément nullement le mérita
du projet (s'il s'en trouve) ; il suffit seulement d'employer
de l'hydrogène au lieu de gfaz ammoniac ou de donner au
navire aérien de plus grandes dimensions, alors il devra
voler même avec de l'ammoniac, car, dans ce cas, la force
aug-tnente sans aucune comparaison, beaucoup plus rapi- .
dément que les dimensions. ■ .
Léon Lemcollais.
Inginianr de eonstnictians nAvalei.
Ij'Asconsion. du 30 soptemtoro 18T7
M. Gaston et Albfirt Tlssandier viennent
d'exécuter une ascension fort importante au
point de rue météorologique. Ils ont pu voir
se former soua leurs yeux des commeuca-
meuta de nuages résultant du frottement
l'une sur l'autre de couches d'air de températures diffé-
rentes. Déjà de nombreux aéronautes et notamment Crocé-
Spinelli et Sivel avaient signalé le fiit, raiis jumai^
personne ne l'avait montré aussi nettement que MM. Tîa-
sandier.
Voici la narration de l'ascension du 29 septembre 18T7
telle qu'elle a été présentée à l'Académie des sciences.
A. H. de V.
■ Nous avons Qxécuté, mon frcre M. Albert Tlssandier, et moi,
une noiiTâlle ascsDsioa aérostatique le samedi 29 septembre. La
départ a c ^ lieu ù 3 li, 20 minutes, sur le terrain de l'usine Flaud,
près du Champ de Mars.
— 343 —
« Le temps était magnifique, le ciel bleu, le soleil ardent ; cepen-
dant Tatmosphère n'était nullement homogène, comme cela se
présente habituellement dans des circonstances analogues. Trois
couches atmosphériques bien distinctes se superposaient dans
l'ordre suivant :
l** De la surface du sol à 400 mètres, couche d'air animée d'un
mouvement de translation très-faible de l'Est à l'Ouest. Elle était
limitée à sa partie supérieure par une mince nappe de buée touo
à fait transparente dans le sens vertical, mais très-visible horizon-
talement.
« 2» De 400 mètres à 800 mètres, couche d'air d'une température
de 14 degrés (thermomètre fronde) douée d'un mouvement de
translation assez rapide de l'Est à l'Ouest. Le ballon, dans cette
couche, marchait en effet avec, une vitesse de 20 à 25 kilomètres
à l'heure.
c 3« De 800 mètres à 1,000 mètres, nous avons traversé une
deuxième nappe de buée, nettement limitée à 1,000 mètres d'alti-
tude. Au-dessus, l'air était presque absolument immobile. A 1,100
mètres, point culminant de l'ascension, le ballon restait station -
naire, comme nous l'avons constaté en prenant un point de re-
père sur le sol, au moyen du guide-rope, pendu sous la nacelle.
A cette altitude, l'air n'était pas à une température élevée (11<»,50)
cependant les rayons solaires étaient tout à fait brûlants.
« Cette observation d'une cou^e d'air de 400 mètres d'épais-
seur, glissant assez vite entre deux autres couches atmosphéri-
ques presque immobiles, est, croyons-nous, un fait rare. C'est la
première fois que nous l'avons observé.
« A 800 mètres d'altitude, nous avons rencontré, planant autour
de nous, un assez grand nombre de fils de la vierge^ Ce fait, que
j'ai déjà constaté précédemment, montre que, sous l'influence du
soleil ou de petits mouvements tourbillonants, les corpuscules
légers en suspension, dans l'air peuvent s'élever à une assez
grande hauteur.
c J'avais emporté du nitrate d'ammoniaque pour faire un mé-
lange réfrigérant, afin de condenser du givre dans le but d'étudier
les poussières atmosphériques à différentes altitudes; mais la
formation du givre, que j'avais pu déterminer à terre, n'a pas
réussi dans la couche supérieure de l'air. Le milieu ambiant étai^
trèF-sec et les rayons solaires très-intenses. >
c C'est à l'obligeance de M. Henri Qiiiard que nous devons ce
nouveau voyage aérien. Le ballon, qui cubait 450 mètres, a été
gonflé au moyen du nouvel appareil que cet éminent ingénieur a
construit pour In préparation en grand de riiydrogcrc pur. Cet
la*
appareil, qui servira à remplir le grand balloa captif de Pari:j ca
1878, a très-bien fonctionné. Grâce au système d'écoulement
constant des résidus de la réaction déterminée par l'action de
— 345 —
Tacide sulfmrique étendu sur le fer, grâce à des dispositions mé-
caniques très- ingénieuses, l'hydrogène s'y produit en quelque
sorte automatiquement et avec une étonnante rapidité. »
« La descente a eu lieu à Chavenay (Seine-et-Oise), à 5 h. »
Gaston Tissamdier.
J'avais déjà, dans VAéronaute de novembre 1875, publié
un mémoire sur la formation des nuages. Dans ce mé-
moire j'établissais, d'après les observations de Crocé-Spi*
nelli et de Sivel, que les nuages étaient constamment for-
més par la vapeur d'eau condensée pendant le frottement
l'une sur l'autre de couches d'air de températures différentes
marchant en sens différents. J'affirmais de plus que les
nuages ne restaient pas en l'air h la hauteur.où ils s^étaient
formés, mais qu'ils tombaient constamment avec lenteur,
se redissolvant, s'ils rencontraient en tombant une couche
moins saturée, se transformant en pluie s'ils rencontraient
une couche près de son maximum de saturation. Ainsi s'ex-
pliquaient nettement pour la prévision de la pluie, les indica-
tions de l'hygromètre placé dans les couches inférieures.
Il est vrai qu'il existe des observations de nuages au-
dessus desquels on ne trouve pas immédiatement un chan-
g'ement dans la direction des courants d'air ; mais cela
n'infirme en rien la théorie ; car on peut très bien admet-
tre que le nuage en tombant a quitté la zone de frottement
où il s'est produit, ou même que la cause a pu disparaître
depuis peu de temps sans que l'effet ait disparu pour cela.
Je suis heureux que MM. Tissandier aient pu voir par
eux-mêmes les buées se former par le frottement d'une
couche d'air mobile au milieu de deux autres presqu'im-
mobiles. La faible différence de température de ces diverses
couches explique fort bien que la condensation ait été
légère et c'est une condition heureuse pour l'observatign ;
car des couches plus épaisses de nuages n'auraient pas
permis d'étudier aussi bien le phénomène.
Le fait d'une lame d'air traversant une couche d'air
immobile a déjà été observé par plusieurs aéronautes^ Je
citerai surtout le fait étudié par MM. Crocé-Spinelli, Sivel,
Â. Penaud, Pétard et Jobert dans leur ascension du 26
avril 1873 (Voir VAéronaute de juin 1873, page 131.) Ces
— 346 —
observateurs recouuurent l'exiatence d'une couche d'air
s'avançaot d'une manière sinueuse, àla façon d'ua serpent,
redescendant et rebondissant quand elle arrivait sur la terre
et produisant ainsi, suivant l'altitude à laquelle elle pas-
sait, des eâets météorologiques différents.
Un autre fait, déjà observé, mais qui mérite d'être rap-
pelé, résulte des obeervations de MM. Tissandier, c'est que
des buées légères qui n'étalent pas visibles de la terr^ en
raison de leur faible épaisseur étaient très nettement per-
ceptibles quand on les observait horizontalement. Gela
nous apprend que la teinte de notre ciel du nord, qui n'est
jamais franchement bleu, provient de l'existence à notre
zénith de buées trop translucides pour être aperçues, pas
assez transparentes pour ne pas modifier la teinte du
ciel.
Il est vraisemblable que l'emploi suivi du spectroacope
pourrait nous permettra de l'employer comme hygromètre
des couches supérieures, puisque l'état hygrométrique de
l'air étant connu à la surface du sol, on pourrait observer
les variations d'intensité de la raie jaune, qui nous indi-
queraient les variations de la quantité d'eau condensée
dans les régions supérieures de l'atmosphère.
Abel Bureau de Villeneuve.
LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ AÉRONAUTIQUE
DE LA GRANDE-BRETAGNE.
_. a Société aéronautique de la Grande-Breta^
M gne vient de faire paraître son onzième rap-
M port annuel, qui rend compte des travaux
y accomplis par elle pendant l'année 1876.
__0 Ce rapport contient d'abord le procès-verbal
de la séance générale annuelle de la Société, tenue le 7
juin 1876 dans la salle de la Société des arts d'Adelphi.
— 347 —
 cette séance» ont été faites les communications sui-
vantes :
1" Sur les avantages qu'on trouve en aéronautique à em-
ployer la puissance motrice d^une manière intermittente
et sur le planement des oiseaux par M. D. S. Brown.
2" La compression de Vair sous les ailes-'plans par M. Ar-
mour.
3® Réponse à quelques revnarques du Quaterly Review de
1875 par M. Moy.
4* Une note de feu M. Artingfstall de Manchester.
5* Enfin des discussions portant sur les mémoires ci-des-*
sus.
Après ces travaux d'origine anglaise, le rapport donne
la traduction de deux mémoires français. Ce sont: Sur la
force des êtres volants et les lois du glissement dans Vair^
par M. Alphonse Penaud.
Nous n'avons pas à traduire ces deux mémoires qui ont
paru dans VAéronaute^ le premier en décembre 1876, le
second en janvier 1873.
Après ces traductions, le rapport anglais publie le texte
origiùal des trois lettres de sir George Cayley, dont nous
avons commencé la traduction en juin 1877 et dont nous
avons donné la fin dans la livraison de novembre.
Le rapport se termine par des conclusions, parmi les-
quelles se trouve un article nécrologique sur feu D. Ar-
tingstall, de Manchester, dont un mémoire a été lu à la
séance du 7 juin 1876.
M. Brearey fait en faveur de la famille de M. Artings-
tali un appel à la générosité des aviateurs. Si les Français
voulaient adresser quelqu'offrande à cette famille dans la
détresse, ils pourraient l'envoyer à M. F. W. Brearey s e-
crétaire honoraire de la Société aéronautique de la Grande-
Bretagne, Maidenstone Hill, Blackheath, S. E.London.
La réunion annuelle de 1876 a eu lieu le mercredi 7 juin
à huit heures du soir.
M. Charles Brook membre de la Société Royale est appe-
lé à prendre le fauteuil de la présidence.
Les mémoires précédemment approuvés à la séance du
conseil sont considérés comme Jus.
— 350 —
Cette présomption se rapproche de la certitude, quand on voit
certains corps légers, bien que beaucoup plus lourds que Tair, tels
que des plumes, des graines cilicées^flotter en équilibre ou ne tom-
ber qu'avec une extrême lenteur. Evidemment dans les cas de
cette nature, les poils d*une grande ténacité qui rayonnent au-
tour d'un centre ou d'un axe lourd, ont pour effet non-seulemeit
d'augmenter considérablement le rapport de la surface au volu-
me, mais encore de développer largement le long de cette sur&ce
le champ du vide atmosphérique.
On peut dire que les appendices multipliés de l'insecte (poils»
antennes, etc). réproduisent cette disposition sous des formes très
diverses et concourent au même résultat. La mouche est donc en
réalité un corps beaucoup plus léger que le poids de molécules
intégrantes ne le laisserait supposer; de telle sorte que son coef
ficient de pesanteur (1) doit être à peu égal à 900, quand celui de
l'hirondelle est de 5,400, c'est-à-dire six fois plus fort.
D' E. Gachassin-Lafite
CHRONIQUE DES ASCENSIONS
Le dimanche 5 octobre trois ballons s'élevaient dans les airs :
Le premier partait de l'hippodrome vers 3 h. 45 sous la conduite
de M. Camille Bartbis et descendait à Arpajon. Le deuxième
quittait le sol de la place d'Armes de St-Cloudà4 h. et M
Gratien le conduisait auprès de Montlérj ; le troisième aérostat
s'élevait des arènes du Champ de Mars sous la direction de M.
Gabriel Mangin et effectuait sa descente au S. de Linas.
Tous ces balîons étaient de petit modèle. Ils cubaient environ
4 à 500 mètres, ils étaient montés chacun par un seul aéronaute
et sont parvenus à une hauteur moyenne de 5 à 600 mètres. Le
vent était très régulier du NNË et lé trajet a été effectué à raison
de 25 kilom. à l'heure.
Le jeudi 18, vers 3 h. 40, MM. Terrier et de Fonvielle partaient
de l'usine Flaud au Champ de Mars avec le ballon VHydro^ène
cubant 450 mètres,
(1) Nous appelons coefficient de pesanteur le rapport du poids d*un
corps à celui du volume d'air qu'il déplace représenté pjr loo.
— ;i5i —
Toici en quels termes, M. Cli. Terrier s rendu compte de son
ascension i> l'Acailémie des sciences ;
' Le 18 octobre 1817, nous avons exécuté une ascension dans un
ballon conduit par M. W. de Ponvielle. Parti à 3 h'. 30 m. de
chez MH. Flftud et Cohendet, près du champ de Mars, l'aérostat
— 362 —
est descendu à 6 heures dans une prairie du village de Bonnelles,
près Limours (Seine-et-Oise). Les courbes ci -jointes indiquent les
diverses hauteurs auxquelles Taérostat est successivement par-
venu et les données fournies par les divers instruments.
. a La lecture de ce diagramme montre que Taérostat s'est élevé d'à-:
bord au bout du premier quart-d'heure à une hauteur de neuf cents
mètres ; il s'est maintenu dans des couches peu différentes de cette
altitude pendant une heure dix minutes. Les oscillations ditns
le sens vertical se produisaient pour la descente quand le soleil
déjà très bas sur l'horizon se cachait momentanément derrière de
gros nuages, et pour la remontée, quand un peu de lest était jeté.
Malheureusement, par suite d'un gonflement un peu incomplet,
la provision du lest emporté fut très faible, ce qui empêcha de
donner suite à notre intention de rester beaucoup plus longtemps
dans l'air.
a Une demi heure plus tard nous n'étions plus qu'à environ 260
mètres au-dessus du sol au Bue dans les environs de Versailles,
Le soleil allait se coucher et la lune était déjà très visible dans
le ciel. La température, qui s'était abaissée d'une manière assez
uniforme jusqu'à 4 degrés et demi, s'était relevée presqu'à 7 degrés
et demi; mais la marche de l'hygromètre avait continué à marquer
une augmentation d'humidité régulièrement croissante.
L'hygromètre placé dans la nacelle était un appareil à cheveu
de Saussure, construit sur les idées de Lemonnier par Naudet. 11
porte un cadran qui fait un tour complet sur lequel se marquent
les allongements du cheveu, maintenu à une tension suffisante
par un ressort antagoniste, au lieu du poids qui se trouTO dans
le modèle classique de cet appareil. Cette disposition présente
plusieurs avantages, notamment celui de rendre les observations
tout à fait indépendantes de la position de l'hygromètre. Elle per-
mettrait aussi de transformer cet instrument en appareil enregis-
trant automatiquement les variations les plus faibles dans le de-
gré hygrométrique du milieu atmosphérique traversé.
<c L'aéronaute à bord de sa nacelle a tant de choses à voir,
de phénomènes à étudier, qu'il augmentera rapidement les résul-
tats scientifiques à recueillir dans une ascension, s'il peut empor-
ter avec lui un appareil enregistrant à la fois, le temps, la mar-
che de la colonne barométrique, celle des dépressions de trois
thermomètres placés, l'un au soleil, l'autre à l'ombre et le troisiè-
me muni d'un réservoir d'évaporation pour lui faire jouer le rôle
d'un psychromètre.
« Pour des observations météorologiques prolongées, il faut
trouver le moyen de se maintenir assez longtemps dans des cou-
— 353 —
ches différant peu par leur altitude. M. Giffiard savait qu'il est dif-
ficile de réaliser ce problème au moyen de la soupape ordinaire,
dont le lut une fois décollé ne se referme pas bien. Pour parer à
cet inconvénient il a imaginé un dispositif placé à la partie
inférieure du ballon et avec lequel on peut à volonté augmenter
et diminuer alternativement la capacité du ballon.
a Vers cinq heures trois quarts nous nous élevons en moins de
trente minutes à seize cents mètres ; c'est l'altitude maximum
atteinte. A ce moment le thermomètre qui marquait -{- 13^ au
départ n'indique plus maintenant que — 3«; c'est exactement un
abaissement de température de 16 degrés pour une élévation de
seize cents mètres. C'est afin de rendre plus visible cette corres-
pondance dans la dépression du baromètre et du thermomètre que
sur le diagramme la courbe barométrique a sa graduation renversée ;
on voit mieux ainsi le sens du mouvement réel du ballon. On a fait
de même pour l'échelle des températures qui doit se lire également
en allant de haut en bas.
« Nos observations ont été faîtes d'abord toutes les cinq minu-
tes, puis toutes les deux minutes et enfin toutes les minutes,
notamment dans la période du temps où fut atteinte la plus
grande altitude.
a En revenant h terre, après une fausse descente, qui fut accom-
pagnée pendant quelques secondes de traînage sur la cime d'ar-
bres dans les bois de St-Kemy-les-Chevreuse, nous trouvons 11
degrés au thermomètre et 0™ *760 au baromètre ; l'hygromètre
monté à la division 82 n'était déjà plus qu'à 81 malgré l'extrê-
me humidité de l'air inférieur vers 6 h. 20.*
« Les vents rencontrés dans cette ascension avaient des vites-
ses très différentes ; elles ont varié depuis 2™ 78 jusqu'à 11» 10
par seconde ; le minimum se trouvait dans les couches inférieures
et quand les courants aériens se dirigeaient vers le Nord et le
Nord-Ouest ; le maximum se présenta quand ces courants chan-
gèrent brusquement de direction ; on en fut averti par une brise
légère qui se fit sentir sur la figure pendant quelques secondes.
« En résumé, voici ce qui paraît résulter de nos observations.
« 1® La température des couches atmosphériques, au m oment
du coucher du soleil, décroît uniformément avec l'augmentation
d'altitude. Nous avons trouvé que cette décroissance était de la
degré par 100 mètres d'élévation. -C'est en contradiction avec la
loi formulée par M. Glaisher, qui admet qu'au momeut où le soleil
va disparaître à l'horizon, la température reste uniforme d'une
manière sensible à toutes les altitudes explorées.
« 2*» Les vents inférieurs sont moins stables que les vents supé-
- 354 —
rieurs, et ce sont cetix-ei qu'il faut interpréter pour la pronosti-
cation du temps. En effet, le lendemain, le vent régnant à terre,
d'après l'avis de Tobservatoire de Montsouris, était celui que
nous avions trouvé la veille au-dessus de 1000 mètres. C'est la
confirmation de la loi à laquelle est attaché le nom de M. Buys-
Ballot.
c 3"» Les courants aériens à faible hauteur et à faible vitesse
sont influencés et notablement déviés parles reliefs du sol. • (l)
Ch. TSRBIEB.
Le dimanche 28, le ballon de THippodrome partait vers 4 h. 15;
après avoir passé au-dessus de la place de la Concorde, des Halles
centrales, des Arts -et-Mé tiers, il s'élevait à une assez grande
hauteur et disparaissait dans la brume vers 5 h. dans la direction
de Charonne.
Le môme jour, le ballon le Frigorifique^ partait de la place du
Trône à 4 h. 25. M. Triquet qui le montait est descendu à 7 h. à
Combonne (Seine-et-Marne) après s'être élevé avec une grande
rapidité .
Nous avons remarqué lors de ces deux ascensions que Vaérostat
déviait plus vers le E.S.E à mesure qu'il atteignait les courants
les plus élevés.
Achille RouLAND.
FAITS DIVERS
Les Anglais passent pour des gens d'un caractère morose ; mais
il faut pourtant reconnaître que les meilleures plaisanteries nous
viennent de la Grande-Bretagne. On reparle de l'exploration du
Pôle Nord au moyen déballons ; mais il ne s'agit plus maintenant
d'un ballon unique, on propose une flottille composée de trois bal-
lons portant entre eux une immense carcasse solide. Cet assem-
blage colossal supporterait un gigantesque dé vîdoir qui laisserait
tomber un câble servant de fll d'Ariane. Pour ceux qui connais-
sent les difflcuUés inhérentes à la construction des ballons cap-
(1) Lâs observations ont 6té faites aves des instruments obligeamment
mis à notre disposition par le directeur de l'observatoire d'astronomie
physique, M. Janssen, que je prie de re«evoic L'exprassionde ma gratitude.
Je dois aassi remercier M. Tiagénlour Qiffard, ù la lihéralilé de qui ]•
dois d'avoir pu faire mon ascension. »
- 355 —
tifs, cette combinaison architecturale est extrêmement amusante
Le Daily Graphie et même V Univers Illustré ont reproduit ime
grande planche où se trouvent dessinés les trois ballons du com-
mandant Cheyne avec les assemblages de bois au moyen des quels
ou pourra communiquer d'un ballon à Tautre. Le dessinateur qui
a fait cette planche n*a probablement jamais vu un ballon captif.
£n effet, pendant que le câble se déroulant indique que l'appareil
s'avance sous l'impulsion du vent, les ballons qui soutiennent la
carcasse conservent une position parfaitement verticale. C'est ici
le cas de faire observer aux dessinateurs qu'ils font presque cons-
tamment pour les ballons libres la faute complètement opposée.
La plupart des dessins représentant des ballons libres montrent
le ballon incliné, fait absolument exceptionnel: et qui ne se ren-
contre que lorsque le ballon se trouve dans un courant et la nacel-
e dans un autre.
L'Année territorialQ du 20 septembre nous apprend que la com-
mission militaire allemande va entreprendre une série d'ascen-
sions de concert avec l'état-major et l'administration des postes
sous la présidence du physicien Helmholtz.
Le Petit National du 19 septembre annonçait qu'un aéronaute
fi*anç8is allait se rendre près de l'état-major russe afin de relever
au moyen d'ascensions en montgolfières les mouvements de l'armée
turque.
Le Petit Moniteur donnait, dans ses numéros des 29 et 30 octo-
bre dernier, quelques détails complémentaires sur le ballon captif
de l'exposition de 1878. D'après ce journal, c'est dans l'espace com
pris entre les ruines des Tuileries et l'arc de triomphe du Car-
rousel, que sera installé le gigantesque aérostat dont les dimen-
sions doivent être augmentées. Il cubera 25,000 mètres et enlèvera
50 personnes à une hauteur équivalant à 10 fois celle des tours
Notre-Dame. L'ascension s'exécutera en 4 minutes. La descente
se fera dans le même espace de temps.^
Palais de V Industrie. Un navire aérien (dirigeable à volonté dans
tous les senSy dit l'afôche] est exposé actuellement aux Champs-
— 356 —
Elysées. Cet appareil a été construit par M. Freydel. La propul-
sion doit s'obtenir au moyen de 7 roues-aspiratrices à lames cin-
trées articulées, aidées par 12 lames-rameuis symétriquement dis-
posées de chaque côté des roués motrices. Le projet de l'inventeur
est de faire mouroir tous ces propulseurs au moyen d'uae machine
à explosion due à M. Ferrieux et actuellement à Tétude.
Près de là se trouve Toiseau mécanique de MM. Rablat composé
de 6 ailes, trois de chaque côté et dont les 2 grandes s'abaissent
pendant que les 4 petites s'élèvent. Les agents moteurs seraient
à volonté le fulmi-coton ou Télectricité !!!
A la kermesse on peut voir les expériences, que fait M. Camille
Vert avec le poisson volant, la locomotive aérienne à vapeur re-
montant une pente, et les hélicoptères-jouets. Un peu plus loin,
im industriel vend quantité de ballons dits Petits parisiens, mu-
nis de filets et de nacelles et ne coûtant que 1 fr. 25.
KécROLOGiE. Madame Eugène Godard est décédée le 22 octobre
àernier.
Madame Eugène Godard avait accompagné son mari dans plus
de 60 ascensions en France, en Belgique et en Italie. Elle avait
dirigé les ateliers de construction des ballons du siège établis à
la gare d'Orléans et à celle de l'Est.
On a vendu dernièrement à l'hôtel des commissaires-priseurs
le matériel aérostatique de M. Simonet, décédé il y a quelques
mois.
M. Simonet avait fait plusieurs ascensions avec son ballon de
soie , nommé Y Ecole du Saint-Esprit,
A. ROULAND.
LES BREVETS RELATIFS A L'AÉRONAUTIQUE
{Suite)
Brevkt d'invention,* n» 93,011 pris par M. Antoine Ardissoii,
ancien officier de marine marchande, le 26 janvier 1871,
pour Un système de roue et de nacelle destinées à la marche et à la
direction des ballons.
Le système a pour but de faire marcher les ballons dans
les différentes aires de vents, pouvant les gouverner à volonté.
- 357 —
ayant la faculté de leur faire parcourir des routes horizontales,
perpendiculaires ou obliques et faisant faire prompte et bonne
route par un temps calme tout autant qu'avec la brise.
La force est transmise par une roue à pales fermée par un
tambour mobile laissant ime ouverture formant un angle obtus
d'environ 135 degrés à partir du centre à la circonférence pour bat*
treVair dans la direction opposée à celle où Ton veut faire la route.
Cette ouverture ne prenant que les 3/8 d'air libre, ce qui lui est
nécessaire pour former le courant d'air le plus puissant à la pous-
sée ou à la force, laissant les 5/8 d'opposition nulle ; les pales
tournant dans le tambour rejettent l'air comprimé avec une force
bien supérieure par l'ouverture, ce qui donne un grand avantage»
BUT une roue libre faisant une force combattue sur tous les point»
et par ce fait restant nulle.
A cet avantage sur les roues libres, on joint celui de n'employer
que les 3/8 de force pour faire tourner la roue.
La roue sera mise en marche par un mécanisme de toumc-bro*
ebe à ressort ou tout autre système proposé au mouvement de
rotation.
L'inventeur dit que le résultat des expériences permet d'affirmer
que la vitesse de la roue donnera un courant d'air d'une force
considérable sans opposition.
Par le moyen du tambour mobile, il est facile de changer la
marche du ballon de l'avant à l'arrière, sans que la roue discontinue
de tourner dans la même direction et sans qu'on soit obligé de
faire virer le ballon de bord. Par le même tambour on a la faculté
de faire descendre le ballon sans laisser perdre de gaz et remonter
sans jeter de lest. Le tambour étant mobile sur son axe, il est
facultatif de former un vent factice dans toutes les directions en
manœuvrant le tambour par des cartahuts.
L'inventeur attache à sa nacelle trois gouvernails qui peuvent
modifier la marche soit dans le sens vertical, soit dans le sens
horizontal .
Brevet d'Invention, n» 91,432 pris par M. XiOuiB Danjard,
le 2 février 1871^ pour un Appareil perfectionné propre à la nayi"
gation aérienne.
L'inventeur annonce que les différentes parties de l'appareil sont
combinées pour présenter comme formes et comme fonctions les
conditions du vol de l'oiseau. Toutes ses parties le poussent en
avant et son ensemble ayant la forme d'une flèche n'oppose à l'air
aucune résistance*
Le corps de l'appareil doit être construit aussi légèrement que
— 358 —
possible ; à Tintérieur se trouvent les navigateurs et le mécanisme
destiné à faire mouvoir les deux ailes ; de chaque côté des ailes à
Tavant et à Tarrière sont disposées 4 ailes-parachûtes appelées à
maintenir l'appareil dans les airs.
Leur dimension est calculée sur le poids de TappaBeil, tandis
que celle des ailes motrices placées au centre est calculée sur la
puissance nécessaire pour les faire mouvoir, et c'est leur mouve-
ment de bas en haut, joint à celui de Thélice placée à l'arrière du
navire qui le fait avancer. Leur forme y contribue également, car
la partie d'avant qui fendra l'air est forte et ferme, tandis que
la partie d'arrière est mince et flexible. Cette disposition s'appli-
que également aux ailes parachutes, à la queue et aux voiles
supplémentaires, ce qui fait que toutes les parties du navire sont
construites de telle façon qu'il est constamment poussé en avant.
Les voiles antérieures sont triangulaires. A l'arrière se trouve
une queue qui peut s'incliner à droite ou à gauche au moyen de
tirettes intérieures pour donner la direction voulue.
A l'arrière de l'appareil et au dessous de la queue se trouve une
hélice montée sur un axe relié par des engrenages au mécanisme
qui fait mouvoir les ailes; cette hélice, en tournant, produit le
mouvement d'avancement de l'appareil.
Le tout ainsi disposé, le voyageur se place à l'intérieur de l'ap-
pareil et fait fonctionner à son gré les voiles^ l'hélice ou les
tirettes de la queue de manière à donner à l'appareil la direction
voulue.
Il est bien entendu que les dimensions de l'appareil ainsi que
le choix des matériaux de construction sont facultatifs.
Brevet d'Invention n» 91,517, pris par M. Q-entil Sadonl,
chapelier, le 22 février 1871, pour un système de locomotion aé-
rienne.
L'aérostat de l'inventeur loin de demeurer isolé de la nacelle, ne
forme avec elle qu'un seul corps, ce qui, croit-il, permet de vain-
cre la résistance de l'air.
Le ballon est gonflé au moyen de l'air comprimé, continuelle-
ment alimenté par un ventilateur et dilaté par la chaleur qui le
rend plus léger que l'air libre de 15« au moins. Un tuyau conduit
l'air dans une pompe, et un piston le refoule dans le générateur,
il passe ensuite à la dilatation au moyen d'un conducteur et de là
il entre dans le ballon.
La direction est donnée par un coupe-air placé en avant du
ballon et attenant à la nacelle mCL à volonté au moyen d'un levier
à l'instar du gouvernail nautique.
— 359 —
La locomotion aidée par les courants dans la direction à suivre
est encore facilitée par Thélice à trois volants et par le coupe-air
qui arrive au centre même de l'aérostat.
La nacelle a deux mètres de longueur sur un mètre de largeur.
L'appareil porte deux hommes, dont Tun est le pilote, et Tautre
dirige le degré du calorique.
Brevet d'Invention n» 94,353 pris par iMI. Claude Q-avioli,
le 29 février 1872, pour un système d'aérostat dirigeable.
L'invention consiste simplement à utiliser la force d'ascension
et de descente des aérostats pour en déterminer la direction dans
l'air ; cette force présentant cet avantage de pouvoir varier sui-
vant la vitesse plus ou moins grande que l'on tienne à l'ascension
et à la descente en augmentant et en diminuant alternativement
le poids du ballon.
Pour atteindre ce résultat on emploie de l'air comprimé au lieu
du lest dont on a fait usage jusqu'à présent, ce qui permet de
prolonger les voyages aussi longtemps que cela est utile, puis-
qu'il est possible d'augmenter à volonté le poids du ballon pour
le faire descendre sans qu'il soit nécessaire de laisser échapper le
gaz qu'il renferme.
Le récipient qui sert à renfermer l'air comprimé, est de forme
sphérique et est placé soit à l'extérieur soit à l'intérieur de l'aé-
rostat, et pour en faire varier le poids, il suffit de modifier la
pression de l'air que l'on y maintient.
Afln d'imprimer à l'aérostat la direction que l'on veut lui faire
prendre, on emploie une surface oblique composée d'une toile
tendue ou on utilise la conformation même du ballon.
On a donné au ballon lui-même une forme particulière qui
l'oblige à suivre une direction déterminée pendant son ascension
ou sa descente.
A cet effet, la circonférence diamétrale de l'aérostat qui pré-
sente la forme d'une lentille biconvexe, est entourée d'un grand
cercle composé de plusieurs pièces vissées ensemble et servant
de point d'attache au filet, qui recouvre la partie supérieure du
ballon, dont; un second filet semblable enveloppe la surface infé-
rieure ; ce second filet porte à sa circonférence une série de cor-
des qui passent sur les poulies fixées au grand cercle et
dont les extrémités supportent la nacelle et le récipient d'air
comprimé.
Le ballon se trouve ainsi renfermé entre deux filets tendant à
se rapprocher sous l'action du poids de la nacelle et qui compri-
ment constamment le gaz d'une quantité suffisante pour que
— 360 —
Taérostat conserve une forme régulière, tout en lui laissant la
possibilité de se dilater et de se mettre en équilibre avec la pres-
sion atmosphérique sans ' qu'il soit nécessaire de perdre du gaz
ainsi que cela serait nécessaire avec un aérostat ordinaire corn*
platement rempli au départ.
Pour prendre terre et afin d'y parvenir sans abandonner entiè-
rement l'appareil à la direction du vent, on rend la descente plus
rapide qu*à l'ordinaire, et pour éviter les conséquences du choc
produit par la rencontre brusque de la nacelle contre le sol, on
adapte sous cette dernière un récipient d'air en toile garnie de
caoutchouc et muni d'une semelle à sa partie inférieure ; ce réci-
pient porte une soupape à ressort disposée de façon à s'ouvrir
sous l'action de la pression de l'air qu'il renferme, ce qui lui
permet de s'afEaisser sur lui-même sans rebondir, en laissant
échapper l'air qu'il contient.
En imprimant à Tappareil un mouvement continu de rotation
sur lui-même au moyen des ailettes directrices, on peut l'obliger
à monter ou descendre verticalement.
On conçoit enfin qu'en supprimant les organes spéciaux desti-
nés à maintenir l'appareil dans une direction déterminée et en
fixant le corps lenticulaire du ballon horizontalement sur la
nacelle, on constitue un aérostat ordinaire présentant cet avan-
tage qu'en cas d'accident l'étoffe même du ballon maintenue par
les âlets forme parachute et assure la descente lente de l'aéro-
naute lors même que le ballon se trouverait crevé ou dégonflé
accidentellement.
Pour analyse conforme^
J. Castel.
— 361 —
TABLE ALPHABETIQUE
DES
Gommonications publiées on citées dans rAéronaote
PENDANT L'ANNÉE 1877 («
Hlppolyte Capitaine, ancien médecin de marine. — La
France avec ses colonies, Juin^ p. 172.
IFélix Oaron. — Bienvenu et Launoy, Septembre, p. 246.
J. Oastel. — Les Brevets relatifs a l'aéronautique. Janvier^
p. 33. — Février, p. 60. --^Mars, p. 92. — Ayril, p. 123 .—
Maiy p. 152. — Juin, p. 176. — Juillet, p. 210. — Août, p.
236. — Septembre, p. 263.
Sir Gheorg^e Oayley. — Voir Hasenfeld.
Enrico Oiotti. — Des Oscillations et vibrations dss corps
employés comme moyen de propulsion, Septembre, p . 250.
S^rancis IDubois. — Lettre annonçant le départ de M. Serge
Mikounine, Juin, p. 175.
A. nDuté-Poitevin. — Les Ballons sondes, Avril, p. 103. —
Le Moteur a pétrole de MM . Julius Hock et Cie de
Vienne, Août, p. 215.
!Faits divers. — Essai d*un engin aérostatique à Chatam,
Janvier, p. 34. — Exhumation de Crocé Spinelli et de
Sivel ; les ascensions de M. Triquet, Mai, p. 154. — Mort
de M. Alexandra Sivel père, Juin, p, 182. — Les ballons
du capitaine Cheyne. — Expériences allemandes. — Bal-
lon captif de 1878. — Appareils de MM. Freydel etRablat.
— Nécrologie, Décembre, p. 353.
O. Frion. — Les Etudes aéronautiques a l'étranger, Janvier,
p. 5. — Procès-verbaux: Janvier, p. 25, 29. — Février, p. 50,
63, 54, 55. — Jullien de Villejuif, Février, p. 56. —
Un hygroscope a la boutonnière, Mai, p. 149.
Hasenfeld, interprète juré, ancien élève de Técole polytechni-
que. — Les Travaux de la société aéronautique de la
Grande-Bretagne. — Traduction (mémoire de M. Moy)
(t) Nous avions l'intention de faire paraître, avec cette livraison, la table
générale raisonnée des dix premières années de VAéronaufe. Ce travail assez
long n'est pas terminé : il sera publié ultérieurement.
- 362 —
Février, p. 40. — Mars, p. 89. — Juin, p. 1G9. — Décem-
bre^ p. 343. — Navig.vtion aérienne par sir George Cayley
]«' article, Juin, p. 179. — gmc article, Juillet, p. 203. —
3»"« article, 4ow/, p. 235. — 4™o article, Septembre, p.
256. — 5°>« article. Octobre, p. 289. — ô"»» article, Novem^
bre, p. 217.
Le D' A. Hureaii de Villeneuve. — Travaux du Labora-
toire DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE du D' Marcy, Janvier^
p. 21. — L'Ordonnance CONCERNANT les Montgolfières,
Juin, p. 159. — L'Eolipyle de feu le baron Séguier, Sep-
tembre, p. 243. Réflexions sur Tascension du 29 septem-
bre. — Décembre, p. 345.
Xje D' E. Q-ach.a88irL Lafite. — De l'Influence de la queue
dans le vol des oiseaux. Juillet, p 198. — Du poids mini-
mum DES ETRES VOLANTS, Décembre, p. 348.
O. de Xjaliarpe, ingénieur des arts et manufactures. — Re-
cherche DES CENTRES DE GRAVITÉ dcs figures par la nié'
tliode des surfaces réduites et le planimètre polaire,
Avril, p. 107.
G-. de Hia Hiandelle, ancien lieuteuant de vaisssau. — Etude
EXPÉRIMENTALE de la résîstaQce do Tair, Mars, p. 67.
Xue colonel A. Xjaussedat. — Les Progrès récents de Taé-
ronautique. Novembre, i^. 300.
Qeorges Xiecoq. — La Céramique et les aérostats, Janvier^
p. 8.
Ernest Ijefébnre. — Une Soupape sans clapets, Octobre, p.
271.
Ijéon XienicoUaîs, ingénieur de constructions navales. —
Les Machines Compound, Juillet, p. 189. — Une rectifica-
tion, ilofî/, p. 222. — Le navire aérien de M. le vice-amiral
Sokovnine, Décembre, p. 335.
Sergre Mikoiinine. — Correspondance de Moscou, Février, p.
39. — Mji, p. 133.
Alplionse Penaud et Paul Q-anch.ot. — Un Brevet d'aé-
roplane, Octobre, p, 274.
Ijonis Ptamean. — Revue des livres et des journaux, Mars^
p. 98. — Avrils p. 120. — Afji, p. 150.
Acliille Ronland. — Chronique des ascensions, Septembre^
p. 2ô0. — Octobre, p. 293. ^Novembre, p. 329. — Dé^
cembre, p. 350.
Victor Tatin. — Expériences sur le vol mécanique, JjiiWer,
p. 22. — Février,^, 46. — Mars, p. 81. — Mai, p. 141.
.h.. ;_. — Juin y p. 166,
— 303 —
Cil. Terrier. — .Vscensiou du 18 octobre 1877, Décembre^ p. 350.
Félix du Temple, ancien député — Une chaudière légère.
Maiy p. 135.
Qaston Tissandier. — Monument commémoratif de la catas-
trophe du Zénith, Juillet^ p. 187 — Nouveaux appareils
de M. H. Giffard, pour la préparation en grand de l'hy-
drogène pur. Novembre, p. 800. Ascension du 29 sep-
tembre 1877, Décembre y p. 342.
E. Wileon, — L'huile de rangoon. Avrils p. 119. — Le Baro-
mètre ENREGISTREUR dc M. Redier, Mai, p. 146 . — L'Ap-
pareil DE locomotion aérienne de V. Félix du Temple,
Août^ p. 223.
v-"c
VIQNBTTES
AYANT PARU DANS L'AÉI\ONAUTE
PENDANT l'année 1877
1. Emblème de Taéronautique, Janvier^ p. 3.
2. Assiette représentant TAscension de Charles et Robert (1«'
décembre 1783), Janvier^ p. 10.
3. Assiette de Saint- Amand représentant une ascension de Testa-
Brissy, Janvier , p. 12.
4. Assiette jSgurant une ascension de Blanchard et montrant deux
aéronautes agitant des rames, Janvier, p. 13.
5. Assiette représentant la manœuvre des rames dans la nacelle,
Janvier, p. 14.
6. Plat de la fabrique de St-Amand, figurant une ascension de
Blanchard, Janvier, p. 16.
7. Assiette figurant un ballon planant au-dessus d'un bois, Jan-
vier, p. 18.
8. Assiette avec légende, ballon de Charles et Robert au-dessus
du Jardin des Tuileries, Janvier, p. 19.
9. Petit bidon Louis XYl représentant le ballon de Blanchard de
1784, Janvier, p. 20.
10. Ancien aéroplane de MM. Moy et Shill, Février, p. 43.
11. Courbes'des mouvements d'élévation et d'abaissement deTaile,
Mars, p. 83.
12. Elévation de Toiseau mécanique de M. Tatin, Mars, p* 86.
13. Plan de l'Oiseau mécanique de M. Tatin, Mars, p. 87.
14. Aérostat armé de deux ballons sondes, Avrils p. 105.
15. Diagramme du mouvement d'un plan, Avril, p. 108.
16. Diagramme, Avril, p. 111.
17. Diagramme, Avril, p. 112.
18. Planimètre d'Amsler, Avrils p. 113.
19. Diagramme, Avril, p. 114.
20. Diagramme, Avril, p. 115.
21. Diagramme, Avril, p. 117.
22. Diagramme, Avril, p. 118.
23. Chaudière de M. Félix du Temple, coupe longitudinale, M<if,
p. 136.
24. Chaudière de M. Félix du Temple, coupe transversale, A/tfi,
p. 137.
— 365 —
25. Coupe d'un tube, Mai, p. 139.
26. Raccord des tubes, Mai, p. 140.
27. Première paire d^ailes représentant à peu près la voilure de
la huppe, Maiy p. 141.
28. Deuxième paire, la même un peu agrandie, Mai, p. 142.
29. Troisième paire, ailes agrandies de beaucoup. Mai, p. 142.
30. Dernière paire avec laquelle l'appareil vole très bien, Mai, p. 142.
31. Ensemble de Tappareil qui a donné les meilleurs résultats.
On y remarque aue Tenvergure est grande relativement à
la largeur du voile, Aftfi, p. 143.
32. Appareil enregistreur de M. Redier, Mai, p. 147.
33. Frontispice de Tordonnance de police. Juin, p. 161.
34. Première page de Tordonnance, Juin, p. 161.
35. Deuxième — — — 162.
36. Troisième — — — 163.
37. Quatrième — — — 164.
33. Cul de lampe — — 164.
39. Mont-Blanc, vu des bords du TArve au-dessus de Chamounix,
Juin, p. 174.
40. Le monument deCiron, Juillet, p. 188.
41. Coupe d*une machine à trois cylindres de la marine française
le Friedland, Juillet, p. 191.
42. Vue des machines du Friedland, Juillet, p. 192.
43 Manière dont les pompes à air sont attelées aux cylindres laté-
raux, Juillet, p. 193.
44. Forme du plan de vol des oiseaux. Juillet, p. 198.
45. Diagramme, Juillet, p. 198.
46. — — P- 199-
47. — — p. 199.
48. — — P- 20O.
49. Coupe et axes d'un oiseau, Juillet^ p. 204.
50. Diagramme, Juillet p. 207.
51. Hélicoptère à ressort de baleine. Juillet, p. 209.
52. Plan de la machine Hock, Août, p. 216.
58. Vue de fa.ce de la machine Hock, Août, p. 217.
54. Dépôt de pétrole, machine Hock, Août, p. 218.
55. Appareil à inflammation, machine Hock, Août, p. 219.
56. Régulateur, machine Hock, Août, p. 220.
57. Projection verticale de Tappareil de M. F. dn Temple, Août,
p. 225.
58. Projection verticale de tout l'appareil ; projection horizontale:
projection longitudinale de la nacelle; projection horizon-
tale de la nacelle, Août, p. 226,227.
59. Projection horizontale du nouvel appareil, Août, p, 233.
60. Appareil proposé par Sir George Cayley, Aoûx^ p. 235.